Fk<_ POPULIQUE à + e - LA RS à # LIBRARY ñ - ! mr” : où #4 Éd 1 lens Ê< oh CSS CD") f ec = NS 5 D nb 1899 4 HE “| | 72 | DUPLICATA DE LA BIBLIOTHÈQUE | DU CONSERVATOIRE BOTANIQUE DE GENNVE VENDU EN 1922 ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES = cr es TPE) E LA me nee DE Lo : FA 1)iu durs GENÈVE. — IMPRIMERIE RAMBOZ ET SOU NES © Ah FAAUTA 7 BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ET REVUE SUISSE ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLEN NOUVELLE PÉRIODE TOME TRENTE-SEPTIÈME LiBR Rd se US REW Y pRE #0 TAMNCAL a ARDEN GENÈVE BUREAU DES ARCHIVES, RUE DE LA PÉLISSERIE, 18 LAUSANNE NEUCHATEL GEORGES BRIDEL DELACHAUX Er SANDOZ 1870 CHAAUEUE HHE | si ne | er Gi ire LE exe: UE 0 Sr él dns: die # LU 3e Art des AMOT tes + SÉ TH PITTÉ é sn us A, pra pus |" ATEN | | ÉUVENS + =! è t 44 JR re 1 QUE UE | Le LAAR AT RES Auimeaaie Al a LUS use CATU JA nr EC MTAHOUAA | ni ou D MAMAZTAIL hi a man | LUE ANS aa # AO A LE een MONCNT: AÉUE - ui L : CAS NS à ENTIER" URI TON TIRE à ‘Ée ke" HNFEEN bin #4 BU PRE Fee ‘RON ut ES LP AS | RUN AR rte « CAT OE 2 Ut DRASS à y + D J t - _« 1] “ ri NOTICE SUR LA CINQUIÈME ANNÉE 3 DES OBSERVATIONS THERMOMETRIQUES ET PLUVIOMÉTRIQUES SUISSES AINSI QUE SUR LES RÉSULTATS DES CINQ ANNÉES SOUS LE RAPPORT DU DÉCROISSEMENT DE LA TEMPÉRATURE AVEC LA HAUTEUR Lue à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, dans la séance du 4 novembre 4869, PAR M. le Professeur GAUTIER. L'année météorologique comprise entre les mois de décembre 1867 et de novembre 1868 présente de l’in- térêt sous plusieurs rapports: elle à été en général chaude et sèche, et les principales récoltes y ont été fort bonnes. Mais elle a donné lieu, en Suisse. à quelques in- tempéries locales, et tout particulièrement à la terrible inondation qui a dévasté, en automne, quelques districts des cantons de la Suisse orientale. En qualité de cin- quième année d'observation du réseau suisse, elle per- met d'obtenir déjà, pour la plupart des stations. des moyennes d'une demi-décade, et d’en déduire des ré- sultats de quelque valeur. M. le professeur Rodolphe Wolf, directeur de l'observatoire fédéral de Zurich et du bureau central qui y est établi pour les observations météorologiques, a bien apprécié cette circonstance, en joignant, dans le cahier de novembre 1868 du Recueil in-4° de ces observations. au tableau des moyennes de la dernière année, celui des moyennes générales mensuelles 6 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES et annuelles de la température , ainsi que de celles d'hiver et d'été, résultant des cinq années d'observations, en 67 stations, sauf un petit nombre d’entre elles où les ré- sultats ne comprennent que quatre ans. Dans cette Notice, qui fait suite aux quatre précédentes que j'ai eu l'honneur de présenter à notre Société, je m'occuperai d’abord des températures d'année et de saisons, ainsi que de l’eau de pluie et de neige, pour cette cinquième année d'observations ; j'examinerai ensuite les résultats des cinq années, sous le rapport des tempéra- tures et de leur décroissement avec la hauteur, soit d’a- près l’ensemble des observations, soit d'après celles faites en hiver et en été. Lempératures. Le tableau ci-joint renferme les températures moyennes des quatre saisons et de l’année comprise entre décem- bre 1867 et novembre 1868, résultant des observations faites en 68 stations suisses. Le tableau publié par M. Wolf en contient 72, mais les observations faites à Fribourg, St-Imier, Thusis et à la Bernina, qui présentent de nombreuses lacunes, ne font pas partie du mien. J'y ai admis, cependant, celles de Bex où il manque quatre mois , celles d’Auen, canton de Glaris, où 1l en manque deux, et celles de Schwartzenbourg, de Bæzberg et du Righi-Kulm, où il en manque un. Remüs ne s’y trouve plus, mais Schwartzenbourg et Sursée y figurent pour la première fois. Cette dernière station parait être froide, quoique le thermomètre y ait atteint une grande éléva- vation en été. Jai joint, dans le tableau, pour celles où 1l y a eu quatre à cinq années d'observations, aux tempéra- tures moyennes de la cinquième année, celles résultant SUISSES. 7 de l’ensemble des observations, d’après le tableau cal- culé au Bureau central de Zurich, ce qui permet de com- parer les moyennes de la dernière année avec les moyennes quinquennales. Jai continué, comme pour les années précédentes, à donner pour Genève, le Simplon et le Saint-Bernard, les températures résultant de la moyenne des trois mêmes heures d'observations diurnes que dans les autres stations, afin qu'elles soient plus comparables entre elles. L'année dernière a été généralement une année chaude pour la Suisse, jusqu'à environ 1200 mètres d'altitude, mais pour les stations plus élevées, la température moyenne annuelle y a été, sauf en quelques cas, plutôt inférieure à sa valeur qumquennale. Les mois de décembre 1867, de janvier, mars, avril et novembre 1868 ont été, à Genève et au Saint-Bernard, un peu plus froids qu'ils ne le sont généralement, comme cela résulte du tableau de la page 9% du dernier Résumé météorologique de M. le professeur Plantamour, publié dans le cahier d'octobre 1869 de nos Archives. I y a eu, le 6 décembre 1867, à Genève, une couche de neige d'environ 7 ‘|, centimètres d'épaisseur, qui n’a fondu en- tièrement qu'au bout de six à sept jours. Il y en a eu en- core un peu, à trois reprises, en janvier 1868, et une couche de 20 centimètres le 10 mars, qui a couvert le sol pendant deux jours. Enfin, le 6 novembre, il à neigé à Genève pendant vingt-quatre heures, ce qui à o€ca- sionné, dans son voisinage, la rupture de beaucoup de branches d'arbres, eta recouvert, pendant plusieurs Jours, le sol d’une couche de neige qui a atteint 10 centimètres de hauteur. Les principales de ces chutes de neige ont eu lieu à une époque de l’année où il en tombe peu en général. D 2 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Les mois de mai, juin et septembre 1868 ont été en revanche, à Genève et dans toute la Suisse, notablement plus chauds que de coutume. Le mois de mai surtout a présenté une élévation de température extraordinaire, qui à été très-favorable’ aux récoltes. On trouve, en chaque station, une différence de 8 à 410 degrés entre la moyenne d'avril et celle de mai : cette dernière a été plus élevée à Genève de #°,7 que celle des quarante années 1826 à 1845, et plus élevée aussi de 4°,87 au Saint- Bernard que celle des vingt-sept années 1841 à 1867. Aussi le printemps a-t-1l présenté, dans ces deux stations, une température sensiblement plus chaude que la moyenne, et il en a été de même de lété. M. Plantamour re- marque, dans son Résumé, que la série des huit années 1861 à 1868 manifeste, à l'exception de 186%, une élé- vation soutenue dans la température. Bevers, en Engadine, a présenté l'année dermère. comme dans d’autres, avec une altitude de 1715 mètres seulement, le point extrême de froid, de 282,7 centi- orades, observé en Suisse le 1 janvier 1868. Le ther- momètre est descendu, le même jour, à 27° au Saint- Gothard, à 260,3 à Andermatt, et à 26° à Zernetz. Le minimum annuel n'a été que de 20°,4 au Saint-Bernard. le 3 décembre 1867. Il à été à Genève, le 3 janvier, de 109,1 : à Montreux, le 4° janvier, de 90,3 : à Bâle et à Aarau, de 14°,2 le 4 janvier, etc. Quant au maximum thermométrique de l’aunée, c'est Genève qui a eu le dessus, même sur Bellinzone et Lu- gano, la température s’y étant élevée à 34°,9 le 26 juillet, tandis qu'elle a atteint seulement, le même jour, 33°,3 à Lugano, et 33°,2 à Bellinzone le 28 mai (peut-être, dans ces deux stations, n’y a-t-il pas encore de thermomètre à SUISSES. 9 maximum). On a eu 34° à Marschlins le 16 août ; 33°,5. soit à Sursée le 22 juillet, soit à Kaisersthul le 23: 330,2 à Neuchâtel le 22 juillet: 31°,3 à Montreux le 27, et 189,4 le 26 au Saint-Bernard. À Lausanne, d’après les observations de M. le profes- seur Marouet, la température moyenne de l’année qui nous occupe a été de 9,75: celle des quatre saisons a été : Pour Fhiver 02,08 : le printemps 10°,22 : l'été 18°,6: automne 10°,6. Le thermomètre à maximum à atteint 300 le 10 août. Le tableau de M. Wolf, des moyennes quinquennales, en renferme quelques-unes de quatre ans seulement, qui manquent dans le mien, parce que les observations n’ont pas eu lieu en ces stations dans la cinquième année. Je vais les rapporter ici, en y joignant les moyennes d'hi- ver et d'été. Températures moyennes Rene CU te Mètres û 0 0 Rathausen (Lucerne) .. 440 9,02 0,07 17,60 Glaniss 4 ce 473 8,51 — 0,48 16,40 Thusis (Grisons). ..... 711 8,13 — 1,64 18,41 Saint-Imier (Berne) ... 833 7,1 2 15,49 Remüs (Grisons) . .... 1945 5,70 ==3,85 14,53 RBRMIAN AUS SN ie 1873 2,44 —À,94 10,75 Les moyennes de quatre à cinq ans S’écartent peu, en sénéral, des moyennes annuelles, et manifestent toujours, dans le même sens, les différences locales de température déjà remarquées entre des stations situées à peu près à la même hauteur. Ainsi, Montreux. Gersau. Sion, Altorf, Græchen, sont des stations comparativement chaudes, tan- 10 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES dis que Bevers, Andermatt, le Grimsel, Sils, Reckigen, Einsiedeln, Engelberg, Ponts-de-Martel, Berne, Saint- Gall, Soleure et Aarau, sont des stations plus ou moins froides. On peut voir, d’après la colonne des moyennes quin- quenpales de mon tableau, quelles sont les stations les plus favorables sous le rapport de la température moyenne annuelle, Les deux plus chaudes sont naturellement Bel- linzone et Lugano: puis on trouve, en allant successive- ment en décroissant : Sion, Montreux, Castasegna, Ge- nève et Martigny. Ces deux dernières stations ont la même moyenne annuelle 10°,0: Fhiver étant plus froid à Martigny qu'à Genève, mais l'été y étant plus chaud. Viennent ensuite, toujours dans l’ordre du décroissement des températures, entre 9°,9 et 7°,8: Brusio, Bâle, Bex, Altorf, Neuchâtel, Coire, Sargans, Zurich, Olten, Schaff- house, Brienz, Interlach, Aarau. Soleure, Schwytz, Berne et Saint-Gall. Gersau sera probablement intermédiaire entre Montreux et Genève. Les trois premières années d’observations avaient donné 9°,7 pour Morges. On doit remarquer que toutes ces moyennes, se fondant seulement sur trois observations diurnes, faites à sept heures du matin, une heure et neuf heures du soir, doi- vent être abaissées d'environ ‘/, de degré pour donner les vraies températures moyennes. Eau de pluie et de neige. Le cahier de novembre 1868 du Recueil des observa- lions suisses, contient un tableau mensuel et annuel de l’eau tombée pendant la cinquième année en quarante- deux stations, ainsi que les valeurs minima et maxima, de cet élément. obtenues, en ces mêmes stations, pendant SUISSES. 11 les cinq ans. Jai cherché à compléter, d'après les cahiers mensuels, les valeurs annuelles pour les stations non com- prises dans le tableau de M. Wolf, et il n’en reste plus que quatre : Bex, Soleure, le Saint-Gothard et le Julier, où cette donnée manque dans mon tableau. L'année 1868 n'a pas’été très-pluvieuse dans le centre et louest de la Suisse. À Genève, par exemple, il n’est tombé que 68228 d’eau de pluie et de neige, soit 141 millimètres de moins que la quantité moyenne. L'eau tom- bée au Saint-Bernard (1075%%,9) à été beaucoup moins abondante que de coutume, surtout en hiver, où 1l y a eu très-peu de neige. A Neuchâtel, Berne, Zurich et Bâle, il y à eu assez peu de pluie, sauf dans les mois d'août, septembre et octobre, qui ont été généralement plu- vieux en Suisse, C’est dans ces trois mois qu'il y a eu malheureusement, pendant quelques jours consécutifs, d'énormes chutes de pluie dans les cantons d'Uri, de Glaris, du Valais, des Grisons et du Tessin, qui y ont occasionné, dans bien des localités, de grands désastres. Ainsi, il est tombé : Du 26 au 28 septembre, 540 !‘/, millimét. d’eau au Bernardin. Du 18 au 30 du même mois, 468 » » au St-Gothard. » » RME eunE » au Splügen. » » 363,3 » » à Castasegna. » » 348,9 >» » à Lugano. » > 449. 5415,3 » à Bellinzone. Du 1e au 5 octobre, il en est encore tombé, 611,4 » » au Bernardin. » ) 393,0 » au St-Gothard. ) » 304,1 » » au Splügen. » Ù 329,2 » » à Castasegna. » » 195,6 » » à Lugano. » » 391 » » à Bellinzone. 12 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Les stations où 1 y en a eu le plus dans la cinquième apnée ont été : mit le Bernardin, où il est en tomhé en 10 mois 3201,6 Auen (Glaris), » » 12 mois 2209,8 le Grimsel, » » » 2194,9 Lugano, » » ) 2031,9 Celles où 11 y en a eu le moins, sont : Martigny 638%: Lohn 641,8: Græchen 644,9 et Sion 648.1. Décroissement de la température, en Suisse, avec la hauteur. MM. Plantamour et Hirsch se sont déjà occupés de ce sujet, d'après la comparaison des observations en quel- ques stalions, et j'ai fait mention, dans ma précédente Notice, des recherches de ce dernier. Le tableau des tem- pératures moyennes quinquennales, mentionné plus haut, fournit des éléments plus étendus, et permet de détermi- ner la loi de décroissement, non-seulement pendant lan- née entière, mais aussi en hiver et en été. Quand on examine, dans ce tableau, les différences de température moyenne qui ont lieu entre les stations placées à diverses altitudes, on voit, au premier coup d'œil, que ces différences de température sont toujours plus petites en hiver qu'en été, et ne sont, dans certains cas, en hiver, que la moitié ou le tiers de celles d'été, pour une même différence de hauteur au-dessus du niveau de la mer. On doit l’attribuer à ce que l’action du soleil, dans les longs jours d'été, où ses rayons se rapprochent davantage de la direction verticale, réchauffe beaucoup plus le sol et les couches basses de l'atmosphère que les supérieures, SUISSES. 15 de manière à produire un décroissement de tempéra- ture avec la hauteur beaucoup plus rapide en été qu’en hiver. Il y a ensuite les différences locales de température que j'ai rappelées plus haut, et qui sont aussi plus sensi- bles en hiver qu’en été. Ainsi, la comparaison de quel- ques moyennes d'hiver semblerait manifester un accrois- sement plutôt qu'un déeroissement de température avec la hauteur, et, quand le décroissement est trop faible, par l’effet de ces circonstances locales, il doit être évidem- ment éliminé des résultats. Jai formé divers groupes de stations plus ou moins basses, situées dans le voisinage des stations les plus éle- vées; en divisant la différence, en mètres, de leurs alti- tudes respectives, par celle de leur température moyenne, annuelle, hivernale et estivale, exprimée en degrés centi- grades et centièmes de degré, j'ai obtenu, dans chaque cas, le nombre de mêtres et dixièmes de mètre d'altitude, correspondant à un abaissement d’un degré centigrade de température. Je {dois entrer, maintenant, dans quelques détails sur ces divers groupes, en me bornant, cependant, à rappor- ter le résultat moyen de chacun d'eux. Le premier, par ordre d'altitude, est celui autour du orand Saint-Bernard. comprend huit autres stations plus basses, savoir : le Simplon, Græchen, Reckigen, Sion, Martigny, Bex, Montreux et Genève. Les valeurs obte- nues, par la comparaison de ces stations avec ce col très- élevé, y marchent assez d'accord ; mais Reckigen, station froide, y compense Græchen, station chaude. En élimi- nant l'hiver pour Reckigen, la moyenne des huit comparai- 14 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES sons donne, pour la différence d'altitude correspondant à un décroissement de température d'un degré : En hiver, 231,1 mètres ; en été, 154,8 ; et dans l’année, 181,8. Le deuxième groupe est celui de dix stations autour du mont Julier, dans les Grisons, savoir : la Bernina, Sils, Zernetz, Platta, Churwalden, Closters, Reichenau, Coire, Marschlins et Sargans. Bevers, l'une des plus voisines du Julier, paraîtrait devoir être comprise dans ce groupe. mais sa température, extraordinairement froide, la rend tout à fait anormale, Quoique plus basse de 529 mètres que la station du Julier, Fhiver y est plus froid d’un demi-degré, et l'été n’y est plus chaud que de 3° ‘/,. Les dix autres stations donnent, en moyenne, pour l'élément qui nous occupe : En hiver, 245m,7; en été, 165",2; et dans l'année, 171,5. Le troisième groupe est celui que forment, autour du Saint-Gothard, les quinze stations suivantes : Grimsel, Andermatt, Platta, Reckigen, Einsiedeln, Brienz, Inter- laken, Berne, Schwitz, Zurich, Glaris, Altorf, Bâle, Lu- gano, Bellinzone, Il ne s’y trouve pas d’élément très-dis- cordant à éliminer, et les moyennes respectives donnent dans leur ensemble : Pour l'hiver, 239,7 ; pour l'été, 143,4 ; et pour l'année, 165, Le quatrième groupe est celui formé autour de la sta- tion du mont Bernardin, dans les Grisons, par les qua- torze autres stations suivantes : Sils, Splügen, Charwalden, Closters, Brusio, Castase- gna, Thusis, Coire, Reichenau, Marschlins, Sargans, Al- torf, Lugano et Bellinzone. SUISSES. 15 Celle de Splügen ne présentant, en hiver, qu'une diffé- rence moyenne de température d'un tiers de degré au- dessus de celle du Bernardin, malgré une différence d’al- ütude de 599 mètres, je lai éliminée pour lhiver, de même que celle de Sils, plus basse de 260 mètres que le Bernardin, et où l'hiver est cependant plus froid, en moyenne, de 0°,65. Les valeurs conservées donnent, en moyenne, pour ce groupe : En hiver, 246,7 ; en été, 167°,2 ; et dans l’année, +84, Le cinquième groupe se compose de neuf stations au- tour de celle du Simplon, savoir : Græchen, Reckigen, Brusio, Thusis, Castasegna, Sion, Martigny, Bellinzone et Lugano. Hi ny a d'autres valeurs à en éliminer que celle de l'hiver pour Reckigen, vu la différence de un degré seule- ment entre sa température moyenne et celle du Simplon, malgré une différence d’aititude de 669 mètres. Les au- tres valeurs donnent en moyenne : Pour l'hiver, 215,8 ; pour l'été, 147%.8 ; et pour l'année, 165",7. C’est le groupe voisin de l'Italie, qui donne, comme on le voit, le plus rapide décroissement de température. Le sixième groupe est situé autour de la station du Righi-Kulm, au centre de la Suisse, et comprend vingt- deux autres stations, savoir, par ordre d'altitude : Chaumont, Beatenberg, Engelberg, Einsiedeln, Uethi- berg, Brienz, Bæzberg, Berne, Interlach, Schwytz, Muri, Zurich, Altstætten, Altorf, Winterthur, Rathausen, Kreuzlingen, Frauenfeld. Schaffhouse , Olten, Aarau et Bâle. 16 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES La température moyenne d'hiver à Einsiedeln, n’é- tant au-dessus de celle du Righi-Kulm que de 1°,13, malgré une différence d’altitude de 874 mètres, je ne l'ai pas fait entrer dans les résultats, non plus que celle d’hi- ver à Engelberg, où il n’y a que 1°,35 d'écart de tem- pérature moyenne pour 760 mètres de différence d’al- litude. | Les résultats conservés donnent pour ce groupe : En hiver, 340,2 ; en été, 162,2 ; et dans l’année, 204". Ce groupe central donne lieu à un décroissement de température relativement moins rapide que les précé- dents, surtout pour l'hiver. l'en est de même des deux derniers groupes, dont l’un se compose de sept stations, assez voisines de celle de Chaumont, dans le canton de Neuchâtel; et l’autre de quatre stations près de l’'Uetliberg, canton de Zurich. Les stations autour de la montagne de Chaumont, sont : Neuchâtel, Saint-Imier, Berne, Soleure, Sainte- Croix, Vuadens et Affoltern. Mais il n’y en a que quatre qui donnent un résultat acceptable pour lhiver, les températures moyennes de cette saison à Saint-Imier, Berne et Vuadens., différant trop peu de celle de Chaumont, et la différence d'altitude étant d’ailleurs peu considérable. Les moyennes restantes donnent pour ce groupe : En hiver, 308,8 ; en été, 158,2; et dans l’année, 206,4. Le groupe autour de lUetliberg comprend les stations de Zurich, Muri, Winterthur et Rathausen, qui donnent, en moyenne, les résultats Suivants : Pour l'hiver, 388,7 ; pour l'été, 161"; et pour l'année, 227,6. SUISSES. 17 En résumé, si lon fait la somme totale des résultats de chaque station dans chaque groupe, et qu'on en prenne la moyenne générale, on obtient les valeurs sui- vantes pour la différence moyenne d'altitude correspon- dant à un degré centigrade d’abaissement de la tempéra- ture en Suisse, d’après des comparaisons de quatre ou cinq ans d'observations : En hiver, d'après. ....... 78 comparaisons, 280m 1 DEL MIADPES ne ee 89 » 15920 Dans l'année entière, d'après 89 » 186,2. Le chiffre élevé de ces comparaisons, tient à ce que quelques-unes des stations ont été employées à plusieurs reprises, comme points de comparaison. On n'y à ce- pendant pas tenu compte des stations, anciennes ou nou- velles, où il à été fait moins de quatre ans d’observa- tions. Additions au cinquième volume des observations Suisses. Comme dans les années antérieures, M. Wolf à fait précéder le recueil des observations mensuelles, dans chacune des soixante-douze stations de la cinquième an- née, d'un préambule, daté du 27 juillet 1869, dans le- quel 1! donne quelques détails sur cette publication. Les travaux du Bureau météorologique central de Zurich ont continué a être effectués, sous sa direction, par MM. Graberg et Mayer, assistés, en partie, par M. Fluck. M. Graberg ne s'occupe plus, maintenant, que des ta- bleaux graphiques, qui sont joints aux cahiers mensuels, et dont j'ai déjà parlé dans ma précédente Notice. On a ARCHIVES, t. XXXVIL — Janvier 1870. 2 18 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES coninué à insérer, à la fin de ces cahiers, les résultats d'anciennes observations faites à Berne, à Bâle et sur l’'Uetliberg. M. Wolf a fait suivre son préambule de deux petits mémoires additionnels, dont l’un, rédigé par M. le profes- seur C. Cramer, de Zurich, a pour titre : Sur quelques chutes de poussière méléorique el sur le sable du Sahara. L'auteur y décrit, en détail, soit les diverses substances organiques contenues dans le sable du désert du Sahara Algérien, rapporté par M. Escher de la Linth, soit celles recueillies, dans les Grisons, en janvier 1867, après une chute de neige rouge, et qui ont déjà été l’objet d’un petit mémoire de M. Killias, dans le quatrième volume dun Recueil. M. Cramer a joint à ses descriptions, faites à l’aide du microscope, deux planches. La comparaison qu'il a faite de ces substances, recueillies en Suisse, avec les autres, lui démontre la possibilité qu'elles viennent aussi, en partie, du Sahara par le Fühn ; mais il ne me parait pas regarder le fait comme étant encore définitivement prouvé. Le deuxième petit mémoire est une notice de M. le professeur Hirsch, directeur de lobservatoire de Neu- châtel, sur le thermomètre à minimum et à maximum de MM. Hermann et Pfister à Berne. Jai déjà eu l'occasion de décrire sommairement ce thermomètre métallique dans ma précédente Notice, et d'en parler avantageusement, d’après les épreuves aux- quelles M. Wolf l'avait soumis. M. Hirsch, après un exa- men approfondi, dont tous les détails se trouvent dans son petit mémoire, confirme entièrement l'opinion favo- rable que M. Wolf en avait conçu. Il à déjà remis un thermomètre de ce genre dans les stations neuchâteloises SUISSES. 19 de Chaumont et de Ponts-Martel, et il croit qu'on peut les confier sans inconvénient aux observateurs ordinaires. M. Hirsch annonce, à la fin de sa Note, que M. Hipp a copstruit, dernièrement, pour létablissement central de Vienne, un thermomètre électrique enregistreur. qui lui paraît recommandable aussi par son exactitude dans les limites où il l'a expérimenté. La publication de la sixième année des observations suisses à déjà commencé, et elle comprend trois stations nouvelles : celle de Schuls dans les Grisons, à 1200 mètres d'altitude, celle d'Airolo, dans le Tessin, à 1172 mètres, et celle de San- Viütore, dans ce dernier canton, à 268 mètres d'altitude seulement, ce qui fait en tout soixante-onze stations. M. Wolf termine son préambule par une longue énu- mération des sociétés savantes, des observatoires et institu- tions scientifiques diverses, d'Europe et d'Amérique, qui envoient leurs publications au Bureau central de météo- rologie suisse en échange de son Recueil. C’est un en- couragement de plus, soit pour les collaborateurs de ce Bureau, soit pour les observateurs eux-mêmes, à pour- “suivre leurs utiles travaux. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES 2 =, = 6‘96FI 86 8e |L‘og | 6‘oë—| r'or | v‘8r | g‘or c‘0 per |" "(un)pnouv 9661 L'8 l'an laciee | Go 21 0er #9" 9‘0—| IfY |" (UONZ) AMUHAUIA 90 | 66 = 9‘01 LEy »|°"""2" "(Remo L 68 l'O bete el Ver 9" S'Éer rat &o—| 087 |‘:"(oux0g) Anmuonog TA L 9°8 D'Or 0er =| Lok-kct ©| gel l'O rt) ray € USUIZNaUY M 'É0E —| 88 0‘6 Fo’ne A Li Fee «par |200 G'o—| cer (908) pruones ‘89 DOI 2| ‘QT. 12676 “| FOTO! ‘6 | £‘o0r 6‘0 OT TN CT CE) L'699 l'6 Bd 6m Or 616 | 0‘O | 86£ |'‘'°'""""esnoyexs G°L9S &'°6 L°08 Jar bre ele 0‘61 | £‘OP | Fo | 868 ,°°:°""(ema10S) 910 Dog) 28 06: (2006 arr — Le | Ler |S007 G‘o—| 988 |’ ‘°°: (o1ao6iy) nel 9‘8G LÉO 6 OT MES ANR6 — ait L'61 60} 0‘G | S8E |(paeq XouuaÀ) XNAUO L‘889 |. 26‘on 16966 € mere; = Côte. | y'o | 49€ |‘‘(o1h081Y) [ynIS0se y 6‘S8L S'66 00 0 |: 06 | Cri 6 ABC 1490} CSS TR SEE En | 6 1608 D'@y | 20 |-6'6E © EL —|"c'Er | Ste: 86 l'E CT A OUBSNT LROQLIE) 9"6r 2 Ap'en Sn 6e à 01 {rer | De | 'f] l‘e 68 |°°°(uIssa],) auozu1f94 ur Q | ( Le | L) , | 0 a ( ul | . “808F € Y08E | "8981-LOBT | «honuur | esjnuue | 2885 ‘8087 ‘8081 [SOBPIMAN| | eq lopouneten) Sue | PUR | muy (ANGES Ou | UNESN |A uQl ARE SUOMI) Sap 19 | 9p 294107 ne = ———————_—_—— a | SAXJQUI U9 SUOTRIS SP SON ‘SapuiSTJU02 S9180p 9 Sammquiodmor, BATIR | : “apnynle nat Saad e,p SagUUopIO ‘SASSINS SUOIJEJS JMU-OJUEXIOS U9 SOUINIP SUOAIISAO SIO1Y AP JUEJNSQA { HQULIIP E[ SUP 29407 N9,[ 9p 79 “8O8I v POST Soguue buts sap 9/j99 op onb sure ‘oguue aj1p ej op appenuue auuofou e] 9p 79 Sourp4px9 SAP ‘ROSE SIQUIDAON 79 LOS 21q99pp a4quo ostidiwuoo aguur.| op qe suosms auenb sop souuofou saimragdue] sop nealquE, 8°1F9 L‘GG6 6 ££FE Y'L£91 8'99L L‘GG6G 9'8GcI O‘Y9LI 886} ‘879 6 8981 l'LOO! 0'S£9 8° 1GL 6'9LS8 G ESS t'SlVI G VOrI uitu SOI JQULIFIUL U9 S98L X LOST ap 29407 UP ee ee « « HO ODMNOOSSE- SAR O> © 00 CD @ D CO T5 CO > «= — = - — - © MN E> 20 © © © D © © œ = ne "S98T LR YOST saguur Dur) Sop Sauua op | | | | | | D + © © = = En:ln n 2 GC © 00 e = @ © Et- « e S © © @ © Où © CO D © 20 CO 0 00 _ — 2 O0 = . 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SHOTEJS SAP SON || | | | SI9A9 | lt)) SOAR(] ZyoU197 JEUTLOPUY | Sp 10 NOTE SUR LES ANCIENS GLACIERS DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE PAR NÉ D GOT ONE;: Le plateau central de la France forme une grande ile géologique, dont la longueur du nord au sud est en moyenne d'environ 300 kilomètres, et la largeur de l'est à l'ouest également de 300 kilomètres. La forme en est presque circulaire, En marchant du nord au sud, les chiffres d'altitude augmentent successivement, on arrive ainsi à un bourrelet de hautes montagnes qui forment, du côté de l'ouest et du sud, une enceinte presque con- tinue. Les points culminants de ce rempart élevé sont : le Mont d'Ore, 1886: le Plomb du Cantal, 1858", et le Mézenc, 1754", reliés entre eux par une série de mon- lagnes et de plateaux un peu moins élevés. Dans l'intérieur de ce grand cirque, plusieurs rivières importantes prennent leur source; la Loire, l'Allier, le Cher, la Creuse, la Vienne, la Dordogne, le Lot, le Tarn. qui versent leurs eaux dans l'Océan; puis l'Hérault, le Gardon, l'Ardèche qui appartiennent au versant méditer- ranéen. La composition géologique du sol de cette con- trée consiste presque exclusivement en roches d’origine volcanique, trachytes, phonolithes, basaltes, etc., et en terrain cristallin, gneiss, granits, micaschistes, ete., les 5 1C ANCIENS GLACIERS, ETC. roches sédimentaires plus jeunes qui occupent quelques fonds de vallées y sont l'exception. Le plateau est bordé sur son pourtour extérieur de dépôts houillers, triasiques el jurassique : ces derniers, et surtout le lias, y forment une ceinture presque continue. Les phénomènes gla- ciaires de la fin du pliocène et de l'époque quaternaire sont développés dans son intérieur avec une grande “énergie. M. Delanoüe, l’un des premiers, a signalé des accu- mulations de matériaux erratiques, qu'il reconnait avoir tous les caractères de véritables moraines, sur le revers occidental du Mont d'Ore, près des sources de la Dor- dogne ‘. À la limite sud, dans le massif granitique de la Lozère, M. Ch. Martins a décrit un ancien glacier de se- cond ordre, qui, tout petit qu'il était, a cependant trans- porté des blocs de plus de 80 mètres cubes *. Mais c'est surtout sur le revers nord du massif du Cantal que ces phénomènes ont pris une grande exten- sion : ils ont été décrits par de très-bons observateurs M. Julien de Clermont et son collègue M. Laval ont ex- ploré pendant plusieurs saisons les principales vallées qui descendent du Cantal et de la chaine des Monts d’Ore *. Ils ont constaté dans cette contrée une première époque glaciaire qui l'emporte en énergie sur tout ce qu'on à imaginé jusqu'à présent; les plus hauts sommets étaient entièrement couverts d’une calotte continue : tout le pla- teau central était opprimé par une grande épaisseur de ! Bulletin de la Socièté géolog., 1868, tome XXV, p. 492. ? Comples rendus, 1868, tome LXVIL, p. 953. 5 Des phénomènes glaciuires dans le plateau central de la France, en particulier dans le Puy-de-Dôme et le Cantal, par A. Julien, in-8, 103 pages. Paris, 1869. 26 ANCIENS GLACIERS glace. Sauf la grande accumulation morainique de la montagne de Perrier, près d’Issoire, sur laquelle nous avons encore quelques doutes, et que nous nous propo- sons de visiter encore une fois, les traces que cette pre- mière extension à laissées sur le sol sont faibles, peu accu- sées: il faut observer avec une grande attention pour en retrouver des vestiges. On comprend très-bien que lorsqu'un manteau continu couvrait tous les sommets et toutes les vallées, qu'il les dépassait en hauteur, ce grand glacier, bien qu'il fût doué d’un mouvement de translation, ne pouvait trans- porter pi moraines superficielles, ni blocs erratiques : il ne surgissait aucun pic supérieur, aucon ilot dans cette mer de glace, susceptible de se dégrader et de les alimenter. Les moraines profondes seules ont dû être très-puis- santes ; elles se sont étalées dans le fond des vallées et dans les plaines, mais par suite de leur remaniement par les eaux, elles ont perdu leurs principaux caractères gla- ciaires, elles ont été dénaturées et ont passé à l’état de diluvium. Sur les hauts sommets, les effets de ces grands gla- ciers ont dû aussi être presque nuls, parce que sous une température moyenne assez basse, on trouve, à une cer- taine hauteur, que la glace des glaciers est adhérente au sol pendant toute l’année, M. Dolfuss-Ausset, après de nombreuses observations et expériences faites dans les Alpes, a remarqué que, lorsqu'on s'élève à 3000", 3200" et dans la zone au-dessus, la partie inférieure des gla- ciers est constamment gelée avec le terrain qui les sup- porte, il y à adhérence intime entre la glace et le sol, par conséquent les signes caractéristiques du passage dun glacier, les stries et le mouftonnement des roches ne peu- DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE. 27 vent s'effectuer dans ces conditions; ce n’est qu'en des- cendant dans des régions plus basses que les glaciers se dégagent peu à peu, deviennent indépendants et produt- sent tous les effets que Fon connait. Ce n’est que du moment où les hauts sommets se sont peu à peu dégagés, lorsque le mouvement de retraite des grands glaciers à commencé à se dessiner, qu'ils ont pu laisser des traces évidentes de leur passage. M. Julien en a trouvé jusque dans les environs de Clermont et de Pont-du-Château sur ie bord de la plame de la Limagne. A la suite de cette longue période de froid, il y à eu retraite et fonte successive des grands glaciers : les val- lées se sont creusées, les eaux courantes ont joué un rôle prépondérant, le relief du sol a subi de notables modifi- cations, la faune à éléphants à fait sa première appari- tion : c’est de cette époque que datent les dépôts du val d'Arno supérieur, du bassin à lignites de Zurich et celui de Saint- Prest dans Eure-et-Loir, si riches en vertébrés fossiles : dépôts qu'on à classés jusqu'à présent dans le pliocène supérieur, mais qui renferment un grand nombre d'espèces semblables à celles du terrain quaternaire ; il y a là un passage tellement insensible, qu’il est bien difficile de séparer nettement ces deux époques, la seconde ne pa- raissant être que la suite non interrompue de la première. Seconde époque glaciaire. Après cette longue retraite, pendant laquelle des eaux courantes d’une énergie excep- tionnelle ont démoli en partie l'œuvre des glaciers, ceux-ci ont repris leur marche en avant, sans cependant s'étendre à beaucoup près aussi loin que lors de leur premier dé- veloppement; dans les Vosges, les morames frontales de cette époque se sont déposées à l’altitude de 400"; dans 28 ANCIENS GLACIERS les Pyrénées, revers nord, également à 400%. Dans les Alpes, les limites de cette deuxième extension sont plus difficiles à bien déterminer parce qu'elles se’ confondent volontiers avec divers accidents locaux : néanmoins on pourrait prendre pour terme de comparaison les moraines de Rivoli et celles d'Ivrée du revers sud des Alpes, dans le bassin du PÔ: elles sont évidemment les plus récentes. puisqu'elles reposent sur Le diluvium alpin à éléphants de la plaine, elles sont à l'altitude de 250 à 300, Dans le plateau central, c'est surtout l'ancien glacier de la vallée de l'Allagnon que nous avons étudié lau- tomne dernier: M. Jelien Favait recommandé à l'atten- ion des géologues comme un des mieux caractérisé de la contrée. Cette vallée prend naissance près des som- mets de la chaine du Cantal: elle se dirige en moyenne du sud-ouest au nord-est: ses eaux passent d’abord à Murat, puis à Neussargues, Massiac, Lempdes, où elles ne tardent pas à se joindre à celles de l'Allier, En prenant Murat (S84") comme position centrale, on est entouré d’un vaste cirque de 8 à 9 kilomètres de diamètre dont les principaux points culminants : le Plomb, 1858": les Rochers, 1800%: Peyrouse, 1620": Bataillouze, 1654, sont reliés entre eux par des cols et des pics un peu moins élevés, Ce cirque est séparé par des contre-forts qui don- nent naissance à autant de vallées secondaires: elles vien- nent déboucher en éventail près de Murat. Ces montagnes sont composées de roches volcaniques, trachytes, phono- lithes, basalte : le sous-sol du fond de la vallée est gra- nitique. Au débouché de chacune des vallées secondaires dans le cirque de Murat, on remarque une accumulation con- sidérable de débris glaciaires: les moraines latérales s'é- DU PLATEAU CENTRAL DE LA FRANCE. 29 lèvent à une grande hauteur sur les flancs des monta- ones; elles donnent la mesure de l'épaisseur du glacier qui les a transportées : la moraine médiane, résultant de la réunion de ces différents affluents, existe encore au fond de fa vallée, malgré le ravage des eaux postérieures, entre la Station du chemin de fer de Murat et la rive gauche de lAllagnon. Cette moraine forme un amas, une petite colline applatie, où les matérianx glactaires sont accumulés dans le même désordre apparent et de la même façon que dans tous les dépôts de ce genre ‘ Au-dessous de Murat, jusqu’à la station de Neussar- gues et de Pont-du-Vernet, sur un trajet de 12 kilom.. cette moraine médiane se poursuit presque sans interrup- tion, le,chemin de fer la coupe fréquemment, les blocs métriques soit anguleux, soit arrondis, souvent striés, sont noyés dans une masse considérable de boue grisätre. Les moraines latérales de la rive droite sont déposées sur les flancs très-escarpés de la montagne couverte d'une forêt de pins et difficile à explorer. Celles de la rive gauche se continuent presque sans solution de continuité jusqu'au pied du plateau de Chalinargues, 41027", au dé- bouché de la vallée latérale d’Allanches, 800" : sur ce point le glacier avait à peu près 200" d'épaisseur. La vallée d'Allanches, d’une vingtaine de kilomètres de longueur, est creusée dans le terrain granitique ; les plateaux qui la dominent sont basaltiques ; elle avait aussi * Les dépôts morainiques de différentes contrées ont été si souvent décrits, que nous pensons qu'il est inutile d'entrer de nouveau dans des détails minutieux à cet égard. Quand on doutait encore de lexis- tence des anciens glaciers, on comprend que des descriptions mono- graphiques fussent nécessaires, mais aujourd’hui il n’en est plus de mème. M. Julien, du reste, n’a rien négligé sous ce rapport. 30 ANCIENS GLACIERS son glacier, 1l venait se souder presque à angle droit à la rive gauche du glacier principal. À Neussargues, la réunion des deux glaciers a donné lieu à un dépôt con- sidérable de débris: la moraine latérale gauche du glacier d’Allagnon était en même temps moraine frontale du gla- cier d’Allanches. En pénétrant plus avant dans cette dernière vallée, on trouve des moraines frontales échelonnées de distance en distance : au village de Moissac, la vallée en est barrée et il ne reste qu'un étroit créneau pour le passage du torrent. A Pont-du-Vernet, sur la rive droite et la rive gau- che, la vallée est subitement rétrécie par des murailles cranitiques ou gneissiques de plusieurs centaines de mètres de hauteur : la rivière est à la cote de 7007, le plateau granitique à 1160" : différence, 460%. La ri- vière, la route et le chemin de fer ont tout juste assez de place pour se faufiler dans ce couloir : le glacier en à été barré, aussi c’est en amont de ce point qu'on voit la plus grande accumulation de débris. M. Julien insiste sur la manière dont la distribution des matériaux s'est effectuée, les éléments volcaniques venant du massif du Cantal ne se sont point mêlés avec les roches granitiques d’Allanches; chaque pic, chaque montagne a fourni son convoi spécial de roches qu'on re- trouve à Neussareues, à 20 kilomètres de distance, dans l’ordre bien connu du mouvement des glaciers. Dans toutes les moraines de cet ancien glacier, qu'elles soient latérales, frontales ou médianes, mais surtout dans les moraines latérales droites, j'ai constamment remar- qué un fort dépôt de boue dans lequel les blocs sont empâtés, comme on n'en voit nulle part d'aussi puissants DU PLATEU CENTRAL DE LA FRANCE. 31 dans les dépôts glaciaires d’autres contrées. Ce fait ré- sulte évidemment de la nature minéralogique des roches qui ont été soumises à l’action mécanique du glacier, les trachytes, les phonolithes, les basaltes et quelques autres roches volcaniques qui abondent dans ces montagnes, en se broyant par le frottement et la pression. donnent lieu à une boue grisätre, tandis que les roches graniti- ques, les quartzites, les grès et même quelques calcaires, souinis aux mêmes effets mécaniques, se convertissent plus volontiers en sable. Ces masses de boue, envelop- pant de gros débris de roches anguleux et striés, sont un argument de grande valeur en faveur du transport par les glaciers ; l'intervention de Peau liquide n'aurait pas permis à ces masses de subsister. Il ya donc eu dans le centre de la France, comme dans le nord de l'Europe et dans beaucoup d’autres contrées, une époque glaciaire d'une grande énergie qui paraît être arrivée à son maximum de développement à la fin du pliocène supérieur ou au commencement de l’époque quaternaire ; puis, par des causes encore Incon- nues, il y aurait eu retraite partielle de ces glaciers, et pendant cette retraite les eaux courantes auraient agt à la Surface du sol avec assez d'énergie pour en modifier sensiblement le relief, indépendamment des oscillations du sol lui-même: puis une recrudescence de froid aurait fait avancer de nouveau ces glaciers, mais dans une moindre proportion; ils ne se seraient pas étendu aussi loin, ils seraient restés renfermés dans les limites de l'in- térieur des vallées, Cette période glaciaire, si curieuse dans lhistoire de la terre, a été étudiée depuis une vingtaine d'années dans presque tous les systèmes de montagnes de l'Eu- JA ANCIENS GLACIERS, ETC. rope, dans l'Amérique du Nord et du Sud, dans l'Hyma- laya, la Nouvelle-Zélande et récemment dans le Caucase ". Le plateau central avait été négligé jusqu'à présent. La cause du phénomène reste encore un mystère scientifique; mais je pense que des faits aussi généraux, qui embrassent une aire géographique aussi étendue, presque le monde entier, ne peuvent plus s'expliquer par des causes locales dont Papplication a limconvénient d’être restreinte à telle ou telle chaîne de montagnes ; il me semble qu'il faut de toute nécessité avoir recours à des causes plus générales, à des causes cosmiques qui seront peut-être plus tard appelées à résoudre ce difficile problème. ! Ernest Favre, Note sur quelques glaciers de la chaine du Caucase (Archives des Sciences phys. et natur., janvier 1869). NOTICE HISTORIQUE ET DENCRIPTIVE TROIS ESPÈCES DE GRENOUILLES ROUSSES OBSERVÉES EN EUROPE PAR M. V. FATIO. (Mémoire lu à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de (renève. dans la première séance de janvier 1870.) Lorsque, vers le milieu du siècle passé, le savant Linné reconnaissait deux espèces de Grenouilles en Europe, il ne faisait que relever, en l'accusant plus franchement, lo- pinion de nombreux auteurs qui, depuis longtemps et dès l’antiquité, avaient démêlé déjà des différences de formes et de genres de vie entre ces animaux. Quoique plus précis que les ouvrages, souvent légendaires, des anciens, les écrits du célèbre naturaliste suédois * devaient cependant être encore petit à petit épurés et remaniés ; ce ne fut même qu'après lui que Gmelin, dans une trei- zième édition du Systema naturæ *, Sépara nettement les Grenouilles des Crapauds et des Rainettes, en distinguant le genre Rana des genres Bufo et Hyla. Sur ce point, comme sur tant d’autres,les données de Linné firent néanmoins foi pendant près d’un siècle. Mal- oré le grand nombre de noms nouveaux qui, par une. 1 Linné, Systema naturæ. Douze éditions de 1735 à 1766. 2 Gmelin, Systema naturæ (Linné), édit. XIII, 1788-95. ARCHIVES, t XXXVIEL — Janvier 1870. 3 34 £ NOTICE HISTORIQUE ET DESCRIPTIVE fausse interprétation de la variabilité, venaient chaque jour compliquer la synonymie des deux espèces, la majo- rité des zoologistes ne reconnaissait cependant, jusqu'en 1842, que la Grenouille verte (Rana esculenta, Linné) et la Grenouille rousse (Rana temporaria. Linné), si admi- rablement représentées dans le bel ouvrage de Rœæsel ". Je laisse à dessein de côté la Grenouille verte que ses sacs vocaux, externes chez le mâle, éloignent de la Rousse, en la rapprochant d’autres espèces exotiques, pour étudier plus spécialement, parmi les Grenouilles plus nombreuses à sacs vocaux internes, la seconde de ces espèces et quelques formes plus ou moins voisimes. Je ne reviendrai pas maintenant sur la discussion de toutes les variétés qui ont successivement servi à la créa- tion d'espèces purement nominales. Mon plan est plus restreint, et, m'attachant à quelques formes qui me pa- raissent plus importantes, je me propose de suivre les diverses péripéties par lesquelles à passé, dans ces der- nières années, la Rana temporaria de Linné, espèce tour à tour subdivisée ou méconnue. En 18492, Nilsson signala, dans sa Faune scandinave”, sous le nom de Rana arvalis, une nouvelle Grenouille qui, faute de descriptions assez circonstanciées, , et faute d'observations subséquentes, ne put être ni aisément jugée, ni généralement reconnue. Quelques auteurs la rangeaient déjà, à tout hasard, à la suite des syno- nymes de la Rousse, lorsque, quatre années plus tard, en 1846, le professeur Steenstrup de Copenhague * dis- ! Roœsel von Rosenhof, Historia naturalis Ranarum nostratium, ete., 1758. Temporaria (Linné) égal Fusca terrestris (Rœsel). 2 Nilsson, Skandinavisk Fauna, IE, Amphibierna. Lund, p.42, 1842. 5 Steenstrup, Bericht über die 24. Versammlung deutscher Natur- forscher und Aerzte in Kiel, p. 131, 1846. x SUR TROIS ESPÈCES DE GRENOUILLES. 39 tingua, dans la Grenouille rousse, deux formes constantes qu'ilappela par opposition, l’une Rana oxyrrhinus etl'autre Rana platyrrhinus. La première caractérisée par une taille plus petite, par la forme plus acuminée de son mu- seau, et surtout par le grand développement de son premier os cunéiforme, simulant presque un sixième doigt ; la seconde, plus grande et à museau arrondi, correspon- dant au type de la Rana temporaria des auteurs *. Ces deux noms nouveaux proposés par un homme aussi justement apprécié pour ses travaux zoologiques, devaient attirer l'attention des naturalistés: aussi vit-on paraître successivement, en Allemagne et en France, di- vers mémoires à l'appui de cette division de l'espèce. Le professeur de Siebold *, le professeur Schiff *, et M. Thomas ‘ apportèrent, chacun à son tour, un contingent d'observations intéressantes sur ce sujet. Cependant, il n'y avait pas, en réalité, d'espèce nou- velle, car Steenstrup reconnut lui-même bientôt comment Linné avait eu déjà les deux formes en main, quoique en ayant méconnu les différences spécifiques, et comment son Spitzschnauziger Frosch (A. oxyrrhinus) n’était au- tre que la Rana arvalis de Nilsson. En effet, si l’on com- pare les brèves diagnoses de Linné dans sa Fauna Sve- cica “ et dans son Systema naturæ, douzième édition °, * Dumernil et Bibron, Erpétologie générale, vol. VIF, 1841, etc., etc. ? Von Siebold, Zoologische Notizen. Archiv für Naturgeschichte, 1852, Band [, p. 14. 3 Schiff, Lettre adressée à M. Thomas. Annales des Sciences natur. 4me série, 1855, Zool. vol. IV, p. 368. # Thomas, Note sur deux espèces de Grenouilles. Ann. des Sciences natur. 4m série, 1855, Zool. vol. IV, p. 365. 5 Linné, Fauna Svecica, 1746, p. 94. 5 Linné, Systema naturæ, édit. XIE, t. 1, p. 357. 30 NOTICE HISTORIQUE ET DESCRIPTIVE l’on sera étonné d'y voir ces termes opposés, appliqués à une seule espèce : dans le premier de ces ouvrages, plantis hexadactylis palmaus ; dans le second, plantis pentadactylis palmatis. En trois mots, la distinction ma- jeure entre les Rana oxyrrhinus et R. platyrrhinus de Steenstrup. Tout doute de ce côté paraïtra même impos- sible, quand l’on saura que les perquisitions minutieuses du professeur de Copenhague lui ont fait reconnaitre les deux espèces, vivant côte à côte, jusque dans le bassin du jardin de la demeure de Linné à Upsal. Quatre années avant Steenstrup, Nilsson avait déjà, comme je l'ai dit, distingué une forme nouvelle plus petite que la À. temporaria des auteurs: mais la description de ce naturaliste et la comparaison des types montrèrent avec évidence au professeur danois, non-seulement que Nilsson n'avait observé et décrit que des individus fe- melles, mais encore que les Rana arvalis et R. oxyrrhi- nus étaient spécifiquement semblables. Steenstrup ayant le premier étudié les deux sexes et bien décrit lespèce, je pense que, malgré la priorité du nom de À. arvals, celui de R. oxyrrhinus doit être de préférence maintenu, Île qualificatif arvalis pouvant s'appliquer à bien d’autres Grenouilles, tandis que celui d'oxyrrhinus rappelle, au contraire, un caractère constant de la forme nouvelle. Ayant eu moi-même la facilité d'étudier, dans bien des conditions différentes, la Rana temporaria des au- teurs, soit Platyrrhinus de Sieenstrup, et de la comparer attentivement avec de nombreux échantillons de la Rana oxyrrhinus, dus à l'obligeance de MM. Collin et Steens- trup de Copenhague ", j'ai pu constater nettement, entre 1 Je profite de l'occasion pour remercier MM. Steenstrup et Collin | SUR TROIS ESPÈCES DE GRENOUILLES. 37 ces deux formes, plusieurs points différentiels assez im- portants pour me les faire considérer comme espèces dis- tinctes. Quoique je n'aie nullement l'intention de faire ici un travail descriptif qui doit trouver sa place ailleurs *, j’es- sayerai néanmoins de faire ressortir plus loin, sur un tableau, les principaux caractères comparés de ces deux Grenouilles, en même temps que ceux d’une troisième espèce dont 1} me reste à parler. En 1828, M. Millet, d'Angers, décrivit, dans sa Faune de Maine-et-Loire *, deux espèces de Grenouilles qu'il nomma Aana flaviventris et À. temporaria. Encore ier il y avait confusion: Millet présentait, sous le nom de Rana flaviventris. une simple variété dela vraie Temporaria : tan- dis qu'il attribuait, à tort, le nom de À. temporaria (Linné) à une forme qu'il venait de découvrir sans s’en douter, et qui devait ainsi demeurer méconnue jusqu'au moment où M. Thomas de Nantes découvrit, pour la seconde fois, cette Grenouille oubliée. Ce ne fut qu'en 1855 que M. Thomas publia ses ob- servations sur cette espèce, si svelte etsi particulièrement disposée pour le saut, qu'il appelait Rana agilis°, en relevant l'erreur de Millet. Mais la nouvelle baptisée, n'ayant pas été observée ailleurs par d’autres zoologistes, commençait à retomber dans l'oubli, malgré l'excellente de la complaisance avec laquelle ils m'ont communiqué, soit de nom- breux sujets de comparaison, soit leurs propres observations. ! Des descriptions circonstanciées de ces espèces paraîtront pro- chainement dans le volume de ma Faune des vertébrés de la Suisse qui est maintenant en voie de publication, dont j'extrais ces quelques notes et auquel je renvoie pour de plus amples détails. * Millet, Faune de Maine-et-Loire, vol. IF, 1828. 5 Thomas, loc, cit. 38 NOTICE HISTORIQUE ET DESCRIPTIVE descriptionide Thomas, quand, en 1861, je reconnus, dans les environs de (Genève, une espèce particulière que je présentais alors à la Société de Physique et d'Histoire naturelle sous le nom de Rana gracihs. Cette forme nou- velle n’était autre que la Grenouille de Thomas, et lors- que, un an plus tard, je publiais sur son compte mes propres observations", j'avais reconnu déjà qu’elle était, en même temps, spécifiquement semblable à l’Agiis de Thomas, et constamment différente soit de la Temporaria, soit de l'Oxyrrhinus. En face de ces trois espèces européennes successive- ment formées aux dépens d’une seule, bien des zoologistes, faute de pouvoir comparer un assez grand nombre de sujets des trois formes, ont trouvé plus simple d’en revenir à Linné et à l'unique Rana temporaria: Günther même, dans son excellent catalogue des Batracha salien- lia*, à déjà réuni, en 1858, l'Oxyrrhinus au Platyrrhi- nus de Steenstrup, et l’Agilis de Thomas aurait bientôt le même sort, si une étude sérieuse ne devait réhabiliter l’une et l’autre. Me trouvant peut-être le seul qui ait maintenant entre les mains un nombre suffisant d'échantillons des trois es- pèces en litige pour permettre d'aborder cette question difficile, j'ai cherché à étudier, sous toutes leurs faces et sans idée préconçue, les trois formes mises en présence, et ce sont les résultats des recherches auxquelles j'ai dû me livrer pour ma Faune suisse que j’expose briève- ment ICI. 1 V. Fatio, Observations sur la Æiana agilis (Thomas). Revue et magasin de Zoologie, 2% série, 1862, tome XIV, p. 81. ? Günther, Catalogue of the Batrachia salientia in the collection of the British Museum, 1858, p. 16. SUR TROIS ESPÈCES DE GRENOUILLES. 39 Après avoir comparé, comme je l'ai dit plus haut, de nombreux exemplaires de la Rana temporarix, de divers pays ‘, avec plusieurs individus de sexes et d'àges diffé- rents de la Rana oxyrrhinus du Danemark, j'ai dû en- core comparer de tous points ces deux premières Gre- nouilles avec bon nombre de sujets de la Rana agilis, recueillis, à diverses époques, en Suisse, en France? et en Italie *. Ainsi que je l'avais fait pour les deux premières, j'ai dû reconnaître comme espèce cette troisième et der- nière forme si frappante par la disproportion de ses membres. Avant de terminer cette brève discussion synonymique par le tableau synoptique des caractères de nos espèces, il ne sera pas, je pense, inutile de comparer encore en quelques mots la variabilité des deux formes nouvelles, ainsi que leur distribution géographique et leurs mœurs, avec les observations faites, à ces divers points de vue, sur l’ancienne Rana temporaria des auteurs. Peut-être trouverons-nous dans cette étude quelques particularités dignes d'attirer lattention ou de diriger plus où moms l'opinion. La Grenouille rousse (der braune Grasfrosch), Rana temporaria (Linné) *, la plus grosse des trois, varie ex- ‘ De France, d'Italie, d'Allemagne, de Suisse, plaine et Alpes, et de Danemark. ? Je dois de vifs remerciements à M. Thomas, de Nantes, pour l’a- mabilité avec laquelle il m'a fait présent de plusieurs superbes échan- tillons de sa Rana agilis. 5 La Rana agilis, ou gracilis, m'a été rapportée d'Italie par mon cousin M. A. Beaumont qui, ayant appris à la reconnaitre facilement, la trouva abondante dans les prairies des environs de Pise. 4 Kana aquatica el innoxia, Gessner ; R. aquatica, Jonston; R. fusca terrestris, Rœsel; R. temporaria, Linné, Dum. et Bib., etc.; R. muta, 40 NOTICE HISTORIQUE ET DES CRIPTIVE térieurement, non-seulement quant à la taille, suivant l’âge et les conditions de nutrition plus ou moins favo- rables, mais encore de deux autres manières, quant à la forme et quant à la coloration. L'on peut remarquer, chez elle, des individusà museau plusou moins pointu, et desindividus à museau franchement obtus.Ces derniers à face arrondie, auxquels j’appliquerai le nom de obtusirostris, sont de beaucoup les plus nom- breux et les plus répandus: ils correspondent au Platyr- rhinus de Steenstrup et montrent à tout àge des modes de coloration très-variés. Les premiers, moins abondants. auxquels je donnerai, par opposition, le nom de acutirostris. présentent, comme je l'ai dit, un museau comparative- ment acuminé, quoique peu proéminent, et des membres postérieurs un peu plus allongés : 1ls sont, le plus souvent, d'un gris-brun en dessus, lavés de noirâtre sur les côtés et blanchâätres ou d'un jaunâätre mat en dessous, avec des mar- brures grises sur les flancs, le ventre et la poitrine, et des bandes foncées au travers des membres. Ce sont, la plupart du temps, des sujets de taille petite ou moyenne, dans lèur seconde ou leur troisième année, qui ont grandi et vécu dans des eaux troubles ou stagnantes et peu froides, et qui, pour cette raison ou pour toute autre, sont demeurés plus longtemps dans ombre, Du moins, j'ai généralement rencontré de semblables Grenouilles à hvrée sombre dans les fossés bourbeux de la plaine et rarement dans les montagnes : tandis que je n'ai jamais trouvé que des Grenouilles à museau obtus et dans leur brillante livrée, soit dans les eaux claires ou courantes de nos vallées, soit dans les eaux transparentes et plus froides Laurent: ; R. alpina, Fitzinger, Schinz, etc.: R. flaviventris, Millet ; R. scotica, Bell: R. platyrrhinus, Steensirup. 1? 41 de la région alpine. Du reste, avec le changement de con- ditions et avec l’âge, les formes, les rapports de propor- tion et la coloration se modifient et retournent au type. Revenant maintenant à la forme la plus commune, dite oblusirostris, je distinguerai, en Suisse et quant à la livrée, trois séries de couleurs sur des individus tant jeunes qu’a- dultes et à tout autre point de vue parfaitement sem- blables. J'ai, il est vrai, observé souvent les trois modes de coloration, affichés en même temps comme livrées de noces et réunis dans une même localité, chez des Gre- nouilles rousses que je collectais en grand nombre. vers la fin de l'hiver, sous la glace d’une petite rivière de nos environs: mais chacune de ces séries m'a paru cependant persister plus ou moins dans certaines conditions, ou S’ac- cuser davantage à certaines époques. Je laisserai ici de côté les mâles qui, malgré la grande SUR TROIS ESPÈCES DE GRENOUILLES. variabilité de leurs faces supérieures, sont cependant assez constamment clairs ou peu colorés en dessous, pour m'occuper surtout des femelles, et plus particulierement de leurs faces inférieures. Jajouterai toutelois que les mâles. toujours plus petits que les femelles, à âge égal, présentent, en général, à la gorge, une teinte bleue plus ou moins accusée, au moment du rut, et que la livrée ce terre est, dans les deux sexes. toujours moins brillante que celle d'eau ou de noces. La première série se compose d'individus chez lesquels les tons jaunes dominent, et qui correspondent à la va- riété dont Millet avait fait sa Rana flaviventris. L'apogée de ce mode de coloration se voit chez une Grenouille d'un gris-jaunâätre en dessus, avec toutes les faces infé- rieures d’un beau jaune presque sans taches. Cette livrée est plutôt terrestre, pour les adultes: cependant elle se encontre depuis l'été. en automne et jusqu’en hiver. ‘ 42 NOTICE HISTORIQUE ET DESCRIPTIVE La seconde série comporte des individus chez lesquels les tons rouges dominent et dont le maximum d’accentua- tion se trouve chez une Grenouille rousse en dessus, avec les faces inférieures d’un beau rouge carminé,et que l'on pourrait distinguer sous le nom de varietas rubriventris. Ce mode de coloration est plus fréquent, chez les adultes, vers la fin de l'hiver et au printemps ; c’est le plus sou- vent une livrée de noces, livrée aquatique et due peut- être à l'influence de la température. Jai collecté et étudié un grand nombre de Grenouilles sur différents points élevés de nos Alpes, et j'ai constaté que la Rana tempo- raria, la seule du reste qui se rencontre chez nous au- dessus de 1500 mètres, non-seulement se présente toujours, dans la région alpine, sous la forme dite obtusr- rostris, mais encore qu'elle varie de coloration dans ces conditions, à peu près comme les individus de même forme qui habitent, dans les vallées, les eaux claires et fraiches. ‘Toutefois la série des rouges est peut-être, dans les Alpes, la plus constante. La Rana alpina de Fitzinger”, et de Schinz *,ne repose pas sur autre chose que sur des indivi- dus de la forme obtusirostris, qui présentent une livrée mixte où de transition, comme l’on en voit tant, et par conséquent un mélange des couleurs qui, dans leurs ex- trêmes, sont à la tête de ces deux premières séries. La troisième série, de beaucoup la moins riche, se compose d'individus chez lesquels dominent les tons verts. Le degré le plus accentué de ce mode de coloration se rencontre sur une Grenouille d’un gris vert avec des - marbrures d’un vert sombre parsemées de taches noires, en dessus, et d'un blanc verdätre avec des marbrures plus ! Fitzmger, Verzeichniss der Rept. des Wiener Museum, 1826. ? Schinz, Fauna Helvetica: Wirbelthiere der Schweiz, p. 143, 1897. SUR TROIS ESPÈCES DE GRENOUILLES. 43 foncées d’un gris verdätre, en dessous. Cette livrée ex- trême est très-rare dans notre pays; je ne l'ai trouvée qu'au printemps et en plaine seulement. L'on pourrait encore la qualifier de varielas viridis. Aucune de ces séries n’est du reste franchement déli- mitée, Ces trois variétés de couleurs ne sont parfaitement tranchées que dans leurs extrêmes, et ces derniers sont toujours bien moins abondants que les sujets de livrées mixtes. Î[l n’y a que bien rarement des passages de la colo- ration rouge à la verte; tandis que l’on rencontre assez souvent des individus de la série des jaunes qui semblent y amener insensiblement par un mélange de tons gris et de taches noirâätres. Par contre, les transitions entre Gre- nouilles jaunes et rouges sont constantes et de beaucoup les plus communes ; un même sujet pourra offrir succes- sivement, à des époques et dans des conditions différentes, tous les degrés qui unissent les deux premières séries. La Rana lemporaria habite FEurope et une par- üe de lAsie: elle se trouve depuis les côtes mé- diterranéennes jusqu'en Suède et en Norwége : de même, on la rencontre,en Suisse, depuis le fond des vallées jus- qu'à 2500 mètres au-dessus de la mer. Elle ne va à l’eau que pour y satisfaire aux besoins de la reproduction, ou s’y cacher,dans le fond, durant les frimas de la mauvaise saison, Elle s’accouple, suivant les conditions, depuis la fin de janvier jusqu'au milieu de mars, ou en juin même dans les Alpes: après cela, elle se tient sur terre, dansles champs, ou de préférence dansles lieux ombragés, jusqu'en arrière-automne. Son cri consiste, tantôt en une sorte de grognement, tantôt en un gloussement plus ou moins sonore et prolongé. 41 NOTICE HISTORIQUE ET DESCRIPTIVE La Grenouille oxyrrhine (der spitzschnauzige Frosch), Rana oxyrrhinus (Steenstrup)'.présente, quoique a un degré plus faible, à peu prèsles mêmes variations de couleurs que la Rana temporaria. La coloration des faces supérieures varie, dans les Geux sexes, de même que celle des faces inférieures chez les femelles : la gorge devient souvent légèrement bleuâtre, chez les mâles, au moment du rut: enfin, les flancs montrent généralement des taches ou des marbrures analogues à celles qui se voient sur ces parties chezla Temporaria. Ces deux formes sont évidem- ment très-voisines sur ce point. Cependant, il està remar- quer que l'abdomen est généralement sans taches chez l'Oxyrrhine, et que cette espèce présente, dans le nord surtout, des variations de coloration que n'offre pas la Grenouille rousse: tres-souvent, par exemple, une large bande dorsale claire, et,de chaque côté, des lignes longi- tudinales foncées, plus où moins relevées sur des plis glanduleux surnuméraires: cela plus particulièrement chez la variété qui constituait la Rana arvalis de Nilsson. Malgré les nombreux rapprochements qui existent évi- demment entre les Grenouilles rousse et Oxyrrhine, tant au point de vue de la coloration qu'à celui des rapports de proporüons entre les diverses parties du corps et des membres, 1l est cependant impossible de ne pas recon- naître entre elles quelques différences importantes et con- stantes. La taille est constamment beaucoup momdre chez POxyrrhine ; le museau et le crane sont toujours beau- coup plus triangulaires et acuminés que chez la Rousse, parietas acutirostris: les fronto-pariétaux sont souvent 1 Rana manibus tetradactylis fissis, plantis hexadactylis palmatis, pollice longiore, Linné; R. arvalis, Nilsson ; R. oxyrrhinus, Steen- strup: R. temporaria, part. Middendorff, Sibir. Reise. Il, 2, 1853. SUR TROIS ESPÈCES DE GRENOUILLES. 49 imparfaitement ossifiés sur le centre” ; enfin, le premier os cunéiforme aceuse, à tout àge, un développement beaucoup plus grand et une forme beaucoup plus com- primée. Je n'ai jamais rencontré cette petite Grenouille en Suisse : son aire géographiqueparaît plus septentrionale. Le point le plus méridional où elle ait été observée jus- qu'ici, à ma connaissance, est Francfort-sur-le-Main. Au delà, elle a été reconnue dans diverses localités en Allemagne, dans le Danemark, en Suède et en Norwége, jusqu’au cap Nord et très-avant en Sibérie ?, Plus rare que la Rousse en Allemagne, elle est à peu près aussi abondante en Danemark, et devient petit à petit la plus commune en se rapprochant du nord. Cette espèce ne va à l’eau, comme la Rousse, que pour y satisfaire aux besoins de la reproduction, ou pour y chercher dans le fond une retraite durant la mauvaise . saison. Elle s’accouple, en général, trois ou quatre se- maines plus tard que la Rousse, et s’en distingue encore par un cri passablement différent. Ce n’est plus un glous- sement plus ou moins soutenu, c'est plutôt une série de petits coups de voix répétés, sonores chez le mâle, aigus chez la femelle. Les Rana temporaria (Linné) et R. oxyr- rhinus (Steenstrup) constituent donc deux formes dis- tinctes qui, quoique assez voisines, sont cependant, pour ainsi dire, constamment parallèles. ! Ces os embrassent souvent ici un espace étroit mal ossifié, beau- coup plus sensible chez l'Oxyrrhinus adulte que chez la Temporaria, même très-jeune. Cette disposition rappelle ainsi, jusqu’à un certain point, la fontanelle qui se remarque dans d’autres familles, chez le Bombinator, par exemple ; fontanelle caractéristique de plusieurs genres, mais d'ordinaire manquant totalement chez les Grenouilles. ? Middendortf, Sibirische Reise, Band IF, Theil 2, 1853. Sous le nom de Temporaria. 46 NOTICE HISTORIQUE ET DESCRIPTIVE La Grenouille agile (der Springfrosch), Rana agilis (Thomas) ‘, ne peut, en aucune manière, être comparée à la forme dite obtusirostris de la Rana temporaria : tan- dis qu'elle offre, par contre, quelques légers rapports avec la variété dite acuhrostris. Elle ne porte jamais. sur les flancs, les marbrures que nous avons remar- quées chez les deux espèces précédentes: son abdo- men est généralement blanc ou jaunâtre et sans taches, dans les deux sexes: toutes les faces inférieures sont comme empatées où gonachées chez les mâles, et jamais la gorge ne présente de teinte bleue chez ces derniers, au moment du rut. La coloration des faces supérieures est, dans la Rana agilis, d'un blond jaunâtre ou rosé, ou d’un gris noirâtre, suivant les sexes et les saisons: les membres sont toujours traversés par des bandes régulières et fon- cées. La livrée d’eau, sombre en dessus, surtout chez les males, rappelle, jusqu'à un certain point, celle des indi- vidus de la forme acutirostis de la Temporaria que nous avons dit être demeurés plus longtemps dans l'ombre ; mais ce rapprochement n'est qu'un fait à l'appui de mon opinion précédemment émise sur l'influence du milieu. En effet, la Grenouille agile, habitant de préférence les eaux ré- chauffées et vaseuses des marais et ne paraissant au prin- temps que bien après la Rousse, demeure aussi plus long- temps dans l'ombre: elle ne s'élève jamais dans les eaux plus pures et plus froides de nos montagnes, et sa livrée s’éclaircit toujours énormément sitôt qu'elle vit sur terre ou au grand jour. Quant aux formes comparées de la tête, le museau ainsi que le crane sont toujours beaucoup plus prolongés 1 Rana temporaria, Millet; R, agilis, Thomas ; R. gracilis, Fatio. SUR TROIS ESPÈCES DE GRENOUILLES. 47 en avant chez la Rana agilis, soit que chez la Tempo- raria varielas acubhirostris, Soit même que chez la Rana oæyrrhinus. Les individus à nez pointu de la Grenouille rousse ont, comparativement à leur corps, des mem- bres postérieurs légèrement plus allongés que les su- jets à nez arrondis: mais ils ne sont pas développés comme ces derniers, et, avec l'âge, cette petite différence disparaît complétement. Chez la Grenouille agile, le mem- bre postérieur est, à tout âge, beaucoup plus long, en même temps que le membre antérieur entier ne mesure pas plus que le übia seul, ce qui ne se voit jamais chez la forme acutirostris de la Rousse, Je renvoie du reste au tableau pour d’autres caractères distinctifs entre ces trois espèces. La Rana agilis n'a été observée, jusqu'ici, qu’en France, en Suisse et en Italie, et jamais au-dessus de 1500 mètres dans les Alpes: son aire géographique semble done plutôt méridionale et l'opposé de celle de la Rana oxyrrhinus. Cette espèce, de taille intermédiaire, ne va encore à l'eau, comme la Rousse et l’Oxyrrhine, que pour la ponte et pour s’y enfouir durant l'hiver. Elle s’accouple cmq à sept se- maines plus tard que la À. temporaria: Sa voix consiste en peuts coups répétés et plus ou moins aigus, un peu comme chez l'Oxyrrhinus ; la grande disproportion de ses membres lui permet de faire des bonds prodigieux, soit en longueur, soit en hauteur; elle constitue, enfin, une troi- sième espèce rousse, moins voisine que FOxyrrhine de Ja Temporaria où Rousse proprement dite. Je conclus, en terminant, à l'existence de trois espèces confondues, pendant longtemps, sous le nom collectif de Temporaria ; trois espèces à la fois terrestres, à sacs vo- 48 NOTICE HISTORIQUE ET DESCRIPTIVE caux internes, à doigts à peu près cylindriques et non acuminés, à groupes vomériens formant plus bas que les orifices nasaux un angle toujours bien accentué, à os pré- frontaux toujours séparés, soit l'un de l’autre, soit des fronto-pariétaux, à condyles occipitaux situés plus en ar- rière que l'angle des mâchoires ”, à peau comparative- ment lisse, à tympan moyen et à tache temporale ; trois espèces présentant des affinités dans leur genre de vie et formant, en Europe *, comme une petite section des Gre- nouilles rousses, Ranæ fuscæ, distincte dans le grand senre Rana. (Voyez ci-contre, dans un tableau , quelques-uns des caractères principaux de ces espéces.) ! On se rendra facilement compte de ce rapport en plaçant es cränes debout sur leur base. L'on verra, en effet, au premier coup d'œil que, tandis que le crane de la Rana esculenta demeure droit ou suivant la verticale du côté du maxillaire, les crânes de nos trois Gre- nouilles penchent, au contraire, tous plus ou moins en avant; que mème celui de lAgilis penche beaucoup plus que ceux des deux autres espèces. ? Quelques auteurs, et Günther en particulier, ont réunis à la Tem- poraria la Rana sylvatica de Leconte, qui habite le nord de l'Améri- que, et doit évidemment rentrer dans cette section; mais la taille un peu plus petite, et l'absence assez constante de taches sur l'abdomen signalées chez cette Grenouille, semblent rappeler plutôt la ana oxyr- rhinus qui s'étend plus au nord et serait ainsi, géographiquement parlant, plus voisine. Toutefois, n'ayant pas eu la facilité d'étudier des échantillons de cette Grenouille exotique, je ne fais ici qu'une hypo- thèse, laissant à de plus heurenx de décider si cette forme américaine doit rentrer dans la section des Grenouilles rousses à titre d'espèce ou de variété, et d'examiner, dans ce dernier cas, à laquelle des deux espèces elle doit être rapportée. 49 SPECES DE GRENOUILLES. n SUR TROIS EN QULIQUEUT TE SOUDE] SUBS 1[RTDUDLA ‘QUUOAOIT "NVOSNU 0] dnoonvoq op ques -Sedop uope} o1 roip nuoqureut di109 np Suoj op pssouipoir Jo apr) "SQIQUEUT NO EQUIPE} JUIL TOUT) “oo d jroutoanereduro ‘OULIBU U] & no [HD f & OALUU HO) Of ‘JrONp no} =URUL S109 np Fuoj of pssoapoy "oquael e] “oquel ef & no erqr} ne ef {no w1qu 97 onb Fu] snjd dnoonvogq *SOITOHOEUL S0P [OUR 9P [TO op AInoHosod wo) 0] Fueedos aoueysrp ep onb ‘pro | op “SAITOUDUUL Sop [FU .[ 9p [HO | 2p MorH}soË Ur) op quredos morue UO9 of Smdop gmsour |oourysip ef onb ‘fr | op mor} SUOf Sud nod un oo e otgrtœut |-1re u109 of Sindop gansotu ‘.moo Op JUPAR to pBuopord Jo QUIUMOY|SNpÉ nod un Jo queae we nJUI0(] ‘pddopoiop grououue {on urnes 79 oddoporop-sourrt | ‘Sopopremd sourd bu no 01 “enb ed sapsodsrp roues 22888 sJuop Sop Jueqiod ‘SHSUO] -[USnrd 0 spurre quouroinemduros | ‘oprour | -U9,[ 9p aunonodns outer ej op ‘nr sou no snjd ‘oj8ure un os =SBIQUUO R DAQLUBU OP OO HO SNJJPAUL : JULAR HO SJUOGOANON AUOT IT Jo souumor {sous =Hnoar Sord nod + jo sorrmemneuerrt, | ‘Soparteed ISo4red So uo sopsodsip SIO} Rd S}Uop sop juepiod Jo sta Kopx ‘JURAB 9 XNo NS Ur JUoUt 91959, 9POUU}O ap amorwpd NS OUT ET 9P PAOG 9 ‘op ? “SUIOUT no Snyd queusedurooot : UVIPOUT OUGI, PJ ANS SOor perd Ad nod & so qoureanered [= UT09 Jo SOUBTAINO ÉSOMEINBUELE, | “HOLUE UO JO JUBAR (19 Sur duos nod un jo soquroq quour “2891 SON JuourbAnereduro) ‘soerde 30 so5e] ————_—— *STTION ‘U | | PNR ONE MR mers | SOANIHUHHAXO ‘4 € S | SIIBUT NO SHUIL} JUOUTITEQUYG | "OPUS quouroanereduro | ‘nvosnut ne sud A NO [KO] & OALUE UHOR} 0 ‘JO ntaqueur so) np BFuop op pssaapaur| “oquref snyd dnoonvoq *SO1TOUO VUT Sop O[OU,[ 0P [IO,] 9p Anon} | -S0d 1109 of queedos ootmysip er onb STD 9P MOTO UT) 91 sm dop pm =OUL ‘Jino9 suyd dnoonvoq Jo quear | Mo Nejde no Ipuour juoutepeouys Jddopaop nod quoureanemduros | | | | &f NO v1q1} 97 onb $Fuo] -0dSIp joua rnsaur Jo Sa “UOU no sjuep sop jueiod ‘syod | ‘JUBAR U9 91PUO LU JUOUT |-2[RIQU9S OPIOU,] 2p norrp dns LAUET PT SET OSSBIQUOU PR AI UUL op aid nod à no our our | PLANS OIQELIE HO SOGLIP JUEAU mo | SUP Jomnpd Jo sipuorm {608 [PT 70880 79 SONIA SOIENT | Sped iotmarepied Je soñuvt-sou | | "VINVUOGAIEL °Y | SUN EUTLLNA (I! MaU2ISO aqua TX Il "ANOUITUN 24QUU9 IN "RPASNIA A0 found 40 au] ÉSUNMQULOA Sonor) Î SPNNJUOMJOUT | ShDjotN-QQUOuT | | | | | | ‘S09od$So s1o4; sop soreduoo soxggoereo xnedrourid sep nesIqe IL — = D —u anviel ARCHIVES, t. XXXVIL — J BULLETIN SCIENTIFIQUE. ASTRONOMIE. Le SipéRosrar DE LÉON FoucauLr. (Comptes rendus de l'Aca- démie des Sciences de Paris. séance du 13 décembre 1869.) Léon Foucault est mort en février 1868, à peine âgé de cinquante ans, au milieu de ses travaux les plus importants, et sans avoir complété ceux qu'il avait commencés. L’empe- reur à assuré, sur les fonds de sa cassette, la continuation et la publication complète des œuvres de ce savant ingénieux, si justement regretté. Une commission a été chargée de l’exé- culion, et c’est en son nom que M. Henri Sainte-Claire De- ville a présenté à l’Académie, le 15 décembre, le miroir plan et sa monture, nécessaires à l'exécution du Sidérostat ima- g'iné par Foucault. M. Ad. Martin avait déjà décrit la méthode qui a servi à amener à la perfection le miroir plan. M. Ei- chens, guidé par M. C. Wolf (l’un des astronomes attachés à l'observatoire de Paris), a construit la monture de ce mireir, et M. Wolf a rédigé, sur le Sidérostat dans son entier, une Note dont nous allons extraire les détails suivants. Les lunettes astronomiques, dans leur emploi comme ins- trument méridien ou comme appareil parallactique, sont ex- posées à des flexions nuisibles à la précision des observations: de plus, l’astronome doit se déplacer avec l'oculaire, et, par suite, il est’souvent forcé d'observer dans des positions incom- modes. L. Foucault s’est proposé, dans les dernières années de sa vie, de construire un équatorial qui fit passer tout le ciel devant l'observateur, sans que celui-ci eût à se déplacer ou à déplacer sa lunette. L'avantage de cette solution devient surtout notable quand ASTRONOMIE. D1 il s’agit de lunettes gigantesques, telles qu’on en construit beaucoup maintenant, et telles que devait être celle dont Foucault avait entrepris l'exécution. Une lunette montée équatorialement, selon la mode ordinaire, exige un tube ri- side, un pied parallactique et un toit tournant: trois condi- tions de plus en plus difficiles à obtenir à mesure que les dimensions de la lunette augmentent. L'idéal rêvé par Foucault était une lunette couchée hori- zontalement, dans une position invariable, devant laquelle un miroir plan amènerait successivement les différents points du ciel. Un Sidérostat de ce genre, même de grandes dimen- sions. n'offrirait pas alors de flexions nuisibles dans les pièces qui le composeraient, et il n’exigerait qu’une couver- ture relativement très-petite. Ainsi le petit Sidérostat actuel. construit pour une lunette de 20 centimètres d'ouverture et d’au moins 2 mètres “/,, de distance focale, qui exigerait, pour une monture équatoriale ordinaire, une coupole de 3", de diamètre, ne demande qu’une maisonnette mobile. de 1 mètre de largeur sur 1” ‘/, de longueur et 2 mètres de hauteur. Les instruments des cabmets de physique, tels que spectros- copes, appareils photographiques, photométriques, etc.. quel que soit leur poids, leur volume et leur forme, viennent se placer devant le fover de la lunette, comme devant le porte- lumière de la chambre obscure, et l’astronome peut étudier la lumière de tous les astres, dans les mêmes conditions où le physicien a étudié la lumière solaire. Le principe géométrique du Sidérostat est le même que celui du grand héliostat de L. Foucault, mais il existe entre eux une différence profonde. Le physicien demande seule- ment à l’héliostat de renvoyer dans une direction constante la lumière d’un astre. sans se préoccuper de la source lumi- neuse elle-même ; ce sont les rayons réfléchis qu’il étudie et non la source de la lumière. Le Sidérostat doit donner plus: une image du ciel qui soit la représentation identique du ciel 2 BULLETIN SCIENTIFIQUE. et de son mouvement. Foucault à pu résoudre ce problème parce qu'il avait la solution de ses deux parties ; il avait, par son régulateur, obtenu le mouvement uniforme; il avait aussi réalisé Le plan optique, ou le miroir plan irréprochable, Le miroir du Sidérostat, essayé sur le ciel avec une excellente lunette de Cauche de 16 centimètres d'ouverture, qui appar- tient à l’observaloire, et avec des grossissements de 100 à 300 fois, ne produit aucune déformation du faisceau prove- nant d’une étoile, sous une incidence de plus de 45 degrés. Le Sidérostat étant destiné à l'observation des astres dans la région la plus étendue du ciel, comprise entre le pôle nord et l'horizon sud, l'instrument, à l’inverse des héliostats. renvoie les rayons du nord au sud dans le plan du méridien. et suivant une direction presque horizontale. De là la posi- tion du miroir du côté de l’extrémité inférieure de l’axe ho- raire. L'artiste avait, pour se guider dans la construction du Si- dérostat, deux petits modèles en bois, l’un exécuté en 1866 pour l'observatoire impérial, l’autre construit pour L. Fou- cault, représentant l'appareil qu'il voulait placer à son ob- servatoire de la rue d’Assas. : Tout Pinstrument repose sur un socle en fonte, muni de (rois vis calantes, avec mouvement de réglage en azimut. On y distingue trois parties : le miroir el sa monture, le méca- nisme d’horlogerie qui le mel en mouvement et le régula- teur. Il ne nous serait guère possible d'entrer icidans tout le dé- tail de cette construcuüon; on le trouvera dans le Compte- rendu cité plus haut, où il est accompagné d’une figure insé- rée dans le texte, qui représente le miroir monté avec tous ses accessoires. Le mouvement d’'horlogerie et son régulateur sont la re- production de lPappareil de Foucault construit par M. Ei- chens pour lexposition universelle de 1867. Ce moteur à été adapté depuis à plusieurs grands équatoriaux. et il donne lieu à un mouvement d’une parfaite régularité. ASTRONOMIE. D9 La direction apparente du mouvement diurne changeant chaque fois qu'on déplace le miroir, la détermination des positions relatives de deux astres exige un nouveau réglage de la direction des filsdu micromètre. Mais cet inconvénient. qui existe aussi dans Pusage des télescopes à oculaire mobile. n’entraine pas une perte de temps considérable. Il est plus sensible pour les mesures micrométriques d'étoiles doubles. Ici la fixité du micromètre, dit M. Wolf, engagera probable- ment les astronomes qui emploieront le Sidérostat à ce genre de mesures, à évaluer les angles de position à partir de la verticale ou de l'horizontale : et la connaissance de l’heure de l'observation suffira pour réduire ensuite les observations à la forme ordinaire. La perte de lumière que fait éprouver la réflexion ne peut être regardée comme notable. Les expériences de Foucault ont démontré que l'argent poli des miroirs réfléchit les 0.94 de la lumière incidente: et l'expérience prouve que ce poli se conserve très-iongtemps. La réargenture est d’ailleurs au- jourd'hui une opération facile. Un défaut plus réel du Sidérostat, ajoute M. Wolf, c’est de ne pas permettre l'exploration de toutes les parties du ciel. En faisant réfléchir le miroir vers Le Sud. on perd la partie boréale comprise entre le pôle et le point nord de l'horizon. pour l'observation de laquelle il faudrait un Sidérostat ren- vovant les ravons vers le Nord. et établi dans les conditions du grand héliostat de Foucault. Enfin, comme instrument réflecteur, et aussi en raison du mode de liaison du miroir à l’axe horaire, le Sidérostat doit être très-sensible aux trépidations du solet aux mouvements atmosphériques. L'expérience qui va être faite de l'instru- ment permettra de le juger à ces divers points de vue. M. Laugier a ajouté à cette communication, que la méthode de Foucault pour étudier les surfaces réfléchissantes pré- sente d'assez grandes difficultés dans son application : mais qu'après avoir vu la manière d'opérer de M. Martin, il est 54 BULLETIN SCIENTIFIQUE. convaincu qu'un ouvrier capable et instruit peut acquérir, comme lui, toute l’habileté nécessaire à la construction du miroir plan et des surfaces paraboliques. Il rappelle qu’Arago avait indiqué, il y a une vingtaine d’années, tout le parti que l'astronomie pourrait tirer un jour de l'emploi du miroir plan pour les observations, et en particulier pour l’étudedes instruments divisés. A cette époque, les opticiens n'étaient pas en mesure de construire une surface d’une étendue suf- fisante, jouissant de la propriété de ne pas changer le foyer astronomique des lunettes douées d’un pouvoir grossissant considérable. Aujourd’hui, dit M. Laugier, que le miroir plan peut être obtenu avec toute l'exactitude désirable, l’astrono- mie est en possession d’un nouveau moyen d'investigation, qui permettra de reculer encore la limite d’exactitude que les observations ont atteinte. AE PHYSIQUE. K.