| PRO SCIENT} , QE > NS > D” ER Hi Do LE —= 4 TZ, RER RTE EL RER NN W:CILSON: {avr SSH pe = , . a H cree ; Der Pre ARCHIVES DES _ SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES à A AN LA Re CO PNR Po KR « # LAURE PA NE TES ARR LE A Le HENE bd eu 2 LA BIBLIOTHÉQ BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ÊT REVUE SUISSE ARCHIVES DES SUIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES NOUVELLE PÉRIODE TOME QUARANTE-NEUVIÈME LIRR AR: REW YORK BOTAlMCAL aa Rte Er Al EE? 2 e 0 Moi“! GENÈVE BUREAU DES ARCHIVES, RUE DE LA PÉLISSERIE, 18 LAUSANNE PARIS GEORGES BRIDEL SANDOZ et FISCHBACHER Place de la Louve, 4 Dépôt pour l'ALLEMAGNE, H. GEORG, a BaLe DUPLICATA DP 4h BIBLIOTHÉQUEÉ 4 FRVATOIRE & r nn té a Ann ANTONT) DU CON BOTANIQU &. els À 2 - AAUGMAMABETIS VIQREE CELA ÉLIRE y 5 none + “ai ni " Ja t » Fr 5 ni 2 rs | 4 4 OS LAC IR RT A7: FA bé turn _ 1023 BLLAY Aa: NE VO@K BOT A fx NOTE NCA, GARE EN SUR LA SURFACE DES ONDES Par M. Charles CELLÉRIER. Communiqué à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève :. La théorie de la lumière est une des branches de la physique pour lesquelles l'accord du calcul et de l’obser- vation semble le plus complet; toutefois dès qu'on veut expliquer les phénomènes par les mouvements des molé- cules dus à leur action réciproque, il se présente des points obscurs; non-seulement la détermination complète des modifications produites à la surface de séparation de deux milieux offre des difficultés insurmontables, mais la loi de la propagation de la lumière dans un milieu homo- gène indéfini, c’est-à-dire la forme de la surface des ondes dans les corps biréfringents, et la direction des vibrations, semblent ne pas concorder avec les lois de l'expérience. Nous indiquerons plus loin en quoi consiste ce dé- saccord, et nous chercherons à montrer qu’il n’est qu’ap- parent ; c’est-à-dire que les lois mathématiques propres à représenter les faits observés, et celles qu’on déduit de la théorie, tout en étant complétement contradictoires quant à leur forme, se trouvent donner les mêmes résul- tats numériques. | Pour tous les développements de pur calcul, transfor- mations algébriques, etc., nous renverrons au mémoire :— plus étendu inséré dans les Mémoires de la Société de Phy- co pe» | ‘ Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Ge- uève, 1873, tome XXII, p. 161. 6 SURFACE DES ONDES. sique, et nous nous bornerons, dans ce qui suit, à indiquer les données et les résultats de ces calculs, et surtout à préciser et discuter les hypothèses physiques sur les- quelles ils s’appuient. Commençons par rappeler le mode de constitution des corps, tel qu’il est admis par Fresnel, Poisson et Cauchy : Les milieux transmettant la lumière sont composés de molécules s’attirant ou se repoussant suivant la droite qui les joint, en raison directe de leur masse et d'une fonction inconnue de leur distance. On les considère dans le calcul comme des points matériels ; cela ne veut point dire qu’on n’attribue aucune étendue à ces petits corps, mais le mouvement calculé est celui de leurs centres de gravité, et l’action est considérée comme fonction de la distance des deux centres; cette hypothèse est très-ap- prochée s’ils sont forts petits, et tout à fait rigoureuse s'ils sont sphériques, quelles que soient leurs dimensions. On admet en outre qu'il existe un système de positions des molécules pour lesquelles toutes resteraient en équi- libre; il suffit de faire cette hypothèse pour l’intérieur du corps, à une distance notable des surfaces qui le lJimi- tent, l'équilibre sur ces surfaces donnant lieu à quelques difficultés. En partant de ces données Fresnel détermine les lois des ondes planes : on désigne ainsi un mouvement tel que pour toutes les molécules situées dans un même plan quelconque parallèle à un plan fixe, les déplacements soient au même instant égaux et parallèles de même que les vitesses. Si les déplacements initiaux satisfont cette condition il en sera de même du mouvement ultérieur : si en outre l’onde plane initiale est limitée entre deux plans parallèles indéfinis très-rapprochés, il naîtra de LL: Eye SURFACE DES ONDES. w| chaque côté une onde plane dans les milieux monoré- fringents ou isotropes, deux dans les biréfringents; chacune est limitée comme l’onde initiale et se propage avec une vitesse uniforme s qui dépend de son orientation. Eu réalité le mouvement initial n’a point la forme d’une onde plane, ce qui le supposerait étendu à l'infini; il doit être considéré comme concentré dans un espace d’une petite étendue, nommé centre d’ébranlement, d’où il se répand en tous sens ; Fresnel ramène ce cas au précédent en ad- mettant qu’il passe par ce centre une intinité d'ondes planes initiales, dirigées en tous sens, et dont le mouve- ment est infiniment faible, de sorte qu’il est sensible seu- lement au centre où toutes viennent se croiser. Chaque onde se propage suivant sa vitesse propre, mais le mou- vement n’est sensible qu’aux points où elles viennent se couper en plus grande abondance, c’est-à-dire sur la surface enveloppe de leurs positions. Le mouvement par suite se compose d’une ou plusieurs ondes dont la forme générale est tantôt sphérique tantôt moins régulière, ayant une fort petite épaisseur. En considérant le centre d’ébranlement comme réduit à un point, l’onde est mieux définie et se réduit de même à une simple surface; on nomme spécialement surface des ondes ce qu’elle devient au bout de l’unité de temps. Les ondes planes dont elle dépend étant infiniment minces peuvent être regardées comme des plans, et doivent former l’ensemble des plans tangents à la surface; cela détermine la forme de cette dernière, Cette assimilation du mouvement partant d’un centre à un système d’ondes planes est parfaitement conforme à la théorie, et ne peut être l’objet d’aucun doute. Quant aux raisonnements dont s’est servi Fresnel pour déter- 8 SURFACE DES ONDES. miner les valeurs s des vitesses de ces ondes, ils ne sont pas en général admis comme concluants au point de vue mécanique; mais la loi qu’ils ont pour but de démontrer représente exactement les faits, et la surface des ondes qui en résulte est conforme à la réalité. Elle se compose, pour les cristaux à deux axes, de deux nappes dont chacune est symétrique par rapport à trois plans rectan- gulaires; leurs sections principales, ou celles que font ces plans, sont sur l’une un cercle, sur l’autre une ellipse: l’une des nappes enveloppe complétement l’autre, et n’a de commun avec elle que quatre points situés sur l’une des sections. La forme des deux nappes ne dépend pour chaque corps que de la valeur de trois demi-axes que nous désignerons par À,B,C. Les vibrations des molé- cules sont toujours comprises dans le plan tangent, et perpendiculaires au plan que l’on connaît par expérience sous le nom de plan de polarisation. Le cas des cristaux à un axe se déduit du précédent en supposant égales deux des constantes et les nappes deviennent alors un ellipsoïde de révolution et une sphère, celle-ci ayant pour diamètre l’axe principal du premier. Enfin, dans les milieux isotropes, les deux nappes se ré- duisent à une seule sphère. En partant des hypothèses énoncées plus haut, Pois- son et Cauchy ont déterminé les équations du mouve- ment des molécules par diverses méthodes; leur forme rigoureuse contient une suite de coefficients dépendant de la constitution du corps et que nous désignerons d'une manière générale par la lettre k: ils rentrent tous dans la forme kg min) rs ze la somme > s'étendant à toutes les molécules voisines RME en 0,7 dre SURFACE DES ONDES. 9 d'une molécule déterminée ; pour chacune m est sa masse; x, y, Z ses coordonnées rectangulaires par rapport à y prise pour origine, r sa distance, et f(r) une fonction qui dépend de la loi d'attraction; n, n°, n’’ sont des ex- posants entiers positifs ou nuls. Les masses m peuvent être fort inégales, et même rien n'empêche de supposer que f(r) ait des formes différentes pour les diverses mo- lécules, ce qui rend superflu de discuter le rôle de la matière pondérable. De la forme d'équations ainsi trouvée on parvient à celle qui est propre à représenter le mouvement par une suite de réductions ou suppressions. En premier lieu ceux des coefficients k pour lesquels n—n'—n” est impaire sont considérés comme nuls, puis on démontre que d’autres représentent la pression du milieu dans diverses directions. Pour établir ces deux points Poisson et Cauchy ont du recourir à de nouvelles hypothèses, soit l’exacte symétrie des molécules de part et d'autre de y, soit la répétition identique de groupes de deux d’entre elles ayant la même position relative, etc. Ces hypothèses nous paraissent donner lieu à une assez grave objection ; si l’on croyait pouvoir évaluer les sommes k en distribuant les molécules par groupes nom- breux pour lesquels le facteur f(r) serait sensiblement le même, on trouverait entre elles pour un corps quelcon- que les relations qui caractérisent l’isotropie. Tout in- dique donc que l'influence des molécules immédiatement voisines de # est prédominante dans la somme; ainsi quand on parle de symétrie, de positions semblables, etc., il faudrait prendre ces suppositions à la lettre, admettre que les molécules ont une distribution géométrique ré- gulière; or rien n’est moins prouvé surtout quand il s’a- git de l’éther. 10 SURFACE DES ONDES. Aux hypothèses précédentes s’en joint toujours une autre, savoir que les sommes k restent constantes dans tout le milieu. Chacune se rapporte aux positions d’équi- libre, et si l’on prend pour x tour à tour diverses molé- cules, sans changer la direction des axes, il est naturel de supposer que les faibles variations éprouvées par Kk de l’une à l’autre se compensent, et qu'on peut prendre pour cette somme une valeur moyenne. Or on peut dé- montrer que celte seule considération rend les hypo- thèses précédentes inutiles ; c’est-à-dire que si nn'+n” est impaire, la valeur moyenne de k est rigoureusement nulle, quelle que puisse être la distribution des molécules régulière on non; de même les autres sommes dont nous avons parlé représentent rigoureusement la valeur moyenne des pressions. Ensuite les équations se présentent sous la forme d’° apé série extrêmement convergente, les exposants n, n’,n” allant croissant dans les différents termes, et une nou- velle réduction consiste à ne conserver que les termes de l’ordre le moins élevé; c’est la dernière des hypothèses ainsi faites à priori; les formules donnent alors pour le mouvement partant d’un centre circonscrit des ondes li- mitées, c’est-à-dire comprises entre deux surfaces très- voisines. Dans les corps isotropes le fait que la lumière se propage en tout sens suivant la même loi entraine ri- goureusement certaines relations entre les coefficients, et le mouvement se compose de deux ondes sphériques sur lesquelles les vibrations sont longitudinales pour l’une, transversales pour l’autre, ce qui est déjà une remar- quable confirmation de la théorie ; l'existence d’une onde longitudinale n’est pas une objection, sa disparition pou- vant s'expliquer par l'absorption ou d’autres causes. SURFACE DES ONDES. A1 Si l’on ne néglige pas comme on l’a fait les termes suivants de la série, on trouve que l'épaisseur de l’onde augmente: elle n’est plus limitée et se disperse en se propageant; ce fait correspond évidemment à la disper- sion des couleurs, et, par suite, quand il ne s’agit que d’une couleur simple, on est fondé à considérer comme exactes les formules trouvées. Dans les cristaux à un axe la lumière se propage de la même manière dans toutes les directions placées de même par rapport à l’axe optique; dans les cristaux à deux axes cela n’a plus lieu, mais on observe que son mode de propagation est symétrique par rapport à trois plans rectangulaires entre eux, dont l’un renferme les deux axes optiques, et les autres sont menés par leurs deux bissectrices ; de là résultent encore rigoureusement certaines relations entre les sommes k, et, en particulier, toutes celles où n, n’, ou n°” sont impaires disparaissent. La surface des ondes qu’on trouve ainsi pour les mi- lieux biréfringents se compose de trois nappes dont deux ont les vibrations à peu près transversales, et devraient correspondre aux deux de Fresnel; mais les efforts qu’on a faits pour vérifier leur coïncidence n’ont pas été heureux; aussi Verdet (Optique Physique, tome I, page 501) dit-il que « dans les milieux non isotropes on ne peut par aucune relation entre les coefficients faire rentrer rigoureusement la théorie de Fresnel dans celle de Cauchy.» Ce jugement est exact s’il ne s’agit que d’assimiler quant à leur forme algébrique les équations des surfaces d’onde théorique et physique; et c’est à ce point de vue que d’autres géo- mètres se sont occupés de la même question ; mais il en est tout autrement comme nous verrons, sil s’agit de comparer leur forme géométrique ; or c'est de là seu- 49 SURFACE DES ONDES. lement que dépend l'accord du calcul et de l'expérience ; en d’autres termes, il suffit de montrer que les lois de la direction des rayons réfractés telles qu'elles résultent de la théorie, concordent numériquement avec l'observation ; peu importe alors la formule algébrique qui est censée représenter cette dernière. Un point essentiel pour arriver à ce résultat est la con- sidération des pressions. Dans un plan quelconque, par exemple dans un plan horizontal, choisissons à volonté une certaine aire plane &; ajoutons les trois composantes de l’ac- tion de toutes les molécules inférieures au plan sur toutes celles qui sont au-dessus, en nous bornant aux groupes de deux molécules pour lesquelles la droite qui les joint traverse l’intérieur de l'aire. Nous aurons ainsi les trois composantes de la pression sur cette aire, et en divisant par æ, nous les obtiendrons pour l'unité de surface. Elles sont, comme nous l’avons dit, exprimées exactement par quelques-unes des sommes k, sauf un facteur constant et positif; elles se rapportent à l’état d'équilibre, et sont considérées comme constantes dans toute l'étendue du milieu ; l’une est la pression normale, les autres des com- posantes tangentielles. Or, il est impossible que ces der- nières existent dans l’état d'équilibre; cela peut arriver dans un milieu où les tensions seraient variables d’un point à l’autre ; mais on ne peut admettre, par exemple, que la portion inférieure à un plan horizontal sollicite la portion supérieure à se mouvoir de gauche à droite, et cela, à la fois, dans toute l'étendue du plan, et dans tout plan horizontal tracé à l’intérieur du corps. Peu importe que, dans ces pressions, il s’agisse du fluide éthéré ou des molécules pondérables ; l'équilibre se rétablirait par un glissement. On est donc forcé d'admettre que sur tout SURFACE DES ONDES. 13 plan tracé à l’intérieur du milieu la pression est normale et l’on en peut déduire rigoureusement qu’elle a la même valeur en tout sens. Verdet (p. 503) dit que les pres- sions normales, suivant les trois directions rectangulaires, égales dans les corps isotropes, ne peuvent l'être dans les autres sans être nulles; elles ont, en effet, une forme analytique différente, mais rien n'empêche que leur valeur numérique, malgré cela, soit la même, si c’est une consé- quence nécessaire de l’équilibre. Verdet remarque du reste avec raison que cette nullité serait une objection à la théorie, l'existence d’une pres- sion étant un fait général dans tous les milieux; nous ajouterons que suivant toute probabilité, il s’agit bien d’une pression et non d’une tension ou traction. Cette dernière, en effet, supposerait entre les molécules une prédominance de la force attractive qui serait inconcilia- ble avec l’état d'équilibre; il est vrai que les hypothèses relatives aux actions moléculaires renferment bien des points obscurs, et ne doivent peut-être pas être prises à la lettre; mais tout se passe comme si elles étaient exactes et l’on ne peut guère admettre un fait qui les rendrait entièrement illusoires. Nous nommerons } la constante unique qui dépend de la pression ; si c’est réellement une pression elle est négative, mais devient positive dans le cas d’une tension. Tout en regardant, en général, l’autre cas comme le plus probable et le principal, nous exami- nerons en détail les modifications que ce dernier amène- rait. Il reste en outre dans les formules six constantes que nous désignerons par a, b,c,a,, b,,c,. Dans les corps isotropes on à a=b=c,'a,—b,—c,=—3a; dans les semi-isotropes, ou eristaux à un axe, on à a=b, a,—=b,=3c; dans les cristaux à deux axes on ne con- 14 SURFACE DES ONDES. pait, a priori, aucune relation entre les constantes; on sait seulement que les milieux biréfringents s’écartant peu de l'isotropie, a, b et c sont à peu près égales, et a,, b,,c, à peu près le triple; en outre on reconnait avec évidence que A, B°, C?, carrés des constantes de Fresnel sont les mêmes que À—+-a, 1+b, 1—c, des formules théoriques. Les différences des nombres A*, B°, C? entre eux ne dé- passent pour aucun milieu biréfringent le quart de leur valeur moyenne; si donc on nomme d, comme nous le fe- rons toujours, la moyenne du plus grand et du plus petit des nombres à, b, c, les différences a—b, a—c, b—ce, ne dépasseront jamais le quart de - d, et par suite se- ront inférieures à si À est négatif. £ Malgré ce que les notions précédentes présentent en- core de vague, on peut déjà se faire une idée de l'écart de transversalité dans les deux nappes correspondant à celles de Fresnel et que nous nommerons nappes théori- ques. Cet écart, ou l’angle de la direction des vibrations avec le plan tangent, ne paraît pas pouvoir dépasser 8 ou 9 degrés dans les circonstances les plus défavorables ; cela résulte d'évaluations particulières à divers points; un calcul plus général, mais devant donner un maximum beaucoup trop fort aboutit à un écart de 20°, Or, il faut remarquer que, si la forme physique de la surface des ondes est déterminée par expérience avec une grande pré- cision au moyen de la construction d’Huyghens, il n’existe rien de pareil pour la direction des vibrations. On sait seulement qu’elles sont, ou dans le plan de polarisation, ou perpendiculaires à ce plan comme le croyait Fresnel, et de plus à peu près transversales; l’écart précédent n’empêcherait point les phénomènes connus d'extinction ou de renforcement de lumière. SURFACE DES ONDES. 45 Dans les cristaux à un axe, l’une des ondes théoriques coïncide rigoureusement avec l’ellipsoïde de révolution qui correspond au rayon extraordinaire : l’autre s’écarte peu de la sphère de Fresnel, et s’accorde avec elle suivant les directions principales; mais la direction théorique des vi- brations est inversée; sur l’ellipsoïde elle est constamment la tangente au parallèle de la surface, et sur la sphère à peu près tangente au méridien, de sorte qu’elle est pour toutes deux parallèle au plan de polarisation. Dans les cristaux à deux axes, on trouve, pour une sec- tion principale des nappes physiques, comme on l’a dit, une ellipse et un cercle : pour l’une des nappes théori- ques, la section est rigoureusement la même ellipse, tan- dis que l’autre s’écarte peu du cercle. La direction des vibrations, sur ces sections, est encore l'inverse de celles que supposait Fresnel. Il y a, comme on le voit, accord sur certains points, désaccord apparent pour d'autres ; mais cela tient à ce que nous avons laissé indéterminées les constantes à,, b,, c,, Sauf une vague notion sur leur ordre de grandeur; elles ont cependant une valeur propre à chaque corps. Mais il se présente la circonstance singulière que, dans la nature, les propriétés optiques d’un corps résultent des valeurs de 2 a,2—b, ec, seulement, tandis qu’au point de vue théorique où les formules ont été obtenues, d’autres éléments doivent être comptés; on pourrait, par exemple, imaginer deux systèmes moléculaires pour les- quels à, b, c, seraient les mêmes, et a,, etc. différentes. Les milieux biréfringents offrent donc ce caractère que a,, b,, C, sont des fonctions déterminées de a, b, c; ce n’est qu’en étudiant, autant qu'il est possible de le faire la 16 SURFACE DES ONDES. forme de ces fonctions que nous pourrons juger de l’ac- cord plus ou moins grand des surfaces des ondes. Pour les comparaisons numériques, nous conviendrons de nommer à le rapport de la différence du plus grand et du plus petit des nombres A°, B°, C?, à leur demi-somme; celle-ci est également 2. d, d étant la demi-somme du plus grand et du plus petit des nombres a, b, c. Si lon fait varier dans le même rapport à, a, b, a,, etc., et par suite aussi A°, B*, C*, toutes les nappes restent géométri- quement semblables; aussi, pour apprécier leurs différen- ces de forme nous supposerons, dans toutes les valeurs numériques données plus loin qu'on ait pris +d pour unité; le rayon vecteur moyen des diverses nappes est alors aussi à peu près l'unité. Nous désignerons sous le nom d'écart la différence des rayons vecteurs d’une nappe de Fresnel et de la nappe théorique correspondante, calculés pour une même direc- tion, de sorte qu'il sera variable sur la surface. La plus grande distance des deux nappes de Fresnel entre elles, aussi pour une même direction est environ 3 0, et l’on aura à vérifier que l'écart est très-petit par rapport à cette quantité. Pour les cristaux à un axe l'écart est nul sur l’une des nappes; pour l’autre, il représente encore le pe- tit angle des directions de deux faisceaux réfractés calcu- lées, soit d’après Fresnel, soit d’après la théorie, le faisceau incident étant le même ; cet angle est plutôt un peu plus faible. Cette nouvelle signification de l'écart reste à peu près exacte dans le cas général. Le rapport de la plus grande des différences à — b, a— €, b — c, à 2 + d est le même que à; par suite son rapport à d sera inférieur si À est négatif, supérieur sil est positif; or, c’est de la petitesse de ce second rapport 0 a 4 SURFACE DES ONDES. 17 que dépend celle de l'écart, et aussi celle des écarts des directions des vibrations que nous verrons plus loin. Ne pouvant connaitre numériquement a, b, © sans assigner à À une valeur, nous commencerons toujours par supposer ÀA= 0, puis nous indiquerons comment les résultats doi- vent être modifiés en supposant À soit négatif soit positif. Cherchons maintenant ce que peuvent être les valeurs d’a,, b,,c,, en fonction d'a, b, c; la première question à résoudre est de savoir s’il existe de semblables fonctions, empiriques ou non, propres à assurer la coïncidence des nappes ; car si cela n’a pas lieu, toute autre recherche est inutile, Nous commencerons donc par les choisir de façon que sur les trois sections principales la courbe qui était à peu près circulaire devienne un cercle exact; par là a, b,, ©, se trouvent entièrement déterminées. Dès lors l’accord est complet, et l'écart rigoureuse- ment nul pour les cristaux à un axe. Pour les autres, les équations des deux nappes à comparer ayant une forme tout à fait différente, il est difficile de concevoir que l’ac- cord existant sur les sections S’étendra à toute l’étendue de la surface; c’est pourtant ce qui a lieu presque rigou- reusement. Les principaux cristaux à deux axes pour lesquels on a des données numériques sont l’aragonite et la topaze. Pour l’aragonite à s’élève environ à Ÿ, mais les valeurs de B et C sont presque égales, ce qui la rapproche des cris- taux à un axe et contribue à diminuer l'écart; pour la to- paze cette circonstance n’a pas lieu, mais à n’est plus qu'environ Æ; pour avoir une évaluation trop forte et embrasser tous les cas possibles, imaginons un milieu fictif pour lequel à aurait la plus grande valeur, c’est- à-dire celle du spath ou !, en supposant que B? soit ARCHIVES, t. XLIX. — Janvier 1871. 2 18 SURFACE DES ONDES. la moyenne des deux autres pour s'éloigner autant que possible du cas de la sémi-isotropie. On trouvera alors comme maximum de l'écart dans toutes les directions, en supposant}—0: pour le milieu fictif, environ 0,000 000 6: pour l'aragonite ce sera 3 ou #4 unités du 9° ordre décimal; pour la topaze il n'atteint même pas le 13% ordre. Ces valeurs sont encore trop fortes, parce que dans l'impossibilité de calculer rigoureusement le maxi- mum de l’écart, on est contraint d'apprécier les diverses parties de son expression d’une manière exagérée; aussi l'écart calculé pour divers points du milieu fictif, à grande distance des sections principales n’a jamais donné plus de la moitié du maximum ci-dessus. L’extrême exacti- tude qui résulte de ces chiffres tient, sans doute, en grande partie à la petitesse de à; toutefois même en supposant ÿ— 1, ou A?, B°, C* proportionnels à 3, 2, 1, cas tout à fait impossible, le maximum théorique de l'écart, en- core évalué beaucoup trop fort, n’est que de 0,004. Dans le cas où À n’est pas nulle, les valeurs précé- dentes de l'écart doivent être multipliées par une puis- À 3 2!) ; SITES sance de À + a'®qdui les augmenterait si À était po- sitive, mais à moins d'attribuer à ce facteur une valeur énorme tout à fait improbable, on voit que le désaccord entre les nappes tombe bien au-dessous des erreurs d’ob- servation. Il existe donc pour chaque milieu des valeurs d'a,, b,, c,, rendant l'écart insensible. Ces valeurs toutefois ne sont, sans doute, pas rigoureu- sement exactes; elles ont une forme très-compliquée en fonction d'a, b, c, et n’ont à priori aucune raison d’être; aussi nous les nommerons les valeurs empiriques de a,,b,, c,, et nous chercherons si l'on ne peut point démontrer SURFACE DES ONDES. 19 quelques relations donnant pour ces éléments d’autres valeurs approchées seulement, mais pour lesquelles l'écart soit passablement petit. Remarquons que a, — _ s’annulle soit quand a—b et par suite a, —3c, soit quand a—c; on peut donc con- jecturer que le rapport de cette quantité à (a—b}(a—c) reste toujours fini, et en raisonnant de même pour b,, C,, on pourra écrire les valeurs jusqu'ici hypothétiques —a) (b—c), D Ai —= à bc (a—b) (a—c) HhaGE LE (0 PE À bi b Ho 3 ab , (C—a) (c—b I ) où y, w',u" sont des coefficients inconnus. Puis, d’après ce qui a été dit précédemment, il n’est pas possible que l’on ait dans un milieu a — b— € sans qu'il soit isotrope; or si on déforme un milieu biréfrin- gent en supposant que toutes les dimensions parallèles à l’un des axes principaux varient dans un même rapport, on sait par l'exemple du verre comprimé que: 44b;'e, changeront; si par exemple cet axe est vertical, cela sup- pose que toutes les molécules ont été déplacées suivant des verticales de manière que leurs distances à un plan horizontal aient été multipliées par 1e, à étant très- petit. En opérant des déformations analogues parallèles aux deux autres axes, nommant 1-8, 1+-; les rapports Correspondants, nous pourrons disposer de ces nombres de façon que a, b, c deviennent égales, et si l’on admet que Ce nouveau corps soit isotrope, le milieu primitif pou- vant en être formé par les changements de dimensions inverses, On trouvera que à, b, c, a,, etC., Sont exprima- bles par des séries convergentes suivant les puissances 20 SURFACE DES ONDES. de x, 6,7. Il n’est point nécessaire de supposer que ces changements puissent s’opérer mécaniquement, ni même que «, B,y aient précisément la signification précédente, ce qui donnerait lieu à quelques difficultés relativement aux pressions; il suffit que a soit exprimable en série convergente suivant de petites quantités &, B, 7, puis qu'en y échangeant ces lettres entre elles, on en déduise la valeur de b et de €, enfin qu'une seule série exprime de même a,, b,, €, ; et c'est bien ce qui arrivera si le mi- lieu peut être déduit d’un autre isotrope, en effectuant trois déplacements moléculaires d’une nature inconnue, correspondant aux trois axes, et dont l'intensité soit me- surée par «, f, 7. Admettons qu’il en soit ainsi comme c’est fort probable ; alors comme on a a=b quand 4=$, la série qui exprime a—b sera entièrement divisible par 4«—B; il en sera de même pour a—c et «—7; puis a, 3a—3b—3c s’an- nulant soit pour «=—f, soit pour «=, Sera aussi entière- ment divisible par (æ—fB)(4—), et par suite sera le produit de (a—b)(a—c) par une série convergente; enfin en substituant 3bc EN PA Ce) Ci De ff a a on retrouvera pour a, et de même pour b, et c, les va- leurs déjà posées comme hypothèses, et maintenant on saura que u, m’,u” sont des séries de même forme dont le 1°" terme indépendant de 4, B, y, est commun à toutes trois. En développant les valeurs empiriques de a,, b,, €, suivant les puissances des petites quantités a—b, a—c, b—c, on retrouve exactement les valeurs précédentes et pue , r ! 1! 3 dans 6e cas les séries représentées par y, u,' u” on! ; pour premier terme; ainsi nous arrivons à priori à dé- SURFACE DES ONDES. 21 montrer ces formules comme exactes au 3" ordre près ; il faut toutefois pour cela considérer y, u!,#" comme différant peu de 5. Le tableau suivant suppose que £ soit leur valeur exacte; il se rapporte à trois points de chaque nappe, no- tablement distants, soit entre eux, soit des sections prin- cipales, et au milieu fictif déjà mentionné, en supposant 1—0 : les nombres e indiquent pour chacun lPécart des nappes ;.9 l'écart de transversalité, p celui de la direction; 1°° nappe. e 0.004170 0,00130 0,00118 s] 6°,41". 0” 7°.27'.30" 6°.31".20” P 0°.24".10" 0°.21”.30" 0°::0°:10" 27° nappe. e 0,00073 0,00103 0,00121 (] 4°.38".10" 5°.58".50" l0,59. 0" p 0°,13”.50" 0°.25.30” 0°.26".40" pour définir ce dernier, menons par un point M de la sur- face des ondes, la normale MN, puis les directions MA, MB des vibrations d’après Fresnel et d’après la théorie, de sorte que MA soit couchée dans le plan tangent ; l’an- gle de MB avec ce plan est 9; puis p est celui du plan NMB avec un plan perpendiculaire à MA ; on peut dire aussi que c’est l'angle de la direction théorique avec le plan de polarisation tel qu’il résulte des lois de Fresnel. Cette direction et celle du plan sont données par des for- mules n'ayant aucun rapport ensemble; aussi, l’accord singulier qu'indique la petitesse des valeurs de p est une confirmation remarquable de la théorie. Cette petitesse n’est d’ailleurs nullement particulière aux points calculés ; on peut s'assurer par un calcul général que l’angle p est toujours d’un ordre fort petit quoiqu'il soit difficile d’en trouver un maximum exact. 29 SURFACE DES ONDES. Quant à l'écart, toujours fort petit dans le tableau pré- cédent, on en aura une idée plus précise en le cherchant pour les sections principales; pour les cristaux à un axe, c'est évident, car il est partout le même que sur les sec- tions; pour les cristaux à deux axes, c’est encore sur cel- les-ci qu'il devient le plus grand, en négligeant du moins les termes du 4° ordre. Une autre source de désaccord provient de ce que les coefficients 4 ne sont, sans doute, pas exactement égaux à à, ou ce qui revient au même, elle correspond aux petits termes négligés dans la valeur d’a,, b,,c,; l'écart qui en résulte devient aussi maximum sur les sections, mais il est impossible de l’évaluer numé- riquement ; on sait seulement qu'il est d’un ordre fort petit. Nous nous bornerons donc au cas où y = 5 exacte- ment, et dans ce cas on peut calculer avec précision le maximum d'écart sur les sections principales. | En supposant 2 — 0, ce maximum en employant les constantes de la raie G du spectre est pour le spath 0,0034945; et pour l’aragonite 0,0023507; pour le mi- lieu fictif il serait un peu moindre; pour le quartz, la to- paze beaucoup plus petit. Il en résulterait pour le maxi- mum de la déviation d’un faisceau réfracté, le faisceau incident restant le même, environ 10"... 15” pour le spath et 6’..54" pour l’aragonite. Ces valeurs toutefois suppo- sent l'angle d'incidence de 90°; sans quoi elles seraient moindres. Les constantes correspondant aux autres raies donnent des résultats très-peu différents, Si À n’est pas supposé nul, les nombres précédents doivent être multi- me À \? pliés par (1 —— =) : Enfin, même en supposant que y, u', uw” puissent dif- férer un peu de 5, on peut prouver que le phénomène de SURFACE DES ONDES. 23 la réfraction cylindrique aura rigoureusement lieu; quant à la réfraction conique, elle tient à ce que les deux nappes de la surface des ondes ont seulement quatre points com- muns; ceux-ci existent également sur les deux nappes théoriques, et ils seront bien les seuls si elles coincident sensiblement avec les nappes physiques. En résumé nous croyons pouvoir conclure de ce qui précède qu'il n’y a nullement désaccord entre les lois de la double réfraction, telles que l'observation les fournit et la théorie basée sur les mouvements moléculaires; seu- lement il est probable que le rayon ordinaire, soit dans les cristaux à un axe, soit sur les sections principales des cristaux à deux axes, n’a pas tout à fait la direction qu’on lui assigne d'ordinaire; toutefois cette déviation, sans être en désaccord avec la théorie, pourrait être assez petite pour échapper à l’observation. Enfin, à moins de renon- cer à toute explication mécanique des phénomènes, il faut admettre que la direction des vibrations est parallèle au plan de polarisation; c’est même de là que résulte la con- Grmation la plus réelle de la théorie. En effet, si nous avons dû emprunter à l'expérience la valeur numérique du nombre 4 pour obtenir l'accord des nappes, il n’a été fait aucune nouvelle hypothèse pour arriver à la coinci- dence dont nons parlons. Les formules n’ayant aucun rap- port de forme avec celles de Fresnel, si leurs constantes avaient été purement empiriques, qu’elles n’eussent eu aucune relation réelle avec les phénomènes, elles auraient dû donner des valeurs de grandeur quelconque à l’angle de la direction des vibrations avec le plan de polarisation. ÉTUDE SUR LES SEICHES DU LAC LÉMAN PAR M. F.-A. FOREL Professeur à l'Académie de Lausanne. (Bulletin de la Société vaudoise des Sciences naturelles, tome x.) Les riverains du lac Léman appellent seiche un phéno- mène accidentel consistant en un mouvement alternatif et répété d’élévation et d’abaissement du niveau de l’eau du lac. Cette marée en petites proportions dont le flux et le reflux n’emploient que quelques minutes pour leur révo- lution, tout en se répétant parfois plusieurs heures durant, a d’abord été observée et étudiée à Genève, puis sur les autres rives du Léman: on en a constaté l’existence sur les autres lacs de la Suisse, et il n’est pas impossible de lui rapporter certains mouvements ou ondulations de Ja mer (Marubbia, Raz de marée, etc.). Le phénomène est donc général et mérite d’être étudié avec soin. Les seiches sont signalées pour la première fois en 1730 par Fatio de Duillier ‘ qui les attribuait à l'arrêt des eaux du Rhône sur le banc du Travers près de Genève par des coups de vent du midi. 1 Remarques sur l’histoire naturelle du lac de Genève dans l'His- toire de Genève, par Spon. Genève, 1730, tome II, p. 463. ÉTUDE SUR LES SEICHES DU LAC LÉMAN. 25 Jallabert', en 1742, supposait que les seiches étaient causées à Genève par des crues subites de l’Arve, qui arrêtait l'écoulement du Rhône; à Villeneuve et au Bou- veret, qui, suivant lui, étaient les seules localités du grand lac présentant des seiches, par l’afflux subit des eaux de fonte des glaciers *. Bertrand, dans une dissertation académique non impri- mée ”, supposait que des nuées électriques pouvaient atti- rer et soulever les eaux du lac, et que les eaux retombant ensuite produisaient des ondulations dont l'effet était d'autant plus sensible que les bords du lac étaient plus resserrés. H.-B. de Saussure ‘, après avoir admis cette dernière théorie, ajoute : « Je crois aussi que des variations promp- tes et locales dans la pesanteur de l'air peuvent contribuer à ce phénomène et produire des flux et reflux momenta- nés, en occasionnant des pressions inégales sur les diffé- rentes parties du lac. » De 1802 à 1804 Vaucher voua son attention scientifi- que et son excellente méthode d'observation à l’étude des seiches. Il publia ses recherches dans un mémoire de 60 pages”, qui est ce que nous avons de mieux et de plus complet sur le phénomène qui nous occupe. * Histoire de l'Académie royale des Sciences pour l’année 1742. Paris, p. 26. * Cette théorie avait déjà été émise par Addison. Voyez Histoire de l’'Acad. royale des Sciences, loc. cit., p. 28. 3 Cité par Saussure et Vaucher. # Essai sur l'Histoire naturelle des environs de Genève. Voyages dans les Alpes. Neuchâtel, 1779, I, p. 12. 5 Vaucher, Mémoire sur les seiches du lac de Genève, composé de 1803 à 1804. Mémoires de la Société de physique de Genève, t. VI, p. 35. 1O 6 ÉTUDE SUR LES SEICHES Après un court exposé historique, Vaucher nous donne successivement, avec détail, l'observation de dix seiches étudiées par lui du 30 novembre 1802 au 9 janvier 1803. Il se rendait au bord du lac et notait de minute en minute l'état stationnaire, l’élévation ou l’abaissement du niveau des eaux. Voici un exemple de ses observations qui mon- trera le mode de procéder et donnera une idée de la marche du phénomène. Du 30 novembre 1802, aux Eaux-Vives de Genève :. à 4h. 26 minutes m.°.2"" Aà4.h.9237 minutes. m1 027 ) st. 0 » 36 Û in. 7 de AS » dd" PUS O » m. #4 000 » d25 » A0 » m2 » 30 » d'u » Ai » m. #4 » 31 » di2 » 42 » mie D 02 » d...# 0,45 » m. 6 OS » SI A0 » 44 ) In. 4 » 34 » m. 3 » 45 » d . 0 » 39 » m. 6 » A6 » st. 4 1111936 » m. #4 Il varia avec beaucoup de soin son mode d'observation et donna, en particulier, une grande attention à l’étude si- multanée des mouvements de l’eau dans deux localités plus ou moins éloignées sur la même rive ou sur deux rives opposées du lac. Il chercha ensuite les rapports qui existent entre la fré- 1 Vaucher, loc. cit., p. 39. * La lettre m, placée devant le chiffre indiquant la dénivellation en millimètre, signifie que le niveau de l’eau montait, la lettre d qu'il descendait, les lettres st qu’il était stationnaire, qu'il ne montait ni ne descendait. Nous avons, pour plus de commodité, traduit en valeurs métriques les mesures données en pied de roi par les naturalistes ge- nevois. CFO, eut, Le DU LAC LEMAN. 27 quence des seiches d’une part et la saison de l’année, ou l’état de l’atmosphère d'autre part. Il constata enfin l’exis- tence des seiches sur les autres lacs suisses qu’il put vi- siter. Voici les conclusions qu’il formule lui-même à la suite de ses observations * « 1° Il y a des seiches plus ou moins considérables dans tous les lacs; ceux dans lesquels on n’en a pas en- core aperçu, n'ont pas été suffisamment examinés. « 20 Ces seiches peuvent avoir lieu dans toutes les saisons de l’année et indifféremment à toutes les heures du jour; mais elles sont, en général, plus fréquentes au printemps et en automne. « 3° Rien ne paraît influer davantage sur ce phéno- mène que l’état de l'atmosphère; en sorte que plus cet état est constant, moins il y a de seiches, plus il est varia- ble, plus il y en a. C’est ce que prouvent toutes mes ob- servations qui n’ont donné qu’un faible mouvement ou un mouvement nul toutes les fois que le vent du nord souf- flait, que le temps était beau, qu’il régnait des brouillards étendus, et que la pluie ou la neige était générale; tandis que la seiche a toujours été considérable quand l’atmos- phère était remplie de nuages pluvieux ou que le temps d'ailleurs assez serein se préparait à l'orage et que le baromètre baissait. « 4° Toutes choses d’ailleurs égales, les seiches sont d'autant plus considérables sur le lac de Genève que l’on s’approche de la sortie du Rhône. Leur maximum est à cette même sortie, et elles diminuent depuis ce point jus- qu’au confluent du Rhône avec l’Arve, où elles sont à peu 1 Vaucher, loc. cit., p. 75. 28 ÉTUDE SUR LES SEICHES près nulles. Il en est de même en avançant de l’autre côté du lac jusqu'à Coppet, où elles ne sont plus que d’un ou deux pouces, et à Rolle, où elles sont moindres, sans ce- pendant devenir jamais nulles. «€ D° L’extrémité orientale du lac de Genève n’a pas des seiches plus sensibles que celles des autres lacs, quoique l'opinion contraire semble établie dans les ou- vrages de de Saussure. « 6° Quoique les seiches soient plus fréquentes au printemps et en automne que dans les autres saisons, cependant elles sont plus considérables en été, et surtout à lafin de cette saison. Les plus grandes qui aient été observées ont toujours eu lieu dans les mois de juillet et d'août ou au commencement de septembre. « 7° Le minimum des seiches n’a pas de terme, mais leur maximum ne va pas au delà de cinq pieds. « 8° Enfin, quoique la durée de la seiche soit très- variable, ses limites en plus ne sont guère au delà de 20 à 25 minutes et restent fort souvent en deçà, tandis que ses limites en moins sont zéro. » Dans la seconde partie de son mémoire, Vaucher re- cherche quelle est la cause des seiches, et après avoir cri- tiqué les théories de ses prédécesseurs il expose l’explica- tion qui, jusqu'à aujourd'hui, est restée généralement admise. Il cherche la cause du mouvement d'oscillation des seiches dans les variations de la pression atmosphéri- que; après avoir reconnu que les seiches coïncident géné- ralement avec de grands mouvements barométriques, il considère deux régions distinctes du lac. Il suppose que dans l’une la pression barométrique diminue, dans l’autre elle reste constante ou elle s’élève; ces deux régions sont alors inégalement chargées par l’atmosphère, et le niveau TE 67 N° Na PRE DU LAC LÉMAN. 29 de l’eau doit tendre à s’élever dans la région où la pres- sion barométrique a baissé, doit s’abaisser dans la région où la pression est la plus forte. Si cette rupture d’équi- libre s’est faite un peu subitement, il doit en résulter un mouvement de balancement, et le retour au repos ne s’ef- fectuera qu'après un certain nombre d’oscillations alter- natives de plus en plus faibles. « Il faut considérer, » dit-il, «les eaux des lacs comme formant un siphon à une infinité de branches dont l’une quelconque communique à toutes les autres; que cette branche centrale correspondant à toutes les autres, soit, pour le moment, chargée de la colonne d’air dont le poids doit varier, si cette colonne admet une augmentation de poids ou de tension qui corresponde à une ligne de mer- cure et, par conséquent, à 14 lignes d’eau, l’eau subjacente tendra à baisser de 14 lignes, et cette quantité dont elle s’abaissera dans la branche correspondante du syphon, sera la même dont elle s’élèvera dans les autres branches, qui n'auront pas changé de poids puisqu'il faut que l'é- quilibre subsiste". » Puis, l'équilibre tendant à se rétablir, les oscillations successives des seiches se succèdent en diminuant d'intensité. C’est du reste ce que de Saussure avait déjà admirable- ment formulé dans les trois lignes que nous avons citées plus haut. Cette théorie, à laquelle nous n’hésitons pas à nous ranger, à été généralement admise. Je citerai entre autres auteurs qui l’ont acceptée, Studer *, Meyer © et Favre #. ! Vaucher, loc. cit., p. 82. ? Lehrbuch der phys. Geographie, V, p. 78. 3 Physik der Schweiz. Leipzig, 1854, p, 353. # Recherches géologiques, etc. Paris, 1867, 1, p. 12. 30 ÉTUDE SUR LES SEICHES Une très-belle observation de seiche est celle que M. Venié, directeur de la machine hydraulique de Genève, a fait les 2 et 3 octobre 1841. M. Oltramare en a donné les chiffres dans la séance du 18 octobre de la même année, à l'Académie des sciences de Paris". Cette seiche est la plus grande qui nous soit connue sur le lac Léman. À. Yersin a publié en 1865 une courte note ©? sur les observations de seiches entreprises à Morges. Nous aurons à revenir bientôt sur cette série. Citons enfin la remarque suivante *: « M. Guillemin parle d’une seiche de 0,60 qui s’est manifestée à Genève le 17 août 1 868, et il rapproche ce fait du tremblement de terre qui a eu lieu la veille au Pérou, en supposant que la seiche de notre lac aurait eu pour cause une oscillation du sol, » Cette observation mérite d’être notée. Il est vrai que le 17 août 1868 Le baromètre était fort bas, et que dans ce cas l’explication habituelle des seiches pourrait être encore valable; mais il est incontestable que de même qu'une secousse imprimée à un vase plein d’eau détermine des vagues de balancement dans l’eau de ce vase, de même aussi une secousse de la terre doit déter- miner des vagues de balancement dans les mers et lacs de notre globe, Et dans le fait, les raz de marée de l'O- céan coïncident généralement à des secousses de tremble- ment de terre. Je n’ai pas encore assez d’observations positives pour appuyer cette hypothèse, mais j'estime qu'il y aurait lieu de donner une grande attention à la ! Comptes rendus de l'Acad. des Sciences de Paris, XIII, p. 829. ? Bulletin de la Société vaud. des Sciences natur., IV, p. 411. 3 Bulletin de la Société vaud. des Sciences natur., X, p. 178. DU LAC LÉMAN. 31 coïncidence des très-fortes seiches avec les secousses de tremblement de terre. Voilà en résumé ce que j'ai su trouver dans la littéra- ture scientifique sur ce phénomène, car je n’entrepren- drai pas la discussion de deux mémoires inspirés par ce sujet, l’un à un Anglais qui n’a pas signé l'écrit intitulé : On the phenomenon called the Seiche, observed on the lake of Geneva ‘, l’autre à un ingénieur français, célèbre dans notre pays par ses hypothèses de haute fantaisie sur les lacs souterrains de la Savoie, M. O. Vallée *. M. J. de la Harpe a déjà suffisamment réfuté ce dernier *. A côté des observations de Vaucher, faites à Genève et dans les environs, j'ai entre les mains deux autres séries d'observations que je puis leur comparer. Ce sont d’abord des observations faites simultanément, à Morges par MM. Burnier, Ch. Dufour et Yersin, à Ge- nève par M. Bruderer, astronome, à Nyon par M. J. Veret, à Lausanne par M. Gay et à Vevey par M. Schnetzler. À l’appel d’une dépêche télégraphique, lancée de Morges dans les autres stations pour avertir de l'existence d’une seiche, les divers observateurs suivaient de quart d'heure en quart d'heure les variations du baromètre et du limni- mètre. M. Ch. Dufour a bien voulu me communiquer les observations faites d’après cette méthode pour les seiches du 4° avril, du 4 mai, du 16 novembre, du 3 décem- bre 1854, du 3 février, du 31 mai 1855 et du 12 avril 1856. Ces observations sont surtout importantes au point de vue des variations de baromètre; mais comme dans Lausanne, S. Delisle, 1838. ? Du Rhône et du Lac de Genève. Paris, 1843, p. 31, sqq. 3 Bulletin de la Société vaud. des Sciences natur., VI, p. 9. 32 ÉTUDE SUR LES SEICHES l’étude qui va suivre j'ai complétement laissé de côté cette face de la question, je n’utiliserai dans cette série que les observations limnimétriques, malheureusement en trop petit nombre et ne provenant que des stations de Genève et de Morges. J'ai moi-même étudié les seiches, à Morges, en 1869 et 1870, dans les conditions suivantes : Le port de Morges, entièrement fermé par deux jetées qui s’avancent dans le lac, présente actuellement deux ouvertures : l’une de 30 mètres, servant au passage des bateaux, est difficilement abordable pour l'observateur ; l'autre ouverture, de 2 mètres de large, percée dans la jetée du nord, en 185%, pour le renouvellement de l’eau du port, est située au bord d’un quai, et peut être facile- ment surveillée. Or, chaque fois qu’il se produit une diffé- rence quelconque dans le niveau de l’eau, à l’intérieur ou à l'extérieur du port, chaque fois que l’eau du lac s’élève ou s’abaisse, l’eau contenue dans le port tendant à rega- gner le niveau du lac, il se développe, à ces deux ouver- tures, un courant plus ou moins violent, d'entrée alors que le niveau du lac s'élève, de sortie alors qu’il s’abaisse. Ce courant est facilement observable à la petite ouver- ture de la jetée du nord et devient très-visible toutes les fois qu'une seiche vient modifier le niveau des eaux. On verra plus bas quel parti j’ai pu tirer de ces circonstances favorables, d’une part en constatant la fréquence des sei- ches, d'autre part en mesurant d’une manière précise leur durée. Or, de la comparaison des observations de Genève avec celles qui ont été faites à Morges, il ressort une telle dif- férence entre la marche du phénomène dans ces deux sta- üons, que j'ai dû, pour assimiler les seiches de Morges à LL 7 DU LAC LÉMAN. 33 celles de Genève, étudier leur mécanisme un peu plus en détail que cela n’a été fait jusqu’à présent. C’est ce lravail que je vais exposer dans les pages suivantes. Les conclu- sions auxquelles j’arriverai devant prouver que le phéno- mène n’a pas encore été suffisamment étudié et que de nouvelles recherches sont nécessaires, je ne donne ici ces observations qu’à titre de matériaux qui pourront être utilisés pour des travaux subséquents. Je diviserai cette étude en cinq paragraphes : Le premier traitera des seiches du lac Léman, étudiées comparativement à Genève et à Morges. Le second décrira un mouvement oscillatoire de l’eau, analogue aux seiches, observé dans le port de Morges. Un troisième paragraphe étudiera le mouvement d’os- cillation des seiches. | Dans un quatrième, je chercherai expérimentalement les lois de l’oscillation de balancement. Enfin, je chercherai à conclure dans un cinquième et dernier paragraphe. Il Les seiches du lac Léman à Genève et à Morges. Le phénomène des seiches consistant en un flux et un reflux, en des mouvements alternatifs d’élévation et d’a- baissement du niveau de l’eau, nous aurons à le considé- rer sous trois points de vue : 1° L’amplitude de l’oscillation. 2° Sa durée. 3° Ses allures. [. Amplitude des oscillations ou différence de hauteur ARCHIVES, t. XLIX. — Janvier 1874. 3 34 ÉTUDE SUR LES SEICHES entre Le maximum et le minimum du niveau de l’eau dans les divers temps de l’oscillation. a) Cette amplitude est variable dans une même seiche pour les diverses oscillations. C’est ce que prouve le résumé suivant de la [II obser- vation de Vaucher. Du 4 décembre 1802, à une heure du soir, aux Euux-Vives. à Genève. Ascension. Descente. Ascension. Descente. mm mm In in 4" vague 41 2 4e vague 9 49 EE Al 27 D: — 18 DS 31 85 C’est ce que prouve encore le résumé d’une seiche ob- servée par À. Yersin. Du 3 décembre 1854, à dix heures du matin, dans le port de Morges. Ascension. Descente. Ascension. Descente. mm mm mm mm {re vague 21 39 Le vague 21 21 Jus 26 12 Der L'» 61 61 ne 39 48 EE 39 15 b) L’amplitude des oscillations est variable dans une même localité pour les différentes seiches. Des dix observations de Vaucher, je prends le maximum d'amplitude pour la montée et la descente et j'obtiens, aux Eaux-Vives, à Genève, les chiffres suivants : Ascension. Descente. Ascension. Descente. ue » 150 97 FRE , 68 36 JI®° , | 86 ko ME 0 20 117 49 Eau , 137 133 1x » 45 38 v” , 45 — Xe » 20 43 mm mm mm FF observat. 49 21 VI"° observat. 52 65 DU LAC LEMAN. 39 Or, Vaucher n'’indiquait que Les seiches d’une certaine importance; toutes les fois que l'amplitude n’atteignait pas 4 à 5 centimètres, il ne prenait pas la peine de les noter. D'une autre part, l’histoire nous conserve le souvenir de seiches bien plus considérables observées à Genève. De Saussure a mesuré, Le 3 août 1763 *, une seiche dont la plus forte amplitude a été de 1,481. Fatio de Duillier cite la seiche du 46 septembre 1600* comme ayant atteint 1,624. M. Venié, enfin, a observé, les 2 et 3 octobre 1841, la plus forte seiche dont l’histoire fasse mention *. Le 2 oc- tobre au soir, les oscillations furent telles qu’elles dépas- sèrent les limites de l'échelle limnimétrique et ne purent être mesurées avec fruit. Le 3 octobre, à 4 heures du matin, nouvelles seiches trop fortes pour être mesurées ; à heures, l'amplitude de l’oscillation rentre dans les li- mites de l’échelle et permet les observations suivantes au limnimètre du Grand-Quai, à Genève. À G heures 30, le lac s’élève, en 5 minutes, à 1,218 au-dessus du niveau moyen de la journée. Il baisse lente- ment, et, à 9 heures 5, il est à 0",920 au-dessous de ce même niveau. De 6 à 10 heures du matin, le niveau pré- sente 5 maximums et 5 minimums, diminuant graduelle- ment d'importance. Dans cette seiche mémorable, l’amplitude mesurée a donc atteint 2,14, et les oscillations qui n’ont pu être évaluées ont dépassé ce chiffre. ! Loc. cit. p. 13. * Loc. cit., p. 463. 5 Description d'Oltramare dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences de Paris, tone XII, p. 829. 36 ÉTUDE SUR LES SEICHES L’amplitude des seiches, à Genève, oscillerait doncentre 0 et 2,15. c) L’amplitude des seiches varie suivant les localités et les points de la rive où on les observe. Vaucher avait déjà indiqué la différence d'amplitude des mêmes seiches aux Eaux-Vives de Genève, et à Gen- thod (à une lieue environ de l'extrémité du lac); dans la première station, les seiches avaient une amplitude qua- druple de celles de Genthod. Si l’on compare l’amplitude des seiches, à Genève et dans le grand lac, la démonstration sera plus évidente encore. Nous venons de voir qu'à Genève les seiches peuvent atteindre une amplitude de 1 à 2 mètres. À Morges, nous ne connaissons rien de pareil. Sans aller aussi loin que Vaucher, qui limitait à quelques lignes la hauteur des oscillations à Vevey, il est pour nous un fait certain, c’est que, dans le grand lac, les seiches sont beaucoup plus fai- bles qu'à Genève. La seiche du 16 novembre 1854 a été observée si- multanément à Morges et à Genève. Le limnimètre du Grand-Quai, à Genève, indiquait une amplitude de sei- ches allant jusqu’à 445%; pendant ce temps, la seiche, à Morges, n’atteignait pas 60m *, Sans pouvoir l’appuyer sur des observations directes, mais en nous fondant sur l’expérience de toutes les per- sonnes qui, à Morges, étudient le lac, nous pouvons évaluer 1 Au sujet de cette observation nous devons réserver à une discus- sion ultérieure la question de savoir si c’était la même seiche qui était sensible à Morges et à Genève, si les oscillations du niveau de l’eau dans les deux localités étaient dues à la même cause, à la même im- pulsion. DU LAC LÉMAN. e ÿ de 4 à 3 centimètres les seiches moyennes, et à 10 centi- mètres les fortes seiches. J'en ai cependant observé une, le 10 septembre ! 1869, à 7 heures du soir, qui m'a offert, dans le port de Morges, une amplitude de 26 centimètres; mais cette observation est tout à fait exceptionnelle. D’après une communication de M. Ch. Dufour, les sei- ches sont à Villeneuve, contrairement à l’avis de Vaucher et conformément à celui de de Saussure, plus faibles qu'à Genève, mais plus fortes qu’à Morges. M. Dufour en a observé une, à Villeneuve, qui mesurait 30 centimètres d'amplitude. En résumé, pour ce qui concerne l'amplitude des oscil- lations des seiches, nous voyons qu’elle varie : 1° Dans une même seiche et dans une même localité pour les différents temps de l’oscillation. 2° Dans une même localité, pour les différéntes sei- ches. 3° Dans un même lac, pour les différentes localités. IL. Durée de la vague. K y a de même inégalité dans la durée de la vague. a) La durée des différents temps de l’oscillation n’est pas égale pour une même seiche dans une même localité. Je le prouverai en citant quelques-unes de mes obser- vations de seiches faites à Morges par le procédé ci-des- sus indiqué. ‘ Un point à noter, qui a déjà été signalé par Vaucher, c’est que les plus fortes seiches connues ont été observées dans le mois de juillet à octobre. Ainsi le 16 septembre 1600 (Fatio de Duillier), le 3 août 1763 (Saussure), le 26 juillet 1810, le 11 juillet 1837, les 2 et 3 octobre 1841 (Oltramare et Venié), le 17 août 1868 (Guillemin), le 10 septembre 1869 (Forel), le 8 octobre 1873 (Ch. Dufour). 38 ÉTUDE SUR LES SEICHES , Onserv. L Du 7 mai 1869, à neuf heures du matin. Heure du commencement du mouvement Durée en secondes du mouvement d’ascension. de descente. d’ascension, de descente. — 9 h. 26,10” — 135 91h: 287,25" » 30 ,00 95 120 » 32,00 » 34,00 120 135 » 36,15 » 38,90 155 140 » 40,50 » 43, 5 155 115 » 45,00 » 46 ,20 80 100 » 48 ,00 » 49,45 105 155 » 52,00 » D4,30 150 165 ” 57,15 » 59,50 155 — Ogserv. IL Du 19 mai 1870, à neuf heures du matin. Heure du commencement du mouvement Durée en secondes du mouvement d’ascension. de descente. ascension. de descente. 0"n:29::07 9 h. 26,50” 104 170 » 29,40 CMOS VESA à 85 185 » 934,10 » 939,40 90 270 » 40 10 » 41,45 95 235 » 45,40 147.45 95 125 » 49 ,20 » 51, 6 106 154 » 53,40 Lee ee se Dans l'observation [ les durées extrêmes ont été en secondes : pour l’ascension maximum 1455 minimum 80 pour la descente » 165 » 115 Dans la seconde observation : pour l’ascension maximum 110 minimum 90 pour la descente » 270 » 125 Il n’y a donc pas isochronisme dans les temps d’oscilla- tion d’une même seiche. DU LAC LÉMAN. 39 b) Il n’y a pas non plus égalité dans la durée moyenne des oscillations des diverses seiches observées dans la même localité. Je résume dans le tableau suivant la durée moyenne de loscillation entière de quelques seiches observées à Morges, indiquant en secondes la durée de l’oscillation totale, c'est- à-dire du temps employé pour que l’eau recommence à s'élever, après s'être élevée et abaissée. N° Date. Maximum. Minimum, Moyenne. I 7 mai 1869 300 180 254 419: > Ù 240 200 210 Me 2L. > » 405 280 331 4 Fi Erotee » 390 280 315 | LOUE » 230 205 216 AIMONS 10 ) 330 210 244 NEO — Ù 275 195 225 VIII 10 septembre » 400 260 327 IX 2 octobre » 255 180 206 X 29 novembre » — — 310 XI 9 mai 1870 365 220 288 NT CAL QE» » 415 160 247 D’après ces douze observations, la durée extrême des oscillations varierait entre 160 et 415 secondes, les moyennes entre 206 et 331 secondes, et la moyenne gé- nérale de ces différents chiffres serait de 264 secondes. Jen conclus que dans une même localité la durée des seiches varie d’un jour à l’autre. Jallabert ‘ avait déjà remarqué cette différence de durée entre les seiches; il croyait avoir reconnu que plus la seiche était forte, plus elle employait de temps à accom- plir ses oscillations. Il fixait de 44 à 15 minutes la durée 1 Loc. cit., p. 27. 40 ÉTUDE SUR LES SEICHES d’une seiche à Genève haute de 7 à 8 pouces (19 à 21 centimètres) et de 24 à 26 minutes la durée d’une seiche dont l'amplitude atteignait un pied (32 centimètres). Je ne puis pas confirmer par les observations que j'ai entre les mains ce rapport entre l'amplitude et la durée des seiches. c) La durée des seiches diffère aussi notablement d’une localité à l’autre. Elle n’est pas la même à Morges qu’à Genève, et dans cette dernière localité elle est sensible- ment plus forte qu'à Morges. Je viens d'établir qu’à Morges la moyenne de la durée d’une oscillation de seiche est de 264 secondes. Pour les seiches de Genève, je tire des observations faites par Vau- cher aux Eaux-Vives les chiffres suivants exprimant en minutes la durée des différentes vagues : LS N° Ascension. Descente. Vague entière. [ — 6 Re — 11 6 17 Il 13 15 29 III 21 = — 9 11 30 IV = 5 == 35: 22 (16) 27 VI a 18 22 Æ 24 — 42 IX ee 14 me = 15 — 27 X 12 6 18 D'où je puis tirer la moyenne de 26 ‘/, minutes, soit 1590 secondes‘, ! La seiche de Genève du 16 novembre 1854 me donne les résul- tats suivants exprimés en minutes : Ascension, Descente. Vague entière. {re vague 16 15 21 2me » 10 26 36 game » 20 — — Résultat très-analogue à ceux de Vaucher. DU LAC LÉMAN. 41 Il est vrai que l'observation n° VIII de Vaucher me donne des chiffres beaucoup plus faibles. EAUX-VIVES, BAINS LULLIN. EE — Ascension. Descente. Vague entière. Axcension. Descente. Vague entière. 9 1 16 12 n 16 2 4 6 ho | | A Len re Co ææ RO RO ææ HO QE QI & © I G O0 I D'où je tire la moyenne pour la vague entière de 8 mi- nutes ou 480 secondes. Si j'utilisais cette observation pour obtenir la moyenne de durée des seiches à Genève, cette moyenne serait sensiblement abaissée. Mais je pré- fère réserver cette observation pour une discussion ulté- rieure, et m'en tenir au chiffre précédemment obtenu de 1590 secondes pour la durée moyenne des seiches à Ge- nève. Ce chiffre diffère notablement de celui que j'ai obtenu pour la durée des seiches de Morges et est bien plus élevé; ce que je formule en disant que : La durée de l’oscillation varie d’une localité à l’autre et est sensiblement plus élevée à Genève qu’à Morges. III, Quant aux allures des seiches, voici ce que j'ai à remarquer : 1° D’après les observations de Vaucher, l'ascension et la descente de l’eau se font d'une manière assez irrégu- lière, tantôt plus rapidement, tantôt moins rapidement, fréquemment interrompues par un temps d'arrêt et même un léger mouvement en sens inverse. . 49 ÉTUDE SUR LES SEICHES J'ai constaté le même fait à Morges, où les courants d'entrée et de sortie du port présentent souvent de nom- breuses irrégularités. 2° J'ai cherché à constater si les mouvements d’ascen- sion et de descente avaient lieu plus rapidement l’un que l’autre. M. Oltramare, en rendant compte de la seiche de M. Venié du 3 octobre 1841 *, remarque que le mouve- ment d’ascension est infiniment plus rapide que celui de descente; dans la seconde vague de cette seiche, l’éléva- tion à eu lieu en 5 minutes, la descente a duré plus de 2 heures. Pour vérifier ce fait, j’ai comparé dans mes observations de Morges la durée moyenne pour chaque seiche des mouvements d’ascension et de descente. J'ai trouvé que sur douze seiches observées, dans huit cas la durée de l’ascension était moindre que celle de la descente, dans un cas les durées étaient égales, dans trois cas la durée de l’ascension était plus forte que celle de la descente. La moyenne de la durée de l'ascension dans ces douze observations est de 117 secondes, celle de la descente de 147. Il semblerait donc d’après ces quelques observations qu'il y a une tendance à présenter un mouvement d’as- cension plus rapide que le mouvement de descente. 3° J'ai cherché s’il y avait dans le mouvement des seiches tendance à l'accélération ou à la diminution de vitesse du mouvement, du commencement à la fin. Je n’ai rien pu obtenir de constant, observant tantôt une accélé- ration, tantôt un ralentissement, le plus souvent de simples irrégularités. 1 Comptes rendus de l’Acad. des Sciences de Paris, t. XIII, p. 829. DU LAC LÉMAN. 43 4° J'ai cherché si je pouvais constater une tendance à l'augmentation ou à la diminution de l'amplitude du mou- vement du commencement à la fin, ou s’il y aurait peut- être au milieu de la seiche tendance à la formation d'un maximum d'amplitude. D’après la théorie de Vaucher, il devrait y avoir dé- croissance dans l'amplitude des oscillations, la première étant la plus forte, les dernières devenant insensibles. Je dois reconnaitre que, dans les observations qui sont entre ‘mes mains, je ne puis citer, comme satisfaisant à cette loi, que les suivantes : La II°° observation de Vaucher. L'observation de Venié, du 2 octobre 1841. La seiche observée, à Genève, par M. Bruderer, le 16 novembre 1854. Pour les autres, l'observation n’embrasse pas un assez grand nombre d’oscillations, ou a montré trop d’irrégula- rités, pour qu'il soit possible d’en tirer quelque chose de précis à ce point de vue. 9° J'ai cherché à constater, à Morges, si, pendant les seiches, on pouvait observer un mouvement de déplace- ment dans l’eau du lac, mouvement de transport dans la direction du rivage pendant l’ascension de l’eau, de trans- port du rivage en plein lac pendant la descente, Ce mou- vement doit avoir lieu, mais il est inappréciable à l'œil, et je crois pouvoir affirmer qu’en tous les cas, dans une seiche ordinaire, à Morges (de 5 à 10 centimètres d’am- plitude), sa valeur ne dépasse pas 30 centimètres pendant toute la durée de la vague. 6° J'ai cherché si, pendant les seiches, l’on pouvait, par un temps très-calme, constater à la surface un mouve- ment d’ondulation progressive; si l’on pouvait apercevoir 44 ÉTUDE SUR LES SEICHES des lames gigantesques qui, venant frapper le rivage, pro- duiraient le mouvement de flux et de reflux. Malgré l’at- tention que j'ai mise à cette recherche, en observant la déformation qui, dans ce cas, aurait dû être sensible dans les images reflétées par Le miroir des eaux, je n’ai jamais rien constaté qui püt être rapporté à cette cause; et je crois pouvoir affirmer que, si les seiches sont occasionnées par des vagues d’oscillation progressive, la largeur de ces vagues serait, dans tous les cas, supérieure à 50 ou 100 mètres. J'aurai, plus tard, à utiliser ces deux dernières obser- vations négatives, et les deux maximum et minimum que je donne. 7° Pour donner, enfin, une idée de la fréquence des seiches, je dirai que j’en ai observé, dans le mois de mai 4870, les 7, 8, 11, 13, 16, 17, 18, 19, 21, 23, 26, 27 et 31, soit 13 jours sur 31 ; n'étant pas toujourssur lelieu de l’observation, bien des seiches ont pu m’échapper dans les jours où je n’en ai point notées ”. Il Petites seiches du port de Morges. Dans l'hiver de 1869 à 1870, les eaux du lac Léman ont été exceptionnellement basses, le fond du port de Morges a été mis à sec sur un espace de quelques mètres carrés, et la pente presque insensible que présentait cette grève rendait visibles, par un mouvement latéral très- considérable, les moindres oscillations en hauteur des ! Il faut bien remarquer ici que d’après toutes les observations, le maximum de fréquence des seiches a lieu au printemps et en automne. DU LAC LEMAN. 45 eaux du port. Cela m'a permis de faire l'observation sui- vante : Osserv. XIIL. Du 6 janvier 1870, à onze h. et demie du matin. « Par un léger Morget (brise de terre), je constate de grandes ondulations, consistant en un mouvement alter- natif d’ascension et de descente de l’eau du port, parfaite- ment comparable au mouvement des seiches. Ce mouve- ment d’oscillation est assez irrégulier ; en 190 secondes de temps, je compte neuf oscillations complètes. La du- rée de chaque oscillation est donc, en moyenne, de 21 secondes. » J'ai répété cette observation chaque fois que le phéno- mène se présentait, et je donne le résumé de cette étude dans le tableau suivant : Durée Nombre moyenne en N° Date. Heure. Vent. d'oscilla- secondes d’une tions. oscillation. h. m. XII 6 janvier 1870 14 30 Léger Morgt 9 21.1 MM! 417 » 11 25 Légère bise 10 33.5 AN...» » 2 50 nd nl 2048 21.2 ] » k 7 » 16 17.5 XVII 5 mars » 5 2 »” 14 15.3 » 2 20 ‘ns 16 14.7 XIX 12 > » A0 7 Léger vent 6 34.1 D’après cela, la durée moyenne d’une de ces oscilla- tions serait de 22,5 secondes. Que sont ces oscillations, et à quoi les comparer ? Leur allure, je l'ai dit, est celle des seiches, mais leur durée est bien moindre. Nous avons vu que les seiches, à Morges, ont une durée moyenne de 26% secondes ; le 46 ÉTUDE SUR LES SEICHES mouvement d'oscillation qui nous occupe a une valeur douze fois moindre, 22,5 secondes. J'ai, du reste, constaté que, pendant que je les observais dans l’intérieur du port, à l'extérieur il n’y avait pas de seiches appréciables. Serait-ce un mouvement des vagues du vent ? Le ta- bleau que je viens de donner indique que, pendant toutes ces observations, le vent était très-faible ; par un fort vent, le port, lui-même, eût été trop agité pour que ce mouve- ment fût appréciable. Or, les plus fortes vagues de vent, dont j'ai mesuré la durée (en date du 30 novembre 1369), d'une largeur d'environ 15 mètres d’une crête à l’autre, ne dépassaient pas 4 secondes de durée. La durée des vagues du lac, par des vents très-faibles, tels qu’ils existaient alors que j'observais le mouvement d’oscillation dans le port de Morges, varie entre 0,5 et 1 seconde. Je n’avais donc affaire ni à un mouvement d’oscillation progressive des vagues du vent, la durée du mouvement étant trop forte, ni à de véritables seiches du lac, la du- rée du mouvement étant trop faible. J'étais en présence de seiches du port de Morges, d'un mouvement analogue à celui des seiches, mais diminué et rapetissé par les di- mensions minimes du bassin. Le port de Morges mesure environ 200 mètres de long dans son plus grand diamètre. Il peut être intéressant, pour l'étude que nous faisons des seiches du lac Léman, de les comparer à ce mouve- ment qui leur est analogue, mais en petit et dans des conditions bien plus restreintes. Arrêtons-nous donc un instant à ces seiches du port de Morges. Leur amplitude est très-faible ; elles mesurent quelques millimètres, 2 ou 3 millimètres au plus; aussi sont-elles DU LAC LÉMAN. 47 tout à fait inappréciables alors que le lac est assez élevé pour ne plus présenter la grève fort doucement inclinée que j’ai décrite. Aux ouvertures du port, le courant, dé- terminé par ces seiches en miniature, est trop faible pour être utilement observable; je erais, cependant, pouvoir ln attribuer certaines irrégularités que j'ai remarquées par- fois dans la marche du courant des grandes seiches du lac. Quant à leur durée moyenne, je l'ai indiquée plus haut: elle varie, suivant les jours d'observation, dans les limites de 14,7 à 34,1 secondes. Je n’ai pas noté, pour une même seiche, la durée des divers temps d’oscillation, mais je puis dire que la même irrégularité que nous avons vue dans les grandes seiches du lac, à Morges et à Genève, est parfaitement sensible dans les petites seiches du port de Morges, et que la durée des vagues qui se succèdent est loin d’être constante et régulière. J'attribue à deux causes différentes le mouvement de balancement de l’eau que nous venons d’étudier au port de Morges : 1° Au vent. Les observations que j'ai citées ont toutes été faites alors qu'un vent peu violent agitait légèrement l'atmosphère et causait des changements irréguliers de pression sur les différentes parties du bassin. 2° À la vague puissante que refoulent devant eux les bateaux à vapeur; dans ce cas, la seiche du port a une intensité plus forte que lorsqu'elle est causée par le vent, et devient même observable par le courant d’entrée et de sortie aux ouvertures du port. 48 ÉTUDE SUR LES SEICHES II Du mouvement de l'eau dans les seiches. Quelle est la nature du mouvement qui nous occupe ? C’est ce que je dois discuter actuellement. Il y a deux sortes de mouvement d’oscillation dans les corps : l’oscillation progressive et l’oscillation fixe. L’oscillation progressive est le mouvement d’ondulation causé par un corps qui frappe l’eau, ou par l’action con- tinue et régulière du vent. La vague circulaire, détermi- née dans l’eau par la chute d’une pierre ou d’une goutte de pluie, ou par le coup de la rame; la vague, plus ou moins rectiligne, que détermine la marche d’un bateau ou l’action du vent qui caresse la surface de l’eau en la pressant, sont des vagues d’oscillation progressive. La vibration déterminée sur la corde d’un violon par le frottement de l’archet, est une oscillation fixe. Cette forme d’oscillation peut être mise en jeu, sur un vase plein d’eau, par l’action isochrone et répétée d’une pres- sion sur un point déterminé de la surface, par des se- cousses cadencées et rhythmiques du vase, ou simplement par une secousse subite sur les parois du vase, ou par un choc subit sur une surface un peu étendue de l’eau. Dans l’oscillation progressive, la crête de la vague se déplace sans cesse, en progressant toujours dans la même direction; tous les points de la surface subissent alterna- tivement un mouvement d’élévation et de descente. Dans l’oscillation fixe la crête de la vague se produit toujours aux mêmes points, et ne se déplace pas, de telle sorte qu'entre les régions de la surface qui subissent une oscillation maximale (ventres d’oscillation) se trouvent des PR DU LAC LÉMAN. 