; % + | ! sn ET 2 é À ù Ma ve, | . Ê 2: LE Ne TA 17 { DER RTS nr | ] L A x a. ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES TT TMANT,/ T mA ; À BIBLIO EE DUPL:IC!/ LA DES La Dir an DAS TITI TS PUS A ED ECS LES O LL Es CI NE DU CONSER* VENDU EN 1922 BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ET REVUE SUISSE ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES NOUVELLE PÉRIODE TOME CINQUANTE-HUITIÈME LISRACTY ME W YORK «it T4 NC FA LBRN e | ot . Ft 4 À PAC Ja 1 21504 GENÈVE U Es À BUREAU DES ARCHIVES, RUE DE LA PÉLISSERIE, 18 LAUSANNE PARIS GEORGES BRIDEL SANDOZ et FISCHRACHER Place de la Louve, À Rue de Seine, 33 Dépôt pour l'ALLEMAGNE, H. GEORG, 4 BALE 1877 ae UPLICATA DE LA DU ie srrcrcm ECTANIQUE DE GENEVE VENDU EN 1922 LIOTHÈQUE LIFRARY NEW YORK BUTAMCAL Fr. OBSERVATIONS — SUR L'ENROULEMENT DES VRILLES PAR M. Casimir DE CANDOLLE Les recherches que je vais exposer m'ont été sug- gérées par la lecture attrayante du livre de M. Darwin sur les plantes grimpantes ‘. Une question de détail qui s’y trouve incidemment traitée m'a particulièrement inté- ressé, à cause de l’ingénieuse solution que l’auteur lui a donnée. Les vrilles de la Bryone, ainsi que celles de la plupart des plantes grimpantes, ne s’enroulent jamais suivant une seule direction lorsqu'elles tiennent à des supports fixes. Elles forment toujours, dans ce cas, une suite d’hélices alternativement dextrorses et sinistrorses, tandis que cel- les dont l’extrémité est libre s’enroulent dans un seul sens. Dans l’un et l’autre cas, celle de leurs faces qui était primitivement inférieure, se trouve toujours, plus tard, tournée en dedans des hélices. En d’autres termes, toute yrille, qu’elle soit libre ou fixée, s’enroule invariablement autour de sa face inférieure. En ce qui concerne les vril- 1? The mouvements and habits of climbing plants, 2 édition, tra= duite par M. le Dr R, Gordon. AUGHEEE 6 L'ENROULEMENT DES VRILLES. les de cucurbitacées, cela résulte nécessairement de leur structure. Si l’on examine, en effet, la section transversale de leur partie basilaire, qui reste droite, on y aperçoit un cercle complet de faisceaux symétriquement répartis en tous sens, tandis que, plus haut, la section transversale présente un arc fibro-vasculaire ouvert du côté de. la face supérieure. Ainsi dans la partie destinée à s’enrouler les tissus les plus rigides se trouvent rassemblés vers la face inférieure. De là, sans doute, provient le rôle passif qu’elle joue par rapport à l’autre face qui est plus turgescente et dont l’accroissement dure plus longtemps. L’enroulement résulte de ce qu’à partir d’un certain moment la face inférieure s’allonge moins que l’autre, ce qui la rend nécessairement concave ‘. C’est là un fait de- puis longtemps établi par les savantes recherches de M. H. de Vries, qui a mesuré directement cette différence d’allongement. Il est aussi à présumer que les deux bords de la face supérieure s’accroissent eux-mêmes inégalement, car, sans cela, les vrilles libres s’enrouleraient simplement sur elles-mêmes, au lieu de former des hélices. Quant aux brusques changements du sens d’enroule- ment qu'offrent les vrilles fixées, rien dans la structure ou le développement de ces organes ne saurait les expliquer. On est donc conduit à les attribuer à des causes purement mécaniques, ainsi que M. Darwin l’a suggéré le premier *. Une vrille dont les deux extrémités sont fixées ne pourrait, en effet, s’enrouler d’un bout à l’autre dans une direction uniforme sans que ses tissus ne subissent, en 1 Hugo de Vries, Arbeiten des Bot. Instituts in Wurzburg, Heft 3, p. 331 et suivantes. ? Climbing plants, p. 166. 14 L’ENROULEMENT DES VRILLES. 7 même temps, une torsion correspondante qui les romprait. Or cette torsion se trouve complétement évitée si l’enrou- lement a lieu, à la fois, dans deux directions opposées. Il y a là une nécessité purement mécanique dont on peut se rendre compte de la manière suivante. Soit un ruban dont les deux extrémités sont attachées à des supports fixes et supposons qu’il s'agisse de l’en- rouler autour d’une baguette en appliquant toujours une même de ses faces sur celle-ci. On peut évidemment s’y prendre de deux manières, ou bien en enroulant le ruban dans une seule direction à partir de l’une de ces extré- mités, ou bien en lui faisant décrire à la fois deux hélices inverses l’une de l’autre qui se rejoignent au milieu de la baguette. Dans le premier cas (fig. 1), la portion non enroulée se tord sur elle-même en sens inverse de l’autre, et de manière à tourner en dehors précisément celle de ses fa- ces que l’on cherche à appliquer sur la baguette. Il en résulte que l’enroulement devient de plus en plus difficile vu la nécessité où l’on est de détordre le ruban au fur et à mesure. Cette torsion provient uniquement de ce que les deux extrémités du ruban sont fixées. Elle cesse, en effet, dès que l’on permet à l’une d'elles de tourner libre- ment autour de l’axe d’enroulement. “Au contraire, dans le second cas (fig. 2), le ruban s’applique tout entier sur la baguette sans éprouver la moindre torsion, En réalité cela résulte de ce que son milieu tourne alors librement autour de l’axe comme fe- raient des extrémités libres de deux rubans distincts. Il est évident que ce second cas sera seul possible lors- qu'il s'agira, non plus d’un ruban susceptible d’être courbé indifféremment en tous sens, mais d’un corps as- sujetti, par sa structure, à ne s’enrouler qu’autour d'une seule de ses faces. Un corps de cette nature formera donc nécessairement deux hélices inverses toutes les fois qu’il s’enroulera sans que l’une, au moins, de ses extrémités puisse tourner sur elle-même. C’est justement ce qui est réalisé dans l'expérience suivante proposée par M. Sachs pour rendre compte de l’enroulement des vrilles fixées *. On colle l’une sur l’autre deux lanières de caoutchouc, après avoir préalablement étiré l’une d’elles. Abandonnée à elle-même, cette sorte de vrille artificielle s’enroule en spirale autour de la lanière étirée qui se contracte. Mais elle forme deux hélices contraires lorsqu'on la laisse se contracter en tenant ses deux extrémités pendant qu’on les rapproche l’une de l’autre. C’est précisément ce qui a lieu pour les vrilles fixées aux deux bouts, avec cette seule différence que, chez ces dernières, la contraction est remplacée par une inégalité d’allongement des deux faces opposées. Il paraît donc fort naturel d'attribuer à la même cause mécanique les inver- sions du sens d’enroulement qui se produisent dans ces. deux cas. Néanmoins, en y regardant de près, cette con- clusion n’est pas tout à fait évidente et cela pour les mo- tifs suivants. En premier lieu, le système des deux lanières constitue un corps que l’on sait être susceptible de se recourber indifféremment dans deux directions opposées, tandis que les vrilles de Bryonia dioica, lorsqu'elles sont libres, s’en- roulent invariablement de gauche à droite *. On ne voit vraiment pas, de prime abord, ce qui, dans le cas où des 1 Lehrbuch, n° 771. 1 Le sens des hélices est indiqué ici selon la règle de Linné (Phil. bot.), en se supposant au milieu de la courbe et regardant devant soi. JE: 2 14 ? PORTE 2 2 L’ENROULEMENT DES VRILLES. 9 vrilles sont fixées, peut rendre possible l’enroulement dans une direction autre que celle qu’elles suivent natu- rellement. Une seconde difficulté résulte de ce que les vrilles li- bres ne possèdent jamais la même vigueur que les autres. Elles forment des hélices à faible courbure composées d’un beaucoup moins grand nombre de pas que celles des vrilles fixées aux deux bouts. Ces vrilles, sans utilité pour la plante qui les porte, pa- raissent être dans un état anormal, en quelque sorte ma- ladif, auquel on pourrait être tenté d'attribuer leur mode d’enroulement. Il m'a semblé qu'il y aurait quelque intérêt à étudier en détail la manière dont les changements de sens se pro- duisent afin d'acquérir la certitude qu’ils n’ont réellement d’autre cause que les conditions mécaniques auxquelles on est convenu de les attribuer. On verra que les résul- tats de mes recherches confirment, d’ailleurs, pleinement cette manière de voir, tout en montrant que la question n’est pas aussi simple qu’elle le parait. Mon premier soin a été de m'assurer que toutes les vrilles d’une même plante ont la faculté de s’enrouler dans un sens uniforme lorsque leurs extrémités n’éprou- vent aucune gêne. Dans ce but, j'ai recherché ce qui se passe si on leur donne pour supports des fils librement suspendus dont la torsion n'offre aucune résistance. J'ai fait usage, pour cela, de fils de coton à coudre. Il suffit d'engager l'extrémité d’une vrille dans une boucle ter- minant le fil auquel on veut la fixer pour qu'elle le sai- sisse promptement en se recourbant sur elle-même, en vertu de la grande irritabilité dont elle est douée. Dès qu'une vrille s’est ainsi fixée, on ne tarde pas à Re NE) ANG € UT Pan VA dé LL TRE 4e Jui voir former une courbe sinueuse à double courbure dans laquelle on distingue, presque d’emblée, les deux premiers pas d’une hélice. La courbure s’accentue en- suite de plus en plus en chaque point de cette hélice dont le nombre des pas augmente graduellement. Or on con- state qu’elle est toujours de même sens d’un bout à l’au- tre. Un moyen fort simple permet, d’ailleurs, de suivre, pas à pas, les phases successives de cette transformation. Il consiste à observer les déplacements relatifs de points de repère marqués à l’encre, en ligne droite, le long d’une vrille en train de s’enrouler. Ces points se trouvent bien- tôt disposés en une hélice de même sens que celle formée par la vrille, et on constate que leurs déplacements rela- tifs vont en augmentant de la base au sommet où la ra- pidité de l’enroulement atteint son maximum. Cela tient à ce que chaque segment qui se recourbe entraine celui qui lui est superposé en sorte que tous les déplacements partiels s'ajoutent lesnns aux autres d’un bout à l’autre de l’organe. Chacun des points de repère tourne donc autour de l’axe de l’hélice avec une vitesse d’autant plus grande que le point considéré se trouve plus près du sommet de la vrille. Mais cette vitesse est, d’ailleurs, très-variable. La rotation des vrilles autour de leur axe d’enroulement subit même souvent des temps d'arrêt après lesquels on la voit recommencer sans cause apparente, ce qui donne à penser qu’elle dépend de la circulation des liquides dans la plante elle-même plutôt que des influences extérieures. Enfin, il ne faut pas confondre le mouvement dont il s’a- gitici avec la nutation des vrilles libres qui cesse dès qu'elles se fixent. Non-seulement toutes les vrilles suspendues par des L'ENROULEMENT DES VRILLES. 11 fils flexibles s’enroulent invariablement dans une seule di- rection, mais elles possèdent, en outre, la même rigidité, le même degré de courbure, toute l'apparence enfin, de celles qui ont saisi des supports fixes. Il est donc bien établi que toutes les vrilles d’une même plante peuvent s’enrouler sans changement de sens, pour- vu que leur rotation s’accomplisse librement. Ce résultat est tout à fait indépendant de l’angle que les vrilles ainsi suspendues font avec la verticale, pourvu, cependant, que leur longueur et leur poids ne soient pas trop considérables. Par exemple celles de la Bryone dont la longueur ne surpasse guère 20 centimètres s’enroulent toujours de gauche à droite, sans aucun changement de sens, même lorsqu'elles se trouvent dans une position horizontale, Par contre, celles d’une autre Cucurbitacée, le Cyclanthera explodens, beaucoup plus longues et moins rigides, s’enroulent en hélices multiples lorsqu'on n’a pas soin de les suspendre verticalement. Cela résulte de ce que la rotation de leur extrémité est alors contrariée par leur propre poids ou par les chocs accidentels auxquels ces vrilles fort longues offrent plus de prise que celles de la Bryone. Le fait que toutes les vrilles de la Bryone, lorsqu'elles sont libres, s’enroulent de gauche à droite ne dépend nul- lement de leur structure anatomique. Leurs tissus sont disposés symétriquement de part et d'autre du plan mé- dian passant par leur axe et par le rameau qui les porte. Il n'existe, comme on voit, à priori, aucune raison pour qu’elles s’enroulent dans un sens plutôt que dans l’autre. Aussi me semble-t-il plausible d'attribuer la constance de leur direction d’enroulement à une influence exercée par la plante qui les porte. On verra tout à l'heure que l’ob- 42 * servation des vrilles détachées confirme pleinement cote * S ns Ut à supposilion. ei Comme ces une conservent toute leur vitalité long- cé temps après qu'on les a coupés, rien n’est plus facile que de les étudier dans les circonstances les plus variées. Il FE. s suffit qu’une vrille coupée plonge dans l’eau par sa base : pour qu’elle continue de s’accroître et finisse même par : s’enrouler, absolument comme si elle tenait encore à la % plante. F w RATL EE ge pi LR sr É WE Le tableau suivant donnera une idée de l'énergie de ; cet accroissement. Les chiffres de la première colonne in- ” : diquent les longueurs, en centimètres, de six vrilles de à Bryone, mesurées au moment où elles venaient d’être coupées. Dans la seconde colonne se trouvent les lon- gueurs de ces mêmes vrilles vingt-quatre heures plus tard. Le D af; SUN ÉDAR ET TE MU à TE RE vw? Longueurs primitives. Lonqueurs après 24 heures, cent. cent. AS RTE LENS NES ES AE LR NE 2 8 se L ESS ET SRE LORIE NE ue AE AS, SSD Er AC NE “1 RE Me EME. nt Le poids de ces vrilles isolées augmente en même temps qu’elles s’allongent, ainsi que je l'ai constaté, nom- bre de fois, en les pesant avant et après leur allongement, è en ayant bien soin de les essuyer avec du papier k buvard avant la seconde pesée, de manière à enlever 4 toute l’eau qui pouvait adhérer à leur surface. Un autre fait mérite encore d’être mentionné. Il con- NEeIVAE PR Vs OMR SÉPARER. LM CR DE us Le RAT RE D nn Re Wen ete DE PR S Tnt: < à = = L’ENROULEMENT DES VRILLES. 13 d’une manière tout à fait remarquable lorsqu'on les fait flotter dans l’eau. C’est ce que montrent les chiffres sui- vants relatifs à une vrille longue de 16°,4 coupée en huit parties. Les 7 premiers fragments, comptés à partir du sommet, avaient à l’origine la même longueur de 2 cent. Le dernier, formé presque uniquement par la partie ba- silaire non susceptible d’enroulement, était seul un peu plus long (2°,#). Longueur des fragments avant leur-immersion . . . 2°. 2° 2° 2e. 2e. 2e. 2°. 244 Longueur des mêmes fragments 24 heures plus tard. . . 2,5 2,6 2,4 2,4 2,3 292 21 2,1 Bien que les accroissements indiqués dans ce tableau soient considérables, ils sont cependant inférieurs à la réalité. Les fragments ainsi immergés ne tardent pas, en effet, à s’enrouler en hélice et il n’est pas toujours facile de les redresser complétement pour les mesurer avec pré- cision. J'ai fait un grand nombre de déterminations de cette nature en coupant toujours les vrilles de la même manière en huit fragments et les résultats obtenus sont des plus concordants. [ls prouvent que l'allongement des diverses parties d’une même vrille décroit assez réguliè- rement du sommet vers la base, ou, en d’autres termes, il augmente du point d'insertion de la vrille à son som- met. J'en viens maintenant à celles de mes observations qui se rapportent à l’enroulement des vrilles isolées. La dis- position à laquelle j'ai eu recours pour cette étude, con- sistait simplement à suspendre chaque vrille au-dessus d'un verre d’eau dans lequel sa base plongeait tantôt di- rectement, tantôt au travers d’un disque en papier qui la rendait immobile. LS PR QT AS 14 L'ENROULEMENT DES VRILLES. Le mode de suspension variait aussi dans ces expé- riences. Pour certaines vrilles j’employais des fils tendus horizontalement entre deux supports fixes, tandis que je faisais pendre les autres par leur sommet à l'extrémité inférieure de fils verticaux librement suspendus, Dans le premier cas, le sommet de la vrille qui avait saisi le fil, était fixée, tandis qu’elle se trouvait libre dans le second. En combinant entre eux ces divers modes d'immersion et de suspension, je pouvais observer les phases successi- ves de l’enroulement dans les quatre conditions suivan- {es : A. Les vrilles étant libres aux deux bouts; 5 B. Libres au sommet et fixées par la base; C. Libres à la base et fixées au sommet; D. Fixées par les deux extrémités. Or, un très-grand nombre d'observations de ce genre faites avec des vrilles de Bryone m'ont donné les résultats SuIVADIS : 1° Toutes les vrilles isolées, entièrement libres ou fi- xées par une seule de leurs extrémités s’enroulent sui- vant une direction uniforme dans toute leur longueur. 2° Toutes celles dont les deux extrémités sont fixées produisent au moins deux hélices de sens contraires. 3° Les vrilles libres aux deux bouts s’enroulent le plus souvent de gauche à droite comme le font celles qui à n’ont pas été séparées de la plante. Cependant il arrive aussi quelquefois qu’elles s'enroulent uniformément de droite à gauche, c’est-à-dire en sens inverse des vrilles tenant à la plante. 4° Les vrilles isolées qui ne sont libres que par une seule de leurs extrémités, surtout si c’est leur sommet NET RR PRES Re LU Gr L'ENROULEMENT DES VRILLES. 15 qui est fixé, s’enroulent, tout entières, presque aussi sou- vent dans un sens que dans J’autre. Ces faits montrent qu'il n’y a rien dans la nature des vrilles qui s'oppose à ce qu’elles s’enroulent dans deux sens opposés. Il suffit, pour cela, qu'elles aient été sous- traites à l'influence de la plante. Au point de vue méca- nique, les vrilles isolées sont par conséquent tout à fait comparables aux lanières élastiques dont il a été question précédemment. Leurs changements de sens, lorsqu'elles sont fixées par deux bouts, doivent donc s’expliquer par les mêmes causes que célles qui les produisent pendant l'enroulement de ces lanières. Quant aux vrilles non isolées, elles sont, il est vrai, soumises à une influence qui tend à les enrouler dans un sens déterminé. Mais lorsque leurs deux extrémités sont fixées, il est à présumer que cette influence, sans doute très-faible, se trouve promptement annulée par les résis- tances qui s’opposent à l’enroulement dans un sens uni- que. Dès que cette influence prédisposante est annulée, l'enroulement devient possible dans les deux sens oppo- sés comme si les vrilles étaient isolées. L'observation montre, d’ailleurs, qu’il suffit pour cela de la moindre gêne, même temporaire, apportée à la libre rotation des vrilles. C’est ainsi qu’une vrille libre aux deux bouts et placée verticalement dans un tube de verre poli dont elle touche légèrement les parois en quelques points ne s’enroule déjà plus dans un seul sens. La même chose a souvent lieu lorsqu'une vrille plongeant tout entière dans l’eau se trouve momentanément en contact avec les parois du vase dans lequel elle flotte. Enfin, les vrilles qui ont saisi les feuilles les plus souples ou même de simples brins d'herbe produisent toujours des hélices contraires. Elles n'éprouvent, pourtant, dans ce cas d’autre résistance que celle qui résulte des faibles tensions de tissus qui tendent à imprimer une direction déterminée à ces supports mo- biles. Voici maintenant de quelle manière s’accombplit l’en- roulement des vrilles fixées. Lorsqu'une vrille de Bryone, isolée ou non, est fixée par ses deux extrémités, sa partie supérieure prend très- vite, comme celle des vrilles libres, la forme d’une courbe sinueuse à double courbure. Mais cette courbe est alors composée de deux segments dirigés en sens contraires. Elle rappelle ainsi tout à fait celle du ruban que l’on en- roule simultanément dans les deux sens opposès (fig. 2, 3). Ensuite la courbure augmente graduellement dans chacun des segments qui se transforment peu à peu en deux hélices dont la plus voisine du sommet tourne de gauche à droite (fig. #). La courbe sinueuse primitive s'étend très-souvent, d'emblée, à des vrilles tout entières qui, dans ce cas, ne produit jamais qne deux seules hélices de sens contraire. Mais, le plus ordinairement, la partie inférieure des vrilles ne commence à s’enrouler que plus ou moins long- temps après leur partie supérieure. Il peut alors se faire que cet enroulement tardif ait lieu pendant une phase d'immobilité des hélices déjà formées, ou même après que ces dernières ont acquis leur courbure et leur rigi- dité définitive. La partie inférieure se trouve alors fixée par ses deux extrémités et obligée de former à la fois deux hélices. Les directions contraires de celles-ci se suc- cèdent naturellement dans le même ordre que celles des hélices déjà formées, puisque les conditions tenant à l’in- L'ENROULEMENT DES VRILLES. É7 fluence exercée par la plante et par les résistances à la torsion sont les mêmes dans toute la longueur de la vrille. De là résulte l'alternance régulière des hélices succes- SIves. D’après ce qui précède, il semble que les hélices for- mées par une même vrille devraient toujours être en nombre pair. C’est en effet ce qui a lieu le plus souvent. Cependant, le cas contraire se rencontre aussi quelque- fois. Il résulte, sans donte, de ce que la partie inférieure d’une vrille peut commencer à s’enrouler avant que l’hé- lice qui en est la plus voisine soit devenue tout à fait im- mobile. Mais je ne hasarde cette explication qu'à titre de simple hypothèse, n'ayant pas encore suffisamment étudié les divers cas, d’ailleurs compliqués, qui se présentent pendant l’enroulement des vrilles non isolées. EXPLICATION DES FIGURES 1. Ruban dont les deux extrémités sont fixées au moyen de boucles et que l’on enroule dans une seule direction autour d’une ba- guette. . Le même ruban enroulé à la fois dans deux directions opposées. . Vrille fixée aux deux bouts et commençant à s’enrouler. 4. La même vrille observée quelques heures plus tard. Co © ARCHIVES, t. LVIIL — Janvier 1877. 2 QUELQUES REMARQUES SUR L'ORIGINE DE L'ALLUVION ANCIENNE PAR M. Ernest FAVRE (Planche IL.) L’alluvion ancienne ou alluvion préglaciaire s'étend” autour des Alpes en une nappe presque continue sur la- quelle repose le terrain glaciaire. Elle a été reconnue dans une grande partie de la Suisse, en Souabe, en Ba- È vière, en France et en Italie, mais on n’a pu s’accorder encore sur l’origine de ce terrain, question qui est cepen- dant d’une haute importance, car elle est intimement liée, sur le pourtour de nos Alpes du moins, à l'existence des bassins lacustres. Quelques observations ont paru prouver que cette al- luvion s’est formée longtemps avant l’arrivée des anciens ei glaciers : On à remarqué ‘ qu’elle est déposée à des a veaux très-divers dans l'intérieur d’une même vallée. Dans celle du Rhône, elle se trouve soit au bord même 148 du fleuve, soit sur les hauts plateaux qui dominent le . ‘4 lac; dans le nord de la Suisse, elle constitue le sommet #4 de l'Utliberg à 873", tandis que sur d’autres points dans 7 NE. . ÿ Le ÿ * Alphonse Favre, Bull. Soc. géol. de France, 1875, WI, p. 658. ÈpE L'ORIGINE DE L'ALLUVION ANCIENNE. 19 les vallées de la Reuss et de la Limmat, elle est à des hauteurs inférieures à celle-ci de 200" et 300". Ce fait ne paraît pas avoir une grande importance au point de vue qui nous occupe ; car, s'il est généralement admis que notre pays avait pendant la période glaciaire son relief actuel, il n’est pas moins incontestable que ce relief existait déjà à l'époque de la formation de l’alluvion ancienne; il n’y a donc pas eu de mouvements locaux du sol entre ces deux époques, et c’est par d’autres causes qu'il faut chercher à s'expliquer le dépôt général de cette allavion à des niveaux différents sur divers points des mê- mes vallées. On a constaté dans quelques localités, près de Chatel dans les environs de Rolle sur la rive nord du lac Léman", dans le bas de la vallée de la Kander* (Oberland bernois) et dans la Bavière”, que cette alluvion a été polie et striée par le glacier. Il faut donc qu'elle ait été cimentée et con- solidée avant l’arrivée de celui-ci; or cette cimentation pro- duite uniquement par des infiltrations n’a pu être qu’ex- cessivement lente. Toutefois ces faits d’une haute impor- tance, ne sont pas assez nombreux pour qu’on en puisse tirer une conclusion générale et peuvent être attribués à des causes locales. Enfin on a dit aussi que l’alluvion ancienne forme quelquefois des escarpements au sommet et à la base des- quels on trouve le terrain glaciaire, preuve qu'avant le dépôt de ce terrain, elle a été soumise à des érosions. Mais cette observation aurait besoin d’être précisée et ! Blanchet, Du terrain erratique alluvien, p. 5. ? Morlot, Mittheil. naturf. Ges., Bern, 1855, p. 78. ® Zittel, Ueber Gletscher-Erscheinungen in der bayer. Hochebene, 1874, p. 265, 279. ne peut servir d’argument décisif en faveur de l'hypo- | thèse que l’alluvion préglaciaire aurait été déposée au loin en aval des glaciers et longtemps avant leur arrivée. Com- ment d’ailleurs, dans cette supposition, aurait-elle pu tra- verser les bassins lacustres sans les combler ? Comment les cailloux de roches du Valais, qui se trouvent au Bois de la Bâtie, par exemple, auraient-ils franchi la dépres- sion profonde de 330" du lac Léman ? Les partisans de la théorie de l’affouillement supposent que le lac a été rempli par l’alluvion, puis déblayé par le glacier; mais de nombreuses observations témoignent que les glaciers n’ont pas une semblable force d'érosion et qu’ils ont passé sur beaucoup deterrainsmeubles sans lesenlever.C’estainsi qu’ils ont laissé intact le dépôt d’argiles et de lignites in- terglaciaires de Wetzikon qui n'offrait cependant qu’une bien faible résistance. D’autres faits dont je vais rendre compte prouvent au contraire que le dépôt de l’alluvion ancienne était en rap- port étroit avec la progression des glaciers : La structure géologique de la colline de la Bâtie, située près de Genève, au confluent de l’Arve et du Rhône, sur la rive gauche de ce fleuve, donne une des meilleures coupes géologiques des terrains quaternaires qu’on puisse observer dans nos environs. Prise au confluent même des deux cours d'eaux, elle est constituée par la série sui- vante‘ : 1° Argile et marne à lignites. Ce terrain, qui a dis- paru aujourd’hui par suite de travaux entrepris sur ce point, est contemporain des argiles de la Boisse près de Chambéry et des lignites de Sonnaz. 2% Alluvion ancienne, formée en majorité de cailloux 1 Voyez A. Favre, Recherches gévlogiques, etc. 1867, I, p. 88. … j L'ORIGINE DE L'ALLUVION ANCIENNE. 21 alpins, arrondis, de grosseur variée, en lits horizontaux, plus ou moins cimentés et alternant avec des lentilles al- longées de sables. À quelques kilomètres plus en aval sur la rive droite du fleuve, près de Vernier, elle repose directement sur la mollasse sans intercalation des argiles inférieures. 3° Argile glaciaire bleue, à cailloux striés formant le plateau, recouverte plus au sud par l’alluvion des terras- ses ou alluvion post-glaciaire. Un nouveau chemin, tracé en 1875 dans les berges escarpées et presque inaccessibles qui dominent le Rhône sur sa rive gauche un peu en aval de la jonction, à mis à découvert une coupe différente de la précédente (PI. I, fig. { et 2) que la Société géologique de France a pu observer lors de la session extraordinaire de Genève‘. L’escarpement qui domine le fleuve est formé à la base des bancs compactes de sable et de cailloux de lal- luvion ancienne (A,) qu'on traverse sur une épaisseur de 15% environ ; ils sont fortement cimentés et changés en béton. Près du premier contour du chemin, on arrive à une argile rousse (a) de 0,60 d'épaisseur qui contient des cailloux striés et qui est surmontée d’une argile bleue {b) qui en renferme aussi; c'est un dépôt glaciaire bien caractérisé (G1,) de 4" d'épaisseur en ce point et tout à fait semblable à celui du plateau. Le chemin fait ici le tour d’un monticule (m) dont la base est formée de ces deux couches et dont la partie supérieure présente de nouveau ane argile rousse (a” ) semblable à la précédente, puis un lit de gros cailloux (c) plus ou moins anguleux, on striés, appartenant à l’alluvion ancienne et surmonté ! Voyez le compte rendu fait par M. Lory, Bull. Soc. geol., 1875, II, p. 723. 3 D EU rt voit aussi dans l’escarpement qui domine le chemin. Ce- lui-ci monte obliquement pendant 70" dans l'argile bleue dont l'épaisseur va en diminuant et qui finit en pointe entre les deux bancs d'argile rousse (fig. 3, a et a) qui se réunissent et se terminent de la même manière en conservant jusqu'à leur extrémité de nombreux cailloux striés. Au delà, l’alluvion recommence (fig. 3, e), mêlée de sable et d'argile, dépourvue de cailloux striés et recou- verte par le banc de gros cailloux que l’on reconnait dis- tinctement sur toute la surface de la zone glaciaire. Le chemin se prolonge encore sur une longueur de 80 dans l’alluvion ancienne (A) et arrive enfin dans la nappe de terrain glaciaire (Gl,) qui forme le sommet du Bois de la Bâtie et du plateau de St.-Georges. Au delà du premier contour, le banc supérieur de l'al- luvion se termine brusquement et l’on ne voit plus qu'une seule et grande masse glaciaire (Gl) qui repose sur le banc inférieur. Cette alluvion ne présente pas une structure régulière. On ne peut suivre les mêmes bancs sur une grande éten- due; on y trouve beaucoup de lentilles allongées de sable et même d'argile et elle porte à un haut degré le cachet de la structure torrentielle; nous ne sommes donc pas ici, comme le pense M. Tardy ‘, en présence d’un dépôt d’une rivière à cours régulier et à pente uniformé- ment permanente. Il suffit du reste pour s'en convainere de voir les dessins si nets qui en ont été donnés par Necker*. La zone supérieure est formée exactement des ! Bull. Soc. géol. de France, 1876, IV, 181. ? Etudes géolog. dans les Alpes, 1841, 1, pl. 1, f.1. 29 L'ORIGINE DE L’ALLUVION ANCIENNE. . des couches normales de cette alluvion. Cette coupe se L'ORIGINE DE L'ALLUVION ANCIENNE. 23 mêmes éléments que la zone sous-jacente, mais elle est beaucoup moins fortement cimentée et plus mêlée d’ar- gile ; dans les bancs les plus élevés, cet élément y devient par place tellement prédominant que l'absence de cailloux striés permet seule de fixer la limite entre elle et le ter- rain glaciaire. Toute cette coupe est parfaitement normale, sans trace d’éboulement ni de glissement. Elle montre nettement que la première zone glaciaire est un coin, une languette de ce terrain, de 4" d’épaisseur à son origine et de 70" de lon- gueur, unie à la grande nappe glaciaire et pénétrant au milieu de lalluvion. Ce fait ne peut s’expliquer que par une oscillation du glacier ; après avoir recouvert la nappe inférieure, il a dû se retirer; les eaux ont enlevé la boue glaciaire, sauf la languette qui est restée le seul témoin de ce mouvement, puis elles ont déposé le banc de gros cailloux et l’alluvion supérieure, que le glacier, dans un nouveau mouvement de progression, a recouvert de la grande nappe d'argile. * On peut observer dans les environs de Genève, à la gravière de Mategnin, un autre fait du même genre qui a été signalé par M. Alphonse Favre et que j'ai eu ensuite l’occasion de vérifier (fig. #). L’argile glaciaire (Gl,) recouverte de terre végétale (ë) y surmonte un dépôt d’alluvion ancienne (A) où l’on a trouvé des ossements de mammifères et de batraciens appartenant à des espèces qui vivent encore aujourd'hui dans le pays !. Ce dépôt, dont on ne connaît pas l'épaisseur, est ex- 1 Pictet, Mémoire sur des ossements trouvés dans les graviers stra- tifiés des environs de Mategnin. Mém. Soc. de Physique de Genève, 1846, XI, p. 85. 24 - L'ORIGINE DE L'ALLUVION ANCIENNE. + 2" ; [ue * à. ploité en carrière sur environ # mètres de hauteur ; la roche est plus ou moins compacte, souvent changée en béton et se laisse tailler en escarpements verticaux ; elle est si fortement cimentée par places qu’il faut employer la mine pour l’entamer; les cailloux sont de grosseur moyenne et mêlés à de petits bancs de sable qui présen- tent souvent la structure torrentielle. Au fond d’une par- tie de la carrière, on voit une couche d'argile (Gl,) sa- bleuse, grise et bleue, dans laquelle presque tous les cail- loux sont striés. Elle recouvre encore une masse considé- rable d'alluvion, ainsi que le prouvent de profondes ex- cavations faites à quelques mètres de distance. De plus, dans toute l'épaisseur de graviers mise à découvert, on trouve isolés, au milieu des cailloux roulés, des cailloux parfaitement striés et dont les stries sont très-bien con- servées ‘. Une autre preuve plus générale que le dépôt de cette alluvion à dû se faire près de l'extrémité même du gla- cier, n'existe-t-elle pas dans l'étendue qu’elle recouvre et dans les hauteurs si variées auxquelles elle à été dépo- sée ? Des nappes aussi vastes, dont les éléments sont des ? M. A. Favre, qui a donné une coupe de cette gravière (Mem. Soc. Phys., 1816, p. 86) à une époque où les terrains quaternaires de notre bassin étaient bien moins connus qu’ils le sont aujourd’hui grâce à ses recherches, a signalé alors les deux dépôts d'argile gla- ciaire, et trouvait dans la présence du dépôt inférieur, ainsi que dans la grande hauteur de l'alluvion au-dessus de la vallée, un motif suffisant pour distinguer celle-ci de l'alluvion ancienne. «Le gravier à ossements, dit-il, repose donc sur une terre argi- leuse contenant des cailloux striés. C’est, comme je lai dit ailleurs, un des principaux caractères du terrain diluvien cataclystique. » Tou- tefois la forte cimentation de cette alluvion, et le fait qu’elle est re- couverte d’une vaste nappe glaciaire ne laissent pas de doute qu’elle doive être rangée dans l’alluvion ancienne, qui s'est déposée, nous le savons aujourd’hui, à des hauteurs très-variées. DA REA RTE CL RES NOT GAS ANT Ent je PAT ont L'ORIGINE DE L'ALLUVION ANCIENNE. 25 grosseurs les plus diverses, depuis de très-gros cailloux jusqu'à du sable fin, et qui conservent ce caractère quel que soit l'intervalle qui les sépare du pied des montagnes, ne peuvent tirer leur origine d’une grande distance. Le point d’où partaient les cailloux, entraînés par les cours d'eau, doit toujours avoir été à une distance égale de celui où ces éléments se déposaient. Si elle avait été considérable, les torrents sortant des glaciers auraient bientôt abandonné Les plus gros et n'auraient entraîné plus loin que les sables et les argiles. C’est ainsi que se sont faits, à l'issue des vallées alpi- nes, les dépôts de nagelfluh dont les énormes accumula- tions excitent notre étonnement. Les éléments de grosseur très-variée qui la constituent sont restés au pied même des montagnes, tandis que les eaux entrainaient plus loi les particules plus fines qui ont formé la mollasse de la plaine. On ne remarque pas dans ces dépôts la structure torrentielle si commune dans ceux de lalluvion ancienne. Il paraît donc nécessaire d'admettre que les glaciers n'étaient pas très-éloignés des localités où se faisaient les atterrissements, et comme ils recouvraient un sol très-iné- gal, nous trouvons dans ce fait une explication naturelle _des hauteurs si variées auxquelles lalluvion a été dépo- sée. Aucune accumulation de glace et de neige limitée au Valais, n'aurait pu suffire à alimenter, dans le bassin du Léman, un courant qui aurait déposé en même temps les alluvions des bords du Rhône et celles qui s’éten- dent par-dessus de la dépression du lac, des bords de la Dranse aux plateaux du pied du Jura jusqu’à plus de 300 mètres au-dessus du niveau du lac, et, dans cette L'ORIGINE DE L'ALLUVION ANCIENNE. hypothèse, celui-ci aurait été infailliblement combi Hi en est de même pour tous les autres bassins de la Suisse. Si nous admettons, au contraire, que le glacier était peu éloigné du dépôt d’alluvion, nous comprenons alors comment les eaux qui sortaient de ses diverses parties et qui parcouraient les plateaux et toutes les dénivella- tions du sol, formaient leurs dépôts torrentiels aux hau- | teurs les plus diverses. Citons enfin, comme dernière preuve, que l’alluvion an- cienne ne se laisse reconnaître que sous le terrain gla- claire etne s'étend, en grandes nappes du moins, que bien peu au delà des limites de ce terrain. Lorsque le glacier a cessé de progresser, l'extension de ce dépôt s’est aussi arrêtée; l’on ne trouve plus, au delà de cette limite, que des graviers puissants, il est vrai, déposés par de grands cours d'eaux, mais limités au fond des vallées, et des sables et des limons, qui recouvrent partiellement les plateaux, et qui sont, par rapport à l’alluvion ancienne, ce que la mollasse est pour la nagelfluh. Si ces considérations sont justes, le transport de lal- luvion au delà des lacs s’explique par le fait que ceux- ci auraient été rapidement comblés par la glace et pré- servés par elle. Sans doute, cette explication est loin d’être satisfaisante, mais elle paraît la plus plausible, et ce n’est que reculer la difficulté de conclure de la coupe de la Bâtie, comme le fait M. Tardy ‘, que les roches alpines ont dû traverser les lacs, transportées par un glacier an- térieur à l’alluvion ancienne. Le fait est possible, mais il n’en existe encore aucune preuve positive. On doit donc conclure des faits que je viens d'exposer que le dépôt de cette alluvion a été en rapport intime et 1 Bull. Soc. géol. de France, 1876, IV, p. 182. L'ORIGINE DE L'’ALLUVION ANCIENNE. 27 immédiat avec le développement des glaciers, et l’on peut revenir à l'hypothèse de M. A. Favre qui la compa- rait, en tenant compte des proportions si différentes de ces formations, «aux plaines caillouteuses qui se voient de nos jours en aval de beaucoup de nos glaciers alpins ‘. » Les quelques observations citées plus hant ne-peuvent pas servir de preuve de l'existence de deux périodes olaciaires et se lient seulement à des oscillations de l’extrémité du glacier dans l’intérieur d’une seule et même période, oscillations qui ont été constatées par di- verses observations sur un grand nombre de points du pourtour du massif alpin. EXPLICATION DE LA PLANCHE II. Fig . 1. Coupe du Bois de la Bâtie, prise un peu en aval du confluent de l’Arve et du Rhône. Fig. 2. Section transversale de la fig. 1 au point x. Fig. 3. Section grandie prise au point y de la fig. 1. Fig. 4. Coupe de la gravière de Mategnin. À Alluvion ancienne, A: nappe inférieure, 42 nappe supérieure, c banc de gros cailloux, e couche d’argile et de sable mêlée de cailloux non striés. GL terrain glaciaire, G/ nappe inférieure, Gl2 nappe supérieure, a, a! glaise rousse, b glaise bleue, Æb. gl. Eboulis gla- ciaires. ! Recherches géologiques, 1867, 1, p. 95. TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE Par M. FE. MASCART! F Professeur de physique au Collége de France. Sous ce titre la librairie Masson a mis récemment en vente un ouvrage sur lequel nous ne pensons pas avoir à attirer l'attention du public scientifique, lequel n’a pas laissé que d'accueillir avec empressement et reconnais- sance le monument que le savant professeur a bien voulu lui élever, et n’a pas tardé à y voir une de ces œuvres de fond qui sont à la base de toute bibliothèque suentifique comme les beaux traités des de la Rive, des Riess et des Wiedemann, Nous tenons néanmoins à accorder à cette importante publication une mention toute spéciale dans les Archives et à faire voir en quelques mots le plan qui y a présidé et le but que l’auteur s’est proposé. Le point de départ du livre que M. Maseart vient de. nous offrir est, si nous ne nous trompons, un COUrS prô- fessé au Collége de France. Il ne s’agit pas d’un ouvrage didactique ordinaire, ni d’une simple compilation plus ou moins aride de faits et d'expériences. Nous avons affaire au contraire à un exposé clair, complet, mé- thodique du développement auquel est parvenue l’é- tude de l'électricité statique, exposé dans lequel la des- cription des méthodes expérimentales et l'énoncé des lois auxquelles elles ont conduit marche de front avec les théories mathématiques qui en sont le complément indis- 1 Traité d'électricité statique, par M. E. Mascart. 2 vol. in-8, avec 298 figures intercalées dans le texte, Paris, 1876, chez G. Masson, libraire-éditeur. TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE, 29 pensable. De plus M. Mascart ne s’en est pas tenu à la définition stricte de ce que nous appelons communément l'électricité statique. En vue précisément de faire mieux comprendre l'esprit de cette branche de la science, il a cru devoir sortir des limites un peu étroites qu'on lui as- signe et empiéter en divers points sur le domaine de l’é- lectricité dynamique. Nous ne croyons pouvoir mieux faire du reste que de reproduire ici la préface fort intéressante dans laquelle l’auteur expose brièvement le point de vue auquel il a envisagé son sujet : « Je dois au lecteur, dit-il, quelques explications sur la na- ture des matières qui sont traitées dans cet ouvrage et sur le choix du titre auquel je me suis arrêté. Si l’on s’en tenait à la signification rigoureuse des termes, un Traité d'électricité statique ne devrait comprendre que les conditions d’équilibre des corps électrisés, ou, plus généralement, l’étude des phé- nomènes dans lesquels l'agent électrique ne donne lieu à aucun travail ni à aucun effet calorifique équivalent, et se réduirait aux conséquences mathématiques de la loi de Cou- lomb. Le cadre que je me suis proposé de remplir est beau- coup moins restreint et, pour mieux préciser le caractère des questions qu'il renferme, il est nécessaire d'examiner rapi- dement la manière dont s’est développée la science de l’élec- tricité. Cette science est toute moderne; malgré quelques faits connus des anciens, son origine est réellement marquée au commencement du XVIF”* siècle par les travaux de Gilbert. A partir de ce moment, les découvertes se succèdent très- rapidement, mais restent longtemps sans aucun lien métho- dique. L’ordre s’établit peu à peu pendant le XVIIF”* siècle : les idées générales apparaissent, permettant de mieux inter- préter les anciennes expériences et en provoquant de nou- velles. C’est ainsi qu’on découvre successivement la conduc- tibilité électrique, les deux manières d’électriser les corps, la production simultanée des deux électricités, la condensation ‘4 et l'influence. Une théorie générale rattachant l’ensemble des faits connus à un petit nombre d’hypothèses commence à devenir possible et, après les admirables travaux de Coulomb, on pouvait même croire que cette science était constituée d'ane manière définitive. Les phénomènes étaient réglés par les mêmes lois que l’attraction universelle et les problèmes à résoudre ne devaient présenter dans la pratique que des difficulés d'analyse : les mémoires de Poisson relatifs à la dis- tribation de l'électricité sur deux sphères voisines furent le plus bel exemple de ce genre de calculs. Toutefois, il restait à faire un pas important pour envisager l'électricité sous son véritable aspect, et ici. encore l’expé- rience, entre les mains d’un homme de génie, devança de longtemps la théorie. En même temps que Coulomb déter- minait les lois élémentaires des actions électriques, Volta mettait en évidence une propriété importante qu’il appela la tension électrique, propriété qu’il ne put rattacher par le cal- cul à aucune loi simple, mais qui lui permit de déterminer les capacités électriques des corps, la force condensante et. l’état électrique de l'air, sans que, dans ces différentes appli- cations, on puisse signaler aucune erreur d'interprétation. Ces travaux de Volta auraient suffi à immortaliser son nom si la découverte de la pile, qui n’était que le développement et la généralisation de ses premières idées, m'avait trop fait oublier le point de départ. La notion nouvelle de tension électrique, que Volla ne pouvait définir autrement qu’une tendance de l'électricité à marcher dans une certaine direc- tion, est restée confuse el souvent mal interprétée, jusqu’à ce que les mathématiciens en eussent donné une définition précise, déduite des lois mêmes de Coulomb, et en eussent montré les principales -propriétés. Mais, à ce moment, l’at- tention des physiciens était ailleurs : les travaux d’OErstedtet d'Ampère sur l’électro-magnétisme et l'électro-dynamique, la découverte inattendue de l’induction par Faraday, avaient fait connaître des phènomènes que l’on ne pouvait plus ex- AA A AG VOA 2 AGEN Er A ALAN TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. 31 pliquer par le principe de Volta ; les expérimentateurs furent entraînés dans une voie plus féconde, etle mémoire de Georges Green resta entièrement méconnu, même en An- gleterre. Il fallut enfin que la théorie mécanique de la cha- leur, établissant une corrélation entre les phénomènes phy- siques par le principe général de Ja conservation du travail sous toutes ses formes, amenât la révision complète et Ia coordination des phénomènes électriques, pour qu’ils âppa- russent sous un jour {out nouveau. Si l’on voulait définir par un mot l'esprit de cet ouvrage, on pourrait dire que c’est l’étude de la tension de Volta, ou du potentiel, comme l’ont appelée les mathématiciens, des propriétés de celte fonction et de toutesles circonstances qui font naître entre deux corps une différence de tension ou de potentiel. Un titre rappelant ce caractère aurait pu manquer de simplicité et de clarté; j’ai préféré celui d'électricité sta- tique, pour indiquer que c’est une première étude des phé- nomènes électriques, et me réserver plus de latitude dans le choix des matières... » La plupart des faits ont été puisés, nous dit l’auteur, dans les mémoires originaux. M. Mascart a mis de la sorte à la portée du public français les progrès importants réalisés dans le domaine de l'électricité par la science allemande, italienne, anglaise et que l’on devait aller chercher dans de nombreuses publications éparses. Il nous initie en particulier aux beaux travaux de sir William Thomson et d’autres savants anglais qui, pensons-nous, étaient jusqu'ici trop peu connus en France, en raison même du caractère assez spécial de la littérature scienti- fique anglaise et de l’absence d’une publication centrale suffisamment complète, comparable à ce que sont pour Allemagne les Annales de Poggendorff. De nombreuses notes renvoient le lecteur aux mémoires originaux, toutefois il y a là précisément, ce nous semble, É 7. Sat OR | . | LM Mes L'UGEZ AERE + > Eh = Riz La “ 32 TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. une lacune dans le « traité d'électricité statique » sur la: : quelle nous croyons devoir fixer l'attention de l’auteur et de l'éditeur en vue d’une seconde édition de leur excel- lent ouvrage. Nous sommes habitués maintenant à ce que les traités spéciaux, les vrais livres d’érudition, tels que celui auquel nous avons affaire ici, nous fournissent la | liste exacte, le répertoire complet de tous les ouvrages, journaux, mémoires à consulter pour l’étude approfondie d’un sujet sur lequel en particulier on peut être appelé à faire des recherches originales. Des tableaux bibliogra- phiques tels que ceux qui ont été intercalés entre les dif- férents chapitres du traité de Verdet, par exemple, sont d'un prix incalculable pour les hommes d'étude, et nous regrettons de ne rien trouver de semblable dans le traité de M. Mascart qui était digne de toute façon de recevoir ce précieux complément; il le recevra, nous l’espérons, dans l'avenir. Nous prenons du moins la liberté d’en exprimer ici le vœu. Après l’exposé des faits généraux, attractions et ré- pulsions électriques, conductibilité, lois des actions élec- triques, déperdition, distribution, influence et condensa- tion électriques, l’auteur aborde l'étude mathématique des phénomènes électriques et développe la théorie du potentiel telle qu’elle a été introduite dans la science par les travaux de Laplace, Poisson, Green, Gauss, Clausius et d’autres, avec applications nombreuses aux diverses bran- ches de lélectricité statique; puis il nous donne la des- cription détaillée des principaux instruments de mesure électriques, pendules électriques, électromètres-balances, électromètres de rotation, électromètres à décharges, thermomètres électriques, galvanomètres, et termine ce qui a trait plus particulièrement à l'électricité en repos en - “aber +. 2 TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. 33 résumant les principales données relatives à l'influence, à la condensation et aux capacités électriques. Avec le second volume nous arrivons à l'étude des lois et des effets de l'électricité en mouvement, ce sont d’a- bord les décharges conductives, leurs effets calorifiques, la vitesse du mouvement de propagation, puis les dé- charges disruptives, la durée et la distance explosive des étincelles, les différentes formes qu'elles affectent, leurs effets calorifiques, mécaniques, lumineux, physiologiques, chimiques, magnétiques. Vient ensuite un chapitre fort in- téressant sur les machines électriques, qui est tout parti- culièrement riche en faits nouveaux. Il renferme, en effet, la description des ingénieux appareils de M. Tôpler et surtout celle de ces machines de M. Holtz qui ont si vi- vement attiré l'attention du public scientifique et se sont si rapidement répandues partout, puis celle de la machine Carré, et des machines de M. Thomson, Ce chapitre se termine par le résumé des recherches de M. Mascart sur le débit comparé des différentes machines électriques. Enfin, la dernière partie de l’ouvrage est consacrée à l'étude des sources d'électricité, le contact, la thermoélec- tricité, la pyroélectricité, les actions mécaniques et phy- siques, l’évaporation, les phénomènes chimiques, l’élec- tricité physiologique, les phénomènes électrocapillaires et l'électricité atmosphérique. Ne pouvant pas donner à nos lecteurs un résumé mé- me très-incomplet de l'ouvrage de M. Maseart, ce qui se- rait résumer la science entière de l'électricité statique, nous préférons, pour leur faire faire plus ample connais- sance avec ce bean traité, reproduire tout simplement ici quelques paragraphes relatifs aux découvertes de M. Thomson et à la description de quelques-uns des ingé- ARCHIVES, t. LVIIL — Janvier 1877. 3 #\ | 1 Ts 7" AT RNA struction à one de M. Thomson ‘ 1 « 296. Électromitre de M. Thomson. — M. Thomson a ap- porté des modifications importantes dans la construction des électromètres de torsion. Pour comprendre l’idée générale qui a guidé M. Thomson, considérons deux conducteurs fixes A et B, symétriques l’un de l’autre par rapport à un plan 0 00’ (fig. 136), maintenus à des po- tentiels différents er. V,et V,; puis un troisième conduc- teur C, symétrique par rapport au mé- me plan, mobile au- située dans ce plan, x Fig. 136. ducteur mobile su- bira des forces iné- gales de la part des deux conducteurs fixes; mais nous sup- poserons que par une force étrangère, comme la torsion d’un fil, on le maintient dans la position de symétrie. Les distances du conducteur mobile aux conducteurs fixes restant constantes, il s’agit d'évaluer la manière dont varient les forces électriques en fonction des potentiels V, V, et V. 297. Lorsque deux conducteurs À et C sont en présence, l’un communiquant avec le sol et l’autre étant au potentiel V, nous avons vu, bien des fois déjà, qu'il s’exerce entre eux x À ! L'éditeur, M. Masson, a bien voulu nous autoriser à faire ces re- productions et nous a prêté très-obligeamment à cet effet les clichés qui se rapportent à ces paragraphes. Xe tour d’une droite et porté à un po- tentiel V. Ce con- une attraction proportionnelle au carré du potentiel ; on peut exprimer cette force par AV?, le coefficient k dépendant de la forme des corps, de leurs dimensions et de la distance qui les sépare. Supposons maintenant que ces deux corps soient, le pre- mier au potentiel V,. et le second au potentiel V. En vertu du principe de la superposition des états d'équilibre, nous. pouvons décomposer le problème de la manière suivante : Si le conducteur À est au potentiel V,, le conducteur C étant en communication avec le sol, il y aura sur le premier une quantité d'électricité Ha, sur le second une charge —4 d’é- lectricité contraire, et les deux corps s’attireront avec une force égale à AV.°. Si le conducteur CG est au potentiel V et l’autre non isolé, il y aura de même sur le premier une charge Le, sur le second une charge — 6’, et l’attraction des deux corps sera ÆV?, les deux coefficients k et Æ n’étant pas égaux en général. Ces deux états d'équilibre superposés donneront un nouvel état d’équilibre correspondant au po- tentiel V, sur le premier corps À, et au potentiel V sur C, c’est-à-dire à l’équilibre proposé. L’action des deux corps comprendra d’abord les deux forces attractives AV,? et ÆV? plus la répulsion des couches « et c et celle des couches c’ et a’. La première de ces répulsions est proportionnelle sé- parément aux deux masses a et c et, par suite, aux potentiels V, et V, ou à leur produit VV,; la seconde est aussi propor- tionnelle à c’ et a', ou encore au produit VV,. La somme de ces deux forces sera [VV,, l'élant un nouveau coefficient. Les moments de toutes ces forces, par rapport à un axe quelcon- que, auront des expressions de même forme, de sorte qu’en définitive, si le conducteur C est mobile autour d'un axe, le moment de la force exercée sur lui par le conducteur A pourra être représenté par la somme des trois termes AN? EN? — INV,. L'action est toujours attractive si les potentiels V et V, sont de signes contraires; si ces potentiels sont de même si- nu + L'ErS ni sit SET er SL NET Le TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. | gne, la résullante pourra être, suivant les cas, attractive répulsive. | ; 298. Considérons enfin les trois corps proposés À, B et C, dont les potentiels sont V,, V, et V. Nous décomposerons l’état électrique en trois autres. Dans le premier état, le con- 4 ducteur GC est au potentiel V, et les deux autres non isolés, ce qui correspond à une charge — c du premier, et à des charges égales à — c’ sur chacun des deux autres, à cause de la symétrie; on aura donc, pour ce premier cas d'équilibre, CoOnductenrs 5. 20e À C B Potentiels*. 77%" 0 I 0 Gharges LS —C +c —c Pour le deuxième cas, le conducteur À sera porté au po- tenliel V,, et les deux autres en communication avec le sol, ce qui donnera de même Conducteurs . . . . . A C B Potentiel tres un V, 0 0 CHATS L'OEATS —a —# —(" Enfin, dans le troisième cas d’équilibre, le conducteur B_ sera au potentiel V,, et l’on aura encore Conducteurs ..... A C B Potentiels:.;: fiv 0 0 Vi Charges nes er —Ù" —Ÿ D. La superposition de ces trois états d'équilibre reproduira bien l’équilibre proposé ; il reste à évaluer les forces exer- cées sur le conducteur intermédiaire C. Remarquons d’abord que les couches électriques —c’ n’in- terviennent pas, parce que les forces qu’elles exercent sur C sont symétriques et donnent une résultante dont le moment est nul ; il suffil donc d’évaluer les actions des couches — « et — a", — b" et + b sur les trois couches €, — a et — b. Les couches «a et — a” exercent sur la couche c deux actions, l’une répulsive, l’autre altractive, qui poussent toutes deux de corps tie vers le dar tete B, et sont proportionnel- les aux potentiels V, et V ; le moment résultant de ces for- ces, que nous supposerons posilif, peut être représenté par + CINY. De même, les couches — b" et b, agissant sur €, don- nent un moment de signe contraire — /VV,. L'action des couches + & el — 4” sur — a’ donne un terme proportion- nel au carré du potentiel, dont le moment AV,? est négatif; l’action de — lb” et b sur — b’ aura de même un moment AV,? positif. Il n’y a plus d’autres forces à faire intervenir, parce que, d’une part, les actions de a et — a” sur — b' et, d’autre part, celles de —b" et + b sur — a’ ont des moments égaux et de signes coniraires. En définitive, le moment résultant K de toutes les actions exercées sur le conducteur mobile est K = IVV, — NV, — DV LAN}, K=N(V—V) +R — V7. Il peut se présenter plusieurs cas : 1° Siles potentiels V, et V, des corps attractifs sont égaux et de signes contraires, la formule se réduit à = IV (V, — Vi); l’action est donc proportionnelle au potentiel du conducteur mobile et à la différence des potentiels des conducteurs fixes. 2% Si, le potentiel V étant très-faible, les valeurs de V, et V, ne sont pas égales et de signes contraires, le second terme devient prédominant, ce qui serait une condition expéri- mentale désavantageuse. 3° Si le potentiel V est très-grand par rapport aux poten- tiels V, et V,, la formule se réduit encore au premier terme, car on peut écrire K — IV (V, — Y.) fi - —— h et le facteur T1 *est évidemment pas assez grand pour que la parenthèse diffère sensiblement de l’unité. ou ve VAA ‘ A 9 : + & É ve { 38 TRAITE D ELECTRICITÉ STATIQUE. + Dans le premier cas, on pourra déterminer un potentiel très-faible V en fonction d’une différence connue V, — V, de deux autres potentiels égaux en valeurs absolues ; dans le troisième, on déterminera la différence des potentiels V,—V, de deux conducteurs en fonction d’un potentiel constant V. Dans ces deux cas, la force est directement proportionnelle, et par un facteur très-grand, à la quantité que l’on veut dé- terminer ; c’est là le principe des appareils de M. Thomson. 299. On peut remarquer que le premier cas est déjà pres- que réalisé dans l’électroscope de Bebhrens (269), et que les conditions seraient exactement les mêmes si l’on pouvait, par une force antagoniste, ramener la feuille d’or dans la verti- cale. M. Hankel! à employé une modification analogue de la balance de Coulomb. Quatre boules de métal, portées par des pieds en verre, sont disposées dans la cage aux sommets d’un rectangle; deux boules, situées aux extrémités d’une diagonale, sont réunies à l’un des pôles d’une pile de Volta, et les deux autres à l’autre pôle. L’aiguille, qui est métalli- que, est soutenue par un fil d'acier; elle porte à ses extré- mités des boules conductrices, et peut se mouvoir dans le plan des boules fixes. Si cette aiguille est électrisée d’une manière quelconque, on voit qu’elle sera déviée d’un côté ou de l’autre, comme la feuille d’or de Pélectroscope de Beh- rens ; M. Hankel se bornait à observer les déviations, mais pour être exactement dans les conditions du calcul qui pré- cède, il serait nécessaire de ramener chaque fois l'aiguille mobile dans un plan de symétrie par rapport aux boules fixes. 300. M. Thomson a construit, d’après ce principe, un as- sez grand nombre d'appareils qu’il a modifiés successive- ment. La plus importante des modifications consiste dans le moyen qu’il emploie pour remplacer, par une simple lecture de déviation, l’expérience délicate qu’exigerait la nécessité 1 Pogq. Annal., t. CIF, p. 233. TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. 39 de ramener chaque fois le conducteur mobile à sa position primitive. Pour cela, l'aiguille mobile a une forme telle que les petits déplacements qu’elle éprouvera ne puissent modifier l’action que les conducteurs fixes exerceront sur elle. Ces conduc- teurs sont formés de quatre qua- drants À, A”, B, B' (fig. 137), ré- unis deux à deux en croix par des fils de métal, et l’aiguille a la forme d’un 8, dont le grand axe est parallèle à la ligne de sépa- | ration de deux quadrants voisins. Les seules parties de cette aiguille sur lesquelles l’action des conducteurs ait une composante horizontale sensible, sont celles qui sont les plus rapprochées de la ligne de séparation des quadrants, et cetle action ne sera pas modifiée quand l'aiguille passera de la position primitive à une position très- voisine. L'équilibre aura lieu quand le couple de torsion, c’est-à-dire la déviation elle-même, sera proportionnel au produit V (V, — V,) du potentiel de laiguille par la diffé- rence des potentiels de deux systèmes de quadrants. La proportionnalité serait altérée si les variations de tem- pérature, ou toute autre circonstance, faisaient changer la distance de l'aiguille aux quadrants. Pour éviter cette cause d'erreur, M. Thomson place l'aiguille dans un champ électri- que constant, c’est-à-dire dans un espace où la force électri- que est à peu près indépendante de la position de laiguille. Les conducteurs sont, non pas des secteurs de cercle, mais des portions d’une boîte cylindrique, dans l’intérieur de la- quelle est placée l’aiguille, comme on le voit sur la figure ; l'aiguille se rapproche de l’une des bases quand elle s’éloi- gne de l’autre, et l’action est sensiblement constante. Celte disposition présente en outre l'avantage de soustraire l'ai- guille d’une manière complète à l'influence des corps exté- rieurs. 