-SCHULTZ-SELLACK. UEBER DIATHERMASIE EINER REIHE VON STOFFEN FÜR DUNKLE WÆRME. DE LA DIATHERMANÉITÉ D'UNE SÉRIE DE CORPS POUR LA CHALEUR OBSCURE. (Monatsberichte der Kün. preuss. Akademie der Wissenschaften zu Berlin, octobre 1869.) La plupart des corps sont athermanes pour la chaleur obs- cure émise à 100° par une surface recouverte de noir de fumée ; il existe cependant un certain nombre de substances qui laissent passer, même sous une.épaisseur plus considé- rable que 1°”, une portion notable de la chaleur obscure émanant de celte source ; les principaux sont: le sel semme, le spath fluor, le sulfure de carbone, la teinture d'iode, le brome, enfin la sylvine ou chlorure de potassium. Ce sont par conséquent quelques corps élémentaires, et en oulre quelques combinaisons de chlore, de fluor et de soufre. M. Schultz-Sellack à reconnu la même propriété, non-seule- ment chez tous les chlorures, mais encore chez tous les bro- PHYSIQUE DD mures, iodures et fluorures des corps simples, qu'il a pu ame- ner dans un état qui se prétât à ce genre d'expérience. Il a trouvé aussi un certain nombre de sulfures qui laissent pas- ser une portion notable de la chaleur obscure émise par une source telle qu’une surface recouverte de noir de fumée et chauffée à 100°. Voici les chiffres qu'il a obtenus pour un certain nombre de ces substances : ME Proportion de chaleur Epaisseur transmise SUBSTANCES DIATHERMANES. de ST noir de flamme | substance! fumée dugaz | à 400 degrés. d'éclairage. D IE EP SRE A Ps Chlorure d'argent (Ag CI)........ gmm | 46p.c.| 30 p. c. Bromure d'argent (Ag Br)....... 7 RE 45 42 Bromure de potassium (K Br) . .. .. 3 16 045 lodure de potassium (K Io)....... 3 11 10 Cryolithe (Al, Nas Flis).... | soi Hhbidnul-:28 MBlende(ZnS)issunite etes « 5 a PE | Sulfure d’arsenic avec excès de sou-) 0,8 | 21 26 HAL CALE PAR R EE En res Pare | 8 12 | Sélénium, modification vitreuse.. . .\ 0,4 50 36 | D] | 16 | J La plupart de ces corps n'étaient pas absolument homo- sènes, de sorte qu'il pouvait se faire qu'une portion de la chaleur se perdit par diffusion. On peut obtenir le chlorure ou le bromure d'argent sous forme de plaques absolument transparentes, en les fondant dans un courant de chlore ou de vapeurs de brome. et les coulant ensuite entre deux plaques de verre. En fondant pa- reillement des cristaux parfaitement propres de chlorure. de bromure ou de iodure de potassium, on peul se procurer ces corps sous forme de plaques transparentes comme du verre. C’est de cette facon que l’auteur à opéré pour ces différentes substances. La diathermanéité du sulfure de zinc a été étudiée sur un 56 BULLETIN SCIENTIFIQUE. échantillon de blende parfaitement pur et transparent. En revanche, l’auteur a dû se contenter, pour ses expériences sur la crvolithe, d'une plaque très-fendillée et peu diaphane, Le sélénium vitreux s'obtient facilement en plaques, pour des expériences de ce genre, par le procédé que nous avons déjà indiqué pour d’autres corps. à savoir qu’on le fond et le comprime ensuite entre deux plaques de verre. Desplaques de sélénium de moins de 1°” d'épaisseur ne laissent passer de la lumière solaire qu’une mince bande dans l'extrême rouge du spectre; des plaques de cette substance, dont l'épaisseur dépasserait 2°, ne laissent plus passer la moindre trace de lumière solaire. Or, on à vu. par le tableau ci-dessus, que sous une épaisseur de 3°%, le sélénium laisse encore passer 16 pour cent de la chaleur émise par une surface recouverte de noir de fumée et chauffée à 400 et 5 pour cent de la cha- leur émise par la flamme du gaz d'éclairage. Enfin. en fon- dan! ensemble de l'arsenie et du soufre en excès, de telle sorte que pour une partie de trisulfure d’arsenie 11 v ait en maximum trois parties de soufre, lon oblient une masse molle et amorphe qui laisse passer également. comme on la vu, une portion assez notable de la chaleur obscure éma- nant de l’une ou de l'autre des deux sources de chaleur em- ployées. Un certain nombre de corps qui. à l'état solide, ne se prêtaient pas à ce genre d'expérience. ont été étudiés sous forme de dissolution, et étaient disposés à cet effet dans un vase en verre avant comme faces latérales deux plaques plan-parallèles de sel gemme., de 2" d'épaisseur chacune. renfermant entre efles deux une couche liquide de 8°" d'é- paisseur. Les chiffres inscrits dans le tableau suivant expriment la quantité de chaleur qui traverse le vase rempli de la disso- lution rapportée à la quantité de chaleur qui traverse le vase vide et que l'on prend égale à 100. PHYSIQUE. 57 Proportion de chaleur transmise SUBSTANCES DIATHERMANES. RNA TEE à 100 degrés d'éclairage. Perehlorure d’étain (Sn Cl}. .......... A4 p.c. 80 p.c. Perchlorure de soufre (S CH).......... a 95 Sulfure’dé carbone {C S,}: : 2.21... 50 51 Phosphore dissout dans du sullure de carbone. 52 By lodure d’étain (Sn lo,) id a ..s 44 47 Trichlorure de carbone (CCI) 1d....... 5 38 Garenne (CH CO)... 20 0. 52. 9 30 Chlorure d'éthylène (C, H, C1) ....:... 0 19 Jodure d'éthyle (C: H, Lo)............. Ô 12 La dissolution de phosphore renfermait dix parties de phosphore pour une de sulfure de carbone, celle de iodure détain 15 parties d'iodure pour une partie de sulfure de carbone, celle de trichlorure de carbone une partie de chlo- rure pour une de sulfure de carbone. La présence du dis- solvant n'empêche pas cependant de conclure à la diather- manéilé du corps dissous. M. Schultz-Sellack croit pouvoir conclure de son travail que les composés haloïdes des éléments sont tous plus ou moins ‘diathermanes pour la chaleur émise à 100° par une surface recouverte de noir de fumée. Il en serait de même d’un certain nombre de sulfures. Les combinaisons haloïdes de radicaux plus complexes, tels que l'ammonium, léthyle, etc. ne paraissent pas partager sur ce point la propriété que M. Schultz attribue à tous les composés haloïdes des corps simples. On admettait autrefois que. excepté le noir de fumée, tous les corps absorbent en plus fortes proportions la chaleur émanant de sources obscures que celle qui provient de sources lumineuses. L'on voit par ce travail que d'autres corps partagent la propriété du noir de fumée, et que le sélé- mium, la blende, le chlorure d’argent, le bromure d'argent, le bromure de potassium et l’iodure de potassium absorbent DS BULLETIN SCIENTIFIQUE. moins les rayons émanant d'une source obscure que les ravons Calorifiques de la flamme du gaz d'éclairage. E.S. J.-C. POGGENDORFF. UEBER EINE VEREINFACHUNG, etc. SUR UNE SIMPLIFICATION APPORTÉE À LA CONSTRUCTION ET A L'EMPLOI DE LA MACHINE À INFLUENCE DE HOLTZ, PREMIER MODÈLE. (Mo- natsberichte der Kün. preuss. Akademie der Wissenschaften zu Berlin, avril 1869, p. 322.) Nous avons donné, lors de son invention, une description détaillée de la machine électrique à influence de Holtz, telle qu’elle était sous sa première forme, qui est du reste encore la plus répandue !. Nous avons donné en même temps lex- posé de la théorie de cette singulière machine, telle que M. Hollz la concevait lui-même. Cette théorie n’a jamais été entièrement admise: le rôle et l’utilité de certaines parties de la machine n’ont point été encore suffisamment établis. En tous cas, le travail dont nous cherchons à rendre compte ici est venu modifier sur certains points les idées que l’inven- teur se faisait sur la distribution de l'électricité dans sa ma- chme. La machine de Holtz, on le sait, se compose de deux pla- teaux circulaires en verre, l’un tournant, l’autre fixe. Ce der- nier présente un nombre pair d’évidements taillés soit en forme de secteurs se prolongeant jusqu’au pourtour du dis- que, soit en forme de fenêtres circulaires ou ovales qui n’en- tament point le contour de ce disque. Cette dernière dispo- sition est pour ce fait même la plus commode, et permet de faire varier à volonté la position du disque. L'utilité de ces évidements n’a jamais été démontrée; dans le plan de lin- venteur, ils étaient destinés, comme on l’a vu, à rendre libre en avant de ces évidements Pélectricité accumulée sur la face antérieure du disque tournant. laquelle était retenue ‘ Archives des Sciences phys. el natur., 1866, tome XXV, p. 121. PHYSIQUE. ; 59 jusque-là par l'électricité de la face postérieure du disque tixe. Or M. Poggendortf a trouvé que l’on peut sans incon- vénient pour la marche de la machine boucher ces fenêtres avec une plaque de verre ou de caoutchouc durei. I à ob- servé également que la languette de papier disposée dans chacun des évidements, et reliée à une bande également de papier formant armature à la partie extérieure du rebord de la fenêtre, fonctionne absolument comme un conducteur isolé qui serait électrisé par influence; l'une des deux élec- tricités se porte à la pointe, tandis que Pélectricité de nom contraire se porte à la base. Ainsi lorsqu'on touche l’extré- mité de la languette avec l’armature positive d’une bouteille de Leyde ou avec le couvercle d’un électrophore, il arrive que pendant tout le temps que l’on fait tourner la machine, il s'échappe de Pélectricité négative par la pointe de la lan- guette, tandis que la positive se porte à sa base, d’où elle ature la négative du peigne placé en face d'elle et de l’autre côté du plateau tournant. Inversément, si l’on approche de lextrémité de la languette une pointe électrisée négative- ment, ce sera l'électricité positive qui s’échappera de la pointe pendant tout le temps que la machine ira, et la négative au contraire qui se portera à la base de la languette et sur Par- mature de papier placée sur la face postérieure du plateau fixe, de telle sorte que ce sera la positive qui S’écoulera par les pointes du peigne placé en face du bord inférieur de la fenêtre. Si l'on remplace le papier par une substance iso- lante, telle que du mica, la machine ne fonctionne pas. Si on le remplace par un bon conducteur, tel que du papier d’étain, par exemple, l’action de la machine est diminuée et cesse bientôt si l’on écarte les électrodes, par ce fait que l’électri- cité s'écoule trop rapidement par un aussi bon conducteur. L’on ne peut donc employer pour cette partie de la machine qu'un corps demi-conducteur, tel que du papier. Ces faits et d’autres encore, observés par M. Poggendorff, l’'amenèrent à comprendre le véritable rôle que jouent les 60 BULLETIN SCIENTIFIQUE. fenètres du plateau fixe. Il était évident. en effet. d'après ce qui précède, que ces fenêtres servaient uniquement à livrer passage à l'électricité qui de la base de la languette doit pou- voir se répandre sur l’armature de papier avec laquelle elle est en communicalion par dessus le bord inférieur de la fe- nêtre. Ce point élant acquis, il devenait facile de simpliier la construction de la machine, et c’est ce qu'a fait M. Poggen- dorff. en acquérant par là une preuve nouvelle de linutilité des fenêtres du plateau fixe. Il remplaca, en effet, les grands évidements pratiqués précédemment dans ce plateau par de petits trous circulaires de 18%" de diamètre, qu'il boucha avec une rondelle en liége: ensuite, sur la face postérieure de cette rondelle, il colla Farmature de papier. sur la face antérieure la languette. qui était recourbée de manière à ce que sa pointe venait se placer à peu près au milieu de l’in- tervalle des deux plateaux. Avec cette disposition, l'effet de la machine fut exactement le même qu'avec les grands évi- dements, et cela tant pour la quantité que pour la tension. La modification apportée de la sorte par M. Poggendorff à la machine de Holtz est une simplification notable pour sa construction. et permettra de la construire à meilleur mar- ‘ché, car c’est une opération délicate et assez dangereuse que d’entailler le plateau fixe, comme on le faisait jusqu'ici sans orande utilité. La nouvelle disposition permet de plus de constater net- tement que l'armature de papier doit se trouver à la face postérieure, la languette à la face antérieure du plateau fixe : car si l’on retourne ce plateau, l’on n'obtient aucun effet, quand même l'on fait tourner le plateau mobile dans le sens inverse de celui dans lequel il tourne ordinairement. L'on n'obtient donc aucun effet lorsque l’on change la po- sition de l’armature et de la languette, l’on n’en obtient pas davantage lorsque l’on enlève l’un ou l’autre de ces deux élé- ments de la machine. PHYSIQUE. 61 Un autre avantage de la nouvelle disposition, c’est qu'un seul plateau fixe, avec quatre armatures comme celles que nous venons de décrire, peut servir aussi bien avec deux pei- gnes métalliques qu'avec quatre, de telle sorte que l’on peul très-facilement et en un instant passer de larrangement qui convient au cas de deux peignes à celui que nécessite l’em- ploi de quatre peignes, de manière à doubler la quantité d'électricité fournie par la machine. Ce dernier arrangement est très-avantageux, comme on le sait, lorsqu'il s’agit de sub- stituer le courant d'influence au courant d'induction, par exemple, lorsque l’on fait passer le courant de la machine de Holtz dans des tubes de Geissler: mais on perd de la sorte en tension ce que l’on gagne en quantité d'électricité. Pour la plupart des expériences d'électricité statique, pour char- ser des batteries, obtenir de longues étincelles, etc., il faut réduire la machine à deux éléments. Nous ne parlerons pas ici des modifications de détail que MM. Holtz et Poggendorff ont introduites dans Femploi de la machine à influence, et qui ont pour but la plupart d’évi- ter les inversions brusques de courant qui S'v produisent parfois lorsque l’on ne prend pas pour les empêcher des pré- cautions spéciales. Ces modifications consistent essentielle- ment dans la prolongation des armatures de papier sur toute la surface d’un cadran, et dans un conducteur auxiliaire re- liant entre elles les deux extrémités de ces armatures pro- longées. Renvoyant pour ces détails et pour les autres modi- lications apportées à la forme primitive et type de la machine à influence aux différentes notes publiées sur ce sujet par MM. Holtz et Poggendortf !, nous nous ,bornerons à ce qui tend à éclaircir la théorie jusqu'ici si obscure de celte re- marquable machine. | M. Poggendorif a déjà observé précédemment quel’on peut charger la machine non-seulement en électrisant une des ar- 1 Poggend. Annalen, t. CXXV, p.157; t. CXXVIE, p. 320; t. CXXX, p. 128, 168 et 287 ; & CXXXIV. p. 600: &. CXXXVE p. 171. QE BULLETIN SCIENTIFIQUE. matures, mais aussi en électrisant préalablement en sens in- verse les deux moitiés du plateau fixe. Ainsi, lorsqu'après avoir chargé la machine par le procédé ordinaire, on Far- rête et qu'on décharge aussi bien les électrodes de la ma- chine que les armatures de papier, les deux moitiés du pla- teau fixe restant seules chargées d’électricités contraires, l’on voit la machine rentrer en activité dès qu'on fait tourner de nouveau le plateau mobile. Elle se recharge sous l’action dé ces deux demi-plateaux, lesquels jouent réellement ici le même rôle que deux électrophores chargés de deux électri- cités contraires. Si. en faisant cette expérience, l’on tourne le plateau fixe de 180°, la machine se recharge de même dès qu'on fait tourner le plateau mobile, mais le courant cette lois est inverse de celui qu'elle donnait d’abord. On peut faire enfin la même expérience en ne tournant le plateau fixe que de 90°, de telle sorte que les armatures ne se lrouvent plus en face des peignes métalliques. et ne jouent plus par conséquent aucun rôle pour renouveler incessam- ment la charge des deux électrophores. Le courant obtenu de la sorte ne résulte plus absolument que des quantités d’électricités contraires accumulées une fois pour toutes sur ces deux éléctrophores. M. Poggendortff l'appelle courant électrophorique (Elektrophorstrom). Le sens de ce courant ne dépend évidemment que de la position du plateau fixe et nullement du sens dans lequel tourne le plateau mobile. Ce courant se prolonge assez longtemps et possède une certaine intensité ; ainsi M. Poggendorff lui a vu donner des étincelles de cinq pouces de longueur. Il ne peut point cependant rem- placer le courant ordinaire de la machine de Holtz, ni même servir à l'expliquer, car le jeu et la distribution de l’électri- cité y sont infiniment plus compliqués que cela, quand ce ne serait que pour ce qui tient à cette régénération constante qui fait de cette machine une source inépuisable d'électricité. Au contraire, les deux électrophores livrés à eux-mêmes finissent au bout de quelque temps par se décharger et même parfois PHYSIQUE. 63 se charger en sens inverse, ce que M. Poggendortf a constaté en ramenant le plateau fixe de 90° en arrière, dans sa posi- tion primitive, et en observant qu'alors la machine ou bien ne donne point de courant, ou bien donne un courant in- verse de celui qu’elle donnait avant que le plateau eût été déplacé. En terminant, M. Poggendorif indique une disposition à l’aide de laquelle on peut obtenir, outre le courant principal de la machine (Hauptstrom). un second courant qui est éga- lement un courant électrophorique. Pour cela il faut disposer les deux armatures du plateau fixe l’une au-dessus de l’autre. et placer en avant de ces deux armatures les deux peignes d’un conducteur auxiliaire dans lequel passera le courant principal, tandis que le courant électrophorique passera dans les deux électrodes de la machine. Voilà comment l’auteur explique dans ce cas la production et la distribution de lélectricité. Supposons que l’on élec- trise positivement l’armature supérieure, il s’écoulera de l'électricité négative des pointes du peigne correspondant. sur la face antérieure du plateau tournant, celle-ci est em- portée devant le peigne horizontal de droite, dont elle attire électricité positive, la négative S’écoulant dans le conduc- teur. La même chose se produit en sens inverse dans la se- conde partie de la rotation. En admettant que le courant va de l’électrode positive à l’électrode négative, lon voit que le courant principal dans cette hypothèse va de haut en bas,:et Le courant électrophorique de gauche à droite. Ce dernier est donc bien produit par l'électricité qui s’est écou- lée sur le plateau tournant, et non point par celle qui est ac- cumulée sur le plateau fixe, laquelle donnerait un courant inverse. L'électricité qui a passé des armatures de papier sur le cadran adjacent du plateau fixe est en effet de nom con- traire à celle qui s’est écoulée du peigne du conducteur auxi- liaire sur le plateau. Du reste, on peut se convaincre de ce renversement que le conducteur auxiliaire produit sur le 64 BULLETIN SCIENTIFIQUE. courant électrophorique, par le fait que si on l’enlève, l’on a un courant électrophorique plus faible et en sens inverse. Ce courant est donc la différence de deux courants, électro- phoriques tous deux, et de sens inverse, Aussi la quantité d'électricité qui y est produite est-elle très-faible, tandis que sa tension est très-crande. Ce courant ne s’affaiblit pas gra- duellement comme celui dont il à été question plus haut, 1l se renouvelle par le jeu même de la machine, et il est admmi- rablement approprié à charger des bouteilles de Leyde. M. Poggendorff lui à vu donner des étincelles de plus de six pouces. E..S, G. MAGNUS. VERÆNDERONG DER VW ÆRMESTRAHLUNG, etc. Va- - RIATIONS QU'ÉPROUVE L’INTENSITÉ DU RAYONNEMENT CALORI- FIQUE D'UN CORPS AVEC LE DEGRÉ DE POLI DE SA SURFACE. (Monatsberichte der Kün. preuss. Akademie der Wissen- schaften zu Berlin, octobre 1869, p. 715.) C’est Leslie ! qui le premier a fait l'observation que cer- tains corps émettent d'autant plus de chaleur que leur sur- face est moins polie. IL avait tout d’abord cherché à expli- quer ce fait par le changement que la densité superticielle d’un corps subit en même temps que l’on fait varier le degré du poli, et puis il avait fini par admettre plutôt que les aspé- rités que présente une surface dépolie ont la faculté de lais- ser échapper plus facilement la chaleur, qu'unesurface plane. Melloni * a repris plus tard et défendu l’idée que les varia- tions qu'éprouve le pouvoir émissif d’un corps avec le degré de poli de sa surface tiennent aux changements de densité qui doivent se produire en même temps à la surface de ce corps. Il justifiait cette manière de voir en particulier par ceci, c'est que le degré du poli n’exerce cette influence que ! An Inquiry unto the nature of Heat, p. 89. ? Comptes rendus, tome VII, p. 258. Annales de chimie et de phys., 2me série, tome LXX, p. 455. Poggend. Annalen, tome XLV, p. 57. PHYSIQUE. 65 chez des corps compressibles tels que les métaux, mais point chez des corps élastiques tels que le verre, le jayet. l’ivoire, etc. De plus, en comparant entre eux les différents corps au point de vue de leur pouvoir émissif pour la chaleur, l’on re- connait que celui-ci est à peu de chose près inversément pro- portionnel à leur densité; il est donc naturel d'admettre, et c'est ce qu'a fait Mellont, que celte même loi s'applique aux différents états dans lesquels un seul et même corps peut pré- senter des densités différentes. Or, il est bien connu que les métaux tirés au laminoir où martelés présentent une plus srande densité à leur surface que dans leur intérieur. Si donc lon observe chez les métaux rayés une augmentation du pouvoir émissif, cela doit tenir à ce que, en les rayant, on met à nu les parties intérieures moins denses que la couche écrouie qui les recouvrait. Pour le démontrer, Melloni citait entre autres l’expérience qu'il exécuta avec un cube dontles faces latérales étaient formées par quatre plaques d'argent : deux de ces plaques avaient été martelées, l’une d'elles était polie, l’autre rayée; les deux autres plaques avaient été cou- lées et refroidies lentement: l'une d’elles également était po- lie, l’autre rayée. IL reconnut. en comparant entre elles les quantités de chaleur émises par ces différentes plaques, qu’en ravant la plaque écrouie on augmemte son pouvoir émissif, tandis qu’en faisant subir la même opération à la plaque coulée, on diminue au contraire ce même pouvoir émissif: dans le premier cas, on détruit la couche superficielle plus dense, dans le second cas l’action est tout autre : la densité étant au début la même pour toute la masse du corps, on augmente à la surface par la compression qu’on exerce sur elle en la rayant. | Plus récemment des expériences exécutées sur le même sujet par M. Knoblauch !, sont venues confirmer, en appa- rence du moins, les idées de Melloni. Une de ces expériences consista à recouvrir d’une mince couche galvanique deux ! Poggend. Annalen, tome LXX, p. 343. ARCHIVES, t. XXXVIE — Janvier 1870. 5 66 BULLETIN SCIENTIFIQUE. plaques de cuivre, l’une rayée, l’autre polie, qui avant celte opération avaient montré des pouvoirs émissifs fort diffé- rents, et qui, après avoir élé ramenées «le la sorte à posséder la même densité superficielle, se trouvèrent aussi avoir le méme pouvoir émissif. M. Magnus n’admettant point l'interprétation donnée par ces divers physiciens à leurs expériences, a repris entière- ment l’étude de cette question, et est arrivé à des conclusions tout opposées à celles qui étaient admises jusqu'ici. Le savant physicien de Berlin reconnut d’abord qu'une feuille de platine fortement écrouie par un laminage éner- gique émet une quantité de chaleur tout aussi considérable dans cel élat qu'après avoir été recuite. D'où il parait résul- ter clairement que la dureté d’un corps, toutes conditions égales d’ailleurs, n'influe pas sur son pouvoir émissif. Il observa ensuite qu’une plaque de platine qui avait été passée entre deux laminoirs, dont l’un présentait de petites- rainures trés-fines, l’autre étant absolument lisse, n’émeltait pas plus de chaleur par la face ainsi rayée que par la face op- posée et polie. D'ou il suit que des sillons pratiqués régulié- rement à la surface d'un corps n’augmentent pas nécessai- rement son pouvoir émissif. De plus, si l’on frotte avec du papier d’émeri fin une pla- que de platine préalablement recuite dans la flamme de la lampe d’émailleur et rendue tout à fait tendre par suite de celle opération, l’on peut arriver en la rayant à doubler son pouvoir émissif. Or il n’est pas probable qu'une pareille aug- mentalion provienne seulement du changement nécessaire- ment très-fable que l’on a pu produire sur la densité super- ficielle de la plaque en la rayant. M. Magnus s’est servi pour ses expériences d'un cylindre en laiton ayant un diamètre et une longueur égaux tous deux à 50"". L'une des deux bases de ce cylindre est for- mée par la plaque sur laquelle on veut opérer et qui est PHYSIQUE. 67 maintenue à 100° par un courant continu de vapeur d’eau qui traverse le cylindre. Cette plaque, qui doit évidemment pou- voir se changer très-facilement, vient s'appliquer sur un large rebord que présente le cylindre et contre lequel on la serre à l’aide d’un anneau en laiton et de trois vis. On ob- tient une fermeture hermétique en disposant entre la plaque et le rebord du cylindre un anneau de papier très-fort qui fait office de cuir. Pour éviter que la surface sur laquelle il opérait, traitée de la sorte au papier d’émeri, ne présentät quelque impureté, M. Magnus la plongeait, après l'avoir dépolie, dans de l'acide azotique chaud, la lavait ensuite avec de l’eau distillée et la séchait enfin sans se servir d’aucun linge. En outre, par l’em- ploi du platine il évitait d'opérer, comme l'avaient fait d’au- tres expérimentateurs, soit sur des métaux attaquables par hydrogène sulfuré, comme l'argent, soit sur des métaux fa- cilement oxydables, tels que le cuivre et le plomb. Une dernière expérience citée par M. Magnus consiste à recouvrir une plaque de platine d’une mince couche de mousse de platine, ce qui se fait en la chauffant fortement, après l'avoir enduite de protochlorure de platine ammonia- cal. Par cette opération, on communique à cette plaque un pouvoir émissif sept fois plus fort que celui qu’elle possé- dait d’abord. Or, cette augmentation ne peut pas tenir à un changement de densité, car les petites particules qui com- posent la mousse doivent avoir toutes séparément, à très-peu de chose près, la même densité que la plaque. À la suite de ces observations, qui, on le voit, ébranlent singulièrement les conclusions présentées par Melloni et gé- néralement admises après lui, M. Magnus a cherché à expli- quer l'influence du degré de poli d’un corps sur son pou- voir émissif pour la chaleur, non plus par les variations de densité qui peuvent se produire à la surface de ce corps, mais par le fait que les aspérités qui se trouvent à la surface 68 BULLETIN SCIENTIFIQUE. d’un corps dépoli peuvent par leur présence moditier les proportions dans lesquelles les rayons calorifiques sortent de ce corps ou sont réfléchis dans son intérieur. Plus l'indice de réfraction est grand pour les ravons calorifiques qui passent d’un corps quelconque dans l'air, plus est grand le nombre des rayons qui subissent la réflexion totale, moins par consé- quent le corps émet de chaleur au dehors. Les métaux ont indubitablement un indice de réfraction très-grand : aussi ils réfléchissent en très-grandes proportionsles rayons qui tom- hent sur leur surface, et n’émettent qu'une faible partie des rayons qui viennent de leur intérieur. M. Magnus a trouvé que la présence d’un petit nombre de grandes aspérités n’augmente que peu et même point du tout le nombre des rayons sortant, etqu'il ne se produit un changement un peu notable du pouvoir émissif d’un corps que lorsque les rayons de courbure de ces aspérités sont très-petits et changent très- rapidement, de plus lorsque la substance rayonnante est très-peu diathermane. D’une manière générale, lorsqu'on raye une surface, il peut se faire aussi bien que l’on diminue son pouvoir émissif que l'inverse. Mais lorsque les sillons que lon pratique de la sorte sont très-fins et très-profonds, il arrive presque toujours, lorsqu'il s’agit d’une substance peu diathermane, comme les métaux, que leur présence aug- mente son pouvoir émissif. Lorsque la surface d’un corps est recouverte d’une poussière fine de la substance qui le com- pose, son pouvoir émissif augmente toujours dans de très- fortes proportions, et cela non-seulement pour des subtances peu diathermanes, comme les métaux, mais même pour des substances très-diathermanes, comme le sel gemme. E. S. CHIMIE. 69 CHIMIE. Th. GRanam. NOUVELLES RECHERCGHES SUR L'HYDROGÉNIUM. (Pro- ceedings of the Royal Society. juin 4869. et Philosophical Magazine. décembre 1869.) L'auteur, dans un précédent mémoire ‘, en se fondant sur l'allongement que subit un fil de palladium par suite de l'oc- clusion de hydrogène, à conclu que la densité de l’hydro- génium était un peu au-dessous de 2. Dans un nouveau t{ra- vail, qui à précédé de quelques semaines seulement sa fin prématurée, éminent chimiste est arrivé à conclure qu'un autre nombre, égal à la moitié du précédent, peut se déduire avec autant de probabilité des mêmes données expérimen- tales. Ce double résultat parait être la conséquence du phé- nomène de raccourcissement permanent observé dans le fil de palladium après l'expulsion de l'hydrogène. Dans une ex- périence décrite précédemment, un fil de 609°",14 de long atteignit, après avoir été chargé d'hydrogène, la longueur de 618"",92, et puis se raccourcit jusqu'à 599"",44 après l’expul- sion du gaz. L'allongement était ainsi de 9°",77, et le retrait de 9%®,7, équivalant à une différence totale de 19°".47, l’allonge- ment et le retrait étant d’ailleurs égaux. Or, il n’est nullement impossible que le volume ajouté au fil par l'absorption de l’hydrogénium soit représenté par l'allongement et le retrait pris ensemble, et non par l'allongement tout seul, comme Pauteur lavait supposé jusqu'à présent. Il suffit pour cela d'admettre, ce qui d’ailleurs paraît très-probable. que le re- trail des molécules de palladium a lieu au moment de la première absorption de l'hydrogène, et qu’elles n'attendent pas l'expulsion du gaz pour se rapprocher. De cette facon. lhydrogénium occuperait un volume double de celui qui lui avail élé assigné précédemment, et partant, sa densité se trouverail réduite de moitié. Ainsi dans l'expérience citée 1 Voyez Archives, tome XXXIV, p. 183, février 1869. 10 BULLETIN SCIENTIFIQUE. plus haut, le volume de l’hydrogénium dans l'alliage s’éle- vera, d’après la nouvelle donnée, de 4,68 pour cent à 9,36 pour cent, et sa densité tombera de 4,708 à 0,854. Dans une série de quatre expériences sur le même fil également con- signées dans le mémoire précédent, la somme des retraits s’est trouvée un peu plus grande que la somme des allonge- ments, justifiant ainsi une plus grande réduction dans la den- sité de l’hydrogénium, laquelle ne serait plus que de 0,8051. Il convient toutefois d'observer que la première expérience, dans l’hydrogénation d’un fil quelconque de palladium, est celle qui parait donner les résultats les plus uniformes. L’ex- pulsion subséquente de l'hydrogène par la chaleur endom- mage toujours plus où moins le fil, et affecte probablement la régularité de sa dilatation en divers sens, landis que dans une première expérience l'égalité de l’expansion el du retrait paraît d’une certitude absolue. L'auteur cite à l'appui de celle opinion l'expérience suivante sur un fil neuf de palla- dium pur. Ce fil, après avoir reçu une pleine charge d'hydro- sène, savoir, 956%1,3, s’est allongé de 609"°,585 à 619,354, soit de 9"”,769. Après l'expulsion de lhydrogène, sa lon- sueur n'était plus que de 600"",115, soit de 9"",470 au-des- sous de sa longueur primitive, Dans ce cas l’allongement et le retrait se sont trouvés égaux à 0,3 près. La somme des deux changements, représentée par 19"",239, peut être con- sulérée comme la mesure de l'augmentation en longueur du fil due à l'addition de l'hydrogène. Elle indique une expan- sion linéaire de 3,205 pour cent, et une expansion cubique de 9,827 pour cent. La composition du fil serait donc repré- sentée comme suit : Palladium . . . . 100,000 ou 90,895 Hydrogénium . . 9,827 ou 9,105 109,827 ou 100,000 La densité du palladium était 12,3. le poids da fil 45,554, PE] CHIMIE. 71 et son volume 0°°,126. Le volume de l'hydrogène occlus était de 120°,5. Le poids du même.serait de 0%,0108, et le vo- lume de l’hyvdrogénium de 0,01938. On aurait donc : 100 : 9.827 — 0,126 : 0.019358 0,0108 0,01238 résultat qui se rapproche beaucoup du précédent. d’où la densité de l’h\drogénium serait de Il a été déjà remarqué dans un précédent mémoire que le palladium allié à Pargent continuait à occlure l'hydrogène. Depuis lors l’auteur à constaté qu'il en est.de même des al- liages du palladium en général, pourvu que la proportion du second mélal ne dépasse pas notablement la moitié du mé- lange. Ces alliages éprouvent tous une dilatation par suite de l’absorption de hydrogène. et ce qu'il v a de singulier, c’est qu'avec la même addition d'hydrogène, cette dilatation est plus grande, environ le double que dans le cas du palla- dium pur. Après l’expulsion de l’hydrogène au moven de la chaleur, lalliage revenait chaque fois à sa longueur primi- tive sans raccourcissement du fil Le retrait si embharrassant du palladium avait donc disparu. Palladium, «platine et hydrogène. — Cet alliage est très- malléable et ductile. Sa densité est de 12.64. De même que le palladiam pur, il absorbe avec avidité l'hydrogène. Un fil de 601,845 à atteint la longueur de 618"",288, après avoir absorbé 70419 de gaz hydrogène. Ces nombres indiquent un allongement linéaire de 16"",443 ou de 2.732 pour cent, et une dilatation cubique de 8493 pour cent. Le produit peut être représenté comme suit : En volume _—_———“ x ——. Métaux fixes. . . . 100.000 ou 92.995 Hydrogéninm. .. 8,423 ou 7,775 108.423 100,000 72 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Les éléments pour le calcul de la densité de lhydrogé- nium sont les suivants, en supposant, comme précédemment, que les métaux s'unissent sans condensation : Poids primitif : RUE 0.1: 24002720 Le",722 Volume print au nl: 7250 Re. 0,373 Volume de Phydrogène extrait. ....... 264°°,5 Poids de ce même hydrogène (calculé). 0°.0237 Dans ce cas, le volume de l'hydrogénium sera au volume du fil, 0,373, comme 100 est à 8,493. c'est-à-dire 0°°,03144 : et en divisant le poids de lhydrogénium par son volume, ,0237 0,7545. En chassant par la chaleur rouge tout Phydrogène du fil celui-ci a paru revenir très-exactement à ses premières di- mensions. Dans ce cas, la présence du platine parait avoir eu pour effet de soutenir, pour ainsi dire, le palladium, de telle facon qu'aucun retrait du métal ne püt avoir lieu. Cet alliage indique donc la véritable augmentation de volume causée par l'absorption de l’hydrogénium, en évitant la complica- lion provenant du retrait du métal fixe. Il est donc évident que le retrait du palladium pur doit avoir lieu dès la pre- miére entrée de l’hydrogéne dans le métal. L’allongement du fil, dû à l'absorption de l'hydrogénium, se trouve ainsi annullé pour la moitié environ, et le volume apparent de l'hydrogénium est réduit d'autant. C'est par celle raison,que la densité de l'hydrogénium a d’abord été représentée comme le double de ce qu’elle est en réalité. M. Graham a répété les expériences ci-dessus sur des al- liages de palladium et d’or, et de palladium et d'argent avec l’hydrogénium. Il a remarqué à cette occasion que le pou- voir absorbant du palladium disparaît entiérement lorsqu'on le fait fondre avec beaucoup plus que son poids d’un métal fixe. Les alliages de palladium. contenant de 70 à S0 pour savoir, on trouve pour la densité de Phydrogénium, CHIMIE. 73 cent d'argent, n'absorbent pas la plus pelitée quantité d’hy- drogène. L'espace nous manque pour entrer dans le détail des ex- périences subséquentes de M. Graham. destinées à détermi- ner la densité de Phydrogénium d'aprés l'allongement, par suite de Pocclusion de hydrogène, dun fil composé d'un alliage d’or et d’un alliage d'argent avec Le palladium. Nous remarquerons seulement que dans le cas de ces alliages. comme dans celui du platine. le fil, après l'expulsion de lhy- drogène, paraît revenir exactement à sa longueur primilive, sans retrait sensible du métal fixe. Les conclusions définitives auxquelles l’auteur a été con duit au sujet de la densité de lhydrogénium, par ses com- binaisons avec Le palladium seul et avec des alliages de palla- dium et d’autres métaux. peuvent être résumées comme suit: Densité de l'hydrogéninm observée. —— En combinaison avec le palladium . . 0,854 à 0,872 et le platine. . . 0.7407 à 0,7545 ) CROP 2.0 0720 2 (715 » » et l’argent ., ...0,727, à 0.742 On remarquera que ces résullaits. compris entre 0,714 et 0.7545, présentent une très-grande uniformité dans le cas des alliages composés. lesquels, comme nous l'avons vu. permettent d'éviter le retrait. L'auteur adopte done, au moins provisoirement, la moyenne entre ces deux extrêmes, soit Le nombre 0,733, comme représentant (rès-approximati- vement la densité de l'hvdrogénium. Julius THOMSEN. RECHERCHES THERMO-CHIMIQUES. 2° partie : SUR LES HYDRACIDES DU CHLORE, DU BROME, DE L'IODE, DU FLUOR ET DU CYANOGENE. (Poggend. Annalen. t. CXXXVHE, p. 201.) Ayant exposé d'une manière complète dans un article pré- 74 BULLETIN SCIENTIFIQUE. cédent ? la méthode expérimentale suivie par Pauteur et la méthode de calcul par laquelle il conclut, de l'effet thermi- que produit dans une réaction, la nature et la grandeur de action chimique qui a eu lieu, je me bornerai à résumer ici les résultats très-intéressants auxquels Pa conduit l'étude des principaux hydracides. HS montrent combien est précieuse la voie dans laquelle il est entré pour établir entre des corps semblables par leur constitution des analogies et des diffé- rences caractéristiques que l'étude seule de leurs propriétés chimiques n'avait pas suffisamment établies. J'ai signalé dans l’article précédent quelques circonstances dont il me semblait que l’auteur n'avait pas suflisamment tenu compte et qui pouvaient inspirer quelques doutes sur la parfaite exactitude de ses résultats. Mais, tout en mainie- nant les observations que j’ai présentées sur ce sujet, je ne pense pas que les corrections qu'il faudrait apporter aux ré- sultats numériques qu'il a obtenus, si lon pouvait calculer l'influence de ces légères causes d'erreurs, fussent de nature à modifier sensiblement les conséquences qu'il tire de ses observations. Acide chlorhydrique. À a été établi, dans le mémoire pré- cédent, que la chaleur de neutralisation de cet acide par la soude est de 43740 calories, et qu'un excès d’acide agissant sur le chlorure de sodium ne donne lieu qu’à une absorption de chaleur insignifiante, —32 calories. M. Thomsen s’est assuré de plus qu'il n°v a pas d'effet thermique produit par l'action de la soude sur le chlorure de sodium. La chaleur de neutralisation est donc proportion- nelle à la quantité d’acide jusqu’à ce que celle-ci atteigne la proportion fixe d’un équivalent pour un de soude. L'avidité de l'acide chlorhvdrique (tendance à se combi- ner avec la soude), ayant été trouvée égale à celle de lacide azotique et supérieure à celle de tous les autres acides, M. Thomsen la représente par le chiffre #. 1 Archives, tome XXXVE, p. 501. CHIMIE. 75 Acide bromhydrique. Sa chaleur de neutralisation est la même que celle de l'acide chlorhydrique, 13748 calories. Un second équivalent d’acide donne lieu à une très-faible absorption de chaleur, —40 calories. L’avidité de cet acide a été déterminée par l'étude des ef- fets thermiques produits, soit par l'action de l'acide sulfuri- que sur le bromure de sodium, soit par celle de l'acide brom- hydrique sur le sulfate de soude. I en résulte que la soude se partage entre l'acide bromhydrique et Facide sulfurique dans Le rapport de 0,645 : 0,354. L’avidité de l'acide brom- hydrique est donc de 1,82 par rapport à celle de l'acide sulfurique, où 0,89 en prenant pour unité celle de l'acide chlorhydrique. Acide iodhydrique. Sa chaleur de neutralisation, presque identique avec celle des deux acides précédents est de 13676 calories. Pour le second équivalent d'acide, l'absorption de chaleur est de —56 calories. L'avidité de cet acide est de 4,61 par rapport à l'acide sulfurique. et 0,79 par rapport à l'acide chlorhydrique. Acide fluorhydrique. Get acide se distingue à plusieurs égards des précédents Sa chaleur de neutralisation, la plus urande qui ait été encore observée, est de 16272 calories. Un second équivalent d'acide, ajouté au fluorure de sodium, donne lieu à une absorption de chaleur très-notable, —288 calories !. Enfin, ce qui établit surtout la plus grande différence entre cet acide et les précédents, c’est la faiblesse de son avidité : elle peut être exprimée approximativement par le chiffre 0,05 ; ce qui veut dire qu'entre des équivalents égaux d’acide chlorhydrique et d'acide fluorhydrique, les de la soude se combinent avec le premier et ;: seulement avec le second. Acide cyanhydrique. La chaleur de neutralisation de cet ‘ Ce fait, analogue à celui qui se présente pour Facide sulfurique, eut évidemment à ce que ces deux acides peuvent former des sels biacides, tandis que les autres hydracides n'ont pas cette propriété. 76 BULLETIN SCIENTIFIQUE. acide est beaucoup moindre que celle des précédents. Elle est proportionnelle à la quantité d'acide jusqu'à un équiva- lent. et est alors de 2766 calories. Un second équivalent acide donne lieu à un trés-faible dégagement de chaleur, 26 calo- ries. Quant à l'avidité de cet acide, elle est si faible qu'elle n’est pas appréciable. IL n’y a aucun effet thermique produit par l'action de l'acide cyanhydrique sur le sulfate de soude. Ces expériences prouvent que les acides chlorhydrique, bromhydrique et iodhydrique forment, au point de vue de leur rôle thermique, comme à celui de leurs propriétés chi- miques, un groupe parfaitement déterminé, dont les deux autres hydracides ne font point partie. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. CIENKOWSKI. UEBER DIE CLATHRULINA, etc. SUR LES CLATHRU- LINA. NOUVEAU GENRE D'ACTINOPHRYENS. (Archio für mur. Anat.. HE, 1867, p.311.)—GREEFF. UEBER ACTINOPHRYS, ete. SUR L'ACT. ÉICHHORNIL ET UN NOUVEAU RHIZOPODE D'EAU DOUCE. (Jbëd.. p. 506.) — Le MÊME. UEBER RADIOLARIEN, etc. SUR LES RADIOLAIRES ET LEURS PROCHES PARENTS PARMI LES RHizopopes D'EAU DOUCE. (Jbid.. V, 1869, p. 459.) —Focke. UEBER SCHALENLOSE RADIOLARIEN, @lC. SUR DES RADIOLAIRES D'EAU DOUCE DÉPOURVUS DE COQUE. (Zeëtschr. für wiss. Zool.. XVHIL p. 345.) — GRENACHER. BEMERKUNGEN, etc. REMAR- QUES SUR L'ACANTHOGYSTIS ViRIDIS. (Jbèd., XIX, p. 289.) — LE MÈME. UEBER ACTINOPHRYS SOL. SUR L'ACTINOPHRYS SOL. (Verhandt. d. Würzburger Phys. Med. Gesellchaft, N.F. Band LE, p. 166.) — ARCHER. ON SOME FRESHWATER RH1Z0- PODA., elC. SUR DES RHIZOPODES D'EAU DOUCE NOUVEAUX OU PEU CONNUS. (Quarterly Journal of microscopie. Science, IX, p. 397 et X, p. 17) Les Rhizopodes peuplent, comme lon sait, en abondance ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALEONTOLOGIE. 717 toutes les mers. Mais un petit nombre seulement des ordres constituant cette classe, à savoir les Rhizopodes nus ou ami- bes et les Monothalames, se retrouvent en grand nombre dans les eaux douces. Les Polvthalames, qui étonnent par l’immensité de leur développement dans les faunes marines actuelles et passées, ne comptent aujourd’hui pas un seul re- présentant dans les eaux douces. Il en était, jusqu'ici, à peu près de même du groupe des Radiolaires où Polvevystines, si riche en formes et en couleurs, surtout dans les mers chaudes. Toutefois, on a déjà plusieurs fois, durant ces dernières années, essavé de démontrer des relations plus intimes entre certains Rhizopodes d’eau douce et les Radiolaires de la mer. Ces tentatives sont aujourd’hui couronnées de succès, uräce aux recherches approfondies de plusieurs observa- teurs. Ce sont surtout les Actinophrys qui ont servi de point de départ à ces travaux, et la parenté, soit de ce genre, soit surtout de quelques autres genres voisins, avec les Radio- laires, parait mise hors de doute par les travaux successifs de MM. Max Schultze, Carter, Cienkowski, Archer, Hæckel. Greelf, Focke. Kôülliker et Grenacher. Une des formes les plus remarquables, parmi celles qui trouvent ici leur place, est un Rhizopode découvert, à peu près simultanément (1867) par M. Archer et M. Cienkowski. et retrouvé, plus tard, par M. Hæckel et M. Greeff. Cet animal est connu sous le nom de Cathrulina eleqans, et il a été étu- dié surtout, avec un soin tout spécial, par M. Cienkowski, et, plus tard, par M, Greelf. Le caractère le plus remarquable de ce Rhizopode, caractère qui l’unit étroitement aux Radio- laires, c’est l’existence, autour de son corps, d’une coque si- liceuse, percée à jour d’un grand nombre d'ouvertures, au point d’apparaitre comme une sorte de treillis. Un autre ca- ractère, fort remarquable, mais étranger à tous les Radio- laires marins jusqu'ici connus, c’est l’existence d’un pédon- cule tubulaire, par lequel la coque est fixée soit à des corps 78 BULLETIN SCIENTIFIQUE, élrangers, soit aux balonnets siliceux du treillis d’un autre individu de la même espèce. M. Cienkowski a décrit le corps du Rhizopode enfermé dans cette coque, comme identique en fous points avec celui d’une Actinophrys. Cependant M. reeff ne partage pas entièrement cet avis. Il trouve le corps de la Clathrulina muni d’un bord irrégulièrement lobé, par suite de la base élargie des pseudopodes. Ceux-ci se rami- fient fréquemment, soit à leur naissance, soit à leur extré- mité, et contractent, en outre, des anastomoses fréquentes entre eux. Enfin, toute vésicule contractile fait défaut. Tous ces caractères font défaut aux Aclinophrys. Le protoplasma du corps renferme constamment de nom- breuses vacuoles et un nucléus de forme vésiculeuse. La re- production se fait, comme M. Cienkowski la montré, soit par division spontanée, soit par enkystement. La division a lieu par l’étranglement de l’animal, en deux moiliés, dans intérieur de la coque. L'un des individus, ainsi produits, se glisse au de- hors par.une des ouvertures de lenveloppe siliceuse, passe par une sorte de phase d'Actinophrys, pour se transformer “bientôt en une véritable Clathrulina, par la sécrétion d’une tige et d’une coque. L'enkystement est précédé d’une division plusieurs fois répétée du corps protoplasmatique dans l’inté- rieur de la coque.Chacun des produits de celte division s’en- toure d’un kyste sphérique, où il reste à un etat de vie latente pendant plusieurs mois. Puis les kystes s’ouvrent, les jeunes individus en sortent, glissent au dehors par une ouverture de la coque du parent, et se développent comme des produits de la simple division ci-dessus décrite. M. Greeff a confirmé l'exactitude de toutes ces observations. IL est certain que si l’on rencontrait la Clathrulina dans la mer, ou à l’état fossile, surtout privée de sa tige, on n’hési- terait pas un instant à la classer parmi les Radiolaires. On la placerait, comme le fait remarquer M. Greelf, dans la famille des Ethmosphérides, tout auprès du genre Héliosphère. Il est clair que la présence de la tige n’est pas suffisante pour rom- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 79 pre ces affinités. C'est une forme sédentaire au lieu d'une forme errante. Les Radiolaires présentent. il est vrai, cer- taines particularités de leur corps mou qui ont servi jusqu'ici à les distinguer de tous les autres Rhizopodes, à savoir la capsule centrale et les « cellules jaunes. » Ces dernières manquent, il est vrai, dans certains cas, et ont par suite moins d'importance que la capsule centrale, dont l’absence n’a été constatée, jusqu'ici, que par M. Stuart, chez la Coscinos- phæra ciliosa. Les Clathrulinas ne renferment rien qu’on puisse comparer aux cellules jaunes. Une capsule centrale, à struc- ture compliquée, leur fait également défaut. Mais il n’est pas impossible qu'on puisse paralléliser le noyau vésiculeux de notre animalcule, avec une partie tout au moins de la cap- sule centrale, comme, par exemple, avec la vésicule interne (Binnenbluse Hæckel) ou avec le noyau de celle-ci. IL est nécessaire ici de nous arrêter sur l'importance rela- live des différentes parties constitutives du corps chez les Rhizopodes que nous considérons. Dans son grand ouvrage sur les Radiolaires, M. Hæckel mentionne un arrangement radiaire des fins granules de la vésicule interne, et il ajoute que, dans divers cas, la membrane de cette vésicule lui à paru percée de pores tubulaires. [la vu, en outre, la membrane de la capsule centrale, chez plusieurs Thalassicolles, traversée par des stries parallèles, qu'il tient pour l’expression de très- fins pores tubulaires. M. Schneider a fait récemment, sur la Thalassicolla nucleuta. de tlrès-intéressantes observations, desquelles il résulte que la capsule centrale, avec son con- tenu, est la partie la plus importante du corps des Radio- laires. Ce savant pense, contrairement à l'opinion générale- ment accréditée, que cette capsule a une importance physio- logique supérieur à celle du sarcode extra-capsulaire, et même que ce dernier est sécrété par elle. Non-seulement il a vu ce sarcode extra-capsulaire se renouveler par une exsudation de la capsule centrale: mais il a constaté en outre, el cette 0b- servalion à ici une grande importance, que les pseudopodes 80 BULLETIN SCIENTIFIQUE. sortent de la capsule par les pores tubulaires. Les pseudo- podes, où plutôt leurs filets axiaux, sont donc un produit du sarcode intra-capsulaire. Les pores de la vésicule interne et de la capsule centrale seraient donc des ouvertures desti- nées au passage cles filets axiaux des pseudopodes, Conservant présents à l'esprit ces faits constatés chez les Radiolaires marins, revenons aux organismes voisins, de nos eaux douces. Le premier, M. Max Schulze à reconnu que chez l'Actinophrys Eichhornii, comme chez les Radiolaires, les pseudopodes sont formés d’une substance corticale, plus molle et plus mobile, et d’un filament axial hyalin plus résis- lant. Toutefois, cet organisme s'éloigne des Radiolaires mo- nozoïques, que nous avons pris pour point de comparaison. par l’existence d’un grand nombre de novaux vésiculeux, au lieu d’une seule capsule centrale. Mais chez l’Actinophrys Sol, il n'existe qu’une seule vésicule centrale, et l'on peut poursuivre, selon MM. Külliker et Grenacher, les filets axiaux des pseadopodes à travers le sarcode cortical, jusqu'à la surface de celle vésicule. S'il était démontré que cette vési- cule centrale fût vraiment entourée d’une membrane, ne serait-il pas permis de se demander, avec M. Greelf, si cette membrane n’est pas percée de pores comme la capsule cen- trale des Radiolaires ? L’Actinophrys Sol serait dans ce cas un Radiolaire monozoïque. Mais en est-il bien de même de PA. Eichhornii? Si les nucléus découverts dans son intérieur par M. Kôlliker, sont les homologues du nucléus unique de PA. Sol, ce serait un être essentiellement polyzoaire, assimilable aux ARadiolaria polycytturia de M. Hæckel. M. Kôlliker esti- mait le nombre de ces novaux à dix ou douze pour chaque individu; M. Schultze, à 40 et au delà. Enfin, M. Grenacher le porte à 100, 150 et au delà. Mais il ne faut pas oublier que ces nucléus ne sont pourtant pas entièrement identifiables aux capsules centrales des Radiolaires pur sang, et nul n’a songé jusqu'ici, parmi les Rhizopodes monothalames, à considérer les Arcelles comme polyzoaires, à cause de la multiplicité de ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. Si leurs nucléus. M. Focke paraît cependant avoir découvert des Radiolaires d’eau douce dans l’intérieur desquels il existe des boules vertes, tout à fait comparables aux capsules cen- trales des Rhizopodes marins. et donnant issue aux pseudo- podes. D’autres formes de Rhizopodes d’eau douce, remarquables par leurs affinités avec les Radiolaires, sont les animaux clas- sés aujourd’hui dans le genre Acanthocystis Carter. M. Greeff a décrit plusieurs espèces de ce genre, dont la validité spé- cifique est, il est vrai, contestée pour plusieurs, tout au moins par M. Archer. L'espèce tvpe, À. viridis. était déjà connue de M. Ehrenberg, et a été revue par MM. Perty, Claparède et Lachmann. Tous ces auteurs la considéraient comme une véritable Actinophrvys: cependant les deux derniers ont déjà distingué chez cet animalcule deux espèces de ravons : les uns plus courts et plus larges, les autres plus longs et plus fins. Vint alors M. Carter, qui fit la découverte importante que les ravons courts et rigides sont de véritables aiguilles, solides, bifurquées à l'extrémité, et que les rayons plus longs sont seuls formés du sarcode mobile. Cet animal à été ob- servé depuis lors par M. Archer, qui en fait le genre Raphi- diaphrys, par M. Grenacher et M. Greeff. Tous ont confirmé l'existence des aiguilles et reconnu qu’elles sont formées de silice. Mais 1l en existe en réalité de deux espèces, les unes fort longues, qui sont celles vues par M. Carter, et d’autres de moitié plus courtes, mais à fourches terminales bien plus grandes, et celles-Jà ont été découvertes par M. Grenacher. Toutes sont disposées dans une direction radiaire, et s’atta- chent à la surface du corps, comme les piquants d’un oursin, par une pelle plaque circulaire. Entre elles surgissent les pseudopodes, fort délicats, composés d’un filet axial et d’une couche corticale, au mouvement de molécules accoutumé. M. Carter avait décrit le corps protoplasmatique de son Acan- thocystis comme entouré d’une cuirasse flexible, que M. Gre- ARCHIVES, &: XXXVIL — Janvier 1870. 6 89 BULLETIN SCIENTIFIQUE. nacher réduit à une simple couche corticale plus dense. M. Archer et M. Greeff nient aussi l'existence de toute mem- brane à la surface du corps. L’apparence qui a trompé M. Carter résulte uniquement de la juxtaposition des petites pla- ques basilaires des aiguilles. La ressemblance des Acanthocystis avec les Acantho- mètres, et par conséquent leurs affinités avec les Radiolaires, n’échapperont à personne. Ces êtres s’éloigneraient, en re- vanche, de ce sroupe, selon MM. Carter et Archer, par la pos- session de vésicules contractiles dont l’existence est, 1} est vrai, niée par M. Greeff. Le protaplasma du corps contient de nombreuses vacuoles, et en outre des vésicules renfermant un noyau qui leur donne tout à fait l'appareñce de cellules. Parmi ces dernières, M. Greeff a presque loujours pu dis- tinguer une vésicule plus grande, à masse nucléaire solide el considérable, qui devient granuleusé sous l'influence de l’a- cide acétique. De ce corps central paraissent surgir des rayons très-fins dans toutes les directions. Ces rayons se dirigent vers la périphérie pour pénétrer jusque dans les pseudopo- des, dont ils constituent l'axe. Le protoplasma des Acantho- eystis renferme aussi des granules verts, dont le rôle est in- connu, et qu'on pourrait songer à paralléliser aux cellules jaunes des Radiolaires. Chez une forme que M. Greeff consi- dère comme une espèce à part, ces granules sont d’un jaune intense, et ce savant a cru reconnaitre qu'ils jouent le rôle de corps reproducteur. Mais ce fait ne parait pas établi d’une manière suffisante. Un troisième genre, fort remarquable par ses affinités avec les Radiolaires marins, a été décrit par M. Greelf sous le nom d’Astrodisculus. et compte déjà cinq espèces. Chez ces ani- maleules, le corps sarcodique est entouré d’une large zone claire. Cette zone est formée par une capsule siliceuse très- délicate, percée d’une multitude de petites ouvertures. À tra- vers les pores de celte enveloppe sortent non-seulement les ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALEONTOLOGIE. 83 pseudopodes, mais aussi des globules d’un volume relative - ment considérable, ce qui permet de supposer çà el là des ouvertures plus grandes. fermées seulement par une couche organique perméable. Enfin, M. Greeff décrit sous le nom d’Hyalolumpe un genre nouveau, très-remarquable par la délicatesse de son sque- lette siliceux. Au premier abord, ce savant crut avoir sous les veux un réseau de sarcode alvéolaire. semblable à de lé- cume. Mais l’emploi de réactifs ne tarda à lui faire recon- naître la nature siliceuse de ce réseau délicat. Ce résumé montre d’une manière évidente qu'il n’est plus possible aujourd’hui de considérer les Radiolaires comme entièrement exclus des eaux douces. Quelques-unes des for- mes que nous venons de mentionner doivent être indubita- blement classées dans ce groupe, et beaucoup d’autres Rhi- zopodes héliozoaires, soit Actinophryens, présentent des traits d’affinités avec eux qui ne doivent point être négligés. D’au- tres Rhizopodes intéressants ont été aussi découverts récem- ment par M. Archer dans les genres Pleurophrvs, Diapho- ropodon et Amphitrema (ces deux derniers sont nouveaux), mais ils n’offrent pas avec les Radiolaires d’affinités aussi po- sitives que ceux considérés plus haut. E. C. Maurice GIRARD. ETUDES SUR LA CHALEUR LIBRE, DÉGAGÉE PAR LES ANIMAUX INVERTÉBRÉS, ET SPÉCIALEMENT LES INSECTES. (Annales des Sciences naturelles, XX, 1865, p. 134.) Le travail de M. Girard débute par un historique fort inté- ressant des nombreux travaux faits jusqu'ici sur la chaleur animale des invertébrés et spécialement des insectes. Il s’é- tend surtout en détail, et avec beaucoup d’éloges sur les belles recherches de Newport, qui sont, en effet, ce que nous possédions jusqu'ici de plus remarquable sur ce sujet. 8/1 BULLETIN SCIENTIFIQUE, Il est en revanche sévère pour Dutrochet, auquel M. Gavaret accorde, selon lui, trop d'importance dans son ouvrage sur la chaleur produite sur les êtres vivants. Il remet aussi en lumière les recherches de Dubost (1800), qui ont passé inaperçues malgré la précision scientifique avec laquelle elles avaient été conduites. Les recherches propres de M. Gi- rard ont été faites à l’aide de procédés très-divers. Il s’est servi du thermomètre à mercure. dont il réussit à intro- duire la pelite boule dans le rectum des chenilles et d’autres insectes, sans lésion de l'animal. Il s’est servi aussi du thermomètre différentiel de Leslie, dans lequel il a introduit une moditication nécessaire pour ses expériences. L’une des boules offre une profonde cavité intérieure, de sorte que le volume de l'air compris dans la zone concentrique, est sen- siblement égal à celui du volume de l'air de l’autre boule, L’orifice rétréci est fermé par un bouchon muni d’un tube, par où l’air entre el sort librement. L’insecte à expérimenter est introduit dans cette cavité avec les précautions nécessaires, pour ne pas fausser le résultat. M. Girard s’est servi aussi des aiguilles thermo-électriques à deux soudures, formées de fer et de cuivre, où mieux de fer et de platine, aiguilles qui ont déjà rendu, entre les mains de M. Becquerel, de grands ser- vices pour l’étude de la chaleur animale. Enfin, M. Girard s’est servi des piles thermo-électriques de bismuth et d’an- limoine, qui, depuis leur invention par Melloni et Nobili, l’'emportent sans contestation sur tous les autres movens calorimétriques, par leur sensibilité exquise. Il ne nous est pas possible d'entrer dans le détail des nombreuses expériences de M. Girard, ni dans l’examen des précautions minutieuses qu'il a dû prendre pour en assurer les résultats. Nous nous contenterons de relever quelques- uns des points Les plus nouveaux de ses conclusions. Jamais les insectes adultes, même dans les états de som- meil ou d’affaiblissement, ne présentent d’abaissement au- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALEONTOLOGIE. 89 dessous de la température ambiante pour la surface de leur corps. Les larves et les nymphes des insectes à métamor- phoses incomplètes. se comportent, à ce point de vue. comme les adultes. Elles présentent toujours comme eux une élévation de température au-dessus de Pair ambiant, ou, au moins. une température égale à cellé de celui-ci. I n’en est pas loujours de même chez les insectes à métamorphose complète, L'auteur à souvent constaté, sur des chenilles à corps lisse, que la surface du corps s’abaisse au-dessous de la température de l'air ambiant, ce qui montre que le dégage- ment de chaleur, par la combustion respiratoire, peut être insuffisant pour compenser la perte due à l'évaporation su- perficielle ou transpiration cutanée. Le même fait se pré- sente pour les chrysalides. Le cocon dont un grand nombre de chrysalides de Lépidoptères ou d’Hvménoptères s’enve- loppent, sert à empêcher une dessication trop rapide de Fa- nimal, qui entrainerait un refroidissement superficiei fu- neste. En effet, les chrysalides présentent une notable élevation de température, au moment où on les sort du cocon, puis à Pair, elles perdent de leur poids par évapora- tion, et descendent souvent, pour la surface de leur corps, au-dessous de la température ambiante. En hiver, les che- nilles rases engourdies, et Les chrysalides reviennent à la tem- pérature ambiante, ou à de trés-faibles excès au-dessus. Les refroidissements superliciels, dus à Pévaporation, ne se pro- duisent plus dès que la température devient très-voisine de 0°, résultat tout à fait conforme aux expériences de la physique. Le sexe présente une influence marquée sur le dégage- ment de la chaleur superficielle dans certains groupes d’in- sectes. C’est ainsi que chez les Bombycides, les mâles sont plus chauds que les femelles. Quelque chose d’analogue pa- rait exister chez les Phryganes et les Piérides. Mais il fau- drait bien se garder de généraliser ces résultats. 56 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Les expériences de M. Girard, sur les différences de tem- pérature, selon les régions du corps, sont, sans contredit, parmi les plus curieuses. Dans les chenilles, la chaleur n’est paslocalisée dans quelques anneaux, mais appartient à tout ce qui concorde bien avecla dissémination analogue des centres nerveux. Il en est tout autrement chez les insectes à loco- motion aérienne puissante. La variation de température, qu'ils offrent entre le thorax et l’abdomen, peut atteindre des valeurs considérables. Chez les Bourdons. et surtout chez les Sphingides, Lépidoptères à vol si puissant, ces excès de la température thoracique, sur la température abdomi- nale, s'élèvent habituellement à 4 ou 6 degrés, ou même parfois à 8 ou 10, On peut dire que chez les insectes doués de locomotion aérienne, la chaleur se concentre dans le thorax en un fover d'intensité proportionnel à la puissance effec- tive du vol, Ces résultats sont conformes aux données anato- miques. Dans le thorax se trouvent à la fois les forts muscles des pattes et des ailes. Ces derniers, en contrac- tion énergique lors du vol, sont le siége d’une active com- bustion ; au contraire, les muscles de l'abdomen sont alors inertes. Il n°v a pas lieu de s'étonner que l’égalisation de la température ne s'opère pas aussi rapidement que chez les ver- tébrés. Que l’on songe seulement à une Guêpe, une Poliste, un Sphex, dontle thorax est uni à l'abdomen par un si mince pédicule, Avec quelle lenteur les courants sanguins ne doi- vent-ils pas se transmettre. entre les deux régions, par ce détroit si resserré ? Comme on comprend que la chaleur dé- veloppée dans le thorax, lors du mouvement du vol, doit passer avec difficulté jusqu’à l'abdomen, si même elle v ar- rive. Un autre fait, mtimement lié à celui que nous venons de rapporter, est le suivant: M. Girard à reconnu, sur les bourdons et les Xylocopes, que le dégagement externe de leur chaleur propre est en rapport avec la production du bourdonnement. La température s'abaisse dès que l’msecte ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. S7 cesse de bourdonner, mais elle se relève aussitôt que re- prend le bourdonnement, et cela un grand nombre de fois consécutives. Le fait a été constaté, soit à l’aide de la pile thermo-électrique , soit à laide du thermomètre différentiel. E. C. E, MECZNIKOW. EMBRYONALENTWICKLUNG, @lc. DÉVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE DU BOTHRIOCEPHALUS PROBOSCIDEUS. (Mélanges biologiques tirés du Bulletin de l'Acad. imp. des Sciences de Saint-Pétershourg, tome VE p. 717.) M. Kôlliker a déjà remarqué que chez le Bothriocephalus proboscideus, une partie seulement du contenu de l'œuf est employé à la formation de l'embr\on, et que le reste forme une couche de cellules périphériques dont le sort est resté inconnu à ce savant. Récemment, M. Knoch a contesté l’exac- üitude de cette observalion, mais bien à tort, parait-il M. Mecznikow décrit les œufs de ce ver cestoide comme remplis par une cellule ovarique, entourée d’une masse de vitellus granuleux. La cellule subit une segmentation totale, tandis que la masse vitelline ne prend aucune part à la for- mation de l'embryon. De l’amas cellulaire résultant de la segmentation, on voit se séparer bientôt deux cellules, munies de nucléus plus gros que les autres : elles se fixent aux deux pôles de l’œuf pour ne disparaitre qu’à la fin de la vie embryonnaire. M. Mecznikow a vu une disposition toute semblable dans les œufs du Tænia cucumerina. Après la segmentation, la masse des cellules embryon- naires prend une forme arrondie, et l'embryon se divise en un noyau central et une couche périphérique formée de cel- lules très-évidentes. Tandis que le noyau forme la larve de cestode proprement dite, avec ses crochets, la couche de cellules périphériques se métamorphose en une mince mem- 88 BULLETIN SCIENTIFIQUE. brane, qui finit par perdre sa structure cellulaire et par prendre l'apparence d’une enveloppe cuticulaire homogène, Bien que cette enveloppe de l'embryon ne se couvre ja- mais de cils vibratiles, M. Mecznikow n'hésite pas à la com- parer à l’enveloppe ciliée de la larve du Bothriocephalus latus. Cette comparaison est intéressante. En effet le développe- ment du Bothriocephalus proboscideus montre que lenve- loppe embryonnaire est lhomologue de l’amnios des em- bryvons d'insectes et d’autres Arthropodes. Dans ce cas, l'enveloppe ciliée de la larve du Bothriocephalus latus serait une sorte d’amnios persistant longtemps après l’éclosion. Mais alors il faut étendre cette homologie à l'enveloppe ciliée des embryons des Monostomes et du Némertien de M. Desor. IL faut même, pour être conséquent, considérer le Pilidium comme une sorte d'enveloppe provisoire de son Némerte; comme un amnios qui a atteint un degré d'indépendance re- marquable. E: G: 89 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES À L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE DÉCEMBRE 1869. Le 1. la bise commence à souffler avec force dans la soirée, et elle dure tonte la jour- née du lendemain. 4. neige. hauteur 9m, 6 et le 7, brouillard tout le jour, et le 8, jusqu'à midi, commencement de la pluie. 9, brouillard depuis midi. 10/41/4915, brouillard épais tout le jour, 14, brouillard le matin : depuis midi pluie. 15, halo solaire le matin de 9 h. à 10 1/, h. 16, halo solaire de midi à midi et dernr. 17, le matin, pluie avec fort vent de SSO : dans la sorrée couronne lunaire et beau halo lunaire. 26, neige, hauteur 40, 28, de midi à 31/4 h. on voit l'arc supérieur tangent an halo ordinaire : couronne solaire dans l'après-midi. 31. faible halo solaire de 11179 h. à 11% h, ; / 2 ArcHives, t. XXX VII, — Janvier 1870, 5 I 6 à 10 à 16 à Aa 10 h: 4107h: 10 h. 10 h. 90 Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MAN ETC MAN ne : 10 h, soi 10 h. 8 h. Mate ETES MAMAN ALES 737.09 729,40 718,30 . 131,98 à à MINIMUM. mm 4 h. après-midi...... 716,88 GHANA A. E AE 726,98 CH AMANINE EEE 0124068 Ch MANN ENENREER 721,46 UM MMA ami doute US 6: h:/SOIMPATASMErE A2 00P 60 —,€6S | 680 Il. NO00POSS | G9 +, 6 NSP G | GG — STI | 082) SSL — | 080 — | LO'LEL) 7 I0F |&0 — |#FG |o0sç'0 S "|" 0007 | OIL ler + | GI6 | 16— cie |8'0 — | 8er - | e1'8— | 106 — | 81'8 ++ | cor | 0€ GOT | FO —|9G |8c‘0 S|'°5) 7" |0007|061 |0e + | 006 | ré age | eo + | 0‘or— | ce‘g— | go — 91e + | ec'eer | 6 £0F 60 — |6Y7 | 86‘ LD Nr. 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(LU l'e décade 726,48 Jen 125,97 Se A 720,01 Mois 724,02 Ü l'edécade— 0,92 Da le ON 3e « — 4,55 Mois — 0,63 Hi ter décade 3,77 De “ 5,20 3° « 3,14 Mois 4,07 lre décade 872 De « 872 3e « 946 Mois 898 Thecm. min. Sh.n. 10h. m. mu un 726,90 797,44 726,24 726,66 720,35 720,67 124,36 724,80 , Midi. Jh.s, Baromètre. ram min 726,98 796,72 726,43 725,82 120,22 720,00 124,31 724,04 Température. #h.s. LORIE 126 76 Ù 0 Ü Ù — 0,75 + 024 + 0,62 + 0,73 L 0,43 + 351 5,03 + 6,32 + 6,67 + 5,85 — 4,16 —- 2,92 -- 0,68 0,00 —— 1,53 in LES: e ton 126,00 726.04 720,07 720,35 724,14 794,31 ou —- 0,10 + 5,90 -£ 2,88 1369. 8 hs. AG n. s. mn ti 127, 8100191620 726,18 726,21 1920/6020 124,52 724,62 Ü Lu 0,20 — 0,25 5,57 + 5,39 3,63 — 3,70 —— 0,58 + 0,66 + 2,00 + 2,39 + 1,48 Tension de la vapeur. nan mm 3,86 4,17 DA D Se SE | 1,12 4,31 Fraction de 882 875 889 821 944 916 905 872 Therm. max, UD SEE O4 + 0,34 Clarté moy. du Ciel, Ù (n 1re décade —— 1,94 + 41,87 0,94 ae ce + 2,49 + 6,86 0,83 3e « — 6,04 + 1,50 0,75 Mois —— 1,96 + 3,95 0,84 Dans ce mois, l’air a été calme 0 fois sur 100. Le rapport des vents du NE, à ceux du SO. a été celui de 0,47 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est S. tensité est égale à 39,9 sur 100. Température du Rhône. Û 6,08 6,85 6,04 6,49 Eau de pluie nn un [LCL TE ni LECEEN (ELLE 4,09 4,25 4,30 4,35 4,929 1,16 SANT 545 5,21 9.44 5,29 5,42 3,12 3,69 3,48 3,28 3,18 3,29 4,31 1,33 %,30 4,29 4,20 4,26 saturation en millièmes. 840 869 "895 9À7 926 15 738 129 759 7152 789 S16 328 784 816 854 808 904 803 791 823 591 898 879 Limnimetre. ou de neige. mi ein 26,4 101,7 19/9 107,0 8,1 105,0 D4,4 104,6 10,9 O.. et son In- 93 TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE Mois DE DÉCEMBRE 1869. Le 1, brouillard la plus grande partie de la journée. 2,3,4,5, id. tout le jour. Une partie de la neige tombée dans la nuit du 2 au 3 et du 3 au 4, ainsi que toute la neige tombée dans la journée du 4 a été emportée par le vent. 6, ich. jusqu'à 6 h. du soir. 8, id. toute la journée. 9,10, id. presque tout le jour. A2; tout le jour. 14. id. depuis 2 h. de l'après -midr. 16, id. jusqu'à 8 h. du matin. ET id. toute la journée. 18, id. la plus grande partie de la journée. 19, id. le matin et le soir. 20, id. à 6 h. du matin. 21; Une partie de la neige tombée a été eniportée par le vent. 22,23,24, id. tout le jour. 25, id. depuis midi. 26, id. toute la journée. 2e id. à 6 h. du matin. 28, id. tout le jour. 29, id. à 6 h. du matin. = Valeurs extrêmes de lu pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. | ) DIT mm LOI SAMLOMN NAN nee. 092,75 | Me Matin ec LE 047 02 012H00h Eminem 572 RAR ON AeNTAUN eee 598,37 EE PAC ee tn 565,53 17 à 2-h. après-midi. . : . 559,14 Sa m40 hmatine 2256511 22 à 2 h. après-midi. ..... 548,91 HRaO h ematine er. 552.62 DGA SO M5 DUO N.-Matin, 7... 00564165 SAINT-BERNARD. — DÈCE si 1869. ‘# Baromètre. | Température C. Pluie ou neige 3 = 1 APR Er V ent Clarté = PoUeus | É EL ie Moseuns Écart avec la] HAUTE Lee | Nomhée RU LAUne = y. des | la h: Û ini i ues 'atur ini e ax 2 dy | ans, yp F 22 ? 5 SES ire ee Minimum. | Maximum 24 Hurt. pie t!Minimum Maxinum neige. | les%h. d'heures. | | Cuel. © | —— — — = millim | millin. willim. 0 | 0 où 0 | 1, | | | 551,942] —10,01 | 551,28 | 552,75 | —15,04 | — 8,32 | —16,9 | —12,8 | PET es SIONE, 021 (est | 548,54 | —13,39 A8 07 549,04 | —16,19 | — 9,39 | —16,7 | —15,3 | ..... | ..... +. E|ENEE 3 | 0,97 550,23) —11,68 | 547,92 | 559 39 15,00 | — 8142! —17,8 | —12,0 30 6,2 6 =| NE. | 1F0% 53729.| — 4,67 | 554.11 560.18 —10,9 = 3951 1181 1011 6 1,3 7 NE. 272 4,000 567,30.| + 5,43 | 563,66 | 570,12 | — 6,44 | + 0,60 | —- 9,0 | — 4,2 | :.... à NE 2 | 4,001| 571,89 | 10,04 | 571,03 | 572,41 | —-5,06 | + 206.1 — 6,0 | — 3,9 | 46 =... SO. 1 | 0,78 | | 569,100 2797) 56715 | 5706%| — 9,79 | 349) = 591 = F4 | 3. =. à: 25200: 1 | 0,30 565,19=| -2-3,32 | :564,32 | 865,97 | — 6,54 | + 0,75 | — 80 | — 49 | ..... 1 ous DO. I | 4,00 | 564,49") +2,64 | 564,13 364,93 | — 6,81 | + 0,56 | — 8,0 | —— 6,0 70 14,9 ( SO: 1 | 0,86 363,96 + 2,20 | 563,50 | 564,73 | — 5,23 | + 2,21 | — 5,8 | — 48 | ..... 2 | SO. & 1 À 0,79 560,46 | — 1,28 550,36 56175 | = 635 | + 0,961 — 7,8 | — 5,7 % Æ ‘28180, 2 | 1,00 558,96 | — 2,76 |-558,37 | 55987] — 7,95 | L 0,331 — 28. | — 65 ae) Le =. € || SD: 1 | 1,00 599,56 — 2,14 |=559,31 | 560,24 | — 7,09 | + 0,56 | — 8,6 | —- 5,6 ne Ah à Le | variable | 0,13 561,03! — 1=559,47 | 562,96] — 6,14 | + 158 | —10,2 | —- 35 ù & #20 NE. © 17120:69 564,61 | + 564.15 | 565,532] — 7,96 | — 0,18 | —108 | — 44 100 10,0 GA SSO0. HN AU 564,69. | + 004,161 565,142. =05,81N | 229 05 180 34 50 3,5 Ë IÈNE. [| 0,88 560,06 | — |=559,14 | 564,49 | — 6,95 | + 0,95 | —10,4 | — 3,4 | 85 7,8 0) NE: 3 | 4,00 564,48 + ds 565,111! — 9,44 | + 5,59 | — 8,4 | — 0,5 | … LÉ ONE: 1 | 0,94 563,15 | + | 569,20 | 564,12-| + 1,05 | + 9,07 | — 1,9 | + 45 ar 5e 4 NE 21%°0/81 | 559,52 — 905 | 53822 S60:092! — #04 | + 247) 403 | — #5 | %.. | .... |2.... variable | 029 | 504,53. — 7,03 | 559,26 556,43 | — 8,97 | — 0,84) —10,1 | — 85 7 ET: | 5 SO. 1 | 0,65 548,95! —12,60 | 548,51 | 5 949,76 | — 7,33 | + 0,85 | — 8,0 | — 6,0 D9 6,1 | 8 50. L | 0,98 | 551,25=| —10,28 | 550,16 se ,66 || — 9,51 | — 1,28 | —10,0 | — 8,2 SN Pre S SO. 200)! | 392,10 4 — 9,41 | 551,64 | 352,62 08 ET 407 | 498 | 49 EPP ES RE SO. 1 | 0,98 | | 54S.102T —13,39 | 546,57 51991 —14,64 | — 6,31 | —16,4 | —128 MANS M SO. 1 | 0,63 | D49,84et — 17,63 | 548,55 | 544,927 || —17,11 | — 8,74 | —19,4 | —137 | .. . |... | +. NE 1 | 0,98. | 345,63 | —15,83 | 543,85 | 546,49 || —18,71 | —10,30 | —19,5 | —17,1 | 100 | 10,0 10 variable ! 0,56 | 550,18 | — 11,26 | 546,33 | 555,42 || —20,90 | —12,45 —21,7 | —20,2 LEE 2 SI NE: 2°) 006% | se 19! — 0,63 | 557,72 | 564,03 | —20,43 | —11,94 | —21,8 | —18,2 A - RS Nés ds) (M2 53,40 le 4,00 | 564,65 | 566,45 ET PE hoT AGREE TS ST EST SE +100 60 25 | — 1,13 539.26 | 56 61,54 —11,88 : — 3,317 —15,2 | — 5,4! DE RSS dl 07 1 | 0,12 * Les chiffres a més dans ces colonnes tographe étant hors de service. Do la plus basse et la pins élevée des lempéra tures observ s depuis Gheures du s du soir, le thermomé - 95 MOYENNES DU MOIS DE DÉCEMBRE 6h.m. Nh. m, rm rm tre décade 560,21 560,68 MEN 961,76 561,97 3e. » 552,300 559,11 Mois 557,92 558,29 Fempérature. 40 h. m. Midi. 21NSS: 4 h.s. Baromètre. j [EUR TEl mm mn nm SOU24 5612856108 "561,17 562,29 561,96 561,53 561,46 393,04 552,96 552,84 552,84 8,67 598,5) 598,30 558,31 6 h.s. rm 261,08 D61.44 292,94 558,31 998,46 1869. Sh.s,. 10 h. . mn mm 061,33 561,44 561,51 564, 293,08 553,25 “ Lo) 0 0 0 0 0 0 0 0 lredécade— 9,36 — 9,39 — 8,61 — 8,55 — 8,54 — 8,92 — 9,18 — 9,18 — 9,14 2e nn — 6,95 — 6,12 — 4,83 — 410 — 3,69 — 4,73 — 5,67 — 6,98 — 6,20 3e » 14,44 —14,69 14,22 —13,13 —13,924 —13,67 —14,01 —13,19 —13,93 Mois, —10,38 —10,22 — 9,398 — 8,74 — 8,6% — 9,26 — 9,76 — 967 — 9,64 Min. observé.” Max. observé.” Clarté moyenne Eau de pluie Hauteur dela du Ciel. ou de neige. neige tomhée. (0 0 ani nn l'e décade ——10,52 =; 7 0,85 29,4 106 2% . » — 8,51 — 3,10 0,73 25,1 270 3 —15,56 41,50 0,63 18,9 169 Mois —11,66 — 1,19 0,74 66,4 D45 Dans ce mois, l'air a été calme 14 fois sur 100, Le rapport des vents du NE, à ceux du SO. a été celui de 1,27 à 1,00, La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45 E, tensité est égale à 13,3 sur 100. * Voir la note du tableau et son in- D ÉRRTPENTER ET 3 + ag re In MR tt REA &è PE a Fate y si ñ dd CE We . D A v + ARE j ee ï the HEC Æ he Cle A \ Le Me ST A Os EX na Le L pe le pr DUR hop FRA HE LOU Var ï LPS until È y » étre tie He : 4 autre) rRiit TR 4 ab mû a Rnb re 4 re The Be - “a. mo, tie. 1 REA MELON CE Ad À | WE he “ To PRE D rs ose St fe Et RER Fetes GR CALE EC Pom #, ile næ4 { hit A st Ë Ÿ & a y +" , LE 186 due M re VE Ti CO LR LT D pitt DMEUE CHHaUr ARLES HE POTTER ner Lert AL ER ur L' LU L er Ag d Roar RL lue AT AL TÉVUMRSE LOMME NU DU TE D dr er MER EN D SR: si A avi ‘ ed ei Fe RER: — fa 2 “60 _— 368 Ski 2e QUES y: (LA A Era sf Æ 'Epa UNE “ FRA TE Le rat À ” ve ok = k : td D 10h ic TRE ds NUS : L'ieyf # { g£ REA ET op ol + eee NÉ 22 KE Ait (IN ages 19,652 FA Gui CRAE 80.0 (NOTE Pres els CARRE EEE ARR DE 1 EE Alf QU + STE. De PUR RE CES PLATE 0 Ÿ es ART SAR de db 2 :E ‘ue éiot ÉRieT AN int luth Co tt! Le 7 FRERES LP EURE PUR LL CH il. Oh etarr. 2hh EX vf 6 ie EN es pe vf De Far a” #bty siratu PUS DE PS ei F TEA TA x EUNVT fra ë. rate | . he ar ge - J = , - 2: 4 : " * æ 2 : - 2 à * : _ w * en ‘+ 1 # CU ” 2 Ë Joe DE L’'EXISTENCE DE L'HOMME A L'ÉPOQUE TERTIAIRE Depuis quelques années les découvertes des traces lais- sées par l’homme sur la terre à l’àge préhistorique se multiplient avec une rapidité qui ne peut s'expliquer que par l’ahondancee de la population habitant certaine région du globe à cette époque et par l’activité qu'un grand nombre d'observateurs met à ce genre de recherches. Les preuves les plus anciennes de l'existence de l’homme sont des pierres taillées et non polies (en général des silex), et lon a désigné l’époque où ces instruments étaient employés sous le nom d'âge de la pierre taillée. Mais, se demande-t-0on, quelle est la liaison de cet àge avec la chronologie géologique ? On n’est pas d'accord sur la réponse à faire à cette question, el si personne ne conteste la contemporanéité d’une partie de l’âge de la pierre taillée et d’une partie de l'époque quaternaire, on discute pour savoir si cet âge de pierre ne remonte pas: jusqu'à la période tertiaire. C’est de ce dernier point dont nous allons nous occu- per. Îl nous à paru qu'il pourrait y avoir de l'intérêt à résumer les diverses observations qui servent de base à l'idée que l'homme habitait la terre à une époque anté- rieure à la grande extension des glaciers" et pendant 1 M. E. Collomb a déjà traité ce sujet. (Archives, 1860, tome VIT, p. 200) ARCHIVES, & XXXVIL — Février 1870. 