49 régions qui restent dans un repos presque absolu (nœuds) au point de vue des mouvements d’élévation et de des- cente. Dans l’oscillation progressive la molécule d’eau décrit un mouvement de révolution suivant une ellipse plus ou moins aplalie, mouvement ellipsoïde qui s'effectue pen- dant que la crête de la vague progresse d’une quantité égale à la largeur de la vague. Dans l’oscillation fixe la molécule d’eau subit un mou- vement de va-et-vient, révolution rectiligne ou courbe, qui s'effectue dans le temps qu'emploie la vague pour s'élever et descendre. Avons-nous dans les seiches affaire à un mouvement d’oscillation ? C’est ce que les allures du phénomène et la répétition du flux et du reflux semblent indiquer. À quelle forme du mouvement d’oscillation pouvons- nous rapporter les seiches, c’est ce que nous allons cher- cher à étudier. Vaucher comparait le mouvement d’osallation des sei- ches à celui qui se produirait dans un siphon si l’une des branches était soumise subitement à une pression plus forte ou plus faible que celle qui règne à l’autre branche ; il se rangerait ainsi à l'opinion que les seiches sont un mouvement d’oscillation de balancement . L’eau du siphon subit le mouvement de va-et-vient rectiligne qui caracté- rise ce mode d’oscillation. Mais dans les observations de Vaucher, ou plutôt dans les conclusions qu'il a tirées de ses observations, il est un fait qui, s’il est exact, indiquerait évidemment pour les ! J’appelle oscillation de balancement la forme d’oscillation fixe qui se produit dans un bassin d’eau ou dans un siphon. ARCHIVES, t. XLIX. — Janvier 1874. A 50 ÉTUDE SUR LES SEICHES seiches un mouvement d’ondulation progressive. C’est le fait qu’on peut formuler en disant que, dans deux stations inégalement éloignées de Genève, les mouvements des seiches sont successifs, la station la plus éloignée de l'ex- trémité du lac commençant la première les mouvements d’élévation et d’abaissement (environ deux minutes de différence entre la station des Bains Laullin et celle des Eaux-Vives). Obs. IL, IV, VE VIL VII. Il y aurait là évidemment une progression, une vague gigantesque qui s’avancerait de Genthod, du Vangeron ou des Bains Laullin vers Genève. Si le fait est vrai, nous som- mes évidemment en présence d’une vague d'oscillation progressive. Mais si nous reprenons la question de cette progres- sion de la vague, de cette différence dans les moments des différentes ondulations telle que l'indique Vaucher, si nous critiquons à ce point de vue ses observations, nous arrivons à des résultats beaucoup moins affirmatifs. Je me fonde pour cela sur les raisons suivantes : Vaucher n’a pas osé répéter cette conclusion dans le résumé qu’il donne lui-même de ses recherches (p. 75). Sur les cinq observations de Vaucher qui devaient ju- ger cette question, trois seulement, les observations II, IV et VIIL, ont donné d’après leur auteur un résultat un peu précis dans Le sens que nous venons d'indiquer. Enfin, si nous reproduisons graphiquement ses diverses expériences comparatives, si, avec la meilleure critique, nous les étudions à ce point de vue, il nous est impossible d'arriver à une conclusion précise. La différence est telle entre les deux courbes, les deux courbes sont si souvent opposées et tellement irrégulières qu'il est vraiment im- possible de dire dans laquelle des deux stations la vague DU LAC LÉMAN. Di avancerait sur l’autre. De cette étude des tracés gra- phiques des observations de Vaucher il ne peut rester qu'une seule impression, c’est que le mouvement est fort irrégulier dans deux stations différentes et point du tout simultané. La question reste donc intacte et peut s’étudier à nou- veau. Sommes-nous en présence d'un mouvement d’oscilla- tion progressive, d'immenses lames de dimensions colos- sales qui, partant d’un point quelconque du lac, vien- dfaient battre successivement la rive ? Cette supposition répondrait assez bien à certains côtés du phénomène des seiches. Comme dans les seiches, dans toute vague d’on- dulation progressive, il y a mouvement alternatif d’élé- vation et d’abaissement de la surface de l’eau; dans les vagues du vent, on observe facilement l’irrégularité d’am- plitude et de durée, que nous avons constatée dans les ondulations successives des seiches ; dans cette forme d'on- dulation on remarque un ralentissement sensible dans la rapidité et une augmentation dans l'amplitude de la vague alors que la profondeur de l’eau diminue, ce qui expli- querait les différences d'amplitude et de durée que nous avons constatées entre les seiches observées à Morges et à Genève. Mais l'étude plus approfondie du mouvement nous force à écarter la supposition que le phénomène des sei- ches serait dû à un mouvement d’oscillation progressive. La molécule d’eau décrit, dans ce cas, un mouvement ellipsoïde aplati dont la durée est égale au temps que met la vague pour avancer d’une distance égale à sa largeur (on appelle largeur d’une vague la distance qui sépare deux points homologues de deux vagues successives); par Je ÉTUDE SUR LES SEICHES suite la vitesse dont est animée la molécule d’eau dans ce mouvement ellipsoide est égale à la vitesse de progres- sion de la vague. J'ai dit plus haut que l'étude attentive du miroir du lac, pendant les seiches, ne m’avail pas permis de con- stater la moindre déformation dans l’image des objets qui s’y réfléchissent ; j'ai dit que j'en concluais que si la sei- che était causée par une vague d’ondulation progressive, la largeur de cette vague n’était pas inférieure à 100 mè- tres. La durée moyenne d’une oscillation de seiche à Morges est de 264 secondes. Dans la vague d’ondulation pro- gressive la crête de la vague progresse de toute la lar- geur de la vague pendant la durée d’une oscillation. Si donc, dans les seiches, nous avons affaire à une vague d'ondulation progressive, la crête de cette vague doit, en 264 secondes, progresser de toute la largeur de la vague, c'est-à-dire d’une largeur de plus de 100 mètres. A rai- son de 100 mètres en 264 secondes la rapidité de la progression de la vague serait de 0"38 par seconde. Or, les molécules d’eau de la surface suivent, pour le moment du moins où elles occupent la crête de la vague, la rapidité du mouvement de progression de celle-ci; dans le cas d’une vague d’ondulation progressive dont la largeur serait de 100 mètres et la durée de 264 secon- des, nous aurions à certains moments de la vague un dé- placement horizontal de 038 par seconde. Si, la durée restant la même, la largeur de la vague était plus forte, la rapidité de ce mouvement horizontal augmenterait, si la largeur était plus faible, il diminuerait. Pour une lar- geur de 50 mètres, la vitesse de ce mouvement de dépla- cement horizontal de l’eau à la surface serait de 019 DU LAC LÉMAN. D3 par seconde, vitesse encore fort appréciable et bien facile à constater. J'ai dirigé tout spécialement mon attention sur l’exis- tence d’un déplacement horizontal de l’eau du lac pen- dant le mouvement des seiches (au-dessous du débarca- dère des bateaux à vapeur à Morges) et je puis affirmer qu'un mouvement aussi rapide que celui que je viens d'indiquer n'aurait pas échappé à mon observation. D’après cela, si les seiches étaient des vagues d’ondu- lation progressive, elles devraient avoir une largeur de moins de 50 mètres. Mais comme je puis d’un autre côté, par l'étude du miroir du lac, affirmer que ces vagues, si elles existent, ont au moins 100 mètres de large, je crois pouvoir conclure que les seiches ne sont pas le produit de vagues d’ondulation progressive. Si donc mon raisonnement est exact, et si le mouve- ment des seiches est un mouvement d’oscillation, c’est un mouvement d'oscillation de balancement. IV Lois de l’oscillation de balancement. Ne trouvant pas dans les auteurs que j’ai sous la main d'expériences positives sur l’oscillation de balancement de l’eau, j'ai dû entreprendre moi-même ces expériences. Mon but, je n’ai pas besoin de le dire, n’était pas d’étu- dier à fond ce mouvement de l’eau, mais de le connaître assez pour pouvoir le comparer à nos seiches. Après quelques essais avec des vases de diverses tailles et de diverses formes, j'ai fait construire l'appareil qui m'a servi à étudier cette question. C’est un cadre de bois de chêne en forme d’U aplati, 54 ÉTUDE SUR LES SEICHES dont la branche horizontale mesure 1"30 de long et la branche verticale 0"395. Le long du bord intérieur de ce cadre, j'ai fait, de chaque côté, creuser une rainure, soit battue, dans laquelle j'ai fait cimenter deux glaces de verre double; j'ai ainsi obtenu un bassin présentant deux larges faces de verre, me permettant d'étudier les mouve- ments de l’eau, et dont les dimensions sont les suivantes : longueur 1,30, largeur 27 à 30 millimètres, profondeur 0395. Ayant bientôt reconnu que la pression intérieure, lorsque l’eau avait atteint une profondeur de 20 à 25 cen- timètres, était assez forte pour faire fléchir les feuilles de verre et pour les briser, j'ai soutenu leur face externe par trois systèmes de traverses verticales en bois, au moyen desquelles je puis empêcher la flexion extérieure des ver- res, en appuyant ceux-ci à l'aide de bouchons de liége. Enfin, pour obtenir un mouvement d’oscillation ou de balancement de tout l'appareil, j’ai cloué à la face infé- rieure du cadre et sur son centre de gravité une traverse horizontale sur laquelle je puis imprimer des mouvements de balancement dans un plan vertical. L'appareil étant ainsi disposé, je le remplis, jusqu’à une hauteur donnée, d’eau contenant en suspension quel- ques poussières légères, de manière à ce que je puisse observer le mouvement de l’eau dans les parties profon- des, et j'imprime un mouvement d’oscillation sur la tra- verse horizontale, Puis, au moyen de la montre à secon- des, je compte la durée moyenne de l’oscillation de l’eau. J'ai ainsi obtenu la durée de l’oscillation aux différentes profondeurs d’eau, pour la même longueur du bassin. J'ai cherché ensuite à diviser la longueur de l’onde au moyen de diaphragmes verticaux, que j'ai, après divers essais, formés à l’aide d’un boyau de bœuf rempli de sa- LE hi 15 1 EN EEE ER DU LAC LÉMAN. 99 ble fin et bien tassé; j'ai pu ainsi obtenir différentes lon- gueurs d'onde et étudier pour chacune d'elles la durée du balancement à différentes profondeurs de l’eau. Je résume les moyennes obtenues dans ces diverses ex- périences dans le tableau suivant : Profondeur Durée en secondes de l’oscillation de balancement alors que le de l’eau en bassin présente une longueur en millimètres de centimètres. 325 430 570 660 810 945 1300 5) 1.20 1.30 170 4190 2,25 2.60 3.65 10 0.67 0.90 1.20 1.30 1.65 1.85 2.56 15 0.60 0.80 1.00 1.0 1.30 1.55 2.20 20 0.60 0.70 0.90 1.00 1.10 1.30 1.95 25 060%" 0.707009 "090 2 200771202168 30 0.60 — — — — 1.20 1.67 39 — — — — — — 1.60 Si nous étudions la courbe qui représente graphique- ment ces chiffres, en prenant pour abscisses la profon- deur de l’eau, et pour ordonnées Ja durée du balance- ment aux diverses longueurs du bassin, nous pouvons en tirer les observations suivantes : 1° La rapidité d’oscillation augmente pour la même longueur du bassin à mesure que la profondeur augmente. 2° Cette augmentation, très-forte alors que la profon- deur est peu considérable, diminue d'importance à me- sure que la profondeur atteint certaines limites. Les cour- bes obtenues pour chaque longueur d’onde ont toutes la tendance à devenir: horizontales à partir d’un certain mo- ment et quelques-unes le deviennent. Il y a donc pour chaque longueur d’onde une profon- deur à partir de laquelle la rapidité d’oscillation due au peu de profondeur cesse d'augmenter ; il y a pour cha- 56 ÉTUDE SUR LES SEICHES que longueur d’onde une vitesse d’ondulation absolue qui n’est plus influencée par la profondeur de l’eau. 3° Plus l'onde est courte, plus rapidement est obtenue cette vitesse absolue. Ainsi, dans mes expériences, j'ai atteint cette vitesse absolue : Par 325 mill. de longueur d'onde à 15 cent. de profond. » 430 » » 20 » Se 1:53 pe » 25 » » 1300 » » je ne l’ai pas atteinte à 39 centimètres de profondeur. 4° Cette vitesse absolue augmente à mesure que l’onde est plus courte. Plus les dimensions du bassin sont gran- des, autrement dit, plus la vague est longue, plus longue est la durée de celle-ci. D’après mes expériences et en corrigeant par un tracé graphique les erreurs d’observa- tion, j'estime approximativement la durée absolue de la vague : Par 0250 de longueur d'onde à 0,75 seconde. »y 0775 » » 1,00 » »y 400 » » 1,95 » » 1025 » » 1,950 » De cette série d'expériences, je tire les lois suivantes de l’oscillation fixe dans sa forme d’ondulation de balan- cement : I. La durée de la vague augmente avec la longueur du bassin. IT. Au-dessous et jusqu'à une certaine limite de profon- deur la durée de la vague diminue à mesure que la pro- fondeur de l’eau augmente. IT. Cette limite de profondeur à laquelle la durée de la vague cesse d’être influencée par la profondeur est d'au- tant plus vile atteinte que le bassin est moins long. v t pi pd DU LAC LÉMAN. 57 Ou, sous une autre forme : La vague est d'autant plus rapide que le bassin est plus court et plus profond. Les expériences dont je viens de donner les résultats ont été faites alors que l'appareil était placé horizontale- ment pendant le balancement. La profondeur d’eau était la même aux deux extrémités. J'ai voulu chercher si l’inclinaison du fond influence- rait la durée de l’ondulation, et pour cela, après avoir donné l'impulsion à mon appareil, j'ai compté la durée de l’ondulation alors que le plancher du bassin était im- cliné et qu’à l’une de ses extrémités l’eau était plus pro- fonde qu’à l’autre. Ces expériences ont été faites dans le bassin à la longueur maximum, soit 1"30. Je donne, dans le tableau suivant, les chiffres que j’ai ainsi obtenus, en y intercalant, pour permettre la compa- raison, les valeurs que j'avais trouvées alors que le plan- cher du bassin était horizontal. Profondeur de l’eau (en centimètres). Durée moyenne d’une ondulation Maximum. Minimum. Moyenne. en secondes de temps. 1 5 3 4.83 — — 5 3.65 5 9 7 3.05. 6 10 8 2.87 — — 10 2.56 10 14 12 2.35 11 15 13 2.25 — — 45 2.20 15 19 17 2.10 — — 20 1.95 — — 25 1.80 — — 30 1.67 mn — 35 1.60 D8 ÉTUDE SUR LES SEICHES J'ai repris cette expérience sous une autre forme. J'ai mis dans mon appareil une certaine quantité d’eau et j'ai provoqué des ondes de balancement en inelinant de plus en plus le bassin. Voici les chiffres que j'ai obtenus par une profondeur d’eau moyenne de 5 centimètres. Profondeur de l’eau aux deux extrémités Durée moyenne en secondes en millimètres. d’une ondulation. 50 50 9.6 70 30 3.6 91 9 3.8 D’après ces expériences, il ne semblerait pas que l’in- clinaison du plancher du bassin ait une influence sensible sur la durée de la vague de balancement. Un point de vue fort important pour l’histoire des sei- ches était la détermination de l'amplitude ou hauteur de la vague et les relations de cette hauteur avec les diver- ses profondeurs. Je n’ai malheureusement pas pu consa- crer beaucoup de temps à cette expérimentation. Voici cependant ce que j'ai constaté. J'ai d’abord, en plaçant mon bassin horizontal et en ayant soin de donner la même impulsion primitive, com- paré la hauteur de la vague à différentes profondeurs. Pour ces comparaisons, j'ai choisi la seconde vague. Par une profondeur de 5 centimètr., je lui ai trouvé 97" » » 20 » » or au-dessus du niveau primitif de l’eau. De là je tire la loi : IV. La hauteur de la vague augmente à mesure que la profondeur d'eau diminue. Ensuite, avec une profondeur de 5 centimètres, j'ai in- cliné le plancher du bassin de manière à ce qu'il y eût en profondeur d’eau, à l’une des extrémités 94, à l’autre, a hier DU LAC LÉMAN. 59 9 millimètres. J'ai mesuré la hauteur de la première va- gue à son retour, à 12 centimètres de chaque extrémité, après avoir donné des impulsions également fortes. J'ai trouvé : Par 85 de fond, hauteur de la vague de retour, 77" »y 5m » » » 4 {ins au-dessus du niveau primitif de l’eau. De cette expé- rience, je tire la conclusion : V. Dans un bassin dont le fond est incliné, la hauteur de la vague est plus forte à l'extrémité moins profonde, moins forte à l'extrémité plus profonde. Ces deux dernières lois se justifieraient facilement par l’étude du déplacement de l’eau, dont l'intensité augmente à mesure que le rapport entre la hauteur de la vague et la profondeur de l’eau augmente. ll est encore un fait que je dois signaler dans l’ondula- tion de balancement, c’est que si le mouvement de dépla- cement horizontal des molécules d’eau est le même sur toute la longueur du bassin, il n’en est pas de même du déplacement vertical. La hauteur de la vague est à son maximum aux deux extrémités ; elle est nulle au milieu. Si nous comparons ce mouvement à la vibration d’une corde, nons dirons qu’il y à un nœud de mouvement au milieu du bassin, un ventre à chaque extrémité. D’où la loi : VI. La hauteur de la vague d’ondulation de balance-. ment est nulle au milieu du bassin et a son maximum aux deux extrémités. Enfin, il est une loi qui dérive de la définition même de l’oscillation de balancement et qui est évidente à la première observation, c’est la simultanéité du mouvement dans tout le bassin, C’est ce que je formule ainsi : 60 ÉTUDE SUR LES SEICHES VII. Le mouvement d'oscillation de balancement est si- multané dans toutes les parties du bassin. % Comparaisons et conclusions. Après avoir, dans les pages précédentes, cherché les lois de l’ondulation de balancement dans un bassin de pe- tites dimensions, revenons aux seiches du lac Léman et cherchons si ces lois sont en harmonie ou en contradic- tion sur ce que nous observons dans la nature, si oui ou non nous pouvons rapprocher de l’oscillation de balance- ment les seiches des grands bassins d’eau. Nous avons constaté : 1° Que l'amplitude des seiches est fort différente d’une seiche à l’autre. Nous expliquons ce fait par la différence d'intensité de l’action génératrice du mouvement, dans la théorie de la variation de pression barométrique sur une région du lac. 2° Que l’amplitude des seiches est fort différente d’une région à l’autre du lac. Les seiches sont beaucoup plus fortes à Genève qu'à Morges et dans le grand lac. Ber- trand, de Saussure et Vaucher expliquaient ce fait par le rétrécissement du lac dans les environs de Genève. Sa largeur diminuant insensiblement, la vague de la seiche subirait la même augmentation de hauteur que le flux de la marée dans les golfes en forme d’entonnoir. La marée est plus forte au fond du golfe de Gascogne ou à Saint- Malo que sur les côtes de la Bretagne et en plein océan. J'accepte sans hésitation cette explication; mais je crois devoir y ajouter trois autres raisons déterminantes de cette augmentation de l’amplitude des seiches dans le pe- PO GPA + AUDE DU LAC LÉMAN, 61 tit lac. L'étude de l’oscillation de balancement m’a, en effet, montré les faits suivants : a) La hauteur de la vague augmente à mesure que la profondeur de l’eau diminue (Loi IV). Le grand lac est plus profond que le petit lac près de Genève. C’est dans le petit lac que les seiches doivent être les plus fortes. b) Dans un bassin dont le fond est incliné, la hauteur de la vague est plus forte à l’extrémité la moins profonde; moins forte à l'extrémité la plus profonde (Loi V). Le lac Léman est précisément dans ce cas; la profondeur moyenne allant considérablement en diminuant du grand lac au petit lac, nous sommes en présence d’un bassin dont le plancher est incliné, et la plus faible profondeur élant du côté de Genève, c’est là que les vagues doivent être les plus fortes. c) La hauteur de la vague est nulle au millieu du bas- sin et a son maximum aux deux extrémités (Loi VI). Le bassin étant censé régulier et à plancher horizontal, cette loi suffirait pour nous expliquer la différence de hauteur des vagues des seiches, qui sont plus fortes à Villeneuve et à Genève qu'à Morges. 3° Nous avons constaté que la durée des seiches est variable d’une seiche à l’autre dans la même localité. Notre première loi dit que la durée de l’ondulation varie avec la longueur de londe. Plus le bassin est long, plus la vague de balancement est lente. Or, si la théorie de Vau- cher est exacte, si la seiche est une vague de balance- ment déterminée par une rupture d'équilibre de l’eau, par suite d’une variation de la pression barométrique en un point quelconque du lac, il est facile de comprendre que, suivant le point d’où l’impulsion est partie, la vague peut être plus ou moins longue pour une même localité. 62 ÉTUDE SUR LES SEICHES Si nous sommes à Morges, nous pouvons voir partir l’im- pulsion déterminante d’une seiche de tous les points de la côte de Savoie, dont les plus rapprochés ne sont qu’à 11 kilomètres, les plus éloignés à 30 ou 35. Qu’une va- gue de balancement s’établisse entre Évian et Morges, elle sera plus courte et par conséquent plus rapide qu’une vague qui oscillera de Villeneuve à Morges. IL en sera de même à Genève, où nous pourrons avoir des seiches plus longues, dont l’oscillation se fera suivant le grand diamè- tre du lac, et des seiches plus courtes (Obs. VIIT de Vau- cher), dont le point d’origine sera peut-être au milieu de la longueur du lac. 4° Nous avons constaté que la durée des seiches est plus longue à Genève qu'à Morges. La loi que nous ve- nons de rappeler montre que les seiches qui oscillent sui- vant le grand axe d’un bassin sont plus lentes que celles dirigées suivant l’un des petits axes. Genève étant à l’ex- trémité du grand axe, ses seiches doivent avoir le maxi- mum de durée. Il doit en être probablement de même à Villeneuve. Mais, dira-t-on, si une ondulation de balancement fait osciller l’eau du lac de Villeneuve à Genève et récipro- quement, ce mouvement doit passer devant Morges et avoir lieu simultanément avec le mouvement de Genève à Villeneuve (Loi VIT); par conséquent vous devez pouvoir observer à Morges les seiches que nous constatons à Ge- nève, et leur durée doit être la même à Morges qu'à Ge- nève. À cette objection, je répondrai par ma loi VI, qui dit que la hauteur de la vague de balancement est nulle au milieu du bassin et a son maximum aux deux extré- mités. Morges étant située, à quelques kilomètres près, à égale distance des deux extrémités du lac, quand une Dre V4 AE DU LAC LÉMAN. 63 seiche fait balancer l’eau du lac de Genève à Villeneuve, nous sommes à Morges près du nœud du mouvement, et nous ne pouvons observer de dénivellation sensible. C’est cette remarque qui m'a fait mettre en doute que les sei- ches observées simultanément à Morges et à Genève, le 16 novembre 1854, appartinssent à la même impulsion, fussent le produit de la même oscillation. Si l’on rapproche encore des grandes seiches du lac ce que j'ai décrit des petites seiches du port de Morges, dont la durée est beaucoup moindre et correspond aux dimensions restreintes du bassin, l'on arrivera, je le pense, à la conclusion que les seiches appartiennent, par leurs allures, à l’oscillation de balancement d’un bassin d’eau et répondent suffisamment aux lois que l'expérience attribue à ce mouvement. IL y a, cependant, un point qui aura frappé le lecteur, c’est celui de l'irrégularité des seiches ; irrégularité dans l'amplitude des diverses vagues d’une même seiche, irré- gularité dans leur durée. Cette irrégularité n’est pas mé- connaissable et se constate, au premier coup d'œil, aussi bien dans les observations de Genève que dans celles de Morges. Je l’attribue à l’irrégularité de la forme du lac : si le lac formait une figure régulière, un rectangle, une ellipse ou un losange régulier, l’ondulation de balance- ment suivrait des allures régulières, isochrones et égales, ou, du moins, décroissant régulièrement d'intensité ou de durée, suivant des lois parfaitement déterminées. Et en- core faudrait-il, pour qu'une régularité absolue existàt dans les vagues de balancement, que l'impulsion première eût été donnée en un point précis, à déterminer suivant la forme du bassin. Mais, dans un bassin irrégulier comme le lac Léman, 64 ÉTUDE SUR LES SEICHES avec sa forme générale de croissant, plus large et plus profond à l’une de ses extrémités qu’à l’autre, avec ses golfes et ses promontoires, l’on ne peut attendre une ré- gularité absolue dans de tels mouvements. Les réflexions de vagues, les croisements d'ondes, les interférences doi- vent, au contraire, être telles et si nombreuses que lon ne peut s'étonner que d’une chose, c’est de la régularité qui reste à ces mouvements. La conclusion générale que je tirerai de cette étude, c’est qu’il faut rapporter les seiches à une ondulation de balancement déterminée dans le lac, suivant un diamètre différent pour les différentes seiches, par une variation de la pression barométrique en un point de la surface (de Saussure et Vaucher) ou par une secousse de tremble- ment de terre (Guillemin). APPENDICE. Depuis que les pages qui précèdent ont été écrites, j'ai, à l’aide d’un nouvel instrument, fait quelques ob- servations sur les seiches du Léman qui offriront, je l’es- père, de l'intérêt. L'instrument que j'appelle Plémyramètre (de rmuvpa marée) consiste en un bassin de 26 centimètres de dia- mètre que j’enterre dans le sable de la grève un peu au dessous du niveau du lac. Je mets ce bassin en commu- nication avec le lac à l’aide d’un siphon en caoutchouc, interrompu sur son parcours par un tube de verre de 30 centimètres de long et de 7 millimètres de diamètre; dans ce tube est un index formé par une sphère de liége, al- lourdie par du plomb de manière à avoir la densité de de l’eau et à nager entre deux eaux; des ressorts en fil de à re 1 Re PRE 1 DU LAC LÉMAN. 65 laiton situés aux deux extrémités du tube de verre em- pêchent l'index de sortir dans les tubes de caoutchouc. J'amorce le siphon et mets ainsi le bassin en relation avec le lac, de telle sorte que les niveaux s’égalisent. L'équilibre une fois obtenu, la moindre dénivellation de l’eau dans le lac ou dans le bassin se traduit par un cou- rant d'entrée ou de sortie de l’eau dans le siphon et l’in- dex est déplacé par ce courant dans le tube de verre. Cet instrument est excessivement sensible: avec les di- mensions que je viens d'indiquer l'index se transporte d’un bout du tube à l’autre pour une dénivellation de Ovw 4 et un déplacement de un centimètre de l'index correspond à une dénivellation de 0,016. Avec des tubes de caoutchouc suffisamment longs l'influence des vagues est tout à fait annulée. A l’aide de cet instrument j'ai fait les deux séries d’ob- servations suivantes : 1° J'ai déterminé dans une suite de huit observations embrassant une durée de plus de douze heures, du 28 septembre au # octobre 1873, la durée des seiches à l’ex- trémité orientale du lac à Veytaux. J’ai trouvé pour l’os- cillation totale une durée moyenne de 1783 secondes, chiffre qui, conformément à la théorie exposée plus haut, se rapproche beaucoup de la durée des seiches à Genève (1590 secondes) et est bien plus considérable que la durée des seiches à Morges (264 secondes). 2° J'ai constaté dans les observations que j’ai faites à Veytaux et dans quarante-huit observations faites à Morges embrassant une durée de plus de 21 heures, que le mou- vement d’oscillation des seiches est un mouvement con- tinu, non interrompu, normal et non pas accidentel et exceptionnel; que ce mouvement rhythmique, dont la ARCHIVES, t. XLIX. — Janvier 1874. à) 66 ÉTUDE SUR LES SEICHES DU LAC LÉMAN. durée est déterminée et limitée comme nous l'avons vu pour chaque région du lac, a lieu sans interruption. Ce mouvement est normalement très-faible; il ne peut s’a- percevoir qu'à l’aide d’un instrument aussi sensible que l’est mon plémyramètre; mais il n’a pas moins lieu con- tinuellement en suivant un rhythme parfaitement carac- térisé. Dans certaines circonstances (baisse du baro- mètre, etc.) le mouvement s’accentue, s’exagère, et prend les dimensions de ce que l’on a appelé jusqu'à présent les seiches; il devient visible à l'œil par une dénivella- tion considérable. - Il est cependant un fait qui m’empêche de donner comme certaine l’analogie que j'indique ici entre les os- cillations rhythmiques de mon plémyramètre et les sei- ches qui n’en seraient que l’exagération et l’amplification. Ce fait est le suivant: La durée moyenne des seiches à Morges a été établie plus haut à 264 secondes; la durée moyenne des oscillations mesurées à Morges par mon plémyramètre est de 587 secondes. Il y a là une diffé- rence trop forte pour qu’elle puisse être due à des er- reurs d'observation ou d’expérimentation. Elle pourrait s’interpréter de deux manières : Ou bien la durée des seiches diminue à mesure que leur amplitude augmente. Ou bien les oscillations rhythmiques démontrées par le plémyramètre, sont un phénomène d’une nature autre que les seiches. Je n'ai pas encore des éléments suffisants pour la dis- cussion de cette question, et je dois la renvoyer à une étude ultérieure. Morges, 11 janvier 1874. BULLETIN SCIENTIFIQUE. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. Ernst HAECkEL. ZUR MORPHOLOGIE..... SUR LA MORPHOLOGIE DES INFUSOIRES. — Jdem. UEBER EINIGE.... SUR QUELQUES INFU- SOIRES PÉLAGIQUES. (Jenaische Zeitschrift, vol. VII, 4° ca- hier, 1873, p. 516-568, avec 2 pl.) — O0. Bürscari. EiniGes…. OBSERVATIONS SUR LES INFUSOIRES. (Archiv für müikroskop. Anatomie, vol. IX, 4° cahier, 1873, p. 657-679, avec 2 pl.) — Eduard EverTs. UNTERSUCHUNGEN..... RECHERCHES sur LA VORTICELLA NEBULIFERA. (Zeëtschrift für wiss. Zool. vol. XXII, 4°° cahier, 1873, p. 592-622, avec 1 pl.) — Wladimir ALENITZIN. WAGNERIA CYLINDROCONICA... UN Nou- VEL INFUSOIRE. (Archiv für mikr. Anat., vol. X, 1° cahier, 1873, p. 122, avec fig.) Le mémoire de M. Haeckel est un habile plaidoyer en fa- veur de l’unicellularité des Infusoires proprement dits (Cr- liata). L'auteur estime que c’est à C.-Th. de Siebold que nous devons la première conception juste de la nature de ces ani- maux que le savant professeur de Munich considéra le pre- mier (1845) comme n’étant que de simples cellules dans les- quelles on reconnait un nucléus, un contenu de cellule qui est la substance gélatineuse contractile du corps, et une membrane représentée par l'enveloppe externe vibratile. Les arguments par lesquels on peut prouver l’organisation unicellulaire des Infusoires sont tirés de leur mode de déve- loppement ainsi que de leur organisation. M. Haeckel établit d’abord ce fait incontestable que les corps reproducteurs que l’on a appelés quelquefois des œufs et qui semblent pouvoir être désignés plus généralement sous le nom de spores, con- sistent en un nucléus entouré de protoplasma, avec ou sans 68 BULLETIN SCIENTIFIQUE. membrane d’enveloppe. Ils ont, par conséquent, la valeur morphologique d’une cellule. De plus cette spore se déve- loppe directement en un être nouveau par un simple accrois- sement et une différenciation des parties de l'embryon. Il n’y a aucune segmentation, aucune multiplication de cellules. Une fois celte première conclusion établie en ce qui con- cerne le développement, M. Haeckel essaie de prouver que rien dans la structure anatomique des Infusoires n’oblige à nier leur nature unicellulaire. Leur corps est formé de pro- toplasma dans lequel on distingue deux substances, l’une in- terne (endoplasma), l’autre corticale (exoplasma). La sub- slance corticale peut se diviser en quatre couches différentes qui sont la couche cuticulaire, la couche vibratile, la couche myophane et la couche des trichocystes; mais l'existence de ces différentes couches ne parle point contre l’unicellularité du corps de l’Infusoire. Ainsi, la couche myophane ou mus- culaire, bien que pouvant être comparée à de certains égards aux muscles des animaux supérieurs, en diffère totalement au point de vue morphologique, puisqu'elle ne présente pas les noyaux qui caractérisent les vraies fibres musculaires. Quant aux capsules urticantes, nous savons, par les travaux de Fr.-E. Schultze et de Kleinenberg, qu’elles peuvent se dé- velopper en grand nombre dans le protoplasma d’une cellule urticante indépendamment du nucléus. Il n’y a aucune raison pour qu’elles n’apparaissent pas de même dans le corps uni- cellulaire d’un Infusoire cilié. A propos de l’endoplasma, M. Haeckel n'insiste guère, cela se comprend, sur l’organisation complexe attribuée par Eh- renberg aux Infusoires et soutenue par l’illustre micrographe de Berlin avec un entêtement digne d’une meilleure cause. Les vues plus sérieuses qu’il réfute sont celles émises par Claparède et Lachmann et après eux par Greeff, qui ont com- paré l’appareil digestif des Infusoires à celui des Cœlentérés. M. Haeckel nous paraît être tout à fait dans le vrai lorsqu'il combat ce rapprochement basé sur de vagues analogies et ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 69 non sur des homologies. Il est évident qu’au point de vue de son origine la cavité digestive d’un Infusoire cilié ne peut pas être assimilée à celles qui se forment aux dépens des feuillets germinatifs. On doit toutefois se rappeler que le mé- moire des deux premiers auteurs mentionnés était un travail de jeunesse, et nous croyons que notre regretté et savant ami Claparède, profondément pénétré qu’il était des princi- pes morphologiques, n'aurait pas plus reproduit aujourd’hui celte comparaison entre les Infusoires et les Cœlentérés que M. Haeckel ne maintient ses assertions antérieures relatives à la structure des Protozoaires". M. Haeckel cherche ensuite à démontrer que les mouve- ments qui ont lieu dans la cavité digestive des [nfusoires et les différenciations de ce soi-disant appareil ne doivent être attribués qu’à des mouvements et des modifications de la cellule. Il en est de même en ce qui concerne les vésicules contractiles auxquelles on ne reconnaît pas des parois pro- pres. Selon lui, elles sont phylogénétiquement provenues de vacuoles primitivement inconstantes et devenues différen- ciées, c’est-à-dire constantes. Pour notre auteur, ce que l’on appelle le nucléus mérite bien ce nom el est réellement le nucléus de la cellule. Comme dans une cellule, il est l’organe de reproduction. Les phéno- mènes de multiplication par division sont tout à fait sem- blables à ceux que l’on observe dans les cellules ordinaires. La reproduction par spores peut être considérée comme correspondant à la reproduction endogène des cellules. Un des arguments les plus forts que l’on ait invoqués con- tre l’unicellularité des Infusoires est celui de l’existence chez ces êtres d’une reproduction sexuelle par un ovaire (nu- cléus) et un testicule (nucléolus). M. Haeckel en atténue la ! « Das Thier bleibt niemals einzellig, sondern entwickelt sich stets durch Theiïlung der Eizelle und theilweise Verschmelzung der so ent- standenen Zellen zu einem mehrzelligen Organismus. » E. Haeckel, Die Radiolarien, 1862, p. 162. 70 BULLETIN SCIENTIFIQUE. portée en montrant combien le sujet est encore entouré d’obscurité et de doutes. Sur ce point, les recherches de M. Bütschli et les considé- rations dont il les fait suivre viennent à l’appui des idées de M. Haeckel. M. Bütschli a vu chez le Paramecium aurelia le nucléus se développer et se diviser tantôt pendant que la con- jugaison était en voie de s’accomplir, tantôt seulement après qu’elle était terminée, de sorte que ses observations ont donné raison dans un des cas à Balbiani, dans l’autre à Stein. Le nucléolus grossi après la conjugaison présente une struc- ture striée; mais M. Bütschli se demande si cette apparence prouve qu'il contient réellement des filaments distincts dans son intérieur, et ensuite si ces filaments doivent être consi- dérés comme de vrais zoospermes ? Sous le nom de z00- sperme on entend aujourd'hui une cellule métamorphosée d’une manière spéciale, qui, par sa réunion (conjugaison) avec une cellule femelle ou œuf amène dans cette dernière un accroissement particulier, ou tout au moins aide celui-ci et lui imprime une certaine direction. Or, personne n’a re- connu que les soi-disant zoospermes du nucléolus soient des cellules modifiées et personne n’a vu s’effectuer leur réunion avec une cellule-œuf. D’après Stein, ils devraient pénétrer dans le nucléus; toutefois les observations de cet auteur lui- même laissent planer beaucoup de doutes sur l'identité qu’il suppose exister entre les filaments observés dans le nucléus et les prétendus zoospermes des vésicules séminales. D’autre part, Balbiani veut que les zoospermes fécondent des œufs provenant du nucléus; mais les choses ne doivent certaine- ment pas toujours se passer ainsi; en effet, chez le Parame- cium colpoda et dans de certains cas chez le P. aurelia, les capsules séminales ont déjà complétement disparu lorsque lon voit apparaître un changement dans le nucléus. En admettant même que le nucléole contint de véritables Zoospermes appelés à féconder les produits du nucléus et qu’il y eût ainsi de nombreuses cellules contenues dans le si Et ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 71 corps de l’Infusoire, M. Haeckel ne se considérerait point comme battu et estimerait pouvoir encore défendre la doc- trine de l’unicellularité derrière une seconde ligne de re- tranchements. Naturellement, dit-il, le corps de l’Infusoire serait, dans cet état, réellement multicellulaire au sens étroit de ce mot, mais de la même manière que la cellule simple d’un parenchyme (par exemple une cellule de carti- lage) est momentanément multicellulaire pendant sa phase de reproduction endogène. La conclusion de M. Haeckel est donc que le corps de l'In- fusoire cilié ne représente qu’une seule cellule ; seulement la différenciation qui a lieu chez les animaux supérieurs par le fait d’une répartition du travail sur les différentes cellules du corps s’effectue ici dans un seul de ces éléments. L’orga- nisme des Ciliés doit être considéré comme le corps animal unicellulaire le plus complet et montre jusqu’à quel degré de perfection physiologique la cellule isolée peut arriver dans son développement progressif en organisation animale. En se basant sur les différences qui existent entre le dé- veloppement des animaux unicellulaires et celui des animaux plus compliqués, M. Haeckel forme dans le règne animal deux divisions principales qu’il désigne sous les noms de Protozon et de Metazou. Chez les Protozoa il n’y a pas de segmentation et, par conséquent, pas non plus de feuillets germinatifs; il n'existe ni intestin proprement dit, ni ento- derme. Chez les Metazoa, au contraire, il y a une segmenta- tion et il se forme deux feuillets germinatifs primitifs ; il existe un vérilable intestin tapissé par l’entoderme. A la suite de ce travail général sur les Infusoires, l’auteur fait connaître quelques espèces nouvelles et très-élégantes d’Infusoires pélagiques pour lesquelles il a cru devoir éta- blir deux familles qu’il nomme Déctyocystida et Codonellida et qui se rapprochent surtout des Téntinnoidea de Claparède et Lachmann. M. Bütschli décrit sous le nom de Polykrikos Schwoartzi 72 BULLETIN SCIENTIFIQUE. une nouvelle espèce très-remarquable trouvée sur la côte méridionale de la Norwége et dans le golfe de Kiel. Elle a la forme d’un petit tonneau cerclé de 9 à 17 anneaux sépa- rés par des gouttières dans lesquels se trouvent des cils très- courts et très-fins. On voit en outre une soie naissant à l’ex- trémité antérieure entre quatre saillies et une autre en ar- rière à un tiers de la longueur du corps. Il existe une vacuole, mais M. Bütschli ne l’a jamais vue se contracter. Ce qui rend surtout cet Infusoire intéressant, c’est qu’il contient de nom- breuses capsules urticantes, disséminées dans son ectoplasma et conformées tout à fait comme celles des Cœlentérés. Les recherches de M. Everts sur la Vorticella nebulifera l'ont amené à une conception du corps des Infusoires qui concorde tout à fait avec celle de M. Haeckel et de M. Büt- schli. Selon lui, le corps de la Vorticelle se compose de deux substances ; l’une externe ou corticale, plus dense, que l’on peut nommer ectoplasma; l’autre interne, plus fluide, l’endoplasma. Cette manière de voir diffère donc com- plétement de celle de Greeff qui veut que la substance in- terne soit simplement un chyme. L’auteur discute les diffé- rents faits que l’on peut invoquer pour ou contre chacune de ces interprétations. L’argument qui nous semble le plus fort en faveur de son opinion est tiré de la formation de va- cuoles dans cette substance interne, phénomène que l’on ne peut supposer avoir lieu que dans le protoplasma et point dans le chyme. Il étaye surtout son assertion relative à l’unicellularité des Vorticelles sur les différents modes de reproduction qu’il a observés et qui sont tous asexuels. Cette partie de son mémoire est celle qui renferme les faits les plus nouveaux et les plus intéressants. Il a vu des individus devenus libres et pourvus d’une couronne postérieure de cils se contracter, prendre une forme lenticulaire, perdre leurs cils, s’entourer d’une paroi épaisse et hyaline et former ainsi un kyste dans l’intérieur duquel on ne distingue point PAUVRE. PPS ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 15 d’autre organe que le nucléus. Après un certain temps le nucléus se divise, par des étranglements, en petites masses sphériques au nombre de 6 à 10 qui deviennent d’abord libres au dedans du kyste, puis se répandent au dehors, après que l’enveloppe de celui-ci s’est rompue. Ces masses sont d’abord transparentes et finement granuleuses; on voit en- suite apparaître des vacuoles dans leur intérieur et ilseforme autour d’un de leurs pôles un anneau de cils vibratiles; puis l’espace compris entre les cils s’invagine en entonnoir et le corps commence à montrer des stries transversales. L’on a alors sous les yeux un Infusoire qui n’est autre que la forme décrite par Ehrenberg sous le nom de Trichodina grandi- nella. Cette Trichodina augmente ensuite de volume et s’al- longe; il se forme une seconde couronne vibratile près de l'extrémité opposée à celle où se trouve la première; un étranglement apparaît dans le milieu de la longueur du corps, augmente rapidement et finit par amener la séparation en deux individus semblables au premier. Par une succession de divisions semblables, il se forme bientôt de nombreuses Trichodina qui peuvent ensuite se développer chacune en une Vorticelle. L’individu qui subit cette dernière transfor- mation commence par s’allonger; l'extrémité près de laquelle se trouve la couronne de cils se fixe, s’allonge aussi, mais en restant grêle et devient le pédoncule, tandis que l’extré- mité opposée développe une frange de cils qui constitue le péristome de la Vorticelle. M. Everts décrit la conjugaison d’une Vorticelle libre avec une Vorticelle portée sur un pédoncule. Il a observé aussi un phénomène déjà signalé par Stein et qu’il appelle un faux enkystement. Les kystes sur lesquels, on le voit, se for- ment aussi bien aux dépens de Vorticelles fixées que de Vorticelles libres. L'intérieur du kyste se transforme, sans que le nucléus y prenne aucune part, en une quantité de corpuscules fusiformes. Ces corps qui sortent ordinairement par suite de la rupture du kyste, n’ont pas pu être suivis 17 BULLETIN SCIENTIFIQUE. dans leur développement ultérieur. M. Everts suppose que l’on a peut-être affaire ici à des Vibrions parasites (?). M. Alenitzin a trouvé dans la vase de la Néva, et décrit sous le nom de Wagneria cylindroconica, un Infusoire qu’il considère comme formant un lYpe générique nouveau et méritant même de devenir le représentant d’une famille distincte reliée aux Vorticelliens et aux Trachéliens. Mais, soit la description de cet animal, soit la figure qui le repré- sente prouvent, d’une manière incontestable, que l’auteur russe a simplement retrouvé à Saint-Pétersbourg une espèce découverte, il y a près d’un siècle, par O.-F. Müller, et nom- mée par l’illustre naturaliste danois Vorticella nasuta*. A. H. BOTANIQUE. GENEVIER. PREMIER SUPPLÉMENT A L'ESSAI MONOGRAPHIQUE SUR LES RUBUS DU BASSIN DE LA Loire. In-8°, 96 pages. (Mém. de lu Société acad. de Maine-et-Loire, vol. XXVIIT.) L’Essai monographique sur les Rubus du bassin de la Loire, du même auteur, est de 1869. Le supplément actuel ajoute trente-trois formes, dont dix-sept nouvelles, aux deux cent trente-trois qu'il avait déjà décrites sous le nom d’espôces, le mot étant pris dans un autre sens que celui de Linné. Il est difficile de comprendre quel avantage il peut y avoir à chan- ger le sens des mots, d'autant plus qu’il ne manque pas dans la science de termes pour exprimer des groupes subordon- nés à l’espèce linnéenne. Passons sur ce détail de nomencla- ture et voyons le travail lui-même. Il indique de nombreuses Au moment où nous corrigeons l’épreuve de cet article, nous re- cevons un cahier des « Archives de Zoologie expérimentale » qui con- tient un mémoire important de M. Balbiani sur cette même espèce (Didinium nasutum, Stein). Le manque de place nous force à ren- voyer à un prochain numéro l'analyse de ce travail. BOTANIQUE. 73 recherches sur les plantes vivantes, des efforts louables pour les décrire, et la table analytique mise à la fin du cahier fa- cilite l'intelligence du texte. D’un autre côté les lacunes sont extrêmement sensibles et ne permettent pas de consi- dérer les publications de l’auteur comme des monographies. 1° Les Rubus de Belgique, d'Allemagne, d'Angleterre et de quelques autres pays n’ont pas tous été comparés avec ceux de la France centrale et de la Suisse occidentale ; en particu- lier, l'ouvrage de Babington (British Rubi, Londres, 1869) est comme nul et non avenu. 2° Nous n'apercevons aucune tentative pour savoir jusqu’à quel point les formes indiquées sont héréditaires. En général l’auteur, comme la plupart de ceux qui ont écrit sur les Rubus, les Mentha et quelques au- tres genres, nous paraît pécher par un défaut de méthode. On ne peut pas traiter convenablement d’un groupe sans voir tous les éléments dont il se compose et sans l’envisager sous les différents points de vue physiologiques aussi bien que morphologiques. C’est difficile, mais les sciences sont héris- sées de difficultés qu’on doit tâcher de surmonter, et celles dont nous parlons ne sont pas insurmontables. GODRON. DES HYBRIDES ET DES MÉTIS DE DATURA, ÉTUDIÉS SPÉ- CIALEMENT DANS LEUR DESCENDANCE. In-8°, 75 pages. Nancy, 1873. L’auteur a suivi de nombreux intermédiaires jusqu’à la septième et même la huitième génération, ce qui a exigé as- surément beaucoup d’ordre dans tous les détails. Quelques publications antérieures avaient déjà fait connaitre cette série d'expériences, mais celle-ci les complète et les résume. D’après M. Godron, les Datura sont particulièrement favo- rables aux observations d’hybrides en ce que la fécondation s’y passe sans le concours des insectes. Il n’est pas néces- saire de prendre des mesures spéciales contre des croise- ments accidentels. L'auteur a fécondé artificiellement des 76 BULLETIN SCIENTIFIQUE. formes qu'il regarde comme des variétés ou races d’une même espèce (D. Bertolonit et D. Tatula, D. Stramonium el D. Tatula, D. Tutula capsulis spinosis et capsulis inermibus), ce qui produit des métis, et des formes qu’il regarde comme spécifiques (D. lævis L. f. et D. prœcox Godr., D. Tatula et D. lœvis, D. ferox et D. Bertolonti), ce qui produit des hy- brides. Après un grand nombre de détails sur les modifica- tions obtenues, voici les conclusions générales : « Les métis et les hybrides de Datura produisent des cap- sules pleines de graines fécondes, mais à la première généra- tion, souvent à la seconde, et plus rarement à la troisième, ces capsules n’existent pas dans les bifurcalions inférieures, soit que la fleur avorte, soit qu’elle ne noue pas. » Ceci se rattache au fait observé que la fécondation croisée augmente la taille des produits, surtout dans les premières générations d’hybrides. Lorsque la taille diminue aux générations subsé- quentes, les bifurcations inférieures sont fertiles, excepté dans le cas d’un retour au J). lœvis où elles sont normale- ment stériles. « Les métis reviennent, dès la première géné- ration, à l’un ou à l’autre des parents, mais plus souvent au type paternel et jamais ne donnent naissance à des formes intermédiaires dans les générations suivantes, mais quelque- fois à une ou plusieurs races de la même espèce. Les hy- brides, au contraire, donnent toujours à la première géné- ration des produits uniformes et intermédiaires, puis varient plus ou moins dans les générations suivantes. » Dans les hybrides, il s’est présenté quatre sortes de résul- tats : 1° retour complet à l’une ou à l’autre des espèces gé- nératrices, c’est le cas le plus fréquent ; 2° retour complet, à l'exception du caractère superficiel de la capsule lisse ou tu- berculeuse ; 3° apparition d’autres formes des mêmes espèces qui n’avaient pas été employées dans la fécondation; 4° ap- parition de formes indécises entre les ascendants, mais à la huitième génération quelques-unes de ces formes sont reve- nues à l’une des primitives. L’auteur pense qu’on peut utili- Sp ue PE d er f BOTANIQUE. #7 ser les différences qu’il a observées entre les hybrides et les métis pour constater ce qui est espèce ou race. À l’égard de ce dernier terme, il regrette de ne pas connaître un terme latin qui en soit l’équivalent, mais il a oublié que le congrès international de botanique, siégeant à Paris en 1867, a sanc- tionné l’usage de considérer les mots subspecies et proles comme répondant au mot français race. GODRON. DE L'ORIGINE PROBABLE DES POIRIERS CULTIVÉES. (An- nales de la Société d’agric. de Meurthe-et-Moselle, 1873.) On regarde communément les poiriers cultivés comme des modifications ou des hybrides du P. communis, qui est spon- tané en Europe et autour du Caucase. M. Godron croit qu’ils sont plutôt dérivés d'une espèce encore inconnue et asiatique. ILse fonde sur ce que 1° les espèces sauvages du genre sont peu variables ; 2° sur ce que les hybrides font ordinairement retour à l’une des formes primitives ; 3° sur l’origine asiati- que de nombreuses plantes cultivées et de plusieurs espèces spontanées du genre poirier. CLos. DES CARACTÈRES DU PÉRICARPE ET DE SA DÉHISCENCE POUR LA CLASSIFICATION NATURELLE. (Mém. de l Acad. des Sc., etc., de Toulouse, vol. V. 1873.) L'auteur énumère les familles qui ont toujours un fruit in- déhiscent, celles qui ont deux sortes de fruits, trois sortes, quatre, etc., au point de vue de la déhiscence. IL indique aussi sommairement les fruits qui existent dans les groupes de familles, soit alliances, tels qu’il les admet, sans s’arrêter au fait que ces groupes diffèrent extrêmement d'un auteur à l’autre et sont, par conséquent, peu naturels. Il examine semblablement les fruits, surtout au point de vue de la dé- hiscence, dans les tribus, genres, sections, et même dans des 78 BULLETIN SCIENTIFIQUE. espèces ‘ el variélés, d'ou il tire quelques réflexions sur l’im- portance du caractère et sur certaines affinités. Hugo DE VRIES. OVER DE GEOGRAPHISCHE VERSPREIDING VAN STRATIOTES ALOIDES L, M. de Vries a publié, en 1872, dans les Nederland. Kruidk. Archief, l'article dont nous allons parler, sur l'habitation du Stratiotes aloides, de la famille des Hydrocharidées, plante aquatique, curieuse, souvent naturalisée, et qui a attiré plus d’une fois l’attention sous le rapport de la distribution géo- graphique. Comme la langue hollandaise est peu connue, nous profitons d’un extrait que l’auteur a bien voulu nous communiquer en français, et nous le faisons d'autant plus volontiers qu'il s’est glissé dans notre Géographie botanique raisonnée (p. 714) une erreur de copie, facile à constater, mais qui peut cependant égarer ?. Nolte, en 1825, avait déjà étudié la distribution du Stra- tiotes. IL était arrivé à constater que l’espèce était bornée à la Sibérie occidentale et à l’Europe septentrionale, où elle s’arrêlait au midi sous le 50" degré de latitude. Il dit que dans le nord de l’Europe et en Angleterre les pieds sont uniquement femelles, que dans le nord de l’Allemagne ils sont des deux sexes, enfin en Belgique et en France seulement masculins. M. de Vries prouve par les Flores pu- bliées depuis Nolte: 1° que l’espèce s’est étendue consi- dérablement en Angleterre et dans le nord de l’Europe, en ! L'auteur (p. 54) attribue au Cumpanula Erinus L. une déhiscence par le sommet de la capsule et paraît surpris de ce que M. Alph. de Candolle n’a pas admis, par ce motif, le genre Roucela proposé par M. Du Mortier ; mais la capsule de cette espèce s’ouvre par les côtés du tube calycinal et non en dedans des lobes du calyce. ? Dans la transcription des notes ce qui concernait le Pistia Stratiotes a été mêlé avec le Sfratiotes aloides. On s’en aperçoit aisément par la citation de Kunth. Alph. DC. ci 0 Et 3 BOTANIQUE. 79 partie artificiellement, par l’action constatée de l’homme, en partie sans qu’on sache comment; 2° que la dispersion des sexes est restée la même. Il arrive aux conclusions sui- vantes : « L'Allemagne septentrionale, le continent du Da- nemark et les Pays-Bas, sont les seuls pays où l’on con- naisse les deux sexes à l’état indigène. De plus, cette ré- gion est le centre de l'aire du Stratiotes. Une discussion exacte des habitations dans les pays environnants me Con- duit à croire que la dispersion du Stratiotes a eu pour centre cette région, ou l’une des régions adjacentes, et que, par cette raison, celle-ci doit être regardée comme la patrie pro- prement dite de l'espèce. Les îles danoises, la Suède, la Nor- wége n’ont que des pieds féminins. Dans le centre de la Grande-Bretagne on ne trouve que les individus féminins; de là ils se sont portés vers le sud et vers le nord, et proba- blement aussi en Irlande. La plaine du PÔô forme une habi- tation bien limitée par des montagnes, qui était inconnue à Nolte, et n’a que des plantes femelles. IL est impossible de ne pas croire que dans ces trois habitations l'espèce a été introduite à une époque plus ou moins reculée, et qu’elle s’y est dispersée, soit naturellement, soit à l’aide de l’homme. Pour cette manière de voir plaident aussi les naturalisations fréquentes en Angleterre, dont l’histoire nous a conservé la connaissance. La comparaison avec les faits analogues ob- servés, dans ces dernières années, sur l'Elodea canadensis dont la dispersion rapide en Angleterre, en Allemagne et dans les Pays-Bas est connue, rend cette opinion encore plus probable. La Belgique n'a que des pieds mâles. En France l'espèce ne se trouve que naturalisée, et à ce que l’on sait, seulement en exemplaires mâles. En Espagne l’espèce n’est connue que dans une seule localité (la Manche, d’après Willkomm et Lange) où il est très-probable qu’elle n’est pas indigéne. Le défaut total de pieds mâles rend la naturalisa- tion probable en Belgique. La Hongrie est une habitation complétement isolée ; celle de Russie est liée à l’habitation 80 BULLETIN SCIENTIFIQUE. allemande. Les limites orientales paraissent s'étendre tou- jours plus loin. Malheureusement je n’ai pu constater le sexe dans ces deux parties étendues de l'aire. Il n’est pas impos- sible que les trois plaines de l'Allemagne septentrionale, la Russie, et la Hongrie aient eu un centre commun de disper- sion, qu’on devrait chercher alors dans les Carpathes. On peut croire que cette région a été la seule habitation du Stratiotes pendant les temps diluviens où les trois pays sus- dits étaient couverts par les eaux, et que l'élévation de l'Eu- rope l’auraient chassé des Carpathes, devenus trop monta- gneux pour lui, et l’auraient dispersé dans les plaines envi- ronnantes. Mais la continuation de ces considérations nous porterait trop loin dans le règne des hypothèses. Il suffit de pouvoir énoncer, du moins avec une vraisemblance assez grande, que le centre de la dispersion du Stratiotes doit être cherché dans l'Allemagne septentrionale ou orientale, et que la plante doit être regardée pour cette raison comme une espèce typique allemande. » De. Sfr ra 8 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE DÉCEMBRE 1873. Le 1°, forte bise pendant toute la journée, et la nuit suivante, jusqu’au lendemain à midi. 3, hâle dans l’après-midi. 5 et 6, brouillard tout le jour. 7, la bise se lève avec violence à minuit et dure toute la journée. 9, brouillard l'après-midi. | 10, brouillard presque tout le jour, avec dépôt de givre. 11, léger brouillard le soir. 12, brouillard une partie de la journée. 13, 14, 15 et 16, brouillard tout le jour. 17, brouillard le soir. 18 et 19, brouillard intense tout le jour. 23 et 24, brouillard intense tout le jour, avec dépôt de givre. 26, léger brouillard une partie de la journée. 28, assez forte bise dans la soirée, et jusqu’au lendemain soir. 31, ciel vaporeux ; halo solaire mal tracé dans l’après-midi, et halo lunaire partiel dans la soirée. Le baromètre s’est maintenu à un niveau très-élevé pendant tout le mois; il n’est descendu au-dessous de la moyenne que le 28 et le 29, et d’une très-faible quantité seulement. ARCHIVES, t. XLIX, — Janvier 1874. “10 82 Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. mm mm PeMA4ta 2108hmatin "07 740,60 Le 6 à 2h. après midi ...... 732,25 SA0 Near, 2 LL: . 740,80 10 "x" 6 R'man re ar 1522 41084 1... 798.07 15 à 2h. après midi ...... 734,19 16 4 410h.,matinn du. 2145. : 737,25 19-à ‘8 h Soir 8 728,01 22840 MATIN 7... .11.. 755,90 27 à 10 h. soir : PSP NT ER SDAAO Pb MANN... 0e 131,36 31 à 4 h. après midi...... 127,68 #20 51 sss 29 19 29 [+ a 61 | ce |SS [ss QD 2 - = É G 2 20 CC Y# © © © CENT l++ +44 +4 | " = _ GI GI © æ © e © © © © © © re e SOQSOSOSZ= LE eERrRERRIQ M 25 © MO £ > ti 20 a =] CG - © © © © © e - - S2SCO2C© DOS 10 | | Q OR Sr- = - SsSis—-ss 19 20 © © GI ARE RE 2 © ©) - bp int" 7, Numb. | ah. Limnimètre ———_—— | Saut fl no noupeanyes ap *1oU4J Re up} np duo] “UHIOU uOI9eIJ EJ 9AE 11894 a 8£'e+ 180 + 1 54 0 es on LOS | FL'O— | (29 0e €8 0 — | C6'0— &8'0— MALADE |09°0— 96'0— | €8'0— Fr'0— &S'0— 99'0— |'98'0— | EL'0— 0S'0— “urqqru |"ojeuriou UOISU) EI 2948 1109 a ER. ‘dex EL p NoISUa] sl SOmOmOODONOS = DOOSOOMRO OM] | TON SONMNEHOOOOMNMNO MM DOME æ CHIRORAERST EC e enr es = " æ ps _ — 1CO 4 00 «4 SI 00 20 © Le GI 2Q = Où CO Eee En > 00 4 FÉDEEDELDECEEEECEPEECEEET) 1 œ, Û - = - es a ON 2 © 4 = M © e CisSSssSshsss e - HR LE IEEERRRRE HULL CIRE IH ODONOMTXS © = ON EN = O0 = 90 CN © 1 90 4 5 © | 00 —= apeuriou “duo RENE 1189 —_—__ CT, ‘9 ÉALELAEER OFF :&L'0 10 = CO hu Où © E> = h GI Où > O ON D LIU Pt ét DEEE SOS © © GI 0 Où 00 4 4 = CN 00 Anaqneu be] RRAUN eos Janv . &8'0 + | 69'82z FL | 6S'0€2 | 10 —|crLc &L'9CL | ec'8GL | 8'e6L | | SFTEL cO'CEL LY'Ye! | FTSSL 89° TEL LC'SGL | £6'08Z | LS'SEL gs'egl 8L'CEL 1O'YEL | 0C'98L SR'LEL ce LEL FL'OEL | 6F'SEL : 60'6£L L£'6EL | LO'YEL | c£'eeL | LC'LEL | + en E £ Ce NE TT D D - nono rscomsmiTsrsocs — — SO oi] Gel [= — FCGI+ | 9L'6€L | GFFI+ | LE'8EL 96'L€L | GES + | er'cez “UIQEUU | “UNI “ajeuIou -n t& san ‘fou anus 84 MOYENNES DU MOIS DE DÉCEMBRE 1873. 6lh.m. 8h.m, A410h.m. Midi. 3h.s. 4#h.s. 6h, s. 8 h.s. 16 h.s, Baromètre. tam mi mm mm mm im ma mm tan ire décade 736,78 737,07 737,59 737,8 736,719 136,92 731,31 31,44 731,49 EN 5) 731,73 734,98 735,39 734,79 734,11 73410 73432 734,40 734,49 3e 131,28 731,65 732,02 731,49 730,90 730,92 731,15 731,35 731,37 Mois 734,17 734,47 734,90 734,39 733,83 733,88 734,16 734,30 734,35 Température. U 0 0 0 0 o 0 0 Lredécade— 0,09 — 0,08 + 0,05 + 0,40 + 0,74 + 0,45 — 0,07 — 0,51 — 0,76 Dep — 0,74 — 0.91 — 0,27 + 0,78 + 1,50 + 0,84 + 0,41 + 0,151— 0,09 3e » — 0,78 — 0,88 + 0,37 + 1,78 + 2,89 + 2,21 + 1,26 + 0,80 + 0,57 Mois — 0,55 — 0,63 + 0,06 + 1,01 + 1,75 + 1,20 + 0,56 + 0,16 — 0,07 Tension de la vapeur. mm mn mm min mm mm mm min mn ire décade 3,86 3,74 3,11 3,88 3,86 3,10 3,80 3,70 3,72 2. » 4,15 4,08 4,15 4,30 4,41 4,42 4,36 4,44 4,30 de) 4,13 4,07 4,21 4,40 4,46 4,49 4,28 4,19 4,19 Mois 4,05 3,96 4,05 4,20 4,25 4,21 4,15 4,11 4,07 Fraction de saturation en millièmes. {re décade 851 825 823 823 801 789 839 843 862 2e » 931 929 901 862 845 880 898 914 925 3e » 93% 928 880 831 783 825 844 855 868 Mois 906 895 868 838 809 831 860 870 884 Therm. min. Therm.max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre, du Ciel. du Rhône. ou de neige. 0 0 mm cm 1re décade — 1,83 +. 1,42 0,78 + 7,04 — 105,7 Er — 2,62 + 2,35 0,992 + 6,54 0,7 98,2 3° » — 2,21 + 4,48 0,63 + 6,08 9,3 93,5 Mois — 2,21 + 2,8L 0,77 + 6,57 10,0 95,5 Dans ce mois, l’air a été calme 2 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 2,04 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 53,8 E., et son in- tensité est égale à 22,09 sur 100. no: 0%. EL | Pi . 4 +2 85 TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE Mois DE DÉCEMBRE 1873. Le 1°, brouillard tout le jour et forte bise. Du 2 au 7, ciel parfaitement clair. Le 8, brouillard pendant quelques heures de la matinée. Du 9 au 15, ciel parfaitement clair. Le 16, brouillard dans l'après-midi et le soir. 17, brouillard tout le jour. 18, brouillard le matin. 21, brouillard pendant quelques heures de la matinée. Du 22 au 26, ciel parfaitement clair. Le 27, brouillard dans l'après-midi et le soir. 28, brouillard tout le jour et forte bise. 29 et 30, ciel parfaitement clair. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm Le 4 à 10 h. matin.......... 572,80 Levwéal0"h "son. 241570 A 9 à 10 h. matin ........,,. 572,12 10/4 CRMAMeREee 12 à 10 h. matin et 8 h. soir 570,65 17 2 16 RSA en AS/a. 19 Nisoir-2 207 . 569,89 902.10: hs0i eme 26:440.h-Imatin02 . 269,57 28 à 2 h. après m......... 04840 b.isoir..,,,.. .. . 068,86 31 à 4h. après m..... .., 562,02 SAINT- FRERE: — DÉCEMBRE 1873. E Baromètre. Température C. Pluie ou neige. y = Es RS RE ent re = Une | Écart avec | | Moyenne | Écartavecl Hauteur . Eau . as E. (po de | tante im. animon.| des, entire) Minimum eximume| da opté as| noires, | dOmInante Gi millim. millim. millim. } millim. 0 0 0 U millim. millim 1 | 865,10 | + 3,15 | 562,35 | 567,12 | —11,66 | — 4,94 | —13,3 | —10,4 | nes et NES CS IS 2 | 569,51 | + 7,58 | 567,03 | 570,52 | — 4,67 | + 2,13 | —11,0 | — 1,8 || : ..… .….. ... SO. 1 | 0,00 | 3 | 571,67 | + 9,76 | 570,37 | 572,33 | — 2,59 | — 4,29 | — 5,0 | + 0,8 || .-... RE 4 ET 1 | 0,01 4 || 572,18 | +10,29 | 572,00 | 572,80 | — 1,73 | + 5,23 | — 3,0 | + 0,8 | .. sc... .. SO. 0 | 0,00 Go 571,33 + 9,46 ! 570,64 | 972,15 | — 0,42 + 6,62 | — 1,4 + 1,7 ..…. te DO : variable 0,04 | 6 | 566,33 | + 4,48 | 564,38 | 568,53 | — 3,04 | + 4,08 | — 6,1 | — 0,8 || ....: Re. ES NE. 1 | 0,00 7 | 565,92 | + 4,10 | 564,40 | 567,64 | — 7,10 | + 0,11 | — 8,5 | — 4,5 || ..... ... s SO. @14149:01 8 | 569,81 |; + 8,01 | 568,09 | 571,85 | — 7,37 | — 0,08 | —11,6 | — 3,1 || ..... Ro: Ex. A S0 À | 0,26 9 | 571,03 | + 9,25 | 570,03 | 572,192 | — 1,84 | + 5,53 | — 3,2 | — 0,2 || ..... CAE se | SO. O0 | 0.00 10 || 568,28 | + 6,52 | 567,90 | 568,83 | — 2,66 | + 4,78 | — 3,7 | — 0,4 | ..... Mo 0 S0 ETAT 11 || 569,87 | Æ 8,13 | 569,10 | 570,33 | — 3,00 | + 4,51 | — 4,7 | — 1,2 | ..... 2 er SIDE D: 1 | 0,00 12 || 570,34 | + 8,62 | 569,83 | 570,65 | — 1,16 | + 6,42 | — 2,4 | + 1,7 |...... RT mure SO. 1 | 0,00 | 13 || 570,13 | + 8,43 | 569,84 | 570,49 | — 9,29 | + 5,36 | — 4,0 | — 0,8 || ..... : 32% me NE. O0 | 0.00 14 || 568,98 | + 7,30 | 568,34 | 570,64 | — 4,65 | + 307 | — 5,5 | — 2,6 || ..... ir alrSD. 1 | 0,00 45 || 567,26 | + 5,60 | 567,01 | 567,73 | — 4,40 | + 3,38 | — 5,3 | — 92,7 | ..... ra D NES -12120,00 16 || 567,26 | + 5,62 | 566,31 | 568,26 | — 4,51 | + 3,33 | — 5,3 | — 3,4 | ..... Se ee NE. > 17) 058 17 || 566,96 | + 5,33 | 566,28 | 568,33 | — 3,40 | + 4,50 | — 4,3 | — 2,4 | ..... 2 bec || NE. - 3 | 41,00 18 || 568,64 | + 7,03 | 567,61 | 569,89 | — 1,47 | + 6,49 | — 2,4 | — 0,2 | ..... BR dr ei NE /e19 008 19 || 568.12 | + 6,53 | 566,92 | 569,43 | + 1,98 | 10,00 | + 0,5 | + 4,2 | ....…. nu - el ONE (2 0 60 20 || 563,74 | + 2,17 | 563,53 | 564,38 | — 3,99 | — 416 | — 6,7 | — 0,4 | ...… ce es NE. = 1 | 0,61 24 || 565,51 | Æ 3,95 | 563,82 | 566,43 | — 6,91 | + 1,22 | — 7,4 | — 5,9 |... ie ne ONE AO 29 | 566,44 | + 4,89 | 566,32 | 566,93 | — 6,13 | + 2,05 | — 7,9 | — 4,0 | ..….. 5 SACINNE.. 0" )F 000 23 || 566,34 | + 4,81 | 565,52 | 567,09 || — 7,82 | + 0,41 | — 9,0 | — 6,4 | ...… Sn eu UNE: 1000 24 || 567,34 | L 5,83 | 566,94 | 567.88 | — 5,41 | + 2,87 | — 6,8 | — 3,8 | ...…. re sons | NE + 4e) SOIENT 25 || 568,81 | + 7,32 | 567,78 | 569,27 | — 1,81 | + 6,52 | — 3,0 | Æ 0,5 | ..... LR ss) SO SRE PR OUD 26 || 568,58 | 7,11 | 567,56 | 569,57 || — 9390) 205,98) 249 OR ee 2 00) Of) 0 | 0,00 27 | 562,60 | Æ 1,14 | 560,63 | 565,13 || — 5,04 | HE 3,37) — 70 264... re PR CCS DE pIN" 28 | 557,02 | — 4,49 | 556,44 | 558,12 1389 | 5937158 90 120 TAG ne I NEC ave DO 29 | 568,71 | — 2,71 | 558.12 | 559,65 || —10,26 | — 1,77 | —148 | — 63 |... FAR sa IIENT de le QU 30 LE 562,00 | + 0,60 | 560,44 | 562,86 | — 7,53 | + 1,00 | — 8,9 | — 5,6 | ... . Le 3 NE. 1 | 0,00 31 || 562,15 | Æ 0,77 | 562,02 562,74 || — 5,82 | + 2,75 | — 7,5 | — 8,0 || ....… Te LS NNeNE RE 0 0"16 * Ces colonnes renferment la plus basse et la plus élevée des températures observées de 6 h. matin à 40 h. soir. 87 MOYENNES DU MOIS DE DÉCEMBRE 1873. 6h.m. Sh.m. A0h.m. Midi. 2 h. s. &h.s. 6h.s. 8h.s. 10 h.5s. Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm mm ire décade 568,42 568,95 569,56 509,41 569,13 569,20 569,26 569,39 569,54 2e » 567,92 568,29 568,68 568,45 568,03 568,18 568,05 568,16 568,23 3e » 56388 564,32 56460 564,29 56407 564,14 564,12 564,28 564,36 Mois 566,65 567,99 567,52 567,28 566,98 567,07 567,04 567,18 567,28 Température. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 {re décade— 4,75 — 5,07 — 4,52 — 3,23 — 2,58 — 3,61 — 4,70 — 4,62 — 4,53 2e » — 2,74 — 3,17 — 2,32 — 1,38 — 1,922 — 2,62 — 3,39 — 2,96 — 3,16 3e » — 6,61 — 7,26 — 6,37 — 5,42 — 5,05 — 5,85 — 7,15 — 7,17 — 7,51 Mois — 4,79 — 5,93 — 4,47 — 3,41 — 3,02 — 4,09 — 5,15 — 4,99 — 5,14 Min. observé.” Max. observé." Clarté moyenne Eau de pluie Hauteur dela du Ciel. ou de neige. neige tombée. 0 0 mm mm 1re décade — 6,68 — 1,79 0,12 — — Ze. )» — 4,01 — 0,78 0,25 — — =" NRE 00 — 8,39 — 3,85 0,18 139 120 Mois "613 — 9,20 0,18 7,9 120 Dans ce mois, l’air a été calme 32,3 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 2,65 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45 E,, et son in- tensité est égale à 40,1 sur 100. * Voir la note du tableau Fa : Aus to, RUES e 4 A TON : . = sont EE ouvier Das : Pde sien & A beinus A; Vr, NOTE SUR QUELQUES FAITS DE LA STRUCTURE DES CHAINES CENTRALES DES ALPES PAR MOCHE NREES LORS Dans une importante communication faite à la réunion géologique allemande, à Bonn, en septembre 18792, M. Studer a discuté de nouveau quelques-uns des faits encore incomplétement expliqués de l’orographie des Alpes, particulièrement la structure en éventail des mas- sifs du Mont-Blanc, du Saint-Gothard, etc., et les interca- lations de coins calcaires jurassiques dans le gneiss des Alpes bernoises. Faisant ressortir le contraste de la struc- ture des Alpes avec celle des chaînes de plissement dont le Jura présente les types classiques, l’éminent géologue de Berne pense qu'il n’est pas possible de rendre compte de la structure des massifs centraux de roches graniti- ques, en les considérant comme des voûtes centrales de soulèvement, soumises à des refoulements latéraux très- énergiques, par suite desquels les courbures culminantes auraient été disloquées et détruites. Les objections de M. Studer s'appliquent particulièrement à l’usage que j’ai fait de cette explication théorique élémentaire, en y ajou- tant cette considération, que, dans les chaînes les plus élevées, les refoulements ont dû s'exercer avec leur maxi- mum d'intensité vers la base, au niveau des masses moins ARCHIVES, t. XLIX. — Février 1874. 7 90 STRUCTURE DES CHAÎNES CENTRALES élevées qui les étreignaient latéralement, de telle sorte que les pieds droits de ces voûtes auraient été rapprochés dans le bas, par ane compression maxima, et seraient restés plus écartés en haut, où la pression était moindre : j'ai essayé d'expliquer ainsi comment les couches qui les composent affectent cette disposition divergente dans le bant, que l’on a comparée à celle des rayons d’un éventail et que j'ai comparée encore à celle des pailles d’une gerbe fortement serrée. Cette explication de la structure en éventail, dont je n'avais eu à m'occuper qu'incidemment dans la Descrip- tion géologique du Dauphiné, et dont je n'avais donné qu’une représentation schématique ", a été adoptée pour le massif du Mont-Blanc par M. Alph. Favre, et l’accueil que lui a fait ce savant géologue dans son magnifique ouvrage a donné à cet aperçu théorique une valeur toute nouvelle ?, Comme le fait observer M. Studer, des idées analogues ont été suivies par divers géologues suisses, et dernièrement par M. Heim, de Zurich, dans ses remar- quables profils géologiques du Saint-Gothard et du Tôdi*: pour eux aussi, les massifs centraux des Alpes sont des voûtes rompues, des plis et des déchirements des cou- ches cristallines primitivement horizontales. C’est encore le point de vue adopté récemment par M. Giordano, dans son Examen géologique de la chaîne du Saint- Gothard, à l’occasion du percement du tunnel qui doit traverser cette montagne *. 1 Description géologique du Dauphiné, 1re partie, $ 100, 1860: 2 Recherches géologiques sur les parties de la Savoie, elc., voisines du Mont-Blanc, tome III, p. 136, 1867. 5 Verhandl. der naturf. Gesellsch. in Frauenfeld, L8TA. * Mem. del Comit. geol d'Italia, W, 1872. DES ALPES. 91 M. Studer ne croit pas que cette théorie puisse rendre exactement compte des faits. Il insiste surtout sur l’oppo- sition si frappante que l’on observe généralement entre les allures excessivement tourmentées des couches secon- daires et tertiaires des Alpes (triasiques, jurassiques, crétacées, nummulitiques) contournées et plissées, sou- vent à plusieurs reprises, sur de très-petits espaces, sou- vent refoulées, repliées, complétement renversées et re- fermées sur elles-mêmes; et, d'autre part, l'allure toute autre de la stratification apparente de la protogine ou du gneiss, toujours à peu près verticale ou fortement incli- née, dans le même sens, soit que ces roches cristallines supportent les terrains secondaires encore à peu près horizontaux, ou qu’elles leur soient adossées latéralement, ou qu’enfin elles aient été poussées en surplomb et en recouvrement local par-dessus ces terrains, comme c’est le cas dans les grandes cimes des Alpes bernoises (Met- tenberg, Schreckhorn, Mônch, Jungfrau, etc.), et dans plusieurs des coupes de M. Heim. L’éminent géologue bernois persiste dans l’opinion exprimée par lui dès 1846 ‘, au sujet de ces singuliers problèmes de la stra- tigraphie alpine : il ne croit pas pouvoir s’en rendre compte autrement qu'en admettant que la protogine et même le gneiss des Alpes bernoises, du Saint-Gothard, etc., ne sont point réellement stratifiés, et que leur structure stratiforme n’est que le résultat d’un clivage ou d’un feuilletage développé dans ces roches, en réalité mas- sives, postérieurement aux dislocations, c’est-à-dire pos- térieurement au terrain jurassique, etmême, en beaucoup d’endroits, au terrain éocène, Il se range ainsi à l’opinion ! Bulletin de la Société géolog. de France, 2e série, t. IV, p. 212, 992 STRUCTURE DES CHAÎNES CENTRALES soutenue anciennement par Pini en opposition avec de Saussure. M. de Ratbh, dans un travail important sur les Alpes des sources du Rhin ‘, a formulé des conclusions analogues, et M. Studer cite aussi Escher comme ayant rapporté, d’une exploration du Tôdi avec Théobald, de très-forts doutes sur la réalité de la stratification du gneiss dans cette région. Pour moi je dois dire que je suis depuis longtemps rallié, sur ce point, à l'opinion de de Saussure, que je crois à la stratification sédimentaire du gneiss, et que tout en admettant dans les Alpes l’existence de vrais granites massifs, même de granites érupüfs en filons, admettant même que la protogine peut se rencontrer quelquefois sous cette forme, je n’en persiste pas moins à croire que les grands massifs de ‘protogine de l’Oisans, du Mont- Blanc, etc., se lient intimement au gneiss par des passages insensibles, par des alternances et un parallélisme com- plet de leurs divisions stratiformes et qu'ils sont stratifiés originellement comme le gneiss lui-même, quoique d’une manière moins évidente.-Si M. Studer a pu relever avec raison, dans la première partie de ma Description géolo- gique du Dauphiné, publiée en 1860, quelques incerti- tudes et quelques contradictions apparentes à ce sujet, je suis d'autant plus obligé d'indiquer aujourd’hui dans quel sens mOn opinion s’est confirmée depuis cetle époque. La stratification de la protogine ne préjuge, du reste, en rien l'origine et le mode de cristallisation de cette roche. Je suis loin, pour ma part, de considérer toutes ses divisions stratiformes comme les traces d’autant de cou- ches formées successivement. J'y vois seulement une stra- 1 Zeitschr. der deutsch. geol. Gesellsch., XIV, 1862. DES ALPES. 93 tification par grandes nappes, qui est du même ordre, toutes proportions gardées, que celle de beaucoup de ro- ches porphyriques ou trappéennes intercalées en concor- dance dans les terrains sédimentaires, ou que celle de nos serpentines des Alpes cottiennes, intercalées générale- ment dans le trias, parallèlement aux couches de ce ter- rain. Quant aux gneiss, dans le Dauphiné et la Savoie, il me paraît impossible d'admettre que leur feuilletage ne soit pas un fait très-ancien, car on les trouve en gros frag- ments roulés dans les conglomérats houillers, triasiques ou jurassiques. On connaît les intercalations et les alter- nances apparentes, en strates parallèles, des grès à an- thracite dans les schistes cristallins et les gneiss de l'Oi- sans, des environs de Beaufort, de Chamonix, etc. ; on sait qu’elles s'expliquent très-clairement par des replis de l’ensemble de ces couches refermées sur elles-mêmes, et ce sont autant de preuves frappantes de la réalité de la stratification du gneiss et de son horizontalité primitive. Sur le prolongement direct des Alpes bernoises, la coupe de l’Etzlithal (Uri) par M. Alb. Müller ‘, montre des al- ternances répétées de schistes cristallins et de gneiss avec des paquets minces de schistes anthraciteux, bien évi- demment sédimentaires, ce qui conduit encore à la même conclusion. Je dois me borner à ces indications, en re- grettant de ne pouvoir discuter en détail, de visu, plusieurs des faits décrits par M. Studer. Mais je vais rappeler ra- pidement des faits analogues plus simples, bien connus dans les Alpes du Dauphiné et de la Savoie, dont il me parait possible de tirer des inductions plausibles pour ‘ Basler Verhandlungen, IV, 1867. 94 STRUCTURE DES CHAÎNES CENTRALES l'interprétation des problèmes stratigraphiques posés de nouveau par notre éminent confrère. Les massifs du Mont-Blanc et des Aiguilles-Rouges, la chaine des Alpes occidentales (ou chaîne de Belladone) et les petits massifs annexes du Rocheray et des Grandes- Rousses, enfin le grand massif de l'Oisans ou du Pelvoux appartiennent tous à ce que j'ai appelé la première zone alpine, dans la Savoie et le Dauphiné ’. Le caractère propre et distinctif de cette zone se résume ainsi : les terrains secondaires y sont réduits aux étages jurassiques inférieurs, formés principalement de calcaires argileux tendres et feuilletés, et à des lambeaux discontinus de trias, qui manque souvent et n’a jamais une grande épaisseur. Ces terrains secondaires reposent indifférem- ment, en stratification discordante, sur les tranches des schistes cristallins anciens, ou sur des lambeaux peu étendus de grès à anthracite qui sont eux-mêmes, en gé- néral, à peu près concordants avec les schistes cristallins. C’est là le fait général, partout où l’on voit les terrains secondaires, encore horizontaux, reposant évidemment sur le fond de roches anciennes qui a servi de base à leur dépôt : c’est ce que l’on voit aux niveaux les plus divers, au sommet des Aiguilles-Rouges, au col de Salenton, au col des Fours, de même qu’à Mégève et à Flumet ; c’est ce que l’on voiten Gisans et aux environs de La Mure, partout où des lambeaux de calcaires jurassiques, encore à peu près horizontaux, reposent sur un fond de schistes cristallins ou de grès à anthracite: cela est vrai, même pour les lambeaux les plus élevés, par exemple pour le très-intéressant gisement de fossiles du lias inférieur du ! Bulletin de la Sociélé géol. de France, 2e série, t. XXIII, p. 482, 1866. D sis il DES ALPES. 