ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES LA HATAN DUPLICATA DE LA BIBLIOTHÉQUE 102: Q) U H: T PERRET DU CON SERVATOIRE BOTANIQUE VENDU EN 1922 DE GENEVE 2 Te Lg diù vr A ‘ # % » < ee ra BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE REVUE SUISSE ARCHIVES DES © SCIENCES PHYSIQUES ET MTURELLES NOUVELLE PÉRIODE TOME CINQUANTIÈME Liseary NEW YORK BOTAMMICAL GARDEN GENÈVE BUREAU DES ARCHIVES, RUE DE LA PÉLISSERIE, 18 LAUSANNE PARIS GEORGES BRIDEL SANDOZ et FISCHBACHER Place de la Louve, 1 Rue de Seine, 33 Dépôt pour l'ALLEMAGNE, H. GEORG, à BaLe DUPLICATA DE LA BIBLIOTHÉQUE ; DÜ CONSERVATORM BOTANIQUE DE GENEVE UN" VENDU EN 1922 | AUG 7 - 1923 LINTAaRY NEW YORK CONSTITUTION suramcal DANS LE RÉGNE VÉGÉTAL GARDEN DE GROUPES PHYSIOLOGIQUES APPLICABLES A LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE ANCIENNE ET MODERNE PAR M. ALPHONSE DE CANDOLLE. Jusqu'à présent on a associé les végétaux d’après leurs caractères botaniques, c’est-à-dire leurs formes et le dé- veloppement de ces formes, ou d’après leur distribution géographique. Le premier mode conduit aux classes, fa- milles, genres, espèces ; te second aux flores actuelles ou antérieures. Ni l’un ni l’autre de ces deux syslèmes ne s’adapte d’une manière satisfaisante à l'étude de la géographie bo- tanique ancienne. Les formes ont changé d’une époque à l’autre. Cer- tains genres ont cessé d'exister, d’autres ont paru, et dans deux époques géologiques, même successives, le nombre et l’assortiment des espèces analogues ayant changé, il ne faudrait pas les associer de la même ma- nière pour obtenir des genres vraiment naturels. Plus on découvrira d'anciennes formes fossiles — et assurément il en a existé des millions — plus nos cadres de classifi- cation seront jugés insuffisants. Les transitions embarras- seront tous les jours davantage, sans parler de l'incon- + 6 GROUPES PHYSIOLOGIQUES vénient de réunir en genres et familles des formes qui ont été des états successifs, du moins selon la théorie très- ancienne que tout être organisé est venu d’un être orga- nisé antérieur, rapprochée du fait, aujourd’hui certain, de l'augmentation dans le nombre des formes depuis les pre- miers temps géologiques. | Le groupement par pays est déplorable quand on multiplie les flores ou régions. Toutes les tentatives faites dans ce sens ont montré que les terres et les cli- mats sont juxtaposés et même enchevêtrés de telle ma- nière qu’il existe fort peu de régions vraiment distinctes. Il faut recourir à de grandes divisions du globe pour ne pas tomber dans un dédale inextricable. Je conviens que les flores intertropicales d'Asie, Australie, Afrique et Amérique, ensuite celles des régions hors des tropiques dans l’ancien et le nouveau monde et dans chaque hé- misphère, sont des as$ociations à la fois géographiques et botaniques ayant un'certain degré d'unité. Ces grands groupes ont été recommandés par M. Bentham dans un de ses excellents discours à la Société linnéenne de Lon- dres, et il a rappelé que plusieurs zoologistes ont proposé des groupes analogues très-vastes, pour la géographie zoologique‘. Dans toute classification les grands groupes ont l’avantage de présenter moins de transitions que les petits, la ligne qui sert de frontière étant d’une impor- tance moindre quand la surface générale est plus étendue, Mais la réalité des groupes géographiques, d'animaux et de végétaux, repose sur deux causes qui ont amené l’état actuel des faits : la distribution antérieure des êtres et les conditions physiques actuelles. Ces causes ont varié. Tel groupe maintenant isolé était naguère en contact avec un 1 Address, 1869. A SN ré RS LT nee ne ET, ET EN L Fi +: LR tu DES VÉGÉTAUX. 7 autre, Tel climat existe aujourd’hui dans une région qui régnait jadis ailleurs. Les distinctions les plus acceptables pour nos flores actuelles ne conviennent plus pour d’au- tres temps, même quelquefois pour des temps assez rap- prochés. Ainsi, la végétation des bords de la mer Médi- terranée, s’étendait jusqu’à Paris au commencement de l'époque actuelle, et la flore arctico-alpine, divisée au- jourd’hui entre les régions polaires et les sommités de nos montagnes d'Europe, règnait dans les plaines pen- dant la grande extension des glaciers, après avoir été, une fois déjà, distribuée comme elle l’est à présent. La-végé- tation des États-Unis méridionaux s’est promenée du 35° au 60% degré de latitude, et la flore intertropicale s’est avancée au commencement de l’époque tertiaire jusqu’à Londres. Les groupes géographico-botaniques actuels ne conviennent donc pas à l’étude de l’histoire des végétaux. Ils perdent leur sens et leur valeur à mesure qu’on envi- sage une époque plus éloignée de la nôtre. Les désignations tirées de la géologie ne seraient pas meilleures. Ainsi on pourrait appeler la flore méditerra- néenne pliocène, parce qu’elle ressemble singulièrement à celle des couches pliocènes du midi de la France et du nord de l'Italie avant l'invasion glaciaire, mais une flore analogue a été retrouvée dans le miocène, à Dantzig et au Spitzberg, répondant à une époque où le climat de ces ré- gions était moins froid qu'à présent. Les agglomérations de végétaux ont suivi des climats qui ont changé de place. Elles n’ont pas été propres à chaque formation contem- poraine. Je me suis demandé, par ce motif, si des groupes fon- dés sur les propriétés physiologiques des plantes à l’égard des conditions extérieures, n'auraient pas de l’avantage. 8 GROUPES PHYSIOLOGIQUES Et d’abord existent-ils ? Sont-ils’différents des groupes basés sur les formes ou sur la distribution géographique ? Enfin, sont-ils, je ne dirai pas permanents, car rien ne l'est; mais sont-ils de quelque durée, au milieu des chan- gements de formes et de circonstances environnantes ? C’est ce que nous allons examiner. $ 1. Groupes physiologiques proposés. .Lorsqu’on fait attention à la manière de se comporter des plantes, à l'égard de la chaleur et de l'humidité, on reconnaît aisément cinq grandes catégories qui s’accor- dent à peu près avec des divisions géographiques, et dont quatre se trouvent répétées dans les deux hémisphères. Il y a de plus une sixième catégorie, mais elle ne con- cerne qu'un petit nombre de plantes tellement exception- nelles que j'en parlerai brièvement. La première catégorie est celle des nombreuses es- pèces qui ont besoin pour vivre d’une forte chaleur et de beaucoup d'humidité. Je les appellerai Mégathermes, pour ne pas proposer le mot Hydromégatherme, qui est trop long, mais aurait été meilleur. Ce sont les plantes qui exis- tent aujourd'hui entre les tropiques, dans les plaines, et quelquefois jusque vers le 30° degré de latitude, dans des. vallées chaudes et humides. La température moyenne de ces régions ne descend pas au-dessous de 20° C. et les pluies n’y font jamais défaut, Les prédécesseurs de ces végétaux mégathermes, sous des formes ou identiques ou analogues, ont été bien plus répandus. À une époque très-ancienne ils ont dû exister dans toutes les parties de la terre, mais-depuis le commencement de l’époque ter- tiaire ils se sont concentrés dans une zone qui s'est de plus en plus rapprochée de l’équatoriale. Au point de vue * DES VÉGÉTAUX. 9 des caractères botaniques, ces plantes sont extrêmement variées. Leurs espèces diffèrent presque toujours de l'Asie à l'Afrique et l'Amérique et leur nombre est très-consi- dérable dans chacune de ces divisions actuelles des pays intertropicaux. Au point de vue des organes de la végéta- tion, qui constituent seulement une partie des caractères botaniques, il y a plus d'uniformité. Nos mégathermes, en effet, sont souvent des plantes ligneuses ou des lianes, à feuilles persistantes et étalées. Elles présentent peu de plantes herbacées, surtout peu d’annuelles, et dans les forêts, qui sont composées d'espèces diverses, générale- ment mêlées, on remarque une grande quantité d’épi- phytes. Les familles les plus caractéristiques sontles Ano- nacées, Ménispermacées, Byttneriacées, Ternstræmiacées, Guïitifères, Sapindacées, Diptérocarpées, Sapotacées, Apo- cinées, Aristolochiacées, Bégoniacées, Pipéracées, Myrsi- néacées, etc., mais les familles qui s’y trouvent représen- tées par un très-grand nombre d'espèces, comme les Lé- gumineuses, Rubiacées, Euphorbiacées, Orchidées, etc., existent aussi dans d'autres catégories de végétaux, les formes étant assez peu concordantes avec les qualités physiologiques, ainsi que nous le verrons en développant le sujet. Une seconde catégorie de plantes exige beaucoup de chaleur, comme les mégathermes, mais en même temps de la sécheresse. Je les appellerai Xérophiles (aimant la sécheresse). Elles existent, à notre époque, dans les ré- gions chaudes et sèches situées entre les 20 ou 25° et 30 ou 35° degrés de latitude suivant les pays, d’un côté et d’autre de l’équateur, c’est-à-dire dans la zone dessé- chée qui s’étend de Californie et du Texas au plateau mexicain, du Sénégal à l'Arabie et l’Indus, dans presque 10 GROUPES PHYSIOLOGIQUES toute l'Australie, au Cap et dans les parties sèches de la Plata, du Chili, du Pérou et de la chaîne des Andes. Les xérophiles se trouvent aussi dans les localités sèches du Brésil, de la région méditerranéenne, de l'Inde, de la Chine, etc. Elles sont plus dispersées maintenant que les mégathermes. Elles renferment une masse considérable de Composées, et des proportions notables de Labiées, Borraginées, Liliacées, Palmiers, Myrtacées, Asclépiadées, Euphorbiacées, etc. Leurs familles les plus caractéristi- ques sont les Zygophyllées, Cactacées, Ficoides, Cycadées, et Protéacées. Sous le rapport des organes de la végéta- tion, il faut noter peu de grands arbres, peu de plantes annuelles, mais beaucoup d’espèces vivaces ou arbris- seaux à souches épaisses, à racines ou bulbeuses ou pivo- tantes ou profondes, qui permettent de résister à la séche- resse. Les plantes grasses abondent (Cactacées en Améri- que, Euphorbiacées en Afrique, Ficoïdes au Cap). I y à beaucoup d’arbustes épineux, roides ou trapus. Les feuil- les sont souvent étroites, fermes, grisàtres ; elles sont per- sistantes, ou elles tombent, presque toujours dans la sai- son la plus sèche. L'aspect de la végétation est maigre. Les causes qui déterminent une grande sécheresse en dehors de la zone des pluies intertropicales ne sont pas particulières à notre époque, mais la distribution des mers et l’élévation de certaines contrées ayant varié, la séche- resse a probablement varié aussi, et les xérophiles ont pu changer alors d'habitations. La chaîne des Andes, qui est maintenant un de leurs centres, n’est pas, géologiquement parlant, très-ancienne; les plateaux du Mexique, de la Perse n’ont peut-être pas été toujours aussi secs ; le désert du Sahara était, il n’y a pas longtemps, une mer dont les ri- ves devaient être assez humides. Malheureusement, la pa- DES VÉGÉTAUX. 41: léontologie des contrées où sont nos xérophiles actuelles est fort peu connue, et si ces plantes ont changé d'habitation nous n'avons pas encore les documents qui permettraient de le constater. À défaut de plantes fossiles du Sénégal ou d'Arabie, nous pouvons remarquer l'extension moderne des xérophiles dans la région de la mer Méditerranée. Les espèces de cette région qui deviennent rares ou qui s’é- teignent, sont de la nature de celles qui craignent la sécheresse, et leurs remplaçants s’accommodent au con- traire d’un climat sec". Une troisième grande catégorie de plantes exige une chaleur modérée, c’est-à-dire de 15 à 20° C. de moyenne annuelle, avec une dose modérée aussi d'humidité. Je les nommerai Mésothermes. Elles constituent aujourd’hui la masse des.espèces autour de la mer Méditerranée, dans les parties septentrionales et peu élevées de l'Inde, de la Chine et du Japon, de la Californie, des États-Unis méri- dionaux, des îles Açores et Madère, en excluant toujours les montagnes de ces divers pays; enfin des plaines ou vallées basses de l'hémisphère austral, au Chili, à Monte- video, en Tasmanie, à la Nouvelle-Zélande. On les re- trouve sur la pente des môntagnes, entre les tropiques, mais à une faible élévation. Les mésothermes sont remarquables par l'abondance des espèces ligneuses à feuillage persistant, des espèces annuelles ou bisannuelles, et par une diversité de famil- les, genres et espèces presque aussi grande que celle des mégathermes. Les familles caractéristiques sont surtout 1 Voir Caruel, Di alcuni cambiamenti nella flora toscana in questi ultimi tre secoli, in-8° ; Milano, 1867; et de Saporta, La flore des tufs quaternaires en Provence, in-8°; Aix, 1867., et Études sur la végé- tation du sud-est, avec les suppléments 42 GROUPES PHYSIOLOGIQUES les Laurinées, Juglandées, Ébénacées, Myricées, Magno- liacées, Acérinées, Hippocastanées, Campanulacées, Cis- tinées, Philadelphées, Hypericinées, etc., avec un grand nombre de Légumineuses, Composées, Cupulifères, La- biées, Crucifères, et autres familles qui ont des habitudes physiologiques variées. La nombreuse catégorie des mésothermes a existé, sous des formes analogues, dans les premiers temps de l'épo- que tertiaire, jusqu’au Spitzberg, d’après les fossiles étu- diés par M. Heer. On l’a retrouvée aussi dans quelques gisements fossiles de l'Amérique septentrionale, et il est à peu près démontré que les flores actuelles des États-Unis méridionaux et du Japon se sont rapprochées une fois dans le nord, sous l’empire de climats tempérés, selon l’hypothèse émise, en 1859, par M. Asa Gray’. Les mésothermes étaient mêlées avec des mégathermes dans l’Europe méridionale lors de$ dépôts miocènes et pliocènes, comme elles le sont à présent avec les xéro- philes dans la région méditerranéenne, au Chili et ail- leurs. Elles ont changé de répartition géographique plus que les mégathermes. On pourrait subdiviser les’ mésothermes en raison de ce que les unes redoutent le froid, d’autres la sécheresse et d’autres encore le défaut de chaleur en été; mais ces détails, très-importants pour la limite de chaque espèce, risqueraient de nous faire perdre de vue l’ensemble. Notons en passant que l’analogie actuelle des flores du Japon, du midi des États-Unis, de Madère et de la ré- gion méditerranéenne à frappé tous les botanistes, que celle ressemblance ait été plus grande encore avant notre époque, et qu'il serait cependant difficile de parler de ce ! On the botany of Japan : in-4e, RC S CC EN PRES 2 R 4 i 4 DES VÉGÉTAUX. 143 groupe si naturel de végétaux en l'appelant japonico-vir - ginico-maderensi-méditerranéen. Un terme général, indé- pendant des pays et des migrations antérieures, comme celui de mésotherme, est évidemment plus commode. La quatrième catégorie est celle des plantes de climats tempérés ayant des moyennes annuelles de 14 à O° C. Je les désignerai sous le nom de Wicrothermes. Leur carac- tère principal est, en effet, de demander peu de chaleur en été et de redouter médiocrement les froids de l'hiver. Ce sont les espèces de nos plaines d'Europe depuis les Cévennes et les Alpes jusqu’au Cap nord, celles d’Asie entre le Caucase ou l'Himalaya et le 65° degré environ, de l'Amérique septentrionale entre les 38 ou 40° et les 60 à 65° et dans l’autre hémisphère, les plantes du Chili méridional jusqu’au cap Horn, des iles Malouines, Ker- ouelen, Campbell, ainsi que des montagnes de la Nouvelle- Zélande, à une certaine élévation. Dans cet hémisphere la distinction d'avec les mésothermes est peu conforme aux divisions géographiques, gràce à l’uniformité des saisons. C’est, du reste, ce qui se voit aussi, par la même cause, en Irlande, dans le sud-ouest de la France et en Californie. Il est inutile de rappeler les familles les plus abondan- tes de nos flores tempérées. Elles ne sont pas caractéris- tiques, dans ce sens qu'elles existent aussi ailleurs. Les genres eux-mêmes sont peu caractéristiques. Ainsi, nos forêts sont composées de pins, sapins, chênes, érables, etc., mais des espèces analogues de ces genres se trou- vent aussi au Japon, en Californie, en Virginie, dans la région méditerranéenne et appartiennent aux mésother- mes. Il y a même des chênes mégathermes à Java et aux Philippines. C’est plutôt l'absence de formes ordinairement mésothermes et surtout mégathermes ou xérophiles, qui distingue nos flores. 44 GROUPES PHYSIOLOGIQUES Quant à l'apparence fondée sur les organes de la végé- tation, les microthermes se composent surtout de plantes herbacées vivaces et de plantes ligneuses à feuilles cadu- ques, ou de Conifères. Leurs forêts sont ordinairement constituées par une seule espèce principale, soit essence. La place actuelle des microthermes a été occupée jadis, dans notre hémisphère, par des mésothermes et même des mégathermes. Ensuite, quand elles étaient déjà distribuées comme à présent, avec les mêmes formes spécifiques, elles ont été chassées par l'invasion glaciaire. Enfin, elles sont revenues dans la zone où nous Îles voyons. Ces migrations justifient l'emploi d’un mot tel que microthermes, au lieu de l'expression de flore euro- péo-américaine, qui, d’ailleurs, ne s’appliquerait pas à d’autres contrées d’une végétation analogue. Le cinquième groupe physiologique est celui des plan- tes aujourd’hui arctiques ou antarctiques, qui sont dis- tribuées aussi sur les hauteurs des montagnes des régions tempérées. Ce sont les plantes qui se contentent de la plus petite chaleur. Je propose, à cause de cela, de les désigner sous le nom de Hékistothermes, de fotos, très- petit, et Gépuos, Chaleur. La propriété d'accomplir leurs fonclions sous une tem- pérature basse n’est pas la seule qui les distingue. Elles ont aussi l’avantage de supporter une longue absence de lumière pendant la saison froide, ce qui arrive sur les montagnes et au nord par l'accumulation des neiges, et en outre, dans cette dernière région, par le fait d’une nuit de plusieurs mois. Les hékistothermes sont peu nombreuses. À notre époque il n’y en a guère plus de 3 ou 4000 espèces. Aucune famille ne leur est propre, mais les Mousses, Désigs SFA EE ni à à PAS EI DT SE h f si -— ; PT ! À y RTL" d'nlitiite a. = £ ER EPST OA ES dire à AubE 2 ES" F* pes A2 21 De DES VÉGÉTAUX. 45 Lichens, Graminées, Joncées, Cypéracées, Crucifères, Scrophulariacées, Composées, Caryophyllées, Rosacées, Saxifragées y sont dans de fortes proportions relative- ment à l’ensemble du groupe. Quelques Conifères peu- vent être considérées comme hékistothermes. Cependant les espèces ligneuses, qui méritent vraiment ce nom, sont des arbustes ou petits arbrisseaux rampants, tels que certains Betula, Salix, Empetrum, Vaccinium et dans l'hémisphère austral, quelques Acæna, Coprosma, etc., qui leur ressemblent. Les cinq groupes physiologiques dont je viens de par- ler, se présentent géographiquement, à notre époque, de la manière suivante en marchant d’un pôle à l’autre, ab- straction faite des montagnes et des localités exception- nelles, et en distinguant les deux hémisphères : Hékistothermes boréales. Microthermes id. Mésothermes id. Xérophiles id. Mégathermes, en deçà et au delà de l'Équateur. Xérophiles australes. - Mésothermes id. Microthermes id. Hékistothermes id. Un dernier groupe n’est en aucune façon géographi- que et comprend, à notre époque, des plantes bien excep- tionnelles. Je veux parler d'espèces qui exigent une très- forte chaleur, par exemple, de plus de 30° C. de moyenne annuelle. On pourrait les appeler Mégistothermes. Dans les premières époques géologiques elles ont dû exister, vu la grande chaleur. Elles avaient probablement des | fie 16 GROUPES PHYSIOLOGIQUES » formes simples et des habitations très-vastes. Les Algues, Fougères, Lycopodiacées, Equisétacées de l’époque car- bonifère en étaient la continuation, et il est possible que certaines espèces des îles les plus anciennes et les plus chaudes de notre époque en descendent sans altération. Aujourd’hui les Algues des sources thermales sont mé- gistothermes, mais elles ne doivent pas venir des mégis- tothermes primitives, puisque les régions où jaillissent les sources ont été, à une période quelconque au-dessous de la mer. [l faut que ces espèces soient venues de plantes analogues adjacentes, de même que les animaux aveugles des cavernes paraissent venir d’espèces analogues de leurs pays respectifs, On dira peut-être qu’il est difficile de classer une es- pèce dans tel ou tel de mes groupes. Je répondrai qu’on le peut toujours si l’on veut se donner la peine d’exami- ner ses conditions de vie, au moyen de la culture et en étudiant les circonstances du climat de leur pays natal. Les plantes fossiles, j'en conviens, ne peuvent être classées que par analogie, mais, Hu leurs affinités botaniques également on est obligé de s’appuyer sur des données de cette nature, assez imparfaites à cause de l'absence fré- quente de fleurs et de fruits. On m'objectera aussi les transitions d’un groupe à Fautre et l'arbitraire des limites. Je conviens que la clas- sification fondée sur des caractères botaniques est plus précise, mais celle par régions ne l’est pas autant. Je rappellerai, celle des terrains géologiques, où les limites manquent si souvent, et qui sont cependant usitées dans la science, en dépit des contestations qu’elles soulèvent. Le défaut d'accord entre les groupes physiologiques et les groupes soit botaniques, soit géographiques est bien digne de remarque. DES VÉGÉTAUX. 47 Toutes les familles un peu nombreuses de plantes ont des représentants parmi plusieurs de mes groupes physio- logiques et quelquefois dans tous. Les plus naturelles n’échappent pas à cette loi. Ainsi les Crucifères et les Ombellifères abondent dans les régions tempérées, mais elles existent aussi dans les plus froides et les plus chau- des. Il suffirait d’une dizaine de ces plantes parmi nos mégathermes ou nos hékistothermes pour démontrer que rien dans leur structure, ni même dans le contenu de leurs cellules, ne s'oppose à ce qu’elles vivent sous des conditions de température très-différentes. Les Papavé- racées, qui ont des sucs propres assez particuliers et dont l’organisation est très-uniforme, comptent l’Argemone mexicana dans les pays les plus chauds et plusieurs es- pèces dans les pays les plus froids. Les Mélastomacées semblent appartenir bien exelusivement aux pays chauds, mais quelques-unes se trouvent sur les Andes, et le Rhe- ria virginica est d’un climat de mésothermes. Les Ménis- permacées, qui abondent dans les pays équatoriaux, ne manquent pas dans les tempérés et existent même au Canada et en Daourie (Menispermum Canadense, M. Da- huricum). Inversément, des familles organisées d’une ma- mère presque semblable existent sous des climats très- différents. Ainsi, les Primulacées vivent presque toutes dans des régions tempérées ou froides, et les Myrsi- néacées, qui ne sont pour ainsi dire que des Primulacées ligneuses, s’éloignent à peine des tropiques. Une diffé- rence analogue s’observe entre les Ombellifères et les Araliacées. Bien que les genres soient moins variés de formes que les familles et plus circonscrits d'habitation, ils n’échap- pent pas à ces bizarreries. Ainsi, les Cassia sont ordinai- ARCHIVES, t. XLX. — Mai 1874. 2 ue RER 48 | GROUPES PHYSIOLOGIQUES | PET ne 0 di Ps. rement de pays chauds et, en général, se classent dans les ue mégathermes ou au plus dans les mésathermes, mais le Cassia Marylandica supporte les hivers de Genève, où le minimum descend quelquefois jusqu’à — 25° C. Nous | avons aussi en pleine terre les Indigofera Dosua, Plumbago hi Larpentæ, Dipteracanthus strepens, Buddleia Lindleyana et autres, dont les congénères craignent beaucoup le froid. Les saules, d’après leur distribution géographique, pa- raissent exiger du froid ou craindre la chaleur. Gependant le Salix Humboldtiana est au bord des Amazones et le S. Safsaf en Égypte. CRE Des espèces fort analogues d’un même genre se com- portent quelquefois différemment à l'égard des influences extérieures. Le Cerasus lusitanica ne souffre jamais de nos hivers rigoureux de Genève; le Cerasus Laurocera- sus, cullivé à côté de lui, gèle de temps en temps jusqu'au pied. J'ai basardé souvent des Pinus Canariensis et ils ont péri dès le premier hiver, tandis que les Pinus Coulteri et Laricio sont rustiques. Beaucoup d’espèces voisines du Pinus Strobus ne supportent pas le froid comme lui. Un amateur d'horticulture m'a indiqué les Penstemon cordi- folius et P. gentianoides, dont le premier supporte et le second ne supporte pas les hivers de Genève. On a re- marqué dans tous les pays des cas de celte nature. L'apparence extérieure des organes de végélation ne concorde pas mieux avec les qualités physiologiques. Rien pe semble devoir être plus à l'abri des effets du froid que les feuilles sèches et fibreuses du Phormium tenax ou des Gynerium, les feuilles rugueuses des Lantana, T4 les feuilles façon de parchemin de plusieurs Myriacées 2e de la Nouvelle-Hollande, ou encore les feuilles presqne li- gneuses des Cycadées, et cependant toutes ces plantes ne DES VÉGÉTAUX. 19 . supportent pas les hivers de notre Europe tempérée. Les Fougères que nous sommes obligés de cultiver en serre chaude n'ont pas une autre apparence de forme et de tissu que celles de serre froide ou de pleine terre. Mêmes diversités à l'égard de la sécheresse. Le Chamerops hu- milis vit dans les stations les plus arides de la région mé- diterranéenne, et les Palmello des États-Unis, qui luires- semblent singulièrement, croissent dans des sables fré- quemment inondés. Les plantes à feuilles larges et molles craignent ordinairement la sécheresse, mais le Sparman- nia africana n’en souffre nullement‘. La fréquence du désaccord entre les formes et les qua- lités physiologiques relatives aux conditions exlérieures, me fait croire qu'il n’y a pas une relation directe, de cause à effet, entre ces deux ordres de phénomènes. Il y aurait plutôt une dépendance commune de quelque cause plus générale influant sur les deux, et cette cause me paraît être l’hérédité. Une espèce a une certaine forme, parce que ses prédécesseurs avaient une forme ou sem- blable ou analogue. De même cette espèce aurait certai- nes qualités physiologiques à l'égard du climat parce que les conditions extérieures qui lui ont été imposées pen- dant un nombre incalculable de siècles, par le fait de son habitation géographique, ont empêché d’autres qua- 1 Je tiens le fait de M. Thuret, dont le magnifique jardin, à Antibes, est l'expéri nce la plus curieuse qu’on puisse voir au point de vue physiologique. Le propriétaire n’a aucun moyen d’arroser les plantes de pleine terre, et cependant, sous le climat très-sec d'Antibes, il cul- tive plus de deux milles espèces, dont il m’a donné une liste abrégée, avec l'indication de celles qui fructifient, Ce sont, en général, des plantes du Cap, de 11 Nouvelle-Hollande, des Canaries, mais aussi quelquefois de régions moins sèches, comme le Japon et la Nouvelle- Zélande. 20 GROUPES PHYSIOLOGIQUES lités de se développer et ont assuré l'hérédité de celles qui lui permettaient de vivre. Ainsi, le Piper longum, je suppose, est ce qu'il est quant à ses racines, feuilles, fleurs, fruits, fibres et sues internes, parce qu'il descend ie plantes très-semblables ou à peu près semblables, et il craint le froid, probablement parce que ses ascendants ont tous vécu dans des pays très-chauds et n’ont jamais été décimés et triés par le froid. Les Protéacées ont les organes qui les distinguent parce qu'elles viennent de Protéacées ou peut-être, plus anciennement, de plantes analogues, et elles s’arrangent de vivre dans des pays secs parce que leurs prédécesseurs y vivaient. Je m'explique de cette manière comment il se fait que les fiores soumises à des conditions très-particulières de chi- mat, ne présentent, dans la totalité de leurs espèces, au- cun caractère distinelif particulier. Les plantes arctico-al- pines, par exemple, sont de différentes familles, et il estim- possible de trouver chez elles un organe ou un développe- ment d’organe qui leur soit propre et qu'on ne rencontre pas dans des plantes de la zone équatoriale. Celles-ci également n’ont aucun organe et aucune évolution qui les distingue. En revanche, les ascendants des plantes arc- tico-alpines ont vécu ensemble, soumis à des conditions communes et ceux qui s’en éloignaient trop ont péri sans laisser de suite. Les plantes de l’Afrique ou de l'Amérique équatoriale, également. Les qualités physiologiques changent à la longue, lors- que les conditions extérieures ont changé et que l’espèce n’en a pas été frappée au point de périr, On est obligé de l’admettre d’après la succession des flores, mais la cul- ture des plantes nous prouve aussi que les modifications physiologiques à l'égard des climats, sont plus rares, plus NS. DES VÉGÉTAUX. 21 difficiles à obtenir que celles des formes. Examinez le ca- talogue d’un grand établissement d'horticulture, vous y verrez quelques variétés précoces ou tardives qu'on peut | attribuer à une manière différente de ressentir la cha- lear ‘, plus rarement des variétés qualifiées de rustiques, c'est-à-dire supportant bien le froid, et un nombre dix fois ou vingt fois plus considérable de variétés de formes ou de couleurs. Pour peu qu'une espèce ait subi les in- fluences de la culture, ses organes floraux doublent ou changent de forme; ses feuilles changent aussi. Au con- traire, la faculté de résister aux gelées ou de s’accommo- der d’une petite chaleur varie extrêmement peu. Ce n’est pas que les agriculteurs et horticulteurs ne fassent d’im- menses efforts pour l'obtenir, Quelquefois leurs tentatives ont duré des siècles. Par exemple, des semis de dattier ont été faits depuis deux ou trois mille ans en Grèce et en Italie, sans qu’on ait obtenu des pieds dont les fruits mü- rissent dans ces pays. Quand les espèces sont arrêtées du côté du nord par le froid, ou par le défaut de chaleur en été, la limite dure si longtemps que l'homme ne l’a pas vu changer, et quand elle était différente, à l’époque géologique immédiatement antérieure, on a de bonnes raisons de croire que les climats étaient différents. Il faut considérer des temps plus longs que notre épo- que historique pour voir une modification dans les qua- htés physiologiques. De même pour les formes dans les espèces spontanées; mais la culture, je le répète, nous éclaire sur la persistance relative des formes et des qua- ‘ La précocité tient quelquefois à des circonstances internes du végétal, comme de développer moins d’entrenœuds, et par consé- quent d’arriver plus vite à fleurir, ou d’avoir des graines plus pelites (Maïs quarantin), qui se forment plus rapidement. 22 GROUPES PHYSIOLOGIQUES lités physiologiques à l'égard des climats. Celles-ci sont plus persistantes ; elles varient dans une étendue moindre. Je tire de là un argument en faveur de ma constitution de groupes physiologiques. Voyons si ces groupes s'accordent avec les associations de géographie botanique. La pratique des horticulteurs montre qu'il y a effecti- vement une cértaine concordance. Lorsqu'une espèce nouvelle leur parvient, 1ls la traitent beaucoup suivant son pays d'origine, Ils font à cela plus d’attention qu'aux caractères botaniques ou à l’apparence des organes de végétation. S'ils savaient toujours à quelle altitude croît la plante dans son pays natal, et si elle vient d’un district au nord ou au midi, leurs essais seraient encore mieux dirigés. Les horticulteurs ont parfaitement raison, puis- que l'existence prolongée dans un pays a été, pour l’es- pèce, comme une série d'expériences à l’égard des condi- tions de climat. Une plante de la Chine septentrionale doit supporter les hivers de Paris, puisque ceux de Pékin sont plus rigoureux. Au contraire, une espèce renfermée de- puis des milliers d'années dans une île comme Sainte-Hé- lène, où elle n’a jamais éprouvé une température un peu basse, ne doit pas supporter celle du midi de l’Europe, car les individus qui auraient été plus robustes que d’au- tres dans le cours des siècles à Sainte-Hélène, ont dû cependant périr si le thermomètre y est descendu seule- ment à + 18° C. et n'ont pas laissé de descendants pro- pres à affronter en Europe + 10° et surtout 0°, L’hérédité, ses anomalies et la sélection doivent donc produire un certain accord entre les qualités physiologi- ques et les climats, c’est-à-dire entre les groupes physio- logiques et les groupes de géographie botanique. Si, TE “en e 3 Hot Te NT ESS ME + 2 - DES VÉGÉTAUX. 23 dans les cas particuliers, nous ne saisissons pas toujours cet accord, il faut l’attribuer aux mauvaises classifications géographiques de plusieurs ouvrages, par exemple, à la confusion dans une même flore de localités de hauteurs diverses ou, ce qui est pire, à l'emploi de délimitations politiques au lieu de limites physiques. D’aiileurs, dans ta région la plus naturelle et la mieux définie qu'on puisse imaginer, il y a des diversités locales très-grandes de hau- teur, d'exposition et d'humidité. Par exemple, dans la région méditerranéenne, les accidents locaux permettent ici des plantes appartenant à nos mésothermes, et à côté d’elles des xérophiles, quelquefois des microthermes. Les iles paraissent des régions physico-botaniques bien natu- relles, cependant à voir de près, 1l y en a peu qui ne ren- ferment plusieurs zones d'altitude et par conséquent plu- sieurs régions. L'impossibilité de constituer des groupes géographi- ques parfaitement vrais et purs, avec la circonstance que les climats ont changé pour chaque région d’une époque à l’autre, plaide en faveur de mes groupes physiologiques. Leur définition est claire, quand on s’en tient aux grandes conditions de chaleur et humidité. Leur durée est plus grande que celle des climats de chaque région; elle est plus grande que celle des formes, quoique sans doute les conditions extérieures, en favorisant certaines modifica- tions et devenant nuisibles à d’autres, finissent par plier et les formes et les qualités physiologiques. Je voudrais montrer maintenant que ces groupes rendent les faits de géographie botanique, ancienne et moderne, plus précis et plus aisés à discuter au point de vue des lois générales. 2% GROUPES PHYSIOLOGIQUES S 2. Distribution des groupes végétaux physiologiques dans l'hémisphère boréal, spécialement depuis le com- mencement de l'époque tertiaire. Dans le but de combiner mes groupes physiologiques avecles documents acquis en paléontologie végétale, j'ai eru convenable de concentrer mon attention sur l'hémisphère boréal et principalement sur l’Europe, depuis le com- mencement de l’époque tertiaire. Ce n'est pas que les faits paraissent avoir été d'une nature bien différente hors d'Europe, du moins dans notre hémisphère, mais la concordance des événements géologiques du nord de l’A- mérique et de l'Asie orientale avec les nôtres est difficile à établir et les documents sur les flores anciennes y sont assez rares. En Europe, des bords de la Méditerranée jus- qu’au Spitzberg, on a fait des travaux admirables qui ont établi la nature et l’époque de plusieurs flores fossiles. Je n'ai eu qu'à consulter les*publications de MM. Gœppert, Heer, Unger, Garovaglio, Ch.-T. Gaudin, de Saporta et autres savants mentionnés plus loin, pour reconnaitre dans ces flores anciennes mes divisions physiologiques et aussi pour les classer approximativement sous le rapport de leur âge. Le tableau suivant est le résumé des immenses recherches de divers auteurs, interprétées dans certains cas selon les idées des géologues modernes les plus pru- dents, et présentées sous les points de vue qui intéressent le plus les botanistes. Dans ce tableau les lignes horizontales indiquent les degrés de latitude et les colonnes verticales les époques géologiques successives, depuis le commencement du ter- tiaire. Dans chaque colonne et selon les degrés de lati- tude, se trouvent rapportés les gisements de fossiles vé- DES VÉGÉTAUX. 25 gétaux les mieux étudiés quant à leur stratification et leur composition botanique. J'ai suivi, jusqu'au nouveau pliocène inclusivement, les divisions admises par sir Charles Lyell! et ensuite celle de Heer* adoptée par Schimper®. Il m'a paru, en effet plus naturel de commencer l’époque quaternaire au moment où, dans l'Europe centrale, les espèces qui con- stituaient les forêts étaient déjà identiques avec celles d'aujourd'hui, où, par exemple, la forêt fossile de Cro- mer en Norfolk, et celle d'Utznach, en Suisse, étaient composées de Pinûs Abies, P. sylvestris, P. Larix, P. montana, Corylus Avellana, etc., tandis que les marécages contenaient nos deux Nénuphars, le Menyanthes et autres plantes actuellement vivantes. Le nouveau pliocène de Lyell se trouve donc annexé à son postpliocène et rentre dans le quaternaire de la plupart des auteurs. Fai distin- gué dans cette période l’époque glaciaire et l’époque ré- cente, qu’on pourrait appeler postglaciaire, mais dans l’é- poque glaciaire, l'invasion des glaces, ou sur terre ferme ou par transports maritimes, ne s’est jamais étendue sur toute l'Europe méridionale et elle a présenté des varia- tions ou intermittences. Ainsi les forêts de Cromer et d'Utznach, ont été précédées et suivies de phénomènes glaciaires, pendant que ceux-ci régnaient sans interrup- tion plus au nord ou bien n'ont jan qu'une fois plus au midi. Il ne faut pas se dissimuler au surplus que les divi- sions géologiques passent les unes dans les autres d’une * The student’s elements of geology, 1 vol. in-8°. London, 1871, p. 109. ? Le monde primitif de la Suisse, traduet. franc., M 635. 5 Paléontologie végétale, I, p.120. 26 ” GROUPES PHYSIOLOGIQUES manière insensible et que, tout en offrant des généralisa- tions satisfaisantes pour les faits observés entre les 45° et 60 degrés de latitude en Europe, elles deviennent obscures, incertaines ou fausses quand on veut les appli- quer à des régions plus ou moins éloignées. On peut, sous ce rapport, les comparer aux divisions admises dans les sciences historiques. Assurément la distinction d'his- toire ancienne, du moyen àge et moderne, est excellente pour la plus grande partie de l’Europe, malgré la diffi- culté de fixer des limites précises à telle ou telle autre de ces époques, mais elle ne vaut rien % quelque distance. Déjà en Russie, l’histoire moderne commence au dix-hui- ème siècle; au Japon, elle est à peine commencée. La Chine en est à la décadence de l'empire romain. L’Amé- rique à eu, soit au nord, soit au midi, des phases entière- ment différentes des nôtres, C’est ainst que les événements géologiques du Cap ou d'Australie ont dû se passer autre- ment qu'en Europe, à chaque époque. La qualité dominante, mégatherme, mésotherme, etc., de chaque flore fossile n’a pas été difficile à reconnaître au moyen de la comparaison avec les espèces actuelles analogues ou presque identiques (homologues de Heer) et dela prédominance de certaines familles ou de l’abon- dance de quelques genres. On est forcé d'accepter ici, faute d'observations directes, l'hypothèse que des formes semblables, ou à peu près, supposent des antécédents semblables et par conséquent des propriétés physiologi- ques héréditaires semblables, au moins dans la majorité des cas. L’incertitude n’est pas illimitée. On peut hésiter à croire un Ficus fossile mégatherme ou mésotherme, parce qu'il en existe aujourd'hui de ces deux catégories, mais rien ne peut faire soupçonner qu'il ait été microtherme et < ériniSs DES VÉGÉTAUX. 27 surtont hékistotherme, puisque maintenant aucun Ficus ne résiste à quelques degrés de froid. Un Betula fossile peut avoir été microtherme ou hékistotherme, d’après la distribution des espèces vivantes, mais non mégatherme. Pour faciliter le classement, j’ai examiné les genres des flores fossiles tertiaires et la nature physiologique des espèces actuelles de ces genres, lorsqu'il en existe ‘. Les auteurs ont fait souvent un travail plus utile encore : celut de comparer les espèces analogues anciennes et actuelles. Jen ai profité. En général, leurs résumés ex- primés par les termes de flore tropicale? ou de flore éocène, miocène, etc., ainsi que leurs comparaisons avec les flores actuelles de divers pays, indiquent très-bien la nature physiologique probable des végétaux qu'ils ont ? M. Heer indique à la fin de ses Recherches sur le climat et la vé- gétation du pays tertiaire (traduction de la Flore tertiaire helv.), 162 genres de Fougères ou Phanérogames, qui ont encore des espèces vi- vantes aujourd'hui. J'ai examiné leur classement dans mes groupes, sans tenir compte cependant de celui des xérophiles qui est souvent douteux. Il s’est trouvé : 8 genres actuellement mégathermes, 9 mésothermes, | micro- therme et aucun spécialement hékistotherme. 42 autres genres à la fois mégathermes et mésothermes, 31 méso- thermes et microthermes, aucun mégatherme et microtherme, ou à plus forte raison mégatherme et hékistotherme. 56 genres existent dans trois groupes, toujours contigus, et 15 sont dans les quatre groupes fondés sur la température. Cette distribution confirme l'idée que chaque genre a eu un centre d'origine, avec des antécédents semblables à l'égard des climats, pen- dant de nombreuses générations, surtout probablement en ce qui con- cerne les espèces analogues. Beaucoup d’autres réflexions se présen- tent à l'esprit, sur lesquelles je reviendrai, j'espère, une fois. ? L'expression de flore tropicale varie de sens suivant les auteurs, et il faut y faire attention. Le voisinage des tropiques est quelque chose de vague, s'appliquant à des climats tantôt secs et tantôt hu- mides. L'expression de intertropicale est la seule claire. 28 GROUPES PHYSIOLOGIQUES étudiés. L'examen des listes d'espèces m'a fait reconnaitre la perspicacité et l’érudition de presque tous les paléon- tologistes qui se sont occupés du règne végétal. Ma grande difficulté a été de classer les flores fossiles suivant les époques. J'ai lutté autant que j'ai pu contre le cercle vicieux, st commun autrefois en géologie, qui consiste à dire : Le terrain À est de l’époque N, parce qu'il contient tels et tels êtres organisés ; et ensuite : Ces êtres organisés ont vécu à l’époque N, parce qu'ils se trouvent dans le ter- rain À. En bonne logique on ne peut pas déterminer la date d'un fait en le rapportant à un autre fait dont la date est inconnue. Il faut au moins que l’une des dates soit extrêmement probable, J'admire assurément la sagacité avec laquelle les géo- logues s'appuient tantôt sur la stratification et tantôt sur les fossiles pour indiquer une date de formation, mais il faut convenir que c’est un travail délicat, difficile où la prudence d’un Lyell, d'un Adolphe Brongniart, est tout à fait nécessaire. Je me suis abstenu de classer dans mon tableau les fossiles dont la stratification ne m'a pas paru suffisamment établie, me rappelant le principe de Pictet" que la stratification est le moyen le plus sûr de déterminer l’âge des terrains. Toutes les fois que, sous les mêmes latitudes, j'ai pu comparer deux flores fossiles analogues, je me suis attaché à celle dont la position stratigraphique est la mieux connue et l’ai citée de pré- férence dans le tableau. La diversité des climats existait déjà pendant l'époque tertiaire. Le décroissement de la température suivant les latitudes a probablement varié et ne peut pas être donné ! Pictet, Traité de paléontologie, édit. 2me, vol. I, p.99. : ALTER = : 4 % Fr [S ” IRON r Ë: À 25 ot as DES VÉGÉTAUX. 29 avec précision, mais il y avait un décroissement, puisque les climats tiennent surtout à des causes astronomiques, et qu'en outre on à constaté dans les flores fossiles de même formation et de deux pays voisins, l’un situé au nord de l’autre, des différences de composition analogues à celles qui résultent aujourd'hui des climats. M. Heer paraît avoir été le premier à insister sur la diversité des climats tertiaires, car je n’en aperçois aucune mention dans le traité de paléontologie de Pictet, antérieur à la Flora tertiaria Helvetie. Comme corollaire de cette idée importante, il convient de poser le principe suivant, ap- plicable au moins depuis l’époque éocène : Lorsque deux flores ou faunes fossiles sont très-semblables, mais situées sous des degrés de latitude éloignés (comme l'Europe moyenne et le Spitzberg, par exemple), ces flores ou faunes ne peuvent pas avoir vécu simullanément". Celle du nord doit être la plus ancienne, puisque la température a di- minué au travers des âges, en particulier pendant l’épo- que tertiaire, Sous des latitudes à peu près semblables, deux flores fossiles identiques doivent être contemporaines, pourvu encore qu'elles aient véeu à une élévation semblable et qu’elles ne soient pas extrêmement éloignées. À l’époque tertiaire 1} y avait probablement, comme à présent, des flores différentes en Europe et en Chine, en Californie et en Pensylvanie, au Chili et à Buénos-Ayres, etc., quoique ces pays soient situés sous les mêmes latitudes. Ainsi des flores différentes ont été quelquefois contemporaines, de même que des flores semblables ont vécu quelquefois dans des temps différents. ! Ceci modifie les lois 2me et 3me posées par Pictet, I, p. 100. ae 30 GROUPES PHYSIOLOGIQUES Distribution des groupes physiologiques depuis l'époque tertiaire, d'après les dépôts fossiles les mieux connus et à l’époque actuelle. ÉPOQUE TERTIAIRE. QUATERNAIRE. Se pe re at Eocène. Miocène. Pliocène! Gla- |Récente. Infér. | M yen | Supér. | Infér. | Supér. DES VÉGÉTAUX. 31 EXPLICATION DES LETTRES ET SIGNES. A. Plantes mégathermes. A. Mégathermes actuelles. A1. Gisements de Monod, Paudèze, dans la Suisse occident. (Heer, Recherches sur le climat et la végét. tertiaire, traduct. de la Flora tert. Helv.) — Des plantes mésothermes sont mélées avec les mégathermes dans ces localités. A°. Gypses d'Aix. Mégathermes avec des mésothermes C'. A5. Chiavone et Salcedo (Massalongo , Molon, sul. f. terz., p. 104 et 27). — Des mésothermes sont mêlées aux mégathermes, mais les premières dominent. A*. Sables supérieurs du Soissonnais (Watelet, Descript. foss. du bassin de Paris), contenant beaucoup de mégathermes : Banis- teria, Cupania, Cæsalpinia, ete. La position stratigraphique laisse à désirer, ou du moins l’âge a été peut-être présumé plus d'après les fossiles que d'après les couches. A. Bolca (Massalongo, Molon, I. e.). — Mélange de mésothermes avec des mégathermes, mais les premières dominent. A5. Sheppey, près Londres (Bowerbank, Ad. Brongniart, Lyell), Ce dernier auteur (Student’s elements, 1871, p. 240) donne des. preuves pour croire que le dépôt n'a pas été l'effet d'un trans- port de pays éloigné. B. Plantes xérophiles actuelles. Aucun gisement fossile n'a montré jusqu'à présent une flore an- cienne de cette nature ; mais les pays où l’on peut croire qu'il en existe ont à peine été explorés. C. Plantes mésothermes. C. Mésothermes de l'époque récente, soit actuelle. C!. Les nombreuses flores du sud-est de la France, des époques les moins anciennes, étudiées par M. de Saporta (Etudes sur la vé- gétation du sud-est de la France à l'époque tertiaire, part. 3, dans Annales des Sc. nat., 1867). C2. Méximieux (de Saporta, Bull. de la Soc. géol., série 2, v. 26, p. 152, et Ann, des Se. nat., série 3, v. 17, p. 403. Sur les caractères propres de la végétation du phocène, à propos des découvertes de M. Rames dans le Cantal, br in-8°, 1873). C3. San Jorge, de l'ile de Madère (Heer, ueb. die foss. Pflanzen, v. S. Jorge, in-4°, 1855). Sur l'époque, voir Lyell, Elem., trad. franç. de la 6° édit., 12, p. 3952. . C* et C5. Sud-est de la France (de Saporta, Etudes, etc., part, 2). Quelques mégathermes figurent dans les listes, mais elles n’approchent pas de former le quart dé chaque flore. CS. Piémont (Sismonda, Matériaux, etc., in-4°, p. 80). TE NE D OEL Er GES dd 32 GROUPES PHYSIOLOGIQUES CT. Œningen, près du lac de Constance (Heer). C5. Monod, Paudèze, etc. Mélange de mésothermes et mégather- mes (A1) où les premières dominent. C°. Dantzig (Heer, Miocène baltische Flora), la couche inférieure contenant les Sequoia, Smilax , Myrica, Ficus, Lauracées, Juglandées, etc. à C'9, Gypses d'Aix (de Saporta, Etudes, part. 1, et surtout supplé- ment 4, dans Ann. des Sc. uatur., v. 15; Heer, Rech. clim. vég., p. 184). Mélange avec des mégathermes (A?), les méso- thermes cependant plus nombreuses. C1". Chiavone et Salcedo. Mélange avec des mégathermes (A). C2, Bolca, Mélange avec des mégathermes (A°). | C'*, Spitzherg (Heer, Flore foss. arct., v. 2), avec des micro- thermes (D). C4 Islande (Heer ibid., v. 1}, avec des microthermes (D). D. Plantes microthermes. D. Microthermes de l'époque actuelle, soit récente. D'. Cannstadt. Dépôts dans le diluvium. D?, Charbons feuilletés de Durnten, canton de Zurich, et Utznach, canton de Saint-Gall (Heer, Le monde primitif de la Suisse, trad. franç., p. 993 et suiv.). D5. Forêt de Cromer, Norfolk (Lyell, Heer). D‘. Spitzberg (Heer, FL. foss. arct., v. 2). Mélange avec des mé- sothermes (C1), D°, Islande (Heer, FL. foss. aret., v. 1), avec mélange de méso- thermes (C14). da E. Plantes hékistothermes. . Hékistothermes de l’époque actuelle. E1, Suède méridionale, Danemark (Nathorst, Journal of botany, août 1873, p. 229). . Mecklembourg et Cromer, au-dessus de la forêt (Nathorst, ibid... %, Argile glaciaire de Schwerzenbach, entre Zurich et le lac de Constance, contenant le Dryas octopetala et autres plantes hé- kistothermes (Nathorst, Journal of botany, août 1873, p. 227). Même gisement près de Munich (ibid.). E*. Diluvium superficiel du Spitzherg (Heer, FL foss, aret.). o> L° E? E K Signes. J'ai indiqué les mélanges sous la forme (A4-C), lorsque l’une des . catégories se trouvait représentée dans une autre par un quart au moins des formes. Le point d'interrogation (? C) veut dire que la position quant à l’âge du terrain est douteuse. À in ET Cas mail DES VÉGÉTAUX. 33 $ 3. Histoire des groupes physiologiques. Le tableau qui précède indique, assez clairement, la disposition géographique des groupes, depuis le commen- cement de l’époque tertiaire, dans une grande étendue de l'hémisphère boréal‘, On observe les mêmes faits en Amé- rique, seulement ii y a moins de documents, et les degrés de latitude pour les limites ne sont pas tout à fait les mêmes, les lignes de température semblables n’étant pas identiques avec celles d'Europe. Voyons maintenant cha- cun des groupes, en partant des faits les mieux connus, c’est-à-dire de ceux de l’époque actuelle. Les mégathermes se trouvent aujourd'hui entre les tropiques, dans la zone des pluies abondantes et d’une température moyenne de 20 à 28 degrés C. Aucun gise- ment fossile de végétaux n’ayant été découvert en Afrique entre l'équateur et 30° de latitude, il n’est pas possible de savoir si des plantes analogues existaient précédem- ment dans celte région, mais on connaît des fossiles de Java et de l’une des Antilles, appartenant à une date qu’on a qualifiée de tertiaire, sans doute parce qu’elle n’a pas paru très-ancienne. Ces fossiles se composent d’es- pèces analogues à celles qui vivent à présent dans les 1 J'ai fait, pour ma propre satisfaction, les mêmes recherches sur l'hémisphère austral. Il a eu certainement des déplacements de végé- tations analogues, mais je ne pourrais rien ajouter aux faits et aux réflexions qui se trouvent dans les trois grands ouvrages du D" Hooker, sur les Flores antarctiques, de Tasmanie et de la Nouvelle-Zélande. Depuis ces publications, il a été fait peu d’observations. Elles man- quent, en particulier, sur les fossiles végétaux. Si l'expédition du Challenger rapporte les plantes fossiles constatées jadis à Kerguelen, ce sera d’un grand intérêt. L’hémisphère austral est malheureusement dans une période glaciaire peu favorable. * ARCHIVES, t. L. — Mai 1874. 3 34 GROUPES PHYSIOLOGIQUES mêmes pays. Des observations semblables ont été faites sur des fossiles animaux au Brésil, dans l'Inde et ailleurs. Les espèces y sont toujours analogues à celles qui habi- tent aujourd'hui dans chacune de ces régions intertropi- cales. Il est donc probable que les mégathermes ont vécu dans les pays intertropicaux depuis le temps où chaque surface y a été émergée, c’est-à-dire quelquefois depuis un temps très-reculé. En Europe on a trouvé des méga- thermes dans le terrain miocène inférieur de Lausanne (A°), dans l’éocène supérieur de Provence (A*) et dans l’éocène inférieur de Bolca en Piémont (A°) ; mais elles y sont mêlées avec des mésothermes et constituent à peine le quart de chacune des flores fossiles. Les sables du Sois- sonnais, qu'on peut rapporter, non sans quelque doute, à l’éocène moyen, ont accusé principalement des méga- thermes. Enfin le gisement de Sheppey, à l'embouchure de la Tamise, qui appartient à l’éocène inférieur, contient un telle proportion de Pandanées, Palmiers, etc., avec des reptiles et pachydermes analogues à ceux des pays les plus chauds, qu’on ne peut contester le caractère mégatherme de la flore anglaise au commencement de l’époque ter- tiaire. Probablement cette végétation avançait même plus au nord, jusque vers les 57° ou 58° degrés de latitude, s’il existait des terres dans cette direction. On pourrait tracer sur mon tableau une ligne diagonale, du 58°, dans l’éocène, au 23" degré, à l’époque actuelle, et cette ligne serait pour chaque époque la limite extrême que les mégathermes ont atteinte. A mesure que le cli- mat devenait moins chaud, elles ont dû périr, ou s'étendre plus au midi, lorsque la forme des surfaces terrestres le leur permettait. En outre, elles recevaient parmi elles DES VÉGÉTAUX. sl des mésothermes dans des proportions de plus en plus importantes. Les xérophiles existent aujourd’hui à peu près entre les 23% et 44% degrés de latitude, mélangées de plus en plus du côté du nord avec des mésothermes. On les re- trouverait probablement au Sénégal, en Égypte, en Ara- bie, si l’on découvrait dans ces pays des gisements ter- tiaires de végétaux autres que de simples accumulations de bois pétrifiés sans feuilles ni fruits. La mer du Sahara excluait jadis les xérophiles d’un des pays où elles abon- dent aujourd'hui. Dans l'Europe méridionale, elles exis- taient probablement à l’époque tertiaire mélangées avec les mésothermes. On remarque dans les listes des Zzy- phus, Smilax et autres genres des lieux secs de la région méditerranéenne, mais l'humidité était certainement plus grande qu'à présent aux époques glaciaire, phocène et miocène. Elle devait nuire aux xérophiles. Je doute qu'il y en eût un quart dans les flores de ces époques. Au commencement de l'éocène, leur proportion était proba- blement moins faible. M. de Saporta, dans son dernier et remarquable travail sur la flore des gypses d'Aix, donne en effet des preuves qu'il existait alors en Provence un climat assez sec pendant l'été, véritable continuation de l’époque de la craie. Je n’ai pas indiqué sur mon tableau les proportions probables des xérophiles dans les temps amtérieurs au nôtre, parce qu'elles sont trop douteuses ; la distinction de cette catégorie de plantes ne pouvant se faire convenablement que par une observation des loca- lités dans lesquelles vivent les espèces. Les mésothermes, aujourd’hui resserrées dans une zone assez étroite, du 33° au 44% degré environ, ne parais- 36 GROUPES PHYSIOLOGIQUES sent pas avoir été troublées à l’époque glaciaire, malgré la proximité des neiges. En effet, les tufs et travertins de Provence et d'Italie, dont la formation date en partie de l’époque où les glaciers descendaient au pied des Alpes. provençales et dans les plaines du Piémont, ne laissent apercevoir aucune particularité dans la composition des. flores. Ce sont toujours des mésothermes avec un très- petit nombre de xérophiles. Les espèces actuelles de la région méditerranéenne y dominent déjà. On peut soup- conner plus d'humidité et une température plus égale qu'à présent, mais rien ne conduit à l’idée d’une tempé- rature froide. Du reste, les notions actuelles de géogra- phie physique et botanique l’expliquent. Pour la forma- tion de grands glaciers, qui se déversent au loin, il faut surtout des étendues considérables de hautes montagnes sur lesquelles une humidité abondante puisse produire des accumulations de neiges. Ces conditions devaient exister en Suisse quand les Alpes n’avaient pas été aussi dénudées et dégradées qu’à présent par l’effet des glaciers et des cours d’eau, quand le Sabara était une mer ei qu'une autre mer très-froide couvrait une grande partie de l’Allemagne, de la Russie et de l'Angleterre. Au nord des Alpes régnait un climat rigoureux, mais cette chaine servait de barrière, et ses glaciers méridionaux pouvaient descendre au milieu d'une végétation mésotherme, de la même manière qu'aujourd'hui les glaciers de la Nouvelle- Zélande sont entourés, dans leur cours inférieur, de fou- gères arborescentes. Avant l’époque glaciaire, les mésothermes ont avancé plus au nord. Elles dominent dans les plantes fossiles du Spitzhberg, si bien étudiées par M. Heer, qu'il dit être de DES VÉGÉTAUX. 37 l’époque miocène, sans pouvoir déterminer, ce me sem- ble, si c’est au miocène supérieur ou inférieur qu'il fant les attribuer. Cette flore mésotherme boréale était mélan- gée de microthermes. Des Sequoia, Libocedrus, Taxodium distichum et autres arbres actuellement en Californie, sous des formes très-voisines ou identiques, étaient ré- unis à notre sapin commun, Pinus Abies L., dont la forme est, comme on voit, très-ancienne. S'il existait des terres plus au nord, à l’époque éocène, elles devaient contenir des mésothermes entre les 80° et 85° ou même jusqu’au pôle ; mais l'état des connaissances ne permet aucune as- serlion à cet égard. ; Les microthermes existent aujourd’hui en Europe, en- tre les 44me et 70% decrés de latitude. Au milieu de la période glaciaire elles formaient les bois fossiles de Wet- zikon et d'Utznach, dans la Suisse orientale, et de Cromer en Norfolk, à ce point que l’on a constaté, comme je l'ai dit, dans ces deux localités Le pin, le sapin, le chêne, le noisetier et autres arbres actuellement vivants. Ce qu'il y a de curieux c’est que ces deux forêts sont intercalées entre des couches glaciaires, qui ne renferment pas tou- jours, il est vrai, des fossiles végétaux, mais qui prouvent en Suisse une première invasion des glaciers et en Nor- -folk une première submersion par nne mer communi- quant avec le nord. Au-dessus des deux forêts on a trouvé les hékistothermes (E*, E°), qui ont été supplan- tées à l’époque actuelle par un retour des anciennes mi- crothermes. Cette catégorie étant au Spitzberg, lors du miocène, et il est possible qu’elle ait existé plus au nord à l’époque éocène, soit près du pôle, soit au pôle même, s'il y avait là des surfaces terrestres. 38 GROUPES PHYSIOLOGIQUES Enfin les hékistothermes, disposées au nord des pré- cédentes et sur le sommet des montagnes, se sont avan- cées dans la plaine, à l’époque glaciaire. Elles ont dû suivre partout les moraines, les neiges fondantes et cou- vrir çà et là de leurs fleurs les oasis analogues au Jardin de la Mer de glace. Il est bien douteux qu’elles aient pu exister quelque part à l’époque miocène et surtout éo- cène. S'il y avait alors des montagnes près du pôle, elles ont pu s'y trouver. Sans cela ces plantes se seraient formées plus tard, en se séparant des microthermes, 1° dans la région polaire, et 2° sur les Alpes, les Pyré- nées, etc., lorsque ces montagnes ont pris leur élévation actuelle. Les hypothèses sur la naissance successive des classes, familles, espèces, occupent beaucoup les naturalistes. Celles qu'on peut aborder sur la naissance des groupes physiologiques ne sont pas moins intéressantes et elles ont l’avantage de présenter moins d’obscurité. Si l’on part de l’idée, admise par les physiciens, d’une température à peu près égale et assez élevée du globe terrestre à une époque reculée, suivie d’un refroidisse- ment très-lent, et d’une division en climats, pendant une série incalculable de siècles, il faut admettre à l’époque la plus ancienne une seule catégorie physiologique de végétaux, celle que j'ai appelée mégistotherme. De là seraient provenus les végétaux de l’époque carbonifère, encore peu variés quand on les compare à ceux des époques subséquentes. Ils paraissent avoir été méga- thermes, ou quelquefois mésothermes, car les Fougères et les Conifères actuelles répondent à ces deux catégo- ries. Dans le nombre il a pu y avoir des espèces ponvant DES VÉGÉTAUX. 39 s'accommoder des longs crépuscules polaires, puisque nos Fougères actuelles vivent souvent au milieu des fo- rêts et que certaines Conifères cultivées, le Cryptomeria japonica, par exemple, se trouvent mieux d’être à l’om- bre. La neige doit avoir détruit ces premières végétations du nord, mais les mégathermes et mésothermes persis- taient ailleurs. Il est difficile de comprendre ce qui s’est passé pendant la période immense des formations secon- daires, à cause de la dispersion des surfaces terrestres d'alors, de l'étendue des mers qui couvraient l'Europe et de la rareté des fossiles végétaux étudiés jusqu’à présent. Lorsque la période tertiaire a commencé, les mégather- mes occupaient les surfaces alors émergées jusqu’an 58m degré de latitude boréale, c’est-à-dire toutes les régions aujourd’hui chaudes ou tempérées. Les autres catégories de végétaux se sont dégagées peu à peu des plantes an- térieures et se sont cantonnées vers le nord et sur les montagnes, à mesure que l’augmentation du froid en ex- pulsait les anciens possesseurs. Graduellement les mé- gathermes ont perdu plus de terrain et les autres en ont acquis. Ceci est l'expression simple et sans théorie des faits. Comment et par quels moyens se sont opérées ces séparations de groupes physiologiques en conformité avec les climats? Voilà le point où paraissent com- mencer les hypothèses. La question semble être la même que pour l’évolution des formes, mais elle a dans les faits connus une base qui manque à celle-ci : Personne ne peut prouver qu'il ait existé primitivement une seule forme de végétal, tandis que certainement la surface du globe a eu jadis un seul climat. L'unité de climat 40 GROUPES PHYSIOLOGIQUES entraînait l'unité physiologique à l'égard du dit climat, pour les végétaux quelconques de l’époque. Il n’y a donc pas d’hypothèse à dire que les groupes physiologiques ont succédé à un seul. Quant à la cause qui à fait sortir les groupes les uns des autres, l'hypothèse proposée par Darwin pour les ‘formes s’applique également ici, et elle trouve également de l’appui dans les circonstances d’un phénomène dont les phases sont de jour en jour mieux connues. Ainsi les changements et physiologiques et de formes ont été très- lents et très-graduels. L'étude des flores tertiaires, telle que la poursuit M. de Saporta* sur les traces de M. Heer, fournit des preuves multipliées d’une substitution lente et continuelle de formes analogues, ce qui est contraire à l'hypothèse de rénovations brusques et à longs termes, par des causes inconnues, émise par le savant professeur de Zurich. Du reste, je n’ai aucune raison de discuter ici l'hypothèse de Darwin.Ce serait sortir du cadre de mon travail, et il convient d’ailleurs d'attendre qu’une autre hypothèse discutable ait été mise en avant. La distribution des groupes physiologiques depuis les époques anciennes conduit à reconnaître deux sortes de flores, les unes sédentaires qui ont vécu là où elles exis- tent depuis des temps reculés, les autres plus ou moins nomades, qui ont changé d'habitation une ou plusieurs fois. Les flores actuelles intertropicales ont été le moins troublées par des accidems de climat. Elles n'ont pas souffert des glaciers, car en supposant qu'il en soit 1 Je recommanderai surtout de lire le Premier supplément aux Études sur la végétation du sud-est de la France à l’époque tertiaire, dans les Annales des Sciences naturelles, 5me série, partie Botanique, vol. XV. Paris, 1872. ; DES VÉGÉTAUX. 41 descendu de quelques chaînes de montagnes, comme les Andes et la chaine littorale du Brésil, les plaines chaudes environnantes ont dû les fondre rapidement et la végéta- tion a toujours pu continuer dans les plaines voisines. Au contraire, les flores arctiques ou antarctiques et des pays tempérés actuels, ont changé fréquemment de place, les hékistothermes et les microthermes s'étant souvent sub- stituées les unes aux autres. Si l’on adoptait l'opinion de M. Maurice Wagner ‘ que les migrations sont nécessai- res à la production et consolidation de nouvelles formes, les hékistothermes et les microthermes seraient plus nom- breuses en espèces que les mégathermes. Or, c’est le contraire qui est vrai. On compte aujourd'hui 30 ou 40,000 espèces intertropicales, et d’après quelques fos- siles connus, il est probable qu'il a existé 2 ou 300,000 formes spécifiques analogues dans cette zone, sans parler des mégathermes qui ont vécu ailleurs et que l’abaisse- ment des températures a détruites. Des hékistothermes, il existe seulement 3 ou 4000, sans aucune apparence qu’elles aient jamais été très-nombreuses. Les microther- mes sont aussi inférieures en nombre aux mégathermes. Il est évident qu’un développement sur place, avec des conditions peu variables et rarement nuisibles, comme celui des mégathermes, a été plus fructueux que des changements de climat ou des migrations. Ce n’est pas que celles-ci ne mettent les végétaux dans des conditions favorables à la production el surtout à la conservation de nouvelles formes et de nouvelles dispositions physiologi- ques par un effet de l'isolement, mais elles sont accom- ‘ Die Darwinische Theorie und das Migrationsgesetz der Organis- men. Br. in-8°. Leipzig, 1868. À 42 GROUPES PHYSIOLOGIQUES DES VÉGÉTAUX. pagnées de trop de mauvaises chances. Les invasions gla- ciaires, par exemple, expulsent matériellement et par le climat qu’elles supposent, une quantité d'espèces et en détruisent beaucoup d’autres. Ainsi, des deux conditions qui ont été souvent mises en opposition comme influant sur les évolutions, le temps et les changements de climat, c’est Le temps qui a le plus de valeur. Rien ne prouve qu'il soit en lui-même une cause de variation, mais il accumule celles qui arrivent, et il ne nuit pas, comme les changements le font toujours, quel- quefois même d’une façon désastreuse, < QUELQUES EXPÉRIENCES CONCERNANT LES EFFETS DU MAGNÉTISME SCR LA DÉCHARGE BLECTRIQUE À TRAVERS UN GAZ RAREFIE LORSQU'ELLE S'ACCOMPLIT DANS LE PROLONGEMENT DE L'AXE DE L'AIMANT PAR MM. AUGUSTE DE LA RIVE & ÉpouaArD SARASIN : Dans le premier travail” que nous avons publié sur Paetion du magnétisme sur les gaz traversés par la dé- charge électrique nous avons étudié d’abord le cas où l’aimant agit sur une décharge perpendiculaire à son axe. Nous avons reconnu que dans ce cas l’aimant, entre les deux pôles duquel se trouve le tube de Geissler, à pour effet, outre la déviation du jet lumineux, sa condensa- üon et son plus vif éclat, une diminution notable de la force élastique du gaz dans la portion de la décharge qui est plus directement soumise à son action. Cette augmentation de densité, qui se produit au détriment du reste de la masse gazeuse en même temps que la condensation du jet lumineux, varie avec la nature du gaz ; elle est moins forte avec l'hydrogène qu'avec l’acide carbonique, plus faible avec ce dernier qu'avec l'air, c'est-à-dire que l'effet est d'autant plus marqué que le gaz est moins bon conducteur pour l'électricité. En outre, cet effet est plus considérable sur la portion de la dé- charge voisine de l’électrode négative que sur le reste de e colonne gazeuse traversée par le courant. Quant à la * Cette note a été rédigée peu de temps avant la mort d’Auguste de la Rive pour le Jubelbund des Annales de Poggendorff. Elle renferme le résumé des dernières recherches expérimentales auxquelles ait pu se livrer le savant illustre dont Genève et le monde scientifique tout entier ont ressenti si douloureusement la perte, (Réd.) ? Voyez Archives, 1871, tome XLI, p. 5. 44 EFFETS DU MAGNÉTISME diminution de conductibilité du gaz qu'on savait résulter dans ce cas de l’action de l’aimant, nous avons reconnu qu’elle varie aussi très-notablement avec la nature du gaz étant d'autant plus considérable que le gaz est un meil- leur conducteur de l'électricité. Dans le même travail, nous avons étudié ensuite l'effet de l'aimant sur une décharge s’accomplissant suivant la ligne qui joint ses deux pôles. Dans ce cas, nous avans observé, au contraire. une augmentation très-sensible de l'intensité du courant. Nous nous étions bornés à constater que cette diminution de résistance provoquée dans le tube de Geissler, placé axialement entre les deux pôles magné- tiques, est d'autant plus marquée que le gaz est meilleur conducteur et que sa pression est plus faible. En vue de compléter nos.premières observations, nous avons repris et varié cette expérience. Qu'il nous soit permis d’expo- ser ici en quelques mots, quoiqu’ils soient encore fort incomplets, les résultats auxquels nous ont conduits nos dernières recherches. Au lieu de disposer notre électro-aimant en fer à che- val, comme dans nos premières expériences avec les deux bobines horizontales dans le prolongement l’une de l’autre et les deux pôles magnétiques opposés, séparés par un intervalle de dix centimètres, ce qui obligeait à intro- duire le tube de Geissler dans l'ouverture cylindrique percée dans laxe de chacun des deux fers doux, nous avons employé ici l'éectro-aimant en colonne de façon à ne faire agir sur la décharge qu'un seul des deux pôles magnétiques. L'appareil dans lequel s’accomplissait la dé- charge électrique, tube de Geissler où large cloche, re- posait sur l'extrémité supérieure du cylindre de fer doux, la ligne des électrodes se trouvant sur le prolongement de l’axe de l’aimant. SUR LA DEUHARGE ÉLECTRIQUE. 45 Nous avons commencé par opérer avec des tubes de Geissler cylindriques de 30 centim. de longueur et de 32 millim. de largeur, présentant des électrodes intérieures formées d’un fil de platine. L'un de ces tubes renferme de l’azote, l’autre de l'hydrogène, tous deux à une pres- sion très-basse de 1%% environ ou même au-dessous, à en juger du moins par lapparence que la décharge affecte dans leur intérieur. Le courant d’induction fourni par une machine de Rubmkorff de moyenne grandeur, excitée par quatre couples de Grove, traversait ce tube de Geissler, puis l'appareil de dérivation dont nous avons fait usage dans nos précédentes recherches. C’est sur une très-faible portion du courant qui était dérivé dans un galvanomètre placé suffisamment loin de l’aimant pour n’en pas être in-: fluencé, que nous observions les variations d'intensité de la décharge, suivant qu’elle était ou non soumise à l’ac- tion de l’aimant. Celui-ci était excité par 20, 25, 30 et même quelquefois 40 couples de Bunsen. Traversé par la décharge de la machine de Rubmkorff, chacun de ces deux tubes de Geissler présente autour de l’électrode négative une belle auréole bleue, s’étendant jasqu’aux parois du tube, au delà, un long intervalle obs- eur, et de là jusqu'à l’électrode positive des stries très-es- pacées. L’apparence de cette décharge change compléte- ment dès qu’elle vient à être soumise à l’action de l’aimant et lorsque l’électrode négative se trouve en bas, soit sous l’action immédiate du pôle magnétique. Dès qu’on aimante, en effet, l'’auréole négative qui, sur une longueur de 35%": environ, occupait tout le diamètre du tube, se transforme en un cylindre étroit de 8 à 9% de diamètre, très-lumi- neux, s'étendant jusqu’à l’électrode positive à travers tout l'intervalle occupé précédemment par l’espace obscur et: le jet strié positif, présentant, à part les stries et la cou: 46 EFFETS DU MAGNÉTISME leur, une apparence analogue au jet positif encore étroit que l’on observe vers 8 ou 40m». Lorsqu'au lieu d'opérer avec un tube de Geissler nous employions une grande cloche ou encore un des ballons à l’aide desquels se fait l'expérience des aurores boréales avec électrode négative centrale entourée de l'anneau positif, nous obtenions toujours le même effet, c’est-à-dire que la large auréole sphérique qui se déve- loppait aux très-basses pressions, autour de l'électrode négative, isolée, était remplacée par un jet bleu, étroit, d’un très-vif éclat, ayant parfois l'apparence d’une flamme bleue brillante qui s’échapperait de l’électrode positive. Ce jet négatif se produit toujours dans la continuation de l'axe de l’électro-aimant, même dans le cas où lélec- trode positive est un anneau situé dans le même plan horizontal que l’électrode négative. L’électricité, qui s’é- chappait en tous sens également de l’électrode négative, ne sort plus maintenant que sous une seule direction comme projetée loin du pôle magnétique. Toutefois ce n’est qu'aux très-basses pressions, à 1" et même au-dessous que cet effet se produit avec ce degré d'intensité. Plus la force élastique du gaz est grande, plus ce dard négatif se raccourcit cédant la place au jet positif. C’est à 22% envi- ron que cette action répulsive, que l’aimant parait exer- cer sur l’auréole négative, commence à devenir sensible. Telle est la modification produite par l’aimantation dans l'apparence de la décharge électrique. Celle-ci est accompagnée d’un changement tout aussi marqué dans la résistance opposée par le gaz raréfié au passage de la décharge. Comme nous l’avions observé déjà, et consigné dans le mémoire précité, l’aimant a pour effet, dans le cas d’une décharge disposée axialement, d'augmenter no- tablement l'intensité du courant. SUR LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE. 47 Avec le tube de Geissler à hydrogène décrit ci-dessus, placé verticalement sur l’extrémité supérieure du cylin- dre de fer doux, l’électrode négative en bas, le galvano- mètre placé dans le courant dérivé marquait 20° lors- qu’on n’aimantait pas et 40° lorsque l’électro-aimant était excité par 25 couples de Bunsen. Le tube d'azote, placé dans les mêmes conditions, donnait 20° sans aimantation et 30° avec aimantation, Dans un autre cas, en lançant dans l’éleciro aimant le courant de 40 couples de Bunsen, nous avons vu croître la déviation du galvanomètre, avec le tube d'hydrogène de 12° qu’elle marquait avant l’aiman- tation à 99°, avec le tube d'azote de 40 à 35°, On voit, par ces exemples, que nous prenons au hasard, au milieu d’un très-grand nombre de résultats analogues, que l'intensité de la décharge transmise par le tube de Geissler peut être quadruplée par l'effet d’un électro-aimant suffisam- ment fort !. On voit, de plus, ce que nous avions reconnu déjà, que l'effet est plus marqué sur l'hydrogène que sur l'air, que l'augmentation d'intensité du courant est plus considérable avec le gaz plus conducteur qu'avec le gaz moins bon conducteur de l'électricité. Lorsque c’est l’électrode positive qui est soumise à l’action immédiate de l’aimant, il n’y a presque aucune modification appréciable dans l'apparence et dans l’inten- sité de la décharge. — L'effet, en revanche, est exacte- ment le même, quel que soit le sens de l’aimantation. Lorsqu'on dispose dans le circuit plusieurs tubes de Geissler consécutifs placés tous de la même manière sur l'extrémité supérieure du fer doux, ayant chacun leur électrode négative en bas, l'effet sur l'intensité du courant 1 Cette augmentation d'intensité se reconnaît par la simple inspec- tion du tube de Geissler à ce fait que l’électrode négative rougit et présente des traces de fusion dès qu'on aimante. 48 EFFETS DU MAGNÉTISME, ETC. qui les traverse tous est encore plus fort. Mais si, outre le ou les tubes placés sous l’action de l’aimant, il y en a un seul dans le circuit qui soit en dehors de cette action, l'effet que l’aimant produit sur l’intensité du courant en est annulé, quoique la modification que subit l’apparence de la décharge dans les autres tubes placés sur le pôle ma- gnétique, demeure la même. Il semble donc que ce soit une résistance spéciale et particulièrement intense, ayant son siége à la sortie de l’électrode négative qui se trouve de la sorte vaincue par l'intervention de l’aimant. Une dernière série d'expériences est venue à l’appui de cette manière de voir el nous a montré que les dimen- sions de l’électrode négative, qui influent notablement sur les dimensions de l’auréole et sur la résistance au pas- sage de l'électricité, influent aussi sur l'augmentation d’in- tensité produite par l’aimant dans le cas d’une décharge axiale, En opérant avec la grande cloche, nous avions une augmentation d'intensité très-forte, plus faible ou presque nulle suivant que nous employions comme électrode néga- tive une pointe ou un fil de platine, une petite boule ou une srande boule de # centim. de diamètre *, Nous nous bornons ici à consigner brièvement ces quel- ques observations sans prétendre en tirer, pour le mo- ment du moins, aucune conséquence théorique. 