8 98 EXISTENCE DE L'HOMME l’époque tertiaire. Nous ne rappellerons aucun des faits, si nombreux, au moyen desquels on à reconnu la pré- sence de l’homme sur la terre pendant la partie de la pé- riode quaternaire qui à suivi l'envahissement des régions montagneuses du globe et d'une partie des plaines par les glaciers. « En reportant son apparition sur la terre, dit M, d’Ar- « chiac en parlant de l'homme, à une époque beaucoup « plus ancienne qu'on ne le pensait, on la fait rentrer « dans la loi générale de la succession des êtres dans le temps, puisqu'elle n'est plus isolée, et devient contem- « poraine de lapparition de nombreuses générations, « dont les descendants vivent encore Sous nos yeux ‘. » Jusqu'à présent les observations faites dans les localités où des instruments tallés de mains d'hommes ont été trouvés en relation immédiate avec de vrais terrains olaciaires (Hoxne en Angleterre, Schussenried en Wur- temberg et Veirier près de Genève), ont montré que ces instruments avaient été utilisés après la retraite des gla- ciers. Peut-être ces derniers étaient-ils encore fort grands à l’époque où ces espèces d'outils étaient en usage: mais le fait est que les glaciers étaient retirés des localités que nous venons de citer lorsqu'elles ont été habitées et que depuis lors ils n’y sont point revenus. En raisonnant à priori on ne saurait voir aucune diffi- culté, aucune objection positive à l’idée de lexistence de l'homme à l’époque tertiaire. La zone tempérée du lobe avait alors une température un peu plus élevée que maintenant: le climat devait y être sain et très-favorable au développement des mammifères terrestres ; la tem- pérature moyenne du Groënland et du Spitzberg etait 1 Paléontologie de la France, 1868, p. 402. » A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 99 telle que ces contrées pouvaient être agréables à habiter. Par conséquent aucune des conditions climatologiques ou terrestres, à nous connues. de l’époque tertiaire ne nous fait croire à l'impossibilité de l'existence de l’homme du- rant ce temps. Mais il est difficile de se représenter la longueur de la période qui s’est écoulée entre la fin des dépôts tertiaires et celle de l’époque glaciaire : elle a dû être très-considérable et le monde d'alors différait sous plus d’un rapport du monde actuel, comme nous allons le dire. La parte de la période quaternaire caractérisée par l'énorme extension des glaciers a été fort longue. Les études sur ce sujet qui se font maintenant, particulière- ment en Suisse, indiquent tous les jours mieux qu'il s'est écoulé bien des siècles avant que les glaciers des Alpes aient été assez grands pour porter des blocs erratiques jusqu’à 1352 mètres d'élévation sur le Jura, aux environs de Soieure !, d’après M. Lang, et que le glacier du Rhône ait atteint le voisinage du Rhin, où peut-être le Rhin lui-même en passant au travers des cantons du Va- lais, de Vaud, de Fribourg, de Berne, de Soleure et d'Argovie, La longueur de cette période est bien plus grande encore aux yeux des naturalistes qui admettent deux époques glaciaires au lieu d’une. Si l’homme à déjà vécu au temps des dépôts du terrain tertiaire supé- cieur, il aura vu une autre distribution des terres et des mers que celle que nous connaissons; cette distribution différait plus encore à l’époque de la formation du terram tertiaire moyen, et si homme était sur la terre à ce mo- ! La ville de Soleure, située à la base du Jura, est à 430 mètres au-dessus du niveau de la mer ; le glacier avait là plus de 900 mètres d'épaisseur. 100 EXISTENCE DE L'HOMME ment, il aura assisté au soulèvement des Alpes ! A l’épo- que quaternaire il à coexisté avec les animaux et les plantes qui vivent encore et avec quelques espèces éteintes dont il a été probablement le destructeur ; mais s'il a vécu à l'époque tertiaire, il aura été associé à une faune et à une flore très-différentes de celles de nos jours, et il de- vrait alors être rangé au nombre des êtres qui ont per- sisté pendant deux périodes géologiques successives. Par conséquent, si l'existence de l'homme à Fépoque tertiaire venait à être démontrée, ce serait un fait bien plus extra- ordinaire que sa présence pendant les dépôts d’alluvions dans lesquels on à retrouvé ses traces. I ne faut done pas s'étonner de la prudence avec la- quelle la majorité des savants examine des vues aussi nouvelles, la sctence leur impose ce devoir, et st les pro- moteurs de ces idées regrettent chez leurs collègues trop de lenteur, on peut leur faire remarquer que cette ma- mère de procéder rend la Science plus positive, et que s'ils arrivent à prouver la justesse de leurs opinions, la résistance qu'ils auront eu à vaincre tournera à leur gloire, comme on la vu pour M. Boucher de Perthes, Passons maintenant aux faits. En 1863, M. Desnoyers, bibliothécaire au Muséum de Paris, à communiqué à l'Académie des Sciences (8 juin) des observations faites à Saint-Prest près Chartres. Il avait trouvé des ossements très-nombreux dans des sables stratifiés, d'un aspect flu- viatile, diversement colorés, mêlés à des graviers de silex de la craie. Ce gisement avait déjà été signalé en 1848 par M. de Boisvillette et décrit par MM. Laugel et Lartet*. Les principales espèces auxquelles ces os se rapportent 1 Bulletin de la Société yeol. de France, A860, XVIE, p. 331; 1862, XIX, p. 709. A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 101 sont les suivantes d’après M. Lartet * : Elephas meridio- nalis, Rhinoceros etruscus (d'après Falconer), Hippopo- tamus major ? Équus Arnensis (le même que dans le val d'Arno), Cervus Carnutorum, Laugel (élan d'espèce peu différente de l'élan actuel), deux autres espèces de Cerous, Bos, espèce à formes élancées, Trogontherium Cuvieri (es- pèce de grand castor) ou Conodontes de Laugel. Ces fos- siles et les sables qui les renferment ont été classés dans le terrain tertiaire supérieur ou terrain pliocène, M. Des- noyers observa à la surface de ces ossements, sur place et dans divers musées, des stries variant de forme, de profondeur et de longueur, qui, selon lui, ne peuvent être le résultat de cassures ou de frottements accidentels: elles coupent l’os dans sa largeur et passent même par-dessus ses arêtes, quelques-unes sont très-fines, d’autres très- obtuses, comme si elles avaient été produites par des lames tranchantes ou dentelées de silex ?; en un mot ces stries sont d'une nature telle que M. Desnoyers n’a pas hésité, après un minutieux examen, à admettre qu'elles avaient été faites par la main de l'homme. « De ces faits, dit M. Desnoyers, il me semble possible « de conclure, avec une très-grande apparence de proba- « bilité, que l’homme a véeu sur le sol de la France avant « la grande et première période glaciaire en même temps « que l'Elephas meridionalis et les autres espèces pho- « Cènes. » ! Comples rendus de l'Acad. des Se., A867, tome LXIV, p. 4K. ? Quelques-unes de ces stries sont analogues, d'après M. Desnovers, à celles que les anciens glaciers ont laissées sur les roches et sur les cailloux; mais nous écartons complétement ce rapprochement, parce qu'il est plus que probable que ces ossements n’ont jamais été en re- lation avec aucun glacier. 102 EXISTENCE DE L'HOMME … L'âge des sables de Saint-Prest ne peut guère être contesté, parce que l’Élephas meridisnalis, le Rhinoceros etruscus et l'Hippopotamus major se trouvent dans le ter- rain pliocène du Val d'Arno, et parce que lon connait ces mêmes espèces, ainsi que le Trogontherium Cuvieri dans le Forest bed de la côte de Norfolk qui passe pour phiocèene et qui est situé au-dessous du terrain glaciaire avec blocs erratiques, Mais on peut contester origine des entailles et des stries qui se voient sur les ossements : c'est ce qu'a fait sir Charles Lyeli après avoir donné des os à ronger à des pores-épies : les entailles produites par les dents de ces animaux étaient semblables à celles des os du dépôt pliocène, et le savant anglais en a conclu que ces dernières pourraient bien avoir été faites par le Trogontherium où par quelque autre animal ", Sir Charles Lyell pensa avec raison qu'il fallait, pour établir le grand fait de la coexistence de l’homme et de l’Élephas meridionalis, des preuves d'un ordre plus élevé: l'aurait voulu qu'on eût trouvé des instruments de pierre dans les dépôts pliocènes. Cette découverte ne se fit pas attendre longtemps : en effet, en 1867, M. l'abbé Bourgeois annonça à l'Aca- démie * qu'il avait trouvé, dans les sablières de Saint- Prest, des silex taillés, tels que têtes de lance où de flèche, poinçons, grattoirs, ete. Ces silex, d'après ln, sont très- grossièrement laillés et différents de ceux d'Amiens et d'Abbeville : l’un d’entre eux paraît avoir subi l'action du feu. Ces faits singuliers exeitèrent vivement l'attention des savants. Le silex qui parait avoir été chauffé, ainsi * Antiquité de l'homme ; Appeudice, pages À à 13: Matériaux pour Phistoire positive el philosophique de l'homme, septembre 1865, p. 13. 2 Comptes rendus, lome LXIV, p. 47. A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 103 que ceux qui semblent avoir supporté cette même action, et qui ont été trouvés plus tard à Thenay, ne fournissent en réalité aucune preuve en faveur de la présence de l’homme, parce que de tout temps il y à pu y avoir des prairies où des bois brûlés par suite de Faction de la foudre. Reste les silex taillés, qui sont les pièces impor- tantes de la discussion. M. d’Archiac, en essayant de ra- jeunir les sables de Saint-Prest, les rangeait dans le ter- rain quaternaire ancien, surtout parce qu'on y avait dé- couvert de ces produits de l’industrie humaine ; mas cette manière de raisonner n'a de valeur ni pour les natura- listes qui cherchent à démontrer que les silex taillés sont tertiaires, ni pour ceux qui doutent encore que ces silex aient été travaillés par l'homme, Nous allons voir que M. Bourgeois pense avoir trouvé des silex, également taillés, plus anciens encore que ceux de Sant-Prest. Peu après les observations de M. l'abbé Bourgeois, M. l’abbé Delaunay découvrit sur un os d'Halitherium, des faluns (sables coquilliers) de Pouancé (Mane-ct-Loire), des entailles que M. Bourgeois et lui attribuent à une ac- tion intentionnelle, e& qui semblent donner une nouvelle importance à ce singulier signe de la présence de l’homme ”. Or ces faluns sont plus anciens que les sables de Saint- Prest:; ils appartiennent au terrain miocène et renferment des ossements de Dinotherium. A la même époque, M. Bourgeois annonça la présence de silex ftaillés, selon lui, non-seulement dans les faluns miocènes, mais encore au-dessous du calcaire de Beauce qui lui-même est plus ancien que les faluns. Ia trouvé ! Cet os est figuré dans le Congrès international d'anthropologie et d'archéologie, tenu à Paris en 1867, p.74, et dans les Matériaux, ete., 1S48, p. 256. 104 EXISTENCE DE L'HOMME ces silex dans presque toutes les couches qui séparent de l’alluvion cette ancienne assise, comme on peut le voir d'après la coupe suivante prise à Thenay. près Pont- Levoy, département de Loir-et-Cher !. 1° Alluvion quaternaire avec silex polis et silex taillés du type de Saint-Acheul. 2° Faluns miocènes de la Touraine avec coquilles ma- rines ({" d'épaisseur) et silex taillés. 3° Sables fluviatiles de l'Orléanais avec ossements de Dinotherium Cuvieri, Mastodon ançustidens, M. Tapi- roides, etc. (3%). Silex taillés. 4° Calcaire de Beauce, compacte à la partie supérieure, marneux à | partie inférieure, avec ossements d’Acero- therium (1%,75), sans silex taillés dans la partie supé- rieure et silex taillés très-rares plus bas. 9° Marne avec nodules de calcaire (0,80), avec silex taillés. 6° Argile jaune ou verdâtre (0%,35), C’est le gisement principal des silex taillés. 7° Mélange de marne lacustre et d'argile (37,00). Quelques silex taillés. 5° Aroile à silex. Sans silex taillés. M. Bourgeois reconnait la trace de la main de homme dans tous ces silex: il y voit des retouches, des entailles symétriques, des traces d'usure et la reproduction multi- pliée de certaines formes. Il a aussi trouvé à Thenay, à peu de profondeur au-dessous de la surface du sol, mais cependant associé à des ossements de dinothérium, « un galet composé, dit-il, d’une pâte artificielle mélangée de l Congres international d'anthrop. et d'arch., p. 67. Matériaux, etc., 1868, p. 179. 248. A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 105 charbon.» Ce savant croit avoir découvert un second g1- sement du même genre à Billy, près de Selles-sur-Cher (Loir-et-Cher), où lon exploite à la base du caleaire de Beauce une couche ossifère contenant des restes de ta- pirs, d'amphicions, des ruminants, etc. «Or, dit-il, il « existe au milieu et au-dessous de ces ossements des « silex noirs, fendillés, craquelés, comme ceux de Thenay, « sur lesquels je crois apercevoir des traces de l’action de « l’homme.» Pour être certain que ces silex ne prove- naient pas d'éboulements superficiels, M. Bourgeois a fait creuser un puits, et à 6 mètres de profondeur environ, il à atteint la couche d'argile inférieure au calcaire de Beauce dans laquelle il a trouvé des silex qu'il considère comme taillés ‘ L'âge géologique de ces silex n'est pas douteux. Mais ont-ils réellement été travaillés par l’homme ? Beaucoup de savants se refusent à le croire, Les formes de ces silex, disent-ils, sont trop peu accentuées. D’autres fort com- pétents, soutiennent au contraire que ces formes sont suffisamment caractérisées, et cette opinion s’est assez fortement prononcée pour que M. Hamy ait dit, en far sant un résumé du sujet qui nous occupe, et en parlant des silex de Saint-Prest * : « M. Bourgeois possède des « pièces de cette provenance qui sont de nature à con- « vaincre les plus incrédules. Aussi l'âge de FElephas « meridionalis est-il entré de plain-pied dans la science, « grâce à ce patient observateur. » ‘ Matériaux, etc., 1869, p. 298. 2? (Gazelle hebdomadaire de médecine et de tlürurgte, 1868, LV, p. +. — M. Jourdy à également publé un résumé sur ce même sujel sous le nom de : Les Restes les plus anciens de lhomme. Plulosophie po- sitive d'octobre 4869 à janvier 4870, +06 EXISTENCE DE L'HOMME Voici encore un témoignage qui n’est pas sans impor- tance, € Quant aux silex recueillis jusqu'à ce Jour, dit M. Cotteau ‘, ils sont taillés d’une manière très-fruste, « et plusieurs savants ne peuvent se résoudre à y voir « l'œuvre de Fhomme. Cependant, M. abbé Bourgeois, « M. le marquis de Vibraye, M. Dupont, de Belgique, € M. de Mortillet, M. de Worsæ l’illustre directeur du Mu- « sée préhistorique de Copenhague, paraissent convain- « cus de leur authenticité *, » et ajoute M. Cotteau, qui = a examiné avec soin ces silex : «il ne m'a paru guère € possible d'attribuer à une autre cause qu'à des cas- « sures intentionnelles, la forme des petits mstruments « que j'avais sous les veux. » Pendant que l’on discute avec attention si ces silex sont ou ne sont pas taillés, quelques ardents partisans de la théorie du transformisme, liant la taille grossière des silex avec le peu de développement intellectuel présamé de l’homme de cette époque reculée, établissent avec une singulière hardiesse l'existence d'une ancienne race d'hommes inférieure à celle que nous connaissons, se basant uniquement sur le fait que les silex sont tallés et mal taillés. C’est aller un peu vite en besogne. « La « faune miocène, disent-ils, différe profondément de celle «de notre époque: l'homme devait être en rapport _: 22 24H20R id. — Nagorzanyensis nov. sp............. id. = arachnoïides Mull.:sp. « ...... ch id. — RE AIDITES PSP EEE —— id. Fusus nereidis Munst......:....... SE id. — ndntis Goldé SD... :.. 4 296 É: id. — CORÉEN Ne " id. — æque-costatus nov. Sp.............. — id. GabgandenNlE 0. er. cit: — id. sepiemcostains nov: Sp. 2... ,..,2. id. = 199 CRAIE DE LA GALICIE ORIENTALE. Nagorzany. Lemberg ê FuSUS canAlTeTi DONS PAM MRC 'ar Ge ÿL id. — fumoutatuS PAIE 2 CUS UNE AIN _ id. Carinafulus d'OrD:.5 44:00 + JOMRONIE id. — ARINRNENE CPE: à 2 à re 6 2 Ra id. — Triton multicostatum nov. sp... .... DÉPEAIES id. — BuCCinum AaNACMor Spre ee . 10 à BE e id. id. NDEPIATOV MSP MEL Re PU ET é id. — Gancellaria supereretacea nov. sp. ........ id. Voluta semilineata Munst. sp. ........... id. Le Nagorzanyensis nov. Sp... .......... id. — DNCIRSINONS SDL 2 he de HIER id — BADDSA MON AEp SN 2e Le EE id. == RENOM ISO TA RE Lve nn du ef id. = letieulata Alt es J ME — id. MÉTRO pONEnsIS AMEN MAR Sue se rl — id. Emarginula costato-striata nov. sp. ......... id. HelGion Nechäyi Kner spin esse sere el eh id. — (Nora ANSE 6 2 UE id. id. Dentalium nutans Kner........ RE AU id = multicostatum nov, sp... ......... id. id. SACHEM PATES PE he 2208, COOPR — id. Neaerea caudata Nilss. sp... ............ # dl id. BreviTOS ISA IEMISDE 0 2 FER BR — id. Panopaea Nagorzanyensis nov. sp... ........ id. == Pholadomya Esmarki Nilss. sp............. id. id. decussata Mantsp:5.10.fA rte id id. KaSitiel Pusch 1540.00 0e U? — id. Anatina harpa Kner........ SÉADARTREE EE id. — Dhracia Pic nov. Sp : Lee el id. es Cypricardia Galiciana nov. sp. ........... Ê id. = paraltela Alth.%....:::22.4220 108 —- id. Isocardia Galiciana Alth........ ..... L ZA id — Supquadrata AM AE 24 «fu _ id. Heber MONS Mie s 21208 00: id - CRAIE DE LA GALICIE ORJENTALE. 193 Nagorzany. Lemberq. Cardium lineolatum Reuss.......... Ang ct id. id. RE LE(EE DT MN 1 AM ES UE id. id, LUCIna CCE ACER ANIME ICERREORS Pie) — id. AStirnte sis MONSEE PS Me MEN PER id id. Opis'biloculata Kner Sp. enr — id. Dé DTOUNEMUNISS Sp 12 ne MAX. id. id. LENS NUE AO AGE PAT À LE _ id. GE ATTEINTE RRE AE RRR SE — id. 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Pecten acute-plicatus Alth................. — id. Leopoliensis Ah. 2%21,04.,4. 2,220 — id. SIACDENNDNE DE. el Ce nee -— id. SÉMARUITAUS AÎE. 2... 0e APE — id. SDHERCISUSAON SD Le "et — id. AHÉS PS TIMES CURE RES id. —— Gal Do SD... Lee id. — AMNOMaSD Er Et + TER -- id. EXCISNS PUSOR CE Ait «el id. — Janira quadricostata SOW. Sp. ............ — id. striato-costata Goldf. sp............ id. — Spondylus Dutempleanus d'Orb. ........... _ id. Dsieavestulanis Tamer. Aer. id. id. hippopodium Nilss. ........... — id SAUTER Me PP NT id id ER OC D PAU RS A RTE id id curvinasinis Dilss: 0 name " —— id. AR EMOI RENE PEER : — id. lineula planulat Ath. 2.5.6, — id. MAS DUDUS (SEM ut : de id. — Terebratella Zeiszneri Alth... ........... — id. Terebratulina chrysalis Schloth. sp......... — id. CASA ERA ES RUE. ne id. — Terebratula carnea Sow................. : id. id. DHÉRA SD nr acie à se id. id. Rhynchonella plicatilis Sow. sp. .......... HAE: id. limbata Schloth. Sp. : .: ...:....... id id. Megathyris decemplicata Alth.............. — id. Crania palmicosta Plach............. 0 — id. Cette faune a déjà été l’objet de l'étude de divers sa- vants parmi lesquels je citerai en première ligne M. Kner et M. Alth. Leurs travaux m'ont été d'une grande utilité, quoique j'aie dû m'écarter sur bien des points des opi- CRAIE DE LA GALICIE ORIENTALE. 125 nions émises par ces paléontologistes. M. Alth mdique dans l’ensemble de cette faune onze espèces ayant tra- versé toute la période crétacée, cinq retrouvées seule- ment dans le gault, et un grand nombre communes à divers étages des terrains crétacés supérieurs. M. d’Ar- chiac se fondant sur la présence dans les listes de fas- siles d'espèces telles que le Nautilus elegans Sow., le N. Bouchardianus &'Orb., le N. simpler Sow., le N. Fleu- riausianus d'Orb., l'Avellana cassis d'Orb., la Natica excavata Mich., en tirait la conclusion suivante ! : « Les « marnes des environs de Lemberg ont été comparées « aux couches de Lemforde et de Haldem (Westphalie), « mais les fossiles que nous venons de citer doivent les € faire placer dans le véritable pläner. » Dans la des- cription que j'ai donnée de cette faune, j'ai montré qu'un orand nombre de fossiles déterminés comme des es- pèces appartenant à des horizons imférieurs, sont ou des espèces nouvelles, ou des espèces de la craie blanche qui ont été méconnues. Ainsi, j'ai constaté que le Nautilus elegans de M. Kner est le N. nterstriatus, belle espèce déerite en 1863 par M. de Strombeck, et qui n'avait pas encore été figurée ; le N. Bouchardianus est devenu le N, Dekayi Mort. : les avellanes et les natices se distin- tinguent très-bien des espèces citées plus haut, et ont dû recevoir des noms nouveaux, etc. La liste de fossiles que je viens de donner indique évi- demment que le terrain crétacé de la Galicie appartient à la partie supérieure de la craie blanche, c’est-à-dire à la partie inférieure de la craie à Belemmnitella mucronata. dont la partie supérieure forme l'étage danien de d’Or- bigny ou la craie süpérieure. Cependant plusieurs es- 1 Histoire des progrès de la géologie, t. V, 2e partie, p. 332. 126 CRAIE DE LA GALICIE ORIENTALE. pèces de cette faune se retrouvent dans la craie à Belem- mitella quadraia et dans la craie à Mcraster corangqui- num ; un très-petit nombre sont communes à des hori- zons inférieurs à ce dernier; un plus grand nombre ont prolongé leur existence pendant le dépôt de la craie su- périeure, La mer crétacée occupait alors en Europe la partie sud-est de la Grande-Bretagne, gisement principal Nor- wich:; le bassin de Paris où cet horizon est connu sous le nom de craie de Meudon: le Limbourg et le Hainauit en Belgique : la Westphalie dans laquelle les gisements de Haldem et de Lemforde présentent une faune très-riche de la même époque; le Hanovre où les gisements les plus remarquables sont ceux de Ahlten et du Zeltberg près de Lunebourg : le Danemark où les dépôts de cette époque forment les falaises des îles de Mœn et de Seeland:; la Scanie en Suède, avec les gisements connus de Kœæ- pinge, Balsber£, fo et Kjugestrand: une partie de la Po- méranie, particulièrement File de Rugen et celle d'Use- dom. Cette mer S'étendait au sud dans la Pologne, en contournant le grand massif de la Bohême, et se pro- longeait dans la Galicie le long du versant septentrional des Carpathes; c'est là que vivait la faune nombreuse dont je viens de faire l'étude ; elle a pénétré dans la Rus- sie méridionale, et a laissé des dépôts bien caractérisés dans la Crimée, dans les bassins du Donetz et du Don, surtout à Uspenk, dans les provinces de Kharkof et de Kursk, et dans les environs de Simbirsk sur la rive droite du Volga: elle s'étendait même à l’est de ce fleuve, et on en trouve les traces sur les rives de lOural et sur celles de l'Emba, un des affluents de la mer Cas- pienne, Plus au sud, elle occupait la région du Caucase » CRAIE DE LA GALICIE ORIENTALE. 127 où sa présence à été constatée sur plusieurs ponts, soit dans la partie occidentale de la chaine, soit dans le Dag- bestan. L'Espagne, l’ouest et le sud de la France, le sud de l'Allemagne et la Bohême formaient à cette époque un continent non interrompu. Au sud de cette région, on trouve des dépôts appartenant au même horizon, dans les Baléares et dans les Alpes; on ne peut méconnaitre leur présence dans le massif de la Grande-Chartreuse et dans la vallée d'Entremont,. où l’on a trouvé la Belemnitella mu- cronala, VOstrea vesicularis. Ananchytes ovata, ete. Les calcaires crétacés de la Savoie et la partie supérieure du Seewerkalk des Alpes suisses sont peut-être une prolon- gation du même terrain: c'est du moins ce que semble prouver la découverte de l'Ananchytes ovala dans plusieurs localités. Dans les Alpes de la Bavière et les Alpes autri- chiennes, la craie prend un autre caractère, et devient très-riche en fossiles: les couches de Gosau forment une série de terrams encore mcomplétement définis: mais la partie supérieure de ces couches appartient d’une ma- nière certaine au même horizon; les fossiles indiqués plus haut se trouvent, avec d’autres espèces caractéristiques, dans la Bavière et le Tyrol septentrional. Hors de l'Eu- rope, l'Amérique du Nord parait posséder seule, jusqu'à aujourd'hui, des dépôts du même âge. La craie de la Galicie a un assez grand nombre d’es- pèces communes avec celle du bassin de Paris. Elle a cependant une ressemblance minéralogique et paléonto- logique beaucoup plus grande avec les dépôts du nord de l'Allemagne et de la Scandinavie. La craie de Haldem en Westphalie est celle qui a le plus de rapport avec le terrain dont nous nous occupons, Après la craie de Haldem. 128 CRAIE DE LA GALICIE ORIENTALE. la craie du Hanovre, celle de l'île de Rugen, celle de la Seanie et celle du Limbourg offrent le plus grand nom- bre d'espèces identiques à celles de la Galicie. La proportion des espèces communes entre la craie de Nagorzany et les principaux gisements de la craie à Belemnitella mucronata est la même qu'entre la craie de Lemberg et ces mêmes gisements: c'est là une nou- velle preuve de la contemporanéité des dépôts de ces deux localités. Depuis le dépôt de cet horizon de la craie, le mouve- ment presque général d'exhaussement du continent eu- ropéen , dont l’origine remonte à une époque bien anté- rieure, à continué, et la formation de la craie supérieure a commencé à s’opérer. On la trouve par lambeaux, for- mant le calcaire à Baculites du Cotentin, le terrain mæs- trichtien du Limbourg et du Haïnault, la craie de Igna- berga en Suède, le calcaire pisolitique du bassin de Paris, la craie de Mæstricht et celle de Faxæ. Ces dépôts, dont les trois premiers sont, d’après M. Hébert, plus anciens que les derniers, occupent une étendue très-restreinte. Ils ont encore des rapports paléontologiques frappants avec la craie blanche supérieure et renferment plusieurs espèces caractéristiques de ce terrain. Je me bornerai à citer les suivantes : Belemnitella mucronata, Nautilus Dekayi, Scaphites constrictus, Baculies Faujasi, Turbo tuberculatocinctus, Pecten membranaceus. P. pulchellus. Janira quadricostata, Ostrea vesicularis, Terebratula car- nea, T.obesa, Rhynchonella limbata. SUR L'ILLUMINATION DES CORPS TRANSPARENTS M. J.-L. SORET Dans une Note publiée il y à quelques mois ‘, j'ai si- onalé l’analogie qui existe au point de vue de la polari- sation entre la lumière du eiel et celle de Feau. L'idée de ces recherches m'avait été suggérée par les belles observations de M. Tyndall sur les propriétés optiques des substances à l’état de nuage. Comme les gaz dans lesquels flottent des particules très-ténues, l’eau et d’autres liquides s’illuminent par le passage de la lumière, c’est-à- dire qu'une partie de cette lumière est renvoyée dans toutes les directions, et présente des propriétés de pola- risation tout à fait comparables à celles que l’on observe dans le cas des gaz. Jai naturellement supposé que la cause première de ces phénomènes est la même, quel que Soit l’état du corps transparent, et que lillumination des liquides provient de la présence de corpuscules en sus- pension. Depuis lors M. Alex, Lallemand a fait à l’Académie des Sciences plusieurs communications sur lillumination des corps transparents ; mais il n’attribue pas ce phénomène à la même origine que moi, Il reconnaît bien que pour les ! Sur la polarisation de la lumière bleue de l'eau, Comptes rendus de l'Acad, des Sciences, 19 avril 1869, tome LXVIIE, p. 911, etArchives des Sciences phys. el natur., mai 1869, tome XXXV, p. 54. © M. le professeur Hagenbach à bien voulu me communiquer récem- ment une Note sur le même sujet. On la trouvera à la suite du présent mémoire. ARCHIVES, ft. XXX VIT. Février 1870. 10 150 SUR L'ILLUMINATION gaz 11 doit être produit par une réflexion sur des particules très-ténues; mais pour les liquides et les solides, 11 pense qu'il résulte d'une propagation latérale du mouvement vibratoire de léther. Je ne saurais mieux faire connaitre les arguments que M. Laliemand donne à l'appui de son opinion, qu'en re- produisant textuellement les Notes qu'il a publiées, et qui, du reste, relatent un grand nombre d'expériences et de faits très-intéressants. re NOTE DE M. LALLEMAND. Recherches sur lillumination des liquides par un es de lumière neutre où polarisée *. « Lorsqu'on illumine, par un faisceau de rayons solaires, différents liquides, on observe des phénomenes variés qui dépendent de la nature de la substance employée : et, à ce point de vue, les liquides se divisent en trois catégories. Les uns n’ont pas de fluorescence appréciable et ne possèdent pas de pouvoir rotatoire: les seconds sont plus où moins fluorescents, el, comme les premiers, n'exercent aucune de- viation sur le plan de polarisation de la lumière imcidente : les derniers sont ceux qui ont un pouvoir rotatoire molécu- laire, auquel vient s'ajouter souvent une fluorescence assez énergique. Je vais résumer, le plus brièvement possible, le résultat de mes expériences sur ces trois classes de corps, et les conclusions importantes qu'il me semble permis d'en tirer. « Le liquide est introduit dans un large tube de verre. fermé à ses deux extrémités par des glaces parallèles. Le tube, placé horizontalement dans une chambre obscure, re- ! Comptes rendus, 19 juillet 1869, tome LXIX, p. 189. DES CORPS TRANSPARENTS. 131 coit dans la direction de son axe un faisceau de rayons s0- laires, réfléchi par un miroir métallique et rendu légèrement convergent par une lentille achromatique à long foyer: un large prisme de Foucault, interposé au besoin sur le trajet du faisceau, sert à polariser la lumière dans un plan déter- miné. - « Supposons que le tube renferme de l’eau pure, et qu'on opère d’abord avec de la lumière'neutre, ou du moins ne possédant que la polarisation elliptique due à la réflexion des ravons solaires sur le miroir argenté. En regardant le tube dans une direction transversale, on constate que l’eau s’illu- mine. et, si l’on dirige un analyseur biréfringent, un Nicol par exemple, normalement à laxe du faisceau et dans un azimut quelconque, on reconnaît que l'extinction est com- plète quand la section principale du prisme est parallèle à l’axe du tube: c'est-à-dire que la lumière émise par l’eau. dans une direction quelconque normale à l’axe du faisceau, est entièrement polarisée dans un plan passant par l’axe. En inclinant le Nicol sur l’axe dans les deux sens, lextinction n’est plus complète, la lumière est partiellement polarisée, et d’autant moins que l’inclinaison est plus grande. « Si la lumière incidente est polarisée par le prisme de Foucault dans un plan horizontal, le phénomène change : à la simple inspection du tube, on reconnait qu'il n°v a ilumi- nation que dans une direction horizontale : en regardant de haut en bas ou de bas en haut, l'obscurité est complète. On reproduit ainsi, avec un milieu homogéne parfaitement trans- parent, la belle expérience que M. Stokes à suggérée à M. Tyndall, dans ses recherches sur les condensations nuageuses que la lumière électrique détermine au sein d’un milieu ra- réfié renfermant des vapeurs décomposables. Mais la conclu- sion qu’on en peut tirer est bien différente. Tandis que, dans l'expérience de M. Tvndall, l’illumination doit être attribuée à un phénomène de réflexion sur des particules solides ou liquides extrêmement ténues : avec un milieu transparent et 132 SUR L'ILLUMINATION homogène comme l’eau récemment distillée, on ne peut plus invoquer un effet de réflexion parliculaire, c’est une véri- table propagation du mouvement vibratoire au sein de l’é- ther condensé du milieu réfringent qui a lieu exclusivement dans le plan de polarisation de la lumière incidente et dans toutes les directions ; et ce qui le prouve, c’est la manière dont se comporte cette lumière avec un Nicol analyseur. En plaçant le Nicol horizontalement et dans une direction nor- male à l’axe du tube, on constate que la lumière émise trans- versalement est complétement polarisée, et si l'on imcline l’analyseur sur l’axe du tube, on reconnait que sous toutes les incidences la lumière émise est encore entièrement polarisée dans un plan horizontal. Pour éviter Finfluence perturba- trice de la réfraction et de la réflexion interne sur les parois du tube, il vaut mieux observer l’eau dans un flacon cylin- drique. et viser avec le Nicol l'axe du flacon dans toutes les directions horizontales. La polarisation dans le plan primitif est toujours totale. « Les deux expériences que je viens de rapporter consli- tuent d’abord une vérification expérimentale du principe d'Huyghens qu'on invoque, en particulier, dans explication des phénomènes de diffraction: et il me semble, en outre. que la seconde est une preuve visible de la direction du mou- vement vibratoire de l’éther dans un ravon polarisé. L’in- terférence des rayons polarisés et les phénomènes de double réfraction ont conduit à cette conclusion mathématique que les molécules éthérées vibrent dans le plan de l'onde et que dans un ravon polarisé les vibrations sont rectilignes el per- pendiculaires au ravon ; mais les lois expérimentales de la polarisation n’ont pas permis de décider l’importante ques- lion de savoir si, dans un ravon polarisé, la vibration est pa- rallèle où perpendiculaire au plan de polarisation. Dans l'expérience que je viens de citer, on voit que le mouvement vibratoire ne se propage pas normalement au plan et se pro- page au contraire en tous sens dans le plan de polarisation. DES CORPS TRANSPARENTS. 133 Les molécules éthérées vibrent donc perpendiculairement à ce plan, et ne peuvent propager dans cette direction que des ondes analogues aux ondes aériennes. qui, si elles existent, ne provoquent aucun phénomène lumineux. « Les acides azotique, chlorhydrique. l'inmmoniaque: elc., se comportent comme leau. L'expérience est surtout remar- quable avec le collodion : lorsque ce liquide est de prépara- tion récente el que. par la filtration ou la décantation, on la obtenu bien limpide, incolore et transparent, il S’illamime avec un grand éclat dans le plan de polarisation. tandis que dans la direction normale à ce plan. l’extinction est totale. La seule difficulté qu’offrent les expériences de cette nature, c'est celle qu’on éprouve à obtenir des liquides entièrement débarrassés de poussières ou corpuscules de diverses natures qui deviennent le siége d’une réflexion diffuse ou spéculaire et nuisent à la netteté du résultat. « Avec les liquides fluorescents. les phénomènes sont plus complexes. Si l’on met, par exemple, en expérience de l’eau pure tenant en dissolution des traces d’esculine ou de sulfate de quinine, et que le faisceau lumineux soit polarisé hort- zontalement. condition que je supposerai toujours réalisée dorénavant, le liquide observé verticalement s’illumine d’une teinte bleue uniforme, dont l'intensité va décroissant depuis Ja face d'incidence jusqu'à l'extrémité du tube. Cette lumiére est d’ailleurs neutre à l’analvseur. En visant dans une direc- tion horizontale, l'ilumination est bleue à l’origine du tube et devient bientôt blanche et même un peu jaunâtre vers l'extrémité opposée. Le Nicol montre que cette Jumière est partiellement polarisée dans le plan primitif. el. dans la po- sition d'extinction. laisse persister une teinte bleue, identique à ceile qu'on observe directement au même point en visant de haut en bas. L'analvseur permet ainsi d'arrêter toute la lumière due à une propagation latérale. et ne laisse passer que la lumière neutre engendrée par la fluorescence. Ce pro- cédé offre un moyen commode d'isoler et d’analvser lillumi- nation due exclusivement à la fluorescence. #34 SUR L'ILLUMINATION « SI, au contraire, on fait précéder le tube à expérience d’une cuve renfermant le même liquide pius chargé d’escu- line ou de sulfate de quinine, qui arrête tous les rayons exei- tateurs violets ou ultra-violets, le liquide contenu dans le tube se comporte comme l’eau pure et parait complétement obscur dans le sens vertical. « Ce mode d'analyse conduit à des conséquences inatten- dues, et montre que la fluorescence est beaucoup plus com- muñe dans les liquides qu'on ne l'avait supposé. Si elle n'a pas été remarquée dans un grand nombre de liquides qui la possèdent. c’est que tous les rayons du spectre sont suscep- tibles, dans certains cas, de provoquer le phénomène, et que la fluorescence du liquide, au Heu de se produire avec un maximum d'éclat et une couleur propre au contact de la face d'incidence. se manifeste dans toute la masse liquide que la lumière traverse et sans couleur propre bien tranchée. Pre- nons comme exemple le sulfure de carbone, rectifié sur de la chaux vive el mis en contact avec du cuivre réduit par Phvdrogène : il est alors parfaitement incolore, et, soumis à l’action des rayons polarisés, il s’illumine sur toute la lon- gueur du tube et dans tous les azimuts, d’une teinte blanche légèrement bleuâtre. En visant horizontalement avec un po- lariscope de Savart, on Y reconnait la présence d’un peu de lumière polarisée, tandis que, dans le sens vertical, la lu- nière émise est neutre, entièrement due à la fluorescence, et l’analvse spectrale v révèle toutes les couleurs prisma- tiques. « Eu opérant avec une lumière homogène, on reconnait, en eflet. que les ravons rouges excitent dans le sulfure de carbone une fluorescence rouge. et qu’en définitive les atomes de ce liquide peuvent vibrer sous l'influence de tous les rayons lumineux du spectre et émettre ensuite, dans toutes les directions, de la lumière neutre de même réfran- gibilité où d'une réfrangibilité très-peu différente. Un grand nombre de liquides d’origine organique. les carbures d’hy- DES CORPS TRANSPARENTS. 139 drogène en particulier, se comportent comme le sulfure de carbone, et je me borne, pour le moment, à indiquer un mode d'analyse et d’étude de la fluorescence des liquides qui constitue un long sujet de recherches que j’ai encore à peine effleuré. « Ce que j'ai dit plus haut de lillumination des liquides, par propagalion latérale directe des vibrations lumineuses dans léther condensé des milieux réfringents, fait pressentir les curieux etfets qu'offrent les liquides doués du pouvoir rolatoire, quand on les soumet à lPaction du faisceau pola- risé. Qu'on prenne un long tube rempli d'une solution con- centrée de sucre de canne, et qu'on Pillumine d’abord avec une lumière rouge homogène, la solution n’avant pas de fluorescence sensible, si l’on regarde le tube verticalement dans le voisinage de l'incidence. 11 parait obscur. Dans une direction horizontale. au contraire. il émet une vive lumiére: mais, en l'éloignant de la face d'incidence, on remarque qu'il faut tourner autour du tube. de gauche à droite, et viser dans une direction de plus en plus inclinée, pour aper- cevoir la bande illuminée, et si Fon trace sur le tube la di- rection movenne de cette bande, on vérifie que cette direc- üon est une hélice, dont le pas est justement représenté par la longueur de la colonne du hquide actif qui ferait tourner le plan de polarisation de la lumière incidente de 360 de- grés : la longueur du pas diminue quand la réfrangibilité de la lumière augmente, suivant la loi approximative donnée par Biol: et si la lumière incidente est blanche, loutes les hélices lumineuses superposées à l’origine du tube se sépa- rent bientôt, et donnent une illumination latérale prismati- que de l'effet le plus curieux. Si l’on dirige le ra\on visuel de gauche à droite, autour d’une section déterminée du tube, on voit les teintes mixtes se succéder dans l’ordre de réfran- gibilité. En visant, au contraire. dans la direction d'une gé- néralrice du cylindre, et en allant de l'origine du tube à son extrémité. on observe de méme la succession des nuances 136 SUR L'ILLUMINATION prismatiques et pour certains azimuts: on comprend que cette succession est identique à celles des teintes qu’on ob- serverait avec l’analvseur bi-réfringent, placé sur le trajet du faisceau émergent. Malgré les prévisions théoriques qui in- diquaient ce résultat, on est surpris de voir le faisceau émer- gent du tube entiérement incolore, tandis que les parois du tube brillent des plus vives couleurs changeantes, avec l’azi- mul suivant lequel on regarde. En supprimant le polariseur. cette illumination prismatique, qui donne au tube les reflets de l’opale, disparait instantanément. L'essence de térében- thine se comporte de la même maniére, avec cette différence que la rotation vésible du plan de polarisation s'opère de gauche à droite, et que lillumination latérale, qui, dans ce cas. conduit à tracer sur Le tube des hélices gauches. est com- pliquée d’une fluorescence sensible. « Tel est Le court résumé de mes recherches. qui sont loin d'être achevées. Je ne puis rien dire encore des milieux so- lides transparents, amorphes ou cristallisés, qui exigent une mise en œuvre spéciale: j'ai voulu. avant tout, exposer les premières conséquences d’une méthode d'observation que je me réserve de poursuivre. » me NOTE DE M. LALLEMAND. Etude des phénomènes qui accompagnent l'üllumination d'un liquide non fluorescent *. « Le résumé de mes recherches sur lillumination des li quides. que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie dans la séance du 19 juillet. renferme des conclusions qui pour- raient sembler prématurées. si je n'insistais sur quelques détails dont je n'ai pas fait mention dans ma première Note. L’illumination latérale de l'eau pure dans le plan de polari- sation. quand elle est traversée par nn faisceau de ra\ons so- 1 Comptes rendus, 26 juillet 1869, tome LXIX. p. 282 DES CORPS TRANSPARENTS. 437 laires polarisés, son obscurité complète dans une direction normale à ce plan et la polarisation de la Inmière émise transversalement m'ont conduit à envisager cette expérience comme une preuve de l'hypothèse de Fresnel sur la direc- lion des vibrations dans un ravon polarisé, et en même temps comme une démonstration du lemme d'Huyghens. Une analyse plus complète du phénomène va justifier plus rigoureuse- ment les déductions auxquelles je suis arrivé. « Parmi les divers modes d’expérimentation qu'on peut employer, le suivant est très-simple et rendra plus concise l'interprétation des résultats de l’observation. « Supposons qu'un liquide non fluorescent soit enfermé dans un ballon de verre sphérique, à parot mince, et traversé suivant un diamètre horizontal par un filet de lumière so- laire, polarisée elle-même horizontalement. On vise alors in- variablement le centre du ballon au travers d’un tube noirci et suivant un diamètre quelconque. Le résultat de cette pre- inière épreuve, c’est qu'il ÿ a lumière émise avec des inten- sités variables dans tous les sens, excepté suivant la direction rerticale. Autour de cette direction, l'intensité de la lumière émise va croissant avec l’inchinaison. et devient maxima quand le tube a atteint une position horizontale. Ce maxi- um lui-même est variable avec l’azimut dans lequel le tube se trouve situé, et d'autant plus grand que l'angle de cet azimut avec le plan vertical passant par l'axe du filet Inmi- neux esf plus petit. « En adaptant au tube mobile qui sert à la visée un Nicol analvseur, on constate que la lumière émise dans une direc- tion quelconque est toujours entiérement polarisée : quel que soil l’azimut dans lequel le tube se trouve placé. l'extinction a invarablement lieu quand la section principale de l'analy- seur est normale à cet azimut: c'est-à-dire que le plan de polarisation de la lumière émise est constamment perpendi- culaire au plan azimutal qui contient les ravons émergents. « Ces variations d'intensité et cette direction variable du 438 SUR L'ILLUMINATION plan de polarisation de la lumière émise sont inconciliables avec l'hypothèse d’une réflexion particulaire, et s'expliquent au contraire très-simplement, si l’on admet que les vibra- tions éthérées du milieu réfringent sont normales au plan de polarisation de la lumière incidente et se propagent ensuite au sein de ce milieu dans toutes les directions. Une vibration verticale peut être, en elfet, remplacée par deux vibrations composantes, l’une dirigée suivant lPaxe de l’analvseur qui ne produit aucun effet lumineux, et l’autre perpendiculaire à cet axe. Cette dernière composante est celle qui engendre la lumière propagée dans la direction de Panalvseur. « Considérons, en particulier, l’azimut normal au faisceau luinineux : il est évident que, dans cel azimut, l’intensité de la lumière émise variera comme le carré du cosinus de l'angle que fait le rayon émergent avec sa projection hori- zontale. Dans un autre vertical, faisant avec ce dernier un angle déterminé, l'intensité dépendra de la profondeur du faisceau lumineux suivant la direction du tube de visée, el. si le filet de lumière incident est cylindrique et très-délié, on peut admettre que cette intensité est proportionnelle à cette profondeur. Elle est représentée par le diamètre va- riable d’une ellipse dont les axes sont déterminés. On à en- core tous les éléments nécessaires pour caleuler l'intensité des rayons émis, el il est évident que lexplication du phé- nomène, au point de vue où je me suis placé, comporte une vérification photométrique. Je ne suis pas encore préparé pour des recherches aussi délicates. Néanmoins quelques tentatives imparfaites m'ont prouvé que les variations obser- vées suivent très-sensiblement la lot indiquée par la théorie. « L'expérience, telle que je viens de l’analyser, n’en con- conserve pas moins sa valeur démonsirative. et j'ai la con- fiance qu'un mode d’expérimentation mieux approprié à des mesures photométriques viendra confirmer mes prévi- sions. » DES CORPS TRANSPARENTS. 159 Ilime NOTE DE M. LALELEMAND. Sur lillumination des corps transparents par la lumuere polariséee *. « Le résumé de mes premières recherches, inséré dans les Comptes rendus des 19 et 26 juillet dernier, ne mentionne que les faits relatifs à lillumination des liquides. Depuis lors, Jai pu soumettre à l’épreuve quelques solides transparents, et les résultats de l’observation conduisent aux mêmes con- clusions. | « Le mode d’expérimentation reste le méme : le solide, taillé en cube ou en prisme droit, et poli sur toutes ses faces, est traversé dans une direction normale à deux faces paral- lèles par un faisceau polarisé horizontalement. En opérant d'abord sur divers échantillons de verre blanc, à base de soude ou de potasse, on reconnait, en visant {oujours norma- tement à l’axe du filet lumineux, qu'il v a un maximum d'illu- minalion dans une direction horizontale ; la lumière émise est blanche, donne au spectroscope les principales raies du spectre solaire, et est entièrement polarisée dans un plan horizontal, si le verre sur lequel on opère n’a pas de fluo- rescence sensible. En visant au contraire dans une direction verticale, l’illumination est nulle. Mais, le plus souvent, le verre est un peu fluorescent. et, dans la direction verticale, présente une trainée lumineuse dont la teinte varie avec l'échantillon. Cette lumière colorée est d’ailleurs neutre au polariscope, et l'analyse prismatique n°v décèle aucune des raies du spectre solaire. « Le cristal s'illumine avec beaucoup plus d'intensité que le verre, et possède en même temps une fluorescence très- énergique. Les variétés de cristal pesant dont on fait les prismes irés-dispersifs sont remarquables sous ce rapport. Dans la direction normale an plan de polarisation, la lumière ! Comptes rendus, 25 octobre 1869, tome LAIX, p. 917. 4140 SUR L'ILLUMINATION fluorescente apparait avec une belle teinte verte ou vert-jau- nâtre, dontle spectre continu ne renferme pas les rayons lumi- neux extrêmes. Dans le plan de polarisation. l’illumination est très-vive, la traînée lumineuse est blanche, et, quand on l’éteint avec un analvseur, on voit apparaitre la teinte verte caractéristique de la lumière fluorescente. On reconnait du reste aisément que les rayons excitateurs de la fluorescence dans le cristal appartiennent à la partie la plus réfrangible du spectre solaire, et que Les ravons rouges et orangés ne donnent aucun effet appréciable. Ce mode d’expérimentation me parait éminemment propre à étudier le verre el le cris- tal au point de vue de leurs qualités optiques, car, indépen- damment de lillumination latérale et de la fluorescence, le faisceau Iumineux accuse aussi tous les défauts d’homogé- néilé de Ja matière. Parmi les substances cristallisées sur les- quelles j'ai pu faire des observations, Le spath fluor incolore el transparent se comporte comme le verre, avec cette diffé- rence que la trainée de lumière fluorescente est d’un beau violet. Le sel gemme et le spath d'Islande ne s'illaminent pas d'une manière sensible sur le trajet du faisceau lumi- neux. On sait pourtant, d’après les travaux de M. Edmond Becquerel, que ces substances sont phosphorescentes, et qwelles donnent au phosphoroscope une lueur orangée. Mais c'est alors une-1llumination générale que la lumière excite dans toute la masse, et qui n’est pas plus vive sur le trajet des rayons qu’en tout autre point. Quant à l’illumination par propagation directe du mouvement vibratoire, elle n’est pas appréciable : il faut remarquer, en effet, que ces deux sub- stances sont très-perméables à toutes sortes de radiations, et qu’il existe pour chaque corps transparent et pour chacune des radiations simples un coefficient d'ilamination complé- mentaire du coefficient de transmission. « C’est là, en effet, une conséquence de mes recherches. qu'il importe de signaler. Lorsqu'un milieu transparent n’a pas de fluorescence sensible, l'absorption partielle d’une ra- w DES CORPS TRANSPARENTS. 141 diation simple par une épaisseur déterminée de ce milieu résulte de la propagation latérale du mouvement vibraloire qui lui correspond : on s'explique alors la fonction exponer- tielle par laquelle on représente la quantité de lumière transmise, et que les expériences de MM. Jamin et Masson ont justifiée. Lorsqu'une fluorescence énergique vient S’'ajou- ter à l’illumination par propagation directe du mouvement lumineux, le phénomène de l'absorption se complique, et il est évident que, pour certaines radiations, la loi de labsorp- tion. telle qu’on la formule, devient inexacte et n'a plus qu’une valeur approximative. Il ne faut donc pas s'étonner que le sel gemine et le spath d'Islande aient un coefficient d’illumination extrêmement faible. Il en est de mème pour le cristal de roche. « Lorsque le faisceau lumineux traverse cette substance perpendiculairement à laxe, sa trace est invisible dans lin- térieur du cristal, et lorsqu'elle apparait, ce n’est que pour trahir un défaut d’'homogénéité, des failles cristallines sur les- quelles s’opère une réflexion spéculaire. C’est ce qu’on ob- serve particulièrement dans le quartz enfumé, en apparence le plus homogène, où il m'a été impossible, à cause de cette circonstance, de reconnaitre uue illumination bien pronon- cée. Lorsque le filet lumineux traverse un prisme de quartz hvalin suivant Son axe optique, la rotation du plan de pola- risation, variable pour chaque couleur simple, devrait déve- lopper, sur une très-faible épaisseur, cette coloration prisma- tique latérale qu'offre un tube rempli d’eau sucrée. On n'ob- serve pourtant rien de semblable. Le quartz est la substance transparente par excellence: et en même temps que soi coefficient d'illumination est extrêmement faible, sa fluores- cence est nulle, « Mais s'il est impossible de manifester directement sur le quartz. par le fait de lillumination, la rotation du plan de polarisation, on y réussit aisément en l’associant à une sub- stance non fluorescente et dont le coefficient d'illuminalion 142 SUR L'ILLUMINATION soil très-élevé. Le collodion non ioduré, incolore et bien lransparent. est précieux pour cette expérience, Lorsqu'une auge cylindrique remplie de ce liquide est vivement 1luminée par un filet de lumière solaire polarisée horizontalement, et que, dans une direction verticale, il est obscur, il suffit d'in- terposer sur le trajet du rayon une lame de quartz perpendi- culaire à l'axe, pour voir apparaître aussitôt la lumière dans cette direction. Si la lumière incidente est homogène, la bande horizontale qui présente le maximum d’illumination se déplace de haut en bas ou de bas en haut, suivant que le quartz est droit où gauche. Le déplacement angulaire esl d’ailleurs égal à la rotation qu'il faudrait imprimer à un ana- lyseur biréfringent placé sur le trajet du faisceau pour étein- dre lune des deux images. Avec la lumière blanche et un quartz qui donnerait à l’image éteinte de lanalyseur la teinte rouge. on voit dans la direction verticale apparaître une illumination de même nuance, tandis que dans la direc- tion horizontale lillumination blanche est remplacée par une bande colorée de la teinte verte complémentaire. Entre ces positions extrêmes, le cvlindre de collodion offre toutes les teintes intermédiaires, indiquant par leur ordre de succession le sens de la rotation. « En disposant sur le trajet du faisceau émergent un Nicol analyseur, suivi d'un prisine à réflexion totale, on peut com- parer simultanément la teinte de l’image que donne lanaly- seur dont la section principale à été déviée d’un certain an- ele et celle que présente le collodion dans le méridien correspondant: on reconnait alors que, dans tous les cas, ces deux teintes sont identiques. C’est la confirmation la plus ri- goureuse des conclusions théoriques que j'ai formulées dans ma Note du 26 juillet. Si. en effet, l'intensité de la lumière émise normalement au faisceau varie proportionnellement au carré du cosinus de l'angle que fait la ligne de visée avec le plan de polarisation du ravon incident, les formules de Biot, qui servent à calculer. d'après la règle de Newton, la DES CORPS TRANSPARENTS. 143 comparaison des teintes de l’une des deux images de l’analy- seur biréfringent, s'appliquent rigoureusement à la détermi- nation des nuances successives que présente le collodion illuminé entre deux méridiens rectangulaires. Une petite auge cylindrique. contenant un liquide non fluorescent, ou bien un cylindre de flint-glass. fonctionnent dès lors comme un véritable analvseur, el peuvent, comme lui. mettre en évi- dence le pouvoir rotaloire du cristal de roche ou de toute ‘autre substance douée de la même propriété. J'ai du reste exécuté déjà quelques vérifications photométriques, qui dé- montrent la loi du cosinus que je viens de rappeler. en même temps qu'elles justifient de la manière la plus directe lhypo- thèse de Fresnel sur la direction du mouvement vibratoire de l’éther dans un rayon polarisé, » | Dans les recherches que j'ai faites, soit avant, soit après la publication de ces Notes, j'ai eu Foccasion de vérifier une grande partie des expériences qui y sont décrites. Je suis Constainment parvenu aux mêmes résultats : ainsi je ne conteste point les faits d'observation. Mais je cesse d'être d'accord avec M. Lallemand, en ce qui concerne l'explication théorique de ces faits: je crois toujours que la cause générale et prépondérante des phénomènes d'il- lumination réside dans la présence des particules hétéro- gènes répandues dans le milieu transparent. Avant d'exposer les raisons sur lesquelles jappuie cette opinion, j'indiquerai quelques objections que me parait soulever l’idée d'une propagation du mouvement vibratoire de l’éther dans toutes les directions. En premier lieu, cette idée semble contraire à la ma- nière dont on explique, dans la théorie des ondulations, [44 SUR L'ILLUMINATION le fait que la lumière se propage en ligne droue dans un milieu homogène. Dans toutes les directions qui s’écar- tent sensiblement de celle du rayon, il doit ÿ avoir annu- lation par imterférence des vibrations de léther, quelle que soit la densité de ce dernier, De plus, même en admettant que le principe ne füt pas rigoureusement exact, et qu'une quantité sensible de lumière füt renvoyée latéralement dans les milieux où l’éther est plus condensé, il semble que l'intensité de Pillumination devrait croître régulièrement avec la den- sité de léther, c'est-à-dire, à mesure que l’on opère sur des corps de plus en plus réfringents. Or l'eau, dont l'indice de réfraction est 1,33, a, suivant M. Lallemand, un coefficient d'illumination faible, mais cependant no- table; ce coeflicient est plus où moins sensible pour le crown-olass dont Pindice est 4,52 environ; il devient nul pour le sel semme et le quartz dont indice est 4,5%: il est très-considérable pour le flint-olass, dont l'indice a une valeur de 4,57 et au-dessus. . Dans sa troisième Note, il est vrai, M. Lallemand cher- che à expliquer le fait que le quartz ou le sel semme ne s'illuminent pas d’une manière sensible, en admettant que le coefficient d'illumination est complémentaire du coefficient de transmission, et que Fabsorphon partielle d'une radiation simple par une épaisseur déterminée d'un milieu, résulte de la propagation latérale du mouvement vibratoire qui lui correspond. Mas alors ce n’est plus la densité de léther, mais bien la nature du corps, d’où dé- pend cette propagation latérale. Les corps qui s’illumi- nent jouiraient ainsi d’une propriété spéciale : les radia- tions absorbées n’y produiraient pas une élévation de température comme c’est habituellement le cas; mais elles DES CORPS TRANSPARENTS. 145 seraient immédiatement réémises sous la forme de rayons visibles. Cetté propriété se rapprocherait beaucoup de la fluorescence : elle en différerait seulement par le fat qu'il n'y aurait pas de changement, ou au moins pas de changement notable de réfrangibilité, et par des carac- tères de polarisation n’existant pas dans la lumière émise par les corps fluorescents ordinaires. — On verra toute- fois, plus bas, que M. Lallemand ne renonce pas à ad- mettre une influence directe de la densité de léther. Je désire encore faire ici une réserve : comme l'auteur des Notes reproduites plus haut, j'ai trouvé qu'en opc- rant sur les corps fluorescents tels que le verre d’urane et différents autres verres, la lumière émise transversa- lement n’est pas polarisée; mais Je ne suis pas certain que l'inverse soit toujours vraie, et que de l'absence de polarisation on puisse légitimement conclure à la fluores- cence du milieu transparent, EXPÉRIENCES. Je vais maintenant rapporter les expériences que J'ai faites sur ce sujet, et qui me paraissent montrer que lil- lumination des corps transparents doit être attribuée à la présence de corpuseules répandus dans le milieu. 1. — Dans cette hypothèse, il est évident que plus un liquide non fluorescent sera dépouillé de particules hé- térogènes, moins son pouvoir d'illumination sera considé- rable, et que si l'on parvient à une élimination complète des particules, un faiscean lumineux ne produira plus de trace visible latéralement. Jai fait en ce sens de nombreux essais sur l’eau; et j'ai constamment trouvé que lorsque ce liquide s'illumine, ARCHIVES, & XXXVIL — Février 1870. 1 146 SUR L'ILLUMINATION il contient manifestement des particules en suspension. Pour les voir, 1l suffit, en opérant dans une chambre obscure, de faire tomber un faisceau de lumière oxyhy- drique, ou mieux de lumière solaire, sur le liquide placé dans un ballon ou un flacon de verre : en donnant à l’eau un léger mouvement giratoire, et en observant à la loupe la trace lumineuse, on voit passer dans le faisceau des par- ticules plus ou moins ténues près de sa sortie du flacon. Plus ces corpuscules sont rares et difficilement visibles, moins l'éclat de la trace lumineuse est apparent. L’ean fraichement distillée, ordinaire, c'est-à-dire dis- tüillée par ébullition, contient des particules nombreuses et relativement assez grossières: elle est même souvent in- férieure, sous ce rapport, à l'eau du lac de Genève que l’on a laissé reposer quelques jours après l'avoir recueillie avec som. Jai cherché à obtenir de l'eau plus claire par divers pro- cédés ; voici ceux qui m'ont donné les meilleurs résultats. a) On a commencé par distiller, dans un appareil en verre ou en platine, de l'eau à laquelle on avait ajouté un peu de permanganate de potasse pour détruire toutes les ma- tières organiques. Le liquide ainsi obtenu, que j'appelle- rai eau de première distillation, à été soumis à une se- conde distillation dans un alambic en verre. chauffé au bain-marie, en sorte qu'il n’entrait pas en ébullition, mais que la distillation S’effectuait lentement par évaporation superficielle : le liquide recueilli était notablement plus clair que leau de première distillation. Une troisième distillation au bain-marie a donné une eau que j’appellerai l’eau à@, dans laquelle la trace lumineuse est faible : en l’'observant à la loupe, on y distingue encore un grand nombre de particules très-ténues. DES CORPS TRANSPARENTS. 147 Il est inutile de dire que ces manipulations doivent être faites avec une grande propreté, et en évitant le plus possible la poussière. b) On à distillé, par évaporation superficielle, de Peau ordinaire à laquelle on avait ajouté un peu de permanga- pate de potasse, dans un alambic en platine chauffé au bain-marie. L'eau b recueillie, comparée à l’eau a donne une trace lumineuse plutôt un peu plus faible : elle con- tient des particules un peu plus grosses, mais plus rares ". ce) On a pris de l'eau de première distillation, et on l’a soumise à trois nouvelles distillations consécutives par évaporation superficielle, dans un alambic muni d'un cha- piteau en cuivre étamé. Ce chapiteau, dont la forme per- met de recueillir tout le liquide qui s’y condense, est dis- posé de manière à pouvoir être refroidi par un cou- rant d'eau, ce qui accélère beaucoup la distillation. L'eau obtenue, examinée immédiatement après lopéra- tion donnait une trace lumineuse plus visible que celle de l'eau a: elle contenait des particules plus grosses, scin- tillantes et irrisées. Mais plusieurs semaines de repos l'ont beaucoup améliorée : elle ne contient plus que de petites particules un peu seintillantes et difficiles à distinguer : son pouvoir d'illumination est notablement plus faible que celui de l’eau 4. d) De l'eau de première distillation a été placée dans un alambic en verre, relié par un raccord hermétique © La forme du chapiteau de lalambie en platine que j'avais à ma disposition se prêtail très-mal à la distillation par évaporation super- ticielle; Feau condensée retombait presque entièrement dans la chau- dière. L'opération était d’une extrême lenteur, et l'appareil n’étant pas hermétiquement fermé, il était à craindre qu'il ne s’y introduisit de la poussière : j'ai donc renoncé à faire plusieurs distillations suc- cessives. - 148 SUR L'ILLUMINATION à un ballon en verre servant de condenseur ‘, On à opéré la distillation par évaporation, en portant l’alambic à une température de 40 à 50° seulement, le ballon étant entouré de glace. Le chapiteau de Falambie, re- froidi au moyen d'eau et de glace contenues dans des sacs en caoutchouc, ne se réchauffe que très-peu au-des- sus de la température ambiante, On évite ainsi l’action que l’eau, au moment de sa condensation, exercerait sur le verre si elle était à une température élevée, — La dis- üllation s'effectue très-lentement; il faut plusieurs jours pour obtenir une quantité d'eau suffisante. Immédiate- ment après Sa préparation, le liquide recueilli avait re- marquablement peu de pouvoir d'illumination: au bout de quelques jours 1 a paru se gâter un peu, peut-être parce que le ballon n'était pas bouché à l'émeri, La trace lumineuse est devenue à peu près aussi visible que celle de l’eau €: on y distingue des particules un peu sentil- lantes, plus grosses que dans l’eau €, mais plus rares. e) On peut aussi obtenir d'assez bons résultats par filtra- tion au travers de substances à pores très-fins. Les filtres en papier ne conviennent pas sous ce rapport. Avec de l'amiante assez tassée pour que la filtration ne s'effectue que lorsqu'on fait le vide au-dessous de lentonnoir, on obtient de l’eau très-claire ; cependant elle contient tou- jours des particules très-scintüllantes, qui sont probable- ment de petits fragments d'amiante. — J'ai obtenu de meilleurs résultats avec un filtre en terre poreuse, A cet effet, un petit diaphragme de pile voltaïque a été adapté comme un bouchon au col d’un flacon en verre: un peu ! L'appareil avait été construit de manière que l'on püt y faire le vide pour hâter la distillation ; mais j'ai renoncé à ce procédé, car il est très-difficile d'éviter que la rentrée d'air, soit s’il y a des fuites, soit à la fin de expérience, n’améne pas des poussières dans le ballon x DES CORPS TRANSPARENTS. 149 de mastic rendait le joint hermétique et suffisamment solide. Le flacon portait une seconde tubulure latérale près du fond, par laquelle on introduisait l’eau de pre- mière distillation, en tenant le flacon renversé, de manière à le remplir presque complétement. On reliait ensuite la tubulure latérale avec une pompe foulante, puis on com- primait de l'air dans le flacon, de manière à exercer sur l’eau une pression de près d'une atmosphère; la filtration s’effectuait alors lentement. — Le liquide recueilli Sillu- nine à peu près au même degré que les eaux a et b. En lexaminant à la loupe, on y voit nager des particules moins fines que celles de l'eau @ et un peu scintillantes. f) Un repos prolongé suffit dans certains cas à rendre l’eau beaucoup plus claire, Nous avons déjà vu plus haut que Feau € S’était ainsi beaucoup améliorée, Il en est de même de l’eau du lac de Genève. Ainsi divers flacons ont été directement remplis de cette eau, soit près de Ge- nève. soit devant Évian ou Clarens: le liquide, comparé au bout de peu de jours à l’eau à, présentait une imfé- riorité notable; la trace lumineuse y était beaucoup plus marquée, et lon distinguait de nombreuses particules inégales et facilement visibles. Mais après un repos de plusieurs mois, l'eau du lac s’est considérablement amé- liorée; elle est devenue très-supérieure à l’eau a conser- vée de la même manière : elle est cependant inférieure à l’eau €, dont les particules, quoique un peu plus facile- ment visibles, sont en moins grand nombre. Au contraire les eaux 4, b, e ne paraissent pas “être modifiées par le repos. Il en est à peu pres de même pour de l'eau que J'avais obtenue par la fusion de neige fraichement tombée (28 oetobre 1869). Quoique la neige füt tres-propre, le Hi- 150 SUR L’ILLUMINATION quide recueilli était d’abord assez trouble; la trace d’un faisceau lumineux y était très-visible et n’était que par- tiellement polarisée. Un repos de quelques jours a bien rendu Peau relativement plus limpide, les phénomènes de polarisation sont devenus complets , mais la clarification a bientôt cessé de progresser. Après trois mois de repos, cette eau a encore un grand pouvoir d'illamination, et 1l est facile d’y distinguer une multitude de petites particules. Il est évident que ces différences proviennent de la na- ture et de la densité des corpusecules en suspension qui in- flue beaucoup sur la facilité avec laquelle ils se déposent. J'ajouterai ici, que, dans tous les essais qui ont été mentionnés, l'eau a été examinée dans le vase même où elle avait été recueillie, Le seul fait de transvaser le li- quide suffit généralement pour en modifier l'état et pour y introduire des particules où des poussières. L'ensemble des expériences rapportées jusqu'ici me parait prouver : d’une part, qu'il y à une relation incon- testable entre le degré auquel l’eau est susceptible de S'illuminer et la quantité de corpuscules qu'elle tient en suspension, et, d'autre part, qu'il est extrêmement diffi- ile d'arriver à purifier entièrement un liquide de manière à lui enlever toutes les particules hétérogènes qu'il peut contenir. I. — Inversement l'expérience montre que, lorsqu'on augmente beaucoup le nombre des particules en sus- pension, pourvu qu'elles soient suffisamment ténues, on augmente considérablement le pouvoir d'illumination de l’eau sans modifier les phénomènes de polarisation. Ainsi, en prenant de Peau a et en la maintenant pen- DES CORPS TRANSPARENTS. 154 dant plusieurs jours à une température voisine de 100 degrés dans un vase en verre (un alambic, par exemple), on obüent après le refroidissement un liquide qui paraît très-limpide à la lumière diffuse du jour. Mais, lorsqu’en opérant dans la chambre obscure, on y fait passer un fais- ceau lumineux, et qu'on lexamine à la loupe, on y distin- eue une multitude de particules à peu près de la dimen- sion de celles que contient l’eau 4, mais beaucoup plus serrées et nombreuses *. En même temps, la trace lumi- neuse à pris un éclat remarquable et incomparablement plus grand que celui de Feau ordinaire. Or avec ce liquide, chez lequel il serait difficile de con- tester que la cause principale de lillamination soit due à la présence de corpuscules en suspension, on observe tous les phénomènes de polarisation décrits par M. Tyn- dall et M. Lallemand. Voici entre autres une expérience assez frappante. On fait passer dans un ballon rempli de éette eau un faisceau lumineux horizontal et polarisé par son passage au trà- vers d’un prisme de Nicol. En regardant la trace à l'œil nu dans une direction horizontale £t perpendiculaire au faisceau, et en faisant tourner le Nicol polariseur, on voit, à chaque quart de révolution, apparaître et disparaitre la trace conformément à Fexpérience de M. Tyndall. Mais si au heu de regarder à lœil nu on regarde à travers un second Nicol tourné de manière que là section de ses pe- ütes diagonales soit horizontale, la trace n’est jamais vi- sible, queique position que l'on donne au premier Nicol, ce qui s'accorde tout à fait avec les résultats de M. Lallemand. De même le faisceau de lumière incident étant toujours ! La présence de ces particules doit sans doute être attribuée à L1 > 7 Paction connue de Peau sur le verre 452 SUR L'ILLUMINATION polarisé, par exemple dans un plan horizontal. on recon- nait que, quelle que soit la direction dans laquelle on re- garde la trace, la lumière émise est polarisée dans un plan comprenant le rayon visuel et Les lignes droites hori- zontales perpendiculaires au rayon visuel, en d’autres termes dans un plan normal à l'azimut. Le pouvoir d'illumination de ce liquide est assez con- sidérable pour permettre de faire facilement les expé- riences suivantes : On fait arriver un filet de lumière solaire sur un prisme ; puis on place le ballon contenant l’eau sur le passage du faisceau de rayons divergents et diverse- ment colorés qui sortent du prisme : la trace lumineuse présente alors toutes les nuances du spectre juxtaposées. On reconnait que la lumière émise ainsi est encore pola- risée, quelle que soit sa réfrangibilité. Si dans ces conditions on regarde la trace, le rayon vi- suel étant dirigé parallèlement aux arêtes du prisme, on distingue toutes les couleurs du spectre, comme nous venons de le dire; mas si le rayon visuel est dirigé perpendicularement aux arêtes du prisme, alors les dif- férentes couleurs se superposent et la trace paraît blan- che. Cette expérience, que lon peut du reste répéter avec de l’eau contenant des particules quelconques en sus- pension, donne une démonstration nouvelle et assez élé- gante de la recomposition de la lumière blanche. Les résultats auxquels je suis arrivé avec cette eau chargée de particules en suspension par un protédé par-. ticulier, s'obtiennent facilement en introduisant dans le liquide d'autres corpusecules. Si lon prend de Peau suffisamment claire, et qu'on y DES CORPS TRANSPARENTS. 153 produise un précipité très-léger, à l’aide de réactifs conve- nables, on reconnait que le pouvoir d'illumination aug- mente considérablement et que la lumière émise transver- salement présente les mêmes caractères de polarisation, pourvu que les particules en suspension soient suffisain- ment ténues, et qu'elles ne soient pas trop abondantes. C'est ce que j'ai observé dans un très-grand nombre de cas : par exemple, en versant dans de Peau ordinaire (eau du lac de Genève) quelques gouttes d’acétate de plomb, d’azotate d'argent, d'encre de Chine délayée, etc., etc. Il se produit souvent dans ces conditions des phéno- mènes de coloration remarquables, dont je me réserve de poursuivre l'étude. Je ne rapporterai pas ici toutes les expériences que j'ai faites jusqu'ici, je me bornerai à en donner une idée, en prenant pour exemple les précipités obtenus avec Pa- zotate d'argent. On remplit un ballon d’eau du lac de Genève reposée, dont le pouvoir d’illumination est très-faible : puis avec une tige de verre on y introduit une goutte d’une dissolu- tion étendue d'azotate d'argent. L'eau contenant quelques traces de chlorures, il se forme un précipité, invisible à la lumière diffuse, mais qui, dans la chambre obscure, se manifeste par une augmentation notable dans l'éclat de la trace produite sur le passage d’un faisceau de lumière so- laire ou oxyhydrique. Les phénomènes de polarisation sont complets et semblables, à tous égards, à ceux qui ont été rappelés plus haut. On ajoute une seconde goutte d’azotate dargent : le pouvoir d'illumination augmente, la trace parait blenâtre: sa polarisation est encore complète. On ajoute encore de lazotate d'argent : l’eau devient 154 SUR L'ILLUMINATION légèrement louche à La lumière diffuse. Dans la chambre obscure, la trace d’un faisceau de rayons solaires non po- larisés devient beaucoup plus visible; elle est colorée en bleu clair. Observée à angle droit avec un prisme de Nicol, on reconnait que la polarisation n'est plus complète : quand Panalyseur est tourné dans la position de plus grande extinction, la trace est encore visible et elle est alors d’un beau bleu foncé, dont la teinte se rapproche de F'indigo du spectre. —Si l'on polarise le faisceau incident dans un plan horizontal, en regardant à l'œil nu dans une direction horizontale perpendiculaire au faisceau, la trace est très-visible et bleu élair: si, sans changer la position de Fœil, on tourne de 90° le Nicol polariseur de manière que le plan de polarisation de la lumière incidente de- vienne vertical, Fextinetion n’est pas complète, la trace restée visible est d’un beau bleu foncé: examiné avec un second Nicol. on reconnait, particulièrement quand le pré- cipité est un peu abondant, que le résidu se compose de rayons bleus polarisés dans un plan perpendiculaire au faisceau et d'une petite quantité de lumière jaunâtre non polarisée provenant probablement de réflexions multiples. En augmentant encore la quantité du précipité, les phénomènes de polarisation s'altérent de plus en plus, la trace lumineuse, d'un blane bleuâtre à Pentrée du fais- ceau, se colore de plus en plus en jaune orangé à mesure qu’elle a traversé une plus grande épaisseur de liquide ”, Si, après avoir obtenu un tres-fuble précipité de chlo- rure d'argent dans Peau, on expose pendant quelque { On remarquera l'analogie que présente l'ensemble des ohserva- tions précédentes avec celles que M. Tyndall à faites sur les gaz con- tenant des substances à l'état de nuage. Voyez Archives, 1869, tome XXXIV, p. 162. DES CORPS TRANSPARENTS. 155 temps le ballon à la lumière solaire, la nature du préci- pité se modifie complétement : le liquide perd sa légère teinte bleuâtre, ii prend une couleur lie de vin, et devient moins transparent; en même temps la trace lumineuse n’est presque plus polarisée. En opérant avec du quartz, j'ai observé, comme M. Lallemand, qu'un faisceau lumineux ne produit pas d’illu- iminalion lors de Son passage à travers cértains échantil- lons parfaitement purs. Cependant, en opérant sur un échantillon, qui paraît très-limpide à la lumiere diffuse, mais qui présente de nombreux petits défauts de eristalli- sation, j'ai obtenu une trace bien visible en y faisant pas- ser un faisceau lumineux dans la chambre obscure. Or cette trace, dont l’origine réside incontestablement dans un défaut d'homogénéité de la masse transparente, pré- sente les phénomènes de polarisation déjà si souvent men- tionnés ‘ La conséquence de ces faits me paraît être qu'il faut bien renoncer à considérer les phénomènes d'illumination comme inconciliables avec l'hypothèse qui les attribue à ‘des particules très-ténues répandues dans le corps trans- parenté. ESSAI DE THÉORIE. Je ne crois pas du reste qu'il soit impossible d'arriver dans cette hypothèse à l'explication des faits observés. Je vais exposer quelques idées sur ce sujet, sans me dissi- muler toutes les lacunes et les points obscurs que pré- sente Get essai de théorie. ‘ La forme de cet échantillon n'est pas aussi favorable à Fobserva- tion qu'on pourrait le désirer. J'espère pouvoir l'étudier plus tard d'une manière plus complète. 156 SUR L'ILLUMINATION L. — Une première hypothèse consisterait à admettre que le mouvement vibratoire de l’éther se communique à ces particules très-petites qui se trouvent sur le pas- sage du faisceau lumineux, à peu près de la même ma- nière que les vibrations sonores de l'air se communiquent à d’autres corps, tels que des cordes ou des membranes. — Les corpuscules deviendraient ainsi des centres d’é- branlement envoyant dans toutes les directions des vibra- tions de même‘nature que celles qui forment le faisceau lumineux : en particulier si celui-er est polarisé, les ondes émises par les particules seraient formées de vibrations rectilignes, parallèles aux vibrations ineidentes. L’expli- cation du phénomène serait ainsi la même que celle don- née par M. Lallemand, sauf en ce qui concerne l’origine même de ces ondes. Je me borne à indiquer cette première hypothèse : elle n'est appuyée jusqu'ici par aucune preuve expérimentale, nimême par aucune analogie avec d'autres phénomènes lumineux : il est done inutile de chercher à la discuter maintenant. IL — Une seconde explication consisterait à admettre qu'il se produit un phénomène de diffraction analogue à celui des réseaux. Divisons, par la pensée, le milieu dia- phane en tranches perpendiculaires au faisceau lumineux; dans chacune de ces tranches se trouvent des particules qui doivent agir comme une poussière très-fine, déposée sur une lame transparente : C'est-à-dire qu'une partie de la lumière cesse de se propager en ligne droite, et se dissémine dans des directions diverses. Les vibrations produisant cette lumière disséminée conservent la forme et la direction des vibrations du faisceau éclairant : par conséquent, si celni-ci est polarisé, la lumière disséminée DES CORPS TRANSPARENTS. 19: sera composée de vibrations recülignes et parallèles à celles du faisceau. Je suis disposé à croire que cetie diffraction s'effectue réellement et contribue à la production des phénomènes observés, particulièrement dans les directions qui s’écar- tent peu de la direction même du faisceau éclairant. Mais en tout cas, les particules en question doivent aussi ré- fléchir de la lumière, et cet effet me paraît devoir pré- dominer sur celui qui vient d’être indiqué. HE.