95 Mont-Rachas, au-dessus du Mont-de-Lans (2717 mètres) et d’autres lambeaux semblables que l’on voit se perdre à plus de 3000 mètres d'altitude, sous les vastes champs de neige du Mont-de-Lans et de la Grave *. Ainsi, dans toute cette région, il y a eu, entre le dépôt du terrain houiller et celui du trias, des bouleversements très-étendus qui ont plissé les couches des terrains an- ciens, les ont redressées, le plus souvent, dans une posi- tion voisine de la verticale, et ont été suivis de dénuda- tions et d’un rabotage général des parties saillantes. C’est ce fond de vieilles roches déjà disloquées et entiè- rement consolidées qui a reçu d’abord des dépôts minces et discontinus de trias, puis une couverture générale de has où plus généralement du groupe jurassique infé- rieur. Cela posé, lorsque plus tard de nouvelles disloca- tions se sont produites, les terrains anciens, complétement rigides, n'ont pas pu se plisser : ils n’ont pu se prêter qu’à des fractures, à des failles, à des ghssements, suivant des plans de fracture nouveaux ou anciens, ou encore suivant leurs plans de stratification. Ces dislocations des terrains anciens et les glissements relatifs de leurs lam- beaux ont porté ceux-ci aux niveaux les plus divers, mais en leur conservant sensiblement leur direction et leur in- clinaison générales. Les terrains secondaires, au contraire, éminemment flexibles et ductiles, ont été tout autrement bouleversés : au lieu d’être brisés par toutes les fractures et les glissements des terrains anciens, ils ne l'ont été que par les failles d'importance majeure, mais partout ailleurs ils ont été fléchis, et se sont adaptés, sans se rompre, par ‘ Je publierai prochainement une notice spéciale sur ces localités. 96 STRUCTURE DES CHAÎNES CENTRALES des flexions multiples et des plus compliquées aux nou- velles positions relatives des divers lambeaux de leur base disloquée. Cette considération est, je crois, le point de départ auquel il convient de se placer pour rendre compte des phénomènes complexes de l’orographie de cette partie des Alpes. Il existe au mont Salève, dans le ravin dit de la Petite- Gorge (PL. I, fig. 1), un petit accident stratigraphique que j'ai depuis longtemps expliqué par une considération ana- logue ‘,et qui m'a toujours paru propre à donner, sur une petite échelle, une idée des résultats que peut produire ladaptation d’un terrain supérieur flexible aux nouvelles formes d’un terrain inférieur rigide, disloqué par des failles et des glissements. Une faille très-nette, parallèle à la façade escarpée du Salève, entame les calcaires Jju- rassiques compactes qui forment le soubassement de cette montagne, et cette fracture traverse aussi de gros bancs calcaires que je considérais autrefois, avec M. Alph. Favre, comme encore Jurassiques, mais qui ont été reconnus n'être autres que les bancs à Natica Leviathan Pictet, partie inférieure du sous-étage valanginien. Mais cette faille ne s’est pas continuée dans les couches minces du calcaire roux à Ostræa rectangularis qui forme l’assise supérieure de ce même sous-étage, ni, à plus forte rai- son, dans les marnes néocomiennes qui leur sont super- posées. Cet ensemble de couches flexibles s’est adapté, sans rupture, par un pli vertical, à la nouvelle forme du terrain sous-jacent, accidenté par la faille. Que l’on grandisse, par la pensée, l'échelle de ce petit fait; que l’on substitue aux marnes néocomiennes les cal- 1 Mémoires de la Société d'Émulation du Doubs, 1857. DES ALPES. He: à caires argileux tendres du système jurassique inférieur, tels qu'ils sont dans la partie des Alpes qui nous occupe ; aux calcaires massifs des escarpements du Salève, des gneiss et autres roches anciennes, à stratification verticale ou très-inclinée : il se produira dans ceux-ci des glisse- ments plus ou moins étendus, suivant les plans de strati - fication ou parallèlement à ces plans, et alors les couches secondaires flexibles pourront rester en lambeaux hori- zontaux, posés sur les tranches du gneiss, aux points cul- minants et sur les plateaux étagés résultant des glisse- ments; mais sur les pentes, sur les surfaces mêmes de glissement, elles s'adapteront par flexion aux nouvelles formes du terrain ancien, et paraîtront ainsi concordantes avec les strates verticaux ou très-inclinés du gneiss ou du grès houiller, Ainsi se trouve expliquée très-simplement une des difficultés les plus fréquemment signalées de la stratigraphie alpine, une de celles que M. Studer cite, par exemple à Chamonix, comme constituant des objections sérieuses contre l’idée d’une stratification réelle et primiti- vement horizontale des gneiss et autres roches cristallines des massifs alpins (fig. 2). Les terrains anciens étant redressés à peu près verti- calement doivent aussi nécessairement présenter de nom- breuses fractures transversales à leurs couches, et entre autres des fractures horizontales ou faiblement inclinées. C’est du reste ce que l'observation permet d'y constater à chaque pas, par exemple pour les nombreux filons de quartz, stériles ou métallifères, dont ils sont traversés. Dès lors, dans les dislocations intérieures de ces terrains, dans les puissantes actions de refoulement latéral qui constituent, comme on le sait, le principal mécanisme de la formation des grands reliefs montagneux, il n’y aura 98 STRUCTURE DES CHAÎNES CENTRALES pas seulement des glissements suivant des plans verticaux ou très-inclinés, il y aura aussi des translations relatives suivant des plans voisins de l’horizontalité. Et comme ces dislocations complexes du sol rigide ancien se font sous la couverture flexible des couches secondaires, celles-ci s’in- fléchiront pour s'adapter à toutes les inégalités de leur base disloquée, et des fragments plus ou moins considé- rables, détachés de cette base, se trouveront, en maints endroits, poussés en surplomb sur les replis de l’enve- loppe flexible. Il est facile de se représenter la complica- tion des enchevêtrements, des intercalations apparentes, qui résulteront de la combinaison des déplacements rela- tifs des lambeaux disloqués du sol inférieur rigide et des replis indéfiniment multipliés de la couverture flexible, s’adaptant ; le plus souvent sans se rompre, par des courbures continues, aux poussées horizontales, aussi bien qu'aux tassements et glissements verticaux. Je n’oserais pas affirmer, sans l'avoir étudié par moi- même, que cela suffise pour donner l'explication de la structure des Alpes bernoises. Mais je ferai observer que ces montagnes sont, dans les Alpes suisses, dans la même situation de première zone alpine et les mêmes condi- tions de constitution géologique que le Mont-Blanc et les autres massifs des Alpes occidentales, en Savoie et en Dauphiné. J'ai donc l’intime conviction que l’intercalation des coins calcaires, en couches refermées sur elles- mêmes, entre deux niveaux de gneiss vertical, dans le Mettenberg, le Môünch, etc., doit pouvoir s'expliquer par des actions mécaniques telles que celles que nous venons de définir. De même que dans bien d’autres questions, les causes les plus simples sont ici les plus probables, et il ne s’agit que de leur reconnaître une latitude con- ‘ x | FA 4 V4 « 3 " à : “ Las 7 mn 4 DES ALPES. 99 venable d'action, soit dans le temps, soit dans l’espace. La figure 3 représente une des combinaisons très-variées de failles, de glissements et de poussées latérales par lesquelles on peut se rendre compte des faits exception- nels dont il s’agit. Par la considération de ces deux ensembles de ter- rains, l’un inférieur, déjà anciennement bouleversé et ri- ide, ne se prêtant plus qu'a des fractures et à des glissements, des déplacements relatifs de ces lambeaux par des mouvements de translation; l’autre supérieur, flexible, s’adaptant aux déformations de sa base dislo- quée par des plissements multipliés, sans en subir toutes les fractures, nous avons un principe fécond pour l’inter- prétation de beaucoup de problemes orographiques, par- ticulièrement dans la partie des Alpes ainsi constituée. Nous comprenons dès lors comment et pourquoi son orographie diffère essentiellement, comme le fait remar- quer M. Studer, de celle du Jura ou des chaînes secon- daires subalpines, dans lesquelles n’entrent, générale- ment parlant, que des ensembles d’étages sensiblement concordants entre eux, que l’on peut considérer comme étant restés tous flexibles jusqu'à l’époque de leurs dislo- cations communes. Quant à notre explication de la structure en éventail, elle me paraît devoir subsister, dans sa partie essentielle, c’est-à-dire dans l’idée d’une compression latérale, d’un serrement maximum des massifs culminants, au niveau des masses moins élevées qui les étreignent de part et d'autre. Quelle que soit la théorie que l'on adopte sur la cristallisation du gneiss et de la protogine, il est légitime d'admettre qu'avant leurs dernières dislocations, avant leur exhaussement relatif, tel qu’il est actuellement, ces 100 STRUCTURE DES CHAÎNES CENTRALES roches avaient conservé, dans les profondeurs du sol, un certain degré de plasticité qu’elles n'avaient plus dans leurs parties superficielles. On pourrait même invoquer, à l'appui de cette supposition, des faits bien connus : tout le monde sait quelle différence de cohésion existe entre les roches granitiques sèches et celles qui sont en- core imprégnées de leur eau de carrière, ou bien encore celles qui sont submergées et dont certaines variétés de- viennent ainsi assez tendres pour que les pholades et les oursins s’y creusent facilement des loges. Cette moindre cohésion dans la profondeur et la structure grenue, la porosité toujours sensible des roches granitiques suffisent largement pour faire comprendre l’étranglement des mas- sifs culminants à leur base, par les énormes poussées la- térales des chaînes moins élevées. En reproduisant ici (fig. 4), d'après M. Alph. Favre et d’après mes propres recherches, la coupe du massif du Mont-Blanc telle que je l'ai figurée il y a cinq ans ‘, je dois donc faire observer que, dans mon opinion, la stratification à peu près verticale de la protogine et du gneiss du Mont-Blanc, aussi bien que celle des gneiss des Aiguilles-Rouges, date de dislocations antérieures aux dé- pôts du trias et du terrain jurassique. La situation nor- male de ceux-ci, par rapport aux terrains anciens, est représentée par celle du lambeau horizontal subsistant au sommet de la plus haute des Aiguilles-Rouges ; il n’y au- rait rien d’extraordinaire, à mon sens, à en rencontrer quelque autre lambeau placé de même sur quelqu’une des sommités du Mont-Blanc, et celui du plateau des Fours, à l’extrémité sud-ouest de la chaîne, est là pour ! Revue des Cours scientifiques, 18 avril 1868. DES ALPES. 401 en démontrer la possibilité. Les profondes vallées de Chamonix et d’'Entrèves représentent deux grands effon- drements longitudinaux, dans lesquels le terrain jurassi- que a glissé par affaissement, et a été nécessairement re- plié, refoulé et comprimé dans des conditions très-com- plexes, qui ne représentent plus ses relations normales avec les roches anciennes. Quant au gneiss du mont Chétif, il est dans des conditions tout autres que les roches du Mont-Blanc : il appartient à l’autre bord d’une grande faille, qui est un des traits fondamentaux de la structure de cette partie des Alpes et qui doit dater, quant à sa direction et à la première dénivellation qu'elle a déter- minée, de l’époque même de la dislocation des terrains anciens. Le gneiss du mont Chétif est recouvert, à peu près en concordance, par la série des assises triasiques du Cramont, et ainsi ce gneiss était encore sensiblement horizontal quand le trias se déposait sur les tranches du sneiss vertical des Aiguilles-Rouges. J'ai établi, en effet ‘, à la suite de recherches faites en commun avec M. l'abbé Vallet, que, en dehors de notre première zone alpine, où les terrains anciens ont été gé- néralement redressés dans une position voisine de la ver- ticale, antérieurement aux dépôts du trias et du terrain jurassique, on pouvait distinguer d’autres zones plus rapprochées du versant italien, où ces mêmes terrains sont restés, au contraire, sensiblement horizontaux Jjus- qu'après les dépôts du trias et même du terrain jurassi- que, et n’ont élé bouleversés que simultanément avec l’énorme épaisseur de ces terrains secondaires qui les avaient recouverts. Là, par conséquent, nous devons re- ! Bulletin de la Société géol. de France, 2me série, t. XXHE, p. 482, 1866. 102 STRUCTURE DES CHAÎNES CENTRALES, ETC. trouver, et nous retrouvons en effet la régularité classi- que des soulèvements du Jura, avec les voûtes centrales, à double pente, formées par des schistes cristallins : c’est ce qui se présente, par exemple, entre Bramans et Suse, dans la coupe du terrain triasique du Mont-Cenis et du massif cristallin des glaciers de Bard, qui en représente la voûte centrale *. En traçant sur la carte géologique de la Suisse, dans le canton du Tessin, une ligne de sépara- tion entre la zone du gneiss vertical et celle du gneiss peu incliné, M. Studer a posé la base d’une distinction orogra- phique du même genre et qui doit aussi correspondre à des différences considérables dans la structure et la con- figuration des chaînes du versant italien, comparées à celles du Saint-Gothard ou des Alpes bernoises. ! Bulletin de la Société géoloy. de France, 2e série, t. XVII, pl. 1. SUR UNE VARIATION DE TEMPÉRATURE QUI ACCOMPAGNE LA DIFFUSION DES GAZ A TRAVERS UNE CLOISON DE TERRE POREUSE PAR MP CE DETTE OUTRE Professeur de physique à l’Académie de Lausanne. (Bulletin de la Société vaudoise des Sciences natur., 1874, n° 71.) (Extrait par l’auteur.) Ainsi que le titre l’indique, ce mémoire renferme les expériences et les recherches destinées à savoir si la dif- fusion des gaz s'accompagne d’une variation de tempé- rature. — Dans les pages qui suivent, je décrirai la mé- thode expérimentale qui a été employée; je donnerai quelques exemples des expériences faites, puis j’indique- rai les résultats qui ont été obtenus. Appareils. Jai employé comme substance poreuse les vases qui servent dans les éléments galvaniques à deux liquides. Ces vases sont, du plus au moins, très-aptes à fournir une bonne diffusion. Il y a cependant des différences de l’un à l’autre, J'ai naturellement utilisé, pour les présentes re- cherches, celui qui m'a paru donner la diffusion la plus prononcée. Je le désignerai par P dans la suite. C’est un vase cylindrique pesant 106 grammes, ayant 223wn de 104 VARIATION DE TEMPÉRATURE longueur intérieure et #1%% de diamètre. L’épaisseur de la paroi, un peu variable dans les divers points, est d’en- viron 37,8. Plusieurs autres vases, d’ailleurs, différaient très-peu de celui-là quant à leurs dimensions et quant à leur capacité diffusante. Le vase P était fermé par un bouchon de caoutchouc joignant parfaitement. Ce bouchon était percé de trois ou- vertures qui recevaient : 4) Un thermomètre H, dont la cuvette arrivait à peu près au milieu de P; 2) et 3), des tubes de verre a et b: a plongeait jusque près du fond du vase ; b débouchait dans la partie supérieure. Ces tubes, ainsi que le thermo- mètre, étaient à frottement juste dans leurs ouvertures. Le cylindre P était placé au milieu d’un vase cylindri- que de verre V ayant 145" de hauteur et 83" de dia- mètre. P était librement soutenu dans ce vase, sans ton- cher ni le fond ni les parois, au moyen d’une pince fixée à un support solide qui serrait le tube a, à 10° environ au-dessus du bouchon. — Le vase V était fermé par une plaque mince de plomb qui reposait sur son bord supé- rieur et qui se repliait contre sa paroi extérieure. Cette plaque était percée en son milieu d’une grande ouverture circulaire par laquelle était introduit P; ouverture qui se trouvait fermée par le bord supérieur du bouchon de caoutchouc. Deux autres ouvertures plus petites, prati- quées dans la plaque de plomb, donnaient passage : 4) à un tube € qui aboutissait dans l’espace annulaire vide entre P et V; 2) à un thermomètre H” dont la cuvette arrivait à moitié hauteur de P et à 2 ou 3" de sa surface extérieure. Il résulte de ces dispositions que le vase P pouvait être absolument isolé de l'extérieur par la fermeture des D PO Een TE ur 2 < L "d QUI ACCOMPAGNE LA DIFFUSION DES GAZ, ETC. 105 tubes a et b; mais que l’espace annulaire entre P et V ne pouvait pas l'être. La fermeture avec la feuille de plomb était naturellement insuffisante ; elle empêchait le gaz con- tenu dans l’espace annulaire de se mélanger trop rapide- ment avec l'air extérieur, mais elle ne permettait pas d’avoir une différence de pression entre cet espace et l'air libre. Les deux vases P et V, emboîtés ainsi l’un dans l’autre, étaient installés dans un grand cylindre M, de terre ordi- naire. V reposait sur trois bouchons placés sur le fond de ce dernier vase. Tout l’espace entre V et M était rempli de coton lâche; une couche de coton recouvrait la lame de plomb ; enfin le vase de terre lui-même était entouré d’une couche de coton retenue par un linge formant une sorte de manteau extérieur. C’est du milieu de ce mantean et du coton qui avait encore été placé au-dessus de M, que sortaient les tubes a, b, c et les deux thermomètres H et H”. Dans les recherches sur la diffusion avec chan- sement de pression, M à été immergé dans un grand vase de zinc rempli d’eau, afin de le soustraire encore davan- tage aux influences ambiantes. a, b et c étaient reliés à des tubes de caoutchouc a’ b' c’ qui servaient à introduire dans le vase P, ou dans l’espace entre P et V, les gaz qui devaient être mis en contact avec la paroi poreuse et intervenir dans la diffusion. Les thermomètres H et H’ sont divisés en cinquièmes de degré. [ls étaient observés à distance à l’aide d’une lo- nette de cathétomètre d’un grossissement de trente fois. En les plaçant d’une manière convenable relativement à la fenêtre, on apercevait les colonnes mercurielles et les divisions avec une grande netteté, On pouvait très-sûre- ment apprécier un dixième de division, par conséquent ARCHIVES, t. XLIX. — Février 1874. 8 106 VARIATION DE TEMPÉRATURE ‘/ de degré. J'ai même souvent poussé l'estimation jus- qu'à la moitié de cette valeur. — Les deux thefmomètres avaient été comparés et, dans les limites de température où les observations ont eu lieu, leur équation est sensible- ment H—H'=—0°,46. On verra d’ailleurs, dans la suite, que leurs indications relatives sont beaucoup moins im- portantes à considérer que les variations que subissent chacun d’eux et spécialement le thermomètre H. Ce ther- momètre, à très-petite cuvette, à tube très-fin également, est fort sensible et se trouvait bien approprié à son but. Près du groupe des trois vases P, V et M a été installé un second groupe de trois autres vases (je les désignera par P', V',M') disposés d’une manière tout à fait sem- blable et entourés des mêmes précautions pour éviter l'in- fluence de la température ambiante. P” était aussi pourvu d’un thermomètre H”, dont la correction, par rapport à H, avait été déterminée (H—H"=—0°,26) ; il était fermé par un bouchon que traversaient deux tubes analogues à a et b. — Le vase P' a été tantôt un cylindre de verre, tantôt un vase poreux semblable à P, mais verni à l'exté- rieur ou sur les deux faces. Ce vase P", en subissant les mêmes influences que P sans être poreux, a servi dans une partie des expériences de témoin, de contrôle. — Par une liaison convenable et facile à concevoir des tubes de caoutchouc, il était possible de faire passer un même courant gazeux d’abord dans P puis dans P’, ou inver- sément. Les dispositions qui viennent d’être décrites constituent l'appareil dans son ensemble; mais elles n’ont pas tou- jours été utilisées d’une manière complète. Plusieurs ex- périences ont été faites uniquement avec le groupe P, V,M et, suivant les exigences de chaque cas, des instruments CP es 7 L.f, Qi Es Et Eu use, 1 SUR + AT 'G = } QUI ACCOMPAGNE LA DIFFUSION DES GAZ, ETC. 1407 accessoires ont été parfois ajoutés ou associés à ceux qui viennent d'être mentionnés. Les gaz qui ont été soumis à la diffusion sont, d’une part l’air, d’une autre part l'hydrogène, l'acide carbo- nique et le gaz d'éclairage *. L’hydrogène était obtenu par la réaction de l’eau acidulée et du zinc; l'acide car- bonique, par la réaction de l'acide chlorhydrique et du marbre. Ces gaz étaient, pour toutes les expériences, recueillis, au moins un jour à l'avance, dans un grand sac en caoutchouc placé près de l'appareil. Influence de l'état sec ou humide des gaz qui arrivent en contact avec la paroi poreuse. Il importait de savoir si la présence de la vapeur d’eau dans les gaz employés détermine des variations de tem- pérature indépendamment de tout phénomène de diffu- sion. Un grand nombre d’expériences, faites dans des circonstances variées, ont eu pour but de répondre à cette question préalable. Des courants gazeux chargés de vapeur d’eau circulant le long des parois de P ont toujours provoqué un ré- chauffement plus ou moins considérable des thermomètres H et H'. Les mêmes courants, dirigés dans un témoin P' verni à l'extérieur (vernis de gomme laque et de cire dans l'alcool), y ont également donné lieu à une élévation de température. 1 J'ai choisi le gaz d’éclairage, quoiqu'il ne soit pas un composé simple, parce qu’il fournit avec l'air une très-bonne diffusion et qu’il s'obtient en abondance sans manipulation préalable. Au point de vue des présentes recherches, qui ont un caractère exclusivement physi- que, la composition complexe de ce corps ne m’a pas paru un incon- vénient. 108 VARIATION DE TEMPÉRATURE Le témoin P’a été ensuite verni à l’intérieur comme il l'était à l'extérieur ; il devait donc se comporter comme un Corps non poreux. Après celte opération, le thermo- mètre H” n’a plus accusé de réchauffement lors du pas- sage des gaz chargés de vapeur. — On à introduit alors dans ce vase P’ un grand nombre de fragments de ma- tière poreuse provenant d'un vase brisé. Le passage des gaz humides a de nouveau donné lieu à une élévation de température. Les deux vases de terre P et P' ont été remplacés par deux éprouveties de verre, dont l’une renfermait des fragments de la substance poreuse, tandis que l’autre était laissée vide et à parois nues. Un même courant d’air, desséché par son passage sur la ponce sulfurique, a cireulé dans lun et ensuite dans l’autre de ces vases. Il s’est produit un abaissement de température là où se trouvaient les fragments poreux, tandis que la température s’est conservée sensiblement constante dans le vase nu. En remplaçant l'air desséché par l'air saturé de vapeur, on provoquait immédiate- ment un réchauffement. En faisant alterner de l'air sec et de l'air humide, on déterminait très -régulièrement aussi une alternance dans les variations de la tempéra- ture qui s'élève avec l'air humide et qui s’abaisse avec l'air sec. Des faits parfaitement semblables ont été obtenus avec du gaz d'éclairage et avec de l'hydrogène desséchés ou saturés de vapeur d'eau. Je me bornerai à donner un seul exemple, c’est l’ex- périence huitième du mémoire : Expérience 8%°.— On à fait passer, à travers les deux vases, un courant d'air desséché par la circulation à tra- QUI ACCOMPAGNE LA DIFFUSION DES GAZ, ETC. 109 vers de la ponce sulfurique. Voici les résultats des obser- vations : TEMPS H” H TEMPS 5 1 H 39 1562 1571 58” 1460 15.80 35 45,662 145,71 60. ALL 45,78 37 15,65 15.75 63 1498 15,72 43 15,68 15,77 70 440% 15,57 745 15,62 15,78 774 ALAS 15,58 50 14516 15,78 83 14464 16,68 De 32 à 43" à passé de l'air ordinaire. À 43" à com- mencé l'air desséché, lequel passait dans P et ensuite dans P7. À 70%, nouveau courant d’air ordinaire. — On voit que, dans le vase pourvu de fragments poreux, la va- riation de température à été —1°,64 entre 43 et 707: dans l’autre, la variation a été seulement —0°,20. Dés que l’air sec a été remplacé par de l'air ordinaire, il y a eu réchauffement. Ces premières expériences avec les gaz secs ou hu- mides (sans qu’il y ait diffusion) permettent de supposer que la matière poreuse absorbe la vapeur d’eau, la retient par une sorte de condensation et que ce phénomène est accompagné d'un dégagement de chaleur. Lorsque, au contraire, un gaz desséché passe sur la substance poreuse plus ou moins chargée de vapeur d’eau, cette eau reprend l’état de vapeur et est entraînée dans le courant. Il y a absorption de chaleur, et, par conséquent, refroidisse- ment. Dans quelques expériences, le vase nu recevait le cou- rant gazeux après sa circulation dans le vase poreux ou pourvu de fragments poreux. Sa température variait ce- 110 VARIATION DE TEMPÉRATURE pendant très-peu. On peut donc croire que le réchauffe- ment et le refroidissement se produisent à la surface même de la matière poreuse, sans que le gaz qui circule ait le temps de varier beaucoup de température, et que la variation accusée par le thermomètre est occasionnée non- seulement par le contact du gaz qui circule autour de lui, mais aussi par le rayonnement de la substance po- reuse. Cette supposition que ia vapeur d’eau est absorbée ou abandonnée par la matière poreuse, laquelle paraît évi- demment très-plausible, a été appuyée par quelques ex- périences où j'ai pesé une éprouvette de verre remplie de fragments de substance poreuse avant et après qu’elle avait été parcourue par de l'air saturé ou par de Fair desséché. [l y avait augmentation de poids après le pas- sage du gaz riche en vapeur, et, au contraire, diminution après l’air desséché. Après avoir constaté cette influence de l'air sec ou chargé de vapeur d’eau, sur la température des vases P (poreux) et P' (verni), j'ai fait quelques essais avec de l'air qui était chargé de vapeurs d'alcool et d’éther. Il s’est produit des phénomènes semblables à ceux dont il vient d’être question dans le vase P ; en outre, il y a eu aussi, et même dans une plus forte mesure des variations de température dans le vase P’. Cela tient sans doute à Ja qualité des substances formant la couche de vernis, substances solubles dans l’alcool et dans l’éther. Les expériences et les considérations exposées dans cette première partie du mémoire peuvent se résumer de la manière suivante : QUI ACCOMPAGNE LA DIFFUSION DES GAZ, ETC. 411 L Lorsque des courants d’air, d'hydrogène ou de gaz d'éclairage desséchés viennent circuler le long des parois du vase poreux ou d’un vase qui renferme des fragments de la matière poreuse, il se produit un abaissement de température. Cet abaissement se ralentit peu à peu et finit même par cesser tout à fait. IL. Lorsque des courants des mêmes gaz chargés d’hu- midité viennent circuler dans les mêmes conditions, il se produit un réchauffement, lequel se ralentit aussi et finit par cesser. IE Le réchauffement et le refroidissement sont plus ou moins considérables suivant l’état antérieur du vase poreux. Les plus grandes variations se sont produites lorsqu'un courant sec succède à un courant saturé ou in- versement. IV. Ces variations de température sont probablement dues à l'absorption de la vapeur d’eau par la substance poreuse ou au dégagement de cette vapeur ‘. * Variations de température lors de la diffusion sans changement de pression. A l’aide de l'appareil décrit au $ [, on produisait facile- ment la diffusion en amenant les deux gaz au contact des faces intérieure et extérieure du vase poreux P. — En faisant circuler l’hydrogène, par exemple, dans le vase 1 Les recherches dont il vient d’être question m’ont conduit assez naturellement à voir s’il ne se produit pas une diffusion entre deux masses d’air à des états hygrometriques différents. Les essais entre- pris dans ce but spécial conduisent à un résultat affirmatif que j'ai ‘ déjà annoncé dans une communication préliminaire (voir Archives des Sciences physiques et naturelles, septembre 1872). Ces recherches sur la diffusion entre l'air sec et l’air humide feront l’objet d’un prochain mémoire, 112 VARIATION DE TEMPÉRATURE poreux et dans le témoin par les tubes a et b, puis a! et b’, il se produit un double courant de diffusion. De lhy- drogène sort du vase poreux, se répandant dans l’espace entre Pet V, et de l'air entre, de ce même espace, dans le vase poreux. En vertu de la loi de Graham, le courant d'hydrogène est le plus abondant. Dans la suite, je nom- merai, pour abréger, exosmose ce cas où le gaz moins dense est à l’intérieur du vase poreux et où, par consé- quent, le courant qui sort est le plus considérable. — Si l’on fait arriver de l'hydrogène par le tube c dans l’es- pace compris entre P et V, tandis que le vase poreux est rempli d'air, le courant le plus abondant se fera de l’ex- térieur à l’intérieur, ce sera la diffusion entrante ou l’en- dosmose. Dans ce cas, la diffusion se ralentira et cessera si le vase poreux n’est pas parcouru par un courant d'air qui entraine le gaz moins dense et qui entretienne, à l'intérieur, une atmosphère où l'air soit toujours prédo- minant£. Lorsqu'on a fait arriver le gaz moins dense à l'extérieur de P et que le vase poreux n’est pas parcouru par un courant d'air, il se produit tout d’abord une endosmose ; le mélange gazeux qui se forme à l’intérieur s'enrichit de plus en plus d'hydrogène et s’appauvrit d'air. Si alors on cesse de diriger le courant d'hydrogène à l'extérieur et qu'on le remplace par un courant d'air, il se produit bien- tôt une diffusion inverse et l'hydrogène ressort du vase P. Des dispositions convenables, et qu'il est superflu de décrire en détail, avaient été prises pour pourvoir faire passer dans le vase poreux et dans le témoin, en même temps que dans l’espace extérieur entre P et V, des cou- rants gazeux desséchés ou saturés de vapeur. de à BU, LAS 1 ré AO 'ENLE A Pr * QUI ACCOMPAGNE LA DIFFUSION DES GAZ, ETC. 1413 Une première série d'expériences a été faite avec des gaz desséchés. Je donnerai ici, comme exemple, les faits observés lors d'une diffasion entre Pair et l'hydrogène : TEMPS aus 35 "38 40 48 55 60 65 75 82 86 88 122 123 H 21.00 : 21.02 21.02 20.80 20.61 20.53 20,49 20,51 . 20,52 20.55 20,60 20.60 20.60 20,65 20.68 20,77 20.84 20.92 20.88 20.76 20,72 20,72 20,70 20,70 20,70 20,66 20,60 H'° 9117 217 91.17 91.17 21.18 91.16 91.15 91.16 21,15 91.20 21.90 91.95 91.95 21.94 91.93 91,25 91.25 21.97 91.98 21,28 TEMPS 1247 125 126 7127 198 130 132 110 144 142 143 Un 145 146 147 149 150 151 153 159 160 “161 162 163 165 166 H 20,86 90,18 20,45 20,40 20,40 20.56 20.62 20,73 20,77 20,78 20.80 20,86 20.97 21.00 21,10 91,12 21.14 21,06 21.00 20.93 20,9% 20.88 20.77 20,68 20.56 20,46 H”’ 9 Li 32 21,31 21,33 91 13 21,40 21.40 À 35", écoulement d’air dans P et P', et, en même temps, dans l’espace autour de P. A 60%, on a ajouté de Pacide sulfurique frais sur la ponce. A 82", on a intro- 114 VARIATION DE TEMPÉRATURE duit un appareil desséchant nouveau. La température H a d’abord baissé conformément à ce qui est connu, mais la continuation du courant sec n’a pas provoqué une continuation de la baisse. H” n’a que très-peu varié. — À 88%, on a fait arriver de l'hydrogène dans P et P”, le courant d'air continuant à l'extérieur de, P. On voit une variation A H=— +-0°,32 en 7 minutes. — A 96", l’hy- drogène a été interrompu et remplacé par l'air; H a cessé de monter et, durant 23 minutes, la température s’est peu à peu abaissée, puis est demeurée plusieurs minutes stationnaire à 20°,70.— A 119, l'hydrogène a été dirigé dans l’espace entre P et V; pendant ce temps, l'air continuait à circuler à l’intérieur de P ct de P'. En 8 mi- nutes, il y eut une variation A H— —°,30, coïncidant avec une endosmose., — À 127%, l'hydrogène ayant été interrompu, la température cessa de baisser et remonta peu à peu. — À 142%, même circulation qu'à 88", afin de produire une exosmose. La variation A H = —-0°,32 en à minutes. — À 149", le courant d'hydrogène fut interrompu et ce fut de nouveau de l'air qui cir- cula à l’intérieur et à l’extérieur du vase poreux. — A 160", nouveau courant d'hydrogène par le tube c pour produire une endosmose pendant que Fair circulait dans P et P'. La température du vase poreux baissa de 0°,48 en 6 minutes. Pendant toute la durée de cette expérience, la tempé- rature du témoin varia peu et lentement. Il y eut un ré- chauffement progressif de --0°,25. La marche du ther- momètre H”, lequel plongeait dans le gaz qui allait cir- culer dans P, ne permet pas d'admettre que les variations offertes par le thermomètre H du vase poreux soient dues à la température même du gaz. QUI ACCOMPAGNE LA DIFFUSION DES GAZ, ETC. 115 En voyant les détails qui précèdent, on reconnait que les variations de température sont en rapport avec le sens de la diffusion et que la température s’élève lorsqu'il y à exosmose, qu’elle s’abaisse, au contraire, lors de l’endos- mose. La diffusion entre l'air et le gaz d'éclairage desséché a donné lieu à des résultats toujours d'accord avec ceux qui précèdent, c’est-à-dire à un réchauffement dans le vase poreux lorsqu'il y a exosmose et à un refroidissement lors de l’enaosmose. Dans une seconde série d'expériences, on a employé des gaz saturés de vapeur d’eau et on les à fait arriver au contact de la paroi poreuse alors que cette paroi elle- même avait été longuement en contact avec des gaz chargés de vapeur. Voici un exemple : Des courants d'air humide cireulèrent à l’intérieur et à extérieur du vase poreux. Après 28 minutes, la tempé- rature de H cessa de s'élever et se maintint pendant dix minutes de 22°,83 à 22,84. L'air fut remplacé par an courant de gaz d'éclairage; la température s’éleva aus- sitôt, en » minutes, de 0°,23. L'arrêt du gaz, remplacé par l'air, fit cesser la hausse. — On maintint ensuite, pen- dant plus d’une beure, des courants d’air à l’intérieur et l’extérieur de P. Le thermomètre H indiquait 22°,77 et était sensiblement invariable; H” indiquait 222,67. Le courant de gaz d'éclairage fut alors dirigé à l'extérieur de P ; il devait donc se produire une endosmose. Le ther- momètre H commença immédiatement à baisser et varia de—(0°,27 en 7 minutes. Pendant ce temps, H” varia de +-0°,02. Les faits observés lors de la diffusion des gaz humides ont toujours confirmé les variations de température qui s'étaient manifestées avec les gaz secs. 416 VARIATION DE TEMPÉRATURE En employant des gaz sans préparation préalable, c'est-à-dire des gaz qui ne sont ni absolument secs, ni saturés, on doit obtenir des résultats dans lesquels lin- fluence de la diffusion sur la variation de température doit être modifiée par l’action connue et décrite plus haut de la vapeur d’eau. Cette action doit varier suivant que le gaz est plus ou moins chargé de cette vapeur. Malgré cette circonstance, il est possible de constater sürement et facilement, même avec des gaz non desséchés et non saturés, les changements de température qui dé- pendent du sens de la diffusion. Je citerai comme exemple l'expérience n° 24 du mé- moire, expérience qui s’est composée de diverses phases, montrant bien l'influence d’une diffusion plus ou moins active sur la variation de température. TEMPS H TEMPS H 15° 10.64 AE 11.09 20 10,64 42 14.08 Er 10,80 45 11,08 26 10.86 46 41,20 39 10,98 47 11,22 33 414.00 L8 11.21 34 11.00 49 11,14 35 11,00 50 11,42 736 11.07 752 11,148 Fr. 41.07 53 11,20 39 11,05 À 20, on fit passer un courant de gaz d'éclairage dans le vase poreux. L’exosmose a dû bientôt se ralentir parce que le gaz sortant devait demeurer, en partie au moins, près de la paroi extérieure de P où la proportion d'air tendait à diminuer. On voit que la température QUI ACCOMPAGNE LA DIFFUSION DES GAZ, ETC. 117 monta, puis demeura stationnaire à 44°.— A 35% (le gaz d'éclairage circulant toujours dans un vase poreux) on lança un courant d'air par le tube c, de manière à renou- veler, autour du vase poreux, l’atmosphère d'air; lexos- mose devait one redevenir plus active, Le thermomètre monta immédiatement de 02,07. — À 36%, ce courant d'air fut interrompu ; la température cessa de monter, puis varia peu et lentement de 36 à 45". Le courant de gaz d'éclairage était entretenu dans le vase poreux. — A 45%, nouveau courant d’air à l'extérieur ; l’exosmose de- vait se reproduire et la température monta de 0,12 en une minute.— À 45%, cessation du courant d'air jusqu'à 50"; la température baissa lentement.— A 50", nouveau courant d'air extérieur suivi d'un accroissement de la température. Quelques expériences ont été faites en adoptant une disposition qui permettait de voir le fait même de la dif- fusion et de constater l’arrivée des gaz dans les vases poreux ou leur sortie, en même temps que les indications du thermomètre. Des deux tubes a et b qui aboutissent au vase poreux, lun, a, a été fermé: l’autre a élé mis en communication avec l’une des branches d’un tube en U de large dia- mètre pourvu d’une petite quantité d’eau dans sa portion courbe inférieure. Il y avait juste assez d’eau pour fermer le tube, mais toute variation de pression entre les deux branches déplaçait le liquide dans un sens où dans l’autre et le gaz passait sous forme de bulles. La rapidité et l'a- bondance des bulles permellait de juger de ce qui se passait dans le vase vaporeux, au point de vue de la dif- fusion. Vu la petite quantité d’eau qui occupait le coude 118 VARIATION DE TEMPÉRATURE du tube indicateur U, la pression, dans le vase poreux, ne différait jamais que d’une quantité négligeable de la pres- sion extérieure, Plusieurs essais, dont je m’abstiens de donner les dé- tails, ont toujours montré un abaissement de la tempéra- ture H pendant que des bulles de gaz, traversant le tube U, indiquaient une endosmose, et au contraire un réchauf- fement lorsque les bulles, passant en sens opposé, indi- quaient nne exosmose. Dans les diverses séries d'expériences dont il vient d’être question, le thermomètre H” plongé dans l’espace qui entoure le vase poreux n’a offert que des changements peu considérables de température. En général, il s’est lentement élevé pendant la durée de chaque série, Placé à l’extérieur du vase cylindrique P, il n’était rapproché que d’une portion très-restreinte de la paroi poreuse et on comprend que la variation de température devait l’affecter beaucoup moins que le thermomètre H, qui était enve- loppé par la paroi, siége de la diffusion. L'influence de la diffusion sur H' pouvait être assez faible pour être voilée et dissimulée par les autres causes générales (température propre du courant gazeux et de l'ensemble de l’appareil) qui devaient agir sur lui. J'ai cependant, dans plusieurs cas, nettement constaté, grace à la sûreté des observa- tions avec la lunette et en portant spécialement mon at- tention sur H”, que ce thermomètre variait de petites quantités et dans un sens justement inverse de celui de H, cela surtout dans les occasions où il y avait une dif- fusion rapide. Ces variations, souvent inférieures à 0°,04, mais parfois comprises entre 02,01 et 0°,02, étaient en plus lors de Pendosmose et en moins lors de l’exosmose. QUI ACCOMPAGNE LA DIFFUSION DES GAZ, ETC. 4119 — En examinant les diverses expériences précédem- ment décrites, on verra d’ailleurs plusieurs cas où cette variation de H' est bien d'accord avec le sens de la diffusion. La grandeur de la variation de température qui ac- compagne la diffusion a été fort différente dans les di- verses expériences et il n’est pas possible d'indiquer un chiffre qui exprime quelque chose de précis et de con- stant. On comprend que cette variation doit dépendre de la quantité de gaz qui diffuse et aussi de la rapidité avec laquelle le phénomène s’accomplit, c’est-à-dire de deux circonstances qui dépendent, à leur tour, de l'abondance des courants gazeux dirigés le long des parois du vase P. On voit, dans les expériences décrites dans le mémoire, de nombreux exemples où la grandeur du changement de température est nettement liée à l’activité de la diffusion. — Si la diffusion est très-lente, le changement de tem- pérature qui l'accompagne peut être neutralisé par l’in- fluence de la température générale de l'appareil. Cette influence doit d'ailleurs se faire sentir inégalement. Lors- que le vase poreux, ou plutôt seulement sa paroi interne, offre déjà un écart dans un certain sens, toute variation de température tendant à augmenter cet écart doit être un peu affaiblie. — Les variations les plus considérables qui ont été observées l'ont été lors de la diffusion entre l'hydrogène et l'air; elles ont atteint, comme maximum, —-0°,37 lors d’une exosmose et — 0°,48 lors d’une en- dosmose. La diffusion comprenant un double courant, dans deux sens opposés, il est bien probable que la variation de température affecte d’une façon semblable les deux cou- rants gazeux. Sur chaque face de la paroi poreuse, l’un 120 VARIATION DE TEMPÉRATURE des gaz tend à réchauffer et l’autre à refroidir. Ce que les expériences précédentes ont pu constater n’est sans doute que la différence entre ces deux effets. On se rend compte, me semble-t-il, des résultats ob- tenus en se représentant que la diffusion donne lieu à un réchauffement du côté où les molécules gazeuses entrent dans le corps poreux et à un refroidissement du côté où elles en sortent. Comme les deux courants ont une iné- œale importance el que le gaz le moins dense passe en proportion plus grande que l’autre, on comprend qu’il y ait, en définitive, refroidissement du côté où arrive le courant le plus abondant et réchauffement de l’autre. Peut-être ces variations de température se rattachent- elles simplement au cas ordinaire du réchauffement ou du refroidissement d’un gaz qui est condensé par une matière poreuse ou qui s’en dégage, comme cela arrive, par exemple, avec la vapeur d’eau en contact avec la matière des vases employés. On peut se représenter que chaque gaz subit une condensation sur la face par laquelle il entre dans la paroi poreuse ; sur l’autre face, il sort en se dilatant. La face d'entrée se réchauffe et la face de sortie se refroidit. Un thermomètre placé près de la paroi poreuse indi- quera naturellement les variations de température de la face qui l’avoisine. Îl sera réchauffé ou refroidi par l'effet du rayonnement d’une part, et, d’une autre part, par le contact du gaz qui vient de sortir de la paroi poreuse et qui se mélange avec celui dans lequel le thermomètre est plongé. Dans mes expériences, l'influence du rayonnement des parois pouvait être importante, puisque cette paroi formait une enceinte enveloppant l'instrument, et il est QUI ACCOMPAGNE LA DIFFUSION DES GAZ, ETC. 124 probable que le gaz seul, à cause de sa faible masse, n’aurait provoqué qu'une variation de température moins grande. Il est d’ailleurs bien certain que la variation de tempé- rature accusée par le thermomètre doit être notablement plus faible que celle que subit réellement le gaz qui dif- fuse. Cette variation de l'instrument dépend, on le sait, de la masse et des chaleurs spécifiques des corps qui sont en présence. La diffusion entre l’air et l’acide carbonique est beau- coup plus lente que celle qui se produit entre ce premier gaz et l'hydrogène ou le gaz d'éclairage. Comme l’air y joue le rôle de gaz le moins dense, j’ai fait de nombreux essais pour observer les variations de température qui se produisent alors. Les résultats ont toujours été conformes à la règle qu'il y a réchauffement du côté où entre le courant le plus abondant et refroidissement du côté op- posé. Ces résultats sont tels cependant que, à eux seuls, ils ne peuvent pas être donnés comme une preuve de la règle en question. Je suis obligé de renvoyer au mémoire pour le détail des expériences faites avec l’acide carbonique, je me bor- nerai à dire que, d’après les résultats, on peut soupçon- ner l'intervention d’une cause générale qui vient s’ajouter, avec une importance prépondérante, à l'effet produit par une diffusion toujours peu active. Cette cause pourrait être un réchauffement de la matière poreuse quand elle est soumise à un courant d'acide carbonique, que ce cou- rant soit intérieur ou extérieur au vase poreux, réchauf- fement qui n’a pas lieu ou qui est plus faible quand c’est l'air qui circule. ARCHIVES, t. XLIX. — Février 1874. 9 1929 VARIATION DE TEMPÉRATURE L'ensemble des faits observés lorsqu'il y a diffusion sans changement de pression conduit aux conclusions suivantes : V. Lorsque l'air d'une part, l'hydrogène ou le gaz d’é- clairage d’une antre part, sont en contact avec les deux faces de la paroi poreuse, la diffusion qui se produit provoque une variation de température, mais une va- riation de signe différent de part et d'autre de la paroi diffusante. VI. Il y à abaissement de température du côté où se trouve le gaz le plus dense, par conséquent du côté où arrive le courant le plus abondant, Il y a, au contraire, élévation de température du côté opposé. VII. Ces variations de température ont été constatées lorsque les gaz prenant part à la diffusion sont desséchés aussi bien que quand ces gaz sont chargés de vapeur d’eau. — Lorsque les gaz sont employés sans dessication et sans humidification préalables, la diffusion donne net- tement lieu aussi à la variation de température indiquée ci-dessus. Seulement alors, il est probable que cette variation est influencée par la présence de la vapeur d’eau. VII. La grandeur de la variation de température qui accompagne la diffusion a été différente dans divers cas et suivant la disposition particulière des expériences. Elle a toujours paru plus grande lorsque la diffusion est plus abondante et plus active. IX. On se rend convenablement compte des faits con- statés en supposant que, dans la diffusion, chaque cou- rant gazeux produit un réchauffement du côté où 1l entre dans la paroi poreuse et un refroidissement du côté où il sort. Ces courants, ayant une importance inégale QUI ACCOMPAGNE LA DIFFUSION DES GAZ, ETC. 1923 dépendant de leur densité (loi de Graham), on comprend qu'il y ait, en définitive, réchauffement sur l’une des faces de la cloison diffusante et refroidissement sur l’autre. Diffusion avec changement de pression. Des expériences préliminaires ont eu pour but de sa- voir dans quelle mesure les changements de pression seuls influent sur les indications du thermomètre H. Il se produit une légère déformation de la cuvette du thermo- mètre, puis une variation de la température du gaz qui entoure l'instrument. Ces expériences ont montré que la déformation de la cuvette correspond à peu près à +0°,02 pour des variations de pression de 100"" de mercure et une correction convenable à été, par suite, apportée aux indications de l'instrument. Quant au réchauffement ou au refroidissement dû à la compression ou à l'expansion du gaz renfermé dans le vase P, ils ont été trouvés de 0°,08 à 0°,11 pour des changements de pression de 50 à 80m, Cette variation accusée par le thermomètre est beaucoup plus faible que celle que doit subir réellement le gaz comprimé ou dilaté. — Supposons l'air à 15° et à 720%% de force élastique. En appliquant une formule connue de la théorie mécanique de la chaleur, on trouve qu'une augmentation de pression de 60% provoquerait une variation de température de —-6°,8 s’il n’y avait au- cune soustraction de chaleur durant le changement de pression. Ce chiffre est très-supérieur à ce qui a été réel- lement observé à cause de la chaleur absorbée par les parois du vase et par la substance du thermomètre dont les masses sont considérables comparés à celle du gaz comprimé. Dans les phénomènes de diffusion il doit évidemment 194 VARIATION DE TEMPÉRATURE y avoir aussi une grande différence entre les changements de température accusés par le thermomètre et ceux que subissent réellement les gaz qui diffusent. Les expériences où la diffusion s'accompagne d’un changement de pression ont été exécutées avec le vase P, installé comme il a été dit précédemment et mis en com- munication avec un manomètre à air libre. Lorsque P communiquait avec le manomètre, par le tube b, pendant toute la durée d’une expérience, le tube @ était maintenu fermé et l’on faisait arriver le gaz uniquement le long de la paroi extérieure du vase poreux. Voici alors comment les phénomèënes se succédaient : Un courant d'hydrogène, par exemple, arrive dans l’es- pace entre P et V; il y a endosmose et la pression dans le vase P augmente rapidement et, en moins d’une minute généralement, atteint son maximum. Comme l’air contenu dans le vase poreux sort aussi en partie, l'atmosphère in- térieure s'enrichit de plus en plus d'hydrogène et la dif- fusion diminue. L'équilibre intérieur etextérieur des pres- sions tend à se rétablir à cause de la porosité des parois et le manomètre baisse, se rapprochant lentement du 0. Si l’on interrompt le courant d'hydrogène, les parties de ce gaz contenues entre P et V se dégagent bientôt à cause de leur légèreté et cet espace se remplit naturellement d’air, Il se produit alors une exosmose de l'hydrogène qui était entré dans P lors de la première phase de l’expé- rience; la pression devient inférieure à la pression exté- rieure, le manomètre descend au-dessous de 0 et atteint un minimum qui correspond au moment où l'hydrogène qui sort est égal à l’air qui rentre. L’atmosphère intérieure du vase poreux, devenant de moins en moins différente de l'atmosphère extérieure, la RETRO) a QUI ACCOMPAGNE LA DIFFUSION DES GAZ, ETC. 125 diffusion diminue et le manomètre remonte jusqu'à ce que les pressions intérieure et extérieure soient équilibrées. — Si, à un moment donné, on remplace le courant d’hy- drogène extérieur par un courant d'air, on rend plus ac- tive l'exosmose de l'hydrogène entré dans le vase P et on provoque une baisse plus rapide du manomètre. Il va de soi que les diverses phases qui viennent d’être indiquées se succèdent plus ou moins rapidement suivant l'abondance du courant d'hydrogène qui vient s’écouler autour du vase poreux, suivant que cet hydrogène peut plus ou moins promptement s’éliminer de l’espace entre P et V lorsque le courant est interrompu et enfin suivant la présence ou l'absence d’un courant extérieur d’air après que le flux d'hydrogène a cessé. Je citerai, comme premier exemple, l'expérience n° 34 du mémoire : Expérience 34%,— On trouvera la suite des résultats obtenus dans le tableau ci-après, qui doit être accompa- gné des explications suivantes : À 4%, le courant d’hy- drogène fut amené dans l’espace extérieur au vase po- reux; la pression augmenta rapidement jusqu’à un ma- ximum de 88"", À ce moment, A H— +0°,02. Le courant d'hydrogène fut alors interrompu et remplacé par un faible courant d'air; la pression diminua et il se produisit une variation A H—-(0°,14 pendant que le manomèêtre revenait à 0", La pression continua à dimi- nuer; elle atteignit rapidement un minimum de 70"" et la variation A H fut —0°,01. La pression redevint lente- ment normale avec une variation AH=— +-0°,19. Après quelques moments d'arrêt, on répéta, à 6" 305 ces di- verses Opérations ; mais le courant d’air fut lancé seule- 126 VARIATION DE TEMPÉRATURE ment à 8" 30%. Les changements de pression et de tem- pérature se succédèrent d’une manière analogue. — A 122% 30°, nouvelle série encore semblable. — Enfin, à 17% eut lieu une quatrième série qui fournit des résultats pareils à ceux des séries précédentes. TEMPS PRESSION H H' 0" 0" 14:60 11,62 1 0 11,60 11,62 1-35" 88 11,62 11,62 2-20 0 11,48 — 2-50 —-70 11,47 —_ 3-30 —20 11,65 11,68 5 0 11,66 _ 6 0 11,67 — 6-30 0 11,66 11,68 1 —+-86 11,69 — 7-30 —-50 11,65 —— 8-30 0 11,55 11,90 8-50 —70 11,55 — 9 —81 41,55 — 10-20 — 5 11,74 11,91 11 0 11,75 — 12-30 0 11,73 11,92 13 85 11,74 — 13-50 10 14 44,60 —— 14-20 0 11,58 11,9% 14-45 —72 11,61 — 15-40 — 11,79 — 16-30 0 11,80 14,96 17-00 0 11,80 11,96 17-45 55 11,80 — 18-30 0 11,68 — 19-00 —L4 11,67 11,98 22-00 0 11,77 11,98 Les variations de température observées pendant l’en- € QUI ACCOMPAGNE LA DIFFUSION DES GAZ, ETC. 127 dosmose et l'accroissement de la pression ont été -0°,02; 00,03 : H0°,01 ; 0°,00 ; lors du retour de la pression à l’équilibre : —0°,1%; —0°,14; —0°,16 et —0°,12; lors de l’exosmose avec diminution de pression : —02,01; 02,00; <+-0°,03 ; —0°,01 ; lors du retour à l'équilibre, après l’exosmose : -0°,19 ; 00,20; +-0°,19 ; +0°,10. Diverses expériences, présentant des phases semblables à la précédente, ont toujours fourni des résultats ana- logues. Les variations de température du vase poreux pendant l’endosmose ou lexosmose apparaissent ici tout autres que ce qui a été observé lorsque le phénomène se produit sans changement de pression. Cependant, en examinant de près comment les variations de température se suc- cèdent dans les diverses phases de l'expérience, on arrive à s’en rendre compte d’une manière qui me paraîl satis- faisante en admettant que le changement de température dû à la diffusion est conforme aux règles trouvées pré- cédemment, mais que ce changement est en conflit avec celui qui résulte de la compression ou de l’expansion du gaz renfermé dans le vase poreux. Voici probablement ce qui se passe : Au moment où l'hydrogène, par exemple, entre par diffusion, ce gaz et la face intérieure du vase poreux se refroidissent conformément à la loi connue; mais, en même temps, la pression augmente dans l'appareil et, pour ce motif, l’ensemble du gaz qui y est contenu se réchauffe. Les couches enveloppant le thermomètre sont comprimées et leur réchauffement tend à élever la température de l’in- strument; d’une autre part, l'hydrogène arrivant par en- dosmose et le rayonnement des parois internes du vase 128 VARIATION DE TEMPÉRATURE tendent à s’abaisser. Le résultat final est, dans la plupart des cas au moins, un faible réchauffement. Mais, dès que la pression cesse d'augmenter, qu’elle diminue au contraire, le refroidissement dû à l’expansion vient ajouter son in- fluence au refroidissement qui provient des parois du vase et des couches d'hydrogène qui n'avaient pas encore circulé jusque vers la cuvette du thermomètre. C’est alors que se produit un abaissement prononcé de la température. On peut se représenter, en résumé, que le réchauffement dû à la Compression est compensé par le refroidissement dû à l'expansion qui succède immédiatement; il reste comme résultat final, quand la pression est redevenue &e qu’elle était à l’origine, le refroidissement dû à l’endosmose de l'hydrogène. Lorsque le vase poreux est rempli d'hydrogène et qu’on fait arriver un courant d’air à l'extérieur, il se produit des phénomènes inverses, mais analogues. Lors de lexosmose, il y a réchauffement sur la face interne de P ; mais en même temps l'expansion du gaz tend à abaisser la température; le résultat accusé par Le thermomètre H est tantôt nul, tantôt une faible variation, le plus souvent en moins. Mais l’atmos- phère du vase poreux s'étant appauvrie en hydrogène et, au contraire, accrue d'air atmosphérique, l’exosmose de- vient de plus en plus faible et ne compense pas le retour de l’air pour rétablir l’équilibre. La pression augmente et, sous cette influence-là, augmentée du rayonnement de la paroi interne du vase poreux, le thermomètre s'élève. Ici encore, On peut se représenter que la variation de tempé- rature due à l'expansion du gaz est compensée par une variation inverse lors du retour de la pression. Il reste alors, comme effet final, le réchauffement dû à l'influence connue de l’exosmose. QUI ACCOMPAGNE LA DIFFUSION DES GAZ, ETC. 129 IL est à remarquer que les variations accusées par le thermomètre, dans les diverses phases d’une expérience, doivent dépendre de la rapidité avec laquelle ces phases se succèdent, parce que la masse de la paroi poreuse tend à prendre de la chaleur ou à en céder au gaz qui remplit le vase P. Si la cause qui fait varier la température de ce gaz agit rapidement, cette influence de la matière poreuse sera moins sensible et le thermomètre variera davantage. IL est probable également que les deux causes opposées qui agissent sur la température, lors d’une endosmose, par exemple, ne font pas sentir leur action simultanément sur le thermomètre. L'arrivée des premières traces de l’hy- drogène provoque un accroissement immédiat de pression dans tout l'intérieur du vase poreux, donc dans les cou- ches qui entourent le thermomètre, On comprend que la température indiquée par l'instrument s'élève parce qu'il n’a pas encore été touché par des courants d'hydrogène plus froids, où parce que la paroi intérieure un peu re- froidie du vase poreux n’exerce son action qu'avec un cer- tain retard relativement à l'influence de la compression de l'air. Des remarques analogues s'appliquent aux phéno- mènes qui se produisent lors de l’exosmose. Je rapporterai encore, comme exemple, les expériences n% 36 et 37 qui confirment les résultats déjà indiqués, ainsi que les considérations qui précèdent. Expérience 36%, — L'appareil étant au repos, la tem- pérature étant constante depuis plusieurs minutes, PRESSION H on observer. 4 7.120, ; fit Omn 110,84 Un courant d’° VPHREIEN est ver dans l’espace exté- rieur au vase poreux, puis conservé sensiblement constant; 4130 VARIATION DE TEMPÉRATURE PRESSION H au bout d'environ 40 secondes, on a 82" 110,87 La pression n’avait pas encore baissé que le thermo- mètre fléchissait déjà et marquait . . . . . .. 11°,86 Puis 00/0Dservasuis. cs nent a0t, AIS 10m 110,76 Ainsi, le maximum de température n’est pas nécessai- rement lié au maximum de pression, et on voit que le re- froidissement à été prononcé surtout dans les premiers moments après le maximum. La pression demeura environ 2 minutes égale à celle de l’air ambiant ; pendant ce temps le thermomètre varia peu ; il monta de 0°,02 à 0°,03. Le courant d'hydrogène fut seulement alors interrompu et remplacé par un abon- dant courant d'air. En quelques secondes, il y eut une rapide exosmose avec raréfaction de l’intérieur de P, et onbbsermali men. mit pe ados. de 0000: ASS fci done, pendant l’exosmose, il n’y eut à peu près pas de variation de température. Pendant le retour de la pression, le réchauffement fut très-prononcé, on ob- Sonate Muipsenoneiidasias se mettre 40 , 14088 puis, lorsque la pression fut équilibrée On. , 14994 On vient de voir que lors de l’endosmose avec aug- mentation de la pression, le thermomètre H commença sûrement à baisser avant que le manomètre eût quitté son point maximum. Un fait analogue a été constaté souvent lorsque l’exosmose, avec raréfaction du gaz, provoquait une légère baisse du thermomètre. La température com- mençait à s'élever avant que la colonne mercurielle du manomètre accusàt un accroissement de la pression. Ces faits se comprennent très-bien si l’on admet que le ré- chauffement dû à la compression, par exemple, est par- QUI ACCOMPAGNE LA DIFFUSION DES GAZ, ETC. 131 tiellement compensé par le refroidissement dü à l’endos- mose ; que cette seconde cause de variation de tempéra- ture agit sur le thermomètre un peu en retard sur Ja première ; mais que, dès qu'il n’y à plus accroissement ou accroissement un peu rapide de la pression, l'effet produit par l’endosmose devient prépondérant. Expérience 37%. — Les deux thermomètres H et H° indiquaient 10,88. Un courant d'hydrogène fut dirigé à travers le vase poreux, qui ne communiquait pas encore avec le manomètre, et un courant d’air dans l’espace exté- rieur à P. Il se produisit une exosmose sans différence de pression ; après une demi-minute, on observa : H—11°,00; après une minute, H—11°,08. Les gaz continuant à cir- culer, la température s’éleva encore, quoique plus lente- ment, et, après trois minutes, on observe H—14°,21. Il y a donc eu là le réchauffement connu et prononcé accom- pagnant l'exosmose sans variation de pression. Pendant ces trois minutes, H’ baissa de 0°,02, ce qui est bien conforme aux lois déjà indiquées. A 3", le courant d'hy- drogène fut arrêté et le vase poreux relié immédiatement au manomètre. Îl devait donc se produire une exosmose avec diminution de pression. En 50 secondes la pression baissa de 80%; H indiqua 114°,18, variant ainsi de —0°,03. L’exosmose ayant cessé, le manomètre remonta ; après deux nouvelles minutes, la pression était équilibrée et H était arrivé à 119,25, montant ainsi de 0°,07. Cette dernière hausse est faible; mais H était déjà sûrement supérieur à la température générale de l'appareil et, par conséquent, son réchauffement devait être affaibli. On peut résumer comme suit ces derniers faits relatifs à la diffusion avec changement de pression. 4139 VARIATION DE TEMPÉRATURE X. Lorsque l’endosmose d'un gaz plus léger s’accom- pagne d'un accroissement de pression dans le vase po- reux, la température ne varie que très-peu et plus géné- ralement augmente pendant l’endosmose. XI. Pendant que le manomètre baisse après avoir at- teint son maximum et que les pressions tendent à s’équi- librer, la température diminue plus ou moins rapidement et d’une quantité relativement considérable. XI. Lorsque l’exosmose d’un gaz plus léger donne lieu à une diminution de pression dans le vase poreux, la tem- pérature ne varie que très-peu et plus généralement elle diminue pendant l'exosmose. XII. Pendant que le manomètre remonte après avoir atteint son maximum, et que les pressions tendent à s’é- quilibrer, la température augmente plus ou moins rapide- ment et d’une quantité relativement considérable. XIV. Cette marche de la température, lorsque la diffu- sion S’accompagne d'un changement de pression, s’expli- que convenablement en admettant que la variation thermi- que due à la diffusion est conforme aux lois précédemment indiquées, et qu'elle s'ajoute, mais avec un certain retard, à la variation provoquée par la compression ou la raré- faction du gaz qui entoure le thermomètre. Appendice. Lors de la réunion de la Société helvétique des Sciences naturelles à Fribourg, en août 1872, j'ai fait connaître, dans une courte communication verbale, quelques-uns des faits indiqués dans le présent mémoire. Les Archives des Sciences physiques et naturelles de Genève (numéro de septembre 1872) les ont signalés dans leur compte rendu de cette réunion. MÉT n Aud he RAT MN QUI ACCOMPAGNE LA DIFFUSION DES GAZ, ETC. 133 Quelques temps après, M. W. Feddersen, de Leipzig, à publié (Pogg. Annalen, CXLVIIT, p. 302, année 1873), une note dans laquelle il annonce que la connaissance de mes résultats l’à engagé à reprendre des expériences déjà commencées par lui sur la question de savoir si l'inégalité de température des deux faces d’une cloison poreuse ne peut pas devenir une cause de diffusion dans un seul et même gaz. L'auteur cite des essais où il employa comme corps poreux de l'éponge de platine, du gypse, du char- bon, etc., et dans lesquels un courant allant de la face froide à la face chaude du corps poreux s’est nettement produit. Il propose le mot de thermo-diffusion pour dési- yner cet important phénomène. M. Feddersen termine sa note par la remarque suivante : « Dans les expériences de M. Dufour, on observe une dif- férence de température due à la diffusion; dans les miennes, une diffusion due à une différence de tempéra- ture et se produisant dans un sens tel que cette différence tend, en appliquant les lois indiquées par M. Dufour, à devenir plus faible. Il y a donc, dans ces phénomènes, une sorte de réciprocité tout à fait semblable à cette réci- procité déjà connue entre la chaleur et l'électricité qui se manifeste dans les courants thermo-électriques (analogue : thermo-diffusion) et dans le réchauffement des soudures de Peltier (analogues : expériences de M. Dufour). » NOTE SUR UNE PRÉTENDUE CONNEXION ENTRE LES ÉCLIPSES SOLAIRES BT LE MAGNÉTISME TERRESTRE Par le P. François DENZA Directeur de l'Observatoire royal de Moncalieri. ee C’est une question fort controversée de savoir si les éclipses de Soleil ont oui ou non de l'influence sur le ma- gnétisme terrestre, ou plutôt sur les variations de l'aiguille aimantée ; les différents savants qui s’en sont occupés ont émis sur ce point les opinions les plus diverses, parfois même les plus opposées. Lors de l’éclipse totale de Soleil du 22 décembre 1870, des observations sur la déclinaison magnétique furent faites soit à Terranova en Sicile, dans la zone même de la totalité et près de la ligne centrale, soit dans d’autres stations répandues d’une extrémité à l’autre de la pé- ninsule italienne, et à différentes distances de cette ligne. Ces observations parurent être favorables à l'opinion qui admet une relation entre ces deux ordres de faits. En effet, on observa alors dans les différentes stations italiennes situées dans la zone de totalité et au dehors de cette zone, un déplacement particulier de l’aiguille magné- tique qui parut s’accorder avec les phases de l’éclipse, soit pour le temps, soit pour l'intensité; car depuis midi et demi jusqu’à deux heures du soir environ, l'aiguille, au lieu de continuer sa route ordinaire vers l'occident, comme CONNEXION ENTRE LES ÉCLIPSES SOLAIRES, ETC. 139 pendant les autres jours, rétrograda vers lorient, et cela plus ou moins, selon les localités. Plusieurs auteurs ont eru voir dans ces faits une preuve suffisante de l'influence des éclipses de Soleil sur l'aiguille magnétique, et se sont empressés de conclure que, non-seulement on avait ob- tenu un nouveau et important résultat scientifique, mais qu'on avait encore fait un pas marqué dans l'étude du magnétisme terrestre. D'autres, au contraire, n’ont point adopté cette manière de voir, et ont émis des doutes sur la véritable cause de ce mouvement de l'aiguille. Moi-même qui ai eu lhon- neur de faire partie de la commission italienne nommée pour l’étude de cette éclipse, je fus dès lors favorable à l'opinion qui attribuait cette anomalie de la déclinaison magnétique non à l’éclipse, mais aux tempêtes qui se fai- saient sentir avec violence dans les régions italiennes au jour et à l'heure même de l’éclipse. Ces conclusions opposées furent le point de départ d’une série d’études très-intéressantes faites sur cet im- portant sujet par des savants d’un grand mérite. M. Schia- parelli, directeur de l’observatoire de Milan, M. Michez, directeur de l'observatoire de Bologne, trop vite enlevé à la science, enfin M. Fearnley, professeur à l'Université de Christiania, ont abouti, après de soigneuses recherches, à des résultats différents de ceux dont on s'était trop häté de conclure. M. Schiaparelli, d’après l'examen des obser- vations magnétiques faites à l'observatoire de Greenwich, sur cinq éclipses totales différentes, comprises entre 1842 et 1860, ne put trouver aucune connexion entre les éclipses solaires et le mouvement de l'aiguille magnéti- que. M. Michez, après une pénible et savante discussion des observations magnétiques faites au même observatoire 136 CONNEXION ENTRE LES ÉCLIPSES SOLAIRES de Greenwich pour quarante-trois éclipses de Soleil, obser- vées de 148492 à 1867, se montra disposé à admettre qu'il püt exister quelque rapport, très-incertain toutefois, entre ces deux ordres de faits. Il reconnut en effet une altéra- tion faible, il est vrai, et variable dans le mouvement de l'aiguille de déclinaison aux époques de ces éclipses. M. Fearnley se déclara aussi en faveur de cette relation, mais en partant d'un fait de nature tout à fait opposée à celui qu’on avait constaté lors de l’éclipse de l’an 1870. En effet, ayant examiné le mouvement de l'aiguille ma- snétique, observé à Christiania, de dix en dix minutes, le 7 juillet 1842, où il y eut une éclipse totale de Soleil en Italie, observa qu’en ce jour-là le mouvement de Vai- vuille présenta une régularité tout à fait exceptionelle dont on peut, avec beaucoup de vraisemblance, voir la cause dans l’éclipse solaire. Dans l'intervalle compris entre le premier et le dernier contact de la terre avec lombre lunaire, il y a eu une période de repos extra- ordinaire. Ainsi le physicien norwégien, pour rendre raison de deux phases si opposées dans les mouve- ments magnétiques, observés en deux éclipses diffé- rentes et totales du Soleil, prétend que le renversement du mouvement de l'aiguille, remarqué dans la zone de la totalité, ou tout près d’elle, pendant l’éclipse du 22 décembre 1870, dérive d’une action locale de l'ombre lunaire, et, par conséquent, se manifeste seulement près de la ligne centrale ; tandis que la cessation des anomalies ordinaires, accompagnée d'un repos singuber, observée loin de la zone de totalité, dans l’éclipse du 7 juillet 1842, serait produite par l’action de l'ombre lunaire sur l'état magnétique de toute la terre, et, par conséquent, on doit l’observer en particulier à grande distance de la ligne M ET LE MAGNÉTISME TERRESTRE. 437 centrale où le premier effet n’est plus sensible, Ces ré- sultats, si différents et si incertains, montraient impérieu- sement la nécessiié de reprendre cette question lors des prochaines éclipses et de la soumettre à des recherches ultérieures d’une extrême exactitude, pour étudier d’une manière plus rationnelle et plus sûre, nn sujet qui pour- raif, Sans aucun doute, être fécond en résultats impor- tants. Et ces recherches ne manquèrent pas. Parmi les éciipses de Soleil qui ont eu lieu depuis celle de 1870, c’est-à-dire de 4871-1873, la plus importante, soit pour la durée, soit pour les circonstances favorables dans lesquelles on pouvait lobserver, a été certainement l’éclipse du 4 décembre 1874, qui devait être totale dans l'Inde, à Ceylan et dans l'Australie, et, par consé- quent, en partie boréale et en partie australe. Elle fut étu- diée avec d'excellents résultats par divers astronomes. Il était très-important de vérifier dans cette occasion solennelle : 4° Si dans la zone de totalité l'aiguille de déclinaison montrerait les mêmes déplacements qu’en 4870. _2° Quelles seraient les phases des mouvements ma- gnétiques au dehors de cette zone. Une série d'observations exactes de la déclinaison ma- gnétique fut exécutée dans la zone de totalité et tout près d'elle, savoir dans l’île de Java, à Batavia, à Buitenzorg, par les soins de M. Bergsma, directeur de l'observatoire de Batavia. Les résultats de ces observations furent insé- rés dans le tome LXXIV, p. 1466, des Comptes ve de l'Académie des Sciences de Paris. M. Bergsma en déduisit que Péclipse de Soleil du 42 décembre 1874 n’a pas exercé la moindre influence sur ARCHIVES, t. XLIX. — Février 1874. 10 438 CONNEXION ENTRE LES ÉCLIPSES SOLAIRES l’aiguille aimantée, ni dans la zone de la totalité ni au- près d'elle, ILétait aussi important de voir si celte éclipse montre- rait quelque influence sur l'aiguille magnétique dans les régions éloignées de la zone de totalité. C’est à quoi ré- pondent les observations magnétiques que l’on fit en Italie dans cette occasion, c’est-à-dire à Rome, Florence, Moncalieri, Milan, stations très-adaptées pour cette re- cherche. J'ai fait tout récemment une discussion exaête et dé- taillée des observations de la déclinaison magnétique faites dans l'observatoire de Moncalieri, depuis le 10 dé- cembre à minuit jusqu'au 12 du même mois à minuit, de quinze en quinze minutes pendant tout ce temps, et de cinq en cinq minutes pendant la durée de l'éclipse, c’est-à-dire le 12 de deux heures à sept heures et de- mie du matin. Et, afin d'obtenir des résultats plus sûrs, j'ai institué une comparaison exacte entre ces observa- tions et celles qui furent faites dans cet observatoire pen- dant quarante-huit autres jours différents (espacés de quinze en quinze) pendant les années 1871-1872, chaque fois pendant vingt-quatre heures de suite, et toujours de quinze en quinze minutes. Or, de toutes ces discussions, résultent les faits sui- vanis : 4° Le 11 décembre 1871, la déclinaison magnétique n’a pas subi de changements sensibles dans ses phases diurnes, soit pendant la phase de la totalité de l’éclipse, soit après elle, dans la station de Moncalieri, placée à 850,21’ de longitude ouest et à 76,31" au nord de la région où commença l'éclipse centrale. 20 Il y eut une légère inversion vers lorient dans le ET LE MAGNÉTISME TERRESTRE. 139 mouvement de l'aiguille de déclinaison le jour de l’éclipse ; mais ce n'est pas la seule, ni la plus forte, observée aux mêmes beures, pendant les quarante-huit jours d’ob- servations que nous avons entrepris d'examiner. Ainsi on ne peut l'attribuer, avec certitude, à l'influence de l'éclipse. 3° L'aiguille de déclinaison, soit à Moncalieri, soit aux autres stations italiennes, persista dans une tranquillité extraordinaire le jour du 11 décembre 1871, surtout pendant le temps que dura le phénomène, et quelques heures avant et après. Cependant l'examen des autres jours de comparaison, démontre que les périodes, même longues et tout aussi singulières de repos magnétique, ne sont point très-rares. On trouve des jours rapprochés de celui de léclipse, le 21 décembre 1871, par exemple, et le 7 janvier 1872, où le repos de l'aiguille fut plus grand et plus prolongé que le jour de l’éclipse. Ainsi on a toutes sortes de rai- sons d'admettre que les mêmes causes qui ont laissé le déclinomètre dans un repos prolongé, pendant les trois jours mentionnés, ont aussi agi sur ce dernier le jour de l'éclipse, sans être obligé de recourir à l'influence de om- bre lunaire, comme M. Fearnley. J'ai fait remarquer que, pendant plusieurs jours, sur les quarante-huit jours d'observations, on eut un écart de même nature que celui qu'on observa le jour de l'éclipse de 1870. En effet, l'examen attentif des observations de ces jours, montre clairement ce qui suit : 1° Les écarts de l'aiguille, remarqués pendant ces jours, sont tous vers l’est, comme celui du 22 décembre 1870 ;: et tous, excepté celui du 10 décembre 48714, sont plus grands que celui-ci. 2e : 440 CONNEXION ENTRE LES ÉCLIPSES SOLAIRES 2° A l'exception de trois de ces écarts (28 avril et 10 décembre 1874, 3 février 1872) qui‘eurent lieu pendant la nuit, tous les autres arrivèrent pendant les heures de l’après-midi; trois (le 17 février, le 3 décembre 1872 et le D février 1873) à peu près à la même heure que le 22 décembre 4870, c’est-à-dire près de l'heure du maxi- mum diurne de déclinaison, et, par conséquent, ont altéré le mouvement diurne du déclinomètre vers l'occident. Les autres (2 et 20 mars 1872, 10 et 25 janvier 1873) ont été observés un peu plus tard. 3° Tous les mouvements irréguliers de laiguille ont eu lieu pendant les mois d'hiver, on de printemps, au plus tard, c'est-à-dire à peu de distance du mois de dé- cembre, et quelques-uns dans ce mois même. 4° La plupart de ces écarts arrivèrent les jours de bourrasques où d’aurores boréales, comme le 22 décem- bre 4870. C’est pourquoi l'on peut avec raison établir que la coïncidence, quoique pas de toute rigueur, obser- vée en ce jour solennel, entre le déplacement de l'aiguille et les phases de l’éclipse, doit être regardée comme tout à fait fortuite; et que, par conséquent, la perturbation de la déclinaison magnétique doit être attribuée à des causes électro-atmosphériques, indépendantes du fait cosmique de l’occultation du disque solaire. Cependant, il ne serait pas improbable que l’avance- ment de l'ombre lunaire puisse avoir, dans ce cas, quel- que influencé indirecte sur le déplacement auquel Pai- guille se montrait déjà disposée pour d’autres causes. En effet, il résulte évidemment de l'examen des observations météorologiques faites dans la zone de la totalité le 22 dé- cembre 1870, avant, pendant et après l’éclipse que, pen- dant le phénomène, et surtout dans la plus grande phase, D. ET LE MAGNÉTISME TERRESTRE. 