K / 1 - e LE A c Neo // \ “A LIBRARY . a ——————_—_—— ———————_—_—————— En = Re, 7] IX MEATERN LES À °° Ca nb 1899 JAY: W-Giboon-{nuvi 5 5) ge | ra RE; 4 DUPLICATA DE LA BIBLIOTHËC CONSERVATOIRE BOTANIQUE DE VENDU EN 192 ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES \ GENEVE. = = CA < Lol O =) ce =] CA] En E SI © & É < A a LC = = nl Le & = = BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ET REVUE SUISSE ARCHIVES DES SUIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES NOUVELLE PÉRIODE TOME QUARANTE-SEPTIÈME LISRARY NEW YURK BOTANCAL GARDEN LA GENÈVE VILLE de GEREME BUREAU DES ARCHIVES, RUE DE LA PÉLISSERIE, 18 LAUSANNE PARIS GEORGES BRIDEL SANDOZ et FISCHBACHER Place de la Louve, 4 Rue de Seine, 33 Dépôt pour l’'ALLEMAGNE, H. GEORG, 4 BALE Dia DE LA BIBLIOTHÉQUE DU CONSERVATOIRE BOTANIQUE DE GENE VE VENDU EN 1922 ONCE E 1, 2 11 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE POUR L'ANNÉE 1872 du PAR M. ERNEST FAVRE N° III (suite). TERRAINS JURASSIQUES. La grande abondance des genres d’ammonites Phylloceras et Lytoceras dans les dépôts à céphalopodes du bassin méditerranéen est, d’après M. Neu- MAYR ‘, un des principaux caractères qui distingue ces dé- pôts de ceux de l'Europe centrale dans lesquels ces genres ne jouent qu’un rôle tout à fait secondaire. Cette diffé- rence ne provient évidemment pas d'une séparation conti- nentale entre ces formations, car leurs faunes ont souvent une très-grande ressemblance ; elle ne tient pas non plus à la profondeur plus ou moins grande des mers; car ces genres se trouvent dans les dépôts littoraux comme dans les dépôts pélagiques. M. Neumayr l’attribue à des in- fluences climatologiques et à des courants marins. Le terrain jurassique de l’Europe est divisé en trois zones parallèles : 1° la zone méditerranéenne caractérisée par l'abondance des Phylloceras, Lyloceras et Simoceras ; 2° la zone de l'Europe centrale comprenant aussi les terrains jurassiques de la Baltique, de la Silésie, de Cra- er covie, et dans laquelle les récifs de coraux, les genres Oppelia et Aspidoceras, atteignent leur limite septentrio-. T nale; 3° la zone septentrionale, formée par les terrains | î cs * Verhandl. g. Reichsanst,, 1872, 54. Jahrbuch g. R.-A., 1871, Al, 521. 6 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. jurassiques ‘ des environs de Moscou, de la Petchora, du Spitzberg et du Groenland. La limite de ces zones est plus ou moins tranchée. Le passage de l’une à l’autre est dû très-probablement, lorsqu'il est brusque, à une grande différence de température causée par la présence d’un courant chaud. M. Neumayr * a prouvé que les calcaires à silex des Al- pes, des Carpathes, des Apennins, etc., ne se trouvent pas toujours dans le même horizon géologique, mais qu'ils sont un facies d'étages très-divers du terrain jurassique. Ce sont en général des dépôts de haute mer. Les apty- chus y sont les fossiles les plus abondants ; leur présence peut s'expliquer, comme l’a montré M. Gumbel *, par le fait qu'après la mort de l'animal de l’ammonite, celui- ci tombait au fond de la mer avec l’aptychus, tandis que la coquille était jetée au rivage. La présence des silex, qui proviennent sans doute de la silice formée par les spongiaires, semble aussi indiquer des dépôts pélagiques, et l’on peut tirer une conclusion analogue de l’homogé- néité de ces dépôts et de la vaste étendue sur laquelle on les observe. Une nouvelle classification des terrains jurassiques, proposée par M. Jourpy “, est basée sur le fait que ces terrains sont formés de deux sortes de dépôts ayant chacun leur faune spéciale : l’un d’eux est ferrugineux et abondant en céphalopodes ; l’autre est siliceux et abon- dant en zoophytes; ils alternent ensemble plusieurs fois 1! M. Toula a fourni des documents-nouveaux sur l'étendue de cette région. Verhandl. g. Reichsanst., 1872, 114. ? Jahrbuch g. Reichsanst., 1871, XXI, 505. 5 Geogn. Beschreib. des bayer. Alpengeb., 1861, 490. 4 Bulletin de la Société géol. de France, 1871, XX VIII, 275. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. F et chacune de leurs combinaisons forme un étage parti- culier, bajocien, bathonien, oxfordien, dont les couches à ammonites ont des faunes distinctes, tandis que les faunes des bancs siliceux à polypiers et à spongiaires présentent entre elles une grande ressemblance. M. Jourdy désigne sous le nom de tithonique un quatrième étage, qui com- prend le séquanien, le kimméridien, le portlandien et le purbeckien. Il termine par des considérations sur ce qu'il nomme le soulèvement post-bathonien. On a déjà mentionné, à diverses reprises, d’une manière plus ou moins certaine la présence de nummulites dans des formations antérieures au terrain éocène. Rouiller en a indiqué une espèce dans le calcaire carbonifère de Russie, M. Buvignier dans le terrain jurassique, M. Fraas dans la craie. M. Guwsez ‘ a signalé dans le terrain jurassique de la Franconie, une espèce de nummulite qu’il nomme N. jurassica et deux espèces d’orbitolites, ©. prœcursor Gümb. et O. circumovallata Gümb., dans le lias des envi- rons de Roveredo (couches de Rotzo). Ce dernier genre n’était pas connu jusqu'à aujourd'hui dans les terrains plusanciens que le terrain crétacé. Les limites géologiques dans lesquelles on avait cru pouvoir confiner certains ty- pes ou certaines familles s’élargissent donc de jour en jour. On connaît maintenant des bélemnites éocènes *, et dernièrement M. Waagen * a découvert dans le terrain carbonifère de l'Inde de véritables ammonites. MM. Suess, Zittel, Waagen ont publié depuis plusieurs années divers travaux destinés à établir, sur des caractè- res anatomiques, des distinctions génériques dans le 1 Neues Jahrb. für Miner., 1872, 241. 2 Schlænbach, Jahrbuch g. Reichsanst., 1868, XVIII, 455. 3 Verhandl. g. Reichsanst., 1872, 314. 8 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. groupe des ammonites. Leur classification repose sur la nature de l’aptychus regardé par eux comme une partie intégrante du corps del’animal, sur la grandeur de la der- nière loge et la forme des appendices buccaux. 17 genres ont déjà été créés d’après ces divers caractères et sont depuis quelque temps en usage dans plusieurs publica- tions allemandes. J'ai donné dernièrement ‘ un résumé de ces recherches. MM. Desor et DE LorioL* ont achevé la description des oursins jurassiques de la Suisse. Cet ouvrage est des- tiné à jouer dans la science un rôle considérable ; il a pour la Suisse en particulier une très-grande utilité. 217 espèces y sont décrites et figurées dans 61 planches. De ce nombre 91 sont communes à divers étages ou sous-étages. 6 espèces appartiennent au lias et à linfra- lias; 14 se trouvent dans l’étage bajocien; 3 d’entre elles passent au bathonien. Des 45 espèces de ce dernier étage, une seule passe au callovien; 11 espèces seulement se montrent dans les couches calloviennes, et une seule d’entre elles leur est commune avec l’oxfordien. Ces éta- ges présentent donc à ce point de vue spécial, des faunes nettement tranchées. Il n’en est pas de même des terrains jurassiques supérieurs et l’on y trouve parfois jusqu’à 30 et 40 °/, d'espèces communes à diverses subdivisions. Ainsi des 26 espèces des couches de Birminsdorf, 9 pas- sent au terrain à chailles, 2 aux couches de Wangen, 1 aux calcaires à astartes, 11 aux couches de Baden, 3 au ptérocérien. Des 33 espèces de l’étage ptérocérien, 12 seulement lui sont spéciales. ‘ Archives, 1873, XLVI, 5. ? Échinologie helvétique. Description des oursins fossiles de la Suisse, 1870-1872. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 9 M. Desor ‘ a terminé cet important ouvrage par diverses considérations sur le rôle des échinides dans la formation jurassique et sur leur évolution dans la série géologique, ainsi que sur les rapports et la filiation des différents ordres d’échinodermes. M. de LoroL ? continue seul la publication des our- sins crétacés. La première planche de ce travail est con- sacrée à un supplément aux oursins jurassiques. Les formations jurassiques des Alpes de la Suisse orientale ont été l’objet d’un excellent mémoire de M. C. Mosscu® qui a apporté dans ce travail toute la précision dont il a fait preuve dans ses recherches sur les terrains jurassiques de l’Argovie. L’abondance des fossiles cités, le grand nombre de localités dont ils proviennent, Sont une preuve de l'exactitude des subdivisions établies par l’auteur. Je reproduis ici le tableau qui résume les observations de M. Mœsch, sans indiquer cependant les gi- sements quelquefois très-nombreux où les horizons divers ont été reconnus. | (Voir le tableau ci-derrière.) Nous devons aussi à M. Morscu le tracé géologique de la partie du Jura contenue sur la feuille VIII de la carte fédérale (Jura soleurois). Lias et oolite inférieure. M. de Mossisovics * a confirmé les observations de Théobald qui avait reconnu qu’une masse considérable de terrain liasique repose directement sur les roches cristallines anciennes dans la basse Enga- dine. 1 Bulletin de la Soc. des Sc. natur. Neuchâtel, 1872, IX, 223. — Echinol. helv. (partim). 2 Matériaux pour la Paléont. suisse, vime série. 5 Der Jura in den Alpen der Ost-Schweiz, 1872. 4 Verhandl. g. Reichsanst., 1872, 267. 10 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. JURA ARGOVIEN. ALPES. É calcaires à diphya. #. schistes à aptychus. LT =-/calcaires à nérinées &\ de Stramberg. Groupe 1 Zone de re MU te paques kimmérd jen. ; : ae » tenuilobatus, + Corallien.. { » » Marantianus, manque. | c » bimammatus, ? Concttés du Geissberg, manque. Oxfordien. LE one de la Terebratula impressa, manque. » l’Amm. transversarius, + » Lamberti, Callovien.. aie » macrocephalus, -— » Parkinsoni, + k Hauptrogenstein, + Dogger… Zone de l’Amm. Humphriesianus, + » » Sowerbyi, manque. i » » Murchisonæ, —- » » torulosus, + » » jurensis, manque. » » communis, + ee » » margaritatus, d Me » la Terebr. numismalis, ? Calcaires à Arietes, + Zone de l’'Amm. planorbis, + M. Picuzer ‘ a signalé dans le Tyrol la présence de la zone de l’Ammonites planorbis ; il y indique plusieurs es- pèces de fossiles, en particulier un Atractites (Aulacoceras). M. Pizcer * a donné une liste des fossiles de la Table (Savoie). Ce sont: Posidonomya Bronni Voltz. Ammonites Brocchii Sow. Inoceramus dubius, Sow. » tripartitus Rasp. Ammonites Mensae Dum. Inoceramus lævigatus Goldf. ? » Murchisonæ Sow. Gresslya concentrica Gr.? » Sowerbyi Mill. ! Neues Jahrh. für Miner., 1871, 61. 3 Mémoires de l’Acad. de Savoie, 1872, XII, 52. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 11 Ces fossiles, caractéristiques de divers horizons palé- ontologiques (lias supérieur, bajocien, bathonien) ont été recueillis dans des éboulements. M. Dumortier ‘ a rassemblé de nombreux documents sur les gisements des Ammonites viator et À. tripartilus dans les Alpes du sud de la France. Ces fossiles y sont associés aux espèces suivantes : Ammonites Brongniarti. Ammonites linguiferus. » Martinsi. » Parkinsoni. » ooliticus. » Sowerbyi. » Humphriesianus. » subradiatus. ) subcoronatus. Posidonomya alpina, etc. Les Ammonites viator et tripartitus appartiennent aux couches supérieures de l'oolite inférieure, et ne s’y mon- trent que dans la région où les terrains jurassiques présentent un facies alpin. Le Cancellophycus (Zoophycos) scoparius Thioll. les accompagne dans tous leurs gise- ments. Ces deux ammonites occupent la même position dans les Alpes de la Suisse occidentale. M. Moscu* a pu distinguer l’une de l’autre, dans les Alpes de la Suisse orientale, la zone de l'Amm. opalinus et celle de l'Amm. Murchisonæ, tandis que dans une grande partie de la chaine des Alpes, dans l'Ouest de la Suisse, le Tyrol méridional, les Alpes autrichiennes, les Carpathes, ces deux zones sont intimement unies ; elles ont reçu de M. Neumayr © le nom de zone de l’Amm. scis- sus. M Mœsch a observé en outre un mélange complet des fossiles bathoniens et calloviens. L’Amm. Parkinsonr 1 Bulletin de la Soc. géol. de France, 1872, XXIX, 148. 2 Mæœsch, loc. cit., 7. 5 Jahrbuch g. Reichsanst., 1871, XXI, 505. 19 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. se trouve associée aux Amm. heclicus, Suevicus, tortisul- calus, eLc. Groupe oolitique supérieur. Étage tithonique. La discus- sion relative à la série des terrains jurassiques supérieurs et à la limite des formations jurassiques et crétacées a donné lieu à de nombreux travaux ‘ ; elle est encore loin d’être terminée. M. HégerT* classe la zone à Amm. polyplocus et te- nuilobatus dans l’étage oxfordien. Pour lui, cette zone est séparée de l'étage kimméridien par le terrain corallien et par le sous-étage séquanien ou astartien. Le calcaire à Terebratula Moravica d’Invald, de Wimmis, de l’Échail- lon, est inférieur aux couches kimméridiennes, supérieur à la zone à À. polyplocus et il est l'équivalent du coral- lien du Jura. Le tithonique supérieur est du pur néoco- mien; le tithonique inférieur, qu’on ne peut séparer du précédent, est aussi du néocomien, à condition d’en élimi- ner les couches jurassiques sur lesquelles il repose et les calcaires à Terebr. Moravica. Partout où les calcaires à Terebr. diphya où T. janitor (néocomien) reposent sur les couches à Amm. tenuilobatus (oxfordien), c’est-à-dire sur une longue zone s'étendant des Cévennes aux Carpa- thes etaux Apennins, il existait un sol émergé, pendant que les couches à Ter. Moravica, les calcaires de Natt- heïm et de Solenhofen, les étages corallien, kimméridien, ! Hébert, Bulletin de la Soc. géol. de France, 1871, XXIX, 66; 4872, I, 61. — Véluin, Eod. loc., 1872, XXIX, 129. — Péron, Eod. loc., 1872, XXIX, 180, — Bleicher, Revue scient., 1872, II, 388. — Ge- imellaro, Stud. paleont. sulla fauna del calc. a Ter. Janitor.— Neumayr, Jahrb. g. Reichsanst , 1871, XXI, 450. Ce dernier auteur a donné en tête de ce travail une liste complète des diverses publications relatives à l’étage tithonique. ? Revue scientifique, 1872, 1, 756; IL, 608. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 43 portlandien et purbeckien du nord se déposaient ailleurs. D’après M. Hébert, la présence d’espèces jurassiques dans les couches qu’il regarde comme crétacées est due à un remaniement par les eaux qui aurait eu lieu sur une très-grande échelle et dont les brèches si abondantes dans ces formations sont les témoins. M. Zittez ‘,@'accord avec les géologues allemands et suisses, n'admet pas que les couches à Amm. tenuilobatus appartiennent à l’époque oxfordienne. Ainsi que M. Mœsch l’a démontré dans ses travaux sur le Jura argovien, ces couches sont contemporaines du calcaire à astartes?. M. M. 2E TRIBOLET * a démontré le synchronisme d’une partie des terrains jurassiques de l’Argovie avec ceux du Jura neuchâtelois par la coupe détaillée et l'étude des fossiles du Mont-Chatelu et du cirque de Saint-Sulpice. Ces travaux confirment complétement l'exactitude des ob- servations de M. Mœsch. Le Chatelu * fait partie de la quatrième chaîne du Jura neuchâtelois qui s’étend du Larmont à Pouillerel; il est entièrement composé de terrains appartenant à la forma- 1 Verhandl. g. R.-A., 1872, 133. Revue scient., 1872, II, 606. ? Dans une course que nous venons de faire dans l’Argovie, MM. Lory, Pillet, de Loriol, Neumayr'et moi, sous la conduite de M. Mœæsch, nous avons pu constater la parfaite exactitude des observations de ce géo- logue sur le synchronisme de l’étage astartien et de la zone de l’A. te- nuilobatus. Ces couches sont séparées de celles de Birminsdorf par le corallien (couches de Wangen), le terrain à chailles (couches à Hemic. crenularis) et les couches du Geissberg. Nous avons examiné une série de stations entre Baden et Oberbuchsiten. À Wangen, un des points où se fait la transition entre les deux facies, nous avons recueilli en place les Ammonites polyplocus, Lothari, le Collyrites trigonalis associés à de nombreuses espèces astartiennes au-dessus des assises coralliennes. 5 Bulletin de la Soc. des Sc. natur. Neuchâtel, 1872, IX, 267. 4 Voyez pl. I, fig. 5. Les chiffres indiqués se rapportent à ceux du tableau. 14 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. tion jurassique supérieure. « Toutes les couches distin- guées par M. Mœsch dans le Jura blanc argovien, dit M. de Tribolet, sont représentées dans les terrains du Chatelu.….… Dans la couche à coraux seule, nous avons les équivalents de deux séries de couches argoviennes appar- tenant toutefois toutes les deux au même terrain. » L’au- teur établit à l’aide de nombreux fossile@les équivalences indiquées dans le tableau suivant : ARGOVIE (Moœsch). JURA NEUCHATELOIS (de Tribolet). Plattenkalke. A. steraspis, longispina. 8. Couches de Wettingen. A. Ptérocérien. Eudoxus, mutabilis. . Calcaire oolitique. . Calcaire à Astarte supracorallina. . Marnes à Apiocrinus Meriani. . Calcaire à Astarte supracorallina. 6. Couches de Letzi. Marnes à pentacrines. 5. Couches de Wangen. Né- rinées. Diceras arietina. 7. Couches de Baden. A. te- nuilobatus. TS & Couche à coraux. 4. Couches à Hemicidaris cre- nularis. Terrain à chailles. 3. Couches du Geissberg. Marnes bleues (pholadomyen). 2. Couches d'Effingen. Calcaire argileux. 1. Couches de Birminsdorf. Couches de Birminsdorf. Le cirque de St-Sulpice ‘, qui appartient à la troisième chaîne du Jura neuchâtelois, a fourni au même auteur une coupe analogue. Les couches de Birminsdorf y reposent sur le callovien qui présente l’association des fossiles des zones à Amm. macrocephalus et à À. ornatus. Quelques espèces nouvelles sont décrites dans des appendices joints à ces notices. ! Bulletin de la Soc. des Sc. natur. de Neuchâtel, novembre 1872. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 15 M. Neumayr! a donné la liste de fossiles kimméridiens trouvés dans deux localités différentes en Transylvanie. Un de ces gisements, Gyilkos-kô, contient en abondance la Terebratula janitor associée à des fossiles caractéristi- ques de la zone à Amm. acanthicus. et de l'étage tithoni- que. Je citerai en particulier les Ammonites polyolcus Ben. Ammonites colubrinus Rein. » compsus Opp. » iphicerus Opp. » trachynotus Opp. » acanthicus Opp. » Holbeini Opp. » liparus Opp. » polyplocus Rein. » Ruppellensis d’Orb. » platynotus Rein. Rhabdocidaris caprimontana. M. Zirrez * a montré, contrairement à M. Hébert, que le tithonique inférieur présente un facies jurassique bien caractérisé; il repousse l'hypothèse que les espèces ju- rassiques du tithonique inférieur y aient été introduites par un remaniement produit par les eaux, remaniement qui aurait dû s’étendre des Carpathes au sud de la France et à la Sicile. M. Zirrec 5 a constaté que cet étage a 13 espèces communes avec le terrain jurassique de l’Europe centrale ou avec des couches inférieures: du terrain jurassique mé- diterranéen. M. Neumaye ‘ a ajouté encore à cette liste 2 espèces, Ammonites elimatus Opp., À. Staszyci Zeusch. 41 espèces tithoniques ont une très-grande analogie avec des espèces jurassiques, sans pouvoir cependant leur être identifiées d’une manière certaine. Des 15 espèces d’abord signalées, deux, À. trachynotus Opp. et compsus Opp. ‘ Verhandl. g. Reichsanst., 1871, 21. 3 Verhandi. g. Reichsanst., 1872, 133. Revue scient., 1872, II, 606. 5 Die Fauna der ælt. Cephal. führ. Tithonbild., 1870. # Jahrbuch g. Reichsanst., 14871, XXI, 514. 16 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. appartiennent à la zone des À, acanthicus et tenuilobatus ; 10! sont communes au terrain tithonique et aux couches de Solenhofen. Ce sont : Lepidotus maximus Ag. Ammonites iphicerus Opp. Ammonites lithographicus Opp. * » hybonotus Opp. * » elimatus Opp. * Aptychus latus v. Meyer. » Staszyczi Zeuscher.* Rhynchonella trilobata Ziet. » colubrinus Rein. Balanocrinus subteres Munst. Dans ce nombre, 4 espèces (*) sont caractéristiques de ces deux terrains. C’est donc avec la faune de Solenhofen que le terrain tithonique inférieur paraît avoir la plus grande analogie. M. Neumayr * a constaté près de Kiow la superposi- tion directe des calcaires de Stramberg aux couches de Rogoznik et il a confirmé ainsi par l'observation directe les résultats obtenus par l'étude des faunes de ces forma- tions. M. Morsca * rapporte en entier à la formation jurassi- que l’étage tithonique auquel il donne le nom de groupe alpinique; il y établit d’après la nature des roches et des fossiles les subdivisions suivantes : a. Le calcaire à nérinées de Stramberg; ce groupe qui est le plus inférieur et qui repose sur la zone kimmé- ridienne à Amm. tenwilobatus appartient à la zone de la Terebratula Moravica ; on le trouve sur les bords du lac de Wallenstadt où M. Escher lui a donné le nom de Tros- kalke, au Murtschenstock, dans les environs de Glaris; il se prolonge dans la Suisse occidentale, par le Brunig, Wimmis et le Mont-Salève; b. schistes à Aptychus ; très- 1 Onze espèces, si A. cyclotus Opp. — A. latus Opp. : ? Jahrbuch g. Reichsanst., 1871, XXI, 517. 5 Der Jura in den Alpen der Ost-Schweiz. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 17 répandus et puissants; ils reposent au Murtschenstock, au Pfannenstock et ailleurs sur l'horizon précédent. c. Cal- caires à Ter, diphya recouvrant les schistes à Aptychus et surmontés eux-mêmes soit des couches oolitiques du terrain valangien, soit du terrain néocomien à Exogyra Couloni. M. Mæsch indique dans cet horizon 69 espèces de fossiles. M. Esray ‘ a publié un mémoire sur la stratigraphie des étages kimméridien et portlandien du S.-E. de la France. Après avoir analysé les diverses publications faites de- puis quelques années sur ce sujet, il poursuit l’étude des couches en litige de Cirin (Ain) à Berrias en passant par Talloires, Lémenc, Grenoble, Chomérac, Vogué et Chan- dolas. La localité de Talloires, située à dix kilomètres d'Annecy, au pied de la Tournette, attire particulièrement son attention et lui fournit la coupe suivante: a. Calcaires peu épais terminés en haut par des strates bréchiformes (portlandien). b. Calcaires plus foncés semblables à ceux de la Porte- de-France et renfermant de nombreux fossiles : Armmonites Lallierianus d’Orb. Ammonites iphicerus Opp. » orthocera d’Orb. » contiguus Cat. » eupalus d’Orb. » abscissus Opp. » trachynotus Opp. Terebratula janitor Pict. Rhynchonella trilobata Ziet. De ces fossiles, tous déterminés par Pictet, les trois premiers caractérisent le kimméridien français, les autres appartiennent soit à la zone de l’Amm. tenuilobatus, soit 1 Ann, de la Soc. de la carte géol. de France, 1871, I, 107. Bull. de la Soc. géol., 1872, XXIX, 137. ArcHives, t. XLVIL — Mai 1873. 2 18 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. aux couches de Rogoznik, soit à celles de Stramberg. Il ressort de là, comme l’a remarqué Pictet, que 1° la cou- che à Terebratula janitor est parallèle au terrain jurassi- que supérieur et plus spécialement à l’étage kimméridien ; 20 l'étage tithonique n’est qu'une forme particulière du Jura supérieur. Poursuivant ses études stratigraphiques aux environs de Chambéry et entre Grenoble et Berrias, M. Ebray rapporte également les couches de Berrias au terrain kimméridien. La continuité de la brèche d’Aizy, dit-il, conduit à admettre celle du kimméridien depuis Grenoble jusqu’à Berrias. Il met en doute la valeur d'es- pèces telles que les Terebratula diphyoides, Amm. Calisto, et semisulcatus, et dit qu’elles pourraient bien n’être que des variétés de la Terebratula janitor, des Amm. Priva- sensis et À. Hommairei. M. Coquanp', de même que M. Hébert, rapporte à l’étage argovien la zone de l’Amm. tenuilobatus. Il a con- staté que la masse puissante de dolomies et de calcaires à Diceras qui surmonte cet horizon dans le midi de la France appartient à la série jurassique et qu'elle est recouverte soit par les couches de Berrias (Berrias, Ganges), soit par les couches à Natica Levwiathan (Nice, Marseille), soit par le néocomien d’Hauterive (Alpes-Ma- ritimes). Il admet la contemporanéité des dépôts d’In- wald, de Wimmis, du Mont-Salève, de l’Échaillon, de Ganges, du Vallon de la Cloche, de Rougon, de Palerme, etc., et cherche à prouver que ces calcaires appartiennent à l’étage corallien et qu’ils se trouvent dans le même ho- rizon que les coralliens de Tonnerre, d’Angoulins, de Val- fin, d'Oyonnax. Il cite un grand nombre de fossiles com- muns à ces deux séries de dépôts. Or, comme ces der- ! Bulletin de la Soc. géol. de France, 1871, XX VIII, 208. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 49 niers sont recouverts par les marnes virguliennes ou les calcaires à Pterocera Oceani, l'ensemble de ce terrain co- rallien doit, suivant l’auteur, être classé à la base de l’é- tage kimméridien. Ces calcaires coralliens, qui se continuent dans les dé- partements du Var et des Alpes Maritimes, passent à leur partie inférieure à des dolomies, aux environs d’Es- cragnolles, de Nice, de Menton; sous les dolomies se trouve un calcaire grisàtre compacte associé à des calcaires mar- neux et à des argiles riches en céromyes, pholadomyes, huîtres, etc., fossiles qui ressemblent beaucoup à ceux du virgulien du Jura; au-dessous de ces bancs on voit à St- Hubert près de Biot une veine de charbon. Comme le remarque M. Coquand, cette coupe a une grande analogie avec celle de Wimmis; les fossiles qu'il signale ont la plus grande ressemblance avec ceux des calcaires noirs de cette localité rapportés jusqu’à aujour- d'hui au kimméridien ‘. Toutefois M. Coquand regarde cette faune comme bathonienne et il en conclut que les calcaires infra-coralliens de Wimmis pourraient aussi être bathoniens. Les figures À à 4 de la PI. I (2) montrent la dispo- sition des couches des calcaires à Mytilus et à céromyes de la chaîne du Simmenthal qui forme la prolongation mé- ridionale de la Simmenfluh * près de Wimmis. Ces cal- caires émergent au milieu du flysch et des couches rouges de la craie et plongent régulièrement à l'Est. La chaîne qu’ils constituent présente une structure tout à fait iden- tique à celle des Kkippe des Carpathes, bien que ces der- 1 Studer, West]. Schweizer Alpen, 284. — A. Favre, Recherches géol., II, 100. * Voyez la coupe de Wimmis, Archives, 1870, XXVIL, pl. 1. 20 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. nières n’atteignent pas un pareil développement. Ils se prolongent au Sud dans les Alpes vaudoises et celles de la Savoie ; j'ai trouvé au pied du Rubly près de Gessenay une coupe identique à celle de Wimmis et présentant la superposition des calcaires coralliens au calcaire à Mytilus. Les figures 3 et 4 prises au Sud et au Nord de la Cluse de Boltigen indiquent comment se termine la zone de flysch qui sépare au Sud de ce point la chaîne du Sim- menthal des chaînes plus occidentales, zone que la figure 2 représente bien développée aux environs de Château d’OEx. | Un bel échantillon du Lepidotus crassus du terrain portlandien du Jura neuchätelois, a été figuré dans le rameau de sapin (mai 1872). TERRAINS CRÉTACÉS. M. C. MAYER ‘ a publié un ta- bleau synchronistique des terrains crétacés dans lequel il établit le parallélisme de ces dépôts sur toute l’étendue de l’Europe. Ce tableau s’intercale entre ceux qu'il a pu- bliés antérieurement pour les terrains jurassiques et ter- tiaires. La dernière livraison de la description des fossiles du terrain crétacé de Sainte-Croix par F.-J. Picrer * com- prend l'étude des brachiopodes. L'auteur en décrit 68 espèces dont 19 Rhynchonellidées, 47 Térébratulidées et 2 Thécidéidées; 23 espèces sont nouvelles. Ce travail n’a pas pu être entièrement terminé par son auteur; c’est à M. P. de Lorioz que l’on en doit la publication. Les brachiopodes des terrains crétacés se retrouvent 1 Zurich, 1872. 2 Description des fossiles du terrain crétacé des environs de Sainte- Croix, 5m partie : Brachiopodes. 6me série des Matériaux pour la Pa- léontologie suisse, REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 21 pour la plupart dans plusieurs horizons. Sur 16 es- pèces valangiennes, une seule est spéciale à la faune de cette époque; sur 24 de l’étage néocomien moyen, 3 se trouvent exclusivement dans cette formation ; sur 16 es- pèces urgoniennes, deux seulement sont caractéristiques de ce terrain, etc. Ces divers étages et l’élage aptien ont un grand nombre d'espèces communes; mais aucune ne passe dans le Jura de l’aptien au gault. Deux seule- ment sont communes à l'étage albien et à l'étage vracon- nien ou gault supérieur. M. P. ne Lorioc‘ a décrit et figuré quelques espèces d’astérides du terrain néocomien du Jura neuchatelois : Astropecten Desori de Lor. » porosus (Ag.) de Lor. Coulonia neocomiensis de Lor. Rhopia prisca de Lor. Ces fossiles, qui sont très-rares, sont fort bien conser- vés. Le genre Coulonia est un genre nouveau, voisin des Astrogonium, des Goniodiscus et des Stellaster. Les calcaires qui forment la Drusenfluh, la Sulzflub, et la Weissplatte, dans le Prättigau *, et qui avaient été rapportés par Richthofen et Théobald au terrain rhé- tien et aux couches d'Adneth, appartiennent, suivant M. DE Mossisovics, au terrain crétacé. Ce terrain occupe sur la rive droite du Rhin une assez grande étendue et présente le même aspect que dans la Suisse orientale; il est composé du calcaire à spatangues, du calcaire à ca- protines, et du calcaire de Seewen. Il forme la prolonga- { Mém. de la Soc. des Sc. natur. de Neuchâtel, 1872, V. ? M. Douglas a découvert le premier dans cette région des fossiles crétacés. Verhandl. g. Reichsanst , 1871, 35. + 5 Verhandl, g. Reichsanst., 1872, 255, 266. 29 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. tion directe de la chaîne des Churfisten. Les schistes in- diqués sur la carte de Théobald sous le nom de schistes des Grisons, dans la principauté de Lichtenstein, sont du flysch éocène. Les deux rives du Rhin se correspondent parfaitement, au Nord comme au Sud de la chaîne qui s'étend des Churfisten à la Sulzfluh. Terrain crétacé inférieur. Le terrain néocomien des montagnes qui environnent le Righi est, d’après la des- cription de M. KaurManx ‘, exactement semblable à celui du Pilate; il se compose de bas en haut des couches sui- vantes : 1° Calcaire siliceux (Xïeselkalk) pauvre en fossiles, Echinospatagus cordiformis Breyn., Holaster intermedius Ag. ; 2° couches d’Altmann avec Ostrea Couloni; 3° schistes gris et calcaires, couches noduleuses, couches à Ostrea Couloni (Knollenschichten) contenant : Nautilus Requie- nianus d'Orb., Holaster l'Hardyi Dub., Toxaster Brun- neri Mer. ; 4° couches à serpules, calcaires gris avec Ser- pula Pilatana May. M. Hégerr * a fait une étude détaillée de la composi- tion du terrain crétacé dans le midi de la France, du néo- comien inférieur aux calcaires à hippurites. Il résulte d’une série de coupes prises par ce savant géologue à Montelus, à Saint-Julien en Beauchêne, à Eyrolle, à Bar- rême, à Escragnolles, etc., que la faune des calcaires à spatangues se trouve dans la Drôme et les Basses-Alpes au milieu des calcaires à céphalopodes contenant les Be- lemnites latus, Amm. Leopoldinus, À. Grasianus, Crioceras Duval, etc. Ces deux faunes sont contemporaines; la première se maintient constamment dans le voisinage des anciens rivages de la mer néocomienne; elle présente un 1 Beitr. zur geol. Karte der Schweiz, XI. ? Bull. Soc. géol. de France, 1871, XX VIII, 137; 1872, XXIX, 393. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 23 caractère littoral; la seconde a au contraire un facies d’eaux profondes ou pélagique. Terrain urgo-aplien. Le synchronisme de l'étage ur- gonien et de la partie inférieure de l’étage aptien paraît maintenant un fait acquis à la science. L’alternance des calcaires à orbitolites et des calcaires urgoniens a été signalée, il y a bien des années, par M. Lory ‘. En 1865 M. Coquand? énonçait le même fait en s’appuyant sur de nombreuses observations faites par lui en Provence, en Es- pagne, en Algérie; mais il étendait ce synchronisme au néocomien inférieur à facies provençal (Lory), au néoco- mien inférieur à facies alpin (Pictet), etc. Ces conclu- sions ont été repoussées par M. Hébert. M. Magnan* s’est au contraire rallié à cette manière de voir dans ses recherches sur le terrain crétacé inférieur des Pyrénées et des Corbières, et il a même constaté dans le gault la présence de calcaires semblables aux calcaires urgoniens et contenant aussi des caprotines, fait qui est en contradiction complète avec les observations de M. Cayrol*. M. KaAurMaANN * avait déjà indiqué, dans sa description géologique du Pilate, la difficulté de la distinction entre les terrains urgonien et aptien. Ses nouvelles recherches dans les montagnes des environs du Righi, à la Hochfluh, au Vitznauerstock, etc. l’ont amené exactement aux mêmes conclusions; 1l y distingue les subdivisions suivantes : 1 Descript. géol. du Dauphiné, 1860, p. 308 et suiv. ? Bull. Soc. géol. de France, 1866, XXII, 560. 3 Mém, de la Soc. géol. de France, 3m série, t. IX. Bull. Soc. géol. 1872, XXIX, 51. # Annales de la Soc. géol., HI, 59. Bull. Soc. géol., 1871, XXIX, 68, 5 Beitr. zur geol. Karte der Schweiz, XI. url ‘à IN UE AAA … fr ROLE ANR Rs] 24 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 1° Calcaire à caprotines inférieur (unterer Schralten- kalk) très-puissant, contenant Caprotina ammonia d’Orb., Radiolites neocomiensis d'Orb. et des Miliolites. 2° Couches à orbitolites (aptien) semblables à celles du Pilate, d'épaisseur variable, avec les fossiles suivants : Ammonites sp. Echinobrissus Roberti Gras. Terebratula tamarindus Sow. Pygaulus Desmoulinsi Ag. » Kaufmanni Bachm. Botriopygus cylindricus Des. » celtica Morr. Heteraster oblongus Del, Rhynchonella Gibbsiana Sow. Orbitulina lenticularis Lam. 3° Calcaire à caprotines supérieur, de 60 à 200 pieds de puissance; il renferme Rhynchonella latissima Sow.? Caprotina ammonia d’Orb. et des Miholites. Terrain crétacé supérieur. Au-dessus du terrain ap- tien, on trouve dans une partie des montagnes du groupe du Righi, le gault peu fossilifère et le calcaire de See- wen qui présente au pied du Plattiberg une variété rouge. M. GizLtéRoN ‘ a confirmé les observations qu’il avait faites antérieurement sur la présence dans le canton de Fri- bourg de couches rouges appartenant à la série crétacée supérieure. M. Desor * a constaté que les oursins qui pro- viennent de ce terrain appartiennent tous aux genres Mi- craster et Cardiaster dont on ne connaît encore des espèces que dans la craie. M. PILLET® a trouvé dans ces mêmes couches, près d'Abondance, une grande dent de squalide qui paraît appartenir à une nouvelle espèce de Carcha- rodon qu'il nomme C. angustidens. Yyÿ ai recueilli un grand nombre de dents de poissons de plus petites dimen- sions dans la chaîne des Gastlosen où cette formation est ‘ Actes Soc. helv. des Sc. natur. Fribourg, 1872, 296. * Actes Soc. helv. des Sc. natur. Fribourg, 1872, 52. 3 Acad. de Savoie, janvier 1873. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 25 bien développée. Les coupes des Alpes de Fribourg et des environs de Château d’OEx et de Boltigen que j'ai figu- rées ici (PI. L, fig. 1 à #) montrent clairement les relations de ces couches soit avec le terrain néocomien qui leur est inférieur soit avec le flysch qui le recouvre. Terrains cénozoïques. TERRAINS TERTIAIRES. Le terrain éocène est puissam- ment développé dans les chaînes extérieures des Alpes aux environs du lac de Lucerne. Je résumerai ici la clas- sification qu’en donne M. KaurManx ‘ : 1° Couches du Pilate (Pilatain) : a. grès quartzeux in- férieur, développé au Pilate mais non dans le groupe du Righi; b. couche à Nummulina complanata formée de calcaire et de grès vert, contenant de nombreux Pecten et Spondylus, les Numm. complanata Lam., Ramondi Defr., helvetica Kaufm., Orbuoides discus Rutim., etc.; c. schiste à Pectinites, schiste marneux et sableux avec Pecten Tho- renti d'Arch., plebejus Lam., Operculina Studeri Kaufm. ; d. grès quartzeux supérieur (grès du Hohgant). 2 Flysch inférieur (couches du Righi, Righien) formé de schistes argileux et calcaires, de grès ou de conglomé- rats. Les fossiles, qui y sont assez abondants, varient sui- vant la nature de la roche ou la localité; on y trouve beau- coup de Pecten, de nummulites, d’orbitolites, etc. Xenophora agglutinans Lam. Nummulina complanata Lam. Pecten tripartitus Desh. » distans Desh. » imbricatus Desh. » Ramondi Defr. » subtripartitus d’Arch. Orbitoides discus Rutim. Spondylus rarispina Desh. Chondrites intricatus Br. Terebratula subalpina Munst. » Targionii var. arbuscula F.-0. ‘ Beitr. zur geol. Karte der Schweiz, XI. 26 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 3° Flysch supérieur (couches d'Obwald, étage Silvain), grès plus ou moins grossier avec fucoïdes, contenant quel- ques traces de nummulites. Ce dernier groupe n’est pas développé dans le massif du Righi. Nous devons à M. GaRNiER‘, une étude détaillée des couches nummulitiques de Branchaï et d’Allons dans les Basses-Alpes. Les coupes combinées de ces deux localités se résument de la manière suivante : 1. Marnes argileuses avec nummulites, operculines, Spirula spirulæa. A. Couches supérieures } 2. Calcaires marneux avec nummulites, à nummulites. ) Orbitoides submedia, Operculina | ammonea. 3. Calcaires durs à nummulites. 4. Calcaires marneux avec mollusques et polypiers. B. Couches inférieures } 5. Marnes argileuses avec natices, céri- sans nummulites. }) thes, cythérées. | 6. Marnes argileuses sans fossiles. 7. Poudingue. La coupe de Branchaï commence au n°7 et se termine au n° 3. Les couches inférieures contiennent exactement la même faune que celle qui a été décrite par MM. Hébert et Renevier*, Au lieu de supporter des assises sans fossiles comme aux Diablerets, ces couches sont surmontées de puissantes assises nummulitiques (couches à Orbitoïdes) qui sont recouvertes par le grès d’Annot. Cette superposition se voit bien à Allons. Les couches inférieures (B) paraissent un dépôt local ; les couches supérieures (A) sont, au con- traire, le dépôt normal des Basses-Alpes. Partout, dans 1 Bull. de la Soc. géol. de France, 1872, XXIX, 484. 2? Description des fossiles du terrain nummulitique supérieur des environs de Gap, des Diablerets, etc., 1854. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 27 cette région, on retrouve cette même superposition. Les calcaires à nummulites sont surmontés, à Barrême, de marnes bleues, de schistes gréseux, et d’argiles à Natica crassalina. M. TourNouEr a fait l'étude des fossiles recueillis par M. Garnier et il en a conclu que : la faune de Branchaï est bien celle de Gap et des Diablerets; celle d’Allons qui lui est superposée est identique à celle des couches à Spi- rula spirulæa de Biarritz; la faune supérieure de Bar- rême est la-même que celle de Gaas et de Castel-Gomberto. Cette couche qui contient les Natica crassatina, N. an- gustata, Cerithium trochleare, etc., est certainement ton- grienne. Ainsi il y a dans les Alpes deux couches à grosses natices et à cérithes, celle de Branchaï et des Diablerets et celle de Barrême; elles sont séparées l’une de l’autre par des calcaires à Nummulites striata, les couches à Oper- culina ammonea et à Spirula spirulæa, le flysch et le cal- caire à fucoïdes. Cette coupe correspond très-bien avec celle que M. Renevier a donnée des couches de l'Oldenhorn. M. Tournouer conclut qu'il faut rapporter l'horizon des Diablerets à l’époque des couches de Ronca, puisqu'il est maintenant prouvé qu’il est inférieur aux couches à Spi- rula spirulæa et à Orbitoïdes. J'ai cherché à montrer, dans la coupe que j’ai donnée des Ralligstôcke * qu'il n’y a aucune raison pour rap- porter au trias ou au terrain rhétien le grès de Taviglia- naz qui y a été observé; ce n’est que par des fractures et des plissements que cette roche éocène se trouve dans le voisinage des roches rhétiennes. 1 Bull. Soc. géol. de France, 1872, XXIX, 492, 521. ? Archives, 1872, XLV, 368. 28 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. La roche que M. Ooster attribue à la craie (Plaener) ne se trouve pas dans cette coupe entre le terrain urgo- nien et le terrain éocène; mais elle est associée au grès de Taviglianaz au pied de la montagne, et superposée aux as- sises nummulitiques dans la partie supérieure. J'ai reconnu dans plusieurs points des Alpes vaudoises et fribourgeoises la présence de la cargneule et du gypse dans le terrain éocène; j'avais signalé le même fait, il y a quelques années, dans le canton de Schwytz aux environs d'Yberg. Il est probable qu’on en reconnaitra encore ail- leurs et qu’il faudra rapporter à cette époque une partie de ces roches, quoique la plupart des gisements où elles se trouvent dans nos Alpes appartiennent bien au terrain triasique. M. LevaLLois' a publié une étude sur les minerais de fer en grains (Bohnerz, terrain sidérolithique) sur leur origine, et l’époque de leur formation. Il rappelle que M. Al. Brongniart a émis le premier l’opinion que ces minerais sont un précipité d'oxyde de fer formé par des eaux minérales ferrugineuses qui sortaient par des fis- sures ouvertes dans des calcaires. . M. KaurMAMNx ° a décrit le terrain miocène de la Suisse centrale dans les cantons de Berne, de Lucerne, de Schwytz et de Zug. Cette étude très-détaillée est divisée en deux parties : 1° la mollasse subalpine soulevée; 2° la mollasse jurassienne soulevée et la mollasse horizontale du pla- teau suisse. Je reproduis ici Le tableau qui résume sa clas- sification : ! Bull. Soc. géol. de France, 1871, XXVIIL, 183. ? Beitr. zur geol. Karte der Schweiz, XI. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 29 MOLLASSE DE LA SUISSE CENTRALE. | Mollasse marine. | Mollasse d’eau douce. 2 ÈS Couches | Couches Couches Couches = Æ Ÿ | de Berne. | d'Argovie. | de Napf. de l’Albis. = LS Couches de Saint-Gall. == — Couches de Lucerne | . (Plattenmollasse et grès| “ouches des | Couches coquillier alternant avec|Hohe Rhonen.|d’Aarwangen. des couches d’eau douce) , & 2e = © Si 2 ES o a [22] S = S = Couches de Horw. Mollasse rouge. Mollasse inférieure 400-500" M. Mayer ‘ a joint à l’ouvrage de M. Kaufmann un ta- bleau complet de la faune de l'étage helvétien en Suisse et en Souabe. Il y signale 740 espèces, dont il indique l’étendue géographique et la durée géologique, soit dans les diverses subdivisions de l’helvétien, soit dans les étages inférieurs et supérieurs. Il a adopté dans ce tableau la classification suivante : Etage tortonien, couches de Saint-Gall. » helvétien, » Sarravalle. » Grund. » langhien. M. BigperRMaNN * a continué la description des fossiles des environs de Winterthur. Dans une livraison précé- ? Systematisches Verzeichniss der Versteinerungen des Helvetian der Schweiz und Schwabens. Beitr. zur geol. Karte der Schweiz, XI, 475. . * Petrefacten aus der Umgegend von Winterthur, 4e livr., 1875. 30 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. dente (1868) il avait donné d'excellentes figures de ma- choires du Mastodon angustidens Cuy., provenant des car- rières de Veltheim. Des trouvailles récentes faites dans la même localité lui ont permis de décrire et de figurer cinq nouveaux restes de machoires du même animal ainsi qu'une mâchoire inférieure du Sus latidens Bied., et des fragments de l’Antilope cristata Bied. Nous devons à M. C. Mayer‘ la découverte impor- tante de couches à congéries dans le bassin du Rhône, aux environs de Bollène, près du château de Saint-Fer- réol. Ce terrain, supérieur aux couches à cérithes ou étage sarmathique, était considéré jusqu'à cette découverte comme un dépôt exclusivement oriental. Il contient un grand nombre d'espèces nouvelles associées aux fossiles suivants : Congeria subcarinata Desh. Nerita picta Fér. Cardium Gourieffi Desh. » Grateloupi Fér. » macrodon Desh. Melania curvicosta Desh. » semisulcatum Rouss. Bithynia acuta Drap. » Verneuilli Desh. » stagnalis Bast. La plupart de ces espèces sont communes aux dépôts du même âge de Taman en Crimée et du bassin de Vienne; on trouve dans ce gisement, comme dans celui des envi- rons de Kertch, une quantité notable de phosphate de fer. Ces couches reposent immédiatement sur celles du falun de Saint-Ferréol dont la plupart des espèces sont iden- tiques à celles de l’étage astien, et qui contiennent aussi un assez grand nombre d'espèces communes au miocène supérieur. Glaciers miocènes. La zone des conglomérats qu’on observe dans les collines de Turin est formée, selon M. ! Vierteljahrsschrift, Zurich, 1871, XVI, 185. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 31 Taroy *, de quatre couches (poudingue, gravier, marne et sable) superposées cinq fois à elles-mêmes; elle représente, d’après M. Gastaldi, la partie supérieure du miocène in- férieur et le miocène moyen. Cet auteur avait déjà reconnu un aspect et une origine glacaires à ces dépôts miocènes dans lesquels on trouve beaucoup de cailloux striés et de cailloux fragmentaires de toutes grosseurs. Cette pé- riode glaciaire miocène a eu, suivant M. Tardy, une inten- sité beaucoup plus grande que celle de la période qua- ternaire. [1 en retrouve les traces dans les environs de Paris, et il rapporte à cette époque l'argile à silex de Villecerf et les argiles à meulières. Mais tandis qu’en Italie la période glaciaire présente cinq alternances suc- cessives et que ses dépôts sont entremêlés de couches marines, le glacier miocène de Paris a dû être continu et continental. M. Tardy donne une esquisse des périodes miocène, pliocène et quaternaire dans la Haute-[talie et il termine par des considérations sur la théorie de l’époque gla- claire et sur les oscillations du sol jusque dans la période actuelle coïncidant avec des variations dans l’intensité du phénomène glaciaire. TERRAINS QUATERNAIRES. Glaciaire. M. A. FAVRE ? a fait à la Société helvétique son rapport annuel sur l’étude et la conservation des blocs erratiques en Suisse. L’Alpin Club * suisse a publié des instructions détail- lées pour l'étude des glaciers. La Revue scientifique à reproduit un discours fait en 1865 par M. A. DE LA Rive‘ à la Société helvétique sur ‘ Bull. Soc. géol. de France, 1872, XXIX, 531, 547, 560. ? Actes de la Soc. helv., 1872, 162. 3 Jabrb. des Schweiz. Alpenclub, 1872, VII, 352. 4 Revue scient., 1872, II, 566. 32 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. le rôle des glaciers en géologie ; elle a publié aussi un travail de M. TyxpaLe ‘ sur la Mer de glace. M. Frirz * a réuni de nombreux renseignements sur la marche des glaciers dans les Alpes, sur les époques de leur extension et celles de leur retrait, Il cherche à établir un rapport entre ces périodes et les moments maxima et minima des taches solaires. Nous devons à M. Gex * une série d’études sur les changements survenus dans le climat pendant la période glaciaire. Je n’en signalerai que les résultats relatifs aux Alpes. L'auteur admet deux extensions successives des glaciers séparées l’une de l’autre par un intervalle pen- dant lequel la température s’est radoucie. Les lignites de Durnten dans le canton de Zurich, auxquelles on trouve associés l’Elephas antiquus, le Rhinoceros Mer- ki, le Bos primigenius, le Cervus elaphus, etc., sont in- termédiaires entre ces deux périodes. Il attribue à la même époque les sables marins qui se trouvent sur le versant méridional des Alpes et que MM. Martins et Gastaldi regardent comme pliocènes et mentionnent dans leur des- cription des moraines de la Doire Baltée. Il suppose donc qu’un affaissement du sol et un envahissement de la mer ont eu lieu sur le versant méridional des Alpes après la première grande extension des glaciers. M. GuTzwiLLER * a publié un travail considérable sur l'extension et les dépôts de l’ancien glacier du Sentis. Je ne puis analyser ici les nombreuses observations recueil- Revue scient., 1873, II, 645. ? Vierteljahrsschrift, Zurich, 1872, XVII, 226. 5 On changes of Climate during the glacial Epoch. Geol. Magazine, 1871, VIII; 1872, IX. # Das Verbreitungsgebiet des Sentisgletschers zur Eiszeit. Ber. über die Thätigkeit der St-Gall. nat, Ges. 1871 à 1872. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. » lies par l’auteur. Elles sont résumées sur une carte au 55660 Sur laquelle il à indiqué l’espace occupé entre les lacs de Wallenstadt et de Constance, par les anciens gla- ciers du Sentis, du Rhin et de la Linth. Des couleurs et des signes variés y indiquent les diverses natures de dé- pôts laissés par les glaciers, les moraines et les roches les plus importantes dont sont formés les blocs erratiques. M. KaurMaNN ‘ a fait une étude complète des dépôts glaciaires et diluviens indiqués sur la feuille VIIT de la carte fédérale. M. DE SEYFFERTITZ * à complété l’étude du phénomène erratique des environs du lac de Constance, sur lequel M. Steudel à déjà fait plusieurs publications, par l'étude du terrain glaciaire de la rive autrichienne de ce lac. Le compte rendu des Mémoires de l’Académie de Sa- voie * signale diverses mesures prises par M. CHAMOUSSET et M. l’abbé VaLLeT sur la hauteur du terrain glaciaire aux environs de Chambéry. Cette hauteur était d'environ 1200 à 1400 mètres. M. Marcou * a signalé l’existence de stries glaciaires près de Salins, sur la route de Pontarlier, à 340 mètres de bauteur, et à Passenans près Lons-le-Saulnier, à 280 mètres. M. Lory * a décrit les variations subies par le cours de l'Isère et de ses affluents pendant la période quaternaire. ! Beitr. zur geol. Karte der Schweiz, XI. ? C. von Seyffertitz, Ein Beitrag zu des Herrn Diaconus A. Steudels Studie über die erratischen Erscheinungen in der Bodensee-Gegend- Schriften des Ver. für Gesch. des Bodensees und seiner Umgebung, 4872, p. 21. 5 1872, XII, 45. 4 Bull, Soc. géol. de France, 1871, XXVIII, 59. 5 Mém. de l’Acad. de Savoie, 1872, XII, 48. ARCHIVES, t. XLVIL — Mai 1873. 3 34 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. Avant l’époque glaciaire, les eaux de l'Isère s’écoulaient par Chambéry et la vallée occupée aujourd’hui par le lac du Bourget; elles ont formé des dépôts qui s'élèvent à plus de 200 mètres au-dessus des vallées actuelles, et qui sont composés en majeure partie des roches de la Taren- taise et de la Maurienne. A la même époque, les eaux du bassin du Drac, dont on voit les dépôts puissants de 250 mètres au S.-E. de Grenoble, ne rejoignaient pas l'Isère, mais s’unissaient au Rhône à Saint-Rambert. Deux lacs attenant l’un à l'Isère savoisienne, l’autre au Drac dau- phinois, se trouvaient alors dans la vallée du Graisivaudan. Ce sont les terrains glaciaires et les érosions de cette époque qui ont donné à ces divers cours d'eaux leur di- rection actuelle. La chute du Rhin près de Schaffhouse (PI. I (2), fig. 6) date, d’après les recherches de M. WuRTEMBERGER ‘, de l’époque glaciaire. Au-dessus de la chute, le lit du fleuve est creusé dans le calcaire jurassique supérieur (zone de l'Amm. steraspis) ; sa rive droite est recouverte d'un di- luvium erratique bien caractérisé. Avant l’époque gla- ciaire, le Rhin suivait la ligne cd et la chute n'existait pas. En effet il n’y a en d aucune trace du calcaire jurassique qui devrait s’y trouver si l’ancienne vallée d’érosion ne se prolongeait pas directement au nord; on n'y trouve que des dépôts plus ou moins réguliers de cailloux; le cal- caire ne se montre nulle part entre c et d et réapparaît seulement en e. Le terrain glaciaire combla cet ancien lit et força le fleuve à se détourner jusqu’au point a, où, par une chute d'environ 80 pieds, il reprend son cours pri- mitif. 1 Neues Jahrbuch für Miner., 1871, 582. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 30 Des travaux de terrassements exécutés à la gare de Saint-Germain au Mont-d'Or (Rhône) y ont fait décou- vrir !, sur un espace de 200 mètres, une grande quantité d’'ossements fossiles appartenant aux espèces suivantes : Bos primigenius, Bison, Cervus tarandus, Equus caballus, Rhinoceros tichorinus, Elephas primigenius, cerf, bœuf. Ce dépôt d’ossements date, d’après M. E. CHANTRE au- quel est due cette découverte, du retrait des grands gla- ciers alpins. Il existe dans le Valais un petit lac nommé le lac de Mergelen qui est situé à 2350 mètres de hauteur, et dont les eaux, uniquement retenues du côté ouest par le gla- cier d’Aletsch, s’écoulent de temps à autres par suite de la rupture de la glace. En temps ordinaire, il compte 1300 mètres de long ; le glacier le borde sur une lon- gueur de 400 mètres; la paroi de glace qui le domine d'environ 20 mètres a, au-dessous de l’eau, une profon- deur de 40 à 50 mètres; il se déverse à l’est du côté du glacier de Viesch. Le 2 août 1872, il se fit dans la glace une fracture profonde. L’écoulement des eaux dura douze heures et le fond du lac se trouva à sec, à l'exception d’une petite étendue alimentée par une source. L'eau de ce bassin se déversa alors dans la direction du glacier où elle a recommencé à s’accumuler. Le dessin ci-joint (PL I (2), fig. 7) représente l’état du lac avant et après la rupture du glacier. Recherches préhistoriques. M. G. DE MorïTILLET ? à donné la classification suivante de l’âge de la pierre; elle est basée sur la nature et la forme des instruments : * Chantre, Revue savoisienne, 1872, XIII, 94. Comptes rendus de l’'Acad. des Sc., 1872, LXXV, 1786. ? Matériaux pour l’histoire de l’homme, 1872. 36 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. A. Pierre polie (néolithique). 1. Époque de Robenhausen. Climat actuel. B. Pierre taillée (paléolithique). a. Pierre taillée avec instruments en os. . Époque de la Madeleine. Post-glaciaire. b. Pierre taillée seule. . Époque de Solutré. Post-glaciaire. . Époque du Moustier. Glaciaire. . Époque de Saint-Acheul. Préglaciaire. ro = Co © L’Indicateur des antiquités suisses ‘ à publié une des- cription des stations lacustres de Zurich, par MM. Kez- LER et UaLMANN; une note de M. le D' UxLuanx sur les ossements trouvés dans celle de Hafner (lac de Zurich); la découverte d'une station dans le lac de Baldegg (Lu- cerne) par M. Srurz, et la description de la station de l’âge de la pierre de Locraz dans le lac de Bienne, par M. GRoss. Les établissements lacustres du lac de Constance ont été étudiés par M. A. Sreupez *. Ils sont rares dans le grand lac; on en connaît près de Hagnau, de Fischbacb, de Lindau, de Rorschach et de Constance; ils sont beau- coup plus abondants dans le lac d'Ueberlingen, ainsi que dans l’Untersee. M: P. VionneT * a réuni en un album de trente-cinq planches les photographies d’un grand nombre de monu- ments préhistoriques de la Suisse occidentale et de la Sa- voie, en ajoutant à chaque planche une note explicative. Il existe encore dans notre pays deux caveaux funéraires ‘ Anzeiger für schweiz. Alterthumskunde, 1872, V. ? Ueber die Pfahlbauten. Schriften des Ver. für Gesch. des Bodensees und Umgebung, 1872, p. 1. 5 Les monuments préhistoriques de la Suisse et de la Savoie, 1872. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 37 du genre des dolmens, quelques pierres dressées ou menbirs, un cromleck ou hémicycle de pierres, environ vingt-cinq pierres à écuelles et quelques pierres sculptées. III. Roches; géologie appliquée, etc. L'analyse chimique, faite par M. BazTtzer‘, de la roche oolitique ferrugineuse (zone de l’Amm. Parkinsoni) qui se voit à Oberblegi sur les flancs du Glärnisch, y a révélé la présence du chlore, du brome, de l’iode, de la ma- gnésie et de divers alcalis qui indiquent d’une manière aussi certaine que les fossiles qui y sont contenus l’ori- gine marine de ces sédiments. M. Baltzer * a signalé aussi les traces d’anciennes ex- ploitations de fer au Glärnisch dans ce même horizon. Il les a reconnues en deux points, au-dessus de Mittelguppen et au Bæhretritt dans le Klônthal. Le même auteur * à fait une étude du mode de for- mation de la houille et de sa constitution chimique. Il examine successivement les produits de la transformation du bois en houille et les diverses actions, telles que l’in- fluence de l'air, de la température, de la pression qui doivent la produire. M. KaAuFMaNN “ a examiné au microscope les calcaires d’eau douce intercalés dans la mollasse; il en a fait faire de nombreuses analyses, et il a constaté l'identité de leur structure avec celle du blanc fond (Seekreide) qu’on ob- serve dans un grand nombre des lacs de la Suisse ; ils sont ? Vierteljahrsschrift, Zurich, 1872, XVII, 69. ? Id. id. 71. Ld Id. id. 49. 4 Beitr. zur geol. Karte der Schweiz, XI, 348. LAS 38 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. formés de molécules calcaires microscopiques à structure cristalline, M. Kaufmann a constaté que la craie de Meu- don et divers calcaires éocènes, crétacés et jurassiques ont la même structure. Il conclut de ces observations que les calcaires d'eau douce ont la même origine que le blanc fond, et que les calcaires marins ont aussi une origine essentiellement chimique; ce n’est que d’une manière locale et accidentelle que leur provenance est organique ou mécanique. L'étude faite par M. CHavannes*, des gypses des car- gneules et des dolomies des Alpes vaudoises l’amène aux résultats suivants : Le gypse et la dolomie sont des roches métamorphiques ; la cargneule est de trois espèces : 1° celle des failles et des escarpements provenant de la décomposition des dolomies; 2° celle des cols qui est post-tertiaire; 3° celle des ravins qui est moderne. La plupart des géologues regardent au contraire le gypse et la cargneule comme occupant, dans la série des forma- tions, des horizons déterminés. On a découvert il y a peu d'années un riche gisement de phosphate de chaux à la Perte-du-Rhône. Cet engrais artificiel, qui est aujourd’hui l’objet d’une active exploi- tation, se trouve dans le gault qui compte là 1,80 de puissance. Il n’est pas contenu, comme dans beaucoup d’autres localités, dans des concrétions, mais, ainsi que la démontré M. GRuNER”*, « ce sont les moules eux- « mêmes des coquilles fossiles qui sont formés d’un mé- « lange, ou d’un composé intime, de phosphate et de car- « bonate de chaux. » Le sable encaissant ne contient que très-peu de phosphate, et les couches aptiennes, sur les- 1 Actes de la Soc. helv. Fribourg, 1872, 52. ? Bull. Soc. géol. de France, 1871, XXVIII, 62. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 39 quelles repose le gault, n’en renferme pas du tout. Les moules phosphatés présentent, d’après les analyses de M. Gruner, de 43,37 à 57,74 °/, de phosphate de chaux. Les découvertes de phosphorites faites depuis quelques années ont donné lieu à un grand nombre de publica- tions. M. A. FAVRE ‘ a résumé ces diverses recherches. Le phosphate de chaux paraît être dû soit à des accumu- lations de matières organiques, soit à des roches érup- tives, des sources thermales, etc., qui l’auraient apporté de l’intérieur de la terre. On doit à M. LEMBERG * une étude détaillée des ro- ches éruptives des environs de Predazzo et des modifi- cations survenues à leur contact. Ce travail est fait au point de vue chimique. L’auteur y donne beaucoup d’ana- lyses et examine aussi les modifications qu'ont. dû subir successivement ces roches pour arriver à leur état actuel. Il complète ainsi les nombreuses recherches dont elles ont été l’objet antérieurement. Je reproduis ici les résultats des observations faites par M. Giorpano* sur la température de l’intérieur du tunnel des Alpes occidentales. 1 Archives des Sc. phys. et natur., 1872, XLV, 233. ? Ueber die Contactbildungen bei Predazzo. Zeitschr. d. geol. Ges., 1872, XXIV, 187. 5 Bollet. del Com. geol. d'Italia, 1871, 1. 40 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. Distance de Température Bardonnèche. ———— de l'air. de la roche. 500 10,50° C. 44,20° C. 1000 15,30 17 2000 17,80 19,50 3000 20,30 22,80 4000 23 23,60 5000 24,50 27,50 6000 26,80 28,80 6450 30,10 29,50 7000 25 27 L’accroissement moyen de la température entre la sur- face du sol et le milieu de la galerie est, d'après le calcul de M. Giordano, de 1 degré par 50 mètres. M. BALTZzER ‘ a fait quelques observations sur le même sujet. M. B. Sruper * a réuni divers documents sur une pierre météorique tombée à Walkringen, dans le canton de Berne, en 1698, et qui fut donnée à la bibliothèque de la ville de Berne; cet aérolithe, dont on a depuis lors perdu toute trace, fut probablement sacrifié, dit M. Stu- der, à l’orthodoxie de cette époque. M. E. Riscer * a examiné les nombreuses applications de la géologie à la culture du sol, et a montré en particu- lier l'utilité des cartes géologiques à ce point de vue. Il exprime le vœu qu’on exécute.-pour certaines régions de la Suisse des cartes agronomiques dans lesquelles soient réunies les notions géologiques et agricoles. M. S. Gras s’est occupé dernièrement de recherches de même nature, et a fait ressortir, dans son Traité élé- 1 Vierteljahrsschrift, Zurich, 1872, XVII, 72. ? Mittheil. Bern, aus 1872, I. 3 Archives, 1872, XLIV, 208. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 41 mentaire de géologie agronomique ‘ cartes géologiques pour l’agriculture. M. Grepp © a cherché à démontrer que les formations sédimentaires sont constituées par une alternance de dé- pôts marins et continentaux, et que cette alternance est due à une cause astronomique. , l'importance des Appendice à la première partie. M. A. Hein © à publié une description géologique du groupe des Windgælle et du Tôdi qui est accompagnée de nombreuses coupes. Ces montagnes, dans lesquelles il existe des renversements gigantesques, sont situées à la jonction des roches cristallines et des dépôts sédimentaires et sont constituées par ces deux éléments. On voit sou- vent, dans ces grands massifs, le gneiss et les porphyres recouvrant les roches triasiques ou jurassiques au-dessous desquelles se trouve le terrain éocène, sans que ces bou- leversements aient dérangé en aucune manière le parallé- lisme des couches du gneiss ; ce fait a fourni à M. STUDER * un argument pour combattre la théorie de la sédimenta- tion de ces roches et de la structure en éventail. M. Heïm indique dans les roches cristailines, les schistes de Casanna et le verrucano, puis les gneiss, les mica- schistes, les schistes amphiboliques. Il signale le granit du val Puntaiglas et du val Frisal, la diorite du Piz Ner et du Métahorn, et les porphyres des Windgælle. Les dépôts sédimentaires sont formés par les schistes houillers qui ! Résumé dans le Bull. de la Soc. géol. de France, 1872, XXIX, 24. ? Tribune du peuple, 1872, 203. 3 Jabrbuch des Schweiz. Alpenclub, 1872, VII, 385. Ce travail ne m'est parvenu qu'après l'impression de la première partie de la Revue. 4 Zeitschr. der deutsch, g. Ges., 1872, 554. 49 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. renferment quelques couches d’anthracite, le calcaire et la dolomie de Rôthi que M. Heim rapporte au trias, le lias, le jura brun, le jura blanc (Hochgebirgskalk) , la formation crétacée, le terrain éocène (nummulitique, schistes, grès de Taviglianaz). L'auteur donne de nom- breux détails sur la disposition relative de ces diverses formations et la nature de leurs plissements. Explication de la Planche I (2). Fig. 4. Coupe des chaînes du Vanil Noir et des Gastlosen (Fribourg et Berne), au +55, p. 19, 25. Fig. 2. Coupe des environs de Château d’OEx, p. 25. Fig. 3. Coupe prise au sud de la Cluse de Boltigen, au p. 20:25. Fig. 4. Coupe prise au nord de la Cluse, au 5-1, p. 20, 25. Ces quatre coupes montrent comment la même zone de flysch, large à Château d’OEx, se rétrécit dans la vallée de Vert-Champ et dans celle de Reïdigen, et finit par disparaître à la Cluse. Fig. 5. Coupe du Mont-Chatelu, d’après M. de Tribolet, p. 14. Fig. 6. Carte de la chute du Rhin, d’après M. Wurstemberger, AU 5556500 P- 34. S—Schaffhouse, L—Laufen, N— Neuhausen, a— chute, cd —ancien cours du Rhin. Fig. 7. Carte du lac de Mergelen; la ligne pointée indique l’état du lac après l'écoulement des eaux, p. 35. LA MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES DE M. E. HAECKEL :. La nature animale des éponges, après avoir été long- temps méconnue, est aujourd’hui admise par tous les na- turalistes. Les recherches de Grant, de Bowerbank, de Lieberkühn, d'Oscar Schmidt et d’autres anatomistes dis- tingués, nous ont fait connaître beaucoup de détails inté- ressants relatifs à la structure et au développement de ces êtres. Cependant, malgré ces nombreux travaux, on est encore loin de s’entendre sur la place que les spon- giaires doivent occuper dans la série zoologique. Certains auteurs, tels que Carter en Angleterre et Clark en Amé- rique, veulent voir en eux des colonies d’infusoires fla- gellés, tandis que d’autres, avec Leuckart, les conside- rent comme des cœlentérés. La belle monographie que vient de publier M. Haeckel fera faire un grand pas à la question et éclaircira beaucoup l’idée que l’on peut se faire de ce groupe et de ses affinités. Le savant profes- seur de IJéna n’y traite, il est vrai, que de l’un des or- dres de cette classe, mais il a tenu largement compte des recherches faites sur les autres spongiaires. Il prétend d’ailleurs, et probablement avec raison, que les éponges calcaires peuvent mieux que les éponges siliceuses ou ‘ E. Hacckel, Die Kalkschwämme, eine Monographie ; 2 vol. de texte et 1 vol. contenant 60 pl., in-8°. Berlin, 1872. 44 MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. cornées donner la clef du plan de structure de tout le groupe. La Spongille, que l’on a prise longtemps comme type, est, selon lui, une forme extrêmement modifiée qui ne pouvait qu'égarer les zoologistes lorsqu'ils essayaient d'en tirer les caractères généraux de la classe. Non-seulement M. Haeckel étend considérablement nos connaissances sur l'anatomie et l’embryogénie des éponges calcaires; mais il établit en outre des rapports du plus haut intérêt pour la morphologie comparée, et ses obser- vations sur la variabilité des formes spécifiques et géné- riques nous révèlent un polymorphisme tel qu'il suffirait pour renverser les croyances les plus tenaces à la fixité de l’espèce. M. Haeckel propose une division des spongiaires en trois sous-classes : L Myxospongiæ. — 11. Fibrospongie. — TL. Calcispongiæ. Les Myxospongiæ sont dépourvues de tout squelette. Les Fibrospongiæ ont un squelette fibreux, tantôt corné, tantôt siliccux. Les Calcispongiæ ont un squelette calcaire. La forme typique de l’éponge calcaire est celle d’un sac ouvert à son extrémité supérieure qui est libre, et fermé à son extrémité inférieure qui est fixée au sol sous-marin. La structure histologique des parois de ce sac est très-simple. L’on peut y reconnaitre deux couches ou tissus bien différents l’un de l’autre, qui se distinguent déjà nettement chez la larve; ce sont l’entoderme ôu feuil- let gastrique, et l’exoderme, ou feuillet dermique. Les cellules du premier de ces tissus sont bien indivi- dualisées et fonctionnent comme éléments de nutrition et de reproduction. Celles du second ne sont pas, du moins chez l’adulte, distinctes les unes des autres, mais consti- ETS * MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. 