— Oecupons-nous donc de la lu mière réfléchie. Soit un corps &bcd (fig. 1) exposé à un faisceau de rayons pa- TNA b fig À. O rallèles s‘b, sa, s"c. — Supposons l'œil de lobserva- teur placé dans une position quelconque 0, et regardant le corps a bcd. Pour abréger, appelons angle de vision l'angle os, formé par le rayon visuel et le faisceau incident, Appe- lons plan de vision le plan oas comprenant le faisceau éclairant et le rayon visuel. Si le corps abcd a des dimensions considérables 158 SUR L'ILLUMINATION comparativement aux longueurs d'ondulation de la lu- mière, d’après les lois ordinaires de la réflexion, lFoœil, dans la position 0, ne recevra que les rayons réfléchis par un point a tel que la normale an à la surface du corps en Ce point soit située dans le plan de vision et que l'angle d'incidence san soit égal à l'angle de réflexion nao. Généralement, la lumière réfléchie sera parüelle- -ment polarisée, et si l'œil est dans une positon 0, telle que l’angle de vision soit le double de l'angle de polarisation, le rayon a o sera totalement polarisé, le plan de polarisa- tion coincidant avec le plan de vision. Mais on sait que si les surfaces réfléchissantes ne sont pas très-orandes, comparativement aux longuenrs d'on- dulation de la lumière, les lois ordinaires de la réflexion ne sont plus applicables, et que chaque point de la sur- face réfléchissante peut alors être considéré comme un centre d’ébranlement, à partir duquel se propagent réel- lement les ondes; ou, en d’autres termes, qu'il n’y à plus annulation par interférence du mouvement de léther, dans toutes les directions autres que celle suivie par le rayon réfléchi dans le cas ordinaire de la réflexion : c’est ce qui résulte des raisonnements et des expériences de Fresnel. — Si done le corps ab c d est très-petit et de dimensions comparables aux longueurs d'ondulation, l'œil recevra des rayons réfléchis plus ou moins intenses, partant de tous les points de la surface éclairée du corps. Ainsi, par exemple, l'angle de vision étant double de l'angle de polarisation, l'œil ne reçoit plus seulement de la lumière, totalement polarisée dans le plan de vision, ré- fléchie par le point 4, mais aussi de la lumière non po- larisée ou seulement partiellement polarisée, émise par les autres points de la surface qu'éclaire Le faisceau inei- DES CORPS TRANSPARENTS. 159 dent. I n'y a donc plus de raison pour que le maximum de polarisation se manifeste lorsque l'angle de vision est le double de l'angle de polarisation. l'est clair que ce raisonnement s'applique à tous les corpuscules qui sont éclairés par le faisceau lumineux: ainsi se trouve écartée une premiere difliculté. IV.— Supposons maintenant que le faisceau lumineux sa, s'c (fig. 2) soit polarisé dans un plan horizontal per- 4 œ 4° FE. pendiculaire au plan de la figure: il éclaire des particules très-petites que nous supposerons d'abord sphériques. Examinons ce qui se passe pour une de ces particules abed. Le plan de polarisation étant horizontal, nous ad- mettrons que les vibrations imcidentes de l'éther sont rec- tiignes et verticales, par conséquent parallèles au plan de la figure. Ces vibrations seront réfléchies par chaque point de la surface éclairée de la sphère, et comme les dimensions de cette sphère sont tres-petites, chaque point deviendra un centre d’ébranlement ou d'ondes. Les vibra- tions réfléchies, formant le système d'ondes partant de l’un des points de la surface sphérique, seront rectilignes et leur direction sera donnée par les lois de la réflexion de la lumière polarisée ‘. ‘ On voit que je suppose que la direction des vibrations réfléchies 160 SUR L'ILLUMINATION Chaque vibration réfléchie peut être considérée comme résultant de trois vibrations composantes, Fune verticale, la seconde horizontale et parallèle au faisceau lumineux, la troisième horizontale et perpendiculaire au faisceau. Supposons l'œil placé dans le plan horizontal passant par le centre de la sphère. On ne voit aucune raison pour que les composantes verticales des différentes ondes réfléchies ne parviennent pas à l'œil, qui reçoit amsi, de ce chef, de la lumière polarisée dans un plan horizontal, et provenant en plus ou moins grande quantité de tous les points éclai- rés des corpuseules réfléchissants. . Passons aux composantes horizontales parallèles au faisceau. Considérons, par exemple, le point # (situé sur le grand cercle vertical de la sphère parallèle au faisceau, la normale, en ee point, faisant un angle de 45° avec la direction du faisceau), Les vibrations verticales incidentes donnent lieu en ce point à des ondes réfléchies formées entièrement de vibrations horizontales et parallalèles au faisceau (c'est-à-dire que les autres composantes sont nulles pour ce point). Ces vibrations se propagent dans toutes les directions, et par conséquent dans la direction de lœil placé dans le plan horizontal passant par le centre de la sphère. Mais, d'autre part, le point m‘, sy- métrique du point #, donne également lieu à des ondes d’égale intensité, formées de vibrations horizontales, pa- rallèles au faisceau ; seulement il y aura une différence de phase d’une demi-longueur d'ondulation entre les ondes dans ces conditions est la même que celle admise par Fresnel dans le cas de la réflexion sur de grandes surfaces. C'est la une hypothèse dont on pourrait contester la rigueur pour certains cas; mais je crois que lors même qu'on devrait la modifier, cela ne changerait rien à la plus grande partie des considérations qui vont être exposées. DES CORPS TRANSPARENTS. [61 provenant du point # et celles qui proviennent du point m'. En effet, l'onde incidente, formée de vibrations verti- cales, atteint, dans la même phase, les points m et m’: donc, si les molécules d’éther, dans la vibration incidente, s’approchent de la surface réfléchissante en m, elles s’é- loignent en même temps de cette surface en m'; par suite le mouvement sera de droite à gauche dans la vibration réfléchie par le point », tandis qu'il sera de gauche à droite dans la vibration réfléchie par le point m/.Lesondes réfléchies seront donc en discordance de phase et s’annu- leront sur tous les points situés à égale distance de m et de m',, c'est-à-dire pour tous ies points du plan horizon- tal passant par le centre de la sphère. Ainsi l'œil, placé dans ce plan, ne recevra aucun effet de ces vibrations ho- rizontales provenant de » et de mn’. Pour d’autres points symétriques, 1l en sera de même (sauf que ce ne sera pas à la totalité de la vibration réfléchie, mais seulement à la composante horizontale parallalèle au faisceau que s’ap- pliquera ce raisonnement). En somme, les composantes horizontales parallèles au faisceau provenant de la par- tie éclairée de la sphère située au-dessus du plan de vi- sion, s'annuleront par interférence avec les mêmes com- posantes provenant de la partie de la sphère située au- dessous du plan de vision. Quant aux troisièmes composantes, horizontales et perpendiculaires au faisceau lumineux, il en est de même que pour les secondes composantes : elles S'annuleront par interférence. Ainsi l'effet produit par le point # sera an- nulé par celui du point symétrique »’, pour lœil placé dans le plan horizontal passant par le centre de la sphère. En résumé, l'œil, dans la position indiquée, ne recoit ARCHIVES, & XXXVIL — Février 1870. 12 162 SUR L'ILLUMINATION que de la lumière formée par les premières composantes, c’est-à-dire composée de vibrations verticales : en d’autres termes, la lumière est polarisée dans un plan horizontal. ILest facile de comprendre que siles corpuscules sphé- riques sont suffisamment petits, cette annulation par in- terférence se produira même en dehors du plan horizon- tal passant par le centre de la sphère, pourvu que l’on ne s’en éloigne pas trop. Ainsi, lorsque le plan de vision coineide avec le plan de polarisation du faisceau lumineux (que je suppose mince), tous les corpuscules éclairés n'en- verront à l'œil que de la lumière composée de vibrations verticales. — C'est ce qui est confirmé par l'expérience. V. — Supposant toujours les corpuscules sphériques, examinons 6e qui se passe quand le faisceau lumineux horizontal est polarisé dans un plan vertical, c'est-à-dire lorsque les vibrations de la lumière ineidente sont hori- zontales. Les premières composantes, verticales, de la lumière réfléchie s’annuleront par interférence, pour l'œil placé dans le plan horizontal passant par le centre de la sphere: en effet, prenons deux points symétriques # et n': les vibrations incidentes horizontales donneront lieu à des vibrations réfléchies verticales (ou au moms à des com- posantes verticales): mais linelinaison de la surface réflé- chissante, par rapport aux vibrations horizontales, étant en sens contraire pour les points # et #'., le mouvement réfléchi doit aussi avoir leu en sens contraire. Les secondes composantes horizontales et parallèles au faisceau pourront parvenir à l'œil: il n'y a aucune raison pour qu'elles interferent. Seulement lintensité de la lumière due à ces composantes doit être très-fable, comme | nous le verrons plus bas. DES CORPS TRANSPARENTS. 163 Les troisièmes composantes horizontales perpendieu- laires au faisceau ne $’annuleront pas non plus. Ainsi l'œil, placé dans le plan horizontal passant par le centre de la sphère, recevra de la lumière des deuxié- mes et troisièmes composantes. Si l’angle de vision est de 909, les troisièmes composantes ne produiront aucun effet sur l'œil, puisqu'elles agissent longitudinalement, Done l'œil, dans cette position, ne recevra d'impression que des composantes horizontales parallèles au faisceau (qui, comme nous l’avons déjà dit, sont très-faibles, le plus souvent insensthles. On tire facilement de là l'explication de l'expérience que M. Stokes avait suggérée à M. Tyndall ". Si l'angle de vision est plus grand ou plus petit que 90p, l'œil recevra l'effet combiné des deuxièmes et troi- sièmes composantes dont les dernières prédominent de beaucoup. Mais la direction des vibrations résultantes sera toujours parallèle au plan horizontal passant par le faisceau incident. — Ce résultat est encore complétement conforme à l'expérience. VI. — Si le faisceau éclairant est polarisé dans un plan quelconque, on trouvera ce qui se passe en décomposant les vibrations incidentes en composantes verticales et hori- zontales. Ainsi, par exemple, si l'angle de vision est de 90°, on trouvera que les composantes meidentes verticales donneront lieu à des composantes réfléchies verticales également, tandis que les composantes incidentes hori- ! J'ajoute à l'appui de cette explication qu'en opérant avec une lu- nière intense, en concentrant le faisceau avec une lentille convergente à long foyer, j'ai toujours observé que l'extinction n’était pas complète. Dans ce cas, le résidu, dû aux secondes composantes, serait encore sensible. 16% SUR L’ILLUMINATION zontales ne produiront pas d'effet sensible; la lumière reçue par l’œil sera donc polarisée dans le plan de vision que nous Supposons toujours horizontal. Si le faisceau éclairant est formé de lumière natu- relle, on le considérera comme composé de deux fais- ceaux lumineux polarisés à angle droit, lun dans le plan de vision horizontal, l’autre dans un plan perpendieu- lire. — Ainsi, avec la lumière neutre, on a le maxi- mum de polarisation lorsque l'angle de vision est de 90°, parce que, dans cette position, l'œil recoit des compo- santes verticales en grand nombre, tandis que du fait des composantes horizontales, il ne reçoit d'impression que des secondes composantes des vibrations réfléchies prove- nant du faisceau polarisé perpendiculairement au plan de vision; or, comme nous l'avons dit, et comme on le verra bientôt, ces composantes sont très-fables. Si l'angle de vision s’écarte de 90°, alors les compo- santes horizontales perpendiculaires au faisceau, prove- nant du faisceau polarisé perpendiculairement au plan de vision, commencent à agir, et la polarisation cesse d’être au maximum. VII. — J'ai toujours supposé jusqu'ici que les corpus- cules étaient sphériques. Est-ce là une condition indispen- sable à l'interprétation que je viens de donner des phé- nomènes d'illumination ? Je ne le pense pas. En effet, d'une part, quelle que soit la forme des particules, la sur- face en est toujours fermée, et les phénomènes d'interfé- rences que j'ai signalés comme contribuant à la netteté des effets observés, se produisent toujours partiellement. D'autre part, on n’a pas à considérer une seule particule. Dans une tranche perpendiculaire au faisceau lumineux, il s’en trouve un très-grand nombre: 1l doit donc, en ge- x DES CORPS TRANSPARENTS. 165 - néral, se trouver dans cette tranche autant de surfaces dans une certaine position que dans la position symétrique. Ces surfaces symétriques produiront les interférences aussi bien que si elles appartenaient à la même particule. VIII. — Revenons au cas des particules sphériques, en supposant que le plan de vision soit toujours horizontal et que le faisceau éclairant soit formé de lumière naturelle, c’est-à-dire de deux faisceaux polarisés à angle droit, l'un dans le plan horizontal, l’autre dans le plan vertical. Exa- minons pourquoi, dans la lumière réfléchie, les compo- santes parallèles au faisceau sont très-faibles comparati- vement aux composantes verticales. D'abord, quand même la sphère aurait un pouvoir ré- fléchissant absolu, il y aurait une prédominance notable des composantes verticales. En effet, sur le grand cercle vertical ae c (fig. 2), le faisceau polarisé, dans un plan horizontal, donnera lieu à des composantes verticales ré- fléchies sur tous les points, sauf les deux points situés à 45° de €. Au contraire, le faisceau polarisé dans le plan vertical ne donnera lieu sur aucun point de ce grand cerele à des composantes parallèles au faisceau. — Il en est de même pour le grand cercle 4 bc. — Pour le grand cercle horizontal b e, le premier faisceau donnera lieu partout à des composantes verticales seulement, tandis que le second faisceau ne donnera point de composantes parallèles à lui-même en b. point non plus en e, il n'en donnera qu'entre ces deux points. — On reconnait amsi, à première vue, que dans le cas d’un pouvoir réfléchis- sant absolu, 1l doit y avoir prépondérance des composantes verticales réfléchies, Il serait facile du reste de le montrer par le calcul. Mais il y à plus, cette prépondéranee des composantes 166 SUR L'ILLUMINATION verticales sera beaucoup augmentée par le fait que le pouvoir réfléchissant de la sphère n’est pas absolu. Ainsi sur le grand cercle horizontal be (qui dans le cas d’un pouvoir réfléchissant absolu donnerait le plus de compo- santes parallèles au faisceau), l'intensité des composantes verticales sera minimum en ile où elle aura une valeur n +1 n Li, tion des corpuscules relativement au milieu transparent: à partir de b, cette intensité ira constamment en croissant jusqu’en e où elle a une valeur proportionnelle à £. Au contraire, lintensité des composantes parallalèles au faisceau sera mulle en b, nulle de nouveau au point pour lequel. l'angle d'incidence est égal à l'angle de polarisa- lion, nulle encore pour le point e. Passant trois fois par zéro, l'intensité de ces composantes ne doit être nulle part proportionnelle à w , h étant l'indice de réfrac- considérable entre b et e, etc. IX. — Le calcul exact de ces intensités est très-com- phqué. A ma prière, M. Cellérier à eu Fextrême obli- seance de l'effectuer ; je lui en exprime ici mes remercie- ments. Voici, en peu de mots, les résultats auxquels 1l est parvenu : Supposons un faisceau polarisé tombant sur une sphère de rayons r; nommons À l'intensité totale du filet lumi- neux qui vient la rencontrer, ce qui revient à dire que l'intensité par unité de surface est . On demande TT" les sommes x, 7,3 des intensités des faisceaux réfléchis par la partie éclairée de la sphère, et polarisés de ma- mère que leurs vibrations Soient, pour x parallèles au fais- ceau Incident, pour y perpendiculaires au faisceau mais DES CORPS TRANSPARENTS. 167 parallèles au plan de polarisation, et pour z perpendicu- laires au plan de polarisation *. Partons des hypothèses suivantes : 1° L'intensité totale de la lumière réfléchie par un éle- ment de la surface est donnée par la formule de Fresnel, armee 2 .\ 9 4 EN ETC At Vn°— sin — cos {\? , V'n— sin ?—n°cos2\ ., ———_—_—_—_—_—_—_—_——————© À COS + — | sin « V'n—sin® i+ cos ? n? — sin* ? +08 ! où # désigne l'indice de réfraction relaüf; i l'angle d'incidence pour l'élément que l’on considère : a l'angle formé par le plan de polarisation du rayon incident avec le plan d'incidence. 2 La direction d’une vibration réfléchie par cet élé- ment est déterminée par la condition d’être perpendicu- laire à la direction du rayon qui serait réfléchi suivant les lois ordinaires de la réflexion, et par la formule de Fresnel : , €0S (+7) 7 cos (1) où a" est l’angle formé par le plan de polarisation du rayon réfléchi avec le plan d'incidence, et ’ désigne l’angle de réfraction, de sorte que sin = 7 Siné tang «4 tang g = — Le calcul conduit aux résultats suivants en simplifiant autant que possible la partie algébrique des intégrales : 16 4 (3n2—1) (n®—1 (n+-1 l (na24+1)5 n—1 n—1 Sur —5) (n2—2n—1) bn (n4A)5 SE 4 se se > = DNS — — (n2+1)4 3 (n2+ 41)? 3 ï On voit que + se rapporle à ce que nous avons appelé plus baut les premières composantes, le faisceau et son plan de polarisation étant horizontaux ; y se rapporte aux troisièmes composantes, et x se rapporte aux deuxièmes composantes, quel que soit le plan de polari- sation du faisceau horizontal. 168 SUR L'ILLUMINATION (ay) = = = (n241)2 (n2 4) 4&(n—1) A(n=—1) (n3+4+1) (n°1) (+1) 16 n4 ee n2(n244) (n3-3) ; [re n—1 n2—1 n—1 + (2441) (n—1)+9n 3 (n+4-1)2 n2+1 PPT ET 32 n#(ni+t). - = ul An?(n°+1) ; set (n2L1)S{(n£ — 1)2 n—1 (n2—1)? n—A4 Sn5 (n2+{2 1—1) 8 n? += gi (n2414)2 (n2—1) 3 (NA)? En effectuant le calcul numérique pour 10 valeurs de n, M. Cellérier est arrivé aux chiffres ci-dessous : = _ = ne | 1 1 | Z 1,04 0.000524 0.000199 | 0,010640 1,07 0,001042 0000532 | 0.017028 1,1 0.001476 0.000970 0.022713 | 1,125 0.001787 0.001296 0.027078 | | 415 0.002077 | “0.001863 | 0.031179 Le 0 | 0.00% 00029 | 0.0388 1,3 | 0,0035 0.0052 | 0052 | 14 00045 | 00077 | 0.0646 1,5 | 00059 0,0102 | 0.0757 1,7 | 00090 | 00153 | 00960 | | | | | | On voit que la prépondérance de z sur x est considé- rable, surtout pour les petites valeurs de ». Pour des va- leurs de plus en plus petites de Findice de réfraction, le rapport —— croitrait indéfiniment, z et æ prenant chacun TL des valeurs absolues de plus en plus petites. C'est ce que l'on reconnait par une transformation de formules. Les calculs précédents donnent bien, dans les hypothè- ses qui ont été prises pour base, la somme des intensités de: différentes composantes dans toutes les directions. Pour obtenir ces intensités dans une direction détermi- DES CORPS TRANSPARENTS. 169 née, il faudrait connaître la loi suivant laquelle “'effec- tue la réflexion sur des surfaces très-petites. Nous avons dit que, dans ce cas, chaque pont de la surface devenait un centre d'ébranlement à partir duquel les vibrations ré- fléchies se propagent dans toutes les directions. Mais avec quelle intensité relative ? C’est là un point très-important que nous avons laissé de côté. [Il parait peu probable que ces vibrations se propagent avec la même intensité dans toutes les directions: il est plus naturel d'admettre que l'intensité est maximum dans la direction que prendrait le rayon réfléchi suivant les lois ordinaires, et qu'elle va en décroissant à mesure que l’on s'éloigne de cette direction. - Du reste, cet essai de théorie présente beaucoup d’au- tres lacunes : 1] n’y à pas été traité des effets que peuvent avoir les réflexions multiples, la réflexion totale si les cor- puscules sont moins réfrangibles que le milieu, a réfrac- tion par ces corpuscules, ete. Toutefois, malgré ces 1m- perfections , il m'a paru que les idées énoncées ci-dessus pouvaient avoir quelque intérêt. Fai communiqué à l'Académie de Paris une partie des résultats qui ont été rapportés dans les pages précé- dentes *. M. Lallemand a répondu à ma communication par une nouvelle Note que je vais reproduire. IVe NOTE DE M. LALLEMAND,. Observations sur la communication de M. Soret, relative à l'illumination des corps transparents ?. « Dans une Nole insérée aux Comptes rendus du 6 décem- ! Voyez Comples rendus, 20 décembre 4869, tome LXIX, p. 1294. ? Comptes rendus, 20 décembre 1869, tome LXIX, p. 1294. Le texte 170 SUR L'ILLUMINATION bre, M. Soret a conclu, de ses expériences sur l’eau distillée, que l'illumination des liquides par un rayon polarisé pour- rait être attribuée à la réflexion des particules étrangères que tous les liquides tiennent inévitablement en suspension, et en même temps, sans formuler aucune objection *,1l met en doute l'explication que j’ai donnée du phénomène. Pour jus- üfier plus complétement mes conclusions, l’Académie me permettra d'entrer dans de nouveaux détails. « L'expérience fondamentale sur laquelle je m’appuie con- siste à illuminer p@r un faisceau cylindrique, polarisé hori- zontalement, une sphère transparente dont la fluorescence soit presque nulle. On constate alors que, suivant un rayon quelconque de la sphère, il y a illumination, et que la lu- mière émise, variable d'intensité, est toujours complétement polarisée dans un plan normal à l’azimut qui contient le rayon émergent, c’est-à-dire que le plan de polarisation est essentiellement variable, et non pas invariable comme le - suppose M. Soret, en me citant mexactement?. Il n°y à d’ex- ception que pour le rayon vertical, suivant lequel on ne dis- tingue aucune illumination appréciable, sauf un peu de lu- publié par les Comptes rendus contient plusieurs fautes d'impression évidentes ; je me suis permis d'en corriger quelques-unes; d'autres seront indiquées en note. L.S. { Ma communication à l’Académie ne contenait pas en effet les ob- jections théoriques que me paraît soulever l'hypothèse de M. Lalle- mand, et que j'ai briévement indiquée plus haut, L.S. ? Dans ma communication à l'Académie j'avais cité la phrase sui- vante de la deuxième Note de M. Lallemand : « Ces variations d’inten- « sité et cette direction variable du plan de polarisation de la lumière «émise sont inconciliables avec l'hypothèse d’une réflexion particu- « laire, etc. » Au lieu Qu mot « variable, » j'avais écrit «cinvariable. » Cette erreur de copie n'avait pas, Je crois, une grande importance ; en effet, je constatais plus loin que j'étais d'accord avec M. Lallemand sur les résultats, et cela ne pouvait évidemment pas vouloir dire que J'avais trouvé le plan de polarisation invariable, puisque cela est ma- thématiquement impossible pour des rayons ayant une direction quel- conque dans l’espace. L.S. DES CORPS TRANSPARENTS. 171 mière fluorescente neutre à l’analyseur. Or, en admettant l'hypothèse de Fresnel et la propagation directe du mouve- ment vibratoire dans l’éther condensé du milieu refringent, on démontre aisément que l'intensité de la ilumière émise suivant un rayon faisant un angle « avec sa projection hori- zontale, et contenu dans un azimut incliné d’un angle « sur le plau normal au filet lumineux. s'exprime par la formule k cos?z V 1—cos22 c0$0 dans laquelle Æ représente un coefficient variable avec le corps soumis à l’expérience ‘. Au lieu de viser dans une di- rection inclinée à lhorizon, on peut maintenir le rayon visuel horizontal et tourner le polariseur d’un angle varia- ble «: dans ce cas, Pintensité de la lumière émise se repré- sente par la formule li (4 — cos20 sin?) cos o « Sans entrer dans des détails d’expérimentation qui ne sauraient trouver place dans cette Note, je me borne à con- stater que de nombreux essais photométriques, exécutés dans les conditions les plus variées, ont vérifié ces formules avec toute la précision que comporte la méthode d’Arago, em- ployée déjà avec tant de succès et au moven d'appareils di- vers, par MM. Jamin et Edmond Becquerel. Si lillumination latérale était le résultat d’une réflexion sur des particules très-Lénues, on serait conduit à cette conséquence singu- lière, que l’intensité du rayon réfléchi serait normale ? sous toutes les incidences, depuis l'incidence normale jusqu’à l’in- cidence rasante. « J'ai fait remarquer d’ailleurs, dans ma première Note, la difficulté qu’on éprouve à purifier les liquides, et c’est là ce ! Je pense qu’il y a une faute d'impression dans cette formule, et qu'il faut sin?o au lieu de cos*o sous le radical au dénominateur. L.S. * Il faut sans doute lire égale au lieu de normale. L. SK. 1792 SUR L'ILLUMINATION qui rend très-délicate l'expérience avec l’eau, dont le coefti- cient d’illumination est très-faible. Il existe pourtant des li- quides très-mobiles, qu’on peut obtenir presque entièrement dépouillés de corpuscules étrangers. Je signalerai en particu- lier à M. Soret l'essence de pétrole, qui, convenablement purifiée par l’acide sulfurique, donne à la distillation frac- tionnée tous les hydrocarbures saturés, depuis l'hvdrure d’amyle jusqu’à lhydrure de décvle. Tous ces hvdrures, pré- parés dans les mêmes conditions, S'illuminent avec d'autant plus d'intensité que leur densité est plus grande et leur in- dice de réfraction plus élevé : ce qui montre bien l'influence de la densité de l’éther sur le coefficient d’illumination. si lon admet, avec Fresnel, que cette densité est proportion- nelle au carré de l'indice de réfraction. Le sulfure de carbone est au nombre des liquides qu’on peut obtenir, par la distillation et le repos, dans un état de pureté parfaite. I s’il- lumine aussi avec une grande énergie dans le plan de pola- risation: mais la lumière fluorescente qu’on observe dans une direction perpendiculaire a elle-même une grande in- tensité. et représente les 0,6 de lillumination totale. En le saturant de phosphore, on obtient une solution qui, décantée dans une atmosphère d'acide carbonique, est parfaitement limpide, d’une très-grande réfrangibilité. et dont l'illumina- tion latérale est bien supérieure à celle du sulfure de car- bone, tandis que la fluorescence n’a pas augmenté, ce qui prouve encore l'influence de la réfrangibilité sur le coeffi- cient d'illumination. « D'un autre côté, comment est-il possible d’invoquer la réflexion particulaire, quand on opère avec des corps solides parfaitement homogènes, tels que le crown et le flint em- ployés par les opticiens. J'ai soumis à l'expérience des prismes de crown à base de potasse, d'origines diverses. L’un d’eux, de fabrication ancienne. s’illaminait faiblement. et sa fluorescence était à peine sensible: bien que légèrement strié, il se comportait comme de l'alcool rectifié. tandis que des prismes et des evlindres de crown d’une densité un peu » DES CORPS TRANSPARENTS. 473 plus forte, d’une transparence et d’une pureté parfaites, que M. Duboseq a bien voulu préparer pour l’objet spécial de mes recherches, s’illuminent avec beaucoup plus d'intensité, en même temps que leur fluorescence est très-énergique. Lorsque le faisceau lumineux est réfléchi par un miroir mé- tallique, polarisé par un prisme Foucault (et non pas avec un Nicol dont les deux moitiés sont réunies à l’aide d’un baume fluorescent et doué de pouvoir rotatoire), et qu'il est rendu convergent avec une lentille de quartz taillé parallèlement à Faxe optique, les premières couches du prisme se colorent en bleu intense, comme le ferait une solution de sulfate de quinine ou d’esculine. Le flint est quelquefois aussi fluores- cent que le crown, mais son illumination dans le plan de po- larisation est toujours bien plus intense, et croit avec sa den- sité et sa réfrangibilité. Que M. Soret mette en œuvre un de ces prismes de flint lourd, dont on fait usage dans les expé- riences diamagnéliques. et il constatera que dans le plan de polarisation léclat est d’une vivacité extrême, landis que dans la direction normale à ce plan on observe qu’une lu- mière neutre, très-faible d'intensité, d’un rouge brique, qui. par l’interposition d’une lame de quartz normale à l’axe. prend aussitôt avec éclat la nuance que donne l’image éteinte de l’analvseur bi-réfringent placé sur le prolongement du faisceau. C’est là surtout la confirmation la plus complète des épreuves photométriques que j'ai rapportées plus haut. « Je n’insiste pas davantage sur un sujet que j'aurai OCCa- sion de trailer plus longuement dans un Mémoire spécial, et je maintiens dans toute leur rigueur les conséquences théo- riques que j'ai déduites de mes expériences : en Ce qui COn- cerne d’ailleurs la direction du mouvement vibratoire de Péther dans un rayon polarisé, elles ne font que confirmer. aussi directement que possible, les conclusions auxquelles on était déjà conduit par les expérences photométriques de M. Jamin, qui vérifient avec tant de précision les formules de Cauch\., sur l'intensité de la lumière réfléchie et réfractée. » 174 SUR L'ILLUMINATION Je ne répondrai que très-brièvement à cette dernière Note de M. Lallemand. me semble soulever trois objec- tions principales contre la manière de voir que j'ai sou- tenue. 1° La première est tirée d'observations photométri- ques qui l'ont amené à conclure que si l'illumination était due à une réflexion sur des particules très-tenues, on se- rait conduit à cette conséquence que Fintensité du rayon réfléchi serait égale sous toutes les incidences. Je n'ai point vérifié ces mesures photométriques et je n'éléve aucun doute sur leur exactitude. Elles seraient sans doute incompatibles, avec les lois ordinaires de la ré- flexion sur de grandes surfaces; mais comme nous l'avons dit, ces lois ne sont pas applicables à des particules très- petites, et l’on entrevoit plusieurs causes qui doivent agir en sens opposé sur l'intensité de la lumière renvoyée par ces particules dans des directions diverses. I ne me semble done pas que lon puisse tirer de là un argument ayant une grande valeur. 2 M. Lallemand indique plusieurs cas où il a reconnu que l'augmentation de la réfrangibihité du milieu trans- parent entrainait une augmentation du pouvoir d'illumi- nation: 1 en conclut à l'influence de la densité de léther. Mais on peut tres-bien concevoir que la réfrangibilité du milieu ait une action sur l'intensité de la réflexion par- iculaire, Si tout ou partie des corpuscules étrangers ont un indice de réfraction plus faible que le milieu, plus celui- ei sera réfringent, plus sera considérable la proportion de lumière renvoyée, particulièrement par réflexion totale. En outre, le plus souvent l'augmentation de réfrangi- bilité est accompagnée d'une augmentation de densité, en sorte que dans les Hiquides les particules ont plus de x DES CORPS TRANSPARENTS. 1e) tendance à rester en suspension et se déposent avec moins de facilité *. 3° Enfin M. Lallemand ne peut admettre que des corps solides, comme les verres employés par les opticiens, ne soient pas parfaitement homogènes. Mais pourquoi ? Ces substances se préparent par fusion : pourquoi lé verre fondu qui est toujours un peu visqueux, que lon ne peut purifier ni par filtration ni par distillation, ne serait-il pas apte comme les autres liquides à tenir des particules en suspension ? Je suis plutôt surpris que lon arrive à en dépouiller aussi bien ces corps, et je ne puis me Fexpli- quer que parce qu'à la haute température nécessaire à la fusion du verre, les matières organiques sont détruites, et que d'autre part les substances minérales doivent pour la plupart se transformer en silicates qui se fondent et se mélangent avec la masse. ! Dans une Note insérée très-récemment dans les Comptes rendus (31 janvier 1870), M. Lallemand annonce le fait très-remarquable que la lumière peut transformer le soufre octaédrique dissous dans le sul- fure de carbone en soufre insoluble, qui trouble la solution sur le pas- sage du faiscean lumineux. Il indique également que le phosphore en dissolution dans le sulfure de carbone donne lieu à un phénomène analogue. N'est-ce peut-être pas là une des raisons du grand pouvoir d’illumination de cette dernière dissolntion ? SUR LA POLARISATION LA COULEUR BLEUE DE LA LUMIÈRE RÉFLÉCHIE PAR L'EAU OÙ PAR L’AIR M. LE PRroresseur Ep. HAGENBACH. Les intéressantes recherches de M. Soret sur la pola- risation de la lumière bleue des lacs, lesquelles ont été exécutées sur l’eau du lac de Genève, m’ont donné l'idée de faire des expériences du même genre dans le courant de l'été dernier sur le lac de Lucerne. L'appareil dont je me suis servi pour ces observations était tout à fait sem- blable à celui de M. Soret. Les expériences furent exécu- tées le 11, le 12 et le 13 août près de Lucerne. Je m’a- vancai dans le lac avec un petit bateau jusqu'à ce que je fusse arrivé à un point où l'on ne vit plus le fond. Le AT août l’eau était agitée et le ciel couvert, 1 ne fut pas possible de reconnaitre une polarisation bien dé- finie. Le 12 et le 13 août, l'eau était un peu plus calme et le ciel presque entièrement découvert. Aussitôt que le soleil apparut, l’on vit très-nettement la polarisation décrite par M. Soret. Quant aux variations que subissait le degré de la polarisation avec la direction, le meilleur moyen que j'avais de les constater était de plonger la lunette obliquement dans Peau du côté du soleil, puis de faire tourner lentement le bateau de 180. La polarisation pas- sait de la sorte de son maximum à 0. Lorsque l'on faisait SUR LA POLARISATION, ETC. 177 ensuite décrire au bateau un nouvel angle de 180 degrés de manière à le ramener dans sa position première, la polarisation revenait graduellement à son maximum. En regardant perpendiculairement à la surface de l’eau, je n'ai jamais observé la moindre polarisation. Dans tous les cas, le plan de polarisation passait par le soleil. En ne plongeant qu'à moitié la plaque de verre qui remplace l'objectif de la lunette, lon observe en même temps la polarisation de la lumière réfléchie par la surface de l'eau et celle de la lumière qui provient de l'intérieur; dans ces conditions l'expérience montre que les deux faisceaux lumineux sont soumis aux mêmes lois pour ce qui concerne soit la direction du plan de polari- sation, soit la variation du degré de polarisation avec la direction. M. Soret admet que la polarisation de la lumière qui sort de l’eau est produite par la réflexion à la surface de petites particules en suspension dans Peau. Sans vouloir précisément contester cette manière de voir, je crois ce- pendant que la polarisation pourrait provenir également d’une autre cause, savoir: simplement la réflexion par l'eau elle-même. Il est évident que l'eau d'un lac, surtout lors- que le soleil darde ses rayons sur elle, ne peut point présenter une masse homogène, mais qu’elle se compose, par suite des variations de température auxquelles elle est soumise, de couches de densités différentes. Par ce fait, ü doit se produire des réflexions intérieu- res, et la lumière réfléchie sera polarisée dans le plan de réflexion; le fait que le faisceau venant de l’intérieur se comporte exactement de la même manière que le faisceau réfléchi par la surface de l’eau, parle en faveur de ma ARCHIVES. & XXXVIL — Février 1870, 13 178 SUR LA POLARISATION manière de voir. [est bien possible que les deux modes de réflexions, celle qui se produirait à la surface des COr- puscules en suspension, et celle qui se produirait à la h- mite des couches successives de densités différentes, agis- sent simultanément pour produire la polarisation. J'ai fait encore quelques recherches sur la polarisation de la lumière réfléchie par les couches d'air qui séparent l'observateur d'un objet éloigné tel qu'une montagne. Jai reconnu que l'on a toujours dans ce cas une pola- risation très-marquée, pourvu que l'on vise sur un fond obscur (bois. rocher de couleur foncée, nuage sombre, et que la couche d’air intermédiaire ne soit pas trop petite. Lorsque celle-ci est de quelques milliers de pieds, Fon ob- tient ordinairement déjà une polarisation sensible, L’inten- sité de cette polarisation parait dépendre, comme c'est le cas de la lumière bleue du ciel, de l'angle que font les rayons arrivant à l'œil avec la lumière solaire imcidente. Lorsque des objets éloignés sont rendus indistinets par l'effet de la lumière réfléchie des couches d'air intermé- diaires, l’on peut, à l’aide d'un prisme de Nicol disposé convenablement, rendre ces objets beaucoup plus dis- ünets en se débarrassant d’une portion de rayons réflé- chis par l'air, Cette action du Nicol se produit aussi bien lorsqu'on opère à l'œil nu que lorsque l'on emploie one lunette, et il y a avantage pour observer un objet ter- restre éloigné, lorsque le soleil uit, à employer un ob- jectif muni d'un Nicol. En terminant, je me permets d'exposer une idée sur la polarisation et la lamière bleue de Pair. La lumière qui nous arrive de tous les points de atmosphère est consi- dérée habituellement comme réfléchie par les corpus- cules liquides ou solides suspendus dans l'air. Quand » ET LA COULEUR BLEUE DE LA LUMIÉRE. 179 même il est hors de doute que ces particules influent no- tablement sur la transparence, la couleur et la polarisa- tion, lon doit aussi attribuer un rôle important, dans la production de ces phénomènes, à la lumière qui est réflé- chie partout où des couches d'air de densité différente sont en contact. L'atmosphère ne peut absolument pas être considérée comme un milieu de densité umforme, tandis qu'il se produit dans son-intérieur un mélange in- cessant de courants d'air qui présentent de grandes diffi- cultés de température et d'humidité. Cette inégale den- sité de l'air se manifeste clairement dans laction que lat- mosphère exerce Sur un rayon de lumière qui la traverse. C'est là en effet ce qui produit le tremblement des objets éloignés. Cette inégalité de l'atmosphère doit aussi néces- sairement produire des réflexions intérieures, souvent renouvelées sur le parcours d’un même rayon: et puisque d'après des expériences récentes la réfraction même chez les gaz est accompagnée de dispersion, il devra se faire dans ces réflexions, st elles se répétent assez fréquemment, que pour la lumière réfléchie ce seront les rayons bleus, pour la lumière transmise les rayons rouges qui Femporte- ront sur tous les autres. Il est done très-possible que la couleur bleue du ciel, la polarisation de la lumière bleue du ciel, et la couleur rouge du ciel après le coucher du soleil, doivent trouver, au moins en partie, leur interpré- tation dans la considération de ces réflexions atmosphé- riques, Là lumière qui provient des couches d’air interposées entre notre œil et des objets éloignés, et qui rend la vue de ces objets indistinete, doit être en partie du moins ré- fléchie par l'air lui-même, Dès lors la clarté et la trans- parence de l'atmosphère ne dépendraient pas seulement ISO OBSERVATIONS SUR LA NOTE PRÉCÉDENTE. de la quantité des particules solides ou liquides qui s'y trouvent en suspension, mais aussi, et d’une manière no- table, du degré d’homogénéité de la masse d'air qui la constitue. OBSERVATIONS SUR LA NOTE PRÉCÉDENTE Par M. J.-L. SORET. La Note que l’on vient de lire est fort intéressante, et l'influence que la réflexion sur des couches d’inégale den- sité peut exercer sur la polarisation de la lumière de l'eau, mérite certainement d'être étudiée. Toutefois, je ne pense pas que ce soit là la cause principale du phé- noméne. Prenons un tube de verre de 2 environ de longueur et de quelques centimètres de diamètre, fermé à ses deux extrémités par des lames de verre. Remplissons ce tube d’eau du lac de Genève, par exemple, et placons-le au soleil dans une position horizontale de manière que son axe soit perpendiculaire aux rayons solaires. Disposons un écran noir derrière l’une des lames de verre qui fer- ment le tube et regardons par l’autre extrémité. Si l'eau n'avait point de pouvoir d'illamination ou si les rayons du soleil étaient interceptés, la partie de l'écran visible au travers de l'eau paraïtrait noire. Mais dans la position in- diquée, au lieu du noir on observe une teinte gris-bleuâtre, et si l’on regarde au travers d'un analyseur, on reconnait nettement que cette lumière émise latéralement est pola- risée dans un plan parallèle aux rayons solaires. [ei il x OBSERVATIONS SUR LA NOTE PRÉCÉDENTE. 181 ne me semble pas possible d'attribuer lillumination et a polarisation à des réflexions sur des couches d'inégale densité. Ainsi une épaisseur d’eau d’un mètre suffit à mettre en évidence le phénomène ordinaire de l’'illumination de l’eau et de la polarisation, sans qu'il soit nécessaire d'opérer dans la chambre obscure. À fortiori, le même phénomène doit-il se manifester quand on opère sur le lac même, c’est- à-dire sur une couche d’eau d’une épaisseur bien plus orande. L'illumination est donc une cause suffisante pour expliquer la polarisation de la lumière de l'eau. Si les réflexions contribuent aussi, dans certains Cas, à la production du phénomène, je pense que leur mfluence doit être beaucoup moins importante en raison de la pe- üte proportion de lumière réfléchie par des couches de densité peu différente, de l’action opposée que doit exer- cer la polarisation par réfraction, etc. — J'aurai proba- blement l’occasion de revenir plus tard sur ce sujet. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. ACTION DU MAGNÉTISME SUR LES GAZ. M. Jamin à présenté, dans la séance du 3 janvier de lAca- démie des Sciences ! un travail de M. Trève relatif à l’action du magnétisme sur les gaz fait dans le beau laboratoire de la Sorbonne placé sous l’habile direction de M. Jamin lui- même. M. Trève a étudié cette action, soit sur les auréoles lumineuses qui entourent les électrodes, soit sur le jet lumi- neux qui se manifeste dans la partie étranglée des tubes de Geissler. Il a trouvé qu'avec l'hydrogène le beau rouge qui se montre dans la partie capillaire, soit étranglée, du tube, disparait par l’action de l'amant pour faire place à une lu- mière toute blanche, que le spectre de cette partie devient plus lumineux et s'enrichit particulièrement dans le bleu et le violet. Avec l’oxygène le blanc laiteux de la partie Capil- laire devient rouge sous l'influence du magnétisme. Avec l'azote la partie capillaire, d’un bleu très-pàle, prend une teinte bleuâtre très-foncée sous cette même influence. Avec l'acide carbonique le blanc brillant de la partie capillaire devient d’un bleu foncé. Avec un tube de fluorure de sili- cium, la partie capillaire devient de bleuàtre bleue violacée, et le spectre est complétement modifié. Avec le brome et le chlore, le magnétisme produit quelques modifications dans la nuance lumineuse de la partie étranglée du tube, et le spectre éprouve aussi quelques changements. M. Trève remarque que Plucker avait déja observé des changements de coloration dans les gaz des tubes de Geissler ! Voyez Comples rendus de l'Acud. des Sciences du 3 janvier 1870, tone LXX, p. 56. PHYSIQUE 183 soumis à l’action magnétique, et il annonce qu'il se propose de poursuivre ses recherches. Je m'étais également occupé, il v a quelques années, de l’action du magnétisme sur les gaz raréfiés traversés par des décharges électriques, et j'avais communiqué un extrait de mon travail à l’Académie des Sciences ‘. Ce travail à paru en entier dans les Mémoires de la Société de physique et d’his- loire naturelle de Genéve (tome XVI {°° partie, p. 86). Ce n’était pas dans un tube capillaire que se propageait le jet électrique sur lequel j'étudiais l’action de l’aimant, mais bien dans des tubes de diamètres plus ou moins considérables. Favais constaté l’action de l’aimant, soit sur les auréoles lumineuses qui entourent les deux électrodes, comme l’a fait M. Trève qui a confirmé ainsi complétement mes résultats, soit sur les différentes parties du jet. J’avais étudié sur divers gaz raréfiés l'augmentation de résistance à la propagation de l'électricité qui résulte de l'influence du magnétisme, J'avais observé que la partie obscure du jet, voisine de Pélectrode négative, devient lumineuse sous cette influence. Ces diffé- rents effets m’avaient paru tenir essentiellement à ce que l’ac- tion du magnétisme, qui agit par répulsion ou attraction sur les courants électriques transmis par les gaz raréfiés, déter- mine une condensation des filets gazeux, d’où résulte une plus grande résistance, et par conséquent une lumière plus intense et une température plus élevée. Je suis convaincu que les effets observés par M. Trève tiennent en grande partie à cette cause, et qu’en particulier les changements de couleur et les altérations dans les spec- tres des jets électriques lumineux sont dus à augmentation de densité accompagnée nécessairement de laccroissement de température qui en résulte. Les effets, comme je l’ai ob- servé, varient avec la nature des gaz soumis à l’expérience, mais sont pour tous de même nature. I ne faut donc pas ! Voyez Comples rendus de PAead. des Se, & EVIL (1863), p. 674. 184 BULLETIN SCIENTIFIQUE. voir dans les expériences de M. Trève un effet de l’action de l’aimant sur les gaz eux-mêmes, mais bien le résultat de l'action de l’aimant sur les courants électriques transmis par les gaz, ce qui est bien différent. et rentre dans les lois de l’'électro-dynamique. Je vois que dans la séance du 31 janvier. M. Daniel, pro- fesseur à l’École centrale, a fait à l’Académie des Sciences une communication de laquelle il résulte que le magnétisme augmente la résistance du milieu dans lequel on fait passer le courant. C’est exactement ce que j'avais trouvé et publié en 1863. Du reste je ne tarderai pas à entreprendre de nou- velles recherches sur ce sujet intéressant. A. DE LA RIVE. M.-F. HUGUENY. SUR LE COUP DE FOUDRE DE L'ILE DU RHIN. PRÈS STRASBOURG. (Extrait du tome VI des Mémoires de la So- ciété des sciences naturelles de Strasbourg.) Un caporal et deux soldats d’un régiment d'infanterie fai- sant partie du poste français du pont de Kehl, étaient assis. le 45 juillet 1869, sur un banc placé sous un marronnier, entre le bâtiment de la douane et le Rhin, lorsqu'un orage sans pluie venant du sud-ouest, vers six heures et demie du soir, S’AnnonÇa par quelques éclairs et par des roulements de tonnerre assez faibles. À sept heures et sept minutes, un bruit formidable se fit entendre, et les trois militaires tombe- rent foudroyés. Parmi les spectateurs, les uns supposérent. que la foudre était tombée directement des nuages sur le marronnier, ou. selon une autre version, qu’elle avait frappé l’un des paratonnerres de la douane, et s’était portée du con- ducteur jusqu'au marronnier. La première de ces explica- tions paraissant, eu égard à l’état des lieux. en contradiction avec tous les faits d'électricité connus. et la seconde sup- posant, Ce qui était très-peu probable, que le conducteur de la douane n’était pas en communication avec le sol. l’auteur, PHYSIQUE. 185 sans se dissimuler la difliculté de sa lâche, entreprit de chercher la solution du problème dans les déclarations des témoins de laccident. Après un enquête longue et rigou- reuse, portant: 1° Sur l’état de l’atmosphère la veille et le lendemain de l'accident. 2° Sur toutes les circonstances qui ont caractérisé l'orage du 13 juillet, et sur la direction qu'il a suivi. 3° Sur la disposition des lieux et un examen attentif des paratonnerres de la douane. 4° Sur les déclarations des spectateurs, témoins de l'accident. 5° Enfin, sur lautopsie des cadavres des deux malheureux qui ont succombé, lP’au- teur est arrivé au conclusions suivantes : 1. Un éclair de premiére classe. consistant, suivant la définition d’Arago, « en un trait ou sillon de lumière très- resserré. très-mince, très-arrêté sur ses bords, » a frappé. le 45 juillet 1869, à sept heures sept minutes du soir, un peu- plierAltalie, situé près de la maison blanche dans l'ile du Rhin. 2, De ce peuplier, ou de son voisinage. est parti au même instant un éclair de troisième classe, avant la forme d’un elobe de feu, de la grandeur d’un boulet de 12, lequel, pas- sant devant le bâtiment de la douane, est venu éclater sur le marronnier sous lequel étaient assis les soldats foudroyés. 3. La matière électrique est descendue le long du tronc de cet arbre, en séchant les feuilles sur son passage. S'il s’en est écoulé par le tronc, celui-ci n’en a pas souffert. k. À 2,350 du sol. au bas des feuilles, la matière électrique s’est divisée. Une partie s’est rendue dans le sol le long du tronc dont elle à noirei le pied ; une seconde partie. se por- tant vers un banc placé à la droite du marronnier, s’est diri- gée vers la partie antérieure et métallique des shakos des deux soldats assis sur ce banc. Elle s’est ensuite bifurquée: une fraction est descendue entre eux en donnant lieu à des lésions diverses à la gauche du premier el à la droite du se- cond, et est sortie par le pied gauche du premier, par le pied droit du second. et par la pointe du fourreau de sabre du #86 BULLETIN SCIENTIFIQUE. premier. L’autrefraction a été frapper. en traversant à gauche, la visière en cuire du shako du second et le fourreau de sabre qu'il portait, d’où elle a passé à travers l'air sur la cuisse droite du troisième, et, de là, par les lombes et par le pubis, sur le fourreau, rejoignant le sol par le pied gauche et peut- être par la pointe du fourreau. D. La vitesse moyenne de l'éclair globulaire, entre le peu- plier de la maison Blanche et le marronnier, a été approxi- mativement égale à 571",4 par seconde. 6. Cet éclair a passé à travers les arbres de l’île du Rhin, sans en être arrêté. 7. Il à passé devant le conducteur des paratonnerres du bâtiment de la douane, sans se duriger vers lui. 8. Ila passé devant les fusils qui étaient au ratelier du corps de garde, sans que sa direction ait été sensiblement modifiée. 9. Des trois militaires foudrovés, deux atteints à la tête sont morts ; le premier sur le coup, le second après dix mi- nutes environ ; le troisième, qui n’a été atteint que dans la partie inférieure du corps, à partir des lombes et du pubis, à survécu. 40. Le troisième militaire, après avoir élé renversé comme ses deux camarades, est resté sans connaissance pendant quelques secondes, et a déclaré ensuite n'avoir ni vu l'éclair ni entendu le tonnerre. 11. Les cheveux et les poils des sourcils, des cils et de la moustache des deux premiers soldats ont été partiellement brülés ; la peau a été brûlée chez tous les trois, les brûlures étant de forme variée. Celles de la face, qui sont ponctuées, méritent d’être signalées. 12. Aucune lésion du système nerveux n’a été constatée dans l’autopsie des deux soldats qui ont succombé. 13. Les trois soldats atteints présentaient une lésion du scrotum. 1%. Leurs vêtements ont été le siége d'actions mécaniques PHYSIQUE. 187 et physiques. Le drap, la toile ou la crétonne ont été roussis par places, et, dans certains endroits, percés d’un trou rond. Le cuir de deux shakos et d’un porte-sabre ont présenté des trous qui rappellent ceux de l'expérience du perce-carte. Le cuir de certains souliers a été déchiré et paraît avoir été roussi, 15. Les pièces métalliques présentent des traces de fusion plus ou moins étendues. Les plus remarquables sont celles du fourreau du sabre du soldat qui était appuvé contre le imar- ronnier. 16. Des modifications curieuses du magnétisme primitif des fourreaux de sabre ont été la conséquence de l'explosion du globe fulminant. L’un d'eux a recu une aimantation transversale: un autre a eu ses pôles renversés : ils ont tous perdu leur force coercitive dans les parties de la surface où l'acier a été fondu J.-C. POGGENDORFF. UEBER ELEKTRISCHE SPITZENWIRKUNG. Du POUVOIR ÉLECTRIQUE DES POINTES. (Monatsberichte der Kôün. preuss. Akademie der Wissenschaften zu Berlin, juillet 1869, p. 590.) Dans une note insérée sous ce titre aux comptes rendus mensuels de l’Académie de Berlin, M. Poggendoriff cherche à établir un certain nombre de cas d'exception à ce fait géné- ralement admis,-à savoir que la décharge électrique entre deux conducteurs, ou entre les deux électrodes d’une bou- teille de Levde, ne peut point s’accomplir sous forme d’é- tincelle, mais seulement sous forme d’aigrette, lorsque ces électrodes se terminent l’une ou l’autre, et surtout loutes deux, en pointe. Il trouve d’abord que cette décharge se fait bien réelle- ment sous forme d’étincelle compacte, lorsque l'on appro- che brusquement d’un bouton relié à armature intérieure une pointe formant le prolongement de l’armature extérieure 188 BULLETIN SCIENTIFIQUE. d’une bouteille de Levde chargée par une machine de Hol(z. Cette expérience réussit surtout lorsque le bouton forme électrode négative; dans le cas contraire, l’on n'arrive pas toujours à obtenir une étincelle. De plus, entre deux électrodes en forme de pointe, ayant entre elles un écart suffisant, de 15°" par exemple, l’on n’a, suivant la règle admise, aucune étincelle, et il semble qu’en les rapprochant l’on dût diminuer la résistance, et par con- séquent s'écarter de plus en plus des conditions dans les- quelles une étincelle est possible. Or, c’est précisément le contraire qui a lieu. et, en rapprochant les deux pointes, l’on obtient entre elles deux une décharge sous forme de petiles élincelles très-rapprochées et assez semblables à de faibles étincelles d'induction. D'autre part, il semble aussi qu’en remplacant l’une des deux pointes par une boule !, on devrait augmenter la ten- sion électrique, et par conséquent la force des étincelles. Or, l’auteur à trouvé, tout au contraire, que les étincelles étaient sensiblement diminuées par la substitution d’une boule à l’une des deux pointes. M. Poggendoriff obtient un autre cas d'exception en mé- .Hageant une seconde interruption dans le circuit qui relie les deux électrodes de la bouteille de Leyde. Il place à cet effet entre les deux électrodes, dont l’une se termine en pointe ou en cône creux, l’autre en boule, un conducteur sphérique en laiton porté sur un pied isolant, et traversé, suivant son diamètre horizontal, par une tige aux deux extré- mnités de laquelle on peut fixer, à volonté, une pointe ou une petite boule (24"" de diamètre). Supposons d’abord que de l’un des côtés de cet appareil l’on ait deux pointes en face l’une de l’autre, et de Pautre côté deux boules. Lorsque ces deux dernières se touchent. l’on a entre les deux poir- 1 M. Poggendorff employait à cet effet des bou'es de 14®m de dia- mètre. PHYSIQUE. 159 tes les petites étincelles dont nous avons déjà parlé plus haut. Ensuite, à mesure que l’on écarte les boules, les étincelles augmentent graduellement en intensité,jusqu’à ce que l’on ait atteint, en les éloignant ainsi, un écart d’un pouce environ. À partir de là. les étincelles commencent à diminuer, et sont accompagnées de décharges sous forme d’aigrette. Il vient même un moment où, en écartant toujours plus les deux boules, il ne se produit plus du tout d’étincelles. Avec des boules plus grandes, il faut un écart plus considérable pour reproduire les mêmes effets. Dans tous les cas, la forme qu'affecte la décharge est exactement la même dans les deux interruptions du circuit. Ayant de cetle facon augmenté la tension électrique du circuit et la charge de la bouteille de Levde, l’on peut écar- ter notablement les deux pointes, et obtenir entre elles de très-fortes étincelles. La nature de la décharge dépend évi- demment de la grandeur relative, aussi bien que de la gran- deur absolue de ces deux colonnes d’air. Mais le phénomène ne change point suivant que les deux boules sont du côté de l'électrode positive ou de lélectrode négative. Si l’on re- tourne de 180° le conducteur auxiliaire de façon à avoir à chacune des deux interruptions une pointe en face d'une boule, l’on n'obtient aucune étincelle. Ces faits sont intéressants; mais il ne nous semble pas que l’on puisse v voir précisément une exception à ce que l’on ap- pelle le pouvoir des pointes. Dans la combinaison de M. Pog- gendortff, en effet, les deux pointes ne jouent plus qu’un rôle secondaire. C’est la résistance que les deux électricités contraires éprouvent à se combiner entre les deux boules qui détermine la tension du circuit, par conséquent la na- ture de la décharge et la force des étincelles. L'auteur dit lui-même qu'il ne peut point se produire d'étincelle entre deux pointes, si l’on n’annule pas l'effet produit par cette forme spéciale d’électrode, à l’aide d’une disposition parti- culière qui augmente la tension dans le circuit, ou qui reni- 190 BULLETIN SCIENTIFIQUE. place la décharge continue telle qu’elle se produit généra- lement entre deux pointes par une décharge brusque. M. Poggendortff indique d’autr.s procédés à laide des- quels on obtient le même effet. C’est, par exemple, d’inter- poser devant une pointe formant électrode une surface iso- lante, telle qu'une feuille de caoutchouc durei que lon retire ensuite subitement. L'auteur a obtenu de la sorte, avec une pointe servant d’électrode positive, des étincelles qui allaient jusqu'à trois pouces et au delà. I suffit même de disposer la feuille de caoutchouc devant la pointe, de telle sorte que. d’un côté, elle ne dépasse que d’un ou deux pouces la Hi- one droite joignant les deux électrodes; et alors, sans qu'il soit nécessaire de la déplacer, on obtient des étincelles qui jaillissent à intervalles, plus ou moins rapprochés, sur le re- bord de la feuille. Ces différentes dispositions reviennent toutes à peu près au même: on peut évidemment les varier de quantités de manières différentes. ES); E.-H. Vient. UEBER DIE SCHWINGUNGEN. etc. VIBRATIONS DES LAMES D’AIR COMPARÉES A CELLES DES PLAQUES SOLIDES. (Poggend. Annalen, tome CXXXVHE p. 560.) Nous avons donné dans un de nos précédents numéros ? une analvse du travail de M. Kundt sur les vibrations des lames d'air, étudiées à l’aide de nouvelles figures acoustiques. L'auteur de la note, dont nous rendons compte ici, avait en- trepris de son côté l’étude de ce sujet. Son procédé, pour mettre une lame d’air en vibration, est plus simple que celui qu'avait employé M. Kandi. Il consiste à faire vibrer à l’aide d’un archet la plaque qui limite la lame d'air à sa partie su- périeure, et qui devra communiquer ensuite à cette couche d’air le mouvement oscillatoire dont elle est elle-même ami- ! Archives des Sc. phuys. el natur., 1869, tome XXXVI, p. 271. PHYSIQUE. 191 mée. La figure acoustique quise produit alors sur la plaque inférieure met en évidence la nature des mouvements vibra- toires de la lame qui correspondent dans chaque cas spécial à un mode de vibration particulier de la plaque. La possi- bilité de faire cette étude comparative est un nouvel avan- tage de la méthode de M. Vierth sur celle de M. Kundt: de plus cette méthode n’exige point d'appareil spécial comme cela avait lieu pour l’autre. La disposition de l'expérience peut varier: il s'agit sunple- ment de poser une plaque solide, métallique ou autre. sur une table, où un support quelconque, de placer au centre de cette plaque une petite rondelle de liége, enfin sur celle-ci une seconde plaque qui sera maintenne à l'aide d’une vis qui la presse sur la rondelle. Pour faire en sorte que les deux plaques demeurent exactement parallèles, on peut disposer entre elles deux d’autres calles en liége que lon aura soin de mettre aux points où devront se trouver les nœuds de la plaque vibrante. L’intervalle entre ces deux plaques devra être d'environ 1%. L'on saupoudre la plaque inférieure de sablon blanc très-fin, la plaque supérieure de sable. Puis l’on met la plaque supérieure en vibration. de manière à produire sur elle Pune quelconque des figures de Chladni: en même temps il se forme sur la plaque uMérieure une figure tout autre. traduisant exactement les mouvements vibratoires que la plaque imprime à l'air en- fermé au-dessous d’elle. Cette expérience consiste done au fond à produire sur deux plaques différentes, 1° la figure acoustique proprement dite de Chladni: 2° celle qui est for- mée parfois à côté de la première par les poussières fines mélangées au sable, figure que ce physicien avait cru com- posée de nodales secondaires el que Faradav avait reconnu résulter des mouvements vibratoires des couches d’air su- perposées !. 1 Annales de chimie et de phys., 2e série, tome XLIX, p. 46. 192 BULLETIN SCIENTIFIQUE. L'on reconnait de la sorte, en variant de différentes ma- niéres le mode de vibration de la plaque supérieure, qu'à des centres de vibration de la plaque correspondent toujours dans la lame d'air des nœuds simples ou de première classe de Kundt, tandis que lintersection de deux lignes nodales de la plaque a toujours comme correspondant dans la lame d’air un nœud double. Lorsque le son rendu par la plaque est clair et net, que de plus la figure de Chladni ne se compose pas d’un système de lignes trop compliqué, la figure produite par les vibrations de la lame d’air atteint elle-même une netteté et une régu- larité parfaite qui n’est altérée que sur les bords par lin- fluence de l'air extérieur à laquelle on peut parer en dispo- sant tout le tour de la lame une petite paroi en papier. Une augmentation de l’écartement des deux plaques fait varier la figure acoustique en ce sens que les différentes par- ties de la plaque ne vibrant pas avec une égale force, suivant le côté attaqué par l’archet, l'impulsion des unes ne se fail pas sentir aussi loin que celle des autres, et alors la régula- rité et la symétrie de la figure disparaissent. Enlin, ayant étudié l'influence de la hauteur du son sur là forme des figures acoustiques des lames d'air, M. Vierth a été conduit à formuler la loi suivante : Les intervalles qui séparent les siries de deux figures acoustiques produites par une lame d'air sous l’action d’une plaque vibrante rendant successivement deux sons différents sont inversément proportionnels aux racines carrées (les nombres de vibrations de cette plaque dans les deux cas. ES. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. ie prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE JANVIER 1870. Le 4, 5, 6 et 7, brouillard épais tout le jour, dépôt de givre. couronne lunaire dans la sorrée, id. id. et faible halo lunaire. » 10, belle couronne lunaire. 11, forte gelée blanche le matin. 12. faible chute de neige dans la matinée, hauteur 2m, 15, couronne lunaire dans la soirée. 17, forte bise depuis 10 héwres du matin. 18, 19, forte bise tout le jour. 25, id. 217, id. 31, forte gelée blanche. ARCHIVES, t. XXX VII. — Février 1870. 14 Le 19% Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. min 10 h. soir 732,94 67 S0IrÉ 1 .20780,43 GR NSDITE EE ere 133.69 (DD SOC E-- Lee 728,90 10 h-isoiratt uns 128,08 10h matt. CET) IaÙ 10 h, matin. ALCLR 134,12 à x à 6 MINIMUM. mm h Mars ee 722,43° h. après-midi...... 722,03 h: soir. 22e AP Ed h. soir... MED h. après-midi, ..... 725,19 h. après-midi. ..... 724.94 ñ. après-midi .…. .... 724,40 h. après-midi. ..... 729,18 LA 9 00 LG 0 81'0 4 || 8£°0 80 —)6€ |cc'0 SE | 6'e | geo ER | 8 110 Os Le |00!7 E mon OO] 80—|0'7 |TS0 GO— 9y | 980 Cr — 19e | 001 LOL | Dr 7660 LOI + || Lr'O | OF + les [Sec E= — | 680 | OT + Ge [gro 80 + |ee |980 | LOxF | re |s10! 0 + lgc |r6' SO 6 |660 Lo" ec |61:0 | ” — | 960 LOF 6‘C F1‘0 | SO |1'e |e6'o | go + 9e |00‘r| FOI |O0'K| vo.+ 8 |00° JORF |0'9 |KSL'0 go + lee |66' > Bot CU 0 | monte | mt || | FD | ‘1910 ui PIN np Drop “four _ due au np “duo, L ‘OS pa | 2 AROSS a [qerre \| ra G & Ï & ra Ï I re € [Ql l | I I I I G | l Ï J [QU eA Fe OSS DITOLA A LEN | qi 1 “AUutU =[H0p IUY A D RO OO TATEUIRE ss 000! | 0SS #7" 0007 | 0SL DE 10861090 0L6 | OSC 006 | 0£S OLS | 089 OIG | 0L9 UGS 0Z 1006: OLL || 076 | O09ZL OLL 0GL OLS O8L U£S | 059 0007 : OT 00017 ! O0CS OL 097 O8S Ur9 088 | OSC 0001 ! OUFE | 066 | 0G9 068 : USE || 0G | 027 | 088 | 089 OLS | 099 0007: O0O0I 0007 : 000! go ** | 0007 |! 000] nm CT 11066 LO07Z JA OC ROUES = .|g'o |10G6 | OSL | “tuu _— —|—| — € |'uv F Fe NUEN = | ne | on. ‘union UOrJoea} | ef 9: 1189 1 aftau D021n]q "SAUT; FEU 9 HOTJRANTES 9p ‘ra “ex lj9p HOISA s ‘A: GYL gLL 0001! O001 0001! | LIG Y16 GYS ll € | | ‘UY6 | sop | "ON | 90‘0— 6 0+ GI pe pe hp tee + 0L1+ er 0+ C0'0— ALT TELE co € 86'G GL'G Pair 9° SG € GL'G 19° 19'G EG'G L0'S £L'T eve £9'£ cgR'E gc'G 267% 20°C YG° £rY G0'Y 99°Y IFR 159 GL'G LYY GG'E L£'7 LG'G 09‘ 6t'} "TU E{EUR ‘O[PURIOU | . ; (! 7 UOISU9) a LH MINE Ko 118 $ nn + ou + —— F'or+ + + a al. + | mms | es me | | # ‘RXEN [F6 S6E y'OI SYY CTI Pr'9— &8 —|F6r— FOI | 60 Y— | LOI OCT | girr- (EC | 06 — 109 —| CNT) GIP NGE EN EN en | D NES T— | (1 On À 2 A Fo=+ | 06 +1 Or + | 17e 9N' +|Grr+ Ye + | 89 9+ 1G'0-+ | 88° + SO NTIC + CO — | 8 + S°T— | SG CG +: CE + | 6£' + ES A CASE F9 + | 096+ 00 | 80‘2+ L'ES— | 60 (En Le Gr = EEE 60 + | LS'E+ | :0‘0 NGZAI=E Pr — | GrI + | | “AJPUIOU “LUTUUN ‘duo {l | uy 994 | 11806 | tre —|198"e +, Fr'OEL O7r —|150 9 -+ | FS'eEL 60 9 —| SL'r +. | SOT L gG'r — || c'e + | EL'6CL ST — || 606 — | ££'CGL eL'y —|| #60 + ! OY'SCL CIO CPE G0'96L YRE — | F0O-—* 0$ “LGL OL‘ — |106 + — | 89'SSL LG'Cu— 90 0 NW 2LC/CL 06‘& — || &0‘0 —: S9'LCL Ge —| Gr —| OPOGL SET — | PET — | FF 96L 910 + Tee + | GO‘TEL Go'e + ||-09'S + : OY'SEL LE + | Free +: SCIE | 819 + || 097 + cFr'6GL 18% + | 870 — | 7€ LCL Ge + || GEO —NIL'LCL 66e + || 61°: +1 69'6cL SL + | 60/0 + | GG'LEL 98‘Y + || GS — | 09'66L GES + || LOF — | LL'EGL 806 + | get — | 66 0G'9 + | 070 — 6F°2LCL 160 — | 660 + | 6LS86L | L0'G — | 86" + +-6L'0€L 160 —|| 869 + RSFISL Ge + | 90 — |! STLCL OT + SLT — GT'ECL 90°? + |l'OL‘T — ESFSEG 0 LL IU “UHFIUI ne || mme | ns Saint YS ‘1 #8 sap ej|sop “om QUTAÂON [2040 11897) IMNAMNEFH | DS en. LE ALL OR LE | | LG IS 0£ 6& 8G LG 9G SG YG sinof = . |*stour np Lie décade Je 2 (U lredécade+ 2,11 De « 3° « Mois 12 décade Je « 3e Mois l'e décade de “ ge : Mois re décade Mois MOYENNES DU 196 4 MOIS DE JANVIER 1870. Gl, m. Sh.m. 10h. m. Midi. 3h.sS #h.s. Baromètre. tra Inn uni tm Win nr 126,26 726,47 726,84 126,41 726,11 726,05 128,11 729,06 729,44 72902 728,79 728,96 128,62 728,79 729,07 728,63 727,99 727,84 197,91 128,13 728,47 128,04 127,61 797,63 Température. Le) Ù 4 2,39 + 333 LE 461 + 51 + 073 + 2,925 + 3,43 + 401 + 3,47 + 1, — 6,52 — 6,09 —-- 4,18 -- 2,56 — 1,32 — 1,45 — 1,28 —— 115 + 0,382 + 1,69 + 2,47 L 201 6 hi. s. 8 h.s, 16 n.s ui 126,22 729,11 128,20 ro 126,49 729,05 728,68 LATE 128,09 728,28 5 + 3,00 + 2,88 + 904 P428 = 31014719 D + 0,29 — 0,33 Dans ce mois, l'air a été calme 3 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. à été celui de 1,60 à 1,00, Tension de la vapeur. min un mn tin on CT ii ni min 4,74 4,64 4,69 »,04 5,17 5,16 5,00 4,95 1,88 4,41 4,22 1,13 1,22 4,06 1,09 4,08 4,05 4,07 2,54 2,55 2,71 2,78 2:99 3,01 2,92 2,80 2,69 3,89 3,16 3,81 35 1,01 4,05 3,96 3,89 3,94 Fraction de saturation en millièmes. 838 860 824 802 792 828 896 875 S72 873 861 163 720 665 690 133 750 802 912 882 808 730 697 131 169 813 845 392 868 799 750 717 749 189 813 sil lherm. min. lherm, max. Clarté moy. Température Eau de pluie : Limnimètre. du Ciel, du Rhône. ou de neige. 0 1 (e] à ( ram cum + 0,6ù + 6,30 0,91 D,78 5,7 95,7 — 0,19 + 4,76 0,71 522 10, i 99 — 1,23 — 0,62 0,51 3,83 0,0 85,1 —— 2,42 + 3,35 0,70 4,92 15,8 90,7 La direction de la résultante de tous Les vents obsersés est N. 250,8 E.. et son im- tensité est égale à 29,0 sur 100. Le Le 197 TABLEAU OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant Lé Mois DE JANVIER 1870. 2, brouillard la plus grande partie de la journée. id. id. il. id. id. id. id, 16,17, id. à a ° à à à à id. id. 10 h. 10 h. une partie de la journée. depuis 8 h. du matin. depuis 8 h. du matin à 6 h. du soir. le matin et le soir. à 6 h. du matin. _ Jusqu'à 8 h. du matin. Jusqu'à 4h, de l'après-midi. tout le jour. jusqu'à 10 D. du matin et depuis 6 h, du soir, à peu près toute la journée. Valeurs extrêmes de la pression utmosphérique. 6 h. soi 10 h. 10 h. i0 h. MAXIMUM MINIMUM. ri Le Mer Mot matin. SOS 50112 i 10 à 4 h. après-midi. ..... MARIE eee. 562.03 l'O MIA LS 2 eo eer SO ee ra 264.93 19226 hsoire MAD A ESUERE .. D60,78 23 à 4 h. après-midi. matm.... D97.14 CIS NME DE A0 C0 RASE ASS ve ARE 556,09 558,74 556,04 556,28 904,97 563,79 | + 3,31 563,64 * Les chiffres renfermés dans ces colonnes Wographe étant hors de service. 564,20 _— 9,39 ANVIER = - Baromètre. Température C. = — ————————— SE — = Hauteur | É sart aveu | | Moyenne | Écart avec i| £ || moy. des | la hauteur ,, des | température! Minimum” | = ||24 heures.| 24 heures. normale. | = —— ———— ee millim. | millim. 0 0 | ü 559,06 | — 2,30 | 558,77 | 559,45 | — 6,15 | + 9,46 560,90 | — 0,43 | 559,83 | 561,64 | — 8,66 | — 0,02 | 562,64 | + 1,33 561,25 | 563,89 | — 7,60 | + 1,07 566.70 | + 5,41 | 565,67: 567,72 | — 3,66 | + 5.04 566,98 | + 5,71 | 566,71 567,49 | — 3,55 | + 5,18 | — 5,2 | 564,54 | + 3,29 ! 563,40 | 565,77 | — 3 | + 2,81 | — 563,54 | Æ 2,31 | 562,65 | 564,65 | — 4,65 | + 4,15 | — GS | 563,25 | + 2,04 562,44 564,32 | — 2,90 | + 5,93 |! — 3,6 | 560,65 | — 0,53 559,85 | 562,43 | — 5,43 | + 3,42 | — 68 | 556,82 | — 1,33 556,09 | 558,12 | — 9,63 | — 0,76 | —10,5 560,20 | — 0,92 | 558,83 | 361,53 | —11,94 | — 3,05 | —14,4 561,02 | — 0,08 9,19 | 562,03 | — 9,18 | — 0,27 | —108 | 559,25 | — 1,82 558,74 | 560,48 | —12,25 | — 3,32 | —14,2 561,86 | H 0,82 ! 561,41°| 562,47 | — 5,22 | + 3,73 | — 6,7. | 562,86 | + 561.55 | 563,73 | — 7,62 | + 1,35 | —10,2 | 564,09 | + 563.33 RG LS ZE 186 56329 | + 362,18 | 563,86 | —11,83 | — 2,82 | —14,4 | ——10,0 560,25 559,24 | 564,00 ! —16,08 | — 7,06 —16,5 | —19,0 356,49 | 556,04 | 557,04 || —15,42 | —— 6,39 556,73 | 556,9 | 557,74 | —14,40 | — 5,36 559,86 528,01 900,59 | —14,40 — 5,35 559,71 358,74 | 560,78 || —10,55 | —- 1,49 356,42 556,28 | 556,61 | —12,12 | — 3,05 357,03 356,45 | 557,44 | —19,00 | — 2,93 555,59 | 596,75 | —14,44 | — 5,36 557,51 | 556,95 | 557,90 || —13,16 | — 4,08 556,29 | — 4:32 555,83 | 557,22 | —13,62 | — 454 560,24 | — 0,33 * 559,22 | 561,41 || —11,69 | — 2,61 562,14 | + 1,60 561,41 | 563,15 | —41,10 | — 2,02 | 564,42 | L 3,91 | 563,58 | 565,15 me) — 1.08. | — 0,32 | 1870. Pluie ou neige. a —— Hauteur Eau C de la tombée dans ce neige. les 24 h. Feb millim. | millim Se ar ue | | | het ve san , Î 7 « e : | terre | | : We Lu . | CE | 130 | 11,8 (n 65 | AD | 10 CRC | .. | Ce | ... ... { . …. Siete Ca . | .…... Î . . D | D PR RU donnent la plus basse et la plus élevée des lempératures observées depuis 6 heures du matin à 40 he I -BERNARD. Vent | Clarté [moyenne LUE dominant Cuel. —| SU. 1 SO. ï 0,91 0,82 variable | 0,08 SO. 0,06 SO. | 0,10 SO. | 0,30 SO. | 0,44 | SO. 0,43 | SO. 0,67 | | 0,84 0,69 0,68 0,83 0,51 0,74 1,00 0,91 0,68 0,43 | 0,72 NE NE. NE. NE. NE. NE. NE. NE: NE, NE: SO. À SO. | 0,37 SO. | 0,03 SO, | 0,02 NE. NE. NE. NE NE. NE. 0,00 | UP 0,00 0,00 | | 0,00 ! 0,00 variable 0,01 SO, 4 À 0,00 ———— es du soir, le thermomé- mn he me me me mn mn pou me NO LO KO me ee = me me me jQ NO an me en mn 199 MOYENNES DU MOIS DE JANVIER 1870. Gh.m. Sh.m. 10h,m. Midi. 2h.s. 4h.s. Gh.s. Sh.s, 40 h.5, Baromètre. im nm mni mn mm mm mm mm min lre décade 562,70 562,60 56271 562,43 562,33 562,47 562,51 562, # 562,63 2e r."s 560,24 560,49 560,85 560,55 560,58 560,74 560,84 560,84 560,61 3 , 006,08. 559,03 055931. 5592055 09,37 559,58 559,77 559,81 Mois 560,59 360,68 560, 90 560,68 360,65 060,81 560,93 561.02 560.98 Température. U 0 0 (a 0 0 0 0 0 l'edécade— 6,34 — 5,86 — 5,04 — 4,55 — 4,74 — 5,45 — 6,01 — 6,10 — 6,32 2e on —11,44 11,40 —10,52 — 9,58 — 9,54 —10,50 —11,09 —14,59 —11.79 De os 13,04 —13,28 —11,75 — 9,85 — 9,39 —11,27 —192,55 —12,67 —12,75 Mois —10,36 —10,28 — 9, 18 — 8,05 — 7,9% — 9,15 — 9,97 —10,20 —10,37 Miu. observé.” Max. observé.” Clarté moyenne Eau de pluie Hauteur dela du Ciel. ou de neige. neige tombée. 0 0 in min j'e décade —— 1,30 — 4,13 0,47 — —— 2.0 —13,01 — 9,05 0,72 16,0 195 ges —13,85 — 9,20 0,05 — —— Mois —11,47 — 7,52 0,40 16,0 195 Dans ce mois, l’air a été calme 11 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,63 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45 E, et son in- tensité est égale à 23,3 sur 100. * Voir la note du tableau . = # ne. AN ir TM | es Danperres y ARS TL CE ME Sue ie te do dl Dé ALTER Ne + (14 WE ds DR MEET D ie vets GET 0e! Fri pe: MES HAN Ad ao Vas cv 4 È , 4 % e< wa Eyes Lee 3 ré ÿ ® è LRU Ls % + AA à < EREN re L | CEA 7) , | . : cr k | LATE Fu: * TR ne à PRE EE EE On x «' 4 > # ÿ - % L w - * ; 1 = #19 Too br 4 y » E TL re MURS . : : Le CR Pa TL É _ SIT To Ü PEL de A + “5 élan r ee ne Æ ET l'AC LEE * £ Sue 25.0 S À SE LES 3 Li , de à ame mn. m5 4 nn : {) 4 D an ina TIR: À au LE) AM it. AE CES MONO 16. CLÉDRE KT, E0C, CASTRES fo IR TUE (Tes bd NA ri: HUHOG 27.0 700 sx HR LUE Rin: DA ET DETTE RLÉUER TH GLA DEA CRE EU. PT DE HOME Su He ANR: Én0N EULUA. JEROQS DEXUET LAON: LEA OGÈ ; Le Er * ra ; d = "a à ‘ ; ù # 2 CAL LOS CIS t : û | j ['S u } LE l À ; } " M LE LE AO = HE 2 0 R MR 5 NÉS RISORS MCE or a RO be da CRE. 2 RER AE RUE CR ENS k MEME Ter Guét— TR MôE — DATE VU PR MONS . : 4 i&t à { i Lang ME f Ke mot < th j "s ii LR LOT A ORAN HS DANGTEES 1 Æ\ nds & dE 4 1 rübigot 1 qui Pr ANATTONS PTS l'UMR (rie rl: Ar . , { PIN yes Nejois CM dju Vi ei "à ee m = PR ÈS ‘ CH , 0 Pre TRE 2 (Pi - . 2 Na LAS £ Na, citant A Ehhras d EST LE GUN da: CT PAT + FORCE EDR pts mt 200 = de RE : . - ur A, he MES ‘hi tour AT 1... TRI e J L L L : = : : * re E ET une elet Dh que dt MEN C0 A d ob, FA Er PRICES URI ALES LATE ANTON ab JTE É | re" FA PE AP Put NP tete ns al Go AONMainet tr k vi thËE + \ e AE due Ê EEE se C2 C2 r bn * . ; eu : dc ns - : : = D P PTE Tee Ÿ Ps vhs RS Ve ù 4 L La 5rf … " Fe + : = ef = e d MMS DE TD = = 2Ye rs A : Sr EL © we € LEZ 6 =" 2 2 - ts | Nr" NET EE TE le k = Mb oo 7 : cu Fe rés COR. 5. É ë " 1 PILE e Mean mater mm” mins ee rt hate fige mien 4e ee num. he nr dé à ’ x L Le) # : Ta si P 1 12 4 ” Frs : ‘2 ; À F d WE ï = _ LL = Lu - LR A u | Fe RECHERCHES THERMOCHIMIQUES ‘ PAR M. JULIUS THOMSEN TROISIÈME PARTIE * SUR LES ACIDES DU SOUFRE ET DU SÉLÉNIUM Le nouveau mémoire de M. Thomsen est particulière- ment intéressant parce que, outre la connaissance qu'il donne des chaleurs de combinaison des deux acides prinei- paux du soufre et du sélénium, il répond à une question im- portante que soulevaient naturellement les mémoires pré- cédents, dans lesquels elle avait été laissée complétement de côté, savoir la comparaison des effets calorifiques pro- duits par la combinaison d’un même acide avec diverses bases. Nous regrettons même que l’auteur n’ait pas en- core abordé directement cette queslion si importante, car dans le mémoire actuel il ne fait encore connaître que la différence des effets thermiques produits par la neutrali- sation des bases par lacide sulfurique et par l'acide chlor- hydrique. Il est vrai que la détermination de cette diffé- rence lui était surtout nécessaire pour le but principal qu'il se proposait dans ses recherches, et qui était d’éta- blir les degrés relatifs d’avidité de ces deux acides pour les diverses bases. ! Poggendorffs Annalen, tome CXXXVHE, p. 497. ? Voyez pour les deux premières parties : Archives, décembre 1869, tome XXXVI, p. 301, et janvier 4870, tome XXXVIE, p. 73. ARCHIVES, L XXXVIL — Mars 1870. 15 202 RECHERCHES Ne pouvant donner ici tous les détails de ces expérien- ces, nous chercherons cependant à en résumer tous les résultats numériques essentiels dans un tableau général comprenant : A) Les effets thermiques produits par l'addition d'un équivalent d'acide sulfurique à un équivalent d’un sulfate neutre de sodium, potassium, elc. B) Effets thermiques produits par l’action d'un équi- valent d'acide sulfurique sur un équivalent d’un chlorure métallique. C) Effets thermiques résultant de l’action d'un équi- valent d'acide chlorhydrique sur un équivalent d’un sul- fate. D) Différence des chaleurs de neutralisation d’un équi- valent d’une base par l'acide sulfurique et par l'acide chlorhydrique: cette différence n’est autre que celle des résultats obtenus dans les deux réactions précédentes (B-C). On a joint dans la colonne suivante E les résultats obtenus par MM. Favre et Silbermann pour la détermi- nation de ces mêmes différences. F) Coefficient de décomposition dans les réactions C (décomposition des sulfates par l'acide chlorhydrique). G) Avidité de l’acide sulfurique, comparée à celle de acide chlorhydrique. THERMOCHIMIQUES. 203 À | B SO°.HO SO°O! HCI et |‘et et | S05.MO) MCI |SO5.MO | Favre et | Thomsen. Silbermann | Sodium …|—935| 244 |-1682 1926 | 682 Potassium | 824! 310 -1594, 1904 427 ium|_—706! 32% |-1480, 480% | 1154 __538| 465 |-1296! 1761 | 1220 èe|—4152| 528 1264 1792 | 810 48] 548 19226! 179% | 104% …l440| 562 |-19232| 1794 | 2148 ….l413l 576 |-1218| 1794 | 1406 396 566 |-1491| 1757 | 1520 …|—338| 626 |-1146| 1772 | 1304 Dans ces expériences, de même que dans celles qui ont été plus complétement décrites dans un premier article, les matières réagissantes étaient employées en dissolutions étendues de 200 équivalents d’eau. L’inspection de ce tableau fait naître plusieurs obser- vations. A) La sursaturation des sulfates par l'acide sulfurique est toujours accompagnée d’une absorption de chaleur considérable, mais qui varie avec la nature des bases. Elle est d’autant plus grande que les bases sont plus énergiques. B) La réaction de l'acide sulfurique sur les chlorures donne toujours lieu à un dégagement de chaleur, mais qui varie d'une base à une autre ; il eroît à mesure que l'énergie des bases diminue. C) La réaction de lacide chlorhydrique sur les sul- fates est accompagnée d’une absorption de chaleur, crois- 204 RECHERCHES sant avec l'énergie des bases de même que la combinai- . son de l'acide sulfurique avec les sulfates. D) La différence entre les chaleurs de neutralisation d’une même base par l'acide sulfurique et par l'acide cblorhydrique est sensiblement la même pour la potasse et la soude. Elle est plus faible que dans le cas précédent, mais sensiblement la même aussi pour les sept métaux de la série magnésienne, les différences ne dépassant guère la limite des erreurs possibles. Par rapport à l'ammo- niaque cette différence est du même ordre que pour Ja série magnésienne. E) Les résultats obtenus par MM. Favre et Silber- mann pour la détermination de ces mêmes différences n’offrent aucune analogie avec ceux de M. Thomsen. L'auteur les considère comme absolument mexacts et at- tribue leur mexactitude à la méthode calorimétrique qu’avaient employée ces savants. F) L'inspection des nombres inscrits dans les colonnes B et C pourrait faire supposer au premier abord que la décomposition des chlorares par l'acide sulfurique et Ja décomposition inverse des sulfates par l'acide chlorhy- drique varient beaucoup d’une base à une autre. Mais un caleul exact, fondé sur les principes qui ont été établis par M. Thomsen dans le premier de ses mémoires à propos de ces réactions opérées sur les sels de soude, montre qu'il n’en est réellement pas ainsi, et que les dif- férences considérables que lon observe dans les effets ‘ thermiques qui accompagnent ces décompositions sont dues surtout à la différence des quantités de chaleur absorbées par l’action de l'acide sulfurique libre sur les sulfates. THERMOCHIMIQUES. 