40 TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. 301. Pour produire la force de torsion, on suspend l’ai- suille soit à un fil de métal, soit à un fil de cocon muni d’un petit aimant dont on peut faire varier à volonté la force di- rectrice par l’action d’un aimant fixe extérieur, soit par deux fils de cocon voisins dont on peut rapprocher ou éloigner les points de suspension. C’est ce dernier procédé auquel M. Thomson s'est arrêté. Comme les déviations sont toujours très-faibles, laiguille porte un petit miroir dans lequel on observe la réflexion d’une échelle graduée. Il y a lieu de faire quelques remar- ques sur l’emploi de cette méthode d'observation, imaginée par M. Poggendorff et vulgarisée depuis les expériences de Gauss et Weber. Habituellement le miroir est plan et, avec une lunette ex- térieure, on y vise l’image d’une échelle placée auprès de Ja lunette (fig. 138); le nombre des divisions de l'échelle qui passent sur le réticule de la lunette est proportionnel à la tangente du double de la déviation du miroir, ou sensible- ment à la déviation elle-même. Les images que l’on observe dans ce cas sont souvent défectueuses, si le miroir n’a pas une grande étendue ; quand on veut éviter de surcharger l'aiguille, il est nécessaire que le miroir soit formé par une lame de verre très-mince et de petite étendue. Dans ces con- ditions, il est à peu près impossible d'obtenir une surface Fig. 138. convenablement plane, et il arrive presque toujours que les images sont déformées; on ne peut pas mettre en même TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQU*. 41 temps au point, par exemple, les divisions verticales de l’é- chelle et les traits horizontaux ou les chiffres de graduation, ce qui nuit beaucoup à la précision des mesures. M. Thom- son emploie de préférence des miroirs concaves dont la con- struction est plus facile. Une échelle divisée est placée à une distance du miroir égale à son rayon de courbure. A côté de cette échelle est une fente verticale (fig. 139) éclairée par une lampe, et l’on reçoit sur l'échelle divisée l'image de la fente produite par le miroir Concave que porte l'aiguille; les ï Ë images sont plus net- | tes parce qu'on est ainsi placé dans le cas où les aberrations sont le plus faibles. Cest d'ailleurs par un procédé analogue que se font les observations pour les télégraphes transatlan- tiques. M. Angot ! a employé de même une disposition avanta- seuse. Le rayon de courbure du miroir est très-pelit, d’un ou deux décimètres; on place, dans le voisinage du centre de courbure, une échelle divisée en cinquièmes ou en dixiè- mes de millimètres, éclairée par une lampe directement ou par transparence suivant qu’elle est tracée sur métal ou sur verre ; on fait en sorte que l’image se produise au-dessus de échelle elle-même et on l’observe avec un microscope. Les traits de l’image sont alors très-purs et les déviations se me- surent avec une grande précision. 302. Il ne reste plus que quelques mots à ajouter pour dé- crire complétement l’électromètre de M. Thomson (fig. 140). 1 Annales scientifiques de l'École Normale, 2 série, t. III, p. 261. 42 TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. Cet appareil comprend : une jarre électrique, l'aiguille mob ‘Æ , et les quadrants attract'fs, un reproducteur, une jauge et un inducteur. ee Fig. 140. La jarre est formée d’un grand vase en verre renfermant une couche d’acide sulfurique qui constitue l’une des armä- _tures ; l’autre armature est formée par des lames d’étain qui couvrent la surface extérieure et laissent entre elles des fe- nêtres par lesquelles on peut voir l’intérieur de la bouteille. L'appareil est porté par une monture en métal qui commu- nique avec l’armature extérieure. Cette bouteille est fermée par une plaque de caoutchouc durci sur laquelle sont montés tous les autres organes. Un fil de platine qui plonge dans l'acide sulfurique communique avec une tige de métal exté- rieure par laquelle on peut électriser la jarre ; un bouton permet d'établir ou de supprimer cetle communication. Quand le verre a été convenablement choisi, l’air intérieur est tellement desséché par l'acide sulfurique que l'isolement 43 est presque absolu et qu’une pareille jarre ne perd pas en 24 heures le centième de sa charge. L’aiguille est formée d’une lame d’aluminium de quatre centimètres carrés de surface environ ne pesant pas plus de, 70 milligrammes ; elle est attachée à une tige qui porte à la partie supérieure un petit miroir concave de 8 millimètres de diamètre pesant 22 milligrammes. Cette tige se termine en haut par un petit T où sont attachés les fils de cocon, et en bas par un fil de platine tendu par un petit poids et plon- geant dans l’acide sulfurique ; c’est par ce fil que l'aiguille est portée au potentiel de l’armature intérieure de la jarre. Les quadrants, réunis en croix deux à deux, sont suspen- dus au couvercle par des tiges de verre. Trois d’entre eux sont fixes et le quatrième est mobile à l’aide d’une vis micro- métrique, ce qui permet d’ouvrir la boîte pour enlever l’ai- guille et de régler l'appareil. Deux conducteurs extérieurs appelés électrodes principales (chief electrodes) peuvent, à l’aide de ressorts convenables, communiquer séparément avec les deux systèmes de quadrants. Enfin l'acide sulfurique communique avec le plateau at- tractif d’une jauge montée aussi sur le couvercle ; un repro- ducteur permet de maintenir constant le potentiel de lar- mature intérieure de la jarre et, par suite, de l’aiguille mo- bile. 303. On comprend maintenant sans difficulté l’usage de cet électromètre. Ou charge la jarre par l’électrode qui con- vient, puis, par le moyen du reproducteur, on augmente ou diminue la charge, jusqu’à ce que le cheveu de la jauge se trouve exactement entre les repères, et, les deux électrodes principales communiquant entre elles, on note la position de l’image réfléchie. On met ensuite en communication ces deux électrodes avec les deux corps dont on veut évaluer la différence de potentiel et on observe la position nouvelle de l'image : le dépläcement est proportionnel à la différence des potentiels. PE uous prendrons des nombres dans les mémoires de M. Thom- son. Avec un instrument dont l'aiguille était armée d’un ai- mant et portée par un seul fil de cocon, les deux pôles d’un élément Daniell produisaient un déplacement de l’image de 100 divisions de l'échelle : chaque division était de 4 de pouce (0"*,62) et l’on pouvait en apprécier le sixième, ce qui correspondait à un angle de 20”, la règle étant éloignée d'environ { mêtre. L’appareil indiquait done le :4 de la différence de potentiel des deux pôles d’un élément Daniell. Avec la suspension bifilaire, le déplacement n’était plus que de 60 äivisions, la sensibilité était done encore le + d’un élément Daniell. 304. Dans cet état, l'électromètre serait trop délicat pour la plupart des recherches, mais on peut diminuer beaucoup la sensibilité, même sans modifier la charge électrique de la: jarre. Déjà, en isolant deux des quadrants, les déviations de- . viennent 10 ou 43 fois plus faibles, mais on peut aller plus loin, à l’aide d’une plaque de métal appelée inducteur, pla- cée au-dessus de l’un des quadrants. Quand les quatre qua- drants sont réunis deux à deux, l’inducteur n’a pas d’in- fluence, on peut l’isoler ou le relier soit à la cage, soit au quadrant voisin, sans modifier la déviation d’une manière appréciable; il n’en est pas de même quand les quadrants sont tous ou en partie isolés. Du reste, afin de ne pas com- pliquer la description, nous allons représenter par un ta- bleau les différentes dispositions que l’on peut employer pour obtenir des sensibilités décroissantes. Soient X et Y les deux corps dont on veut déterminer la différence des potentiels; l’un d’eux Ÿ sera mis en commu- nicalion permanente avec la cage, celle-ci étant ou non main- tenue isolée, Soient A et B les deux électrodes principales, 1 l’inducteur que nous supposerons placé au-dessus de l’un des quadrants de l’électrode B. Quand l’une des lettres À ou B dans le tableau est entourée d’une parenthèse, cela signi- Pour donner une idée de la sensibilité de cet Re RAS _ fie que cette électrode est isolée ainsi que les quadrants cor- TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. respondants; XA signifie que le corps X est en communica- tion avec l’électrode À ; Y, que ce corps communique seule- ment avec la cage, etc. 1° Disposition ordinaire : ou bien | . 2 Suppression de l’une des paires du quadrant : \ XA ( XB B)}+ AY 3° Emploi de l’inducteur : p,! XA sn 1° (B) au a) M 5° ( XI (B)} ÿa A) ÿB 6° (AB) + 305. "La plus grande difficulté que l’on rencontre dans la construction de cet électromètre est le choix du verre. M. Thomson emploie pour cela des bouteilles en flint glass, fa- briquées à Glasgow. Il a essayé sans succès beaucoup d’au- tres espèces de verre : les verres colorés en vert et la plupart des verres blancs ne donnent pas de bons résultats, la charge de la jarre varie trop rapidement. Le reproducteur est aussi un mécanisme délicat: qu’on ne parvient pas facile- ment à construire d’une manière convenable. Toutes ces difficultés nuiront sans doute longtemps à l'emploi et sur- tout à la vulgarisation de ces appareils, au moins sous la forme que nous venons de décrire. » Voici maintenant la description des machines électri- ques de M. Thomson : Ft Cr cd ETS NET el Æ > 674 Fe ie! >. ae DE LR = D NE Tr VS DEEE TS a és. $ fe r T'ES ” ©] © TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. « 858. Appareils de M. Thomson. — L'influence électr el les réactions réciproques ont servi de principe à la con- struction d’un assez grand nombre d’appareils, nous en in diquerons quelques-uns imaginés par M. Thomson. Le reproducteur de charge qui a été décrit à propos de lélectromètre absolu (284)! peut, avec quelques modifica- tions destinées à augmenter le débit d’électricité, être trans- formé en une véritable machine électrique. 1 Voyez Traité d'électricité statique, tome I, p. 381. Nous attirons encore l'attention sur les paragraphes relatifs aux électromètres abso- lus de M. Thomson que nous aurions voulu reproduire aussi ici n’eût été la crainte d’abuser de ces citations. Le reproducieur de charge est un petit appareil auxiliaire formant partie intégrante de l’électromètre absolu de M. Thomson. Il a pour but d'ajouter ou d’enlever de lélectricité à la bouteille de Leyde qui maintient à un potentiel constant le plateau fixe de cet électromètre- balance, Il se compose essentiellement de deux conducteurs métalli- ques AetB, qui sont deux moitiés d'un même cylindre vertical, légèrement écartées, munies d’un ressort faisant saillie à l’intérieur chacun de la moitié de l'intervalle dont elles sont écartées el reliées aux deux armatures de la bouteille de Leyde dont l’une communique avec le sol. Dans les deux intervalles de ces deux cylindres,se trou- vent deux ressorts reliés entre eux, dont l’un a est plus rapproché de A et plus particulièrement sous son in- fluence, l’autre b plus soumis à l'influence de B. Ces quatre ressorts sont à une distance égale de l'axe de l'appareil autour duquel /\B tournent deux armatures courbes portées AE X par une traverse d'ébonite. Lorsqu'une de Ke no ces armatures quitte le ressort intérieur du æ demi-cylindre positif À, elle est neutre comme venant de l’intérieur d’un conducteur; arrivée au contact du ressort a, elle se charge d’élec- tricité négative qu'elle apporte à B, ainsi la charge est augmentée; dans le cas d'une rotation inverse la charge, comme on peut le voir aisément, est au contraire diminuée; de telle sorte que ce petit appareil permet de la maintenir constante et avec elle le potentiel du plateau fixe de l'électromètre. ne Lo EI , > Es ce ets EN LUCE - : RAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. 47 Une roue C (fig. 239) en ébonite porte un certain nombre de lames métalliques isolées, disposées en secteurs sur les deux faces et figurant à la circonférence comme des dents d’engrenage. Deux lames métalliques I et R, recourbées de facon à envelopper presque complétement la moitié de la roue (l’une d’elles est indiquée seulement par un pointillé), jouent en même temps le rôle d’énducteur et de récepteur, c’est-à-dire qu'elles agissent par influence sur un conduc- teur intermédiaire F et recoivent ensuite, par l’effet du mou- vement, l'électricité ainsi développée; il en résulte que la charge de chacune d’elles augmente d’abord en progression géométrique, comme dans tous les appareils analogues. Pour cela, deux ressorts récepteurs t el r, communiquant séparé- ment avec les enveloppes métalliques dans l’intérieur des- quelles ils sont placés, reçoivent l'électricité apportée par les différents secteurs et la communiquent en totalité aux enve- loppes correspondantes. Deux autres ressorts 2” et r”, dits connecteurs, placés à la suite des précédents dans le sens de la rotation de la roue, communiquent entre eux par un fil métallique F. Supposons que l’un des inducteurs, [ par exemple, soit d’abord chargé d'électricité négative; le ressort connecteur correspondant 2° se charge d'électricité positive qu’il com- munique aux dents successives de la roue, lesquelles, par le ressort récepleur suli- F vant r, transmettent > : cette électricité au & - deuxièmeinducteurR , Le ressort connecteur opposé r’ se charge de même d'électricité négative, qui revient ensuile par les sec- teurs et par le ressort ee récepteur ? au pre- mier inducteur I. ” TS set DE EN OM ENT ET ME fi ” ARE TR MH PTS AE # cd Le re à LE 204 48 TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. Dans l'instrument (fig. 240) construit par M. Thomson, la roue n'avait pas plus de 2 pouces de dia- mèlre el pouvait être mise en mouvement par le moteur d’un télégraphe de Morse ; mais, quelques secon- des seulement après la mise en train, il se produisait des aigrettes brillantes et des étincelles entre les différentes parties de l’appareil, même lorsque les inducteurs et les connecteurs avaient été réunis entre eux pendant plusieurs jours et déchargés avec le plus grand soin. Une pile sèche de 40 éléments, dont les deux pôles étaient mis en communication séparément avec les deux inducteurs, suffisait pour charger la machine ou renverser subitement les signes électriques. Cet appareil a servi à M. Thomson, par exemple, pour en- tretenir la marche constante d’une autre machine plus sim- ple destinée à recueillir les signaux du câble transatlantique. Celle-ci était formée d’un inducteur [ sans ressort récepteur, dans l’intérieur duquel était un ressort &’ en communication avec le sol, et d’un récepteur R avec son ressort r. L’induc- teur [ étant maintenu à un potentiel constant, les dents de la roue se chargeaient d'électricité contraire, au contact du ressort 2’, et transportaient constamment cette électricité au récepteur R, dont la charge allait ainsi continuellement en croissant. 859. Égaliseurs de potentiel. — On rencontre dans toutes les machines électriques un même problème à résoudre, c'est d'amener deux corps au même potentiel ou, plus exac- Jon NE EN AUS CRE PS à PT etre | : | TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE, 49 tement, d'établir sur un conducteur le potentiel qui existe en certains points de la masse d’air qui l’environne. Quand un corps conducteur, comme un cylindre isolé, est soumis à l'influence d’un corps électrisé positivement, placé en face de l’une de ses extrémités, ce cylindre forme une surface de niveau, et le potentiel varie plus ou moins rapide- ment quand on s'éloigne de la surface suivant différentes di- rections. En tous les points de la ligne neutre la dérivée du potentiel est nulle, puisque la densité électrique est nulle ; ces points sont donc au même potentiel que les couches d’air qui les entourent. Si, par un procédé quelconque, on enlève la couche d’électricité négative, de façon que la ligne neutre, ou de densité nulle, passe par l’extrémité la plus rapprochée du corps influent, le cylindre tout entier atteindra un poten- tiel maximum, celui des couches d’air qui touchent cette ex- trémité. On obtient habituellement ce résultat dans les ma- chines électriques par l’emploi des pointes ; mais une pointe ne peut jamais être assez aiguë physiquement pour être ab- solument efficace au point de vue électrique, et elle con- serve toujours une densité sensible d'électricité contraire à celle du corps influent. On peut arriver, par divers moyens, à rendre cette densité nulle. Supposons, par exemple, dans le cas du cylindre considéré plus haut, que l’on touche l'extrémité la plus voisine du corps influent par un plan d'épreuve qu’on ramène à l’état neutre après l’avoir enlevé, et que cette opération soit répé- iée un grand nombre de fois; il arrivera, au bout d’un cer- tain temps, que ce plan d’épreuve aura soustrait du point touché toute électricité appréciable, comme leût fait une pointe infiniment aiguë; si le corps influent est conducteur, le cylindre atteindra un potentiel maximum qui sera une fraction déterminée de celui du corps influent. 860. L'appareil suivant employé par M. Thomson pour certaines expériences d’électrométrie fonctionne ainsi comme une suite de contacts par un plan d’épreuve. Un disque d’é- ARCHIVES, t. LVIIL — Janvier 1877. n . Fig. 241. un certain nombre de boutons ou de chevilles de métal sur lesquels s'appuient deux ressorts R et R’ en communication avec les deux électrodes d’un électromètre. Si l’un de ces ressorts est soumis à l’influence d’un corps électrisé, les boutons qui s’en détachent successivement emportent d’une manière continue l'électricité de signe contraire à celle du corps influent, jusqu’à ce que la densité électrique à l’extré- mité du ressort soit nulle. Si les deux ressorts sont en même temps soumis à l'influence de deux conducteurs à des poten- tiels différents, l'équilibre sera atteint au bout d’un certain temps, el assez rapidement, parce que l'électricité enlevée à l’un des ressorts est portée sur l’autre; la différence de po- tentiel des deux ressorts ou des deux électrodes de l’électro- mètre sera proportionnelle à celle des deux corps influents. Il suffit, par exemple, d'approcher de cet appareil, à la dis- tance de plusieurs pouces, un cristal de tourmaline PN que l’on a échauffé et qu'on laisse refroidir (on sait que, dans ces conditions, l’une des extrémités du cristal P devient po- sitive et l’autre N négative), pour que, dans un électromètre dont la graduation permet d'apprécier la différence de po- tentiel de 3 éléments de Volla, la déviation de l'aiguille sorte des limites de l’échelle. 861. On conçoit d’ailleurs que des particules conductri- Per a Mu LE a ES APE AU gels RSR PDU OL SE RAGE MES Per Gi g ARMO 72 DE à NN lee ASE hs UE Or et jrs tr, À fi “ile : TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. 51 ces quelconques, des poussières métalliques, des gouttelettes liquides ou même un courant de gaz chauds, qui s'échappe- raient du conducteur influencé, produiraient exactement le même effet que les contacts répétés d’un plan d’épreuve. C’est ainsi que s’explique l’efficacité des flammes, employées comme pointes électriques, et l’usage qu’on en a fait dans Pétude de l'électricité atmosphérique. Si un conducteur isolé est mis en communication avec une flamme placée dans l'air, les produits gazeux de la combustion laissent échapper de l'électricité jusqu'à ce que le potentiel de la flamme et du conducteur avec lequel elle communique soit égal au poten- el de la masse d’air qui entoure cette flamme. Le P. Becca- ria, et après lui Volta, munissaient déjà la tige de leurs élec- troscopes d’une mêche enflammée, et la même méthode a été depuis renouvelée par M. Thomson. Toutefois l'emploi d’une flamme présente quelques inconvénients à cause de la nécessité de l’entretenir pendant un temps assez long, et à cause de l'électricité qui peut se produire par le fait même de la combustion. M. Thomson a résolu le même problème par un écoulement d’eau. Pour étudier lélectricité atmos- phérique, par exemple, l’électromètre est mis en communi- cation avec un vase isolé contenant une provision d’eau, qui s'échappe en petites gouttelettes par un tube conducteur ; l'appareil tout entier est bientôt porté au potentiel des cou- ches d’air situées à l’entour de l’orifice d'écoulement. 862. Dans le cas où le corps influent est conducteur, on peut se proposer d'établir sur le corps influencé un potentiel égal à celui du corps influent, sans les mettre en communi- cation entre eux, et l’on y parviendra par la méthode des contacts successifs ou des écoulements. Il suffit, pour cela, que le point du corps influencé, dont se détachent des par- ticules conductrices, soit enveloppé aussi complétement que possible par le corps influent; lorsque la densité électrique sera nulle en ce point, le potentiel ne dépendra plus que de l'électricité répandue sur le conducteur influent et sera le 52 TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. même dans tout l’espace enveloppé. On aura alors réalisé un égaliseur de potentiel absolu. k Ainsi, dans la première machine de M. Thomson (fig. 239), si l’on suppose que le ressort ? de l’inducteur [ soit enlevé et le ressort 2’ mis en communication aver un conducteur isolé, le ressort r’ supprimé et le récepteur R mis en com- munication avec le sol, et enfin Pinducteur I porté à un cer- tain potentiel, Les contacts enlèveront de l'électricité au res- sort 2” jusqu’à ce que le potentiel de ce ressort soit devenu égal à celui de l’inducteur., De même dans la seconde ma- chine (fig. 241), si les ressorts R et R’ sont enveloppés sépa- rément par des conducteurs À et A’ entre lesquels existe une certaine différence de potentiels, l'appareil ne cessera de fonctionner que lorsque chacun des électrodes de l’élec- tromètre aura atteint un potentiel égal à celui du conduc- teur influent qui lui correspond. M. Thomson place encore une lampe à alcool en métal dans l'intérieur d’un cylindre vertical électrisé. Les gaz chauds qui s’échappent de la flamme amènent rapidement la lampe, et les conducteurs avec lesquels elle communique, au même potentiel que celui du cylindre influent. Enfin, lé- coulement d’un liquide produira exactement le même effet, et M. Thomson en a profité pour construire une machine électrique singulière. 863. Machine électrique à écoulement. — Con- f cevons qu’un tube métallique T (fig. 242), com- da muniquant avec le sol, soit placé dans l’inté- al rieur d’un cylindre de métal I que nous Hi appellerons l’inducteur, porté à un potentiel ï négalif;, ce tube s’électrise positivement, et si Las on laisse échapper des gouttelettes liquides, 0 elles emporteront de l'électricité contraire qui ds se reproduira indéfiniment. Ces gouttes tom- bent dans un autre cylindre de métal R, le ré- cepteur, qui porte dans l’intérieur un entonnoir dont le bec s'ouvre au milieu du cylindre; } Fig. 242, TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. AT: à | l'électricité des gouttes se répand à la surface du récepteur, et elles s’écoulent ensuite à l’état neutre par le bec de l’en- tonnoir. La charge du récepteur augmente donc de plus en plus, jusqu’à ce que l’appoint électrique des nouvelles gout- tes soit équilibré par les pertes, ou bien qu’il se produise des étincelles entre les deux cylindres, ou encore que les gouttes électrisées qui s’échappent de l'orifice du tube T ne tombent plus dans le récepteur, parce qu’elles sont re- jetées latéralement par la répulsion électrique qu’elles en éprouvent. Dans les conditions actuelles, il est nécessaire d'entretenir le potentiel de l’inducteur [ par une source étrangère; mais —— OU A A TR EE TN 54 TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. on conçoit aisément que deux appareils semblables puissent être disposés de facon à réagir l’un sur l’autre et augmenter réciproquement leurs charges électriques. Il suffit, pour cela, que le récepteur R (fig. 243) du premier communique avec l’inducteur [’ du second, et le récepteur R° du second avec l’inducteur I du premier; les gouttes qui tombent du second inducteur |’ sont alors chargées d'électricité néga- tive que l’on recueille dans le récepteur R’, lequel augmente la charge du premier inducteur [. M. Thomson réunit en outre les deux conducteurs séparément avec les armatures intérieures de deux bouteilles de Leyde A et B. Ces bouteil- les sont formées de bocaux cylindriques en flint de Glascow garnies d’élain à l'extérieur et renfermant une certaine quantité d'acide sulfurique concentré; dans le liquide plon- gent des tiges de plomb terminées par des plaques de plomb à la partie inférieure. Ces tiges sont entourées de tubes de verre et passent à travers un couvercle en ébonite, de sorte que l’air absolument sec renfermé dans la bouteille n’é- prouve pas d’échanges avec l’atmosphère. Si le verre est de bonne qualité, l’isolement de ces bouteilles peut êlre assez parfait pour que la perte électrique ne dépasse pas un cen- tième de la charge en trois ou quatre jours. Dans ces conditions, d’après M. Thomson, l’une des bou- teilles étant électrisée à un potentiel assez faible pour n'être appréciable que par un électromètre très-délicat, on ouvre les robinets pour laisser écouler l'eau goutte à goulte; on voit alors ces gouttes se subdiviser en goutteleltes très-peli- tes qui se séparent par leurs répulsions réciproques. Au bout de quelques minutes, il se produit en quelque partie de l’appareil une succession rapide d’étincelles, ou bien le li- quide qui tombe n’entre plus dans les récepteurs. Les gout- tes sont alors rejetées latéralement et produisent l'effet d’un tourbillon de neige, comme si elles élaient soustraites à la pesanteur; les unes remontent et s'appliquent à la surface extérieure des inducteurs, les autres décrivent des courbes TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. 99 bizarres et sont lancées à une assez grande distance. On évite en partie cet ineonvénient en garnissant les récepteurs de tubes de verre qui forment entonnoirs. La valeur dynamique de l'électricité ainsi produite pro- vient de l'énergie du liquide qui tombe; elle serait égale au travail de la pesanteur sur les gouttes liquides pendant leur trajet, si ces gouttes arrivaient aux récepteurs avec une vi- tesse nulle, et elle correspond exactement à leur perte de force vive. La déperdition était tellement faible dans l’appa- reil de M. Thomson, qu'il pouvait rester électrisé pendant des années à l’aide d’un écoulement de liquide insignifiant ; une seule goutte, par exemple, tombant de chaque tube tou- tes les trois minutes, était suffisante pour maintenir la charge constante. 864. 11 y a d’ailleurs une relation très-simple entre les constantes de la machine et le nombre des gouttes qui doi- vent s’écouler pendant l'unité de temps, pour que la charge électrique aille en augmentant à partir du début de l’expé- rience. Soient C et C’ les capacités électriques des deux con- ducteurs, v compris les armatures intérieures des bouteilles correspondantes, V et V’ leurs potentiels en valeurs abso- lues, m et m' les coefficients de déperdition, # et n’ le nom- bre des gouttes qui tombent pendant l’unité de temps, cet c’ les capacités électriques des gouttes de chaque système au moment où elles se détachent. Pendant un temps infiniment petit df, l’accroissement de charge du conducteur G est égal à l’excès de l'électricité ap- portée par les gouttes sur celle qui se perd ; on aura donc en admettant la loi de déperdition de Coulomb, CaN = (n'e NV’ — mN dt, ou bien av F28 LA (1) Cr = (WEV — mV). On aura, de même, pour l’autre conducteur C, dN' (2) C’ +de ne\ -— m'\.. 56 TRAITÉ D'ÉLECTRICITÉ STATIQUE. En résolvant ces équations différentielles simultanées par la méthode ordinaire, on calculerait la valeur acquise par les potentiels V et V’ au bout d’un temps quelconque, en par- tant d’une valeur initiale donnée, mais il faudrait, pour cela, supposer que la loi de déperdition de Coulomb est toujours appliquable et que l'écoulement est constant. Comme les charges deviennent rapidement très-grandes, le raisonne- ment est bientôt en défaut; on peut donc se borner à déter- miner la condition nécessaire pour que la charge aille en croissant. Il faut alors que les dérivées des potentiels soient positives, ce qui donne n'CN — m\ > 0, neN — mNV' > 0; on en déduit ou bien (3) nn'ec < mm’. Si cette dernière condition est réalisée au début (et l’on voit qu’elle ne dépend pas de l’électrisation initiale), la charge de la machine ira en croissant jusqu’à ce qu’il se produise des étincelles, ou que les gouttes cessent de tomber dans les ré- cepteurs. Si l'inégalité (3) avait lieu en sens contraire, la charge irait au contraire en diminuant et deviendrait rapide- ment nulle. Si l’appareil est complétement symétrique, la condition d’accroissement de charge est simplement (4) nc < M. Ce mode de raisonnement s’applique de la même manière à tous les multiplicateurs d'électricité à influences récipro- ques, comme le moulinet de Nicholson, la machine de Tœæp- ler et les machines de Holtz. On remarquera peut-être que l'inégalité de condition (4) ne renferme pas les capacités des conducteurs, tandis que l’expérience montre que ces Capa- cités jouent un rôle important; mais l'emploi des bouteilles ie sr Ne pensons en avoir dit assez pour avoir fait appré- + Fe cier la valeur du «traité d'électricité statique » de M. “A * Mascart, et avoir inspiré à plus d’un le désir d’avoir l’ou- vrage même entre les mains. : à DESCRIPTION DU NIPHARGUS PUTEANUS VAR. FORELII Par M. Aloïs HUMBERT (Extrait par l’auteur !.) La présence de Crevettes vivant dans des puits et plus ou moins dépourvues d'organes visuels a été signalée, en 1835, à Paris et en Allemagne. MM. P. Gervais et C.-L. Koch, qui les avaient trouvées les premiers, les rappor- tèrent au genre Gammarus. Quelques années plus tard, Schiôdte, qui avait découvert une espèce du même groupe dans les grottes de la Carniole et de lIstrie, reconnut que ces Crustacés souterrains méritent de former un genre à part auquel il a donné le nom de NP qui est aujourd'hui généralement accepté. | Un grand nombre de mémoires ont été publiés depuis lors sur ces animaux et nous ont apporté beaucoup de renseignements relatifs à leur organisation et à leur dis- tribution géographique. De nouvelles espèces du genre Nipharqus et même de nouveaux genres voisins de celui- ci ont été découverts, soit dans les eaux souterraines des puits et des cavernes, soit dans la mer. Enfin, en 1869, M. F.-A. Forel a indiqué pour la première fois l’exis- tence de Gammarides aveugles (Niphargus) dans les pro- 1 Bulletin de la Société vaudoise des Sciences naturelles, vol. XIV, 1876, pages 278-398, pl. VI et VII. P'ÉNEST LU EEE AE ANS D TR Le, AE DESCRIPTION DU NIPHARGUS PUTEANUS. 29 *- fondeurs du lac Léman, et en 1873 il a trouvé ces mêmes animaux dans le lac de Neuchâtel. Si l’on peut dire d'un côté que nos connaissances re- latives aux Crustacés de ce groupe ont beaucoup gagné en étendue, on doit malheureusement ajouter que le sujet présente encore bien des points douteux et que les opi- nions les plus divergentes ont cours aujourd’hui sur la valeur des différentes formes spécifiques et génériques. Les Niphargus observés par Caspary, Hosius et De la Valette-Saint-George ont été décrits sous le nom de Gam- marus puleanus qui avait été créé par C.-L. Koch. Schiôdte a distingué deux autres espèces dans son genre Niphargus qui comprend aussi ce G. puteanus; la pre- mière, provenant des grottes d'Autriche, est son AN. sty- gius; la seconde, trouvée dans un puits en Angleterre, est son À. aquilex. Spence Baie a introduit deux espèces nouvelles sous les noms de N. fontanus et N. Kochianus. Costa a décrit un G. longicaudatus. Joseph a indiqué une nouvelle espèce des grottes de Carniole sous le nom de G. orcinus. Czerniavski a décrit un N. ponticus de la mer Noire. Enfin, il y aurait encore à rappeler une ancienne espèce de Leach à laquelle cet auteur avait donné le nom de G. subterraneus. Le genre ÉEriopis, établi pour une espèce marine (E. elongatus) trouvée sur les côtes de la Scandinavie à une profondeur de 40 à 60 brasses, semble devoir être considéré comme synonyme de Niphargus. Il faut mentionner en dernier lieu une coupe générique très-voisine, bien que facile à distinguer, constituant le genre Crangonyx Sp. Bate, dont la seule espèce connue (Cr. sublerraneus) a été trouvée dans un puits en Angle- terre. 60 DESCRIPTION DU NIPHARGUS PUTEANUS. Selon M. de Rougemont ‘, auquel nous devons le der- nier travail publié sur ce sujet, une grande partie de ces noms spécifiques et même génériques devraient disparai- tre, parce qu’ils ne s’appliquent qu’à des formes différen- tes représentant simplement les étapes successives du développement d’une seule espèce. Dans les échantillons qu'il a récoltés dans un puits à Munich, M. de Rouge- mont a trouvé cinq formes distinctes, mais se transfor- mant les unes dans les autres. La première, n’ayant que de 2 à 44% de longueur, correspondrait au Crangonyx subterraneus de Sp. Bate et au Gammarus pulex minu- tus de Gervais. La seconde, variant de 3 à 6%, serait le N. Kochianus Sp. Bate. La troisième, mesurant de 3 à 8"m, est rapportée au Gammarus puteanus de Caspary et Hosius. La quatrième (12 à 14%) est assimilée au N. fontanus Sp. Bate*. La cinquième (12 à 18") est dé- terminée comme étant le N. siygius de Schiôdte et le A. puteanus de Koch. Enfin, à ces cinq formes observées à Munich, M. de Rougemont en ajoute une sixième trou- vée à Neuchätel, dans un puits, et mesurant 332% de lon- oueur. Outre ses dimensions colossales, l’échantillon de Neuchâtel se distingue par un nombre considérable d’ar- ticles (51) aux antennes supérieures et une disparition 1 Philippe de Rougemont, Naturgeschichte von Gammarus puteanus Koch. Inaug. Diss. 8°, 40 pp. München 1875. — Plus récemment, M. de Rougemont a publié en français sous le titre de « Etude de la faune des eaux privées de lumiére, 4° avec 5 pl., Paris, 1876, » un mémoire qui contient une traduction du travail précité ainsi qu’une description de lAsellus Sieboldii et des observations sur une utrene trouvée dans un puits à Munich. ? Nous reproduisons cette synonymie sous toutes réserves, par ce qu'il existe des contradictions entre le texte de M. de Rougemont (p. 23) et son tableau des espèces (p. 29) en ce qui concerne la troisième ct la quatrième forme. F DESCRIPTION DU NIPHARGUS PUTEANUS. GI presque complète du fouet accessoire qui ne se montre plus que sous la forme d’une simple épine. Il est regrettable que l’auteur, qui a dragué lui-même des Niphargus dans le lac de Neuchâtel, ne nous dise pas si ces Crustacés rentrent dans une des six formes qu'il établit pour les Gammarides des puits. M. de Rougemont fut frappé de découvrir dans un seul puits cinq formes différentes et trouva difficile d'admettre que cinq espèces aussi voisines les unes des autres vé- cussent ensemble dans un espace aussi restreint. Il cher- cha vainement des échantillons de petite taille représen- tant le jeune âge des grandes formes. Sur environ une centaine d'individus il n’en a trouvé aucun dans les di- mensions de 2 à 4 millimètres qui se rapprochàt de la forme qui atteint 18 millimètres. Il se demanda alors d'où provenaient les grands échantillons et il arriva à la conclusion que ces cinq formes ne sont point des espèces, mais seulement des états différents de développement d'une seule et même espèce, le Gammarus puteanus Koch. Il se passerait ainsi, suivant lui, quelque chose de sem- blable à ce que l’on voit chez les saumons qui, lorsqu'ils n'ont qu’une longueur de 6 pouces, présentent déjà des organes reproducteurs complétement développés et, mal- gré cela, continuent à croître jusqu'à ce qu'ils aient at- teint une longueur de 5 pieds. Dans les Gammarus, comme dans les saumons, on verrait des formes caractéristiques apparaître à mesure que l’animal avancerait en âge. Ce naturaliste isola certaines formes dans le but de s’assurer si elles subissaient réellement des métamorphoses. L’ex- périence lui réussit, Il a vu des individus passer, par la mue, de la première forme (Crangonyx subterraneus) à la seconde (Nipharqus Kochianus). Il a observé de même ve DL 4" EE # FAP QUE ‘à “due OR D, COMENT ALI TORRES: LE AP MR Un RE vi De EU EU ADD - ALLÉS ARTS P | : 20 62 DESCRIPTION DU NIPHARGUS PUTEANUS. la transformation de la quatrième forme dans la cin- quième. L'auteur conclut de là que les genres Crangonyx et Nipharqus ne doivent pas être séparés puisqu'ils ne re- présentent que des états différents d’une même espèce. Il va ensuite plus loin et propose la suppression du genre Niphargus qu’il ne considère que comme le résultat d’une modification du Gammarus pulex. Les faits sur lesquels s'appuie l'observateur nenchâte- lois sont sans doute fort curieux et ont une grande por- tée. L’on ne peut nier qu’il y ait là des observations di- gnes au plus haut point d'attirer l'attention des zoologis- tes. Je crois cependant qu’on ne doit pas encore admettre sans réserve toutes les réunions d’espèces et de genres que l’auteur propose. À côté d'observations très-intéres- santes exposées d’une manière ingénieuse, le mémoire de M. de Rougemont contient un certain nombre de points fables qui empêchent que l’on puisse se laisser compléte- ment convaincre, D'abord, la discordance entre les diffé- rentes parties du texte relativement au classement des anciennes espèces dans les différentes formes observées laisse planer des doutes sur la validité des identifications proposées. D’autres points augmentent aussi nos défian- ces à cet égard. Ainsi, la figure #4 de la planche I repré- sente les deux derniers articles d’une patte qui sont cen- sés être ceux des deux paires antérieures de la 4°, de la o° et de la 6° forme. Or, si l’on compare cette figure avec celle qui a été donnée par Bate et Westwood du Mphar- gus fontanus, on voit qu’elle en diffère totalement. L’es- pèce des auteurs anglais serait encore plus difficile à re- connaître dans la figure 3 qui correspond à la seconde et à la troisième forme. w L DESCRIPTION DU NIPHARGUS PUTEANUS. 63 Les figures des deux paires de pattes antérieures de la première forme sont assez différentes de celles qu'ont données Bate et Wesiwood du Crangonyx subterraneus, et il est d'autant plas difficile de savoir si M. de Rouge- mont a eu réellement ce genre entre les mains qu’il ne nous dit pas si ses échantillons présentaient le telson en- üer et la dernière paire de pattes à une seule branche in- articulée, caractères importants qui servent à distinguer les Crangonyx. Enfin, mes observations sur les Niphargus du Léman ne concordent pas avec celles de M. de Rougemont. Parmi les animaux de ce genre que M. Forel m'a communiqués il y en a de très-petits, mesurant 2% du devant de la tête à l'extrémité des dernières pattes sauteuses, Ces indi- vidus devraient donc rentrer dans la première forme de M. de Rougemont, qui comprend tous les échantillons ayant de 2 à 4%, et correspondre par conséquent au Crangonyx subterraneus Bate. Or, il n’en est rien. Ces jeunes individus présentent, il est vrai, certaines différen- ces tenant à l’âge et consistant dans un nombre d’articles beaucoup moins grand aux antennes, dans une moins ÿrande quantité de soies sur les diverses parties du corps, etc. Quant aux caractères génériques proprement dits, ils sont déjà accusés, et, en particulier, les deux premières paires de paltes ont déjà les mêmes formes que chez l’a- dulte, et le telson est profondément fendu. Il me semble donc que, tout en tenant compte des ob- servations de M. de Rougemont comme d’une indication fort utile sur les métamorphoses que peuvent subir les Crustacés du groupe dont il s’agit, on ne peut encore ac- cepter d’une manière définitive les changements qu'il propose dans la classification des formes observées jus- » aa qi NL QC Ar CLONE IONT ER L'ORDRE EC hat 2 2 7 ar MUEE s Ÿ Fe ae . FUI À SA SES F4 | LA Fa eh 1£ #1 LA 1 FOUR DR LA OR + : 64 DESCRIPTION DU NIPHARGUS PUTEANUS. qu'à présent. Aussi ai-je conservé provisoirement le genre Niphargus, en en modifiant et en en complétant un peu la diagnose. Dans l’état de confusion où se trouvent actuellement les espèces de ce genre, la détermination en est difficile, soit qu'on admette le classement de Schiôdte et de Sp. Bate, soit que, avec de Rougemont, on ne considère les formes décrites que comme représentant des phases suc- cessives d'un même type. Le Niphargus du Léman et celui que j'ai trouvé dans un puits des environs de Genève, bien que de taille assez différente et offrant entre eux quelques légères différen- ces d'organisation, ne m'ont pas paru devoir être séparés autrement que comme variétés. Une fois ce premier point acquis, il m'a fallu rechercher si l’espèce était nouvelle et si elle cadrait avec une de celles qui ont été déjà décrites. Elle m'a paru être bien distincte des N. aquilex, fon- tanus et stygius. Plus voisine du N. Kochianus, elle ne peut cependant pas être confondue avec lui. Quant aux six formes de M. de Rougemont, il n’en est aucune à laquelle je puisse rapporter avec quelque pro- babilité et quelque confiance celles que j'ai sous les yeux. La figure de cet auteur, qui représente les deux derniers articles d’une patte des 4°, 5° et 6° formes, ressemble à ces mêmes parties dans mes échantillons ; mais, comme je l'ai déjà dit plus haut, cette figure est en discordance avec une partie de celles des auteurs cités. IL sera toujours difficile d’avoir une opinion arrêtée sur le Gammarus puteanus de Koch qui a été décrit et figuré d’une manière tout à fait insuffisante. Cependant, le nom imposé par Koch a été en quelque sorte fixé dans la RAR RES Lt) ME AE RE NN ÉA EE a Re UT NUE ae te Es DUT cé RAR RE y ME EE BR Lee ART LR , “ DESCRIPTION DU NIPHARGUS PUTEANUS. 65 science par les mémoires de Caspary et de Hosius qui ont donné d'assez bonnes figures de l'espèce. Aussi me semble-t-il que, jusqu’à preuve du contraire, l’on peut considérer le nom de Gammarus puteanus comme s’ap- pliquant à l'espèce qui a été décrite et figurée par ces deux auteurs. Or, c’est d'elle que mes deux variétés sem- blent se rapprocher le plus, malgré de légères différences dans les proportions des propoda des deux premières paires de pattes. J’ai adopté en conséquence pour l'espèce le nom de Miphargus puteanus, Koch, mais en distin- guant chacune des variétés locales par un nom spécial : la forme du Léman est le N. puteanus, var. Forelü, et celle trouvée dans un puits à Onex, le N. puteanus, var. Onesiensis. Je n’ai décrit complétement que la première et me suis contenté d'indiquer les différences qui existent entre elle et la seconde, en mettant sous forme de tableau celles qui m'ont paru bien tranchées. Quant à une com- paraison détaillée avec le type des auteurs précédents, elle est impossible, parce que celui-ci n’a pas été décrit avec une exactitude suffisante. On trouvera dans mon mémoire une description très- minutieuse de l'espèce basée sur l'inspection d’un grand nombre d'échantillons que M. Forel avait eu l’obligeance de me communiquer. Fespère avoir fait ressortir ainsi des caractères tirés d'organes souvent trop négligés, tout en évitant de mentionner comme spécifiques des particulari- tés purement individuelles. Je me contenterai de signaler ici quelques points de l’organisation de ces crustacés qui me paraissent mériter d'attirer plus particulièrement l’at- tention des anatomistes. Parmi les auteurs qui ont traité des espèces du genre ARCHIVES, t. LVIIL — Janvier 1877. h) Dir PEN Ne AE a EU 2 rs PAS AS, 66 DESCRIPTION DU NIPHARGUS PUTEANUS. Niphargus, les uns disent positivement que les yeux font défaut; d’autres qu’ils sont sans pigment et non appa- rents, ce qui revient à dire qu'ils ne les ont pas aperçus ; d’autres enfin, les décrivent comme jaunes ou comme im- parfaitement formés. M. Plateau affirme qu'ils existent, mais sont privés du pigment. Il ressort toutefois de son mémoire qu’il ne les a pas vus et ne s’est convaincu de leur existence que par des expériences physiologiques qui lui ont démontré que les Niphargus étaient sensibles à la lumière. M. de Rougemont a bien vu sur les côtés de la tête quelques tâches pigmentaires irrégulières, mais il ne croit pas à la présence d'un appareil optique. De mon côté, il ne m'a pas été possible d’apercevoir la moindre trace d’yeux ou même de dépôt de pigment. M. De la Valette-Saint-George avait décrit et figuré de très-petits organes situés à la partie dorsale des segments et composés d’une petite capsule d’où sort un filament qui se bifurque. J'ai étudié avec un peu plus de détail ces organes singuliers auxquels j'ai donné le nom de capsules sensitives et j'ai constaté qu'ils se trouvent non- seulement sur les segments, mais aussi le long du bord antérieur de la tête et sur les deux premiers articles de la tige des antennes supérieures. La capsule, située au- dessous de l'enveloppe chitineuse, est ovoïde, mince, transparente et ouverte à ses deux pôles. Par l'orifice externe sort un filament hyalin et homogène, qui est droit sur la plus grande partie de sa longueur, s’arque ensuite vers le bout et a son extrémité obliquement tron- quée. Une fine ligne foncée, indiquant probablement un sillon, commence près de son origine et va jusqu’à son extrémité distale. Aux ‘/, environ de la longueur du fila- “ment, c’est-à-dire au point où celui-ci commence à s’ar- DESCRIPTION DU NIPHARGUS PUTEANUS. 67 quer, et du côté convexe de la courbure, un filament beaucoup plus fin se détache du précédent à angle aigu. Ce filament secondaire, déjà très-ténu à sa naissance, de- vient bientôt excessivement grêle et quelquefois difficile à suivre. Sa longueur dépasse passablement celle du fila- ment principal. Quelquefois il n’existe que les parties que je viens de décrire; mais, dans d’autres cas, qui sont à ce que je crois les plus fréquents, la complication est un peu plus grande. Ainsi, il naît souvent deux ou trois fila- ments secondaires sur le principal. Jai représenté aussi un filament d'aspect assez particulier, saus sillon longitu- dinal et émettant de son extrémité six ou sept filaments secondaires, grêles dès leur origine et dont l’un est parti- culièrement allongé. Il m'est absolument impossible de rien préjuger sur les fonctions qu'ont ces capsules et leurs filaments, mais bien que je n'aie pas pu constater l’entrée d’un nerf dans leur intérieur, je pense qu’ils doivent avoir quelque fonc- tion sensitive. Les antennes portent plusieurs sortes d'organes sensi- * tifs. Outre les sotes sensilives qui sont organisées comme celles du Gammarus neglectus, si bien décrites par Sars, on y trouve des cylindres olfactifs, des capsules sensitives, des sotes olfactives et enfin ce que j'appelle les bätonnets hyalins. Ces derniers organes sont portés ordinairement par les articles de nombre pair, à partir du quatrième du fouet (var. Onesiensis) ou du sixième (var. Forelü) jus- qu’au seizième, Le dernier article porte aussi un bâtonnet mais celui-ci est beaucoup plus court que les autres et de forme plus trapue. Il est situé tont à fait à l'extrémité de l’article, comme les soies au milieu desquelles il se trouve. Les bâtonnets ont un diamètre assez uniforme sur AR IST ? nt APLO ETAT ere y CPR: Es 68 DESCRIPTION DU NIPHARGUS PUTEANUS. toute leur longueur, étant seulement un peu rétrécis dans leur région moyenne et légèrement renflés dans leur partie terminale. Leur extrémité est arrondie et. entièrement fermée. A leur base ils ont un diamètre égal à la moitié ou aux deux tiers de celui du pédoncule des cylindres olfactifs ; leur longueur n’égale pas tout à fait la moitié de celle de ces derniers organes. Ils sont entièrement pales, sans structure apparente; on n'y distingue pas de membrane d’enveloppe. Dirigés dans le même sens que les soies et les cylindres olfacufs, ils sont presque droits, présentant tout au plus une légère ondu- lation. La longueur de ces bâtonnets est-de 02,033 à 0,038 de longueur ; celui du dernier article n’a que de 0,008 à 0,018 de longueur. | Ces organes ressemblent tout à fait à ceux qui ont été figurés par Sars sur les articles de la tigelle extérieure des antennes supérieures de la Mysis oculata. Cet auteur les mentionne seulement comme « des appendices cylindri- ques particuliers, de nature très-tendre, qui se trouvent le long du bord interne de la première partie de cette ti- gelle. » Dans un mémoire sur les organes sensitifs des anten- nes chez différents Crustacés, Claus a figuré une antenne de la seconde paire chez une Cypris, dans laquelle le bord interne du 3" article porte un appendice spadiciforme allongé qui ressemble aussi beaucoup aux bâtonnets hyalins des Niphargus. Mais chez la Cypris, cet organe a dans la première moitié de sa longueur une paroi chitmi- sée d’une certaine épaisseur, et l’auteur dit que chez les adultes il est plus gros que chez les jeunes, chitinisé dans toute son étendue et ressemble alors davantage aux orga- nes de cette nature que l’on voit chez les insectes. DESCRIPTION DU NIPHARGUS PUTEANUS. 69 Je ne connais pas d’autres figures ou descriptions pou- vant se rapporter à ces organes. Îl est bien possible qu'ils aient été décrits dans un mémoire de Jarschinski' que je n'ai pas pu consulter et dont j'ai dû me contenter de reproduire le titre d'après le Zoological Record. Aux antennes inférieures on trouve aussi des soies sen- sitives, des bâtonnets hyalins et des soies auditives. Les organes buccaux et les pattes offrent des for- mes extrêmement variées de soies dont la disposition et le nombre m'ont présenté une constance remarquable dans les deux variétés étudiées comparativement. Ce n’est pas ici la place d’entrer dans plus de détails sur la structure de ces Crustacés. Je me contenterai, en terminant, de reproduire le paragraphe dans lequel j’ai traité de l'habitat du Niphargus du Léman et discuté le problème de l’origine de ces Crustacés qui habitent les . eaux privées de lumière. « Quelle est l’origine des Gammarides aveugles que l'on rencontre dans les puits, dans les cavernes, dans les profondeurs de la mer et des lacs? Tel est le problème qui ne peut manquer de s'imposer à l'esprit de tous ceux qui étudient ces Crustacés. Deux solutions différentes peuvent en être données. Dans la première on admet que ces animaux ont été créés tels qu'ils sont aujourd’hui parce que, étant destinés à vivre dans des lieux privés de lumière, ils n'avaient pas besoin d'organes visuels. Cette explication, ou pour mieux dire, cette réponse, naguère la seule admise, ne satisfait plus aujourd’hui qu’un bien * Jarschinski (F.), On the Leydigian organs of the antennæ of the Crustacea Amphipoda. — Premier congrès des naturalistes russes à St-Pétersbourg, 1868. 4°, pages 311-318 (Ecrit en russe). 'v3 . 70 DESCRIPTION DU NIPHARGUS PUTEAN HTSRENT petit nombre de naturalistes et l’on peut faire valoir eon- tre elle beaucoup d’arguments puissants. Il me suffira d’en citer un seul: c’est le fait que d’autres animaux vi- vant dans les mêmes conditions d’obscurité sont pourvus d'yeux parfaitement organisés. Ainsi, certains Gammarus du lac Baïkal habitant entre 50 et 500 mètres ontles yeux bien constitués et pourvus de pigment noir. Les Munida que l’on drague dans la mer, à des profondeurs de 4000 à 1200 mètres et plus, ont les yeux exceptionnellement développés et paraissant extrêmement sensibles. Les Gna- thophausia draguées par les naturalistes du « Challenger» entre 1830 et 4020 mètres ont des yeux pédonculés nor- maux et en outre un Œ@il accessoire sur chacune des maxilles de la seconde paire. L'autre solution, se basant sur la théorie du transfor- misme, admet que ces êtres aveugles proviennent d'ancé- tres pourvus d’yeux qui ont perdu peu à peu, par l'in- fluence du manque d'usage, ces organes devenus inutiles. Une des meilleures preuves en faveur de cette manière de voir peut être tirée des transilions que nous observons dans certaines espèces. Chez quelques Gammarides du lac Baïkal on peut constater une tendance des organes visuels à devenir moins parfaits à mesure que l'animal habite des profondeurs plus considérables. Citons, comme exemple, les Gammarus Ussolzewii (var. abyssorum) et G. Borowskü (var. dichrous, subvar. abyssalis). Mais cette explication transformiste, qui est généralement ac- ceptée aujourd’hui et qui me paraît être la vraie, ne nous donne pas le dernier mot du problème. On peut se de- mander entre autres, à propos de telle ou telle espèce aveugle, si son origine remonte à une époque très-an- cienne ou si elle est relativement récente, si elle provient DESCRIPTION DU NIPHARGUS PUTEANUS. 71 de formes éteintes ou de formes existant encore aujour- d’hui ? Ces questions ont été quelquefois tranchées d’un trait de plume et cela a été, entre autres, le cas pour les Niphargus des cavernes et des puits. Le problème se pré- sente cependant d’une manière assez complexe et me pa- raîit exiger un plus grand nombre d’observations que l’on n’en possède jusqu'à présent pour pouvoir être considéré comme complètement résolu. Je crois même qu’il est im- possible d'arriver aujourd'hui à rien de précis sur l'ori- gine des Niphargus ; on peut seulement avoir la préten- tion d'indiquer des probabilités et de déblayer le terrain en faisant disparaître certaines idées fausses. Le Niphargus du Léman vit à une profondeur de 30 à 300 mètres. Or, d’après les observations de M, Forel‘ l’action chimique des rayons solaires dans les eaux du lac cesse de se faire sentir en été au-dessous de 40 ou 90" et en hiver au-dessous de 80 ou 100%, Par consé- quent, bien qu’habitant une nappe d’eau découverte, ce Crustacé se trouve soumis, dans la plus grande partie de la zone qu'il occupe, aux mêmes conditions d’obscurité ‘ que ses congénères enfermés dans les puits ou les caver- nes. On semble donc être en droit de conclure que c’est sous l'influence de ce milieu obscur que notre espèce a perdu sés organes visuels. C’est cette explication qui a été proposée par les naturalistes qui ont cherché à se rendre compte de l’origine des Niphargus des puits et des cavernes. Quelques-uns sont même allés plus loin et ont voulu les faire dériver directement du Gammarus pulex. Je ne puis partager cette dernière manière de voir qui F.-A. Forel, Recherches photographiques sur la transparence de l’eau. Bulletin de la Societé vaudoise des Sciences naturelles, 2 série, vol. XIII, 1874, n° 72, p. 24. 12 DESCRIPTION DU NIPHARGUS PUTEANUS. ENTRER, L me parait d’un Darwinisme étroit et je pense que, tant pour le Niphargus du Léman que pour ceux des au- tres lieux obscurs, il y a de fortes raisons à faire valoir contre cette théorie du G. pulex se transformant partout en Crangonyx et en Niphargus. Voici les principales de ces objections : 1° Autant que nous le savons jusqu’à présent le G. pu- lex ne descend qu’à une faible profondeur au-dessous de la surface et il existe une zone dépourvue de Gammarides s'étendant entre le niveau inférieur auquel on cesse de trouver le G. pulex et le niveau supérieur qu’atteint le Niphargus. Ce fait serait bien difficile à expliquer si le Niphargus provenait du G. pulex. On devrait au contraire dans ce cas, trouver des représentants de cette dernière espèce à toutes les profondeurs et même rencontrer des individus établissant des passages entre une des formes et l’autre. 2° Si les Niphargus provenaient du G. pulex et avaient dans leur jeune àge, comme le prétend M. de Rougemont, la forme du Crangonyx sublerraneus, nous nous trouve- rious en présence de faits complétement opposés aux lois générales du développement. On sait, en effet, que les ca- ractères qui séparent deux représentants d’un même groupe sont moins marqués dans le jeune àge que dans l’âge adulte. Des formes qui se ressemblent pendant les premières phases de leur développement, peuvent diver- ger ensuite d’une manière très-frappante. Cette loi em- bryogénique et phylogénique se vérifie tout particulière- ment chez les Crustacés où des affinités, très-marquées chez les larves, disparaissent presque complétement chez l'animal adulte. Or, que voyons-nous dans les Gamma- rides qui nous occupent ? + DR SX Que D MEN NAS 7 +2 DESCRIPTION DU NIPHARGUS PUTEANUS. 73 Chez les Gammarus proprement dits la dernière paire de pattes sauteuses est birameuse ; le Gammarus pulex à même les deux rameaux presque égaux. Les Niphargus ont ces rameaux très-inégaux, mais ils existent encore tous deux. Chez les Crangonyx, au contraire, il n’y a plus qu’un seul rameau. Les Crangonyx représentent donc, sous ce rapport, un type plus éloigné du Gamma- rus pulex que ne le sontles Niphargus. On comprendrait donc un développement dans lequel le second rameau hérité de l'ancêtre existerait pendant le jeune àge et dis- paraïitrait ensuite, par atrophie, dans un àge plus avancé ; en d’autres termes, une phase de Niphargus arrivant en- suite à l’état de Crangonyx. L’inverse, c’est-à-dire une métamorphose du genre de celle qu'a observé M. de Rougemont, nous parait en désaccord avec tout ce que nous connaissons des métamorphoses des Crustacés. Le même renversement anomal des lois du dévelop- pement se remarquerait à propos du telson qui est dou- ble chez les Gammarus, d’une seule pièce, mais profon- dément fendu chez les Niphargus, et tout à fait entier chez les Crangonyx. En adoptant la théorie de M. de Rougemont, il faudrait donc encore admettre ici que les Niphargus diffèrent davantage pendant leur jeune àge du Gammarus pulex dont ils proviennent qu'ils n’en dif- fèrent à l’état adulte. 3° Si l’on considère les Eriopis comme devant être réuni aux Niphargus, on a de la peine à comprendre comment ces Gammarides marins seraient provenus du Gammarus pulex des eaux douces et se trouveraient dans la mer du Nord et dans la mer Noire. 4° Nous voyons les Niphargus répandus dans les eaux privées de lumière d’une grande partie de l'Europe, 74 DESCRIPTION DU NIPHARGUS PUTEANUS. aussi bien dans les puits et dans les cavernes que dans le fond des lacs. D’autre part, dans le lac Baïkal, si bien exploré par M. Dybowsky qui y a trouvé 97 espèces de Gammarides, parmi lesquels on compte le Gammarus pulex, il ne paraît exister aucune espèce de Niphargus ‘. Cet immense lac offre cependant des profondeurs bien plus considérables que celles du lac Léman et du lac de Neuchâtel], et les rayons solaires, plus obliques en Sibérie qu'en Suisse, doivent y faire sentir leur action encore . moins profondément que dans nos eaux. Ajoutons que le nombre surprenant des espèces qui habitent le Baïkal et la variété de leurs formes tendraient à faire supposer que cette vaste nappe d’eau à une faune plus ancienne que celle des lacs de la Suisse et que les causes modificatrices ont eu, par conséquent, plus de temps pour y agir sur les espèces. Ces diverses considérations me font croire que les Ni- phargus sont un genre ancien qui descend d’une forme aujourd’hui éteinte, comme c’est évidemment le cas pour le Protée, les Leptoderus, les Anophthalmus, etc. Quant à la question de savoir si les Niphargus des lacs sont des colonies provenant des animaux du même genre qui ha- bitent les eaux souterraines ou si c’est l’inverse qui a eu lieu, elle est difficile à résoudre et même la solution en est complexe. En admettant que le genre Niphargus ait apparu avant l’époque glaciaire, il est impossible de rien dire sur son premier lieu d’origine. Mais, en ne prenant pas la question de si haut et en ne considérant que la faune actuelle, je serais disposé à croire que nos Niphar- 1 On connaît un Crangonyx provenant des eaux souterraines du Kamtschatka. DESCRIPTION DU NIPHARGUS PUTEANUS. 