441 le courant d'air froid qui en ce jour était très-fort, devint plus rigoureux et plus impétueux et l'humidité s’accrût en de grandes proportions. Or, il est probable que ces changements dans l’état thermique et hygrométrique de l'air, peuvent avoir influé partiellement sur les mouve- ments de l'aiguille et les avoir rendus plus forts qu'à l’or- dipaire. Dans l’éclipse partielle de Soleil, du 26 mai dernier, nous ne manquâmes pas de suivre presque continuelle- ment les mouvements de l'aiguille de déclinaison. On fit en effet des observations simultanées de la déclinaison magnétique, aux trois stations italiennes d'Aoste, Mon- calieri et Florence, pendant neuf jours consécutifs, c’est- à-dire quatre jours avant et quatre jours après le 26 mai, qui fut celui de l’éclipse, depuis le 22 jusqu’au 30 mai 1873. Les observations furent faites à chaque station et cha- cun de ces jours-là, de quinze en quinze minutes, depuis quatre heures du matin jusqu'à deux heures quinze mi- putes du soir. Ces heures comprenaient, outre le temps de l'éclipse, quatre heures avant et quatre heures après l'in- stant de la plus grande obscurité. Le jour de l’éclipse on fit les observations pendant vingt-quatre heures consécu- tives, c’est-à-dire du 25 mai à minuit au 26 à minuit, et toujours de quinze en quinze minutes au moins ; pendant la durée de l’éclipse, et tout près d’elle-même, on exécuta les observations de cinq en cinq minutes. Or, d’après la discussion détaillée que j’ai faite de cette nombreuse série d'observations des trois stations italien- nes, ce qu'on avait déjà déduit des observations sur les éclipses précédentes, est entièrement prouvé. En effet, dans les trois stations, le mouvement du déclinomètre le 142 CONNEXION ENTRE LES ÉCLIPSES SOLAIRES, ETC. jour de l’éclipse ne fut pas différent de celui des autres jours d'observation, et les variations de la déclinaison magnétique eurent lieu comme dans les jours qui précé- dèrent et suivirent le 26; et, en général, comme en tout autre jour normal. Ainsi, on put, cette fois aussi établir avec fondement que léclipse partielle de Soleil du 26 mai 1873 n'exerca aucune influence sensible sur lai- œuille de déclinaison, soit pour ce qui regarde son mouve- ment diurne régulier, soit pour ce qui se rapporte aux va- leurs absolues de ses déplacements. IL suit de là que les hypothèses et les théories admises par d’autres sur l'influence combinée du Soleil et de la Lune, soit dans les éclipses, soit dans les conjonctions ordinaires de ces deux astres sur le magnétisme terrestre, perdent toute valeur et la connexion entre ces deux or- dres de faits cosmiques, n’est aucunement démontrée par les observations faites jusqu'ici. Observatoire de Moncalieri, 12° janvier 1874. J RE L Na NÉ \ « Dee BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. H. STREINTZ. MODIFICATION APPORTÉE PAR LE PASSAGE DU COU- RANT A LA LONGUEUR D'UN FIL CONDUCTEUR. (Sätzungsber. d. Wiener Akad. der Wissensch., vol. LX VII avril 1873; Pogg. Annalen, 1873, tome CL, p. 568.) Divers physiciens se sont occupés des modifications que le passage d’un courant électrique peut apporter à l’état molé- culaire d’un fil conducteur qu’il parcourt; Wertheim avait cru reconnaitre que la transmission du courant modifie l’é- lasticité du fil conducteur, M. Edlund !, au contraire, démontra dans une série d’expériences très-précises que l’élasticité du til n’est pas modifiée, mais bien son allongement, lequel, sous l’action du courant, se trouve être plus considérable qu’il ne devrait l’être par le seul fait de l’élévation de température résultant du passage de l'électricité. C’est à cet excès de di- latation que devrait dès lors être attribué le résultat obtenu par Wertheim, non à un changement du coefficient d’élas- ticité. M. Edlund faisait deux évaluations de la température du fil, l’une calculée en partant de la relation préalablement établie entre la résistance galvanique de ce conducteur et sa température, l’autre déduite de l'allongement du fil mesuré directement et de son coefficient de dilatation également connu, or cetle seconde manière d’évaluer la température lui donna constamment des chiffres plus élevés que la pre- mière ; il en conclut que le courant produit un allongement spécial du fil conducteur qui s'ajoute à la dilatation résultant de l’élévation de température. C’était là une méthode dé- tournée ; une des deux quantités à comparer entre elles, .sa- 1 Voyez Archives, 1866, tome XXVIF, p. 269. ‘ 4144 BULLETIN SCIENTIFIQUE. voir l'allongement à égale température sans courant n'étant pas mesurée directement. M. Streintz a repris cet important sujet en vue de trancher définitivement, par l’emploi d’une méthode plus directe que celle de M. Edlund. la question pendante entre lui et Wer- theim, et de faire une mesure exacte de l'allongement galva- nique pour différents métaux. Pour apprécier exactement la température qui doit être la même avec ou sans le passage du courant, l’auteur enveloppe le conducteur, de distance en distance, d’une mince couche de stéarine et fait croître graduellement l'intensité du cou- rant jusqu’à ce que les anneaux de stéarine commencent à fondre sur les bords. Pour amener le fil sans courant à la même température, il le plonge dans une couche de stéarine entrant en fusion. La stéarine employée présentait un point = de fusion fixe de 552,5 C.: l’auteur démontre que l'erreur possible dans l'évaluation de la température du fil ne dépas- sait pas 0°,5 C. Le courant était fourni par une pile de 6 à 12 éléments de Smee; un rhéostal servait à en régler l’inten- sité ; celle-ci était mesurée à l’aide d’une boussole des tan- gentes. Une première série d'expériences a été consacrée à la com- paraison du coefficient d’élasticité de torsion d’un certain nombre de fils métalliques à la même température avec el sans courant. Nous n’insisterons pas sur cette série qui a été faite avec une balance de Coulomb: elle a établi que le pas- sage du courant ne modifie point, comme l'avait admis Wer- theim, l’élasticité d’un fil conducteur. Pour mesurer les allongements des fils métalliques soumis à l'expérience, M. Streintz les maintenait entre deux pointes d'acier, portées aux deux extrémités de deux petits leviers pressant légèrement les deux bouts du fil et dont on mesu- rait exactement le déplacement à l’aide de deux petits miroirs placés dans le prolongement de leur axe de rotation. On vise avec une lunette les divisions d’une règle graduée qui sont PLCONNT TOR PHYSIQUE 445 réfléchies par les deux miroirs, et de cette lecture on déduit exactement le déplacement des deux extrémités du fil, étant connu : 4° les distances des pointes d'acier aux axes de rota- tion des leviers ; 2° les distances des miroirs à la règle gra- duée. Les observations ont porté sur des fils de laiton, de cuivre, de platine, de fer et d'acier, ayant un demi-millimètre environ de diamètre et 530" à 535" de longueur. Tous ces fils, ex- cepté ceux d'acier trempé, dur, ont montré un excès de di- latation marqué, sous Paction du courant: cet excès a varié suivant les différents fils de 41 °/, à 27 °/, de la dilatation du fil sous lPaction de la chaleur seule lorsqu'il était porté de la température ordinaire, soit 20° environ, à la température fixe de 55°,5. Appelant r le rapport de la dilatation électrique à la dilatation calorifique dans les limites de température indi- quée, l’auteur a obtenu : Métal r Laiontdur 27228) —+-0.145 Cuivre dur. 4.21 . 0,154 Cuivre dur sas us —+-0,192 Cuivre moû:: 4 40% 2e 0.112 Platine, duré: sure +-0,255 MÉP IOLE. ss … —+0,273 Fer MON... 45 +-0,178 Fer durs .…. 0,125 Fer dieu eee 0,141 ACIEr MONS 2-0. +-0,215 ACIBL OH ca ee 2e —0,008 Acier dur 2/60 —-0,029 Acier dur ......... 10,029 Les valeurs si différentes de r obtenues avec les différents fils montrent qu'il n’y a pas de relation entre le phénomène étudié et le coefficient de dilatation calorifique ; il y a cepen- dant ici une analogie à constater : l'allongement électrique, comme celui qui se produit sous l’action de la chaleur, ne se es 146 BULLETIN SCIENTIFIQUE. manifeste pas instantanément, mais graduellement et suivant la même progression que ce dernier ; il ne disparait de même que peu à peu; c’est du reste ce que M. Edlund avait observé. Dans l’acier dur et fortement trempé, qui présente dans ces expériences une si marquante exception, les molécules .sont douées d’une grande stabilité, stabilité qui se manifeste en particulier dans la grande force coercitive de l’acier trem- pé. I semble donc que ce soit cette fixité qui s’oppose à la dilatation électrique, comme elle s’oppose à l’aimantation de l’acier, et l’auteur croit pouvoir conclure de là que la dilata- tion électrique est le résultat d’une orientation des oscilla- tions moléculaires calorifiques sous l’action du courant. En résumé, M. Streintz formule comme suit les principaux résultats de son travail qui, on l’a vu, confirme pleinement les observations de M. Edlund: 1° Le courant galvanique n'apporte d'autre modification à Pélasticité d’un fil conducteur que celle qui résulte de léléva- tion de température produite. 2° Sous l'action du courant le conducteur se dilate plus que lorsqu'il est porté à la méme température sans courant ; l'acier trempé seul ne présente pas cet excès de dilatation. 3° La dilatation galvanique ne se manifeste pas à l’instant méme de la fermeture du courant, mais graduellement comme la dilatation calorifique. 4° La dilatation galvanique ne doit pas être la conséquence dune répulsion électro-dynamique, mais résulte probablement dune polarisation calorifique, soit d’une orientation des vibra- tions calorifiques. E.S. Prof. TYNDALL. SUR LA TRANSPARENCE ET L'OPACITÉ ACOUSTIQUE DE L’ATMOSPHÈRE. Le professeur Tyndall a lu à l’une des dernières séances de la Société Royale, et le vendredi 16 janvier à l’Institu- tion royale, un travail remarquable sur « la Transparence PHYSIQUE. 447 et l’opacité acoustique de Patmosphère. » Il avait été chargé par la corporation de « Trinity House» de déterminer la distance à laquelle Les signaux ordinaires de brume, tels que porte-voix, trompettes marines, sifflets à vapeur et coups de canon, pouvaient être entendus en mer, et de chercher à constater les causes des variations dans cette distance dépen- dant de changements dans les conditions atmosphériques. — Les signaux ayant été convenablement disposés sur le haut des falaises du South Foreland, dans le voisinage de Dou- vres, M. Tyndall, monté sur un vapeur que le gouvernement avait mis à sa disposition, s’éloignait ou se rapprochait de la côte jusqu'à ce que les sons devinssent perceplibles à lo- reille. Il fut frappé dès l’abord des variations singulières et en apparence inexplicables qui n’ont pas tardé à se présen- ter. Jusqu'à présent il était généralement admis qu'un temps clair et serein, surtout si un léger vent soufflait dans la direc- tion de l’observateur, était favorable à la propagation des on- des sonores ; or, les résultats obtenus par M.Tyndall montrent que celte opinion ne repose sur aucune donnée exacte. C’est ainsi que le 25 juin, la direction du vent étant favorable, le son de la trompette marine ainsi que le bruit de l’explosion d’une pièce de dix-huit tirée sur les falaises au-dessus de Douvres, s’entendaient distinctement en mer à une distance de cinq et demi milles anglais, soit en nombres ronds, 8,75 kilomè- tres. Le lendemain 26, ces mêmes sons étaient perceptibles à une distance de la côte de 17 kilomètres, et cela malgré un vent directement contraire. Le 1° juillet, nonobstant une brume épaisse et un vent contraire, les sons étaient percep- tibles à une distance de 20,5 kilomètres, soit plus de deux fois celle à laquelle on avait pu les entendre par un temps clair et un vent favorable. Le lendemain, 2 juillet, il est sur- venu tout à coup dans l'atmosphère une opacité acoustique vraiment extraordinaire ; la distance de la côte à laquelle le bruit du canon était perceptible n’était plus que de 6,75 ki- lomètres, sans cause météorologique apparente. Le 3 juillet, 148 BULLETIN SCIENTIFIQUE. par un temps serein et très-chaud, la mer étant parfaitement calme, il a fallu se rapprocher jusqu'à 3,5 kilomètres de la côte pour que le bruit du canon de dix-huit devint percep- tible, L’observateur distinguait bien chaque bouffée de fu- mée, mais sans entendre le plus petit son. Il paraît donc démontré qu’une atmosphère claire et sereine n’est nulle- ment favorable à la propagation du son, et que l’accord entre la transparence optique et la transparence acoustique, con- statée par le D° Derham, dans les Transactions Philosophiques pour 1708, et généralement admise dès lors, ne repose sur aucun fondement réel. — Nous arrivons maintenant à l'ex- plication que propose M. Tyndall. Le 3 juillet, jour, où, comme nous venons de le voir, le bruit des signaux ne pouvait être entendu au delà de 3,5 ki- lomètres de la côte, le temps était parfaitement calme et ex- ceptionnellement chaud. Les rayons d’un soleil ardent, tom- bant sur la surface de la mer, devaient nécessairement donner lieu à une copieuse évaporalion. Cette vapeur, suivant M. Tyndall, ne se mêle pas à l’air de manière à former un tout homogène, mais donne lieu, au contraire, à des espaces in- également saturés, quelquefois même, peut-être, à des es- paces où l'air est presque entièrement remplacé par de la vapeur élastique d’eau. Or, les surfaces, bien qu’invisibles, qui servent de limites à ces espaces, présentent justement les conditions requises pour la production d’échos partiels par réflexion, lesquels, au lieu de faciliter la propagation des ondes sonores, tendent, au contraire, à les disperser. L’ex- plication proposée s’est trouvée en quelque sorte confirmée le 3 juillet même, jour, où comme nous l’avons vu, par un temps clair et très-chaud, le bruit du canon ne s’enten- dait pas au delà de 3,5 kilomètres. Tout à coup est survenu un nuage suffisamment épais pour voiler complétement le so- leil et qui a dû avoir naturellement pour effet de ralentir l’éva- poration à la surface de la mer, et de permettre à la vapeur déjà formée de se mêler plus intimement avec l’air ambiant. PHYSIQUE. 149 Au bout de quelques minutes, la distance à laquelle le bruit du canon était perceptible s’est accrue graduellement de 5,5 kilomètres à 5,75 kilomètres. Celte distance a élé en aug- mentant le soir à mesure que le soleil se rapprochait de l'horizon jusqu’à atteindre, vers le coucher, le chiffre de 12,5 kilomètres. L'expérience suivarñte, due au génie inventif de M. Tyndall, et qu'il cite à l'appui de sa théorie, fournit un exemple frap- pant de la réflexion que peut subir le son, lors de son pas- sage d’une surface aérienne à une autre de nature différente. — Les ondulations sonores provenant d’une petite sonnette fortement agitée sont transmises à travers un long tube plein d’air atmosphérique pur, et vont tomber sur une flamme gazeuse brülant à l'air libre. Celle-ci se met à l’instantmême à vibrer à l’unisson. Ensuite au moyen d’un mécanisme très- ingénieux et d’une série de cellules placées les unes au-des- sus et les autres au-dessous du tube, l’auteur fait traverser celui-ci par des couches alternantes de deux gaz de densité très-inégale, savoir l’acide carbonique et le gaz de ia houille suivant une direction perpendiculaire à celle de l’onde s0- nore. Dans ce cas, bien que le bruit de la sonnette continue à se faire entendre, la flamme résonnante reste complétement inerte, l’onde sonore se trouvant réfléchie et dispersée par les surfaces limitrophes de ce milieu non homogène. M. Tvndall assimile cette réflexion du son à celle de la lumière réfléchie par l’écume d’eau, les nuages, la neige et autres substances à l’état de poussière fine. Ainsi qu’on pouvait le présumer, l’effet d’une forle averse de pluie a été d’augmenter la distance à laquelle le bruit du canon était perceptible à l'oreille de l'observateur. Dans la matinée du 8 octobre l'explosion de la pièce de dix-huit était à peine perceptible à la distance de 8,75 kilomètres de la côte anglaise. L’après-midi est survenue une forte averse de pluie mélangée de grêle ; aussitôt le son s’est graduelle- ment renforcé, et en s’éloignant toujours plus «le la côte, on 450 BULLETIN SCIENTIFIQUE. a pu l’entendre distinctement à la distance de 12 kilomètres. Dans ce cas la chute d’eau avait arrêté l’évaporation de la mer, et rendu à l'atmosphère son homogénéité. Jusqu'à présent on avait, en général, cru que les brouil- lards et les brumes épaisses étaient moins favorables à la propagation du son qu’un temps clair et serein. De nou- velles observations, faites récemment par M. Tyndall, sur la grande pièce d’eau de Hyde Park, connue sous le nom de « Serpentine River, » les 10, 11 et 12 décembre, jours pen- dant lesquels Londres a été plongé dans un brouillard ex- ceptionneilement épais, ont conduit à un résultat diamétra- lement opposé. En effet, pendant les trois jours qu’a duré le brouillard, les sons étaient perceptibles à une distance beau- coup plus grande que par le temps clair qui l’a précédé, ou qu'ils ne l'ont été le lendemain de sa disparution complète. Le temps était assez froid, et la vapeur, provenant de la sur- face de l’eau, se trouvait sans doute condensée à mesure qu’elle tendait à se mélanger avec l'air. Il résulterait de cette dernière observation que, comme le fait remarquer Tyndall, « la même cause qui diminue la transparence optique de « atmosphère tend à accroître sa transparence acous- « tique. » Au reste, M. Tyndall reconnaît avec une parfaite loyauté que la première idée de l’explicalion qu'il propose lui a été suggérée par des observations de Humboldt sur la chute du Niagara, dont le bruit se faisait entendre trois fois plus loin de nuit que de jour. Humboldt attribuait cette différence à la formation de colonnes d’air raréfié au-dessus de chacun des nombreux rochers dont la plaine est parsemée, et qui, expo- sés le jour aux rayons directs du soleil acquéraient une tem- pérature fort supérieure à celle de l'herbe. Suivant lui, la di- minution dans la distance de propagation du son pendant le jour provenait de la réflexion que devaient subir les ondes sonores à la limite des surfaces aériennes de densité iné- gale. ù DR RSS Cd PNA A Le, Eu ES PAT A PHYSIQUE. 151 H. SERRANO Y FaATIGATI. RECHERCHES THÉORIQUES ET EXPÉRI- MENTALES SUR LA DIFFRACTION DU SON. (Extrait communi- qué par l’auteur.) La diffraction est une conséquence de la modification des ondes dans certaines conditions, et l’on peut présumer que le son doit aussi présenter des phénomènes analogues. Mais dans les questions de faits, c’est à Pexpérience seulement qu’il faut recourir, sans parti pris, pour réussir à trouver la vérité. Jai fait de nombreuses recherches sur ce sujet en em- ployant, pour source de son, des timbres, des diapasons mûs par l'électricité et d’autres instruments, en variant la disposi- tion des appareils de différentes manières: mais je n’ai ob- tenu, sur ces premiers essais, que des courbes très-irré- gulières dans les membranes couvertes de poussières que j'employais. La petite agitation développée dans l'air par le mouvement des observateurs, les vibrations étrangères pro- duites dans le voisinage de l'appareil, apportent de nombreuses causes de perturbations. Finalement j'ai disposé une chambre qu’on pouvait fermer parfaitement; j’v ai placé une petite boîte cubique avec un fort sifflet disposée de la même manière que celle que M. De- sains avait emplovée pour étudier les interférences du son. Seulement dans la paroi supérieure, au lieu de deux orifices il n’y en avait qu’un seul. Cette paroi pouvait être enlevée et remplacée par d’autres dont l’orifice élait d’un diamètre plus 1 Depuis lors M. Reynolds a construit un fusil avec les mêmes tubes qui lui avaient servi pour ses expériences afin de vérifier la pression qu'ils pouvaient soutenir ; le canon en verre avait six pouces anglais de longueur; il fut chargé d’abord de trois quarts d’once de poudre, la balle pénétra d’un demi-pouce dans un bloc de bois; puis d’une once de poudre, la balle pénétra d'un pouce; enfin d’une once et un quart de poudre, mais le tube ne résista pas à cette troisième épreuve, il se brisa sans cependant que les morceaux présentassent l'apparence de pulvérisation connue par la décharge électrique. (Chemical news, vol. XXIX, p.5.) 152 BULLETIN SCIENTIFIQUE. grand ou plus petit. Parallèlement à une des arêtes verticales se trouvait une règle divisée en millimètres, et le long de cette règle montait et descendait un curseur portant un cadre horizontal dans lequel on engageait une peau mince couverte de poussière de licopode. Dès que le siffiet était mis en marche, le licopode sautil- lait, et au bout d'un petit moment il prenait la figure de courbes très-régulières et fort semblables à des circonfé- rences. Le tableau suivant donne les diamètres de ces cour- bes pour des dimensions différentes de l’orifice et des posi- tions différentes du cadre et de la source du son : Nombre Distance Diamètre Distance Diamètre du de vibrations de la source de de l'orifice premier cercle du sifllet. à l’orifice. l'orilice. au cadre. de diffraction. 5660 18°" 43°" FE 4722 5660 18°" 20°" Fes 28°" 5660 18° | R'u 19° QE 8504 | L's ge 5 de 12° 8504 {4e At 14° EE ès Jai fait plusieurs essais avec le même appareil et d’autres sifflets, mais ils n’ont pas réussi. Cuenca, 28 janvier 1874. O. REYNOLDS. ACTION BRISANTE D'UNE DÉCHARGE ÉLECTRIQUE AU TRAVERS DE L'EAU. (Chemical news, vol. XXVIIE, p. 300.) M. Baxendell ayant, dans une réunion de la « Literary and Philosophical Society » de Manchester, émis l'idée que, lors- que un coup de foudre fend et écorce un arbre, cela est dû à la conversion en vapeur de l'humidité contenue dans le bois, M. le professeur Osborne Reynolds fit quelques re- cherches à ce sujet. Il réussit à fendre de petits morceaux de bois, qui avaient été préalablement imprégnés d’eau, au moyen d’une décharge électrique. Il essava ensuite de faire jaillir une étincelle entre deux pointes placées à un demi-pouce anglais de distance dans un PHYSIQUE. 153 tube étroit et recourbé, le tube éclata chaque fois avec ou sans eau; avant essayé un tube plus large (!/,, de pouce d'ouverture), il vit que la décharge électrique ne le faisait plus éctater lorsqu'il était vide, même en répétant plusieurs fois de suite l’expérience, mais en ajoutant un peu d’eau dans le coude, de facon à ce que la décharge eût à la traver- ser, le tube éclata. Il se servit alors d’un tube ayant */, de pouce de diamètre extérieur et 1/, de pouce de vide pouvant supporter une pression d’au moins 3000 kil. par pouce carré; il avait 14 pouces de long et était recourbé à angle droit, les fils conducteurs étaient placés à ‘/, pouce de distance, et l’eau dépassait leur extrémité d’un ‘/, pouce dans chaque branche du siphon. Le tube est ouvert aux deux bouts : la bouteille de Leyde est chargée par 100 tours d’une machine électrique dont la plaque a 12 pouces de diamètre ; la surface de la bouteille de Leyde est d'environ ‘/, pied carré, et les décharges effec- tuées dans l’air donnent une étincelle de près de 2 pouces de longueur. Le tube éclate à la première décharge, les débris sont projetés à quelques pieds de distance; plusieurs mor- ceaux indiquent que la surface intérieure a été pulvérisée, mais il n°y a pas explosion proprement dite, l'effet est plutôt celui d’un violent coup de marteau. M. Reynolds estime que la pression a été de plus de 1000 atmosphères!, et que l’ex- plosion est due à la formation instantanée d’une certaine quantité de vapeur d’eau, mais il se pourrait que la décom- position de l’eau en ses éléments jouât aussi un rôle. Cette expérience peut se comparer à celle faite avec un fusil dont la bouche est légèrement obturée par de la neige ou même du coton ; si l’on tire, le fusil éclate, malgré la résistance considérable de l'acier ; l’instantanéité de la décharge ne permet pas à l’objet obturant d’être chassé assez vite ; la pression se fait sentir également sur toutes les parois qui, n'étant pas assez résistantes, éclatent et se brisent. A.etR. ARCHIVES, t. XLIX. — Février 1874. 11 154 BULLETIN SCIENTIFIQUE, MINÉRALOGIE, GÉOLOGIE. Victor THIOLLIÈRE. DESCRIPTION DES POISSONS FOSSILES PROVE- NANT DES GISEMENTS CORALLIENS DU JURA DANS LE BUGEY. : Seconde livraison revue et annotée par M. Paul GÉRvAIS, publiée par les soins de MM. E. Dumorrier, A. FaLsan et Ch. Goniner. — Le comte DE SapoRTA. NOTICE SUR LES PLANTES FOSSILES DU NIVEAU DES LITS DE POISSONS DE CERIN. — FaLsan et DUMORTIER. NOTE SUR LES TERRAINS SUBOR- DONNÉS AUX GISEMENTS DE POISSONS ET DE VÉGÉTAUX FOSSILES pu Bas-Bucey : in-folio. Lyon, Paris, 1873. Nous avons donné en 1849 (Archives, X, p. 142) une idée des recherches de feu Thiollière sur les poissons fossiles de Cerin :, dans le Bugey, à une dixaine de kilomètres à l’ouest de Belley (Jura méridional), d’après un mémoire publié dans les Annales de la Société d'agriculture et d'histoire naturelle de Lyon, 1849. La première livraison de ce travail a paru en 1854, puis M. Thiollière mourut, son manuscrit fut perdu, et les plan- ches qu’il avail préparées pour la seconde livraison n’ont été retrouvées que récemment. MM. Dumortier et Falsan, en rendant hommage à la mémoire de leur collègue et ami, viennent de publier cette livraison ; c’est un in-folio, de 70 pages et de 18 planches exécutées avec grand luxe, qui ren- ferme différents travaux. 4° M. P. Gervais s’est chargé de ce qui tient aux poissons, el on trouve dans ce volume : a) Des remarques de Thiollière sur lapplication de la mé- thode de Cuvier au classement des poissons fossiles déjà pu- bliées dans le Bulletin de la Société géolog. de France, 1858. réunion de Nevers. b) La description des poissons recueillis à Cerin qui se 1 On écrivait alors Cirin par suite d’une erreur de la carte de l’'Etat- major français. MINÉRALOGIE, GÉOLOGIE. 155 rapportent aux espèces suivantes: Spathobatis Bugesiacus Th., Belemnobatis Sismondæ Th., Phorcynis Catulina Th., Pyenodus Sauvanaust Th., P. Bernardi Th., P. Jtieri Th. P. Wagneri Th., P. Egertoni Th., Gyrodus macrophthalmus ? Ag., Microdon elegans Ag., M. hexagonus ? Ag., Mesodon comosus Th., M. gibbosus Th., Macrosemius rostratus Ag. M. Helene Th., Histionosus Falsani Th., Disticholepis Four- neti Th., D. Dumortieri Th., Callopterus Agassizi Th., No- tagogus Anèmontis Th., N. Margaritæ Th., Lepidotus fier Th., L. Notopterus Ag., Pholidophorus micronyx? Ag., Catu- rus velifer Th., C. segusianus Th., C. furcatus Ag., C. elonga- tus Ag., C. latus M., Amblysemius Bellicianus Th., Ophiopsis Guigardi Th., 0. macrodus Th., O. attenuata Wag., Eugna- thus prælongus Th. Oligopleurus esocinus Th., Megalurus idanicus Th., M. Austeni Eg., M. Polyspondylus? Munst., M. Damoni Eg., Pleuropholis ? Attakeopsis Desori Th., Thrissops Salmoneus ? Th., T. formosus Ag., T. cephalus Ag.. T. Heckeli Th., T. Regleyi Th., Leptolepis Sprattiformis Ag., Belonos- tomus sphyrenoïdes? Ag., B. tenuirostris Ag., B. Munsteri Ag., Undina striolaris Ag., U. cirinensis Th. c) Des remarques sur les reptiles fossiles de Cerin qui ap- partiennent à plusieurs sortes de Cheloniens, un crocodilien de la division des Teleosaurus, des Atoposaurides, Homeo- saurus ? Euposaurus et Pterodactyles. 2° M. de Saporta a décrit les plantes fossiles trouvées au niveau du lit des poissons: elles proviennent de différentes localités disséminées sur environ 45 kilomètres. On a re- cueilli deux algues, douze espèces de fougères, neuf cyca- dées, treize conifères et deux monocotylédons. La prédomi- nance des conifères est un fait qui est digne d’attirer l’atten- üon et qui paraît avoir eu une certaine généralité à la fin de l’époque oolitique. La comparaison des espèces avec celles du corallien de la Meuse donne « une moyenne de probabilités, « dit M. de Saporta, qui reporte le niveau de Cerin dans « l’âge immédia!ement postérieur à celui du corallien de la L4 WA à 1 PUUER 156 BULLETIN SCIENTIFIQUE. « Meuse, âge qui ne saurait être éloigné de celui des calcaires « lthographiques'de Solenhofen.» 3° MM. Falsan et Dumortier ont fait la partie géologique da travail en étudiant les terrains voisins de la couche à poissons. Ils donnent l'explication détaillée de coupes rele- vées au travers du Bugey et la description de tous les ter- rains depuis l'étage bajocien jusqu'au terrain quaternaire. Ces savants nomment couche de passage la zone qui ren- ferme l’Ammonites tenuilobatus dont la position est parfai- tement définie « entre les couches supérieures de l'oxfor- « dien et le calcaire à chailles qui sert de base à l’étage co- « rallien régulièrement développé avec tous ces caractères « NOTMAUX. » Plus haut se trouve létage kKimméridien avec la pierre itbographique et Les poissons. &° Enfin ce volume, remarquable par son exéculion, et ce qui est mieux encore, par le mérite des travaux qu'il con- tient, se termine par la description de quelques fossiles kimméridiens du Bugey faite par M. Dumortier. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. D' E. MAnpeLsrTaMM. UEBER SEHNERVENKREUZUNG UND HEMio- pie. (Gräfe’s Archiv für Ophthalmologie, t. XIX, 2, p. 39, 1873.) — Prof. D. Micaez. UsBer DEN Bau DES CHIASMA NERVORUM OPTICORUM. (Jbid., p. 59, avec 2 pl) — Brow- SÉQUARD. RECHERCHES SUR LES COMMUNICATIONS DE LA RÉTINE AVEC L’ENCÉPHALE. (Archives de phystol. norm. et patholog., IV,2, p. 261, 1872.) — BiesiADECkI. UEBER DAS CHIASMA, ETC, (Wien. Sitzungsber. d. Math., wissenschaftl. Classe, 1861, XLIE, p. 86.)—D'PawLowsky. Du cHiasMA OPTIQUE. Moscou, 1869. (Dissertation inaugur. en russe.) On à admis généralement, depuis les travaux de Jean Müller et de Wollaston, la semi-décussation des fibres opli- ques dans le chiasma. D'après cette opinion, chaque bande- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 457 lette optique fournirait la moitié des fibres de chaque nerf optique, de telle sorte que dans chaque œil la moitié externe (temporale) de la rétine serait l'épanouissement d’une moitié des fibres de la bandelette du même côté, et la moitié interne (nasale) l'épanouissement d’une moitié des fibres de la ban- delette de l’autre côté. Conformément à cette doctrine, qui paraissait confirmée par l’anatomie (travaux de Hannover, de Longet), on expliquait par une affection de l’une des bande- lettes des cas d’abolition de la vue dans les deux moitiés homonvmes (droites ou gauches) des deux rétines (hémiopie homonyme). Lorsque les deux moitiés internes des rétines étaient paralysées, c’est-à-dire qu'il manquait la moitié ex- terne du champ visuel des deux côtés (hémiopie temporale), on admettait une lésion siégeant à la partie antérieure du chiasma, et intéressant, par conséquent, les fibres internes de chaque nerf optique. Les faits cliniques de ce genre s’ac- cordaient bien avec la théorie de Jean Müller. Mais comment expliquer les cas assez rares, il est vrai, d’hémiopie nasale double, c’est-à-dire d’abolition de la moitié interne des deux champs visuels ? I fallait admettre une double lésion, inté- ressant à la fois les deux portions externes des bandelettes ou du chiasma, portions dont les fibres se rendaient aux moitiés externes des rétines. Cette hypothèse était forcée el peu vraisemblable. Les cas trop peu fréquents où lautopsie permettait de con- trôler le diagnostic de la cause d’une hémiopie bien obser- vée pendant la vie, tantôt semblaient confirmer la théorie de la sémi-décussation, et tantôt semblaient la contredire. Il était d’ailleurs le plus souvent difficile d'interpréter avec certitude l'influence d’une lésion d’une certaine étendue trou- vée à l’autopsie (tumeur, hémorrhagie cérébrale, foyer in- flammaloire) sur la fonction visuelle, à cause du voisinage et des relations intimes des diverses parties intéressées (nerfs optiques, chiasma, bandelettes, racines optiques dans les tu- bercules quadrijumeaux et les corps genouillés) et de leur 158 BULLETIN SCIENTIFIQUE. solidarité circulatoire, nerveuse, hydrostatique. D’autre part, les expériences de section des bandelettes ou du chiasma chez les mammifères plaident plutôt en faveur d'un entre- croisement complet des fibres provenant de gauche et de droite (Brown-Séquard). L’entre-croisement complet a été trouvé chez beaucoup de vertébrés. Les nerfs optiques des poissons téléostéens se croisent sans mêler leurs fibres. Chez les oiseaux et les amphibies, il y a un entrecroisement com- plet, les fibres des deux nerfs forment, en s’entrelaçant, des faisceaux aplatis, rubanés (Carus, Meckel). La question du chiasma optique a été reprise récemment par quelques savants russes, MM. Biesiadecki, Pawlowsky et Mandelstamm etun médecin allemand, M. Michel, professeur d’ophthalmologie à l’université d’Erlangen. Ils ont prouvé, soit par des dissections délicates, soit par l'étude de coupes horizontales de chiasmas durcis, que les faisceaux des fibres optiques s’entrecroisent complétement aussi chez l’homme et les mammifères ; cette opinion était déjà défendue par beaucoup d’anciens anatomistes, même antérieurs à Galien, qui n’admeltait, quant à lui, aucune décussation. L’entre-croisement dans le chiasma humain ressemble à un réseau de vannerie fine. Il ne contient aucune commissure proprement dite reliant entre eux les deux nerfs optiques. Toutes les fibres de chacun des nerfs proviennent de la ban- delette du côté opposé. Elles suivent dans le chiasma une direction sensiblement arquée, à la manière de l'intersection des branches d’un huit de chiffre. M. Michel insiste sur le fait que la lame de substance grise ou lame sus-optique qui recouvre la face supérieure du chiasma, forme en même temps le plancher du troisième ventricule ‘. Il en résulte qu’une collection liquide dans les ventricules latéraux des hémisphères peut comprimer le chiasma par l'intermédiaire du troisième ventricule et de la lame sus-optique. M. Michel décrit un cas d’hydrocéphale in- ! Fait déjà établi par Cruveilhier. RUE ie LA at ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 159 terne chez un enfant où l’espace limité par cette lame, et qui n’est qu’une dépendance des ventricules, fut trouvé for- tement dilaté. Un bon nombre de cas de cécité des deux yeux survenue rapidement dans le cours d’affections cérébrales sans inflammation des nerfs optiques, trouveraient peut-être leur explication dans cette forme spéciale de compression du chiasma. Si le plancher du troisième ventricule était plus di- laté d’un côté que de l’autre, il pourrait en résulter une hé- miopie homonyme. La décussation complète explique parfaitement pourquoi la section du chiasma dans la ligne médiane chez le lapin abolit la vision dans les deux yeux, tandis que la section d’une des bandelettes paralyse seulement la rétine du côté opposé (Brown-Séquard). Quand on détruit l’un des tuber- cules quadrijumeaux antérieurs et une partie de la couche optique du côté correspondant chez un jeune lapin, on voit disparaître au bout de quelques semaines les fibres à myéline dans la rétine de l’autre côté (Mandelstamm). L’autopsie con- firme dans ces cas le résultat obtenu à l’examen ophthalmos- copique. C’est le nerf optique du côté opposé à la section que l’on trouve seul atrophié. La structure du chiasma, telle que l’a décrite M. Michel, donne la clef de toutes les formes d’hémiopie, monoculaire ou binoculaire, même de celles que la semi-décussation, ad- mise jusqu'ici, ne permettait pas d'expliquer. La double hé- miopie nasale, en particulier, s'explique simplement par une lésion siégeant à la partie postérieure du chiasma, partie dont les fibres formeront les faisceaux temporaux des nerfs optiques. D° G. H. E.-G. BALBIANL OBSERVATIONS SUR LE DIDINIUM NASUTUM, Stein. (Archives de zoologie expérimentale, tome II, page 363, pl. xvir, 1873.) Le Didinium nasutum est depuis longtemps connu. I a été décrit et figuré en 1786, sous le nom de Vorticella nasuta, 160 BULLETIN SCIENTIFIQUE. par O.-F. Müller, aussi bien que le permettaient l’état de la science et l’imperfection des instruments du temps. Depuis lors, l'espèce n’avait été revue que par deux ou trois mi- crographes el aucun ne l'avait étudiée d’une manière appro- fondie. Elle semble cependant avoir une assez grande ex- tension géographique et se montrer quelquefois en grande abondance. Découverte en Danemark, elle a été ensuite oh- servée dans différentes localités d'Allemagne par Stein et par Engelmann. à Saint-Pétersbourg par Alenitzin, qui a cru avoir affaire à une espèce nouvelle et lui a donné le nom de Wagneria cylindroconica *, et enfin à Paris par M. Balbiani. La forme de cet infusoire est celle d’un baril arrondi à son extrémité postérieure, tronqué à l’antérieure. Les organes locomoteurs consistent en deux ceintures de cils, l’une bor- dant la face antérieure. l’autre entourant le corps un peu en arrière de son milieu. Du centre de la face antérieure s'élève une saillie conique que M. Alenitzin appelle capitulum, et au sommet de laquelle s'ouvre la bouche. La substance du corps ne semble pas pouvoir se diviser en endoplasma el exoplasma. car les globules qu’elle con- tient se meuvent partout avec une égale facilité en deux cou- rants inverses dont l’un monte le long des parois externes du corps et dont l’autre redescend le long de l’axe longitu- dinal. L'ouverture buccale n'apparaît ordinairement que sous la ‘ Voyez le numéro de janvier 1874, p. 67. — Remarquons en pas- sant que le cahier des « Archiv für mikroskop. Anatomie, » dans lequel se trouve la note de M. Alenitzin, et qui porte la date vraie de novem- bre 1873, a paru avant le cahier des « Archives de zoologie expéri- mentale» qui contient le mémoire de M. Balbiani et porte la date fausse de juillet 4873. Ce soi-disant numéro de juillet ne nous est parvenu que dans le milieu de janvier. Il renferme une lettre de M. AI. Agassiz datée de Cambridge, Mass., 7 octobre 1873 (!). L'on devrait éviter dans les journaux scientifiques ces fausses indications qui peuvent faire trancher des questions de priorité d'une manière inexacle. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉUNTOLOGIE. 161 forme d’un très-petit orifice percé au sommet du prolonge- ment conique antérieur. L'ouverture anale est située à l’ex- trémité opposée du corps. La bouche conduit dans un pha- rynx ou œsophage qui présente une striation longitudinale due à l'existence de baguettes fusiformes solides, très-fines et disposées en un faisceau longitudinal. Ces baguettes peu- vent être projetées en plus ou moins grand nombre contre une proie et la paralvsent complétement. Lorsqu'un Didinium a rendu ainsi immobile un infusoire dont il veut s’emparer. il fait rapidement saillir hors de sa bouche une sorte de lan- gue allongée, cylindrique, transparente, qui, par son extré- mité élargie, s'applique contre l’infusoire. La proie est gra- duellement attirée par le retrait de cette langue dans l’ouver- ture buccale qui s’élargit en entonnoir. A mesure que les aliments pénètrent dans le corps de l'animal, on voit se former en avant d’eux un espace clair indiquant, selon M. Balbiani, un tube digestif distinct dont les parois étaient auparavant appliquées l’une contre l’autre. et qui se rejoignent de nouveau après le passage du bol ali- mentaire. On peut voir quelquefois ce tube digestif s'ouvrir dans toute sa longueur, de la bouche à l'anus. L'auteur a vu la cuticule qui revêt le corps se réfléchir à l'intérieur de l’ouverture buccale, mais il ne paraît pas avoir suivi cette membrane sur une grande étendue, car il dit n’a- voir pas reconnu d’une manière directe les parois propres qu'il attribue au tube digestif. Ces parois seraient du reste formées simplement par une couche plus dense du paren- chyme du corps. En moins d’une heure, la proie est digérée et le résidu excrémentiel est expulsé par l’ouverture anale. M. Balbiani décrit la reproduction par fissiparité chez le Didinium. Quant à la reproduction sexuelle, il n’a pu l’ob- server et n’a pas même réussi à découvrir l'organe mâle (nu- cléole). IT a vu l'intérieur de l'ovaire (nucléus) se présenter quelquefois sous la masse de formes arrondies, de volume 162 BULLETIN SCIENTIFIQUE. inégal, mais il n’adopte pas l'opinion d’Engelmann qui avait déjà décrit ces corps en 1861 et les considérait comme des embryons ; il est plutôt disposé à admettre que ces produits sont le résultat d’altérations pathologiques. D’autre part, il suppose que les corps mobiles que O.-F. Müller a vu sortir d’un Didinium étaient des parasites. Enfin, il a été témoin d’un enkystement, mais n’a pu suivre le sort ultérieur des kystes. On voit donc que, sauf ce qui concerne la multiplication par scissiparité, tous les phénomènes relatifs à la reproduc- tion de cet infusoire peuvent être considérés comme in- connus. De ses observations relatives au tube digestif du Didinium et d’autres faits analogues, ainsi que de l’existence d’organes reproducteurs chez beaucoup d’infusoires, M. Balbiani con- clut que ces animaux peuvent présenter une organisation beaucoup plus parfaite qu’on ne l’admet généralement, et il s'élève contre l'opinion de de Siebold qui veut voir en eux des êtres unicellulaires. Quelle que soit la valeur qu’aient les découvertes de l’habile micrographe de Paris, nous n°v voyons pas encore des motifs suffisants pour admettre toutes les conclusions qu'il en tire. La complication du corps d’un infusoire ne prouve pas nécessairement qu'il soit formé de plusieurs cellules. La substance du corps comprise entre le tube digestif et l’enveloppe externe peut être, comme il le dit, «analogue» à la cavité générale de beaucoup d’inverté- brés sans que pour cela elle leur soit « homologue.» Ceci n’est point une querelle de mots, mais bien une distinction fondamentale. La question ne doit être posée et résolue que sur le terrain de la morphologie. A. H. Prof. E. Cxon. UEBER DI£.... DES FONCTIONS DES CANAUX SEMI- CIRCULAIRES DE L'OREILLE. (Pflüger’s Archiv, 1873, p. 306.) On connaît, depuis les intéressants travaux de Flourens, les mouvements bizarres auxquels donne lieu la lésion des ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 163 canaux semi-circulaires de l’oreille. Divers auteurs, parmi lesquels on peut citer surtout MM. Goltz, Lowenberg, Helm- holtz, se sont occupés de cette question en n’ajoutant que fort peu de chose aux faits mentionnés par Flourens. M. Cyon reprend en détail ces expériences, soit sur des mammifères, soil sur des pigeons, animaux qui s’y prêtent le mieux, soit, avec son élève M. Solucha, sur des gre- nouilles. Après avoir analysé les mouvements produits par la blessure de tel ou tel canal semi-circulaire, il cherche à don- ner une interprétation des phénomènes 6btenus. Voici les principales conclusions de ce travail : 1° Pour qu’un animal conserve son équilibre, il est néces- saire qu’il ait une notion exacte de la position de sa tête. % Les canaux semi-circulaires ont pour fonction de don- ner à l’animal la notion de la position de sa tête au moyen d’une série d’impressions (acoustiques?) et pour cela chaque canal semi-circulaire a sous sa dépendance spéciale une par- tie de l’espace qui entoure l'animal. 3° Les troubles du mouvement qui s’observent à la suite de la section des canaux semi-circulaires sont de trois ordres: a) Perte du sentiment de l'équilibre, conséquence di- recte de la lésion. b) Mouvements provenant de la gêne consécutive à des sensations acoustiques anomales. c) Symptômes secondaires survenant quelques jours après, par inflammation consécutive du cervelet. D'P. D° E. Dupuy. EXAMEN DE QUELQUES POINTS DE LA PHYSIOLOGIE DU CERVEAU ; thèse de Paris, A. Delahaye, 1873.— D'* Car- viLLE et Dupuy. NoïEs À LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE, séances du 20 décembre 1873 et 3 janvier 1874. (Gazette médicale de Paris et Gazette hebdomadaire.) Nous avons récemment analysé plusieurs travaux qui sem- blaient prouver l’excitabilité des hémisphères cérébraux con- 164 BULLETIN SCIENTIFIQUE. trairement à l'opinion généralement admise par les physio- logistes. (Voyez Archives, 1873, t. XLVIHIE, p. 174 et 356.) Dans deux communications récentes faites à la Société de Biologie: l’une par M. Carville, l’autre par M. Dupuy qui y résume sa thèse inaugurale, ces auteurs cherchent à démon- trer que les expérimentateurs qui admettent l’excitabilité des hémisphères ont été induits en erreur. M. Carville, en se servant du galvanomètre, M. Dupuy, au moyen d’une patte galvanoscopique, démontrent en premier lieu que les courants induits de faible intensité sont capables de se diffuser à distance dans la substance cérébrale. Pour eux, les mouvements produits seraient le résultat de Fexci- tation, à distance, des parties plus profondes et autres que celles sur lesquelles sont appliqués les électrodes excitateurs. Les effets produits par la faradisation qui pénètre jusqu'aux corps striés et aux pédoncules seraient le résultat de l'exci- tation directe de ces organes, et ne pourraient point être at- tribués à une action réflexe. M. Dupuy cherche de plus à démontrer que l’on ne peut localiser en telle ou telle circonvolution cérébrale, comme le pense M. Ferrier, le centre nutritif ou fonctionnel de tel ou tel conducteur nerveux, puisque, lorsque l'animal sur lequel on opère est complétement anesthésié, l'irritation par l’élec- tricité de la couche corticale ne donne plus lieu à des con- tractions, tandis que sur le même animal, et avec le même courant électrique, l’irritation directe d’un filet du nerf scia- tique, préalablement mis à nu, amène la contraction du muscle auquel il se distribue. Quant au procédé d’injections intracérébrales d’un liquide corrosif employé par MM. Nothnagel et Fournié, M. Dupuy pense que l’excitation n’est pas aussi limitée que le préten- dent ces auteurs. La question de l’excitabilité ou de la non-excitabilité des hémisphères cérébraux est, on le voit, encore un sujet con- testé et discuté. D: P. PE RS AO UPRT NE TOC SORT PP ER MENT E € MC TRUE gr) pt Cr ET NE RU TS CS . d « 1 -* " 4 5 HT br M Vaste Er + \ : L KE Û ’, : 4 BOTANIQUE. 165 BOTANIQUE. A. MERGET. SUR DES PHÉNOMÈNES DE THERMODIFFUSION GAZEUSE QUI SE PRODUISENT DANS LES FEUILLES, ET SUR LES MOUVE- MENTS CIRCULATOIRES QUI EN RÉSULTENT DANS L’ACTE DE LA RESPIRATION CHLOROPHYLLIENNE. (Comptes rendus de l Acad. des Sciences, séance du 22 décembre 1873, tome LXX VI, p. 1468.) Nous croyons devoir rapprocher du mémoire de M. Du- four que nous donnons plus haut, page 105, la note qu’on va lire de M. Merget. Cette note renferme, en effet, une première applicalion à la physiologie végétale des faits si in- téressants mis en lumière par M. Dufour et M. Feddersen ! sur les effets thermiques de la diffusion, sur la diffusion entre l'air sec et l’air humide, et sur la thermo-diffusion ?. M. Merget reprenant les observations de Raffeneau-Delille, sur un mode de respiration spécial du Nelumbium speciosum, l'interprète comme un phénomène de thermodiffusion. REA « De nombreuses analyses m'ayant démontré, dit-il, conformément à l’assertion de Raffeneau-Delille, que le gaz issu des feuilles de Nelumbium était de Pair atmosphérique, sauf quelques variations de composition négligeables ou ex- plicables, je dus en conclure qu’il s'agissait là d’an phéno- mène absolument étranger à la respiration chlorophyllienne, et qui se produisait exclusivement sous l'influence des radia- tions calorifiques solaires: ce qui me fit préjuger qu’on pour- rait le reproduire en substituant à l’action du soleil celle d’une source calorifique obscure. « L'expérience, tentée dans ces conditions nouvelles, réus- 4 Voyez Archives, 1873, tome XLVIL, p. 74. ? Après avoir étudié la diffusion entre l'air sec et l’air humide, M. Dufour avait signalé ce phénomène comme devant déterminer constamment des courants gazeux à travers les parois poreuses des végétaux et des animaux (voyez Archives, 1872, tome XLV, p. 12). 166 BULLETIN SCIENTIFIQUE. sit très-facilement quand on prend pour source de chaleur une plaque annulaire de tôle, chauffée au-dessous du rouge: c’est donc alors la seule différence de température, entre les deux parties du limbe directement exposées au rayonne- ment calorifique et celles qui en sont préservées par la lame d’eau, qui détermine la sortie du gaz inclus dans ces der- nières, el pour que ce gaz puisse sortir, malgré la pression hydrostatique supérieure, il faut qu'il v ait une action impul- sive émanant de l'air voisin échauffé. « En admettant celte explication comme plausible. il en résultait que l’eau du centre de la feuille, ayant uniquement pour effet de soustraire les tissus sous-jacents à action calo- rifique du foyer, son remplacement par de l’eau suffisam- ment chaude pour uniformiser la température du limbe de- vait arrêter toute émission gazeuse par les surfaces mouillées. C’est, en effet, ce résultat qu’on obtient, et l'on peut aller plus loin que cette expérience négative; car dans le cas où les bulles. se dégageant lentement sous l’eau froide, sem- blent retenues par une sorle de pédicelle gazeux qui les maintient en communication avec la masse d’air intérieure, par des affusions graduées d’eau chaude, on les voit progres- sivement disparaître, comme résorbées par les tissas dans lesquels elles rentrent. « Il suivrait de là qu’en échautffant également dans tous ses points la surface supérieure du limbe d’une feuille de Nelum- bium, l'air des méats serait mis partout uniformément en état de tension sans que l'effort de sa détente, toujours dirigé de dehors en dedans, et s’exercant, cette fois, sur l'air des la- cunes, püût avoir d'autre effet que de le comprimer. Pour rendre sensible cet accroissement de pression, il m’a suffi, après avoir coupé une feuille de Nelumbium, de mettre son pétiole en communication, au moyen d’un tube de caout- chouc, avec un manomètre à eau : en exposant, dans ces con- ditions, le limbe à des rayonnements calorifiques de nature et BOTANIQUE. 167 d’intensités différentes, j’ai mesuré des dénivellations qui ont varié de À à 5 décimétres. « En séparant le manomètre, sous l'effort de détente exercé par l'air du limbe, celui des lacunes est mis en mou- vement, et on le voit s'échapper par bulles lorsqu'on plonge dans l’eau la section du pétiole. Le dégagement est assez abondant pour que des feuilles de Nelumbium, exposées les unes au soleil, les autres à un feu clair de charbon, m'aient donné, les premières un quart de litre, les secondes un litre d’air par minute, soit des centaines et des milliers de fois le volume de la feuille par heure, et cela pendant plusieurs heures sans interruption, quelquefois pendant des journées entières. Pour entretenir la continuité d’un débit aussi con- sidérable, il fallait évidemment qu’il v eût, à chaque instant, rentrée par le limbe d’un volume d'air égal à celui qui sor- tait par le pétiole, et je me suis assuré que celte rentrée à lieu bien réellement par les stomates, dont l’occlusion en- traîne la cessation immédiate de tout dégagement gazeux. « L'air atmosphérique n’est pas d’ailleurs le seul gaz qui puisse être ainsi diffusé thermodynamiquement à travers le limbe d’une feuille de Nelumbium ; je l'ai constaté, à l’aide de dispositions faciles à concevoir, sur l’oxygène, l’azote, l'hydrogène, l’acide carbonique, l'oxyde de carbone et le pro- toxyde d’azote. « Ces phénomènes de diffusion, par cela même qu’ils sont communs à tous les gaz, doivent être considérés comme dé- pourvus de caractère vital et comme déterminés par des con- ditions d'ordre purement physique... « D’après les résultats d'expériences que la mauvaise sai- son m'a contraint d’interrompre, je me crois en droit d’af- firmer que l’on retrouve dans tous les végétaux le pouvoir thermodiffusif si remarquablement développé dans le Nelum- bium, et, si les mouvements qu’il détermine ne sont pas par- tout aussi étendus que dans cette dernière plante, ils n’en 168 BULLETIN SCIENTIFIQUE. sont pas moins intéressants, à cause du rôle qu'ils jouent dans lacte de la respiration chlorophyllienne. « Etant admis que, pour toutes les feuilles, l’échauffement du limbe met en jeu les forces thermodiffusives qui trouvent leurs conditions d’activité dans la structure et dans l’état hy- grométrique des tissus, comme cel échauffement, en l’état ordinaire, c’est-à-dire lorsqu'il provient de la chaleur du so- leil, est loin de se produire uniformément aux points frap- pés par les rayons solaires, l’air intérieur, par suite de l’ex- cès de tension qu’il acquiert, se détend sur celui des parties froides, qu’il presse en le contraignant à s'échapper par les stomates des surfaces épidermiques correspondantes, pen- dant que l’air extérieur afflue par les stomates des surfaces solarisées. Il s'établit donc alors un véritable courant circu- latoire gazeux, des parties vertes qui respirent à celles qui ne respirent pas, avec un double mouvement corrélatif d’as- piration par les premières et d'expiration par les secondes. « Dans les plantes aquatiques, cette circulation respira- toire a plus d’étendue et de profondeur que dans les plan- tes terrestres, car, au lieu d’être circonscrite dans l’étroit ré- seau des méats du parenchyme foliaire, elle se prolonge dans celui du système lacunaire tout entier... « Aunautre point de vue, les phénomènes thermodyna- miques qui résultent, pour les plantes aquatiques, de leur échauffement par les rayons solaires, ont une influence mar- quée sur l’activité de leur développement végétatif, en déter- minant, par les excès de tension intérieure qu’ils produi- sent, les rhizomes et les racines à s’enfoncer dans le sol avec la force de pénétration qui les caractérise. » OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE JANVIER 1874. Le 2, brouillard le matin. 3, fort vent du SSO. dans la soirée. - 6, forte gelée blanche le matin. s à 7, gelée blanche le matin; les nuages accusent dans la matinée un fort vent du Nord, tandis que celui de SSE. règne dans la plaine. < 2: forte gelée blanche le matin. 9, gelée blanche le matin; beau halo lunaire le matin à 6 h.; léger brouillar dans la soirée. 10, gelée blanche le matin; halo lunaire à 6 h. matin; depuis 8 h. matin épais 3, brouillard. Du 11 au 16, brouillard intense avec dépôt de givre. Le 17, pluie le soir mélée de quelques flocons de neige. 18, assez forte bise le matin, qui tombe vers 10 h. 20, brouillard le soir. Du 21 au 24, épais brouillard. . Le 25, brouillard le matin; la bise se lève vers 1 h. après midi, et souffle avec fo e jusqu'au lendemain matin. ; 26, léger brouillard le soir. 27, forte gelée blanche le matin. 28, très-forte bise tout le jour. 81, id. ArcHIves, L. XLIX, — Février 1874. 12 di #2: CELN x VAS + à LN Aie ri “ Fe LE SE eee M » >: 4 1 | YO er Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. m mm MARNE CCE + 135,62 Le 4 à 2h. après midi ...... 724,44 SOIR ct. + 190,20 9.à 6 "h.-matint. 0 matin . ..: 133,41 12 à 4 h. après midi ...... 728,59 AU REA 733,56 47:à 8 D. tatin . 2-2 TES PARA Te sr. 100990 - 95 à 2h. après midi ...... 732,49 AE D 0 ane . 138,91 30 à 2h. après midi...... 731,96 4 ; ä Û À Li Ns0 + lee 80 + | 5e F0 + |FS LO +}Ys ,80 + 5e | Les —— 110 +|re 1 80 + | 9e 90 +|7s 90 + |FS L'O + | 0'0 s'r 0'0 6‘ CO LT 160 —|L1% DO | LT 10 —|6} | 00 oc | IR LE Se) || e‘0 LE Fe | d FO + GG | 7 | 0‘0 ze | AL ES: md 1 A 0 180 + 8e | | LO +] 0'9 5 lco +lée | 190 + | 79 | — 2e | 0 0 & |L-oprtnaou 25 | voue L'UX Ex | ua Em Jouy np ‘duvoy 900 £ Le en UOTE NIET EE LUN LE Ac EEE CROP ANNE IR) &9'0 | 2[QUETEA | . cn | 080) PF SN Ent Re) 080 & ‘NN |" él CUT 661) O0'TIF ‘as: | 00'T|T “HSS 2-0 00‘ 5 "21 650 || srqraes L YO | 98017 “ass "-| | 8POÏT ‘ANT nel #60! ‘OSiL | 721 | 00IIF ‘OS|--:| «| 007 |T LOS < 00'7 |r TSI EN | O0 ‘Os: 097 | OSSI Er OF ‘Os: té 660!T OS F ‘# LS‘ ||r | de | L0'0 | orqures | | 66 0 |'orquiea | e-.| : 66 0 || ajquiaea IR © : |Y9'0 Ir Su ee 88013 OS}Z ze 86018 ‘oSSige | FI 86.017 -#'OS |2° Mure 960! ‘OSS e L'0 | | | “ur Es dre) sb ue ER FA SRE F9) -queu | 5 |sorp np | Î = "{u0) ‘fou | “IWOP_ LE | fe PHP) 1U9A |eBteu noarnyg O6L |OSY |GrS—| 609 1016 |0GF |6g1— | 969 006 |O0SY |YLI—| 589 069 |O08F |zcc—| geg 086 |0$9 [6 —| 6r8 1066 |0€9 |1L — | 8er 0007 069 |0 U98 (001 | 066 |1c1—+ | 886 0001 |0LG |rc1+ | 986 | 0001 | 086 | 0£1+ | 866 | 0007 | 0007 | 981+ | 0007 O8G |08L |6% + | 806 096 |079 | 01 — | 964 086" | 079 | 78 —| ge 000F |0S8 |18 + | cc6 | 0007 | 0007 | Er | 0007 0007 | 0001 | 081+ | 0001 0007 | 0007 | 081+ | 00017 0007 | 0007 | 0g1+ | 0001 0007 | 0007 | a£gr+ | 0001 0001 086 | 731+ | 766 0007 088 | 66 +! 796 0007 | 081 | 97 + | Leg ULG |O06L |g +] #71 016 1069 17 —! ogg 0€6 |0F9 | 69 — | 508 OC8 |08Y | ec — | 97, 088 |OLY | 901—!| coz OR | O0LG | 16 — | 082 06 |O0SL | 87 + | 88e OLG |O18 | co + | czG “ou 1 Y& “UNIX EX |'ULTUTIN Fe 50p WUOG ‘40n "SOUQT [EU 9 HOTPANTLS 9p ‘1911 F8L'o—|9re vo +|ro — (re + 8£'e + 19e + | SEE RS IF 8% +]8% — |90'0 +|rro + zre + 6Y'T 00 | ue | 6e + | 97 — |16:0 +860 +: 9F9 + |cs'es 8S0— #96 |€9 + | 90 + |og'e +! ro'e +, 699 + | 00'reL 00 | 81Y | LY +1 — lon +) 160 +! 668 + | IF'O6L SFO— SL lots + ve — 1er +lesr + CS'OI+ | RG'LEL F9 OT | F8 | F8 +|1'0 + |10e +] sse + pee HE Y0'L e60+ | | re +60 + legr 607 + &0'8 + | 9ç'cer 007+ 816 ||6 + |1'0 + lo6‘r + CII + SFOI+ 9L'Ler GFIT LES |L'e + | 90 — [rs +laer + 66 + | LC'LEL 804 100 |6'e +] so — per + 860 + £8'e + |pc'eer EST | 086 |e"6 + | 97 + ler +] çer + SF'e + |GT'IEL PO ele 8e + | 0% — 610 +] 160 + 691 + | FT GEL 1190 1+ee |L'e + 19e — lego + 6r0 + 160 — | L8'96z LEO | 16% [re +98 — 690 +660 + £rS — | 19'zer L60— | 98€ |60 — 97 —Îcr'e ——|c9e — gr —| c£'96L 060,296 |1e —|6'e — ere —|cz'e — | er + | 9ç cer SO OL LT — | Fr —|9e —| 188 — | pote -L logcer SC O—|SS"e |9'0 — | 6€ — |ÿ0'x T|956 —,81'e + | p9‘Iez LL O0 | GG € | —|0'e — enr —|çze — || SET + | 976 660 | 62€ LE — | 15 — 11e —|ou'e 1866 “+ |s2'0er 190 | 67e |#0 — | VL — ge —| 9e 89% + | cs'ees CO |60€ 06 + | 36 — |or'e —| 37 — LIVE + | 8c'c€L | 1961— 61 |0'0 SG — 109% —| rs — SL + | 00 ce (EG | 28 |60 +71 — |gce —| 0x — | S0'S + | 66 662 190 |Lee 0e + 19% —|y10 —|zar | T6L + |LL'SEL 166 0— | C9'€ 11e +80 — ice + op + LEE + | 6€) 66 0T | 69% os +|c'r + pr + oc + 1866 — | Sec ot |Lrr |eL 4-00 lose +lese + | 0F0 + | 26'Le 180 | 06% 67 + |9'0 + |rée +] sex + | 110 + | cover 1804 |18% ler +110 — {lors +lerr T| YO + | cS'ceL | “Up | unppru 0 0 (] | 0 | “uiqquu | DALITTELLL | | | Rex an | | | CJLAER TO _ apeutiou s91n9 || “oremou 3 : NE pi “en | “un rat pe Le | euems wlsn Su 1169 I “on | 1 10) JUUAAOYY | 904€ LE | Anoynuyt RTL | ne Si Dern 25 mn -narnaniAdli. <= ét tn et “deavr on uorçmor D — GA CO 4 10 © = rs du mois, | 1re décade 7000) Mois MOYENNES DU 6 L. in. mm 131.81 8 h. mn. mn 131,97 729,60 735,46 732,44 10 h. m. mm 732,52 729,90 735,61 MOIS DE JANVIER 1874. Midi. 2h... # h.s. ü h,s. 8 h.s. 16 h. s. Baromètre. mm mn ami ma in mi 731,80 731,31 731,51 73190 732,20 732,32 729,50 728,91 728,84 729 09 729,923 729,42 735,12 734,46 734,45 734,74 735,06 735,08 732,24 731,66 731,69 732,00 732,26 732,36 Température. [E] 0 0 0 0 o [8] 0 tredécade— 2,64 — 2,78 — 0,41 + 2,13 + 2,44 + 2,06 -+ 1,19 — 0,04 — 1,44 LH 0,34 + 0,25 — 0,24 — 0,70 — 1,26 LE") 3e __ 9,30 — 2.09 — 41,00 + 0,22 » + 0,35 + 0,46 + 1,75 + 3,13 + 3,90 + 3,61 + 2,59 + 2,00 + 1,44 DR PAU d'in ere ele de hs tord tn pe de AR ESEEE SEE Mois — 1,46 — 1,41 + 0,17 + 1,87 + 2,35 + 2,02 + 1,93 + 0,47 — 0,36 Tension de la vapeur. nm min mm mn mn nm nn mm un re décade 3,48 3,48 3,67 3,89 4,28 4,03 3,93 AIT 3,84 de » 3,69 ANR 3,99 A,21 4,25 4,25 4,30 4,21 3,98 3e » 4,24 4,20 4,43 4,45 4,40 413 4,26 4,24 4,22 Mois 3,81 3 81 4,05 4,19 4,32 4,14 4,17 4,08 4,02 Fraction de saturation en millièmes. Are décade 902 903 808 722 117 756 191 822 911 2e » 947 950 936 904 894 911 952 962 952 3e » 902 885 851 718 733 706 716 805 837 RE Mois 917 912 863 801 799 188 837 861 898 Therm. min. Therm.max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre. du Ciel. du Rhône. ou de neige. 0 0 0 ram cri Are décade — 3,19 + 3,61 0,64 + 5,70 5,0 90,0 2e » — 19,09 + 1,20 0,86 + 4,90 7,5 85,8 3e » — 0,85 + 4,80 0,59 + 5,38 Le 832 Mois — 9,59 + 3,25 0,69 + 5,33 12,5 86,3 Dans ce mois, l’air à été calme 4 fôis sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,78 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 23,0 O., et son in- tensité est égale à 15,68 sur 100. PRE VO EU ANR AR, CE EU: PARA EE © AP ae Jet TE a ”. : L * 173 TABLEAU OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Le 4er, 3, 15 FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE Mois DE JANVIER 1874. brouillard depuis midi. id. neige, brouillard tout le jour. léger brouillard à différentes reprises. au 10 et du 12 au 15, ciel parfaitement clair. brouillard depuis midi. brouillard tout le jour. brouillard le matin. brouillard à différentes reprises. id. brouillard le matin. brouillard le soir. au 31, ciel parfaitement clair. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. nn LEE 2 On matin. Let 967,13 Dee LUS NN SOLE CPC EERCE 599,01 à #h. après midi..... . 065,28 FramArhlapres neue 562,41 # 10h matin: &. | 567,47 49 à: 4h. après mate 562,01 330 D. mains. 567,82 {7/4 101n/"s0Ir A ePATEneE 18à 6h. matin. ......... (556,54 A IA mere 972,87 25 4 CL Me 0 er 564,40 à,10 h. soir... 566,57 28 à SOUL OP LA ur: à 563,74 4 10:h mate .. 06,83 SAINT-B ERNARD. = Baromèëtr E Û e. 2 RS 5 MS Ms = Hauteur | Ecart avec | 5 || moy. des | la hauteur | Minimum. | Maximum. &' 24 heures. noruale. | | mi re] | millim. "| millim. | millim. | milim. 1 | 565,47 | + 416 | 563,35 | 566,85 2 || 566,59 | + 5,26 | 566,31 | 567,138 3 || 563,85 | H 2,54 | 582,85 | 565,10 4 | 559,79 | —= 1,50 | 559.01 | 560,79 5 || 561,42 | Æ 0,15 | 559,84 |! 562,61 6 564,7 75 | + 3,50 | 563,47 565 28 7 | 562,61 | + 1,38 | 562,41 | 568,13 a") 563 92 | + 2,71 | 562,84 564,73 9 | 565.74 | + 4,56 | 56499 566,83 10 || 566,59 | + 5,44 | 566,01 567.47 11 | 56406 | + 2,94 | 563,54 | 564,84 12 | 562,17 | + 1,07 | 562,01 | 562,65 13 || 564,74 | + 3,67 | 563.48 | 566,27 14 || 566,70 | + 5,66 | 566,34 . d67,23 15 || 566,87 | — 5,86 | 566.46 | 567,82 16 || 562,35 | + 1,37 560,62 | 564,32 17 | 557,83 | — 3,12 | 556,54 | 559,34 18 || 558,76 | — 2,16 536 54 560,85 19 || 564 99 | + 410 | 562,56 |! 566,93 20 | 567,99 | +: 7,13 | 567,31 | 568,53 21 || 569,19 | + 8,37 | 568,03 | 570,62 99 || 572,25 | 11,46 | 571,09 | 572,87 23 || 570,93 | + 9,77 | 569,63 571.63 94 | 567,53 | + 6,80 | 566,33 | 568,63 95 || 564,95 | + 4,26 | 564,40 | 366,37 26 | 568,06 | + 7,11 | 566,82 | 568,27 27 | 567,14 | + 6,53 | 566,72 | 567,95 98 || 564,46 | — 389 | 563,74 | 565,67 29 || 565,07 | + 453 | 563,82 | 565,77 30 | 565,16 | + 4,65 | 564,83 | 565,83 31 564,69 2? 563,80 565,53 Moyenne des 24 heures, Ce s LES RORDET RE NESSszsssss JANVIER 1874. Température C. Écart avec la lempéralure! Minimum® |Maximum* normale. man men ose | Sa 4,8 + = conmwocre Lo Oz RO © RO RO ones Sue D : HÉEES un mn jm SE o1Somer mao 210 = © Gr Or Qt PRISE AUS et (3e F WWOÈENTSDADSCSOWUUE=e 2 RO RO CO # Go Gr , D TO = 119 D I LO EE Pluie ou neige. Hauteur de la neige. millim. Eau tombée dans les 24 h. millim RS EL Nombre d'heures. Vent dominant. NE. Î calme SO. il SO, il NE. 1 NE. 1 1 1 [C2] © = pu me me FA) er ms DO Les ee puis calme calme calme calme NE. NE. Z 5 M ne NORD > me Clarté muyenne du Ciel, = CS 19 MOYENNES DU MOIS DE JANVIER 1874. 6h.m. Sbh.m. A0h.m. Midi, 2h.s. 4h.s. 6h.5. 8h.s. 10h.5,. Éaromètre. mm mm rom mm mm mm nm mm mm {re décade 563,58 564,03 564,51 56437 56420 56424 56413 564,21 564,36 2 op» 56335 563,11 56401 563,98 563,61 56365 563,65 56390 563,94 3e » 566,84 567,39 56769 567,54 567,22 567,18 567,14 567,27 567,38 Mois 564,66 565,12 565,48 565,37 565,08 56509 565,05 565,20 565,29 Température. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1re décade— 9,72 — 9,57 — 8,90 — 7,27 — 6,83 — 7,38 — 8,89 — 9,13 — 9,47 2 » — 615 — 5,86 — 5,27 — 4,33 — 3,48 — 3,73 — 5,10 — 5,36 — 5,37 ge » — 5,15 — 5,40 — 5,08 — 3,72 — 3,09 — 4,95 — 5,55 — 5,45 — 5,11 Mois — 6,95 — 6,89 — 6,37 — 5,06 — 4,42 — 5,09 — 6,48 — 6,61 — 6,60 nr Min, observé.* Max. observé." Clarté moyenue Eau de pluie Hauteur dela du Ciel. Ou de neige. neige tombée. 0 0 mm mm 1re décade —10,74 — 6,34 0,30 4,6 70 26, \ês — 7,18 — 276 0,29 — — 3e » — 6,70 — 2,58 0,20 — — Mois — 8,16 — 3,85 0,26 4,6 70 Dans ce mois, l’air a été calme 22 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 2,05 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45E,, et son in- tensité est égale à 29,0 sur 100. * Voir la note du tableau, Archives des Sciences phys. 5 2 2204 sl. Mont Sales (Petite Gorge) Legende. trassique cf ( lias et vol. inf"? schésleux ypse. — Ga Arydrit chisles lustres Zrias elontie RÉEL re ; ; ; ’ tres blancs ou bigarres, dits quartiites | Fres à anthracite. __ N° Poudinque Fchistes chloriteux el micaces Fneiss __ Y' Protogine J Cale. purassique (Gralhert ) ; mt (de. a Natica Leviathan mn? de. a Ostrea reclangularis n$ Murnes à Spalangues né de, jaune el calc lrgonien m Molasse Nveant de À--- N LTH . EF NOVERRAZ, GENÊVE , Archives des Sciences Phys. el nat. IST, 1. ALIX. Pile ee Fig 1._ Mont Salève (Petite Gorge ) Cale jarassuque (Côrallient ) Cale. à Natica Leviathan Cale. à Ostrea rectanquiarés Marnes à Spataigues Cale, jaune et calc lrgonten Molasse 16.2. Zembranx caaires hréson - laux ed iscordants sur les sommets plissés el semblant concordants denrs les vallées Diagrenme Uéorique des glissentent relahfs gui peuvent expliquer celle disposition F16.9. Zur centre dns de Cneiss (At - pes Bernoises) Diagramme théorique des deux glissements successifs par lesquels on peut ex - pliquer celle intérealation Legende. urassique nf ias et ool inf!) schésteux Gypse. — Ga Arhydrite \ Schistes lustres Dolomie Trias Grès blanes ou bigarrés, dits quartsites Cres à anthracite — W° Poudinque Sehistes chlorileux el micacés cédé HO EN ça Gneiss — Y' Protogine Fig 4._ Coupe du massif du Mont Blanc, des Mz au Cramont.__ Echelle 150:000 des Frx 2769 NWveat de la mer -- Aiguille ARouge 2966 7 Prevent 2525 Vädlée \ Chamonix + LE EC: \ LOU NS RE EE roue ne Ter Mont Blanc ZElo 1m \ - (amont Mt Cetif 1720 M Bréty HELENE 7 Z LUN, FNONERNAL, CENÈTE RÉSUMÉ D'OBSERV ATIONS SPECTROSCOPIQUES DU SOLEIL FAITES À GENÈVE PAR M. EMILE GAUTIER. (bu à la séance de la Société de Physique et d'Histoire natur. du 5 février 1874.) Il y a trois ans et demi que j'ai commencé à étudier les phénomènes solaires à l’équatorial de notre observa- toire mis obligeamment à ma disposition par M. Planta- mour. J'y ai adapté un spectroscope à vision directe de Hoffmann, composé de cinq prismes, pareil à celui dont se sert à Rome, en son observatoire du Capitole, M. Res- pighi, qui m'a initié en mars 1870 à ce genre de re- cherches. J'ai suivi, comme lui, le procédé inventé par M. Zœllner, basé sur la découverte de MM. Lockyer et Janssen d'août 1868. L'objectif de notre lunette n’est que de 102 millimètres, inférieur à léquatorial du Capitole d'environ un demi-pouce. Mais la principale infériorité de notre situation résulte de la qualité du ciel, si souvent couvert dans la saison froide et si souvent imprégné en été d'une vapeur blanche permettant l'observation des taches, mais empêchant absolument celle des protubé- rances. Le fait d’habiter à distance de son instrument, sans pouvoir profiter de chaque éclaircie de l’atmosphère, constitue un autre grave empêchement à de fractueuses études. Dans de récents travaux sur le Soleil, la conve- ARCHIVES, t. XLIX. — Mars 1874. 13 178 OBSERVATIONS SPECTROSCOPIQUES nance d’avoir constamment l’œil sur le contour de son disque est indiquée comme un desideratam à réaliser pour les progrès de la science. Îl faudrait un personnel nom- breux pour y satisfaire, Pobservation persistante de l’as- tre lumineux fatiguant assez vite l'œil. Le peu que j'ai vu peut être considéré comme une vérification ou une confir- mation des découvertes faites par les astronomes mieux situés, mieux pourvus et plus assidus. Ce qui suit en sera un bref exposé. { Je cherche à faire le plus souvent possible le tour du disque du Soleil, ayant la fente de mon spectroscope pla- cée tangentiellement au bord de l’astre. Je suis alors, dans la raie C de l'hydrogène, les apparences que présente la surface extérieure de la chromosphère, m'arrêtant à cha- que accident de son contour pour en dessiner les formes, avec indication de l'angle de position du phénomène et de l'heure de l'observation. Pour maintenir la fente de l'instrument en contact avec le bord du disque, il est né- cessaire de manier continuellement les vis imprimant un mouvement doux à la lunette en déclinaison et en ascer- sion droite. Pour changer l’inclinaison de la fente, et faire mouvoir le spectroscope autour de son axe, il serait fort désirable d’avoir une troisième main, ainsi que l’a très bien dit un de mes confrères allemands; mais c’est un vœu d’une réalisation malaisée. On y supplée comme on peut, en abandonnant tantôt l’une, tantôt l’autre des verges procurant les mouvements précités. La revue du contour du disque prend alors d’un quart d'heure à une demi- heure, suivant le nombre des objets à dessiner. S’il en est qui fassent présumer des modifications promptes, ou mé- ritant un intérêt spécial, on retourne à l’angle de position correspondant et on note leurs phases successives. DU SOLEIL. 1479 Pendant les deux cent vingt-sept observations du con- tour solaire que j'ai pu recueillir jusqu’à la fin de 1873, j'ai fait connaissance assez intime avec les diverses classes de phénomènes qui s’y produisent pour suivre et appré- cier les opinions de mes collègues dans ce genre d'étude. La classification fondamentale des protubérances en deux grandes catégories, les protubérances légères, nua- seuses, et les protubérances compactes, brillantes, aux- quelles on applique aussi le nom de métalliques, à cause des diverses raies qu'elles rendent lumineuses dans le spectre solaire, est partout admise. Il ne faut pourtant pas la considérer comme absolue. Les mêmes formes peuvent se rencontrer dans des émanations chromosphériques ap- partenant aux deux espèces, et le mélange de ces deux catégories peut aussi exister dans de certains cas dans les mêmes apparences. Ainsi des protubérances métalliques peuvent avoir des appendices plus où moins vaporeux ou floconneux ; au milieu de brouillards protubérantiels, on peut voir jaillir des jets déliés et brillants de nature essen- tiellement métallique (fig. 5 et 14). La forme éruptive qui est un caractère ordimaire des protubérances brillantes se présente aussi chez les autres; en revanche on peut rencontrer, suspendus dans l’atmosphère solaire, des filets lumineux ayant tous les caractères des protubérances métalliques, naissant, se modifiant et disparaissant sans connexion apparente avec la chromosphère et la photo- sphère sous-jacentes (fig. 2). Le mode de production des phénomènes protubérantiels peut se classer sous trois chefs principaux : les éruptions, les exhalaisons et les formations détachées. Les éruptions sont manifestes dans une foule de cas et donnent lieu à ces apparences si fréquentes (fig. 6, 8, 15), JR 180 OBSERVATIONS SPECTROSCOPIQUES où un panache, retombant vers la surface du Soleil, des- sine des éventails, des champignons, des saules pleureurs et autres modèles, où la matière projetée, émergeant de la masse solaire sous un diamètre réduit, s’étale ensuite à une bauteur plus ou moins grande. Dans le cas de pro- tubérances métalliques, la matière jaillissante peut s’éle- ver sans s’étaler. Elle retombe alors parfois sous le même diamètre que celui d'émission (fig. 6), produisant ces sin- gulières apparences de boucles lumineuses, minces et ar- rondies, lantôt fermées, tantôt restant ouvertes du côté descendant. Elle peut aussi projeter des espèces de fusées (fig. 9, 11) qui s’envolent dans l'atmosphère solaire et disparaissent aux regards sans laisser de traces. Les exhalaisons ou émissions plus ou moins étendues de vapeurs protubérantielles, sont le mode le plus ordi- naire de formation de ces phénomènes (fig. 3, 7, 12, 13). Elles sont quelquefois un simple épaississement de la chro- mosphère ; dans d’autres cas, elles s’étendent à des hau- teurs considérables. M. Respighi en a vu s'élever jusqu'à six minutes ; je n’ai guère vu dépasser la hauteur de trois minutes. Leur largeur peut embrasser quinze, vingt de- grés de la périphérie solaire et même davantage. Leurs formes varient à l'infini et il serait inutile d’en tenter une description. Mais quelle que soit cette forme, on discerne des apparences différentes sur leur masse, dont l'éclat est variable, dont la teinte est souvent inégale, nuancée, quelquefois striée de bas en haut, offrant de l’analogie avec un balai et conservant des pointes aiguës dans le haut; d’autres fois floconneuse et présentant un certain moiré. Ajoutons encore que l’exhalaison peut rappeler la forme éruptive, lorsque plusieurs cratères voisins envoient des émanations qui se rejoignent. On aperçoit alors l’ap- DU SOLEIL. 