905 En effet le coefficient qui exprime la décomposition qu'éprouvent les sulfates par l'addition d’un équivalent d'acide chlorhydrique paraît être le même, 0,66, pour les trois métaux alcalins, et plus faible mais semblable aussi, 0,58, pour les sept métaux de la série magnésienne. G) 11 en résulte que, si l'on désigne par À Pavidité de l’acide chlorhydrique, celle de l'acide sulfurique est 0,515 pour les bases alcalines et 0,724 pour les bases magnésiennes, Si l’on remarque que ces déterminations ne peuvent être qu'approximatives, on pourrait peut-être remplacer ces rapports par les rapports simples À et ?. M. Thomsen décrit ensuite les expériences par les- quelles il a déterminé les chaleurs de combinaison de la soude avec d’autres acides du soufre et ceux du sélénium. Rappelons d’abord que la neutralisation d’un équiva- lent de soude par l'acide sulfurique donne lieu à un dé- sagement de chaleur de 15689° et que l'addition d’un second équivalent d'acide produit une absorption de cha- leur de — 935. Acide sélénique. Chaleur de neutralisation par un équi- valent de soude 15196, peu inférieure à celle de lacide sulfurique. Par l'addition d’un second équivalent d'acide sélénique, absorption de chaleur de —432°. L’addition d’un équivalent d'acide azotique au sélé- niate de soude donne lieu à une absorption de chaleur de —1134°, qui prouve que l’avidité de l'acide sélénique est très-voisine de celle de l'acide sulfurique. Acide sulfureux. Si lon ajoute à un équivalent de soude des quantités croissantes d’acide sulfureux, on 206 RECHERCHES THERMOCHIMIQUES. obtient les dégagements de chaleur suivants, qu'il con- vient de comparer à ceux que produit l'acide sulfurique : Pour 1 éq. d'acide sulfureux 7332° Acide sulfurique 78#1° » À , » 14484 , 15689 » 2 » » 15870 » 14744 Ainsi l'effet thermique croît proportionnellement à la quantité d'acide jusqu'à un équivalent. Mais la sursa- turation donne lieu encore à un dégagement de chaleur sensible, à l'opposé de ce que l’on observe pour lacide sulfurique. Acide sélénieux. H se comporte avec la soude comme l'acide sulfureux, seulement les effets sont un peu moins considérables. Pour + équiv. d’acide sélénieux 6872° » À » » 13512 12 , » 14772 Acide hyposulfurique. Sa chaleur de neutralisation par la soude est de 43536°, très-voisine de celles de lacide azotique et de l'acide chlorhydrique. INAOPARNE SUR LA VARIÉTÉ ROUGE DE L'ÉCREVISSE COMMUNE ASTACUS FLUVIATILIS (RONDELET) PAR M. GODEFROY LUNEL. Comme chacun le sait, la couleur de l'Écrevisse ordi- naire est généralement d’un brun verdâtre, tirant plus ou moins au noirâtre; néanmoins, on trouve des individus qui sont d’un bleu d'azur plus ou moins intense, et d’au- tres dont le test est en entier d’une belle couleur rouge uniforme, ne le cédant en rien à la teinte que prend ce crustacé par l'effet de la cuisson; c'est de cette dernière variété et de quelques observations qu’elle m'a fournies, dont j'aurai à m'occuper dans cette Note. La variété rouge de l'Écrevisse commune était déjà connue des premiers naturalistes : Wagner‘ la cite comme étant abondante dans la Dinnera (Dünnern), pe- tite rivière qui se jette dans l’Aar près d'Olten dans le canton de Soleure, Cet auteur signale, en outre, la variété bleue dans le lac de Lucerne; mais, chose singulière, Latreille, Audouin, Desmarest et Réaumur ne parlent pas dans leurs travaux de l'Écrevisse rouge, et ce n’est guère qu'en 1851 que Valenciennes *, ignorant l'observation ‘ Historia naturalis Helvetiæ, 1680, p. 222. ? Variété d’Ecrevisses à test entièrement rouge. (Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, séance du lundi 15 septembre 1851, p. 293.) 208 VARIÉTÉ ROUGE de Wagner, aurait attiré l'attention sur elle. En effet, à cette époque, cet ichthyologiste présenta à l’Académie des Sciences un individu vivant de l'Écrevisse rouge, lequel, ainsi qu'un autre exemplaire qu'il avait reçu au mois d'avril de la même année de la part de M. A. Passy, pro- venait des eaux douces de Gisors, où cette variété parais- sait être extrêmement rare. Enfin, le premier de ces exemplaires ayant été présenté à la Société Entomologi- que de France‘, il fut déclaré par quelques-uns de ses membres que cette variété se trouvait aussi dans les ruisseaux des environs de Chartres. La même année, M. Lereboullet *, dans une Note sur les variétés rouge et bleue de l'Écrevisse, dit à propos de la première, qu’elle existe dans plusieurs cours d’eau de la vallée du Rhin, d'où on lapporte souvent sur le mar- ché de Strasbourg, et qu'il en avait déposé quelques exemplaires dans le Musée de cette ville une dizaine d’années auparavant, Depuis lors, l'existence de la variété rouge de l’Écrevisse à été constatée dans d’autres cours d’eau et dans plusieurs lacs, notamment dans celui du Bourget, etc.; elle n’est pas rare dans le Léman et sur- tout dans le Rhône à sa sortie de ce dernier lac, car lon peut estimer que les individus de la variété rouge en- trent pour le 2 ‘/, pour cent dans la quantité des Écre- visses qu'on prend annuellement dans ces dermières loca- lités. La variété bleue s’y trouve également, mais elle y est beaucoup plus rare. : Comme on vient de le voir, la variété rouge de l'É- ! Ann. de la Sociète Enton, tome IX, Bulletin, P. 45. 2 Note sur les variétés rouge et bleue de lÉcrevisse fluviatile. {Comptes rendus de l' Acad. des Sciences, séance du € octobre 1851, p. 376-379. Extrait) DE L'ÉCREVISSE COMMUNE. 209 crevisse est assez répandue et même assez abondante dans certains endroits, pourtant son existence est encore Igno- rée du plus grand nombre et même souvent mise en doute. Il suffirait de rappeler l’étonnement des visiteurs, surtout des Parisiens, à la vue d’une demi-douzaine d’É- crevisses rouges amenées vivantes de Suisse, et introdui- tes dans l’un des aquariums de l'Exposition universelle du Champ de Mars. Dieu sait les commentaires auxquels durent donner lieu ces crustacés pleins de vie et se mou- vant dans l’eau, revêtus d’une robe dont la couleur écar- late n'avait évidemment, du moins pour la foule, pu s’ob- tenir qu’en les passant au court bouillon ! Pendant mon séjour à Paris, dans les premiers mois de l’année dernière, 1869, M. Carbonnier, lhabile piscicul- teur, m’ayant témoigné le désir d’avoir quelques Ecre- visses rouges vivantes, dès mon retour à Genève je me mis en mesure de les lui procurer, et en moins d’une quinzaine de jours j'eus la chance de réunir une vingtaine de ces crustacés. Je me disposais à er faire l'expédition, lorsque j'en perdis plus de la moitié en une seule nuit; je ne pus attribuer cette mortalité si soudaine à une autre cause qu'à un orage qui avait éclaté dans la journée et avait considérablement élevé la température. Je dus, par consé- quent, ajourner mon envoi et renouveler mes provisions. Mais, soit que la saison fût passée, soit pour toute autre cause que je ne saurais préciser, je ne pus recueillir que quelques rares individus, et ce ne fut qu'au commence- ment du mois d'août suivant, qu'il me devint possible de tenir ma promesse en envoyant à M. Carbonnier une douzaine de belles Écrevisses rouges. Je m'étais entretenu plusieurs fois avec quelques z00- logistes de l'Écrevisse ronge: un fait nous intéressait plus 210 VARIÉTÉ ROUGE particulièrement, à savoir si cette variété donnait nais- sance à des petits ayant la même coloration que leur mère. Voici les quelques observations que j'ai pu faire à ce sujet. Le 48 mai 1867, un pêcheur me montra une femelle d'Écrevisse rouge portant encore des petits attachés à l'extrémité des appendices des anneaux de sa queue ; ces jeunes crustacés, dont quelques-uns s'étaient déjà séparés de leur mère et se trouvaient au fond du vase, étaient tous d’une belle couleur rouge. La même personne m'assura avoir déjà remarqué un fait semblable. Comme je lai déjà dit, j'avais perdu la majeure partie des Écrevisses rouges recueillies au printemps; or, parmi les survivantes et celles en petit nombre que j'avais pu me procurer depuis, se trouvaient quelques femelles grenées, c’est-à-dire dont les œufs étaient descendus sous la queue. Je profitai de l’occasion qui m'était offerte, pour faire quelques observations. Malheureusement, je n'avais pas à ma disposition tous les éléments nécessaires pour espé- rer de bien bons résultats. Néanmoins, je logeai mes Écrevisses, au nombre de sept, dont quatre femelles ayant les œufs dans un état d’incubation plus on moins avancé, dans un baquet d'environ quarante-deux centimètres de diamètre, avec seulement une dizaine de centimètres d’eau et quelques pierres au fond; ayant soin d'en re- nouveler l'eau trois où quatre fois par jour à l’aide d’un tuyau en caoutchouc. Ces premiers essais ne réussirent guère qu'à demi: ce qui, du reste, élait facile à prévoir, vu les conditions assez précaires dans lesquelles ces crustacés étaient pla- DE L'ÉCREVISSE COMMUNE. 241 cés. En effet, au bout de quelques jours, je pus m'aper- cevoir que les œufs de mes pensionnaires ne suivaient pas leur développement normal; ils se détachaient peu à peu des femelles et roulaient au fond du baquet où ils étaient ordinairement mangés par leurs parents. Je recueillis quelques-uns de ces œufs nouvellement détachés et les plaçai séparément, dans des verres à boire dont je renouvelais l’eau fréquemment. Beaucoup de ces œufs périrent en peu de temps et devinrent blanchätres; cependant, j'eus la satisfaction d’en voir un certain nom- bre continuer à se développer, quelques-uns même ar- river presque à l’éclosion, sans toutefois aller plus loin. Les embryons se couvraient d’une espèce de moisissure ou de mousse blanche, transparente et ressemblant à de la toile d’araignée très-fine. J'ai remarqué que les embryons, à mesure qu'ils se développaient, prenaient une coloration rouge toujours plus prononcée et bien différente de la teinte seulement rosée qu'ont les embryons de l'Écrevisse ordinaire, quand approche le moment de léclosion, ce dont j'ai pu m'as- surer par la comparaison. J'en étais là de mes observations, quand le 12 mai mon pourvoyeur d'Écrevisses rouges me remit une belle fe- melle de cette variété dont Les œufs étaient dans un état d'incubation qui paraissait très-avancé. Je plaçai la nou- velle arrivée dans un grand bocal en verre blanc, et lui donnai tous les soins dont j'étais capable; je pus, de cette manière, suivre à travers le bocal, et jour par jour, le développement de ses œufs qui, du reste, ne m'offrit rien de bien particulier et qui ne füt déjà connu. Enfin, vingt et un jours après, c'est-à-dire le 2 juin, j'eus le plaisir de voir marcher au fond du vase, une vingtaine de 219 VARIÉTÉ ROUGE jeunes Écrevisses ayant environ 45 millimètres de long. Ces petits crustacés, en tout semblables à leur mère, avaient le corps très-diaphane, d’une belle couleur rouge vermillon, et non d’un blanc grisätre comme Pont à leur naissance les jeunes de l'Écrevisse ordinaire. J'avais introduit dans le bocal une certaine quantité de brachiopodes des genres Cypris et Daphnie, pour servir à l'alimentation de mes jeunes Écrevisses; malgré ces soins, je les vis à regret se couvrir de mousse et périr l’une après l’autre au bout de deux jours. L'Écrevisse mère mourut elle-même le troisième jour après lécloston de ses œufs. Je dois ajouter que, pendant leur courte existence, les petites Écrevisses venaient chercher un refuge sous la queue de leur mère et que celle-ei, pendant tout le temps que j'ai pu la garder, s’est montrée très-irritable ; il suffisait de s'approcher du bocal où elle était, pour la voir soulever son corps et S'avancer de votre côlé, diri- geant en avant ses antennes et ses pinces: mais sitôt qu’elle eéroyait le danger passé, elle retournait se blottir dans un coin ou sous une pierre, et S'y tenait immobile jusqu’à ce qu’une nouvelle alerte vint l'en faire sortir. Ainsi que j'ai pu le vérifier moi-même, et qu'il l’a été remarqué chez les Écrevisses de Aquarium de l'Expo- sition de Paris, au moment de la mue, les Écrevisses rouges prennent une teinte brunâtre ; mais une fois cette opération terminée, leur test est de nouveau d'un rouge éclatant. Enfin, cette couleur pâlit et souvent passe au rose lorsque l'animal est malade. Les observations qui précèdent, quoiqu'en petit nom- bre, et la quantité relativement assez considérable d’indi- vidus de la variété rouge de l'Écrevisse ordinaire, feraient DE L'ÉCREVISSE COMMUNE. 213 croire que cette variété ne serait pas simplement acci- dentelle, mais pourrait bien se perpétuer par voie hérédi- aire, et que, sans nier la possibilité de quelques cas de croisement entre les individus de celle-ci et ceux de la couleur ordinaire, les mâles rouges rechercheraient de préférence pour s’accoupler, au temps des amours, des femelles de leur couleur. Il n’en serait pas de mème de la variété bleue: cette coloration, purement accidentelle et qui est plus ou moins intense suivant les individus, appa- rait ordinairement aussitôt après une mue, puis elle dis- paraît sensiblement an bout de quelques mois, pour faire place à la couleur brun noirâtre, qui est la colora- tion ordinaire de ce décapode. De nouvelles recherches faites plus en grand, et dans des conditions plus favorables, amèneront sans doute la solution de ces questions intéressantes. ÉVAPORA TION DU SOL ET DES PLANTES PAR M. EUGÈNE RISLER Qme MÉMOIRE !. J'ai cherché, dans le cours de l’année 1869, à déter- miner plus nettement qu’en 1867 et 1868 les quantités d'eau évaporées chaque mois. A cet effet, jai pris, le dernier jour du mois, des échantillons de terre à diverses profondeurs el en divers endroits du champ qui sert à mes observations. Après avoir pesé ces échantillons, je les desséchais dans une étuve à huile, dont je maintenais la température de 410° à 113° jusqu'à ce qu'il n'y eût ‘plus de diminution du poids. J'ai obtenu ainsi les chiffres des colonnes 3°, 4° et 5° du tableau ci-dessous, chiffres au moyen desquels j'ai pu faire les corrections pdiquées dans la 6° et 7° colonne, et arriver aux quantités d’eau évaporée que la dernière colonne donne en millimètres. Je me rapproche ainsi de la réalité, sans toutefois lavoir encore atteinte complétement; car, d'un côté, je n'ai pris mes échantillons de terre qu’à une profondeur maximum de 35 c.: je ne connais done pas les variations d'humi- ‘ Voir les Archives des Sciences phys. et natur., septembre 1869, tome XXXVI, p. 27. — Dans ce premier mémoire, à la page 31, Gme ligne et suivantes, lisez 2 °/, d’eau au lieu de 20 2/,, comme le montre du reste la suite du calcul. ÉVAPORATION DU SOL ET DES PLANTES. 319 dité qui se sont produites plus bas. D'un autre côté, les rosées et la vapeur d’eau, puisées dans l'air par la sur- face ameublie du champ, ont exercé une influence que je n’ai pas encore essayé d'apprécier. Humidité contenue Variations |S à = TEA LC EEE dans le sol de s2% 4869 | 6mbée.| nel D | à une profondeur | l'humidité | 2-22 drains. SE | |, 5, = de 20°. de 35° | oyen*|en 0/0. | mimets mm ( 0} LE A a PR LEE 24,63 Février| 67,67) 40,67! 27,00 24 124 |H 14 31,00 Mars … 63.25| 48,13| 15,12 25 95 “1 #4 11512 Avril...| 39,79| 9 35,75 24 21 +4 #16 DANS Mai... [124,35 9,731121,6216 119 117,5 13,5 [414 135,62 Juin..…| 69,15 1.96, 67,8917,6 16,6 17,18 40.32|} 1,28! 69,17 Juillet .| 44,70! 0° | 44,70 15,61 15,61/+1,57|4 6:28) ‘0,98 Aoùût..…| 41,85) 0 11,85|13.41 143,41 42,20 + 8,80! 50,65 Sept.…..| 80,60! 9 | 80,60! "25 10.41 9.*3,43,58 413,32) 93,92 Oct... | 34,65! 9 34,65 13,82 11,1 12,46.-2,68 10,52 24,13 Nov.….…|123,50| 8,50 115.005, 1 20,0 17 85. —4,39,-17,56| 97,44 Déc....| 81,55 344 se 417,07123,68. 23, 68/-5, 83 -23,32 23,25 | k Total de | ns RUES 158, tal ,58 D’après ce tableau, on voit que la quantité de pluie tombée en 1869, et la quantité absolue d’eau évaporée, ont été plus faibles qu'en 1867 et 1868. Par contre, le rapport entre l'eau évaporée et Peau tombée est plus élevé : il s’est évaporé 83,88 °/, de la pluie tombée, tan- dis que, dans les deux années précédentes, ce n’était que 70 °/, environ. L'année 1869 à été, en effet, une année exceptionnellement sèche dans le canton de Vaud ; beau- coup de sources ont tari, et la plupart des récoltes ont souffert par le manque d’eau. On peut done considérer une évaporation de 84 °/, de la pluie tombée dans l’an- 2 16 ÉVAPORATION DU SOL née comme maximum possible, ou comme très-rapprochée du maximum possible, dans les conditions où les obser- vations ont été faites. Dans la même localité, elle ne pour- rait être plus grande que pour une terre forte, non drainée, c’est-à-dire impropre à une bonne agriculture, ou sur un plateau argileux et dont la surface ondulée re- tient l’eau dans ses dépressions, sous forme d’étangs et de marais malsains. Elle est également plus intense sur une surface aqueuse, comme le lac. Une terre labourée expose à l'air une plus grande sur- face qu'une terre non labourée. Par conséquent, elie éva- pore plus qu'une terre non labourée, quand la tension de la vapeur d’eau qu'elle émet est plus grande que celle de l'air. Au contraire, elle absorbe plus d'humidité at- mosphérique, quand la tension de la vapeur d'eau y est moins grande que celle de Fair. Un sol couvert de végétaux évapore plus qu’un sol nu, parce que la surface évaporatrice des feuilles s'ajoute à celle du sol lui-même. L'ombre que les feuilles font au- dessous d'elles diminue, il est vrai, jusqu'à un certain point l’évaporation directe du sol; mais cette diminution est plus que compensée par l’accroissement d’évaporation qui se produit au-dessus des feuilles. On peut s’en assu- rer facilement en comparant de temps en temps le poids de plusieurs pots de même grandeur, remplis de la même quantité de terre, arrosés avec la même quantité d’eau, et tous enterrés dans le sol, mais dont les uns sont cou- verts de végétation, tandis que les autres sont nus. C’est ainsi, par exemple, que M. Marié-Davy a trouvé, pour la bauteur d’eau en millimètres évaporée du 20 au 28 juil- let 1869 : ET DES PLANTES. 217 Patéle sonne: fn 2: à 297,89 PARU SA20n 1 CN LÉ 72 Par un sapin epicæa . .. 93,"",01 © Par un buis en arbre. .. Se. 05 A la fin du mois d'août 4869, j'ai pris des échantillons de terre, les uns à une profondeur de 15 à 20 centimè- tres, les autres à une profondeur de 40 à 45 centimètres, dans divers endroits assez rapprochés les uns des autres du plateau d'argile glaciaire qui fait partie de ma pro- priété de Calèves, près de Nyon. Fai déterminé la quan- tité d’eau renfermée dans ces échantillons, et voici les ré- sultats auxquels je suis arrivé : à uue profondeur de nn DATE. 0,15 à 0,20 0,10 à 07,45 | Humidité renfermée dans le sol Champ, chaume d'avoine non | labouré depuis la moisson... | 7,57 °/, | 17,38 °,, |26 août Champ qui avait porté des vesces hivernées et avait été la- bouré en juillet après la récolte | 11,00 MRANE To esmese dal nr a Terre de jardin potager, en- droit non arro-é. non planté de 18,20 26 août 10,41 24 août légumes, mais voisin d'arbres fruitiers . ON LANTA 15,00 17,05 25 août Bois ; taillis de chênes de neuf 13,95 26 août Bois ; futaie de chênes de 35 à 10 ans Mr Nesle 9,53 7,54 26 août LE Pins de 20 ans souffrant de la CÉPUPIESSC . mt Cl 2 d Ainsi, déjà à la fin d'août, le sol des bois était plus see ARCHIVES, t. XXXVIL — Mars 1870. 16 218 ÉVAPORATION DU 50L que celui des champs, et cette différence s’est encore ac- crue dans la suite, parce qne les pluies de l'automne n’ont pas été très-fortes; dans les champs, elles ont, à partir d'octobre, augmenté l’humidité que contenant la couche ara- ble, et peu à peu cette humidité s’est répartie de proche en proche dans le sous-sol. Mais la plupart de ces pluies d'automne se sont arrêtées an feuillage des forêts, et se sont évaporées avant d’avoir pu atteindre le sous-bois. Jen conclus qu'un sol couvert de forêts évapore plus d’eau qu’un sol nu. Les arbres ressemblent à des drai- pages verticaux plantés dans la terre, dont ils sucent l’hu- midité pour l'envoyer dans l'atmosphère, à travers l’é- - norme surface d’évaporation que porte leur feuillage. Je ne me permets pas de m'inscrire, dès à présent, en faux contre l'influence qu'on attribue aux forêts sur l'alimentation des sources. C’est une question très-com- plexe, dont la solution peut varier suivant la valeur des différents facteurs qui y interviennent, Mais les ob- observations que je viens de présenter montrent que les ‘forêts consomment plus d'eau qu'on le croit en général. En rrgovent-elles plus d'un autre côté? Forment-elles, comme on l'a dit, de vastes appareils de condensation, grâce à la température plus basse qui y règne? J'en doute fortement; car, si la température y est plus basse pendant le jour, elle y est presque toujours plus haute pendant la nuit, Mais cet élément de la question ne peut être fixé que par des observations plaviométriques précises et prolonzées. Dans Les bois où j'ai pris mes échantillons de terre, le surplus de l’évaporation cansée par les arbres a dépassé le surplus de cond nsation de pluie qu'ils ont provoqué. Mais ce sont des bois de petite étendue; ils ET DES PLANTES. 219 n’ont ensemble que 42 hectares, et il est fort possible que les effets produits soient différents pour les forêts qui cou- vrent de grands espaces. De plus, 4 faut distin juer les forêts de plaines et les foréts de montagnes. Dans les montagnes, la question se complique encore d'un facteur nouveau: sur les pentes rapides, les forêts forment par leurs racines, leurs troncs rapprochés et ce fouillis de végétation qui en remplit les intervalles, une sorte de clayonnage naturel qui re- tient la terre végétale et tous les débris qui résultent de la décomposition des roches sous-jacentes. Faites une coupe rase. Les pluies, tombant avec violence sur ces pentes déboisées, les ruineront, entraîneront avec elles la terre végétale et les fragments de roches qui iront encombrer les lits des torrents et des rivières, et bien- tôt il ne restera plus sur les flancs de la montagne que la surface nue des roches. Si ces roches sont per- méables, elles boiront encore une certaine quantité d’eau et en formeront des sources dans les vallons, mais ces sources seront moins abondantes et moins régulières qu'aux temps où les forêts existaient encore. Si les roches sont compactes et imperméables, les eaux des pluies courront à leur surface avec une vitesse multipliée par la déclivité de la pente et iront rapidement grossir le débit des rivières dont le lit, rétréci et obstrué par les maté- riaux qui s’y déposent, forcera le contenu à se répandre sur les rives en inondations désastreuses. En 1869, le champ qui sert à mes observations a porté en partie du blé, en partie du trèfle, et sur le reste des pommes de terre. L'évaporation a donc dû y être plus active que si la surface était restée nue. Sur les 290 ÉVAPORATION DU SOL 683% 56 d’eau évaporée, quelle est la proportion qui à passé à travers les plantes et servi à l'alimentation des récoltes? Pour nous faire une notion approximative de cette quantité, prenons comme base les analyses de M. Bous- singault, l'autorité la plus compétente en ces matières. Une récolte de froment de 1342 kiogrammes de grains (environ 17 hectolitres, récolte moyenne) et 3058 kilogr. de paille contient 995 kilogrammes d’eau de végétation. De plus, elle contient 1863 d'hydrogène qui correspondent à 9315 d’eau, Au moment où on l’enlève du sol, la récolte renferme donc les éléments de 19965 d’eau, ce qui ne ferait qu'une hauteur d’eau de près de ? de millimètres. On peut y ajouter environ ! de plus pour les racines. Pour estimer l’eau qui s’est évaporée après avoir simplement servi de véhicule aux aliments puisés par le froment dans le sol, nous pouvons nous servir d’un rap- port qui a été déterminé à la suite d'expériences très- ‘exactes par MM. Lawes et Gilbert, à Rothamstedt, en Angleterre, Ces Messieurs ont trouvé que pour À gramme de matière sèche produite, il y a en moyenne 225 grammes d’eau évaporée par les feuilles du froment. Il y aurait done eu 1021800 kilogrammes d’eau évaporée par hectare de froment, ce qui correspond à une hau- teur d'eau de 102% 13. Le froment d'hiver est presque toujours assuré de trouver assez d’eau pour subvenir à ces besoins, parce que sa végétation la plus active se fait au printemps, quand la plupart des terres renfer- mnt encore une provision d'eau tombée pendant l'hiver qui s'ajoute aux pluies de mars, d'avril et de mai. Îl faut ET DES PLANTES. 291 même que le sol et l’atmosphère ne soient pas trop humides pour que le blé monte en épi. Peut-être est-ce en partie à cause de cette sécurité relative de rendement que la plupart des peuples ont basé leur alimentation sur le froment d'hiver. Des calculs analogues montrent qu'une récolte de trèfle de 21600 kilogrammes à l'hectare en vert ou 5100 kilogrammes en sec (deux coupes) emploient, en y com- prenant les racines, les chaumes et les feuilles laissées dans le champ, 175296 d’eau. La période de végé- tation, du moins celle qui fournit les deux coupes, dure de quatre à cinq mois; il faut donc au trèfle de 35 à 44 mil- limètres d’eau par mois. Si nous ajoutons à cela l’eau que le sol perd directement, nous voyons que nous sommes bien près de la limite que les pluies peuvent donner en été dans nos climats, et nous comprenons pour- quoi il arrive quelquefois, surtout dans les terres légères, que la deuxième coupe du trèfle manque ou est très- faible. Par exemple, en 41869, le mois de juillet n’a eu que 448,70 de pluie, le mois d'août 41,85; et dès le commencement de juillet les terres n’avaient plus aucune réserve d’eau. Aussi n’a-t-il pas valu la peine de faucher pour la deuxième fois le trèfle que j'avais dans le champ qui sert à mes observations. M. Marié-Davy a trouvé qu'un gazon évaporait du 20 au 23 juillet près de 7 millimètres d’eau par jour, Il a fait, il est vrai, très-chand pendant ces huit jours et le gazon était arrosé. Mais Schübler en Allemagne avait trouvé un chiffre encore plus fort. Si nous le prenons comme base pour nous rendre compte des recettes et des dépenses en eau de nos prés, nous trouverons que la 229 ÉVAPORATION DU SOL première coupe de ces prés épuise ordinairement à peu près toutes les ressources que lui offrent les réserves de l'hiver et les pluies qui tombent du 15 avril au 45 juin. Le regain est chose précaire dans la région des vignes au sud de la Suisse, En 1869, la fin de juin, juillet et août n’ont donné que 440 à 150 millim. de pluie, soit environ 2 millim. par jour. Si cette pluie tombe par petites frac- tions, elle mouille à peine le gazon jauni; elle s’évapore de nouveau rapidement, Il vaut mieux qu’elle tombe plus rarement, mais en plus grande quantité; alors, elle peut du moins pénétrer dans la terre et celle-ci en conserve une partie qu’elle cède ensuite aux plantes, On sait d’ail- leurs que le regain se compose principalement de plantes à racines profondes qui trouvent plus facilement à s’ali- menter pendant l'été que les graminées à racines super- ficielles. On voit cowbien la production agricole de chaqne pays dépend, non-seulement de la température et de la lu- mière, mais aussi de l'abondance et du mode de réparti- tion des pluies qui y tombent. Maximum de sécheresse que les plantes peuvent supporter. J'ai fait dans le courant de l’année 1868, du 29 juin au 1° septembre, des expériences directes pour essayer de déterminer la limite de la sécheresse qu'un certain nombre de plantes peuvent supporter. Le 29 juin, j'ai rempli neuf grands pots à fleurs cha- cun de 28 kilogrammes de terre dont l'humidité avait été déterminée ; elle était de 9,8 °/,. Puis, j'ai semé ou planté dans ces pots de l’avoine, du blé, du maïs, des ET DES PLANTES. 292 pois, des vesces, des pommes de terre et des betteraves. Dans deux pots, je ne semai rien du tout, afin d'avoir un terme de comparaison pour la quantité d’eau puisée dans la terre par les plantes". Les pots étaient placés dans une serre à l’abri de la pluie, mais exposés au so- leil. Les fenêtres étaient ouvertes de manière à favori- ser la circulation de Fair. Cette circulation était même très-active et, comme il à fait très-chaud pendant la durée des expériences et que les pots n'étaient pas enterrés, mais exposaient leurs parois à l’action du soleil, Févapo- ration était beaucoup plus grande qu’elle est en général dans les champs ou dans les jardins. De temps en temps j'arrosais mes pots avec des quan- tités bien déterminées d’eau, Puis, quand lévaporation avait fait disparaître une partie de cette eau, 1l me suffi- sait de peser les pots pour apprécier combien il en restait dans la terre, Quand mes plantes eurent pris un certain développement, je diminuai les arrosements et les sus- pendis à plusieurs reprises pour observer jusqu'à quel point elles pourraient résister à la sécheresse, Voici les résultats que j'ai trouvés : 1 Ces expériences peuvent servir à confirmer celles de M. Marié- Davy que j'ai citées plus haut. Mais, comme l’évaporation y a été exagérée, les chiffres qu'elles ont donné pour l'eau évaporée sont beaucoup trop élevés. L'évaporation aurait été, d’après elles, pour la betterave de 70 kilogrammes d'eau, pour les pommes de terre de 90, lavoine 30, le sarrasin 30, le blé 60, le maïs RO, les pois 50. - La surface des pots avait un diamètre de 32 centimètres, 294 ÉVAPORATION DU SOL le 10 août 63 C/0 le 1er sept. le 15 let TE 5 août 69 (J0 Humidité de l'air | 12 0/0 55 0/0 79 0/0 Maximum de tem- ) 96° péritu e à l'oubre 320,7 l 24°,8 32°,8 96,4 au dehors de la avont nn \après une ÉLARE | | orage. | pluie. 19,55 °/, 7,460), Betteraves } d'humidité Lil que ja Lrèe- . sufiseut. * à fanées . 4 (SOS NOTE /MNO.27 0e 60 Pommes de terre. } sullisent. /suflisent. )f+s SRE sèches < 10455 | | 13,53 °/,410.120} el 10,30°1, 6,7 4$ Avoir... :. } suflisent. "uit £ fanées Ro suflisent. Le “ 16.67 °/, Le URPRARIE NOTE : » © Sarrasin. . ... LNe À feuilles un je 5 très.) fouilles iront suflisent. | ) (l peu fanées À saines. ‘très-saines.! fané. or 110,18/ 5 RE 15,00, À 10. F. lo plantes } suflisent. /feurlls fanées) IMOISIES. | 11,98 °/, 7,6 e/ 1e CTRELA NES TANT : Mais... } suffisent. À pres fasques/sufft juste Pol plantes souffrir, Ÿ fauées. t1he 07 \10,77 °/,| PS SE bn M du l.) feuilles | sufliseut. /feuill fanées( pas | HER x 15 40° Lu, 40°}, | HUE Re j' Pi Less files | Ces résultats ne permettent pas d'indiquer avec une précision parfaite la limite de sécheresse que peuvent supporter les plantes observées. Cette limite parait va- rier avec l’état de l'atmosphère, Le 27 juillet, toutes les plantes, sauf la pomme de terre, avaient des feuilles flas- ques et pendantes. Le 5 août, l’avoine, le sarrasin et le mais avaient repris un aspect très-vizoureux, et cependant la terre était plas sèche le 5 août que le 27 juillet. La limite varie également avec la période de dévelop- ET DES PLANTES. 999 pement dans laqnelle se tronvent les plantes. Celles de nos expériences n’ont pas dépassé la floraison. Le blé, peu habitué à être semé à la fin‘de juin, s’est couvert de moisissures. D'ailleurs, une plante ne meurt pas tout d’un coup. Par exemple, la betterave, quand elle est surprise par la sécheresse, nourrit pendant quelque temps ses feuilles nouvelles aux dépens de sa racine, Voici l’ordre dans lequel on pourrait ranger les plantes observées d’après le degré de sécheresse qu’elles peavent supporter. SAPPASII S-PEMRIE Lo a Le Pommes de terre. . 9 à 40 °/, AVOIRE: PE, « ha 2e 10va AA}, Maisuatihot hr Mnalt42rfs Ph Gt -cimcut he enclerig/ NÉRCES eq at Aa, Dans les pots où elles végétaient, toutes ces plantes avaient leurs racines à peu près à la même profondeur. Mais il n’en est pas ainst dans la grande culture. En plein champ, les végétaux dont les racines sont les plus profondes, comme celles de la luzerne et de la vigne, ont le plus de chances de résister à la sécheresse, parce qu'en général les couches profondes du sol sont plus humides que les couches superficielles. Cependant, il ne faudrait pas croire que la terre est toujours plus sèche près de sa surface qu'à un demi- mètre où un mètre de profondeur. À plusieurs reprises, j'ai trouvé à la fin de lété ou en automne, la terre plus humide à 40 ou de 20° profondeur qu'à 60 ou 80€, Cet excès d'humidité provenait des pluies récentes ou des rosées. Les plantes à racines superficielles, comme le 296 ÉVAPORATION DU SOL sarrasin ou la pomme de terre, peuvent le mieux pro- fiter de ces rosées. De là vient que souvent on voit leurs feuilles flétries dans l’après-midi, se relever le soir, dès que la rosée à été absorbée, Quoique moins développées, ces racines superficielles ne manquent pas non plus à l’a- voine et an mais, La vigne en a immédiatement au- dessous de la couche de terre qui a été rompue par le fossoir et s’alimente d'autant mieux que cette couche, plus meuble, peut mieux condenser lhumidité atmos- phérique. Voici encore quelques observations sur les propriétés physiques des terres dont il s’agit : Maximum d'humidité renfermée dans le sol. Dans les échantillons de terre égouttée, pris à diverses profondeurs, mais toujours au-dessus du plan des eaux, quand les drains conlent encore, ou à côté des tuyaux, quand ceux-ci ont cessé de couler depuis peu d'heures, je n'ai jamais trouvé plus de 25 °/, d’eau. Pourtant, en déterminant la faculté d’absorber et de retenir l'ean que possèdent ces mêmes terres par la mé- thode usuelle, celle de Schübler; c’est-à-dire, en en met- tant une certaine quantité bien desséchée dans un enton- noir muni d’un filtre, la saturant d’eau, laissant le tout s'égoutter et comparant ensuite le poids de la terre mouiilée avec le poids primitif, j’ai trouvé ordinairement plus de 40 °/,, quelquefois jasqu'à 43 °/.. Cette grande différence doit provenir de la cause sui- van£e : | Dans une terre drainée artificiellement, au moyen de tuyaux, ou naturellement par un sous-sol perméable, 1l tend toujours à se produire une différence de pression ET DES PLANTES. 297 entre l'air à Pintérieur des tuyaux ou du sous-sol et l'air à la surface du champ. Cette différence de pression s’a- joute au poids de l'eau pour la faire descendre dans les drains ou dans le sous-sol. Mais pour la terre qui rem- plit l’entonnoir, cette différence de pression n'existe pas. Il faudrait, pour déterminer la faculté de retenir l’eau que possède une terre, employer l'appareil que M. Bunsen a imaginé pour bâter les filtrations, en produisant au-des- sous des filtres, un vide relatif, au moyen d'un filet d’eau qui entraine une certaine quantité d'air. Cet mgénieux appareil * agit à peu près comme les drains dans un champ. Comme ces drains, il égoutte d'autant mieux les matières déposées sur le filtre que la chute de l'eau est plus grande, En effet, la différence entre la pression de l'air qui s'exerce à la surface de ces matières et celle qui subsiste au-dessous de ces matières est proportion- nelle à la hauteur de la chute. Dans un champ, elle serait donc proportionnelle à la pente des drains. Je dois cependant remarquer que, même dans un ap- pareil de ce genre, la terre ne se trouve pas dans des conditions qui ni permettent de s’égoutter aussi bien que dans un champ. Le filtre étant plus étroit à sa partie in- férieure qu'à sa partie supérieure, il S'y produit un étran- glement qui resserre la terre et diminue, jusqu'à un certain point, la sortie de l’eau. Si, pour déterminer sa faculté de retenir l’eau, on met la terre dans une capsule, verse l’eau dessus et remue ou pétrit le tout, au lieu de se borner, comme je lai dit tout à l'heure, à verser l’eau sur la terre placée dans on filtre, on trouve, après avoir laissé la terre s’égoutter sur un filtre, qu’elle retient encore plus d’eau; je suis ainsi ar- { M Marignac l’a décrit dans les Archives. 2928 ÉVAPORATION DU SOL ET DES PLANTES. rivé jusqu'à 56 °/ pour la terre qui m'avait donné 43 °/, par la méthode de Schübler, et 25 °/, seulement, quand je la desséchais à l’étuve après lavoir prise dans un champ drainé. Cette nouvelle différence s'explique encore aisément. Quand je verse l’eau dans la capsule remplie de terre, quand je remue le tout, et mieux encore, quand je le pétris, je force l’eau à déplacer l'air renfermé dans les in- terstices et les pores les plus petits de la terre. Ïl n’en est pas ainsi dans un champ à sous-sol perméable ou drainé. Pendant les périodes de sécheresse, une grande partie de ces mille et mille canaux capillaires qui le traversent en tous sens sont restés remplis d'air. Quand la pluie vient à tomber, l’eau absorbée refoule cet air et y détermine, comme la montré M. Jamin, des pressions énormes qui s'opposent à une absorption plus complète et la forcent à s’en aller là où elle trouve moins d'obstacles à vaincre, c’est-à-dire, dans le sous-sol ou dans ces drains. On peut done admettre que, dans la nature, une terre, quelque ar- gileuse qu’elle soit, si elle a une fois été bien desséchée, et si elle n’est pas imprudemment travaillée et pétrie par ces instruments aratoires ou les pieds des animaux qui y labourent avant qu'elle se soit assez égouttée, ne contient jamais le maximum d’eau que lon pourrait lui faire ab- sorber par les méthodes qui sont indiquées dans les trai- tés d’agronomie. DE LA POUSSIÈRE QUI FLOTTE DANS L'AIR ATMOSPHÉRIQUE M. Tyndall vient de faire à l'institution royale de Lon- dres une conférence qui a excité un très-grand imtérêt. Elle avait pour objet l'étude de la poussière atmosphé- rique et l'influence de cette poussière sur les maladies épidémiques. Rappelons en peu de mots, avant de rendre compte des ingénieuses expériences de M. Tyndall et des conséquences intéressantes qu'il en tire, le point exact où en était la question au moment où elle a été abordée par le savant professeur anglais. À la suite de travaux nombreux et importants sur la génération spontanée, un savant français, M. Pasteur, avait résumé, dans un Mémoire très-complet ", les recherches qu'il avait faites sur ce sujet et en particulier sur la pré- sence dans l'atmosphère de corpuseules organiques, cause véritable de la génération appelée, par erreur, spontanée. Il avait réussi, en filtrant l’air à travers du coton poudre, et en dissolvant dans l'alcool ce coton, a recueillir un très- grand nombre de ces corpuscules qui, vus au micros- cope, se sont montrés organisés. Îl a montré que ces cor- puscules disparaissent quand on fait passer l'air où ils sont suspendus à travers un tube de platine porté au rouge ; de l’air calciné ainsi devient inactif, et ne produit plus, en étant mis en contact avec un liquide, les moisis- 1 Annales de Chimie et de Phys., 3% série, tome LXIV, p. 5 (1862). 230 POUSSIÈRE QUI FLOTTE sures et autres altérations qu’on attribuait à la génération spontanée. Î[l en et de même de l'air pris à de grandes hauteurs, et même, sauf de rares exceptions, de Pair pris au fond d'une cave, ce qui tient à ce que cet air non agité laisse tomber les poussières à la surface du sol, dans l'intervalle des agitations qu’un observateur pent y pro- voquer par ses mouvements et par les objets qu’il y trans- porte. Tous ces faits ont été établis de la manière la plus irréfutable par M. Pasteur, les derniers en particulier, en opérant sur de l'air pris dans les caves de l’Obser- vatoire de Paris. Ïl, résulte done des nombreux travaux entrepris par M. Pasteur en vue d'expliquer le phénomène des géné- rations, dites spontanées, que l'atmosphère est généra- lement chargée, en plus ou moins grande proportion, de matières organiques, dont la plupart sont des germes qu'on ne peut apercevoir qu'an moyen du microscope. Ce fit, déjà soupçonné par plusieurs savants, établi d’une manière certaine par l’habile chimiste français, me con- duisit à croire qu'il pourrait donner lexplication d'un phénomène bien connu des physiciens, et déjà signalé par de Saussure dans un Essai sur lhygromètre, Voici com- ment je m'exprimai, en 1865, dans le discours d’ouver- ture que je prononçai le 21 août, en ma qualité de Pré- sident de la Société helvétique des Sciences naturelles, qui se réunissait cette année-là à Genève ‘ : « L'importance du rôle que joue dans les phènomènes astronomiques la transparence plus ou moins grande de l'atmosphère n’est ignorée de personne; il y a plus, cette transparence est elle-même un phénomène météorolo- Voyez Bibl. Univ. (Archives), tome XIV, p. 54 et suivantes. DANS L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 231 gique des plus curieux. Il n'est pas un habitant de nos vallées qui ne sache que l'un des présages les plus cer- tains de la pluie est la netteté, accompagnée d’une colo- ration azurée, avec lagnelle on aperçoit quelquefois les montagnes éloignées. Cet aspect accuse la présence d’une grande humidité dans l'air; mais on se demande comment il se fait que cette humidité facilite la transmission de la lumière, tandis qu'elle arrête celle de la chaleur rayon- nante. « Notre atmosphère, surtout dans ses courbes rappro- chées du sol, est, ainsi que cela résulte des belles recher- ches de M. Pasteur, remplie d'une foule de germes orga- niques, qui sont naturellement opaques, mais qui de- viennent transparents en vertu de leur nature éminemment hygrométrique, quand ils absorbent l'eau qui se trouve dans l'air où ils flottent. Lorsque l’atmosphère est sèche, il leur arriveen général de former comme un léger brouil- lard, qui intercepte un peu la lumière des objets éloi- gnés; mais dès que survient une humidité générale et un peu forte, le brouillard disparaît, soit parce que les germes qui le formaient sont devenus transparents, soit parce que l’eau qu'ils ont absorbée les ayant rendus plus pesants, ils sont tombés sur le sol. Telle serait, suivant nous, la cause la plus fréquente de ces changements si frappants dans la transparence de l'atmosphère, qui se manifestent souvent de la manière la plus mopinée, mais qui coïncident toujours avec des variations d'humidité. N'y aurait-il donc pas quelque intérêt à comprendre le degré plus ou moins grand de transparence de l’almos- phère dans le nombre des éléments météoroloziques soumis à une détermination régulière, et à en saisir les rapports avec la pression, la température, l’uumidité et 232 POUSSIÈRE QUI FLOTTE la hauteur de la couche d’air où se fait l'observation ? C’est là une question que je vous soumets, Messieurs, en ajoutant que, grâce à un appareil construit dans ce but, d'après les conseils et sous la direction de M. Thury, et que j'aurai honneur de mettre sous les yeux de la So- eiélé, ce genre d'observation pourrait se fare avec faci- lité et exactitude. » L'appareil dont il s’agit, qu'on pourrait nommer un photomètre atmosphérique, avait été installé à l'Observa- toire de Genève, où 1l fut visité et étudié par un grand nombre de savants réunis à cette époque à Genève. Il a dès lors été utilisé pour des observations dont j'ai déjà recueilli un grand nombre, et dont je ferai connaître in- cessamment les résultats. Plus tard, en 1867, je communiquai à l'Académie des Sciences de Paris ® une notice dans laquelle je donnai une description détaillée du nouveau photomètre, en la faisant précéder de quelques considérations sur lappli- cation que je voulais en faire à la détermination de la transparence de Flair. Cette notice fut insérée dans les Annales de Chimie et de Physique *. Je reviendra plus tard sur la construction du photometre, en publiant les obser- vations auxquelles il a servi. Je me bornerai, pour. le moment, à résumer en peu de mots les considérations exposées dans la notice à la- quelle je viens de faire allusion. Après avoir rappelé les observations de de Saussure et celles de Humboldt sur la transparence plus où moins grande de l'air suivant diverses circonstances, je cherche à montrer, comme je l'avais déjà fait en 1865 dans mon ! Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, tome LAN, p. 1221. 2 Annales de Chamie et de Phys., tome XI, p. 243. x DANS L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 233 discours à la Société helvétique, que €’est aux poussières en suspension dans l'air qu'on doit attribuer lespèce de brouillard qui intercepte ordinairement un peu la lumière des objets éloignés, mais qui disparait dès que survient une humidité générale, soit parce que ces matières qui le formaient, étant d’une nature organique, deviennent pour la plupart transparentes en absorbant la vapeur aqueuse, soit surtout parce que l’eau qu'elles ont absorbée les ren- dant plus pesantes, les fait tomber sur le sol. Telle serait, suivant moi, la cause la plus fréquente de ces changements si frappants dans la transparence de l'atmosphère, qui se manifestent souvent de la manière la plus inopinée, mais qui coïncident toujours avec des variations d'humidité. IL y a plus : si la présence de la vapeur aqueuse rend l'atmosphère transparente quand elle renferme des ger- mes organiques, cette présence n'est plus nécessaire en l'absence de ces germes, C'est ce qui explique pourquoi, n hiver, les montagnes sont visibles au plus haut d'gré quand l’air est très-sec, pourquoi Pair est si transparent sur les plaines de neige, pourquoi, ainsi que la observé Humboldt, il en est de même pour l'atmosphère du pic de Ténériffe par le vent d'Est qui y apporte Piur d’Afri- que, lequel, n'ayant emprunté aucune exhalaison orga- nique aux déserts d'où il vient et à ia mer sur laquelle il a passé, n'a pas besoin d'humidité pour être transparent, C’est, au contraire, dans la saison chaude et dans les mois Où la vie organique a le plus d’achvité que liuir est le plus chargé de cette espèce de vapeur sèche qui, par les temps les plus Sereins, diminuent d’une manière no- table la visibilité des objets les plus éloignés. J'ajoute plus loin, en montrant intérêt qu'il y aurait ARCHIVES, {. XXXVIL — Mars 1870. 17 234 POUSSIÈRE QUI FLOTTE pour la science à comprendre la transparence de l’atmos- phère dans le nombre des éléments météorologiques soumis à une détermination régulière: « Ce genre d’ob- servations présenterait de l'intérêt, non-seulement pour la science proprement dite, mais peut-être aussi pour la médecine au point de vue de lhygiène et des maladies épidémiques. Il est bien probable, en effet, que les mias- mes dont M. Boussingault avait déjà, dans son beau travail publié en 1834, démontré la nature hydrogénée, sont dus à ces germes organiques dont la présence dans Fat- mosphère et la chute sur le sol, seraient accusées, d’une manière passablement exacte, par le plus ou moins de transparence de l'air. » Jarrive à la conférence faite par M. Tyndall à lInsti- tution royale de Londres le 21 janvier dernier. La lumière solaire, en passant à travers une chambre obscure, révèle sa trace en 1lluminant la poussière qui ‘flotte dans Fair. « Le soleil, dit Daniel Cuberwell, dé- couvre des atomes alors même qu'ils sont invisibles à la lumière d’une bougie, et les fait danser tous au sein de ses rayons. » Voilà comment débute M. Tyndall: puis il expose com- ment, dans ses recherches sur la décomposition des vapeurs par la lumière, il fut forcé de chercher à se débarrasser, dans les tubes contenant ces vapeurs, de cette poussière flottante invisible à la lumière diffuse, mais dont un rayon de lumière fortement condensée révélait la présence. En vain essaya-t-il de placer dans les tubes où il faisait passer l'air, soit des fragments de verre imprégnés d’a- cide sulfurique, soit des fragments de marbre mouillés x DANS L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 239 avec une forte solution de potasse caustique. Il ne put le dépouiller ainsi de cette matière flottante. Il fut plus heureux en le faisant passer avec soin sur la flamme d’une lampe à alcool. La matière flottante n’apparaissait plus ; seulement, lorsque l'air avait passé trop rapidement à travers la flamme, on retrouvait dans le tube à expé- rience un nuage bleu très-fin. La matière flottante était donc de la matière organique, puisqu'elle avait été brûlée par la flamme, et le nuage bleu fin était la famée des particules de cette matière qui se montrait quand la com- bustion n'avait pas été parfaite. Une série d’expériences faites au moyen d’un tube de platine dans lequel se trouvait un rouleau de toile en fil de platine, a montré que toutes les fois que l'air du labo- ratoire était transmis à travers ce tube chauffé ou rouge, le tube devenait vide opliquement, tandis qu'il restait plein de particules si la température restait basse. La phrase vide optiquement exprime que, lorsque les condi- tions d’une combustion parfaite sont réalisées, la matière flottante disparaît entièrement. Seulement, si le passage de l’air à travëérs le tube de platine chauffé au rouge est trop rapide, la combustion de la matière flottante reste imparfaite et on voit apparaitre dans le tube le nuage bleu très-fin dont nous avons déjà parlé. Ayant ainsi prouvé que les particules qui flottent dans l'atmosphère de Londres sont de nature organique, M. Tyndall essaya de les brüler de différentes manières. L'une de ses expériences les plus curieuses fut de placer une lampe à alcool au sein d’un faisceau lumineux qui iluminait fortement la poussière du laboratoire, On voyait alors autour du bord extérieur de la flamme un tour- billon d’obscurité ayant l'apparence d’une fumée très- 236 POUSSIÈRE QUI FLOLTE noire; mais ce n'était pas de la fumée, puisqu'un fer chauffé au rouge et surtout une flamme d'hydrogène pro- duisaient les masses noires tourbillonnantes en bien plus grande abondance encore que la flamme d'alcool. Ces masses noires étaient donc tout simplement l'obscurité résultant de l'absence sur la trace du faisceau lumineux de toute matière propre à disperser la lumière, c'était, en un mot, le noir des espaces stellaires. Lorsqu'on pla- cait la flamme au-dessous du faisceau, la matière flottante était brûlée sur place, et l'air libéré de cette matière montait dans le faisceau, rejetant de côté les particules flottantes et substituant à leur lumière leur obscurité propre due à leur transparence parfaite. Rien ne peut mettre en évidence d’une manière plus concluanté linvi- sibilité de l'agent qui rend toutes choses visibles. On peut, sans brûler les particules, produire un cou- rant d’obscurité ; c’est ce qu'a fait M. Tyndall en faisant traverser le faisceau lumineux par un fil tendu de platine traversé par un courant vollaïque. En augmentant gra- duellement la force du courant et par conséquent la tem- pérature du fil, on voit, même avant qu'il ait atteint la température d’ignition, S'en échapper par ascension un courant d'air plat qui, vu par son bord, se montre plus noir et mieux défini que lune des raies les plus noires de Frauenhofer, dans le spectre solaire. À droite et à gauche de cette bande obscure verticale, s'élève la ma- tiere flottante en délimitant d’une manière bien nette le courant d'air non lamineux. Le phénomène tent à ce que le fil chaud raréfie l'air qui est en contact avec lui, mais il ne rend pas la matière flottante aussi légère. Le cou- rant ascendant d’air pur monte donc à travers les par- ticules, les entrainant après lui à droite et à gauche, mais DANS L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 297 formant entre elles une ligne noire de séparation qu’elles ne franchissent pas. L’oxygène, l'hydrogène, l'azote, l'acide carbonique. préparés de manière qu'ils ne contiennent pas du tout des particules flottantes, produisent aussi de l'obscurité lorsqu'on les verse où qu’on les projette dans le faisceau. Passant à un autre ordre de considérations, M. Tyndall rappelle les différentes recherches et découvertes faites sur l'influence des matières organiques suspendues dans l'air, soit à l'explication de la fermentation, soit à celle des maladies épidémiques. Il montre par divers exemples, en citant divers auteurs, comment la présence de germes organiques est liée à celle de certaines maladies et de certains accidents médicaux. Il signale donc, d'accord avec plusieurs célèbres médecins, la fâcheuse influence sur l'hygiène de cette poussière organique suspendue dans l'air. C’est surtout dans l’acte de la respiration que cette poussière est le plus absorbée par le corps humain, et voici deux expériences intéressantes faites par M. Tyndall dans sa conférence, qui le démontrent d’une manière frappante. Après avoir prouvé qu'une des meilleures manières de débarrasser Pair de ces matières flottantes, est de le filtrer à travers une ouate de coton qui ne soit pas trop serrée, 1l ajoute que la respiration de l’homme offre l'exemple de beaucoup le plus intéressant et le plus im- portant de ce procédé de filtration. Pour le démontrer, il remplit ses poumons d'air ordinaire et souffle par un tube de verre à travers le faisceau de lumière électrique. L’haleine, dépouillée de son humidité par un procédé très-simple, imprime à la matière flottante un mouvement transversal; mais la poussière qui sort des poumons rem- 238 POUSSIÈRE QUI FLOTTE place les particules déplacées. Cependant, au bout de quelque temps, apparaît sur le faisceau un disque sombre dont l’obseurité augmente jusqu'à ce que finalement, vers la fin de l'aspiration, le faisceau semble comme percé par un trou d’un noir intense, dans lequel on ne peut discerner aucune particule, En effet, l'air a si bien logé ses impu- retés dans les poumons, que les dernières parties de Pha- leine aspirée sont absolument privées de ces matières en suspension. Par contre, après avoir expulsé l'air de ses poumons aussi complétement que possible, M. Tyndall applique une poignée de coton contre sa bouche et ses narines, et aspire l'air à travers ce coton. Alors en aspirant cet air ainsi filtré à travers un tube de verre, ont voit dès le com- mencement de l'aspiration, contrairement à ce qui se pas- sait précédemment, qu'il ne contient aucune matière flot- tante, car dès le commencement de cet acte d'aspiration, le faisceau lumineux est percé d’un trou obscur; la pre- mière bouffée sortie des poumons fait disparaître la pous- sière éclairée et met à sa place une tache obseure, et lobs- curité continue pendant tout le temps que dure l'aspiration. M. Tyndall trouve dans ce fait la véritable raison phi- losophique d’une prauque suivie par les médecins, plus par instinct que par raisonement: c’est l'habitude qu'ils ont de tenir dans une atmosphère contagieuse leur mou- choir appliqué contre leur bouche et de respirer à travers. En faisant ainsi ils arrêtent, sans le savoir, les impuretés organiques suspendues dans l'air, tandis que si le poison était un gaz, il ne serait pas arrêté par ce moyen. Après avoir été témoin des expériences de M. Tyndall, le docteur Bence Jones les répéta aussitôt avec un mouchoir de soie, et le résultat fut le même ; mais DANS L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. . : 939 cette expérience montra cependant que le coton est un filtre bien plus efficace. M. Tyndall recommande l’em- ploi de respirateurs formés de filtres de coton, regar- dant comme très-probable que les germes qui se logent dans les voies aériennes et qui peuvent peu à peu pénétrer à travers la membrane muqueuse, sont ceux qui engen- drent dans le corps des maladies épidémiques. Au moyen de respirateurs de ce genre, on pourrait respirer dans la chambre d’un malade un air aussi pur de germes que l’air des sommets les plus élevés des Alpes. La conférence de M. Tyndall a soulevé, en Angleterre, quelques réclamations au sujet de la priorité de la décou- couverte de la présence dans l'atmosphère de poussières organiques en suspension. On à remarqué que déjà en 18445 le D' Angus Smith l'avait signalée à l'attention des observateurs, et en avait fait l’objet d’une communica- tion à l'Association Britannique, dans laquelle il exposait les résultats qu'il avait obtenus en faisant passer pendant trois mois plus de mille gallons d’air à travers de l’eau dans la- quelleil avait fini par recuvillir les germes déposés. Il était revenu sur ce sujet, en 1868, à l’occasion de la maladie épidémique des bestiaux, Les recherches du D' Thomson, en 1854, en confirmant celles du D' Angus Smith, mon- traient qu'on pouvait obtenir, en recueillant les impuretés suspendues dans l'air extérieur près d'un hôpital où sé- vissait le choléra, une espèce de champignon (/ungus) formé de l'agglomération de sporules semblables à celles qui donnent naissance à des végétaux, mélangés avec une certaine quantité de matière fuligineuse, provenant pro- bablement de la fumée des cheminees situées dans le voi- sinage. SO © POUSSIÈRE QUI FLOTTE Laissant de côté quelques autres recherches, en parti- culier celles dé M. Samuelson en 1863, je me borne à extraire encore quelques détails intéressants d’une con- férence faite à la Société littéraire et philosophique de Manchester, en mars 1863, par le D' Angus Smith. Le D' Angus Smith expose qu'il a employé, sur une plas grand: échelle, le même procédé dont il s'était servi pour recuillir les matières suspendues dans l'air, en fai- sant passer pendant très-longtemps une quantité d'air con- sidérable à travers la même masse d’eau. En examinant ce dépôt au microscope, M. Dancer a été conduit à recon- paître que dans une seule goutte d'eau il y avait au moins 250090 spores, ce qui fait un total de 37 ‘/, millions pour ls 150 gouttes d’eau qui contenaient cette malière organique. Cette manière artificielle de laver Pair en le débarrassant de ses spores, par son passage à tra- vers l’eau, à conduit M. Angus Smith à se demander si la pluie ne remplit pas naturellement le même office. En effet, il a trouvé de très-grandes différences entre la pluie tombés: dans une contrée et celle tombée dans une autre, quant à là quantité de matières organiques qui y est con- tenue, Avec de Pair pur on à de la pluie pure; celle-ci donc lave l'air, comme on devait s’y attendre. Ge point touche à une question sanitaire d’une très-grande impor- tance. Toutefois, M. Angus Smith remarque avec raison que dans de l'air parfaitement sain, on trouve des matières orga- niques suspendues ; il ajoute que, dans une foule de cir- constances, l’homme se trouve impunément en contact avec un air chargé d'une quantilé surabondante de ma- tières organiques, comme dans l'opération du tannage, dans les étables, ete. Les parfums des plantes et toutes DANS L'AIR ATMOSPHÉRIQUE. 241 les exhalaisons végétales et animales, an milieu des- quelles on vit, appartiennent à la catérorie des pous- sières flottantes dans l'atmosphère. Nous ne devons done pas craindre, d’une manière générale, la présence dans Pair de matières organiques; c’est leur nature, bien plus que leur présence, qui peut présenter quelque dan- ger. Peut-être aussi celles qui amènent la fermentation peuvent-elles produire un effet fâcheux, en diminuant la quantité d'oxygène dans l’air. Mais, outre des matières organiques, lair tient aussi en suspension des substances minérales et inorganiques; on doit en trouver bien plus dans les localités indus- trielles que dans les campagnes. [l est des cas où ces substances, soit par leur nature, soit par leur abondance, peuvent être fàcheuses pour la santé, et où il faut cher- cher à en purifier l'air, c'est en particulier lorsqu'il s’agit des usines et de certaines fabriques. Dans les cir- constances ordinaires elles ne présentent pas de danger; néanmoins, la propreté, la ventilation, Pusage de viandes fraiches et d'eau bien-pure, sont avec la tempérance des moyens bien suffisants pour maintenir la popalation en bonne santé, même dans une ville comme Londres, Ajoutons néanmoins que l'étude des matières organi- ques suspendues dans l'air, dont plusieurs, nous le re- connaissons, peuvent être innocentes, pourra rendre un grand service à l'hygiène, en particulier dans le cas de maladies épidémiques. L'influence des eaux dans les ma- ladies typhoïdes est assez démontrée pour qu'il soit impos- sible de nier l'effet fächeux que peuvent avoir les impu- retés qu'elles renferment; celle des averses de pluie, de la direction et de l'intensité du vent dans les cas de cha- léra, ne peut non plus être contestée ; il y a donc là une 2492 DE LA POUSSIÈRE QUI FLOTTE, ETC. question du plus grand intérêt. Et quand la conférence de M. Tyndall n'aurait eu d’autre résultat que d’aitirer l’at- tention des savants et des médecins sur ce point particulier, elle n’en n'aurait pas moins rendu un très-grand service à l'hygiène publique. Du reste, M. Tyndall à reconnu lui-même que, mdé- pendamment des matières organiques, il y à également en suspension dans l'air à Londres des substances miné- rales ; il dit, en effet, que d’après une analyse faite par le D' Percy, l'air recueilli près des murs du Musée britan- nique renferme 50 °/, de matières inorganiques ; mais il remarque en même temps que la poussière recueillie dans les chambres est complétement dépourvue de ces substances inorganiques qui, plus pesantes, tombent sur le sol, tandis que les organiques, plus légères, restent sus- pendues dans l'air. Il rappelle la remarque de M. Pasteur, qui dit: « Mais ici se présente une remarque : la pous- sière que l’on trouve à la surface de tous les corps est soumise certainement à des courants d'air qui doivent soulever les particules plus légères, au nombre des- quelles se trouvent sans doute, de préférence, Les corpus- cules organisés, œufs ou spores, moins lourds générale- ment que les particules minérales, » À. DE LA RIVE. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. L. Durour. NOTE SUR LA DIFFÉRENCE ENTRE LA PLUIE ET L'ÉVA- PORATION OBSERVÉE A LAUSANNE. (Bulletin de la Société vaudoise des Sciences natur., tome X, n° 62.) « Les observations météorologiques ont généralement pour objet un élément déterminé. On mesure la pression de l'air, sa température son humidité, la quantité d’eau qui tombe, etc., et dans les observations qui en sont faites, on cherche, autant que possible, à isoler les uns des autres ces divers éléments. « Cette manière de procéder dérive d’ane méthode qui esl, sans aucun doute, excellente dans tout le domaine des sciences physiques. méthode qui consiste à distinguer el à séparer les phénomènes pour étudier chacun d’eux séparé- ment. — Mais il est évident que les résultats fournis ainsi par nos observations météorologiques ne donnent que d’une manière assez imparfaite la représentation « du temps » comme il est entendu et apprécié par tout le monde. Le « temps qui régne » est une résultante de Pétat du ciel, de la temperature et de l’état d'humidité de Pair, du vent, etc. Le jugement que l’on porte sur une saison ou sur une année, repose sur un ensemble complexe que ne fournit aucun ins- trument météorologique en particulier, et qui ne peut qu’assez imparfaitement se reconstituer, même par la réunion des données de chaque instrument pris à part. — La végétation est aussi une conséquence de la situation météorologique dans son ensemble. Sans doute, la température est l’élément essentiel: mais l'humidité de l'air, les vents régnants, l’action directe plus ou moins considérable du soleil, sont des fac- OA » BULLETIN SCIENTIFIQUE. teurs très-importants, el ©’est parce qu'il est difficile de les faire entrer en compte qu'on à eu beaucoup de peine, jns-, qu'ici, à trouver des lois entre les résultats fournis par les instruments météorologiques et les diverses phases du déve- loppement de la plante. « I vaurait donc, ce me semble, un certain intérêt pour la méléorologie à adinettre aussi des observations dans les- quelles plusieurs éléments auraient eu leur part et qui seraient un résultat composé de diverses influences atmosphériques. — Des observations ainsi conçues forment le sujet de la pré- sente Note. « L'état de l'atmosphère, an point de vue de l'eau on de la vapeur aqueuse, s’étudie à l’aide de trois sortes d'instru- ments : le pluviomètre, lhygromètre et latmomètre. — Le pluviomètre fournit lat quantité d’eau tombée en an lieu dé- terminé. Mais il est bien clair que ce renseignement, précieux sans doule, nous laisse ignorer les différences énormes qu'il pent v avoir entre des jours plus où moins humides, plus où moins couverts et tous sans pluie. L’hvgromètre nous donne la quantité de vapeur contenue dans l'air à un moment donné. Mais il ne distingue pas, par exemple, entre un air saturé par le brouillard ou saturé parce qne la pluie tombe avec abondance. La mesure de l’évaporalion est une opéra- tion assez simple en elle-même; mais Pévaporalion est mal- heureusement influencée, dans une forte proportion, par la situation est l'installation de l'atmomètre., On a généralement conseillé de placer l'appareil à l'abri da soleil, afin que léva- poralion dépende sealement de la température de l'air et de sa sécheresse et ain qe le liquide ne puisse pas êlre directement réchauffé. I doit être d’ailleurs à Pabri de la pluie. Mais il est bien évident qu'en protégeant ainsi latmo- mètre, on est obligé de placer un toit ou des écrans dans son voisinage, on gên? l’accès de Pair, el Pon sait combien le mouvement de l'air inîue sur Paclivité de ce phénomène. « Il me semble qu'il serait intéressant, pour la météoro- PHYSIQUE. 245 logie, de suivre d’une maniére continue et avec un seul appa- re ecposé à l'air absolument libre, la différence entre la chute de lu pluie et l'éraporation. On aurait ainsi une donnée qui ne Serail pas sans Intérêt. quoiqu'elle fût un élément météo- rologique complexe. Si lon y réfléchit. on remarquera bien- tôt que celte donnée complexe entre pour une bonne part dans Pappréciation vulgaire du «temps qu'il fait. » L'activité plus ou moins grande de la végétation, dans une période déterminee, est aussi directen.ent en rapport avec cette diffé- rence entre Peau qui tombe et celle qui peut s’evaporer. Seulement. il faut laisser l’evaporalion dependre de tous les facteurs qui la rendent plus ou moins active, c’est-à-dire, la laisser se produire au soleil et à Pair tout à fait libre. « Jai conimencé, 11 V a neuf ans déjà. des observations ‘ dans le sens qui vient d'étre indiqué. Mais le procedé em- pluxé dans les quaire premiéres années a élé modifié quel- quefois et c’est seulement après quelques tâätonnements que je me suis arrété à un appareil simple et permettant d’at- leinidre convenablement le but, c’est-à-dire la mesure de la difference entre la chute de la pluie el l’évaporalion. Cet appareil, que je nommerai siccimetre pour abréger, a été observé d'une maniere suivie depuis 1865 et il a fourni les resultats qu'on trouvera mentionnés plus bas. « Le sicchnélre se compose de deux vases cylindriques de zinc, s’emboilant partiellement lun dans l’autre. Le vase intérieur, À, a 50 centimètres de diamètre et 25 centimètres de profondeur: il reçoit, à sa partie supérieure, le vase C, qui presente la méme surface. qui a 8 centimètres de profon- deur, et qui fonctionne comme une sorte de couvercle du premier. Ce vase C S’'emboîte d'environ 2 centimétres dans À. I est retenu par un rebord convenable el présente, sur toute sa circonference extérieure, nne sorte davant-toit trés-incliné qui protège la ligne d’intersection des deux vases el qui est destiné à empêcher Peau glissant sur les parois extérieures de € de s'introduire dans À. — Sur le milieu du foud de € 246 BULLETIN SCIENTIFIQUE. (et traversant ce fond) est soudé un tube P de 1 ‘/, centimètre de diamètre, qui s'élève jusqu’à 20°" du niveau des bords du vase et qui, d'une autre part, descend jusque près du fond de À. — Deux anses convenablement placées permettent d’enlever le vase C et de le replacer sur À. « On voit facilement que le vase supérieur pourra être rem- pli de liquide jusqu’au niveau du tube P. Toute nouvelle quantité d’eau ajoutée s’écoulera, par ce tube, dans À. « On prévoit, d’après cette description, comment l’appareil fonctionne. — Pour le mettre en observation, on remplit d’eau le vase supérieur jusqu’au niveau du tube P, puis on abandonne l'instrument à l’air libre. L’évaporation superfi- cielle abaissera le niveau dans le vase supérieur : la chute de la pluie, au contraire, tend à l’élever, et l’eau tombée qui excédera l’évaporation durant une période donnée, descendra en A. Après un certain temps, deux, trois, quatre ... jours, onira mesurer le niveau du liquide dans €, puis on enlèvera ce vase et on mesurera le niveau dans À. On saura évidem- ment s’il v a eu excès de chute d’eau ou excès d’évaporation et on connaîtra la différence. Après l'observation, lapparet sera remis dans les conditions primitives; on videra À, puis on replacera C, qui devra être rempli d'eau jusqu’au niveau du tube P. L'auteur indique ensuite les précautions et les moyens employés pour mesurer la hauteur de l’eau dans les deux vases, pour vider le vase inférieur lorsque cela devient né- cessaire, pour préserver l'appareil des effets de l'expansion de la glace, en hiver; pour tenir compte de la neige, etc. « L'activité de l’évaporalion dans un vase dépend, dans une cerlaine mesure, de la distance qui sépare les bords du vase du niveau du liquide. On conçoit d’ailleurs que Pin- fluence de cetle distance varie avec le diamètre des vases et elle diminue à mesure que ce diamètre devient plus grand. Pour qne le mouvement de l’air, à la surface de leau, se fit le plus facilement possible, il faudrait que le niveau du liquide PHYSIQUE. 247 fût sensiblement le même que celui des bords. Mais il v a deux motifs qui empêchent de réaliser cette condition. Lors- que l'air est violemment agité, il se forme de petites vagues dans le vase C; ces vagues viennent battre les parois, et il est bien évident qu’un peu d’eau s’écoulerait si le niveau du liquide était trop voisin des bords du vase. — Lorsque la pluie est très-forte et que des gouttes volumineuses arrivent avec une certaine vitesse, elles produisent à la surface de Peau un rejaillissement assez considérable. Ce rejaillissement ferait sortir un peu d’eau du vase si le liquide affleurait les bords. — Afin d'éviter ces deux causes d’erreur, j’ai laissé une distance de 20"" entre les bords du vase € et l’ouverture du tube p; le niveau de l’eau de ce vase est donc toujours à 20° au moins des bords. « Quelques essais comparatifs ont montré que, vu la grande surface de appareil, l'évaporation, avec cette dépression du liquide, est sensiblement la même que si l’eau affleurait les bords — au moins lorsque le temps est calme... « Lorsque, par les progrès de l’évaporation. le niveau baisse notablement dans C. cette évaporation tend à se ralentir, parce que le niveau du liquide se trouve de plus en plus profondément dans le vase. Ainsi, à rigoureusement parler, les observations ne sont jamais absolument compa- rables; la marche même du phénomène crée des circon- stances à chaque instant nouvelles — et il en est évidemment ainsi dans tous les atmomètres employés. Mais si, à des époques peu éloignées, on ramène dans le vase € le niveau primitif, en ajoutant de l’eau, on aura évidemment des con- ditions peu différentes les unes des autres et suffisamment comparables. — Afin de ne pas permettre un trop grand abaissement du niveau. sans toutefois rendre les mesures trop fréquentes et par conséquent assujeltissantes pour un seul observateur. j’ai observé, dans les trois dernières années (1867, 1868 et 1869), tous les deux jours. Quelquefois, et surtout lorsque l'évaporation est moins active ou qu'il y a 9248 BULLETIN SCIENTIFIQUE. excès de chute, j'ai laissé s’écouler trois jours, rarement quatre, entre deux observations successives. « L'appareil étant librement exposé aux ravons du soleil, il s’échanffe naturellement beauco 1p dans les chaudes jour- nées de l'été. Ce qui favorise encore ce réchauffement, c’est que le fond du vase € ne repose pas sur le sol. Lorsque la température de l'air est de 25 à 30° et que le soleil brille, j'ai trouvé souvent l’eau à 37 ou 38°. Ainsi, l’activité de Péva- poralion, dans le siccimètre, dépend non-seulement de la temperalure de l'air, mais aussi de la duree et de l’intensité de l'insolalion directe, par conséquent de Pétat couvert ou découvert du ciel... « Parmi les causes imprévues qui viennent influer sur l'évaporalion, je cilerai les poussières flottant en plus ou moins grande abondance dans Pair. À certains moments, par certains courants d'air, la surface du vase C se recouvre assez promplement de ces poussières lerreuses, sablonneuses, vévélales (pollen), ete. Pai vu, plus d’une fois, cette couche de poussière être assez abondante pour gêner probablement le libre déplacement de Fair qui est en contact immédiat avec le liquide. C’est là un facteur qui doit modifier un peu l'évaporation et contre lequel on ne peut pas se préserver si l’on veut avoir un vase exposé tout à fait librement à Pair. Par ce seul motif, le renouvellement assez fréquent du liquide dons le vase C est, je crois, une boune précaution. « L’a pareil decril est exposé librement à l'air. Le vase À est complétement enseveli dans le terrain. Le vase C s’élève donc d’une pelile quantité au-dessus du sol avoisinant (ter- rain gazoune). Jai place d'ailleurs l'instru.nent dans la posi- Lion la plus favorable dont je pouvais disposer pour qu’il eût ua horison passablemeuat decouvert, qu'il ne reçül pas Pom- bre des arbres et qu'il « vil» le soleil le plus completement possible. « La sèluution du sivcimélre est, sans aucun doute, un facteur qui doit influer sur les resullats obtenus. La situation PHYSIQUE. 249 influe déjà un peu, on le sait, sur les indications des pluvio- mètres ordinaires; elle influe probablement davantage sur toutes les mesures d’évaporalion. [l serait difficile de trouver, pour des appareils comme celui dont il s’agit ici, deux instal- lations assez pareilles pour que leurs résultats fussent rigou- reusement comparables. Mais cetie difficulté est inhérente à toutes les observations d’évaporation faites jusqu'ici, et elle atteint tous les appareils qu’on à proposés, qu'ils soient exposés au soleil ou qu’ils soient placés à l'ombre. — Les données relatives à l’évaporation constatée dans des lieux différents étant affectées de cette influence de l'installation locale, je crois qu’il est illusoire de chercher à les comparer d’une facon trop minutieuse. Cette remarque s'applique en plein à l'appareil qui fait le sujet de cette Note, et je pense que c’est seulement avec une certaine approximation qu’on pourra comparer les résultats fournis par des instruments analogues observés dans des lieux différents. Mais il v aura toujours un grand intérêt à comparer les données fournies par un même instrument durant des saisons ou des années successives, dans un même lieu, et c’est surlout cette compa- raison que j'avais en vue en entreprenant ce genre d’obser- valions. « Il résulte de tout ce qui précède que la différence entre la chute et lévaporation, telle que la fournit le siccimètre, dépendra d’un ensemble varié de circonstances. Elle dé- pendra de la quantité d’eau qui tombe, de la température et de l'humidité de l'air, de l’état de repos ou d’agitation de l'atmosphère, de la durée d'action des rayons solaires, par conséquent de l’élat serein ou couvert du ciel, etc. Ce sera donc une donnée météorologique fort complexe ; mais une donnée qui se rapprochera, je crois, de cette résultante mé- téorologique de laquelle dépend la végétation et qui intéresse le plus les travaux agricoles. La végétation ne dépend exclu- sivement ni de la teinpérature, ni de Phumidité, ni de l’action solaire, ni de la pluie ; mais elle dépend d’une certaine com- ARCHIVES, & XXXVIL — Mars 1870. 13 250 BULLETIN SCIENTIFIQUE. binaison de toutes ces influences et elle est une résultante analogue à celle que consfate et mesure le siccimètre. « Parmi les influences qui ont leur part dans les variations du siccimètre, la pression de l’air est vraisemblablement la moins importante à considérer. En un même lieu, en effet, les changements de la pression sont toujours peu considé- rables et ce n’est pas celle variation-là qui serait sensible au siccimètre. En revanche, une augmentation d'altitude un peu considérable occasionnerait sans doute, toutes choses d’ailleurs égales, une évaporalion plus active. « J'ai à peine besoin de faire remarquer que l’évaporation fournie par le siccimètre n’est nullement celle du sol lui- même. Le sol évapore abondamment pendant qu'il est mouillé, et plus ou moins suivant l’état de sa surface (terres, plantes plus ou moins grandes, etc.); mais dès que le beau temps a duré quelques jours, la couche superficielle est pas- sablement desséchée et elle fournit moins de vapeur que la surface aqueuse du siccimètre. « L'appareil qui vient d’être décrit et discuté a été observé à Lausanne, depuis le 4° janvier 1865... « Les résultats obtenus avec le siccimètre se prêtent sin- gulièrement bien à une représentation graphique, et il est facile de construire, avec ces résultats, une courbe qui s’élève ou s’abaisse pour représenter les augmentations ou les abais- sements du niveau d’une couche liquide librement exposée à la pluie ou à Pévaporation. « L’axe des temps est horizontal. Sur des perpendiculaires à cet axe, menées à chaque jour d'observation, on a porté des longueurs qui représentent la différence entre l’eau tombée et l’eau évaporée depuis le commencement de l’année météorologigue jusqu’à ce jour-là. Ces longueurs ont été menées dans le sens positif, quand il v a excès de chute, et dans le sens négatif, quand il y a excès d’évaporation avec une réduction à '/, des quantités réelles. « On obtient évidemment ainsi une courbe qui représente PHYSIQUE. 254 fort bien la variation même qu’a subie la couche liquide exposée à la pluie et à l’évaporation. Là où la courbe s'élève, il y a eu excès de chute; là où elle s’abaisse, excès d’évapo- ration. Suivant que la courbe est plus ou moins fortement inclinée sur l’axe, on a, pour des temps égaux, des excès plus considérables ou plus faibles, soit de lévaporation sur la pluie, soit de la pluie sur l’évaporation.» L’auteur donne ensuite un résumé des observations faites durant les quatre années 1865 à 1868, et la courbe siccimé- trique pour chacune de ces années. On remarque, entre autres, les deux caractères si difré- rents des années 1866 et 1868. Dans la première, la courbe s'élève presque continuellement et l’année finit avec un excès de chute de 690""* Dans la seconde, la courbe siccimé- trique s’abaisse, d’une facon générale, de la fin d'avril jus- qu’au milieu de septembre, indiquant ainsi que Pévapora- tion l’emportait sur la chute. Dans l’année 1868, il y a un excès d’évaporation de 278%. M. Dufour fait observer qu’une période de quatre années est trop courte pour qu’on puisse en déduire des résultats moyens ayant une grande importance. C’est donc seulement à titre de renseignement approximatif qu'il donne les valeurs movennes suivantes : l’excès moyen annuel de la pluie sur l’évaporation a été 268"*. La valeur moyenne de l’évapora- tion annuelle a été 6697. On sait, d’après dix années d'observations de M. Marguet, que la chute moyenne annuelle, à Lausanne, est de 1095", Quant à l’évaporation en 24 heures, elle varie naturelle- ment beaucoup, suivant la température, l’état d'humidité de l'air, etc. Dans les plus belles et les plus chaudes journées de Pété, l’évaporation a atteint, habituellement, de 6 à 8°". Ra- rement, et lorsque la chaleur était accompagnée d’un vent assez fort du nord, l’évaporation diurne a atteint 9°”. 252 BULLETIN SCIENTIFIQUE. J.-N. LockyER. REMARQUES SUR L’ÉCLIPSE RÉCENTE DU SOLEIL TELLE QU'ELLE À ÉTÉ OBSERVÉE AUX EraTs-Unis'. (Procee- dinys of the Royal Society du 27 janvier 1870, t. 18.) L'auteur à annoncé à la Société Royale, dans sa séance du 27 janvier dernier, avoir reçu de MM. les professeurs Win- lock, Morton et Newton, des photographies et des détails non encore publiés au sujet de l’éclipse totale observée récem- ment en Amérique. Quelques éclaircissements relatifs aux points suivants restaient surtout à désirer: 1° Est-il possible d'établir une différence entre la chromosphère et la cou- ronne ? 2° Quelle est la valeur réelle des indications photo- graphiques de la structure de la base de la chromosphère par rapport aux photographies amplifiées de l’éclipse de 1860, obtenues par M. W. de la Rue ? 3° Quelle est la valeur de l'effet obscurcissant sur le spectre de la chromosphère dù à l'éclairage de l'atmosphère terrestre ? 4° Existe-t-il de lPhy- drogène d’une température moins élevée au-dessus des proé- minences ? 