45 tuent par leur fusion une couche homogène dont l’origine cellulaire n’est démontrée que par la persistance des nucléus. Les cellules de l’entoderme sont des cellules flagellées (Geisselzellen), c’est-à-dire pourvues chacune d’un long fouet mobile. De même que toutes les autres cellules des éponges, elles sont dépourvues de membrane d’enveloppe. Leur forme est extrêmement changeante par suite des mouvements automatiques de leur protoplasme, tandis que leur grosseur est assez constante et n’oscille guère qu'entre 02,006 et 0,008. Leur nucléus, ordinaire- ment sphérique, à un diamètre qui est en général égal à la moitié de celui de la cellule. Il contient toujours un nu- cléole et ordinairement de nombreuses granulations fon- cées très-petites. Le protoplasme de ces cellules flagellées est incolore, mais renferme toujours une plus ou moins grande quantité de petites granulations foncées dont la distribution est telle que l’on peut distinguer plus on moins nettement une mince couche corticale hyaline dépourvue de ces granules (exoplasma) et une masse interne granu- leuse (endoplasma). Une partie de ces granulations de l’endoplasma paraissent être de nature graisseuse, une autre de nature albuminoïde. IL y a aussi des particules outritives venues du dehors ; enfin c’est dans cette sub- stance interne que se trouve le pigment, lorsqu'il en existe dans l’entoderme. On y remarque également les vacuoles que James Clark considère comme des vésicules contrac- iles. L'auteur américain, qui voit dans ces prétendues vé- sicules une confirmation de sa théorie sur les éponges, les décrit comme se trouvant toujours au nombre de deux, dans une position constante, et se contractant par inter- valles très-réguliers. M. Haeckel est en complet désac- 46 MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. cord avec lui sur ces différents points et considère les vacuoles variables que l’on trouve souvent dans les cellu- les de l’entoderme comme de simples cavités pleines de liquide, qui n’ont rien de constant et ne doivent donc point être comparées aux vésicules contractiles des Rhizopodes et des Infusoires. La couche d’exoplasma transparent, incolore, plus consistant que l’endoplasma et contractile donne à la cellule sa forme caractéristique. Le fouet (fla- gellum) est un long filament de protoplasme, large à sa base, puis grêle dans la plus grande partie de son éten- due et se terminant par une pointe d’une ténuité ex- trême; sa longueur est égale à environ trois ou quatre fois le diamètre de la cellule qui le porte. Autour de la base du fouet, l’exoplasma se soulève en un rebord an- nulaire (collum, Haeckel, = rostrum, Carter) de dimen- sions variables, quelquefois très-allongé, limitant une ca- vité en forme de cylindre creux ou d’entonnoir. Lorsque l’exoderme est dans un état de relàche- ment, les cellules de l’entoderme, étant en rapport avec lui, sont un peu écartées les unes des autres et laissent entre elles de petits intervalles occupés par de l’eau de mer. Chaque cellule a alors une forme sphérique ou subsphérique. Si, au contraire, l’exoderme se contracte plus ou moins fortement, les cellules de l’entoderme sui- vent ce mouvement, s'appuyent les unes contre les au- tres, s’aplatissent par suite de la pression réciproque et prennent des formes polyédriques. L’épithélium flagellé, comme nous le verrons plus loin, est distribué d’une manière particulière dans chacune des trois familles d’éponges calcaires. Le tissu formé par la fusion des cellules flagellées de l’exoderme de la larve, à l'exclusion des spicules calcaires MONOGRAPHIE DES ÉLONGES CALCAIRES. 47 qui s’y développent, est désigné par M. Haeckel sous le nom de Syncylium. Il est constitué : 10 par de la sarco- dine, substance fondamentale hyaline, amorphe, contractile, qui n’est autre que le protoplasme modifié des cellules fu- sionnées ; 2° par les nucléus de ces cellules qui ont persisté . et se multiplient; 3° enfin par les gaines des spicules qui sont nées de la condensation de la substance fondamentale autour de la surface des spicules. Outre les nucléus, les spicules et leurs gaines, on trouve toujours dans la sarco- dine une petite quantité de fines granulations qui ne sont, en général, amassées qu'autour des nucléus. Le syncy- tium est à la fois l'enveloppe du corps, la couche formant le squelette, le tissu contractile et sensitif, Il réunit en lui les fonctions de la peau, du système musculaire et du sys- tème nerveux. Îl est non-seulement contractile, mais aussi élastique à un haut degré. Les gaines des spicules sont des enveloppes sans structure qui se forment immédiate- ment à la surface des spicules par une différenciation, une sorte de condensation et de sécrétion de la sarcodine. On constate facilement leur existence en faisant dissoudre le calcaire des spicules dans un acide très-étendu. Le squelette calcaire qui caractérise les éponges dont nous nous occupons ne forme jamais un tout continu; il est composé de nombreuses spicules toujours distinctes les unes des autres, même lorsqu'elles sont en contact le plus intime. Elles offrent dans leurs formes, leur position et leurs connexions beaucoup moins de variété que celle des éponges siliceuses. On peut, d’après leurs formes, classer les spicules des éponges calcaires en trois groupes: 1° celui des spicules en bätonnet (Monosceles) qui n’ont qu’un seul axe, tantôt droit, tantôt courbe ; 2° celui des spicules à trois bran- 48 MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. ches (Trisceles) qui sont formées de trois branches ou rayons partant d’un même point; 3° celui des spicules à quatre branches (Tetrasceles) qui ont quatre branches par- tant d’un centre commun. Les plus répandues de beau- coup sont les spicules à trois branches (70 °/); celles à quatre branches sont beaucoup moins fréquentes (20 ?/,) et enfin, les spicules en bâtonnet sont les plus rares de toutes (10 °/,). Les autres formes plus complexes, que l’on observe chez les éponges siliceuses, manquent aux éponges calcaires. Du reste la structure intime de ces spi- cules semble être essentiellement la même que celle des spicules siliceuses. Chaque bâtonnet ou chaque branche d’une spicule à plusieurs rayons est formé d’une série de feuillets ou cônes creux emboîtés, entourant un axe com- mun représenté par un fin filament central. Les spicules des éponges calcaires sont composées de carbonate de chaux uni à de l’eau et à une faible quan- tité de substance organique, à laquelle M. Haeckel donne le nom de spiculine. L'on peut se demander si cette substance n’est point la même que celle que M. Harting a appelée calcoglobuline". Nous ne suivrons pas l’auteur dans sa recherche des formes mathématiques auxquelles se rattachent les diffé- rentes sortes de spicules. IL serait difficile d'entrer dans des détails à ce sujet sans s’éclairer de figures. Disons seulement qu’il ramène la formation desspicules triradiées au type du dodécaèdre hexagonal, qui est la forme fon- damentale du système hexagonal. Si cette théorie est exacte, elle a une assez grande importance, puisque ce 1 P. Harting, Recherches de Morphologie synthétique sur la pro- duction de quelques formations calcaires organiques. (Mémoires de l’Académie royale néerlandaise des sciences. Amsterdam, 1872.) MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. 49 système est celui dans lequel cristallise le carbonate de chaux comme spath calcaire. Les spicules à quatre bran- ches peuvent être rattachées au même type que les trira- diées et provenir, par conséquent, du même système cristallin. Les cellules de l’entoderme et le syncytium avec ses spicules sont les seuls éléments du tissu de l’éponge cal- caire. Nous verrons, en effet, que les œufs etles zoosper- mes proviennent de simples transformations des cellules de l’entoderme. On ne peut reconnaître chez les éponges que deux sys- tèmes d'organes, celui des canaux qui parcourent les pa- rois du corps, et le squelette. L'appareil gastro-vasculaire se rencontre sous trois formes différentes qui caractérisent les trois familles de la classification naturelle proposée par l’auteur. I. Le corps de l’éponge reste toujours à l’état d’un sac dont les parois minces ne sont point percées de tubes ni de canaux proprement dits, mais simplement de pores temporaires (tubi porales) qui peuvent être alternative- ment ouverts ou oblitérés. — Asconiens. IL. Le corps a des parois épaisses traversées par des canaux ramifiés irréguliers (tubi ramales). — Leuconiens. IE. Le corps forme aussi un sac, épais, dont les parois sont percées de nombreux canaux; mais ceux-ci sont droits, non ramifiés et rayonnent de l’intérieur à l’exté- rieur. Ces tubes radiaires (tubi radiales) font librement saillie à la paroi externe ou sont plus ou moins soudés les uns avec les autres. — Syconiens. La forme la plus simple des Asconiens et par consé- quent des éponges calcaires est, comme nous l'avons déjà dit plus haut, celle d’un tube ouvert à son extrémité ARCHIVES, t. XLVIL — Mai 1873. L 90 MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. supérieure ou buccale et fixée par l'extrémité opposée. Ce n’est, en quelque sorte, qu’un simple tube stomacal. Tout l'animal est ici un estomac ; la cavité interne est une ca- vité digestive. La mince paroi du tube estformée de deux couches simples de cellules. La cavité stomacale est en communication directe avec l'extérieur par des pores tem- poraires perçant la paroi du tube. Ces perforations micros- copiques, sans parois propres, apparaissent tantôt en un point, tantôt en un autre, sous forme d’un trou de la sar- codine à bords arrondis. Les cellules de l’entoderme sui- vent les mouvements de la sarcodine et s’écartent autour de l’orifice. Lorsque ces pores se ferment, il n’en reste point de traces. C’est de cette forme simple des calcisponges qu’ont pu provenir (que sont provenues, dit M. Haeckel) par bour- geonnement, division incomplète ou soudure, toutes les autres formes de la famille. Le système gastro-vasculaire des Leuconiens est plus compliqué que celui des Asconiens et construit essentiel- lement de même que celui des épongessiliceuses etcornées. La forme la plus simple des animaux de ce groupe est celle d’une personne‘ consistant en un tube ovoide ou arrondi. La paroi du corps est toujours beaucoup plus épaisse ici que chez les Asconiens et ordinairement plus aussi que chez les Leuconiens. Cette paroi est traversée par des canaux tortueux, ramifiés, qui vont en s’élargis- sant régulièrement de dehors en dedans à mesure que leur nombre diminue et s’anastomosent ordinairement les 1 Nous rappellerons que M. Haeckel désigne sous le nom de « Per- sonne » chacun des individus distincts qui peuvent vivre isolés ou former par leur agrégation un « Corme » ou colonie (Stock oder Cor- mus). MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. 51 uns avec les autres. Les orifices gastriques sont toujours plus ou moins irrégulièrement distribués et de grandeur inégale. Le système gastro-vasculaire des Leuconiens, comme celui des éponges siliceuses et cornées est en par- tie tapissé et en partie dépourvu d’épithélium flagellé. L’épithélium flagellé manque constamment dans la cavité stomacale et l’ouverture buccale ; ilmanque aussitoujours dans les pores extérieurs et les plus fins canaux qui en partent ; il se trouve dans les autres, tout au moins dans certaines sinuosités ou varicosités des canaux. Ces canaux rameux des Leuconiens peuvent d’ailleurs se présenter sous des formes un peu différentes que M. Haeckel nomme type arborescent, type réliculé, type en grappe, et type vésiculeux. Le type en grappe ou glanduliforme est le plus intéressant de tous, parce que c’est celui qui pré- sente la plus grande différenciation et celui que l’on avait regardé comme le vrai type du système de canaux chez les éponges en général. Cette idée provenait de ce que l’on avait surtout étudié la spongille. Chez les épon- ges calcaires il n’y a qu’une famille dans laquelle on le rencontre, et encore n'est-il là qu'un des quatre types que l’on y observe. Le caractère essentiel du type en grappe est de manquer complétement d’épithélium fla- gellé dans tous les canaux et d’en présenter uniquement dans les loges vibratiles (Wimper-Apparate, Lieberkübhn — Ampullaceous sacs, Carter — Wimperkôrbe, Schmidt, —= Geisselkammern, Haeckel). La famille des Syconiens a un système gastro-vascu- laire très-spécial, qui ne se retrouve pas chez les autres éponges et simule le plan radiaire des rayonnés. La for- me la plus simple des éponges de cette famille est celle d’une personne à ouverture buccale unique conduisant 52 MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. dans une cavité stomacale simple. De cette cavité partent de nombreux tubes droits, non ramifiés, et rayonnant de dedans en dehors. Il est assez rare que ces tubes soient complétement ou partiellement séparés les uns des au- tres ; chez la plupart des Syconiens ils sont au contraire étroitement soudés entre eux. L'étude histologique mon- tre que chaque tube rayonnant a la structure d’une per- sonne d’Asconien, c’est-à-dire est composé d’une couche externe de syncytium contenant des spicules et d’une couche interne de cellules flagellées avec des cellules sexuelles. Voici comment M. Haeckel interprète cette structure. Chaque personne d’un Syconien a, selon lui, pour ori- gine une personne d’Asconien sur toute la face externe de laquelle se développe une gemmation strobiloïde; de.telle sorte que l’on a affaire en réalité à une colonie d’Asco- niens dont les individus du second ordre peuvent rester distincts les uns des autres ou se souder par leurs bords. L’épithélium flagellé persiste dans la cavité stomacale des individus de second ordre, tandis qu'il a disparu dans celle de l'individu souche. Nous n'avons parlé jusqu'ici que du système gastro- vasculaire des individus simples. Il nous reste à voir comment les choses se passent dans les colonies. Les cavités des diffférents individus de la colonie sont en communication directe ou indirecte entre elles, exacte- ment comme cela a lieu chez les zoophytes. L’on observe différents modes d'union: 1° Les personnes peuvent n’être unies que par la base, comme une colonie d'Hydroïdes et avoir chacune son orifice buccal distinct. Elles sont en communication les unes avec les autres par une ouver- ture dé la cavité stomacale située à leur extrémité abo- MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. 93 rale. 2° Les personnes de la colonie peuvent n'être plus libres, mais soudées les unes aux autres par un ou plu- sieurs points de leur surface dermique,de sorte que leurs cavités stomacales sont en communication par différentes ouvertures des parois latérales. Un certain nombre d’ou- vertures buccales sont atrophiées, ce qui fait qu'ily en a moins que de personnes. Quelquefois mème toutes les personnes d’une colonie sont soudées les unes avec les autres, il ne reste plus qu’une ouverture buccale, et on croirait, au premier abord, avoir sous les yeux une seule personne pourvue de son ouverture buccale. Il n’y a que les Asconiens chez lesquels la cavité sto- macale soit revêtue d’épithélium flagellé, et où cette ca- vité puisse fonctionner comme véritable estomac et in- testin, ou « cavité digestive et assimilatrice. » Chez les Leuconiens et les Syconiens, au contraire, la fonction nu- tritive s’accomplit dans les canaux rameux ou les tubes radiaires, et ce qui était d’abord la cavité stomacale de- vient un cloaque ou cavité d’égestion (Ausstromungs- hôühle) comme dans la plupart des autres éponges. La cavité stomacale des éponges calcaires est ordinai- rement ovoïide, fusiforme ou cylindrique. Dans le plus grand nombre des cas elle reste tout à fait simple; cepen- dant, chez quelques espèces, ou plutôt variétés, il naît de la paroi du corps des cloisons en forme de lamelles ou de cordons qui traversent la cavité et la divisent en feuillets. La perte de l'estomac ou lipogastrie, très - fréquente chez les éponges fibreuses, est au contraire très-rare chez les calcisponges. M. Haeckel n’a jamais vu le cas se pré- senter chez les Asconiens et les Syconiens ; il ne l’a observé que chez quelques Leuconiens qui ont déjà ordinairement une paroi stomacale très-épaisse et une cavité stomacale 54 MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. relativement très-étroite, restée en quelque sorte à l’état embryonnaire. Elle peut s’oblitérer complétement par le développement excessif du parenchyme épais qui forme les parois. Il n’y a qu’une seule espèce d’éponge calcaire chez laquelle M. Haeckel ait trouvé la lipogastrie constante; ailleurs elle ne caractérisait que des variétés. Dans ces cas de lipogastrie il se passe le même phénomène que chez les Cestodes. A la place de la nutrition par la cavité sto- macale on a la nutrition par la peau. Les éponges à cavité stomacale et celles qui en manquent ont entre elles les mêmes rapports que les Trématodes et les Cestodes. L'ouverture buccale (Mundôffnung, Leuckart, Haeckel) a recu chez les auteurs allemands et anglais différents noms tels que Ausstromungsloch, Auswurfsôffnung, Fecalori- fice, Osculum. Le nom que M. Haeckel adopte est tiré des homologies de cette partie avec l’orifice buccal des Cœ- lentérés. Les dimensions relatives de cette ouverture sont variables. Dans certains cas elle est presque aussi large que le tube stomacal, dans d’autres beaucoup plus étroite. Sa forme varie aussi considérablement. Elle est tantôt en forme de simple trou circulaire ou de fente à bords lisses et tranchants, tantôt prolongée en un tube cylindrique constitué par une très-mince lamelle de syn- cytium soutenue par un squelette de spicules qui ont or- dinairement des formes spéciales. Enfin, elle peut encore être formée d’une couronne de spicules très-longues, très- fines et serrées les unes contre les autres, dirigées dans le sens du grand axe du corps et unies seulement à leur partie basilaire par une mince couche de sarcodine. L'ouverture buccale est toujours susceptible de se fer- mer, soit, chez les éponges à bouche simple, par une con- traction annulaire des bords mêmes de la bouche, soit par MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. 99 celle d’un anneau situé à la base du tube buccal et pou- vant s'ouvrir ou se fermer sans que le tube change de dimensions. Bien que l'existence d’une bouche soit normale chez les éponges, il y a cependant beaucoup de cas où cet ori- fice manque complétement. Cette« lipostomie » s’observe dans les trois familles des éponges calcaires: elle semble être un caractère constant pour de certaines espèces, et seulement accidentel chez d’autres, qui tantôt ont une ouverture buccale, tantôt en manquent. Chez les calcisponges, comme chez d’autres éponges, lon trouve souvent un système de cavités qui avait été jusqu’à présent considéré à tort comme faisant partie du système gastro-vasculaire. Ces cavités en forme de canaux n’appartiennent pas primitivement au corps des éponges et n'arrivent à faire partie de celui-ci que par suite de phénomènes particuliers de soudure. Ces canaux inter- calés (Intercanäle oder Zchwischencanäle) ne sont pri- mitivement rien autre que des interstices superficiels pleins d’eau compris entre des saillies du corps de l'éponge. Lorsque ces saillies se développent considérablement et se soudent partiellement les unes avec les autres, les in- terstices externes restant entre elles deviennent toujours plus profondément enfouis dans la masse du corps et se développent en espaces creux d’une forme fixe et très- caractéristique qui ont toute l’apparence d'organes con- stitutifs du corps. Non-seulement ils prennent la forme de canaux ramifiés et anastomosés pouvant être facilement confondus avec ceux du système gastro-vasculaire, mais ils simulent aussi de vraies cavités stomacales et ouver- tures buccales. En raison de la manière dont ils naissent on comprend que les canaux intercalés ne sont revêtus 96 MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. que du syncytium de l’exoderme, et jamais de cellules flagellées. C’est chez les Asconiens que ce système est le plus dé- veloppé, mais, cela va sans dire, seulement dans les colo- nies, jamais chez les individus solitaires. Les ouvertures extérieures des canaux se présentent sous la forme de faux pores (Pseudopori). Elles conduisent dans des canaux qui ne sont pas de vrais canaux gastriques. La cavité cen- trale est une fausse cavité gastrique (Pseudogaster) qui s'ouvre au dehors par une fausse ouverture buccale (Pseu- dostoma). L'importance du système squelettique est moins grande que celle du système vasculaire; cependant l’arrangement presque toujours régulier des spicules fournit des carac- tères excellents pour la classification. L’on peut reconnaître dans les différentes éponges calcaires trois modes de dis- tribution des spicules selon que le squelette est composé d’un seul type, de deux types ou de trois types. L'auteur entre dans de nombreux détails sur la structure du sque- lette et sur celle du péristome chez les Asconiens, Leuco- niens et Syconiens. Les différentes fonctions de nutrition sont encore con- fondues chez les éponges et sont toutes accomplies par les cellules flagellées de l’entoderme. C’est le courant d’eau traversant la paroi du corps qui amène aux cellules fla- gellées les substances nutritives solides ou dissoutes ainsi que l’oxygène nécessaire à la respiration. Ce courant, qui sert en même temps à emmener les excréments et l'acide carbonique, est produit par les mouvements des cellules flagellées de l’entoderme. Il pénètre ordinairement par les nombreux pores microscopiques de la surface externe et MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. 57 ressort par l'ouverture buccale, Cependant cette règle n’est pas absolue et il y a des cas où le courant suit une mar- che inverse. En outre, il est évident que dans les éponges dépourvues d'ouverture buccale, les orifices de la surface du corps servent aussi bien à la sortie de l’eau qu’à son entrée. M. Haeckel considère donc comme fausses les ex- pressions de canaux afférents et canaux efférents et pense qu’elles doivent disparaître de la science. La nourriture des éponges semble se composer surtout de parties solides microscopiques provenant de tissus dés- agrégés d'animaux et de végétaux, ainsi que d'organismes microscopiques (Infusoires, Rhizopodes, Diatomées). Les corpuscules solides sont amenés à la base du fouet de la cellule d’entoderme dans le collier formant un enton- noir et pénètrent ensuite dans le protoplasme jusque dans le voisinage du nucléus. C’est ce dont on peut s'assurer par l'emploi du carmin. L’absorption des substances nu- tritives par l’exoderme n’est pas aussi évidente. Les corps étrangers que l’on y observe n’y sont parvenus peut-être que d’une manière mécanique. Il n’est pas impossible ce- pendant que cette couche soit capable d’ingérer aussi des corpuscules nutritifs au moyen de ses mouvements de nature pseudopodique. IL faut ranger parmi les phénomènes de nutrition et d’accroissement la formation des cormes ou colonies. Celles-ci se développent par suite d’une gemmation, d’une division incomplète, et aussi par soudure ou concrescence. La concrescence s’observe chez les Asconiens et les Leu- coniens où elle peut se présenter soit entre des individus provenant de deux ou de plusieurs œufs, soit entre les parties d’une colonie provenant d’un seul œuf. Chez les Syconiens il ne semble pas qu’il se produise de concres- 58 MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. cence de différentes personnes, mais il y a souvent une soudure plus ou moins complète des tubes radiaires les uns avec les autres. La respiration des éponges paraît être assez active, car ces animaux périssent rapidement lorsqu'on les tient dans une trop petite quantité d’eau. Dans ses recherches sur le développement des Sipho- nophores et dans ses études sur les Monères, M. Haeckel avait été amené à établir l'identité du mouvement ciliaire et du mouvement amœæboïde du protoplasme. Ses obser- vations sur les éponges calcaires ont confirmé cette ma- nière de voir. On constate surtout cette identité par la transformation du mouvement am@boïde en mouvement flagellé lorsque les cellules amœæboïdes primitives de l’em- bryon deviennent les cellules flagellées de la larve, et plus tard, lorsque les cellules de l’entoderme acquièrent les cils qui leur manquaient primitivement. On observe aussi une réapparition des fouets après certains états de repos pendant lesquels ceux-ci s'étaient retirés dans les cellules de l’entoderme. D'autre part, on voit le phénomène inverse du pré- cédent avoir lieu, c’est-à-dire le mouvement flagellé se transformer en mouvement amæboïde, lorsque la larve ciliée s’est fixée et que les cils qui garnissaient les cellules de l’exoderme ont disparu. Ces cellules retirent alors à elles leur fouet et se fusionnent pour constituer le syncy- tium. Il se manifeste aussi lorsque les cellules flagellées de l’entoderme retirent à elles leurs cils pour se trans- former en œufs doués de mouvements amœæboïdes. De même, lorsque l'éponge, après avoir pris une nourriture abondante, entre dans un état de repos, les fouets sont réabsorbés complétement dans le protoplasme des cellules de l’entoderme. MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. 59 Les œufs des éponges calcaires sont doués de mouve- ments amæboïdes. Ils se meuvent tout à fait à la manière des Amœæba avec lesquelles on pourrait facilement les con- fondre, et il paraît probable à M. Haeckel que ce sont eux que différents auteurs ont décrits comme des Amibes parasites des éponges. Les sphères de segmentation sont animées aussi de mouvements amœæboïdes, mais moins prononcés. Enfin, des parties du syneytium enlevées à une éponge calcaire présentent également des mouvements de cette nature, même lorsque les fragments sont très-petits et ne renferment pas de nucléus. Outre ces mouvements ciliaires et amœæboïdes, on en observe d’autres que M. Haeckel appelle neuromusculuires parce qu’ils se manifestent dans le syncytium, substance qui peut être considérée comme représentant à la fois le système nerveux et le système musculaire. On voit se produire une contraction totale qui change lentement les dimensions de l'éponge ou une contraction partielle qui a pour résultat l'élargissement et le resserrement, l’ou- verture et la fermeture de parties du système gastro-vas- culaire, telles que les pores externes ou les pores gastri- ques, ou bien encore l’ouverture buccale. A. H. (La suite au prochain numéro.) RECHERCHES E PHYSIQUE’ SOLATRE Par LE RÉv. PÈRE SECCHI!, Les diverses relations signalées entre les circonstances physiques de la surface du Soleil et les phénomènes mé- téorologiques terrestres ont engagé le Père Secchi à ajou- ter à ses publications mensuelles un résumé régulier de ses observations de taches et de protubérances avec notes explicatives. Cette innovation, qui date de décembre 1872, lui semble suffisamment motivée par les connexions dès longtemps reconnues entre les varialions des taches et celles du magnétisme terrestre ; par l’analogie d’une période indiquée récemment par M. Meldrum entre les dites taches et les ouragans tropicaux ; par la correspon- dance présumée par M. Tacchini entre les aurores bo- réales et certaines apparitions protubérantielles. Les as- tronomes de tous pays se féliciteront de ces nouveaux documents, difficiles à réunir dans des climats moins pro- pices que sous le beau ciel italien. Les observateurs transalpins connaissent comme le P. Secchi les ennuis que leur valent ces vapeurs légères qui entourent dans cer- taines saisons, d’une manière persistante, le disque solaire, permettant l’étude et le dessin des taches, mais excluant presque absolument l'emploi du spectroscope. Palerme, ! Bulletin météorologique de l'observatoire du Collège Romain. Jan- vier à mars 1873. PHYSIQUE SOLAIRE. GI plus favorisé encore que Rome, supplée et suppléera aux inconvénients de ce genre dans beaucoup de cas. Mais aucune autre station européenne ne pourrait fournir un contingent pareil de données. Nous faisons la fächeuse expérience de mois entiers passés sans voir le Soleil, et nos confrères de latitudes plus boréales sont encore plus privés que nous. Nous avons déjà parfois indiqué les progrès accomplis par l’auteur dans l'étude des phénomènes solaires. Un nouveau résumé, d’après les notes qu’il expose lui-même aujourd’hui, ne paraîtra pas superflu. Il a constaté, comme M. le professeur Respighi, que les régions des taches et des facules sont celles où se mon- trent de préférence les protubérances. Ainsi que tous les spectroscopistes, 1l distingue deux classes de protubérances : les unes légères, ténues, pa- reilles aux cirrus de notre atmosphère; les autres denses, compactes, analogues à nos cumulus, de lumière plus vive que les premières, et donnant naissance à ces jets écla- tants, à ces flammes élancées de formes si variables et si capricieuses. Le spectroscope a démontré que les premières ne con- tiennent que de l'hydrogène et la substance de la raie D, tandis que les dernières sont imprégnées d’une multitude de substances, produisant des raies spectrales nombreuses, et finissant par renverser totalement le spectre. On doit donc leur attribuer une composition chimique différente, et on y reconnait en effet la présence du magnésium, du fer, du sodium, de la substance de la couronne solaire correspondant à la raie 1474, et celles des raies situées entre B et C et entre a et B, enfin du calcium. Il reconnaît que la plupart des protubérances brillantes, 62 PHYSIQUE SOLAIRE. à spectre multiple coincident avec les facules; que par- tout où se rencontrent des facules très éclatantes, il y a des protubérances, sans que le contraire se vérifie tou- jours. Il affirme enfin que dans l'intérieur des taches il se trouve un spectre particulier, troublant toute l'harmonie des intensités ordinaires et présentant des raies grossies et dilatées à l'endroit de celles des métaux sodium, fer, magnésium, Calcium. Le rapprochement de ces divers résultats doit amener à la connaissance de la relation existant entre ces deux classes de phénomènes, et le plus naturel était d'admettre que les taches sont composées des vapeurs métalliques elles-mêmes qui se développent dans les éruptions, puis- que la seule différence est que dans les éruptions le spectre est direct, tandis que dans les taches il est ren- versé, ainsi que le veut la théorie. Cette explication simple est toutefois sujette à plus d’une difficulté. En effet, quoi- que les facules brillantes donnent lieu à des protubé- rances, on voit souvent de très belles protubérances ne correspondant à aucune facule sensible. Ensuite, lors même que les taches coïncident avec les protubérances les plus vives, et que celles-ci se trouvent en plus grande abondance dans la région des taches, nous observons des taches sans protubérances et très souvent des protubé- rances sans taches. On a surtout conclu à l'indépendance des deux phé- nomènes, du fait que, pendant que les protubérances se font voir sur tout le pourtour du disque solaire, il n’y a que très rarement des taches au delà du 40° degré de la- titude. Mais les protubérances que l’on rencontre en de- hors de cette zone de 40 degrés ne renferment guère que PHYSIQUE SOLAIRE. 63 de l'hydrogène et la raie D. On pourrait donc seulement en induire qu’une éruption d'hydrogène avec D, ne peut produire de taches. En revanche, les protubérances à spectre complexe sont le plus souvent suivies de taches, d’où le P. Secchi a supposé que l’une des conditions né- cessaires à la formation d’une tache après une protubé- rance, doit être l'émission d’autres substances que l’hy- drogène. Un examen plus approfondi l’a confirmé dans cette pensée; il a constamment vu des taches se produire après l'apparition d’une protubérance métallique et cela tout spécialement au bord oriental du disque. Il en conclut donc généralement que les taches sont le résultat des matières éruptives venant de l'intérieur à l'extérieur et composées de diverses substances métal- liques. Il ajoute que le spectre de la protubérance métal- lique au bord du disque n’est autre que le spectre direct de cette même masse de vapeurs métalliques incandes- centes, qui fournit ensuite au milieu du disque solaire un spectre négatif d'absorption. La présente thèse n’est pas en contradiction avec le fait que les éruptions se montrent de préférence sur les fa- cules. Nous savons que les facules précèdent, accompa- gnent et suivent les taches ; l’éruption qui a lieu sur les facules appartient donc par cela même souvent à la tache : reste à expliquer de quelle manière. Il se présente sur les facules des éruptions de nature tantôt hydrogénée, tantôt métallique. Les taches sont éga- lement accompagnées d’éruptions des deux espèces, mais généralement d’élévation restreinte. Les éruptions hydro- génées se trouvent de préférence sur leur pourtour, ou volent suspendues au-dessus d'elles. On a affirmé qu'il ne se produit pas d’éruptions sur les noyaux. Cela n’est 64 PHYSIQUE SOLAIRE. pas absolument exact; on en constate parfois, mais il y a des noyaux sur lesquels il n’en apparait aucune. La cause peut en être, que l’éruption, restant à un niveau infé- rieur, ne dépasse pas l’épaisseur de la chromosphère et reste invisible à l'observateur. Cela pourra être le cas lors de vapeurs métalliques dont le poids sera un ob- stacle à une projection considérable. La présence de ces vapeurs plus denses peut contraindre l'hydrogène à s’é- tendre latéralement en se frayant une route au-dessous de la région qu’elles occupent et en venant ainsi former la couronne de jets qui entourent la tache, qui sont tou- jours hydrogénés et qui affectent parfois une forme con- vexe vers le bord du disque. JL est en outre très probable que souvent la tache sera en grande partie formée de vapeurs qui, projetées par l'explosion interne, refroidies ensuite par leur dilatation, seront retombées sur la photosphère. En pareil cas l’é- ruption ne coïincidera pas avec le centre de la tache, con- trariée qu'elle sera par ce nuage pesant et froid, dont la présence empêche l'émission perpendiculaire, ultérieure de vapeurs, et la relègue à distance sous une direction in- clinée ou horizontale, comme on en observe fréquemment. En exposant cette théorie, le P. Secchi brave les re- proches qui pourraient lui être adressés de se rattacher aux vues de Galilée ou de Kirchhoff qu'il a autrefois com- battues. Il s'était surtout prononcé dans le temps contre l’idée du savant allemand, assignant aux nuages obscurs, causes des apparences des taches, une position élevée au- dessus de la photosphére. «Si les masses vaporeuses métalliques, dit-il, qui for- ment les taches doivent s'appeler nuages, nous n’y faisons aucune difficulté, pourvu qu’on admette qu'elles sont des PHYSIQUE SOLAIRE. 65 nuages absorbants, suspendus et surnageant comme des îles flottantes, mais en partie au moins immergées dans la grande strate qui forme la photosphère. « Nous dirons encore que pendant l’éruption elle- même ces nuages doivent aussi être suspendus et élevés au-dessus de la photosphère d’une quantité notable ; mais en pareil cas il est bien connu que les taches étant alors à l’état de formation, elles ne présentent pas de pénombre régulière, et l’on rencontre le plus souvent des taches sans pénombre symétrique. L'observation prouve que la pénombre symétrique commence lorsque, l’éruption ter- minée, la masse vaporeuse métallique se contracte, va se concentrant, s’agglomérant de la même manière que de petites gouttelettes d'huile nageant sur l’eau se condensent en une grosse goutte. Pendant cette période, elle est en- vahie par les courants environnants de la photosphère et à la fin elle se dissout. On peut trouver une preuve à l'appui de cette manière de voir dans le fait, que lorsque le Soleil est dans un état de grande agitation, les taches régulières à noyau circulaire sont plus rares qu'aux épo- ques d’activité modérée. Dans ces phases plus calmes les masses exhalées ont le temps de se réunir en une seule, ainsi que j'ai souvent vu un groupe de pores for- mer une seule tache. Mais répétons-le, ceci n’exclut point absolument l’éruption locale dans l’intérieur de la tache. Cela n’empêche point non plus que plusieurs petites érup- tions se réunissent en une seule.» Nous avons imprimé ici-même, en 1864 (Archives, tome XIX, p. 267), la phrase suivante, traitant de la for- mation des taches : « Par la concentration successive des éléments qui, jaillissant de l’intérieur de la masse (solaire) liquide, viennent se rejoindre suivant la loi d'attraction ARCHIVES, t. XLVIL — Mai 1873. | 5. 66 PHYSIQUE SOLAIRE. des corps flottants, l’ilot qui existait au début augmente d’étendue et devient une île, bientôt un continent... » — On comprend donc bien que nous ne sommes point de ceux qui critiquent l’adhésion du P. Secchi aux idées de Galilée. S'il subsiste quelque divergence entre nos vues sur l’état physique des principaux composants du globe solaire, cette analogie dans la conception de l’origine des taches, et les développements dont il l’a enrichie, grâce à la découverte ultérieure des éruptions protubérantielles, ne peuvent que nous satisfaire. Maintenant, se demandera-t-on, pourquoi une tache ne suit-elle pas toujours une éruption métallique, et n’en est-elle pas toujours accompagnée ? Le fait est très gé- néralement vrai lors de toute éruption considérable, per- sistante ; s’il y a des exceptions, il est aisé de se rendre compte de leurs causes. Nous n’entrerons pas dans le dé- tail de ces explications, mais nous signalerons une re- marque de l’auteur qui nous paraît fort judicieuse. Les régions de taches sont composées de deux aires de nature diverse : la partie obscure, et celle des facules environ- nantes, beaucoup plus étendue que la première. La partie paraissant obscure peut résulter des dépôts réunis de ma- tières éruptives, provenant de diverses ouvertures qui se condensent sous l'influence de forces inconnues. Son obs- curité est due à l’excès de vapeurs métalliques contenues dans les éruptions précédant et accompagnant la formation des taches. Ce sont les mêmes métaux dont les raies s’é- largissent sur les taches que nous voyons le plus fréquem- ment dans ces éruptions. Cette constatation a été faite pour le fer, le sodium et le magnésium ; elle est plus dif- ficile pour le calcium. La conclusion de l’auteur est donc en deux mots : les taches sont produites par des éruptions de substances PHYSIQUE SOLAIRE. 67 métalliques abondantes et spéciale ment de magnésium, de sodium, de fer, de calcium, etc. La masse noirâtre peut s’accumuler à l’orifice même de l’éruption, ou se réunir en une masse unique condensée sous l'influence des cou- rants de divers orifices voisins. La grandeur, la durée et l'intensité de la tache dépendent naturellement de la quan- tité des matières éruptives, et la masse agglomérée peut subsister longtemps après la fin de l’éruption, étant ali- mentée par une éruption lente et successive des mêmes substances. Nous trouvons le passage suivant dans un opuscule ‘ récemment publié par M. le professeur Spœærer et résu- mant les travaux exécutés sur le Soleil pendant les der- nières années. Après avoir établi la distinction entre les deux classes de protubérances : ordinaires, hydrogénées ou vaporeuses, et flamboyantes, métalliques ou brillantes, il ajoute : « On ne peut pas admettre que les protubérances flam- boyantes contiennent seules des substances métalliques s’élevant jusqu’à une certaine hauteur. Nous devons plu: tôt présumer que dans toutes les protubérances la force éruptive ou d’autres causes déterminantes projettent les diverses substances de la surface solaire. Il doit résulter des conséquences notablement différentes du fait que les éma- nations d'hydrogène incandescent se dispersent ou non. De cette dispersion doit en effet naître un abaissement con- sidérable de température. Les autres éléments projetés avec lui perdent alors leur éclat et se dispersent aussi, en sorte que des taches ne peuvent se produire loin de telles protubérances que dans des circonstances spéciales. En revanche, lors de protubérances flamboyantes ou dans ! Beobachtungen der Sonne. Anklam, 1873. 68 PHYSIQUE SOLAIRE. les parties brillantes de la chromosphère, l'hydrogène émis reste plus condensé, les masses soulevées conservent, sous une température plus intense, leur éclat près de la surface. Au-dessus se forment des nuages obscurs (masses refroidies, produits de combustion, cendres ou autres), et les ouragans, soufflant de tous côtés sur les régions chaudes, condensent les matières obscures, qui s’abaissent alors sous forme de nuées noires jusque sur la surface et y étouffent des protubérances basses. La tache ainsi pro- duite se trouve le centre d’ouragans convergents, dont la direction est indiquée par les petites taches qui vont en former le noyau. Les veines lumineuses du noyau sont des fissures, au travers desquelles on voit, non-seulement la surface à facules sous-jacente, mais qui laissent aussi pé- nétrer des protubérances flamboyantes. » On voit que les observateurs les plus assidus, les plus perspicaces des phénomènes solaires s'accordent pour cher- cher dans le même genre d’actions chimiques, physiques et mécaniques l'explication des taches. Nous les croyons dans la véritable voie pour réussir. Le P. Secchi a néan- moins entrepris une consciencieuse et savante réfutation de la théorie de M. Faye, qui attribue toutes les appa- rences des taches à l’effet de cyclones se produisant à la surface du Soleil. À mainte reprise déjà nous avons com- battu les idées de cet astronome sur les phénomènes so- laires, et sa nouvelle thèse ne nous paraît pas plus ad- missible que les précédentes. Sa simplicité, qui pourrait séduire à certains égards, n’est point un argument suff- sant pour expliquer des faits aussi complexes que ceux dont il est ici question, et nous serions fort surpris si un seul observateur exercé s’y laissait gagner. E. GAUTIER. BULLETIN SCIENTIFIQUE. ASTRONOMIE. W. Hucains. SUR LE SPECTRE DE LA GRANDE NÉBULEUSE D’ORION ET SUR LES MOUVEMENTS DE QUELQUES ÉTOILES SE RAPPRO- CHANT OU S’ÉLOIGNANT DE LA TERRE. (Philosophical Maga- zine, février 1873.) Les travaux spectroscopiques de M. William Huggins sur les étoiles, bien connus du monde savant, remontent à une époque déjà ancienne. La note dont nous donnons ici une brève analyse a été lue à la Société Royale Le 13 juin 1872 et elle est destinée à compléter une communication faite en 1868, relative au spectre des nébuleuses. L’auteur avait alors déterminé la coïncidence de deux lignes brillantes de ce spectre : l’une avec une raie de l’azote, l’autre avec une raie de l'hydrogène ; mais le pouvoir dispersif de son instrument était insuffisant pour discerner si la raie la plus brillante était double, comme c’est le cas de la raie correspondante de azote. Grâce à un télescope beaucoup plus puissant, mis à sa dis- position par la Société Royale, et grâce à d’importants per- fectionnements apportés à son nouvel instrument, M. Huggins, employant alternativement trois spectroscopes différents est arrivé aux résultats suivants. Quatre Jignes brillantes se voient dans la Nébuleuse d’O- rion. La premiére, observée avec une fente très étroite se voit très étroite elle-même, d’une largeur correspondant à celle de la fente, bien définie à ses deux extrémités et indubita- blement simple. La ligne de l’azote lui étant comparée est apparue double, et chacune de ses composantes émoussée et plus large que celle de la nébuleuse. A plusieurs reprises 70 BULLETIN SCIENTIFIQUE. celle-ci a paru coïncider avec le milieu de la raie la moins réfrangible de la double raie de l’azote. Cette observation suggère l’examen des conditions de pres- sion et de température sous lesquelles la double raie du spec- tre de l’azote devient simple, ainsi que des circonstances ac- compagnant ce dédoublement. L'expérience a démontré que la raie double s’efface entièrement lorsque la pression dimi- nue. Lorsqu'elle s’abaisse jusqu’à un pouce ou un demi-pouce de mercure, il y a une limite où la ligne réapparaît, pendant que les autres restent très pâles. On peut alors la retrouver double, mais plus étroite que lorsque le gaz est plus dense. Mais il n’a pas été possible encore de trouver les conditions dans lesquelles l’azote lumineux présente sa raie avec les mêmes caractères que ceux de la raie de la nébuleuse, où elle est unique et de la largeur de la fente. Si le fait de leur analogie se confirme, comme c’est probable, et qu’on trouve la réfrangibilité de la raie nébuleuse égale à la réfrangibilité du milieu de la double raie de l’azote, on aura la preuve que la nébuleuse d’Orion s’éloigne de la Terre. La seconde raie est tout aussi étroite et bien définie, mais il n’est pas possible de l’assimiler avec certitude à celle d’au- cune substance connue. La troisième et la quatrième raies concordent avec F et G de l’hydrogène. Elles sont très étroites et bien définies; on peut donc en inférer que l’hydrogène doit y être à une tension basse. L’éclat de ces raies comparé à celui des premières varie considérablement suivant les nébuleuses; il peut aussi varier suivant les temps dans la même nébuleuse, ou suivant ses dif- férentes parties. Mais c’est un sujet à étudier. Une petite variation dans la réfrangibilité d’une raie du spectre de l'étoile Sirius, comparée à une raie de l’hydrogène, avait été signalée à la Société Royale en 1868 par M. Huggins. Il en avait conclu un mouvement tendant à éloigner l'étoile de la terre avec une vitesse d'environ 25 milles par seconde, ASTRONOMIE. 71 en tenant compte du déplacement probable du Soleil dans l'espace. Ses nouveaux moyens d'investigation ont été appli- qués par lui à la recherche du mouvement de diverses étoi- les, en se servant du même procédé. Ce procédé, très délicat à pratiquer, ne peut fournir des données exactes qu'à un de- gré restreint d’approximation. L'erreur probable dans les évaluations de déplacement est considérable, car une déviation correspondant à un mouvement de 5 milles par seconde (environ un 40" de la distance de D, à D,) ne peut point être observée avec certitude. Outre la difficulté d'apprécier d’excessivement petits changements de réfrangibilité, les raies des spectres d'étoiles sont rarement à l’abri des ondulations atmosphériques ; d’autres obstacles pratiques empêchant des conclusions certaines, les résultats suivants ne peuvent être considérés que comme provisoires, jusqu’à des détermina- tions plus précises. Pour Sirius, la comparaison de la raie F avec la raie cor- respondante de l’hydrogène a confirmé la conclusion pré- citée, que l'étoile s'éloigne de la terre, mais avec une vitesse moindre que l'estimation précédente, c’est-à-dire de 18 à 22 milles par seconde. Le spectre de Betelgeuse ou à d’Orion ne présente pas de raies susceptibles d’être comparées avec celles del’hydrogène. Ce sont des raies se rapportant à celles du sodium et du ma- gnésium, celles du premier surtout, qui ont servi de terme de comparaison, et on a déduit un mouvement de 29 milles par seconde, s’éloignant de la Terre. Variant ainsi de bases de comparaison suivant les étoiles, M. Huggins donne un tableau de 19 étoiles s’éloignant du So- leil et un autre de 11 étoiles s’en approchant. La vitesse de leurs mouvements n’a pu être évaluée que pour environ la moitié d’entre elles, et elle n’a pas été corrigée de l’influence exercée par le mouvement du Soleil lui-même dans l’espace, lors même que la direction de ce mouvement est assez bien fixée, sa vitesse étant encore tout à fait incertaine. 12 BULLETIN SCIENTIFIQUE. En comparant ces tableaux, on remarque qu’en général les étoiles situées dans la partie du ciel opposée à la constella- tion d’Hercule sont indiquées par le spectroscope comme s’éloignant de la Terre, tandis que les étoiles situées dans la région voisine de cette constellation s’en rapprochent. IL y a des exceptions à cette règle dans les étoiles déjà observées. Mais il v a d’autres considérations paraissant démontrer que le mouvement du Soleil dans l’espace n’est pas la seule, peut- être même pas la principale cause des mouvements propres observés des étoiles. On ne peut guère douter que les mouvements stellaires ob- servés soient composés d’un mouvement commun à certains groupes d'étoiles et aussi d’un mouvement spécial à chacune d'elles. L’un des groupes pour lesquels ce mouvement com- mun est le plus remarquable, a été signalé par M. Proctor; c’est celui des étoiles B, ?, x, «et © de la Grande Ourse, qui ont une même direction, pendant que + et : de la même constel- lation en ont une opposée. Les observations spectroscopiques indiquent les cinq premières étoiles comme s’éloignant de la Terre, pendant que « s’en approche. L'étoile », il est vrai, pa- rail s'éloigner de nous; mais elle est trop éloignée de « pour pouvoir lui être associée. Quoiqu’on ne püt guère s'attendre à trouver toujours un accord entre les mouvements propres qu'indiquent les mou- vements apparents des étoiles perpendiculairement à leur direction visuelle, et leur mouvement dans le sens de cette direction, il est curieux de remarquer que dans le cas des étoiles Castor et Pollux dont l’une s'approche et l’autre s’é- loigne de la Terre, leurs mouvements propres sont aussi diffé- rents de direction et de quantité. L'étoile + du Lion, qui a un mouvement radial en sens contraire de celui de « et de 8 de la même constellation, diffère de ces deux étoiles quant à la direction de son mouvement propre. E. G. ASTRONOMIE. 413 J. JANSSEN. PASSAGE DE VÉNUS; MÉTHODE POUR OBTENIR PHOTO- GRAPHIQUEMENT L'INSTANT DES CONTACTS, AVEC LES CIRCON- STANGES PHYSIQUES QU'ILS PRÉSENTENT. (Comptes rendus de lPAcad. des Sciences, tome LXXVI, p. 677, mars 1873.) On sait que l'observation des contacts doit jouer un grand rôle dans les études sur le passage de Vénus. Cette obser- vation doit se faire optiquement, et présente des difficultés toutes spéciales et bien connues. On comprend donc tout VPintérêt qu’il y aurait à obtenir photographiquement ces contacts ; mais les méthodes ordinaires ne peuvent conduire à ce but; il faudrait connaître l’instant précis du phénomène pour en prendre la photographie, et c’est la méthode optique, avec les incerlitudes qu’elle comporte, qui seule peut la donner. J'ai eu la pensée de tourner cette difficulté au moyen d’un appareil qui permit de prendre, au moment ou le contact va se produire, une série de photographies, à des intervalles de temps très-courts et réguliers, de manière que l’image photographique de ce contact fût nécessairement comprise dans la série et donnât en même temps l'instant précis du phénomène. L'emploi d’un disque tournant donne une solution de la question qui paraît satisfaisante. Voici le dispositif: | La plaque sensible prend la forme d’un disque; elle se fixe sur un plateau denté qui peut tourner autour d’un axe paral- lèle à l’axe de la lunette ou du télescope qui donne l’image du Soleil. Le disque est excentré de manière que les images se‘forment vers la circonférence. Devant ce disque, un deu- xième disque fixe formant écran est percé d’une pelite fe- nêtre pratiquée de manière à limiter l'impression photogra- phique à la portion de l’image solaire où le contact doit se produire. Le plateau circulaire qui porte la plaque sensible est denté et mis en rapport avec un petit appareil d'échappement 74 BULLETIN SCIENTIFIQUE. commandé par un courant. À chaque seconde, le pendule d’une horloge interrompt le courant, le plateau tourne de la valeur angulaire d’une dent, ce qui amène sous la fenêtre une portion non impressionnée de la plaque, où une nou- velle image du bord solaire vient se peindre. Si le disque porte par exemple 180 dents, la plaque pourra recevoir 180 images du bord solaire. On pourra donc commencer les photographies une minute et demie avant l’instant présumé du contact (instant que le spectroscope peut d’ailleurs indi- quer pour le premier contact extérieur). Quand la série re- lative à un premier contact est obtenue, la plaque sensible est retirée et remplacée par une autre qui donnera le deu- xième contact, et ainsi pour les quatre. Ces plaques sont ensuite examinées à loisir avec un micros- cope; l'instant du contact est donné par l’ordre de la photo- graphie qui, dans la série, en présentera l’image. On comprend qu’il est nécessaire de régler le temps de pose. On y parvient au moyen d’une languette métallique munie d’une fente variable qui forme écran devant la fenêtre du disque obturateur, et qui, par une disposition mécanique particulière, découvre la fenêtre pendant la fraction de seconde reconnue convenable dans les essais préliminaires. Cette Note est simplement destinée à indiquer le principe de la méthode; on donnera plus tard les détails et les dessins nécessaires à la réalisation. PHYSIQUE. W. FEDDERSEN. ÜBER THERMODIFFUSION, etc. SUR LA THERMO- DIFFUSION DES Gaz. (Pogg. Annalen, t. CXLVIIE, p. 302.) La courte notice que nous avons consacrée, dans notre compte rendu de la 55”*° session de la Société helvétique des Sciences naturelles, à la communication de M. Louis Dufour sur la diffusion des gaz et les changements de température PHYSIQUE. 75 qui l’accompagnent! a engagé M. Feddersen à faire connaitre les résultats d’expériences qu’il n’avait pas compté publier sitôt, ne les considérant pas encore comme suffisamment précis, mais qui n’en ont pas moins un grand intérêt. Ces expériences forment à peu près la contre-partie de celles de M. Dufour ; tandis que ce dernier a constaté que la diffu- sion d’un gaz à travers une paroi poreuse produit une éléva- tion de température du côté de l’entrée du gaz et un abais- sement du côté de la sortie, M. Feddersen, s’efforçant de confirmer des idées théoriques émises par M. C. Neumann ?, a reconnu que lorsque deux portions d’un seul et même gaz à la même pression sont séparées par une paroi poreuse, pré- sentant sur ses deux faces une température différente, il y a diffusion de ce gaz à travers la paroi poreuse, le gaz allant de la face froide à la face chaude. Dans un des deux cas, celui des expériences de M. Dufour, la diffusion produit une différence de température entre les deux faces de la paroi poreuse ; dans l’autre cas, la différence de température pro- duit la diffusion que le physicien allemand a appelée fhermo- diffusion. L’expérience de M. Feddersen consiste à former un bou- chon poreux dans un tube de verre (par compression d’une substance en poudre dans ce tube), auquel on adapte ensuite deux prolongements fermés chacun par une goutte de mer- cure ou d’un autre liquide; ces trois tubes rectilignes sont disposés exactement dans le prolongement l'un de l’autre et horizontalement ; on soumet alors une des extrémités du bou- chon à une source de chaleur constante, tandis qu’on main- tient l’autre extrémité à la température de la chambre,ou même qu’on la refroidit artificiellement. Cela étant, et dans ces conditions, le mouvement des deux gouttes de mercure a toujours indiqué un déplacement lent de la colonne gazeuse 1 Le mémoire de M. Dufour n’a pas encore paru, voir pour cette communication, Archives, 1872, tome XLV, p. 10. 2 Berichte der kün, sächs. Gesellsch. der Wissenseh., 15 février 1872. - 76 BULLETIN SCIENTIFIQUE. dans le sens de la face froide du bouchon à la face chaude. La première substance avec laquelle l’auteur a opéré est la mousse de platine, choisie à cause de son grand pouvoir absor- bant, surtout pour l’oxygène. La mousse, préalablement calci- née, avail été comprimée dans un tube ayant 3"",5 de section de manière à y former un bouchon de 60"" de longueur; on n’avait adapté à ce tube qu’un seul prolongement, et cela du côté chaud ; la goutte de mercure placée dans ce prolon- gement, présentant une trop grande résistance au mouve- ment de la colonne gazeuse, fut remplacée par une goutte d'acide sulfurique, laquelle se déplaça de 195" en huit heures, toujours dans le sens indiqué, lorsqu'une des extré- mités du bouchon fut portée à 100° l’autre étant maintenue à 10°. Avec un tube plus large et un bouchon long de 31%”, dont une des extrémités était chauffée à 200° environ, l’autre étant à 8°, les résultats ont été beaucoup plus marqués et le mouvement des deux gouttes d'acide sulfurique a présenté une vitesse de 10%, 15" et même 22°* à la minute. Le pro- longement tubulaire adapté à la face froide du bouchon, étant coudé à son extrémité, fut ensuite plongé dans de l’acide sulfurique. Le mouvement de la colonne gazeuse s’arrêta lorsque l’acide se fut élevé de 6" dans le tube. L’aspiration produite par la différence de température des deux faces du bouchon est donc mesurée dans ce cas, déduction faite de la capillarité, par une colonne d’acide sulfurique haute de 5°". La mousse de palladium, plongée dans une atmosphère d'hydrogène a donné des résultats constants quant au sens du mouvement, mais très-variables quant à l’intensité de l'effet, et beaucoup moins marqués qu'avec la mousse de platine. Gypse. Un tube de verre de 12°*,5 de section, contenant un bouchon de gypse de 70" de longueur a été entouré à une de ses extrémités d’une feuille de cuivre qu’on chauffait au moyen d’une lampe à alcool, de façon à porter le bout du bouchon à 200° environ. On a obtenu de la sorte un mouve- ment de deux gouttes d'acide sulfurique de ‘/,"" à 1°° par minute. PHYSIQUE ÿ y Charbon. Avec le charbon (bouchon 12"*5 de section, 90" de longueur), placé dans les mêmes conditions que le gypse, on a obtenu du côté froid un déplacement de 4°", 5" et même 10°" dans la minute, tandis que du côté choud il n’était que de 1°", 2% ou 3*": cela indique que pendant qu’une portion du gaz traversait le charbon une autre por- tion y demeurait absorbée. Le même effet avait été observé, quoique plus faiblement, avec la mousse de platine. La silice, dans les mêmes conditions, a donné un déplace- ment de 3°” en moyenne par minute, et la magnésie calcinée, de 10°", 14° et même 28"" par minute. L’aspiration dans le cas de la magnésie, qui a donné l’effet le plus marqué, se mesurait par une colonne d’acide sulfurique haute de 53°”, 62°" et même 80"" et au delà. On a observé aussi une ab- sorption du gaz (air) par la magnésie. Ces expériences, que M. Feddersen ne donne que comme des recherches préliminaires, sur lesquelles il se réserve de revenir avec des procédés plus précis, mettent donc en évi- dence un phénomène nouveau, savoir la diffusion entre deux portions d’un seul et même gaz, à la même pression, Sépa- rées par une paroi poreuse présentant une température dif- férente sur ses deux faces. Quelqu’incomplets qu’ils soient encore, ces résullats offrent néanmoins un véritable intérêt surtout lorsqu'on les rapproche de ceux de M. Dufour dont ils sont la réciproque. E.S. F.-C. HENRICI. SUR L'ACTION DES CORPS SOLIDES SUR LES SOLUTIONS GAZEUSES SURSATURÉES. (Pogg. Annalen, 1872, n° 12.) Le phénomène qui est l’objet de ce mémoire consiste dans l'apparition de bulles gazeuses à la surface des corps solides que l’on plonge dans des dissolutions gazeuses. Avant de décrire ses expériences, l’auteur entre dans quelques consi- dérations théoriques sur l’état d'équilibre moléculaire d’un liquide tenant un gaz en dissolution. 78 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Il existe entre un liquide et un gaz une certaine forcé adhé- sive que la difficulté que l’on rencontre à débarrasser com- plétement l’eau, par exemple, de l'air qu’elle renferme met hors de doute. Cette force adhésive d’une part et de l’autre la pression extérieure du gaz libre sur la surface libre du li- quide déterminent l’état du gaz dissous. Il pourra se faire que la tension intérieure du gaz soit trop faible et alors une nouvelle quantité s’en dissoudra; il pourra se faire au con- traire que la tension intérieure soit trop grande pour l’équi- libre et la solution sera sursaturée. Dans ce dernier cas, ce seront les molécules gazeuses voisines de la surface libre qui s’échapperont et il y aura dans toute la masse liquide une ten- dance des molécules gazeuses à monter vers cette surface. La présence d’une surface solide telle que celle qui forme les parois du vase modifie les conditions dans lesquelles se trouve le gaz. A l'attraction entre le gaz et le liquide viennent se joindre celles entre la surface solide et les deux autres corps. Suivant celle de ces trois actions qui se trouve être prédominante il peut se présenter trois Cas. 4° L’attraction entre le liquide et le gaz prédomine; alors l'introduction de la surface solide ne produit pas d’effet. 2° L’attraction entre la surface solide et le gaz prédomine; il se produit alors une condensation du gaz sur la surface, mais qui ne donne pas lieu à un dégagement gazeux. 3° L’attraction entre la surface solide et le liquide prédo- mine; il se produit alors une condensation du liquide sur la surface et cette condensation donne lieu à une sursaturation locale et à un dégagement gazeux. C’est ce dernier cas que l’auteur s’est proposé surtout d’observer. Les surfaces sur lesquelles on veut obtenir un dégagement de gaz doivent être débarrassées de toute im- pureté. Un procédé qui a réussi consistait à les frotter avec du cuir saupoudré de pierre ponce. Les corps solides étaient divers métaux, du verre, de l’os. Une première série d'obser- vations ont été faites avec de l’eau de source fraîchement PHYSIQUE. 79 puisée. On plongeait dans le verre cylindrique qui la conte- nait des fils fraîchement nettoyés de platine, d’argent, de cuivre, de zinc, etc., et on observait l'apparition des bulles de gaz avec une loupe ordinaire. Il s’est toujours produit immé- diatement dans ces conditions sur les fils des bulles très-me- nues et nombreuses, qui finissaient par les couvrir. D’autres expériences plus significatives ont été faites avec une dissolution d’acide carbonique. Un moyen commode d’obtenir cette dissolution à un degré de saturation plus ou moins complet consiste à employer les poudres effervescentes. En plongeant dans ce liquide les surfaces solides, le déga- gement gazeux est abondant et le phénomène se constate de la manière la plus frappante. Même après 24 heures, un fil d'argent plongé dans deux pouces cubes d’eau tenant en dissolution de l’acide carbonique provoquait l'apparition de bulles gazeuses abondantes. Dans ses observations nombreuses, l’auteur a pu se con- vaincre que la moindre impureté de la surface est un obstacle à la production nette du phénomène. Or cette assertion se trouve en contradiction avec l'opinion qui a prévalu jusqu'ici, mais cette opinion paraît être le résultat d’une expérience mal interprétée. En effet on pensait que des surfaces cou- vertes de poussière possédaient le mieux la propriété de dégager des bulles d’air, et on le prouvait en montrant que si l’on exposait la surface à une flamme d’alcool et si on la débarrassait ainsi de sa poussière organique, elle n'agissait plus. L’auteur s’est assuré tout au contraire, qu’en exposant une surface parfaitement nette à une flamme d’alcool, elle se recouvre d’une couche très-mince mais très-tenace qui se sent quand on la frotte avec un linge fin. C’est à cette couche formée de charbon peut-être qu'il faut attribuer le manque d’action des surfaces. Le choix des surfaces que l’on peut employer dans ces expériences est restreint par la nécessité de leur donner à toutes une surface également lisse. Des métaux oxydés pré- 80 BULLETIN SCIENTIFIQUE. senteraient une rugosité qui aurait de l'influence sur la pro- duction gazeuse. C’est ce qui résulte de la différence que l’on remarque entre un fil de laiton poli et un fil de laiton que l’on a strié en le frottant avec du papier à émeri. Ce dernier plongé dans la dissolution se couvre immédiatement de bulles très-menues qui se rangent de préférence dans les sillons, tandis que sur l’autre apparaissent des bulles moins nombreuses et par cela même augmentant plus rapidement de grosseur. Cette expérience montre que l’action de la surface dépend en partie de sa constitution mécanique. Cette influence est démontrée aussi par l’action des tiges et des feuilles de cer- taines plantes présentant des ruguosités très-fines, qui plon- gées dans la dissolution déterminent la production de bulles adhérentes aux pointes des rugosités. La substance de la surface paraît avoir de l'influence sur son action. Sur le verre, les bulles ne sont pas aussi grosses que sur le métal. Pour montrer que la condensation du liquide sur la sur- face solide est bien la cause du dégagement gazeux, l’auteur a cherché dans l’adjonction d’un peu d’acide sulfurique à de l’eau tenant de l’air en dissolution, un autre moyen de pro- duire une condensation. Or cette adjonction détermine la production de bulles sur les parois du vase ou sur des surfaces imergées. Des expériences analogues sont décrites en rem- plaçant l’acide sulfurique par des sels, du carbonate de soude, du salpêtre, du sel marin. A l’appui de sa théorie, l’auteur rappelle aussi le fait qu'en agitant du vin mousseux ou en frappant les parois du verre, on obtient un nouveau dégage- ment de gaz, résultat de la condensation déterminée méca- niquement contre les parois par le choc. Le mémoire se termine par quelques expériences où l’on a cherché à réaliser les conditions mentionnées plus haut Lors- que c’est l'attraction entre le liquide et le gaz ou celle entre la surface solide et le gaz qui l’emporte sur les deux autres. pat ne 81 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois D'AVRIL 1873. Le 1er, faible rosée le matin. 2 et 3, rosée le matin ; le 3 à 31, h. m., pluie et grêle, l’orage passe du NO. au SE. 4, à 9 h. soir halo lunaire. 1, il a neigé la nuit précédente sur toütes les montagnes des environs et jusqu’au pied du Salève. 9, gelée blanche le matin, forte bise dans la soirée. 14, faible gelée blanche le matin, minimum + 0°,6. 15 et 16, rosée le matin. 17, de 23/, à 4}, h. de l'après-midi éclairs et tonnerres au Nord. 21, brouillard le matin, forte rosée. 23, rosée le matin. 25, grêle le matin à 5 h., giboulées de neige à plusieurs reprises dans la journée; la neige n’a pas pris pied dans la plaine, mais toutes les montagnes sont blanches jusqu’au pied. 26, gelée blanche le matin, forte bise depuis 8 h. matin jusqu’au soir. 27, forte gelée blanche le matin. 28, giboulées de neige le matin ; il a neigé de nouveau jusqu’au pied des mon- tagnes ; à 81/, h. du soir éclairs au sud. ARCHIVES, t. XLVII. — Mai 1873. 6 MAXIMUM. MINIMUM. ‘25 Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. S= mm Le 1e à 4h. après m. ....,.. 72349 > 3à 10h. soir............ 731,11 | Tà 6h, soir.........,.. 15,24 à 8 b. MAUNE ES er-er 726,74 A, 9 , Ne he. 10 à 4h. après midi...... 720,43 HO11 28h. matm.:-"",. 0.172636 sed Ù 47 à 6h: matin... 0 matin ........: 125,61 23 à midi... RE eee A TRAUS | à Limnimètre ah | [0 — 0 180 —|5'6 00 9'6 NE 0 EL :S0 + |6'6 CT + | S'0r GT + |L'OI 90 + |L'6 HO | c'e D Po GO RIT:S JA Gt | LG 90 + | 0'6 FO —|£'8 HO), 0'E SONO 80 —1r'} Or 0°T 160 60 — 69 0‘ + | 907 Fe +607 Fe + |9"0I Ve + |g'Or C4 en AN A FR 9 | OU epoone | UN 11894 LR Re QUQUY np ‘duroy, " re pe mn me => RO ee ee Me ee pu DO DO mn ©O ù me me à en RO Z 5 GO = Go GS GO Go RO > Clarté moyenne du Ciel. MOYENNES DU MOIS D'AVRIL 1873. 6b.m. Sh.m. 10h. m. Midi. 2h.s. 4h.s. 6h:5. Sh.s. 10h.s. Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm 2 {7° décade 559,76 559,80 560,05 560,04 559,91 559,80 559,94 560,07 560,04 2% « 559,69 559,87 56017 560,28 560,26 560,29 560,43 560,62 56081 3 « 55734 55748 557,83 557,97 557,80 558,05 55809 558,27 55830 Mois 558,93 559,05 559,35 559,43 559,35 559,38 559,49 559,66 559,71 À à Température. 0 0 0 0 0 0 0 Li] Li] Are décade— 7,54 — 5,63 — 4,33 — 2,82 — 2,93 — 3,87 — 6,06 — 6,82 — 6,75 Be « — 406 — 1,52 + 0,40 + 1,25 + 0,76 — 0,07 — 2,143 — 2,86 — 3,09 D 11,05 — 7,75 — 4,99 — 3,34 — 3,69 — 5,07 — 7,18 - 895 = IG M TS 4,97 — 297 -_ 164 —195 _ 300 5% 60 65 La Min. observé.” Max. observé” Clartémoyemne Æau de pluie Hauteur dela 5 du Ciel. Ou de neige. neige 24 o 0° mm FA _ re décade — 8,12 — 2,925 0,77 198 195 % « = 118 + 146 0,69 28,2 165 æ « —11,56 — 2,75 0,73 10,3 75 Mois == 1.95 = HAS 0,73 38,3 435 Dans ce mois, l'air a été calme 5,93 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 2,62 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N.45E , et son ù tensité est égale à 61,9 sur 100. Q] ‘ ; my Sieates CEA AA Fe ÉRENNRER: pee PAS LA É * Voir la note du tableau. ne | e RES Sa NA #ñ sé es * t Sarine $ % È Ÿ È ë Sarine Niveau de lamen, à $ ® È Ÿ È Rcidigeñthat Fig 1.2.3et4. Ælyseh ; Craie Wevcortien Couche a Tir Ctulloi Cateaire à Aptychus Calcaire à Mylilus Culcaire oxlordien Bathorien {hetier Cargneule el gypse (trias) Wällalp RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE DE L'ANNÉE 1872 POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT -BERNARD PAR M. E. PLANTAMOUR Professeur Les observations météorologiques ont été faites et ré- duites dans les deux stations suivant le même système que par le passé; je résumerai de la même manière les principaux résultats, ainsi que la comparaison de l’année 1872 avec la moyenne, en commençant par la tempé- rature. ARCHIVES, t. XLVIL — Juin 1873. 7 ÉTÉOROLOGIQUE 2 RESUME M 90 TEMPÉRATURE À GENÈVE 1872, 2 A Re . ace x A Tempéra-| Mini Mxtin ÉPOQUE | Midi | 2h. | 4h. | 6h 8h. 10h. (Minuit)! (44 h.) | 46 h.) | 18 h. | 20 h. | 22h. Su UE NÉ | 0 0 0 0 0 0 0 0 Déc. 1871. |- 2,79|- à 48 — 3,18 9|— - 5,0 43 - 5,91/- 5,70|- 5,26/- 3,99) - 4,51| — 7. ,44| — 1,76 Janv. 1872 |+ 2,30|+ 2,91|+ 2,48 4\+ + 0,6 34 - 0,20 - 0,28|- 0,14/+ 1,01 + 0,97) — 158 + 4,22 Février . + 4,22 91+ + 1,6 12 + 0,09 + 0,214 0,554 2,13] + 4,99] — 0,64) + 5,95 Mars 23|410,09 1|+ 1 5,4 12 1 2/04 + 24714 3,974 7,12] + 6,07| + 1,71| 111,62 Avril 412,92 21+ +88 59 + 5,73 + 6,34|+ 8,50 40,81) +9, FE + 8. 40! +14,49 Mai. 415,33 41 411,4 1 903 + 977111641314) 412,29! + 841] 17:12 Juin. . 419,56 614 115,5 1294 1350115,62H7,60| 16,34] 411,89) 121171 Juillet. 