181 parence bien connue d’arcades (fig. # et 12). Nous en avons vu jusqu'à cinq ou sept juxtaposées dans la même protubérance ; elles peuvent même être superposées. Il est difficile de s'expliquer la possibilité d’apparences de ce genre, quand on réfléchit que les phénomènes protu- bérantiels ne sont pas des décorations de médiocre épais- seur autour du disque solaire, mais qu'ils peuvent, qu'ils doivent avoir, selon toute vraisemblance, des dimensions aussi étendues dans le sens du rayon visuel que dans le sens qui lui est perpendiculaire. Dans le voisinage des pôles on n’observe guère que cette seconde espèce de pro- tubérances ‘. Le P. Secchi a signalé, à l’occasion des phé- nomènes se manifestant dans ces régions, un fait qui, quoique controversé, m'a souvent frappé : savoir que lorsqu'on observe une protubérance près d’un pôle, il s’en trouve ordinairement une symétrique à l’autre extré- mité du diamètre solaire correspondant et près du pôle opposé. Les formations détachées, ou nuages planant au-dessus de la chromosphère, peuvent être le résultat d’éruptions ou d’exhalaisons de la masse solaire (fig. 9, 10); elles peuvent aussi naître spontanément dans l'atmosphère et se manifester sous la forme de pluies de feu, comme M. Tacchini en a signalé des exemples, auxquels il a donné le nom de « phénomènes secondaires. » Les pre- mières sont de beaucoup les plus fréquentes. Elles peuvens conserver les mêmes formes pendant un temps prolongé et aussi en changer plus ou moins rapidement. Certaint 1 La figure 8 représente cependant une exception à cette règle. La protnbérance dessinée rappelant la forme éruptive et ayant offert des modifications considérables assez promptes, à 20 degrés seulement du pôle austral. 182 OBSERVATIONS SPECTROSCOPIQUES nuages, après avoir subi diverses transformations, peuvent retomber sur la chromosphère et l’atteindre par une de leurs portions saillantes, produisant l'apparence illusoire d’une éruption. Ainsi, dans notre observation du 15 avril 1872, la protubérance dessinée dans la fig. 4, vue pour la première fois à cinq heures, aurait sûrement été con- sidérée comme une éruption, tandis qu'elle était le ré- sultat de l’abaissement graduel d’un nuage lumineux qui flottait à distance deux heures auparavant ". La correspondance existant entre les protubérances et les apparences plus anciennement connues et étudiées à la surface du Soleil, est un fait aujourd’hui bien constaté. Partout où se manifestent des taches et des facules, il y a plus de chances de rencontrer des protubérances, surtout des protubérances métalliques. Dès l’année 1870, M. Res- pighi a signalé cette coïncidence, en la caractérisant de divers détails généralement confirmés. Il est donc proba- ble que les mêmes périodes, reconnues quant à l’appa- rition des taches et dénotant des phases régulières dans l’activité de la fournaise solaire, seront reconnues dans les protubérances. Mais jusqu’à quel point les trois phénomènes : taches, facules et protubérances sont-ils solidaires, concomitants ou identiques ? dans quel rapport d'influence mutuelle se trouvent-ils? Ce sont des questions encore loin d’être élucidées. De tout temps on a remarqué la connexion existante entre les facules et les taches. On y a rattaché depuis peu d’années la fréquence des protubérances. Mais l’analogie ne doit pas être poussée trop loin. De ‘ Le dessin de cette protubérance se trouve dans la Planche V de la note v de M. Respighi, du 5 mai 1872, pris dix minutes avant ma première observation, avec des formes très semblables. DU SOLEIL. 183 même qu'il y a des facules sans taches, il y a aussi des protubérances sans accompagnement de taches ni de facules. Preuve en est qu’on rencontre des protubérances sous toutes les latitudes héliographiques, tandis que les autres apparences ne s’observent que Sur une zone très limitée près de l'équateur solaire. La démonstra- tion directe de la non-identité des phénomènes ne peut pas être fournie par lobservation, la constatation des protubérances cessant d’être possible au moment où on commence à observer les taches et les facules. Mais d’au- tres considérations militent en faveur d’une distinction bien tranchée à établir entre ces différentes classes de phé- nomènes ; et nous ne saurions partager l’idée de M. Tac- chini tendant à identifier les protubérances et plus parti- culièrement les protubérances métalliques avec les facu- les*. Les facules sont un phénomène plus fréquent et sur- tout plus durable que les protubérances métalliques. Le même astronome nous raconte l'observation d’une facule * dont la présence a pu être constatée pendant une demi- rotation du Soleil. Les caractères connus des protubéran- ces brillantes ne s'accordent guère avec une durée ainsi prolongée. Aussi admettons-nous pleinement la coïnci- dence des phénomènes, mais non pas leur identité. Tous sont des symptômes de l’activité de la fournaise solaire qui est variable, soit d’une manière générale et régulière selon des périodes dont l'étude est poursuivie avec per- sévérance par M. R. Wolf, soit capricieusement, par pla- ces, dont rien ne peut faire prévoir jusqu'ici la position. Nous pouvons présumer dès à présent que la fré- * Voyez Archives, tome XLVII, p.264, août 1873. * Memorie della Società degli Spettroscopisti ltaliani, tome IF, p. 99, juillet 1873. 184 OBSERVATIONS SPECTROSCOPIQUES quence des protubérances et la moyenne de leurs dimen- sions suivront des variations correspondantes à celles des taches. La période actuelle d'observations ne s’étend pas encore à la moitié d’une des principales phases recon- nues dans les apparitions de celles-ci. Néanmoins le pa- rallélisme existe et nous sommes aujourd'hui en présence d’une décroissance bien caractérisée dans les deux classes de phénomènes. La décroissance dans le nombre et dans les dimensions des protubérances paraît même précéder et dépasser celle des taches. Elles sont beau- coup plus rares et moins développées qu’à l’origine des observations régulières; je veux dire en 1869. Depuis quelques mois leur amoindrissement est surtout sensible, et aujourd’hui leurs apparences sont presqu'insignifiantes, tandis qu’il y a encore de grandes et abondantes taches. La chromosphère elle-même parait s'être amincie, etil y a des jours où j'ai mille peines à la discerner ; mais il est difficile de faire la part de la mauvaise transparence de l'air en cette affaire. Il y a dans cette diminution des phénomènes une con- solation pour l’astronome qui cherche à les voir et qui se trouve constamment entravé par les circonstances atmos- phériques les plus défavorables. Elles l'ont été rarement, je m'assure, au degré où je les ai rencontrées dans la se- conde partie de l’année écoulée. On s’en convaincra lors- que j'aurai mentionné que pendant tout le dernier trimes- tre de 14873, le Soleil a à peine été visible pour l’obser- vation, el que pendant le trimestre précédent, je n'ai eu que sept fois la bonne chance d’une visibilité satisfaisante dans les phénomènes chromosphériques. Les astronomes italiens, quoique beaucoup moins mal- traités, ont aussi à pâtir de ces difficultés. M. Respighi, 4 at DU SOLEIL. 485 celui qui a fourni le contingent le plus considérable de découvertes dans ce genre de poürsuites, s’en plaint en- tre autres, tout en défendant vaillamment l'emploi des instruments de dimensions médiocres pour cette étude. Il a pu entreprendre avec le sien des recherches intéressan- tes sur les raies lumineuses visibles dans la chromosphère et ses dépendances. Je n’ai réussi que dans de très rares Occasions jusqu'ici à voir briller celles du magnésium et quelques autres bien connues des spectroscopistes. La beauté du spectacle m'a rendu très avide de le voir se reproduire, mais sans succès. Nous avons transcrit na- guère le récit d’une observation de M. Tacchini, qui avait reconnu un jour la présence du magnésium sur près des deux tiers du pourtour solaire", M. Respighi va plus loin encore aujourd’hui, Selon Jui il serait impropre de parler de « régions du magnésium » sur la chromosphère, par- ce que ce métal, de même que le fer et la substance cor- respondant à la raie 4474 de Kirchhoff, existerait par- tout sur le disque solaire. Dès que les circonstances sont favorables à l'observation il constate la présence de ces éléments sur toute l'étendue de la chromosphère, en adaptant à son spectroscope un oculaire plus puissant. Je vais sur son conseil essayer le même procédé et je suis déjà muni du nécessaire ; mais la pénurie actuelle des phéno- mènes chromosphériques ne m’a permis encore aucune expérience fructueuse. Au point de vue de la constitution du Soleil, les obser- vations dont je viens de donner un bref narré, ont-elles modifié les vues précédemment émises ici, et que j'ai commencé à vous exposer il y a dix ans tout à l'heure ? Le sujet a dès lors été fréquemment traité par un grand ! Voyez Archives, tome XLIV, p. 158, juin 1872. né A e. 0 A, “14 "R- ” ‘ : r Lt la PT 186 OBSERVATIONS SPECTROSCOPIQUES nombre d’astronomes et de physiciens : plus qu'à aucune autre époque, il a attiré l'attention. Je n’ai rien trouvé jusqu'ici dans leurs publications, ni dans les phénomènes observés, qui puisse me faire abandonner la théorie qui m'avait paru alors la plus plausible. Les savants les mieux placés pour se prononcer dans la question s’en sont plus ou moins rapprochés. Tout est loin d’être expliqué, éclairci; mais je ne doute pas que ce ne soit dans cette voie que la solution du problème ne soit trouvée, si la science humaine parvient un jour à l’élucider. L'hypothèse du Soleil solide ne peut plus être soutenue depuis la découverte des variations de durée dans la rota- tion des taches suivant leur latitude, sans parler des au- tres arguments qui militent contre elle. Il faut donc ad- mettre la fluidité du globe incandescent, qui est liquide suivant les uns, gazeux suivant les autres, ou tenant par- tiellement de ces deux états à la fois. La densité moyenne de l’astre nous fait pencher pour la liquidité, comportant la présence de gaz de toute espèce contenus dans le mé- lange en fusion, souvent à d'énormes pressions. La surface extérieure en est tout à fait recouverte; ils contribuent à former la couche brillante nommée photosphère, dans la- quelle on reconnait au spectroscope la présence de nom- breuses matières étudiées sur notre Terre, et où se mani- festent les accidents connus sous le nom de taches et de facules. L’explication de ces accidents, tout comme des phénomènes inhérents à la couche chromosphérique enve- loppante est le problème poursuivi par les astronomes. La diversité de leurs opinions est l'indice le plus catégo- rique de l’absence d’une solution définitive et certaine. Je ne veux point exposer ici ces opinions, ni entrer dans le débat. Je me bornerai à les classer sous deux chefs prin- DU SOLEIL. 187 cipaux : l'hypothèse des taches-cyclones, soutenue surtout par M. Faye et celle des taches-scories ou nuages, adop- tée par plusieurs observateurs réguliers et assidus des phénomènes solaires. Dans la première hypothèse, des considérations ingé- nieusement motivées par les différentes vitesses de rota- tion des divers parallèles de la masse solaire et devant produire des mouvements giratoires à sa surface, font as- similer les taches aux tourbillons existant dans les cours d’eau. Mais si cette cause est plausible et produit un effet conforme aux prévisions mécaniques de la théorie, les faits observés correspondent si mal avec cette con- ception, que jusqu'ici aucun astronome n’a pu l’admettre. Elle est cependant défendue avec talent, mais avec certai- nes modifications essentielles, par M. Reye, professeur à Strasbourg. L'hypothèse attribuant les taches à des matières obs- curcissantes s’accumulant et se modifiant à la surface de l’astre sous diverses influences fait en revanche constam- ment de nouveaux adeptes. Ces matières sont placées par les uns au-dessus du niveau général de la photo- sphère, par d’autres à ce niveau même, ou au-dessous. Elles sont supposées gazeuses, ou solides suivant les au- teurs; elles peuvent être le résultat de variations dans l’état calorifique de la masse solaire; des éruptions obser- vées à sa surface et qui peuvent retomber condensées sur la photosphère; d’actions chimiques encore ignorées. Nous vous avons fait part le 3 mars 1864" de nos pré- somptions sur l’état solide des scories flottant à la surface solaire et donnant lieu aux apparences des taches. Ainsi ! Voyez Archives, tome XIX, p. 265 et suivantes ; tome XXII, p. 21 et suivantes. 188 OBSERVATIONS SPECTROSCOPIQUES, ETC. que nous l'avons dit tout à l'heure, nous persistons dans cette idée, à laquelle ont adhéré plusieurs auteurs et tout particulièrement M. Zœællner, dont les vues ont été déve- loppées à maintes reprises à l’Académie royale des sciences de Saxe et récemment encore le 7 novembre 4873. La conclusion de sa dernière communication est que l'hypothèse de matières analogues à des scories, résul- tant du refroidissement provoqué à la surface du Soleil par le rayonnement, est la seule qui explique les taches so- laires sans être en contradiction avec les lois de la phy- sique et les faits constatés par l’observation. Nous nous rangeons entièrement à cette conclusion, sans vouloir toutefois restreindre l’origine présumable des scories, au seul phénomène d’un refroidissement local de portions de la surface solaire. OsservarTion. Les deux planches jointes à ce résu- mé, et très imparfaitement réussies, présentent quelques échantillons de dessins de protubérances, choisis parmi ceux qui nous ont paru les plus intéressants. On ne doit pas s'attacher d’une manière stricte à l'épaisseur indiquée pour la couche chromosphérique correspondante et cou- vrant la photosphère, celle-ci représentée par le trait blanc inférieur, La hauteur des protubérances est représentée à l’échelle de 4 millimètre pour À seconde d’arc, soit en- viron 700 kilomètres ou 160 lieues. L’angle P ou angle de position est compté du pôle nord, et correspond au milieu de la protubérance observée. r LA TIà à L'EXPÉDITION SCIENTIFIQUE DU NAVIRE DE S. M. BRITANNIQUE LE CHALLENGER Depuis quelques années les recherches sur la physique de la mer et sur les faunes marines ont pris un intérêt tout nouveau, grâce aux importantes découvertes des sa- vants norwégiens, anglais et américains. Les Archives ont consacré déjà plusieurs articles * à l'analyse des travaux relatifs à la profondeur, aux courants, à la température, à la nature du fond et à la population animale de l'Océan. Nous venons essayer aujourd'hui de rendre compte des efforts considérables que lon tente en vue d'élargir le champ de nos connaissances dans ces différentes direc- tions. L’Angleterre, qui avait déjà fait plus de sacrifices qu'aucune autre nation pour l'étude de la mer, à organisé récemment une expédition scientifique grandiose dans le { Nous nous sommes servi pour composer cet article : 1° des lettres de M. Wyville Thomson et autres notes publiées dans le journal an- glais Nature, vol. VI, VIE, VIII et IX ; 2° d’une lettre de M. v. Wille- moes-S uh m à M. le professeur de Siebold, insérée dans la Zeitschrift für wissensch. Zoologie, vol. XXII, 2% cahier, 1873 ; 3° d’un article de M. Petermann, accompagné d’une carte, qui a paru dans les Geogra- phische Mitiheilungen, 1873, n° 12. 2 Voyez Archives, 1869, tome XXXV, p. 321 ; 1871, tome XLI, p. 66, 175, 285, tome XLII, p. 190; 1873, tome XLVI, p. 218, tome XLVIL, p. 331. 190 EXPÉDITION SCIENTIFIQUE but d'étendre à tout l'océan Atlantique et au Pacifique les recherches de cet ordre qui n'avaient été faites jus- qu'à. présent d'une manière un peu complète que sur certains points des côtes de l’Europe et de Amérique du Nord. Nous n'avons plus affaire ici à un de ces voyages de cir- cumnavigalion conçus autant dans le but de « mon- trer son pavillon » que de servir les intérêts de la science, et dans lesquels un ou deux naturalistes admis à bord en sont réduits à récolter rapidement quelques échantillons sur les côtes où le commandant du navire juge bon d’a- border. Les choses ont été cette fois comprises tout au- trement, et l'on peut dire que l’amirauté anglaise a mis en pratique le « cedant arma togæ. » Elle a fait dépo- ser au Challenger seize canons sur les dix-huit dont il élait armé, et a remplacé cet appareil guerrier par un outillage scientifique. C'est le ministère de la marine qui subvient à tout avec une libéralité sans précédent ; mais ce sont des hommes de science pure qui ont tout dirigé. Pour faire comprendre l'importance de cette expédi- tion et ce que l’on est en droit d’attendre d’elle, nous devons dire d'abord sous quelle direction elle a été orga- nisée, quel plan on lui à tracé et quel est le personnel chargé des recherches scientifiques. Nous verrons ensuite quels sont les résultals auxquels sont déjà arrivés les ex- plorateurs au point de vue de la géographie, de la phy- sique de la mer et de Ja zoologie. A la demande de l’amirauté, la Société Royale nomma un comité chargé de rédiger des instructions pour l’état- major scientifique du Challenger, Ce comité fut composé de savants représentant toutes les branches des sciences physiques et naturelles, et renfermant entre autres plu- de y cos À Le CORRE ” : * BL, DU CHALLENGER. 491 sieurs hommes qui ont fait leurs preuves comme voya- geurs, tels que MM. Hooker, Huxley, Alfred R. Wallace. Le Challenger devait faire d’abord au travers de l’At- lantique quatre sections plus ou moins obliques partant de Madère et aboutissant au cap de Bonne-Espérance. Cette première partie de son voyage est déjà terminée. Du Cap il ira explorer les îles Marion, Crozet et Kergué- len, et s'avancera ensuite aussi loin vers le sud que le lui permettra la barrière de glaces du pôle antarctique. Re- montant ensuite au nord, il se dirigera par Melbourne, Sidney et le détroit de Torrès vers Timor; il traversera le détroit de Lombok et arrivera à Manille par la mer de Soulou. Des Philippines il fera une pointe au sud-est pour visiter quelques îles du Pacifique, telles que la Nouvelle-frlande, la Nouvelle-Bretagne, les Salomon et les Pelew. Après avoir exploré cette région occidentale du Pacifique, il se rendra au Japon. Du Japon il traver- sera le Pacifique septentrional de l’ouest à l’est pour ar- river à Vancouver. Pais de Vancouver il fera une nouvelle section du Pacifique, mais cette fois du nord au sud, pour atteindre Valparaiso en visitant sur sa route l'île de Pâques. Quittant Valparaiso vers la fin de 1875, il ira, par le détroit de Magellan et les iles Falkland, à Rio de Janeiro, et rentrera enfin en Angleterre en touchant à PAscension. Cet immense itinéraire, qui nécessite un voyage de trois ans et demi, permettra d'étudier d’une manière compa- rative les principaux phénomènes physiques de l'Océan et de récolter des renseignements précieux sur les faunes profondes d’un grand nombre de points, entre autres sur celles des mers antarctiques. Une attention particulière sera donnée à la faune et à la flore des iles Marion, Cro- 192 EXPÉDITION SCIENTIFIQUE zet et Kerguélen. On recommande aussi à l'expédition de toucher si possible aux îles Auckland, Campbell et sur- tout aux îles Macquarie. La Nouvelle-Bretagne et la Nou- velle-Iriande sont très-mal connues et leur position géographique fait désirer tout spécialement d'obtenir sur elles des données zoologiques, botaniques et ethnologiques. La route tracée au Challenger dans cette partie du Paci- fique fournit l’occasion de contrôler et de répéter les an- ciennes observations relatives à la structure des récifs de coraux et à l'accroissement des coraux. Enfin, la section entre le Japon et Vancouver d’une part, et celle entre Vancouver et Valparaiso de l’autre traversent d'immenses étendues de l'Océan sur lesquelles on ne sait presque rien au point de vue de la géographie physique et de la distribution des êtres vivants. Les nombreuses recommandations du comité de la Société Royale relatives aux observations physiques por- tent principalement sur les questions de profondeur, de température de ia mer et de pesanteur spécifique de l’eau à diverses profondeurs. Un point qui devra être étudié d’une manière spéciale, c’est la diminution de la tempé- rature de haut en bas dans la région de la plus grande activité des récifs de coraux. On recommande aussi étude des marées, des courants, de la transparence de l’eau et enfin les rapports de la pression barométrique avec la latitude. A côté de ces observations physiques et liées avec elles, on fera des analyses chimiques destinées à doser les gaz, les sels et les matières organiques de l’eau de mer. En ce qui concerne la géologie, on devra récolter tous les renseignements possibles sur les régions qui n'ont pas encore été observées à ce point de vue, et rechercher les SRE DU CHALLENGER. 193 preuves d’exhaussement ou d’affaissement récents des côtes. Les desiderata relatifs à la botanique sont si nombreux qu'il ne sera guère possible aux naturalistes du Challen- ger de faire droit à tous; mais il suffirait qu'ils pussent en remplir quelques-uns pour avoir rendu des services importants à la géographie botanique. On a insisté d’une manière particulière sur l'étude des petites îles océaniques qui, dans beaucoup de cas, sont les derniers refuges de flores d’une haute antiquité. D'ailleurs, comme c’est le cas pour celle de Sainte-Hélène, ces flores sont exposées à être exterminées et ainsi irrévocablement perdues pour la science lorsque l’île vient à être occupée par l’homme et peuplée d'animaux domestiques. Les instructions qui portent sur la zoologie sont beau- coup moins développées. Elles signalent seulement quel- ques points à l’attention des explorateurs : ainsi un examen de la faune littorale du détroit de Torrès sur la côte de la Nouvelle-Guinée pour la comparer à celle de la côte australienne correspondante, et une étude de la «ligne de Wallace » dans l'archipel malais. Du reste, l’on s’en remet avec une juste confiance au chef scientifique de l’expé- dition, M. C. Wyville Thomson, pour toutes les recherches zoologiques. Ce savant distingué a déjà montré ses ta- lents d'observation dans les expéditions du Lightning et du Porcupine. Il est, pour nous servir d’une expression favorite des Anglais : « the right man in the right place.» On lui à adjoint comme naturalistes : 1° Un jeune zoologiste allemand versé dans la connais- sance des animaux inférieurs, M. le D' R. v. Willemoes- Suhm, ancien élève du professeur C.-Th. von Siebold,. ARCHIVES, t. XLIX. — Mars 1874. 14 494 EXPÉDITION SCIENTIFIQUE 20 M. H.-N. Moseley, zoologiste anglais, qui consacrera aussi upe partie de son temps aux invertébrés et s'occu- pera des collections botaniques. 3° M. Murray, d’origine canadienne, qui a déjà navigué sur un baleinier et à qui incombent plus spécialement les travaux relatifs aux Vertébrés. M. J.-Y. Buchanan est chargé des analyses chimiques. M. J.-J. Wild, de Zurich, qui est attaché à M. Wyville Thomson comme secrétaire particulier, est un artiste habile et rend, à ce qu'il paraît, de grands services par son aptitude pour les dessins d'histoire naturelle. Le commandant du navire est le capitaine G.-S. Nares, bien connu comme auteur d’un ouvrage remarquable très-employé dans la marine britannique. Il à pour se- cond M. J.-P. Maclear, fils de Sir Thomas Maclear, ancien astronome royal au Cap. Cet officier a déjà fait partie des deux expéditions qui ont observé les dernières éclipses en Espagne et à Ceylan. C’est lui qui est chargé des ob- servalions magnétiques. On a adjoint à ces savants un sous-officier du génie, babile photographe. Rien n’a été épargné pour doter ce personnel de toutes les ressources matérielles qui peuvent faciliter ses travaux scientifiques. Le Challenger est une corvetie (main-deck corvette) mixte, de 2300 tonneaux, c’est-à-dire d’un tonnage su- périeur à celui qu’avaient entre eux les trois navires de l'expédition de Cook en 1772. Ses machines sont d’une puissance nominale de 400 chevaux. Il porte six embar- cations, au nombre desquelles est une pinasse à vapeur. On a profité de la place gagnée sur l'artillerie pour amé- liorer les aménagements du navire. Il y a un labora- DU CHALLENGER. 1495 toire de zoologie bien monté, un laboratoire de physique et de chimie, et une chambre obscure avec laboratoire pour le photographe. Un espace assez vaste a pu être attribué aux appareils de sondage et de draguage, aux instruments thermométriques et photométriques, etc. Une soute à alcool renferme une provision considérable de liquide, et des milliers de flacons sont destinés à contenir les récoltes des zoologistes. Il y a à bord une quarantaine de dragues et toutes sortes de harpons, de filets et autres engins de pêche. Plusieurs centaines de milles d'excellente corde ont été préparés à Chatham en vue du draguage. Les voyageurs ont été pourvus pour les recherches physiques de nombreux instruments dont plusieurs nouvellement imaginés. L'on a construit, d’après les directions de M. Moseley, un petit aquarium destiné à l'étude du développement des animaux marins. Cet appareil est entièrement fermé, sauf par les temps parfaitement calmes ; le renouvellement de l’eau s’effectue au moyen d'un courant d’eau constant, pénétrant dans l'aquarium et en ressortant au travers de plaques per- cées en pommes d’arrosoir. Enfin, une bibliothèque scien- üfique assez bien garnie complète les ressources mises à la disposition des voyageurs. Les appareils de sondage ont subi des perfectionne- ments considérables dans ces dernières années. L’on trouve dans l'ouvrage de M. Wyville Thomson ‘ des des- criptions et des figures des différents modèles de sondes qui ont été successivement employés. Aujourd’hui, il semble que c’est l'appareil de l'Hydra (Hydra tube) qui a la préférence. Mais ce n’est pas seulement sur la sonde elle-même qu'ont porté les améliorations; les cordes de ‘ The Depths of the Sea, 1873, page 205. 196 EXPÉDITION SCIENTIFIQUE sondage sont infiniment supérieures à ce qu'elles étaient jadis : leur poids, à longueur égale, a été diminué de 22°}, en même temps que leur résistance a été augmentée de 447 °/,. Ces nouvelles cordes sont faites de chanvre de première qualité, et on les rend lisses au moyen d'un mé- lange de cire et d'huile, de sorte que la vitesse avec la- quelle elles glissent au travers de l'eau à été augmentée de 47 à 20 °/,. Aussi le savant rédacteur des Geographi- sche Mittheilungen estime-t-il que « ce que le Challenger a mesuré et mesurera encore sera Ce qui aura été fait de mieux et de plus exact dans ce genre. » Maintenant que nous avons esquissé le plan sur lequel est conçue l'expédition, et énuméré les ressources maté- rielles dont elle dispose, voyons quelle partie de sa tâche a été déjà accomplie et quels résultats ont été obtenus. Le Challenger, parti de Portsmouth le 21 décembre 1872, a essuyé dans ses premiers jours de navigation d'assez mauvais temps qui ont prouvé que tout avait été bien arrimé. Il a touché d’abord à Lisbonne, puis à Gibral- tar, où une semaine environ a été employée à déterminer, avec le secours du càble télégraphique, la différence de longitude entre Malte et Gibraltar. Il est reparti le 26 jan- vier 1873 pour Madère et Ste-Croix de Ténériffe. Le 416 mars il est arrivé à St-Thomas. De St-Thomas il est allé aux Bermudes et, de ià, à Halifax. Retournant ensuite aux Bermudes par une route un peu différente, il a pris cet archipel comme point de départ d’une seconde traversée de l'Atlantique. Arrivé à Madère après un arrêt d’une di- zaine de jours aux Açores, il s’est dirigé vers le sud et a atteint les îles du cap Vert (Saint-Vincent) le 27 juillet. C’est à cette date que s'arrêtent, à peu de chose près, les renseignements qui nous sont parvenus jusqu’à présent. Coatn:s! ÈS 4 4 Lo DU CHALLENGER. 197 Nous savons seulement que depuis les îles du cap Vert le Challenger a traversé de nouveau l'Atlantique en se diri- ceant au sud-sud-ouest sur Bahia, et qu’il a enfin coupé une quatrième fois cet Océan pour atteindre le cap de Bonne-Espérance, visitant en route Tristan d’Acunha et quelques autres petites îles de ce groupe. Dans cette première série de voyages en zigzag entre l'Europe et l'Afrique d’une part et l'Amérique de l’autre, que l’on peut appeler la campagne de lAtlantique, l'on a déjà récollé un grand nombre de données intéressantes. Pour faire comprendre leur importance, il suffit de dire que le long de la première section, aboutissant à Saint- Thomas, il a été fait vingt-deux sondages, dont treize ac- compagnés de draguages, et pris douze séries de tempé- ratures à différentes profondeurs. Les sondages du Challenger fournissent des renseigne- ments sur des points encore inexplorés de l'Océan. Ils ont en outre l'avantage, par suite de la perfection des appareils employés, de contrôler les observations dues à des expéditions antérieures. Comme résultat général, lon remarque déjà que les chiffres fournis par ces nouveaux sondages, auxquels on a toute raison de se fier, sont de beaucoup inférieurs aux maxima admis précédemment pour l'Atlantique du Nord. Quoique l'expédition ait tra- versé cet Océan en plusieurs sens, elle n’a trouvé nulle part, du moins dans les trois premières sections, ces pro- fondeurs immenses qui avaient été acceptées sur la foi de sondages exécutés avec des instruments imparfaits. Ainsi, l’on voit notée sur les cartes une profondeur de 6600 brasses (fathoms) sans atteindre le fond, c’est-à-dire de plus de 12,050 mètres, tandis que le maximum mesuré par 198 EXPÉDITION SCIENTIFIQUE le Challenger a été de 3875 brasses, soit 7085 mètres". Ce maximum, chose curieuse, n'a pas été trouvé dans les points que l’on considérait jusqu'à présent comme les plus profonds, mais tout près des Antilles, à un degré au nord de l’île d'Anegada. M. Petermann fait observer que ce fait est en accord avec les résultats de nombreux son- dages exécutés en 1870 par le commodore Jobn Irwin, de la marine des États-Unis, en vue de la pose d’un càble télégraphique sous-marin te long des côtes méridionales des Antilles regardant la mer Caraïbe. Ces sondages de l’expédition américaine, qui ont été communiqués en ma- nuscrit à l’Institut de Gotha, démontrent que sur toute la ligne qui s'étend de Cuba à Saint-Vincent et à la Bar- bade il existe une forte déclivité du sol sous-marin com- mençant immédiatement au rivage. Les Bermudes sont remarquables aussi, comme le prouvent quelques sondages du Challenger, pour la rapi- dité avec laquelle le sol descend depuis ces iles jusqu’à des profondeurs de 2000 à 2600 brasses (3660 à 4875 mètres). Dans la troisième traversée de l'Atlantique, qui s'est faite des îles du cap Vertà Bahia, le Challenger n'a trouvé aucun point ayant une profondeur de plus de 2500 brasses (4690 mètres). Les renseignements que nous fournissent déjà les lettres écrites par les membres de l'expédition montrent que, dans l'Atlantique du Nord, la température à de grandes pro- fondeurs (2000 brasses et au-dessous) ne s'élève pas au- dessus de 2° C., ce qui confirme complétement l’idée de ! La sonde chargée d’un poids de trois quintaux à mis une heure et douze minutes pour atteindre le fond; il a fallu deux heures pour la remonter après qu’elle eut abandonné sa charge. DU CHALLENGER. 199 l'existence d’une couche d’eau polaire au fond du bassin de cet Océan. Ainsi, le 6 mars 1873, la température de l'eau à la surface étant de 23°,3 C., celle du fond, à 2325 brasses (4370 mètres), est de 4°,7 C. Le 10 mars, la température de la surface étant de 23°,3 C., celle du fond n’est que de 1°,6 C. Le 26 mars, jour où la sonde atteignit la profondeur de 3875 brasses (7085 mètres), à 90 milles au nord de Saint-Thomas, la température à 1500 brasses (2745 mètres)lde profondeur était de 2°,4C., celle de la surface étant de 242,5 C. La courbe construite d’après les températures observées dans cette dernière station, à des intervalles de 100 brasses (133 mètres), in- dique un abaissement très-rapide et régulier d'environ 20° pendant les 600 premières brasses, puis une di- minution beaucoup plus lente dans les couches infé- rieures. Dans les profondeurs excessives, c’est-à-dire au- dessous de 3000 brasses, la température ne subit pro- bablement plus qu’un très-faible abaissement ; 1l y a peut-être même une profondeur au-dessous de laquelle elle reste stationnaire. Malheureusement les thermomè- tres Miller-Casella ‘, qui ont bien fonctionné jusqu’à en- viron 3150 brasses (5760 mètres), n’ont pas pu descendre à de plus grandes profondeurs sans se briser. M. Wyville Thomson croit que l’on pourrait, au moyen d’une petite modification, les rendre susceptibles de résister aux énor- mes pressions qui agissent sur eux à 3800 ou 3900 brasses. La nature physique et chimique du fond présente des ! Nous employons ici l: nom qui a été adopté jusqu'à présent ; il faut cependant reconnaître que les réclamations de MM. Negretti et Lambra, relatives à leur priorité d'invention pour cet instrument, sem- blent parfaitement justifiées. 200 EXPÉDITION SCIENTIFIQUE différences assez grandes suivant les régions de l’Atlan- tique que l’on considère. Autant que l’on peut le com- prendre d’après les notes de M. W. Thomson, il y a deux sortes principales de fond : une argile rouge (red clay) et une boue à Globigérines (Globigerina mud). L’argile rouge occupe une grande partie de la première section faite par le Challenger au travers de l'Atlantique du Nord. Dans la seconde section, des Bermudes à Madère, l’on a constaté l'existence de cette argile sur une longueur d'environ 1900 milles, c’est-à-dire sur une étendue double de celle qui est occupée par la boue à Globigérines. Elle se re- trouve aussi sur la plus grande partie de la route suivie entre Saint-Thomas et les Bermudes. C’est une question d'un haut intérêt, comme le dit avec raison M. W. Thom- son, de savoir quelle est la source de ce vaste dépôt et quelles sont les causes de sa distribution dans les parties les plus profondes de l'Océan. La vase rouge est du silicate d’alumine , avec du ses- quioxyde de fer et une faible quantité de manganèse. Cette dernière substance paraît très-répandue dans les profondeurs de l'Océan ; en effet, sur plusieurs points, la drague a ramené de 2435 à 3150 brasses (4450 à 5760 mètres) des corps irréguliers, mamelonnés, finement gra- nuleux, qui sont presque entièrement composés de per- oxyde de manganèse. Les naturalistes de l'expédition, pourvus des appareils les plus puissants et les plus perfectionnés qui aient ja- mais été employés, ont pu traîner la drague dans les plus grands abimes que leur sonde ait atteints, et s'assurer ainsi que dans ces immenses profondeurs la vie n’est pas tout à fait absente. L'opération la plus grandiose qui ait encore été faite dans ce genre est celle que le Challen- DU CHALLENGER. 20i ger a exécutée avec succès à la profondeur de 3875 brasses (7085 mètres). Pour que les couteaux de la dra- gue pussent mordre sur le sol sous-marin sans que l’on fût obligé d'employer une longueur de corde exagérée, on plaça un poids de plus de quatre quintaux à environ trois où quatre mètres en arrière de la drague et un autre poids de deux quintaux à 500 brasses (920 mètres) en avant d'elle. I fallut néanmoins filer 4400 brasses (8045 mètres) de corde de deux pouces. La drague ramena une boue d’un gris rougeâtre contenant une quantité assez considérable de carbonate de chaux. Les seuls animaux rapportés de cette profondeur étaient quelques petits Fo- raminifères à test calcaire et quelques autres plus grands appartenant au type arénacé. Le 26 février, dans un draguage à 3150 brasses (5760 mètres), on avait ramené un quintal d'argile rouge très- fine, qui ne contenait non plus que quelques Foramini- fères de la famille des Cristellariens, dont le test était formé aux dépens de particules de cette vase rouge. On pourrait inférer de ces deux opérations que dans les profondeurs excessives il y a une grande pauvreté de la vie animale; mais cette conclusion, tirée d’un ou deux faits négatifs, serait peut-être hâtive, car à 2740 brasses (5010 mètres) l’on a trouvé, outre de nombreux Forami- nifères, plusieurs mollusques bivalves vivants; une autre fois, à une profondeur qui n’était pas loin de 3000 brasses, l’on a récolté une Annélide tubicole rentrant dans la fa- mille des Ammocharidæ et devant peut-être se placer dans le genre Myriochele, Malmgren. Ces captures mon- trent que, même jusque vers 3000 brasses, l’on trouve des animaux assez élevés en organisation et voisins de ceux qui caractérisent des faunes peu profondes. 202 EXPÉDITION SCIENTIFIQUE Les draguages entre 1000 et 3000 brasses (1830 ct 9485 mètres), opérés dans les deux premières traversées de l'Atlantique, ont déjà procuré plusieurs animaux nou- veaux dont quelques-uns sont fort intéressants. Le 4 mars, sur la section entre Ténériffe et Saint-Tho- mas, on à ramené d'une profondeur de 1900 brasses (3475 mètres) un Cruslacé ayant les caractères des Asta- cidæ, mais différant de tous les Décapodes connus par l’absence complète d’yeux et même de pédoncules ocu- laires. Il n’y a pas même de trace d’une place pour rece- voir ces organes. L’échantillon qui est un mâle mesure 120 millimètres de longueur. Les pattes ambulatoires de la première paire ont des proportions singulières et très- élégantes; elles sont beaucoup plus longues (155"") quele corps, très-grêles, et terminées par des pinces très-grêles aussi et denticulées. Les quatre autres paires de pattes ambulatoires sont courtes et portent chacune des pinces. M. de Willemoes-Suhm avait donné à cette espèce le nom de Deidamia leptodactyla", mais M. A.-R. Grote, du musée de Buffalo, a fait remarquer que le nom de Deidamia avait déjà été employé pour un genre de Lépidoptères, et a proposé en conséquence, pour ce nouveau type de crus- tacés, le nom de Wällemoesia. Dans des draguages exécutés du 45 au 25 mars, dans la mer des Antilles, à des profondeurs relativement fai- bles d'environ 450 brasses (825 mètres), on s’est pro- curé une seconde espèce du même genre qui a reçu le nom de Deidamia crucifer W. S."'. Elle présente la même absence complète des organes de la vue, mais se distin- que de l’espèce précédente en ce qu'elle n’a de pinces qu'aux quatre premières paires de pattes ambulatoires. 1! Voyez Nature, vol. VII, p.51, fig. 2. DU CHALLENGER. 203 Ces deux crustacés possèdent l’appendice lamellaire de la base des antennes externes que l’on trouve chez les Astacus et la carapace aplatie des Palinurus. Dans le draguage qui a procuré la Willemoesia cru- afer, lon a obtenu un autre crustacé aveugle de la fa- mille des Astacidæ. Bien que cette espèce ait plutôt le facies d’une Callianassa que celui d’un Astacus, elle ne semble pas présenter de caractères suffisants pour être séparée de ce dernier genre; aussi M. de Willemoes- Suhm lui a-t-il donné le nom d’Astacus zaleucus *. À la place où se trouvent les yeux dans les Astacus normaux, il n’y a pius ici que deux espaces ronds et vides, de sorte qu'il semble que les yeux et les pédoneules oculaires aient été soigneusement extirpés et que l’espace qu'ils occupaient ait été fermé par une membrane chitineuse. Les pinces de la première paire de pattes sont dévelop- pées d’une manière extraordinaire, surtout celle de droite qui est deux fois plus longue que celle de gauche et ar- mée d’une formidable rangée de longues épines le long de chacune de ses branches, L’abdomen est déprimé, et les deux paires d’appendices caudaux très-développés forment une large nageoire. Nous pouvons rapprocher de ces découvertes celle qu’a faite récemment M. Wood-Mason 5 d’un crustacé aveugle rentrant aussi dans cette même famille dés Astacidæ. Cette espèce, qui forme un genre nouveau nommé par l’auteur Nephropsis (N. Stewarti) a été draguée aux Îles Andaman ! Voyez Nature, ol. VII, p. 266, fig. 1. # Voyez Nature, vol. VI, p. 246, fig. 1. # J. Wood-Mason, On Nephropsis Stewarti, a new genus and species of Macrurous Crustaceans. (Journal Asiat. Soc. of Bengal, vol. XLIF, 1873, part. I, n° 1, p. 39, pl. 1v.) 2: ART TTC 204 EXPÉDITION SCIENTIFIQUE à une profondeur de 260 à 300 brasses (475-550 mèt.). Elle est très-voisine du Nephropsis norwegicus des mers boréales de l'Europe, et n’en diffère guère que par l’ab- sence de l’appendice lamellaire des antennes externes et par l’atrophie des organes visuels. Le pédoncule ocu- laire existe bien, mais il est court, subcylindrique et com- plétement abrité par la base du rostre qui est très-robuste ; l'œil est tout à fait rudimentaire, sans pigment, ni cornée, ct présente, comme le reste du corps, une coloration d’un rose tendre, Par un balancement résultant du faible déve- loppement des yeux, certaines parties voisines ont acquis des dimensions plus grandes que d'ordinaire. Les antennes sont très-développées : leur fouet est en particulier passa- blement long et excessivement grêle à son extrémité. L’or- gane auditif est aussi d’une grandeur exceptionnelle, Se- lon M. Wood-Mason ces modifications anatomiques sem- blent s'être produites sous l'influence du genre de vie de ce crustacé qui habite sur un fond de vase fine dans la- quelle il vit probablement en fouisseur comme le Calocaris Macandree. Le faible développement ou latrophie complète des organes visuels chez les crustacés vivant à de grandes profondeurs, comme ceux que nous venons de citer, ou habitant dans des cavernes comme le Cambarus pellucidus de la « Mammoth cave,» ne peuvent guère s'expliquer que par le défaut d'usage de ces organes résultant de l’obs- curité dans laquelle les animaux sont plongés. L'influence de cette cause est surtout évidente lorsque l’on considère des cas comme celui que présente l'Ethusa granulata ‘. Lorsque ce crustacé vit à des profondeurs de 440 à 370 brasses (200 à 675 mètres), il a sa carapace munie en ! The Depths of the Sea, page 176. + V2 Fe, 24 007, | MCE É" DU CHALLENGER. 205 avant d'un rostre épineux d’une longueur considérable ; animal parait être aveugle, mais possède encore deux singuliers pédoncules oculaires épineux, dont l'extrémité est arrondie, Dans les individus récoltés entre 542 et 705 brasses (990 et 1290 mètres), les pédoncules oculaires ont perdu leur mobilité ; ils sont solidement fixés dans leur cavité articulaire et ont complétement changé de ca- ractère, Leurs dimensions sont beaucoup plus grandes; ils sont plus rapprochés l’un de l’autre et, au lieu de pré- senter une extrémité arrondie, ils se terminent par une longue pointe en forme de rostre. Par contre, le vrai rostre, si développé dans les autres échantillons, a été résorbé. Une observation analogue a été faite sur les Gamma- rus et les Asellus du lac Léman. M. le D'F.-A. Forel a découvert que ceux de ces crustacés qui vivent dans les profondeurs sont aveugles, tandis que ceux qui vivent près de la surface ont des yeux normaux. Les choses ne se passent cependant pas toujours de cette façon. Ainsi que le fait remarquer M. W. Thomson, les Munida qui vivent aux mêmes profondeurs que l’Ethusa granulala ont des yeux développés d’une manière excep- tionnelle et paraissant être d’une grande délicatesse. « Il est possible, ajoute ce naturaliste, que dans certains cas, à mesure que la lumière du soleil diminue, la puissance de la vision augmente, et que, à la longue, l’œil devienne susceptible d’être impressionné par la faible lueur de la phosphorescence. » Dans les captures faites par les zoologistes du Chalien- ger, on trouve des exemples d’un singulier développe- ment des organes visuels chez certains crustacés des profondeurs. La drague à ramené de profondeurs de ee 0 VRP LR Ta 206 EXPÉDITION SCIENTIFIQUE 1000 à 2200 brasses (1830 à 4020 mètres) des es- pèces d’une taille relativement grande, et très-beaux de forme et de couleur, pour lesquelles M. de Willemoes- Suhm a établi le genre Grathophausia (Gn. gigas ‘ et Gn. zoea *). Ce sont des Schizopodes présentant quelques ca- ractères de Phyllopodes, Ils doivent rentrer dans la fa- mille des Lophogastridæ, dont 1 faudra seulement un peu modifier la caractéristique. Leurs yeux pédonculés sont normaux ; on trouve, en outre, un œil accessoire sur cha- cane des maxilles de la seconde paire. Cette dernière par- ticularité est spéciale à ce genre, car l’on ne connaissait jusqu'à présent de semblables yeux accessoires qu’à la base des membres thoraciques et abdominaux chez des crustacés de la famille des £uphauside. M. de Willemoes-Suhm a décrit sous le nom de Thaumops pellucida un Amphipode gigantesque, presque entière- ment transparent, et dont les yeux occupent toute la face supérieure de la tête. Ce beau crustacé avait été ramené par le filet (trawl) dans un draguage fait à 1090 brasses (1990 m.), mais M. de Willemoes-Suhm s’est assuré, par de nouvelles observations, que l'espèce vit en réalité à la surface et qu’elle a été déjà décrite par Guérin-Méneville sous le nom de Cystosoma Neptuni, d'après un échantillon provenant de l'Océan Indien. Il faut done la compter parmi les animaux de la faune pélagique. Une belle espèce de Scalpellum à été trouvée par en- viron 2890 brasses (5210 mètres) adhérant à ces masses concrétionnées de peroxyde de manganèse dont nous avons parlé plus haut. Ce Cirrhipède, qui a reçu le nom # Voyez Nature, vol. VIE, p. 401, fig. 4 et 5. 2 Idem, fig. 6. DU CHALLENGER. 207 de Scalpellum regium ‘, mesure une longueur de 60", dont le capitulum forme les deux tiers. C’est de beaucoup la plus grande espèce du genre. Tous les échantillons étaient des femelles, sur la plupart desquelles étaient fixés un certain nombre de mâles. Ces mâles, les plus simples en organisation que lon ait encore observés dans ce groupe, sont ovales, sacciformes, avec une longueur de 2m® environ sur 0,9 de largeur. À l'extrémité supé- rieure se trouve une ouverture en forme de fente en- tourée d’un anneau légèrement saillant. Les antennes, placées à l'extrémité postérieure, ressemblent beaucoup. pour la forme, à celles du Sc. vulgare. Tout ce sac, sauf un petit espace voisin du point de fixation, est couvert de poils chitineux fins, disposés en rangées transversales. Il n’y a aucune {race de segmentation, ni de valves, et la dis- section n’a fait découvrir ni estomac, ni œsophage ; les deux tiers postérieurs du corps sont remplis d’une masse lobulée de cellules spermatiques. Dans les notes écrites par les zoologistes du Challenger, nous ne trouvons presque rien sur les Mollusques ; il ne semble donc pas que les animaux de cet embranchement aient été rencontrés nulle part en abondance et aient fourni des formes intéressantes. Les Bryozoaires ont, au contraire, présenté un type nouveau et fort curieux que M. W. Thomson a décrit sous le nom de Naresia cyathus*. Le cœnecium est composé d’une tige transparente, haute de deux ou trois pouces, du som- met de laquelle divergent des branches formant une coupe gracieuse, Ce genre, ramené d’une profondeur de 1525 brasses (2800 mètres), diffère de tous ceux de la faune # Voyez Noture, vol, VIT, p. 347, fig. 1 et 2. ? Figuré dans Nature, vol. VIF, p. 287. 208 EXPÉDITION SCIENTIFIQUE actuelle ; il rappelle d'une manière frappante les Dictyo- nema Hall, du terrain cambrien, que M. W. Thomson et d’autres naturalistes avaient été disposés jusqu'à présent à rapporter aux Hydroïdes à cause de l’absence appa- rente de cellules. Le chef de l'expédition signale aussi, mais sans les décrire, deux Bryozaires dragués à 2175 brasses (39860 mètres), et remarquables, lun par la lon- gueur des pédicelles portant les aviculaires, autre par la sculpture élégante de ses cellules. Outre l’Annélide que nous avons citée plus haut comme draguée à une profondeur de 3000 brasses, nous trou- vons mentionnées quelques autres formes rentrant dans les genres Euphrosine ?, Eteone, Syllis, Nereis, Onuplus, Glycera et Clymene. M. de Willemoes-Suhm, dans sa lettre à M. de Siebold, dit que l’on n’a rencontré aucune forme frappante où aberrante ; mais 1l faut remarquer que cette lettre est datée de Madère, le 5 février 1873, et a été, par conséquent, écrite avant que te Challenger eût fait sa pre- mière traversée de l'Atlantique. M. de Willemoes-Suhm a étudié un Géphyrien malheu- reusement incomplet qui paraît devoir représenter une famille nouvelle intermédiaire entre les Siponculides et les Priapulides. L'on a trouvé dans les parages de Madère (?), à une profondeur de 1525 brasses (2800 mètres), quelques es- pèces extrêmement intéressantes d'Échinodermes, entre autres plusieurs exemplaires de la Salenia varispina Al. Ag., qui avait été découverte par Pourtalès dans le détroit de Floride. M. Wyville Thomson, chaud partisan de la théorie de la continuité de la craie, ne cherche pas à ca- cher le vif plaisir qu’il a eu à récolter lui-même ce repré- sentant d’un genre essentiellement crétacé. Il a retrouvé DU CHALLENGER. 209 plus tard cette Salénie à Saint-Thomas à une profondeur de 625 brasses (1140 mètres), de sorte qu'elle occupe une aire très-étendue. Avec elle l’on a ramené aussi, dans cette dernière localité, le Rhizocrinus lofotensis, sur le- quel on peut faire la même remarque. Les Holothuries paraissent être bien représentées, du moins dans certaines stations. Il en est qui sont vivement colorées. Les coraux qui, dans les régions équatoriales du Paci- fique, seront sans doute un des plus importants objets d’études des naturalistes du Challenger, n’ont fourni, dans les deux premières sections au travers de l'Atlantique, qu'un petit nombre de formes nouvelles ou peu connues. Il faut cependant citer, parmi les animaux de ce groupe, l'Umbellularia qui est une des plus belles pièces obtenues dans cette partie du voyage. « Le 31 janvier 1873, écrit M. de Willemoes-Suhm, le grand filet avait, été descendu à une profondeur de 2125 brasses (3885 mètres), et il était tard dans la soirée lorsqu'on le ramena et que nous aperçûmes ce beau polype long de trois pieds et demi. Tout l'animal, aussi bien la tige que les polypes, longs de un pouce et demi, brillaient d’une lueur phosphorescente des plus vives, et cela dura encore quand l'animal eut été mis dans l’alcool, au point que l’on put l’étudier au spectroscope. Vous savez que M. Lundahl a rapporté l’an- née passée d’une expédition suédoise, dans la baie de Baffin, cet animal qui n'avait pas été retrouvé depuis l’é- poque d’Ellis. » Un draguage à 1520 brasses (2780 mètres), exécuté à une certaine distance au sud-ouest de Ténériffe, a ra- mené quelques bases et quelques rameaux de l'axe cal- caire d’un polypier voisin du corail. Ces fragments sem- ARCHIVES, t. XLIX. — Mars 1874. 15 210 EXPÉDITION SCIENTIFIQUE blaient provenir d'individus morts depuis longtemps, et M. Wyville Thomson se demande si l'espèce n'avait pas vécu à un niveau plus élevé et été entraînée dans sa posi- tion actuelle par un affaissement du sol sous-marin? Les draguages faits à des profondeurs de 450 et 625 brasses (820 et 1140 mètres) ont procuré de nombreux individus de coraux se rapportant pour la plupart aux espèces décrites par M. Pourtalès. Dans l'Archipel des Acores, entre San-Miguel et Santa-Maria, l’on a constaté à 1000 brasses (1830 mètres) une abondance excep- tionnelle de coraux pierreux du groupe spécial aux eaux profondes. M. Wyville Thomson signale deux espèces nou- velles, dont l’une est un Flabellum (FL. alabastrum, Mo- seley) ‘ et l’autre un Gcratoirochus (C. nobiliis, M.)*. Les Spongiaires sont bien représentés dans les eaux profondes, et l’on a découvert en particulier plusieurs formes nouvelles rentrant dans le groupe élégant des Hexactinellidæ (Aphrocallistes, Hyalonema. Euplectella). Dans la station au sud-ouest de Ténériffe, où a été récolté le corail mort que nous avons mentionné plus haut, lon a obtenu une magnifique éponge appartenant à cette fa- mille, Un échantillon formé de deux individus réunis par leur base avait environ 60 centimètres de diamètre et ressemblait à un champignon à amadou, ce qui lui a fait donner le nom de Poliopogon amadou, W. Th.*°. Un des caractères les plus frappants de cette espèce consiste dans la forme de ses spicules d'ancrage qui sont tout à fait semblables aux ancres de la peau des Synaptes. Les draguages faits dans la mer des Antilles ont pro- 1 Voyez Nature, vol. VIT, p. 400, fig. 2. * Idem, fig. 3. 5 Figuré dans Nature, vol. VIE, p. 50. DU CHALLENGER. 211 curé plusieurs espèces d’Hexactinelhidæ découvertes an- térieurement sur les côtes de Portugal, et ont ainsi prouvé que cet ordre remarquable à une distribution géographi- que très-étendue. Quant à ce qui concerne les Foraminifères nous avons déjà vu qu'ils existent jusque dans les plus profonds abimes que le Challenger ait mesurés. Ils sont mentionnés à plusieurs reprises comme se trouvant en abondance dans les vases récoltées à diverses profondeurs. M. W. Thomson ne parle qu’une fois des Coccolithes qui ont été trouvés à 931950 brasses (5660 mètres) sur un fond d'argile rouge ne contenant que des traces de matières organiques. Îl n’ajoute aucune réfléxion, mais nous ne pouvons nous empêcher de faire remarquer que ces corps devaient exister là tout à fait indépendamment du Bathy- bius. Du reste, il n’est pas fait allusion une seule fois à cet être problématique. Les zoologistes du Challenger ne s’occupent pas uni- quement de la faune profonde. On met de temps à autre des embarcations à la mer pour pêcher au petit filet des animaux pélagiques, tels que Hétéropodes, Ptéropodes, Siphonophores, Méduses, Tomopteris, Sapphirina. C’est surtout dans les points où se trouvent de certaines éten- dues de Sargasses que l’on rencontre en abondance de petits animaux de surface. Parmi les habitants de ces prai- ries flottantes, on compte des Bryozoaires, des Hydroïdes (Campanularia), des Mollusques (Scyllæa pelagica), un petit Crustacé brachyure (Nautilograpsus minutus), et enfin un curieux petit poisson, l’Antennarius marmoralus, qui se construit des nids au moyen d’Algues réunies par des cordons d’une sécrétion visqueuse. Piel le à 2e 249 EXPÉDITION SCIENTIFIQUE, ETC. En terminant ce résumé, rappelons de nouveau que les documents épars que nous avons tenté de coordonner se rapportent seulement à la première moitié de la campa- gne de l'Atlantique ; ils ne concernent donc qu'une région voisine des parties de cet Océan les mieux connues au point de vue physique et zoologique. Les résultats déjà acquis ont une assez grande valeur ; mais on est en droit d'en espérer de bien autrement importants, si tout conti- nue à se passer heureusement. Le champ d'exploration le plus riche sera le Pacifique dans lequel le Challenger tra- cera d'immenses lignes de sondage, et dont il fouillera de sa drague le sol entièrement vierge. Il y a sous ces vastes eaux tout un monde inconnu à la conquête duquel il s’a- vance armé des moyens d'investigation les plus puissants et les plus parfaits qu’ait réalisés la science moderne. Soit que ses recherches démontrent dans la population animale des abîmes une uniformité plus grande qu'on ne peut la supposer, soit qu’elles nous révèlent, au contraire, l'exis- tence de types entièrement nouveaux, elles ne pourront manquer d’avoir une influence considérable sur notre conception des faunes marines actuelles et des liens qui les unissent avec celles des époques géologiques antérieures. Aloïs HUMBERT. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. J.-N. Lockyer. RECHERCHES D’ANALYSE SPECTRALE RELATIVEMENT AU SPECTRE SOLAIRE. (Philos. Mag., n° 2, novembre 1875.) Dans ces nouvelles recherches M. Lockyer s’est proposé l’élude des spectres de deux catégories de corps, l’une for- mée de composés chimiques et l’autre de mélanges méca- niques. La première catégorie comprend elle-même plusieurs sé- ries de sels, composées sous le double point de vue de leurs poids atomiques et de leurs différences de composition. Cette étude a porté sur les sels suivants : PbFe,, Pb CL, Pb Br,, PbL ; Sr Fe,, Sr CL, Sr Br,, SrL; BaF,, BaCL, BaBr,. Bal, ; MgF,, Mg CL, Mg Br,, MgI, ; NaF, Na CI, Na Br, NaL. L'auteur formule ainsi ses conclusions : 4. Un corps composé fournit un spectre aussi défini que celui d’un corps simple. Mais tandis que le spectre d’un corps simple se compose de raies dont le nombre et l'épaisseur augmentent avec le rapprochement des molécules, celui d’un composé consiste surtout en espaces et en bandes dont le nombre augmente de la même façon. En somme, les molé- cules de ces deux sortes de corps sont influencées de la même façon par leur rapprochement ou leur écartement en ce qui concerne leurs spectres. En d’autres termes, ces deux caté- gories de spectres ont chacune leurs raies et leurs bandes longues et courtes. Pour chacune de ces catégories la plus grande simplicité du spectre dépend de la plus grande sépa- ration des molécules, et sa complexité augmente lorsque les molécules se rapprochent. | 214 BULLETIN SCIENTIFIQUE. 2. La chaleur nécessaire pour rendre visible le spectre d’un composé le désagrége en raison de sa volatilité. Le nombre des raies vraiment métalliques qui se manifestent alors est un indice de l’état de désagrégation, et à mesure que les raies métalliques augmentent en nombre les bandes caractéristiques du composé disparaissent en se rétrécissant, Ces considérations appliquées au Soleil montrent que cet astre ne contient probablement point de corps composés. C. de C. M'° DE SALISBURY. ON SPECTRAL LINES OF LOW TEMPERATURE. SUR LES LIGNES SPECTRALES A UNE BASSE TEMPÉRATURE. (Philos. Magaz., 1873.) L'expérience suivante est le point de départ des recherches du marquis de Salisbury. Un thermomètre étant placé verticalement sur une platine métallique isolée, on réunit cette platine avec l’un des pôles d’un puissant appareil à induction dont l’autre pôle est libre. Dès que l’appareil fonctionne, on aperçoit une lumière verte dans le vide au-dessus du mercure. Pour obtenir le résultat le plus complet, la batterie doit être légèrement plus forte que cela ne serait nécessaire pour produire l’étincelle maximum entre les pôles secondaires de la bobine, et la platine doit être complétement isolée. L'auteur se demande d’abord quelle peut être la cause de la production de cette lumière. Il rappelle que Plücker et Geissler, ainsi que d’autres physiciens, ont déjà mentionné l'apparition d’une lumière semblable dans un tube fermé sous l'influence d’un courant d’induction sans intermédiaire d’électrodes. Il pense cependant que dans son expérience le phénomène doit plutôt être attribué à la conductibilité par suite d’une fuite qui ferme le circuit. On aperçoit, en effet, entre la bulle du thermomètre et la platine une décharge assez forte pour oxyder le métal PHYSIQUE 245 en même temps qu’une autre décharge en brosse se mani- feste au sommet du tube. Un conducteur métallique isolé suspendu verticalement à côté du thermomètre, à une fai- ble distance au-dessus de la platine, donne lieu aux mêmes phénomènes de décharge et de fuite, surtout si l’on inter- pose une plaque de cire entre la base du conducteur et la platine. Tant qu’on maintient le conducteur dans cette posi- tion, il ne se produit point de lumière dans le thermomètre, sauf par éclairs. Dès qu’on enlève le conducteur, la lumière reparaît dans le thermomètre. L'action électrique sur le ther- momètre est donc de même nature qne celle exercée sur le conducteur. Mais ce qui est surtout remarquable dans cette expérience, c’est le fait que cette lumière se produit sans élévation de température appréciable. L'auteur affirme, en effet, n’avoir pu constaler aucun changement dans la hauteur de la co- lonne mercurielle au bout d’une électrisation continuée pen- dant cinq minutes sur plusieurs thermomètres de calibre moyen. Dans quatre expériences faites avec des thermomètres d’un très-pelit calibre, gradués en dixièmes Fabr., il n’a pu constater qu’une élévation de trois quarts de degré en cinq minutes. Encore doute-t-il que cette élévation de la colonne mercurielle provienne d’une augmentation de température. En effet, dans deux autres thermomètres une petite masse de mercure s’étant détachée du reste de la colonne, il a vu l’in- tervalle vide, ainsi formé, s’augmenter sous l’action du cou- rant sans que les longueurs des deux masses mercurielles subissent aucune variation. Il pense pouvoir conclure de cette observation que l’électrisation tend à produire dans le mer- cure du thermomètre un mouvement analogue à celui déjà si- gnalé par Poggendorff dans des tubes d’un plus gros calibre. En somme, la lumière dont il est ici question se produirait à une température inférieure à 60° F. (159,5 C.). Cette lumière étant assez vive pour pouvoir être examinée LA nef DR % à és , ‘a à. "(4 LR OR Dé LD , » | er ” CEA 216 BULLETIN SCIENTIFIQUE. au spectroscope, M. le marquis de Salisbury a naturellement cherché à en connaître la nature spectrale. Il a tout d’abord été surpris de trouver que différents ther- momètres ne donnaient pas les mêmes raies ou plutôt que les uns en fournissaient plus que les autres. Les thermo- mètres provenant des meilleurs fabricants ne produisent que trois raies. En comparant ces trois raies à celles qui appa- raissent dans un tube de Geissler contenant un peu de va- peur de mercure, l’auteur s’est convaincu qu’elles appar- tiennent au mercure. En revanche d’autres thermomètres, moins perfectionnés, ont fourni quatre autres raies accom- pagnant les trois précédentes. Ces quatre nouvelles raies, comparées de même avec celles de plusieurs tubes de Geiss- ler, contenant des substances diverses, coïncident exacte- ment avec les raies les plus apparentes du carbone. L'auteur avait déjà remarqué, dans d’autres occasions, que le verre a la faculté d’attirer à lui très-facilement les impu- retés de nature grasse. Aussi attribue-t-il cette présence du carbone dans les thermomètres à un dégraissage insuffisant des tubes dont se servent certains fabricants. Quant à l’ab- sence des raies d'hydrogène que la graisse devrait aussi fournir, M. le marquis de Salisbury la met sur le compte d’une température insuffisante, ainsi que semble le prouver l'expérience que voici : Sur une platine isolée, liée à l’un des pôles secondaires de l'appareil à induction, il place verticalement un tube de Geissler contenant des traces d’une vapeur hydrocarbonée (par exemple de l'huile de parafine). Les dispositions sont prises pour qu’il puisse à volonté approcher ou éloigner le second pôle de l'extrémité du tube. Or, toutes les fois que la décharge complète passe dans le tube, on voit apparaître la raie F ainsi que les raies du carbone visibles dans les ther- momètres, tandis que ces dernières seules se montrent si la communication avec le second pôle est interrompue. Lorsque le circuit est fermé, les raies du carbone ne sont nettement définies que du côté le moins réfrangible, tandis PHYSIQUE. 247 qu’elles s’étalent plus ou moins en bandes de l’autre côté. Par contre, ces mêmes raies sont parfaitement nettes des deux cô- tés lorsque le circuit est interrompu. Ges raies sont toujours visibles avant l’apparition de celles de l’hydrogène, et elles commencent déjà à s’étaler en bandes alors que ces dernières sont encore nettement définies. Il semble donc, d’après cela, que le spectre du carbone doive, à mesure que la température s’élève, arriver à l’état continu avant celui de l'hydrogène. Cette hypothèse amène l’auteur à se demander, en terminant, si ces faits ne sont pas de nature à ébranler les idées recues sur Pabsence du carbone dans l’atmosphère du soleil et sur l’état solide de ce corps dans les flammes. C. de C. Eïlhard WiEDEMANN. SUR LA LUMIÈRE RÉFLÉCHIE PAR L'HYPER- MANGANATE DE POTASSE. (Berichte der kün. sächs. Gesellschaft der Wüissenschaften, 26 juillet 1873.) M. Stokes a observé le premier que le spectre de la lumière réfléchie par l’hypermanganate de potasse solide présente un certain nombre de raies d'absorption et que celles-ci sont plus nettes avec un angle d'incidence déterminé qu'avec tout autre. Ces raies obscures correspondent, suivant M. Stokes, aux maxima d'intensité lumineuse du spectre d'absorption de Phypermanganate de potasse. M. Wiedemann a repris l’élude de cette question et a observé non-seulement le cas où l’hy- permanganate de potasse servant de surface réfléchissante est en contact avec l’air, mais ceux où la réflexion s’accom- plit dans la benzine, dans le sulfure de carbone et dans un mélange de ces deux liquides. L’auteur formait le miroir d’hypermanganate de potasse en répandant le sel en poudre sur une plaque de verre mat et l'y frottant avec un pilon. d’agathe jusqu’à ce qu'il fût adhérent au verre et bien poli. M. Wiedemann a introduit dans l'expérience de M. Stokes un élément nouveau et important, savoir la polarisation de la lumière incidente dans un plan ou dans un autre. Il a été 218 BULLETIN SCIENTIFIQUE. fait dans chaque cas deux séries d'observations différentes, l’une avec de la lumière polarisée parallèlement au plan d’in- cidence, l’autre avec de la lumière polarisée dans un plan perpendiculaire. Le tableau qui suit donne la position des raies obscures du spectre de réflexion obtenu avec de grands angles d'incidence (55° et au-dessus); l'échelle du spectros- cope donnait : D'=\ONE=U8 "BR E=CL PS3 PE | Raies fournies par de la lumière polarisée Milieu Que accomplit | parallèlement au plan d'in- | perpendiculairement au plan d’in- la réflexion. cidence. cidence. (rt LAN 7 lu [92 98: 311911161/24 [321382 111041 CRRMPRARES 7315 1235130 137 34191 164 24 |32138 Mélange de benzine et | de sulfure de carbone. (81 1511231 311138114514 1921161/242132/39 45 Sulfure de carbone . . 8216 241832 139114731191 162124 32139: (47 le spectre d'absorption de l’hypermanganale de potasse pré- sente les raies obscures que voici : LS 114 181 961 33£L Ces chiffres montrent ce qui suit: 1. Avec de grands angles d'incidence les raies du spectre de réflexion fourni par la lumière polarisée perpendiculaire- ment au plan d'incidence sont un peu plus rapprochées du bleu que les raies correspondantes du spectre de la lumière polarisée parallèlement au plan d'incidence ; en outre dans le premier de ces deux spectres, il y a une raie de plus que dans le second, raie qui se trouve dans le voisinage de D. 2. Avec l’accroissement de l'indice de réfraction du milieu dans lequel s’accomplit la réflexion les raies du spectre fourni par la lumière polarisée parallèlement au plan d’in- cidence se déplacent vers le bleu, se rapprochant ainsi des raies de l’autre spectre qui, elles, demeurent à peu près fixes. 3. La comparaison des raies obtenues dans la lumière ré- fléchie et dans la lumière transmise montre qu’il n’y a jamais PHYSIQUE. 219 coïncidence entre deux d’entre elles, et que jamais non plus une des premières ne se trouve au milieu de l’espace com- pris entre deux raies d'absorption. 4, La grandeur de l’angle d'incidence n'exerce aucune in- fluence sur le spectre de la lumière polarisée parallèlement au plan d'incidence. Il n’en est pas de même de la lumière polarisée dans un plan perpendiculaire ; pour des angles d’in- cidence n’allant pas au delà de 58° ‘/, dans le cas de l'air, et de 52° dans le cas de la benzine et du sulfure de carbone, les raies qu’elle donne occupent la même position que les raies correspondantes de l’autre lumière; mais lorsque l’an- ele d'incidence augmente un peu au-dessus de ces limites les raies que produit la lumière palarisée perpendiculaire- ment au plan d'incidence se déplacent très-rapidement comme on vient de le voir vers la portion la plus réfrangible du spectre. E. S. Dr D. Macazuso. RECHERCHES SUR LA POLARISATION DES ÉLEC- TRODES PAR LE CHLORE ET L'HYDROGÈNE. (Travail exécuté dans le laboratoire de M. le professeur Wiedemann, à Leipzig, extrait communiqué par M. E. Wiedemann.) L — Sur la force électromotrice du platine chargé de petites quantités de chlore. Après avoir plongé deux plaques de platine dans des éprou- vettes pleines d’acide chlorhydrique pur, l’auteur ajoutait lentement et goutte à goutte, dans l’un des deux bocaux, une certaine quantité de ce même acide saturé, cette fois, de chlore, en laissant l’autre dissolution constante. Puis il mesurait la force électromotrice développée entre les deux plaques de platine. La méthode employée pour cette mesure était dans ses traits essentiels celle qu’a indiquée M. Wiedemann dans son Traité du galvanisme ‘ pour la comparaison de la force { G. Wiedemann, Die Lehre vom Galranismus und Elektromagnetis- mus, nouvelle édition, tome [, p. 342. 290 BULLETIN SCIENTIFIQUE. électromotrice d’un couple quelconque avec un élément de Daniell. Les résultats obtenus ont été les suivants : 1. La force électromotrice qui se développe entre deux plaques de platine plongeant, l’une dans de l’acide chlorhy- drique pur, l’autre dans de l'acide chlorhydrique renfermant du chlore libre, n’est pas constante, mais croit graduellement avec le temps jusqu’à un maximum. 2. Cette force électromotrice croît avec la quantité de chlore libre jusqu’à une valeur déterminée, environ 0,62 Daniell, qu’elle ne dépasse guëre. 3. Si l'immersion de la plaque de platine dans la dissolu- tion acide précède l'addition du chlore, la force électromo- trice augmente rapidement dès que cette addition commence: elle croit à peu près proportionnellement aux quantités de chlore ajoutées et tend graduellement à un maximum. 4. Si, au contraire, la plaque de platine est plongée dans une dissolution contenant déjà du chlore, la force électro- motrice ne croît d’abord que lentement par l'addition des premières gouttes de la dissolution de chlore, et ce n’est que peu à peu que l’augmentation de la force électromotrice re- prend la marche décrite au n° 3. Pour interpréter ces faits, l’auteur admet que la force élec- tromotrice ne dépend que de la quantité de chlore conden- sée sur la surface de platine et non de celle qui se trouve dans la dissolution. Il admet, en outre, que le platine et le verre exercent sur le chlore une attraction plus marquée que le liquide, et que celte attraction est vingt-cinq fois plus forte avec le platine qu'avec le verre. I. — Sur la force électromotrice de la polarisation résultant du dépôt sur une électrode de platine d’une certaine quan- tité de chlore produit par l'électrolyse d’une dissolution aqueuse d'acide chlorhydrique. Dans le cas où le chlore, au lieu d’être introduit du de- PHYSIQUE. 291 hors dans la dissolution, se déposait par voice électrolytique sur la plaque de platine, l’auteur obtint par l'emploi de la méthode déjà indiquée les résultats que voici: 1. La polarisation d’une plaque de platine chargée de chlore électrolytique (produit par l’électrolvse) est plus grande que celle d’une plaque de platine plongée dans du chlore chimique (préparé au moyen de peroxyde de manga- nèse et d'acide chlorhydrique puis ajouté sous forme de dissolution). Lorsqu'on fait passer le courant par une dissolution frai- che d’acide chlorhydrique préalablement saturée de chlore, la polarisation par le chlore électrolytique est d’abord un certain temps constante et très-peu plus forte que la polarisa- tion par le chlore chimique. Ensuite elle croit rapidement et tend assymptotiquement à un maximum. 2. Lorsqu'on plonge une plaque de platine propre dans une dissolution dans laquelle on à peu auparavant produit un dégagement de chlore par voie électrolytique, on obtient une force électromotrice un peu plus marquée que par l’im- mersion de cette même plaque dans une dissolution saturée de chlore chimique. Plus le courant destiné à produire ce dégagement de chlore aura duré, moins il sera nécessaire de le prolonger ensuite pour revenir de nouveau au point où la polarisation commence à croitre. Les faits qui viennent d’être énumérés peuvent provenir de ce que le chlore électrolytique et le chlore chimique ont des propriétés différentes et se distinguent de la sorte l’un de l’autre, même lorsque le chlore déposé électrolytiquement sur l’électrode de platine l’a quittée depuis quelque temps pour se répandre dans la dissolution. L'auteur s’est convaincu, par des expériences spéciales, que cette différence ne tenait point à une modification des électrodes, ni à des impuretés du chlore provenant, par exemple, des tuyaux de transmis- sion, ni à la formation de chlorure de platine, ni à une oxy- dation du chlore, ni enfin à un changement du degré de ra D 2 <. L 229 BULLETIN SCIENTIFIQUE. concentration de la dissolution. D’après cela il se croit fondé à admettre les conclusions qui suivent: 3. Le chlore développé sur une plaque de platine par le cou- rant galvanique possède une force électromotrice (négative) plus marquée que le chlore préparé par le procédé ordinaire. se comporte par rapport à ce dernier comme l’oxygène ozoné actif vis-à-vis de l’oxygène ordinaire. h. La force électromotrice, développée entre une plaque de platine chargée de ce chlore actif et une autre chargée de chlore ordinaire, est égale au plus à 0,46 de celle d’un élément de faniell, tandis que la force électromotrice qui se manifeste entre une plaque chargée de chlore ordinaire et une plaque de platine pur, plongeant dans l'acide chlorhydrique, est égale à 0,62. Les forces électromotrices développées dans ce dernier cas et dans le cas d'une électrode de platine pur, reliée à une autre chargée de chlore actif, sont donc entre elles dans le rapport de 1 : 4,7. Des expériences sur l’influence du degré de concentration de l'acide chlorhydrique, de la température et du moment où a passé le courant polariseur ont conduit aux résultats que voici : 5. La polarisation par le chlore. électrolytique atteint plus rapidement un maximum dans des dissolutions étendues d'a- cide chlorhydrique que dans des dissolutions concentrées, mais dans les dissolutions très-élendues la valeur absolue de ce maximum est indépendante du degré de concentration. Un de- gré trop élevé de concentration empêche la polarisation, par le chlore électrolytique, d'atteindre son maximum. 6. Dans l'acide chlorhydrique concentré, la polarisation par le chlore électrolytique diminue plus rapidement après linter- ruption du courant polariseur que dans l'acide étendu. La présence d’une plus grande quantité d'acide chlorhydrique dé- termine donc un retour plus rapide du chlore actif à l'état de chlore ordinuire. 7. Par une élévation de température comprise entre 17° et PHYSIQUE. 