1 Dans la note qui a paru en allemand dans les Annales de Poggend., il s’est glissé à cette place une erreur grave qui nous fait dire le con- traire de ce que nous voulions, et qu’il importe de rectifier ici. Ce n’est point avec une électrode négative d’une grande surface que l'effet de ‘aimant est le plus marqué, mais au contraire avec une électrode né- gative d’une très-petite surface. Dans le premier cas, la couche lumi- neuse très-mince qui recouvre la grande électrode sur toute son éten- due ne subit pas de modification notable sous l’action de l’aimant. Dans le second cas, au contraire, la grande auréole sphérique, qui se déve- loppe autour de la petite électrode, se transforme, dès qu’on aimante, en un long jet lumineux dirigé dans le prolongement de l'axe de l'ai- mant, et c’est alors que l'intensité du courant subit cette augmentation considérable que nous avons décrite. E.S. \ ds. NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LES MŒURS DES FOURMIS ET DES ARAIGNÉES DU MIDI DE LA FRANCE Par M. T. MOGGRIDGE Un jeune Anglais, M. Traherne Moggridge, obligé, pour cause de santé, de passer l’hiver à Menton, depuis plu- sieurs années, s’est voué avec ardeur à l’étude de l’histoire naturelle de cette portion du littoral de la Méditerranée. M. Mogoeridge a publié d’abord, en 1871, une flore ‘ illus- trée des principales plantes qui fleurissent pendant l’hi- ver, accompagnée de renseignements fort intéressants sur leur mode de végétation ; puis en 1873 un petit ouvrage sur les mœurs des fourmis et des araignées *, qui dénote un esprit d'observation très-remarquable. | Les étrangers viennent maintenant en grand nombre passer l'hiver à Menton, attirés par la douceur du climat ou séduits par la beauté du pays. On ne peut se lasser, en effet, d’errer à l'aventure dans ces vallées solitaires, ombragées par de beaux oliviers et par des citronniers chargés de fruits dorés, ou de rester assis sur le sommet des collines, s’oubliant à regarder au loin, à travers les ! Contributions to the flora of Mentone and to a winter flora of the Riviera including the coast from Marseilles to Genoa. Royal 8 vo, in 4 parts, each, with 25 coloured Plates 15 s., or complete in one vol. 63 s. L. Reeve and Co, 5, Henrietta Street. Covent Garden. ? Harvesting ants and Trap-door spiders.— Notes and observations on their habits and dwellings. 4 vol. with Plates. ARCHIVES, t. L. — Mai 1874. 4 90 MOEURS DES FOURMIS ET DES ARAIGNÉES pins, les belles eaux bleues de la Méditerranée. On doit savoir gré à M. Mogsridge d’avoir ajouté un nouvel inté- rêt à tant d’autres, en faisant l’histoire des fleurs que l’on rencontre sous ses pas, et en montrant que ces collines, couvertes de plantes odoriférantes, de mousses, de fou- gères et de lycopodiacées délicates, sont habitées par tout un petit monde, dont les intelligents travaux commandent l'admiration de l'observateur. Les ouvrages de M. Moggridge n’étant pas encore tra- duits en français, nous avons pensé qu'il serait intéressant de publier au moins un extrait de son dernier mémoire, pour montrer qu’un sujet qu’on croyait épuisé depuis longtemps, repris par un naturaliste ingénieux et patient, peut encore révéler bien des choses nouvelles et cu- rieuses, Ce travail, du reste, nous a été singulièrement facilité par M. Mogzsridge lui-même, qui a bien voulu, avec la plus grande obligeance, non-seulement nous don- ner tous les renseignements que nous pouvions désirer, sur les lieux mêmes où il avait fait ses observations, mais aussi nous faire part de plusieurs faits qu'il ne connaissait pas encore lors de la publication de son ouvrage, Qu'il veuille bien en recevoir ici tous nos remerciements. Il En 1869, M. Bentham, président de la Société linnéenne de Londres, attira l’attention des naturalistes, sur le peu de renseignements qu’on avait sur l’origine de certaines plantes, qui apparaissent subitement dans des localités où elles étaient inconnues auparavant, à la suite de travaux nécessitant des transports de terre, Cette observation sug- géra à M. Moggridge l’idée que les fourmis qu’il avait vues à Menton, transportant des graines, pouvaient bien être 3 3 L'+ fe ; DU MIDI DE LA FRANCE. 51 une cause indirecte de cette dissémination. Lorsqu'il com- muniqua cette opinion à quelques naturalistes, il fut très- surpris d'apprendre que c'était un fait admis sans hési- tation par MM. Haber, Gould, Kirby, Smith et récemment par M. Blanchard, que les fourmis d'Europe ne font point de provisions, et que le bon La Fontaine était dans l'erreur, lorsqu'il prenait, dans ses fables, ces insectes comme le type de la prévoyance. D'un autre côté, cependant, on trouve les assertions les plus positives dans plusieurs auteurs grecs et latins, tels qu'Hésiode, Horace, Virgile, Ésope, ainsi que dans les proverbes de Salomon, que les fourmis accumulent pendant l'été des provisions pour l'hiver, et il est bien constaté aussi, d’après les observations de MM. Sykes, Jerdon, Lincecum, Bates, ete., que les fourmis de l'Inde, du Texas, du Brésil, entassent dans leurs fourmilières une quantité considérable de graines. En présence d’affirmalions si contradictoires, M. Mog- gridge se décida, dès son retour à Menton, au mois d’oc- tobre 1871, à reprendre avec soin l’examen de l’obser- vation superficielle qu'il avait déjà faite antérieurement, pour tàcher de résoudre les trois questions suivantes : Lo Les graines transportées dans les fourmilières sont- elles employées comme matériaux de construction, ou bien sont-elles déposées dans l'intérieur comme provi- Sions ? 2° Les fourmis qui récoltent des graines recherchent- elles les pucerons comme les autres fourmis ? 3° Toutes les fourmis du midi de l'Europe, ou seule- ment quelques espèces, transportent-elles des graines ? M. Moggridge constata d’abord, que trois espèces seule- ment de fourmis transportent des graines : l’Awa bar- 52 MOEURS DES FOURMIS ET DES ARAIGNÉES bara, dont il existe deux variétés, l’une complétement noire, l’autre à tête rouge ; l’Atta structor, espèce très- voisine de l’A. barbara, enfin, la Phesdole (Alta) megace- phala, très-petite fourmi jaune ayant une fort grosse tête. Les faits que nous allons maintenant retracer se rap- portent surtout à l’Atta barbara qu'il est plus facile d’ob- sérver que les deux autres. En visitant les fourmilières qu'il connaissait déjà, M. Moggridge ne tarda pas à trouver de nombreuses fourmis qui, se rendant à une petite prairie voisine, en revenaient chargées de graines et de capsules prises à di- verses plantes (Capsella bursa pastoris, Alsine media, Lin., Calamintha, ete.). Lorsqu'il s’agit de cueillir, par exem- ple, une capsule de Bursa pastoris, une fourmi monte le long de la grappe, et négligeant celles de la base qui, étant sèches, laisseraient trop facilement sortir leurs graines, elle s'attaque à celles du milieu, vertes et bien remplies; mordant ensuite vigoureusement le pédoncule à sa base, tandis qu’une autre fourmi s'efforce de le tordre, elle ne tarde pas à le détacher, la capsule tombe alors sur le sol, puis elle est reprise par d’autres fourmis. Les fourmis peuvent-elles se tromper et rapporter au logis de petits corps n'ayant que l'apparence d’une graine ? Pour s’éclairer sur ce point, M. Moggridge répandit sur le sol de très-pelits grains de porcelaine de diverses cou- leurs; quelques-uns furent emportés au logis, mais bien- tôt les intelligentes petites bêtes comprirent leur erreur, et, retournant à leurs plantes, ne firent plus aucune atten- tion à ces objets sans utilité pour elles. Les graines et les capsules rapportées sont, ou déposées: momentanément à l'entrée, ou aussitôt introduites dans l’intérieur de la fourmilière, qui, élant toujours creusée DU MIDI DE LA FRANCE. 33 dans un sol sablonneux plus ou moins compacte, n'exige aucune substance étrangère pour sa construction, et dont l'étendue peut être souvent très-considérable. Notons en passant que le sol, à une fort grande distance de l'entrée de la fourmilière, est, à la fin de l’été, recouvert par un amas souvent considérable de glumes et de capsules vi- dées, continuellement rapportées de l'intérieur où les graines seules sont conservées. | La nature du sol, dans lequel les fourmilières se trou- vent, rend fort difficile l'observation de ce qui se passe au dedans. M. Moggridge, désirant beaucoup savoir la fin de Yhistoire de ces graines qu'il voyait entrer en si grande quantité, ne s’est point découragé, et a fini par trouver une fourmilière qui, étant parallèle au mur d’une terrasse, pouvait être assez facilement explorée sur toute sa lon- gueur. En suivant les galeries, il a pu constater alors que les graines, qui se rapportaient à plus de dix-huit familles différentes de plantes, étaient accumulées avec soin dans de petites cavités ou greniers, dont le volume varie entre celui d’une montre et celui de la paume de Ja main. Ces greniers ont un plancher soigneusement fait avec de pe- lits grains de mica et de quartz cimentés ensemble ; la partie supérieure a, en général, la forme d’une voûte. M. Moggridge a constaté, de plus, ce fait très-curieux, que les graines qui se trouvent accumulées dans ces greniers, ne présentent presque jamais (à peine une sur des mil- liers) un commencement de germination, quoique étant souvent dans des conditions d'humidité, de profondeur et de température très-favorables à leur développement. Comment les fourmis peuvent-elles obtenir ce résultat? Ce problème de physiologie végétale n’a pas été résolu jusqu'à présent, mais M. Moggridge a pu se convaincre, 54 MOEURS DES FOURMIS ET DES ARAIGNÉES qu'il était absolument nécessaire, pour que la germination fût arrêtée, que les fonrmis pussent visiter les greniers. Si les visites sont interrompues, alors la germination com- mence immédiatement. M. Moggridge s’est demandé si l’acide formique ne pouvait pas être la cause de cette sus- pension de la germination, mais les récentes expériences qu’il a faites ne lui permettent point de conclure ainsi. Lorsqu'une graine, par suite de certaines circonstances, germe dans un grenier, dès que la radicule à atteint une certaine longueur, elle est coupée par les fourmis à son extrémité libre, puis la graine est sortie du nid, exposée au soleil, et ensuite rapportée à l’intérieur pour être man- gée avec avidité, renfermant à ce moment-là une substance sucrée. Les diverses colonies de l’Atta barbara se font souvent une guerre acharnée pour s’emparer de leurs provisions, et M. Mogcridge a pu suivre les diverses phases d’une lutte entre deux fourmilières, qui a duré 46 jours, du 18 janvier au # mars. Il parait que dans leurs combats, les fourmis cherchent le plus souvent à se saisir par leurs antennes, et que, lorsque l’une d’elles a été prise de celte manière, elle perd immédiatement toute son énergie. Certaines fourmis paraissent spécialement chargées du pillage, car M. Moggridge a constaté plusieurs fois, que les fourmis revenant chargées de butin, le remettaient, à l'en- trée de leur demeure, à d’autres ouvrières pour repartir immédiatement. Quoique les Atta barbara et structor emploient la plus grande partie de leur temps à récolter des graines, elles font cependant aussi la chasse aux petits insectes, qu’elles dévorent immédiatement, ou qu’elles transportent dans l'intérieur de leurs habitations. x 4 + af AN DU MIDI DE LA FRANCE. 55 M. Moggridge ayant installé, dans une grande bouteille de verre, pleine de terre, placée dans son jardin, une co- lonie d’Atta barbara avec sa reine et plusieurs larves, a pu suivre ses travaux pendant quatre mois et enregistrer les observations suivantes : Les fourmis se mirent immédiatement à creuser des galeries, travaillant avec ardeur jour et nuit. Comme la masse de terre mise à leur disposition était petite pour le ‘nombre des travailleurs placés dans la bouteille, au lien de ne faire qu'une seule entrée comme cela est habituel- lement le cas, elles en firent un grand nombre, afin que tous les membres de la colonie pussent entrer et sortir sans encombrement. Plus tard, lorsque les galeries furent plus avancées, les entrées, qui ont souvent la forme de pe- tits cônes (formés par l'accumulation des matières Ler- reuses provenant du percement des galeries), furent ré- duites à trois et même enfin à une seule, Au bout du dix-neuvième jour, les fourmis, bien installées, se mi- rent à transporter régulièrement les graines, que M. Mog- gridge avait disséminées autour de la nouvelle habita- tion. IL arrive souvent que les petites racines des plantes qui croissent à la surface du sol, pénètrent dans les gale- ries, gênant ainsi la circulation des fourmis; mais elles ont soin de les couper immédiatement à mesure qu'elles pa- raissent, comme M. Moggridge a pu le constater plus d’une fois. Les fourmis auraient-elles connaissance de la valeur du traitement des maladies par l’eau froide ? On pourrait le croire par le fait suivant, observé par M. Moggridge, d’une fourmi qui en plongeait une autre dans une petite flaque d’eau, à la surface de laquelle flottait un brin 510 MOEURS DES FOURMIS ET DES ARAIGNÉES d'herbe servant de pont; la fourmi immergée fut ensuite tirée avec peine de l’eau, puis portée au soleil pour qu’elle püt se sécher. M. Moggridge a pu se convaincre aussi que les graines accumulées dans les greniers servent bien réellement à la nourriture des fourmis ; car il a eu plus d’une fois l’oc- casion de voir ces insectes détacher, avec leurs mandi- bules, les particules d’un grain de millet humide et dé- barrassé de son périsperme, pour les introduire dans la bouche. En mettant à leur disposition des graines di- verses, les unes ont pu être mangées immédiatement, pour d’autres il fallait les humecter préalablement. Ja- mais, en tout cas, ces fourmis n'ont été attirées par des pucerons placés dans leur voisinage. M. Moggridge, ayant vu les fourmis qu'il tenait en cap- tivité travailler la nuit, a voulu s'assurer si cela avait lieu habituellement. Dans ce but, ayant été visiter des four- milières par une nuit fort obscure et chaude, 1l a trouvé une colonne qui rapportait avec activité des graines prises * dans un jardin voisin, et si M. Moggridge n’a pas pu ob- server les mœurs de la Pheidole megacephala, c’est préci- sément parce que cette pelite espèce travaille surtout pendant la nuit. La récolte des graines par l’Atta barbara a été obser- vée à Menton, à Cannes, à Marseille, à l’île de Capri, à Alger. Cette espèce se trouve aussi en Allemagne, en Suisse et dans le nord de la France. Quelles sont ses mœurs, ses habitudes dans les pays du Nord ? Fait-elle aussi des provisions pour l'hiver ? Cela est peu proba- ble après les travaux si précis d'Huber. M. Moggridge désirerait beaucoup, cependant, qu'un naturaliste reprit ce sujet. DU MIDI DE LA FRANCE. ‘57 Il La grande classe des Aranéides a été divisée en plu- sieurs groupes, dont un, en particulier, est fort curieux : c’est celui des Territelariæ où Mygales, dont plusieurs espèces construisent des tubes souterrains, revêtus de soie et munis d’une ou même de deux portes, d’une structure souvent fort compliquée: formant ainsi des demeures qu'on peut cerlainement classer parmi les plus ingé- nieuses constructions dues à l'instinct des animaux. Les araignées de ce groupe se distinguent à première vue, en particulier, par la présence sous l'abdomen de quatre ta- ches pâles, indiquant la place des sacs aériens, au lieu de deux que l'on trouve dans les autres groupes. Les premières observations sur les demeures des Ter- ritelariæ sont dues à Browne, qui les fit à la Jamaïque en 1756, et à l'abbé Sauvage qui découvrit, vers 1760, près de Montpellier, l’araignée maçonne (Nemesia cæmentaria). On trouve dans le nord de l'Europe un représentant de ce groupe, l'Atypus piceus (A. Sulzeri) ; mais il n’est pas certain que celte espèce ferme son tube par une porte; dans tous les cas, si celle-ci existe, elle n’est que fort ru- dimentaire. Les autres espèces de Terrüelariæ, qui construisent des tubes munis de portes véritables, habitent les régions chaudes du globe, et ne se trouvent en Europe que sur les bords de la Méditerranée. On peut rapporter ces constructions à deux types bien distincts, suivant qu’elles ont une ou deux portes fixées par une charnière. Îl ne faudrait point conclure cependant de l’analogie dans les demeures, à une analogie dans les espèces qui les con- \ ES 98 NOEURS DES FOURMIS ET DES ARAIGNÉES struisent ; ®n effet, nous verrons que deux espèces du même genre peuvent construire des demeures très-diffé- rentes, et aussi que deux espèces, appartenant à des genres distincts, ont des demeures presque identiques. Entrons maintenant dans quelques détails, en commen- çant par les demeures des araignées qui consistent en un tube muni d’une seule porte ou couvercle ; nous décrirons pour cela celles de la Cteniza nidulans, de la C. fodiens et de la Nemesia cœmentaria. La Cteniza nidulans, qui se trouve seulement aux An- tilles, se construit un tube qui est fermé à sa partie supé- rieure par une porte très-mince, exclusivement construite en soie et qui ne fait que reposer sur l'ouverture. Ce tube est beaucoup plus grossier dans sa texture que celni des autres araignées tubicoles ; il est droit ou courbe, souvent renflé à son extrémité inférieure, de manière à imiter un éperon (fig. A). M. Gosse a très-bien décrit un de ces tubes dans son ouvrage : Séjour d'un naturaliste à la Jamaïque. «A est, dit-il, cylindrique, ayant de quatre à dix pouces de pro- fondeur et un pouce de diamètre ; son extrémité est ar- rondie. Tous les tubes ne sont pas également bien con- struits, le tissu qui les tapisse étant plus ou moins com- pacte; mais il est toujours très-lisse à l’intérieur. La portion soyeuse de la partie supérieure du tube, est beau- coup plus épaisse que celle de la partie inférieure qui est très-mince; le couvercle est soudé au tube sur une largeur du tiers de la circonférence, et cette charnière ne présente rien de particulier.» M. Gosse, se fondant sur l'inspection attentive d'un grand nombre de tubes, pense qu'ils sont construits de la manière suivante : L’araignée commence par creuser un trou dans le sol PUR "at tt OT ET EN, MS Lu à 1, RENTE An} ; DU MIDI DE LA FRANCE. 59 humide avec ses mandibules, enlevant peu à peu les par- ticules de terre et les portant au dehors ; puis, lorsque le trou est arrivé à une certaine profondeur, elle tapisse l'intérieur, fait son couvercle, et ce n’est que plus tard qu’elle achève de prolonger son tube et de le revêtir de soie. L’araignée ne paraît pas faire d’une seule fois la membrane soyeuse qui couvre la parot de la demeure, mais elle dépose ici et là des plaques de soie, là sans doute où la terre se détache le plus facilement. Par-dessus cela, elle remet ensuite des plaques plus larges, et enfin, lorsque toute la paroi est recouverte, elle ajoute quelque- fois un nouveau revêlement, composé de plusieurs couches très-fines, formées par l’entrelacement de fils simples ou agglutinés ensemble. L'ouverture du tube est légèrement dilatée de manière à former une sorte de lèvre; le cou- vercle, très-mince, est quelquefois un peu convexe à sa face inférieure pour mieux reposer sur les bords du tube. M. Gosse possède un de ces tubes, remarquable par l'extrême compacité de son tissa soyeux, dont tout le bord libre du couvercle est percé d’une rangée de quinze pe- tits trous, semblables à ceux qui seraient produits par une fine aiguille; une rangée semblable, mais double, se trouve sur le bord supérieur du tube, M. Gosse ne croit pas que ces ouvertures aient pour but de permettre à l’araignée de tenir sa porte solidement fermée au moyen de ses pattes (les trous du couverele étant trop rapprochés de ceux du tube), mais il pense qu’elles servent à faciliter l’entrée de l'air. Les demeures de la Cteniza fodiens et de la Nemesia cæmentaria n'ont aussi qu'une seule porte, mais elle est très-épaisse et convexe en dessous de manière à pou- 60 MOEURS DES FOURMIS ET DES ARAIGNÉES voir pénétrer dans l'ouverture du tube comme le ferait un bouchon (figure B). On trouve un peu partout, dans les régions tempérées et chaudes du globe, des constructions de cette forme, dues à diverses espèces de Territelariæ, par exemple, aux Indes, à Formose, en Australie et sur les bords de la Mé- diterranée, etc. de M. Moggridge a pu bien étudier la demeure de la N. cœmentaria, qui est assez abondante à Menton (la C. fodiens est, au contraire, fort rare), et ajouter de nou- veaux faits à ceux déjà connus. Il n’est pas facile, du reste, de trouver les demeures de ces araignées, par suite de la précision avec laquelle les couvercles ferment l'entrée du tube, et à cause de l’iden- tité de leur aspect extérieur avec celui du sol environnant. Elles se trouvent en général sur les pentes humides et om- bragées, dans les interstices des vieilles murailles, recou- vertes de mousses, fort rarement sur un terrain plat; sou- vent enfin plusieurs habitations sont rapprochées les unes des autres. Le tube est droit ou légèrement courbé, se dirigeant toujours de haut en bas ; quant au couverele, sa construction est fort remarquable, comme nous l'avons déjà dit et comme nous le verrons plus loin encore. Lors- qu'on veut essayer de le soulever avec une petite pointe, il arrive quelquefois qu'on ne peut réussir qu'avec assez de peine. Cela est dû aux efforts de l'araignée qui se cramponne au Couvercle au moyen de ses pattes, dont les empreintes restent ensuite, sous la forme de petits trous, situés sur la portion périphérique du couvercle opposée à la charnière, et qui persistent pendant un temps plus ou moins long. On a souvent dit que ces marques étaient ds trous ff: 2e OS CU sus STORES Je + Pr 4 i | | DU MIDI DE LA FRANCE. 61 préparés pour faciliter la préhension de la porte, mais cela n’est pas; ils proviennent simplement de l’enfonce- ment d’un corps pointu dans une substance molle. Nous avons dit que la surface supérieure du couvercle s’harmonisait avec le sol environnant, étant couverte, suivant les cas, de terre ou de petites mousses en pleine végétation. Les araignées cependant paraissent être diri- gées, dans le choix de leurs matériaux, par d’autres mo- üfs. En effet, M. Moggridge a pu constater plusieurs fois que, si on enlevait un couvercle couvert de mousse et tout le gazon environnant le tube, de manière à laisser le sol dénudé sur une certaine étendue, au bout de quelques jours le couvercle était refait, et recouvert encore d’une mousse que laraignée avait dû aller prendre au loin, ce qui, dans ce cas, rendait l'entrée de lhabitation très- apparente. Il est difficile de connaitre les habitudes des araignées tubicoles, car elles ne sortent, ‘en général, que la nuit. Cependant Olivier dit, qu'aux iles d'Hyères, il a vu des tubes ouverts au milieu de la journée et vides. D'un autre côté M. Hansard qui a gardé de ces arach- nides en captivité à Corfou, ne les a jamais vus sortir que la nuit ou de très-grand matin. M. Erber a observé aussi que la Cleniza ariana, qui se trouve dans lile de Tinos, ne chasse que la nuit. Pour s’emparer de sa proie, elle attache sa porte à un objet voisin, au moyen d’un fil pour qu’elle puisse rester ouverte; puis elle tisse rapide- ment, devant l’entrée de sa demeure, une petite toile qu'elle détruit le matin. ILest positif cependant que quelques araignées tubi- coles ne craignent point la lumière, car Lady Parker a raconté à M. Moggridge qu’à Paramatta, près de Sydney, Li 62 = MOEURS DES FOURMIS ET DES ARAIGNÉES en Australie, une espèce très-abondante dans les jardins se voit hâbituellement, pendant le jour, devant sa de- meure tout ouverte, dans laquelle elle se hâte de dispa- raître à la moindre inquiétude, laissant retomber le cou- vercle qui ferme avec une exactitude si parfaite, qu’on ne peut que très-difficilement le retrouver. Une araignée adulte n’abandonne sa demeure qu'avec une extrême répugnance, comme M. Saunders a pu le constater aux iles [oniennes, où il à trouvé un tube qui avait deux portes, l’une à la partie supérieure et qui n’a- vait rien de particulier, et l’autre, qui était tout à fait à l'extrémité opposée, ne pouvant servir absolument à rien puisqu'elle était appliquée contre le sol. M. Saunders ne put s'expliquer ce fait qu'en supposant que le tube, qui se trouvait dans un terrain cultivé, avait élé mis sens deés- sus dessous et que l’araignée, au lieu d’aller ailleurs, avait préféré appliquer une nouvelle porte à la nouvelle entrée de son tube. Cette hypothèse fut ensuite vérifiée en ré- pétant l'expérience avec uné araignée élevée en capti- vité. Nous verrons un peu plus loin une observation de M. Mogoridge, qui explique assez bien, pourquoi les arai- gnées adultes ne veulent point abandonner leurs de- meures. On s’est souvent demandé comment les araignées con- struisaient, soit leur tube qui a souvent plusieurs décimé- tres de longueur, soit leur couvercle, souvent assez large (celui de la N. cæmentaria pouvant atteindre 14 milli- mètres de diamètre). M. Moggridge ne pense pas que ce travail se fasse en une seule fois, car il résulte au con- traire de ses observations, qu’un tube n’atteint ses plus grandes dimensions que graduellement, et voici comment. Très-peu de temps après leur sortie de l'œuf, les pe- M4 CNE] L'yeut T2 DR # DU MIDI DE LA FRANCE. 63 tites araignées se mettent à construire une microscopi- que demeure, tout à fait semblable à celle de leur mère, et on ne peut assez s'étonner que de si frêles petites créatures puissent creuser un tube dans la terre, à une profondeur relativement fort grande. M. Moggridge à pu suivre la construction du couvercle, qui consiste d’abord en un réseau de fils, entre les mailles duquel des parti- cules de terre sont déposées et solidement fixées ; puis les bouts des fils sont coupés, sauf à la place qui doit être la charnière. Le couvercle est d’abord très-mol, mais au bout de quelques jours il se durcit et devient très-so- lide. A mesure que la petite araignée grandit, au lieu de refaire une autre demeure, elle augmente graduellement les dimensions de celle qu’elle occupe, ce qui fait qu’on peut se procurer des tubes présentant toutes les gran- deurs possibles, depuis déux jusqu’à quatorze millimètres de diamètre. On peut assez facilement prouver que les grands cou- vercles proviennent d’un petit qui à été agrandi succes- sivement. Si on mouille l’un d'eux avec un peu d’eau, on voit, en effel, qu'il consiste en plusieurs couches de soie, imprégnées de particules terreuses, formant de six à quatorze petites plaques circulaires (dont les bords sont plus épais que la portion centrale), superposées les unes au-dessus des autres, et allant en augmentant de dia- mètre (voir figure B° ; celle du haut étant la plus petite et correspondant au couvercle du premier âge, et celle du bas étant la plus grande et correspondant à l'ouverture agrandie du tube de l’âge adulte. M. Moggridge a toujours trouvé que le nombre des couches de soie était proportion- nel au diamètre du couvercle, en effet : LI 64 MOEURS DES FOURMIS ET DES ARAIGNÉES un couvercle de 2 mill. a À couche de soie » 4 » 5 couches » » 6 » 8 » » » 10 » 9 » » » 12 ». 48 » » Comme l'accroissement moyen annuel d’un couvercle est de 7 millim. environ, M. Moggridge pense qu'il faut trois ou quatre ans pour qu'un tube atteigne les plus grandes dimensions connues actuellement, c’est-à-dire 3°,2 (se trouve en Australie), et cela nous fait connaitre en même temps la durée de la vie du constructeur. Si on sort une jeune araignée de son tube, elle se met immédiatement à l'ouvrage pour en reconstruire un autre, mais il n’en est point de même pour les araignées adultes, sauf dans des cas particuliers comme nous le dirons plus loin. [Il nous reste maintenant à décrire les demeures des araignées tubicoles qui, au lieu d’avoir une seule porte, en ont deux, une extérieure très-mince, et une autre, inté- rieure, solide, épaisse, située à trois ou quatre pouces de profondeur. Ces tubes sont construits par la Nemesia me- ridionalis et par la Nemesia Eleanora, et jusqu’à présent ils n’ont été observés qu’à Menton, à Cannes, à San Remo, à Hyères et à Pegli dans la villa Pallavicini près de Gênes. Découverts pour la première fois par une dame anglaise Mrs. Boyle, c'est à M. Mogoridge que nous devons de connaître leur structure exacte qui est vraiment très-re- marquable. Entrons maintenant dans quelques détails. Les tubes de la Nemesia meridionalis (fig. C) sont assez communs à Menton. On les trouve entre les pierres des murs qui soutiennent les terrasses sur lesquelles DU MIDI DE LA FRANCE. 65 croissent les citronniers, et sur les terrains en pente, ex- posés au soleil. Ces tubes présentent non-seulement une porte intérieure, mais ils ont de plus une branche laté- rale ascendante, formant un angle de 45 degrés environ avec le canal principal, qui se termme en cul-de-sac, et toujours à une très-petite distance de la surface du sol. La porte supérieure ressemble beaucoup à celle de la Cleniza nidulans des Antilles ; elle est très-mince et ne fait que s'appuyer sur le bord du tube un peu rabattu pour la recevoir. Son tissu est formé d’une couche de soie, recouverte de terre, mais rarement en quantité suffisante, pour permettre la végétation de petites plan- tes, aussi l’araignée fixe-t-elle à la surface, des brins de bois, des fragments de feuilles mortes, qui rendent la dé- couverte de la porte souvent fort difficile. Dans certains cas l’ouverture ne se trouve pas au niveau du sol, mais à une certaine hauteur; le tube reste cependant vertical, par suite d'une consolidation de son tissu, soit au moyen d’une sorte de ciment terreux, soit en s'appuyant sur les branches entrelacées des végétaux environnants. Quant à la seconde porte, elle est située à l’embran- chement du tube latéral, au sommet de l’angle supérieur d’intersection, et elle est suspendue de telle façon qu’elle puisse boucher hermétiquement l’un ou l’autre des tu- bes. Si on enlève avec une pelle la motte de terre qui renferme le tube, de manière à le couper au-dessous de lembranchement, on peut souvent voir l’araignée, placée derrière la porte inférieure et la poussant vigoureuse- ment; cependant on peut aussi la trouver au fond du tube, les jambes repliées et comme sans vie; jamais M. Mog- gridge ne l’a vue retirée dans le tube latéral dont il ignore ARCHIVES, L. L. — Mai 1874. b) 66 MOEURS DES FOURMIS ET DES ARAIGNÉES l'usage. Cette porte intérieure est assez épaisse (2 à 3. millim.) ; sa forme est celle d’une ellipse dont les bords de la face supérieure seraient légèrement relevés; elle est construite avec de la terre entourée de soie, elle porte de plus à sa partie inférieure nne sorte d’appendice mem- braneux et libre qui rend sans doute la fermeture plus complète. Cette porte, du reste, n'est point fixée au tube par une simple charnière comme M. Moggridge l'avait cru d’abord, mais elle est retenue sur toute sa longueur, par une délicate membrane, repliée un peu comme la peau d’un soufflet, ce qui permet un mouvement de dé- placement, sans laisser aucune ouverture sur les côtés (voir figure C”). Les jeunes araignées de cette espèce se construisent aussi des demeures microscopiques semblables, même un peu plus compliquées. En effet, M. Dillon, un ami de M. Moggridge, a découvert qu'elles présentent un second embranchement latéral et descendant, mais beaucoup plus petit que l’embranchement supérieur. Il en résulte que le tube principal, muni de ses deux appendices, res- semble un peu à une croix de Saint-André dont un des bras serait très-couri et un autre très-long. Quant à la petite porte intérieure, placée à l’entrecroisement des quatre branches, elle peut, par son déplacement, tantôt se placer au centre et former ainsi deux tubes contigus, ou fermer l’une des branches en se portant de côté (voir fig. C* et C*). Quel est l’usage de ce second appendice ? On l’ignore. Tout ce que l’on peut dire, c’est qu’à mesure que la petite araignée agrandit sa demeure, elle néglige de s'occuper de cet embranchement qui finit peu à peu par disparaitre. On peut très-bien constater dans certains tubes , l’ac- «et Re à DU MIDI DE LA FRANCE. 67 croissement successif qui à été apporté à la porte supé- rieure, car les couches ajoutées lui donnent quelquefois un peu lapparence d’une coquille d’huître. La demeure de la Nemesia Eleanora n’exigera pas beaucoup de détails, car elle est fort semblable à celle de la Nemesia meridionalis ; la seule différence est que le tube est simple, au lieu de porter un embranchement (voir figure D). Fermé à l'extérieur par un couvercle très- mince, on trouve à quelques pouces au-dessous de l'entrée la seconde porte, épaisse, d’une forme légèrement diffé- rente de celle de la Nemesia meridionalis (voir figures D' et D?) et dont les bords, un peu obliques pour mieux pla- quer, sont rattachés sur toute leur longueur, à la paroi du tube, par une membrane terminée par deux fines lan- ouettes. Cette espèce, qui recherche surtout les endroits humides, est moins commune à Menton que la précédente, mais elle est assez abondante sur le versant nord de la petite montagne de Saint-Cassien près de Cannes. Nous avons déjà dit que les araignées adultes, sorties de leur demeure, ne s’en construisent point une nouvelle; cependant M. Mossridge ayant gardé en captivité une Nemesia Eleanora, sans son tube, dans une petite caisse pleine de terre, a constaté le fait suivant, — Cette arai- gnée se mit, au bont d’un certain temps, à tisser contre les parois de la caisse, une sorte de coque ou cellule ellipsoïdale, dans laquelle elle se renferma ; puis un peu plus tard elle ajouta à l’une des extrémités de cette ha- bitation, un tube de: quelques pouces de longueur. tout en soie et qui était ouvert à son extrémité. L’araignée sortait souvent de cette nouvelle demeure pour courir çà et là, dans la caisse, avec une grande agitation. M. Mog- gridge ayant eu ensuite l’idée de creuser dans la terre un 638 MOEURS DES FOURMIS ET DES ARAIGNÉES trou cylindrique assez profond, l’araignée quitta bien vite son habitation anomale, pour s'installer dans le dit trou, qui fut peu à peu tapissé de soie et muni de ses deux portes, seulement assez grossièrement faites. M. Moggridge pense done, à la suite de cette observation, que si les arai- gnées adultes ne se construisent pas de demeures souter- raines, c’est uniquement parce qu’elles ne savent plus creuser. Ceci expliquerait très-bien pourquoi elles ont une telle répugnance à quitter leurs habitations, même lorsque celles-ci sont renversées ou détruites en partie, parce que ayant encore un tube à leur disposition elles sont toujours en état de le réparer plus ou moins bien. Lorsqu’en effet une Nemesia cæmentaria adulte, se trouve dans le cas de refaire une porte, elle se contente de met- tre deux ou trois plaques de soie au lieu de quatorze. Tout ce que nous avons dit jusqu'à présent sur les mœurs des araignées se rapporte exclusivement aux femelles, car on ne sait rien ou presque rien sur les mâles qui sont excessivement rares, en hiver du moins; M. Moggridge n’en a jamais trouvé, dans cette saison, que quatre ou cinq dans toutes ses recherches. Ils se tiennent sans doute cachés dans les crevasses du sol et échappent facilement à la vue à cause de leur taille très-inférieure à celle des femelles. On ne peut point ob- tenir de très-jeunes mäles lorsqu'on trouve, ce qui est fréquent en automne, au fond de sa demeure, l’araignée entourée de ses petits, au nombre quelquefois de quarante; car à celte époque, les deux sexes, très-distincts à l’état adulte, sont identiques. Quelques observateurs ont dit que les araignées tubi- coles rejetaient au dehors les débris des petits insectes, qu’elles n'avaient pas pu manger, mais il résulte des ob- DU MIDI DE LA FRANCE. 69 servations récentes de M. Moggridge que ces débris, qui proviennent en général de fourmis, restent au fond du tube, dissimulés sous des couches de soie. En terminant son ouvrage, l’auteur espère que les ré- sultats auxquels il est arrivé engageront d’autres natura- listes à poursuivre les observations qu'il a commencées soit sur les fourmis, soit sur les araignées du littoral de la Méditerranée. Pour nous, nous faisons les vœux les plus sincères pour que l’état de santé de M. Moggridge lui permette de continuer ses travaux, et sans doute, d'ici à peu de temps, nous verrons paraître une nouvelle édition de son ouvrage, qui renfermera des faits aussi nouveaux et aussi intéressants que ceux que nons venons de résu- mer dans ces quelques pages. G. ROCHETTE. Explication des figures de la planche. A. Demeure de la Cfeniza nidulans. B. Demeure de la Nemesia cæmentaria. B'. Séparation du couvercle en quatorze plaques circulaires. C. Demeure de la Nemesia meridionalis adulte. C!. Porte intérieure, isolée, entourée de sa membrane. C? C3. Tubes de la Nemesia meridionalis jeune, montrant les deux positions de la porte intérieure. D. Demeure de la Nemesia Eleanora. D'. Porte intérieure isolée entourée de sa membrane. D*. Section transversale d’un tube pour montrer la porte in- térieure vue par dessous. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. À. MERGET. SUR LA REPRODUCTION ARTIFICIELLE DES PHÉNOMÈNES DE THERMO-DIFFUSION GAZEUZE DES FEUILLES PAR LES CORPS POREUX ET PULVÉRULENTS HUMIDES. (Comptes rendus de PAcad. des Sciences, mars 1874, p. 884.) Dans un précédent mémoire, que les Archives ont repro- duit *, M. Merget a déjà fait connaître les principaux résultats de ses recherches dans la diffusion des gaz au travers des feuilles du Nelumbium. En résumé, il était arrivé à établir que cette diffusion ré- sulte d’une inégalité de température entre les faces solarisées des feuilles et les tissus immergés sous-jacents. IL en con- cluait que cette circulation gazeuse dans les feuilles du Ne- lumbium est un phénomène d'ordre purement physique au- quel il a donné le nom de thermo-diffusion; c’est en vertu de cette action thermo-diffusive qu’a lieu la circulation de l'air de la face solarisée des feuilles de Nelumbium vers leur parenchyme humide moins chaud. En confirmation de cette théorie, M. Merget a eu récem- ment l’occasion d'observer que des feuilles de Nelumbium qui ont perdu leur propriété thermo-diffusive, par suite d’une dessication prolongée, la recouvrent en entier lorsqu'on les humecte de nouveau. Voici d’ailleurs en quels termes il expose lui-même cette intéressante observation : « Quand on expose aux radialions solaires une feuille de Nelumbium dont le pétiole coupé plonge dans l’eau, elle con- 1 Voyez Archives, 1874, tome XLIX, p. 165. PHYSIQUE. 71 serve pendant plusieurs heures de suite, souvent même pen- dant des journées entières, son pouvoir thermo-diffusif. Ce- lui-ci cependant s’affaiblit progressivement en elle à mesure qu'elle se dessèche, et après qu’elle l’a perdu complétement par une dessication assez avancée, on peut le lui restituer, à peu près intégralement, en la ramenant à son état hygromé- trique primitif. « Des feuilles de Nelumbium desséchées au mois d’août 1873 et que cette dessication avait rendues rigides et Cas- santes ont été prises en cet état cinq mois après, c’est-à-dire en janvier et février 1874, et placées alors entre deux doubles de linge mouillé qui leur ont redonné, principalement à l’état de vapeur pénétrant par les stomates, toute l'humidité qu’elles avaient perdue. Cette absorption d’humidité avant eu pour effet de ramener leurs tissus à leur couleur, à leur turgescence et à leur souplesse primitives, elles se trou- vêrent ainsi physiquement reconstiluées et par suite de cette reconstitution de leur structure et de leur état physique elles recouvrèrent toute leur énergie et leur activité thermo-dif- fusive qu’elles manifestèrent comme à l’état frais. « On voit donc que la feuille du MNeluimbium semble bien se comporter comme un simple corps poreux humide dans le- quel la chaleur provoque la diffusion des gaz. « Dans sa nouvelle communication, M. Merget établit d’ail- leurs que les corps poreux ordinaires, à l’état humide, pos- sèdent, en effet, la propriété thermo-diffusive. « Dans un diaphragme poreux mouillé, dit-il, dont les faces sont le siége de mouvements évaporatoires inégaux, cette inégalité devient une cause de diffusion dans un seul et même gaz primitivement au même état des deux côtés. Le courant gazeux qui s'établit alors est dirigé de la face qui évapore le plus à celle qui évapore le moins. « Des appareils de construction très-simple, auxquels je donnerai pour abréger le nom de thermo-diffuseur, peuvent : 12 BULLETIN SCIENTIFIQUE. être employés pour vérifier la généralité de l’énoncé précé- dent. « Un récipient de forme plate, en terre poreuse cuite d’un grain assez fin, dont on remplit la cavité de fragments de la même terre et dont le col verni est muni d’un tube de déga- gement, constitue un thermo-diffuseur d’un maniement très- commode. « On réalise plus élémentairement un appareil de ce genre avec un vase poreux de pile rempli de la même manière que plus haut et fermé avec un bouchon portant un tube abduc- teur, et plus élémentairement encore, avec une pipe dont il suffit d’obturer le fourneau. « Ces appareils étant préalablement mouillés avec de l’eau ordinaire, si l’on fait plonger dans le même liquide les tubes de dégagement des deux premiers ou le tuvau du troisième et qu’on les chauffe progressivement dans une étuve à air, voici ce qu’on observe: « À des températures assez basses et qui ont atteint la limite inférieure de 30° dans quelques-unes de mes expériences, ils commencent à donner passage à l’air extérieur, dont le mou- vement diffusif rentrant s’effectue avec une vitesse progres- sivement croissante, à mesure qu'on élève davantage la tem- pérature du thermo-diffuseur et dont la pénétration dans l'intérieur de l'appareil y détermine des excès de pression qui marchent dans le même sens. « Ainsi introduit sous pression, l’air qui a traversé la paroi poreuse vient se dégager en bulles plus ou moins nom- breuses à l'extrémité plongeante du tube abducteur et l’on ne saurait voir dans ce dégagement un effet de la détente et de la condensation de la vapeur intérieure; car ilse produit en- core, et il peut même s’accélérer, soit lorsqu’on remplit le thermo-diffuseur de chaux vive, soit lorsqu'on le chauffe à une température inférieure à 100° en faisant déboucher son tube abducteur dans un bain d’eau bouillante. PHYSIQUE. 73 « Les résultats obtenus sont indépendants de la nature du corps poreux employé pour la construction du thermo-diffu- seur et de la nature du liquide qui le mouille, pourvu que celui-ci soit volatil, c’est ce qui ressort d'expériences faites avec le sulfate de carbone, l'éther, le chloroforme, l’alcool ordinaire et l'alcool méthylique. « Les propriétés thermo-diffusives des corps poreux se re- trouvent dans les substances pulvéralentes quand elles ont été mouillées et suffisamment condensées par un tassement préalable. « Une pipe bourrée avec de la poudre de terre de pipe, un vase poreux de pile rempli de la même poudre dans laquelle on fait simplement entrer un tube de dégagement, se com- portent en tout, lorsqu'on les chauffe après humectation préalable, comme les thermo-diffuseurs précédemment dé- crits. On peut leur substituer un bloc d’un corps poreux mouillé dans lequel on a pratiqué une cavité aboutissant au centre et où l’on engage un tube de verre, ouvert aux deux bouts, autour duquel on tasse une substance pulvérulente. L'air, introduit par diffusion rentrante dans cette masse po- reuse, y afflue de tous les points de la surface à la fois, en se dirigeant vers le centre où vient s’ouvrir le tube qui lui four- nit une issue pour son dégagement. « Le sol étant composé de substances pulvérulentes réalise. quand il est dans un état convenable de tassement et d’hu- midité, les conditions de milieu nécessaires et suffisantes pour la production des phénomènes de thermo-diffusion ga- zeuse, et, par suite, lorsqu'il est assez fortement chauffé par les radiations solaires, ses surfaces solarisées donnent accès à l’air du dehors qui pénètre sous pression dans les couches sous-jacentes à travers lesquelles il se meut en marchant des plages chaudes aux plages relativement plus froides. » On voit par ce qui précède que M. Merget donne le nom de thermo-diffusion à un phénomène entièrement différent 74 BULLETIN SCIENTIFIQUE. de celui décrit et étudié antérieurement sous le même nom par M. Feddersen :. La thermo-diffusion de M. Feddersen est un phénomène beaucoup plus simple et, par suite, plus facile à interpréter. Il consiste dans la production d’un courant gazeux allant de la face froide à la face chaude d’un corps poreux séparant deux masses de gaz primitivement dans les mêmes conditions. La diffusion résulte alors de l’inégalité de température des deux faces du corps poreux. De là l’emploi du terme thermo-dif- fusion, par analogie avec les courants thermoélectriques. Les malières poreuses employées par M. Feddersen étaient des substances sèches, telles que de l’éponge de platine, de la poudre de charbon, de la magnésie calcinée, etc. Or, en sup- posant qu’elles soient préalablement humectées, leur face la plus chaude serait nécessairement celle qui évaporerait le plus et, dans ce cas, suivant M. Merget, le courant gazeux devrait être dirigé en sens inverse de celui observé par M. Feddersen dans les mêmes corps poreux secs. Dans les expériences de M. Merget la chaleur n’agit que d’une facon indirecte, ce qui ne semble guère justifier l’em- ploi du terme thermo-diffusion. Enfin, il n’est pas sans intérêt de rapprocher les résultats obtenus par M. Merget de ceux auxquels M. Dufour est ar- rivé dans ses recherches sur la diffusion entre l’air sec et l'air humide à diverses températures *. Suivant M. Dufour, le courant gazeux prédominant est toujours dirigé de Pair sec vers l'air humide, soit dans le sens de la plus faible à la plus forte tension de vapeur, ce qui pourrait bien expliquer l'entrée de l’air extérieur plus sec dans les thermo-diffu- seurs humides et chauds de M. Merget. C. de C. ‘ Pogyend. Annalen, t. CXLVHE, p. 302; Archives, 1873, 1. XLVII, p. 74. 2 Voyez Archives, 1874, 1. XLIX, p. 316. PHYSIQUE 15 Théod. HUBENER. ÉCOULEMENT DES DISSOLUTIONS SALINES À TRA- VERS DES TUBES CAPILLAIRES. (Poggend. Annalen, tome CL, p. 248.) La vitesse d'écoulement des dissolutions dans des tubes capillaires ne paraît pas dépendre uniquement de leur pe- santeur et de l’adhésion capillaire. Poiseuille a démontré que la vitesse d'écoulement d’un mélange d’eau et d’alcool dé- croit à mesure que la pesanteur spécifique croît par l’ad- dition de quantités de plus en plus grandes d’eau jusqu’à un minimum qui correspond exactement au maximum de con- traction de ce mélange. Girard avait trouvé que la vitesse d’écoulement du chlorure de sodium est plus faible que celle d’une dissolution de chlorure de potassium de même densité. M. Hubener à pensé qu’à côté de l’âdhésion et de la pesan- teur du liquide, un facteur important, pour la vitesse d’écou- lement d’une dissolution, devait être le frottement intermo- léculaire résultant de la plus ou moins grande cohésion, et pour le vérifier il a comparé au point de vue de leur vi- tesse d'écoulement un certain nombre de dissolutions de compositions chimiques très-différentes, ramenées à la même densité. Le liquide était introduit dans un tube de verre rectiligne, verlical, de 50°" de longueur et 1°",78 de diamètre, ayant un prolongement capillaire de 40° environ de longueur. Le tube large présentait deux repères et on mesurait exacte- ment, avec une montre à secondes, le temps nécessaire pour que le niveau du liquide s’abaissàt d’un des repères à l’autre. En opérant de la sorte sur des dissolutions de chlorure, de bromure et d’iodure de potassium, de chlorure de sodium et d’ammonium à 4,059 densité et à une température fixe, l’au- teur a reconnu que la vitesse d'écoulement des dissolutions sa- ARR AQU Je Lit, ann b ANR EN 4 y | 4 x ‘ À n v 76 BULLETIN SCIENTIFIQUE. lines à travers des tubes capillaires est d'autant plus petite que le poids atomique du sel dissout est plus faible. Pour les diffé- rents corps binaires indiqués ci-dessus, c’est surtout le métal qui influe sur la vitesse d'écoulement beaucoup plus que le métalloïde. Les variations, que la vitesse d'écoulement pré- sente d’un corps à l’autre, sont d’aulant plus marquées que le tube est plus capillaire et que la concentration de la disso- lution est plus grande. En comparant deux dissolutions de chlorure de sodium et de potassium à 1,1058 de densité, l’auteur est arrivé à ce ré- sultat remarquable que les temps d’écoulement de ces deux sels se sont trouvés très-sensiblement proportionnels à leurs équivalents. De cette expérience, et d’autres analogues, étendues aussi aux chlorures des métaux alcalino-terreux, barium, strontium, magnésium, M. Hubener croit pouvoir conclure, d'une manière générale, avec une très-grande probabilité, que les vitesses d'écoulement de ces corps en disso- lution dans l’eau se comportent à un degré déterminé de con- centration comme leurs équivalents. L’explication de ces faits devrait, suivant M. Hubener, se trouver dans la circonstance que les molécules des corps ayant un plus fort équivalent sont plus grandes, mais en revanche en moins grand nombre, et doivent, par consé- quent, donner lieu à un frottement plus faible avec le dissol- vant dans lequel elles sont contenues, communiquant de la sorte à la dissolution une plus grande mobilité. J. STEFAN. EXPÉRIENCES SUR LA VAPORISATION. (Wiener Akud. Anzeiger, 1873, p. 161; Naturforscher, 1874, p. 5.) Nous donnons ici les résultats des recherches récentes de M. Stefan sur la vaporisation tels qu'ils sont renfermés dans un court résumé inséré dans le Bulletin de l’Académie de Vienne et reproduit par le Naturforscher. Ces expériences PART Er PHYSIQUE. 77 ont été faites sur des corps valatils, tels que l’éther, renfer- més dans des tubes étroits pour éviter un trop fort abaisse- ment de température à la surface libre du liquide. M. Stefan a reconnu : 1° Que la quantité de liquide vaporisé dans un temps donné est inversément proportionnelle à la distance qui sé- pare sa surface de l’extrémité ouverte du tube. 2° Que la vitesse avec laquelle s’accomplit la vaporisation est indépendante du diamètre du tube, dans les limites du moins où a été faite l’expérience, soit avec des tubes variant de 0,3 à 8" de diamètre. 3° Que la rapidité de la vaporisation augmente avec la température en temps que celle-ci fait croître la tension de la vapeur. Si on appelle p le maximum de tension de la vapeur pour la température à laquelle on observe, P la pression atmos- phérique sous laquelle s’accomplit la vaporisation, la vitesse Fee ù p de vaporisation sera proportionnelle au logarithme de P— Lorsque la tension de la vapeur égale la pression atmosphé- rique, ce logarithme devient infiniment grand, exprimant que le liquide entre en ébullition. M. Stefan a exécuté également des expériences sur la va- porisation en tubes fermés. Si l’on plonge dans Péther, par son extrémité ouverte, un tube fermé à un bout et ouvert à l’autre, on voit s’en échap- per continuellement des bulles qui résultent de la vaporisa- tion dans l’intérieur du tube. Le nombre de ces bulles est quatre fois plus grand dans un temps donné lorsque le tube est rempli d'hydrogène que lorsqu'il est plein d’air. La vaporisation s’accomplit donc quatre fois plus vite dans l’hydrogène que dans l'air. L'auteur a étudié la vaporisalion de différents gaz avec des tubes en forme de T: la surface de séparation du li- 78 BULLETIN SCIENTIFIQUE. quide et du gaz se trouvant dans la branche verticale, un courant continu d’un gaz quelconque circulait dans la bran- che horizontale. Si l’on plonge dans l’éther un tube ouvert aux deux bouts, et qu’on ferme ensuite l'extrémité émergeante, le niveau, d’abord égal en dedans et en dehors, s’abaisse graduelle- ment dans l’intérieur du tube. Au début l’abaissement dans un temps donné, au-dessous du niveau primitif, est propor- tionnel à la racine carrée de ce temps. MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE. Prof. Ch. CONTEJEAN. ÉLÉMENTS DE GÉOLOGIE ET DE PALÉON- TOLOGIE. Sous ce titre, M. Contejean, professeur à la Faculté des Sciences de Poitiers, déjà connu par d’autres ouvrages et en particulier par une belle étude monographique sur le terrain kimméridien de Montbéliard, vient de publier un livre sub- stantiel qui prendra sa place dans la bibliothèque de tous ceux qui désirent acquérir quelque connaissance de la géo- logie, comme aussi de ceux qui, ayant fait de celte science une étude plus spéciale, ont toujours besoin d’avoir sous la main un bon manuel à consulter. Sans avoir la prétention d’être un vrai manuel, l’ouvrage de M. Contejean est cepen- dant relativement très-complet dans certaines parties. La se- conde, par exemple, la description physique du globe, est traitée avec détail et renferme un grand nombre de notions fort intéressantes : il en est de même de la troisième partie qui a pour objet l'étude des phénomènes actuels, phénomènes atmosphériques, phénomènes aquatiques, glace, eau, phéno- mènes terrestres, organiques, cosmiques. On y trouve un grand nombre de faits, d'observations, qui seront souvent d’une grande utilité pour expliquer et bien comprendre les phénomènes géologiques. Ces notions préliminaires forment MINÉRALOGIE, GÉOLOGIE. 79 la moitié du volume. La géologie proprement dite doit se contenter de l’autre moitié. et il me semble que cette pro- portion est un peu faible, et que souvent quelques dévelop- pements n’eussent pas été inutiles. L’étude et la classification des roches sont traitées brièvement. Quelques chapitres sont ensuite consacrés à des données générales sur les terrains primordiaux, sur les terrains sédimentaires, sur les terrains érupüifs, le métamorphisme et les mouvements du sol; au milieu viennent se placer naturellement l’énoncé et la dis- cussion de diverses théories importantes. L'auteur croit à l'existence de l’espèce, avec beaucoup de raison selon moi : il n’est pas favorable à la théorie du transformisme. Quant à la question de déterminer quel est le sol primordial, le sub- stratum des couches qui forment l'écorce du globe. M. Conte- jean, n’acceptant pas l'opinion de Werner qui attribuait ce rôle au granit, penche plutôt pour la théorie de Cordier, d’a- près laquelle ce seraient les schistes cristallins que l’on pour- rait nommer les plus anciennes roches du globe. Je n’ai pas trouvé citée la théorie de M. A. Favre, qui me paraît la plus rationnelle, et qui admet que la lave aurait composé ce sol primordial sur lequel on a tant discuté: ce serait à la désa- grégation de la lave primitive qu’il faudrait attribuer la for- mation du granit et de la protogine, par sédimentation, dans des eaux à une haute température et sous une forte pression. M. Contejean attribue bien aussi au granit une origine kydro- thermale, mais sa manière de voir n’est pas très-clairement ex- posée. La théorie orogénique de M. E. de Beaumont, d’après laquelle l'orientation des montagnes obéit à des lois d’une rigueur mathématique, et dont les lignes forment le fameux réseau pentagonal, est longuement discutée et complétement démolie. M. Contejean passe ensuite à l’étude des diverses époques géologiques en donnant quelques notions sur leur faune et leur flore. Ici l’auteur me paraît être allé un peu trop vite en besogne, et, même dans un livre élémentaire, 80 BULLETIN SCIENTIFIQUE. c'est vraiment trop peu de consacrer vingt-quatre pages à l'étude du terrain silurien, par exemple, et dix-sept pages seulement à celle du terrain tertiaire. M. Contejean est con- vaincu que c’est pendant cette dernière époque que l’homme a fait sa première apparition, parce que l’examen auquel il s’est livré des silex de Pontlevoy les lui fait envisager comme cerlainement laillés et usagés. Abordant en terminant quel- ques considérations sur les divers phénomènes climatériques que l’on peut observer pendant les périodes géologiques, l’auteur attribue une influence considérable à l’excentricité de l’ellipse pendant de certaines époques ; elle serait presque nulle aujourd’hui, mais augmenterait peu à peu, et le globe traverserait à l'avenir une série de périodes diluviennes et ordinaires jusqu’à ce que, les mers et l’atmosphère disparais- sant, il passe à l’état de lune. Les quelques mots qui viennent d’être dits peuvent don- ner une idée de l'importance du livre de M. Contejean. Ajou- tons encore que l’ouvrage est illustré par 467 gravures dans le texte, et que de bonnes tables facilitent considérablement les recherches. 81 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÊVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois D'AVRIL 1874. Le 3, très-fort vent du SSO. dans l'après-midi et dans la nuit du 3 au 4. 4, il a neigé jusqu’au pied de toutes les montagnes des environs. 6, assez forte bise du 6 à midi au 7 dans l'après-midi. forte rosée le matin. 10, gelée blanche le matin. il a neigé sur toutes les montagnes des environs. 17, forte rosée le matin. 19, 20 et 21, rosée le matin. 22, à 71/, h. soir éclairs et tonnerres au Sud, l'orage passe ensuite à l'Est; depuis 8 h. du soir, pendant toute la soirée, éclairs et tonnerres de tous les côtés de l'horizon. 2% et 25, forte rosée le matin. 26 et 27, rosée le matin. 28 et 29, forte bise, surtout le 28. 30, faible gelée blanche le matin , minimum + 00,4. La vérification du zéro de l’échelle du limnimètre a été faite le 10 et le 30 de ce mois de la manière indiquée dans les cahiers précédents ; le 10, à 41 h. du matin, le zéro de l'échelle correspondant à — 2",841 au-dessous du repère de la pierre du Niton, et le 30, à #1}, h. après midi, à — 2",845 au-dessons de ce repère. Ces chiffres sont d'accord avec les déterminations antérieures. ARCHIVES, l. L. — Mai 1874. 6 82 Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. mm mm Lee à A0 /h matin 07/2 733,99 | Le 3 à 4h. après midi ...... 716,42 a A0: he matin er... . 723,64 5 à 8 h. et 10 h. matin.. 718,88 D'arA0PR SITE NS tb 2161 Gr. midi APCE EEE 719,58 FANS À LA FALSE L PAGE ENENECES 726,21 44:40 :h./S017 ECC 705,60 SA AD he MANN: 0. 1910 14 à 2h. après midi... 709,95 DAS rhAmatne Le... 731,09 AR VOOR SOIENT CREER 727,91 DS IL AS ML MANN > 20e à 191519 28 à 4h. après midi ...... 725,33 DAS hiiMAaUNn’ ss. Zu . 528,14 | | L‘LG Es + |8'er 0'L6 | L'e + | rer L'96 | SF + | TT 9‘c6 | FT + |0'7I £‘06 || — — 0‘86 | 9° + |0'cr g'88 | 86 + | FSI 698 ! 8'e + |0'ET g'eg | re + IST 078 | 0€ + | 0'2I 078 7 + | SIT S'TS0| — — s‘re 19'0 + | 6 Sr | TO + |L'8 S'LL | FO — |YFS$ 0'8z | ro +|cs 071 | ro +|g's G'eL |90 + |6'8 JUL | — S'LL || FO + c'e Foi ||L'O +|L8e 0'LL | vo + |0'8 ge | FO +]|gs 0‘FL | FO +62 g‘yL || VO —|9'Z 0‘99 | — — 0‘29 | TO — | #'Z 8:19 | Sr + | 06 0‘89 | 0‘ + | re 8‘99 | £'T + | 9'e | w9 0 0 S SAS RE Et "IPIN ‘= | 1184 = = m'a. = euQuy 0p ‘due | . | 00° 0 | 2[qUTIeA 10! 016 ‘“ANN sue 2 RE FOIS ‘ANN"| ‘"" LO‘'O Fr ‘INN L. FRS 8c'0 || IAE | T GO 9005 “N° | """ Ye OT Nc GI ‘0 || 2IALIUA |g 0'G &g'0 |T "NY 8'6 80‘0 |} ANS STE 000 |T ANNEE 2 70'0 | °N Æ 9L‘0 |r NES ES 290 || 2IqUrea |e +: | *.: 007 | ‘"N|8 0'£ SOIF ‘ANN|S 9'G 007 “ANN °° |‘: 06 0/3 ‘OSS|£ CT &60 T "N°: .. 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"AR W0JIPT ON ON 4 29 © = 00 Où Jours du mois. | RE den me Et PSE + D nn — 84 MOYENNES DU MOIS D’AVRIL 1874. 6h.m. Sh.m. 10h.um. Midi. 2h. s 4 h.s. 6 l. s. 8 h.s. 16 b. s. Baromètre. mm mm mm rm mm un mra om mu {re décade 723,91 723,99 723,83 723,20 722,50 722928 722,59 722,87 722,84 265, “y 120,36 720,74 720,76 720,39 720,00 719,82 72012 720,79 724,17 3e » 129,46 729,50 729,22 728,56 127,71 727,24 727,26 727,99 128,41 Mois 724,57 124,14 724,60 724,05 723,40 723,11 723,33 723,89 724,14 Température. Ü PCA 0 0 0 6 0 l'edécade+ 5,47 + 7,91 + 8,59 10,71 +11,99 +11,57 10,54 + 8,99 + 7.95 Xe » + 6,38 + 9.15 10,70 +12,08 +15,43 13,31 +11,94 +10,83 + 9,95 3e y» + 8,78 + 2,44 +14,52 +16,59 +18,68 +-19,34 418,18 +15,22 +12,79 Mois “+ 6,77 + 9,60 +11,27 +13,13 +14,70 +14,74 +13,55 441,68 +10,23 Tension de la vapeur. ram mn mm mn Lun rnin mm ELLE ru tre décade 5,24 5,09 5,46 4,83 4,9 4,90 5,02 9,92 5,17 2e » 6,32 6,73 6,44 6,42 6,49 6,79 6,56 6,91 6,90 3 y 7,19 7,65 7,23 6,85 6,44 6,12 6,53 7,34 7,15 Mois 6,25 6,64 6,38 6,03 5,83 5,94 6,04 6,52 641 Fraction de saturation en millièmes. {re décade 803 756 689 546 483 530 997 647 674 204» 881 777 677 622 979 605 639 718 763 3° » 829 683 572 480 396 361 412 562 634 Mois 838 739 646 o49 486 499 236 642 690 Therm. min. Therm. max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre, du Ciel, du Rhône. ou de neige. 0 0 0 nm un 1re décade + 4,03 +13,08 0,67 “+ 8,21 38,3 70,92 2e » + 5,73 +-14,75 0,67 + 9,01 8,8 78,82 3e » + 7,36 +20,27 0,20 +12,96 13,2 90,92 Mois + 5,71 +16,03 0,51 +10,10 60,3 83,55 Dans ce mois, l’air a été calme 6,3 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,99 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 2,0 E., et son in- tensité est égale à 36,67 sur 100. 85 TABLEAU à DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE Mois D'AVRIL 874. Le 1er, brouillard pendant quelques heures de la matinée. 4 et 5, brouillard et neige tout le jour. 6, brouillard tout le jour. 7, 8 et 9, brouillard une partie de la journée. 10, clair le matin, neige l'après-midi. 11, brouillard et neige tout le jour ; une partie de la neige, emportée par un vent violent du SO., n’a pas pu être recueillie. 12, brouillard et neige presque tout le jour. 13, clair le matin, brouillard le soir. 14, brouillard et neige; une partie de la neige, emportée par un fort vent du NE., n’a pas pu être recueillie. 15, brouillard le soir. 16, brouillard le matin, neige le soir. 17, brouillard le matin et le soir. 18, brouillard le soir. 19 et 20, ciel parfaitement clair. 29 et 30, idem. Valeurs extrêmes de lu pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. nm nan L al L Le «6 a6 h matin. 0 .. 004,23 ACTA he Or RCE 560,91 14.4. 8. hison se ses 947,98 154.40 h. maths... 296,94 AL AESAREMANNS. UE 047,82 ra 10 h:sor er. ee. 569,75 OU A HAL SES eue .. 061,46 SAINT-BERNARD. — AVRIL 1874. É Baromètre. = 7 | Hauteur | Écart avec 5 || moy. des | la hauteur | Minimum. | Maximum. = |24 heures.| normale. millim. millim. millim, millim. 4 || 567,21 | + 6,86 | 566,40 : 568,01 2 | 566,13 | + 5,73 | 565,42 | 566,76 3 | 562,19 | + 1,73 | 561,21 | 563,52 4 || 557,85 | — 2,67 | 557,12 | 558,73 5 | 555,22 | — 5,36 | 554,53 | 556,11 6 | 555,68 | — 4,96 | 554.23 | 558,22 7 | 560,35 | — 0,36 | 559,13 | 560,91 8 || 558,74 | — 2,04 | 558,31 | 559,13 9 || 556,53 | — 4,32 | 556,22 | 557,16 ( 553,96 | — 6,96 | 553,67 | 554,24 549,58 | —11,41 | 547,98 | 552,53 501,36 | — 9,70 | 548,10 | 555,05 555,80 | — 5,84 | 552,66 | 556,94 548,48 | — 9,74 | 547,82 , 549,80 555,41 | — 5,89 | 551,64 | 558,23 559,27 | — 92,11 | 558,49 : 560,40 563,55 | + 2,09 | 561,43 | 565,28 565,68 | + 4,14 | 565,14 | 566,60 567,31 | + 5,69 | 566,09 | 568,36 568,29 | + 6,58 | 568,03 | 568,01 568,23 | + 6,43 | 567,79 | 568,98 569,23 | + 7,34 | 569,01 | 569,75 569,02 | + 7,04 | 568,70 | 569,36 568,68 | + 6,61 | 568,44 | 569,25 568,74 | 6,58 | 568,42 | 569,29 568,96 | + 6,71 | 568,59 | 569,40 567,92 | HE 5,58 | 567,41 | 568,82 56410 | + 1,67 | 563,11 | 565,23 562,26 | — 0,26 | 561,73 | 562,99 561,57 | — 1,05 | 561,46 | 561,74 Moyenne des 24 heures, ee re 0 LEE TEE PT Température C. Écart avec la température! Minimum” [Maximum normale. : = = - = _ - _ * Lo ho = © Go re 9 Ur m1 CO ee OU CO = . ROLLER ECO + HE IH TT - - ” _— - - == SG AIQGOGUS C0 © C0 O0 OT = QE - = - Li © = O1 1 © 1 8 Go O0 RO 19 1 © - - So _- - - - 2 © 19 = © NO © Co CS À À OO RO À À RO CS Co … + ©» Co © 19 © © 9 © Go © NHARPRREBRENEMEE. 0. — HSUDALCLOSLEDS ol CSS + — . DUI+4+++ +1 - ©r ra = » Go =1 1 RO h9 D - LEE ET »OSrRNESCOS CC , - Pluie ou neige. SEE Hauteur | de la neige. millim, * Ces colonnes renfevment la plus basse et la plus élevée des températures observées de 6 h. matin à 40 h. soir. Eau tombée dans les 24 h. millim Vent Clarté : sé x dominant. ae. NE. 1 0,40 NE. | 0,58 SO. 110.21! SO. 4720/9181 SO. 1 1,00 NE. 11400! NE. 4,:1:0,7 NE. 1 |0.8 | NE. 1 | 0,99 SO. 1 | 0,46 SO. 2 /|1.00 | SO. 1 | 0,94 | SO. 1 | 0,66 | NE. 1 | 0,93 | SO. 1 | 0,74 | NE 1 | 0,97 N de 1 0,79 | NE. 441" 0:51 NE. 1 | 0,01 SO. 1 | 0,00 SO. 1 0,17 SO. 4 0,45 NE, 1 |! 0,46 NE. 1 | 0,69 calme 0,08 | NE. 1 0,44 | NE. 2 | 0,43 NE. 3.1.0,22 NE. 2 | 0,00 NE. 2 | 0,03 : Je OA EE d « MOYENNES DU MOIS D'AVRIL 1874. üh.m. Shem. A0h.m. Midi. 2h: s &h. 3. 6h. s. Bh.s. 10 hs. Earomètre. mm mm mm mn mm mm mu mn min re décade 559,52 559,37 559,44 559,40 559,30 559,28 559,34 559,49 559,57 2e » 25:99 557,84 558,13 558,33 558,57 558,58 558,70 559,08 559,22 5) 0) 3 » 56695 566,97 567,01 566,94 566,85 566,76 566,69 566,90 567,01 Mois 561,35 561,39 561,53 561,56 561,58 56154 56158 561,82 561,94. Température. 0 0 0 Lu 0 0 0 0 tre décade— 6,60 — 4,68 — 3,09 — 1,09 — 1,31 — 0.98 — 4,01 — 4,76 — 5,57 De Op» — 495 — 92,38 — 0,68 + 010 + 0,67 + 0,25 — 0,614 — 2,08 — 92,69 3e » — 0,76 + 1,70 + 3,05 + 4,32 + 5,08 + 5,52 + 3,14 0,59 — 0,20 Mois — 3,87 — 1,79 — 0,24 Æ 1,11 + 1,48 + 1,60 — 0,49 — 2,08 — 9,79 Min. observé.” Max. observé." Clarté moyenne Eau depluie Hauteur dela du Ciel. ou de neige. neige tombée. 0 0 mm nm {re décade — 7,24 + 0,23 0,71 27,4 250 2% » — 4,43 + 129 0,66 21,7 245 3 » — 116 + 5,98 0,27 és ne Mois — 4,28 + 2,50 0,54 49,1 495 Dans ce mois, l’air a été calme 7 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 2,33 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45 E., et son in- tensité est égale à 46,3 sur 100. * Voir la note du tableau, er YF Zip Mezger Genève. Archives des Sciences phys. et nat 1874. EL. A.Zunel del. RECHERCHES SUR LA DIFFUSION SIMULTANÉE DE QUELQUES SELS PAR M. C. MARIGNAC. Dans son mémoire classique sur la diffusion *, Graham ne s'est occupé qu'incidemment de celle des mélanges salins. De quelques essais tentés sur des mélanges de deux sels non susceptibles de se combiner, 1l conclut que le « moins soluble des deux sels paraît, dans tous les cas, subir une diminution de diffusibilité. » Ses essais sur la diffusion des sels doubles ont été moins nombreux encore. Ila constaté que le bisulfate de potasse et l’alun se dé- composent par la diffusion, l’acide sulfurique, dans le pre- mier cas, et le sulfate de potasse, dans le second, se diffusant dans une proportion plus grande que celle pour laquelle ils entrent dans la composition du composé primitif, Pour le sulfate double de potasse et de magnésie, la diffusion aurait lien comme si les deux sels étaient séparés; ce- pendant son expérience n’est pas concluante à cet égard, car il s’est borné à constater que le poids du sel double diffusé était égal à la somme des poids des deux sels . diffusés séparément dans des conditions analogues, sans constater si les proportions relatives des deux sels étaient bien restées les mêmes. ‘ Annales de Chimie et de Physique, 3e série, tome XXIX. ARCHIVES, t. L. — Juin 1874 7 { \ 90 DIFFUSION SIMULTANÉE Ces expériences sont trop peu nombreuses pour que l’on puisse en tirer aucune conséquence générale, Je ne connais pas d'autre travail entrepris sur ce sujet. J'ai fait un grand nombre d'expériences sur la diffu- sion simultanée de deux sels contenus dans une même dissolution, en me bornant toutefois, pour ne pas trop compliquer la question, à des mélanges de sels non sus- ceptibles de se décomposer réciproquement, c’est-à-dire * de sels d’une même base ou d’un même acide. J'avais un double but en commençant ces expériences. La comparaison de la diffusion simultanée de deux sels susceptibles de former un sel double et de ceux qui ne jouissent pas de cette propriété pouvait jeter quelque jour sur la question souvent controversée de l'existence des sels doubles en dissolution. Sous ce rapport mes ex- périences me semblent indiquer qu'il n’y a aucune diffé- rence dans la manière dont se comportent les dissolutions des sels doubles et celles des mélanges de sels non sus- ceptibles de se combiner, d’où résulterait la confirmation de l’opinion, qui semble déjà autorisée par les recherches thermiques, que les sels doubles ne prennent naissance qu’au moment où ils se forment par la cristallisation de leurs dissolutions. J'espérais aussi que ces recherches pourraient peut-être faire découvrir une relation entre la diffusibilité simulta- née de deux sels et leurs coefficients respectifs de diffusi- bilité, et par conséquent fournir un moyen de déterminer ceux-ci avec plus de précision qu’on ne peut le faire par des expériences directes. Celles-ci, en effet, présentent de très-grandes difficultés. Quelque soin que l’on prenne pour comparer la différence de deux sels dans des appa- reils semblables et dans des conditions identiques, 1l est DE QUELQUES SELS. 91 presque impossible d’écarter toutes les causes d’erreur résultant, soit d’une variation accidentelle de température, soit du mode de remplissage des appareils ou d’une agi- tation un peu différente, qui peuvent faire que le rapport des quantités de sels diffusées en même temps dans deux appareils voisins ne dépendent pas uniquement du rap- port de leurs coefficients de diffusibilité. Or, toutes ces causes d'erreur sont écartées quand les deux sels sont réunis dans la même dissolution. Malheureusement mes expériences, à ce point de vue, ne se sont point réalisées, et il m'a été impossible de saisir une loi générale dans les phénomènes que j'ai observés, à moins que l’on ne veuille considérer comme telle le fait qui me parait con- stant, que le mélange de deux sels diminue toujours la diffusbilité du moins diffusible des deux. Il me semble cependant qu'il ne sera pas tout à fait inutile de consigner ici les résultats de ces longues et la- borieuses recherches. Mode d'expérimentation. J'ai procédé, dans mes expériences, exactement de la même manière que Graham. Les dissolutions étaient con- tenues dans des flacons à large ouverture qu’elles rem- plissaient jusqu’à environ deux centimètres au-dessous de Vorifice. On achevait de les remplir avec de l’eau distillée versée avec la plus grande précaution avec une pipette effilée de manière à éviter autant que possible le mélange des liquides. Ces flacons étaient introduits dans des bo- caux d’une capacité environ dix fois plus grande que l’on remplissait d’eau en évitant aussi toute agitation. La grandeur des appareils variait avec le degré de dilution des liqueurs de manière à avoir environ 28,5 de chaque 92 DIFFUSION SIMULTANÉE sel dans le vase intérieur. La durée de chaque expé- rience varlait aussi avec la concentration des dissolutions et le pouvoir diffusif des substances essayées, de manière à obtenir une quantité de sels diffusés convenable pour l’analyse; cette durée à varié de quatre jours à quatre on cinq semaines. Je n’ai pas pris de précaution particulière pour main- tenir une température constante. Les variations n'étaient pas considérables et leur influence devait être annulée par le fait qu’elles s’exerçaient simultanément sur les deux sels dont on comparait la diffusion puisqu'ils étaient con- tenus dans la même dissolution. L'expérience terminée, on retirait le flacon intérieur avec précaution, puis on déterminait les quantités des deux sels contenues dans l’eau extérieure. Le plus sou- vent je dosais le poids total des sels diffusés en évaporant à siccité la liqueur, puis je déterminais dans le résidu le poids du sel dont le dosage pouvait se faire avec le plus de précision. Je ne donnerai pas, du reste, le détail de ces analyses qui, en raison de leur grand nombre, allongerait outre mesure ce mémoire. Calcul des expériences. Lorsqu'on cherche à déterminer le rapport de diffu- sibilité de deux sels, le calcul des résultats de l’expé- rience présente une grande difficulté. En effet, les quan- tités de sels diffusées dépendent des proportions de ces sels contenues dans le liquide soumis à la diffusion, les- quelles varient pendant toute la durée de l'expérience. Peu importe, d’ailleurs, qu'ils soient réunis dans le même liquide, ou contenus dans deux dissolutions séparées que l’on fait diffuser dans deux appareils semblables. Îl en ré- DE QUELQUES SELS. 93 sulte que le rapport des quantités de sels diffusées varie _avec la durée de l'expérience: il tendrait nécessairement à se rapprocher de plus en plus de l'unité si l'expérience était indéfiniment prolongée. Les expériences de Graham, confirmées par celles de Beilstein‘ montrent que la diffu- sion est sensiblement, peut-être exactement, proportion- nelle à la quantité de sel contenue dans le liquide. Mais pour tirer de ce principe une formule mathématique ri- goureuse pour le calcul des résultats de l’expérience, il faudrait tenir compte de la forme des vases, connaître la loi de variation des densités des diverses couches liquides et, pour le cas de la diffusion simultanée de deux sels, connaître l'influence réciproque qu'ils exercent l’un sur l’autre suivant leurs proportions relatives, c’est-à-dire précisément l’objet que l’on recherche. Mais à défaut d’une formule théorique rigoureuse, on peut chercher quelque formule empirique remplissant cette condition que le rapport des coefficients de diffusibi- lité reste sensiblement le même lorsqu'on fait varier dans des limites assez étendues la durée des expériences. Dans la recherche d’une pareille formule on peut être guidé par les considérations suivantes : Soient À et A’ les quantités des deux sels contenus dans le vase à diffusion au début de l'expérience, K et K’ leurs coefficients respectifs de diffusibilité, p et p' les quan- tités diffusées au bout d’un temps £. Si l’on suppose que la composition du liquide soumis à la diffusion demeure uniforme dans toute sa masse et que la diffusion se fasse toujours dans de l’eau pure, on aurait à chaque instant : dp=K(A-p)dt: dp=K: (A —p)dt. Annalen der Chemie und Pharmacie, tome XCIX, p. 165. PEN D TE ee 1 ee VU PT EEE A CN 94 DIFFUSION SIMULTANÉE L'intégration de ces équations différentielles donne : Ki 1 I(A_p); K4—IA' HA) K-GoyA (A p) AA o d’où Cette formule ne diffère pas au fond de celle qu’a em- ployée M. Beiïlstein dans le calcul de ses expériences sur la diffusion de quelques sels. Il a pu le faire parce que la disposition de ses appareils lui permettait de réaliser, si- non complétement, du moins approximativement les deux conditions admises plus haut par hypothèse. Il n’en était évidemment pas ainsi dans mes expé- riences. La diffusion des sels contenus dus le flacon intérieur n’ayant lieu que par la tranche de l’orifice supérieur, les couches liquides les plus directement soumises à la diffu- sion devaient subir une diminution de densité bien plus grande que celle qui aurait eu lieu si la composition de la masse liquide avait pu rester uniforme. La nécessité de prolonger les expériences assez longtemps pour pou- voir analyser les sels diffusés fait aussi que l’on ne peut pas considérer la diffusion comme se faisant toujours dans l’eau pure. Pour ces deux motifs la correction apportée par l'emploi de la formule (1) devait être insuffisante. Pour tenir compte de ces circonstances j'ai supposé que la diffusion de chaque sel allait en se ralentissant non en raison de la quantité p de chaque sel diffusé, mais en raison du double de cette quantité ; c’est-à-dire que j'ai essayé la formule : K IA-—IA-9p) K AIR 2p) @) DE QUELQUES SELS. 95 Or, en appliquant cette formule au calcul de plusieurs expériences dans lesquelles je soumettais le même mélange salin à la diffusion pendant des temps assez différents, j'ai trouvé qu’elle satisfaisait assez approximativement à la con- dition cherchée, savoir que le rapport des coefficients de diffusibilité fût indépendant de la durée de l'expérience. On en jugera par le tableau suivant, dans lequel les trois dernières colonnes indiquent le rapport direct des quantités des deux sels diffusées, et la valeur des coeffi- clients de diffusibilité calculée par les formules de correc- tion (1) et (2). Dans toutes ces expériences les deux sels étaient mé- langés à poids égaux. Poids Poids Durée Sels Rapport Rapport corrigé Sels, dechaque de en diffusés. direct. —— sel. l’eau. jours. (1) (2) | 48,67 318 4 ne 0,426 0,413 0,398 Éd AS RS Dre 0,439 0,422 0,403 ne SUR pre 0,467 0,440 0,407 | Fe» CO ét 0,504 0,465 0,408 0,4296 \K20,4%205 25 50 8 G'iggg 0,464 0,441 0,413 BaO, Az?05 0,7775 | 2,7 54 14 Digg O2 0,419 0,416 0,8433 (na c1 46 38,3 5 OG'oger 0689 0,676 0,660 Ba CI? 0,9234 | » 2 8 Décse. 