51493,69 o|+ +18 45,03 416,211419,40,+21,19) +19,72)] 114,77) 425,21 Août 52|+20 46 74 116 43,79 H4,441416,53 418,45 | 417,27] 413,38] 421,99 490,15 1l4 114,62 410,83 411,62/114,99 418,09) 415,86! +10,67| 421,63 bre 412,48 71+ 0, 10 + 7,60 + 7,81|+ 8,70 +11, 16| 410,02] + 6,86| 14,37 Novembre 21+ 8,23 ,85|+ 7, ‘91 + 6, 97 + 5,52 + 5, 7114 6,10. + 7, a + 7,32] + 4,45] +11,09 + 0,984 4,574 1, 111E 0,22 0,52 — 2,03 — 1,97/- 1,66 - 0,38! = 097 — 3,28| + 2,73 Donne 411,85/419,95119,79 411,37|+ 9,90 + 560 + 6,19/+ 8/03 HO235 + 9,20] + 5.17| H4,41 Été .-. . . [+20,511421,391121,25 420,31 418,37 45, 443,70 #14,731417,20 119,09 417,79! +13,36| 422,98 Automne . [413,94 414,40 RS + 7,98 + 8, 37 + di03 3,58) +11,06| + 7,32 15,68 | | | | Année .. 11,83 |H2, 60/+12,26 411,07+ 9,73|+ 8,71 + 6,33 + 6,85|+ 8,10 10,10 + 9,41! + 5,66! 113,98 | EAN POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 91 Ï RS mm, RP ns s il D © 2 ODI- SH = OO + ON DPRATEE Q. ai | SOIR LDASANAS a = 6120 s = ÉRadaee nee A 12 4 GI 15 Fe 7 — GI ON CN CN EN NI I ci _ | D ie es ns me me Se D ES ES +++ — © | SE SC D EE A SE ETS ESS 2 D | = manne nn nm en non Qu} = MSN NENCNENC ECTS SNEMCNE < +“ © 19 2 CN Tr - — + OSOr-Qr = RSSSRARSSRRES LE a = OSoSsosssssss SSSs S = em 2 me ART Tor + 4 RRDDISSFONSS RS « . TE EE D 19 9 JS D RD ne er ALL ol —— "D D me me me Are ee + S IS SSSR S ss CRETE & © CÉTRNET ER RTET ET ENST Qu En 1, | ENONCE 08 «35 S£SSSSsegesses £s£Sss = 2 Dnnnunuano ns ann ‘a Lan | 20 ON = O D D A DE + [= Œ GI C0 = IREM RME BI HN + LL DO00SSoScosssss eo S F4 HE | +++ | + = LLSSmeSrmoTooS SDS & Put mOUOSNI- OS 9 oo 20 ce GI 20 D 20 SERRE RE EC EC ET CREER + = HR ++E++<++ + LR ECLEEE Te 2 PSE SELESZE | SELLES à © SSSSSSSEssSsss SSAs £ = AUTO RRER A anunu ñ = D—NDOMNn=Sor 161 © = PISOPSREIRBRES | SALE a. T Pan GNU 0 07 29 0 D OT — men GT où = D es es me me me EU ER ES +++ 3e = SERBE DSNI-OAO r- = = LRRBSLNME ND EM 2 À À 2 pe pa: Oro S orne tr So a = >rriinle le lo ut s I HHHHEEETETE + +++ DT _. UUUUHNHHHHUNU Hu fl _— SR PH ES D © + 4 4 4 4 Ph + + #” un G ist a Me, . CPC 1 2 = = pre Die HART - = RE OR ES SN EMEA de ne RO - = TE EU core E = ce £ © © Less ee 8104 : © DE E mm . 2,5 22 = +» «d Œ Or SES 58 > DRE S = DÉVSES 50500 JTE ES = RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE TEMPÉRATURE AU SAINT-BERNARD 1879, ÉPOQUE. Sn Décembre 1871 Janvier 1872 . . Février .. Mars . Avril . Mai. . Juin . Juillet Août . ; Septembre Octobre . Novembre e Ce Ce 19 © =1 © © 1 19 ©> 19 O0 ©) 2 O0 Or + + + H + ï + Hiver Printemps je Et Automne . 2h. IEEE DOIDOIR © © & O DO 1,7 Mmevbouwwomio TON © © D CI I © de CE I ON QD 2 + 0,68] + 0,82 4 ù| 3 b) 4h. SOIN DOOROR OT-ID +++ +++ I =) S © Os + + HDeNETarRwSotte © = © KO C7 © > @ de > GO ES 8 h. l++++I 40 h. (Minuit)! (44 h.)| (16 h.)| 18h. - 1,97| - 2,97 D ++++i - 4,89 + 3,97 - 1,02 20 h. 22 h. D +++++ I Tempéra- ture moyenne, = 2,79] — 4,58| — 0,32] - 1,31 93 POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. (o‘r8a+ €) us 800 + (0x8 + À 8) us gg'o + (g‘agt d).uis 08ty + Fer - = 2 * * * * oouuy (yiesct 6) us 600 + (0‘z8 + À à) us ey'o + (c‘égt vi) uis per + 110 + = 2 * * * *euwomy | (9'1GSt €) us 610 + (Fu6 + d à) uis cop + (g'gct d) uIs 9%G + 900 + = 2 * * * : * * “HI (L'860+ €) us Gr'O + (18 + d a) uis 8ç'Q + (r‘09+ h US 8GG + LG — =? °° * Sduoquud (8°16 + 1 €) us 970 + (gr + À 8) ui gc'o + (e'yGt nd) us OUT + LB - = 3 * * © © + A (ose + €) us 600 + (169 + d ) us 670 + (e‘gzt 1) us y6‘ ‘Y == 3": " 21que0 (OGTE # €) us 600 + (GS À À ©) uns 080 + (EEE ) us ELU j 8940 = = 2: : : * 01400 (g'eLct n €) US Fp'O + (006 + À G) UIS &9‘ + (9‘gct ) us pes + 886 + = 2? * * * oxquoydeg (g'scc+ €) us 680 + (L'807+ 1 8) us Goo + (1794 he US 60 + €0 9 + =?" * * * * * mov || (gio1st d €) us 080 + (ego d 8) us 590 + (‘ect d) urs 993 + 6L'L + = 2 * * * * : joypmp | (6/8L6t €) us 9F'o + (6°61 + d 3) us 8L'Q + (8‘09t *) us QL'G À Ver + = 2 * © ©: * * ump (e get 1 €) us FF'O + (y8 + d 8) us 390 + (y‘r9+ d) us gas + 9pO - = 2 * * * * * * ‘rex (9 gvet #6) us 660 + (006 + 1 a) us y70 + (L'oct vd) us 8p'z + LT = = 2 © * * * * : quny (eg eret d €) us O1 + (c'o8 + d &) us 790 + (F‘094 d) us 6H + 98e - = 2 * * * * * : Se (pee + 7 €) us 8F'0 + (‘09 + d à) us FL‘ + (c‘g9+ d) us gg'r + 69 - = 2 * : : * "Ju (O6 + 1 €) US GO + (c'eG + À g) us #y'o + (get v) uis FT + 978 — = 2 * * GLST œrauef | (RO RTE 8702 (CEST 80 + (974 #) uts 98'0 + GL'OF- = ? ‘FLY 210090 | l | | | | l | | "GLS SUR, Juepuod ‘PARUHO-JURS ne 91n}21QdW97 EI 9P AUINIP UOIELIEA 8 9P SAINULIO 94 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE Si l’on compare la température de chaque mois, des saisons et de l’année entière, avec les valeurs moyennes déduites pour Genève des quarante-cinq années 1826-70, et pour le Saint-Bernard des vingt-sept années 1841-67, on trouve les écarts suivants : ÉCARTS. Température, Température. Décroissement Genève. Saint-Bernard. entre les deux stations, 0 0 0 Décembre 1871. —5,44 —3,13 —2,31 Janvier 14872... +1,12 +0,58 +0,54 Février. ....... +-0,36 +1,66 —1,30 Mars: L'ANm, +1,58 1,47 +0,11 AVI TS bi +0,59 +1,40 —0,81 MAR EAN —0,97 —0,97 0,00 IN RASE —0,51 +0,22 —0,73 Juillet Tr. +1,00 +1,63 —0,63 AOÛ. RES —0,59 +0,05 —0,64 Septembre. .... +1,36 +1,96 —0,60 Octobre ....... +0,13 —0,20 +0,33 Novembre ..... +2,79 +1,06 +1,73 Hiver 1872..... —1,38 —0,35 — 1,03 Printemps ..... +0,40 +0,62 —0,22 HER Rs re. —0,03 +0,64 — 0,67 Automne ...... +1,42 +0,93 +0,49 Année 1872.... +0,08 +0,45 — 0,37 Les deux seuls mois dont la température s’écarte très- notablement de la moyenne, à Genève, sont ceux de dé- cembre et de novembre. Le mois de décembre 1871 est le plus froid qui ait élé observé à Genève depuis l’année 1826 ; il a été de 1°,07 plus.froid que dans l’année 18514, le plus rigoureux qui se soit présenté auparavant dans toute la série. Par contre, le mois de novembre a été ex- ceptionnellement chaud, la température n’a été dépassée qu’une seule fois en 1852 et de un dixième de degré seulement; l’année précédente, en 1871, le mois de no- FES POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 95 vembre avait été très-froid, et l’on trouve entre ces deux mois une différence de 5°,27 pour les deux années con- sécutives. Les mois de mars et de septembre présentent également un écart en plus qui dépasse les limites de l'é- cart probable, mais d’une petite quantité seulement. La rigueur exceptionnelle du mois de décembre 1874 à abaissé notablement la température de l'hiver 1872, mal- gré la température plus douce que de coutume des mois de janvier et de février; on ne trouve, depuis 1826, que huit hivers qui aient été plus froids, savoir en 1830, 1838, 1841, 1842, 1847, 1848, 1854 et 1871. La tempéra- ture de l’automne a été, au contraire, notablement plus chaude que de coutume, et elle n’a été dépassée que dans les années 1834 et 1865. En somme, l’année 1872 s’é- carte très-peu de la moyenne pour la température de toute l’année. Au Saint-Bernard, l'hiver de 1872 ne présente pas à beaucoup près un abaissement aussi marqué de la tem- pérature qu'à Genève; le mois de décembre a été, il est vrai, plus froid que de coutume, mais l’écart est bien moins considérable, en sorte que le décroissement de la température entre les deux stations est beaucoup plus lent que de coutume dans ce mois. La température ayant été pendant ce mois de 6°,21 seulement plus froide qu’à Genève, le décroissement est de 1° pour 333 mètres ; au mois de novembre, au contraire, la différence de tempé- rature entre les deux stations était de 14°,56, ce qui correspond à un décroissement de 1° pour 179 mètres, c’est-à-dire près de deux fois plus rapide, le décroisse- ment normal pour ces deux mois est respectivement de 243 et de 211 mètres pour 4°. 96 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE Les tableaux suivants renferment, sous la même forme que dans les résumés antérieurs, les résultats principaux que l’on peut déduire de la température moyenne des 24 heures pour chaque jour de l’année, au point de vue des anomalies et de la variabilité de la température. À Genève, le 8 décembre a été le jour le plus froid de l’année, et le 27 juillet le jour le plus chaud, la différence entre ces deux jours étant de 35°,5; cependant le 27 juillet n’est pas le jour relativement le plus chaud pour la saison, l’é- cart étant de 6°,93 avec la température normale, tandis . que le 27 novembre l'écart était de 9°,53. J'ai relevé également la température moyenne de cinq jours en cinq jours pour l’année civile, du 4° janvier au 31 décembre 1872, en inscrivant dans la colonne suivante l’écart, soit la différence avec le chiffre calculé par la for- mule déduite des 40 années 1826-1865; lorsque cet écart dépasse les limites de l'écart probable et constitue ainsi une anomalie, il est mis entre parenthèses. Sur les 73 périodes de cette année civile, il s’en trouve 47 pour lesquelles l'écart est positif et 26 pour lesquelles il est né- gatif. Sur les 47 écarts positifs, 25 dépassent les limites de l'écart probable, l'écart maximum positif 4723 tombe sur la période du 27 novembre au 1° décembre. Sur les 26 écarts négatifs, 9 seulement dépassent les limites de l’écart probable, l'écart maximum négatif —4°,78 tombe sur la période du 11 au 15 mai. La période des cinq jours consécutifs les plus froids de l’année se trouve du 31 janvier au 4 février avec une température de —-2°,68; celle des cinq jours consécutifs les plus chauds se trouve du 25 au 29 juillet avec une température de +-24°,52; ja différence entre ces deux périodes étant ainsi de 279,2. 97 POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. ‘jerrmi LG I 0L‘05+ & 1 97 SIT IL I 189 9 21 £O‘F6+ 9 I SET LG ©I 0L‘CG+ à O1 S1'GC+ SF OI CY'OT+ 88 ©I S9 CI+ 66 ©1 £Y ET ROULEL T g ®l L6'S + 16 216 anof *"aXqu999p g ©I 786 - - GI © Sr AI 9G ®I CH LVaSl LHH++RFF+++ HO NH 1 Où M © “4 © O0 LO = DO CO = en ses e e o Set 10 GI © GI # = y ST 6 G ms a 3 ee 7 9 97 6 = = si: —— = _ IT 8 } se + Æ A € LY FF — Es. = <= 7 C4 ç 97 8 Er ne a er Te: € LY IT F0 = me VE Gr = G 9T £Tr OÙ+ € eGHIRS+ FOTOS E STHISH E ONIOH E 8 HG + € 0 0 FÉORZERNE L) SPAEUI-SQ7 | —_…_—_— mn | 2 mm" | SPIOAF-S9 1} spneuo saiadue SPIOUF TS SunoOf 44 AHANON "6LSY AAHNAI * + *egu * SIQUISAON, * * 9440Y20 “aaqurades! AS 2 nov! * 2 er, +: *umf +: en TT: ee Sen * * “IOHIA9 fl ‘CLS ‘AUE, " IL8F 99Q andodaz RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE (e.2) [ep] | Écarts PROQBE négatifs Déc... 1871 29 Janvier 1872 10 Février . . . 11 Mars Herr 9 Auris e 7 11 Mae cute, 18 RUN AT SET 17 Juillet . .. 145 ROUE +12. 20 Septembre . 10 Octobre” . . 14 Novembre. . 8 Année ... 7 * LeS8 octobre l'écart a été Q. Écarts positifs Nombre de chan- gements de signe = OC © © O7 =I O0 19 © © CO GENÈVE 1872. Écarts extrêmes ER e Ecaris extrêmes mu: AN 0 entre 2 jours consécutifs MOYENS | 7 jouet IN OT négatifs positifs consécut. négatifs positifs 0 0 0 0 Le 0 + 6,18 | -11,30 le 8) + 1,28 le 31| + 2,35 | — 3,62 le 21| + 7,28 le 19 2,63 | - 3,58 le 11, + 6,39 le 5 2,40 | — 4,24 le 10] + 6,72 le 4 2,58 | — 3,46 le 4} + 4,90 le 25 1,89 | — 3,69 le 27| + 3,96 le 29 3,62 | - 5,37 le 24! + 7,07 le 29 1,87 | — 4,74 le 18| + 6,56 le 27 2,47 | — 4,74 le 23| + 4,90 le 14 2,24 | — 6,54 le 22) + 3,88 le 5 3,29 | — 6,10 le 14) + 4,07 le 4 2,31 | — 4,79 le 8] + 5,12 le 14 3,25 |— 7,58 le 5]4+ 4,28 le 25 2,26 | — 7,52 le 25| + 3,59 le 6 2,85 |— 2,80 le 17| + 6,93 le 27 1,73 | — 6,30 le 29) + 2,35 le 17 1,83 | —- 4,15 le 3|+ 2,73 le 21 2,01 | — 4,98 le 6)+ 4,79 le 5 3,33 | — 4,90 le 21| + 5,93 le 6 1,88 | — 4,32 le 20! + 3,69 le 27 1,93 | — 3,83 le 15| + 3,58 le 31 1,30 | — 2,45 le 3|+ 3,67 le 30 4,74 | - 3,46 le 11! + 9,53 le 27 2,23 | — 5,38 le 10] + 5,25 le 5 Æ 3,38 | -11,30 le 8] + 9,53 le 27| + 2,04 | - 7,52 le 25]! + 7,928 le 19 | décembre. | novembre. juin. décembre. AN E 99 POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. “yerrmmf 86 ©I Y0‘91+ 8 261 YF + Ig 91 619 + Y OI 81 GI+ 19 O1 OL‘Or 88 ©I FO‘ 9r+ FG OL T6 + | FL + 08 91 G0'e + G9‘0 + [GG 91 JC — 9 ICE — SF ?I 9LY - pneu sud e] imof ‘91QU1999P L OL SC'Tc- SF I 00‘€I- SL'o— 1g°9 — ÿ O1 00 + OF OI 08 & + = OST TE 689 - Ü, OKbaL= 6£'Er- 16‘07- YO'SI- La) GE VE piou sujd 21 imof al pa 0G + | | — | 8 APE: } OI LIAAIRRE er 10 y AA à 81 OF — | — FE OT — | — Fr | GI ÿ — — | 9} ele — | 9 RARE — h PA ol — | — | 2 61 — | — | 5% 08 — | — £ 2 CE 0 a ce — 39 19 19 1,9 Gt hioiQn PRIE 9 — —— — 2 — — — £ a — — L Fr = — 6 & © = Or- | S— | 0G- | Sc- LE) Je LE) 79 Sr = 0€ = SG fr 0€ Si oaque ostidu09 759 amqeiodue e] juop simol ap a1quoN CLSY AUVNUAT-LNIVS * * * 9IQU9AON BRAS 2140190 * : * axquiades OA HER moy ALES ennf vtr RP eE Re JOUIAQ ° * GLRI detAuef "JL8I 21q0099 ” ” RESUME METEOROLOGIQUE 100 SAINT-BERNARD 1872 ÉPOQUE Déc. 1871 . . 9 Janvier 1872 11 Février . . . 6 MArS 5. . 9 AVI EN. 2 8 Mat: tr 20 FUN ER: à (5° Huile... 13 AOUL ee... 43 Septembre . 11 Octobre. .. 13 Novembre . 10 Année Écarts négatifs Nombre Écarts | de chan- positifs | gements de signe in 2 19 © © I © © Où RO D © in Écarts moyens H C7 19 À C9 Be O9 O0 Go O0 Go L9 OT CS Où =I RO > © =ù NO CO ee C2 OS Ss = + = S ss + » 3 Im OI OO © © 19 © -1 Écarts extrêmes Écarts extrême Écart - FE Ë > entre 2 jours consécutifs moy.entre a . ——— D) EE . . — 2 jours négatifs positifs consécut. négatifs positifs Aa A4 le 7|+ 3,58 le 26| +2,25 |- 5,58 le 3|+ 4,62 le 8 - 617 le 40! + 5,44 le 6| 2,15 |- 4,14 le 44| + 4,97 le 10 - 2,89 le 27|+ 7,39 le 6| 2,58 |- 5,44 le 95| 4 5,11 le 5 _ 6,62 le 20| + 6,91 le 1| 3,07 |- 8,32 le 18| + 7,00 le 27 _ 3,50 le 10| + 6,29 le 13| 2,19 |- 6,45 le 8| + 6,45 le 10 7148 le 1314 3,97 le 1| 2,22 |- 5,48 le 31! 4 3,78 le 15 _- 7,60 le 5|+ 4,52 le 24] 2,87 |- 6,46 le 95| + 6,93 le 27 - 3,94 le 16| + 9,64 le 28| 2,29 |- 5,58 le 928| + 4,77 le 19 - 6,37 le 4|+ 4,49 le 26| 3,35 |-— 7,22 le 26| + 6,73 le 9 - 8,56 le 21|+ 7,40 le 13] 2,97 |- 6,50 le 925] + 6,36 le 28 - 5,03 le 16| + 9,21 le 31| 92,59 | 4,31 le 28] + 8,98 le 30 - 8,22 le 13| + 8,77 le 27| 3,31 | 6,45 le 10) + 6,85 le 4 14,14 le 7|+ 9,64 le 28] +2,64 | - 8,52 le 18| + 8,98 le 30 décembre. juillet. mars. octobre. POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. A0 1872. Température de 5 en 5 jours, à Genève. Tempé-| rence Tempé-| rence Date rature | avec Date rature | avec moy. la moy. la formule formule 20% Janvier 41.06 | 30- 4 Juillet | 148,98| +0,75 ass + 0,64 6-10 id. | +210! (42,69 id. H7,76| -0,72 1145 id. |- 0:92) 0,40) 10-14 id. 118,60! -0,07 46-20 id. | +1,63! 42:07| 15-19 id. H7,7| 1,06 21-95 id | +1,02! H,30 | 20-2% id. 491,98] (12,47) 96-30 id. |+1,73| 44277 25-29 id. 494,52] (+5,15) 31- 4 Février! — 2,68| (-2,95)| 30- 3 Août 417,24, -1,41 5-9 id |+0,74| 4011| 4-8 id. H6,87| -1,58 40-44 id. |+1,68| +0,62| 9-13 id. H7,06| -1,12 4549 id. |+92,93| 410770 | 14-48 id. 18:86 40,71 90-24 id. |+5,44| (13/39)) 19-23 id. H7,70| +0,25 95- À Mars | +4,30) 11/70 | 24-28 1. H6,89| -0,10 26. id |+5,18| (42,00)| 29- 2 Septemb.| 116,09] -0,39 AA id. | +7,09! (43231)| 3-7 id. 119259! (43,67) 42-46 id. |+6,42| (12,02)| 8-12 id. 118247| (13,17) 47-ZA id. | +4,72) -0,32| 13-17 id. 118,25] 43,64 92-96 id. |+ 1,89) (-3:80)| 18-22 id. 113,46] (-0,49) 97-31 id. | 0,94] (1458)| 23-27 id. 10:63] (-2,58) 4- 5 Avril | + 7,23] 0,20 | 28- 2 Octobre | 414,68] (42,23) 640 id. |18927| 1056| 3-7 id. H146| -0,19 41145 id. | 10,93] 42/52] 812 id. 10:29! -0,54 16-20 id. | +9,52) 10,42 | 43-17 id. + 7,09! (-2,89) 21-25 id. |+8,87| -0,94| 18-22 id. 44019| +0,99 26-30 id. | 12,24) H,72| 23-27 id. 110,10! (11,83) 1-5 Mai | M4,39 43,08) 28- 1 Novemb. | + 9,00 He 6-10 id. |411,33| -0:62| 2-6 id. + 844 (11,90) 14-45 id. | 1 7,88| (-478)| 7-11 id. + 7,68| (41,99) 16-20 id. | 115,35] (H1,98)] 12-16 id. 1 949] /-2,74) 24125 id. | 110,72) (-3,33)| 17-21 id. + 6,26 (220 96-30 id. | 113,69! -1,03 || 22-26 id. + 9:98] (15,97) 31- 4 Juin | M1,31| (-4,05)| 27- 4 Décemb. | + 9,82| (47,23) 5-9 id. | 149,59) (-3/37)| 2-6 id. 1 5/87| (43,63) 10-44 id. | 115,58] -095| 7-11 id. + 6:75] (45,40) 1549 id. | 19,56] (+2/52)| 12-16 id. +194] +0,41 20-24 id. | 118,84| 44/34 | 17-21 id. +962] 412,93 25-29 id. | M910| 4120 | 22-926 id. + 179] +4,76 97-31 id. +907! +2,31 102 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE GENÈVE. 1872. — INDICATIONS DES THERMOMÉTROGRAPHES. Nombre de jours Minimum Maximum Minimum Date. Maximum Date, au-dessous au-dessous absolu. absolu, de 0°. de Y. Décembre 4871 —14,7 le 8 + 8,8 le 20 3 2% Janvier 1872 .. — 8,1 le 11 + 9,5 le 6 24 2 Février. .". — 4,1 le. 2 +11,8 le 29 17 5 MARS. 1. Rene — 3,5 le 23 +-22,1 le 30 10 0 AVnE TT. cn + 2 le 4 21,8 le 16 0 0 AR ee + 2,7 le 14 +-23,6 le 19 0 0 Ant.) LCA +792le 5 428,9 le 29 0: Up LUS ARTE +10,8 le 10 +31,7 le 27 0 0 AObÉ EL + 9,3 le 10 +27,2 le 6 0 0 Septembre.... + 3,0 le 26 +-27,2 le 18 0 0 Octobre ...... — 1,2 le 16 +22,1 le 1 1 0 Novembre .... — 2,4 le 15 +16,6 le 6 3 0 Année te —14,7 le 8 déc. <+31,7 le27juillet 86 31 SAINT-BERNARD 1872. Minimum. Date. Maximum. Date. Déc. 1871 —24,0 le Tà 6h. soir. — 21 le25à 2h. soir. Janv.1872 —16,1 le 10 à 6h. soir. — 1,7 le 6à midi. et le 31 à 2 h. soir. Février. . —14,2 le 27 à 10 h. soir. + 3,1 le 25 à 2 h. soir. le 23 à 6h. mat. Mars . . . —16,6 le 21 à 6h. mat. <+ 4,6 le 18 à 2 h. soir. Avril. . . —11,2 le 10à 6h.mat. + 7,2 le 29 à midi. Mai. . .. —10,6 le13à 6Gh.mat. + 9,5 le 31 à midi. Juin ...—5,2 le 5à 6h.mat. +13,5 le 15 à 2h. soir. Juillet . . + 0,6 le 4à 6h mat. <+920,2 le 27à 4h. soir. Août. ..— 1,5 le 4à 6h. mat. +140 le 6à 4h soir. Septembre — 8,6 le 27 à 6h. mat. +15,4 le 3à 4h soir. Octobre. . — 8,7 le 16à Gh.mat. + 9,2 le 31 à 4h. soir. Novembre —14,9 le 13 à 8h. mat. + 8,0 le 8 à midi. Année . . —24,0 le 7 déc. à 6 h. +20,2 le 27 juillet à 4 h. du soir. du soir. POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 103 Quoique la température moyenne du mois de décem- bre ait été très-froide à Genève, le thermomètre n’a pas atteint un degré très-bas, le minimum ne s’est pas abaissé au-dessous de —14°,7. Le minimum s’est abaissé le 27 mars pour la dernière fois au-dessous de 0, au printemps; cette date est de près d’un mois, de vingt-. sept jours plus hâtive que de coutume; la dernière gelée blanche a eu lieu le même jour. La première gelée blan- che en automne a eu lieu le 16 octobre, et le même jour le minimum s’est abaissé pour la première fois au-des- sous de O; cette date est de douze jours environ plus hà- tive que de coutume. Au Saint-Bernard, l'absence de thermométrographes ne permet pas de noter le maximam et le minimum absolus, mais seulement la plus haute et la plus basse des tem- pératures accusées par le thermomètre de six heures du matin à dix heures du soir; on trouve dans cette station des températures au-dessous de O dans tous les mois, sauf en juillet, et dans les mois de décembre et de jan- vier la température ne s’est pas élevée une seule fois au-dessus de 0, Le petit lac près de l’hospice a été en- tièrement débarrassé de la glace qui le recouvrait le 48 juillet, ce qui correspond à peu près à la date moyenne ; la congélation a eu lieu dans la nuit du 29 au 30 octo- bre, soit quelques jours plus tard que de coutume, RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE 104 ÉPOQUE. Juillet Août Septembre. Octobre . Novembre Année. Température du Rhône en 1872. Différence entre Excédant sur Æ : la température me opt Minimum. Maximum. de l’eau et celle de l'air. M PEN Me | 0 (e] AU) —9,66 + 2,7 le 14, 16 et 30 + 6,8 le 1 | —1,05 + 3,3 le 2 —+ 4,4 le 20 —0,36 + 3,7 le 2 —+ 5,6 le 22 et 23 +0,30 + 5,0 le 2 + 7,3 le 18, 29 et 30 | —0,19 + 6,4 le 2 +11,0 le 30 | —0,96 + 6,7 le 8et 9 13,3 le 30 —0,29 —+10,6 le 12 +18,9 le 25 +1,96 +13,2 le 16 +-22,9 le 27 —0,87 +-10,6 le 9 +21,4 le 21 0,39 +10,8 le 27 +-20,7 le 16 —0,75 +-11,8 le 12 15,6 le 4 1 l Deere ® — re + es D = @ Li —0,42 + 2,17 le 14, 16 et 20 déc.| +99,9 le 27 juillet. 105 POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. ‘0 2p Snssop-ne 999 sed eu J1899 j “STOUL 99 JnN07 JUEPUOY + co SG 1 0‘I+ HE 916 1— | £9‘0 6 I 0‘I+ G A FI+ IF 91 6&— | 08‘0 1g 1 c'‘o+ LG 91 G'a+ GE 91 6 &— | O£‘r OF OI 7'E—+ 6 91 9‘c+ G A8 9— | LIS 16 21 6 + 97 ©1 c'r+ 0£ 9I G‘O—.| 19‘0 LG 91 L‘y+ FE OI 0‘E+ 98 ©1 9‘T— | FEI GG OL L'E+ £8 91 c'I+ L TEI— | 960 F AG1+ GI 91 L‘I+ LI O1 S'— | 8ç'0 LE OI £‘T+ Le 91 S‘O+ SI I 9‘0— | GG'0 SFr 91 0‘1+ 88 91 S‘0+ L& ®I 6‘0— | G£‘0 86 3 56 01 S'0+ 7 3 8 1 c'o+ 18 91 #'0— | Ge 0 |06 66 ‘08 ®1 7 0— 08 91 0‘F+ L 2IÿI— | 8ç0+ CPE A TI— 0 0 o 0 spryrsod synesou Sn 99SU09 styisod spesou mof samof G EE un. p Sjrjn99su09 smol 7, axque eque Aou cu sue4oux SOU9AYXO SJACO SAUT 2x9 JUIF S}895T "SLST U9 SUQUY np 91n/219dm9J &v OI L'&—| LG GI © L'&—| OH LG: e1:7 q—|806 6 216‘L—| &0£€ Or O1 y'y—| 87e GI OI 6E—| LG OT 21 8 7—| £6:7 9 ®1gI—| 07 G ®©IS'0—| Sr0 8c 1 &'I—| Lg'0 G I Fe—| 660 . "7" ‘#ONAÎY 0__ | ‘#GL8Y 1rauef FTATY— 68 + |«1L8791qu009 à Amel * ‘ 214090 a1quiodas . . "nov. ° ? ‘ermmf -++ umf + œN ++ ray * !° SN — Juin 1873. XLVIL. [A andodz ARCHIVES, , É MÉTÉOROLOGIQUE A RÉSUM 106 ÉPOQUE Décembre 1871 Janvier 1872 . Février Mars .. Avril Mai . Juin. Juillet. Aoùt. . Septembre Octobre . Novembre . Hiver 12: Printemps. . . Eté ét Automne Année. Hauteur moyenne mm 730,16 793,94 727,46 793,64 794,17 794,85 796,92 796,84 797,14 797,61 793,31 725,98 797,18 724,99 726,97 795,38 Midi mm 40.04 40,07 +0,31 40,07 -0,04 0,18 0.01 -0,04 -0,05 1016 +0,14 40/29 +0,14 0,05 0,04 +0,19 GENÈVE 1872. — Pression atmosphérique. 2h. Tim 0,43 0,48 0,33 0,87 041 0,51 0,32 0,47 0,93 0,36 _0.38 _0,27 0,49 _0,50 0,35 0,54 725,93| +0, 06| -0,39 4h. mm 041 0,30 0,50 0,77 0.62 0,65 0,50 _0,76 0,39 0,64 0,52 -0,38 0,40 0,68 0,56 -0,51 0,54 mm +0,25 +0,28 40,01 +0,07 +0,02 0,01 0,14 -0,36 +015 0,11 +012 _0,07 +0,18 +0,03 0,13 -0,02 mm +0,39 +0,37 10,14 10.33 10:30 10,32 10,24 +0,33 10,38 40,17 +0,31 0,06 +0,31 10,39 +0,30 10,14 -0,37 | +0,02 | +0,27 | +0,17 (Minuit) mm +0,19 10,09 +0,03. 40/21 RS | (14 h.)146 h.)| 18h. | 20h. mm 0,13 0,25 -0,19 -0,04 -0,02 10,12 0,05 +0,26 0,03 0,01 -0,29 0,37 0,20 +0,02 +0,06 0,23 -0,08 -0,12 | +0,17 | +0,40 22 h. 107 POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. (o‘60g+ 1 &) wis 50*ot (o‘ror+ 1 à) us ‘ot (g'ésrt 1) us c3'‘0t €6‘egz = 4 * * * * * oouuy (e‘orst à €) us g0‘ot (g'gort do) us 8e'ot (6'gcy+ v) us ga‘o+ 8efes = 4 * * * * ouuromy (e‘aset 1 €) uts 60‘o+ (8‘Lrrt 1 à) us 83‘ 0+ (L‘GOG+ 1) US ‘0 LG98L = 4 * cor + 9e) us yo‘ot (g797t À 8) us ‘ot (6'eoct 1) us Le‘0+ Ge rGL = 4 * * * sdurquuq G'LLrF à €) wis 10‘ (‘eg % 8) us 0ÿ'ot+ (LL d) us 20‘OF S8L'LGL = 4 * * © * * ‘AH (8‘rogt À €) us ço‘ot (vert vi 3) us ge‘ot (8‘sert v) us L6‘o+ 88'gcL = 4 * * * erquieaoN (o‘ozet À 8) us c0‘ot+ (6‘L97t à 3) us vr‘o+ (g‘egrt d) us 91‘O+ IE'eGL = 4 * * * * ‘2190700 (e‘srrt À €) us 1004 (8‘ogrt À a) us 9g‘o+ (T'8Lrt vd) us 98‘0+ F9LGL = 4 ‘ * ‘oxquydes (yecer d 6) us OFO+ (o8rrt d 3) us 88 0+ (r'9gct n) US 08‘0t PPLGL = € * * © * * © noy (reset d €) us To (rent à à) us 60 0t (8‘66rt 7) us got 76981 = 4 * * * * * Jermr pôle 1 €) US 60'0T (Gi6Srt rm ) US 85 0+ (s'6RI+ w) uIS 160 8698 = 4 * * * * * ump L'yret vd €) US 90'0+ (8997 à g) us 9804 (6:IGt “) UIS 170 C8YSL = 4‘ * * * * ‘I (LLy + €) us ço'ot (9'egrt à 3) us geot (e‘g6rt vd) us Fe O+ LEYGL = 4 ** IHAY (OS + €) us 6p'ot (8'6grt do) US gr'ot (r'L61+ 1) us Le 0 79601 = 4‘ * * * ‘SN (9'ogr+ % €) us 70'0t (o‘6gr+ dc) us Leo (g'egrt 1) US 1a‘0+ 9PLEL = 4 * * * * “no (8 0LT+ # €) US 700+ (SGort 1 8) ts 1#'0+ (0'OLet #) us &0'O+ Y6€GL = 4 * * SLST torauef (6 9814 1 €) us 8004 (Go 1 3) us er 04 (y evct 1) us 90 0+ 9FOEL = Æ ‘TLSY 21AU0PG GLS S9UUL,] JUepuod ‘2AQU91 R 9AJQUIOIRG NP UANIP UONEIHEA ET 9P SONUIO] l » SUME METEOROLOGIQUE D} 2] RJ 108 BERNARD 1872 SAINT RS ÉPOQUE Le Midi | 2h. | 4h. | 6h. | 8h. | 40h. | (Minuit) (14 h.),(6 h.)] 18h. | 20h. | 2h. [re RER RE EnEe ne | Es | enmmmmnmenes —— ne | me | me lemmmereee | eme mm mm im mm mi mm mm mm mm mm mm mm mm Décembre 1871. | 560,96! 40,20 | -0,02 | +0,09 +0,04 | +0,23 | +0,33 | +0,05 | 0,36 —0,60 | -0,40 | +0,02 | +0,41 Janvier 1872 . . | 558,96! 40,06 | -0,13 | 0,00 | 10,16 +0,26 | +0,41 | +0,12 | 0,29 | 0,54 -0,31 | 0,00 | +0,27 Février. . ... | 562,38) 40,05 | -0,06 | -0,06 +0,07 | +0,15 | +0,25 | +0,11 | -0,17 -0,32 | -0,14 | +0,02 | +0,13 Mars . ..... | 560,08! +0,32 | +0,08 | -0,04 | 10,07 +0,20 | +0,28 | +0,10 | 0,23 —0,50 | -0,43 | -0,10 | +0,25 Avril. ..... | 561,54) 9,02 | +0,03 | 40,01 +0,10 | +0,34 | +0,53 | +0,34 | 0,17 -0,50 | -0,37 | -0,21 | -0,06 | Mai. . . . . . . | 562,98] 0,00 | +0,03 | 40,02 +0,02 | +0,19 | +0,27 | +0,16 | 0,13 | 0,29 | -0,18 -0,09 | 0,00 Juin ...... | 566,64! +0,09 | +0,09 | +0,42 | 10,11 +0,24 | +0,37 |#0,22 | 0,17 | -0,43 | -0,35 —0,24 | -0,06 Juillet . .... | 568,58! +0,07 | +0,03 | 40.04 +0,02 | +0,13 | +0,25 | +0,18 | -0,19 | 0,40 | -0,22 —0,02 | +0,10 Août . ..... | 567,58) +0,06 | +0,05 | +0,03 +0,13 | +0,27 | +0,35 | +0,14 | 0,25 | -0,44 | -0,30 -0,12 | +0,07 Septembre . . . | 567,83! +0,09 | +0,01 | -0,02 | +0,09 +0,30 | +0,41 | +0,18 | 0,25 | -0,50 | -0,35 —0,07 | +0,11 Octobre. . . . . | 562,50! +0,18 | 40,01 | +0,02 +0,04 | +0,15 | +0,22 | +0,03 | 0,35 —0,49 | -0,20 | +0,10 | +0,28 Novembre . .. | 562,06! +0,16 | -0,05 | -0,02 —0,05 | +0,07 | +0,16 1=0,05 | -0,34 | -0,41 | -0,11 | +0,23 | +0,40 Hiver. . .... | 560,73] 40,11 | -0,07 | +0,01 +0,09 | +0,22 | +0,33 +0,09 | =0,28 —0,49 | -0,29 | +0,02 | +0,26 Printemps . . . | 561,53) +0,11 | 40,05 | 0,00 +0,07 | +0,24 | +0,36 | +0,20 | -0,17 —0,43 | -0,32 | -0,13 | +0,07 Eté. ...... | 567,61! +0,07 | 40,05 | +0,07 +0,08 | +0,21 | +0,32 | +0,18 | —0,20 | -0,42 | -0,29 | 0,13 | +0,04 Automne . . . . | 564,11! +0,14 0,01 | 0,00 | +0,03 | +0,18 | +0,27 | +0,06 | —0,31 | -0,46 | -0,22 | +0,09 | +0,26 (Année... . . | 563,50] 40,11 | 40,01 | 30,02 | 40,07 +0,21 | +0,32 | +0,13 | -0,24 | -0,45 | =0,28 | -0:04 | +0,16 | Si lon prend la différence entre la pression atmosphérique observée à Genève et au Saint-Bernard, on trouve pour le | poids de la couche d’air comprise entre les deux stations : Hiver £): de. Se 166,45! +0,03 0,35 | -0,41 | -0,20 | -0,04 | -0,02 | +0,02 +0,08 | +0,16 | +0,22 | +0,24 | +0,28 | Printemps . . . | 162,69} -0,16 | -0,55 | -0,68 0,55 | -0,21 | -0,04 | +0,03 | +0,19 | +0,48 | +0,63 +0,56 | +0,26 | Été. . ..... | 159,36] -0,11 | -0,40 | -0,63 -0,65 | -0,34 | -0,02 | +0,16 | +0,26 | +0,43 +0,55 | +0,51 | +0,21 | Automne . . . . | 161,27) +0,05 | -0,33 | -0,54 -0,37 | -0,20 | -0,13 | -0,06 | +0,08 | +0,24 +0,38 | +0,43 | +0,37 Année, LL 162,43 —0,05 —0,40 | -0,56 | -0,44 | -0,19 | -0,05 +0,04 1 +0,16 | +0,33 | +0,25 | +0,44 | +0,28 109 POUR GENEVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. (8'r8et d €) us cp'ot (Let vd g) us Got (8'08 he US LFOT ‘HF 790 = 4 (F'a0e+ k €) US 0'0t (GFrrt d &) us 00 (s° ul ") US €8 0 19298 = 4° : (L'80€T 1 €) us €0'0+ (e‘Lert d &) us 1G0+ (6° A 1) us 86 0+ ES 196 = 4: : * (roger €) us g0'0+ (0‘9g7t d à) us 98o+ (r'rr + d) us 61‘0+ 61090 = 4 : : : * ‘ * ‘euwomny “rs sduaquirg * I2ATH (e‘eLct v €) uis ‘ot (g‘coyt d g) us çzot nr +) US LIOÉ 90890 = 4 :* © * axquroaoN (o‘rsat €) us 900$ (9f8srt dl a) us ) _ _— — — HE +++++ + +++ + 3e s SES SSon S = RER IS SGN20 GG D DOI + " © me = = D 61 + D 10 à M M = GI 20 + À eu GÏ GA GA GI GI GI SI GI GI GI 6Ù G GI GI GI 61 ES = FOPRNEN SE à ee RUES D HUE pe = SISSSAS SES SNS SES SES SUHEEL CM 3 a DANNNNNNNNaa | ana | = SSSASSsSssess ÉÉÉE £ DAAQDDNNDDAUNA A A D à ñ = 20 + "+ GI M GI 00 O © + GI GI QU D 19 © a 1 ON GI = ON = ON + co oo NON 1 M LS] — © S RE ES ne ne ie Die me mu 2 ++++ JE = RELRRESSAGASCE AISÉE — So 9 0 00 19 © 00 «5 on co en 1 F; CE OR EE ES EEE ETS B A1 8 2 “2 GI 61 GI GI GI GI GI GI GI GI GI GA GI GI GI 61 ES = RH HE + +++ + = a ESELILISIEILEESS EESSE LurS _ et = SSSSSSSssEessss SS.S.s à= TT UN UN 1 UD UN NA UN NAN NN AN NN un A AN nn un DDDBIEEE © IE © 0 0 RS = ES CCE TR TL TON LR ON 4 108) 1 LL 1 IH I I] Il 2e DONDRNREEREr sopanlanhas| jan, — . . - . - L. 8 = . . . . . . . . . . — Lea So A en lt ne CE OA? Qu un 7 tte a . ad els Een ai car el Hits Me . = Re u LAICONHE HIS 2. © à = ep o A & = = Er PNR AE PRE MR d *£ @ ee 5.2.2 = [ob] Cie) = O = SEE. D'ENMEUE L'ÉS'e a D =0 EST 0 à © © nee = SSésisssifos | Édui | 4 Si l’on compare l’année 1872 avec la moyenne des vingt-deux années 1849-70, on trouve les écarts suivants pour la tension de la vapeur, pour la fraction moyenne de saturation en millièmes, et pour le nombre de cas de saturation. 118 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE ÉCARTS. - Tension x Fraction Cas de de la vapeur. de saturation. saturation. Décembre 1871. —1,30 +9 +18 Janvier 1872 .. +0,32 + 4 + 9 Février . |. : .%. +0,38 + 70 +38 Mars ©. ue +0,31 — À6 0 Avis... it +0,11 + 15 — 2 IR. t —0,32 + 26 — 1 HN. . LE +0,01 + 33 — 2 Jhilel.. D'OR +0,90 + 16 + 9 AbÜt &... LL: +0,12 + 40 — 1 Septembre. . . . —0,42 . — 86 6 Dgtopre.". &E —0,07 + 7 19 Novembre. . .. +0,92 — 930 —11 11.0 RS MERE —0,21 + 43 +65 Printemps. . . . +0,03 — 2 — 3 HE LUN +0,35 + 30 0 Automne . . .. +0,14 — 36 —30 Année! . L Et +0,08 + 9 +32 En somme, l’année 1872 peut être considérée comme ayant été humide, puisque l’on trouve un excédant, faible à la vérité, sur la tension moyenne de la vapeur et sur la fraction moyenne de saturation et un nombre de cas de saturation plus élevé que de coutume. L'hiver et l'automne présentent des caractères opposés sous le rapport de l'état hygrométrique comparé à la moyenne ; en hiver, une ten- sion moindre de la vapeur, une plus grande humidité re- lative et un excédant considérable dans le nombre des cas de saturation. En automne, au contraire, une tension de la vapeur plus grande que de coutume, avec une humidité relative moindre et un nombre de cas de saturation au- dessous de la moyenne. Le printemps ne s’écarte pas sen- siblement de la moyenne pour l’état hygrométrique, et en été on trouve un excédant, soit pour la tension de la va- peur, soit pour l’humidité relative. POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 119 Vents observés à Genève, dans l’année 1872, — | | 35 |: | s 5 EME : | RU leE S |S1S|1$S|E 315,512 )5$/S)2/S 2 Fee Le EE | = SR = |< 23 = = | Calme. 42/14! 8114110 11112) O0! 7) 10! 15) 12195 1451 40! 55| 691409 91| 79408) 72! 57! 43) 211759 NNE | 69| 12. 18) 25! 32 46| 15| 42| 22) 18| 22| 101331) NE. | 3/11) 5! 441 16, 13| 11) 18] 48) 12113) 51168 ENE.|.8| 3) 0| 11 0) 0! 1, 2) 51,1) 1) 1}23 Ela7la4) 9! 2 31 7! 51 6! 8| 5! 6| 9!'8 ESE .| 13| 3| 1|- 0] 0! 8| 0! 2! 5) 1| 2) 3|33 SE. .| 33| 141 41 5] 3, 71, 9).1| 6| 7]43| 11110 SE. !| 141 12/12) 3] 3| 5l41) 3! 7| 9] 4] 9|85 20| 29 30 RAPPORT. RÉSULTANTE. Vents ou. UP OE Calme NE. à SO. Direction. . Intensité sur 400. sur 400: 0 Décembre 1871, 1,70 N 73,1 E 22,4 4,3 danvier 1872... 0,56 S 24,0 O 25,4 5,0 Février , . . . . 0,51 S. 45,6 0 29,1 3,1 MADSPAN s se 0,69 S 87,0 O 25,9 5,0 ANR ANA, 1,31 N 33,7 0 324 3,1 Ma za! tarde 0,85 N 33,8 O : 12,5 3,9 UN. Ceci. 0,97 S 63,5 O0 19,2 4,4 JeE. à 220 : 1,78 N 6,70 31,1 0,0 our 7,0H.7.03 14,01 N 47,4 0 4,6 2,5 Septembre . . . 0,59 S 48,6 O0 23,4 3,7 Octobre . .,. 0,56 S 40,1 O0 23,4 5,4 Novembre. . . . 0,21 S 34,0 O 60,0 4,4 PRGE. t. 0,81 S 74,0 O 13,1 3,8 La comparaison de ces chiffres avec ceux déduits d’une longue série d'années montre que la distribution des vents 120 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE dans l’année 1872 s’écarte assez notablement de la distri- bution habituelle, par la prédominance des vents du sud et du sud-ouest. Cette prédominance ne tient pas à ce que les vents aient soufflé de cette dernière région plus fré- quemment, ou avec une intensité plus grande que de cou- tume, mais à une diminution très-considérable des vents soufflant de la région nord et nord-est. Les chiffres indi- qués pour chaque direction dans le tableau précédent, dans lesquels on à tenu compte de la force du vent à chaque observation, se rapportent au nombre total de 3294 ob- servations faites dans l’année ; si on les réduit au nombre proportionnel de 1000 observations, pour les comparer aux chiffres moyens, on trouve : 1872. Moyenne. Différence. 1872. Moyenne. Différence. N. 230 213 ‘— 43 S. 125 116 , +9 NNE. 100 216 —116 SSO. 156 194 —38 NE. 51 38 + 13 SO. 150 125 +25 Pour les 3 directions N à NE —146 Pour les 3 directions S à SO — 4 Ainsi on trouve sensiblement en 1872 les mêmes chiffres que de coutume pour l'intensité relative, sur 1000 observations, des vents soufflant du sud au sud-ouest, mais une diminution très-considérable pour les véhts soufflant du nord au nord-est. Ce qui est surtout re- marquable dans l’année 1872, c’est le petit nombre de jours où un vent un peu fort a soufflé pendant les vingt- quatre heures, et l'absence presque complète de jours de forte bise pendant toute la seconde moitié de l’année, à partir du mois de juin ; il ne s’en trouve pas même un seul pendant les trois mois d'automne. L'hiver avait déjà été signalé par un calme inusité dans cette saison ; on trouve trois jours de forte bise (la force moyenne du vent étant représentée par le chiffre 2) au commencement de décembre et un jour à la fin de février, mais, sauf ces cas POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 121 isolés, qui se sont présentés au commencement et à la fin de l'hiver, il n’y en a pas eu d’autres dans le cours de ces trois mois; de même on ne trouve pas un seul jour où un fort vent du sud-ouest ait soufflé. Au printemps, on trouve un plus grand nombre de cas d’un vent fort, sur- tout de vents soufflant du sud-ouest, quoique ces cas soient encore en moins grand nombre que de coutume. Nombre de jours de forte bise. fort ventidu Midi. Décembre 1871 .. 3 0 Janvier1872. . . «1 0 0 4 FOVTIEE pe à + y 1 0 MAT Un 2 7 AT 7 ee 2 2 Mat..2Qt. cé. A 4 2 ui 1022 2 SE 1 1 Hnllét.te es 1 1 AOUt. Eh. 0 2 1 Septembre . . . . : 0 0 Qctobre.n. : . 7 0 0 Novembre ..... 0 5 AnGbe noue ien 0 19 Les vents observés'au Saint-Bernard pendant l’année 1872 sont: VENTS. RÉSULTANTE. EE NE. SO. Rapport. Direction. Intensité Calme sur 400.- sur 100. Déc. 1871. 209 60 3,48 N 45°E 53,4 22,6 Janv.1872. 147 183 0,80 S 45 O0 12,9 12,6 Février . . 103 155 0,66 S 45 O0 13 13,4 Mars. . . . 162 181 0,89 S 45 O0 7,5 40,0 Avil 2%.) 462 142 1,14 N45E 1,4 15,6 Noir. 6 100 181 0,88 S 45 O 1,59 9,3 JO. - 714 24 8,9 N45E 70,4 23,0 Juillet. . . ‘159 87 1,83 N45E 25,8 23,9 Août . .. 184 65 2,83 N45E 42,7 19,4 Septembre. 142 98. 1,45 N45E 16,3 19,3 Octobre. . 97 306 0,32 S 45 O 74,9 6,1 Novembre. 125 161 0,78 S 45 O 13,3 16,3 Année. .. 1864 1643 1,13 N45E 6,7 15,9 AcRHIVES, t. XLVIL — Juin 1873. 9 122 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE Pluie ou neige, dans l’année 1872. GENÈVE. SAINT-BERNARD. | ns, Nombre Eau Nombre Nombre Eau de jours. tombée. d'heures. de jours. tombée. mm mm Décemb. 1871. 5 6,3 21 0 0 Janvier 1872 . 16 92,9 83 7 58,3 Février :. . . . 41 86,2 89 4 23,1 Mars ere 7 29,8 49 6 49,3 Te SR 12 88,4 74 9 115,2 M7. - 50 16.; 493,9: 412 17 242,0 SE RAA 14 80,7 94 8 85,6 Imllet=: 2.1. S - 118,5 57 9 87,8 AO à 14 119,4 58 11 75,8 Septembre... 7 22,4 23 4 31,4 Octobre. . .. 20 233,3 144 16 367,1 Novembre. . . 17 75,5 89 8 70,7 1152 PRIE 32 185,4 193 11 81,4 Printemps. . . 935 251,5 235 32 406,5 Éd. =... 02 3186209 28 249,2 Automne ... 44 331,2 9256 28 469,2 ANNEE. = = 147 1086,7 893 99 1206,3 Les chutes de neige ont été très-peu abondantes, à Ge- nève, pendant l’hiver 1872 : en décembre, trois jours de neige, hauteur de la couche, 47"%; en janvier, trois jours de neige, hauteur de la couche, 113"; en février, un jour de neige, hauteur de la couche, 50"® ; même dans cette saison la neige n’est restée que fort peu de temps sur le sol, et elle avait fondu au bout d’un jour ou deux. Il est encore tombé de la neige au mois de mars, dans la nuit du 23 au 24, et dans la matinée du 24 la hauteur de la couche s’élait élevée à 60%%, mais elle avait déjà com- plétement disparu le lendemain, Dans la nuit du 10 au 41 novembre, il est tombé un peu de neige qui avait blanchi le sol, mais qui était déjà fondue dans la matinée du 14. POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD, 1923 La comparaison de l’année 1872, avec la moyenne des quarante-deux années 1826-67 pour Genève, et celle des vingt-sept années 1841-67 pour le Saint-Bernard, donne les différences suivantes pour le nombre de jours de pluie ou de neige, et pour la quantité d’eau tombée, GENÈVE ST.-BERNARD —————— —————< Excès Excès Excès Excès sur le nombre sur la quantité sur le nombre sur la quantité de jours de pluie. d’eaultombée. de jours de pluie. d’eau tumbée, mm mm Décembre 1871 — 4 — 43,6 — 8 — 73,1 Janvier 1872... + 6 + 44,0 — À — 70,8 Février ...... + 3 _. + 48,6 — 5 — 70,5 Mars...) .. — à — 18,7 _— 5 — 47,6 Avril......... + + 30,0 — 2 — 4,8 D, + 4 + 51,4 + 6 +121,9 TL cr di +153 + — — 15,8 Juillet ....... ee) | + 51,0 û + 12,7 1, Gi SPA OMONAR + 4 : + 38,3 + 2 — 10,0 Septembre .., — 4 — 78,3 — 5 — 84,6 Octobre ...... + 9 +135,4 + 6 —+-224,8 Novembre .... +7 + 1,7 — 2 — 27,9 ENERENE. . e + 5 + 49,0 —17 —214,4 Printemps. ... +2 + 62,7 — 1 + 69,5 11001 MENU EL 6 + 92,4 0 — 13,1 Automne ..... +12 + 58,8 — 1 +112,3 jt SARA +925 +-262,9 —19 231 L'année 1872 a été exceptionnellement pluvieuse à Ge- nève; si le nombre de jours de pluie à été dépassé en 1860, la quantité d’eau tombée dépasse celle qui a été recueillie dans le courant de l’année depuis 1826; l’année qui s’en rapproche le plus étant 1842 avec 1084mm,1, Les mois de décembre, mars et septembre sont les seuls dans les- quels il soit tombé moins d’eau que dé coutume, pour les neuf autres la quantité a été plus considérable, surtout au mois d'octobre ; néanmoins on trouve pour le même mois 124 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE des chutes d’eau plus fortes dans d’autres années, en 1855 en particulier. L’excès dans la quantité d’eau tom- bée n’a été très-exceptionnel dans aucun mois, ni même dans aucune saison, mais il y a eu excès dans chaque sai- son, d’où résulte l’excédant très-notable pour l’année entière. Au Saint-Bernard, la rareté et le peu d’abondance des chutes d’eau en hiver ont été très-exceptionnelles, en sorte que malgré l’excédant dans les autres saisons, l’année 1872 reste encore au-dessous de la moyenne. La hauteur totale de la neige tombée dans l’année est très-peu supé- rieure à 9" d’après le tableau suivant, ce chiffre est nota- blement plus faible que de coutume, le déficit ayant eu lieu en hiver ; il n’est point tombé de neige en décembre, et une très-faible quantité en janvier et février. Hauteur de la neige tombée au Saint-Bernard dans les différentsémois de 1872. . millimètres. Décembre 1871. . . . 0 Janvier 1872. . . .…. 620 Févner. 5 SES 235 MAPS CRE 435 AVS. : . de 660 MALE CURE. 995 DNS in <: 105 UMP NC Tu 0 IE M RE a one 15 Septembre . . . . .. 100 Octehre; 1... tre à 1270 Novembre . . . . .. 605 1, TT STE ARENA 5040 Le tableau suivant, dans lequel j’ai relevé pour chaque mois les périodes de sécheresse et les périodes pluvieuses, fait ressortir le caractère d'humidité de l’année 1872 à POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 195 Genève; on ne trouve dans aucun mois une période de sécheresse prononcée, ou une longue série de jours sans pluie ; la plus longue, de seize jours, a eu heu au commen- cement de mars, du 28 février au 14 mars. On trouve par contre presque dans chaque mois de longues périodes plu- vieuses, ou de jours de pluie consécutifs, la plus longue, de dix jours, a eu lieu du 1% au 10 juin. Les pluies étaient non-seulement fréquentes, mais abondantes, comme on peut le voir par le chiffre de la quantité n'aximum d’eau recueillie dans vingt-quatre heures; pour six jours dans l’année, cette quantité a dépassé 3 centimètres, et elle s'est élevée à 60%",6 le 30 juillet, et à 55,9 le 4 oc- tobre. (Voir le tableau ci-derrière.) J'ai calculé pour Genève, comme je l'avais fait les an- nées précédentes, la durée relative de la pluie pour cha- que mois, pour les saisons et pour l’année entière, en divisant le nombre d’heures de pluie dans une période par le nombre lotal d’heures de cette période. Le tableau suivant renferme en outre la durée moyenne de la pluie pour un jour de pluie, enfin la quantité moyenne d’eau tombée pendant une heure de pluie. Pour l’année 1872, la durée relative s’élève à un peu plus de 0,4, c’est-à-dire qu'il a plu pendant un dixième de la durée de l’année ; il a plu en moyenne six heures par jour de pluie, et la quantité moyenne tombée par heure est de 1mm,22, RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE 126 : Pluie dans 24 heures Périodes Périodes au-dessous de Pluie dans 24 heures de sécheresse. pluvieuses. L [Cr 00,25. maximum. dépassant 3° Décembre 1871 13 jours ( 8-20) 4 jour 1 1 24 le 1 _ Janvier 4872..° 5 » (19-23) 5 » (24-928) 4 1 40,0 le 24 1 Février ...... 15 » (29 janv. 12févr.) 8 » (20-27) 2 1 28,9 le 25 r à Mars........ 16 » (28févr.14mars) 4 » (21-24) 1 1 12,8 le 24 - ANT mé D 2 (10516) 3 » (23-25) 2 0 38,3 le 23 1 Maires Fes (0) ME) 6 » (9-14etdu 20-25) 1 0 25,7 le 21 - ŒUIÉ à x 5 » (21-25) 10 » ( 1-10) 2 1 15,0 le 20 - duillet......, 411 » (27 juin Tjuillet) 6 » (29- 3 août) 0 0 60,6 le 30 1 AOÛ... A8: » =1142f) 4 » (5-8) 3 1 27,6 le 1etle7 - Septembre.... 10 » ( 9-18 4 » (19-22) 4 2 17,2 le 19 - Octobre. ..... 4 » (16-19) 6 » (2-7 et du 20-25) 5 3 55,9 le 4 3 Novembre .... 5 » (13-17 5 » (26-30) 3 0 16,2 le 21 - Année ....... 16 jours (du 28 février 10 jours (du 1 juin 28 11 60,6 le 30 juill. 6 au 14 mars.) au 10 juin.) . POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 127 GENÈVE. Durée relative Nombre moyen Bau tombée de la pluie. d'heures par jour. dans 4 heure. Décembre 1871... 0,028 4,20 0,30 Janvier 1872..... 0,112 5,19 1,12 Bévrier.”. . 0,128 8,09 0,97 D di à. « 22-0006 7,00 0,61 DURE : 05 0,109 6,17 1,19 1. Et NN NN + 0,181 7,00 4,19 Jui à... à 5 0,231 6,71 0,86 Juillet . à... .6 0,077 9,12 2,08 Aa 5... 0,0 0,078 4,14 9,06 Septembre ..... «5 0,082 3,29 0,97 1. TAPIE 0,194 7,20 1,62 Novembre ....... 0,124 5,24 0,85 Hiver. . 2. 22. 4 0,088 6,03 0,96 Printemps ....... 0,106 6,71 1,07 D. .. 0,095 5,81 1,52 Automne ........ 0,117 5,82 1,29 Année ...... sers 10,10€ 6,07 1,22 Jours de tonnerre Jours d’éclairs à Genève. sans tonnerre. Décembre 1871. . .,. 0 0 Janvier 14872. ..... 0 0 FÉMTIEE ie 2 0 0 | Li te Bet Cm EE 0 0 Ave 259 a 9. 2 0 Maire LTÉE 5 0 OT PET ER IT 4 1 RL USA ee de 6 1 ARR Fe at 6 1 Septembre . ...... 1 1 Octobre ras ie 0 0 0 Novembre. .:...,; 1 0 AO A le de 25 4 123 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE État du ciel. GENÈVE. SAINT-BERNARD. a , Jours Jours Jours Jours Clarté Jours Jours Jours Jours Clarté clairs, peu très- cou- moyenne. clairs . peu très- cou- moyenne nuag. nuag. verts. _ nuag. nnag. verts. Déc. 1871. 0 En d 49 QU n.48: 6 6 1: :0,24 Janv. 1872: 4 1e UN 02200083 9 4 5 13 ..0,56 Février... 5 AE 000) OitE 4920 4 3 410 0,44 Mars... 5 6 10 10 0,60 8 5 4° 14 0,58 Avril.% #23. 8 42 16 0,62 9 4 1 16 0,60 Mai. .0 8.0. 2 311,9 «17. O4 054 4 26 0,87 Juin .@4.£. 7 y Y A1" 63% 5,2 4 16 0,65 Juillet..... 12 4 7 8 0,45 6:76 7 12. 0,56 Août. 5e. 5 625-215: ‘RP2 7 3 7, 144 ,0,5 Septembre. 14 Eee 4 0,37 132010 5 6 0,39 Octobre ... 2 110 ABS TI 22 5° 22 00 Novembre. 2 DIU AIS EN TD 444 0" UOTE Hiver, .... 6 9 45 61 0,788 39 14 14 24 0,413 Printemps. 15 13 21 43 0,652 17 10 9 56 0,686 É. E 24 17,17. 34 0,529, 18 14 18 42,,:0,600 Automne... 18 40% 22 410,636 149: 9%. 16 47 °0,641 Année..... 63 49 75 179 0,651 93 47 57 169 0,585 À Genève, la nébulosité a été un peu plus forte que de coutume; on trouve en moyenne 0,623 pour le chiffre exprimant la clarté moyenne, soit la fraction du ciel cou- verte par les nuages, tandis que la fraction est de 0,651 en 1872. La fréquence du brouillard a été beaucoup plus grande que de coutume en hiver, car d’après le ta- bleau suivant, on trouve en 1872 quarante-quatre jours de brouillard, tandis que l’on n’en compte ordinairement que dix-huit dans cette saison. POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 4129 Brouillard Brouillard Nombre tout le jour. une partie total. de la journée. Décembre 1871... 11 4 15 Janvier 1872... 9 8 y Février. L/.4 7.14 8 4 12 RS à pes 0 1 1 PT LU EU 0 0 0 Mis 03 5 0 0 0 M ni 00 0 0 0 TOIHES - . : . «n - 0 Ô 0 “0; SBPOPABEENE ee Res J 1 1 Septembre. . . . . 0 1 1 Octobre . . . ... 0 0 0 Novembre . . . .. 2 3 5 Aneiheriss sl. 1320 22 52 LA MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES DE M. Æ. HAECKEE: (Suite et fin !.) L'on connaît chez certaines éponges deux modes de reproduction, l’un par œufs fécondés, l’autre par sim- ples gemmules. Selon M. Haeckel, la reproduction par gemmules, qui a été observée chez les éponges siliceuses n'existe pas chez les éponges calcaires. Sans décider la question d’une manière aussi définitive, l’on peut affirmer du moins que la présence de vraies gemmules n’a pas encore été constatée chez les Spongiaires de ce groupe. Miklucho Maclay avait, il est vrai, décrit des gemmules chez sa Guancha blanca, mais l'examen des corps en ques- tion, fournis par l’auteur lui-même, a convaincu M. Haeckel qu’ils n’avaient aucun des caractères des gemmules d’é- ponges ; ils ressemblaient plutôt à des thèques d'algues et la soi-disant découverte du naturaliste russe ne semble par conséquent reposer que sur une erreur d'observation. Tout en reconnaissant que ce que l’on sait sur la se- xualité des éponges est encore très-incomplet, M. Haeckel croit cependant pouvoir admettre comme établi d’une part que ces animaux présentent des différences sexuelles, de l’autre qu’il n’y a chez eux ni ovaires ni testicules lo- calisés comme organes distincts. Les éléments mâles et ! Voyez le numéro de mai 1873, page 43. s MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. 431 femelles naissent sur les différents points du système gas- tro-vasculaire par une différenciation des cellules flagellées de l’entoderme. Selon lui, chaque zoosperme est une simple cellule flagellée qui n’est elle-même qu’une modification d’une cellule de l’entoderme. Le renflement ou tête du zoosperme est le nueléus de la cellule; une mince couche de protoplasma l'entoure et se prolonge d’un des côtés en un filament très-long et très-grêle qui forme le fouet mobile ou queue du zoosperme. Il veut étendre cette manière de considérer les zoospermes à tous ceux de ces corps qui se présentent sous la forme de filaments mobiles partant d’un renflement. Comme, d’autre part, les zoospermes im- mobiles tels que ceux des Némalodes, des Crustacés, etc., ont la forme d’une vraie cellule nuclée, il établit comme une loi générale que les Zoospermes sont toujours des cel- lules simples, des cellules spermatiques. Cette interprétation des zoospermes n’est pas nouvelle; elle a déjà été émise par quelques histologistes. Beaucoup d’autres, par contre, font jouer un plus grand rôle au nucléus. M. Haeckel a probablement raison en ce qni concerne les éponges ; mais nous croyons qu'il est prématuré de vouloir ainsi géné- raliser ce qui n’est peut-être vrai que pour ce groupe. La loi est très-séduisante parce qu’elle est très-simple et ra- mène la fécondation aux rapports de deux cellules. Nous sommes même étonné que le savant zoologiste, avec l’es- prit philosophique qui le distingue, n’en ait pas tiré plus de conséquences qu'il ne l’a fait. Pour quelques Leuconiens possédant des loges flagel- lées (Geisselkammern oder Wimperkôrben) il y a des ob- servations qui sembleraient indiquer que les zoospermes se développent dans certaines loges et les œufs dans d’autres. Ce serait un commencement de division du tra- 132 MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. vail offrant un passage à une formation de testicules et d'ovaires. L’on trouve un cas de ce genre dans les vési- cules séminales de la Spongille décrites par Lieberkühn. Grant avait cru découvrir (1826) les œufs des épon- ges, mais les corps qu’il appelait des œufs ciliés (ciliated ova) étaient en réalité des larves ciliées. C’est Lieberkühn qui a observé le premier les vrais œufs, d’abord chez la Spongille, ensuite chez les Sycon. Chez toutes les éponges calcaires les œufs se présen- tent sous la forme de cellules amœæboides nues, ayant, en général, de 07,04, à 0,05. Le vitellus, qui est le protoplasma de la cellule consiste en une masse incolore * et amorphe dans laquelle se trouvent toujours dissémi- nées de nombreuses granulations extrêmement fines. On y distingue mieux que dans les cellules flagellées une couche corticale (exoplasma) épaissie, dépourvue de gra- nulations, et une couche interne (endoplasma) plus molle et granuleuse. Les prolongements amæboïdes hyalins de l’exoplasma sont le plus souvent courts, mousses, non ra- mifiés et peu nombreux. Quelquefois cependant ils sont plus longs et plus grêles, se ramifient plusieurs fois et donnent à la cellule un aspect étoilé qui la fait ressembler aux grandes cellules ganglionnaires multipolaires. Le nucléus, ou vésicule germinative, plus ou moins sphérique, est toujours hyalin, amorphe, et ne semble pas avoir de membrane d’enveloppe. Le nucléole, on tache germinative, est fortement réfringent, brillant, sphérique ou subsphé- rique; il contient encore souvent un corpuscule interne, le nucléolin. Une curieuse exception à la disposition décrite ci-des- sus s’observe chez deux espèces de Syconiens (Sycaltis teshpara, de Cuba ; S. ovipara, de Floride) dont les œufs MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. 133 sont entourés d’une coque calcaire solide. En dissolvant cette coque au moyen d'un acide étendu, on retrouve en dessous d’elle une cellule avec son nucléus, son nucléole et son nucléolin. M. Haeckel avait d’abord ‘cru que c’élait dans l’exo- derme que se formaient les œufs chez les éponges cal- caires ; 1l est revenu de cette opinion et s’est convaincu maintenant qu’ils apparaissent dans l’exoderme. Certaines des cellules flagellées grossissent, retirent dans leur inté- rieur leur fouet et se développent directement en œufs par le gonflement de leur nncléus et l’augmentation con- sidérable de volume de leur protoplasma. C’est à la face interne de la cavité stomacale chez les Asconiens, à la face des canaux rameux ou des loges fla- gellées chez les Leuconiens, et à la face interne des tubes radiaires chez les Syconiens, que l’on trouve les œufs, au milieu des cellules nutritives flagellées. Tel est du moins le cas pour les espèces vivipares. La segmentation est totale et régulière, Les sphères de segmentation donnent naissance à une masse sphérique, framboisée, la Morula. Les cellules uniformes de la Morula se différencient ensuite en deux couches. Celles de l’intérieur ne changent que peu ou point; elles conservent une forme polyé- drique arrondie ou presque sphérique. Par contre celles de la surface subissent des modifications importantes. Par la continuation de leur multiplication elles prennent la forme de cylindres grêles serrés les uns contre les autres, avec leur grand axe dirigé vers le centre de la sphère et aplaties ordinairement par leur ‘pression réciproque en colonnettes plus ou moins irrégulièrement prismatiques. Leur extrémité distale porte un filament protoplasmique 134 MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. mobile très-long et très-fin. C’est alors ce qu’on peut ap- peler une Planula, nom qui a été créé par Dalyell pour les larves ciliées des Hydroméduses. M. Haeckel donne à cette expression un sens plus précis que ne le faisaient les auteurs précédents. Pour lui la Planula est « un corps cilié, sphérique ou arrondi, qui n’est pourvu encore ni de cavité gastrique ni d'ouverture buccale. » L'état qui suit celui de Planula et que M. Haeckel dé- signe sous le nom de Gastrula est la phase la plus inté- ressante parce qu’on la retrouve chez un grand nombre d'animaux fort différents les uns des autres à l’état adulte. La Gastrula est un corps sphérique, sphéroïdal ou en ovoide plus ou moins allongé, qui présente une cavité in- terne communiquant avec l'extérieur par un orifice, Ces parties sont la cavité gastrique et l'ouverture buccale pri- mordiales. La Gastrula présente les mêmes caractères es- sentiels dans les trois familles naturelles des Calcisponges, et n'offre que des différences tout à fait secondaires et sans importance dans ses formes et ses dimensions. La cavité stomacale correspond par sa forme à la forme ex- térieure du corps. L'ouverture buccale est circulaire, L’en- toderme qui entoure la cavité stomacale et correspond au feuillet végétatif des vertébrés est formé d’une seule cou- che de cellules embryonnaires peu ou point modifiées qui composaient précédemment à elles seules toute la Morula; ces cellules ne portent pas de cils et sont presque sphéri- ques. L’exoderme ou feuillet dermique, qui correspond au feuillet animal ou externe des vertébrés est formé d’une seule couche de cellules grêles, ordinairement aplaties sur les côtés et ainsi prismatiques, qui sont toujours beaucoup plus claires que celles de l’entoderme. Leur extrémité distale porte une collerette formée par une saillie de l’exo- MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES, 135 plasma, et du fond de laquelle naît un fouet extrême- ment fin, en général très-long. Les cellules de l’exoderme de la Gastrula ont donc exactement la même structure que les cellules de l’entoderme de l'éponge adulte. Ces Gastrula offrent les rapports les plus frappants dans tous leurs caractères essentiels avec Les « Planula » de la Cordylophora décrites par Fr.-E. Schulze, La seule différence importante est que chez ces dernières la cavité stomacale n’a pas encore d'ouverture buccale; celle-ci se forme, plus tard, après que la Planula s’est fixée. Mais l’on trouve aussi chez les éponges calcaires des Gastrula sans bouche, en particulier chez certains Asconiens qui n’ont jamais de bouche à l’état adulte. M. Haeckel ap- pelle ces larves des Planogastrula. La Gastrula, une fois complétement formée, abandonne le corps maternel, nage un certain temps dans la mer au moyen de ses als et cherche un endroit obseur et abrité où elle puisse se fixer. Elle devient alors une Ascula. Les transformations qui font passer la larve de l’état précédent à celui-ci n’ont pas été observées directement, mais, selon M. Haeckel, on peut les comprendre facilement en com- parant la Gastrula et l’Ascula. Les cellules de l’exoderme perdent leur fouet et changent de forme ; celles de l’ento- derme, au contraire, acquièrent un fouet. L’Ascula dans cette première période de fixation res- semble tout à fait aux jeunes de la plupart des Polypes Hydraires et des Coralliaires, ce qui a de l'importance pour démontrer une origine commune entre les Spon- giaires et les Acalèphes. Les animaux de ces deux grou- pes se présentent à cette phase de leur développement sous la forme d'un simple sac à parois minces, de forme cylindrique, fusiforme ou ovoïde, qui est fixé par un des 136 MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. pôles de son grand axe et ouvert à l’autre pôle. La mince paroi qui limite sa cavité est formée de deux couches différentes de cellules ou feuillets, l’un externe, non ci- lié (exoderme), l’autre interne, cilié (entoderme *). La phase qui diffère de l’Ascula par l'existence de pores dans la paroi du corps est désignée par M. Haeckel sous le nom de Protospongia. Cette phase accuse en effet le type spongiaire avec la circulation d’eau qui le carac- térise. Un Asconien simple dont on a enlevé les spicules calcaires au moyen d’un acide représente cette phase de Protospongia. Une Protospongia dans laquelle se sont développées des spicules calcaires devient un Olynthus, c’est-à-dire le prototype de l’éponge calcaire, la forme souche d'où ont dû sortir toutes celles de ce groupe. Tous les Asconiens proviennent de l’Olynthus, sans changements ultérieurs de la paroi du corps, en partie par des modifications de l'ouverture buccale, en partie par la formation de colonies dues à une division incom- plète, à une gemmation, ou à une concrescence. Les Leuconiens s’en développent par suite d’un épais- sissement de la paroi stomacale et de la transformation des pores temporaires en canaux permanents qui se rami- fient. ' Enfin tous les Syconiens naissent de la même souche { Nous donnons ici les faits tels que les présente l’auteur ; mais nous pensons qu'il ne faut les admettre qu'avec une certaine réserve. D’après des observations qu’a bien voulu nous communiquer M. Met- schnikow, et qui paraîtront bientôt dans la Zeitschrift für wissenschaft- liche Zuologie, les larves de Sycon n'auraient pas une structure aussi simple que le veut M. Haeckel ; leurs tissus ne pourraient pas être comparés entièrement aux couches formant la paroi du corps des Cœlentérés. ; MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. 137 par un bourgeonnement strobiloïde d’un Olynthus et su- bissent ensuite des modifications de l’ouverture buccale. Les connaissances sur l’anatomie et l’embryologie des Calcisponges que nous venons de résumer font rejeter par M. Haeckel l’idée que les Spongiaires soient des Proto- zoaires. Les auteurs qui voient dans une éponge une colonie d’Infusoires flagellés ne considèrent pour établir ce rapprochement que les cellules flagellées de l’entoderme et ne tiennent aucun compte des autres tissus. Le déve- loppement des éponges suffirait d’ailleurs à démontrer comment doit être compris l'individu. Il est facile de le reconnaître dans la larve ciliée qui se transforme direc- tement en une « personne » d’'Asconien simple. M. Haeckel adopte entièrement l'opinion de Leuckart qui, depuis longtemps, a rattaché les éponges aux Cœ- lentérés, et il apporte de nombreux faits confirmant ce rapprochement. Les rapports extrêmement frappants qui existent entre les Spongiaires et les Cœlentérés sont: 1° La cavité stomacale simple avec une ouverture buc- cale. 2° La structure de la paroi stomacale formée de deux feuillets : un entoderme cilié et un-exoderme non cilié. 3° La structure de l’entoderme qui est composé de cel- lules flagellées. Les différences principales sont par contre : 1° La structure de l’exoderme dont les cellules chez les éponges les plus simples sont confondues en un syn- cytium. 2° La couronne de tentacules des Cœlentérés. 3° L'origine des éléments sexuels qui, chez les Cœælen- ARCHIVES, t. XLVII — Juin 1873. 10 138 MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. térés, apparaissent dans l’exoderme, et chez les éponges dans l’entoderme. La seconde différence n’a pas une grande importance, puisque les tentacules ne se montrent pas tout de suite chez les Hydroïdes et qu’ils manquent chez un grand nombre de ces animaux (Siphonophores et Antipathaires). M. Haeckel n’attribue aucune valeur comme comparai- son à la Protohydra Leuckarti de Greeff qui est dé- pourvue de tentacules, parce qu'il ne la considère pas comme une forme adulte. Cette objection nous paraît faible et nous ne nous serions pas attendu à la voir émet- tre par M. Haeckel. La Protohydra, qu’elle développe ou non des Méduses dans une phase de son existence, est un Hydroïde, aussi bien que notre Hydre d’eau douce. Quant à la différence relative au lieu d’origine des organes sexuels, elle paraît, au premier abord, assez im- portante, mais c’est un point encore mal éclairci et sur lequel il y a des observations passablement contradictoires. Sous ce rapport les Cœlentérés ne paraissent pas se com- porter tous de même. Le caractère tiré de l’absence ou de la présence de eap- sules urticantes, qui semblait naguère avoir une grande valeur et que M. Haeckel mettait au premier rang, a perdu toute son importance depuis que M. Eimer a découvert ces organes chez plusieurs éponges siliceuses. | L'étude du développement des Spongiaires n’a pas seulement un grand intérêt comme indiquant la place que ce groupe doit occuper dans la classification : il nous fait aussi entrevoir des homologies d’un ordre très-élevé. Une des plus fortes objections contre la théorie de l’é- volution était tirée de la différence de plan qui semble MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. 139 caractériser les divers embranchements du Règne animal. L’embryologie avait d’abord paru confirmer les conclu- sions fournies par l'anatomie comparée. Mais depuis quel- ques années l’on a observé certains faits qui mettent sur la voie de connexions entre des embranchements que l’on avait considérés jusqu’à présent comme profondément sé- parés. L'on a, en particulier, reconnu une homologie re- marquable entre les feuillets germinatifs primordiaux des vertébrés et les couches qui composent le corps des Cœ- lentérés. Les éponges ont, comme tous les animaux de ce dernier embranchement, deux feuillets primitifs qui conservent longtemps leur structure simple. M. Haeckel regarde la Gastrula comme la forme em- bryonnaire la plus importante du règne animal. Elle se rencontre chez les Spongiaires, les Cœlentérés (Cordylo- phora, Méduses, Siphonophores, Cténophores, Actinies), les Vers (Phoronis, Sagitta, Euaxes, Ascidia, etc.), les Échinodermes (Astérides, Échinides ), les Mollusques (Lymnæus), et les Vertébrés (Amphioxus). L'on trouve également chez les Arthropodes des formes embryonnaires que l’on peut considérer comme provenant de la Gas- trula. Partout cette forme embryonnaire est composée d’un corps allongé arrondi, contenant une cavité centrale simple (Magenhôble) qui s'ouvre à l’un des pôles de l’axe. La paroi de cette cavité est formée de deux couches de cellules ou feuillets, l’un interne, constitué par de grosses cellules foncées (entoderme; Gastralblatt ; feuillet-interne, trophique ou végétatif), et l’autre externe, constitué par de petites cellules claires, le plus souvent vibratiles (exo- dérme; Dermalblatt; feuillet externe, sensoriel ou ani- mal). Aussi, de cette identité de la Gastrula chez des re- présentants des différents embranchements, depuis les 140 MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. éponges jusqu'aux vertébrés, l’auteur conclut-il à une descendance commune de lignées (Phylen) animales pro- venant d’une forme souche unique qui, dans les points essentiels, était conformée comme la Gastrula. Il cherche ensuite à établir la phylogénie de l’Olynthus, ainsi que celle des trois familles d’éponges calcaires. La tentative est même poussée plus loin, car il prétend indiquer aussi l’origine des formes génériques, spécifiques, etc. Ces considérations que beaucoup de naturalistes trou- veront trop hardies, ou tout au moins trop prématurées, nous paraissent avoir un certain intérêt et une certaine utilité, à condition qu'on les donne pour ce qu’elles va- lent, c’est-à-dire pour des hypothèses. C’est avec ce doute philosophique que les propose M. Haeckel, lorsqu'il nous présente sous forme de tableau « hypothétique » la liste des espèces, en mettant en regard de chacune d’elles la forme qui est sa souche « probable. » Malheureu- sement il n’est pas partout aussi réservé et manie souvent l'hypothèse avec une audace faite pour effrayer les natu- ralistes timides ou seulement prudents. Les éponges calcaires présentent une variabilité bien plus remarquable encore que celle que l’on observe déjà à un si haut degré chez les éponges fibreuses. Elle porte sur la forme extérieure et sur les organes les plus im- portants. M. Haeckel employe pour désigner cette varia- bilité le terme de polymorphose, par opposition à celui de polymorphisme qu'il réserve pour caractériser la diversité des individus d’une colonie telle qu’on la rencontre chez beaucoup d'animaux agrégés (Siphonophores, etc.). Le polymorphisme proprement dit est accompagné d’une di- vision du travail qui n’existe pas dans la polymorphose. MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. 4141 La variabilité se manifeste chez les personnes par des différences considérables dans la forme du corps qui peut être cylindrique, fusiforme, conique, ovoïde, sphérique, etc., et par des modifications nombreuses de leurs organes les plus importants tels que la cavité stomacale ou l'ou- verture buccale. La structure de la bouche varie beau- coup plus que M. O. Schmidt ne le pensait et que ne l'avait d’abord cru aussi M. Haeckel. Il arrive même que dans beaucoup d'espèces naturelles, à côté d’un individu ayant une ouverture buccale, on en trouve un autre qui en est dépourvu. Les colonies chez les éponges et surtout chez les épon- ges calcaires sont beaucoup plus polymorphes que chez les autres animaux agrégés, aussi leur forme perd-elle dans la plupart des cas toute valeur comme caractère spécifique. Le corme peut être formé de personnes sem- blables ou de personnes polymorphes. Enfin, contrairement à ce que l’on voit chez la plupart des animaux inférieurs, le degré d’individualité n’est pas constant dans une même espèce naturelle. Beaucoup d’é- ponges calcaires ne se présentent il est vrai que sous la forme de personnes isolées, et beaucoup d’autres sous celles de cormes ; mais 1l en existe aussi un grand nom- bre que l’on rencontre tantôt sous la forme de personnes solitaires, tantôt sous celles de cormes. Les formes diverses qu'affectent certains cormes parais- sent dépendre en grande partie des conditions dans les- quelles la colonie s’est développée. Ainsi l’Ascandra varia- bilis offre des formes extrêmement différentes selon qu’elle croît sur des algues de diverses espèces, sur des rochers, des coquilles, etc. Un autre exemple fort intéressant et fort instructif de variation de ce genre est celui que M. 142 MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES, Haeckel à observé chez l’Ascetta clathrus. Lorsque cette espèce se développe à la face inférieure des pierres, ses colonies dépourvues de bonche forment un réseau lâche de tubes grêles et celluleux. Quand, au contraire, elle est fixée sur les côtés ou la face supérieure des pierres, ses colonies forment un coussinel spongieux qui est composé de tubes larges, variqueux, non celluleux (fächerlosen). Ces deux formes sont si différentes que 0. Schmidt, qui les a observées le premier, les a considérées comme appar- tenant à deux genres complétement distincts, et a nommé la première Clathrina clathrus, la seconde Nardoa laby- rinthus. M. Haeckel les avait aussi regardées comme très- différentes jusqu’à ce qu’il eût découvert qu’elles n'étaient que le résultat d’une adaptation provenant du lieu où elles étaient fixées. Il trouva en effet des colonies qui s'étaient développées à moitié sur la face inférieure d’une pierre, à moitié sur sa face supérieure et offraient à la fois les deux formes en question. Sur le bord de la pierre elles passaient brusquement de l’une des formes à l’autre. On comprend que si cette variabilité extrême des épon- ges calcaires fournit des arguments puissants en faveur des idées transformistes, elle rend par cela même la clas- sification de ces animaux extrêmement difficile. C’est le système de canaux qui montre la plus grande constance et que l’on doit employer pour l'établissement des fa- milles. Le système squelettique offre également un assez faible degré de variabilité et fournit par conséquent de bons caractères sur lesquels on peut baser les divisions inférieures. La classification établie par M. Haekel est très-originale en ce qu'elle comprend deux systèmes différents reliés l’un avec l’autre : un système naturel basé sur les principes MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. 143 phylogénétiques de la théorie de la descendance, avec une extension modérée de l’idée d'espèce, et un système artfi- ciel basé sur les principes suivis jusqu’à présent dans la classification des éponges, avec une extension moyenne de l’idée d'espèce. Le système naturel tient compte de l’héré- dité, le système artificiel de l'adaptation. Le premier s’ap- puie sur la connaissance du lien morphologique interne, le second sur les rapports externes. Les espèces sont classées et décrites selon le système naturel; le système artificiel est donné très-brièvement à la fin du second volume. Les deux systèmes, bien que complétement distincts, ont cependant certains points de contact, de telle sorte qu’une partie des divisions du système artificiel figurent aussi dans le système naturel, seulement avec une valeur différente. Ainsi les espèces du système artificiel coincident avec les variétés génériques du système naturel; les sous- espèces du système artificiel sont des variélés spécifiques du système naturel. Pour faire mieux saisir ces liens ré- ciproques d’un des systèmes avec l’autre, prenons un exemple : La famille des Asconiens comprend sept genres na- turels qui se distinguent les uns des autres par la forme des spicules; ce sont les genres: Asceita, Ascilla, Ascyssa, Ascaltis, Ascortis, Asculmis et Ascandra. Le premier de ces genres renferme huit espèces dont la première décrite est l’Ascetta primordialis, H. Après le nom d’espèce vient la synonymie qui ne contient pas moins de douzenoms dif- férents dont huit avaient été déjà donnés par M. Haeckel lui-même, dans son Prodrome, à différentes formes de cette éponge. La diagnose spécifique vient ensuite; puis elle est suivie de l’énumération des variétés caractérisées chacune par une courte phrase. Il y a: 1° Les variétés 144 MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. génériques qui correspondent, comme nous l'avons déjà dit, à des espèces rentrant dans divers genres du système artificiel. Ce sont les Olynthus primordialis, Chstolynthus primordialis, Soleniscus primordials, Nardorus primor- dialis, Tarrus primordialis, Auloplegma primordiale et Ascometra primor dialis. Ces sept variétés sont basées sur l'isolement ou la réunion des personnes et sur la structure de l’ouverture buccale. 