5° Peul-on, au moyen du spectroscope, constater la nature de la couronne pendant les éclipses du soleil ? Quant à la première question, le D° Gould à établi d’une façon incontestable que la chromosphère diffère totalement de la couronne. Ce savant écrit au professeur Morton comme suit : « Une comparaison attentive avec mes propres dessins des belles photographies de la couronne faites à Burlington et à Ollumwa par MM. Mayer et Haines, m'a convaincu que l'éclat autour de la lune que l’on remarque dans les dessins faits au moment de l’échipse totale, ne provient pas de la cou- ronne, iuais est bien l'image de ce que Lockyer à appelé la chromosphère. Plusieurs considérations tendent à établir la vérité de ce fait. D'abord, les directions du maximum d’éclat ne coincident pas avec celles des grands faisceaux de rayons : Cette éclipse, invisible à Paris, mais totale pour une grande par- tie des Etats-Unis d'Amérique, a eu lieu le 7 août 1869. PHYSIQUE. 254 de la couronne. Les premières restent constantes, tandis que les dernières sont sujettes à des variations. Il existe un dia- mètre correspondant approximativement à l’axe du Soleil, près des extrémités duquel la radiation sur les photographies est un minimum, tandis que les rayons provenant de la cou- ronne dans la même direction restent fortement lumineux pendant une bonne partie de l’éclipse totale. De plus, les rayons de la couronne ne sont pas en rapport apparent avec les protubérances, tandis que l’auréole qu’on aperçoit dans les photographies est plus marquée dans le voisinage de celles-ci. La protubérance principale, entre 230°et 245°, paraît constituer une limite sud à la radiation du côté ouest, tandis que dans toutes les photographies on voit une limite nord bien définie à environ 350°, l'arc intermédiaire étant partout garni des protubérances manifestées par la lune à la fin de l'éclipse totale. Les masses si remarquables de lumière flo- conneuse sur les segments suivants se trouvent des deux côtés de cette proéminence singulière à 93°, proéminence qui d’abord a paru ressembler à un épi de blé: mais qui, dans des dessins récents et lorsque la branche sud s’est trou- vée plus en évidence, peut être plutôt assimilée à des cornes d’antilopes. Toute portion de cette auréole, visible dans les photographies, était cachée ou manifestée par le mouvement lunaire de la même manière que les protubérances elles- mêmes. D'autre part, les variations dans la forme de la cou- ronne ne paraissaient nullement dépendre du mouvement de la lune. Les formes si élégantes et en même temps si sin- gulières, dues aux agrégations spéciales de lumière du côté est, peuvent devenir d’une haute importance pour nous con- duire à une connaissance plus exacte de la chromosphère. Ces agrégations lumineuses sont très-apparentes dans toutes nos photographies, mais spécialement dans celles obtenues le plus rapidement, telle que la première, prise à Ottumwa. Dans quelques-unes de celles faites postérieurement, les agrégations en question sont visibles de l’autre côté du soleil, 254 BULLETIN SCIENTIFIQUE. quoique d’une façon moins distincte; mais l’on voit ressortir d’une manière admirable le contour découpé et si irréguliè- rement dentelé de la chromosphère tel qu'il est décrit par Janssen et Lockyer. » La même lettre s’occupe de la seconde question. Les photo- graphies américaines tendent à montrer que certaines appa- rences dans les photographies de M. W. de la Rue, qui repré- sentent la chromosphère comme ondulée sur son côté infé- rieur, sont dues à une action de la surface lunaire, peut-être même à une atmosphère lunaire d’une extrême rareté. Il ne convient donc pas de confondre ces apparences avec d’autres qui pourraient être attribuées à une suspension possible de la chromosphère dans une atmosphère transparente, dans le cas où la photographie n’en représentât qu’une section. Le D° Gould m’écrit: « Vous remarquerez que quelques- uns des flocons de lumière les plus brillants, en forme de pétales, ont produit à leurs bases des dentelures apparentes dans le limbe de la lune analogues à celles qu’on observe à la base des protubérances. Ces dentelures sont dues évidem- ment, ainsi que je l’ai fait remarquer ailleurs, à une réflexion spéculaire de la surface lunaire. La simple inspection des photographies suffit pour lever tout doute à cet égard. » Là où la lumière de la chromosphère est assez uniforme pour que l'effet actinique sur la plaque photographique soit à peu près égal, la base de la chromosphère est absolument continue dans les photographies américaines; mais dans le cas de quelques-unes des proéminences les plus considéra- bles, notamment celles à + 146 (Young) et — 130 (Young), de fortes dentelures deviennent visibles sur le limbe lunaire. 3° L'auteur passe ensuite à l’examen de l’effet obscurcis- sant sur le spectre de la chromosphère dû à l'éclairage de notre atmosphère. Cet effet, dit-il, est plus frappant que je ne l'aurais voulu, mais pas plus considérable que je ne m'y at- tendais. Le professeur Winlock m’écrit à ce sujet: « J’ai exa- miné la principale protubérance avant, pendant et après l’é- PHYSIQUE. 259 clipse totale. Jai aperçu trois lignes (C près de D et F) avant et après l’éclipse totale, et onze pendant qu’elle durait. Huit de ces lignes ont disparu subitement à la premiere apparence de la lumière solaire. » L’etfet ci-dessus a été observé au moven de deux prismes deflint-glass et sept pouces d'ouverture. Le professeur Young, avec cinq prismes de 45° et quatre pouces d'ouverture, a con- staté le même résultat à la fin de léclipse totale dans la por- tion du spectre qu'il était chargé d’observer. Il m'écrit: « L’éclipse totale a pris fin au moment où j'achevais de me- surer la ligne 2602. Cette ligne disparut instantanément, mais la ligne 2796 (celle d'hydrogène près de G) ne reprit sa pâleur habituelle qu'au bout de près d’une minute. » M. Lockyer régarde ces observations comme étant de la plus haute importance, attendu qu’elles montrent que pour em- ployer la nouvelle méthode d'observation dans les meilleures conditions possibles, il faut de larges ouvertures et un grand pouvoir dispersif. 4° Sur la quatrième question, savoir, s'il existe de Fhvdro- gène à une température moins élevée au-dessus des proémi- nences, les observateurs n’ont obtenu que des preuves néga- tives ; ce qui confirme l'opinion à ce sujet communiquée il y a déjà quelque temps par l’auteur à la Société Rovale. . 5° Nous arrivons maintenant à la question de la couronne. M. Lockyer se borne à la discussion des observations spec- troscopiques de MM. Young et Pickering, combinées avec celles du D° Gould citées précedemment. M. Pickering, au moyen d’un spectroscope chimique ordinaire dirigé sur le lieu occupé par le soleil pendant léclipse totale, à obtenu Île spectre combiné des protubérances et de la couronne. Ce spectre était continu avec deux ou trois lignes brillantes ; l’une d'elles dans le voisinage de E, et l’autre près de C. M. Young, qui a employé un spectroscope spécialement adap- té à ce genre d'observation, et dans lequel il n’a pu exami- ner qu'une partie de la proéminence à 446, a aperçu près 256 BULLETIN SCIENTIFIQUE. de D, une ligne C à 1250 + 90, et une autre à 1330 +90 de l'échelle de Kirchhoff. L’auteur donne textuellement le reste des observations de M. Young: « Vint ensuite, dit-il, la ligne 1474 K, encore très-brillante, quoique beancoup moins que C et D,, et qui différait de ces dernières en c- qu’elle se pro- longeail à travers la totalité du spectre. De plus. elle conti- nuait à être visible lorsqu'on éloignait la fente des protubé- rances, tandis que D;, placé sur le bord du spectre, dispa- raissait aussitôt. Il est donc évident que cette ligne n’apparte- pail pas au spectre de la protubérance, mais bien à celui de la couronne, Mon impression est, quoique je sois loin de l’affir- mer avec certitude, que les deux lignes pâles, situées entre celle que je viens de décrire et D;. se sont comportées de la même manière et appartiennent aussi au spectre de la cou- ronne. L'observation de M. Pickering tend à me confirmer dans cette manière de voir Ce savant s’est servi d’un spec- troscope à un seul prisme, dépourvu de lentille, et ayant la fente du collimateur simplement dirigé sur le soleil. I n’a ainsi aperçu que (rois ou quatre lignes brillantes, la plus brillante près de E (1474). Or, c’est précisément ce qui de- vait arriver si cette ligne appartenait effectivement à la cou- ronne, laquelle, par son étendue, a dû fournir à l'appareil beaucoup plus de lumière que celle qui pouvait provenir des proéminences. » « Bientôt, continue M. Young, la lune s'était assez avancée pour qu'il devint nécessaire de transporter la fente vers la grande proéminence située du côté opposé du soleil. Pen- dant que mon aide s’occupait de ce changement, j'ai dû, Je pense, dans l'excitation du moment, avoir fait céurir mon oculaire au delà de la région des lignes du magnésium avant que la fente eût été convenablement ajustée. Toutes ces li- gnes, en effet, m'ont échappées, bien qu’elles aient été aperçues par d’autres observateurs. La ligne F dans le spectre de la grande protubérance était vraiment magnifique, large à sa base, puis se recourbant et S'amincissant à mesure qu'elle PHYSIQUE 257 s’allongeait. Apparut ensuite une nouvelle ligne, aussi bril- lante que 1474, à 2602—2 de l’échelle de Kirchhoff. La position de cette ligne a été déterminée avec soin en la rap- portant, au moyen du micromètre, à la ligne suivante 2796 K (hydrogène +) qui était excessivement brillante. La ligne h était aussi distinctement visible, quoique beaucoup moins lu- mineuse, J'ai vu en tout neuf lignes brillantes. » « Un spectre continu, pâle, sans traces de lignes obscures, était aussi distinctement visible. Sa Jlumière, vu à travers une tourmaline appliquée à l'œil, était fortement polarisée sui- vant un plan passant par le centre du soleil. Il est possible cependant, ainsi que l’a suggéré M. Pickering, que la pola- risation en question ait pu être produile par les réfractions successives à travers les prismes. Cette explication a lavan- tage d’écarter la difficulté provenant de lPabsence de lignes obscures. » M. Lockver examine ensuite le spectre continu déduit des observations de M. Pickering. I estime que, par suite de la méthode emplovée par cet observateur, lors même que la couronne serait due à l'atmosphère terrestre et fournirait un spectre à lignes obscures, des lignes appréciables par une lumière aussi faible seraient éteintes en grande partie par les lignes brillantes correspondantes dues à l’are allongé de la chromosphère: et cela sans parler des proéminences, dans lesquelles il serait singulier que les lignes C, D, E, b, F,et plusieurs autres ne fussent pas renversées. Ce qui ajoute quelque probabilité à cette opinion, c’est que deux lignes brillantes ont été distinctement visibles près de C etprès de E; et puisqu'il ne s’agit que d’approximalions, ne pourrait-on pas lire, « près de Cet F, » ce qui serait précisément con- forme au résultat auquel on pouvait s'attendre. M. Lockver ajoute, au sujet du spectre continu observé par le professeur Young, la considération suivante: « En admettant, dit-il, que la couronne ne soit qu'un phénomène atmosphérique, ainsi que je lai déjà affirmé, 1 me semble 258 BULLETIN SCIENTIFIQUE. que son spectre doit être continu, ou à peu près tel; car ce spectre n'est-il pas autant dû à la lumière des proéminences qu’à celle de la photosphère, lumières qui du reste peuvent être regardées comme étant jusqu’à un cerlain point com- plémentaires l’une de l’autre. F. GUTHRIE. SUR LE RAPPROCHEMENT DU AUX VIBRATIONS. (Proceedings of the royal Society, novembre 1869.) M. Guthrie, a remarqué que si l’on suspend un disque de carton dans le voisinage d’un diapason mis en vibralion, le carton tend à se rapprocher du diapason. L'auteur rend compte d’une série d'expériences destinées à rechercher la cause de ce phénomène. Il montre d’abord qu'il ne s’établit pas, comme dans les expériences de M. Clément, des cou- rants d’air permanents à la surface même du diapason. Îl en- tre ensuite dans l’examen des modifications que subissent Les tourbillons superficiels observés par Faraday sur la surface d’un diapason, lorsqu'on fait vibrer celui-ci dans le voisinage d’un plan sensiblement rigide, et montre, à celle occasion, qu'un disque de carton librement suspendu s’approche du dia- pason lorsqu'on présente au carton l’une quelconque des trois faces de celui-ci. Celte tendance à se rapprocher se manifeste même à des distances qui dépassent de beaucoup la limite des courants d’air remarquée par Faraday. En sus- pendant librement à son tour le diapazon, on acquiert la certitude que la tendance à se rapprocher dépead d’une ac- tion mutuelle entre celui-ci et le disque de carton. L'auteur montre que deux diapasons, mis en vibration, tendent à se rapprocher, quelle que soit la direction matuelle de leurs plans de vibration. Il a cherché aussi à déterminer la tension moyenne de l'air dans laquelle se trouve un diapason à l’état de vibration, en renfermant l’une des deux fourches dans un tube de verre, et a réussi ainsi à constater un dépla- cement d'air dû aux vibrations du diapason. PHYSIQUE. 259 M. Guthrie cherche ensuite à démontrer que l’équilibre entre deux forces égales et opposées, agissant sur un même corps, n’est pas troublé lorsque l’on soumet l’une de ces deux forces à des changements successifs d'intensité, égaux et instantanés en sens contraire. Il établit ce fait par l'expé- rience du plongeur de Descartes, dont l’équilibre n’est pas troublé lorsqu'on met en vibration l'eau dans laquelle il flotte. ‘ L'auteur, dans le cours de ses expériences, a modifié de plusieurs manières la nature de la surface qui reçoit les vi- brations ; en lui donnant, par exemple, la forme d’un cvlin- dre étroit fermé à l’une de ses extrémités, tantôt en carton, tantôt en coton de laine, etc. Il a trouvé que, dans tous les cas, le corps librement suspendu s'approche de celui qui est mis en vibration. M. Guthrie conclut de l'ensemble de ses expériences que cette attraction apparente entre un corps librement suspendu et un corps sonore mis en vibration, est due à un effet de pression atmosphérique provenant de la dispersion des ondes sonores. H. KNogLaUCH. UEBER DEN DURCHGANG, elc. SUR LE PASSAGE DE LA CHALEUR RAYONNANTE A TRAVERS LE SEL GEMME ET LA SYLVINE. (Poggendorffs Annalen, t. CXXXIX, p. 150.) L'article dont nous voulons rendre compte ici est une ré- plique à la note publiée il y a quelques mois sur le même sujet par M. Magnus. Ce dernier n’a donné encore que les principaux résultats du travail qu'il a entrepris sur l'émission et l'absorption de la chaleur obscure par les corps à de basses températures !. La principale conclusion de son travail élait, on s’en souvient, que le sel gemme est monothermique comme les vapeurs de sodium sont monochromatiques. A di- sait avoir constaté que ce corps n’émet à 150° qu’une seule ‘ Archives des Sc. phys. et natur., 1869, tome XXXVE, p. 51. 260 BULLETIN SCIENTIFIQUE. espèce de ravons calorifiques et qu'il absorbe de même uni- quement les ravons appartenant à ce groupe, laissant passer tous les autres ; de là sa diathermanéité presqu’absolue. On le voit, ses conclusions étaient en complet désaccord avec les idées de Melloni et de Knoblauch, généralement admises depuis la publication de leurs travaux et d’après lesquelles le sel gemme serait un corps absolument afhermochroïique. M. Knoblauch maintient néanmoins son ancienne manière de voir, et pour la justifier il a recherché si la chaleur émise à 450° par le sel gemme ou par la sylvine passe dans les mêmes proportions ou dans des proportions différentes à travers deux plaques, l’une de sel gemme, l’autre de sxlvine, à la température ordinaire. S'il se trouve que chacune des deux substances exerce la même absorption sur les ravons émis par le sel gemme que sur ceux qui émanent de la syl- vine, il sera difficile d’admettre que le premier de ces corps soit monothermique. | M. Knoblauch chauffait les deux plaques devant servir de sources de chaleur obscure à l'aide d’une lampe à alcool ou d’un bec de Bunsen placé derrière elle à une distance con- venable. Le lout était disposé avant chaque expérience de façon à ce que le rayonnement direct de la plaque chauffée sur la pile thermoélectrique donnât toujours la même dé- viation au galvanomètre: cela étant, l’on observait la‘ dimi- nution produite par l’interposition d’une plaque de sel gemme ou de sylvine. Par exemple: la chaleur directe émise par une plaque de sel gemme avant donné une déviation de 13°, l’auteur trouva qu’elle se réduisait à 14° aussi bien par l’interposition d’une autre plaque de sel gemme que par celle d’une plaque de sylvine. Avant eu ensuite une déviation de 15° également par le rayonnement direct d’une plaque de sylvine, 11 la vit se réduire à 44° par l’interposition de la plaque de sel gemme, et à 10°.75 par celle de la plaque de sylvine. il ne semble donc pas qu'il y ait de différence dans le pouvoir absorbant de PHYSIQUE. 261 ces deux substances pour les rayons émanant, soit de l’une. soit de l’autre d’entre elles. Pour généraliser ce résultat, M. Knoblauch à opéré non plus seulement sur les rayons émis par une seule et même plaque de sel gemme et une seule et même plaque de sylvine parfaitement pures, mais il a étudié le passage à travers des plaques d’épaisseurs différentes de ces deux substances et à travers des plaques de verre, de rayons émis par des plaques de sel gemme et de sylvine de différentes dimensions, par des plaques de sel gemme mélangé d’anhydrite, par des pla- ques de svlvine contenant de la carnallite, enfin par une lampe Argand munie d’un cylindre de verre, Voici ce qu'il à obtenu. SURFACE RAYONNANTE. ———" | | ° Sel gemme 1 «rmpe | Corps diathermane.! ser |Sel gemmel Sel avec Syly ne| Argand gemme pur gemme | anhydrile |Syline| avec avec | pur | d'autres avec d'autres | pure. |ca: nal-|cylindre dimeusions |anhydrite | dimensions lite. |de verre Trois plaques diffé- | rentes de sel / | | gemme de 9" d'é- 18° | 18° | 18° 18/1819.) 108 paisseur (même ré- | | | sullat toutes trois). | | 18° 15° 7,15117,15| 18° Sylvine 4""..1180 | 18° 18° | 18 |1780/17,50| 18° | Sylvine 4%,5.118° | 18° Verre 1m... | 3,5) 39,5 | 30,5: :8°,5 | 3°,8|.3°+|6°,00 Verre 3m. | 2°,0| 20 | 2,0 | 20 | 20! 20/4°,25 D'où il suit que les trois plaques de sel gemme ont absorbé exactement dans les mêmes proportions les rayons de cha- leur obscure émis par les sept surfaces rayonnantes diffé- reutes. Les rayons émis par le sel gemme et la sylvine purs ou inpurs n’ont élé ni plus ni moins absorbés que les rayons émis par une lampe, ce qui concorde avec les anciennes don- 269 BULLETIN SCIENTIFIQUE. nées expérimentales. Quant aux plaques de sylvine, leur pouvoir absorbant a été un peu plus fort pour les rayons émanant de cette substance même que pour toute autre espèce de rayons, mais cela d’une quantité excessivement faible. Enfin le verre s'est comporté suivant la loi admise et a absorbé les rayons de chaleur obscure en proportions beau- coup plus fortes que les ravons de chaleur lumineuse. L’on voit aussi que, si d’une part le verre a exercé une - grande absorption sur les rayons de chaleur obscure éma- nant d’une plaque de sel gemme, il n’en a point été de même pour le sel gemme lui-même, bien que ce corps doive, d’après M. Magnus, absorber une grande partie des rayons qu'il émet. Nous n’insisterons pas davantage pour le moment sur cette question et attendrons la publication du Mémoire complet que le savant physicien de Berlin ne peut pas tarder à publier sur cet important sujet. E. S. SPECTRES DES GAZ À DIFFÉRENTES TEMPÉRATURES. Les faits exposés par M. Wüllner dans ses deux importants Mémoires sur les spectres multiples de l'hydrogène, de l’oxy- gène et de l’azote’ ont été contestés depuis par M. Dubrun- faut dans une note insérée aux Comptes rendus de l’Académie des sciences ?. Ce savant, après avoir exposé combien il est difficile de préparer des gaz parfaitement purs et combien il est difficile en particulier d'obtenir de l'hydrogène ou de loxygène ne présentant plus absolument la réaction spec- trale de l’azote, cherche à interpréter les observations de M. Wüllner en invoquant l'impureté des gaz sur lesquels le physicien allemand aurait opéré. Il attribue la production t Voir les extraits détaillés, que nous avons donnés de ces deux Mémoires, Archives drs Se. phys. et natur., 1869, t. XXXV, p. 191, ett. XXXVI, p. 34. 2 Comptes rendus, 15 décembre 1869, 1. LXIX, p. 1245 PHYSIQUE. 263 des nouveaux spectres décrits par M. Wüllner à la présence de petites quantités d’azote ! ou de vapeurs mercurielles. Ce n’était là qu’une simple hypothèse opposée aux conclusions d’un long et consciencieux travail, puisque M. Dubrunfaut n’a point cherché, jusqu'ici du moins, à prouver que les ban- des ou les raies des spectres contestés par lui coincidassent effectivement avec les bandes ou les raies des spectres de l'azote et du mercure. M. Wüllner*? a répliqué en rappelant simplement les principales observations contenues dans ses deux Mémoires. Il insiste d’abord sur ce fait que le même tube lui a donné successivement les spectres de première el de seconde classe de l’hydrogène. Il montre ensuite que les nouveaux spectres attribués par lui à l'hydrogène et à l’oxy- gène différent essentiellement du spectre de l’azote et de ce- lui du mercure, d'où il suit que si l’on ne veut pas admettre que les spectres de l’hydrogène et de l'oxygène varient avec la pression, il faut admettre au moins que celui de lazote est susceplible de changer complétement, suivant la nature des gaz auxquels il se trouve mélangé. Voilà où en est le débat qui s’est élevé entre ces deux phy- siciens sur cette importante question d’analyse spectrale 5. ‘ Dans une note subséquente (Comptes rendus, 24 janvier 1870, tu. LXX, p. 159), M. Dubrunfaut attribue les propriétés de l’oxygène ozoné à celte même cause, savoir à de l’azote préalablement mélangé à l'oxygène et qui, sous l’action de l’étincelle électrique, se transfor- merait en un composé azoté analogue à l'acide nitreux. Cette manière de voir, déjà si souvent discutée, ne peut guère se concilier avec les recherches qui ont été faites sur l’ozone : on obtient ce corps en pro- portions trop considérables pour qu'il semble possible de conserver de doute à cet égard ? Cumples rendus, 17 janvier 1870, t. LXX, p. 125. 3 Depuis que cet article est composé, il a paru dans les Comptesrendus (28 févr. 1870, L LXX, p. 448) une nouvelle note de M. Dubrunfaut sur ce sujet. Ce physicien dit avoir obtenu dans un tube contenant de l'hy- drogène réputé pur un spectre à bandes au pôle négatif et un spectre à raies au pôle positif où la température est beaucoup plus élevée. Mais il persiste à voir là le résultat du mélange de deux gaz (hydro- 264 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Mais si d’une part les conclusions de M. Wüllner au sujet de l'existence des spectres multiples des gaz simples ont été con- testées sans grandes preuves à l'appui: d’autre part elles semblent confirmées par les nouvelles expériences entre- prises sur ce sujet par le P. Secchi qui, lui, s’est immédia- tement emparé de la découverte de M. Wüllner et s’est ef- forcé avec succès, semble-t-il, d’en faire l'application à l'étude du soleil et même de certaines éloiles fixes. Dans une communication adressée de Rome à l'Académie des sciences sous la date du 2 novembre 1869 !, il signale, en le rapprochant des expériences de M. Wüllner, le fait que le spectre d’un gaz rarélié, traversé par la décharge électrique, n’est pas le même, suivant que l’on vise avec lé spectroscope sur la partie capillaire ou sur les boules d’un tube de Geiss- ler ou encore sur Les gaines lumineuses enveloppant l’une ou l’autre électrode ?. « Ces fails, dit-il, sont intéressants en ce qu'ils montrent que sous la même pression les différences de température qui existent dans les différentes parties du circuit de la décharge suflisent à elles seules pour produire des allérations dans les spectres. » à A propos de la note du P. Secchi, M. Lecoq de Boisbau- sène et azote), dont les spectres se produisent isolément dans des con- ditions de température différentes. La température qui régnait dans ce cas au pôle positif était particulièrement favorable à la production du spectre de l'azote, celle qui régnait au pôle négatif à la production du spectre de lhydrogène. Nous devois observer cependant que M. Dubrunfaut n'a point établi encore Pidentité existant, selon lui, entre le spectre de première classe de lhiydrogène de M. Wüllner et le spectre de l'azote, Son raisonnement ne repose que sur une analo- gie entre ces deux spectres. (est Loujours une simple hypothèse et point une démonstration rigoureuse qu'il vppose jusqu'ici aux faits avancés par M. Wüllner. * 1 Comples rendus, 2? novembre 1869, L. LXIX, p. 1052. ? M. Dove a déjà observé, il y a une dizaine d'années, que le spectre donné par l'auréale négative dans un gaz raréfié, n’est pas le même que celui que lon obtient au pôle positif. Archives des Sc. phys. et natur., 1858, LU, p. 191, et Poyyend. Ann., 1858, n° 5.) PHYSIQUE. 265 dran' annonce qu'il a constaté des différences du même genre entre les spectres des différentes parties de l’étincelle d’induction éclatant à Pair libre. fl rappelle en même temps que ce fait n’est pas spécial aux gaz, mais que les spectres d’un grand nombre de corps changent avec la température à laquelle on les soumet. C’est ainsi que le spectre fourni par une étincelle électrique jaillissant à la surface d’une dissolution, varie parfois considérablement d’une portion à l’autre du jet. D’autres fois et même dans la plupart des cas, il arrive sim- plement que l'éclat relatif de certaines raies du spectre est changé. Les raies demeurent les mêmes, seulement celles qui étaient les plus brillantes s’effacent et d’autres qui étaient faibles d’abord l’emportent sur elles en éclat. Souvent aussi, le spectre demeurant constant dans ses éléments principaux, de nouvelles raies apparaissent à côté des anciennes, lorsque la température augmente. ; Le P. Secchi a repris dernièrement ses recherches sur les variations que subissent les spectres des gaz simples avec la température?. Il a étudié les différents spectres donnés par Pétincelle électrique lorsqu'on la fait passer dans un tube plein d’un gaz raréfié et composé de trois parties successives de dia- mètres différents. Avant fait passer la décharge d’une machine électrique ordinaire dans un tube contenant de l’azote raréfié et formé de trois parties dont la première était capillaire, la seconde avait 3° de diamètre, et la troisième 192% à 437", il observa que. avec une certaine longueur d’étincelle, on peut avoir simultanément dans le même tube trois spectres diffé- rents, savoir : dans la partie capillaire un spectre de second ordre à raies brillantes, et dans les deux autres deux spectres cannelés, dont l’un est le spectre à cannelures fines, décrit par Plücker, l’autre un spectre à cannelures plus larges, telle- ment espacées que trois d’entre elles occupent la place de huit. 1 Comptes rendus, 6 décembre 1869, , t. LXIX, p. 1189. ? Comptes rendus, 10 janvier 1870, t. LXX, p. 81-84. ARCHIVES, & XXXVIL — Mars 1870. 19 266 BULLETIN SCIENTIFIQUE. L’hydrogène, le chlore, le brôme ont fourni des résultats analogues. Chacun de ces gaz a donné un spectre de première classe dans les tubes plus larges, et un spectre à raies ou de se- conde classe dans le tube capillaire. Le P. Secchi conclut que dans les gaz deux spectres différents peuvent se produire, sous la même pression, par la seule influence d’une varia- tion de la section du tube, qui elle-même ne peut agir que par le changement de température qu’elle entraîne avec elle ?. Le célèbre astronome romain s’était tout de suite efforcé, nous l’avons dit, d'appliquer à l'étude du soleil les faits nou- veaux, mis en lumière par M. Wüllner. Ayant reconnu que dans le spectre de Sirius et des autres étoiles de ce premier type, les raies de l’hydrogène sont fort élargies et diffuses sur les bords, il en conclut, conformément aux observations du physicien allemand, que ce gaz serait incandescent à la surface de ces étoiles sous une pression qui peut aller jus- qu'à trois atmosphères. À la surface du soleil cette pression atteint probablement 400°" et plus, comme on peut le con- jecturer d’après le spectre en persienne, que donnent les taches solaires et qui se rapproche du spectre de première classe de lPhydrogène obtenu par M. Wüllner à de hautes pressions. Quant aux raies de hydrogène données par les protubé- ‘ Ces expériences peuvent s'exécuter indifféremment avec une ma- chine électrique ordinaire ou avec une bobine de Ruhmkorff en intro- duisant une houteille de Leyde dans le circuit, ? Dans une nouvelle lettre adressée à l'Académie des Sciences (Comptes rendus, 28 février 1870, tome LXX, p. 431), le P. Secch an- nonce qu'il a produit successivement dans un même tube, suivant qu'il le soumettait ou non à l’action d’un fort électro-aimant, les deux spec- tres de première et de seconde classe de lazote. Cette expérience est la même que celle que nous venons de citer, car le magnétisme a pour effet de condenser d'avantage le jet, et par conséquent d'augmenter la température en diminuant la section: PHYSIQUE. 267 rances solaires, elles sont élargies à leur base, mais vont sans cesse en se rétrécissant dans les parties plus éloignées du disque solaire, où la température et la pression sont moins élevées. Il est évident qu’il v a encore de l'hydrogène au de- là de la région qui donne ces raies brillantes : seulement'sa température est trop basse en ces points-là, pour que lon puisse constater sa présence par les procédés mis en œuvre jusqu’ici. On a du reste la preuve de l'existence d’une couche d'hydrogène au-dessus de la chromosphère et au-dessus des protubérances, dans ce fait que la raie C de l’hydrogène apparaît partout sur le disque du soleil comme une raie obs- cure, plus étroite seulement au-dessus des proéminences que sur le reste du disque, et que cette raie n’est brillante qu’aux points où se trouvent des taches. Il pourrait très-bien se faire que d’autres gaz fussent mé- langés à l'hydrogène dans les régions limites du soleil, par exemple de l’azote; seulement comme le spectre à raies bril- lantes de ce gaz exige pour se produire une température beaucoup plus élevée que celle à laquelle l'hydrogène donne un spectre de seconde classe, il arriverait que, la température n'étant pas assez élevée dans ces régions-là, les rayons émis par l’azote produiraient seulement un spectre à bandes im- possible à percevoir dans les conditions de lexpérience, celle-ci consistant précisément à éteindre les bandes lumi- neuses, pour laisser seules subsister dans tout leur éclat les raies brillantes, telles que celles des spectres de seconde classe. Le P. Secchi conclut en disant: « De ce que nous venons de dire, il paraît résulter que la détermination de la tempé- rature de l’atmosphère solaire pourra être effectuée, si l’on réussit à fixer quelle est la température à laquelle, sous une certaine pression, ce gaz (l’hydrogène) cesse de donner des raies brillantes. » Ces faits, on le voit, bien loin de devoir faire douter de l'exactitude de l’analyse spectrale, sont une preuve de plus 268 BULLETIN SCIENTIFIQUE. de la précision dont ce mode d’observalion est susceptible, et ouvrent un champ nouveau et important aux applications de cette branche de la physique. E.S. J.-C. POGGENDORFF. UEBER DIE WANDERUNG, elc. DU DÉPLAGE- MENT DE L'ENVELOPPE LUMINEUSE QUI ENTOURE L'ÉLECTRODE NÉGATIVE LORS DU PASSAGE DE L'ÉTINCELLE D’INDUCTION DANS L'AIR RARÉFIÉ. (Pogq. Annalen, tome CXXXVIIL, p. 642.) L'article dont nous désirons rendre compte ici est consacré à décrire une observation faite il y a plusieurs années déjà par M. Poggendorff!, concernant le développement de l’enve- loppe lumineuse qui se forme autour de l’électrode négative dans de l’air raréfié traversé par la décharge d'une bobine d’induction et le déplacement auquel cette enveloppe est soumise le long de l’électrode à mesure que l’on diminue la pression de l’air. L'appareil employé consistait en deux fils de platine de 4" de diamètre servant d’électrode et ayant l’un 0,5 pouce, l’autre 1,5 pouce de longueur; ils étaient fixés chacun à un _autre fil de platine beaucoup plus épais, maintenu lui-même par une pince à un fil de cuivre encore plus gros. Le plus long de ces fils était enroulé autour du réservoir cylin- drique d’un thermomètre à mercure très-sensible, placé à . un pouce de l’extrémité de l’électrode. Ces deux électrodes n'étaient pas éloignées de plus de 1"”. Le tout était placé sur la pompe pneumatique et recouvert d’une cloche sous laquelle on faisait graduellement le vide pendant que le cou- rant passait. Au début et avant qu’on eût fait le vide, les deux auréoles négatives et positives ne s’étendaient pas au delà de la fine pointe des électrodes, et le fil négatif était rougi vers son extrémité par le passage du courant; le thermomètre n’indi- { Monatsberichte, 1861, p. 355. PHYSIQUE. 269 quait aucune élévation de température. Lorsque la pression eut été amenée à n'être plus que de 7 pouces de mercure, le fil négatif cessa d’être rougi et s’enveloppa d’une gaine lumineuse de plus en plus étendue. A un pouce de pression, cette gaine s’étendait sur toute la portion du fil qui était en- roulée autour du thermomètre, et celui-ci, qui était resté jusque-là stationnaire, monta alors de 20 degrés dans l’espace d’une minute. La pression diminuant encore, l'enveloppe lumineuse s'é- tendit aussi sur le gros fil de platine, la pince et le fil de cui- vre, en un mot sur toute la surface de l’électrode négative; c’est là, du reste, un phénomène que tout le monde a pu ob- server dans le passage de létincelle d’induction à travers des gaz de plus en plus raréfiés. De plus, et ceci, quoique peu surprenant. est cependant plus nouveau, l'élévation de tem- pérature produite vers l’extrémité du fil de platine devenait de moins en moins marquée. À 0,5 pouce de pression 18 thermomètre montait encore de 13°,5 à une ligne de pres- sion de +, enfin à 0,5 ligne plus que de 0°,5 dans l’espace d’une minute. A ces basses pressions, la gaine lumineuse avait en grande partie disparu autour du fil mince formant l'extrémité de l’électrode. Les maxima d'intensité lumineuse et calorifique à l’élec- trode négative se déplacent donc notablement suivant la pression, ce qui doit Lenir évidemment, quoique l’auteur ne cherche pas à l’interpréter, à ce que la quantité d'électricité qui s’écoule à extrémité de ce fil, diminue de plus en plus à mesure que la résistance du milieu gazeux diminue elle- même et qu'une portion notable de la décharge s’accomplit à travers le gaz raréfié tout autour de l’électrode. Si donc l’on veut comparer l'élévation de température produite par le passage de l’étincelle dans Les deux électrodes, il convient de se placer à chacune d’elles dans des conditions identiques et de ne faire celte comparaison qu'entre deux points situés à égale distance des extrémités des électrodes. 270 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Le fait observé par M. Poggendortf doit tenir uniquement à la forme de l’électrode et à la résistance excessive qu’elle présente à son extrémité par le fait qu'elle est un fil très- mince. E. S. E. WaReuRG. UEBER DEN EINFLUSS TÔNENDER SCHWINGUNGEN, etc. DE L'EFFET DU SON SUR LE MAGNÉTISME DU FER. (Monatsbe- richte der Kün. preuss. Akademie der Wissenschaften zu Berlin, décembre, 1869, p. 857.) Matteucci ! et Villari * ont étudié tous deux les variations que subit le moment magnétique d'un barreau de fer ou d’a- cier sous l’action d’une traction longitudinale. Ce dernier a démontré que le magnétisme d’un fil de fer varie dans un sens différent suivant qu’il se dilate ou qu’il se contracte. L'auteur du travail dont nous nous occupons ici est par- venu à mettre en évidence les modificalions que subit le magnétisme d’un fil de fer sous l’action du son qu'on lui fait rendre en le faisant vibrer longitudinalement. Il mesure ces modifications par les courants induits qu’elles produi- sent dans une spirale entourant le fil de fer à son extré- mité. Pour cela il emploie un électro-dynamomètre ana- logue à celui avec lequel Weber a constaté les courants in- duits produits par les oscillations transversales d’un fil de fer aimanté, dans une spirale qui entoure également son extré- mité. L'auteur opérait sur un fil de fer ordinaire de 18907” de longueur, fixé en son milieu. En le faisant vibrer longitu- dinalement on obtenait un son correspondant à 1300 vibra- tions environ. Il se formait alors un nœud au milieu de cha- cune des deux moitiés du fil. L'une de ces deux moitiés était entourée d’une spirale destinée à produire son aimantation, landis qu’une autre spirale en fil très-fin était enroulée autour du nœud de l’autre moitié du fil de fer. Cette dernière était * Annales de Chimie et de Phys., 1858, tome LV, p. 416. 2? Poggend. Annalen, tome CXXVI. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 274 en communication avec le dynamomètre à miroir, l'autre était traversée par le courant de deux éléments de Bunsen. Cela étant et en faisant vibrer le fil de fer on obtenait dans la pe- tite spirale un courant induit mesuré par une déviation de 30 à 50 divisions à l'échelle du dynamomètre. L'on n’obtenait en revanche aucune déviation dans le cas où l’on éloignait la petite spirale du nœud de vibration du fil de fer; ce qui montre que le courant obtenu dans le premier cas ne lient pas au mouvement de va-et-vient des molécules de fer, mais à la compression et à la dilatation qui se pro- duisent au nœud. Avec un galvanomètre ordinaire on n’obtenait également aucune déviation, d’où il suit que les variations du magné- tisme sont alternativement égales et de sens contraires. Certains fils de fer n'ayant presque point donné d'effet, l’auteur essaya de les recuire au point où devait se former le nœud. Avec cette précaution il obtint ensuite dans tous les cas une déviation de 200 à 300 parfois même de 600 divisions. Comme point de comparaison il a noté que la cessation brusque de l’aimantation n’a donné qu’une déviation de 5 divisions. L'effet produit par le mouvement oscillatoire n’au:mente pas proportionnellement à l'intensité du magnétisme com- muniqué au fil de fer. Lorsque l’on à interrompu le courant dans la grande spirale, le magnétisme rémanant suffit pour que l’on obtienne encore une déviation de 50 à 60 divisions. E. S: ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. C.-Th. DE SIEBOLD. UEBER PARTHENOGENESIS, etc. SUR LA PAR- THÉNOGÉNÈSE CHEZ LE POLISTES GALLICA. (Zeitschr. für rss. Zool., XX: 1870. p. 236.) Dès l’année 1858, M. Leuckart reconnut que les ouvrières dans les sociétés de bourdons et de guëpes pondent des œufs 972 BULLETIN SCIENTIFIQUE. et que ces œufs sont susceptibles de développement. M. de Siebold a repris ces expériences à l’aide du Polistes qallica. Ce vespide se recommande tout particulièrement pour de telles recherches parce que son nid consiste en un seul gà- ieau entièrement à découvert. L’imperfection relative de ce nid permet à l’observateur de poursuivre toutes les actions de ses habitants et tous les phénomènes qui se passent dans les alvéoles. M. de Siebold a réussi à fixer des colonies de Polistes en très-grand nombre dans des lieux déterminés par lui. Il est même parvenu à rendre ces nids mobiles pour les nécessités des expériences, sans en amener labandon par leurs habitants. Il a pu observer ainsi des centaines de colonies de Polistes, depuis leur naissance jasqu’à leur extinction. Un nid de Polistes suffit pour un été entier à une colonie à laquelle il sert d'habitation et de lieu de couvée. En au- tomne, toutes les colonies périssent, quelque nombreuses qu’elles aient été. À chaque printemps, des femelles isolées donnent naissance, chacune pour son compte, à une colonie nouvelle. Ces femelles sont nées durant l'été précédent qu'elles ont passé dans l’état virginal, et ont été fécondées par accouplement en automne, avant de s’engourdir dans le sommeil d'hiver. Les zoospermes emmagasinés dans le ré- ceptacle de la semencese conservent en bonétat pendant tout hiver et fécondent au printemps les œufs au fur et à mesure dela ponte. Chacune de ces femelles se construitunnidcomposé d’un petit nombre d’alvéoles, ets’occupe d’abord de la ponte puis de l'éducation de la nouvelle génération. Les nouveaux individus ainsi engendrés sont, jusques vers le milieu de lété, exclusivement des femelles. Les premiers de ces individus, élevés par les mères isolées, sont des femelles de très-petite taille. Leur petitesse provient sans doute de ce que la mère, surchargée de travail, ne peut procurer à ses petits qu’une nourriture peu abondante. Ces petits individus ont été appe- lés jusqu'ici ouvrières ou neutres Toutefois, cette dénomi- nation n’est pas exacte. M. de Siebold a disséqué plusieurs de ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 273 ces petits Polistes et s’est convaincu, par lexamen de leur appareil générateur, que ce ne sont point comme les abeilles ouvrières, des femelles arrêtées dans leur développement, mais bien des femelles parfaitement développées, dont les ovaires turgides sont remplis d’œufs prêts à être pondus. Une fois que les mêres primitives se sont ainsi formé des aides sous la forme de ces vierges actives, l'accroissement du nid chemine rapidement, et les larves, recevant la nourri- ture en plus grande abondance, se transforment en guêpes aussi grosses que la mère. Vers la fin de juin ou au com- mencement de juillet, le gâteau offre une grande surface et se trouve composé d’un très-grand nombre d’alvéoles. A cette époque, on remarque, pour la première fois, parmi les nom- breuses femelles grandes et petites,quelques individus mâles. Leur nombre ne tarde pas d’ailleurs à s’accroitre notable- ment. M. de Siebold, en présence de ces faits, s’est demandé si peut-être il n’existerait pas chez les Polistes une division du travail physiologique, en ce sens, que les femelles fécon- dées l’année précédente produiraient seulement les œufs fé- minins, tandis que les vierges de la nouvelle génération pro- duiraient, par voie parthénogénésique, des œufs mâles. Cette hypothèse semblait appuyée par le petit nombré de tubes ovariques des Polistes, tubes qui ne peuvent produire qu’un nombre d’œufs peu considérable, Les expériences ont confirmé cette hypothèse de la ma- nière la plus éclatante. M. de Siebold choisit un certain nom- bre de nids au printemps, à une époque où les mères avaient élevé déjà une ou deux aides. fl enleva à ces nids les mères et les disséqua pour constater l’état de leurs organes géné- rateurs. Il trouva toujours les tubes ovariques en pleine acti- vité et le réceptacle de la semence plein de zoospermes mo- biles. En même temps, il vida entièrement toutes les cellules de ces nids qui contenaient des œufs ou de très-petites larves en ne conservant en vie que les larves de grosse taille. Mal- gré la disparition des mêres. les petites vierges continuérent 27% BULLETIN SCIENTIFIQUE. de donner leurs soins aux larves conservées, et par consé- quent les colonies ne périrent point. M. deSiebold avait eu la précaution de noter, pour chacun des nids mis en expérience, les alvéoles occupés et les alvéoles vides. Au bout de quel- ques jours, il s’'aperçut qu’une partie de ces derniers renfer- maient des œufs. Un examen attentif lui permit même desur- prendre quelques-unes des petites guêpes viergesau moment où elles pondaient au fond d’une cellule. Ges individus furent immédiatement sacrifiés et M. de Siebold trouva les six tubes ovariques entièrement développés, remplis d'œufs à différents degrés de croissance et Le réceptacle de la semence parfaite- ment formé, mais entièrement vide. Pendant ce temps, grâce aux soins assidus des jeunes vierges, de nouveaux individus fe- melles, provenus des grosses larves non sacrifiées, arrivèrent à l’état complet de développement et s’associèrent sans tarder aux travaux de la société. Les nids s’accrurent, par consé- quent, de cellules nouvelles, qui furent bientôt occupées par des œufs pondus par des vierges. Tous ces œufs, et c’est là le fait important, se développérent malgré l'absence de fé- condation, et donnèrent naissance à de jeunes larves qui prospérèrent grâce aux soins de la société virginale. Toutes ces larves, à la transformation en insecte parfait, donnérent des mâles, en opposition avec les larves qu'avait produites précé- demment la mère primitive et qui n'avaient donné que des femelles. On pourrait peut-être se demander si une mère étrangère et fécondée n’a pas pu pénétrer accidentellement dans les nids privés de leur mère, pour y pondre çà et là dans quel- ques alvéoles. A cette question M. de Siebold répond par une négation formelle. Pendant les quatre années qu'il a consa- crées à l'étude de ces guëpes, il s'est constamment assuré que les habitants d’un même nid ne tolèrent jamais Pintru- sion d’un Poliste d’une autre colonie dans leur société. L’ins- tinct de ces hyménoptères les avertit que ces intrus ne sont que des brigands pénétrant dans leur nid pour voler les BOTANIQUE. 279 larves et les dévorer. Il est donc évident que chez le Polistes gallica les individus mâles naissent parthénogénésiquement aux (lépens d’œufs non fécondés. E..C: BOTANIQUE. A. MiLLARDET. LE PROTHALLIUM MALE DES CRYPTOGAMES VAS- CULAIRES. Strasbourg, 1869. Nos connaissances sur la véritable nature des fonctions de reproduction des plantes sont bien moins avancées que celles qui ont rapport aux fonctions de nutrition. Tout tra- vail sur ces sujets-là offrira donc un grand intérêt, surtout si l’auteur, comme c’est le cas ici, s’est élevé à des considé- rations générales, et ne s’est pas borné à la description plus ou moins minutieuse de certains organes. À ce point de vue, le titre du mémoire de M. Millardet est trop modeste. Après avoir décrit quelques observations nouvelles sur le développement des microspores des cryptogames supé- rieures, l’auteur cherche à embrasser d’un coup d’æil toute la série des phénomènes de reproduction chez les plantes supérieures, et il montre combien les anciennes divisions sont factices, et combien d’un groupe à l’autre les différences sont moins tranchées qu’on ne le crovait autrefois. Sans vouloir précisément le suivre dans les arguments qu'il y trouve en faveur de la théorie de la filiation des types, bor- nons-nous à voir dans ces observations extrêmement inté- ressantes des preuves nouvelles de l'unité du plan de la création. Dans la première partie de son travail, M. Millardet a étu- dié la germination des microspores des genres Marsilia, Pi- lularia, Isoëtes, Selaginella. Il a pu constater partout la pré- sence d’un prothallium plus ou moins développé, particu- larité qui avait échappé à tous les autres observateurs. Chez les Marsilia et Pilularia, ce prothallium se trouve repré- 276 BULLETIN SCIENTIFIQUE. senté plutôt physiologiquement que morphologiquement, si l'on peut parler ainsi. L’anthéridie, en se développant au sein de la microspore, laisse tout autour d’elle un espace vide rempli d’un liquide mucilagineux chargé de substances nu- tritives. Bien qu'aucune cellule ne $’v rencontre, ces matières servent évidemment à la production de lanthéridie, et jouent par là le rôle d’un véritable prothallium. Chez les Isoëtes et les Selaginella, le prothallium mieux défini au point de vue morphologique ne joue presque aucun rôle physiolo- gique. Le contenu de la microspore se scinde en effet en deux parties : l’une beaucoup plus petite, véritable cellule végétative cachée au sommet de la microspore, s’enveloppe d’une mem- brane et ne subit aucune métamorphose subséquente. Dans la partie la plus grande, au contraire, se développe l’anthéri- die; celle-ci, dans le premier de ces genres, donne naissance à quatre anthérozoïdes seulement: dans le second, à un nombre beaucoup plus considérable. Quant aux anthérozoïdes eux-mêmes, l’auteur se place à un point de vue opposé à celui de Schacht: il nie absolument leur nature cellulaire, ne voit en eux que du protoplasma modifié, et montre que la vésicule qui leur est souvent adhé- rente, n’a pas, dans l’acte de la fécondation, d'importance physiologique et manque d’ailleurs très-souvent. Ce n’est, suivant lui, que le résidu de la masse protoplasmique pla- cée au centre de la cellule mère, et aux dépens de laquelle l’anthérozoïde s’est développé. Dans la seconde partie de son travail, M. Millardet ayant constaté l’existence d’un prothallium mâle partout où l’on n’en connaissait pas avant lui, cherche à faire ressortir l’im- portance morphologique de ce fait en esquissant rapidement l’évolution des types principaux des végétaux supérieurs. Ainsi que l’a exprimé M. Sachs, on entend par alternances de générations, où générations alternantes. « la succession « régulière dans le cycle morphologique d’un individu, de plu- « sieurs formes complétement différentes, dérivées d'autant 1O BOTANIQUE. 77 « de changements profonds dans son mode de développe- « ment. » Appuyé sur cette définition, l’auteur montre suc- cessivement dans les différents groupes de cryptogames supérieures et de phanérogames, l'existence de deux géné- rations successives, l’une sexuée et l’autre asexuée. Chez les cryptogames d’abord, le phénomène est facile à constater. Les unes (Equisétacées, Fougères, Ophioglossées) sont Isosporées, c’est-à-dire ne produisent qu’une seule es- pèce de spores; celle-ci produit à son tour un prothallium assez développé, muni de chlorophylle et de racines, suscep- tible par conséquent d’une vie indépendante. Sur le même prothallium ou sur deux voisins naissent d’abord les anthé- ridies qui, à leur maturité, laissent échapper des anthéro- zoïdes, puis viennent les archégones formés, en général, d’une cellule centrale à laquelle donne accès un canal ouvert à l'extérieur. La fécondation opérée, la première période est close, el alors commence la génération asexuée. L’embryon se développe d’abord au sein du prothallium, puis s’en dé- gage, et parcourt les différentes phases de son développement que nous n’avons pas à décrire ici. Finalement cette seconde génération termine -son évolution par le développement des organes de multiplication ou spores, qui naissent toujours d’une feuille normale ou modifiée. Les autres cryptogames (Rhizocarpées et Lycopodiacées) - sont Hétérosporées, c’est-à-dire munies de deux sortes de spores (microspore ou androspore et macrospore où gyno- spore.) Du reste, l'histoire de leur développement se rapporte très-aisément au plan que nous venons d’esquisser. Des deux espèces de spores naissent des prothallium, souvent plus ou moins rudimentaires. Chaque prothallium produira, suivant son origine, des anthérozoïdes où des archégones. La fécon- dation opérée, la seconde génération commencera; l’em- bryon développé d’abord au sein du prothallium femelle, vivra bientôt d’une vie indépendante et deviendra une plante complète. L'évolution, comme dans le cas précédent, se ter- 278 BULLETIN SCIENTIFIQUE. minera par le développement des spores ou organes de mul- tiplication. Les Gymnospermes forment une transition toute naturelle entre les cryptogames et les phanérogames proprement dites. Personne n’aura de peine à identifier les anthères avec les microsporanges et les grains de pollen avec les microspores, Les cellules au nombre de une à trois, qui se développent toujours au sein des anthères représentent exactement le prothallium : la cellule extrême de laquelle naît le tube pol- linique sera l’anthéridie. Au point où le tube pollinique s’applique contre l’ovule, il est souvent possible de distin- guer, dans son intérieur, une ou plusieurs cellules primor- diales qui représentent le dernier vestige des cellules mères des anthérozoïdes. L’organe femelle, un peu plus profondément modifié, est cependant encore facile à reconnaître. Le sac embryonnaire ou macrospore ne se sépare point de la plante comme les macrospores des cryptogames ; l’embryon doit, en effet, at- teindre un degré de développement beaucoup plus élevé que dans les cas précédents : il est donc naturel qu’il reste adhérent à la plante, si l’on songe surtout que le prothal- ium ou endosperme se développe fort peu. Au moment de la fécondation ou même un peu avant, des cellules endospermiques (prothallium) remplissent le sac embryonnaire ou macrospore. Bientôt à la partie supérieure de celui-ci, quelques-unes de ces cellules se différencient et deviennent les « corpuscules » qui représenteront exactement les archégones. C’est dans leur sein que le moment venu les cellules germinatives paraissent, et que la fécondation s’o- père par diffusion, la matière fécondante traversant successi- vement la membrane du tube pollinique et celle des cor- puscules. C’est ici que commence la seconde période ou génération asexuée, qui, chez les phanérogames, tend à prendre beau- coup plus d'importance que l’autre A mesure que les or- BOTANIQUE. 279 ganes qui prennent part à la génération sexuée sont plus dégradés, ceux qui naissent de la génération asexuée sont plus nombreux et plus parfaits. Nous n’avons pas le temps de suivre ici tout le déve- loppement de lembryon. Rappelons seulement qu’il com- mence par vivre aux dépens de l’endosperme, comme l’em- bryon cryptogame vit aux dépens du prothallium. Le déve- loppement de la seconde génération est interrompu par une période de repos ou sommeil léthargique au sein de la graine, fait qui n’infirme en rien la théorie. Lorsque la vie de la jeune plante avant repris son cours, celle-ci est arrivée à sa forme parfaite, elle clôt son cycle biologique par la pro- duction des organes de multiplication correspondant aux micro- et macrospores, c’est-à-dire du pollen et des sacs em- bryvonnaires. Comme chez les cryptogames. ces spores sont produites par les feuilles modifiées: le fait est prouvé pour les étamines, et est au moins probable pour les ovules. Enfin, grâce aux rapports qui les unissent aux Gymno- spermes, les phénomènes de reproduction des Angiospermes pourront se ramener au même plan général. Le grain de pollen représentera toujours la microspore : seulement, il n'v a plus trace de prothallium, pas plus que de cellules mères des anthérozoïdes. Le développement se trouve limité à l'expansion de l’intine sous forme de tube pollinique. Dans le sac embryonnaire ou macrospore, il ne se déve- loppe plus d’archégones: les cellules germinatives naissent directement dans son sein, mais aussitôt après la fécondation il reprend son rôle et devient le siége de la production de lendosperme ou prothallium. L'apparition de celui-ci se trouve ici suivre la fécondation au lieu de la précéder. Les deux périodes sont donc moins nettement délimitées chez les Angiospermes que chez les autres plantes. Eiles exis- tent toutefois: la seconde, ou période asexuée tend seule- ment à prendre toujours plus le pas sur la période sexuée, ainsi que je l’ai indiqué pour les Gymnospermes. 280 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Enfin, l'embryon se développe, et la génération asexuée se trouve, comme dans le cas précédent, coupée par une pé- riode de repos au sein de la graine. A la fin de la période de végétation, la plante ferme toujours son cyele biologique par la production des organes de multiplication. Seulement ici les modifications sont plus profondes, et au lieu de n’at- teindre que la feuille destinée à produire les spores, elles at- teignent toute la partie supérieure de l’axe, et ainsi se trouve formée la fleur avec ses différents verticilles. Telle est la suite de raisonnements sur lesquels l’auteur fonde son idée de l'unité des fonctions de reproduction chez les végétaux, idée qu'il fait, du reste, remonter à M. Sachs; celui-ci l’a émise dans son Lehrbuch der Botanik, publié à Leipzig en 1868. Quelle que soit la valeur que l’on attache à ses conclusions, ce travail de M. Millardet présente donc un grand intérêt ; il est à regretter, seulement, que les planches que l’auteur compte publier plus tard, dans un recueil scientifique, n’accompagnent pas le mémoire lui- même. M. M. Le 3 D, 281 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE FÉVRIER 1870. gelée blanche le matin. couronne solaire à plusieurs reprises dans la journée, faible halo solaire de 2 3/4 à 4 h.: couronne lunaire dans la soirée. 7, forte gelée blanche le matin de bonne heure, puis brouillard depuis 8 h. du 10, matin jusque dans l'après-midi à 4 h., où il a commencé à neiver: la hauteur de la neige tombée dans la soirée à été de 105mm, il a neisé de nouveau dans la nuit du 9 au 10, hauteur de la couche 35m : de même la neige de la soirée et de la nuit du 10 an 14 à donné une nouvelle couche de 95mm, » . . CPR. D 0 + * 11, à G h, du soir, la bise a commencé à souffler avec force, elle à duré jusqu'au lendemain à 8 h. du soir: il à recommencé à neiger le 11 à 8 b. du soir et la neige a duré presque sans interruption jusqu'au lendemain à midi, cependant la hauteur ne s'élève qu'à 80mm, une partie avant été emportée par la bise, 17, brouillard épais une grande partie de la journée. 18, id, 19, id. 81, neige depuis 2 h. après midi jusqu'au lendemain à 6h. matin, hauteur de la neige tombée 1151, gelée blanche le matin; faible halo solare de S h. à 9 h. matin. ARCHIVES, t. XXXVIL. — Mars 1870. 20 282 Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. y MAXIMUM. MINIMUM. mm mm ee 40) bmauntr ee e-. 735,10 , Le 5 à 6h. matin... 723,60 610 5:matint.:..-.:.2,791,09 92% 1h, matin... 717,23 411 278 hr S0i7 EEE ser .. 124,65 1322, 5h. Soir..s. 300 718,32 15 100 IL SOIT -ervee 724,38 = 16 à 2 h. après midi 729,54 TANIA ER er. ro rres- 724,25 RSR Se 119710 DAMON OIT Are rer 126,13 DA AO TLASOIL Le. sectes 714,56: 29 MON. "SOIT... Mrres Ten dt 24 à 4 h. après midi...... 747,29 CU EEE DAJQUTUUUTT yo + |c'e COUT go —= 67 CN 26f ratae (Dés 60 —|8'Y 60 — 157 60 —|SY CEA Me) GO == |S7 Dee (cr HE Re PISE ec —|$"e POLY 0 lo 60 ——|9%} F0 + |6% To + ls 0‘0 L'‘y FO —= | 9" 0'0 L'Y 0'0 L'Y Dame 0 “2[EuIou no ‘PIN 1180 Te d0Qqy np ‘duoy, Ly'o || 2IAUTBA || *": OO PSNN || 89'0 | 2IQUUA || *°: SOU] PRGTININE | DOeEes ao £8‘0 | 2IAUBA |: "| GOT 40 STE EEE L£‘0 || orqurrea y 9‘e 00°T || G "SIIe 9'I 66‘0 || F UNIES ete) [hate S6‘0 || F ‘OS |9 CAT 00‘L OfqUrawA || 007 F ‘ANG |'*"|"": 00'T l NE ES T6 :01 TR OSSI se 16‘0 orqenua|l"-| 00‘PG ‘“INNIGE | 8‘7 00‘ |G ‘“GINN | 6‘0 GO ‘OSSI9 |7'c | O0'T Ï °N ss. 007 || 2Iqurva y | £a I60|T ‘OSSI6 |Y'0r 60'0 || 2IqUrama ||": 6L'0 || 2rqrma || "+ &S‘0 L *Q .. ….. 90'0 [l ‘OSS c'e .. &l‘0 O[QUIICA sl". |e8‘0 E} (A6 CHI] OL SOC , “Ut Un 7e ; S |'UY LP N RARE om —Wop | =! va DS nn He) TUOA |iBron noamyg 088 0GG 066 CG 098 0001] 0007 066 066 0007 086 066 068 076 00017 0LG 0007 0L6 0007 O00T 0007 0007 00017 0007 026 000! 000! 066 “UUXEN “SOUIQT[EUE U9 UOTJEINYES 9p ‘JO2AY OLG 019 OS 099 (142 089 06S 0€L 009 088 098 O1L 062 008 092 09Z OS 008 OLC 068 0?8 ES 09 009 nce OYG 079 097 “UT ‘WIOU TOM HUE 1180 GYL 6G £8L ICS L69 968 908 06 TGS 966 LYG YE6 LS 9LS YIG C6 66 606 GGS 296 986 SG [LS LES GO8 08 SLS GYL || "4 6 Sap AU ler | 18 LEE | #9's 69‘9+ | ST gç'o+ | £0‘ |GF0— | 63'7 F0'G— | 68°C 6G'I-- | 68'G OL'O LE 80‘0+ | 87‘ LYFIH | 8S's | €L‘0+ | Te 90‘0+ | FFT | FS'0— | 78'E | 6G'0— | Sg's |OFI— | LT'E | GEI | L6‘G 9 |'6L'T LON=AINE IGL‘0— | 79€ | Eg‘0— | 188 | CC O+ | 797 | 8c‘0— | SO‘Y | 66‘0— | 90'7 97'0— | Gr | 6L‘0— | 87£ 6r'£ y0‘Y gc'e "UUTEEU |*9rr u'| VISU ve Tavogt | "AoN = = “+ “da ap uo1smo], ei CS ec 2 mMNOOE = © GI — _— — HE EE a eo OR ORSOE-L à do ” le) - en » © © =41 00 © Beer AS 29 E> © Y 20 “USEN | | RAC TORGE Et EE Lol ED el RL ot “UUUUN 99'7+ | LEL + | LIG+ | LL'G A4 1rS—+- | 067 + SS'I+ | 99€ + 9H | gré + g6'8— | LL'‘9 — LEG— | 00€ — OS'E— [OST — | OL'O+ | 6e + L8‘0+ | 095 + 09‘0+ | 8 + | 96‘0— | LSO + 06‘1— | LYO — | 00— | 190 — C6‘r— | 69 — 9L'C— | 19% — 88‘9— | 58'g — || Or'9— | SG — LI | 660 — CS'e— | 70 — 98‘ 0— | SO + Cr'C— | OST — || 1'o--| Yo + | GL'O+ | 861 +| LG — | 980 — || FOI— | 0L‘0 — | 1% 0— | 10 —| 6£'o+ | 50 + 0 0 "OTEUMOU | saimou 43 duo) sop P 9948 sol ‘ 2410 deg | PUR SR “EE. | ‘") eaneagdtue 60. — ce 66 — | GL'GIL O9 — | SY'GIL FL — | SY8IL LS" — | L0'SGL 609 — | L6‘612 GO'E — | OF SSL 196 — | £T'EGL £F9 — | 60‘06L 16 — | ?c'ccL Gc'o —)| QL'ez OL — | GS LRO er GL‘9 — | OL'GIL OPL = 82672 SIT — | cr'ecL 666 — | CO'EGL | LL —| IG GIL 606 — | SO'LIL 899 — | ST'0GL 660 — | 76'SGL 0S'E + | £T'0€2 YO — | SO‘SEL OL'T — | GG'GGL 670 — | 19952 668 + | 80'08L | LOL + |'67'FSL LAIT ELU "Ut *Kou 2946 1189) AN9NEH RE 7 "OJQUIOIL, MOYENNES DU 284 MOIS DE FÉVRIER 1870. 5h.m. Sh.m. A0h.m. Midi. 2h. 4h.s. Gh.s. 8 h.s 1U ni, s. Baromètre. mm nm mm im mm mm nm min mu lie décade 725,84 726,07 726,01 725,76 725,10 724,90 725,05 725,20 725,18 2e « 121/9227922,91.199492 799 39m 0791,840401,86 7229214 79959 MP T2 3e “ 1211972186 172191079172 4721042790 72 TAI0S TOO TEE Mois 72341" 793,51 795,56 798,401 799 78.192,62 799 900 723H5 00 2 Température. “0 DA 0 0. 0 0 0 0 lredécade— 3,49 — 2,90 Æ 0,143 + 9,87 + 3,34 + 2,84 + 1,72 Æ 0,13 — 1,15 de uw — 2,47 — 2929 — 1,09 + 0,29 — 0,80 + 0,56 — 0,08 — 0,88 — 1,27 9e « — 1,29 — 0,90 + 2,35 + 4,96 + 5,52 Æ 5,44 + 4,03 + 92,19 + 0,57 - Mois — 2,90 —- 9,09 + 0,953 + 2,55 + 5,06 + 2,77 + 1,74 + 0,36 —- 0,69 Tension de la vapeur. un nn à mm : min im ru ain mn ul fe décade 5,46 D, 02 3,89 3,89 3,98 4,19 4,13 4,15 4,04 2e u 9,11 3,94 3,95 4,02 4,12 4,01 3,91 3,00 4,00 3e x 4,01 4,05 4,29 4,60 4,93 1,48 4,64 4,49 4,41 Mois 3,70 3,18 4,01 4,13 4,19 4,21 4,20 4,14 4,13 Fraction de saturation en millièmes. L'e décade 974 951 835 690 692 154 802 900 055 de “ 945 962 912 S47. Sol 819 847 882 933 3° « 914 901 761 682 660 646 736 805 838. Mois 946 941 841 744 733 746 7199 866 928 Therm. min. Therm. max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre. du Ciel. du Rhône. ou de neige. : (L 0 0 rom Cr 1° décade — 4,18 + 4,48 0,65 4,81 to 78,6 2e « — 3,12 + 4,17 0,97 412 10,5 75,6 3e “ 21374 + 6,99 0,96 4,43 pD2 74,6 Mois 3:07 + 401 0,74 4,47 DL; 76,4 Dans ce mois, l'air a été calme 6,7 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. à été celui de 0,97 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N, 890,8 O., et son in- tensité est égale à 3,6 sur 100. Le Le 16, 93: OBSERVATIONS ! S- à ME à id. depuis #4 h, de l'après-midi. id, tout le Jour. id. depuis 4 h. de l'après-midi. id. toute la journée. il. depuis 8 h. du soir. id. à peu près toute la journée, id. une grande partie de la journée. id. de midi à # h. id, la plus grande partie de la journée. La neige tombée a été empor- tée en partie par le vent. id. de 6 h. du soir à 8. h. id, le matin jusqu'à 10 h. id, depuis midi. 9, id. à peu près toute la journée. la neige tombée à été emportée par le vent. id. de midi à 4 h. id. depuis 4 h. du soir. id. tout le jour. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. 2 : min mm OBTAPSOI ee nee 267,37 | dre (SA EC Pa rt DD, ME TR EEE 264,10 CNE Soccer er: 551,21 OPA SON rave 008,90 té | 13 16h esS0ine ere 550,89 tOrhrrsoire 299,34 19 à 2h. après-midi. ..: 559,69 6 HS ee. 298,04 99/2 2 6hhemalmn ss 943,28 10h: MAN ES 00110 95 à 16-h matin: Fee 309,60 1OPNE SO TAC . 069,06 285 TABLEAU DES FAITES AU pendant MÉTÉOROLOGIQUES SAINT-BERNARD LE Mois DE FÉVRIER 1870. , brouillard depuis 4 h. de l'après-midi à 6 h. SAINT-BERNARD. — FEVRIER 1870. = ô ature C. Pluie ou neige. É Baromètre. LE Température C . g 1e SRE = Hauteur | Écart avec Moyenne [Écartavecla| 4 || Hauteur Eau NDS ; Fe Ê FLAC pos Minimum. | Maximum ee GRR Minimum’ [Maximum LR se d'heures. dominant Ciel, | 2e | re Qu, mens | | me ncmnmnnemns a (Per en Es || l| millim. millim. millim. millim. 0 0 (] | (1 millim. | millim. | | 1 | 566,99 | L°6,54 | 566,18 | 567,37 | — 7,33 | + 1.74 | — 8,7 | — 4,5 | ..... | ..... | .... |NE. 1 |010. 2 || 564,45 | L 4,03 | 563,38 | 565,78 | — 9,87 | — 0,81 | —12,8 | — 7,2 | ..... | ..... Es re, 10,13. Mn | 56200 | 71,68 | 561,87 | 562,29 || —11,47 | — 2,12 | —12,4 | — 9,0 | .:.… | ..... | .... SO. 1 |" 0,40 | 4 || 560,84 | 0,50 | 560,48 | 561,51 | — 9,56 | — 0.52 | —11,2 | — 7,5 | ..... | ..... | C0 et ADO 5 | 560,32 | + 0,02 | 559,53 | 561,80 | — 8,54 | — 0,49 | —11,5 | — 6,4 | ..... Momese. dlé0; 1 | 0,93 | 6 || 563,57 | — 3,30 | 562,88 | 564,10 | — 7,84 | + 1,18 | —11,9 [— 3,5 Pi oser | calme 0,00 : 7 | 559,76 | — 0,47 | 558,12 | 561,51 | —10,31 | — 1,30 | —11,7 | — 7,8 ne SON PTE ic SU. INA 722 S || 554,09 | — 6,11 | 552,39 | 555,85 || — 8,82 | + 0,17 | —10,0 | — 5,4 Get c For #10 NE. 1 | 0,80 9 | 551,52 | — 8,65 | 551,21 | 552,45 || —11,66 | -— 2,69 | —13,4 | —— 9,2 + Co -AcobMl| ÉcHoû NE. 1 | 0,50 10 | 55218 | —7,96 | 552,04 | 552,47 | —11,65 | — 2,70 | —14,2 | — 7,9 | ...., | ..... | .... NE, 111 059 | 11 || 554,09 | — 6,01 | 552,45 | 555,43 || —12,27 | — 3,34 | —13,2 | —11,2 JON 6,3 | fe SO. 4 | 0,51 | 1:49 | 557,27 | — 2,80 | 556,09 | 558,50 | —10,04 | — 1,13 | —11,5 | — 7,5 Se l'E PR seu 50. 2 | 0,94 | 13 | 557,20 | — 2,84 | 555,85 | 558,26 | — 6,70 | + 2,18 | — 7,2 | — 5,6 | ..... | ..... | .... |SO. 3 )100 1 44 | 556,98 | —:3,03 | 556,85 | 557,35 | — 4,53 | + 4,32 | — 5,4 | -- 3,0 150 | 42 | f SO. 2 | 0,88 | | 45 || 557.20 | — 2,78 | 556,55 | 557,94 | — 5,05 | + 3,77 | — 5,8 | —- 3, 50. | 4,6 4 NE. INIRU65 16 || 557,57 | — 238) 557,44 1 558,930] — 6,07 | L 279 | — 7,8 | — 3,3 | ...… 1e 00 ON D CA EDS 17 || 559,00 | — 0,92 | 558,34 | 559,34 | — 8,04 | + 0,72 | — 8,8 = 16,2 ntm | mire oo 50. dm0/02 | 18 | 557,64 | — 2,25 | 557,09 | 558,50 | — 8,05 | + 0,68 | — 8,9 | — 6,5 | ..... | ..... eee 1 | 0,68 1-49 À 555,77 | —%4,10 | 555,65 | 556,09 | — 7,22 | + 1,47 | — 8,7 | — 4,3 | ...… | ..... Re leNEs 4. /10/69 | 20 | 557,19 | — 2,66 | 556,23 | 558,04 | — 9,06 | — 0,41 | —12,0 | — 6,1 4,5 GB INSU; 10108 | 24 | 551,86 | — 7,97 | 546,54 | 555,91 | —11,03 | —— 2,42 | —11,9 | — 7,4 Core lice te IDE D U;0S | | 22 || 548,92 | 10,89 | 543,98 | 558,41 || —18,82 | —40,25 | —19,9 |—17,5 | ..... | ..... | .... JPNE 38/0,7%| | 23 | 556,08 | — 3,71 | 554,65 | 556,87 | — 6,52 | + 2,01 | —11,9 | — 1,3 Dette MAT OE sat SO. nm 076 24 || 556,19 | — 3,58 | 555,75 | 557,15 | — 8,44 | — 0,05 | — 9,4 | — 6,8 cou l'Arc TC 4 88 SO. 10/07 | 25 | 596,24 | — 3,51 | 555,60 | 557,13 || — 4,34 | + 410 | — 7,9 | — 0; Soc SO 3 BE variable 0,10 | 26 Ï 557,66 | —2,07 | 557,43 | 558,54 | — 6,37 | + 2,02 | — 8,6 | — 4,2) ..... eee re SO. 1N100/38 27 || 561,07 | + 1,36 | 559,60 | 562,03 | — 6,16 | + 2,18 | — 6,4 | — 5,0 Grin ié éco ne SO. 110,51 28 | 564,20 | +. 4,50 | 562,69 | 565,56 | — 4,76 | + 3,53 | — 5,8 | — 3,2 os one De SO. 1",.0,98 | | | | | * Les chfires renfermés dans ces colonnes donnent la plus basse et Ja plus élevée des températures observées depuis 6 heures du matin à 40 heures du soir, le thermomé- trugraphe étant hors de service. 287 Gb.m. Sh.m. 10h.m., Midi. 2h.s: 4h.s. 6h.s. Sh.s. 10 h.5 Baromètre. mm mm mm nm mm im mm min 1re décade 559,84 560,01 560,05 559,84 559,44 530. ù 599,53 559,52 559,40 2er 596,70 556,97 557,14 557,18 556,98 557, 2 597,29 557,46 3e 099,69 556,27 556,69 956,81 556,77 556, 9 997,02 556,73 Mois 557,59 997,89 998,04 598,03 597,80 557,81 557,93 558,01 557,95 Température. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 lredécade—10,95 —10,68 — 9,32 — 8,02 — 6,8% — 7,91 — 9,30 —10,16 —10,84., 0 708 60 6,938 GG ITS 8 17-0709 0 SG TD GO GA 748 5 9 M 927 Mois — 9,63 — 9,10 — 7,76 — 6,88 — 6,50 — 7,99 — 8,40 — 9,921 — 9,39 Min. observé.” Max. observé." Clarté moyenne Eau de pluie Hauteur deja * du Ciel. ou de néige. neige tombée, 0 0 nm mm 4re décade 11,78. — 6,84 0,48 _— — 2 — 8,91 — 5,68 0,71 19,6 215 3e » —10,22 — 5,71 0,59 — —_— Mois —10,31 — 6,10 0,60 19,6 245 Dans ce mois, l’air a été calme 11 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,53 à 1,00. | La direction de la résultante de tous les vents observés est $. 450 O , et son in- tensité est égale à 33,3 sur 100. * Voir la note du tableau. Er Jet URSS ES LT AE Mrs) ESS 1 en NS pr NSP PTS 123 DEN DAS NA URL Te y SNL de ls 4e ps En ER 19 Tr ARS # es Die LOL AL) N'a éd 00 Le vrÉ Fr CA £, Y Vi # Ponte A ee FER, Fer 5: CE N'ES ie É LP L es a VS ; "} . LE ; 9 ny FRS À rt : 1 E 4 DANS SU me D ae RE ap. + nel CR LES > FREE Ktera ere Mo "4 13 è ä 4 PART Te LOU PR ONE ER RS TS SU , L DDR PER SE REP de CET Sas #' É he À ÿ a jà 0 ! : + Wed UE FL # # LE : STE y } ApREX î , ya 2) vw dj Int e à dé #7 + AT . W 1 DT MERE déh don (AN CE Te. a ER RE “vrai ; % LE L, Le L | FA TONER TI RTE 2 EE Le SA 08 ON: f 1 1" Phi 0 7" wi 47 > VS Le [22 ; SE 4, 4e , L : gs + we PART = 1 10 US 2e DÉS AC er PES % = à AS : Æ + Na D 2 de "fs Ms CRE Fe æ: RÉTRSNE TES AMONT ST PATAR Fa à . A ï + ï Le LÆ ; É è cit = # = — MRC] [En Cv =. 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"AE 2: OPEL LC sa NUE "A vi Vue À scores. aB4 = lex ne DS ER EETETE : his [I C4 \ s f FL “ À r. . “ Let Lai k Y | c z l | 19 CE 5 à RE | ; (D : 1} * ST AN ER REVUE DES TRAVAUX RELATIFS A LA GÉOLOGIE ET À LA PALÉONTOLOGIE DE LA SUISSE PENDANT L'ANNÉE 1869 PAR M. ERNEST FAVRE (avec, une planche.) Je désire donner dans cette notice un aperçu des pros grès de la géologie de la Suisse pendant l’année 1869. Une revue de ce genre, faite annuellement, sera, je l’es- père, de quelque utilité dans notre pays où les travaux scientifiques sont écrits dans diverses langues et dispersés dans les journaux périodiques d’un grand nombre de villes, Berne, Zurich, Bâle, Genève, Lausanne, Neuchà- tel, Lucerne, Aarau, Coire et Lugano. L'ordre que j'ai adopté dans cette notice est le suivant: L La chaine des Alpes. Il. Le Jura et la plaine. III. Ouvrages généraux. Je suivrai, autant que possible, la série chronologique des terrains, quoiqu'il soit difficile de se conformer à cette règle en s’occupant de descriptions locales. La première partie sera plus développée que les au- tres. Les Alpes prennent en effet dans la science une im- portance de plus en plus grande. On y a reconnu succes- sivement l'existence de» presque tous les terrains, et on n’est plus tenté d'y voir une série de formations excep- tionnelles et locales. C’est aux dépôts alpins qu’on pour- ARCHIVES, t. XXXVIL — Avril 1870. 21 290 TRAVAUX RELATIFS A LA GÉOLOGIE rait au contraire appliquer le terme de formations nor- males * revendiqué jusqu'ici pour les dépôts du nord de l'Europe et surtout pour ceux du bassin anglo-parisien ; un grand nombre de terrains des Alpes ont été formés dans la haute mer et sur une très-grande étendue”: leur pussance atteste que le temps pendant lequel ils se sont déposés a été très-long, tandis que ceux du bassin anglo-parisien présentent souvent des faciès locaux des mêmes faunes qui, soumis à des circonstances variées, ont subi de fréquentes transformations faciles à constater, œrâce à labondance de leurs fossiles. [. LES ALPESs. M. A. Muller ‘ * à terminé une série de recherches sur les roches cristallines des Alpes. Après avoir étudié celles du bassin de la Reuss*** dans les vallées de Ma- deran, d'Etzli et de Felli, il a examiné le versant sud des montagnes de la même région, c’est-à-dire les vallées des affluents dn Rhin qui découlent du massif du Crispalt. ‘Les roches constitutives de ces vallées sont analogues à celles du versant nord et sont formées d’alternances de schistes eristallins et de gneiss d’origine sédimentaire. Le gneiss de ce massif et de celui du Saint-Gothard est ca- ractérisé par la prédominance de quartz grenu très- différent du quartz hyalin par son aspect et son origine. * Pictet, Archives des Sciences phys. et natur ,1869, XXXVE, p. 243. ** Dernièrement encore, on a reconnu des dépôts semblables à ceux du muschelkalk et du trias supérieur des Alpes, au Spitzherg et dans l'Himalaya où ils sont caractérisés par quelques-uns des mêmes fos- siles. V. Mojsisovics, Jahrb. d. k. k. qeol. Reirhsanst., 1869, XIX, p. 592. # Ces chiffres se rapportent à la liste des travaux disposée par ordre alphabétique à la fin de cette notice. ** Verhandi. naturf. Ges. Basel, IN, p.355 et 559. … ET A LA PALÉONTOLOGIE DE LA SUISSE. 291 M. Muller Fa appelé gneiss à quartzite (quarzit-gneiss). Cette roche, ainsi que le granit à quartzite, provient, d’après ce savant, de grès qui ont reçu du quartz, du mica et du feldspath par infiltration. Le quartz grenu est, suivant lui, le reste des grains de quartz qui formaient les grès sédimentaires, tandis que le quartz vitreux à été introduit par infiltration. L'aceroissement des cristaux de feldspath par ce même moyen a été la cause du soulève- ment des roches. On trouve, outre lorthoclase, un second feldspath. probablement l’albite ou l’oligoclase. Le mica a été produit par la modification chimique des couches argileuses intercalées dans les grès ou par des particules argileuses provenant de cristaux décomposés; il peut aussi avoir été formé directement. On ne voit que rare- ment dans ces terrains du gneiss talqueux bien caracté- risé et jamais le vrai granit éruptif ou le gneiss fonda- mental. Les modifications de ces roches se sont faites par voie humide et par l'introduction ou l'enlèvement de leurs éléments constitutifs: on ne peut les expliquer par l'effet seul de la chaleur. Tels sont les principaux résultats des observations de M. Muller, résultats qui, vu leur impor- tance, demandent à être confirmés par de nouvelles ex- périences. M. l'ingénieur Gierdaneo ‘° à publié, sur les environs du mont Cervin, une notice qui jette un jour tout nou- veau sur la géologie de cette partie des Alpes. La base du pic du Cervin est formée de schistes verts où gris, serpentineux ou talqueux, alternant avec des calcaires cristallins schisteux et lustrés, des calcaires compactes, de la dolomie, de la cargneule et des quartzites. Ce groupe de roches, nommé par M. Giordano formation calcaréo-ser pentineuse , a 3500 à 4000" de puissance, 292 TRAVAUX RELATIFS A LA GÉOLOGIE Des coupes prises par cet habile observateur montrent cette formation reposant sur le gneiss ancien du Mont- Rose, occupant la base du Cervin où elle renferme une énorme lentille d’euphotide, et plongeant sous le massif de la Dent Blanche pour reparaître plus au nord, dans les montagnes de la rive gauche du Rhône. Le massif de la Dent Blanche est formé d’un gneiss talqueux de 1500" d'épaisseur qui constitue aussi la partie supé- rieure. du mont Cervin, en sorte que cette roche paraît plus récente que la formation calcaréo-serpentineuse. Tout en constatant l'extrême difficulté de fixer l’âge de cette dernière formation, M. Giordano la regarde comme intermédiaire entre le terrain carbonifère et les terrains secondaires et semble disposé à la rapporter à la formation triasique dont les roches auraient été modi- fiées par une action hydrothermale lente, Une coupe très- détaillée de la pyramide même du Cervin accompagne cette notice. M. l'ingénieur Gerlaeh ‘* ‘* à fait paraitre une des- eription des Alpes Pennines, accompagnée de plusieurs coupes et d'une carte géologique au < qui s'étend des environs de Chamonix au lac Majeur et de la vallée du Rhône au Val d'Aoste. La Commission géologique fédérale a aussi publié la feuille xx de l'Atlas fédéral au 75060 Coloriée par le même géologue, et qui comprend une partie de la carte précédente, ainsi que le massif du Mont-Blanc et des Aiguilles Rouges. M. Gerlach a adopté pour son travail les divisions suivantes qui tiennent plus de la nature des roches que de leur àge relatif. RocHes ÉRUPTIVES. Le granit du Val Pelline, des vallées de la Sesia et de la Strona perce en plusieurs points les schistes cristallins ; on le trouve en veines, ET À LA PALÉONTOLOGIE DE LA SUISSE. 293 en filons ou en amas plus puissants. Le porphyre quartzi- fère rouge forme une grande masse qui s'étend avec de nombreuses interruptions de Biella au lac de Lugano. Les éruptions de ces roches sont postérieures à la forma- tion des micaschistes, mais antérieures au dépôt du terrain liasique. ROCHES GNEISSIQUES. Le gneiss micacé très-développé dans cette région se divise en deux parties : le gneiss inférieur nommé gneiss d’Antigorio, est une roche ho- mogène sans mélange de micaschistes ni de calcaire. Le gneiss supérieur est cristallin et forme des massifs plus ou moins isolés ; il renferme des masses puissantes de calcaire, de marbre et de dolomie; on y trouve quel- ques traces de roches dioritiques ou syénitiques. M. Ger- lach mentionne en outre deux masses dioritiques dont la plus méridionale commence à Ivrée et se prolonge au nord du lac Majeur. Le gneiss talqueux est plus récent que le précédent et forme les massifs du Monte-Mari et de la Dent Blanche. Ce dernier renferme des intercalations de roches amphibo- liques et quelques couches de serpentine, de gabbro et de calcaire cristallin. SCHISTES MÉTAMORPHIQUES. On peut y établir plu- sieurs subdivisions. M. Gerlach nomme schistes métamor- phiques anciens : a) ceux de la partie méridionale du Valais qui sont micacés, chloriteux, talqueux, et dépourvus de calcaire, de serpentine et de roches amphiboliques; ils devien- nent parfois assez cristallins et passent au gneiss. Cette formation est particulièrement abondante en minerais et renferme de la galène argentifère dans le Val d’Anni- vIers : 294 TRAVAUX RELATIFS A LA GÉOLOGIE b) les micaschistes de Devero avec des couches de marbre et de dolomie subordonnées ; -6) les micaschistes d'Orta, semblables aux précédents et percés en plusieurs points par des éruptions de granit et de porphyre quartzifère. Ces terrains ne sont peut-être pas du même àge : mais ils sont tous trois plus anciens que les formations sui- vantes et il est difficile de tracer une limite entre eux et les véritables gneiss. Les schistes métamorphiques supérieurs entourent les massifs de la Dent Blanche et du Mont-Rose. Ils sont chloriteux, parfois talqueux et amphiboliques ; 1ls ren- ferment des banes caleaires, de la serpentine en nids, en couches ou en grandes masses, et divers minerais. FORMATIONS SÉDIMENTAIRES. Le terrain anthracifère se compose de schistes argileux foncés, de schistes quart- zeux, de conglomérats et de couches d’anthracite discon- tinues. IL renferme des restes de plantes à Erbignon et au col de Balme. Le terrain triasique est forme des mêmes éléments que dans la Savoie et le Dauphiné, c’est-à-dire de quartzite, de schistes bigarrés, de dolomie, de cargneule, de gypse, de calcaires dolomitiques et sableux (caleaire de Pontis) et de schistes lustrés calcaréo-talqueux. Le terrain jurassique fait presque défaut dans la ré- sion explorée par M. Gerlach. On trouve cependant entre le val Ferret et la vallée au Rhône des schistes calcaires qu'on peut classer dans le lias et dans le terrain juras- sique supérieur, et à Arona sur le versant méridional de la chaine, un lambeau de Jias. I n'existe de formations plus récentes que les dépôts quaternaires et alluviens. Tels sont en abrégé les terrains de cette partie des ET A LA PALÉONTOLOGIE DE LA SUISSE. 