75 gus des lacs suisses sont provenus de ceux qui habitent les eaux souterraines. Arrivés dans les lacs, ils se seraient acclimatés dans les profondeurs où se trouve l'obscurité qu'ils recherchent. Dans cette zone plus ou moins com- plétement obscure, ils se sont trouvés dans des conditions qui leur permettaient d'exister tandis que dans la zone éclairée ils n'auraient pas pu échapper à leurs ennemis et soutenir la concurrence contre leurs collègues pourvus d'organes visuels. En considérant les dimensions plus grandes qu’atteignent les formes vivant dans les puits, il semble que celles des lacs, bien qu'habitant des eaux plus vastes, se trouvent dans des conditions moins favorables à leur développement et sont en quelque sorte atrophiées. » SA EAN Le À NS SR A NULS ET TEEN PETER Va EC ET Det £ : 3 Ware SUR QUELQUES RECHERCHES FAITES DANS LE LABORATOIRE DE PHYSIOLOGIE DE GENÈVE Communiqué par M. le professeur SCHIFF, Le laboratoire de physiologie de Genève fait partie de la nouvelle École de Médecine et a été fondé avec cette dernière dans la seconde moitié de l’année passée. Les localités sont excellentes, l'installation est bonne, mais le temps et l’occasion nous ont manqué pour pourvoir le nouveau laboratoire de tous les appareils importants dans l’étude de la physiologie moderne. Cependant nous avons déjà pu nous en procurer un bon nombre qui nous ônt permis, dans les derniers mois de l’année passée, de con- tinuer quelques recherches expérimentales déjà commen- cées dans le laboratoire de Florence et d’en faire quelques nouvelles, Une série de ces recherches nouvelles à été faite par M. Lautenbach, un jeune médecin américain très-distingué, qui est venu à Genève pour se perfection- ner dans l'étude de la physiologie expérimentale. Nos re- cherches originales et en grande partie celles de M. Lau- tenbach ont été faites en collaboration avec M. Darier, notre préparateur, dont le zèle nous a surtout facilité les travaux nécessaires pour l’installation du laboratoire. RECHERCHES DANS LE LABORATOIRE DE PHYSIOLOGIE. 77 Nous allons passer en revue les expériences qui nous ont principalement occupés dans le courant des mois pas- sés. Il Formation de la pepsine avant et après Ia mort, Par M. le professeur SCHIFF. Des recherches dont nous avions donné un aperçu dans la Nazione de 1872 et qui ont été continuées depuis, au- tant que nous avons pu disposer de chiens convenables (et ces expériences commencées sur des chiens ne peu- vent être continuées que sur la même espèce animale, et il en faut des individus vigoureux et en bonne santé) font supposer que le principe actif de la digestion stomacale, la pepsine, ne se forme pas seulement pendant la vie, mais que sa quantité, mesurée par sa puissance digeslive, aug- mente encore considérablement après la mort, si l’esto- mac se trouve en infusion dans une quantité suffisante d’eau acidulée. Cette augmentation peut durer jusqu’à deux ou trois semaines après la mort. Un estomac qui, dans les meilleu- res conditions pour la digestion, pouvait dissoudre le pre- mier jour après la mort, et dans une infusion de 200 à 400 centimètres cubes d’eau acidulée, 80 à 90 grammes d’albumine cuite (quantité calculée d’après le pouvoir dissolvant d’une petite portion de l'infusion, qui fat rem- placée par une quantité égale d’eau acidulée), pouvait dissoudre dans la troisième semaine, avec une quantité d’eau proportionnelle à l'augmentation du pouvoir diges- tif, jusqu’à la quantité presque inouïe de 60 à 75 kilo- grammes d’albumine. 4 A8 PE RS PER US TE PI ARR LT Ter FRA AS a ei Le 78 QUELQUES RECHERCHES DANS LE LABORATOIRE Cette augmentation pouvait venir ou de ce que la pep- | sine, encore contenue dans les cellules stomacales, se dis- sout très-lentement et difficilement dans l’eau acidulée, ou parce que la totalité de la pepsine active ne se trouve pas encore formée au moment de la mort, et ne se forme que lentement dans l’infusion, par une espèce de décom- position cadavérique d’une autre substance (propepsine) préformée dans l’intérieur de l'estomac. La première supposition, qui attribuerait l'augmentation du pouvoir digestif observée dans l’infusion à la difficile solubilité de la pepsine préformée n’est pas soutenable. Une partie des faits qui sont contraires à cette supposition se trouvent déjà exposées dans mes publications anté- rieures et plusieurs observations que j'aurai à communi- quer dans la suite de cet article sont incompatibles avec une telle hypothèse. Nous sommes donc forcés d'admet- - tre la seconde supposition, qui regarde la vraie pepsine active du suc gastrique comme le produit de la décompo- sition ou d’une modification chimique d’une autre sub- stance, qui se trouve toujours déposée dans les glandes stomacales, et qui se transforme en véritable pepsine, ou pendant la vie sous l'influence de la présence dans le sang de certaines substances que j'avais désignées comme peptogènes, où après la mort en présence de l’eau ou d’un acide dilué. Ce ne serait pas le seul cas en physiologie dans lequel la décomposition cadavérique produirait la même modifi- cation chimique que le maximum de l’activité pendant la vie. L'observation nous avait montré depuis longtemps que pendant la vie, après que la pepsine était usée par un repas copieux, celle-ci manquait dans l’estomac. Des frag- DE PHYSIOLOGIE DE GENÈVE. 79 ments d’albumine, introduits par une fistule stomacale, n'étaient pas digérés pendant plusieurs heures de suite. Ces fragments, malgré que la secrétion stomacale fût acide, se conservaient intacts dans l’estomac jusqu’à ce qu’une nouvelle absorption de substances peptogènes produisit une nouvelle quantité de pepsine active. Cette absorption pouvait être provoquée ou par l'injection des peptogènes dans l'estomac ou dans le rectum, dans le tissu cellulaire ou directement dans le sang. Dans ces derniers temps, nous avons encore répété ces expériences, qui ont trouvé des contradicteurs, nous les avons répétées dans la leçon et dans le laboratoire en présence des élèves et de beau- coup de médecins, nous les avons fait répéter par nos élèves dans des séries prolongées d'observations ; jamais ces résultats ne nous ont fait défaut, bien que quelquefois, si le repas préparatoire était ou insuffisant ou n'était pas encore entièrement digéré au moment de l'introduction de l’albumine, celle-ci après 5 ou 6 heures eût encore montré un faible commencement de digestion, une faible diminution, qui cependant disparaissait vis-à-vis de l’ex- périence de contrôle, dans laquelle Le chien, qui pouvait absorber des peptogènes, eut digéré le tout ou presque le tout. Et plusieurs fois j'ai eu l’occasion de montrer de nouveau, que si l’on ne fait pas l'expérience dans les pre- mières 6 ou 8 heures après la fin de la digestion du repas préparatoire, si on attend jusqu’à ce que l’animal à jeun arrive à un certain degré de l’aulodigestion, il se forme de nouveau dans l'estomac une certaine quantité de pep- sine active. J’ai déjà dit dans ma première publication que cette pepsine, qui vient des peptogènes de l’autodigestion et dont la formation commence à peu près à la 20% heure de l’expérience, peut, par l'influence d’une abstinence ts 80 QUELQUES RECHERCHES DANS LE LABORATOIRE prolongée, s’accumuler dans l’estomac jusqu'à un degré qui le rend plus riche en pepsine que ne l’est ordinaire- ment l'estomac pendant la digestion. Cette observation a été répétée dans mes leçons publiées sur la physiologie de la digestion, parce que je l’ai toujours regardée comme un appui et une conséquence inévitable de ma manière de voir. Et néanmoins il y a des auteurs qui osent invo- quer ce fait contre ce qu’ils appellent ma « théorie » et qui veulent faire croire que si j'avais connu ce fait, j'au- rais peut-être modifié mes vues sur la sécrétion de la pepsine. Au lieu de faire l'expérience directe dans la fistule sto- macale de l'animal vivant, j'avais autrefois recommandé encore une autre méthode, pour s'assurer de l'influence de l’absorption des peptogènes sur la quantité de pepsine disponible dans l'estomac. On prend deux thiens dans des conditions égales et après la fin de la digestion d’un re- pas préparatoire très-abondant, on donne au premier des peptogènes pendant que le second reste sans absorption. On les tue rapidement (par la section du bulbe rhachi- dien), après # à 6 heures on s'assure encore une fois que dans le second chien il n’y a pas d'absorption ni de lym- phatiques blancs, et l’on fait l’infusion des deux estomacs, préalablement bien lavés, avec 100 à 200 grammes d’eau acidulée, L’infusion reste à peu près 40 minutes à l’étuve ou pendant un temps proportionnel à la température am- biante, puis on la filtre et après avoir augmentée conve- nablement l'acide, de sorte que le degré d’acidité est le méme dans les deux infusions, on en examine le pouvoir digestif, On trouve de cette manière que le chien qui avait reçu les peptogènes digère (calculé pour la totalité de Ÿ. POSE. : HMS LES 2 Swt DE PHYSIOLOGIE DE GENÈVE. 81 l'infusion) 70 à 100 grammes d’albumine cuite, l’autre chien digère beaucoup moins et à peine le tiers. Je reviendrai plus tard sur ces faits pour examiner s’ils sont constants et pourquoi leur reproduction n’a pas réussi dans la main de plusieurs expérimentateurs. Pour le moment, je veux m'en servir pour élucider un autre point. Les séries d'observations faites dans la fistule de l’es- tomac vivant et cette dernière série sur la puissance di- gestive de l'estomac immédiatement après la mort, indi- quent que les estomacs des chiens qui n’avaient pas ab- sorbé des peptogènes depuis le dernier repas préparatoire contiennent beaucoup moins de pepsine active dans des conditions physiologiques. La différence est telle que la digestion se réduit presque ou complétement à zéro si on met des cubes d’albumine dans l’estomac vivant. Il était donc intéressant de voir si cette différence serait mainte- nue, si en augmentant la quantité d’eau acidulée et en at- tendant le temps convenable, on permettait à ces infusions de se saturer avec le maximum de pepsine qui pouvait être extraite de ces estomacs. Contrairement à ce que j'avais attendu, j’ai dû consta- ter que déjà le 4% jour de l’infusion (maintenue dans la température ambiante) le pouvoir digestif des deux séries d’estomacs était devenu égal, avant que j'eusse augmenté la quantité d’eau acidulée. J'ai quelquefois dû constater ce résultat singulier à la fin du second et pendant le troi- sième jour. Quand enfin le maximum était atteint, je ne le trouvais pas inférieur et souvent un peu supérieur pour les estomacs qui n’avaient pas absorbé. Ces faits contiennent une des preuves que ce n’est pas la lenteur et la difficulté de la solubilité de la pepsine sto- ARCHIVES, t. LVIIL — Janvier 1877. 6 ; ‘3 FA) TER : 82 QUELQUES RECHERCHES DANS LE BABORATOIRE macale active, qui nous aurait trompé, en nous donnant l’apparence d’une formation ou d’une métamorphose post- mortale de cette substance. Ceci soit dit en passant; dans une publication plus détaillée je développerai le raisonne- ment qui, appuyé sur ces faits, nous force à renoncer à plusieurs hypothèses qui pourraient se présenter, et qui essayeraient d'expliquer les faits d’une manière différente. On pourrait toutefois admettre que l’action des peptogè- nes ou de la décomposition se bornerait à changer l’état de solubilité d’une partie de la substance préformée, mais avec cette manière de voir on s’éloignerait très-peu de la nôtre, car un changement dans l’état de solubilité est toujours une modification chimique, bien qu’elle soit très- légère. Et on comprend que cette modification légère serait très-importante sous le point de vue physiologique, parce qu’elle change essentiellement les propriétés. du liquide. Pendant que nous étions occupé de ces recherches, MM. Grützner et Ebstein à Breslau', sans connaitre les faits que nous avions déjà publiés dans la Nazione, sont arrivés par d’autres faits à un résultat analogue, c’est-à-dire à admettre que la formation de la pepsine dans l'estomac est précédée par la formation d’un autre corps déposé dans les glandes stomacales et qui se transforme en pep- sine active. Cette transformation, selon ces auteurs, est favorisée par la décomposition, dans les acides et dans les solutions salines. La décomposition, selon eux, est empé- chée par la glycérine. Je n’ai pas d'expériences propres sur plusieurs de ces sels, mais, quant à la glycérine, elle m'a paru plutôt ralentir qu’empêcher la formation de la ! Pflügers Archiv, 1874, p. 136. DE PYSIOLOGIE DE GENÈVE. 83 pepsine active dans des estomacs qui en étaient privés. Je donnerai dans une autre occasion mes expériences sur ce sujet. La connaissance nouvellement acquise de la formation postmortale d’une quantité de pepsine active dans les li- quides acidulés justifie complétement les règles que, ap- puyé sur une longue série d'expériences, j'avais données pour l’infusion de l'estomac dans les cas où il s’agit de prouver l'influence de l'absorption de substances pep- togènes et explique pourquoi certains auteurs, qui n’ont pas suivi ces règles, qui notamment ont fait digérer à l’é- tuve l'infusion pendant plusieurs heures, ou qui ont trop tardé de s’en servir, ont pu arriver à des résultats con- traires, en trouvant beaucoup plus de pepsine que le ma- ximum que j'avais indiqué pour les estomacs non saturés. Mais, même en suivant ces règles, on n’est pas toujours à l'abri de l’erreur, et de la pepsine active peut se former pendant le temps de l’infusion et plus encore pendant la digestion de l’albumine dans le liquide acide. Moi-même, j'ai été pendant quelque temps dupe de ces erreurs. Malgré les contradictions de quelques auteurs, qui se sont servi pour la fistule d’une méthode différente de la mienne, les expériences sur l'estomac vivant m'ont tou- jours très-bien réussi et ont donné des résultats identiques dans toutes les localités, toutes les conditions. Bien que ces observations directes et immédiates sur l'organisme dans ses conditions physiologiques aient toujours été l’ap- pui principal de ma doctrine et aient suffi pour la défen- dre, j'ai voulu répéter dans le nouveau laboratoire phy- siologique de Florence les expériences sur l’infusion de l'estomac, qui avaient donné des résultats si tranchés à Berne et dans les premières années de mon séjour à Flo- M UMAEIS.. VONT, Ex l'E de at EE PONT OP L CAE, CEA AE UP » 84 QUELQUES RECHERCHES DANS LE LABORATOIRE rence, où je me servais pour l’infusion de l’eau du jardin botanique. Le résultat d’une nouvelle série d'expériences, dans lesquelles je me servais de l’eau plus pure et salu- bre de la nouvelle canalisation qui existe depuis peu à Flo- rence, me parut donner un démenti complet el ne corres- pondait nullement à mes prévisions. Îl y avait toujours plus de pepsine que je n’en attendais, et généralement il n’y avait qu'une différence insignifiante ou nulle entre les estomacs qui avaient absorbé des peptogènes et les autres. C'était le résultat obtenu par les adversaires de la doc- trine peptogénique. Au commencement, je répétai mes expériences pour m'assurer davantage des conditions ex- périmentales. Je me trouvai toujours battu par moi-mé- me jusqu’à ce que la découverte de la formation postmor- tale de la pepsine m'’eût donné la clef de cette contra- diction étrange. C’était l’eau plus pure, moins empreinte de substances salines, qui avait favorisé la décomposition de la propepsine. Le changement de l’eau était une des circonstances à laquelle j'avais à peine pensé pendant que je m'épuisais en conjectures. L'eau de Genève partage sous ce point de vue les propriétés de l’eau des nouveaux conduits de Florence. Une infusion stomacale, tenue à l’étuve avec cette eau, se charge déjà de pepsine nouvellement formée en moins d’une demi-heure. Pour justifier mes soupçons et pour me mettre à l'abri contre les insuccès, je devais donc chercher une substance qui, ajoutée à l’eau, pût empêcher la dé- composition de la propepsine sans préjuger l'action de la pepsine déjà formée. J'essayai en premier lieu le borate de soude et j'arrivai bien à limiter la décomposition pen- dant l'infusion avec une solution de 1 ‘/, */, de cette &ubstance non acidifiée, mais pendant la digestion avec DE PHYSIOLOGIE DE GENÈVE. 89 l’albumine je dus m'aperçevoir que l’action physiologi- que de la pepsine en avait bien souffert une diminution notable. Néanmoins, mettant les deux estomacs dans les mêmes conditions, je vis apparaître de nouveau la prédo- minance digestive de celui qui avait absorbé. Mais il n’y avait qu'une prédominance, il s'était formé un peu de pep- sine nouvelle pendant la digestion. J’essayai le phosphate acide de chaux qui ajouté à l'eau de l'infusion à la dose de 1 ‘/, °/, empêchait la transformation jusqu'à un certain degré, mais incomplé- tement. Le chlorure de sodium était un peu supérieur, mais enfin je trouvai dans le carbonate simple de soude crystallisé à 1 ‘/, °/,, que M. Heidenhain avait employé pour empêcher la fermentation dans le pancréas, un sel qui correspondait beaucoup mieux que les autres. L’estomac lavé est infusé avec un sel, après le temps convenable on décante 20 c, cubes de l’infusion, on la neutralise exacte- ment avec H CI. on filtre et on ajoute au liquide filtré encore de l’eau acidulée avec H CI. jusqu’à l'acidité con- venable, et absolument égale pour les deux infusions qu’on veut comparer entre elles. La digestion dans l’étuve avec de l’albumine montre plus que les autres sels employés une grande supériorité de l’estomac qui a absorbé, bien que les différences que l’on obtient. et les quantités abso- lues d’albumine qui se digèrent dans les deux flacons, soient moindres que celles que nous donnait la méthode ordinaire sans addition de sel. La diminution de l’action absolue de la pepsine ne peut pas venir en considération, puisqu'elle est la même pour les deux flacons. Nous avons fait d’après cette méthode une série d'expériences, nous avons examiné l’action d’autres sels, qui n’était pas plus complète, et nous nous sommes persuadés qu’en tenant 7 86 QUELQUES RECHERCHES DANS LE LABORATOIRE compte des erreurs possibles et en les prévenant par la voie indiquée, la méthode de l’infusion peut servir à ré- futer quelques objections qu’on pourrait formuler contre les expériences avec la fistule stomacale, mais que pour démontrer les faits qui font l’objet de ce mémoire, la mé- thode de la fistule est la plus évidente, la plus simple, la plus immédiate et la plus naturelle. Encore pendant ce mois de janvier nous tenons dans le laboratoire un de nos chiens avec une large fistule stomacale, pour donner l'oc- casion aux élèves et aux médecins qui suivent nOS Cours, de répéter les expériences et de se persuader par eux- mêmes de l'exactitude et de la constance des faits indi- qués dans ce mémoire. Avant d'exposer le résultat d’autres recherches qui ap- partiennent plus particulièrement à notre nouveau labo- ratoire je laisse la parole à M. Lautenbach pour une com- munication sur une série d'expériences qui forment, pour ainsi dire, la continuation de recherches que nous avions déjà commencées à Berne et continuées à Florence et qui ont été le sujet de longues discussions. IL s’agit de l’in- fluence exercée par un courant galvanique constant qui parcourt un trajet limité d’un nerf sur l'effet d’une irrita- tion qui est faite sur un autre point du même nerf. Cette nouvelle série de recherches, commencées à Ge- nève, se distingue des précédentes, et surtout de la der- nière que j'ai publiée en commun avec M. Alexandre Hertzen : 1° En ce que, toutes les grenouilles mises en ex- périence ne se trouvaient en captivité que depuis très-peu de temps. 2° En ce que la plupart des grenouilles appar- tenaient à l’espèce R. temporaria pendant qu’à Florence nous nous sommes servis exclusivement de la À. escu- lenta. Par ce point en apparence insignifiant on s’approche DE PHYSIOLOGIE DE GENÈVE. 87 d'avantage des conditions dans lesquelles se trouvaientles expérimentateurs allemands qui sont arrivés à des résul- tats qui nous ont toujours paru trop exclusifs. 3° En ce qu’on a pu se garantir par des expériences de contrôle contre certaines sources d'erreur que j'ai signalées dans le Nuovo Cimento dans un mémoire intitulé « Sulla po- larità secondaria » et qui est postérieur à notre travail en commun avec M. Hertzen. 4° En ce qu’on a pu mieux se garantir contre l’excitation unipolaire. 5° En ce que pour éviter autant que possible les inégalités dans le temps variable de fermeture du couraut irritant, et pour donner à la courbe de la fermeture toujours la même forme, on s’est servi pour fermer le courant de la chute d’un corps pesant de la même hauteur. C’est ce qu'avait déjà fait Pflüger en se servant d'un appareil électro-magnétique avec fermeture en mercure. Nous avons cru devoir nous méfier de légalité d’une fermeture par une pointe qui tombe dans le mercure et nous nous sommes servis d’un contact de platine. Un levier pesant qui se meut dans une charnière et qui tombe toujours de la même hauteur au moment où on lui retire son appui, porte une pointe de platine qui tombe sur une lame du même métal. Les trem- blements sont exclus. Enfin, 6° Au lieu du rhéostat liquide nous nous sommes servis d’un rhéocorde métallique à bouchons, imité d’un modèle dont se servait Magnus à Berlin, et qui prend beaucoup moins de place que le rhéocorde à bouchons qui est généralement en usage. Le rhéocorde servait ordinairement comme dérivation du courant, les cas exceptionnels dans lesquels il servait comme résistance seront signalés particulièrement. 88 QUELQUES RECHERCHES DANS LE LABORATOIRE IT Note sur l'effet de l’irritation d’un nerf par- couru par un courant constant, Par M. le Dr B.-F. LANTENBACH. Nobili ‘ et Matteucci * ont montré depuis longtemps qu’un nerf parcouru par un courant constant ne répond pas à uneirritation faite soit au-dessus soit au-dessous de la portion parcourue par le courant. Valentin * et Eck- hard “ ont les premiers éclairci cette question par leur consciencieuse méthode; mais ils n’ont employé dans leurs expériences que des courants très-intenses. D’après ces auteurs l’irritation est diminuée aussi bien dans le voisi- nage du pôle positif que dans celui du pôle négatif. Pflüger *, se servant de courants plus faibles, a trouvé que dans le voisinage du pôle négatif du courant constant l'irritabilité du nerf est plus grande. Pour le pôle positif c’est le contraire qui a lieu. M. Schiff® fut le premier qui fit une opposition sérieuse aux théories de Pflüger. Il trouva qu'un nerf donne les résultats obtenus par Pflüger, seulement au commence- ment ; plus tard il donne des résultats contraires. Dans d’autres expériences il obtint toujours une diminution de l'irritabilité du côté du pôle négatif, et le contraire au po- Sitif. 1 Annales de chimie et de phys., mai 1850. ? Essais. 8 Lehrbuch der Phys. Bd. II. 4 Beiträge z. Anat. und Phys. Hefñ I, 1855, etc. 5 Physiol. d. Electrotonus, 1859, etc. 5 Lehrb. d. Physiol., 1859. JA m4 à di Les + ete RS MST DE PHYSIOLOGIE DE GENÈVE. 89 Plus tard, Monk‘ observa que la contraction d’un muscle, dont le nerf est soumis à une irritation, est plus forte si ce nerf est parcouru par un courant polarisant de même direction que le courant irritant. Mais si les deux courants sont dirigés en sens contraire, la hauteur de la contraction musculaire est moins considérable. Valentin, dans de nouvelles expériences, a vu que, avec des courants faibles, il y avait une augmentation de l’excitabilité par la proximité des deux pôles indifférem- ment. Toutes les observations de ces deux auteurs, ainsi que celles plus récentes de MM. Schiff et Herzen *, semblent être restées dans l’oubli, et l’on trouve partout, aujour- d'hui encore, les conclusions de Pflüger énoncées sous forme de Lois. Et M. Wundt*, lui-même, qui accepte ces lois, parle d’une augmentation d’excitabilité du côté de l’anode, ce qui est en flagrante contradiction avec les expériences de Pflüger. Dans nos expériences, le courant irritant était toujours appliqué plus près du muscle que ne l'était le courant constant (polarisant). La distance entre les deux pôles, soit du courant constant soit du courant induit, était de 4 à 6 millimètres, et la distance qui séparait les deux cou- rants élait de 5 à 11 millimètres. La première partie de ces expériences (environ 90) fut faite seulement pour examiner la question ; mais avec des courants irritants minima, avec le pôle négatif plus près de l’extrémité périphérique du nerf. : Moleschotts Unters. 1867. ? Unters. z. Mechanik der Nerven, etc. p. 34-35. * Archiv f. Anat. und Physiol. 1866. & O1 © © © © © © DO NO Hi Mi Hi Hi 9 © & ND ND © h © © © N h © © © © © HN D D © © & & Où © © © NO En Hi Hi bi bi NO bi © Qt ot IRRITATION SANS POLARISATION ot O1 O1 © C9 RO C9 H> Co OM © © D HR Où Où Où O1 O1 | © © © © © © Où O1 Hi Hi Co Où Où Où QU Qt Irritation avec Polarisation. Polarisat. ascend. | Polarisat. descend. ot X WUWMMUN|OMHES © ot O1 O1 C9 C9 RO C9 Hà Co © D © BR C0 BR BR BR O1 O1 O1 On | Où O1 Où Où Où O1 Où O1 Où Ot Où O1 Où C1 Observations Expérience 1 Les chiffres représentent la hauteur de la contraction musculaire Expérience 2 Expérience 3 Irrit., 2 élém. Rhéoc. 3167 c. Polaris., 2 élém. Irrit., 2 élém. Expérience 4 Polaris., 3 élém. Irritat., 2 élém. Rhéoc., 3167 c. » 2903 c. » 8058 c. » 2955 c. Expérience 5 Polaris., 2 élém. Irritat., 2 élém. Rhéoc., 3197 c. » 83058 c. Rhéoc., 2955 c. » 2849 0e, » 2728 c. » 2728 c. Œr EUR f A 750 RECHERCHES DANS LE LABORATOIRE DE PHYSIOLOGIE. 91 Nous sommes donc forcés de conclure que : les résul- tats de Pflüger ne sont pas aussi absolus que le croient beaucoup d’auteurs. Un courant polarisant descendant produit habituellement une augmentation d’excitabilité au- dessous de son point d'application; mais d’autres fois c’est une diminution qui a lieu, ou même aucun effet n’est vi- sible. Dans la majorité des expériences faites avec un cou- rant polarisant ascendant on obtient une augmentation de l’excitabilité. Les mêmes résultats ont été obtenus avec des irrita- _tions chimiques du nerf (solution de chlorure de sodium, elc., etc.). Trouvant dans un grand nombre de nos expériences, de même que MM. Schiff et Hertzen, que l'effet du courant polarisant varie avec l'intensité du courant irritant, nous avons fait une nouvelle série d'expériences pour éclaircir ce sujet. Commençant avec des courants minima, nous trou- vàmes d’abord les derniers résultats de Valentin; puis avec un Courant un peu plus fort, ceux de Pflüger, et enfin les résultats de Eckhard. Le courant polarisant ne pourrait-il pas avoir aussi un effet, variant avec son intensité ? C’est ce que l’expérience nous à montré. 97 expériences nous donnèrent sans exception une confirmation de la thèse précédente. Voici quelques exemples. - Nous publierons plus tard la série complète, en décri- vant en détail la méthode que nous avons suivie, r'et QUELQUES RECHERCHES DANS LE LABORA {rritation sans polarisation || Irritation avec polarisation EE EE . (E : Intensité Hauteur Intensité “Hauteur || Observations || du de La du de la courant. contraction|| courant constant. contraction, | centim. mm. centim. mm. | QUES Expérience 1 | : 1 Daniell. Courant pola- 1 Daniell. 6 Rond 458 6.2, | sage + gré Courant irri- 19.5 RU RC 6.1 22.8 Rhéoc. 83 5.8 14.2 6 224 13,8 20.2 Rhéoc. 48 4 8 21.4 6.6 20.8 6.4 21.3 Rhéoc. 53 20.2 : 6.2 19 2 16.6 LE Me: 6.2 Rhéoc. 33 14 8 À 20.6 13 9 15,4 3-5 14.1 12.1 15.8 Rhéoc. 56 14 14.8 16 15.4 9 14.2 13.8 10.8 1 Daniell. 12.8 1.9 12,6 4.2 13.3 48 13 31144 CR RAPTEE TE Expérience 2 Dariell. 16.1 || 1 Daniell. 29.2 Rhéoc. 691 “he | Rhéoc. 38 mn à Courant polari- Le : 24 3 sant descend‘ 5.5 11 Courant irri- 1 2. 2 14.5 tant descend‘ 4 Rhéoc. 1308 3.8 | 3.8 3.8 | 3.8 83.8: || 428 Rhéoc. 1214 Î 4,2 | . © D 2.1 | (9) 51 | 0 Le 2 21207 Age LT LA 0 0 PE Mes RE n es DE PHYSIOLOGIE DE GENÈVE, Irritation sans polarisation EE Intensité Hauteur du de la courant contraction centim. mm. Rhéoc. 1009 | 1.6 10.1 T2 8.2 29.9 29 9,1 8 Rhéoc. 789 3.2 2.6 6.5 4 DEL Rhéoc. 691 9 5.8 2 10.1 (0) 0 Rhéoc. 488 4 3.6 ñ 3.6 7.2 Rhéoc. 223 4 1 4 Rhéoc. 186 3.0 90 3.8 3.9 1 Damiell. 8.7 9.0 18.9 16.1 9 15.5 8.2 12.1 21 81.1 10 Irritation avec polarisation — Intensité Hauteur du de la courant constant |contraction centim. Ë co co HhHH OO © m1 © D © OOrBOCOCO . en atpée C0 1 O0 CO CO ARE œ E HE H © Qt O1 D BERER BowEz H O2 & D © [er] H h ND © I ® D © © Rhéoc. 88 O1 © O1 oo k ND © N D NH Rhéoc. 88 © O0 N NN ND 93 Observations rritation saus polarisation || Irritation avec polarisation D ES RE Intensité Hauteur Intensité Hauteur || Observations du de la du de la courant contraction|| courant constant |contraction centim, 2 Daniell. 14.1 7.5 31 7: 2 Rhéoc. 48 10.3 12.1 14.3 14.1 Rhéoc. 56 22.1 7.6 13 4 pL5 Rhéoc. 53 3.2 3.2 3:2 Rhéoc. 48 8.4 8 DL 1 Daniell. DL 7.4 8 7.1 3 7 2 Rhéoc. 50 2,5 7.1 DL 7.2 2 12 Expérience 3 1 Daniell. 1 Daniell. te Rhéoc. ge DE Courant polari- 49 : se en ourant 1TT1- Dur Rhéoc. 48 5.1 tant descend* Del 0.1 5j | 5 Rhéoc. 43 9 5,8 10.1 6 10.1 49 11.9 5 4 1 L £ : Courant polari- 1 6. 1 sant descend‘ de la contraction! centim. BE Hauteur Dm «wo T I OO I I I I 1 M > © O1 w co IN D Ot «I O OO O O J D C9 HA O1 Ha OOOoOUUE 1 H Hi He He > O9 À wo > O1 HN M Go On + bo OO OR M Irritation avec polarisation | NN Intensité d u courant constant |contraction cenfim. mm, 7.3 Rhéoc. 28 O D O1 GO HA © O0 à O1 © H © © O O1 =I = =J = CHEN Rhéoc. 18 co O1 9 O1 Où Où Où OÙ «I HA D Rhéoc. Où I À -J N H © O O1 = © Où HA " mn EP « 4 1€ Æ A € 4 + ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. . 107 moyen de poids, on allume une des bougies, les produits de la combustion sont retenus par la soude et l’on voit s’abais- ser le plateau supportant la bougie allumée ; au bout d’un quart d'heure la différence de poids est de plus de 3 gr. H. BRUNNER. ACTION DU NITRITE ET DU NITRATE D'ARGENT SUR LES DÉRIVÉS DU BENZYLE. (Berichte d. d. Chem. Gesellschaft, IX, 1744, Lausanne, 1876.) M. Brunner a commencé l’étude de l’action du nitrite et du nitrate d’argent sur les dérivés du benzyle. En faisant réagir au bain-marie du nitrite d'argent sur du chlorure de benzyle il se dégage du bioxyde d'azote et l’on obtient, en extrayant par l’éther, un liquide qui à la distillation dégage encore, vers 180°, beauconp de bioxyde d'azote ; ce qui dis- tille vers 270° se prend, par refroidissement, en une masse cristalline non encore éludiée. Par l’action de nitrate de po- tasse sur le chlorure de benzyle en tubes fermés chauffés à 150°, M. Brunner obtient de l’acide benzoïque, son aldélyde, de l’anthracène, ainsi qu’une huile ne ‘renfermant pas d’a- zote et qu'il n’a pas encore étudiée. Enfin en chauffant du ni- trate d’argent avec du chlorure de benzyle deux jours au bain-marie, il obtint, en extrayant par l’éther, une huile qui, distillée, dégagea vers 170° une quantité énorme de bioxyde et de peroxyde d’azote, le thermomètre monte à 200c et quand la réaction est terminéeil ne reste plus dans le matras que fort peu d’une huile non azotée passant à l’ébullilion vers 265°. Les produits de la distillation sont en outre de ces corps, de l’acide benzoïque et de l’aldéhyde benzoïque. Il s’est certainement formé du nitrate de benzyle, dans cette réaction, mais il est probable qu'il se décompose vers 175° en oxydant la chaine latérale du benzyle. E. A. 108. BULLETIN SCIENTIFIQUE. cas EC ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. ProF. C.-TH.-E. DE SIEBOLD. ZUSATZ ZU DEN MITTHEILUNGEN UEBER DIE VERWANDLUNG DES AXOLOTL IN AMBLYSTOMA. AD- DITION AUX COMMUNICATIONS SUR LA TRANSFORMATION DE L’AXOLOTL EN AMBLYSTOME, 8 octobre 1876. Par des observations comparées sur le développement de laSalamandre vivipare, dite noire (Sal. atra), si commune dans nos Alpes, le professeur de Siebold a cherché à éclairer la question encore assez obscure de la transformation de l’Axo- lot! en Amblystome. Il a voulu voir si l’on ne pourrait pas obtenir de jeunes Salamandres noires susceptibles de vivre dans l’eau, en les prenant dans le ventre de leur mère, tandis qu’elles portent encore de grandes branchies. | On sait, en effet, que le développement larvaire se fait, pour cette espèce, entièrement dans le ventre de la mère, et que le petit naît dépourvu de branchies, soit destiné déjà à vivre uniquement sur terre. Le professeur de Siebold raconte avoir fait dernièrement à ce propos, mais sans succès, une curieuse tentative qui consiste à retirer de la mère Salamandre les deux fœtus for- tement branchiés et à plonger ces derniers dans un vaseplein d’eau, dans l’espoir de les voir vivre et se nourrir, à l’état de larves, dans ce milieu contraire aux exigences ordinaires de l'espèce. Cette expérience n'était pas nouvelle, car déjà en 1872 je racontais, dans ma Faune Suisse !, avoir fait le même essai, il est vrai également sans résultat décisif, Je supposai alors que la larve, surprise dans ce nouveau milieu, devait être morte faute de nourriture; elle avait vécu cependant trente-six heures, nageant activement dans un verre d’eau. M. de Siebold ne croit pas que la mort prématurée des lar- ves sur lesquelles portèrent ses expériences, soit due au dé- faut de nourriture, parce qu’il avait mis dans son vase 1 Faune des Vertébrés de la Suisse, par V. Fatio, vol. IT, p. 506. va $ 452 28 Mers 2 bo. FN Ra Pig PUR, de FAP LT - ass Ur 5} wi OU RE ET ‘3e NN D MS PRET OUT 2% PT s; te: M'reE, 74 Vi CRLTr 7e Re +. F : L ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉUNTOLOGIE. 109 différentes algues et par le fait que l’estomac des sujets en question contenait encore une provision de la nourriture embryonale emportée des matrices de la mère. Tout semble démontrer cependant que les larves de Sala- mandre noire ne doivent absorber aucune nourriture végé- tale ; les algues ne devaient servir de rien. Il me paraît bien possible que notre non-réussite à tous deux soit due plutôt à une question de température et de lumière, ou encore, au moment choisi pour l’opération et au développement relatif des organes, des branchies en particulier. Pour faire refaire expérience par une main plus heureuse, le professeur de Siebold s’adressa à M de Chauvin, bien connue pour son habileté dans l’élevage de divers animaux. Bien qu’une complète réussite n’ait pas encore couronné ces nouveaux efforts, M de Chauvin a cependant obtenu des résultats intéressants que nous rapporte ici l’auteur de la notice :. | Une larve de Salamandre noire, dont les branchies avaient été complétement enlevées durant leur plus grand dévelop- pement, repoussa de nouvelles branchies de forme anomale et vécut alors et grandit, pendant quinze semaines, avec ces dernières. Le professeur de Siebold compare cette observation à celle - qui avait été déjà faite par le professeur Duméril sur lAxolot]l, expérience dans laquelle les branchies coupées du dit Uro- dèle repoussèrent rapidement. Il voit une certaine analogie dans cette facilité de reproduction des organes respiratoires durant l’état larvaire; mais il s’étonne en même temps que la transformation de l’Axolotl en Amblystome paraisse entourée de tant de difficultés, quand les larves de la Salamandre mar- brée (Salamandra maculata), ovo-vivipare, passent si facile- ment sous nos yeux de l’état larvaire branchié à l’état parfait pulmoné, soit de l’eau à l’air. Encore ici, il me semble que le moment et l’état de déve- 1 Archives des Sciences physiques et naturelles, nov. 1864, p. 48. 110 BULLETIN SCIENTIFIQUE. | loppement choisis pour l'opération doivent être un des prin- cipaux éléments de réussite. Je rappellerai à ce propos une expérience que j'avais publiée, en 1864, dans mon étude sur les Reptiles et les Batraciens de la Haute Engadine, expérience que le professeur Duméril avait déjà mise en parallèle de ses essais sur l’Axolotl :. J'avais réussi, en effet, à hâter beaucoup la transformation de quelques têtards du Triton alpestris en les sortant de l’eau, pour les mettre sur terre, pendant la pé- riode de retrait de leurs branchies, bien avant que celles-ci fussent complétement atrophiées. Évidemment, dans ce der- nier cas, les poumons étaient déjà dans un état de développe- ment suffisant pour leur permettre de remplacer assez vile les branchies. Il n’en avait pas été de même dans les deux cas observés, d’abord par de Filippi, en 1861?, puis par moi, en 1862, cas où des larves de Triton surprises par les frimas, dans les Alpes, avant un retrait suffisant de leurs branchies, durent passer l’hiver avec les dites branchies, emprisonnées sous la glace, dans quelques petits lacs alpestres. Ces larves, bien qu’encore branchiées au printemps, présentaient cependant déjà des ovaires et des testicules passablement développés 4. à FE ! Métamorphoses de Batraciens urodèles à branchies extérieures du Mexique, dits Axolotls, par Aug. Duméril. Extrait des Archives du Museum, 1867, p. 247. ? Sulla larva del Triton alpestris, Archivio per la Zoologia, décem- bre, 1861, p. 206. 5 Reptiles et Batraciens de la Haute Engadine, 1864, page 45 et Faune des Vertébrés de la Suisse, vol. I, p. 551 et 552. # Le professeur Schiff m’écrivait, il y a six ans, qu'il avait rencon- tré, dans les Alpes, des larves de Grenouilles chez lesquelles l’état des branchies, en arrière-automne, semblait devoir reculer la fin du déve- loppement jusqu’à l'année suivante. ES 7 ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 111 M. F. LATASTE. SUR UN PROCÉDÉ FACILE POUR PRÉPARER LES SQUELETTES DÉLICATS. (Comptes rendus de la Société Lin- néenne de Bordeaux, 1876, XXX, page cLxvI.) Longtemps on a cru que les têtards de Batraciens Anou- res étaient exclusivement herbivores. Les dimensions relati- vement très-grandes du tube digestif enroulé chez ces larves donnaient une forte créance à cette idée; toutefois, dans ces dernières années, bien des observations directes ont succes- sivement démontré que les Anoures, dans cet état, absorbent au moins autant de principes animaux que de débris végé- taux. En traitant de ce point, dans ma Faune des Vertébrés”, j'ai signalé, entre autres exemples de ce fait, que les têtards tant d’Anoures que d’Urodèles se mangent entre eux, et qu’il n’y a rien là de bien étonnant, puisque, déjà dans le ventre de sa mère, le fœtus de la Salamandre noire se nour- rit aux dépens de ses frères et sœurs, soit à l’état d'œufs, soit à l’état d’embryons. La lutte pour l’existence et la pré- dominance du fort sur le faible, se traduit toujours dès le bas âge par le massacre des innocents. Profitant de semblables données, M. Lataste de Bordeaux a eu l’idée de remplacer la fabrication manuelle des squelettes, toujours lente et souvent très-difficile pour de petits verté- brés, par la préparation beaucoup plus facile au moyen de tétards de Batraciens Anoures. On a parfois employé les Fourmis pour un semblable tra- vail, mais les os se détachaient souvent par la putréfact'on, avant que le travail fût suffisamment avancé; l'opération étant très-souvent incomplète, on n’obtenait la plupart du temps qu’un squelette imparfaitement nettoyé, bien que par places déjà désarticulé. L'opération faite par les tétards semble beaucoup plus prompte; les chairs restent molles dans l’eau et par le fait plus facilement attaquables. En outre, on a l'avantage de 1 Faune des Vertébrés de la Suisse, par V. Fatio, vol. II, p. 247 et 248. A ANNE pes ANR ue NOTA GE PR AE Te PA ARE Po SR A ON LA PA pet AT PARA NOT TER D "se 4 : DRE "En 3 + LÉ #8" 112 BULLETIN SCIENTIFIQUE. pouvoir surveiller le travail dans un aquarium et intervenir au bon moment. | M.Lataste a présenté dernièrement à la Société Linnéenne de Bordeaux des squelettes parfaits de: Lacerta viridis, Lacerta stirpium, Lacerta muralis, Tropidonotus natrix, Tro- pidonotus viperinus, Elaphis Aesculapti, Triton cristatus, Tri- ton alpestris et même de larve de Triton palmatus. Tous avaient été préparés, dans l’espace de 54 jours, par cent larves seulement de Rana fusca et Rana agilis. Le même observa- teur a réussi à faire préparer à ses larves un Tréton alpestris qui avait séjourné trois mois dans l'alcool ; les larves dans ce cas ont eu cependant un peu de peine à s’habituer à ce goût tout nouveau ; la préparation a été plus lente et le squelette un peu moins bien nettoyé. L’auteur conseille d’habituer d’abord les larves à manger de petits morceaux de viande pendant quelque jours, puis de dégrossir, si l’on peut, légèrement l'animal à préparer, pour obtenir ainsi un travail plus rapide. Cette observation ne manque pas d'une certaine impor- tance, pour qui sait la peine et les soins qu’il faut souvent pour préparer un joli squelette de petit vertébré. Je ne douie pas, en particulier, que les Musées ne puissent trouver désormais dans les têtards de puissants auxiliaires. Le docteur Mayor, à Genève, a observé dernièrement que les Lymnées, que l’on a toujours cru surtout herbivores, s’atta- quent aussi volontiers et en grand nombre aux corps morts abandonnés au fond de l’eau, et peuvent par consé- quent préparer aussi, comme les têtards, des squelettes de vertébrés. Jai, en effet, sous les yeux le squelette d’un Véron (Phoxinus lœvis) parfaitement préparé, en trois jours, par des Lymnées, chez M. Covelle, qui a bien voulu, sur ma de- mande, tenter cette expérience dans l’un de ses aqua- riums. Le travail paraît très-rapide; mais les observations ne me semblent pas encore assez nombreuses et variées pour faire jusqu'ici donner la préférence à ces derniers opé- rateurs. Nc he 4 ne ET D RAM ET et ET tr ant OS PE AR D ASE P'HAUE 9 ES RAS A PE PC CH | AU SP TE ET PENSE PA Ein & Et i A METEO PRET I NT pis A ( + , F4 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE DÉCEMBRE 1876. Le 2, à 6 h. du matin et de 10 h. à 11 1/, h. du soir halo lunaire; la neige a disparu de toutes les montagnes des environs. 3, le soir après 10 h. épais brouillard. 4, vent violent du SSO. et pluie tout le jour; vent du Sud violent du 5, à 6 h. soir, au 6 à2 h. après midi. 7, à 9 h. 5/, éclairs du côté du Nord. 10, il est tombé de la neige sur la crête du Jura; forte bise tout le jour. 12, hâle dans la journée. 13, il n’y a plus de traces de neige sur le Jura. brouillard dans la matinée et depuis 10 h. soir. 16, brouillard tout le jour. 18, à 10 h. 1/, du soir se lève un vent violent du Sud qui dure jusqu’au lende- main à 4 h. après midi ; il a neigé sur toutes le montagnes des environs. 20, à 11 h. matin chute de neige, pluie et grésil; de 1 h. 8/, à 2h., éclairs et tonnerres au NO. de l'Observatoire. À 7 1/, h. du soir, belle lumière zodia- cale ; la soirée étant claire, il y a un dépôt de gelée blanche. 21, brouillard le matin jusqu’à 2 h. après midi ; dépôt de givre jusqu’à 11 1 h. 22, à 6 h. matin forte gelée blanche par un ciel clair, puis brouillard jusqu’à midi ; > LA le soir à 6 h. neige, la couche avait une épaisseur de 12m à 8 h,, puis elle a commencé à fondre. 23, brouillard le matin, jusqu'un peu avant midi; à midi couronne solaire. 24, neige dans la nuit du 23 au 24, hauteur de la couche 13m; dans la soirée couronne lunaire et halo lunaire. 25, neige dans la soirée, hauteur de la couche 11"n. 27, à 9 h. du soir couronne lunaire. ARCHives, t. LVIIT, — Janvier 1877. 8 +, faible gelée blanche le matin; ie us à pe re lunaire. 30, faible gelée blanche le matin; léger brouillard à plusieurs reprises dans la journée. Le soir, couronne lunaire. Le 1e à 10 h. 6à 8h. 10 à 10 h. 15 à 10 h. 19 à 10 h. 27 à 10 h. journée. Le soir faible halo lunaire. : 29, faible gelée blanche le matin ; la neige a disparu dans la plaine. Le soir halo Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. mm SO ee. ... 725,05 BOL etre 119,32 Mnafms.sprsctse 729,12 matin ..s....e.. 121,39 An. "2ees 713,66 ET PAPA ES à .. 133,29 MINIMUM. mu Le. #4 à: 6h man: .. 707,37 7à 8h. matin........ .. 715,21 13 à 2h. après midi...... 723,93 19 à 6h. matin....... ... 711,95 21 à 4h. après midi. ge 703,86 31 à 10 h. soir......... ... 124,26 ee ER RERE = © D R 010 420 = © © 2 6 DER R. =L-L-1— Q Lit « Q = ———— e 2 D 90 JO 0 CO ‘O0 D D OE-E- mm GI HE . . . ne — e Où © 0 00 a 0 CO es ut = ON GI = = ON et en +++ °XODOME cm + + 20 CES er Q à IP M “duoy|” ETQRIIEA ,*** a[qIIRA °° * ‘OL8T AUANAIAG — ‘HAANAI . NOLL A[qUrIUA L MS Ste | 088 016 | 009 |£8 — °| °°" |096 |0c9 | 18 — È 06 |O07L |7c + le 086 | 092 |95 < de 0007 | 00Z |O0r — je 098 |O£ZL |09 — Lg 0001! 0L8 |F70r+ Y 00017 | 098 |G6 + se 0007! 016 |16 + 9 0007 | 099 |LFr + GIE 068 |09G |9L1— 8 086 | 016 |ZO1+ Pr 06 |068 |+a + 0007 | 006 | 107+- 9 000F | OL! |[Ly + ; 076 |OLL | 36 + ° O8L |OFY | £61— : 006 | 0S9 |L6 — . 088 | 079 | 16 — - 0£6 |0£9 | zL£1— : 098 | OIL | 67 — 70 |066 | 019 [SL — &'16|| 0007 076 | ser + ze ||008 [068 |791— c‘y |OL8S |O0Sr7 |agc— 8‘T7 || 0007 |OLY |ggr— J'e [0007 !O08S |1z — “l'*+ 098 |OLF |181— 9° 066 |O0LL |99 + = “UJIOu 2 “annee feunrurg | VOD £ 11894 FA : TS —————__—_—__ ., 3B180 NO8M || SAMOIILU 09 HOTJEINYES 9p ‘19P1Y . | | ” ci = Gi QG © 10 GN GN y CD CD YO D 10 = © © © ei © © © CN 2N D = © 0 © © ED © 00 20 M GA 4 9 © IGN 10 Où 20 © Où © “Y © M = © OO 4 = e - = © HG O © = et SN ON M © CD © et et NI I GI GI © I Q " CR DR CRC DIE CCC CCE e " MN 00 © + + 2 Ie 9 9 CO © GA GN 90 DO 20 20 GI HE TUE n en ne ee = = ee - o MOI D © OM © D D ON OS EN 1 = M DO MONO ONN = «= > GN © 2 L= 00 O0 “4 Le e LH | MENU, =1 M O © D 10 FE YA 20 D GI © GI CN CN E> = Y «4 20 GI CN 209 =4 00 © © JO CD © = 10 GI LO GN 20 = 19 = 00 19 = RER RER EE EEE LEE mm = © © © 4 GI © TS “deA 9p noisue], . T FSY — BOT — + 1898 + | 6e'0e2 + 88€ + | 19'TEL — S£6'7 + | r9'TEL + 060 + | 80802 00 1 O0OPZ + 88‘0r— | FL'OIL + LOS | S'GIL — | 1697— | S9'OFL 000. : LIT — | S£'SOL Cle + 1F'61— | LO'SOL 889 + I6‘FI— | S'IL 86€ +, 00'T— | FY'OTL FOY + | 80'Z — | #£'0SL Le'G +) 667 — | SO'EGL 197 + | 660 — | SE'98L CET + IS — | SG TEL 9Fe + 168'T — | SE'YCL gag + OL — | 8701 c9'e + | F0 + | Se'LeL 669 + ce + |cr'88L VY'L + 6F Er —|28'SCL G8'8 + | 9£"9 — | 99'06L gr9 + | LS VI | IL'SHL 1£‘0r+ || G0‘Or— | 68'97L gr'or+ | 96 81— | 76'GIL 896 + | L8'GI— | 66'0FL Gr'Or+ | 196 — | SYLTL 69‘11+ cc — | 9S'ICL Sg'r +65 — | IC TEL 0 *ULJ[UU *UIFFEUX saanou ÿ || 9IPUIIOU ‘U #6 sa dnaqney ej|sop ‘Aou Quu9AON |294E 71894 Jn9EH +7) 9109, "AJQW0IPg PES UT TER à 7 HUE GI C0 4 20 © 1 90 Jours du mois. MOYENNES DU MOIS DE DÉCEMBRE 1876. 6h.m. Sh.m. 140h.m. Midi. 2 h.s. 4h.s. 6h.s. 8h.s. 10 h.s. Baromètre. mm mm nm mm mm nm mra mm mm 1re décade 718,99 719,29 719,88 719,31 719,15 719,41 719,94 720,33 720,16 2% » 121,09 721,22 721,47 720,96 720,31 720,49 720,48 720,51 720,39 3 » 121,46 721,62 722,11 721,72 721,21 721,34 72162 722,08 722,25 Mois 720,54 720,74 721,18 720,70 720,26 720,44 720,71 721,01 720,98 Température. 0 0 0 0 0 0 (Ù 0 0 tredécade+ 6,85 + 7,37 + 9,16 10,32 +10,43 + 9,77 + 9,22 9,02 + 8,94 de» + 3,54 + 3,38 454 + 6,03 + 6,05 + 5,53 + 4,65 + 3,80 + 3,53 3e » + 0,26 + 0,25 + 1,56 + 3,91 + 4,34 + 3,80 + 3,07 + 2,59 + 2,50 Mois + 3,44 + 3,56 + 4,97 + 6,173 + 6,93 + 6,28 + 5,57 + 5,06 + 4,91 Tension de la vapeur. mm min mm mm : mm nm mm nm mm fre décade 6,30 6142 6,31 622 6,40 6,65 6,66 632. 6,36 De». BO1 514 518 5,31 5,31 5928 5928 5,95 519 Si». AAT AA7 Al 464 (471 484 0 AT OO 5 Mois 543 811 5928 536 5,47 5,56 5,53 543 5,33 Fraction de saturation en millièmes. {re décade 853 801 739 671 690 746 777 764 756 2% » 847 875 819 769 765 785 831 874 877 3 _» 892 894 865 768 756 808 836 846 837 Mois 865 858 809 737 738 781 815 829 824 Therm. min. Therm.max, Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre. du Ciel, du Rhône. ou de neige. 0 0 0 mm cm 1re décade + 5,14 +-12,51 0,79 + 9,09 47,0 195,8 2e » + 2,07 + 7,17 0,80 + 8,54 33,9 135,9 3e » — 1,20 + 5,64 0,80 + 7,66 5,0 134,4 Mois + 1,90 + 8,35 0,80 + 8,40 85,5 132,1 Dans ce mois, l'air a été calme 2,51 fois sur 100. : Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,51 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 13,6 O. et son intensité est égale à 32,97 sur 100. 1 PLU. | DArI " r À , nd LES A ANT PES WAVE d 117 TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE Mois DE DÉCEMBRE 1876. Le 3, brouillard et neige depuis midi. 4, neige jusqu'à 2 h. après midi; brouillard dans la soirée. 5, neige depuis 4 h. après midi. 6, jusqu’à 4 h. après midi. 7, brouillard et neige tout le jour ; fort vent du SO. ; la neige marquée le 8 est tombée dans la nuit du 7 au 8. 9, brouillard tout le jour, forte bise. 10, brouillard et forte bise jusqu’à 4 h. après midi. 14, brouillard et neige tout le jour, fort vent du SO. 18, neige et brouillard tout le jour, fort vent du SO. 19, neige et brouillard jusqu’à midi. 20, neige depuis 10 h. matin, fort vent du SO. 21, quelques flocons de neige dans la soirée. 24, neige et brouillard, forte bise tout le jour. 26, brouillard le matin, forte bise tout le jour. 27, forte bise tout le jour. 31, fort vent du SO. tout le jour. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. mm mm Le” 2 a 16himatmt 0 ... 563,65 Le 42: midi. us sua 002,932 Ga 00e Ci 558,99 ras" 6" he Sr SEE UNE 556,24 10240) matin... sc... 562,45 134220 SOEUR 560,69 15% 40h matins". x 563,51 19/2748 he 550,13 19 à 10 h. soir ...... PAR 552,84 Ha GDS ROUE QUe 543,18 28 à 10 h. matin .......... 569,64 31 à 2h. après midi...... 564,05 à EN OPA RARE PE re DA AA GA RENDENT GS AE UT UN SAINT-BERNARD. — DÉCEMBRE 1876. Re — A Baromètre. T ; i ige. LL ètre empérature C : Pluie ou neige Vaniie = Hauteur | Écart avec Moyenne | Écart avec la Hauteur Eau Nombre < dE. E Moy. des Ia hauteur Minimum, | Maximum. à, des lempérature Minimum* [Maximum LS tombée dans dette dominant. ciel. millim, millim. willim. millim, 0 0 Û 0 millim, millim 1 562,35 | + 0,40 | 561,54 | 563,45 | — 1,33 + 5,39 | — 2,7 ++ 0,3 +R E SEE re SO. 1 | 0,52 9 || 563,06 | + 1,13 | 562,49 563,65 || + 1,76 | —+ 8,56 0,0 | + 4,7 Len ps LRU us SO. dl 0 27 3 558,57 | — 3,34 | 556,43 | 559,99 | — 3,79 | + 3,09 | — 4,6 | — 2,9 150 10,2 bre SO. 1 | 0,82 4 | 553,37 | — 8,52 | 552,32 555,33 | — 4,96 | + 9,70 | — 5,7 | — 2,4 450 36,4 fau SO. 1 | 0,88 5 555,46 | — 6,41 | 555,05 | 555,84 | — 4,50 | + 9,54 | — 5,7: — 34 180 10,0 MI variable 0,58 6 556,54 | — 5,31 | 554,73 558,99 | — 4,31 | + 2,81 | — 6,0 | — 2,0 640 37,4 2: variable 0,68 7 | 557,26 | — 4,56 | 556,24 558,22 | — 4,60 + 2,61 | — 5,9 | — 3,4 230 19,2 72 VAE SO. 1 | 0,99 8 559,39 ! — 2,41 | 558,64 | 560,19 | — 3,94 | + 3,35 | — 5,6 | — 2,0 300 18,2 HAE SO. 4 | 0,49 9 || 561,14 | — 0,64 | 560,45 | 562,14 | — 6,61 | + 0,76 | — 7,4 | — 5,0 Ne Mis ve Re: NE. 2 | 0,76 | 10 562,08 | + 0,32 | 561,87 | 562,45 || — 9,00 | — 4,56 | —10,4 | — 7,8 SE cat RE NE. 2 | 0,49 | 41 561,66 | — 0,08 | 561,49 | 561,95 | — 4,43 | + 3,08 | — 5,7 | — 1,9 A RER Ses sat NE. 1 | 0,03 12 561,34 | — 0,38 | 561,19 | 561,63 | — 3,98 | + 3,60 | — 4,8 | — 92,8 MAS kr is NE. 4 | O0t 43 561,17 | — 0,53 | 560,69 ; 564,52 | — 5,04 | + 9,61 | — 7,5 | — 3,0 PE EE 4 SO. 1 | 0,54 14 562,20 | + 0,52 | 560,84 | 562,71 | — 6,44 | + 1,28 | — 7,8 | — 5,6 85 7,5 ‘0 SO. 2 | 0,98 45 562,66 | + 1,00 | 561,94 563,51 | — 6,40 | + 1,38 | — 7,2 | — 4,8 see Ph sed M2 SO. 1 | 0,6 16 559,89 | — 1,75 | 559,25 | 560,78 | — 5,76 | + 2,08 | — 7,4 | — 2,5 RS ae PE SO. 4 | 0,23 17 557,79 | — 3,84 | 557,26 558,67 | — 5,85 | + 2,05 | — 6,7 — 4,4 PTE OS Nos SO. 4 | 0,47 18 354,23 | — 7,38 | 552,48 556,13 | — 5,56 | + 2,40 | — 6,2 | — &,0 200 13,2 Te SO. 2 | 1,00 19 550,94 | —10,65 | 550,13 | 552,84 | — 7,18 + 0,84 | — 9,9 | — 42 80 4,1 es NE. 14 | 0,47 90 548,15 | —13,42 | 546,69 550,52 || — 8,74 | — 0,66 | —10,0 | — 7,4 930 14,8 Met SO. 9 | (,87 91 544,80 | —17,26 | 543,18 546,11 | — 9,56 — 1,43 | —10,5 | — 8,7 dates ARE ES SO. 1 | 0,94 99 547,57 | —13,98 | 545,54 549,32 | —11,00 | — 2,82 | —12,0 | — 9,2 ANT LA Re Des NE. 1 | 0,30 93 | 549,75 | —11,78 | 549,54 | 550,10 | —11,06 | — 2,83 | —12,2 | —10,0 | ..... LAS + NE. 1 | 0,44 94 550,52 | —10,99 | 549,40 552,52 || —11,7: — 3,45 | —1292 | —10,8 180 14,9 Te NE. 2 | 0,90 25 553,68 | — 7,81 | 553,25 554,45 || —13,35 — 5,02 | —15,0 | —10,8 AA AS 20 NE. 1 926 559,56 | — 1,91 | 556,64 | 562,49 || —19,74 | — 4,37 —14,0 | —11,4 ÉnuE Ae AR Ve NE. 2 97 365,47 | + 4,01 563,23 | 567,36 || — 92,89 | 5,52 | — 8,5 + 1,2 LP MEL SE MS NE. 2 ag | 569,24 | Æ 780 | 568,62 | 569,64 | + 3,35 | 14,80 | + 2,5 | + 44 | ..... | ..... | .... | SO. 1 929 567,85 | + 6,43 567,64 | 568,01 || — 0,04 + 8,45 | — 2,0 | + 1,7 ee APR MEN NE. 1 30 565,73 | + 4,33 | 565,41 566,30 3,49 | +12,02 | + 18 | + 6,2 PEN se ea SO, 1 a1 | 56636 | + 2,98 | 564,05 | 564,91 ca PAT PRES HN PE ARR EE ER TRS * Ces colunnes renferment la plus basse et la plus élevée des températures observées de G h. matin à 40 h. soir. MOYENNES DU MOIS DE DÉCEMBRE 1876. 6h.m. Sh.m. 40h.m. Midi. 2h. 5. #h.s. 6Gh.s. 8h.s. 10 h.s. Baromètre. min 4 mm mm mm mm mm mm mm rm {re décade 558,78 558,84 559,02 558,82 558,73 558,78 558,94 559,16 559,39 2e Oo» 558,45 558,41 558,42 557,97 557,81 557,11 557,80 557,19 557,18 3e » 557,36 557,63 557,93 557,90 557,83 558,03 558,30 558,50 558,71 Mois 558,17 558,28 558,44 558,22 558,11 558,19 558,35 558,49 558,63 Température. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 {re décade— 4,07 — 4,20 — 3,57 — 2,85 — 3,15 — 4,47 — 4,32 — 440 — 4,41 2e » — 6,23 — 6,47 — 5,61 — 4,43 — 4,90 — 6,08 — 6,01 — 6,09 — 6,55 3e Oo» — 6,38 — 6,38 — 5,31 — 498 — 4,33 — 5,27 — 5,57 — 5,40 — 5,61 Mois — 5,59 — 5,71 — 4,85 — 3,87 — 4,13 — 5,27 — 5,31 — 5,30 — 5,53 Min. observé. Max. observé Clarté moyenne Eau de pluie Hauteur dela du ciel. ou de neige. neige tombée. 0 0 mm mm {re décade — 5,40 — 9,39 0,65 131,4 1950 2% » — 7,32 — 4116 0,52 39,6 595 ce | — 1,28 — 3,69 0 48 14,2 180 AE NES NE TPE (IP ENV OP CNRS ER ARE 7 RE Mois — 6,69 — 342 0,55 185,2 2795 Dans ce mois, l’air a été calme 1,08 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,92 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 45° O., et son in- tensité est égale à 5,73 sur 100. ill % F a __— æ KO OU0YY PE | ERNET L 79 == ES == — EE — = TR ———, - — ST TANT = T1 F2 RER EPTEUÉ ep: StI Archives des Serences phys.cl nal.lanvier LSIZ LL. CAPES" SEVRES - REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE POUR L'ANNÉE 1876 PAR M. ERNEST FAVRE N° VII Cette revue est divisée, comme les précédentes, en deux parties. La première comprend l'examen des ou- vrages généraux, des descriptions géologiques, et de quelques travaux spéciaux de minéralogie, de paléonto- logie et de géologie dynamique. La seconde traite de l'étude des terrains, des formations les plus anciennes jusqu'aux dépôts actuels. Nous devons à M. FErRi “* la biographie du naturaliste tessinois L. Lavizzari (1814-1875) et à M. J. Fiscaer “* celle de M. de Fischer-Ooster (1807-1875), connu par ses recherches sur la botanique, la physique, la géologie et la paléontologie. I. Ouvrages généraux, descriptions, roches, etc. Cartes et descriptions géologiques. Alpes. M. BareTTi a publié une description géolo- gique de la vallée d'Aoste. Les montagnes qui la bordent sont distribuées en trois grands massifs, ceux du Grand- Paradis, du Mont-Blanc et du Mont-Rose. Il en décrit les ARCHIVES, t. LVIIL — Février 1877. 9 199 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. roches, les terrains de transport et les principaux mi- néraux. M. DELaRE ‘ a rendu compte des travaux de la So- ciété géologique de France, pendant son séjour à Genève et à Chamonix. M. A. FAvRE * a résumé les observations faites par la même société dans ses excursions aux environs de St- Gervais et de Chamonix. Ces diverses notices donnent un tableau très net de la structure de la partie N.