2° Les variétés spécifiques ou espèces commençantes qui sont caractérisées par la dis- position et la forme des spicules, la structure de l’ento- derme et celle de la cavité gastrique. Îl y en a quatre: Ascetta protogenes, Ascetta dictyoides, Ascetta loculosa, Ascelta poterium. 3° Les variétés connectives qui sont: les Ascallis primordialis, Ascortis primordialis et Ascandra primordialis. 4° Les variétés de transition. Sous cette ru- brique sont mentionnées trois espèces naturelles dont se rapproche l’Ascetta primordialis. Après toutes ces indi- cations vient la description très-détaillée et fort bien faite de l'espèce, contenant de nombreux renseignements sur son organisation, ses variations, sa distribution géogra- phique, etc. Étant admis les principes théoriques d’où part l’au- teur, la méthode de classement adoptée est sans doute fort logique, et elle a l'avantage de faire ressortir d’une manière saisissante toutes les modifications de forme et de structure que subit une espèce, ainsi que les affini- tés multiples qui la relient aux espèces voisines. Nous craignons cependant que cette nomenclature ne paraisse bien chargée et bien difhcile à adopter dans la pratique. La seule espèce naturelle que nous venons de citer traîne avec elle quinze noms différents (sans compter les douze noms de la synonymie) et cette liste devra pro- MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. 145 bablement s’augmenter par la découverte de nouvelles variétés. Tous ces noms, bien que semblables par leur composition binaire, appartiennent à deux systèmes de classification et représentent en quelque sorte des unités de divers ordres, depuis l’espèce naturelle jusqu'à la va- riété la moins importante. Dans l’usage ordinaire il serait difficile de les distinguer et de savoir, en employant l’un d'eux, quelle est sa vraie valeur. M. Haeckel pense que l’on pourrait se servir, selon les cas, de l’une ou de l’autre de ces nomenclatures, celle du système naturel s’em- ployant pour désigner les rapports phylétiques d’une forme et celle du système artificiel pour désigner les rap- ports anatomiques de ‘cette même forme. Ce double état civil entraînerait avec lui des confusions inévitables. Il est probable que l’on adoptera de préférence une autre mé- thode que propose aussi l’auteur et qui consisterait à citer les noms du système naturel en ajoutant entre parenthèses, comme nom de sous-genre, celui du genre artificiel : ex. Asceita (Olynthus) primordialis, H. Les recherches de M. Haeckel ont été faites dans les conditions les plus favorables pour rendre sa monographie aussi complète que possible. Il a étudié les éponges cal- caires à l’état frais aux îles Canaries, sur les côtes du Ma- roc, de l’Andalousie et de la Norwége, à Helgoland, à Nice, à Naples, à Messine et dans l’Adriatique. Il a eu, en outre, sous les yeux de nombreux matériaux provenant de trente- sept collections publiques ou particulières. Malheureuse- ment les calcisponges sont en général de petite taille et ont peu attiré l'attention des collecteurs. L’on peut ci- ter des Musées de premier ordre qui n’en possèdent pas un seul échantillon. Il est donc impossible d'établir au- 146 MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. jourd’hui d’une manière précise leur distribution géogra- phique. Les détails que donne M. Haeckel sur la faune de chacune des provinces géographiques doivent être consi- dérés comme tout à fait provisoires et, sauf en ce qui con- cerne les mers d'Europe, ils seront sans doute modifiés par les résultats des découvertes futures. On peut cepen- dant indiquer déjà quelques lois qui semblent acquises à la science. Toutes les éponges calcaires sont marines ; elles man- quent dans les mers qui ont une faible salure, telles que la Baltique. Presque toutes celles que l’on connaît habitent près des côtes. Elles sont en général limitées à de très- faibles profondeurs et paraissent diminuer déjà sensible- ment dans les profondeurs de 2 à 10 brasses. Il y a toutefois quelques exceptions à cette règle ; ainsi, dans la Mer Rouge, près de Périm, Siemens a ramené la Leucalhs bathybia d’une profondeur de près de 342 brasses (Fa- den); MM. Agassiz et Pourtalès ont dragué quelques Sy- coniens et Leuconiens à des profondeurs de 20 à 125 brasses, Le climat ne paraît avoir qu’une influence très-faible sur la distribution des éponges calcaires. On trouve des formes aussi grandes et aussi bien organisées au Spitz- berg et au Groënland que dans la Méditerranée et aux Antilles. Les trois familles naturelles des Asconiens, des Leuconiens et des Syconiens ont une distribution sem- blable sur toute la surface du globe. Certaines espèces ont une aire très-étendue; ainsi l’Ascetia primordialis se rencontre dans la Méditerranée, sur les côtes du Brésil et du Chili, dans le Pacifique et l'Océan indien, au Cap et dans la Mer Rouge; l'Ascandra variabilis, qui est une des espèces les plus communes des MONOGRAPHIE DES ÉPONGES CALCAIRES. 147 côtes de Norwége et de la Grande-Bretagne, s’avance jus- qu’au cap de Bonne-Espérance ; la Leucetla primigenia se trouve dans la Méditerranée, aux Antilles, au Chili, en Australie, dans l'Océan indien et la Mer Rouge. Les espèces cosmopolites se retrouvent avec une uni- formité remarquable dans tous leurs caractères sur les différents points de leur aire. On ne connaît pas jusqu’à présent d’éponges calcaires fossiles. Les échantillons indiqués comme tels dans les collections que M. Haeckel a pu examiner, n’appartiennent pas, selon lui, à ce groupe, et toutes celles qui ont été dé- crites sous ce nom l'ont été à tort. Dans cette brève analyse de la monographie de M. Haeckel nous avons été forcé d’effleurer ou de laisser complétement de côté beaucoup de faits intéressants et . beaucoup d'idées neuves et ingénieuses. Il faut recourir à l'ouvrage lui-même pour apprécier ce travail comme il le mérite, Quelle que soit l'opinion que l’on puisse avoir sur les théories développées par l’auteur, et sur les prin- cipes de classification qu’il propose, il est impossible de ne pas considérer ses recherches sur les éponges calcaires comme une contribution d’une très-haute valeur pour l’histoire naturelle des Spongiaires. A. H. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. H.-C. VocEL. SUR L’ABSORPTION DES RAYONS CHIMIQUES PAR L’ATMOSPHÈRE DU SOLEIL. (Pogg. Annalen, 1873, n° 1.) L’affaiblissement de la lumière dans le voisinage des bords du soleil, résultant de son absorption par latmosphère so- laire a déjà été observée par Bouguer. Récemment des ob- servations de Liais et de Secchi ont eu également pour ob- jet ce décroissement de l'intensité lumineuse du milieu vers les bords du soleil. | M. Vogel s’est proposé de déterminer en particulier Fab- sorption par l’atmosphère solaire des rayons chimiques à forte réfrangibilité. Les images photographiques du soleil indiquent toutes une décroissance très-marquée de lumière près des bords. L'auteur s’est efforcé de comparer avec pré- cision les intensités lumineuses chimiques des divers points de l’image. La métode employée est celle qui a été imaginée et decrite par Bunsen et Roscæ dans leurs recherches photochimiques. Elle est fondée sur le principe que: « Entre des limites assez éloignées des produits égaux de l’intensité lumineuse par la durée de l’insolation correspondent à des noircissements égaux sur le papier de chlorure d’argent.» La méthode, telle que l’a appliquée M. Vogel, consiste à obtenir une échelle de teintes photographiques dues à une même intensité et à des durées diverses, puis à comparer à ces teintes celles des divers points d’une image photographique du soleil sur le même papier au chlorure d’argent. En désignant par I, et Iles intensités des deux points du soleil, par £{ la durée de l'insolation, par 7? l'intensité de la PHYSIQUE. 149 lumière qui a agi sur l’échelle, par £, et £, les durées d’inso- lation correspondant aux deux teintes de l’échelle que l’on reconnaît être égales à celles des deux points du soleil, on peut en vertu du principe énoncé écrire : Fe == ti EVLE 1e d’où résulte, comme on le voit, que le rapport des intensités [, et [, est donné par celui des durées #, et &. Cette comparaison a été faite en premier lieu sur deux - photographies du soleil obtenues par une insolation l’une de 40, l’autre de 30 secondes. Le diamètre des images était de 108 millimètres et sur toutes deux la diminution d’intensité vers les bords était très-sensible. Les valeurs trouvées par les intensités à des distances de plus en plus grandes du centre présentent dans ces deux observations une concordance sa- tisfaisante et qui montre que la méthode est susceptible de précision. Ces observations et d’autres analogues ont fourni les éléments d’une courbe moyenne dont les ordonnées sont les intensités lumineuses et les abscisses les distances au centre. Voici quelques valeurs numériques tirées de ce tableau : Le rayon élant 12 et l'intensité au centre 100, aux distances 4, 8, 10 et 12, les intensités sont 96, 77, 51 et 43. Alfred-M. MAYER. ON THE EXPERIMENTAL... SUR LA DÉTERMINA- TION EXPÉRIMENTALE DE L’INTENSITÉ RELATIVE DES SONS, ET SUR LES POUVOIRS DES DIVERSES SUBSTANCES POUR LA RÉ- FLEXION OU LA TRANSMISSION DES VIBRATIONS SONORES. (Phi- losophical Magazine, février 1873.) Il est évident que si deux impulsions sonores se propageant dans un milieu élastique, laissent à leur point de rencontre les molécules de ce milieu en repos, c’est que les deux im- 450 BULLETIN SCIENTIFIQUE. pulsions sont à cette place en opposition de phase et que leur intensité est égale. M. Mayer a cherché à appliquer ce cree à la détermi- nation exacte de l'intensité des sons de même hauteur. Sup- posons que dans deux chambres contiguës, tapissées avec une substance non réfléchissante, on produise deux sons d'intensité constante et de même hauteur; qu’à une cer- taine distance de chacun des corps sonores on place un résonnateur à l’unisson, puis qu’on relie les deux résonna- teurs à un même tube en T par l'intermédiaire de deux tubes en caoutchouc durci d’égale longueur, la troisième branche du tube en T étant en communication avec une capsule manométrique de Kôünig. Si les deux sons produi- sent des vibrations d’intensité égale dans les deux résonna- teurs, et que ces vibrations arrivent en opposition de phase à la capsule, la membrane restera en repos et la flamme ma- nométrique, vue dans le miroir tournant, apparaîtra sous la forme d’une bande lumineuse de largeur uniforme; tandis que si l'intensité n’est pas la même, ou s’il n’y a pas opposi- tion rigoureuse de phase, la bande lumineuse sera sinueuse à son bord supérieur. En rapprochant ou en éloignant la bouche des résonnateurs des corps sonores correspondants, on peut facilement faire varier l'énergie des vibrations des résonnateurs, et par conséquent arriver à leur faire produire des effets d’égale intensité sur la membrane; il ne resterait plus pour déterminer l'intensité relative des deux sons qu’à mesurer la distance de chacun des corps sonores à la bouche du résonnateur correspondant et à appliquer la loi du carré inverse des distances. Mais la difficulté est d’amener en même temps l’opposition de phase ; à supposer qu'elle soit établie à un moment donné, elle est détruite dès que l’on change de place l’un des résonnateurs. Pour parer à cet in- convénient et éviter des tätonnements dont la longueur ren- drait cette méthode inapplicable, M. Mayer coupe l’un des tubes reliant un résonnateur à la capsule, et en enlève une CHIMIE. 151 longueur égale à une demi-Tongueur d’ondulation de la note sur laquelle on expérimente: il remplace ce bout de tube par un tube de verre de même longueur, dans lequel glisse, à frottement juste, un autre tube de verre aussi de la lon- gueur d’une demi-ondulation. On peut alors, en allongeant ou en diminuant par glissement le tube qui relie le résonna- teur à la capsule, faire varier la phase à volonté et l’amener à être en opposition avec celle des vibrations provenant de l’autre résonnateur, ce dont on est averti parce que la bande lumineuse vue dans le miroir présente le minimum de frag- mentation ou devient de largeur uniforme si l’on a atteint légalité d’intensité. Ce procédé présente une exactitude beaucoup plus grande que ceux que l’on avait précédemment employés : M. Mayer a commencé à l’appliquer à la mesure du pouvoir de ré- flexion ou de transmission de diverses substances pour les vibrations sonores. Il espère arriver aussi, en le modifiant, à l’employer pour la détermination des intensités relatives des sons de hauteur différente, CHIMIE. Fr. RÜDORFF. SUR LA SOLUBILITÉ DES MÉLANGES DE SELS. (Berichte der deutschen chemischen Gesellschaft, 1873, p.482.) L'auteur étudie dans ce mémoire la solubilité d’un mé- lange de deux sels non susceptibles de se décomposer réci- proquement, comme deux sels d’une même base ou d’un même acide. Ses expériences ont toujours été faites de ma- nière à obtenir une dissolution saturée des deux sels, en ayant soin qu'un excès de chacun d’eux demeurât en pré- sence de la dissolution. On peut y arriver soit en faisant di- gérer pendant longtemps et. en agitant fréquemment la li- queur avec un excès des sels réduits en poudre fine, soit en faisant dissoudre ces sels en excès à l’aide de la chaleur et 152 BULLETIN SCIENTIFIQUE. laissant l’excès se séparer par le refroidissement ; la dernière méthode donne des résullats plus prompts et plus sûrs. Il résulte de ses expériences que deux cas distincts peuvent se présenter : 1° La dissolution obtenue sua une composition inva- riable, quelles que soient les proportions relatives des deux sels employés pour sa préparation (tous les deux d’ailleurs étant en excès par rapport à l’eau). Si dans la dissolution ainsi saturée on fait dissoudre à l’aide de la chaleur un excès de l’un ou de l’autre des deux sels, il se sépare entièrement par le refroidissement, et la dissolution reprend par là sa composition antérieure. Ces dissolutions présentent donc un véritable état d'équilibre. Le tableau suivant indique les sels pour lesquels cet élat d’équilibre se réalise et les proportions de chaque sel qui demeurent simultanément en dissolution dans 100 parties d’eau. 29,1 AzH'CI et 1738 AzH‘AzO® à 19°5 C. 133,2 KJ + 10,4 KCI » 215 38,0 AZH'CI » 35,3 KCI » 22,0 29,9 NaCI »” E77. RCI » 18,8 23,9 NaCI » 22,9 AzH*Cl » 18,7 774 NaAzOS » 162,9 AzH‘AzOS » 16,0 39,2 KCI » 19,1 KAzO* » 20,0 24,6 NaCl » 56,8 NaAzO ». 20,0 26,8 AzH'CI » 46,5 (AzH‘)S0‘ » 215 67,4 KAZOS » 119,6 PbAz°05 » 21,2 20,7 CuSO', » 15,9 Na?S0* » 15,0 72,6 CuC » 16,0 NaCl » 15,0 L'auteur signale que, pour le premier mélange, la solubi- lité des deux sels, pris isolément, est d’après Mulder, pour la température de 19°,5, de 37°,0 et 183°,0; on voit que la s0- lubilité est diminuée pour chacun d’eux par leur présence simultanée, mais surtout pour le moins soluble. CHIMIE. 153 2 Pour d’autres sels, on n’obtient point de dissolution saturée à composition constante. Cette composition varie suivant les proportions des deux sels employés pour sa pré- paration, bien que tous les deux demeurent en excès. Si à une dissolution saturée de ces sels on ajoute un excès de l’un ou de l’autre des deux sels qu'elle renferme, il déter- mine la précipilation partielle de l’autre et reste lui-même en partie à sa place dans la dissolution. C’est ainsi que se comportent les sels suivanis : Sulfates de potasse et d'ammoniaque, Azotates de potasse et d’ammoniaque, Azotates de baryte et de plomb, Azotates de baryte et de strontiane, Sulfates de cuivre et de fer, Sulfates de magnésie et de zine, etc. : Les exemples précédents se rapportent tous à des mé- langes de sels isomorphes !; le même cas se présente aussi pour des sels de formes différentes, mais susceptibles de former un sel double, comme les sulfates d’ammoniaque et de cuivre. Si, à une dissolution saturée de sulfate double ammonico-cuprique, on ajoute, en le faisant dissoudre par la chaleur, un petit excès de sulfate d’ammoniaque ou de sul- fate de cuivre, cet excès ne se sépare qu’en partie par le re- froidissement et détermine la cristallisation d’une partie du sulfate double. Si la proportion de sulfate d’ammoniaque, ajoutée à la liqueur est un peu considérable, il ne reste qu’une trace de sel de cuivre en dissolution. Les dissolutions de sulfates de potasse et de cuivre, et de chlorures de cuivre et d’ammonium se comportent de la même manière. Il n’en est pas ainsi de celle des sulfates de soude et de cuivre. ! Sauf toutefois celui des azotates de potasse et d’ammoniaque qui appartiennent seulement à un même système. (C. M. PP ÿ ARCHIVES, t. XLVIL — Juin 1873. 11 154 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Les résultats obtenus par M. Rüdorff s'expliquent très- simplement pour les sels susceptibles de se combiner et de former des sels doubles. Il suffit d'admettre que le sel double devient moins soluble dans une liqueur renfermant un excès de l’un ou de l’autre de ses éléments. Quant aux sels isomorphes, on voit par ces expériences qu’ils peuvent également appartenir aux deux groupes dis- tingués par l’auteur. Nous y voyons la confirmation d’une opinion qui semblait déjà pouvoir être admise d’après d’au- tres considérations, mais qui n'avait peut-être jamais été établie par des preuves aussi certaines. savoir qu'il ne suffit pas que deux sels soient isomorphes, même lorsqu'ils offrent en même temps une analogie complète de constitution, pour qu'ils s’entraînent réciproquement dans leur cristallisation. Si le chlorure de sodium, dissous à l’aide de la chaleur dans une liqueur saturée de chlorures de sodium et de po- tassium, se sépare en entier par le refroidissement sans que la proportion de chlorure de potassium contenue dans la dissolution éprouve aucune diminution, il en résulte évi- demment que le premier sel n’entraîne point avec lui le se- cond en cristallisant. Le contraire arrive lorsque le sulfate de potasse cristallise dans une dissolution saturée de sulfate d’ammoniaque, puisqu'il détermine l’élimination d’une partie de ce dernier sel. Ces faits nous semblent en même temps expliquer les ré- sultats très-curieux signalés par M. Rüdorff. Tant que les deux sels conservent leur individualité, on ne concevrait pas que la dissolution, en présence d’un excès de chacun d’eux, n’arrivät pas à un état d'équilibre constant. Mais si ces deux sels sont susceptibles de s’unir, quelque faible que soit l’affi- nité qui les lie dans ces combinaisons indéfinies qui consti- tuent les soi-disant mélanges de sels isomorphes, on conçoit que la composition de la dissolution varie avec celle de la combinaison en présence de laquelle elle se trouve. C. M. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 455 ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. BaAvay. SUR L’HYLODES MARTINICENSIS ET SES MÉTAMORPHOSES. (Revue des sciences naturelles, tome T, 14872, p. 284. et Journal de Zoologie, tome Il, 4873, p. 13.) Les faits observés par M. Bavay nous révèlent une excep- tion dans le développement des Batraciens qui est encore plus intéressante peut-être que celles que l’on connaissait déjà. Il s’agit d’une Rainelte qui, avant son éclosion, pat- court toutes les phases par lesquelles passent les têtards des Anoures. L’Hylodes Martinicensis, espèce extrêmement abondante à la Guadeloupe, dépose sous des débris de feuilles, dans les lieux très-humides, un amas d’une vingtaine d’œufs ayant chacun environ 2 millimètres de diamètre au moment où ils viennent d’être pondus. Le chorion est séparé alors du vi- tellus par une zone très-mince de matière gélatineuse. On observe déjà dans le courant du deuxième jour après la ponte que cette matière gélatineuse s’est gonflée et que les linéaments de l’embryon paraissent. Le soir de ce deu- xième jour l’embryon se présente déjà sous la forme d’une petite masse blanche, élargie à une de ses extrémités et mu- nie de quatre appendices qui sont les premiers vestiges des pattes. La base des pattes postérieures est dépassée en ar- rière par un rudiment de queue. L’embryon est doué d’un mouvement rotatoire, dû sans doute à des cils vibraliles que M. Bavay n’a cependant pas réussi à apercevoir. Le troisième jour les formes se dessinent mieux; la queue est visible, ainsi que deux éminences figurant sur la tête l'em- placement des yeux. Le cœur apparaît un peu avant les pat- tes antérieures. De chaque côté du cou se montrent deux petits prolongements qui sont les branchies. Le quatrième jour les yeux sont plus développés; on dis- tingue les branchies sous forme d’une simple anse vasculaire ; 156 BULLETIN SCIENTIFIQUE. les membres sont toujours styliformes, mais les mouvements propres du jeune animal se manifestent déjà quand on presse l'œuf. Le cinquième jour le cœur, ainsi que les branchies, sont visibles à l’œil nu. Le système circulatoire s’est perfectionné. Le sixième jour les pattes sont bien formées et les doigts apparaissent. La queue montre par contre un commencement d’atrophie. Les branchies se distinguent encore, mais com- mencent cependant aussi à se réabsorber. Le septième jour les branchies ont disparu; la queue se flétrit et se plisse. Le huitième jour la coloration, qui avait commencé à se montrer au cinquième jour,augmente partout et même quel- ques dessins se forment sur certains points. On voit dispa- raître la queue, puis les vaisseaux qui la nourissaient. Le neuvième ou le dixième jour les œufs éclosent. Le vitel- lus, assez volumineux dans la jeune Rainette, est encore très- visible à travers les parois de l’abdomen, ce qui n’empêche pas l'animal de sauter et d’être très-libre dans ses mouve- ments. Pendant lincubation la masse gélatineuse interposée entre le chorion et le vitellus se gonfle considérablement, au point que le diamètre de l’œuf arrive à atteindre près de 6 milli- mètres. Lorsqu'on ouvre un de ces œufs très-gonflé, il en sort une quantité considérable d’un liquide clair, parfaite- ment fluide, dans lequel baignait le jeune animal. M. Bavay émet la supposition que de l’eau à peu près pure pénètre par le chorion dans la cavité occupée par l’embryon et son vitellus et que c’est dans cette eau que s’opèrent les mouvements de rotation de l'embryon et ses mouvements volontaires. Ce serait dans ce liquide aéré qu’il respirerait, d’abord par ses branchies, ensuite par toute la surface de son blastoderme. La respiration s’effectuerait surtout, pen- dant cette seconde phase, par des vaisseaux qui partant de chaque côté du cou se rendent dans le vitellus à la surface ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 157 duquel ils développent une abondante arborisation. Un fait remarquable c’est que l’apparition de ces vaisseaux coïncide avec le moment où les branchies commencent à se flétrir. A. H. ScamieDEBERG et Koppe. Das MuscaRIN, etc. LA MUSCARINE, AL- CALOÏDE TOXIQUE DE L’AGARICUS MUSCARIUS. Leipzig, 1869. Depuis quelques années l’antagonisme entre les propriétés physiologiques de certaines substances médicamenteuses ou toxiques a été l’objet d’un grand nombre de recherches. Le travail que nous analysons ici, et auquel nous avons fait allu- sion dans un précédent numéro (tome XLVI, 347) en est un “exemple. à MM. Schmiedeberg et Koppe ont extrait de champignons vénéneux recueillis dans les environs de Dorpat (l’Agaricus muscarius), une substance jouissant des propriétés des alca- loïdes végétaux qu'ils nomment la muscarine et dont ils étu- dient les propriétés physiologiques. Un kilogramme de cham- pignons frais leur donna 05°,7 à 05,8 de sulfate de muscarine, obtenue par les procédés habituels d'extraction des alcaloïdes, Les effets physiologiques produits par cette substance sont tout à fait analogues à ceux que produisent la fève de Cala- bar ou son alcaloïde J physostygmine, et comme cette sub- stance, la muscarine est remarquable par l’antagonisme qu’elle présente avec l’atropine. L’antagonisme de l’atropine et de la fève du Calabar a été démontré par de nombreux travaux, parmi lesquels on peut citer ceux de MM. Fraser ‘, Bourneviile ?, Bartholow de Cin- cinnali5, Arnstein et Sustschinsky “ et d’autres. 1 Fraser, Transactions de la Société royale d'Édimbourg, 872. * Bourneville, De l’antagonisme de la fève de Calabar et de l'atro- pine. Paris. Revue photographique des hôpitaux, 1870. 3 Bartholow, de Cincinnati, Essai sur l’atropine, 1869. 4 Arnslein et Sustschinsky, Unters, aus dem physiol. Laboratorium in Wurtzhurg, IL. Theil, hrsg. von R. Gscheidlen, p. 104. 158 BULLETIN SCIENTIFIQUE. La muscarine agit avec une activité toute spéciale chez les chats. 3-4 milligr. de sulfate de muscarine injectés sous la peau produisent chez ces animaux un écoulement de salive et de larmes, des vomissements, des syncopes avec de vio- lents efforts d’oppression, une élévation de la fréquence du pouls et une excessive contraction de la pupille qui n’appa- rait plus que comme une fente étroite. Plus tard surviennent de la dyspnée, et un affaiblissement des mouvements qui peut aller jusqu’à une véritable paralysie. A cette dose la mort arrive après quelques heures et est précédée d’un élargisse- ment de la pupille; elle survient par arrêt de la respiration, accompagné de convulsions, tandis que le cœur se contracte encore faiblement. à Le poison azit sur les chiens et les lapins, mais nécessite de plus fortes doses, surtout chez les lapins qui ne présentent habituellement pas de contraction pupillaire. Chez les grenouilles, on peut bien étudier l'effet de la mus- carine sur le cœur ; !/,, ou ‘},, milligr. injectés sous la peau produisent promptement un ralentissement notable des pul- sations par prolongation de la diastole. Les oreillettes s’ar- rêtent d’abord, puis ensuite le ventricule qui peut pendant des heures rester excitable sous l'influence d’une faible exci- tation, qui produit une forte contraction limitée au ventri- cule, montrant que l'appareil motetr n'est pas paralysé. La section préalable des nerfs vagues ne change rien à cet état. Les auteurs expliquent l’action de la muscarine par une excitation durable des appareils d'arrêt du cœur, action ana- logue à l'arrêt produit par l'excitation électrique du sinus de la veine cave qu’a décrit M. Meyer (Central-Blatt, 1869). — Nous rappelons que M. Bühm a eu recours à cette propriété de la muscarine pour analyser l'effet physiologique de la digitaline sur le cœur (Archives, tome XLVI, p. 347). Or chose remarquable, l'administration d'une certaine dose d’atropine suspend complétement l’action de la muscarine tant que l’excitabilité du cœur existe encore. Quoique le ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 159 cœur soit immobile depuis plusieurs heures, il peut recom- mencer à battre sous l'influence de l’atropine; réciproque- ment l’action caractéristique de la muscarine ne se montre point chez des grenouilles préalablement empoisonnées par l'atropine ; cet antagonisme existe aussi chez les mammi- fères. MM. Schmiedeberg et Koppe expliquent ce phénomène en rappelant que de Bézold et Blæbaum ont montré que l’a- tropine paralyse les appareils d'arrêt situés dans le cœur : ces appareils ne pourraient plus être excités par la muscarine. Quelle que soit cette interpellation, peut-être un peu théo- rique, ce phénomène n’en est pas moins intéressant à con- stater. Quant à la pression artérielle, mesurée dans la carotide, les auteurs la trouvent diminuée par l'injection d’un ou deux milligrammes de muscarine dans la veine jugulaire. Elle s'élève de nouveau si on injecte un milligramme d’atropine dans la jugulaire. En étudiant l’action de la muscarine sur les divers organes, MM. Schmiedeberg et Koppe mpntrent qu'elle influence la respiration, non-seulement par une action indirecte en agissant sur la circulation, mais encore par une action di- recte sur le centre respiratoire. La muscarine aurait aussi, relativement à ce phénomène, un antagoniste dans latro- pine. Il en serait de même d’une action tétanisante que la muscarine aurait sur les fibres lisses de l'intestin et de la vessie, de même que pour l’abondante sécrétion de salive et de larmes que provoque ce poison, et qui seraient empêchés par l’administration de l’atropine, Quant aux phénomènes produits sur la pupille, la musca- rine se montre un peu différente de la fève de Calabar; la musçarine agit en effet, comme la fève de Calabar, sur lap- pareil de l’accommodation, mais n’influence l'iris que quand elle est employée à forte dose. C’est là le contraire de ce qui arrive pour l’atropine qui dilate l'iris à faibles doses, mais n'agit qu’à hautes doses sur l’appareil de l’accommodation. 160 BULLETIN SCIENTIFIQUE. . En produisant la contraction pupillaire, la muscarine ne paralyse pas le sympathique, car l'excitation du sympathique faite chez des chats, dont la pupille était fortement contrac- tée, a produit l'élargissement pupillaire; il s’agit, par consé- quent, probablement d’une excitation des terminaisons du nerf moteur oculaire commun. Les auteurs n’ont pas de matériaux suffisants pour décider si la muscarine agit sur le cerveau et la moelle épinière, la faiblesse des animaux empoisonnés, de même que les convul- sions qui précèdent la mort pouvant très-bien être dues aux troubles de la circulation et de la respiration. Les auteurs pensent qu’il est fort possible que l’on puisse extraire d’autres champignons vénéneux la muscarine ou ün alcaloïde analogue qui serait le principal agent toxique de la plupart des champignons vénéneux. Ils sont amenés par l'étude physiologique qu’ils ont faite de la muscarine à faire de l'atropine un contre-poison des champignons vénéneux. Plusieurs expériences tentées par eux dans ce sens semble- raient prouver la réalité de leur hypothèse. Ils administre- rent à un chien onze milligr. de muscarine, dose qui doit amener la mort, et quand l’animal fut agonisant ils injectè- rent sous sa peau deux milligr. d’atropine. Les symptômes graves s’amendèrent et l'animal fut guéri au bout de quatre heures. Un chat, sous la peau duquel on avait injecté un milligr. d’atropine, se montra insensible à une injection de trois milligr. de muscarine qui, sans cela, aurait amené la mort ou tout au moins des symptômes graves. L’atropine constituerait ainsi le vrai antidote physiologi- que de l’empoisonnement par les champignons. Il serait intéressant de multiplier ces expériences, surtout au point de vue du traitement de l'empoisonnement par les champignons, redoutable aussi bien par sa gravité que par sa fréquence. D: P. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 161 D' H. KôüaLer. ÜBER DIE. etc. DE L’ANTAGONISME PHYSIOLOGIQUE DE LA SAPONINE ET DE LA DIGITALINE. (Archiv für Experti- mentelle Pathologie, tome I, 138, avril 1873.) L'auteur avait cherché à démontrer, dans un précédent mémoire ‘, que l'introduction de la saponine dans le torrent circulatoire pouvait amener, selon lui, la mort par trois modes différents : 1° par la paralysie des centres respiratoires de la moelle allongée; 2° par une action d’abord excitatrice, puis paralysante des centres vaso-moteurs ; 3° par une paralysie des nerfs et des muscles cardiaques. Dans ce nouveau travail, il cherche à démontrer, par des expériences faites sur des grenouilles, des lapins, des chiens, que la digitaline est antagoniste de la saponine. Cet antago- nisme n’est bien net que lorsque l’on n’emploie pas des doses trop fortes, car dans ce cas on amène infailliblement l’arrêt complet du cœur et la mort. La saponine, comme la digitaline, ralentit le cœur ; mais dans l’empoisonnement par la digitaline, on voit le ventri- cule se contracter avec force, sans se remplir et s'arrêter en systole, les oreillettes être distendues par le sang et s’arré- ter en diastole; dans l’empoisonnement par la saponine, au contraire, les contractions ventriculaires s’affaiblissent peu à peu et le ventricule s’arrête dilaté en diastole, tandis que les oreillettes, se contractant énergiquement, se vident de sang et s’arrêtent en systole. Les deux poisons combinés neutraliseraient plus ou moins leur action, mais c’est là un antagonisme momentané, la paralysie et la mort de l’organe survient quand les poisons ont été administrés à dose toxi- que. L’antagonisme signalé ne peut donc permettre de les considérer comme antidotes l’un de l'autre. Les modifications de la pression artérielle produites par ces ! Anesthésie locale par la saponine. Expérimental-pharmacologische Studien von Dr Kühler. Halle, 1873. 162 BULLETIN SCIENTIFIQUE. deux poisons sont aussi de nature antagonisie comme le dé- montrent les courbes dessinées à la fin de cette monogra- phie. Nous n’insisterons pas ici sur l’interprétation, peut-être un peu théorique, de cet antagonisme, renvoyant pour cela à l'ouvrage en question que nous désirions simplement rap- procher des précédents à cause de leur analogie. D'P. R. HeIbeNuaAIN. ÜBER Dig, etc. DE L'ACTION DE QUELQUES PoI- SONS SUR LES NERFS DE LA GLANDE SOUS-MAXILLAIRE. (Pflü- ger’s Archiv, V, 40, 41 ; extrait dans Archives de Physio- logie, juillet 1872, dont nous empruntons en partie cette analyse.) — Prof. Vurrian. MÈME suser. (Soc. de Biologie, 22 mars 1873: Gazette médicale de Paris, n° 14, 5 avril 1873.) Le fait bien connu de la sécheresse de la gorge dans les cas d’empoisonnement par l’atropine a conduit M. Keuchel (Atropine et nerfs d'arrêt, Dorpat, 1868) à examiner l’in- fluence de ce poison sur les fibres sécrétoires de la corde du tympan. Cet expérimentateur a trouvé que ces fibres sont paralysées par l’atropine, mais 1l croit pouvoir rapporter ce résultat à une modification de certains nerfs d’arrêt. M. Heidenhain.a répété ces expériences sur des chiens curarisés en injectant dans la veine jugulaire une dose d’a- tropine, suffisante pour paralyser tout à fait les filets cardia- ques du nerf vague. L’excitation de la corde du tympan ne déterminait plus alors la moindre sécrétion. Il y avait cepen- dant une accélération du courant veineux qui ne différait pas sensiblement de celle qu’on observait avant l’empoison- nement par l’atropine. Confirmant ces expériences de M. Heidenbain, M. Vulpian qui continue ses recherches sur la corde du tympan (analy- sées Archives, mars 1873, p. 273) a vu de plus que dans les ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 163 conditions indiquées, l’excitation du lingual à fait dilater les vaisseaux de la langue tout comme si l’animal n’avait pas reçu de sulfate d’atropine. Ce résultat confirme encore ce qu'avait avancé M. Heidenhain. Ces faits fournissent pour les auteurs la preuve que la sé- crétion produite par l'excitation de la corde du tympan est entièrement indépendante des modifications qui ont lieu dans la circulation de la glande, et que par suite des fibres nerveuses différentes sont affectées à la sécrétion et à la cir- culation de cet organe. On sait par les travaux de MM. Arnstein et Sustschinsky que la paralysie des filets cardiaques du nerf vague par l’atropine peut disparaître sous l’influence de l’extrait de la fève de Calabar. De même par le même moyen on peut rendre l’ap- titude fonctionnelle à la corde du tympan paralysée par lPatropine. L’extrait de fève de Calabar a d’ailleurs aussi une action sur la glande. Car si l’on empoisonne l’animal après avoir coupé une des deux cordes du tympan, il se produit, du côté où le nerf est intact, une forte sécrétion laquelle fait défaut du côté opposé, ce qui montre que l’action porte sur la partie centrale de ces nerfs. Les doses très-considérables d’extrait déterminent un arrêt de la circulation dans les glandes sous- maxillaires. La nicotine et la digitaline provoquent aussi une salivation plus forte lorsque la corde du tympan est intacte que lors- yu’elle est coupée. M. Heidenhain présume d’après les ré- sultats qu'il a obtenus dans ses recherches sur les glandes sous-maxillaires qu’on pourrait utiliser avec profit l’emploi des substances toxiques pour l’étude des nerfs sécrétoires d’autres glandes. D: P. ! Arnstein et Sustschinsky , loc. cit., analyse précédente. Unters. aus dem phys. Labor. in Wurtzburg, If, p. 104. 164 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Ph. Owsrannikow et TSCHIRIEW. INFLUENCE DE L'ACTIVITÉ RÉ- FLEXE DES CENTRES NERVEUX VASCULAIRES SUR LA DILATA- TION DES ARTÈRES PÉRIPHÉRIQUES ET SUR LA SÉCRÉTION DES GLANDES SOUS-MAXILLAIRES. (Bulletin de l'Acad. Impér. des Sciences de Saint-Pétersbourg, tome XVIIE p. 18-28, mai 1872.) Les auteurs de ce mémoire rappellent que les notions sur l'influence des centres nerveux vasculaires et des nerfs vaso- moteurs sont devenues plus complexes depuis que l’on a découvert que certains nerfs pouvaient faire dilater les vais- seaux. Le nombre des nerfs dont l'excitation est toujours sui- vie d’une dilatation des vaisseaux s’est beaucoup multiplié dans ces derniers temps. On a pu même déduire de l’en- semble des faits que la plupart des vaisseaux sont sous l’in- fluence de deux systèmes de nerfs : l’un présidant à la con- traction, l’autre à la dilatation de ces canaux. Il est reconnu que l'excitation du bout central du nerf auriculaire postérieur produit chez le lapin une riche vascu- larisation de l'oreille. Or MM. Owsiannikow et Tschiriew s’altachent à démontrer que le même phénomène de vascu- larisation de l'oreille est produit par lexcitation du bout central du nerf sciatique sectionné, de même que par l’exci- {ation de tout nerf sensitif. De même d’après les expériences de MM. Owsiannikow et Tschiriew l'excitation d’un nerf sensitif quelconque, tel que le nerf auriculaire, le sciatique, le splanchnique, le lingual ou d’autres est capable de provoquer une sécrétion réflexe des glandes salivaires tant que les cordes du tympan sont in- tactes; cette action serait tout à fait analogue à la salivation produite par l'excitation du bout central du nerf lingual, qui ne serait point privilégié sous ce rapport. L’excitalion de tout nerf sensitif provoquerait un accroissement de la pression sanguine par excitation réflexe du système vaso-moteur. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE, 165 Les résultats de cette augmentation de pression sanguine seraient : l'accélération du cours du sang, la dilatation pas- sive des petits vaisseaux sanguins, l’élévation de la tempé- rature, la rougeur des parties et l’intensité plus grande du travail fonctionnel de certaines glandes. Cette manière de voir parait ainsi contraire à celle qui résulterait des expériences de M. Heïdenhain et de M. Vul- pian (analyse précédente), dans lesquelles il parait être dé- montré que des fibres nerveuses différentes président à la sécrétion de la glande et à la dilatation de ses vaisseaux. Nous ne suivrons pas les auteurs dans les explications théo- riques qu’ils donnent de ces phénomènes. D'P: De SiEBOLD. CONTRIBUTION À L’ÉTUDE DE LA PARTHÉNOGÉNÈSE DES ATHROPODES. (Sitzungsberichte der mathematisch-phy- sikalischen Abtheilung der k. bayrischen Academie der Wissenschaften. München, 1871, p. 232. Beiträge zur Parthenogenesis der Arthropoden. Leipzig, 1871, in-8°.) Voici un travail de la plus haute importance physiologique. Il ne vise en effet à rien moins qu’à établir par des expé- riences que le phénomène de la parthénogénèse ou géné- ration virginale n’est pas un fait exceptionnel, mais qu'il est plus répandu qu’on ne l’avait supposé, spécialement parmi les insectes et les crustacés. En même temps l’auteur s’est appliqué à rechercher quel est le sexe qui résulte du déve- loppement parthénogénétique de l'œuf non fécondé. Déjà Leuckart s'était posé cette question. Ayant constaté que les œufs non fécondés de la reine des abeilles produisent tou- jours des mâles (faux bourdons), il avait désigné ce phéno- mène sous le nom d’arrhénotokie. Cette production a été ob- servée également chez les Vespides (dans les genres Vespa et Polistes) et chez les Tenthrédinides (Nematus ventricosus). Or, voici qu’un autre mode de reproduction parthénogé- 166 BULLETIN SCIENTIFIQUE. nétique non moins remarquable vient faire en quelque sorte pendant à l’arrhénotokie : c’est celui de la thélytokie ou gé- nération des femelles. M. de Siebold s’est assuré que partout où la parthénogénèse existe chez les papillons (Psychides), et chez beaucoup de crustacés inférieurs (Phyllopodes et Cla- ” docères), c’est constamment sous la forme de thélytokie. Ceci établi, on ne pouvait en rester là. L'auteur devait en même temps se poser la question de savoir si la parthénogé- nèse ne se rencontrait que chez les arthropodes, et s’il ne s’en trouvait pas aussi des exemples dans d’autres classes dn règne animal. A ce propos son attention s’est portée sur certains phénomènes qui s’observent dans l’œuf des verté- brés et auxquels on n’a pas accordé toute l'importance qu’ils méritent. C’est ainsi que le sillonnement du vittellus, par cela même qu’il survient immédiatement après la fécondation. avait été envisagé par bon nombre d’embryologistes comme le premier effet de la fécondation. Et pourtant M. Bischoff avait constaté qu'il se produit aussi dans l'œuf non fécondé de la poule et du lapin. Or d’après les nouvelles recherches de M. de Siebold, ce phénomène serait du même ordre que la parthénogénèse. II consisterait dans la faculté inhérente à l'œuf de se développer en vertu de sa propre essence. Seu- lement cette facullé serait plus accentuée chez les arthro- podes, dont les œufs parviendraient à reproduire l'embryon complet sans fécondation, tandis que les œufs des vertébrés arrivés à un certain terme du développement auraient besoin d’être stimulés, et cette impulsion leur serait donnée par les spermatozoïdes. La même idée avait déjà été exprimée par M. Vogt, à l’oc- casion de ses recherches sur l’embrvologie des Salmones. Aprés avoir décrit les modifications qui surviennent dans le développement de l’œuf de la Palée, aussitôt après le frai, M. Vogt ajoute, p. 28 : « Mais il est digne de remarque que ces modifications ne supposent pas nécessairement la fécon- dation ; seulement si les œufs n’ont pas été fécondés, la mar- BOTANIQUE. 167 che de ces modifications se trouve bientôt arrêtée ou bien devient irrégulière. Il faut l’action de la fécondation pour maintenir et mürir le développement. » Il paraît toutefois que chez les poissons ce développement indépendant ou parthé- nogénétique de l'œuf n’a pas une grande portée et qu'il s’ar- rête avant l’apparition des sillons, tandis que chez les mam- mifères cette phase du développement pourrait encore se réaliser sans fécondation. , Il y a là, on le voit, tout un vaste champ ouvert à l’analyse et à la spéculation philosophique. BOTANIQUE. D' H. Curisr. Die ROSEN, etc. LES ROSES DE LA SUISSE: 1873, in-8°. Les roses sont sans contredit le plus bel ornement de nos montagnes ; sauvages ou cultivées, elles fixent les regards, et il n’est pas étonnant qu’elles aient aussi de tout temps at- tiré plus spécialement l'attention des botanistes et donné naissance à de nombreux travaux monographiques. Le Jura est particulièrement riche en espèces et en formes de ce genre; aucun domaine de si petite étendue n’en présente un aussi grand nombre, et on ne lui rend que justice en l'appelant le jardin privilégié des rosiers de l’Europe. C’est spécialement des roses du Jura que se sont occupés MM. Ra- pin, Reuter et Godet dans leurs monographies : il manquait un ouvrage qui embrassât la totalité des roses de la Suisse, qui comparât soigneusement entre elles leurs nombreuses formes et essayât de les rapporter plus sûrement et plus scien- tifiquement à des types déterminés. C’est cet ouvrage que M. le D' Christ vient de publier sous le litre de: « Die Rosen der Schweiz mit Berücksichtiqung der umliegenden Gebiete Mittel- und Süd-Europas.» Après une courte introduction, l’auteur expose successive- ment les travaux rhodographiques antérieurs, la littérature 168 BULLETIN SCIENTIFIQUE. qui s’y rapporte et la diffusion géographique des espèces ; il analyse et critique les divers systèmes adoptés avant lui pour élucider ce genre difficile et polymorphe ; enfin il expose sa propre méthode et décrit soigneusement les espèces et les formes qu’il a recueillies lui-même ou qu’il a reçues de ses nombreux correspondants suisses ou étrangers : l'ouvrage se termine par une clef analytique qui facilite les recherches. En résumé l’auteur a eu deux buts qu'il a atteints, selon nous, d’une manière heureuse : 1° d’avoir soumis à une cri- tique sévère et passé en quelque sorte au tamis les espèces et les formes de ce genre, et 2° d’avoir établi les rapports de ces formes entre elles et de les avoir groupées suivant leurs affinités naturelles, d’après des vues à lui propres et différant plus ou moins de celles admises dans les ouvrages antérieurs au sien. Le dernier mot est-il dit sur ce genre et le sujet est-il épuisé par le travail de M. Christ? nous n’osops le penser; car quel sujet sera jamais épuisé en histoire naturelle? Dans tous les cas nous ne nous lrompons pas en affirmant que la monographie de M. Christ est de nature à faire faire un grand progrès, non-seulement à l'étude des roses, mais encore à celle d’autres genres voisins analogues, par les considérations et les vues générales qui y sont développées et appliquées. Nous le recommandons en conséquence vivement aux bota- nistes suisses et étrangers. C.-H. G. 169 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES À L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de a M. le prof E. PLANTAMOUR PENDANT LE MOIS DE MAI 1873. Le 2, rosée le matin. 3, de 4 à 6 h. soir, éclairs et tonnerres à l'Est. 9, il a neigé la nuit précédente sur le grand Salève et sur les Voirons. 10, rosée le matin. 12, idem. 13, idem. 15, idem. 17, de 11/, à 11/, h. après m. violent coup de vent du SO. accompagné de ton- nerres, l’orage passe du SO. au NE. 20, forte bise dans la soirée, jusqu’au lendemain à midi. violents coups de vent de SO. dans la nuit du 26 au 27. 30, halo solaire très-complet et très-brillant de 10 à 1 h. - LC ee. ARCHIVES, t. XLVII, — Juin 1873. 12 170 Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm Lou] Le 3 à 4h. après m. ....... 718,04 Le 4 à 10 h. soir...,,..,.... 723,66 Ga #h' aprés mm... . 719,02 11 à :8-hmatin trs, . 733,99 13,8 4.h..après mes, 723,70 14 à 6 h. matin....... ….. 726,10 18 à 4 à aprèsm 1001 717,39 20 à DR, MAD... 0. 731,26 264: 10h. 9017 77. Lu RER 725,08 2D ROSE SOS isa à 730,92 ON ee GA en = 0 - n 10 CD tm mm - eo 0 = al oi 6 On OS 5 21 0 2 19 MORCN Sr ISsS3Ss = = S ANG mme - SES - - +++ ++ > 20 © = 20 M = © = Où - | & | e e = = CN et pa G S © = SN © GI PR AL D 2 1 HO y CO = SH GI GI CD onrvir- cn = © e ++ o à 11 b. Limnimètre Sn lauQuy np ‘duo, 0GY 0YG OCY O7Y 09€ 097 ‘009 079 06S 069 OL£ O0£ OT£ OST 4 087 09€ 0LG OLS 00 06€ 06S 0S£ 097 OL£ 07Y 07 UTUTN = \eBraa noatnyg|| saugtiquun no uoneanyes op ‘1982 |" dea e] op norsuoy, FL'Y— 196 gre— 167 — (il Rem LE GO‘I— cor Sr0— LT gc'e— Sa 80‘0+ 9Y + 18‘0+ 66‘0— ose 0S'e— 98‘ 0— 97‘ 0— 61'e— 6£'e— 01 Le AT EL'0+ Ge — 6G I— cg'o+ 19*0+ 1r'0+ “tuqqru “ajeurIou UOISU9} EI 2948 11094 10'L LES 8s'6 98'8 669 gç'e YC'Y 06‘9 CG L Vr'S gr's YG 9 61'e 9ç'G g6'L 00°G 6L'e O£'L GC'L 869 "UYG sop ‘on DR. IL'O + |YL'OCL| VE G9'r + | 79282 | 0€ LE VI | 65% Cac: +? — Le) | e nl = ON 41 ÉSARNNNRNNE UNE SRRRRES ES © © mm MOS = = O0 0 LSHONEI CE CM nr] 19 e 20 19 "© 20 =4 Où O0 E= © © © © D O HE = © © D —— RE RTE EEE SSD EE EE OO EL RL SEE ILE - eo SAnONDMES =D © © © M © © 19 DOUTE IR 7 - DS DNA GE — | 19'06L | GL'‘Y — | Y0‘0G2 EVE + | 68'SEL S'Y + | 09'6CL “que ‘| “RU = “uqqruu apeuJou ‘u +8 ananeu ejlsan “fou 904Ë 71894 | 1NONEH D. "AIQUIOIPG TT, mm +7) aanmiaduer YS'0EL | 68 T0'8€L | 88 YC'8CL | LE EL'LEL | 98 88'0€L | SL'6L | YG 98‘662 | 3 IC'SEL | SG GT'66L | I G9'LEL | 08 OS‘TGL | 61 LS'LIL | 8) Ge'6IL | LI 96‘TGL 9} OL‘YGL | SI 09'CL | 66Y8L | 1 CL'O8L | GI cc'eeL | FI 19'0€L | 07 0'LGL OF'EcL | 60'&GL | SS'GEL | CT'GeL — GA C9 4 210 © = D Jours du mois. 172 MOYENNES DU MOIS DE MAI 1873. Gb.m. 8h.m. 40h. m. Midi. 2h.s. #h.s. Gb. s. 8 h.s. 16h.s, Baromètre. mm mm mm mm mm nm mr min min l'e décade 72467 724,79 724,66 724,01 723,61 723,42 723,54 724,04 724,40 2 >» 125,27 125,38 725,24 72478 724,44 72415 72414 72459 724,75 6 CIO) 129,09 : 729,19 729,11 728,85 728,62 728,36 728,24 72858 728,77 Mois 726,43 726,54 726,43 725,98 725,66 725,41 725,40 725,83 726,06 Température. 0 0 0 0 0 06 { Ledécade+ 7,19 410,22 412,17 413,27 14,08 413,40 411,87 41084 + 9,81 2 » + 9,26 +12.03 414,03 +15,40 416,24 +16,29 15,43 +13,88 +412,06 3e » + 9,56 11,54 413,51 +14,69 +15,93 415,74 414,77 +13,05 411,82 Mois + 8,70 +11,27 +13,25 +14,46 +15,44 +15,16 +14,05 412,60 +11,25 Tension de la vapeur. ram nm mm mm mm mm im mi tou lre décade 6,32 6,40 6,01 6,18 5,82 5,96 6,28 6,89 6,91 2e - » 7,28 7,40 7,21 6,90 6,64 6,22 7,13 7,42 7,25 3 » 7,18 7,02 6,40 6,52 6,10 6,05 6,70 6,88 6,85 Mois 6,93 6,95 654 6,54 6,18 6,08 6,70 7,06 7,00 Fraction de saturation en millièmes. lre décade 833 682 570 548 490 236 627 718 766 2 )» 825 695 608 546 499 473 957 639 689 3e » 799 693 549 515 458 463 536 605 661 Mois 818 690 570 535 482 490 572 653 704 Therm, min. Therm.max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre. du Ciel, du Rhône. ou de LR 0 cm {re décade L 590 +1346 060 “+ 9,39 19,8 122,6 2% » + 7,51 +18,40 0,47 +11,94 29,3 119,5 3° » + 7,89 +17,65 0,57 +12,35 10,1 122,3 Mois + 7,13 +17,19 0,55 <+11,24 59,2 124,5 Dans ce mois, l'air a été calme 2,86 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,57 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 16,2 O., et son in- tensité est égale à 28,4 sur 100, 173 TABLEAU ” DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE MOIS DE MAI 1873. Le 1°", brouillard tout le jour. 3, brouillard le matin, clair au milieu du jour, neige le soir. 4, brouillard et neige ; la neige n’a pas pu être recueillie, vu la force du vent. ; 6, brouillard tout le jour, neige. 7, brouillard le matin et le soir, neige dans la nuit précédente. 8, brouillard tout le jour, neige. 9, brouillard presque tout le jour. 10, idem. 13, brouillard le soir. 16, clair le matin, brouillard et neige le soir. 17, brouillard tout le jour. 18, idem neige. 19, idem idem. 20, idem idem. 21, brouillard le matin et le soir. 22, brouillard le soir. 24, brouillard le matin et le soir. 25, brouillard le matin. 27, brouillard tout le jour, neige ; à 11/, h. matin éclairs et tonnerres au SO. 28, brouillard tout le jour. 29, idem. 30, brouillard le matin et le soir. 31, brouillard tout le jour. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. mm DRE id >. 38 resnbanan 565,79 Le Ra Mantes 599,14 Ÿ 4:08 7 EPRECECE . 560,56 | 6 à 4 h. après midi ..... . 558,18 OU RE SO à nas na x 559,82 8 à 4h. après midi....., 597,52 D OI0 h:éoir...in à. 570,34 14 à 6h. matin .......... 561,50 710 à. mir: 4%: 564,97 19% "6 IC A 557,96 25 à 10 h. s.et le 26 à midi 568,11 28 à 6 h. matin ...... ... 961,83 29 à 2h. après midi...... 765,79 31 à 8h. matin..... .... 560,29 SAINT-BERNARD. -— MAI 1873. | | | | | = 3 à : : eat = 2 = Tonvéripe Ge à n°6, LG POS = : L moyenne = Hauteur | Ecart avec Moyenne |Ecartavecla Hauteur | Eau e d =. {Lmoy. des | la hauteur | Minimum. | Maximum.| ,, ,des | température | Minimum |Maxtmun' CA tombée dans d'ombre | dominant. | «du willim. millim. willim. | millim. 0 | 0 0 u millim. millim 11 565,24 | + 2,59 | 56447 | 565:79 | — 1,63 | — 0,20 | = 49 F4 96 .7..5 D 2. | «ARE 1008 2 || 564,06 | + 1,24 | 563,61 | 564,60 || + 2,20 | + 3,48 | — 2,0 | + 6,7 | ..... se son I NE 0 NP 3 || 560,05 | — 2,87 | 558,15 | 561,84 | + 0,76 | + 1,90 | — 0,8 | + 5,7 110 19,7. css ll 0e Cd HE | 4-1 556,12 | — 6,90 | 555,14 | 387:75.| — 6,48 | =— 5,48 | — 7,0 | —:3,8 |=....; 2 Fe Ps: AU NES 2 | (ie | 5 559,64 | — 3,47 | 558,52 | 560,56 || — 1,24 | — 0,38 | —10,6 ! + 3,6 || ..... RS vs: ll BOF | 6 | 6 | 558,52 | — 4,68 | 558,18 | 559,02 | — 3,84 | — 3,12 | — 4,4 | — 2,0 60 &8. | .... | SO... 1 | #00 | 7) 559,17 | — 4,13 | 558,27 | 559,82 | — 0,50 | + 0,08 | — 4,2 | + 6,4 20 3,1. june JRNE!T Ac 0BE | 81 558,02 |! — 5,38 | 557,52 | 559,18 | — 5,70 | — 5,26 | — 7,0 | — 1,2 30 42. …+ [ANEsS _# | (590 | 9 | 560,60 |. — 2,90 | 558,27 | 562,44 | — 5,58 | — 598 | — 7,4 | — 32 20 2,6. SIC NEER Al, (Ré | 40 565,04 | + 1,44 | 563,94 | 566,44 | — 4,13 | — 3,97 | — 6,8 | — 0,8 | ....." | ..... ...+ [ÈNE+ #1 6:68 | 11 || 568,89 | + 5,20 | 566,84 | 570,34 || — 0,20 | — 0,18 | — 6,5 | + 4,0 | ...…. LE sers I NES 0 OO DT 12 | 568,91 | + 5,12 | 568,53 | 569,36 | + 2,78 | + 2,66 | + 1,0 | + 5,4 || ....… .. - [NE 210,36 | 431 563,60 | — 0,29 | 562,41 | 565,22 | + 0,88 | 0,62 | — 2,4 | 4,0 | ..... + « NES" SA 070 14°1:562,32 | — 1,67 | 361,50 | 563,18 | — 1,19°| — 1,52 | — 5,0 | -L 24 |... +. sie 4 NE: 214006 | 45 564.03 | — 0,06 | 56291 | 564,97 | + 4,52 | 3,99 | — 1,2 | 10,0 || ..…… E.. pr: NE. 1 | 000 16 | 563,72 | — 0,46 | 563,21 | 56410 | + 1,86 | + 1,20 0,0 | + 5,2 45 5,8 8.1) 80.121415 0:52 17.560,69 | — 3,59 | 569,06 | 561,31 | — 0,33 | — 1,43 | — 1,1 | + 4,4 | .. 1... a MUNS-222) OU | 18 1 538,35 | — 6,03 | 558,02 | 558,84 | + 0,60 | — 0,33 | — 0,9 | + 3,2 60 7,8. me O0 T2 007 | 49 | 559,65 | — 4,83 | 557,96 | 561,51 | + 0,05 | — 1,01 | — 2,4 | + 4,6 70 8,9. .... | variable | 0,83 | 20 || 562,86 | — 1,71 | 562,32 | 563,54 | — 1,06 | — 2,25 | — 2,8 | E 2,6 20 3,0. 3, A1 NE «#92 .P0,98 914 563,34 | — 1,32 | 562,83 | 564,19 | — 0,97 |: — 2,29 | — 3,7 | L' 33... 4 3e Ar A NÉ #9, 507 29.11564,14 | — 0,62 | 563,44 | 365,31 | — 1,79 | — 3,24 | — 2,4 | + 4,0 | .. LE. HA NE 22 072 | 2341:566.87 | + 2,04 | 566,29 | 567,94 || 4,98 | + 0,40 | — 3,24 5,8) + @: ses "NE :1 | 038 | 24 | 566,81 | + 1,86 | 566,14 | 567,40 | + 0,45 | — 1,26 | — 1,6 | + 4,2 | ....… ne tn NENRe > 4 UT 25 || 567,58 | + 2.54 | 567,19 | 368,11 || E 1,10 | — 0,73 | — 3,0 | E 4,3 | ..... SAONE Me 1 2641-567,80 | L 2,67.| 567,57 | 568,11 | L 4,71 || 276) 242 "48m LÉ GR NE 1 927:|-564,22 | — 1,01 | 563,44 | 564,94 | —1,47 | — 3,9% | —35| Lo 50 23,0. ste 1 28 || 563,18 | — 2,14 | 561,83 | 564,29 || — 2,69 | — 4,81 | — 46 | LE 06 |"... ma, À K€ 2 29 | 565,43 | + 0,02 | 564,74 | 565,79 || — 3,27 | — 5,58 | — 4,8 CD ER ITS EE 1 30. || 563,00 | — 2,50 | 569,49. | 563,51 | — 972 "415 | 02 PORN et AREA 1 560,86 | — 4,73 | 560,29 | 561,80 || — 7,28 | — 9,83 | —85.| 481... pie RE Da LA * Ces colonnes renferment la plus basse et la plus élevée des températures observées de 6 h. matin à 40 b. soir. 175 MOYENNES DU MOIS DE MAI 1873. 6h.m. Sh.m. rm mm {re décade 560,35 560,47 de « 562,94 563,08 HAUT 564,44 564,67 Mois 562,64 562,80 40 h. m. cam 560,66 563,28 564,73 562,95 Midi. 2h.s. Baromètre. mn 560,67 563,46 564,82 &h.s. ram mm 560,65 | 560,75 963,44 563,41 564,92 564,95 563,04 Température, 563,07 563,10 mn 560,92 263,56 565,20 mm 560,80 563,42 565,08 563,16 363,29 10h.s. rm 961,07 563,66 565,28 263,40 sa. 0 0 0 0 0 0 o) 0 0 {re décade— 5,14 — 2,56 — 1,50 — 0,05 + 0,29 + 0,37 — 1,84 — 2,96 — 3,31 2 LR 2 AT ITU ES Mois — Min, observé.* 0 1re décade — 5,44 Bo — 9,13 ae - — 3,66 Mois — 3,14 Max. observé.” Clarté moyenne Ciel. 0 + 1,40 0,68 + 4,98 0,53 +29 0,66 + 2,65 0,62 Dans ce mois, l’air a été calme 3,9 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 4,21 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45 E., et son in- tensité est égale à 80,6 sur 100. * Voir la note du tableau 1,55 + 0,91 + 2,35 + 3,26 + 416 + 3,11 + 1,59 + 0,58 — 0,37 2,67 — 1,14 + 0,61 + 1,82 + 1,98 + 0,86 — 0,73 — 1,35 — 2,01 311 — 0,94 + 0,49 + 1,68 + 2,14 + 1,43 — 0,34 — 1,25 — 1,90 Eau de pluie Hauteur dela ou de neige. neige tombée. mm mm 32,0 240 25,5 195 23,0 50 80,5 485 _ sn a 4 . un + CE 4 # À "AU vs FA PA €E AN LP Le : . \ - * - + * EN su cd 1.39 LÉ si WA 6 É 2,4 »y . r ; , IDD EN GER L À " PT 4 TT, nb ét Ve . i 14 ru ny ga ( do WU v.0ÙUG EG ‘ ‘o HBa 5 LITE UN SLEUC Le e à « … £ OS m ‘ + LT CE , LAGEabC eva MeJha 62209 “AUS CRISE TEUR ALLER CES A'APIEC A FE, M'A P M _Ù Us L { | nez A - à Akÿ Lau D Et # sons Ie Nbre GED TALOC EG. GES ER ECMR LU UE DE £. TUE * L£ IE 4 | QUE 2 184 — sas ht GEO + &,9 208 048 2 VI | Bb» ÊTES AR 4 DE be D biboches DEL AUEE, + 1er ie a EE SE OISE TE Sep 4180 PENSER rer = de RSR in re PR A ou oc ie Ve 2 em ee 7e RC OS ; SUUSSRT. Cie LE ee See pe C0 JA va te cvs “ 4 1 CE ag tx GO MEME Eye ES EXPÉRIENCES GRAINES DE DIVERSES ESPÈCES PLONGÉES DANS DE L'EAU DE MER PAR M. GUSTAVE THURET Membre correspondant de l'Académie des Sciences de Paris. NOTE PRÉLIMINAIRE DE M. ALPH. DE CANDOLLE. Une des questions les plus intéressantes de la géo- graphie botanique est celle du transport des graines au travers de la mer par les Courants, le vent, les OISEaux, les glaces flottantes, indépendamment des transports plus modernes et plus efficaces par l'homme. J'ai exposé, en 1855, dans ma Géographie botanique raisonnée, les faits alors connus, et après examen attentif, j'étais arrivé à la conclusion qu’on avait souvent exagéré l’action des moyens de transport autres que ceux de l’homme, en particulier leffet du vent et des courants. Comme conséquence de cette opinion, les îles éloignées des terres, surtout celles qui offrent une flore variée et spé- ciale, devaient avoir été peuplées de végétaux où par un développement local, contre lequel on pouvait élever des objections très-fortes, ou par d'anciens continents qui auraient disparu. Je demandais avec instance aux personnes vivant près de la mer, de faire des expé- riences sur la durée de la vitalité des graines dans l’eau ARCHIVES, t. XLVII — Juillet 1873. 13 178 GRAINES DE DIVERSES ESPÈCES salée‘. M. Darwin avait de son côté la même idée, Il pro- voquait des observations au printemps de la même année 1855, et il en obtint effectivement de très-intéressantes, faites par M. Berkeley. Elles ont été publiées dans le pre- mier volume des Proceedings of the Linnæan Society, 1856, p. 130. Immédiatement après, M. Charles Mar- tios fit de nouvelles expériences , conduites un peu au- trement et sur d’autres espèces. On connaît l'excellent exposé qu'il en a donné dans le Bulletin de la Société botanique de France, 1857, p. 324. Malgré ces deux séries d'expériences, le sujet ne m'avait pas paru suffi- samment éclairei, et j'avais prié M. Thuret de vouloir bien s’en occuper de nouveau. Il réside à Antibes, au bord de la mer Méditerranée ; il est habitué à observer les plantes marines, sur lesquelles il a fait des travaux justement célèbres, et son exactitude m'était connue, ainsi que son zèle pour l'avancement de la science. M. Thuret a eu l’obligeance de faire deux séries d’expé- riences, qu'il m'a autorisé à publier. Je le fais avec d’au- tant plus de plaisir que les résultats ne sont pas toujours conformes à ceux obtenus par M. Darwin ou M. Charles Martins. Ce n’est pas qu'aucun des trois observateurs ait été en faute, mais la manière de choisir les graines et de les placer dans l’eau de mer, la durée aussi de l'immersion, influent beaucoup. Chaque observateur a employé des procédés différents. La vérité doit ressortir de l’ensemble. Au reste le travail de M. Thuret se dis- tingue des autres en un point essentiel : l’immersion des graines a duré jusqu'à treize mois, et ce temps est com- parable à celui du transport par certains courants au tra- vers de l'Atlantique. 1! Pages 616 et 1344. PLONGÉES DANS DE L'EAU DE MER. 179 Je donnerai textuellement les deux lettres que M. Thu- ret a eu la bonté de m'adresser, et j'ajouterai ensuite quelques mots de conclusion tirés d’une troisième lettre du même savant, en date du 47 mai 1873. PREMIÈRE LETTRE DE M. THURET. Expériences sur les graines qui flottent dans l'eau de mer. Antibes, 16 février 1869. Monsieur, Je vous envoie le résultat des recherches que vous m'aviez demandé de faire sur la durée du temps pen- dant lequel les graines flottent dans l’eau de mer. J'espé- rais pouvoir vous le communiquer plus tôt. Mais il m'est arrivé ici ce qui arrive presque toujours en pareille cir- constance. Îl n’est si petite expérience, si simple qu’elle soit, qui ne présente quelques difficultés quand on veut y mettre la précision nécessaire. Cette fois l'embarras était de distinguer, parmi les graines flottantes, celles qui sont pleines et celles qui sont vides. Ces dernières Sont Communes dans les plantes de jardin, et très-sou- vent :l est impossible de les distinguer des autres par aucun caractère extérieur. Dans ces cas douteux j'ai dû recommencer mes expériences à plusieurs reprises, ce qui en à prolongé la durée fort au delà de mon attente. Les plantes qui ont servi à mes recherches sont au nombre de 251, appartenant à 77 familles. Dans la liste qui suit, les espèces dont les graines n'ont pas surnagé du tout sont en caractères ordinaires et ne sont suivies d'aucun chiffre, Celles dont les graines 180 GRAINES DE DIVERSES ESPÈCES ont surnagé plus ou moins sont en lettres italiques, et les numéros indiquent à quelle époque elles ont fini par descendre dans l’eau. Lorsqu'il y a deux chiffres, cela veut dire que les graines ont coulé successivement à fond en deux ou plusieurs jours. Ainsi par exemple après Delphinium formosum vous trouverez les chiffres À, 2, parce qu’une partie des graines était tombée au fond du vase à la fin du premier jour, et le reste le second jour. Après Escholtzia, 0, 1, parce qu'une partie des graines a coulé immédiatement, et le reste le lendemain, etc. etc. J'ai été fort surpris, et vous le serez sans doute aussi, du désaccord que présentent mes observations sur ce point avec celles que M. Martins a publiées dans le Bul- letin de la Société botanique (tome IV). M. Martins a trouvé que sur 98 graines les deux tiers surnageaient (il ne dit pas pendant combien de temps). Je présume que la différence provient’ de ce que M. Martins se sera con- tenté de jeter ses graines dans un vase sans remuer l'eau’. Mais l’eau de la mer n’est pas tranquille comme celle d’un bocal. Aussi ai-je toujours pris soin d’agiter celle de mes vases, afin de mouiller les graines et de les dégager de l'air quelles peuvent entrainer avec elles. Cette précaution est surtout nécessaire pour les graines légères. Jetez par exemple une pincée de graines de Co- quelicot sur un verre d’eau; elles vous sembleront flot- 1 Je ne crois pas que la différence tienne à cette cause. M. Martins avait mis ses graines dans une grande boîte flottante percée de trous, dans laquelle l'eau de la mer entrait et sortait librement, ce qui dé- terminait des secousses. La diversité vient plutôt de ce que M. Martins avait choisi volontairement (page 327 du Bulletin) des graines de grande dimension, pourvues d’un épisperme épais, et celles de plantes litorales, comme pouvant le mieux résister, tandis que M. Thuret a pris des espèces de toute sorte. (Alph. de Candolle.) PLONGÉES DANS DE L'EAU DE MER. 181 tantes. Mais agitez-les avec une baguette de verre, et vous les verrez aussitôt couler à fond. Par contre, je n'ai pas cru devoir, comme l’a fait M. Martins, enlever les aigrettes des Composées, Renonculacées, etc. Les aigrettes et les ailes contribuent certainement à faire flotter les graines plus ou moins longtemps ; mais il peut très-bien arriver que celles-ci tombent à l’eau munies de ces appendices. En résumé je crois pouvoir affirmer, contrairement à M. Martins, que le nombre des graines réellement flottantes est excessivement restreint. Je ne connais que celles des Maurandia et du Phormium que l’on puisse regarder comme telles, Ces graines d’ailleurs ont une structure qui explique fort bien leur buoyancy, comme on dit en anglais. Dans les Maurandia l’amande est entourée de crêtes celluleuses souvent très-dévelop- pées, formées de cellules à parois réticulées dans les- quelles il reste des bulles d’air, qui soutiennent la graine sur l’eau. Dans le Phormium tenax les deux ailes de la graine sont formées d’un tissu à grandes mailles, qui pro- duit le même effet. J’ajouterai que j'ai vu quelquefois flotter indéfiniment quelques pepins d'orange, de gre- nade, et les graines d'Hibiscus speciosus. Mais vérifica- tion faite, il s’est trouvé dans ces trois cas que l'embryon ne remplissait pas toute la cavité de la graine. J'ai semé ces graines imparfaites pour vérifier si elles étaient sus- ceptibles de germer ; jusqu'à présent elles n'ont pas levé. Il me paraît donc qu'il faut commencer par exclure les graines, akènes, etc., de l'hypothèse du transport par les courants marins. Restent les fruits indéhiscents. Ceux- ci surnagent en général plus longtemps que les graines. Malheureusement leur volume ne permet pas de faire à 1892 GRAINES DE DIVERSES ESPÈCES cet égard des expériences assez nombreuses et assez concluantes. Il faudrait non-seulement essayer des fruits frais et secs, mais même des branches avec fruits, le bois pouvant faire flotter ceux-ci très-longtemps, etc. Tout cela est impraticable. Au reste, Monsieur, puisque vous voulez bien me de- mander mon avis sur ce sujet, je vous dirai que ces ex- périences ne me semblent pouvoir rien ajouter à la force des preuves que vous avez déjà données contre l'hypo- thèse qui prétend expliquer ainsi la dispersion des espèces. Votre objection me paraît irréfutable. Car il est clair que même en supposant les circonstances les plus favorables, les courants märins pourraient tout au plus introduire quelques-unes des plantes qui croissent dans la vase marine ou sur le sable du littoral, Mais excepté celles-là, on ne saurait sérieusement admettre que des graines échouées sur la plage y rencontrent jamais les conditions nécessaires à leur développement et à la pro- pagation de leur espèce. Suit la liste des espèces : RenoncuLacÉes. Clematis microphylla, DC. [2]; Delphinium formosum, Hort. [1,2]; Ranunculus Canuti, Coss. [1]. MAGNoLIAGÉES. Magnolia grandiflora, L. [1]. BERBÉRIDÉES. Berberis Hookeri, Hort. PapavÉRACÉEs. Eschsholtzia Californica, Cham. [0, 1]; Pa- paver dubium, L.; Papaver Rhæas, L.; Rœmeria hybrida, DC. CrucIFÈREs. Alyssum Atlanticum, Desf.; Alyssum mariti- mum, Lam.; Biscutella hispida, DC. (fruits secs), [1]; Brassica Botrytis, Mill. ; Brassica campestris, L.; Brassica napus, L.; Cheiranthus mutabilis, L’Hér.; Malcolmia maritima, R. Br.; Moricandia arvensis, DC. RésépacÉEs. Reseda odorata, L. [1]. . PLONGÉES DANS DE L'EAU DE MER. 183 CisrinéEs. Cistus ladaniferus, L.; Cistus laurifolius, L.; Cistus vaginatus, Ait. ; Helianthemum Niloticum, Dun. VioLaRiéEs. Viola arborescens, L. [1]. PrTrospoRÉEs. Pittosporum undulatum, Vent.; Pittosporum viridiflorum, Sims.; Sallya linearis, Lindl. PoLyGaLées. Polygala virgata, Thunb. [2]. CarYoPHyLLées. Silene Atocion, Murr.; Silene integripetala, Borv et Ch. ; Silene Schafta, Gmel. ; Spergularia media, Pers.; Viscaria oculata, Lindi. Linées. Linum angustifolium, DC.; Linum grandiflorum, Desf. Mazvacées. Hibiscus esculentus, L.; Malua fragrans, Jacq. [5,7]; Pavonia præmorsa, Willd. [2, 5]; Sida mollis, Ort. ; Sida pulchella, Bonpl. BYTTNÉRIACÉES. Hermannia alnifolia, L.: Hermannia denu- data, L. f.; Rulingia hermanniæfolia, Steetz. Tiracées. Aristotelia Maqui, L'Hér.; Entelea arborescens, R. Br.; Sparmannia palmata, E. Mey. AURANTIACÉES ?. Cütrus aurantium, L. [0,1]; Citrus nobilis, Lour. HyrÉRicinÉEs. Hypericum Canariense, L. [1]. SAPINDACÉES. Dodonæa viscosa, L. ; Melianthus minor, L. MÉciacéEs. Melia Azedarach, L. (fruits frais) et Melia Aze- darach (fruits secs), [1, 4]. AMPÉLIDÉES. Vilis vinifera, L. GÉRANIACÉES. Erodium Botrys, Pers. (fruits secs), [1]. RurTacées. Correa alba, Andr. RHamnées. Colletia spinosa, Lam.; Pomaderris apetala, La Bill. TÉRÉBINTHACÉES. Rhus vernicifera, DC. PaPILIONAGÉES. Adesmia viscosa, Gill. (fruits secs), [4, 2]; Chorisema varium, Benth. ; Coronilla pentaphylla, Desf. ; Co- ! Les pepins d'orange tombent en général presque immédiatement au fond de l’eau. Quelquefois cependant ils restent flottants parce que l'embryon ne remplit pas toute la cavité de la graine. Les pepins des Mandarines (C. nobilis), remarquables par leurs cotylédons verts, sont toujours bien pleins et coulent à fond sur-le-champ. .184 GRAINES DE DIVERSES ESPÈCES ronilla Valentina, L. (fruits verts), et Coronilla Valentina, L. (fruits secs), [1, 2]; Dolichos funarius, Molina ; Fagelia bitu- minosa, DC.; Genista Numidica, Spach ; Genista Scorpius, L.; Goodia medicaginea, Müll. ‘. Hardenbergia ovata, Benth. ; In- digofera incana, Thunb.; Lotus Jacobæus, L.; Lupinus ma- crocarpus, Hook. et Arn.; Medicago circinnata, L. (fruits secs), [1]; Melilotus sulcata, Desf. (fruits secs), [21 ; Pocockia Græca, Boiss. et Sp. (fruits secs), [2, 3]; Psoralea glandu- losa, L. (fruits secs), [1,2]; Psoralea sericea, Poir. (fruits secs), [1]; Swainsonia Greyana, Lindi. ; Swainsonia Osbornii, Moore; Viminaria denudata, Sm. (fruits secs), [3, 4]. CæsaLriniÉes. Cassia lævigata, Willd.; Cassia lœvigata (fruits secs), [5, 6]; Cassia Sophora, L. Mimosées. Acacia acinacea, Lindl.; À. brachybotrya, Benth..; A. cyanophylla, Benth.; A. Cyclopis, Cunn.; A. dealbata, Link; A. dodonæifolia, Willd. ; A. extensa, Lindl. ; A. longi- folia, Willd.; À. retinodes, Schlecht.; A. stenophylla, Cunn. (fruits secs), [6,13]; Albizzia lophantha, Benth.; Albizzia Neumanni, Hort. ; Mimosa Uruguayensis, Gill. et Hook. RosacÉes. Acæna Sanguisorbæ, Vahl. (fruits secs), [6, 9]; Cratægus Pyracantha, Pers.; Geum sylvaticum, Pourr. [3,6]; Pêcher ; Photinia serrulata, Lindl. (fruits secs), [2, 3]. GRanaTÉESs. Punica Granatum, L. MyrTacées. Angophora lanceolata, Cav.; Bæckea virgata, Andr. [0, 2]; Callistemon lanceolatus, DC. [0, 1]; Callistemon rigidus, DC. [0,1]; Eucalyptus cosmophylla, Müll. [1]; Euca- lyptus Globutus, La Bill. [0, 1]; Fabricia lævigata, Sm. [0, 1]: Leptospermum. flavescens, Sm. [0,1]; Melaleuca densa, R. Br. [0, 1]; Melaleuca hypericifolia, Sm. [0, 1]; Myrtus communis, L. (graines), et Myrtus communis (fruits frais), [3, 5]. Cucurgrracées. Cucumis Melo, L. [1,2]; Lagenaria sphœ- rica, Naud. [1]. PASSIFLORÉES. Passiflora Banksii, Benth.; Passiflora edulis, Sims. Loasées. Bartonia aurea, Lindi. 