295 Alpes; ces montagnes où des problèmes stratigraphiques difficiles à résoudre, des bouleversements considérables viennent à chaque instant inspirer à l’observateur des doutes sur l’âge des terrains cristallins où métamor- phiques dans lesquels la paléontologie est pour ainsi dire de nulle ressource, n'avaient jamais encore été explorées d’une manière aussi complète. On remarque toutefois d'assez grandes différences entre les travaux de M. Ger- lach et de M. Giordano et de nouvelles recherches seront nécessaires pour fixer d’une manière définitive l’âge des terrains anciens de cette région. M. 'Fhéohala ‘* à donné la description des environs de Ragatz et de Pfäffers; presque tous les terrains cités dans son ouvrage sur les Grisons se retrouvent dans cette région. Nous devons au même géologue * environs du Kistenpass, qui fait suite à une note publiée en 1868 sur le massif de Brigels ”. Il à reconnu en ce point une série nombreuse de formations: ce sont, au- dessus du granit et des schistes cristallins, le verrucano, le calcaire de Rôthi (trias), et toute la série jurassique, crétacée et éocène. La partie inférieure de la montagne présente les couches dans leur ordre normal, mais par suite d’un contournement gigantesque, on trouve dans la partie supérieure la même série dans l'ordre inverse Jjus- qu'au verrutano qui occupe toutes les sommités. Cette belle coupe a été la dernière œuvre de ce sa- vant distingué dont la mort est une grande perte pour la wéologie des Alpes. M. Théobald a été un des collabora- teurs les plus actifs de la carte géologique de la Suisse, Ÿ une notice sur les * Berichl naturf. Ges. Graubündens, 1867-1868. 296 TRAVAUX RELATIFS A LA GÉOLOGIE et l'important ouvrage qu'il a publié sur les Grisons à mis en pleine lumière une des régions des Alpes où la géologie était à la fois la plus difficile et la moins avancée. Je ne puis passer sous silence quelques travaux qui ne seront probablement pas sans influence sur la géologie de nos Alpes, bien qu'ils ne soient pas directement rela- tifs au sol suisse et que leurs résultats n'aient pas encore été généralement admis dans la science ; je veux parler des divers mémoires de M. Suess ” sur la présence du terrain permien dans les Alpes. Les recherches du savant professeur de Vienne l’ont amené à établir que le ter- rain du dyas, si développé en dehors des Alpes, existe aussi dans l’intérieur de cette chaîne. Voici les princi- pales conclusions de M. Suess telles qu'il les a formulées dans une de ses notices : Le verrucano, le quartzite talqueux, et la grande masse de porphyre du Tyrol méridional appartiennent au Rothhiegende. Lorsque le porphyre et le verrucano manquent dans les Alpes méridionales, ils sont ordinaire- ment remplacés par des calcaires renfermant comme le porphyre des gites de mercure. — Malgré la ressem- blance des schistes argileux micacés et des schistes mi- cacés de cette région avec les schistes anciens, ces roches sont pius récentes que les couches anthracifères de la Stangalpe; à Tergove, elles renferment une flore qui correspond à celle des horizons les plus élevés du terrain houiller. -— Les granits de la Cima d’Asta, de Brixen et de Kappel, ainsi que le gneiss tonalite de Kappel, for- ment des couches au milieu de ces schistes ; ils appar- * Ueber die Aequivalente des Rothliegenden in den Sudalpen. Sitzumgsb. Akad. Wiss. Wien, 4858, LVIL —- Ueber das Rothliegende im Val Trom- pia. Sitzungsb., 1869, LIX. ET A LA PALÉONTOLOGIE DE LA SUISSE. 297 tiennent à la partie supérieure du terrain houiller et même au dyas inférieur (granitite de Kappel). — Ces ter- rains recouvrent les roches regardées jusqu'ici comme les représentants de la formation houillère: parmi ces der- nières le calcaire carbonifère supérieur remplace en cer- tains points tout ou partie des schistes de Casanna. MM. Negri et Spreafieo ** ont donné la description géologique des environs de Varese et de Lugano et ont entièrement adopté les idées de M. Suess relativement au terrain permien. Les terrains sédimentaires les plus anciens observés par ces géologues sont des schistes micacés argileux dif- férents des micaschistes de la chaine centrale, Au village de Manno (au nord de Lugano), on trouve au milieu de ces schistes un banc de 100" de puissance d’un pou- dingue quartzeux facile à distinguer du poudingue tria- sique du Monte S. Salvatore ; il est antérieur aux érup- tions porphyriques, car 11 ne contient pas un fragment de cette roche: mais il est essentiellement formé de quartz, de micaschistes, de gneiss et de granit. Il ren- ferme aussi de nombreux restes de plantes que leur mauvaise conservation ne permet pas de déterminer spé- cifiquement, mais dont les genres sont identiques à ceux de la flore carbonifère (Sigillaria, Stigmaria, ete.). Ge poudingue divise les schistes en deux parties dont la su- périeure appartient à la formation permienne, et linfé- rieure au terrain carbonifère et aux terrains plus anciens. La formation porphyrique a succédé au dépôt des schistes micacés. C’est l’époque des grandes éruptions de porphyre, que les auteurs rapportent à la période per- mienne, ét qui sont généralement recouvertes par le Servino, grès tantôt arénacé, tantôt compacte. 298 TRAVAUX RELATIFS A LA GÉOLOGIE Au-dessus se trouve la puissante formation de la dolo- mie triasique (dolomia media) à laquelle appartient celle du Monte S. Salvatore. Elle est surmontée de schistes noirs et bitumineux (schistes de Besano), qui forment la partie inférieure de l'étage rhétique: la partie supé- rieure du même étage, est constituee par des calcaires marneux et dolomitiques riches en fossiles. Puis vien- nent le calcaire de Saltrio (lias inférieur), le calcareo ammonitico rosso (lias moyen et supérieur), la majolica (terrains jurassique supérieur et néocomien), des cal- caires marneux à fucoides (craie) et le terrain glaciaire. I y a donc eu dans la succession des terrains de cette région de grandes lacunes parmi lesquelles on remarque particulièrement celle de la plus grande parte du trias. L’élage rhétique, étudié dans les environs de Thoune par M. Fiseher-Ooster *, est formé d’un calcaire lu- macbelle riche en fossiles et d’un calcaire sableux passant à un grès grossier qui parait correspondre au gres infra- liasique des géologues français. M. Fischer -Ooster à décrit 122 especes de fossiles, Cette formation s'observe dans un grand nombre de localités des environs de Thoune, au Langeneckgrat, à la Spiezfluh, etc. Les re- cherches de ce savant montrent que ce terrain à une étendue plus grande qu'on ne le supposait et lui ont fait découvrir des gisements de fossiles de l'étage rhétique dans des roches regardées comme appartenant au flysch. Il à indiqué des faits de cette nature dans la chaine du Gurnigel ; il signale aussi la découverte, faite dans la chaine du Moléson, de fossiles du lias et du terrain jaras- sique inférieur dans une roche qu'on avait jusqu'alors du las supé- Qi classée dans le flysch, et celle de fossiles rieur et de loolite inférieure dans des schistes marneux ET A LA PALEONTOLOGIE DE LA SUISSE. 299 qui forment une zone s'étendant de lHongrin à Jaun le long de la chaîne des Gastlosen et qui avaient été égale- raent rapportés au flysch. De ces faits, M. Fischer conclut que ce dernier terrain appartient à une époque bien plus ancienne que l’époque tertiaire. Continuant ses recherches sur le même sujet dans la région comprise entre Merlingen et Sigriswyl au nord du lac de Thoune, ce savant!" énonce l'opinion que le grès de Taviglianaz, qui est intimement hé au flysch, doit être attribué à une époque bien antérieure à la période éocène et probablement à l’époque triasique. Il faudrait, semble-t-il, des faits plus positifs pour amener dans la géologie des Alpes un semblable boule- versement. On peut rapporter aux couches rhétiques et à la base de la série jurassique un certain nombre de gise- ments regardés jusqu'ici comme éocènes, sans cependant généraliser un fait contre lequel une multitude d’obser- vations viennent protester. M. Goster *” à publié une description des /nocérames des terrains jurassiques des Alpes Suisses. Ce sont les Inoceramus Falgeri Mer. et L. undulatus Ziet, du lias su- périeur, ŸZ. fuscus Quenst. du terrain jurassique inférieur et V1 Brunneri Oost. du calcaire jurassique moyen (Cha- telkalk). | Les couches à Zoophycos ont été étudiées par le même paléontologiste ** qui classe ces organismes bizarres parmi les algues, On trouve dans les couches rhétiques le Zoo- phycos flabelliformis Fisch.-Oost, avec un Megalodon, le Polycampion alpinum Oost. et divers restes de plantes ; dans les terrains jurassiques le Z. Scoparius Thioll. sp.. et dans les terrains crétacés le Z. Brianteus Mass. L'élage lüthonique à déjà été reconnu sur plusieurs 300 TRAVAUX RELATIFS A LA GÉOLOGIE points de nos Alpes et de nouvelles recherches montre- ront probablement qu'il y occupe une étendue considéra- ble. M. F.-3. Pietet ”’, qui à joué un rôle important dans les débats relatifs à cet étage, a présenté à la So- ciété helvétique des sciences naturelles un rapport sur l’état de cette discussion. M. Zittel * et M. Pictet divisent aujourd'hui l’étage tithonique en deux parties comprises entre la couche à À. tenuilobatus et le calcaire néoco- mien inférieur. M. Zittel rapporte à la division inférieure le klippenkalk de Rogoznik, le calcaire à Terebratula diphya du Tyrol, le marbre verdâtre des Apennins, et à la division supérieure, les calcaires coralliens de Stramberg, de Wimmis, du Salève, le calcaire à Terebratula janitor de la Porte-de-France, le calcaire à nérinées de Pa- lerme, etc. M. Pictet est disposé à reconnaître que dans l'occident de l'Europe (Provence, Salève, Wimmis), les étages sont à peu près conformes à ce qu'on trouve dans le reste de la France et sont recouverts par les dépôts du néocomien littoral. Les limites de la période jurassique et de la période crétacée y paraissent claires, tandis que dans la région comprise entre les Carpathes et l'Italie, on trouve l'étage tithonique placé sur les confins des deux grandes périodes jurassique et crétacée et présentant les deux subdivisions qui viennent d’être indiquées. La faune corallienne de la Simmenfluh et de la Burg- fluh près de Wimmis, a été décrite par M. Goster ‘. Elle esttrès-riche en gastéropodes, surtout en nérinées N, Stas- zycü, Moreana, Bruntrutana, Mandelslohi, Haueri, no- dosa, Sequana, Salevensis.., et contient de nombreux acé- phales, parmi lesquels M. Ooster cite le Cardium coralli- seologische Beobarhtungen aus den Central- Apenninen. Benecke’s Beiträge, 1869, IL p. 151. x ET À LA PALÉONTOLOGIE DE LA SUISSE. 301 num, les Diceras arielina, Munsteri et Escheri, des bra- chiopodes, Terebratula Bieskidensis, Tichaviensis, maga- diformis, Rhynchonella inconstans, Astieriana, lacunosa et des échinodermes. On à beaucoup discuté sur la position des calcaires qui renferment ces fossiles. En 1857, M. Brunner de Wat- tenwyl* a indiqué la succession suivante pour les terrains de la Simmenfluh : Au-dessus de calcaires noirs" (1) avec Amanoniles kridion et Avicula inœæquivalvis qui appartiennent au lias et qu'on voit au Kapf près de Reutigen. se trouvent des calcaires sans fossiles (2) rapportés aux terrains juras- siques inférieur et moyen. [ls sont recouverts d'un cai- caire schisteux noir (3) abondant en fossiles: Pholadomya Protei Defr., Ceromra excentrica Ag. sp. C. obovata Rœm,sp., Mytilus subpectinatus d'Orb., M. jurensis Mer. M. subæquiplicatus Goldf., Hinnites inæquistriaius d'Orb., Rhynchonella trilobata Munst..... Toutes ces espèces sont kimméridgiennes, à Pexception de la dernière que d'Orbigny classe dans Le terrain oxfordien; c’est la même faune qui se trouve dans les caleaires noirs de Vorgny sur la route d’Aigle aux Ormonts et dans les calcaires foncés du Chablais. Ce terrain à été rapporté au terrain kimméridgien par M. Studer, M. A. Favre et anciennement par M. Renevier. Ces calcaires schisteux noirs sont recouverts des calcaires (4) gris ou blancs, grenus, très-épais, à faune corallienne. Un calcaire schisteux rouge ou verdätre (5) qui ren- * Geognosthsche Beschreibung der Gebirgsmasse des Stockhorns. Mém. de la Société helvét. des Sciences natur., XV. ** Voyez la coupe ei-Jointe qui est la reproduction de la coupe don- née par M. Fischer-Ooster, moins loute la partie théorique. 302 TRAVAUX RELATIFS A LA GÉOLOGIE ferme des inocérames et des oursins et que M. Brunner rapporte au calcaire de Seeven (craie), repose sur ces calcaires, et les roches du flysch (6) terminent la série. La plupart des géologues, MM Studer, Baehmann', Hébert‘, qui ont visité cette localité, admettent cette coupe et regardent la succession des terrains comme par- faitement normale. M. Fiseher-Ooster ‘ est d'un avis différent et classant les couches rouges (5) dans la série jurassique, il les re- garde comme plus anciennes que le calcaire corallien qui serait lui-même de formation antérieure au calcaire kim- méridgeien. Il explique cette anomalie « par un refoule- » ment latéral des couches coralliennes sur les kimmé- » ridgiennes par la même pression latérale qui a fait » surgir la chaîne du {Stockhorn. » D’après lui les di- vers terrains de la Simmenfluh formeraient une grande combe dans laquelle le flyseh (6), qu'il rapporte au lias, correspondrait aux calcaires à Ammonites kridion (1) et le calcaire à inocérames (5) aux calcaires sans fossiles (2). M. Henevier‘ ‘! à distingué les calcaires gris (4) en deux parties, la partie inférieure, correspondant au cal- caire de Chaätel-S.-Denis, étant séparée, d’après lui, de la partie supérieure par les couches rouges à inocérames (5). Ine semble pas à M. Renevier que « le terrain corallien » de Wimmis puisse être plus récent que la’ base du » Jurassique supérieur, » etil conclut que « les couches » rouges, le calcaire compacte gris blanchâtre sous- » jacent et avec lui tout le Chatelkaik, enfin à plus forte » raison le soi-disant kimméridgien de Wimmis et des » Alpes vaudoises, n’appartiennent point au jurassique * Quelques observations géoloyiques sur les Alpes de la Suisse cen- trale. Bulletin de la Société vaudoise, 1868, X, p. 52. ET À LA PALEONTOLOGIE DE LA SUISSE. 303 » supérieur, mais bien au groupe oxfordien, si même le » calcaire foncé à Mytilus n’est pas encore plus ancien. » La faune des calcaires rouges de la Simmenfluh à été décrite par M. Goster . Elle renferme suivant ce savant paléontologiste quelques dents d'Oxyrhina, \ Inoceramus Brunneri Oost.. identique d’après lui à l'espèce qui se trouve dans les calcaires du Moléson, de Châtel-Saint- Denis, ete. des acéphales indéterminables, le Collyrites Friburgensis Oost. et le C. capistrata Desm. MM. Ooster et Fischer-Ooster elassent donc ces caleai- res rouges” dans la série jurassique et sont d'accord sur ce point avec M. Renevier, Mais M. Baehmann ‘ et M. Giltiéron ‘* ont fait à ces savants de sérieuses objec- tions. On sait combien l'étude des inocérames est diffi- aile et quelle doit être la conservation de ces fossiles pour qu'ils puissent être déterminés d’une manière certaine. Quant aux oursins, ceux qui sont figurés par M. Ooster sont malheureusement à peu près indéterminables, et comme l’a dit M. Gilliéron, ils pourraient aussi bien ap- partenir au genre exclusivement crétacé des Mcraster. De plus les couches de la Simmenflubh abondent en fora- minifères de l’époque du calcaire de Seewen, Lagena orbicularis Kaufm., L. ovalis Kaufm., etc, Il faut donc dis- tinguer les calcaures rouges de la Simmenfluh qui sont riches en foraminifères et pauvres en autres fossiles, de certaines parties du calcaire de Châtel qui sont aussi rouges; celles-ci ne renferment pas de foramimfères, mais elles sont riches en fossiles et ordinairement concré- tionnées. Les calcaires de la Simmenfluh se prolongent * M. B. Studer a fait, il y a déjà longtemps, des observations sur Ja nature de ces terrams. Annales des Se. natur.. 1827. — (eologie der Westlichen Schweizer- Alpen, 1834. 304 TRAVAUX RELATIFS A LA GÉOLOGIE avec les mêmes caractères dans les Alpes de Fribourg où on les voit au-dessus des calcaires néocomiens, tandis que tes calcaires de Châtel sont inférieurs à ces derniers. Suivant M. Bachmann, M. Renevier aurait commis une confusion semblable dans les Alpes de Schwytz et, trompé par le caractère minéralogique des roches, il aurait pris pour du calcaire de Châtel des calcaires rouges super- posés au gault et qui contiennent des inocérames et des foraminifères. Il résulte de Fexamen microscopique fait par M. 7h. Studer ‘” sur un certain nombre de roches des Alpes que les foraminifères du calcaire de Seewen décrits par M. Kaufmann sont très-constants dans ce terrain. Ils y sont représentés par des genres purement crétacés qui ne se trouvent jamais dans des roches évidemment juras- siques. La présence de ces fossiles est donc un excellent guide pour distinguer ces deux terrains qui ont entre eux une grande ressemblance pétrographique. Dans la note déjà citée, publiée en 1868 par M. Re- uevier, Ce savant dit avoir reconnu, sur la route d’Yberg à Schwytz, des cargneules et des gypses appartenant au terrain triasique, et des schistes et des grès qu'il rap- porte au terrain jurassique inférieur, tandis que ces cou- ches sont indiquées comme terrain éocène sur la carte géologique de la Suisse. Cette opinion, qui ne repose que sur l’analogie pétrographique, a été réfutée par M. Baeh- mann ; il a montré que ces schistes et Ces gres, qui re- posent sur le calcaire de Seewen, appartiennent au flysch dont ils renferment non loin de là des fossiles caracté- ristiques. Quant à la cargneule et au gypse, leur position stratigraphique prouve évidemment qu'ils appartiennent à la série éocène. Ce fait a été établi il y a plusieurs ET A LA PALÉONTOLOGIE DE LA SUISSE. 30) années par M. Escher et M. Bachmann, et j'ai pu m'en assurer moi-même ‘”. M. Baehmann, répondant à quelques objections de M. Reoevier sur la nature de certaines couches du Sim- menthal, a montré que celles-ci reposent sur les couches de la craie et renferment en plusieurs points des fucoïdes caractéristiques du flysch et des organismes indétermi- pables, qui n’ont encore été rencontrés que dans cette for- mation. On ne peut donc conserver aucun doute sur leur àge. M. Fischer-Ooster * avait aussi contesté la nature de ces couches et exprimé l'opinion qu’elles appartiennent, ainsi que celles de la chaîne du Niesen, à l’époque liasique et non à l’époque éocène. M. Escher de la Linth ‘ à présenté à la Société helvétique une coupe des terrains crétacé et éocène, prise entre le Pragelpas et Yberg dans le canton de Schwytz. Il à recueilli au Drusberg l'Holaster Lardyi (des marnes bleues de Neuchâtel) associé aux Toxaster Brunneri, Bo- triopygus cylindricus et Pygaulus Desmoulinsi (de lur- gonien). Il remarque que le Toxaster Brunneri qui ca- ractérise le néocomien supérieur au Drusberg, au Sentis et dans les Kurfursten, se trouve associé au Pygaulus Desmoulinsi et à l'Ostrea Couloni au milieu des calcaires urgoniens à la Guggernfluh près d’Yberg. M. Fiseher-Ooster ‘* à pris, au Kublisbad (au nord de l'extrémité orientale du lac de Thoune), une coupe dans laquelle on voit se succéder les terrains suivants : terrain urgonien avec caprotines et nérinées, gault peu puissant et calcaire de Seewen avec Ananchytes ovata Lam. * Jahresher. des Schweiz. A Ip-Vereins, 1865. ** Archives des Se. phys. et natur. Genève, 1865, tome XXIL. ARCHIVES, t. XXXVIL — Avril 1870. 22 306 TRAVAUX RELATIFS A LA GÉOLOGIE M. à. Mayer ” à présenté une section du terrain num- mulilique prise sur la rive droite de la Sieh! dans les environs d'Einsiedeln. Il a receuilli dans ce terrain, formé d’une alternance de marnes et de calcaires, une faune très-riche (77 espèces) et particulièrement abondante en gastéropodes; cet horizon paraît correspondre à la couche à Cerihium giganieum. Le même paléontologiste © a continué le catalogue descriptif des Mollusques tertiaires du Musée fédéral de Zurich etil a étudié en 1868 la famille des Arcacides. [L. LE JURA ET LA PLAINE. La chaine du Jura a été cette année l’objet d’un travail important exécuté avec talent par M. A. Jaeeard ‘! et publié par la Commission de la carte géologique. Cet ouvrage, qui donne la description du Jura vaudois et neu- châtelois, est accompagné de nombreuses coupes et des feuilles x1 et xvi de l'Atlas fédéral: il traite successive- ment de deux régions bien distinetes : la plaine Suisse et le Jura proprement dit. La contrée située au sud du lac de Genève a été coloriée géologiquement par M. A. Favre. M. Jaccard passe en revue les terrains quaternaires, ter- tiaires, crétacés et jurassiques jusqu’au terrain lédonien (oolite inférieure), le dernier qui soit visible dans ces montagnes ; l'étude de ces diverses formations est faite d’une manière très-complète et appuyée de nombreuses listes de fossiles. L'auteur s'occupe ensuite du parallé- lisme des terrains qu'il a étudiés avec ceux des autres parties du Jura, puis il traite de l’orographie de cette chaîne et de la technologie. M. P. Merian à décrit des fossiles recueillis à S'- Véréne près de Soleure, Sur 15 espèces, 1 * appartien- ET A LA PALÉONTOLOGIE DE LA SUISSE. 307 nent à l'étage dicératien; la Lima suprajurensis, Contei. seule caractérise un horizon plus élevé. MM. Pietet el Campiehe ‘* ont continué la descrip- tion des fossiles du terrain crétacé des environs de Ste-Croix. Je n’insisterai pas sur ce travail qui est géné- ralement connu et indispensable à l'étude des terrains crétacés. Îl en a paru cette année trois livraisons dans lesquelles le savant paléontologiste de Genève à terminé l'étude de la famille des Rudistes, décrit celle des Malléa- cés et commencé l'examen des celle des Limides. MM. de Horiol et Gilliéron ** ont publié une mono- graphie de l'étage urgonien inférieur du Landeron (can- ton de Neuchätel), représenté dans cette région par la roche nommée pierre de Neuchâtel; il repose sur les marnes d'Hauterive et on peut constater un passage entre les faunes de ces deux étages. L'étude stratigra- phique est due à M. Gilliéron. L'étude paléontologique, faite par M. de Loriol, a prouvé que «la faune des cou- « ches à spongitaires du Landeron doit être envisagée « comme représentant une faune de transition entre la « faune de l'étage néocomien suisse à faciès jurassique « et celle de l'étage urgonien inférieur. » M. de Loriol a décrit 89 espèces fossiles, poissons, mollusques, échi- nodermes, polypiers et spongitaires. Les mollusques la- mellibranches, les échinodermes et les spongitaires sont très-abondants et le nombre des espèces de ce dernier groupe donne même à ce terrain un faciès particulier. L’étage urgonien inférieur des géologues suisses est syn- chronique de l'étage néocomien proprement dit du bassin de Paris; leurs couches déposées dans une même mer ont dû à des circonstances locales un certain nombre de modifications. 308 TRAVAUX RELATIFS A LA GÉOLOGIE Les recherches de M. Knab ** semblent avoir résolu la question de la formation de lasphalte urgonienne du Val de Travers. Après avoir démontre qu’elle ne peut provenir uniquement de plantes terrestres nt de plantes marines, et qu'elle ne peut avoir une origine purement minérale, ce savant conclut de la présence de lFammo- niaque dans cette asphalte que la formation en est due à des matières organiques animales provenant de la dé- composition de certains mollusques, et peut-être des ca- protines. Les observations faites par M. de Saussure * sur les côtes de Cuba et par M. Fraas “ sur ls bords de la Mer Rouge confirment cette manière de voir. MM. Pietet tt Humbert *” ont publié an travail sur les animaux vertébrés du terrain sidérolithique trouvés au Mauremont. C’est un supplément au mémoire de MM. Pic- tet, Gaudin et Delaharpe (1855-1857). Grace à ce nou- veau travail, l'étude de ce gisement est-aujourd'hui heu- reusement complétée. Les auteurs signalent la présence du Paleotherium magnum qui n'avait pas encore été indi- _qué dans ce dépôt, celle des genres Anchilopus, Lophio- therium et Chaeromorus, deux espèces de Cainotherium et « une série intéressante de dents de Lophodon qu'on « pourrait s'étonner de trouver dans une faune contem- « poraine de celle des gypses de Paris, si M. Rutimeyer « n'avait pas déjà signalé l'existence d’un fait semblable « dans le canton de Soleure. » Deux coupes du bassin d'Yverdon (Vaud), faites par M. Kenevier ‘", donnent en ce point la série des terrains jurassique supérieur, néocomien, éocène (sidérolithique) et miocène, recouverts par les dépôts quaternaires. 2 * Actes de la Socielé helvet. des Sc. natur., 1868, p. 68. "Idem, p. 69. . ET A LA PALÉONTOLOGIE DE LA SUISSE. 309 M. æ. Merian *’ à décrit des fossiles tertiaires dé- couverts dans un nouveau gisement à Therwyler près de Bâle. Ces fossiles (Cerithium plicatum Brug., C. arcua- vum Sändb., Bullina exerta Desh., etc.) appartiennent à la subdivision des calcaires à cérithes et des marnes à cyrènes établies par M. Sandberger dans le bassin de Mayence. M. P. Vionnet ‘‘ à mentionné quelques affleurements nouveaux de la mollasse d’eau douce inférieure dans les vallées de l'Aubonne, du Boiron, etc. (canton de Vaud). SCIENCE PRÉHISTORIQUE *?. — M. Æhioiy *” à donné la description des objets trouvés dans la station de Veyrier au pied du Salève. C’est là qu'on à constaté pour la première fois au pied des Alpes l'association de l'homme et du renne, Une découverte analogue a été faite à Schussenried en Wurtemberg ;: mais celte station paraît se rattacher à celles du nord de l'Europe et particuliè-. rement de la Belgique, tandis que celle de Veyrier se lie étroitement à celles du Périgord. « Elle serait donc « jusqu'à présent, dit M. Vogt, l’avant-poste le plus avancé « vers le nord-est de cette race artistique qui peuplait le « midi de la France à l’époque du renne, » Une préface de M. Wogt précède cette étude. Contrai- rement à l'opinion de M. Ratimeyer qui conclut, quoique avec doute, à la domestication du cheval, du bœuf et du renne à cette époque reculée, M. Vogt, d'accord avec M. de Mortillet, regarde cette association d'animaux do- mestiques comme très-invraisemblable, Les hommes de Veyrier étaient, d’après lui, essentiellement chasseurs. La station lacustre des Eaux-Vives près de Genève a été fouillée par M. Æhioty *’. Elle avait environ 120" de longueur sur 50" de largeur, M. Thioly y a recueilli des 310 TRAVAUX RELATIFS À LA GÉOLOGIE objets de bois de cerf, des silex taillés, des tessons de po- teries grossières, des marteaux de pierre et de nombreuses baches en pierre polie dont l’une offre le type de la hache des dolmens. IL. OUVRAGES GÉNÉRAUX. M. B. Studer ‘‘ à publié des «Explications à la se- conde édition de la carte géologique de la Suisse, » Je p'analyserai pas cette intéressante brochure dans laquelle le savant professeur donne un résumé de la géologie de la Suisse et complète sur plusieurs points les renseigne- ments qui nous sont fournis par la carte. A lexception de quelques changements, ce travail est la traduction de celui qui a été publié en 1868 dans le Bulletin de la So- ciété géologique de France. Il a paru cette année plusieurs livraisons d’un ouvrage d’une haute importance. Je veux parler de l'Echinologie helvétique de MM. Besor et de Loriol ”. Le soin extrême avec lequel cette publication est exécutée, la beauté et Tabondance des planches, en font un travail fondamental pour la paléontologie de la Suisse. Cet ouvrage, com- mencé en 1868, est divisé en trois parties, qui compren- nent les échinides des formations jurassique, crélacée et tertiaire. L'étude des Cidaridées jurassiques ( Cidaris, Rabdocidaris, Polycidaris, Diplocidaris ) est aujourd’hui terminée, et, dans la famille des Diadématidées, les genres Pseudocidaris, Hemicidaris, Acrocidaris Pseudodiadema des terrains jurassiques sont déjà publiés. TERRAIN QUATERNAIRE. — MM. A. Favre el EL. So- ret ‘ ont présenté à la Société helvétique des Sciences naturelles leur rapport annuel sur l'étude et la conserva- tion des blocs erratiques ; il montre l’intérêt général ex- >» ET A LA PALÉONTOLOGIE DE LA SUISSE. 311 cité en Suisse par l'étude du terrain glaciaire, Dans un erand nombre de cantons, des commissions se sont or- vanisées et travaillent activement; sur plusieurs points même, les autorités locales ont prêté leur concours à cette œuvre dont le but final est la carte du terrain glaciaire de la Suisse et la conservation d’un certain nombre de blocs erratiques. Nulle part ce travail n'a fait de progres plus rapides que dans lArgovie, grâce à M. le professeur Muhiberg””° qui à publié un mémoire détaillé sur le terra glaciaire de ee canton. La posiion même de l’Argovie, envahie par tous les grands glaciers du versant nord des Alpes suisses, ceux du Rhône, de l’Aar, de la Reuss, de la Limmat et du Rhin, a donné à cette étude un grand intérêt. La puis- sance des dépôts qu'ils y ont laissés, et l'abondance des moraines ont permis à M. Mubhlberg de tracer leurs li- mites à l’époque de: leur grande extension ; 1} à constaté en particulier que les glaciers du Rhône et du Rhin se réunissaient dans‘la partie septentrionale du canton. M. l'ingénieur Loehmanm °° à fait un rapport sur la marche des travaux relalifs au terrain glaciaire dans le canton de Vaud pendant l’année 1868, et a joint à ce travail des figures de plusieurs blocs erratiques. M. A. Muller ‘‘ à signalé des blocs erratiques d’ori- gine alpine sur le plateau bâlois, Les anciens glaciers des Alpes semblent s'être étendus à l’ouest par-dessus le Jura jusqu'au Rhin et peut-être au delà, de même qu'ils ont franchi à l'est le lac de Constance. Ils ont rencontré aux ‘environs de Bâle ceux de la Forêt-Noire, Les ogrands dépôts de cailloux roulés qu on observe au sortir des vallées de la Birs et de l'Ergoltz sur le diluvium alpin, se rattachent probablement au phénomène du retrait des glaciers. / 312 TRAVAUX RELATIFS A LA GÉOLOGIE Nous devons à M. le pasteur Byez ‘° une intéressante notice sur les formations erratiques de la vallée de la Kander, et à M. Baelhmann ° des détails sur les for- mations quaternaires de la partie inférieure de cette vallée. Dans une courte notice M. B. Studer ‘° à rappelé la part que J. Forbes à prise à l'étude des glaciers. Le sa- vant anglais a établi le premier qu’ils avancent comme des courants de liquide visqueux. MM. Ch. Grad et A. Dupré ‘° se sont livrés à des observations sur la constitution et le mouvement des gla- ciers de Grindelwald et d’Aletsch. [ls ont fait une série d'expériences sur la constitution de la glace glaciaire, expériences qui relèvent de la physique plus que de la géologie, Leurs observations sur le mouvement et l'abla- tion des glaciers confirment en tous points les résultats obtenus par MM. Avassiz, Martins, Dollfuss-Ausset, ele. M. Grad "7 !$ donne quelques chiffres relatifs à la marche des glaciers. D’après ce savañt, celui de Grin- delwald aurait atteint son plus grand développement en 1600 et 1602; en 1750 il aurait repris ses plus faibles limites connues. Une magnifique moraine frontale indi- que la limite extrême du glacier en 1601, à 657% de son pied au mois de janvier 1869, et à 63° de la mo- raine frontale de 1855, époque depuis laquelle le glacier recule constamment, Le même savant réfute la tradition qu'un enfant aurait été amené en 1576 par le col de Viesch du Valais à Grindelwald pour y être baptisé, OroGRAPHIE. — M. B. Studer ‘° à publié une oro- graphie des Alpes suisses, dans laquelle il a divisé cette chaîne en un certain nombre de massifs. L'idée qui a guidé l'illustre wéologüe bernois est celle du rapport in- » ET A LA PALÉONTOLOGIE DE LA SUISSE. LP time qui existe entre la configuration des montagnes et leur nature géologique. Tel groupe de montagnes, découpé par de profondes vallées, ne formera, aux yeux du géolo- - gue, dit M. Studer, qu'un seul massif, tandis qu'il pourra regarder comme étrangères à ce groupe certaines parties pui n’en sont séparées que par des vallons. M. Hutimeyer ‘* à publié un mémoire important sur la formation des lacs et des vallées, Il divise cette étude plus orographique que géologique de la manière suivante: 1° Vallées tracées dans les roches non disloquées (la plupart de celles qui sont creusées dans la mollasse ou le nagelfluh). 20 Vallées creusées dans les roches disloquées : &) val- lées transversales (particulièrement celles des Alpes): b) vallées longitudinales (surtout celles du Jura). IL examine ensuite la formation des lacs. Le savant bâälois n’admet pas que la glace ait joué un rôle dans la formation des vallées et des lacs comme l'ont supposé MM. Ramsay, Tyndall, ete., mais il regarde l'eau comme l'agent principal de leur formation. M. A. Favre * à retracé dans quelques pages les prin- cipaux traits du rôle scientifique de Æ.-B. de Saussure et publié plusieurs pièces inédites de cet illustre géologue. La manière dont il appliqua la méthode d'observation à la géologie, le genre ‘de recherches tout nouveau qu'il poursuivit dans les Alpes avec tant de persévérance et de perspicacité, sont les plus grands titres de gloire de ce savant naturaliste. 314 TRAVAUX RELATIFS A LA GÉOLOGIE NOTES. 4. J. Bachmann, Quelques remarques sur une note de M. Rene- vier intitulée : Quelques observations géologiques sur les Alpes de la Suisse centrale. Mittheil. Bern, p. 161. 2. — Ueber die jungen oder quartären Bildungen im untern Kan- dergebiete, Mitiheil. Bern, p. XXXIL. 3. C. Desor «t P. de Lorio!, Échinologie helvétique : Descrip- tion des oursins fossiles de la Suisse (suite). 4. À. Escher de ia Linth. Actes Soc. helv., 186X, p. 61. 5. A. Favre. H-B de Saussure et les Alpes. Bibl. Univ., XXXVI. 6. A. Favrs et L. Soret, Troisième rapport sur l'étude et la con- servalion des blocs erratiques en Suisse. Actes Soc helv., 1869. 7. C. von Fischer=Ooster, Geognoslische Beschreibung der Umgebung von Wimmis (Berner Oberland), Prot. helv., E, p 5. 8. Die rhætische Stufe der Umgegend von Thun. Mittheil. Bern, p. 32. 9. — Ueber das Vorkommen einer Liaszone zwischen der Kette des Moleson und dem Niremont im Kanton Freiburg. Mittheil. Bern, p. 184. 10. — Ucher die schmale Flyschzone vom Hongrin längs den Gastlo- sen gegen Jaun hin. Mittheil. Bern, p. 187. 41. — Ueber das geologische Alter des sogenannten Tavigliana-Sand- steines. Mittheil. Bern, p. 189. 12. — Ucber stratigraphische Verhälinisse beim Küblishbad an der | Nordseite des südiichen Endes des Thunersees. Mitiheil. Bern, p. 196. 43. Gerlach. Die Pennischen Alpen. Beilräse zur Geologie der Schweiz. Mém. &e la Société helv. des Sciences natur., XXI. 44. — Feuille XXI de l'Atlas fédéral, colorée géologiquement. 15. Giiliéron. Lettre au prof. B. Studer. Mittheil. Bern, p. 174. 16. F. Giordano, Ascensione del Monte Cervino, nel settembre 186. Atti della Soc. tal. di Se. natur., 18G9, XI, p. 671. — Notice sur la constitution géologique du mont Cervin. Archives des Sciences phys. et natur., XXXV, p. 255 47. Ch. Grad, Observations sur la vallée de Grindelwald et ses gla- ciers (août 1868). Bull. de la Soc. de géogr. Paris, 1869, p. 5. 48. — Observations sur les glaciers du Grindelwald. Bull. de la Soc. des Sciences natur. de Strasbourg, Il, p. 75, 81. 149. Ch. Grad et A. Dupré. Ohservalions sur la constiution et le mouvement des glaciers. Comptes rendus de lAcad. des Se., LXIX, p. 955. x ET A LA PALÉONTOLOGIE DE LA SUISSE. 345 20. E. Hébert, Sur les calcaires de Wimmis. Bulletin de la Société vaud, X, p. 292. 21. Jaccard. Jura vaudois et Te Matériaux pour la carte géologiqie de la Suisse, 6me livraison avec les feuilles XI et XVI de l'Atlas fédéral, coloriées géologiquement. 22. A. Knab. Théorie de la formation de l'asphalte au Val-de-Tra- vers et de la production des Bitumes volatiles en général Bull. de la Soc. natur. de Neuchâtel, VII, p. 226. 23. Lochmann, Rapport sur les blocs re Bull. de la Soc. vaud., À, p. 185. 24. P. de Lorioi et Giiliéron. Monographie paléontologique et straligraphique de létage urgonien inférieur du Landeron (Neuchâtel). Mém. de la Soc. helv. des Sc. natur., XAIL 25. K. Mayer, Coupe du terrain nummulitique des environs d'Ein- siedeln. Actes de la Soc. helv., 1868, p. 68. 26. — Catalogue systématique et descripuf des mollusques tertiaires du Musée fédéral de Zurich (suite). Verh. naturf. Ges. Zurich, XI, p. 21, 163. 27. P. Merian, Ueber einige tertiär-Versteinerungen von Therwyler bei Basel. Verhandl. Basel, V, p. 252. 28. — Die Versteinerungen von St Verena bei Solothurn Verhandl. Basel, V, p. 255. 29. F. Mühlberg. Ueber die erratischen Bildungen in Aargau und in den benachbarten Theiïlen der angrenzenden Kantone. Fest- schrift naturf. Ges. Aargau, 1869. 30. A. Muller. Ueber die Umgebungen des Crispalt. Verhandi. Basel. V, p. 194. 31. — Uceber einige erratische Blôcke im Kanton Basel. Verhandl. Basel, V, p. 247. 32. G. Negri et E. Spreafico. Saggio sulla geologia dei dintorni di Varese e di Lugano. Memor. del. R. Istit. Lomb., AL. 33. Ooster. Lie fossile Fauna des rothen Kalkes bei Wimmis. Pro- tozoe helvetica, E, p. 1. 34. — Die organischen Reste der Zoophycos-Schichien der Schwei- zer-Alpen Protozoe helvetica, LE, p.15. 39. — Beitrag zur Kenntniss der jurassischen Inoceramen der Schwei- zer-Alpen. Protozoe helvetica, [, p. 36. 36. — Le corallien de Wimmis. Pétrifications remarquables des Alpes suisses. 37. F.-J. Pictet. Rapport fait à la session de 1869 de la Société belvétique des Sciences naturelles sur l'état de la question re- lauve aux limites de la période jurassique et de la période crétacée, Arch, des Sc. phys. et nat. Genève, XXXVI, p. 224 316 TRAVAUX RELATIFS A LA GÉOLOGIE, ETC. 38. 39. 40. 51. Qt NO F.-J. Pictet et Campiche. Description des fossiles du terrain crétacé de Ste-Croix. Matér. pour la Paléontol. suisse, 5me sér, F.-J. Pictet et À. Humbert, Mémoire sur les animaux verté- brés du terrain sidérolithique du canton de Vaud. Matér. pour la Paléont. suisse, 5me série, 4me et 5me Jivr. Renevier. Coupes géologiques des deux flanes du bassin d’Y- verdon. Bulletin de la Soc. vaud., X, p. 265. — Réponse aux observations de M. Héhert sur les calcaires de Wimmis. Bulletin de la Soc. vaud., X, p. 295. . Rutimeyer, Ueber Thal-und See-Rildung. Beiträge zum Ver- ständuiss der Oberfläche der Schweiz. . Rytz. Beitrag zur Kenntniss der erratischen Bildungen im Kan- derthal. Mittheil. Bern, p. 197. . B. Studer, Erlaüterungen zur zweiten Auflage der geologischen Karte der Schweiz vou B. Studer und A. Escher von der Linth. . — Ueber das Verdienst von J. Forbes um die Physik der Glet- scher. Mittheil. Bern, p. XI. . — Orographie der Schweizer-Alpen. Jahrb. des Schweiz Alp.- Club, 1869, p. 473. Ann. du Club alpin suisse, 1869, p. 449. . Th. Studer, Uecber Foraminiferen aus der Alpinen-Kreide. Mittheil. Bern, p. 177. 8. Theobald. Geologische Beschreibung der Gegend von Ragaz und Pfäfers. . — Der Kistenpass und seine Umgebung. Naturf. Ges. Graubünd. . F. Thioly. Documents sur les époques du renne et de la pierre polie dans les environs de Genève : a. Description d'objets de l’industrie humaine trouvés à Veyrier, près de Genève, et ap- partenant à l’époque du renne, avec une introduction de M. C. Vogt. b. Description d'objets de l’époque de la pierre trouvés sur l'emplacement lacustre des Eaux-Vives. Bulletin de l'Institut genevois, XV. P. Vionnet, Notes sur quelques affleurements de la mollasse d’eau douce inférieure dans les vallées de l’Aubonne, du Boi- ron, etc. Bulletin de la Société vaud., X, p. 329. . Voyez aussi sur ce sujet l'indicateur des antiquités suisses, « Au- zeiger für Schweizerische Alterthumskunde.» Zurich. NOTE CLADOCÈRES DES GRANDS LACS DE LA SUISSE M. P.-E. MULLER. Les études sur les Cladocères (Latr.), faites dans ces dix dernières années en Scandinavie, ont montré dans les différentes parties des eaux douces une distribution des espèces analogue à celle des Crustacés marins dans les diverses régions de la mer. Ainsi l’on peut parler d’une faune littorale et d’une faune pour ainsi dire pélagique des lacs; en même temps, la faune des Cladocères des petits étangs a de son côté un caractère plus où moins spécial et différent de celui de la faune des grands bas- Sins. Un savant Suédois, M. Lilljeborg est le premier qui ait trouvé des Cladocères appartenant exclusivement à la faune du milieu des lacs; il a décrit en 1860‘ les deux intéressants genres Bythotrephes et Leptodora, dont il avait trouvé des représentants dans les grands bassins d’eau douce de la Suède. Le nombre des Cladocères appartenant à celte faune spéciale a été considérablement augmenté par les excellentes recherches de M. 0.-G. ‘ Lilljeborg, W., Beskrifning ôfver tvenne märkliga Crustaceer af ordningen Cladocera [Vefversigt af Kgl. Vetensk. Akademiens Fôrhand- lingar|, 1860. 318 LES CLADOCÈRES Sars ' en Norwége, et j'ai eu l’occasion * de montrer, que les lacs du Danemark sont peuplés comme ceux des autres pays Scandinaves sous le rapport des Cla- docères. Dans les autres parties de l’Europe la faune des grands lacs est très-peu connue; en parcourant les ouvrages qui traitent de ces animaux, on trouvera, qu’en Russie (Fi- scher), en Angleterre (Baird), en France (Straus) et en Suisse (Jurine) ce sont seulement les Cladocères des petits étangs qui ont été étudiés, et que l’on ignore l'existence des belles formes des grands lacs. En Allemagne il en était de même jusqu'à ces dernières années. Mais en 1866 M. Schôller ® publia la découverte de quelques Daphnides appartenant à celte catégorie trouvées dans le « frische Haff » au bord de la mer Baltique, et l'on connait déjà depuis une dizuine d'années, par un beau mémoire de M. Zaddach f, l'étrange {olopedium gibberum, qui doit occuper une place dans la même série de Crustacés ; il a été trouvé dans les environs de Dantzig. Hors des pays qui entourent la Baltique, les Cladocères du milieu des lacs sont inconnus. Cependant il y a un Polyphémide trouvé dans le lac de Constance et décrit par M. Ley- ! Sars, O.-G, Om Crustacea Cladocera ragitagne 1 Omegnen af Christiania (Forhandlinger 1 Videnskabsselskabet 1 Christiania, 1861), 4862. — Id., Om en i Sommeren 1852 foretagen zoologisk Reise i Christianias og Trondhjems Stifter, Christianta, 1865. — Id, Norges Ferskvandskrebsdyr ; forste Afcnit, Branchiopoda, F, Cladocera Cténo - poda. Christianta, 1865. : Müller , P.-E., Danmarks Cladocera | Schiôdte, Naturhistorisk Tidsskrift, HI R., V Bd |, 1867. 5 Schôdler, J-E , Cladoceren des frischen Haffs [Wiegmann’s Ar- chiv für Naturgeschichte, 32. Jahrg. Bd. |, 1866. * Zaddach, E-G.. Æolopedium qibberum [Wisgmann's Archis für Naturgeschichte, 23 Jahrg 1 Ed]. 1855 DES GRANDS LACS DE LA SUISSE. 319 dig', le Byrhotrephes longimanus , qui a trop d’analogie avec les formes dont il est question, pour qu’on ne soit pas tenté de le mettre dans leurs rangs ; mais l’excellent natu- raliste à qui on doit la découverte de cet animal, ne l’ayant trouvé que dans Pestomac du Corregonus Wartmanni, poisson qui vit dans les grandes profondeurs des lacs, à dû conclure qu'il habite les mêmes régions que ce Sal- mone ; il ne pourrait, par conséquent, être compté parmi les autres Cladocères du milieu des lacs qui vivent tou- jours immédiatement au-dessous de la surface de l'eau. Les Cladocères qui habitent les bords et le fond des lacs ? sont pour la plupart les mêmes que ceux qui peu- plent les pelits étangs ; mais on en trouve pourtant quel- ques-uns qui semblent attachés principalement à ces grandes nappes d'eau ; la forme la plus caractéristique de ceux-là est lintéressante Latona setifera, découverte, il y à une centaine d'années par O.-F. Müller dans un lac du Danemark *, oubliée pendant près d’un siècle, et ré- cemment retrouvée dans les trois pays de la Scandinavie. On ne la connait pas dans les autres parties de l'Europe. Tel est l’état actuel de nos connaissances relatives à la faune des Cladocères des grands bassins d’eau douce de l'Europe. Pendant un séjour de deux mois-(août et novembre 1868) en Suisse, je me trouvai amené à fixer mon atten- tion sur cette partie de la faune, d’autant plus que ce pays est un sol classique pour l'étude des Cladocères, ! Leydig, Dr Fr., Naturgeschichte der Daphniden. Tübingue, 1860. * Il paraît qu'un très-petit nombre de Cladocères seulement des- cendent jusqu'à une profondeur un peu considérable. En Danemark, je n'ai trouvé qu'une Alona (A sanquiner), et en Norwége M. 0.-6. Kars a pêché la Lutona setifera dans ces régions. 3 Müller, O.-F., Entomostraca. Hafniæ, 1785. 320 LES CLADOUÈRES car il a été le théâtre des recherches du vénérable Jurine ‘. Comme ses contemporains, il étudia de préférence les « Monocles » des petits étangs ; ceux des grands lacs lui restèrent inconnus. Voilà pourquoi j'ose croire qu'une Note sur ces derniers peut offrir quelque intérêt. Je me bornerai à mentionner les traits généraux de cette partie de la faune, parce qu’un voyageur ne peut faire des col- lections assez nombreuses pour fixer les limites entre les espèces et les variétés dans ces formes qui changent beaucoup d’aspeet selon les localités. C’est aussi la raison qui m'a empêché d'établir de nouvelles espèces pour quelques animaux qui sans doute sont inconnus, mais qui n’offrent que très-peu de nouveau. — Quant à la classification et à la description des espèces indiquées, on les trouvera dans mon mémoire sur les Cladocères du Danemark. [. CLADOCÈRES DU MILIEU DES LACS. … L'on peut considérer la série des Cladocères qui habi- tent cette partie des eaux douces, comme constituant une faune spéciale, car on trouve parmi eux des représen- tants de la plupart des groupes les plus importants de ces animaux, et ils ont un cachet caractéristique et commun entre eux qui les rend faciles à reconnaitre. Ces carac- tères sont précisément les mêmes que ceux qui distin- guent les Crustacés vraiment pélagiques, à savoir : une grande transparence et un tendance à former des organes balanciers qui rappellent surtout l'aspect des étranges larves nageantes des Décapodes brachyures. Ces modifi- ‘ Jurine, L., Histoire des Monocles qui se trouvent aux environs de Genève. Genève, 1820. DES GRANDS LACS DE LA SUISSE. 321 cations de l’organisation que j'appelle des organes balan- ciers sont développées d’une manière distincte et propre à chaque groupe ou au moins à chaque genre de Ciado- cères. Ainsi certaines Sidines, quand elles gardent leur forme plus ou moins cylindrique, sont munies sur la tête d’une grande dilatation conique propre à favoriser l’équi- hbre du corps (Limosida), et quand leur taille devient comprimée, elles se trouvent renfermées dans ane énorme enveloppe gélatineuse qui prête à leurs mouvements une sûreté et un équilibre favorables à la locomotion dans le milieu où elles vivent (Holopedium). Les Daphnia du milieu des lacs ont toutes une forme très-comprimée et leurs balanciers sont placés dans l'axe longitudinal du corps; ce sont des prolongements antérieurs de la tête, en forme de lame de couteau, et une épine extrêmement allongée de la partie postérieure de la carapace. Les Bosmina au contraire, dont l’organisation ne permet pas un prolongement dans ce sens, reçoivent avec une taille comprimée, une dilatation sitüve dans l’axe transversal du corps; leur dos s’élève par une bosse plus ou moins grande, et leurs antennes, qui sont immobiles chez les femelles, descendent perpendiculairement et atteignent quelquefois une longueur très-considérable. Quant aux Polyphémines, elles portent une épine énorme, qui par- tant de la queue dépasse trois ou quatre fois la longueur de l’animal (Bythotrephes), ou bien leur corps est très- court et garni d’une gigantesque bosse dorsale comme chez les Bosmina (Evadne). Enfin, chez les Leptodora c’est l'abdomen lui-même qui, se trouvant allongé, re- présente le balancier des autres Cladocères. La faune du milieu des lacs Suisses a des représentants ARCHIVES, t. XXXVIL — Avril 1870. 23 192 LES CLADOCÈRES parmi les deux grandes séries de Cladocères, les Clado- cères phytophages qui forment la famille des Daphnidæ et les Cladocères rapaces, qui constituent la famille des Polyphemide. Fam. !. DAPHNIDÆ. | Tous les genres de Daphnides sont loin de posséder une organisation capable de s’accommoder du milieu pé- lagique, mais presque tous les grands groupes de cette nombreuse famille ont pourtant leurs représentants parmi les animaux de cette faune. Ces groupes sont la sous- famille des Sidinæ et les deux séries de genres que ren- ferme la sous-famille des Daphninæ et qui quelquefois ont été considérées comme deux familles distinctes ; seu- lement parmi les Lynceinæ on ne trouve aucun animal pélagique. La famille des Daphnidæ est représentée dans les lacs de la Suisse par les espèces suivantes : DAPHNELLA BRACHYURA (Liévin). "Sida brachyu}a, Liévin, Branchiopoden der Danziger Gegend (Neue Schriften der naturforschenden (Gesellschaft in Danzig, IV Band), p. 20, Tab. 1v, fig. 3-4. Daphnella Wingii, Baird. — Diaphanosoma Leuchtenbergianum , Fischer. — Daphnella Brandtiana, Sars. — Sida brachyura , Lilljeborg. — Daphnella brachyura, P.-E. Müller. Il paraît que cette espèce est le seul, comme le plus simple représentant des Sidines dans les lacs Suisses. Je ne l’ai trouvée qu’en très-petit nombre dans les lacs de Constance et de Zurich. DAPANIA HYALINA. Levdig. Daphnia hyalina, Leydig, Nature. d. Daphn., p.151, Tab. 1, fig. 8. Daphnia pellucida, P.-E, Müller, Danm. Cladoc., p. 116, Tab. 1, fig. 5. DES GRANDS LACS DE LA SUISSE. J23 Cette espèce telle qu’elle a été décrite par M. Leydig peut être considérée comme le type pur des formes péla- giques du genre Daphnia, dépourvue de ces formations accessoires frontales que j'ai appellées des balanciers. Cependant elle varie énormément selon les localités. Dans les lacs de Constance et de Zurich nous ne trouvons presque pas d’autres individus que ceux qui correspondent parfaitement à la description et aux figures de M. Leydig; mais dans le lac de Thoune une autre variété prédomine; elle ressemble beaucoup à une forme que j'ai trouvée en Danemark et que j'ai décrite sous le nom de D. pe!lucida, sans que l’on puisse pourtant la considérer comme parfai- tement identique. Cependant en examinant les Daphnia du lac Léman le doute disparaît. [ei la forme de Leydig paraît très-rare, tandis qu’on y trouve la variété du lac de Thoune et mélangés avec elle un assez grand nombre d'individus qui sous tous les rapports sont identiques avec la D. pellucida. F’ai trouvé tous les degrés intermé- diaires entre la Daphuia hyalina à tête mince et étroite, à griffes caudales dépourvues de denticules basilaires, et la D. pellucida à tête large, à bec bien courbé et à griffes caudales ornées à leur base d’une série de denti- cules — petits et très-minces, il est vrai. La D. hyalina peut donc dans certaines localités se développer en D. pellucida, mais en outre je suis fort tenté de croire que l'espèce suivante n’est qu’une variété encore plus avancée sous l'influence de conditions plus favorables, car j'ai trouvé des individus de D. pellucida qui se rapprochent par certains points de la structure de la tête de la D. ga- leata, Sars. Î| me manque pourtant encore une série suf- fisante de formes intermédiaires pour le constater; on 324 LES CLADOCÈRES est donc pour le moment obligé de considérer la D. ga- leata comme une espèce distincte. On trouve la D. hyalina dans les lacs de Constance, de Zurich, de Thoune et de Genève. DAPHNIA GALEATA, Sars. Daphnia galeata, Sars, Zoologisk Reise. Christiania, 1863, p. 21. Daphnia galeata, P.-E. Müller, Danm. Cladoc., p.117, Tab. 1, fig. 6. Cette espèce habite le lac Léman en assez grand nom- bre ; je ne l’ai pas rencontrée autre part. BOsMiNA LONGISPINA, Levdig. Bosmina longispina, Leydig, Naturg. d. Daph., p.207, Tab. var, fig. 62. Bosmina lacustris, P.-E. Müller. Danm. Cladoc., p. 149. Chez cette espèce les antennules de la première paire ont une longueur médiocre el sont assez droites ; le fil sensiUf isolé des antennes a son point de départ tout près de cette ligne que j'ai appellée « linea sejunctionis antennarum ; » les griffes candales ont six denticules qui ne montent pas jusqu'au tubereule qui porte ces griffes, et ‘ la carapace, sans bosse, plus longue que large, est ornée de deux épines sur son angle postérieur et inférieur. On verra que ces caractères sont les mêmes que ceux qui distinguent la Bosmina que j'ai décrite sous le nom de B. lacustris ; mais c’est seulement en connaissant les va- riations de la forme suisse qu'on peut comprendre leur identité ; pourtant le doute ne disparaîtra pas compléte- ment avant que les mâles, si variables chez les Bosmina, n’alent été trouvés. Il parait que la B. longispina est dans les lacs de la Suisse le seul représentant des trois ou quatre espèces qui peuplent les lacs du Nord. Comme la Daphnia hyalina parmi les Daphnia, la Bosmina longispina se trouve parmi DES GRANDS LACS DE LA SUISSE. 320 les Bosmina plus près du type pur que les espèces péla- giques de la Scandinavie; c’est une forme moins riche- ment développée que celles-là; chez elle l’unique trace d’une organisation pélagique se manifeste par l’acerois- sement un peu extraordinaire des épines postérieures de la carapace. Ce n'est même pas partout que l'espèce porte bien développé cet ornement déjà si modeste. Parmi les lacs que j'ai explorés en Suisse aucun n’est aussi pauvre que le peuit lac de Si-Moritz dans la Hante-Enga- dine; toutes les formes pélagiques ont disparu dans ces régions élevées el stériles, sauf celle qui est partout la plus répandue, la Bosmina longispina : mais elle y a perdu son seul luxe, les grandes épines de la carapace : 1l n’en reste qu’une faible partie. Sous tous les autres rapports la Bosmina de St-Moritz correspond à celle qui peuple les autres lacs de la Suisse. Dès lors il ne doit être permis de prêter à un,caractère aussi variable que la longueur des épines, qu’une importance tout à fait secondaire. La Bosmina longispina est le plus commun de tous les Cladocères pélagiques de Suisse ; je n'ai pas exploré un seul lac sans l’y trouver en grand nombre. Fam. I. POLYPHEMIDÆ. Cette famille ne compte que deux espèces dans des lacs de la Scandinavie, la Leptodora hyalina Lilljeb. et un Bythotrephes, pour lequel j'ai autrefois adopté le nom de B. Cederstrômu, proposé par M. Schôdler. Nous allons voir que ces deux formes sont aussi les seuls repré- sentants «le cette famille dans les lacs usisses. 326 LES CLADOCÈRES s BYTHOTREPRES LONGIMANUS, Leydig. B. longimanus, Leydig, Naturg. d. Daphn., p. 244. B. longimanus, Lüljeborg, Beskr. üfv. tv. märkl. Crust. L c., p.268, fig. 23-99. B. Cederstrômii, Schædler, Neue Beitr. etc., p. 73. B. Cederstromii, P.-E. Müller, Danm. Cladoc., p. 203, Tab. 1v, fig. 29; Tab. v, fig. 1-18; Tab. vi, fig. 7. Nous avons dit que l’auteur distingué de la « Natur- geschichte der Daphniden, » M. Leydig, n'avait trouvé l’étrange animal auquel il donna le nom de B. longimanus que dans l’estomac du Corregonus War!manni ; les exem- plaires qui étaient à sa disposition se trouvaient done dans un état peu convenable pour une étude approfondie, et il était par conséquent inévitable que la description et les figures de son espèce n’atteignissent pas à l'extrême exactitude qui distingue les ouvrages de ce savant. Ce fut, sans doute, par suite de semblables observations que M. Lilljeborg, qui presque en même temps que M. Leydig avait trouvé un Bythotrephes dans les lacs de la Suède, donna à son animal le nom de B. longünanus Leyd. Mais M. Schôdler, en examinant les descriptions de ces deux crustacés, trouva les différences qui existaient entre eux trop grandes pour qu'on pût les réunir dans une seule es- pèce et il proposa pour la forme Suédoise le nom de B. Cederstrômüi. Quoique je ne pusse me rendre au raisonne- ment de M. Schôdier, je crus pourtant nécessaire d'adopter le nom de Cederstrôümü pour le Bythotrephes de la Sean- dinavie chez lequel j'avais trouvé certains caractères 1m- portants qui semblaient faire défaut chez le Bythotrephes de la Suisse. Cependant des recherches faites dans le lac de Con- stance, d’où M. Leydig a tiré son animal, m'ont procuré un Bythotrephes, vivant immédiatement sous la surface de x DES GRANDS LACS DE LA SUISSE. 327 l’eau comme la forme du Nord: les lacs de Zurich, de Thoune et de Genève m'ont fourni la même forme. Elle présente une identité parfaite avec le Bythotrephes de la Scandinavie, et de plus, avec le Bythotrephes qui à été trouvé dans l’estomac du Corregouus Wartmanni et que j'ai eu l'occasion d'étudier grâce à l’obligeance de M. Leydig qui m'en a fourni des exemplaires. Le Bythotre- phes longimanus Leydig est donc la seule espèce qui ha- bite le milieu des lacs d'Europe étudiés jusqu'à présent, et le Bythotrephes Cederstrünni doit disparaître de la no- menclature. Des études répétées de la forme suisse m'ont prouvé que la description de cet animal faite par M. Lilljeborg et par moi d’après des exemplaires vivants est correcte, el que les prétendus caractères par lesquels le Bythotrephes de M. Leydig semble différer de la forme du Nord ré- sultent d’une erreur causée très-naturellement par l’état de macération des exemplaires examinés. Cette espèce est assez commune dans les lacs cités. J'ai trouvé les mâles au milieu de novembre (lac Léman). LEPTODORA HYALINA, Billjeborg. L. hyalina, Lilljebors, Beskr. 6fv. tv. märkl. Crust. etc., 1. c., p. 265, fig. 1-22, — [d., Forh. veddet 81e skandinaviske Naturforsker- mode, 1860, p. 586. L. hyalina, P.-E. Müller, Danm. Cladoc., 1. e., p. 226, Tab. vr, fig. 14- 21. — Id., Bidr. til Cladoc. Forplantningshistorie ibid., p. 297, fig. 1-15. Cet animal, si remarquable par sa transparence parfaite, par son organisation aberrante et par sa grandeur relati- vement considérable, se trouve-assez fréquemment dans les lacs de Constance, de Zurich, de Thoune et de Ge- nève. J’at trouvé les mâles vers la fin de novembre dans ce dernier. 328 LES CEADOCÈRES Les Cladocères qui constituent la faune du milieu des lacs suisses vivent comme leurs parents du Nord immé- diatement au-dessous de la surface de l’eau jusqu’à deux ou trois mètres de profondeur. J’ai pu constater pour les - lacs du Danemark, qu’ils restent pendant la nuit dans la même couche d’eau que pendant la journée ; sans doute il en est de même en Suisse, et si ces animaleules ser- vent de nourriture à quelques poissons qui habitent or- dinairemeut les grandes profondeurs, comme le Corre- gonus Wartmanni, cela prouve que ceux-ci, au moins à certaines heures, peut-être après le coucher du s0- leil, cherchent la surface des lacs pour s'emparer de leur proie. Vers le commencement de l'hiver ces animaux dispa- raissent des eaux — sauf peut-être quelques espèces du genre Daphnia — après que leurs œufs d’hiver ont été pondus et floitent sur l'eau jusqu’au printemps suivant. C’est dans le milieu de novembre que le Bythotrephes et la Leptodora meurent dans les lacs du Danemark; dans le lac Léman je les ai trouvés encore à la fin de ce mois. Dans les eaux du Danemark les énormes essaims de ces animaux sont très-souvent attaqués par un champi- gnon appartenant au groupe des Saprolegnia. Cette plante développe son myceluni sous la peau du crustacé, couvre tous les organes intérieurs de ses filaments trans- parents et tue ensuite lanimal en perforant les tissus extérieurs par ses tiges fruculères. Des masses considé- rables de nos animaux succombent aux désastreux effets de ce parasite dans les lacs du Nord; en Suisse au con- traire, où leur nombre en espèces et en individus est bien plus restreint, je n’ai jamais trouvé la moindre trace de ce Saprolegnia. » DES GRANDS LACS DE LA SUISSE. 329 IT. CLADOCÈRES DU BORD DES LAS. Les Cladocères du bord des lacs sont, comme nous venons de le dire, faciles à distinguer des formes du mi- lieu ; ils ont un cachet caractéristique qu'ils partagent avec celles des petits étangs. Ils sont très-peu transparents, et ont une taille trapue, manquent de balanciers ou d’autres prolongements du corps. qui pourraient gêner leurs mouvements entre des objets solides, tels que les pierres et les plantes aquati- ques du rivage. Souvent les « rames » (antennes de Îa seconde paire), formant des nageoires, sont comme chez les Cladocères du milieu leurs seuls organes de locomo- lion ; ils se maintiennent alors en nageant dans l’eau (les Sida, les Daphnia, les Bosmina, ete. du rivage) ; mais la plupart des espèces présentent encore un développement spécial de quelque organe qui leur permet d'exécuter des mouvements sur les corps solides, c’est-à-dire, sur le sol de leur habitation. Dans un autre mémoire j'ai déja eu l’occasion de mon- trer quels sont ces organes, qui se transforment de ma- nière à se prêter à celte sorte de locomotion. Dans la sous-famille des Daphnidæ, quelques soies des «rames» deviennent grosses et raides, perdent leur plumage et forment des sortes de bâtons épineux à l’aide desquels ces animaux se poussent en avant sur le limon du fond, ou grimpentsur les conferves, les Lemna et autres plantes qu'ils rencontrent dans leur domicile (Macrothrix, Latho- noura, Drepanothrix, etc.). Quelquefois une soie de leurs « rames » est transformée en un crochet au moyen duquel l’animal peut s'attacher aux corps solides, ou bien toute 330 LES CLADOCÈRES trace du plumage des « rames » disparait et ces organes ne présentent d'autre aspect que celui de pattes énormes à l'aide desquelles ces Daphnines rampent sur le limon (Iliocryptus). — Alors dans cette sous-famille ce sont presque loujours les « rames » qui constituent le seul organe de locomotion en servant tantôt à nager, tantôt à ramper. Chez les Lyncéines au contraire les « rames » ne présentent qu’un développement très-restreint et servent exclusivement à là natation ; tandis que e’est de la queue que se servent pour marcher ces animaux toujours atta- chés au fond de l’eau ; c’est pour eux un pied. Cet organe ordinairement mince et peu développé chez les Daphnines, devient fort et très-chargé de chitine chez les Lyn- céines, et offre une riche variation de formes en rapport avec les mouvements de l'animal; ainsi nous connaissons parmi les Lyncéines des genres sauteurs (Camptocercus), des genres rampeurs (Alona), ete. Il est clair que les bords des lacs offrent, selon les différentes configurations du terrain, une variation infinie de stations, depuis la plage sablonneuse, exposée aux effets des vagues et sans aucune végétation, jusqu'aux petits golles à l’eau tranquille et riche en plantes aqua- tiques de toute sorte. On ne peut done s'attendre à trou- ver ici une faune de Cladocères différente de celle des petites flaques d’eau, puisque les stations présentent des conditions pareilles; en effet, les bords des lacs offrent pour la plupart les mêmes Cladocères que les petits étangs; il n'y manque que ceux qui se trouvent seulement dans les fossés des tourbières, dans les mares d’eau sale et cor- rompue, ete. On rencontre donc difficilement des formes nouvelles et très-caractéristiques parmi les Cladocères du bord d s lacs, parce que celles des petits étangs sont » DES GRANDS LACS DE LA SUISSE. 331 déjà bien connues, Dans les lacs de la Suisse, ces parties n’offreut pr. sque aucune espèce en dehors de celles décrites par M. Jurine comme appartenant aux petits bassins. La seule espèce, cependant, qui semble être bien caracté- ristique du fond et du bord des lacs de la Scandinavie, la Latona setifera, n’a pas été rencontrée par cet auteur; j'ai été assez heureux pour la trouver, quoique en petit nombre, dans le lac de Constance, près de Friederichs- hafen :n Würtemberg. La liste des Cladocères du bori des lacs helvétiques devient alors presque identique à celle des lacs scandinaves. Un rivage sablonneux ou rocheux, agité souvent et for- tement par les vagues et dépourvu de végétation, doit être la seule partie du bord des lacs qui offre des conditions à part, ne se retrouvant pas dans les flaques et dans les mares. Les Cladocères que j'ai trouvés dans des localités de cette nature en Suisse sont : A la surface de l’eau : Sida crystallina (0.-F. Müller) 1. Scapholeberis mucronata (0.-F. Müller), vær. cornult«. Atlachés au foud : Latona setifera (0.-F. Müller). . Pleuroæus truncatus (0.-F. Müller). Alona lineata (Fischer). Alona oblonga, P.-Æ. Müller. III, REMARQUES GÉNÉRALES, Les principales formes de Cladocères qui habitent les étangs de la Suisse sont déjà connues par l'excellent ‘ Cette forme n’a pas été trouvée par M. Jurine et semble être très rare dans les environs de Genève; dans les parties septentrionales du pays, au contraire, elle se trouve assez fréquemment. 392 LES CLADOCÈRES ouvrage de M. Jurine, et en y ajoutant celles des grands lacs, mentionnées dans la petite esquisse que je viens de donner, on peut se former — j'ose le croire — un ta- bleau assez précis de la faune des Cladocères de la Suisse. Ce qui frappe d’abord, c’est la grande concordance entre celte faune et celle de la Scandinavie, et en parçou- rant les mémoires publiés sur ces Crustacés dans d’autres pays, on remarquera que toutes les parties de l'Europe, explorées jusqu’à présent à ce point de vue, des hautes montagnes de la Scandinavie jusqu'aux Alpes”, de Moscou jusqu'à Londres, offrent ordinairement les mêmes formes, où plutôt presque tous les mêmes types de Cladocères. Mais entre les limites de cette grande aire zoologique, assez uniformément peuplée, non-seulement sous le rap- port des Cladocères, mais aussi d’une manière générale, il y a des parties qui offrent une richesse zoologique plus ou moins grande ; nous allons voir si lon doit considérer la faune des Cladocères des lacs suisses comme riche ou pauvre, en la comparant à cel égard avec d’autres parties dè la même aire. Le nombre d'individus des différentes espèces qui habi- tent le milieu des lacs scandinaves est immense. Ces an:- maux forment des essaims si considérables, qu’ils s’accu- mulent très-souvent sous forme d'un amas gélatineux de forte dimension au fond du petit filet dont on s’est servi ! Je ne crois pas que les Cladocères des grands lacs de lltalie du Nord soient connus. Les recherches que j'ai faites dans le lac Majeur pour y trouver des Cladocères du milieu ne m'ont fourni aucun exem- plaire. Cependant en raison des circonstances défavorables dans les- quelles j'ai travaillé, il n’est pas permis de conclure qu'il »’v en ait pas : la saison était très-avancée (décembre), et des inondations im- portantes avaient considérablement altéré le caractère des eaux. DES GRANDS LACS DE LA SUISSE. 399 pour les pêcher. Il n’en est pas de même dans les lacs suisses que j'ai explorés : les Cladocères s’y trouvent relativement en très-pelit nombre et quelquefois il faut avoir de la patience pour obtenir les grandes espèces, telles que le Bythotrephes et la Leptodora. De plus, les individus sont en général plus petits dans ces lacs qu'en Scandinavie ; le géant parmi ces animaux, la Leptodora, qui atteint souvent 44m dans les bassins du Nord, n’a ordinairement que la moitié de cette grandeur en Suisse. Sans doute 1} serait permis de mettre en relation avec celte différence dans le nombre d'individus, l'apparition et les désastreux effets d’un parasite chez les Cladocères du Nord et son défaut probable chez les Cladocères de la Suisse. Ce parasite semble indiquer une surpopulation, signe d’une localité plus riche, dans les lacs de la Scandi- pavie, ou au moins du Danemark. Tous les genres qui habitent le milieu des lacs du Nord se retrouvent daus ceux de la Suisse, sauf un seul, Ho- lopedium, Zaddach; d'autre part, aucun nouveau genre n'apparait en Suisse qui n’ait été trouvé en Scandinavie‘. 1 Quant aux Cladocères des mares et des petits élangs, il y a cer- tainement dans le Nord plusieurs formes caractéristiques qui ne sont pas connues en Suisse et dont peut-être quelques-unes n’y seront Ja- mais trouvées. Mais il faut bien se souvenir que dans les pays qui en- tourent la Baltique l’étude de ces animaux a été entreprise, pendant ces dernières années, par plusieurs naturalistes qui, par leurs efforts réunis, ont pu donner à leurs recherches l’étendue nécessaire pour trouver beaucoup d'espèces rares, tandis que nos connaissances rela- tives aux Cladocères de la Suisse ont pour seule base les recherches de M. Jurine, qui remontent aux années antérieures à 1820. Il n’y a donc pas lieu de s'étonner de la différence qui existe dans le nombre des Cladocères entre ces deux faunes, surtout si l’on remarque que les types caractéristiques qui semblent faire défaut en Suisse, sont en réa- lité pour la plupart des formes très-rares, telles que les Drepanothrix, 334 LES CLADOCÈRES Cette partie de la faune suisse doit done être considérée comme la même, par rapport aux genres, quoique un pen moins riche. Considérons ensuite le nombre des espèces qui se groupent autour de ces 1ypes représentés par les genres. En Suisse nous avons trouvé À Daphnella, 2 Daphnia, 1 Bosmina, { Bythotrephes et { Leptodora ; autour de la Baltique nous connaissons 2 où 3 Daphnella (y compris leur proche parent la Limosida), 5 où 6 Daphnia, 3 ou 4 Bosmina, 1 Bythotrephes et 1 Leptodora. Cette liste montre encore là même chose: 11 faune des Cladocères des lacs suisses et moins riche que celle des lacs du Nord. Mais en examinant les espèces elles-mêmes, nous pour- rions poser des conclusions assez intéressantes sur le ca- ractère des marques spécifiques dans ces genres. Parmi les types nommés, deux sont représentés seulement par ane espèce dans chaque pays, et cette espèce est exacte- Iliocryptus, Monospilus, etc. I y aurait une manière bien plus sûre d'indiquer une différence entre ces deux faunes, si nous pouvions trouver en Suisse une forme caractéristique qui fût inconnue en Scan- dinavie. Il y en a une, en effet, le Monoculus longicollis de M. Jurine, animal qui semble avoir été oublié par les successeurs de cet auteur; on ne le trouve pas même indiqué dans le traité de M. Leydig, qui donne une liste de tous les Cladocères connus à l'époque où il publia ses recherches sur les Daphnies. Par la présence des deux paires d'antennes, le Monoculus longi- collis semble se trouver dans une relation étroite avec la seconde série de genres de la famille des Daphnidæ, les Lyncodaphnidæ de M. 0.-G. Sars. Mais c’est précisément cette série qui renferme les formes les plus aberrantes, rares et locales, dont on doit principalement la décou- verte aux recherches faites dans ces dernières années. L'apparition en Suisse d’une forme nouvelle de ce groupe, si peu connu, n'indique donc nullement, dans l’état actuel de nos connaissances, une diffé- rence importante entre les deux faunes dont il s’agit. DES GRANDS LACS DE LA SUISSE. 3939 ment la même et n'offre aucune variété connue. Les autres genres représentés par plusieurs formes varient énormément, et les espèces trouvées dans les deux pays sont principalement différentes De plus, les espèces du Nord, quoique appartenant à des genres systématique- ment très-éloigués les uns des autres, ont en général le même cachet, c’est-à-dire un grand développement des balanciers ; celles de la Suisse ont de leur côté également un caractère à elles, en manquant ordinairement des ba- lanciers. Maintenant, en s’expliquant cette différence, on pourrait peut-être réussir à compléter le tableau commencé de la faune des Cladocères des lacs suisses, et à mieux con- naître les particularités de ce groupe d’animaux. Il faut pour cela se rendre compte du caractère et de l'impor- tance des organes balanciers. Nous remarquons d'abord que les genres où les or- ganes halanciers sont si intimement liés avec l’organisation de l’animal en général qu'on ne saurait se figurer: cet être dépourvu de ce caractère, que ces genres, dis-je, sont des formes nécessairement attachées à cetie faune pélagique des lacs, et ne peuvent contenir d'animaux lit- toraux. Le nombre de ces formes est cependant très-res- treint et elles se trouvent exclusivement dans un milieu pélagique. Ce sont, pour les eaux douces de l'Europe, les genres Holopedium et Leptodora, pour la mer le genre Evadne. Mais chez la plupart des Cladocères de la catégorie dont il s’agit, les balanciers ne peuvent être considérés que comme des formations accessoires ; l'animal ne per- drait rien de sa forme typique s’il était privé de ces orne- ments, el aucun (le ses organes ne souffrirait dans ces 330 LES CLADOCÈRES fonctions. [l en est ainsi des genres Daphnia et Bosmina. Les balanciers ne consistent chez eux que dans des pro- longements ou dilatations cutanées; ces formes peuvent done facilement avoir des proches parents parmi les Cla- docères sans balancers, parmi ceux par exemple qui vi- vent près du bord, et auxquels dès lors leurs mouvements entre des corps solides interdisent ces a, pendices longs et raides. En réalité 1! n’y a pas d’autre différence entre les Daphnia et les Bosmina du milieu et celles du bord des lacs qu'un défaut constant chez ces dernières du signe pélagique, l’impossibilité pour ainsi dire de son dévelop- pement. Cependant luulité des balanciers ne peut être très- grande chez la plupart de nos animaux, quoique ces or- ganes soient si répandus. [ls servent exclusivement à rendre les mouvements de ces gracieux nageurs plus ré- guliers, et nous voyons que les Daphnia pourvues de « crista » et de « spina » font des bonds plus horizon- taux et plus ongs que celles qui n’en possèdent pas; les Bosmina à longues antennes exécutent des rotations en grands cercles, tandis que les autres cuibutent presque sur place, etc. Dès lors les grandes nappes d’eau, qui n’offrent pas, par des objets solides, d'obstacles aux libres mouvements de leurs habitants, peuvent permettre un dé- veloppement quelquefois immense de ces prolongements; mais ces prolongements ne peuvent être considerés comme des organes indispensables pour la vie dans ce milieu ; on doit les regarder plutôt comme des ornements utiles, formant une parure commode, et résultant pour ainsi dire de la richesse de la localité. Avec cétte explication concordent les capricieuses variations de forme de ces organes, et ce fait que l’on remarque souvent dans un DES GRANDS LACS DE LA SUISSE. 3937 même lac de certaines analogies dans le développement . de ces parures chez les différentes espèces et même chez différents genres ; de plus, dans certaines parties des lacs et pendant certaines saisons les « spina » et surtout les «crista» ont quelquefois un cachet particulier. Il y a pourtant encore un animal qui mérite d’être mentionné ici, le Bythotrephes longimanus. L'organisation pélagique de cette forme se manifeste par la prolongation énorme du tubereule qui chez tous les Cladocères porte les deux soies caudales. On ne peut pas dire que cette marque pélagique appartienne au type de l'animal, car elle n’est qu’une modification d'un organe qui se trouve déjà considérablement développé chez la forme littorale cor- respondante, le Polyphemus oculus. Mais d’un autre côté on ne peut pas le regarder comme une parure, telle que la lame frontale des Daphnia; car il me semble qu’une formation qui sert à régler le mouvement peut être considérée comme un organe de luxe, ou tout au plus comme un faible organe de défense en ce qu'il faci- lite la fuite chez les Daphnia, animaux qui vivent de dé- tritus végétaux dispersés partout dans l’eau, en même temps qu’on la regarde comme un organe nécessaire chez les Polyphémides, animaux rapaces qui par leur adresse, leur rapidité et leur force sont obligés de saisir ou de poursuivre leur proie. Le balancier, qui chez les Cladocères phytophages mérite plus ou moins le nom d’or- nement, peut done changer de forme et même disparaître selon la richesse de la localité — comme nous le voyons en 1éalté — tandis qu’on peut s’attendre à ce qu’il reste constant chez les Cladocères rapaces, comme un organe d’une grande utilité. ARCHIVES, t. XXXVIL — Avril 1870. 24 3939 LES CLADOCÈRES Nous pouvons donc, en cherchant à déterminer le ca- ractère de la faune des Cladocères des grands lacs de la. Suisse, nous résumer ainsi. Cette faune appartient à la même aire zoologique que la Scandinavie méridionale et centrale, aire qui, selon l’état actuel de nos connaissances, oceupe toute la partie centrale et occidentale de l'Europe, à parür des hautes montagnes de la Scandinavie jusqu'aux Alpes, du centre de la Russie jusqu'à l’Atlantique. Il semble enfin, que les Cladocè es de la Suisse représentent, relativement à certaines autres parties de la même aire, une faune pauvre sous le rapport du nombre des types qu’elle contient, du nombre des espèces, de la richesse de forme de ces espèces, et du nombre des individus. Mais il doit être permis d'ajouter encore d’autres remar- ques générales, concernant la variabilité de ce groupe d’ami- maux. Les cinq types qui, parmi les Cladocères, forment la population du milieu des grands lacs de l'aire en question sont les Daphnella, Daphnia, Bosmina, Bythotrephes et Leptodora. Là où les conditions de la vie semblent être les plus pauvres pour ces animaux, nous trouvons prinei- palement les types simples ; là, au contraire, où ces con- ditions ont l’air d’être plus richement développées, deux de ces types existent encore sans être altérés en aucun point de leur organisation, tandis que les autres ont dis- paru pour la plus grande partie, se sont dissous et chan- gés en un assez grand nombre d'espèces peu constantes. Ensuite, les deux types, qui n’ont subi aucune variation sont, d’un côté, ceux dont l’organisation (forme pélagique) correspond le mieux avec le caractère de leur habitat et de l’autre ceux dont chaque changement de forme entrai- nerait nécessairement une altération importante dans leur DES GRANDS LACS DE LA SUISSE. 339 manière de vivre (animaux rapaces) ; ce sont des formes qui varient difficilement, des espèces constantes. — Les types dissous ou multipliés et développés, quoique très- différents, se sont changés d’une manière analogue entre eux, se trouvant dans les mêmes conditions (développe- ment des balanciers). Cette altération du type, qui semble s'effectuer assez facilement, tend à donner à l’animal la forme qui prédomine chez tous ceux qui vivent dans des conditions pareilles; mais parce que la forme pé- lagique est de peu d'importance pour la vie de ces ani- malcules et consiste dans le développement d'organes tout à fait accessoires, son apparition dépend de la ri- chesse de la localité, et on trouverait difficilement quelque chose de constant dans leur formation : le type se déve- loppe et se change facilement en de nouvelles formes, va- riélés ou espèces. Eo étudiant ainsi les rapports entre les formes par les- quelles les types de Cladocères sont représentés dans di- verses parties de l’aire que nous venons d'examiner, il me semble qu’on y trouve une affirmation des idées, déja exposées dans mes « Cladocères du Danemark » à l’égard des caractères systématiques de ces animaux. Plu- sieurs grands genres de Cladocères phytophages (Fam. Daphnidæ) pour lesquels on a eu tant de peine à trouver des caractères constants en étudiant une partie, même très-restreinte, de leur aire, présentent des difficultés encore bien plus grandes à mesure que le regard em- brasse un nombre de plus en plus considérable de loca- hités différentes. J'ai cherché à montrer que ces types de Cladocères, qui ont des représentants presque en chaque endroit, sont surtout ceux que nous voyons susceptibles 340 LES CLADOCÈRES DES GRANDS LACS. de la variation la plus étendue et que les organes qui va- rient sont ceux qui se trouvent influencés le plus facile- ment par les particularités du milieu : les balanciers, tels que l’épine de la carapace et la crête frontale des Daph- nia, les antennules et la bosse des Bosmina, etc. Bien que cette observation, prise dans un sens général, ait été souvent exprimée, je crois pourtant qu'il me sera per- mis de la mentionner à propos des Cladocères, car c’est précisément de ces caractères que l’on s’est servi ordi- nairement pour établir de nombreuses espèces et même des genres. Dans ce groupe d'animaux, les Daphnia et les Bosmina si répandus daus des localités quelquefois très- différentes présentent des agrégations d'espèces vraiment flottantes, aux différences d'organisation extérieure des- quelles il serait erroné d’attribuer la même importance systématique que chez les autres Cladocères. RECHERCHES THERMOCHIMIQUES ‘ PAR M. JULIUS THOMSEN (QUATRIÈME PARTIE ©) Dans ce quatrième mémoire, l’auteur traite des com- binaisons du bore, du silicium, de l’étain, du titane et du platine. Il s'appuie sur un nombre très-considérable d'expériences, et termine l'exposition des résultats qu'il a obtenus par le résumé suivant, que nous traduisons en entier : 1° L'acide silicique n'offre pas un point de saturation déterminé; la chaleur dégagée lors de sa neutralisation par la soude augmente continuellement avec la proportion d'acide. Elle n’est que de 2615° pour un équivalent d'a- cide (Si O?) agissant sur un équivalent de soude, s'élève à 7956° pour six équivalents d’acide, et paraît devoir at- teindre pour une plus forte proportion d’acide 434410. La chaleur dégagée peut être exprimée approximative- ment par la-formule L é = ue 1340 æ désignant le nombre d’équivalents d'acide agissant sur un équivalent de soude. 