-0. du massif du Mont-Blanc. Un ouvrage de M. Viozcer-Le-Duc‘** renferme des idées nouvelles sur la structure du Mont-Blanc. L'auteur cherche à déduire de l'aspect de la montagne, la forme qu’elle avait au moment du soulèvement. Ce massif « qui présente actuellement une surface composée d’arêtes se réunissant sur certains points pour former des polygones dont les côtés sont saillants et dont les milieux sont creux, présentait primitivement, au contraire, une surface bos- suée de polygones convexes, avec côtés plus ou moins tracés en creux et, au total, une sorte de plateau peu accidenté. » Ces polygones formaient des mamelons juxtaposés qui ont été en grande partie détruits, quoi- qu'on en voie encore des traces, et les arêtes actuelles sont les restes des lignes qui séparaient les mamelons. La pression exercée par la partie culminante sur la masse qui l’entourait et par les roches encaissantes, explique la structure en éventail. La stratification apparente est le reste des plans de retrait de la roche soulevée à l’état pâteux. La protogine du Mont-Blanc présente dans le petit axe la structure en éventail et dans le grand axe, celle en fond de bateau. L'auteur recherche les causes extérieures qui ont altéré la forme primitive et examine RE Pr 1 A ART ES A ET PT PEN An TE 2 MP AU Et ee Lu ur. nu Wa ET s ) ns REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 193 le mode d’action sur les roches, de l’eau à ses divers états. Il traite des neiges, névés, glaciers, moraines, boues glaciaires, des torrents et de leurs cours, des lacs, etc. Il décrit ensuite le massif du Mont-Blanc et termine cet ouvrage par un chapitre sur l'influence des travaux de l’homme sur l’économie des cours d’eau. Les glaciers, les névés, les forêts, les pâturages, les rochers sont teintés de couleurs différentes sur la carte à —55 ui accompagne ce volume, de sorte qu’elle pré- : sente un coup d’œil pittoresque, tout en ayant une grande exactitude. Il est intéressant de pouvoir y constater le retrait des glaciers, le terrain abandonné par eux à leurs extrémités ou sur leurs bords se laissant très bien re- connaître. M. Égray* a publié une étude stratigraphique des montagnes situées entre Genève et le Mont-Blanc. IL in- dique brièvement la composition du sol des environs de Genève, la structure des Voirons et la nature des terrains et des failles au sud de cette montagne. Nous devons au même auteur **-** des recherches stra- tigraphiques sur le Salève et sur la Pointe d'Orchez. Je ne puis analyser en détail ces mémoires qui sont difficiles à comprendre sans cartes et sans coupes géologiques. Le Salève a été, suivant M. Ébray, entièrement recouvert par le terrain urgonien” et la mollasse qui en auraient été enlevés, pendant et après le soulèvement, par des dé- audations auxquelles il donne une épaisseur de 1000. Le Petit Salève s’est détaché du Grand, par suite d’un affaissement dont l’angle est donné par la forme du vallon de Monnetier agrandi depuis par les érosions. La coupe de la Pointe d’Orchex est extrêmement com- + Ce terrain recouvre encore presque entièrement le Salève. pliquée par de nombreuses failles. Le Roc du Don n’est pas la suite de la Pointe; il forme la lèvre affaissée d’une faille dont elle est la lèvre redressée. Les terrains qui constituent ce massif sont: mollasse, gault, urgonien, néo- comien à spatangues, calcaires oolitiques supérieurs, dolo- mies, calcaire à helminthoiïdes, grande oolite, marnes fer- rugineuses, calcaire à Cancellophycus scoparius, calcaire à silex, lias, gypse et trias. M. Bacamanx ‘ a décrit les environs de Thoune et en a donné les coupes géologiques. Perpendiculaire à la chaine des Alpes, le lac de ce nom occupe la place d'une faille considérable. Les montagnes qui le bordent ont une structure entièrement différente sur les deux rives et leurs formations, bien qu'en partie contemporaines, présentent des faciès distincts. Sur la rive gauche est la chaîne du Stockhorn dont les terrains, du trias au tertiaire, offrent les caractères qu'ils ont plus au sud dans les Alpes suisses et savoisiennes; la rive droite est constituée par le massif de nagelflub de Sigriswyl, les Ralligstôcke, le Justithal et le Niederhorn. L'auteur explique la structure de ces deux régions et énumère les formations qui y sont contenues. Ë Il n'a pas paru cette année de coupes détaillées dun srand tunnel du St-Gothard. J'extrais des rapports men- suels ‘* les quelques données suivantes: Du côté nord, la valerie a traversé entre 2576" et 2810 les couches cal- caires de la vallée d’'Urseren, formées de schistes lustrés, de schistes calcaires et de calcaire cipolin, auxquelles ont succédé les gneiss micacés. La zone de contact était occu- pée sur une grande épaisseur par des roches en décom- position; au 31 octobre le percement était à 3677, Du côté sud la galerie a traversé des micaschistes quart- 124 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. ‘ REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 125 zeux, amphiboliques, grenatifères, des schistes quartzeux chloriteux et des gneiss; elle était arrivée à la même date à 3401". Le Righi a été décrit par M. RoniMEyEeR ‘"* dans un ouvrage qui, bien qu'il ne s'adresse pas spécialement au public scientifique, n’en renferme pas moins des considé- rations nouvelles et intéressantes sur la constitution géo- logique de cette montagne et les modifications qu’elle a subies. Le Righi est formé de nagelfluh dont les bancs plongent à l’est avec une inclinaison assez variable; au delà de la ligne de dislocation qui va de Vitznau à Lo- werz, il est constitué par des schistes et des calcaires. L'auteur décrit les éboulements, les érosions auxquelles il a été soumis, la disposition du terrain glaciaire, les ter- rains sédimentaires, l’origine des vallées et des lacs qui l'entourent. Je reviendrai plus loin sur quelques-uns de ces sujets. M. KauruanN ‘° a publié ses recherches dans les mon- tagnes qui entourent le lac de Lucerne, les Mythen, le Buochserhorn, le Stanzerhorn, l'Ensimattberg, le Rothspitz et le Giswylerstock. Les nombreux fossiles qu’il a recueillis lui ont permis de rapporter au terrain jurassique la plu- part de ces sommités que l’on croyait crétacées; le juras- sique supérieur et moyen et le lias ont fourni un grand nombre d'espèces (Revue pour 1875, 367). M. ZwcLer ‘*° a fait l'étude de l’Engadine au point de vue des rapports de la topographie et de la géologie. Ce travail commence par une description des vallées et des chaïnes de montagnes dans laquelle sont indiquées les hau- teurs des cols, des sommités, l’inelinaison des pentes et leurs rapports avec la nature du sol. L’auteur déduit du relief du terrain et des dislocations des couches, les actions 126 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. dynamiques qui en ont été les causes. Il examine le rôle important des érosions et de la désagrégation des roches. Il décrit aussi la région des roches éruptives, les traces des anciens glaciers et leurs relations avec les glaciers actuels. Ces recherches prouvent que les actions qui ont modifié la surface du globe ont agi à diverses reprises et avec une grande lenteur. Le rapport des schistes cristal- lins avec le granit est beaucoup plus intime qu'avec les roches sédimentaires qui les surmontent. Les deux pre- miers paraissent donc avoir été les agents de transmis- sion des forces internes, tandis que les sédiments auraient été simplement des masses passives. L'auteur termine par des considérations sur l’origine et la nature des mou- vements de l'écorce du globe. La Commission GÉOLOGIQUE ‘* a publié la feuille XXIV de l’Atlas fédéral qui comprend les lacs Majeur, de Ln- gano, de Côme et le pays environnant; la région située à l’ouest de ce dernier lac a été étudié par MM. Nesri et Spreafico, celle qui est située à l’est et la Brianza par M. Stoppani. La partie septentrionale est occupée par des gneiss, des micaschistes variés et de la diorite ; plus au sud se trouvent les terrains sédimentaires, primaires, se- condaires et terliaires, au milieu desquels apparaissent des porphyres rouges et noirs; au sud sont les alluvions de la plaine du Pà. Jura. M. Vézian ?° a publié une description du massif jurassien dans laquelle il traite de la configuration géné- rale de cette chaîne, de sa constitution stratigraphique orographique et topographique et de son histoire géo- logique. Ce travail résume les idées exprimées par cet auteur dans ses études géologiques sur le Jura (Rev. pour 1875, 350). | REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. jt 227 "API : RP Re 2 RENE CU LS er M. Jaccarn‘* a étudié le vallon dans lequel est située ne la Chaux-de-Fonds, au point de vue de l'alimentation 12 d'eau de cette localité, qui en est presque entièrement + dépourvue; le calcaire d’eau douce (œningien) et la =. mollasse (helvétien) forment les deux niveaux aquifères de ce bassin dont la constitution géologique très compli- 4 quée a été l’objet des recherches de Nicolet. Si l'on éta- blissait des puits, l'eau contenue dans ces deux zones resterait probablement dans le trou de forage à une cer- taine distance au-dessous de la surface du sol et devrait A être élevée par des machines. Plusieurs essais de sonda- ges ont déjà été faits, mais ils n'ont pas encore abouti. 3 Minéraux, roches, géologie dynamique, etc. + 4 Minéraux a roches. M. C. Kcen ”* a publié quelques #4 notes sur des minéraux recueillis par lui dans un voyage En au St-Gothard et au Valais. Nous devons aussi à M. Hessexeerc ** une note sur le binnite d’Imfeld dans le .. Binnenthal. Re Les minéraux signalés par M. Barerni* dans le val .- d'Aoste sont : dans le granit et le gneiss ancien, la galène nt: argenüfère, dans la zone de la pierre verte le cuivre py- Es riteux (dans la diorite), le fer magnétique (dans la ser- 4 pentine), le fer oligiste (dans le caleschiste), le calcaire eris- & tallin ; dans la zone anthracifère, les anthracites, dans la A Le zone paléozoïque, les calcaires et les gypses. Les minerais Re métallifères les plus importants sont le cuivre pyriteux a + et le fer magnétique. #4 M. Micaez-LEvy ‘* rappelle les observations qui ont % 2 été faites à diverses reprises sur les roches porphyriques “RE des environs du lac de Lugano et les analyses des por- 4 phyres rouges et noirs fournies par M. Stader (Rev. à 128 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. pour 1875, 356). Il indique ensuite les divers caractères de ces roches; les porphyres noirs sont des roches mtermé- diaires à pâte exclusivement feldspathique; ils sont iden- tiques aux porphyres noirs anthracifères de la Loire, du Morvan, etc. L'auteur s’en est déjà occupé antérieurement”. Les porphyres rouges sont franchement acides et ont un magma très riche en quartz récent; ils sont assimilables à des porphyres houillers de la Loire et du Morvan qui percent les porphyres noirs. Les porphyres bruns à sani- dine chatoyante et les pechsteins de Cugliate et de Gran- tola sont semblables à des porphyres permiens du Mor- van et des Vosges“, L’étude microscopique de ces roches confirme ces subdivisions. La confusion apparente qui existe sur certains points entre ces formations provient de dislocations plus récentes. L'âge relatif de ces por- phyres aux environs de Lugano est bien celui qu’in- diquent les analogies avec les roches que nous venons de signaler. M. Jaxnerraz** a donné l'analyse minéralogique de quelques roches de la Haute-Savoie, schistes houillers noirs, schistes rouges et verts, schistes satinés du trias, gneiss et calcaires, et a étudié leurs propriétés thermiques. Mofeues. Les mofettes de la Basse-Engadine ont été l’objet des observations de M. Gozz ‘*. Elles proviennent des schistes quartzeux et micacés qui constituent le sol de cette vallée. La plus importante de ces émanations d'acide carbonique sort d'un creux en entonnoir qui a 1" de diamètre et 0,30 de profondeur; celle del Dragun, analysée par M. Bunsen, renferme 91,1 °/, d'acide car- (2 * Bull. Soc. géol., 1873, I, 464. ** Bull. Soc. géol., 1875, III, 199. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 199 bonique et 0,9 °/, d'azote. La couche de gaz s'élève de 0n,12 à 0,15 au-dessus du sol. Combustible fossile. M. Messikouer *” s’est occupé des divers gisements de charbon fossile en Suisse. Il signale l'insuffisance des dépôts contenus dans le terrain houiller et dans le tertiaire, où cependant l’on a entrepris de les utiliser. Le gisement le plus important dans cette formation est celui de Käpfnach, au bord du lac de Zurich, qui fournit annuellement 200000 quintaux de houille. Le lignite contenu dans le diluvium donne lieu à une active exploitation. Le dépôt de Schôneich, près Wetzikon, compris entre deux nappes glaciaires, comptait environ 400 pieds de largeur et 1000 pieds de longueur; il est maintenant épuisé. Les gisements de Dürnten, Utznach et Morschwyl sont encore exploités. Le premier, dans lequel les couches sont soulevées avec une inelinaison de 10 à 309, fournit annuellement 50000 quintaux; celui d'Uiznach est beaucoup plus abondant. Mais c’est la tourbe qui, dans la Suisse orientale, est le combustible le plus commun. Les tourbières sont nombreuses, mais n’ont pas de grandes dimensions; leur production est donc très limitée; il est probable que dans une quaran- taine d'années elle sera épuisée. M. Desor ‘” a exposé les résultats obtenus par le fo- rage au diamant fait à Rheinfelden pour la recherche de la houille et il a donné la description des terrains traver- 85 sés ( Rev. pour 1875, 352 ). Cette opération, qui a été exécutée avec la plus grande facilité avec des cou- ronnes de diamant de 5 et 12 centimètres de diamètre, a montré que l'épaisseur du grès bigarré dans cette région n'est que de 80" et celle du terrain permien de 240", au lieu des chiffres beaucoup plus élevés admis dans les 130 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. premières évaluations. Ce fait facilitera les nouvelles re- cherches qu’on pourrait tenter dans une région voisine. Tremblemenis de terre. M. ne Trisocer !"* a donné la liste des tremblements de terre ressentis dans le canton de Neuchâtel depuis le 44% siècle et dont l’histoire a gardé le souvenir; on en connaît 20 dans le 17% siècle, 16 dans le 18° et un assez grand nombre dans le 19e, En 1876 il y a eu, le 2 avril et entre le 30 avril et le 16 mai, 11 secousses successives. L'auteur en attribue la cause à des effondrements dus à une érosion souterraine à la fois mécanique et chimique. Le sol du Jara est formé d’une série d’assises dont un grand nombre, dolomies, marnes, argiles, anhydrite, sel gemme, sont attaquables par l’eau; elles alternent avec des dépôts beaucoup plus ré- sistants, formés surtout de bancs calcaires. Cette struc- ture est éminemment propre à de grands effondrements ou éboulements qui seront d'autant plus sensibles qu’ils auront lieu plus près de la surface. M. Sruver ‘°° a remarqué que les secousses ont été généralement perpendiculaires à la direction des chaînes. Il admet, avec M. Desor *”, qu’elles sont un phénomène local, jurassien, dû à des effondrements internes. Failles et soulèvements. Alpes. M. Égray *° à fait l’é- tude des failles de la chaîne des Alpes au nord du Mont- Blanc et en dehors de cette chaîne dans la direction des vallées de la Saône et de la Loire. Il remarque que les inclinaisons des lambeaux disloqués augmentent du Mor- van vers les Alpes et que la hauteur des montagnes croit avec l’inclinaison des couches; il donne une figure théo- rique de ces dislocations; l’affaissement s’est propagé dans la direction du Mont-Blanc. M. Baztzer* a décrit les grands contournements qui FER a REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 131 ont la forme d’une double boucle et qu’on observe dans les Alpes glaronaises". La surface occupée par ce phéno- mène est d'environ 60 lieues carrées, et la longueur sur laquelle on peut l’observer de 26 kilomètres. Sur cet espace, les couches sont repliées de manière à former deux S tournées en sens inverse et se relient par le bas dans les profondeurs du sol; il en résulte qu'entre la vallée du Rhin et celle de la Reuss, les couches les plus récentes, soit le terrain éocène (flysch et nummulitique), sont recouvertes par les terrains plus anciens, le crétacé, le jurassique et la sernifite (permien) renversés eux- mêmes les uns sur les autres. Le terrain éocène occupe le bas ou le milieu de la montagne, le verrucano forme les sommets. Les deux points opposés de cette vaste boucle sont à des distances très variables suivant les localités. Les couches éocènes, comprises dans leur intervalle, sont très contournées et sont recouvertes par les couches de calcaire secondaire qui n'ont pas subi les mêmes plisse- ments. Il n’y a, commele remarque M. Baltzer, que l'hypothèse de grands contournements, déjà admise par Escher, qui puisse expliquer ce phénomène. Il est impossible d’ad- mettre, avec M. vom Rath”, que les couches indi- quées comme terrain jurassique et verrucano, soient du terrain éocène métamorphique ni que le verrucano soit une roche éruplive. Ces plis doivent s'être fait très len- tement et supposent une grande flexibilité dans les roches. Celle-ci paraît varier beaucoup en proportion de l'argile qu'elles contiennent. Ainsi le terrain néocomien du Glær- _* Voyez les coupes de M. Heim (Rev. pour 1870). ** Geognostisch-mineralogische Beobachtungen im Quellgebiet des Rheins. Zeïtschr. der deutsch. geol. Ges., 1862. Le bre RÉ RR s SUpE Péri al QUE DE Re De PONTS RS ut 1 > EN A 27", nisch, qui a subi, sans se rompre, de grands contourne- ments, renferme 30°/, d'argile ; le calcaire jurassique su- périeur de cette montagne, qui n’est pas plissé, n’en ren- ferme que de faibles traces. Vosges et Forëét-Noire. E. de Beaumont avait rapporté le soulèvement des Vosges et de la Forêt-Noire à l’épo- que du grès bigarré. Plusieurs géologues ont adopté après lui cette opinion, soutenue dernièrement encore par M. Platz (Rev. pour 1873, 282). M. Lepsius * n’a pas admis cette théorie et a soutenu que le dépôt des terrains triasiques et jurassiques a été parfaitement con- tinu et concordant dans celte région et qu'il a précédé le soulèvement de ces deux massifs, Mais on n’en trouve aucune trace à leur sommet et M. PLarz °° démontre que leur défaut ne peut être attribué à lérosion, mais provient de ce qu'ils n’ont pas été déposés. La forme même de ces montagnes, la disposition si nette des failles qui les séparent de la vallée du Rhin et celle des terrains le long de ces failles, prouvent que les Vosges et la Forêt- Noire ont déjà été exondées avant l’époque du muschel- kalk et que c’est de ce même moment que date la forma- tion de la vallée, Du côté opposé à cette vallée, les mon- tagnes s’abaissent doucement sans qu'il y ait eu de ligne de fracture ; mais sur le versant oriental de la Forêt-Noire on observe une discordance de stratification entre le grès bigarré inférieur et le supérieur. Le soulèvement a été très lent et a commencé après le dépôt du grès vosgien, équivalent du grès bigarré inférieur. Ainsi M. Platz invoque à l'appui de son opinion les faits suivants : le manque des formations plus modernes que le grès bigarré au sommet de ces montagnes; la disposition des failles qui limitent la vallée du Rhin et ne pénètrent pas dans les RAGE PRE REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 159 terrains plus récents, et la stratification discordante des couches sur le bord extérieur des massifs. Cette opinion, combattue de nouveau par M. Lepsius qui a réfuté ces divers arguments, est partagée par M. SANDBERGER ‘°°. Formation des vallées. Les vallées qui entourent le Righi sont, ainsi que l’a remarqué M. RuTIMEYER ‘°*, dipo- sées de la manière la plus singulière et paraissent dater de plusieurs époques. Chaque partie du lac de Lucerne, le bassin du lac de Zoug, celui du lac Lowerz appartien- nent à des systèmes divers. La dépression qui s'étend de Zoug au Muottathal est constituée par cinq éléments distincts. L'ancienne et profonde échanerure qui forme la vallée de la Reuss est subitement interrompue à Brunnen. La vallée longitudinale de Gersau s'étend par le lac de Lucerne jusqu’à Buochs et Alpnach d'un côté, jusqu'à Schwytz et peut-être plus loin de l’autre. Une autre vallée longitudinale, celle de Wäggis, qui ren- ferme aussi une partie du lac, s'étend du lac Lo- werz à Hergiswyl, quoiqu'elle soit interrompue par le Righi. Les soulèvements successifs ont modifié les plus anciennes de ces vallées pour en former de nouvelles et l’on peut considérer la vallée d’Arth et le lac de Zoug comme le prolongement normal et direct de la vallée d'Uri, malgré la présence de la Hochfluh qui est venue plus tard en interrompre le cours. M. Rutimeyer termine son ouvrage sur le Righi par des considérations sur les lacs qui entourent ce massif, la diversité de leur ori- oine et l'influence que les anciens glaciers peuvent avoir exercé Sur EUX. ) Chaleur interne. M. Hirscu °* a critiqué la méthode employée pour l'observation des températures de la roche et de l'air dans le tunnel du Gothard. Il montre que les L$ p. x" AN VERS y PU tr 134 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. premières, prises au moyen des eaux d'écoulement, quand il y en a, ne donnent aucune indication précise; quant aux secondes, elles sont viciées par de nombreuses causes d'erreurs dont on ne peut pas tenir compte avec une exactitude suffisante, Aussi les calculs faits au moyen des observations déjà recueillies arrivent à des résultats ab- surdes ; ils indiquent par exemple que la température devrait diminuer à mesure que l’on s’enfonce davantage dans la montagne. M. Hirsch démontre que la profondeur horizontale à laquelle on pénètre est un des facteurs prin- cipaux qui déterminent la température et que celle-ci ne dépend pas seulement de l'augmentation de profondeur verticale. La forme du massif étant très irrégulière, l’ac- croissement de la température est déterminé par beau- coup de conditions qu’il est difficile d’évaluer. En en te- nant compte autant que possible, on peut conclure que la température au centre du tunnel sera de 40 à 42° d’après les observations faites à Airolo, et de 57° d’après celles de Gœschenen qui présentent plus de chances d'erreur. Ce sont les premiers de ces chiffres que M. Hirsch regarde comme les plus probables”. II. Terrains. Terrains primaires. M. Lory ** a signalé des distinctions qu’on peut établir dans les roches cristallines des Alpes et qui pourront être utilisées pour une classification chronologique de ces roches. Dans la chaîne de Belledonne, entre Vizille et les * Des mesures prises récemment avec une grande exactitude dans un puits creusé à Sperenberg et qui a été poussé jusqu'à 3390 pieds de profondeur ont donné une augmentation de température régulière de 0,76 R. par 100 pieds. Neu. Jahrb., 1876, 716. APE tent DE on US OA ES TR ; Pa OU LV LEE SERRE EME PES Le *É REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 135 plaines de l'Oisans, on rencontre d’abord des schistes très feuilletés, micacés, quartzeux, chloriteux, métallifères. A partir de la Séchilienne, on traverse des gneiss amphibo- liques plus anciens, alternant avec des diorites schisteuses et pénétrés par des veines de diorite granitoïde; puis viennent des schistes micacés avec grenats et des calcaires saccharoïdes, qui s'appuient sur des gneiss et des granits à mica blanc. La protogine, qui est très développée dans le massif du Pelvoux, est en liaison intime avec les oneiss chloriteux, dans lesquels elle paraît former des amas interstratifiés, contemporains de la formation de ces gneiss et non injectés ultérieurement. M. GasTaLDi ‘* a continué ses recherches sur les ro- ches anciennes des Alpes dans la partie supérieure de la vallée du Pô. Ce fleuve traverse, en amont d'Envie, une zone de gneiss central, large de 16 kilomètres, qui fait partie du grand massif cristallin s'étendant de la vallée de la Doria Riparia à Saluzzo. La roche en est parfois grani- toide, parfois schistense ; elle est très riche en cristaux d'orthose, qui est le minéral le plus caractéristique du gneiss central, tandis que l’albite et l’oligoclase sont do- - minants dans la zone de la pierre verte. On y trouve quelques bancs de quartzite, de graphite, de calcaire sac- charoïde, et parfois de la stéatite (craie de Briançon). Ce gneiss est nettement stratifié et d'origine sédimen- taire, bien qu'il soit la roche la plus ancienne ; les miné- raux qu'il renferme indiquent que, pendant son dépôt, la vie existait déjà à la surface du globe. Il est recouvert par la zone de la pierre verte, qui a 22 kilomètres d'é- paisseur. Elle commence par un banc de calcschiste au- quel succèdentdes serpentines, des euphotides, des schistes épidotiques et variolitiques, formant le massif du Mont * FFC FRE Es + » L 2 FEES De + 211 EE * Z RC ee È Viso, puis une alternance de calcschistes et de quartzite ; le Monte Pelvo est formé par cette dernière roche. Dans ses premiers travaux, M. Gastaldi regardait la zone de la pierre verte comme l'équivalent du terrain laurentien ; plus tard il l’a classée dans le laurentien supérieur, l’hu- ronien et. le cambrien. Aujourd'hui il la considère comme prétriasique avec les gypses, les cargneules, les schistes lustrés qui l’accompagnent, sans définir exactement l'ho- rizon auquel elle correspond. Les roches cristallines des Alpes sont semblables à celles de l’Apennin” et il n’y a aucun motif pour séparer cette chaîne de la chaîne alpine. La zone de la pierre verte constitue, avec des caractères identiques, une partie importante de l’une et de l’autre. M. Barerri® a décrit les terrains anciens qui forment les montagnes du Val d'Aoste. Au-dessus des granits et des gneiss, qui sont le centre des grands massifs alpins, se trouvent les terrains appartenant à la zone de la pierre verte. M. Baretti la subdivise en deux horizons ; l'infé- rieur, calcaréo-magnésien, renferme les roches suivantes : serpentine, taleschiste chlorite, pierre ollaire, diorite, syé- nite, euphotide, dolomies, cargneules, gypse, caleschiste, calcaire cristallin; l'horizon supérieur, qui est celui des roches micacées feldspathiques, est formé de gneiss, de micaschistes et de porphyres gris. Tous ces terrains sont prépaléozoïques. Au-dessus viennent les couches du terrain antbracifère que M. Baretti regarde comme plus ancien * M. DE STEFANI ne reconnaît pas dans la Toscane l’équivalent de la zone de la pierre verte. Les marbres des Alpes apuennes sont d’époque beaucoup plus moderne ; les serpentines, les euphotides de la Garfa- gnana sont plus récentes que le terrain éocène, sur lequel elles repo- sent (Bull. com. geul. d'Italia, 1875, 212 ; 1876,16). RS SE MES RU DENT EPA RS 0 ei ST VAE Tr » 43 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 137 que le terrain houiller, des calcaires, des gypses et des calcaires compactes qui ont été rapportés généralement au trias et au lias. L’auteur émet des doutes sur ce clas- sement. Clivage des roches. Structure en éventail. Le clivage des roches est très distinct des plans de stratification et sa production est en rapport avec les actions qui ont dé- formé les fossiles dans les mêmes couches et avec les grandes lignes de dislocation. Ce phénomène doit donc être attribué à des actions mécaniques. M. DAUBRÉE ‘* a fait sur ce sujet une série d'expériences remarquables, à l’aide de la machine de M. Tresca. Sous une forte pres- sion, il a produit sur de l'argile desséchée, des feuillets disposés dans le sens de la pression et du mouvement; il a obtenu aussi des bélemnites tronçconnées semblables à celles que l’on trouve dans les schistes argileux des Alpes. Ces expériences, variées un grand nombre de fois, ont fait constater une identité frappante entre les roches feuil- letées artificiellement et celles qui présentent le phéno- mène naturel du clivage. L'auteur remarque l'importance de ces expériences pour expliquer la texture des roches schisteuses ; cette texture s’observe dans des roches d’o- rigine et de nature très différentes, dont les unes sont fossilifères, d’autres cristallines, d’autres évidemment érup- tives ; les meilleurs exemples en sont les masses centrales des Alpes et des Pyrénées, le Mont-Blanc, le St-Gothard, les Alpes bernoises, le Pelvoux, etc., dans lesquelles on a constaté la présence de la structure en éventail. M. Dau- brée est arrivé à reproduire artificiellement cette structure qui se manifeste quand la roche émerge par la compres- sion du moule dans lequel elle est emprisonnée. Les ob- servations de M. Studer dans les Alpes bernoises, où des ARCHIVES, t. LVIIL — Février 1877. 10 masses calcaires ont été enchâssées dans le gneiss, sans être modifiées par lui, prouvent que ce gneiss n’était pas entièrement solide quand il a été poussé à la surface, mais qu'il n’était pas non plus à l’état de fusion ; il les a envelop- pées à la manière d’une masse plastique. La plasticité était probablement due en partie à l'énorme pression qu'il subissait. Celle-ci a déterminé la schistosité de la masse, qui a pris la structure en éventail quand elle est sortie du moule qui la comprimait. Il en a été de même dans les autres massifs, par exemple dans celui du Mont-Blanc, où les terrains secondaires ont été comprimés, comme les schistes cristallins, dans la vallée de Chamonix, tandis que d’autres parties, telles que le lambeau calcaire des Aiguilles-Rouges, qui n'étaient pas comprises entre les masses cristallines ont été soulevées par elles. M. KaurManx ‘‘ a résumé les recherches faites sur la structure en éventail du Gothard. Elle a déjà été l’objet des observations de Scheuchzer; plus tard elle a été étu- diée par Pini, qui regardait les divisions en bancs comme le résultat de la segmentation des granits, tandis que de Saussure , les deux Escher de la Linth, Lardy et de Fritsch pensaient qu’elle est le résultat de la stratification. MM. Studer, vom Rath et Giordano se sont prononcés pour la théorie de Pini et ont combattu par de nombreux arguments les défenseurs de la théorie opposée, soit pour le massif du Gothard, soit pour les autres massifs alpins. M. Lory ‘* constate que, dans tous les massifs appar- tenant à ce qu'il a nommé la première zone alpine (Pel- voux, Grandes-Rousses, Belledonne, Aiguilles-Rouges, Mont-Blanc), les terrains secondaires reposent, quand ils sont encore horizontaux, sur les tranches des schistes cris- tallins ou du grès à anthracite. Le feuilletage et la strati- REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 139 fication très inclinée de ces roches est donc un fait anté- rieur au dépôt du trias. Après le dépôt du terrain juras- sique, ont eu lieu des glissements, des dislocations, suivant les plans de stratification. Une partie des terrains secon- daires sont restés en lambeaux horizontaux, les autres, pris dans les failles, ont été redressés, pliés, froissés, ont glissé et ont paru ainsi, dans beaucoup de cas, prendre une stratification concordante avec celle des roches cris- tallines; c’est ainsi que s’est formée la vallée de Chamonix. La structure en éventail du Mont-Blanc s'explique par une compression latérale de la base du massif qui aurait entraîné un écartement des feuillets dans la partie supé- rieure, explication qui peut être maintenue, quelle que soit l'idée que l’on adopte sur l’origine des divisions stratifor- mes de la protogine. Les deux flanes de cette montagne ne présentent aucune symétrie et les couches ne se cor- respondent pas d’un côté à l’autre, le versant italien ne présentant pas le grand développement des gneiss qui se voit sur le versant français. Le Mont-Chétif appartient déjà aux chaînes alpines intérieures, où les terrains ju- rassique, triasique et houiller reposent en concordance sur les schistes cristallins. M. Lory est aussi disposé à expliquer les coins calcaires dans les gneiss des Alpes bernoises, par des failles dont les unes seraient parallèles, les autres perpendiculaires aux couches de ces roches, et le long desquelles se seraient produits des glissements ; les couches jurassiques, flexibles, auraient été moulées et repliées dans cette nouvelle forme. Cette explication théorique lui parait s'adapter aux faits qui ont été décrits par M. Sruper ‘** et dont cet auteur fait une des principales objections à la théorie de la stra- tification du gneiss (Rev. pour 1873, 285 ; 1874, 282). PR A RU AN OS LAON LE : 4 . A { ù Fe ÿ ) a+ 140 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. D’après M. Prarr °*, le Mont-Blanc ne présente pas la structure en éventail. L’inclinaison des couches est trop irrégulière et trop variable pour qu’on puisse donner ce nom à leur disposition dans ce massif, et l’on a, sur ses deux flancs, beaucoup d'exemples de roches qui, au lieu de plonger sous la montagne, plongent en sens inverse ; ces exemples sont, il est vrai, tirés en majeure partie de la disposition des roches secondaires dans le voisinage du fond de la vallée, disposition qui a beaucoup moins d’im- porlance que celle de la protogine. L'auteur pense que les roches cristallines étaient déjà relevées en banes ver- ticaux avant le dépôt des terrains secondaires et qu’elles formaient un fond de mer de profondeur variable. Les dislocations des couches triasiques et jurassiques sont dues, soit au soulèvement, soit surtout à l’action de l’eau à laquelle M. Pfaff attache une grande importance pour expliquer les bouleversements locaux. L'eau atta- quant diversement les roches, entraînant certaines d’entre elles, laissant les autres plus ou moins intactes, doit être, dans l’écorce du globe, une cause de désagrégation et de dislocations qui ont pour conséquence des effondrements irréguliers de la surface. Ce sont ces affaissements qui se sont manifestés dans les vallées qui entourent le Mont- Blanc ; ils ont eu parfois pour conséquence des ren- versements partiels qui donnent aux couches secondaires l'apparence de plonger sous les terrains cristallins, tandis qu'ailleurs elles reposent sur eux normalement, mais en couches inclinées. La prétendue structure en éventail des roches cristallines doit être rapportée à la même cause, la compression que les roches ont subie au niveau du fond des vallées par suite de l’affaissement des roches calcaires devant tendre à faire écarter leur partie supérieure, et ce Y REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 141 mouvement augmentant ensuite naturellement par l'effet de la pesanteur. Terrains mésozoïques. Trias. L’assimilation, établie par M. A. Favre”, de lar- kose du massif du Mont-Blanc avec le grès bigarré a été confirmée par plusieurs observations. Les amas de jaspe renfermés dans cet arkose, près de St-Gervais; sont d’après M. Pezcar ** identiques à ceux qui se trouvent dans les grès bigarrés des environs d’Autun; les car- gneules qui le recouvrent sont aussi fort semblables au calcaire dolomitique cloisonné, intercalé dans les marnes irisées de la même région. Suivant M. Dauprée !°, on trouve près de Plombières, dans les Vosges, des jaspes qui sont dans la même position que ceux de St-Gervais. Il attribue leur origine à des infiltrations quartzeuses, épanchées, à côté du granit, dans la partie inférieure du grès bigarré. M. Guwsec °° a continué la discussion entamée avec MM. de Richthofen, de Mojsisovics et Hœærnes, sur les do- lomies du Tyrol méridional (Rev. pour 1875, 366). Il a conclu de ses premières recherches dans les environs de Botzen que l'étage des dolomies du Schlern formait pri- mitivement dans celte région une masse continue qui, plus tard, s'était rompue par suite des mouvements du sol et des érosions et avait ainsi pris l'aspect caractéristi- que de ces montagnes si hautes et escarpées. Les géologues autrichiens, avec lesquels il est en opposition, sont de l'opinion que ces marnes ont toujours été isolées et ont été formées par des récifs de coraux dans les intervalles desquels se déposaient des couches marneuses. M. Gum- * Recherches géologiques, 1867, III. 7 , hi é +4 NE AS PET A OR D EC PORC TE ENTER OA TE TE ET OR RENE Te TS pe UE ES RL E PPANUA GLe 142 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. bel remarque que, dans leurs dernières publications, ils ont restreint leur théorie à quelques cas particuliers, au lieu de l’étendre, comme ils le faisaient auparavant, à toutes les dolomies du Tyrol méridional. Il constate que ces doiomies sont stratifiées et qu’on n’y observe pas, ou très rarement, la structure coralligène, tandis qu'elle est parfaitement visible dans beaucoup de calcaires. Enfin il cherche à démontrer que l'hypothèse d’une origine coral- ligène n’est pas conciliable avec les circonstances dans lesquelles se formaient ces dépôts. Les recherches récentes et très complètes de M. Be- NECKE * ont tranché la question si controversée de l’âge du calcaire d’Esino. Suivant sa classification, ce terrain est inférieur aux couches de Raïbl et peut être regardé comme un équivalent du Keuper inférieur, les couches de Raïbl correspondant au Keuper moyen, la grande dolomie et les couches rhétiennes au Keuper supérieur. TERRAIN RHÉTIEN. M. HENRY ‘* à fait l'étude des as- sises comprises entre l'étage des marnes irisées et lho- rizon de la Gryphea arcuata, dans les départements du Doubs, du Jura et de la Haute-Saône. L’étage rhétien qui en forme la base est constitué à la partie infé- rieure par des grès, des argiles et des calcaires jau- nes cloisonnés, à la partie supérieure par des calcaires foncés, des marnes noires et des marnes ressemblant aux marnes irisées. Îl est caractérisé par lAvicula contorta Portl., Cardium cloacinum Qu., Anomia Schafhautli Wink., Pecten Valoniensis Defr., et de nombreux restes de pois- sons. L’étage hettangien qui le surmonte correspond aux zones des Ammonites planorbis et angulatus. Il renferme beaucoup de Cardinia et la Lima gigantea. Ces deux étages sont bien distincts par leurs caractères paléontolo- REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 143 giques, pétrographiques et même stratigraphiques; ils n’ont qu'un petit nombre d'espèces communes. Le keuper supérieur renferme aussi dans la même région un horizon fossilifère dont la faune ne paraît avoir aucun rapport avec celle des couches infraliasiques. Ces conclusions sont appuyées par un grand nombre de coupes prises dans les diverses parties de la Franche-Comté, et par l'étude des fossiles rhétiens et hettangiens. Ces deux terrains sont indépendants du keuper. Le premier, qui renferme 90 espèces, est un étage distinct par sa faune et ses carac- tères pétrographiques; le second se rattache au lias et renferme 1141 espèces. Ce mémoire est accompagné de plusieurs planches. * T. casique. Les salines de Bex ont été étudiées par M. Poserwy *’. Elles ont fourni, en 1873, 1,900,000 ki- logrammes de sel, soit 6 à 7°/, de la consommation de la Suisse. 23°/, du sel proviennent des eaux salines, 77°], de l'exploitation directe de la roche. Le sel, le gypse et l’anhydrite se trouvent réunis dans ce gisement comme dans un grand nombre de salines, et sont des dépôts d’une solution très concentrée. Des lits d’anhydrite contournés alternent avec des bancs de sel et d'argile; on y trouve aussi des cristaux de quartz. Les relations géo- logiques des deux masses principales de gypse avec les calcaires qui les séparent et les enveloppent, ne sont pas aussi simples que l'avait cru Charpentier; il y a dans ce terrain beaucoup de plissements dont cet auteur n’a pas tenu compte. D’après les fossiles qu'il a recueillis lui-même et ceux qui sont déjà connus par les travaux de Lardy et de M. Studer, l’auteur rapporte cette formation salifère au terrain liasique. Nous devons à M. DE TRIBOLET une traduction de cette note. rés de LA % À 144 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. T. surassique. M. ÉBray ** a découvert dans les en- virons de Viuz (Haute-Savoie) des fossiles de divers éta- ges jurassiques (Ammonites primordialis, Parkinson, viator) qui permettent de classer d’une manière certaine des terrains sur l’âge desquels on était encore dans le doute. Le même auteur?’ a constaté la présence du Cancello- phycus scoparius dans des marnes qu'on rencontre sur la route de St-Jeoire à Bellevaux par Onnion. T. oxfordien. J'ai publié ‘* la description des fossiles du terrain oxfordien dans les Alpes de la Suisse occi- dentale. Ce terrain se compose de deux horizons. L'infé- rieur, formé d’un calcaire rouge concrétionné, renferme, associés ensemble, des fossiles de la zone à Amm. corda- tus et de celle à Amm. transversarius : Belemnites hastatus, BI. Ammonites Arduennensis d’Orb. — Sauvanausus d’Orb. — Eugenii d’Orb. Ammonites Manfredi Opp. Cidaris filograna Ag. — mediterraneus Neum. Rhabdocidaris spinosa Ag. sp. — polyanchomenumGem. Collyrites Voltzii Ag. sp. — Henrici d'Orb. . = — Friburgensis Oost. — Erato d’Orb. L'horizon supérieur, formé d’un calcaire gris, con- tient en majeure partie des types de la zone à Amm. transversarius et quelques espèces appartenant à des ho- rizons plus récents : Belemnites hastatus BI. Ammonites plicatilis Sow. — Argovianus May. — colubrinus Rein. Ammonites plicatus Neum. — Birminsdorfensis Mœsch. — Saxonicus Neum. —- Œgir Opp. — Manfredi Opp. — bimammatus Qu. — Arolicus Opp. Aptychus latus Park. sp. — callicerus Opp. Collyrites Voltzii Ag. sp. — Erato d'Orb. — Friburgensis Oost. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 145 On y trouve, dans presque tous les gisements, l’Amm. bimammatus ; il renferme beaucoup d'espèces communes au calcaire rouge; il est recouvert directement par la zone à Amm. lenuilobalus ; l'horizon inférieur du terrain jurassique des Voirons en fait partie. Un troisième horizon, le calcaire à ciment, inférieur au précédent, contient un certain nombre d'espèces du calcaire rouge et du caleaire gris. Toutefois son âge n'a pu être encore fixé d'une manière définitive à cause du mauvais état des fossiles. M. Towgeck ‘‘* a constaté que, dans la Haute-Marne, l’'Ammonites bimammatus se trouve, non-seulement avec l’'Amm. Marantianus dans le terrain corallien compacte, mais aussi à un niveau inférieur dans la zone de l’Amm. Babeanus, c'est-à-dire dans le terrain argovien. Cette association est identique à celle que je viens d'indiquer. T. jurassique supérieur. MM. DumorTiER et FONTAN- NES ** ont publié une description des ammonites de la zone à Ammoniles tenuilobatus de Crussol (Ardèche). Sans prétendre tirer de cette étude paléontologi- que des conclusions décisives sur l’âge de ces couches, les auteurs font cependant remarquer « le peu de rap- ports que la plupart des formes de ce niveau offrent avec celles de la zone à Amm. transversarius » et « l’affinité incontestable qui existe entre plusieurs espèces et cer- tains types du kimméridien inférieur.» Cette affinité, jointe à la présence d'un petit nombre d’espèces identi- ques du bassin anglo-parisien (Amm. longispinus, desmo- notus, allernans, polyplocus, Lothari, ete.), vient à l'appui de l'opinion qui considère la zone à Amm. tenuilobatus comme un facies du corallien supérieur ou du kimméridien inférieur. M. FONTANNESs ‘? remarque que l’on ne peut pas subdiviser cette zone en deux assises, comme cela a été 146 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. qu: fait dans les Alpes orientales, où M. Neumayr a reconnu un horizon inférieur, correspondant à la zone à Amm. tenuilobatus proprement dite, et un horizon supérieur ca- ractérisé par l’Amim. Beckeri et qui est l'équivalent de la zone à Amm. Eudoxus et pseudomutabils. Alpes. M. Pizzer *”* a donné la conpe géologique de la colline de Lémenc, près Chambéry (Rev. pour 1875, 369); les couches de Berrias qui surmontent dans cette localité celles de Stramberg sont pour lui lPéquivalent du Purbeckien du bassin anglo-parisien. J'ai exposé *” la structure géologique de la montagne des Voirons et reproduit la coupe qui en a été donnée par M. À. Favre. J'ai aussi résumé mes recherches sur le terrain jurassique de cette montagne et des Alpes de la Suisse occidentale “” (Rev. pour 1875, 368). M. Égray *® n’admet pas que la coupe des Voirons puisse s'expliquer par des contournements, mais par un simple redressement des couches combiné avec des failles. Il classe les calcaires à Ammoniles subfimbriatus, Rouya- nus, Terebratula diphyoides (néocomien alpin) et ceux indiqués par M. A. Favre comme étant de l’oxfordien dans les étages kimméridien et portlandien, surmontant le co- rallien. Cette coupe est entièrement différente de celle qui a été donnée par M. A. Favre et des résultats fournis par l'étude des fossiles jurassiques de cette montagne. M. R. Hoerwes ‘* a signalé dans le Tyrol méridional plusieurs nouveaux gisements du terrain jurassique su- périeur. Il donne une liste de fossiles de la zone à Amm. tenuilobatus et des couches tithoniques recueillis à Lava- rella près St-Cassian par M. de Klipstein. M. Dinecor et moi ** avons rendu compte de l’excur- sion faite au Salève par la Société géologique de France REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 147 et donné la coupe détaillée de cette montagne, spéciale- ment des assises jurassiques et crétacées. Il a été constaté pendant cette excursion que, dans les carrières de Mon- petier, la transition du calcaire jurassique oolitique au calcaire compacte valangien est tout à fait insensible et graduelle; ces deux terrains sont séparés, à quelque dis- tance de là, dans la Grande-Gorge, par une brèche à cailloux noirs qui ressemble beaucoup au terrain pur- beckien du Jura, mais dans laquelle on n'a pu encore trouver de fossiles d’eau douce. M. Coquaxp ‘* tire les conclusions suivantes de ses propres recherches et des divers travaux publiés sur les calcaires coralliens. La coupe de Lémenc montre que la Terebratula janitor est superposée aux bancs de loxfor- dien supérieur à Amm. polyplocus et qu'elle remonte mê- me dans le corallien à Terebratula Moravica et Cidaris glandifera. La coupe de l’Échaillon prouve que le coral- lien à Terebratula Moravica est recouvert par 100" de calcaire attribué au purbeckien; la coupe du Salève fait voir ce même calcaire, inférieur à des assises jurassiques attribuées au portlandien et recouvertes par le valangien. Ces coralliens à Diceras Luc, Cidaris glandifera, etc. offrent les plus grands rapports avec ceux d'Angoulême et d'Algérie qui sont de l’époque astartienne et doivent être regardés comme leurs contemporains. Les calcaires du Château qui recouvrent à Crussol la zone à Amm. lenuilobatus renferment, d’après M. Fox- TANNES “" : Ammonites ptychoicus Quenst. Ammonites Geron Zitt? — carachteis Zeusch. — contiguus Cat. — Staszycii Zeusch. — Volanensis Opp. — lithographicus Opp. — cyclotus Opp. — Hæberleini Opp. — avellanus Zitt ? — Richteri Opp. — Haynaldi Herb.? 148 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. Ils sont l'équivalent exact du terrain tithonique infé- rieur et des couches du Calvaire de Lémenc. Jura. M. Mœsch a signalé, depuis plusieurs années, l'association à Wangen et à Oberbuchsiten de fossiles des couches de Baden et de ceux du terrain astartien; ce fait a fourni un des principaux arguments pour établir la con- temporanéité de ces deux horizons et pour les considérer comme des faciesdifférents d’un même terrain.M.CHorraT'° a retrouvé dans le Jura occidental une association de fos- siles tout à fait semblable. Sur les #4 espèces qu’il a re- cueillies, 21 se retrouvent dans l’astartien ou le kimméri- dien du Jura Bernois, et 19 dans les couches de Baden. Les couches coralliennes qui surmontent cet horizon sont, à Valfin même, l'équivalent du terrain ptérocérien, tandis que, plus au nord, aux Crozets, le facies coralligène ayant duré moins longtemps, elles ne correspondent plus qu'à l’hypoptérocérien, le ptérocérien proprement dit et l’épiptérocérien s’y trouvant normalement développés. Sur ces deux points la zone à Amm. acanthicus est com- prise entre deux horizons coralligènes (Rev. pour 1875, 370). M. ne TriBozert ‘!° a fait la comparaison de la série des terrains jurassiques supérieurs étudiés dans la Haute- Marne par MM. Royer, Tombeck, Pellat et de Loriol, avec celle des assises du Jura suisse et français. Il établit Le parallélisme de ces terrains de la manière suivante : 11. Purbeckien (avec les dolo- Zone à Cyrena rugosa. mies portlandiennes). 10. Portlandien. Zone à Amm. gigas et Cyprina Brongniarti. 9. Virgulien. Z. à Amm. Caletanus. 8. Ptérocérien. Z. à Amm. orthocera. 7. Séquanien supérieur. Calcaire à Astartes et oolite de La Mothe: REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 149 6. Séquanien inférieur, Corallien compacte. 5. Rauracien supérieur. Oolithe de Doulaincourt ou mar- | nes grises. 4. Rauracien inférieur. Calcaires grumeleux corallien ou marnes grises. 3. Pholadomyen. Z. à Belemn. Royeri. 2, Zone des calcaires hydrau- Z. à Amm. Babeanus. liques. 1. Sponcitien. | Z. à Amm. Martelli. Le même auteur !‘* a résumé la discussion relative à l’âge des couches à Amm. tenuilobatus ; il prouve qu’elles sont synchroniques du terrain astartien et supérieures au corallien proprement dit ; 1l présente dans deux tableaux la classification des terrains jurassiques supérieurs dans le Jura et les contrées avoisinantes. M. pe LorioL 7? a commencé la monographie des cou- ches de la zone à Amimonites tenuilobatus de Baden en Argovie. Dans une courte introduction, il donne la coupe géologique du gisement de ces couches qu'il regarde comme kimméridiennes et comme un facies du calcaire à astartes. Les fossiles décrits se rapportent aux genres Serpula, Belemnites, Nautilus et Ammonites (Phylloceras, Amaltheus, Haploceras et Oppelia, pars). TERRAIN cRÉTACÉ. M. DE TriBocer ‘‘* a décrit de nou- veaux échantillons de crustacés décapodes des terrains crétacés inférieurs. Ceux qui proviennent de la Suisse sont : Meyeria Vectensis Bell. Valangien sup. Ste-Croix. ? Astacodes falcifer Phill. sp. Néocomien. Sentis, Prosopon Renevieri Trib. Urgonien. Ste-Croix. Patte indéterminée. Valangien sup. Ste-Croix. M. RENEVIER ** a donné une coupe très détaillée des terrains de la Perte-du-Rhône. IL y indique, assise par assise, toutes les couches de la mollasse, du gault, de REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. l’'aptien, du rhodanien et de l’urgonien, avec leurs princi- paux fossiles. Les phosphates non cristallisés de Belle- garde sont dus, suivant M. Jannettaz, à une attraction opérée par les matières organiques sur des phosphates d’origine minérale. M. R. Hogrxes ‘* a signalé dans les environs d’Ampezzo et d'Enneberg, dans le Tyrol méridional, plusieurs gise- ments de terrain néocomien à Ammonites Rouyanus, sub- fimbriatus, Grasianus, etc. ; ce terrain, tout à fait indépen- dant des couches tithoniques, repose sur le calcaire du Dachstein. M. Vacek ‘!* a trouvé un riche gisement de fossiles du gault près de Bezau, dans le Vorarlberg. On ne connais- sait encore dans cette région que fort peu d'espèces de ce terrain. Cette découverte prouve que le gault du Sentis s'étend plus à l’est avec les mêmes caractères. Terrains cénozoïques. TERRAIN TERTIAIRE. M. DE LORIOL *° a terminé la des- cription des Échinides tertiaires de la Suisse. Sur les 53 espèces décrites, #3 appartiennent à la faune éocène; les couches nummulitiques du canton de Schwytz en ren- ferment 34 dont 10 sont communes aux eouches du Vicentin; quelques espèces proviennent des couches oli- gocènes des Alpes bernoises et vaudoises. La faune mio- cène renferme seulement 9 espèces; une seule, le Brisso- psis Pecchiolü Des. a été trouvée dans le terrain pliocène du Tessin. Cette belle monographie termine l’Échinologie helvétique, entreprise par MM. Desor et de Loriol (Our- sins jurassiques) et continuée par ce dernier auteur seul (Oursins crétacés et tertiaires). M. BiEDERMANx * a décrit et figuré une mâchoire de | REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. Masiodon angustidens Cuy. qui provient des couches de la mollasse d’eau douce supérieure (ét. œningien) et qui a été recueillie dans la carrière de Veltheim près de Winterthur, Nagelfluh. M. Bacamanx' a étudié la grande masse de nagelfluh polygénique qui s'étend, des bords du lac de Thoune, le long de la lisière des Alpes jusque dans la Suisse orientale. Les roches granitiques, porphyriques, ete., dont les cailloux constituent ce conglomérat, ne pro- viennent pas des Alpes; on a remarqué depuis longtemps l’analogie de certaines d'entre elles avec des roches de la Forêt-Noire. Des quartzites blancs et des porphyres quartzifères rouges en forment dans l'Emmenthal un des principaux éléments. Les roches calcaires s’y trou- vent aussi dans cette région. Elles y sont beaucoup plus nombreuses entre le lac de Lucerne et le lac de Con- stance, où elles ont une grande ressemblance avec le lias du Vorarlberg. La disposition des masses de nagelfluh dans la plaine suisse rappelle beaucoup la forme trian- gulaire des deltas. On peut y établir les distinctions suivantes : 1. Nagelfluh calcaire de Vevey et de Châtel St.-Denis (roches cal- caires des Alpes de cette région). 2. Nagelfluh calcaire du Guggisberg et de Ruschegg, s'étendant jusque près de Schwarzenburg et dans laquelle les quartzites et les roches granitiques manquent presque entièrement. 3. Nagelfluh polygénique qui s'étend du lac de Thoune à travers l'Emmenthal et l'Entlibuch jusqu'aux environs d’Affoltern. 4. Nagelfluh calcaire et polygénique du Righi, du Rossberg et du Zugerberg. 5. Nagelfluh calcaire et polygénique qui s'étend du Wäggithal à travers le Toggenburg et l'Appenzell et au nord jusque près de Win- terthur. 6. Lambeaux de nagelfluh calcaire entre Bregenz et Immenstadt. 152 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. | La structure de ces masses, les passages à la mollasse, : la diminution de grosseur des cailloux à mesure qu'on avance vers le nord, indiquent que ces dépôts ont été faits par des cours d’eaux venant de l’intérieur des Alpes. Les hypothèses les plus variées ont été émises pour ex- pliquer l'origine des roches étrangères aux Alpes. M. Bachmann les réfute l’une après l’autre. Il remarque Fa- nalogie des roches calcaires du Vorarlberg avec celles du Stockhorn et constate que le dépôt le plus épais de la nagelfluh est précisément dans la région comprise entre les lacs de Thoune et de Constance et où les chaînes formées de ces roches manquent. Est-ce un simple effet du hasard? L'auteur ne le pense pas et se ralliant en partie à la théorie de MM. Studer et Escher, il croit qu’à l’époque de la mollasse, la chaîne du Stockhorn s’étendait au-devant des Alpes calcaires actuelles, entre ces deux lacs, et que les terrains cristallins qui étaient à découvert dans cette chaine, ainsi que les cal- caires semblables à ceux du Stockhorn, ont fourni les éléments de cette roche polygénique. Cette chaîne dis- parue devait renfermer beaucoup de métaux dont on re- trouve les traces dans les cailloux quien sont les seuls restes. La nagelfluh qui constitue le Righi a été l’objet des observations de M. Runimeyer ‘**. Cette roche est un dé- pôt littoral, formé en même temps que les mollasses d’eau douce et marine se déposaient dans l’espace qui sépare les Alpes du Jura. Son épaisseur est très inégale le long de la limite des Alpes; on ne doit pas s’en représenter le dépôt comme formant des couches continues, mais comme provenant de grands deltas produits, en certains points,par des accumulations de matériaux et s’amincissant comme des lentilles à partir du point central. La nagel- ÿ ASE PATE SX Se are ART OP Lg FN DE M PUR Es =" REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 153 fluh du Righi a été déposée pendant un affaissement lent et régulier du sol. Elle est constituée à la partie inférieure par une roche grise dans laquelle le calcaire prédomine; la partie supérieure est beancoup plus rouge, formée en majorité de roches cristallines étrangères aux Alpes dont l’origine est inconnue, et souvent unie par un ciment rougeâtre. On yÿ remarque la disposition des cailloux imbriqués les uns sur les autres dans le sens de la di- rection du courant. Glaciers miocènes. M. VEzrAN ‘* admet l’existence d’une période glaciaire miocène; on en retrouve les traces dans la colline de la Superga, où elle a été reconnue par M. Gastaldi, en Suisse, dans les Pyrénées où les restes en ont été trouvés par M. Garrigou, dans le Morvan où la découverte en est due à M. J. Martin. La nagelfluh de la Suisse ne serait que lalluvion ancienne des glaciers miocènes du versant nord des Alpes. L’épaisseur si va- riable des diverses masses de cette roche, son accumula- tion au débouché des principaux bassins ont un caractère tout à fait diluvien, et M. Vézian attribue l’origine des cours d'eaux qui l'ont transportée aux anciens glaciers, T. GLacIAIRE. 7. pliocène et glaciaire (Rev. pour 1875, 376). M. Sorpezut ‘** a publié, sur la faune de Cassina Rizzardi, de nouvelles observations qui confirment ses recherches précédentes. Il réfute les faits énoncés par M. Desor dans son livre sur le paysage morainique. Le sup- plément qu'il donne à la description des fossiles de cette faune en porte le nombre total à 156 espèces, soit 150 mollusques, À annélide, 2 polypiers, 3 foraminifères. De ce nombre, 89 sont éteintes, 64 vivent encore dans la Mé- diterranée, 4 vivent dans les mers tropicales. Parmi les espèces méditerranéennes, 15 sont spéciales à cette mer, ARCHIVES, t. LVIIL — Février 1877. 11 122 Fr CR ET M AMAR . Lean Er x Le < AS RCE ET dure £ 46, dont aucune n’est arctique, sont communes à l’Atlan- tique. | M. C. Mayer ‘* a aussi combattu la théorie de MM. Stoppani et Desor sur la présence des anciens glaciers dans le nord de l'Italie à l’époque pliocène. Après une introduction stratigraphique sur la nature des dépôts et de la faune pliocène en Europe et spécialement dans les plaines de la Lombardie, il examine les localités de Ba- lerna et de Fino. Les marnes exploitées à Balerna sont quaternaires, déposées dans l’eau douce, et ne contiennent aucune trace de fossiles; elles ont été con- fondues avec les marnes marines de Pontegana (astien inférieur) ; elles renferment cependant des cailloux striés et des blocs anguleux. Dans le monticule de Fino, les co- quilles sont mêlées au sable et aux galets; une partie sont bien conservées, les autres roulées et brisées; un grand nombre d’entre elles appartiennent à des types tropicaux ; elles forment un mélange d'espèces des ter- rains pliocènes inférieur et supérieur, celles du pliocène inférieur étant les plus brisées. Les cailloux sont roulés et de grosseurs très diverses; ils n’ont pu être déposés là ni par un glacier ni par des vagues de la mer, mais ils ont dû l'être par un cours d’eau. Le gisement de Fino est donc aussi un dépôt d’eau douce de l’époque glaciaire ; la faune pliocène qu’il renferme, est remaniée; ces co- quilles, mélangées avec des galets d’abord striés dans le glacier, puis roulés par un courant, sont arrivées dans cette localité longtemps après le retrait de la mer pliocène. M. Mayer joint à cette note un tableau synoptique des terrains néogènes supérieurs dans le nord de l’Europe, la France, la Suisse et l'Italie, dans lequel la division entre A +, ju RCE VE Ne on 8 Pt Ep CAE TS EURE En ia te VUE LAN CNT EL 2 ‘4 Jin ET DR te A a RS CNE A et DEEE an € gs EE (AE a > LCI ue AE BR A AE CR à Dr 2€ REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 155 les lerrains pliocènes et glaciaires est soigneusement relevée”. Les conclusions de M. Rexevier ‘"” sur ce sujet sont différentes de celles de M. Mayer. Le gisemert de Pon- tegana est un dépôt marneux où les fossiles sont très bien conservés, mais où il n’y a aucune trace de cailloux Striés ; il appartient au pliocène inférieur et date d’une époque où les glaciers étaient bien éloignés de cette station. La colline de Fino (Bernate, Cassina Rizzardi ) est formée de graviers stratifiés ( ceppo) alternant avec de petites couches de sable dont les cailloux. plus ou moins cimentés, sont arrondis et souvent perforés par des lithophages. Les coquilles qui y sont contenues ne sont pas roulées et renferment du sable identique à celui au milieu duquel elles gisent. M. Rene- vier n'ya pas vu de cailloux striés. Les cailloux sont d'origine alpine et sont des cailloux glaciaires remaniés. C’est un dépôt marin d'époque plus récente, qui n’a au- cun rapport avec une moraine et qui doit correspondre aux sables jaunes subapennins ou sables d’Asti ; les quel- ques cailloux striés qui y ont été trouvés peuvent s’ex- pliquer par des glaces flottantes ; ce dépôt a dû être con- temporain des grands glaciers pendant leur phase d’em- piétement et il est l’équivalent des alluvions anciennes de la Suisse. Les argiles de Balerna sont incontestablement glaciaires; elles renferment en abondance des cailloux striés et sont surmontées de graviers post-glaciaires ; mais on ne trouve là aucune coquille marine. Ainsi l’époque * M. A Favre était arrivé à la même conclusion relativement à l'o- rigine du monticule de Fino (Rev. pour 1865, 382). 