01217 0,608 0,668 | 2,5 50 7 DE 0,460 0,439 0,418 K CI 0,362 à K20,S0: 3 OST) 94 8 0,179 0,494 0,465 0,426 | 1,8 36 10 051 0,537 0,488 0,409 96 DIFFUSION SIMULTANÉE Poids Poids Durée Sels Rapport Rapport corrigé Sels. de chaque de en diffusés. direct. —…— sel. l'eau. jours. (1) (2) Le 1,7 34 11 Do 0,886 0,513 0,427 2 8 Û " KOSO 7 54 12 Dit 0,819 0,478 0,415 yes 2,6 104 11 0% 0,828 0,506 O,ATR 2 3 : 0,50 2,6 4104 15 a 0,553 0,522 0,475 WG 2,6 62 4 Di 0e ON NAIRE K CI 0,782 2,6 52 6 Goo 0211 0,238 0,193 Ces exemples montrent que la formule (4) ne tient pas compte d’une manière suffisante du ralentissement de la diffusion du sel le plus diffusible, résultant de la diminu- tion de la proportion relative de ce sel dans le mélange à mesure que l'expérience se prolonge, tandis que les ré- sultats calculés avec la formule (2) présentent un accord satisfaisant. Aussi est-ce la seule dont je me sois servi pour le calcul de toutes mes expériences. II est d’ailleurs évident qu'elle cesserait d’être applicable si on les pro- longeait de telle sorte que la proportion des sels diffusés dépassàt les limites pour lesquelles les essais précédents prouvent que cette formule est encore convenable. On pourrait diminuer l'importance de cette correction et par suite l’erreur qui peut résulter de ce qu'elle n’est pas rigoureuse, en réduisant beaucoup la durée de la diffusion. Mais alors on augmenterait beaucoup une au- tre cause d'erreur dont l'influence me semble encore plus grande, celle qui résulte de ce que, malgré toutes les précautions, il est impossible d'éviter d’une manière : absolue qu’au début de l'expérience, et à la fin lorsqu'on DE QUELQUES SELS. 97 retire le flacon intérieur, l'agitation ne détermine quelque mélange des couches liquides les plus voisines de l’orifice du flacon. Influence des proportions relatives des sels mélangés. Au début de mes expériences, j'avais à choisir si Je mélangerais les sels dont je voulais comparer la diffusion en proportions équivalentes ou à poids égaux. Je me suis décidé pour la seconde alternative, après avoir constaté par l'expérience que les deux systèmes d'expérience ne donneraient pas des résultats très-différents. Ils devraient être identiques si la diffusion de chaque sel était toujours proportionnelle à la quantité de ce «el contenue dans la dissolution soumise à la diffusion, comme cela parait avoir lieu dans la diffusion des sels simples. Dans ce cas, le rapport des poids diffusés obtenus par la diffusion de dissolutions renfermant des poids égaux de divers sels exprimera exactement le rapport des nombres d’équivalents de ces sels qui seraient diffusés dans le même temps si les dissolutions en renfermaient des quan- tités équivalentes. Mais, en sera-t-il de même pour deux sels contenus dans une même dissolution ? Pour m'en assurer j’ai fait deux séries d'expériences sur la diffusion simultanée du chlorure de sodium et du chlorure de baryum et sur celle du chlorure de sodium et du sulfate de soude, en faisant varier dans des limites assez étendues les proportions des sels mélangés. On ren- contre seulement dans l’appréciation des résultats une assez grande difficulté résultant de l'influence de l’état de dilution des dissolutions; cette dilution n'étant pas la même pour les deux sels lorsqu'ils ne sont plus à poids égaux, les conditions des diverses expériences ne sont pas entièrement comparables. DIFFUSION SIMULTANÉE Pour ne pas trop compliquer le tableau du résultat de ces expériences, j'en sapprimerai tous les détails et je me bornerai à indiquer : Le rapport dans lequel les deux sels étaient mélangés; La proportion des deux sels réunis dans la dissolution pour 100 parties d’eau; Le coefficient relatif de diffusion simultanée calculé d’après la formule (2), il se rapporte tou- jours : au u sel le moins diffusible (BaCl et Na°0 »50"), le sel Le plus diffusible étant pris pour unité. apont Puids des els réunis is pour 100 parties d'eau. Ke. des sels. — — É 20 15 12,5 10 7, 6,25 Hs) 3,18: 8488 2"3,8 144 » » 0,605 » » 0,621 » » » » | ir. 2 » 0,629 » » 0,623 » » 0,645 » » Ba Cl? : Na CI 1 : 14% 0,670 » » 0,654 » » 0,653 » » 0,653 | | ot » 0,630 » » 0,666 » » » » » TE » » 0,649 » » 0,659 » » » » 4 :-8 » » 0,329 » » 0,394 » » » » + oi » 0,319 » » 0,393 » » » » » Na?O,S0* : Na CI © 1 : 1. 0,352 » » 0,366 » » 0,426 » » 0,458 251 » » » » 0,399 » » 0,428 » » d'en: » 0,477 » » » » » » » 0,411 DE QUELQUES SELS. 99 Le premier groupe d'essais porte sur deux sels pour lesquels le degré de concentration des dissolutions n’exerce pas d’inflaence sensible sur les rapports de dif- fusion. Dans ce cas, la comparaison des résultats est plus facile. L'inspection du tableau montre clairement que la diffusion du sel le moins diffusible (chlorure de baryum) éprouve une légère augmentation à mesure que la pro- portion de ce sel dans le mélange augmente elle-même. Ce résultat s'explique assez naturellement. Nous ver- rons plus tard, en effet, que le résultat le plus général de ce travail est de constater que le mélange de deux sels modifie peu la diffusion du sel le plus diffusible, mais di- minue notablement celle du moins diffusible. Il est facile de comprendre que cet effet doit être d'autant plus mar- qué que la proportion du sel le plus diffusible augmente dans le mélange, La seconde série d'essais porte, au contraire, sur des mélanges de deux sels, dont la diffusion relative varie considérablement avec le degré de concentration des dis- solutions. La comparaison des résultats est dans ce cas moins facile, mais cependant elle semble conduire à la même conclusion que celle de la première série. Mais le résultat le plus important de ces essais est de montrer que des différences très-considérables dans les proportions des sels mélangés n’apportent que des mo- difications presque insignifiantes, et qui ne dépassent pas de beaucoup les erreurs probables de la méthode expéri- mentale dans la valeur du coefficient relatif de diffusibilité simultanée, en tenant compte du degré de concentration des dissolutions. Il est donc indifférent, pour la suite de ces recherches, 100 DIFFUSION SIMULTANÉE d'opérer sur des mélanges à poids égaux ou sur des mé- langes en proportions équivalentes. Jai suivi le premier système comme le plus simple. Influence du degré de concentration des dissoluhons. J'ai opéré sur des dissolutions présentant des degrés de concentration très-variés. Commençant, quand la solu- bilité des sels le permettait, sur des liqueurs contenant 40 où 20 p. de chaque sel pour 100 d’eau, je passais à des dissolutions de plus en plus étendues en doublant toujours la quantité d’eau, de manière à essayer une sé- rie de dissolutions renfermant 5, 2,5, 1,25 et 0,625 de chaque sel pour 400 d’eau. L’inflnence de la dilution sera démontrée par le tableau synoptique dans lequel je résumeral, à la fin de ce mémoire, les résultats de toutes mes expériences. Je signale ici les principales conséquen- ces que lon peut en tirer. Cette influence est très-variable et je ne saurais la rat- tacher à aucun principe général, Trois cas principaux peuvent être distingués : 4° Le coefficient relatif de diffusion simultanée, ex- primé toujours par le rapport du sel le moins diffusible au plus diffusible, croît à mesure que la proportion d’eau augmente. Ce cas est le plus fréquent pour les divers mélanges que j'ai étudiés, et surtout pour ceux des sels d’une même base, mais d'acides différents. 2° Il demeure constant, ou ne présente que des varia- tions d’un ordre inférieur à la limite des erreurs d’expé- rience, erreurs que je crois pouvoir s'élever à À ou 2 pour 100. Ce cas se rencontre assez fréquemment pour les sels d’un même acide; mais cette règle n’est point ab- DE QUELQUES SELS. 10 solue. Il se présente plus rarement pour des sels de même base, ainsi pour l’azotate de potasse en présence du chro- mate ou du carbonate. 3° Il diminue à mesure que la proportion d’eau aug- mente. Ce cas ne paraît pas être très-fréquent, mais je l’ai observé pour les mélanges d’azotates d'argent et de soude, de sulfate et carbonate de potasse, de chromate et carbonate de potasse, de chlorures de potassium et d’am- monium. Lorsque le changement du degré de concentration des dissolutions fait varier d’une manière notable le coefficient relatif de diffusibilité, cette variation devient d'autant moins grande que les liqueurs sont plus étendues. Ainsi, il y a bien moins de différence entre les dissolutions à 2,9 et 1,25 °/,, qu'entre les dissolutions à 40 et 5 °4. Il en résulte que la valeur du coefficient tend vers une limite déterminée pour des dissolutions de plus en plus étendues. Pour les premiers mélanges salins que j'ai étudiés, j'ai poussé la dilution jusqu’à la proportion de 0,625 de cha- que sel pour 100 d’eau. Ayant constaté que la diffusion de dissolutions aussi étendues ne diffère que très-peu de celle des dissolutions à 1,25 pour 100, je me suis arrêté plus tard à ce dernier degré de dilution. Avec des disso- lutions plus étendues, les expériences deviennent fort in- commodes par suite de leur extrême longueur; celle-ci entraîne d’ailleurs un inconvénient qui risque d'amener quelque inexactitude dans les résultats en raison d’une al- tération sensible des vases en verre. 102 DIFFUSION SIMULTANÉE Diffusion simultanée comparée à la diffusion rsolée. Je ne m'étais proposé d’abord que d'étudier la diffu- sion simultanée de deux sels mélangés, pour en compa- rer les résultats à ceux obtenus par Graham et Beilstein dans leurs expériences sur la diffusion des sels pris isolé- ment. Mais j'ai reconnu que cette comparaison serait assez difficile et ne conduirait pas le plus souvent à des conclu- sions suffisamment juslifiées, les conditions des expérien- ces n'étant pas toujours entièrement semblables. Il m'a donc fallu, au moins pour quelques sels, comparer, dans des essais faits simultanément et dans des conditions iden- tiques, la diffusion propre des sels et de leur mélange. Cette recherche était surtout nécessaire pour éclaircir un point sur lequel les expériences de Graham ne fournis- sent aucun renseignement, savoir comment la diffusion propre de chacune des substances es: modifiée par le fait de leur présence simultanée dans une même dissolution. Je n'ai rien changé pour cela à la disposition de mes expériences qui était, comme je l'ai indiqué, celle même qu'avait adoptée Graham, Seulement, j'ai remarqué que, malgré le soin que je prenais de choisir, pour ces expé- riences simultanées, trois appareils aussi semblables que possible, il y avait toujours quelque légère différence dans l’ouverture des flacons à diffusion, qui ne permettait pas de compter sur l'identité absolue des conditions dans les- quelles se faisait la diffusion. Pour écarter cette cause d'erreur, j'ai dû répéter six fois chaque expérience, de ma- nière à épuiser toutes les combinaisons possibles relative- ment à Ja distribution des trois dissolutions dans les trais appareils. Je ne donnerai que la moyenne des résultats obtenus dans chacun de ces six groupes d'essais. DE QUELQUES SELS. 103 Les sels comparés ont été les suivants : I. Chlorure de sodium et sulfate de soûde. Deux appa- reils renfermaient 3 grammes de chacun de ces sels, le troisième les contenait réunis. Les sels étaient dissous dans 50 grammes d’eau environ, la proportion de celle-ci variant de quelques décigrammes dans chaque flacon et dans chaque expérience, soit par suite de légères diffé- rences dans la capacité des flacons, soit par suite de la différence des volumes occupés par les sels à l’état de dissolution: attendu qu'il était surtout nécessaire que les flacons fussent toujours remplis de dissolutions jusqu'à la même distance de lorifice. La diffusion a duré 10 jours. IL Chlorure de potassium et chlorure de baryum, gr. de chaque sel et 35 gr. d’eau. Durée 8 jours. UT. Chlorure de sodium et chlorure de baryum, 4 gr. et 36 gr. d’eau : 8 jours. IV. Sulfate de potasse et sulfate de magnésie, 3 gr. et 528,3 d’eau : 10 jours. V. Sulfate de soude et sulfate de magnésie, 3 gr. et 948,5 d'eau : 10 jours. Voici les résultats moyens de ces expériences. J’indi- que les poids des sels diffusés soit séparément, soit si- multanément, le rapport r des coefficients de diffusibilité séparés, le coefficient relatif r” de diffusibilité simultanée, l'un et l’autre calculés comme toujours suivant La formule 4 (2), et la proportion + de ces deux rappor ts. Dans la dernière colonne R ie les quantités de sels diffusés dans les dissolutions mélangées comparées aux quantités des mêmes sels diffusés isolément. 104 DIFFUSION SIMULTANÉE Sels diffusés ; r PR ER r — R separes. reumis. r Na CI 0,5833 0,6054 1 1 » 1,038 ÎNa20,S0: 0,3770 0,2497 0,590 0,352 0,596 0,662 (K CI 0,8560 0,9276 1 1 » 1,083 !Ba CI? 0,5423 0,4424 0,572 0,401 0,701 0,814 Na CI 0,7142 0,7283 1 1 » 1,019 |Ba CI? 0,5673 0,5225 0,757 0,668 0,882 0,921 fc 0,4745 0,4378 1 1 , 0,901 (MgO ,S0* 0,2028 0,1684 0,382 0,345 0,903 0,830 Na20,S05% 0,3757 0,3420 1 1 » 0,910 Mg0,S0* 0,2097 0,1823 0,523 0,502 0,960 0,869 Il est peut-être difficile de vouloir tirer des conséquen- ces générales d’un si petit nombre de faits. Cependant, il { à ss 0 semble que l'inspection des rapports — montre que r toujours, dans le mélange de deux sels, la différence de leurs diffusibilités propres se trouve augmentée. Ce chan- sement ne paraît point en rapport avec la faculté que peuvent présenter les deux sels à se combiner l’un avec l'autre, car dans Les exemples précédents, le mélange des sulfates de potasse et de magnésie, qui seul a une grande tendance à former un sel double, n’occupe aucune des extrémités de la série de ces mélanges rangés dans l'ordre dr 1 de grandeur du rapport —. pe L'examen de la colonne R montre que l'effet du mé- lange de deux sels est surtout de diminuer la diffusion du sel le moins diffusible. Quant au sel le plus diffusible, il subit quelquefois une légère augmentation dans sa dif- fasibilité, dans d’autres cas elle est, au contraire, dimi- nuée dans une proportion moindre que celle du sel le moins diffusible. DE QUELQUES SELS. 105 Résuliats des essais sur la diffusion simulianée. Jaurais voulu, pour ne pas trop surcharger ce mé- moire de chiffres, ne donner qu’un tableau synoptique des coefficients relatifs de diffusion simultanée des divers mélanges que j'ai examinés. Mais ces coefficients ne pou- vant être déduits des résultats directs des observations que par un calcul fondé sur l'emploi d’une formule contesta- ble, et en tout cas simplement approximative, je ne crois pas pouvoir me dispenser de donner les résultats mêmes des observations. Je supprimerai seulement tous les dé- tails relatifs aux analyses, et dans les cas assez nombreux où j’ai répété deux fois les essais sur une même dissolu- tion, j'indiquerai seulement la moyenne des résultats ob- tenus. Le tableau [, dans lequel sont consignés tous ces résul- tats comprend dans ses colonnes successives : 1° La nature des substances mélangées ; 2° La dilution, exprimée par le poids de chacun des deux sels dissous dans 100 parties d’eau ; 3° La durée de la diffusion en jours; 4° et 5° Le poids de l’eau et celui des sels contenus dans le vase à diffusion; 6° Le poids des sels diffusés; 7° Le coefficient de diffusibilité relative, calculé d’a- près la formule (2). Dans ce tableau, le sel le moins diffusible est toujours indiqué en premier lieu, et c’est à lui que se rapporte le coefficient calculé, celui du sel le plus diffusible étant pris pour unité. k Dans un second tableau j'ai réuni tous ces résultats ARCHIVES, t. L. — Juin 1874. 8 { 106 DIFFUSION SIMULTANÉE sous une forme plus concise, en indiquant seulement les coefficients de diffusibilité relative correspondant aux di- vers degrés de dilution des mélanges étudiés. Mais là, pour faciliter la comparaison des séries de mélanges ren- fermant un même sel comme terme commun, je l'ai tou- jours mis au second rang, en sorte que les coefficients de diffusibilité, rangés suivant leur grandeur relative, sont les uns plus grands, les autres plus petits que l'unité, sui- vant que le sel pris comme terme de comparaison est moins ou plus diffusible que celui auquel il est associé. On voit immédiatement par là, par exemple en comparant les deux premières séries de sels de potasse associés, tantôt à l’azotate, tantôt au carbonate, que l'ordre de dif- fusibilité des divers sels reste toujours le même. On peut aussi conclure de ce tableau que les divers acides et les diverses bases conservent leur ordre relatif de diffusibilité dans toutes leurs combinaisons. Je donne dans une colonne spéciale la valeur moyenne des coefficients de diffusibilité relative, pour des dissolu- tions à 2,9 p. 100, calculés par les résultats obtenus pour les dissolutions à 5, 2,5 et 1,25 p. 100. Ces nom- bres sont probablement plus comparables entre eux, la moyenne des trois déterminations devant diminuer les écarts accidentels dus aux erreurs d'expérience qui peu- vent quelquefois être très-notables, comme le prouvent quelques anomalies que l’on peut observer dans la suc- cession des chiffres correspondant aux divers degrés de dilution. Aussi, me suis-je borné à la seconde décimale dans le calcul de cette moyenne, et je ne la considère pas comme certaine à deux unités près. S'il est permis de baser des conclusions sur des faits encore bien peu nombreux, on trouve que l’ordre de dif- DE QUELQUES SELS. 107 fusibilité des principes négatifs et positifs des combinai- sons étudiées est le suivant : Principes négatifs. Principes positifs. Chlore. Hydrogène. Brome. Potassium. \ Jode. Ammonium. Acide azotique. Argent. Acide chlorique. Sodium. Acide perchlorique. . Calcium. l Acide permanganique. Strontium. Fluor. Baryum. Acide chromique. Plomb. Acide sulfurique. Mercure. Acide carbonique. Manganèse. Magnésium. Zinc. Cuivre. Aluminium. Dans chacune des deux séries plusieurs groupes ren- ferment des principes qui se comportent d’une manière tellement semblable dans les divers mélanges que l’ordre de leur diffusibilité relative ne peut être considéré comme établi d’une manière certaine. J'ai inscrit dans une dernière colonne du tableau II les rapports des coefficients de diffusibilité déterminés pour les sels pris séparément, tels qu'ils résultent de mes propres expériences pour quelques-uns d’entre eux, de celles de Beilstein et de celles de Graham. Je n'ai utilisé ces derffres que là où d’autres données manquaient. En effet, les chiffres donnés par ce savant, indiquant les poids relatifs de divers sels diffusés dans des temps égaux par des dissolutions d’égale concentration, n’ont subi au- cune correction pour tenir compte de l’appauvrissement des dissolutions soumises à la diffusion. Il en résulte que leur rapport doit toujours être plus rapproché de l'unité que le chiffre qui exprimerait réellement le rapport de diffusibilité des deux sels. 108 DIFFUSION SIMULTANÉE La comparaison de ces rapports avec les coefficients de diffusibilité simultanée peut suggérer quelques obser- vations. On aurait pu supposer que l'influence du mélange de deux sels dans une même dissolution sur leur diffusibi- lité réciproque diminuant à mesure que les dissolutions seraient plus étendues, la limite vers laquelle tendent les résultats obtenus dans la diffusion simultanée coïncide- rait avec le rapport des coefficients de diffusibilité sépa- rés, à moins qu’une affinité spéciale entre ces sels ne les forçàt à se diffuser dans des proportions à peu près équivalentes. Ces suppositions ne paraissent en aucune façon con- firmées par l'expérience. Les mélanges salins pour les- quels la diffusion simultanée tend à donner, dans des dis- solutions de plus en plus étendues, des résultats confor- mes au rapport des diffusibilités propres de chaque sel, sont peu nombreux. Ce sont les suivants : Les chlorures de potassium, de sodium et d’ammonium en présence des azotates correspondants ; Les chlorures de sodium et d’ammonium ; Les azotates de potasse et d’ammoniaque ; Les sulfates de potasse et de soude en présence du sulfate de magnésie. à On doit remarquer en particulier que dans le mélange de sulfate de potasse et de sulfate de magnésie les deux sels conservent sensiblement, dans des dissolutions éten- dues, leur diffusibilité propre, laquelle est loin d’ailleurs d’être en rapport avec des proportions équivalentes de ces sels. Il ne paraît donc pas qu'il existe d’affinité entre deux sels dissous, lors même qu’ils sont susceptibles de former un sel double. DE QUELQUES SELS. 109 Pour tous les autres mélanges, en beaucoup plus grand nombre, il parait impossible d'admettre que la diffusion simultanée donne, même dans le cas de la plus grande dilution, des résultats conformes au rapport des diffusibi- lités propres des sels. Îl arrive même quelquefois qu'ils s’en éloignent d’au- tant plus que l’on opère sur des dissolutions plus éten- dues, ainsi pour le carbonate de potasse en présence du sulfate ou du chromate et pour le mélange des chlorures de potassium et d'ammonium. En résumé : La tendance que peuvent avoir deux sels à former des sels doubles ne paraît exercer aucune influence sur leur diffusion simultanée, 1l est donc probable que les sels doubles n'existent pas à l’état de dissolution. Les expériences de diffusion simultanée peuvent faire connaître l’ordre de diffusibilité propre des sels, mais ne permettent pas en général d’en déterminer le rapport. Les proportions suivant lesquelles deux sels mélangés se diffusent sont toujours plus écartées l’une de l’autre que celles qui répondraient à leurs diffusibilités séparées. La différence diminue en général à mesure que l’on opère sur des dissolutions plus étendues, mais elle ne paraît pas cependant tendre à s’annuler, du moins dans la plupart des cas. ; Enfin je dois remarquer en terminant que je n'ai ja- mais constaté une séparation des acides et des bases dans la diffusion des sels. Les acides étant en général plus dif- fusibles que les bases, il faudrait admettre, si ane telle séparation a lieu, qu’elle est si faible qu'elle se trouve masquée par les éléments alcalins fournis par le verre des appareils. En effet, dans toutes mes expériences sur des f 410 DIFFUSION SIMULTANÉE sels neutres, je n'ai jamais observé une réaction acide dans le produit de l’évaporation des liqueurs diffusées. Dans quelques-unes des expériences qui ont duré le plus longtemps, j’ai observé au contraire une réaction légère- ment alcaline, mais alors le résidu de l’évaporation a laissé quelques traces de silice quand on l’a redissous dans l’eau, en sorte que cette réaction, très-faible d’ailleurs, devait être attribuée aux éléments du verre. TABLEAU Î. Poids Poids Sels Diffusibilité Sels mélangés. Dilution. Durée. de l’eau. des sels. diffusés. . simultanée. 15 6 33,3 ( a 0,693 3.53 5761 10 7 35,3 ( OU 0,761 K:0,A%05 } Ÿ 9 54,6 ! ga fee À re KCI (264 3742) 2,5 11 10560404 “é08.) 0808 (195 2611 ) 1,25 14 156 (ie emso ) 0938 (1,60 2492 ) Lo,625 27 256 | l60 ‘ages ) 0:97 (2,4 0,2670 ) 10 1e EE 5430 | 0,747 3 205 ÿ 7 50 ( se 53563 ) 0,825 K30,A70 (25 4171) KBr 2,5 10 102 (255 et 0,885 C 2,55 3030 ) COR 10 5 94 Che RS 0,761 K20,4z:05 ) © M TDS La A 4.984 KI 25 411 102 CODE Rs 0,897 (265 3295 ) das Ta) se OS SSS DE QUELQUES SELS. L Poids Poids Sels mélangés. Dilution. Durée. de l’eau. des sels. | 9 55 Homo |;#: fps Re 2 2015 x K'OA70® ) ,95 17 280 gi >] 9 es 10 6 93 : 2 205 K20,47°0 5 8 59 ge b] me Fi 00 a K20,Cr0° | ; 2, UD 12° "127 10 lon 1,25 17 208 Fe | 5 Wei RE 2. à ( 2,4 TNT NS RRQ SA 2 205 KO,A70® À ,o5 13 9236 de 0,625 28 256 de ( 2,45 10 6 1 . 2.65 K0,c0 }° HOTTE 2 5 KO,A20° on 13 106 Late 26 1,95 17 208 | i ( 2,6 | 5 8 52 si 2 2 Ps, De 2,5 12 100 ee | fes ia Lo 5 8 56 de K°0,C Ë che 0 2,5 11 102 À Es ( 2,55 | (25 18 206 on Sels difusés. 0,3231 ) ,3810 ) ,2672 ) 2990 ) 11 Difusibilité simultanée. 0,823 0,880 0,707 0,768 0,617 0,617 0,621 0,350 0,600 0,651 0,655 0,520 0,506 0,509 0,494 0,400 0,404 0,422 0,399 0,412 0,441 112 DIFFUSION SIMULTANÉE Poids Poids Sels mélangés. Dilution. Durée. de l'eau. des sels. ( 2,5 \ 5 8... me 4 K:0,C0° (23 Li | 2,5 A1 102 Lo [9 9 ( 2,6 1,25 18 22 (5 K*0.C0* NE de KO CIO (: 1 0,9 eV ( 2,5 KO CO: | 2,5 12 100 [2% K20;CEO® : ain ta | 1,25 18 212 ( 2,6 (2,7 va 8 11 5 97 K20,C0* ( 2,6 K°0,Cr0 U. 167 JL IOSRS ES ( 2,6 125 22 220% ( 2,7 3 5 10 5e K20,C0° ( 2,6 K°0,S05; : 29 15 104 ( 2,6 o ( 26 1,25 2 21e (voir pages 95 et 96) K°0.S05 (idem.) KCI 1,9 15 182 LL (1,5 | 0,625 27 240 © 4 ( 2,6 du 8 52 € 2,6 K*0,S0° (25 K20, COS j. Mt LOIRE 9,5 2,5 125 16 20 {9% x Or OT OX OT Or ot O1 or Qt OT QC O1 © Or Qt Diffusibilité simultanée. (*) Le perchlorate cristallise dans une dissolution renfermant 1 p° 100 des deux sels. DE QUELQUES SELS. Sels mélangés. Dilution. Kogror 09 22 .20 5 Fe 7 NaO,Az:05 | 5 ; NaCI 2,5 u 195 15 | 0,625 6 ne 8 Na°0,S0: “D 4 Na°0,A7°0: 1,25 45 ne 28 ETES | 5 8 — AT | 1,25. 15 0,625 28 N 3 AzZ2H80,Az205)10 4 AzH:Cl 5 7 es A0 (*) Dissolution sursaturée. Durée. de l’eau. Poids Poids des sels. 261,1 + 30 né 22,5 | 35 10,2 À 546 n {5 208 Ce 250,2 | ie 10,6 (248 129,2 | ne 120 Li 264 À 165 33,3 ( . 56 ee 148 ce 208 La 100 cie 11 “E 2 (2 50 (ue 104 fs Sels diffusés. 0,4501 }) ,6169 .3975 ,4765 4176 ,4684 ,4246 4594 2533 2687 23171 ,2423 0,2253 4416 Co = = C0 © € S > 1527 on Sont er) cat Sont ot ot at at St et) Sommet met mt So 1521 Se CSS Co «© = 0,2273 ) ,1387 113 Difusibilité simultanée. 114 Sels mélangés. Dilution. AZH50,Az0* \H:CI mes 5 Ba0.,Az05 ) 250 BaCI 1,25 | 0,625 110 Mg0,80: ) ° 5 Mg0O,A7°0 9.5 1,25 10 Ms0.,S0: ) © MgCF 2,5 | 1,28 ; KCI Je HCI Le | 1,25 20 NaCI " KCI ù 24 Durée. 15 19 31 Poids de l’eau. 208 d4 100 104 204 > © © DIFFUSION SIMULTANÉE Poids des sels. 1 © >" RO 19 RO RO de EU EN © es - + = - - - - t© tO NO LS RO © RO RO RO RO RO 9 LRO RO RO © RO RO RO RO RO RO RO RO ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( { ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( ( Sels diffusés. 0,2858 ) 2992 ) 0,3433 ) Diffusibilité simultanée. 0,949 0,804 0,850 0,867 0,871 0,270 0,307 0,347 0,375 0,215 0,272 0,336 0,370 0,154 0,192 0,257 0,295 0,608 0,600 0,615 0,654 DE QUELQUES SELS. Poids Poids Sels mélangés. Dilution. Durée. de l’eau. des sels. NaCI (1,25 13 144 d KI lo,625 28 256 ; ne 20 F4 C De 10 n 22,5 ( 4 AC LR LA | 2,5 410 102 oh j 1,95 14 200 ie . 10 ÿ 2% | si CaCF PER Fe Naf 2,8. 41 104 ; + Res, 16 218 15 8 30,1 (4 12 (voir pages 95 et 98) BaCl® Ë Au 1 NaCI 2% 41 710 é Fu 1,25 15 120 ( 5. A o62s 98 256 (IE in NaCI 5 16 104 (e | 1,25 24 204 re Œ Oo + mit Sels diffusés. .3426 415 Diffusibilité simultanée. 416 DIFFUSION SIMULTANÉE Poids Poids Sels Diflusibilité Sels mélangés. Dilution. Durée. del'eau. dessels. diffusés. simultanée. 10 a lou = Ho 0,612 ee À 4 ni 2) oo 2,5: 11° ‘100 RE Ne 0,638 1,95 15 9204 At ot 0,637 (10 5 24 as Mrs 0,537 en À en Nacl | 2,8 41 104 6 6 Ai 0,549 1,25 416 219 C “A ce 0,557 20 3 11 + nt 0,941 ve HS. ”i Eur 0,875 ann | 6 10 [5 2) oo 2,5 10 100 < a 0,847 1,95 15 919 À ne nn. 0,849 15 (voir page 95) 0,404 5 1. 88 pi Taie 0,406 Bac DE At HE 12 ee 0,411 1,25 145 120 “ a 0,498 0,625 28 256 ti pu 0,453 10 3 94 1 Dre 0,192 met ni 2 5 8 10 Le ES 1,25 42 912 Aa au 0,295 T4 DE QUELQUES SELS. Poids Poids Sels mélangés. Dilution. Durée. de l’eau. des sels. fe ( 2,2 [20 3 11 ( 2,9 ( 2,25 10 4 22,592 K20,4#05 ], RP 72H50, 17205 ( 2,5 ( 2,5 2,5 10 100 {9x £ r ( 2,65 190: 1er 210 ( 2,65 5 (voir page 95) CA A Le Ba0O,47°05 ( 185 K20,47°05 | 1:95: 2546 * 448 ( 185 0,625 28 240 a ; ( 2,2 20 8 1 os 9 10 5 23,5 ( se Poe à. Na°0,47°0 | ° RAIN CUS 2 205 9 LOAFO® los 10 96 C + 1,23 14 9200 LE ( 1,6 | 0,625 28 256 [6 (2,5 10 5 25 os ( 2,6 Na°0.47205 ) © No SAS (86 2 2015 AgOAPO® Jos 42 104 C + ( 2,6 1,25 21 208 [26 ( 2,4 CaO,Az*05 |?0 M LR EC 2 2()5 Na°O,Az0 10 5 94 2 Sels diffusés. 0,336 ,282 5279 292 402 402 ,360 360 201 ,345 3201 0,3175 117 Diffusibilité simultanée. 0,854 0,948 1,000 1,000 1,017 0,415 0,441 0,468 0,466 0,712 0,655 0,634 0,654 0,648 0,635 0,897 0,862 0,843 0,833 0,634 0,610 118 Sels mélangés. Dilution. Le CAO ,Az°0? Na*0,A70° 0 9,5 1,25 20 10 PbO,A7°05 5 Na?0 ,A7?0; | 1,28 20 10 M£gO,Az205 Na 0, A7205 2,5 1,25 10 SrO,A#05 ) Ÿ Na20,A7°05 2,5 1,25 5 BaO.AzOs | 25 2 205 Na°0,A7°0 1,95 | 0,625 DIFFUSION SIMULTANÉE Poids Poids Durée. del'eau. dessels. “A an 11 104 . 16 180 3 19 cé 5 94 ke g.40re4 11 100 C re 16 219 nie 3 19 4 8 (93 0 Re MED es 12 160 é CE 16 9204 Es 6 32,5 ( re Tel e + 11 100 ne 415 208 Le 6 | 66 Un 20: {166 Fe 16 132 C Hé 31 272 in ARR CNE PEER ED TRE CAN ANS AR PRE METRE Sels Diffusibilité diffusés. simultanée, ot) oo HA À ous j2668 0076 “820 ) 0,521 ue 0,587 is 0,617 ss 0,658 . 0,681 on) En) non FE) a 2) ou 164 ) 0,622 Su ) can M) cu gag } 0.030 | co Er à 0,589 D) ou a) ou 2786 ) 0.082 ! fps LAS vw NOR ATP Sels mélangés. Dilution. K°0,S0: H?0,S0: AzZH50,S0: K20,S05 Mg0,S0° K*0,S0: A 05,3S05 | K°0,S05 Na20,S05 K?0,505 DE QUELQUES SELS. 12 4795 18 5 10 235 14 [1,25 18 8 9 2 (lg: 1:25 4#2 99 (0) 9 | 2196 13 2,5 16 1,25 30 1/60 |) 20 tan 10) 30 5 9 2 11 1,25 18 0,625 30 Poids Durée. de l’eau. 103 126 156 256 Poids des sels. Sels diffusés. (‘) Dissolutions préparées avec le sulfate double. (?) Dissolutions d’alun. 119 Diffusibilité simultanée. 0,361 0,438 0,470 0,476 1,017 0,978 0,973 0,375 0,394 0,386 0,346 0,369 0,337 0,283 0,289 0,303 0,679 0,682 0,696 0,714 120 DIFFUSION SIMULTANÉE Poids Poids Sels Diffusibilité Sels mélangés. Dilution. Durée. de l’eau. des sels. diffusés. simultanée. 5 (2,6 0,1860 Mn0,805 | ré 26 As | 0,506 nv, | Re NE 2,6 : HE) RE 2,6 ,1363 or RS ( 2,6 9771 0,533 co (28 UreU | 5 10 52 (26 “2086 j 0,487 NO 80 (2,6 1243) Na°0,S05 | 2,5 13 104 ! 2.6 ,2337 ) 0,507 2,65 1318) 125 2 22 06 gra Oil (2,6 0,1783 ) Zn0,S0: | : F d ue ae 0,482 nv, 5 < NatGS05 25 17 1064 (96 3407) 0509 (2,6 ,1466 ) | 1,25 23 208 (26 ‘onos ) 04% | (2,6 0,1856 ) Aisne 3 13 52 © ne 3061 0,425 uO, ee | Na°0,S05 | 2,5 146 102 ET 2,6 ,1886) [1,25 32 208 2 PU æ x: (2,6 1027088 nÙ, ® Mg0,S05 | 2,5 21 102 Los ‘#46 À 0887 2,6: leu] LES, : 20 RER 0,801 | (2,6 0,2585 Mg0,805 Fa OU 2,6 2639 0,978 80, : Mn0,S05 2,5 21 104 2 6 A 0,960 2,6 ,2042) VE. 98 08 (36 CROSS y " Q MT" À le) 7 à ee ANR + a es UE PT RQ DE QUELQUES SELS. 121 IL. TABLEAU SYNOPTIQUE DES COEFFICIENTS DE DIFFUSION SIMULTANÉE DE DIVERS SELS. K20 ,Mn°07 KF K20,CrO3 K20,S03 . K20,C02 KCI K?0,C1207 K20,CP205 K20,CrOs K20,805 KCI K20,CL05 - K20,C1207 » » K20,C02 K20,S05 » » Proportions de chaque sel pour 100 d’eau. 20 NaCI : Na20,A7205 1,416 Na20,S05 » Na?0,S03 NaCI Az2H60 ,Az205 : AzH4CI1 0,732 BaO,A7z205 : BaCI2 Mg0,S0: : MgO,A7205 Mg0,S03 KCI AzH4CI CaCI2 BaCI2 HgCE SrCI2 MgCI2 HCI AzHiCI BaCl MgCl2 NaCl » 1,644 1,393 0,592 0,941 10 1,314 1,339 1,314 0,707 0,520 1,236 0,802 0,270 0,213 1,666 .1,391 0,622 5 4,215 1,212 1,157 0,768 0,617 0,550 0,506 2500 9,506 9,544 1,164 1,027 2,399 1,618 1,156 0,455 0,366 0,880 0,804 0,307 0,272 1,626 1,372 0,654 0,668(2) 0,654 0,612 0,337 ” 6,493 0,875 0,652 0,629 0,549 5,208 0,899 0,401(:) 0,406 (1) Les lettres B, G, M, indiquent les rapports stein, Graham et moi. (2) Dissolution à 0,9 pour 100. (3) Dissolution à 11 pour 100. Moyenne de six expériences (p. 98). (4) Dissolution à 11,4 pour 100. Moyenne de six expériences (p. 98). ARCHIVES, t. L. — Juin 1874. 25 1,119 1,130 1,115 0,823 » 0,617 0,600 0,509 2 475 9,497 9,299 1,825 1,236 4,100 2,101 1,529 1,105 0,528 0,426 0,910 0,850 0,347 0,336 1,529 1211 0,643 0,653 0,644 0,638 0,549 3,891 0,847 0,411 1,081 1,091 1,112 0,880 » 0,621 0,631 0,494 9,369 9,267 9,267 1,862 1,295 1,135 1,919 1,464 1,068 0,363 0,458 0,949 0,867 0,375 0,370 1518 1,173 0,669 0,653 0,651 0,637 0,557 3,389 0,849 0,428 1,067 1,798 LA > RO = à - Rapport Moyenne. des diflu- 1,25 0,625 2,50 sibilités séparées ! 1,054 B è pe pe SH RTS SE UODID—æ— 2 RO = 1 RO CO À Re 19 9 ND © © © © © - , LO Go © 8 C9 19 IHIOUSS© - ENS & À 0,465 0,42 | 0,91 0,871 0,84 0,644 B (0,590 M 1,005 G 1,550 0,679 0,453 0,34 0,33 156 1,200 B 195 1,247 G 0,65 0,757 M pie (0/87 G 0,65 0,63 0,55 416 0:86 0,960 G (0,572 M 0,1 ! 067 G résultant des déterminations de MM. Beil- Re D LA 222" DIFFUSION SIMULTANÉE DE QUELQUES SELS. Rapport Proportions de chaque sel pour 100 d’eau. Moyenne. des diffu- A CO 20 10 5 25 1,25 0,625 2,50, Sibililés séparées. H20,A7205 : K20,A7205 5,208 4,149 53,649 3,390 3,73 Az2H80,A7205 » 1,171 1,055 1,000 1,000 0,988 1,00 0,993 G BaO,Az?05 » 0,415 0,441 0,468 0,466 0,44 K20,47205 : Na°0,A7205 1,404 1,527 1,577 1,529 1,543 1,575 1,55 1,157 G Ag°0,A7205 » 1445 1,160 1,186 1,197 : 1,18 Ca0,A 7205 » 0,634 0,610 0,659 0,638 0,674 0,66 PbO,Az205 » 0,521 0,557 0,617 0,658 0,681 0,65 Mg0,Az205 » 0,702 0,695 0,656 0,640 0,632 0,64 SrO,A7205 » 0,587 0,620 0,630 0,666 0,64 Ba0,A7205 » 0,589 0,625 0,672 0,682 0,63 H20,505 : K20,505 2,770 92,299 2,127 9,101 2,17 Az2H°0,S05 » 1,017 0,978 0,973 0,99 0,994 G M20,S05 » 0,375 0,394 0,386 0,39 0,382 M AËOS,3S05 » 0,337 0,285 0,31 K?0,503 : Na?0,508 1,473 1,466 1,437 1,400 1,46 1,301 B Mn0,S05 » 0,506 0,499 0,533 0,52 % (0,718 B og 3 3 Mg0,S0 » 0,487 0,507 0,531 0,51 !0'593 M Zn0,S05 » 0,482 0,509 0,492 0,49 CuO,S05 » 0,425° 0,441 0,475 0,45- 0,640 B Zn0,S035 : Mg0,503 0,871 0,857 0,801 0,84 1,023 G Mg0O,S05 : MnO,S05 0,978 0,960 0,971 0,97 N'OÿT'E SUR LES ONAGRARIÉES DU BRÉSIL ET EN PARTICULIER SUR LE GENRE JUSSIAEA PAR M. MARC MICHELI. L'étude d’une famille de plantes brésiliennes promet, en général, d’être féconde en résultats nouveaux. En effet, les vastes régions de cet empire encore si mal connu ont fourni aux voyageurs une quantité considérable de végé- taux non encore décrits, et l'étude de ces collections a plus d’une fois jeté un jour tout nouveau sur la véritable nature et sur les affinités de certaines familles tropicales. Il n’en est pas tout à fait ainsi pour les Onagrariées'; répandues surtout dans les régions tempérées, il était peu probable qu’elles se présentassent au Brésil avec un nombreux cortége d'espèces. Ces prévisions se sont en partie réalisées ; cependant l'étude des types brésiliens de cette famille, et en particulier la revue du genre Jus- siaea que ce travail a occasionnée, ont fait connaître cer- tains faits nouveaux qu'il sera peut-être intéressant de consigner ici. ? La monographie des espèces brésiliennes de cette famille, que nous avons été chargé d'élaborer pour la Flora Brasiliensis de Mar- tius (éditée aujourd’hui par M. le professeur Eichler), paraîtra dans un des prochains fascicules de ce grand ouvrage. 124 ONAGRARIÉES DU BRÉSIL C’est à ce dernier genre, le plus vraiment tropical de toute la famille, qu'appartiennent la presque totalité des Onagrariées du Brésil; sur 46 espèces que nous avons décrites, il en compte 36. Les dix autres se répartissent entre quatre genres : Oocarpon une espèce, Epilobium une espèce, Fuchsia trois espèces et Oenothera cinq es- pèces. Les Jussiaea se rencontrent dans toutes les parties du Brésil depuis l’Amazone jusqu’à Montevideo, dans les ter- rains humides; quelques espèces sont même tout à fait aquatiques. Nous reviendrons, du reste, tout à l’heure sur ce genre qui mérite un examen spécial. L’Oocarpon est un genre nouveau qui ne compte en- core qu'une seule espèce; cette plante récoltée par dif- férents collecteurs avait été, sur un examen superficiel, rapportée aux Jussiaea ‘. Elle s’en sépare évidemment par le fait qu’elle a les étamines en nombre égal aux pétales et non pas double comme c’est le cas pour tous les Jus- siaea; ce caractère tendrait à la rapprocher du genre Ludwigia, mais elle s’en distingue par sa fleur penta- mère et non tétramère, et par la structure de son fruit semblable à celui du Jussiaea repens dont il sera question tout à l'heure. C’est une plante de marécage, la partie in- férieure de la tige plonge dans l’eau et là elle est fréquem- ment enveloppée d’un tissu lacuneux et aérifère sem- blable à celui des racines aérifères de quelques Jussiaea*. Il naît entre l'écorce et le bois et rappelle d’abord par sa structure les couches subéreuses de certains arbres; à { J. torulosa, Walk Arnott. J. oocarpa, Wright, Griseb. Plantæ cu- benses 107. * Martins, Bull. de la Société botan. de France, 1866, p. 169. ET EN PARTICULIER GENRE JUSSIAEA. 125 mesure qu'il se développe, il déchire les couches cortica- les, et la tige finit par se trouver enveloppée d'un cylin- dre continu, trois ou quatre fois plus épais qu’elle-même. Les rameaux s'élèvent au-dessus de l’eau, et l’inflores- cence est tout à fait celle d’un Jussiaea, c’est-à-dire que les fleurs naissent solitaires à l’aisselle des feuilles supé- rieures plus ou moins réduites. La distribution géographique de cette plante, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est assez capricieuse. Elle a été récoltée à Cuba par M. Wright, dans la Guyane par Sagot et quelques autres voyageurs; au Bré- sil, elle n’a encore été rencontrée que dans la province de Micas-Geraes où elle croit en grande abondance dans un lac près de Lagoa-Santa (M. Warming). Il y aurait donc en latitude une distance de près de 25° entre les deux stations de cette espèce. Les Épilobes peuvent à peine compter au nombre des genres brésiliens; une seule espèce, très-voisine de lEpi- lobium tetragonum de nos contrées (sinon même iden- tique) a été récoltée près de Montevideo où elle a été très-probablement introduite à la suite des colons euro- péens. Les Fuchsia sont cantonnés dans les régions élevées du centre du Brésil, depuis la chaîne des Orgues près de Rio Janeiro, jusqu'aux montagnes de la province de Minas-Geraes où ils s'élèvent au delà de 2000 mètres. Les trois espèces que nous avons reconnues (F. integri- foha Camb., F. montana Camb., F. pubescens Camb.) ont été décrites par Cambessédès dans la Flora Brasiliæ meridionalhs; elles se rapprochent du groupe des espèces chiliennes et en particulier du Fuchsia macrostemma Ruiz et Pav., et sont, au contraire, assez différentes de 126 ONAGRARIÉES DU BRÉSIL celles à longues fleurs qu’on trouve généralement répan- dues dans le Pérou, la Nouvelle-Grenade, l'Équateur, etc. Les Énothères sont reléguées dans la partie australe de l'empire, et ne remontent pas au delà de l’île de Sainte- Catherine (27-28° lat. S.). Des quatre espèces que nous avons reconnues dans cette région, l’une, Oe. indecora Camb., paraît spéciale à la localité et a, du reste, été très- rarement recueillie; les trois autres, Oe. mollissima L., longiflora Jacq., acaulis Cav., sont répandues dans le Chili. Elles se rencontrent généralement dans les terrains sablonneux voisins de la mer. Une cinquième espèce a été récoltée par M. Glaziou, dans les environs de Rio- Janeiro. C’est une plante annuelle croissant dans des ter- rains humides à 600et 700 mètres d'altitude. Son port rappelle tout à fait celui de l’Oe. biennis d'Europe. Le genre Jussiaea est pour nous d’une tout autre im- portance que les précédents. Il est essentiellement brési- lien, car presque toutes les espèces connues se rencon- trent dans ce vaste empire. Il n’a été d’ailleurs soumis depuis la publication du vol. IT du Prodromus (1828) à aucun travail général, et de plus certaines espèces oc- cupent, comme le font souvent les plantes aquatiques, une aire géographique extrêmement vaste et sont distinguées par une grande variabilité de formes. Aussi les espèces se sont-elles multipliées d’une façon exagérée dans toutes sortes de publications et la synonymie de quelques-unes est-elle devenue fort compliquée. Aucune mention n’est le plus souvent faite des carac- tères véritablement essentiels dans ce genre, c’est-à-dire de ceux qui dérivent de la graine et certaines descriptions sont pour ainsi dire impossibles à identifier. ne ET EN PARTICULIER GENRE JUSSIAEA. 127 Cependant, dès 1829, A.-P. de Candolle, dans son mé- moire sur les Onagrariées, faisait ressortir l'importance des caractères du fruit et de la graine, et concluait même à l'adoption probable, dans l'avenir, du genre Cubosper- mum créé par Loureiro (Flora Cochin. L 129) pour le Jussiaea repens de Linné. Depuis lors, aucun auteur ne s’est spécialement occupé de ce point. L'ancienne division de de Candolle en deux sections, l’une caractérisée par les fleurs tétramères et l’autre par les fleurs pentamères, ne peut pas être maintenue. Cer- taines espèces, en effet, n’ont rien de fixe dans le nombre des parties qui est tantôt quatre, tantôt cinq; d’autres, au contraire, constamment tétramères, sont par toute leur or- ganisation proches voisines d'espèces constamment penta- mères. | Mais la structure de la graine et du fruit divise très- naturellement le genre en trois sections, dont nous allons énumérer rapidement les principaux caractères : La première, que nous avons appelée Eujussiaea, la plus riche en espèces, se distingue par des graines nombreuses, plurisériées dans chaque loge et généralement horizon- tales. Elles sont fort petites et portent sur la face externe un raphé cylindrique assez saillant qui se détache aisé- ment de la graine, De plus, la capsule est généralement obconique et tétragone; très-rarement prismatique. Elle n’est le plus souvent marquée que de quatre côtes sail- lantes alternant avec les lobes du calice. Les espèces de cette section sont tétramères; quelques-unes deviennent accidentellement pentamères. Elles habitent surtout l'A- mérique du Sud où elles atteignent parfois la taille de véritables arbustes, et arrivent au chiffre de vingt-trois. à] à SRE +, 7 PE.) PV CONTES 27 24e DETTES Ci Ste 2 : L * ce # 1"É Ne “ T LA " ET | 128 ONAGRARIÉES DU BRÉSIL Dans la deuxième section qui a reçu le nom d’Oligo- spermum, les graines sont unisériées dans les loges et quelquefois tout à fait pendantes ; chacune d’entre elles est enveloppée d’un disque d’endocarpe épais, subéreux ou presque ligneux, qui se sépare de l’épicarpe mem- braneux et tombe avec elle. Dans un groupe d’espèces, les graines sont libres dans l’endocarpe et rappellent tout à fait, par leur apparence, celles de la première section. Dans un second groupe, au contraire, elles sont plus grosses, tout à fait adhérentes à l’endocarpe et forment avec lui un corps prismatique qui a été souvent décrit comme la graine elle-même. Les capsules sont allongées, habituellement cylindriques, quelquefois polygonales ; les nervures dans certaines espèces (J. repens L. et voi- sins) sont très-développées et de consistance tout à fait ligneuse. Ce sont les plantes de cette section que de Candolle proposait de séparer du genre Jussiaea. Ce qui nous à empêché d'adopter cette manière de voir, c’est le fait que certaines espèces, entre autres le J. lnifo- bia Vahl. font un passage évident entre les deux groupes, ayant les graines plurisériées dans la partie supérieure de la capsule, et unisériées et enveloppées d’endocarpe dans la partie inférieure. Quelques-unes de ces plantes sont toujours tétramères, mais la plupart sont constamment et typiquement pentamères. Ce groupe, moins nombreux que le précédent, ne compte, d’après la synonymie que nous avons établie, que douze espèces. Enfin, la troisième section, Macrocarpon, à une capsule cylindrique, allongée, marquée de huit côtes égales; les graines nombreuses et plurisériées sont arrondies et ET EN PARTICULIER GENRE JUSSIAEA. 129 marquées au milieu d’un sillon profond qui sépare une loge pleine renfermant l'embryon d’une autre loge de même grosseur, mais complétement vide. Cette structure singulière a été diversement interprétée : MM. Hooker et Bentham (Genera plantarum) y ont vu deux ovules sou- dés, dont l’un avorte; Kunth (Nova genera et species) in- dique que c’est le testa qui constitue lesloges. Pour nous, la loge vide n’est autre chose qu'un raphé déme- surémentéæélargi' et cette manière de voir est fondée sur les arguments suivants : 1° Le sommet de la loge fertile n'offre pas la moindre trace de l'insertion d’un funi- cule; le reste de celui-ci est, au contraire, visible sur la loge vide. — 2° A Ja base de la graine, il y a continuité de tissu entre les deux loges. — 3° Sur la coupe longitu- dinale la chalaze marquée, comme dans les autres espèces du genre, d’un point pourpre et saillant est tournée du côté de la loge vide et paraît en continuité de tissu avec les parois de celle-ci. — 4° La surface de la loge vide, au lieu d’être striée transversalement comme celle de la loge pleine, est rayée longitudinalement comme l’est la surface du raphé dans les graines de la première sec- tion. Il est, du reste, possible de reconnaître la chose sur l’ovule aussitôt après la fécondation. Celui-ci paraît déjà divisé en deux loges. Des quatre espèces exclusive- ment tétramères qui constituent cette section, deux sont pour ainsi dire cosmopolites et les deux autres sont spé- ciales aux parties australes du Brésil. ! Après avoir terminé ce travail, j'ai vu la même opinion émise par M. Wright (Notes on Jussiaea, Journ. of the Linn. Society, 1869, t. X, p.476), qui ne donne, du reste, aucune preuve à l'appui. Cette petite notice est fort intéressante et renferme des idées très-justes sur la synonymie de plusieurs espèces compliquées. 130 ONAGRARIÉES DU BRÉSIL Mentionnons encore parmi les caractères qui ont été négligés jusqu'ici et qui cependant offrent une certaine importance, les stipules. Généralement les Onagrariées sont citées parmi les familles qui ne possèdent pas ces pe- tits organes; c’est une erreur; beaucoup en ont, au moins dans le jeune âge; quelquefois elles persistent fort peti- tes, il est vrai, mais facilement reconnaissables à la loupe. Dans les Jussiaea, en particulier, on les trouve toujours sous la forme de petites protubérances, souvest glandu- leuses, des deux côtés du pétiole. Elles sont, en outre, toujours visibles à la base des bractéoles qui naissent soit sur le pédicelle, soit le long du tube du calice; tan- tôt elles leur sont adhérentes et tombent avec elles; tan- tôt, au contraire, elles sont libres et persistent après la chute de la bractéole. Enfin, dans les cas où celle-ci avorte, et paraît remplacée par une simple écaille, il est facile de s'assurer qu’elle est formée de la soudure plus ou moins intime des deux stipules, entre lesquelles on re- connait parfois la trace de la nervure médiane de la brac- téole. Les caractères de cet ordre sans importance pour la diagnose des sections, peuvent rendre des services dans la distinction des espèces. Au point de vue de leur distribution géographique, les Jussiaea appartiennent tout à fait aux régions tropicales ; les espèces récoltées au delà des vingt-cinquièmes degrés de latitude australe et boréale sont extrêmement rares. Elles habitent toutes sans exception les terrains maréca- geux ou Inondés. Comme plusieurs autres genres de la même famille, les Jussiaea sont avant tout américains. Il est même à remarquer que, d’après notre manière d'envisager les es- pèces critiques, il n’en existe aucune qui ne se rencontre ET EN PARTICULIER GENRE JUSSIAEA. 131 pas dans le nouveau monde; c’est, du reste, ce qui res- sortira d’un examen un peu plus approfondi des diffé- rentes sections, examen dans lequel nous établirons en même temps nos vues sur la synonymie des espèces les plus discutées. Ie SECTION. — EUJUSSIAEA. La première section peut être appelée brésilienne et américaine par excellence; en effet, sur les vingt-trois espè- ces qui la constituent une seule a été retrouvée dans l’an- cien monde et quatorze n’ont jamais été récoltées hors du Brésil. Le groupe le plus important de’cette section (seize es- pèces) est formé de plantes herbacées ou ligneuses, attei- gnant même quelquefois la taille d’un sous-arbrisseau et spéciales à l'Amérique du Sud. Elles sont facilement recon- naissables à leurs fleurs, en général assez grandes, pédi- cellées, et surtout à leurs capsules toujours obconiques. Elles habitent de préférence les marécages découverts situés à une certaine altitude. Toutes, sans exception, se rencontrent au Brésil. Quatre seulement franchissent les limites de ce vaste empire. Le J. peruviana L., dont la véritable patrie est dans la région subandine depuis le Mexique jusqu'au Chili où il s'élève jusqu’au-des- sus de 1500 mètres, habite aussi les Antilles et n’a été récolté au Brésil que dans la province de Minas-Geraes. Le J. latifolia Benth. est originaire de la vallée de l’A- mazone et de régions analogues dans la Nouvelle-Gre- nade ‘ et en Guyane. Le J. nervosa Poir. (avec le J. litho- ! La plupart des renseignements que nous possédons sur les Jussiaea 132 ONAGRARIÉES DU BRÉSIL spermifolia Kunth. très-voisin mais beaucoup moins abon- dant), espèce très-polymorphe, est répandu dans les val- lées chaudes depuis la Nouvelle-Grenade jusqu’à la pro- vince de St-Paul, au Brésil; il paraît manquer à la région de l’Amazone. Les douze autres espèces du même groupe sont répandues au Brésil depuis la province de Ceara (5° 1. s.) jusqu'à Montevideo (35° 1. s.). Évitant, pour la plu- part le voisinage de la mer et l’ombre des grandes forêts, elles me paraissent habiter de préférence les parties hu- mides des plaines ondulées et boisées appelées « Cam- pos » au Brésil. Un deuxième groupe de la même section est formé de trois espèces aquatiques, dont l’une, le J. sedoïdes Humb. et Bonpl., végétant à la façon du Trapa nalans, s'élève perpendiculairement du fond de l’eau et vient étaler à la surface une rosette de feuilles, entremêlées de fleurs d’un jaune d’or. Toutes trois sont originaires de l'Amérique du Sud; une seulement est spéciale au Brésil; les deux au- tres se rencontrent aussi dans les Antilles, la Guyane, etc. Elles ne descendent pas au delà de 15 à 20° de latitude australe. Enfin, les quatre dernières espèces de la section se séparent en plus d’un point des précédentes. Leurs fleurs beaucoup plus petites sont sessiles, et leurs capsules prismatiques rappellent davantage la forme de celles des sections suivantes. Elles habitent en général les terrains bas, chauds et humides. Leur distribution géographique est assez capricieuse. Le J. decurrens DC. remonte dans les États-Unis jusque vers le 35° de latitude boréale, tan- de la Nouvelle-Grenade sont dus à l’obligeance de M. Triana qui a bien voulu nous communiquer ses notes manuscriles à ce sujet. de ET EN PARTICULIER GENRE JUSSIAEA. 133 dis qu’au sud il ne descend pas au delà de la vallée de l’Amazone, seule localité brésilienne où il ait été récolté. Il ne se rencontre pas, à notre connaissance, dans les An- tilles. Le J. erecta L., le seul de cette section qui fran- chisse les limites du nouveau monde, a deux stations fort distantes. Il croît d’abord dans l'Amérique du Sud, dans la Guyane, la Nouvelle-Grenade, le Brésil septentrional et aux Antilles, dans les terrains bas et humides. II a été, en outre, récolté abondamment en Afrique, soit sur la côte orientale dans la vallée supérieure du Nil et en Nubie, soit sur la côte occidentale entre le Sénégal et le Congo. Quelque soin qu’on apporte à la comparaison des échan- tillons rapportés de ces deux régions, il n’est pas possible d’y trouver la moindre différence. Leur similarité a été du reste admise par M. Oliver, dans sa Flora of tropical Africa ‘. Le J. acuminala SW. est une espèce très-mal connue et qui serait spéciale aux Antilles. Enfin le J. densiflora n. sp. se sépare de tout le reste de la section par ses fleurs pentamères ou même hexamères, mais ja- mais tétramères. Il habite les rives de l’Amazone et de ses principaux affluents. Enumération des espèces de la première section, et obser- vations sur la synonymie : À. J. tomentosa Cambessédès dans St-Hil. FI. Brasil. mérid. II. 254. 2. J. laruotteana Camb.. L. c. 3. J. elegans Camb., I. c. 4. J. peruviana L. sp., 555. 1 L'espèce y est désignée sous le nom de J. Linifolia Vahl.; c’est une erreur, ainsi que nous le montrerons tout à l’heure. 134 ONAGRARIÉES DU BRÉSIL Synonymes : J. hirta Vahl, Eclog. II, 34. J. macrocarpa H. B. et K. nov. gen. et sp. VI, p.402: J. mollis H. B. K. I. c. ? Cette synonymie a été déjà indiquée par plusieurs au- teurs. Si elle n’a pas été reconnue de tous temps, c’est que Linné a caractérisé son J. peruviana comme ayant la fleur pentamère. Ce n’est le cas qu’accidentellement, et certains rameaux portent des fleurs à quatre et d’autres à cinq parties. 9. J. caparosa Camb., 1. c. 6. J. Marti M. Micheli, Flora Jun. 1874. 7. J. anastomosans DC. Prodr. ILE, 36. 8. J. latifolia Bih. in Hook. J. of botany, IL, 317. 9. J. myrtifolia Camb., I. e. Synonyme : J. lanceolata Camb., |. c. qui n’est qu’une - variété à feuilles plus longues et plus étroites. 10. J. sericea Camp. 1. c. 11. J. nervosa Poir. Dict. bot. Lam. Suppl. IE, 199. Synonymes : J. palmitensis Camb., 1. c. J. maypurensis H. B. et K., L. c. J. rigida Miquel, St. surinam, 59. Corynostigma jussiacoides Presl. Epim. 218. La forme des feuilles, la pubescence varient beaucoup chez cette espèce; mais elle présente dans la fleur des caractères constants qui ne permettent pas de la séparer. 12. J. lithospermifolia Kunth. (mss. in herb. Paris.) M. Micheli, |. c. Espèce très-voisine de la précédente. 15. J. brachyphylla M. Michel, 1. c. 14. J. longifotia DC., Prodr. IE, 56. ET EN PARTICULIER GENRE JUSSIAEA. 135 15. J. filformis M. Micheli, L. c. 16. J. Burchellit M. Micheli, I. c. 17. J. sedoides H. et Bonp. Plant. æquin. I, p. 13. 18. J. inclinata Linn. fil. Suppl. 577. Synonyme : J. erecta Linn. Amœn. VIIE, 256 (excel. sp. plant.). Elle à été décrite par M. Grisebach (Plantæ cubenses) sous le nom de J. repens var. inflata (dans les collections de Wright). C’est une erreur manifeste ; ces deux plantes, distinguées déjà par le nombre des parties de la corolle, le sont très-clairement par la structure de leur capsule et de leur graine. 19. J. polamogeton M. Micheli, 1. c. 20. J. decurrens DC. Prodr. HE, 56. Le J. pterophora Miq. (Mag. of nat. hist. X[, 13) n’est qu’une variété à feuilles étroites. 21. J. erecta L. sp. 556 (excel. syn. Rumpb. et F1. Zeylan). Synonymes : Carambu Rheed Hort. Mal. IL, t. XLIX. Onagra folüs persicariæ amplioribus, parvo flore luteo, Plumier mss. in Bib. Mus. Par. IV. 144 (figure excellente). J. altissima Perrottet in DC. Prodr. IL, 55. J. nubica Hochst. Une certaine incertitude a régné longtemps sur la vraie dénomination de cette espèce. Linné, dans la flora Zeyla- nica, avait d’abord confondu sous ce nom une espèce des îles Molluques et de la Sonde (décrite également sous le même nom par Blanco FI. des Philip.), appartenant à la troisième section, avec la plante des Antilles à laquelle sa 136 ONAGRARIÉES DU BRÉSIL description se rapportait plutôt. La figure de Rheed (H. Malab. IL, 50) Cattu Carambu à laquelle il renvoie, se rapporte à la première de ces plantes, de même que l’herba vitiliginum Rumph. Amb. Mais, plus tard, il a tou- jours indiqué les Antilles comme station de cette espèce et il est bien probable qu'il n’y attachait pas d’autre sens que celui que nous y donnons actuellement. Du reste, la brièveté des anciennes descriptions et surtout l'absence de renseignements sur le fruit et la graine rendent la solu- tion absolue d’une semblable question difficile. M. Oliver (F1. of trop. Africa) a décrit cette plante sous le nom de J. linifolia Vahl. Nous montrerons à propos de cette der- nière espèce que cette interprétation n’est probablement pas exacte. 29, J. acuminata Swartz, fl. ind. occ., p. 745. Nous regardons cette plante comme une espèce mal connue, voisine du J. erecta dont elle n’est peut-être qu’une variété. Le seul échantillon authentique et qui puisse être pris comme type, celui de l’herbier du Pro- dromus à Genève provenant de la Jamaïque, est très-in- complet mais rappelle tout à fait le J. ‘erecta. La plupart des auteurs ont décrit sous le nom de J. acuminata une plante qui n’est autre que le J. linifolia Vahl. (voyez cette espèce). 23, J. densiflora M. Micheli, L c. IIre SECTION. — OLIGOSPERMUM. Cette section, beaucoup moins riche en espèces que la première, puisqu'elle n’en compte que douze, et en même temps moins exclusivement américaine, se subdivise très- naturellement en deux groupes, l’un comprenant des. ET EN PARTICULIER GENRE JUSSIAEA. 137 plantes terrestres chez lesquelles la graine est libre dans son enveloppe endocarpienne; l’autre des plantes aquati- ques dont la graine est soudée à l’endocarpe. Les espèces du premier groupe tantôt tétramères et faisant passage entre les deux sections, tantôt pentamères, sont au nom- bre de sept. Outre les caractères importants tirés de la structure du fruit, elles sont reconnaissables à leurs fleurs petites, plus ou moins sessiles et à leurs capsules cylin- driques ou prismatiques. Elles s'élèvent moins haut sur les montagnes que les espèces de la première section et recherchent davantage les vallées chaudes et le voisinage des grands cours d’eau. Deux d’entre elles se rencontrent dans l’ancien monde; le J. hnifolia Vahl, qui, en Amérique, s’étend des Antilles, de la Nouvelle-Grenade et de la Guyane jusqu’au 109, I. s. environ, au Brésil, a été aussi récolté aux Philippines, à Madagascar et sur la côte occidentale de l'Afrique, vers le Gabon et le Niger. Le J. pilosa H. B. etK., espèce polymorphe, s'étend en Amérique depuis le trentième degré de latitude boréale (États-Unis) jusqu’au sud de la province de Minas-Geraes au Brésil (22°, L. s.), et depuis les Antilles au Pérou. Il a été également retrouvé en Afrique, soit dans la vallée du Nil, soit sur la côte occidentale (Oliver, L. c.). Trois auires espèces (J. Weddelÿ, quadranqularis et Schott) sont spéciales au Brésil, où elles occupent une aire géographique assez peu étendue; elles n’ont, du moins, été rapportées que par un petit nombre de voya- geurs. Enfin, les deux dernières de la section sont origi- naires des vallées septentrionales de l'Amérique du Sud; le J. dodecandra DC. n’a encore été récolté qu'en Guyane, ARCHIVES, t. L. — Juin 1874. 10 138 ONAGRARIÉES DU BRÉSIL tandis que le J. affinis DC. descend jusque dans la vallée de l’Amazone. À la tête du deuxième groupe, nous rencontrons le J. repens L., l'espèce la plus répandue de tout le genre et la plus intéressante à beaucoup d’égards. Les extraordi- paires variations auxquelles est soumise cette plante sui- vant la nature du milieu dans lequel elle végète, ont été étudiées avec beaucoup de soin par M. le professeur Martins‘. D’après les travaux de cet habile observateur, Ja forme extérieure et l’apparence générale dépendent, avant tout, de la quantité d’eau dont la plante est entou- rée. Dans un marais ou dans un lac tranquille, elle flotte soutenue par ses racines aérifères et le limbe de la feuille largement ovale vient s’étaler à la surface; dans une ri- vière, au contraire, celui-ci se rétrécit et s’allonge, pre- nant une forme lancéolée qui semble suivre le mouvement du courant. La longueur des pétioles et des pédicelles ne varie pas moins suivant la hauteur du liquide. Enfin, ce- lui-ci vient-il à manquer tout à fait, la plante rampe à la surface du sol; elle se rabougrit, prend une consistance ligneuse et se couvre tout entière d’une pubescence courte et serrée; les feuilles restent fort petites et à l’aisselle de chacune d’entre elles naît un rameau très-court couvert de petites feuilles très-rapprochées. Ces différentes for- mes, reproduites par la culture, se rencontrent fréquem- ment dans les herbiers où, d’après la grande différence de leur forme extérieure, elles avaient été décrites comme des espèces distinctes. Étudié d’après ces données, le J. repens se présente 1 Note sur le J. repens dans le Bull. de la Société botan. de France, 1866, page 175. ne É. ET EN PARTICULIER GENRE JUSSIAEA. 439 comme une espèce unique, avec trois variétés bien mar- quées, chacune d’entre elles étant soumise à l'influence du milieu de végétation et reproduisant les formes diver- ses que nous venons d’énumérer. Au point de vue de la distribution géographique, nous ne pouvons mieux faire que de renvoyer le lecteur à la notice de M. Martins où elle est exposée en grands détails. Il nous suffira de dire ici que l’aire est extraordinairement étendue puisqu'elle comprend tous les pays tropicaux sans exception, et s’é- tend même assez au delà de cette zone. La station la plus septentrionale se trouve à Montpellier (43°, L. n.) où le J. repens (var. grandiflora), planté jadis par un jardinier dans le Lez, s’est complétement naturalisé. Dans l’autre hémisphère, il se rencontre également jusqu’à 30-40° de latitude, au cap de Bonne-Espérance, en Australie et au Chili. Au Brésil, il a été récolté à peu près dans toutes les régions de l'empire. Les quatre autres espèces du même groupe, voisines du J. repens par leur fleur et la structure de leur fruit, se comportent tout différemment; une seule (J. natans H. B. et K.) est tout à fait aquatique; les autres élèvent leurs rameaux bien au-dessus de l'eau dans laquelle plonge seulement le bas de la tige. Leur aire géographi- que est beaucoup moins étendue; l’une n’a été récoltée que dans l’île de Cuba (J. peduncularis Wright); le J..na- tans H. B. et K. se rencontre dans la Nouvelle-Grenade et dans le Brésil septentrional ; les deux dernières appar- tiennent aux régions australes de l’empire brésilien et ne sont représentées dans les herbiers que par de rares échantillons. Rappelons, enfin, les curieuses racines aérifères qui 4110 ONAGRARIÉES DU BRÉSIL naissent sur les nœuds de la tige des J. repens et natans. Elles ont été étudiées par M. Martins dans le mémoire cité, et nous n’avons pu constater leur existence sur au- cune autre espèce. Elles ne se rencontrent naturellement que sur des individus qui ont été tout à fait submergés, et manquent à tous ceux qui se sont développés sur un terrain plus ou moins sec. Enumération des espèces de la deuxième section. 24. J. Weddelü M. Michel, L. c. 95. J. linifolia Vahl, Eclog. IL p. 32. Ainsi que nous l’avons déjà indiqué, nous attribuons ce nom à une plante répandue dans diverses parties de la zone tropicale et qui a été généralement décrite (MM. Ben- tham, Oliver, Grisebach, etc.,) sous le nom de J. acuminata Swartz. C’est la description même de Vahl qui nous a fait adopter cette manière de voir ; bien que, malheureuse- ment, ilne parle pas de la graine, il décrit la capsule comme suit: « Capsula pollicaris, lœvis, teres, glaber.» Or, cette diagnose s'applique parfaitement à la capsule de notre plante; tandis que, d’après Swartz, le J. acumi- nata à la capsule tétragone, semblable à celle du J. erecta. Les échantillons types de l’herbiér du Prodromus (le J. acuminala provenant de Swartz lui-même), ne font que confirmer cette manière de voir. 26. J. quadrangularis M. Micheli, I. c. 27. J. dodecandra DC. Prodr., I, 53. -_ 28. J. pilosa H., B. et K. nov. gen. amer., VI, p. 101, t. DXXXII. Synonymes : J. leptocarpa Nuttal. gen. americ. L, p. 279, Prodr., I, 53. 1 Then ET EN PARTICULIER GENRE JUSSIAEA. 141 J. variabilis Mey. Primit. Esseq., p. 174, DC. Prodr., IL, 53 ? J. marcgravi DC. Prodr., I, 58? Le J. foliosa Wright (Griseb. PI. Cub.) n’est qu'une variété de cette espèce, ainsi que M. Wright l’a admis lui-même dans sa notice (loc. c.). Le J. heterophylla Salzm. mss. est également une variété brésilienne pres- que glabre. 29. J. affinis DC. Prodr., IE, 53. Synonymes : J. micropetala Mart. in herb. fl. Bras, n° 408 et Beibl. zur Flora, XXIL 51. J. hexamera Miq. Ann. Sc. nat., 3° série, vol. I, p. 30. | 30. J. Schott M. Micheli, L. c. 31. J. repens Lino. FI. Zeyl., p. 75, sp. La synonymie que nous donnons ici est basée sur celle qu'a proposée M. Martins, complétée par nos propres re- cherches. Nir. Carambu Rheed. Hort. Mal., IE, p. 99, t. LL. Caryophyllus spurius, malabaricus, pentapetalus, aqua- ticus, repens. (Raji, Hist. Plant., p. 1510.) Cubospermum palustre Loureiro, fl. Cochinch., p.275. Var. x, type de l’ancienne espèce de Linné. J. adscendens Linn. Mant., 69. J. diffusa Forskal, FI. Ægypt. arabica, p. 210. J. polygonoides H. B. ét K., L. c. J. Swartziana DC. Prodr., IE, 54. J. alternifolia E. Meyer (Peter, Naturwiss. Reise nach Mozambique, I, 69.) , J. fluitans Hochst. in Harv. et Sond fl. Cap. Il, 904. 1492 ONAGRARIÉES DU BRÉSIL J. fluviatilis Blame (Big. tot. de FI. van Nederl. Ind.). | Ces deux dernières descriptions se rapportent au type d’eau courante, à feuilles étroites dont nous avons parlé tout à l’heure. J. stolonifera Guillem. Perrot. et Richard. (Floræ seneg. tentamen, p. 292.) Type de la plante qui s’est développée sur un terrain desséché. Var. B, distinguée de la précédente par ses dimensions généralement beaucoup plus réduites. J. peploides H. B.etK., L. c. J. patibilcensis H. B. et K., I. c. J. ramulosa DC. Prodr. IT, 54 (décrite sur une plante qui a crû hors de l’eau). J. mauritiana Presl. (se rapproche du type d’eau courante). | Var. ;, à fleurs plus grandes; la partie supérieure des rameaux qui s'élève toujours au-dessus de l’eau est pu- bescente. J. grandiflora Mich., fl. boreali americ., I, 267. J. montevidensis Sprengel, syst., II, p. 232. J. berteriana Steudel, Nom. bot. J. hexapetala Hook. bot. misc., IL, 312 (?). 32. J,natans H. et Bonp. PI. æquin. I, p. 16, t. II b. Synonyme : J. helminthorhiza Martins, Beibl. z. Flora, XXI 617 33. J. peduncularis Wright Griseb. pl. Cub. . 34. J. urugayensis Camb. in St-Hil., I. c. 39. J, Hookeri M. Micheli, 1. c. ET EN PARTICULIER GENRE JUSSIAEA. 143 IIIMe SECTION. — MACROCARPON. Cette section, dont les représentants se rencontrent dans toutes les régions tropicales, est composée d'espèces polymorphes que nous avons réduites au nombre de quatre, en nous fondant pour cela non-seulement sur nos observations personnelles, mais sur l'avis de np d'auteurs. Outre les caractères remarquables tirés de la graine biloculaire, ces plantes sont reconnaissables à leurs cap- sules allongées, presque cylindriques et marquées de huit côtes égales. La longueur du pédicelle, comme aussi la grandeur et la position des bractéoles sont extrêmement variables et ont été la cause des nombreuses espèces mal fondées qui se sont fait jour dans ce groupe. Ces plantes babitent les terrains bas et humides et ne s'élèvent pas haut sur les montagnes ; les grandes différences qu'on ob- serve dans la grandeur des feuilles et dans la pubescence proviennent, sans doute, de la nature du sol où elles ont crû et en particulier de l’ombre plus ou moins épaisse des arbres. f Nous examinerons immédiatement les différents points qui touchent à la distribution géographique et à la syno- nymie de chaque espèce en particulier. 36. J. suffruticosa Linn. spec., 555. Cette espèce se rencontre dans toutes les régions tro- picales; elle varie d’un pays à l’autre sans que cependant ces variations sortent de la limite qu’on peut attribuer à une espèce. Les formes en apparence les plus dissembla- bles sont unies entre elles par une foule de passages in- 144 ONAGRARIÉES DU BRÉSIL sensibles. Par exemple, Lamark a décrit sous les noms de J. villosa et de J. angustifolia, deux plantes de l'Inde et des îles de la Sonde, qui, au premier abord, paraissent très-dissemblables par la forme des feuilles et surtout la pubescence; mais lorsqu'on consulte un grand nombre d'échantillons, on trouve entre les deux formes extrêmes tant de degrés intermédiaires qu’il devient impossible de les séparer et même difficile d’en faire des variétés dis- tinctes. L’équivalence des deux espèces de Lamark a déjà été admise par plusieurs auteurs (Bentham, Flora austra- liensis; Wight et Arn. Prodr. fl. Ind.; Miquel, FL Ind. Bat., etc.). Ainsi constituée, cette espèce se distingue par ses feuilles lancéolées ou linéaires-lancéolées, plus lon- gues que la capsule; ses fleurs sessiles ou très-briève- ment pédicellées ; les bractéoles avortées sont rempla- cées par deux petites glandes (stipules) à la base de la capsule; les lobes du calice, ovales-lancéolés, aigus, sont au moins deux fois plus courts que le tube; les pétales très-caducs leur sont presque égaux ; le disque est plane, les étamines ont les anthères courtes et arrondies et le filament filiforme et allongé; enfin la capsule étranglée au sommet n’est pas sensiblement rétrécie vers la base. Quant à la pubescence elle est extraordinairement va- riable et l’on remarque tous les degrés depuis une plante tout à fait glabre jusqu’à des individus complétement velus. On rencontre le J. suffruticosa sous toutes les longi- tudes, sur une zone qui s’écarte peu du vingt-cinquième degré de latitude boréale et australe. En Afrique, il est mentionné soit sur la côte occidentale, en Guinée, soit sur la côte orientale depuis la vallée du Nil jusqu’à Port-Natal ET EN PARTICULIER GENRE JUSSIAEA. 145 (T. villosa Oliver, 1. c., J. angustifolia Harv. et Sond., I. c.). Il se présente, dans cette région, sous une forme intermé- diaire entre les deux espèces de Lamark. Une variété à feuilles plus étroites et chez laquelle toutes les parties sont réduites (J. linearis Hochst.) a été traitée par M. Oliver comme une simple variété de cette espèce. En Asie (Indes, Ceylan, Java, Sumatra, Philippines, Chine méridionale jusqu’à Canton) tous les degrés de va- riabilité se rencontrent. Le type da J. villosa Lam. est fortement pubescent; les feuilles tendent à devenir plus - courtes et plus larges. On remarque quelquefois sur le tube du calice une ou deux bractéoles foliacées ; par des degrés insensibles on arrive au type du J. angusufolia Lam. tout à fait glabre ; une plante des îles Philippines décrite par Presl, sous le nom de J. costala, est une va- riété à feuilles plus amples, à fleurs plus grandes et à cap- sules plus allongées, mais de même forme. En Australie, M. Bentham à mentionné la grande variabilité de cette es- pèce, toujours glabre dans certains districts et toujours pubescente dans d’autres. Eofin, en Amérique, notre plante a été décrite par Kuntb, sous le nom de J. salicifohia ; mais il remarque lui-même qu’elle est extraordinairement voisine du J. an- gustifolia Lam. Nous n'avons, en effet, à faire ici qu’à la forme glabre de l’espèce. C’est à peine si au Brésil quel- ques échantillons sont légèrement poilus (J. erythrocaulis Mart. mss.). Elle se rencontre aux Antilles et dans l’Amé- rique du Sud depuis le Mexique jusqu’au Brésil méridio- pal; un échantillon de l’herbier Delessert est même indi- qué comme ayant été récolté vers le détroit de Magellan (?). Comme en Afrique, on trouve au Brésil une variété à formes réduites, type du J. parviflora Camb. 146 ONAGRARIÉES DU BRÉSIL Synonymie : En adoptant pour cette espèce le nom de J. suffruticosa Linn., nous avons suivi ce qu’avaient fait la plupart des auteurs qui ont admis la similarité du J. villosa et de l’angustifolia. De Candolle (Proûr., IL, 58) regardait le J, suffruticosa comme une plante tout à fait obscure, à cause d’une erreur de la synonymie de Linné qui renvoyait à un Ludwigia, et surtout à cause de l’in- certitude sur Ja pubescence. En admettant que ce der- nier caractère n’ait ici pas de valeur, la principale raison qui faisait rejeter la dénomination linnéenne esl mise de côté; celle-ci peut donc reprendre sa place, et voici les espèces décrites que nous y assimilons : Cattu Carambu. Rheed. Hort. Mal. IL t. L. Herba Vitiliginum Rumph. Amb. J. angustifolia Lam. Dict., I, 334, t. CCLXXX. J. villosa Lam. L. c. J. Burmanni DC. Prodr., I, 57. J. costata Pres. Epim., 217. J. exaliata Roxb. Hort. calc., 33. J. linearis Willd, Sp., IE, 575. J. palustris Mey. Prim. Esseq., 173. J. parviflora Camb. St-Hil., I. c. J..salicifolia H. B. et K. nov. gen., VI, p. 99, t. 230. J. blumeana DC. Prodr., IE, 55 ? 37. J. octonervia Lamark, Dict., IE, 332. Cette espèce qui se rencontre sur un espace bien moins étendu que la précédente, est peut-être encore plus polymorphe. La variabilité porte ici surtout sur la longueur du pédicelle, le facies des bractéoles et la gran- deur de la fleur. Il y a également des individus glabres ! ET EN PARTICULIER GENRE JUSSIAEA. 147 et d’autres tout à fait pubescents. C’est sur un des pre- miers, originaires des Antilles, qu'a été faite la descrip- tion de Lamark. Répandu surtout aux Antilles et dans les deux Améri- ques, le J. octonervia se distingue par les caractères sui- vants communs à tous les échantillons : feuilles ovales, ou ovales-lancéolées, en général brièvement pétiolées; lobes du calice largement ovales, acuminés, égalant environ les deux tiers de la longueur du iube; pétales largement ovales, émarginés, dépassant de beaucoup les lobes; disque nn peu saillant ; étamines et styles plus courts que dans l’espèce précédente; les premières ont les an- thères allongées égales aux filaments aplatis; capsule dé- passant la feuille florale et en général graduellement ré- trécie du sommet à la base. Un examen un peu attentif montre facilement que la longueur du pédicelle est ex- trêmement variable, et que tous les degrés existent entre les fleurs à peu près sessiles des échantillons brésiliens et les plantes à pédicelles aussi longs que la capsule du Mexique et du Texas. Il en est de même des bractéoles; dans les échantillons pédicellés, elles sont sétacées et très-visibles et ont été décrites par tous les auteurs; mais, dans les échantillons sessiles, il est toujours aisé de découvrir entre les deux stipules uf petit rudiment souvent presque nul, quelque- fois assez allongé, appliqué contre la capsule, et qui tient parfaitement la place de l’organe absent ; du reste, ici en- core, tous les degrés intermédiaires existent. Ces caractè- res qui avaient servi de base à la distinction d’un certain nombre d'espèces (J. octofila DC. J. calycina Presl., etc.) n'ont donc pas de valeur et nous n’aurions ici à faire qu'à une seule et même espèce qui se rencontre depuis 148 ONAGRARIÉES DU BRÉSIL le Texas jusqu’au Brésil méridional et depuis les Antilles jusqu'aux îles Sandwich. La variété à fleurs sessiles est particulièrement abon- dante au Brésil (J. scabra Willd) et aux Antilles; celle à fleurs pédicellées habite plutôt le Texas, le Mexique (à grande ou à petite fleur) et les États du Pacifique: elle à été aussi récoltée sous une forme assez différente dans le Brésil austral. | Quelques échantillons provenant de Madagascar et de l'île Bourbon et décrits sous le nom de J. ovalifoha Sims. me paraissent identiques à la forme brésilienne du J. oc- tonervia; je n’ai pas pu trouver entre eux même la diffé- rence d’une variété. Cependant n'ayant eu affaire qu'à des échantillons plus où moins incomplets, ce n’est, vu la grande distance des stations, qu'avec doute que je rap- porte ici le J. ovalifolia. Synonymie : J. calycina Presl. Reliq. Haenk., IL, 34. J. ligustrifolia H. B. et K., I. c. (douteux, le fruit n'étant pas décrit). J. octofila DC. Prodr., IE, 57. J. occidentalis Nutt, Torr. et Gray, FI. N. Am. I, 521. . persicariæfolia Schlch. Linn., XII, 271. . scabra Willd, Enum. I, 449. . ovalifolia Sims., Bot. mag., t. 2530 ? 38. J. brachycarpa M. Micheli, L c. 39. J. bonariensis M. Micheli, |. c. ns Ces deux dernières espèces, qui diffèrent en bien des points des précédentes, sont originaires du Brésil austral et toutes deux très-rares dans les herbiers. Nous donnerons encore en terminant la liste des noms 2 ER ps é AT = D: de Pre LR RE SE RTL EE 7 ET EN PARTICULIER GENRE aussiara 149 A Fa Re publiés et qui n’ont pu être identifiés à cause de l'insuffisance des descriptions. J. aluligera Miq. Sürp. surin., p. 59 (voisin peut-être du J. dodecandra DC.). J. frutescens Jacq. DC., IL, 56. Cette plante n’est représentée dans l’herbier DC. que par un échantillon très-incomplet provenant du jardin de Genève. C’est probablement une forme du J. suffruticosa. J. hirsuta Mill. dict. 5, DC. INT, 38? J. Junghuhniana Miq. FI. Ind. bat., [, 627 ? J. micrantha Kunze, Linn., 1853, v. XXIV, p.177, est probablement une forme jeune du J. lnifolia Vahl. J. marcgraviü DC., IE, 58? J. sagræna Rich. F1. de Cuba, L 53%, voisin de l’e- recta. J. subacaulis Pürsh. fl. bor. am., [, 304, probablement une forme du J. repens. (2 J. tenuifolia Natt. DC. Prodr., IL, 55. J. tetragona Spreng., IL, 231, probablement synonyme de J. suffruticosa. . J. tenella Burm. FL. ind. 103, t. XXXV, f. 5, est peut- être un Ludwigia. La distribution géographique des J'ussiaea, dans les cinq parties du monde, peut se résumer dans le tableau suivant : Sections. Total. Amérique. Océanie. Asie. Afrique. Europe. Eujussiaea 23 23 — — 1 _ Oligospermum.…. 12 12 1 2 3 1 Macrocarpon.…. 4 4 2 1 1 — 39 39 a 3 5) 1 Le genre donc bien réellement américain ; un deu- xième tableau résumera la distribution dans le nouveau monde lui-même. +4 26 Amérique | États du Sections. Total. du Nord‘. Mexique. Antilles. Guyane. Pacifique?. Brésil. Bujussiaca.…… 23 1 2 5 AT 22 Oligospermum.. 12 2 3 re L 10 2 Macrocarpon… 4 x 2 2 2 4 39 . 4 7 1 14 13 36 Enfin, quant au Brésil lui-même, sur trente-six espèces de Jussiaea qui y sont connues, vingt et une n’ont pas été récoltées hors des limites de ce vaste empire. { États du fus Louisiane, Mississipi, Alabama, Caroline, Geor- gie, Floride. ? Nouvelle-Grenade, Équateur, Pérou, Chili. NOTE SUR LES NÉRINÉES ET LES TRAVAUX RÉCENTS DONT ELLES ONT ÉTÉ L'OBJET - SUIVIE D'UN ET" CATALOGUE RÉPARTITIF DES ESPÈCES DE CE GENRE SE TROUVANT DANS LES TERRAINS JURASSIQUES SUPÉRIEURS DU JURA. PAR M. MauRiIcE DE TRIBOLET. Parmi les nombreux genres de Gastéropodes qui ont vécu pendant la durée des terrains jurassiques et créta- cés et qui sont actuellement entièrement éteints, l’un des plus caractéristiques, des plus curieux et des plus intéres- sants à étudier, est sans contredit celui des Nérinées. Contemporaines des Ammonites et des Bélemnites, quoi- que ayant apparu un peu plus tard, ces formes jouent, dans les terrains jurassiques supérieurs surtout, un rôle important. C’est ainsi que dans ces dernières années, principale- ment, elles ont été l’objet d’études particulières de la part de MM. Étallon !, Contejean *, Pictet 5, Credner ‘, Stoliczka ”, 1 Monographie du Corallien, in Mém. Émulat. Doubs, 1859; Études paléont. Jura graylois, in idem, 1864 ; Leth. Bruntrut., 1861-63. ? Etude étage kimméridien de Montbéliard, Paris, 1862. 