293 100°, lu polarisation du platine chargé de chlore ordinat'e diminue d'une quantité égale seulement à 0,062 d’un couple de Daniell ; tandis que, entre 16° et 95°, la polarisation du platine chargé de chlore actif subit une diminution beaucoup plus considérable et égale avec 0,449 de la force électromotrice d’un couple de Daniell. 9. C’est seulement sur la plaque de platine à la surface de laquelle il a été développé que le chlore actif produit une polarisation si intense, il ne peut point passer par diffusion sur une autre plaque. En ouvrant et fermant le courant plusieurs fois successi- vement, on voit d’abord grandir la polarisation par le chlore actif très-vite presque jusqu’à son maximum qu’elle atteint ensuite lentement. Cet accroissement lent s'explique peut-être par le fait que le chlore actif ne serait qu’une faible portion de la masse to- tale de chlore développé par le courant, et que cetle pro- portion est d’autant plus petite que La dissolution est plus concentrée, et que de plus cette modification du chlore pos- sède la propriété de pénétrer dans les pores du platine et de s’y condenser. Lorsque les électrodes de platine sont parfaite- ment propres, et que les dissolulions possèdent un degré de concentration tel que la proportion de chlore actif soit très- petite, celui-ci est d’abord complétement absorbé par l’élec- trode. La force électromotrice de polarisation ne peut com- mencer à augmenter que lorsque le platine est en partie sa- turé. fl suffit, en effet, qu’il soit partiellement saturé, car puisque une minute après l'interruption du courant polari- seur le chlore perd son activité, le maximun de la polarisa- tion par le chlore électrolytique ne peut être produit que par le chlore actif développé dans la dernière minute avant l’inter- ruption du courant. On observe qu’une fois que la polarisation a commencé à croître, il s’écoule au moins encore trois heures avant qu’elle atteigne son maximum. Cela montrerait qu’une por- 294 BULLETIN SCIENTIFIQUE. tion du chlore actif développé par le courant, est absorbée à mesure par les pores du platine, et que cette portion, absor- bée à chaque instant, est d'autant plus petite que la plaque s'approche davantage de son maximum de saturation. Sur la quantité de chlore actif dégagé dans la dernière minute avant l’observation, il v en a donc une quantité toujours plus grande qui demeure à la surface de l’électrode pour y produire une polarisation toujours plus forte. Celle-ci doit donc bien, s’il en est ainsi, tendre très-graduellement à un maximum. De là il suit que, si la concentration de la dissolution est telle qu’une portion considérable du chlore électrolytique soit du chlore actif, celui-ci ne pourra pas être entièrement absorbé à mesure qu’il se développera, mais demeurera en partie à la surface de l’électrode dès le début de l’opération, de telle sorte qu’à partir du moment de la fermeture du cou- rant principal, la polarisation commencera à croître et tendra rapidement à un maximum. UT. — Polarisation par l’hydrogéne. Des expériences analogues à celles qui viennent d’être dé- crites pour le chlore ont été faites pour l’hydrogène; elles ont montré ce qui suit: La force électromotrice qui se développe entre deux pla- ques de platine plongeant toutes deux dans de l’acide chlor- hydrique, et dont l’une est pure, l’autre chargée d'hydrogène, produit chimiquement, oscille entre 0,63 D. et 0,70 D. suivant le degré de concentration de l’acide. Elle est d'autant plus petite que l'acide est plus concentré. Cette force électromo- trice est beaucoup plus grande lorsque l'hydrogène condensé à la surface de l’électrode a été développé par voie électroly- tique, elle atteint alors 0,94 D. au lieu de 0,68. Elle augmente dans ce dernier cas avec le temps qu’a duré le courant pola- riseur, et atteint un maximum qui, pour les dissolutions acides étendues, est indépendant du degré de concentration. » PHYSIQUE. 205 Un degré de concentration trop élevé empêche la formation de l'hydrogène actif qui produit cette force électromotrice plus grande. Lorsque le courant destiné à produire lhydrogène par électrolyse est suffisamment fort, la température n’exerce aucune influence sur la force électromotrice de la polarisa- tion. En revanche, lorsque le courant est faible, une élévation de température a pour effet de diminuer l’activité de Phydro- gène électrolytique. Pour que la force électromotrice de la polarisation d’une plaque de platine atteigne son maximum, il est nécessaire que les pores du platine soient saturés d'hydrogène, et cette saturation peut s'effectuer de deux manières différentes par un dégagement électrolytique produit soit sur la plaque elle-même prise comme électrode du courant polariseur, soit dans l’intérieur de la dissolution où la plaque plonge. L'hy- drogène actif repasse en très-peu de temps, une minute environ, à l’état d'hydrogène ordinaire. Ce changement s’ef- fectue d’autant plus vile que la dissolution acide est plus concentrée. L'auteur a obtenu des résultats tout à fait analogues en employant des électrodes en charbon au lieu d’électrodes en platine. Seulement dans ce cas la polarisation tend à son maximum tout de suite après la fermeture du courant élec- troliseur. W. A.-W. BICKERTON. SUR UNE NOUVELLE RELATION ENTRE LA CHA- LEUR ET L'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. (Philos. Magaz., décembre 1873.) Les Archives ‘ ont déjà rendu compte d’un mémoire de M. le D’ Guthrie tendant à établir que les corps chauds ne se comportent pas de la même manière à l’égard de l'électricité positive et de l’électricité négative. 1 Décembre 1873, tome XLVIIE, p. 347. ARCHIVES, t. XLIX. — Mars 1874. 16 226 BULLETIN SCIENTIFIQUE. M. Bickerton a pensé que les courants d’air devaient jouer un rôle important dans les phénomènes observés par M. le D' Guthrie. I lui a semblé que ces phénomènes pourraient s’ex- pliquer facilement en admettant que l’air qui passe sur un corps électrisé, eût la propriété de lui enlever son électricité. Voici, d’ailleurs, comment il expose lui-même celte idée, ainsi que les expériences qu'elle lui a suggérées : « L’air froid ou tout autre gaz froid, sous une pression quelconque, est incapable de décharger un électromètre de Peltier. En revanche, j'ai trouvé que cet électromètre se dé- charge promptement au contact d’un courant d'air chaud. « Dans l’une des expériences de M. le professeur Guthrie, un corps électrisé se décharge instantanément lorsqu'on place au-dessus de lui un fil de platine chauffé. J'ai pensé que l'électricité induite sur le fil chauffé pourrait électriser l'air qui l’environne de manière à ce que ce dernier descendil ensuite par attraction vers le corps électrisé. « Pour m'assurer de l’existence d’un semblable courant d'air, j’ai imaginé de placer le fil spiral de platine dans la partie supérieure d’une éprouvetle à gaz tubulée. Par le bou- chon de la tubulure, j'introduisais aussi un thermomètre dont la boule se trouvait à une petite distance du fil. Enfin, je faisais passer dans l’éprouvelte une boule de cuivre commu- niquant avec une machine électrique ainsi qu'avec un petit électroscope à cadran. « La machine étant mise en action, j’observais alors une notable diminution dans les indications de l'électroscope dès que le fil était chauffé. L'appareil ayant ensuite repris sa tem- pérature normale, je faisais passer dans le fil un courant constant en notant la marche du thermomètre de minute en minute, et en électrisant et déchargeant la boule de cuivre alternativement après chaque lecture du thermomètre. « En moyenne, le thermomètre indiquait une élévation d’un degré lorsque la boule n’était pas électrisée, et de cinq de- grés lorsqu'elle l'était. _ a dti PHYSIQUE. 297 « À chaque reprise de la machine un rapide courant d’air, partant du spiral, abaissait notablement la température de ce dernier. En remplissant l’éprouvette de fumée, on pouvait, au premier abord, constater facilement l’existence du courant d’air normal s’élevant au-dessus du fil chauffé; mais dès que la machine fonctionnait, la fumée descendait, de la manière la plus évidente, du fil vers la boule de cuivre. Cette fumée disparaissail avec une rapidité surprenante lorsque la boule était électrisée, sans doute parce qu'elle était alors brülée à son passage sur le spiral incandescent. En répétant souvent celte expérience, j'ai pu me convaincre que la fumée se con- sumait beaucoup plus rapidement lorsque la boule était élec- trisée que lorsqu'elle ne l'était pas. IL v a plus, si l’air chaud est la cause de la décharge, on doit s'attendre à ce que le fil n’ait plus la propriété de dé- charger l’électroscope en agissant au travers du sel gemme. Or, c’est en effet ce qui a lieu. On peut même approcher le fil incandescent aussi près que l’on veut de l’électromètre de Peltier sans qu'aucune décharge ait lieu, pourvu qu'on in- terpose entre les deux une plaque de sel gemme. Dès que l’on enlève celte plaque, la décharge a lieu instantanément.» M. Bickerton rappelle que Faraday avait déjà montré que l'air de la température ordinaire transporte facilement l’é- lectricité négative. Ce fait, déjà connu, joint à ses nouvelles expériences el à celles de M. le D* Guthrie, lui paraît justifier les deux principes suivants : 1° Aux températures basses, l'électricité négative est très- facilement enlevée par l’air. A certaines températures, l'air parail enlever également bien les deux électricités ; mais aux températures élevées, c’est l’électricité positive qu’il absorbe le plus facilement : 2° L’électricité à haute tension peut être enlevée par l'air à de basses températures, mais à mesure que la tension di- minue, la décharge n’a lieu que si l'air est de plus en plus chaud. C. de C. 298 BULLETIN SCIENTIFIQUE. V. RAULIN. RÉGIME PLUVIAL DE LA ZONE TORRIDE. (Comptes ren- dus de l’Acad. des Sciences de Paris, t. LXX VUE, n° 1.) M. V. Raulin, professeur de géologie à la faculté des sciences de Bordeaux, qui s'occupe beaucoup de la distribution des pluies en France et même à la surface de la terre, vient de publier, dans les Comptes rendus de l’Acad. des Sciences de Paris, deux notes sur le régime pluvial de la zone torride, accompagnées de tableaux donnant les moyennes des obser- vations faites dans quatre-vingt-six stations. — Nous en ex- trayons les passages suivants : Par rapport à la végétation indigène, en France, l'année peut être partagée en deux parlies égales de six mois cha- cune, une d'activité, d’avril à septembre, et ane de repos, d'octobre à mars. Lorsqu'on examine la chute de l’eau pen- dant ces deux moitiés de l’année, on voit qu'il tombe le plus d'eau, pendant les mois chauds, dans les régions intérieures; pendant les mois froids, dans les régions littorales, tant sur l’Océan que sur la Méditerranée. Une carte pluviométrique doit exprimer ces différences qui ont certainement leur im- portance agricole, plus grande peut-être même que celle de la quantité absolue d’eau qui tombe pendant l’année et d’a- près laquelle on établit les lignes isoombres et les teintes hyétométriques. Des différences analogues, ordinairement beaucoup plus prononcées, existent aussi dans la zone torride, ainsi qu'il résulte de la comparaison des observations faites, tant dans les colonies francaises, en Amérique, en Afrique, en Asie et dans l'Océanie, que dans les autres pays situés également entre les tropiques. En rattachant les stations d’observations aux bassins de chacun des trois grands Océans, on trouve, en effet, des oppositions complètes. Dans la zone torride, les différences entre les températures moyennes mensuelles, qui sont loin d’être aussi considéra- PHYSIQUE. " 929 RL bles que dans les zones tempérées, paraissent cependant avoir une influence considérable sur la chute de la pluie, ou le ré- gime pluvial. Au nord d’une ligne qui tantôt coïncide avec l’équateur, el tantôt remonte plus ou moins au nord, la pluie, souvent très-abondante, tombe surtout d'avril à septembre, c’est-à- dire pendant la période semestrielle chaude de Phémisphère septentrional. Au sud de cette ligne, elle tombe surtout pen- dant la période semestrielle alternante, d’octobre à mars, qui est toutefois aussi la période chaude de l'hémisphère méri- dional. La vapeur d’eau, répandue dans l'atmosphère de la zone torride, se condense et tombe ainsi en pluie, alternativement d’un côté et de l’autre de la ligne séparative, sur la région pour laquelle l’inclinaison des rayons du soleil se rapproche le plus de la verticale. Deux grandes exceptions ont lieu sur les deux rives de l'Océan Atlantique, occasionnées sans doute par l’uniformité de température des surfaces ; le régime méridional se pour- suit d’un côté: du Brésil, par les vastes plaines intérieures, dans les Guyanes et les Andes de la Nouvelle-Grenade; et de l’autre: de la partie orientale de l'Océan Atlantique austral jusqu’au delà de la côte de Guinée, empiétant ainsi, de partet d’autre, sur le régime septentrional, jusqu’à 10° au nord de l’équateur, soit jusqu'aux Andes de Vénézuela, soit jusqu'aux monts Kong de la Guinée. C’est sans doute aussi aux conditions particulières d’uni- formité dans la répartition de la température à la surface de l'Océan Pacifique qu’est due, dans cet Océan, l’extension du régime méridional jusqu’au tropique du Cancer, dans les îles Hawaï. C’est à d’autres causes, probablement à des courants ma- rins portant des eaux chaudes dans des parages froids, qu’il faut attribuer les changements de régime par suite desquels 230 BULLETIN SCIENTIFIQUE. le régime méridional se prolonge : 4° dans tout l'Océan At- lantique septentrional (Bermudes, Acadie, Terre-Neuve, Is- lande, Iles Ferüe, Norwége, Iles Britanniques, côtes des Pays-Bas et de France, Espagne, Madère et Açores, et dans presque tout le bassin de la Méditerranée ; 2° dans l’Océan Pacifique, des Iles Hawaï, sur toute la côte de l'Amérique du Nord, depuis le fond de la mer Vermeille jusqu'aux limites mêmes de l’Océan, non loin du cercle polaire, à lPest de la presqu'ile d’Alaska, d’après les observations des Américains et des Russes. J. PLATEAU. STATIQUE EXPÉRIMENTALE ET THÉORIQUE DES LI- QUIDES SOUMIS AUX SEULES FORCES MOLÉCULAIRES. ( Paris, Gauthier-Villars ; 2 vol. in-8°.) Les Archives des Sciences physiques et naturelles ont donné les résumés des différents mémoires de M. Plateau sur les figures d'équilibre d’une masse liquide sans pesanteur ; mais ce ne sont là que de courtes analyses, et, pour consulter les mémoires În extenso, il faut recourir à.la collection de l’Aca- démie de Belgique, de 1843 à 1868. M. Plaleau livre aujour- d’hui aux physiciens l’ensemble de ses recherches dans un ouvrage unique, portant le titre un peu différent que nous indiquons. On y trouvera tous les développements omis dans les résumés, tous les détails nécessaires pour la réussite des expériences, plusieurs additions importantes, enfin des bistoriques relatifs à la tension des surfaces liquides, à la viscosité superficielle des liquides, aux lames liquides minces et à la constitution des veines liquides lancées par des orifices circulaires. CHIMIE. 231 CHIMIE. Gustave WIEDEMANN. UEBER DIE BINDUNGSVERHÆLTNISSE, etc. SUR LES PROPORTIONS DANS LESQUELLES SE COMBINENT LES BASES ET LES ACIDES EN PRÉSENCE DANS UNE DISSOLUTION. (Berichte der künigl. sächs. Gesellschaft der Wissenschaf- ten, 1873. Extrait communiqué par M. E. Wiedemann et revu par l’auteur.) Lorsqu'une base est mise dans une dissolution en présence de deux acides différents. elle se partage entre eux deux ; de même lorsque des sels sont dissous ensemble dans Peau ils subissent une dissociation partielle. Ainsi, par exemple, les sels d’oxyde de fer dissous dans l’eau se décomposent en acide et en oxyde de fer colloïde dissous. L'auteur a appliqué à l’étude de ce phénomène une mé- thode qu’il avait déjà employée précédemment. Dans ce pro- cédé, l’effet qu’il s’agit de déterminer se mesure non point, tant que dure encore l’action chimique, comme cela se pra- tique pour la mesure des effets calorifiques, mais après l’en- tier accomplissement de celle-ci et sans l'intervention exté- rieure d’aucun agent physique et chimique. Cette méthode à pour base la différence qui existe entre le magnétisme de l’oxyde de fer colloïde et celui de l’oxyde de fer contenu dans le sel. Lorsque dans une dissolution neutre ou faiblement acide d’un sel d'oxyde de fer, une portion du sel est décom- posée en acide libre et en oxyde colloïde dissout, la modili- cation que subit le magnétisme doit permettre de calculer la quantité de sel qui a été décomposée. Si nous appelons #», le magnétisme de l’unité de poids du fer dans ses sels solides ou dissous dans un excès d’acide, m4 le magnétisme de l’unité de poids du fer contenu dans l’oxyde colloïde dissous, m le magnétisme de l’unité de poids du fer dans une dissolution quelconque d’un sel d’oxyde de fer qui a subi une décomposition partielle, enfin 1—x : x le rapport 232 BULLETIN SCIENTIFIQUE. de la quantité d'oxyde resté combiné sous forme de sel à la quantité d'oxyde devenu colloïde, nous avons : Mm—=Mm, (1—X) + Mr, et, par conséquent : Mo—-M MM” le rapport 4 : x se déduit donc immédiatement de la mesure du magnétisme de la dissolution. On a obtenu de la sorte les résultats suivants : 4. Le magnétisme d’une dissolution de sulfate d’oxyde de fer ne subit pas de modification sensible lorsqu'on la dilue jusqu’à réduire de 0,57 gramme à 0,07 gramme la quantité de fer contenue dans 10 centim. cubes de la dissolution. La quantité d’oxyde de fer dissocié demeure donc à peu près constante; elle forme environ 25 ‘/, de la quantité totale d'oxyde. 2. Les dissolutions d’alun de fer ammoniacal donnèrent des résultats numériques presque identiques. La dissolution concentrée fut étendue dans quatre et huit fois son volume d’eau primitif. Le sel ammoniacal contenu dans l’alun n’exerce donc pas d'influence sensible sur la dissociation qui s’accomplit dans la dissolution aqueuse. de telle sorte qu’on est fondé à conclure que l’alun de fer en dissolution est en- tiérement décomposé en sulfate d’ammoniaque et en sulfate d'oxyde de fer, lequel subit bien une dissociation partielle. 3. Si de plus, à une dissolution de fer colloïde additionnée d’un peu d’acide sulfurique, on ajoute des quantités crois- santes d'hydrate d’acide sulfurique, la quantité de sulfate d'oxyde de fer contenu dans la dissolution croit graduelle- ment, tandis qu’une portion de l’oxyde colloïde et une por- tion de l'acide demeurent en présence sans se combiner. Méme lorsque les quantités d’acide sulfurique et d’oxyde de fer sont dans le rapport de leurs équivalents, il n°y a jamais ce- pendant que 75 °/, de ces deux corps qui soient combinés, -55 CHIMIE. 239 tandis que 25 °/, des équivalents d’acide et d'oxyde restent à Pétat libre dans la dissolution. Si la quantité d’acide sulfuri- que est moindre que celle qui correspondrait à un équivalent de l’oxyde de fer dissout, la formation du sulfate de fer s’ef- fectue d’abord plus rapidement qu’elle ne le devrait norma- lement, eu égard à l’afflux d'acide, puis elle tend graduelle- ment à un maximum. Les résultats ne sont que très-peu mo- difiés lorsqu'on emploie des proportions d’eau différentes. Il suit donc, de ce qui précède, que si l’un des deux corps qui se forment lors de la double décomposition est insoluble, on ne peut plus estimer directement le rapport dans lequel se trouvaient primitivement les quantités combinées et libres d'acide et de base. 4. En prenant des quantités de plus en plus grandes d’a- cide pour un équivalent d'oxyde de fer, on voit d’abord di- minuer la quantité d’acide libre dans la dissolution, et cela jusqu’à ce que la quantité totale d’acide (libre et combiné) contenu dans la dissolution soit un peu supérieur à un équi- valent. Au delà et lorsqu'on continue à ajouter de l'acide, la proportion d’acide libre croît dans la dissolution. 5. On obtient de plus le résultat remarquable que la quan- tité d’oxyde de fer, combiné avec une quantité constante (un équivalent) d’acide, atteint son maximum lorsque la propor- tion d’acide, contenue dans la dissolution, dépasse un peu un équivalent pour un équivalent d’oxyde de fer. Il serait difficile de donner une théorie mathématique ri- goureuse des faits qui viennent d’être exposés, car il v a là en jeu un grand nombre d’agents différents ; on peut cepen- dant, dès à présent, considérer comme inexactes toutes les formules qui donnent les quantités de base demeurées li- bres comme une fonction du second degré des quantités d’a- cide ajoutées à la dissolution. Pour plus de détail, nous devons renvoyer au mémoire original. W. 234 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Prof. D' V. Meyer ‘. DES COMBINAISONS NITRÉES DE LA SÉRIE GRASSE. (Annalen der Chemie und Pharm., vol. CEXXI, p. 1, et Berichte der deutschen chem. Gesellschaft, 1873- 1874.) Une des différences les plus remarquables des combinai- sons aromatiques avec les corps gras, est la facilité avec la- quelle on obtient des dérivés nitrés des premiers, tandis qu’on connaît fort peu de corps gras nitrés, et qu’il n’existait aucune méthode générale pour les obtenir. M. V. Meyer vient de combler ce vide, et son travail jette beaucoup de jour sur la structure intime de ces combinaisons. Outre les véritables dérivés nitrés, qui sont reconnaissables à la manière dont ils se comportent avec les agents de ré- duction, le groupe NO, se transformant en NH,, groupe amide, il y a encore les substances qui renferment bien NO,, mais qui proviennent de l'addition de lacide hypoazotique à des substances non saturées, comme le binitroéthylène de Semenofi ?, le binitroamylène de Guthrieÿ, etc. Ces combi- naisons sont-elles bien, comme le pensent MM. Henry et Kolbe, de véritables dérivés nitrés ou non ? Telle est la première question que M. V. Meyer a résolue par lexpérience. Il choisit le binitroamylène C, H,, (NO, ), ; ce corps peut avoir pour formule : pee Gun — CH Pr CA . CHIMIE. 241 M. V. Meyer propose, pour cet acide, le nom d’acide éfhyle- nitrolique, et pour ses analogues la dénomination générale d'acides nitroliques. Cette réaction est en effet générale pour tous les corpsæanalogues au nitroéthan. L’acide éthylenitrolique cristallise de sa dissolution aqueuse en prismes transparents, ressemblant à ceux du salpètre; il a un goût excessivement sucré et rougit la teinture de tour- nesol; il présente une très-grande différence de solubilité dans l’eau à chaud et à froid, et fond à 81°—82° en se dé- composant entièrement; il se dégage des torrents d’acide hypoazotique, et il reste de l’acide acétique CH,—COOH, ce qui prouve bien, que dans le nitroélhan on a le radical CH, LR | | CH,\ II éytdène | et non le radical éthylène {| | : en CH ; outre cette facilité du nitroéthan de s’additionner du nitrite de potasse prouve bien que l'azote y est trivalent et non pas pentavalent, C,H,—N ne et non CH—N 5; fl faut remarquer aussi que M. V. Meyer n’a pas pu jusqu’à présent obtenir d’acide nitrolique des combinaisons nitrées de la série aromatique. A.etR. TRAUBE. THÉORIE DE LA FERMENTATION. (Berichte der deut- schen chem. Gesellschaft, 1874, p. 115.) Déjà en 1858 M. Traube avait expliqué la fermentation, c’est-à-dire l’action de la levûre et autres ferments analogues, par leur propriété d’allirer l’oxygène, il émettait alors déjà l’idée qu’on pourrait obtenir les mêmes résultats par l’action de substances inorganiques ayant de l’affinité pour l'oxygène, et c’est en effel ce qu’il vient de vérifier. Il a constaté que de la mousse de platine à 150°—160° décompose le sucre en dissolution aqueuse, avec formation d’acide carbonique et d’une huile plus légère que l’eau, soluble dans ce réactif, ARCHIVES, t. XLIX. — Mars 1874. 17 249 BULLETIN SCIENTIFIQUE. douée d’une odeur rappelant celle de l’éther acétique et donnant, avec l’iode et la potasse, la réaction du iodoforme. Sans la mousse de platine, la dissolution de sucre chauffée à 170°—180° ne donne aucun dégagement de gaz, il se forme seulement un précipité brunâtre, ce sont de petites pellicules souvent irisées. et si l’on chauffe encore plus longtemps, il se forme, en outre, des produits analogues au caramel. M. Traube a de nouveau reconnu, en outre, que par l'é- ponge de platine l'alcool est transformé en acide acétique, comme par le ferment acétique, et que le peroxyde d’hydro- gène est décomposé en cédant de l’oxygène comme par l’ac- tion des ferments (Schünbein). I semblerait, d’après ces ex- périences, qu'on n'ait plus besoin d’avoir recours à une force vitale, rentrant dans le domaine de la physiologie, pour se rendre compte des faits de la fermentation, mais qu’il faille réintégrer tous les phénomènes de cet ordre dans la chimie. A.etR. Apon et RILLIET. ANALYSE D'UN SILICATE D ALUMINE HYDRATÉ TROUVÉ à COLLONGES, PRÈS LE FORT-DE-L'ÉCLUSE. Ce corps se présente sous forme de rognons blancs friables et opaques, quelquefois un peu colorés en jaune par des traces d’oxyde de fer. Pulvérisé finement et mélangé d'eau, il forme une pâte assez liante qui, séchée, puis chauffée à une forte température, se fendille. Préalablement calciné, il ne peut plus former avec l’eau une pâte consistante. L’acide chlorhydrique paraît le décomposer presque entièrement, comme le montre une des analyses ci-dessous faile au moyen de cet acide. Il renferme près de 27 °/, d’eau, dont 43 °/, ne se volatilise qu'au rouge. Analyse. I. Par fusion avec le carbonate II. Par l'acide chlorhydrique de soude. concentré. DIHCE. 7 : SUD 22e 39.60 °/, Alumine. .. 935.40 °/ 34.01 ° 73.62 °, 73.61 CHIMIE. 243 Voici la composition de quelques silicates d'alumine hy- dratés qui se rapprochent de celui-là : SHices 12 27 &A.5 Halloysite. .;) Alumine. 34.4 Fab rise 24.1 ( Sices he 312 Lenzines . +) Alumine. . . 36.9 (5 7) 1: RP TEE 25.9 Le kaolin renferme seulement de 8 à 44 °/, d’eau et 47 à 59 °/, de silice. C’est donc de l’halloysite que cette argile smectique se rapproche le plus: comme elle, le minéral que nous avons eu entre les mains a un toucher gras, un éclat cireux, dans les parties qui ont été les moins exposées à l’air, d’un blanc lai- teux, verdâtre ; il happe à la langue et se laisse rayer à l’ongle; il est infusible au chalumeau, mais il n’est pas soluble en gelée dans les acides, caractère que quelques auteurs donnent à l’halloysite. A. GAUTIER. RÉACTION DU CHLORURE D'ARGENT SUR LE BIIODURE DE PHOSPHORE. (Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, tome LXXVIIL p. 286.) M. À. Gautier, dans l'espoir d'obtenir du bichlorure de phosphore correspondant à l’iodure connu PL, a fait réagir le chlorure d’argent sur le biodure de phosphore suivant Péquation hypothétique 3 PI, + 6 Ag CIl= 3 PCI, 6 Agl; mais la réaction ne se passe pas ainsi, et l’on obtient du tri- chlorure de phosphore, de l’iodure d’argent et du phosphore selon l’équation 3 PI, + 6 Ag C1— 2 PCI, + 6AgI+-P. Cette réaction est curieuse à plus d’un titre: 1° Deux atomes d’iode ont été remplacés par trois atomes de phosphore. On pourrait, pour expliquer la constitution du 244 BULLETIN SCIENTIFIQUE. I—P—I biiodure de phosphore admettre la formule PI, ou | [—P—I qui renferme deux atomes de phosphore liés entre eux par une de leurs trois atomicités. La densité de vapeur de l’hy- drogène phosphoré liquide, qui conduit à la formule P,H,, vient corroborer cette hypothèse ; 2° Le chlorure d’argent met en liberté, à une basse tem- pérature, une partie du phosphore, réaction singulière pour un corps saturé et stable comme Ag Cl; 3° Le phosphore produit est du phosphore ordinaire. — Brodie ayant montré que sous l'influence de l’iode le phos- phore ordinaire se transforme en phosphore amorphe, il paraissait naturel, suivant l’auteur, de conclure à l'existence de cette modification dans le composé PE. — Il nous semble que cette anomalie peut s’expliquer par les conditions mêmes de l'expérience de M. Gautier. Il obtient, en effet, son phos- phore ordinaire à une température dépassant 280°. Or, on sait qu’au-dessus de 260° le phosphore rouge repasse à l'état de phosphore ordinaire. A.etR. MINÉRALOGIE, GÉOLOGIE. F. DE HAUER. GEOLOGISCHE UEBERSICHTSKARTE.. ..... CARTE GÉO- LOGIQUE GÉNÉRALE DE LA MONARCHIE AUSTRO-HONGROISE, 1867-1873. Echelle =. Cette carte, dont l’Institut impérial vient d’achever la pu- blication, est un des travaux de géologie les plus considé- rables qui aient paru depuis longtemps en Europe. Elle n’a pas coûté moins de vingt années de recherches d’un grand nombre de géologues ‘ qui ont eu à lutter contre des difli- { MM. d'Andrian, Czjzek, Fœtterle, F. de Ilauer, de Hochstetter, Jokely, Kudernatsch, de Lidl, Lipold, de Mojsisovics, Neumayr, Paul, Peters, Prinzinger, de Richthofen, Schlænbach, Stache, Stoliczka, Stur, Tietze, Wolf et de Zepharovich. (Voyez, sur l’Institut impérial de géologie de l'empire autrichien, Archives, 1851, XVII, p. 162.) MINÉRALOGIE, GÉOLOGIE. 945 cullés de toute nature. La vaste étendue de pays qu’elle re- présente comprend, en effet, des régions appartenant aux provinces géologiques les plus diverses et constituant un en- semble de formations très disparates. De plus, un grand nombre de ces régions sont difficilement abordables ; sans parler des Alpes, devenues beaucoup plus accessibles depuis quelques années, les géologues ont dû explorer des contrées presque sauvages et encore inconnues, el surmonter, dans certaines parties des Carpathes, de la Hongrie, de la Transyl- vanie et de la frontière militaire, dans le Banat, la Croatie et la Dalmatie, des obstacles inconnus dans les autres pays de l’Europe. U. Schlænbach y perdit la vie. Ces recherches furent menées avec une grande activité de 1850 à 1865 par Haidinger auquel succéda M. de Hauer, dont la carte porte le nom. Dès 1867, ce dernier pouvait en commencer la publication, et l’on vit paraitre successivement les feuilles suivantes : 1867, feuille V. Alpes occidentales autrichiennes. 1868, » VL Alpes orientales. D XX almatie: 1869, >» TetIl. Bohême. 1869, » IIL Carpathes occidentaux. 4869, » VII Plaines de Hongrie. 4872, » IV. Carpathes orientaux. 1873, >» VIIL Transylvanie. Le reste de la carte est occupé par l’explication des cou- leurs et par un tableau synchronique des formations de l’em- pire. Chaque feuille est accompagnée d’un texte explica- tif, et ce vaste travail est complété par un index alphabétique de tous les noms géologiques des formations autrichiennes avec leur explication. Si nous joignons à celte œuvre les nombreux mémoires sur la géologie de l’Autriche qui ont paru dans les publications périodiques de l’Institut’, nous ? Verhandlungen, Jahrbuch et Abhandlungen der k. k. geologischen Reichsanstalt. 246 BULLETIN SCIENTIFIQUE. arrivons à une somme de travaux avec laquelle peu d’éta- blissements, même bien plus largement dotés, peuvent ri- valiser. La partie méridionale de la Bohème, une partie de l’archi- duché d'Autriche et de la Moravie sont constitués par une masse de roches cristallines d’une grande étendue. Ce sont des granits, des syénites, des gneiss, des micachistes, des schistes amphiboliques, des phyllites, qui ont formé, dès les temps les plus anciens, un continent sur lequel des dépôts plus récents se sont rarement formés. Des roches de même nature occupent la partie septentrionale de la Forêt de Bo- hême, les montagnes de Carlsbad, le Fichtelgebirge à l’ouest, les montagnes de Lausitz et le Riesengebirge au nord, les Sudètes à l’est, et entourent une région qui n’a été occupée qu’à un petit nombre d’époques par des dépôts marins en re- lation avec les mers extérieures par des canaux étroits. Le terrain silurien y forme un bassin que les recherches de M. Barande ont rendu célèbre. Les mers dévonienne et carbonifère n’ont pas pénétré dans cette région ; on y trouve seulement quelques dépôts lacustres du terrain houiller. L’époque du lias y laissa des dépôts puissants ; la mer juras- sique y envoya du nord un golfe étroit ; à l’époque crétacée, cette terre, longtemps soulevée, fut de nouveau et pour la dernière fois immergée. Les couches de la craie, le quader et le plaener (cénomanien, turonien, sénonien), recouvrent une grande partie du nord de la Bohême et bordent au nord le massif principal de roches cristallines et le bassin silurien. Parmi les dépôts plus récents, le plus important est une puis- sante formation de lignites tertiaires traversées par de nom- breuses éruptions basaltiques. Les roches cristallines sont bordées au sud et à l’est par les dépôts tertiaires des bassins du Danube et de la Marche jusqu’aux environs de Brünn. Au nord de cette ville, le revers du grand massif de syénite et le bord oriental des Sudètes sont occupés par les terrains dévonien et carbonifère, fait MINÉRALOGIE, GÉOLOGIE. 247 d’autant plus remarquable qu'aucun de ces terrains n'a pé- nétré dans l’intérieur du bassin de la Bohême. Ils forment une grande partie du sol de la partie septentrionale de la Moravie ; on y trouve également près d’Olomutschan quel- ques lambeaux de terrains jurassiques et crétacés. Les Alpes sont divisées géologiquement en trois zones : la zone médiane et les zones latérales septentrionale et méri- dionale qui se prolongent d’une manière continue, mais avec une largeur variable, du Rhin jusqu'aux environs de Gratz. La première est formée en majeure partie de roches cristal- lines dans lesquelles on distingue des masses centrales (Sel- vretta, Oetzthal, Tauern, etc.), formées de granits et de gneiss, et entourées d’une calotte schisteuse (Schieferhulle). Les terrains primaires, secondaires et Lertiaires y ont pénétré par places. Liée d’une manière intime à la nature des roches cristallines, à l’origine des gneiss et des granits, à l’histoire du soulèvement des Alpes, l’étude de cette zone est très com- pliquée et demandera encore de grandes recherches. La zone latérale nord est constituée par les terrains sédi- mentaires, du silurien au tertiaire; elle n’est pas formée d’une succession régulière, mais, à part le terrain silurien qui en occupe seulement le bord sud et la mollasse qui la limite au nord, les autres formations apparaissent d’une manière irré- gulière par suite des bouleversements géologiques. Ce sont les terrains triasiques, remarquables par leur puissance et la richesse de leurs faunes entièrement inconnues plus à l’ouest, les terrains rhétien, liasique, jurassique, crétacé et éocène; des recherches plus récentes y ont fait reconnaître aussi le terrain permien; le facies des terrains secondaires est très différent de celui de ces mêmes terrains à l’ouest du Rhin. La zone latérale sud est beaucoup plus compliquée ; elle renferme des roches cristallines (granit, micaschiste de Recoaro. de la Cima d’Asta) et beaucoup de roches éruptives: les terrains sédimentaires proprement dits appartiennent aux terrains silurien (Carinthie), houiller, permien, secondaires et tertiaires. 248 BULLETIN SCIENTIFIQUE. En Styrie, la chaîne se bifurque, et tandis que la branche septentrionale relie les Alpes aux Carpathes, la branche mé- ridionale s’en va former les montagnes du Karst, de la Croa- tie et de la Dalmatie, dont le caractère géologique est très différent. Les terrains triasique, crétacé (néocomien et cal- caire à rudistes) et éocène recouvrent de grandes étendues dans cette région; un grand dépôt d’eau douce, nommé couches de Cosina. constitue la base de cette dernière forma- tion. Entre les deux branches des Alpes, se trouve la baie de Gratz, occupée en partie par le terrain dévonien que l’on n’a reconnu encore dans aucune des deux zones latérales. Le massif de la Bohême est séparé de la chaîne des Alpes et des Carpathes par les lerrains tertiaires, que la jonction presque complète des roches cristallines et du grès de Vienne, dans les environs de St-Pülten, divise en deux bassins. Celui de la Haute-Autriche, à l’ouest de ce détroit, s’élargit rapide- ment à partir de ce point et se prolonge dans les plaines de la Bavière ; à l’est, celui de Vienne est en communication directe au sud-ouest avec le grand bassin de la Hongrie ; il est réuni avec celui de la Haute-Silésie par un golfe étroit entre la Moravie et les Carpathes. Ces dépôts tertiaires ré- cents sont peu bouleversés et sont en contact au nord avec des roches beaucoup plus anciennes. Au sud et au sud-est ils se distinguent nettement des dépôts tertiaires plus anciens. Le terrain tertiaire paraît donc composé ici de deux termes distincts, le terrain éocène, plus ancien, qui a pris part au soulèvement des Alpes et des Carpathes et le terrain néo- gène qui a rempli les bassins. Les formations auxquelles on a donné, dans l’Europe occidentale, le nom d’oligocène, y sont si intimement liées x l’éocène et si nettement séparées des dépôts suivants, que l'introduction de cette subdivision dans cette région, n’a pas paru justifiée. La partie supérieure du bassin du Danube est formée d’ar- giles, de sable et de grès auxquels les géologues autrichiens donnent le nom de Schlier et qui renferment peu de fossiles. FT": MINÉRALOGIE, GÉOLOGIE. 249 Ils sont surmontés de conglomérats et de graviers. Le bassin de Vienne, situé à l’est du détroit de Saint-Pœlten, présente une constilulion assez compliquée, par suite des golfes qu'il ervoyail dans les Alpes et en Bohême. La partie de ce bassin située hors des Alpes présente une série de formations ma- rines, couches de Molt, de Loibersdorf, de Gauderndorf, d’'Eggenbourg, et le Schlier; la première, qui repose sur les schistes à Amphisyle des Carpathes, correspond à la mollasse d’eau douce inférieure de la Suisse. Au Schlier ont succédé d’autres dépôts marins qui sont synchroniques de ceux de la partie alpine du même bassin. On reconnait, dans cette der- nière région, trois subdivisions : 4. Couches marines (argile de Baden, sable de Potzleins- dorf, calcaire de la Leïtha). 2. Couches sarmatiques ou couches à Cérithes, dépôt saumâtre. 3. Couches à Congéries ou couches d’Inzersdorf, dépôt la- custre ou fluviatile qui termine la série des dépôts terliaires le long du bord oriental des Alpes. Les Carpathes, reliés à cette dernière chaîne par les Petits Carpathes, se dirigent d’abord au nord-est, puis à l’est, puis au sud-est. Les masses centrales des Carpathes ne forment pas une chaîne continue, comme la zone centrale de la chaine des Alpes dont elles paraissent sous beaucoup de rap- ports être une continuation. Reliées à ces dernières par le granit des environs de Pressbourg, elles constituent un grand nombre de massifs isolés dans lesquels on ne remarque point de direction générale et qui disparaissent presque en- tièrement dans la partie orientale de la chaîne. Le granit y joue un rôle plus considérable que dans les Alpes et des dé- pôts sédimentaires normaux et riches en fossiles y occupent la place des schistes métamorphiques de cette dernière chaine. Ce sont des formations primaires, secondaires et ter- tiaires du terrain dévonien au terrain éocène dans lesquelles des quartzites, des dolomies, des marnes tachetées se trou- vent à des niveaux trés-divers. 250 BULLETIN SCIENTIFIQUE. La zone de calcaires, si développée dans les Alpes, fait to- talement défaut aux Carpathes. En effet, au nord des masses cristallines se trouve la zone des grès qui est très-puissante et qui est la continuation des grès du versant nord des Alpes. Elle est formée en majeure partie parleterrain éocène(y com- pris l’oligocène) et en partie aussi par le terrain crétacé, du néocomien au sénonien, qui, dans sa partie occidentale, la borde au nord et au sud. Des récifs (Klippe), de dimensions variables se présentent dans cette région avec une abondance extraordinaire. MM. Stache et Neumayr en ont compté plus de 2000 entre Rogoznik et Hethars sur une longueur de 44 milles et une largeur d’un demi-mille. Une Alippe est un ro- cher formé d’un ou plusieurs terrains en stratification con- cordante el qui émerge au milieu de grès d'âge plus récent en stralification discordante : Chaque ÆKlippe constitue une unité géologique distincte dans laquelle la direction des cou- ches et la nature de la roche est complétement indépendante de la Klippe avoisinante. On reconnait dans les terrains qui apparaissent sous cette forme, au milieu des terrains créta- cés, tous les terrains, du triasique supérieur jusqu’au calcaire néocomien à aptychus qui apparait lui-même sous cet as- pect au milieu des roches crétacées plus récentes. On voit par là que le nom de Ælippenkalk à une signification beau- coup plus étendue que celle qu’on lui assigne souvent et ne peut pas être attribué uniquement au terrain jurassique su- périeur ou lithonique. Les terrains tertiaires de celte zone appartiennent au terrain éocène et se composent de calcaires, de grès et de schistes à Amphisyle. Cette zone estabondante en pétrole; le grès supérieur qui est très-puissant porte le nom de Magura-Sandstein. Des éruptions de trachvte bordent les Carpathes occiden- taux au sud et à l’est et se trouvent aussi au sud des Car- pathes orientaux ; elles sont considérables et présentent une grande variété de roches, prophylite, dacite, trachyte propre- nent dit, rhyolite, etc. MINÉRALOGIE, GÉOLOGIE. 251 Les Carpathes sont limités au nord par de vastes plaines recouvertes en grande partie de terrain diluvien et particu- lièrement de lœæss au milieu duquel apparaissent quelques affleurements de terrain néogène. Ce sont des formations marines qui contiennent des dépôts de sel, de gypse et de soufre. Le plus connu d’entre eux est le gisement de sel de Wieliczka. Au nord de cette région se trouvent dans la partie occi- dentale, aux environs de Cracovie, des terrains anciens, du terrain dévonien au terrain crétacé et dans la partie orien- tale, les terrains silurien, dévonien, crétacé et néogène de la Gallicie. Au sud des Carpathes les grandes plaines de la Hongrie sont formées de terrain tertiaire récent et surtout de terrain quaternaire qui recouvrent d'immenses étendues. Ces plaines sont partagées en deux grands bassins, celui de Comorn et celui de la Basse-Hongrie, par une chaîne peu élevée, sou- vent interrompue, qui longe le bord septentrional du lac Balaton en suivant la direction nord-est et qui présente une grande diversité dans sa constitution géologique. Celte chaîne forme une sorte de lien entre les Alpes méridionales et la partie méridionale des Carpathes: elle se compose de granit qui apparaît en un point seulement, des terrains houiller, permien, triasique, rhétique, liasique, jurassique, crétacé, éocène et néogène, enfin de nombreuses roches éruptives tertiaires, particulièrement de trachytes, qui con- stituent le Matra. Dans le bassin de la Basse-Hongrie, se trouvent le massif de Fünfkirchen, les montagnes de l’Esclavonie qu’on peut regarder comme le prolongement oriental des Alpes méri- dionales ; celle de Peterwardein qui relient les précédentes au Banat. Toutes ces montagnes sont formées de roches cris- tallines et de terrains primaires, secondaires et tertiaires. Les plaines de la Hongrie sont limitées à l’est par la Tran- sylvanie dont la région médiane, formée d’un haut plateau. SORT, D'OR 252 BULLETIN SCIENTIFIQUE. presque entièrement occupé par les couches à Congéries et des alluvions, est bordée par les massifs suivants : Au nord et à l’est par les Carpathes qui se prolongent avec la direction sud-est, sud, puis sud-ouest. Ils sont consti- tués par des roches cristallines, des terrains mésozoïques asso- ciés à beaucoup de roches éruptives et par la zone de grès dont j'ai parlé plus haut qui se bifurque en deux bras, dont l’un se prolonge au sud-est et au sud, et dont l’autre resserré d'abord au milieu des roches cristallines et des trachytes et souvent pénétré par ces derniers, se dirige vers le sud. Au sud, par les montagnes de la frontière transylvaine et du Banat, formées en grande partie de gneiss et de micaschistes et dans lesquelles on trouve aussi des représentants du ter- rain houiller et des terrains secondaires et tertiaires ; C’est dans celte région que sont les gisements de fossiles bien connus de Swinitza et de Berzaska. Enfin à l’ouest par un massif très-important formé de ro- ches éruplives (porphyre, mélaphyre, trachyte, rhyolite, etc.) et de roches cristallines, entourées au nord, à l’est et au sud de terrain crétacé et de grès des Carpathes au milieu duquel apparaissent des Xlippe jurassiques. Telles sont en quelques mots les diverses régions repré- sentées sur celte carte. Les nombreux travaux spéciaux de géologie et de paléontologie qui se sont groupés autour de ce grand travail et dont plusieurs sont relatifs à des contrées jusqu'alors inconnues, les recherches de Richthofen dans le Tyrol, de Hohenegger dans les Carpathes, de MM. de Hauer et Stache dans la Transylvanie, la description des fossiles ter- tiaires du bassin de Vienne de M. Hærnes, celle des fossiles triasiques des Alpes de M. Mojsivovics; les études détaillées faites dans plusieurs régions de l’empire sur les lerrains pri- maires, secondaires et tertiaires, etc. etc., ont ouvert de- puis quelques années des horizons tout nouveaux à la géo- logie. On peut, en particulier, y rattacher la connaissance de ce grand bassin méditerranéen dont les dépôts ont offert, ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 299 à l’époque secondaire surlout, un si grand contraste avec ceux jusqu'ici plus connus du nord de l'Europe et du bassin anglo-parisien. E. F. ZOOLOGIE. ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. P.-Martin Duncan. A DESCRIPTION OF THE MADREPORARIA DRED- GED UP, elC. DESCRIPTION DES CORAUX DRAGUÉS PENDANT LES EXPÉDITIONS DU PoRCuPINE EN 1869 er 1870. (Trans. of the Zoolog. Soc. of London, vol. VEL, 5° partie, avec 411 pl.) Ce mémoire a été lu en mai 1871 à la Société zoologique, et l’on doit regretter qu'il n'ait pas été remanié avant d’être livré à l'impression, car l’auteur dit n'avoir connu la publi- cation de Pourtalès sur le même sujet que lorsque son propre travail était déjà entièrement achevé. La partie descriptive est précédée d’une introduction his- torique énumérant les recherches relatives aux coraux qui vi- vent à de grandes profondeurs. Les nombreux échantillons obtenus dans les deux expéditions du Porcupine contenaient {4 espèces nouvelles. Grâce à la variabilité considérable de quelques-uns de ces coraux, M. Duncan a pu réunir plusieurs formes spécifiques qui avaient élé précédemment séparées et même, dans deux cas, fondre des genres que l’on avait con- sidérés jusqu'ici comme distincts : le genre Ceratocyathus à été réuni à l’ancien genre Caryophyllia, et le genre Thecop- sammia au genre Balanophyllia. La position occupée par cer- taines espèces a dû être changée; c’est le cas pour les Lo- phohelia prolifera et Amphihelia oculata qui doivent être sor- ties de la famille des Oculinides et placées dans les Astréides. Voici comment l’auteur résume les résultats généraux aux- quels il est arrivé : 1° Les coraux des grandes profondeurs diffèrent de ceux qui construisent des récifs par l’absence de certaines particu- larilés importantes de structure du cæœnenchyme ; CE fù + : ie 1 254 BULLETIN SCIENTIFIQUE. 2% L'on a dragué des coraux à des profondeurs de 1094 fathoms (2000 mètres) : 3° Les coraux des grandes profondeurs vivent sous des températures très-différentes, variant de 29°,9 à 56°,3 Farnh. (49,16 à 13°,5 cent.) : 4° La croissance des ces coraux est très-vigoureuse à de grandes profondeurs et sous de basses températures ; 5° La variabilité des espèces habitant les eaux profondes est très-grande : 6° On trouve dans les grandes profondeurs des espèces et des genres qui sont inconnus à des niveaux supérieurs; 7° Beaucoup d'espèces des grandes profondeurs ont une distribution horizontale très-étendue : 8° Les faunes actuelles des coraux des grandes profondeurs comprennent des espèces et des variétés d'espèces apparte- nant aux faunes des grandes profondeurs du pliocène, du miocène et dun crélacé, ainsi que des rejetons de la faune pa- læozoique ; 9° En laissant de côté les variétés, el en ne comptant que les espèces proprement dites, on trouve dans les collections du Porcupine trente espèces, dont onze sont connues aussi à l'état fossile. Il y en a, en outre, quatre autres qui sont très- voisines de formes fossiles. A. H. Fritz MüLLER. BErrRÆGE zur KENNTNISS DER TERMITEN.... RE- CHERCHES POUR SERVIR A L’HISTOIRE DES TERMITESs. (Jenaische Zeitschrift für Medicin und Naturwissenschaft, vol. VU, 1873, 3° cahier, p. 333-358 ; 4° cahier, p. 451-463, avec figures dans le texte et 2 pl.) Ch. Lespès a découvert en 1856 que les soldats aussi bien que les ouvriers du Termes lucifugus des Landes étaient re- présentés par des individus mâles et femelles à organes repro- ducteurs incomplétement développés. Ce fait ne fut accepté qu'avec une certaine hésitation par quelques naturalistes, en ‘ ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 259 particulier par Hagen qui chercha vainement ces organes chez les soldats de divers Termes et Hodotermes. Les observa- tions de M. Fr. Müller font disparaître les contradictions ap- parentes qui rendaient cette question obscure, et elles nous révèlent des faits nouveaux du plus haut intérêt pour lhis- toire des Termites. M. Fr. Müller ne fut pas d’abord plus heureux que Hagen en disséquant des ouvriers et des soldats appartenant à plu- sieurs groupes différents du genre Termes proprement dit. Mais chez les ouvriers et les soldats du genre Calotermes, il a retrouvé l’organisation signalée par Lespès:; il a même constaté que chez les soldats de ce groupe les organes re- producteurs sont beaucoup moins atrophiés que chez ceux du Termes lucifugus et qu'ils acquièrent presque le même développement que chez les individus ailés. Chez les soldats du Cal. canellæ on ne trouve presque pas de différences sexuelles externes; les plaques ventrales de lab- domen des soldats mâles et femelles sont conformées comme celles des mâles ailés. Les organes reproducteurs des soldats femelles ne se distinguent guère de ceux des femelles ailées que par leurs dimensions plus petites et par l’absence du réceptacle séminal. Le contenu des tubes présente quelques différences comparativement à ce qu’on voit chez les fe- melles. Les organes reproducteurs des soldats mâles sont tout à fait semblables à ceux des mâles ailés, les testicules ayant seulement des formes en général un peu plus grêles. Chez les Cal, nodulosus et rugosus Hag., les soldats mâles se distinguent déjà extérieurement des soldats femelles par la structure du huitième arceau ventral. L'auteur n’a pas trouvé chez le petit nombre de soldats mâles du C. nodulosus qu’il a disséqués des œufs bien caractérisés remplissant tout le calibre des tubes ovariques ; il en à vu, par contre, chez presque Lous les soldats femelles du €. rugosus. Quant à l’or- ganisation des ouvriers des Calotermes, M. Müller n’a rien à en dire par la bonne raison que chez les six ou sept espèces 256 BULLETIN SCIENTIFIQUE. de ce genre qu'il a observées au Brésil les ouvriers man- quent complétement. L'on avait souvent observé deux formes de nymphes dans les colonies de Termites, mais c’est Lespès qui, le premier, les a étudiées et décrites avec soin dans le T. lucifugus. Ses « nymphes de la première forme, » plus grandes que les ou- vriers el que les larves, se reconnaissent surtout à leurs four- reaux alaires grands, épais, marqués de lignes représentant les nervures ; les organes femelles sont chez elles assez dé- veloppés, les organes mâles le sont très-peu. Il a vu ces nym- phes se transformer du 45 au-20 mai en insectes parfaits. Les « nymphes de la deuxième forme, » moins nombreuses que les précédentes, deviennent plus longues, ce qui est dû à l’accroissement considérable de l'abdomen. Les fourreaux de leurs ailes sont plus étroits, plus courts et rejetés sur les côtés. Les organes mâles et femelles acquièrent chez elles un volume énorme. Lespès supposait que ces nymphes se trans- forment au mois d’août en insectes ailés mâles et femelles, mais il n’avait pas d'observations directes sur ce point. M. Fr. Müller a élé amené à concevoir autrement le rôle de ces différentes nymphes. Selon lui il existe des individus repro- ducteurs mâles et femelles sous deux formes différentes : les uns provenant des nymphes de la première forme acquièrent des ailes et quittent le nid ; un petit nombre d’entre eux sur- vivent et deviennent des rois et des reines ; les autres, qui correspondent aux « nymphes de la deuxième forme» de Lespès, ne sont pas destinés à voir jamais la lumière; ils restent aptères et ne quittent jamais le nid où ils sont nés. La justesse de cette hypothèse, émise il y a déjà un certain temps, a été prouvée par une observation directe due à cet habile naturaliste. En examinant la partie centrale du nid d’un Eutermes, il la trouva entourée d’une masse d’œufs, et re- connut qu'elle ne contenait pas une grande chambre royale, mais étail constituée par une réunion spongiforme de canaux irréguliers. Dans ces canaux se trouvaient réunies, par pe- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 207 lits groupes, trente et une femelles à courts étuis alaires, longues de 6 à 8”, au milieu desquelles se promenait un seul mâle à peu près de la même grosseur qu’elles. Ce mâle était un vrai roi, à gros veux, et dont les ailes s’étaient dé- tachées en ne laissant que leur partie basilaire. « Au lieu, dit pittoresquement l’auteur, d’un palais contenant un roi vivant chastement avec une compagne de même condition que lui. J'avais sous les veux un harem dans lequel trônait un sultan au milieu de nombreuses maîtresses. » Ces femelles, dont l'abdomen était agité de contractions ondulatoires semblables à celles que l’on observe chez les reines, pondirent dans l’espace d’une journée un assez grand nombre d'œufs, et M. Müller fut plusieurs fois témoin de la ponte. Les « femelles de remplacement » (Ersatzweibchen), comme M. Müller les appelle, ressemblent assez aux ouvriers par leur aspect général, mais elles sont deux fois aussi grosses que ceux-ci. Leurs rudiments d’ailes sont si faibles, que chez la plupart d’entre elles on ne les aperçoit pas au premier abord. C’est seulement chez un petit nombre d'individus que ces organes acquièrent des dimensions plus considérables coincidant avec un plus grand développement du mésothorax et du métathorax ; ils atteignent alors jusqu’au milieu du se- cond arceau dorsal de l’abdomen. La tête ressemble beau- coup à celle des ouvriers; les antennes ont, comme chez ceux-ci, qualorze articles, tandis qu'on en compte treize chez les soldats et quinze chez les individus ailés. La seule différence entre leur tête et celle des ouvriers consiste dans la présence de petits veux arrondis qui ne font presque pas de saillie. L’abdomen n’est que médiocrement renflé. Chaque ovaire, formé d'environ une douzaine de tubes ovariques, renferme à peu près six œufs mürs. Quinze femelles de ren- placement ne pesaient pas plus entre elles qu’une seule reine ; les ovaires des trente el une femelles égalaient tout ARCHIVES, t. XLIX. — Mars 1874. 18 » Coté: cali. : Cd: +4 9258 BULLETIN SCIENTIFIQUE. au plus le poids de ceux d’une reine el contenaient à peine autant d’œufs que les ovaires de celle-ci. Il reste encore à résoudre bien des questions relatives aux mâles de remplacement, à la nature des descendants que produisent les différentes formes d'individus sexués, aux causes qui amènent le développement de l’une ou de l’autre de ces formes, etc... De nombreuses recherches, des obser- vations très-multipliées seront nécessaires pour arriver à bien comprendre le fonctionnement de ces sociélés compliquées. Néanmoins, un point semble acquis, c’est la connaissance des différentes formes qui peuvent se rencontrer dans une co- lonie de Termites. M. Fr. Müller en donne le tableau suivant qu'il nous paraît utile de reproduire : 1. Larves du premier âge. TT — —" 0 z 2. Larves des formes inaptes 3. Larves des formés! aptes à la reproduction. à la reproduction. ne | 4. Larv. des soldats. 5. Larv. des ouvriers. | | nn a 6. Soldats. 7. Ouvriers. 8. Nymphes de la 9. Nymphes de la première forme. deuxième forme. | | | 10. Individus ailés. | | | 1. Roïetreine. 12. Mäles et femelles de remplacement. L'auteur a fait de nombreuses observations sur la struc- ture des nids de Termites el donne un grand nombre de figures qui sont indispensables pour bien comprendre ces constructions. Nous nous contenterons ici de relever le fait curieux que les excréments des Termites semblent être les matériaux les plus employés par ces insectes, du moins par ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 259 ceux qui creusent dans les arbres et construisent des nids en forme d’excroissances. Si l’on enlève un fragment du nid, les ouvriers arrivent les uns après les autres sur la brèche et la réparent en y déposant leurs fèces auxquelles certains individus viennent joindre de petits fragments de la muraille détruite. On voit aussi quelquefois ceux qui n’ont rien dans leur rectum dégorger la nourriture qu'ils n’avaient pas en- core digérée. Ce dernier moyen n’est probablement pas em- ployé en temps de paix; les insectes n’y ont sans doute re- cours que lorsqu'il s’agit de réparer rapidement un nid ou- vert par l'ennemi. Le Termes Lespesti Fr. M., qui construit sur le sol, n’em- ploie pas exclusivement ses excréments, bien que ceux-ci composent la plus forte proportion des matériaux du nid: il fait entrer aussi dans ses constructions une terre argileuse. Ces deux substances forment ordinairement des couches su- perposées, d'épaisseur et de disposition variables selon les différentes régions du nid. À.H. Hermann Scamibr. 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BEeITRÆGE Zur, etc. CONTRIBUTIONS À LA CON- NAISSANCE DES VOIES LYMPHATIQUES POSTÉRIEURES DE L'OEIL. (Archiv für Ophthalm., XVI, 4, p. 127.) — WoLFRiNG. BAITRÆGE ZUR HISTOLOGIE, etc. CONTRIBUTION À L’HISTOLO- GIE DE LA LAME CRIBLÉE DE LA SCLÉROTIQUE. (Arch. [. Ophth.. X VIIL, 2, p. 10, 1872.) — Th. LEBER. STUDIEN UEBER, etc. ÉTUDES SUR L'ÉCHANGE DES LIQUIDES DANS L'OEIL. (Archiv für Ophth., XIX, 2, p. 87, 1873.) — Ignaz BarBar. UEBER Ei- NIGE SELTENERE, @tC. DE QUELQUES FORMES RARES D’AFFEC- TIONS SYPHILITIQUES DES YEUX. (Dissert. maugurale. Zurich. 1873), etc. M. Schwalbe, professeur à la faculté de médecine de Leip- zig, a étudié les espaces où circule la lymphe!' et les com- munications qui leur servent de débouché. Dans ce but, il à pratiqué par la méthode de ponction sur des yeux de mam- mifères et des veux humains, de nombreuses injections avec diverses substances et à divers degrés de pression manomé- trique. Ces recherches ont élé répétées par plusieurs savants distingués qui ont confirmé la plus grande partie des résul- tats obtenus par M. Schwalbe. D’après cel anatomiste, ilexiste dans les parties postérieu- res de l'appareil visuel une double voie d'écoulement pour le liquide lymphatique produit par ces parties. 4° On sait que la choroïde et la sclérotique sont accolées l’une à l’autre d’une façon assez lâche et que la choroïde est susceptible d’un certain mouvement de glissement sous influence des contractions du muscle ciüliaire.Ce mouvement, ‘ Le mot de /ymphe est pris ici dans son sens le plus vaste ; comme pour la plupart des anatomistes contemporains, il s'applique généra- lement aux liquides, de composition analogue, mais variée, qui bai- gnent les interstices des parenchymes et du tissu cellulaire, les cavités séreuses et synoviales, et se réunissent en définitive dans les vais- seaux lymphatiques proprement dits. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 264 indispensable pour les modifications de courbure du cristal- lin d’après la découverte de M. Helmholtz, est un fait avéré depuis les expériences de MM. Hensen et Vülckers, profes- seurs à Kiel, sur le mécanisme de l’accommodation. Par contre les deux membranes contractent une union intime, en ar- rière, au pourtour de l'insertion oculaire du nerf optique, et en avant, au niveau du pourtour de la cornée et de l’attache antérieure du muscle ciliaire. L'espace compris entre ces deux limites constitue une cavité à laquelle M. Schwalbe a donné le nom d’espace lymphatique périchoroïdien. I est tra- versé par des trabécules de tissu connectif se rendant d’une membrane à l’autre et s'appliquant à leurs surfaces et qui, dans leur ensemble ont été décrites par les auteurs sous les noms de membrana suprachorioidea et de lamina fuscu. Ces trabécules sont entièrement tapissées par un épithélium pa- vimenteux très-ténu, tel qu’on le rencontre sur toutes les membranes séreuses et sur les parois des canaux et sacs lym- phatiques dans toute l’échelle des vertébrés (Endothélium «les auteurs allemands contemporains). L'espace périchoroïdien communique au niveau des quatre grosses veines de la choroïde (vasa corticosa) avec un espace analogue, également tapissé par un endothélium, et situé entre la sclérotique et la capsule de ténon (aponévrose du globe oculaire). Lorsque l’on injecte un liquide sous la dure-mère cra- nienne, on arrive facilement à remplir d’une part cettecavité qui enveloppe le globe de l'œil, d'autre part les vaisseaux et les ganglions Ivmphatiques du cou. La communication entre l’espace sous-ténonten et la cavité sus-arachnoïdienne a lieu à travers le trou optique du sphénoïde et par l'intermédiaire d'un espace lymphatique qui environne la gaine fibreuse du nerf optique, l’espace sus-vaginal de Schwalbe. Signalons ici un point sur lequel M. Schwalbe et les autres observateurs gardent le silence. C’est que dans la cavité or- bilaire le liquide injecté est en dehors de la gaine fibreuse 262 BULLETIN SCIENTIFIQUE. du nerf, tandis que, dans la cavité cranienne, il se trouve en dedans de la dure-mère. Or, la première n’est qu’une conti- nuation de la seconde. Les voies suivies par l'injection doi- vent donc traverser la membrane fibreuse au niveau du trou optique. Cetle communication demande à être étucidée. 2 Une autre cavité lymphatique est constituée par l’espace compris entre la gaine fibreuse ou externe et la gaine cellu- leuse ou interne du nerf optique. Cette cavité, l’espace sous- vaginal de Schwalbe, s'étend en avant jusqu’à l'insertion oculaire du nerf et communique, en arrière, avec la cavité sous-arachnoïdienne comprise entre l’arachnoïde et la pie- mère du cerveau. En injectant un liquide sous une pression modérée dans la cavité sous-arachnoïdienne, on obtient une injection de cet espace sous-vaginal du nerf. - Bien que, dans l’opinion de M. Schwalbe, ces deux systè- mes soient entièrement distincts, il parait exister entre eux, d’après les recherches de M. Michel, à Erlangen. des com- munications capillaires comprises dans les interslices des faisceaux fibro-tendineux de la gaine externe du nerf et de la portion avoisinante de la sclérotique. Une autre observateur, M. Schmidt, professeur d’ophthal- mologie à Marburg, a obtenu en même temps que la réplétion de l’espace inter-vaginal, une injection plus ou moins com- plète de la lame criblée, dont les intervalles livrent passage aux faisceaux du nerf optique à leur entrée dans l’œil. Ce résultat n’a pas encore été confirmé, ce qui dépend peut- être des pressions employées pour l'injection. Quant aux lymphatiques de la rétine, qui d’après M. His, à Bâle, forment des gaines autour des vaisseaux sanguins de cette membrane, exactement comme les lymphatiques dans la substance du cerveau et de la moelle épinière, on ne connaît pas encore leurs voies d'écoulement. Mais il est probable que ces gaines lymphatiques périvasculaires de la rétine se déversent dans les lymphatiques du nerf optique et de sa ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 263 gaine celluleuse. Ces derniers ont été décrits récemment par M. Wolfring, de Varsovie. M. Schwalbe considère aussi la chambre antérieure de l’œil et le canal de Petit qui entoure le bord du cristallin, comme des cavités lymphatiques destinées à recueillir la lymphe du corps ciliaire et de l'iris; cette Iymphe ne serait autre, par conséquent, que l'humeur aqueuse. Il a cru recon- naître, à l’aide d’injections dans ces cavités, qu'elles sont en communication avec les veines ciliaires antérieures. Mais celte partie, la plus surprenante assurément, des résultats de M. Schwalbe est vivement contestée par d’autres observa- teurs de mérite, en particulier par M. Leber, professeur d’ophthalmologie à Gôttingen et auteur de recherches restées classiques sur le système circulatoire de l'œil. M. Leber à prouvé que M. Schwalbe a pris pour une véritable injection une filtration du liquide survenue à travers les parois vascu- laires. Quoi qu’il en soit de ces points encore litigieux, il demeure élabli que, s’il se trouve dans les espaces intracrantens, limi- tés par les méninges cérébrales, des liquides placés sous une certaine pression, des voies naturelles leur sont ouvertes pour arriver soit sous le manchon fibreux du nerf optique, soit dans les espaces sous-ténonien et sous-sclérotical. Cette découverte, à laquelle le nom de M. Schwalbe res- lera allaché, ne pouvait rester sans influëénce sur les idées pathologiques relatives à quelques affections de l'œil. L’ob- servaiion médicale s’est emparée, comme il arrive toujours, de ces faits anatomiques nouveaux pour expliquer certains symplômes, certaines maladies, et pour éclairer, en particu- lier, l’histoire, encore assez obscure, des affections oculaires . d’origine cérébrale. Ces travaux ont porté principalement sur la doctrine de linflammation intra-oculaire du nerf optique causée par les affections cérébrales. D’après les idées émises par l’illustre Albert de Gräfe et RE x 26% BULLETIN SCIENTIFIQUE. presque généralement adoptées jusqu’à ces derniers temps, la plupart des cas d’inflammation du nerf optique provenant de cause cérébrale et reconnaissables à l’ophthalmoscope se- raient dus à une augmentation du contenu de la boîte cra- nienne par tumeur ou exsudation et à une stase du sang veineux dans les sinus de la dure-mère en communication avec les veines ophthalmiques (Stauungspapille, névrite opti- que par stase veineuse). La principale objection à cette théo- rie, c’est que le sang de la rétine et du nerf optique peut aussi s’écouler dans les veines de la face, avec lesquelles les veines ophthalmiques contractent des anaslomoses impor- tantes par l'intermédiaire des veines orbitaires. La stase san- guine dans les sinus encéphaliques n’entraine donc pas né- cessairement un arrêt de la circulation de retour dans le fond de l'œil. Néanmoins, beaucoup de faits semblaient mi- liter en faveur de celte théorie, jusqu’à ce que la découverte de M. Schwalbe permit une autre explication des phénomé- nes morbides en question. Si la gaine fibreuse du nert opti- que forme une cavité en communication directe avec la ca- vilé sous-arachnoïdienne et par conséquent avec les ventri- cules du cerveau, la circulation et la nutrition de ce nerf et de ses fibres intra-oculaires pourront souffrir indirectement par une accumulation ou un reflux du liquide péri-encépha- lique dans l’espace sous-vaginal. On devra s'attendre alors à trouver, à l’autopsie de certaines affections du cerveau, com- pliquées de névrite optique, une véritable hydropisie de la gaine du nerf, avec dilatation de cette gaine, imbibilion de la substance nerveuse et lésions anatomiques consécutives. C’est effectivement ce que plusieurs médecins ont trouvé, en particulier à la suite de tumeurs cérébrales, de méningite, et d’hydrocéphale aigu (Manz, Schmidt, Berthold, Horner, etc.) L'hypothèse d’une névrite par stase lymphatique, émise d’abord par M. Schmidt, se trouve ainsi confirmée par une série de faits intéressants. Ajoutons qu’en injectant de l’eau ou du sang défibriné sous la dure-mère, chez des la- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 265 pins, M. Manz est arrivé à reproduire une partie des symp- tômes ophthalmoscopiques observés dans les maladies du cerveau (gonflement des veines rétiniennes, infiltration du nerf optique, etc.) et qu’à l’autopsie de ces animaux il a trouvé la gaine du nerf optique distendue par le liquide. Cette nouvelle théorie neréussira peut-être pas à détrôner entièrement celle du grand oculiste berlinois, prebablement encore vraie pour un cerlain nombre de cas, mais elle est certainement appelée à jeter encore quelque lumière dans un domaine aussi intéressant pour la pathologie cérébrale et ocu- laire que pour le physiologiste, celui des relations entre l'œil et le cerveau et des maladies communes à ces deux organes. DG R. HeibeNaain. UeBer.….. DE L'ARYTHMIE pu cour. (Pflüger’s Archiv, N, 143. Centralblatt, 1872, p. 198) M. Heidenhain a observé. avec le kymographion la pres- sion sanguine de chiens curarisés dont on entretenait la res- piration artificielle, et chez lesquels il excitait la moelle allon- gée aprés avoir seclionné les nerfs vagues. — [mmédiate- ment avec le commencement de l'excitation se produit une élévation de la pression sanguine, d’où une accélération du pouls. Lorsque la pression s’est élevée au-dessus de 250%, ce qui arrive souvent au bout d’une minute, il se prodait subi- tement une irrégularité dans la courbe de pression que Hei- denhain nomme l'arythmie. Cette arythmie se caractérise par des élévations et des abaissements irréguliers de la courbe entre lesquels se trouvent les oscillations normales du pouls. et par des intermillences momentanées des pulsations. Ce changement de force el de nombre des pulsations concorde fort bien avec ce que les pathologistes ont nommé délire du cœur (asystolie). Tous les animaux ne présentent pas cette arythmie, car parmi 29 animaux étudiés, 4 à 5 ne présentèrent pas trace de ce phénomène. De plus, ce symptôme diminue avec la ré- 266 BULLETIN SCIENTIFIQUE. pétition de l’excitation de la moelle allongée et cesse complé- tement quand on a répété 5 ou G fois cette excilation. Après la section des nerfs accélérateurs du cœur, qui peut être obtenue par l'extirpation du ganglion cervical inférieur et du ganglion dorsal supérieur, larythmie s’est aussi pro- duite: ce qui indique qu'il s’agit d’une action directe de la pression sanguine sur le cœur pouvant dépendre où d’une fatigue de l'appareil moteur ou d’une excitation des appa- reils d'arrêt : Le fait que l’arythmie dans des recherches ré- pétées devient toujours plus faible et finit par disparaitre, parle contre l’opinion qui l’a fait dépendre d’une fatigue. Les courbes analogues à celles de larythmie que l’on ob- tient en élevant artificiellement la pression sanguine et en y joignant l'excitation au nerf vague plaident en faveur d’une excitation des nerfs d'arrêt. Mais on peut opposer à celle opinion le fait que l’arythmie peut encore se produire après l’empoisonnement par l’atropine dans lequel le vague est paralysé. On devrait donc admettre que l’atropine ne pa- ralyse que les dernières ramifications nerveuses qui pénè- trent dans des centres d'arrêt intracardiaques, qui ne se- ralent pas eux-mêmes modifiés. DR: D° MaARTIN-DAMOURETTE. ANTAGONISME DE L'ÉSERINE AVEC ELLE- MÊME ET AVEC L’ATROPINE. (Journal de Thérapeutique du professeur Gubler. Paris, 1874.) — M.-J. RossBaca. Puar- MACOLOGISCHE UNTERSUCHUNGEN. (Würtzburg, 1873, L) — M.-J. Rosspacu ET FROEHLICH. UNTERSUCHUNGEN . .... RE- CHERCHES SUR L'ACTION PHYSIOLOGIQUE DE L’ATROPINE ET DE LA PHYSOSTIGMINE SUR LA PUPILLE ET LE COŒUR. (Wurtzburg, phys. Verhandlungen, N, 1, et Centralblatt, 1873, n° 58 et 59, p. 924.) — H. Kozuer. Exr. BEITRÆGE .. . .. RECHER- CHES EXPÉRIMENTALES RELATIVES A L'ACTION DE LA FÈVE DE CALABAR SUR LE COEUR ET REMARQUES SUR L’ARYTHMIE. (Ar- chiv für experëm. Pathologie und Pharmacologie. Leipzig, ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 267 août, 1873). — D° Luigi Lucrant. EINE PERIODISCHE . D’UNE FONCTION PÉRIODIQUE DU COEUR DE GRENOUILLE ISOLÉ pu corPs. (Recherches du laboratoire de physiologie de Leipzig, publiées par le professeur Ludwig. Leipzig, 1875, 7=° année.) Nous avons déjà eu l’occasion d’analvser plusieurs travaux dans lesquels était discuté l’antagonisme physiologique que semblent présenter plusieurs substances loxiques !; ceux que nous réunissons ici ont trait en grande partie à la même question. M. Martin-Damourette a pour but d'étudier les propriétés physiologiques de l’éserine ?. En analysant les principaux phénomènes de lempoisonnement qu'il nomme éserisme, il pense arriver à trouver la clef de l'’antagonisme que l’ése- rine présente avec latropine et d’autres substances et à for- muler sa valeur thérapeutique. Les expériences que M. Martin-Damourelte a faites sur les lapins, les oiseaux et les grenouilles l’engagent à conclure qu’en résumé Péserine possède trois propriétés physiologi- ques élémentaires relativement aux troubles moteurs qu’elle produit. 1° Elle excite les muscles et produit des convulsions mus- culaires se traduisant par des contractions fibrillaires, des mouvements convulsifs, des contractions de l’intestin et enfin la contraction pupillaire. 2° Elle excite les centres cérébrospinaux moteurs. 3° Enfin elle diminue (comme le curare, mais moins rapi- dement) l'excitabilité des terminaisons des nerfs dans les muscles. Or, ces trois propriétés élémentaires apparaîtraient diffé- remment selon la dose administrée et surtout selon le mode 1 Voyez Arc'ives, 1873, L XLVI, p. 344. 2 L'ésrrine est la substance active de la fève de Calabar (physos- Uma venenosum), Cette substance a aussi été nommée physosligmine par les uns et calaburine par d’autres. 