156 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. pliocène coïnciderait avec l’extension des glaciers, la fin de cette époque avec leur extension maximum, l’époque quaternaire correspondrait à leur phase de retrait. M. Renevier réunit ces deux époques en une période qu'il nomme période glaciaire. Les alluvions anciennes sont donc classées par lui à l’époque pliocène supérieure, comme l'avait admis autrefois E. de Beaumont. Après une nouvelle visite aux gisements qui font l'objet de cette discussion, M. Desor ** a discuté les di- verses objections faites à sa théorie, On ne peut mettre en doute que les glaciers n'aient eu sur le versantméridional des Alpes un développement considérable que l’auteur compare à celui des glaciers du Groënland; il décrit la marche de ceux-ci et leur mode de progression sur le bord de la mer. S'ils débouchent sur un rivage plat, ils restent sur une assez grande longueur en contact avec le fond de la mer et leur moraine profonde doit donc se mélanger avec le sable, le gravier et les co- quilies marines. Le dépôt de Cassina Rizzardi a exac- tement cette origine. Les objections climatologiques faites par M. Mayer, après l’étude de la faune qui est formée d’un mélange de coquilles des marnes bleues et des sables supérieurs, demanderaient à être confir- mées; Car on connaît des exemples qui prouvent la faible influence des glaces sur le caractère de la faune marine. D'ailleurs les plantes recueillies à Pontegana, le châtaignier, un saule, un érable, le hêtre indiquent un climat plus froid que le climat supposé par M. Mayer. Les objections faites par M. A. Favre ne parais- sent pas non plus suffisantes; le remaniement doit avoir été bien faible pour que les coquilles soient si bien con- servées et que les cailloux n'aient pas entièrement perdu REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 157 les traces des stries dont ils étaient couverts. Le lavage signalé par cet auteur a dû être fait non par les torrents, mais par la vague de la mer dans laquelle ont vécu ces coquilles ; ce quile prouve, c'est que ce fait a été con- staté depuis dans plusieurs nouvelles localités Ronco, Bulgaro-Grosso, Monticello et Caccivio et que, pour ces deux dernières au moins, l'explication par un remanie- ment loca! est impossible. Ce mélange de cailloux striés et de coquilles plus ou moins bien conservées doit donc être attribué à une cause générale qui ne se trouve que dans la théorie de MM. Desor et Stoppani. Ce der- nier auteur l’a reconnu d’une manière très évidente à l'issue de la vallée de la Doire Baltée dans les moraines d'Ivrée”. M. Fazsax ‘! a exposé la série des phénomènes qui se sont passés depuis l’époque miocène dans les environs de Lyon et qui ont amené la présence de coquilles miocènes et pliocènes dans les terrains glaciaires de cette région. La mer s’est retirée, à la fin de l’époque miocène, de cette contrée où les dépôts pliocènes sont des dépôts terrestres et d’eau douce. Les alluvions glaciaires qui recouvrent ces derniers dépôts ne contiennent que des fossiles re- maniés; leur origine se rattache directement à l’extension des anciens glaciers. Les fossiles qui se trouvent à la base du terrain erratique, dans l'argile glaciaire et asso- * M. Trutat a observé dans la partie inférieure de la vallée du Tech dans les Pyrénées, d'une part les dépôts glaciaires reposant sur des marnes bleues pliocènes redressées et d’autre part les cou- ches relevées du glaciaire ancien supportant les marnes bleues fossi- lifères de Nidolères qui appartiennent également au pliocène. fl y aurait donc eu dans les Pyrénées deux époques glaciaires. Comptes Rendus 1875, LXXX, 1108. — M. Leymerie a contesté plus tard l’ori- gine glaciaire du dépôt inférieur. Ibid., 1246. | FE f, 158 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. ciés aux cailloux striés, sont des fossiles miocènes rema- niés une deuxième fois et empruntés soit aux alluvions . glaciaires, soit au terrain miocène. Une grande partie d’entre eux sont cependant fort bien conservés; malgré leur présence, on peut être certain que ce terrain erra- tique ne s’est trouvé en contact avec aucune mer. M. Falsan en conclut que les fossiles marins dont MM. Desor et Stoppani indiquent la présence dans les terrains gla- ciaires de la Lombardie pourraient bien provenir du re- maniement des couches plus anciennes. M. FoxTaNNes “* a expliqué par un remaniement sem- blable la présence dans les berges de la Fuly (Isère) d'espèces des sables mio-pliocènes à Nassa Michaudi et Helix Delphinensis dans un conglomérat d'époque beau- coup plus récente. Versant nord des Alpes. La carte des anciens glaciers et du terrain erratique en Suisse, faite par M. A. FAvRE*”, est près d’être terminée. Elle représente, soit l’extension des névès et celle des anciens glaciers, soit le terrain gla- claire, les moraines et les blocs erratiques. Les glaciers du Rhône, de l’Aar, de la Reuss, de la Linth, du Rhin et ceux du Jura sont indiqués par des teintes distinctes. Leurs limites étaient différentes dans bien des cas de celles des bassins hydrographiques ac- tuels. Celui du Rhône déversait ses blocs erratiques sur ceux du Jura qui formaient pour eux une sorte de relais et les ont même transportés jusqu’au delà de Pontarlier. Le niveau supérieur des glaciers du Rhône et du Rhin fournit des indications intéressantes sur leur épaisseur, leur pente, leur direction : Pour le premier, il est de 2800" au Furkahorn, de 2082» à l’Arpille, de 1650r à Morcles ; il s’abaisse de là FA Ur nr bin sen ÿ d AN nuit tige vi Le TENTE TOR KE D dd FRA REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 159 jusqu’à 1150 au Gurnigel; le long du Jura, il varie de 1352 au Chasseron, jusqu’à 470 au Kaisterberg. L'é- paisseur de la glace dans les vallées était de 1500 à 1600" dans le Valais et diminuait de 917 à 136" sur les flancs du Jura. L’inclinaison de sa surface était très variable, en général faible et souvent presque nulle. Les chiffres donnés par M. Favre pour celui du Rhin, montrent que, à part des circonstances locales, son allure élait toute semblable. Ces deux glaciers s’élevaient à l’Arpille, au-dessus de Martigny et au Calanda, à 2080 et 2070". L’étendue occupée par les glaciers-réservoirs est, d’après les me- sures prises, égale à celle des glaciers d'écoulement. Les espaces qu’ils ont envahis en dehors de la chaîne des Al- pes, élaient très considérables et les paysages de cette époque devaient rappeler sous beaucoup de rapports ceux du Groënland. Bassin du Rhône. Dans une note sur les terrains des environs de Genève, M. A. FAvRE ** expose la nature des terrains qualernaires de cette région. Il indique les carac- tères de l’alluvion ancienne que l’on trouve en masses épaisses sur les deux versants des Alpes. Comment a-t- elle pu se former en aval de plusieurs lacs ? On ne peut admettre, pour expliquer ce fait, la théorie de l’affouille- ment glaciaire. Antérieurement M. Favre croyait qu'elle était intimement liée à l’invasion des glaciers et que les bassins lacustres s'étant remplis de glace, les matériaux de l’alluvion avaient pu les traverser sans les combler. Mais cette hypothèse ne résout pas toutes les difficultés de ce problème. L’alluvion ancienne est recouverte par le terrain gla- claire surmonté par l’alluvion post-glaciaire ou alluvion 160 des terrasses. Celle-ci à été formée par des cours d’eau provenant de la fusion des anciens glaciers et forme sur les bords du lac, du Rhône et de l’Arve, des terrasses dont la plus remarquable est au niveau de 30 mètres au- dessus des eaux actuelles. Au commencement de cette dernière période, certains dépôts ont été faits par des rivières qui n'existent plus maintenant où qui ont changé leur cours; elles ont formé des vallées d’érosion qui ne renferment plus d’eau et dont on voit des exem- ples aux environs de St.-Julien. M. Lory ‘a donné la coupe de la colline de la Bâtie, déjà décrite par Necker et par M. A. Favre et où l’on constate la superposition de l'argile glaciaire à l’alluvion ancienne. Il à indiqué de plus un fait nouveau qu'un chemin ouvert récemment le long des berges du Rhône, a permis d’ob- server et qui consiste en une nappe de boue glaciaire pé- nétrant au milieu de l’alluvion ancienne où elle se ter- mine en biseau; de sorte qu'on a, eu ce point, deux al- ternances de lalluvion et de l'argile glaciaire, tandis que, près de là, iln’y a qu'une simple superposition de la seconde à la première. M. Lory en conelut avec raison à la liaison intime qui existe entre la formation de cette alluvion et l’ancienne extension des glaciers et il explique ce fait par un retrait momentané du glacier. Cette obser- vation ne peut pas être invoquée pour établir l'existence de deux périodes glaciaires distinctes. J'ai réuni ‘‘ quelques observations qui tendent à prou- ver que l’alluvion ancienne a dû se déposer dans le voi- sinage immédiat des anciens glaciers. Les principales d’entre elles sont: les intercalations d'argile glaciaire dans ce terrain au Bois de la Bâtie et à Mategnin près de Genève, la présence de cailloux striés dans l’alluvion ancienne de REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. REVUE GÉOLOGIQUE. SUISSE. 161 cette localité, le fait que ce terrain conserve, à quelque distance des Alpes qu’on l’observe, le même mélange de gros cailloux et de sable fin, et son dépôt à des hauteurs très diverses dans l’intérieur d’un même bassin. M. Pa. DE La Harpe‘? a découvert à Lausanne un gi- sement de tourbe dans lequel on voyait quelques cailloux anguleux et qui était recouvert par le terrain glaciaire; les restes de plantes et d'insectes qui y étaient contenus sont en mauvais état ; on peut y reconnaitre des fragments de Populus (alba?) et des élytres d’une Donacia (disco- lor ?) ; il repose sur un dépôt de craie lacustre riche en coquilles, Limneus vulgaris, stagnalis, Valvata cristata, piscinalis, Planorbis fontanus, nüidus, Cyclas rivalis. cornea, Pisidium. Ce gisement date de l'époque glaciaire et peut-être de la fin de celle-ci. M. FaLsax °° a présenté la carte qu'il publie en colla- boration avec M. Chantre des anciens glaciers de la partie moyenne du bassin du Rhône”. (Rev. ponr 1875, 384.) M. Vezran ‘*' et M. Cuorrar ont publié quelques docu- ments sur les blocs d’origine alpine transportés par les glaciers jurassiens ; ces roches se rencontrent jusqu'aux environs de Pontarlier et de Salins et dans la vallée d’Or- nans. Un bloc de schiste chloriteux a été indiqué au Mont-Poupet qui est à 40 kilomètres environ à l’ouest de Pontarlier. M. Jaccaro ‘* a rendu compte d’une excursion faite avec M. À. Favre aux environs de Pontarlier pour y exa- miper les débris des roches alpines qui s’y trouvent en grand nombre. Ce ne sont pas de gros blocs, mais seule- ment des galets et des fragments dont le volume ne dé- * Mém. de l’ Acad. des Sc. de Lyon, 1869 ; Archives Bibl. Univer- selle, 1870; Assoc. franç. pour l'avanc. des Sc., 1873. 162 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE, passe pas un demi-mêtre cube; on ne voit pas non plus de dépôts morainiques intacts; ces roches sont en ma- jeure partie des quartzites. Le long de la route de la Chaux-de-Fonds à Maiche, sur la rive droite du Doubs, le même auteur a observé un véritable terrain glaciaire jurassien contenant plusieurs gros bloës de roches al- pines, arkésine, gneiss chlorité, etc., de plus de 1,50 de diamètre. [l en conclut que le glacier du Rhône a refoulé les glaciers jurassiens. M. Favre pense au contraire qu'il est venu s'unir à eux, les renforcer et que ceux-ci lui ont servi de relais pour transporter au loin les roches alpines. M. Orz"" à trouvé un bloc erratique de gneiss sur le mont d’Amin (Jura neuchâtelois) à 227% au-dessus du signal de Chaumont, soit 1400" au-dessus de la mer. C'est le plus haut bloc erratique qui ait encore été signalé dans la chaîne du Jura, Bussin de la Reuss. M. Rurimeyer ‘** a donné une carte du terrain erratique du Righi et de ses environs. La surface autrefois recouverte par le glacier est indiquée par une teinte uniforme, les blocs erratiques et les mo- raines de roches du St.-Gothard, les blocs où amas de blocs calcaires et ceux de grès de Taviglianaz sont marqués par des teintes spéciales. Les principaux éboulements et les alluvions modernes y ont aussi été no_ tés. La limite du terrain erratique n’est pas partout à la même hauteur; elle varie suivant la forme des montagnes et leur disposition. Elle atteint sa plus grande élévation en face du débouché de la vallée de la Reuss où elle est à 1340%; le long de la Hochfluh on la trouve à 1300: elle s’abaisse peu à peu jusqu’à 1100% au-dessus de Vitz- nau. Sur la rive gauche du lac, le Burgenstock (1134) 163 était couvert jusqu’au sommet. Sa hauteur est moindre sur le versant nord du Righi où on la trouve seulement à 4070" (au Dächli). La comparaison entre la disposi- tion des blocs sur le Righi et celle qu'on remarque à l'entrée du Muottathal, où leur limite s’abaisse subite- ment beaucoup, à fait supposer à M. Ratimeyer qu'ils datent de deux époques différentes de la période gla- ciaire. Le glacier d'Uri avait, pendant la grande exten- sion, sa limite supérieure à 900% au-dessus dn lac de Lucerne, tandis que le glacier ultérieur provenant du Muottathal n'aurait guère atteint qu’une hauteur de 250" au-dessus du lac Lowerz et se serait peut-être terminé dans cette région. On retrouve donc aussi dans l'intérieur des montagnes ces phases diverses, dont la région de Ja plaine renferme de nombreux indices”. Versant sud des Alpes. M. BaReTTI à décrit la marche des glaciers de la vallée d'Aoste qui sont venus former près d'Ivrée une moraine de plus de 18 kilomètres. M. Paca °* a étudié le terrain erratique du bassin du lac de Garda, M. Ouson”’ celui des environs d’Arco dans la province de Trente, M. C.-W. Fucus *‘ celui des envi- rons de Meran, dans le Tyrol méridional. Les roches po- lies et moutonnées jusqu'à 6000 pieds de hauteur, les orandes étendues de terrain glaciaire, les moraines prou- vent l’ancienne extension du glacier de l'Etsch et de ses affluents dans cette région. Descendant de POrtler et des oroupes de montagnes de l'OEtzthal, il atteignait là une épaisseur d'au moins 900 à 1000. Parmi les glaciers latéraux, un des principaux était celui de Passer, dont on retrouve les moraines jusqu’à 1200 et 1600" de hau- REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. * Mühlberg, Ueber die erratischen Bildungen in Aargau, 1869. 164 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. teur et qui se réunissait à celui de l’Etsch à Verdin. Ce fait et d’autres encore nous montrent que le terrain avait déjà sa configuration actuelle et que la forme des vallées et des montagnes n’a été modifiée que par l'usure super- ficielle produite par les glaciers. Vosges. M. Gran ** a donné une description du phéno- mène glaciaire dans le massif des Vosges. Époques glaciaires. M. FALsAN °! n’admet pas l'existence de deux époques glaciaires distinctes; il y a eu en Suisse avant la grande extension des glaciers, des oscillations qui ont permis le dépôt des lignites de Wetzikon, mais le glacier du Rhône ne s’est étendu qu’une seule fois aux environs de Lyon. Après avoir cherché à démontrer qu'on retrouve dans les environs de Genève les traces de deux époques gla- claires séparées par le dépôt des alluvions anciennes, M. TarDy ‘TT compare ce résultat avec les faits signalés à Durnten par Escher et M. Heer, à Perrier par M. Julien, à Rivoli près de Turin par M. Gastaldi, et par lui sur le plateau des Dombes aux environs de Bourg, et il constate que le même fait peut s’observer dans ces trois gise- ments; la première de ces deux époques serait de date pliocène et aurait séparé l’époque des Mastodontes (M. Avernensis et M. Borsoni) de celle de | Elephas meridio- nalis. : Érosion glaciaire. M. Viozzer-Le-Duc'* à fait des re- cherches sur l'accumulation des neiges dans les montagnes, sur les glaciers, leur force d’érosion, leur marche, les dépôts qu'ils laissent dans les vallées; il a réuni beau- coup d'observations intéressantes sur la manière dont se forment les moraines, les boues glaciaires, les lacs morai- niques, la structure même du glacier, les phénomènes de 123 PR RES ANR D PR Et NL ER REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 165 sel et de dégel, la formation des torrents, enfin sur les causes de la croissance et la décroissance des glaciers actuels du Mont-Blanc. L'action des glaciers sur les roches a été l’objet de l'étude spéciale du même auteur; il a décrit les divers modes de désagrégation des schistes cristallins et de Ja protogine, suivant la disposition de ces roches et les condi- tions dans lesquelles elles se trouvent. Il n’attribue pas à la glace une puissance d’érosion considérable ; elle a ra- boté les obstacles, rompu ou abaissé certaines digues par une désagrégation successive, et cette action, qui a duré constamment depuis l’époque glaciaire et qui agissait alors avec une force bien plus grande, a considérablement aidé à produire le relief actuel. Cet auteur ‘** attribue cependant aux glaciers la forma- tion des petits lacs dans les hautes montagnes. Ces lacs toujours situés sur des cols ou sur une plate-forme dans le voisinage immédiat d’un sommet, sont creusés dans des parties de la roche plus tendres que la roche avoisinante., Îls sont souvent compris entre des roches moutonnées (St.-Gôthard) et leur diamètre le plus long est toujours suivant la direction des strates. M. Gran °° démontre que, bien loin d’avoir creusé les vallées, les glaciers les ont protégées contre les érosions produites par l’eau et les agents atmosphériques. Leur action se borne à user el à polir les aspérités du sol, mais d’une manière tout à fait superficielle, et souvent même on trouve, entre ces aspérités, des dépressions qui n'ont pas été touchées par eux. On ne peut donc leur attribuer le creusement des lacs de nos pays ou des fiords des régions septentrionales. TERRAINS POST-GLACIAIRES. Niveaux des lacs. Terrasses. 166 La formation du bassin du lac de Constance date de la fin de l’époque tertiaire. M. SreuneL'°" a figuré sur une carte l'étendue de ce lac à cette époque ; il occupait la vallée du Rhin jusqu'en amont de Coire et il était probablement uni au lac de Wallenstadt. À partir de la période gla- ciaire, Sa Configuration a été à peu près la même qu’ac- tuellement; son niveau à baissé à mesure que le Rhin creusait davantage le barrage jurassique de Schaffhouse ; puis il s’est un peu élevé depuis l’époque des palañittes par suite de lobstruction de lissue; les deltas des rivières qui s'y jettent augmentent continuellement et le comblent peu à peu. Dans ses recherches sur la faune profonde du lac Lé- man, M. Forez‘ a résumé la topographie de ce lac à l’aide des cartes publiées par de la Bèche, M. Gosset et M. E. Pictet. Après en avoir décrit les principaux traits, il établit la distinction entre le grand et le petit lac; le premier est formé par une vallée large à fond très plat, bordée de talus rapides et dont la plus grande profondeur (330) est entre Évian et Ouchy ; le second occupe une vallée beaucoup moins profonde (50") présentant au milieu une ligne de plus grande profon- deur et caractérisée par l'existence d’une série de cuvettes, séparées par des barres transversales, dont la dernière entre Promenthoux et Yvoire forme la limite du grand lac. Le même auteur indique aussi l’origine des cailloux qui se trouvent dans le limon du lac et donne une série d'analyses de ce limon pris dans les lacs de Neuchâtel, Zurich, Constance et Genève, et exécutées par MM. Risler et Walter. M. Cozzapon '" a publié une nouvelle note sur la constitution des terrasses en général et spécialement de REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 167 celles du lac Léman. Il existe dans ce lac, à quelque distance du rivage, des terrasses sous-lacnstres, appelées monts, qui sont le résultat d’un remblai séculaire, pro- duit par l'agitation des vagues. Il donne de nouvelles explications sur la formation des terrasses à l’embou- chure des torrents et des rivières et il établit les faits suivants: « 1° La constitution finale, intérieure, de tont delta produit par une rivière torrentielle transportant des matériaux denses et peu limoneux, doit se composer de couches successives notablement inclinées, présentant une certaine homogénéité et une remarquable régularité d’allures. 2° Toutes ces couches inclinées se terminent brusquement à un plan supérieur presque horizontal, qui correspond au nivean même du lac à l’époque de la for- mation du delta. 4° Le couronnement final du delta, quand son arête de déversement se sera transportée plus en avant dans le lac, sera formé de gros graviers ou de galets disposés par couches à très peu près horizontales. » Ces caractères permettront de reconnaitre les deltas sous- lacustres et l’ancien niveau du lac au moment de sa formation. Un des plus remarquables est celui que VArve formait dans le lac de Genève, à une époque où ce lac était de 28 à 297 environ plus élevé que mainte- nant et qui a constitué le plateau des Tranchées à Ge- nève. On y voit admirablement les couches inclinées de sables et de menu gravier qui viennent s'arrêter brus- quement à la couche horizontale de gros galets qui forme le couronnement de cette terrasse. Tourbières. M. MEssiKoMER ‘* à publié une note sur la formation des tourbières, il montre qu'un grand nom- bre d’entre elles sont sur l'emplacement d'anciens lacs, par exemple celles d'Hombrechtikon et de Bubikon dans 168 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. le canton de Zurich. On trouve, sous la tourbe, une argile imperméable, la craie lacustre et beaucoup de coquilles d’eau douce. Le Lützelsee et l'Egelsee sont de petits lacs du même genre que ceux qui ont disparu. C’est à l’argile _glaciaire qu'est due la formation de la majorité des tour- bières de notre pays. Marmites de géants. On à découvert dernièrement, sur le versant nord dés Alpes, plusieurs exemples remarqua- bles des excavations appelées « marmites de géants. » Celles de Lucerne sont les plus connues, mas il en existe aussi près d'Unterbühl dans l'Oberscherlithal, au Län- senberg (Berne) et dans le Vorarlberg, dans des endroits où il n'y a aujourd'hui aucune trace de cours d'eaux. On les attribue généralement aux anciens glaciers, en les comparant aux moulins des glaciers actuels. M. Desor ** fait observer que ces excavations n’ont pas été _ faites pendant le séjour des glaces dans ces localités, mais qu’elles sont dues aux torrents qui en sont sortis après leur retrait et qui se frayaient un passage au milieu des détritus erratiques accumulés sur ces points”. FAUNE QUATERNAIRE. M. À. Muzcer ** a publié une deuxième édition de son mémoire sur les plus anciennes traces de la présence de l'homme en Europe. Il à com- plété ce travail par les nombreuses découvertes faites surtout en Suisse pendant les dernières années. Il décrit la nature des dépôts diluviens, puis les faunes des âges du mammouth, du renne, de la pierre polie, du bronze et du fer. Il présente un tableau intéressant du dévelop- * M. Lehmann a signalé ces mêmes excavations en Saxe dans la vallée de la Chemnitz où elles sont complétement indépendantes du terrain glaciaire et de la présence d’anciens glaciers. Silzungsber. naturf. Ges. Leipzig, 1874, 50. REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 169 pement de l’humanité dont il fait remonter l’origine à lé- poque miocène. M. Ronmeyer!°* a réfuté l'opinion de quelques natura- listes qui ont mis en doute le fait que les bâtonnets ap- pointis provenant des lignites de Wetzikon et portant les traces d’un lien qui les entourait fussent des restes d'industrie humaine. Il est intéressant de rapprocher cette belle découverte de M. Rutimeyer de celle qui a été faite par M. CaPezuni* de traces d’incisions sur des osse- ments de Balænotus trouvés dans le terrain pliocène in- férieur du Monte Aperto près de Siène, dans des couches contemporaines du crag d'Anvers. Les figures qui accom- pagnent la mémoire de M. Capellini montrent que ces incisions sont des traces positives de l’industrie humaine. MM. CuanTRe et Lorter * ont fait un exposé de l’état du bassin du Rhône pendant l’époque quaternaire. Ils montrent que la vaste étendue de lehm qui récouvre les plaines de la France, de Màcon et de Lyon aux Alpes, est due à l’ancien glacier du Rhône dont la longueur était d'environ 220 kilomètres du Galenstock à Lyon et qui remplissait toutes les dépressions de cette grande région. Ils comparent ce glacier aux vastes glaciers polaires dé- crits par les voyageurs. La faune quaternaire dont ce bassin renferme les restes était très appropriée au climat dans lequel elle devait vivre et fournit des indica- tions précieuses sur ce que devait être son état à cette époque. Ces auteurs signalent les espèces suivantes: Ursus spelœus, arctos, Leo spelœus, Hyæna spelæa, Ele- phas primigenius, antiquus, intermedius, Rhinoceros ticho- rinus, Jourdani, Equus caballus, Sus scrofa, Bos primige- nius, Bison europœus, Antilope saiga, Megaceros hibernicus, Cervus tarandus, Arctomys primigenia, Nyctea nivea. ARCHIVES, t. LVIIL — Février 1877. 12 102 RCE | dau «> ve) … SUR CO PEN CARLA AO es NE PS 27 L'on Dead EP AA EP LE RNSRE) Se, es 44 NS. [QE 5 Ca VER 4 29e a es à VUE PAT jee ta Ly Rate Ve REX PRE FAT, M Èe } ‘ UV dr 2) TES PES PANNES Lu “ , } * d RU 4 ( ) ñ 170 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. M. Merk “l’auteur de la découverte de la caverne de Thaingen, a publié la description des ossements et des objets qui ont été trouvés dans ce gisement. Ce beau mé- moire est accompagné de nombreuses figures. Il a été constaté que deux des dessins gravés que l’on croyait trouvés dans la caverne de Thaingen, sont des contrefaçons modernes; les autres dessins, qui ont été soigneusement examinés, paraissent authentiques. M. Mestorr ‘” a publié un résumé des recherches de M. Merk et de M. Rutimeyer sur la caverne de Thaingen. Il y donne la liste des ossements et des objets recueillis et en figure plusieurs. MM. DE BonSTETTEN, QUIQUEREZ et UHLMANN ‘ ont publié une carte archéologique du canton de Berne, sem- blable à celle que le premier de ces auteurs a déjà exé- cutée pour le canton de Vaud. Les restes des äges de la pierre, du bronze et du fer, de l’époque romaine et post- romaine y sont indiqués par des signes spéciaux; ce tra- vail est accompagné d’un résumé archéologique et d’une table alphabétique de toutes les localités du canton dans lesquelles des monuments ou des objets ont été décou- verts, avec la description de ceux-ci. Ces recherches sont dues à M. de Bonstetten pour l’ancien canton, et à M. Quiquerez pour le Jura Bernois. M. Uhimann s’est occupé spécialement des palafittes. Cette carte montre d’une manière frappante que la plaine et le Jura ont été occupés à une époque très ancienne, tandis que les Alpes n’offrent aucune trace de civilisation anté-romaine. M. Revox ‘°! a donné la description des restes de l’in- dustrie humaine antérieurs à l’époque romaine trouvés dans la Haute-Savoie. Parmi les grottes et abris, il décrit la station de l’époque du renne de Veyrier, les autres REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 471 grottes du Salève qui présentent une suite chronologique depuis l’époque de la pierre polie jusqu'aux temps histo- riques, la Pirra Barmira près de Reignier, la pierre d’An- geroux près de La Roche. fl décrit ensuite les monuments mégalithiques dont les plus remarquables sont les dolmens de Reignier, de Cranves, d'Étrembières, de St.-Cergues et quelques menbirs, un grand nombre d'objets de l’é- poque de la pierre polie, les stations lacustres dont on compte 43 ou 14 entre Hermance et Évian et dont il existe aussi plusieurs dans le lac d'Annecy, les anciennes fonderies et un grand nombre d’objets de l’âge du bronze. Une bibliographie étendue est jointe à ce travail. De nombreux ossements et défenses de mammouth, une partie importante d’une mâchoire avec des défenses de & pieds de longueur et plusieurs molaires ont été trou- vées à Brugg dans une tranchée de chemin de fer, dans des sables reposant sur une couche de cailloux roulés ”. Stations lacustres. M. L£e a traduit en anglais les ar- ticles sur les stations lacustres publiés à diverses reprises par M. KELLER et qui ont été revus par cet auteur. La carte archéologique du canton de Berne indique 17 stations lacustres sur les bords du lac de Bienne, une près de Port, deux à Moosseedorf. M. UxzuaxN° en a donné la description et a indiqué tous les restes, ossements et objets qui y ont été recueillis. M. Burknaro-RÆ8ER ” a signalé la découverte d’ha- bitations lacustres dans plusieurs tourbières, entre autres dans celles de Heimelachen et du Krähenried près de Kaltenbrunnen (Thurgovie)". # Neue Alpenpost 1875, I, 191. ** (On a trouvé dans une tourbière à Laïbach près de Brunndort en Carinthie, sous une épaisseur de 6 pieds de tourbe, une station lacustre Éd D" l'es ei 1 VAUT TE ON LOST 1,4 ILASPE , 172 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. On a découvert dans le voisinage de la station lacustre d’Auvernier (lac de Neuchâtel) un cimetière de l’époque des palafittes. Les tombes décrites par M. Gross *” et par M. DEsor *’ sont formées de dalles posées de champ et sur lesquelles repose une grosse dalle qui recouvre de la terre, des cailloux et les ossements de 15 à 20 cada- vres. Outre la chambre médiane dans laquelle il y avait plusieurs squelettes, il existait une chambre antérieure et une chambre postérieure sur le prolongement de la cham- bre principale. Les crànes appartiennent au type nommé par M. Rutimeyer type de Sion (mésaticéphale), qui est le vrai type helvétien. Des haches polies en serpentine, de nombreux objets en os et en bronze accompagnaient ces ossements. C’est la première trouvaille qui ait été faite d’un tombeau de cette époque. Elle contribue à prouver, suivant M. Desor, que les populations de cet âge n’appar- tenaient pas à une race particulière qui serait venue se substituer à celle de l’âge de la pierre, mais qu’elles en descendaient directement. Cette sépulture date de la fin de cet àge, à peu près un millier d'années avant l’ère chré- tienne. M. Sreupez ‘°” s’est occupé de l’origine des haches de pierre trouvées dans les stations lacustres du lac de Constance. ÉBoucements. Les récits de l’éboulement du Taure- tunum, en 963, signalent deux circonstances principales résultant de cette chute : 1° barrage du Rhône et for- mation d’un lac temporaire en amont, 2° violente agitation du lac qui détruisit sur ses bords des villes et des villages. 107 de l’époque de la pierre polie dans laquelle les ossements et les objets d'industrie primitive sont remarquablement conservés. Deschmann, Verh. g. Reichsanst, 1875. : REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 173 M. DE VALLiÈRE !‘° ne croit pas qu’on puisse attribuer cet éboulement à un tremblement de terre, ni que le mouve- ment subit des eaux du lac soit dû à la rupture du bar- rage et au déversement du lac temporaire. L'hypothèse que l’éboulement aurait eu lieu aux environs de St-Mau- rice ne s'accorde pas avec les circonstances qui l'ont accompagné. Il paraît beaucoup plus probable, au con- traire, qu'il est parti du Grammont. L'auteur suppose qu'il y a eu un double éboulement, dont l’un, se dé- tachant du sommet de la montagne, aurait abouti dans la vallée du Rhône près des Évouettes, tandis que l’autre se- rait tombé dans le lac entre le Bouveret et St-Gingolph. Celui-ci aurait même été plus considérable que le pre- mier. Les deux circonstances indiquées seraient ainsi ex- pliquées. Ce n’est qu’une chute directe des rochers dans le lac qui a pu causer le mouvement gigantesque des eaux. Les traces de la chute qui s’est produite dans la vallée du Rhône sont, du reste, nettement reconnais- sables aux environs des Évouettes, de Crébelley et de Noville, où elles ont déjà été constatées par plusieurs au- teurs. Des glissements de terrains importants ont eu lieu en septembre 1875 à Horgen, sur le bord du lac de Zu- rich, sur le tracé du chemin de fer ; la longueur de l’ébou- lement est de 204", sa largeur de 48%; la surface totale du terrain est de 65607, Une commission de géologues et d'ingénieurs, MM. Laxc, Hem“, etc., en a recherché la cause. Elle est due à un dépôt argileux, situé entre le sol sur lequel sont faits les travaux du chemin de fer, et les couches solides et inclinées de la mollasse. Un autre glissement s’est produit surles bords de l’Aar, près du village de Bôttstein (Argovie). Un terrain de 170 RTE Se NES DS NE LÉ CEE AE 2 VS OPEN ERR LR AARNT AU # ÉTE SEeR RTS Us PAR | 174 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. pas de long s’est mis en mouvement avec une vitesse de 5 à 8 pieds par jour, et ce mouvement s’est prolongé pendant 6 semaines. M. BALTZER * a figuré ce glissement et les crevasses qui s’y sont formées; il en attribue la cause à ce que ce terrain repose sur des marnes imper- méables. M. RuTIMEYER ‘°* a décrit les éboulements survenus dans le massif du Righi et les traces qu’on en retrouve autour de cette montagne. Érosion. Le même auteur signale aussi l’action de l’eau sur ce massif. Les bancs de la nagelfluh la plus com- pacte sont usés, creusés, polis, par l’eau; Les roches les plus dures, comme les plus tendres, qui constituent la nagelflub, cèdent à cette action énergique. Une partie des ravins ainsi creusés sont d'époque récente, tandis que d’autres sont certainement antérieurs à l’époque glaciaire. M. A. Favre‘ a exposé quelques faits tendant à prouver que le niveau des Alpes s’est abaissé de- puis le dernier soulèvement de cette chaïne, par suite des dénudations et des érosions. Un exemple frappant est fourni par le Perron des Encombres en Maurienne. Cette cime aiguë est formée de quelques bancs calcaires du lias sur lesquels reposent, au col des Encombres, les couches du trias et du terrain houiller ; il y a donc eu là renversement complet des couches, et les bancs calcaires liasiques n’auraient pu subir ce grand contournement, s'ils n’avaient été encaissés dans des roches qui ont au- jourd’hui disparu sur les 468% de hauteur qui séparent le col de la cime. Les avalanches et chutes de pierres qui se produisent journellement dans les Alpes contri- buent aussi notablement à l’abaissement de cette chaine, dont une des preuves les plus frappantes est l’immense REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 175 quantité de matériaux, entraînés par les cours d'eaux et les glaciers, qui remplissent les bassins du Pô, du Rhône, du Rhin et d’autres fleuves, et qui recouvrent les plaines sous forme de matériaux erratiques. M. ZiEGLEr ‘? a consacré un chapitre de son ouvrage sur l’Engadine à l'étude des érosions et de la désagréga- tion des roches dans ce pays. Oscillations des glaciers. Les oscillations des glaciers ont été étudiées par M. Mazcarp**. Elles dépendent de divers éléments météorologiques. Ces éléments peuvent varier à la fois dans un sens qui fasse diminuer les gla- ciers, quelles que soient d’ailleurs les circonstances parti- culières à ceux-ci. Mais si la variation des uns tend à faire diminuer les glaciers et celle des autres à les faire augmenter, leur action agissant différemment sur eux suivant leurs caractères spéciaux, il y en aura qui recu- leront, tandis que d’autres avanceront. C’est ainsi que l’auteur explique les oscillations inverses de certains glaciers des Alpes. La plupart d’entre eux sont en voie de diminution, tandis que d’autres, moins nombreux, sont en voie d'augmentation; les premiers ont tous des pentes fortes et une extrémité inférieure découverte ; les seconds ont une pente faible et leur partie terminale est couverte de débris et entièrement protégée contre la température élevée de l’été. Les phénomènes que présentent ces gla- ciers montrent qu'actuellement les années successives sont toujours de plus en plus chaudes et en même temps de plus en plus neigeuses. C’est dans des changements de l’état météorologique général du globe qu'il faut chercher la cause de l’ancienne extension des glaciers et en général de leurs oscillations séculaires. M. GRuNER ‘°°, s’appuyant de chiffres nombreux et 176 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. d'observations précises, cherche au contraire à démontrer que le phénomène actuel du retrait des glaciers est gé- néral, que l'allure en sens inverse des glaces des Alpes est un phénomène plus apparent que réel, provenant de ce que, par suite de leur orientation et de l’éten- due de leur bassin d'alimentation, le mouvement de recul s’est produit plus lentement pour les uns que pour les autres et que la persistance des mêmes causes générales finit par produire chez tous des phénomènes iden- tiques d'avancement ou de retrait. La cause actuelle du retrait est l’élévation de la température moyenne dans les Alpes pendant les vingt dernières années, la séche- resse de l'atmosphère et la diminution des chutes d’eau et de neige. M. Gruner s’est servi pour cette étude des observations météorologiques faites à Genève et au Grand St-Bernard et a reconnu que la période de 1861 à 1874, pendant laquelle les glaciers ont beaucoup reculé, a une température moyenne de 0°,92 plus élevée, une chute d’eau moyenne de 0,204 plus faible et une chute de neige moitié moins forte au St-Bernard, que la période de 1841 à 1860; les différences à Genève sont un peu moins considérables. M. À. Favre ‘” a fait des recherches du même genre sur les températures du commencement du siècle et constaté que pendant la période de 10 ans qui a précédé la grande extension des glaciers en 1817, la température des mois de juin, août et septembre, a été très inférieure à la température moyenne de chacun de ces mois de 1808 à 1875, et que 9 de ces 10 années ont eu une température inférieure à la moyenne. Le même auteur ** a donné quelques mesures relatives au retrait de la Mer de glace. Un bloc de granit marque le point où le glacier était en 1825. En 1867 il était à REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 177 367» de ce bloc, en 1868 à 470, en 1869 à 567", en 1870 à 638", en 1874 à 1045: il s’est donc retiré en moyenne pendant les 7 années de 97" par an. Limite des neiges. M. C. Gran ** a recherché quelle est la limite des neiges persistantes et la lisière des glaces fixes à la surface du globe, des régions polaires jusque sous l'équateur *. Il considère comme limite des neiges la ligne des névés déjà proposée par Hugi et la fixe dans les Alpes aux hauteurs suivantes : Alpes maritimes et Cottiennes, 3200 à 3300m Alpes valaisannes. Versant nord, 2800% Id. Versant sud, 3200m Alpes glaronnaises, 2600 à 2700m NOTES 1 Bacamanx. Geologisches ueber die Umgebung von Thun. Jahrb. Schw. Alp.-Club., 1876, XI, 371; p. 124,151. ? Barrzer. Beitræge zur Geognosie der Schweizer Alpen. Neu. Jahrb., 1876, 118; p. 130. — Der Erdschlipf von Bôttstein. Neu. Alpenpost, 1876, III, 349; p. 174. 3 Barerrr. Notice géologiqueet minéralogicue dela vallée d'Aoste. Extr. du Guide de la vallée d’Aoste, par Gorret et Bich, 1876; p. 121, 127, 136, 163. # Benecxe. Die geologische Stellung des Esinokalkes. Verh. g. Reiïchsanst., 1876, 308. Ueber die Umgebung von Esino in der Lom- bardeï. Geogn. paleont. Beitr., 1876; Il; p. 142. 5 Brenermanx. Mastodon angustidens Cuv. Mém. Soc. pal. Suisse, 1876, IT, p. 150. * Voyez sur ce sujet la note de Durocher, Ann. de Chimie et de phys., 1847, XIX, 1. 178 REVUE GÉOLOGIQUE SUISSE. 6 BonsreTTEN, DE, À. Quiquerez et Umcmanx. Carte archéologi- que du canton de Berne, 1876; p. 170, 171. 7 Burcknarp-Rasser. Stations lacustres. Indic. d’antiq. suisses, 1870, 167; 1871, 286; 1876, 654, 683; p. 171. 8 Carezrnr. L’uomo pliocenico in Toscana. Atti d. R. Acad. dei Lincei, 1876, Il; p. 169. 9 Cranrre et Lorrer. La faune et le climat du bassin du Rhône pendant l’époque quaternaire. Revue scient., 1876, V, 361; p. 169. 19 Cnorrar, P. Sur les couches à Ammonites acanthicus dans le Jura occidental. Bull. Soc. géol., 1875, III, 761; p. 148. 11 Corranon. Terrasses lacustres du lac Léman et constitution de la terrasse d’alluvion sur laquelle est construite la ville de Ge- nève, Bull. Soc. géol., 1875, IT, 661; p. 166. 12 Commission aéococique. Feuille XXIV de l’Atlas fédéral, co- loriée par MM. Negri, Spreafico et Stoppani, p. 126. 13 Coxserz rénérar. Rapports sur l’état des travaux de la ligne du Gothard, 1876; p. 124. 14 Coquaxp. Note sur les calcaires coralliens à Terebratula Re- pelliniana de la Basse-Provence et du Languedoc. Complément à cette note. Bull. Soc. géol., 1875, III, 670, 756; p. 147. 15 Daurrée. Expériences sur la schistosité des roches et sur les déformations des fossiles, corrélatives de ce phénomène; conséquen- ces géologiques de ces expériences. Comptes rendus Acad. Sc. 1876, LXXXII, p. 137. — 6 Jaspe de St.-Gervais. Bull. Soc. géol., 1875, III, 782; p. 141. 17 De La Harre, Px. Sur un gisement de tourbe glaciaire trouvé à Lausanne. Bull. Soc. Vaud., 1876, XIV, 456; p. 161. 18 Drerarre, A. Genève et le Mont-Blanc. Le Correspondant, 1876, LVII; p. 122. 19 Dgsor. Le sondage de Rheinfelden. Bull. Soc. Neuchâtel, 1876, X, 132, 234; p. 129. — ?0 Tremblements de terre à Neuchà- tel. Bull. Soc. Neuchâtel, 1876, X, 342; p. 130. — ?! Découverte de sépultures à Auvernier. Bull, Soc. Neuch., 1876, X, 267. Les sépultures des populations lacustres du lac de Neuchâtel. Matér. pour l’hist, de l’homme, 1876, VII, 114; p. 172. — ?? Ueber Rie- sentüpfe und deren Ursprung. Sonntagsblatt des ER n { Far LL CHIMIE. 9299 J'avais été conduit à supposer ufe transformation isomé- rique de l’anhydride sulfurique pour expliquer le fait que sa fusibilité diminue progressivement lorsqu'on essaie de la dé- terminer après un temps de plus en plus long. M. Weber explique ce fait, dans sa théorie, en admettant que le com- posé hydraté dissous dans l’anhydride se solidifie beaucoup plus lentement que ce dernier. Cette interprétation serait admissible si ce changement de fusibilité se manifestait seulement pendant quelques heures après le refroidissement. Mais elle peut difficitement s’appli- quer à une transformation qui se prolonge presque indéfini- ment. Pai signalé dans mon ancien mémoire ! l’essai fait sur un acide préparé depuis trois ans qui n’availl commencé à pré- senter des indices de fusion qu’à la température de 55°. J’ai pensé qu’il y aurait quelque intérêt à examiner maintenant les échantillons que j'avais préparés il y a vingt-quatre ans, et sur lesquels avaient été observées les propriétés que j'ai décrites alors. Deux tubes, scellés à la lampe, avaient été conservés de- puis cette époque. Ils ont été mis ensemble dans un bain d’eau dont la température a été élevée très-lentement à raison d'environ un degré en deux ou trois minutes. [ls ne se sont pas comportés exactement de la même manière. 1° tube. L’anhydride était rassemblé dans la moitié infé- rieure, une petite portion occupait aussi la partie supérieure du tube et de longues et fines aiguilles partaient de cette portion, les unes adhérentes aux parois, les autres traver- sant le tube dont les parois dans la portion intermédiaire avaient conservé toute leur transparence. Entre 80 et 85° aucun changement ne s’était encore mani- festé. À 90° Les fines aiguilles traversant le tube ou tapissant les parois n’offrent aucun indice de fusion, mais la masse contenue dans la partie inférieure paraît un peu plus trans- 1 Archives, t. XXII, p. 238. 230 BULLETIN SCIENTIFIQUE. lucide. De 90° à l’ébullition les aiguilles disparaissent lente- ment par volatilisation sans fusion. L’acide de la partie infé- rieure devient plus translucide mais sans qu'il s’en sépare encore du liquide. Forcé à ce moment de m’absenter, je baissai un peu la flamme du gaz. Deux heures plus tard la température du bain était tombée à 68°, aucun changement ne s’était produit dans cet intervalle. Je reportai alors rapidement le bain à l’ébuliition, la fusion commença immédiatement el, au bout de cinq ou six minutes. elle était complète. Le liquide était parfaitement limpide, sans trace de résidu floconneux. Ayant laissé le bain se refroidir lentement, l’acide con- serva son état liquide.Je pensais le retrouver solidifié le len- demain et pouvoir répéter les mêmes essais sur le produit modifié par cette fusion et solidification, mais je retrouvai le tube brisé dans le bain, bien que l’appareil n’eut subi aucun dérangement. Il semble qu'il y a eu un état de surfusion suivi d’une solidification brusque accompagnée d’une dilata- tion comme dans la congélation de l’eau. 9e fube. L’anhydride était étalé sur toute la surface du tube, en sorte qu’on ne pouvait rien voir de l’intérieur. Chauffé dans le même bain que le précédent, il n’a pré- senté jusqu’à 75° aucune modification. À 80° la matière com- mence à paraître un peu translucide, comme du coton hu- mecté. À 90° une portion liquide commence à se séparer. Ce tube a été retiré du bain à ce moment. Le lendemain on l’a réchauffé de nouveau, mais plus rapi- dement, à raison d’environ un degré par minute. La trans- lucidité s’est manifestée entre 50 et 55°. De 60 à 65° une fu- sion partielle se produit, mais très-lentement jusqu’à 80°, bien que la matière non fondue soit complétement baignée de liquide. Au delà la fusion s’accélère, elle est complète quand le bain atteint 95°. L’acide fondu est parfaitement lim- pide, sans résidu. Le tube a été alors retiré du bain et re- froidi dans une position horizontale pour éviter l'accident survenu au précédent. CHIMIE. | 231 Un jour après on a recommencé l'essai. La translucidité s’est montrée à 35°, à 40° une partie a fondu, mais la fusion n’avance qu'avec une extrême lenteur ; la température a été maintenue pendant trois heures à 70°, il restait encore une portion notable à l’état gélatineux, mais à 80° la fusion a été complète. Le jour suivant l'essai a été repris et a donné les mêmes résultats, mais on a maintenu la température entre 45 et 50° pendant vingt-quatre heures. Au bout de ce temps les trois- quarts environ de l’acide étaient fondus, le reste formait une masse gélatineuse flottant dans le liquide. On a laissé refroi- dir le tube en l’inclinant de manière à rassembler à l’une des extrémités la partie non fondue et à l’autre l’acide li- quide. Le tout ayant été solidifié et maintenu une demie heure dans de l’eau à 12°, on a reporté le tube horizontale- ment dans le bain el on a constaté que la partie récemment fondue devenait translucide à 35° et l’autre seulement à 40°. Ces observations m’ont paru intéressantes à signaler bien qu’elles ne conduisent pas à une conclusion certaine. Le fait que les deux échantillons ne se sont pas compor- tés exactement de la même manière me paraît confirmer l’o- pinion de M. Weber que l’anhydride préparé par les anciens procédés n’est pas un produit tout à fait pur. D'un autre côté je crois pouvoir conclure de la résistance qu’ils ont présentée à la fusion, comparativement à ce que j’a- vais observé jadis et à la manière dont le second s’est com- porté après une première fusion, que la modification gra- duelle qu’éprouve le point de fasion se prolonge pendant un temps beaucoup plus long que ne le pense M. Weber, en sorte que, si la résistance à la fusion est réellement due à la présence d’un composé hydraté, hypothèse qui ne me parait pas improbable, mais qu’il faudrait au moins appuyer d’une preuve expérimentale, il faudrait admettre que ce composé devient de moins en moins fusible ou moins soluble dans lanhydride liquide non par suite d’un simple retard dans sa Le D * RTE rl, LEE né d VA NOR Pa MEET à PA Ne El P $ 7 £ 19 TATTS 32740 239 BULLETIN SCIENTIFIQUE. solidification mais par l'effet d'un.changement isomérique ou d’un changement dans son état de combinaison avec l’an- hydride. Je rappelle d’ailleurs que dans mes anciennes ex- périences je n’avais pas trouvé de différence appréciable dans la composition de l’acide fondu par une chaleur modé- rée et de la portion demeurée à l’état gélatineux, la compo- sition dans les deux cas correspondant également à celle de l’anhydride. Si donc il y a de l’eau dans ce dernier produit c’est dans une très-minime proportion el il faudrait une ana- lyse très-exacte pour constater sa présence. W. MICHLER ET À. GRADMANN. — SYNTHÈSE D’ACIDES ORGANI- QUES ET DE KÉTONES AU MOYEN DE L'OXYCHLORURE DE CAR- BONE. (Berichte d. d. chem. Gesellschaft, XX, 1912, Zurich, Labor. de V. Meyer.) En faisant passer à la température ordinaire un courant d’oxychlorure de carbone dans la diéthylaniline, puis en éle- vant peu à peu la température jusqu’à ce que le gaz ne soit plus absorbé, on obtient un produit qui, traité par l’eau et l'acide acétique, puis par un lavage à l’alcool qui enlève une matière colorante etenfin recristalisé dans l'alcool bouillant, se présente sous forme de paillettes jaunâtres fondant à 188°, c’est l'acide diéthylamidobenzoïque appartenant à la para-série ; la réaction est celle-ci CHEN (CH) -+ COCI, = CHAN (CH) COCI LHC en traitant par l’eau, on obtient: CN (CH;), L HO HO HS (CH); COCI COOH Ce même acide peut être obtenu en chauffant pendant quelques heures avec réfrigérani renversé, 3 mol. d'hydrate de potasse dissout dans l’alcool, 2 mol, d’iodure d’éthyleet 1 mol. d'acide paraamidobenzoïque. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 233 En faisant réagir la diéthylaniline sur le chlorure de cet acide à 120°, ces chimistes ont obtenu, après avoir chassé l'excès de base par l’eau, une masse sirupeuse qui, dissoute dans l'acide chlorhydrique, donne un précipité cristallin et un corps qui reste en dissolution. Le premier, recristallisé dans lalcool, fond à 70° ; c’est le hexaéthyltriamidodibenzoylebenzol C,H,N (CH), CO | CHEN (C,H5); CO — CHAN (CH), La base qui se combine avec l’acide chlorhydrique est le tetraéthyldiamidobenzophenone ; ilse produit aussi en même temps une matière colorante bleue. E. A. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. W. KuuNe. ZUR PHOTOCHEMIE DER NETZHAUT. DE LA PHOTO- CHIMIE DE LA RÉTINE. (Communication lue à la Soc. d’hist. nat. et de méd. de Heidelberg, le 5 janvier 1877.) — Le MÊME. VORLÆUFIGE MITTHEILUNG UEBER OPTOGRAPHISCHE VERSUCHE. COMMUNICATION PRÉLIMINAIRE SUR DES EXPÉRIENCES OPTOGRA- Pxiques. (Centralbl. f. d. med. Wissensch., 1877, n° 3 de janvier). Dans la séance de l'Académie des sciences de Berlin du 12 novembre 1876, M. Boll a annoncé que la couche des bâtonnets de la rétine vivante n’est pas incolore, mais rouge pourpre, que cette couleur est constamment détruite par la lumière incidente et reproduite dans l'obscurité, et se re- trouve pendant quelques instants après la mort, si l’œil n’a pas été auparavant soumis à un éblouissement prolongé. M. Kühne a trouvé que la pourpre visuelle, comme il l’ap- pelle, se maintient même dans l'œil du cadavre à l'abri de la ARCHIVES, & LVIIL — Février 1877. 16 PR MONTRE 234 BULLETIN SCIENTIFIQUE. lumière. Au grand jour une demi-minute suffit pour l’effacer. au gaz elle persiste 20 à 30 minutes sur la rétine extraite de l'œil. Dans une chambre noire, éclairée seulement par la flamme de soude, on peut disséquer l’œil de la grenouille à son aise; portée de là au jour, la rétine se montre colorée, même encore 24 à 48 heures après la préparation. Elle perd sa coloration sous l’action de la température de coction, de l'alcool, de l’acide acétique concentré, de la soude caustique à ‘/,, de concentration. En revanche, la teinte rétinienne ré- siste à l’'ammoniaque, au carbonate de soude, au chlorure de sodium, à l’alun, à l’acétate de plomb, aux acides acétique et tannique à ‘/.,, à la glycérine (après 24 heures de séjour), à l’éther, à la dessiccation sur une plaque de verre. Lorsque la rétine s’est troublée après la mort, on s’assure facilement que la coloration n’intéresse que sa face postérieure. Quand elle se perd; elle passe d’abord par une teinte chamois. Les rayons dépourvus d’action chimique (ligne D) n’altè- rent pas la couleur de la couche des bâtonnets. C’est le cas des rayons rouges obtenus en intercalant du sang entre la lumière extérieure et la chambre noire où se trouve la ré- tine. La lumière bleue (oxyde de cuivre ammoniacal) la fit pälir en 2 heures, un vert assez pur en 4 ou à heures. Bien que les intensités diverses de ces lumières colorées aient dû Jouer leur rôle, ces expériences ont prouvé l’action plus énergique des rayons les plus réfrangibles. Une fois la rétine décolorée, M. Kühne ne put lui restituer sa couleur ni par l'obscurité, ni par l’action d’une lumière de couleur différente, ni en l’échauffant. Prise sur une grenouille vivante après exposition au grand jour ou à la lampe de magnésium, la rétine se montra aussi bien colorée que si l’animal était resté dans l’obscurité, pourvu que la dissection eût lieu à la lumière sodique. Aussi longtemps que la rétine restait en contact avec la choroïde, M. Kühne la trouva toujours colorée, même après l’action d’une lumière solaire ou magnésienne intense sur l’hémis- phère postérieure du globe vidé. Ce n’est qu'après plusieurs Le $ ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 235 jours d’insolation directe des yeux que la rétine des gre- nouilles fut trouvée pâlie. La couleur paraît donc se restituer constamment à mesure qu’elle est détruite par la lumière. Cette restitution‘hypothé- tique ne peut s’expliquer par la circulation du sang, puis- qu’elle a lieu également bien sur l'œil énucléé et ouvert. Elle est due évidemment aux éléments en contact avec la rétine. Est-ce au pigment ? Lorsque la membrane séparée de son épithélium et de la choroïde était placée sur un fond noir mat, la décolo- ration avait lieu à peu près dans le même temps que sur un fond blanc. En outre, dans les veux d’albinos (lapin) les phé- nomènes de la coloration et décoloration rétinienne étaient les mêmes que sur des individus pigmentés. Ces faits indi- quent que ce n’est pas le pigment qui maintient la teinte en question. M. Kühne s’est assuré 1° que la rétine se décolore sous l’action de la lumière du jour aux endroits où elle est soulevée en plis ou tenue à distance de la choroïde par un petit corps interposé entre les deux membranes; 2° que ces places reprennent leur coloration en peu de minutes, quand on les remet au contact avec la choroïde. L’expérience a même réussi avec des fragments de rétine excisés, décolorés sur une assiette et réappliqués à leur place naturelle. Dans des veux de grenouille tenus 10 minutes dans une solution de Na CI au 200" et à la lumière, la rétine fut tou- jours trouvée incolore. De même dans des yeux simplement laissés en dehors de leurs orbites pendant la journée. C’est dire que la vitalité des tissus est nécessaire pour la reproduc- tion de la pourpre rétinienne. Aussi les expériences réussis- sent-elles moins facilement sur des mammifères, dont les organes séparés du corps vivant perdent si vite leurs pro- priétés vitales. Cependant en opérant avec une grande célé- rité, M. Kühne a trouvé les mêmes phénomènes chez le lapin. La persistance plus grande de cette fonction chorio-rétinienne chez la grenouille est en harmonie avec les faits relatifs aux te CUVE Hétu Mine AA AN ‘as ie Cp F ER 236 BULLETIN SCIENTIFIQUE. courants propres de la rétine et à leurs modifications par l’excilation lumineuse (Holmgreen). C’est probablement dans les cellules de l’épithélium, qui embrassent intimement les bâtonnets, que réside la fonction purpurogène indispensable selon toute APRES au proces- sus normal de la vision. M. Kühne chercha ensuite à obtenir sur la rétine de lapins albinos immédiatement après la mort la trace d’un éclairage localisé, autrement dit de l’image optique réti- nienne d’un objet très-clair. Ces essais ne réussirent qu’im- parfaitement, grâce à diverses causes, surtout à l’opacification rapide de la rétine des mammifères après la mort. Il eut alors l’idée de maintenir pendant 3 minutes la tête d’un lapin vivant à À mètre 50 c. d’une ouverture quadrangulaire de 30 centimètres de côté, pratiquée dans le volet de la chambre obscure ; il décapita aussitôt l’animal, énucléa et ouvrit l’un des yeux à l'éclairage de la flamme sodique et le mit dans une solution d’alun au 20°, L’autre œil fut traité de la même façon, mais sans l’enucléer. Le lendemain matin, les deux rétines furent disséquées avec soin ; l’auteur y trouva sur un fond d’un beau rose une image tout à fait franche du carré lumineux des volets de plus de 4 millim. de côté, due à la décoloration de la rétine par la lumière. Les images s'effa- cèrent peu à peu, à mesure que le reste de la membrane pâlit sous l’action de la lumière solaire. La photographie rétinienne ou optographie ne serait donc pas une fable comme on l'avait cru jusqu’ici. Dr. Ge J.-A. ALLEN. THE AMERICAN BISONS, LIVING AND EXTINCT (Mé- moirs of the Museum of comparative Zoology at Harvard College, Cambridge, Mass. 1876. 4°. 246 pages, 20 plan- ches et 1 carte.) M. Allen, dans le mémoire très-étendu et fort intéressant que je viens de citer, décrit d’abord les espèces de bisons ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 237 trouvées en Amérique à l’état fossile. Elles sont au nombre de deux : 1° le Bison latifrons, Harlan, connu par quelques crânes ; sa taille devait être énorme, de beaucoup supérieure à celles des autres bisons, ses cornes atteignaient probable- ment une longueur de six pieds. (Ceci semblerait l’éloigner des autres espèces du genre qui ont ordinairement les cor- nes courtes). Le second bison fossile,le Bison antiquus, Leidy était plus petit, et devait ressembler, sous beaucoup de rap- ports, au bison vivant actuellement dans les États-Unis. Ces espèces, d’après M. Allen, seraient spéciales à l'Amérique et auraient été confondues à tort avec d’autres espèces fossiles. En Europe, le genre Bison est représenté par un petit nom- bre d’espèces fossiles, et par une espèce qui vit encore au- jourd’hui, l’Aurochs (Bison bonasus), très-abondant il y a quelques siècles dans une grande partie de l’Europe, dont il à été entièrement extirpé. On ne le trouve plus maintenant que dans la grande forêt de Bialovicza en Lithuanie, où il a été conservé grâoe à la sollicitude des empereurs de Russie. Une seule espèce vit actuellement dans le Nouveau Monde, le Bison americanus, dont les troupeaux innombrables cou- vraient encore, il v a un siècle, le tiers de l’Amérique du Nord. Il a le train de devant notablement plus développé que le train de derrière, le contraire a lieu chez l’Au- rochs. Tous les deux ont quatorze paires de côtes, mais, dans la plupart des ouvrages de zoologie, on lit que le bison d'Amérique a quinze paires de côtes. La source de cette er- reur est curieuse. Le premier squelette du bison d’Amérique connu en Europe a été décrit par Cuvier. Il appartenait à un animal mort au Jardin des plantes qui, par une chance sin- gulière, se trouvait avoir 15 paires de côtes, c’était une sorte de monstruosité d’une rareté excessive, car M. Allen, qui à eu l'occasion d’examiner des squelettes de bison en quantité a toujours constaté qu’ils n’ont que quatorze paires de côtes. Depuis Cuvier la plupart des auteurs ont reproduit sa des- cripion sans la vérifier. M. Allen consacre la plus grande partie de son mémoire à la recherche des limites extrêmes 238 BULLETIN SCIENTIFIQUE. dans lesquelles l'existence du bison a été autrefois constatée, et à l’étude de leur restriction successive jusqu’à l’année pré- sente. Une carte coloriée permet de se rendre compte très- exactement des diverses régions occupées par le bison avant 1800, puis successivement réduites à deux territoires relati- vement fort petits. À chaque quart de siècle une couleur nou- velle fait saisir une nouvelle réduction. Pour établir toutes ces limites, l’auteur a rassemblé une quantité vraiment étonnante de faits, de renseignements de toule espèce, et, pour arriver à les préciser, il n’a pas reculé devant un travail acharné. Il a pu constater que l’extirpation du bison à été pratiquée d’une manière vraiment barbare et, on peut le dire,honteuse pour l'humanité. L’habitat du bison s’étendait autrefois au Nord jus- qu’au grand lac de l’Esclave, vers le 62° de latitude ; il arri- vait au Sud jusqu'aux provinces N.