5 Paléont. Sainte-Croix, 3e série, 8, 9, 10we livr., 1862. 4 Glieder. oberen Juraformat. u. Weald i. N.-W. Deutschld. nebst Anhg. über Nerineen u. Chemnitzien, Prague, 1863. 5 Revision Gosaugasterop., in Sitzungsber. Wien. Akad., 1865 ; Gastrop. of Cretac. rocks South. India, in geolog. Survey of India, 1868. 152 TRAVAUX RÉCENTS Gemmellaro', Montagna ?, Costa”, de Loriol*, Ooster * et Zittel f. Par mes recherches et publications sur les terrains jurassiques supérieurs du Jura neuchâtelois, J'ai aussi eu l’occasion d'étudier les nombreuses formes qui s'y rencontrent et j'ai pensé qu'un résumé des études faites jusqu'ici sur ce genre, ainsi qu'un catalogue répa- partitif des espèces des terrains jurassiques supérieurs du Jura, pourraient être de quelque utilité à ceux qui voudront désormais s'occuper de ce genre aussi Curieux qu’intéressant. Décrites par les premiers auteurs * sous le nom de Vis ou de Turbinites, les Nérinées furent plus tard générale- ment rangées parmi les Turritelles ou les Cérithes *. Ce n’est qu’en 1825 que Defrance * proposa le nom de Nérinée (Nerina Holl., Nerinaea Dsh., Nerinea Voltz) pour des coquilles turriculées des formations jurassiques et crétacées, chez lesquelles la columelle et le labre sont 1 Nerinee della Ciace dei dintorni di Palermo, in Giorn. Sc. nat. ed econom. di Palermo, 1865; Studii palæont. fauna calc. a Ter. janitor del nord di Sicilia, pars IL: Gastrop., in idem, 1869. 2 Generaz. della terra, 1866; Intorno all ’esistenza di resti organ. delle rocche detta azoiche, 1866. 5 Ati del R. Istit. di Napoli, 2e série, vol. III, 1866. # Diverses monographies paléontologiques de 1866-1874. 5 Corall. de Wimmis, in Pétrificat. remarq. des Alpes suisses, 1869. 6 Palæont. Mittheilg. IL, 3 Abtheïlg. : Gastrop. Stramberg.-Sch., p. 328-379. Munich, 1875. 7 Lang (1707), Bourguet (1742), Bruckner (1748-1762), Knorr (in Walch, 1768-73), G.-A. Deluc, Schlotheim (1820-23). S Sharpe et Pictet font même observer que d’Orbigny a encore dé- crit comme Nérinées deux espèces de Gérithes crétacés (Cer. Marroti, Perigordinum (Orb., Pict.) qui n’ont pas de dents au labre, ont un moule dépourvu de sillons extérieurs et des ornements qui ont bien plus de rapports avec les Cérithes qu'avec les Nérinées. 9 Dict. des Sc. natur., vol. XXXIV, p. 462-464. SUR LES NÉRINÉES. 153 munis de plis constants sur toute la longueur de la co- quille. Cette vague diagnose dut être précisée plus tard davantage, lorsque le nombre de ces formes devenait tous les jours plus considérable. Voltz ‘ et Bronn * s’occupèrent ensuite encore plus particulièrement de ce genre et en publièrent même trente-trois espèces nouvelles. En complétant et en dé- taillant la diagnose générique de Defrance, Voltz fut le premier à remarquer à la base du labre le sinus caracté- ristique assez profond qui occasionne, en s’oblitérant près de la suture, une double ligne ou bande suturale* (bande du sinus de d’Orbigny, Nahtbinde) munie de stries d’ac- croissement infléchies en arrière comme chez les Pleuro- tomes et les Pleurotomaires. La présence d’un canal co- lumellaire, ainsi que la constitution générique des plis de l'ouverture qui s’affaiblissent peu à peu du côté de la bouche et s’accentuent en revanche vers le premier tour de spire * (suivant leur plus ou moins grand éloignement de l'ouverture), n’échappèrent non plus à l’esprit péné- trant de ce patient observateur. Goldfuss * publia quelques années plus tard, dans son ‘ Jahrb. f. Geol., Mineral. u. Palæont. v. Leonh. u. Bronn, 1856: Ueber d. foss. Genus Nerinea; Institut, vol. III, 1835. 2 Jahrb. 1836 : Uebersicht u. Abbildg. d. bis jetzt bekannten Neri- nea-Arien; Leth. geogn., 1835-1856. 5 Stoliczka (Revis. d. Gosaugasterop.) pense que celle-ci était occa- sionnée par un organe spécial de l’animal ! 4 En effet, ceux-ci sont quelquefois si développés vers le commen- cement de la spire qu’ils rétrécissent souvent sensiblement les tours de la coquille ou la remplissent même entièrement de matière calcaire, de telle sorte que l'animal devait être ainsi forcé de se retirer succes- sivement vers le bas de sa demeure. Ce fait rappelle en quelque sorte celui que nous pouvons aussi observer actuellement chez les Turri- telles, les Bulimes, etc. 5 Petref. German., 1826-1844, III. ARCHIVES, t. L. — Juin 1874. 1 154 TRAVAUX RÉCENTS grand ouvrage, encore plusieurs nouvelles espèces de Nérinées; mais il ne fait aucune mention dans ses diag- noses du sinus sutural et cite même l'erreur de Des- hayes ‘, d’après lequel la columelle serait toujours per- forée, quoique Voltz ait déjà mis précédemment hors de doute la présence de formes non ombiliquées. Malgré cela Goldfuss figure cependant plusieurs espèces à columelle non perforée. Outre Voltz, Bronn et Goldfuss, nombre de paléonto- logues, parmi lesquels je citerai : Catullo (1827-28), Fé- russac (1828), Phillips (1829), Zieten (1830-3%), Schübler (in Zieten), Sowerby (1831-36), Deshayes (1831-36), Thurmann (1832), Strombeck (1833), Thirria (1833), d’Archiac (1835-1847), Pusch (1836), F.-A. Rœmer (1836-39), Philippi (1837), d'Hombres- Firmas (1838-1839), Geinitz (1839-1842), d'Orbigny (1840-1850), Mathéron (1842), Quenstedt (1843), Des- longchamps (1843), Reuss (1845), Zeuschner (1849), Morris et Lycett (1850), s'étaient aussi occupés et s’oc- cupèrent encore dans la suite des Nérinées dont ils dé- crirent de nombreuses formes. Il n’est ainsi pas étonnant que Sharpe * ait tenté alors de faciliter la détermination de ces différentes formes en les divisant en groupes qu'il érigea plus tard en sous- genres; cet essai ne fut cependant pas bien accueilli par la plupart des paléontologues. Quoique l’idée en elle- même dût être certainement approuvée à cause du nom- bre toujours croissant d'espèces qui se prêlaient assez 1 Dict. classique d'hist. nat., vol. XI, p. 534, 1827; Coq. caractér., 1831. 2 Remarks on the genus Nerinea, in Quart. Journ. geolog. Society, vol. VI, 1850. SUR LES NÉRINÉES. 155 bien à une subdivision facilitant ainsi leur détermination, d'Orbigny, Peters ‘, Pictet * et Stoliczka © ne trouvèrent pas les caractères de ces sections suffisamment rigou- reux et firent observer que des transitions nombreuses les unissaient les unes aux autres et en paraissaient ren- dre les limites bien peu distinctes ‘. Quoique avouant qu’elles facilitent considérablement les recherches dans la détermination des espèces, d'Orbigny alla même jusqu'à prétendre qu’elles sont aujourd’hui généralement rejetées de la science. « En effet, dit-il, si les coupes animales sont tranchées et si elles ne se confondent pas à leurs li- mites, elles doivent former un genre et non un sous-genre. Si en revanche elles n’ont pas de limites fixes, 1l est in- utile de surcharger la science de nouveaux noms secon- daires qui n’ont pas de but, puisqu'ils disparaissent de- vant le nom de genre. En général, moins que beaucoup d’autres, le genre Nérinée est susceptible de se diviser en sections et moins encore en sous-genres. » (Paléontol. française : Gastérop. jurassiques.) 1 Nerin. d. oberen Jura i. Oesterreich, in Sitzungsber. Wien. Akad., 1855. 2? Sainte-Croix et Traité de paléont., HE, p. 90. 5 Ce savant surtout fait remarquer avec raison que les caractères génériques employés par Sharpe, c’est-à-dire la présence ou l'absence d'un ombilic ainsi que le nombre des plis, ne peuvent subsister comme tels. Il s'oppose, en général, énergiquement à une subdivision de ce genre, ce qui doit nous étonner d'autant plus que, comme élève de l'école anglaise, il est renommé pour compliquer toujours davantage la classification zoologique et faire des catalogues sans limites où l'hu- maine faiblesse finira par se perdre. # M. Zittel est, à ma connaissance du moins, le premier paléonto- logue qui se soit efforcé de justifier la manière d’agir de Sharpe. En effet, je trouve aussi que l'avantage de pouvoir grouper les diffé- rentes formes des Nérinées en sections ou en sous-genres, ne doit point se laisser méconnaître dans un genre aussi riche en espèces. 156 TRAVAUX RÉCENTS Malgré cela, c’est d'Orbigny' qui a, sans aucun doute, le plus contribué à agrandir nos connaissances sur les Né- rinées. Outre sa publication dans la Paléontologie fran- çaise, de 92 espèces nouvelles, il a le premier fixé et pro- posé une diagnose générique qui contient toutes les dis- tinctions importantes du genre et comprend des coquilles de forme très-variable, mais qui sont reliées entre elles par des caractères généraux communs à toutes. Cette diagnose, que je n'ose ici passer sous silence, est la sui- vante : coquille plus ou moins allongée, turriculée, com- posée d'un grand nombre de tours ombiliqués ou non. Bouche étroite, carrée, ovale ou allongée, toujours pourvue en avant d’un canal profond et en arrière d’un sinus qui laisse en s’oblitérant près de la suture, une double ligne ou bande suturale analogue à celle que l’on peut observer chez les Pleurotomaires. Columelle rarement creuse, tou- jours encroûtée et pourvue généralement de gros plis transverses qui se continuent sur toute la longueur de la coquille, mais se modifient suivant leur plus ou moins grand éloignement de la bouche. Labre souvent chargé de plis, ceux-ci correspondant alors à l’intervalle des plis columellaires (Spindelfalten Zitt., columellar-folds Stol.) et variant de forme comme ceux de la columelle (Pal. franç., Gastérop. jurassiq.). Après les savantes recherches du célèbre paléonto- logue français, les Nérinées ont été encore jusqu'à ces derniers temps, l’objet d’études aussi intéressantes qu'in- structives de la part de MM. Eichwald (1851-1860), Buvignier (1852), F. Rœmer (1852), Zekeli (1852), ! Paléont. franc. : terr. crélacés, 1840; Revue z0olog., 1841 ; Prodr. paléont., 1849; Paléont. franc. : terr. jurassig., 1850. SUR LES NÉRINÉES.. 457 Peters (1855), Mortillet (1856), Quenstedt (1856-58), Conrad (1857), Coquand (1859), Étallon (1859-1863), Contejean (4860), Pictet (1862), Credner (1863), Schauroth (1865), Stoliczka (1865-68), Gemmellaro (1865-69), Meneghini (in Gemm.), de Loriol (1866- 1874), Costa (1866), Montagna (1866), Ooster (1869), Greppin (1870) et Zittel (1873). Nous aurons l’occasion de revenir en partie dans les lignes suivantes sur les ob- servations de quelques-uns de ces savants. Les caractères les plus importants du genre Nérinée sont, sans contredit, la présence d’un sinus sutural ainsi que de la double bande du sinus‘. Celui-là qui, comme nous l'avons vu précédemment, fut découvert par Voltz et décrit plus en détail par d’Orbigny, n’est mentionné, dans l'ouvrage de ce dernier auteur, dans aucune des nombreuses figures dont la bouche se trouve souvent même restaurée. Zittel excuse cependant cette erreur en faisant remarquer avec raison que des exemplaires avec ouverture conservée sont d’une extrême rareté, Ainsi les collections paléontologiques du musée de Munich, par exemple, ne possèdent que six exemplaires où ce sinus puisse être véritablement bien étudié; ce sont les Aer. Bruntrutana Th., Cwcilia Orb., Defrancei Orb., mela- nioides Zitt., Moreaui Orb. et pygmea Zitt. Le sinus sutural se rencontre en général toujours chez les Nérinées à ouverture allongée; il est ici d'autant plus long et prononcé que celle-ci est allongée. Chez les formes à bouche déprimée, subquadratique ou arrondie et ! Pictet et Stoliczka contestent cette bande du sinus aux formes du sous-genre Cryptoplocus, ainsi qu’à une partie des Itieria; mais leurs observations reposent, d’après Zittel, sur des matériaux insuffisants et défectueux. 158 TRAVAUX RÉCENTS où la columelle n’est que plus ou moins perforée, comme chez les N. depressa Voltz, Bruntrutana Th., ce sinus se réduit à une échancrure à peine visible dont la présence ne peut être constatée que par une légère inflexion des stries d’accroissement du labre. La présence de plis columellaires et labraux* constants sur toute la longueur de la coquille, forme le caractère le moins persistant et cependant le plus marquant de ce genre. En effet, les sections longitudinales sur lesquelles on les étudie présentent très-souvent, si elles ne passent pas exactement par l’axe de la coquille, de grandes diffé- rences auxquelles il faut bien prendre garde de ne pas donner trop d'importance, sans quoi on se trouverait fa- cilement conduit à sur les espèces à l'infini. Le nombre de ces plis varie jusqu'à dix; leur forme est tan- tôt simple, tantôt lobée; leur position sur la columelle, le labre ou le bord inférieur *, des plus variables*. Quant à la forme extérieure et à Fe spiral, ils diffèrent sou- vent beaucoup dans la même espèce et se modifient avec l’âge. Zittel résume dans sa diagnose générique les difré- rents nouveaux points de vue que nous venons de déve- lopper ; comme on pourra, du reste, facilement s’en assu- rer en les comparant, cette caractéristique diffère par là 1 Aussenfalten, Zitt.; Wandfalt. ou Jabral-folds, Stol. 2? Bord labro-columellaire, Trib. ; Innenfalten, Zitt. ; Dachfalt. ou top-folds, Stol. | 5 On sait que d Orbigny range parmi les Nérinées un certain nom- bre de formes qui sont caractérisées par l’absence complète de ces plis et chez lesquelles la forme extérieure ainsi que la présence du sinus sutural restent seules comme signes distinctifs. Ces espèces, exclues par Sharpe et Woodward (Conchyliologie, p. 255) du genre Nérinée, composent le sous-genre Aptyxis de M. Zittel. SUR LES NÉRINÉES. 159 déjà sensiblement de celle de d’Orbigny : « Coquille ovale allongée, conique, turriculée ou presque cylindrique. . Ouverture quadratique, ovale ou allongée, munie d’un court canal à sa partie supérieure. Labre infléchi en forme de S, muni d’un sinus étroit immédiatement au- dessus de la suture, sinus qui laisse en s’oblitérant une étroite bande suturale. Stries d’accroissement fortement infléchies en arrière près de la suture. Columelle solide ou perforée, munie presque toujours de plis constants sur toute la longueur de la coquille. Labre et bord infé- rieur munis aussi généralement de plis. » Il sera ainsi facile de voir par ce qui précède, que le senre Nérinée se compose d’un nombre assez considéra- ble d’espèces très-variables, mais qui sont toutes reliées entre elles par des caractères généraux tels que, par exemple, le sinus sutural. On ne s’étonnera donc pas de trouver actuellement des paléontologues qui aient essayé de subdiviser ce genre et d'en distinguer des groupes d'espèces se rattachant secondairement entre elles par certains caractères généraux. Outre Sharpe, dont la tentative peut être considérée comme plus ou moins échouée et sur laquelle nous allons du reste revenir, ce furent Mathéron, Pictet et Stoliczka qui séparèrent les premiers chacun un ensemble de for- mes du genre déjà existant (Jtieria, Cryptoplocus, Itruvia). Tout dernièrement enfin, M. Zittel a repris cette subdi- vision commencée, l’a critiquée et heureusement achevée. Ce sont ces études et observations du célèbre paléonto- logue de Munich que j'ai l'intention de résumer et de dé- velopper ici; elles sont d'autant plus importantes pour notre Jura, qu'on y trouve une révision et une classifica- tion de toutes les espèces qui s’y trouvent. 160 TRAVAUX RÉCENTS Nous avons vu précédemment quels étaient les quatre sous-genres de Sharpe. Je vais en donner maintenant les diagnoses telles qu’il les a lui-même fixées : 1° Nerinea : Columelle solide ou perforée; 2—3 plis simples columellaires, 1—2 labraux. 2 Nerinella : Columelle solide; 0 —1 pli simple colu- mellaire, À labral. Ouverture plus longue que large. Coquille turriculée ou subcylindrique. 3° Trochalia : Columelle perforée; 1 pli simple colu- mellaire; 0—1{ labral. Coquille ordinairement conique. 4° Ptygmatis : Columelle solide on perforée; générale- ment 3 plis columellaires, 1—3 labraux. Un ou plusieurs de ces plis sont lobés ou plus larges à l'extérieur qu’à la base. Comme Sharpe n’attache que peu d'importance à la forme extérieure des Nérinées et réunit dans deux de ses sous-genres (Nerinea, Ptygmatis) des formes ombiliquées et d’autres non perforées, il ne nous reste plus pour la distinction des sous-genres Nerinea, Nerinella et Trochalia que le nombre et la position des plis. Mais, comme nous l'avons du reste vu déjà précédemment, ceux-ci forment un indice des plus variables qui, quoique excellent pour la détermination des espèces, ne peut absolument servir à caractériser des groupes entiers. Quant à la séparation des Nérinelles et des Trochalies, la présence d’une columelle solide ou perforée qui doit en être le seul caractère distinctif (le nombre des plis étant chez les deux la plupart du temps le même), ne peut l'être véritablement, puisque Sharpe lui-même range dans SUR LES NÉRINÉES. 161 ses Nérinées et dans ses Ptygmatis des formes ombili- quées avec d’autres non perforées. .Nous voyons ainsi que parmi les quatre sous-genres de Sbharpe, il n’y en a qu’un seul dont la diagnose fut assez suffisante pour le laisser subsister plus longtemps. En effet, Zittel a aussi conservé le sous-genre Piygmatis dans la nomenclature zoologique en en détaillant cepen- dant encore la caractéristique que l’on peut fixer comme suit : « Coquille allongée, généralement ombiliquée, plus rarement non perforée, le plus souvent à surface lisse. Ouverture quadratique. Tours de spire croissant réguliè- rement et ne se recouvrant pas les uns les autres. Colu- melle, labre et bord inférieur munis généralement de 9—7 plis dont plusieurs ou même tous sont lobés. » Quoique les Ptygmatis soient ainsi caractérisées prin- cipalement par la présence de plis lobés, il est à remar- quer que ceux-ci se rencontrent, du reste, aussi chez les Itieria et chez quelques Nérinées typiques (N. srenata Mü., Fleuriauxi Orb., Goldfussi Orb., Suessi Pet.). Mal- gré cela cependant, les formes allongées et à plis lobés des Ptygmatis se distinguent facilement des Nérinées pro- prement dites. En effet, ce sous-genre (que Zittel divise encore suivant que les espèces qu'il renferme sont ombili- quées où non) forme un groupe naturel chez lequel la présence de plis lobés est constamment liée au manque total d’ornements sur la coquille. Toutes les espèces con- nues jusqu'ici possèdent généralement une coquille à sur- face lisse où la suture ne se trouve que rarement ornée d’une rangée de bourrelets plus ou moins prononcés (P1. Haueri Pet.). Ces formes qui apparaissent avec les terrains oolithi- ques supérieurs (Pr. Axonensis, Orb., bacillus Orb., im- 162 TRAVAUX RÉCENTS plicata Orb., trachæa Desl., triplicata Voltz, etc.), attei- gnent dans le Jura supérieur leur plus haut développe- ment. À partir de cet horizon, elles diminuent peu à peu jusque dans la Craie supérieure où elles disparaissent. Les terrains jurassiques supérieurs en renferment douze espèces, les terrains tithoniques dix. Les quelques espèces crétacées (Zittel en mentionne nenf) paraissent se relier plutôt aux formes tithoniques et à celles du Jura supérieur, de telle manière que ce sous-genre nous offre ainsi peu d'importance pour la détermination des horizons géologi- ques de ces deux terrains. Dans les terrains jurassiques supérieurs du Jura, les Ptygmatis sont réparties comme suit : Corallien #, Astar- tien #, Ptérocérien #, Portlandien 3. Ce sont : A. Espèces ombiliquées. LG AYPERE Ptygm. Bruntrutana, Th. (Mandelslohi?, Bronn) 4 1 1 1 sr CrASSA Rif. #6 DE Ne NEC see RACE 2. le DENT ESA nus US RER SR RUES » pseudo-Bruntrutana, Gemm. (Carpathi- Ca SEL; Goldfusst, Th) TER SLA Te 1 C—Corallien, A—Astartien, P!—Ptérocérien, P?—Portlandien. ? Les recherches et critiques de Zeuschner, Peters, Credner, Étallon et Zittel nous ont montré que cette espèce, créée par Bronn, n’est qu’une variété de la Pt. Bruntrulana à ombilic plus grand, à tours de spire légèrement convexes et à suture profonde, enfin à angle spiral plus obtus, tandis que celle-ci contient les formes plus petites à angle spiral relativement aigu. 3 Cette espèce, que nous avons jusqu'ici toujours regardée comme étant celle fixée par Zeuschner, vient d’être étudiée plus particulière- ment par Gemmellaro dans ses ouvrages sur le terrain tithonique de la Sicile. Il résulte de ses observations que la P{. Carpathica des géo- logues jurassiens et principalement de la Leth. Bruntrutana, est bien différente de l’espèce de Zeuschner. Il suffit, pour s’en assurer, de jeter SUR LES NÉRINÉES. 163 B. Espèces non perforées. CG: APKPE Piygm. Clio, Orb. (Clioïdes, EL.)............. 1 1 » erronea, Zitt. (Bruntrutana, Orb.; Orbi- RONT PA is Me sie rene Met 2 NUE ù 1e LOPLIRUCALAS Er e mate eme e ee es 1 Le sous-genre tieria de Mathéron a été créé spéciale- ment pour la Tornatella Cabaneti Orb. (Revue z0olog., 1841) du Corallien d'Oyonnaz (Ain)*. Mathéron donne la diagnose suivante de cette espèce : « Coquille ombili- quée, ventrue, subovoïde ou subcylindrique suivant qu’elle est jeune ou adulte. Spire tout à fait enveloppée dans le jeune âge et composée chez les adultes d’un grand nom- bre de tours dont le dernier est très-grand par rapport à la longueur de la coquille. Sommet de la spire très-obtus. Bouche étroite, longitudinale, élargie en avant où elle présente un évasement ou canal rudimentaire. Labre et columelle chargés de plis constants. » En même temps que Mathéron, d’Orbigny publia aussi une note où il réclame la priorité de publication et main- lient que cette espèce est une vraie Tornatelle. Cependant, quelques années plus tard, il reconnut son erreur et la rangea alors parmi les Nérinées {Prodr. Paleontol.). Oublié pendant longtemps, ce sous-genre fut repris en un coup d'œil sur la table II a des Studii paleont. Les différences qui séparent ces deux formes sont, il est vrai, peu considérables, mais. cependant suffisantes pour la distinction de deux espèces. La vraie PI. Carpathica est caractérisée, en effet, par une suture profonde qui fait distinctement ressortir la séparation des tours de spire ; chez la Pt. pseudo-Bruntrutana, en revanche, celle-ci manque complétement. ‘ Ce nom, employé déjà par Zeuschner pour une espècetithonique, vient d’être changé par Ziltel dans son ouvrage précédemment cité. * Bulletin de la Socièté géol. de France, 4re série, vol. XIII, 1842. 164 TRAVAUX RÉCENTS 1862 par Pictet dans la Paléontologie de Sainte-Croix. En effet, la découverte de deux espèces nouvelles dans PUrgonien de cette localité lui avait fait penser qu'il y aurait avantage à ne pas abandonner plus longtemps le groupe de Mathéron; car il est difficile, en l'absence des caractères de l'animal, de ne pas tenir quelque compte des différences de formes. Du reste, comme il était aussi impossible de méconnaître l’analogie de ces espèces avec l'A. Cabaneti, Pictet ne pouvait faire autre chose que de les placer dans ce sous-genre en en modifiant seulement un peu la diagnose, comme suit: « Coquille ventrue, subovoïde ou subcylindrique, à spire courte ou même en- veloppée'. Bouche étroite, longitudinale, terminée en avant par un Canal rudimentaire et en arriére par un sinus étroit *. Columelle portant de forts plis. Labre tantôt simple, tantôt denté, tantôt muni de plis momentanés. » Dans son ouvrage sur les Cretac. Gastrop. of South India, Stoliczka a développé une autre manière de voir et range parmi les Itiéries toutes les Nérinées ombiliquées dont le dernier tour de spire se distingue par sa gran- deur ainsi que par sa forme ovale ou cylindrique. Zittel fait remarquer à ce propos que Stoliczka attache aussi une importance trop grande au canal columellaire qui doit distinguer les espèces de ce sous-genre. Ainsi chez 1 Quant à la longueur de la coquille dont Mathéron et Pictet regar- daient la dimension restreinte comme caractéristique, Stoliczka fait remarquer qu’elle varie assez dans la même espèce, de telle manière que nous trouvons ainsi réunies ensemble des formes à spire enfoncée avec d’autres à forme turriculée. | * La bande du sinus, contestée par Stoliczka dans ce sous-genre, existe suivant Zittel chez toutes les espèces jurassiques et tithoniques, même chez l'It. Moreaui dont ce savant est parvenu à préparer le sinus sutural. SUR LES NÉRINÉES. 165 l’It. Cabaneti, par exemple, l'espèce typique du groupe, ce canal se trouve réduit à une faible échancrure: il en est de même des Z. pupoides Orb., Stasyci Zeusch., etc. La présence d’une columelle perforée ne peut servir non plus de caractère sous-générique ; car quoique la plupart de ces [tiéries soient, il est vrai, ombiliquées, 1l y a ce- pendant aussi plusieurs espèces chez lesquelles lombilic n'existe plus que sous la forme d’une fente très-étroite (I. pygmea Zi.) et même quelques-unes aussi où il manque complétement (14. subfusiformis Gemm.). Zittel vient de résumer les études de Mathéron, Pictet et Stoliczka sur ce sous-genre et d’en fixer comme suit la diagnose générale : « Coquille ovale-allongée, ombili- quée (très-rarement non perforée); spire courte ou al- longée, quelquefois enfoncée. Dernier tour de spire très- grand, ovale ou cylindrique et enveloppant en partie Les tours précédents. Ouverture étroite et allongée. Colu- melle toujours, labre et bord inférieur généralement munis de plis simples ou lobés. » Enfin, Zittel réunit encore à ce sous-genre le groupe de formes distingué par Stoliczka sous le nom de Ltruvia”. Il fait remarquer avec raison que la seule différence entre ces deux sous-genres consiste dans la columelle solide et dans le développement rudimentaire du canal columel- laire des Itruvia. Mais nous venons de voir que parmi les Itieria nous trouvons aussi quelques formes non-perforées ; quant au canal columellaire, il y est aussi souvent réduit à une si faible échancrure (It. Cabeneti, etc.), que l’on est à se demander s’il peut encore garder ce nom. ! Ce sous-genre, fondé sur les Ifier. truncata et umbonata, P. et C., renferme cinq espèces des terrains crétacés de France, de Suisse, de Bohême et des Indes. ai 166 TRAVAUX RÉCENTS Quant à la subdivision de ce sous-genre, Zittel y dis- tingue deux groupes, suivant que les plis sont simples ou lobés. Commençant avec le Corallien, les Itiéries disparaissent avec les terrains crétacés supérieurs et paraissent acqué- rir leur plus grand développement dans la Craie infé- rieure ‘ d’où l’on connaît actuellement, grâce aux travaux de Phillips*, d'Orbigny, Pictet, Stoliezka, Gemmellaro, Costa et Montagna, environ 60 espèces. Zittel mentionne 7 espèces des terrains jurassiques supérieurs, 19 dans les terrains tithoniques et 55 dans les terrains crétacés. Les espèces des terrains jurassiques supérieurs du Jura y sont réparties comme suit : Corallien 7, Astartien 3, Ptérocérien 0, Portlandien 14. Ce sont : A. Espüces à plis simples. Ci ANBEARE itier: :Cabanéti, Orb:4: 421315 tee I »,, Clyméneé, Orb:4,, er RC OESS 1 s: “fuSHormIs, OT. . 5.520000 0 RER : Eh à: 7 Moreauls OrD:.:: 7210/7740 PME LAN | Re Lune » Mosæ, Dsh. (costulata, Et.)............. d:14 : s:VT Perron El:.52%,2-2655 ue des a x} pupoides. Orb:s.,2 27. 4230 ES L'or B. Espèces à plis lobés. Itier. Nogreti, G. et 0. ........ RE ! PÉUHES I s"Renevyieri, Lori 2328 RES XPE | Après Mathéron, ce furent Pictet et Campiche qui, dans leur Paléontologie de Sainte-Croix, distinguèrent ‘ Zittel le mentionne à tort, croyons-nous, comme ayant eu lieu dans les terrains tithoniques. >? Geoloyy of Yorkshire, 1829. SUR LES NÉRINÉES. 467 encore un troisième sous-genre parmi les Nérinées, c’est- à-dire le groupe des Cryptoplocus', dont Pictet donne la diagnose suivante : « Coquille ayant la forme des Néri- nées, ombiliquée ou non, à test épais, ni lisse ni poli. Bouche carrée, sans canal columellaire * ni sinus sutural, munie d’un seul pli placé sur la cloison qui sépare deux tours consécutifs. En outre, le moule de ces formes man- que du sillon caractéristique des Nérinées et ne présente extérieurement que des tours arrondis comme les Cérithes ou les Turitelles*. » Pictet place les Cryptoplocus, comme genre particulier et distinct, entre les Pyramidellides et les Cérithides. Il fait ressortir d’un côté leur ressemblance avec les Céri- thides par leur pli unique, placé dans l'ouverture exacte- ment comme chez le Cer. nodulosum; de l’autre, leur parenté avec les Pyramidellides à cause de leur bouche carrée, arrondie et sans sinus sutural. Il constate aussi que les espèces ombiliquées ont une grande analogie avec les Niso (Bonellia Dsh.) dont un pli dans leur ouverture en ferait de véritables Cryptoplocus. Les formes qui constituent ce sous-genre seraient aussi 1 Dans sa Monogr. paléont. du Jura supér. Boulonnaïs, 1: Céphalop. et Gastérop., 1874, M. de Loriol vient de reprendre, comme synonyme de ce soûs-genre, la section Trochalia de Sharpe. Mais nous venons de voir précédemment les raisons pour lesquelles ces subdivisions de l’auteur anglais ne doivent être regardées que comme n'ayant plus qu'un intérêt purement historique. 2 Pictet ne mentionne cependant que sous réserve l'absence de ce caractère el fait remarquer qu’une étude suivie et approfondie de ces formes en fera probablement découvrir la présence ; dans ce cas, les Cryptoplocus devront être décidément rangés parmi les Gérithides (Pictet). 5 Le pli du bord inférieur redevient cependant apparent si on dé- tache un des tours du précédent ou bien si on envisage le moule sur une coupe longitudinale. 168 TRAVAUX RÉCENTS caractérisées par le manque de plis columellaires et la- braires, par une ouverture déprimée, quadratique ou ar-. rondie et par l'absence du sinus sutural ainsi que du canal columellaire ; enfin, le caractère principal consiste dans la présence d’un pli unique sur le bord inférieur, pli qui rappelle beaucoup celui que possèdent quelques Cérithes vivants tels que le Cer. nodulosum. Quant à ce qui concerne l'ouverture qui, comme Pic- tet l’a justement remarqué, n’a jusqu'ici pu être encore observée parmi les formes de ce sous-genre, Zittel re- marque que le canal columellaire qui existe véritablement doit être très-peu profond, du moins d'autant que l’on peut en conclure de linflexion des stries d’accroissement chez des exemplaires bien conservés. Les Ptygmatis nous offrent, du reste, chez quelques-unes de leurs espèces (Pt. Bruntrutana), une ouverture possédant la même forme; le canal ordinaire des Nérinées typiques s’y trouve aussi réduit à une échancrure à peine visible. Le sinus sutural dont Pictet et Stoliczka ont voulu nier l’absence vient d’être aussi signalé par Zittel chez chacune des quelques formes de ce sous-genre. Ce savant mentionne que lorsque les stries d’accroissement sont bien conservées, il est facile de les voir s’infléchir en ar- rière vers la suture et de trouver au moyen de la loupe la double ligne suturale. Ensuite de ses nouvelles recherches, Zittel propose enfin de fixer comme suit la diagnose de ce sous-genre : « Coquille allongée, conique, ombiliquée, très-rarement non-perforée, à surface généralement lisse. Ouverture dé- primée, quadratique ou arrondie, munie à sa partie su- périeure d’un canal très-peu profond qui manque pres- que totalement chez plusieurs espèces. Tours de spire 2.2 6 te 1 ACER Pan a! Ÿ SUR LES NÉRINÉES. 169 nombreux, ne se recouvrant pas les uns les autres. Colu- melle et labre sans plis. Bord inférieur muni d’un pli sim- ple très-prononcé et constant sur toute la longueur de la coquille. » Les Cryptoplocus sont, après les Aptyxis, les Nérinées dont la répartition stratigraphique est la plus limitée. Ils apparaissent, en effet, avec le Corallien', disparaissent avec les terrains crétacés moyens et paraissent acquérir dans les terrains tithoniques leur plus grand développe- ment. Les espèces rentrant dans ce sous-genre sont, du reste, peu nombreuses. Zittel en mentionne 45, dont 6 du Jura supérieur, 9 tithoniques et 3 des terrains crétacés in- férieurs et moyens. Les quelques rares espèces des terrains jurassiques supérieurs du Jura y sont réparties comme suit : Coral- lien À, Astartien À, Ptérocérien 3, Portlandien 2. Ce sont: CA'P':PE Cryptopl. depressus, Voltz (macrogonius, Th.; Si- nensis, Et.; subpyramidalis, Orb.; umbi- NEA OND: a SA pnaca E nists L'A2R A » pyramidalis ?, Mü...... DA ER SET NE HAE Let » subpyramidalis, Mü. ....... THIERS à 4 1 ‘ La question posée par Pictet et Stoliczka de savoir si le Trochus monoplicus, Orb. du lias moyen (Niso Eug. Desl., in Bull. de la Soc. linnéenne Normandie, vol. V, 1860) ne serait point aussi un Crypto- plocus, est niée par Zittel qui a prouvé chez cette espèce l'absence de la double bande suturale qui, comme nous l’avons vu précédemment, est un des caractères essentiels du genre Nérinée. Stoliczka fait aussi remarquer que cette espèce ne peut rentrer dans le genre Niso, puis- qu’elle possède un pli columellaire distinct et prononcé; il pense plutôt que dans le cas où la diagnose des Cryptoplocus ne pourrait être changée, par rapport à la position variable du pli unique, cette forme pourrait bien servir de base à un genre nouveau. 2? Cette espèce ne doit pas être confondue avec Ja Ner. pyramidalis, Grepp., qui est une Nérinée proprement dite. ARCHIVES, t. L. — Juin 1874. 12 470 TRAVAUX RÉCENTS Les Ptygmatis, Itieria et Cryptoplocus {étant ainsi sé- parés comme sons-genres des Nérinées, il nous reste en- core pour le groupe Nerinea proprement dit, un très- grand nombre de formes auxquelles on peut appliquer la diagnose originale de Defrance précisée comme suit par Zittel : « Coquille allongée, conique, pyramidale ou presque cylindrique, non perforée, plus rarement ombili- quée. Ouverture quadratique ou arrondie. Tours de spire croissant régulièrement et ne s’enveloppant pas les uns les autres. Columelle toujours, labre et bord intérieur or- dinairement munis de plis simples. En comparant cette diagnose avec celle des sous-gen- res précédents que l’on peut regarder comme des groupes de Nérinées plus ou moins anomaux et qui ne renfer- ment chacun qu’un nombre limité de formes, il sera facile de voir que la plupart des Nérinées doivent rentrer dans ce sous-genre ; en effet, Zittel estime à un peu plus des deux tiers le nombre des espèces renfermées ici. Aussi ce savant a-t-il profité de ce nombre plus ou moins con- sidérable d'espèces pour subdiviser les Nérinées propre- ment dites d’après le nombre de leurs plis'; il est ainsi ! D'après ce que nous avons dit précédemment sur le peu de con- stance de ce caractère, il semblerait peut-être extraordinaire que Zittel l'ait justement choisi pour subdiviser les espèces de ce sous-genre. Cependant il fait remarquer assez en détail comme quoi le nombre des plis, qui ne peut être utilisé pour la distinction des sous-genres, est très-propre à distinguer les différents groupes de formes d’une seule et même section. Si l'on veut, en effet, ainsi diviser les Nérinées pro- prement dites en sections, afin de rapprocher les unes des autres les formes qui offrent entre elles des caractères généraux communs, on devra en premier lieu tenir compte des plis dont le nombre, la forme et la position sont généralement constants dans la même espèce. Les plis principaux, toujours très-développés, ne subissent pour ainsi dire aucun changement; ce ne sont que les plis intermédiaires peu pro- SUR LES NÉRINÉES. 171 parvenu à y distinguer six sections, suivant que ce nom- bre est plus grand que cinq ou varie jusqu’à un seul. Les Nérinées avec plus de cinq plis sont extrêmement rares et ne renferment d’après Zittel qu'une seule espèce (N. crebriplicata Zitt. du Tithon. inf.); celles avec cinq, qua- tre, deux ou un pli! sont plus ou moins rares; celles avec trois plis enfin sont les plus nombreuses et aussi les plus fréquentes. Le sous-genre Nerinea proprement dit apparaît avec le Bathonien (oolite sabcompacte et calcaires à polypiers) et ne disparaît qu'avec les terrains crétacés supérieurs. Peu nombreuses encore dans les terrains oolitiques et oxfordiens, ces espèces atteignent tout d’un coup leur apogée dans le Corallien. Dans l’Astartien inférieur elles sont de nouveau très-peu nombreuses, mais augmentent alors en nombre depuis là jusque dans le Tithonique in- férieur d’où Zittel mentionne 35 espèces. De là enfin elles diminuent peu à peu pour s’éteindre bientôt entiè- rement. Des 140 espèces jurassiques et tithoniques men- tionnées par Zittel dans son ouvrage, 2 sont oxfordiennes, 69 coralliennes, 7 astartiennes, 11 ptérocériennes, 15 portlandiennes, 35 proviennent du tithonique inférieur, {1 enfin du tithonique supérieur. Les nombreuses espèces des terrains jurassiques supé- rieurs du Jura se répartissent comme suit: Pholadomien noucés de la columelle et du labre qui disparaissent de temps en temps, de telle manière que nous trouvons souvent chez une seule et même espèce des individus munis, par exemple, de trois ou quatre plis prin- cipaux et d’un pli intermédiaire qui manque complétement chez les autres. ! Ce groupe n’a point de représeutants dans les terrains jurassiques supérieurs du Jura; les six espèces qu’il contient sont tithoniques ou proviennent du Jura supérieur du Wurtemberg (Nattheim). 172 TRAVAUX RÉCENTS 3, Corallien 44, Astartien 28, Ptérocérien 21, Portlan- dien 25. Ce sont : B. Espèces avec cinq plis. lPCRAPIPE. Ner:1Valtirensis. 'El.: 2401222 Re . À C. Espèces avec quatre plis. (3 sur la columelle et le bord infér., { sur le labre.) Ner:Gassiopes Orb:.::1.6:140nLR 4600028 s ACCES dr DENICRNETL Th... RUN CREER TR » nodosa, Voltz (Calypso 5, Orb.)......... su | > tvéntebralis, Se SOC RENE | D. Espèces avec trois plis. (1 columell., 1 labral, 1 sur le bord infér.) ss ACteon: Orbi.: 22 he 2 TRUE PÉRMERSES MEME s AIBCA OThiL. ee NP ee (RE DE ».\atridta Orb. (albella, Th). EDS A D Un >: ATATICA EE ie e te NME MS. 51: Bernardis OrbELE LES SMS Es (x »Bernojureénsis, Et 43:04 DURE L'EAU ts. bicnistata nets 5 dois TRS FREE AE TR EP | + :DINodosa, Elu si ets 00e : DURS PS Casa OP 4 LES eu he CORRE 4 = » canalcuniata OrD.: 4... 14 1700000 ILE ER CASIO. UTN: Leu Rescue Let NOIRE 1111 » Charcennensis, Et......... LOTIR MR PAUE LUE ‘ P Pholadomien. 3 A l'exemple de Contejean, je ne crois pas que l’on doive attribuer à la N. styloidea les formes allongées de cette espèce comme Étallon l’a fait. Les ornements de ces deux espèces diffèrent du reste beau- coup et l’inclinaison des tours est sensiblement autre. 5 L'étude des exemplaires originaux de Vollz a engagé Zittel à ré- unir cette espèce à la N. nodosa. D'après la description et les figures qu’en donne d’Orbigny, l'identité de ces deux espèces ne peut être, SUR LES NÉRINÉES. 173 C'ATENEZ RE DOI OU ER Me ec meme he à nee RE » contorta. Buv. (perextensa, Grepp.)..... l PCA) DTA Ke PA | PAPER SR PRE CARS 1: ce PCR OPEN, Le end L'or RAI ONSIS CPR 22 OR RE RS ue 1 14 1/4 FU OITARCR DS UE 2 LAN AE, doutes L'1 12 ROBES OP DR NS NNe SA NTANT NÉE » elegans, Th. (subelegans, EL.).......... 1 Ù ATEN ALT N OMAN 2. 10 RER ofa sa ue | A PA FRA C4 SAUTS TOTAL N CPR ARR RER FA ES Pro. DFDL: 22 0m Le aan. un à AR LT eg ET LR De CRD EN PE RER 29 pe Re CHELLES A MOREL SEA ARE TEA LU RDA MSC.) Voies ET PT. SC ARR AL LORS Er DEN PTE U D LS D 10 SORA PRE RER fn RÉ ODA SON PSS lon e mé RES de Et AO FE GAS A CA ARRET QI CPAS PRE RSR ASE * GR ROLE RE da leu en eine 2eme are mio 4 1 D Be PETER ETES CEA Le SPP ON EN M ES 1 ': » Laufonensis-Astartina, Grepp........... AE ANT PAS PRE DU V1 EME TN APR EE ER Be ARTE © D, Liu it, NH ARR RSR Eien SL PUS FU à NN ET + .Monsbelardensis, Ci}... 5 ne 2e ee AR (CE SIA IA RENE EEE SR me SE 22e ALT FE LUS LE à 80 LA Re nt Ro Lits TE OMR EEE due ed ues Mon eme re Lee LUS | santa (bee ss LORS PEUR EE | DER D SAONE NA! à SEE EN L'ART PE R EL à AS, FAR: US DE SOLIDE ME D COPA ANNE QE AP FAN RER ES LE à, Rae AT PRE LIDS A VONEX. PES RESORT I OMDN PARIS, Ge. ee act dus der 1.755208 A RER RE ne à 2 GARE 84 ee le" o RARE 7 il est vrai, supposée; cependant Zittel fait remarquer que les exem- plaires figurés dans la Paléontologie française ont été choisis à dessein avec des caractères différents et que d'Orbigny a voulu ignorer les formes intermédiaires. 474 TRAVAUX RÉCENTS APP Ners RNA ER Es. eee. SO se ROBMOENR PAL eee 2 à 3 de à RO PEN Le >» Sales DEL... LIVRES RG dE 1 SANTORERSIS, OrD: ::. RER LRO SCA MOIS 025 à ve 400 TONER L'eer RSA SRE ee à 2e mé RP CN AS OETCA s. sengcylindrica; EL 24:46 74. 2400 0tRRE FAQ PA à semiscalata, EE... 52/00 eee RE MORTE PR s., sénminrritella, Et... 10 PNMCCRReE | Bree > SDECIOSA, VOILZ..... ch eee : PQ PE 0: + -strigillata, Credn.;:: 11.400230 | PR PARTE » styloidea, Ctj. (Virgulina, Et.) ....,..... L'ART sn = :sRhaciouta, HUE... Se RER l'a » Süb-Brüntrutana, Orb.::: 2e 1 s subcyhngrica; Orb..::.: 1.4: D 'ATATCE »* subspeciosa,/ Et :. 242040 : OMS »... Suprajurensis, Voltz..7..22. 202 : PEL P,CGA:PIP°. Ner. tabularis, (tj. (bacillaris, Buv.; inornata, Orb.) . . 4 . . s Tharmanni, Bb: 8232000 aies ».. -LONTISPITA., El... Sets s eue ES A LA : »- (rimodosa, Noltz:. 52e R REA : sa: turricolata OCDE SSP POUSSES , AE » turritella, Voltz (subturritella, Orb.)..... LAS » Ursicina, Th. (Visurgis, Orb.).......... IE PE Re » NASINAtA, TN. Soi ca suuccrtste SR 1 INA OSES : eme Et ONDES L'uenate st NSP BIS AR. 00 tee ARE TO E. Espèces avec deux plis. Ner: Grayensis, Et... esse ee RDC. : »_, grandis, Voltz. .. Leurs, set s'yd RE » Gosæ, R. (Desvoidyi, Orb.) ........... AA ESS ‘ Cette espèce, regardée pendant longtemps comme distincte de la SUR LES NÉRINÉES. 175 Nous avons vu précédemment que d’'Orbigny rangeait parmi les Nérinées un certain nombre de formes qui sont caractérisées par l'absence complète de plis, mais chez lesquelles la forme extérieure ainsi que le canal columel- laire et le sinus sutural restent seuls comme caractères distinetifs. Nous avons aussi vu qu'elles étaient exclues du genre Nérinée par Sharpe et Woodward. Zittel a re- pris la manière de voir de d’Orbigny et a séparé des Né- rinées proprement dites ces formes comme cinquième et dernier sous-genre, auquel il donne le nom d’Aptyxis (x priv., rrûks, pli) et qu'il caractérise par la diagnose suivante : « Coquille très-allongée, turriculée ou presque cylindrique, non-perforée (rarement ombiliquée?). On- verture quadratique ou allongée. Tours de spire ne s’en- veloppant pas les uns les autres. Columelle, labre et bord inférieur sans plis. » Ces espèces (Zittel en mentionne 14) dont la plupart sont rangées encore aujourd’hui parmi les Turritelles ou les Cérithes, paraissent être limitées aux terrains jurassiques supérieurs. Les quelques formes provenant des terrains jurassi- ques supérieurs du Jura y sont réparties comme suit : Corallien 4, Astartien #4, Ptérocérien 4, Portlandien 0. N. Gosæ R. me paraît n’en être qu’une simple variété. Autant que je puis en juger par les nombreux exemplaires que j'en ai eu sous les yeux, ces deux formes ne me semblent pas devoir former des espèces distinctes. Déjà Thurmann, Contejean et Greppin ont reconnu l’iden- tité de ces deux formes. Étallon seul, qui veut reconnaître une diffé- rence d’allure dans ces deux espèces, figure sous le nom de N. Gosæe, un exemplaire identique à la N. Desvoidyi représentée par d’Orhigny. Ajoutons encore que malgré cela, M. de Loriol tient cependant les deux espèces séparées (Monogr. paléont. Jura supér. Haute-Marne, 1872 ; Jura supér. Boulonnais, 1: Céphalop. et Gastérop., 1874). 1476 TRAVAUX RÉCENTS Ce sont : COPASPUES Aptyx Altenensis; Orb..::5.,.4.. 3200NReSr 7 ITR 247 ATOS RE Les LC ALES tu CT 2 CV AODL Eine du ca se SE CEE LEO A UCOEANMICAS IT A Le POST NES SERRE RONA CES RATE ENTRER SSI SIMMTM 0, Pidanceth El: LR MARINES ARE eL | s :rétrogressaEf::. 804080. ORNE 1 »* 1 TRuppellensis;-Orb::5..1 14617 00e : REA x". Isexcostata, OFb:..:.: SCA RRE ER ai PR a Der , Ie: Re NE 15 PV 2 I 1 AO RER EE LES SAS: À OR SOS AAA D | Comme cela arrive ordinairement en paléontologie quand ils ont affaire avec des formes aujourd’hui éteintes, les savants sont divisés sur la question de savoir dans le voisinage de quelle famille actuellement vivante les Néri- nées doivent être placées. On est cependant généralement d'accord de les ranger, avec les Céritbides, parmi les Pro- sobranches siphonostomes de Keferstein, c’est-à-dire en- core parmi les Gastéropodes les mieux organisés. Wood- ward (Conchyliolog. p. 255) seul, place ces deux groupes de formes dans les Prosobranches holostomes qui se dis- tinguent par l'absence d’un canal columellaire; mais, comme celni-ci se trouve, au contraire, assez bien déve- loppé dans ces deux familles, nous ne pouvons considérer cette manière de voir comme justifiée. Lors de la publication du genre Nérinée, Defrance était resté indécis quant à la place qu'il devait lui assi- gner parmi les Gastéropodes ; il le rapprochait d’un côté des Cérithes à cause de la forme de son ouverture; de l'autre, il lui trouvait aussi une parenté avec les Pyrami- delles à cause de ses plis columellaires. Blainville, 1 Man. de malacol. et conchyliol. Paris, 1825. SUR LES NÉRINÉES. 477 Rang ‘, Bronn?, Quenstedt® et Woodward rangèrent plus tard les Nérinées dans ia famille des Cérithides; Pusch, Geinitz, d'Orbigny, Pictet* et Stoliczka, dans celle des Pyramidellides. Blainville et Rang les rapprochent des Cé- rithes à cause du canal columellaire, Quenstedt à cause de leurs plis qui s’affaiblissent peu à peu vers l'ouverture de la coquille comme chez les Cérithides. D’Orbigny les place dans le voisinage des Pyramidellides à cause de leur forme turriculée et de leur ouverture munie de dents. Il trouve cependant qu’elles en diffèrent par les dents la- braires qui sont constantes au lieu d’être momentanées ei par le sinus de la base du labre qui suit la suture et laisse une double ligne sur cette partie. Deshayes, enfin, les regarde comme groupe intermédiaire entre les Pyra- midellides et les Gastéropodes canalifères de Lamarck et émet déjà l’idée que ce nombreux genre pourrait bien former à lui seul une famille distincte et voisine des Py- ramidellides. Zittel fait remarquer de son côté que ces ca- ractères distinctifs sont trop importants pour rendre vrai- semblable une parenté plus considérable des Nérinées avec les Pyramidellides qui rentrent, du reste, dans les ‘ Man. de l'Histoire des Mollusques et de leurs coquilles, 1829. 2 Jahrb., 1836. Dans sa Leth. geogn., 2me édit., ce savant semble les placer parmi les Actéonellides, ainsi dans les Gastéropodes opistho- branches. 5 Handb. d. Petrefaktenk., 1867. 4 Tout en plaçant les Nérinées dans la famille des Pyramidellides, Pictet fait cependant observer qu’elles se relient d’un côté aux Céri- thes par les Cryptoplocus et les Cérithes à columelle dentée décrits par d'Orbigny comme Nérinées (N. Marroti, Perigordina); de l'autre, aux Tornatellides par les Itieria. Cette analogie avec celte dernière fa- mille n’a seulement lieu que sous le rapport de la coquille ; car il n'y a aucune probabilité que les Nérinées dussent être placées dans le voisi- nage des Gastéropodes opisthobranches. 178 TRAVAUX RÉCENTS Prosobranches holostomes. Il prétend qu’en général, dans ces rapprochements, on n’a pas attaché assez d'impor- tance au sinus sutural ainsi qu'à la bande du sinus, ca- ractères essentiels qui ne se retrouvent ni chez les Pyra- midellides, ni chez les Cérithides. En outre, il mentionne que les Pleurotomées possèdent des caractères analogues qui servent à les distinguer des autres familles avoisinan- tes et, sans tirer de rapprochement définitif, il place les Nérinées comme famille distincte et séparée dans le voi- sinage des Pleurotomées, des Buccinides, des Cérithides et des Pyramidellides. En effet, les Nérinées me parais- sent aussi se rapprocher à la fois des Pleurotomées par leur sinus sutural et leur bande du sinus, des Buccinides et Cérithides par leur canal columellaire, des Pyramidel- lides enfin, par leur ouverture munie de plis et leur forme allongée. Ces caractères qui ne doivent pas perdre 1@1 leur importance, relient intimement les Nérinées à ces quatre familles. Afin de mieux résumer ce nouveau point de vue, Zittel définit comme: suit la diagnose de cette nouvelle famille : « Animal inconnu. Coquille conique ou turricu- lée. Ouverture munie à sa partie supérieure d’un court canal où d’une échancrure plus ou moins profonde. Labre pourvu à sa base d’un sinus étroit laissant en s’oblitérant vers la suture une double ligne suturale. Columelle, labre et bord inférieur munis généralement de plis prononcés, constants sur toute la longueur de la coquille, » Quant au genre de vie qu'ont dû avoir les Nérinées, d'Orbigny et Pictet font remarquer qu’elles se trouvent surtout dans les couches riches en polypiers et qu’elles manquent en revanche plus ou moins dans celles qui n’en renferment que peu ou même point. Elles se rap- procheraient ainsi des Pyramidellides que l’on rencontre SUR LES NÉRINÉES. 179 plus particulièrement près des bancs de coraux des mers chaudes et caractériseraient ainsi, selon Sharpe, des eaux peu profondes. Stoliczka fait remarquer à ce propos que le nord de l'Europe ainsi que l'Amérique septentrionale sont remarquablement pauvres en Nérinées crétacées surtout, tandis que dans le sud de l’Europe elles sont trés- nombreuses; 1} en déduit ainsi que ces fossiles étaient, comme actuellement les Pyramidellides, surtout habitants des régions méridionales". Ce savant les regarde en gé- néral comme ayant habité principalement des rivages peu profonds entre le flux et le reflux, souvent même des fonds pierreux*. Duaverney attribue aux Nérinées les singulières per- forations des calcaires portlandiens du Jura français. Il croit que ces coquilles ont été entourées par la vase cal- caire avant sa solidification et qu’ensuite elles ont été dé- truites et n’ont laissé que ces excavations comme trace de leur existence. Dans ce cas, celles-là ne seraient que les empreintes de ces fossiles et devraient en rendre la forme extérieure. [ n’y aurait ainsi point à penser à une perfo- ration accomplie par ces animaux *. ! Sharpe observe aussi à son tour que c’est dans les contrées mé- ridionales (Espagne, sud de la France, Italie) qu'elles atteignent leur plus grande taille. — Ce fait confirmerait ainsi pleinement les belles recherches de M. Osw. Heer, d'après lesquelles la différence des cli- mals a commencé à se faire sentir déjà dès l'époque crétacée inférieure. ? L'opinion de Bronn, d’après laquelle les Nérinées auraient vécu sur des fonds vaseux, paraît contredire la nature du facies des terrains où elles se trouvent et n'offre ainsi aucune probabilité. 5 Comptes rendus Acad. des Sciences, 1849, et Jahrb., 1850 (dans lequel Bronn a déjà énoncé ses doutes à l'égard de cette étrange théorie). # Compar. Perron : Étage portland. envir. de Gray, in Bull. Societé géol. de France, 2me série, vol. XIII, 1856. 180 TRAVAUX RÉCENTS Des représentants certains de la famille des Nérinées ne se trouvent qu'à partir des assises inférieures des ter- rains oolitiques supérieurs. Quelques savants ont cepen- dant voulu en reconnaître déjà quelques espèces isolées dans les terrains triasiques et liasiqnes !; mais celles-ci sont maintenant généralement reconnues comme appar- tenant à d'autres genres plus anciens. C’est ainsi que Hôürnes a décrit en 1856 * une Ner. prisca du Trias de la Styrie inférieure, au sujet de laquelle Stoliczka remarque que la position de la columelle ainsi que celle des plis, diffère considérablement de celle des Nérinées typiques ; il lui trouve en général plutôt les caractères d’un Bucci- nide (Bullia)? Dans sa « Paléontologie lombarde*, » Stoppani en a aussi publié six espèces provenant d'Esino et qui, d’après Stoliczka, paraissent plutôt être des Chem- nitzies ou des Holopelles que des Nérinées. Da reste, ni l'un ni l’autre de ces savants ne font mention d'aucun des caractères génériques et distinctifs de ce genre; les figu- res laissent aussi beaucoup à désirer et né permettent pas une critique. Enfin, tout récemment encore, Moore * a dé- crit quatre espèces plus ou moins bien conservées du Lias d'Angleterre qui ne possèdent pas de bandes du si- nus et chez lesquelles ne se trouve qu’un pli columellaire peu prononcé. Quant aux formes prétendues éocènes dé- crites par Bellardi du terrain nummulitique des environs 1 La donnée de Holl (Petrefaktenk., page 287), d’après laquelle on rencontrerait déjà des Nérinées dans le lias inférieur (calcaires à Gry- phées), repose, comme Bronn l'a justement fait remarquer, sur une fausse détermination d'horizon. 2 Denkschrift. k. k. Wien. Akad., vol. XII, pars 2, {re série. 5 Pétrificat. d'Esino, 1858-1860. 4 Quart. Journ. geoloy. Society, 1867. SUR LES NÉRINÉES. 181 de Nice et d'Égypte‘ (N. Supracretacea, Serapidis), leur détermination générique me paraît fort douteuse. Pictet * et Zittel ont aussi justement émis leurs doutes à cet égard. Bronn et StoliezkaŸ, seuls, soutiennent que ces deux espèces tertiaires. ont toute l’apparence de vraies Nérinées. Les Nérinées les plus anciennes, au nombre d’une quin- zaine environ, ont été décrites par Phillips, d'Archiac, Des- longchamps, d'Orbigny, Morris et Lycett, des calcaires à po- lypiers du Jura français et de la grande oolite de l'Aisne, de Normandie et d'Angleterre ; elles sont caractéristiques des terrains oolitiques supérieurs en général et ne se re- trouvent ni dans les terrains oxfordiens, ni dans les terrains jurassiques supérieurs. L'Oxfordien, terrain plus ou moins marneux, n'en Contient que très-peu d'espèces qui sont plutôt limitées aux assises supérieures marno-caleaires et calcaréo-marneuses (mon Pholadomien). Aves le Corallien on peut bien dire que les Nérinées atteignent leur plus baut développement. En effet, nous voyons apparaître ici, pour ainsi dire subitement, une série d'environ 80 espè- ces toutes inconnues jusqu'alors. Comme les Nérinées sont, du reste, plus ou moins intimement liées aux con- ditions du sol sous-marin, nous ne devons pas nous éton- ! Mém. Societé géol. de France, 2% série, vol. IV ; Bull., 2ve série, vol. VIII. ? Pictet fait remarquer (Traité Paléontol., vol. Ill, p. 90) que la coupe représentée est oblique et imparfaite; elle montre, il est vrai, deux plis columellaires, mais pas de plis du labre et lui rappelle, en général, beaucoup plus le type du Cerith. giganteum qui a aussi deux plis columellaires, que celui des Nérinées. 5 Jt would not be very surprising if the specimen had got into the nummulitic beds from some adjacent cretaceous strata { Cret. Gastrop., p. 179). 182 TRAVAUX RÉCENTS ner d’en rencontrer ici un si grand nombre et une variété d'espèces aussi complète. Supposons avec M. Desor*, qu’au lieu de déposer le Corallien, la mer oxfordienne eût continué à déposer ses vases fines et homogènes, il est probable que la faune tout entière et les Nérinées en particulier s'en seraient ressenties. Au lieu des formes solides et à test épais du Corallien, nous en aurions de plus régulières et à test mince. Mais comment expli- quer cette apparition subite (ainsi que tant d’autres qui lui sont semblables) ? Probablement par des oscilla- tions du fond de l'Océan, par des affaissements et des exondements alternatifs qui ont eu pour résultat la pré- sence de dépôts plus ou moins vaseux dans des mers profondes et tranquilles, ou bien celle de récifs coralli- gènes et de mers rocailleuses et peu profondes. Dans l’Astartien*?, les Nérinées sont de nouveau très-peu nom- breuses ; mais depuis là elles deviennent successivement toujours plus fréquentes à travers le Ptérocérien et le Portlandien. Dans le Tithonique qui effectue le passage entre les dépôts jurassiques et crétacés, ces formes pa- raissent atteindre leur second plus grand développement. Nous rencontrons ici, à côté des nombreuses espèces ca- ractéristiques, d’autres qui appartiennent lant à l’une qu’à l’autre de ces formations. A partir de cette époque, les Nérinées continuent encore leur existence à travers les terrains crétacés d’où on en connaît en tout actuellement en- viron 80 espèces. Ce sont dans la rate inférieure, principa- lement le Valangien et l'Urgonien, qui en contiennent plu- sieurs, Le Néocomien en manque presque complétement; ! Bulletin Société natur. de Neuchâtel, 1872. ? Plus nombreuses dans le sous-étage supérieur calcaire, elles man- quent presque complétement dans l'inférieur marneux. SUR LES NÉRINÉES. 183 il en est de même de l’Aptien et de l’Albien. Dans le Cé- nomanien (Quader ou Plaener inf.), elles sont encore re- présentées par quelques formes. Enfin, les rares espèces du Turonien (couches de Gosau, Quader moyen) sont les derniers vestiges d’un développement passé. Apparu avec les assises inférieures de l’Oolite supé- rieure, complétement disparu avec le Sénonien, le genré Nérinée nous donne, comme tant d’autres, un exemple de ces familles fossiles qui ont joué dans l’histoire géologi- que de notre terre un rôle assez considérable et d’autant plus important qu’elles ont servi à caractériser des forma- tions ou même des périodes entières. Telles sont les rai- sons qui m'ont engagé à donner ici un résumé des nou- velles études dont cette famille a été le but dans ces der- nières années. J'espère que ce travail jettera quelque lumière sur ce genre aussi intéressant que Curieux et pourra être d’une utilité quelconque à ceux qui s’en oc- cuperont dorénavant. RELATIONS ENTRE LES PHÉNOMÈNES CAPILLAIRES ET LES PHÉNOMÈNES ÉLECTRIQUES PAR M. GABRIEL LIPPMANN. (Trad. des Annales de Poggendorff, vol. CXLIX, n° 8, p. 546.) Les recherches que je vais exposer ont été faites dans le laboratoire de M. Kirchhoff, et je me plais à lui exprimer ici Ma vive reconnaissance pour les conseils qu’il a bien voulu me donner. Il eût été certainement difficile de découvrir, à priori, des relations entre les variables électriques et ce qu’on est convenu d'appeler les constantes de la capillarité, En fait je n’y suis parvenu que peu à peu, et mes recherches ont pour point de départ l’expérience suivante qui m'a- vait été signalée par M. le professeur W. Kübne, de Heidelberg. Une goutte de mercure étant plongée dans de l'acide sulfurique dilué contenant des traces de bichromate de potasse, on en rapproche un fil de fer décapé, fixé de telle sorte qu'il touche le bord de la goutte de mercure. Dès que le contact a eu lieu, on voit la goutte prendre un mouvement vibratoire régulier qui peut durer pendant des heures entières. L’analogie entre ce phénomène et les mouvements con- nus des électrodes mercuriels (voir Wiedemann, Galv., es eu) dé ee El 2 5 EVERe ns , ART EL: FR , te 4 - 2 44 CR È J : ru : ; à pe RELATIONS ENTRE LES PHÉNOMÈNES, ETC. 185 $ 368, 1872) est des plus frappantes, et elle s’explique de la même manière. Cette explication, d’après les idées reçues jusqu'ici, peut se résumer de la façon suivante : On admet que le liquide contenant le bichromate cause l’aplatissement de la goutte de mercure en oxydant sa surface. Il en résulte un contact intime entre le mercure et le fer qui forment alors un couple électrique. Le cou- rant de ce couple réduit la surface du mercure par action électrolytique, et la goutte, en se contractant, se sépare du fer. Les mêmes causes reproduisent ensuite la même série de phénomènes. On peut d’ailleurs, par l’emploi d'une solution chromique suffisamment concentrée, s’as- surer que les choses se passent bien réellement ainsi. Dans l'expérience ordinaire, avec une solution étendue, la surface reste, il est vrai, constamment nette. Mais comme on à pu prouver, par des mesures directes, qu’une goutte de mercure se contracte en se polarisant par l’hy- drogène, on peut s'expliquer la vibration dont nous venons de parler par l'effet de la simple dépolarisation due à l’action de l'acide chromique. $ Les recherches que je vais maintenant exposer montre- ront : que la constante de capillurié superficielle (tension superficielle, coefficient de la formule de Laplace) reiative à la surface de contact du mercure avec l'acide sulfurique dilué est une fonction constante de la force électromotrice de polarisation sur cette surface. Il Variation de la constante de capillarité due à la force électromotrice de polarisation. a) Mesures. L'appareil se composait d’un tube de verre ARCHIVES, t. L. — Juin 1874. 13 NE ST NT Me. | ee 186 RELATIONS ENTRE LES PHÉNOMÈNES vertical et calibré GG” (PL. IL fig. 1), communiquant par en bas au moyen d'un tube de caoutchouc, avec un ré- servoir de mercure À. Le mercure s'élevait ainsi dans le tube GG’ où il subissait une dépression dont la valeur mesurée au Cathétomètre fournissait, à la manière ordi- naire, la constante de capillarité. La partie supérieure du tube de verre était remplie d'acide sulfurique dilué (à raison de + d'acide en volume) qui mouillait le ménisque M et se continuait par le siphon de verre H jusque dans le vase B également rempli d'acide dilué. Le fond de ce vase était couvert d’une couche de mercure B qui ser- vait de seconde électrode. La pression de l'acide dilué dans le tube GG nécessitait naturellement une correction de la dépression capillaire du mercure. Pour développer une quantité connue de force électromotrice de polarisa- tion que nous désignerons pour abréger par FE P, on faisait communiquer les deux masses de mercure de B et AM respectivement avec deux points P et Q du circuit d'un couple de Daniell au moyen des fils de platine +, B, que l’on peut nommer les pôles de l’appareil. Un courant dérivé traversait ainsi l’appareil qui fonc- tionnait alors comme une auge de décomposition, et cela jusqu’à ce que la FE P développée égalàt la différence du potentiel entre P etQ. A partir de ce moment, la FE P développée est à la force électromotrice de l'élément Da- niell dans le même rapport que la résistance P Q est à la résistance totale de tout le circuit de Daniell. Ce rapport se déduisait alors de la déviation observée d’une boussole des tangentes intercalée dans le circuit. Le rapport des surfaces mercurielles en M et en B était, à dessein, rendu assez petit pour que la FE P de M fût seule à consi- dérer. On comprend, en effet, qu’une quantité d'électri- CAPILLAIRES ET ÉLECTRIQUES. 157 cité suffisante pour développer en M une intensité donnée de polarisation d'hydrogène, ne produira qu’une intensité insignifiante de polarisation d'oxygène sur une surface B égalant plusieurs milliers de fois M. Ainsi la boussole des tangentes fournissait la FE P en M à l'instant même au- quel on mesurait la constante de capillarité au moyen du catnétomètre. Il suffisait d'intercaler une simple fermeture métallique entre « et B pour annuler toute force FE P en M. — Les quantités à mesurer sont loin d’être faibles. Ainsi, dans un tube de O®,32 de rayon, la dépression est de 14%%,0 pour une FEP—0,. Pour FE P — 1 Daniell, elle est de 18,90, ce qui donne une variation de niveau de 4,90, soit 0,35 de la dépression normale. La constante de capil- Jarité est donc 30,4 pour FEP=—0 et 40,6 pour FEP—1 Daniell. Pour mesurer plus exactement encore les variations de la constante capillaire, on a remplacé le tube GG’ par une fine pointe de verre y> tirée au bout d'un tube quel- conque (fig. 2). On versait du mercure dans ce tube jus- qu’à ce qu’il remplit partiellement l’intérieur de la pointe, et l’on faisait plonger celle-ci dans de l’acide sulfurique dilué. On chassait la bulle d'air qui adhérait d’abord à l’extrémité de la pointe en comprimant un peu le mer- cure, On avait alors dans la pointe un petit ménisque hémisphérique * de mercure mouillé M, d'environ rm de rayon, dont la pression capillaire faisait équihbre à celle du mercure remplissant le tube (750% de hauteur). L’acide dilué mouillait aussi une seconde masse de mer- cure B qui devait, comme précédemment, servir d’élec- 1! L’angle de raccordement du mercure avec le verre sous l'acide sulfurique dilué est toujours nul. _ Ven RES RE Ps PAUL. CU M . l 0] 1538 RELATIONS ENTRE LES PHÉNOMÈNES trode positive. Les deux masses de mercure pouvaient être mises en communication avec les pôles extérieurs æ et 5 au moyen de fils de platine. Ces pôles étant d’abord réunis métalliquement (ce qui annulait la FEP en M), on ajustait un microscope de telle manière qu un des fils de la croisée oculaire fût exacte- ment tangent au ménisque vu sous un grossissement de 220 diamètres (fig. 3). Un élément Daniell étant alors intercalé entre & et B, on observait que le ménisque dis- paraissait du champ du microscope. Pour le ramener à la coïncidence avec le fil, 1l fallait augmenter la pression de la colonne soutenue par le ménisque d’une quantité que l’on peut appeler pression de compensation. Cette quantité est elle-même à læ pression initiale dans le rap- port de l’accroissement de la constante capillaire à sa va- leur primitive. En effet, d’après la formule de Laplace, la courbure est supposée constante pour une position con- stante du ménisque, en sorte que la pression est pro- portionnelle à la constante. Ainsi, dans un cas, la pres- sion de compensation s'était élevée à 260%" (plus de + d’atmosphère) après l’intercalation de l'élément Daniell, soit 0,35 de la valeur initiale qui était 750%: on en con- cluait que la constante de tapillarité avait augmenté de 0,35 de sa valeur. La pression de compensation était produite par de l'air comprimé au moyen d’une pompe à air, et mesurée avee un manomètre. Des quantités connues de F E P étaient produites par la méthode des courants dérivés indiquée ci-dessus. On a reconnu ainsi qu'à chaque valeur de F E P cor- respond une valeur déterminée de la constante capillaire, de telle sorte que l’une de ces quantités peut se déduire de l’autre. CAPILLAIRES ET ÉLECTRIQUES. 159 Un fait surprenant qui s’est manifesté dans toutes ces expériences, lorsque le circuit était fermé soit par un simple fil placé entre & et B, soit par l’intercalation de l'élément de Daniell, c’est la constance des résultats, c’est- à-dire de la constante de capillarité et l’invariabilité de la position d’équihbre du ménisque. Jusqu'ici on était ac- coutumé à voir se produire certaines perturbations dans toutes les expériences de capillarité faites avec les appa- reils ordinaires, c’est-à-dire sans l'emploi de l'électricité. Ces perturbations reparaissaient naturellement dans nos appareils, dès que æ et B étaient isolés l’un de l’autre. Elles consistaient en ceci : 1° La position d'équilibre varie avec le sens du moc- vement précédent de la colonne mercurielle ; 2° Elle peut changer brusquement sous l’action d’une secousse ou d’un choc; 3° La position d'équilibre change aussi lentement avec le temps et ne cesse de se déplacer qu'après des heures. Mais dès qu’on fermait le circuit par la simple addition d'un fil métallique entre « et B, toute irrégularité cessait subitement, et on ne pouvait même plus en produire de nouvelle, La position d'équilibre devenait alors si con- stante que le contact du ménisque avec la croisée des fils ne laissait plus rien à désirer, même sous un grossis- sement de 220. Nous avons réussi, d’ailleurs, à découvrir la cause de ces perturbations. Electromètre capillaire. Dans l'appareil décrit précédemment, à chaque valeur de la constante capillaire correspond une certaine quan- tité de force électromotrice intercalée entre & et 8. On peut donc déduire cette dernière de l'observation de la +" AN, TER , f : ENT 1, SP ER VONT" R 90 vi 190 RELATIONS ENTRE LES PHÉNOMÈNES constante capillaire au moyen d’une table de leurs valeurs correspondantes, © Ainsi, la tension des pôles d’un élément Daniell corres- pondait, dans cet appareil, à une pression de compensa- tion de 260%" de mercure, tandis que de plus faibles forces électromotrices exigeaient de moindres pressions. L'appareil n’est traversé par aucun courant électrique pendant que la FE P fait équilibre à la force électromo- trice existant entre & et GB. Il faut cependant pour cela que la force électromotrice soit assez faible pour ne pro- duire aucune décomposition de l’eau, c’est-à-dire ne pas surpasser beaucoup celle d’un élément Daniell. On peut -d’ailleurs toujours obtenir ce résultat en faisant agir nn nombre connu d'éléments de Daniell en sens inverse de la force électromotrice dont on vent étudier l’effet. L’électromètre capillaire est aussi très-sensible aux charges électriques. Pour le charger il s’agit, en réalité, de développer une polarisation appréciable sur un ménisque dont la surface [2r X (45) ] est égale à 0",0006. Or, on obtient même un déplacement du ménisque en approchant du pôle & le plan d’épreuve d’une balance de Coulomb ou en lançant pendant un instant, à travers l’appareil, le cou- rant d’un élément Daniell affaibli au moyen d’une plaque de verre sec. La sensibilité de l’appareil est donc sk grande qu’on ne saurait lui comparer d'autre électromè- tre que celui de Thomson. Cette sensibilité est, en outre, constante en tout temps. Le déplacement est, le plus sou- vent, instantané et les oscillations s’amortissent rapide- ment. — Le pôle 8 doit être maintenu en communication métallique avec le conducteur gazeux ou liquide, pendant que le pôle & est soigneusement isolé de la table au moyen CAPILLAIRES ET ÉLECTRIQUES. 191 de supports en gomme laque. Lorsque le pôle « est resté isolé pendant un certain temps du pôle B, l'appareil se charge de lui-même, ainsi qu’on l’a déjà observé avec l’électromètre de Thomson. Les contacts accidentels, l’élec- tricité atmosphérique, etc., sont alors les causes de cette charge. Lorsqu'on peut se contenter des indications d’un ma- uomètre à air pour la mesure de la pression, l’électro- mètre est susceptible de recevoir une disposition plus portative. On réduit le tube effilé à une longueur de quelques centimètres et on le relie à un second tube fer- mé à l’une de ses extrémités et rempli de mercure et d'air comprimé qui sert de manomètre. Ces deux tubes sont reliés au moyen‘d’un court tube en caoutchouc épais au-dessus duquel se trouve une pelite presse à vis qui fournit la pression nécessaire. Tout cet appareil fixé sur une planchette en bois trouve facilement sa place sur la platine d'un microscope. Les indications de cet instrument sont parfaitement constantes. On a aussi essayé plusieurs fois, avec succès, de me- surer directement le déplacement micrométrique du mé- nisque au lieu de le ramener au contact par la pression, Pour cela le tube effilé était lui-même fermé à son extré- mité et contenait une certaine quantité d'air comprimé qui exerçait la pression constante nécessaire. L’électromètre de cette espèce n’a plus qu’une lon- gueur de quelques centimètres. [Il doit cependant être gradué empiriquement. Il convient que la pointe de verre de l’électromètre s'applique exactement contre le tube contenant l’acide afin qu’on puisse facilement l’observer sous tous les gros- sissements. 192 RELATIONS ENTRE LES PHÉNOMÈNES Moteur électro-capillaire. De même que l’on a construit des moteurs qui, fondés sur les principes de l’électro-magnétisme, empruntent leur force à la pile, et sont mus par les forces magnétiques, de même on a pu réaliser une machine électro-capillaire qui transforme le travaii électrique en travail mécanique. Un moteur de cette nature se trouve maintenant dans l’Institut de physique de Heidelberg. Il est composé des pièces suivantes : Une caisse de verre KK (fig. 5) remplie d'acide sulfu- rique dilué à 15°/, en volume renferme deux verres GG en partie remplis de mercure. Ces masses de mercüre GG peuvent être reliées aux pôles d’un élément de Daniell D, au moyen des fils de platine ee, dont la partie supérieure est protégée du contact de l'acide par deux petits man- chons de verre. Une bascule W, intercalée dans le circuit permet de renverser le sens des communications, en sorte que chaque masse de mercure se polarise successivement avec l’hydrogène. Sur chaque masse de mercure flotte un faisceau de tubes de verre BB qui ont chacun à peu près 2" de diamètre et sont ouverts aux deux bouts. Environ 300 de ces tubes liés ensemble par des fils de platine forment un faisceau vertical haut de 60% et d’un diamètre égal. Dans l’axe de chaque faisceau se trouve une baguette de verre qui joue le rôle de la tige d’un piston. La moitié inférieure du faisceau plonge dans le mer- cure, tandis que la moitié supérieure se trouve au-des- sous de l’acide et en est complétement remplie, Le fais- ceau flotte librement sur le mercure. Il reste vertical parce que la baguette de verre qui lui sert de tige est LE TE €, “re 7, codé 277, LA = 1e he : 17 » CAPILLAIRES ET ÉLECTRIQUES. 193 fixée dans un étrier de métal en forme de A (UU”) dont les extrémités inférieures ne sont pas libres, mais sont fixées à un double levier horizontal, mobile autour d’un axe horizontal fixe et pouvant osciller comme le fléau d’une balance dont les plateaux seraient remplacés par les fais- ceaux placés au-dessus et se faisant équilibre. Au moyen de l’étrier vertical V, de la tige s et du levier coudé z, le mouvement oscillant du levier se transforme en un mouvement de rotation du volant R. L'arbre de ce volant porte un second levier coudé 3° qui fait mouvoir la bascule W. — Le tout rappelle assez certaines ma- chines de bateaux à vapeur. Lorsqu'on fait communiquer la machine avec le couple de Daniell, au moyen des poupées à vis 00", l’une des mas- ses de mercure se polarise d'hydrogène et l’autre d'oxy- gène. Les constantes capillaires, soit la dépression à l’in- térieur et autour des tubes, et par suite la force qui sou- tient le faisceau augmente de 0,35 de sa valeur du côté de l'hydrogène et ce faisceau monte, pendant que l'inverse à lieu pour l’autre faisceau. La roue commence alors à tour- ner. Au bout d’un tour, le courant est renversé par la bascule, et le mouvement des faisceaux se produit en sens inverse. Cette machine travaille sans bruit et sans étincelles. Elle est économique, car elle n’exige que de faibles cou- rants. Elle à une fois fonctionné cinq jours et cinq nuits de suite, avec le même élément Daniell. Le nombre des tours de roue, qui s’est élevé jusqu’à 108 par minute, diminue naturellement à mesure que le sulfate de cuivre s’épuise ‘. ‘ Cette machine, ainsi que l’électromètre sus-mentionné, est con- struite par M.R. Jung, mécanicien à Heidelberg. 19% RELATIONS ENTRE LES PHÉNOMÈNES La force de cette machine, mue par les forces capil- laires, est complétement indépendante du volume qu’elle occupe et ne dépend que de l'étendue relative de la sur- face de contact des deux liquides. Cela découle naturel- lement du principe que le travail des forces capillaires est proportionnel à la variation de la surface et indépen- dant de la forme de cette dernière. Ainsi, par exemple, lorsque la F E P de la surface mercurielle prend succes- sivement les valeurs 0 et À Daniell, les nombres dont on a déjà fait usage précédemment donnent pour travail correspondant 0,01 XS kilogrammètres pour une variation S de la surface exprimée en mètres carrés. Il Développement de l'électricité et Polarisation accompagnant les phénomènes capillaires. L'expérience a prouvé que les forces capillaires per- mettent de transformer le travail mécanique en travail électrique. Toute disposition susceptible de fournir un mouvement par le passage d’un courant peut servir in- versement à la production d'électricité. Cette relation de réciprocité, pour l’électro-magnétisme et l'induction, a été déduite par M. Helmbholtz du principe de la conservation de l'énergie. Sa démonstration peut facilement recevoir une forme plus générale. Dans l’ordre de faits qui nous occupe ‘ici, on aperçoit bien une analogie avec l'induc- lion. Si, par exemple, dans notre moteur électro-capillaire on vient à remplacer la pile par un galvanomètre, on ob- CAPILLAIRES ET ÉLECTRIQUES. 