1 Les fruits de cette espèce ont flotté pendant quatre jours, et quel- ques-uns surnageaient encore au bout de quinze jours, quand je les ai retirés de l’eau pour les faire semer. PLONGÉES DANS DE L'EAU DE MER. 185 PaRoNYcHIéEs. Telephium Imperati, L. Ficoïnées. Mesembrianthemum brevicaule, Haw. ; Mesem- brianthemum edule, L.; Tetragonia expansa, Ait. (fruits secs *). CacTÉes. Opuntia Ficus-Indica, Mill, et Opuntia Ficus-In- dica, Mill. (fruits frais), [7]; Opuntia polyantha, Haw. OuBezuirÈres. Anthriscus Cerefolium, Hoffm.; Apium gra- veolens, L.; Condylocarpus Apulus, Hoffm. [5, 7]; Eryngium planum, L. [2,4]; Ferula communis, L. [1, 2]; Fœniculum piperitum, DC. [1]; Hasselquistia lanata, Boiss. (graines con- caves du centre de l’ombelle), [1], etla même (graines plates de la circonférence), [2]. ARALIAGÉES. Hedera Helix, L. [1,2]; le même (fruits frais), [4]. CapRiFoLrAGÉES. Lonicera brachypoda, Hort., et le même (fruits frais); Lonicera Chinensis, Wats. (fruits frais), et Lo- nicera Chinensis (fruits secs), [0, 6]. Rugiacées. Rubia peregrina, L., et Rubia peregrina (fruits frais), [1]. VALÉRIANÉES. Centranthus ruber, DC. [2, 3]. Dirsacées. Scabiosa Cretica, L. [2]. Composées. Bæria chrysostoma, R. et S. [1]; Brachycome diversifolia, Fisch. et Mey. [1]; Calendula Aegyptiaca, Desf. (4, 2]; Calendula officinalis, L. [2]; Calliopsis Drummondiüi, Don. [2,7]; Calotis erinacea, Steetz [3]; Carduus nutans, L.: Centaurea Amberboï, Lam. [2]; Centaurea Canariensis, L. ; Centauridium Drummondii, Torr. et Gr. [1, 2]; Gharieis he- terophylla, Cass. [1, 2]; Chrysanthemum Broussonetii, Balb. [1]; Chrys. coronarium, L: [1,2]; Chrys. fœniculaceum, DC. [A]; Chrys. pinnatifidum, L. [1]; Cynara Cardunculus, L. ; Echinops Ritro, L.; Gaüllardia Drummondii, DC. [2, 4]; Lac- tuca sativa, L ; Osteospermum moniliferum, L.; Sonchus ole- raceus, L. [1]; Tragopogon porrifolèus, L.[1, 2]. CaMPANULACÉES. Specularia pentagonia, DC. Éricinées. Arbutus Unedo, L. (fruits frais et secs). Égénacées. Diospyros Kaki, L. f. 1 La plupart des fruits ont coulé à fond successivement à partir du neuvième jour ; mais quelques-uns ont continué à flotter indéfini- ment. 186 GRAINES DE DIVERSES ESPÈCES OLÉAGÉES. Olea Europæa, L., et Olea Europæa (fruits frais), [0, 8]. JasmiNéES. Jasminum fruticans, L.; Jasminum fruticans (fruits secs ‘); Jasminum odoratissimum, L. (fruits frais); Jus- minum odoratissimum, L. (fruits secs), [6, 8]. ASCLÉPIADÉES. Asclepias Mexicana, Cav.; Gomphocarpus physocarpus, E. Me. ; Stapelia normalis, Jacq. [2, 3]. LoGaniacÉes. Gelsemium nitidum, Mich. [1, 2]. BiGNoniAGÉES. Tecoma australis. R. Br. [2,4]; Tecoma stans, Juss. [1, 2]. HypropaYLLéEs. Nemophila atomaria, Fisch. et Mey. ; Ne- mophila insignis, Benth. PoLÉMoNIACÉES. Phlox Drummondii, Hook. CoNvoLvuLAcÉEs. Convolvulus Mauritanicus, Boiss. ; Con- volvulus tricolor, L.; Ipomæa ficifolia, Lindl. [4,5]. BoRRAGINÉES. Echium fastuosum, DC. [2, 3]; Echium sim- plex, DC. [1]. SOLANÉES. Capsicum annuum, L.; Capsicum annuum, L. (fruits secs), [3, 5]; Cyphomandra betacea, Sendtn. et Cypho- mandra betacea, Sendtn. (fruits frais), [14,27]; Nicotiana Ta- bacum, L. [0,2]; Petunia violacea, Hook. [0,1]; Solanum Capsicastrum, Link [1]; le même (fruits frais?); Solanum laciniatum, Aït. ; Solanum marginatum, L. f. SCROPHULARINÉES. Collinsia bicolor, Benth. [0,2]; Halleria lucida, L.; Linaria bipartita, Willd.; Lénaria tristis, Mill. [1,2]; Maurandia® antirrhiniflora, Willd.; Maurandia Barclayana, Lindl. ; Maurandia semperflorens, Ort. ; Nycterinia selaginoi- des, Benth. ; Scrophularia sambutifolia, Duby ; Veronica Sy- riaca, R. et S. ACANTHACÉES. Acanthus latifoliis, Hort. VERBÉNAGÉES. Duranta Plumieri, L. (fruits frais), et Du- ‘ La plupart des fruits ont coulé à fond successivement dans les dix premiers jours ; mais il en reste encore un flottant au bout d’un mois. ? La plupart des fruits ont coulé à fond immédiatement; mais il en reste encore un flottant au bout d’un mois. Fs Quelques graines de Famadia ont coulé à fond immédiatement; Lund lateis tan.e Carte. à flolter ‘adéfinim 1. PLONGÉES DANS DE L'EAU DE MER. 187 ranta Plumieri (fruits secs), [1,2]; Lantana Camara, L. (fruits frais). Myoporées. Myoporum ellipticum, R. Br. (fruits frais). Lapiées. Eremostachys 1berica, Fisch. et Mey. [1]; Lavan- dula multifida, L.; Phlomis ferruginea, Ten. ; Salvia Candela- brum, Boiss.; Salvia Canariensis, L. [1,3]; Salvia Indica, L.; Salvia polystachya, Ort. ; Thymus capitatus, Link. PLUMBAGINÉES. Armeria Mauritanica, Wallr. [2]. PLANTAGINÉES. Plantago Webbii, Barn. CHÉNOPODÉES. Beta maritima, L. (fruits secs), [2,3]; Beta Rapa, Dum. (fruits secs), [6]; Chenopodium auricomum, Lindl. [0,4]; Chenopodium Quinoa, Willd. (graines pures); Spina- cia glabra, Mill. (fruits secs), [0, 1], AMARANTACÉES. Deeringia celosioides, R. Br., et Deeringia celosioides (fruits secs), [3]. PoLyGoNÉEs. Mühlenbeckia complexa, Meissn. (fruits secs), [1]. LAURINÉES. Laurus nobilis, L. PRoTÉACÉES. Banksia marcescens, R. Br. [1,2]; Grevillea Thelemanniana, Hügel ; Hakea brachyrrhyncha, Müll. [2,3]. TayMÉLées. Gnidia carinata, Thunb. [2, 3]; Passerina hir- suta, L. [2]; Pimelea elegans, Moore [2]. EupxorgracéEs. Euphorbia piscatoria, Ait. [0, 11. CuruuirÈREs. Quercus Ilex, L. ConirÈèREes. Actinostrobus pyramidalis, Miq. [3,4]; Cupres- sus Benthami, Endi. [1]; Cupressus Goveniana, Gard. [1]; Cupressus horizontalis, Mill. [2]; Pinus insignis, Doug]. [2, 4]. IRIDÉES. Antholyza Aethiopica, L.; Gladiolus Borneti, Ard. [2,5]; Gladiolus Segetum, Ker. ; Iris Chamæiris, Bert. ; Iris unguicularis, Poir.; Sisyrinchium striatum, Sm. AMARYLLIDÉES. Narcissus aureus, Lois. ; Pancratium mari- tinum, L. [4, 7]. ASPARAGINÉES. Asparagus officinalis, L., et Asparagus offici- nalis (fruits frais), [4, 21]; Myrsiphyllum asparagoides, Willd. ; Ruscus Hypophyllum, L., et Ruscus Hypophyllum (fruits frais), [4, 5]. Liracées. Allium Porrum, L.; Allium Siculum, Ucria; As- 183 GRAINES DE DIVERSES ESPÈCES phodelus microcarpus, Viv.; Lilium candidum, L. ; Phormium tenax !, Forst. ; Yucca aloifolia, L. Pazmiers. Phœnix dactylifera, L.; Sabal Adansoni, Guers. (fruits secs), [4,2]. CyréRacÉes. Scirpus Holoschænus, L. GRAMINÉES. Aegilops speltæformis, Jord.: ÆEréianthus Ra- vennæ, P. B. (graines avec les balles), [3, 4]. DEUXIÈME LETTRE DE M. THURET. Expériences sur la durée de la vitalité des graines plongées dans de l’eau de mer. Antibes, 7 mai 1873. Monsieur, J'ai fait dernièrement quelques expériences sur la durée de la vitalité des graines plongées dans l’eau de mer. Après celles de MM. Darwin et Martins sur le même sujet, celles-ci n’ont rien de nouveau que la plus longue durée du temps (treize mois) pendant lequel les graines ont été soumises à l'immersion. J'ai cru cepen- dant que sous ce rapport elles pouvaient vous offrir quel- que intérêt, et 6’est ce qui m'engage à vous en faire part. Je crois vous avoir écrit autrefois que j'avais obtenu quatre pieds d’asperge, de graines mises dans un flacon d’eau de mer le 29 décembre 1868, et semées le 27 janvier 4870. Un peu plus tard il a levé également deux pieds d'Hibiscus speciosus de graines qui étaient restées flottantes dans un flacon d’eau de mer depuis le 4 jan- vier 4869 jusqu’au 27 janvier 1870. Au commencement de l’année dernière, voulant répéter le même essai sur un plus grand nombre d’espèces, j'ai pris 33 sortes de ‘ Ces graines flottent indéfiniment. PLONGÉES DANS DE L'EAU DE MER. 189 graines que j'avais en quantité suffisante, et j'ai partagé chaque sorte en deux lots. L’un des lots était destiné à l’eau de mer ; l’autre a été conservé en sachets pour être semé en même temps que le lot correspondant. Cette contre-épreuve m'a paru nécessaire, Car il arrive souvent qu'un semis ne réussit pas, sans qu’on puisse en déter- miner la cause, et il ne faut pas se hâter de conclure en ce cas que les graines n'auraient pas levé si elles avaient été semées à un autre moment. Le 27 janvier 1872, chacun des lots de la première série a été placé dans un flacon d’eau de mer, daté, éti- queté, puis abandonné à son sort sur la tablette d’un ca- binet où le soleil ne donne pas. Sur les 33 espèces, 10 ont pourri plus ou moins promptement. J’en ai remplacé deux le 4% mars 1872, par deux autres espèces, dont une à pourri à son tour. Il ne m'en restait donc plus que 2% au bout de treize mois, temps que j'avais fixé pour la durée de l'immersion. Le 27 février 1873, chaque espèce a été retirée de son flacon et mise en terre immé- diatement dans un pot numéroté. Le même jour ont été semés de même les 25 lots correspondants conservés en sachet. Les deux séries de pots ont été placés à une grande distance, pour éviter que les arrosements ne fis- sent sauter quelque graine de l’une dans l’autre. Vous trouverez sur la feuille ci-jointe les résultats détaillés de l'expérience. En voici le résumé. Sur les 24 espèces, dix ont levé. Il y en a six dont les graines plongées dans l’eau de mer n’ont pas levé, tandis que les graines con- servées à sec ont levé régulièrement. Il en reste huit dont les graines n’ont levé ni dans un lot ni dans l’autre, De: celles-là il n’y a rien à conclure. Il se peut que les grai- nes fussent mauvaises. Quelques-unes d’ailleurs (Adonis, 190 GRAINES DE DIVERSES ESPÈCES Viola, Callistemon) doivent être semées en automne. Enfin celles du Chæmærops, qui germent très-lentement, pour- ront fort bien lever plus tard. Je ne pense pas que des expériences de ce genre com- portent une précision absolue. Mais il en résulte au moins un fait certain, c'est qu'une très-longue immersion dans l’eau de mer n’enlève pas toujours aux graines la faculté de germer. Dans plusieurs de mes semis, l'effet de l’im- mersion a été certainement plus ou moins nuisible, Mais il y en a au moins trois (Mesembrianthemum , Campa- nula, Lycopersicum) qui n’en ont nullement souffert, et dans lesquels la germination s’est opérée aussi franche- ment, aussi vigoureusement que celle des graines con- servées à sec. Il est probable d’ailleurs que mes graines n'étaient pas dans des conditions aussi favorables à leur bonne conservation que si elles avaient été dans la mer même. Des Hygrocrocis se sont développés à plusieurs reprises dans les flacons, ce qui a obüigé à en renouveler l’eau trois ou quatre fois dans le cours de l'expérience. Voici la liste des plantes dont les graines, mises dans des flacons d’eau de mer le 27 janvier 1872 et semées le 27 février 1873, ont levé après treize mois d'immersion. Silene Atocion, Murr.; trois graines seulement ont levé. Les graines conservées à sec ont levé abondamment. Hibiscus speciosus, Ait.; levé le 11 avril. Comme dans l’expé- rience faile sur cette plante deux ans auparavant, ce sont les graines flottantes sur l’eau qui ont levé. Les graines tombées au fond du vase ont pourri. Medicago sativa, L. ; deux graines sur cinq levées le 10 mars. Les autres graines étaient pourries au moment du semis. Elles avaient été mises dans l’eau de mer le 1° mars 1872. PLONGÉES DANS DE L'EAU DE MER. 191 Mesembrianthemum crystallinum, L.; levé abondamment le 11 mars. ]l n’y a aucune différence entre le semis des graines plongées dans l’eau de mer et des graines con- servées à sec. Apium graveolens, L.; levé le 20 mars. Le semis des graines plongées dans l’eau de mer est plus vigoureux aujour- d’hui que celui des graines conservées à sec. Cichorium Endivia, L.: deux graines seulement ont levé le 20 mars. Les graines conservées à sec ont levé beaucoup plus abondamment Campanula laciniata, L. ; levé abondamment le 20 mars. Point de différence entre le semis des graines plongées dans l’eau de mer et des graines conservées à sec. Le premier paraît même aujourd'hui un peu plus développé.que le second. Lycopersicum esculeatum, Mill.; levé abondamment le 20 mars. Point de différence appréciable entre les deux semis. Phytolacea.….? (species perennis, e seminibus Mexicanis orta. Ph. octandræ affinis videtur, sed stamina 16, ovarium 8- costatum). Les graines conservées à sec n’ont pas levé, mais celles de l’eau de mer ont bien levé. Beta vulgaris, L.; levé le 22 mars. Plantes dont les graines conservées à sec ont bien levé, mais dont les graines, plongées pendant treize mois dans l’eau de mer, n’ont pas levé. Hunnemannia fumariæfolia, Sweet. Cucumis Melo, L. Hermania denudata, L. f. Digitatis lanata, Ehrh. Colletia spinosa, Lam. Salvia Indica, L. Plantes dont les graines n’ont levé ni dans l’une ni dans l’autre série. Adonis æstivalis, L. Callistemon rigidus, R. Br. Viola segetalis, Jord. Passiflora Herbertiana, Lindl. Malva fragrans, Jacq. Antholyza Æthiopica, L. Sida pulchella, Bonpl. Chamærops Fortunei, Hook. 199 GRAINES DE DIVERSES ESPÈCES Plantes dont les graines ont complétement pourri dans l’eau de mer. Raphanus sativus, L. Anchusa Capensis, Thunb. Linum flavum, L. Plantago Webbii, Barn. Phaseolus vulgaris, L. Allium Cepa, L. Pisum sativum, L. Hordeum vulgare, L. Cassia corymbosa, Lam. Lea Mays, L. Quillaia saponaria, Mol. J'ai trouvé ces graines pourries lors de mon retour ici en automne. L'oignon et l'orge avaient commencé à ger- mer dans l’eau. Le haricot et le pois, ayant pourri de très-bonne heure, avaient été remplacés le 19° mars 1872 par les Cassia corymbosa et Medicago sativa. NOTE ADDITIONNELLE DE M. A. DE CANDOLLE. Je laisserai les botanistes rapprocher et comparer les documents de MM. Darwin, Charles Martins et Thuret, qui se complètent les uns les autres. Quant à l’action des transports de graines par les cou- rants pour introduire des espèces nouvelles à de grandes distances, je la crois toujours extrêmement faible et de nature à influer seulement sur les plantes du littoral, comme je l'avais admis autrefois. Les graines, et surtout les fruits secs et légers, peuvent bien flotter et amener quelquefois une germination sur une côte éloignée du pays primitif de l’espèce, mais la chance que les jeunes pieds ne soient pas desséchés par le soleil, détruits par les ani- maux ou étouffés par l'ombre et les racines des plantes déjà en possession du sol est singulièrement petite. IL fau- drait des dépôts nombreux de ces graines conservant la PLONGÉES DANS DE L'EAU DE MER. 193 faculté de germer et des temps singulièrement prolongés pour que la flore indigène en fût altérée. Lorsqu'une ile sort de la mer, comme lesîles madréporiques ou certains volcans, et qu'il s’agit de plantes maritimes, les courants peuvent amener quelques espèces qui s'emparent vite du terrain, mais beaucoup d'îles offrent des flores d’une nature absolument différente, beaucoup plus variée, sur leurs montagnes principalement. M. Thuret m’a confirmé dans cette opinion. Voici comment il s'exprime dans une dernière lettre qu’il a eu l’obligeance de m'adresser : « À vrai dire, si la persistance de vitalité des graines « dans l’eau de mer me semble assez curieuse. sous le « rapport physiologique, elle ne me paraît pas rendre « plus vraisemblable la dispersion des espèces par les « courants marins, et les excellentes raisons par lesquelles « vous avez combattu autrefois cette hypothèse, conser- « vent toujours leur force. » Il reste maintenant à étudier, plus qu’on ne l’a fait, le résultat du transport des graines et des fragments de plantes par les oiseaux. Les naturalistes anglais, MM. Darwin et Lyell, en particulier, attribuent à ces trans- ports plus d'importance que je ne leur en avais donné dans mon ouvrage sur la géographie botanique. Jai cher- ché depuis à obtenir des renseignements sur les oiseaux qui fréquentent certaines iles et sur ceux qui traver- sent régulièrement la mer Méditerranée, mais on a rare- ment répondu à mes questions, et d'ordinaire, quand on m'a dit avoir examiné des oiseaux, on n'avait trouvé au- cune graine dans leur intérieur ou à leur surface. Je dé- sire beaucoup recevoir de nouveaux renseignements, et si l’on veut bien m’en adresser, je trouverai probablement une occasion de les introduire dans la science. ArcHives, t. XLVIL — Juillet 1873. 14 194 GRAINES DE DIVERSES ESPÈCES, ETC. Cette voie d'observations directes sur les oiseaux me paraît pourtant assez difficile et incertaine. Il faudrait en ouvrir des centaines et savoir toujours d’une mänière précise d'où ils viennent et s'ils ne se sont pas arrêtés sur une terre intermédiaire. Pour résoudre la question je pense plutôt à une méthode nouvelle, que j'espère avoir l’occasion de mettre en pratique, mais qui exige assez de recherches. Elle consiste à examiner si telle flore d’une ile ou d’un archipel, contient plus d'espèces de nature à être trans- portées par les oiseaux que les flores des continents situés d’une manière analogue. Par exemple les flores de Ma- dère ou des Canaries ont-elles plus d'espèces à baies, contenant des noyaux ou graines dures, et d'espèces à graines visqueuses de nature à adhérer aux pattes des oiseaux ou à leurs plumes, que les flores du Portugal, de l'Espagne où de l'Algérie? S'il y en a plus, et cela dans une proportion notable, une partie des espèces est probablement venue par les oiseaux. En suivant cette méthode on pourra peut-être constater que certaines îles ont été peuplées essentiellement par les oiseaux, tandis que d’autres n’auraient pas subi ce genre d'influence. COMPARAISON ENTRE LES COURANTS GALVANIQUES DE COURTE DURÉE ET LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE AINSI QU'ENTRE DES FORCES ÉLECTROMOTRICES DE DIFFÉRENTE NATURE PAR M... E. ,ED,LU ND. (Communiqué par l'auteur !.) $ 1. Nous supposons que la décharge d’une batterie élec- trique traverse successivement un galvanomètre et un thermomètre électrique de Riess, et en outre que le cir- cuit se compose partout exclusivement de conducteurs métalliques, à l'exception du point où se produit l’étin- celle. Nous nommons A l’échauffement de l'air dans le thermomètre électrique et B la déviation du galvano- mètre. Nous supposons ensuite qu’un courant galvani- que d’une durée suffisamment courte pour que l'effet n’en puisse être considéré que comme un choc, tra- verse simultanément les deux instruments, et nous dési- gnons par a et par b les indications correspondantes de ces derniers. À moins que la résistance du circuit ne ‘ Ce mémoire a paru en suédois sous une autre forme, l’auteur Pa remanié pour cette traduction française qui a été faite par ses soins | (Réd.) 196 COURANTS GALVANIQUES DE COURTE DURÉE soit trop grande, que la surface des armatures des bouteilles de Leyde ne soit très-considérable en compa- raison de la quantité d'électricité amassée, ou que le courant galvanique n’ait une intensité extraordinaire, il ; ; AQ a arrivera. Loujours que + >> ou, en d’autres termes, que le rapport entre l'effet calorifique de la décharge et le pouvoir de cette dernière à mettre l'aiguille magnéti- que en mouvement, sera Supérieur au rapport correspon- dant pour le courant galvanique. Quoique ce qui précède soit déjà connu, nous voulons lillustrer encore ici par quelques expériences. Le courant galvanique d’une pile de deux éléments de Bunsen, à grande surface, fut conduit pendant un cin- quantième de seconde environ à travers un thermomètre électrique de Riess et un galvanomètre à miroir dont les spires étaient formées par un fil de cuivre de À milli- mètre d'épaisseur, entouré d’une couche de gutta-percha de 2 millimètres. Le galvanomètre était au reste identi- que à celui que j'ai déerit dans une autre occasion et que j'ai construit spécialement pour les décharges élec- triques. La seule différence consistait en ce que la bo- bine en bois sur laquelle le fil était enroulé, présentait des dimensions beaucoup plus considérables. Le résultat fut que le courant en question donna, comme moyenne de plusieurs déterminations, une déviation de 54 divi- sions à l'échelle du galvanomètre, et un déplacement de 3,2 divisions dans la colonne d'esprit de vin du thermo- mètre à air. Ensuite on chargea, à l’aide de l’électrophore de Holtz, une bouteille de Leyde dont l’armature extérieure avait 580 centimètres carrés, jusqu'à ce que la bouteille se ET DÉCHARGE ÉLECTRIQUE. 197 déchargeàt d'elle-même entre deux boules de laiton pla- cées à une distance de 25 millimètres l’une de l’autre. Au moyen de fils de cuivre de À millimètre d'épaisseur, revêtus d’une couche de gutta-percha de 2", la dé- charge fat conduite au thermomètre à air et au galvano- mètre, et traversa successivement les deux instruments. Le thermomètre à air donna, comme moyenne de plu- sieurs déterminations, un déplacement de la colonne li- quide de 16 divisions, tandis que le galvanomètre n’indi- qua qu'une déviation de 0,2, Ainsi, pour ce qui concerne le courant galvanique, les observations précitées ont donné ; = — 0,06, et la décharge = = mn — 80. Ce dernier rapport était donc 1333 fois plus grand que le premier. Une autre expérience sur les effets de la décharge fut faite de la manière suivante, Les jarres appartenant à l’électrophore avaient une armature extérieure d'environ 90 centimètres carrés. Pendant le temps que le plateau de la machine fut en rotation, on provoqua sept décharges consécutives à travers le thermomètre à air et le galvano- mètre, L’étincelle se formait entre deux boules de laiton placées à une distance de 8% l’une de l’autre. Les sept décharges eurent lieu dans l’espace d’une seconde et demie. L'effet produit sur le galvanomètre n’atteignit pas 0,2 division, tandis que le thermomètre à air marqua 4 divisions. Cette dernière indication fut réduite de moi- lié environ après que l’on eut fait entrer “dans le circuit un bout de fil d’argentane ayant 6 £ mètres de longueur et 0,2% d'épaisseur, et présentant, par conséquent, une résistance très-considérable. IL fut procédé en dernier lieu à l'expérience suivante. 198 COURANTS GALVANIQUES DE COURTE DURÉE On observa les indications produites sur les deux instru- ments par le courant venant de l’électrophore, pendant que son plateau faisait deux tours entiers. La longueur de l’'étincelle fat de 3%, La déviation du galvanomètre ne s’éleva pas à une division d'échelle, tandis que la colonne liquide du thermomètre à air se déplaça de quatre divi- sions. Pour ce qui concerne en premier lieu les déviations galvanométriques produites par la décharge, elles sont proportionnelles à la quantité d'électricité qui traverse les spires de l'instrument. L'augmentation de la résistance ou de la surface armée des bouteilles de Leyde ne modi- fie pas l'effet sur le galvanomètre dans le cas où la quan- tité d'électricité déchargée reste invariable. Si g est la quantité d'électricité déchargée et f une constante, B sera égal à fq, comme l'ont fleinement pronvé les obser- vations de Faraday, von OEttingen et Sundell ". Pour ce qui concerne le courant galvanique, quand ce cou- rant n’est en activité que pendant nn espace de temps assez court, son effet sur l'aiguille du galvanomètre est proportionnel à ët, à désignant l'intensité du courant, et t la durée de son action. Or, 2 est égal à mh, m signi- fiant la quantité d'électricité en mouvement par unité de longueur du conducteur, et À sa vitesse. mh est alors évidemment la quantité d'électricité qui passe pendant l’unité de temps, et mhL ou à la quantité traversant les spires pendantque le cireuit reste fermé. Si l’on nomme q' celte quantité d'électricité, on obtiendra donc b=fq". Il n’y a pas la moindre raison d'admettre que la con- ! Experimental researches, $S 363-367. — Poggendorff"s Annalen, tomes CXV et CXLV. ET DÉCHARGE ÉLECTRIQUE. 199 stante f soit différente dans les deux cas, la théorie pré- suppose au contraire que f possède la même valeur dans les deux cas. Il en résulte donc que si le galvanomètre donne pour le courant de décharge de la batterie une dé- viation égale à celle produite par un certain courant gal- vanique de peu de durée, les quantités d'électricité qui ont passé dans les deux cas à travers le galvanomètre sont d’égale grandeur. L'effet calorifique produit par la décharge électrique est, suivant les recherches bien connues de Riess, pro- portionne} à la quantité d'électricité déchargée, multi- pliée par sa densité et en raison inverse d’une gran- deur croissant avec la résistance du circuit. On peut donc diminuer le rapport entre A et B en augmentant ou la résistance du circuit, ou l’armature des bouteilles de Leyde. Toutes circonstances égales d’ailleurs la lon- gueur de Fétincelle de décharge constitue une mesure de la densité et croît proportionnellement avec elle. Plus l’étincelle de décharge est courte, moins, par conséquent l'électricité déchargée est dense. La quantité de chaleur produite par un courant gal- vanique traversant un conducteur avec une intensité constante, est proportionnelle au carré de cette inten- sité, et une égale quantité de chaleur se développe dans des temps égaux. Si le courant n’est en activité que pendant un court espace de temps, le développement de la chaleur peut, approximativement du moins, être regardé comme proportionnel au carré de l'intensité du courant multiplié par la durée de son action, quoi- que, si cette durée est très-courte, l’intensité du cou- rant ne puisse être considérée comme parfaitement con- stante. On peut donc augmenter le rapport entre a et 200 COURANTS GALVANIQUES DE COURTE DURÉE b, en employant une plus grande intensité de courant. Pour que le rapport : de la première expérience devint égal à l’unité, il aurait donc fallu que l'intensité du cou- rant fût soit dix-sept fois plus grande que celle Ba 3,2 réellement employée à cette occasion. Le rapport $ à pré- senté son minimum dans la dernière expérience. Îl aurait fallu, pour rendre ce rapport égal à l'unité, ou introduire une résistance considérable dans le circuit, ou diminuer la densité de l’électricité, quoique cette densité fût déjà si minime qu'elle ne correspondait qu'à une longueur d’étincelle de 3%, IL résulte donc des expériences ci- dessus, que c’est seulement dans des cas extraordinaires Ad n'. que on est pas plus grand que re Lors de la décharge, les forces électriques actives pro- duisent un travail mécanique par lequel la masse électri- que est mise dans un mouvement rapide. L’électricité ren- trée au repos à la fin de la décharge, tout ce travail mécani- que s’est transformé en chaleur, à l'exception de la partie nécessaire pour déchirer les surfaces polaires et produire l’étincelle. Nous présupposons ici que la décharge n’a provoqué aucune modification physique dans le circuit (comme ce peut être le cas, si le choc de décharge est très-fort), ni donné, de façon ou d'autre, naissance à au- tre chose que de la chaleur. Dans le circuit que traverse un courant galvanique, on voit de même se transformer en chaleur tout le travail qui y est exécuté par les forces électro-motrices, à moins que le courant ne produise en même temps une décomposition chimique ou un travail mécanique extérieur à l’aide d’électro-aimants, etc., cas ET DÉCHARGE ÉLECTRIQUE. 201 dans lesquels la production calorifique devient moins con- sidérable. Nous supposons maintenant que la charge de la bat- terie et l'intensité du courant galvanique, de même que sa durée, soient choisis de telle sorte, que la décharge et le courant galvanique donnent des déviations égales au galvanomètre, c’est-à-dire que B et b soient d’égale grandeur. Nous savons alors que, dans les deux cas, des quantités égales d'électricité traversent les spires du galvanomètre, Dans le thermomètre à air, par contre, la décharge provoque un échauffement de beaucoup su- périeur à l’échauffement a produit par le courant galva- nique, si l’on suppose que la résistance dans le circuit et la surface armée de la batterie ne sont pas d’une gran- deur extraordinaire ou que l'intensité du courant gal- vanique n'est pas très-considérable. Ainsi, quoique des quantités égales d'électricité aient circulé dans les deux cas par le fil de platine de l'instrument, le passage de la décharge a transformé en chaleur une plus grande quan- tité de travail que le passage du courant galvanique. Cela ne peut s'expliquer que d’une seule manière, savoir que la vitesse de l'électricité est plus grande dans la décharge que dans le courant galvanique. Si l’on désigne par H la première vitesse, et la seconde, comme auparavant, par h, il en résulte que dans ce cas HS À. Or, il est évident que la même déduction s'applique aussi au cas où B ne serait pas égal à b, pourvu que Dee Si la quantité d’électricité g, qui passe par le galvanomètre pendant la décharge est égale à n fois la quantité d'électricité g' qui le traverse pendant que le cireuit galvanique est fermé, la déviation B devra être 202 COURANTS GALVANIQUES DE COURTE DURÉE égale à »b. Or, À est en même temps > na. Tandis que dans le premier cas le thermomètre à air a été parcouru par une quantité d'électricité égale à » fois celle qui à passé dans le second, la quantité de travail mécanique produite dans le premier cas est plus de n fois la quantité de travail produite dans le second. Mais cela n’est possible que si H > hk. Comme donc, dans les limites indiqnées x A 4 #10 ; c1-A6Ssus, E est toujours plus grand que b° il suit de là que dans les mêmes limites H © h, où que la vitesse de l'électricité dans le courant de décharge est plus grande que dans le courant galvanique. Vu les grandes difficultés attachées à la détermination expérimentale de la vitesse de l'électricité, les recherches que l’on possède à cet égard ne sont ni aussi exactes ni aussi complètes qu’il le faudrait. Wheatstone, qui à étu- dié la vitesse de la décharge de la batterie, l’a trouvée de 690 mètres environ par millionnième de seconde, dans un fil de cuivre. La vitesse du courant galvani- que dans la même espèce de fil et pendant le même temps, a été portée par Fizeau et Gounelle à 180 mètres, et à 100 mètres dans un fil de fer. Sur une ligne télé- graphique de cuivre entre Greenwich et Édimbourg, la vitesse fut évaluée à 12 mètres pour le même espace de temps. Walker trouva que la vitesse était de 30 mètres dans un fil de fer, tandis que Gould la porte à environ 26 mètres. Si à l’aide de la proportion de 1,8 trouvée par Fizeau et Gounelle entre la vitesse dans un fil de cuivre et dans un fil de fer, on veut déduire des deux dernières déterminations la vitesse dans un fil de cuivre, on aura, au lieu des chiffres 30 et 26, les chiffres 54 et #7. Sur un fil télégraphique entre Greenwich et Bruxel- ET DÉCHARGE ÉLECTRIQUE. 203 les, l’on n’obtint qu’une vitesse de # ‘/, mètres ; mais la circonstance que cette ligne était en grande partie sous l’eau, contribua sans nul doute à un haut degré à donner une si faible valeur pour la vitesse. Il est indubitable que la vitesse de l'électricité galva- nique varie suivant les circonstances, et que c’est à cette variabilité qu'il faut surtout faire remonter la différence des résultats obtenus. Si l’on prend la moyenne des déterminations fournies ci-dessus, à l'exception de la der- nière, qui donne assurément un résultat trop bas, on aura, pour la vitesse de l'électricité galvanique, 73 mè- tres par millionnième de seconde, ce qui ne fait guère plus du dixième de la vitesse trouvée par Wheatstone pour la décharge électrique. Quoique les recherches ci- tées ci-dessus sur la vitesse de l’électricité laissent beau- coup à désirer, elles peuvent pourtant être considérées comme corroborant la déduction à laquelle nous sommes arrivés par la voie indiquée plus haut, savoir que la vi- tesse de l'électricité dans la décharge de la batterie est beaucoup plus grande que celle du courant galvanique. On comprend, au reste, que nous entendons ici, par la vitesse de l'électricité, la vitesse moyenne, vu que cette vitesse doit évidemment varier pendant les courts es- paces de temps que dure la décharge ou le courant gal- vanique. $ 2. Les forces électromotrices ne peuvent créer un mou- vement électrique de rien. Leur unique action est de transformer en un mouvement électrique un mouvement où un travail mécanique déjà existants. Cette transforma- tion n’amène ni perte, ni gain de force vive. La somme 204 COURANTS GALVANIQUES DE COURTE DURÉE totale du travail opéré par le courant galvanique pendant son existence, est équivalente à la force vive ou au tra- vail mécanique consommé par la force électromotrice pour produire le courant. Cette propriété transformatrice des forces électromotrices paraît si claire et si évidente, qu'aucun doute fondé ne devrait exister à cet égard, Les forces électromotrices peuvent donc en quelque sorte se comparer à des machines ou à des agencements métani- ques par lesquels un travail mécanique où un mouvement est transformé en travail ou en mouvement d’une autre espèce. Pour ce qui concerne en premier lieu les forces élec- tromotrices de contact, j'ai, dans des travaux précédents, essayé de démontrer, par des preuves tant théoriques qu'expérimentales, qu’elles consomment de la chaleur pour produire le courant. S'il n'existait pas de chaleur à consommer, la force électromotrice de contaet ne pourrait produire de courant, Si une force électromotrice de con- tact e se trouve dans un conducteur fermé dont la résis- tance totale est 7, la quantité totale de chaleur produite dans un temps donné par le courant s, est, comme on le sait, égale à as‘l— aes, où a est une constante. Si deux forces électromotrices e et e” sont introduites dans le cir- cuit fermé et agissent dans la même direction, la somme de chaleur produite sera a (ee) s’, sis" est l'intensité du courant. Si les forces électromotrices agissent dans une direction contraire, la chaleur produite sera a(e—e’)s", sis” est l'intensité du conrant et e’ h. Nommons p une partie de la quantité d’élec- tricité qui se trouve en mouvement dans la décharge. Pour donner à p la vitesse H, malgré la résistance qui tend à porter obstacle au mouvement, les forces électriques de- vront employer un certain travail mécanique. Or,le même travail suffirait à mettre en mouvement une plus grande masse P avec la moindre vitesse À. C’est cette transforma- tion qui est produite par la force électromotrice de dis- jonction. La masse qui se meut a été augmentée, mais la vitesse a été diminuée. Or, comme il a été dit ci-dessus, 212 COURANTS GALVANIQUES DE COURTE DURÉE, ETC. la déviation du galvanomètre est proportionnelle à la quan- tité d'électricité qui a circulé dans le circuit, et par consé- quent cette déviation doit être augmentée par la force électromotrice de disjonction. Les résultats des recherches qui précèdent peuvent se formuler dans les deux thèses suivantes : 1. Dans les limites indiquées ci-dessus, la vitesse de l'électricité est plus grande dans la décharge de la batterie que dans le courant galvanique. 2. Pour produire le courant de disjonction, la force électromotrice de disjonclion consomme une partie du tra- vail mécanique que les autres forces électriques exécutent. RECHERCHES # SUR LA RÉSISTANCE GALVANIQUE SUIVIES DE LA DÉDUCTION THÉORIQUE DE LA LOI DE L'ÉCHAURFEMENT GALVANIQUE ET DE LA LOI DE OHM PAR M. EE. EDLUN D. (Communiqué par l’auteur ‘). 1. On sait, par la théorie de la lumière, que l’éther est plus dense dans les corps matériels que dans le vide. Il faut donc que la matière ait le pouvoir d'attirer les molécules d’éther, lesquelles se repoussent par contre mutuellement. La matière condense en elle l’éther de l’espace environnant, jusqu’à ce que l'attraction entre les molécules de la matière et une molécule d’éther placée en dehors du corps, soit égale à la répulsion entre l’éther déjà condensé par le corps, et la même molécule : extérieure d’éther. La résultante de ces deux forces sur l’éther libre extérieur étant ainsi égale à zéro, le corps, avec l’éther qui s’y trouve condensé, n’exerce aucune influencé sur l’état d'équilibre de l’éther libre, et celui- ci se comporte comme si le corps avec l’éther condensé n'existait pas en réalité. Pour que l’équilibre puisse se faire dans la masse d’éther, il doit se trouver, dans le 1 Ce travail a été présenté à l'Académie des Sciences de Stockholm, le 11 septembre 1872. La traduction que nous donnons ici a été faite par les soins de l’auteur ; une traduction allemande du même mémoire a déjà paru dans les Annales de Poggendorff, tom: CXLVIII, p. 421. 214 RECHERCHES corps, de l’éther libre de la même densité que l’éther extérieur. Si, par exemple, l’éther libre qui se trouve dans le corps avait pour un instant une densité moindre que l’éther extérieur, ce dernier, pour ramener l'équili- bre, se précipiterait dans les pores du corps. La densité de l’éther libre dans les corps matériels est donc la même chez tous. L’éther qui se trouve dans les corps se compose donc de deux parties : l’une est liée par l'attraction aux molé- cules du corps, et peut être plus grande ou plus petite suivant la nature ou la constitution physique de chaque corps; l’autre est libre et présente une égale densité dans tous les corps. Naturellement cela n'empêche pas qu’à son passage d’un point à un autre, l’éther libre ne ren- contre une résistance de la part du corps matériel. Cette déduction est déjà constatée dans ses points essentiels par l'expérience bien connue de M. Fizeau sur le passage de la lumière à travers un liquide en mouvement. Les recherches de ce physicien montrèrent qu’une partie de l’éther doit être considérée comme liée par les molécules du liquide en mouvement, l’autre partie étant libre et plus ou moins indépendante du mouvement du liquide. Selon nous, le courant galvanique n’est autre chose que le passage de l’éther dans le conducteur galvani- que, et nous avons fourni dans un travail antérieur des preuves à l’appui de cette opinion". La masse d’éther que contenait déjà le conducteur galvanique à l’état de repos de l’éther, n’a été ni augmentée ni diminuée par la formation du courant; les forces électromotrices lui ont simplement imposé un mouvement translatoire. Dans les courants galvaniques ordinaires, ces forces consom- ! Archives des Sciences phys. et natur., 1872, tome XLIIL, p. 209. SUR LA RÉSISTANCE GALVANIQUE. 215 ment de la chaleur pour amener le mouvement. Il doit par suite disparaître de la chaleur partout où ces forces ont leur siége, à peu près de la même manière qu’il dis- parait de la chaleur quand un gaz comprimé a l’occasion de s'échapper d’un vase par un orifice, circonstance dans laquelle les mouvements vibratoires de l’éther provo- quent un mouvement translatoire chez les particules du gaz. Les forces électromotrices n’exercent d’action di- recte que sur les couches d’éther les plus proches, en les mettant en mouvement, et ce mouvement se COMmMunNI- que par la pression à la masse d’éther restante. L’éther est doué d’une élasticité considérable. On peut donc ad- mettre que la pression dont résulte le mouvement, ne peut modifier à un degré bien sensible la densité de l’éther. D’après la théorie que nous avons donnée des phéno- mènes électriques, la répartition de la tension électrosco- pique à la surface du conducteur reliant entre eux les pôles de l’électromoteur, est un effet immédiat du courant même. La théorie électrique admise jusqu'ici établit par contre pour base la répartition de la tension électrosco- pique, et essaie de déduire de là tant la loi de Ohm que la loi de l’échauffement produit par le passage du cou- rant. Or, comme suivant notre théorie, la répartition de la tension électroscopique est un effet du courant ; comme, en outre, l’on ne doit pas expliquer un phénomène par ses effets, mais le déduire de ses causes, nous avons cru nécessaire de déduire théoriquement ces deux lois en parfaite indépendance de la répartition de la tension élec- troscopique. 2. Nous essayerons en premier lieu de déterminer ce qu'il faut comprendre par l’expression de « résistance galvanique. » Supposons un tuyau dont l’une des moitiés 216 RECHERCHES a la section Z, et dont l’autre présente une section » fois plus grande; supposons en second lieu ce tuyau rempli d’un fluide (liquide ou gaz) se trouvant dans un mouve- ment translatoire imprimé par des forces agissant à l’un des bouts du tuyau. Si, maintenant, l’on veut en un point quelconque empêcher ou diminuer le mouvement du fluide par une contre-pression (par exemple au moyen d’un piston ou d'autre manière), il sera nécessaire, pour parvenir au même effet, d'employer dans le tuyau le plus large une pression » fois plus grande que dans le plus étroit. La diminution de la vitesse du mouvement par la contre-pression, ne dépend pas de la valeur absolue de cette dernière, mais de sa grandeur relativement à l'unité de section. Si la contre-pression sur l'unité de section est aussi forte dans le tuyau le plus large que dans te-plus étroit, la diminution de la force du courant est la même dans les deux cas. Il en sera toujours de même quelle que soit la nature de la résistance, pourvu que le fluide employé soit doué d’une fluidité suffisante pour commu- niquer une pression égale dans toutes les directions. Ce qui vient d’être dit a une application directe au courant galvanique. Quelque opinion que l’on puisse avoir sur la nature de l'électricité, tout le monde est d'accord que c’est un fluide auquel ses particules singulièrement mobiles permettent de communiquer la pression dans toutes les directions. La résistance galvanique met un obstacle au mouvement de l'électricité. Elle agit donc comme une pression en sens contraire répartie d’une ma- nière uniforme sur tous les points de la section du con- ducteur. Si maintenant, deux résistances, par exemple deux fils, chacun d’un métal différent et avec des sections différentes, produisent une diminution égale dans l'in- SUR LA RÉSISTANCE GALVANIQUE. 217 tensité d’un courant donné, l’on dit que leur résistance est égale ; et l’on sait, de même, en vertu de ce qui pré- cède, que la contre-pression sur l’unité de la section, op- posée par chacun d’eux à la propagation du courant est de même égale. C’est donc exclusivement la contre-pres- sion sur l'unité de la section, qui peut servir à la déter- mination de la résistance galvanique. C’est une consé- quence des lois hydrodynamiques, et il est impossible de le comprendre d’une autre manière, si l’on veut conti- nuer à admettre que la matière électrique est un fluide, Il est facile à comprendre que la résistance galvanique peut dépendre de la condition physique et chimique du conducteur ; mais l’on peut de même comprendre aussi à priori la possibilité de sa dépendance d’autres circon- stances. La résistance pourrait être considérée comme provenant de la friction que subissent les molécules d’é- ther en pénétrant entre les molécules matérielles du conducteur. Nous avons énoncé plus haut que la densité de l’éther libre est égale chez tous les corps. L'unité de volume contient donc une égale quantité d’éther libre. Si nous Supposons maintenant qu’un courant vient d’un conducteur ayant la section { et passe à un autre con- ducteur où la section est # fois plus grande, # fois au- tant de molécules d’éther sur chaque section se mettront en mouvement, Car il est impossible de penser qu’il reste d'autre éther au repos que la quantité relativement insi- gnifiante qui se montre sous forme de tension électrosco- pique. Or, la force du courant étant la même dans le fil le plus mince et dans le plus épais, la vitesse dans le fil le plus épais doit être » fois plus petite que dans le plus mince. Dans ce dernier, chaque particule d’éther parcourt pendant l'unité de temps un chemin » fois plus long que. 218 RECHERCHES dans le premier. Il n’existe donc à priori aucune impos- sibilité à cé que la résistance soit plus grande dans un cas que dans l’autre, vu que la résistance peut dépendre de la vitesse. Ce qui se passe en réalité à cet égard, nous le savons par l'expérience, laquelle montre que la résis- tance galvanique est en proportion imverse de la section du conducteur. Supposons un seul fil conducteur f avec la section 7, et en outre un nombre # d’autres fils conducteurs f,, f , f.,, ete, d’une matière, d’une section et d’une longueur égales à celles du précédent, placés les uns à côté des autres. Supposons ensuite qu'un seul et même courant s passe par le fil f, puis simultanément par les » fils f,,f, [,, ete., placés les uns à côté des autres. Chacun de ces derniers fils devra donc être parcouru par un courant | nl et - — —— de s. Or, nous savons par l'expérience, que la n résistance à vaincre par le courant pour traverser simul- ; à 1 tanément les » fils f,, f, f,,, etc., constitue D de la résistance à vaincre quand le courant traverse f. D’après l’exposé ci-dessus, la contre-pression sur l'unité de la rites À section des 7 fils, sera de même Le de la contre-pres- sion dans le fil unique f, la résistance étant exclusivement déterminée par la grandeur de la contre-pression sur l'unité de la pression. Il en résulte donc que dans chacun des n fils f,, f, f.,, etc., la résistance sera dans le cas 1 x sets actuel ue de ce qu’elle est en f. Nous arrivons ainsi au résultat inattendu que la résistance galvanique est pro- portionnelle à l’intensité du courant. SUR LA RÉSISTANCE GALVANIQUE. 219 Ce résultat se trouve en opposition directe avec l'opinion généralement admise jusqu'ici, d’après laquelle la résis- tance est indépendante de l'intensité du courant. Mais, si Pon veut continuer à soutenir cette opinion, il faudra de même, par suite de ce qui précède, admettre que le fluide que nous nommons électricité est soumis à de tout autres lois de mouvement que les autres fluides à nous connus. Il sera, au reste, démontré dans les pages suivantes que, quoique la thèse formulée soit en contradiction avec l’o- pinion commune, elle ne l’est nullement avec les résultats expérimentaux sur lesquels on a cru pouvoir fonder cette Opinion. ” Par suite de l’expérience et de la considération théo- rique donnée ci-dessus, nous avons donc pour expression de la résistance r dans un conducteur de Ja longueur 7, et de la section a, parcouru par le courant s : PES = TS, où k est une constante dépendant de la nature chimique et physique du conducteur et de la température. La constante k est évidemment la résistance dans un con- ducteur de la section Z et de la longueur 1, parcouru par le courant}Z pr est l'intensité du courant sur l'unité de section ; r,, ou ce que l’on a nommé jusqu'ici la ré- sistance galvanique, n’est rien autre que la résistance pour l'unité d'intensité du courant. 3, Figurons-nous maintenant un conducteur galvani- que fermé dont la longueur est /, et la section partout égale à a, se composant de la même matière dans toute sa longueur, et traversée par un courant constant d’inten- sité s. Si à est la masse d’éther en mouvement par unité 290 RECHERCHES de volume et X la vitesse de ce mouvement, on aura s — ah. Pour calculer le travail mécanique que ce courant opère pendant l'unité de temps, nous considérons en premier lieu un élément du courant, compris entre deux plans situés à la distance 7 l’un de l’autre. La résis- tance sur l'unité de la section étant r, et la grandeur de la section &, la résistance sur la section entière sera donc ra = ks. Pendant l'unité de temps, cet élément est re- poussé de la longueur de chemin 4, d’où le travail opéré S . sera ksh. Or h — —, où à est une constante, comme o @ on l’a montré plus haut. Le travail mécanique de cet élé- fer à Lu NT re ment sera donc Less Si l’on multiplie cette quantité par Le) 1 e2 1, le travail du courant entier sera égal à Si, en dernier lieu on multiplie cette expression par À, l’équi- valent calorifique de l'unité de travail, et que l’on fasse entrer la constante à dans k, la quantité de chaleur pro- duite par le courant pendant l'unité de temps, sera égale Akls? à , Ce qui, comme on le sait, est conforme à l’ex- périence. Le calcul peut s’opérer avec une égale facilité d’après les mêmes bases, dans le cas où la section et la constitution du conducteur varie d’un endroit à l’autre. 4, La loi de Ohm peut, comme les principes méca- niques ordinaires, se déduire facilement de la manière suivante. La force électromotrice se mesure, comme d’au- tres forces, par l'accélération qu’elle est à même de donner à l'unité de masse pendant l’unité de temps. S'il n'existait aucune résistance galvanique empêchant les mouvements de l’éther, cette vitesse irait sans cesse en SUR LA RÉSISTANCE GALVANIQUE. 291 augmentant. Or, il existe une résistance empêchant la vitesse d'augmenter incessamment. Quand la vitesse est devenue constante, l'accélération de la force électromo- trice est annullée par la résistance. Ces deux forces doi- vent donc être égales. Si ds est l'augmentation de linten- sité du courant pendant le temps dt, E la force électro- motrice, r,s la résistance totale pour le courant s, et L la longueur totale du conducteur, on aura : ds — 4 1 Las =E—7r,s si le courant a eu le temps de devenir constant, c’est-à- dire si ra — 0, On obtient : E S = ——. To La déduction donnée ci-dessus de la loi de Ohm mon- tre clairement que cette loi n’a d’application que quand le courant est devenu constant. En intégrant l'équation précédente et en comptant le temps depuis la naissance du courant, on obtient la formule suivante pour l’augmenta- tion du courant à la fermeture de son circuit : ! La longueur totale L de la conduite étant égale à la somme de toutes ses parties /,/,,l;,1,, etc., et celles-ci ayant les sections respectives 44, 43, 43, 43, etc., le volume total du conducteur sera dy lo loto lg. et l’on obtiendra, en multipliant cette somme par à, la masse entière de l'éther en mouvement. Si maintenant l’augmentation de la vitesse pendant le temps dt est respectivement dhs, dhs, dhs, etc., le total de la masse d’éther recevra pendant le temps dt une augmentation dans la quantité du mouvement qui s’ex- prime par (a, l,dh,+a, l, dh; +0; l,dh;+.....)3. Or Sa, dh,—Ta, dh, —Va;dh;—ds, d’où par conséquent l'augmentation totale de la quantité de mouvement de l’éther sera Lds. 229 RECHERCHES On n’a tenu aucun compte ici des extra-courants, et la formule n’est donc applicable qu’en supposant le circuit du courant tel, que ces courants ne se forment pas d’une manière appréciable à la fermeture. La formule montre que plus le cireuit est petit et plus est grande la résistance, plus la constance du courant s'établit avec promptitude ; elle indique en outre que la force électromotrice n’exerce aucune influence sur le temps nécessaire à cet égard. 5. Nous allons maintenant donner quelques applications de l'expression trouvée pour la résistance galvanique. Un courant galvanique s se divise (voir fig. 1) en un point a du circuit entre plusieurs conducteurs juxtaposés ff, {rs forrs etc., présentant à un courant d'intensité Z les résistances respectives r,,r,,r,, r,, etc, et se réunissant toutes en un seul et même point b. Il s’agit maintenant de déterminer la grandeur du courant qui passe par chacun de ces conducteurs. IL est évident que le courant s devra se diviser de telle sorte, que les résistances respectives dans tous les cor- ducteurs seront parfaitement égales en grandeur, ou en d’autres termes que la résistance ressentie par chacune de ces fractions de courant en passant du point & au point b sera d’une grandeur égale. Si la résistance dans un conducteur était un instant plus petite que dans les au- tres, l'intensité du courant s y accroitrait jusqu'à ce que la résistance devint égale à celle des autres. Désignant les courants respectifs par 5,,5,,5,,,8,,, etc, On aura donc la résistance proportionnelle à l'intensité du cou- rant : Solo = ST = ST 8 PT ER) SUR LA RÉSISTANCE GALVANIQUE. 293 Ce qui signifie en d’autres termes que les intensités de courant, dans les conducteurs respectifs, sont en raison inverse des résistances de ces dernières à l'unité du cou- rant, résultat qui, comme on le sait, est conforme à l’ex- périence. eue maintenant les conducteurs f,, f.,f,,, [rm , par un seul conducteur F, et rendons-le tel, qu'il “a la même résistance à s que les conducteurs f,. fafrsf, nôte La résistance galvanique est déterminée par la contre- pression opposée à la propagation du courant sur l'unité de section du conducteur. Cette contre-pression était égale à R quand le courant passait simultanément par les con- ducteurs f,,f,,f.,, etc. Si l'on nomme x la résistance cherchée de F pour l'unité de courant, on obtient ainsi : RSs4 Pour trouver R, on a, d’après ce qui a été dit ci-dessus, M s SN i n par conséquent : ss té = eR( EH nu. d’où l’on obtient : ce qui, comme on: le sait, est.conforme à l'expérience. 294 RECHERCHES Supposons maintenant une répartition des conducteurs de la manière indiquée figure 2 ci- jointe. Le conducteur se divise en a en deux branches, lesquelles se rejoi- gnent de nouveau en b, le pont cd les reliant en outre entre elles. Au point d cle courant se divise en deux par- . T2 C 5 ties, dont l’une passe par cb, et l’au- Se - tre suit le conducteur cbd. En vertu A, de ce qui a été dit plus haut sur éga- lité de résistance dans les deux con- ducteurs, l’on aura : TRS To Se Le courant se divise de la même manière en deux par- ties en &. Par conséquent, la résistance en ad sera égale à la résistance réunie de ac et cd; car, si la résistance en ad était inférieure, l'intensité de courant de ce conducteur s’augmenterait jusqu’à ce que la résistance fût égale à celle de deux conducteurs réunis, le courant ayant ainsi la même résistance à vaincre pour parvenir de @ à d, soit qu’il passe par ad ou par acd. On aura donc : Sala + Solo —= 80 la. Si l’on veut qu'aucun courant ne passe par le pont cd, et, par conséquent, que s,r, soit égal à zéro, on obtiendra le rapport nécessaire dans ce cas entre les résistances, en divisant la première formule par la dernière, tout en se rappelant que dans ce cas s,—=s, et s,—5,. On ob- tiendra de la sorte : toutes formules connues depuis longtemps. SUR LA RÉSISTANCE GALVANIQUE. 295 Un plus grand nombre d'exemples serait inutile, les exemples donnés ci-dessus montrant suffisamment que Pexpression obtenue pour la résistance galvanique peut être considérée comme juste. 6. Nous avons fait voir dans ce qui précède que, si la résistance était indépendante de l'intensité du courant, il faudrait admettre que le fluide électrique suit d’autres lois hydrodynamiques que les autres fluides connus. En admettant que la résistance est indépendante de l’inten- sité du courant, on tombe, en outre, dans une autre con- tradition, savoir que la force éleciromotrice est active pendant toute la durée du courant. Or, si le conducteur n’apportait aucun obstacle au mouvement produit par Ja force électromotrice, suivant les principes mécaniques ordinaires, ce mouvement serait en augmentation inces- sante, c’est-à-dire que l'intensité du courant doit inces- samment augmenter, aussi longtemps que la force élec- tromotrice agit. Si, par contre, le conducteur oppose au mouvement une résistance indépendante de l'intensité du courant, il peut se présenter deux cas : ou cette résistance est égale ou supérieure à l'accélération produite par la force électromotrice, ou elle est inférieure à cette accélé- ration. Or, il ne peut évidemment se former de courant dans le premier cas, et dans le second l'intensité du cou- rant devra subir une augmentation incessante. [l est im- possible, avec cette manière de voir, que l'intensité du courant puisse être constante, les principes mécaniques ordinaires demeurant admis. Si, d’autre part, contre toute analogie avec le reste de la matière, on veut refuser l’inertie au fluide électrique, sans doute, cette contradiction peut se résoudre. Une force accélératrice qui agit sur une masse matérielle non douée d'inertie, c’est-à-dire s’arrê- ARCHIVES, t. XLVIL — Juillet 1873. 16 226 RECHERCHES tant immédiatement, dès que la force a cessé d'agir, ne peut «communiquer à cette masse une vitesse accélérée, Comme l’a remarqué M. Clausius, on a effectivement fait dans la dé- duction de la loi de Ohm la supposition tacite que la masse électrique est dépourvue d'inertie ou que cette inertie est trop petite pour qu'il soit nécessaire d’y avoir égard. On a pu expliquer ainsi la constance de l'intensité du courant, tout en admettant que la résistance en est in- dépendante. Mais, attribuer au fluide électrique des qua- lités parfaitement étrangères au reste de la matière et paraissant en contradiction avec la nature générale de celle-ci, est une mesure à laquelle on n’est en aucune façon autorisé, Nous appellerons encore à cet égard l'at- tention sur le fait suivant : Comme on le sait, un courant galvanique se partage entre deux conducteurs en raison inverse de leur résistance. Si, maintenant, comme on l’a admis jusqu'ici, la résistance était effectivement constante et supérieure dans l’un des conducteurs, mais inférieure dans l’autre, à la force accélératrice, le courant devrait exclusivement passer par ce dernier. On aurait en effet un résultat tout à fait analogue à ce qui se passerait si par une conduite hydraulique d’une certaine section, se par- tageant en deux branches égales et de la même section, on forçait un liquide au moyen d’une pression appliquée à l'extrémité de la conduite principale. Si l’on appliquait à l’une des branches une pression supérieure à celle qui agit sur l’autre, le liquide passerait exclusivement par la première branche. L'opinion que la résistance galvanique est indépendante de l'intensité du courant se montre donc ici aussi en contradiction avec l'expérience. La ques- tion revêt un tout autre aspect si la résistance est pro- portionnelle à l'intensité du courant. Comme nous l'avons SUR LA RÉSISTANCE GALVANIQUE. 297 vu plus haut, la répartition se fera dans ce cas-là de la manière qu’enseigne l'expérience. Or, si, comme nous avons essayé de le montrer, la résistance est effectivement proportionnelle à l'intensité du courant, on se demandera peut-être comment cette circonstance a échappé si longtemps à l’attention dans la détermination de la résistance des conducteurs. La cause en est très-simple. Quand il s’agit de déterminer la résis- tance d’un conducteur, on procède de l’une des deux ma- nières suivantes : ou l’on introduit le conducteur dans le circuit unique d’une pile électrique, et la diminution qui en résulte dans le courant, est comparée avec la diminution produite par un autre conducteur à résistance connue; ou l’on divise le courant en deux branches, comme c’est le cas, si l’on se sert du galvanomètre différentiel ou du pont de Wheatstone. Dans le premier cas, on emploie la for- mule de Ohm pour calculer la résistance cherchée, et dans le second, les formules indiquant la répartition du cou- rant entre deux conducteurs. Or, il n’entre dans toutes ces formules d’autres résistances que celles appartenant à l’unité d'intensité du courant. On a done, dans les mé- thodes employées, comparé toujours les résistances à la même intensité de courant, savoir à l'intensité Z, et il est impossible de tirer d’une comparaison pareille la conclu- sion que la résistance varie avec l'intensité du courant. C’est donc exclusivement par la voie théorique que l’on peut résoudre la question de la dépendance dans laquelle la résistance galvanique se trouve de l'intensité du cou- ranl. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. Lieutenant SALE. ACTION DE LA LUMIÈRE SUR LA RÉSISTANCE ÉLECTRIQUE DU SÉLÉNIUM, (Proceedings of the Royal Society, 28 mars 1873.) L'auteur expose qu'il a été conduit à observer que le sélé- nium à l’état cristallin présente la propriété remarquable d’avoir un pouvoir conducteur qui varie avec le degré de lumière auquel il est exposé ; c’est ce qu’il a réussi à démon- trer au moyen des expériences suivantes : Une tige de sélénium cristallisé de {1 pouce 5 lignes de longueur, sur 5 lignes de largeur, terminé par deux fils de platine pour le mettre dans le circuit, fut placé dans une. boîte munie d’un couvercle à coulisse qui permettait d’intro- duire ou d’exclure la lumière à volonté. Le couvercle étant fermé, la résistance du sélénium fut mesurée au moyen du pont de Wheatstone en employant un galvanomèëtre présen- tant une forte résistance et une batterie de deux couples de Daniell. L'expérience fut faite un jour où le ciel était cou- vert et dans une chambre dont la température était uniforme. La résistance ayant été exactement équilibrée, on souleva le couvercle de la boîte, et la résistance du sélénium diminua rapidement. Le passage de l'obscurité à de la lumière fournie par un bec de gaz ordinaire, en opérant dans les mêmes conditions qu'auparavant, ne causa qu’une diminution légère et à peine sensible dans la résistance. La tige de sélénium fut ensuite placée successivement dans les différents rayons du spectre solaire, toujours dans les mêmes conditions, sauf qu’on faisait usage d’une batterie de Daniell de dix couples. On n'avait pas rendu la lumière du PHYSIQUE, 2929 jour, mais on opérait dans la partie la plus obscure de la chambre. Voici les résultats obtenus en ayant soin de bien établir l'équilibre dans chaque cas : Résistance dans l’obscurité .... .............,.. 330,000 » dans la lumière violette............... 279,000 » dans la lumière rouge............. ... 255,700 » dans la lumière orangée...,.......,.. 277,000 » dans la lumière verle.........,.....,., 278,000 » dans le bleu et Pindigo...4:......,..1.. 279,000 » dans le centre du rouge .............. 255,000 » dans le bord du rouge ........,.....:: 220,000 » dans les ravons obscurs du rouge....... 228,000 » dans la lumière diffuse du jour......... 270,000 » dans l'obscurité immédiatement après l’ex- DOSILiON à la TUMMIÈEB 4 5 esse eo eee 310,000 On intercepta l’effet de la lumière diffuse autant que pos- sible au moyen d'écrans ; en se plaçant dans les mêmes con- ditions que précédemment, on trouva : Résistance dans le rouge.............,.....,.... 240,000 » exactement hors du rouge .......,.... 240,700 » dons le Dé ANSE CE RE ARR 270,000 » dans la lumière diffuse transmise par les ÉCRAN ete LATINE TS 290,000 » dans l'obscurité complète ............. 310,000 En opérant avec la lumière électrique dans une chambre obscure, on n’obtint qu’un effet plus faible; mais les résul- tats furent les mêmes avec le spectre de celte lumière qu'avec celui de la lumière solaire. Le maximum d'effet avait lieu au bord extérieur du rouge et le minimum dans les rayons violets et bleus. En exposant la tige de sélénium à la pleine lumière so- laire, on observa une diminution énorme et instantanée dans la résistance qui n’était plus guère que la moitié de ce qu’elle était dans l’obscurité. 230 BULLETIN SCIENTIFIQUE. En résumé en trouva que la résistance du sélénium est affectée considérablement par son exposition à la lumière, mais que cet effet n’est point produit par les rayons chimi- ques, puisque le maximum dans la diminution opérée, s’ob- serve dans la place du maximum des rayons rouges. On peut constater également que le changement dans la résistance n’est point dû à une augmentation dans la température. Enfin une remarque importante, c’est que tandis que l'effet qui résulte de l’exposition à la lumière est sensiblement in- stantané, le retour du sélénium à sa résistance normale quand on intercepte la lumière n’est point si rapide. Il semble donc résulter de ces expériences qu’il existe, dans les rayons rouges qui sont les plus intenses au point de vue de la chaleur, un pouvoir qui, sans modifier la tempé- rature, change les conditions moléculaires des particules. (reorges BARKER. SPECTRE DE L’AURORE BORÉALE DU Â4 OCTOBRE 1872. (Amer. Journal of Sciences et Arts, février 18753.) L’aurore dont il s’agit présentait une couleur cramoisie intense et dont l’éclat variait cependant de temps à autre ; elle fut visible depuis six heures du soir jusqu’à sept heures et demie environ, moment où elle devint trop faible pour donner des indications au spectroscope. Celui-ci fit aperce- voir sept lignes ou bandes; un tableau dressé par l’auteur donne les énumérations des raies observées dans l’aurore en les rapportant aux lignes de Fraunhofer, le chiffre cor- respondant de l’échelle de l'instrument, la longueur calculée de londulation lumineuse, la longueur d'ondulation obser- vée dans les lignes aurorales, et enfin ces mêmes longueurs telles qu’elles résultent d’autres observations. Des sept lignes observées aucune ne paraît nouvelle; mais jusqu'ici on ne les avait jamais aperçues toutes à la fois ; Vogel n’en avail vu en même temps que cinq et l’auteur lui- même que quatre dans une précédente observation d'au- PHYSIQUE. 