-E. du Mexique, vers le 25° de latitude. A l'Ouest on le trouvait encore dans l’Oré- son, à l'Est il arrivait jusqu’à l'Ohio. D’année en année les limites de cette immense région se sont reculées et les mal- heureux animaux, traqués et détruits partout, ne se trou- vent plus que dans deux territoires dans l’ouest, l’un, au nord du chemin de fer du Pacifique, allant des sources de Yellowstone jusqu'aux possessions anglaises, l’autre, plus pe- tit, au sud de cette ligne ferrée, dans l’ouest du Kansas et le nord-ouest du Texas. Il v a là encore des bandes innombra- bles de bisons et cependant, d’après les calculs de M. Allen, si l’on continue à les détruire comme on l’a fait jusqu'ici, et si l’on n’établit pas des lois protectrices, il n°’v en aura plus un seul dans 25 ans. Le nombre des animaux qui composent un troupeau est vraiment incroyable, et il paraît certain que des trains du chemin de fer Kansas-Pacifique ont été arrêtés pendant des heures par le passage d’un troupeau de bisons qui changeait de territoire. On a dit que les mâles enfermaient au milieu du trou- peau les femelles et les jeunes, et que les vieux taureaux se postaient comme sentinelles pour veiller au danger. Îl AN ASE nn ee CPE EL NME SUITE AT 2 ge re NN EAP Aro ye | HAE Le) , 2 | Er de : + d OT RE 3 ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 239 paraît que ces faits ne sont pas exacts, et que ce sont les femelles qui sont les plus alertes et les plus vigilantes. Ce qu’on a dit des migrations des bisons demande aussi à être partiellement rectifié. Lorsqu'ils occupaient encore de grands territoires, ils accomplissaient d'assez grands voyages, allant vers le nord en été et vers le sud en hiver. Actuellement ces migrations se bornent à fort peu de chose, s’accentuant ce- pendant toujours vers le nord en été; mais il est certain que maintenant les bisons du territoire situé au nord du Gentral- Pacific ne vont jamais dans le territoire sud, et vice versä. Les Indiens ont détruit et détruisent encore une énorme quantité de bisons, les loups leur ont largement aidé, mais l’exterminationsur une grande échelle a été et est maintenant pratiquée par les chasseurs américains. Voici quelques chif- fres approximatifs : on estime que chaque année il se tue dans les deux territoires actuels environ 2,500,000 bisons, et en majeure partie des femelles. On évalue à 200,000 le nom- bre des individus tués, dans le Kansas seulement, pendant la saison de 1872-73. Un seul chasseur en a tué 3,000 dans l'hiver de 1873-74, 60 à 80 dans un jour. Et il faut bien noter que, pour établir ces chiffres avec quelque approximation, on ne peut se servir que des données fournies par les animaux utilisés. Or, on en tue énormément pour le seul plaisir de les détruire, ou bien seulement pour prendre leur langue, le reste de l’animal pourrit sur le sol. Les Indiens détruisent beau- coup de bisons pour avoir leur peau, dont ils se font des vé- tements, et ils ne prennent pour cet usage que les peaux des jeunes femelles ; ils tuent les mâles, mais ne se servent ni de leur chair ni de leur peau. Une partie seulement des chas- seurs américains tuent le bison dans un but de spéculation. Ils enlèvent alors la chair, et, tantôt l’exposent au soleil en la préparant et la vendent comme viande sèche, tantôt, après l'avoir soumise à une haute température, ils la compriment fortement, c’est alors le pemmican. On a essayé de faire du cuir avec la peau du bison, mais il est mauvais et ne peut servir qu’à certains usages. Une peau | ) L Re OR TEE RUES QAR ps 19 4/1 240 BULLETIN SCIENTIFIQUE. qui ne peut pas servir comme « robe de bison » n’est guère payée que 1 dollar au chasseur. On a cherché à utiliser la laine du bison pour en faire des éloffes, mais sans succès. Un petit nombre d’essais de domesticité ont été pratiqués, mais il ne paraît pas qu’ils aient été sérieux, et, d’après M. Allen, ils ont seulement montré que rien ne s’opposerait à ce que le bison, pris jeune, et surtout après une ou deux gé- nérations, ne devint une bonne bête de labour. P. de L. PRIX fondé par Augustin-Pyramus de GANDOLLE | pour la meilleure monographie d’un genre ou d’une famille de plantes. Un concours est ouvert par la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève pour la meïlleure monogra- phie inédite d’un genre ou d’une famille de plantes. Les manuscrits peuvent être rédigés en latin, français, al- lemand, anglais ou italien. Ils doivent être adressés, franco, avant le 1° octobre 1879, à M. le professeur Marignac, secré- taire-correspondant de la Société, à Genève. Les membres de la Société ne sont pas admis à concou- rir. Le prix est de 500 francs. Il peut être réduit ou n'être pas adjugé dans le cas de tra- vaux insuffisants ou qui ne répondraient pas aux conditions du présent avis. ; Genève, février 1877. Le Président de la Société, A. FAVRE. LOTS CR EN ae NET AIRIS net DES NES RNA Re CES ET de ON ne Te AR NUE ME SA se Re ter GE LE RL 241 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE MOIS DE JANVIER 1877. Le 1er, fort vent du SO. pendant tout le jour, avec une température exceptionnelle- ment élevée, moyenne diurne +- 13,26. 2, à 21/, h., dans la nuit du { au 2, éclairs et tonnerres, pluie très-abondante; il a neigé sur la crête du Jura, qui était presque dégarnie de neige. gelée blanche le matin; le soir à 10 h. fort belle couronne lunaire. forts coups de vent du SO. dans la nuit du 4 au 5, surtout vers 3 h. matin; il a neigé sur le Jura et sur le Salève. 11, la neige a entièrement disparu du Salève et des Voirons, il n’en reste que peu de traces sur le Jura. 12, fort vent du SO. dans la nuit et le matin , il a neigé sur toutes les montagnes des environs ; le soir lumière zodiacale se terminant un peu au-dessous de la tête du Bélier. 13, gelée blanche le matin, à 11 h. couronne solaire. 14, forte gelée blanche le matin, qui a persisté tout le jour dans les endroits non exposés au soleil, bien que la température à l'ombre se soit élevée au-dessus de 0 avant 10 h., et le maximum à + 70,2. Häle dans la journée. 15, neige sur toutes les montagnes des environs. 16, gelée blanche le matin. 17, faible gelée blanche le matin. 18, forte gelée blanche le matin; brouillard depuis midi. 19, gelée blanche le matin, ciel clair à 6 h. du matin; brouillard dans la matinée. La gelée blanche a persisté tout le jour à l'ombre. 20, gelée blanche le matin ; hâle dans la journée. 21, forte bise depuis 10 h. du matin jusqu'au 23 à la même heure, elle a été par- ticulièrement forte dans la soirée du 21. 24, halo lunaire de 6 h. à 9 h. 5/, du soir. ARCHIVES, t. LVIIL. — Février 1877. 17 [214 » 26, violent coup de vent entre 2 et 3 h. matin dans ta n neige dans la matinée, à 2 h. la hauteur de la couche était de Ann, puis elle a fondu, mais n’a entièrement disparu dans la plaine que le 28. À 7 h. du soir les nuages sont poussés par un vent du Nord assez fort, le vent du Sud régnant en bas ; couronne lunaire. 27, à 5 h. 5/, du soir fort belle couronne lunaire. 29, à 9 h. 1}, du matin, forte averse de grésil chassée par un vent de NO. 2. 30, fort vent du SO. et neige dans la nuit; le soir fort vent du SSO., les nuages étant chassés avec une grande rapidité par un vent de ONO..: dans une éclaircie, après 10 h., une couronne lunaire est visible. 31, à 3 h. après midi, quelques flocons de neige; le soir à 7 h. lumière zodiacale s'étendant jusqu’à 5° à l'Est de « Bélier. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm mm Le ter à 6h. matin...49.2.6, 747,81 Le 3 à 10 h. matin ........ .. 725,84 4 a 8 h.:S0iP.-- ete bel 6 à 10 h. matin.......... 723,08 6 à. S'h. soir..e ss At 119374 9'à 6h, soif... ser .. 1A3ES A1à 6 D. SO Ce + 722,20 14 à 8h. matin.. ....... 730,56 14 à 10 h. soir... 725,98 16 à 10 h. matin .......... 133,84 18 à 6 h. matin....... ... 730,43 21 à 4h. après midi...... 731,43 25 à 10 h. soir... cs. 125,93 28 à 8h. matin........ .. 131,36 29 à 6h. matin....... ... 131,36 99 à 8 h. soir.......,... + 131,37 30 à 8 h. soir....... 00247 181;09 8‘ +199 ETC ni leu la Li pe ls og nr —|600 +] 207 + |180 + gt + |£9 orqerea le 6 +|00 + [ace +] 18e + 190% + ee el der l'ODIES | etre ra + er + {ere +] 80€ T| 802 + gu+loo Dirolr “an loge |ore |101— | 180 Fe HF — ISF +) 960 EIeL8 + | re 0e 88 y leo lacol omemeale [ge llooor | os |88 — | cc8 0e +10 —|8cI + ST +00 + | S9'TEL | LE sr +9 |oor) oteuaz [eo lore | 089 [er —| G18 en PU à LA a 4 HUF — | 70962 | 98 lé Leo! ormeueal|"": love Locz |er — | cr 0 +)88 —|1ee +|L88 +) 887 F|65682) 88 ny lee Légolr ‘an: loue Loc co — | 16! 1 +188 —|Lr0 —| 070 — 98e “+ | 00661 | a ME )es feel pee Qu Los ni 0 0 2/0 Lies lou sons A0 YcO € « se Le » = 9 2 f }9'SeL aa or +lco lreolr Le ET SEAT UE ue vo +loo |ore +|cee + 816 | 66062) Fe ey+lyo leolr ‘os: looor|oso [96 —| £e8 F6 + ge — [267 +|err +162 |yLSeL | 06 14 lo Uerolr :sl-:l--: |o00r | 062 08 | 0Y6 9e +|LS —190 —|680 — 009 + | s8'e6L | 61 y Ego lecolr “all: loi Locz le + | 798 8 +169 —|Lre —| 196 — 688 + | 9L'06L | 87 ey leo scol ormemal---| :-: | 00011099 [01 —| 162 a +|66 — 1920 —|860 —|YE€ Fc IeL LI ge +loz lesol oem lee loze | 008 | 8e + de gr +|re — {101 +001 + SES + |vceEL) 91 neue lee geo als) Fes | HOT l'on 0e | LOL 6e + +lroe +226 +180 + |TL'88L | Sr ge tlez Uueolr “asll- loc loin [ee —| 118 gl +|ge —|8rr +]680 +|960 + |9888L | #1 se +1gz [19016 ‘OSSig |o‘r | 078 088 : | 79 g9 HIS — [LS HI LE + G£‘0 — | LE'LGL | ET Ole core Leuc 088 | 0ea | 08 |: 960 6 +90 + rer +] rar +] 60% — | es'EeL | GI ge lys [vol oquuual--|*. or LOEE ue an 8‘Fr+ | 02 + 1086 +|876 +)£86 = | 69 YGL| IE ve +19 [61018 ‘OSS\''"|'": |0824 08 CARRE CT) Gt y + ]6rs +|L18 +860 + | 0886207 ee lez losolr Relier és loco EG qu FL | Or 98) FOR 897 + | 09682 | 6 ne |goo! sraenal...| 2 | Ge a LIT ne GEr+ | 68 + 1262 +] 092 + |LLE — | Fr982)|8 ge +les logo) omemeal, [+0 lors |o079 OT Ts 8'e1+ | LE + 698 + jee +59 — | 98762 | L me Lies Vueolr ‘ose los Lors lors SF Gest |LY + IGLL +] 1 +)S9 — SH IE |9 oe +lrz 260! opgeumal:.|*:: |l0es |os: LE 9 vert | Le + 1068 +] 198 +860 | TELL | S ve bles |zrol oem... |l0ce | 069 fe PHRURES vi + ec +lres +0 +|IPai— | 9P8IL |? 61 lez lorolr “SL lewrlose loss 06 Fa)" S7B ge +|er ler HIT H)GSE — |FO LE ge+lerslseole os" lose |0e Gr7— | 9YL vert |0 + lgce +] 6v8 +|SPE — 6671) G S [066 |1r7— | YGT o'or+ [rép lLr'er+ | 9881+ | 8TO— | 79'LTL | 7 g 0 “un 0 0 0 0 *wUI[ttu *UUITTIUX is Pn | . £ |‘u ‘umou |. *a[eurIOu dua |. . ueu | = |sa:p|. : U YG ‘1 aTeuraou 9 ! & 6 Hd PEN || np à e quo || RER |'uTuT pare A EI SOAE ST “unen |‘uumn Ne Re node -2] sp! ul À DE —lWOpP 2 nex RU N || vom on 104 ouuokogg [2246 1184 | anoqneH 2 snpqgnp dog) VA facnoal.s À —— QU NP “UT, | fau noamgl-samguqun no uouyeanyes op “19e24||"dea €] op uoISua] +) aanyeiadual, “amouworg | "LLSE MHIANVE — ‘AHAANHOI Va 'Cir r UT, LT LP Er D CRD ARE OL : AAA gi “tr de POS A RAY ; TAC { Dpos à CAT PET UT PASS NP Fe 1 HAT Lé PS EAE Ang. 7 Tr." HAS ? ù e: k L RS ET C7 MOYENNES DU MOIS DE JANVIER 1877. 6l.m. Sh.m. 10h.m. Midi. 9h: #Fh/s "LL 0bls. SH SRAMONMEE, Baromètre. mm mm ram mm Tam mm mm mm mm 1re décade 722,36 722,99 723,44 722,94 722,26 122,23 722,35 122,68 722,81 2 » 729,70 730,03 730,37 729,97 729,64 729,90 72996 730,25 730,32 3 » 739,75 733,18 733,38 133,04 732,32 132,44 73247 132,30 732,16 Mois 728,41 728,88 729,21 728,79 728,21 728,33 728,40 728,54 728,55 Température. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 iredécade+ 7,32 + 6,91 + 8,51 +10,58 +10,48 +10,09 + 8,87 + 8,74 + 8,30 D y» — 0,55 — 0,49 + 1,91 + 4,42 + 4,70 + 3,91 2,43 + 1,53 + 0,62 Be y» + 0,99 + 0,58 + 2,15 + 342 + 3,59 + 310 + 241 + 1,40 + 1,35 Mois + 253 + 2,28 + 4,13 + 6,05 + 6,17 + 5,62 + 4,50 + 3,81 — 3,36 Tension de la vapeur. mm min mm nm min mu mm mm mm {re décade 5,64 5,99 5,82 6,05 6,25 6,28 6,20 “6,17 5,98 2 y» 3,99 4,00 4,34 4,43 4,30 4,06 4,16 4,21 4,06 3 » 3,99 4,99 3,90 3,68 3,89 3,87 4,14 4,14 4,02 Mois 4,53 4,53 4,66 4,69 4,78 4,71 4,81 4,82 4,66 Fraction de saturation en millièmes. re décade 767 770 721 648 686 688 735 739 738 2 » 905 906 820 707 672 668 761 819 848 3e » 813 853 727 630 66% 683 762 814 792 Mois 828 843 755 661 674 680 753 791 193 Therm. min, Therm.max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre. du Ciel, du Rhône. ou de neige. 0 0 0 mm cm 1re décade + 5,13 412,72 0,63 + 7,51 17,2 134,2 dy — 1,76 + 6,11 0,87 —+ 6,88 1,3 129,2 %æ » — 1,04 + 513 0,70 + 6,31 19,3 122,8 Mois + 0,72 + 7,89 0,64 + 6,90 40,8 128,6 Dans ce mois, l'air a été calme 0,72 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,73 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 250,6 O. et son intensité est égale à 16,50 sur 100. TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE MOIS DE JANVIER 1877. Le 1er, brouillard tout le jour, fort vent du SO. neige dans la nuit, brouillard le matin. , brouillard tout le jour, très-fort vent du SO. brouillard le matin et le soir. brouillard depuis midi, avec un fort vent du SO. brouillard tout le jour, fort vent du SO. brouillard tout le jour. brouillard le matin. 12, neige dans la matinée, en petite quantité, mais elle n’a pas pu être recueillie vu la violence de la bise. 15, brouillard tout le jour, par une très-forte bise. 16, brouillard le matin. 21, brouillard et quelques flocons de neige, par une forte bise. 25 et 26, neige et brouillard tout le jour par une très-forte bise ; la quantité de neige marquée pour ces 2 jours n’est qu'une petite partie de celle qui est tombée, la plus grande partie ayant été emportée par la bise. 29, neige et brouillard tout le jour, la bise était très-violente, en sorte que la neige n’a pas pu être recueillie, 30, neige et brouillard tout le jour. 31, brouillard tout le jour; très-forte bise. æ 1 ee oO D =1 © CN Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. mm mm Ée% #6 h::malin 52 559,75 Le 3 à 10 h. matin ....... ... 564,43 Ua, 00h matins. S4ter 504,35 De IEEE LE. - s.. 910,62 Aa midis 532306 0e dés 10 homes ges. 562,28 15:46 h: malins 560,22 16210: h. Soir 2060 22. 564,62 28: à 6h Man Ne ENS 562,94 ADR 10H. PSE ES 570,04 28 à Sidi Ne ra eare 556,00 Bab: s01 2 e.... 068,41 ot a 6h mat. re 553,61 SAINT-BERNARD. — JANVIER 1877. 2 | é Pluie ou neige. Baromètre Température C È hoc ere Vent ne. Hauteur | Écart avec Moyenne \Écart avec la Hauteur Eau Nombre || domi mens Le g. HAE L] H * de la bée d 0 ominant. x FA la hauteur Minimum | Maximum. | ., pee poraue Minimum” |Maximum Te st pos) d'heures. Ciel. millim. millim, willim. millim. 0 0 0 0 millim. millim. 361,43 | + 0,07 | 560,83 | 562,33 | — 6.30 | + 2,31 | — 7,6 | — 5,5 PAT as Lars SO. 2 | 0,98 561,50 | + 0,17 | 559,75 | 563,24 | — 6,09 | + 2,55 | — 7,1 | — 5,3 300 24,5 + variable 0,23 563,80 | + 2,49 | 563,43 | 564,43 | — 6,54 | + 2,13 | — 7,5 | — 4,7 on Rare es SO. 1 | 0,32 558,22 | — 3,07 | 554,62 | 561,55 | — 6,53 | + 2,17 | — 7,8 | — 5,2 re: SR: LE SO. 3 | 1,00 536,26 | — 5,01 | 554,35 | 557,86 | — 6,63 | + 2,10 | — 7,4 | — 5,4 Free Br FER SO. 1 | 0,59 860,44 | — 1,11 | 559,24 | 560,62 | — 6,46 | + 2,31 | — 7,4 | — 4,9 | ..... | ..... ... SO. 1 | 0,76 | 862,14 | + 0,91 | 560,56 | 564,88 | — 6,05 | + 2,75 | — 6,6 | — 5,4 LEE CE - #8 JADE SO. 2 | 4,00 | 567,32 |! + 6,11 | 565,74 | 568,88 | — 5,11 | + 3,72 | — 6,3 | — 3,6 Sr Re Se SO. 4 | 1,00 | 869,64 | + 8,46 | 568,78 | 570,62 | — 1,25 | + 7,60 | — 4,1 | + 1,8 | ..... su É ces SO. 4:1"0:58:| 566,76 | + 5,61 | 565,33 | 368,89 | — 0,97 | + 7,90 | — 3,6 | + 2,0 | ..... | ..... | SO 1,103) 561,20 | + 0,08 | 558,56 | 564,23 | — 4,80 | + 4,09 | — 6,7 | — 2,8 Me RS Et SO. 4 10,741. 557,34 | — 3,76 | 557,13 557,80 | —10,51 | — 1,60 | —12,5 | — 8,4 || ..... SR PS NE. 22É0 01 560,15 | — 0,92 | 558,23 561,95 || —11,21 | — 2,28 | —12,5 | — 9,2 LR SE RSS NE. 2 | 0,06 | 561,43 | + 0,39 | 560,99 | 562,28 | — 9,49 | — 0,54 —13,6 | — 5,8 ee Se Rs NE. 1 | 0,00 561,25 | + 0,24 | 560,22 | 562,91 | — 8,86 | + 0,11 —10,8 | — 6,9 SE SR DE es NE. 2 | 1,00 | 563,75 | + 2,77 | 562,29 | 564,62 | —12,11 | — 3,12 —14,7 | — 9,3 see ee RE NE. 4 | 0,14 | 563,43 | + 2,48 | 363,08 | 564,09 | — 9,29 | — 0.28 | —11,1 | — 6,4 de RAT LS RÉ NE. 1 | 0,00. 563,86 | + 2,94 | 562,94 | 565,03 | — 7,99 | + 1,03 | —10,9 | — 3,8 rec SRE É NE. 4 | 0,00 567,70 | + 6,81 | 565,82 | 569,33 | — 3,45 | + 5,58 | — 6,0 | — 0,6 Tee Pre es NE. 14 | 0,43 569,81 | 8,95 | 569,54 | 570,04 | — 2,45 | + 6,89 | — 5,1 | + 0,4 | ..... s... EM LL 1 |-0,19 | 567,48 | + 6,66 | 567,19 | 567,95 | — 9,01 | + 0,04 | —11,8 | — 6,5 HR HUE ie NE. 2 | 0,89 | 566,81 | + 6,02 | 566,65 | 567,25 || —10,01 | — 0,95 | —1 3,2 | — 6,4 re tee RE NE. 4 |-0,39 | 566,63 | 5,87 | 566,28 | 567,05 | — 7,81 | + 1,26 | — 9,4 | — 4,8 RE Er he NE. 4 | 0,03 94 | 565,48 | + 4,75 | 564,61 | 566,02 | — 6,03 | + 2,04 | — 7,4 | — 4,3 RE LE Re NE. 2 | 0,26 F 25 | 562,45 | 1,76 | 561,66 | 563,82 | — 6,47 | + 1,61 | — 7,6 | — 44 100 7,9 PS NE. 2 | 0,92 3 26 || 556,68 | — 3,97 | 556,00 | 557,80 || —13,34 | — 4,26 —15,3 | — 7,8 120 10,0 RSS NE. 3 | 0,94 97 || 563,13 | + 2,52 | 560,59 | 565,67 || —13,69 | — 4,61 | —17,0 | —11,2 A STE — NE. 4 | 0,01 98 | 567,93 | + 7,36 | 567,01 | 568,41 || — 6,53 | + 2,55 | — 9,0 | — 4,0 Res RE RS NE. 1 | 0,20 99 | 562,98 | + 2,44 | 561,80 | 565,53 || —12,05 | — 2,97 | —14,4 | — 5,5 S RE RE Ch NE. 3 [1,00 30 | 561,79 | + 1,28 | 556,56 | 565,73 || — 6,47 | + 2,60 | — 9,9 | + 0,5 130 142 Les SO. 1 | 0,69 31 || 557,61 | — ® 87 | 553,61 | 560,98 || —15,22 | — 6,15 —15,9 | —14,3 ie Pres Fr NE. 3 | 0,90 MOYENNES DU MOIS DE JANVIER 1877. 6h.m. Sh m. A40h.m. Midi. 2h.s. &h.s. 6h.s. S8h.s. 10 h.s. Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm nm 1re décade 562,46 562,70 562,89 562.64 56262 562,78 562,94 562,96 562,99 2e » 562,65 562,85 563,07 562,84 562,88 563,07 563,21 563,38 563,47 3e y» 563,52 563,69 563,71 563,146 563,39 563,50 563,62 563,69 563,79 Mois 562,90 563,10 563,24 563,00 562,98 563,13 563,27 563,36 563,43 Température. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 {re décade— 5,45 — 5,46 — 5,24 — 4,77 — 4,97 — 4,93 — 5,19 — 5,08 — 5,18 2 » — 9,02 — 8,61 — 7,66 — 5,73 — 5,73 — 7,83 — 8,63 — 8,54 — 8,94 ge y» — 9,65 — 9,83 — 9,56 — 8,57 — 8,20 — 9,85 —10,19 —10,37 — 9,85 Mois — 8,09 — 8,03 — 7,55 — 6,43 — 6,14 — 7,61 — 8,07 — 8,07 — 8,05 Min. observé. Max. observé Clarté moyenue Eau de pluie Hauteur de la u ciel. ou de neige. neige tombée. 0 0 mm mm 1re décade — 6,51 — 3,64 0,68 21,5 300 2e » —10,39 115,28 0,27 _ 2 3 » —11,90 — 6,25 0 57 29,1 350 Mois — 9,67 — 5,09 0,51 50,6 650 Dans ce mois, l’air a été calme 0,00 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 2,10 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45° E., et son in- tensité est égale à 54,12 sur 100. REVUE DES PRINCIPALES PUBLICATIONS DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE EN 1876 Par M. Mare MICHELI $S 1. Phénomènes généraux de croissance ; influence de la pesanteur sur les tissus végétaux ; mouvements des liquides ; mouvements spontanés ; courants protoplasmiques. Les travaux des physiologistes ont établi d’une manière positive que l'accroissement en longueur des végétaux ne procède pas d’une manière uniforme, mais par sauts brusques, par saccades ‘, faciles à constater lorsque des appareils suffisamment délicats permettent de mesu- rer le chemin parcouru à des intervalles rapprochés, par exemple, d'heure en heure. Dans un important mémoire, publié sur ce sujet en 1872, M. Sachs* a étudié l’influence des agents extérieurs sur ce phé- nomène, il a constaté une action de la température telle que dans les limites favorables à la végétation la courbe de l’accroissement est presque parallèle à celle 1 Cela est bien entendu indépendamment de la grande période de croissance d’après laquelle chaque section d'une tige s’allonge d’abord lentement, puis plus vite, pour se ralentir encore avant de s’arrêter tout à fait. 2? Arb. des Botan. Institut Würzburg, vol. I. ARCHIVES, t. LVIIL — Mars 1877. 18 250 PRINCIPALES PUBLICATIONS de la chaleur; la lumière a un effet contraire, et sous son influence seule les courbes s'élèvent dans la nuit pour fléchir pendant la journée. L'auteur a reconnu enfin une concordance remarquable entre les oscillations de lac- croissement et celles de la tension des tissus, les courbes sont tout à fait parallèles, les maxima et les minima tom- bant aux mêmes heures. Ces deux propriétés des tissus sont intimement unies entre elles (ce qui d’ailleurs est une conséquence naturelle des théories de M. Sachs sur les phénomènes moléculaires de l'accroissement) ; aux modi- fications de l’une correspondront toujours des modifica- tions de l’autre, et les agents extérieurs agiront toujours sur toutes deux simultanément et parallèlement. M. Reinke ‘ a consacré cette année un travail impor- tant au même sujet; il est parti de la base que les travaux de ses devanciers, de M. Sacbs en particulier, ne per- mettent pas de décider absolument si les oscillations de l'accroissement dépendent des circonstances extérieures, ou si, Celles-ci supposées constantes, elles se manifeste- raient par l’effet de causes internes. Désirant pouvoir procéder par mensurations très-exactes Æt suffisamment rapprochées, M. Reinke s’est procuré trois appareils (fondés sur l’emploi du microscope, ou sur celui d’un bras de levier multipliant le mouvement) donnant respec- tivement des approximations de un centième, un millième et un trois-cent-soixantième de millimètre. Les observa- tions ont porté principalement sur des scapes de piantes monocotylédonées (Narcissus Tazeia, Juncus glaucus, Scirpus lacustris) ; les conditions extérieures étaient va- riées autant que possible, les plantes étant placées les 1 J. Reinke, Untersuchungen über Wachsthum. Botan. Zeitung 1876 Nos 5 à 11. DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 251 unes à la lumière, d’autres dans l'obscurité, dans l’eau, dans un air saturé d'humidité, dans l'air ordinaire, etc. Les tabelles très-nombreuses sont établies d’après des mensurations faites de quart d'heure en quart d'heure, quelquefois de minute en minute et même dans un cas de croissance très-rapide de quart de minute en quart de mi- nute. Cette première série d'observations prouve d’après l’auteur, que les oscillations dans la croissance sont bien spontanées, car : 1° Elles ne diminuent pas à mesure que les agents extérieurs deviennent plus constants; les plus mar- quées ont même été constatées sur une plante plongée dans l’eau, sous une température constante et dans l’obs- curité. 2° Elles se montrent également sur des piantes exposées à la lumière, plongées dans l'obscurité, placées dans des conditions favorables à la transpiration, ou sous- traites à cette fonction. 3° Elles ne coïncident pas pour des plantes observées simultanément dans des conditions analogues, et les courbes qu’on peut construire sont sans relation avec celles de la température, de la pression ba- rométrique, de l’état hygrométrique, etc. L'auteur pro- pose donc de les désigner sous le nom de modifica- tions sponianées de la croissance ; elles sont d'autant plus marquées que les intervalles qui séparent les ob- servations sont plus courts, et tendent à s’effacer si les intervalles sont trop longs. Les faire remonter jusqu’à leurs causes physiques et chimiques est actuellement im- possible; tout ce que M. Reinke pense pouvoir affirmer c’est que le mouvement de la croissance est continu mais jamais uniforme. Dans une autre série d'expériences, on s’est attaché à provoquer des inégalités de croissance par l'action des agents extérieurs; on a en particulier cherché si l’accélé- 252 PRINCIPALES PUBLICATIONS ration dans l'obscurité ne provient pas uniquement d’aug- mentation de l'humidité de l'air; ce second facteur a une influence évidente, mais qui ne dépasse jamais l’allonge- ment normal et qui ne peut en aucune façon rendre compte des phénomènes d’étiolement. Des expériences directes sur l’alternance horaire de la lumière et de l’obs- curité font ressortir d’une manière très-nette l’effet de cette dernière, effet d'autant plus visible, que l’état hy- orométrique de l’air est plus constant. M. Reinke a terminé enfin par quelques recherches sur l'accroissement en épaisseur des tiges (Datura Stra- monium); la difficulté d'obtenir des mesures exactes est encore plus grande ici que dans le cas précédent; l’au- teur a cependant cru reconnaître une influence directe et constante de l'humidité de l’air, effet qui peut s'expliquer par les phénomènes de transpiration et les variations dans la turgescence des cellules. M. Sachs” s’est élevé vivement contre les résultats ob- tenus par M. Reinke ; il a surtout critiqué les procédés . d’expérimentation employés par son contradicteur. Les appareils sont beaucoup trop délicats et sensibles ; pour mesurer avec une approximation d’un micromillimètre, il faut s’entourer de précautions irréalisables avec des plantes en terre. Dans tous ces procédés, les causes d’er- reur sont nombreuses, inévitables et viennent souvent infirmer ou rendre en tous cas très-douteux les résultats obtenus. Ces observations s’appliquent tout particulière- ment aux mesures de la croissance en diamètre. En un . mot, M. Sachs ne pense pas que les chiffres des tabelles 1 J. Sachs, Zu Reinke’s Untersuch. über Wachsthum. Flora, 1876. Nos 7 et 12. DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 9253 de M. Reinke aient une valeur assez absolue pour qu’on en puisse tirer des conclusions positives. M. J.-W. Moll' a comparé entre elles la grande période des entre-nœuds (fait d’après lequel l’accroissement en longueur d’abord lent, s'accélère yraduellement pour se ralentir bientôt après) et leur période de longueur (fait d’après lequel sur un rameau entièrement développé, les entre-nœuds plus courts vers le sommet, sont plus longs au milieu, pour diminuer de nouveau vers la base). Il a trouvé que ces deux phénomènes ne remontent point à la même cause; tandis que dans tous les entre-nœuds les cellules acquièrent à peu près la même longueur, leur nombre varie de l’un à l’autre; la grande période est done une conséquence de l'allongement des cellules, la période de longueur au contraire une conséquence de leur division, Ce sont des suites en apparence analogues de fonctions vitales très-différentes. M. A.-W. Bennett * a étudié le cours de l’allongement sur les entre-nœuds isolés fournis par le pédoncule de la fleur femelle de Vallisneria spiralis et par le scape de la Jacinthe. L’accroissement dans le premier cas est très- rapide ; du 24 au 29 septembre, il a atteint en moyenne 3,4 pouces anglais par jour. Les mesures étaient prises au moyen de points de repère marqués au vernis sur l’épiderme. Le résultat le plus remarquable est que l’al- longement du sommet est beaucoup plus considérable que celui des parties inférieures. Sur 12 points de repère mar- 1 J.-W. Moll. De invloed van celdeeling en celstrekking op den groel. Acad. Prœfschrift. Utrecht 1876. Extr. dans Botan. Zeit. 1876, N. 47. ? A.-W. Bennett, Growth of the female flower stalk of Vallisneria spiralis. Transact. Linn. Soc. of London. 2° série, 1, p. 133. Growth of the flower stalk of the Hyacinth. Ibid. p. 139. N RUN" PEACE CAR: D ERS (S CE ET OS OR à pe ARR CR EN Pa GE LE EN LE et Le 0 a SA ie VE V2 SE PR A : ! AU fl 47 LUN 1 254 PRINCIPALES PUBLICATIONS qués, l'intervalle entre les deux premiers s’est allongé de 295 pour cent; l’espace occupé par les dix derniers de 144 pour cent seulement. La courbe ainsi obtenue s’écarte des lois générales posées par M. Sachs pour des tiges ordinaires, dont le maximum de croissance est beaucoup moins près du point de végétation. Le mode d'allonge- ment des pédoncules de Vallisneria se rapproche plutôt de celui des racines. Les résultats obtenus avec les jacinthes sont complé- tement inverses ; le scape a été divisé en quatre parties; c’est la section inférieure qui s’allonge le plus (762,5 pour cent), la supérieure vient ensuite avec 228 pour cent; les deux intermédiaires arrivent en dernier avec 150 pour cent. Les courbes ainsi obtenues se rapprochent davantage de la grande période des tiges ordinaires, le maximum est pourtant plus éloigné du point de végé- tation. M. J. Fankhauser' a publié un mémoire assez étendu consacré à l’étude de l'influence des forces mécaniques sur la croissance par intussusception. C’est un travail qui ne se prête pas beaucoup à l'analyse; l’auteur ne présente pas des observations personnelles dont le ré- sultat net et précis puisse se résumer en quelques mots, mais plutôt une étude générale et théorique dont toutes les parties s’enchaînent et qui pour être ex- posée complétement demanderait des développements étendus. Dans la première partie consacrée à l'étude ‘des phénomènes intra-cellulaires l’auteur cherche à faire : ressortir l'importance du rôle du protoplasma en général 1 J, Fankhauser, Einfluss mechanischer Kräfte auf das Wachsthum durch Intussusception bei Pflanzen. Mitth. der Naturforsch. Gesell. in Bern, N° 828 à 871. DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 255 et en particulier de ses propriétés d’imbibition ; de la den- sité des différentes couches de protoplasma (densité qui va toujours en diminuant dans chaque cellule de la péri- phérie au centre), c’est-à-dire de la quantité d’eau qu'elles peuvent emmagasiner, dérivent les différents faits de forme, de division des cellules, les courants intérieurs, etc. Dans la seconde partie les mêmes règles sont appliquées au développement de la plante en général; les grandes périodes d’accroissement, la tendance à développer des pousses latérales de quelque ordre qu’elles soient sont ex- pliquées par les courants de séve qui se dirigent vers le point de végétation et par les modifications ainsi intro- duites dans la consistance du protoplasma. En résumé l’auteur établit que les agents extérieurs (humidité, cha- leur, pesanteur, etc.) ont sur la croissance une influence bien moindre que celle qu’exercent les forces méganiques développées à l’intérieur des cellules. M. Kay‘ a recherché l'influence qu’exerce la pesanteur sur la position et la distribution des pousses adventives que produit un rameau horizontal, en examinant si les bourgeons à feuilles et à racines ont une tendance natu- relle à se développer plutôt à la face inférieure qu’à la face supérieure. Il a fallu choisir pour les expériences des rameaux ayant occupé sur la plante mère une position strictement verticale, et les placer horizontalement de telle façon que les conditions extérieures fussent identiquemenñt les mêmes de tous les côtés; ils furent placés sous une épaisseur de quelques centimètres de sable dans une couche de jardin ordinaire; il fallut aussi enlever soi- ! Kny, Einfluss der Schwerkraft auf die Anlegung v. adventiv Wur- zeln und adventiv Sprossen. Botan. Zeit. 1876, N°s 23, 24. SAR T € CET RS EE S 256 PRINCIPALES PUBLICATIONS gneusement tous les bourgeons déjà formés, ainsi que les premiers qui se développèrent afin d’être bien sûr de n'avoir à faire qu'à des productions nouvelles. Dix- sept essences d'arbres furent mises en expérience pen- dant quatre mois environ. Les résultats donnèrent de grandes différences entre les espèces pour la production relative des bourgeons à feuilles et à racines; par exemple le Cornus alba et le Sambucus nigra produisirent plutôt des feuilles, tandis que le Populus balsamifera, le Salic daphnoides produisirent plutôt des racines. Les données de Dubamel d’après lesquelles les racines se développent de préférence à la face inférieure n’ont pas été confirmées : par exemple le Salix daphnoides sur 24 racines développées en présentait 2 en haut, 7 obliquement en haut, 3 latéra- lement, 7 obliquement en bas et 5 en bas; mêmes rap- ports pour le Populus balsamifera, mêmes résultats éga- lement pour les bourgeons à feuilles; on ne peut même pas dire qu’il y eût tendance à la production de feuilles en haut et de racines en bas: Ces expériences tendent donc à prouver que la pesanteur n’agit pas directement sur la répartition des pousses adventives. Mais pour qu’elles soient parfaitement concluantes, l’auteur pense qu’elles devraient être prolongées pendant un temps plus long. Pour une période aussi courte, il est difficile d’es- timer dans quelle mesure le rameau est encore sous l’in- fluence des conditions antérieures. Il faudrait pouvoir poursuivre ces recherches pendant plusieurs années sur les rameaux restant attachés à la plante mère et par con- séquent toujours pleins de vie. M. Carl Kraus ‘, à la suite d’expériences sur la direc- 1 C. Kraus, Mechanik der Wachsthumsrichtungen von Keimlingwur- zen. Flora 1876, N° 98. 297 tion des racines de graines germant dans des conditions et positions variées, est arrivé à quelques conclusions générales sur les causes mécaniques de ce phénomène. La direction des racines des germes dépend de trois fac- teurs, la turgescence, la consistance des membranes et la pesanteur. Si la turgescence est forte et également répartie de tous les côtés, la racine tendra toujours à croi- tre dans une direction donnée quelconque, même en op- position avec la pesanteur. Mais si les pressions intérieu- res sont moins fortes d’un côté, il se manifestera une flexion indépendante de l’action de la pesanteur ; tel sera par exemple le cas, lorsque d’un côté les molécules se- ront plus denses, plus serrées; l’autre côté cédera plus facilement à la pression intérieure; des nouvelles molécu- les s’y intercaleront, il s'allongera davantage et deviendra convexe. L'action de la pesanteur se manifeste de deux manières différentes : d’abord elle agit dans l’intérieur de l'organe horizontal, en provoquant une augmentation graduelle dans la concentration de la séve de haut en bas; d’après l’auteur, cette répartition inégale des molé- cules nutritives provoque des flexions dont la concavité est dirigée tantôt en haut, tantôt en bas suivant la consistance des membranes; mais dans le premier cas, les pressions intérieures amènent bientôt un excès de développement dans la partie concave et changent le sens de la flexion. La pesanteur agit aussi sur l'organe dans son ensemble, et cette traction de haut en bas, favorise l'allongement du côté supérieur et par conséquent la courbure. Lorsqu'une racine croît verticalement de bas en haut, la moindre cause fortuite qui écartera son sommet de la ligne droite provoquera une flexion marquée grâce à la pression de la séve, qui s’exercera maintenant surtout DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. NIMES JO CET EN UMA 7 D LS 4 Je CUS ‘ gl PTE PEUT : ". ALT 6 ô : (i U nr 258 PRINCIPALES PUBLICATIONS sur une nouvelle section de membrane et y provoquera un développement plus rapide, Enfin, après quelques observations sur l'influence du voisinage d’une surface humide sur les flexions des ra- cines, l’auteur conclut en disant que les courbures géo- tropiques posilives et négalives sont régies par la même cause, l'apport plus abondant de sucs nutritifs dans le bas de l'organe sous l'influence de la pesanteur; le sens de la courbure est déterminé par l'énergie plus ou moins grande de la turgescence et de la tension des LiISSUS. M. Cauvet' s’est élevé contre la tendance à expliquer par des lois purement physiques un certain nombre de phénomènes vitaux, et en particulier contre les théories émises jusqu'à ce jour sur la direction des racines. Il a fait lui-même quelques expériences sur ce sujet dans les- quelles il plaçait des plantes de différentes espèces dans un entonnoir renversé, la tige en bas sortant par la douille et la racine en haut; la tige s’est constamment redressée; les racines maintenues dans l’eau, se sont généralement courbées en bas, mais d’une manière irrégulière qui écar- tait l’idée d’une action directe de la pesanteur; l'action de l’air humide était aussi exclue puisque tout était dans l’eau. L'auteur pense donc que les théories géotropiques telles qu’elles ont été en particulier formulées par M.Sachs ne sont pas fondées, et qu’en réalité la cause de ces phé- nomènes nous échappe complétement. Dans sa thèse inaugurale sur la force ascensionneile des racines, M. Max. Brosig* a repris les expériences 1 Cauvet, Direction des racines. Bull. Soc. botan. de France, 1876, p. 126. 2? Max Brosig, Die Lehre von der Wurzelkraft. Breslau 1876. DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 259 classiques d'Hofmeister qui conduisent à reconnaitre l’exis- tence d’une périodicité dans l'absorption d’eau: quelle en est la cause? M. Detmer ‘ l’a cherchée dans la pério- dicité de la tension des tissus, telle que l'ont établie les travaux de M. Kraus et d’autres physiologistes ; M. Brosig ne pense pas que cette explication puisse être soutenue, car la tension dépendant elle-même de la quantité d’eau que renferment les tissus, il n’est pas naturel qu’elle en règle l’apport. M. Baranetzki * serait plus près de la vé- rité en parlant de l’action alternante de la lumière et de l'obscurité, mais M. Brosig pense qu'il faut faire interve- nir encore un nouvel élément etil formule ses conclusions en ces termes : La périodicité de la force ascensionnelle des racines peut, comme en général toute périodicité dans les phénomènes vitaux des plantes, se ramener en der- nier ressort aux changements périodiques dans l’éclai- rage; mais C’est une qualité que chaque individu n’ac- quiert pas pendant sa période de végétation ; elle s’est développée graduellement dans le cours du temps et transmise de génération en génération. MM. W. Ramsay Mac Nab * d’un côté et Pfitzer ‘ de l’autre, ont étudié la rapidité de la circulation de l’eau dans le bois, en employant des solutions de sels de lithium dont la présence était ensuite décelée au moyen de l'analyse spectrale. Les résultats obtenus par ces deux observa- ! Mitth. aus d. Gesammt-Gebiete d. Botanik, v. Schenk u. Luerssen. Heft III. Leipzig 1874. ? Unters. über die Periodicität des Blutens krautartiger Pflanzen. Halle, 1873. 5 W. Ramsay Mac Nab, Experiments on the movements of water in plants. Trans. roy. lrish. Acad. vol. 25, ext. Bot. Zeit. 1876, N° 47. + Pfitzer, Ueber die Geschwindigkeit der Wasserbewegung in den Pflanzen. Bot. Zeit. 1876, N° 5. % ca a RTE MED UT RE de dit did Se 260 PRINCIPALES PUBLICATIONS teurs sont loin d’être concordants: le premier a trouvé que dans un rameau de Prunus lauro-cerasus une solu- tion de citrate de lithium s’élevait de 12,8 pouces anglais à l'heure; le second au contraire, qui employait un sel azotique du même métal, a trouvé des valeurs variant de 4,5 mètres à l'heure (Philadelphus) à 6 mètres(Amarantus) et à 10 mètres (Hélianthus), et même à 22 mètres avec une plante d’Hélianthus placée au soleil. Déjà auparavant par une méthode toute différente basée sur l'observation du moment où les feuilles à demi fanées commencent à se relever, le même auteur était arrivé à une valeur moyenne de 5 mètres. Il estime du reste qu’il peut y avoir de très- grandes différences suivant que la plante est plus ou moins sèche. Il à calculé aussi, ainsi que cela avait déjà été fait à diverses reprises, la largeur de la colonne d’eau ascendante relativement au diamètre de la tige et a trouvé des valeurs très-faibles de 1 à 80, par exemple, chez l’Hélianthus. M. Geleznow ‘ a examiné d’une manière générale la ré- partition de l’eau dans les plantes ligneuses (bois et écorce); il a fait beaucoup d'observations et construit de nombreuses tabelles; peut-être n’a-t-il pas pris toujours des précautions suffisantes pour garantir l'exactitude ab- solue de ses chiffres. Sa méthode générale consistait à couper de jeunes arbres de 12 à 30 ans, à en prendre des morceaux à différentes hauteurs et à les peser hu- mides et secs; ses recherches ont porté d’abord sur les quatre espèces suivantes: Pinus sylvestris, Acer pla- tanoides, Betula alba et Populus tremula. D'une manière générale, la proportion d’eau dans le bois augmente : Geleznow, Quantité et répartition de l’eau dans la tige des plan- tes ligneuses. Bullet. Acad. Petersb. XXU, N° 3 (déc. 76). Raul ss di ne nl AU lee nr DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 261 graduellement de la base au sommet de l'arbre ; il y a ce- pendant quelques irrégularités, la section supérieure est souvent un peu plus sèche que les précédentes (proba- blement à cause de la transpiration) ; la section inférieure est au contraire un peu plus chargée d'humidité que celle qui vient immédiatement au-dessus. L’écorce suit une marche analogue mais avec une régularité plus mar- quée. Îl y avait entre les espèces examinées des différen- ces assez grandes au point de vue de la répartition de l’eau dans le bois suivant les saisons et au point de vue de sa distribution entre le bois lui-même et l'écorce. Le pin, par exemple, a un bois relativement humide (59 ?/,) et une écorce plus sèche; la proportion d’eau diminue de juin à septembre pendant la période de forte végétation. L'érable au contraire, a le bois sec (42 °/,) et l'écorce plus humide; la proportion d’eau plus considérable de mars en août diminue ensuite jusqu'à la fin de l’année. Le bouleau est remarquable par la grande différence qui atteint 30 pour cent entre le moment où le bois est le plus humide en juin, et celui où il est le plus sec. L'auteur à proposé des mots nouveaux hygroxylé, xé- roxylé, etc., pour désigner ces différents états; ses recher- ches ne sont peut-être pas assez complètes pour justifier cette tentative. Il a depuis étendu son examen ‘ à quelques plantes herbacées et a trouvé, par exemple chez le Lilium giganteum, les mêmes rapports entre la base et le sommet de la plante que dans les arbres. Les feuilles renferment un peu moins d’eau que la tige; les différentes parties de la fleur sont assez uniformes entre elles à l'exception des étamines et du pollen qui sont beaucoup plus secs. Chez ? Geleznow, Répartition de l’eau dans les plantes. Congrès botan. Florence, p. 137. 269 PRINCIPALES PUBLICATIONS les feuilles d’Amaryllis et de jacinthes M. Geleznow a constaté une diminution graduelle dans la proportion d’eau de la base au sommet. Dans une note très-courte, consacrée aux mouvements spontanés des étamines du Saxifraga sarmentosa,umbrosa, du Parnassia palustris, ete. M. Heckel' s’est surtont atta- ché au sens de propagation du mouvement d’une étamine à l’autre; chez le S. sarmentosa, par exemple, qui a tou- jours deux pétales plus grands que les autres, le mou- : vement commence par le verticille d’étamines oppositisé- pales, et dans celui-ci par l’étamine placée entre les deux grands pétales ; il passe ensuite aux deux étamines pla- cées à droite et à gauche pour se terminer enfin aux deux dernières étamines qui occupent le côté postérieur de la fleur. Si l’on numérote les étamines de gauche à droite à partir de la première qui se meut, le mode de propagation du mouvement sera 1, 2, 5, 4, 3, tandis que la formule iypique du mouvement des fleurs pentamères serait 4, 3, 9, 2, 4. La disposition quinconciale des feuilles est donc altérée, les étamines 2 et 5 se meuvent comme une seule; il y a une tendance virtuelle à la fusion, mieux mani- festée chez d’autres Saxifraga, comme par exemple le S. opposiifolia, et effective dans les fleurs tétramères de Chrysosplenium et d’Asiilbe. Le mouvement observé sur le second verticille d’étamines indique une déformation du type foliaire encore plus grande. On constate des phé- nomènes analogues.chez le Parnassia. L'auteur re- marque en terminant que les mouvements étudiés ici ne sont pas influencés par les anesthésiques. 1 Heckel, Du mouvement périodique spontané dans les étamines de Saxifraga sarmentosa, umbrosa, etc. Comptes-Rendus 1876. N° 5, 21 janvier. DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. | 263 M. Chatin‘ a signalé un mouvement particulier des feuilles d’un conifère, l’Abies Nordmanniana ; horizon- tales pendant le jour, elles se relèvent le soir et présen- tent à l’œil leur face inférieure, beaucoup moins colorée que la supérieure, Ce mouvement est accompagné d’une torsion plus on moins accentaée de la base de la feuille, torsion qui peut aller jusqu’à 90 degrés. Le mode d'action de la températare sur les courants protoplasmiques a déjà été étudié par bien des auteurs qui se sont servis pour cela de méthodes différentes. L’en- semble des résultats peut se résumer en quelques mots : Une température basse (degré variable suivant Îles espèces) arrête le courant ; lorsque le thermomètre s’é- lève, les fragments da protoplasma et les grains de chlo- rophylle se mettent en mouvement; chaque degré gagné amène une accélération, jusqu'à un maximum à partir duquel il y a de nouveau ralentissement, puis arrêt com- plet. Ce maximum varie suivant les espèces entre 35 à 40 degrés environ. Cette loi posée surtout par M. Nägeli, a été complétée par M. Sachs qui a montré que de même qu'aux températures basses, il y a aux températures élevées un éat de rigidité passager ; en d’autres termes, lorsqu'une plante exposée un moment à une température suffisante pour arrêter le courant est placée dans des conditions plus favorables, celui-ci reprend son cours. Tous ces faits ont été constatés à nouveau par M. Vel- ten” dans les expériences très-soignées qu’il a faites sur l'Elodea canadensis, le Vallisneria spiralis et le Chara TA. Chatin, Mouvement des feuilles de l’Abies Nordmanniana. Comptes-liendus 1876, 10 janvier. 2 W. Velten, Einwirkung der Temperatur auf die Protoplasmabe- wegung. Flora 1876, Nes 12 et 13. DR T 7€ 5 CARE PSS A PAS DRE. gr DS Cr ONE <= he A 4 2e. ARR MS TRE A Seigle 2,849 » Avoine 2,666 » Mais si l’on combine l'énergie de la transpiration, avec la surface moyenne des plantes, on arrive à des résultats différents. Pendant toute la végétation, une plante d'avoine évapore 2277,76, une plante d'orge 1236,74, une plante de blé 1179,92 et une plante de seigle 834,89 grammes d'eau. : Si maintenant l’on cherche à estimer la perte d’eau sur une surface d’un hectare, en comptant un million de plantes, M. Haberlandt arrive aux chiffres suivants: Seigle 834890 kilo. Blé 1179920 » Orge 1236710 » Avoine 2277760 » ce qui correspond à une chute d’eau pluviale respective- ment de 83,5 millimètres, 148 millim., 123,7 millim. et 227,8 millim. Ces chiffres sont notablement plus faibles que ceux qu'ont trouvé d’autres observateurs et entre autres M. Risler. L'auteur de ces expériences les croit cependant exacts, surtout lorsqu'il les rapproche des chu- tes d’eau moyennes dans certaines contrées où la culture des céréales en question peut être encore tentée avec succès. TT EN DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 291 Le même auteur ‘ a poursuivi ses recherches sur une série d’autres plantes cultivées en perfectionnant son mode d'expériences de manière à le rendre encore plus précis, soit dans la détermination de la quantité d’eau évaporée, soit dans les précautions prises pour éviter toute déperdi- tion par la surface du liquide. Le fait le plus saillant qui res- sort de ce second travail, c’est la grande influence qu'exerce sur la transpiration l’individualité de chaque plante. Quel- que soin qu'on apporte pour avoir des sujets aussi sem- blables que possible, il y a toujours de lun à l’autre des différences notables. Par exemple, dans une expérience spécialement destinée à prouver ce fait, l’auteur a choisi 9 plantes de seigle provenant du même semis, offrant une grande analogie dans leur développement ; toutes ont été placées dans des conditions parfaitement semblables; malgré cela l’une a offert un maximum de 7,081 gram- mes d’eau évaporée en 24 heures, par décimètre carré; une autre un minimum de 2,053 grammes. La quotité moyenne pour les 9 plantes s’élevait à 4,689 grammes. D’autres expériences faites avec du Polygonum fagopyrum et quelques variétés de choux ont donné des résul- tats analogues, bien qu'avec un écart plus faible entre les valeurs extrêmes. Il n’est pas possible de donner de ces différences une explication plausible. Quant aux nombreux chiffres que l’auteur a trouvés pour les 30 espèces de plantes cultivées qu’il a examinées et qui représentent la quantité d’eau dont chacune a be- soin pour parcourir avec succès toutes les phases de son développement, nous ne pouvons naturellement pas les 1 Fr. Haberlandt, Ueber die Grüsse der Transpiration unserer Cul- turpflanzen. Wissensch. Prakt. Untersuch. auf dem Gebiete des Pflan- zenbaues, vol. II, p. 146. 7% } 292 PRINCIPALES PUBLICATIONS, ETC. : Ge ns rapporter ici. Ils ont un véritable intérêt au point de vue pratique et peuvent être fort utiles, soit pour choisir les cultures les plus avantageuses dans tel terrain donné, soit pour expliquer l’insuccès de certaines tentatives ‘. (A suivre.) 1! Nous n'avons pas pu avoir sous les yeux en temps utile deux publications de M. Burgerstein sur le même sujet: Einfluss äusserer Be- dingungen auf die Transpiration der Pflanzen (Jahresber. d. Leopold- städt. Obergymnasium, Wien), etc. Ausscheidung von Wasserdampf (Oest. Bot. Zeitschr.). y RECHERCHES FAITES DANS LE LABORATOIRE DE PHYSIOLOGIE DE GENÈVE III Sur une nouvelle fonction du foie et effet de la ligature de la veine porte. par M. le professeur SCHIFF. En 1861 nous avons fait une série de recherches sur l'effet de la ligature de la veine porte chez les mammi- fères. Ces expériences publiées dans le premier volumede la Neue Schweizerische Zeüschrift für Heilkunde, ont con- duit à un résultat curieux. Très-peu de temps (une demi- heure à deux heures) après la ligature rapide (et nous ne parlerons pas ici de l’occlusion lente qui ouvre une circu- lation supplémentaire) de la veine porte, les animaux se trouvent dans un état de dépression énorme, qui ressem- ble beaucoup à l’état produit par l'injection d’une sub- stance narcotique très-active. Cet état fait des progrès ra- pides qui finissent avec la mort qui survient une à trois heures et demie après l'opération. Après avoir,fait la critique expérimentale de quelques hypothèses, qui s’offraient pour l'explication de ces faits, il ne nous restait qu’une seule probabilité. Nous devions Nan AA Au Le, 2 LU à a EEE A PAT PU Gal AN di 29% RECHERCHES FAITES DANS LE LABORATOIRE admettre que l’organisme des mammifères produit tou- jours, comme résultat de la métamorphose régressive de quelques-uns de ses tissus, une substance narcotique ou vénéneuse très-énergique, qui se détruit de nouveau dans le foie, auquel elle est conduite par la circulation veineuse. Après la ligature de la veine porte cette substance s’accu- mule dans le corps. Nous ne nous sommes pas caché toutes les difficultés qui s'opposent à une telle hypothèse. Beaucoup d’auteurs après nous ont confirmé les faits que nous avions trou- vés, aucun ne voulut admettre notre hypothèse. Mais toutes les autres qui ont été proposées, et admi- ses par quelques auteurs, n’expliquent pas les faits, ou se mettent même en contradiction avec les faits. On a surtout beaucoup insisté sur l’hypothèse que la ligature de la veine porte, en empêchant le sang des vis- cères abdominaux de retourner dans la circulation, tue les animaux par une espèce d’anémie cérébrale aiguë. Cette théorie proposée pour la première fois en 1864, est mort-née. Je n’ai jamais décrit, ni rencontré les convulsions dont parlent les auteurs de cette théorie et qu'ils comparent aux convulsions dans l’anémie aiguë, mais en revanche ai vu pendant tout le temps de la narcotisation une in- sensibilité, un défaut d’excitabilité, qui est le contraire de l'augmentation de l’excitabilité réflexe qu'on rencontre dans une cerlaine période de l’anémie aiguë ‘. D'ailleurs j'ai déjà dit dans ma première publication, et je peux le 1 Une seule fois j'ai vu chez un lapin, au commencement des symptômes de la narcotisation, une hyperesthésie de la face qui ne fut que passagère, confirmer aujourd'hui par de nouvelles expériences ana- logues, que les phénomènes de la narcotisation restent es- sentiellement les mêmes, si par une anastomose entre le système de la veine porte et de la veine cave, la ligature de la première ne produit ni anémie générale, ni accu- mulation du sang dans les organes abdominaux. Pour rendre généralement admissible notre hypothèse de la production incessante d’un fort venin dans la cir- culation normale des mammifères, il faut prouver en premier lieu qu’un tel venin existe, et est rendu plus ac- tif par la suppression de la circulation hépatique. Si l'on ne peut pas encore isoler la substance vénéneuse on doit au moins prouver que le sang veineux d’un animal mort après la ligature de la veine porte agit autrement et d’une manière plus délétère, que le sang veineux d’un animal mort dans d’autres circonstances, qui ne favorisent pas une accumulation de la substance hypothétique. Et pour appuyer notre théorie par des faits analogues on devrait démontrer que le foie est capable de détruire ou de dé- composer d’autres substances narcotiques mieux défi- nies, dont l’action est énergique et généralement re- connue. La première de ces tâches est la plus difficile, et bien que depuis longtemps nous ayons cherché à satisfaire à la seconde, le défaut d’un nombre suffisant de chiens ou de chats vigoureux nous avait empêchés dans les der- nières années de donner à nos expériences l’extension voulue. Ayant enfin trouvé, après notre retour en Suisse, les matériaux nécessaires, nous nous sommes d’abord adres- sés à la nicotine. Nous avons été guidés dans ce choix par une observation faite par Heeger de Bruxelles, qui n’a pas DE PHYSIOLOGIE DE GENÈVE. 295 296 retrouvé dans le liquide retournant par les veines hépat- ques l deur de la nicotine, qu’il avait injectée dans la veine porte. Tout le monde connaît l’action énergique et pour ainsi dire foudroyante de la nicotine bien préparée, ac- tion qui, déjà plusieurs fois, a été comparée avec celle de l'acide prussique. Nous nous sommes procuré une nicotine très-légère- ment jaunâtre, presque incolore, dontune goutte dans 4 c.c. d’eau, injectée dans le tissu cellullaire d’un chien sain, de 8 à 11 kilogr. suffisait pour amener la mort en peu de minutes. Chez les grenouilles ‘/., d’une goutte était léthal si la substance était introduite dans un sac lymphati- que. Les expériences ont démontré : 1. Chez les chiens et chez les grenouilles, la nicotine même en dose double de celle qui est léthale dans le tissu cellulaire, introduite dans l'intestin, sans qu'elle puisse veair en contact ni avec la bouche, ni avec l’œsophage, ni avec la partie inférieure du rectum, ne tue pas, ne pro- duit pas des phénomènes alarmants, pas de crampes, pas de convulsions. Après une demi-heure l’animal est bien portant. 2. Il en est de même pour les chiens chez lesquels on a extirpé les reins, pour empêcher l'élimination du poi- son avec les urines. 3. Une injection pas trop concentrée, dans les ramifi- cations de la veine porte, dans la substance de la rate, dans les membranes de l’intestin, n’a pas plus d'effet. 4. Nous avons pu constater le fait trouvé par Mole- schott, que les grenouilles peuvent vivre longtemps et sans _ DE PHYSIOLOGIE DE GENÈVE. 2 troubles après la ligature du foie ou de tous les vaisseaux hépatiques. 9. Une grenouille, dont le foie a été lié depuis quel- que temps ou immédiatement avant l’expérience, meurt quand on lui injecte dans une anse intestinale ‘/,, de goutte de nicotine. La mort vient un peu plus tard qu’a- près l'injection de la même dose dans un sac lymphatique, parce que l'absorption prend plus de temps. 6. Si le foie est lié, une grenouille meurt après l'in- jection de ‘/,, de goutte dans un sac lymphatique, pen- dant qu'une grenouille saine survit à cette dose et ne montre pas de symptômes très-caractéristiques. 7. D'autres lésions ou ligatures ne diminuent pas la tolérance des grenouilles pour de faibles doses de nico- tine. 8. Depuis longtemps j'ai montré comment on peut, chez les ovipares. augmenter la circulation du foie par la ligature des veines rénales afférentes. Nous devions sup- poser d’après notre hypothèse, qu'une augmentation de la circulation hépatique pourrait diminuer ou réduire l’action irritante ou léthale de la nicotine. 9. Les grenouilles, avec ligature des vaisseaux affé- rents des reins, supportent l'injection dans un sac Jym- phatique de ‘/,, et même */,, de goutte de nicotine, sans signes évidents d’empoisonnement. 10. Dans les grenouilles préparées par la ligature de la veine rénale inférieure, il est indifférent que l’on fasse l'injection dans la partie postérieure du corps ou dans la moitié antérieure. ÎL. On triture dans un mortier le foie d’un lapin ou un gros morceau de foie de chien, pour produire une es- pèce de boue hépatique, auquel on ajoute 4 gouttes de ARCHIVES, t. LVIIL. — Mars 1877. 21 nicotine. On mêle rapidement et on exprime dans un linge le jus rouge, si ensuite on l'injecte dans le tissu cellulaire d’un petit chien, l'animal ne meurt pas et ne montre point de symptômes alarmants. 12. Quand, au lieu du foie, on prend les reins pour la même expérience, on obtient un grave empoisonne- ment. 13. Le suc des reins sans adjonction de poison n’a pas un tel effet. 1%. Ces dernières expériences sont encore plus évi- dentes chez les grenouilles, si on fait l'injection dans un sac lymphatique. La perte d’une grande partie de la nico- tine, pendant la trituration avec la substance des reins, n’est pas assez considérable pour empêcher la mort des grenouilles. 15. Toutes les expériences relatives à la ligature du foie dans les grenouilles, donnent le même effet qæand on a fait seulement la ligature de la veine porte. 16. Chez les chiens, une ligature partielle et incom- plète de la veine porte ne suffit pas pour rendre toxique la dose indiquée de nicotine injectée dans l'intestin. 17. On a dit souvent que l'organisme peut s’accoutu- mer en quelque sorte à l’action de la nicotine, et que la seconde dose (non léthale) agit moins que la première, la troisième moins que la seconde. Cette règle ne s'applique pas aux grenouilles, auxquelles, après que les effets d’une première ou seconde dose fractionnée sont passés, on lie le foie ou la veine porte. Dans ce cas la répétition d’une dose, même beaucoup plus petite que les premières peut devenir léthale. C’est donc là une expérience à fortiori. Dans ces expériences avec la nicotine, le foie a détruit ses propriétés léthales, a empêché les convulsions, les DE PHYSIOLOGIE DE GENÈVE. 299 contractions fibrillaires, le tétanos et en général les symp- tômes que nous avons désignés comme alarmants. Mais certains autres symptômes moins graves sont restés et se sont montrés quand on à fait l’injection dans les ramifi- cations de la veine porte. Ces mêmes symptômes exis- talent comme des traces légères quand l'introduction a été faite dans l'intestin, ou mélangé avec la substance hépathique, dans le tissu cellulaire. Ces symptômes con- sistent en : a) Altération de la respiration qui devient presque immédiatement plus profonde, plus accélérée avec inspi- ration active. Ce symptôme disparait déjà après 6 à 8 minutes et souvent plus promptement : b) Irrégularité (accélération) dans la fréquence du pouls. Elle vient après le symptôme «) et disparaît bien- tôt : ce). Disparition plus ou moins complète de la sensibilité tactile dans les # extrémités. Ce symptôme dure long- temps et n'a pas été noté jusque-là dans la littérature très-étendue de l’empoisonnement nicotique. La loco- motion n'est pas entravée ni gênée par cette insensibilité qui ne s'étend pas à la sensation de la pression et de la douleur : d) Altérations dans l'œil (seulement quand la dose était forte et rapidement introduite); e) Vomituritions et vomissement (ne viennent pas régulièrement et seulement quand la dose était forte) ; f) Le nerf vague perd son influence arrestatrice sur les pulsations du cœur (ne dure pas longtemps) ; g) Les oscillations, faussement dites respiratoires dans la pulsation cardiaque, disparaissent. Avec tous ces symptômes, l'animal ne paraît pas très- 300 RECHERCHES FAITES DANS LE LABORATOIRE malade ; mais ils semblent indiquer que le foie ne détruit qu'une partie des symptômes produits par la nicotine. pendant qu'une autre partie persiste. Le foie parait produire une espèce de dédoublement des effets toxiques de la nicotine, ce qui indique peut-être un dédoublement des substances actives, qui sont contenues dans l’alcaloïde, qui, comme on sait, n’a pas encore pu être obtenu dans l’état cristallisé. Après beaucoup de tentatives pour trouvêr encore une autre substance narcotique, dont l'effet serait neutralisé dans le foie, nous avons reconnu dans l'hyosciamine un poison dont l'effet n’est pas seulement dédoublé, mais en- tièrement détruit par la circulation hépatique. M. le doc- teur Lautenbach qui nous avait proposé d'examiner cette substance sous le point de vue qui nous occupe, a fait avec elle dans notre laboratoire et en notre présence tou- tes les expériences sur des chiens et des grenouilles, que nous avons indiquées pour la nicotine. L'effet de ces ex- périences était tout à fait analogue à celui qui à été ob- tenu pour la nicotine ; analogue en tout ce qui concerne l’action neutralisante du foie. Pour lhyosciamine appli- quée chez les grenouilles, la différence de la tolérance se- lon que les veines rénales inférieures étaient liées ou non était encore plus grande que pour la nicotine. Les ex- périences comparatives avec le suc du foie et du rein broyés, réussissent encore mieux qu'avec la nicotine, qui est volatile et se décompose facilement. Tous les chiens soumis à l’hyosciamine broyée avec le rein moururent en peu de temps. La même substance toxique broyée avec le foie avait perdu ses propriétés léthales, même pour des grenouilles dont le foie était lié, chez lesquelles par consé- quent la tolérance pour le poison était beaucoup di- minuée. ARE 4 SE RAR DE PHYSIOLOGIE DE GENÈVE. 