195 serve que l'aiguille de ce dernier se déplace dès que la roue est mise en mouvement. La déviation de l'aiguille persiste aussi longtemps que dure la rotation de la roue, et le sens de la déviation change avec le sens de la ro- tation. On peut facilement, d’ailleurs, produire et mesurer les courants qui naissent ainsi. Leur mesure se fail au moyen de l'appareil déjà décrit (page 185). Les pôles à, B, sont mis en communication avec un galvanomètre à miroir de 2000 tours. Pour faire une expérience, on abaisse on on élève le ni- veau du réservoir À, et il en résulte un changement de ni- veau dans les tubes de verre ; en même temps l'aiguille du galvanomètre se déplace. Il suffit même de changements de niveau de quelques millimètres pour qu’on puisse faire des mesures. Avec de plus grandes dépressions on ob- tient même des courants si forts que l'aiguille aimantée non astatique frappe contre l’arrêt. Lorsqu'on élève le niveau, la surface de contact du mercure et de lacide s’augmente en M. Alors l'aiguille du galvanomètre indique un courant allant à travers l'acide dilué de l'électrode qui s'agrandit, à l'autre. Lorsque le niveau baisse le sens du courant change. On a expérimenté avec divers changements de niveau et avec des tubes différents. Soit & la déviation observée du galvanomètre, / le changement de hauteur, r le rayon des tubes ; tons les nombres trouvés ont satisfait la rela- tion ; | [e2 2rrl = CONS. — *,, ce qui peut se traduire ainsi : la quantité d'électricité dé- 196 RELATIONS ENTRE LES PHÉNOMÈNES veloppée est proporhonnelle à l'augmentation de la sur- face et indépendante de la forme de cette surface. Cette quantité d'électricité a été ensnite estimée en unités électro-magnétiques absolues. La constante, ci-des- sus désignée par «+, représente en degrés de l'échelle la déviation correspondante à un accroissement de sur- face de ? millimètre carré. On a trouvé alors &, = 0,55 degrés de l'échelie. Pour exprimer ce nombre en me- sure électro-magnétique, on a relié les extrémités du fil galvanométrique avec celles d’une bobine sur laquelle on plaçait une seconde bobine. Cette dernière était traversée par un courant dont l'intensité était de 4,5 en mesure électro-magnétique absolue. Le potentiel des deux bobines l’une par rapport à l’autre (d’après les données de M. le professeur Kirchhoff) était de 23223000. Dès qu'on in- terrompait le courant de la seconde bobine, un courant induit se développait dans la première et le miroir était dévié de 57 divisions de l'échelle. On a comparé en outre la résistance du galvanomètre réuni à la bobine induite avec une autre résistance, par la méthode du pont de Wheatstone et on l’a trouvée égale à 78 X40'°. D’après cela la quantité d'électricité correspondante à une dévia- tion d’un degré de l'échelle était égale à 23223000 X 4,5 78X100X 57 Eofin, il résulte de là que la quantité d'électricité corres- pondante à une déviation de 0,55 c’est-à-dire à une va- riatiou de surface de 1" carré a pour valeur : __ 23223000X45X 0,55 19997 1 TB IOeXST 10e 6 NE fl OR d'A LIRE OR CNTE * À : CAPILLAIRES ET ÉLECTRIQUES. 197 Pour mieux faire comprendre la portée de ce résultat, rappelons que l'équivalent électrique de l’eau, d’après Weber, est de 0"6,0098. En conséquence À mètre carré de variation de surface développe une quantité d’électri- cité suffisante pour décomposer 130% d’eau. Pour que les déviations du galvanomètre soient pro- portionnelles aux quantités d’électricité, il faut naturelle- ment que la durée des courants soit insignifiante com- parativement à la durée d’une oscillation de l'aiguille. Afin d'obtenir ce résultat, on avait muni le réservoir de mercure d’un robinet qui ne s’ouvrait que pendant un instant, après qu'on avait élevé ou abaissé ce réservoir de la quantité voulue. En outre on n’opérait qu'avec de petites variations de bauteur, paree que le courant prend un certain temps à se développer lorsque le déplacement du mercure dé- passe une certaine valeur pour chaque tube. On comprend, en effet, que ce déplacement a pour résultat d'augmenter la résistance de la couche mince d'acide qui se trouve entre le verre et le mercure et qui forme une partie du circuit, en sorte que la décharge est ralentie. On peut produire les mêmes courants électriques d’une manière très-simple. Un récipient de verre contient du mercure et de l’acide sulfurique dilué. On dispose alors un entonnoir de verre plein de mercure de manière que son ouverture inférieure très-fine plonge dans l'acide. Si on réunit alors aux fils d’un galvanomètre les deux masses de mercure qui se trouvent l’une dans l’entonnoir et l’autre dans le réci- pient, l'aiguille est déviée pendant tout le temps que dure l'écoulement du mercure. Dans ce cas, c’est l’étalement de chaque goutte qui produit le courant. 195 RELATIONS ENTRE LES PHÉNOMÈNES On peut aussi remplacer l'entonnoir et le réservoir, chacun par un tube effilé et l’électromoteur simple de la figure # se trouve réalisé. Le mercure coule alors au travers des deux tubes. Dès que l’état stationnaire a été atteint la déviation du galvanomètre est constante. Polarisation par les forces capillaires. Si l’on suppose qu’un déplacement du mercure ait lieu après qu'on à supprimé la liaison métallique entre les pôles z, B, on se retrouve dans les circonstances ordi- naires, puisque précédemment on ne s'était pas préoc- cupé de la fermeture électrique du circuit dans les expé- riences de capillarité. On observe alors certains phénomènes dont quelques- uns sont connus comme des perturbations inexpliquées. Lorsqu'on élève le réservoir À en augmentant ainsi la surface en M, faisant communiquer le pôle B avec le sol, le fil « se charge d'électricité négative libre, ainsi que l’on peut s’en assurer au moyen de l’électromèêtre de Thom- son. La déviation de l’éleetromètre peut alors être aussi marquée que si l’on avait fait communiquer ses pôles avec un couple Danieil. En même temps, on observe que la dépression du mercure dans les tubes est plus grande qu'avec un circuit fermé, En d’autres termes, la constante de capillarité a augmenté. Maintenant, l'accroissement de force électromotrice, existant entre le mercure et l'acide dilué, accompagné d’un accroissement de la constante de capillarité sur la surface commune, est précisément ce que lon nomme polarisation par l'hydrogène. On peut donc résumer ces phénomènes de la manière suivante : Lors- qu'on augmente par des moyens mécaniques la surface CAPILLAIRES ET ÉLECTRIQUES. 199 de contact entre le mercure et l’eau acidulée, cette surface se polarise avec de l'hydrogène. Cet énoncé conduit à une expérience des plus frappan- tes que l’on peut réaliser avec l’électromèêtre capillaire. En soufflant ou aspirant avec la bouche de manière à faire varier la pression atmosphérique qui s’exerce sur la co- lonne mercurielle, on peut facilement faire mouvoir cette colonne dans la pointe effilée, pourvu, toutefois, que le circuit soit fermé entre & et 5. Des que cette fermeture est interrompue, la colonne mercurielle cesse d’être mobile comme si elle s'était subitement solidifiée. Voici l’explica- tion de ce fait. Si l’on souffle dans l’intérieur du tube, la surface du mercure commence par s’accroître. Elle se po- larise alors et l'accroissement de la constante de capillarité produit un excès de pression capillaire que la force des poumons ne peut surmonter. Le contraire a lieu lorsqu’on aspire l'air du tube. Les faits de cette nature expliquent aussi une pertur- bation apparente remarquée dans les observations de ca- pillarité et qui consiste en une diminution lente de la con- stante de capillarité, ainsi que M. Quincke l’a démontré dans le cas du contact du mercure et de l’eau. Lorsqu'on fait monter du mercure dans un tube capillaire humide, la surface, dans le tube, s'accroît et se polarise, On sait que cette polarisation augmente avec le temps, d’abord rapi- dement, puis plus lentement. En même temps on constate que la constante de capillarité diminue. La même chose a lieu lorsqu'on verse une goutte de mercure dans l’eau. Cette goutte s’aplatit au fond du vase, sa surface aug- mente et elle acquiert une polarisation qui diminue en- suite lentement. 200 RELATIONS ENTRE LES PHÉNOMÈNES On peut d’ailleurs prouver directement au moyen de l’électromêtre où du galvanomètre que, lorsque du mer- cure se trouve sous une couche d'acide sulfurique dilué au fond d’un vase de verre, il suffit d’y plonger une ba- guette de verre ou seulement d’agiter le vase pour pro- duire un changement de l’état électrique et de l’état ca- Pillaire, Chaque secousse produit une variation de la constante de capillarite. Par contre, si le circuit est fermé, ainsi qu'on l’a remarqué plus haut, la constante et la dé- pression demeurent fixes. Le terme « d’agrandissement de la surface de con- tact» du mercure avec l’acide dilué peut être interprété de deux manières : 1° l’acte de mouiller une nouvelle parlie de mercure jusqu'alors demeurée sèche, ou 2° l’é- largissement de la portion déjà mouillée. Le second cas est seul à envisager dans tous les phénomènes décrits ci- dessus. On peut s’en rendre compte par l'expérience fort simple qui suit : Après avoir versé une large goutte d’acide sulfurique dilué sur une surface de mercure sèche, on l’absorbe au moyen d’une pipette de manière à ne laisser qu’une tache humide sur la surface métallique. Si l’on vient à percer celte tache avec une pointe de fer, elle se polarise et se contracte instantanément. Mais il ne se produit alors qu'un rétrécissement de toute la surface semblable à celui que l’on observerait à la surface d’un ballon de caout- chouc sur laquelle se trouverait une tache humide et dont on ferait sortir de l'air. Tous les détails du bord en zig- zag de la tache, ainsi que les points qu’on avait pu préa- L“: SN ERERET ns ET ÉLECTRIQUES. 0 im remarquer sur la surface sèche du mercure, | demeurent distinetement visibles pendant la contraction, ae comme s'ils étaient dessinés sur une membrane en caout- _ chouc, et ils reprennent chacun leur place primitive dès que la polarisation cesse. Dans la théorie de Young, d’après laquelle la constante de capillarité est considérée comme une tension de la sur- face, ce dernier résultat, soit l’accroissement de la con- stante pendant l'étalement s’exprimerait simplement en disant que : la surface mercurielle se comporte comme une membrane élastique ordinaire dont la tension s’ac- croît lorsqu'on l’étire. ARcHIVES, & L. — Juin 1874. Poe x r RAR . % n Ÿ (44 : EE ee RTE es TE de AE STATE BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. L. BOLTZMANN. DÉTERMINATION EXPÉRIMENTALE DE LA CONSTANTE DE DIÉLECTRICITÉ DES CORPS ISOLANTS. (Comptes rendus de l'Académie des Sciences de Vienne, janvier 1873; Poggend. Annalen, tome CLI, p. 482.) Faraday a le premier observé la propriété que possèdent les corps isolants solides d’être diélectriques, c’est-à-dire d’augmenter la capacité d’un condensateur par leur pré- sence entre ses deux plateaux. M. Siemens !, puis MM. Gib- son et Barkley ? ont étudié le phénomène expérimentale- ment. MM. Clausius *, Maxwell “ et Helmhoitz * en ont, cha- cun à leur tour, recherché les conditions théoriques. Si l’on désigne par quo ee les rapports différentiels du poten- aNi dNe liel sur les faces intérieure et extérieure de l’isolateur, suivant ! dv dv le uotient—— : ——— sera la constante de la normale, le quo ANe IN diélectricité D. En négligeant l'électricité libre accumulée au bord des plateaux du condensateur, et en appelant # la dis- tance des deux plateaux ou l’épaisseur de la couche diélec- trique, la capacité du condensateur sera inversément propor- ñ tionnelle à m—n+ D La mesure des quantités d’électricilé était faite au moyen d’un électromètre de Thomson. Le condensateur était chargé ! Poggend. Annalen, tome CII, p. 66. ? Philos. Magaz., 4e série, tome XLI, p. 543. 3 Clausius, Abhandlungen über die mech. Wärmetheorie, 2e partie, p. 135. 4 London Philosoph. Transact., vol. CLV, part. 1, p. 459. 5 Borchhardl’s Journal, tome LXXIF, p. 57. PHYSIQUE. 203 par une pile de dix-huit éléments de Daniell. Le condensa- teur sur lequel ont été failes ces expériences présentait une construction analogue à celle qu’a imaginée M. Kohlrausch. Les corps isolants étaient le caoutchouc durci, la parafine, le soufre et la colophane; puis comme isolants imparfaits, la stéarine, le verre et la gutla-percha. Les conclusions théo- riques de M. Helmhol!z, sur le rapport existant entre la ca- pacité du condensateur et l’épaisseur de la couche isolante et des plateaux, se sont vérifiées, même pour le cas où il y avait plusieurs couches isolantes au lieu d’une seule. Ces expériences ont été faites, tant avec une charge mo- mentanée qu'avec une charge continue; on a obtenu dans les deux cas des capacités presque égales. On peut conclure de là que la polarisation diélectrique se produit assez rapide- ment. L'auteur a trouvé comme valeurs probables de la constante de diélectricité, soufre, 3,84; caoutchouc durci, 3,15; colo- phane, 2,55; parafine, 2,32. M. Maxwell était arrivé à la conclusion que la racine carrée de la constante de diélectricité doit être égale à l’indice de réfraction. Le tableau suivant montre que celte loi s’est véri- fiée avec une approximation très-suffisante : v D. Indice de réfraction. Soufre. ..... 1,960 2,040 Colophane. .. 1,597 1,543 Parafine. . ... 1,523 1,536—1,516 L'auteur compte poursuivre ses recherches sur les isolants imparfails. W. L. BOLTZMANN. RELATION ENTRE LA ROTATION DU PLAN DE POLA--. RISATION ET LA LONGUEUR D'ONDE DES DIFFÉRENTES COULEURS. (Poggend. Ann., Jubelband, page 128.) Une observation même superficielle de la rotation du plan de polarisation par un cristal de quartz, par exemple, montre 204 BULLETIN SCIENTIFIQUE. à quel point ce phénomène varie avec la couleur de la lu- lumière transmise. Biot a donné le premier la loi approxi- mative de cette variabilité, savoir que les angles dont tourne le plan de polarisation pour les différentes couleurs sont presque inversément proportionnels aux carrés de leurs lon- gueurs d'onde. Depuis lors différents auteurs ont cherché à trouver pour la relation qui existe entre l’angle de rotation # et la largeur d’ondulation } une expression plus exacte. M. v. 1: Aer Lang avait proposé la formule 9 = À + EC ajoutant un terme constant à la formule de Biot. M. Boltzmann, en se basant sur des considérations théoriques, est arrivé à adop- ter la formule nr _ Il admet, en effet, que la rotation du plan de polarisation résulte du changement de densité périodique que les molécules du corps transparent impri- ment à l’éther et que les dimensions de la sphère d’action de chaque molécule ne sont plus négligeables par rapport à la longueur d’onde. L'effet doit tendre vers 0 pour des lon- gueurs d'onde de plus en plus grandes, de là la forme adop- tée par l’auteur de préférence à celle qu'a donnée M. von Lang. Le contrôle de cette formule, avec les différentes me- sures que nous possédons déjà sur ce sujet, a montré à M. Boltzmann qu’elle se rapproche beaucoup plus des ré- sultats de l'expérience que celle de M. von Lang. W. ANGSTRÜM. SUR LE SPECTRE DE L’AURORE BORÉALE. (P0gg. Ann., Jubelband, page 424.) L'auteur commence par distinguer deax spectres diffé- rents de l’aurore boréale: 4° un spectre composé unique- ment de la raie jaune caractéristique qu’on n’a retrouvée encore dans aucune autre source lumineuse et qui provien- drait d’une lumière monochromatique: 2 le spectre com- posé des diverses bandes brillantes fournies par l'aurore. PHYSIQUE 205 Comparant ce dernier à d’autres spectres connus, -M. Ang- strôm reconnaît, comme d’autres avant lui, que les bandes ou raies qui le composent coincident avec celles que donne l’étincelle électrique dans l’air raréfié. Quant au spectre de la lumière jaune monochromatique, l’auteur n’admet point comme fondée l’opinion de Piazzi Smyth voulant l’iden- tifier avec une raie du spectre des carbures d'hydro- gène. Mais il croit pouvoir l’attribuer à la phosphorescence ou fluorescence que présentent certains gaz raréfiés après le passage de la décharge électrique ’. En faveur de cette manière de voir, l'auteur invoque le fait que la raie jaune tend à disparaître lorsque la lumière violette diminue dans l'aurore. tandis que la lumière rouge augmente d'intensité. Ilne pense pas en lout cas que l’apparition de la raie jaune puisse être mise au nombre des phénomènes résultant des variations de pression et de température des gaz raréfiés in- candescents. W. J. Bosscaa. SUR LA CHALEUR SPÉCIFIQUE DE L'EAU A DIFFÉRENTES TEMPÉRATURES DÉDUITE DES EXPÉRIENCES DE M. REGNAULT. (Poggend. Annalen, Jubelband, page 549.) En soumettant à une critique nouvelle les expériences de M. Regnault, et tenant compte des corrections à apporter à ses mesures thermométriques, M. Bosscha arrive à exprimer ‘ La lumière qui persiste dans certains gaz raréfiés après le pas- sage de l’étincelle d’induction n’est point monochromatique dans les cas du moins où nous avons pu l’observer, mais produit un spectre blafard, continu. Cette lueur semble résulter, comme nous l’avons dit ailleurs (Archives, 1869, tome XXXIV, p. 243), d'une action chi- mique qui maintiendrait l’incandescence quelque temps après que l'effluve électrique aurait cessé de se produire. En tout cas, il nous paraît difficile d’assimiler la persistance lumineuse dans les gaz raré- fiés à de la fluorescence ou phosphorescence dans le sens habituel de ces termes. E.S, 206 BULLETIN SCIENTIFIQUE. la chaleur spécifique de l'eau à différentes températures par la formule c— 1—+-0,00022 £. Cette formule s’accorde beaucoup mieux que celle de M. Re- gnault avec les résultats de l’expérience. À A. VOLLER. MODIFICATIONS APPORTÉES PAR LA CHALEUR A LA FORCE ÉLECTROMOTRICE DE DIFFÉRENTS COUPLES VOLTAÏQUES. (Poggend. Annalen, tome CXLIX, p. 394.) Les recherches antérieures de différents auteurs tendaient à établir que la force électromotrice d’un élément voltaique est indépendante de la température à laquelle il est soumis. Contrairement à celle manière de voir, M. Voller a montré par une étude récente que la force électromotrice dévelop- pée au contact d’un métal et d’un liquide varie d’une manière très-sensible avec la température de ces corps. L'auteur a observé une augmentation de la force électromotrice avec la température entre 0° et 100° avec des couples Zn/H,S0,, C/HNO, Pt/HNO,, Cu/NaCI. Dans ce dernier cas, en particu- lier, la force électromotrice augmente de 8° à 78° des 0,17 de la valeur qu’elle avait à 24°. d Les couples Zn/Zn SO,, Zn/Na CI, Cu/Cu SO, ,Cu/Zn SO, pré- sentent, au contraire, une force électromotrice plus faible à mesure que la température augmente. Avec le couple formé de cuivre et de sulfate de cuivre en particulier, la force électromotrice augmente entre 0° et 91° des 0,43 de sa va- leur à 22°. L'auteur relève spécialement ce fait que ce sont les cou- ples, dont le liquide est un acide, qui ont présenté une aug- mentation de force électromotrice par la chaleur (le couple Cu/NaCI fait ici exception), tandis que les couples renfermant la dissolution d’un se! neutre sont dans le cas inverse. W. PHYSIQUE. 207 J. DEwaR. ON THE PHYSICAL CONSTANTS OF HYDROGENIUM. SUR LES CONSTANTES PHYSIQUES DE L’HYDROGENIUM. (Phil. Magaz., 4874, L"° série, tome XLVIL, p. 334.) Après avoir découvert la remarquable propriété que pos- sède le palladium d’absorber jusqu’à 900 fois son volume d'hydrogène, Graham pensa que ce métal formait ainsi avec hydrogène un véritable alliage à équivalents égaux. Il donna à l'hydrogène métallique contenu dans cet alliage le nom d’hydrogénium. M. Dewar s’est proposé de déterminer ce qu'il appelle les constantes physiques de ce corps, c’est-à-dire sa chaleur spé- cifique. son coefficient d’expansion et surtout sa pesanteur spécifique. Graham avait déjà fait plusieurs déterminations de la pe- santeur spécifique de l’hydrogenium, et il était arrivé par di- verses méthodes à lui attribuer 0,733 pour valeur. Ce chiffre ne se rapportant qu’au palladium complétement saturé, on comprend qu'il v avait lieu à déterminer le poids spécifique du palladium à divers degrés de saturation. Dans ce but, M. Dewar-s’est servi d’un cube de palladium qu’il chargeait d'hydrogène par l’électrolyse et dont il déterminail Le poids spécifique, à plusieurs reprises pendant l’absorption de l'hydrogène. en le pesant alternativement dans l’air et dans l’eau. En ayant soin d’exposer le métal pendant quelques heures à l’air, avant chaque expérience on peut se mettre complétement à l'abri des causes d’erreur qui, sans cela, ré- sulteraient de la sortie des bulles d’air au contact de l’eau. Les deux pesées successives fournissent le poids spécifique du palladium contenant l’hydrogène et on calcule celui de l'hydrogène absorbé au moyen de la formule WU S Di 0. : SAR dans laquelle w,; w, désignent les poids de l’alliage, S,, S, les poids spécifiques des deux corps et S le poids spécifique 208 BULLETIN SCIENTIFIQUE. moyen donné par l'expérience. Le tableau suivant résume les résultats obtenus avec cette méthode par M. Dewar. Poids du Poids du | Poids Bxpérien-| palladium | Palladium |Poids spécif-| spécifique | Poids et de el de que de la de de ces. | l'hydrogène | l’hydrogène | substance. | l'hydrogène | l'hydrogène dans l'air. | dans l’eau. calcuié. | 1....| 31.8748 | 29.1150 | 11.5488 | 0.6215 | 0.0728 ae 31.9230 | 29.0860 | 11.2520 | 0.6230 | 0.1210 | 3....| 91.942% | 29 0715 | 11.1259 | 0.6150 | 0.1405 | 4....1 31.9715 | 29.0615 | 10.9867 | 0.6081 | 0.1625 | 5....| 31.9860 | 29.0500 | 10.8944 | 0.6270 | 0.1840 | 6...., 31.9955 | 29.0455 | 10.8459 | 0.6299 0.1935 | 7..../ 32.0040 | 29.0450 | 10.8158 | 0.6388 | 0.2020 8 (quel- | ques jourst 31.9940 | 29.0325 | 10.8033 | 0.6024 | 0.1920 après) | On voit que le poids spécifique de l'hydrogène ne change * guère pendant le cours de la saturation. Sa moyenne est 0,620, ce qui correspond à un volume atomique 4,6. Le poids maximum d'hydrogène que le palladium puisse absor- ber a été atteint dans l’expérience n° 7 et l’auteur pense que ce degré de saturation peut être représenté par la formule Pd* H?. M. Dewar a répété ces expériences en sens inverse, C’est- à-dire en partant du palladium complétement saturé dont il chassait graduellement l'hydrogène par la chaleur. Cette nouvelle série d’expériences lui a fourni pour la densité moyenne de l'hydrogène métallique le nombre 0,623 peu différent du précédent. M. Dewar a aussi fait plusieurs déterminations de la cha- leur spécifique de l’alliage à trois degrés de saturation, sous deux états différents, c’est-à-dire en barre et en lame. Il a ainsi trouvé que la chaleur spécifique de l'hydrogène absorbé est plus grande avec une faible charge qu’avec une forte. Cette PHYSIQUE. 209 augmentation est surtout marquée avec le palladium en lame pour lequel la chaleur spécifique a varié de 3,93 à 5,88, tan- dis que les valeurs extrêmes pour le palladium en barre ont été 3,79 et 5,05. Enfin, disons que la chaleur spécifique du palladium même paraît avoir légèrement diminué à la suite de ces expériences. Quant au coefficient de dilatation, M. Dewar a essayé de le déterminer en pesant l’alliage successivement dans de l’eau distillée à différentes températures, mais il ne pense avoir ainsi obtenu que des résultats approximatifs. IL aurait ainsi trouvé que le coefficient d'expansion de lalliage Pd5 H° serait environ 0.000058 entre 0° et 50° et 0,000066 entre 0° et 80°, soit à peu près le double. NEGRET'II et ZAMBRA. SUR UN NOUVEAU THERMOMÈTRE DESTINÉ A ACCÔSER LA TEMPÉRATURE DE LA MER A DE GRANDES PROFON- DEURS. ( Proceedings of the Royal Society, t. XXI, n° 151.) Nous avons déjà décrit dans ce journal ' le moyen imaginé par le professeur Miller pour mettre à l’abri de la pression des couches supérieures de la mer les thermomètres desti- nés à accuser la température de l’Océan à de grandes pro- fondeurs. Ce moyen consiste, comme on le sait. à renfermer les boules de ces thermomètres dans un étui cylindrique, capable de transmettre la température tout en résistant aux effets de la pression. C’est sur ce principe que MM. Negretti et Zambra ont construit les thermomètres destinés à la grande expédition du Challenger. Malheureusement l’expé- rience Y a constaté deux inconvénients. Le premier, c’est que ces thermomètres, qui ont très-bien fonctionné jusqu’à une profondeur de 5500 mètres, ne peuvent descendre au delà sans se briser le plus souvent. Le second, c’est que ces thermomètres à minimum, construits d’après le principe de Six, tout en accusant la température la plus basse à laquelle ! Voyez Archives, 4869, tome XXXVI, p. 175. 9210 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ils ont été exposés pendant leur descente jusqu’au fond de la mer, n’indiquent pas la profondeur à laquelle ce minimum a eu lieu; en sorte que si le fond de la mer se trouvait être moins froid qu’une couche quelconque traversée par le ther- momètre pendant sa descente, les observations faites seraient nécessairement entachées d’erreur. De plus, la tendance de l'index, qui sert à indiquer le minimum, à glisser dans le tube thermométrique par l’effet de secousses qu’on ne peut pas toujours éviter, est une autre source d’erreur inhérente au principe même sur lequel les thermomètres à minimum sont construits. C’est pour parer à ces divers inconvénients que MM. Negretti et Zambra viennent de construire et de soumettre à la Société Royale un thermomètre construit sur un principe tout différent. Ce thermomètre, dépourvu de toute espèce d’index, sans air ou alcool, et ne contenant ab- solument que du mercure, est construil de manière à n’ac- cuser la température du milieu dans lequel il se trouve qu'au moment où on le renverse. C’est effectivement en retournant l'instrument, à un moment donné, de manière à rejeter dans un réservoir le mercure de la colonne indicateur, qu’on ob- lient une observalion exacte de la température à ce moment. Voici, au reste, la description de l'appareil telle qu’elle a été . communiquée à la Société Royale par les inventeurs. Le ther- momètre, dont le réservoir est mis complétement à l'abri de la pression de l’eau, est composé d’un siphon à branches pa- rallèles communiquant l’une avec l’autre (voyez la fig. 6, PI. ID). L’échelle sur laquelle ce thermomètre est fixé est arrangée de manière à pivoter autour d’un centre, et l’instrument étant at- taché perpendiculairement à un appareil très-simple qui sera décrit tout à l'heure, peut être descendu dans la mer jusqu’à une profondeur quelconque. Le thermomètre, pendant sa descente, se comporte comme un thermomètre ordinaire, le mercure s’élevant ou s’abaissant suivant la température de la couche d’eau qu’il traverse; mais dès qu’on arrête son mouvement de haut en bas au moyen d’une secousse donnée en sens inverse, et de nature à lui donner la tendance de PHYSIQUE. 211 remonter vers la surface de la mer, aussitôt l’instrument pi- vote complétement sur son centre, de facon à ce que la boule du thermomètre se trouve placée d’abord en haut, puis en bas. Il en résulle que le mercure qui était dans le tube à gauche, passe d'abord dans la courbure supérieure du si- phon, et de là dans le tube à droite où il reste immobile, in- diquant sur une échelle graduée la température exacte au moment où l'instrument a été renversé. Dans la figure, la position du mercure est indiquée telle qu’elle est au moment où l’appareil vient d’être retourné, A représente le réser- voir du thermomètre, et B l’étui cylindrique qui le met complétement à l’abri de la pression de l’eau; C représente l’espace contenant de l’air raréfié dont le volume diminue lorsque le cylindre est comprimé: D est un petit index ou bouchon en verre analogue à l'index des thermomètres à maximum, lequel, au moment où l’appareil se renverse, sé- pare le mercure de la colonne à gauche de celui de la boule du thermomètre, de facon à être certain qu'il n’y a que le mercure du tube qui puisse être transporté dans la colonne indicateur. E est un renflement pratiqué dans la partie su- périeure du siphon, qui a pour but de faciliter le passage du mercure d’un tube dans l’autre au moment du renversement de l'appareil, et F représente le tube indicateur ou thermo- mètre proprement dit. C'est au moment où l’appareil est mis en mouvement, et où le tube commence à s’incliner, que la colonie de mercure se brise au point D, s’écoule dans la courbure E, et finit par tomber dans le tube F dès que ce tube a repris Sa posilion verticale. Le moven employé pour retourner le thermomètre dans l’eau, consiste en une tige de bois ou de métal à laquelle est attachée une espèce de gouvernail ayant la forme d’un éven- lail. Cet éventail repose sur un pivot qui communique lui- même avec un second pivot, et c’est à ce dernier qu'est fixé le thermomètre. Le gouvernail, pendant la descente du ther- momèêtre dans la mer, est arrangé de façon à se diriger de bas en haut, direction qui se trouve nécessairement renver- 249 BULLETIN SCIENTIFIQUE. sée dès qu’on donne à l'appareil un mouvement ascension- el. Il suffit du simple demi-tour donné au gouvernail pour faire décrire un tour entier à l’appareil thermométrique. CHIMIE. P.-T. CLEvE. RECHERCHES SUR LES COMBINAISONS DU LANTHANE, DU DIDYME, DE L’YTTRIUM ET DE L’ERBIUM. (Bulletin de la Société chimique de Paris, tome XXI, p, 196, 246, 344.) M. Cleve à publié, dans le Bulletin de la Société chimique de Paris, une série de notices importantes sur les métaux rares contenus dans la cérite et la gadolinite. Ces articles n'étant eux-mêmes que des résumés très-succincts de mé- moires beaucoup plus étendus, il serait impossible d’en don- ner ici une analyse un peu délaillée, à moins que de les reproduire en entier. Nous ne pouvons donc que renvoyer au recueil qui les renferme les lecteurs qu’intéresse la con- naissance de ces métaux rares. Mais nous devons cependant signaler le résultat le plus remarquable de ces longues re- cherches. Jusqu'à ce jour ces mélaux avaient été considérés comme formant un groupe particulier d’éléments biatomiques. ne présentant il est vrai aucune relation d’isomorphisme bien constatée avec les autres mélaux biatomiques, mais parais- sant cependant s’en rapprocher par les propriétés de leurs oxydes el la constitution de leurs sels, plus que de tous les métaux d’une autre atomicité. On les rapprochait en général du magnésium. Les nouvelles recherches de M. Cleve conduisent au con- traire ce savant à les considérer comme triatomiques, et à assigner à leurs oxydes une formule analogue à ,celle de l’alumine. Voici, en nous bornant aux combinaisons du lanthane pri- ses comme lype de celles de tout ce groupe de métaux, les principaux arguments en faveur de cette opinion. La plupart des sulfates et séléniates doubles de lanthane CHIMIE. 213 et des métaux alcalins présentent le rapport de 1 : 3 entre l'oxygène du sulfate alcalin et celui du sulfate lanthanique. La proportion d’eau de cristallisation dans un grand nombre de sels se représente par des formules plus simples dans l’hypothèse de la triatomicité du lanthane, ainsi pour le sulfate, le chlorure, le bromure, l’hyposulfate, etc. Enfin et surtout la composition de plusieurs sels ne peut guère s’expliquer que dans cette hypothèse, comme on en pourra juger par la comparaison des formules que l’on est forcé de leur assigner suivant l'hypothèse admise sur l’ato- micité du métal : La biatomique. La triatomique. Pyrophosphate 2Ph?05,3La0,H?0+6H?0 Ph°0°,(LaH)}0?+3H?0 Chloraurate 3LaCl?,2 Au CI +20H°0 La CI, Au CI + 10 H?0 Chloroplatinate 3 LaCI?,2 P&CI“ + 26H20 La CIS, PLCIS + 13 H?0 Lans pag.) 2760) % La) CD 48H0 FeCy#, ja )CY+ HO Toutes ces considérations semblent en effet donner une grande probabilité à la théorie de M. Cleve. Elle apporterait une modification considérable dans les idées qui étaient ad- mises jusqu'ici sur la relation entre lénergie basique des oxydes et leur constitution; car nous aurions là un groupe de bases, semblables à l’alumine par leur composition, et présentant cependant le caractère de bases très-énergiques. Les relations d’isomorphisme ne paraissant pas pouvoir être invoquées dans la discussion de cette question, il serait fort à désirer qu’une détermination de la chaleur spécifique de quelqu'un des métaux de ce groupe vint fournir un argu- ment décisif. À l’occasion de ces recherches, M. Cleve a repris la déter- mination des poids atomiques du lanthane et du didyme, il a obtenu pour ces deux métaux les nombres 139 et 147 (92,7 et 98 si on les considère comme biatomiques). Parmi les sels dont la constitution est invoquée par M. Cleve en faveur de la triatomicité des métaux de ce groupe, se trouvent les chloroplatinates. D’après ses analyses de ces 214 BULLETIN SCIENTIFIQUE. sels, Le rapport entre les quantités de chlore contenues dans les deux éléments de ces chlorares doubles est celui de 4 : 3. J'ai publié récemment ! des recherches cristallographiques et chimiques sur ces mêmes sels, dans lesquelles j'avais admis des rapports un peu différents, savoir de 3:2. Il en résulte des différences assez grandes en apparence dans les formu- les que nous assignons à ces composés. Mais il est facile de voir qu’elles répondent à des résultats analytiques assez peu éloignés les uns des autres. Ma formule exige seulement une proportion de platine légèrement supérieure. Il m’a paru très-possible que j’eusse commis une erreur sous ce rapport. En effet, dans mes recherches, je m'étais surtout préoccupé de m'’assurer qu’il ne pouvait pas se for- mer de chlorure double renfermant des proportions équi- valentes des deux chlorures. En conséquence, javais toujours employé un excès de chlorure de platine dans leur prépara- tion, pour contre-balancer autant que possible la tendance à la formation de sels renfermant un excès de l’autre chlorure. Il n’était donc pas impossible que mes sels eussent renfermé un excès de chlorure de platine à l’état de simple mélange. Jugeant cette question d’une certaine importance, j'ai re- pris le chloroplatinate de lanthane dont j’avais encore une suffisante quantité et, après l’avoir soumis à une nouvelle cristallisation, j’en ai refait l'analyse. Les résultats ont été parfaitement conformes à la nouvelle formule de M. Cleve. Je ne doute pas qu'il n’en fût de même pour les sels cor- respondants de didyme et de cérium. C. M. Prof. LEEDS. ON THE DISSOCIATION OF CERTAIN COMPOUNDS AT VERY LOW TEMPERATURES. SUR LA DÉCOMPOSITION DE CERTAINS COMPOSÉS À DE TRÈS-BASSES TEMPÉRATURES. (Americ. Journ., mars 1874.) On savait déjà que le chlorhydrate d’ammoniaque dissout dans l’eau se décompose à la température d’ébullition. ! Voyez Archives, mars 1873. CHIMIE. 245 D’autres recherches ont aussi montré qu’en faisant passer un courant d’un gaz inerte tel que l'hydrogène ou l'azote à travers un sel en solution ou fondu, on met en liberté une certaine quantilé de celui des éléments de ce sel qui est vo- latil à la température de l’expérience. M. Leeds, à la suite de nouvelles expériences, arrive aux conclusions suivantes : 1° Il n’est pas nécessaire de renouveler, par un courant de gaz inerte, t’atmosphère en contact avec les particules du sel dissout pour produire la décomposition à des températures inférieures au point d’ébullition. 2° Il existe pour chaque sel une certaine température dé- terminée à laquelle on peut reconnaitre, à l’aide de réactifs suffisamment délicats, la présence d’un des éléments du sel à l’état libre. 3° Il est très-probable que la décomposition de ces sels en dissolution est analogue à l’évaporation de leur dissolvant. Cette décomposition atteint, il est vrai, un maximum, sous la pression ordinaire de l’atmosphère et à la température d’é- bullition du liquide, mais elle à aussi lieu A moins d’in- tensité, à des températures plus basses, dans certains cas, même au-dessous du point de congélation. Le réactif employé par M. Leeds était une solution alcoo- lique d’Alizarine. Suivant lui cette substance permet de re- connaître jusqu’à une partie de soude dans trois millions d’eau, et possède une sensibilité analogue pour la potasse et l’ammoniaque. Son appareil consistait en un petit ballon fermé par un bouchon de liége par lequel passait la tige d’un thermomè- tre très-sensible ainsi qu’un petit tube recourbé à angle droit. La boule du thermomètre plongeait dans le liquide et le tube recourbé contenait un petit tampon de papier d’A- lizarine séché et soigneusement préservé de l'humidité qui pouvait adhérer aux parois du tube. | Au début des expériences la température était de 147-20° C. 216 BULLETIN SCIENTIFIQUE. et on l’élevait ensuite très-graduellement de manière à ce qu’on püt disposer d’un quart d'heure environ pour chaque détermination. La réaction alcaline se manifestait clairement par un changement brusque de la couleur du papier passant du jaune au rouge. Cela dit, voici le tableau qui résume les résultats obtenus par M. Leeds en expérimentant sur quatre sels d’ammo- niaque. Réaction | Parties Réaction | Liquide. du Température.! Moy. | de la | liquide. | en 100. | vapeur. | Chlorhydrate |Faiblement ral Fortement d'ammoniaque | acide |10,60 31 01 lors alcaline » » » one » » | » 5,30 38° Alcaline » » » 39°. [380,5 » » » 2,65 39° » > Faiblement ) | » » 40° |39°,3| alcaline » » » 39° » » » 1,325 39°,39 » » » » 839°,41139°,2 » » » » 38°,39 » Sulfate d’ammo- | |. niaque Acide 145,62 50° | Alcaline | » ) » ste |80°,5l » | ÿ » 22,81 54 51° » » » » 54e | » Faiblemen » ) 11,40 50°,5 | alcaline » » » 50°,5 |150°,5 » Oxalate d’am- |Fortement Fortement moniaque alcaline |saturé à] — 1° |—1°| alcaline » » 10,50! — 1° » Acétate d’am- | | moniaque Acide saturéà) 55° | Alcaline » » 17°C AT » | | 24, 97, 28, 29, 30, 217 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES À L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE MAI 1874. assez forte bise dans l’après-midi, et jusqu’au lendemain matin. gelée blanche le matin; la neige de l’hiver a complétement disparu du grand Salève. gelée blanche le matin. il a neigé dans la nuit sur toutes les montagnes des environs, jusque sur le petit Salève ; cette neige disparaît dans la journée. forte bise de 8 h. matin à £ h. après midi. il est de nouveau tombé de la neige sur le grand Salève pendant la nuit. forte bise de 10 h. matin à 6 h. soir. faible gelée blanche le matin, minimum + 10,0. gelée blanche le matin, minimum + 00,8. faible gelée blanche le matin, minimum + 1°,2; à 28/, h. éclairs et tonnerres au Sud, pendant cet orage, il a neigé sur le grand Salève. forterosée lematin. à 73/, h. soir, éclairs et tonnerres à l'Est; toute la soirée éclairs à l'horizon, un second orage éclate un peu avant minuit. de 4 h. à 8 h. soir succession d’orages, venant du Sud et traversant la vallée en inclinant à l'Est ou à l'Ouest. Le premier, à 4 h., a passé à l'Est; le second, à 41/, h., a passé à l'Ouest, il a été le plus violent et a donné lieu à plusieurs fortes décharges et à une averse de grêle mêlée de pluie. Le der- nier orage a eu lieu à 71} h. : à 1 h.Eaprèsfmidi, éclairs et tonnerres au NO. forte bise toute la journée. rosée le matin. forte rosée le matin. rosée le matin ; le vent du SSO. souffle avec force depuis midi jusqu’au soir. ARCHIVES, t. L. — Juin 1874. 15 Valeurs DER de a pression at MAXIMUM mm D: Le 3 à 4h. après md HBAT # U9/à 40h. soir. 14... 123,68 ; Via QE LR | 1 4 9 à 4h “après midi... 715, 76. HA 10h; Soir... . 198551 ; à. | 15 à 8 h. soir ........... GTA ÿ48 18 à 60h. so RTE 726,93 : OS Ti mate... 190-937 | PPS S 93 à 4h. après midi...... 716,81 1 40 h. soiree. VILA g- 2, DENT PARENT ètre à h. imnim L F2 &l'0 Ï ‘OSS °° .. + | 791 | 900 & OS | PSS ee OU 0 FOSSES AGE EPS OS CNE UPE Te +11 Gr|e60.€ ‘ANN "| + |6gr|+#L'0|t NF | 70 + |6'€7 | 190] 81e; "|": — |6RO 1 "N 9 | 51 + |8"er | 68011 NF | 8°0€ —|0"e1| 080} emma lg | g'L 9er OO EN ee = ST) LPO NES ANT AE Let — |9'FF|e80| eIqenma lg | :'e AI 60 0 || ENG Ras Fe — | pr0 6e ZANN A: : EE 90 —|60718#016 ‘AN|''"| 90 — |8‘or|160|T Se | 9'9 9'ù —|L'or|t9 016 ‘“ANN'z | 6'0 GO L‘0I 00° | SIQUIIUA | c'0 g0 —|e0r|00 Fr ‘AN 7 | YO VO + Tr 060!€ ‘ANNIZ | L'e æ — | 16016 ‘AN r Q'T vo + 311660 21qumea Tr | 97 GE + 6111249016 ‘OSir | z'o LOT + 1977) 970 ÎT Ne at OR LIT) 060 NE ENT SE * RE | L'ET | 890118 = "OS: ‘+ LG LT | 670 | orqurea |.) -- 2 sé IL'0 ] N°: . re + |rerlecole ‘Nie--| 1ge + | ser) #rolr ‘ONN:::) ::: 0 0 | | ‘onu EEE A es | ÉTREA | Peter, y) Re DE “ayetus E LE |-yse Fat des | PU) | “que = + f 9948 Le | np Ê ‘quo ER in ro LE up} np ‘duo, dau | Mon |eteu nostnyq OSL | 08GG : 00L |OF£ 1088 | 00€ 1088 |O£€ | 069 |08G lOL6 | 069 1086 |067 |0L6 | 089 0007 | 0£L |OLR | 089 1006 | 06€ | OCOF | 097 1066 |OEL |O8L£ |0S£ 1064 |0S£ |OLL |0SF 1068 | 077 0€6 | 067 | 0T6 | 069 1006 |069 1016 | 009 1068 |0S5 |0L8 |O0LS 1079 | 06& |06Z |0C£ 10S8 |O1 I O0£L |0S8 1099 | 008 1089 |O0S£ OIL |OIS |O8ZL [OST PE EE *SAQT EU HA HOTJPANIES 9p "1981Y U4& $sap AU 69° — cr E— GC — ALTO eme "APUtION UOISH97 v] 9048 aiv9 = M: “À e] op uoisuay 00'01 FCO! £c'L 95'9 tG'S LyY | L6'E C'Y L0'9 99'G 866 8L'G 16° YG'G CG S 68€ LE 19 & FL'e ITS GT CS'£ ce'Yy “LpIUI er sap *Koït .. * mn an la elle ARE æ D M9 D — GI D 20 — O0 © D © D Où — 10 © ©, DDR MPSMDONMSSHMO D == 5 = = GI GI GI 5 D D EN D ML © | HFHIFFT MADONR OMS M ECO ON LIN © MI *“UNXEIX —_— D D LS LE LE EL a RE RE) _ " À IMDDADSDS NIMES QU D = 59 20 ED MP 19 19 DNS nODTANMONO TZ EE CPR Si en =] “HUE ormunou | duo] P] 9948 1189 —_ — Lcù FILE NSRSSS LME - co So on Disno se de sir co CCE DRPOLNIMERND— SH 1Q DE t + 01091 Y& sop AUUIÂON É *7) anJ9dua D D D LA LE AE PRE NET Mr FES QUTTITUL ‘jeu iu Analnreu tv] 90AC 9109] OG'TEL | GY'6CL GL'G6"L OT6GL 1S'GL | OS'TEL | L9'0GL | 19 SEL | ver! GC'08L LO‘C&L | 81682 | 09'8cL GL'LEL CL'GGL | | 9S'0EL | 00'08L KARTTE | SG'REL OY'£RL pete | | 68 eG9IL |SYGIL Sie 99'G6L CYIL | 68'6IL | 68912 CG VGL CO'TGL “WIfTTU ON 2 20 © I © © °U Y& cop ‘Aout anne} "aMQUWOIrH Jou's du mois. RS MA 26: MOYENNES DU MOIS DE MAI 1874 6l.m. Sh.m. 10h.m. Midi. 2h.s, #h.s. ü b.s. 8 h.s. 10 b. ». Baromètre. mm mm nm mm mm mra mm 1re décade 720,36 720,20 720,09 719,88 719,46 71927 719,45 720,03 720 32 8,19 728,41 72845 72825 72800 127.82 72198 728,20 728,51 4,93 725,12 72496 72452 123,92 723,62 723,85 724,44 724,90 Mois 72451 12459 72452 72423 72370 72357 172376 124924 72458 Température. É mn ù 0 ù en | o Û 0 tredécade+ 4,41 + 7,67 + 9,12 10,30 11,86 11,33 -H10,46 + 8,83 + 7,08 DB Op» + 5,08 + 7.18 + 8,34 + 9,79 + 9,96 + 9,76 + 9,42 + 8,44 + 7,24 3e » +141,66 14,31 +16,38 +18,31 +19,54 +20,15 18,91 +16,46 14,89 Mois “+ 7,20 + 9,87 +11,45 +12,97 +13,98 +14,02 +13,13 A1, + 9,90 Tension de la vapeur. rom min min min mm min un mi turn ire décade 4,76 4,72 ,32 3,83 3,45 3,89 4,38 4,37 4,37 2e), 9 5,66 5,61 2 4,97 5,13 9,47 5,54 5,93 5,64 7. RES 8,91 9,12 ,68 8,38 1,95 7,81 8,51 9,04 9,17 CCS 19 Mois 6,52 5,67 6.16 5,81 5,59 5,79 6,22 6,53 6,48 Fraction de saturation en millièmes. 1re décade 759 606 513 441 341 391 477 527 589 2e » 862 742 643 599 580 633 643 720 742 3e » 869 762 642 548 495 467 559 665 740 Mois 831 705 601 517 473 496 560 638 692 Therm. min. Therm.max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre. du Ciel. du Rhône. ou de neige. : 0 0 0 mm cm 1re décade + 2,84 +13,10 0,57 <+12,05 3,6 97,73 2e » + 3,31 +-11,45 0,62 <+11,07 20,8 99,32 EE + 9,97 +21,19 0,47 +14,11 50,9 110,51 Mois + 5,52 +15,44 0,55 +12,42 75,3 102,78 Dans ce mois, l’air a été calme 2,5 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 2,33 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 10,6 E., et son in- tensité est égale à 44,80 sur 100. É 7 ee ÿ Une 21 % Le ra d ji: TABLEAU OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES 5 FAITES AU SAINT-BERNARD c pendant LE MOIS DE MAI 1874. Le 1er, assez forte bise, brouillard le soir. 2, brouillard le soir. 3, brouillard tout le jour. 4, 5 et 6, brouillard tout le jour. 7, neige et brouillard tout le jour. 8, brouillard tout le jour ; quelques flocons de neige. 9, brouillard le soir, assez forte bise. 10, brouillard , forte bise et neige tout le jour. 11, tout le jour forte bise et brouillard : il est tombé un peu de neige quin'a pas pu être mesurée. : | 12 et 13, toute la journée forte bise et neige. 14, la bise est moins forte que les deux jours précédents; brouillard tout le jour et neige. 15, brouillard et neige presque tout le jour. 16 et 17, brouillard le matin et le soir ; assez forte bise. 19, brouillard et neige tout le jour, par le vent de SO. 22, brouillard et neige. 23, brouillard depuis midi. 24, brouillard le matin; pluie le soir. 25, brouillard le matin; pluie à midi. 26, brouillard le soir. 27, brouillard le matin. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. k MAXIMUM. MINIMUM. “à mm + mm : Le ‘34° 6 h. soirs... 11950 He G'a10/h soir RTS 558,74 rs 9 à 2h. après midi...... 551,46. Eh à 10h. sûir... 2.0 868.06 44 46. à* 6h. matin. à. 44 2.419608 20/32 80h. soi. 84 22 où ce 500:01 LS 24 à 6 h. matin ......,... 557 DA COS SUP vems ù 0 1d,00 | RE SAINT-BERNARD. — MAI 1978. É Baromètre. Température C. Pluie ou neige. HA A Hauteur | Ecart avec oyenne cart avec la au < £ CHR TER & HRUPREE Minimum. | Maximum. 2% te orme. |" Minimuu |Maxuaum* M os Fonte tan cree dominant. sm. es EE, rennes. | hist méme De me | | millim. millim. millim. millim, d 0 U u millim. | millim 559,50 | — 3,22 | 558,68 | 560,16 | — 1,63 | — 0,90 | — 3,1 | + 2,2 | .... Se 4 Pr NE. 2 556,53.| — 6,29 | 555,26 | 557,27 | — 5,99 | — 4,71 | — 8,6 | — 2,0 || . ... Froe Ce NE. 1 554,03 | — 8,89 | 553,45 | 554,75 | — 5,98 | — 4,84 | — 7,8 | — 3,4 | ..... AE + SO 1 555,40 | — 7,62 | 554,15 | 556,65 | — 7,39 | — 6,39 | — 8,8 | — 3,7 A 2 & € PS NE. 1 556,33 | — 6,78 | 555,94 | 556,74 || — 6,97 | — 5,41 | —11,0 |! — 0,9 || ..... AE a NE. ‘1 557,97 | — 5,23 | 557.24 | 558,74 | — 4,16 | — 3,44 | — 9,0 | + 2,0 || .... PS k NE. 1 557,82 | — 5,48 | 556,63 | 558,52 | — 3,81 |! — 3,23 | — 5,0 | + 0,4 70 6,9. : variable 551,96 | — 8,44 | 554,95 | 555,74 | — 5,921 | — 4,77 | — 8,3 | — 1,2 | .... Le. RE NE. 1 551,66 | —11,84 | 551,46 | 552,01 | — 7,63 | — 7,33 | —11,2 | — 3,9 UNE LES «46 NE. 2 553,08 | —10,52 | 551,50 | 555,42 | — 7,50 | — 734 | — 9,0 | — 4,2 40 3,8. «2 NE. 2 556,25 | — 7,44 | 555,89 | 556,53 | — 6,63 | — 6,61 | — 8,9 | — 3,6 || ..... FRE Es NE. 3 556,85 | — 6,94 | 555,46 | 538,49 | — 7,16 | — 7,98 | — 8,7 | — 5,0 | ..... SENS KA NE. 3 561,39 | — 2,50 | 558,79 | 563,75 | — 6,69 | — 6,95 | — 8,2 | — 5,1 || ..... MS mp. NE. 2 564,74 | + 0,75 | 563,70 566,06 | — 4,26 | — 4,66 | — 5,3 | — 0,9 45 4,0. “oi NE. 2 563,60 | — 0,49 | 561,10 563,65 | — 3,74 | — 4,27 | — 7,8 | — 0,9 50 49, AL NE, 1 561,79. | —:2,39 | 560,62 162,83 | — 9,45 | —10,11 | —10,2 À — 7,3 | .... .. …. NE T2 561,99 | —"9,935 | 561,03 562,31 | — 7,72 | — 8,52] —10,7 | — 4,9 | ..... UE ee NE. 2 561,59 | — 2,79 | 561,04 562,60 | — 4,98 | — 5,91 | — 8,2 | — 1,6 | ... nue MC NE. il 563,09 | — 1,39 | 562,49 563,53 | — 3,56 | — 4,62 | — 5,3 | — 0,5 200 18,4 … SO. l 565,2 + 0,64 | 563,92 566,01 | — 1,81 | — 3,00 |! — 6,8 | + 1,6 | ...… RES se SO. 1 565,71 | + 1,05 | 565,61 | 565,92 | + 1,34 | + 0,02 — 2,0 | + 4,2 es Re FR. SO. 1 563,08 | — 1,68 | 561,65 | 564,33 | — 1,93 | — 2,68 : — 0,9 | + 0,1 104 15,6 vel el 559,74 | — 5,19 | 558,65 | 560,64 | + 0,14 | — 1,44 : — 1,7 | + 3,9 | ..... sr 0re .... || calme 558,72 | — 6,23 | 557,69 : 560,08 | 1,25 | — 0,46 0,0: + 4,6 |... KR PR NE, 1 560,75 | — 4,29 | 560,15 | 561,20 | — 9,34 | + 0,51 1 Le PR ER FN PAR CRT RE 2 AC NE. 1 561,40 | — 3,73 | 561,14 | 561,80 | + 1,79 | — 016 + 0,5 | + 5,8 | ..... MERE ch si NE. 1 862,74 | — 2,49 | 560,97 | 565,01 | + 1,45 | — 0,62 | + 01 | + 4,3 | .... Fee is NE SEE 567,38 | + 2,06 | 566,08 | 568,53 | — 41,37 | — 0,82 | — 8,0 | + 4,5 | ..… Es ses LINE 273 869,58 | + 4,17 | 568,97 | 870,36 | + 6,01 | + 3,70 | + 1,0 | -+10,2 | ....… tes A En 570,80 | + 5,30 | 570,20 | 571,31 || + 8,68 | + 6,25 | Æ 3,5 | 12,8 | .. .. ARE RUE calme 573,07 | + 7,48 | 572,27 ! 573,88 | + 8,19 | + 5,57 | + 4,3 | 412,3 | ..... rARLt CR NE LA FERRÉ RL * Cesftolonnes renferment la | plus basse et la plus élevée des Températures ubservées d 6 h. matin à 40 h. soir. œ Clarté muyenne du Ciel. ee 0,21 | 40h.m. Midi 2h.s. Baromètre. mm mm : mm mm mm mm mm nm {re décade 555,73 555,66 555,:0 555,72 555,69 555,173 555,79 555,93 2 » 560,95 561,12 561,39 561,70 561,78 561,61 561,89 562,19 de » 56442 56456 564,74 564,88 564,71 564,89 56491 565,16 Mois 560,50 560,58 560,74 560,90 560,85 56088 560,99 561,23 Température. % RU eu dencudo uit ge — 182 — 548 — 640) Le Se >», OAI EH 3, 26 + 468 + 608 + 545 4 455 + 349 + 2,64 + 20 48 Mois — 4,81 — 2,38 — 0,89 + 0,60 + 0,15 — 0,76 — 2,06 — 2,90 — 3,5 Min. observé.” Max. observé.” Clarté moyenne Eau de pluie Hauteur dela du Ciel. Ou de neige. neige tombée. (0 0 mm mm x {re décade — 8,15 — 1,47 0,79 10,7 110 2% » — 8,01 — 2,75 0,73 26,6 295 3e » + 0,16 + 6,29 0,57 41,8 104 Mois — 5,16 + 0,87 . 0,69 79,1 509 Dans ce mois, l’air a été calme 9,3 fois sur 100. Le He da des Eh du NE. à ceux du SO. a été celui 165 5,39 à 1,00. tensité est égale à 88,2 sur 100. * Voir ia note du tableau EPA AN (77 Archives des Sciences phys. et nat. 1874, Tome L. s ——_ De 1 CR LE LR Fu NEGRETTI & ZAMBRA LONDON . COTE li. FE Noverraz. Genève SUR LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE DANS L'AURORE BORÉALE ET LE SPECTRE DU MÈME PHÉNOMÈNE D'APRÈS DES OBSERVATIONS FAITES PENDANT UN VOYAGE DANS LA LAPONIE FINLANDAISE EN 1871 ! PAR M. SELIM LEMSTRÔM Agrégé à l’Université d'Helsingfors. Sur la décharge électrique dans l'aurore boréale. $ 1. L'électricité atmosphérique se décharge sous des formes très- variables, mais en général on peut dis- tinguer deux groupes principaux que l’on pourra nom- mer : décharges violentes et décharges lentes. Au premier des deux appartiennent la foudre globulaire, l'éclair de première espèce et l’éclur de seconde espèce d’Arago. Au second l’aurore boréale et tous ces phénomènes lumi- neux singuliers qui se passent ou près de la surface de la terre, ou dans Îles hautes régions de l'atmosphère et que nous allons ici examiner de plus près. Il y a une dif- férence remarquable à noter entre les deux espèces de décharges, à savoir que la première espèce se produit toujours entre deux nuages ou entre un nuage et la ! Le voyage fut fait aux frais de la Société scientifique de Finlande pour un but météorologique. ARCHIVES, t. L. — Juillet 1874. 16 FN? . 226 DÉCHARGE ÉLECTRIQUE terre*, tandis que la seconde espèce s’accomplit le plus souvent sans nuages ; mais elle peut aussi avoir lieu entre deux nuages ou entré un nuage et la terre. Il est évident que les deux espèces de décharges dépendent de la ten- sion électrique des corps entre lesquels elles ont lieu, ainsi que du pouvoir conducteur du milieu. Si, entre les corps électriques, il se trouve un bon isolateur, comme, par exemple, de l'air sec, la décharge est violente; mais si l’isolateur est moins bon, elle est lente, L’éclair de se- conde espèce peut être regardé comme étant sur les li- mites des deux types de décharges. On sait que les opinions concernant l’aurore boréale ont beaucoup varié et que ce n’est qu'après de longs dé- bats qu'est née l’idée qui, selon moi, est à présent la plus répandue, c'est-à-dire que l'aurore boréale est un phé- nomène qui consiste en une décharge de l'électricité at- mosphérique. Publiée depuis longtemps, cette opinion a gagné du terrain avec les théories de MM. Peltier et A. de la Rive. Dans un mémoire de M. Dellman (I. c.) sur ce sujet, où il examine les différentes opinions qui peu- vent être regardées comme des explications scientifiques de ce phénomène, la théorie magnétique et la théorie aéroélectrique, il conclut que cette dernière doit avoir la préférence. Sans pénétrer dansles détails de ce mémoire, je veux en faire ressortir un côté. M. Dellman estime que si l’au- 1 Cette considération a amené le Dr Dellmann (Zeitschrift für Math. u. Phys. 6. Jahrgang, 1861, p 175) à établir une distinction entre l'é- lectricité des nuages et celle de l'air. Toutefois cette différence tient simplement à ce que l'électricité des nuages se trouve amassée sous une plus grande tension dans un conducteur relativement bon, tandis que l’autre est répandue sur un très-grand espace qui est mauvais conducteur. DANS L'AURORE BORÉALE, ETC. AT rore boréale est une décharge électrique, comme on tend de plus en plus à l'admettre, le phénomène ne doit pas se produire exclusivement aux environs des pôles. Par une série de faits recueillis dans les publications de divers savants, il cherche à établir que des phénomènes de la nature de l’aurore boréale ont été observés et décrits dans plusieurs régions du globe. Il serait trop long de citer toutes ces observations, je renvoie donc au mémoire même et n’expose que les plus importantes. Au Pérou, en Bolivie et au Chili on a observé sur les cimes des montagnes une lueur singulière qui a été com-. parée à celle qui se montre dans l’éclair de seconde espèce. Un grand nombre d’observateurs ‘ ont examiné ce phéno- mène, mais leurs opinions diffèrent. Entre tous les sa- vants qui l'ont observé, Dellman regarde Tschudi comme le plus sûr, et celui-ci décrit le phénomène comme une lueur, continuée sur les sommets et les cimes. Elle se montre avec la plus grande intensité pendant les mois d'été ; elle commence dès que le soleil est cou- ché et dure jusqu’à minuit. Parfois le phénomène semble s'élever de quelques degrés au-dessus de l’horizon. On l’observe le plus distinctement pendant les nuits d’été, mais elle ne se montre pas chaque nuit, elle disparaît pour quelque temps pour recommencer avec une nou- velle force. En mettant de côté toutes les autres explica- tions de ce phénomène, M. Dellman ne s’attache qu’à celle de Tschudi qui le regarde comme semblable à l'éclair de seconde espèce. Il est évident que l’on a ici affaire à une décharge électrique de la nature de l’aurore boréale, à juger da moins par les circonstances particulières qui l’accompa- ! Selon Dellmann (1. c.), Tschudi, Maesta et d’autres. 298 DÉCHARGE ÉLECTRIQUE gnent et surtout à l’état électrique de l'air. On observe: généralement avec ce phénomène une haute tension dans l'électricité atmosphérique, tandis que le tonnerre éclate très-rarement. Dans quelques endroits, par exemple le désert Abacama, la quantité d'électricité atmosphérique est telle que le passage en devient presque AR EMAAIÉ pendant les mois d'hiver. M. Dellman parle aussi de l'observation faite par Cas- tren, en Laponie : « On voit souvent les sommets des montagnes entourés d’une lueur légère, Cette lueur sem- ble s'élever du roc même, comme la flamme du cratère d’un volcan. Elle se répand sur tout le ciel, flamboie un instant et disparaît pour s'élever et disparailre de nou- _ VEAU, » À cette classe de phénomènes appartiennent sans doute les observations qui ont été faites sur les Alpes et au Mexique, et qui sous le titre de « Observations sur le bourdonnement électrique des montagnes, » ont été pu- bliées par M. Henri de Saussure '. Le phénomène a été vu en plusieurs occasions par différents savants : le 22 juin 4865 sur le Piz Surley, environ 3200 mètres; au mois d'août 1856 sur la Nevada de Salula, au Mexi- que, et le 19 mai 4845, d'un autre savant, Craveri, à la même place. Les circonstances relatées par les divers ob- servaleurs ont présenté une grande analogie. Pendant que les cimes des montagnes étaient entourées d’un nuage d'où tombait du grésil, une lente décharge d'électricité avait lieu de manière qu’un courant d’étincelles sortait de tous les objets proéminents, des cimes des montagnes et de leurs pentes, des doigts, et des oreilles des voya- 1 Archives des Sciences physiques et natur., 1868, & XXXI, p.15. DANS L'AURORE BORÉALE, ETC. 299 geurs, etc. La décharge était forte surtout dans les bà- tons des voyageurs qu'on avait mis de côté à la visite sur le Piz Surley, et qui donnaient un son mugissant pendant que dura le phénomène, quelle que fül leur position. Dans toutes ces occasions on remarqua des orages dans le lointain, M. Craveri a encore observé un phénomène semblable sur la cime du Popocatepelt, le 15 septembre 1855. Des observations du même genre ont été faites : 1767, par M. B. de Saussure, sur la cime du Brévent, en société de Pictet et de Jacobert. 1856, au mois de juillet, par M. Alizier, de Genève, sur la cime de l'Oldenhorn. 1863, au mois de juillet, par M. Spence Watson, sur ie sommet de la Jungfrau. Enfin par M. Forbes, au Saint-Théodule. Il est clair que ces phénomènes ressortent avec un éclat particulier pendant la nuit, et M. Blackwall en a aussi observés sur le Mont-Blanc, la nuit du 41 août 1854. On doit ranger aussi dans la même catégorie les phé- nomènes singuliers qui ont été observés par M. Quique- rez, près de Courlamon, c’est-à-dire une flamme élec- trique, volligeant au-dessus des prairies et qui provenait, sans doute, de ce qu'un nuage électrique flottait tout près de la terre et se déchargeait en des milliers de petites étincelles. Après cette énumération M. Dellmann ajoute : « Si l'on rapproche les observations que nous venons d'indiquer, on y remarquera divers traits communs : 1° L’écoulement de l'électricité par les rochers culmi- nants des montagnes se produit par un ciel couvert, chargé de nuages bas, enveloppant les cimes ou passant Mu Es 7 VER né nl: 1 Ÿ Fi Ÿ LR s+ ‘1 AL Aa « CE | TON AU 230 DÉCHARGE ÉLECTRIQUE à une petite distance au-dessus d’elles, mais sans qu'il y ait des décharges électriques au-dessus du lieu où se produit l'écoulement continu. Il semble donc que lorsque cet écoulement peut se produire, il soulage assez la tension électrique pour empêcher une décharge violente, 2° Dans tous les cas observés, le sommet de la mon- tagne était enveloppé par une giboulée de grésil, ce qui doit faire supposer que l’écoulement continu de l’électri- cité du sol vers les nuages n’est pas étranger à sa for- mation et probablement aussi à celle de la grêle, etc. Une observation qui à fait beaucoup de bruit est celle faite par M. Paul Rollier qui, pendant le siége de Paris, arriva en ballon dans une contrée montueuse de la Nor- wége, Lide, à une hauteur d'environ 1300 mètres, où tout était couvert de neige”. Voici son récit: «Par un brouil- lard peu épais on pouvait voir reluire des rayons brillants de l'aurore boréale qui répandait partout une lumière singulière. Bientôt après on entendit un son étrange, un mugissement inconcevable. Le mugissement finit, et alors on sentit une odeur de soufre, forte, presque suffocante. » Les circonstances romantiques dans lesquelles ces obser- vations furent faites ont beaucoup contribué à y attacher l'attention du monde scientifique. À ces observations, on peut ajouter celles qui furent faites au Spitzberg dans l'expédition polaire de 1868*, sur les phénomènes de lumière autour des cimes des montagnes. On a prouvé, à l’aide du spectroscope, que ces derniers, très-semblables du reste aux phénomènes 1 Archives des Sciences physiques et natur., juillet 1871, t. XLI. 3 Comptes rendus de l’Acad. des Sciences de Suède, 1869, n° 7, p. 670 et 672. — Archives des Sciences physiques rt natur., juin 1871, p. 142. DANS L’AURORE BORÉALE, ETC. 231 dont il vient d’être question, étaient de même nature que l’aurore boréale !. Pendant l'expédition en Laponie, on voua une attention toute spéciale à cet ordre de faits et les résultats confir- mèrent sous tous les rapports les observations antérieures. Du presbytère d'Enare, dans la Laponie finlandaise, d’où ces observations se faisaient, on voit à une distance d’en- viron deux lieues à l’O.-S.-0. les cimes de la montagne d’Atsamovaard, et à une distance d'environ une demi- lieue à l'O.-N.-0. les cimes de Luosmavaara. Quand le temps était humide, j'avais souvent eru voir, autour de ces cimes, des apparences lumineuses qui, en forme de flammes rayonnantes, voltigeaient de côté et d'autre avec une grande rapidité, surtout sur le sommet du Luosma- vaara. Le 22 novembre, ce phénomène était plus distinct qu’à l'ordinaire et je l’examinai alors avec le spectroscope. La fente étant dirigée de telle sorte que la lumière du som- ! Dans le mémoire où j'ai rendu compte des observations de l’au- rore boréale dans l'expédition polaire de 1868, j'ai omis un phéno- mène qui se montrait sous une forme bien singulière. L'observation a été faite sur le bateau à vapeur Sofia, qui se tenait à l'ancre auprès de l'ile Amsterdam, dans le golfe de Smeerenberg, le 1e" septembre. La partie septentrionale de l’île consiste en une vaste plaine au delà de laquelle on voit la mer. Il commençait à neiger légèrement, et l’on pouvait très-bien voir que les flocons tombaient obliquement ; tout à coup apparut un phénomène lumineux qui, partant de la surface de la terre, montait tout droit et coupait les raies de neige sous un certain angle. Tout le phénomène ne dura que quelques secondes. Une personne digne de foi qui passait en hiver par une forêt, dans les environs de Pielisjärvi en Finlande, a fait une observation bien remarquable. Un mugissement subit se fit entendre dans la forêt et des jets de lumière apparurent au bout des branches des arbres; tous les détails s'accordent pour prouver que c'était une décharge électri- que. Quelques ouvriers qui étaient présents ont assuré que le fait est très-fréquent. AN dE LES NE AE ML CS ETS RER Ve D AE PO LA NA GE LT i ETAT A Pen L'REN dx 292 DÉCHARGE ÉLECTRIQUE 4 met pouvait y pénétrer, la ligne jaune caractéristique se \ montra avec la plus grande clarté, et d’une manière qui permettait à peine de douter que la réaction ne provint des flammes qui s’échappaient de la montagne. Le phéno- mène ne se montrait pas constamment, mais augmentait et diminuait d'éclat tour à tour. Son intensité variait à chaque instant, et en même temps j'ai pu observer la + variabilité singulière de la raie jaune que j'avais déjà constatée précédemment et qui annonce une source de lamière discontinue *, Cette raie spectrale s’observait non- seulement lorsqu'on visait la montagne, elle se montrait aussi, quoique bien pius faible, lorsque la fente était diri- | gée vers un lac couvert de neige, un toit aussi couvert ar de neige et même de la neige tout près de l'observateur. J'ai vu aussi, mais très-indistinctement, soit un spectre continu, soit le groupe des deux bandes spectrales vertes; mais nous en parlerons plus tard. $ 2. De toutes ces observations, il résulte avec la plus grande probabilité que les décharges semblables à l’au- rore boréale ont lieu aussi dans les couches inférieures de l'atmosphère et cela non-seulement dans les contrées polaires, mais aussi en d’autres lieux où les circonstances sont favorables. J'insiste sur ce fait que j'ai retrouvé la réaction spectrale caractéristique de l'aurore boréale sur la neige, tout autour de moi, et j'en conclus qu'une dé- charge, qui ne se voyait pas sans spectroscope, avait lieu \ sur la surface du sol et que celle-là se serait montrée de loin comme une faible lueur-d’aurore boréale. On peut en tirer encore une conclusion, c’est que la décharge qui constitue l'aurore boréale est en général répandue sur t Comptes rendus de l'Académie de Suède, 1. c., et Archives des Sciences phys. et natur., |. c. une très-grande surface. Je remarque en outre que lors- qu'on n'est pas certain de la nature d'un phénomène lumineux de cetie sorte, le spectroscope est un moyen sûr pour découvrir si on a affaire à de la lumière polaire. car dans ce cas la ligne jaune caractéristique apparaît sûrement. De même que le spectroscope s’est montré propre à observer les raies brillantes des protubérances, parce que la Jamière du soleil se répand sur tont le champ spectral, tandis que la lumière, des protubérances, se concentre en quelques lignes, il arrive ici qu'une lumière étrangère, comme celle du clair de lune ou des nuages luisants, disparaît auprès de la réaction spectrale de l’au- rore boréale qui se concentre en une seule ligne. Pour reconnaitre si ces phénomènes se montraient aussi dans des contrées méridionales, j'ai fait Phiver passé, ici, à Helsingfors, des observations analogues chaque fois que les circonstances me parurent favorables, par exemple lors des changements de temps; mais ces observations ont donné un résultat négatif, ce qui tient peut-être à ce que je n'avais pas une vue assez étendue du point où je Les faisais. $ 3. J'ai fait ailleurs un résumé de toutes les raisons qui parlent en faveur de l'origine électrique de l'aurore boréale. Les principales sont : les effets électromagnéti- ques du phénomène, la ressemblance singulière de la lumière avec la lumière électrique dans l'air raréfié, les résultats de l’analyse spectrale, la hauteur variable du phénomène sur la surface de la terre, surtout dans les contrées polaires, le nombre décroissant des orages de l’équateur vers les pôles, les décharges de la nature de l’aurore boréale qui s’accomplissent entre des couches de LR k L'ÉCRSSI F} 234 DÉCHARGE ÉLECTRIQUE nuages, le fait que le phénomène change de place et ne se montre pas toujours autour du pôle magnétique, etc. Pendant qu’à l'équateur il y a en moyenne 52 orages par an, on peut admettre qu'il n'y en a plus ou à peu près plus à partir du 70° degré de latitude nord, et la cause en est évidemment que la décharge a changé de forme, qu’elle a passé de l’état de foudre à celui d’aurore boréale. En passant par la Laponie, j'ai pris des informations concernant les orages dans les contrées septentrionales, el j'ai appris que leur nombre y est relativement petit, mais qu’ils sont d’une très-grande violence. La plupart des personnes que j'ai questionnées avaient été présentes à un coup de foudre, et en considérant le petit nombre des habitants en Laponie, ce fait aura une plus grande valeur. En outre dans ces contrées on observe souvent l'éclair sous forme d’une boule de feu. Si incomplètes que soient ces observations, il me semble pourtant qu’elles indiquent que plus on s'approche du nord, plus les orages s’abais- sent vers la terre affectant souvent la forme d’éclairs glo- bulaires, ce qui a probablement sa cause dans l'humidité relative de l’air. En hiver, les nuages descendent très-bas et on les voit souvent devant des sommets de montagnes qui ne sont point hauts. Les sauts brusques étant inad- missibles dans les lois de la nature, cet abaissement des orages parle aussi en faveur d’une transformation gra- duelle de l’orage en aurore boréale, de sorte que celle-ci commence quand celui-là a touché la terre. Quant aux effets électromagnétiques de l'aurore bo- réale, j’en ai fait l’objet de quelques observations combi- nées avec une étude expérimentale du courant terrestre (Erdstrom de Lamant). Cette étude fut faite à Kittilà, sur DANS L’AURORE BORÉALE, ETC. 23% deux fils isolés, de cuivre d’une épaisseur de 0,4"®, ten- dus dans deux directions perpendiculaires, nord-sud, est- ouest, et portés par des poteaux enfoncés en terre. Ces fils: avaient une longueur de 2000 mètres à peu près; ils se terminaient à chacune de leurs extrémités par une plaque de platine ayant une longueur d’un décimètre environ et: une largeur d’un demi-décimètre enterrées dans une po- sition verticale, Partant de ces plaques, les fils pénétraient dans l'intérieur d’une chambre où ils aboutissaient à un galvanomètre, accompagné d’un magnétomètre de Weber. modifié par M. Edlund. Le multiplicateur consistait en trois couches de fil de cuivre isolé, lesquelles pouvaient. être combinées de différentes manières et le couple d’ai- guilles astatiques pendait à un fil d'argent fin dont la tor- sion était la principale force dirigeante ; la lecture se fai- sait au moyen d’un miroir et d’une échelle. Sous l’action du courant terrestre, ce galvanomètre donnait une assez. grande déviation dans la direction de l’est-ouest, et quand: il se produisait une aurore boréale, ces déviations subis- saient de grands changements. En même temps les instru ments de variations magnétiques montraient une grande: perturbation. Nous montrerons ensuite qu’il n’y a pas liew de regarder ces variations des déviations galvanométriques: comme des phénomènes d’induction produits par l’aurore- boréale, mais qu'il faut les prendre pour des perturba- . tions dans le courant terrestre même. Parfois j'ai cru re- marquer un tremblement dans le couple d’aiguilles dx galvanomètre, comme si des courants momentanés tra versaient le galvanomètre en directions opposées ; mais je n’en suis pas entièrement convaincu. Le caractère géné ral que présentaient les variations d'intensité du courant terrestre n’était pas de nature à dénoter des décharges Ce 0e, EE me 2 . Fins S ? "! # 2336 DÉCHARGE ÉLECTRIQUE d’induction subites: les variations se produisaient assez lentement. Arrivé au presbytère d’'Enare, j'ai placé le fil et le galvanomètre ainsi que les instruments de variation ma- gnétique de la même manière qu'à Kittilà. A mon grand étonnement, le courant terrestre donna ici de si petites déviations qu’on pouvait à peine les mesurer, et malgré des aurores boréales très-violentes on n’a pu remarquer aucun effet sur le couple d’aiguilles. Les fils furent soi- gneusement examinés et ne présentèrent aucun défaut de continuité; les plaques de platine étaient si profondé- ment enterrées qu’elles se trouvaient dans une terre qui n'avait point été gelée, car le froid était si dur que la ge- lée avait pénétré dans la terre environ 4,25 pieds. Je conclus de cet essai que les variations d'intensité du cou- rant terrestre observées à Kittilà avaient été causées par des perturbations dans ce courant même et non par des effets induction. On pourrait peut-être chercher la cause de æes perturbations dans des courants directs, produits par £efte même électricité qui se décharge dans l'aurore bo- réale. Dans cette hypothèse Enare serait trop septentric- nale, se trouvant, pour ainsi dire, au milieu de la décharge, pour que ces courants y puissent être appréciables. Si ces variations sont des perturbations dans le courant ter- estre même, il faudra en conclure qu'il y a une cause commune pour ces perturbations, pour les perturbations magnétiques et pour les aurores boréales, cause qu'il faudra chercher hors de la terre. Ce point ne pourra être éclairei que par des recherches continues. Pour donner Ales résultats satisfaisants, ces observations devraient être faites en même temps sur plusieurs points de la terre, et DANS L'AURORE BORÉALE, ETC. 237 ce qu’on vient de voir prouve qu'un de ces points am moins devrait être choisi dans les régions polaires. J'ai essayé en même temps d'examiner la tension sta- tique électrique, mais je n’ai obtenu que des résultats négatifs, évidemment par manque d'isolation, car l’élec- troscope qui, dans une chambre et sous l’action d’un bà- ton de cire électrisé, donnait une grande déviation, ne donnait pas en plein air la moindre déviation, quoique l'air dans l'intérieur de l’instrament eût été séché avec du chlorure de calcium. Ces recherches se firent sur la Luosmavaara, parce que toutes les observations ont prouvé que plus on monte dans l'atmosphère, plus l'électricité augmente. Enfin, je crois devoir citer üne expérience qui n’a pas, il est vrai, donné de résultat décisif, mais n’en est pas moins de nature à provoquer de nouvelles et importantes recherches. Si l’aurore boréale est une véritable décharge électrique, elle doit agir sur un gaivanomètre. En partant de cette idée, j'ai fait l'expérience suivante : un fif isolé par de la soie courait sur la neige du galvanomètre jus- qu'au sommet de Luosmavaara, environ une demi-lieue, et Là il aboutissait à un appareil destiné à recueillir l’élec- tricité. Cet appareil était composé d’une couronne de pointes de fils de cuivre poli, qui étaient en connexion les uns avec les autres et avec le fil conducteur. L’autre extrémité du fil du galvanomètre était reliée à une plaque de platine, destinée à recueillir l'électricité. Déjà, avant que l’appareil enfoncé en terre fût en ordre, le galvano- mètre donna une déviation de 0,3 division d'échelle; I communication ayant été établie après que cet appareil eut été placé sur un poteau élevé planté au sommet de la montagne, on observa plusieurs fois 0,5 et jusqu’à. 4 dam ter ti, Re Vel led D: PIN 2 FAP AN 4! pe LR E eue a TEE NAME NP NET AE AS NE La RO CE ARR OS SCC EE PA MES, Fun N fra A , CNT = 4 à | 238 DÉCHARGE ÉLECTRIQUE 4,8 divisions d'échelle. Il se produisait donc un renfor- € 1 es Ç r NS es SEE 2 ri | ; 2x4 #7 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. des lambeaux de trias et de lias reposant en couches horizontales et à des niveaux divers sur les tranches des couches presque verticales des schistes cristallins ou des grès à anthracite (Aiguilles-Rouges, montagnes de l'Oi- sans, etc.). Ces terrains anciens étaient donc déjà redres- sés et disloqués avant le dépôt du trias. Dans les dislo- cations postérieures, les terrains anciens déjà consolidés n’ont pu subir que des glissements relatifs; les couches secondaires se prêtaient, au contraire, à des contourne- ments; c’est ainsi que ces couches, restées horizontales sur les sommets, peuvent se trouver redressées sur les flancs des chaines. Les intercalations de coins de roches secondaires dans les roches cristallines, signalées par M. Studer, peuvent s'expliquer de la même manière, Ceci se passait dans la première zone alpine. Dans les zones plus rapprochées du versant italien, ces roches cristallines n’ont été bouleversées qu'après le dépôt des terrains ju- rassiques et présentent des voûtes régulières. Depuis la publication des notes de M. Heim et de M. Lory, M. Sruper' a encore affirmé d’une manière plus positive sa manière de voir. « Tous les faits, dit-il en parlant des coins calcaires intercalés dans les gneiss, don- nent la conviction que le gneiss a entouré et enveloppé les couches de calcaires sous forme de masse tendre, et qu’il faut considérer ses plans de division, non comme des couches déposées d’abord horizontalement, mais comme le résultat d’un crevassement ou d’une schistosité postérieure à son apparition.» M. Studer ne regarde pas, du reste, le gneiss comme ayant apparu à l’état de fu- 1 Mittheil. naturf Ges. Bern, 1873. 285 dans leurs parties superficielles. El constate qu’on connait 286 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. sion ignée, Ce qui serait contraire aux phénomènes de contact. Dans une autre note", le même auteur indique et figure le contact du granit et des schistes cristallins sur la rive gauche du glacier de l’Aar. Ces derniers sont traversés par des filons de granit du Grimsel qui en enveloppe des fragments plus ou moins considérables. Necker a fait une observation semblable près de Valorsine au pied nord des Aiguilles-Rouges. Dans ces deux localités, le granit n’a pas de structure tabulaire ; il est massif; 1l doit être plus récent que les schistes cristallins puisqu'il les pénètre, et la formation de ces derniers parait aussi postérieure à celle des calcaires secondaires, puisqu'on trouve, sur le prolongement de cette zone, les intercalations et les coins de calcaires secondaires des Alpes bernoises. M. pe Fritsca* regarde les gneiss et les micaschistes du Saint-Gothard comme des roches stratifiées. C’est, d’a- près lui, la seule manière d’expliquer la variété des cou- ches qui succèdent les unes aux autres, et d’autres faits de même nature. La structure en éventail n’est pas, d’a- près lui, le résultat d’une voüte ou d’un pli, car on ne voit nulle part, sur les flancs à égale distance des cou- ches verticales du centre, des roches semblables. Élle n’est pas non plus le produit de l’éruption de roches ignées, car on devrait trouver dans le centre de l'éventail les roches les plus compactes, et c’est précisément le contraire qui se présente au Saint-Gothard où cette région est occupée par les micaschistes tandis que le granit se trouve sur le flanc sud. Cette structure pourrait être l’ef- fet de la pesanteur qui aurait fait étaler peu à peu en { Mittheil. naturf. Ges. Bern, 1874. 2 Das Gotthardgebiet. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 287 éventail des roches primitivement plus ou moins vertica- les; ainsi s’expliquerait en partie le fait que les couches se rapprochent plus de l'horizontale dans la partie supé- rieure da faisceau que dans sa partie inférieure, comme le représentent les belles coupes données par M. de Fritsch. Métamorphisme. M. A. MuzLER' a poursuivi ses re- cherches sur le métamorphisme. Les quartzites, les gneiss et les micaschistes à quartzite, si puissants dans les Alpes centrales, proviennent, suivant ses observations, d’un mé- tamorphisme des grès par linfiltration du quartz, du feldspath et du mica. Ces roches paraissent appartenir en grande partie aux formations paléozoïques, particulière- ment au dévonien et au carbonifère, D’autres gneiss des Alpes paraissent être des calcaires et des marnes modi- fiés par une introduction de feldspath. Les transforma- tions des schistes métamorphiques tels que les schistes argileux, les micaschistes, les talcschistes et les schistes amphiboliques, ne proviennent pas seulement d’une cris- tallisation sous l'influence de la chaleur, mais doivent être considérées comme de vraies modifications chimiques produites par l'introduction ou la séparation de substan- ces en dissolution. M. Muller donne une classification des diverses sortes de métamorphismes qu'il divise en plu- sieurs groupes. Terrains paléozoïques. M. BareTrTi * s’est rattaché complétement à la classi- fication adoptée par M. Gastaldi pour les terrains sédi- mentaires anciens des Alpes. 1 Ueber Gesteinmetamorphismus. Verhandl, Basel, 1873. ? Bull. del Club Alp. ital., VI, 1873. 