231 rore. La coïncidence de la plupart de ces raies avec celles du spectre fourni par l'air avec les modifications que Vogel estime être produites par les différences de hauteur aux- quelles ont lieu les décharges électriques, semble bien ré- sulter de ces observations. En effet, les conditions de pres- sion et de température variant avec les hauteurs, il doit en résulter un effet prononcé sur le spectre. Ce n’est que par des déterminations nombreuses et très-exactes qu’on pourra bien établir l'identité des raies de l'aurore avec celles du spectre donné par l’air et parvenir à quelques idées approxi- matives sur la température et la pression des régions de l'atmosphère où l'aurore a lieu, et à déterminer ainsi les causes des différences observées dans les spectres des diffé- rentes aurores. Elias Loomis. COMPARAISON ENTRE LA DÉCLINAISON MOYENNE DE L’AIGUILLE AIMANTÉE, LE NOMBRE DES AURORES OBSERVÉES CHAQUE ANNÉE ET L'ÉTENDUE DES TACHES SOLAIRES. (Amerti- can Journal of Sciences, avril 1873.) M. Loomis rappelle que depuis le dernier travail qu’il à publié sur ce sujet il a paru un nouveau catalogue très-com- plet des aurores, publié par M. Lovering dans les Mémoires de FAcadémie américaine. Ce catalogue renferme plus de 12,000 observations dont M. Loomis fait usage en y ajoutant celles faites depuis 1868 jusqu’en 1872 que ne renferme pas le catalogue de M. Lovering et qu’il a pu se procurer grâce à l’obligeance du professeur Joseph Henry, secrétaire de la Smithsonienne Institution. Il a réussi encore à découvrir un certain nombre d’observations d’aurores non mentionnées par M. Lovering. Au moyen de ces documents il a dressé, année par année, à partir de 1776 jusqu’en 1872, un catalo- gue des aurores observées dans une région qui ne dépasse pas au nord une ligne qui passe un peu au nord de Saint- Pétersbourg, un peu au sud de Abo, d’Upsal et de Stockholm, 2392 BULLETIN SCIENTIFIQUE. entre l’Angleterre et l'Écosse, au sud de la Nouvelle-Écosse, puis qui suit la frontière nord du Massachusetts et le paral- lèle de 4245’ dans l’État de New-York. Il a exclu les obser- vations faites dans l'hémisphère sud qui sont trop peu nom- breuses, et par le même motif celles du continent de l’Asie et de la partie occidentale des États-Unis. Les limites de cette région sont à l’est le méridien à 40° de longitude est de Greenwich, et à l’ouest le méridien à 80° de longitude ouest de Greenwich. On voit que M. Loomis a exclu les observa- tions faites à de hautes latitudes vu qu’elles ne sont pas assez continues, et qu'il est disposé à croire que les différences qu’elles présentent à ces hautes latitudes tiennent plutôt à une inégalité dans leur éclat qu'à une véritable inégalité dans leur apparition. Il s’est donc borné aux observations faites dans des latitudes relativement inférieures pour les- quelles on possède des documents assez complets et conti- nus. La limite n’a pas été du reste tracée arbitrarement, de manière à favoriser certaines idées préconçues, mais de ma- nière à comprendre les stations où la fréquence de l’aurore est la même. Ayant ainsi dressé le tableau du nombre des aurores ob- servé chaque année, de 1776 à 1872 dans la région indiquée, l’auteur a groupé ces chiffres en combinant trois années successives dont il a pris les moyennes de manière à éviter ainsi les causes accidentelles de perturbation; et au moyen des chiffres obtenus il a tracé une courbe dont les sinuosités laissent voir clairement la fluctuation de la fréquence des aurores pendant la période de 96 ans. Au milieu des irrégu- larités que présente la courbe, on aperçoit une alternative périodique incontestable d’abondance et de rareté d’aurores. Quant aux taches solaires, M. Loomis se sert des données fournies par M. Wolf avec les modifications que M. Wolf lui- même a apportées à ses résultats à la suite de nouvelles re- cherches. Au moven de ces données il dresse un tableau renfermant pour chaque année, de 1776 à 1872, la fréquence PHYSIQUE 233 et étendue des taches observées ; ces nombres ont permis de tracer une courbe qui indique les fluctuations dans l’état de la surface solaire de 1776 à 1872, conformément aux ré- sultats fournis par M. Wolf. M. Loomis a ensuite combiné pour les variations de décli- naison magnétique les observations faites à Prague de 1851 à 4871 avec celles dont il s’était servi auparavant, et il en a fait usage pour tracer également une courbe. En comparant les trois courbes, on trouve une ressem- blance très-grande, surtout entre celle qui indique les fluc- tuations de l’aurore et celle qui donne les variations de la déclinaison magnétique. On peut voir, d’après ces courbes, que les périodes critiques de la courbe aurorale se manifes- tent un peu plus tard que celles de la courbe des taches s0- laires et que le maximum est souvent plus prolongé pour l’aurore que pour les taches. De la comparaison entre la courbe aurorale et la courbe des déclinaisons magnétiques, on peut conclure que la cor- respondance est remarquable. Le maximum auroral semble- rait seulement se manifester un peu plus tard que le maxi- mum de déclinaison ; ce serait inverse pour les deux mini- ma; mais la différence est très-légère. En se bornant aux aurores observées dans les latitudes moyennes de l’Europe et de l’Amérique, on voit une liaison évidente entre les trois classes de phénomènes. Toutefois nous ne pouvons pas supposer, comme le remarque l’auteur. qu’une petite tache sur le soleil puisse exercer une influence directe sur le magnélisme ou l’électricilé terrestre ; quant à lui, il est plutôt disposé à croire que la tache solaire est le résultat d’une perturbation dans la surface du soleil qui est accompagnée d’une émanation qui se manifeste instantané- ment sur la terre par une perturbation dans son état magné- tique et par un flux d'électricité qui développe la lumière aurorale dans les régions supérieures de l’atmosphère. La ra- pidité de sa propagation tiendrait à ce que cette influence se 234 BULLETIN SCIENTIFIQUE. transmettrait comme la lumière et la chaleur dans l’éther, et par conséquent avec une vitesse comparable à celle de ces deux agents; et traversant le vide des espaces célestes sans apparence lumineuse, elle ne développerait de lumière qu’en rencontrant l’atmosphère terrestre qui semble s’étendre jus- qu’à une hauteur de 500 milles. Cette manière d’expliquer l'influence des taches nous pa- raît présenter beaucoup d’objections ; on ne conçoit pas, en particulier, cette électricité venant du soleil; si c’est la po- sitive qui devient la négative el réciproquement. Nous con- cevrions plutôt une influence due aux modifications que la présence des taches indique dans la chaleur rayonnante du soleil, et par là dans la quantité d'électricité positive émanée par évaporation de la surface des mers. Mais ce sujet méri- terait, pour être trailé convenablement, plus de développe- ments que ceux qu’on peut lui consacrer dans un article de Bulletin. A. D. L. R. À. Cornu et J. BAILLE. DÉTERMINATION NOUVELLE DE LA CON- . STANTE DE L’ATTRACTION ET DE LA DENSITÉ MOYENNE DE La TERRE. (Comptes rendus de lAcad. des Sciences, t. LXXNI, p. 954, 14 avril 1873.) MM. Cornu et Baille ont entrepris une nouvelle détermi- nation de la densité moyenne de la Terre et de la valeur nu- mérique de la constante qui exprime l'attraction réciproque de deux unités de masse placées à l’unité de distance. Ils ont fait usage dans ce but de la méthode de la balance de tor- sion, employée d’abord par Cavendish qui avait obtenu 5,48 pour la densité moyenne de la Terre, puis par Reich qui était arrivé à un nombre peu différent (1'° série : 5,49 ; 2e sé- rie : 5,58); enfin par Baily qui était parvenu au chiffre plus fort de 5,67 pour le résultat moyen de ses nombreuses ob- servations. PHYSIQUE. 235 Cette divergence sur une question aussi importante pou- vait faire désirer de nouvelles recherches. MM. Cornu et Baille ont commencé par une étude com- plète de la balance de torsion au point de vue des mesures absolues. Cette partie de leur travail n’est pas encore publiée: mais les résultats principaux en ont été les suivants: « d’a- bord, au point de vue théorique, la vérification de la loi de la résistance de l'air ; dans un espace assez étendu, cette ré- sistance est proportionnelle à la vitesse, ce qui permet de cor- riger avec sécurité les perturbations qu’elle occasionne ; en- suite, au point de vue pratique, la réduction du coefficient d’extinction des oscillations due à celte cause par une forme convenable de levier, extinction qui a souvent gêné les ob- servateurs cités plus haut. » Cette étude faite, les auteurs ont procédé à la construction des appareils définitifs en cherchant à leur donner une dis- position différente de celle que leurs devanciers avaient adoptées, et en y apportant tous les perfectionnements que permet l’état actuel de la science. Nous reproduisons la des- cription de ces appareils ainsi que les résultats qui ont été obtenus par leur emploi. « Les appareils sont installés dans une des caves de l'École polytechnique. Le levier de la balance de torsion est un petit tube d’aluminium de 50 centimètres de longueur, portant à ses deux extrémités deux boules de cuivre rouge pesant chacune 109 grammes. Un miroir plan fixé en son milieu permet d'observer avec une lunette une échelle placée à 5",60. Le fil de torsion est en argent recuit ; il a 4,15 de hauteur, et il est en place depuis le mois de septembre 1871 : le temps d’une oscillation double du levier est de 6"38* en- viron. « La masse attirante est formée par du mercure contenu dans deux sphères creuses de fonte de 12 centimètres de dia- mètre, soigneusement travaillées: par aspiration on fait pas- ser le mercure de l’une des sphères dans l’autre, de façon à doubler l’effet de l’attraction. 236 BULLETIN SCIENTIFIQUE. « Les principaux perfectionnements apportés aux appareils de Cavendish, de Reich et de Baily sont : « 4° La réduction au quart des dimensions de ces appa- reils ; on voit, en discutant la formule qui exprime la dévia- tion, qu’on a tout bénéfice à cette réduction, car dans des appareils géométriquement semblables (le temps d’oscillation du levier restant le méme) la déviation est indépendante du poids des boules suspendues et en raison inverse des dimen- sions homologues. « Grâce à cette remarque, nous avons pu réduire à 42 ki- logrammes la masse attirante, au lieu de deux fois 458 kilo- grammes, employés par Cavendish. Au point de vue de la vérification dé la généralité de la loi de Newton, la réduction des distances est encore avantageuse. « 2° L'emploi du mercure, qui permet le déplacement de la masse attirante sans choc ni trépidations, ce qui rend la manœuvre de l’inversion excessivement facile. « 3° L’élimination des perturbations électriques par la construction métallique de toutes les parties de l’appareil et leur communication constante avec le sol. « Enfin l'enregistrement électrique de la loi complète du mouvement d’oscillation du levier qui facilite les observations en dispensant l’observateur de compter le temps, et qui per- met de conserver, sous forme de tracés graphiques, toutes les circonstances qui ont accompagné l’observation. « Nous avons effectué un grand nombre de détermina- tions; nous donnons ici le résultat du relevé de plus de deux cents oscillations doubles , formant vingt groupes, apparte- nant à deux séries : l’une comprenant les groupes d’obser- vations faites pendant les mois d'été, juillet et août 1872: l’autre pendant les mois d'automne et d'hiver 1872-1873 : La série d’été donne : L-=0,06760, a=5,56: La série d'hiver donne: -=0,0"6836, 4 =5,50. PHYSIQUE. 237 « La concordance des résultats partiels est très-satisfaisante; l'écart moyen dans la série d'été est de 1,25 pour 100 envi- ron ; dans l’autre, où les conditions atmosphériques (et la présence d’un grand nombre d'élèves à l'École) gènent un peu les observations, l’écart est de 1,50 pour 100. « La petite divergence de 4 pour 100 entre les moyennes des deux séries s'explique par une légère flexion du levier qui a diminué un peu son moment d'inertie. En consé- quence, la première série est préférable ; aussi croyons-nous son résultat exact à moins de { pour 100 près. « Nos expériences tendent donc à confirmer le nombre donné par Cavendish ; celui de Baily serait notablement trop élevé ; mais, comme nous l’avons dit plus haut, ces résultats partiels sont entachés d’une erreur systématique. Les valeurs de la densité obtenues avec des boules de masse croissante décroissent, suivant une loi presque régulière, depuis 6,02, obtenue avec un levier seul, jusqu’à 5,60, obtenue avec la boule la plus lourde : l'erreur résulte donc vraisemblable- ment d’une appréciation inexacte de l’attraction du levier, et dont l'influence serait nulle si la masse du levier était négli- geable vis-à-vis de celle de la boule. En vue de corriger cette erreur, nous avons calculé cette valeur limite en appli- quant une formule empirique représentant la loi précédente; nous avons trouvé A=6,6, c’est-à-dire un nombre très-voi- sin de celui de Cavendish, de la moyenne des résultats de M. Reich, et de celui que nous trouvons nous-mêmes. « Nous concluons donc de ces premières recherches que la densité moyenne de la Terre est représentée par 5,56, et, à l’aide d’une interprétation convenable des observations de Baily, nous rétablissons une concordance complète entre tous les résultats obtenus jusqu’à ce jour. « Nous sommes occupés actuellement à continuer ces ex- périences et surtout à en varier les conditions : la nécessité d'opérer de nuit et d’attendre des circonstances météorolo- giques favorables empêche de les conduire aussi rapidement 238 BULLETIN SCIENTIFIQUE. que nous le désirerions ; mais la longueur même du temps que nous y avons consacré, et que nous devons y consacrer encore, témoigne du soin que nous voulons apporter à ces observations difficiles. et augmente la confiance qu’on peut leur accorder. » CHIMIE. C. ROESSLER. CONTRIBUTIONS A L’HISTOIRE DE L'INDIUM. (Journal für praktische Chemie, Band VIE p. 14.) La détermination de la chaleur spécifique de Pindium par Bunsen ! a conduit les chimistes à changer le poids atomique de ce métal et à considérer son protoxyde comme apparte- nant au groupe des sesquioxydes. Bien que cette modification ne fût point en désaccord avec les propriétés connues des combinaisons de ce métal, elle n’était confirmée jusqu'ici par aucun rapprochement entre ses sels et ceux d’autres bases offrant la même constitution. Cette lacune est comblée par les observations de M. Rœssler qui a constaté lexistence d’un alun d’indium et d'ammoniaque présentant la composi- tion et la forme cristalline communes à tous les aluns. Ce sel se forme avec la plus grande facilité par l’évapora- tion d’une dissolution contenant les deux sulfates. Il a, comme plusieurs aluns. une grande tendance à former de gros cris- taux octaédriques, avec les faces du cube, parfaitement lim- pides. Son analyse s’accorde avec la formule Az2 H50, In°05, 4 SO: 24 H°0. Il fond à 36°, mais en partie seulement, se partageant en une dissolution soturée et une partie solide formée de cris- aux prismatiques d’un sel moins hydraté. Sa facile fusion explique une propriété curieuse de ce sel. Si l’on essaie de pulvériser, en les écrasant, des cristaux par- faitement secs d’ailleurs et ne renfermant pas d’eau interpo- 1 Voyez Archives, tome XL, page 57. CHIMIE. 239 sée, ils se transforment en une masse pâteuse, d'autant plus humide qu’on les écrase plus fortement. Cette demi-liqué- faction doit être attribuée à la chaleur dégagée par la com- pression. Si l’on analyse la matière qui a subi cette opération. on trouve qu’elle a perdu une partie de son eau. Cet alun est très-soluble dans l’eau. Celle-ci en dissout deux fois son poids à 16° et près de quatre fois à 50°. Il est insoluble dans l'alcool. Lorsqu'on fait cristalliser sa dissolution à 36°, on obtient des cristaux indéterminables d’un sel qui ne renferme plus que huit équivalents d’eau. Le sulfate d’indium ne forme avec les sulfates de potasse et de soude que des sels doubles correspondant à ce dernier degré d’hydratalion. Lorsqu'on soumet à l’ébullition une dissolution renfermant l’un quelconque de ces sulfates doubles, elle se trouble et laisse déposer, en proportion d'autant plus considérable qu'elle est plus étendue, un précipité insoluble dont la composition correspond à celle de l’alunite. Ainsi pour le sel potassique : K°0, 3 In’ 0°,4S0: 6H 0. Après avoir été chauffés au rouge sombre, ces composés. de même que l’alunite, cèdent à l’eau du sulfate d’indium et un sulfate alcalin. R. WEBER.’ SUR l’ANHYDRIDE AZOTIQUE ET UN NOUVEL HYDRATE DE L’ACIDE AZOTIQUE. (Poggendorffs Annalen, tome CXLVIT. p. 113.) L’anhydride azotique a été obtenu pour la première fois par Deville par l’action du chlore sur l'azotate d'argent, et plus tard par MM. Odetet Vignon par l’action du chlorure hypoazotique sur les azotates. Jusqu'ici on n’avait pas réussi à le préparer par la déshydratation directe de l’acide azoti- que. L’acide sulfurique concentré ne ramène celui-ci qu’à 240 BULLETIN SCIENTIFIQUE. l’état de monohydrate el l’acide fumant donne lieu à une décomposition et à une combinaison d’acide sulfurique et d'acide nitreux. Les essais tentés avec l'acide phosphorique anhydre n'avaient pas mieux réussi, on n’avait obtenu que les produits de décomposition de Pacide azotique, savoir de l'oxygène et de l’acide hypoazotique. M. Weber a constaté cependant que cette dernière réaction peut être utilisée moyennant quelques précautions pour la préparation de l’acide azotique anhydre. L’acide azotique, amené au maximum de concentration par distillation avec l'acide sulfurique, et maintenu à une basse température par un entourage d’eau à 0°, est addi- tionné par très-petites portions à la fois et en agitant conti- nuellement, d'acide phosphorique anhydre renfermant le moins possible d'acide phosphoreux. On en ajoute jusqu’à ce qu'il ne détermine plus de dégagement de chaleur. Le pro- duit est soumis à la distillation à la température de la chaleur animale, et le produit le plus volatil condensé dans un réci- pient refroidi par le-contact d’eau froide. Le produit distillé se sépare en deux couches dont on décante la supérieure de couleur orangée, mélange d’anhydride et d’acide azotique et d’une combinaison d’anhydride et d’acide azoteux. Mainte- nue quelque temps encore à ure basse température, elle laisse séparer encore une petite quantité d’un liquide peu coloré dont on la sépare encore par décantation. Puis on la maintient dans un flacon bouché qu’on entoure de glace ou d’un mélange réfrigérant. ; L’anhydride azotique s’en sépare peu à peu en cristaux peu colorés qu’on purifie en les fondant de nouveau par un léger échauffement et faisant cristalliser une seconde fois par refroidissement. L’anhydride forme une masse cristalline dure, facile à pul- vériser, un peu jaunâtre à 45 ou 20°, mais presque incolore dans un mélange réfrigérant. Très-volatil, il donne souvent de beaux cristaux prismatiques par sublimation dans le vase ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 241 qui le renferme. Il se conserve assez longtemps à la tem- pérature de 10°. Il fond vers 30° et reste longtemps liquide. Sa densité est d'environ 1,64. Il se décompose assez rapi- dement lorsqu'il est chauffé au delà de sa température de fusion. Le soufre et le phosphore le décomposent énergiquement. Le potassium et le sodium s’enflamment à son contact. Le zinc. le cadmium, l’arsenic sont oxydés par lui. L’aluminium, le fer, le cuivre, le plomb. l’étain, le cobalt, le nickel, le bis- muth, l’antimoine. le tellure, demeurent complétement pas- sifs. Le magnésium et le thallium sont à peine attaqués. Un grand nombre de malières organiques éprouvent une réac- tion des plus énergiques et donnent naissance à des produits nitrés. L'eau s’y combine avec une violente réaction; si la pro- portion d’eau n’est pas très-grande, il v a décomposition par- tielle et dégagement de vapeurs rulilantes. L’acide azotique monohydraté dissout l’anhydride avec dé- gagement de chaleur formant un nouvel hydrate 2Az*05+H20 qu’on purifie par cristallisation à froid. Il se solidifie à 5°, sa densité est de 4,642 à 18°. Il se décompose incessamment à la température de 15 à 20° comme l'anhvdride lui-même. Conservé dans des tubes scellés, il détermine bientôt leur explosion. Il fume à l’air et s’échauffe fortement quand on y ajoute de l’eau. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. C. CLaus et C. DE SiEBOLD. ÜBER TAUBE BIENEN-EIER. SUR LES OEUFS STÉRILES DES ABEILLES. (Zeitschrift für wissensch. Zoologie, vol. XXII, 2° cahier, mai 1873, p. 198-210.) L'existence de reines d’abeilles fécondées pondant des œufs stériles avait été reconnue d’une manière incontestable depuis quelques années sans qu'aucune explication certaine ARcaIves, t. XLVIL — Juillet 1873. 17 249 BULLETIN SCIENTIFIQUE. eût encore été donnée de ce fait anormal. M. de Berlepsch avait bien avancé, il est vrai, que les cas de ce genre devaient être indubitablement attribués à quelque état pathologique de la femelle, mais l’on n'avait pas d’observations positives à ce sujet. Aussi cerlains adversaires de la parthénogénèse, comme il s’en trouve encore en France, voulaient que ces œufs stériles fussent pondus par des reines non fécondées. Les observations de MM. Claus et de Siebold tranchent tout à fait la question, et obligeront les apiculteurs qui ne veu- lent pas admettre les faits de parthénogénèse à chercher d’autres arguments. Le premier cas observé par M. Claus était celui d’une reine italienne née au milieu de mai et ayant commencé à pondre au milieu de juin. Depuis cette époque elle avait continué à déposer des œufs jusqu’au 5 octobre, sans qu'aucun de ceux- ci eût donné naissance à une larve. Si celte reine avait été conformée d’une manière normale, mais n'avail pas été fé- condée en mai, elle aurait dû au moins produire des mâles par parthénogénèse. La dissection prouva à M. Claus que les oviductes et les organes d’accouplement étaient tout à fait normaux et que le réceptacle séminal fourmillait de z00s- permes. Par contre les tubes ovariques, à peine réduits en grosseur et en nombre, montraient une dégénérescence de leur contenu. Les œufs de dimensions indiquant qu’ils approchaient du moment de la ponte, étaient en pelit nombre et leur vitellus présentait par places le même phénomène de dégénérescence graisseuse que celui qu’on observait dans le reste des tubes, sans que pour cela le dépôt de la mem- brane de l'œuf par l’épithélium eüt cessé. La seconde reine observée par M. Claus n’avait pas tou- jours produit des œufs stériles. Son possesseur, qui l'avait ob- tenue dans l'été précédent, s'était assuré qu’elle pondait des œufs féconds. Dans le printemps même il en obtint encore des produits. Plus tard, il constata que sa fertilité avait cessé. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 243 M. Claus trouva l'appareil reproducteur normal dans toutes ses parties ; le réceptacle séminal était rempli de zoospermes très-mobiles. L'intérieur des tubes ovariques présentait les mêmes dispositions que chez la reine précédente, seulement d’une manière beaucoup plus claire et plus nette. Les œufs contenus dans les dilatations inférieures des tubes avaient un vitellus ratatiné en une masse solide, caséeuse, tandis que lépithélium semblait avoir conservé sa faculté de sécréter la coque. Partout la dégénérescence était plus ou moins com- plète. Enfin M. de Siebold, ayant reçu d’un apiculteur de Bohême une reine qui ne pondait que des œufs stériles, reconnul aussi que les organes avaient la structure ordinaire et que le ré- ceptacle fourmillait de zoospermes, mais que le contenu des tubes ovariques présentait une apparence anormale. Soit dans les compartiments contenant du vitellus, soit dans les œufs. tout indiquait l'existence de substances en décomposition. Les œufs déjà recouverts de leur coque, et prêts à être pon- dus, montraient un état très-modifié dénotant une dissocia- tion des éléments. C’est donc une irrégularité dans la formation de l’œuf, et en parliculier de son vitellus qui amène cette stérilité. Elle est simplement le résultat d'un état pathologique et n’a rien à faire avec la reproduction parthénogénétique. Quant à la cause qui produit cette dégénérescence, M. Claus pense qu'il faut la chercher dans l'influence du mauvais temps et dans une nourriture insuffisante. M. de Siebold ad- met bien que ces circonstances puissent avoir un certain effet nuisible, mais selon lui elles ne doivent pas être les seules causes déterminantes, autrement, comme elles agissent sou- vent, les reines à œufs stériles ne seraient pas si rares dans nos contrées. A. H. 244 BULLETIN SCIENTIFIQUE. E. EnLers. Die KRÆTZMILBEN DER VÔGEL. EIN BEITRAG ZUR KENNTNISS DER SARCOPTIDEN. LES ACARIENS PARASITES DES OISEAUX. RECHERCHES SUR LES SARCOPTIDES. (Zeitschr. für wissenschaftl. Zoologie, 1873, vol. XXIIT, n° 2, p. 228-253, pl. xu et x.) Les observations de M. Eblers, qui touchent à des ques- tions intéressantes d'adaptation et d’hérédité, ont porté sur un Acarien très-voisin de celui que M. Ch. Robin a décrit sous le nom de Sarcoptes mutans. Il est aussi parasite des oi- seaux et a été découvert sur un Munia maja, chez lequel il produisait des excroissances à la base du bec. L'auteur éta- blit pour l'espèce de Robin et pour la sienne (D. fossor) le genre Dermatoryctes qui est surtout caractérisé par la forme des pattes dans l’un et l’autre sexe. La femelle du D. fossor a des dimensions beaucoup plus grandes que le mâle et des formes assez différentes de celles qui caractérisent ce dernier sexe. Elle est incapable de se mouvoir hors des galeries qu’elle habite, tant parce qu’elle est alourdie par les gros œufs qu’elle porte dans son corps que par ce qu'elle ne peut toucher le sol avec ses pattes. Celles-ci, extrêmement courtes, présentent un épimère, une hanche et une patte formée de trois articles; l’article termi- nal est une sorte de griffe à quatre dents, probablement ho- mologue des deux articles qui sont distincts dans le D. mutans et que M. Robin a nommés jambe et tarse. Les mâles, plus pelits et beaucoup plus agiles que les fe- melles, sont moins nombreux que celles-ci. Leur corps est rétréci en avant et en arrière, leurs pattes sont beaucoup plus longues que celles des femelles et autrement construites; en particulier elles ont de longs poils el chacune porte à son article terminal une ventouse longuement pédiculée. M. Ehlers n’a pas pu s'assurer si cet Acarien est ovipare ou vivipare. Il présume que la membrane de l'œuf s’amincit beaucoup à la fin du développement, et que l’embryon naît ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 245 après s’en être débarrassé ou que cette membrane se rompt pendant l'accouchement. Dans la première période de leur vie, les jeunes Acariens courent facilement au moyen de leurs trois paires de pattes qui sont longues et fort semblables à celles des mâles adultes: chacune d’elles porte en effet à l'extrémité de son article terminal une ventouse longuement pédiculée, et cinq poils dont le plus grand dépasse la ventouse. Les transformations par lesquelles passe ensuite l’animal sont le résultat d’un certain nombre de mues qui doivent être considérées comme étant plus que de simples change- ments de peau. Pendant ces mues, l’Acarus reste dans un état d’immobilité et de rigidité qui semble indiquer que l’on a affaire à un vérilable état de nymphose accompagné de nou- velles formations analogues à celles que Weissmann a obser- vées dans les métamorphoses des insectes. Küchenmeister avait déjà vu des phénomènes de ce genre chez l’Acarus de la gale, et Claparède a décrit avec détail la manière dont un nouveau développement a lieu dans l’intérieur de l’ancienne peau chez les Atax et les Hoplophora. Les choses paraissent se passer d’une façon analogue chez l’espèce observée par M. Ebhlers, sans que ce naturaliste ait pu cependant s'assurer d’une manière positive s’il y a là une histolyse complète. Il y a des différences remarquables entre le développemeni du mâle et celui de la femelle. Le mâle ne subit pas de chan- gements profonds en passant de l’état larvaire à l'état adulte. Il présente dans ces deux phases de son existence les mêmes particularités de structure. Sa conformation rappelle tout à fait celle que l’on observe en général chez les Sarcoptides : en effet, chez ceux-ci les paltes portent de longs poils et si- non toutes, du moins une partie d’entre elles, ont en outre des ventouses pédonculées. Les dispositions caractéristiques de la famille qui existent chez les jeunes persistent chez le mâle jusqu’à l’état adulte. Chez les femelles les choses se passent autrement. Les 246 BULLETIN SCIENTIFIQUE. changements qui s’opèrent dans le cours du développement amènent non-seulement des différences qui caractérisent l’a- dulte, mais encore des dispositions qu’on.ne rencontre pas chez d’autres Sarcoptides. A l’avant-dernière mue la femelle apparaît avec ses huit pattes, son ouverture génitale et tous ses autres caractères principaux ; elle ne se distingue alors de l'adulte que parce qu'elle ne porte pas encore d'œufs dans le corps, et que le bouclier dorsal ne présente que des protubérances coniques, pointues, au lieu des écailles aplalies qu'offre cette région chez l’adulte. Après avoir encore augmenté de volume, elle subit une dernière mue pour atteindre son état définitif dans lequel sa face dorsale est recouverte d’écailles aplaties. Ces protubérances, peu importantes en elles-mêmes, sont inté- ressantes en ce qu’elles se retrouvent chez les Acariens du genre Surcoptes où elles sont particulièrement développées dans le sexe femelle. Dans les espèces où les femelles adultes ne présentent pas ces saillies, elles manquent aussi chez le mâle ; chez le Sarcoptes scabiei on les trouve non seulement chez la femelle adulte, mais aussi, bien que moins dévelop- pées, chez le mâle. Chez le D. fossor, elles caractérisent ex- clusivement la femelle. M. Ehlers pense que cette formation de la peau pourrait bien avoir élé primitivement un caractère sexuel secondaire des femelles qui s’est un peu atténué dans l'espèce dont il s’agit, tandis que chez d’autres femelles de Sarcoptides il s’est conservé et s’est même transmis aux mâles par hérédité. Les pattes des femelles subissent des transformations re- marquables lors de la dernière mue; elles deviennent de courts moignons qui ont perdu un article, et n’ont plus de poils ni de ventouses. Les Sarcoptides des mammifères nous offrent une modification semblable, quoique beaucoup moins profonde, car les femelles ont leurs deux dernières paires de pattes dé- pourvues de ventouses, tandis que les mâles en possèdent au moins à l’avant-dernière. D’autre part, chez les Dermatophagus ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 247 et Dermatokoptes (Fürst.) la femelle a une ventouse à l’une au moins des paires de pattes postérieures, et chez le mâle on en trouve même à chacune de celles-ci; ce fait est d’autant plus remarquable que chez ces genres la ventouse n'existe pas dans l’état de larve et n’apparaît qu'avec le dernier chan- gement de peau. Les deux genres en question se distinguent des vrais Sarcoptes en ce qu’ils ne percent pas comme eux des canaux dans l’épiderme de leur hôte, mais vivent plus superficiellement et cachés par les poils, les cellules déta- chées d’épiderme, etc. La disparition des ventouses et le rac- courcissement des pattes semble donc être chez les Sarcoptes en connexion avec le genre de vie et en particulier avec la nature de l’habitat, de sorte que ceux qui sont appelés à construire des galeries subissent le raccourcissement le plus considérable des pattes qui a dû être surtout influencé par un usage moins grand de ces organes. La femelle du D. fossor vit à l'extrémité d'une galerie en ligne droite qu’elle remplit complétement. Dans de telles conditions ses pattes fortes et courtes lui sont fort utiles pour progresser à la manière des taupes en s'appuyant oblique- ment contre les parois de manière à se pousser en avant. En dehors de la galerie ces pattes ne peuvent leur être d'aucune utilité. Les jeunes femelles et les mâles peuvent au contraire se mouvoir facilement dans les galeries qui sont en quelque sorte trop grandes pour eux. | La direction rectiligne et le faible calibre des galeries s'explique par la dureté de la substance cornée du bec dans laquelle elles sont percées, qui fait que les animaux se li- mitent à un canal droit ayant exactement'le calibre de leur corps. Chez les mammifères, dont l’épiderme constitue un tissu moins résistant, les canaux sont tortueux, augmentent graduellement en profondeur, et donnent aux Acariens qui les habitent plus d’espace que n’en à le parasite des becs d'oiseaux. A. H., 9248 BULLETIN SCIENTIFIQUE. BOTANIQUE. W.-P. HiERN. À MoNoOGRAPH OF EBENACEZx. Un vol. in-4°. 301 pages et 11 planches. Cambridge, 1873. La publication d’une monographie de famille est toujours un événement qui mérite d’être signalé. Il est rare, à cause des difficultés que l’auteur doit essayer de surmonter. Ce- pendant ce genre de travail, à la fois détaillé et d’ensemble, porte avec lui une valeur incontestable, puisque lobliga- tion de tout examiner entraîne un perfedionnement de cha- que article au moven des autres. La monographie des Ébé- nacées de M. Hiern se distingue de certains ouvrages qui ne méritent guère le nom de monographie, en ce qu’elle a été rédigée au moyen de dix-huit des principaux herbiers de l'Europe, tels que ceux de Kew, Londres, Berlin, Vienne, Paris, Leyde, Genève, etc. L'auteur n’a pas craint de voyager pour voir les types de chaque espèce, et ajouter aux Ebé- nacées connues celles qui existaient cà et là cachées dans les collections. Comme il s’agit de plantes exotiques Pac- croissement qui en est résulté a été considérable. La mono- graphie, publiée en 184% dans le Prodromus, parM. Alph. de Candolle, contenait 159 espèces ; celle-ci en a 262. La disposition des articles, les signes propres à donner con- fiance au lecteur, la synonymie, sont à peu près comme dans le Prodromus. Il y a de plus des énumérations d’espèces selon l’ordre des numéros de voyageurs, par pays et suivant la date de leur découverte. On remarque aussi l'indication des espèces, au nombre de vingt, qui fournissent les bois d’ébène usités dans le commerce. Le 249 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES À L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE JUIN 1873. 5, un peu avant 7 h. soir, éclairs et tonnerres ; l'orage passe le long du Jura. 6, forte rosée le matin; entre 4 et 5 h. du soir tonnerres lointains à l'Est. 7. la bise se lève dans la soirée et souffle avec une assez grande intensité jus- qu’au lendemain soir. 9 à 10 h. mat., halo solaire. 11, de 3 à 51/, h. halo solaire, assez confus : le soir quelques gouttes de pluie. 15, rosée le matin. 19, forte rosée le matin. 20 et 21, rosée le matin. 22, à 4 h. après midi éclairs et tonnerres. 23, succession d’orages accompagnés d’éclairs et tonnerres et suivant la direction du SSE, au NO. ; le 1er à 9 h. 15 m. du matin, le 2e à 11 h., le 3e le plus violent commence à 2 1/,h. A 3 h. 40 m. forte averse mélée de grélons dont quelques-uns atteignent 15°" de diamètre. 25, rosée le matin. 27, 28 et 29, rosée le matin. ARCHIVES, t. XLVII. — juillet 1873. 18 250 Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. mm BRR A Taie 7 sd en. de 727,00 5 À 10, HR rest 220 à 125,35 JA U SEMAINE. LI 728,47 1602 "8h man M. 128,20 DL SUN ESOIr eee 132,52 212, OJhOManiE. #3. LEE 732,68 Le MINIMUM. 4, 6 h:YS017 6e, 000 % 724 14 4 63h. soir L AH NRACE 722,37 dWON ISO 2e CRE 722,38 4: G1h6bir£), 1.00 718,22 210 matin. 07,7 726,65 à 2h. après m4 72700 à "re ne à OVER 725,83 | n : | | i] 1} il h | our lee —|éerlesols “oslr | vo loue lozr loo —| 839 Re 90‘or | 676+ | evr + [Tr +] 7661; 690 — | 91'90: | CET À Meg — | 300 3 ‘ossi! ** logs |o0e |zer—| ses 904 | voir go | ri re +) re'est | re'0 + | 68'102 63 994 | se + |gsrlénolr ‘Nr: "loc |ore [or —| cr9 logo | #8‘or | 9'oc+ | art |g8'r HF] c8'61+ || 096 +} 16662 | 8e 0 | 8e + |G8I|SrO I Nlc le: lozz lorr [81 —| gra lerr—|6ré6 |o'se+ | s'orFisro —|a'Lrt (2 + | 10'EL | Le 1197 166 + |VRF|TrO Ir Nr: "logs loër |ser— | Leg lere— 969 l'9'er+ | 6°er+ |8L'T —]| ro'9r-bllratt 9716 | 93 86F |.6% +|L8r|190)r ‘Ossir | eo |ozz |060 |6 + | 302 |ogo+ | cor | Test ect |LFO —| SLI 018 | S88/681 | ça Gr 10€ +|L8r|6eo ir “N°: """ 096 |088 | se + | 982 |sco+ | 6101 | 0e | vert |G0'0 | LL GG C8 681 | ra 8r1 10€ + |9'er|89"olr ‘anle | s'er!0001 1069 |esr+ | r88 |rc'e—+ | 19°cx | 672 | 0'YIH (290 —| 969 OL'E + | 6288: | 3 mr — | —|iolonmemalr | cé Loos |o6s les +! 672 |lere+ |oc'er |s'ec+ | gi loi'e +98 0c+ 86% + |c0'062 | 83 OFr 8e + |L'L1 000 11 "Nr ' 4 1098 |08r |Er +] 802 |rgc—+ |g9'cr eco | Fri 106 +|8r'oe+ 69% +4 69162 y ser |£'r + | 9'9r | #60 | ATEN 1og8 098 log +! 862 last | 181 | l'ec+ | er |6S'r | 16'85+ SIT | ONIEZ | 06 |8er |60 — |€Tr| #90) , N°: LorG |OLr |Lr + | 971 |08‘0+ 1805/0121 | 0614 1100 +| 7821 686 + + | 08 08L 61 9er [So —|1#r|160)r ‘aslo | s'erlol6 |ozg |esr+| 688 |'ore+ Lo'er | Mist LSrE 1EL'0 —| or Fr 108662 |81 er ar — | ser 860) ereuvalz | ge |ozé |ogz | roc) g06 zre+ lorer | rot a'ri lour —| acer 600 + | 16982 | 17 gr Sr —|rerl2solr ‘os! 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CNET mes l'sstés FR D Ne. 2 age. 2 | 5 | ‘2[RUIOU | “191 : re ‘q Lio *WJou Paris ÉJLATTAQQU e 2TEUTIOU 0109 "ARULIOU u +5 | Me “DIN | si queu | Li qe Xe L'UUTN An sh Hoi Fo “auxen | “au ne sp Fi ins “our Ê= | 1180G || fou | -(0P |£ nes quo | ON || jvom Fe 180 eut °N RS. LES An | D —__— ©" || PT à air np ‘duof, PH} TU8A eu og *SOUIQTjEU 9 uoryeanyes op “19824 ||" deA PI 9p HOISUA], *) aanegduag "JQUOIRT 252 MOYENNES DU MOIS DE JUIN 1873. NTPATTE Sh.un. 10h. im Midi. 2 hs. hs Gil. s. 8 his. Iü hi, ». Baromètre. un rm un rm mu CONTE tu ta ui dre Jécade 726,01 726,16 725,97 725,61 725,02 72467 72466 725,13 725,55 %e » 12629 72652 726,39 726,14 726,01! 72583 72583 726,26 726,85 3 » 130,24 730,37" 130,07" 729,85 * 129,28 729,25 1729,19 72945 179991 Mois 127,52 727,69 727,47 121,20 126,11 726,58 726,56 726,95 727,44 Température. U 0 0 ( y o Ù 0 tredécade+-11,24 +13,79 415,54 17,50 +18,39 418,89 18,10 +15,39 13,94 2 » +414,05 +16.42 17,79 419,65 +20,01 +49,67 19,27 +17,38 15,78 3» +16,24 419,14 +207 21,85 422,89 422,04 421,61 +19,49 +18,13 Mois -L13,86 16,45 17,84 +19,67 +20,43 +20,20 +19,66 41743 415,95 Tension de la vapeur. ou ui Du) voir un in LUE! nil ui 1'e décade 8,20 8,97 8,27 7,89 7,94 8,18 5,02 8,78 8,71 2e, [9 10,26. . 10,12 9,92 9,24 9,83 9,59 9,95 10,34 10,50 3 » 10,66 10,72 10,79 11,00 11,21 10,50 10,66 10,86 10,94 Mois 9,71 9,80 966 9,38 9,66 9,41 9, 54 10,00 10,05 Fraction de saturation en millièmes. re décade 810 712 618 »31 511 15 524 672 7 2e » 856 734 662 293 579 572 600 698 783 3e » 17 651 609 265 546 594 260 646 709 Mois 814 699 630 550 045 537.2; -561 672 740 Therm. min. Therm. inax. dr té moy. Température Eau de pluie Limnimètre. du Ciel. du Rhône. ou de neige. 0 0 cr dre décade + 9,04 —+20,29 0,52 +1 3148 1.6 124 de » ” +-12,51 +-21,26 0,73 +13,39 32,4 132 3° » 413,34 +-24,54 0,36 +17,75 29,0 157 Mois +11,63 + 22,03 0,54 +14,86 73,0 138 Dans ce mois, l'air a été calme 5 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,96 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 70,2 O., et son in- tensité est égale à 16,8 sur 100. 253 TABLEAU OBSERVATIONS! MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE MOIS DE JUIN 1873. 2, 3, 4, 5, brouillard tout le jour. 6, clair le matin, brouillard le soir : à 8 h. soir, éclairs et tonnerres au Nord. 7, brouillard tout le jour. 8, brouillard le matin et le soir. 11, 12, 13 brouillard tout le jour ; neige le 12 après midi. 14, brouillard le matin et le soir. 16, brouillard presque tout le jour. 17, 18, brouillard tout le jour. 19, brouillard presque tout le jour. 20, brouillard le matin et le soir. 21, brouillard le soir. 24, brouillard presque tout le jour. 25, brouillard le matin et le soir. 26, idem. 27, brouillard le matin. 30, brouillard le soir ; de 5 h. à 5 #/, h. du soir, orage accompagné de grèle. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. noi iii Le.1e à. 6.h.-matin..55..2 561,61 AT. SOLE QU A sine 567,86 B-ù= 6 I -matih > 5 2278 561,89 20: &midi...:........3.#. 566,86 13 4°.6-h: mation, 097,22 16 à 2 h. après midi...... 568,39 17 à 4h. après midi...... 567,05 212440 bh. sir. 7.2 673,06 26 à: 6-h. matins... #1... 566,69 OU 10-h..20ir... 0x 572,11 où a°10 D... 7e ... 568,12 SAINT-BERNARD. — JUIN 1875. { | | h | | | n | È RE ou: à à. " ___ Température G._ Pluie ou neige. Vin PS e- : | ! 2 ; ; moyenne = || Hauteur | Écart avec | Moyenne |Ecart avec la Hauteur Eau Nombre : nl =. 24" heures. RCHagIqur | Minimum. | Maximum. | à, Lu Re Minimum” |Maximum* D M pr d'heures. dominant. ciel. | millim. | œillim. | millim. millim. 0 0 0 ni] millim. millim | | | 1 | 562,65 | — 3.03 | 561,61 | 563,92 | + 0,02 | -— 2,65 | — 8,6 | + 6,1 | -... Le, UNE © “EE |"T07 2 | 564,90 | — 0,87 | 564,43 | 565,43 | — 0,67 | — 3,46 | — 3,2 | + 2,2 | ..... TRE » SO. 1/|082| 3 | 567.12 | + 1,26 | 566.08 | 567,86 | + 0,33 | — 2,57 | — 2,0 | + 2,3 | .... +. Nes SO. 1 | 099 4 || 566,89 | — 0,95 | 566,45 | 567,20 | + 1,64 | — 1,37 | + 09 | + 3,6 | --... sr... +. || SO. 1 | 0,82) 5 || 565,24 | — 0,78 | 565.07 | 563,58 | + 1,64 | — 1,48 | + 0,7 ! + 3,8 | .:... 2,3. ... | variable | 0:88 6 | 564,12 | — 1,99 | 563,62 | 564,94 | + 2,64 | — 0,59 | + 0,7 | + 6,3 | -.... rose -... || variable | 0,72 7 | 563,36 | — 2,63 | 562.93 | 563,92 | H 0,75 | — 2,59 | + 0,5 | Æ 2,4 | ...… 6,4. ROIUNE, 1 900 | 8 | 562.95 | = 3,32 | 561.80 | 56385 | —.1,19 [= 464% — 24%) Sa) S-S 4, NaNE ss. 14/4790 9 || 565,46 | -— 0,89 | 564923 | 366,24 | + 1,97 | — 1,58 | — 2,9 | + 6,1 | ..... .e.. NE" # | 046! 10 | 366,42 | — 0,01 | 563,98 | 566,86 | 3,79 | + 0,14 | + 1,2 | + 7,0 | ..... ee: (80 #|646: 11 || 563.99 | — 2,52 | 563.13 | 364,14 | Æ 3,08 | — 0,67 | + 1,3 | + 7,2 | . RS Re SO 1 | 0,80 19 || 559,52 | — 7,07 | 558,58 | 560,88 | + 0,93 | — 2,92 0,0 | + 3,5 20 DT. sr 4 107 | 13 || 558.82 | — 7,85 | 557.22 | 560,83 | — 2,98 | — 6,23 | — 3,0 | — 0,8 . NE : NE. 11|097 14 || 564,46 | — 2,99 | 562.43 | 563.98 | + 1,41 | — 2,63 | + 1,0 | + 5,7 | ...…. Ne. … ÎNE 11077 15 || 567.49 | + 0,67 | 566,72 | 568,08 | + 4,91 | + 0,78 | + 2,0 | HE 8,6 | ..... M. | SO. 1|0% 16 || 568,16 | + 1,26 | 567,87 | 568,39 | E 5,34 | + 1,12 | + 3,4 | £ 8,0 | ...… x. k calme 0.78 17 | 567,07 | + 0,10 | 567,05 | 567,22 | + 2,44 | — 1,87 | + 2,7 | + 4,92 ; 20,0. | 80. = 007 18 || 568,37 | + 1,33 | 567,31 | 569,32 | 2,99 | — 4,41 | + 2,0 | + 6,8 | ..... 5,0 er NE 46094 19 || 569,86 | + 2,75 | 569,33 | 570,52 | + 4,22 | — 0,27 | + 1,3 | Æ 9,4 | ..…. =. ra NE. -1 | 084 20 | 571.64 | + 446 | 570,72 | 572,55 | + 709 | + 2,51 | + 34 | 180 |... |... |. NE 1 ox 21 | 572,78 | + 548 | 572,28 | 573,06 | + 8,27 | + 5,61 HE DEP AA ta. V8 = Al came 0.42 | 22 | 572,11 | + 4,79 | 571,63 | 572,71 | + 8,94 | + 4,20 | HS LISA IR 0,5. .... | calme 0,49 | 93 || 56983 | + 244 | 569,42 | 570,27 | + 6,75 | + 1,93 | + 4,6 | 11,2 | ..... 2,5. 22: 24 | 569,23 | + 1,78 | 568,57 | 569,82 | 4,51 | — 0,39 | + 3,0 | + 8,0 | ..... PR LEE 25 || 568,86 | + 1,35 | 567,92 | 569,34 || +- 5,51 | + 0,53 | Æ 2,7 | + 8,7 || ..... ee À A 26 | 568.18 | + 0,61 | 566,69 | 569,14 || Æ 74 | — 4,31 — 1,3 | + 45 | .... n y 97 | 570,70 | + 3,07 | 569,43 | 571,48 || 5,57 | + 0,45 | + 1,4 | + 8,4 5 re. 3 28 | 571,56 | Æ 3,87 | 571,10 | 572,11 | + 9,64 | + 4,45 | + 5,3 | 15,8 | .... FR, + 29 | 571,24 | + 3,49 | 570,82 | 571.83 | Lio | 515 | + 64 | 44149 | … P:, ÊnE 30 | 368,77 | -L 0,96 | 568,12 | 369 81 || 7,59 | — 2,26 | CROIS TRE ONE * Ces colonnes renferment la plus basse et la plus élevée des températures observées de 6 h. malin à 10 h. soir. 255 MOYENNES DU MOIS DE JUIN 1873. 6h.m. Sh.m. 1A0h.m. Midi. 2h.s. &h.s. 6h. 3. 8h.s. 10 h.: Baromètre. um nm mn mm mn mm mm mm min ire décade 564,39 564,67 564,90 565,07 565,10 565,08 565,09 565,12 565,31 mes id 965,46 565,64 565,87 565,92 566,07 566,03 566,06 566,32 566,51 3 « 570,17 570,32 570,49 570,57 570,46 570,29 570,30 570,38 570,38 Mois 566,67 566,88 567,09 567,19 567,21 567,13 567,45 567,27 367,40 Température. 0 0 0 0 0 0 L ire décade— 1,36 + 0,80 + 3,00 + 3,72 + 3,95 + 3,39 + 1,91 1,00 + 0,54 2 € +1,35 + 2,90 + 4,72 + 5,87 + 5,90 + 4,58 + 3,76 + 2,89 + 2,23 3e «+ 4,12 + 6,49 + 8,14 + 9,77 10,81 + 9,88 + 7,68 + 5,83 + 553 Mois + 1,37 + 3,40 + 5,29 + 6,45 + 6,89 + 5,95 + 4,45 + 3,24 + 9,77 Min. observé.” Max. observé.” Clarté moyenne Eau de pluie Hauteur dela u Ciel, ou de neige. neige tomhée. 0 0 mm mm {re décade — 1,39 + 4,22 0,67 8,7 ps &æ « + 1,38 + 6,56 0,77 39,7 20 3e « + 3,89 410,99 0,48 19,4 2 Mois + 1,29 + 7,96 0,64 33,8 20 Dans ce mois, l’air a été calme 18 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,73 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45 E., et son in- tensité est égale à 23,3 sur 100. * Voir la note du tableau. CO Mi 2AZLATON PAETT) PLLEE tr eu Hi: w. oû AUS EU VUE Né CRC. MONTE ati EETOS. ro = ji visser murs À | PÉE T4 LOL AR EE HOUR + Val 2e 54 at 8 ch Hè4 + 00.8 E T6 + ET + o HE ÉRE 4e BUT + ed. d L 180 T6 2 FLA u “ F D ÉN d Le - se. Le ee de Ë » à dé he OÙ + 00 +. 88 s Q= - %. T2 MÉRT AU À bref ‘ gp tañto ra" TPLUR FYY Fr CENTS ; te TE + MORTE LE MOT À ER [_'ATTETESS SUR LA RELATION EXISTANT ENTRE LES PROTUBÉRANCES SOLAIRES ET LES AURORES TERRESTRES. Traduction d'une lettre adressée à M. le Professeur À. de la Rive PAR M. le Professeur P. TACCHINI. J'ai beaucoup tardé à rédiger cette note, composée à votre instigation, espérant toujours pouvoir rencontrer quelque nouveau cas de correspondance bien manifeste entre les aurores boréales et les phénomènes solaires ; mais la saison presque constamment défavorable à de pa- reilles recherches, et un état de calme relatif étant sur- venu à la surface du soleil m'ont Ôté toute espérance pour le moment. Je me suis donc décidé à ne pas attendre davantage, et je vous prie d'accueillir avec bienveillance ma présente notice. L'examen attentif et prolongé, au spectroscope, des protubérances m'a démontré clairement que, si la grande. majorité de ces phénomènes doit se produire par de réels soulèvements de la chromosphère, causés par l’action interne des matières plus chaudes et par l’action des cou- rants externes ou des mouvements de l’atmosphère so- laire, qui détachent et transportent ces matières comme ARCHIVES, t. XLVIL — Août 1873. 19 EN ere 7 9258 RELATION ENTRE LES PROTUBÉRANCES SOLAIRES des nuages, il arrive souvent cependant que le phéno- mène n'a pas le caractère de matière soulevée et trans- portée, mais plutôt celui de modifications spéciales sur- gissant dans les couches de l'atmosphère qui enveloppent la chromosphère. Ces modifications consistent 1° dans la formation de petits filaments isolés et lumineux qui disparaissent aussi promptement qu'ils se forment; 2° en masses presque toujours filamenteuses, transparentes, en _zigzag, qui peuvent attendre de grandes proportions et qui, en apparence, n’ont parfois pas de rapport avec la structure de la chromosphère sous-jacente, lors même que celle-ci est, en cas pareil, plus brillante et souvent aussi à spectre mixte; 3° en certains rayonnements qui, d’après le mode de leur rapide propagation et leur forme, semblent produits par l'électricité. Ces phénomènes, ceux des deux premières catégories surtout, se rencontrent souvent à côté d’autres qui se produisent dans la chromosphère et qui, en fait, paraissent en être la cause déterminante. Je les ai, pour cette raison, désignés par le nom de phénomènes secondaires. Is ne se réalisent point toujours et paraissent répondre à des con- ditions exceptionnelles ou à des périodes particulières d’accroissement dans l’activité de la masse solaire. Pour procéder avec ordre, je donnerai un exemple de chaque catégorie. Le 41 janvier 1873, sous l'angle de position de 271”, il y avait une masse hydrogénée, un peu détachée de la chromosphère filamenteuse, qui s'élevait à 52” de hau- teur. Au-dessus, à une hauteur de 255” se trouvaient deux petits nuages allongés dans le sens horizontal (ou parallèle au niveau de la chromosphère), nébuleux, larges de 15” et longs de 45”. Entre ces deux petits nuages et + Vo " | ET LES AURORES TERRESTRES. 259 la masse filamenteuse au-dessous, il y avait donc un es- pace libre de 188”, dans lequel on ne voyait aucune trace de communication entre les deux phénomènes supé- rieur et inférieur, À 11 heures 36 minutes, c’est-à-dire une demi-heure après la première observation, on remar- quait que les petits nuages étaient devenus beaucoup plus brillants et s'étaient transportés vers la droite, c’est- a-dire du côté du pôle, d’une position moyenne corres- pondant à 3 degrés comptés sur le bord du soleil, tandis que la nébulosité inférieure n'avait changé ni d'intensité ni de forme. À midi et un quart les petits nuages avaient disparu. Voilà done un cas où pendant qu’une certaine stabilité règne dans les régions inférieures, en haut et à une grande distance de la chromosphère, nous voyons de petites masses nébuleuses devenir plus brillantes, se dé- placer, puis disparaître. Je n'avais pas vu cette fois se for- mer les petits nuages; mais dans une foule d’autres occa- sions, j'ai vu subitement de petits flocons brillants ou des pointes lumineuses se former, disparaître promptement, puis se montrer à nouveau et ainsi de suite. Il peut donc se présenter des phénomènes en dehors et à grande distance de la surface solaire qui ne paraissent pas avoir de relation aussi intime avec la chromosphère sous-ja- cente qu’on peut le présumer pour les nuages bas ou les protubérances. On préjuge l’origine immédiate de ces dernières, tandis que les autres sont des phénomènes naissant et se modifiant à distance, sans toutefois échapper à l’action que l’état de la chromosphère et de la photo- sphère peut exercer sur eux. En effet, ainsi que je l'ai indiqué dans mes premières notes (publiées jusqu’en 1871 dans le Bulletin de l'observatoire royal de Palerme), on voit souvent, sous une masse détachée, se former des 260 RELATION ENTRE LES PROTUBÉRANCES SOLAIRES séries de pointes lumineuses en dents de scie, convergeant vers le bas, suivant une direction fixe, correspondant la plupart du temps à un phénomène analogue qui se pro- duit dans les flammes de la chromosphère sous-jacente, comme si une attraction spéciale existait entre elles et les contraignait à cet arrangement. On en trouve un exemple dans l'observation du 5 avril 1871 (PI. IL fig. 1), où le nuage n’a de pointes que dans sa partie inférieure, dirigées vers celles de la chromos- phère. D’antres fois on peut voir cette attraction ou dé- charge réciproque s'exercer de nuage à nnage comme lors de la magnifique apparence äe juin 1871 (fig. 2), qui était la suite d'une petite masse rayonnante, épaisse et lumineuse, presque appuyée à la chromosphère, telle que la montre la figure 3. Pendant toutes ces transfor- mations, que nous avons pu suivre jusqu'à leur entière dissolution, on ne voyait aucune transmission apparente de matière entre les pointes chromosphériques et celles des nuages. À 8 heures 25 minutes on a seulement vu se développer une série de filets lumineux presque ho- rizontaux, qui allèrent ensuite rencontrer le bord, #4 de- grés en avant de la position observée. A 8 heures 28 minutes on voyait des fils se diriger du bord de la chro- mosphère vers les pointes du nuage comme s'ils étaient at- tirés par elles. Mon cahier d'observations mentionne à ce moment : « les attractions de pointe à pointe sont très- visibles entre le bord et le nuage, et ceci est contraire à l’idée d’éruption. » A la fin de l'observation, à 9 heures 33 minutes, j'écrivais: « Je n’ai pas fait à temps d’obser- vation spectrale, parce que j'étais captivé par la vue des mouvements et transformations dans cette masse de feu, en vérité très-intéressante, et présentant dans les régions ET LES AURORES TERRESTRES. 261 élevées toutes les séries d’apparences qui se manifestent sur le bord du soleil. Il me parait difficile d'admettre qu’elles dérivent toutes de phénomènes éruptifs, et elles me semblent même prouver que tout cela ne peut pas être une éruption.» J'écrivais alors ainsi, me trouvant au début de mes études spectrales, et par conséquent ne pouvant user de trop de prudence, Une correspondance analogue entre les pointes lumi- neuses se voit aussi dans la figure 4 d'une manière assez caractéristique, parce que, outre les pointes, on y trouve aussi de légères bandes horizontales communiquant entre deux nuages à panache, passablement distants l’un de l’autre. Cette formation de contours à pointes vives dans les nuages solaires, que j'ai constatée si fréquemment, m'a souvent fait soupçonner que la structure générale de la chromosphère pouvait avoir une origine analogue et dès lors ne pas être le résultat d’un soulèvement continu et général d'hydrogène sous la forme de flammes. La nais- sance de pointes lumineuses sur les bords de certains nuages dans toutes les directions fait présumer que ce nom de « flamme » et ce caractère d'éruption générale ne correspondent pas à la réalité. Cette multitude de pointes ne pourrait-elle pas être l’effet d’un état électrique général à ce niveau, d'un état que j'appellerai auroral, sans exclure toutefois l’idée de soulèvement partiel pour cause d'augmentation de température de courants, etc. ? La seconde catégorie, les masses filamenteuses, attei- gnent de plus grandes proportions. Elles sont parfois très- persistantes et paraissent comme des paquets de fil entor- tillé. Souvent elles présentent une structure mixte, en partie filamentense, en partie nébuleuse. 4 4e 2 à 262 RELATION ENTRE LES PROTUBÉRANCES SOLAIRES L'observation du 5 mars 1872 en a présenté un très- bel exemple. À 10 heures 31 minutes se trouvait un amas de ce genre, indiqué dans la planche XVI des Mémoires des Spectroscoprstes italiens, sous l'angle de position 66°—759, Vingt minutes après, le nuage s'était étendu (fig. 5) entre 53° et 72°, s’élevant à une hauteur de 3'950" et revêtant une structure filamenteuse irrégulière, envoyant seulement quelques fils très-déliés jusqu’au bord de la chromosphère. J'inscrivais dans mon registre : « Phénomènes secondaires pour lesquels les aurores sont probables. » Ce jour-là l’auréole du soleil était décidé- ment plus étendue du côté de l’ouest, environ du double. À 2 heures 30 minutes une nouvelle observation montra la masse lumineuse réduite dans ses dimensions entre 68° et 75°. On n’y reconnaissait que les raies de l’hydro- gène et D. On pourrait ajouter bien d’autres exemples, qui tous démontreraient que même dans ces masses élevées et fila- menteuses il s’'accomplit un travail spécial par un procédé encore inconnu, qui paraîtrait en quelque sorte mdépen- dant du travail ordinaire de la couche chromosphérique sous-jacente. Dans d’autres cas, au contraire, lorsque sur le bord de la chromosphère, il y a des altérations pro- noncées, ces faisceaux lumineux paraissent en ressentir l'influence et prendre des apparences en rapport avec les premières, comme des arcs auroraux (ainsi dans la fig. 9), et on a l'impression d’une attraction réciproque. La troisième catégorie, qui comprend les rayonnements en forme d'’épées, est la plus rare que j'aie observée. Le 13 mars 1871, j'ai eu l’occasion d'en constater un cas. Je trouvai le matin de ce jour, sur le bord du soleil, un faisceau de rayons très-rapprochés, hauts de 33”, comme LA MTS ET LES AURORES TERRESTRES. 263 on le voit dans la figure 6. Pendant que j'en étudiais les détails, je vis la partie centrale s’élever rapidement et en 5 à 6 secondes, pas davantage, atteindre la hauteur indi- quée dans la figure 7, c’est-à-dire 70 secondes d'arc. Cette augmentation de 37°” dans la hauteur de la protu- bérance correspondait ainsi à une rapidité ascensionnelle de 5 mille kilomètres par seconde de temps. Plus tard, je trouvai la place occupée par divers rayons rectilignes, divergents, dont le plus élevé, au milieu, avait conservé la même hauteur de 70” comme dans la figure 8. En présence d’une rapidité si extraordinaire, il faut abandon- ner la pensée d’un transport de matière, d’une éruption, mais considérer le phénomène comme le produit d’un simple changement d'état, comme un phénomène électri- que, se propageant avec une vitesse de l’ordre de celle indiquée tout à l'heure pour les rayonnements solaires. J'ai voulu rapporter ici mes premières observations, et non pas celles que j’ai répétées récemment, pour montrer comment mes idées se sont formées sur les rapports exis- tant entre les aurores boréales et les protubérances so- laires. Dans ces trois catégories de phénomènes solaires que nous venons d'exposer, tenant compte de leur forme, de leur variabilité et de leur mouvement, on doit reconnaitre l’action d’un agent analogue à l'électricité. Nous admet- tons même que l'électricité en est la cause première, et que, en conséquence, leur présence doit étre considérée comme l'indice d'un état électrique ou auroral particulier du soleil, de la même manière que nous voyons, lors de nos aurores terrestres, des nuages légers de notre atmos- phère revêtir des formes spéciales, désormais connues, et qui doivent être attribuées à l’état électrique exceptionnel 264 RELATION ENTRE LES PROTUBÉRANCES SOLAIRES qui se manifeste à nous sous forme d’aurores plus ou moins brillantes. Il ne faut pas s'étonner si nous avons donné à ces phénomènes le nom d’aurores solaires, car lors des éclipses totales de soleil, on voit autour du disque noir de la lune un anneau auroral continu qui enveloppe la chromosphère, et l'examen de son spectre donne pré- cisément des raies qui se rencontrent aussi, d’après quel- ques observations récentes, dans le spectre de nos au- rores polaires. Nous avons donc plus d’une raison pour considérer ces phénomènes comme étant de même genre. Mes observations m'ont permis de vérifier que les fa- cules que nous voyons sur la surface du soleil ne sont autre chose que des protubérances de l'espèce la plus brillante. Pour citer un premier exemple de ma série d'observations, je rappellerai que le 48 avril 1874, un groupe de taches était sur le point de disparaître à locci- dent, et les facules accompagnant ces taches constituaient alors une portion du bord du disque. Ayant dirigé mon spectroscope sur cette région, je pus contempler un spec- tacle que dessins ni paroles ne sauraient rendre, tant était vif l'éclat de la lumière, tant étaient compliquées les formes du brillant phénomène. La facule étant hors de vue, tout disparut, et j'observai le contour ordinaire de la chromosphère tout langueté de petites flammes. Jai répété dès lors une centaine de fois la même observation, en sorte qu'ayant observé sur le bord du disque la protu- bérance brillante, on trouvait ensuite pour projection la facule correspondante, ou vice versà. Ainsi, lorsqu'on avait reconnu des facules sur le disque solaire, on pou- vait prédire l'apparition de belles protubérances au mo- ment de leur arrivée sur le bord occidental, ou ayant observé de belles protubérances sur le bord oriental, on 1 EE ET LES AURORES TERRESTRES. 265 pouvait annoncer la présence des facules correspondantes sur le disque pour le jour suivant, parce qu’elles ne sont pas toujours visibles en même temps. Ayant continué avec soin cet examen, j'ai trouvé que les régions des facules correspondaient toujours aux ré- gions du magnésium où la chromosphère est toujours plus épaisse et plus lumineuse. Nous pouvons donc affir- mer qu'un plus grand nombre de facules sur le disque correspond toujours à une activité plus grande se mani- festant sur le bord par de plus belles protubérances, des phénomènes secondaires, des portions de bord brillantes et à spectre mixte. Je n’ai jamais trouvé de tache solaire sans facules con- comitantes, et j'ai toujours trouvé que plus il y a de ta- ches plus est grand aussi le nombre des facules : non- seulement de celles qui accompagnent les taches, mais aussi de ces groupes isolés de facules qui n'ont pas de rapport direct avec elles. La conclusion est donc évidente : aux époques de maxima de taches solaires, correspon- dant à un grand nombre de facules, aura lieu aussi un dé- veloppement plus grand de protubérances brillantes et de phénomènes secondaires. Et comme conséquence de ce qui précède, on peut ajouter qu'il y aura aussi un plus grand développement d'électricité ou d’aurores solaires. Si, à des époques fixes, doivent se produire ainsi dans le soleil des augmentations des phénomènes électriques dans de vastes proportions, il est évident que l’état élec- trique de notre planète devra s’en ressentir. Dans une leçon que je donnai le 23 avril 1871, j'ai donc pu en inférer l'apparition, à la surface de la terre, de phéno- mènes électriques extraordinaires, comme des aurores polaires. 266 RELATION ENTRE LES PROTUBÉRANCES SOLAIRES Cette induction électrique exercée par le soleil me pa- rait faciliter la définition du lien existant entre les pro- tubérances et nos aurores boréales, contrairement à lopi- nion opposée de quelques auteurs. Je leur réponds que je n’entends point établir définitivement que tel doit être le mode d'action du soleil. Il m'importe peu d’en ad- mettre un autre quelconque, mais mon but principal est de démontrer la relation entre les phénomènes de la chromosphère et de l’atmosphère solaires et nos aurores polaires, Aujourd’hui encore, cependant, je ne trouve aucune difficulté à admettre une semblable induction. Avec notre manière de voir, il est clair que nos aurores polaires devraient être davantage encore en correspon- dance avec les phénomènes secondaires qu'avec les taches, puisque avant les taches se forment les facules. Souvent nous voyons au milieu d’une vaste région de facules ne se former que quelques pores sans aucune tache. Il n’est même point rare de voir le disque entier du soleil dé- pourvu de taches, mais parsemé de belles facules. Voici donc les conséquences à déduire de nos prémisses : 1° Une augmentation sensible dans les phénomènes chromosphériques, surtout dans les phénomènes secon- daires doit faire prévoir comme probable l'apparition d’une aurore polaire. 2° Si les phénomènes continuent le jour suivant, l'au- rore persistera à se montrer. 3° Dans le cas où aucun phénomène important ne se- rait perceptible sur le bord du soleil au moyen du spec- troscope et où on verrait sur le disque une augmentation dans le nombre des taches ou des facules, on devra aussi considérer comme probable l'apparition de l'aurore po- laire. ET LES AURORES TERRESTRES. 267 4° Lors même qu'aucune tache ne serait visible, cette chance pourrait subsister, parce que, même alors, il peut exister beaucoup de facules et de belles protubérances. 9° La période de formation des taches, correspondant aux perturbations les plus intenses de l’atmosphère su- périeure, on peut présumer, qu'au moment de la nais- sance de nouvelles taches, se déclareront des aurores. En revanche le disque solaire pourra rester muni d'anciennes taches sans qu'il en résulte de trouble sensible dans l’état magnétique ou électrique de la terre. 6° Il pourra done exister des aurores boréales sans taches solaires et beaucoup de taches sans aurores ; mais il y aura toujours concomitance entre les aurores solaires et les aurores terrestres. 7° Prises isolément, les aurores terrestres concorde- ront ordinairement avec les protubérances plutôt qu'avec les taches. Tandis que les moyennes générales, résultant de longues séries d'observations, pourront coïncider tantôt avec l’une, tantôt avec l’autre série de phénomènes : pro- tubérances ou taches. 8° L'observation d’éruptions brillantes aux époques de la naissance ou de la disparition des taches sera aussi l'indice d'apparition probable d’aurores. L'étude des taches solaires ayant commencé dès long- temps, on a trouvé dès longtemps aussi la relation exis- tant entre les maxima et minima des taches solaires et les maxima et minima de nos aurores. Nous reproduisons ici le dernier résultat publié sur ce sujet par M. Loomis, dans le cahier d'avril 1873 de l'American Journal of Sciences and Arts de New Haven. La série éludiée em- brasse l'intervalle compris entre 1776 et 1872. 268 RELATION ENTRE LES PROTUBÉRANCES SOLAIRES En voici le tableau : DATE DU MAXIMUM. DATE DU MINIMUM. A US Taches Aurores Taches Aurores solaires. polaires. Différence. solaires. polaires. Différence. 1778 1778 ( 1784 1784 0 1788,5 17875 1,0 1798 1798 0 1804 18045 —0,5 1810 1811 -—1,0 18165 1848 —15 1823 1823 0 1829,5 1830 —0,5 18335 18345 —1,0 1837 1840 er 18435 18435 0 18485 18505 —2,0 1856 1856 0 1860 18595 0,5 1867 1867 0 1870 18705 —0.5 L'accord entre ces maxima et minima des deux séries de phénomènes est remarquable et rien ne saurait être plus convaincant comme preuve de la relation existant entre le développement des taches et celui des aurores. Cette concordance de dates ne doit cependant pas s’inter- préter dans le sens que les taches sont la cause des au- rores, mais qu'elles sont un produit des mêmes mouve- ments de la masse solaire, qui provoquent l’augmenta.- tion du nombre des protubérances et des phénomènes secondaires, plus étroitement liés avec les aurores et considérés par nous comme leur cause principale. Il arrive souvent que ces mouvements produisent les diverses séries de phénomènes, mais sans taches. Dans les périodes d'activité solaire tous peuvent coexister, puis, le nombre des taches allant diminuant, cette acti- vité reste encore suffisante pour occasionner des auro- res solaires et partant des aurores terrestres. On a fré- quemment pu constater, après la disparition des taches, la présence sur le disque de belles et abondantes facules. ET LES AURORES TERRESTRES. 269 Ainsi, en mai 1873, après une diminution graduelle des taches jusqu'à leur extinction presque complète, en sorte que dans la matinée du 19, on en apercevait à peine une petite, avec deux pores, nous avons distingué sur le disque de nombreuses et très-belles facules, parmi lesquelles trois d’un caractère tout spécial et voi- sines des angles: 117°, 121° et 126°. Ce jour-là, les nuages nous empêchèrent d'observer les protubérances, mais dans les jours précédents, où le minimum des taches s’accusait visiblement, on observait quelques belles protubérances. Ainsi dans la matinée du 16, nous en voyions une haute de 2 A, minutes, isolée, filamen- teuse s'étendant sur un angle de 15° au bord du disque, outre dix autres plus petites dans d’autres places, tandis que sur le disque les taches étaient déjà réduites à une seule avec six petits pores. IL pourrait ainsi arriver que dans les grandes périodes précitées, après la cessation du maximum du nombre des taches, celui des protubérances se prolongeàt quelque temps encore. Dès lors si les aurores sont, comme il résulte de mes observations, en relation directe avec les protubérances plutôt qu'avec les taches, il en ré- sulterait que les maxima des aurores terrestres pour- raient parfois se trouver un peu déplacés par rapport à ceux des taches, et cela dans le sens d’un retard ou d’une prolongation du maximum même, tandis que les minima devraient mieux concorder. Les faits recueillis par M. Loomis viennent confirmer ce qui précède. Dans le tableau ci-dessus on remarque quelques différences dans les comparaisons de dates des maxima : en 1840 cette différence atteint trois ans, en 1850 deux ans. Pour les minima la différence n’est sensible que dans deux cas. 270 RELATION ENTRE LES PROTUBÉRANCES SOLAIRES Or, l’année 1810 ne présente qu’ane seule aurore, en sorte qu’elle n'offre pas de réelle déviation à la loi des mi- anima. La comparaison générale des dates des deux séries amène à la conclusion, remarque M. Loomis, que les pé- riodes critiques de la courbe aurorale arrivent un peu plus tard que celles de la courbe des taches et que le maximum des aurores se prolonge souvent plus que celui des taches. Une comparaison avec la courbe magnétique offre un accord encore plus frappant, comme on pouvait le pré- voir. Mais là aussi la coïncidence est plus complète pour les minima. Quant à la connexion existante entre les trois classes de phénomènes, M. Loomis est d'avis que l’on ne peut attribuer aucune influence quelconque à une petite tache noire du disque solaire sur le magnétisme ou l'électricité terrestre ; mais on doit plutôt conclure que la tache est le résultat d’une perturbation dans la surface du soleil accompagnée d'une émanation dont l'influence est presque instantanément ressentie sur la terre el ma- nifestée par une variation exceptionnelle de son état ma- gnétique et par un flux d'électricité développant des au- rores boréales dans les régions supérieures de notre atmosphère. Cette opinion de M. Loomis s'accorde avec les idées que nous avons émises dès avril 1871, quoique aujourd'hui encore nous ne voulions pas être aussi rigou- reux que lui et écarter toute influence particulière inhé- rente à la substance des taches. Déjà alors, nous écri- vions (Voyez Bulletin, 1871, p. 41): « La seule obser- « vation des protubérances au spectroscope servira à « prédire les aurores, Si ces observations pouvaient être « pratiquées d’une manière continue, on pourrait mieux « se rendre compte de ces phénomènes attribués à une ET LES AURORES TERRESTRES. 