268 BULLETIN SCIENTIFIQUE. d'administration. En effet, tandis qu'une dose massive de poison produit promptement des convulsions, une paralvsie des phréniques et la mort par asphyxie chez les animaux à sang chaud, on peut, en usant de doses réfractées. arriver à abolir la contractilité musculaire sans produire l’excitation nerveuse qui dans le premier cas produisait la mort. Ces deux actions seraient pour M. Martin-Damourette une sorte dantagonisme établi entre les deux propriétés physiologi- ques principales de la substance, la parésie musculaire s’0p- posant à la mort par excitation nerveuse. C’est là une ma- nière ingénieuse d'interpréter le phénomène, qui entraine M. Martin-Damourette à expliquer le succès que quelques auteurs disent avoir obtenu de l'emploi de la fève de Calabar dans le traitement du tétanos. L’auteur insiste sur la néces- sité, dans le traitement du tétanos, d’user de doses réfractées atin d'obtenir l’affaiblissement musculaire. « Les doses faibles « et graduellement croissantes de sulfate d’éserine, dit-il, « constituent un moyen cerlain de développer cet antla- « gonisme à l'avantage de l'effet névro-paralvtique et de là « résulte la tolérance de doses plus que toxiques capables « de relàcher les muscles tétanisés. » Dans la suite de son mémoire (n° 5, mars 1874), M. Martin cherche à démontrer que c’est une influence analogue qui est mise en jeu quand, à l’exemple de M. Fraser, on neutra- lise l’action toxique de l’éserine au moyen d’une faible dose d’atropine. L’atropine à faible dose posséderait aussi des pro- priétés névro-parlyliques capables d’enraver l’action convul- sivante de l’éserine. Une des propriétés importantes de l’éserine est de contrac- ter la pupille soit quand elle est appliquée localement sur le globe oculaire, soit lorsqu’au moyen de l’absorption elle pé- nèlre dans l’humeur aqueuse. Cette propriété mise souvent en usage par les oculistes pour combattre la mydriase pro- voquée par l’atropine a reçu des interprétations très-diverses: Les uns expliquant le phénomène par la paralysie du svm- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 269 pathique et du dilalateur de la pupille (M. Rosenthal, M. Bermstein-Dogiel), les autres (M. Grünhagen) par lexcitation des terminaisons de l’oculo-moteur commun dans le sphineter de Piris, d’autres enfin (M. Græfe) par une action combinée de ces deux agents. Cette question à occupé aussi M. Martin- Damourette el a été un des principaux sujets d'étude de MM. Rossbach et Frôblich qui ont limité leurs recherches à l'étude de action physiologique de la physostigmine et de latro- pine sur l'iris et le cœur. Comme MM. Rossbach et Frühlich, M. Martin-Damourette remarque (fait déjà signalé par M. Grünbagen) qu'une exci- tation un peu violente du sympathique cervical produit Ja dilatation de la pupille contractée par Péserine; le nerf n’est ‘donc pas paralysé. M. Martin-Damourelte pense que l'irritation de la troisième paire (laquelle fournit les nerfs ciliaires présidant à la con- traction du sphincter) n’est pas non plus la cause du myosis, opinion qu’adoptent au contraire MM. Frôblich et Rossbach. En effet, la contraction de la pupille se produit encore quand le moteur ocalaire commun est paralysé par latropine ou autrement (?); M. Martin conclut que l’éserine agit directe- ment sur le muscle constricteur de la pupille comme sur les autres muscies. MM. Rossbach et Frübhlich observent que de fortes doses de physostigmine dilatent la pupille au lieu de la contracter et cela par paralysie de l’oculo-moteur. En étudiant laction de l’atropine sur Piris, ils signalent, contrairement à l'opinion généralement recue, que de faibles doses d’atropine, soit 0,06 mgr., commencent par contracter la pupille du lapin pendant quelques minutes. Si les doses sont données rapide- ment les unes après les autres, leur action s’ajouté pour pro- duire la dilatation. Ces deux actions successives seraient dues à une excilation de l’oculo-moteur à laquelle succède son affaiblissement et sa paralysie. Le sympathique n’entre pas en jeu dans cette action et reste encore excitable, à moins _ "+ Del nt ré Es ue "3 ET Ne ut sos te > à APT 970 BULLETIN SCIENTIFIQUE. que lon emploie de fortes doses, 10 mgm. Dans ce cas, en effet, le sympathique finit par être paralysé et la pupille se rétrécit, disent-ils, pour plusieurs heures. En combinant les deux poisons, MM. Rossbach et Frôhlich remarquent que latropine peut ramener à la normale et dilater une pupille contractée par la physostigmine; mais que la physostigmine ue peut rétrécir d'une facon durable la pupille dilatée par l’atropine. La paralysie de l’oculo-moteur pourrait donc pour eux combattre une excitation qui avait élé produite, mais l'organe paralvsé ne peut pas être d’un autre côté excité. Ces auteurs, dont le travail contient comme on peut déjà le voir des faits dont plusieurs semblent contradictoires avec les opinions généralement admises, ont vu que chez les gre- nouilles l’action des deux poisons est exactement inverse : la pupille serait rétrécie par 0,4 à 1 mgm. d'atropine et élargie par 2 à 8 mgm. de physostigmine; ils rappellent à cet effet que M. Horwarth avait aussi observé une action inverse entre la pupille de grenouille et celle du lapin relativement à l’ac- tion du froid. L'action que l’éserine a sur le cœur, a moins Jonguement atuiré l'attention de M. Martin que celle des autres auteurs ici en question. Contrairement à l’opinion généralement reçue, MM. Frôh- lich et Rossbach ont observé que l’atropine appliquée à faible dose commence par ralentir les mouvements du cœur, et produit même quelquefois un arrêt momentané de l'organe en diastole. Ce stade, pendant lequel le nerf vague a acquis une excitabilité plus grande qu’à l’état normal, est de courte durée et ne se montre qu'avec de faibles doses. Bientôt ap- paraît la paralysie du nerf vague (observée par tous les autres expérimentateurs) dont l’excitalion ne produit plus l'arrêt du cœur; il y a alors accélération du cœur. Les mêmes auteurs observent que la physostigmine à faible dose se montre tout à fait inerte sur le cœur: à plus forte dose elle produirait chez la grenouille, tantôt un arrêt diastolique du cœur, tan- ZUOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 271 tôt au contraire une sorte de contractare du ventricule, phé- nomènes qui souvent alterneraient lun avec l’autre et qui se Lermineraient par une paralysie du cœur. L'étude combinée de l’atropine avec la physostigmine à montré à MM. Rossbach et Frôhlich que l’action paralvsante de l’atropine sur les centres moteurs du cœur ne pouvait être suspendue par la physostigmine ; mais que lPaction con- tracturante de la physostigmine était au contraire suspendue par une injection d’atropine. Pour eux ce n’est pas là un phénomène qui puisse à proprement parler être nommé antagenisme, Ce serait une action simultanée et parallèie, un poison paralvsant (latropine), pouvant faire disparaître lac- tion d'un poison excilateur (physostigmine) sans que le con- traire soit vrai, selon la loi formulée depuis longtemps par M. CI. Bernard. Pour M. Kôhler lantagonisme de la fêve de Calabar et de l’atropine n’existerait que chez les animaux à sang chaud et ne serait point visible chez la grenouille. I en serait de même pour la saponine, qui aurait une action antagoniste avec la fêve de Calabar. Chez la grenouille, comme l’a aussi admis M. Roher, la fêve de Calabar paralvserait les filets ac- célérateurs du mouvement du cœur et n’agirait pas sur les ganglions musculo-moteurs de l’organe. M. Kôbler fait aussi une étude comparalive de divers poi- sons qui agissent sur le cœur et modifient son rhythkme de diverses façons. Il cherche, en analvsant l’action de ces divers poisons, à démontrer que le phénomène de l’arvthmie, étu- dié par Heidenhain (voyez analyse ci-dessus) est dû à l'irri- tation des muscles du cœur par le sang contenant un poison irritateur qui entraîne à sa suile une fatigue momentanée, le relächement, l’atonie des muscles ventriculaires. Pour l’auteur la fêve de Calabar ne produit pas l’arvthmie, parce qu'elle laisse intacts jusqu'à la mort les muscles et les ganglions cardiaques et qu’elle va même jusqu’à entraver l’arythmie produite par les injections de saponine et d’atro- pine. A ii BULLETIN SCIENTIFIQUE. C’est là une facon d'interpréter l’arythmie, différente de celle qui est admise par Heidenhain. Les travaux de M. Luciani ont été faits dans le laboratoire et sous la direction de M. Ludwig. L'auteur se propose d’é- tudier, en se servant de la méthode graphique, les contrac- lions du cœur de la grenouille séparé du corps. Il donne un dessin de l'appareil enregistreur qu’il a employé et qui con- siste en un manomètre de transmission mis en rappori avec le cœur que l’on remplit de sérum et dans lequel on peut établir une pression déterminée au moyen d’un flacon de Mariotte; un style en rapport avec le manomètre enregistre sur un cylindre les oscillations du mereure. L’autenr se sert dans ses expériences, à exemple de M. Bowditch! qui a fait des expériences analogues, d’un cœur arrêté en diastole par une ligature appliquée au niveau du sinus de la veine cave (expérience de Slannius); it cherche l’influence qu’exerce sur ce cœur un changement de température, de pression, la ligature de l'organe, etc. Soumettant ce cœur à l'influence de divers poisons (muscarine, atropine, nicotine) il cherche à se rendre compte des causes qui régissent l’action périodique du cœur. De l’étude des courbes qu’il a obtenues et de l’ana- lvse de ses nombreuses expériences, l'auteur conclut qu’on ne peut admettre, comme le veulent un grand nombre d’au- teurs (en particulier Bühm, Schmeideberg, Kühler, etc.) qu'il existe dans le cœur des centres différents dont les uns pour- raient produire l'arrêt du cœur, les autres l’excitation de ses mouvements. Pour lui, il n’y aurait qu'un centre automati- que qui pourrait être modifié de diverses façons par les agents extérieurs et les toxiques. DE 1 Bowditch, Berichte der math. phys. Classe der K.S. Gesellschaft der Wissenschaften zu Leipzig, Band XXII, 1873. Re Nr € d'u gs Me + OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE FÉVRIER 1874. Le {+r, forte bise depuis midi jusqu’au lendemain de bonne heure. 3, gelée blanche le matin. 4, couronne lunaire le matin. 6 et 7, forte gelée blanche le matin. 8, dans la soirée neige et pluie ; la hauteur de la neige s'élève à quelques milli- mètres seulement, et elle disparaît au bout de peu de temps. 10, à 1 h. après midi, la bise se lève presque soudainement et avec une grande violence, pour durer jusqu’au lendemain à 9 h.; au moment où la bise se levait, elle était accompagnée d’une faible giboulée de neige, assez faible pour qu'il füt impossible de la mesurer. 17, faible brouillard le matin; dans l’après-midi et dans la soirée, fort vent du SO. avec pluie. 49, gelée blanche le matin; de 71/, et 91/, h. matin, neige atteignant une hauteur de 50 mm. ; cette neige a disparu dans la plaine dans la soirée du 20. 20, forte bise toute la journée. 23, gelée blanche le matin ; pluie et neige en petite quantité l'après-midi. 24, brouillard épais toute la journée avec dépôt de givre. 25, brouillard et givre le matin jusqu’à midi; clair l'après-midi et le soir. 26, gelée blanche le matin. Le zéro de l’échelle du limnimètre a été trouvé à — 2",845 au-dessous du repère de la pierre du Niton par deux déterminations parfaitement concordantes, faites le 5 et le 12 février. Le 5, le niveau de l’eau, devant le limnimètre, était à — 2m,0726 au- dessous de ce repère, au moment où l’échelle accuüsait 77°",25. Le 12, le niveau de l’eau était à — 2m,1376 au-dessous du repère, au moment où l'échelle accusait 70cm,75, ARCHIVES, t. XLIX, — Mars 1874. 19 Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM mm Le 4er à 8 et 10 h. matin .... 734,19 HAINE re. . - 95:09 nn ts 736,95 MAN eee 726,47 LE M bé fn one 728,61 MINIMUM. mm . après midi ..... . 731,18 SOI EE EE 5: 028,32 . après midi ...... 734,93 après midi ...... 717,67 après midi ...... 723,93 matin ss. 716,16 ss 152 D où 4 | 760 1 ossi) lors logo 1 + 162 sert 900 rar los +lezr +572 + | cor — | s'eez | 88 A Er — 18olr ‘N° """|o08 |o08 |rer—| 699 |er'o+ | 687 | rt | 07 + |rr7 +] #02 + ||Se'8 —| Le 2IL | LG 00 c'e |sco)ormenmeall--"| "1018 |oce | rer—| 799 |cco— | 7er |lo‘er+ | 80 — [166 +] 97e +1lc9'# — | 91162! 98 189 |c0 —|1#e |8rolr ‘N|'''|"""|0007|082 |rr1+| 666 |ro'o— | y |L' +] 0‘ —1|ece —|cro —|#y# 7 —|66 761) Se 69 [70 —|8}7 |6601r ‘oss|'""| **"|o007|076 |s8r+ | 986 |980— 181% |3'0 + | 1% — 69€ —| arr —| 181 + |\0126L| re 69 vo —|8r |08"0Ir ‘osslr | 8'0 |00071069 |66 +] 306 |88‘0— | 617 [0e + |L'6 — |08 —|70"0 —|0L0 + |r99c2|€c ur — — |€ROÏr “aNN|"""| "006 |ors |86 —| 804 |l68o— ge |r'r her —1|#ro0 —| 197 | FT — | 97 reL| ce 104 so — 197 |660!r ‘ann '"| ""|ors |0c9 |s8 —| ec |98o— | age |6 + |6‘0 — 180 —|err + | 080 —|SL'SeL| re € |S0o —1|9% |S9'ole ann"! 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AU As Eee EE le nr VOA CRU RE ER Pre: = 1re décade Den) MOYENNES DU 6l.m. 8h. m, mm 733,60 728,43 724,16 mm 733,30 728,17 723,73 728,73 729,05 10 h. m. nm 733,66 728,32 124,38 729,10 276 MOIS DE FÉVRIER 1874. Midi. She. Baromètre. mm 732,71 727,13 123,13 mm 733,34 727,80 724,74 #h.s. 6 h.s. mm 132,76 726,77 723,54 mra 733,16 727.01 723,82 8 h.s. 16 h.s. mm 733,65 727,44 723,96 mm 733,40 721,26 723,89 128,79 728,15 Température. 728 29 727,99 EL 728,19 728,69 0 0 0 0 0 0 0 tredécade— 1,99 —— 1,67 + 1,10 -- 3,36 + 4,37 406 + 2,57 4 4940) 048 DM) 1re décade 2e » De » 4re décade 2e » 3 » Mois Tension de la vapeur. — 1,49 — 1,382 + 1,30 + 3,33 + 4,13 3,92 + 2,66 + 1,94 + L,01 + 0,71 + 0,81 + 2,37 + 3,89 + 4,39 + 4,73 + 474 + 3,60 + 9,74 — 4,01 — 0,84 + 1,53 + 3,50 + 4,28 + 4,20 + 3,11 + 2,17 + 1,31 mm nm mm min mm min mm mm mm 3,44 3,01 3,176 3,68 3,68 3,59 3,82 3,12 3,61 3,03 SAUT, 3,178 4,02 3,80 3,99 4,14 3,99 4,09 4,14 3,99 4,45 4,28 4,92 4,66 4,53 4,56 4,53 3,67 3,174 3,96 3,97 3,96 4,04 4,13 4,06 4,04 Fraction de saturation em millièmes. 870 864 751 630 593 588 686 739 754 834 867 725 673 617 651 729 748 813 853 817 815 723 729 727 727 785 822 852 852 760 672 640 650 713 755 794 Therm. min. Therm.max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre. du Ciel, du Rhône. ou de neige. 0 0 0 mm cm — 3,19 +. 5,69 0,23 + 5,49 1,2 75,2 — 2,80 + 5,42 0,66 —+ 4,74 12,9 70,1 — 0,52 + 6,05 0,5 + 5,05 0,8 68,8 — 2,29 + 5,70 0,53 + 5,08 14,9 9 Dans ce mois, l’air a été calme 4,8 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,45 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 11,8 E., et son in- tensité est égale à 17,60 sur 100. M. 277 TABLEAU OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES pendant LE Mois DE FÉVRIER 1874. Le 1er, brouillard jusqu’à 6 h. soir : clair dans la soirée. ) Jusq ; AU SAINT-BERNARD Du 4 au 7, ciel parfaitement clair. Le 8, clair le matin, brouillard depuis 11 h.; forte bise l'après-midi et le soir. 9, brouillard.jusqu’au soir; forte bise tout le jour. 10, id. i 11 et 12, ciel parfaitement clair. 14, brouillard le soir. 15, neige, brouillard, fort vent du SO. 16, brouillard tout le jour ; fort vent du SO. 17, brouillard, neige. 18, id. 19, brouillard tout le jour avec forte bise; neige dans la nuit du 18 au 19. 20, forte bise tout le jour; brouillard une partie de la journée. 21 et 22, ciel parfaitement clair. 23, brouillard le soir. 24, id. Du 25 au 28, brouillard tout le jour, avec un fort vent du SO. le 26 et le 27. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. £ mm im Le {7 à 6 h. matin......,... 965,06 Le, à à 1, 6h malin sn 562,68 6 à 10 h. matin et midi... 571,31 10 à 2h. après m... . 006,34 dora 28h; Matin... ... 068,27 19 .àa00 6" br atinn Pr 553,43 21 à 8h. matin........., 558,91 22 à CCR MIE 0e 556,48 LE EU PORC MCE 560,24 2 4-8-hematina rene rem 557,94 28 à 10 h. soir .......,,,.. 662,48 SAINT-BERNARD. — FÉVRIER 1874. = | B E aromètre. 44 | | = Hauteur | Ecart avec | Æ || moy. des | la hauteur | Minimum. | Maximum. =: [24 heures.| normale. | millim. millim. millim. millim. 1 | 564,70 | Æ 4,25 | 564,58 565,06 2 | 564,19 | Æ 3,77 | 563,63 | 564,88 ; 563,58 | + 3,20 | 562,68 |! 564,24 4 || 566,37 | L 6,03 | 564,31 | 568,43 5 || 569,70 | + 9,40 | 568,57 |: 570,71 6 || 570,86 | +10,59 | 570,44 | 571,31 7 | 567,32 | Æ 7,09 | 565,17 | 569,42 S || 560,29 , + 0,09 | 559,15 962,03 9 || 558,62 | — 1,55 | 557,79 : 599,17 10 | 557,41 | — 2,73 | 556,34 | 559,23 11 | 56465 | Æ 4,55 | 562,01 : 566,31 12 || 566,97 | + 6,90 | 565,91 | 568,12 13 || 567,88 | + 7,84 | 567,82 | 568,27 14 || 565,74 | + 5,73 | 564,70 | 266,96 45 || 561,51 | + 1,53 | 560,77 | 562,59 16 || 559,34 | —- 0,61 | 558,94 | 560,17 17 || 554,74 | — 0,18 | 554,26 | 555,88 18 || 553,90 | — 5,99 | 553,59 | 554,45 49 || 554,68 | — 5,19 | 553,43 | 555,57 90 11 557,06 | — 2,79 | 556,24 | 558,29 94 || 558,00 | — 1,78 | 557,62 | 558,91 99 || 557,07 | — 2,74 | 556,48 | 557,90 23 || 558,97 | — 0,82 | 557,84 | 560,08 24 || 559,63 | — 0,14 | 559,44 | 560,24 95 || 558,61 | — 1,14 | 558,51 | 558,93 26 || 559,10 | — 0,63 | 55841 | 559,81 97 | 558,18 | — 1,53 | 557,94 | 558,70 28 || 560,91 | HE 1,21 | 558,92 | 562,48 Moyenne des 24 heures. me a - CA 12 Re 10e 2 QC © Température C. Es Écarl avec la température| Minimum” |Maximum* normale. 20 0 0 — 0,38 | —10,8 | — 7,5 + 0,88 | — 9,9 |— 62 0,90 10,0 | "55 + 119 | — 9,7 | — 44 + 4,96 | — 7,1 | — 18 —+ 5,99 | — 4,8 | + 0,2 + 4,07 | — 8,4 | — 0,8 1948 | 2490106 — 5,75 | —16,0 | —13,1 —10,84 | —23,0 | —17,0 — 0,50 | —16,8 | — 5,0 —+ 3,70 | — 7,5 | — 0,8 + 212| — 82 | —43 — 06-1010) 70% — 0,19 | —10,4 | — 7,9 — 0,12. —19,2 "178 + 0,36 | — 9,4 | — 6,4 BAC CT RTE ph 7 — 4,64 | —14,4 | —10,4 — 4,16 | —14,6 | —10,2 + 0,63 | —10,5 | — 4,7 — 9,96 | —128 | — 87 — 1,04 | —11,9 | — 7,0 — 1,24 | —192,6 | — 5,2 — 9,06 | —11,1 | — 92 — 3,143 | —12,4 | —10,4 — 0,87 | —11,2 | — 8,0 24458900 Pluie ou neige. EE EE) Hauteur de la neige. millim, * Ces colonnes renferment la plus basse et la plus élevée des températures observées de 6 h. matin à 40 h. soir. Eau tombée dans les 24 h. millim Nombre d'heures. NE. NE. NE. SO. NE. calme calme Din jee jee jen le > 5 LO LS > RO CO ee me me me © HO de me RO RO en Co moSscsoron ‘ SHOoCScocccccocccoe » s mecvrmoonmvnimvonNoeor - CR - HALO OCR RO DOLHOOCODOCSTWÈESIS - MOYENNES DU 6h.m. Sb.m. 10h. m. mm mm mm {re décade 564,23 564,42 564,65 2 )» 560,39 560,88 561,02 3 » 998,31 558,69 558,92 Mois 561,17 561,51 561,71 279 MOIS DE FÉVRIER 1874. Midi. hs. Baromètre. mm 564,56 960,93 259,02 561,68 mm 564,23 560,63 558,91 561,42 Température. 4h.s, mm 564,23 960,59 558,90 561,41 6h.s. rm 564,31 560,63 559,08 361,50 8h.s. mm 564,41 260,74 299,11 561,59 10 h.s. min 964,54 560,85 559,25 961,71 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1re décade— 9,90 —10,13 — 9,06 — 7,23 — 6,76 — 7,68 — 9,58 — 9,95 —10,23 — 17,56 — 7,13 — 8,00 — 9,71 — 9,86 — 9,76 — 7,46 — 6,99 — 8,10 — 9,54 — 9,49 — 9,70 de op» —10,95 —10,58 — 9,46 3e » 10,69 — 9,92 — 8,54 Mois —10,50 —10,23 — 9,05 — TM — 6,96 — 7,91 — 9,61 — 9,79 — 9,91 Min. observé.” Max. observé.* Clarté moyenne Eau de pluie Hauteur dela u Ciel. ou de neige. neige tombée. 0 0 mm min 1re décade —11,27 — 6,57 0,33 — — 2% » —11,71 — 6,79 0,62 15,6 210 3 » —10,99 — 6,88 0,62 — — Mois —11,35 — 6,74 0,51 15,6 240 Dans ce mois, l’air a été calme 11,9 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,44 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45 E,, et son in- tensité est égale à 21,8 sur 100. * Voir la note du tableau. L 2 À r = ae SY y E ur CS ye mMB8E y PI. Lilh.F. Nowerraz Genêve. D Y7474 ELSI Vif 8 GLS JON 1 ‘ ui LE ÿ OL Ÿ + à x _ 49 d c Eu | &LE CT | | & lu GLSL HU: 7 | É GLOBE LH" LE FE € by : 908 44 é ‘ v C26 «1 Archives des Sciences phys. el nat 1874.1 à D La] x à [be Ê & es À À, £ À »Ÿ be | ca KI % a KV < ss JOEL ” SOU EXO TIHTÉ 56 “6L il 1008 d SaLyl 5666 d » #1 Pr ZSL US 88 FLAT 2IqQUe JU0S 0 : #L'd ue Of y 51 big SD LE £/ D S9E T ZT DIV 27 | | | | ot ii CEE d 2147072) 96 EL SL 190720) Lo EF EET ui 14 yE 2 Piy SF d 74 ELSI PNUUL 08 Lit F Noverraz, Genève BASES OXYGÉNÉES DISTILLABLES DÉRIVÉES DU GLYCOL ET DES AMINES AROMATIQUES PAR M. Eucexe DEMOLE INTRODUCTION Après que M. Wurtz eut obtenu l’oxyde de glycol ou oxyde d’éthylène, il établit par le moyen de ce corps un nouveau lien entre la chimie organique et la chimie inor- ganique. Il montra que ce composé peut être rapproché de certains oxydes métalliques par la manière dont il se comporte soit vis-à-vis de l’eau, soit vis-à-vis des acides. Ainsi, tandis que la chaux CaO s’unit à deux molécu- les d’eau pour former l'hydrate calcique Ca (OH), , l’oxyde d’éthylène C,H,0 prend aussi deux molécules d’eau pour former le glycol ou hydrate éthylénique C,H, (OH), ; pendant que l’oxyde de plomb PbO prend deux molécu- les d’acide acétique pour former l’acétate neutre Pb (OC,H,0),, l’oxyde d’éthylène, à son tour, donne avec deux molécules du même acide le diacétate éthylénique C,H, (OC,H,0), ‘. L'eau et les acides ne sont point les seuls corps que C,H,0 soit capable de fixer. Mis en présence de l'hydro- gène naissant il additionne H, et se transforme en alcool; chauffé à 100° avec le bisulfite de sodium il donne l’isé- ! Annales de chimie et de physique (3) t. LXIX, p. 334. ARCHIVES, t. XLIX. — Avril 1874. 20 / 0e 4 289 BASES OXYGÉNÉES DISTILLABLES thionate de sodium‘: enfin le glycol peut s’unir à une ou plusieurs molécules d'oxyde d’éthylène pour donner des alcools tri, tétra et polyéthyléniques plus compliqués *. Mais les éthers et les alcools ne sont point les seuls corps formés dans ces phénomènes d’addition. — M. Wurtz a montré que l’oxyde d’éthylène additionnait aussi l’ammoniaque et qu’ainsi prenaient naissance de nouvelles bases oxygénées : les hydroxéthylènamines *. — A la vérité M. Wurtz n’a pas étudié ces bases proprement dites, mais seulement les sels qu’elles forment avec les acides. Néanmoins, il est permis de croire que ces bases ne sont point des combinaisons moléculaires, mais bien de véritables dérivés du glycol, dans lequel un des grou- pes (OH) est remplacé par NH, , par NH(C,H,O0H), ou par N(C,H,0H).. Je montrerai dans le courant de ce travail qu'il en est bien ainsi, et que la nouvelle base qui prend naissance par l'union de C,H,0 avec C,H,NH, est bien une base secondaire, et que, par conséquent, un des hydrogènes du groupe NH, est remplacé par le reste du glycol C,H,0H". Après avoir préparé les hydroxéthylènes amines, M. Wurtz chercha à obtenir les dérivés aromatiques , — A cette époque 1l avait reconnu que la chlorhydrine du gly- col additionne aussi NH, et qu’au lieu d'obtenir les ba- ses proprement dites, on obtenait leurs chlorhydrates. C’est ainsi que cet illustre savant arriva à la synthèse de la névrine, par l'union de la chlorhydrine avec la trimé- thylamine. ! Zeitsch. für Chem., LIV, p. 341. Ann. de chim. et phys. (3) t. LXIX, p. 330. 5 Comptes rendus, XLIX, p. 898. 4 Comptes rendus, t. LXVIIL, n° 26, p. 1504. 1© DÉRIVÉES DU GLYCOL ET DES AMYNES AROMATIQUES. 283 Ne doutant pas que cette méthode ne s’appliquât aussi à l’aniline et à la toluidine, il chauffa à une température assez élevée ces dernières bases avec le glycol chlorhydri- que, et les produits qu'il obtint ne furent nullement les hydroxéthylènes amines aromatiques. Avec la toluidine, par exemple, il obtint trois bases qu'il nomma vinyltoluidine, divinyltoluilènamine et vinyloxéthylènetoluilènamine, dont il donna les formu- les suivantes : CH) Cl.) CH | CHEN CHN C,H,OHIN x) CH.) CH, \ La première de ces bases sera étudiée dans ce mémoire, car elle prend naissance dans la déshydratation de l’oxé- thylène toluidine; néanmoins, je ne l’envisage point comme une base secondaire, mais bien comme une base tertiaire : la diéthylène-ditollyle-diamine CN: (Voir ce mé- moire page 44). DE Quant aux deux autres bases, elles s’éloignent beau- coup des oxéthylènes amines, et je crois que, pour le mo- ment, 1l serait prématuré de leur assigner une constitu- tion, car leur étude est fort incomplète. Enfin, tout dernièrement, M. Ladenburg' a repris la méthode qui consiste à additionner C,H,0 aux corps renfermant NH, , et avec l’acide paramidobenzoïque il a obtenu l'acide oxéthylène paramidobenzoïque, lequel en perdant CO, a donné une base non étudiée, mais dont le sulfate a fourni à l'analyse la formule (C,H,0C,H,NH,), H,S0.. M. le professeur Ladenburg m'a engagé à poursuivre 1 Berichte d. deutsch. Chem. Gesellsch., sechst. Jahrgang, 129. PR ANRT PRES | DES das 4 rh é à 284 BASES OXYGÉNÉES DISTILLABLES cette étude et à tâcher d'arriver aux oxéthylènes amines aromatiques par synthèse directe des amines avec l’oxyde d’éthylène, composé que M. Wurtz n'a pas pu obtenir. Ce mémoire comprend tout d’abord une méthode nou- velle que je propose pour la préparation rapide du glycol, puis l’étude de quelques oxéthylènes amines aromatiques et de leurs dérivés. I. — PRÉPARATION DU GLYCOL par la réaction de molécules égales DE BROMURE D'ÉTHYLÈNE ET D'ACÉTATE DE POTASSE EN PRÉSENCE DE L'ALCOOL A 80° Les alcools diatomiques, et les alcools en général, ne peuvent pas être obtenus commodément par saponification directe des chlorures, iodures et bromures correspondants au moyen des alcalis. L’on connaît, il est vrai, quelques iodures qui, traités par Ag,'O, donnent directement l’al- cool; mais ce n’est point un mode de formation général, car le plus souvent les bromures perdent HBR par leur contact avec les alealis.— Le procédé usité consiste à trans- former les bromures en éthers acétiques ou en un autre éther, et de décomposer ces derniers par la potasse. Cette transformation est facile ; elle se fait soit au moyen des sels d'argent, soit au moyen de ceux de potasse; tantôt, avec l'intermédiaire de l'alcool, qui joue alors le rôle de véhicule, tantôt par l'union du bromure et du sel à l’état sec ou en solution acétique. Pour les alcools monoatomiques qui ne peuvent donner qu’un seul éther avec les acides monobasiques, la trans- formation de leurs iodures en éthers est fort simple : échange de l’atome d’iode contre le reste de l'acide mo- nobasique. RA DÉRIVÉES DU GLYCOL ET DES AMINES AROMATIQUES. 289 Pour les alcools diatomiques, au contraire, il peut exis- ter deux sortes d’éthers avec un acide monobasique, et ces deux éthers pourront tous les deux être formés dans l’é- thérification du bromure, iodure, suivant les circonstan- ces dans lesquelles on opère. Aïnsi, deux molécules d’acétate d'argent réagissant sur une molécule de bromure d’éthylène, donneront presque exclusivement du diacétate éthylénique". J'ai observé qu'il en était ainsi avec l’acétate de po- tasse et le bromure d'éthylène lorsque ces deux corps réa- gissent ensemble à l’état sec, molécules égales, et à une température assez élevée. J'ai chauffé deux jours à 450-200° en tubes scellés 90 gr. (4 mol.) de C,H.,Br, et 47 gr. (1 mol.) de C,H,KO, fondu sec. J'ai repris par l’éther, filtré et distillé. J'ai re- trouvé tout d’abord du bromure d’éthylène, puis un corps passant de 4170° à 1900. Après plusieurs rectifications j'ai obtenu un liquide bouillant à 187-189. Il ne ren- fermait pas de brome, était assez soluble dans Feau et a donné à l'analyse les nombres suivants : Subst. 0,166; CO,—0,296; H,0 —0,1029 Calculé pour Trouvé C,H,(C,H,0,), C 48.64 49.31 H 6.88 5.84 0 13.83 99.98 Si, au contraire, nous éthérifions une molécule de C,H,Br, par deux molécules d’acétate de potasse en pré- sence de l’alcool dilué nous obtenons presque exclusive- ment la monacétine du glycol*. * Ann. de chim. et phys. (3) t. LV, p. 1859. 2 Philosoph. Magaz., t. XVI, 435. 286 BASES OXYGÉNÉES DISTILLABLES Donc, 1° à l’état sec, molécules égales de C,H,Br, et d’acétate de potasse donnent l’éther diacétique; 20 Une molécule de bromure d’éthylène et deux molé- cules d’acétate de potasse donnent en présence de lalcool dilué l’éthef monacétique. Que se passe-t-1l maintenant entre molécules égales de bromure et d’acétate en présence de l'alcool dilué ? C’est ce que j'ai cherché à éclaircir. J'ai chauffé au bain-marie pendant 15-18 heures dans un ballon muni d’un réfrigérant ascendant : 102 gr. d’acétate de potasse fondu sec (4 mol.) 200 gr. d'alcool d’une densité de 0,83 195 gr. de bromure d’éthylène pur (4 mol.) La réaction achevée, j'ai filtré et retrouvé 120 gr. de bromure de potassium Théorie 123 Tout le potassium est donc occupé par du brome. Le liquide à été disüllé doucement au bain-marie, puis en- suite au bain d'huile. J'ai séparé les portions bouillant de 72-79, 79-80, 80-140, 140-195 et 195-205. En fractionnant ces divers produits j'ai finalement ob- tenu : 1° Une quantité assez forte d’un liquide bouillant de 72-75 et dont l’odeur caractéristique annonçait l’acétate d’éthyle. 20 87 gr. de bromure d’éthylène (128-132) soit à peu près la moitié du bromure d’éthylène employé. 30 23 or. de glycol bouillant de 195-199. Au point de vue pratique ces faits ont une certaine importance. On se rappelle la suite longue et pénible des DÉRIVÉES DU GLYCOL ET DES AMINES AROMATIQUES. 287 opérations qui conduisent au glycol et le rendement tou- Jours assez faible de ce produit, eu égard au temps consi- dérable consacré à sa préparation. La méthode donnée ci-dessus est, au contraire, d’une extrême simplicité et en outre fort rapide. I suffit de faire bouillir 16 heures, molécules égales, de C,H,Br, et de C,H,KO, avec le double du poids de ce dernier, d’alcool à 80, de filtrer et de distiller. — De 80 à 140, le bro- mure d'éthylène distille et en le précipitant par l’eau et la redistillation on le sépare de l’éther acétique qu'il peut renfermer. De 140 à 190, on obtient une petite quantité d’un liquide renfermant un peu de glycol; de 190 à 205 ce produit passe à peu près pur. Voici les chiffres obtenus par divers auteurs dans la préparation du glycol, mis en regard des miens : CH, Br, employé Glycol obtenu Glycol pour 100 de CH, Br, employé L. Henry 1000 80 re À Ad. Wurtz 350 47 13.4 Nouvelle méthode 195 23 11.7 D’après la méthode ordinaire et avec un seul appareil, Je ne pense pas que l’on puisse faire aisément plus de 50 à 60 gr. de glycol par semaine (à supposer que lon aie déjà le bromure d’éthylène) ; tandis que par la nouvelle méthode on arrive aisément à 180 ou 200 cr. ; en outre on retrouve le 44 °/, du bromure employé, soit 616 gr. Il est inutile d’insister davantage sur ces faits au point de vue pratique, car ils ne deviennent vraiment intéres- sants que lorsqu'on doit préparer de grandes quantités de glycol. Quant à leur interprétation théorique, elle n’est pas sans difficultés. 288 BASES OXYGÉNÉES DISTILLABLES Pourquoi la moitié du C,H,Br, se retrouve-t-elle in- altérée ; si cette moitié n’est pas utilisée dans la réaction, elle est donc inutile: mais si nous mettons la moitié moins de C,H,Br, nous n'obtenons plus les mêmes produits : donc cette fraction joue un rôle quelconque, et c’est ce rôle que j'ai cherché à éclaircir. Tout le K est occupé par du Br; supposons deux mo- lécules de C,H,Br, et deux molécules de C,H.KO, et après cette formation de KBr, il nous restera : CB CH C,H,Br © C,H0, Or, ces restes en se soudant mutuellement donneront naissance à deux molécules de bromacétine : 9/ CH,Br do) Cette bromacétine bouillie longtemps avec de l’alcool aqueux se scindera en bromure d’éthylène, en glycol et en acétate d’éthyle, d’après l'équation Y{ CH, Br __ CH'Br 1; CH,OH 2 GI CH, ia AGO GC Br CHOH +-2(C,H,C,H,0,) Ou bien la bromacétine subira une autre décomposition : en présence de l'alcool elle donnera tout d’abord de la bromhydrine et de l’acétate d’éthyle : CH, Br ) _9{CH, Br 20 0, 1,0 2 CHLOND (ii) 2(GH,C,H50)) Et la bromhydrine, par la distillation, se scindera en glycol et bromure d’éthylène : En )=CH,0H 4 CH, Br CH,Br/ CH,OH! CH,Br Pour tâcher de réaliser ces diverses suppositions, J'ai DÉRIVÉES DU GLYCOL ET DES AMINES AROMATIQUES. 289 préparé tout d’abord la bromacétine. Simpson ” à indiqué, pour arriver à la chloracétine, une méthode très-expédi- tive et très-facile consistant à saturer d'HCI la monacé- tine du glycol. J'ai employé cette méthode en substituant HBr à HCI. La saturation de C,H,OHC,H,0, par HBr est ache- vée à 100° en une heure et demie: on ajoute de l’eau qui précipite une huile qu’on lave rapidement à l’eau, puis que l’on sèche sur CaClI,. | Le liquide est ensuite distillé et lon finit par obtenir un point constant, après plusieurs rectifications, situé vers 161-163 (non corr.). : Ce liquide a donné à l’analyse les nombres suivants: [ Subst., 2591; CO, .2716; H,0 .1017 IT Subst., 6307; CO, .7136 AgBr Trouvé Calculé pour CH, Br I Il CH,C,H,0, C 98.59 98.74 OR 4.18 Br 48.13 47.90 0 19.16 99.98 L’acétobromydrine est un liquide incolore, assez mo- bile, d’une odeur éthérée agréable, rappelant celle de la chloracétine. Elle bout de 161 à 163° sans décomposi- tion, Elle est peu soluble dans l’eau, et elle y subit au bout d’un temps assez long une décomposition qui donne sans doute lieu à la formation de bromhydrine et d'acide acétique. Elle se mêle à l’alcool en toute proportion. — Lorsqu'on l’additionne de lessive de soude concentrée et 1 Proced. royal. Society, t. IX, p. 725. ee LIRE LT S … Le ie mu 2 Ph =" Las © CS US 1? C 0 Re pl à EL Ban ji - ét à AT ER MTL TPS TE . FE C'ONAER | | v 290 BASES OXYGÉNÉES DISTILLABLES qu’on chauffe, il se dégage un gaz combustible présentant les caractères de l’oxyde d’éthylène. J'ai chauffé à 100° dans un ballon muni d’un réfrigé- rant ascendant de la bromacétine avec un excès d'alcool à 80° pendant 16 heures. Au bout de ce temps j'ai dis- üllé; les produits obtenus sont : l’acétate d’éthyle, puis un corps bouillant à 140-150° constituant sans doute la bromhydrine, car il est soluble dans l’eau et renferme du brome. Au reste point de bromure d’éthylène et point de glycol. Cette expérience toute négative montre donc : Que la décomposition de l’acétobromhydrine par Fal- cool dilué ne donne pas naissance à un dédoublement en bromure d’éthylène, glycol et éther éthylacétique, mais seulement à la formation de ce dernier corps et selon toutes apparences à la bromhydrine ; en outre, cette der- nière, si tant est qu'elle soit formée, ne se décompose pas par la distillation comme on pouvait l’espérer. J'ai montré plus haut que le C,H,Br, et le C,H,KO, chauffés sans alcool donnaient naissance à l’éther diacé- tique. Cette réaction m'a conduit à penser qu’il en est tou- jours ainsi, de quelque manière que l’on opère. En pré- sence de l'alcool, cette diacétine se transforme tantôt en glycol et éther acétique, tantôt en monacétine et acide acétique, suivant la présence ou l’absence du bromure d'éthylène. Les deux expériences suivantes viennent à l'appui de cette manière de voir : 1° 23 gr. de monacétine et 60 gr. d’alcool à 80° ont été chauffés pendant 18 heures à l’ébullition au réfrigé- rant ascendant. A la distillation j'ai retrouvé la monacé- tine n’ayant subi aucune altération, et sans glycol. 4 DÉRIVÉES DU GLYCOL ET DES AMINES AROMATIQUES. 294 2 47 gr. de bromure d’éthylène et 26 gr. de monacé- tine ont été chauflés dans les mêmes circonstances que ci-dessus avec 60 gr. d’alcool à 80°, pendant 18 heures. A la distillation, j'ai obtenu de l'éther éthylacétique, du bromure d’éthylène et 15 gr. de glycol La théorie demandant 15 gr. pour 26 gr. de monacétine. La première expérience n'a rien d'étonnant, et Je l’a faite plutôt par acquit de conscience. Quant à la seconde, elle me semble digne d'attirer l'attention. Nous y voyons le bromure d’éthylène, par le seul fait de sa présence, dé- terminer un éther à se changer en alcool correspondant au contact de l'alcool ordinaire dilué. Je ne crois pas qu'il soit possible de tirer encore des conclusions bien certaines de tous ces faits. La question demande à être éclairée par d’autres expériences qui déci- deront, je l'espère, si le bromure d’éthyline subit une dé- composition, ou s'il ne Joue qu'un rôle purement cata- lytique. II. — HYDROXÉTHYLÈNES AMINES AROMATIQUES A. Préparation de l'oxyde d’éthylène. 4) BROMURE D'ÉTHYLÈNE Dans un récent mémoire, Erlenmayer et Bunte” ont ! Friedel et Craft (Bulletin de la Société chim. de Paris, 1863, p.997) ont montré que certains éthers peuvent être décomposés par des alcools différents. Mais dans le cas présent nous voyons. qu'il n'en est pas ainsi; ce n’est que la présence de C,H,Br, qui permet la décomposition de la monacétine par l'alcool. : ? Ann. der Chem. und Phar., 168, p. 64. 299 BASES OXYGÉNÉES DISTILLABLES publié une excellente méthode pour la préparation en grand de ce corps. Ces chimistes font usage d’un acide sulfurique dilué de la moitié de son poids d'alcool, lequel tombe goutte à goutte dans un mélangé chauffé, formé de 25 parties en poids d'alcool et de 150 parties d'acide sulfurique. Le gaz éthylène est privé de l'acide sulfureux et de l’eau qui l’accompagnent par son passage à travers divers flacons remplis les uns de soude, les autres d’acide sul- furique, puis il arrive dans le brome, lequel est placé dans un tube incliné, maintenu froid au moyen d’un réfrigé- rant Liebig. L’excédant de C,H, est recueilli dans un fla- con renfermant un peu de brome, et l’acide bromhydrique ou la vapeur de brome sont ensuite absorbés dans de Ja chaux. Cette méthode comprend done deux modifications ap- portées à celle de Mitscherlich : la première, c’est la for- mation de C,H, par un procédé infiniment plus écono- mique en alcool et beaucoup plus productif de toutes ma- nières; la seconde modification, c’est la façon dont on reçoit le gaz éthylène dans le brome. Si la première innovation est heureuse, la seconde m'a paru ne pas mériter beaucoup d'attention. Ce tube dans lequel on met du brome est nécessairement d’un diamè- tre assez restreint, ce qui oblige à renouveler fréquem- ment la portion de brome qui vient d'être saturée. En outre, ce tube refroidi presque dans toute sa lon- gueur possède néanmoins une courbure où le refroidisse- ment est nul; or, en raison de l’inclinaison de ce tube, c’est précisément dans cette partie que tend à se porter le brome, et l’on peut dire que c’est en ce point non re- froidi que s’effectue la majeure partie de la combinaison. 315 "4.2 NO TEE OS PAIN er fe à Port VARIE à DÉRIVÉES DU GLYCOL ET DES AMINES AROMATIQUES. 293 Pour ces raisons, et pour la place considérable que prend cet appareil, je crois préférable de ne pas s’en servir. Pour les préparations de bromure d’éthylène que j'ai effectuées, j'ai fait usage d’un gros cylindre de verre placé dans un baquet où courait un courant d’eau froide. On place À kil. de brome au fond du cylindre et l’on y fait arriver le gaz par deux appareils Erlenmayer à la fois, en ayant soin de ne pas faire plonger plus de À ou 2° les tubes qui amènent ledit gaz. L’excédant de C,H, est perdu pour ne pas compliquer lappareil et les traces de brome entrainées sont recueillies dans une lessive de soude. Une fois que les deux appareils marchent, ils ne de- mandent presque pas plus de surveillance que s’il n’y en avait qu'un seul. Il ne faut pas craindre de forcer un peu le dégagement du gaz en chauffant passablement le ballon et en y faisant tomber fréquemment le mélange alcoolique. Seulement plus le gaz est rapidement produit, plus aussi il est souillé d’acide sulfureux, ce qui oblige à changer assez fréquemment les flacons purificateurs de potasse. Dans ces circonstances, le rendement de bromure d’é- thylène est très-considérable. J'ai fait À kil. en 7 heures et demie, et une autre fois 830 gr. en quatre heures, ce qui porte à environ 2 kil. la quantité produite dans une journée. Ce bromure est, au reste, parfaitement pur et incolore. Il bout de 129 à 1330. ! Si la potasse renferme du carbonate de potassium, et que sa sa- turation soit poussée jusqu’au bout, il se forme un courant de CO: qui entraîne beaucoup de brome. LE DS CNE LR RE ET PT TT UT 2 FER PE 294 BASES OXYGENÉES DISTILLABLES b) OXYDE D'ÉTHYLÈNE. La méthode dont je me suis servi pour la préparation de ce corps n'est pas nouvelle, dans ce sens qu’elle repose sur deux réactions connues. Néanmoins, comme je ne l'ai trouvée consignée nulle part, et qu’elle m'a donné de bons résultats, je la décrirai en détail. On sait que les éthers du glycol renfermant encore un groupe OH alcoolique, l’échangent aisément contre du chlore, de l’iode, lorsqu'on les sature à 100° d'acide chlorhydrique ou iodhydrique. J'ai montré moi-même (voir page 15 de ce mémoire) qu'il en était ainsi égale- ment avec l'acide bromhydrique. On sait en outre, que les corps résultant de cette sub- stitution, traités par la potasse, dégagent l’oxyde d’éthy- lène avec formation accessoire de divers sels de potasse et d’eau. C’est sur ces deux réactions que repose la méthode dont je me suis servi pour préparer l’oxyde d’éthylène. On traite d’abord pendant 15 heures à 80-100° dans un ballon muni d’un réfrigérant ascendant le bromure d’éthylène (1 mol.) par de l’acétate de potasse fondu see (2 mol.) avec le double du poids de ce dernier d’alcool à 80, ainsi que l’a indiqué Atkinson *. La réaction achevée, on filtre pour éloigner K Br et l’on distille doucement au bain-marie, puis ensuite au bain d'huile. On prend comme monacétine ce qui passe de 470 à 185°. Le thermomètre ne monte, au reste, guère au delà. Cette monacétine est ensuite saturée d'acide HCI à 100° jusqu’à refus d’absorption; en deux heures, pour 150 ! Atkinson, Phil. Magaz. (4) XVI, p. 435. de DÉRIVÉES DU GLYCOL ET DES AMINES AROMATIQUES. 295 or. de monacétine la réaction est achevée. Pour éloigner la majeure portion de HCI on distille, en ne prenant pour chloracétine que le liquide qui bout de 110 à 150°. Le reste est de l’eau ou de la monacétine non altérée. Le liquide bouillant de 110 à 150° est encore fort acide: c’est un mélange de chlorhydrine et de chloracétine. On le place dans un ballon spacieux et refroidi et l’on ajoute peu à peu de la potasse pure *. Lorsqu'on juge que l'excès d’alcali est suffisant pour opérer la décomposition totale de l’éther, on met le bai- lon en communication avec un réfrigérant ascendant, puis avec un appareil condensateur refroidi par de la glace et du sel marin. On chauffe alors doucement le ballon, et le gaz se dégage très-régulièrement. Il m'est ce- pendant arrivé plusieurs fois d’avoir un dégagement trop brusque de gaz, ce qui peut amener des explosions; je pense qu’en plaçant du sable ou des fragments de pla- tine dans le fond du ballon, on éviterait cet inconvé- nient. Aïnsi produit, le gaz n’est pas sec; M. Wurtz le des- sèche en le faisant passer sur des fragments de potasse caustique; j'ai observé que cet alcali s’échauffe énormé- ment par le passage du gaz et je n’ai pas continué à em- ployer cette méthode. Le plus sûr, pour lavoir sec, con- siste à le redistiller, ce qui se fait avec la plus grande fa- cilité. # Dans la méthode ordinaire, qui consiste à décomposer la chlorhydrine du glycol par la potasse, j'ai obtenu presque toujours #4 gr. d'oxyde d’éthylène pour 100 or. de bromure employé. Dans la méthode par l’acétobrom- ? La soude ou la potasse impure occasionnent vers la fin de l’o- pération un dégagement de CO: qui entraîne beaucoup de C:H10. 296 BASES OXYGÉNÉES DISTILLABLES hydrine, pour 100 gr. de bromure d’éthylène, j'ai reçu tantôt 6, 7 et 8 gr. d'oxyde. En outre, cette méthode est bien plus courte que la précédente, puisque l’on n’est pas obligé de passer par le glycol et la chlorhydrine. B. Hydroxéthylènes amines aromatiques. On à vu dans l'introduction, que M. Wurtz (voir page 7 de ce mémoire) après avoir découvert les hydroxéthy- lènes amines proprement dites, par l’union de C,H,0 avec NH, n’a pas pu arriver aux dérivés aromatiques correspondants. Il à obtenu des composés renfermant moins d’eau et moins d'hydrogène que ces derniers. J'ai réussi à obtenir ces oxéthylènes amines aromati- ques par l'union directe de C,H,0 avec l’aniline et la toluidine. Je les décrirai toutes deux ainsi que quelques- uns de leurs dérivés, mais spécialement ceux de l’oxé- thène toluidine, qui semblent être les plus intéres- sans. 1° OXËTHÈNE ANILINE. On place dans un matras, molécules égales, de C,H,0 et de C,H,NH,, puis l’on ferme le matras à la lampe. La combinaison n’a point lieu de suite; à la température or- dinaire du laboratoire, elle est effectuée en 6-7 jours, mais à 90° elle se-fait en quelques heures. Au bout de ce temps on constate que le liquide a acquis une visquosité beau- coup plus grande que celle qu’il possédait précédemment. En ouvrant le matras, il n’y a aucune pression, ce qui dit clairement que tout l’oxyde d’éthylène a été absorbé. Le liquide est alors distillé. On obtient tout d’abord une certaine quantité d’aniline; puis le thermomètre monte assez rapidement jusqu’à 270° et il reste assez 4 id: 1. DÉRIVÉES DU GLYCOL ÉT DES AMINES AROMATIQUES. 297 longtemps stationnaire jusqu'à 285. Au delà de ce point, il atteint très-vite 360°, et si l’on distille sans thermomètre, on obtient encore une portion d’un liquide plus épais que le premier, mais ne cristallisant pas par refroidissement. En fractionnant ce qui a distillé de 270 à 285», j'ai fini par obtenir un liquide bouillant de 279 à 282 qui a donné à l'analyse les nombres suivants : Esubst. .1800 CO, .4625; H,0 .1370 IE subst. 14810 CO, .4650; H,0 4350 HE subst. 1595 15% de N à 22 et 754% de p. Trouvé Calculé pour C.H,, NO [ Il I » 70.04 70.08 70.07 H,, 8.34 8.31 : 8.02 0 11.69 N 10.64 10.21 99:99 Cette nouvelle base est plus visqueuse que l’aniline ; elle est incolore lorsqu'elle est nouvellement distillée, mais à l'air et à la lumière elle devient peu à peu jaune, puis brune. Une solution de chlorure de chaux la colore en vert. Elle est très-peu soluble dans l’eau, très-soluble dans l'alcool, l’éther et le chloroforme. Son poids spécifique à 0° est 0,110 ; son point d’ébullition est situé vers 280. Elle s’unit aux acides avec dégagement de chaleur; la plupart de ces sels sont très-solubles dans l’eau et diffiei- lement cristallisables. Le chlorhydrate en solution concentrée, additionné d’une solution de P1CI, également concentrée et d’un peu d'alcool, donne par évaporation spontanée de beaux cristaux rouges-bruns qui n’ont pas été mesurés. ARCHIVES, !. XLIX. — Avril 1874. 21 {- ob 'i ge dut DÉS RLT e : : 298 BASES OXYGÉNÉES DISTILLABLES Leur combustion à fourmi les nombres smvants : [ Subst. 150 CO, .1569 ; H,0 .0537 IL Subst. 1485 Pt = .0437 Trouvé Calculé pour 2(C, H,0C;H,NHCD) PICI, C 28.54 27.98 H 3.98 3.42 Pt 29.42 28.72 Ce sel est donc le chloroplatinate d'oxéthène amine. Il se dissout sans décomposition à froid dans lalcool ab- solu et il est insoluble dans l’éther. Sous l'influence de l'eau, même à froid, il est rapide- ment décomposé et il y a formation immédiate d’un dé- pôt de platine avec une coloration verte très-prononcée. Je n'ai pas étudié les produits qui bouillaient au-des- sus de 285°, car leurs points d’ébullition paraissaient trop élevés etils ne cristallisaient pas par refroidissement. Il est probable néanmoins que l’on trouverait parmi ces produits la seconde base dioxéthène aniline C,H,OH, \ C,H,OHIN CH 20 OXÉTHÈNE TOLUIDINE. Cette base homologue de la précédente se forme dans des circonstances toutes semblables. On met dans un ma- tras molécules égales d'oxyde d’éthylène et de paratolui- dine (197-200) et l’on ferme simplement le matras avec un bouchon de caoutchouc. L'oxyde d’éthylène dissout la toluidine, et en trois jours, à la température ordinaire du laboratoire, la combinaison est effectuée. La masse est très-visqueuse, mais n’est pas céristallisée, à moins qu'il n'y ait un excès de toluidine. 7 ÉCART DÉRIVÉES DU GLYCOL ET DES AMINES AROMATIQUES. 299 A la distillation, il passe d’abord une certaine quantité d'eau, lors même qu'on a employé des produits secs. Cette quantité d’eau, bien que devenue très-faible, se conserve pourtant pendant tout le cours de la distillation Jusque vers 3400. Il y a donc nécessairement un produit qui par la chaleur perd de l’eau. Le thermomètre monte assez rapidement de 197 à 270° où il reste stationnaire jusqu'à 290; puis il monte de nouveau et s'arrête à 340; au delà de 560 et parfois même avant il passe un corps visqueux coloré en jaune, cristallisant par refroidissement. Le premier arrêt du thermomètre correspond au passage de la première base oxéthène toluidine, le second arrêt au passage de la seconde base dioxéthène toluidine; enfin, le composé cristalisé, bouillant vers 360%, est en majeure partie constitué par un corps auquel M. Wurtz est ar- rivé : produit de déshydratation de l’oxéthène toluidine. La portion bouillant de 270 à 290° est purifiée par de fréquentes distillations fractionnées, et avec beaucoup de peine je finis par obtenir un point d’ébullition constant qui est 286-288. Analvses. F subst. 1257 CO, .3310; H,0 .1010 IE subst. 1334 CO, .3488; H,0 1075 HE subst. 1792 à 17° et 758mr p. 45° 46 N Trouvé Calculé pour Il I HI CE,NC,H,0 C 71.83 71.32 71.52 H 8.91 8.95 8.61 N 9.68 9.27 Cette base est donc l’oxéthène toluidine C,H,,NO. Elle cristallise par refroidissement lorsqu'elle est très- pure; impure, sa cristallisation est moins facile et de- mande parfois plusieurs jours. 300 BASES OXYGENÉES DISTILLABLES Ces cristaux constituent des houppes blanches, serrées, qui fondent à 37°. Récemment distillée, la base est inco- lore, mais à la lumière elle finit par se colorer en jaune, puis en brun, comme l’aniline. Elle bout à 286-288" sans décomposition: néanmoins, lorsqu'on la maintient longtemps en ébullition, une petite portion se décompose en donnant lieu à de l’eau et à un produit de déshydrata- tion. Elle est fort soluble dans l'alcool, l’éther, le chloro- forme, le benzol, et même assez soluble dans l'eau. C’est une base très-énergique: elle s'unit aux acides avec dégagement de beaucoup de chaleur, et les sels qui en résultent sont fort solubles dans l'eau pour la plu- part. Saturée d'acide HCI concentré et additionnée de PCI, concentré, il se précipite une huile brune qui n’est point formée de platine réduit. Au bout de quelques jours de dessication sous la pompe, cette huile se prend entiè- rement en cristaux bruns-rouges, peu réguliers. Recris- tallisés de lalcool chaud, ils se précipitent sous forme de poudre grise qui est le chloroplatinate à l’état de pureté. Pour l'obtenir plus rapidement on peut aussi dissoudre Phuile brune primitive dans de l'alcool bouillant, puis laisser refroidir. Ces cristaux desséchés à 400 ont donné à l'analyse les chiffres suivants : Subst. .3189 CO, .356; H,0 11454 Subst. .5284 Pt .1462 Trouvé Calculé pour 2(C,H,,NOHCH) PICL, C 30.4 30.25 H 4.01 3.92 Pt 27.67 27.5 Ce sel constitue le ckloroplatinate d'oxéthéne toluidine. Il {3-4 ANR bd + ra fe DÉRIVÉES DU GLYCOL ET DES AMINES AROMATIQUES. 3014. est infiniment plus stable que le chloroplatinate d’oxéthène aniline. 1 peut être bouilli dans l’alcool et dans l’eau sans éprouver de décomposition. Il est assez soluble dans l’eau et peu soluble dans l’alcool froid; l'alcool chaud le dissout et par refroidissement le rend sous forme d’une poudre aris-rose qui est le sel à l’état très-pur. Il est fort peu so- luble dans l’éther et le benzol. I fond à 447-148° en se décomposant. Oxalate neutre d'oxéthene toluidine. Lorsqu'on ajoute à la base une solution concentrée d'acide oxalique dans l’eau (deux molécules de base pour une molécule d'acide) et qu’on évapore au bain-marie, par refroidissement il se forme de grandes houppes blan- ches que lon pent recristalliser de l’alcool chaud et des- sécher sous la pompe. Ainsi purifié ce corps fond à 124-1220. Analyses. [ Subst. .2043 CO, .4609; H,0 .1305 IL Subst. 1866 CO, 4183; H,0 1222 HT Subst. .2355 à 15° et à 762.7» p. 13 N Trouvé Calculé pour [ I HIT C,H,0,2(C,H,,N0) C 6155 61.24 61.22 H 7.08 7.27 7.14 N 7.55 7.14 Ce sel est l’oxalate neutre d’oxéthène toluidine résul- tant de l'addition d’un molécule d'acide oxalique et de deux molécules de base. Ce sel est fort soluble dans l'eau et moins dans l'alcool, surtout froid; il s’éloigne donc beaucoup de l’oxalate de toluidine dont l’insolubilité dans l’eau est si remarquable. Lorsqu'on maintient longtemps l’oxalate d’oxéthène to- luidine à sa température de fusion, il subit une décom- 302 BASES OXYGÉNÉES DISTILLABLES position. Il est même plus prudent de le dessécher sur H,S0, et non pas à 100. Cette décomposition est rapide lorsque le sel est porté à une température de 140°. Dans ces circonstances, il se dégage de l’eau, de l'acide CO, et de l'oxyde de carbone : la masse devient brune et par refroidissement ne cristallise plus. 2ette masse a été distillée après que le dégagement ga- zeux de CO, et CO eut cessé. Il a passé d’abord une certaine quantité d’eau, puis un liquide bouillant de 280 à 290, puis enfin, une portion distillant vers 340° et cristallisant par refroidissement. La portion bouillant à 280-290 à fini par donner après plusieurs distillations le point con- stant 286-288°, qui est celui de la base oxéthène toluidine: saturée d'acide oxalique et recristallisée. cette portion à fourni un oxalate fondant à 121-1292. La base oxéthène toluidine est donc partiellement régénérée par la distilla- tion de son oxalate. Quant à la portion bouillant vers 340° et cristallisant par refroidissement, je l'ai cristallisée dans l'alcool chaud et il s’est séparé deux corps: lun très-soluble dans Pal- cool, mais très-peu abondant, ce qui ne m'a pas permis de l’étudier: l’autre fort peu soluble dans l'alcool même chaud, mais passablement dans le benzol. Après plusieurs cristallisations fractionnées, il fondait à 189-1906. Ce composé est identique avec un produit de déshy- dratation de la première base oxéthène toluidine, lequel produit sera étudié plus loin. Aussi n’en parlerai-je pas plus longtemps 101. La décomposition par la chaleur de l'oxalate neutre d’oxéthène toluidine donne donc d’abord de l’eau, de l'acide carbonique, de l’oxyde de carbone, puis une por- Fanfan Cbr 4 a SSI DÉRIVÉES DU GLYCOL ET DES AMINES AROMATIQUES. 303 tion de la base primitive, puis enfin, un produit de déshy- dratation de cette base. Sulfate d'oxéthène toluidine. La base additionnée d'acide sulfurique dilué et en ex- cès laisse déposer au bout de plusieurs jours des prismes incolores transparents el pouvant attendre une certaine urosseur. Recristallisés dans l’eau ils fondaient à 4110-144° et ont donné par la combustion les nombres suivants : Subst. 207 CO, .32%%4; H,0 1041 Trouvé Calculé pour C,H,,NOH,S0, C 42.74 43.37 He 205 6.02 Ces chiffres répondent à la formule du sulfate acide d’oxéthène toluidine. Ce sel est fort soluble dans leau et moins dans l'alcool. Il a une réaction très-acide. L'étude des divers sels de cette base montre donc elai- rement qu'elle est bien C,H,,NO et qu'elle résulte de l'addition d'une molécule de C,H,0 à une molécule de CHLN. Aeti lu joue de méthyle sur l'oxéthéne toluidine. Action du iodure de méthyl l'oxéthène toluid Dans le but de m'assurer que loxéthène toluidine dé- rive du glycol par la substitution du radical monoatomi- que C,H,CH.NH au groupe (OH) et que, par conséquent, le produit de cette substitution est une base secondaire, j'ai fait agir CH J sur l’oxéthène toluidine. On met dans un tube molécules égales de CH.J et de C,H,,NO, puis l'on scelle. Les liquides se mêlent très- bien tout d'abord sans s’échauffer; mais au bout d’un temps assez court la réaction commente, une forte cha- 504 BASES OXYGÉNÉES DISTILLABLES leur se dégage, et l'excès de CH.J (s'il y en à un), se sé- pare du reste de la masse. Jai chauffé ce tube pendant 6 heures à 90-75° au bain-marie. Après refroidissement, la masse était devenue tellement visqueuse qu'on ne pouvait la faire couler: néanmoins elle n’était pas cristallisée. Je chassai l'excès de CHLJ par la chaleur à 100°, puis je repris par KOH en solution assez concentrée et chauffai légèrement. Il se sépara alors abondamment une huile colorée en brun que je lavai longtemps à l’eau, que je sé- chai, puis enfin, distillai. Je n'ai pas pu fixer le point d'ébullition de cette nou- velle base, mais il doit être situé entre 290 et 500. Ce liquide à une odeur très-agréable rappelant celle de lo- dure de méthyle, mais son goût est d’une extrême amer- tume. Elle paraît plus fluide que la base précédente, mais n'a pas cristalhsé, même à une .température fort basse. Elle est fort peu soluble dans eau et passablement dans l’alcool et l’éther. Elle s'unit aux acides en dégageant de la chaleur, mais ses sels paraissent encore plus solubles que ceux de l'oxé- thène toluidine. Saturée d'acide HCI et additionnée de PtCI,, il se précipite une huile noire qui, au bout de quelques jours, abandonne des cristaux rouges-bruns, groupés en houp- pes: une cristallisation de l’eau les donne purs: ils sont rouges-jaunes, très-déliés. Is ont fourni à l'analyse les chiffres suivants : I Subst. .1650 CO, .1960; H, O .0642 IL Subst. 2310 CO, 2750: H, O .0930 HIT Subst. 172 Pt 0460 DÉRIVÉES DU GLYCOL ET DES AMINES AROMATIQUES. 309 Trouvé Calculé pour CH,OH | CH,N(CH,) CH, Jeu, \ HCL.£ [ Il [ll CG 932.41 32.42 32.34 H,, 4.32 4.46 4.34 N, 3.77 0, 4.31 CI, 28.70 Pt 26.74 26.59 99.98 Ce sel est donc le chloroplatinate de méthyle oxéthéne to- luidine, et la base d’où il dérive n’est autre chose que la CH,OH CH,N(CH,)CH, Ce chloroplatinate est beaucoup plus soluble dans l’al- cool que le chloroplatinate de l’oxéthène toluidine, et cette grande différence de solubilité permet de les séparer lors- qu'ils se trouvent ensemble. méthyle oxéthène toluidine Action du iodure de méthyle sur la méthyle oxéthène toluidine. Si la base précédente dérive d’une base secondaire par la substitution de CH, au dernier hydrogène remplaçable elle doit être base tertiaire, et si elle est base tertiaire elle additionnera CH,J pour former un ammonium quater- naire. Prouver que la méthyloxéthène toluidine donne par addition de CH,J le iodure de diméthyle-tollyle-oxéthène ammonium, c'est donc prouver que l’oxéthène toluidine renfermait encore un hydrogène remplaçable par des ra- dicaux alcooliques. On ferme dans un tube un mélange 306 BASES OXYGÉNEÉES DISTILLABLES équimoléeulaire de CH,J et de C,,H,,N0. La réaction est très-faible à froid et il faut chauffer à 4100° pour l’a- chever. Au bout de 12 heures on laisse refroidir le tube et on l’ouvre. La visquosité est aussi forte que dans le cas précédent, sans que pourtant la masse soit cristallisée. L'excès de CHF est chassé au bain-marie, et la masse est reprise par la potasse concentrée. Il se sépare comme dans le cas précédent une huile, mais cette dernière est en entier soluble dans l’eau. Cette solution est saturée d'acide CO, afin de neutraliser la potasse, puis évaporée à sec et reprise par l'alcool. Cette solution alcoolique laisse par évaporation une huile renfermant beaucoup d’iode, non distillable sans altération, très-soluble dans l’eau, l'alcool, et insoluble dans l’éther. Quelque peine que j'aie prise pour cristalliser ce corps, je n’ai pu y par- venir, et j'ai dû étudier ses dérivés. Traité par l'oxyde d'argent humide, ce iodure subit une décomposition rapide. Il Y à formation de iodure d’ar- sent; on ajoute alors un peu d’eau, on chauile lésèrement puis l’on filtre ; la solution filtrée renferme une base éner- vique, ayant attiré déjà CO, de l'air et faisant eflerves- cence avec les acides. Cette base a un goût très-alcalin, elle s’unit aux acides avec la plus grande facilité. Chloroplatinate de diméthyle -tollyle-oxéthylène ammoniun. Saturée d'acide HCI et de P(CI, la base en question fournit un précipité: on le redissout dans l'alcool bouillant eton refroidit lentement. Il se dépose alors des mamelons rubis, d’un chloroplatinate fort beau que l’on recristallise dans l'alcool. Desséchés à 1002 et brülés, ces cristaux ont donné à l'analyse les nombres suivants : DER ACU DÉRIVÉES DU GLYCOL ET DES AMINES AROMATIQUES. 907 Subst. .2738 CO, .342; H,0 1219 Subst. .4868 Platine .1262 Trouvé Calculé pour CH,O0H 2{ CHE, N (CH) C,H,CI Jr CH, C,, 34.06 34.98 H,. 4.94 4.67 0, RE: N, 3.63 Pt 25.92 25.58 CI, 27.66 99.97 Le chloroplatinate de diméthyle-tollyle-oxéthylène am- monium se présente sous forme de mamelons rouges, rubis, d’un éclat très-brillant. I est fort soluble dans l'eau et dans l’alcoo! à chaud. Chloraurate de diméthyle-tollyle-oréthylène ammonium. Le chlorure d'or additionné au chlorure de la base quaternaire précipite une huile que l’on isole et qu'on dissout dans un peu d'alcool chaud : par refroidissement, il cristallise de belles houppes soyeuses, jaune d'or, très- fragiles. Desséchées à 100°, ces houppes ont donné à la com- bustion le nombre suivant d’or : Subst. 4212 Au .1628 Trouvé Calculé pour C,H,0H CH, {Nlauol 2(CH.) Au 58.05 37.95 Ce chloraurate est peu soluble dans l'eau et passable- ment dans l'alcool. 5308 BASES OXYGÉNÉES DISTILLABLES Ces faits prouvent done que l’oxéthène toluidine est une base secondaire, possédant encore un hydrogène rem- placable par des radicaux d’alcools pour donner ainsi naissance à une base tertiaire: cette base tertiaire addi- tionne CH,J et forme avec ce iodure un iodure quater- nalre. 3° DIOXÉTHÈNE TOLUIDINE. Lors de la distillation de la première base oxéthéne to- luidine, et après que cette base eut distillé, j'ai recueilli, entre 340-350°, un liquide extrèmement visqueux, que j'ai essayé de purifier par distillation. J'ai fait environ 15 distillations sur 2 à 3 grammes de substances, et finale- ment j'ai obtenu un point d’ébullition situé vers 338- 3400. Cette matière à donné à l'analyse les nombres suivants : Subst. .1857 CO, .4680: H,0 1453 Trouvé Calculé pour G,H, OH C,H, OHÉN CH, " Cu 68.74 67.69 H,, 8.69 8.71 0, 16.41 N 7.17 09,98 Ce corps n'est point encore pur; néanmoins les nom- bres qui précèdent conduisent à la formule C,,H,,NO, qui représente deux molécules d'oxyde d’éthylène pour une molécule de toluidine. Cette base se présente sous la forme d’un sirop telle- ment épais qu'on peut renverser le vase qui la renferme sans qu’elle coule. Elle brunit assez rapidement à Pair. re A DÉRIVÉES DU GLYCOL ET DES AMINES AROMATIQUES. 309 Elle est moins soluble dans Falcoo! que Foxéthène tolui- dine. Je n'ai pas pu lobtenir eristallisée, Elle est très-s0- luble dans l’éther. Elle se dissout dans les acides avec dégagement de chaleur. Les sels qu'elle forme paraissent tous fort solu- bles dans l'eau. Chloroplatinate de dioréthéne toluidine. Le chlorhydrate de cette base additionné de PtCT, four- ait un précipité de paillettes ocres brillantes, peu solubles daus l'alcool, qu'une seconde cristallisation donne pur : Analyses. [ Subst. .2316 CO, .2760; H,0 .09419 IE Subst. .2829 CO, .3418; H,0 .1958 JE Subst. .4606 Platine 113% Trouvé Calculé pour 2(C,:H,,NO, HCI) PCI, I I [I 69291 32.96 32.91 H,, 441 4.75 4.48 N, 0, CI, Pt 24.62 . 24.60 Ce chloroplatinate de dioxéthène toluidine se distingue aisément de celui d'oxéthène toluidine, en ce qu'il est beaucoup plus soluble dans l'alcool froid. Tandis que le premier se précipite de l'alcool chaud sous forme d’un précipité gris-rose amorphe, le second cristallise en paillettes ocres, dans les mêmes circonstan- ces. Ces paillettes fondent à 147-1#8° en se décompo- sant. Dés Fois 2 ENS ASS SE EEE “PORTER 510 BASES OXYGÉNÉES DISTILLABLES 4° PRODUIT DE DÉSHYDRATATION DE L'OXÉTHÈNE TOLUIDINE. Jai dit plus haut que lors de la distillation de la pre- mière base, après que le thermomètre eut dépassé 3400, il passait un corps cristallisant par refroidissement. II fon- dit à 472-1800. Soumis à la cristallisation fractionnée par l'alcool, ce composé a donné deux produits, dont lun très-peu soluble dans l'alcool fondait à 189-190°, et l'au- tre beaucoup plus soluble à 155-160°. N'ayant obtenu que de petites quantités de ce dernier, je n'ai pas encore pu létudier : néanmoins, j'ai constaté qu'il a un carac- tère basique trés-prononcé: il se dissout aisément dans HCI à chaud, et par refroidissement il abandonne de fines aiguilles incolores où légèrement colorées en brun dont la solution aqueuse précipite par le Pt CE. Quant au premier, remarquablement insoluble dans l'alcool, et fondant à 189-1906, je l'ai recristallisé du benzo] et analysé après l'avoir séché à 100. Subst._ 1465 CO, 4360; H,0 1040 Subst. .1390 CO, .4120; H,0 .1040 Subst. 1652 à 761v% p. 49° T. 15.75 N Trouvé Calculé pour C,H,,N Ï Il HI CHHOTAT 80.89 81.21 H 7.87 8.31 8.26 N 11.29 10.52 99.98 Ces analyses conduisent à la formule C,H, ,N différant de l’oxéthène toluidine par H,0 en moins. Ce même corps prénd naissance, ainsi que Je l’ai mon- té plus haut, lors de la disüllation de l'oxalate neutre d'oxéthène toluidine. DÉRIVÉES DU GLYCOL ET DES AMINES ABOMATIQUES. 911 M. Wurtz, dans un mémoire publié en 1869 (voir l'introduction à ce travail page 7), à fait réagir la chlor- hydrine du glycol sur la toluidine à une température assez élevée, et a obtenu en reprenant par l’éther un com- posé eristallin fondant à 189-194° et dont les analyses ont conduit à la formule C,H, ,\. Ce composé est identique en tous points à celui par moi obtenu. M. Wurtz nomme ce corps vinyltoluidine en lui attribuant, la formule suivante : CH CH;{N H et en faisant ainsi une base secondaire avec le radical vinyle C,H.". Je n'ai pu admettre cette formule, parce qu'il ressort des faits qui suivront que cetie base est ter- tialre. Je rappelle 1c1 que lors de la purification par distilla- tion de l’oxéthène toluidine il se forme constamment une petite quantité d’eau accompagnée d'une petite quantité du corps supérieur fondant à 189-1906. Voulant m'assurer que ce dernier dérive bien par dés- hydratation de loxéthène toluidine, j'ai chauffé cette base avec un réfrigérant ascendant et à l'ébullition pendant 2 à 5 heures, puis je l'ai distillée. Il a passé d’abord passablement d'eau, puis la base non altérée, puis finalement le corps en question fondant à 189-190. Si nous considérons loxéthène toluidine comme une combinaison dans laquelle un hydrogène de la toluidine est remplacé par le groupe monoatomique (CH). Re CH,0H - nous arrivons à la formule 472 + base secondaire. CH,NHC,H, ? 312 BASES OXYGENÉES DISTILLABLES Si mainienant nous enlevons H,0 de cette base, on peut faire plusieurs suppositions sur la place où les hydro- gènes seront pris. Tout d'abord OH s'en va, cela est certain, puisqu'il n'y à qu un oxygène, et que cet oxygène est lié a un hy- drogène, il l'entraine nécessairement avec lui; dès lors le à CH, ‘ groupe CHOM st détruit et devient éthylène $ CH, Ru CH, et diatomique. L'oxbydryle ayant encore besoin d’un hy- CH, drogène pour donner de leau, ira-t-1l le prendre à {| CH, ou au groupe NHCH, ? [l'est infiniment probable qu'il le prendra à ce dernier et l'azote ayant alors une atomicité de libre, l'échangera contre celle devenue libre du carbone lié précédemment à l’oxhydryle. Dès lors on aura le groupement : CH, H NZ | a 7 NÉE Si, au contraire, nous supposons que cet H soit pris CH, il; CH, tionnelle suivante : au groupe nous arrivons à la formule constitu- : H Ce H=N ACR-MI CLEO Ce AE 336 DIFFUSION ENTRE L'AIR SEC ET HUMIDE sion de la vapeur d’eau qui existe dans l'air libre à un moment donné. Cette détermination pourrait résulter, par exemple, de la différence de pression que fournirait au manomètre un flacon presque rempli d'acide sulfurique comme celui qui a été mentionné précédemment. Mais, pour que les faits dont il est ici question puis- sent être à la base d’un hygromètre nouveau, il faut que l’on connaisse exactement la loi qui relie la variation de pression à la différence d’état hygrométrique de part et d'autre de la cloison poreuse. Il faudrait aussi que l’on pût maintenir à un état hygrométrique connu et constant l’une des faces de la paroi diffusante. Il serait désirable également que l’on eût des cloisons poreuses donnant des différences de pression plus grandes que celles qui se produisaient avec mes appareils, surtout lorsque la tem- pérature est basse. 3) La diffusion inégale entre des masses d’air à des états hygrométriques différents se produit probablement dansun grand nombre de circonstances. Elle doit, suivant les cas, donner lieu a des différences de pression de part et d'autre des parois poreuses ou à un courant dirigé du côté le plus sec vers celui qui est plus humide. Ces phénomènes se produisent peut-être snr une grande échelle à la surface de contact des végétaux et de l'air libre'. Il est également probable qu'ils inter- viennent dans diverses opérations scientifiques et indus- trielles. 4) Lorsque lune des faces d’une cloison diffusante est en contact avec de l'air et l’autre avec un mélange ! Voyez une note récente de M. Merget (Archives, t. XLIX, p. 465, février 1874). 4à t A TRAVERS UNE PAROI DE TERRE POREUSE. D d’air et d’un gaz plus léger, le courant le plus abondant est dirigé de la seconde à la premiere. Les faits dont il est question dans ce mémoire parais- sent une exception à cette règle, puisque la vapeur d’eau est plus légère que l'air, et pourtant ces faits présentent tous les caractères de véritables phénomènes de diffusion, car il y a simultanément deux courants inverses à travers la paroi poreuse et l’un de ces courants est plus abon- dant que l’autre. En revanche, on peut remarquer que la vapeur d’eau mélangée à l'air donne lieu au même sens de plus grande diffusion que celui qui s’observe quand il s’agit de la plupart et peut-être de toutes les vapeurs. Ainsi, entre l'air d’une part, et, d'autre pari, l'air chargé de vapeurs d'alcool, d’éther, de chloroforme, etc., le courant le plus abondant va du premier gaz au second. Il est vrai que toutes ces vapeurs sont plus denses que l'air et les faits auxquels elles donnent lieu rentrent done dans la loi gé- nérale ?. 1 Pendant l'impression de ce travail, M. Merget a fait à l'Académie des Sciences de Paris une nouvelle communication sur le même sujet. Nous rappellerons que le fait de la diffusion entre l'air sec et l’air hu- mide, avec quelques-unes de ses conséquences, a déjà été signalé par M. Dufour à la réunion de la Société helvétique des Sciences natu- relles à Fribourg en 1872 (Voyez Archives, septembre 1872, t. XLV, p.11). (Red.) SPECTROSCOPE A OCULAIRE FLUORESCENT PAR MUC EL MSIORET- On a employé deux méthodes principales pour lobser- vation de la partie ultra-violette du spectre. L'une consiste à en faire l'épreuve photographique. La lame préparée peut être introduite dans un spectroscope ordinaire à la place habituelle du réticule de la lunette. On arrive par ce moyen à une reproduction extrêmement délicate du spectre, et avec quelque soin, on peut obtenir des mesures exactes de la déviation des raies. Mais l’opé- ration dans son ensemble est toujours iongue et com- pliquée. La seconde méthode consiste à projeter le spectre sur une substance fluorescente ; la partie ultra-violette de- vient alors visible. Mais lobservation doit être faite dans une chambre complétement obscure, et elle ne se prête que difficilement à des mesures angulaires. Le procédé que je vais indiquer, et qui n’est qu’une modification de cette seconde méthode, me paraît pouvoir être avantageusement employé dans certains cas. Il consiste à placer une lame d’une substance transpa- rente et fluorescente dans la lunette d’un spectroscope au foyer de l'objectif, et à observer le spectre avec un ocu- laire incliné sur l’axe de la lunette. Axe ML LS A Chu jan al ci a ae no * 110 WANT LA si . d'u SPECTROSCOPE A OCULAIRE FLUORESCENT. 339 Cette disposition peut facilement être adaptée aux spectroscopes ordinaires. On enlève l’oculaire dont on se sert habituellement, et on le remplace par un dispositif que l’on peut appeler oculaire fluorescent, et qui est re- présenté en coupe dans la figure ci-dessous. Il se com- pose d’une pièce en laiton ab cd formée d’un anneau b d soudé à un bout de tube ac lequel entre à glissement dans le tube de la lunette LL, et porte en ff la lame fluores- cente fixée dans une petite bonnette ; puis d’une seconde pièce egtk, formée également d’un anneau e dont le dia- mètre est plus petit que celui de l'anneau bd et qui est soudé à un bout de tube gk. Ces deux pièces sont reliées l’une à Fautre de la manière suivante. L’anneau ei est disposé concentriquement à l'anneau b d, auquel il est fixé par les pointes de deux vis (non représentées dans la figure) qui sont placées aux extrémités du diamètre hori- zontal des deux anneaux, et forment ainsi un axe passant par le point 6 de la figure. La pièce egik peut tourner autour de cet axe en s’inclinant sur l’axe général de la lunette du spectroscope. Une vis de pression convenable- 340 SPECTROSCOPE A OCULAIRE FLUORESCENT. ment disposée (non représentée dans la figure) permet de fixer la pièce egik dans une position quelconque. Dans le tube gk de la pièce mobile, on introduit un oculaire ordinaire mn 0 (celni du spectroscope, si sa distance fo- cale est convenable), et on Fajuste de manière à voir neitement la lame fluorescente. Deux traits fins et se coupant à angle droit peuvent être tracés au diamant sur cette lame et jouent alors le rôle du réticule. Pour que la lame fluorescente puisse être amenée au foyer de l'objectif de la lunette du spectroscope, celle-ci doit être disposée de manière que le tube qui porte l’oculaire puisse suffisamment rentrer dans le tube qui porte l'ob- jectif. Comme lame fluorescente, on peut employer, soit du verre d’urane, soit divers liquides contenus entre deux lames très-minces de verre, peu écartées l’une de l’autre (Ie TLSE Si l’on veut employer cet appareil pour l'observation du spectre solaire, on fait tomber sur la fente du spec- troscope an faisceau de rayons qu'il convient de concen- trer par une lentille convergente à long foyer, eten quartz de préférence, Il y a avantage aussi à intercepter, par un verre bleu de cobalt, les rayons les plus éclairants du spectre. On met au point, sans l’ineliner, l’oculaire mno, puis on dirige la lunette sur la partie la plus réfrangible du spectre visible. La présence de la lame fluorescente n'empêche pas l’observation du spectre lamineux dont on voit les raies avec netteté. Mais dans cette position de l'o- culaire on distingue très-mal le spectre fluorescent qui se produit sur la lame. Pour le voir nettement, il faat incli- ner l’oculaire et le placer dans la position indiquée dans la figure ; on cesse alors d’apercevoir le spectre lumineux, SPECTROSCOPE A OCULAIRE FLUORESCENT. 