20 Lors de l’action de la soude sur une dissolution 1 Poggendorff s Annalen, tome CXXXIX, p. 195. 2? Voyez pour les trois premières parties, Archives, décembre 1869, t. XXXVL, p. 301; janvier 14870, t. XXXVIL, p. 73, et mars, p. 201. 342 RECHERCHES d'acide silicique, il paraît se former dans certaines circon- stances des modifications isomériques de cet acide. 3° La chaleur latente de l'acide silicique hydraté pa- rait être très-faible. 4° L’acide titanique et l'acide stannique se comportent comme l'acide silicique. o° L’acide borique établit une transition entre les aci- des étudiés dans les mémoires précédents et l'acide sili- cique. En effet, la chaleur de neutralisation de la soude par l'acide borique croît proportionnellement à la quantité d'acide jusqu'à ce que celle-ci atteigne un équivalent. Mais à partir de ce moment elle change de marche. Tan- dis que pour la plupart des acides il se produit une ab- sorption de chaleur lorsque la proportion d'acide dépasse un équivalent, pour l'acide borique la chaleur dégagée continue à augmenter avec la proportion de cet acide. De 10005: pour un équivalent d'acide borique, elle s'élève à 143973° pour six équivalents. 6° L’avidité des acides précédents est si faible qu’elle peut à peine être appréciée : ce sont donc tous des acides tres-faibles. 7° Les chlorures de silicium, de titane et d’étain se décomposent en présence de l’eau avec un dégagement de chaleur considérable : j'ai trouvé : (Si CI,Aq) = 34630° (TiCl,Aq) = 28933° (SnCE,Aq) = 14960° I n’y a qu'une très-faible affinité entre l'acide chlor- hydrique et les acides résultant de ces décompositions ; ces dissolutions se comportent, lorsqu'on les neutralise par la soude, presque comme l'acide chlorhydrique libre. THERMOCHIMIQUES. 343 8° La précipitation de l’acide stannique de sa dissolu- tion chlorhydrique par le sulfate de soude résulte de la décomposition de ce sel par lPacide chlorhydrique de la dissolution ; la précipitation est accompagnée d'un déga- gement de chaleur considérable. 9° Le bichlorure d’étan et le chlorure de potassium se combinent par voie sèche avec un dégagement de chaleur considérable (12082°). Le sel double ainsi formé se dis- sout dans l’eau avec absorption de chaleur (—1688:), et la dissolution se comporte comme un mélange de chlo- rure de potassium, d'acide stannique et d'acide chlorhy- drique. 10° Le bichlorure de platine PLCF,H CI se dissout dans l’eau sans se décomposer. L’addition d’un équiva- lent de soude neutralise l'acide chlorhydrique en déga- geant autant de chaleur que si cet acide était libre; mais le bichlorure de platine lui-même n’est nullement décom- posé par la soude dans une dissolution aqueuse étendue. Le dégagement de chaleur cesse, et la réaction alcaline se manifeste dès que l’on à ajouté un équivalent de soude. 11° La réaction de l'acide fluorhydrique sur les acides du bore, du silicium, du titane et de l’étain est accom- pagnée d'un dégagement de chaleur considérable, Fai trouvé : B 0,Aq et 4 HFLAq — 14700° Si0?,4q et 3 HFLAq = 16364° Ti0?,Aq et 53 HFI,Aq = 15450° Sn0*,Aq et 3 HFI,Aq — 10490° Cette réaction à lieu même en présence d'acide chlor- bydrique libre, Mais l'acide fluorhydrique est sans action sur le bichlorure de platine. 344 RECHERCHES 12° L’acide fluosilicique (comme type des acides for- més dans la réaction précédente) offre un point déter- miné de neutralisation, correspondant à un équivalent SiFI*, HF; la chaleur de neutralisation par la soude est de 13312°, très-voisine de celle de l'acide chlorhydrique (13740), tandis que celle de l'acide fluorhydrique est de 16172°, Un excès d'acide diminue un peu la chaleur dégagée comme pour l'acide chlorhydrique. Lorsque la proportion de soude dépasse un équivalent pour un d’a- cide, celui-ci est décomposé et cette décomposition crois- sant avec la proportion de soude est accompagnée d'un dégagement de chaleur qui en donne la mesure. Nous trouvons encore dans le dernier numéro du Bulletin de la Société chimique allemande de Berlin un intéressant résumé, donné par M. J. Thomsen, de ses recherches sur les chaleurs. de neutralisation des acides par la soude. Il comprend, outre les acides déjà mention- nés dans les mémoires précédents, l'acide sulfhydrique, plusieurs acides du phosphore et de l’arsenie, l'acide car- bonique et plusieurs acides organiques. On y voit, dans deux tableaux, les chaleurs dégagées par l’action d’une molécule d’acide sur des quantités variables de soude, et celles qui résultent de l’action d’un équivalent de soude sur un nombre variable de molécules d'acides. Ces der- piers sont répartis en groupes suivant leur degré de ba- sicité, en sorte que l'examen de ces tableaux montre de la manière la plus évidente l'influence de ce caractère. { Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft 14 Bern. Dritter Jahrgang, p. 187. THERMOCHIMIQUES. 349 L'auteur fait suivre ces tableaux de quelques considé- rations générales qui résultent de leur examen. Lorsqu'on fait agir l'hydrate de soude sur une molé- cule d’un acide, la chaleur dégagée croit à peu près pro- portionnellement à la quantité de soude jusqu’à ce que celle-ci atteigne 4, ;,+ ou ! de molécule d'hydrate de soude, suivant que l'acide est mono-, bi-, tri- ou quadri- basique. Au delà de cette proportion de soude le dégage- ment de chaleur ne subit plus de changement notable. L’acide silicique, et en partie l'acide borique, l'acide phosphorique ordinaire et l'acide arsenique présentent seuls des exceptions à cette loi. Nous avons vu plus haut comment se comportent l'a- cide silicique et l'acide borique. Pour l'acide phosphori- que et l'acide arsenique l’anomalie tient à ce que lestrois atomes d'hydrogène de leurs hydrates n'ont pas la même valeur, La substitution du sodium aux deux premiers seulement donne le même dégagement de chaleur; le remplacement du troisième en dégage beaucoup moins. Pour l'acide citrique les trois atomes d'hydrogène ont la même valeur. Une conséquence curieuse de ces observations est que l’acide sulfhydrique doit être classé parmi des acides monobasiques. Les nombres relatifs à l’acide carbonique (à l'état de dissolution) correspondent presque exactement à ceux de l'acide borique. Lorsque la proportion d'acide dépasse celle qui est nécessaire pour la formation du sel normal, on observe, suivant la nature des acides, un effet calorifique qui peut être nul, positif ou négatif. Pour les hydracides, à l'exception de Pacide fluorhy- 346 RECHERCHES drique, l'effet calorifique dû à un excès d'acide est pres- que nul. Un excès d'acide sulfurique, sélénique, oxalique, tartrique, citrique ou fluorhydrique donne lieu à une ab- sorption de chaleur notable, tandis qu'un excès d’acide sulfureux, sélénieux, phosphoreux, carbonique, borique, silicique, arsenique ou des autres acides du phosphore, donne lieu à un dégagement de chaleur assez considé- rable. [l l’est surtout pour lacide silicique: pour trois molécules de cet acide, la chaleur est presque le triple de la chaleur de neutralisation. L'acide phosphorique ordinaire et l'acide arsenique donnent aussi lieu à un dégagement de chaleur assez notable lorsqu'ils sont en excès. Mais ce dégagement atteint un maximum lorsqu'une molécule d'acide réagit sur une molécule d’'hydrate de soude; une seconde mo- lécule d'acide produit une absorption de chaleur. Une troisième note du même auteur‘ est relative aux conséquences qui lut paraissent résulter des observations précédentes relativement à la basicité et à la constitution de l'acide sulfhydrique. Les expériences montrent que lorsqu'une dissolution de soude absorbe le gaz sulfhydrique, la chaleur déga- gée croit proportionnellement à la quantité d'acide jusqu'à ce que celle-ci atteigne une molécule ; on a alors: Na OH,Agq et SH? — 12490°, mais pour comparer ce chiffre à celui qui est relatif aux autres acides, il faut en retrancher la chaleur résultant de la condensation de l'acide sulfhydrique dans l’eau, soit 1 Berichte der Deutschen chemischen Gesellschaft, p. 192. THERMOCHIMIQUES. 347 4760. Il reste donc 7730° pour la chaleur de combi- naison d’une molécule d’acide sulfhydrique en dissolution aqueuse avec une molécule de soude, donnant naissance au sulfhydrate de sulfure Na SH. Pour une proportion plus grande d'acide sulfhydrique, la chaleur dégagée est la même que lorsque ce gaz se dissout dans l’eau. D'un autre côté l'addition de la soude à la dissolution du sulfhydrate de sulfure de sodium ne donne lieu qu'à un dégagement de chaleur à peine appréciable: ces deux corps ne réagissent donc pas l’un sur l’autre. Ainsi l'acide sulfhydrique se comporte exactement comme les acides monobasiques; la saturation à lieu par la réaction d’une molécule de cet acide sur une molécule d'hydrate de soude, Des expériences analogues faites avec l'ammoniaque et la baryte ont donné les mêmes résultats, la saturation a lieu pour une molécule d’ammoniaque on une demi- molécule de baryte. On peut done conclure de là que l'acide sulfhydrique est monobasique, que sa molécule ne contient qu'un seul atome d'hydrogène susceptible d'être remplacé par un métal dans une dissolution aqueuse, et que la formule de cet acide doit être écrite H. SH. On doit enfin, en raison de l’analogie incontestable de l’eau et de l'acide sulfhydrique, lui attribuer une consti- tution analogue et assimiler l’eau aux acides monoba- siques en lui donnant la formule H. OH, ce qui s'accorde avec les théories modernes de la chimie organique. Nous nous permettrons d'ajouter quelques observations sur ces deux derniers mémoires de M. Thomsen. Ce savant nous semble un peu exagérer l'importance 348 RECHERCHES THERMOCHIMIQUES. des résultats que l’on peut attendre de ce genre de re- cherches, au sujet de la constitution des divers acides. Au fond ses observations se résument en ceci, que la cha- leur de combinaison des acides avec la soude croît pro- portionnellement à la quantité d’acide jusqu’à ce que l'on atteigne celle qui correspond à Ja neutralisation. Au delà ny a plus qu'un effet très-faible et dont le sens varie suivant la nature des acides. Mais en fait, tous les acides, quelle que soit leur basicité, se comportent en général de la même manière, en sorte que ces déterminations ne nous apprennent, sur la constitution des acides, que ce que nous pouvions savoir par la composition de leurs sels. Pour ce qui concerne en particulier l'acide sulfhy- drique, ses expériences prouvent seulement que les mo- nosulfures des métaux alcalins et alcalino-terreux ne peuvent pas exister en dissolution étendue dans l’eau, : celle-ci les décomposant en oxydes et sulfhydrates de sul- fures. C’est ce que H. Rose avait déjà démontré pour les sulfures alcalino-terreux, et ce que M. Béchamp a établi plus récemment pour les sulfures alcalins ‘. Il ne nous semble pas qu'il en résulte nécessairement que l’on doive considérer l'acide sulfhydrique comme monobasique. Il est regrettable que M. Thomsen n'ait pas cherché à ré- péter des expériences analogues avec des dissolutions plus concentrées que celles qu’il emploie habituellement; peut-être eût-il constaté que les monosulfures alcalins peuvent exister en dissolution concentrée, ce qui écarte- rait complétement l'idée de la monobasicité de l'acide sulfhydrique. C. M. 1 Annales de Chimie et de Phys., 4e série, tome XVI, p. 402. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. E. FRANKLAND et J.-N. LOCKYER. RECHERCHES SUR LES SPECTRES GAZEUX PAR RAPPORT A LA CONSTITUTION PHYSIQUE DU SOLEIL, DES ÉTOILES ET DES NÉBULEUSES. (Proceedings of the Royal Society, tome XVII, n° 115.) L’un de nous a démontré ailleurs que les vapeurs de ma- gnésium, de fer, etc., sont injectées de temps à autre dans la chromosphère solaire, et deviennent alors visibles au moyen des brillantes lignes spectrales qu’elles fournissent ?. Il a été aussi démontré que ces vapeurs n’atteignent, pour la plupart, qu’une température très-basse dans la chromosphère, et qu’en de rares occasions on observe de la vapeur de magné- sium sous la forme d’un nuage séparé de la photosphère. Il a été constaté par les mêmes observateurs. en mars 1869, que les lignes spectrales n'alteignent pas toutes la même élévation. C’est ainsi que parmi les lignes b, par exemple, bt et b? sont à peu près d’égale longueur, tandis que b{ est beaucoup plus courte. Dès lors, on a découvert que sur les 450 lignes du fer observées par Angstrôm, il n’y en a qu’un très-petit nombre qui deviennent visibles dans le spectre de la chromosphère lorsqu'il s’y injecte de la vapeur de fer. Les résultats des expériences de MM. Franckland et Loc- kyer sur l’hydrogène et l'azote leur ont permis de lier ces phénomènes entre eux, en admettant toujours, conformé- ment à leur hypothèse, que de beaucoup la plus grande partie de l'absorption à laquelle sont dues les lignes de Fraunhofer, se passe dans la photosphère même. On n’a, en effet, qu’à admettre que, de même que dans le cas de l'hy- * Voyez Proceedings of the Royal Society, vol. XVII, p. 351. 390 BULLETIN SCIENTIFIQUE. drogène et de l'azote, le spectre devient d'autant plus simple que la température et la densité sont moindres, pour expli- quer la diminution dans le nombre de lignes visibles dans les régions où, suivant ta théorie, la pression et la tempéra- ture des vapeurs absorbantes du soleil sont à leur minimum. Pour vérifier cette hypothèse, les auteurs ont soumis à l’é- preuve l’étincelle passant dans l’air entre deux pôles de ma- gnésium, séparés de telle sorte que le spectre magnésien ne s’étendait pas d’un pôle à l’autre, mais n’était visible au- tour des deux pôles qu’à une petite distance de chacun d’eux, indiquée par l’atmosphère de vapeur du magnésium. Dans ces circonstances. et en observant avec soin les lignes b au moment où elles disparaissaient, on a pu constater que ces lignes se comportaient exactement de la méme manière que sur le soleil. Des trois lignes b, la plus réfrangible était la plus courte, mais il s’en est trouvé de plus courtes encore qui n’avaient pas encore été remarquées dans le spectre de la chromosphère. Cette expérience préliminaire parait de nature à justifier l'hypothèse de MM. Frankland et Lockver, et partant, la théorie sur laquelle elle est fondée ; savoir. que la plus grande partie de l’absorption a lieu dans la photosphère, et que celle-ci, avec la chromosphère, constitue la véritable atmosphère solaire. Les auteurs font remarquer, que si, à la place de l’air, l'expérience ci-dessus avait été faite dans l’hy- drogène, les phénomènes indiqués par le télescope auraient été reproduits d’une façon presque identique. En effet, cha- que augmentation dans la température de létincelle a eu pour effet d’éloigner des pôles la vapeur de magnésium, et là où les lignes disparaissaient, on a remarqué une bande qui les surmontait, bande qui a peut-être quelque rapport avec celle qu’on observe de temps à autre dans le spectre de la chromosphère, lorsque les lignes magnésiennes ne sont pas visibles. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 391 ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. Félix PLATEAU. RECHERCHES SUR LES CRUSTACÉS D'EAU DOUCE DE BeLGique. (2"° et 3° parties !. Extrait par l’auteur ) En présence des travaux importants pubiiés dans ces der- nières années sur les animaux qui ont fait l’objet de mes recherches, il ne me restait, pour faire du neuf dans l’histoire des crustacés d’eau douce qu’à glaner les détails négligés par les carcinologistes. Genre Daphnia. N m'a paru utile d'étudier complétement le squelette cutané des Daphnies ; jai cherché à y appliquer les méthodes d’analvyse de MM. Milne Edwards, Spence Bate, etc. et à le comparer, autant que possible, à l'enveloppe cutanée des décapodes. ; Le corps comprend trois parties, la tête, le thorax, l’ab- domen. L’ensemble des valves et du test qui recouvre la tète apparente, répond à la carapace ou à l'arceau scapulaire des crustacés supérieurs; la région cardiale y est représentée par la pièce triangulaire qui recouvre le cœur: la région branchiale, par les valves. La tête a subi une courbure notable qui éloigne certaines parties et en rapproche d’autres. L’arceau céphalique nous présente la région médiane (stomacale de Desmarest) recou- vrant la portion antérieure du tube digestif. On constate l'existence de régions latérales. Les régions faciales sont : la région frontale au milieu, très-réduite et recouvrant l’organe visuel (elle n’est déve- loppée en rostre que chez la D. mucronata), les régions or- bitaires de chaque côlé. On peut compter comme somites céphaliques : Le premier somile caractérisé par les yeux, le second par les antennules (rames), le troisième par les antennes (petites antennes Voir pour le résumé de la première partie, Archives, juin 1869, tome XXXV, p. 154. 352 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Straus). Son bord postérieur porte le labre. Le quatrième S0- mite est désigné pour les protognathes (mandibules) ; il porte la lèvre inférieure ; ses épimères hypertrophiées constituent les valves, comme MM. Milne Edwards et Sars l’ont montré. Le thorax renfermé comme une grande partie de labdo- men, entre les valves, comprend six somites, c’est-à-dire : un cinquième somite portant les deutognathes (mâchoires), un sixième portant les trilognathes (première paire de pattes des auteurs) et terminant le Pereon antérieur. Le Pereon postérieur est formé de quatre somites portant chacun une paire de péréiopodes. raté L’abdomen compte six somites, savoir : les onzième, douzième et treizième. Le quatorzième muni des mamelons qui ferment la matrice, le quinzième portant les soies cau- dales, le seizième ou dernier qui n’est autre chose qu’un vé- ritable telson. On ne possédait guère, jusqu'à présent, de données exactes sur la mue des Cladocères !. J’ai pu observer directement ce phénomène chez la D. mucronata femelle. Une longue fente transversale se produit suivant le sillon branchio-cardiaque qui sépare les valves de la tête, et le bouclier scapulaire se ‘fend le long de la ligne médiane (arête dorsale des valves); la tête s’abaisse en avant et une nouvelle extrémité cépha- lique se fait jour du côté du dos par la fente transversale. La Daphnie se secoue rapidement, les antennules sortent des anciennes comme de véritables étuis; puis l'animal fai- sant quelques derniers efforts, se dégage finalement de la vieille peau par l’ouverture longitudinale de l’arète des val- ves. Le phénomène est excessivement rapide, toute la mue ne dure que deux secondes. 1 Les phénomènes de mue chez les Cladocères ont été au contraire fort bien étudiés par divers auteurs et récemment encore par M. Mül- ler de Copenhague. L'importance de ces phénomènes pour la com- préhension des enveloppes des œufs hibernants, soit éphippiaux, a nécessité depuis longtemps leur étude approfondie. (Red.) ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 393 L'appareil circulatoire offre quelques particularités curieu- ses, ainsi, le sinus veineux qui entoure le cœur est loin, comme on l’a cru, d’être toujours circulaire ?. Chezla D. Pulex, vue par la face dorsale, il est polygonal à sept côtés; à chaque systole, ces sept faces deviennent fortement concaves, à cha- que diastole elles repassent à l’état rectiligne. Copépodes. Voici ce que j'ai observé quant au dermato- squelette : M. Leydig avait avancé que la cuticule (épiderme) ne renferme aucun dépôt calcaire, je crois l'avoir démontré chimiquement. Les canaux qui traversent la cuticule des arthropodes ne sont guère visibles ici qu’au bord postérieur de certains anneaux thoraciques. La matière qui colore la peau réside dans la membrane molle non chitinisée (corium). Elle est de nature graisseuse; l'animal vit peut-être à ses dépens dans les moments d’absti- nence forcée, car, suivant les expériences que j’ai répétées après M. Zenker, elle disparaît lorsqu'on le fait jeûner. La substance colorante bleue ou verte ne change pas par l’action des bases: elle devient rougeätre par l’action des acides ; dans ce deruier cas, les bases ne la ramènent pas à sa couleur primitive. Les copépodes doivent souvent d’autres couleurs au séjour dans des eaux naturellement colorées. A l'exemple de ce que B. Prévost aurait fait pour d’autres animaux, j’ai mis des cyclopides dans de l’eau rougie à l’aide de carmin; au bout de six jours ils étaient roses. La matière colorante se rencon- trait alors dans le tube digestif, l'enveloppe des poches ovi- fères des femelles et l’intérieur du corps des infusoires para- sites. Toutes ces observations prouvent que, dans ce groupe ! L'auteur pense que M. Leydig n’a remarqué la forme de ce sinus que chez une seule espèce, la Dephnia macrocopus, où il le représente comme circulaire, Mais ce w’est point exact. M. Leydig le décrit en- core chez d’autres espèces, comme chez la D. Sima, où il le repré - sente déjà comme polygonal. (Red.) ARCHIVES, t. XXXVIL — Avril 4870. 25 394 BULLETIN SCIENTIFIQUE. de crustacés, la couleur ne peut jamais, malgré l'opinion contraire de Müller, être considérée comme caractère spé- cifique. Le dermato-squelette des genres Cyclopsine, Canthocamptus et Cyclops, soumis à la même analyse que celui des Daphnies, montre six somites Céphaliques dont les pièces tergales se soudent pour former un bouclier, quatre somites thoraciques, six somites abdominaux, telson compris. Les organes appen- diculaires sont: une paire d’antennules, une paire d’an- tennes, une paire de protognathes, trois paires de pattes mâchoires, quatre paires de pattes thoraciques ou péréio- podes, comprenant chacune un endopode et un exopode; enfin une paire d’uropodes. Le système musculaire méritait un examen attentif. Histolo- giquement, les muscles sont semblables à ceux décrits par M. Leydig chez les Branchipes, c’est-à-dire qu'ils sont con- stitués par une enveloppe transparente et un sarcode con- tractile composé d’éléments cunéiformes enchàssés les uns entre les autres. Je ne reproduirai pas ici la description de la musculature du corps ; je signalerai une seule particularité : Dans les antennes, les péréiopodes et les uropodes, si lon voit, pour chaque article mobile, un muscle fléchisseur, on trouve loujours, comme antagoniste, un gros cylindre trans- parent élastique, sans aucune strie et offrant, çà et là, quel- ques noyaux brillants. C’est peut-être le prolongement très- long du sarcolemme d’un muscle fort court. Quoiqu’on en ait dit, la Cyclopsine castor nage toujours Île ventre en bas; le Canthocamptus staphylinus nage avec la queue dans le prolongement du corps; ilne la redresse qu’en mourant. La natation s'effectue à l’aide des antennules seules, etles péréiopodes permettent simplement à l’animal de sta- tionner au sein du liquide. Les copépodes ont un poids spé- cifique supérieur à celui de l’eau pure; récemment tués, ils tombent au fond du liquide avec une vitesse de cinq milli- mètres par seconde. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 399 Un ganglion optique, pour chaque œil, est le seul détail nouveau que j'aie relevé dans le système nerveux f. Jai réobservé le sommeil curieux des cyclopides décrit par M. Zenker. Soumis aux décharges électriques d’une bou- teille de Leyde d’un litre de capacité, ces petits animaux tombent au fond de l’eau comme foudroyés ; mais, chose curieuse, une heure leur suffit pour sortir de cet engourdis- sement apparent et pour nager de nouveau avec vivacité. Dans l’appareil digestif, j'ai remarqué, à la face interne de la première partie de l’intestin, une couche de cellules épi- théliales énormes, transparentes et portant peut-être des cils vibratiles. J’ai été conduit à cette dernière supposition par les mouveinents caractéristiques de rotation qu’effec- tuaient des particules de substance alimentaire dans l'intestin d’une Cyclopsine castor. Si mon observation était confirmée, elle prouverait qu’il peut exister un épithélium vibratile dans le tube digestif des articulés ?. Une série d'expériences concernant l'influence de l’eau de mer sur les crustacés d’eau douce m'a permis de conclure que l'influence mortelle de l’eau de mer doit être attribuée aux chlorures de sodium et de magnésium en solution. On avait admis, jusque dans ces derniers temps, que le Cyclops quadricornis n’avait pas de cœur. Ce cœur existe cependant; il est piriforme, étranglé au milieu et présente en avant son extrémité la plus large. En fait d’ouvertures, je n’ai pu distinguer qu’une fente veineuse à la partie anté- rieure et supérieure. Tandis que le cœur de la Cyclopsine castor est situé sous le premier anneau thoracique, ceiui du Cyclops quadricornis se trouve au contraire vers l’extré- , * M. Claus conteste entièrement la structure ganglionnaire à ce nerf, bien que M. Leydig en ait déjà fait une dépendance du système nerveux central. (Heéd.) ? Jl est bien entendu que je veux soulever en rien la question con- troversée de savoir si les rotaleurs sont oui ou non des articulés, 356 BULLETIN SCIENTIFIQUE. mité du sixième somite céphalique. Il ne bat que fort lente- ment . L J'ai laissé entièrement de côté les organes reproducteurs mternes pour ne m'occuper que des ouvertures génitales moins connues : chez le €. quadricornis, l’orifice génital femelle est percé, sur la ligne médiane ventrale, dans le sillon qui sépare le dernier somile thoracique du premier abdominal. Le dernier somite thoracique forme la lèvre supérieure, mue par deux muscles spéciaux. La lèvre inférieure appartient à Panneau suivant. L'étude du mode de formation des poches ovifères m'a permis de conclure que l’organe sécréloire allongé logé dans les premiers et deuxième anneaux abdo- minaux et aboutissant à la vulve, n’est pas destiné à la sécré- tion des sacs, mais est un réceptacle du sperme ?. Le véritable organe sécréteur des poches ovifères se com- pose de deux cœcum glandulaires courbes, situés sous la peau du premier somite abdominal. Très-peu visibles d’abord, ces glandes acquièrent, petit à petit, des contours plus nets. ‘ Si cette découverte est bien positive, elle a lieu de fortement sur- prendre. En effet, on ne connaissait jusqu'ici l'existence d’un cœur chez aucun membre de la nombreuse famille des Cyclopides, pas plus que de celle des Harpactides ou des Corycéides. Au contraire, cet organe est présent, non-seulement chez les Cyclopsines, mais encore chez tous les autres membres de la famille des Calanides et de celle des Pontellides. Mais il ne faut pas oublier que chez les Cyclopides le mouvement du sang est entretenu par les contractions lentes et rhyth- miques de l'estomac, qui ont déjà trompé plusieurs auteurs et les ont amenés à croire à l’existence d’un cœur. La lenteur des pulsa- tions du cœur découvert par M. Plateau pourrait faire craindre le re- nouvellement de cette méprise. (Red.) 2 Nous avons de la peine à admettre l'exactitude de cette descrip- tion de M. Plateau. Il est certain qu’il existe dans la règle chez les Cyclopides, comme chez les Cladocères, deux vulves et non point une seule comme le voudrait M. Plateau, qui prend pour la vulve l’ouver- ture du réceptacle glanduleux de la semence. Cette duplicité de la vulve correspond d’ailleurs à la duplicité de l'ouverture génitale chez les mâles, contestée, il est vrai, mais à tort, par M. Plateau. (Réd.) ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 397 Quand la femelle est fécondée, le réceptacle du sperme, énormément gonflé, remonte entièrement dans le premier anneau de l’abdomen qu'il remplit; il refoule, en même temps vers le haut les glandes dont nous avons parlé : celles-ci ont au moins centuplé de volume et s’étendent latéralement Jusqu’aux épimères. On constate, de chaque côté, une ouver- ture connue depuis longtemps entre l’épimère et la pièce épisternale correspondante; chacune de ces ouvertures porte une poche ovifère. Les glandes peuvent sécréter les deux poches en moins de 10 heures. Dans les genres Cyclopsine et Canthocamptus, l'ouverture femelle est placée sur la limite entre les deux premiers an- neaux abdominaux. Le réservoir des cyclops et les deux glandes existent, mais ici les orifices de ces dernières abou- tissent à la vulve qui, elle, porte directement le sac ovifère unique. Les poches ovifères sont sécrélées par couches situées l’une dans l’autre ; le fond n’a qu'une couche. Chez le Cyclops quadricornis mâle, il n’existe pas, comme on l’a cru, deux ouvertures génitales aux angles du dernier somite thoracique, bien qu’il y ait là deux organes produi- sant les spermalophores; mais on trouve un orifice unique en forme de fente au bord postérieur du premier somite abdominal. P.-E. Müzuer.— Les CLapocÈees pu DaNEmaRK (Danmarks Cla- docera. Kjübenhavn, 1867. 4 vol. 8° avec planches. Extrait du Naturhistorisk Tidsskrift). — Le MÊME. CoNrRiIBUTION A L’HISTOIRE DE LA REPRODUCTION DES CLADOCÈRES. (Bidrag til Cladocerernes Forplantningshistorie. Kjübenhavn, 1868. 1 vol. 8° et pl. Extrait du même recueil.) Les recherches de M. Müller ‘ sur les Cladocéres font une * Bien qu’une partie de ces recherches ne soient pas très-récentes, 358 BULLETIN SCIENTIFIQUE. brillante suite aux belles recherches de MM. Lilljeborg, Leydig et G. Ossian Sars. Ne pouvant les analyser dans toute leur étendue, nous nous contenterons de relever les points les plus nouveaux de ce qui concerne l’anatomie et le dévelop- pement. On sait que la cuticule des Cladocères présente une appa- rence réticulée, mais cette règle présente des exceptions, moins nombreuses pourtant qu’on ne l’a cru jusqu'ici. La réliculation peut se présenter comme une sculpture superfi- cielle : elle est alors formée par des crêtes saillantes, enser- rant des aires plus ou moins régulièrement hexagonales. Ce relief correspond à la forme des cellules sous-jacentes de l’hypoderme. Chaque crête paraît donc répondre à la limite de deux cellules juxtaposées. Mais en outre de cette sculp- ture bien connue, M. Müller distingue une autre réticulation chez des espèces dont la cuticule ne présente aucune ligne saillante. Ainsi chez certaines formes des genres Holopedium, Eurycercus, Leptodora;'etc.,une simple macération de la cu- ticule dans l’eau suffit pour amener la désagrégation en pla- ques hexagonales à contours très-nets. Ce fait est en contra- diction avec l’opimon très-généralement répandue de homo- généilé complète des formations cuticulaires. M. Leydig indique comme siége du pigment de la peau le tissu connectif interstitiel placé sous la couche cellulaire de Fhypoderme, et M. Hæckel est arrivé à des résultats semblables chez les Crustacés supérieurs. Mais, chez les Cladocères. le pigment peut se développer dans la couche de cellules même. C’est du moins ce qui arrive pour le genre Latona, où il n°v a pas de méprise possible, chaque cellule présentant une nuance particulière, distincte de celle des cellules voisines. M. Leydig a décrit l’œil des Cladocères comme enfermé nous pensons bien faire d’en publier une brève analvse. En effet, ces travaux remarquables sont complétement passés sous silence par plu- sieurs des savants qui s'occupent aujourd’hui activement de l’anato- mie êt surtout de l’embryogénie des crustacés. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 399 dans une enveloppe transparente. Il a été contredit sur ce point par M. Claus, mais à tort selon M. Müller, qui voit les muscles des yeux s'attacher à cette capsule. Quant à l’or- gane interprété généralement comme un œil secondaire, M. Müller lui conserve le nom de tache cérébrale, afin de ne rien préjuger sur sa fonction. M. Levdig en fait, il est vrai, un organe visuel, parce qu'il a trouvé des corps lenticulaires enveloppés dans son pigment. Toutefois M. Müller objecte d’abord que cet organe n'a aucune connexion avec le gan- glion ophthalmique; puis que le prétendu cristallin peut exister, mais le pigment manquer, comme chez certaines Daphnies. L’observateur danois a fait du reste une remarque curieuse sur la liaison qui semble exister entre le développe- ment de cet organe et le genre de vie de l’animal. La tache cérébrale est en effet développée surtout chez les formes qui habitent les eaux très-profondes ou près du fond. Elle est aussi grande, et même plus grande que lœil chez les Lyncéides; une espèce de cette famille (Monospilus dispar) est même entièrement dépourvue d'œil, mais munie d’une tache cérébrale très-grande. Elle vit au fond de l’eau, se frayant sa route dans la vase. L’Alona sanguinea a une tache cérébrale plus grande que l'œil proprement dit, et elle vit tout près du sol, à 8 brasses de profondeur ; d’autres espèces du même genre présentent une disposition semblable et vivent dans la vase des lacs et des étangs. Parmi les Daphnides aucune espèce ne présente de tache cérébrale aussi grande que l’Aiocryptus sordidus ; mais c’est aussi de toute la famille la forme la plus absolument liée aux régions profondes. Parmi les Sidinides, il n’y a point d'espèces aussi directement liées à la profondeur que la Latona setifera, et elle présente aussi la plus grande {ache cérébrale. D’autre part cet organe fait défaut aux espèces du genre Bosmina qui, par leur orga- nisalion, sont incapables de se mouvoir au milieu d’objets solides. Il en est de même de la plupart des formes de pleine eau qui vivent dans les grands réservoirs près de la surface : 360 BULLETIN SCIENTIFIQUE. tantôt l'organe manque (Polyphémides, Daphnelles), tantôt il est extrêmement peu développé. On trouve, il est vrai, quel- ques rares exceptions à cette règle, comme l'existence d’une tache cérébrale bien développée chez l’Holopedium gibberum, qui est pourtant une forme de pleine eau. Mais M. Müller pense pouvoir conclure précisément du développement de cel organe; que cette espèce doit vivre à certains moments près du fond. Relativement aux organes générateurs des Cladocères, il y a certaines divergences entre les auteurs. Chez les femelles M. Lilljeborg a décrit les vagins, et M. Schædler les vagins et les vulves. Toutefois M. Leydig n’admet pas le bien-fondé de ces descriptions, et M. Müller lui donne en partie raison sur ce point. Mais d’autre part, ce savant pense que M. Leydig va trop loin lorsqu'il dénie aux femelles les organes copulateurs. C'est un fait constant que l'apparition simultanée des mâles et des œufs hibernants, et il est impossible de ne pas recon- naître une liaison entre ces deux phénomènes. On peut bien rencontrer de temps à autre, pendant le cours de l'été, les mâles de certaines espèces, mais leur présence est toujours quelque chose d’extrêmement exceptionnel au milieu des myriades de femelles. Dans larrière-saison au coutraire, lorsque les femelles produisent des œufs hibernants, les mâles sont au contraire communs: chez certaines espèces aussi communs que les femelles. IL est vraisemblable que, seules, les générations de l’arrière-saison sont fécondées, et par conséquent, si l’on doit trouver des organes de copulation femelles, c’est dans ces générations-là. M. Müller a pu s’assu- rer chez le genre Bythotrephes que les œufs hibernants sont fécondés. Il a trouvé dans l'utérus de ces Cladocères un œuf qui venait seulement d’y arriver (à en juger par le peu d’épaisseur de son enveloppe) et qui avait sur l’un des pôles une cellule spermatique. Chez cette forme il a réussi à recon- naître avec certitude les vagins et les vulves de la généra- tion munie d'œufs hibernants. Pour chaque ovaire il existe ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 301 un vagin membraneux, dont la position et l'apparence rap- pellent le vaisseau déférent du mâle et qui s'ouvre à l’exté- rieur par une large ouverture, derrière le pied de la dernière paire, au point, par conséquent, où se trouve le pénis chez le mâle. Dès lors la duplicité du pénis chez toutes les formes munies d'organes copulateurs, est plus compréhensible que si l’on fait déverser directement la semence dans l'utérus im- pair. Le parcours des vagins chez les Bythotrephes concorde tout à fait avec celui que M. Schœædler a décrit chez les Acan- thocercus et M. Müller admet par suite que cette partie de la description de M. Schædler est exacte, mais il suppose que les vulves sont placées derrière la dernière paire de pieds et non au lieu indiqué par ce savant. Nous laissons de côté les différences de structure assez remarquables constatées par M. Müller dans la structure des organes mâles des différentes familles, pour consacrer quel- que attention à la genèse el au développement de l'œuf. Chez la plupart des Cladocères la genèse de l'œuf dans l’o- vaire a lieu de la manière suivante: chez les toutes jeunes femelles, on trouve dans l'ovaire membraneux, immédiate- ment auprès de l’ouverture interne de l’oviducte, un amas de petites vésicules à paroi épaisse, munies de noyaux et sépa- rées les unes des autres par une substance intermédiaire transparente. Bientôt cette substance se divise pour se con- centrer autour d’une partie de ces vésicules. Les cellules ainsi formées, cellules dans lesquelles les vésicules primitives représentent les nucléus, se groupent quatre à quatre. Parfois le plasma s’isole d’abord autour de quatre vésicules à la fois, et plus tard seulement autour de chacune d’elles. Ces phéno- mènes se passent tantôt dans la partie de l’amas de vésicules la plus rapprochée de l’oviducte (Sidinides), tantôt dans la partie opposée, tournée vers l’extrémité aveugle de l'ovaire (peut-être chez tous les autres Cladocères). Les amas de cel- lules croissent et, dans certains cas (Holopedium), chaque groupe de quatre cellules s’entoure d’une membrane com- 362 BULLETIN SCIENTIFIQUE. mune. L'une des deux cellules médianes de chaque groupe, dans la règle celle qui est la plus éloignée de l’amas primitif - de vésicules, présente bientôt une différenciation résultant de la formation de petits granules vitellins périphériques. En même temps il se forme dans cètte même cellule une grosse goutte d'huile orangée, au moins dans l'œuf d'été, car cette goutte manque dans l'œuf hibernant. La cellule ainsi distinguée augmente de volume, tandis que les autres s'arrêtent dans leur développement. Lorsque les granules vitellins ont rempli toute la cellule principale, son noyau (la vesicule germinative), jusqu'alors central, se dirige vers la périphérie et se soustrait aux regards. En même temps les trois autres cellules diminuent de volume et finissent par être complétement résorbées. La cellule accrue et trans- formée, mais désormais unique, est l'œuf du Cladocère. Il est pondu dans lPutérus sans être enveloppé d’aucune membrane. Chez quelques formes (Polyphémides, Moina), l’œuf d'été paraît se former d’une manière un peu différente, vraisem- blablement aux dépens d’une seule cellule. La différence entre l’œuf d'été et l’œuf hibernant dans les ovaires, parait consister d'ordinaire seulement dans la composition du vi- tellus de nutrition, dans son volume et quelquefois aussi dans sa membrane protectrice. Dans certains cas (Polyphé- mide, Moina), les œufs d’été manquent entièrement de vi- tellus de nutrition. M. Müller à suivi également le développement de l'œuf dans l'utérus. [Il a vu l’œuf après la ponte s’entourer d'une membrane qui paraît être le produit de la couche périphé- rique de son plasma. Les œufs hibernants sont en outre protégés d’une manière particulière, tantôt par la carapace de la mère (Daphnides), tantôt par un chorion sécrété sans doute par les glandes de la paroi utérine (Polyphémides). Dans un cas même (Leptodora), l'œuf hibernant s’entoure d’un chorion déjà dans l'ovaire. ZOOLOGIE, ANATOMÏE ET PALÉONTOLOGIE. 303 La suite du développement de l'œuf d’été dans l'utérus peut se résumer, d’après des observations faites sur les Lep- todora, de la manière suivante. Le blastoderme apparaît sur toute la surface de l'œuf, mais, sur l’un des hémisphères, les cellules qui le constituent restent minces et perdent leur noyau. Sur l’autre, un peu plus petit, les cellules s’allongent vers le centre, deviennent cylindriques et conservent leur noyau. C’est l'aire embryonnaire. En même temps le vitellus de nutrition se réunit en grosses gouttes huileuses qui pren- nent plus tard, par la pression réciproque, une apparence cellulaire. Bientôt on voil apparaître sur toute la surface de l’aire em- bryonnaire de légers sillons qui sont les contours des an- tennes, des rames, du labre, des mandibules et des six paires de pieds. Tous les organes appendiculaires apparaissent donc dès le principe sur de très-grandes dimensions. Les rames embrassent tous les autres organes sus-nommés. Dans cette phase l’anus est formé par un léger enfoncement, et la bouche avec une partie de l’œsophage apparaissant comme un mince canal dans la masse embryonnaire. L'auteur n’a pu trouver aucune trace de bourrelets ventraux. Plus tard la forme d’œuf disparait, la région céphalique faisant fortement saillie. L’embryon, dans cette phase, est entouré d'une mem- brane fœtale qui est peut-être différente de la membrane vi- telline d'autrefois. Les éléments du vitellus de nutrition pren- nent une disposition radiaire dans la région thoracique sans qu’il se forme de sac vitellin; dans une phase subséquente les rames se détachent de la surface de l’embrvyon; la tête s’étrangle plus nettement: l’abdomen commence à former une proéminence conique dans la région postérieure. De légères traces d’articulation se montrent à l'abdomen et dans la région mandibulaire. À ce moment apparaît le premier rudiment du système nerveux céphalique. Le soulèvement des rames laisse apercevoir un petit amas de nucléus dans un plasma homogène. C’est le premier indice de l'ovaire. 304 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Le bouclier céphalique apparaît comme un épaississement de la peau de la nuque, le bouclier thoracique comme une du- plicature verruciforme de la peau du segment mandibulaire. Tous les organes ainsi indiqués subissent un accroissement notable jusqu’à l’époque où le jeune individu quitte l'utérus. Nous laisserons de côté lout ce qui concerne le développe- ment post-embryonnaire. La comparaison de l’ovologie des Cladocères avec celle d’autres animaux, principalement des insectes, fournit à M. Müller des résultats importants. Les recherches de MM. Ganin, Leuckart et Mecznikow sur les pseudova des Cécidomyes vivipares, fournissent des résultats à peu près identiques avec ceux que l'étude de l'ovaire du genre Holo- pedium, par exemple, a révélés à M. Müller. Dans les deux cas, l’ovaire se montre d’abord immédiatement sous la peau de l’abdomen, saus la forme d’un sac membraneux, renfer- mant un petit nombre de vésicules nucléées qui nagent dans un plasma homogène. Plus tard, le sac s’allonge dans l’inté- rieur de la cavité du corps, tandis que le nombre des vési- cules augmente. Ce nombre une fois devenu très-considé- rable, on voit se manifester dans le plasma des divisions dont le résultat est la formation de groupes de vésicules entourés d’une certaine quantité de plasma. Dans chacun de ces grou- pes se scinde plus tard une masse vitelline autour d’une seule des vésicules. À mesure que le vitellus s'accroît, le plasma qui entourait les autres vésicules disparait; ces dernières s’atrophient du reste complétement ; le vitellus occupe l’es- pace rempli précédemment par l’amas de cellules, et la vési- cule autour de laquelle il s'est formé lui-même, disparait éga- lement. Il y a bien entre le cas des Cécidomyes et celui des Cladocères une certaine dissemblance dont il ne faut pourtant pas s’exagérer la portée. Chez les larves de Cécidomyes, le plasma ne s'isole pas nettement autour de chacune des vési- cules nucléaires, comme cela a lieu chez les Cladocères. En outre, la membrane de l’ovaire persiste chez les Cladocères, ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 369 tandis que, chez les larves de Cécidomyes, elle disparait sou- vent, lorsque la division de son contenu en plusieurs masses a eu lieu. Mais les ovaires des insectes parfaits présentent, dans une foule de cas, une ressemblance complète avec ceux de cer- tains Cladocères. Compare-t-on, par exemple, l'ovaire de la Leptodora hyalina avec celui de la mouche domestique, on trouve que dans les deux cas ces organes s’étranglent autour de groupes de cellules, toutes semblables entre elles, et prennent par suite l’apparence d’un chapelet. Une disposition toute semblable à celle de l'ovaire des mouches, bien qu'éton- namment variée dans le détail, se retrouve, comme chacun sait. chez une grande quantité d'insectes et peut-être chez quel- ques myriapodes. Chez ces articulés, on voit pour chaque cellule ovarique qui se développe, un certain nombre d’autres cellules disparaître, cellules qui tantôt, comme chez la mouche, sont enfermées dans la même chambre que l’evule, tantôt sont renfermées dans un espace à part, distinct pour chaque ovule ou commun pour tous. L’ovule des Cladocères trouve évidemment sa place dans cette série et les trois cellules qui s’atrophient pendant la genèse de l'œuf, ainsi que nous l'avons vu plus haut, sont évidemment de même ordre que les cellules vitellogènes (Dotterbildungszellen des Allemands) qui, chez les insectes, contribuent à la formation de l'œuf. Ces dernières sont accumulées, chez les insectes, en général à l’un des pôles de l’œuf, tandis que chez les Cladocères elles sont placées à chaque pôle. Mais cette différence n’a pas d’impor- tance, puisque, selon M. Stein, les Carabes présentent à ce point de vue une disposition tout à fait semblable à celle des Cladocères. Les cellules vitellogènes subsistent souvent après leur résorption, à l’état de faibles vestiges qu’on a comparés à un corpus luteum. Chez les Cladocères, M. Müller n’a rien observé de semblable, mais il a vu toujours les trois cellules être absorbées complétement par l'œuf. L’œuf des Cladocères peut donc être d’une part rapproché Es 306 BULLETIN SCIENTIFIQUE. des pseudova des larves de Cécidomyes, d’autre part, malgré une plus grande simplicilé dans la genèse, des œufs propre- ment dits d'une foule d'insectes. Ils forment donc une sorte de chainon intermédiaire entre ces deux formes de corps re- producteurs. M. Leuckart avait d’ailleurs déjà exprimé l’opi- nion que les pseudova des larves vivipares de diptères, sont produits de la même manière que les œufs de l'insecte par- fait. Dans son travail sur le développement des organes géni- taux des Lépidoptères, M. Hermann Meyer a exprimé l’opinion que les corps, interprétés par M. Stein et ses successeurs comme des cellules vitellogènes, sont des germes d'œufs tout aussi bien que l'ovule proprement dit; seulement ces ger- mes avorteraient, tandis que l’ovule subirait son développe- ment ultérieur. M. Stein ne parait pas avoir cherché à établir une homologie entre ces deux sortes d'éléments. M. Lubbock et M. Huxley ont bien concédé une grande ressemblance entre eux dans plusieurs cas, et MM. Claus, Weismann et Mecznikow ont démontré la similitude de leur genèse, mais l'opinion de M. Meyer a été néanmoins combattue par MM. Lubbock, Huxley et Weismann, et M. Bessels l’a dé- clarée catégoriquement une erreur. En revanche tous ces auteurs s’accordentsur les fonctions des cellules vitellogènes, fonctions exprimées par le nom même. Jusqu'à M. Müller, l'opinion de M. Meyer n'avait trouvé de défenseur posilif que dans M. Leydig. L'étude des Cladocères semble parler aussi très-fortement en sa faveur. Elle montre une identité com- plète entre les cellules vitellogènes et les ovules, à partir du moment où tous ensemble forment un amas de vésicules parfaitement semblables dans un plasma transparent, jusqu’au moment où la formation du vitellus commence dans l’une des quatre cellules entièrement développées. Puis, il ne faut pas oublier que ce n’est pas constamment la même parmi ces quatre cellules qui se développe en œuf. On pourrait, il est vrai, uliliser contre celte manière de voir, la circonstance ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALEONTOLOGIE. 307 que le plasma ovarique se scinde parfois autour des quatre _vésicules en une masse unique, avant la formalion des cellules isolées autour de chaque vésicule, de telle sorte qu'on a sous les veux une sorte d’œuf pourvu de quatre vésicules germi- natives. On pourrait en conclure que ces quatre cellules sont plus intimement liées entre elles que quatre germes d’ovules. Cependant il n’est pas possible d'accorder trop d'importance à ce fait, quand on voit, surtout chez les Daphnies, un bien plus grand nombre de vésicules avec le plasma ambiant, se détacher par étranglement du reste de la masse. Get amas est destiné à fournir par division subséquente, les œufs de toute une ponte. Une objection plus sérieuse contre l’opinion de M. Meyer pourrait être tirée de ce fait, que chez certains Cladocères il se forme, sans doute aux dépens du proto- plasma, une membrane d’enveloppe, commune pour l’ovule et ses cellules vitellogènes. Cette membrane ne se forme que dans les ovaires assez larges pour que plusieurs groupes de cellules trouvent place les uns à côté des autres, comme dans le genre Holopedium et chez les larves de Cé:idomyes. Ce- pendantadmettre qu’une couche de plasma s’endurcitautour de quatre nucléus de cellules au lieu d’un seul, c'est se pro- noncer pour un phénomène moins étrange qu’un œuf com- posé de quatre cellules. M. Müller a vu l’ovaire, déjà chez l'embryon, sous la forme d’un petit amas de nucléus dans un plasma transparent. À sa première origine, cel organe, par sa place et son apparence, se montre être une cellule du blastoderme dont le nucléus s’est plusieurs fois divisé. La formation des œufs se réduit donc au fractionnement du nucléus et du plasma de celle cellule blastodermique primitive. M. Mecznikow a fait des observations très-semblables sur la première apparition de l'ovaire chez les Aphides et les larves de Cécidomyes. N’est-il pas frappant que ces différentes observations sur la formation de l'ovaire aux dépens de la métamorphose d’une cellule blastodermique, aient été faites chez des groupes d’a- 368 BULLETIN SCIENTIFIQUE. nimaux où la reproduction a lieu sans fécondation ? Mais cette particularité doit s’expliquer, sans doute, par la circon- stance que, chez ces êtres, l'ovaire se forme beaucoup plutôt que chez d’autres. Dans tous les cas, il résulte de ce qui pré- cède que la désignation de «glande sexuelle sécrétant des germes » ne convient point à l’ovaire des Cladocères. La paroi membraneuse de cet organe doit être considérée comme une enveloppe formée autour d’une masse plastique dérivée de Pœuf. L’ovaire semble n’avoir pour fonction que de laisser passer, par diffusion à travers ses parois mem- braneuses, les liquides nécessaires à la nutrition des élé- ments cellulaires renfermés dans l’intérieur. Aussi longtemps qu’a régné seule dans la science l'opinion de Ramdobr, de Liévin et d’autres, que les œufs d'été et les œufs hibernants, c’est-à-dire les œufs fécondés et les œufs non fécondés sont produits par les mêmes générations de Cladocères, on pou- vait rapprocher, avec MM. de Siebold et Leuckart, le mode de reproduction de ces Crustacés de celui des Psychides et des Coccides, c’est-à-dire en faire un cas de parthénogénèse. M. Lubbock constata le premier, d’une manière très:positive, que les mêmes individus produisent les deux espèces d'œufs. Mais il chercha, en outre, à montrer qu’il n’y a point de dif- férence essentielle entre ces deux sortes de corps reproduc- teurs. Il conclut bien que le mode de reproduction des Clado- cères est un cas de parthénogénèse, mais il croit néanmoins faire résulter de ses observalions qu'il n°y a pas de ligne de démarcation nelte entre les œufs et les bourgeons. Au con- traire, M. Leydig a cru trouver une différence profonde entre les œufs d’été et les œufs hibernants ; il considère les premiers comme des bourgeons internes et les seconds comme des œufs, de telle sorte que le mode de reproduction est pour lui un exemple de génération alternante. M. Müller montre aujourd'hui que les deux sortes d’œufs présentent une genèse semblable. Leur croissance dans les ovaires pré- seute aussi les mêmes phénomènes dans ses grands traits. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 369 La formation et la croissance du vitellus, la disparition de la vésicule germinative, la résorption des cellules vitellogènes, tous ces phénomènes ont lieu de la même manière dans les deux formes d’œufs. En revanche, dès le commencement de la formation du vitellus, il se manifeste dans la composition du vitellus de nutrition des différences constantes, selon que l’ovule doit devenir un œuf estival ou un œuf hibernant. Dans le premier cas, le vitellus renferme une goutte d’huile orangée, qui fait défaut dans le second, et le vitellus des œufs hibernants est souvent plus grand et plus sombre que celui des œufs estivaux. Mais il est clair que ces différences ne sont pas de nature à éloigner l’une des formes d’œufs plus que l’autre de la forme de l’ovule typique. Pour M. Müller, les Cladocères ont deux espèces d'œufs, destinés à se développer dans des circonstances différentes. Chacune de ces formes d’œufs a, pour ainsi dire, sa biologie particulière, ce qui entraine des exigences différentes quant à la nature du vitellus de nutrition et des membranes d’en- veloppe. Mais ces éléments n’ont qu’une importance secon- daire pour l’œuf et il n’est pas difficile de comprendre que, malgré les différences qu'ils présentent, les parties essen- tielles de l’œuf peuvent parcourir, dans les deux formes, la même série tvpique de phénomènes d'évolution. Cette ma- nière de voir n’explique point la signification de la féconda- tion pour les œufs hibernants et de l’absence de fécondation pour les œufs estivaux. Mais cela n’en diminue point la légitimité, eu égard à l’état incertain de la science actuelle, dans la question de fécondation. Le mode de reproduction des Cladocères a souvent été comparé à celui des Aphides, et non sans raison. Il résulte des recherches de MM. Leuckart et Huxley que la nature du blastogène et l’apparence des germes, chez ces insectes, sont, durant les premiers stades, parfaitement sembiables à lovaire et aux œufs des Cladocères. Les phénomènes qui sont com- muns au mode de propagation des Aphides et à celui ARCHIVES, t. XXXVIL — Avril 1870. 26 370 BULLETIN SCIENTIFIQUE. des Cladocères sont les suivants : Il existe dans les deux cas deux sortes de corps reproducteurs dont l’un est fécondé et l’autre pas ; ces corps ont une même genèse el les phases de leur développement sont semblables, mais il Y a une grande différence dans la marche de leur développement. différence préparée dans le corps reproducteur lui-même, longtemps avant qu'aucune fécondation soit possible, et qui apparaît, soit dans les éléments secondaires de l’œuf (vitellus de nutrition et membranes d'enveloppe), soit dans l’époque de l’évolution. En face d’une similitude si frappante, la cir- constance que les pseudova des Aphides se développent au sein de la mère et les œufs estivaux des Cladocères au de- hors, n’a qu’une importance fort secondaire. En revanche, il y a une différence entre les Aphides et les Cladocères, en ce sens que chez les premiers les deux espèces de corps reproducteurs sont engendrés par des générations différentes, tandis qu'ils sont produits par une seule et même génération chez les Cladocères comme chez les Coccides. Le mode de reproduction des pucerons semble donc appartenir à la génération alternante et celui des daphnoïdes à la parthénogenèse. Mais il ne s’agit point d’une parthénogenèse franche,témoin la présence de ces deux espè- ces de corps reproducteurs qui lient étroitement la reproduc- tion des Cladocères avec celle des Aphides. Les phénomènes reproducteurs présentés par ces petits crustacés oscillent donc entre la parthénogenèse et la métagenèse et montrent qu'il n’y a pas entre ces deux modes de génération une distinction aussi profonde qu'on est en général disposé à l’admettre. Bien que nous ne puissions pas entrer dans l'examen de la partie strictement zoologique des travaux de M. Müller, nous dirons cependant quelques mots de la liaison remarquable que ce savant a constatée entre la forme des Cladocères et le genre de vie de ces crustacés. MM. Lilljeborg et G.-0. Sars ont déjà montré qu’il existe dans les lacs une série de Cla- docères de pleine eau, comparable à la faune pélagique de » ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALEONTOLOGIE. 371 la mer. Toutes ces formes ont quelque chose de commun. Elles sont toutes plus ou moins hyalines, et présentent cer- taines particularités d’organisation qui en font d’excellents nageurs, mais qui les mettent hors d'état de s'approcher des corps solides. Ces Cladocères de pleine eau ont tous une tendance à développer des organes servant de balancier pour maintenir l’équilibre, organes qui rappellent les singulières épines des larves de Décapodes brachyones. La case gélati- neuse, décrite par M. G.-0. Sars comme entourant le corps de l’Holopedium gibberum, rentre dans cette catégorie, bien que M. Sars lui ait accordé assez d'importance pour fonder sur elle une famille à part. Que les Cladocères de pleine eau soient incapables de se mouvoir au milieu d'objets solides, c’est ce qui résulte du faible développement du dernier seg- ment caudal. Cette région n’est plus, chez les Polyphémides, qu'un simple rudiment. Chez les Bosmina et les Daphnies de pleine eau, où la queue conserve sa forme typique, elle est ‘du moins faible et à peine chitinisée. Tout à l’opposé des formes de pleine eau, sveltes et trans- parentes comme du verre, les formes qui habitent près du fond ou du rivage, sont opaques, lourdes, dépourvues d’ap- pendices épineux et d’autres balanciers. L’organe le plus im- portant pour la locomotion sur le sol, c’est la queue, qui peut être organisée de deux manières différentes. Chez les Sidi- nides et les Daphnides, elle est moins fortement chitinisée. courte et mue par des muscles qui pénètrent à l’intérieur, aussi bien les extenseurs que les fléchisseurs. Chez les Lyn- céides, la disposition est tout autre : immédiatement en avant des soies caudales, se trouve une crête chitineuse dure qui limite le dernier segment caudal, et qui sert de point d’attache à tous les extenseurs. La queue joue donc en quelque sorte le rôle d’un instrument auquel s'applique la force motrice, plutôt que celui d’un organe proprement dit, puisqu'elle ne renferme aucun muscle (sauf pourtant un ou deux faibles fléchisseurs qui y pénètrent). Cette disposition, unie à la lour- 12 BULLETIN SCIENTIFIQUE. deur de la forme et à la dureté de l’enveloppe chitineuse, donne à la locomotion des Lyncéides, à l’aide de la queue, une rapidité et une force extraordinaire. Ces Cladocères se servent de leur queue, tantôt comme d’un ressort pour le saut (Camptocercus), tantôt comme d’un point d'appui pour se creuser un chemin dans la vase (Alona). Cette structure de la queue est si caractéristique des Lyncéides, qu’on est en droit de s’étonner en la voyant reparaître chez le mâle d’une espèce de pleine eau, la Bosmina diaphana ; mais ici elle pa- raîit devoir jouer un rôle dans l’accouplement. Il existe une série de formes appartenant à la famille des Daphnides, qui présentent la queue musculeuse caractéristi- que de cette famille, mais qui sont néanmoins capables de gouverner au milieu d'objets solides comme les Lyncéides. Ce sont les Cladocères pour lesquels M. Sars a formé la fa- mille des Lyncodaphnides. Comme chez tous les autres Cla- docères à queue semblablement conformée, cet organe n’est qu'un instrument de motion très-imparfait; toutefois ce dé- faut est suppléé par un développement extraordinaire de : l’une ou même de toutes les soies des rames antennaires. soies dont les cils sont transformés en épines chitineuses. — Entre les formes de pleine eau et les formes côtières il existe d’ailleurs certaines formes intermédiaires. E. C. 373 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES À L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE MoIs DE MARS 1870. Le 2, gelée blanche le matin, minimum + 2,0. 3, forte rosée le matin, et faible gelée blanche à 7 h.: à 71/9 h. du matin. il se forme un brouillard intense, qui dure jusqu'à 11 h. 4, neige sur les montagnes des environs. 6, 7 et 8, assez forte bise, qui tombe dans la soirée du 8. 10, belle couronne lunaire dans la soirée. 14, ila un peu neigé dans la nuit précédente, hauteur 5m: la bise se lève vers 40 h. du matin et souffle avec force jusqu'au lendemain à la même heure. 15, faible halo solaire dans la journée, et halo lunaire dans la soirée : à 40 h. belle couronne lunaire, 16, halo solaire de midi à 31/2 h., de midi 1/, à 4 h. il a été très-brillant : couronne lunaire dans la soirée. 19, forte bise depuis midi, surtout dans la nuit suivante, 21, gelée blanche le matin. 22, halo solaire de 10 1/, h. à 11 h. 27, gelée blanche le matin ; halo solaire à 10 1/4 h. La bise se lève dans la matinée, vers 10 h,, et elle souffle avec force jusqu'au { avril à la même heure, ARCHIVES, t. XXXVIL. — Avril 1870 27 374 Valeurs extrêmes de la pression aimosphérique. Le 1 à 10 h. à 8h. San 0 0: DFA RSR à 40 Dh. 28 à 40 h. MAXIMUM. mm MAUR rec 729,85 MatiNneraer red SP Be Dora k 725,89 MAUNERceRPAT CE 730,30 matin .. "4040784, 132,46 SDITA A selle 723,95 MATE eee rer E 726,93 r.yLer 84à 7 à 13 à 18 à 93 à 26 à 29 à MINIMUM. D D: :SONEÉES AE. 22 4 h. après midi.....… 4 h. après midi 6 h. matin 1 8! 4 h, après midi ..… 4 h. . b'tmatm sert après midi ...... | | | Il | | | es TG —18%} ee |rTe —|1% ce 106 —|6# 08 ST — | L'a 6L R = CN NOR EEO 00 re 8L |FI-—|g'e 8£ | T0 —|99 84 |G0 + |8'9 8z |0‘0 co 81 — — 81 |9'0 — |g8'c LT 0 | 6'e LANG One | JC 9L |6‘0 —- |g'e 62 || FF =7 | g'e &8 |1'0 Fo LL — _— FL | FO — {se LE TO Te 82 |0'0 g'e 64 ||0'0 g'e 08. |g0 — 3: OSMNG OR 7 9L — — SL |ls‘o + |r9 L |0'r + |c9 FL: |1S0 + |0'9 el |ro + 6e €L |r'o + ge *w9 0 = ‘a[PUIQU oo | UN = 1IVOT , Z nn * Ieuoyy np ‘duoy ‘PT 2 ou 911) “NN °N “HNN HN N “NN pe “ANN LE GINN 6 IN 2[qUIICA } 1 U °N G GINN G “INN ATAELIRA OFELIUA a[{UrIeA ? °N “It CICLARTEN Le, “HNN °N “HNN “NN “NN ‘OSS OQRIIA of[qerreA } °N C)CTAULEN NN = ee ni ‘queu —{uop IU9A ne DS ENOS OMR = NUEZ A ONU 096 169 =—=|"600 AIO NO Le = 1640 2") :°" |'OogL lors |6L —| 6r9 1,412. 1106821068 89 — | 100 En OO OP IG C0 °"| °°" 088 087 | 1 — | £89 1, 1068 |'UI9 | OF -—| 96L & |LO |0€6 |06S |7 +] crL 1 |80 |O0F8 |OI7 | 87 —| 69 Cet" |'OFS |0cs | GL — | 190 SO O8 067 MSG "080 Fe OCR NOEL ÉD) CTTS € |€T |066 |0€8 GT + | £96 6r | 9*61 | 0007 | 006 | £7c 266 BU || 006. 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S h, im. {0 hi. m. Midi. Daus ce mois, l'air a été calme 3 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 4,94 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 120,38 E., et son in- tensité est égale à 88,0 sur 100. LA dat 4h.s üh,s, 8 h.s. 16 n. s. Baromètre. QU 2, my ant mm 1 ut EU EU au 24,00 724,38 724,40 724,14 79362 12333 123,61 723,99 724,06 9523 795,69" 725,88.:795,12 725,923 494,88 « 125,16 725,69 72992 93,89 724,04 724,04 723,80 72354 723,48 723,14 723,96 793,94 24,36 124,69 724,75 724,53 124,11 792388 724,16 724,52 "724,62 Température. 0 0 0 û 0 n ( où 2,70 + 3,05 + 5,06 + 6,29 + 7,25 + 7,928 + 5,70 + 4,90 + 3,88 1,34 + 232 + 4,16 + 5,42 + 6,00 + 6,21 + 5,36 + 4,57 + 404 1,17 + 218 + 3,88 + 4,81 + 4,97 + 4,60 + 3,83 + 3,26 + 2,95 1,72 + 92,50 + 4,55 + 5,49 + 6,04 + 5,98 + 4,92 + 421 + 3,60 Tension de Ia vapeur. Mini QE) mu nl mn) TR min LLLEEN LETEUE 4,97 5,01 5,29 ».81 5,34 ,42 o 1 »,10 9,1 07 4,49 4,90 4,71 L,o4 4,61 1,58 4,99 4,64 3,89 3,92 3,87 3,82 3,80 3,80 3,96 3,93 3,93 4,46 4,46 1,51 1,59 1,53 4,08 1,93 4,22 4,99 Fraction de saturation en millièmes. NS2 S67 786 735 G85 701 730 766 839 DRE SOS 716 586 636 638 669 707 746 7179 721 b32 595 189 593 652 674 638 S46 796 709 669 634 642 683 714 754 Fherm. min. Therin. max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre, du Ciel, du Rhône. ou de neige. 0 G 0 ram cn +. 1,86 + 8,28 0,76 9,84 9,1 76,1 091 + 7,56 0,66 5,06 21,9 71,4 + 0,04 + 6,17 0,76 2,12 1,5 79,5 + 0,91 + 7,30 0,73 »,14 32,9 71,1 Le Le 377 TABLEAU OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant | LE Mois DE MARS 1870. 3, brouillard le soir. 4, id. tout le jour. 5, id. depuis 6 h. du soir. ES id, le matin et le soir. 19, id. depuis 8 h. du matin. 14, id. la plus grande partie de la journée. 12, id. tout le jour. 13, id. depuis 8 h. du soir. 14, id. jusqu'à 2 h. de Faprès-nndr. 17,18, id. toute la journée. 19, id. de 4 h. à 6h, du soir. 20, id. le matin et le soir. HA, id. une grande partie de la journée. 39. id, de 6h. à Sh. du matin et de 4h. à 6h. du soir. La neige tombée n'a pu être mesurée. 25, id. depuis 2 h. de l'après-midi à 6 h, du soir. 24, id, jusqu'à midi. 95, id. jusqu'à 8 h. du matin. 99; id. le matin et le soir. 30, id. jusqu'à 4 h. de l'après-midi. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. mn in) PRO LSOTMRUR 2 aa roc 067,42 Le 4% 4h. après midi . 556,53 DUaMO hS0ine 2 ne 599,94 HA TO NM ESOIr Eee Fr 0102 BRAS. Soin. AL 008,94 14iä: 6. h, matin +5 44. «+ + 091,82 LOTUS ON. rer 563,23 lSrai0r he ematNe. ere )60,32 DAFT: 8h eSOINE AS ee 28 a 064,53 DUO AMaAUITereete 591.05 28 à midi ....... MO OUAO 29 à 4 h. après midi ...... 094,32 SAINT-BERNARD. — MARS 1870. DUR ee LEE Eee LR Re ee RE PE UP RNA É Baromètre. Température C. Pluie ou neige. ; = SJ a —— — Vent Clarté = RAREUr Écart avec a ons Écart avec la cs : é À HÉNCEE nt 4 Nombre dominant D = ML eite. Le DOM Manuel te bre AT 1 28 re ep pus à neige. les2h, | d'heures. ‘| Gel. millim. millim. millim. millim. n 0 0 0 millim, millim | 1 || 566,61 | + 6,92 | 565,55 | 567,42 | — 310 | + 5,13 | — 4,2 | + 0,5 | ..... Fear SO. 1) 0,114 1 PME — 6,03 | 564,49 | 566,82 | — 0,27 | + 7,90 | — 2,7 | + 3,5 Ha ltd A SO! 10/53. | 3 | 560,87 | + 1,19 | 559,79 | 561,89 | — 1,53 | + 6,58 | — 5,8 | + 2,7 | ..... | ..... FRS OS 1 | 0,42 4 || 557,36 | — 2,31 | 556,55 | 558,54 | — 485 | + 3.20 | — 5,7 | — 2,9 100. | 12,0 6 SO. 4 | 0,97 5 || 539,45 | — 0,52 | 557,67 | 559,94 | — 5,95 | + 2,74 | — 8,3 | — 1,4 14 1,1 2 NE. 4 | 0,59 | 6 | 558,62 | — 1,04 | 558,11 | 559,22 | — 5,67 | + 2,925 | — 8,7 | — 2,2 Ve tre. VO variable 0,13 7:| 556,41 | — 3,95 | 556,25 | 556,94 | — 7,24 | + 0,61 | — 8,4 | — 3,4 A D ME rune variable 0,56 8 | 557,90 | — 1,76 | 556,25 | 558,94 | — 6,15 | + 1,63 | — 8,8 | — 3,2 APTE + sé NE. INR} 9 || 558,07 | — 1,60 | 557,79 | 558,37 | — 7,20 | + 0,51 | — 8,8 | — 4,4 ee PE Re: NE. 1) RUID I) | 40 | 555,52 | — 4,145 | 555,18 | 556,00 | —11,37 | — 3,73 —12,2 | — 8,8 Due ns, Es NE. 1 0,89 | 11 || 554,08 | — 5,60 | 553,25 | 554,91 | —11,74 | — 4,18 | —11,8 | — 9,8 | ..... es 2e Et. NE. 1 | 0,89 12 || 552,93 | — 7,46 | 552,15 | 552,41 | —11,34 | — 3,86 —19,0 | — 9,0 : bu DS me NE. 1 | 0,96 | 13 | 552,17 | — 7,53 | 551,91 | 552,60 | —10,95 | — 3,55 | —11,8 | -- 8,2 TA Te: Mirere NE. 107818 14 || 555,40 | — 4,31 | 551,82 | 558,06 | —14,61 | — 7,29 —175 |=11;,4 5 ae ne RTE NE. 3 || 0,69 | 15 || 560.80 | Æ 1,07 | 559,39 | 561,70 | —10,22 | — 2,99 | —15,0 | —— 6,2 so... so... s.. NE. 1 | 0:06) 16 || 562,53 | + 2,78 | 561,70 | 563,23 | — 5,7: + 1,41 | — 8,2 | — 2,5 | ..... de sise NE. 1NIR0D)5S8 17 || 561,98 | + 2,21 | 561,22 | 562,37 | — 3,21 3,84 | — 3,8 | —— 1,8 M aisnn | esse TE NE. 2 | 0,88 | 18 || 560,95 | H 1,16 | 560,32 | 562,18 ! — 4,65 | + 92,31 | — 5,3 | — 2,4 . REP OUR ANT 2 | (87 | 19 || 562.42 | Æ 2,60 | 561,86 | 563,36 | — 5,66 | + 1,21 | — 7,6 | — 3,2 Rise Ma LIEN: 1n)MU;51 | 20 || 563,69 | + 3,84 | 562,93 | 564,53 | — 7,14 | — 0,37) — 8,3 | — 4,0 nt Me Pate 0e | NE. 4 | 0,92 21 || 563,84 | + 396 | 563,65 | 564,25 | — 7,24 | —- 0,57 | — 8,7 | — 4,4 Mes nc latines ee és RES 9 |! 0:63:| 29 || 561,02 | + 1,11 | 559,77 | 562,55 | — 7,08 | — 0,51 | — 8,2 | — 4, CR RE Em a sn EN 4 | 0,87 | 23 || 554,43 | — 5,51 | 552,31 | 557,05 | — 5,51 | + 0,96 | — 7,4 | — 1,2 20 55 7 NE. 1 | 0,97 | 94 || 551,74 | — 8,24 | 551,05 | 552,90 || —17,91 —11,54 | —19,0 | —15,4 RS Ten GE Pare NE. 3 | 0,61" 25 || 552,48 | — 7,54 | 551,85 | 553,73 | —15,45 | — 9,19 | —19,7 —12,8 de ie Abc NE. DEL | | 26 | 554,04 | — 6,02 | 553,54 | 555,16 || — 7,21 | — 1,05 | —11,0 | — 3,9 SE Noel tete SO. 1 | 0,02 | 7 | 598,10 | — 92,00 | 555,44 359,95 | — 6,86 |! — 0,81 | —10,7 | — 3,6 PENSE Re SO. 11°] | 28 | 559,49 | — 0,66 | 558,74 | 560,10 | — 3,92 | + 2,02 | — 7,2 | + 1,0 | se... sr nee NE. il | 29 || 554,60 |.— 5,60 | 554,32 | 555,25 | — 9,55 | — 3,72 | —12,2 | — 5,7 | 20 6,2 8 NE. il | 30 | 596,08 | — 4,17 | 554,85 | 557,02 | — 8,42 ro On TE Gale taie Se SO. l | | 91: 586,88 1 218,48 656410155769 | = 5,47 2 E 0148/1001 181... PR 22 ASUS 1: basse et la plus élevée des températures observées depuis 6 heures du matin à 10 heures du soir, le HOME * Les ch trugraphe étant nors de service. 319 MOYENNES DU MOIS DE MARS 1870. 6bh.m. Sh.m. 1A0h.m. Midi. Snes. 4h.s. 6h.s. SH. s-10,/10116 Baromètre. mm nm mm mm mn mm mm mm mm 1re décade 559,69 559,84 55997 559,97 559,67 559,53 559,52 559,52 559,52 DE » 908,00 558,26 558,53 598,73 558,68 558,70 558,82 559,20 559,31 3e » 596,46 556,52 556,60 556,68 556,61 556,62 556,71 556,91 556,97 Mois 558,00 558,15 558,31 558,40 598,26 558,923 558,30 558,49 55854 Température. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 lredécade— 6,34 — 5,67 — 3,91 — 2,49 — 2,48 — 3,52 — 5,36 — 6,4% — 6,50 2%» — 9,51 — 8,56 — 7,46 — 6,60 — 6,29 — 6,83 — 8,53 — 8,78 — 9,50 3e Oo» —10,87 — 9,15 — 7,52 — 6,64 — 5,30 — 6,62 — 8,35 — 9,13 — 9,19 Mois — 8,97 — 7,8% — 6,34 — 5,29 — 4,71 — 5,69 — 7,44 — 8,15 — 8,42 Min, observé.* Max. observé.” Clarté moyenne Eau de pluie Hauteur dela « du Ciel. ou de neige. neige tombée. 0 0 mm mm re décade —— 7,36 — 1,96 0,44 13,1 114 CCM 10,13 — 5,85 0,67 0,0 ( De » —11,34 — 5,07 0,55 11,5 40 Mois = 966 4 — 1,32 0,55 24,6 154 Dans ce mois, l’air a été calme 7 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 3,73 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 450 E, et son in- tensité est égale à 65,6 sur 100. * Voir la note du tableau. MATE RTR Var û Fe UFRLSE à v + ff \ ds 14 Ai MAT à l f OLAT : d d on ‘ EN ul ui f * L à # À » “A * RARE Ha PT neo Un FE AS CT LS à rit * alles re de H TA i En ee Mb re ne Mal A0-NO VOLUME 20 RS Le dus ver Are DA \ : # 1 BE: FA SO» 2 bo ur Énl r NTAT AC NS ta METRE EE CPE r EE NU Era , RTE AN Am NS A CEE ln ie DATES OM h# hu Q , "ART RS CT 7 A % RS Dre vs | k Le De Ve ph ced UT AN NT LES AR DA 1 NAS 8 AA Ge EE LS L +1 à A Durs Po, N DR Fe te eue PR IN C : D de fe 9 L Ÿ EE ue coctimer te Le Lean Aa AMC RTL # Pt Les | x 4 Lo Du (ta nas Te eut Ro DR f LUE TES ACTE Ni BRUNE NL AA EAU eut : ne A hp FA \rd QT Ü EX ox à Au FA HoË LINE EN h€G ' Lu ‘ CU a ON: List hdedipshtitete Pme Fe SLT Man Ne DENT GA LE ER aie, 00 ë : ru" ë épris NANTES rap ue Da RACE + mr TD Re AA jé se 7h o RUE ÿ Due Br e o ue ent E se À: ru Ed AREA er QU me RAD YU ve FN 0 Dore D em LA che ne La "3 db: £8,9 de LC, LÀ. de +010! le QUE a De D + BU #4 LAS Le PME Épranten dt mp port get Ne ee La 128 de he are m6 PATECR an [+ A msi nr tu Aer ELA he où ma Mer er ( D PET EE NE nr ie UNE NE LE . 1 ; M : i4 | , 1 +! ñ | at At Wen, «tb Es ee 1} En 7 5 Huratt #6, da srxraitn QUE, 4 reg Ra #4 Li g t or. Mare Te tltéré loire ‘ î y , Je at AT NL a DT AQU) = LD IP RE RM À LE nt MEME MT HI #80 RL CEA ) 4 + 10: à La ue DL' mér ae CE + mor VO Lancet à ei Le 14 RAT F1 CPR “AU mr dl" 2 Le DO pe : a). wi Mu L'art n AL ton of, uv of Lab do dtS à. 04 aug 2 Hat ettor 40 nan LAN sr di tuto na CR IO CARTE ntsei(fil #Ÿ 6h 00 04 L LES ST | CN Et ab Lie 00 Hraura D40 01e rire R Le À 4 a as R je 3 e ‘ C4 h ne $ es “ / hair : y PAIN EX Ù rt A mn n k Lt CR 4 y We Ve Log Pen | LORS ge Û rene LL NS Nan a 4 en ee ee PUS le 0 Ed (4 Le 17 + Ÿ le br & Mr! US nt leaf enledis ut! ve, 0l 4 ul gg ou, 44, se ae a "ti x per ' a \ # 1 | * û [ \ < 7 ALI % \ Ï a CA 170 à \ = Lane ! \ \ f Jet 1 Archives des Sciences phys. el natur. 1870, NAXVI. | el RQ PE Günzenen. Simmenfluh . Brodhausi. S-0 Gisement_ principal | des fossiles coralliens a { Cours de la Simmen Pont de Vs . COUPE DE LA SIMMENFLUH PRÈS WIMMIS (C°"de Berne). Luke. F Moverrax,, Gnive. 1 oi sf | UNE ANS d ù Ne 1) x sui PAU (1 st ‘14 ANSE UM BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME XXXVII (NOUVELLE PÉRIODE) (4870. — N°° 145 à 148. Notice sur la cmquième année des observations ther- mométriques et pluviométriques suisses, ainsi que sur les résultats des cinq années sous le rapport du décroissement de la température avec la hau- teur, par M. le professeur Gautier. . . . . . . . Note sur les anciens glaciers du plateau central de la France, par M. Ed. Collomb . . . . . . . . . Notice historique et descriptive sur trois espèces de grenouilles rousses observées en Europe, par LORS UOTE SEE SENTIER NON IERNRRRR E EUR De l'existence de l’homme à l’époque tertiaire. . . Note sur les ossements humains trouvés dans le pliocène mférieur de Savone, par M. le D' E.-T. Hamy ARENA ENTRE ETS MP EE ES guet ie ANSE Note sur la craie de la Galicie orientale, par M. Er- APS ALTER. em ce BU Hate SIA Sur l'illumination des corps transparents, par M. SES ONE SAS NRA RE EE Sur la polarisation et la couleur bleue de la lumière réfléchie par l’eau ou par Pair, par M, le pro- fesseur,Pd. Hagenbach ., :........ #0 à ARCHIVES, t. XXXVIL — Avril 4870. 28 Pages 382 TABLE DES MATIÈRES. Pages Observations sur la Note précédente, par M. J.-L. DOTÉ NET SE TOR PAANRR RSI MES DS UIAL QUES EN 180 Recherches thermochimiques, par M. Jul. Thomsen. 201 Note sur la variété rouge de l'Ecrevisse commune, Astacus fluviatilis (rondelet), par M. Godefroy Lunel. CAPI L FR "CAMEARUE EE. 207 Évaporation du sol et des plantes, par M. Eugène RUSICL EDR AE Lette 0 MeREt: Ne 214 De la poussière qui flotte dans l’atmosphère, par | Med ape ST Ces HAS 229 Revue des travaux relatifs à la géologie et à la pa- léontologie de la Suisse pendant l'année 1869, ins ad) AT it (pen Pertes AUret das one 289 Note sur les Cladocères des grands lacs de la Suisse, DORE ME. ER el AN A ia Due 917 Recherches thermochimiques, par M. Jul. Thomsen. 341 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ASTRONOMIE. Ée Sidérostat de Léon Foucault. .545.%0...e0 00 50 PHYSIQUE. K. Schultz-Sellack. De la diathermanéité d'une série de corps pour la chaleur obscure................,.. o4 J.-C. Poggendorf. Sur une simplification apportée à la construction et à l'emploi de la machine à influence de Holtz; prémier modèle. 42 :..::.:.. 00.02 58 G. Magnus. Variations qu’éprouve l'intensité du rayon- nement calorifique d’un corps avec le degré de poli DEA SHEIALE eee cu eee ce ct lue cfa 64 Action du magnétisme sur les gaz.................. 182 M.-F. Hugueny. Sur le coup de foudre de l’île du Rhin, près Strasbourg eee tee SP PRE TEE 184 TABLE DES MATIÈRES. J.-C. Poggendorff. Du pouvoir électrique des pointes... E.-H. Vierth. Vibrations des lames d'air comparées à celles des plaques solides ................,....: L. Dufour. Note sur la différence entre la pluie et l’é- vaporation observée à Lausanne................. J.-N. Lockyer. Remarques sur léclipse récente du soleil telle qu’elle a été observée aux États-Unis... F, Guthrie. Sur le rapprochement dû aux vibrations... H. Knoblauch. Sur le passage de la chaleur rayonnante à travers le sel gemme et la sylvine............... Spectres des gaz à différentes températures ........, J.-C. Poggendorff. Du déplacement de l’enveloppe lu- mineuse qui entoure l’électrode négative lors du pas- sage de l’étincelle d’induction dans l'air raréfé...... E. Warburg. De l'effet du son sur le magnétisme du VO AE ER Re PSE CT RC + E. Frankland et J.-N. Lockyer. Recherches sur les spec- tres gazeux par rapport à la constitution physique du soleil, des étoiles et des nébuleuses............ CHIMIE. Th. Graham. Nouvelles recherches sur l'hydrogénium. Julius Thomsen. Recherches thermo - chimiques; 2° partie : Sur les hydracides du chlore, du brome, de l’iode, du fluor et du cyanogène ................ ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. Cienkowski. Sur les Clathrulina, nouveau genre d’Ac- tinophryens. — Greeff. Sur l’Act. Eichhornii et un nouveau Rhizopode d’eau douce. — Le méme. Sur les radiolaires et leurs proches parents parmi les Rhizopodes d’eau douce. — Focke. Sur des radio- laires d’eau douce dépourvus de coque. — Grena- cher. Remarques sur l’Acanthocystis viridis. — Le méme. Sur l’Actinophrys Sol.— Archer. Sur des Rhi- zopodes d’eau douce nouveaux ou peu connus..... Maurice Girard. Études sur la chaleur libre dégagée 393 Pages 1387 190 243 69 73 76 384 TABLE DES MATIÈRES. Page: par les animaux invertébrés, et spécialement les in- ‘ SEP res à dun Le PLIDEL e QU ame TNA Ve AGE 83 E. Mecznikow. Développement embryonnaire du Bo- thriocephalus proboscideus. .................... 87 C.-Th. de Siebold. Sur la parthénogénèse chez le Polistes PARA MOSS E ve me EU EST, DNS à SABRE 271 Félix Plateau. Recherches sur les crustacés d’eau douce OPEN eus SUN N TRE à Lee 391 P.-E. Müller. Les Cladocères du Danemark ......... 357 Le même. Contribution à l’histoire de la reproduction LD AE Oo te PE TIC ES HAT l, 4: 20808 BOTANIQUE. A. Millardet, Le Prothallilum mâle des Cryptogames PSC UIAPRES INC GE nue Lil 414 86" 2 GMA 275 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES faites à Genève et au Grand Saint-Bernard Observations faites pendant le mois de décembre 1869. 89 Idem. pendant le mois de janvier 1870... 193 Idem. pendant le mois de février........ 281 Idem. pendant le mois de mars......... 373 rden Libra LU 3 5185 00274 3225 fe Mess es ve a Lex Te LA Nes À eA FD PAC LT