301 Enfin je dois ajouter que chez un chien avec fistule bi- laire on a pu constater, que l'injection de la nicotine ou de l’hyosciamine dans l'intestin augmente considérable- ment mais pour peu de temps la sécrétion de la bile. La grande diminution de la tolérance pour ces poi- sons dans les grenouilles après la ligature du foie, nous fit espérer de pouvoir peut-être nous servir de ces gre- nouilles comme test physiologique de la présence d’une substance toxique dans le sang des chiens qui meurent après la ligature de la veine porte. Si l’on considère qu'un chien de 9 kilogr. a à peu près 2 kilogr. de sang (*/, de son poids), et que l’on ne peut injecter dans le sac lymphatique d’une grenouille que tout au plus 2 centimètres cubes de sang, on voit que la grenouille ne reçoit au moment de la mort du chien que la millième partie du venin qui suffit pour tuer ce dernier. Chez les poisons et les venins connus un millième de ce qui tue un chien n’agit guère sur une gre- nouille. On voit donc que nous pouvions à peine espé- rer de voir les traces les plus légères d’une action toxi- que, même chez les grenouilles qui ne peuvent pas être sauvées par leur foie. Néanmoins nous avons tenté l’ex- périence et nous n'avons pas à nous en repentir. Les chiens de cette série d'expériences avaient vécu 45 à 68 minutes après la ligature de la veine porte et le réveil de l’éthérisation. Presque au moment de la mort on ouvre la cavité thoracique, et on prend du cœur droit 1 "7, c. c. de sang, que l’on injecte immédiatement dans un sac lymphatique de grenouilles qui avaient déjà vécu plus où moins longtemps avec ligature du foie. Après 20 minutes, grande dépression, quand elles sont excitées le mouvement est lent, quand on les élève verticalement elles LA Ne 6 AL D EE CARE AU A A UP AR PER DE: AP Y 4+ RCE NS EN ENTER Per EU pe AK ‘ ‘ à 302 RECHERCHES FAITES DANS LE LABORATOIRE, ETC. _n’attirent plus les pattes postérieures, elles ne font pas de mouvements spontanés et se laissent coucher sur le dos sans se retourner immédiatement. Respiration avec de longues interruptions. Elles ne sautent plus; quand on les excite beaucoup elles marchent comme des crapauds. Dans quelques-unes, cet état disparut après quelques heu- res, dans d’autres il fit des progrès jusqu’à la mort. Des expériences comparatives avec du sang veineux de chiens, morts sans interruption de la circulation hépati- que, ne donnent point de résultats analogues. Les gre- nouilles paraissent saines, même longtemps après l'injec- tion. Le sang de chiens avec occlusion lente de la veine porte ne produit pas des symptômes chez les grenouilles. Des expériences comparatives sur le sang de la veine jugulaire et le sang de la veine porte de chiens, mourant après la ligature de cette dernière, montrent essentielle- ment le même résultat. Le sang de la veine porte de chiens, morts sans inter- ruption de la circulation hépatique, n’a pas de proprié- tés toxiques pour les grenouilles. Plus tard, j'espère pouvoir communiquer une autre série d'expériences sur le sang des chiens morts après la ligature de la veine porte. Genève, 22 février 1877. NOTE SUR QUELQUES OBSERVATIONS LIMNIMÉTRIQUES FAITES A SÉCHERON Par M. Ph. PLANTAMOUR Au mois de mars 1874 j'ai établi contre le mur ex- térieur du port de ma campagne à Sécheron une échelle limnimétrique en fer, graduée en centimètres, plongeant dans l’eau, très-exactement repérée avec la plaque scellée au sommet de la pierre du Niton, et cela de la manière suivante. Sur le mur même, presque verticalement au- dessus de l’échelle se trouve scellé un repère en bronze, du nivellement de précision de la Suisse, n° 188, dont la cote par rapport à la plaque du Niton est -- 0",1995. L'échelle à été ajustée de telle façon relativement à ce repère que le zéro est exactement à 3 mètres au-dessous de la plaque de la pierre du Niton. (Voyez Nivellement de précision de la Suisse, 5 livraison, page 358.) Le premier but que je me proposais alors, était de dé- terminer la différence du niveau du lac ou la chute entre Sécheron et le limnimètre du grand quai à Genève, puis la hauteur du lac et les mouvements de hausse et de baisse accidentels ou seiches. Je n’ai pas tardé à m’apercevoir que la lecture du limnimètre faite une fois par jour à une heure fixe, soit 304 OBSERVATIONS LIMNIMÉTRIQUES midi, fournissait des données parfois très-inexactes sur la hauteur moyenne du jour. Il arrivait souvent qu’en exa- minant l'échelle à d’autres moments de la journée elle accusait des différences plus ou moins considérables, tan- tôt en plus, tantôt en moins et s’élevant exceptionnelle- ment jusqu à plus de 20 centimètres. Quelle lecture fallait-il choisir ? Je commençai par ob- server trois à quatre fois aux mêmes heures entre 9 heu- res du matin et 3 heures du soir et la moyenne me don- naïf approximativement la hauteur du lae à midi. Mais cela ne suffisait pas encore, les résultats ne me parais- -saient pas assez d'accord avec la réalité, de sorte que Je me décidai à observer d'heure en heure et plus tard de demi-heure en demi-heure. De cette manière j'ai obtenu assez exactement la hau- teur moyenne du lac à midi. Malheureusement les lectu- res du limnimètre à flotteur du Grand-Quai à Genève ne se font qu'une ou deux fois par jour. En prenant les moyennes de plusieurs jours et en les comparant avec mes résultats, on trouve que lors des basses eaux la pente entre les deux limnimètres est de 4 à 4 ‘/, centimètre qu'elle augmente à mesure que le lac monte et que pen- dant les hautes eaux elle est de 8 à 9 centimètres. Tandis que ces observations se poursuivaient à Séché- ron, M. le professeur Forelen faisait de son côté, et de- puis bien longtemps, à Morges, et était conduit à consta- ter que la surface du lac est dans un état d’oscillation ou de balancement plus ou moins prononcé mais presque constant et en général régulier. À Sécheron rien de pareil ne pouvait être déduit des observations, au moins quant à la régularité, et je dois ajouter que j'étais plutôt porté à admettre une grande irrégularité. FAITES A SÉCHERON. 305 Au mois de mars de l’année dernière, M. Forel réussit à établir à Morges un limnimètre à flotteur enregistreur de son invention dont il a publié la description. Cet ap- pareil ingénieux, simple et fonctionnant à souhait, vint apporter une confirmation éclatante et irréfutable de la constance, de la régularité, de l'isochronisme, si l’on peut s'exprimer ainsi, des oscillations du lac. Il me fallut bien admettre que les choses se passaient ainsi à Morges, mais à Sécheron il en était autrement. Mais voici qu'à la fin de décembre 1876 des mouve- ments plus grands que d'habitude se manifestent à Séche- ron et me déterminent à observer mon limnimêtre de quart d'heure en quart d'heure et parfois de cinq en cinq minutes pendant une douzaine de jours, puis de tracer la courbe des oscillations. Dès lors tout change: plus je multiplie les observations et évite de laisser échapper des hauteurs intermédiaires, plus j'obtiens des courbes régulières offrant l'isochronisme découvert par M. Forel. La durée d’une oscillation com- plète ou le temps qui s’écoulait entre deux maxima ou deux minima consécutifs était approximativement de cinq quarts d'heure. Dans la première quinzaine de janvier de cette année, pendant laquelle le lac calme en apparence éprouvait un balancement assez considérable, M. Forel est venu pas- ser à Genève une partie des journées du 5 et du 9 pour étudier les oscillations accusées par le limnimètre du Grand-Quai, tandis que son enregistreur travaillait de son côté à Morges. En comparant les observations de M. Fo- rel et les miennes avec le tracé de son enregistreur et te- nant compte de l'heure, il ressort que la durée de l’oscil- lation est de 73 minutes aussi bien à Genève qu'à Morges LE dan ET AAA IT ft 2 2 TER 1187 El / XL erit LEE NP ER RE ta ! eh Le PSN 0 220 APM ati dr ROGUE da En RÉ r A7 Lie ge | FU Te GAAER HAN Seal 306 OBSERVATIONS LIMNIMÉTRIQUES PAR quelle que soit l'amplitude de l’oscillation, que cette der- nière est 10 à 12 fois plus grande à Genève qu'à Morges, et que le mouvement est simultané, mais exactement ren- versé, de telle façon que lorsque l’eau est à son maximum de hauteur à Genève elle est au minimum à Morges et vice vers. M. Forel en à naturellement conelu que le nœud ou point mort du balancement n’est pas à Morges mais un peu plus près de Genève, aux environs de St- Prex. En attendant des informations plus complètes qui ré- sulteront de l'établissement d’un plus grand nombre d'appareils enregistreurs (celui de Sécheron sera terminé prochainement), on peut se représenter que le lac bas- cule sur le point mort comme une planche en équilibre sur son centre. Ce mouvement de bascule de la surface du lac a lieu avec plus ou moins d'amplitude quand la surface est unie comme une glace aussi bien que lors- qu'elle est agitée par le vent. Les irrégularités ou pertur- bations du mouvement qu’accusent les courbes tiennent probablement à des oscillations transversales qui interfè- rent et à d'autres causes qui surgissent ou interviennent en exerçant des actions secondaires sur une surface si mobile et impressionnable et qui ne sont pas encore sul- fisamment étudiées. La ou les causes qui donnent naissance au balance- ment de l’eau du lac ne sont pas encore parfaitement dé- terminées : les deux principales mises en avant sont des différences de pressions barométriques aux deux extrémi- tés du lac et des secousses de tremblements de terre plus où moins éloignées. Tandis que des oscillations d’une amplitude de quelques centimètres peuvent être attribuées à une différence de pression, on éprouve quelque hésitation FAITES A SÉCHERON. 307 à assigner à la même cause des amplitudes de 1,50 (3 août 1763) et de plus de 2 mètres (2-3 oct. 1841). Pour ces grands mouvements dont l'amplitude atteint un maximum dès les premières oscillations et décroit en- suite pendant plusieurs jours, on est plutôt porté à ad- mettre l’intervention d’une secousse de la terre. A cette occasion je dois aussi mentionner le fait que le 15 décembre 1876, au milieu du jour, tandis que le limnimètre de Sécheron se maintenait à une hauteur assez constante, celui du Grand-Quai était de 9 ‘/, cent. plus élevé, et que des personnes qui se trouvaient à ce mo- ment à l'entrée du port ont vu l’eau du port refluer dans le lac entre les jetées. Il est impossible d’attribuer cette anomalie à des différences de pressions barométriques. Avec des enregistreurs qui traceront exactement tous les mouvements de la surface et l’heure à laquelle 1ls ont lieu, il n’y aura plus qu'à consulter les observations ba- rométriques des différentes stations riveraines du lac et prendre note de toutes les secousses de tremblements de terre que rapportent les journaux pour que la comparai- son de ces données mette cette question en lumière. Quant au terme de seiche il me semble qu'il ne faut le conserver que pour les grands et rares mouvements pour lesquels il a été créé, à une époque où le balancement continuel et d'intensité variable était totalement ignoré. NOUVELLES ÉTUDES SUR LE CLIMAT DE GENEVE PAR M. le prof E. PLANTAMOUR (Analyse par M. le professeur Gautier.) Premier article. On doit reconnaître que, depuis un certain nombre . d'années, les travaux en météorologie ont pris un très- grand développement, principalement en Europe et aux États-Unis d'Amérique. Le nombre des observateurs et des stations dans chaque pays s’est énormément accru. Des Sociétés spéciales et des Congrès météorologiques se sont organisés, de grandes publications ont été entre- prises, des Bulletins internationaux se généralisent, et permettent d'annoncer, un peu à l'avance, les circonstan- ces atmosphériques probables. De nouveaux observatoires météorologiques s’établissent sur de hautes montagnes, et des ascensions aérostatiques permettent aussi d'étudier de temps en temps les couches supérieures de l’atmos- phère terrestre. La Suisse a, depuis longtemps, donné lieu à d’inté- ressantes recherches de ce genre, et Genève est une des stations qui compte le plus grand nombre d'années: d’ob- dt. SMS DITAN A a RE ns PA NE g 'P Qgf e s a Me) CAT SEE NES PERTE 3 moe ; QE Aa a ne | CLIMAT DE GENÈVE. 309 servations régulières. Guillaume:Antoine Deluc, frère du célèbre auteur des Recherches sur les Modifications de l'atmosphère, y commença en 1768, dans sa maison si- tuée au haut de la rue de la Cité, et y poursuivit jusqu’en 1800, avec de courtes et rares interruptions, des obser- vations thermométriques et barométriques faites avec soin". Des observations du même genre, encore plus complètes, ont été faites en 1778 par M. le professeur Marc-Auguste Pictet, et par M. Senebier au collége, de 1782 à 1789. Mais c’est depuis la fondation, en 1796, à Genève, de la Bibliothèque Britannique, qu'a commencé la publication dans ce Recueil d’une série d'observations météorologiques non interrompues, continuée depuis 1816 dans la Bibliothèque Universelle, puis dans les Archives scientifiques de ce dernier Recueil, ce qui con- situe maintenant un total non interrompu de 81 ans d'observations. J'ai donné quelques détails sur toutes les anciennes observations depuis celles de Deluc, dans une Notice publiée en janvier 1843 dans la Bibliothèque Uni- verselle, et M. le professeur George Maurice, qui en a calculé les tableaux mensuels pendant bien des années, a publié en 1837, dans let. VIT de ce Journal, un résumé des dix années 1826 à 1835, où les observations se fai- salent, sous sa direction, près le bastion du Pin, assez près de l’ancien et du nouvel observatoire astronomique, situés dans le bastion de St-Antoine, à peu de chose près à la même hauteur et à la même exposition. ! Ces observations sont restées manuscrites, mais les résultats moyens thermométriques en ont paru, soit dans un mémoire de M. Georges Picot inséré dans le t. X de ceux de notre Société de physique, soit dans un mémoire de M. Dove contenu dans le volume de ceux de l'Académie de Berlin pour 1838. DOTE RAT ER AUDE D Me M A QE RTE ER ta M AN , À "hr 4 Hr : URI EN LTPAAUR AOCS: ak QE V7 RE LAN ET ES NN EE Le 310 CLIMAT DE GENÈVE. M. le professeur Plantamour, après m'avoir suc- cédé dans la direction de l'observatoire, s’y chargea aussi de celle des instruments météorologiques qui y furent établis, de la publication mensuelle des observa- tions et de celle des résumés annuels. C’est le concierge de l'observatoire, ingénieur mécanicien, auquel fut remis, sous l'inspection du directeur, la charge de faire et de noter les observations. Arrivé à la fin de 1860, M. Plan- tamour entreprit un premier travail sur le climat de Ge- é nève, qui parut en 1863.11 était fondé sur les 35 années | d'observations de température de l'air, des vents et de la pluie comprises entre 1826 et 1861, sur celles du baromètre depuis 1836, sur celles de l’état hygrométri- que de l’air depuis 1849, et sur la température du Rhône depuis 1853. En 1867, ila publié, dans le t. XIX de ceux in 4° de notre Société de physique et d'histoire naturelle, un mé- moire sur la marche de la température par périodes de 5 en 5 jours, les pentades de Dove, pendant les 40 années 1826 à 1865. Plus récemment, M. Plantamour a jugé à propos de joindre les 15 dernières années 1861 à 1875 aux 35 premières, pour étudier les modifications introduites par leur adjonction, soit dans le chiffre des moyennes, soit dans la grandeur et la loi des écarts. Ce dernier travail considérable, qui occupe 264 pages in-4° de la seconde partie du t. XXIV des Mémoires de la même Société, constitue une monographie approfondie de notre climat et de sa variabilité, et il présente une véri- table importance, par le soin minutieux avec lequel tous les éléments de ce climat y sont successivement étudiés. Il est évident que je ne pourrai entrer ici dans de grands CLIMAT DE GENÈVE. ot détails à ce sujet. Je me bornera à un simple exposé ana- lytique du contenu et des résultats de chacun des 6 chapi- tres du mémoire, relatifs à la température, à la pression at- mosphérique, à l'état hygrométrique de l'air, aux vents, à la nébulosité et à la pluie. Je comparerai ansst les va- leurs obtenues de quelques-uns des éléments météorolo- oiques dans ces 90 dernières années, avec celles résultant d'observations plus anciennes. Le premier chapitre du nouveau Mémoire, relatif à la température, en occupe 401 pages et contient une malti- tude de tableaux divers; il fera l’objet de ce premier article. L'auteur s'occupe d'abord de la variation diurne de la température. Il rapporte le tableau des températures moyennes de chaque mois pendant les 15 dernières an- nées, de 1861 à 1875, observées aux heures paires du jour et de la nuit, sauf à minuit, 2 heures et 4 heures du matin, où elles ont été obtenues par la formule d'inter- polation calculée pour chaque mois. Il y a joint les marima et minima moyens et absolus en chaque mais, et la com- paraison des moyennes d'heure générales en chaque mois résultant des 15 dernières années, des 35 premières, des 30 années et de la formule d’interpolation. Le chitfre des différences S’écarte peu de ce qui avait été obtenu dans le premier travail, La demi-somme des mazxima et des minima diurnes accusés par les thermométrographes est toujours un peu supérieure à la moyenne des 24 heu- res, d’une quantité variant de mois en mois. L'auteur recherche ensuite la variation annuelle de la température, d’après les moyennes mensuelles de 1826 à 1875. Les divergences considérables, surtout dans les mois Er, ne Kat CRT a ‘4 CS SAGE Ée Lu a Fo EDS De NES ee Rire mAQER ,$ v 4 PART D 1 # La: Le NB PURE ENT PU k 2% PRES MEET SAR dd ‘+ LEA à 2 ART ESA à Fi # ge LE) PES of: Ds De ATX tr: r TC EN: PERS CONTE 24 NE UE en LE À ITR ER Era . 319 - CLIMAT DE GENÈVE. | : d'hiver, que manifeste le-tableau de ces moyennes pour la température du même mois d’une année à l’autre, mon- trent à quel point les circonstances accidentelles peuvent modifier cet élément à la même époque de l’année. C’est ainsi que la température moyenne de janvier a été, en de- grés centigrades: de — 59,34 en 1834 et de — 6°,30 en 1830; et celle de juillet de 22°,26 en 1859 et de 16°,22 en 1840; les valeurs moyennes générales de ces deux mois étant de — 0°,08 en janvier et de + 18°,81 en juillet. Les 15 dernières années donnent une propor- ion un peu plus forte de mois très chauds, et moins forte de mois très froids: mais le mois de décembre y présente les deux extrêmes des 50 années, savoir 6°,98 en 1868 et — 4°,51 en 1871, la moyenne générale de ce mois étant de + 0°,80. Les moyennes générales de saisons pour les 50 années, en commençant l'hiver en décembre de l’année précé- dente, sont : # pour l'hiver + 0,75 » le printemps 8,92 » l'été 17,89 » l’automne 9,70 d'où résulte pour la moyenne annuelle 9,345 avec un écart probable de + 0°,334. L’auteur examine ensuite les moyennes mensuelles de la température, subdivisées par périodes de 5 en à ans, ou par lustres, et il compare aussi, sous le rapport de la variabilité, les résultats des 35 premières années et de la période entière de 50 ans. Sans pouvoir entrer à ce sujet dans plus de détails, je rapporterai seulement la consé- quence qu'il tire de ces recherches, savoir que la prédo- minance des circonstances accidentelles tendant à modifier CARTE OT D UE Re TR D RMS DA 29 à RE lt UE LÉ RE y CLIMAT DE GENÈVE. 313 4 la température dans un certain sense prolonge quelque | fois pendant une grande partie de l’année, et même 5 pendant plusieurs années consécutives. Il en résulte que | les températures moyennes des différentes années d’une même série, ou de différentes séries d'années, diffèrent entre elles d’une quantité supérieure à celle que lui assigne le calcul des probabilités, d’après les écarts sur les mois pris individuellement, ou d’après ceux sur les années. M. Plantamour étudie ensuite, fort en détail, la varia- tion annuelle de la température d’après les moyennes des pentades, soit des observations faites de 5 en 5 jours con- séculifs. Comme il les avait déjà rapportées pour les 40 années 1826 à 1865 dans son précédent travail, qui lui don- nait une variation de + 2°,21 entre 2 pentades consé- cutives, 1! ne les donne ici que pour les 10 dernières, en indiquant aussi les moyennes par périodes de 5 ans. Les écarts d’une année à l’autre sont alors fort supé- rieurs à ceux des moyennes mensuelles, les différences extrêmes s'élèvent à 18 ou 20 degrés en hiver, et sont moindres de moitié en été. Cependant le rapport des écarts des pentades à ceux des mois entre eux n’est pas aussi grand qu’on pourrait le supposer, l'influence des circonstances accidentelles, exercée dans le même sens, se prolongeant souvent pen- 5 dant un temps assez long. L'auteur donne les tableaux comparatifs des tempéra- tures moyennes de chaque pentade et de leur erreur moyenne, soit dans la première série de 40 ans, soit dans la série entière de 50, ainsi que les différences entre les deux moyennes et les différences probables. On voit ARCHIVES, t. LVIIL — Mars 1877. 22 314 CLIMAT DE GENÈVE. ; ainsi que |’ adjonction des dix dernières années a élevé d’un dixième de degré la température moyenne annuelle. Les valeurs moyennes de la température pour les 73 pentades, pendant les 59 années, peuvent servir à déter- miner, par la méthode des moindres carrés, les constan- tes entrant dans la formule qui représente la variation annuelle de la température. Le premier terme de cette formule, ou la moyenne annuelle, est de 9,347, et l'écart probable pour une époque AJ a pour premier terme constant 1°,828. La série des 50 années donne : Le minimum annuel, du 9 au 10 janvier, de — 0°,325 : Le maximum annuel, du 22 au 2 juillet, de 18°,897. Durée de la période d’accroissement 4194 jours, DAT TER » de décroissement 171 » Dans la série des 40 années, le minimum était arrivé un jour plus tard, et le maximum un jour plus tôt. L'examen des différences entre les températures obser- vées et les températures calculées par la formule, conduit M. Plantamour à l’étude d’une intéressante question : celle de savoir s'il est possible de représenter par une formule périodique, ou par une courbe, la marche réelle de la température dans le courant de l’année, ou bien si lon doit admettre avec quelques météorologistes, feu M. Char- les Sainte-Claire-Deville entre autres, qu’à certaines épo- ques de l’année le retour régulier, pour ainsi dire, des mêmes circonstances accidentelles amène des écarts sys- tématiques, tendant à élever la température pendant un petit nombre de jours conséculifs, ou à l’abaisser à d’au- tres époques ? Or, en faisant porter les recherches sur une série d’an- CLIMAT DE GENÈVE. 315 nées plus longue, non-seulement les différences entre les températures observées et calculées diminuent, mais elles diminuent dans une proportion plus forte que celle qui est donnée, soit par le nombre des années, soit par le rapport des erreurs moyennes, tandis que, d’après la théorie de M. Deville, les différences devraient être plus nettement accusées dans une série plus longue. La for- mule représente la température de la très-grande majo- rité des pentades avec des écarts plus faibles que l’incer- titude sur les chiffres observés. L’adjonction de 10 années seulement ayant suffi pour modifier la moyenne de 40 années de quantités variant, pour les différentes pentades, entre les limites de +- 0°,52 et de — 0°,45, on ne saurait nier la possibilité qu’une longue prolongation des observations amenât de plus for- tes modifications et des écarts plus prononcés. Dans ce cas, il faudrait.bien admettre l'existence de causes pro- duisant des anomalies systématiques dans la marche nor- male et régulière de la température, telles que des cha- leurs ou des froids exceptionnels en certains jours. Mais M. Plantamour regarde cette conclusion comme prématurée, du moins en ce qui concerne les observations faites à Genève. Le retour à peu près constant de froids exceptionnels du 10 au 12 mai, à l’époque où l’on place les Saints de glace, ne lui paraît, entre autres, point con- firmé par les observations de Genève dont il s’est occupé. On trouve bien alors, pour une, ou même pour plusieurs années consécutives, un abaissement anomal de la tempé- rature à cette époque, mais il se trouve d’autres années où il y a, au contraire, alors une élévation, et en 50 ans ces écarts se compensent presque complétement. « Les retours de froid au printemps et au commencement de l'été, qui 316 CLIMAT DE GENÈVE. sont, dit-il, dus en grande partie aux débâcles des glaces polaires, ne sont nullement astreints à des dates fixes; ils se présentent bien chaque année, mais à des époques différentes, et ils ont pour conséquence de ralentir, dans cette saison, l'accroissement de la température, ce qui donne lieu à l'inégalité entre la période d’accroissement et celle de décroissement. » L'auteur étudie ensuite, en grand détail, et à l’aide de nombreux tableaux, les écarts probables des pentades relativement aux valeurs normales données par la formule. Il indique les pentades les plus froides et les plus chau- des de chaque année, en y joignant la température moyenne annuelle. Dans le cours des 50 années, la tem- pérature' de la pentade la plus froide a oscillé entre les extrêmes de — 12°,87 en 1838 et de —0°,28 en 1863, la valeur moyenne étant de — 5°,78. Il y a 3 années où il n’y a eu qu'une seule pentade à température moyenne au-dessous de O, savoir 1863, 1866 et 1872, tandis qu'il yen aeu 16 au-dessous de 0 en 1871. L'époque où tombe la pentade la plus froide a oscillé entre les limites du 2 au 6 décembre et du 15 au 19 février, soit dans un intervalle de 2*/, mois. Les extrêmes de chaleur pour une pentade sont 240,98 en 1857 et 19°,38 en 1841.11 y a 3 années, 1840, 1841 et 1843, pour lesquelles la température de la pentade la plus chaude n’a pas atteint 20°, tandis qu’en 1834 ce chiffre a été dépassé pour 12 pentades. Le maximum à oscillé entre celle du 10 au 14 juin et celle du 29 août au 2 septembre, soit dans un intervalle de 80 jours. M. Plantamour examine alors les températures moyen- nes annuelles déterminées par les pentades. La comparaison de chaque année avec la moyenne des CLIMAT DE GENÈVE. dE7 50 années qui est de 9°,345 donne 26 écarts négatifs et 24 positifs. Les valeurs extrêmes sont 10°,99 en 1834 et 7°,85 en 1851, ce qui donne un peu plus de 3 degrés de différence. De 1826 à 1834 on rencontre 2 années froides et 7 chaudes » 1835 à 1860 ) 22 » ACER » 1861 à 1875 » 7 » 43 » Les années les plus froides sont : 1829 8,17 1838 8,37 1847 8,36 1850 8,18 1851 7,85 Moyenne des 5 8,25 Les années les plus chaudes sont: 1828 10,36 1834 10,99 1862 10,43 1866 10,28 1868 10,56 Moyenne des 53 10,52 On ne peut trouver la moindre trace de périodicité dans le retour de ces minima et de ces maxima, dont la moyenne coïncide presque exactement avec la moyenne générale. Mais la comparaison des moyennes des lustres, ou périodes de 5 ans, donne un écart positif pour les deux premiers, négatif pour les cinq suivants, et positif pour les 318 CLIMAT DE GENÈVE. trois derniers; ce qui montre qu'il peut y avoir prédo- minance d'années chaudes à une époque, et d'années froi- des à une autre. J'ai rapporté, dans ma Notice de janvier 1843 citée plus haut, les températures moyennes, de 10 en 10 ans, observées à Genève, à partir de 1768 jusqu’en 1797 par Deluec, et de 4796 à 1825 sous la direction de la Bibliothèque Universelle. J'avais auparavant, après discus- cussion, fait aux moyennes de Deluc une correction sous- tractive de 0°,6 de Réaumur, pour rendre ces observa- tions comparables à celles faites en dehors des rues de Genève. En les réduisant de degrés de Réaumur en degrés cen- tigrades, elles donnent, d’après les observations de Delue, les moyennes suivantes : de 1768 à 1877 9,54 centigrades de 1778 à 1787 9,84 » de 1788 à 1797 8,03 » Celles publiées dans la Bibl. Univ. donnent: de 1796 à 1805 9,97 centigrades de {806 à 1815 9,71 » de 1816 à 1825 9,56 » Ces séries d'observations, faites dans des localités et avec des instruments différents de celles dont s’est oc- cupé M. Plantamour, ne leur sont pas tout à fait compa- rables; mais elles font voir des oscillations de valeurs un peu analogues. Celles de Deluc paraissent indiquer, en moyenne, un lé- ger réchauffement dans les 30 premières années, tandis que CLIMAT DE GENÈVE. 122949 celles de la Bibl. Univ. manifesterait plutôt un léger re- froidissement dans les 30 années suivantes. Les années les plus froides et les plus chaudes sont: dans la 1" série S°,62 en 1785; 10°,57 en 1772 et 1793, dans la 2% série 8°,05 en 1824 ; 11°,0 en 1806. La moyenne générale, à laquelle la discussion m’ame- nait alors pour les deux séries, ainsi que pour les obser- vations de Pictet, de Senebier, et pour celles de la Bibl. Univ. de 1826 à 1849, soit en 76 années consécutives, était de 9°,56 cent. M. Plantamour a examiné, dans son 4% paragraphe, les températures extrêmes accusées par les thermométro- graphes de 1826 à 1875, et il a donné le tableau des maxima et minima mensuels moyens et absolus résultant de ces 50 années d'observations. L’amplitude de l’excursion entre le maximum et Île minimum mensuel moyen varie de 449,7 en juillet, à 5°,4 en décembre, tandis qu’elle est pour les maxima et mi- nima absolus de 24°,1 en mai et de 20°,4 en novembre. les variations accidentelles de la température étant beau- coup plus fortes en hiver qu’en été. L'auteur a calculé, d'après ces valeurs mensuelles, Ja formule périodique représentant la variation des extrêmes de température dans l’année, et ces 2 formules les donnent très-exactement, soit pour le minimum, soit pour le maximum. Le minimum de janvier est de — 1028; celui de juillet Æ 7,9 ; le maximum de janvier est de + 11°,0: celui de juillet 31°,5. LT En NE GENS ES ne me ARNE NRC / é g Phi D NE TE Ai D 320 | CLIMAT DE GENÈVE. Le tableau des minima et maxima absolus de chaque année donne pour les extrêmes dans ces 50 ans: — 25°,3 observés le 15 janvier 1838 et + 36°,4 » le 6 juillet 1870. Ceux qui s’en rapprochent ensuite le plus sont: — 23°,3 le 21 décembre 1859 et + 36°,2 le 30 juillet 1827. Les moyennes générales sont : pour le minimum absolu — 13°,27 le 15 janvier » maximum » —- 32,51 du 20 au 21 juillet. Ce qui donne une amplitude moyenne de 45°,78. L'époque de ces minima a oscillé entre le 20 novem- bre et-le 5 mars. L'époque des maxima a oscillé entre le 14 juin et le 23 août. L'auteur examine, dans le paragraphe suivant, quel a été le nombre des jours où le thermomètre s’est abaissé au-dessous de 0, et ceux où il ne s’est pas élevé au-dessus de O; c'est-à-dire le nombre de jours froids ou très-froids. Il yen a eu, en moyenne annuelle, 90,7 de froids et 20,6 de très-froids ; mais ces nombres ont été très-variables d'une année à l’autre, Ainsi, il y a eu, en décembre, 4 années où il y a eu gelée tous les jours, tandis qu'il n°y en a eu que 4 jours en 1868; la moyenne est de 20,7. Ïl y a eu 24 jours très-froids en décembre 1871, tandis que le nombre moyen est de 7. En janvier, le nombre moyen des jours froids a été de 23,3: celui des jours très-froids de 9,2. Mais, en 1830, il y a eu 26 de ces’ derniers, tandis qu’il n'y en a eu au- cun dans 6 autres années. En février, nombre moyen de jours froids 19,1; de jours très-froids 3,3. IL n’y a point eu de ces derniers CLIMAT DE GENÈVE. dans 12 années, et il y en a eu 14 en 1842. En 1834 et en 1863, il n’y a pas eu un seul jour très-froid en hiver, tandis qu'il y en a eu 48 en 1830. En mars, le nombre moyen de jours de gelée a été de 43. Sur les 50 années, il n’y a eu que 26 jours, ou ‘/,,, où le maximum ne se soit pas élevé jusqu’à 0. En avril, il n’y a eu, en moyenne, que 3,2 jours de ge- lée. Ce nombre de jours a été, cependant, de 10 en 1834 et en 1838. En mai, il n’y a eu, sur les 50 années, que 15 jours de gelée, soit moins de 1 sur 100, Les jours froids reviennent avec le mois d’octobre. Le nombre maximum en a élé de 8 en 1830 et en 1843; et il a été nul pour 20 années. Enfin, en novembre, il y a eu, en moyenne, 9,5 jours de gelée. Le maximum a été de 21 en 1827 et le mini- mum de 1 en 1846 *. M. P. considère à part, l’époque des dernières gelées du printemps et des premières gelées de l'automne, épo- que qui à de l'importance pour les récoltes. Cette époque ne coïncide pas tout à fait avec celle des dernières ou des premières gelées blanches; celles-ci peu- vent avoir lieu sans que le minimum descende au-dessous de O, par le fait d’un refroidissement causé par l’évapo- ration, qui ne se présente pas pour un thermomètre dont la boule reste toujours sèche, et est garantie contre l'effet direct de la radiation du sol. D’après le tableau que donne l’auteur des dernières 1 D’après les observations de Deluc, il y a en moyenne à Genève par année 53 jours de gelée à 8 heures du matin. Le plus grand froid qu'il ait noté est celui de — 17° R. (— 210,25 c.) observé le 25 janvier 1795 à la machine hydraulique sur le bord du Rhône. 329 CLIMAT DE GENÈVE. vraies gelées aériennes du printemps, et des premières d'automne, le 49 avril est la date moyenne de la dernière gelée du printemps, qui oscille en général entre le 9 et le 29 de ce mois-là, mais qui a eu lieu, en 1848, dès le 20 mars, et seulement le 25 mai en 1867. La dernière gelée est arrivée, dans les 50 années: 8 fois en mars, 32 fois en avril et 12 fois en mai. Quant à la première gelée de l’automne, sa date moyenne est le 29 octobre. La plus hâtive a eu lieu le 30 septembre, en 1843, et la plus tardive le 25 novembre, en 1853. Température du Rhône. Le paragraphe 7 et dernier de la partie du travail de M. Plantamour relative à la température, a pour objet celle du Rhône, observée chaque jour, entre midi et une heure, à son issue du lac de Genève, depuis 1853. Le thermomètre y est plongé, à un mètre au-dessous de la surface de l’eau, en un endroit , à la hauteur du pont des Bergues, où le courant est déjà très-sensible, et où l’eau a au moins deux ou trois mètres de profondeur, même dans les basses eaux de l'hiver. À la profondeur d'un mètre, la variation diurne de la température doit être à peine sensible ; et comme l'heure choisie est celle à la- quelle elle doit être à peu près égale à la moyenne diurne, on peut regarder l’unique lecture de la journée comme différant très-peu de la moyenne des 24 heures. La différence de température d’un jour à l’autre dépasse rarement un degré. Suit le tableau, mois par mois, des températures moyennes du Rhône de 1853 à 1875, de leurs maxima et minima mensuels, et de leurs moyennes générales. Ce CLIMAT DE GENÈVE. 3923 tableau est très-curieux à examiner, par la grande diffé- rence qu'il manifeste entre la variabilité de la tempéra- ture de l’eau comparée à celle de l'air. L'hiver, qui est la partie de l’année où la température de l'air varie le plus; soit dans le courant d’un mois, soit d’une année à l'autre pour le même mois, est la saison où l’on trouve le plus de constance dans la température de l’eau, toutes les variations accidentelles y étant beaucoup plus fortes en été, Dans un second tableau, l’auteur a rapporté avec les températures moyennes mensuelles, les différences entre les extrêmes d’un même mois, et Les écarts extrêmes des moyennes mensuelles en 23 ans, ainsi que les écarts moyens et les écarts probables. Il en résulte que, de no- vembre à avril, les températures de l’eau ne varient pas de plus de 3°,31,en moyenne, dans le courant d’un mois, . d’un extrême à l’autre, et même seulement de 2°,04 en janvier, tandis que lamplitude moyenne de variation mensuelle est de 8°,33 de mai à octobre, et même de 10°,6 en juillet. Il peut se produire en été un abaissement de tempé- rature de plusieurs degrés au bout d’un jour ou deux, qui peut aller de 8 à 10 degrés, sans qu’on en observe un correspondant dans la température de l'air. Cela a lieu dans le cas d’un fort vent du sud, qui refoule les couches superficielles vers l'extrémité supérieure du lac; ces couches étant en été beaucoup plus chaudes que les plus profondes, ce refoulement fait écouler l’eau du lac par ces dernières qui sont plus froides. Aussitôt que le vent du sud cesse, la température de l’eau remonte, lors même que celle de l'air s’abaisserait. L’inégalité de température des différentes couches étant . (en See © | y } u RON CO MT D A TA RE LA DR TRE Te SA MR DL TS MR CIC PP ENS | re RSS OS à (UT Nu A 324 CLIMAT DE GENÈVE. beaucoup moindre en hiver, cet effet ne se produit pas dans cette saison. À la suite d’une série de jours très- froids en hiver, quand la température des couches super- ficielles s’est refroidie au-dessous de 4°, et qu’elle est inférieure à celle des couches placées au-dessous, un fort vent du nord, qui refoule vers l'issue du lac ces couches superficielles, occasionne les minima très-bas que l’on trouve quelquefois ; tels que ceux de 0°,9 en février 1854, de 1°,7 en décembre 1853, de 1°,8 en janvier 1855 et février 1865. En été, un fort vent du nord a plutôé pour effet d'élever la température de l’eau, parce qu'il refoule les couches superficielles plus chaudes vers l'issue du lac. La variabilité produite par les circonstances accidentel- les, et accusée par l'écart probable, ou par les écarts ex- trêmes, est à peu près le double en été qu’en hiver, tan- dis qu’elle est notablement moindre pour la température de l'air. Aussi l'incertitude sur les moyennes mensuelles pour l’eau en été est-elle plus forte alors, à peu près dans le rapport du double au simple. M. Plantamour a désiré déterminer pour les eaux du Rhône, comme il l’a fait pour l'air, les constantes de la formule périodique représentant la variation annuelle de la température, en appliquant aux moyennes mensuelles une correction pour obtenir la température de 12 époques équidistantes. Je vais comparer les valeurs mensuelles ainsi obtenues pour l’eau, avec celles résultant des 50 années d’obser- vations de la température de l'air. CLIMAT DE GENÈVE. 325 TEMPÉRATURE MOYENNE de l'air de l’eau Janvier — 049 -L 5,06 Février —+ 1,58 4,92 Mars 4,73 6,14 Avril 9,14 8,88 Mai 13,39 11,82 Juin 16,99 15,50 Juillet 18,93 18,24 Août 17,98 18,73 Septembre 14,67 17,10 Octobre 9,82 13,98 Novembre 4,44 9,54 Décembre 0,66 6,53 Moyenne annuelle 9,34 11,37 Avant de comparer entre elles ces valeurs, on doit re- marquer que celles de l’air sont fondées sur 50 années d'observations, celles de l’eau sur 23 seulement, et que les stations ne sont pas identiques de position, les unes se rapportant tout au haut du coteau sur lequel Genève a été bâtie, et les autres sur l’eau du lac. Néanmoins, la marche des valeurs respectives ne chan- gerait guère en supposant les circonstances plus égales, Il est évident que la température moyenne annuelle de l’eau surpasse d'environ deux degrés celle de Pair, que l'amplitude des variations est moindre d’un mois à l’au- tre et se succède plus lentement, le mois le plus froid pour l’eau étant février et le plus chaud août. C’est en hiver que les températures de l'air et de l’eau s’écartent notablement, et le mois de juillet est celui où elles se rap- prochent le plus. ds G eur Sn Pa ES Sn Le PS Peer a is TA 297 QN PEACE Mg PSS FC A M EE PANE SOAS DIE SRT MUI EN ee A PRE Per DAC Ty, ré 4 c Cr A AE St NS PAPE CS PE Are A 1 Re * À À S TRE purs FL RENONCE FN Æn A LE UT A AE RS CALE ARR Er 326 CLIMAT DE GENÈVE. La formule périodique basée sur Les constantes repré- sente très-exactement les températures de l’eau observées dans le courant de l’année. Les minima et maxima de température ont lieu de la manière suivante : pour l'air pour l’eau minimum —_0,32 le 10 janvier 14:79 le 30 janvier maximum 18,9 le 22-23 juil 18,85 le 11 août 17 moyenne 9,35 le 19 avril 11,37 le 12 mai 2%moyenne » le 19 octobre » le 3 novembre L’amplitude de la variation annuelle est de 19°,22 pour. l’air, et seulement de 14°,05 pour l’eau. Les températures de l’eau et de l'air sont égales le 9 avril et le 2 août, étant de 7 °,92 dans le premier cas et de 18°,75 dans le second. L’air est plus chaud que l’eau pendant 115 jours seulement, au printemps et en été, et il est plus froid pendant 250 jours; la plus grande diffé- rence négative est de 5°,87 et a lieu le 17 décembre. M. Plantamour remarque que sur les 23 années d’ob- servations de température de l’eau du Rhône, les 15 dernières, 1861 à 1875, ayant été en moyenne sensi- blement plus chaudes que de coutume, il est possible que les chiffres relatifs à l'eau fussent moins élevés si les observations dataient de 1825 comme celles de l'air. La nature des affluents du lac présente une grande im- portance dans la question de la température de ses eaux. Au printemps et en été, les autres affluents que le Rhône sont insignifiants, et ce fleuve amène alors un énorme volume d’eau, à la température relativement très-basse de 10 à 12 degrés, provenant de la fonte des glaciers. La du lac, qui atteint son maximum au commencement "août, et qui élève son niveau de près d’un mètre au- dessus du niveau moyen, est due presque uniquement, à _ l'exception de l'effet des pluies chaudes, à un apport d’eau qui a conservé en partie la LE QUE très-froide ne son origine. (La suite prochainement.) Lettre de M. le Dr V. FATIO À la Rédaction des Archives des Sciences physiques el naturelles. 28 février 1877. MESSIEURS, Vous me feriez plaisir en relevant, dans votre prochain numéro, une erreur assez grave que m'a fait gratuitement commeitre votre imprimeur. En effet, dans mon récent mé- moire sur la Variabilité de l'espèce à propos de quelques Pots- sons, c’est à tort que celui-ci a changé de son chef, sur le bon à tirer, l'orthographe du nom de l’ichthyologiste Heckel, à propos de la ligne théorique imaginée par cet auteur. Cette correction fauiive, bien que faite sans doute à bonne intention, se trouve cependant, par une similitude de noms, créer une confusion que je ne saurais laisser subsister. À un a près les deux noms sont, il est vrai, les mêmes; mais il im- porte de ne pas confondre, même involontairement, Haeckel l’auteur de l’Histoire de la Création, avec Heckel l’auteur des Süsswasserfische der Oestreichischen Monarchie. A la dernière ligne de la page 214, à la neuvième dans la page 215 et à la première de la page 216, dans le n° du 15 février 1877, il faut donc lire Heckel au lieu de Haeckel. Veuillez, etc. V. FATIO. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE G. WIEDEMANN. SUR LES LOIS DU PASSAGE DE L’ÉLECTRICITÉ A TRAVERS LES Gaz. (Berichte der kün. sächs. Gesellschaft der Wissenschaften, n° du 12 février 1876; Pogg. Ann. 1876, tome CLVIIE, p. 35 et p. 252). Nous avons rendu compte précédemment d’un mémoire de MM. Wiedemann et Ruhlmann sur la transmission de l'électricité à travers les gaz’, M. G. Wiedemann vient de pu- blier la suite de ce travail dont nous allons rendre compte brièvement. Dans cette seconde série d’expériences comme dans les premières, il a tout d’abord opéré avec une machine de Holtz comme source d'électricité, puis il a fait aussi quelques re- cherches en employant une bouteille de Leyde, une bobine d’induction, et un courant galvanique. La machine de Holtz était mue par un hydromoteur de Schmid dont la vitesse était très-constante. Les étincelles se produisant parallèle- ment à l’axe de rotation du plateau de la machine de Holtz, les intervalles de temps qui les séparaient étaient mesurés à l’aide d’un miroir fixé à cet axe et d’une disposition héliométrique que nous avons décrite dans l'analyse du premier mémoire. Le galvanomètre employé dans ces re- cherches est un galvanomètre du modèle imaginé par M. Wiedemann. Les expériences de MM. Wiedemann et Ruhlmann avaient montré que lorsqu'une des électrodes du tube à gaz raréfié est reliée avec le pôle positif de la machine de Holtz, tandis que l’autre électrode communique avec le sol, il se produit moins d’étincelles dans l’unité de temps que lorsque c’est le 1! Voyez Archives, 1872, tome XLIV, p. 281. ARCHIVES, t. LVIIL — Mars 1877. 23 330 BULLETIN SCIENTIFIQUE. pôle négatif qui est en contact avec le tube. De cette expé- rience et d’autres ils avaient conclu que pour que l’étincelle se produise à l’électrode positive, il faut un potentiel plus élevé de l'électricité accumulée par unité de surface, que pour qu’elle se produise à l’électrode négative. De là ils déduisaient que les particules gazeuses électrisées s’éloignent avec une vitesse initiale, plus grande de l’électrode positive que de l’électrode négative, et se répandent plus loin que celles qui partent de la négative, contrairement à l’idée qui était géné- ralement admise que l'électricité positive s'échappe plus facilement des corps que la négative. M. Wiedemann a cherché à montrer que ce résultat ne tient pas à des circonstances secondaires, telle que des pertes partielles, desquelles il résulterait que lorsque c’est le pôle positif qui est relié au tube et le pôle négatif qui communique avec le sol il passe une quantité d'électricité moindre que dans le cas inverse. Quel que fût celui des deux pôles de la machine qui fût en communication avec le tube à gaz et quel que fût le sens dans lequel la décharge traversait le galvanomètre au-delà de ce tube pour aller de là dans le sol, quelle que fût la pression dans lé tube, toujours la déviation du galvanomètre était la même dénotant le passage d’une quantité d'électricité constante. Ce n’est donc pas à une perte secondaire d’élec- tricité qu'est dû le phénomène observé par MM. Wiedemann et Ruhlmann. Du cas d’une décharge s’accomplissant librement dans un tube large, seul envisagé dans les recherches antérieures, M. Wiedemann passe ensuite au cas où les électrodes entourées de tubes ou de boules de verre sont reliées par un tube plus ou moins étroit, conditions réalisées par exemple dans les tubes de Plücker. Dans ce cas-là la décharge est tout à fait sem- blable à ce qu’elle est dans un large tube, elle est discontinue, les électricités contraires se combinant à travers le gaz sous forme d’étincelles distinctes, successives; les quantités d’élec- tricité qui traversent le tube dans l'unité de temps demeu- rant les mêmes, la quantité d'électricité qui se décharge à PHYSIQUE. 331 chaque étincelle est plus faible lorsque c’est le pôle positif qui communique avec le sol que lorsque c’est le pôle négatif, de telle sorte que la décharge nécessaire à la production d’une étincelle est plus grande pour l'électricité positive que pour l'électricité négative. Avec des pressions croissantes la quantité d'électricité correspondant à une décharge croît d’abord rapidement puis ensuite moins vite jusqu’à une valeur déterminée qu’elle atteint vers 20 à 30 millimètres ; au delà l'accroissement qu’elle subit est assez sensiblement propor- tionnel à la marche progressive de la pression. Quant à ce qui est de l’influence que peul exercer l’écarte- ment plus ou moins grand des électrodes que l’auteur a aussi cherché à évaluer, les courbes qui représentent pour des tubes de même section mais de longueur différente, la relation existant entre la longueur de la décharge et la pression du gaz sont très-rapprochées, de sorte que dans certaines limites la quantité d'électricité nécessaire à une décharge est indé- pendante de la longueur du tube étroit qui relie les boules en verre entourant les électrodes. En tous cas on n’a pu re- connaître aucune proportionnalité entre ces quantités d'électricité et les longueurs ou même les racines carrées des longueurs du tube. Pour des tubes de diamètres diffé- rents la quantité nécessaire à une décharge ne varie aussi que très-peu avec ce diamètre, elle ne dépend pas davantage des dimensions des boules qui entourent les électrodes. La charge, comme cela a lieu pour une colonne gazeuse libre, doit être plus forte pour la production d’une étincelle dans l'air que dans l’hydrogène. L'auteur a étudié ensuite les effets calorifiques produits par le passage de l’étincelle sur les tubes dans lesquels elle s’accomplit. Pour cela le tube était enfermé dans une caisse qui le préservait des causes perturbatrices extérieures. Deux segments de fil métallique, l’un de fer, l’autre d’argentan soudés ensemble constituaient l’appareil thermoélectrique. Après que l’étincelle avait passé pendant un temps déterminé dans le tube, on appliquait la soudure contre ce tube dont l’axe était perpendiculaire au fil. Ces expériences ont montré dy na PORT OT NS EE ES Lens rain LE ee vo à 392 | BULLETIN SCIENTIFIQUE. que l’échauffement des tubes capillaires croît toujours moins à mesure que la température s'élève ou que la quantité d'électricité nécessaire à une décharge augmente. L'échauffement d’une section quelconque d’un tube est de- meuré le même, toutes conditions égales d’ailleurs, quand la longueur du tube variait dans la proportion de 1 à 1,78. Dans les tubes très-longs toutefois léchauffement va en di- minuant de l’électrode reliée à la machine vers celle qui communique avec le sol; en même temps on observe un espace obscur qui partant de cette dernière électrode s’étend plus ou moins loin dans le tube. Des tubes de diamètres ex- térieurs égaux, mais de diamètres intérieurs différents re- coivent du courant des quantités de chaleur sensiblement égales, même lorsque le diamètre intérieur varie du simple au quadruple. M. Wiedemann a cherché aussi quelle action l'échauffe- ment artificiel du tube de décharge produit sur le mode de formation des étincelles. Le nombre des étincelles ne varie presque pas lorsqu'on chauffe modérément le tube capil- laire ou les boules qui entourent les électrodes. En revanche lorsqu'on chauffe fortement le tube capillaire en restant au- dessous du rouge sombre, le nombre des décharges dans l'unité de temps augmente considérablement, dans le rap- port de 7 à 12 par exemple, pour un même apport d’élec- tricité. La place échauffée présente dans l’intérieur une teinte jaune claire, donnant la raie du sodium ; cette colora- tion ne s’étend pas toutefois au delà de la partie chauffée. Ce n’est point l'élévation de température elle-même, mais l'augmentation de pression qui en résulte qui influe sur l'in- tervalle des décharges, si la pression demeure constante cet intervalle ne subit aucune modification. L'examen électroscopique des tubes traversés par la dé- charge a montré, comme on pouvait s’y attendre, que lors- qu’une seule électrode est reliée à la machine, le tube entier est chargé de l'électricité qu’il reçoit de la machine, cette charge allant en décroissant vers l’autre électrode où elle est nulle ; si les deux électrodes sont reliées, les deux moitiés PHYSIQUE. 333 du tube présentent une charge inverse avec décroissance vers le milieu où elle est nulle. : L’auteur a étudié encore l’effet de l'introduction d’une in- terruption dans le circuit et les modifications qui en résul- tent dans l’apparence de l'électricité et le développement de l’espace obscur suivant que cette interruption se {rouve à l’électrode positive ou à l’électrode négative. Nous ne pouvons entrer dans le détail des observations mentionnées ici, ni dans la description des nombreuses et très-minutieuses expériences rapportées dans les différentes parties de ce mémoire. Nous passerons immédiatement à l’interprétation que M. Wiedemann donne de ces divers phénomènes, lesquels, du reste, n’ont fait que le confirmer dans l’hypothèse qu’avaient émise dans leur mémoire sur ce sujet, MM. Wiedemann et Ruhlmann, c’est-à-dire que lorsque par suite de l’accumula- tion d’une certaine quantité d'électricité sur chaque élec- trode, l’étincelle s’établit, les molécules gazeuses qui se trou- vaient dans le voisinage d’une des deux électrodes sont pro- jetées loin d’elle, et que c’est par l'intermédiaire de ces particules gazeuses en mouvement que la décharge se pro- page d’une électrode à l’autre, le passage de l'électricité s’accomplissant toujours par décharges successives et distinc- tes et n’élant point assimilable à un véritable courant élec- trique, comme certains auteurs l’admettent du moins pour l’auréole. La décharge se produit à l’électrode positive sous une plus faible charge, les particules électriséessont projetées en grande quantité en tous sens en s’écartant les unes des autres; de cet écartement résulterait l’espace obscur qu’on observe tout près de l’électrode négative. À l’électrode positive la dé- charge ne se produit qu'avec un potentiel beaucoup plus élevé, comme il a été dit, les molécules s’en éloignent en moins grand nombre, mais sous une charge plus forte et avec une vitesse plus grande; de là l’absence d’espace obscur près de cette électrode. M. Wiedemann montre comment ses différentes observa- NE AN RCI AUS È th de + ë D dep OS EL Le A A à CRAN EE PAT EU SU EME ES EN 3934 BULLETIN SCIENTIFIQUE. tions cadrent avec cette hypothèse qui lui paraît seule capable de les expliquer. Quelques expériences faites avec l'emploi d’une bobine d'induction et avec une pile voltaïque comme source d’élec- tricité lui paraissent encore confirmer cette manière de voir. CHIMIE. F.-C.-G. MULLER. SUR LA TEMPÉRATURE PRODUITE LORSQU'ON DIRIGE UN COURANT DE VAPEUR D'EAU DANS UNE DISSOLU- TION SALINE. — (Extrait des Berichte d. d. ch. Gesellschaft, zu Berlin, p. 1629, nov. 1876.) Lorsqu'on fait passer de la vapeur d’eau à la pression or- dinaire dans des dissolutions salines, on observe une éléva- tion de température souvent considérable, et qui paraît au premier abord tout à fait paradoxale. M. F. Muller à étudié de près ces phénomènes en faisant passer de la vapeur d’eau à 100° dans des dissolutions variées sur lesquelles elle était sans action chimique, il a vu dans certains cas des éléva- tions de température se produire et, chose remarquable, dé- passant toujours la température même de la vapeur d’eau. — Le chlorure de calcium est un des sels qui se prête le mieux à ces expériences. — Une dissolution de ce sel assez concentrée pour avoir un point d’ébullition de 127°, peut être portée à 125° simplement en y faisant passer un cou- rant de vapeur d’eau à 100°. Ce courant de vapeur produit donc une élévation de 25° au-dessus de sa propre tempéra- ture. Plus la solution est concentrée plus la température que lon peut atteindre par ce moyen est élevée. Il est très-facile de répéter ces curieuses expériences de- vant un nombreux auditoire, il suffit de remplir un petit tube au tiers d’eau, de le mouiller extérieurement avec une dis- solution concentrée de chlorure de calcium et de le chauffer sur une lampe jusqu’à l’ébullition. On l’enlève ensuite et on le porte dans le col d’un ballon plein d’eau que l’on fait VA RERTE RARE 2 à OV CHIMIE. | 335 bouillir. On voit alors aussitôt l’eau contenue dans le petit tube se mettre à bouillir également ce qui indique que sa température doit dépasser 4100°. L’ébullition continue ainsi pendant quelques instants, puis s'arrête parce que la vapeur qui se condense sur les parois extérieures du tube enlève peu à peu le chlorure de calcium. Le sel marin se prête aussi très-bien à cette expérience. On s’explique facilement ces phénomènes si l'on remar- que que les dissolutions salines à 100° absorbent la vapeur d’eau à la même température, et qu'il en résulte une éléva- tion de température analogue à celle qui se produit quand un gaz comme l’ammoniaque, par exemple, se dissout dans l’eau. Ces expériences jettent en outre un jour nouveau sur une question controversée, celle de savoir quelle est la tempéra- ture de la vapeur d’eau qui s'échappe d’une dissolution sa- line concentrée et bouillante. Cette vapeur est-elle à 100° ou à une température voisine de celle du point d’ébullition de la dissolution ? On croyait généralement depuis les recherches de Magnus et de M. Wüllner que cette température devait se trouver rapprochée du point d’ébullition de la dissolution saline ; les nouvelles expériences que nous venons de citer tendent au contraire à faire admettre l'opinion inverse. HILLEBRAND ET NORTON. PRÉPARATION DU CÉRIUM, DU Lan- THANE ET DU DIDYME. PROPRIÉTÉS DE CES MÉTAUX. (P0g- gend. Annal. CLV, 633 et CLVI, 466). —- HizLeBraAND. CHALEUR SPÉCIFIQUE DU (CÉRIUM, DU LANTHANE ET DU Diyue. (Poggend. Annalen, CLVII, 71.) IlLestun peu tard maintenant pour rendre compte de ces travaux dont une partie remonte à plus d’une année. Nous regretlerions cependant qu’il ne fût fait aucune mention, dans ce journal, de recherches qui mettent fin à une longue incertitude sur un point important de l’histoire des métaux du cérium. 