274 « Cause qui n'était peut-être qu'apparente, ou n’en con- « Slituait que la plus petite part. On a, par exemple, « constaté parfois, qu’au moment de la disparition d’une « Seule tache des perturbations magnétiques se sont ma- « nifestées. Mais si le spectroscope avait révélé la pré- « sence de nombreuses protubérances, on aurait pu dou- «ter si la variation magnétique devait s’attribuer à la «tache seule. L'observation sans spectroscope n'avait « toutefois point tort en la rapprochant de la présence de « cette tache. » Les observations ultérieures nous ont toujours davan- tage confirmé dans cet ordre d'idées, que nous avons été heureux de voir adopter aussi par d’autres. Les taches solaires, considérées comme diagnostics d’un mouvement spécial à la surface du soleil, devront donc nécessairement, dans leurs grandes périodes, se trouver en relation avec les périodes des aurores polai- res. Mais on devra admettre que la cause déterminante de l'aurore terrestre est le développement des phénomè- nes électriques dans la chromosphère et l'atmosphère solaires, dérivant du mouvement particulier de la surface de lastre: phénomènes que nous pouvons étudier au moyen du spectroscope, au bord du soleil seulement, et auxquels nous avons donné le nom de phénomènes secon- daires. Je n'ai jamais entendu démontrer qu’un seul de ces phénomènes puisse produire une aurore sur la terre ; j'ai voulu dire que dans les cas d’aurores, ils ne doivent jamais ou presque jamais manquer d’être un indice cer- tain d’un état spécial ou d’un mouvement anormal s’éten- dant sur toute la surface du soleil, capable, par consé- quent, de produire beaucoup de ces phénomènes sans que nous puissions les voir, puisqu'ils se passent à l’inté- _ 272 RELATION ENTRE LES PROTUBÉRANCES SOLAIRES rieur du disque. Ce mouvement peut toutefois se révéler à nous par la présence d’un plus grand nombre de ta- ches ou de facules. Ainsi se trouverait expliqué d’une manière très-satis- faisante comment, même sans taches, nos aurores doivent être néanmoins envisagées comme le produit de mouve- ments solaires concomitants. Je n’entends point par là con- sidérer toutés les aurores, indistinctement, comme un ré- sultat de celles qui se manifestent sur le soleil. L’état élec- trique et magnétique de notre terre peut être troublé par d’autres causes tant internes qu’externes, en dehors de l’in- fluence solaire. Certaines aurores polaires pourront done être considérées comme indépendantes des phénomènes solaires, Ainsi par exemple il ne sera pas difficile de s’ex- pliquer comment un grand bouleversement ou une bour- rasque atmosphérique pourra produire une perturbation électrique, capable de se manifester en aurore et en va- riation magnétique correspondante. Îlen est de même lors des petits orages, qui occasionnent dans de certaines cir- constances de violentes décharges électriques, amenant des mouvements sensibles dans les aiguilles, même à grande distance. Le passage de la terre au travers d’un courant météorique semble également favoriser le déve- loppement de phénomènes auroraux. Et même chose peut se dire de l’état des composants internes de notre terre, sujet à des variations dont nous ne connaissons ni la forme ni les lois, mais qui se révèlent à nous de temps à autre sous forme de tremblements de terre et d’éruptions volcaniques. Nous ne pouvons donc pas ex- clure le cas où une aurore est l'effet, en tout ou en ma- jeure partie, des modifications ou des convulsions qui s’ac- complissent à notre insu dans l’intérieur de notre globe terrestre. + ET LES AURORES TERRESTRES. 13 Je crois néanmoins que ces aurores-là seront en petit nombre et que la grande majorité sera le produit de l’ac- tion directe du soleil, dont la relation entre les trois séries de phénomènes : taches solaires, aurores polaires et ma- snétisme terrestre, se manifeste si évidemment dans les grandes périodes, ainsi qu'entre les protubérances et les aurores dans les périodes partielles étudiées jusqu'ici. Quel est le mode d’action du soleil sur notre électricité atmosphérique ? telle est une nouvelle question à résou- dre. M. Becquerel assigne à l'électricité une origine so- laire; il a récemment exécuté un travail très-étendu et dé- taillé dans lequel il essaie de le prouver. M. Loomis à émis une opinion semblable à la fin de l’article déjà cité qui se termine ainsi : « Les apparences sont favorables à l’idée que cette « émanation (c'est-à-dire l'influence du soleil développant « les aurores) consiste en un flux direct d'électricité par- « tant du soleil. Si nous soutenons que la lumière et la « chaleur sont le résultat des vibrations d’un éther rem- « plissant tout l’espace, l’analogie entre ces agents et l’é- « lectricité nous amènera à conclure, que cet agent est « aussi le résultat des vibrations du même milieu ou au « moins qu'il est une force capable de se propager au « travers de l’éther avec une vitesse analogue à celle de « la lumière. Tant que cette influence voyage au travers « des espaces célestes vides, elle ne développe pas de lu- « mière; mais aussitôt qu’elle rencontre l'atmosphère « terrestre, qui paraît s'étendre à une hauteur de 500 « milles, elle développe de la lumière, et ses mouvements « sont modifiés par la force magnétique de la terre de «la même manière qu’un aimant artificiel agit sur un « courant électrique circulant autour de lui. » ARCHIVES, t. XLVIL — Août 1873. 20 274 RELATION ENTRE LES PROTUBÉRANCES SOLAIRES Ces émanations directes d'électricité du soleil jusqu’à nous s’adapteraient aux idées de nos illustres confrères, les professeurs Donati et Serpieri, émises à propos de leurs études sur la relation existant entre les phénomènes solaires et le magnétisme, et entre les panaches des éclipses totales et la position des planètes de notre sys- tème. Nous avons la preuve que le soleil avec sa pais- sante activité, entretient autour de lui une vaste atmos- phère dans le fait de la hauteur extraordinaire à laquelle parviennent certaines masses d'hydrogène, qui, s’élevant à plus de 6 minutes de la chromosphère, nous présen- tent l’apect de nuages brillants flottant dans l'atmosphère solaire. En outre, l'observation des éclipses totales nous permet de voir cette atmosphère dans toute sa plénitude, sa forme et sa structure toute spéciale. Elle s’allie avec l'hypothèse d’une émission générale, qui n’étant pas tou- jours de la même énergie à pour résultat que cette at- mosphère présente dans les différentes éclipses des hau- teurs et des particularités diverses. M. Janssen écrivait ce qui suit, après ses intéressantes observations de la der- nière éclipse totale de décembre 1871 sur l'aspect de la couronne solaire: « Il est incontestable qu'elle se présente avec des for- « mes singulières et qui rappellent peu les formes d’une « atmosphère en équilibre. Je suis maintenant porté à « croire que ces apparences sont produites par des trai- « nées de matière plus lumineuse et dense qui émane « des régions inférieures et va sillonner ce milieu « agité. » En outre la forme de cette couronne paraît, d’après les recherches du P. Secchi, être en rapport avec la dis- tribution des protubérances qui, s’élevant de préférence hi ET LES AURORES TERRESTRES. 275 dans des régions déterminées, y occasionnent des cou- rants ascendants et une circulation proportionnée à l’ac- tivité régnant sur le soleil. Tout cela ne démontre pas cependant que ces jets ou ces panaches solaires n'aient qu’à s'étendre jusqu’à nous pour produire à leur arrivée dans notre atmosphère des aurores, en sorte que celles-ci seraient un phénomène plutôt solaire que terrestre. Je ne puis admettre cette ex- plication ; mais le phénomène des aurores me paraît être un phénomène électrique dérivant d’un trouble dans l’é- tat électrique de la terre produit par l'influence des commotions de la masse solaire, qui se manifestent à nous tout spécialement par l'apparition des phénomènes secon- daires de l'atmosphère du soleil. Telle est l'opinion dans laquelle je persiste aujour- d'hui, car il me semble que si nos aurores étaient le produit de torrents d'électricité descendant presque ins- iantanément du soleil pour envahir notre atmosphère, la forme ou plutôt les apparences physiques des aurores devraient revêtir des caractères moins spéciaux que ceux que nous observons. Si ces caractères varient par- fois d'intensité et d’étendue, ils placent toujours les au- rores dans une catégorie de phénomènes intimement liés aux conditions physico-météoriques et à la forme de no- tre globe, de telle sorte que les aurores sont plus fréquen- tes dans certaines latitudes, presque permanentes dans d’autres, et presque entièrement absentes dans d’autres encore. On peut en dire autant des autres lois connues de ces phénomènes et affirmer que les aurores polaires sont un phénomène constant à la surface de la terre, dû à l’état électro-magnétique de sa masse. Cet état peut dériver de l'influence des mouvements de la masse so- à | - ‘ | L'abé 276 RELATION ENTRE LES PROTUBÉRANCES SOLAIRES laire, le soleil étant arrivé à un degré d’activité assez in- tense pour donner lieu aux plus magnifiques aurores, visibles dans de certains cas jusqu'aux latitudes les plus basses, de manière à embrasser le globe quasi dans son entier, comme cela est arrivé en février 1872, Le plus souvent cependant l’aurore demeure limitée comme phé- nomèêne lumineux aux régions polaires, les autres pays ne s’en ressentant que par les perturbations magnétiques signalées par les appareils ad hoc, même à distance du siége du phénomène. Exeluant l’idée d’une émission d’é- lectricité par le soleil à des distances énormes, qui attein- drait la terre et les autres planètes, on peut supposer la transmission d’un mouvement ou de vibrations spéciales dans l’éther, produites en correspondance avec l'émission coronale limitée. Elle se propagerait jusqu'à nous, con- formément aux hypothèses de M. Loomis, ou au travers de la grande nébulosité constituant la lumière zodiacale, dont nous voyons l'éclat se raviver sous l'influence des aurores boréales, comme l’a constaté si souvent l’an der- nier M. le professeur Garibaldi à Gênes. Je ne crois pas devoir insister sur la relation entre la lumière zodiacale et les aurores déduites d’analogies spectrales, parce que les expériences sont encore trop peu nombreuses et trop discordantes. La saison et d’autres circonstances ont été cette année obstinément contraires à toute recherche de ce genre, tant pour moi que pour mes collègues. Mais indépendamment de cette considération, il serait ainsi plus aisé de concilier les diverses opinions et de réunir ces diverses catégories de faits, arrivant à la conclusion finale que ces aurores polaires ne sont ni des phénomè- nes purement terrestres, ni purement solaires, mais bien le résultat de l’action réciproque qui s'exerce entre ET LES AURORES TERRESTRES. 217 deux corps célestes, et dans notre cas entre la terre et le soleil, action qui se révèle si évidemment par les chiffres exprimant les périodes des taches solaires, du magné- tisme terrestre et des aurores polaires. Dans peu d’an- nées on pourra ajouter à ces séries celle des périodes des ‘phénomènes protubérantiels, qui devront présenter un accord plus grand avec les aurores ainsi que nous l'avons indiqué. Le fait ne peut encore être démontré dé- finitivement aujourd'hui, vu la brièveté du temps d'où datent les observations spectrales du bord du soleil et de son atmosphère. Malgré son peu de durée, nous avons eu cependant l’occasion de voir de Palerme diverses au- rores boréales attendues par nous en suite de l'examen préalable de la chromosphère et de l'atmosphère solaires. Dans d’autres cas, si nous n’avons pas pu voir l’aurore, notre prévision n’en à pas moins été vérifiée parce que le phénomène a eu lieu et a été constaté dans des latitudes moins méridionales que la nôtre. Les premières observa- tions de ce genre furent celles d’avril 1871. Dans la ma- tinée du », je pus observer le soleil pendant une couple d'heures et je vis qu'il existait beaucoup de taches et beaucoup de facules. Avec le spectroscope je constatai des protubérances hydrogénées très-rapprochées et je notai aussi d’autres phénomènes bizarres, déjà décrits, qui at- testaient une activité solaire insolite. Après le 5 avril il y eut une phase de mauvais temps, mais pendant la nuit lorsque l'atmosphère s’éclaircissait, nous ne manquämes pas d'observer le ciel du côté du nord, dans la persua- sion que quelque aurore boréale devait se manifester en correspondance avec cette activité solaire. En effet, dans la soirée du 9 nous vimes la première aurore. Les phé- 278 RELATION ENTRE LES PROTUBÉRANCES SOLAIRES nomènes solaires continuaient toujours ; la quantité des taches était augmentée et, dans la soirée du 13, nous constatèmes la deuxième aurore. Le 15, nouvelle aug- mentation dans le nombre des taches et le soir apparut la troisième aurore. Les taches parvinrent au nombre de 153, équivalant en superficie à 323 fois celle de la terre. En outre, dans les soirées intermédiaires des 9, 13 et 45 avril et jusqu’au 20, si l’on ne voyait pas du côté du nord la lumière rougeàtre des aurores boréales, cette partie de l'horizon était toujours munie d’une lueur spé- ciale, très-marquée, qui parfois, comme le 17 et le 19, s’étendait tellement que l'atmosphère en paraissait comme phosphorescente. Ces observations insolites m’amenèrent à admettre que du 9 au 20 avril 1871 avait lui une aurore boréale continue, en coïncidence avec un maximum des phéno- mènes solaires. Ce fait fut complétement confirmé par les nouvelles reçues ensuite, qui démontrèrent même que cette période s’était étendue du 8 au 24 avril. De même, dans le mois de mars précédent à l’occasion du maximum de taches survenu le 17 du dit mois, on vit le soir dans la Haute-ltalie une aurore boréale. Dans ces occasions les taches nous servirent d'indice plus que les protubérances à cause de l’absence d'observations spectrales. À partir de la fin d'avril 4871, le nombre des taches est allé toujours diminuant, en sorte que le 24 juin il n’y avait que à taches avec 23 pores. La diminu- tion ne se produisait point dans l'étendue des facules et dès lors dans le nombre des protubérances. Le 13 juin les facules parurent même augmentées sensiblement et les protubérances subirent un accroissement analogue. ET LES AURORES TERRESTRES. 279 Dans la matinée du 16, elles se montrèrent plus vives et le 17 leurs proportions étaient encore plus grandes, en même temps qu’on observait de très-beaux phénomènes secondaires. La nuit nous ne manquämes pas de sur- veiller la partie nord du ciel: les 14, 15 et 16 nous aper- cûmes une lueur spéciale, qui s'élevait de l'horizon sous forme de triangle ; dans la nuit du 16 cette lueur se ren- força visiblement vers une heure et demie après minuit. Dans la soirée du 17, l'observation fut incertaine à cause des nuages; mais l’aurore boréale fut constatée assez belle par les astronomes de l'observatoire de Turin. Le 27 juin, on vit à Moncalieri une autre aurore, que nous trouvàmes concorder avec les apparitions des protu- bérances et il en fut de même de celles des 143, 15, 18 et 24 juillet. Je continuai le même système de vérification, cherchant le soir si quelque aurore visible correspondait aux phénomènes solaires observés le matin. Notre posi- tion géographique est peu favorable à ce genre d'enquête directe. Les aurores répondent souvent aux prévisions ; mais elles ne se montrent pas à notre latitude. Je fus donc obligé lors de ma conférence du 25 février 1872 de ras- sembler les observations d'Italie et celles d'Upsal, faites par M. le professeur Ruberson, pour les comparer aux observations spectrales et de taches solaires faites par moi à Palerme du 20 février 1871 au 20 février 1872. J'ai recueilli dans cet intervalle 178 jours d’observa- tions, avec des lacunes produites surtout par le mauvais temps. Le nombre des aurores observées a été de 75 dont 43 ont été vues en Italie et 10 à Palerme. Ce nombre de 10, enregistrées en 12 mois à notre observatoire, est con- sidérable comparé à ceux qui résultent d'anciennes séries 280 RELATION ENTRE LES PROTUBÉRANCES SOLAIRES d'observations météorologiques où les aurores constatées sont très-rares, parce qu’on n’y accusait alors que les aurores remarquables, vues par tout le monde, ou celles que l'observateur apercevait par hasard. Aujourd’hui la marche suivie a été toute différente : les 10 aurores ont toujours été attendues sur l'avis transmis par les phéno- mènes observés de jour sur le soleil. Toutes les aurores boréales susdites cheminent d’ac- cord avec les mouvements de la surface solaire ; et quant aux phénomènes secondaires qui auraient exigé des ob- servations spectrales continues, la série la plus homogène comprenait 42 aurores, dont 7 seulement n'ont pas paru accompagnées de phénomènes secondaires ou d’aurores solaires visibles au bord du disque. Ces phénomènes peuvent avoir existé dans l'intérieur du disque; mais le fait ne pourra se vérifier que lorsqu'on aura trouvé le moyen d'étudier les protubérances dans ces régions in- ternes, où nos moyens actuels ne nous permettent pas de les suivre, mais où l'observation des taches et des fa- cules nous fournit des documents supplémentaires. Mal- gré cette lacune, il me semble que ce premier recueil de faits favorables permet de conclure à l'évidence de la re- lation entre les aurores boréales et les phénomènes so- laires, démontrant par quel moyen on peut prédire l’ap- parition des aurores polaires, sinon dans tous les cas, au moins dans un grand nombre. J'ai pu, dès cette époque, en- voyer souvent à mes collègues du nord des télégrammes, destinés à les aviser de l'apparition probable d’une au- rore. Je me borne à rappeler le magnifique cas de juillet 1872, qui fut caractéristique parce qu'il tombait sur une phase de l’année où les aurores étaient très-rares. ET LES AURORES TERRESTRES. 281 Au commencement de ce mois le nombre des taches solaires s'était maintenu assez restreint, et on en peut dire autant des protubérances qui n'avaient rien présenté de remarquable dans leur forme, lorsque tout à coup nous nous trouvàames le 8 juillet en présence de phénomènes secondaires splendides, décrits et dessinés par nous dans le huitième cahier des « Mémoires des Spectroscopistes italiens » de 1872. Surpris d'un réveil aussi intense après une période de calme relatif, j'envoyai immédiate- ment un télégramme à Gênes au professeur Garibaldi, pour le prier d'examiner la partie septentrionale du ciel pendant la nuit, l’avisant de lapparition probable d’une aurore boréale, Le mauvais temps empêcha l'observation à Gênes et nous obligea à attendre les nouvelles d’autres localités, persuadés comme nous l’étions que l'aurore de- vait avoir eu lieu. Pendant que je faisais ces observations et ces conjectures à Palerme, le P. Secchi à Rome ob- servait l'après-midi du 7 de magnifiques phénomènes solaires avec une éruption très-vive, dans les mêmes ré- gions où le lendemain matin j'observais des phénomènes qui en étaient la continuation. En même temps on con- statait à Rome le soir du 7 une forte perturbation magné- tique. La nouvelle nous en étant parvenue, nous atten- dions des renseignements de l'étranger sur les aurores boréales observées le 7 et le 8 juillet, qui ne tardèrent pas à nous parvenir et à confirmer pleinement nos pré- visions. Deux belles aurores avaient été observées et la corrélation immédiate entre les deux classes de phéno- mènes ne pouvait en ressortir plus manifeste. Les taches allèrent alors en augmentant jusqu'à un maximum se manifestant le 40 juillet sans toutefois pro- ar Le Ce 282 RELATION ENTRE LES PROTUBÉRANCES SOLAIRES duire d’aurores, ce qui s'explique en remarquant que la présence des taches résultait de la rotation du soleil après le retour du calme à sa surface, c’est-à-dire après les per- turbations de la chromosphère et de l’atmosphère solaires du genre de celles qui avaient été observées sur le bord du disque dans la journée du 19. Un autre exemple récent de prédiction d’aurore a été celui de novembre dernier. Dans la matinée du 26 com- mencérent à se montrer de singuliers phénomènes dans la chromosphère et l'atmosphère solaires, consistant en belles protubérances et en nuées lumineuses, qui avaient pris le lendemain des proportions plus considérables et des formes analogues à «elles des phénomènes secon- daires. Dans cette occurrence, j’envoyai encore un télé- gramme à Gênes, pour attirer l'attention du professeur Garibaldi sur les régions septentrionales du ciel pendant la nuit suivante. À Gênes, le ciel étant resté couvert, on n’aperçut rien, mais l’aurore fut vue distinctement à Mon- calieri et à Perugia et la même nuit la lueur aurorale se montra aussi légèrement à Palerme. Je la constatai à une beure après minuit en compagnie de M. Delisa, notre as- sistant, qui en remarqua l’intermittence. On sait que la même nuit eut lieu la mémorable averse d'étoiles filantes, qui pourraient être regardées par quelques-uns comme cause de la lueur aurorale vue d’autres fois dans des eirconstances analogues. Mais nous observerons que dans la soirée du 25 on vit aussi une aurore à Volpeglino, ce qui semble démontrer la correspondance plus marquée de cette période aurorale avec celle des perturbations obser- vées sur le soleil. L’année dernière on a souvent remarqué outre les aurores polaires proprement dites des lumières _ Je ET LES AURORES TERRESTRES. 283 blanches dites aurorales. Le professeur Garibaldi a con- staté à Gênes dans de certaines périodes la présence presque continuelle de ce phénomène, qui pourrait peut-être résulter des conditions spéciales dans les- quelles à cette époque se trouvait le soleil, augmentant et étendant les régions du magnésium à sa surface, de telle sorte qu’en juillet 1872 nous avons pu observer sur le pourtour entier du disque la raie 1474 de Kirchhoff. Le 23 et le 24 décembre 1872, on observait des érup- tions solaires à Rome et à Palerme, et M. Bellucci con- statait à Perugia des phénomènes auroraux correspon- dants. Lors de l’éruption solaire du 7 février 1873 que le P. Secchi m'annonça par le télégraphe, nous vimes aussi une aurore boréale, et je pourrais encore citer d’autres cas de perturbations magnétiques concordantes avec les phénomènes solaires. De tout ce qui précède il me semble qu’on peut in- duire avec une suffisante certitude la concordance exis- tant entre les aurores terrestres et les protubérances s0- laires, pour que de l'observation des dernières on puisse prédire les premières. S'il existe un lien aussi intime entre les deux séries de phénomènes, on pourrait trou- ver bien peu nombreuses les coïncidences constatées jns- qu'ici. On pourrait aussi prétendre que toutes les aurores devraient être annoncées d'avance. Nous répondrons : 1° Qu'il y a de nombreux observateurs des aurores po- laires, tandis qu'il y en a fort peu des protubérances,. 2° Que l'observation d’une aurore est aisée et à la por- tée de tous, tandis que celle des protubérances ne peut point toujours réussir. 3° Que les phénomènes secondaires ont souvent une 3 : 2e EE dCi sh PETOPR "MU TRR LS res ENT Gr CR di dr à 5, ce 284 RELATION ENTRE LES PROTUBÉR. SOLAIRES, ETC. durée très-brève et que dès lors pour une comparaison complète, il faudrait faire les observations du soleil sans interruption, ce qui est loin d’être le cas à l’époque actuelle. 4° Que l'examen du bord du disque solaire nous étant seul possible, l'aurore peut être produite par des phéno- mènes intérieurs, c’est-à-dire se projetant sur le disque et impossibles jusqu'ici à discerner avec le spectroscope. Ayant donc plusieurs exemples évidemment favorables à nos conclusions, nous pouvons à bon droit interpréter le reste en notre faveur, espérant que de prochains pro- grès dans les procédés d'investigation permettront de tenir compte de tous les faits en rapport avec ces in- fluences réciproques. Palerme, 24 mai 1873. PA” à ARE OBSERVATIONS SUR LA LETTRE DE M. TACCHINI Le travail de M. Tacchini commence par une étude détaillée des protubérances solaires faite au spectros- cope ; l’auteur est amené à en distinguer trois caté- sories dont il admet que l'électricité est la cause pre- mière, et dont la présence doit être considérée comme l'indice d’un état électrique ou auroral particulier du s0- leil. Aussi apelle-t-il ces phénomènes aurores solaires et les regarde-t-il comme étant de même nature que les aurores polaires. Quant aux facules qu'on voit sur la surface du soleil, elles sont des protubérances de l'espèce la plus brillante, et il a constaté qu’un plus grand nombre de facules sur le disque solaire correspond toujours à une activité plus grande se manifestant sur le bord par de plus belles protubérances. Il n’existe pas de tache solaire sans facules concomitantes, et plus il y a de taches, plus est grand le nombre des facules et par conséquent des protubérances. On peut en conclure, comme conséquence, qu'il y aura également un plus grand développement d'électricité ou d’aurores solaires. Ainsi le nombre des taches plus ou moins considérable serait l’indice de l’état électrique plus ou moins intense du soleil. Ces principes admis, M. Tacchini se demande si, une fois qu'il se produit sur la surface du soleil des phéno- mènes électriques dans de telles proportions, l’état élec- trique de notre globe ne doit pas s’en ressentir et donner lieu à l’apparition sur la surface de la terre de phéno- mènes électriques extraordinaires comme des aurores polaires. 286 OBSERVATIONS SUR LA LETTRE DE M. TACCHINI. M. Tacchini explique donc la concomitance des taches solaires et des aurores polaires en ce que les taches sont concomitantes des facules et des protubérances, et, par conséquent, d’un état électrique particulier du soleil, et il montre par plusieurs exemples l'existence de cette con- comitance. [l montre également que ce n’est pas avec les taches qu'elle à toujours lieu, mais bien avec les protu- bérances lorsque les deux phénomènes, ce qui arrive quelquefois, ne sont pas simultanés. Au fond les taches solaires doivent être considérées simplement comme dia- gnostics de mouvements à la surface solaire. Ajoutons que, tout en établissant la coïncidence entre l'apparition des aurores polaires et celles des taches et des phénomènes qui les accompagnent sur la surface so- laire, M. Tacchini ne croit pas, comme d’autres astro- nomes l'ont supposé, à une émission directe d'électricité du soleil à la terre, et admet qu'indépendamment de lin- fluence causée par la surface solaire quand les protubé- rances s’y montrent, il peut y avoir d’autres causes qui déterminent l'apparition des aurores polaires. Je suis disposé à reconnaître avec M. Tacchini qu'il est très-probable que les protubérances solaires sont un phé- nomène électrique, qu'elles sont dues à des décharges électriques analogues à celles qui produisent dans notre athmosphère les aurores polaires, et qu’il y a probable- ment des aurores solaires analogues aux aurores polaires. De plus la concomitance entre les aurores polaires et les aurores solaires parait bien établie et est confirmée en- core par les nouvelles observations du savant astronome italien. Toutefois il reconnaît que les aurores polaires ne sont pas dues uniquement à l'influence des aurores so- laires, et qu'il peut y avoir d’autres causes qui les déter- minent. Le fait que la concomitance n'existe pas dans les OBSERVATIONS SUR LA LETTRE DE M. TACCHINL. 287 hautes latitudes semblerait indiquer, comme je l'ai déjà fait remarquer plusieurs fois, que l'influence de l’état de la surface solaire consisterait à augmenter l'intensité des aurores terrestres, ce qui les rendrait visibles aux lati- tudes inférieures, plutôt qu'à en déterminer complétement la production. On ne comprend pas comment on pourrait s'arrêter à l’idée d’une transmission d'électricité statique du soleil à la terre par influence ou autrement. Outre l’impossibilité d’admetire la transmission d’une seule électricité, les phé- nomèênes solaires indiquent tous la présence sur le soleil de décharges électriques et non d'électricité à l’état de tension. L'influence solaire ne pourrait donc s'exercer que sous forme d’induction. Il est très-possible qu’une sem- blable induction existe et elle pourrait peut-être expliquer la production du magnétisme terrestre au moyen des courants électriques qu’elle déterminerait dans la croute solhde de notre globe; mais il est difficile de concevoir qu’elle pût provoquer des décharges dans les régions su- périeures et très-raréfiées de notre atmosphère. Puis comment expliquer la direction et l'orientation si cons- tantes des décharges lumineuses qui constituent l’aurore polaire, d'autant plus que les décharges qui forment les protubérances ont lieu dans tous les sens et n’affectent point une position déterminée. La théorie que j'ai exposée depuis plusieurs années et dans maintes occasions, notamment encore dans une note adressée à l’Académie des Sciences en avril 1872 (Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, tome LXXIV, p. 893) rend très-bien compte de tous les détails du phé- nomèêne des aurores polaires et en particulier de leur orientation. Îl est vrai qu’elle ne tient nullement compte de l'intervention du soleil et, par conséquent de l'influence, UE 288 OBSERVATIONS SUR LA LETTRE DE M. TACCHINI. de l’état de sa surface, et cependant cette influence est hors de doute. En quoi consiste-t-elle ? Voilà la question et la difficulté à résoudre. Je serais disposé à admettre que l'influence dont il s’a- oit est plutôt indirecte que directe. Le rayonnement du soleil, soit calorifique, soit chimique, doit évidemment va- rier avec l’état de sa surface. Or, d’après les observations de M. Tacchini, cette variation doit être très-sensible quand le soleil présente de nombreuses et grandes protubérances qui doivent en particulier augmenter notablement la somme totale de chaleur qu’il émet. Cette augmentation dans la quantité de chaleur émise doit nécessairement activer l’éva- poration des eaux des mers équatoriales et, par conséquent, accroître la quantité des vapeurs électrisées positivement qui s'élèvent des régions équatoriales et se déversent par l’action des vents alisés vers les poles nord et sud. Il en résulterait, par conséquent, une augmentation d'intensité dans les décharges polaires, ce qui est précisément le ca- ractère de l'influence exercée par les protubérances. Peut- être aussi se pourrait-il que le rayonnement solaire qui se compose de plusieurs radiations, en contint une d’un genre un peu chimique qui augmenterait directement la quantité d'électricité positive que renferment les vapeurs d’eau qui s'élèvent des mers et la négative qui reste dans l’eau elle-même, électricités dont la neutralisation dans les régions polaires produit les aurores. Ce qu'il importerait maintenant pour résoudre la ques- tion, ce serait qu’on parvint à déterminer l'influence qu’exerce sur l'intensité et la nature des radiations du soleil l’état de sa surface, et en particulier l'apparition, en plus ou moins grand nombre, des protubérances. À, DE LA RIVE. NOTICE SUR DEUX NOUVEAUX MÉMOIRES RELATIFS AUX OPÉRATIONS DE GÉODÉSIE ET DE NIVELLEMENT DE LA SUISSE PUBLIÉS EN 1873 PAR MM. PLANTAMOUR & HIRSCH. Il a déjà paru, dans ce Recueil, quelques analyses sommaires des travaux divers de la Commission géodé- sique suisse, soit pour la détermination des longitudes de quelques stations, et la mesure de la pesanteur à leur surface, soit pour des opérations de nivellement ‘. Je viens annoncer aujourd'hui deux nouveaux mémoires, faisant suite aux précédents, et qui ont tout récemment paru à Genève dans le format in-4°, dont l’un de 140 pages, pu- blié par M. le professeur Plantamour, est relatif aux dé- terminations de latitudes, d’azimuts et de pesanteur qu’il a obtenues au Righi-Kulm, au Weissenstein et à l’obser- vatoire de Berne; et dont l’autre, de 55 pages, est la 4e livraison du nivellement de précision de la Suisse, effec- tué sous la direction de MM. Hirsch et Plantamour. Je vais passer successivement en revue ces deux publica- tions, en me référant, pour divers détails, aux analyses précédentes. ! Voyez Archives, numéros de janvier 1865, novembre 1866, août 1870, janvier et juillet 4872 et janvier 1873. ARCHIVES, t. XLVIL — Août 187. 21 290 MESURES GÉODÉSIQUES SUISSES. PREMIER MÉMOIRE publié par M. PLANTAMOUR. Le premier mémoire se compose de dix chapitres, dont trois sont relatifs à la station du Righi, quatre à celle du Weissenstein et trois à celle de l'observatoire de Berne. Righi-Kulm. La latitude de l'observatoire temporaire établi sur la cime du Righi a été obtenue, en juillet et août 1867, à l'aide d’un instrument universel, soit théodolite d’Ertel, muni d’une lunette brisée, de 40 millimètres, soit 1 ‘/, pouce d'ouverture, grossissant 47 fois, d’un cercle hori- zontal et azimutal de 14 pouces de diamètre, et d’un cercle vertical de 9 pouces, divisé de cinq en cinq minutes de degré, et où la lecture s'opère au moyen de deux mi- croscopes. M. Plantamour a employé deux procédés différents pour ses déterminations de latitude, savoir : 4° les dis- tances zénithales d'étoiles observées dans le voismage du méridien, et 2° les passages d'étoiles dans le premier vertical. Les observations de distances zénithales circumméri- diennes devaient se faire de jour, soit pour que les soirées fussent réservées aux observations méridiennes destinées à la détermination de la longitude, soit pour obtenir un éclairage convenable des divisions du cercle et des mi- croscopes. Elles ont été effectuées sur six étoiles, æ et B d'Orion, Régulus, Aldébaran, + de la grande et de la pe- tite Ourse. L’instant auquel l'étoile était amenée entre les deux fils horizontaux du réticule de la lunette était.déter- PER Me MESURES GÉODÉSIQUES SUISSES. 291 miné par un chronomètre de poche, réglé sur le temps sidéral, et qui était comparé, au commencement et à la fin de chaque série, avec le chronomètre à enregistre- ment électrique. On obtenait ainsi l'angle horaire corres- pondant à chaque observation et nécessaire pour la ré- duction au méridien. De la moyenne des lectures, faites dans les deux positions de l'instrument (cercle à l’est ou à l’ouest), on déduisait le lieu du zénith sur le cerele, et, par suite, la distance zénithale correspondant à chaque observation. La correction du niveau a été effectuée en admettant que chacune de ses parties correspondait à un arc de 3”,427. La réfraction a été calculée à l’aide des tables de Bessel, et de l'observation du baromètre et du thermomètre. Enfin, les déclinaisons apparentes des étoiles ont été calculées d'après le catalogue présenté par M. le professeur Bruhns, astronome à Leipzig, à la conférence géodésique internationale tenue à Vienne en septembre 1871. Les valeurs des distances zénithales de chaque étoile s'accordent entre elles, à un petit nombre de secondes près, autant que le permettait la dimension du cercle vertical. Mais les valeurs de la latitude, données par les différentes étoiles, sont systématiquement un peu plus grandes par celles dont la culmination avait lieu au nord du zénith que par celles culminant au sud, ce, qui indi- quait un effet de flexion de la lunette. En admettant que cet effet est proportionnel au sinus de la distance zéni- thale, et en en tenant compte par la méthode des moindres carrés, M. Plantamour a trouvé 1/’,97 pour le coefficient de cette flexion. Introduisant la correction qui en provient dans le résultat des observations de chaque étoile, il a obtenu des valeurs de la latitude du Righi qui s’accordent 292 MESURES GÉODÉSIQUES SUISSES. mieux entre elles. La moyenne arithmétique résultant de l’observation des six étoiles est de 47°3’ 41”,03 avec une erreur moyenne de +0” ,445. M. Plantamour n’a pu, par l'effet de diverses circons- tances, appliquer qu’à une seule étoile, Arcturus où & du Bouvier, la détermination de la latitude par l'observation de l'instant des passages dans le premier vertical, [l à eu sept observations complètes de ce genre, effectuées du 3 au 21 juillet, à l’aide de l'enregistrement chronogra- phique, et dans chacune desquelles la lunette était re- tournée entre le passage oriental et le passage occidental, de manière à éliminer la collimation dans la différence entre les deux passages. Il faut seulement que l’azimut n'ait pas été changé dans le retournement, ce qui ne se réalise pas toujours dans les instruments portatifs. C’est à cette cause qu'on peut attribuer une partie des écarts entre les valeurs obtenues d’un jour à l’autre, mais l’in- fluence de ces légers déplacements est très-réduite dans une observation faite à peu de degrés du zénith. La moyenne probable des sept jours d'observation à donné pour résultat 47°3"41",67 avec une erreur moyenne de +0,59. En attribuant au chiffre obtenu par chacun des deux modes d'observation un poids calculé d’après l'erreur moyenne, M. Plantamour obtient pour chiffre définitif de la latitude de la station du Righi-Kulm : 4703" 41",26, avec erreur moyenne de +0”,31. Il avait trouvé, dans un mémoire publié en 1871, que cette station était située en longitude à 15,839 de temps à l’ouest de l'observatoire de Zurich, et à 66,528 à l’est de celui de Neuchâtel. Il y a mesuré aussi les azimuts MESURES GÉODÉSIQUES SUISSES. 293 des signaux du Titlis, du Napf et du portail de l’obser- vatoire de Zurich. [l y a trouvé, enfin, par des expériences faites avec le pendule à réversion, et publiées en 1872, 9%,801565 pour la mesure de la pesanteur. Weissenstein. La latitude du Weissenstein a été déterminée par M. Plantamour, en juillet et août 1868, avec le même ins- trument, par les mêmes méthodes et les mêmes étoiles qu'au Rigln (sauf la substitution d’Arcturus à Régulus) : mais le nombre des observations y a été plus que double, ce qui à permis d'obtenir une plus grande exactitude dans la détermination des petites erreurs accidentelles de division du ceréle, et il a trouvé ainsi 40”,41 pour l'er- reur moyenne d’une lecture faite aux deux microscopes. Pour vingt-huit séries, comprenant 160 observations, l’erreur moyenne d’une distance zénithale a été trouvée de +1,76 ; celle d’une série de six observations de +0,72, et le coefficient de la flexion le plus probable de 1”,55. Les valeurs corrigées de la latitude donnent alors pour moyenne probable 47°15'2",83 avec erreur moyenne de +0,32. Six observations complètes des passages d'Arcturus dans le premier vertical ont donné en moyenne 47°15/2",35 avec erreur moyenne de +0”,85. M. Plantamour a adopté, en ayant égard à ces erreurs moyennes, pour valeur dé- finitive de la latitude de la station du Weissenstein : 47%45'2",82, avec erreur moyenne de +0”,30. Il avait déjà trouvé, pour sa longitude en temps : 2m1 35,088 à l’est de l'observatoire de Neuchâtel, d’après un mémoire publié en 4872. Il y a mesuré aussi l’azi- 294 MESURES GÉODÉSIQUES SUISSES. mut des signaux du Chasseral, du Feldberg et de la Rœthifluh, et les détails de ces mesures se trouvent con- signés dans le mémoire actuel. Enfin, le chapitre VI du dit mémoire comprend ceux relatifs aux observations du pendule et à la détermination de la pesanteur au Weïssenstein. Ces observations ont été faites avec le pendule à réversion, et réduites suivant le même système que celles du Righi-Kulm. Je ne pourrais entrer ici dans les nombreux et minutieux détails de ces opérations, et des calculs et corrections auxquelles elles donnent lieu. Je me bornerai à dire qu'il y a eu, du 30 juillet au 20 août, neuf séries journalières d'observations de la durée en temps sidéral de 3000 oscillations du pen- dule, dans l’une et l’autre de ses suspensions, le centre de figure du pendule étant à la cote de hauteur 914,58 rapportée au repère de la pierre du Niton, près de Ge- nève, [len résulte pour la longueur du pendule simple au Weissenstein en mesure métrique : 0",9933340, et pour l'expression de la pesanteur sur cette montagne, sa- voir, le double de l’espace parcouru, dans le vide, par un corps pesant, pendant la première seconde de sa chute : g—=9,803837, avec erreur moyenne de --0",0000035. Berne. La détermination de la latitude de l'observatoire de Berne a été effectuée par M. Plantamour en juillet et août 1869, avec le cercle-méridien d'Ertel, de dix-huit pouces de diamètre, muni d’une lunette de trente-quatre lignes d'ouverture, que possède cet observatoire depuis 1854. IL a choisi, pour ses observations de distances zénithales de moins de 50 degrés, quinze étoiles, dont huit ont leur MESURES GÉODÉSIQUES SUISSES. 295 culmination méridienne au sud du zénith et sept au nord, ef adoptant les déclinaisons du catalogue de M. Brubns, déjà cité, pour quatorze d’entre elles, et pour la 51% de Céphée qui ne s’y trouve pas, celle déterminée par M. le professeur Auwers. Le cercle est divisé de deux en deux minutes de degré, intervalle correspondant à environ deux tours des vis des deux microscopes à l’aide desquels se font les lectures. Un niveau, dont les divisions correspondent à des inter- valles de 0” ,8592, sert à faire connaître les petits change- ments du cercle, servant d’alidade, auquel les micros- copes sont fixés. La détermination du Nadir se fait par la réflexion des fils horizontaux du réticule de la lunette dans un horizon de mercure. Mais la position de l’obser- vatoire, sur un monticule dominant immédiatement la gare de Berne, rendait l'observation dans l'horizon de mercure impossible pendant la journée et avant 11 heures du soir. C’est aussi cette position qui n’a pas permis de faire usage du théodolite astronomique d’Ertel, le pilier central de la petite coupole de l’observatoire étant exposé à trop d’instabilité. Il y a eu, du 26 juillet au 13 août, treize jours d’ob- servations et 135 distances zénithales observées. La com- paraison des valeurs de la latitude trouvées par les diffé- rentes étoiles a manifesté des différences tenant à un effet de flexion de la lunette, dont le coefficient a été trouvé de 1,567. La valeur moyenne corrigée, résultant de lobserva- tion des quinze étoiles, donne pour la latitude de l'obser- toire de Berne : | 46°57'8",66, avec une erreur moyenne de +0”,43. 296 MESURES GÉODÉSIQUES SUISSES. L'erreur moyenne d’un jour isolé, réduite à l’unité de poids, est de +0”,47. L'erreur probable de l’ensemble des observations n’est que de +0"”,09, et M. Plantamour en conclut qu'on peut regarder la détermination comme exacte à un dixième de seconde près. Il a trouvé, dans un mémoire précédent, que cet ob- servatoire était distant en longitude, à l’est de celui de Neuchâtel, de 155$,806 en temps. Le dernier chapitre du mémoire actuel est relatif aux observations du pendule à réversion faites à Berne, en huit séries comprises du 26 juillet au 7 août. L'appareil était établi au rez-de-chaussée de l'observatoire, sur un pilier fondé sur macçornerie, reposant sur une voûte et isolée du plancher. Ce pilier était situé à 7,7 mètres au nord et 6,3 mètres à l’est du centre de l'instrument mé- ridien; la cote de hauteur du centre de figure du pen- dule, rapportée au repère de la pierre du Niton, est de 198,44. Les observations ayant été faites et réduites suivant le même système que dans les autres stations, je me bor- nerai à en rapporter ici les résultats. Elle donnent pour la mesure de la pesanteur à Berne : 9» 8046675, avec une erreur moyenne de +0,0000289. Les opérations astronomico-géodésiques effectuées par M. Plantamour dans les stations du Simplon et du Gae- bris, feront l’objet de publications ultérieures. NIVELLEMENT DE LA SUISSE. 297 SECOND MÉMOIRE publié par MM. HIRSCH & PLANTAMOUR. IL a déjà paru, dans le numéro d'août 1870 des Ar- chives, une notice assez détaillée sur les trois premières livraisons du Mivellement de précision de la Suisse, pu- bliées, de 1867 à 1870, par les deux directeurs de ces travaux. Dès lors, les opérations ont été continuées sans inter- ruption pendant les saisons favorables. Elles ont été con- duites : d’un côté jusqu’à la frontière nord-est de ia Suisse, où le réseau fédéral a été rattaché à celui de l’Allemagne ; de l’autre, jusqu'à la frontière sud, où l’on a emprunté une partie du territoire italien pour former un grand po- lygone alpestre, passant par le Saint-Gotbard et le Sim- plon. Les travaux de la campagne de 1870 ont été effectués par MM. les ingénieurs Benz et Schônholzer, opérant chacun de leur côté. M. Benz, après avoir soigneusement comparé les mires et déterminé les constantes des instruments à l’observa- toire de Neuchâtel, a nivelé d’abord, à partir de Lausanne, en remontant la vallée du Rhône jusqu’à Brigue. Il s’est transporté de là à Fluelen, et a opéré le long du lac de Lucerne, puis de Schwytz par Pfäffikon, à Zurich et à Brugg. Le polygone central du nord, de 96,5 kilomètres, comprenant, à partir de Brugg, Aarau, Olten, Sursée, Lucerne, Schw ytz et Zurich, se trouvait ainsi terminé. M. Schônholzer a traversé d’abord le Simplon, à partir de Brigue, jusqu’à la frontière suisse à Gondo. Delà il s'agissait de gagner le Tessin, en opérant sur le territoire 298 NIVELLEMENT DE LA SUISSE. italien avec la permission des autorités. M. Schônholzer est arrivé, par Domo d’'Ossola et Brissago, à Locarno, et delà, par Bellinzone et Biasca, jusqu’à Giornico, où M. Benz avait arrêté, en 1869, le nivellement du Saint- Gothard. On avait ainsi formé, par un double passage des Alpes, le grand polygone comprenant toute la moitié occidentale de la Suisse, savoir, à partir de Lausanne : Fribourg, Berne, Lucerne, Altorf, Saint-Gothard, Bellinzone, Domo d’Ossola, Simplon, Brigue, Martigny, Villeneuve et Lau- sanne. En 1871, M. Schünholzer ayant accepté une nouvelle position, après cinq ans de bons services, M. Benz a été le seul ingénieur en activité. [l a exécuté le nivellement du polygone partant de Zurich, et y revenant, en passant par Winterthur, Frauenfeld, Constance, Rorschach, Sargans et Wallenstadt. Il a placé, avec l'autorisation du gouver- nement badois, un des repères suisses devant la cathé- drale de Constance, et a relié à Bâle l’ancien repère suisse, à la gare badoise, avec celui que M. le D' Bœærsch, chargé du nivellement badois, venait d’y placer. La jonction avec le réseau bavarois a été effectuée aussi à Fussach. La mort de M. Bruderer, aide-astronome à l'observatoire de Genève, survenue le 2 mai 1871, ayant privé la Com- mission géodésique suisse de l’un des employés qui tra- vaillaient à la réduction des opérations de nivellement, cette Commission a pris à son service un nouvel ingé- nieur, M. Spabn, de Schaffhouse, ancien élève de l’École polytechnique fédérale, capable à la fois d'opérer sur le terrain et de faire les calculs de réduction. M. Benz et lui ont été envoyés à la fin de mars à Aarbourg, pour répéter une mesure entre cette ville et Brugg, où l’on croyait NIVELLEMENT DE LA SUISSE. 299 qu'il avait pu se commettre une erreur de 2 décimètres, constatée dans le polygone central, comprenant, outre ces deux villes, Zurich, Pfæffikon, Schwytz et Lucerne. 2ette nouvelle mesure, continuée par M. Spahn seul, a montré que l'erreur ne tenait pas à cette partie du poly- gone. Elle a été diminuée d'environ un tiers par une rec- tification, exécutée en 1872, de la section Schwytz-Lu- cerne. Les calculs de réduction des opérations de 1874, effec- tués à Neuchâtel et à Genève, el terminés dans cette der- nière ville par M. l'ingénieur Rochat, ayant servi à constater dans le grand polygone des Alpes, mentionné plus haut, une erreur de clôture d’un peu plus d’on mètre (1,186), la Commission géodésique décida, dans sa séance de mai 1872, de faire niveler une seconde fois toute la ligne du Gothard, de Lucerne à Locarno, M. Ger- wig, ingénieur en chef du chemin de fer de cette ligne, obtint de la compagnie du Gothard qu’elle se chargeât de la moitié des frais de cette seconde mesure, surtout en vue du percement du grand tunnel. M. Spahn exécuta l’opération de juin à octobre 1872, et fit ensuite à Neuchâtel la réduction de son nivellement, qui fut aussi exécutée à Genève, en partie par M. Schram, aide-astronome à l’observatoire. M. Benz, de son côté, fit le nivellement de la Furka, d'Hospenthal à Brigue ; ces ni- vellements sont publiés en détail dans le mémoire actuel, et le polygone du nord des Alpes, partant d'Hospenthal, et y revenant en passant par Lucerne, Aarbourg, Lausanne et Brigue, n’a donné lieu qu'à une erreur finale de 141 millimètres, sur un périmètre de 539 ‘/, kilomètres. L’ad- ministration du chemin de fer du Gothard a reçu, avant la fin de 1872, les tableaux des cotes définitives de sa 300 NIVELLEMENT DE LA SUISSE. partie centrale, comprenant le tunnel, et un mois plus tard ceux des antres sections. L'erreur de clôture, signalée plus haut dans le grand polygone des Alpes, devait, d’après ce qui précède, avoir lieu dans sa partie sud, comprise entre Hospenthal, Brigue et Locarno. La Commission géodésique s’est alors décidée à faire contrôler par une seconde opération le nivellement du Simplon. M. Spahn ayant accepté une place d'ingé- nieur du chemin de fer Nord-Est Suisse, la Commission l’a remplacé par M. Redard des Verrières, ancien élève de l'École polytechnique, et l’a chargé en 1873 de l’opé- ration de contrôle, après que M. Benz l’a initié au manie- ment des instruments et à l'emploi des méthodes, D’après de récentes communications, M. Redard a trouvé une erreur d'un mèêtre dans le nivellement d’une portion de la ligne comprise entre Locarno et Domo d'Ossola, où se trouvait une pente abrupte et des sentiers peu prati- cables. La solution, péniblement recherchée, de l'erreur de clôture, se trouve donc heureusement obtenue, car lerreur restante est dans les limites de celles admises dans ce genre d'opérations, surtout en pays de hautes montagnes. Le soin du repérage et de la conservation des points fixes de second ordre est confié, depuis 1871, au bureau d'État-major fédéral, auquel on remet, après chaque cam- pagne, la liste des repères secondaires avec leurs distances relatives. L'ingénieur du bureau les fait ensuite graver au ciseau, et en inscrit la position sur un registre spécial, en l’accompagnant d’un plan et d’un dessin. La Commission géodésique exprime sa reconnaissance à M. le colonel Siegfried, chef du bureau de l’État-major, pour l’empres- sement qu'il a mis à se charger de cette tâche et pour le NIVELLEMENT DE LA SUISSE. 301 soin avec lequel il en surveille l'exécution. Ces points de repère sont d’une grande utilité pour la topographie de notre pays et pour de nombreux usages pratiques. Il y en a déjà 696 gravés, soit par les cantons, soit par la Confédération ; il y en a 174 non encore gravés, et le nombre des points fixes repérés sera augmenté de quel- ques centaines dans l’année actuelle. On voit par le compte rendu précédent, tout abrégé qu'il est, que les opérations astronomico-géodésiques et celles du nivellement de précision de la Suisse s’y pour- suivent activement et avec succès, grâce aux fonds alloués par la Confédération pour ces importantes opérations, à l’habile direction de la Commission géodésique, et au dé- vouement des astronomes, des ingénieurs et des calcula- teurs. Nous devons nous féliciter de cet heureux concours et en désirer vivement la continuation. Alfred GAUTIER. DE LA PROTECTION DU POLLER CONTRE LES INTEMPÉRIES PAR M. A. KERNER !. Les travaux de MM. Darwin, Delpino, Hildebrandi, etc.. sur le rôle des insectes dans la fécondation des végétaux phanérogames, ont récemment attiré l'attention sur ce sujet et amené de nombreuses observations sur les parti- cularités d'organisation des fleurs. L'étude que vient de publier M. Kerner a trait à un point qui n'avait guère été touché jusqu'ici et, dont cependant l'importance ne sau- rait être mise en doute, nous voulons parler des pré- cautions prises pour maintenir le pollen intact jusqu’au moment où il est récolté par les insectes et, en particu- lier, pour le préserver d’une dispersion prématurée au moyen du vent ou d’une altération irrémédiable au moyen de l’eau. Ilexiste une nombreuse catégorie de plantes qui échap- pent au danger que nous venons de mentionner, et dont toute l’organisation tend à utiliser l’action du vent pour la dispersion du pollen. Ce sont les plantes anémophiles de Delpino, dont le pollen sec et pulvérulent s'échappe en ! Die Schutzmitteln des Pollen gegen die Nachtheïle vorzeitiger Dislo- cation und gegen die Nachtheile vorzeitiger Befeuchtung, von A. Ker- ner. Innsbruck, 1873. PROTECTION DU POLLEN, ETC. 303 nuages plus ou moins épais à la moindre secousse. Diffé- rentes particularités d'organisation concordent toutes avec le but final à atteindre. C’est ainsi que les fleurs, pour donner un libre accès au vent, ne sont jamais cachées sous des feuilles, mais toujours suspendues à l'extrémité de rameaux élancés (arbres à chaton) ou au sommet d’un chaume élevé (graminées, cypéracées, etc.). De plus, ne devant point attirer les insectes, elles ne sont généra- lement remarquables, ni par leur couleur, ni par leur parfum. Leur périanthe est plutôt jaunâtre, verdâtre et souvent écailleux. Les étamines, bien loin d’être cachées au fond d’une corolle, sont attachées à des chatons mo- biles, ou bien elles s'élèvent, comme chez les graminées. au-dessus de l'enveloppe florale. De toutes manières une quantité considérable de pollen est perdue, tombe à terre sans rencontrer de stigmate, ou est endommagée par l'humidité. Toutes les plantes de cette catégorie obvient à cet inconvénient en en produisant des quantités énormes (par exemple les véritables nuages de poussière jaune qui entourent fréquemment les coni- fères au moment de la floraison). Mais dans des cas encore plus nombreux, le pollen doit être porté au stigmate par les insectes et de là découlent une foule de conséquences qui influent grandement sur la forme, l'apparence des fleurs. C’est ainsi que le périan- the sera toujours plus ou moins coloré ou odorant pour altirer les insectes. Les grains de pollen ne sont pas secs et libres comme dans le cas précédent, mais toujours plus ou moins adhérents entre eux, retenus par un produit de la dégénérescence de la cellule mère que M. Kerner appelle (à tort, croyons-nous) de la bassorine. Le degré de cohésion est extrêmement variable depuis les masses 304 PROTECTION DU POLLEN polliniques solides des Orchidées et des Asclépiadées jus- qu’au pollen d’un très-grand nombre de plantes qui se présente en petits conglomérats se dispersant aisément. Le pollen est ici produit en quantité infiniment moindre que chez les plantes anémophiles. De plus, il s'écoule souvent un temps plus ou moins long depuis l’ouver- ture des anthères jusqu'au moment où la poussière fé- condante sera emmenée par les insectes, et il est absolu- ment nécessaire qu'elle soit pendant ce temps abritée contre l'influence délétère du vent et de l'humidité. Les parties les plus diverses de la fleur peuvent être chargées de ce rôle, et c’est l’exanten des différents cas qu'il a eu l’occasion d'observer qui forme la plus grande partie du mémoire de M. Kerner. Les organes reproducteurs eux-mêmes sont souvent chargés de la protection du pollen. Ainsi chez les Iris, les stigmates sont développés en larges lames pétaloides re- courbées en dehors et allant à la rencontre des lobes du périgone ; ils enveloppent ainsi complétement les an- thères dans une sorte de canal étroit par où les insectes doivent forcément passer pour aller récolter le nectar, mais où le vent ni la pluie ne peuvent pénétrer. Dans le genre Aspidistra, la corolle revêt la forme d’une coupe largement ouverte, au fond de laquelle sont les étamines extrêmement courtes. Le stigmate se developpe en un disque large, placé à peu près à mi-hauteur dans la co- rolle et qui la ferme complétement, mettant les étamines à l'abri et ne laissant qu’un passage étroit pour les in- sectes. Chez les pervenches, les lauriers roses, etc., les anthères portent à leur sommet une sorte de prolonge- ment en forme de cuiller ; le style est de son côté en- touré d’un collier de longs poils raides; la réunion de CONTRE LES INTEMPÉRIES. 309 ces deux organes forme au-dessus du pollen un toit par- fait. Chez les Composées, le tube formé par la soudure des anthères, et dans l’intérieur duquel est le pollen, le met à l'abri jusqu’au moment où les insectes viennent le récolter. Souvent aussi c'est du périanthe que vient l’abri pro- tecteur. Un très-grand nombre de plantes ont une portion de la corolle développée sous forme d’un véritable toit placé au-dessus des anthères. Cette particularité d’orga- nisation caractérise des familles fort importantes (Labiées, Scrophulariacées, Orobanchées, Gessnériacées, Utricula- riées, Polygalées, Violacées, beaucoup de Papilionacées, quelques Renonculacées). Ailleurs la partie supérieure des lobes de la corolle reste soudée pendant la première partie de l’anthèse, abritant ainsi les étamines et le style (Phyteuma), ou bien, comme chez le Trollius, les pétales fortement concaves en dedans, se rejoignent au sommet de la fleur. Dans d’autres cas, le tube de la corolle qui renferme les an- thères est si étroit que l’eau n’y peut pénétrer, l'air ne trouvant pas d’issue pour s'échapper et restant en- fermé sous la forme d’une bulle qui maintient le pollen au sec (Androsace, Verbena), ou ce qui est plus fréquent encore, l'entrée du tube est fermée par des poils, des écailles, etc. La spathe, chez beaucoup d’Aroïdées, les bractées, de certaines Musacées, les fewlles du tilleul s'étendent au- dessus de la fleur ou de l’inflorescence comme un véri- table parapluie. Lorsque aucune partie de la fleur n’est constituée de manière à pouvoir mettre les étamines à l'abri des intem- ARCHIVES, t. XLVIL — Août 1873. 22 306 PROTECTION DU POLLEN péries, le résultat désiré sera obtenu, soit par les mouve- ments périodiques du périanthe, soit par les courbures de l’axe. Dans la première catégorie, nous rencontrerons en première ligne toutes les fleurs dites éphémères, dont l'épanouissement ne dure qu’un jour (Villarsia, Trades- cantia, Convolvulus tricolor, Tigridia Pavonia et bien d’autres). Les anthères s'ouvrent et laissent échapper le pollen dans le bouton; celui-ci de son côté ne s'ouvre qu'aux heures les plus chaudes du jour, lorsque le soleil brille et que les insectes bourdonnant de tous côtés sont prêts à opérer la fécondation. Les fleurs offrant une struc- ture analogue, mais dont l’anthèse dure plusieurs jours, sont régies par des lois semblables; elles se ferment aux heures les plus fraîches, lorsque la rosée pourrait venir altérer le pollen, lorsque le temps est pluvieux et que la nature est inanimée. Quelques-unes d’entre elles affec- tionnent particulièrement le crépuscule du soir ; elles ne s'ouvrent que peu avant le coucher du soleil, pour se fer- mer dans la soirée ; leurs visiteurs habituels sont natu- rellement les insectes crépusculaires, et pour les attirer, les unes revêtent des couleurs vives et brillantes (belles- de-nuit, plusieurs énothères), d’autres, au contraire, ont des teintes tout à fait ternes, mais se révèlent par un parfum pénétrant insensible dans la journée (Pelar- gonium triste, Hesperis tristis, Nyctanthes Arbor -tris- tis). Mais ces cas sont tout à fait exceptionnels, et la très-grande majorité des fleurs à mouvements périodi- ques s’ouvrent aux heures les plus brillantes de la jour- née ; c’est le moment où dans les jardins et les prairies brillent les corolles des gentianes, des crocus, des ané- mones, des renoncules, de beaucoup de composées, etc. CONTRE LES INTEMPÉRIES. 307 Les pétales, en se refermant, reprennent la position qu’elles occupaient dans le bouton, et mettent ainsi les étamines et le style tout à fait à l'abri. Lorsque c’est grâce à des courbures de l’axe floral que la fécondation est assurée, le périanthe doit arriver à for- mer au-dessus des organes de reproduction un toit pro- tecteur ; sa forme comme aussi le degré de courbure dé- pendent naturellement beaucoup de la longueur des éta- mines ; lorsque, comme dans le muguet, elles sont tout à fait courtes, un périanthe peu développé et une simple inclinaison latérale suffisent pour atteindre le but cherché. Lorsqu’au contraire, comme dans les Fuchsia, les anthères sont portées sur de longs filaments, le périanthe est beau- coup plus large, étalé en roue et la fleur devient tout à fait pendante. Du reste, tous les degrés de courbures se retrouvent dans la nature ; quelquefois le phénomène est déjà sen- sible dès le bouton (Soldanella), ailleurs il ne se mani- feste qu’au moment de la floraison. Une fois la féconda- tion opérée, le jeune fruit se redresse le plus souvent, à moins qu'il ne soit de consistance charnue, et par là même trop lourd pour être entraîné par la tension des tissus du pédicelle (Fuchsia, plusieurs Solanum). Il arrive quelquefois que la courbure de l’axe, comme la fermeture du périanthe, est périodique; c’est ainsi que la fleur d'Oxalis acetosella complétement dressée pendant le jour, décrit, au moment où le soleil baisse, un arc de plus de 400 degrés, et finit par avoir son ouverture diri- gée du côté du sol. Les changements périodiques dans la tension des tissus du pédiceile que suppose ce mouve- ment, se manifestent dans beaucoup d’autres plantes sous 308 PROTECTION DU POLLEN l'influence d’une excitation extérieure, de chocs répé- tés, etc., et bien des fleurs, habituellement dressées, se recourbent vers la terre, abritant ainsi leurs étamines lors- qu’elles sont secouées par le vent ou ébranlées par le choc répété des gouttes de pluie (beaucoup de composées, tu- lipes, anémones, renoncules, pavots). Enfin dans les inflorescences composées dont l'axe est enroulé, comme chez les Borraginées et quelques autres fa- milles, le développement amène les fleurs successivement dans toutes sortes de positions relativement à l’horizon ; elles s’épanouissent alors le plus souvent de telle façon, qu’au moment où le pollen se trouveraitexposé aux intem- péries, l'ouverture de la corolle regarde le sol, et qu’ainsi la pluie peut les inonder sans inconvénient. Telles sont les différentes particularités d'organisation qui toutes ont pour but spécial de faciliter la fécondation des fleurs en mettant le pollen à l'abri des accidents qui pourraient l’altérer, sans cependant gêner le libre accès des insectes, chargés de coopérer à l’accomplissement de cette fonction. Naturellement ces différents moyens sont souvent combinés, et, par exemple, si une fleur, en se re- fermant chaque soir, laisse une ouverture au sommet de la corolle, elle sera portée sur un pédicelle plus ou moins fortement courbé. D'une manière générale, on peut dire que le pollen est d'autant plus complétement protégé qu'il est moins abon- dant, plus cohérent, que la fécondation est plus absolu- ment soumise à l'intervention des insectes, que le temps de l’anthèse est plus court et le climat moins favorable. C’est ainsi que les Orchidées offrent peut-être la réu- nion la plus complète de tous les moyens de protection, CONTRE LES INTEMPÉRIES. 309 ce qui concorde parfaitement avec la nature de leur pollen el le petit nombre de leurs fleurs. Chez les Pomacées, les Amygdalées, au contraire, les étamines sont très-nom- breuses et les fleurs si abondantes, que si la moitié seule- ment se développait en fruit, jamais l'arbre ne pourrait porter sa charge. Aussi les moyens de protection em- ployés sont-ils fort rudimentaires. Un coup d'œil même superficiel sur la flore d’un pays montrera le plus souvent une relation intime entre les con- ditions climatériques et la structure des familles les plus répandues. Une région froide et humide, où la fécondation sera toujours difficile, où les fleurs devront quelquefois attendre plusieurs jours un rayon de soleil favorable à la sortie des insectes, ne pourra manquer d'exercer une in- fluence marquée sur les caractères de sa flore. C’est ainsi que dans les Alpes, où les rosées sont très-fortes, où des nuages persistants couvrent souvent les sommets pendant des jours entiers, les genres dominants, Gentiana, Pri- mula, Andromeda, Soldanella, Pedicularis, Campanula, Euphrasia, Veronica, ont tous des moyens complets de mettre leur pollen à l'abri. Il ne s’y trouve entre autres aucune plante à fleurs éphémères ; nulle part les éta- mines ne s'élèvent beaucoup au-dessus de la corolle. Prenons, au contraire, comme point de comparaison la flore du midi de lAustralie, d’une région où pendant toute la saison où fleurissent les plantes, il ne tombe pas une goutte d’eau. Les Mimosa, les Myrtacées, les Pro- téacées, qui y sont si abondamment répandues, ont toutes des fleurs raides, à périanthe très-court, à étamines très- longues, et dans lesquelles, en un mot, le pollen est com- plétement exposé. 310 PROTECTION DU POLLEN Quelques plantes, qui semblent au premier coup d'œil faire exception aux règles générales posées ci-dessus, fi- nissent, lorsqu'on les examine avec attention, par ne faire que les confirmer. Les Erica, par exemple, offrent la réu- pion anormale d’un pollen pulvérulent et d’un périanthe coloré et produisant du nectar. C’est qu'ici, pas plus que chez les plantes à pollen cohérent, la fécondation n’est pos- sible sans l'intervention des insectes. En effet, les anthères ne s'ouvrent que par deux pores placés latéralement au sommet de chaque loge. Au moment de la floraison, elles sont appliquées les unes contre les autres par leurs faces latérales, fermant ainsi toute issue au pollen. Pour que celui-ci sorte, il faut qu'un insecte imprime, en entrant dans la fleur, une secousse à une étamine qui se sépare de ses voisines, laisse tomber quelques grains de pollen sur son visiteur, puis retourne prendre sa place. De pe- tits appendices qui se développent au bas de l’anthère, et qui barrent le passage de l’insecte, sont précisément des- tinés à imprimer la secousse voulue. Des particularités analogues se retrouvent chez quel- ques Borraginées des genres Cerinthe et Onosma. Certains saules dont le pollen, bien que plus ou moins cohérent, n’est guère protégé, y remédient en en produi- sant une quantité énorme et en prolongeant leur floraison pendant très-longtemps (fait qui se retrouve avec la même signification chez beaucoup d’Ombellifères, de Crucifères, de Saxifragacées). Quelquefois aussi les parties déjà fa- nées de l’inflorescence deviennent un abri pour celles qui vont s'ouvrir. Remarquons encore chez les plantes hétérostyliques, telles que les Primula, Pulmonaria, etc., une tendance CONTRE LES INTEMPÉRIES. 311 marquée à un dimorphisme du périanthe. Il est plus am- plement développé dans la forme à longues anthères exertes où la protection du pollen est plus difficile. Enfin M. Kerner termine son intéressant mémoire par quelques considérations sur l’origine probable des espèces à pollen adhérent, dans lesquelles nous ne le suivrons pas ; elles ne nous paraissent pas se lier nécessairement à ce qui précède, et les idées de l’auteur sur ce sujet mériteraient une discussion que l’espace ne permet pas d'introduire ici. Ces pages suffisent pour montrer le but et l'utilité de l’infinie variété de forme des organes flo- r'aux. M. M. GÉOLOGIE HISTOIRE NATURELLE DU BRÉSIL d'après les observations de M. EMMANUEL LIAIS. Les savants européens avaient un peu perdu de vue leur ancien collègue, M. Emmanuel Liais, depuis son dé- part pour le Brésil et ses nombreux voyages dans l’inté- rieur du pays. Îl se rappelle maintenant à leur souvenir par un volume d’une grande importance, intitulé : Climats, géologie, faune et géographie botanique du Brésil, ouvrage pubhé par ordre du gouvernement impérial". On retrouve dans ce livre la variété de connaissances qui est un des mérites de l’auteur. On est tenté de croire en même temps, d’après la forme toute scientifique et par l’absence de dédicace, qu'un souverain, remarquablement instruit dans toutes les sciences et modeste autant qu'il est per- mis de l’être dans sa haute position, aurait donné des ordres ou arrêté le plan de l'ouvrage. Déjà la Flora bra- siliensis, qui se publie en Allemagne par le concours de nombreux botanistes de tous les pays et aux frais du Brésil, se trouve être la publication la plus vaste et la plus scientifique ordonnée par aucun gouvernement. Le volume actuel n’est donc en aucune manière un fait isolé. C’est un fragment du bel édifice que l’empereur et les cham- bres du Brésil élèvent pour l'avantage des sciences et la gloire de leur nation. 