288 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. M. STacuE ‘ a publié une note sur les schistes à grap- tolithes du mont Osternig en Carinthie ; il discute les ob- servations faites avant lui dans cette contrée et donne une coupe de cette montagne. Les découvertes récentes faites dans les terrains paléozoïques de cette région font espérer qu'on pourra arriver à paralléliser les terrains anciens des Alpes avec ceux des autres parties de l'Europe et jetteront aussi de la lumière sur l’âge des schistes anciens des Alpes dans lesquels on n’a pas encore pu trouver de restes organisés. Les deux horizons de calcaires à fusulines de formes allongées, reconnus par M. STacuE * dans la Carinthie, sont supérieurs à la zone des fougères du terrain houiller des Alpes ainsi que l'horizon caractérisé par des fusuli- nes arrondies; léquivalent du calcaire à fusulines de la Russie, qui correspond à la partie supérieure du calcaire carbonifère, n°y a pas encore été constaté. D’après les recherches de MM. V. Payor et DE BizLy”, le terrain houiller paraît s’étendre sur le flanc de la chaîne des Aiguilles-Rouges au-dessus d'Argentières, un peu plus que ne l'indique la carte de M. A. Favre. Dans l'ouvrage de M. Burar“ sur la géologie de la France, cet auteur a adopté la théorie qui fait du terrain anthracifère des Alpes un représentant du véritable ter- rain houiller et 1} se sépare complétement, à ce point de vue, de l'opinion soutenue par MM. E. de Beaumont et de Sismonda. Il admet également l’existence du trias alpin. Les observations faites dans le tunnel des Alpes occiden- ! Jahrb. k.k, g. Reichsanst., 1873, XXII, 175. ? Verhandl. g. Reichsanst., 1873, 291. > Bull. de la Soc. géol. de France, 1874, IF, 40, * Géologie de Ja France. Paris, 1873. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 289 tales, dont M. de Beaumont tirait des conclusions en fa- veur de sa classification, sont précisément ce qui a achevé de convaincre M. Burat de l'exactitude des observations faites par MM. Lory, Favre, etc. Les recherches de M. GuMBEL' sur le porphyre du Tyrol méridional l'ont conduit aux résultats suivants : Les couches de houille, dont la présence a été consta- tée par M. Pichler près de Steinach, se trouvent aussi dans le voisinage du porphyre de Botzen. On en retrouve des fragments empâtés dans le porphyre même. Les grands conglomérats traversés et bouleversés par le por- phyre appartiennent très probablement au Rothhegende. Le porphyre de Botzen est de la même époque que les porphyres du centre de l’Allemagne et n'appartient pas à l’époque triasique. Les formations les plus anciennes représentées dans le massif du Glærnisch sont, d’après M. BALTzER”, la ser- nifite (conglomérat de Sernft, Verrucano) qui, dans d’au- tres parties du canton de Glaris, recouvre en stratification transgressive, sur plusieurs kilomètres de longueur, le terrain éocène par suite d'un grand renversement, des quartzites talqueux (talchelvetanquartzit), des schistes bi- garrés, le calcaire de Rôthi et la cargneule. M. Baltzer classe de la manière suivante ces formations, dans les- quelles on ne trouve aucun fossile : Schistes verts, violets ou rouges, parfois cristallins | rias AE UE ENST NET EN OS ; Calcaire de Rôthi et cargneule . . . . . . . . . . Zechstein ? Quartzite talqueux. 4 SRE «20e, ch RSA FARM ae Rothliegende ? Quartzite. ! Sitzungsber. d. Akad. d. Wiss. München, 1873, 14. 2 Der Glærnisch. ARCHIVES, t. L. — juillet 1874. : 20 nie ce tt Léa CP cc NS cu Dites de AO SES SN 290 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. J'ai déjà parlé de la classification donnée par M. pe Mossisovics ! des terrains anciens des Alpes. La puis- sante formation de grauwacke, qui est intercalée, dans une grande partie du versant nord des Alpes autrichiennes, entre les roches cristallines et les formations mésozoi- ques, doit très probablement être rapportée en grande partie au terrain silurien, comme le prouvent les décon- vertes de fossiles faites à Dienten et à Kisenerz; il se peut cependant qu’elle renferme des représentants de forma- tions plus récentes. Ces schistes auxquels M. Théobald à donné, dans les Grisons, le nom de schistes de Casanna, sont identiques dans cette région à ceux de la Siyrie. Le calcaire de Rôthi, surmonté du schiste de Quarten, est identique au calcaire de Schwaz et parait appartenir au terrain du Verrucano; c’est probablement un représen- tant du terrain permien dans les Alpes. Terrains mésozoïques. TERRAIN TRIASIQUE. Alpes Orientales. M. Emwrica * a donné une description générale du terrain triasique des deux versants des Alpes orientales, d’après les travaux les plus récents publiés sur ce sujet. M. E. pe Moysisovics * a signalé quelques observations nouvelles relativement à la détermination d'un horizon fossilifère découvert dans le muschelkalk des Alpes méridionales et inférieur à la zone de l’Arcestes Studeri; il a décrit “ plusieurs nouveaux céphalopodes de cet horizon ainsi que des gastéropodes des dolomies du Frioul L Jahrb. k. k. g. Reichsanst., 1873, XXII, 192. 2 Schaubach’s Deutsche Alpen, 1873, p. 641. Geologische Ge- schichte der Alpen. 5 Verhandl. g. Reichsanst., 1873, 296. 4 Jabrb. g. Reichsanst., 1873, XXII, 425. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 291 et quelques acéphales triasiques (Monotis et Posidonomya). Les Alpes de la Suisse orientale ne présentent à l’ouest du Rhin ancune trace du terrain triasique si puissamment développé à l'est de ce fleuve. Divers auteurs avaient cherché à expliquer cette anomalie par la présence d’une grande faille, Mais l'étude des Alpes rhétiques montre que les terrains triasiques, qui s'étendent suivant une direc- tion E.-0., le long des Alpes depuis Vienne, prennent brusquement, dans le Vorarlberg, une direction N.-S. et que cette zone, limitée par le Rhin jusqu’à Reichenau et par le cours du Rhin postérieur, marque la limite occi- dentale de la mer triasique. M. pe Mossisovics * distingue, dans le terrain triasique de cette région, les formations suivantes : Couches rhétiques. Grande dolomie. Gypse et cargneule. Calcaire de l’Arlberg (dolomie de Partnach). Couches de Partnach. Muschelkalk (calcaire de Virgloria). M. Guugez * a donné des coupes détaillées du trias dans le Tyrol méridional et il a cherché à paralléliser plu- sieurs des horizons déjà distingués par Richthofen avec les dépôts triasiques d’autres parties des Alpes ou étrangers à ces montagnes. Îl traile successivement du grès de Grœden qu'il regarde comme la partie inférieure du grès bigarré alpin, des couches de Seiss, de la dolomie de Mendola, des couches à Halobia Lommeli, des couches de ! Jahrb. k. k, geol. Reichsanst., 1873, XXIIL, 137. — Verhandl., 1873, 149. ? Sitzungsber. d. bayr. Akad. d. Wiss., 1873, 14. 299 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. Saint-Cassian, de la dolomie du Schlern, des couches de Raiïbl et de la grande dolomie. Il donne pour le terrain triasique inférieur des environs de Botzen les équivalences suivantes : Supérieur 4. Couches à Halobia Lommeli. supér. 2. Dolomies. Retzia trigonella. Ammonites Studeri infér. (Virgloriakalk et Mendoladolomit). \inrér. 3, Schistes bigarrés et dolomie : a) dolomie; b) schistes à Naticella costata ; c\ schistes à Posi- donomya Claraï ; d) schistes à Pecten discites et Ostrea ostracina. . Schistes et dolomie à Myophoria costata. 5. Grès bigarré alpin proprement dit (à la base, grès de Grœden). (6. Arkose, conglomérat, brèche. é Muschelkalk n S Lie) = LA un 25) ©: — =: Le & Grès bigarr Hz [=] a Nous devons à M. Lorerz' des recherches sur le ter- rain triasique des environs de Niederdorf, de Sexten et de Cortina dans le Tyrol méridional. Ce travail est un ré- sumé d’un ouvrage plus considérable destiné à paraître prochainement. Forét-Noire. M. ScHaLon * a fait une étude détaillée du terrain triasique dans la partie S.-E. de la Forêt-Noire. Une liste de sa faune et de sa flore, de nombreuses cou- pes et des tableaux sont joints à ce travail, L'auteur exa- mine successivement le grès bigarré, le muschelkalk, la letitenkohle et le keuper et décrit une à une. leurs nom- breuses subdivisions. [} établit un parallélisme de ces for- mations avec celles des environs de Wurzbourg. Les prin- cipales subdivisions adoptées par lui et partagées chacune en plusieurs horizons ou banes, sont les suivantes : ‘ Neues Jahrb,, 1871, 271, 337, 612, 854. ? Beiträge zur Kenntniss der Trias am sudæstlichen Schwarzwalde, 1873. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 293 supérieur. inférieur (gypse). dolomie (Grenzdolomit). schistes à esthéries, grès de Lettenkohle. dolomie inférieure et bonebed. Keuper. . . Lettenkohle dolomie supérieure. muschelkalk principal. Muschelkalk | groupe de l’anhydrite. groupe du Wellenkalk. Rôth. Ge FERRUNIERSE vosgien. M. PLarz' a donné une description du gisement de sel des environs de Wyblen, près de Bâle, dans le grand-duché de Bade. Le terrain triasique s’adosse au nord et à l’est au massif de la Forêt-Noire et se prolonge au loin vers le sud ; il repose sur le terrain permien. Le sel qui forme un dépôt très puissant se trouve dans le groupe de l’anhydrite du muschelkalk *, associé à cette substance, au gypse, à des calcaires bitumineux et recouvert de do- lomie. M. Platz donne des coupes et de nombreux détails sur la nature du sel, son gisement et son exploi- tation. La faille dont beaucoup de géologues supposent l'existence le long de la vallée du Rhin ne s’y trouve pas en réalité, d’après M. Platz; mais cette vallée est, entre Waldshut et Bâle, une vallée d’érosion. La formation du bassin salin date de la période du grès bigarré qui fut aussi celle du soulèvement de la Forêt-Noire et de la for- mation de la vallée du Rhin au nord de Bâle 5. Trias supérieur des Alpes. Les coupes prises par M. Lory ‘ dans les vallées de la Tarentaise montrent nette- ment que les schistes lustrés sont inférieurs à la zone de 1 Das Steinsalzlager von Wyhlen. Verhandlungen des naturw. Ver. Carlsruhe, 1873, VI, 105. ? Voyez le tableau précédent. 5 Platz, Geologie des Rheinthals. Verh. Carlsruhe, 1873, VI. 4 Bull. de la Soc. géol. de France, 1873, I, 266. 294 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. l’Avicula contorta; ils sont toujours supérieurs aux grès blancs ou quartzites ; avec les amas de gypse qu'ils ren- ferment, ils forment l’étage supérieur d’un système dont les calcaires magnésiens et les quartzites forment l'étage inférieur ; ce système est superposé au grès à anthracite représentant du terrain houiller; il n’y a aucune raison pour le rapporter au terrain permien, mais il constitue le trias des Alpes occidentales. La serpentine, Peupho- tide, etc., sont souvent intercalées dans les roches de cette époque et it faut y ranger une partie de la zone des pierres vertes de M. Gastaldi. M. Garnier‘ a observé aux environs de Barles (Bas- ses-Alpes), dans la partie supérieure du terrain triasique, un passage complet du calcaire dolomitique des marnes irrisées à un schiste verdätre, lustré, caicaréo-talqueux, tout à fait semblable à celui du Queyras. La position de cette roche qui est parfaitement déterminée confirme en tous points les conclusions de M. Lory qui considère « les « schistes lustrés du Queyras, de Bardonnèche, du Mont- « Cenis, etc., comme un faciès alpin de certaines assises « argileuses du trias correspondant principalement à la « partie supérieure de cette formation. » Le terrain triasique des Alpes fribourgeoises se com- pose de gypse, de cargneule et de dolomie, dont M. Giz- LIÉRON * signale les divers affleurements. M. E. De Mossisovics® a publié la première partie de la faune du terrain triasique des environs de Hallstatt. Ce magnifique volume, accompagné de 32 planches, contient 1 Bull. de la Soc. géol. de France, 1872, XXIX, 624. ® Matér. pour la carte géol. de la Suisse, 1873, XII. 5 Das Gebirge um Hallstatt. I. Die Mollusken-Faunen der Zlambach- und Hallstätter-Schichten. Abhandl. k. k. g. Reichsanst., 1873, VI. — Note, Verhandl. k. k, g. Reichsanst., 1873, 175. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 295 la description d’une partie des céphalopodes des couches de Zlambach et de Hallstatt ; ils appartiennent aux genres suivants : Orthoceras (9 espèces), Nautilus (38), Lyloce- ras (4). Phylloceras (6), Pinacoceras (32), Sageceras (1) et Arcestes (groupe de l'A. tornatus, 16). L'importance de cette admirable faune qui forme un intermédiaire en- tre les faunes primaires et secondaires, les nombreux do- cuments géologiques et paléontologiques qui seront con- tenus dans la seconde et la troisième partie de ce travail, dû à un des auteurs qui a la connaissance la plus appro- fondie du terrain triasique des Alpes, donnent à cette pu- blication une importance exceptionnelle. TERRAIN RHÉTIEN. M. GILLIÉRON ‘ a distingué, dans le ter- rain rhétien des Alpes fribourgeoises, deux subdivisions : une inférieure, calcaire, marneuse et schisteuse avec Avicula contorta Portl. Ostrea Haïdingeriana Emmr. Lima exaltata Terq. Ostrea sublamellosa Dunk. Plicatula intusstriata Emmr. Terebratula gregaria Suess, etc. et une supérieure, formée de calcaire compacte, roux et de calcaire à silex, également assez riche en fossiles; mais ces subdivisions ne concordent pas avec les zones paléontolo- giques établies par M. Renevier dans les Alpes vaudoisés. TERRAIN JURASSIQUE. On trouvera dans l’ouvrage de M. GILLIÉRON une description très détaillée du terrain juras- sique des Alpes de Fribourg. Cet auteur décrit successi- vement : le lias avec ses diverses subdivisions, entre au- tres les deux zones du lias supérieur reconnues dans l'Europe centrale, le bajocien, les couches de Klaus qui présentent une association de fossiles bathoniens et callo- viens, et le callovien proprement dit. Dans le massif du Monsalvens, il réunit sous le nom de Jura moyen, les 1 Matériaux pour la carte géol. de la Suisse, XIL. MAS EU UE RU US AE een D ER” L: ; [4 F7. . 296 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. schistes à nodules, dont la faune est callovienne avec quelques espèces oxfordiennes, et le calcaire à ciment qui est peu fossilifère. Le terrain jurassique supérieur varie beaucoup d’une chaîne à l’autre; dans la chaîne du Gan- terist, il est formé de calcaire grumeleux avec de nom- breux fossiles de la zone de l’Ammonites transversarius, surmonté de calcaire compacte à rognons de silex ; il se modifie dans la chaîne du Stockhorn; dans celle du Sim- menthal, il se compose de schistes à charbon, de calcaire kimméridien et de calcaire à faciès corallien. Dans le massif du Monsalvens, M. Gilliéron établit, dans le jurassique supérieur, trois subdivisions principales : Tithonique, peu fossilifère. calcaire en grumeaux. calcaire schisteux. calcaire concrétionné Chu Man- Zone de l'Amm. transversarius ) fredi, Oegir, stenorhyneus, birmins- dorfensis, Collyrites friburgensis. Zone de l’Amm. tenuilobatus Voici les subdivisions établies par M. BaiTzer* dans le terrain jurassique du Glærnisch : calcaire à diphya. schistes à aplychus (schistes de Balfries). Étage alpin | calcaire à nérinées de Stramberg (calcaire Malm de Tros). * ) Hochgebirgskalk ie de l'Amm. tenuilobatus et de | l'Amm. bimammatus (?). Zone de l’Amm. transversarius, calcaire de Schilt. Oolite de Blegi (zone de PAmm. Parkinsoni et callovien), très-fossilifère. Brèche à échinodermes (zone de l’Amm. Humphriesianus). Dogger G Zone de l'Amm. Murchisonæ a ferrugineuse. Argile à Amm. opalinus. Lias . . Zone de l'Amm. Bucklandi. M. pe HauER * a donné le tableau suivant des terrains jurassiques des Alpes autrichiennes : ‘ Der Glærnisch. 2 Geol. Uebersichtskarte der Œsterr, Mon., feuille XII. “siquouejd ‘wuwuy | 9p — "SUJR[NSUR ‘UUY,| 2P — S & à “(PIeJSOZU.p Sao 2 | = ‘uaysaun |E 8 009) 1pueppong ‘wuy.] op — | 5 |% ONJIES 9p SerT ap Sayono”) di 2 SRE “JotJU0g np au0Z £ 2 à — D muy ( 5% “qoupy,p sono |&|E #3 "O[UpPaN op Soqon0n) VE 5 7 ‘sneuesaeu umuy,] op ouoz | É æ A US et CON ne NÉ nee D e2 © w|® 5 ‘0ZJOY p SAIISSO] XNEJ969A & Sayonor) “Saouueyoalt / * RÉRAELUTER ER à. : COHEMU “EL OP SAJIUOUIUE SSNO AUOT | nu04 os |E a ‘SUSSI9S 99 MUOSIIN ‘UV S9p 9U0Z es 3 ‘19Z08S ‘UUY,| 9P 9U07Z ‘192086 ‘WUY,[ 9p 2007 | & Les ns "|5 S *SUE]Y 9p Sono") *SOÂWIOUOPISOY R SAAIRITLO { SNEJM 9p S99n0") B 2h s ra ». : ‘ 2 > UNE np SOUON09 * SIA 9p oueIq ame) | À | 7 Æ *SNTHJUEI ‘WU “SNIULOE “WU & oYon0) |E | SE ap Sa2n09 {SJJUOUMY L 2ËNOI AAIPIL") “SIA 9p o8n01 aurmope) | | me ON hp. Be. “ekqdip y auteo[en E *S19{[9SPH a|5 9p o1queu 79 SnyÂdy R 91109/09 € Wje19qO,p Sayono) S si “SIIŒUEAIS 9P 91189] ‘U9SSE]{ 2P 2411PIII * SJIQUEAYS 9p 94e) | * É ‘(pns) ‘Seuu9Iy9rine So "(PXON) 298 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. M. pe Fritscu ‘ donne des détails sur les roches secon- daires observées sur les deux flancs du massif du Saint- Gothard, entre la Furca et Andermatt au nord, les Nufe- nen et le Lukmanier au sud; il indique divers gisements où ila recneilli des bélemnites et des pentacrinites. Ces roches lui paraissent «ppartenir au lias sur le versant mé- ridional ; elles sont un peu différentes sur le versant nord ou il les regarde comme liasiques où jurassiques. J'ai fi- guré (pl. HE fig. 4, 2) les coupes qu'il donne du col des Nufenen. M. MÉNÉGHINI * a continué la publication de sa mono- graphie des fossiles du calcaire rouge ammonitique de la Lombardie et de l'Apennin. Terrain jurassique supérieur et élage tithonique. M. OosTER * a signalé, dans le calcaire jurassique de la Dal- lefluh, au bord du lac de Thoune, l'Ammonites biplex et l’Apiocrinus polycyphus Mer. Les Dactyloporidées, contenues en grande abondance dans le muschelkalk et le keuper des Alpes *, et qui se retrouvent aussi dans le terrain tertiaire, ont également, d’après M. GuuBec*, qui a fait de ces organismes une étude spéciale, leurs représentants dans les terrains se- condaires ; le Conodictyum bursiforme Et. du corallien de Valfin, appartient, sans aucun doute, à ce groupe de fora- minifères et M. Gumbel lui donne le nom générique de Petrascula ; il en signale aussi deux autres espèces moins certaines. ès ait est) tft 1 Das Gotthardgebiet. ? Paléontologie lombarde, 1v"e série. 5 Neues Jahrb. für Miner., 1873, p. 169. 4 Gümbel, Abhandi, d. k. bayer. Akad. d. Wiss., 1872, XI, 1. # Sitzungsber. d. bayer. Akad, d. Wiss., 1873, 282. in EN ire ES QE A D K SA REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 299 La monographie des tortues fossiles par M. RUTIMEYER est principalement consacrée aux tortues du terrain ju- rassique supérieur de Soleure; il en signale 14 espèces appartenant toutes à la subdivision des tortues d’eau douce. Il décrit ensuite les autres tortues du Jura suisse, celles de Kelheim, Solenhofen et Eichstädt, celles de Ce- rin et celles du Hanovre. Tonus ces gisements appartien- pent aux terrains kimméridien et portlandien. M. De TRiIBOLET * à publié à nouveau sa notice géolo- gique sur le Mont-Cbatelu. Le même auteur * a poursuivi ses études géologiques sur les terrains jurassiques supérieurs du Jura neuchâte- lois. Il décrit successivement le spongitien (couches de Birminsdorf), la zone des calcaires hydrauliques, le phola- domyen (couches du Geissberg), le corallien inférieur et supérieur, le séquanien inférieur et supérieur, le ptérocé- rien inférieur et supérieur, le virgulien et le portlandien. Il ne considère plus, comme il l'avait fait dans ses travaux précédents, le corallien inférieur (couche à coraux) comme l’équivalent du terrain à chailles et du dicératien, mais seulement comme celui du premier de ces terrains, De | longues listes de fossiles accompagnent la description de chaque terrain. Enfin, il figure un grand nombre d'espèces nouvelles parmi lesquels un saurien Teleosaurus (Steneo- saurus) Picteti. M. JaccaRp ‘ a combattu plusieurs des opinions émises ! Denkschr. d. schweiz. naturf. Ges., 1873, XXV. * Mém. de la Société d'Émulation du Doubs, 1872. — Voyez Revue géologique pour 1872. # Recherches géologiques et paléontologiques dans le Jura supérieur neuchâtelois, 1873. 4 Bull. de la Société des Sciences de Neuchâtel, 1873, IX, 410, 479. 306 par M. de Tribolet, dans ses notices sur le Mont-Châtelu et le cirque de Saint-Sulpice, sur le synchronisme des dépôts du Jura argovien avec ceux du Jura neuchâtelois et en particulier sur les représentants du corallien dans cette région, sur les couches d'Effingen, la présence de la dalle- nacrée à Saint-Sulpice, etc. M. pe TriBocet ‘ a modifié en partie sa manière de voir, tout en maintenant ses Opi- nions sur un grand nombre de points. M. P. pe LorioL? a exposé la série des terrains juras- siques supérieurs en Suisse, telle qu'elle a été établie par M. Moœæsch; il s’est rattaché entièrement à cette classifica- tion dans l’Échinologie helvétique. M. VéLan * combat au contraire celte classification et regarde la zone de l’Am- monites tenuilobatus comme la partie supérieure de l'ox- fordien. M. Neumayr * a rendu compte d’une excursion faite l’année dernière par quelques naturalistes dans les ter- rains jurassiques supérieurs des cantons de Soleure et d’Argovie, fl confirme la parfaite exactitude des observa- tions de M. Mœsch sur la contemporanéité de l’astartien et de la zone de l’Amm. tenuilobalus. Le même auteur a fait une étude géologique et pa- léontologique détaillée des couches à Ammoniles acan- thicus, d’après des matériaux recueillis dans les Alpes méridionales et septentrionales, les Carpathes de la Hon- grie et de la Gailicie, le Banat et la Transylvanie. Une REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 41 Bull. de la Société des Sciences de Neuchâtel, 1873, IX, 444. ? Bull. de la Société géol. de France, 1871, I, 446. 5 Bull. de la Société géol. de France, 1871, I, 148. # Verhandl. g. Reichsanst., 1873, 144. 5 Die Fauna der Schichten mit Aspidoceras acanthicum. Abhandl. der k. k. g. Reichsanst., V, n°6, 1873. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 30 série de magnifiques planches accompagne ce travail dans lequel l’auteur décrit beaucoup d'espèces nouvelles et fournit de nouveaux matériaux pour la classification des ammonites, genre le plus abondamment représenté dans cette faune ; car il en mentionne 88 espèces sur 126 si- gnalées dans ce travail. M. Neumayr divise les couches de l'Aspidoceras acanthicum de l'Autriche en deux zones, celle de l'Oppelu tenuilobata et du Phylloceras isotypum et celle de l’Aspidoceras Beckeri, plus récente que la pre- mière. Je ne puis entrer ici dans le détail de la discussion à laquelle a donné lieu l’âge de la couche à Ammonites acanthicus. Plusieurs géologues français, M. le professeur Hébert", M. Velain, M. Dieulafait, ete., la regardent comme oxfordienne, les géologues allemands et suisses, comme kimméridienne où astartienne. M. Neumayr partage en- tièrement cette dernière opinion et l’appuie sur des preu- ves parfaitement solides, en discutänt les rapports de cette couche avec celles qui lui sont supérieures et inférieures dans tout le bassin méditerranéen et dans une partie du bassin de l'Europe centrale. Cette question l'amène en même temps à l'examen de l'étage tithonique. Il admet que, dans le bassin méditerranéen, la série des dépôts a été continue du jurassique au crétacé, quoiqu'on n'en trouve en aucun point le développement complet. Le ti- thonique inférieur, équivalent des couches de Solenhofen, y est représenté par des dépôts divers dont les uns ont un faciès à céphalopodes (Rogoznik, Alpes méridionales, etc.), les autres un facies corallien (Inwald, Salève, cou- che à Terebr. Moravica, ete.), le tithonique supérieur, par les calcaires de Stramberg et les couches à Terebratula ! Bulletin de la Société géol., 1873, I. * ” s 24 EN] ha vo ane AU yes PA US € RTE RER PES, PE + YU AN | ar ES Don AUS NT re 4 Lise ee Te er, (€ L ; CE PEPEONTER EL RENE PQ, es ART NUE RATES FER re: 4 PT ES é Se Een "4 sl À 40 dal DUR NT. PP CT A PONT : À LP ete 2 Vue 27 Dee Le \ 302 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. janitor du sud de la France. Des faunes coralliennes se trouvent à des niveaux très divers dans le terrain juras: sique supérieur. M. Neumayr confirme entièrement les vues émises par Oppel, il y a huit ans, sur l'étage titho- nique ; 1} donne la classification suivante du terrain juras- sique supérieur du midi de la France : Couche à Amm. occitanicus et Te- Berrias, néocomien inférieur. rebratula diphyoides. Couche à Amm. transitorius et Te- Porte-de-France, tithonique supér. rebratula janitor. Zone de la Terebratula Moravica. Tithonique inférieur. Dolomies puissantes à Rhynchonella Kimméridien supérieur. Astieriana. , Zone des Amm. tenuilobatus et po- Kimméridien inférieur, lyplocus. Plusieurs naturalistes ont terminé la publication de la description des poissons fossiles du Bugey, commencée par THIOLLIÈRE * (1854). Cette livraison contient 13 plan- ches de poissons dont la description a été faite par M. GERvAIS auquel on doit aussi quelques remarques sur les reptiles trouvés dans les mêmes gisements. M. DE Sa- PORTA en a décrit les végétaux tandis que MM. FaLsan et Dumortier ont fait l'étude géologique de cette région du Jura dans laquelle ils ont reconnu la série des terrains jurassiques, du lias au purbeck, et des terrains crétacés, du valangien à l’urgonien, surmonté des terrains tertiaires. Les couches à poissons et à végétaux appartiennent au terrain kimméridien; elles sont supérieures au corallien et comprises entre la couche à Ostrea virqula et le cal- caire portlandien à Nerinea suprajurensis et Natica Mar- ‘ Thiollière, Description des poissons fossiles provenant des gise- ments coralliens du Jura dans le Bugey, 2% livr., revue par M. P. Ger- vais, publiée par MM. Dumortier, Falsan et Godinot. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 303 cousana. On remarque parmi les fossiles de ce gisement contemporain de Solenhofen un bel échantillon du Cidaris carinifera caractéristique des couches tithoniques de Sa- lève, Wimmis et Stramberg. D'après les recherches de M. Fazsan ‘ dans le Bas-Bu- gey, la zone à Ammonites polyplocus, abondante en fos- siles (A. polyplocus, Schilleri, iphicerus, trachynotus, etc.), dans laquelle est intercalé un banc de dolomie pisoli- thique avec le Turbo globatus, forme des couches de pas- sage entre le terrain oxfordien et le terrain corallien. Il regarde les couches coralliennes de cette contrée comme appartenant au corallien proprement dit, au-dessus du- quel se trouveraient les terrains kimméridien et portlan- dien. Je donne ici l2 coupe des terrains jurassiques su- périeurs de cette région en indiquant en regard la classi- fication qu'en donne M. Neumayr *, qui est très différente de celle de M. Falsan : M. Falsan M. Neumayr. Purbeck. Brèche et dolomie sans fossiles. L Here ; C : Pr Rte Portlandien. . . . } Calcaire à Nerinea suprjurenis | Portlandien su Natica Marcousana. ne Schistes bitumineux et calcaires lithographiques à Zamites Fe-{ Portlandien in- sh ele: neonis, Gidaris carinifera, Am.( férieur. imméridien . . . pr 2h r . re Hu Calisto?, nombreux vertébrés. Couche à Cyprina Brongniarti et) Kimméridien Ostrea virgula. supérieur. : Calcaire à nérinées et diceras Kimméridien allé er « # faune de Valfin. moyen ? s | Kimméridien Couches de passage | Zone à Ammon polyplocus. RTE Oxfordien. . . .. Oxfardien + acte nas Laye a Oxfordien. 1 Bull. de la Société géol. de France, 1873, I, 170. ? Verhandl. g. Reichsanst., 1874, 37. EP RTS E £ a 2 SSSR es Tv - € ES £ + 7 + } à ES ÈS Er i En ENT RAS SORT ® FES een | 6 Ie rs Nas 1: ETS de Feu LT Se RON PER SE ST RAR. AS ROLE à ta CAT GERS LE 30% REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. Cette série fournit à M. Neumayr des données nou- velles sur le classement dans la série jurassique de l'étage tithonique; car la position des couches de Cerin est. par- faitement déterminée et ces couches sont identiques à cel- les de Solenhofen dont la contemporanéité avec le titho- nique inférieur est aujourd'hui reconnue. M. GizniÉéron ‘ classe le terrain tithonique dans le juras- sique supérieur. [| donne une liste de la faune tithonique du Dat (Semsales) qui paraît former un passage du titho- nique inférieur au supérieur. Il signale des blocs et des cailloux tithoniques remaniés dans les couches de Ber- rias de la même région et des fragments plus ou moins arrondis de cette même roche dans le purbeckien du Jura. L'importante monographie des gastéropodes des cou- ches de Stramberg publiée par M. ZrrreL* a également beaucoup contribué à éclairer la discussion sur la limite des périodes jurassique et crétacée. Ces fossiles appar- tiennent tous à la partie supérieure de l'étage tithonique tel qu’il a été défini précédemment par cet auteur. L'as- pect général de cette faune est jurassique; un examen attentif montre qu’elle se compose en majeure partie d’es- pèces nouvelles, le plus souvent limitées à l'étage titho- nique, dont le caractère général rappelle un peu les gastéropodes du terrain crétacé inférieur et à un degré beaucoup plus élevé ceux du coral-rag jurassique. Sur 143 espèces, 110 sont spéciales à l’étage tithonique su- périeur; 25 sont communes à l'étage tithonique inférieur, 18 à divers étages jurassiques; il ne s’en retrouve au- ‘ Matériaux pour la carte géol. de la Suisse, XII. 2 Die Gasteropoden der Stramberger Schichten, Paleontol. Mittheil., II, 3, 1873. De. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 305 cune dans le terrain crétacé. Les couches de Stramberg paraissent donc appartenir à un des termes les plus ré- cents de la série jurassique, mais ne peuvent être parallé- lisées avec aucun d’entre eux. (La suite au prochain numéro.) EXPLICATION DE LA PLANCHE III. Fig. 1. Coupe du col des Nufenen par M. de Fritsch (PI. 1, fig. 1) 1. Fig.2. Coupe de détail du col des Nufenen, du même auteur (PI. IV, fig. 17); dans L, a schistes à bélemnites, b grès quartzeux, c schis- tes talqueux. Fig. 3. Coupe de la Furca, du même auteur (PI. I, fig. 3) LERS Fig. 4. Coupe du Lukmanier, du même auteur (PI. IL, fig. 2) 1. Explication des signes des figures 1 à 4: LJ. Lias, jura, L lias, m marbre et calcaire, R cargneule, G gypse et anhydrite, Sk “het. micacés calcaires, Sgr schistes noirs grenatifères, Sy schistes gris (Bündner Schiefer), Sc Phyllite et gneiss avec séricite et chlorite, Sa schistes amphiboliques, G! micaschistes, Glg micaschiste quartzi- fère, Glgn gneiss micacé passant au micaschiste, Gn gneiss, Grgn gneiss granitique. Fig. 5. Fragment d’une coupe des vallées de la ne par M. Lory. Bull. Soc. géol. 1873, I, pl. IV, fig. 2.1. / lias supé- rieur, L lias inférieur, Æ infra-lias, S schistes bariolés, G gypse, Z schistes lustrés, Q quartzite, À grès à anthracite. Fig. 6 et 7. Coupes de la Forêt-Noire aux Vosges, d’après M. Platz: fig. 6, après le dépôt du grès bigarré inférieur; fig. 7, après le dépôt du Muschelkalk. R P. roche primitive, G B. grès bigarré, M Muschelkalk, P porphyre. ARCHIVES, t. L. — Juillet 1874. 21 BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. Prof. Arthur WRIGHT. SUR LA POLARISATION DE LA LUMIÈRE ZODIACALE. (Americ. Journal, mai 1874.) M. le professeur Wright s’est proposé de résoudre la ques- tion, encore très-débattue, de savoir si la lumière zodiacale est polarisée ou non. Les recherches antérieures sur ce su- jel, faites en employant le polariscope de Savart, n’avaient jusqu'ici fourni que des résultats négatifs ou contradictoires. L’auteur attribue cet insuccès à la trop grande absorption de lumière qui a lieu dans cet instrument dont il s’est aussi vainement servi lui-même. Après diverses autres tentatives, également infructueuses, faites tantôt avec un polariscope de Savart modifié, tantôt avec l'appareil employé par M. Huggins pour l’étude de la comète de Encke, M. Wright a finalement réussi à se procurer un polariscope d’une grande sensibilité dont il donne la description suivante : Cet instrument se compose d’une plaque de quartz coupée perpendiculairement à l’axe et produisant avec la lumière polarisée une coloration d’une intensité tout à fait inusitée. C’est un macle dont la plus grande partie est formée de quartz déviant à gauche, traversée dans une direction un peu excentrique, par une bande de quartz tournant à droite, large de 6"",5, bordée de chaque côté par une bande large d'environ 2°”, d’une structure différente qui semble pro- duite par l’entre-croisement des couches des deux espèces de quartz. Ces bandes intermédiaires, sous l’action de la lumière polarisée, ne produisent que des différences d’éclal sans au- cune manifestation de coloration. Lorsqu'on intercale cette plaque de quartz entre deux prismes de Nicol, elle donne Eu. | PHYSIQUE. 307 lieu aux apparences suivantes : Si les diagonales correspon- dantes des deux prismes sont parallèles ou à peu près paral- lèles, les deux bandes intermédiaires paraissent blanches sur un fond rouge pourpre. Lorsqu'on place les deux diagonales en croix, ces bandes se détachent en noir sur un fond d’un jaune légèrement verdâtre. Si l’on tourne alors l’un des prismes d’un angle de 45°, la bande centrale paraît d’un bleu intense sur un fond jaune, ou d’un jaune brillant sur un fond bleu foncé, suivant le sens de cette rotation. Les po- sitions intermédiaires fournissent diverses teintes. Examinée à travers un seul prisme et avec de la lumière non polarisée, la plaque se montre tout à fait incolore et on n’y distingue aucune trace d'hétérogénéité. La plaque de quartz est fixée à l’une des extrémités d’un ‘tube assez large pour la contenir tout entière et long de onze pouces. À l’autre extrémité se trouve un prisme de Nicol d’assez grande dimension et pouvant tourner sur lui- même. Cet instrument forme un polariscope d’une sensibilité extraordinaire très-supérieure à celle de l'appareil de Savart, surtout pour l’analyse des lumières de faible intensité. La présence des bandes intermédiaires étroites est particulière- ment avantageuse, car, même avec un faible éclairement, elles se détachent en lignes brillantes sur un fond opaque -ou inversement en lignes opaques sur un fond brillant. La grande étendue du champ ainsi que la parfaite transparence de cette combinaison optique contribuent aussi à accroître la puissance de l'instrument. Sa sensibilité est telle que, par une nuit claire sans lune, on peut produire distinctement les bandes brillantes ou obscures avec la lumière du ciel réflé- chie par une plaque de verre. Quant au plan de polarisa- tion, il est parallèle à la plus longues diagonale du prisme dans le cas des bandes brillantes et, au contraire, parallèle à la plus courte diagonale lors de l'apparition des bandes opaques. Muni de ce nouveau genre de polariscope, M. Wright n’a 308 BULLETIN SCIENTIFIQUE. pas tardé à se convaincre que la lumière zodiacale est pola- risée dans un plan passant par le soleil. « Mes observations, dit-il, furent faites dans une chambre de l’étage supérieur de Yale College, dont les fenêtres re- gardent le sud-ouest, et d’où la vue s'étend presque jusqu’à l'horizon. Pendant mes observations, cette chambre n’était éclairée que par la lumière du ciel, juste assez vive pour rendre les objets à peine visibles. Après avoir été exposé pendant quinze ou vingt minutes à cette faible clarté, l’œil acquerrait une sensibilité suffisante pour les observations. Cette précaution est nécessaire, car quelques instants d’une: brillante lumière rendent, pour longtemps, l’œil impropre à l'appréciation des intensités lumineuses. On faisait tourner ensuite le prisme de Nicol plusieurs fois sur lui-même, afin, . que la connaissance de l'orientation initiale des bandes de quartz ne risquât pas d'influencer la détermination de sa po- sition pendant l’expérience. En visant alors la lumière zodia- cale à travers le tube, et en faisant tourner lentement tout lappareil, on trouvait une position pour laquelle les bandes. devenaient assez visibles pour qu’on püût déterminer leur na- ture et leur direction. En général, on ne pouvait les observer d’une manière di- recte que pendant quelques instants à cause de la fatigue que l’œil éprouvait bientôt. Après quelques minutes de repos on promenait rapidement l’œil dans le champ de l’appareil, puis on le fixait subitement sur un point de la plaque de quar!{z. De cette manière on apercevait distinctement les ban- des dont on pouvait apprécier l'orientation avec certitude. Pendant les nuits très-claires, les zones intermédiaires brillantes se voyaient sans grande peine, tandis que la bande centrale obscure, correspondant à une inclinaison de 45° du prisme se distinguait moins facilement. Quant aux zones in- termédiaires, on ne les apercevait que par instants très- courts. Après avoir déterminé par de nombreuses observations PHYSIQUE. 309 l'angle de chaque bande avec une ligne fixe, telle que l’axe de la lumière zodiacale, ou une direction prise entre deux étoiles parallèlement à cet axe, on trouvait la position du plan de polarisation au moyen de la lumière d’une flamme de gaz convenablement placée ou bien on la déduisait de l'orientation du prisme de Nicol. Les résultats d'un grand nombre d’observations se sont trouvés tout à fait concordants et ont prouvé que le plan de polarisation passe par le soleil aussi exactement, du moins, que la position de cet astre a pu être déterminée. La direction des bandes, lorsque le ciel était assez clair pour qu’on püût la déterminer, n’a jamais cessé d’être celle qui convient à un plan de polarisation passant par le soleil. Enfin, on n’a jamais vu aucune trace des bandes en dirigeant l'instrument vers d’autres portions du ciel. Ces observations ont été faites pendant les dix jours qui ont précédé la nou- velle lune en janvier et février 1874. À cette époque, il y a eu un nombre exceptionnel de nuits claires et froides avec une atmosphère calme. L’absence de la lune et l’éloigne- ment de toutes les planètes et étoiles les plus brillantes en- levaient toutes les causes d’erreur qu’en aurait pu leur attri- buer. Comme, en outre, l'instrument était dirigé vers des points distants du soleil de 30° à 40°, ou même davantage, la polarisation observée ne saurait provenir de quelque reste du crépuscule. Le fait que cette polarisation était sur- tout visible pendant les nuits les plus claires empêche aussi de l’attribuer à la réflexion de la lumière zodiacale elle- même par l'atmosphère ou par les particules en suspension dans celle-ci. M. Wright a aussi tenté d’apprécier la proportion de lu- mière polarisée contenue dans la totalité de la lumière zo- diacale. Dans ce but, il s’est d’abord construit une courbe représentant l'intensité de polarisation prodaite par la ré- fraction de la lumière ordinaire au travers de quatre plaques de verre sous les diverses incidences et en prenant pour < L" | 310 BULLETIN SCIENTIFIQUE. point de départ les observations du professeur W.-G. Adams = | sur ce sujet. Il polarisait ensuite, au moyen de ces mêmes plaques, la lumière de certains points de la voie lactée dont LL l'intensité différait très-peu, en moins, de celle de la lumière: zodiacale. Notant alors l’angle d’incidence pour lequel cette lumière polarisée produisait, dans son polariscope, les mêmes. bandes que la lumière zodiacale ; il trouvait, par comparai- son avec la courbe, une limite supérieure de l'intensité de polarisation correspondante. Pour trouver une limite inférieure. il faisait la même com- paraison avec la lumière réfléchie par un mur presque blanc et à surface mate dont l’éclairement était légèrement supérieur à l'intensité de la lumière zodiacale. Le mur étant éclairé par deux flammes de gaz, l’axe du polariscope était dirigé vers un point situé à égale distance des deux flammes et de telle manière que les plans, passant par cet axe et par les deux lumières, fussent à angle droit l’un sur l'autre. La lumière émanant de ce point du mur était ainsi entière- ment dépolarisée. On lui donnait l'intensité voulue en dimi- nuant les flammes jusqu’à ce que leur éclat permit de distin- guer une légère rayure de la plaque de quartz, tout juste visible avec la lumière zodiacale. M. Wright a, en outre, examiné au spectroscope la lumière zodiacale, et, de même que MM. Liais et Piazzi Smyth, il lui a trouvé un spectre continu assez semblable au spectre solaire. En tout cas ce spectre est dépourvu de toute ligne ou bande brillante analogue à celle de l’aurore boréale. Il résume enfin son mémoire dans les cinq propositions suivantes : 1° La lumière zodiacale est polarisée dans un plan passant par le soleil. 2° La proportion de lumière polarisée est très-probable- ment d'environ 15 °/, et ne saurait guère dépasser 20 °/.. 3° Le spectre de cette lumière n’est pas sensiblement dif- férent de celui de la lumière solaire, sauf en ce qui concerne son intensilé. PHYSIQUE. 311 4° Cette lumière, qui provient du soleil, est réfléchie par une substance solide. 5° Cette matière solide consiste en pelits corps (météo- rides) qui gravitent autour du soleil dans des orbites conden- sées vers l’écliptique. K. KoHLRAUSCH. COEFFICIENT DE DILATATION DU CAOUTCHOUC purci. (Poggend. Annalen, tome CXLIX, p. 577; Natur- forscher, tome VIE p. 8.) Avant fait à plusieurs reprises l'observation que des fla- cons de verre fermés par des bouchons de caoutchouc durci avaient sauté, M. Kohlrausch en conclut que cette substance devait être très-dilatable. Cette hypothèse fut pleinement verifiée par l’expérience et au delà, car le coefficient de dila- tation de ce corps se trouva être environ le triple de celui du zinc. D’après les mesures de l’auteur, le coefficient de dilatation pour 1° entre 16°,7 et 25°,3 — 0,0000770 et entre 25°,3 et 35°4—0,0000842. Ainsi donc non-seulement le caout- chouc durci a un très-fort coefficient de dilatation, mais celui- ci croit très-rapidement avec la température. Cette propriété remarquable pourrait être appliquée à la construction de thermomètres très-sensibles. Ainsi, avec un petit appareil consistant en deux lames de caoutchouc durci et d'ivoire collées l’une contre l’autre et longues de 20 centi- mètres fixées à l’une de leurs extrémités, on obtient à l’autre extrémité, pour un changement de température d’un degré, un déplacement de plusieurs millimètres. Le coefficient de dilatation du caoutchouc durci est égal à zéro degré à celui du mercure; au delà il est plus fort. On peut donc, comme curio- sité, construire un thermomètre à mercure avec un réservoir de cette substance dont la marche sera inverse de la marche normale des thermomètres et qui baissera pour des tempé- ratures montantes. , SM CNT" .% 9312 © BULLETIN SCIENTIFIQUE. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. À. GERSTÆCKER. ZuR MoRPHOLOGIE, etc. MORPHOLOGIE DES OR- THOPTERA AMPHIBIOTICA ; in-4° avec. À pl. (Festschrift zur Feier des hundertjähr. Bestehens der Gesellsch. naturforsch. Freunde zu Berlin, 1844.) — Le mème. UEBER DAS Vor- KOMMEN, etc. SUR L'EXISTENCE DE BRANCHIES TRACHÉENNES CHEZ LES INSECTES PARFAIrS. (Zeitschr. für wissenschaftl. Zoologie, vol. XXIV, 2° cahier, 1874, p. 204-252, pl. xxur.) Ces deux mémoires du savant entomologiste de Berlin traitent de quelques points importants de la morphologie des insectes orthoptères. On trouve dans le premier une étude comparée des organes buccaux des Libellulides et dans le second des observations sur les organes buccaux et sur la composition des derniers segments abdominaux chez les Némoures. Nous renvoyons aux descriptions détaillées et aux excellentes figures que donne l’auteur pour ce qui concerne ces différents sujets. Ici, nous nous bornerons à analyser les portions de ces deux travaux qui se rapportent à la présence des branchies chez les insectes adultes. C’est en 1844 que Newport découvrit l’existence de bran- chies trachéennes chez un insecte parfait de la famille des Perlides, la Pferonarcys regalis. Il constata chez cette es- pèce la présence de treize paires de branchies en houppes, dont cinq paires dépendant du prosternum, trois se ratta- chant au mesosternum, trois au metasternum, et deux paires occupant les angles latéraux du premier et du second arceau ventral de l'abdomen. Il retrouva cette disposition chez les trois autres espèces de Pteronareys qui lui étaient connues. Depuis près de trente ans ces observations de l’illustre anatomiste anglais étaient restées isolées dans la science, et ce n’est que tout récemment que M. Gerstäcker a constaté dans d’autres insectes de la même famille la présence d’or- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 313 ganes respiratoires semblables. IL a d'abord reconnu que ces branchies trachéennes existaient chez la Pteronarcys reticu- lata, Burm., ainsi que chez une espèce nouvelle (P£. frigida) du Labrador, et qu’elles y étaient disposées comme chez la Pt. regalis. Il a ensuite découvert un second genre de Per- lides qui, bien que très-voisin des Pteronarcys, a des bran- chies en nombre différent et autrement disposées. Ce type nouveau, auquel il a donné le nom de Diamphipnoa, manque complétement de branchies thoraciques et possède par contre quatre paires de branchies abdominales correspondant aux quatre premiers arceaux ventraux. Les stigmates abdomi- naux, au nombre de six paires dans les deux genres, sont grands chez les Pteronarcys et très-petits chez les Diam- phipnoa. La seule espèce connue du genre (D. lichenalis) provient du Chili et a les dimensions d’une des plus grandes Pteronarcys connues. Encouragé par cette découverte, M. Gerstäcker s’est de- mandé si l’on ne trouverait pas des organes semblables chez les Perlides d'Europe, et il a cherché quels seraient les types dans lesquels on aurait le plus de chance de voir ces bran- chies persister dans l’état adulte. Or, les belles observations de Pictet sur les larves des Perlides ont montré que certaines larves de Némoures ou de genres très-voisins possèdent des branchies cylindriques au nombre de trois paires situées au bord antérieur du prosternum, tandis que d’autres espèces, proches parentes de celles-ci, n’ont pas de traces de ces or- ganes. Ce naturaliste avait reconnu aussi que chez les Perla certaines larves manquent complétement de branchies, tandis que d’autres ont ces organes en forme de houppes et situés là où seront plus tard les stigmates thoraciques. D’après ce que l’on sait sur les différentes larves de Perlides connues jusqu'à ce jour, on peut les répartir dans les trois catégories suivantes : a. Larves sans branchies. AS LE EC POP RE OT ER EME 314 BULLETIN SCIENTIFIQUE. b. Larves ayant six branchies en houppes correspondant par leur position aux futurs stigmates thoraciques. c. Larves avant six branchies cylindriques insérées au bord antérieur du prosternum, loin des stigmates thoraciques. On pouvait être à peu près certain que les insectes, dont les larves rentrent dans la première catégorie, n’ont pas de branchies à l’état adulte. Il n°v avait guère plus de probabilité d’en trouver chez ceux dont les larves appartiennent à la se- conde catégorie. C'était seulement dans les insectes prove- nant des larves de la troisième que l’on avait des chances de retrouver ces organes à l’état parfait. M. Gerstäcker a constaté, en effet, que celles de nos Per- lides d'Europe qui possèdent à l’état larvaire des branchies prosternales, les présentent en même nombre, de même forme el dans la même position à l’état parfait. Il décrit et figure celles de la Nemoura lateralis, Pictet ( Q N. nitida, Pict.) qui forment de chaque côté une touffe composée de trois branches cylindriques divergentes terminées en cul-de- sac. Leur membrane d’enveloppe, très-mince et tout à fait transparente, porte de nombreux petits poils fins régulière- ment disposés, naissant chacun dans une fossette arrondie. Dans chacun de ces sacs branchiaux, il pénètre un seul tronc trachéen relativement gros qui, après avoir donné une ou deux branches, se résout brusquement un peu après le mi- lieu de la longueur en plusieurs petites trachées qui ne se subdivisent pas. En outre de ces branchies, il existe trois stigmates thora- ciques disposés de la manière normale, ainsi que sept stig- mates abdominaux beaucoup plus petits. M. Gerstäcker remarqua que ces Némoures, aussitôt après leur transformation, se posaient sur des mousses humides et y restaient assez longlemps, en appuyant sur ces plantes leur corps et surtout la région portant les branchies. Il en conclut d’abord que ces organes leur étaient nécessaires ou du moins ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 319 d’une certaine utilité pendant la première période de leur vie d’insecte parfait. Mais, depuis lors, il a observé que ces insectes, enfermés dans un vase sec'pendant plusieurs jours, y vivaient bien et ne présentaient aucune modification dans leurs branchies. Il a vu aussi des espèces sans branchies avoir exactement les mêmes mœurs et les mêmes allures que les espèces à branchies. Ces organes de respiration aquatique mr. de la larve à Finsecte parfait se trouvent aussi, mais à un état beaucoup plus rudimentaire, chez les espèces de Perla, dont les larves ont des branchies en forme-de houppes correspondant par leur insertion aux futurs stigmates thoraciques. M. Gerstäc- ker a découvert, en effet, au bord postérieur des trois paires thoraciques de stigmates des Perla marginata et cephalotes, trois très-petiles plaques chitineuses, se séparant par leur bord libre de la membrane du corps qui les entoure et munis à leur périphérie de nombreux filaments mous relativement courts. Ces organes atrophiés n’ont évidemment plus de fonction respiratoire. Ils manquent complétement aux espèces qui n’ont pas de branchies thoraciques en touffes. Il est fort probable que l’on trouvera encore, soit dans la famille des Perlides, soit dans quelques autres familles voi- sines, des insectes parfaits pourvus de branchies plus ou moins développées. M. Gerstäcker pense que l’on devrait examiner à ce point de vue les Éphémères, insectes très- délicats chez lesquels ces organes auraient pu échapper aux habiles observateurs qui se sont occupés de cette famille. Il signale aussi certaines Phryganides dont les chrysalides ont encore des branchies trachéennes. Ce sujet est bien digne d'attirer l'attention, car l’existence de ces branchies présente de l'intérêt, non-seulement au point de vue anatomique et physiologique, mais encore comme indice généalogique. L'ordre des Orthoptères semble avoir. élé la souche d’où sont sorties toutes les formes plus Vu ee. t ue SEX ET, LD 0 VAE FANS AIT ST che # ee PES sr en Ce EPS pay « ÿ , “ds ES er dal à EP OR SES UE ae cu Ce OR A NN Re à a en M à Po TA DT D LAS SUR NUE ST EE RENE ae) Si 2 LA AS Ca : « » er 316 BULLETIN SCIENTIFIQUE. compliquées d'insectes. La structure simple des diverses ré- ‘ gions du corps chez certains de ses représentants, l’absence fréquente d'ailes, la simplicité des antennes souvent fili- formes ou sétacées, la fissure longitudinale de la lèvre infé- rieure dans laquelle on reconnait facilement une seconde paire de maxilles soudées sur la ligne médiane, tous ces ca- ractères et quelques autres moins importants doivent faire regarder ce groupe d'insectes comme étant celui qui se rap- proche le plus de l’état primordial. Cette opinion est encore appuyée par le fait que Les Orthoptères sont les plus anciens insectes connus à l’état fossile. Parmi eux les Perlides sont à leur tour une des familles qui présentent la plus grande indifférence morphologique, et l’on peut la regarder comme la plus simple parmi les insectes ailés. Il est donc fort inté- ressant de retrouver dans ces organes branchiaux des té- moins d’un état antérieur qui ne s’est modifié que graduelle- men. Aux arguments que M. Gerstäcker fait valoir pour con- sidérer les Orthoptères comme représentant un des types d'insectes les plus anciens, l’on pourrait ajouter, ce nous semble, le fait que ce sont eux qui fournissent le passage entre les Hexapodes et les Myriapodes. Comme l’a fort bien } montré Menge, la Scolopendrella ümmaculata, malgré ses douze paires de pattes, montre des affinités encore plus nom- breuses et plus grandes avec les Campodea qu'avec les Chi- lopodes. C’est une forte preuve en faveur de l'antiquité rela- tive des Orthoptères que de trouver dans ce groupe une ap- proche aux Myriapodes dont les autres insectes s’éloignent tellement. L’on sent qu’ils sont encore près du tronc commun qui a donné naissance à deux des grands rameaux de l’em- branchement des Arthropodes. A.H. nt tom ; AS DORA UE PP NT TER EN AT CALORE TOC PA A A CET LAC ER PPT NAN Ru EEE Lit UN W ï SEX f "a \ AA ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 317 D° Ranvier. Du SPECTRE MuscuLaiRE. (Académie des Sciences, 4° juin. — Société de Biologie, 30 mai 1874.) M. le D' Ranvier décrit dans ces deux notes un fait nou- veau : le spectre produit par les muscles striés volontaires qui seuls lui ont offert ce phénomène, et tire de ce fait quel- ques applications à la spectroscopie du sang et à la structure de ces muscles. Pour observer le spectre des muscles, l’auteur étend sur une lame de verre un ou deux faisceaux secondaires d’un muscle de lapin ou de grenouille. Ces parties sont convena- blement étalées sans addition d'aucune liqueur et recouverts d’une lamelle de verre dont les bords sont ensuite lutés avec de la paraffine pour prévenir l’évaporation. Il suffit alors de se placer au fond d’un appartement dont on a fermé les volets de manière à ne laisser pénétrer la lumière que par une fente. La préparation de muscle est placée au-devant et très-près de l'œil de l’observateur, les faisceaux primitifs étant orientés de telle sorte que leur axe longitudinal soit perpendiculaire à la fente formée par les volets de l’apparte- ment. Il apparaît alors de chaque côté de cette fente un, deux ou trois spectres disposés symétriquement, et dont les pre- miers sont les plus brillants et les moins élendus. Cette propriélé du muscle dépend, pour M. Ranvier, de ses stries transversales qui agissent sur la lumière blanche comme les stries fines et rapprochées que les physiciens ont tracées sur des lames de glace. M. Ranvier a fait construire un appareil qu'il nomme le myospectroscope, qui lui permet de se servir des prépara- tions de muscles pour observer le sang d’une façon analogue à celle qui est usilée dans la spectroscopie généralement en usage. Il a pu observer ainsi les bandes d’absorplion de l’hé- moglobine. 318 BULLETIN SCIENTIFIQUE. A la suite de nombreuses observations, M. Ranvier est ar- rivé à prouver expérimentalement qu’il y a un rapport à peu près constant entre la longueur du spectre et le nombre des sarcous-éléments contenus dans une longueur déterminée. C’est, en effet, les stries de démarcation des sarcous-éléments qui jouent le rôle des espaces laissés entre les siries d’un réseau. Cette propriété permet, par conséquent, de détermi- ner, d’après le spectre d’un muscle, le nombre des sarcous- éléments contenus dans une longueur donnée, 1 millimètre, par exemple. En observant directement un muscle couturier de gre- nouille dans divers états, en lai faisant subir une tension plus ou moins forte, en le soumettant à un courant induit pro- duisant le tétanos, M. Ranvier a observé que le spectre étail modifié dans sa longueur ou sa position ; mais dans tous ces cas différents, le musclé, qu’il soit en repos, en activité, ou dans tous les états intermédiaires entre le repos et la con- traction la plus énergique, donne toujours des spectres. La striation transversale, contrairement à ce qui a été soutenu par Meckel, y existe donc dans toutes les phases physiologi- ques qu’il peut présenter. DSP: D* Jozyer et T. BLANCHE. NOUVELLES RECHERCHES SUR LE PROTOXYDE D’AZOTE. (Archives de Physiologie, Paris, 1873, page 364.) Depuis la découverte du protoxyde d’azote par Priestley, en 1776, de nombreuses expériences ont été faites touchant l’action physiologique de ce gaz, et les opinions les plus con- tradictoires ont été émises sur ce sujet. Le gaz protoxyde d’azote entretient-il, au moins pendant quelque temps, la respiration des plantes et des animaux ? Ce gaz jouit-il de propriétés anesthésiques ou autres pouvant ZOOLOGIE. ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 319 être utilisées en médecine ? Telles sont les questions qui ont été débattues et qu’on a cru pouvoir résoudre, tantôt par l'af- firmative, tantôt par la négative. MM. Jolvet et Blanche reprennent cette question ab ovo, et arrivent par des recherches positives à des conclusions qui sont d’autant plus intéressantes à signaler que l’on a fait depuis quelques années, surtout dans l’art dentaire, un vé- ritable abus d’un agent qui est loin d’être sans danger. à Nous ne pouvons analyser en détail les expériences de MM. Jolyet et Blanche, qui ont soumis des végétaux et des animaux à l’influence du protoxyde d’azote et qui ont fait de nombreuses analyses du sang des animaux en expérience, en notant rigoureusement les symptômes qu'ils présen- taient. Ces auteurs arrivent aux conclusions suivantes : « Le protoxyde d'azote chimiquement pur ne peut entre- « tenir la respiration des animaux, non plus que celle des « végétaux, la combustion dans laquelle consiste la respira- « tion n'étant pas assez énergique pour décomposer le gaz «protoxyde d'azole. « Respiré pur par les animaux, le protoxyde d’azote est « donc un gaz asphyxiant qui amène la mort en produisant « tous les signes généraux de l’asphyxie par strangulation « Ou par respiration de gaz inertes (azote ou hydrogène), et « à peu près dans le même temps. « Respiré pur, si le protoxyde d’azote produit l’anesthésie, « C’est par privation d'oxygène dans le sang; l’insensibilité « se montre lorsqu'il commence à n’y avoir plus dans le sang « artériel que 2 à 3 pour 100 d'oxygène. Le sang artériel est « alors très-noir et contient 30 à 40 pour 100 de protoxyde « d'azote. « Les animaux peuvent vivre en respirant des atmosphères « artificielles de protoxyde d'azote et d'oxygène dans la pro- « portion des gaz de l’air, le protoxyde d’azole remplaçant A MA: BULLETIN scuevrsIQu R. L Ar « l’azote sans présenter de troubles de la sensibilité. sang « artériel contient alors environ 30 à 33 pour 400 de prot- 210 « oxyde d’azote. Des oiseaux plongés dans une atmosphère 15 « confinée semblable se comportent comme ceux placés dans « une cloche d’air de même capacité, et meurent après avoir « épuisé à peu près également Foxÿebne des cloches et formé «autant d’acide carbonique. ES « Le protoxyde d’azote étant un gaz irrespirable et ne É je « possédant pas les propriétés anesthésiques qu’on lui a at- ‘ tribuées, son emploi ne peut être que dangereux et doit, à . ce titre, être proscrit de la pratique médicale.» D'P. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE MOIS DE JUIN 1874. Le 1er, à 6 h. soir, éclairs et tonnerres à l'Est ; très-faible pluie. 4, à 43/, h. après midi. éclairs et tonnerres à l'Est ; un second orage éclate au Sud entre 6 et 7 h. du soir, et passe ensuite le long du Jura; très-faible averse à Genève. 5, de midi et demi à 3 h., éclairs et tonnerres à l'Ouest; très-faible averse à Ge- nève. 7, à 53/, h. soir, éclairs et tonnerres à l'Est. 8, à 55/, h. soir, éclairs et tonnerres, l'orage est accompagné de violents coups de vent du SSO. et passe ensuite le long du Jura. Du 12, à 6 h. soir, au 15 dans l'après-midi, forte bise; elle est même très-forte du : 13 av soir au 15 au matin. 16, il a neige sur les Voirons dans la nuit du 15 au 16. 17, rosée le matin. 18, de 71/, à 8 h. du soir, éclairs et tonnerres au NO., l'orage passe le long du Jura ; éclairs toute la soirée. 19, rosée le matin; à 5 !/, h. éclairs et tonnerres au Sud, l'orage passe du SO. au NE. et atteint sa plus grande intensité à Genève à 61/, h., forte averse à ce moment. 21, forte rosée le matin; à51/, h. soir, éclairs et tonnerres au SO., l'orage passe le long du Jura. Un second orage éclate à 8 h. soir, au SO., éclairs et tonner- res jusqu’à 10 !} h. 22, de 5 1/, à 6h. matin, éclairs et tonnerres ; à 5 1/, h. deux fortes décharges ac- compagnées d’une violente averse. 23, forte rosée le matin, léger brouillard à 6 h. matin. 94, à 4h. après midi, éclairs et tonnerres au SO. 30, rosée le matin. ARCHIVES, L. L. — Juillet 1874, 29 8 b. 8.h- 8 h. 6 h. 6 h. 6 h. SOIT ST EME MAXIMUM mm matin . ........ 134,23 matin 735,46 732,60 730,68 729,42 MANETTES MARINE CARRE at 729,87 ag Valeurs extrêmes de la pression Le LA 4h. à 6h. 2h. 6 h. atmosp, MINIMUM. US ET it ‘ + après eu ñ see . 729,56 après midi ...... 725,78 après midi 5 PUS 724,80 4 matin née 0ehe2718,08 * |" après midi....., 725,37 mas Te 10308 D PE PT EE AL % j $ î | | deLr 8 — | VG 0) a1qurTeA fe ‘:t [0r8 | 087 [9 —| 589 10'0— Ge*0r | Vest LI |810 —|£6Lr+ S8r + |Le'GEL| 08 L O89F) € — | GCTFUILO F ‘HNIe | o'e 1098 |087 | OF —| 629 l's0'e— | ge | a'8r+ | Gr |G0'6 —| GU'ST+, 96% + | 1S'08L | 68. 0'C9F| — — | 86015 ‘OSS|97 | 0'zr) 066 | 089 |7L7+ | #98 |760—-|076 | L'91+ 611 |10'S -—| 06 ar 9c'e — | cL'reL | 88 s 097106 —| 067980: omdemeaig | eLr| 016 |069 |971+ | LES |91'0+ | Lr'or | 0'8r+ | 6'G1+ |18'6 —| 90H | 88'a — | GC'TEL | Le [o‘esr) Fo +)091/007:F ‘oso:s | 91 086 |o79 |esr+ | g18 |90‘0+ | #e‘orle'6r+ | 9 lg —| 6671 re — | 80'6L | 98 0261.66 +081] 720 5 ‘ossi "| **-|lo8L | 06e |Lar— | 998 |vee— | 169 |9'os+ | s'er+ love —| ve oi pr + |cc'sez | ça g'esl| se 1881) €90r ‘OS S | eo |076 | 07€ | 6e — | 199 |01‘0-— | 1c'6 | 098 | S'or+ |rn'o —|c9'zr+ Leo — | 91'98L | re g'ecrlce +|S8L1| 760) N°) ":"1016 |08€ |9 +111 |89"0—|6r6 |0‘ca+ 68 + 907 —)co'or+ cs'r + | 1£'ec: | ex 4 G'yGH 66 + | Y'8T| 960 |1 ‘os 6 9'LF| 066 |0S9 |66r+ | 688 | Lr'o—+ | 09'07 | 9'81+ | 6'er+ |67'e —| 1er Gas — | c8'1eL | cc f 0'OGF| — — 190 |} NT | 2'0 | 008 | 019 | 09 +} SL | 197+ | 01‘ Er 66e | Sri 1780 | gc'er+ 08€ — | 08 €8L| 1e 9'orr 6 + )9'LF| 070 | erqerma "| +++ 098 |OLE | 66 — | 19 leg | 1‘) La | r'erisste +) 03‘0c—+ 96'0 + | 16:22 | 0% 5: CGT 86 + | 0'RF | F0 |ojqures | ver 06 | 09€ | 07 + 662 |161+ | cc'rr 88 | 6er + |gr'e +|sg'er+ 69 + | 09682 | 61 8‘6rr 95 +] LOT | #rO|7 NY | ya l0L6 | 016 | 06 + | 064 |61‘1+ | 60‘ 11 | Sec | L'or 1900 —|ec'or+ 80€ + | #6'68L | 87 Gr ST + |S89r)LLO | omeneslz | gy | OL8 | 097 | €r + | riz |rl'e— | 611 |a'er+ | ce + 96% —|s801+ 863 + | 08682 | LI | CUSrL'e | 9LE|ILOÏr ‘ossi | ---1006 | 08€ | 0 — | sç9 |er'e— | 079 |8'ort- | 32 + Tee —|e9'yr+ cc'r + | 66862 | 91 & G9cr 6 + )L9P|O00E)S ‘ANS | se |O0LG |08S | ci | Si8 |og'e— | çe'o |'o'gr+ | 02 H|geg —| re + | 160 + | 00'LeL | Sr : (gg — 660€ ‘ANN|'''| ‘| 018 | 007 | 67 —| 689 |628— | 102 | €'or+ | 16 + |g0'r —| Ter | LOT — | G9'GGL | 77 . |srere9 +)806|75018 “ANN |" "| 066 | 087 |99 —]| 869 |8S'e— | LIL | vert | er FLE —| 0671 | 890 + | SS'LGL | ET à L'oyr 61 + |L'IS|SeO) “Nl::| --.|002 | 08€ |907— | 668 |G8'0+ | Sc'or | 6 c++ | s‘er+ [vor +] 16'08—+ | #70 + | S0'LeL | 81 à g'eyr,£9 +]10c) 90017 - N°] +062 | 008 | 1617— | S1S |8s‘o+ | ex'or | 6"6e+ | L'LT+ 1189 + ec'ec+ | ae + | c8'682 | 11 à Der, Sa + | 861) 080 | orqemea +: 018 | 086 | 191— | SG gs‘ | grrr 0‘te+ | L'er—Æ loz + L0rc—<+ VTT + | L6'0€L | 01 : ser, 79 + |9"08| 980 |1 IN) 1066 | 086 [€ + |0rL loc e+ | SL'er | rés | 6er |89 y +] ce'os + | 06'S + | 89'TeL | 6 F2 G'GeV) VS +661, 8901F ‘ANNe | g'e |0L6 : 077 | 66 —| 619 | 08‘ | og'rr | c'98—+ | cor + ect | 1g"oc—+ | LIE + | 09'682 | 8 £ D'LZI| — LOUE ONN |") "082 016 lygr— | #9 LOT | or) 668+ | 9er l88 +] r8'ra+ | cr0 + | 08082 | L = 9861, 08 + |8'87) GEO |1 NV: |088 |OLY |76 — | S89 |r9'c+ | co'er| 896 + | OF |67r +|es"0c+ | 89r + | FO'8GL 9 % Lost 0€ + |L'OF|6E OT ‘Nir | so 1068 | 01 |GL —| #69 |o9'r+ | L6'or| rLe+ | 6'er+ lag 1 08‘06—+ | 19e + | g6‘rez | ç à L'yer) cr + | SL || 970 | Nr | g'o 1008 |00€ |G6g1— | FILS lorr+ | Grosse | r'rr+ l6s'e +] 6r'18—+ | c9'8 + | S8'YEL | + C3 9961) 8e + 18671080! ‘Nl'::| +. | 012 |Ore |097— | 148 logo |oc'e lére+ | n'ai logs +) goter+ | rrs + | co'ieL|e E. 9'Ger) Ve + |S'GF | 960 | aqua |+--) +. | 098 | 0$6 | ro1— | 019 l'or r+ | va'or | Le | S'y + ler + qr'oc+ | 18°+ + | 76061] 3 ca 00810 + | 867) 990 | ordures |r | go | 0EL | O0LG |a91— | 0SS |70‘0— | r0'6 | 6'26+ | L'ar+ |egy +1 60 08+ | LE'L + | Grec | r LA , | LA) “ur | “CIE | “UNIT 0 nr) 0 0 “Uf{UU “WUÇETUT ; r< x = ‘1 #6 || ‘UHIou “1 #3 “aPunou | , 2 FUTIOU | same z || “oqeur. “11 G 2 5 b put ET SL usage lung | dote Sp. 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Baromètre. nm rom nm min mm mm mm mm mn 1re décade 731,68 731,77 731,54 731,03 730,31 729,72 730,10 730,88 73121 2% » 728,76 728,76 128,47 72817 727,13 121,44 12752 721,81 728,25 En» 125,16 726,06 725,99 725,89 725,92 725,70 725,77 126,16 726,66 Mois 728,73 128,88 728,67 128,36 727,98 727,62 727,80 728,28 728,71 Température. ; LU 0 0 0 0 o 0 0 tredécade+16,33 +9,88 +22,10 +924,44 +5,70 +926,61 -+95,23 421,62 +19,64 2e » 413,03 1532 17,17 +18,99 +19,99 20,31 +18,73 +16,44 14,98 3e » +13,62 +15,29 417,75 +18,24 +18,79 18,99 418,37 415,92 414,72 Mois +14,33 16,83 419,01 +0,56 +21,49 +21,97 +920,78 +17,99 16,45 Tension de la vapeur. mm rm mm mn mm mm mm 1re décade 10,94 10,68 10,92 10,25 10,56 10,66 10,37 11,61 11,62 AE D 8,84 9,03 9,04 8,55 8,59 9,10 9,49 9,38 9,31 BR,r à 9,73 9,75 9,74 9,37 9,37 9,79 9,39 10,32 10,36 Mois 9,84 9,82 9,90 9,49 9,50 9,85 9,75 10,44 10,43 Fraction de saturation en millièmes. {re décade 791 619 254 460 443 AS 435 612 686 2e » 769 672 600 533 208 931 605 677 754 3e » 836 756 646 605 599 609 608 766 829 Mois 799 682 600 533 517 518 549 685 756 Therm. min. Therm, max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre. du Ciel, du Rhône. ou de neige. 0 0 0 mm cm 1re décade +14,27 +27,88 0,41 +17,56 5,9 129,22 2e » +10,98 +-21,79 0,49 <+18,51 18,5 149,94 3% » +-12,01 +-20,63 0,69 +15,67 69,3 159,19 Mois +-12,42 + 23,43 0,53 <+17,31 93,9 146,12 Dans ce mois, l’air a été calme 2,2 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,74 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 3,5 O., etson in- tensité est égale à 34,51 sur 100. TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE MOIS DE JUIN 1874. Le 1er, fort vent du SO. dans l'après-midi. 4, à midi, orage avec grêle et pluie. Le 9, à 13, brouillard dans la soirée. brouillard et neige presque tout le jour. brouillard intense tout le jour. brouillard le matin et le soir. 14, 15, 16, A7, 21, à 7h. du soir, très-forte grêle pendant un quart d'heure avec un seul coup 29, 25, 26, 27, 28, 29, 4er à 10 h. 4à 2h. 9 à 10 h. 18à 8h. 23 à 10 h. 30 à 10 h. brouillard intense tout le jour. 18, brouillard le matin et le soir. de tonnerre. brouillard et pluie tout le jour; dans la nuit du 22 au 23 le lac à été entière- | ment débarrassé de la glace. pluie et brouillard le matin, clair le soir. pluie et brouillard presque tout le jour. ME id. brouillard le matin. id. id. 11 h. matin, orage avec tonnerres et grêle pendant une demi-heure. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. matin ss... MINIMUM. mm min .... 574,43 MRC Le. 9;a:104h- Soi ER TERRE 572,44 Do R1,29 | GRAN SOIT REEECEE .. 570,31 .... 513,89 RS 452 160"h° matin." te 559,20 572,12 DAT SR AMAR EN RER 560,12 . . 568,41 28 à. 8h. matin... .....- 560,17 .... 512,66 SAINT-BERNARD. — JUIN 1874. Hauteur moy. des 2% heures. millim. 573,90 572,76 573,70 576,73 573,31 570,69 570,96 572,93 573,18 | 573,36 | 571,49 | 68,67 | 65,26 | 62,03 61,03 564,28 68,28 71,38 71,12 569,06 565,81 562,13 567.71 567,58 | 566,01 | 99 |! ET | 362,70 | | Ce © 7 O1 On QI C1 C7 C7 © b61,36 367,27 571,19 Baromètre. Écart avec Moyenne la hauteur | Minimum. | Maximum. des norinale. 24 heures, millin, willim. millim. 0 + 8,92 | 572,87 574,43 | + 6,67 + 6,99 | 572,44 | 573,08 | + 4,93 + 7,8% | 572,80 |. 575,09 | Æ 7,50 +10,79 | 576,10 | 577,29 || + 7,26 + 7,99 | 571,94 | 574,49 || + 9,37 + 4,58 | 57031 | 571,11 || + 9,24 + 4,77 | 570,33 | 571,79 | -+ 7,86 + 5,96 | 571,40 | 572,69 | + 8,72 + 7,13 | 578,01 573,91 || + 8,57 + 6,93 | 572,80 |: 573,82 || +10,00 + 4,98 | 570,41 : 572,21 + 8,91 —+ 2,08 | 567,89 | 569,21 + 7,72 — 1,41 | 563,94 | 566,54 | + 5,73 — 4,72 | 561,82 | 562,33 | — 2,53 — 5,79 | 559,20 | 562,53 | — 4,72 — 9,62 | 562,61 | 565,78 | — 1,30 + 131 569,80 | — 1,07 + 434 57219 | + 591 + 4,01 571,57 | + 8,71 + 1,88 S69,81 | + 7,59 — 1,44 | 563,62 | 567,11 + 8,11 — 5,19 | 560,12 | 565,53 || + 1,5c + 0,32 | 565,32 | 56841 | + 4,65 + 0,13 | 566,82 | 568,09 | + 5,44 — 1,60 | 565,82 |: 566,25 | + 1,31 — 92,35 | 564,91 |: 565,62 | + 2,82 — 4,93 | 561,74 : 563,33 | + 2,05 — 6,33 | 560,17 : 562,88 | Æ 1,57 — 048 | 565,12 | 568,88 | + 0:46 + 3,38 | 569,11 ; 572,66 | + 5,27 la plus basse et la plus élevée des tempérutures observées de & h, matin à 40 h. suir. Température ba, Écart avec la tempéralure| Minimum normale. on ue 0 ù + 1,00 4,4 + 214 2,9 + 4,60 3,ù + 4,25 5,2 + 6,25 7,5 + 6,01 6,5 + 4,52 ù,1 + 5,97 6,7 + 5,02 ù,8 + 635 7,4 + 95,16 7,0 — 3,87 5:7 + 1,78 2,0 — 6,57 4,0 5,8 5,8 o,0 0 ts) Maximum ep - Co De D = © OS cé HR = LORS à 19 I © en IT + 0,81 Li + 4,22 5,4 + 3,01 5,4 + 9,48 49 4 df 1,3 — 0,17 0,4 + 0,54 1,8 LEUR 01 — 2,93 | 154 don 1,8 — 3,69 | 0,2 = 4:00" 0,4 — 0,06 3,7 | Hauteur de la neige. millim. Eau tombée dans les 24 h. millim Pluie ou neige. 0 , Nombre d'heures. Vent dominant, SO. SO, SO. l calme NE. NE. SO, variable NE. NE. NE. NE. NE. NE. NE. NE, SO. SO. SO. NE _— — — NE. NE. SO, NE, SO, SO, variable NE. l NE, Clarté muyenne ‘lu Ciel. 6h. m. mm l'e décade 573,01 Dette 567,13 3e» 564 97 Mois 568,37 ù 0 0 0 0 0 0 ) + QAR ire décade+ 6,11 + 8,24 10,31 1102 11,00 + 9,74 + 838 HE 732 +. 693 “08 8h. m. nm 573,19 567,23 565,26 568,56 40 h. m. Midi. 2h.s. Baromètre. min mm mm Dia 2019 20857518 567,30 567,37 567,39 565,43 565,61 565,72 568,67 568,73 568,76 Température. &h.s. mm 573,15 567,33 565,97 568 81 6h.s. mm 573,08 567,20 366,03 568,77 1874. 8h.s. min 573,04 567,31 566,22 568,86 nn 573,14 967,32 566,32 268,93 2 2%» + 131 + 429 + 5,37 + 6,24 + 6,38 + 5,12 + 3,89 + 260 + 263 | 3 » + 209 + 3,33 + 3,80 + 5,51 + 6,32 + 5,38 + 4,30 + 3,41 + 263 . Mois + 317 + 5,26 + 6,49 + 7,59 + 7,90 + 6,75 + 5,50 + 444 + 4,06 Min. observé." Max. observé.” 0 0 1re décade + 5,50 411,96 % y + 0,89 + 667 RE + 1,38 + 6,76 Mois + 2,59 + 8,49 Clarté moyenne du Ciel. ou de neige. mm 9,54 14,2 0,72 18,7 0,71 110,4 0,66 143,3 Dans ce mois, l’air a été calme 8,9 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,52 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45° E., et son in- tensité est égale à 22,2 sur 100. 4 * Voir la note du tableau. Eau de pluie * 2 Hauteur de la x neige tombée, É min n. Mfénen Vee des .Allues Lith.F Naverrez, Genève Archives des Saences phys el nat 1874 TL. | PLII Clacèer Fig. 3 Furkahorn de Corno Blauberg SAN Ag4 Vat Rondadura S. Maria Alpe di Croce Col du lukmanier - Wifenen Faille Lith F Neoverrez, Genève | Lag e CTR RRARER ATEN (Ne REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE POUR L'ANNÉE 1873 PAR M. ERNEST FAVRE (Suite et fin.) TERRAINS CRÉTACÉS. La limite entre les terrains juras- siques et crétacés, dans les dépôts de l’Europe centrale, doit être placée, d’après M. SANDBERGER ‘, entre les cou- ches de Purbeck et les sables de Hastings. Tandis que, dans le Jura suisse, le Purbeck est recouvert en stratifica- tion concordante par le terrain néocomien inférieur (valan- ginien à Toxaster Campichei) et que les sables de Hastings et l'argile de Weald y font défaut, ces dernières forma- tions sont recouvertes, dans le nord de l'Allemagne, par le terrain néocomien moyen à Belemnites subquadratus et Toxaster complanatus. On doit donc les considérer comme un faciès d’eau douce du terrain crétacé inférieur. M. BacTzer * a distingué les subdivisions suivantes dans le terrain crélacé du Glærnisch : Calcaire de Seewen. Cénomanien. . . . . Galcaire identique au calcaire à caprotines. Gault. Calcaire à caprotines supérieur. Urgonien”. 2,07 Couches à orbitolines. Calcaire à caprotines inférieur. Néocomien. Couches ( Couches noduleuses (Kaufmann). Toxaster com- du Drusberg . . . ( planatus, Exogyra Couloni. Altmannsschichten. Couches à Pygurus rostratus et Neithea Valen- Valanginien. . . .. giniensis. Calcaire siliceux (Kieselkalk). 1 Land- und Süsswasser-Conchylien, 1870. ? Der Glærnisch. ARCHIVES, t. L. — Août 1874. 29 * + pes + dre se L 1, : D Er. y TER Et 2, Eee = Rp Eee M RAR + 2, de fee a le al [22] n°2) UN — Le) el D © _— [de] Q = © pol [de] [ea] =] > "2 Œ 330 M. De Hauer ‘ a donné le tableau suivant des terrains crétacés des Alpes autrichiennes : “AUODURIT 1 ROTOÉE ‘(unaed) ous ‘sayunddiq 19 S9JI[OIPEI P AIIPIE") "BILOUIS ls | Éèn amies, Le ons 2 vo, à “1U9IdURT) 19JSPX0J, & 249007) | Ë | ‘UP8ŒURAUIS 2p SU2N0) ‘PISJSSOY 9p sono") | S | | ——— | {À | | = | ‘sansuejeds e autenge | € | ' | . | “HIPAUOTEIUIS | | ; a || | a £ > SI9QI8IOA np jme) | € | ee] . . [e] } - aUOIIS 1PIUWOIFU09 E ep ‘SaJLiNddI Re a41e9çe9 arte © | Je9W018U07 |'ÉTMOU 998 AULTEUL J9 S948/ 2 P & | S9]monquo e aare2peo| 4009 AA *SOLULIQIOUI E SAUIEU ‘U9M99S 9p 941eIET | = L an ‘[UJUOIAIN NP S9Y2n01) ‘U2M99S 9P SOUIE Z Z JDAUOILO S910D)A ‘1DJU9p990 S00D4 | E ‘(pus) ‘SeuUUSryoriqne sed y ‘(PAXON) 1 Geol. Uebersichtskarte der œsterr. Mon., feuille XII, REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 331 M. P. pe LoroL' a terminé la description des Échi- nides des terrains crétacés de la Suisse, qui fait suite à l’Échinologie helvétique (oursins jurassiques) publiée par lui en collaboration avec M. Desor. Cet ouvrage con- tient la description de 168 espèces d'Échinides avec 33 planches d'excellentes figures. Ces fossiles se répartissent de la manière suivante : Total. Spéciales. Étages. Localités. 4 4 Sénonien. Calcaire de Seewen (Alpes). 8 1 Rothomagien (cénomanien Jura, Alpes. inférieur). 13 5 Vraconnien (gault supér.). Jura, Alpes. 19 10 Albien (gault inférieur). Jura, Alpes. 46 12 Aptien proprement dit(ap- Jura. tien supérieur). 22 14 Rhodanien(aptieninfér.). Jura, Alpes. 4% 21 Urgonien. Jura, Alpes (Schrattenkalk). 39 15 Néocomien proprement dit Jura, Alpes, Salève. (néocomien moyen). 11 11 Néocomien alpin. Châtel St-Denis, Justithal, ele. 52 32 Välangien. Jura, Salève. Les étages crétacés inférieurs sont reliés par un grand uombre d'espèces communes. L’aptien supérieur a une faune qui lui est presque spéciale ; il possède seulement {rois espèces communes à des étages inférieurs et une commune au gault: le gault inférieur a, au contraire, beau- coup de fossiles communs avec les étages suivants. L’é- tude des Échinides vient donc confirmer la présence d’une ligne de démarcation bien tranchée dans les faunes créta- cées de la Suisse entre l’aptien et le gault. Elle confirme aussi l'union intime qui existe, aussi bien stratigraphi- ! Matériaux pour la paléontologie suisse, vire série. Description des Échinides des terrains crétacés de la Suisse, 1873. La planche I de ce travail est consacrée à un supplément aux oursins jurassiques. Br REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. quement que paléontologiquement, entre les terrains ur- gonien et aptien inférieur. M. de Loriol se range à l’opi- nion, adoptée par beaucoup de géologues, que les marnes à orbitolines ne sont qu'un faciès du terrain urgonien et qu’il faut laisser aux marnes à plicatules le nom d'étage aptien proprement dit. Terrain néocomien. M. GiLLIÉRON ‘ a décrit le terrain crétacé des Alpes de Fribourg. Dans les chaînes du Gan- terist et du Stockhorn, le terrain néocomien à faciès alpin a succédé au terrain jurassique sans interruption dans la sédimentation et leur limite est difficile à reconnaitre. Il ne s’est pas déposé dans la chaine du Simmenthal, et se présente avec des caractères différents de ceux des chaînes précédentes dans le massif du Monsalvens ; il y a eu émer- sion des couches jurassiques avant l’époque néocomienne pendant laquelle des faunes de l’Europe centrale sont ve- nues faire invasion dans cette partie de la région alpine. M. Gilliéron distingue dans ce terrain, de haut en bas: Calcaire noir. Calcaire oolitique (faciès jurassien). Néocomien bleu. Couches à Belemnites latus. Calcaire à Ostrea (faciès jurassien). Couches de Berrias. M. M. E TRrIBOLET * a donné un catalogue des fossiles du terrain néocomien de Neuchâtel. Il divise ceterrain en néocomien inférieur ou couches de Hauterive, et néoco- mien supérieur ou couches de Neuchâtel, et indique les passages des espèces soit au terrain valangien soit aux terrains urgonien et aptien. Les espèces énumérées sont au nombre de 336 dont 273 mollusques. ! Matériaux pour la carte géol. de la Suisse, XII. ? Vierteljahrsschrift. Zurich, 1873. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 393 M. DEsor‘' a donné quelques renseignements sur le calcaire jaune siliceux qui forme la base du terrain néo- comien des environs de Neuchâtel et qui est exploité maintenant près de cette ville au erêt Taconnet. Terrain crétacé supérieur. I est très pauvre en fossiles dans les Alpes fribourgeoises où il est formé de calcaires schisteux blancs et rouges. Sa présence a été constatée par M. GiLLIÉRON * dans la partie supérieure du massif du Niremont où il a trouvé Micraster breviporus Ag. Cardiaster Gillieroni de Lor. Inoceramus Brongniarti Sow., au Monsalvens, dans les chaînes du Ganterist, du Stock- horn et du Simmenthal où il renferme des dents de squa-* lides et des foraminifères. M. Ooster* a contesté l’âge éocène que j'ai attribué, d'après des raisons stratigraphiques, aux schistes qui reposent sur le terrain nummulitique des Ralligstôcke et que j’ai nommés schistes de Merligen. Outre les fossiles qu'il a décrits dans sa monographie de ce terrain, il signale dans ces schistes quelques espèces crétacées qu'il a re- trouvées dernièrement dans le musée de Berne. Si ces fossiles proviennent réellement de ces couches, il faut cher- cher une explication de la position si anomale de ces schistes au-dessus de la formation nummulitique. M. REDTENBACHER * a décrit 57 espèces de céphalo- podes des couches de Gosau des Alpes autrichiennes; 50 d’entre elles sont nouvelles et 7 caractérisent l'étage sé- ! Bull. de la Société de Neuchâtel, 1873, 356. ? Matériaux pour la carte géol. suisse, XII. 5 Neues Jahrb. für Miner., 1873, 167. Voyez Revue pour 1872. 4 Die Cephalopodenfauna der Gosauschichten in den nordëstlichen Alpen. Abhandi. der k. k. geol. Reichsanst., V, 1873. Extr. Verhandl., 1873, 36. 334 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. nonien de diverses contrées de l’Europe. L'auteur en conclut que la couche à céphalopodes et les couches su- périeures (couches à inocérames, L. Cripsü, et banc à fo- raminifères) appartiennent au terrain sénonien et qu'il ne faut pas ranger l’ensemble des couches de Gosau dans le terrain turonien, comme plusieurs auteurs l'avaient fait. antérieurement. La description de ces fossiles est accom- pagnée de neuf belles planches. Terrains cénozoïques, TERRAINS TERTIAIRES. M. SANDBERGER ‘ a donné un ta- bleau des formations éocènes du bassin de Paris et du bassin méditerranéen. Il classe les couches nummuliti- ques d'Einsiedeln, d'Iberg, etc., dans l’éocène inférieur, le grès du Pilate, le calcaire nummulitique d’Interlaken, du Sentis, etc., le grès des Ralligstôcke, le grès du Gurnigel dans l’éocène supérieur, et le flysch dans l'oligocène en plaçant ces divers terrains en regard des autres formations correspondantes du bassin méditerranéen. M. pe Hauer* donne le tableau suivant des terrains éocènes des Alpes autrichrennes : Alpes septentrionales. Alpes méridionales. Couches de Hæring. [Groupe de Castel-Gom- Éocène à HET se, Lente supérieur [Couches de Reit im FAN, Couches de Laverda. (Oligocène)| Winkel. P Couches de Sangonini. Couches de Crosara. Couches à Bryozoaires. s Groupe de Priabona. Éocène Couches du Kressenberg. Couchesde Ronca, Bolca, inférieur. St-Giov.Illarione, etc. Couches du Burgberg. Tuf de Spilecco. ! Land- und Süsswasser-Conchylien, 1871, 112. ? Geol. Uebersichtskarte der œsterr. Mon. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 399 M. pe Reuss ‘ a terminé la description paléontologique des Anthozoaires et deseBryozoaires des terrains tertiaires du Vicentin. La faune de Castel-Gomberto, semblable à celle de Gaas dans le midi de la France, appartient à l’oli- gocène supérieur et lui a fourni 96 espèces; celle de San- gonini (6 espèces) rappelle surtout celle de l'oligocène d'Allemagne. La faune de Crosara (52 sp.) a 16 espèces communes avec celle de Castel-Gomberto; celle de S. Giovanni-Illarione a fourni 35 espèces de coraux; celle des tufs de Ronca seulement 8 espèces: ces deux derniè- res faunes ont un type éocène; elles ont une grande res- semblance avec le terrain éocène de Paris, de Nice et des Pyrénées ; mais l'étude des mollusques et des nummu- lites pourra seule indiquer leur place définitive dans cette formation. M. Guusez * a publié une note sur l’abondance extra- ordinaire de foraminifères (Globigerines, Plécanies, Cri- stellaires et Rotalines) contenues dans certaines couches marneuses (Stockletten) du terrain éocène du Kressenberg qu'on regardait jusqu'à aujourd'hui comme dépourvues de fossiles. Ces couches renferment aussi une quantité im- mense de coccolithes. Les formations tertiaires du Glærnisch se composent du calcaire nummulitique (parisien) dans lequel M. BaL- TZER * a recueilli : Nummulina intermedia d’Arch. Spondylus subspinosus d’Arch. exponens Sow. Pecten suborbicularis Munst. Cardium semistriatum Desh. et du flysch (ligurien) avec des fucoïdes. ! Palæontologische Studien über die ælteren Tertiärschichten der Alpen, III. Denkschr. der k. Akad. d. Wissensch., 1873, XXII. ? Neues Jahrb., 1873, 302, 3 Der Glærnisch. "% \ 336 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. M. SANDBERGER ‘ a décrit la faune du calcaire d’eau douce éocène des Ralligstôcke. €es fossiles se trouvent dans un calcaire noir, associé à du lignite, qui forme la base du calcaire nummulitique contemporain des sables moyens du bassin de Paris. Il est probablement de l’épo- que du calcaire grossier, mais la mauvaise conservation d’un grand nombre des fossiles ne permet pas une déter- mination rigoureuse de l’âge de ce dépôt. M. Sandberger décrit et figure les espèces suivantes : Neritina Fischeri Brunn. Planorbis goniobasis Sandb. var.? Melania alpina May. Helix Rutimeyeri May. Melanopis carinata Sow. Cyclostomus sp. (operculum). Limneus longiscatus Brard var. ? Cet auteur * classe le flysch des Alpes et des Carpa- thes dans l’oligocène inférieur. Les couches des Diable- rets, de Gap, d'Entrevernes et des Alpes liguriennes (Cairo) qui contiennent la Cyrena semistriala et un grand nombre de fossiles communs au calcaire grossier, aux sables moyens et aux grès de Fontainebleau, représen- tent, d’après lui, tout l’oligocène moyen, tant qu'on n'aura pu y distinguer deux horizons dont l'inférieur correspon- drait aux marnes vertes du bassin de Paris, le supérieur à l'horizon de la Natica crassatina. M. Sandberger regarde l’Aquitanien (I a-d) de M. C. Mayer comme l'équivalent de son oligocène supérieur ; mais il classe dans Le miocène les subdivisions supérieures (aquitanien I e et IF) de cet auteur. Les couches saumâtres à Cyrena semistriaia de Ralligen, de Saint-Sulpice près de Lausanne, d'Yverdon, de Hutwyl (Berne), de Horw et Winkel (Lucerne) appar- t Land- und Süsswasser-Conchylien der Vorwelt, 1872, 247. ? Land- und Süsswasser-Conchylien, 1873, 278, 308, 333. ME) |. CE MONEE ou jt CAES ci VASTE ER : ls TN : LES 4 : " ù { d (arr Ke REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. JT tiennent à l’oligocène supérieur. Ce terrain est nettement limité dans le bassin de Mayence par les calcaires d’eau douce avec Cyclostomus antiquus, Helix Ramondi, H. os- culum, etc.; mais la limite est plus difficile à établir en Suisse à cause de la ressemblance des roches oligocènes et miocènes; cependant, on retrouve le même horizon ca- ractérisé par l’Helix Ramondi à la Rochette (Vaud) et à Rafi (Saint-Gall). M. Th. Fucus‘' n’est pas d'accord avec l'opinion de M. Garnier * qui regarde les couches de Gap, de Faudon et des Diablerets comme inférieures aux couches à Serpula spirulæa, ce qui les ramène dans le terrain éocène infé- rieur, tandis qu'elles sont généralement regardées comme appartenant au terrain oligocène inférieur. Cet auteur ne considère pas les couches à orbitolites et à nummulites, supérieures aux couches à cérithes, comme l'équivalent de celles à Serpula spirulæa , mais comme oligocènes. M. GARNIER * a continué ses études sur le terrain ter- tiaire des Basses-Alpes, dans les bassins de l’Asse, du Verdon et du Var. L'ordre de superposition des couches -Lertiaires dans ces deux dernières vallées est le suivant : 1. Flysch, calcaire à fucoïdes (éocène supérieur). 2. Couches à nummulites avec orbitoïdes, operculines et Serpula spirulæa (éocène moyen). 3. Couches sans nummulites, à Cérithes et Natica Vanpicana (é0- cène moyen). Ces dernières appartiennent au même horizon que les couches des Hautes-Alpes et des Diablerets. Le flysch est. © Verhandl. g. Reichsanst., 1874, 57. * bell. de la Soc. géol. de France, 1872, XXIX, 484. # ul. de la Soc. géol. de France, 1872, XXIX, 692. 338 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. surmonté dans la vallée de l’Asse, 1° des argiles à lucines et à Teredo Tournali et des grès à Natica semidecussata, représentant la partie inférieure des sables supérieurs du bassin de Paris et les couches tongriennes de Castel- Gomberto dans le Vicentin; 2° des couches d’eau douce correspondant au tongrien supérieur et au calcaire de Beauce. L'auteur donne des coupes détaillées de cette région, Ces renseignements sont complétés par une étude de M. Tournouer ‘ qui cherche à établir le parallélisme des dépôts tertiaires des Basses-Alpes soit avec le bassin de Paris, soit avec le Vicentin. M. GizciéroN* a décrit en détail le flysch des Alpes fribourgeoises et les blocs exotiques qui y sont con- tenus. M. 2e Mossisovics a rapporté au terrain éocène (flysch) les schistes des Grisons (Bündner-Schiefer) du Prättigau, malgré les bélemnites qui y ont été trouvées et qui avaient engagé Théobald à les classer dans le lias. La présence de ces fossiles, constatée maintenant à diverses reprises dans le terrain éocène, ne peut plus fournir d’ob- jection à ce classement molivé, soit par la nature des ro- ches, soit par leur position géologique. Dans le Vorarlberg et la principauté de Lichtenstein, le flysch paraît plonger sous les calcaires-des Alpes; ce n’est pas le résultat d’un renversement des couches, mais celui d’une faille. Ailleurs, où le renversement existe en effet, on voit les roches nummulitiques et crétacées inter- posées entre le flysch et les roches plus anciennes. t Bull, de la Société géol. de France, 1872, XXIX, 707. ? Matériaux pour la carte géol. de la Suisse, XIL. 5 Jahrb. k.k, g. Reichsanst., 1873, XXIIT, 158, 174. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 399 M. Forsyra Mayor‘ a donné une description des ron- geurs du terrain sidérolitique du sud de l'Allemagne et de la Suisse. L'examen très détaillé de ces restes fossiles, accompagné de nombreuses figures, est complété par des recherches sur l’odontographie comparée des ongulés et des onguiculés. Ce travail, essentiellement paléontologique, fournit de nouveaux documents pour la connaissance des mammifères fossiles de la Suisse à laquelle MM. Ruti- meyer et Pictet ont tant contribué. L'auteur s’écarte ce- pendant sur plusieurs points des opinions émises par ces savants naturalistes. M. Tu. Fucus * a combattu la classification, présentée par M. C. Mayer *, du terrain tertiaire suisse dans ses rapports avec le tertiaire de l’Antriche. L’argile de Baden (étage tortonien), qui est tantôt supérieure, tantôt in- férieure au calcaire de la Leitha, quelquefois même inter- calée dans ce calcaire, appartient à la même époque que lui et nori à une époque distincte, comme le croit M. Mayer. L’Helvétien de la Suisse correspond exactement en Autri- che aux couches de Horn (étage méditerranéen inférieur) et non au calcaire de la Leitha (étage méditerranéen su- périeur). M. SANDBERGER ‘ a donné un résumé de la composition du terrain miocène dans le Jura de la Suisse et de la Souabe. La série de ces terrains dans la première de ces régions est la suivante: ! Nagerüberreste aus Bohnerzen Sfddeutschlands und der Schweiz. Paleontogr., XXII, 1873. 2 Verhand!. g. Reichsanst., 1873, 178. 5 Verzeichniss der Versteinerungen des Helvetian. (Voyez Revue pour 1872.) 4 Neues Jahrb. für Miner., 1873, p. 575. 340 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. Sables à Dinothérium. Miocène supérieur d’eau douce, marnes bigarrées et sables à Mela- nia Escheri, Melanopsis Kleinii. Dépôts marins ; couches à Ostrea crassissima (helvétien May.). Calcaire d’eau douce à Helix Ramondi et rugulosa (coquilles terres- tres de Hochheim, vertébrés d’Eckingen près Ulm). | Marnes bigarrées et marnes noires à Chara Meriani, Heïix rugulosa. Calcaires sableux et argiles à Natica crassatina, Ostrea callifera, cyathula, etc. Les sables à Dinotherium que M. Greppin regarde comme inférieurs aux grès à Ostrea crassissima, déve- loppés dans le val de Tavannes, à Undervelier, etc. leur sont en réalité supérieurs. La série de ces terrains est beaücoup plus complète dans la Souabe. M. F. Sonaccu ‘ a décrit les éruptions de basalte et de phonolite du Hôhgau, au nord de Schaffhouse ; 1! en a publié une carte géologique. Les cônes de ces roches sont entourés de puissants dépôts de tufs qui proviennent d’éruption de cendres et de boue. Ces tufs renferment beaucoup de fragments de gneiss et de granit de la Fo- rêt-Noire, arrachés à l’intérieur de l'écorce du globe et entraînés par l’éruption. Les tufs basaltiques contiennent des fragments de la nagelfluh jurassique et de la partie su- périeure du grès coquillier; les tufs phonolitiques contien- nent des coquilles de l’époque d'OEningen. Les éruptions basaltiques et phonolitiques sont à peu près contemporai- nes et datent de la fin de l’époque tertiaire; elles sont antérieures à l’époque glaciaire. TERRAIN QUATERNAIRE. Le terrain quaternaire des environs de Berne se compose, d’après M. BACHMANN *, 1 Actes de la Soc. helvét., 1873. Archives, octobre 1873. 2 Der Boden von Bern. Prüfungsprogramm der Berner Kantons- schule für 1873. # 0) " "À TER . L LulE NP PONT SONT TOO NS DR L PEN NT VON Sp ht dinhé Len Los. oi ct tnt de im de ! L | ; j D £. _'etll ts cr PE ni pi ANS DTSRSES Le RAR ET RER ERE ce PL T Rae WO LS AR LUNA) 4 J C : 4 ; 14 - REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 341 de conglomérats solides ressemblant à la nagelfluh et formant la moraine profonde des anciens glaciers pendant leur accroissement, des alluvions glaciaires et des mo- raines déposées, pendant leur retrait, de l’alluvion des ter- rasses, du terrain glaciaire remanié et d’autres dépôts postglaciaires et modernes. Ce géologue donne une liste des diverses roches qu’on rencontre dans le terrain erra- tique déposé par l’ancien glacier de l’Aar. Il décrit aussi avec beaucoup de détails les divers dépôts glaciaires de cette région. Les derniers volumes des Matériaux pour l'étude des glaciers par M. Dozcruss-Ausser, dont la publication a été retardée par la mort de leur auteur, ont maintenant paru. Ils terminent ce vaste recueil dans lequel sont con- signés des documents sur les glaciers actuels et anciens du monde entier, les observations météorologiques de Jauteur au Saint-Théodule, etc. M. Hem‘ a découvert à la surface de la mollasse des environs de Lucerne, sur la colline dans les flanes de la- quelle a été sculpté le lion, des stries glaciaires dirigées N. N. O. et de nombreuses excavations nommées Marmi- tes des géants. Ces excavations, qui sont remplies de ter- rain erratique, ont jusqu'à 3 mètres de profondeur. M. BazTzer * a décrit le terrain glaciaire du massif du Glærnisch, et M. GiLLIÉRON * celui de la partie septen- trionale des Alpes fribourgeoises. Nous devons à M. Vouca “ un travail sur le terrain quaternaire contenant des blocs erratiques et des cail- * Ueber den Gletschergarten in Luzern. 2? Der Glærnisch. 5 Matériaux pour la carte géol. de la Suisse, XII. 4 Bull, de la Société des Sciences de Neuchâtel, 1873, IX, 428. 3492 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. loux striés et qui se trouve en un grand nombre de points du bassin de l’ancien glacier du Rhône, à Arnex, à Cor- taillod, au-dessus d’Aubonne, etc. Ces dépôts se sont for- més, d’après lui, dans de petits lacs dont les eaux étaient contenues par le glacier, comme celles du lac actuel de Mergelen (Valais). Ils occupent une vaste surface au pied du Jura et on les observe à une assez grande hauteur dans la partie inférieure des vallées de cette chaine. M. Desor ‘ a publié une note sur les paysages morai- niques. Il décrit ces paysages sur le versant méridional des Alpes et montre l'influence des anciens glaciers sur le caractère actuel du pays. Il constate les mêmes faits sur le versant nord et il en cite un exemple remarquable dans les environs d’Amsoldingen, près de Thoune, dont il donne une carte. Les phénomènes glaciaires de la vallée de l'Etsch et de lInn ont été étudiés par M. GuweL ?; il signale en particulier les roches polies et striées du versant méri- dional des Alpes où elles s’élèvent à une grande hauteur au-dessus du fond de la vallée et les grandes masses de terrain glaciaire des environs de Botzen qui, par suite des érosions, présentent de hautes pyramides ou aiguilles de terre, surmontées de blocs plus ou moins considérables et rappellent les Pyramides des Fées qui se trouvent soit près de Saint-Gervais en Savoie, soit près d'Évolène dans le Valais. M. Cu. GRap Ÿ a donné une description des formations ‘ Actes de la Société helvét. Schaffhouse, 1873. 2 Gletschererscheinungen aus der Eiszeit. Sitzungsber. der Akad. d, Wiss. Munchen, 1873, 223. 5 Description des formations glaciaires de la chaîne des Vosges en Alsace et en Lorraine, 1873. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. | 343 glaciaires de la chaîne des Vosges en Alsace et en Lorraine. Contrairement à l'opinion de M. Hogard, il admet la su- perposition du terrain glaciaire vosgien à des alluvions fluviatiles. Ces alluvions anciennes qui contiennent l’Ele- phas primigenius et le Bos priscus, sont recouvertes dans l'intérieur des vallées par des dépôts glaciaires, dans la plaine et à l’entrée de ces vallées par un lehm contempo- rain de ces dépôts ; celui-ci renferme les ossements des deux espèces signalées plus haut, des coquilles fluviatiles et terrestres des régions froides et, à Eguisheim, des os- sements humains accompagnés d'ossements du cerf, du bœuf et de l'éléphant. La contemporanéité des anciens glaciers et de l’homme en Alsace est prouvée, dit-il, d’une manière irrécusable. M. PLaTz' consacre un chapitre de son histoire de la vallée du Rhin à l’époque quaternaire; 1l déerit les varia- tions du cours de ce fleuve à cette époque; il dit que l'existence d'anciens glaciers quaternaires dans la Forêt- Noire ainsi que dans les Vosges n’est pas encore un fait bien avéré, malsré les affirmations de MM. Collomb, Del- bos, Grad, etc., et il attribue l’origine du loess aux mol- lasses de la Suisse dont les éléments auraient été détruits et entraînés par les eaux à l'époque de la fonte des grands glaciers alpins. Le loess apparaît dans la vallée du Rhin à Beuggen où il s’élève à 106 mètres au-dessus du fond de la vallée. Époques glaciaires. M. Gasrazni? a réfuté les idées émises par M. Geikie® sur l'existence de deux époques glaciaires dans le bassin du Pô; d’après lui, le terrain 1 Verhand]. nat. Ver. Carlsruhe, 1874, VE ? Atti Acad. Sc. Torino, 1873, VIH. 5 Voyez Revue pour 1872. 314 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. pliocène qui se trouve dans l’amphithéâtre des moraines d'Ivrée n’est pas intermédiaire entre deux dépôts gla- ciaires. Les dépôts interglaciaires de la Suisse (Utznach, Durnten) ne conslituent pas un terrain spécial, mais un dépôt accidentel dû à des circonstances orographiques et climatériques locales. Dans le tableau d'ensemble donné par M. RENEVIER ‘ de la période moderne, cet auteur n’admet qu’une période glaciaire et regarde les dépôts glaciaires inférieurs aux li- gnites d'Utznach et de Durnten comme tout à fait locaux. Ces lignites, contemporains des alluvions anciennes, sont surmontés, comme elles, du terrain erratique alpin recou- vert par trois niveaux de terrasses diluviennes. M. Hoœrer * a publié une étude sur le terrain glaciaire de la Carinthie. Il admet l'existence de deux périodes gla- ciaires qui correspondraient à celles qui ont été admises en Suisse par M. Heer. Les glaciers de la seconde période auraient eu une extension beaucoup moins grande que ceux de la première. Faune quaternaire. M. À. FAVRE * a donné une liste des débris de renne trouvés en Suisse; ces restes, ainsi que ceux de l’Elephas primigenius, ont été recueillis dans l'alluvion des terrasses à 20 ou 25 mètres au-dessus du niveau des lacs et des rivières. M. RurmeyeR * a publié une note sur les restes fossiles découverts dans les stations de l’âge du renne de Veyrier au pied du Salève et de Villeneuve, et signalés déjà par ! Bulletin de la Société vaudoise, 1873, XII. 2? Studien aus Kærnten. III. Die Eiszeit in Mittelkærnten. Neues Jahrb., 1873, 128. 5 Congrès international d'Anthrop. Bologne, 1871, 339. # Ueber die Rennthier-Station von Veyrier am Saleve. Archiv für Anthropologie, 1873, VI, 59. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 349 divers observateurs; il en indique 29 espèces. Le renne et le ptarmigan y sont particulièrement abondants. Le premier de ces animaux, ainsi que le cheval, y était, suivant M. Rutimeyer, à l'état domestique. La faune de l’âge du renne à Veyrier a une ressemblance extraordi- paire avec celle de la même époque en Belsique; elles diffèrent surtout par la présence de quelques types alpins à Veyrier et de quelques types arcliques en Belsique. Elle est postérieure aux dépôts de lignite et de cailloux de l'époque glaciaire et antérieure à la faune des lacustres. Une caverne de même époque que celle du Salève et contenant des restes abondants du renne et une dent de mammouth a été découverte dernièrement à Tähingen dans le canton de Schaffhouse. M. E. CuanTRe ‘ a signalé un gisement d’ossements d'espèces émiyrées et d'espèces éteintes (Bos primigenius, Cerous tarandus, Eivrphas primigentus, ete.) dans des gra- viers de la Saône près de Saint-Germain-au-Mont-d’Or (Rhône). Ces fossiles sont probablement contemporains de la fin de la grande extension des glaciers alpins dans la vallée du Rhône. M. Lepic * a exploité, à Savigny, près d’Aix-les-Bains, deux cavernes, dont l’une nommée la grande Barme, lui a fourni avec un certain nombre d’ossements de bœuf, de cerf, de cochon, de chevreuil et de chien, des instruments de l’époque de la pierre polie, qui consistent en haches de serpentine et de diorite, couteaux en silex, poinçons en O0, elc. M. Quiquerez * a donné une note sur les cavernes du 1 Bull. de la Soc. géol. de France, 1873, 1, 143. ? Matériaux pour l'histoire de l’homme, 1873, 1V, 157. 5 Indicateur d'antiquités suisses, 1874, 512. ARCHIVES, & L. — Aoùt 1874. 2% 346 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. Jura bernois, dont plusieurs renferment des restes de l’époque de la pierre polie, Stations lacustres. M. V. Gross ‘ à fait l’étude de celles du lac de Bienne. Ces stations appartiennent à l’âge de la pierre, à celui du bronze et au commencement de celui du fer. Elles sont presque toutes sur la rive droite du lac: celles de Locras, Hagueneck, Gérofin, Latrigen et Cha- vannes appartiennent à l’âge de la pierre seulement. M. Tu. Sruper * a examiné les nombreux ossements retirés des stations de Locras et de Mærigen, parmi les- quels ceux du bœuf, du cochon des tourbières et du chien sont très abondants; il signale la prédominance des ani- maux domestiques sur les restes d'animaux sauvages et indique un progrès marqué à cet égard sur les stations de Robenhausen, Wangen, etc. M. H. Dor® a décrit et figuré trois crânes lacustres, dont l’un provient du lac de Morat et les deux autres du lac de Bienne. Glaciers actuels. M. À. Hein * a fait une étude des di- verses théories émises sur le mouvement des glaciers et sur les causes de ce mouvement. Le glacier glisse sur son support comme une masse compacte et 1l coule comme un fluide; l'observation ainsi que les expériences de nombreux naturalistes ont démontré l’existence de ces deux causes qui agissent elles-mêmes d’une manière complexe. M. Heim signale 37 auteurs qui se sont occupés de cette question et dont Scheuchzer (1723) a été le premier. 1 Les habitations lacustres du lac de Bienne. Delémont, 1873; ex- trait : Matér. pour l'histoire de l’homme, 1873, IV, 205. 2 Indicateur d’antiquités suisses, 1874, 507. 3 Notiz über drei Schædel aus den schweizerischen Pfahlbauten, 1873. — Mittheil. Bern, 1873, 63. # Jahrb. des Schweiz. Alpenclub, 1873. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 347 Afin d'arriver à une connaissance plus complète des glaciers de la Suisse, M. SGrrien ‘ a publié un carnet destiné à être complété par les membres du Club alpin et dans lequel sont énumérés tous les glaciers rangés par régions, avec des renseignements sur leur cours, les mon- tagnes dont ils tirent leur origine, etc. Les divers groupes de glaciers sont combinés, non d’après les bassins dans lesquels ils s’écoulent, mais d'après les massifs de monta- gnes qui leur donnent naissance. Affouillement glaciaire. M. Bonxey * a examiné les lacs du Salzkammergut (Tyrol) au point de vue de la théorie de l'érosion glaciaire. Pour supposer qu'un gla- cier puisse creuser un bassin, il faut nécessairement, dit- il, qu'il y ait en amont un district capable de donner nais- sance à un glacier considérable; or, la plupart de ces lacs ne sont pas dans cette condition. De plus, un glacier ne peut, en aucune circonstance et surtout pas près de son origine, produire des précipices considérables ou des pentes à peu près verticales. Les lacs du Salzkammergut, généralement entourés d’escarpements d'une grande hau- teur, ne peuvent donc avoir été creusés par les glaciers, et il faut chercher leur origine dans les érosions causées par les eaux, érosions qui ont modifié et augmenté des bassins naturels formés par des mouvements de l’écorce terrestre ou par des courants marins. Dans sa description du terrain glaciaire des Vosges, M. GRap a également indiqué des faits nombreux contrai- res à la théorie de l’affouillement glaciaire. ! Les glaciers de la Suisse rangés par régions et par groupes. Zu- rich, 1874. ? Quart. Journal of the geol. Soc., 1873, XXIX, 382. 348 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. | M. GasraLpi ‘ signale diverses observations faites par lui dans les hautes montagnes du Piémont, dans la vallée de la Stura, ainsi que dans le bassin de la Doire Ripaire, sur les combes ou amphithéâtres creusés par les glaciers. Ces combes sont creusées dans le calcaire, le gypse, la cargneule et même dans les schistes cristallins où elles sont moins étendues. Il en figure un certain nombre et conclut que l'absence de grands lacs aux débouchés de la Doire Baltée, de la Doire Ripaire et de la Stura, dans la plaine, prouve seulement que les glaciers, de même que l’eau, creusent difficilement les pcerres vertes, les diorites et les syénites qui ne sont pas sujettes à la désagréga- tion atmosphérique et qui forment précisément la limite extérieure des Alpes du côté du Piémont, tandis que là où ces roches n’existent pas, dans les vallées du Tessin, de l’'Adda, de l’Adige et sur le versant nord des Alpes, l’éro- sion glaciaire a agi sans difficulté. III. Roches, géologie dynamique, etc. Le gouvernement fédéral s’est occupé de la question de savoir si l’on ne pourrait pas établir sur le sol suisse une exploitation de la houille du terrain houiller, M. DE- sor* a publié une note sur ce sujet. Les Alpes n'offrent pas de perspective d'exploitation régulière parce que la houille, toujours en bancs minces, y est changée en anthra- cite. L’épaisseur des dépôts à traverser pour atteindre l'horizon de la houille dans le Jura serait au moins de 900 mètres et dans la plaine de 1600 mètres, épaisseur 1 Atti Acad. Sc. Torino, 1873, VIII. — Quart. Journal, 1873, XXIX, 396. ? Bulletin de la Société de Neuchâtel, 1873, 361. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 349 qui rend impossible les tentatives d’exploitation. La loca- lité la mieux appropriée à des recherches de ce genre est, comme le remarque M. Desor, près de Rheinfelden, dans la vallée du Rhin, où le grès bigarré affleure sur un assez long espace sur le territoire suisse. On pourrait rencon- trer en ce point la prolongation du banc de houille ex- ploité à Ronchamps, bien que divers essais tentés autour de la Forêt-Noire n’aient pas donné des résultats fort sa- tisfaisants. Encore l'épaisseur du terrain à traverser se- rait-elle d’au moins 550 mètres et peut-être beaucoup plus grande. Il a été publié cette année un mémoire de GERLACH* sur les mines du Valais, à l'étude desquelles ce savant géologue a consacré une grande partie de sa vie. Ce tra- vail est composé d'une courte description géologique de la région dans laquelle se trouvent les mines, puis d’une statistique de ces mines avec des données sur leurs gise- ments et leurs exploitations. L'auteur décrit successive- ment les mines de houille du terrain jurassique supé- rieur, celles d’anthracite de la zone septentrionale du ter- rain houiller, près d’Outre-Rhône et de la zone méri- dionale ; les mines de fer provenant de divers gisements, celles de plomb, de cuivre, de nickel, de cobalt et d’or dont la plus grande partie se trouvent dans la zone de schistes micacés et chloriteux qui s'étend du Simplon au Grand-Saint-Bernard. Plusieurs coupes géologiques sont jointes à ce travail. M. A. JaccarD” a étudié les phosphorites du Jura neu- châtelois; elles se trouvent dans le gault, de même qu’à 1 Die Bergwerke des Kantons Wallis, 1873. ? Actes de la Société helvét., 1873, 88. — Archives (Bibl. Univ.), 1873. 390 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. Bellegarde; les fossiles du gault sont pyriteux dans les argiles pures; ils sont phosphatés dans les sables. Les nodules du gault de Morteau sont formés d’un agglo- mérat de fossiles phosphatés liés par un ciment éga- lement phosphaté; mais le sable encaissant ne renferme pas de phosphate ; ailleurs les nodules phosphatés ne sont pas formés par des fossiles. M. Jaccard regarde comme démontrée l’origine animale des phosphates de même que celle des bitumes. L'analyse faite par M. Picard des no- dules de Morteau indique 33,6 °/, de phosphate d chaux. On a découvert’ sur la route de Collonges à Belle- garde, dans le département de l'Ain, dans une position géologique qui n’est pas encore exactement déterminée, une terre argileuse blanche à l’intérieur et traversée par des veines rouges et jaunes plus ou moins sableuses. Cette terre est éminemment réfractaire; elle est susceptible de moulage; l'exploitation en est très facile. MM. Apor et Ricuer * ont fait l'analyse de rognons d’une argile smec- tique qui y sont contenus ; sa composition est à peu près identique à celle de l’halloysite. M. Weiss * a décrit des cristaux de quartz enfumé pro- venant des environs de Gombs dans le Haut-Valais. Gypse et cargneule. M. de Frirscu*, qui a étudié en dé- tail les grands gisements du gypse du versant sud du Saint-Gothard, n'hésite pas à les regarder comme un dépôt marin chimique de sulfate de chaux. 1 Gardy, Faton et Rochat. (Bulletin de l'Institut national genevois, 1872, XVIII, 69.) 2? Archives, 1874, tome XXXIX, p. 242. 5 Sitz.-Ber. des nat. Ver. d. preuss. Rheinlande und Westphalens, XXVIII, 142. # Das Gotthardgebiet. « REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 391 D’après M. CHavannes', le gypse des Alpes vaudoises n'appartient pas au trias; il n’est pas une roche sédimen- taire mais bien une roche métamorphique; le gypse se trouve ordinairement sur des lignes de failles et de dislo- cations; cet auteur signale au milieu des masses de gypse, un grand nombre d’arrêts de transformation de la roche primitive. [Il distingue deux espèces de cargneule : un premier type formé par une brèche à fragments angu- leux reliés par un ciment calcaire et formant des couches régulières; cette brèche dolomitique est le résultat d’une transformation de la dolomie qui est elle-même une ro- che métamorphique; elle ne représente aucun horizon géologique, mais elle peut se trouver dans toutes les formations. Le second type est une masse bréchiforme constituant des amas irréguliers, soit le long des gise- ments de gypse, soit dans le fond ou sur les flancs des ravins. Le même auteur ? a signalé, dans les Alpes vaudoises, des calcaires siliceux transformés en cargneule siliceuse et des blocs de conglomérats du flysch transformés d’une manière plus on moins complète en gypse dans lequel on trouve des cristaux de quartz bipyramidé. Dans sa description géologique des Alpes fribour- geoises, M. GILLIÉRON® regarde le gypse et la cargneule comme se trouvant très probablement à trois niveaux dif- férents : dans le terrain triasique, à la base du terrain kimméridien et à la base du flysch. M. DoLTeR “ a publié des observations sur les tufs por- ! Bull. de la Soc. vaud. des Sciences natur., 1873, XII, 109. ? Actes de la Société helv. pour 1873, p. 90. 5 Matér. pour la carte géol. de la Suisse, XII, 14, 46. # Neues Jahrb,, 1873, 569. AXE EN RS le ue fin ie br he Ne) AN es DT # 399 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. phyriques du Tyrol méridional étudiés antérienrement par MM. de Richthofen, Tschermak et Lemberg. Il les divise en tufs porphyriques quartzeux et tufs porphyri- ques pyroxéniques. Les premiers, contemporains du grès de Grôüden, sont probablement permiens et ont une moins grande extension que les seconds qui sont les uns sédi- menltaires, les autres éruptifs. M. Dœælter fait également une étude détaillée de la Pietra verde des environs d’An- draz et de Wengen qui est plus ancienne que le porphyre pyroxénique de cette région. Le microscope, si généralement employé maintenant pour l'étude des roches éruptives, peut rendre aussi de grands services dans la détermination des roches sédi- mentaires. M. GumBEL en a déjà donné un exemple dans son travail sur les Nullipores', Le même savant* a sou- mis à l’étude un grand nombre de roches sédimentaires des Alpes, difficiles à reconnaitre à cause de la rareté ou du manque de fossiles, et il a trouvé dans leur structure un nouveau point de repère pour leur détermination; ses recherches se sont surtout portées sur les calcaires et les dolomies du trias, et il donne la description d’un certain nombre d’entre elles. L'étude microscopique des dolomies et des calcaires faite avec l’aide d'acides très étendus fournit des résultats qui correspondent bien avec ceux des analyses chimiques. M. DoLter * a étudié au microscope des dolomies et des calcaires du Tyrol méridional, Ces calcaires sont en gé- néral des sédiments d’origine mécanique et quelquefois * Die sogenannten Nulliporen.….……. Abhandi. der bayer. Akad. der Wiss., 1871-1872, XI. ? Verhandl. g. Reichsanst., 1873, 141. 5 Verhandl. g. Reichsanst., 1874, 140. 1 Es Ce RO NS RAR SET ER Le lat à REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 393 a organique; les dolomies paraissent provenir des calcaires ; elles sont moins abondantes dans leur état normal qu’on ne le croit généralement. Contournements. M. BALTZER consacre un chapitre de son ouvrage sur le Glærnisch à l'étude des contourne- ments des couches dansles Alpes. [Il examine leurs divers modes et en donne de nombreux exemples. Le Glærnisch appartient lui-même à un système de voûte tout à fait in- cliné ou déjeté, compliqué encore de plis latéraux. L’au- teur examine la manière dont ont pu se former dans les Alpes des contournements si compliqués. Contrairement à l’opinion de nombreux géologues, il croit qu'ils se sont exécutés très lentement et par une cause agissant d'une manière forte et continue. La flexibilité des cou- ches est, d’après lui, en proportion de la quantité d'argile qu’elles contiennent. Il examine enfin les causes qui peu- vent produire les soulèvements. Soulèvements. M. GizLiéRON ‘ a donné des détails sur le soulèvement des Alpes fribourgeoises et les contourne- ments des chaînes. Il a constaté dans ce massif la direc- tion semi-circulaire des chaînes, déjà signalée par M. A. Favre” dans les montagnes de la Savoie et le fait que les deux chaines extérieures, c’est-à-dire les plus rapprochées de la plaine, décrivent un demi-cercle presque complet, tandis que les deux chaînes intérieures ne sont arquées que dans leur partie orientale. On ne saurait nier l’impor- tance de ce fait encore inexpliqué pour l’étude des causes du soulèvement des Alpes. Dans ses recherches sur la géologie des Alpes rhé- 1 Matériaux pour la carte géol. de la Suisse, XII. * Recherches géologiques dans la Savoie, 1, 214; IL, 6, etc. 304 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. tiennes, M. E. de Mogsisovics ‘ combat la théorie qui a été plusieurs fois soutenue que les formations mésozoi- ques ont recouvert une fois la chaîne des Alpes d’un dé- pôt continu qui aurait été rompu plus tard par suite du soulèvement de la zone centrale, Il montre que la struc- ture des Alpes se complique beaucoup de l’est à l’ouest, de sorte que la disposition des terrains, plus ou moins ré- gulière dans les Alpes orientales, présente daus les Alpes suisses un degré de complication extraordinaire. Le fait que les terrains sont beaucoup plus contournés dans les chaînes extérieures que dans le voismage de la chaîne centrale, la nature et la forme des contournements, prou- vent que la chaine centrale n’a joué qu'un rôle secondaire dans le soulèvement des chaînes extérieures et que celui- ciaété produit par un refoulement venant de l'extérieur à l’intérieur. Dénudation. Les causes auxquelles M. A. He * attri- bue la désagrégation des roches et les dénudations dans les montagnes sont le vent, la foudre, l’eau, la végétation et les variations de température. Il examine les effets pro- duits par ces divers agents sur le relief des montagnes d’après la nature des roches qui les constituent, calcaires, roches massives, schistes cristallins, terrains sédimen- {aires et d’après l’homogénéité plus ou moins grande des roches et des terrains; il décrit et figure les lapiaz (Kar- ren ou Schratten) les cônes d’éboulement et les divers types de montagnes. 1 Jahrb. der k. k. geol, Reichsanst., 1873, XXII, 137. ? Éinges über die Verwitterung der Berge. Neujabrsblatt, Zurich, 1874. SUR LA DÉCHARGE ÉLECTRIQUE DANS L'AURORE BORÉALE ET LE SPECTRE DU MÈME PHÉNOMÈNE D'APRÈS DES OBSERVATIONS FAITES PENDANT UN VOYAGE DANS LA LAPONIE FINLANDAISE EN 1871 PAR M. SELIM LEMSTRÜM Agrégé à l’Université d'Helsingfors. Mémoire présenté à l'Académie des Sciences de Suède. (Traduction communiquée par l’auteur.) (Suite et fin.) Le Spectre de l'aurore boréale. $ 1. Six ans se sont à peine écoulés depuis que le professeur Angstrôm à Upsal a étudié pour la première fois l’aurore boréale à l’aide du spectroscope, et déjà les recherches, faites depuis lors dans cette direction, sont très-nombreuses. Les savants qui, après M. Angstrôm, ont repris ce sujet sont : M. de Struve à Pulkova *, l’auteur de ce mémoire pendant l'expédition polaire 1868 *, M. Winlock (1869) en Amérique, qui trouvait 1 Angstrüm, Le spectre normal du Soleil et Annules de Poygend., 1869, tome COXIIE, p. 161. ? Bulletin de l’'Acad. de Saint-Pétersbourg, 1868. 5 Comptes rendus de l'Acad. des Sciences de Suède, 1869, n° 7, et Archives des Sciences, juin 1871, p. 147. 396 DÉCHARGE ÉLECTRIQUE en tout cinq raies du spectre avec les longueurs d’onde R— 5568, 5448, 5317, 4350 à 4360, 5190 à 5200 (exprimés en dix-millièmes de millimètre), puis en même temps MM. Winder, Rayet et Sorel', MM. Floger et Schmidt ?, M. Ellery, de M:lbourne (aurore boréale du sud) *. Au mois d'octobre 1870, il parut, on s’en sou- vient, une aurore boréale très-forte qui fut examinée par les savants snivants : MM. Forster à Berlin, Capron à Guildford, Gibbs à Londres et M. Elger à Bedford, un observateur à Saint-Mary Church *, enfin M. Browning * et M. Zôüllner ‘; au mois d'août 1871, Lord Lindsay (Écosse) trouva cinq raies dont deux avaient des lon- gueurs d'onde 5172, 5216. Les observations les plus étendues et les plus minu- tieuses sur le spectre de l’aurore boréale sont sans contre- dit celles qui ont été faites à l'observatoire de Bothkamp près de Kiel par M. Vogel et le docteur Lohse‘. Muni d’un excellent spectroscope stellaire, adapté à un équatorial, ce savant, après avoir perfectionné l'instrument pour ce but, a fait des mesures et des déterminations des raies spectrales de l'aurore boréale avec une exactitude qui n’a jamais été atteinte auparavant, excepté pour une raie, dé-' terminée par M. Angstrôm. Les améliorations de l'instrument ont porté principale- ‘ Schellen, L'analyse spectrale, p.593. ? Schellen, 1. c., p. 593 et suivantes. 3 Archives, novembre 1871, tome XLIL. # Archives, février 1871, tome XL. 5 Schellen, 1. c., p. 597 Ber, der Särhs. Ges. der Wiss , oct. 1870, p. 254. — Annales de Chimie et de Physique, 1. XXVI, juin 1872. — Annales de Poygend., tome CXLI, 1870. 6 Archives des Sciences, tome XLII, novembre 1871. — Annales de Chimie et de Phys., 1872, tome XXVI, p. 272. DANS L’AURORE BORÉALE, ETC. 397 ment sur la manière dont la place des raies était détermi- née. Le spectroscope élut muni d’une vis micrométrique à laide delaquelle les différentes parties du spectre pouvaient être amenées au milieu du champ de l’instrument où se trouvait un réticule. Ceci offre cependant quelques incon- vénients ; c’est pourquoi le réticule fut remplacé par un cône d'acier très-fin et poli, qui pouvait être éclairé par une lampe. On obtenait ainsi une ligne lumineuse très- fine qu'on pouvait amener à coincider très-exactement avec les raies du spectre. Après s'être assuré que la vis micrométrique dont la tête était partagée en 100 parties, n'avait pas de fautes surpassant 0,01 d’un tour, M. Vogel a fait des détermi- nations exactes de plus de 100 raies du spectre solaire, et pouvait par là, à l’aide de l’atlas du spectre solaire de M. Angstrôm, déterminer la longueur d’onde d'une raie quelconque. Préparé de «cette manière, M. Vogel fit pendant l'hi- ver 1870-71, une série d'observations de l’aurore bo- réale. Cette série commença déjà le 25 octobre 1870, mais l'instrument n’étant pas encore dans l’état où il fut mis plus tard, les mesures ne furent pas suffisamment exactes. Le 11 février une aurore boréale magnifique se dé- veloppa ; elle commença vers 10 heures du soir par un arc lumineux d'une couleur verdâtre qui envoya vers mi- puit des rayons montant jusqu’à une hauteur de 60°. On observa aussi la ligne jaune caractéristique dont la lon- gueur d'onde fut fixée à 557% comme moyenne de six lectures d’une première observation et de quatre d’une seconde. Avec un plus petit spectroscope, comine celui de PP 398 DÉCHARGE ÉLECTRIQUE Browning, on pouvait en même temps remarquer quel- ques raies dans le champ bleu, mais pas une seule dans le rouge. — Le 12 février, l'aurore boréale put être ob- servée déjà de bonne heure le soir, et l’on fit encore deux déterminations de la ligne jaune ; elles donnèrent, la pre- mière, R—5576 (6 lectures), la seconde, 5569 (aussi 6 lectures). Contemplé dans un spectroscope plus faible, le spectre se montrait ce jour-là tout autre qu'auparavant. Le champ vert était traversé par quelques bandes claires, entre b et F une bande isolée, et près de G une bande large et très-faible. Dans des rayons rouges qui se firent voir plus tard, on observa une ligne rouge intense entre C et D, mais plus près de C. Cependant les déterminations principales ne furent faites que le 9 avril, sur une aurore boréale très-brillante qui atteignit sa plus grande clarté le matin de bonne heure; à ce moment elle envoyait de splendides rayons rouges vers le zénith. Dans la partie le plus claire de l'aurore boréale le spectre était composé de cinq lignes verdâtres et d’une large ligne bleue et incertaine. L’in- strument étant dirigé sur les rayons rouges, on remarqua encore une ligne rouge !. Les lignes faibles près de G ne purent être observées cette fois-ci. Les mesures donnèe- rent les résultats suivants : L 1 M. Bertin, qui a rendu compte des découvertes de M. Vogel dans les Annales de Chimie et de Physique, juin 1872, tome XXVI, a in- correctement indiqué sept lignes dans le rouge. L'analyse est faite d’après les Archives des Sciences physiques et natur., tome XLIII, p. 419-493, où l’on cite en tout sept lignes dans le rouge. Pr APR À à dE | DANS L’AURORE BORÉALE, ETC. A LT. ex $ La ligne rouge. . . À—6297-114 Très-claire. | 758 La ligne jaune . . . 5569 2 La ligne la plus claire, beau- $ à à coup affaiblie à l'apparition RS: de la ligre rouge. RaLX à— 5390 Très-faible (observation in- ‘RS certaine). 54 1—5233+ 4 Assez claire. “FFE À—5189% 9 Paraît très-claire si la far 108 jaune se montre, mais d’ail- À 024 - leurs comme avant. 1 1—5004# 3 Ligne très-claire. {À —4694 Large bande de lumière, plus # à > 1=4663+ 3 pâle au milieu, très-faible Fe )—4629 lorsque la ligne rouge ap- DR | parait. , FAT : Le À 4 avril on observa encore une faible aurore bo- ta ft réale qui donna pour la ligne jaune! 5569. 4 Comme moyenne on obtint pour cette ligne 2e 08 R=5571,3 (erreur probable +0,92). 4 Ce # Le mémoire de M. Vogel aborde encore deux sujets fort intéressants® auxquels je reviendrai plus tard, à sa- ù ; F7 voir l’examen des spectres de quelques gaz simples et de 108 ceux de l’air atmosphérique soit à l’état ordinaire, soit RE raréfié et saturé de vapeur d’eau, enfin une comparaison "242 , Là e GA ‘æ entre le spectre de l'aurore boréale et celui de ces gaz et : 92 du fer. c Dans un mémoire sur la théorie de l’aurore boréale es Ÿ 7 ne 0... 2 * FA. Ge Se # { KAbares es RENE Ai RSS LÉ: ere TE Re Er Li Ps TITRES MST 34 PRET PT. EU PRE TT, De Te « PO PE PES # RE RE. ET NE PR PS LE 2 Lee "à 512 DÉCHARGE ÉLECTRIQUE Si l’on fait un résumé de toutes les déterminations qui ont été données dans l'introduction, on obtient le tableau suivant dans lequel la raie trouvée dans le rouge est pla- cée la première et les autres en ordre d’après leurs lon- gueurs d'ondes. Observateurs 900,7 2 M, 0 ENCORE Angstrom. = 490,8 22 0 7 Le ce CD CAES Struve. — 5568 5448 — 5317 SA 495 à 436. Winlook. = on A: 20 531,6 5172 00000 Lindsay. 0279 0 244000 03 HOOSNU NO NT Zôllner. 469,4 629,7 557,1 — 539 593,3 518,9 500,4 460 3|Voge 462,9 — 5569 — — 3250 — 495,9 468.6 425,6 411,2 (Voyez le spectre III de la planche.) $ ». Quelle signification ces lignes spectrales ont-elles dans l’aurore boréale? Pour s’en rendre compte, il faut faire une comparaison entre elles et les lignes que don- nent les matières terrestres. Il est clair que l'on doit commencer cette comparaison avec les gaz qui compo- sent l'air, et avec le spectre de l'air même. Ceci a été exécuté par M. Vogel qui a fait de nombreuses expérien- ces sur les spectres de l'oxygène, de l’hydrogène, de l’a- zote et de l'air atmosphérique; mais avant de rappeler ses expériences, je vais d'abord faire une comparaison avec les lignes spectrales de ces gaz qui sont exposées dans l'ouvrage de M. Thalén : « Déterminations de longueurs d'ondes, etc. » Dans cet ouvrage je prends les lignes suivantes du spectre de l'air : Ne k, 1; ja NOTA" DANS L'AURORE BORÉALE, ETC. 714 Aurore boréale. Air. Intensité. | ê À 627,9 Ge <= "74008 ue 556.9 Es RTE | TS ne 549 = S DE, 534,65 532,0 b Êy 524,2 = 2 518,5 518,25 A 4 — 518,4 D) 53 500,4 500,5 1 Æ 495,9 500.2 ! i es 494,1 4 R 468,6 469.8 2 ca 466,3 467,5 4 tt — 466,1 k DE. 435 à 436 433.1 3 >" — 136,8 k : 13 425,6 123,0 - x 411,2 112,3 3 EE La recherche de M. Vogel (1 c.) a été faite avec le Mer: même appareil que les observations sur l'aurore boréale, Be et elle a été faite sur des gaz renfermés dans des tubes #1 de Geissler qui avaient une partie large et une autre 1 #3 étroite. La détermination des lignes spectrales se faisait 2h avec une grande exactitude, et l'examen a été fait sur NOT la partie étroite du tube aussi bien que sur la partie | 1e large. Parmi les raies très-nombreuses pour chaque gaz "7 que M. Vogel a observées, je ne m'arrêterai qu'à celles 5 qui ont une corrélation avec celles du spectre de Pau- D à rore boréale. LS | Aurore boréale. ue Re k De l’azote dans 662,0 Plusieurs lignes faibles et EE: le tube étroit... À 621,3 larges, l'une près de l’au- * tre, qui deviennent plus 108 distinctes à mesure qu'elles ; TE s’approchent du violet... 629,7 D Re" RL dl: 14 PEU PT A NEA Di. tas ” k 374 DÉCHARGE ÉLECTRIQUE Aurore boréale. ; .( 560,7 Groupe de lignes larges, le Fe Fe _ 586.7 mais faibles, la dernière 40 658,2: plus career 556,9 Idem.’ idem: 538,9 .:....1% MESA 539 De l'azote : La lumière autour du pôle négatif... 522,4 Ligne très-distincte.... 523,3 De l'air raréfié et saturé de vapeur d’eau. 523,1 Raie faib'e.. De l’oxygéne : dans le tube étroit. 518,9 Assez distincte . ...... ) dans le tube large. 518,9 Trés-distincte........ RS Pe l'hydrogène : dans le tube large. 518,7 Très-distincte. dans le tube étroit. 518,9 Assez distincte. De l'azote : La lumière au pôle nésabfse 2 ST Ligne distincte. De Pair (humide). 500,2 (bord incertain vers le rouge) 500,4 De l’azot: : dans le tube étroit. 497,5 Ligne très-distincte.... 493,9 De l'air raréfié . 410,9 Passablement distincte. saturé de vapeur d'eau.t 464,3 Moins distincte que. { 469,4 précédente. 20 465,1 Des lignes faibles mal li- 466,4) 463,9: !"IMIÉES. 2. ONE 462,9 De l’air ordinaire. De l'azote : Dans la partie étroite du tube... 466,6 Ligne faible. Idem, idem.. 464,4 Distincte, mais mal limitée. Dans la partie large du tube.... 466,3 Ligne distincte. Trés-intensive, mais mal limitée vers le violet. Ligne trés-faible. Dans la lumière) 470,4 autour du pôle. . «) 464,6) De l'oxygène : | Dans la partie étroite du tube... 437,2 Passablement distincte. DANS L’AURORE BORÉALE, ETC. 579 Aurore boréale. De l'hydrogène : Dans la partie : étroite du tube... 434,2 Très-distincte. De lazote : Dans la partie étroite du tube... 436,3 Idem, idem.. 435,7 Idem, idem.. 434,5 Ligne distincte, bien li-| mitée vers le rouge, iné- gale vers le violet... .. Des lignes distinctes. Dans la partie large du tube.... 434,7 Ligne très-distincte. . ..} 435 à 436 Dans la lumière 5 autour du pôle négatif. 434,6 Passablement distincte. . De l'air ordinaire. 434,4 Appartenant à une bande lumineuse. ........ De l'air raréfié et A saturé de rat! 434,1! De lazote : Dans la partie étroite du tube... 427,3 Ligne distincte, mal li- mitée vers le violet. Dans la partie large du tube... 427,3 Passablement distincte. Dans la lumière * autour du pôle négatif. 427,3 Ligne passablement distincte. Par des raisons pratiques M. Vogel n’a pas étendu sa recherche plus loin qu’à G, mais il finit lénumération des raies trouvées dans l'azote et l’air atmosphérique en ajou- tant: «après ceci plusieurs lignes suivent, » La ligne 411,2 doit correspondre à la ligne d’hydro- gène À dont la longueur d'onde est 410,1 selon le « Spec- tre normal » de M. Angstrôm, car avec l'incertitude qu’a- vait le pointement, une telle faute était très-possible, surtout lorsqu'on remarque que la ligne était large, et à bords mal limités. : F » GT. - NE D pm EF © %- x "pi Liv 4 6 # ie UT ne MR TRE es PRE ü C'E e , RTE EL | ME. 20 ER , TT EE LE Te 2 en a 2TKSRS < rs È ETES TRE ee an en Gel Fe PE A TEE. N 376 DÉCHARGE ÉLECTRIQUE Va la nature qu'affectent les lignes brillantes du spectre de l’aurore boréale, on peut regarder la correspondance comme assez bonne. M. Vogel remarque que les gaz qui étaient renfermés dans les tubes n'étaient pas compléte- ment purs et il trouve entre autres, que le courant qui ne pouvait pas faire rougir l'hydrogène dans la partie large du tube de ce gaz, produisait un spectre d'oxygène. Dans le tube de l’azote on obtenait des lignes de l'oxy- ène et de l'hydrogène, produites probablement par de humidité. Dans de tube à hydrogène on observa que, quand la fente fut transportée de la partie étroite du tube, au-des- sus du point où elle était soudée à la partie large (du tube), le spectre subissait un changement graduel qui était le plus marqué au point d'union. Les trois raies dis- ünctes et brillantes dans la partie étroite du tube Hz = 6558), H8 ( = 4861) et Hy (= 4342) disparu- rent et d’autres lignes les remplacèrent. M. Vogel est en- ièrement de l'opinion que les spectres des gaz subissent des changements considérables avec les modifications de pression et de température; une question qui est très- discutée aujourd'hui dans la science et comme elle est de orande importance pour notre sujet, il faut que je la ré- sume ICI. $ 6. Il est connu que Plücker et Hittorf, après des re- cherches minutieuses ', admirent pour les gaz deux es- pèces de spectres différents, c'est-à-dire un spectre can- nelé, soit de premier ordre, et un spectre à bandes lumi- neuses, soit de deuxième ordre, attribuant ce changement à la température du gaz. Ces recherches sur les spectres des gaz furent reprises (LA D | ‘ Phalos, Transact., 1865. dd 1 2 1 NUL RRQ lp ON IN NES ARE Æ F0 he Ve LATE Le D h f v. x VE Pr £ ; DANS L’AURORE BORÉALE, ETC. a11 beaucoup plus tard par M. Wüllner! qui trouva d’abord pour l'oxygène, l'hydrogène et l'azote trois spectres diffé- rents, même pour ce dernier gaz jusqu'à quatre. Cepen- . < Fe LE 2 LES CAE er ue ut ms PPT EN AN EN 07 À à dant ce fait fut nié par M. Angstrôm à la suite de ses ns propres recherches *. M. Angstrôm, qui avait déjà émis 4 des doutes sur les résultats de Plücker, démontra que 3 ceux de M. Wüllner peuvent être expliqués par des im- À purelés dans le gaz. Sans entrer dans tous les détails de À celte discussion intéressante, qui n’est point étrangère aux lecteurs des Archives, je veux seulement rappeler que le Père Secchi trouva à peu près le même résultat que M. Wüllner, mais que, d'autre part, l'opinion de M. Ang- sirôm à été soutenue par plusieurs savants”, qni, à la suite de recherches nouvelles, nient entièrement l'existence de spectres de plusieurs ordres chez les gaz. Il semble ce- pendant que la question approche de sa solution depuis que M. Wüllner a publié un nouveau mémoire, dans lequel il démontre, avec une parfaite clarté, selon mai, que les gaz onLtrois ordres de spectres, un spectre can- nelé ou spectre à bandes, un spectre à raies lumineuses et un spectre continu ; mais il voit maintenant la cause de ces différents spectres, non comme auparavant dans la différence de pression ou de température, mais dans la nature de la décharge électrique qui traverse le gaz : à . Savoir qu'une décharge continue donne un spectre de bandes, et une décharge disruplive un spectre à raies lu- AS NE ES AS ET RP ENT Las 3 . CE TN - r 4 LP k PRO PSP E- V4 = à ? » « CE LL œt + Pneus din Pa LA * Annales de Pogq., Band CXXXV, 1868, et Band CXXXVII, 1869. & — Archives des Sciences, L. XXXV, 1869, p. 191; t. XXXVI, p. 34; 4 t. NAXVII, 1870, p. 262. à > Comptes rendus du 6 décembre 1869, tone LXIX, p. 1189. — 4 LES Comptes rendus du 10 janvier 1870, tome LXX, p. 81-X4. 3 Archives des Sciences physiques et natur., tome XXXVIT, p. 265. ARCHIVES, t. L. — Août 1874. 26 SE BC dé bit LA père, 3 CA . NS æ Ce PR PUS FT) WE 378 DÉCHARGE ÉLECTRIQUE mineuses, qui se transforme à son tour en spectre continu lorsque la pression est beaucoup augmentée. M. Ang- strôm, de son côté, admet que les spectres des gaz chan- gent avec la température et la pression, mais tout en gar- dant leur caractère général; suivant lui les raies peuvent s’affaiblir ou s’éteindre et de nouvelles raies se produire, ou bien les anciennes raies peuvent s’éteindre en partie tout en s’élargissant lorsque la pression augmente, Ces deux opinions ne se contredisent plus depuis la dernière découverte de M. Wäüllner. Quant à moi, j'en suis con- vaincu, et j'en vois la preuve dans les réflexions très- plausibles dont M. Wüllner a fait suivre son mémoire en se basant sur les opinions prononcées par M. Zôüliner !. Conformément aux idées émises par M. Zôllner lui- même, une couche plus épaisse de gaz incandescent doit donner un spectre à bandes à cause de la relation par- ticulière qui existe entre les pouvoirs d'absorption et d'émission, et une couche très-mince doit, au contraire, donner un spectre à raies brillantes. En effet, il se produit dans un tube large et dans un gaz à faible pression un courant continu, qui se répand dans tout le tube et rend une très-grande partie de particules de gaz incandes- centes; mais à une pression plus forte la décharge passe sous forme d’étincelle prenant le chemin le plus court à cause de la résistance qu’oppose le gaz, et il n’y a alors qu'une petite partie des particules du gaz qui rougissent. A la suite de sa découverte de la raie rouge de la lu- mière polaire, M. Züllner fait une réflexion théorique très- intéressante sur le spectre de ce phénomène. La formule pour la clarté E d’une raie spectrale d’une certaine lon- gueur d'ondes À est : ‘ Annales de Poggend., Band CXLII, 1871. Do . (rte L'art PEN CNP EOJNPINT er AR RS NIUE N mn TS IE FRAME | CE DANS L'AURORE BORÉALE, ETC. 379 BR ee 2he 27 mc ER E=[1—(1—A))"1 A où À). et Ex signifient le pouvoir d'absorption et d’émis- sion d’une couche de gaz dont l'épaisseur et la densité sont toutes les deux — 1, et m et o’ l'épaisseur et la den- sité du gaz lumineux. Il s’en suit que E, pour un gaz d’une certaine température est dépendant du produit mo", c’est-à-dire de l’épaisseur et de la densité de la couche de gaz rayonnant. En comparant maintenant le phéno- mène qui se montre lors de la décharge dans un tube de Geissler au phénomène de l’aurore boréale, on trouve que, pour produire les mêmes spectres à la même tempéra- ture, il faut que l'air ait une densité de seulement 0,00005 de celle du gaz dans le tube, prise comme 50 millim. de pression et À millim. d'épaisseur, si la couche d’air lumi- neux de l’aurore boréale n’a que l’épaisseur d’un kilo- mètre. Ce faible degré de densité fait supposer pour l’au- rore boréale une hauteur extraordinaire, ce qui est con- tredit par des faits observés au nord. Puisqu’un tube de Geissler, malgré le peu de densité et d'épaisseur du gaz qu'il renferme, montre sous l’action de la décharge élec- trique un spectre au moins aussi distinct que celui de l'aurore boréale, le pouvoir d'émission de ce gaz doit être excessivement augmenté, et cette augmentation a sa cause dans la haute température ; dans les régions basses de l'atmosphère l'épaisseur de la couche lumineuse de l’aurore boréale est probablement beaucoup plus grande que d’un kilomètre. La lumière dans l'aurore boréale étant produite par des particules d’air incandescentes dans _ l’atmosphère, lesquelles donnent un spectre, la tempéra- _ture à laquelle elles rougissent doit être beaucoup plus 4: 380 DÉCUARGE ÉLECTRIQUE basse que celle à laquelle rougissent les gaz dans les tu- bes de Geissler pour produire les mêmes lignes. Le spec- tre que l’on observe dans un tube de Geissler ne peut donc pas correspondre entièrement avec ceux de l'aurore boréale, parce que les circonstances qui marquent ce phé- nomène ne peuvent pas être produites artificiellement. C’est dans cette variabilité des spectres des gaz avec la décharge qu’on doit chercher la cause pour lagnelle l'aurore boréale, comme décharge électrique, ne donne pas toutes les lignes qui appartiennent au gaz dans le- quel elle se développe, et la cause de la variabilité de.ce spectre, comme nous l'avons déjà dit plus haut. On peut donc sans hésitation supposer que les raies observées dans le spectre de l'aurore boréale se confon- dent avec les raies que l’on peut produire chez les gaz, par lesquels passe la décharge, en prenant loutefois en considération les circonstances particulières qui existent dans l’aurore boréale. Il pourrait y avoir quelque doute concernant la raie la plus lumineuse ou celle que M. Ang- strôm a découverte le premier. Selon M. Vogel il se montre dans le gaz azote un groupe de raies fubles de cette longueur d'ondes, et son grand éclat dans l'aurore boréale pourrait être expliqué par la variabilité des spectres des gaz. A cela M. Angstrôm objecte qu'elle ne ressemble à aucune ligne spectrale connue jusqu'à pré- sent; il n'y a que des expériences direcles qui pourraicnt résoudre cette question. La ligne spectrale de laurore boréale dont la longueur d’ondes est 9002, semble se confondre avec la ligne d'azote trouvée dans les nébu- leuses, de même qu’on a voulu, à cause de la coïncidence dans leur position identifier trois raies de l'aurore boréale avec celles de la couronne solaire. La ligne dans le rouge DANS L’AURORE BORÉALE, ETC. 381 semble se confondre avec un groupe dans l'azote, que M. Vogel trouve être le plus clair du côté du spectre où la dite ligne a été trouvée. Les autres lignes correspon- dent en partie avec celles de l'oxygène et de l'hydrogène, et en partie avec celles de l'air humide. Aussi dans le spectre de l'air, exposé par MM. Thalén et Angstrôm, la plupart des lignes ont leurs correspondantes. 2 Outre la comparaison du spectre de l’aurore avec ceux des gaz, M. Vogel en fait une avec celui du fer, qui selon lui, n'aura son application que lorsqu'on aura pu prouver la variabilité dans le spectre du fer. Cette question est à reprendre, Cette comparaison gagnait néanmoins de l’in- térêt depuis que M. Ad. Nordenskjôld a énoncé l'opinion qu'il existe dans l'univers et dans notre atmosphère une poussière de fer répandue partout. Celte question sera probablement résolue par l'expédition polaire de l’année passée. La comparaison est d’ailleurs très-satisfaisante; l'atlas de M. Thalén donne aussi une ligne pour le fer à 411,7 et une autre à 425,0. $ 7. En examinant de plus près les différentes circon- stances sous lesquelles le spectre de l'aurore boréale a été observé, on est presque forcé d'attribuer à ce phénomène deux ou même trois spectres différents qui peuvent ce- pendant se confondre en quelques occasions. Cette opi- pion à déjà été énoncée par l'observateur de Saint-Mary- Church et presque toutes les observations que j'ai pu faire parlent en sa faveur. Ces spectres dépendent du ca- ractère différent de la décharge électrique. Les différents spectres sont : 4° La raie jaune et les suivantes jusqu’à F. ‘ L'opinion de M. Nordenskjüld a été complétement confirmée par cette expédition. 382 DÉCHARGE ÉLECTRIQUE 20 La raie rouge avec le spectre précédent en partie affaibli. 3° Les bandes violettes avec le n° 4. Le premier spectre, qui souvent ne consiste qu’en la raie jaune, appartient à l'arc de lumière boréale diffus et aux phénomènes lumineux très-faibles qui s’observent autour des cimes de montagnes et à la surface de la terre, tels que nous les avons décrits. Il se montre aussi lors- que la décharge de l’aurore boréale s'élève au-dessus de l'arc sous forme de larges jets de lumière. Le second spectre paraît, quand l'aurore boréale a l'apparence d’une large flamme rouge ; Et le troisième spectre apparait presque toujours dans les rayons de diverses couleurs, surtout lorsque ceux-là se joignent avec un vif éclat et forment la couronne. La cause de la différence de ces spectres doit être cherchée dans la qualité de la décharge électrique qui de son côté dépend de la tension de l'électricité et du pou- voir conducteur du milieu. Que l’on s’imagine dans les plus hautes régions de l’atmosphère une certaine quantité d'électricité qui a atteint une tension exigeant un écoule- ment vers la terre, celui-ci peut avoir lieu ou sous forme d’étincelle ou sous forme de décharge lente. Si l'isolation est bonne, le premier cas a lieu et l’on voit un éclair, mais si elle est imparfaite, il se produit une décharge électrique analogue à celle qui a lieu dans de l'air rarélié. Il n’est point dit que cet écoulement reste le même pen- dant tout le temps qu'il a lieu, car de même que l'éclair passe d’une couche de nuages à une autre, de même il faut supposer que la décharge lente dans l'aurore boréale peut passer d’une couche d’air à une autre. Il suit de la pres- sion variable et de l'humidité de l'atmosphère qu’elle peut DANS L'AURORE BORÉALE, ETC. 383 rencontrer en son chemin des milieux d’un pouvoir con- ducteur très-différent et que cette différence peut changer d’une manière essentielle le caractère de la décharge. Dans les plus basses régions de Patmosphère cette dé- charbe doit se faire avec plus on moins de difficulté, selon que le degré d'humidité est grand ou petit, mais plus elle s’approche de la terre, plus elle doit se propager facile- ment, et, quant au spectre, cette circonstance remplace en un certain degré le pouvoir conducteur. Cette décharge se fait ici par un nombre infini d’étincelles très-petites qui passent de molécule en molécule, et selon lies obser- vations de M. Wüllner, il doit se produire alors un spectre à raies. Par cette raison la flamme diffase de l'aurore bo- réale donne toujours un spectre à raies. Le pouvoir conducteur qui dépend principalement de l’humidité devient d'autant meilleur, que la décharge se fait plus haut. À cause de la diminution de la température avec l’altitude, il pent arriver que l'humidité ait pris une forme solide et alors la décharge se fait par des étincelles qui passent d’un cristal de glace à un autre, et de là il ar- rive que la décharge peut garder, à nne hauteur relative- ment considérable, le même caractère que dans les plus basses régions ; mais le pouvoir conducteur étant en géné- ral plus grand, elle se fait avec plus de facilité et forme des rayons sous l'influence du magnétisme. Quant au spectre il garde son Caractère, mais devient plus éclatant. Quand la pression et la densité de atmosphère dimi- nuent, le pouvoir conducteur devient meilleur et le cou- rant électrique acquiert ane plus grande intensité en pre- nant peu à peu une forme continue. C’est pourquoi l’on voit irès-rarement autour de la couronne des rayons bien marqués, mais une lumière douce plus ou moins striée. RE Gr in Le Gt 7 ex TE" PA RE TARS ; en « Lu La “0 F Cu 384 DÉCHARGE ÉLECTRIQUE Dans cette lumière se montrent les différentes couleurs qu’on trouve en partie dans les rayons. Le spectre prend maintenant un caractère qui s'approche de la forme des bandes, tandis que celai qui appartenait à la premiere es- pèce de décharge se conserve. Le caractère des bandes se montre dans l'apparition des larges lignes violeltes. Une espèce particulière de décharge est celle qui se produit en forme de flammes rouges, qui ont presque perdu le caractère de rayons. Les flammes donnent la ligne spectrale rouge, tandis qu’une partie de l’autre spectre s’affaiblit, surtout la ligne jaune caractéristique ; les ban- des violettes disparaissent entièrement. Tontes les observations que j'ai faites en Laponie par- lent en faveur des opinions exposées plus hant ; les obser- vations d’autres savants s'accordent avec celles-là. Après le retour de Laponie, surtout pendant l'hiver de 1872, j'ai suivi avec attention tous les phénonènes d’aurore bo- réale dans nos contrées et toujours avec les mêmes résul- tats. L’arc diffus ne donne pas d'autre réaction que la li- gne jaune, et, comme l’a remarqué M. Angstrôm, ce n’est qu’à une très-haule intensité que l’on voit de fubles traces de trois autres lignes. Vers le 12 ou 15 avril, on vit, à Helsingfors, par exemple, des aurores boréales qui atteignaient un très-vif éclat, sans qu'on put remar- quer d’autres réactions que cette raie, quoique la lumière eût pris un soir le caractère de larges flammes d'un jaune clair s'étendant jusqu'au zénith avec une vivacité extraordinaire, En revanche, j'ai observé au milieu du mois de décembre 1872, une aurore boréale brillante qui finissait par une très-belle couronne. Le spectre montra alors une telle intensité que je pus observer cinq raies, j'aurais pu les déterminer par leurs longueurs d’ondes, MAY M, DANS L'AURORE BORÉALE, ETC. 389 mais mon instrument n’était pas achevé. Cependant, je n'ai pu observer aucune réaction spectrale dans le violet, non plus dans le rouge quoiqu’elles eussent dû apparaitre, ce qui prouve ou que ces espèces de lumières n’existaient point ou que l'instrument était trop faible. Outre cela, il faisait cette fois-là clair de lune, ce qui puisait à l'observation. À cause de cela, j’adaptai à mon instrument une lentille collimateur cylindrique, mais de- puis ce temps aucune aurore boréale d'aussi grande in- tensité n’est apparue. En terminant, je vais résumer comme suit les résultats acquis sur le point qui nous occupe, tant par les travaux d’autres savants que par mes propres recherches. 1° Les phénomènes de lumière, pâles et flamboyants, que l’on voit parfois autour des cimes des montagnes du Spitzberg, se montrent aussi en Laponie et sont de la même nature que l'aurore boréale ; 2° Des phénomènes du même genre, quoiqu’un peu différents, ont été observés dans d’autres contrées de la terre, et cela prouve que des décharges électriques de la nature de l’aurore boréale peuvent avoir lieu ailleurs que dans les régions arctiques ; 3° Le spectroscope est ie moyen le plus sûr pour con- stater, dans des cas douteux, l'espèce de ces phéno- mènes; 4° Dans les contrées polaires la décharge électrique du tonnerre se passe plus bas dans l’atmosphère qu’ail- leurs; 9° Les courants électriques qui se développent dans la terre quand l'aurore boréale a lieu ne sont pas des phé- LE TE ie ER TS te le Pen SES ps ES RES LE - DER PAPERS TAPIS TE nl = Le PEN 7 SSP ne Æ 1 SA Re, TRS RTE NO AE TU END RER NEA 4 a Or peus de te Von nn EEE 2 PA < nomènes d’induction occasionnés par celle-là, au moins pas dans jes régions septentrionales. S'ils ne sont pas causés par le courant même qui nait par le transport de l'électricité des plus hautes régions de l'atmosphère vers la terre, il faut en chercher la cause dans des pertur- bations du courant terrestre; 6° Selon toute probabilité, le courant de la lumière po- laire doit pouvoir agir sur le galvanomètre, pourvu que l'appareil qui rassemble l'électricité soit assez grand, ou placé bien haut dans l’atmosphère; 7° Dans la règle, l'électricité positive de la lumière bo- réale va du haut en bas; 8° La couronne de l'aurore boréale n’est pas seule- ment un phénomène de perspective, mais les rayons su- bissent une véritable courbure ; Jo Dans le spectre de l'aurore boréale il y a, en tout, neuf raies qui, selon toute probabilité, se confondent avec les lignes que donnent les gaz qui composent Pair. 10° Le spectre de l’aurore boréale peut être rapporté à trois types différents qui dépendent du caractère de la décharge même. st dm anédis ind tes sise. 14 os SUR LA POLARISATION GALVANIQUE DANS DES LIQUIDES DÉPOURVUS DE GAZ PAR M. H. HELMHOLTZ! ( Communiqué à l'Académie des Sciences de Berlin.) (TRADUCTION) Je désire exposer ici les résultats d’une série d’expé- riences que j'ai faites sur la polarisation galvanique du platine. Vu l'étendue de ce travail, on me pardonnera si je laisse de côté, pour le moment, un certain nombre de questions secondaires qui se rattachent à mon sujet. On sait que, lorsque le cireuit d’une pile de Daniell, zinc et cuivre, est fermé par un appareil à décomposer l’eau, muni d’électrodes de platine, il se produit un courant | qui décroit ensuite très-rapidement, mais subsiste encore, quoique très-affaibli, au bout d’un temps très-long. Nous appellerons ce courant le courant polariseur. Si ensuite on sort l'appareil à décomposer l’eau du circuit, et qu’on relie ses électrodes à un voltamètre, on obfient un autre courant, le courant dépolariseur qui est de sens opposé au précédent, et présente au début une assez grande in- tensité, mais s’affaiblit promptement au point de devenir insensible. 4 H. Helmholt:, Ueber galvanische Polarisation in gasfreien Flüs- sigkeiten, Poyyend. Annalers 1873, tome CL, p. 483. L] 388 + POLARISATION GALVANIQUE C'est celte expérience si simple qui a fait l’objet de mes recherches. La question à élucider était celle-ci : A quoi tient la durée, en apparence illimitée, du courant po- lariseur ? Dans un circuit, comme celui qui vient d'être décrit, on ne peut pas admettre qu’il y ait conductibilité électrolytique (suivant la loi de Faraday) sans admettre aussi qu'il s'accomplit en même lemps une autre modifi- cation dans le circuit, où bien le principe de la conserva- tion de la force ne serait plus vrai dans ce cas. En effet, s'il n’y a pas ici dépense d’autres équivalents d'énergie potentielle, il faut que dans un circuit de cette nature Véquivalent mécanique de la chaleur dégagée par le courant soit équivalent au travail des forces chimiques en jeu dans l'électrolyse. Or, ce dernier est négatif", si la décomposition s’accomplit suivant la loi de l'équivalent électrolytique, et ne peut, par conséquent, pas être égal à un travail calorifique positif, à exécuter par le courant. Si donc la décomposition électrolytique, suivant la loi de Faraday, est seule en jeu, il est impossible qu'un seul élément de Daniell entretienne d’une manière continue la décomposition de l’eau, quelque faiblement que ce soit. En fait on n’observe aucun dégagement gazeux dans l'expérience qui nous occupe, quel que soit le temps que dure le courant. ! après Andrews, 1 gramme d'hydrogène se combinant à l'état d’eau avec l'oxygène dégage 33808 unités de chaleur, d’après Favre et Silbermann 34462. Dans la pile de Daniell, pour chaque gramme d'hydrogène, il se dissout 328",5 de zinc, et il se précipite une quan- tité équivalente de cuivre métallique. Cette quantité de zinc, suivant Favre, ne produit dans la décomposition du sulfate de cuivre que 93205 unités de chaleur. De là il suit qu’il faut une force électromo- trice de 1 !/, Daniell au moins pour produire, même très-faiblement, la décomposition de l'eau. . , DANS DES LIQUIDES DÉPOURVUS DE GAZ. 389 Or, il importe de remarquer que les molécules d’hy- drogène ct d'oxygène condensées à la surface des deux plaques de platine, lors de la polarisation, ne peuvent pas reprendre leur liberté par diffusion ou par un phénomène analogue, et s'éloigner purement et simplement des élec- trodes sans autre effet électrique. Une action de ce genre . aurait finalement tonjours comme résultat une décompo- silion de l’eau, pour laquelle il ne se trouverait pas dans L2 couple de Daniell une force active équivalente. Ce qui est le plus probable, c’est que la polarisation des élec- trodes résulte d’une modification particulière, apportée au groupement des molécules d'hydrogène et d'oxygène, soit dans l’intérieur de la masse liquide, soit à la surface de contact avec les électrodes. S'il en estainsi, ces molécules doivent en tout cas être maintenues dans leur nouvelle po- silion par des forces attractives (chimiques ou électriques), jusqu’à ce que d’autres forces entrent en jeu pour leur rendre de nouveau la liberté, En vertu du principe de la . Conservation de la force et quelle que soit la relation qui existe entre les forces attractives chimiques et électriques, une force électrique attractive, dont le potentiel est assez fort pour surmonter l'affinité chimique, ne pourra être vaincue à son tour que par une force au moins équiva- lente, qui rendra aux particules la faculté de se mouvoir librement dans le liquide. Or, la force électromotrice de l'élément de Daniell ne produit pas, il est vrai, de décomposition apparente, mais bien une polarisation qui conslitue une somme de travail déterminée ; car les plaques polarisées sont capables, une fois séparées de l’élément galvanique polariseur, de donner naissance elles-mêmes, pour un certain temps, à un courant électrique, par conséquent, de dégager de la chaleur dans de A 6e pe. 4 À 2 4 se ) PAT AN Ze. TE Tes 390 POLARISATION GALVANIQUE un fil conducteur et d'effectuer tout autre travail que pourrait produire un courant quelconque. La polarisation résulte, selon toute probabilité, d’une modification dans la distribution des atomes pondérables et des électricités dans l’intérieur de l’appareil de décomposition et sur ses électrodes. Il n’y a pas lieu pour nous de formuler en- core aucune hypothèse sur la nature particulière de cette modification, tant que nous n’envisageons que la valeur absolue du travail développé. L'état de polarisation doit être considéré comme un nouvel état d'équilibre vers le- quel tend le liquide décomposé sous l'influence de l’élec- trisation des électrodes. Lorsque l'électricité accumulée dans les électrodes peut se décharger, l'appareil de dé- composition tend, au contraire, à revenir à l’état d’équi- libre électrique neutre; or, un déplacement d'équilibre dans un système de corps limité, comme l’est un appareil de décomposition, ne nécessite jamais qu’un travail fini; la polarisation ne pourra donc jamais produire qu’un courant fini ou un courant dont l'intensité se rapproche asymptotiquement de 0, et le courant polariseur ne peut donner en tout cas qu’une quantité d'électricité exactement égale à celle que le courant dépolariseur développe en sens inverse, Dans les conditions expérimentales où ceci se réalise, et mes expériences prouvent qu'avec des liquides et des électrodes dépourvus de gaz on peut se rapprocher beau- coup de cet état de choses, l'appareil de décomposition joue le rôle d’un condensateur de très-grande capacité. En fait, si l’on s’imagine l'oxygène d'une des électrodes chargé négativement et l’hydrogène de l’autre électrode chargé positivement, très-rapprochés l’un de l’autre, mais sans qu'il puisse y avoir passage d'électricité entre w DANS DES LIQUIDES DÉPOURVYUS DE GAZ. 391 l'électrode et la couche gazeuse qui l'enveloppe, une quantité équivalente d'électricité de nom contraire s’ac- cumulera sur l'électrode même. Chaque électrode formera alors, avec le liquide qui la mouille, un condensateur à couche isolante de très-faible épaisseur, jouissant, par conséquent, d’une énorme capacité. Cette analogie entre une électrode polarisée et un condensateur à été indiquée récemment par M. Varley‘ et par M. Maxwell *. Les effets produits par l'introduction d’une paire d’é- lectrodes polarisables dans un çircuit se rapprochent beaucoup, en effet, dans leurs traits essentiels de ceux que donne un condensateur de très-grande capacité. Le courant polariseur est celni qui charge le condensateur, le courant dépolariseur, celui qui le décharge ; seulement il faut attribuer à ce condensateur une capacité telle que le temps nécessaire pour qu'il se charge et décharge soit appréciable, c’est-à-dire de plusieurs secondes ou minutes. M. Varley a cherché à mesurer la capacité d’un conden- sateur de ce genre; néanmoins on verra par ce qui suit que si l’on ne prend pas dans ces expériences des précau- tions toutes particulières, il survient d’antres circonstances qui y jouent un rôle important et peuvent en altérer très- notablement le résultat final. Un système d’électrodes polarisées diffère d’un conden- sateur bien isolé en ce que le courant qui charge l’appa- reil a une durée beaucoup plus longue que celui qui le décharge, diminue plus lentement que ce dernier, et n’a pas de fin. Sous ce rapport un appareil de décomposi- tion avec plaques de platine polarisées, ressemble à un 1 Proceed. of the Royal Society, 12 janvier 1871. ? A Treatise on Electricity and magnetism. Oxford, 1873, vol. I, p. 322. 