341 mais l’on voit très-bien le spectre fluorescent d’une teinte uniforme traversé par des lignes noires. On peut amener ces lignes en coïncidence avec les traits croisés, tracés sur la lame, et mesurer leur déviation. J'ai essayé diverses lames fluorescentes. Avec le verre d’urane, le spectre fluorescent est bien visible depuis la raie G; il est très-intense vers H; les quatre raies M sont encore bien visibles; mais au delà il y a moins de netteté. | Avec le bisulfate de quinine, le spectre est très-beau et présente beaucoup plus d'éclat; il ne s'étend que très- peu dans la partie visible, jusqu'à À environ. On distingue bien nettement les raies jusqu’au groupe N et même un peu au delà. L’eseuline peu concentrée m'a paru donner le spectre le plas intense ; on distingue très-nettement les raies N et même O. Le spectre s'étend dans le violet un peu plus que cela n’a lieu avec la quinine ". Le rose-naphtaline (Magdala) un peu concentré donne de moins bons résultats pour la portion ultra-violette au delà de M; mais l'aspect du spectre fluorescent est cu- rieux dans la partie correspondant aux rayons directe- ment visibles: presque depuis D, jusqu’à M, on distingue toutes les raies avec une parfaite netteté. Du reste les apparences dépendent non-seulement de la substance fluorescente et de son degré de concentra- tion, mais aussi de plusieurs autres circonstances. La vi- _vacité de la lumière solaire a une grande influence ; si le ? Il est avantageux que le spectre lumineux et le spectre fluores- cent aient une partie commune, parce que l’on peut s'assurer de la coïncidence de position d’une raie vue directement ou par fluores- cence. : Let... p* . MM: ar Las. 4. DPY | ' + "n AR re : ñ vil. A x 3192 SPECTROSCOPE A OCULAIRE FLUORESCENT. ciel n’est pas très-pur ou si le soleil est près de son coucher, le spectre perd beaucoup de son intensité. La nature du prisme influe fortement. Avec un prisme el même deux prismes de flint blanc, on voit une portion étendue du spectre ultra-violet, surtout si l’on a soin de faire passer le faisceau de rayons près de l’arête du prisme. Quant au flint lourd, il absorbe, comme on le sait, les rayons ultra-violets. Il en est de même des sys- tèmes de prismes des spectroscopes à vision directe. On obtiendrait sans doute un spectre plus étendu si les prismes et les lentilles étaient en quartz ou en spath d'Islande. Quant à l'application de ce procédé à l’étude des spec- tres ultra-violets des métaux, je n'ai fait qu'un petit nombre d'essais qui n’ont pas été complétement satisfai- sants. En faisant passer les étincelles d’un appareil de Rubmkorff entre des électrodes de différents métaux, avec adjonction d’une bouteille da Leyde, j'ai réussi à distinguer quelques lignes. Par exemple, j'ai bien vu | avec le magnésium la raie ultra-violette voisine de L à. (1=0,00380), et avec le cadmium une raie près de N 4 (probablement la neuvième raie du spectre décrit par g” M. Mascart, 1—0,00361). Mais l'intensité était faible, et } il n'aurait pas été possible de prendre des mesures an- f gulaires exactes. Il est vrai que les décharges que j'ai a employées auraient pu être plus énergiques et que les à moyens de concentration de la lumière dans la fente du : spectroscope laissaient à désirer. On arriverait probable- 4 ment à de meilleurs résultats en perfectionnant le pro- cédé. En résumé, cette méthode me paraît surtout applicable eur Te cuil. SE di PE Entre rss | SPROTROSCOPE A OCULAIRE FLUORESCENT. 343 à la lumière solaire ; elle rend visible, avec une grande netteté, le spectre de H à N sans qu’il soit nécessaire d'opérer dans une chambre complétement obscure ; elle permet de prendre facilement des mesures angulaires. Sans doute, elle est moins délicate que la méthode photo- graphique, mais elle est beaucoup plus prompte. Je crois qu’on pourrait utilement l’employer à certaines détermi- nations, par exemple à la mesure de l'indice de réfrac- tion de diverses substances pour les rayons très-réfran- gibles et à l’absorption de ces radiations par différents milieux. .# ‘ ré ç DES MANOMÈTRES DIFFÉRENTIELS À DEUX LIQUIDES PAR M. ARTHUR ACHARD Ingénieur. Quand on mesure la pression p d’un gaz au moyen d’un manomètre à air libre, la colonne x, de liquide ayant A pour poids spécifique, qui mesure cette pression, s’ex- prime par æ — _ Plus À est faible, plus x est grand pour une valeur donnée de p, plus l'appareil est sensible. On augmenterait encore la sensibilité si l’on pouvait re- présenter la pression par une colonne d’an liquide fictif qui aurait pour poids spécifique la différence entre les poids spécifiques A et à de deux liquides réels, différence qu'on pourrait, par le choix des liquides, faire varier selon le degré de sensibilité à réaliser. Un appareil de ce genre serait très-commode pour mesurer les faibles variations de pression dés gaz, par exemple celles que le gaz d’éclai- rage éprouve par son parcours dans les conduites. En cherchant à réaliser un appareil qui fût fondé sur le principe ci-dessus, je suis arrivé à une disposition qui sera décrite un peu plus loin. Les recherches que j'ai faites pour voir si elle avait été déjà proposée m'ont montré que la priorité appartenait à M. Kretz (voyez le tome 1 du Cours dePhysique de M. Jamin, 3" édition), et que divers autres appareils avaient été imaginés dans un bul analogue. MANOMÈTRES DIFFÉRENTIELS A DEUX LIQUIDES. 949 Ce qui suit est destiné à montrer en quoi ces divers appareils diffèrent les uns des autres. Un tube en U de petit {// calibre (5"®, par exem- ple) est situé dans un plan vertical (voyez la figure). Les deux branches, géné- ralement de longueurs inégales, se raccordent Chacune à un tube verti- _ caï de diamètre notable- ment plus considérable. La partie inférieure du tube en U et la branche la plus courte sont occu- pées par un liquide de poids spécifique A, la branche la plus longue par un autre liquide de poids spécifique moindre | ÿ: les liquides doivent d s'élever jusque dans les tubes élargis. La surface de séparation de ces deux li- quides, qui ne doivent pas être susceptibles de se mélan- ger, est l'index de l’instrument. Le zéro est la position NE 5 que l'index occupe quand les pressions qui s’exercent sur * les deux surfaces libres sont égales; quand cela est, les ) hauteurs H et À des surfaces libres du liquide le plus 4 dense et le moins dense, au-dessus du zéro, obéissent à : la relation : YA Ha—hù. "4 Maintenant si rien n’est changé à la pression qui agit 1 ARCHIVES, t. XLIX. — Avril 1874. 24 Dee. 14 ‘4 488 ‘ge es: ; #e Ye “: a Ress D fe et NRC NO SPOES A UT ETES ; ART. : U can ms 346 MANOMÈTRES DIFFÉRENTIELS sur la surface du liquide le moins dense, on fait agir un excès de pression p sur celle de l’autre, le niveau du pre- mier liquide s’élèvera de y, celui du second s’abaissera de la même quantité (en supposant identiques les dia- mètres des tubes élargis), et l'index montera de x. Si on appelle Z et z les hauteurs des surfaces libres au-dessus de la nouvelle position de l'index, on aura la relation d'équilibre : p+ZAa=zi. Mais on a : 2=h—x+ un 4, » » +2 7 Re , Li LC] " $ à 356 NOTICE NÉCROLOGIQUE attiré un grand concours de sociétés et de notabilités belges: plusieurs ministres d'État et un aide de camp du roi y assistaient ; des honneurs militaires ont été ren- dus par la moitié de la garnison de Bruxelles, commandée par un général-major, et il y a eu service solennel à l'église. De très-intéressants discours ont été successive- ment prononcés à l'observatoire, au nom de cet établisse- ment, de l’Académie royale, de la Commission centrale de Statistique, du Conseil de la bibliothèque royale, de l'Aca- démie de médecine et de l'École militaire, par MM. Ed. Mailly, de Keyser, Putzeys, le baron Kervyn de Letten- hove, le D' Tallois et le colonel du génie Liagre. M. de Keyser, président de l'Académie royale, a re- marqué dans son allocution que M. Quetelet était mort au champ d'honneur, ayant encore siégé à l’une des séances de l’Académie dans le mois même de son décès. « Il n’est, a-t-il dit, aucun de ses confrères qui ne conserve le sou- venir des qualités aimables que l’homme du monde savait déployer, lorsqu'il lui était permis de dépouiller l’enve- loppe du savant.» M. Putzeys, secrétaire général du ministère de la justice, dit encore, en parlant du rôle honorable accordé à M. Quetelet dans les congrès de Statistique internationale : « Là, comme partout ailleurs, le savant était modeste et bienvaillant, convaincu, mais respectant les convictions d'autrui en les combattant : toujours calme, évitant ce qui aurait pu blesser ses con- tradicteurs. Homme de science, on l’admirait: homme politique,son le respectait; homme privé, on l’aimait.» Je m’estime heureux d’avoir pu rendre ici un faible hommage d’attachement et de regret à la mémoire d’un ami de plus de cinquante ans. La dernière lettre que j'ai À reçue de lui est datée du 5 décembre 1873, et répond à à : SUR M. ADOLPHE QUETELET. JA celle où j'avais été chargé de lui annoncer la mort de notre digne ami commun M. le professeur Auguste de la Rive. Après avoir communiqué cette douloureuse nouvelle à l’Académie de Bruxelles, dont M. de la Rive était mem- bre honoraire, M. Quetelet me dit dans cette lettre : « Tous mes collègues m'ont invité à exprimer leurs tristes « regrets avec les miens. Ils savent tous que nous ferons « ici une double perte. Ce n’est pas la science seule qui « se trouve déparée d’un de ses plus beaux fleurons, mais « encore les brillantes qualités du cœur, que plusieurs « d’entre nous avaient pu apprécier nous seront ravies. » Le départ pour la patrie céleste d'hommes aussi distin- gués, à tant de titres, laisse ici-bas des vides qui ne peu- vent guère être comblés. Le deuil est cependant un peu adouci, quand ces hommes d’élite laissent des enfants qui s’efforcent de suivre leurs traces. C’est bien l'héritage ho- norable qu’a légué à son pays et à la science notre ami de Belgique. Il me semble fort naturel et désirable que M. Ernest Quetelet succède à son père comme directeur de l'observatoire de Bruxelles, et que le grand catalogue d'étoiles, dont il s’occupe depuis longtemps, soit terminé et publié par lui. Alfred GAUTIER. Led D." rare #4 * La p. Te, ar K'INVUR 3 = : y; LL pa] 4, FA, BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. À. KUNDT. TEMPORÆRER DICHROÏSMUS, etC...…, DICHROÏSME TEM- PORAIRE PRODUIT PAR EXTENSION. (Poggend. Annalen, 1874, tome CLI, p. 125.) Le dichroïsme, phénomène qui accompagne si fréquem- ment la double réfraction, devait pouvoir comme elle se pro- duire temporairement dans les corps isotropes par pression ou extension et c’est en effet ce qu’a vérifié M. Kundt, appe- lant l’effet qu’il a le premier reconnu dichroïsme temporaire. Lorsqu'un corps devient biréfringent par compression ou extension, les deux rayons subissent généralement de la part de ce corps une dispersion inégale, la double réfraction ne présentant pas la même intensité pour les différentes lon- gueurs d’ondulation. De plus, en vertu de la relation établie par M. Kundt entre la dispersion et l'absorption, quand la dispersion sera très-différente pour les deux rayons, il en de- vra être de même de l'absorption. Partant de cette hypothèse et après de longs essais, M. Kundt a enfin trouvé dans le caoutchouc et la gutta-percha deux substances susceptibles de donner un dichroïsme tem- poraire marqué. En étirant une bande de caoutchouc entre les doigts et l’observant à la loupe dichroscopique on obtient un très-fort dichroïsme qui varie notablement, il est vrai, d’un échan- tillon à l’autre. Pour celles de ces qualités de caoutchouc qui présentent le phénomène avec le plus d'intensité, l’une des deux images est brun foncé, l’autre presque jaune paille. Le rayon dont les ondulations s’accomplissent dans la di- PHYSIQUE. 399 rection de la traction est le plus absorbé. Le dichroisme cesse avec l’extension. Le caoutchouc est trop peu transpa- rent pour qu'il ait été possible de déterminer s’il est opti- quement positif ou négalif. La gutta-percha en lame mince présente le même phéno- mène, très-marqué aussi. On la chauffe légèrement pour la rendre plus extensible. En faisant un mélange de colle très-épaisse et de glycérine qu'il laissait ensuite sécher, M. Kundt a obtenu une colle élas- tique au même degré que le caoutchouc qui présente par traction une double réfraction très-marquée. Cette substance n’a pas néanmoins donné de résultats bien nets au point de vue du dichroïsme temporaire. E. S. O.-E. Meyer. RECHERCHES HYDRAULIQUES. (Poggend. Annalen, Jubelband, 1874, p. 1.) M. Meyer, ayant eu à sa disposition, pour des recherches hydrauliques, un tuyau de plomb continu de 3000 mètres de longueur et 7 millimètres de diamètre intérieur, a recherché sur ce tuyau la vitesse avec laquelle se transmet une pression dans l’eau et la loi d'écoulement de l’eau à travers un tube long non capillaire. On devait présumer qu’une impulsion unique se propage dans l’eau avec la même vitesse qu’une série de vibrations. Or, d’après les expériences de Wertheim la vitesse de trans- mission du son dans des tuyaux étroits n’excède pas 1100" à 1200" par seconde; dans le tuyau en question, où le frotte- ment était plus considérable, elle pouvait être admise très- approximativement à 1000". Or, c’est précisément là la vi- tesse avec laquelle une pression se transmettait à travers le long tube de M. Meyer. Une pression quelconque se propage donc dans l’eau avec la même vitesse que le son. Pour le second point, M. Meyer a trouvé que la loi de 360 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Poiseuille * s’applique non-seulement aux tuyaux capillaires, pour lesquels ce savant l’avait établie, mais aussi à des tuyaux étroits non capillaires présentant une longueur suffisante. E.S. ZOOLOGIE. ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. G. LuNEL. HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS DU BASSIN Du LÉ- MAN; in-folio avec 20 planches en couleur. Genève, 1874. (Pablications de l'Association zoologique du Léman.) Il avait été publié à la fin du siècle passé et dans le com- mencement de celui-ci plusieurs listes des poissons du Lé- man, mais aucüne n'était exacte; dans chacune d'elles cer-- taines espèces figuraient à tort et d’autres étaient omises. Aussi, peut-on dire que nos connaissances sur la faune ichthyologique de cette région ne datent réellement que de 1825, année dans laquelle parut le mémoire posthume du professeur Jurine*. C’est un travail remarquable, qui est resté jusqu’à aujourd'hui le seul ouvrage descriptif sur ce sujet, mais qui se ressent malheureusement du fait que l’au- teur n’a pu v mettre la dernière main. Les descriptions sont un peu trop brèves et parfois insuffisantes, défaut en parti atténué par le secours que fournissent d’assez bonnes planches jointes au texte. La détermination des espèces est en général correcte et l’on ne peut guères relever qu’une seule erreur grave, à savoir l'indication parmi les poissons 7 Rtpt 8n)2. dans laquelle V représente le volume du liquide qui s'écoule dans le temps # par un tuyau du rayon R et de longueur >, x étant le coeffi- cient de frottement du liquide, p l’extès de pression à une des extré- mités du tube. ? Histoire abrégée des poissons du lac Léman, extraite des manuscrits ! Cette loi s’exprime, comme on le sait, par la formule V — de feu M. le professeur Jurine, et accompagnée de planches dessinées Ë et gravées sous sa direction. In-4° avec 15 planches in-[°. (Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, tome I, {re partie.) | “ 4 S à | 3 -4 : d'de e 1 ler ee EU N 2 R = AE DE NE RS Le , ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 361 du Léman de la Vandoise (Cyprinus jaculus, Bloch) qui n’existe certainement pas dans ce lac ni dans les rivières qui communiquent avec lui. Sans vouloir diminuer en rien le mérite de Jurine qui a le premier tracé la voie, on peut affirmer que son ouvrage est maintenant bien dépassé par celui que vient de faire pa- raître M. Lunel. L'histoire des poissons du bassin du Léman que nous devons au zélé conservateur du musée de Genève corrige les erreurs qu'avaient pu commettre les auteurs pré- cédents, et contient une foule de renseignements nouveaux. Elle est en outre infiniment supérieure à celle de Jurine sous le rapport de l’iconographie. Le nombre des espèces habitant le Léman et ses tributai- res est assez faible, malgré la grande étendue de ce lac et l'importance du Rhône. Cette pauvreté résulte sans doute en partie de ce que la « Perte du Rhône » à Bellegarde empé- che un certain nombre de poissons de remonter au-dessus de cette portion si tourmentée du cours du fleuve. La popu- lation ichthyologique du Léman ne voit donc pas son élé- ment sédentaire s’augmenter de visiteurs temporaires comme cela a lieu pour les lacs suisses qui sont en communication facile avec l'Océan. L’Anguille seule franchit quelquefois les obstacles qui s’opposent à cette remonte. M. Lunel ne compte que 21 espèces, dont voici l’'énumé- ration : Perca fluviatilis, L.; Cottus gobio, L.; Lota vulgaris, Cuv.; Cyprinus carpio, L.; Cyprinopsis auratus, L.; Tinca vul- garis, Cuv.; Gobio fluviatilis, Cuv.; Alburnus lucidus, Heckel; Alb. bipunctatus, L.; Scardinius erythrophthalmus, Bonap.; Leuciscus rutilus, L.; Squalius cephalus, Bonap.; Phoxinus lœvis, Ag.; Cobitis barbatula, Lin.; Corregonus fera, Jurine ; Corregonus hiemalis, Jurine; Thymallus vulgaris, Nüilsson ; Salmo umbla, L.; Trutta variabilis, G. L.; Esox lucius, L. ; Anguilla vulgaris, Fleming. : Cette liste diffère de celle qu’on trouve dans le mémoire ARCHIVES, t. XLIX. — Avril 1874. 25 pe. | PEN I TNT 7 à. Le "rt ; d« ER AS SC De ET CAS CA a+ x : s = DURE LE TEE LAS LS ON 7 LE 2 TES Pe à a 362 BULLETIN SCIENTIFIQUE. de Jurine par l’absence de la Vandoise. Selon M. Lunel, cet auteur aurait décrit et figuré sous le nom de Cyprinus jacu- lus, Bloch, de jeunes individus du Gardon {Leuciscus rutilus, L). Par contre, on remarque l'introduction du Cyprinopsis auratus, notre poisson rouge des viviers. M. Lunel donne droit de cité à cette espèce parce qu'il a remarqué qu’elle tend à se répandre, soit dans le Rhône soit dans le lac. Depuis quel- ques années il en a obtenu sept individus pris dans ces con- ditions; deux seulement étaient d’un beau rouge; les cinq autres présentaient la coloration de la carpe, fait qui tend à confirmer l'opinion émise par Blvth que ce poisson n’est pas rouge à l’état de nature. La variété rouge se perpétuerait par suite d’une sélection artificielle, mais sous de certaines influences on verrait se produire un retour à la coloration normale. La présence de l’Anguille dans les eaux du Léman et dans celles du Rhône au-dessous de Genève avait été signalée de- puis longtemps et admise par Jurine. Cependant beaucoup de doutes s'étaient élevés à cet égard. Dans ces dernières années, des captures assez nombreuses ont montré que ce poisson apparait de temps à autre au-dessus de la Perte du Rhône et est en quelque sorte de passage accidentel. A en croire des traditions ayant cours sur les bords du Léman, la Lotte ne devrait pas être considérée comme une espèce aborigène:; l'on a même avancé, mais sans preuves, que son acclimatation serait due aux anciens moines de Saint-Prex (canton de Vaud) qui l’auraient introduite dans le XIV®* siècle. M. Lunel fait connaitre un document curieux semblant donner raison d’une manière générale à l’opinion de ceux qui veulent que ce poisson ait été apporté dans le Léman, mais tendant d’autre part à prouver que son intro- duction ne remonterait pas au delà de la fin du XVF”* siècle. Des essais persévérants ont été faits par M. le professeur Chavannes, de Lausanne, en vue d’acclimater le Saumon dans le Léman. Ils n’ont pas jusqu'ici donné des résultats ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 363 bien encourageants; on n’a repris qu’un petit nombre d’in- dividus de cette espèce et même toutes les captures ne sont pas bien authentiques. En tenant compte de ce que l’on sait des mœurs de ce poisson, nous ne sommes guères plus dis- posés que M. Lunel à admettre que l’on réussisse à le faire vivre et surtout reproduire dans les eaux de ce bassin en quelque sorte fermé. La partie descriptive de l’ouvrage que nous avons sous les _ yeux est très-consciencieusement traitée; on peut regretter seulement l’absence de diagnoses qui eussent permis de sai- sir rapidement les caractères essentiels de l’espèce et épar- gné dans certains cas la lecture d’une longue description. Cette lacune sera, du reste, bien peu sensible en raison du petit nombre d’espèces décrites et des caractères tranchés que présentent la plupart d’entre elles. D'ailleurs, toutes les fois que cela était nécessaire, l’auteur a dressé un tableau synoptique des caractères permettant de distinguer” facile- ment les espèces dont il traite des formes voisines avec les- quelles elles pourraient être confondues. Dans les additions qui terminent le volume on trouve, en regard de la liste des poissons du Léman, celles des espèces qui habitent les lacs d'Annecy, du Bourget, de Nantua et de Sylans. On peut se faire ainsi une idée de la faune ichthyo- logique de ce groupe de lacs dépendant du bassin du Rhône. L'auteur ne s’en est pas tenu à une simple description des espèces ; une large place a été accordée à l’étude des mœurs, partie sur laquelle il nous apporte beaucoup de faits nou- veaux; nous signalerons entre autres ce qui est relatif aux changements de coloration chez le Vairon, à la ponte et à l'alimentation du Chabot, à la fraye de la Carpe. Des obser- tions particulièrement intéressantes sont celles qui prouvent que les Tanches ont la faculté de résister à un desséche- ment plus ou moins prolongé des mares qu’elles habitent. M. Lunel a constaté la présence de ces poissons dans des mares peu profondes qui ne sont en communication avec 304 BULLETIN SCIENTIFIQUE. aucun cours d’eau ni avec aucun étang et dont l’eau dispa- rait complétement pendant les fortes chaleurs de l’été. Comme ces poissons se retrouvent de nouveau lorsque l’eau a reparu, il faut admettre qu'ils ont continué de vivre dans la vase humide recouverte par la croûte durcie de la sur- face. A côté de nombreux documents d’une nature purement scientifique, l'ouvrage en renferme d’autres qui ont une por- tée économique. Dans cette catégorie rentrent tous les dé- tails relatifs aux pêches. Ces renseignements se trouvent non- seulement mentionnés à propos de chaque espèce, mais l’au- teur a consacré en outre aux pêches et à la pisciculture un chapitre spécial dans lequel ces sujets sont traités avec un jugement très-sür. Les vingt planches qui accompagnent le texte renferment 36 figures coloriées et un grand nombre de détails en noir. Les dessins originaux ont été exécutés par M. Alph. Lunel, fils de l’auteur, qui a rendu les formes et les brillantes cou- leurs des poissons avec une exactitude scrupuleuse et une remarquable habileté artistique. La lithochromie a reproduit à son tour les figures avec une fidélité étonnante; aussi peut- on citer cet atlas comme un modèle d'illustration scientifique. La publication de l’ouvrage, qui a coûté environ 14,000 francs, s’est faite aux frais de souscripteurs ne fournissant qu’une modeste contribution annuelle de 10 francs! C’est un fait qui montre d'une manière frappante les services maté- riels que peut rendre aux sciences lesprit d'association. A. H. W. PEeTERs. UEBER DIE ENTWICKELUNG....... SUR LE DÉVELOPPE- MENT DES CÆCILIES ET EN PARTICULIER SUR CELUI DE LA CÆCILIA COMPRESSICAUDA. (Monatsbericht der Akad. der Wissensch. zu Berlin, janvier 1874, p. 45.) La femelle de Cæcilie que M. Peters a eu l’occasion d’étu- dier a été envoyée de Cayenne, où elle avait été prise nageant | i Ë ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 309 dans l’eau d’un canal. Peu d’instants après qu’on s’en était emparé, elle avait mis au monde un petit, et la dissection a montré qu’elle en contenait encore cinq dans une dilatation de ses oviductes. | Le nouveau-né et les fœtus, longs de 136 à 157 millim., ne présentent aucune trace de la frange en forme de na- geoire que M. J. Müller et M. Peters lui-même ont observée sur l'extrémité postérieure du corps des jeunes de l’Epicrium glutinosum. Mais ce qui est plus remarquable, c’est qu'iln’existe pas sur les côtés du cou la moindre indication des ouvertures branchiales que l’on voit chez les jeunes Epicrium. On ne trouve pas non plus à l’intérieur de feuillets branchiaux ni de fentes branchiales. Par contre, il naît de la région nu- chale deux vésicules, longues de 55"", lisses, de forme irré- gulière, en connexion l’une avec l’autre par leur base grêle et transversale, et recevant un tronc vasculaire qui se ramifie à leur surface. Il est impossible de rien dire de précis sur leur position primitive, bien que d’après leur forme convexo- concave aplatie l’on doive supposer qu’elles ont été étroite- ment appliquées contre le corps. Dans la cicatrice que ces vésicules laissent sur le cou en se détachant, on remarque de chaque côté un petit trou qui est la lumière d’un vaisseau ou d’une paire de vaisseaux en communicalion avec les arcs aortiques du même côté. | Ces vésicules sont évidemment des branchies externes, et rappellent tout à fait les branchies externes en cloches que Weinland a découvertes chez les larves de la Notodelphys (Opisthodelphis) ovifera du Venezuela dont le développement se fait dans une poche sous-cutanée du dos de la femelle. Bien que M. Peters n’ail pas encore pu reconnaître nette- ment les rapports des vaisseaux qui se rendent à ces ampoules respiratoires, les faits qu’il signale sont fort curieux et mon- trent des rapports intéressants entre les organes respira- toires larvaires des Cæcilies et ceux de certaines Rainettes. À. H. L'IP S . x 1h Re tie à ais À, Le Von 366 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Prof. P. BERT. RECHERCHES EXPÉBIMENTALES SUR L'INFLUENCE QUE LES MODIFICATIONS DANS LA PRESSION BAROMÉTRIQUE EXERCENT SUR LES PHÉNOMÈNES DE LA VIE. (Paris, G. Mas- son, éditeur, 1874. Ann. des Sc. nat., avril 1874.) Ce mémoire est, comme le dit l’auteur, la réunion logi- quement coordonnée de diverses notes qu’il a présentées à PAcadémie des sciences en 1871—1872—1873 (en partie ré- sumées, Archives, 1872, XLIIT, 194). M. Bert étudie expérimentalement les divers phénomènes qui accompagnent chez les animaux et les végétaux la dimi- nution et l’augmentation de la pression barométrique. Il y arrive au moyen d'appareils trés-bien construits et perfec- uonnés qui lui permeltent de soumettre même de grands animaux (chiens) à ces expériences. Les planches qui se trouvent à la fin du mémoire rendent un compte exact de leur disposition. Nous ne pouvons donner ici qu'un résumé succinct des nombreuses expériences de M. Bert et des principaux résul- tats intéressants auxquels il arrive, renvoyant pour les dé- tails au travail original. Quand la pression diminue, les gaz du sang diminuent; le sang contient moins d'oxygène et moins d’acide carbonique: ce dernier gaz ne s’accumule point dans ce cas dans le sang comme beaucoup d’auteurs l’ont prétendu. Les troubles physiologiques éprouvés par ies animaux sont ceux de l’asphyxie et sont dus, pour M. Bert, à la dimi- nution de la proportion d'oxygène. C’est à cette diminution de la proportion d'oxygène qu'il faut attribuer le mal de montagne et les troubles analogues que subissent les aéro- nautes parvenus à de bautes altitudes, comme MM. Coxwell et Glaisher. Si le mal de montagne se produit à une altitude bien inférieure que dans les ascensions en ballon, il faut en voir la cause dans la dépense d’oxygène produite par le F CN AO R VERRE EE GE PL st D, PAIN COTES U ei - ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 367 mouvement musculaire. La réserve d’oxygène du sang étant beaucoup moindre quand on respire de l'air à pression fai- ble, il en résulte que les efforts musculaires dépensent très- vite cet excès d’oxygène et qu’il se produit des phénomènes d’asphyxie qui disparaissent aussitôt que, par le repos, le sang peut faire une nouvelle provision d'oxygène. Si c’était l’ac- cumulation de l’acide carbonique dans le sang qui était la cause des accidents du mal de montagne, comme le veut M. Gavarret et d’autres auteurs, pourquoi le mal de monta- gne ne se produirait-il pas à de faibles altitudes, le travail musculaire produisant dans ce cas-là tout autant d’acide C0? qu’à des niveaux plus élevés ? La plupart des aéronautes qui sont arrivés à de grandes hauteurs sans éprouver d'accidents, étaient immobiles et c’est généralement à propos d'un mouvement musculaire fait pour une cause ou pour une autre que, dépensant la réserve d'oxy- gène, l’aéronaute éprouve des accidents analogues au malde montagne, comme on peut le voir dans la description de l'ascension de MM. Coxwell et Glaisher. C’est aussi à la diminution de l'oxygène qu'il faut attribuer les convulsions de l’asphyxie; c’est à la pauvreté en oxygène du sang qui se rend à la moelle allongée qu'il faut attribuer l'excitation qui détermine les mouvements respiratoires. L’accumulation d’acide carbonique dans le sang produit un ralentissement, puis un arrêt des respirations, de l’insensibi- lité, mais jamais de convulsions. À ce propos, M. Bert insiste sur l'utilité dont pourrait être le CO? pour obtenir l’anesthésie chirurgicale, ce gaz n’ayant pas, comme d’autres anesthési- ques, une action délétère sur les mouvements du cœur, pré- senterait moins de danger que d’autres anesthésiques. C’est évidemment, dit M. Bert, la nécessité de lutter contre le froid, cause nouvelle de consommation d'oxygène qui ex- plique pourquoi dans nos Alpes glaciales le mal de monta- gne frappe la plupart des voyageurs à des hauteurs qui sont dans les Cordillières tout à fait inoffensives, ici la limite des 368 BULLETIN SCIENTIFIQUE. neiges perpétuelles est à 4800 mètres; là, à 2700 seulement. Il faut, dans les Alpes, pourvoir au réchauffement du corps en même temps qu'aux efforts musculaires de la marche. M. Bert a constaté que la température des animaux décom- primés s’abaisse sans qu’ils produisent le moindre travail extérieur et sans que l’air soit refroidi.Cet abaissement peut être de 2 à 3 degrés pour une diminution de moitié ou de deux tiers d’atmosphère en une demi-heure. Mais cela dé- pend du degré de décompression, de sa durée et de l’espèce animale. Les animaux soumis au contraire à des pressions plus ou moins considérables offrent une augmentation des gaz du sang et en particulier de l'oxygène et de CO?. Cette augmentation d’oxygène, quand elle est faible, peut amener une activité plus grande dans les phénomènes de combustion organique, et rendre des services dans le traite- ment de certaines affections pulmonaires. Mais, quand Ja pression est trop vive, quand la proportion d’O, qui norma- lement est de 18 à 20 centimètres cubes par 100 centimètres cubes de liquide, arrive à être de 28 à 30 centimètres cubes, il se produit des phénomènes convulsifs qui entraînent la mort de l'animal qui survient quand la proportion d'O arrive à 35 centimètres. L’oxygène en excès agit, d’après les re- cherches de M. Bert, comme un poison convulsif violent. L'oxygène en excès agit en diminuant les combustions or- ganiques: il ÿ a abaissement de température chez les ani- maux qui subissent cette influence. Les mêmes phénomènes se produisent à cet égard aussi bien chez les animaux à sang froid que chez les mammi- fères. M. Bert les a aussi observés chez les invertébrés et les végétaux. L’oxygène à haute pression arrête les phénomènes de putréfaction; ce gaz, dans ces conditions, deviendrait to- xique pour tous les organismes inférieurs qui jouent un si grand rôle dans le phénomène de la putréfaction. Les diminutions de pression s’epposent aussi à la germi- Le < Fr DE à LRO du TE d'en LP OL VUE LL AUS d'RO RÉ LE EE CU Ta « ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 369 nation et à la végélation ; une trop faibie pression d'oxygène asphyxie les graines comme les animaux, mais elle ne tue pas les graines et les empêche seulement de se développer. Les sensitives soumises à une pression de 25 centimètres meurent en une journée environ, à 50 centimètres elles de- viennent malades, à 60 elles continuent à se porter assez bien. — À 925 centimètres, dans de l’air très-oxygéné, elles vivent très-bien. Les modifications brusques de pression sont très-perni- cieuses aux animaux. Quand un animal soumis à une pres- sion de plusieurs atmosphères est subitement décomprimé, les gaz dissouts dans le sang pouvant être mis en liberté produisent des phénomènes d’embolies gazeuses et la mort. Cette action provoque souvent chez les plongeurs de graves accidents. M. Bert, étudiant les modifications apportées dans l’excré- tion de l’urée par la variation de la pression, montre que chez le chien la proportion d’urée diminue soitle jour même de la décompression, soit pendant la journée suivante. L’air com- primé diminue aussi considérablement la production et Péli- mination de l’urée. Une pression de huit atmosphères main- tenue pendant onze heures a fait tomber l’urée de 12 gram- mes à 3 grammes. Appliquant le résultat de ses expériences aux conditions générales de la vie sur le globe, M. Bert s’exprime ainsi qu’il suit : « 4° En dehors de la considération de température, il y a « pour les animaux et les végétaux, sur les hautes monla- « gnes, une limite infranchissable. Cette limite varie sans au- « cun doute avec les espèces, et la distribution géographique « suivant les altitudes trouve là une de ses causes. « 2 Il existerait, et à de faibles profondeurs, une limite « semblable dans les eaux de la mer si elles tenaient en dis- « solution l’oxygène et l’azote, suivant la loi de Dalton. Une « source d’air jaillissant au fond de la mer tuerait tout ce CAS hr TON CAL TEN, is UT sé " 7 res 370 BULLETIN SCIENTIFIQUE. « « qu’elle rencontrerait dans son ascension verticale. La diffé- rente richesse en oxygène des divers courants aux diffé- rentes profondeurs est peut-être pour quelque chose dans - la distribution géographique sous-marine. « 3° Aux temps géologiques primilifs, où la pression de - atmosphère devait être plus forte qu’aujourd’hui, les con- - ditions de la vie étaient fort différentes de ce qu’elles sont «< aujourd’hui et suroxygénantes, et si, comme le disent les - géologues, notre atmosphère tend à pénétrer de plus en « plus, en raison du refroidissement des couches centrales, - dans les profondeurs de la terre, nous marchons vers un « état asphyxique comparable à celui que donne l’ascension des montagnes élevées. « 4° Il est inexact d’enseigner, comme on le fait d’ordi- « naire, que les végétaux ont dû apparaitre sur la terre < avant les animaux, afin de purifier l’air de la grande quan- tité de CO? qu'il contenait. En effet, la germination, même celle des moisissures, ne se fait pas dans l'air assez chargé | « de CO? pour être mortel aux animaux à sang chaud. l « 5° Il l’est tout autant d'expliquer l’antériorilé des reptiles « par rapport aux animaux à sang chaud, par l'impureté de : l'air souillé de trop de CO? :; les reptiles, en effet, redou- - tent ce gaz plus encore que les oiseaux et surlout que les mammifères. » D° P. . L) D° F.-A. FoREL. EXPÉRIENCES SUR LA TEMPÉRATURE DU CORPS HUMAIN DANS L’ACTE DE L'ASCENSION SUR LES MONTAGNES. ss (Bulletin de la Société médicale de la Suisse romande, 1872 et 1873.) à Dans une première série d’expériences faites par M. le D” Forel sur le même sujet (analysées Archives, 1872, t. XLIIL. p.433), l’auteur signalait plusieurs causes d’erreur auxquelles il cherche à se soustraire dans sa seconde série d’expé- riences. Ce second mémoire est basé sur des recherches très- 50 j - ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 371 nombreuses : l’auteur, prenant la température du corps dans diverses régions, compare les résultats qu’il obtient et formule des conclusions. M. Forel n’a pas encore opéré dans les hautes altitudes où se produit le mal des montagnes. Il cherche à avoir d’abord une base fixe, résultant d’observations soignées faites à des altitudes faibles, et se réserve de faire les mèmes re- cherches pendant le mal des montagnes. L’abaissement de température, notée par M. Lortet et d’autres auteurs, n’a pas été observée par M. Forel qui signale, au contraire, une aug- mentation de température dans Pacte de l’ascension. Il est possible qu'avec une pression moindre les résultats seront différents, car M. Bert signale un abaissement de tempéra- ture avec l’abaissement de la pression (analyse précédente). Voici les conclusions de M. Forel: « [re Conclusion. Le mouvement musculaire de l’ascension élève la température du corps. « IL. L'état d'équilibre de température auquel je suis arrivé dans vingt et une expériences, où j’ai poussé le déploiement des forces musculaires aussi près que possible du maximum, a été en moyenne de 1°,34 au-dessus de la normale. « III. Plus le déploiement de forces musculaires est consi- dérable, plus est importante la quantité de chaleur déve- loppée. « IV. Je n’ai pas pu démontrer si l’élévalion de tempéra- ture due aux mouvements gymnastiques de l’ascension dimi- nue d'importance à mesure que la fatigue musculaire se fait sentir. « V. Toutes les conditions extérieures et physiologiques élant égales, la dénivellation étant la même, et le temps em- ployé étant semblable, la chaleur animale développée pendant l'acte de l’ascension est notablement plus élevée que celle développée pendant l'acte de la descente. « VI. Il n°y a pas moyen de constater par des expériences de la nature de celles que nous avons entreprises la trans- formation des forces vives, de la chaleur en travail mécanique, Q | à # “ > , ” ae " d'iobs in aie) did OS LÉ AMRERE nier OCR 372 BULLETIN SCIENTIFIQUE. de prouver que le travail mécanique effectué pendant l'acte de l'ascension provient de la transformation d’une certaine quantité de chaleur en travail mécanique. « VI. L’acte de l'ascension dans toutes les conditions où je me suis placé a élevé la température de mon corps. « VIT. L'acte de la descente élève de même la température animale. « « IX. L’état d'équilibre de température du corps est la ré- sultante de deux éléments : la production interne de chaleur, les pertes de chaleur périphériques. Ces deux facteurs sont : modifiés dans les mouvements musculaires des actes de l’as- cension et de la descente. « X. La production de la chaleur est augmentée en raison d'une part de l'intensité des mouvements musculaires, d’une autre part de la durée de ces mouvements. 4 « Je n’ai pas pu calculer d’une manière exacte la valeur de | cette production de chaleur. Dans une expérience elle a élé à an moins de 3,04 calories par minute. Cette valeur minimale est probablement très-éloignée de la vérité. « Quant à la valeur maximale, mes expériences ne me per- mettent pas de l’évaluer. « XI Dans l’état d'équilibre de température du corps, lélé- ment des pertes de chaleur est la résultante des trois facteurs suivants : « 4° L'état des fonctions physiologiques du sujet en obser-- vation : « 2° Les conditions de température, de sécheresse et d’agi- tation de l’air extérieur : « 3° La protection du sujet contre l’air extérieur par les vêtements. | | « Ces trois facteurs doivent être considérés dans les expé- riences qui nous occupent. F > 4 « XIL Les mouvements gvmnastiques déterminent chez l’homme les modifications suivantes aux fonctions physiolo- giques : ‘ 2 ré L à pr Pr an dé CAR à LM db Z00LOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 373 « 4° Le pouls s’accélère; le nombre des pulsations peut être plus que doublé ; « 2 La peau se vascularise et se réchauffe ; « 3° La sécrétion de sueur est augmentée ; «4° Le rhythme de la respiration est accéléré, le nombre des inspirations peut être doublé ou triplé. «Il en résulte que, toutes choses égales d'ailleurs, les pertes de chaleur sont considérablement facilitées. « XIIL Ces modifications dans les fonctions physiologiques n’interviennent que postérieurement à la production excep- tionnelle de chaleur due aux mouvements gymnastiques. Il en résulte que l’état d'équilibre de la température animale est notablement relevé et que le corps est réchauffé. « XIV. L'air extérieur est généralement, à la montagne, plus froid et plus sec (humidité absolue) qu’à la plaine. Les pertes de chaleur en sont facilitées. De là, possibilité de mou- vements gymnastiques plus violents et fatigue moins grande pour un même déploiement de forces musculaires. « XV. L'effet de l'air extérieur peut être assez notablement influencé par les vêtements du sujet en expérience. « XVI. Les différences dans l’élévation de la température du corps accusées par le thermomètre dans les diverses lec- tures de la même expérience ou dans des expériences diffé- rentes sont dues aux causes suivantes : « 4° Différences d’intensilé des mouvements musculaires ; -« ® Différences dans l’état des fonctions physiologiques du sujet ; « 3 Différences dans les conditions de l’air extérieur ; « 4° Différences dans les vêtements. « Ces quatre actions peuvent se combiner ou se neutraliser dans leurs effets. « XVIL L’élévation de température due aux mouvements gymnastiques à été en moyenne dans les conditions où j’ai opéré : 374 BULLETIN SCIENTIFIQUE. « Dans les expériences d’ascension de 1°,34 au-dessus de la normale ; « Dans les expériences de descente de 1°,54 au-dessus de la normale. s XVIIL L'état de fatigue ne semble pas influencer cette élévation de température. « XIX. L'état de jeûne prolongé n’est pas un obstacle à cette élévation de température. « XX. Le corps suréchauffé par un violent exercice gym- nastique revient très-lentement à la température normale. « XXI. Dans les conditions physiologiques et physiques or- dinaires, le facteur des pertes de chaleur est moins actif et plus lent dans ses allures que celui de la production de cha- leur. » D' P. D' Durour. SUR LE MAL DES MONTAGNES. (Bulletin de la Société médicale de la Suisse romande, février 1874.) Dans cette note M. Dufour, se fondant sur les observations de M. Forel, pense qu’on ne peut point expliquer le mal des montagnes par l’abaissement de la température comme l'avait avancé M. Lortet. M. Dufour pense que le mal des monta- gnes, qu’il considère différent des troubles qu'éprouvent les aéronautes, provient de l'absence dans le sang des aliments ternaires qui servent à la combustion ; ce serait un ensemble de symptômes produits lorsque la dépense de combustion que le travail exige ne peut plus être couverte par l'absorption ou par la résorption continuelle du tissu graisseux. Le mou- vement musculaire en serait le principal facteur. C’est là une sorte d’inanition ; aussi le principal moyen d'éviter Le mal des montagnes serait de manger souvent, en choisissant surtout des aliments combustibles faciles à digérer et à absorber. Dans ce but, M. Dufour propose le sirop de glycose qui rem- plirait fort bien ce but, et dont il recommande l'essai aux membres du Club alpin. L’explication théorique que M. Du- DEOT A TAUNTNT Te CRT T NT PE, 1,2 L''AL N'a LL "nn nt le F4 ATY: + LS 14} a LT "PONS EUR k ss ira T + L A t ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 379 four donne du mal des montagnes est très-analogue à celle qui est formulée dans le travail de M. Bert (analysé ci-dessus). DE D' A. MANOUVRIEZ. RECHERCHES CLINIQUES SUR L’INTOXICATION SATURNINE LOCALE ET DIRECTE PAR ABSORPTION CUTANÉE. (Thèse de Paris, 1873, éditée chez A. Delahaye, 1874.) L'auteur cherche à démontrer dans ce travail, contenant une collection de faits intéressants et bien observés, que souvent les accidents de paralysie dus à l'intoxication satur- nine sont le résultat d’une absorption cutanée «lu plomb et d’une action directe de ce poison sur les extrémilés ner- veuses. Trois auteurs avant lui avaient, comme le dit M. Ma- nouvriez, signalé quelques faits conformes à cette doctrine, ce sont MM. Fiévée, Ladreit de la Charrière et Frank Smith ; mais, d’un autre côté, l'absorption du plomb par voie cula- née est contestée par beaucoup d’autres auteurs. M. Manouvriez, qui a borné ses recherches à l'observation clinique et n’a pas expérimenté sur les animaux, a pu r'e- cueillir trente observations dans lesquelles la paralysie affecte les parties plus spécialement en contact avec la matière toxi- que ; c’est, par exemple, la main droite chez les droitiers, la gauche chez les gauchers ; ce sont certains doigts, plus spé- cialement en contact avec les préparations saturnines, qui sont paralysés, à l'exclusion des autres. Nous ne pouvons insister longuement ici sur les détails de ce travail fort intéressant au point de vue médical, hygié- nique et physiologique, et nous nous contenterons d’en don- ner les conclusions : « 1° A côté de l’intoxication saturnine générale et indi- « recte par absorptions digestive et pulmonaire, il existe une « intoxication saturnine locale et directe, par absorption cu- tanée, atteignant les parties immédiatement en contact avec « le plomb. Pr reg + À PAT Sr ti: MP PNR ANT Er ES PE TRIO > LS > à KE 376 BULLETIN SCIENTIFIQUE. « 2° Cette intoxication locale se manifeste par des douleurs - névralgiques, articulaires et musculaires, des crampes et du tremblement, des fourmillements, de la paralysie sensitive et motrice et de l’atrophie. « 3° Celte intoxication locale, qui, dans la plupart des cas, coexiste avec l’intoxicalion générale, peut néanmoins dans cerlains cas exister seule. « 4° Ces accidents saturnins locaux pourraient être avan- tageusement combattus par un traitement local externe et prévenus par des précautions hygiéniques tendant à pré- server la peau des ouvriers du contact des préparations plombiques. « 5° Peut-être serait-il nécessaire d’apporter la plus grande circonspection dans l’emploi des préparations saturnines appliquées sur la peau. » DE. e æ e ” e = ES = BOTANIQUE. J. BURDON-SANDERSON. SUR LES PHÉNOMÈNES ÉLECTRIQUES QUI ACCOMPAGNENT L'IRRITATION DE LA FEUILLE DE LA DIONÆA MUSCIPULA. (Proceed. royal Soc., V, p. 24, n° 147, 1873.) L'étude des mouvements des végétaux a fait un grand pas dans ces dernières années. On a, en effet, réussi à établir qu'ils résultent des changements de tension qui se produisent dans les tissus, soit spontanément, soit accidentellement. Ces tensions résultent elles-mêmes de la turgescence inégale des cellules dont les parois absorbent l’eau qui les baigne, ou l’abandonne, au contraire, en vertu d’une propriété spéciale de leur substance et sous l’influence des forces physiques, telles que la lumière, la chaleur, sans doute aussi l'électricité. Les recherches les plus récentes, par exemple, semblent bien avoir établi que la chute et l'érection des feuilles et des folioles de la sensitive résultent d’un déplacement d’eau qui BOTANIQUE. 311 gonfle alternativement les coussinets supérieurs et inférieurs de la base des pétioles et des pétiolules. La rotation des tiges volubiles, des vailles, l’héliotropisme des tiges et des feuilles, etc., tiennent aussi à ce que la ten- sion variable des tissus courbe les organes tantôt dans un sens, tantôt dans un. autre. Par contre, on est loin encore d’être aussi avancé en ce qui concerne les mouvements re- marquables dont les feuilles de la Dionæa muscipula sont le siége et qui n’avaient guère élé étudiés jusqu'ici. On sait que les feuilles de cette plante se terminent par un limbe formant deux surfaces concaves qui ont la faculté de se refermer violemment l’une contre l’autre, comme deux valves, au moindre attouchement des poils qui les recou- vrent, et qu’on suppose doués d’irritabilité. Les insectes qui s’aventurent à la surface des feuilles sont infailliblement victimes de leur imprudence et périssent étouffées entre ces redoutables valves qui restent fermées pendant un temps assez long. M. le professeur Burdon-Sanderson a eu récemment l’oc- casion d’étudier l’état électrique de ces singulières feuilles. On peut regretter qu’il n’ait pas joint à ses expériences et à ses observations physiques une étude de la structure anato- mique des tissus sans laquelle on ne saurait comprendre le mécanisme du mouvement. [l ne nous dit pas non plus siles courants électriques, dont il a reconnu l'existence dans des feuilles détachées de la plante, existaient déjà dans ces feuilles non encore séparées. Néanmoins ses expériences très-variées ont évidemment une grande importance et semblent bien prouver que l'électricité joue le rôle principal dans les mou- vements en question. En intercalant tantôt le limbe, tantôt le pétiole d’une feuille vivante dans le circuit d’un galvanomètre, l’auteur a d’abord reconnu l'existence de deux courants permanents de sens inverse, dont l'un parcourt le limbe de la base au sommet, ARCHIVES, 1. XLIX. — Avril 1874. 26 378 BULLETIN SCIENTIFIQUE. tandis que l’autre est dirigé de la base du limbe à la base du pétiole. Il nomme le premier courant foliuire, et le second courant pétiolaire. Ces deux courants ne sont pas sans s’influencer mutuelle- ment, car l'intensité du courant foliaire augmente lorsqu'on diminue la longueur du pétiole. L’intensité du courant foliaire augmente aussi lorsqu'on fait agir sur le pétiole une faible pile de Daniell dans le sens du courant pétiolaire, et elle diminue, au contraire, si ce courant artificiel chemine de la base au sommet du pétiole. Après avoir ainsi reconnu ce qu’il pense êlre l’état élec- trique normal des feuilles, l’auteur a étudié les changements produits dans cet état par l’attouchement des poils et à l’in- stant de la fermeture des valves qui en est la conséquence. Voici comment il résume lui-même les résultats de cette étude. a) Une feuille étant placée entre les électrodes, de telle sorte que le courant foliaire normal se traduise par une dé- viation à gauche du galvanomètre, on laisse une mouche s’avancer vers les valves (concave surfaces). On observe alors qu’à l'instant où l’insecte arrive au contact des poils, l’aiguille du galvanomètre tourne rapidement à gauche en même temps que les valves se referment l’une contre l’autre; b) La mouche ainsi emprisonnée ne reste pas immobile. A chaque mouvement qu’elle fait l'aiguille tourne à droite, puis s'arrête un peu plus à gauche que précédemment pour re- prendre ensuite sa position précédente; c) Les mêmes phénomènes peuvent être reproduits artifi- ciellement en touchant avec un pinceau les poils sensibles d’une feuille encore ouverte ; d) Le même effet se produit aussi lorsque l’on pince lé- gèrement la feuille fermée avec une pince à pointes de liége; e) Le pétiole encore attenant à la feuille étant placé sur les électrodes, le courant pétiolaire est augmenté toutes les ce ‘+ RE ol BOTANIQUE. 379 fois que l’on irrite la feuille par l’un des moyens indiqués ci- dessus ; f) Si l’on place entre les électrodes un limbe dont on a coupé la moitié, l'aiguille du galvanomètre tourne encore à droite lorsqu'on irrite les poils sensibles en les touchant avec un pinceau ; g) Une feuille ouverte étant placée sur les électrodes du galvanomètre, comme dans la première expérience (a), on perce l’une de ces valves avec deux pointes de platine pou- vant fermer le circuit de la bobine secondaire d’un appareil à induction de Dubois-Raymond. On observe alors que lai guille tourne à droite chaque fois que le circuit secondaire est fermé pour reprendre ensuite ses positions primitives, comme cela à lieu après une irritation mécanique ordinaire. Le résultat est le même lorsque le sens du courant induit est intérverti. On peut même répéter celte expérience un nombre indéfini de fois en ayant soin, cependant, de luisser un inter- valle de dix secondes entre les épreuves, sans quoi il ne se pro- duit aucun effet; h) Si la portion de la partie concave de la feuille la plus voisine du péliole est excitée par quelque action mécanique ou électrique, la déviation à droite est toujours précédée d’un saut de l’aiguille à gauche, soit dans le sens du courant fo- liaire normal. Cet effet n’a pas lieu lorsqu'on irrite toute autre région de la portion concave: ï) La déviation à droite n’a jamais lieu qu’un quart ou un tiers de seconde après l’excitation mécanique ou électrique qui la détermine. C. de C. Van BEMMELEN. REPERTORIUM ANNUUM LITTERATURÆ BOTA- NICÆ PERIODICÆ. (Tomus primus, 1872. Harlem, 1873). Il est toujours relativement facile à un savant qui traite une question spéciale quelconque, de retrouver les titres des pu- blications antérieures sur le même sujet. Ce qui l’est moins, L' y "5 « FA SA INÉ PSS Are TAF d@s FA 4 Ex Ts + . gs : a 7° TN Û «7 * 0 "y L Ge << = y# ft 14 + Tes Le » ‘ ue JL Pig - ; PCLAR TE. UPS 380 BULLETIN SCIENTIFIQUE. : c'est d’être parfaitement au courant de la littérature scienti- fique tout à fait contemporaine. Il existe maintenant tant de publications périodiques en diverses langues qu'il est pres- que impossible de les parcourir toutes et d’être, jour après jour, au courant des travaux les plus récents. Une publication venant à-la fin de chaque année donner la nomenclature complète de tous les travaux scientifiques qui ont marqué son cours, rendrait donc de grands services. C’est ce qu'a fait pour la botanique M. van Bemmelen, bibliothécaire de la So- ciété Feylérienne à Harlem, dans la première partie de son Repertorium, relative à l’année 1872. Pour rendre son œuvre encore plus complète, il a à la suite de chaque mémoire cité, mentionné toutes les publications périodiques dans les- quelles il était reproduit, analysé ou même simplement in- diqué. La division parfaitement logique du sujet (empruntée au Traité de botanique de M. Sachs), la table alphabétique des noms d'auteurs rendent les recherches dans le Repertorium très-faciles. Nous ne doutons pas que cette publication ne rende de vrais services, et nous espérons que M. van Bem- melen la continuera et nous donnera bientôt le volume re- latif à l’année 1873. M. M. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de : | M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE MARS 1874. Le 5, forte gelée blanche le matin. 6, gelée blanche le matin. 3 9, fort vent du SO; pluie le soir. | % 10, de 7 h. à 71/, h. du matin, giboulée de neige par un fort vent du SO ; la plaine 4 en est blanchie pendant une heure. 2e 11, neige le matin de bonne heure, hauteur 35mm, 13, neige dans la matinée, hauteur 70m ; la neige tombée le 13 ne disparaît en- tièrement dans la plaine que le surlendemain. 18, forte gelée blanche le matin. 21, assez forte bise depuis 10 h. du matin. F 22, gelée blanche le matin. É ÿ 23, forte bise dans l’après-midi. A ä à 24, forte bise tout le jour. M: 26, 27, 29 et 30, gelée blanche le matin ; le 30 à midi, halo solairé. Les observations limnimétriques de ce mois présentent des lacunes qui sont dues à : un dérangement de l'appareil ; l'échelle restait accrochée aux fils qui servent à la de à guider, en sorte que depuis le 1e" mars l'index accusait constamment le chiffre de 68cm, le flotteur et l’échellé ne suivant pas le mouvement de l’eau. Une détermination 5 du niveau de l’eau faite le 16 a permis de constater ce dérangement ; le niveau de l’eau était à —2m,22 au-dessous du repère de la pierre du Niton, la lecture correspon- dante du limnimètre aurait dû être 62,5, d’après la détermination, du zéro de l'é chelle faite le mois précédent, tandis que l'index marquait 68cm, comme cela avait de eu lieu depuis le 1e mars. Le limnimètre a été réparé les jours suivants, et à partir | du 21 les observations ont pu être faites comme de coutume, le zéro de l'échelle se rapportant à la cote —2",845 au-dessous du repère de la pierre du Niton, de même ARCHIVES, L. XLIX. — Avril 1874. ; 27 ES en DEEE 2, que pour les observations des mois précédents. En effet, d’après la moyenne de deux déterminations, faites le 28 mars entre 11 h. et midi, le niveau de l’eau était à — 92m,220 au-dessous du repère de la pierre du Niton, en même temps que l’index accusait la division 62,5 sur l'échelle, A défaut des indications du limmimètre, qui ne peuvent pas être utilisées pour les 20 premiers jours, on a pu faire usage pour un certain nombre de jours des lectures faites à l'échelle de la machine hydraulique, en tenant compte de la différence entre les deux appareils ; la lecture de l'échelle de la machine hydraulique n’a malheureusement été faite régulièrement tous les jours qu'à partir du 21, et il n'y a avant cette date que quelques lectures isolées, qui permettent cependant de combler en partie la lacune causée par le dérangement du limnimètre. La moyenne des 41 derniers jours du mois donne 5° pour la quantité dont les indications du limnimètre sont plus fortes que celles de l'échelle de la ma- chine, d’après les lectures quotidiennes des deux appareils, faites à peu près à la même heure, et l’incertitude sur cette différence n’atteint pas un demi-centimètre. Cette correction de + 5% a été appliquée aux lectures faites à l’échelle de la ma- chine du 1 au 20, et le chiffre ainsi obtenu, inséré dans la colonne du limnimètre, ne peut s’écarter que fort peu de celui que l’on aurait observé directement au limni- mètre, si l'appareil n’avait pas été dérangé. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. mm [1] mn PeRGMADIN matin e-.2. 737,12 Le 140/à 6/h matin 21... 716,76 14 à 10 h. matin ..... ho) 10 19 à 4h. après midi...... 726,90 22 06h matin ee te INIOD 04 * 25 à 4h. après midi .. ..….. 726,03 AA 10, Herman ere. 734,87 28 à 4 h. après midi ...... 731,85 DS Emma sn e, 734,36 31 à 4 h. après midi ...... 730,06 e “not E 19 IPUU MU 917 ‘'U LE & AUN SOIR} ‘S91N199] XN9p 9p auu9LO ej R aJodder 95 MIO 9j ‘FE np amaed Y , «Lt er, Lé Fr ren “r L _—— 22Ss RETITTI AE " ss 20 Limnimètre aa” LOT EL Pac O fr -TOS p'P 1068 | 067 |18e | L67 gr +198 |eroir ‘ossi "| ‘°° 1068 |06 |7SI—| IL FE — || go'o l'oraemea +") "| 006 | 066 |611— | 109 Or +08 |LL'O| 1e g | 60 | 008 |0f€ |YGI— | 709 0 +162 |100\1 N:'l """|0g8 |OLr |861— | LES 60 +|s'z |€0'01r "Nil "1068 | OF |SYI— | LSG 60 +]|L'L | ec OF ‘ANN |": ‘08 |09€ |SST— | GLS IST +108 |660!6 ‘ANN| ‘° 1068 007 |68 —| LY9 1GT +162 |97016 ‘NN ‘018 |087 |c9 —| 929 = — | 9$'OT “ANN |" '| °°" |0€6G lOFr 18€ —| cOL ge +89 |0FO|E ‘NN “7° fO8L |0Y€ [OL | 999 Fr igz |o98'oir ‘ossis | sr |oLL : 089 | 98 —| 889 Cr +92 |S8e0| NF | 90 |OL8 |088 | LG — | GIZ F0 +19 |ro'al creme | --:|086 | 02e | 6€ — | 602 | 0‘0 eg |ce‘o | oran". ++ 1016 067 | ec + | LL so —|1'e |ISO0 | Net "1196 !004 | 087+ | 588 — — || 007 | °rqUrma &0 106 :06S |6€ + | £6L IL'O—|ge | 40011 °N **: 106 :0€9 | «9 + | 818 LYT —)9%7 | IL'O) stars | ve | 096 009 | £6 + | 168 190 —|7e |8£'o| #1qenuea | :-: 016 009 | 8€ + | 861 go —|9'g ‘L'O9InTA IT | 0r 006 : 089 ! 17 + | £O8 I TO —1|1S 169"01F ‘OSS}Ir | rs |0L6 !06€ | SOT— | 689 go +|ro i8'ols ‘OSSiIr | z'o |OL8 .0cr |£31—| 879 le — 600 IT ‘OSSI: '| ‘" |OTR :O7E |S87— |rERS #0 + | 39 : 00‘0 | orqurea | ** JOLL 006 S1e—| Gse #0 + |0'9 1 Y0°0 L 'N| 064 [006 |:098—| £IS Lg'O +) 79 LIGOÏT AN") :"")088 |01r |6cr— | L79 180 +|go #90! ‘Ni! lors | 06 l'or —| 662 180 +|g9 |O0TIE ‘Nie | r‘r |OYG | 018 | STI | L68 LC + es |O0'TIT “NNIZ | 8'o |066 |07L |-16 + | 9L8 HN | —|O0TIFT ‘Ne |-£'r |0L6" |OT8 |'6r1-+) 166 [eo o || | | ur , , VEN CORRE RE SR D a apemuaou “IQr | 2 =. dE RtTaE UaOU |. pa Loan | PIN ER LA | 2 Loue jusen turn be | 500 AIG four —IWOP 5 | way IUIG ne, | REINE mm, sta - auQ4y np “dmog| 2") AE L | eB180 nO8MG | SUN qu Ua uotyeanyeS dp ‘181 ] De 0— | c6r 061 | 8€ + [81 0— 126% | 0‘LI+ | 0 + 1660— | 78 y | L'91+ | ST + crO+|9rS FLE | 0e + 8s'o—|€err |8'81+ | 0'0 98 0— |31y o‘gr+ | L'O — Sr LE GUTE V0 = Ge'0— | LEFT NOTE T | OF + GL'O+ | #96 Al0o'ÿr + | TL + 16'0— | G9'7 | S'er-E | 9°r — ro 1— | 61€ |9'0r+ | 0 + 69‘o+ | 6r'S [Sr | ‘9 + 10‘ + 78 | rer | 19 + FROM ELITE LC es‘o+ |9ç'e |6SI+ : 0'E + L'OFFRE S 01 —= 18'0— 88e dcr + ler — GC l'ÉFE NES LI gui |#re [er + 97 — LL‘ | 68e Aro +91 — OFT— Se 10e + 19" — get | 98€ [6% + | 0 — OrOo—|LIY |O0'o1+ | GT + ca‘ t— |LS'e |9'or+ | 07 — 08'I—|GL'e ASE bre Soe— Re TL TIrE 61866 T9 + sh 01'o— | gr NL | Ke 90'+ | 6$0 169 + |SY + 9FI+|gSr9 |9'8 + 19° + F6 1+|cr9 [LL +10 + “que us (U o pus “LYS ISA sop || “anxerxg | “uruux ar | “20 RER “ea op uoIsuay, nt MÉUTAE / 91'G +|68"3r+ 602 + | 0S'1SL! 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U Ù to LU (D lredécade 4,58 + 2,24 + 453 + 619 + 6,79 + 7,09 + 5,90 + 413 Æ 3,33 DO» — 0,34 + 086 + 3,33 +: 286 + 6,50 + 6,84 + 5,01 + 3,68 L 254 ge » + 246 E 5861 + 917 11,53 413,06 13,41 14,69 + 9,52 + 8,20 Mois “+ 1,27 + 2,99 + 5,79 + 7,65 + 8,92 + 9,25 + 7,67 HE 5,90 + 4,80 Tension de la vapeur. mn nn nm min mn LOLET) mu) mir min tre décade 4,45 4,52 4,923 . A8 4,07 3,90 4,15 4,30 4,39 De 4,17 4,35 4,46 4,55 4,74 4,66 4,62 4,51 4,37 3» 4,63 3,13 4,80 4,51 4,61 4,16 4,60 4,88 4,96 Mois 4,42 4,69 4,51 4,42 4,48 4,24 4,46 4,57 4,59 Fraction de saturation en millièmes. {re décade 837 816 657 598 552 518 592 683 728 in 2e » 894 860 743 691 655 633 689 744 782 3e » 843 751 597 447 A5 381 455 552 616 Mois 857 807 649 579 536 506 D 74 656 706 Therm. min. Therm.max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre. du Ciel, du Rhône. ou de neige. 0 0 0 mm cm {re décade + 0,65 +. 7,72 0,53 + 6,05 8,8 65,3 2e » — 1,39 + 7,66 0,51 <+ 6,07 6,6 63,8 3% » + 4,87 414,69 0,30 + 7,93 0,9 65,2 Mois + 0,43 + 10,17 0,44 + 6,71 16,3 64,8 Dans ce mois, l’air a été calme 1,8 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,17 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 29,2 O., et son in- tensité est égale à 18,24 sur 100. TABLEAU | ; à DES UD a % 3 OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES 2 FAITES AU SAINT-BERNARD s pendant F \ £- Ÿ Le Mois DE MARS 1874. # . à Le 1°, brouillard tout le jour ; un peu de neige le soir, en trop petite quantité pour. PTE pouvoir être mesurée. va de 2 et le 3, brouillard tout le jour. a Du 4 au 7, ciel parfaitement clair. ke Le 9, brouillard tout le jour, forte bise; la neige commence à tomber le soir. DA 10, neige et brouillard une partie de la journée. Æ 41, brouillard et forte bise tout le Jour. : 42, brouillard et forte bise jusqu’au soir. à 43, brouillard et très-forte bise tout le jour ; il a un peu neigé le matin, mais neige a été emportée par le vent. AE me 15, brouillard, forte bise tout le jour. 16, brouillard tout le jour. 49, brouillard le matin et le soir. 20, neige et brouillard le matin. 21 et 23, un peu de neige le matin, qu a été emportée par la bise et n’a | pu être recueillie. 30, brouillard le soir. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. uit Le er à 6 h. matin... a DUT 3 à 10h: matin 9.225: N67,08 DU 7 à 40 hsoir. +... 4 670,82 D las midi à... 2007 808,0 9710 h. soir............ 569,43 PAPA 10 Bb: ed.) 2. 868.08 A17à 06h matin rent 90 4: 8h, matin..." 100l CRT RSR PAR le 4 eus due A ex " LAS à Le "inz LD, nil SAINT-BERNARD. — MARS 1874: È Baromètre. a | ——— —— = Hauteur | Ecart avec | Æ || moy. des | la hauteur | Minimum. | =: {124 heures.| noruale. | millim. millin. millim. | 4 | 563,41 | — 3,72 | 562,54 9 || 566,36 | + 6,68 | 565,17 | 3 | 867,44 | — 7,76 | 367,20 4 || 566,73 | + 7,06 | 566,64 5 || 565,83 | + 6,16 | 565,59 6 || 566,21 + 6,55 | 565,91 7 | 565,26 | — 5,60 | 565,09 | 8 | 562,72 | — 3,06 | 561,93 | 9 | 558,13 | — 1,54 | 556,11 | 40 | 552,49 | — 7,95 | 551,56 | 11 551,61 — 8,07 | 549,60 | 49 | 557,90 | — 1,59 | 554,73 | 13 || 560,09 | —. 0,39 | 558,37 | 44 || 565,43 | — 5,72 | 563,73 | 45 | 565,34 | 5,61 | 565,15 | 16 || 566,93 | — 7,18 | 560,24 | 47 || 569,57 | + 9,80 | 568,42 | 18 || 566,79 | + 7,00 | 565,08 | 19 | 562,38 | 2 2,56 | 569,92 | 20 561,46 | 1,61 | 560,58 | 21 || 564,23 | + 4,35 | 562,72 | 29 | 568,48 + 8,97 | 567,61 | 93 || 565,23 —+ 5,29 | 564,96 | 94 | 563,51 | + 3,53 | 569,92 | 25 | 561,64 | 1,62 | 560,83 26 | 566,24 | + 6,18 | 56426 27 | 569,01 | + 8,91 | 568,24 28 | 567,16 | + 7,61 | 567,82 29 | 567,39 | 719 | 566,11 30 | 567,45 | + 7,20 | 567,73 31 || 567,55 | + 7,25 | 567,03 Se * Ces colonnes renferment la PEAR MTS NS Es, ad le CPE \iaximum. millim. 564,63 567,92 567,93 566,94 566,16 566,47 065,57 263,01 259,22 553,28 554,09 560,65 562,55 566,12 566,09 567,90 270,32 568,38 562,85 562,15 565,72 368,91 565,79 564,23 562,91 568,09 plus asse et. Température C. Moyenne |Ecartavecla des 2% heures, | normale. (D | û — 4,60 | + 3,63 — 4,47 + 3,70 — 8,60 — 0,49 — 8,74 -— 0,69 —10,14 — 9,15 — ‘9,81 | — 1,89 — 8,71 — 0 86 — 5,66 | — 0,88 —10,31 — 9,60 —11,41 — 3,11 —18,00 | —10,44 —19,41 | —11 93 —16,21 | — 8,81 —1416 | — 6,84 —10,16 | — 2,93 — 6,65 | + 0,49 HA 410 | CG + 1,18 —+ 8,09 RAT Ta a re — 5,29 + 1,57 — 6,68 | — 0,01 — 0,19 | + 6,38 — 3,517 | + 2,90 275,88 | 0:49 — 4,56 +- 1,70 SR NT D A NC — 41,59 | + 4,46 2,52 | — 3,42 + + + | | tempéralure| Minimum" —] b) 6 9 —12, 2 —12 ©0 =1 Go à ho © O0 1 © We RO - Use Lo 1 Co: RIRE ONTGÉ l Pluie où neige. LL Re PR ee DIN ER CRE Hauteur Eau Nombre s mi Sa Maximum Dee pape a OT dominant. Ciel. n millim. | millim — 92,4 | ...…. Se. ne SO. 1 | 0,96 — 0,5 54 Shine os SO. 1 | 0,90 — ,4 ss ES Sat SO. 1 0,82 — 4,3 ER de À LA ES NE. 1 0,10 — 6,1 || .... er “AA NE. 2: An Or ee ri RER PANNE 4-0 0N — 3,4 || ..... TR BEA NE. 1 0,00 — 5,0 : À Sartre ES SO. dl 0,11 — 8,9 ee tar RORE SO. 2 | 0,97 ==279 95 7,6. ne variable 0,84 —16,0:|8. 07 PRE Lis ES NE. 2 | 0,96 ÉtT0 Er e PA ce PE NE. 2 |0,74 —17,2 FE SE Nes Cu NE. 3 | 0,90 —11,4 REA era AE TAS NE. 1 0,01 2710 EE Re RENE PS0 D — 5,0 || ....…. ST Le NE. 1 | 0,96 ele ME 2. JaNE:S à 410,09 + 5,7 RÉ da Ro _ NE. 1 0,02 —— 1,6 RASE. ; ÉC se NE. Il 0,66 0 40 G6. JR x NE. 4 |053 Ar] ne FRE NE. 2 | 0,28 LE 9,80 ne TATE NE. 4 | 0,28 ET Re Re ee Pen Re PR er en nT — 3,0 Do Le AE Sarre NE. 1 0,32 — 0 SRE FOR Etre NE, 1=80 47 — 1,1 MAPR Aire ee NE, 4 | 0,03 D EPA | fée CAE NE. 1 | 0,00 MES 1 | 0,33 + 14 4 | 0,16 3 + 50 1 | 0,34 + 3,1 | 0,0 MOYENNES DU MOIS DE MARS 1874. De. À À | üh.m. Sh.m. 40h. m. Midi. 2INS. #h.s. Gh.s. Sh:s-101De Di P=. : Baromètre. $ - mm mm mm mm mm mm rom mm mn _ re décade 563,53 563,62 563,63 563,63 563,49 563,44 563,39 563,43 563,37 EN 2e » 361,85 562,03 562,40 562,69 562,85 562,96 563,23 563,37 È 3e » 56602 566,08 56625 566,25 566,16 566,19 566,35 566,53 Mois 563,87 563,98 564,16 564,26 564,23 564,26 964,39 564,57 564,65 Température, 0 0 0 0 0 ? 0 0 0 0. dre décade— 9,83 — 8,55 — 6,46 — 6,14 — 5,42 — 6,60 — 8,80 — 9,74 —1045 D, —11,53 — 9,61: — 8,77 — 7,78 — 17,35 — 8,07 — 9,43 — 9,92 = 104000 3e » — 5,75 — 3,61 — 2,30 — 0,46 — 0,00 — 0,12 — 92,71 — 3,53 — 408 Mois — 8,93 — 7,14 — 5,73 — 4,65 — 4,12 — 4,69 — 6,75 — 7,60 — 8,0 Min, observé.” Max. observé." Clarté moyenne Eau de pluie Hauteur dela du Ciel. ou de neige. neige tombée, | U 0 min mm Are décade —10,56 — 4,97 0,48 7,6 95 % » —11,93 Ten 0,58 3,6 40 3% » — 6,12 +0,69 » 0,33 3 _ Mois — 9,43 — 3,73 0,42 11,2 135 Dans ce mois, l’air a été calme 1,4 fois sur 100. Le rapport des vents du NE, à ceux du SO. a été celui de 4,24 à 1,00. | La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45 E., et son à tensité est égale à 76,7 sur 100. * Voir la note du tableau BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME XLIX (NOUVELLE PÉRIODE ) 1874. — N° 193 à 196. Pages Note sur la surface des ondes, par M. Ch. Cellérier. 5 Étude sur les seiches du lac Léman, par M. le pro- fesseur, PA POP en ee iayraite 24 Note sur quelques faits de la structure des chaines centrales des Alpes, par M. Charles Lory . . . . 89 Sur une variation de température qui accompagne la diffusion des gaz à travers une cloison de terre poreuse, par M. le professeur L. Dufour . . . . 103 Note sur une prétendue connexion entre les éclipses | solaires et le magnétisme terrestre, par le Père François Denza. . . . . . 4e MN A ES EME 2 134 Résumé d'observations spectroscopiques du Soleil faites à Genève, par M. Emile Gautier. . . . .. We L'expédition scientifique du navire de S. M. Britan- nique le Challenger . . . . . . . . . . . : . .. 189 Bases oxygénées distillables dérivées du glycol et des amines aromatiques, par M. Eugène Demole. . . 281 Recherches sur la diffusion qui se produit entre l'air sec et l'air humide à travers une paroi de terre poreuse, par M. le professeur L. Dufour . . .. 316 Spectroscope à oculaire fluorescent, par M. J.-L. Sorel: PAPAS ES 070.10 aa dù RENTREE 338 Des manomètres différentiels à deux liquides, par M'Arthue Aohard 40e 344 Notice nécrologique sur Adolphe Quetelet, par M. Alfred Gautiéh ei... 1 SN nflele 390 TABLE DES MATIÈRES. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. H. Streintz. Modification apportée par le passage du courant à la longueur d’un fil conducteur......... Prof. Tyndall. Sur la transparence et l’opacité acousti- EE TAMMPEQNETE 25e Lee CES rO re en 0e H. Serrano y Fatigati. Recherches théoriques et expé- rimentales sur la diffraction du son.............. O. Reynolds. Action brisante d’une décharge électri- tue anirivemme leu... RENE A EU J.-N. Lockyer. Recherches d’analyse spectrale relative- ment'au SpeCHB Soir 5. Lun 6 lose eou site M* de Salisbury. Sur les lignes spectrales à une basse RD TE nn nada cre e ER Eïlhard Wiedemann. Sur la lumière réfléchie par l’hy- permanganate de potasse .....:................. D° D. Macaluso. Recherches sur la polarisation des élec- trodes par le chlore et l’hydrogène...........,... A.-W. Bickerton. Sar une nouvelle relation entre Ja Chaleur et l'électricité statique ..............,... V. Raulin. Régime pluvial de la zone torride......... J. Plateau. Statique expérimentale et théorique des li- quides soumis aux seules forces moléculaires . ..... À. Kundt. Dichroïsme temporaire produit par extension. 0.-E. Meyer. Recherches hydrauliques ............. CHIMIE. G. Wiedemann. Sur les proportions dans lesquelles se combinent les bases et les acides en présence dans DRE One RS SL CE ce Mure ce Prof. D° V. Meyer. Des combinaisons nitrées de la série UE MURS TT PORT NSP OR STL CS ARLES TEE RATE Traube. Théorie de la fermentation................. Ador et Rilliet. Analyse d’un silicate d’alumine hydraté trouvé à Collonges, près le Fort-de-l’Ecluse ....... A. Gautier. Réaction du chlorure d’argent sur le biio- D: He PROSBROPD ne ne PM eus dojo eo /ÉÈ MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE. … Victor Thiollière. Description des poissons fossiles pro- venant des gisements coralliens du Jura dans le Bu- gey.— Comte de Saporta. Notice sur les plantes fos- siles du niveau des lits de poissons de Cerin. — Fal- 214 TS NE UT RAS TABLE DES MATIÈRES. 391 san et Dumortier. Note sur les terrains subordonnés aux gisements de poissons et de végétaux fossiles. .. 154 FE. de Hauer. Carte géologique générale de la monar- chie austro-hongroise, 1867-1873................ 244 ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. Ernst Haeckel. Sur la Morphologie des fnfusoires.— Sur quelques Infusoires pélagiques.— 0. Bütschli. Obser- vatiofs sur les Infusoires.— Edouard Everts. Recher- ches sur la Vorticella nebulifera. — Wladimir Alenit- zin. Wagneria cylindroconica... Un nouvel Infusoire. 67 ques et hémiopie. — Prof. D. Michel. Structure du chiasma nervorum opticorum.— Brown-Séquard. Re- cherches sur les communications de la rétine avec l’encéphale. - Büiesiadecki. Du chiasma, etc. — D” Pawlowsky. Du chiasma optique................. 156 E.-G. Balbiani. Observations sur le Didinium nasutum.. 159 Prof. E. Cyon. Des fonctions des canaux semi-circu- iresde loreile: RAR OR CE Rbes: 162 D' E. Dupuy. Examen de quelques points de la physio- logie du cerveau. — D* Carville et Dupuy. Notes à rSacvié'de Biologie... 163 P.-Martin Duncan. Description des coraux dragués pen- dant les expéditions du Porcupine en 1869 et 1870.. 253 Fritz Müller. Recherches pour servir à l’histoire des MP eS ss 2 A M aOe ue en te 254 Hermann Schmidt. Contribution à la pathogénie de la né- vrite optique par stase sanguine. — G. Schwalbe. Re- cherches sur les voies lymphatiques de l'œil et leurs enveloppes. — Le même. Les voies lymphatiques de l'œil. — W. Manz. Sur les affections du nerf optique par suite de maladies encéphaliques.— Le méme. Sur les phénomènes de la pression intracranienne obser- vés dans l'œil. — Le méme. Maladies du nerf oplique dans les affections cérébrales. — ‘Jul. Michel. Contri- butions à la connaissance des voies lymphatiques pos- térieures de l’œil. — Wolfring. Contribution à l’histo- logie de la lame criblée de la sclérotique.—Th. Leber. Etudes sur l'échange des liquides dans l’'œil.— 1gnaz Barbar. De quelques formes rares d’affections syphi- Htinnes des vent... APE a nan muets 259 R. Heidenhain. De Y'arythme du cœur .............. 265 D' Martin-Damourette. Antagonisme de Péserime avec elle-même et avec l’atropine. — M.-J. Bossbach. Re- cherches pharmacologiques. — M.-J. Rossbach et TABLE DES MATIÈRES. Frœhlich. Recherches sur l’action physiologique de l’atropine et de la physostigmine sur Ja pupille et le cœur. — H. Kæhler. Recherches expérimentales re- latives à l’action de la fève de Calabar sur le cœur et remarques sur larythmie.— D° Luigi Luciani. Fonc- tion périodique du cœur de grenouille isolé du corps” G. Lunel. Histoire naturelle des poissons du bassin du Léman . W. Peters. Sur le développement des Cæcilies eten pat ticulier sur celui de la Cæcilia compressicauda . ... Prof. P. Bert. Recherches expérimentales sur l'influence que les modifications dans la pression barométrique exercent sur’les phénomènes dela vie . :2...2704 D° F.-A. Forel. Expériences sur la température du corps humain dans l’acte de l’ascension sur les montagnes. D° Dufour. Sur le mal des montagnes... “a D' A. Manouvriez. Recherches cliniques sur l'intoxica- tion saturnine l6cale et directe par absorption cutanée + BOTANIQUE. Genevier. Premier supplément à l’essai monographique sur les Rubus du bassin de la Loire................ Godron. Des hybrides et des métis de Datura, étudiés | spécialement dans leur descendance... An Godron. De l’origine probable des poiriers cultivés. Clos. Des caractères du péricarpe et de sa déhiscence pour la classification naturelle. . Hugo de Vries. Habitation du Stratiotes aloïdes . A. Merget. Sur des phénomènes de thermodiffusion ga- zeuse qui se produisent dans les feuilles, et sur les mouvements circulatôires qui en résultent dans l'acte de la respiration chlorophyllienne…............... d. Burdon-Sanderson. Sur les phénomènes électriques qui accompagnent l'irritation de la feuille de la Dio- nœa muscipula ........... ES MS SN Van Benmelen. Repertorium annuum Litteraturæ bota- ICE DEMO ERNEST Le PERRET OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES faites à Genève et au Grand Saint-Bernard : Observations faites pendant le mois de décembre 1873. Idem. pendant le mois de janvier 4874... Idem. pendant le mois de février........ Idem. pendant le mois de mars.,....... CPE 4m PET RS S 6 | Garden Libra DL all (UNIL PES © LP 4 il de » gares Le LR T