4 Un fort volume in-8°. Paris, 1872, chez Garnier frères. GÉOLOGIE ET HISTOIRE, ETC. 313 Afin de donner une idée du travail de M. Liais, nous parlerons de quelques-unes des questions dont il s’occupe en suivant à peu près sa division. Géologie. Les environs de Rio de Janeiro et d'immenses étendues de l’empire du Brésil reposent sur des gneiss stratifiés, dont la surface porte la terre végétale. Ces gneiss sont presque toujours redressés, et quoiqu'ils soient à base de feldspath orthose, leurs diverses couches présentent des différences importantes, au point de vue de la structure, de la composition et de la résistance à la décomposition atmosphérique. « La décomposition de ces roches, dit M. Liais, s’est pro- duite au Brésil sur une échelle immense, Il serait difficile de trouver en Amérique un exemple aussi remarquable de ce phénomène, sauf dans la partie sud des États-Unis, où toutefois la décomposition paraît inférieure en intensité à celle des roches du Brésil. Ainsi, il n’est pas rare, dans ce dernier pays, de trouver des points où les gneiss sont complétement transformés en argiles sur des épaisseurs de plus de cent mètres, et il est curieux de voir les im- menses failles naturelles qui se creusent parfois sur les versants des montagnes et des collines sous l'influence des eaux pluviales. » L’auteur cite des exemples curieux de la formation de ces failles, par le glissement des gneiss réduits en argiles sous l’action des pluies. Le vicomte de Prados a vu, dans le laps d’une quarantaine d’années, s’en former une qui a 600 mètres de longueur, 50 de largeur et 10 de profondeur moyenne. Trois à quatre cent mille mètres cubes de terre ont été entraînés ainsi et dispersés par les eaux. « La période actuelle au Bresil, dit M. Liais, 314 GÉOLOGIE ET HISTOIRE est caractérisée par une forte décomposition des roches métamorphiques et par leur transformation en argile. » L'auteur a suivi de près le phénomène et l'établissement de la végétation dans les vallées ainsi déterminées. II montre comment la diversité de résistance de certaines roches produit les formes déchiquetées et pittoresques des grandes chaines voisines de Rio de Janeiro. Certains gneiss redressés se prêtaient moins que d’autres à Ja décomposition. Ailleurs ce sont des talcites ou des oli- _gistes également propres à résister, La même cause pro- duit des galets anguleux ou arrondis de quartz, diorites, etc., épars dans certaines argiles, qui ressemblent à des blocs erratiques et ont cependant été isolés sur place, sans aucun transport. Quelquefois seulement ils ont glissé sur des pentes. M. Liais estime que ce sont là les blocs considérés à Eréré, par M. Agassiz, comme erratiques. Il n’a pas aperçu au Brésil, le plus petit indice d'anciennes formations gla- ciaires. Le drift de couleur rouge, qui occupe de grandes surfaces dans tout l'empire, lui a paru, non point d’ori- gine glaciaire, mais simplement un gneiss décomposé, dans lequel des micas et feldspaths fortement mélangés de fer, amènent un peroxyde rouge de ce métal, dans les terrains superficiels les plus altérés. À ces explications physiques et minéralogiques des phénomènes qui avaient été interprêtés autrement par M. Agassiz, l’auteur ajoute des réflexions d’une grande force. Les animaux fossiles quaternaires sont quelquefois les mêmes au-dessous du drift et à l’époque actuelle, par exemple le cabiai. Com- ment auraient-ils supporté une période glaciaire? Les singes américains, de la nature des ouistitis, très-sen- sibles au froid, ne peuvent pas avoir vécu près de gla- NATURELLE DU BRÉSIL. 315 ciers. L'ensemble des flores et faunes des pays équatori- aux ne permet guère d'admettre un refroidissement dans cetle zone, puisqu'elles n'auraient pas pu se réfugier au delà des tropiques comme les flores et faunes des pays tempérés ont pu se retirer vers l'équateur à l’époque des glaciers envahissants de l'hémisphère boréale. Enfin, un abaissement de la température dans la zone équatoriale aurait amené une diminution sensible de vapeur, et par conséquence, de pluie et de neige dans les régions extra- tropicales, tandis que le contraire a plutôt existé. Dans la province de Minas Geraës, à Sabara, M. Liais a trouvé une substance, qu'il nomme Sabarite, voisine de la Gœthite. C’est un sous-hydrate de peroxyde fer, dont la formule est (Fe* 0°)* HO, et qui paraît avoir été créé sous l'influence d’eaux thermales anciennes. Un chapitre entier est consacré aux roches métamor- phiques placées sur les gneiss. C’est là que se trouvent quelquefois des veines aurifères. Le chapitre 5, relatif aux terrains secondaires, donne beaucoup de détails sur les cavernes daus lesquelles le D' Lund a trouvé des amas considérables d’ossements. M. Liais s’est donné la peine de traduire du danois, l’opus- cule de ce savant, publié en 1845, qui n’est pas assez connu à l'étranger. Les cavernes se comptent par milliers dans la région du fleuve San Francisco. D’après les osse- ments des couches les plus inférieures, il y aurait eu dans cette partie de l'Amérique plus de différences d'espèces et de genres d'avec la faune actuelle, que dans les dépôts quaternaires d'Europe. On peut donc soupçonner des temps plus longs. L'auteur discute les opinions énoncées par MM. d’Orbigny, Coquand et de Buch sur les fossiles de diverses régions de l'Amérique méridionale, et insiste, 916 GÉOLOGIE ET HISTOIRE comme conclusion, sur la difficulté de Gxer l’âge exact des couches secondaires de l'Amérique du sud, par rapport aux dépôts européens. « Rien ne prouve, dit-il, que des espèces jurassiques marines, apparues en Europe au com- mencement de cette période dans des régions européennes alors sous les eaux, aient apparu en même temps dans les diverses régions du continent américain, lequel était peut- être alors hors des mers; et d’un autre côté ces espèces peuvent au contraire avoir fait leur apparition sur des points de ce dernier continent descendu sous les mers à la fin de l’époque jurassique et y avoir vécu pendant toute l’époque crétacée, quoique diverses causes les aient fait disparaître des mers européennes pendant cette dernière époque. » Nous citons ce passage afin de montrer avec quelle prudence et quel jugement l’auteur aborde les ques- tions de paléontologie, dont il expose un sorte de résumé, d’après les découvertes de MM. Hartt, Pissis, Plant, Gard- ner et autres voyageurs. A l’occasion des terrains tertiaires et quaternaires du Brésil (chap. 6), l’auteur parle des diamants qu’on trouve au milieu des dépôts de cailloux roulés de l’époque qua- ternaire. « Je n’ai pu obtenir aucune preuve, dit-il, que le diamant ait été découvert jusqu'ici en place au milieu d’une roche solide. » Les conglomérats qui le renferment sont des fragments roulés, et ces conglomérats, selon notre auteur, se forment dans les dépôts eux-mêmes, au moyen des oxydes et hydrates de fer qui agglutinent des grains de sable et des cailloux roulés. [l a vu des agglomérations de cette espèce formées dans plusieurs gisements, non diamantifères, de l’époque quaternaire. Les ouvriers qui cherchent les diamants ont une opinion assez singulière: les diamants se formeraient, même actuellement, et ils se NATURELLE DU BRÉSIL. 317 basent sur ce qu’on en trouve quelquefois dans des sables qui avaient été lavés et rejetés. Mais on peut les y avoir laissés, par erreur, et de plus il existe avec les diamants plusieurs autres minéraux connus, dont l’origine est cer- tainement éruptive ou trappéenne ou déterminée par mé- tamorphisme au contact de ces roches, par exemple le péridot vert, l’anastase, la topase, le corindon, la diorite, etc. D'ailleurs les arêtes des diamants sont souvent émous- sées, ce qui indique un transport par les eaux depuis leur formation. D’après les minéraux associés avec eux, l’ori- gine commune est dans les grès tertiaires du Brésil. C’est là qu’on peut espérer de les trouver en place, particu- lièrement sur les points de contact où s’observent des faits de métamorphisme. Le système général des montagnes au Brésil est l’objet d’un chapitre assez étendu, et son intelligence est facilitée” par une carte, dans laquelle on remarque un tracé en partie nouveau du cours du Rio San Francisco, d’après les relevés de l’auteur. Faune. Dans un sujet aussi immense que la faune du Brésil, M. Liais devait nécessairement concentrer son attention sur quelqu'une des divisions et donner seulement un aperçu des autres. La partie qu'il a le plus étudiée est l’histoire des mammifères de l’époque actuelle et de celle qui à précédé immédiatement. Il passe en revue les dif- férents ordres, les genres et même les espèces, en insis- tant sur les groupes les plus importants au Brésil, comme les Didelphes, Monodelphes, Ongulés, Onguiculés et Ron- geurs, Les zoologistes trouveront dans cette partie de l’ouvrage des renseignements curieux sur les mœurs de 318 GÉOLOGIE ET HISTOIRE plusieurs mammifères, d’après les observations faites pendant des voyages multipliés et à la suite d'enquêtes auprès des habitants du pays. Citons au hasard quelques fragments. « Les Didelphes (partie de Marsupiaux) sont de tous les mammifères, à part les Monotrèmes, ceux dont les petits, au moment de la naissance, sont les moins déve- loppés. Les organes des sens, notamment les yeux et les oreilles, ne sont pas encore bien formés quand ils quittent le sein de leur mère. Ce sont pour ainsi dire des espèces de fœtus d'aspect gélatineux. En cet état ils s’attachent aux mamelles de leur mère auxquelles ils restent collés, jusqu’à ce que leur développement soit achevé. Chez les espèces dont la bourse est complète, ils sont protégés par cette poche. Plus tard, ils quittent les mamelles de leur mère et sortent pour commencer à marcher et à prendre leur nourriture à l'extérieur, mais ils se réfugient encore quelque temps dans la poche à l’apparence du moindre danger et c’est aussi de cette manière que les femelles les transportent d’un lieu à l'autre. Quand ils sont plus grands, la mère en porte quelquefois deux ou trois sur son dos. Chez les espèces dont la bourse est tout à fait in- complète, comme les Cuicas (Didelphis cinerea et autres), les petits quittent les mamelles de bonne heure et long- temps avant d’être en état de marcher, La mère cache alors avec soin sa nichée dans les creux d’arbres, et sur- tout à la base des feuilles de palmiers, où la plupart des petites espèces désignées au Brésil sous le nom de Cuica font leurs gîtes de préférence. Elle s’en écarte peu, et seulement la nuit, pour aller chasser, et revient sans cesse pour veiller sur eux et les allaiter, Je n’ai jamais vu les petites espèces de sarigues à poche incomplète porter À A LE El NATURELLE DU BRÉSIL. 319 leurs petits sur le dos, comme je lai lu dans les livres, notamment pour le Didelphis murina (Marmose de Buf- fon), espèce du Brésil. Si elles le font, ce n’est que rare- ment et quand elles veulent les changer de nid, car aucun des gens du pays que j'ai consultés à cet égard n’a vu les Cuica avec leurs petits sur le dos. » « Les tapirs étant pourvus d’un cuir très-fort et très- résistant, presque insensible aux chocs, cet animal va toujours droit devant lui, s'inquiète peu des obstacles et porte alors la tête baissée. Sa présence se décèle dans les forêts par le bruit de son pas lourd sur le femillage sec, et par les arbustes ployés et rompus par son passage. Une fois, par un temps très-noir, vers une heure du matin, nous étions endormis sur le bord du Rio San Fran- cisco, lorsque nous fûmes réveillés par le fracas d’un ta- pir, qui vint presque renverser notre tente .... Ils nagent et plongent parfaitement, et peuvent rester sous l’eau en- viron un quart d'heure, sans venir respirer à la surface. Ils usent souvent de cette faculté contre les chiens et les jaguars qui s’aventurent à les poursuivre dans l’eau. Plus babiles nageurs que ces animaux, ils les saisissent facile- ment en quelque point avec la bouche et les entraînent au fond, où ils périssent asphyxiés.... [ls sont parfaite- ment omnivores. Ils paissent exactement comme les chevaux, mais ils aiment beaucoup les fruits. Ils mangent aussi de la viande, comme les porcs, et en domesticité préfèrent la viande crue à la viande cuite. Ils aiment beau- coup le maïs. Dans les forêts, ils trouvent souvent à terre les fruits tombés de diverses sortes d’Anonacées et de Myrtacées, et ils en font une partie de leur nourriture, etc... La force des tapirs est très-grande relativement à leur taille. Ils ne craignent réellement les chiens qu’en 320 GÉOLOGIE ET HISTOIRE les voyant suivis du chasseur. Autrement ils leur tiennent tête, ainsi qu'aux animaux carnassiers des forêts. Le ta- pir s’apprivoise facilement si on le prend jeune. Des gens du pays m'ont même assuré en avoir vu à qui on pouvait faire porter des fardeaux. A l’état privé, c’est un animal très-doux, aimant beaucoup les caresses, ne s’éloignant pas de l’habitation de son maitre. J’en ai vu un très-doux dans la ville de Jannaria. Il se promenait tranquillement dans les rues, en allant les matins se baigner dans la ri- vière, puis il rentrait dans la maison de son maitre. Son intelligence toutefois est très-bornée et on ne peut le chasser de la maison, comme le chien, par un geste ou une parole; quand il est couché quelque part il faut le pousser, et, pour ainsi dire, l’arracher de sa place pour le faire sortir. Comme son gros cuir le rend peu sensible aux coups, il faut même le battre avec force pour obtenir l’o- béissance, mais alors même il ne cherche pas à mordre. Il vit d’ailleurs en bonne intelligence avec les autres ani- maux de la maison. Sa voix est faible, et consiste en un petit cri aigu répété une seule fois. » « Le tapir est surtout chassé à cause de son cuir, qui est extrêmement résistant et dont on fait des selles et des brides. Sa chair a beaucoup d’analogie avec celle du pore, et on la mange dans les régions où il habite. .…. Il est très- digne de remarque que la domestication de cet animal n'ait pas été faite par les Indiens, avant la découverte de l'Amérique. Dans le Brésil, en effet, c'était le seul grand animal domesticable. Pris jeune, il s’habitue de suite, sans effort aucun, et est apprivoisé en trois ou quatre jours. Son absence à l’état domestique chez les tribus indigènes si misérables, auxquelles il aurait fourni une abondante nourriture, montre combien la race humaine Re NATURELLE DU BRÉSIL. 321 qui habitait le Brésil à l'époque de la découverte était ar- riérée, même par rapport aux insulaires de l'Océanie. Ceux-ci, au moins, avaient su élever un animal, le cochon pour assurer leur subsistance. » A l’occasion de chacun des ordres l’auteur indique, après les espèces vivantes, celles qu’on a trouvées à l’état fossile. Naturellement les beaux travaux du D' Lund font ici la base de l’un des termes de comparaison. M. Liais insiste avec raison sur ce fait essentiel, que les es- pèces dont il reste des ossements dans les cavernes, ap- partiennent toutes ou presque toutes à des ordres ou des genres vivant encore au Brésil, quoique les espèces soient ordmairement différentes, à moins qu'il ne s'agisse de terrains superficiels. On retrouve ainsi, comme en Eu- rope, la preuve, ou si l’on veut, l’indice d’une filiation des êtres. Sur la prétendue simultañéité des espèces dont on trouve les fossiles à de grandes distances, M. Liais nous paraît avoir les idées très-justes qui se répandent aujour- d’hui dans la science. Une espèce peut s'être éteinte ici à une époque, plus tard ou plus tôt ailleurs, et il en donne des exemples. Les désignations aussi d’époques tertiaires ou quaternaires ne sont pas prises d’une manière absolue, l’époque quaternaire au Brésil pouvant remonter à un temps pendant lequel une grande partie de l'Europe ou de tel autre pays éloigné était sous l’eau. Ce sont des ex- pressions relatives à une région, sans identité nécessaire d’un continent à l’autre et même probablement avec de grandes diversités. Géographie physique et botanique. Dans une troisième partie, moins étendue que les deux autres, M. Liais présente un résumé de ses observations ARCHIVES, t. XLVIL — Août 1873. 23 329 GÉOLOGIE ET HISTOIRE sur le climat, la géographie physique et la flore du Brésil, avec des informations de détail sur quelques points qu'il a étudiés spécialement, Il décrit un genre nouveau de Sapotacées qu'il nomme Pradosia. C'était le Lucuma glycyphlæa Mig. Quelques détails sur l’Anacardium humile méritent d’être cités. A voir la fleur et le fruit, l’espèce est voisine de l'A. occi- dentale (Acajou à pommes, des Antilles), seulement au lieu de se présenter au regard comme un grand arbre, elle semble un arbuste haut d’un demi-mètre. « Mais, dit l’auteur, si on remarque sa distribution sur le sol, on voit une multitude de pieds rapprochés les uns des autres, occupant une surface plus ou moins circulaire de plu- sieurs mètres de diamètre. Si on creuse, on voit com- ment tous ces petits arbrisseaux, distincts en apparence, sont unis sous le sol, et forment les extrémités des bran- ches d’un grand arbre souterrain, en se rattachant à une certaine profondeur à un tronc unique, lequel des- cend profondément dans le sol. M. Renault, à Barbacena, m'a dit avoir faii creuser à plus de six mètres de profon- deur pour obtenir un de ces troncs. «…. Cette particularité se montre dans d’autres espèces de la famille des Malpighiacées et des Légumineuses, no- tamment des genres Byrsonima et Andira. L'existence des arbres souterrains est favorisée par la décomposition superficielle des roches dont j'ai parlé en traitant de la géologie du Brésil. [ls existent dans les régions du gneiss surtout, ou dans d’autres roches métamorphiques très- profondément décomposées et transformées en argile à de grandes profondeurs. Les grands arbres souterrains, à tige verticale cachée dans le sol, sont une des particula- rités les plus curieuses de la flore de cette région. » Il est NATURELLE DU BRÉSIL. 393 à regretter que l’auteur ne dise pas si ces arbres souter- rains se forment dans les plaines, ou si l’enfouissement a lieu comme pour le Salix herbacea des Alpes, par l’effet d’une situation sur une pente composée de détritus mi- néraux mobiles. L'ouvrage est assez bref sur la distinction des régions botaniques, très-nombreuses et variées, comme on sait, dans le vaste empire du Brésil. Sans doute, il a pensé que les considérations déjà développées par Auguste de Saint- Hilaire, de Martius et autres voyageurs, dispensaient d'entrer dans plus de détails. D'ailleurs, il faut en conve- nir, tout ce qu'on peut écrire maintenant sur la botanique et la géographie botanique du Brésil est subordonné aux résultats bien plus importants qui découleront de la Flora brasiliensis, œuvre capitale, déjà fort avancée. où les col- lections de vingt ou trente voyageurs se trouvent étudiées à fond de la manière la plus utile pour la science. On est surpris de voir un ingénieur et un géologue, comme M. Liais, s’être occupé avec autant de soin de la zoologie et de la botanique. Il annonce même des publi- cations ultérieures, pour lesquelles il paraît attacher une grande importance aux notes qu'il a prises dans ses voyages. Selon lui, l’histoire naturelle est un peu encom- brée de collections et manque de descriptions prises sur place. Assurément il y a beaucoup de collections qu’il faudrait arranger mieux pour en profiter, mais quant à l'utilité relative des objets et des descriptions pour l’avan- cement de la science, c'est une question que l’expérience a déjà décidée, et entièrement à l'avantage des collections. Excepté pour quelques animaux et végétaux très-mols ou très-fragiles, il vaut toujours mieux avoir les objets eux-mêmes que des descriptions ou des dessins. En bo- 3924 HISTOIRE NATURELLE DU BRÉSIL. tanique, par exemple, les herbiers des Philippines de Cu- ming servent constamment, tandis que les longues des- criptions de la Flore de Blanco sont une cause de retard et d’embarras. Au Brésil, Saint-Hilaire et de Martius ont énormément écrit dans les forêts, mais heureusement ils ont aussi récolté, et c’est par les publications basées sur les collections qu'ils ont influé sur la science, le se- cond surtout qui à publié davantage et donné libérale- ment des échantillons. Bertero a beaucoup décrit et a distribué beaucoup de plantes. Celles-ci ont été souvent examinées, tandis que personne ne pense aux manuscrits. Évidemment, depuis qu’on a été obligé de scruter des organes internes et minutieux pour établir les caractères, un voyageur fatigué et mal casé ne peut pas faire le tra- vail le plus utile, tandis qu'un naturaliste sédentaire, avec de la patience, peut voir à peu près tout sur des échan- tillons conservés, et, en outre, les autres naturalistes ont les moyens de vérifier ce qu’il a vu. L'avantage de mieux constater certains Caractères accessoires de couleur ou d’odeur, est amplement compensé par celui de trouver dans un herbier à la fois des fleurs et des fruits, ainsi que des échantillons de diverses localités. Après treize années de voyages fatigants, en qualité d'ingénieur et de naturaliste, M. Emmanuel Liais vient d’être chargé de la direction de l'observatoire impérial de Rio de Janeiro. Il revient ainsi à ses anciennes occupa- tions de l’époque à laquelle il était astronome de l’obser- vatoire de Paris. Faisons des vœux pour que les sciences profitent encore longtemps de son savoir vraiment ency- clopédique. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. STEARN et LEE. SUR L'EFFET DE LA PRESSION SUR LE CARACTÈRE DES SPECTRES GAZEUX. (Proceedings of the Royal Society. vol. XXI, n° 144.) Les variations dans les spectres des différents gaz qui ac- compagnent d'ordinaire les changements de densité, ont été étudiées par Plücker et Hittorf, Frankland, Lockyer et autres. Suivant les auteurs du travail actuel, plusieurs des variations attribuées jusqu'ici à un simple changement de densité, dé- pendraient d’une cause qui aurait échappé aux savants que nous venons de citer. Lorsqu'on place dans le circuit élec- trique une bouteille de Leyde, et qu’on fait passer à travers un tube de Plücker contenant de l’azote, avec les traces ha- bituelles d'hydrogène, le courant d’un appareil d’induction, chacun peut observer les phénomènes suivants déjà bien con- nus. Si le gaz est à la pression. ordinaire de l’atmosphère, ou à peu près, le spectre linéaire de l’azote ressort d’une manière brillante, landis que la ligne F de l'hydrogène pa- raît large et nuageuse. À mesure qu’on diminue la densité du gaz, les lignes de l'azote tendent graduellement à dispa- raîitre, et sont remplacées par un spectre à bandes, pendant qu’en même temps la ligne F d’hydrogène devient plus mince et plus brillante. Dès qu'on rend au gaz sa densité normale, le spectre linéaire apparaît de nouveau, et la ligne F de l’hy- drogène s’élargit. MM. Siearn et Lee cilent l’expérience suivante comme ten- dant à montrer que les changements ci-dessus ne sauraient être attribués à une variation dans la densité du gaz. — Ils placent devant le spectroscope un tube fermé contenant de 326 BULLETIN SCIENTIFIQUE. l'azote avec traces d'hydrogène, à la pression de deux milli- mètres environ. Un second tube communique avec la machine : pneumatique, et on fait passer le courant au travers de l’un et de l’autre tube, une bouteille de Leyde étant placée dans le circuit. Les auteurs ont remarqué que lorsque la pression dans le second tube était considérable, le spectre linéaire de l’azote ressortait d’une facon brillante dans le tube fermé, tandis que la ligne F de l'hydrogène se montrait large et nua- geuse. À mesure que la pression diminuait, ces lignes ten- daient à disparaître, et la ligne F se rétrécissait, précisément comme si l’on avait fait le vide dans le tube fermé. Les au- teurs expliquent le phénomène en admettant que la produc- tion du spectre linéaire de l'azote, de même que l’expansion de la ligne F de l'hydrogène, dépendent uniquement de l'in- tensité de la charge communiquée à la bouteille de Leyde. Si la densité du gaz entre les électrodes est considérable, la dé- charge n’a lieu que lorsque la bouteille se trouve compléte- ment chargée; mais à mesure que la densité du gaz diminue, la charge communiquée à la bouteille devient toujours plus faible, jusqu’à ce qu’enfin la décharge finit par ne pas ex- céder celle d’un simple courant. On produit un effet analogue en interposant dans le circuit un rhéotome, dont on peut augmenter la longueur à mesure que la pression dans le tube tend à diminuer. Plücker et Hit- torf paraissent avoir eu l’idée de se servir du rhéotome, puis- que dans leur mémoire publié en 1864 dans les Transactions Philosophiques, ils parlent de l'expansion observée dans les lignes spectrales, lorsqu'on augmentait la charge de la bou- teille de Leyde par l’interposition d’une couche d’air. Ils ne paraissent cependant pas avoir remarqué qu’une diminution de pression dans le tube équivalait à une diminution dans la charge de la bouteille de Leyde, et que c’est à cette cause qu'il convient d’attribuer la plupart des changements qui accompagnent une diminution dans la pression du gaz. PHYSIQUE. 327 OSBORNE-REYNOLDS. SUR LA CONDENSATION PAR UNE SURFACE FROIDE D'UN MÉLANGE D’AIR ET DE VAPEUR. (Proceedings of the Royal Society, vol. XXI, n° 144.) Le but de l’auteur a été de déterminer jusqu'à quel point la présence d’une petite quantité d’air influe sur la condensa- tion de la vapeur par une surface froide. Lorsque la vapeur est pure et sans mélange d'air, il se produit, lors de la con- densation, un espace vide qui se remplit à l'instant même d’une nouvelle dose de vapeur, de telle sorte que si la sur- face pouvait se refroidir suffisamment vite, la rapidité de la condensation serait, pour ainsi dire, illimitée. Il en est tout autrement lorsque la vapeur est mélangée avec de l'air. Dans ce cas, la vapeur se condense bien au moment où le mélange entre en contact avec la surface froide, mais il reste toujours entre la masse suivante de vapeur et celte surface, une couche d’air, qui doit nécessairement être traversée ou dépla- cée par la vapeur avant que celle-ci puisse se condenser à son tour. L'auteur fait remarquer que la solution de cette ques- tion présente, en dehors de tout intérêt scientifique, une véritable importance pratique, en ce qui a trait surtout à la machine à vapeur. L'appareil dont il s’est servi consiste en un ballon de verre, auquel est ajouté un manomètre à mer- cure, et qui est muni de tuyaux destinés, soit à admettre de l’eau et de l’air, soit à permettre à la vapeur de s’échap- per. Nous nous bornons à l'énoncé des conclusions aux- quelles il est arrivé: 1° La présence d’une petite quantité d’air mélangée avec la vapeur d’eau retarde de beaucoup la condensation de celle-ci par une surface froide. 2% La promptitude avec laquelle la condensation a lieu, diminue rapidement, et d’une manière presque uniforme, à mesure que la pression de l’air augmente de deux à dix pour cent l’élasticité de la vapeur. A partir de dix pour cent, et jusqu’à un accroissement de trente pour cent dans Ja 328 BULLETIN SCIENTIFIQUE. pression de la vapeur, le ralentissement dans la condensa- tion de celle-ci devient moins rapide, et finit par devenir uniforme. 3° Il résulte de l’effet produit par le mélange d’air avec de la vapeur d’eau, que dans le cas de la machine à vapeur, le volume qu’il convient de donner à la surface de condensa- tion doit augmenter rapidement suivant la quantité d’air pré- sent dans l'appareil. 4° Qu'en mélangeant préalablement de l'air avec la va- peur, on parvient à diminuer notablement la condensation de celle-ci à la surface du cylindre, et partant, à augmenter d’autant la puissance de la machine. »° Que l'effet maximum est obtenu, lorsque la pression de l'air est égale à environ la dixième partie de celle de la va- peur ; ou en d’autres termes, lorsque deux pieds cubes en- viron d'air, à la pression ordinaire de l'atmosphère et à la température de 15°,5 C., se trouvent mêlés à une livre de vapeur. L'auteur fait remarquer, en terminant, que les résultats auxquels il est arrivé tendent à confirmer une explication proposée, il y a déjà quelque temps, par M. Siemens, sur l’a- vantage qu’il paraissait y avoir à forcer de l’air dans la chau- dière de la machine à vapeur, avantage qu'il attribuait en grande partie à ce que la présence de cet air tendait à empêcher la condensation de la vapeur à la surface du cylindre, ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. O. De Linsrow. ÜBER DIE ENTWICKELUNGSGESCHICHTE, etc. SUR LE DÉVELOPPEMENT DU DISTOMUM NODuLOSUM. (Archiv für Naturgeschichte, 39° année, 1°° cahier, p. 1, pl. 1, 1873.) M. de Linstow s’est assuré par ses expériences que le Dis- toma nodulosum ne provient pas, comme l'avait supposé de Filippi, de la Cercaria Planorbis carinati, mais bien d’une autre forme qui n’était pas encore connue. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 329 Pour suivre les migrations de ce ver, l’auteur à mis des in- dividus pleins d’œufs dans un vase contenant des mollusques d’eau douce (Lymneus, Paludina, Planorbis, Valvata, etc.). Les Distomesse décomposérent bientôt etleurs œufs devinrent libres. Au bout de deux ou trois jours on vil éclore les pre- miers embryons, qui se mirent à nager rapidement au moyen de leur revêtement vibratile. C’est dans le canal alimentaire de certaines Annélides chétopodes, par lesquelles ils avaient été avalés, que M. de Linstow put le mieux suivre les pre- mières transformations de ces larves: elles avaient perdu leurs cils et on distinguait nettement une protubérance antérieure qui s’aperçoit déjà chez l'embryon libre dans l’eau. L’examen des mollusques ne lui fournit pas des résultats concluants. La plupart des individus contenaient des cercaires, mais celles-ci appartenaient à plusieurs espèces, de sorte qu'il n’était pas possible de savoir lesquelles provenaient du D. no- dulosum. Toutefois, la plus abondante de beaucoup dans la Paludina impura était une espèce pourvue d'un aiguillon, et rappelant le D. nodulosum par les formes et les dimensions de ses ventouses. Cette cercaire se développe dans des spo- rocysles complétement dépourvus de structure qui présen- tent souvent une protubérance rappelant celle que l’on voit chez les larves ayant pénétré dans l’intérieur des Annélides. Les sporocystes se multiplient par division transversale ; ils ne renferment jamais qu’un petit nombre de cercaires et souvent une seule. Dans la Paludine ces cercaires s’enkystent en perdant leur queue et en même temps leur aiguillon que M. de Linstow a vu se détacher sous ses veux. L’on trouve des échantillons de Paludina impura qui ne contiennent que des sporocystes et des cercaires libres, d’autres qui ne con- liennent que des cercaires enkystées, et enfin d’autres qui renferment les trois formes. L'auteur a fait avaler des kystes à quatre petites perches. Ces poissons, étant morts deux heures après l’expérience, furent ouverts, et chez deux d’entre eux M. de Linstow dé- 330 BULLETIN SCIENTIFIQUE. couvrit un certain nombre de jeunes Distomes qui se trou- vèrent être des D. nodulosum. I paraît donc prouvé par ces expériences que les œufs de ces Trématodes tombent dans l’eau, d’où les embryons passent dans les mollusques; de là ils arrivent dans les poissons sans pénétrer dans un hôte in- termédiaire. Un fait curieux observé chez cette espèce, c’est sa présence sous une autre forme dans l’Acerina cernua. M. de Linstow a trouvé à la face interne de l'intestin de ce poisson des kystes minces qui laissaient sortir, lorsqu'on les rompait, de jeunes exemplaires du D. nodulosum montrant tous les caractères de l’espèce. Quelques-uns avaient déjà le vitellogène et le germinogène, les testicules et la poche du cirrhe. fl a trouvé aussi les mêmes kystes avec un contenu identique, en même temps que de jeunes D. nodulosum libres et parvenus au même-état de développement, dans lintestin de la Perca flu- viatilès où ils étaient évidemment arrivés avec un exemplaire d’Acerina cernua. Les kystes ont des parois beaucoup plus minces que ceux que l’on trouve dans la Paludina impura ; ils sont beaucoup plus grands, avant 0"",4 au lieu de 0"",07, et en outre, comme nous l’avons déjà dit, l'animal qui y est contenu est beaucoup plus avancé dans son développement. L’auteur explique de la manière suivante la présence du parasite dans ces conditions exceptionnelles. Il doit y avoir deux modes de transport des cercaires dans les poissons. Dans le premier cas. le poisson mange une Paludine qui contient des cercaires enkystées; la cercaire est mise en li- berté par suite de la digestion du kyste et arrive à son état sexué dans l'intestin du poisson. Dans le second cas l’Ace- rèna cernuu mange un mollusque qui contient des cercaires libres, ou bien ces larves émigrent directement dans le pois- son. Elles percent l’intestin au moyen de leur aiguillon pour venir s’enkyster à l’extérieur de la paroi de cet organe. Pendant leur route au travers de l'intestin, elles augmentent de grosseur parce qu’elles trouvent là des éléments nutritifs convenables. PRET ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 391 Leuckart a posé en principe qu'il n’y a que les Distomes enkystés qui soient « transportables » (übertragbar). M. de Linstow croit que cette opinion est juste si l’on entend par là qu’il faut toujours un état d’enkystement préalable pour qu’un Distome puisse se développer librement dans l’intes- tin. Si une cercaire encore libre parvient dans son hôte dé- finitif. elle peut continuer à y vivre, mais elle s’y enkyste. A. H. George-Ossian Sars. ON SOME REMARKABLE FORMS OF ANIMAL LIFE FROM THE GREAT DEPTHS OF THE NORWEGIAN COAST. FORMES REMARQUABLES DE LA VIE ANIMALE DANS LES GRANDES PROFONDEURS DE LA CÔTE NORWÉGIENNE. Extrait des manus- crits de feu le prof. D' Micnaez Sars. In-4°, avec 6 pl. Christiania, 1872. Ce mémoire est le premier d’une série dans laquelle M. G.-0. Sars a intention de faire connaître les résultats de ses recherches sur la faune profonde des côtes de Norwége. Bien que le nombre des espèces décrites ici soit assez res- treint (14), ce travail n’en a pas moins une grande impor- tance parce que chacune des formes est étudiée d’une ma- nière approfondie, et que toutes sont intéressantes au point de vue de leur anatomie ou de leur distribution gécgraphi- que. L'auteur a joint à ses propres observations beaucoup de notes laissées par son illustre père. Les Bryozoaires sont représentés par deux espèces dont la plus remarquable, signalée d’abord par Michel Sars sous le nom de Halilophus mirabilis, est placée aujourd’hui dans le genre Rhabdopleura créé par Allman pour une espèce voi- sine (Rh. Normanni) draguée dans les eaux profondes, près des Shetland. La Rh. mirabilis, découverte aux iles Loffoden dans des profondeurs de 100 à 300 brasses (fathoms), a permis aux deux naturalistes norwégiens d'étudier le genre d’une ma- nière beaucoup plus complète que n’avait pu le faire M. All- 3932 BULLETIN SCIENTIFIQUE. man réduit à l'examen d'échantillons conservés dans l’alcool. Ce type s'éloigne à beaucoup d’égards des Bryozoaires con- nus jusqu'à présent. Un des caractères les plus importants parmi ceux qui le distinguent, c’est l'absence complète d’en- docyste, partie qui existe chez tous les autres représentants du groupe. Ensuite, le lophophore a une toute autre appa- rence que chez les Bryozoaires marins, et, quoique différant notablement de celui des Hippocrépiens. il s’en rapproche cependant davantage que du lophophore des Infundibulata. Il est formé de deux lobes ou bras naissant de la face dor- sale et portant chacun une double rangée de tentacules. Ces bras sont beaucoup plus longs et plus étroits que dans aucun genre connu, et leurs lentacules ne sont pas disposés en série continue, de sorte que, au lieu d’une seule couronne tenta- culaire, il y a deux bras tentaculaires symétriques, très-flexi- bles, et changeant facilement de position relativement au corps de l'animal ainsi que l’un par rapport à l’autre. Les tentacules ont la structure ordinaire, mais dans lanimal vi- vant ils présentent une apparence toute différente de celle qu'on leur voit dans les autres Bryozoaires, car ils sont tou- jours courbés de la manière la plus irrégulière dans toutes les directions. M. Sars a désigné, sous le nom de bouclier buccal (buccal shield), une forte saillie en forme de disque oblong el épais, revêtu partout de cils vibratiles, qui naît entre les bases des bras tentaculaires et tient à la face antérieure du corps par un court pédoncule. C’est au-dessous de ce bouclier que s’ouvre la bouche dans laquelle les particules nutritives pa- raissent arriver par deux goullières situées à droite et à gauche du pédoncule. M. Sars regarde cet organe comme l'homologue de l’épistome des autres Bryozoaires, mais ses fonctions sont ici toutes spéciales. C’est une sorte d’organe de reptation qui sert à l’animal à se soulever jusqu’à l’ouver- ture de son tube, et compense l’absence d’un endocyste et de muscles permettant la protraction du corps. Lorsque l’animal ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 399 est dans sa cellule, le disque est appliqué contre Îles parois et agit d’une manière analogue au pied des Gastéropodes. Le corps, libre sur les côtés de toute adhérence à la cel- lule qui le renferme, n’est retenu que par un long cordon cylindrique, grêle, partant de la base du polypide et s’insé- rant sur le cordon commun qui occupe l’axe de la tige. Ce prolongement est allongé pendant l’état d'extension de l’ani- mal et enroulé en spirale pendant la rétraction. L'auteur le nomme le cordon contractile. Le cordon axial qui s’étend tout le long de la tige com- mune portant les individus diffère complétement du cordon contractile. Il forme partout un tube cylindrique de cou- leur très-foncée, à parois fortes, de consistance chitineuse très-dure, contenant dans son intérieur un cordon celluleux mou, semblable au cordon contractile, bien que beaucoup moins épais. M. Sars suppose que cette moelle celluleuse est un tronc nerveux incomplétement défini qui réunit tous les individus de la colonie en se continuant dans le cordon con- tractile. L’on aurait ainsi une formation comparable au svys- tème nerveux colonial des autres Bryozoaires marins. L'animal est peu sensible et lent dans ses mouvements. La rétraction s’effectue avec une grande lenteur et la pro- traction se fait d’une manière presque insensible. M. Allman avait été conduit, principalement par l'étude du développement de la Rh. Normanni, à la conclusion que les Bryozoaires ne sont pas, comme on l’avait quelquefois supposé, voisins des Brachiopodes, mais qu'ils se rattachent plutôt aux Lamellibranches. Toutefois, cette manière de voir était basée sur certaines observations que M. Sars considère comme erronées. Pour ce dernier auteur l’absence de l’en- docyste a une grande valeur et tend à éloigner les Rhabdo- pleura des Brachiopodes et des Tuniciers. Du reste, M. G.-0. Sars communique des notes laissées par son père qui con- tiennent des considérations fort intéressantes sur les affinités de la Rh. mirabilis. Selon l’éminent naturaliste norwégien 334 BULLETIN SCIENTIFIQUE. cette curieuse forme offrirail des rapports incontestables avec certains Hydrozoaires. Il mentionne d’abord l’absence d’ad- hérence de l’animal à la partie antérieure de la cellule, qui fait que cette cellule n’est pas remplie par du liquide péri- gastrique, mais bien par de l’eau de mer. La rétraction au moyen du cordon contractile correspond aussi à celle des Hydrozoaires. D’autre part l’extension se fait d’une manière toute différente que dans les Hyvdrozoaires et les Bryo- zoaires. Ces comparaisons montrent que le Rhabdopleura doit occuper une place intermédiaire entre les Hydrozoaires et les Bryozoaires. Pour qu’un Hydrozoaire se change en Bryozoaire, il faut que, au lieu d’une simple cavité abdominale à une seule ou- verture, il se développe un canal intestinal à parois propres se divisant en trois régions et remontant s’ouvrir dans le voi- sinage de la bouche. On trouve cela dans la Rhabdopleura, mais rien de plus. Il manque encore ici lendocyste et Le sys- tème compliqué des muscles protracteurs et rétracteurs spéciaux. Aussi, quoique l’on doive le rattacher aux Bryo- zoaires en raison du perfectionnement de son appareil di- geslif, l’animal doit être considéré comme s'étant arrêté en route entre les Hydrozoaires et les Bryozoaires. De même que beaucoup d’autres êtres habitant aujour- d’hui les grandes profondeurs de la mer, la Rhabdopleura est incontestablement une forme très-ancienne qui a con- servé dans son organisation quelques traits caractéristiques depuis l’époque où le type des Bryozoaires se développail d’un type plus inférieur. La seconde espèce de Bryozoaire est une Flustre (F1. abys- sicola), trouvés aux iles Loffoden et sur d’autres points de la côte de Norwége entre 120 et 300 brasses. Elle est surtout intéressante par ses aviculaires qui présentent les plus grands rapports de grandeur et de forme avec les cellules. Il y a une homologie évidente entre elles et les individus proprement dits, et l’on voit clairement qu’elles ne sont que des modifica- ig tn Ey 0, Ré VAI ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 339 lions de ceux-ci transformés surtout en vue de la défense de la colonie. La F1. abyssicola est, sans doute aussi, une des plus an- ciennes formes de Brvozoaires actuellement vivantes et semble, comme la Rhabdopleura, être très-répandue dans les grandes profondeurs. L'auteur décrit et figure les cinq espèces suivantes de Mollusques: Foldia obtusa, M. Sars (Y. abyssicola, M. Sars), Pecchiolia abyssicola, M.Sars, Dentalium agile, M. Sars, Triopa incisa, M. Sars, et Goniéolis typica, M. Sars. L'étude de l’animal de la Pecchiolia a montré que ce genre qui avait été placé successivement dans les Trigo- niadæ, les Anatinidæ et les Cyprinidæ, doit être réuni aux Anatinidæ malgré certaines différences peu importantes dans ses siphons. Le Dentalium agile, remarquable par ses mouvements très-actifs, a été trouvé aux Loffoden et près d’Aalesund entre 200 et 300 brasses. Il a été rapporté par Jeffreys au D. incertum Phil. (non Deshayes) des tertiaires de Calabre dont il se distingue toutefois à certains égards. La Goniëolis typica, M. Sars, se rattache à la tribu des Eolidinæ dont elle diffère cependant par l'existence d’un manteau. Cet éolidien semble vivre seulement à une assez grande profondeur (50 à 100 brasses), fait remarquable dans ce groupe de Mollusques qui ne renferme guères que des espèces littorales ou sublittorales. Les Annélides sont représentées par deux espèces consti- tuant chacune un genre nouveau. Ce sont les Umbellisyllis fasciata, M. Sars et Paramphinome pulchella, M. Sars. Cette dernière, qui se trouve sur toutes les côtes de Nor- wége, entre 20 et 300 brasses, rentre dans la famille des Amphinomides très-faiblement représentée dans les mers froides. Elle est caractérisée par ses branchies portées seule- ment par quelques segments, et en même temps plus déve- loppées proportionnellement que dans les autres genres de la famille. 390 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Deux nouvelles espèces de Polypes sont décrites. L’une, la Mopsea borealis, M. Sars, rentre dans les /sidinæ, groupe dont on ne connaissait jusqu’à présent que des formes tro- picales, à l’exception de la M. elongata de la Méditerranée. Il est donc fort intéressant d'en retrouver une aux Loffoden, à des profondeurs de 300 à 400 brasses. L'espèce est très- voisine de la M. elongata, mais ne semble pas attendre d’aussi grandes dimensions que celle-ci. Il est très-probable qu'il existe sur les côtes de Norwége une seconde espèce de Mopsea, qui aurait été rapportée à tort par l’évêque Gunnerus à l’Isis hippuris. L'autre polype découvert par M. Sars est le Fungiacyathus fragilis, M. S., nouveau genre découvert aux îles Loffoden à une profondeur de 300 brasses. Le polypier est simple, libre, discoïde, portant à sa face supérieure des lamelles rayon- nantes, mais manquant complétement de la muraille (theca) qui, dans la plupart des autres coraux, limite le calice en de- hors. Ce genre rentre dans la famille des Turbinolides et dans la tribu des Turbinolidæ. L'on ne connaissait que deux genres tertiaires de cette famille (Méscotrochus et Discocya- thus) qui eussent la forme discoïde de Fungia que présente celui-ci. Le Fungiacyathus se distingue de ces genres par l’ab- sence de la columelle et des palis, en même temps que cela le rapproche de l’Ulocyathus arcticus, M. Sars, Turbinolide des côtes de Norwége dont il s'éloigne d’ailleurs par des ca- ractères importants. Les Turbinolides libres, dont la plupart des espèces sont fossiles et dont les représentants vivants sont presque exclu- sivement des mers chaudes, sont donc représentés dans les mers arctiques par deux espèces dont la découverte est due aux recherches des deux Sars. L’Ulocyathus arcticus, M. Sars (Flabellum laciniatum, E. et H.) existe à l’état fossile dans les tertiaires de Calabre. Trois Spongiaires terminent la série des remarquables formes décrites par le savant norwégien. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. dE #4 Le Trichostemma hemisphericum, M. Sars, est une éponge siliceuse qui se rencontre assez souvent aux Loffoden, à des profondeurs de 120 à 300 brasses, sur un fond d'argile molle. Elle rentre dans les Corticata d'Oscar Schmidt, sans pouvoir cadrer avec aucun des genres établis. Sa forme est très-ca- ractéristique et remarquablement constante; c'est celle d’un hémisphère de deux pouces de haut sur un de large, avec la face inférieure plane ou légèrement concave. Le bord est garni d’un cercle de nombreux spicules rayonnants qui main- tiennent l'éponge dans la vase d’où sort seulement la face convexe. De cette face supérieure naît un plus ou moins grand nombre de saillies creuses, coniques, obtuses, recour- bées de diverses manières, portant chacune un oscule à son extrémité. L'intérieur est plus ou moins compacte, traversé de lacunes irrégulières nombreuses. La Cladorhiza abyssicola, M.Sars, trouvée aux îles Loffoden à 300 brasses de profondeur est une autre éponge siliceuse différant par son apparence de toutes les formes connues. Elle est formée d’un tronc dont l’extrémité inférieure se di- vise en nombreuses racines finement ramifiées qui le fixent dans la vase. De ce tronc principal naissent, de différents côtés et presque à angle droit, des branches se terminant en pointe arrondie. De la tige et des branches latérales naissent de fins prolongements coniques pointus et un peu recourbés, ayant tous environ la même longueur et une disposition ordi- nairement circulaire. On ne voit ni oscules ni pores. Par la forme et la disposition de ses spicules cette éponge semble se rapprocher du genre Hymedesnion. Le Hyalonema longissimum, M. Sars, qui provient de la même région que les deux espèces précédentes, esl très- voisin du H. boreale, dont il se distingue par sa plus grande longueur (75""), par ses formes beaucoup plus grèles et surtout par les dimensions relatives de la tête et de la tige. A: ARCHIVES, !. XLVIL — Août 1873. 24 338 BULLETIN SCIENTIFIQUE. BOTANIQUE. B. Venuor, chef de l’École botanique du Muséum à Paris. LES PLANTES ALPINES. Un volume in-8°, avec planches. Paris, 1873. La culture des plantes alpines a tous les jours plus d’ama- teurs, et c’est évidemment pour les satisfaire que l’ouvrage actuel a été publié par le libraire Rothschild. Il s’agit d’un volume élégant, qui contient beaucoup de vignettes et cin- quante chromolithographies d’espèces alpines, ou au moins d’espèces cultivées à la manière des plantes alpines. Dans le : nombre nous remarquons des plantes, non-seulement des Alpes du Dauphiné ou de Savoie, mais encore des Alpes ita- liennes, des Pyrénées et quelques plantes exotiques de même nature. Les plus intéressantes sont peut-être celles du revers méridional des Alpes, qui sont peu connues et méritent bien de l'être, car elles fleurissent très-bien dans les jardins, par exemple la Primula glaucescens, des bords du lac de Côme, la Cortusa Matthioli, de Styrie, et les jolies Campanula mu- ralis, de Dalmatie, et C. garganica, du monte Gargano, dans l'Italie méridionale. Les couleurs ordinairement si vives des plantes alpines sont fort bien rendues par le procédé de la chromolithographie. | M. Verlot explique en détail les procédés de culture qui lui ont réussi dans le jardin du Muséum. On aura sans doute raison de les suivre dans les pays de plaines analogues au nord de la France, mais ailleurs d’autres modes peuvent convenir mieux ou aussi bien. Par exemple, à Genève, la collection de plantes alpines du Jardin botanique est très- riche, très-prospère, et son arrangement sur des rocailles, qu’on ne couvre jamais de feuilles, est très-différent de celui adopté à Paris. L'auteur recommande certaines excursions dans les Alpes et les Pyrénées françaises. Il indique, pour chacune, les es- BOTANIQUE. 399 pèces les plus intéressantes qu’on peut se flatter d’y recueil- lir. Il donne même des instructions sur la meilleure manière de les transporter dans un jardin. D: L. SavaTiER. BOTANIQUE JAPONAISE. LIVRES DE KWA-Wi, tra- duits du japonais avec l’aide de M. Saba ; un vol. in-8°. Paris, 1873. Nous sommes menacés d’une invasion qu'il est difficile de regarder comme heureuse. On commence à traduire les li- vres de botanique des Japonais. Siles ouvrages modernes ne sont pas entièrement supérieurs au Kwa-wi, dont la date est 1759, en vérité ce qu’il y aurait à faire ce serait de les laisser dans leur langue originale. En effet l’auteur Yonan-si n’a donné que des descriptions complétement superficielles, indiquant seulement la hauteur de la tige, la couleur des fleurs ou du fruit, etc. [I y a moins de caractères que dans les descriptions de Théophraste. Les botanistes européens n’ont rien à en tirer, d'autant plus que le nom botanique des plantes dont il s’agit est ordinairement incertain. Mieux vaudrait le plus petit fragment de rameau en fleur, d’où il est aisé de tirer des informations positives. M. Savatier rendrait un meilleur service en traduisant de nos langues modernes, en japonais, les ouvrages de botanique propres à l'instruction des sujets intelligents du Mykado. Ceux-ci s’apercevraient qu’au moyen des herbiers, du scal- pal et de la loupe, les Européens ont découvert, dans les plantes du Japon, beaucoup de choses dont ils ne se doutent pas. Il paraît au surplus que M. Savatier a l'intention de pu- blier quelque chose au profit des Japonais. Il attend qu’un de ses amis, M. Franchet, de Court-Cheverny, lui ait commu- niqué les noms de toutes les espèces de son herbier à la suite d’une recherche qu’il dit « complétement terminée.» Sans doute M. Franchet a travaillé dans les herbiers de Suède, de Munich, de Leyde, de Pétersbourg et de Londres, où se 340 BULLETIN SCIENTIFIQUE. trouvent les échantillons originaux de Thunberg, Siebold, Maximowiez et autres, indispensables pour déterminer des plantes du Japon. LEDEGANEK. RECHERCHES HISTO-CHIMIQUES SUR LA CHUTE AUTOM- NALE DES FEUILLES. (Bulletin de la Société royale de bota- nique de Belgique, X, p. 133.) L’auteur a examiné au microscope les couches de cellules et les vaisseaux qui se trouvent à la base des feuilles autour du point où la rupture s’opère en automne. Les observations ont porté plus particulièrement sur quatorze espèces li- gneuses, et il donne une planche relative à l'Ulmus campes- tris. Le résultat de son investigation confirme celle de M. Schacht que certaines cellules deviennent subéreuses, dans une région toujours la même pour chaque espèce, et qu’il en résulte un défaut de circulation des liquides et la mort du pétiole situé au delà. Ni l’auteur, ni M. Schacht n’ont men- tionné le travail de Vaucher, publié en 1821, dans le premier volume des Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genêve, sur la chute des feuilles, dans lequel notre savant compatriote montrait que la rupture tient à des causes anatomiques en un point déterminé, et disait: « Un « parenchyme unit la tige et le pétiole. Tant qu'il est impré- « gné de sucs végétatifs et remplit ses fonctions vitales, l’adhé- « rence se maintient, mais lorsque l’automne arrive, ce pa- « renchyme interposé se dessèche ou s’altère, et il cesse « d’être continu avec celui de la tige.» L’altération du tissu était donc connue, et les modernes ont découvert seulement sa nature spéciale. Selon Vaucher une torsion fréquente du pétiole détermine la rupture. L'auteur belge parle, comme cause déterminante, de la contraction résultant du froid en automne. 341 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE MOIS DE JUILLET 1873. 2, rosée le matin. 3, idem. 5, idem. 7, à 8 h. soir, éclairs et tonnerres lointains à l’'ESE, 8, rosée le matin; de 3 h, à 7 h. soir éclairs et tonnerres, l'orage passe le long des montagnes à l'Est. A 7 h. 20 m. second orage au SSO, éclairs et ton- nerres toute la soirée, l’orage passe le long du Jura. 9, rosée le matin, De midi à 1 h. tonnerres à l’Ouest. 11, rosée le matin. Éclairs et tonnerres de 31/, h. à 41}, h. après midi, l'orage suit les montagnes à l’Est ; dans la soirée éclairs à l'Ouest et au SE. 12, éclairs et tonnerres de 41/, h. à 51/, h. après midi; direction de l'orage S$. au N. 44, forte rosée le matin. Depuis 45/; h. après midi éclairs et tonnerres au Sud, l'orage passe à l'Est le long des montagnes ; à 7 h. soir très-forte averse accompagnée de violents coups de vent, d’abord du SE., puis du NO., éclairs et tonnerres toute la soirée. 17 et 18, rosée le matin. 24, éclairs et tonnerres dans la nuit du 23 au 24, les plus fortes décharges ont eu lieu de 31/, h. à 4 h. du matin. 25 et 26, forte rosée le matin. 27, de 91/, h. à 10 h. matin, orage accompagné de fortes décharges électriques direction du SO, à l'Est, À 8 h. soir un second orage éclate au SO., éclairs et tonnerres jusqu’à 93/, h. ; 29, forte rosée le matin. 31, rosée le matin. ARCHIVES, t. XLVII, — Août 1873. 1e DE 342 Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. mm RP A0 S h, matin. ........: 729,05 SELTIONN SOIT MMS de . 130,67 HA TS Un: matin .......0.0 73412 IRON MAIN... 2.5. 731,80 MINIMUM. Tin Le 4à 4h. après m...... .. 125,38 14826 hEs0ir PP .. 121,36 D6Na Guh: Soir ec CEST 125,86 68e |'Se'e+ | 81 | #00 ‘N° "| °‘‘|oge |OSF 11 —| 699 | co e+|L6er L'éc+ |rLIH 91 +|erec+ ji + [20 Lee | 06 | cc | 190 | otqemea)"""| ‘°° loez |0S€ |rer— | 198 | eco | 86'er, l'O | Fr 189 +) ee | c'e + y 1686 | SL'e+ | Fac | 600 | orgemes |" "las |o86 |69 — | 319 Ugé'rt |o2'ar | otre | cer Jouy + | crea + | ce'0 + | Le'sez 6cll 1968 | 00'7+ | 'eg | ag'o | orqemea |" "| "log [089 [es + | #91 |9g'e+ | rr'r1 | 6°98+ | 897 l61'e | 76 06-+ | S£'0 — | 69262 | 83 1966 | — — |esoir ‘N]S |6'8 |066 |089 |rer+ | #08 | 1e | 90'rE | L'Sc+ | PAIE (991 +] 1706 | S£'0 + | see | Le |SES | — _ 6e 0 || equres fl oss 018 |16 + | 101 |or'et |ogrr lo ie | o'gr+ [18% +] 60'ec+ ! 590 — | 97'LGL | 98 1768 | gy'e+ | 9°1a | c0‘0 | NT "loss |orr |16 + | 101 |ova+ | 6'er 028 + | Far [gg'e +) arret #70 + | Er'8cL| ce es | 0ge+ ic lerolr ‘Nir | L'oslooz |009 |1% + | 91 locc+ | ré'er | Fra | tr |1a + |210'06+ 150 + | VF'8CL | vG GG | SOC | FOr | 1 Or “ANN "| *""|068 |O0Lr |e6 +] 1024 |g6 + | 1971 | e16e+ | 8'ar+ |08r +| rec 20 | s1'862) 8 1866 | 0L‘1+ | 1676007 ‘'N|''"| °°"loss |086 | 07 + | 6172 |166—+ | co'er | 1'oc+ | ST |rg'e ge rc+ ct'e + | Sc'OL| ze Ge || 99°0+ | 9'er || OT'O |} N°1 "logs [068 [16 —| Log |08‘o+ | rs Tr sec + | cer lec'r +|eroc+ 6e + |rs'otl re 19€G | — — |00‘0|F N°!" |o61 |088 |eL —| cop |78‘7— 688 | Fest | Fr 97 —| #9'21+ : 80€ + | 26 0€L 986 || Ge‘1— | 99880 ‘N°! 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Ê É IP se =I0p E ne vom "0N vo AU 1AvaG LAS Re: 5 n— | D _ D — Le ou. I ———— A = e È SUQUY np “duo, 2%, W9A | eBtag noëtmyg *SOUIQI[N U9 UOTJRANYES 9p "1982 || deA €] 9p UOISUA], “A aanepduag, “JQUWOIRG | £ " ‘ELST LATIN — HAANAN x 34% MOYENNES DU MOIS DE JUILLET 1873. 6b.m. Sh.m. 10h, m. Midi. 2h48; 4h.s. 6 h, s. 8 h.s. 16 h. 8. Baromètre. nm 1nya rm mn l min mm mm mm mm 1rè Jécade 728,53 728,65 728,44 728,08 727,61 727,24 727,26 727,90 728,24 2% » 729,01 729,10 728,96 72850 727,93 727,53 72753 728,07 729,03 3 » 729,38 729,58 729,53 729,16 728,79 728,18 727,97 728,43 728,90 Mois 728,98 729,42 729,00 728,60 728,13 727,67 727,60 728,14 728,73 Température. Û 0 0 0 0 (0 0 0 tredécade+-17,33 +20,40 +22,31 +23,50 +24,59 +-24,18 +24,00 21,90 +920,11 2e » +16,07 +19.06 +20,74 +21,84 +-23,88 +23,71 422,34 +19,54 +17,92 3e op» 18,85 +21,66 +22,39 +24,29 +25,69 +-26,41 +-25,86 +23,76 +21,76 Mois 17,46 -H90,42 +-21,83 23,25 +94,75 25,01 +243 +1,80 +19,99 Tension de la vapeur. mm an on mm mn mr run mm min tre décade 12,46 12,49 12,30 11,66 11,92 11,85 12,14 12,59 13,14 2 » 10,43 10,68 10,88 10,32 9,82 9,87 10,02 10,48 9,77 3 _ » 13,04 13,49 13,41 12,90 13,61 12,87 13,53 14,41 14,50 Mois 12,01 12,926 1223 11,67 11,84 11,58 11,95 12,56 12,54 L) Fraction de saturation en millièmes. lie décade 839 699 613 538 518 512 290 642 748 D D 767 646 595 539 453 461 511 633 651 3e » 805 692 670 580 362 518 994 662 746 Mois 203 É-670 + 1627 * 1959 SI3, 408 ‘ 530. GC Therm. min. Therm.max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre. u Ciel, du Rhône. ou de neige. 0 0 0 mm cm {re décade +-15,67 +26,42 0,45 <+18,75 2,8 183 2e » +-13,63 +-25,48 0,36 —+16,76 43,4 217 3° » +16,36 +28,17 0,27 +21,12 35,6 233 RU OR NE RP ne Mois +15,26 +26,74 0,35 —+18,96 81,8 212 Dans ce mois, l’air a été calme 7 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,60 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N.11,6 O., et son in- tensité est égale à 28,7 sur 100. TABLEAU OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD LE MOIS DE JUILLET 1873. Le 1er, brouillard tout le jour. Le 2, 5, ÿ, 8, brouillard le soir. idem. dans la soirée, éclairs fréquents. à 21/9 h. après midi tonnerres du côté du nord, l'orage éclate à l’hospicé vers 3 h.; brouillard le soir. brouillard le soir. brouillard dans l'après-midi. brouillard le matin ; violent orage avec éclairs et tonnerres à 51}, h. soir. brouillard une partie de la journée. idem, idem. idem. à 8 h. soir, tonnerres du côté du nord, brouillard le soir. brouillard le matin et le soir. la glace a entièrement disparu du petit lac près de l’hospice. 27, brouillard une partie de la journée; à midi tonnerres du côté du nord, à 8 h. soir orage avec éclairs et tonnerres. 28, à midi éclairs et tonnerres, un second orage éclate à 51/, h. soir. 21 31 Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM TAG SOI RU à à 6 h. soir ARLON SOIT Me 7e. &A10-h. soirs MINIMUM. Ee-ter 4 "8: matin 7.440000 567,03 14 à 10 h. soir 19 à 6 et 8 h. soir ....... 569,22 24 à 4h. après midi...... 569,71 SAINT-BERNARD. — JUILLET 1873. Baromètre. : Pluie ou neige. Æ || Hauteur | Evart avec Moyenne | Écart ; avec la Hauteur Eau : UNEANE | = . Apte pe AUQUE Minimum. | Maximum. où re | AREAS Minimum” |Maximum* ns te Dons dominant, ci. mn rl ane me | en een nee ces | millim. | millim. willim. | millim. 0 | 0 0 Ü millim. millim | 1 || 567,47 Le. 0,40 | 567,03 | 568,02 | + 4,63 | — 0,77 | + 3,2 | + 8,2 | ..... ES CHE NE. 1 | 0,92 | 2 | 568,48 | + 0,55 | 567,76 | 569,24 | Æ 4,62 | — 0,84 | + 1,5 | Æ 8,2 || ..... Tes À NE. 4 | 0,50 | 3 || 509,14 | 1,16 | 568,60 | 569,53 | + 8,55 | + 3,03 | + 4,6 | H12,8 ice es ÉE SO. 4=1"0;07 | 4 | 569,34 | — 1,31 | 568,98 | 569,76 | + 8,84 | + 3,26 | + 5,4 | 19,2 ... ... ss | NE 0 | 0,44 | 5 | 56921 | + 1,13 | 568,66 | 570,04 | + 9,37 | H 3,73 | + 8,0 | 14,0 | ..... + s% NE. 1 | 0,63 | 6 | 571,23 | + 3,10 | 570,21 | 572,23 | 211,00 | + 5,30 | + 7,4 | +143 Bone nr lo. NE. 1% 0233 7 | 573,18 |. + 5,00 | 572,27 273 60 +12,13 | + 6,38 | + 9,0 | 16,6 || ..... “2e. 2 | NE 0 | 0,40 | 8 | 572,63 , + 4,40 | 572,19 | 573,19 || 410,20 | + 4,40 | + 6,5 | 16,0 | ..... 4,8 es NE 0 | 0,75 | 9 || 571,49 | + 3,22 7422 571,69 || + 8,22 | + 2,37 | + 6,8 | +19,1 Bo : = ss NE 401N 0:59 | 10 || 570,09 | + 1,78 | 569,96 570,38 || 10,41 | + 4,51 | + 6,7 | +13,4 || ..... re 5% NE. 0 | 6,41 | :41 || 569,00 | 0,65 | 568,76 : 56927 | HE 9,68 | + 373 | + 6,3 | +15,0 | ..-. 6,2 ere SO. 1 0:72 | 42 || 567,05 | — 1,34 | 566,29 | 568,08 | + 5,45 | — 0,54 | + 5,7 | Æ 6,7 Bero 23,4. La S0. 1 | 0,88 | 13 || 566,22 | —— 2,91 | 565.36 | 567,31 | + 7,09 | + 1,06 | + 3,5 | +10,1 Be 0 6 92 a SO. 1 | 0,34. | 44 || 566,48 | — 1,99 | 564,76 | 568,27 || + 8,02 | + 1,95 | HE 6,1 | +10,3 | ...…. ee +008 SO. 1 | 0,71 15 || 566,37 | — 2,14 | 565,00 | 567,92 | 2,31 | — 3,80 | + 0,8 | 5,1 | ..... 10,2. TE NE: 12 |20! ,49 16 | 569,68 | + 1,13 | 568,22 | 571,40 | + 3,33 | — 281 | Æ 0,6 | 4 7,9 | ....… Se Êr NE. il 044 17 | 572,90 | + 4,32 | 571,73 | 573,44 | Æ 6,94 | + 0,77 | + 2,0 | 140,6 | ..... Re Es NE. 1 | 0,08 18 || 572, + 3,57 | 571,79 | 572,50 | 10,02 | +. 3,82 | + 6,0 | +13,8 | ...…. Le. “ N SO, 1010 19 || 569,56 | + 0,92 | 569,22 | 570,11 | + 4,51 | — 1,72 | + 3,2 | + 6,7 || ...….. Fnnes ee NE. 1 0 83 | 20 | 57068 | + 2,04 | 569,50 | 571,24 | —Æ 6,85 | + 0,59 |! + 2,1 | + 9,7 || ....…. ES Ce NE. 4 | 0,01 21 || 572,66 | + 3,96 | 571,58 | 573,98 || 411,01 | + 4,72 | + 7,7 | 413,8 | ..... ue re NE. 1 | 0,07 22 || 573,09 | + 4,36 | 572,90 | 573,30 | 12,16 | + 5,85 | + 9,1 | 15,6 | ..... Rue cc NE. 4 | 0,10 23 1 571,68 | — 2,93 | 571,11 | 572,38 || -110,73 | + 4,40 | + 8,8 | +13,4 || ..... Se: 0 NE, 1 | U,68 | 24 || 570,03 | + 1,26 | 569,71 | 570,90 | Æ 6,83 | + 0,48 | + 4,0 | 410,0 || ..... 3,0 re NE, 1 0, 90 25 | 570,70 | + 1,91 | 570,12 | 571,22 || 10,75 | Æ 3,38 | + 6,2 | +14,9 || .. 8,6. De 0e NE. 0 | 0,04 26 | 571,26 | + 2,45 | 571,09 | 571,91 || 412,32 | + 5,94 | + 8,3 | 46,4 || ..…. me site SO. 1 | 0,44 27 | 571,12 | + 9,29 | 571,00 | 571,42 || 10,49 | — 4,10 | + 9,4 | +13,6 | .. ae RSC SO. 4 | 0,73 28 | 571,40 | + 2,56 | 570,68 | 571,84 | + 9,19 | — 9,72 | E 7,2 | 441,6 || ..... réa PRE SO. 4 | 0,46 29 | 572,67 | + 3,82 | 571,50 | 573,66 | 12,12 | — 5,71 | + 8,9 | +15,8 || ..... ESA HOUS SO. 4 | 0,04 30 | 574,02 | — 5,1 573,46 | 574,59 | 12,51 | Æ 6,10 | +100 | H+16,4 | ..... Ms Si variable 0, 159 31 || 574,50 | — 5,63 | 574,34 575,09 +12,62 | + 6,21 | 10,1 | H16,8 ! ..... PO DÉ CL NE. 0 | 0,20 || = _ 347 MOYENNES DU MOIS DE JUILLET 1873. 6h.m. Sh.m. 10h. m. Midi. ®h.s. 4#h.s. 6h.s. Sh.s. 40 h.s. Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm mm 1re décade 569,85 570,07 570,24 570,34 570,36 570,34 570,22 570,48 570,62 2%. « 368,66 568,90 569,15 569,23 569,11 569,09 569,09 569,08 569,27 3 674,74. 572,89. 57210. 512,22. 572,26. 512,095 7213. 572,310 512240 Mois 510,14 570,41 570,55 570,65 570,63 570,56 570,53 570,70 570,82 Température. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 tre décade+ 6,24 + 8,60 11,29 412,30 412,31 11,24 + 9,35 + 815 + 7,66 de € + 412 + 6,07 + 7,29 + 9,18 + 9,43 + 9,12 + 7,56 + 6,69 + 6,26 3e « + 8,87 410,83 13,08 413,29 +14,09 +13,64 +12,21 10,54 +10,18 Mois + 6,49 8,57 10,63 +11,64 412,01 11,41 + 9,79 + 8,53 Æ 8,10 Min. observé.” Max. observé. Clarté moyenne Eau de pluie Hauteur dela du Ciel. ou de neige. neige tombée. 0 0 mm min 1re décade —+ 5,88 —+-12,73 0,50 4,8 FU — de « + 3,63 + 952 0,47 49,0 _ 3e « + 8,07 44,30 0,39 19,1 = Mois + 5,93 +12,95 0,45 72,9 2 Dans ce mois, l’air a été calme 28 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,54 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45E., et son in- tensité est égale à 12,5 sur 100. * Voir la note du tableau 1871:8 237, P= 7512679 a=18 13 MARS 1871 11P 11® P=970° a=33” (E1671 89307 P= 399-4504 59? Archives des Stiences Phys eL'nat. Aout 1873, €. ALVI Are 5 AVRIL 1871 1046" P=1300-1550 3-39 20 JUIN 1871 8h 35" P= 730-790 3-40" 20 JUIN 1871 8° 237 P- 759-810 a=18" Fig. 4 3 JUILLET 1871 8h 93° P=105°-117° a=65" 5 MARS 1872 fi 50" P-510-750 13 MARS 1871 11" 11° P=970° a-32" 13 MARS 1871 11h13" P=970° a= 7G” 13 MARS 1871 1210" P=9700 a= 70" 18 AVRIL 1871 8h 307 P=390-450 3-59" BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME XLVIT (NOUVELLE PÉRIODE ) 1873. — N°° 185 à 188. Pages Revue géologique suisse pour l’année 1872, par M Ernest Favre: (Fin)... . . .. 47 5) La monographie des éponges calcaires de M. E. LES A ARR EE RER ie 43 Idem. Second article. (Fin)... :-. "4 130 Recherches de physique solaire, par le Rév. Père Seechas ee sa SH ERE RE eLe e PRns 60 Résumé météorologique de l’année 1872 pour Ge- nève et le Grand Saint-Bernard, par M. le pro- Essen EE PIONIQROUT AT PTE SNS CES 39 Expériences sur des graines de diverses espèces plongées dans de l’eau de mer, par M. Gustave AE 20) MONEUS 2 eRS eee Re 147 Comparaison entre les courants galvaniques de courte durée et la décharge électrique, ainsi qu'entre des forces électromotrices de différente nature, par M. E. Edlund. . . . . . . . . . .. 195 Recherches sur la résistance galvanique, suivies de la déduction théorique de la loi de l’échauffement galvanique et de la loi de Ohm, par M. E. Edlund. 213 Sur la relation existant entre les protubérances so- Arcives, t. XLVIL — Août 1875. 26 390 TABLE DES MATIÈRES. laires et les aurores terrestres, lettre adressée à M. le professeur A. de la Rive, par M. le profes- SOUL TOCORENL ES NU MERENL EENETER Observations sur la lettre de M. Tacchini, par M. le brstesseur 4 dede Ripe fs Sn re RTE Notice sur deux nouveaux mémoires relatifs aux opérations de géodésie et de nivellement de la Suisse, publiés en 1873, par MM. E. Plantamour OP à (0 ER RENAN EE ER RE a ET De la protection du pollen contre les intempéries, y AOC 05 RER ER UE ER EC RA TS Géologie et histoire naturelle du Brésil, d’après les observations de M. Emmanuel Liais . . . . .. BULLETIN SCIENTIFIQUE. ASTRONOMIE. W. Huggins. Sur le spectre de la Grande Nébuleuse d’Orion et sur les mouvements de quelques étoiles se rapprochant ou s’éloignant de la Terre........ J. Janssen. Passage de Vénus; méthode pour obtenir photographiquement l'instant des contacts, avec les PHYSIQUE. W. Feddersen. Sur la thermodiffusion des gaz....... F.-C. Henrici. Sur l’action des corps solides sur les solutions gazeuses sursaturées................... H.-C. Vogel. Sur l'absorption des rayons chimiques par laimosphère du'spleiltits. Aussi Alfred-M. Mayer. Sur la détermination expérimentale de l’intensité relative des sons, et sur les pouvoirs des diverses substances pour la réflexion ou la trans- mission des vibrations sonores. ...... Le ee EURE Pages 69 73 74 77 148 149 TABLE DES MATIÈRES. Lieutenant Sale. Action de la lumière sur la résistance LES SONO DATE (SOU REP ERS RARE l George Barker. Spectre de l’aurore boréalé du 14 oc- MDIO DM an. Mi. Euh ee deloine E. Loomis. Comparaison entre la déclinaison moyenne de l'aiguille aimantée, le nombre des aurores ob- servées chaque année et l’étendue des taches s0- PRE HO an enable Ladi ae A. Cornu et J. Baille. Détermination nouvelle de la constante de l'attraction et de la densité moyenne M ANETTO 2502 CN IRMAMERS ET AALAENS Stearn et Lee. Sur l'effet de la pression sur le caractère des spectres gazenx see. Lol een nt eiacr. Osborne-Reynolds. Sur la condensation par une surface froide d’un mélange d’air et de vapeur ........... CHIMIE. Fr. Rüdorff. Sur la solubilité des mélanges de sels... C. Rœssler. Contributions à l’histoire de l’indium..... R. Weber. Sur l'anhydride azotique et un nouvel hy- orale de Pacide aZotique tte ne ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. Bavay. Sur l’Hylodes Murtinicensis et ses métamor- TE UE Se ES ARS PIRATES E ATEREE Schmiedeberg et Koppe. La muscarine, alcaloïde toxi- ne do L'ATAPICUR MTURCARIUS EE. dede eee D H. Kühler. De l’antagonisme physiologique de la sa- ponine ét de la\digitaline. 2.2. %:..,.u,. R. Heidenhain. De l’action de quelques poisons sur les nerfs de la glande sous-maxillaire. — Prof. Vulpian. MORE SUIOt SR RUN AS. te AE Ph. Owsiannikow et Tschiriew. Influence de l’activité réflexe des centres nerveux vasculaires sur la dila- lation des artères périphériques et sur la sécrétion des glandes sous-maxillaires ........... ........ De Siebold. Contribution à l'étude de la parthénogé- POUR ArtNroDOodes: .::...,0 44.4. 100 met 301 - Pages 228 230 231 234 329 327 151 238 239 « J'EPRIRAIT AR DEN LT CRC TR ARE + < ar De af y TES En A TP LITE cr { 09 LE Ê LT PE Pr AE 4 7 D her ci DE our de ns oi) der AE url Fe 2 RM ML NET Y Me on hf Mas EE. 3 VASE 302 TABLE DES MATIÈRES. Pages C. Claus et C. de Siebold. Sur les œufs stériles des ADEUTOS te ho Aus de oi AU NIMIREL ER RPRENU 241 E. Ehlers. Les Acariens parasites des oiseaux. Recher- Ches sur les Sarcoplides ; sais os 0 à 8 4 oo ceti0 8 244 O. de Linstow. Sur le développement du Distomum no- COS UML EE PAR 5) PAU ARE 328 George-Ossian Sars. Formes remarquables de la vie animale dans les grandes profondeurs de la côte HOFMNÉMENAE NUS MSGLAMIEU MAN NL AC RLURR 331 BOTANIQUE. D° FH. Christ. Les roses de la Suisse. ............... 167 W.-P. Hiern. Monographie des Ébénacées.. ......... 248 Berre lespläntésialpines 2410040. ROUEN 338 D° L. Savatier. Botanique japonaise. Livres de Kwa-wi, traduits du japonais avec laide de M. Saba........ 339 Ledeganek. Recherches histo-chimiques sur la chute automnale "des feuilles, CE et ER es 340 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES faites à Genève et au Grand Saint-Bernard Observations faites pendant le mois d’avril 1873...... 81 Idem. pendant le mois de mai.......... 169 Idem. pendant le mois de juin … ........ 249 Idem. pendant le mois de juillet ........ 341 New York Botanical Garde TN 5185 00274 3092