392 POLARISATION GALYANIQUE condensateur avec couche intermédiaire peu isolante, et le résidu d'électricité, qu’on observe dans un condensateur de ce genre, a son correspondant dans l’accroissement que la polarisation subit à nouveau après chaque inter- ruption du courant polariseur. On est tenté d'attribuer la durée, en quelque sorte in- définie du courant polariseur, à la même cause que la persistance du courant qui charge un condensateur mal isolé, c’est-à-dire, à l'existence dans les liquides électro- lysables d’une très-faible conductibilité comparable à celle des métaux, ce qui constituerait une restriction à la loi de Faraday. Avant d'adopter cette conclusion, il importe de s’assurer s’il ne s’accomplit pas dans.le liquide ou dans les électrodes d’autres modifications de nature à produire le même effet. Et ici il importe de prendre avant tout en considération le rôle que pourraient jouer les gaz dissouts dans le liquide ou retenus par occlusion dans les élec- trodes, suivant la découverte de Graham. On sait que la polarisation d’une plaque de platine qui a servi d’électrode négative, dans un appareil de décom- position, diminue ou cesse par le contact avec l'oxygène de l'air, par l'immersion dans de l’eau tenant de l'air en dissolution, ou dans des liquides contenant l'oxygène à l’état de combinaison, mais pouvant l’abandonner à 1’hy- drogène. Il en est de même de la polarisation d’une plaque de platine par l'oxygène, lorsque cette plaque est mise en contact avec de l’eau renfermant de l’hydrogène en disso- lution ou avec d’autres combinaisons chimiques suscep- tibles de fixer l’oxygène. De plus, Graham a montré que le platine possède, comme le palladium, quoiqu’à un degré inférieur, la pro- DANS DES LIQUIDES DÉPOURVUS DE GAZ. 393 priété de fixer lhydrogène dans l'intérieur de sa masse. Il n'a pu, il est vrai, établir directement que l'oxygène, qui est si fort absorbé par l'argent fondu, le soit par le platine. Néanmoins, les expériences de polarisation que nous allons décrire semblent indiquer que l'oxygène se comporte en ceci comme l'hydrogène, sauf que la quantité d'oxygène retenue par ocelusion est plus faible que celle d'hydrogène. Lors done qu'un courant électrique traverse un appa- rail de décomposition dont le liquide renferme de l’hydro- gène en dissolution, où dont les électrodes de platine re- tiennent de l'hydrogène par occlusion, il arrive que l'oxy- gène, amené à une des électrodes par le courant, se re- combine à l’état d’eau en dépensant une quantité équiva- . lente de l'hydrogène dissout ou de l’hydrogëne retenu par ocelusion. D'autre part, à la place de cet hydrogène libre (du moins non combiné avec l'oxygène), il devra se pro- duire à l’autre électrode une quantité équivalente d'hy- drogène électrolylique qui se dissoudra dans l’eau, ou si elle en a le temps et la place, pénétrera dans l'intérieur du platine, Quoiqu'il y ail dans ce cas électrolyse, les deux produits de celle électrolyse ne sont point apparents. Le résultat final est simplement qu'il disparaît de l'hydrogène Libre à une des électrodes, lLandis que la proportion de ce gaz augmente à l’autre électrode. Qu'on me permette d’in- troduire ici un terme nouveau, el de donner à ce phéno- mène, qui joue un rôle prépondérant pour les courants de polarisation, le nom de convection électrolytique. La force électromotrice qui donne naissance au courant dans ce cas n'a pas à vaincre l’affinité chimique de l'hydrogène el de l'oxygène comme dans le eas où l’eau doit être réellement décomposée en ses deux éléments. Aussi la ARCHIVES, L L. — Août 1874. 27 394 POLARISATION GALVANIQUE convection électrolytique peut-elle être entretenue par une force électromotrice très-faible qui ne serait pas suf- fisante pour produire la décomposition de l’eau, par exemple par la force électromotrice d’un seul élément de Daniell. ‘ Il en est de même lorsque le liquide renferme de l’oxy- gène dissous, ou que les électrodes de platine retiennent de l'oxygène par occlusion. Par suite de la convection élec- trolytique, l'oxygène diminue d’un côté et il s’en déve- veloppe une quantité égale de l’autre côté. L'hydrogène ou l'oxygène, rendu libre de la sorte à l’une des électrodes, par suite de la convection, en tant qu'il n’est pas fixé dans son intérieur par occlusion, peut . diffuser librement dans le liquide; il peut être emmené par les courants qui se produisent dans ce liquide, et même, lorsque ce dernier en est saturé, il peut se dégager sous forme de gaz, comme dans l’électrolyse proprement dite. En se diffusant dans le liquide, il pourra aussi parvenir à l’autre électrode, pour retomber de nouveau sous l’action de la convection, et de la sorte entretenir, dans une cer- taine mesure, un courant électrique ininterrompu. Un élément de Daniell peut donc entretenir un courant faible, indéfiniment prolongé, dans un appareil à décom- poser l’eau avec électrodes de platine. Il le peut, non- seulément lorsque le liquide est en contact avec l'air, mais même lorsqu'il se trouve dans un espace absolument fermé et vide, en tant que ses électrodes sont saturées d'oxygène et que le liquide renferme de l'oxygène en dissolution. L'appareil que j'ai employé à ces recherches était un voltamètre, fermé hermétiquement, et relié à une pompe pneumatique à mercure. Ce voltamètre renfermait deux Fr pi Lei RU PLUS SN PARLES, 2 Vol h.oé _ DANS DES LIQUIDES DÉPOURVUS DE GAZ. 395 grandes plaques de platine enroulées en cylindres, pré- sentant une surface de 180 à 300 centimètres carrés de surface, et se prolongeant à l'extérieur par deux fils de platine soudés à leur extrémité. Le liquide du voltamètre reposait sur le mercure de la pompe avec lequel il était élevé et abaissé, tandis que les gaz qui s’accumulaient au-dessus de la surface du liquide étaient constamment aspirés. On maintenait de la sorte, au-dessus du liquide, un espace raréfié, ne contenant absolument que de la va- peur d'eau, et on débarrassait le liquide, au fur et à me- sure, de toute trace de gaz qu'il pouvait contenir. On sature les plaques d'oxygène en produisant pendant plusieurs jours un dégagement de ce gaz à leur surface. Cela a lieu au moyen d’un faible courant qu’on fait passer entre la plaque et un fil de platine servant d’électrode né- gative qu'on introduit dans l’eau où plonge la plaque, J'ai vu se prolonger pendant des semaines un courant en- tretenu uniquement par convection électrolytique, au moyen d’une provision d'oxygène limitée et dans un li- quide enfermé hermétiquement. Un fait à noter, c’est que tout mouvement du liquide, en particulier les courants produits dans son intérieur par des différences de tem- pérature, renforcent notablement le courant, lorsque ce liquide renferme des gaz en dissolution, tandis que dans les liquides dépourvus de gaz, ce fait ne se produit pas ou presque pas. Cet effet s’observe d’une manière beaucoup plus mar- quée avec l'hydrogène qu'avec l'oxygène, parce que le premier peut s’accumuler en très-grande quantité dans les plaques de platine. Lorsque les plaques et le liquide sont suffisamment saturés d'hydrogène, produit par électrolyse, l'appareil de décomposition se comporte pour des courants 396 POLARISATION GALVANIQUE faibles pendant plusieurs heures et plusieurs jours même, comme un élément impolarisable, comme cela aurait lieu pour des électrodes d’arzent plongeant dans une dissolution d'argent. Quand même cet appareil, saturé d'hydrogène, est introduit dans un circuit, on pent faire dans ce dernier des mesures de résistance de la plus grande précision, et après, lorsque le courant de pile qui le traversait esL ar: rêté, elle donne à peine une trace de polarisation. Jusqu'ici j'ai obtenu de meilleurs résultats pour cite saturation d'hydrogène en employant de l'acide sulfurique äilué, comme liquide électrolytique, que de l’eau distillée. Le courant cesse néanmoins d’être constant lorsque l'hydrogène, par suile de Sa convection, commence à de- venir rare à une des électrodes. Dans ces conditions, on peut encore arriver parfois, sous l’action d’un seul élément de Daniell, bon conduc- teur, à observer un dégagement gazeux d'hydrogène sur la plaque à laquelle il est conduit par le courant, par con- séquent, une décomposilion d’eau apparente. D'autres observateurs ont déjà siynalé ce fait, mais sans détermi- ner les conditions dans lesquelles 1l se produit. Les choses ne sont pas sensiblement modifiées lorsque, sans changer l’état dé saturation des électrodes, on dé- pouille entièrement d’air le liquide électrolytique, et cela en le maintenant plusieurs semaines dans le vide de la pompe à mercure. J'ai réussi à extraire si bien toute trace d’air dissout d’une dissolution aqueuse très-diluée d'acide sulfurique, qu’elle ne se séparait plus de la partie supé- rieure du réservoir de la pompe lorsqu'on en abaissait le mercure, elle ne se rompait même pas sous la pression négalive d’une colonne de mercure de 60" de hauteur. Avec l’eau distillée je suis arrivé à évacuer suffisamment L'an 397 V'air pour qu'il ne s’en dégage plus nne quantité sensible pendant un temps prolongé, au point que les quantités d'air qni pouvaient encore se dégager de l’eau distillée dans l’espace vide qui le surmontait, et dont le volume n’élait que le sixième de celui du liquide, n’arrivaient pas, pendant trois ou quatre jours, à élever la pression d’une manière appréetable. | Même dans ces circonstances il se produisait encore, lorsque les plaques étaient abondamment chargées d’un des denx gaz, des courants qui pouvaient durer plusieurs jours, mas qui cependant finissaient par tomber à une intensité presque nulle. Le mullipheateur employé pour ces recherches mar- quait un degré de déviation, lorsqu'il était parcouru par un courant capable de faire dégager 0,03 centimètres cubes d'hydrogène en vingt-quatre heures. Un second point qui diffère ici du cas d’un liquide contenant des gaz en dissolution, e’est, comme nous l'avons dit, qu'il ne se produit plus d'augmentation du courant par suite de l'agitation du liquide, … En revanche, l'influence da gaz retenu par occlusion dans les plaques se montrait dans ce cas très-claire- ment lorsqu'on changeait la quantité de gaz qui y était condensée. Pour cela, je prenais des plaques préalable- ment chargées d'oxygène, reliées par un conducteur, et jy faisais arriver de petites quantités d'hydrogène pro- duit par voie électrolytique. La seconde électrode était du mereure renfermant de l’amalgame de zine, le liquide électrolytique était de l’eau distillée. Plus lopération était répétée souvent, plus le courant qu’un élément de Daniell produisait dans un voltamètre et le courant de dépolari- salion qui le suivait étaient courts. Des degrés d’inten- 398 POLARISATION GALVANIQUE sité, dont l'intervalle était franchi en vingt-quatre heures lorsque la provision d'oxygène était abondante, se trou- vaient finalement parcourus en dix-huit minutes avec des plaques aussi bien nettoyées que possible. Si une fois, ce point atteint, je faisais arriver encore de l'hydrogène aux plaques, la durée du courant variait de nouveau, parce qu’à partir de là il se produisait une charge d’hyärogène. D'ailleurs je ne crois pas avoir atteint encore le minimum de la charge de gaz des plaques, parce que, même pour la plus courte durée de courant que j'ai obtenue, il y avait encore une petite différence entre la durée du cou- rant polariseur et du courant dépolariseur, à l'avantage du premier qui se prolonge un peu plus longtemps. Mais c’est un travail très-fastidieux que de produire ce mini- mum, parce que les gaz pénètrent avec une excessive lenteur dans l’intérieur de la masse métallique, lorsqu'ils ne sont pas poussés par une force électromotrice exté- rieure; aussi cela prend-il beaucoup de temps d’en chas- ser les dernières traces. Pour montrer la lenteur de ce déplacement du gaz, j’a- jouterai encore ceci : des plaques de platine polarisées, plongées dans des liquides renfermant de l'air en disso- lution, perdent en apparence leur polarisation en peu d'heures et même en peu de minutes lorsqu'elles sont reliées entre elles par un conducteur. C’est sur ce fait, par exemple, que reposait l'emploi des électrodes polari- sables de M. DuBois-Reymond pour des expériences d’é- lectricité animale. En revanche, dans un liquide dépourvu de gaz, la polarisation s’affaiblit d’abord très-vite, puis très-lentement. Dans un cas semblable, j'ai observé pen- dant seize jours le courant dépolariseur au multiplicateur. On a pu conclure, des équivalents électrolytiques du cou- DANS DES LIQUIDES DÉPOURVUS DE GAZ. 399 __ rant employé primitivement pour la polarisation des pla- ques et de l'intensité que possédait encore le courant dé- polariseur, qu’il aurait dû s’écouler encore plusieurs mois avant qu'un courant aussi fable eût détruit la charge du gaz. Les circonstances qui, dans le polariseur , ressemblent au résidu dans une bouteille de Leyde, s'expliquent par l’occlusion des gaz. Lorsque de l'hydrogène a été con- densé sur une plaque de platine, et qu’on arrête le cou- rant pendant quelques secondes, le gaz a le temps, pen- dant cette interruption, de pénétrer plus avant dans la masse du métal, et sa densité diminue dans les couctres superficielles. Si l’on ferme ensuite de nouveau le circuit, la résistance opposée à une nouvelle absorption en est diminuée et le courant pourra être plus fort. Par contre, le courant de dépolarisation enlève le gaz des couches supé- rieures ; lorsqu'on l’interrompt, l'hydrogène, qui vient lentement de l’intérieur sa le temps de s’accumuler à la surface, ce qui augmente la polarisation. On sait que der- rière une polarisation d'oxygène, il peut se trouver simul- tanément, dans une plaque de platine, une polarisation d'hydrogène plus ancienne qui apparaît seulement lorsque l’autre a cessé et vice-versa. Autant que j'en puis juger jusqu'ici, les faits de l’ordre de ceux qui viennent de nous occuper s'expliquent sans difficulté si on admet, pour la propagation dans les mé- taux des gaz qui y sont retenus par occlusion, les mêmes lois que pour là conductibilité calorifique. Je remarque enfin que dans ce cas, après que le cou- rant conducteur s’est écarté, c’est-à-dire après que les quantités d'électricité fixées à la surface des plaques se sont déchargées, il ne peut plus se développer de nouveau 400 POLARISATION GALVANIQUE, ETC. courant qne par l’afflux de nouvelles quantités de gaz ve- nant de l'intérieur à la surface du métal. Quand même ce mouvement ne s’accomplit qne très-lentement, l’intersilé du courant dans le circuit n’en devient pas mains indé- pendante de sa résistance. En effet, dans mes expérirnces l'introduction dans le circuit de 20 à 60 milles de fil té- légraphiqae fusait diminuer pendant quelques secondes la déviation de l’aizuille du maltiplicateur, mais ne lem- pêchait pas de revenir bientôt à sa valeur première. La résistance du milieu du circuit équivalait environ à deux milles de ce fil; les intensités fixes du courant obtenues dans le cireait, lors de ce changement de résistance, seni- blaient indiquer qu'il se produisait à la surface des pla- ques une résistance au passage, à côté de laquelle les 40 ou 60 milles de platine sont négligeables. Cette grande résistance apparente n'exislait que par le courant en ligne droite tel qu'on l'avait là, mais là où on faisait passer un courant en sens inverse, 11 n’y avait plus aucune trace d’une résistance de ce genre, Ceci ne s'applique pas seu- lement aux électrodes de platine, qui sont presqne pala- risées au maximum, mus aussi à celles qui se sont pres- que complétement dépolarisées, et se sont, par conséquent, rapprochées, autant que possible, de leur élat normal. REVISION DES ECHINIDES PAR M. ALEXANDRE AGASSIZ 97° ET 4% PARTIE. (Illustrated Catalogue of the Museum of Comparative Zoology at Harvard College, n° 7.) J'ai déjà rendu compte l’année dernière, dans ce re- cueil', des deux premières parties de l'ouvrage de M. AI. Agassiz sur les Échinides de l'époque actuelle. Ce ma- gnifique livre est maintenant entièrement terminé. Il com- prend 762 pages in-4° avec 94 planches, en bonne par- tie photographiées, et 69 gravures sur bois. Je n’ai pas à revenir ici sur la première partie, qui renferme toutes les notions relatives à la synonymie et à la distribution géographique des espèces, ainsi qu’une liste générale de toutes celles qui ont été adoptées et re- .connues valables par M. Agassiz. La seconde partie est consacrée à la description des Échinides de la côte orientale des États-Unis. La troisième partie, qui a paru en 1873, renferme la description détaillée de toutes les espèces d'Échinides connues, déjà mentionnées dans la liste générale de la pre- mière partie et non décrites dans la seconde. Les descrip- tions de M. Agassiz, faites avec le plus grand soin, avec la dernière exactitude et aecompagnées de planches qui ren- ferment des figures de presque toutes les espèces, nous font connaître, avec toute la précision désirable, l’ensem- ble de la faune échinitique qui peuple les mers actuelles. Un bon nombre des espèces décrites ne l'avaient jamais 1 Archives des Sciences phys. et natur., 1873, t. XLVIIE, p. 19. 402 RÉVISION DES ÉCHINIDES. ‘été d’une manière suffisante et étaient fort mal connues. La quatrième partie traite de la structure du test des oursins, de leur anatomie et de leur embryologie. Malheu- reusement plusieurs planches et un manuscrit contenant de nombreux détails sur l'anatomie du Toxopneustes Dro- bachiensis et de l'Échinarachnius parma, représentant les deux grandes divisions des Échinides, fruit du travail de plusieurs années, ont été détruites par un incendie, et cette lacune n’a pas été comblée. Je ne puis que relever quelques faits dâns cette quatrième partie dans laquelle sont réunies tant d'observations, les unes nouvelles, les autres déjà connues, mais groupées dans un ordre qui per- met de les utiliser facilement. Un chapitre intéressant traite des affinités des Échino- dermes si curieux des terrains .paléozoïques auxquels on a donné le nom de Perischæchinides ou Tessellés. Is res- semblent aux Cidaris, mais au lieu de deux séries de pla- ques dans chaque ambulacre et dans chaque interambu- lacre, ils présentent au contraire des séries multiples de plaques le plus souvent hexagonales. M. Al. Agassiz les considère comme étant un simple sous-ordre des Échi- nides. Suivant l'exemple de M. M. Coy, je les ai envisagés comme devant former un ordre de la classe des Échino- dermes, à cause de leur organisation si singulière et si différente de celle des Échinides. M. Agassiz n’admet pas qu'ils aient aucun rapport avec les Crinoïdes et il relève plusieurs faits qui les relient aux Échinides endoeyeliques, plus étroitement encore qu’on ne le pensait. L'un des plus saillants lui est fourni par la découverte récente des Asthe- nosoma, oursins endocycliques dont les plaques ne sont pas entièrement calcaires et se trouvent imbriquées de manière à rendre le test flexible. Or, il paraît, d’après 403 plusieurs indices, que, dans les Tessellés à séries de pla- ques multiples, ces plaques étaient aussi imbriquées et que par là leur test devait être également flexible. Voilà donc un trait d'union. J’ajouterai que le fait d’avoir des plaques en séries multiples n’est pas uniquement le par- tage des Tessellés, car M. Cotteau à récemment fait con- naître un oursin crétacé, appartenant aux Échinides endo- cycliques, dont les aires interambulacraires sont composées de quatre séries de plaques portant chacune un tuber- cule; il en a fait le genre Tetracidaris ; ces plaques ne sont à la vérité pas hexagonales. Pour M. A. Agassiz l’oursin Tessellé, le Polæchinus tout au moins, serait un Cidaris sans plaques coronales, réduit à l'appareil apicial et à la membrane buccale, flexible et couverte de nombreuses plaquettes porifères, qui aurait pris un développement extraordinaire. [l est bien reconnu maintenant que les Tesseilés ont un appareil masticatoire analogue à celui des Cidaris et un appareil apiciai également analogue, mais avec les plaques génitales percées de plusieurs po- res et non d’un seul, Il résulte sans doute de l’ensemble des faits que la liaison entre les Tessellés et les Échinides endocycliques est beaucoup plus intime qu’on ne l'avait cru d’abord; il me paraît cependant encore que les ca- raëtères qui les séparent sont assez importants pour qu'il soit préférable de grouper les premiers dans un ordre à part, quitte à en éliminer peut-être certains genres à me- sure qu'ils seront mieux connus. Une planche entière est consacrée à représenter lar- rangement des pores dans les zones porifères de la plu- part des genres des Échinides endocycliques. Cette étude est fort importante pour les déterminations génériques et spécifiques. L’accroissement des plaques ambulacraires, à RÉVISION DES ÉCHINIDES. 40% RÉVISION DES ÉCHINIDES. partir du premier âge, se fait, soit par subdivision des pla- ques primitives, soit par adjonction de plaquettes inter- médiaires. Ainsi, dans les Erhinus les pores ambulacraires sont disposés primitivement par paires formant une sim- ple rangée verticale, puis une plaquette vient s’intercaler entre deux autres et 1l en résulte un arc de trois paires; dans d’autres genres les plaquettes intercalées sont plus nombreuses et il en résulte des arcs de six, hit paires et plus. Par le fait, chaque plaquette ambulacraire ne porte qu'une seule paire de pores, mais le nombre des plaquet- tes correspondant à une plaque coronale varie beaucoup et donne lieu à de grandes différences dans l’arrangement des pores. Je ne partage pas entiérement la manière de voir de M. Al. Agassiz relativement à l'importance qu'il faut at- tribuer aux radioles des Échinides endocyéliques et prin- cipalement des Cidaridées, au point de vue de la distinc- tion des espèces. Il a fait figurer un grand nombre de radioles appartenant à diverses espèces de Cidaris, pris dans différentes régions d’un même individu et, s'appuyant sur les différences qu’ils présentent dans une même es- pèce, il en conclat qu’il n’est pas possible d'accorder aux caractères tirés des radioles la valeur de caractères spé- cifiques. Ce n’est vrai que dans une certaine mesure, et je crois que cette conclusion est trop absolue. Il est, en effet, certain que l'ensemble des radioles d’un même individu présente, avec des différences de forme, des caractères généraux d’ornementation assez semblables pour qu'un observateur un peu exercé puisse s’y reconnaître sans trop de peine et associer sans trop de chances d’erreur les radioles qui appartiennent à une même espèce. Ceci ressort même des planches de radioles données par M. AL. RÉVISION DES ÉCHINIDES. 405 Agassiz. On en trouvera aussi un exemple frappant dans le grand et bel ouvrage de M. Wright sur les Échinides : fossiles d'Angleterre. L'auteur à pris la peine de réunir en tableau les variations principales des radioles du Cidaris sceptrifera, espèce abondante dans la craie blanche et dont on connait de nombreux tests portant encore leurs radioles; les extrêmes semblent au premier abord ne se ressembler en aucune-façon et cependant, en y regardant de près, on découvre dans tous ces radioles un air de fa- mille, et, par l'étude de séries un peu nombreuses, on est arrivé à les rapporter tous sûrement au même type. Je citerai encore un autre fait qui témoigne du parti que l'on peut tirer des radioles pour la détermination des es- pèces. Deux Hemicidaris fossiles de l’époque jurassique, l’'Hemic. intermedia et l'Hem. crenularis ont été trouvés avec leur radioles attachés au test ; or, les caractères du test sont à peu près les mêmes dans chacune de ces es- pèces, tandis que ceux des radioles sont très-différents. On n’a donc ici à peu près d’autre ressource que les ra- dioles pour caractériser deux espèces qui sont bien dis- tinctes, puisque en Angleterre, où l’Hemic. intermedia est fort abondant, on n’a encore jamais trouvé, à ma connais- sance du moins, les radioles très-caractéristiques de l’He- mic. crenularis. M. Agassiz donne des détails curieux, accompagnés de nombreux dessins, sur le mode de crois- sance et la structure des radioles; on remarque qu’il arrive souvent que la structure particulière de certains radioles pent être regardée comme caractéristique de certains genres et de certaines espèces. Les questions qui se rapportent à la structure et à l'utilité des fascioles, ces petites bandelettes dépourvues de tubercules qui se voient sur le test de certains oursins de 406 RÉVISION DES ÉCHINIDES. la famille des Spatangidées, ont été souvent discutées. I est maintenant généralement admis que les fascioles por- tent de petits radioles rudimentaires et non des pédicel- laires. M. Agassiz pense que les fascioles, avec leurs pe- tites épines serrées, forment comme une sorte de tamis qui empêche les matières étrangères d’encombrer les am- bulacres; on trouve en effet souvent le fasciole qui en- toure les pétales de certaines espèces couvert de limon et de parcelles de corps étrangers qui ont été ainsi arrêtés par ce petit rempart. On peut bien expliquer de cette manière le rôle du fasciole péripétale et de celui qui, plus rarement, fait le tour de l’ambitus ; on comprend moins facilement l'utilité du fasciole sous-anal, et 1l faudrait ad- mettre un état d'infériorité pour les genres qui n’ont point de fasciole péripétale. Un office analogue paraît être l'attribution des pédicel- laires, petits appendices singuliers qui se trouvent sur le test de beaucoup d'Échinodermes, et sont composés d’une tige calcaire très-fine, flexible et mobile, qui se termine par une pince ou fourche à deux, trois ou quatre dents s’ouvrant et se fermant continuellement. D’après M. Agas- siz ils remplissent l'emploi de petits balayeurs et servent à enlever les petits fragments étrangers, les excréments en particulier, qui s’attachent au test; ils les saisissent entre leurs pinces et les font passer successivement à leurs voisins jusqu’à ce qu'ils aient été déposés sur le fond. Les formes des pédicellaires sont très-variables, un grand nom- bre sont figurés dans l'ouvrage. Les opinions les plus di- verses ont été émises sur leur nature; on les à considérés comme des parasites, comme une phase larvaire de l’our- sin, comme des organes de préhension servant à la nutri- tion, etc. L’intime connexion des pédicellaires et des ra- pour RÉVISION DES ÉCHINIDES. 407 dioles est maintenant généralement admise et M. Agassiz s'attache à démontrer avec beaucoup de soin que, soit les pédicellaires, soit les radioles, sont des modifications en sens différent du tissu celluleux calcaire dont est formé le _test de tous les Échinodermes. M. Perrier a traité récem- ment ce sujet intéressant des pédicellaires en essayant de leur attribuer une valeur comme caractère distincüf de genres et d'espèces, M. Agassiz critique assez sévèrement cet ouvrage tout en rendant justice aux belles planches qui l’accompagnent. Les sphéridies, petits appendices très-curieux en forme de bouton, découverts par M. Loven, ont été observés également par M. Agassiz, ce seraient, parait -il, les orga- nes du tact. Je n'ai pas à m’étendre sur tous les chapitres qui trai- tent de l'anatomie des oursins et sont accompagnés de nombreuses planches explicatives. Jajouterai seulement que le corps madréporiforme, dont pendant longtemps on a ignoré l'usage, est maintenant généralement regardé comme servant à faire entrer de l’eau dans l’intérieur du test. Dans les Échinides endocycliques, les Astérides, les Ophiures, on regarde ce corps madréporiforme comme pouvant servir à l'orientation de l'animal puisqu'il est censé être toujours placé à la droite de l'appareil apicial. M. Agassiz, se basant sur la direction des replis du canal alimentaire, émet des doutes sur la justification de cette méthode ; il déclare ne reconnaître aucun point de re- père assuré qui puisse servir à déterminer avec certitude et sans exception une région antérieure et postérieure pour les Échinides endocycliques, ainsi qu’il est facile de le faire pour les exocycliques. Quelques détails sont donnés sur l’habitat des Échi- 408 RÉVISION DES ÉCHINIDES. nides. Un plus grand nombre d’espèces qu’on ne le pen- sait vivent dans des excavations qu’ils pratiquent dans les rochers, ainsi le Toxopneustes lividus, quelques Echino- metra, etc. Le Podophora atrata se trouve adhérent par ses ventouses sur des parois de roches verticales expo- sées à la violence des flots. Les Clypeastroïdes et les Spa- tangoides préfèrent en général un sol sablonneux et tran- quille où ils aiment à s’enfouir, et M. Agassiz trouve là un sujet d'étonnement, car les Spatangoïdes, placés par leur organisation au sommet de la classe des Échinoder- mes, sont au fond ceux qui sont le moins favorablement placés et qui sont le moins capables de se protéger et de choisir leur nourriture; ils n’ont, en effet, d'autre res- source que de s’ensevelir dans le sable pour échapper à leurs ennemis et ils ne peuvent que difficilement et lente- ment se mouvoir pour changer de place. Il serait difficile d'analyser ici les pages qui traitent de l’embryologie de l’oursin. Ce sujet si important et si inté- ressant est traité avec beaucoup de soin, et de nombreuses gravures sur bois font comprendre les phases du dévelop- pement du pluteus, qui le plus souvent suivent une grada- tion régulière, mais parfois aussi présentent des transitions brusques qu’il n’est pas facile d'expliquer. L'histoire de la marche progressive du développement du jeune oursin, au sortir de l’état larvaire, a déjà été tracée par M. Agas- siz dans une précédente publication, à l’aide surtout des matériaux provenant des draguages exécutés par les na- turalistes américains, et en particulier par M. de Pourtalès, sur les côtes orientales des États-Unis; il reproduit les détails qu'il avait donnés, et dont il a été déjà question dans ce recueil, mais en les accompagnant cette fois de nombreuses planches représentant le jeune âge de plu- RÉVISION DES ÉCHINIDES. 409 sieurs oursins; elles comptent parmi les plus intéressan- tes et les plus curieuses du livre. Cette histoire est encore bien incomplète et les matériaux recueillis par M. Agas- siz sont d'autant plus précieux que c’est par les déduc- tions que fournira le développement de ces recherches qu’il sera possible un jour d'établir une classification tout à fait naturelle. A ce propos il importe de noter que, pour M. Agassiz, les Holothuries ne doivent pas être placées en tête de la classe des Échinodermes, mais que cette place doit reve- nir aux Échinides ; les Crinoïdes seraient intermédiaires entre les Holothuries et les Astérides ou les Ophiures. Une série de considérations sur la succession des Échi- nides dans la série des àges géologiques et sur la place qu'ils doivent occuper dans la série des êtres termine l’ouvrage. M. Agassiz constate, ainsi que je l'ai déjà indi- qué moi-même, que les genres d’Échinides, peu nom- breux et peu variés dans le trias et.dans le lias, s’augmen- tent soudainement dans l'étage bajocien par l'apparition d'un grand nombre d’autres genres nouveaux que rien ne vient relier ostensiblement à ceux qui étaient précé- demment connus. Des genres d’une organisation supé- rieure apparaissent en même temps que d’autres placés plus bas dans la série et des formes que l’on pourrait re- garder comme de transition se montrent après les extrê- mes qu'elles devraient relier. Théoriquement on peut bien faire dériver un Spatangue d’un Tessellé, mais les faiis observés ne donnent aucunement raison à cette évo- lution théorique, et l’un des plus frappants est l’appari- tion des premières espèces de Collyrites, ce genre si voi- sin des Spatangues, dans l'étage bajocien (peut-être même auparavant encore) en même. temps ou avant la grande ARCHIVES, t. L. — Août 1874. 28 410 RÉVISION DES ÉCHINIDES. majorité des types qui pourraient être utilisés pour prou- ver sa dérivation. Une objection peut être faite à cette conclusion, qui n’est pas favorable à la doctrine du trans- formisme, c’est que les connaissances que nous possédons sur les espèces fossiles sont bornées et incomplètes. Cette objection n’a pas beaucoup de valeur dans le cas parti- culier, et du reste elle pourra $e faire toujours; on pourra toujours prétendre que les recherches n’ont pas dit leur dernier mot; il est bien évident que l’on ne peut raison- ner aujourd'hui que sur les faits connus au moment pré- sent. Une remarquable analogie existe, ainsi que le fait remarquer M. Agassiz, entre l'apparition soudaine de certains types qui ne se relient point à ceux qui exis- taient déjà, et les changements brusques, soudains, qui se manifestent pendant les phases de développement d’un individu à partir de l’état embryonnaire ; nous ne pouvons pas mieux expliquer par le raisonnement le premier fait que le second. Les lignes suivantes expriment la manière de voir de M. Agassiz au sujet du transformisme. « Personne ne reconnait mieux que moi que l'exposi- «tion de la théorie de l’évolu#on donnée par Darwin a « ouvert de nouveaux champs d'observation dans plu- « sieurs parties de la biologie, dont on ne saurait exagé- « rer l'importance. Son influence à été très-heureuse sur « les progrès de la biologie et, de concert avec lPem- « bryologie, elle a fait sortir la biologie d’une ornière trop « systématique où elle était menacée de se voir, pendant « un temps, enrayée et hors d'état de progresser. Mais « les disciples de Darwin ne peuvent pas nous demander « de regarder comme prouvées sans réplique toutes les « divagations ayant trait à tel on tel ancêtre des grands RÉVISION DES ÉCHINIDES. AAA « types du règne animal dont ils parlent avec une si su- « blime assurance. Et lorsqu'on veut me faire admettre «un type précurseur dans un groupe au sujet duquel “ nous manquent des données paléontologiques ou em- « bryologiques certaines, ou lorsque l’on me demande de « croire à un arbre généalogique dont on peut dire que « ni les racines ni les branches n’ont jamais existé dans « l’état actuel de nos connaissances, je prétends que je « n'ai plus affaire simplement à une hypothèse, mais à la « spéculation la plus fantaisiste. Ces mêmes disciples de « Darwin, plus darwinistes que lui-même, semblent dé- « terminés à ne pas imiter leur maître et essayent, de la « manière la plus dogmatique, d'annuler tous les argu- « ments que l’on peut émettre, non en montrant leur fai- « blesse, mais simplement en posant en fait que toute dis- « cussion est désormais impossible. » J'aurais voulu donner une idée plus nette encore du bel ouvrage que j'ai essayé d'analyser; ce que j'en ai dit suffira cependant pour faire comprendre son importance, et pour en faire saisir la portée. = Îl serait vivement à désirer que M. Agassiz pût entre- prendre un jour une révision analogue des autres ordres de la classe des Échinodermes; malheureusement tant d’occupations nouvelles sont venues réclamer son temps et ses facultés depuis la mort de son illustre père, qu'il est peu probable qu'il puisse, avant longtemps du moins, mettre la main à ce travail énorme, mais bien nécessaire. P.'de L: BULLETIN SCIENTIFIQUE, PHYSIQUE. J.-A."FLEMING. SUR LA NOUVELLE THÉORIE DU CONTACT POUR LA PILE ÉLECTRIQUE. Diverses expériences, déjà anciennes, dues à sir W. Thom- son, semblent prouver que le simple contact de deux métaux hétérogènes suffit pour produire une différence de potentiel électrique entre eux. La disposition adoptée dans une de ces expériences con-. siste en une aiguille mobile autour d’un axe perpendiculaire au plan de deux demi-disques zinc et cuivre qu’on peut rapprocher ou éloigner l’un de l’autre à volonté. L’aiguille, chargée d'électricité positive, se met à tourner dès que les demi-disques placés au-dessous d’elle se touchent. Le sens de cette rotation indique que le cuivre est alors négatif et le zinc positif. Elle cesse dès qu’on écarte un peu les deux métaux l’un de l’autre et même si l’on interpose une goutte d’eau entre leurs bords. Dans une autre expérience, les deux demi-disques sont remplacés par un anneau dont l’une des moitiés est en zinc et l’autre en cuivre. Une tige métallique mobile autour d’un axe perpendiculaire au plan de l’anneau tourne alors dans la direction du zinc vers le cuivre lorsqu'elle est chargée d’é- lectricité négative et isolée. Sir W. Thomson a aussi observé une différence de poten- tiel entre l'air contenu dans un cylindre en cuivre et celui renfermé dans un cylindre en zinc réuni au premier par un fil métallique. Il en conclut « que le zinc et le cuivre peuvent s’attirer chimiquement à toute distance au travers du fil mé- tallique qui les unit. » Suivant lui: «lorsque deux corps de nature différente sont mis en contact l’un avec l’autre, il se produit une cer- taine diminution de l'énergie potentielle de leur affinité chi- mique et l'équivalent de cette diminution apparaîl, au moins en partie, sous la nouvelle forme potentielle de la décompo- sition de ce que l’on est convenu d’appeler les deux fluides électriques. L’un des deux corps subit alors une modification ‘ans le sens positif et l’autre dans le sens négatif ‘. » D’après sir W. Thomson, cette force électromotrice pro- duite au contact aurait pour valeur le produit du coefficient de Peltier, soit la chaleur absorbée à la surface du contact pour le passage d’une unité de courant pendant l’unité de temps, multiplié par l’équivalent de Joule. Sir W. Thomson reconnaît que cette force, ainsi éva- luée, n’équivaut pas à la force électromotrice totale d’un couple voltaïque qui la surpasse même de beaucoup. Il admet que « la plus grande partie de la force voltaique doit être recherchée, non au contact des deux métaux, mais aux sur- faces de séparation de ceux-ci et du milieu ambiant qui forme le troisième élément du circuit ?.» M. Fleming admet bien, jusqu’à un certain point, les in- terprétations de sir W. Thomson; il pense cependant que la plus grande partie de l'électricité de la pile provient de l’ac- tion chimique dont elle est le siége. Afin de mettre ce fait hors de doute, M. Fleming a imaginé de construire une pile dans laquelle il n'existe aucun contact de métaux hétéro- gènes, et qui fonctionne, par conséquent, en vertu de l’action chimique seule. Pour cela il a tiré parti de l’action inverse de l’acide nitrique et de persulfures alcalins sur le cuivre et sur le plomb. Lorsqu'on plonge ces deux métaux dans l’acide nitrique, le cuivre, étant le plus attaqué, devient négatif par rapport au plomb, et le contraire a lieu si les deux métaux ? Thermodynamies, p. 62, $ 107. 4 Traité d'électricité et du magnétisme, vol. I, p. 302. PHYSIQUE. AES 414 BULLETIN SCIENTIFIQUE. se trouvent dans une solution de persulfure de soude alca- line (S, Nas). La même lame de l’un de ces deux métaux, recourbée de manière à plonger à la fois dans les deux liquides, peut done être positive dans l’un et négative dans l’autre. Une série de bocaux contenant alternativement de l'acide nitrique dilué et du persulfure de soude, et réunis tantôt par une lame de plomb, tantôt par une lame de cuivre, consti- tueront donc une véritable pile dépourvue de tout contact de ces deux métaux. Si ces bocaux sont en nombre impair, les métaux des deux couples extrêmes, étant de même nature, pourront être intercalés dans le circuit d’un galvanomètre sans qu'il en résulte non plus aucun contact hétérogène. M. Fleming a comparé l'intensité de cette nouvelle espèce de pile à celle de Daniell, et il a trouvé que quatre des cou- ples qui la composent équivalent à un élément de Daniel. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. D* V. SieBerT. UNTERS.... RECHERCHES SUR L'ACTION PHYSIOLO- GIQUE DE L’APOMORPHINE. (Laboratoire de Dorpat. Archi der Heilkunde. Leipzig, 14871, et thèse inaugurale, même année.) — Max Queuc. MÊME suser. Thèse. Halle, faite sous la direction de M. Kæbhler, privat-docent de l’Université de Halle, 1872. — D' Harnnack. MÈME suser. (Archiv der exp. Pathologie und Pharmacologie. Leipzig, juin 1874.) — RieGEL et Bonn. MÈME suser. (Deutsches Archiv f. klin. Medicin, IX, 211-239.) — M. Loes. UEBER...... EMPLOI DE L’APOMORPHINE COMME VOMITIF. (Bert. klin. Wochenschrift, 1872, 400.) — A. MoErz. BEITRÆGE.... CONTRIBUTION A L'EMPLOI DU CHLORHYDRATE D'APOMORPHINE. (Prager Vier- teljahresschrift für praktische Heilkunde, 1872, XXIX. 3" Band, p. 76-84.) — V. BourGEois. DE L'APOMORPHINE. RECHERCHES CHIMIQUES SUR UN NOUVEL ÉMÉTIQUE. Thèse de ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 415 Paris, 4874. — CHouPpe. EXPÉRIENCES DU LABORATOIRE DE M. Vuzran. (Société de Biologie, 18 juillet 1874.) — Ma- THIESEN et WREIGHT. DE L'ACTION DE L’ACIDE CHLORHYDRI- QUE SUR LA MORPHINE ET SUR LA CODÉINE. (Proceedings of the Royal Society, t. XVII, et Liehig’s Annulen, t. VIE, 1870.) L’apomorphine, obtenue pour la première fois en 1845 par un élève de M. Wæhler, M. Arppe, a occupé depuis lors bon nombre de chimistes, et a donné lieu à des travaux de chimie que nous n’aborderons pas ici. Nous rappellerons simplement que l’apomorphine est le résultat d’une modification que subit la morphine en pré- sence des acides sulfurique et chlorhydrique. La morphine, en perdant deux équivalents d’eau, se transforme en apo- morphine. Css Ho AZ O0, — 3 0 = C5 Hs AZ Où (Morphine.) (Apomorphine.) L'étude des effets physiologiques de l’apomorphine a, dans ces dernières années, donné lieu à plusieurs travaux impor- tants. La propriété physiologique, qui a le plus attiré l’atten- tion, est son action vomitive. L’apomorphine constitue, en effet, un émétique énergique, dont l’action est rapide et qui peut être administré à faibles doses par injection hypoder- mique. D'abord étudiée par les physiologistes, l’'apomorphine commence à êlre mise en usage dans certains cas en méde- cine, et est appelée à jouer un rôle important dans les cas où l’on veut produire un vomissement rapide au moyen d’une injection hypodermique. Les travaux qui ont paru sur l’action physiologique de la- pomorphine sont déjà nombreux et offrent entre eux de grands rapports : nous résumerons surtout l’un des plus ré- cents, celui de M. Harnack, qui fait de l’apomorphine une étude soignée, qui résume les travaux qui l’ont précédé en y ajoutant des données nouvelles. 416 BULLETIN SCIENTIFIQUE. De faibles doses d’apomorphine, injectées sous la peau, produisent au bout de peu de minutes des vomissements qui se répètent à plusieurs reprises et causent peu de malaises. La dose nécessaire pour obtenir le vomissement varie selon espèce des animaux mis en expérience et varie d’après les auteurs qui se sont occupés de cette question. Il est probable que les diverses apomorphines mises en usage n’étaient pas identiques. L’apomorphine, pour certains auteurs, s’altére- rait assez promptement en solution, pour d’autres pas. M. Siebert fixe la dose nécessaire pour produire le vomis- sement chez l’homme à 0,005—0.,045. Cette dose, selon lui, produit des nausées, des vomissements et pas d’autre phé- nomène. . D’après MM. Riegel et Bœhm., la dose active de l’apomor- phine allemande de Merck est chez l’homme de 3 à 41 milli- grammes et chez le chien de 1 milligr. Cette dose ne pro- duit pas de phénomènes accessoires, tandis que des doses de 12 à 15 milligr. chez l’homme et de 4 milligr. chez le chien produisent des phénomènes souvent inquiétants, en particulier dn collapsus. Pour M. Læb et M. Bourgeois, la dose active est de 8 milligr. chez l’homme. chez lequel 3 milligr. restèrent sans effet. Avec 8 milligr. M. Lœb observa une fois des syncopes, et chez un enfant, 2 milligr. produisirent un collapsus in- quiétant, Pour M. Mærz, la dose active oscille entre 6 et 12 milligr. ; pour M. Quehl, entre 6 et 7 milligr. chez l’homme. En résumé, on peut dire qu’en employant chez l’homme Papomorphine à la dose de 5 à 10 milligr. on obtient des effets vomitifs sans être exposé à des accidents graves, si ce n’est chez les enfants qui y sont très-sensibles. M. Quehl à observé que les chiens, soumis à une dose forte d’apomorphine (dépassant 2 centigr.) ne vomissaient pas, mais étaient pris de mouvements de manége, d’engourdisse- 417 ments el de parésie des extrémités postérieures, ainsi que d’un abaissement de l’excitabilité réflexe. Ces symptômes cessèrent d'eux-mêmes au bout d’un certain temps. Chez les chats, il faut 20 milligr. pour obtenir le vomisse- ment. Il se produit chez eux des symptômes particuliers dé- crits par M. Siebert, et qui ont aussi attiré l’attention de M. Harnack. Trois à quatre minutes après l'injection, les chats commencent à être pris d’une agitation toute spéciale ; ils exécutent de violents mouvements d'avancement et de recul. courent en cercle, semblent effrayés et deviennent sauvages, Leur pupille se dilate. Laissés en liberté, ils recherchent un coin écarté de la chambre, s’v réfugient el exécutent des mouvements de va et vient alternativement en avant et en arrière. Dans quelques cas la salivation est excitée. Étudiant l'effet produit par l’apomorphine chez le lapin qui ne peut vomir, M. Harnack montre que 10 à 30 milligr. causent la mort du lapin, que ‘} à 10 milligr. produisent une grande agitation de ces animaux qui cherchent à s'échapper et exécutent de violents mouvements musculaires. Si on Les laisse libres, les lapins exécutent des sauts dans la chambre, et finissent par se blottir dans un coin et restent facilement excitables par le moindre bruit. [ls font ensuite des mouve- . ments avec les mâchoires, salivent souvent et présentent l’apparence d'animaux dont le goût est excité par une sub- stance provoquant le dégoût. MM. Siebert, Quehl, Harnack n’ont pas observé d'effets vomitifs chez les grenouilles. Après la section des nerfs vagues au Cou, M. Chouppe, dans des expériences faites sous la direction de M. Vulpian, a observé que l'injection, dans le tissu cellulaire sous-cutané, d’une dose vomitive d’apomorphine produisait des vomisse- ments avec la même rapidité (deux à cinq minutes) que chez lPanimal intact, ce que ne produil pas l’émétine. Ces résultats sont contraires à ceux qu'avait obtenus M. Quehl, qui n’ob- tint pas de vomissements par l'injection d’apomorphine faite ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 418 BULLETIN SCIENTIFIQUE. chez des chiens dont les nerfs vagues avaient été préalable- ment sectionnés. Il est vrai que cet auteur opère chez des animaux qu'il a soumis au début de l'expérience à la chloro- formisation qui peut avoir troublé ses résultats *. ‘ Dans des expériences encore inédites entreprises sous ma direc- tion dans le laboratoire de physiologie de l’Université de Genève, M. C. David, interne à l'hôpital cantonal, a observé chez les chats et les lapins des phénomènes d’excitation analogues à ceux qui sont dé- crits par MM. Siebert et Haruack. Des phénomènes semblables se sont produits chez des rats et des cochons d’Inde, de même que chez des. pigeons. Les pigeons, soumis à une injection hypodermique de deux. milligrammes d'apomorphine, vomissent, dans certains cas rares, les graines contenues dans le jabot. Îls présentent toujours des phéno- mènes d’excitation remarquable : ces animaux inquiets sautent tantôt sur un pied, tantôt sur l’autre, n’ont pas un instant de tranquillité, piquent la terre de leur bec et saisissent avec voracité les graines qu’on leur présente. Ils frottent leurs plumes de leur bec et semblent éprouver des démangeaisons. Ils donnent aussi des coups de bec aux autres pigeons qui sont près d’eux et poussent des cris incessants. Ces symplômes d’excitation cessent au bout d'un certain temps, une beure environ. La morphine non plus que le tartre stibié, administrés à dose vo- mitive à des pigeons par M. David, n’ont point produit de l'agitation comme lapomorphine. Les expériences de M. David lui ont donné une confirmation de celles de M. Chouppe, contrairement aux résultats obtenus par M. Quehl. La section des deux nerfs vagues n’a point modifié l'effet vo- mitif de lapomorphine, dont la dose active a été la même qu'avant la section des nerfs vagues. Des chiens, soumis d’abord à l'action du chloroforme, les uns après section des nerfs vagues, les autres sans avoir subi cette opération, se sont montrés aussi sensibles à l’action de l'apomorphine que ceux qui étaient directement soumis à l’action de ce médicament. Nous ne pouvons, par conséquent, interpréter les résultats différents des nôtres et de ceux de M, Chouppe obtenus par M. Quebhl, ni saisir la cause de cette différence que nous pensions d’abord être due peul-être à la chloroformisation. L’apomorphine, quand elle est dissoute depuis plus d’un jour, prend une teinte verdâtre qui a été considérée par quelques auteurs comme 419 Quant aux autres phénomènes produits par lapomorphine, on peut les résumer comme suit d’après les conclusions for- mulées par M. Harnack à la fin de son mémoire : ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. Action sur les centres présidant à la respiration. 1° Lapins. De faibles doses d’apomorphine ({/,—5 milligr.) excilent vivement lé centre respiratoire; avec de fortes doses (10—20 milligr.) l'excitation du centre respiratoire est rapi-, dement suivie d’un abaissement de son excitabilité qui va Jusqu'à sa paralysie. Avec des doses de 95 à 50 milligr. la paralysie survient presque immédiatement. 2° Chiens. Des doses de 50 miligr. et au-dessus produi- sent une violente excitation des centres respiratoires lors- qu’on a rendu le vomissement impossible par une narcose profonde. La paralysie du centre ne survient pas, même avec des doses de 0,6 grammes. 3° Grenouilles. Des doses de 10 milligr. et au-dessus arré- tent la respiration ; mais il est diflicile de décider s'il s’agit d’une paralysie du centre nerveux ou des muscles respira- toires (Harnack). Action sur les centres présidant aux mourements volontaires. 4° Lapins. Ces centres subissent, même par de faibles doses, une violente excitation qui, avec de fortes doses, peut aller jusqu’à provoquer de violenæs convulsions (Harnack). 2° Chiens et chats. De fortes doses provoquent de l’excita- tion des centres moteurs, des mouvements de manége, et. (Siebert, Quehl). une altération de ce médicament. Cette coloration verdâtre n’a jamais paru altérer les propriétés de l’apomorphine dissoute depuis plusieurs jours dans les expériences qui ont été faites par M. David avec de apomorphine de Duverney de Stuttgart. Les expériences complètes de M. David seront d’ailleurs incessamment publiées in extenso. Dr P. }e 420 BULLETIN SCIENTIFIQUE. 3° Grenouilles. Ces centres paraissent subir d’abord une excitation temporaire qui fait promptement place à une com- plète paralysie (Harnack). | Action sur les centres de sensibilité. 1° Lapins. De faibles doses (‘/ milligr.) produisent déjà une excitation (Harnack). 2° Chats. Ces centres sont excités de la même façon, mais avec des doses plus fortes (Siebert). 3° Grenouilles. L’excitabilité semble être augmentée dans le premier stade de l’action du poison (Harnack). Action sur les muscles striés. 1° Grenouilles. ‘}, à 5 milligr. produisent une diminution notable de l’excitabilité musculaire qui disparaît avec des doses plus fortes sans cependant faire place à de la rigidité cadavérique (Harnack). A 2° Mammifères. On a observé chez eux des troubles va- gues pouvant être rapportés à des paralysies de la motilité, mais on ne peut décider nettement s’il s’agit de troubles des centres moteurs ou des muscles (Quehl, Harnack). 3° Homime. Dans deux cas on a observé des troubles de motilité (Mærz) chez les jeunes sujets et à forte dose chez des adultes : on a observé du collapsus et de la faiblesse des muscles (Riegel et Bæhm, Lœæb}. Muscles du cœur.— Leur paralysie a été observée chez les grenouilles (Harnack). En terminant, M. Harnack fait la remarque qu’à de cer- tains égards plusieurs des phénomènes dus à l’apomorphine sont analogues à ceux que produit la morphine. Dr BOTANIQUE. 421 BOTANIQUE. À. DE Bay. UEBER DIE WACHSUBERZÜGE DER EPIDERMIS. SUR LA CIRE ÉPIDERMIQUE. M. le professeur de Bary a publié récemment le résultat d'une étude approfondie de la structure anatomique et du développement de la cire végétale. Cette substance, encore peu connue sous le point de vue chimique. est un mélange de diverses matières composées de carbone, d'hydrogène et d’une faible proportion d’oxygène. Ses principales pro- priétés sont d’être fusible au-dessous de 100°, combustible, plus légère que l’eau, insoluble dans ce liquide mais soluble dans l’alcool bouillant. Sous ie rapport de la structure anatomique, M. de Barv distingue quatre types principaux, reliés entre eux, du reste, par de nombreux intermédiaires, mais qui sont, cependant, nettement caractérisés chez certaines espèces. Le premier type comprend les enduits formés de bâton- nets très-fins ou de granules constituant une croûte dense à la surface de la cuticule. La cire en bâtonnets très-fins se trouve entre autres chez les espèces suivantes : Eucalyptus globosus, pulverulenta; Acacia Hugelüi, cultriformis; Lonicera implexa ; Andromedu dealbata; Secale cereale, Élyumus arenu- rèus, Sabulosus ; Alopecurus textilis Boiss. Eucephalartos hor- ridus. Par contre les Kleinta ficoides, les feuilles glauques du Ricinus communis, celles de certaines conifères fournissent des exemples de cire composée de granules entassés les uns sur les autres. Le second type comprend les enduits composés d’une sim- ple couche de granules et elle représente le cas à la fois le plus simple et le plus fréquent. Les feuilles et les entre-nœuds glauques de beaucoup d’Iridées et de Liliacées en fournis- sent d’excellents exemples. En particulier les Jrès pallida, germanica; Allium Cepa, fistulosum, Muscavri moschatum : 1292 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Tulipa silvestris; Galanthus nivalis; Phormium tenax à la surface inférieure de ses feuilles: divers organes chez plu- sieurs autres Graminées telles que Saccharum Sorqum ; Eu- lalia japonica; les feuilles des Brassica olerecea ; Dianthus caryophyllus , plumarius ; Calandrinia speciosa; Linum aus- triacum; Populus tremula; Mesembryanthemum incurvum, lacerum; Stillingia serifera. La cire du troisième type consiste en une couche. en gé- néral épaisse, formée de bâtonnets plus gros et plus longs que ceux du premier type et serrés les uns contre les au- tres perpendiculairement à la surface de la cuticule. C’est surtout chez les monocotylédones que l’on rencontre ce genre de revêtement, par exemple. chez les Heliconia farinosa Raddi et d’autres musacés; Canna indica; Aechmea farinosa de la famille des Bromeliacées, chez beaucoup de Graminées. la canne à sucre, par exemple. enfin, parmi les dicotylédo- nes deux exemples chez les Benincasa cerifera Sav (Cucur- bitacées), Cotyledon orbiculata L. (crasdulacées). Le quatrième type comprend les enduits à structure com- pacte homogène avant l'apparence de membranes ou de croûtes. Tels sont les enduits minces, lustrés et durs qui re- couvrent souvent les organes verts des plantes grasses et ri- ches en sève comme chez les Sempervivum, plusieurs Eu- phorbia, certaines cactées, où les croûtes plus ou moins épaisses et souvent stralifiées à la surface des fruits de My- rica, sur la tige du Panicum turgidum Forsk., et surtout les dépôts épais qui se forment sur les tiges et les feuilles de plusieurs palmiers, tels que les Klopstockia cerifera déjà dé- crits par M. Karsten, et plusieurs Chamaedorea. La partie la plus intéressante du mémoire de M. de Bary est celle qui traite de la formation et du développement de la cire. D’après les anciens auteurs, tels que de Candolle, Treviranus, Schacht, cette substance est une sécrétion de l’é- piderme dans l'intérieur de laquelle elle s'élabore. On cite, TVR à HE dite D ve — 4 | BOTANIQUE. en général, à l'appui de cette opinion le fait que les enduits de nature cireuse se reproduisent rapidement après qu’on les à enlevés, pourvu que l’épiderme soit restée intacte. Dans ces derniers temps plusieurs histologistes, en particulier MM. Wigand, Karsten, Uloth, ont soutenu que la cire ré- sulte d’une transformation chimique de la cuticule on même de la cellulose des cellules épidermiques. Les recherches de M. de Bary semblent confirmer plei- nement, en la complétant, la théorie ancienne de la pro- duction par sécrétion. Suivant lui, le développement de la cuticule est tout à fait mdépendant de celui de la cire qui la recouvre extérieurement. On peut toujours enlever cette dernière sans endommager, le moins du monde, la surface extérieure de la cuticule. Comme il est facile, d’ailleurs, de s'assurer que la cire ne saurait provenir d’un dépôt de ma- tière en suspension ans l’air, on est bien obligé d’admettre qu’elle résulte d’une sécrétion superficielle. M. de Bary ne s’est pas contenté de celte simple présomption et il a cher- ché dans quelle partie des tissns se forme la cire et com- ment elle arrive à la surface extérieure de la cuticule. I a d’abord reconnu que le contenu des cellules épidermiques ne contient pas des matières de nature cireuse, en sorte que ces dernières doivent nécessairement se former dans l’inté- rieur des parois mêmes de ces cellules. Comme il n’existe malheureusement pas de réactif propre à indiquer la presence de la cire par simple coloration. M. de Bary n’avait d'autre ressource que d’observer l’action de la chaleur. Pour cela il chauffait jusqu'aux environs de 100° des coupes de tissus dont il avait préalablement enlevé la cire ex- térieure et qu'il portait ensuite sous le microscope. Il a pu ainsi constater que les parois des cellules épidermiques don- naient issue, sous l’action de la chaleur. à des gouttelettes d’une substance chimiquement identique avec la cire. C'était principalement les couches cuticularisées de lépi- derme qui produisaient ces gouttelettes. 494 BULLETIN SCIENTIFIQUE. D'après ces observatiôns, la cire parait donc se former dans les couches cuticularisées et c’est de là qu’elle chemine vers la surface extérieure au travers de la cuticule. La présence de cette cire invisible dans la substance même des parois des cellules n’en altère, du reste, en rien les réac- tions caractéristiques. Cette circonstance a naturellement conduit M. de Bary à supposer que l’épiderme de certains végétaux qui ne sécrètent pas de cire extérieurement, pour- rait bien en renfermer à l’état laÿent dans ses couches cuti- cularisées. Or en soumettant les cellules épidermiques de celte nature à l’action de la chaleur, il a pu, en effet, re- connaître que leurs couches cuticularisées étaient, dans un grand nombre de cas, imprégnées de cire. C’est ce qui ar- rive, par exemple, chez les Acer striatum, Negundo; Aloe verrucosa; Epidendron ciliare ; Cycas revoluta ; Jaminum fru- ticans. C. DE C. tft" à ait eo. PORTES... Et, OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de È ; M. le prof. E. PLANTAMOUR (Ce | PENDANT LE mois DE JUILLET 1874. | MNTE , Le 1er, 2, 3, forte rosée le matin, ciel parfaitement clair tout le jour. + 4, rosée le matin. < 5. rosée le matin; le soir à 10 h., éclairs à l'Est. VF 6, le soir, éclairs au nord et au sud. | é 7, à 81/, h. soir, éclairs et tonnerres au NNE.; à 9 !/, h. il tombe quelques gou- tes de pluie, les éclairs continuent toute la soirée. TA 8, à 4 h. après midi, éclairs et tonnerres à l'Est: le soir, éclairs au SSO. | $ 10, pendant toute la soirée éclairs continuels de tous les côtés de l'horizon; 101/, h., tonnerres lointains au Sud. 14, à 10 h. soir, éclairs à l'Est. F ’ 12, à 3 b. après midi, tonnerres lointains au SE. | # 15, à 11/,h., éclairs et tonnerres au SE.: l'orage se dirige pr incipalement “ le Sud, mais l’on entend le tonnerre jusqu'à 5 h. 16, de 2 h. à 4 h. après midi, éclairs et tonnerres au SE. et au Sud ; à 8 h. soir, éclairs et tonnerres au Nord. FANS ne 18, à 4 h. après midi, éclairs et tonnerres au SE, be 19, de 4 à 5 h. après midi, éclairs et tonnerres au SSE, 20. de 61/, h. à 8h. du matin, éclairs et tonnerres au Sud. Un second orag éclate à l'Ouest à 21/, b. après midi, à 3 #/, h. il passe au zénith de lo servatoire se dirigeant vers l'Est, il tombe à ce moment une forte plu mêlée de grêle, on entend le tonnerre à l'Est jusqu’à 41, h. “ES 24, fort orage venant du SO. et accompagné de tonnerres dans la nuit du 2 au 24. 27, rosée le matin. à 28, à 41/, h., éclairs et tonnerres à l'Ouest. ë- 31, forte bise dans la journée, de 10 h. matin à 6 h. soir. ARCHIVES, {. L. — Août 1874, 29 Le 4% à 6 h. 9à 8h. 16 à 10 h. 224a0 6h. 26 à 8 h. 31 à 8 h. 426 MAXIMUM mm Ati te OR LES 733,28 MatMe ere Mo 2 SPIT A ELU . 129,92 MAD Eee 728,52 Mau. 0.1 72640 matin - (12819 4 h. 4 h. 4 b. 6 h. 2 h. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MINIMUM. TT après midi ..... : 126,29 après midi ...... 726,03 après midi ...... 725,09 AUTRE EME 721,82 après midi...... 719,42 TT ET ST NS à ER : F LA PS RES 1e SRE A FRE ER —— —— — Eee — ee a = . ke. F5 "1 Tru 966 0184 | Gi lg —|gr'Lr+ 0 TUE 16 JE 0 [ENI|EE LG ESR et +16 Logo+ | cor, roi | oa1+ lors —| o9'er+" ra'e — |cR‘YeL | 08 : 606,80 —| 921) 007 Tr S:6 |8'9 096 | 078 | 698 | Le 1! | Gene L8E + Le 00ElI “088 0 | er 006 LoëL |ate+ | 16 60e LA 4 La er cran a 08,80 + |cerlée [1 ‘Ne |c'r 098 |oco | soi | 982 |ez‘o+ 007 | 0084 | OF 06 —| 8’ CLR GE | rl 8 SC ONE æ ||r So) 86 |9G — | 7e9 |17'0— | 86018 2L6+ | l'er+ |c8'0 +] 29'67+ | 01e 6 LG QT L'or! 6% || S 088 |0 | 7: es (a s ne MER Eee 0e tr “anni: "logs logr |6c Re) 159 ir | rc'é6e l9'rc+ cer + 86 —| 08 “Li | (a Æ Se 96 x JANET Or | gnles r osiz | c'e loce | 069 S0G+ | S88 | 8 0— | 1607) 067 | 61 |6PY —| 0871 LYS — | CSL SG pe LOIGIE € Lies A He PP æ — | 079 | r— LG'6 reo+ 0'SI+ LOUE Sr8r+ 86 G 66 ‘YGL TC D be de des er ne) Ie "HR CROBR OA ser se en QL'e +\rosc+ OST — |S7981 | ec g'80el 1.0 ai HAE Hu SE À 118 OL es 08e LOF O— | 88:04 90C+ 0Yr+ |y1e +) c60c+ 670 — |YFLGL &c L G‘R0c | L'F + LCC UT } | 914 [ABA | an | ES Eues | 1e + À 1r+ LAVE 893 L Qr1e+ CL — | 91981 IG 91088 + | L'ec || 0‘9 | oIqueA | Sos 1016 |06S |88 + | 904 ISFeT | LI ET) FL 2 LA er 2 881 — | LO'9GL OZ 5 ecoe es + eecles lorqema le | otecl 096 | 069 SerF| 668 |96 ee re Foie ne Her PP e10 LOL ED | 07) — — re | NES OS LOL ALS = 0L9- EP EFFET | 9 LVT 166 9166 ‘ Re mp - Ree go + leyel ro | Nec lore Loge | 19 + | otz Le GrY1 | 9'0c+ | 891 |G'E + Rs 89 0 Fe re peoe go +|ovelsr Ir “Nils |o07 | ac —| 260 | 6614 A Re de 97 vooë 19 +|Lec| ro Mouv). 00e 087 [a —| 219 eue | Lee) r'6c- so Ce EL 0 D | 1ESEL | à £ uen rz +lov loc l'oqeuem ls | 04 | 088 |097 | 16 + | 0€z as OST | 666 + | STE 10% 2 8L Las et + | oc'ee | yr egr £9 + | sec | 0° | IN: """1078 | 067 | vr = | 699 Eee et UE E | BON 0€ eee SO + |EBSGL ET + Rene «er || ce lie 1088 | 087 |91 —| 799 |Gu'c+ |Ge'er| cc | 691 |o8'e éer | 2 proie 9 + | 06e A RENE ee Un LEE LG | 9er) ose | GS |rer +) 106 | 980 — RE ise +locs,# | anni) "")o021 06€ |L —| #10 |ese+ |ecer| c'est | 981 loge + soeeh | ARE 10‘0€2 | O1 Fe ST CA Nil" )o2z 1006 [9 +180 |rcet |Lryr | 908 | Fort 977 +) o1'ec+ | HémanUete y +lee er | IN :'|"" !O8L | O7 |eor—| 826 |LL'O+ | GeTi|c8c+ | Cor 97e + Let | DE D | Erogr Le le +lige ge | Nc lois |o08r [19 —| 120 |90‘e-+ | 99'cr | 0'ée | 021 |rc'r | o1'aa+ | ro'c D | go re Mel Ne où srl as lan ue et lan ‘ "082 |067 [6 —1| 719 ||61‘+ | Se'er | 690 ; ; 667 | 76 saer | 8e + | los Lore |1 + res lege+ |ér#1 ISLGT | PL IST +) cest | GE + nu : re + | cl oes Four |re — | 080 io érer) sie | 02 l8r'e + rage | 88€ F8 EL | € 0 + clos loër lo — | 960 |Lec+ |oÿer ets | 021 lére +) 1ree-t HSE 96'0£L | & L'E — chtl068 [00€ |6 +} 569 |esc+ | éo'er | 0'o8+ | SFr |g1'e + 10‘16+ dog o1gez | 7 1e — "21068 |08Y |8r —| 699 |L7'0+ | 0604) 0%8+ | S'Fr-+ |0c'o + e1'8r+ || 897 + POLeRE à | svt | | | À onu “ru | 0 0 0 | 0 “qu | “Up D EE nl Dune | lomunt 4e] | sounan ge | creunon | ot 35 | à Les *ajpeurou | 5 [41% Se RCE 9 ET UE ; , Losdmes | STE || sop ‘Aou! £ LE £ LU “DIN np apeu Le “to | CUIXENX | UXEUTIN re ne (ans FE | DEN) “UN Ke EL Dan 11007 MOTTE 5 == lin tom | top | 5 | wa | 189 1282 Dee PRE a ÊZ 5 ou ER T4 RSS PERS Re D, — ne # ER 207 np ‘duo FR 1U9A uen) sue run u? tou InyeS op 19814 )| des] op dexe op ou r) gaine, | “oneworg FR e MOYENNES DU MOIS DE JUILLET 1874. 10 h. m. Midi. 2h°s. Baromètre. e , mm mm um im mm min var rm 4 ire décade 73196 731,31 730,96 730,55 729,97 72934 729,41 729,86 ; » 128,62 728,60 728,43 72802 727,31 12696 72722 727,80 » 124,94 725,36 725,22 792501 724,72 724,60 72473 795,05 _ Mois 72817 728,33 728,11 727,77 127,925 726,89 727,04 727,49 727.97 Température. #, n # "à 4% ». 418,96 +2 2 81 +93, 77 495, 33 +26, 99 Los, 49 +04, 57 +93, 08 +21, 38 $ » +48,40 417,45 19,34 +90,42 +21,24 +91,35 420,22 418,43 1724 Mois 17,60 +20,59 422,14 +93,45 2483 9446 +93,18 491,84 42016 Tension de la vapeur. FE : min nn mm roi ni nu un toi Are décade 13,03 12,94 12,81 12,98 13,43 13,63 1425 13,77 > » 13,46 13,73 13,53 13,59 12,93 13,87 14,21 14,36. 9 U» 44,93 11,18 10,77 10,38 10,22 40,41 10,40" 1122112400 << | Mois 1253 1257 1232 1295 1213 1257 1287 13,06 1276. Fraction de saturation en millièmes. bredécade 817 663 590 551 318 519 566 601 » 821 666 620 570 495 585 630 687 » 864 757 (654 590 . 565: SD CGI NES Mois 835 697 622 »71 527 562 605 672 Theïm. min. Therm. max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limuimètre. du Ciel. du Rhône. ou de neige. 4 | 0 ti mm #4 “ AS décade +16,25 +28,15 1,96 49/62 _ ï DÉC, CAT +-28,29 4,51 +-23,86 30,2 » +13,91 +-22,78 6,11 +18,53 33,9 | Mois 445,71 426,27 495 +920,47 64,1 _ Dans ce mois, l'air a été calme 3,2 fois sur 100 Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,62 à 1,00. | La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 110,8 O., et s0 } tensité est égale à 27,75 sur 100. " TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARH pendant LE MOIS DE JUILLET 1874. À _ Du {er au 6, ciel très-clur. Le 7, orage avec éclairs et tonnerres à 5 h. soir. H 8, faible orage à 1 h. après midi; à 7 h. soir violent orage accompagné d’éclai 2 de tonnerres et de grêle. 12, brouillard le soir. 13, brouillard à 6 h. soir. 45, pluie et brouillard le soir. __ 16, pluie et grêle à 8 h. après midi: brouillard le soir. 18, brouillard le matin et le soir. MES Ds To 19, brouillard le soir. À 20, pluie et brouillard presque tout le Jour. ZA, brouillard presque tout le jour. cr (A De 24, pluie et brouillard presque tout le jour; quelques flocons de neige dans la soirée. De Por: 25, pluie et brouillard presque tout le jour; un peu de neige l'après-midi, en trot À pl $ é. (ES petite quantité pour pouvoir être mesurée. Pare 26, brouillard jusqu'à 2 h. après midi: clair le soir. 27, clair le matin; brouillard le soir. ; “à #; _ 28, brouillard presque tout le jour. 4 29, brouillard par un fort vent du SO. qui régne jusqu'à 4 h. après id: fe Ed e pluie dans la soirée. L ë 30, brouillard et neige dans la matinée; la neige n'a pas pu être mesurée, pl # dans la soirée, forte bise tout le jour. TH 1, brouillard tout le jour. De Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. 1e MAXIMUM. MINIMUM. “Le 3à 4h. après midi...... 575,37 EX Bel®7/476, h.' matin. "200 Fe DA AO: So e0 E7574,85 42 à 4h. après midi...... 14 à 10 h. matin ......... . 072,48 RENE 9H à 6h. matin........… 1 23 à 10 h. matin ..... ... : 069,26 | DAMON ISO USE SEE 27 à 4 h. après midi... .. 567,36 \ ’ | 30 à 6 h. matin... ...... 56 ME EE LUNA 0 IN RE ER . 867,67 ù ÈS 19 IQ C2 Hauteur moy. des 24 heures. millim. 71914 574,40 575,04 574,71 57919 572,6: 572,35 573,48 574,50 573,62 570,61 569,87 574,45 572,18 572,05 571,33 570,96 570,70 570,0 568,63 568,21 568,91 568,95 564,78 562,2 564,90 Écart avec | Baromètre. = millim. 573,01 574,15 574,18 574,38 573,43 572,39 571,99 572,98 574,98 573,09 570,03 569,57 570,59 571,88 571,78 20 570,69 570,41 569,85 568,11 567,64 - 568,60 568,24 564,40 561,15 563,78 565,72 | i Minimum, | Maximum. millim. 574,17 274,98 575,37 579,05 574,08 572,88 572,8 074,83 574,89 574,38 571,28 570,94 572 ,94 572,48 | 572,29 371,51 571,50 570,98 570,99 569,26 569,14 569,24 569,26 565,40 563,51 563,83 567,36 Le do © — - ES | - Go = B © ©z 9 19 © 19 © © «I © © - 00 ‘ » - een me Où À CO = à RO I 1 1 © À O1 Co O0 7 © RSR -BERNARD Température C. | |Écart avec la | température! Minimum” normale. ai ©! j © Le! Lo ES © Eee 1 © & © — JUILLET 1874. + - un je ee pue 2 OS 0 + » S = NN © © © à D © NN D © D 19 À © © RO 00 I © À OU I I © © I © ee - ‘ _ - + » - on > 19 @ KO © RO C7 = À Co © Gr à © © KO % © neige. les2%h. | d'heures. | Ciel, millim. millim ‘|! | SR PRE Pas ME Utl | 00 NE ep A RNCS calme | 0,0 La RON RES calme ls07 Re AR LEA NE. 1 LA ARR UE : NE. il 0,9 es SE NS NET l 1,3 LE 10,7. ….. | variable | 3,9 RTS 20,2 -... | variable | | AAA PRÉC ENT IE): il 91 re nes eh IN D DLRÉSINESS de Mec NE.— 4%). 44 bite dl inde NÉS SR De tre mr». NE. 1 | 3,2 RTE SE -... || variable | 6,1 Re 1525. PEINE 1 |! 8,8 LE | 14,6. rater NE 1 | 1,4 Se 10,4. ce ne MNEE Ï 8,3 RE Du 22 CR NE. [l | 8,1 ART: RAT er [NE l 5,8 Men el CRE STE de 1:00 Ex ET ea de NE 1 | 86 RAS É RÉ fe L 922 et Lis Re NE. | | RE RE Re MP 2 | NE. 1| 97 ner EE OR TE EE NE, 1 9,6 OA RS HE NE. Il E RTS EL RÉEL Sat variable ï variable ‘“ » - HR D + a 2|+ - œ 6 h. matin à410h.: Soir. PRET Se PC CRE Pluie ou neige. Hauteur Eau = muyenne de la |tombéedans! Nombre | dominant. | ‘lu Bhem. MAOhm. Midi ?h.s. Baromètre. nm Lt min mm mm mm Qu mu _ fre décade 573,75 573,88 573,84 573,89 573,72 513,11 513,90 573,94 57 Un: 2e » 570,84 570,84 571,04 571,01 570,84 570,65 570,66 570,88 11 565,49 565,69 565,82 565,88 565,79 565,70 565,77 565,98 56 Le eee AE Le 4 4 PAM ET EEE CRETE PNR RE LE RE RE EE PURE Le Mois 569,88 569,99 570,09 370,12 569,98 569,90 569,97 570,13 57 Température. ge 0 0 ù HE 0 ü Ù CO « décade-10,01 13,90 +15,74 15,55 415,74 14,75 413,49 1,71 + 1094 |». + 8,98 41255 413,22 113,08 12,45 10,73 + 9,66 + 9,16 + 8,59. » LE 4,03 + 504 + 6,34 + 6,65 + 7,70 + 7,63 + 6,53 5,29 440 ie + 7,55 410,32 441,59 11,60 41,83 11,93 + 9,78 + 8,61 + 7 MER | ; È Ÿ Min. observé.” Max. observé.” Clarté moyenne Eau de pluie Hauteur dela L du Ciel. ou de neige. neige tombée. y Li | 4 min + 9,51 . 416,89 1,83 30,9 ÉTOUNE Te. 18 6,36 59,1 + 2,99 + 8,17 7,18 60,7 — ste L 668 H281 5,40 150,7 _ Dans ce mois, l’air a été calme 10 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 2,52 à 1,00. “ La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 450 E., et son in f | tensité est égale à 43,01 sur 100. < Le: 1 LE par Ve ‘Etes Voir la note du tableau. PLIV L BAT L. 7 Frchives des Soinces phys el ral. 4o 112 4256 4355 495.3 300.4 Me SHTSIoS4#3 S50,8 BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS LE TOME L (NOUVELLE PÉRIODE) 1874. — N° 197 à 200. Constitution dans le règne végétal de groupes phy- siologiques applicables à la géographie botanique ancienne et moderne, par M. Alph. de Candolle. Quelques expériences concernant les effets du ma- gnétisme sur la décharge électrique à travers un az raréfié lorsqu'elle s’accomplit dans le prolon- gement de l’axe de l’aimant, par MM. Auguste de la Rive et Édouard Sarasin . . . . . .... Nouvelles observations sur les mœurs des fourmis et des araignées du midi de la France, par M. T. MDP EU SN PE EAN an Pat dela de 0 le Recherches sur la diffusion simultarée de quelques sels par MC Marignac. Een. 1. Note sur les Onagrariées du Brésil et en particulier sur le genre Jussiaea, par M. Marc Micheh. . . . Note sur les Nérinées et les travaux récents dont elles ont été l’objet, suivie d’un catalogue répar- titif des espèces de ce genre se trouvant dans les terrains jurassiques supérieurs du Jura, par M Monnet mboleli ii UE TER RE ARCHIVES, t. L. — Août 1874. 30 Pages 43 49 89 123 ON LE PPT NT SP UE RIT IE € S = à LEE Ke 7 Relations entre les phénomènes capillaires et les phé- nomènes électriques, par M. Gabriel Lippmann. 184 Sur la décharge électrique dans laurore boréale et le spectre du même phénomène, d’après des ob- servations faites pendant un voyage dans la Lapo- nie finlandaise en 1874, par M. Selim Lemstrôm. 225 : — Idem. (Suite et fin). "12227 CROSS Sur la polarisation par diffusion de la Rt par M: J.-L. Soret:. ;. : SSSR . 243 Revue géologique suisse, pour Pants 1875, par M. Ernest Favre. . . . . . .. F2 SRE 762404 — Idem. (Suite et fin) . OU ER . 329 Sur la polarisation galvanique aie des ES Fe pourvus de gaz, par M. Æ. Helmholtz. . . . . . 387 Révision des Echinides, par M. Alexandre Agasiz. 401 BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. À. Merget. Sur la reproduction artificielle des phéno- mènes de thermo-diffusion gazeuse des feuilles par les corps poreux et pulvérulents humides. ........ 70 _Théod. Hubener. Écoulement des dissolutions salines à travers des tubes capillaires.............. sn OS SNS J. Stefan. Expériences sur la vaporisation. .......... 76 L. Boltzmann. Détermination expérimentale de la con- stante de diélectricité des corps isolants. .......... 202 L. Boltzmann. Relation entre la rotation du plan de polarisation et la longueur d'onde des différentes SOON PAR EE PAT EN ER Le + «sd 83 10808 Angstrôm. Sur le spectre de l’aurore boréale........ 204 JT. Bosscha. Sur la chaleur spécifique de l’eau à diffé- _ TABLE DES MATIÈRES. rentes températures déduite des expériences de M. 8 EAU EN EPS 48 205 À. Voller. Modifications apportées par la chaleur à É force électromotrice de différents couples voltaïques. 206 J. Dewar. Sur les constantes physiques de l’hydrogé- La rt 207 Negretti à Zambra. Sur un nouveau thermomètre des- tiné à accuser la température de la mer à de grandes LAN DIU SNMP ANR Prat LES ENCORE 209 Prof. Arthur Wright. Sur la polarisation de la TELE Fe: L. Se nu dei ee RAR SEE ES 306 à EF Kohlrausch. Coefficient de dilatation du caoutchouc Re CC URL dan 311 _ J.-A. Fleming. Sur la nouvelle théorie du contact pour PARA CIS RQ St RES TAN ARE CRU Te 412 à k CHIMIE. P.-T. Cleve. Recherches sur les combinaisons du lan- thane, du didyme, de l’vttrium et de l’erbium....... 212 Prof. Leeds. Sur la décomposition de certains compo- sés à de très-basses températures... ............. 214 MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE. 4 Prof. Ch. Contejean. Éléments de géologie et de paléon- Ne ed RE SPP ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. A. Gerstæcker. Morphologie des Orthoptera amphibio- tica. — Le méme. Sur l'existence de branchies tra- chéennes chez les insectes parfaits............... 312 D" Ranvier. Du spectre musculaire. ...... .....,... 317 D" Jolyet et T. Blanche. Nouvelles recherches sur le DOME MEME Lits CNT re 318 Dr P. Siebert. Recherches sur l’action physiologique de | Papomorphine. — Max Quehl. Même sujet. —Dr Har- _ nack. Même sujet. — Riegel et Bæhm. Même sujet. — 436 TABLE DES MATIÈRES. Pages M. Lœb. Emploi de l'apomorphine comme vomitif.— A. Mærz. Contribution à l'emploi du chlorhydrate d’apomorphine. — V. Bourgeois. De l’apomorphine. Recherches chimques sur un nouvel émétique. — Chouppe. Expériences du laboratoire de M. Vulpian. — Mathiesen et Wreight. De l’action de l’acide chlor- hydrique sur la morphine et sur la codéine ....... 414 BOTANIQUE. A. de Bary. Sur la cire épidermique .............. «AD OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES faites à Genève et au Grand Saint-Bernard. Observations faites pendant le mois d’avril 1874. ..... 81 Idem. pendant le mois de mai.......... 217 Idern. pendant le mois dejuin.......... 321 Idem. pendant le mois de juillet......... 425 d #“ #, ACT > À no re RC PR A eme ae pepe pirates di © nl | 3 5185 00274 3118 AN 74 Fe AN TA TX A” re bus +. Ke a ns. à