1 Re nr pol 1 SN LG y Fe Ex FU 3306 BULLETIN SCIENTIFIQUE. FRANS MM. Hillebrand et Norton se sont attachés à la préparation de ces métaux sur une assez grande échelle, par la méthode électrolytique de Bunsen. Le cérium est d’un gris de fer, conservant bien son éclat dans un air sec, mais s’irisant rapi- dement à l’air humide. Il est très-ductile et s’étire en fils très- souples. Sa dureté égale celle du calcaire. La densité du mé- tal fondu est de 6,728. Sa fusibilité est comprise entre celles de l’argent et de l’antimoine. Un fil de ce métal brûle avec un éclat qui surpasse même celui du magnésium. Il s’oxyde lentement dans l’eau pure à la température ordinaire. L’a- cide sulfurique concentré et l’acide azotique fumant ne l’at- taquent point à froid, mais ces acides étendus et lPacide chlorhydrique le dissolvent avec dégagement d'hydrogène. Le lanthane ressemble au cérium, mais s’oxyde plus rapi- dement à l’air, même dans l’air sec. Il est un peu plus dur, beaucoup moins ductile. La pesanteur spécifique du métal fondu est de 6,049. Sa fusibilité est à peu près la même que celle du cérium ; il brûle à l’air beaucoup plus difficilement. Le didyme se rapproche du lanthane plus que du cérium. Il est d’un blanc légèrement jaunâtre. Sa densité est de 6,544. M. Hillebrand a déterminé, au moyen du calorimêtre à glace de Bunsen,les chaleurs spécifiques de ces trois métaux. Les résultats bruts de ses expériences ont dû subir de légè- res corrections pour tenir compte de très-petites quantités de métaux étrangers constatées par l’analyse des échantil- lons employés à ces essais. En tenant compte de ces corrections, il a obtenu les cha- leurs spécifiques suivantes : Didyme 0,04563 Lanthane 0,04485 Cérium 0,04479 Ces résultats décident la question controversée depuis quelques années des poids atomiques de ces métaux et de la constitution de leurs oxydes. Voici en effet les nombres auxquels on est conduit suivant que l’on adopte les anciens poids atomiques, admis dans l’hy- CHNE. | 337 pothèse de métaux diatomiques à protoxydes de la forme MO, ou les poids atomiques nouveaux correspondant à Phy- pothèse de métaux triatomiques dont les protoxydes seraient M°0. Métaux diatomiques. Métaux triatomiques. Poids Chaleurs Poids Chaleurs atomiques atomiques atomiques atomiques Didyme 96,52 L,40 144,78 6,60 Lanthane 92,67 415 139 6,23 Cérium 92 4,12 138 6,18 On voit que la seconde hypothèse donne seule pour les chaleurs atomiques de ces métaux, des résultats conformes à la loi de Dulong et Petit. La question vidée par là, pour ces trois métaux, se trouve en même temps résolue pour ceux des terres de la gadoli- nite (yttrium, erbium, etc.), en raison de l’isomorphisme parfait des oxydes de tous ces métaux. W. Micucer ET DUPERTUIS. — SYNTHÈSE DE KÉTONES AU MOYEN DE LA DIMÉTHYLANILINE. (Berichte d. d. chem. Gesellschaft, IX, 1899 ; Zurich, Labor. de V. Meyer.) Si l’on chauffe jusque près du point d’ébullition de la di- - méthylaniline en faisant passer un courant d’oxychlorure de carbone, ce gaz est absorbé en grande quantité; on ôte l’ex- cès de base au moyen d’un acide et le résidu est recristal- lisé dans l’alcool, on obtient de cette façon : CO — C,H,N (CH), hexaméthyltriamidodibenzoylebenzol, CH3N (CH), D'-422?: CO — C,H,N (CH), Si, au contraire, on ne chauffe pas la diméthylaniline et qu’on ne fasse absorber à la base que la quantité théorique d’oxychlorure de carbone, on obtient le tetrametlyidiamido- benzophenone sn (CH), e CHAN (CH), En EE = 4 Cytsbe-4 EPL TEE Cr RES De. LE à ae Se Fa GE Se (ere LT En Et, D Dh SEE Tete — JA LS a à Vs pt 338 BULLETIN SCIENTIFIQUE. qu’on obtient pur. après avoir chassé l’excès de base, en dis- solvant à plusieurs reprises dans l'acide chlorhydrique et précipitant par la soude et enfin recristallisant dans l'alcool. Ce corps fond à 179°. | Dissous dans l'alcool et traité par l’amalgame de sodium à chaud, on obtient des cristaux fondant à 96°. C’est probable- ment le benzhydrole C;H,N (CH,), — CHOH — C,H,N (CH), ; ce corps a des propriétés basiques et se dissout soit dans l’al- Cool soit dans l’acide acétique avec une couleur bleue in- tense qui disparaît si l’on ajoute une base forte. Cette pro- priété est analogue à celle des pseudonitroles !, L’étude de cette substance n’est pas terminée. En faisant réagir 1 molécule de chlorure de benzoyle sur 2 mol. de diméthylaniline, MM. Michler et Dupertuis ont ob- tenu une masse cristalline qui, débarassée par l’eau de l’ex- cès de base, donne une huile, celle-ci dissoute dans l’éther, puis séchée et distillée, donne un produit bouillant au-des- sus de 360°, et se prenant en cristaux au bout de quelques Jours en présence d’acide sulfurique; ces cristaux fondent à 55° et sont le diméthylamidodibenzoylebenzol Co — CH, | Pl (CH:), Co — CH, E. A. RÉSUMÉ DES TRAVAUX PRÉSENTÉS AUX SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE ZURICH en janvier et février 1877. Weirs, triphénylgnanidine. — Waur, Ruorr, hérabromben- zine. — Dieuc, dérivés halogénés de l’anthracène. — Hannimanw, action du chlorure de soufre sur la diméthyl- aniline. — Scamp, action du chlorure de soufre sur la benzine. — V. Meyer, réponse à Ladenburg et Struves. M. Weith fait remarquer que la carbotriphenyltriamine, base découverte par Hofmann, se dédouble en aniline et acide carbonique par l'action de l’acide chlorhydrique ou de 1 V. Meyer et Locher, Berichte d. d. ch. G , VII, 1506. ne 339 la potasse, d’où il résulte que de même que dans la triphé- nylgnanidine, les trois radicaux phenyl, sont combinés avec les trois atomes d’azote. C’est un fait à l'appui de la formule rationnelle proposée par M.Weith pour la triphenylgnanidine. M. Wahl a trouvé que dans la préparation de l’hexabrom- benzine au moyen de l’hydrure d’hexyle, on obtient d’abord un bromure de carbone C, Br, sous forme de cristaux; ce corps se dédouble par la chaleur en hexabrombenzine et brome; il semble donc que le noyau de la benzine se forme pas à pas ; M. Wahl s’occupe de rechercher les produits in- termédiaires précédant la formation de C, H,. Il veut aussi traiter de la même manière les paraffines supérieures dans l'espérance d’obtenir des produits de substitution bromés, des homologues de la benzine. La préparation de l’hexabrombenzine au moyen de la ben- zine est peu rapide, M.Ruoff l’obtient plus facilement en chauf- fant la quinone tetrabromée avec du phosphore pentabromé. M. Diehl s'occupe des dérivés halogénés de l’anthracène, il a obtenu par l’action du chlore et du bromure d’iode à chaud, C;, H, CI, et C,, H, Br,. En chauffant à 220° il a obtenu C,, H, Br,. Ces combinaisons peuvent être sublimées, elles sont peu solubles et cristallisent sous forme d’aiguilles jaunâtres. Par oxydation, on obtient des deux premières, les quinones C,, H, CL O, et C,, H, Br, O,. MM. Merz et Weith vont aussi chercher à chlorureretbromurerl’anthraquinoneetl’alizarine. M. Hannimann a obtenu par l’action du chlorure de soufre sur la diméthylaniline la dithiométvlaniline, substance qui cristallise facilement et qui a des propriétés peu marquées. / CH AK CH, ” C, 4 NN S » C, H, à / CH 3 N K CH, 340 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Ces recherches doivent étre étendues à la diphénylamine et à la méthyldiphénylamine. Le tétrachlorure de zinc anhydre et la diméthylaniline donnent un produit d’addition 2 (C, H; N(CH,), HCOD) Zn CL,. Le chlorure de soufre n’agit sur la benzine qu’à une haute température et d’après les recherches de M. Schmid son action est de chlorurer la benzine, il a obtenu de la mono- chlorbenzine, de l’acide chlorhydrique et du soufre libre. M. V. Meyer fait remarquer que N (C, H.) ; + C, H Jet N (C H,), G H, + C, H, J se comportent, contrairement à l’assertion de Ladenburg et Struve, exactement de la même manière soit lorsqu'on les évapore, soit qu’on les distille avec de l’acide iodhydrique. M. Lunge fait différentes communications ayant un carac- tère technique. V. MExer, J. Barpiert et F. Forsrer. RECHERCHES SUR LA TRANSLATION DES ATOMES. (Ber. d. d. ch. Gesellschaft zu Ber- lin, XX, 130 ; Zurich, janvier 1877.) Ces recherches contredisent l’assertion de MM. Linnemann et Zotta qui prétendaient que la butylamine normale se trans- formait en alcool isobutylique par l’action de l’acide azoteux d’après la réaction : CH, | CH, CH, CH, NET | CH CH, CH, OH QH, — NH, + NOOH = N, + H, 0 + Ils trouvent, au contraire, que la réaction est analogue à celle qui a lieu par l’action de l’acide azoteux sur la propyl- amine normale; une partie de l’amine idonne exclusivement l'alcool correspondant, c’est-à-dire l’alcool normal: CH, — CH, — CH, — CH, — NH, + ONOH = H, 0 +N, + CH, — CH, — CH, — CH, OH. Une autre partie de l’amine se décompose en donnant de l'azote, de l’eau et du butylène : CHIMIE. 341 CR, | CH, | CH, CH, | =2HRO0+N,+ |] CHH CH | I CH, — NH, + ON CH, H. Wap. RECHERCHES SUR LES COMBINAISONS AZOÏQUES DU DI- PHÉNYLE. (Berichte d. d. ch. Gesellschaft, X, 137; Zurich, janvier, 1877.) M. Wald obtient en faisant agir l’amalgame de sodium à 5 °/, Sur le paradinitrodiphenyle suspendu dans l'alcool, une matière rouge soluble dans l’aniline qui est la combinaison azoïque du paradinitrodiphenyle : DONS C, H, NO, GT SN NN ONE A Ce corps fond à 255°, se dissout dans l’acide sulfurique concentré avec une belle couleur rouge, et donne avec l'acide nitrique un dérivé jaune soluble dans la benzine. Tous les agents de réduction le transforment en benzidine dont le véritable point de fusion serait 122° et non 118° comme l’indiquent la plupart des ouvrages. L'action de l’amalgame de sodium sur l’isodinitrodiphenyle se fait déjà à froid, on obtient une poudre jaune soluble dans l'alcool, mieux encore dans la benzine ou le chloroforme fondant à 187° se dissolvant dans l’acide sulfurique avec une couleur d’un brun rouge, c’est probablement l’iso-dinitroazo- diphényle NO, (C; H,};, — N, — (CG H;), NO.. C. KünicH. RECHERCHES SUR L’ACIDE MÉTHAZONIQUE. (Berichte, X, 140 ; Zurich, Labor. du Polytechnicum.) L’acide méthazonique s’obtient en chauffant le nitromé- thane avec une dissolution alcoolique de soude. M. Künich a préparé quelques sels de cet acide, mais ils sont difficiles à obtenir purs ou se décomposent rapidement, de sorte qu'il à cherché à préparer quelques dérivés de cet acide pour arriver à connaître sa constitution. 3492 BULLETIN SCIENTIFIQUE. L’acide azophenylméthazonique s’obtient en précipitant une dissolution de méthazonate de soude par du nitrate de diazobenzol; ce sont des aiguilles d'un rouge orangé solubles dans l’alcool et l’éther fondant à 164° en se décomposant. Les alcalis le dissolvent avec une couleur rouge intense, l'acide sulfurique avec une couleur jaune caractéristique. Les sels métalliques de cet acide sont tous colorés, basiques et hydratés. Le sel de baryte a pour formule C, H, N, O, Ba —+ H, 0. L’acide azoparatolyIméthazonique s’obtient d’une ma- nière analogue au précédent, ce sont des aiguilles orange fondant à 154° en se décomposant, peu solubles dans l’eau, bien dans l’alcool et l’éther, sa formule est : , CH, C, H a * N, G E N°07 La formule donnée par Lecco pour l’acide méthazonique se trouve donc confirmée. Par l’action réductrice de l’amal- game de sodium sur l’acide méthazonique on obtient d’abord de l’hydroxylamine puis de l’ammoniaque, mais l’auteur n’a pu reconnaître aucun autre produit en dehors des résidus résineux. La constitution de cet acide est donc encore à trouver. G. À. BURKHARDT. SUR L’ACIDE OXYTÉRÉPHTALIQUE. (Berichte, X, 144; Zurich, Labor. du Polytechnicum.) Cet acide a été obtenu en traitant l’acide amidotéréphta- lique par le nitrite de potasse, il ne se forme pas de résines par cette méthode, comme lorsqu'on emploie celles de de la Rue et Müller (acide azoteux)’. Le sel d’argent est un précipité blanc C, H, OH (CO0 Ag).. Le sel de baryte séché sous la pompe pneumatique, ren- ferme un équivalent d’eau. ! De petites quantités d’acide oxytéréphtalique ont été aussi obte- nues par M. Meyer en fondant du sulfoparaphénol avec de la potasse caustique. : CHIMIE. 343 L’éther diméthylique cristallise de l'alcool méthylique sous forme d’aiguilles fondant à 9%. Le dérivé acétylé de cet éther OC, H, 0 ° (CO, CH: s’oblient en chauffant à 100° avec du chlorure d’acétyle, ce sont de fines aiguilles fondant à 76° L’acide oxytéréphtalique par la distillation sèche se dé- double en acide carbonique et en phénol ; chauffé 2 jours à 220°, avec de l'acide chlorhydrique dilué il donne, comme la théorie le faisait prévoir, exclusivement de l’acide carbonique et de l’acide oxytéréphtalique. On peut, en effet, considérer l’acide oxytéréphtalique soit comme de l'acide oxybenzoïque carbonylé, soit comme de l’acide salycilique carbonylé, or l'acide salycilique traité par l'acide chlorhydrique perd faci- lement de l'acide carbonique, tandis que l’acide oxybenzoïque n’est pas attaqué. CH RicHarp MEYER. ACTION DE LA POTASSE SUR L’ALDÉHYDE CUMINI- QuE. ( Berichte, X, 149; Coire, janvier 1877.) Les nombreux travaux qui ont été faits ces derniers temps sur les divers cymènes ont montré qu'il n’en existe jusqu’à présent qu’un seul et sa synthèse a prouvé que c'était le normal parapropyltoluol C, H,. CH,. C, H,; un seul fait semblait encore ne pas pouvoir s’expliquer par cette formule, je veux parler de la formation du cymène normal par l’action de la potasse alcoolique sur le cuminol, corps dans lequel il faut admettre la présence non pas du radical propyl normal, mais du radical isopropyl. M. R. Meyer montre dans son travail qu’en opérant avec du cuminol pur il ne se forme pas trace de cymène, mais seulement de l'alcool et de l'acide cuminique et que par conséquent le cymène observé par d’autres chimistes devait provenir d’une impureté du cumi- nol employé. Il a, en effet, extrait du cuminol de commerce du cymène qui s y trouvait mélangé. a 2e 21 344 BULLETIN SCIENTIFIQUE. E. Scauzz et J. BARBIERI. SUR LA PRÉSENCE D'UN AMIDE DE L'A- CIDE GLUTAMIQUE DANS LES GERMES DE LA COURGE. (Berichte, X, 199 ; Zurich, labor. de chimie agriculturale.) On dose généralement l’asparagine renfermée dans les vé- gétaux par la méthode indiquée par Sachs, qui consiste à traiter les extraits renfermant la base par l’acide chlorhydri- que à l’ébullition, il se forme de l'acide aspartique et de l’am- moniaque que l’on dose; mais cette méthode est fausse, si à côté de l’asparagine il se trouve des corps susceptibles de céder de l’ammoniaque par une ébulition prolongée avec l'acide chlorhydrique, ce qui est le cas, car ces chimistes ont trouvé un amide de l’acide glutamique en assez forte pro- portion, 3,8 °/,, dans des germes de courges ayant végété pendant 16 jours dans l'obscurité. Les graines n’ayant pas végété n’en renferment point. Ils pensent que cette gluta- mine joue le même rôle physiologique que l’asparagine et se retrouvera dans beaucoup d’autres végétaux. J. Piccarp. EXPÉRIENCE DE COURS POUR MONTRER LA SYNTHÈSE DE L'EAU. (Berichte d. d. ch. Gesellschaft zu Berlin, 1877, p. 180. Bâle, février 1877.) Il existe un grand nombre d’expériences imaginées dans le même but, mais aucune n’est aussi claire et élégante que celle-ci. La partie principale de l’appareil est un tube en pla- tine en forme d’Y; par les deux branches duquel arrivent l'oxygène et l'hydrogène qui se combinent dans la troisième sous l'influence de l’élévation de température produite par une lampe chauffant le tube au point de réunion des trois branches. — Dès que la combinaison s'effectue il n'est plus nécessaire de chauffer; la chaleur dégagée maintenant le tube au rouge-blanc. ce qui de nuit produit un fort bel effet. Le produit de la combinaison est condensé de l’autre côté et peut être facilement montré aux auditeurs. CHIMIE. 349 J. Piccarp. SUR LA CHRYSINE, LA TECHTOCHRYSINE ET LEURS HOMOLOGUES. (Ber. d. d. ch. Ges. zu Berlin, 1877, p. 176). Les recherches que l’auteur avait déjà faites précédemment ont été continuées par lui. Il a réussi à préparer directement au moyen de la chrysine le corps qu’il avait éventuellement nommé tectochrysine et a démontré que ce produit n’était autre que la méthylchrysine comme les recherches précé- dentes l’avaient fait prévoir. M. Piccard a également étudié les homologues supérieurs éthylchrysine, amylchrysine, benzylchrysine. Ces produits se distinguent de la chrysine par leur solubi- lité dans la benzine et surtout dans le chloroforme. — Con- trairement à la chrysine elle-même, ses dérivés ne sont presque pas attaqués par les alcalis en dissolution et par con- séquent n’ont à aucun degré un caractère acide. — La for- mule de la chrysine a été déterminée plus exactement au moyen de ces nouvelles recherches et reste toujours C5 H'° O*. La constitution pourrait être représentée par / 0. CO. CH C5 H$ — O0. CO. CS H° — H° 0 X 0. 0H Mais l'eau qu’il s’agirait d'enlever ne doit pas se former aux dépens de l’hydroxyle. J. PiccarD et À. HUMBERT. SUR UNE TRISULFORÉSORCINE. (Ber. d. d, ch. Ges., page 182). Les auteurs obtiennent ce corps en faisant chauffer quel- ques heures à 200° en tubes scellés, avec de l’acide sulfurique fumant, la disulforésorcine qu’ils avaient étudiée précédem- ment”. Le produit de la réaction est traité par un lait de chaux puis pressé ; le résidu est repris par l’acide chlorhydri- que,on filtre sur du gypse et on ajoute du chlorure de barium puis filtre de nouveau après addition d’un peu d’ammoniaque 1 Ber. d. d. ch. G. vol. VI et VII. ? Ber. d. d. ch. G. vol. IX, 1479. ARCHIVES, t. LVIIL — Mars 1877. RO ris 346 BULLETIN SCIENTIFIQUE. qui précipite des impuretés; on laisse reposer pendant quel- ques jours, il se dépose alors peu à peu du sel de baryte de la trisulforésorsine sous forme d’une poudre blanchâtre inso- luble dans l'eau. L’acide lui-même est très-soluble ainsi que le sel ammo- niacal ; ce dernier donne avec le chlorure de fer une colora- tion durable d’un rouge violet intense. Le sel de plomb forme de petits cristaux solubles dans l’acide acétique, il en est de même pour le sel de chaux. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. J. PLATEAU. SUR LES COULEURS ACCIDENTELLES OU SUBJECTIVES (deuxième note‘; extrait par l’auteur). Dans ma Note précédente, après avoir rappelé succincte- ment les principes sur lesquels repose ma théorie, savoir la réaction de la rétine et les oscillations de l’impression selon le temps et selon l’espace, je me suis attaché à répondre aux principales objections soulevées contre la première partie de cette théorie, celle qui concerne le temps. Dans la Note ac- tuelle, je reviens de même sur la seconde partie de ma théo- rie, celle qui concerne l’espace, et j'espère en faire voir également la légitimité. Je rappelle de nouveau qu’elle con- siste à admettre, selon l’espace, des oscillations analogues à celles qui ont lieu selon le temps, c’est-à-dire que, pendant la contemplation d’un objet coloré sur fond sombre, on trouve d’abord, tout le long du contour de l'image de cet objet, une bande étroite de même couleur que celui-ci, et qui en augmente les dimensions apparentes, c’est l’irradia- tion; puis, au delà de cette bande, on perçoit en général une zone de la teinte opposée, zone au delà de laquelle, dans certaines circonstances, peut se montrer une nuance dela couleur même de l’objet. On le voit, les phénomènes selon 1 Voir la première Note, Bullet. de l'Acad. de Belgique, 1875, 2me série, t. XXXIX, p.100; et pour la deuxième Note in extenso, même Recueil, 1876, 2me série, t. XLII, pp. 535 et 684. L'ANPE TAN AE PONT ARRET EAN RS A | Ê cer PE CP AS TO A RENE 2 LA LEGO E Nid ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 347 l’espace sont, pour ainsi dire, la traduction des phénomènes selon le temps. Le premier dont j'ai à m'occuper est donc l’irradiation. Une théorie très-ancienne la fait dépendre d’une propagation de l'impression sur la rétine. Cette théorie a rencontré de- puis 1839, époque où j’ai publié un Mémoire dans lequel je la soutenais, un grand nombre d’adversaires. Ceux-ci ont avancé plusieurs autres théories que je passe en revue. Les unes attribuent l’irradiation à un degré plus ou moins prononcé de myopie, d’autres, dans le cas des bonnes vues, à une accommodation inexacte, d’autres encore aux deux aberrations de l’œil, enfin une dernière à la diffraction. Je n’ai eu recours, pour m'aider dans les expériences de mon Mémoire, qu’à des personnes dont la vue était bonne, ou tout au moins non myope; ainsi les théories qui s'appuient sur la myopie doivent nécessairement être rejetées. Celles qui supposent une accommodation inexacte n’ont guère de probabilité; comment admettre, en effet, que, dans l’obser- vation d’un objet un peu éloigné, une bonne vue ne s’ac- commode pas à la distance de cet objet? Quant aux aberra- tions de l'œil, j’ai montré, par des expériences directes, que l’aberration de réfrangibilité ne joue aucun rôle appréciable dans l’irradiation, et dès lors il est peu vraisemblable que l’aberration de sphéricité soit suffisante pour donner aux phénomènes l’étendue qu’on y constate. Enfin, en ce qui concerne la diffraction, M. André assimilant l’œil à une lu- nette de très-petite ouverture, en conclut que lirradiation oculaire est simplement due à la diffraction. Mais les choses se passent tout aütrement dans l'œil nu que dans l’œil appli- qué à une lunette; d’après M. André, lorsqu'on observe un astre à l’aide d’une lunette dont on rétrécit successivement l'ouverture, le diamètre apparent de l’image va en augmen- tant, landis que l'éclat de cette image va nécessairement en décroissant ; or, en l’absence de la lunette, quand on observe un objet irradiant à travers un trou circulaire beaucoup plus étroit que la pupille, on diminue aussi l'éclat apparent de l’objet, mais, on le sait, l’irradiation, au lieu d’augmenter, diminue au contraire. On ne peut nier, dans le cas de Pœil nu, l'existence d’une bande due à la diffraction, mais cette 348 BULLETIN SCIENTIFIQUE. bande est sans doute trop peu lumineuse pour produire des effets d'irradiation sensibles. Ces diverses théories, d’ailleurs, viennent se heurter con- tre les difficultés naissant de deux faits que j’ai exposés dans mon Mémoire. Le premier est celui que j’ai énoncé ainsi: Deux irradiations en regard et suffisamment rapprochées, éprouvant l’une et l’autre une diminution, cette diminution est d'autant plus considérable que les bords des espaces lumi- neux d’où émanent les deux irradiations sont plus voisins. Je rappellerai ici l’une des expériences par lesquelles j’ai établi ce principe: l’un de mes observateurs, chez lequel l’é- clat d’un ciel couvert réfléchi par un miroir développait, quelques instants avant l’expérience, une irradiation de 52/, a pu distinguer, à la distance de 3 mètres, un fil de cocon projeté sur la même lumière et dont la largeur angulaire, à cette distance, n’était pas d’une seconde. Que sont donc de- venues, dans ce cas, le long des deux bords du fil, les irra- diations développées par les deux champs lumineux que ce fil séparait ? La plupart des auteurs des théories en question citent ou commentent mes recherches, mais passent sous silence le phénomène de la neutralisation des irradiations voisines; ceux qui s’en sont occupés en ont donné des explications soi obscures, soit inadmissibles. Le second fait qui ne s’accorde guère mieux avec presque toutes ces théories, est l’action apparente des lentilles de convergence sur l’irradiation. Ainsi que je l’ai avancé dans mon Mémoire, si l’on choisit un appareil qui, observé à l’œil nu et à la distance de la vision distincte par une personne douée d’une bonne vue, lui montre une irradiation bien sensible, et si cette personne regarde ensuite l’appareil de près en armant l’œil d’une lentille d’un foyer assez court, " elle n’aperçoit plus d'irradiation, J'entends ici par la distance de la vision distincte, celle à laquelle la personne tiendrait un livre pour lire commodément sans effort des yeux; pour les bonnes vues, cette distance est d’environ 30 centimètres. Je donnerai plus loin l’explication que je crois être la vé- ritable de cet effet des lentilles ; mais auparavant je dois in- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 349 sister sur ce point que, dans ma théorie, la cause de l’irra- diation est celle admise autrefois, savoir la propagation de l'impression sur la rétine, et je dois élucider ce qui a lieu sur cette membrane au delà de la bande d'irradiation, c’est- à-dire exposer mon opinion sur la génération des teintes de contraste. Cette génération est encore, suivant ma théorie, due à la réaction de la rétine. Ainsi que j'ai cherché à l’établir dans ma Note précédente, la réaction que la rétine exerce contre l’action de la lumière émanée d’un objet, continue encore après la disparition de celui-ci, détruit rapidement l’image positive qui persistait, puis produit la sensation de l’image négative ou accidentelle, dont la teinte est opposée à celle de l’objet: voilà pour le temps. Mais, pendant la contemplation de l’objet, la réaction de la rétine se propage, au delà du contour de l’image, dans la bande d'irradiation qu'elle annule à une petite distance de ce contour, pour donner lieu, à partir de là et jusqu’à une distance plus grande, à la sensation de la teinte opposée; voilà pour l’espace. Je n’ai pas à insister sur la manifestation de la teinte op- posée, ou teinte de contraste, extérieurement à la bande d'irradiation, c’est un fait bien connu. Il est plus difficile de constater, au delà de l’espace occupé par cette teinte, la pré- sence d’une nuance légère de la teinte même de l’objet; ce- pendant cette nuance se montre assez aisément si l’on ren- verse les conditions de l'expérience, c’est-à-dire si l’on ob- serve un objet gris, ou un objet blanc peu éclairé, sur un fond coloré. Helmholtz considère tous les phénomènes selon l’espace, sauf l’irradiation, comme résultant d’erreurs du jugement. Sans nier complétement l'influence de semblables erreurs, je fais voir, en profitant surtout des observations de Fechner et de Hering, qu’il y a en même temps, dans les phénomè- nes en question, une cause physiologique, c’est-à-dire qu’au delà de la bande d'irradiation, la rétine se trouve réellement dans un état particulier d'excitation. Citons une observation de Hering; elle se rapporte aux . apparences qui se montrent dans les yeux fermés et couverts, DATE ENRE SE AN CPRRLLE Le ES CUS NET SEe ER TS 0 390 BULLETIN SCIENTIFIQUE. après la contemplation des objets ; mais les déductions qu’on en tire s’appliquent évidemment aux phénomènes selon l’espace : On pose, sur un fond dont une moitié est blanche et l’au- tre d’un noir intense (velours), deux bandes de papier d’un noir mat, et d’un demi-centimètre de largeur; elles sont placées symétriquement des deux côtés de la ligne limite entre le blanc et le noir du fond, et à un centimètre de dis- tance de cette ligne; la bande qui repose sur le velours pa- raît grise par comparaison avec le noir intense de cette étoffe. On contemple pendant 30” à 60” un point de la ligne limite, puis on ferme les veux et on se les couvre ; on obtient alors une image accidentelle formée de celles des deux parties du fond et de celles des deux bandes. Or, si l’on observe les os- cillations des différentes parties de cette image composée, on constate entre elles une sorte d'indépendance; il peut arriver qu’à une certaine époque du phénomène, l’image de la bande qui se montre sur la moitié sombre de celle du fond paraisse plus sombre que cette même moitié, et que l’image de la bande qui se dessine sur la moitié claire pa- raisse plus claire que cette dernière. Ces faits prouvent d’une manière péremptoire que les phénomènes du contraste simultané ne dépendent point simplement d'erreurs mentales. En effet, l’image accidentelle de la bande posée sur la partie blanche du fond est d’abord claire sur un champ sombre; or, si la clarté qu’elle présente n’était qu’une illusion due à la comparaison avec l’obscurilé environnante, la même illusion devrait suivre le phénomène pendant toute la durée de celui-ci, et de même, en sens in- verse, pour l’image accidentelle de l’autre bande. Je reviens ensuite à l’irradiation et à la théorie de ce phé- nomène que j'ai défendue, c’est-à-dire à celle de la propa- gation de l'impression sur la rétine; j’examine et je réfute les différentes objections qui ont été soulevées contre elle. Je ne parlerai ici que de l’une de ces objections ; elle a été énoncée par Fechner et par Fliedner, et paraît, au premier abord, très-sérieuse; elle se tire de l’effet des lentilles de Con- vergence; car-il est impossible d'admettre qu’une semblable lenlille, qui n’ôte presque rien à l’éclat de l’objet, puisse ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 351 modifier profondément la propagation de l'impression. Aussi n'est-ce pas en altérant cette propagation que les lentilles agissent; leur effet dérive de ce que l’ebservateur armant son œil d’une lentille pour regarder de près un objet irra- diant, rapporte l’image virtuelle de cet objet non à la distance à laquelle il tiendrait un livre pour lire commodément, mais à une distance beaucoup plus petite. C’est ce que je prouve par des expériences que les bornes à donner à cet extrait ne me permettent pas de décrire. Or, l’angle sous-tendu par la largeur de la bande d’impression propagée étant, toutes cho- ses égales d’ailleurs, indépendant de la distance de l’objet, il s’ensuit que la largeur absolue qu’on attribue à l’irradiation est proportionnelle à la distance à laquelle on rapporte l’objet irradiant. On comprend, d’après cela, qu’aux distances très- courtes auxquelles on rapporte un tel objet à travers une lentille, l’irradiation peut ne plus présenter de largeur sen- sible. Ainsi se trouve expliqué l'effet des lentilles de convergence, et l’on voit qu'il ne constitue aucun argument contre la pro- pagation de Pimpression. Les arguments en faveur de cette propagation sont: 4° La presque nécessité à priori de ce principe; en effet, quelles que soient les modifications que subit la rétine frap- pée par la lumière, l’action immédiate de celle-ci est une action vibratoire, et l’on sait avec quelle facilité Les vibrations se communiquent. 2° Le fait connu qu’un petit objet vu indirectement dispa- rail bientôt, et se trouve remplacé en apparence par la cou- leur du fond sur lequel il repose, d’où il faut admettre que la réaction de la rétine efface graduellement l’image du petit objet, et que l'impression de la couleur du fond se propage sur l’endroit que cette image occupait. 3° Cet autre fait également connu, que si l’on contemple pendant longtemps un objet coloré posé sur un fond blanc et bien éclairé, la teinte de contraste environnante n’est plus perçue, et le fond prend la même teinte que l’objet. J’ai montré, dans mon Mémoire, que l’irradiation augmente avec la durée de la contemplation; et, bien que cette augmenta- tion semble avoir une limite, il est probable qu'elle ne fait 392 BULLETIN SCIENTIFIQUE. que se ralentir, et que, lorsque la contemplation persiste, l'impression continue à se propager, et envahit le reste de la rétine, en surmontant la réaction. &° Enfin le principe de la propagation et celui de la réac- tion expliquent très-simplement la neutralisation mutuelle des irradiations voisines. En effet, lorsque deux champs ir- radiants rapprochés se regardent, la réaction de la rétine qui s’exerce au delà de chacune des deux bandes d'irradiation dans l'intervalle qui les sépare, tend nécessairement à les détruire l’une et l’autre, et d’aulant plus énergiquement qu’elles sont plus voisines. A la vérité, puisque la réaction propagée neutralise les bandes de véritable irradiation en regard et rapprochées, il semble qu’elle doit agir aussi sur les bandes de fausse irra- diation résultant de la myopie ou d’une accommodation in- exacte, mais on péut inférer des expériences de Welcker, qu’elle n’est pas assez intense pour qu’on puisse en constater nettement l’effet dans le cas de la fausse irradiation, sans doute parce que celle-ci est produite par l’action directe de la lumière. De là la conséquence bien probable que la véri- table irradiation n’est point engendrée par cette action di- recte, et qu’ainsi elle résulte d’une propagation de l’im- pression. Une seule théorie pourrait peut-être lutter avec celle que je soutiens : c’est la théorie de Meyer, qui fait dépendre l’ir- radiation uniquement de l’aberration de sphéricité de l’œil ; mais alors il faudrait admettre que cette aberration est énor- mément plus grande que l’aberration de réfrangibilité, et, en outre, que tandis que la réaction propagée de la rétine paraît ne pas amoindrir sensiblement les cercles de diffusion dus à la myopie ou à une accommodation inexacte, elle dé- truit parfaitement ceux qui proviennent de l’aberration de sphéricité. 253 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE FÉVRIER 1877. Le 1°", à 10 1/, h. du matin, et le soir à 8 h., très-faible chute de neige. 3, à 8 h. matin brouillard ; à 11 h., couronne solaire. Le soir, lumière zodiacale. >, gelée blanche le matin ; le soir, lumière zodiacale. 6, gelée blanche le matin. re id. 12, fort vent du SSO. dans la soirée, et dans la nuit suivante, forte pluie. 13, fort vent du SSO, et pluie toute la journée. forte rosée le matin; brouillard de 7 à 11 h. du matin. 16, fort vent du SSO. et du Sud tout le jour; le soir à 8 h., éclairs au Nord et au Nord-Ouest. 17, neige dans la nuit sur toutes les montagnes des environs ; à 9 h. 1, du matin couronne solaire. Le soir à 10 h. grésil, 19, gelée blanche le matin; à { h. halo solaire. À 10 h. du soir le vent du Sud commence à souffler avec violence et il dure toute la nuit. Dans la matinée du 20, il tourne au SSO., puis au SO. ; neige l’après-midi et le soir. les nuages sont chassés par un fort vent du nord, 22, fort vent du NE. depuis 10 h. matin; à midi, giboulée de neige pendant quelques instants. La neige tombée la veille et l’avant-veille a entièrement disparu dans la plaine. 23, faible gelée blanche le matin. 24, faible chute de neige le soir et dans la nuit suivante. ARCHIVES, t. LVIII, — Mars 1877. 25 21, le matin à 6 h. la hauteur de la neige tombée la veille et la nuit était de 65mm; il y a eu à plusieurs reprises des giboulées de neige dans la journée, mais elle fondait à mesure qu’elle tombait. Le soir à 10 h. DR te 26, fort, vent du SSO. dans la ns qui tourne g: l'Ouest à 8 h. , de Ÿ Fe Es 27, à 1 h. halo solaire ; fort vent du SO. et du Sud depuis 8h. du soir et ns. la nuit suivante, pendant laquelle il ÿ a eu une faible chute, de RE NE Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. ERA MAXIMUM. à MINIMUM. . | ne mm mm DATE .6.a 8 h. matin .....:. ie M9B,32 MA ELA 15 Le 13 à 2h. après midi...... 726,93 " La Sith. soir 42062080791,08 ER UT | (eV a 16 à 401kF 0m nr este AD 0D EU 4 4181440 sS0inr ere + 132,18 : Un : 21.à 6 Di matin nes 122,70 14 922 à 8h. soir... es 721,31 x sr. ‘ 93 à 6h: mabne 42.001800 4 ne 24 à 8h. soir...... pis s 724,15 EE {. 26 à 6 h. soir... L 28 à 8h. soir............ 130,88 > Sssss- k ON DR. — aftAU NO8N EG) “SOUPE ue UOeANyES 9p “J98A||" deA j 9p mots], e Ni RE RER TRE TE | æ = a a" æ a - nl " e = = = = SSsssos sas et Go = SDOSHM+MOmOSOOME =" = = =. — ra e eo HG CP © 1 = Où M 10 © Où = © © e eo NS ei © = CO D EN D GI 20 = © 20 GA STI ENS RE GR ROIS ae NS S Son — 07 820 NN SDS TR 0 " ms MERDE SMDOSSESONOREH. 19 © = HR ER ++ æ a a NERE 219 © NO = = GI D DES OS HEIO OT D © CO = ei Où 10 GI = D (CO GI D GI e e = LH DIET ET TITI Énmesmmmmmmteesses JDE NN 23 S © SOS E GN 20 (=) = +7) oanpeagdtue], |e9 + | GS'8CL | 8x : G6‘0 — | 00'SGL | LZ FL) LLSTL T0 |87'Y — | 09 TGL | çG 09e —]|19'ECL | rc | 089 — | OFGIL | gg |L8'G — | 07 08L | 8G ISY'TI— | GS FIL | IG GC 6 — | FI LIL | 08 | SOT + | IS'LGL | 6} 887 + | OFTEL|8T | Lr'O + | S0'LEL | LI 1080 + | F8'96L 97 ces + | S0'66L CT OL'E + | 97082 | FI G£‘0 — | 0S'98L | £T 807 + | 96'0£L | GT Cor + |9TISL| FF CS + |SS'ISL | OI FS'Q + | 6S'TEL | 6 co + |go'eel ls LSG + | S0'LEL | L es‘or+ | FL'LEL | 9 G6'‘6 + |IGEL | ç c8'9 + |91'FEL| YF 169 + |LG'YEL|e 9c'e + | L9'CEL | Se + | 99"08L| Fr “up | “UE opeuaou | “143 | À Anaqney v{lsop "Aou! & 2046 11099) ANOINEH 2 NT x Ge FN" 2 “aguomg |£ MOYENNES DU MOIS DE FÉVRIER 1877. Ol.m., 8Sh.m. 10h. m. Midi. 2h.s. 4h.s. 6 hs. 8 h.s. 10 hs. Baromètre. mm mr mm mm mm mm mm nm mm l'e décade 734,15 734,44 734,50 734,38 733,82 733,82 734,06 734,15 734,19 2 » 198,54 728,54 728,36 727,94 727,26 727,03 727,06 727,30 727,38 3e » 120,61 721,34 721,83 721,86 721,62 721,55 721,90 722,47 722,62 Mois 728,28 728,59 728,69 728,50 727,99 727,89 728,09 728,37 728,46 Température. 0 0 0 0 0 0 o 0 0 Q Leedécade+ 1,57 + 1,91 + 4,48 + 6,48 + 7,06 + 6,77 + 5,42 + 4,40 + 3,68 de» + 5,01 + 5,14 + 7,19 + 8,82 + 9,52 + 9,19 Æ 8,98 E 7,30 + 6,51 3e » — 02 + 0,40 + 1,74 + 3,04 + 4,01 + 3,79 H 3,03 + 2,03 + 1,66 Mois + 2,28 + 2,64 + 4,67 + 6,34 + 7,06 + 6,78 + 5,76 + 4,76 + 4,11 Tension de la vapeur. nm nm mm min mm min mn mi ru re décade 4,73 4,81 4,91 4,85 4,79 4,82 à,11 5,22 5,08 - CR 5,69 5,66 6,21 5,94 5,18 5,76 5,86 9,78 5,86 ge » 4,05 3,79 3,95 3,77 3,18 3,66 3,81 3,94 4,03 Mois 4,88 4,82 5,10 4,93 4,85 4,83 5,00 5,05 9,06 Fraction de saturation en millièmes. re décade 898 895 719 668 628 644 749 827 843 2e » 864 849 810 696 640 654 702 743 801 3 » 885 792 748 658 622 607 659 724 762 Mois 832 849 781 675 631 637 706 767 805 Therm. min. Therm.max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre,. i du Ciel, du Rhône. ou de neige. 0 0 0 mm cm 1re décade + 0,70 + 7,89 0,72 + 6,51 1,5 118,2 2e » + 3,35 +11,13 0,72 + 6,87 46,7 126,7 3 » — 4,24 + 5,08 0,70 + 6,53 9,8 137,4 Mois + 1,09 + 8,24 0,72 + 6,64 38,0 196,7 Dans ce mois, l'air a été calme 1,6 fois sur 100. Le rapport des vents du NE, à ceux du SO. a été celui de 0,33 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 269,5 O. et son intensité est égale à 52,3 sur 100. Le Le TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE Mois DE FÉVRIER 1877. 1, brouillard et neige pendant une partie de la journée ; la bise étant très-forte, la neige n’a pas pu être recueillie. : 2, brouillard et forte bise jusqu'à 6 h. du soir. 4, brouillard le soir. 7, brouillard le soir. 8, brouillard tout le jour. 9, brouillard presque tout le jour, forte bise. 10, brouillard le soir, forte bise. 11, brouillard le matin. 12, neige depuis 8 h. soir. neige tout le jour, forte bise. 14, neige et brouillard tout le jour, forte bise. 17, neige et brouillard tout le jour; la neige n'a pu être recueillie qu'en partie, à cause de la violence de la bise. 18, brouillard le matin, forte bise. 20, neige dans la matinée par un fort vent du SO. 21 et 22, brouillard tout le jour, par une forte bise. 23, brouillard le matin et le soir. 25, brouillard et neige une partie de la journée. 26, idem idem 27, brouillard presque tout le jour, par une très-forte bise. 28, idem idem Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. nm FE BR à Qi RG T TT CEE CARRE Te 567,12 Le 4 à 2h. après midi...... 565,23 d'a F0 man as 310,00 10 à 2h. après midi...... 564,57 42. à-76 h- matin. 7.20... 566,26 1354 10 h-maUn SEE 562,56 LED AO h. DIE FEES. 567,32 17 à 4 h. après midi ...... 558,65 485 a 10h soir: 02 re 564,67 H.:4, 8 he Eee 547,29 RAT OUIRESORE 25 RES 552,19 23 à 8h. matin... 590,84 208%: 8h EPSON RS 556,99 26 AA QSR SOIN ERA 552,63 MAT NL SOIR ESS Te 097,18 28:à4 GRAS Er. 552,87 SAINT-BERNARD. — FÉVRIER 1877. Baromètre. Température Fe Pluie ou neige. noyenne Hauteur | Écart avec Moyenne | Écart avec la Hautgur Eau Nombre ï jar moy. des | la hauteur | Minimum. | Maximum. des température, Minimum” [Maximum || de la |tombéedans| heures, dominant. | Gi, 94 heures.| normale. 2% heures. | normale. | neige. les 24 h. millim. millim. willim. millim. ü 0 | 0 ù nillim. millim. 1 562,19 | + 1,74 | 561,04 | 563,86 | — 8.38 + 0,69 | —128 | — ,5 KE sites seins A NE. 2 2 | 565,34 | + 4,92 | 564,72 | 565,97 | — 6,30 | + 2,76 —10,2 | — 4,2 | .... 282% FR APIIINE TOR 3 566,99 | + 6,17 | 565,85 | 567,12 | — 5,56 | + 3,49 — 7,2 | — 2,9 ad ste à Fos MR A7 NE. 1 4 || 565,60 | + 5,26 | 565,23 | 566,38 | — 9,16 | — 0,12 | —10,0 | — 6,4 Nete « sul EURE NE. 1 5 566,74 | + 6,44 | 505,71 | 567,58 | —19,65 | — 3,62 | —14,9 | —10,7 EP Mu: | 3 NE. 1 6 || 568,25 | + 7,98 | 567,59 | 569,26 | — 8,71 | + 0,31 | — 9,9 | — 6,7 re à | k NE. 2 fl 569,97 | + 9,04 | 568,66 | 570,00 | — 4,90 + 411! — 6,6 | — 27 ne EE ER NE. l S 566,69 : + 6,49 | 566,15 | 567,46 | — 5,85 + 3,14 | — 6,3 | — 44 EN HE LS NE. | 9 566,32 | + 6,15 | 566,19 | 566,47 || — 5,18 + 3,7! —"6,5 | —.33 Mau : LR N NE. 2 10 564,84 | + 4,70 | 564,57 | 565,30 | — 5,92 + 3,03 | — 7,6 | — 2,9 Loge ei NE. 2 11 565,52 | + 5,42 | 565,36 | 565,88 | — 4,01 + 4,99 | — 5,3 0,0 A MCE ST Ne r NE, l 12 565,27 | + 5,20 | 563,85 | 566,26 | — 4,80 + 411 | — 6, — 0,7 100 a ne NE. 1 13 562,67 |. + 2,63 | 562,56, 562,84 || — 92,99 + 6,59 | — 3,0 | — 0,8 560 56 2er NE. 2 14 565,53 | + 9,52 | 564,02 | 567,32 | — 9,88 + 5,97 | — 4,0 | — 1,7 230 21,0 | mé NE. 4 45 566,68 | + 6,70 | 566,37 | 567,27 | — 9,33 + 6,49 | — 5,2 + 135 HN + hate CRT NE. { 16 564,03 | + 4,08 | 562,28 |! 565,50 || — 9,83 + 5,96 | — 5: + 1,4 Aran PE Bts re SO, il 17 559,42 | — 0,50 | 558,65 |: 560,40 || —-10,90 — 914 | —13,7 | — 7,1 100 9,2 ere NE. 2 18 563,24 | + 3,35 | 560,88 | 564,67 | —10,58 | — 1,85 | —19,4 | — 9,3 dcr ee | " NE. 2 19 562,14 | + 2,27 | 560,60 | 563,89 || — 4,67 + 4,02 | — 7,9 | — 0,2 RER APN TE NE. | 20 552,47 | — 7,38 | 550,37 | 596,21 | —10,14 | — 1,49 | —12,2 | — 8,2 140 | 9,6 tu SO. 2 21 548,61 | —11,22 | 547,29 | 550,65 | —13,28 | — 4,67 | —14,6 —11,7 ste 7e DA = CAE NE. 3 29 552,22 | == 7,59 | 551,35 : 552,79 | —13,77 — 5,920 | —15,4 | —11,4 CN PRE à: PAS Er: NE. 2 23 551,89 | — 7,90 | 550,84 |! 553,53 | —16,14 | — 7,61 | —17,5 | —13,2 UN M LV LUS E NE. 1 i 24 554,96 ! — 4,81 | 553,77 | 556,50 || —1%,56 — 6,07 | —183 1014 ds RE Rn IERT S NE. 2 ‘ 25 556,53 | — 3,22 | 556,15 | 536,99 | —— 5,6: + 92,81 | — 7,2 | — 3,0 70 | 5,8 AS NE. l Æ 26 554,82 | — 4,91 | 552,63 556,54 || — 5,82 + 2,57 | — 8,8 | — 2,0 190 | 11,2 Le NE. 1 : 27 555,69 | — 4,06 | 553,15 597,18 || —14,42 — 6,08 | —15,1 | —13,0 A she | nTE Ps NE. 2 à 28 555,21 | — 4,49 | 552,87 556,88 || —19,37 —11,08 | —20,8 | -—14,7 Ro | PR Sa NE. 3 | | | | * Ces colunnes renferment la plus basse et la plus élevée des températures observées de 6 h. matin à 40 h. soir. MOYENNES DU Gh.m. Sh.m. min mm lire décade 566,00 566,03 CES 563,24 563,15 DEP) 052,85 553,00 10 h. m. Midi. 2h.s. 4h.s. Baromètre. mm mm nm mn 566,26 566,12 063,05 562,84 993,38 999,10 966,07 566,17 562,48 562,46 593,82 553,97 min 966,33 562,58 294,24 MOIS DE FÉVRIER 1877. Sh.s. 10h.s, min mm 566,51 366,32 562,49 362,38 SSLAT 554,58 Mois 561,26 561,28 0 0 {re décade— 8,08 — 8,07 DEEE A6 5 00=05;68 3e » 13,75 —13,36 561,43 561,40 561,29 561,36 Température. 0 (à 0 GMA S 68 EE 8077 — 4,42 — 3,40 — 3,12 12,15 —10,80 —11,11 961,94 061,64 561,63 0 0 « 0 o) 6,68 — 139 145 LE 2 488 26,07 — 686. 668 12,40 —13,40 —13,23 —13,36 Mois — 9,44 — 8,73 — 7,82 — 6,32 — 6,35 — 7,65 — 8,61 — 8,71 — 975 Min. observé. 0 1re décade — 9,13 2% » — 7,59 DEMED —14,71 Mois —10,18 Max. observé 0 — 4,90 — 9,59 — 9,89 — 5,50 Clarté moyenne u ciel. 0,60 0,68 0 73 0,67 Dans ce mois, l’air a été calme 0,0 fois sur 100. Le rapport des vents du NE, à ceux du SO. a été celui de 19,50 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45° E., et son in- tensité est égale à 146,8 sur 100. Eau de pluie ou de neige. Hauteur de la neige tombée. mm REVUE DES PRINCIPALES PUBLICATIONS DE PHSIOLOGIE VÉGÉTALE EN 1876 ! Par M. Marc MICHELI (Suite et fin !). $ 4. Nutrition des végétaux ; phénomènes divers qui s'y rattachent. Dans ce paragraphe, qui touche forcément à des sujets bien divers, nous examinerons successivement les travaux qui se rapportent à la chlorophylle et à sa constitution, à son rôle dans la nutrition, aux transformations chimiques dont les plantes sont le théâtre, aux éléments minéraux des cendres et à leur rôle dans les tissus, aux différentes substances qu’on rencontre dans les cellules et enfin à la germination des graines. Dans un mémoire publié en 1874, M. Pringsheim * avait combattu la théorie des auteurs qui voient dans la chlorophylle un mélange de deux substances, une bleue et une jaune (p. ex. la cyanophylle et la xanthophylle de M. Kraus); il avait cherché à établir que les caractères optiques des solutions bien intreprétés montrent au con- traire que le principe colorant de la chlorophylle est 1 Pour la-première partie de ce travail voyez ci-dessus, p. 249. ? Monatsber. der Kün. preuss. Akad. der Wissensch. Berlin, sept.- oct. 1874, et Archives, févr. 1875. £ ARCHIVES, t. LVIIL. — Avril 1877. 26 362 PRINCIPALES PUBLICATIONS unique; les substances analogues que l’on rencontre dans les tissus, telles que l’étioline (principe colorant des plan- tes étiolées), l’anthoxanthine (principe colorant des fleurs jaunes), la xanthophylle (principe colorant des feuilles en automne), n’en sont que des modifications, des dérivés, offrant encore tous les caractères essentiels et en particu- lier les sept bandes d'absorption du spectre chlorophyl- lien, pourvu qu’on les emploie en solutions suffisamment concentrées et en couches assez épaisses. Poursuivant aujourd’hui la démonstration de ses vues, le même éminent observateur ‘ à étudié les qualités op- tiques du principe colorant des algues floridées ; on ex- trait de ces végétaux deux matières colorantes, une rouge, soluble dans l’eau et insoluble dans l’alcool, et une verte, insoluble dans l’eau et soluble dans lalcool. La plupart des auteurs avaient considéré cette dernière comme de la chlorophylle ordinaire, et la première comme un principe indépendant, la phycoérythrine de Kützing. M. Prings- heim montre que les deux solutions, convenablement pré- parées, donnent des spectres tout à fait comparables à celui de la chlorophylle. Les bandes d'absorption s’y re- trouvent aux mêmes places; seulement les unes ou les autres sont affaiblies ou renforcées. Ce sont évidemment des dérivés de la chlorophylle, le principe vert représen- tant un degré de modification moins accentué. Reprenant ensuite la question à un point de vue plus général, l’auteur de cette communication produit de nom- breux arguments en faveur de l’autonomie des modifica- tions de la chlorophylle. Il en trouve un premier dans ! Pringsheim, Ueber natürliche Chlorophyll-Modificationen und die Farbstoffe der Florideen. Monatsber. der Kün. preuss. Abd, d. Wiss. Berlin, décembre 1875. DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 363 l'indépendance relative des bandes d’absorption les unes vis-à-vis des autres; tantôt c’est l’une, tantôt c’est une autre qui est altérée, renforcée ou affaiblie, de telle sorte que pour admettre, comme le font les partisans de la dualité de la chlorophylle, un mélange de principes colo- rants, il faudrait arriver à supposer l’existence d’une combinaison particulière pour chaque bande d'absorption. Il est bien plus simple et logique de dire que ces modifi- cations des propriétés optiques cheminent parallèlement avec des transformations chimiques d’un seul et même principe. M. Pringsheim arrive encore à montrer par l'emploi de solutions sursaturées d’étioline, d’anthoxanthine, etc., et par l'examen du précipité qu’il obtient ainsi, qu'il n’y a pas de chlorophylle-normale mélangée à ces substances. Les caractères de leurs spectres, l'existence des sept ban- des d'absorption de la chlorophylle dérivent donc bien de leur constitution elle-même. C’est encore un argument en faveur de l’idée que ces substances sont des dérivés de la chlorophylle et non pas des parties constituantes de ce principe complexe. M. Leo Liebermann‘ a consacré une notice assez éten- due au même sujet, et en procédant surtout par voie d’ana- lyse spectrale il est arrivé à des conclusions qui ont plu- tôt le caractère d’hypothèses que de résultats précis. Il nous paraît surtout n’avoir pas attaché assez d'importance aux nombreuses observations publiées sur l'instabilité des solutions de chlorophylle surtout en présence de la lu- mière. Le spectre chlorophyllien qui a servi de base à ses 1 L. Liebermann, Untersuchungen über das Chlorophyll, den Blu- menfarbstoff und deren Beziehungen zum Blutfarbstoff. Sifzber. der Wien. Akad., vol. LXXII, p. 599. e 364% PRINCIPALES PUBLICATIONS observations et à ses déductions théoriques s’écarte en ou- tre d’une manière assez importante de ceux qu’avaient indiqués d’autres observateurs; il ne présente en particu- lier que quatre bandes d’absorption au lieu de sept qu’a- vaient si bien décrites MM. Hagenbach, Kraus, etc. L’auteur de ce mémoire considère la première bande d'absorption comme produite par une combinaison acide (acide chlorophyllique), qu'il pense avoir réussi à isoler en partie ; les trois autres bandes (une entre les lignes C et D, et deux entre les lignes D et E) seraient produites par une substance plutôt basique qui n’a pas pu être isolée et qui offrirait quelque analogie avec l’hématoglo- bine du sang (phyllochromogène). La chlorophylle résul- tant du mélange de ces deux corps serait donc une com- binaison saline formée d’un acide et d’une base. Le phyllochromogène peut, sous l'influence d'agents oxydants et réducteurs, revêtir les nuances les plus di- verses ; il est probablement la substance mère du prin- cipe colorant des fleurs. La genèse de ce dernier peut s'expliquer par l'intervention d’un acide ou d’un ferment qui décompose la chlorophylle ; la combinaison basique mise en liberté devient par oxydation violette, bleue ou rouge. Dans les feuilles fanées, la chlorophylle n’est pas dé- composée; elle subit seulement une légère réduction. Enfin, ainsi que nous l'avons indiqué plus haut, M. Lieber- mann cherche à faire ressortir les analogies qui existent entre le phyllochromogène et le principe colorant des fleurs d’une part et le principe colorant du sang d’autre part. Cette analogie est particulièrement frappante dans la ma- nière dont se comportent ces différentes substances à l'égard des agents oxydants ou réducteurs, du fer, ainsi que dans leurs propriétés fluorescentes. 3 DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 365 M. G. Haberlandt ‘ a publié des observations sur les changements de couleurs que présentent fréquemment en hiver les feuilles persistantes ; différents auteurs, MM. H. von Mohl, G. Kraus, Askenasy, etc., se sont déjà occupés du même sujet et ont émis différentes idées sur les causes du phénomène ; M. Kraus, en particulier ne voit là dedans qu'un effet des changements de température, tandis que M. Askenasy fait appel surtout à l'influence de la lumière. M. Haberlandt a étudié séparément les différentes nuan- ces que revêtent les feuilles (jaune, brun, rouge) en hi- ver et est arrivé pour chacune à des résultats particuliers. La coloration jaune très-répandue et facile à observer chez les conifères des genres Thuya, Cupressus, etc., est surtout visible dans les parties du végétal les plus exposées à la lumière; les grains de chlorophylle perdent peu à peu la netteté de leurs contours et tendent à se confondre avec le protoplasma. Cette dégénérescence qui est déjà visible vers le 15 octobre, bien avant les froids prapre- ment dits, paraît dériver directement de l’action de la lu- mière ; la température n’y intervient qu’en ralentissant ou suspendant complétement certains phénomènes vitaux. La lumière détruit Le principe colorant de la chlorophylle el celui-ci n’est pas recréé à mesure, comme cela arrive en été. Il n’en est pas de même pour la dégénérescence brune des feuilles qui tient à un ensemble de phénomènes plus complexes que la jaune. M. Haberlandt qui l’a également observée surtout sur des conifères, l’attribue à la forma- tion, aux dépens de la chlorophylle d’un principe colo- ? Gottlieb Haberlandt, Untersuchungen über die Winterfärbung ausdauernder Blätter. Sitzber. der Akad. Wien. Band LXXII, Avril 1876. 366 PRINCIPALES PUBLICATIONS rant brun jaunâtre. A l’examen microscopique, le proto- plasma semble uniformément coloré en brun, les grains de chlorophylle disparaissent, masqués par le nouveau pigment qui s’est développé. Ici c’est le froid qui paraît l'agent principal de la transformation; la lumière agit in- directement en favorisant le développement de certains - principes (encore indéterminés), qui sous l'influence du froid modifieront la chlorophylle. C’est à cette action in- directe de la lumière qu’il faut attribuer le fait que la couleur brune comme la jaune est beaucoup plus mar- quée sur la face la plus éclairée des rameaux. Au prin- temps, le pigment brun disparaît et la chlorophylle, qui n’était que masquée par lui, est de nouveau visible avec sa teinte normale. L'apparition de la teinte rouge des feuilles est unique- ment liée à l'entrée de la plante dans sa période de repos; la lumière et la température semblent également indiffé- rentes. Le pigment (anthocyanine) est ici dissous dans la séve ; tantôt il ne colore que l’épiderme, tantôt aussi les cellules des faisceaux fibro-vasculaires, tantôt enfin tout le mésophylle. Enfin l’auteur a observé de nombreux cas de passages entre ces différents types de dégénérescence surtout entre les deux premiers. Dans diverses communications adressées à e* Société botanique de France, M. E. Mer‘ a étudié les phénomènes généraux qui accompagnent le dépérissement et la chute des feuilles, ainsi que la végétation des feuilles hivernales. Comme M. Sachs l’a décrit dans son traité de physiologie, ‘ E. Mer, Des phénomènes végétatifs qui précèdent ou accom- pagnent le dépérissement et la chute des feuilles. Bullet. Soc. botan. de France, XXII, 176, 1876. — De la constitution et des fonctions des feuilles hivernales. Jbid., p. 231. DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 307 M.Mer à reconnu que la première trace de désorganisation de la chlorophylle consiste dans la disparition plus ou moins complète de l’amidon qui persiste en dernier lieu dans les cellules des stomates. Les grains de chlorophylle se décolorent ensuite et se désorganisent peu à peu et sont remplacés dans les cellules par des globules jaunes éga- lement décrits par M. Sachs et qui sont un dérivé du pro- toplasma. Du reste, d’après l’état des tissus de la feuille et des tissus environnants, il est évident que la plus grande partie des matières organiques qu’elle contenait a passé dans la tige. Parmi les causes qui accélèrent la désorgani- sation et la mort des feuilles, M. Mer signale toutes celles qui sont de nature à hâter leur végétation, ou lorsque cel- le-ei se ralentit, à rendre plus difficile l’apport de l’eau né- cessaire à leur existence. Tels sont, par exemple, l’âge des feuilles, la situation des rameaux plus ou moins découverts et par conséquent soumis aux intempéries, la distance des racines, l'exposition plus ou moins directe aux rayons du soleil qui accélèrent la végétation et en raccourcissent le cycle. En traitant de la décoloration des feuilles caduques, M. Mer y signale l'existence fréquente d’une matière brune indépendante de la chlorophylle analogue probablement à celle qu’a décrite M. Haberlandt dans les feuilles persis- tantes. Il étudie ensuite spécialement l'apparition du principe rouge des feuilles de Cissus quinquefolius. Ce principe, sous la forme d’une séve colorée, envahit d’a- bord le pétiole principal, puis les pétioles secondaires, puis le limbe en s’accumulant surtout ou même exclusi- vement dans les portions les plus exposées à la lumière du soleil. Celle-ci, de même que la température, paraît agir directement sur la formation de ce pigment, ainsi que 368 PRINCIPALES PUBLICATIONS l'on peut le conclure des expériences faites sur des ra- meaux transportés dans une chambre. Passant ensuite à la chute des feuilles, M. Mer étudie la couche séparatrice qui a été signalée par M. Mohl à la base du pétiole. Cette couche est toujours en automne gorgée de principes nutritifs; les cellules se multiplient et c’est ce fait même qui fait tomber la feuille. L'auteur montre que ces principes nutritifs sont puisés dans le ré- servoir de la tige et que lorsque le limbe ne végétant plus ne les attire pas avec assez d'énergie ils s'accumulent à sa base. En conséquence, il n’est pas juste d'établir une distinction entre les feuilles articulées et les feuilles mar- cescentes ; les mêmes phénomènes se présentent chez tou- tes, seulement chez ces dernières la vitalité du limbe a, pour une cause quelconque, persisté plus longtemps et lors- qu’elle se suspend à son tour, la température est deve- nue trop rigoureuse pour que la couche séparatrice puisse se former. Dans les feuilles hivernales, M. Mer s’est moins attaché aux phénomènes de décoloration, comme l'a fait M. Ha- berlandt, qu'aux manifestations du plus ou moins de vita- lité de la chlorophylle. Il signale l’altération partielle des grains de chlorophylle, entre lesquels paraissent quelques- uns des corpuscules jaunes signalés dans les feuilles ca- duques. En somme, les phénomènes sont dans leurs traits généraux les mêmes ; seulement, dans les feuilles persis- tantes, les altérations n’atteignent pas la même gravité, différence due probablement à l'épaisseur des feuilles hi- vernales et à la solidité de leurs parois cellulaires. Cer- tains végétaux tels que le Mahonia, le Ligustrum califor- nicum dont les feuilles tombent peu à peu pendant tout l'hiver, servent de passage entre les deux groupes. DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 309 Les feuilles hivernales ne renferment pas d'amidon en général depuis la fin d'octobre, jusqu'au mois de mars. D’après les expériences de l’auteur, ce n’est pas qu'elles cessent d’en produire, mais c’est plutôt que tous les phé- nomènes étant très-ralentis, il est produit en très-petite quantité et emmené ou utilisé à mesure. Enfin, M. Mer signale les couches chlorophylliennes du milieu de la feuille comme aussi celles qui se trouvent dans le voisinage des faisceaux fibro-vasculaires du pétiole, comme plus spécia- lement destinées à l'accumulation et au transport de la matière amylacée. M. Mer! a fait encore une série d'expériences sur l'in- fluence de l'immersion sur les feuilles des plantes aérien- nes. Prolongé assez longtemps, ce traitement leur est tou- jours fatal, surtout si elles sont séparées de la tige; l’eau pénètre dans les lacunes du parenchyme et de là dans les cellules elles-mêmes où elle amène une suspension des fonctions vitales. Mais l’action la plus marquée de l’im- mersion est l'interruption presque complète de la pro- duction de l’amidon, interruption qui précède de beau- coup le moment où la feuille elle-même a souffert. A la lumière du soleil, il y a encore un peu d’amidon produit, à la lumière diffuse, pas. La disparition de la matière amy- lacée dans l’eau marche même plus vite à la lumière que dans l'obscurité; ce qui s'explique par ce que l’activité fonctionnelle est moins ralentie. Les feuilles non encore entièrement développées ne grandissent plus après leur immersion, Des recherches comparatives faites avec des plantes aquatiques ont montré que l’amidon n’était abon- dant dans les feuilles submergées que lorsque la plante 1 E. Mer, Des efforts de l'immersion sur les feuilles aériennes. Ibid., p.243. 370 PRINCIPALES PUBLICATIONS n’en porte pas d’autres ; si elle a aussi des feuilles aérien- nes, ce sont celles-ci qui produisent l’amidon. L'auteur signale, en terminant, qu'il n'a jamais trouvé de glucose dans les plantes aquatiques. Dans un mémoire assez étendu, M. Wiesner‘ a ré- sumé l’ensemble de nos connaissances sur les substances qui altèrent le principe colorant de la chlorophylle; il a successivement passé en revue l’action des acides, du tannin, de la térébenthine, des rayons lumineux et a re- cherché ensuite comment dans les végétaux vivants la chlorophylle est mise à l’abri de ces influences fâcheuses. Le principe colorant est toujours fixé dans les granules protoplasmiques et tant que la cellule est vivante, les grains de chlorophylle restent entourés de protoplasma. Ce sont des propriétés de cette substance qui préservent le principe colorant de l’action des acides organiques ré- pandus dans la séve. Les phénomènes de diffusion à tra- vers le protoplasma sont très-mal connus, mais il est facile de citer bien des substances pour lesquelles il est complé- tement imperméable tant qu'il est vivant et qui le traver- sent aisément après la mort de la cellule. Il est non pas absolument prouvé, mais très-vraisemblable qu’il en est de même pour les acides, le tannin, etc., répandus dans la séve ; tant que la cellule est vivante, la chlorophylle, protégée par le protoplasma, garde sa couleur et exécute ses fonctions; mais le protoplasma a-t-l perdu ses pro- priétés caractéristiques, elle est aussitôt altérée. Quelques expériences bien simples viennent à l’appui de cette ma- nière de voir. Si, par exemple, on trempe dans l’eau bouillante des feuilles d’Oxalis acetosella, dont la séve est 1 Jul. Wiesner, Die natürlichen Einrichtungen zum Schutze des Chlorophylls. Vienne, 1876, DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 9371 particulièrement acide, elles se décolorent très-rapide- ment et deviennent d’un brun sale. Il en est de même pour les feuilles gelées transportées brusquement dans une atmosphère trop chaude. Ces phénomènes ne peuvent s'expliquer que par la mort du protoplasma qui permet à la séve acide d’agir directement sur la chlorophylle; ni le froid, ni la température ne suffisent à eux seuls, pour décolorer celle-ci. L'action destructrice de la lumière sur le principe co- lorant avait été déjà précédemment spécialement étudiée par M. Wiesner*. Il avait démontré que deux actions in- verses ont constamment lieu au sein des cellules des feuilles; certains rayons lumineux détruisent la couleur verte par oxydation, d’autres la reproduisent; nous n'a- vons sous les yeux que la différence entre ces deux phé- nomènes. Mais pour que les feuilles revêtent leur nuance caractéristique et puissent assimiler, il faut que l'action créatrice pendant la période où les tissus sont encore en voie de développement prenne le pas sur l’action destruc- trice. En somme, la chlorophylle se colore à une intensité lumineuse beaucoup plus faible que celle qui est néces- saire pour la détruire; le bat cherché pourra être atteint si les jeunes feuilles sont, au début de leur existence, après leur sortie du bourgeon, protégées contre un rayon- nement trop intense. M. Wiesner signale successivement les différentes particularités d’organisation qui concou- rent à ce résultat. Certaines plantes se développent toujours sous une ombre épaisse et n’ont alors aucun moyen de protection. Chez d’autres, c’est l’épiderme qui remplit ce rôle; il est couvert de poils ou d’une épaisse 1 Sitzungsber. der Kün. Acud. der Wissensch. Wien, 1874. 312 PRINCIPALES PUBLICATIONS couche de cuticule qui affaiblit l'intensité des rayons lumineux; ailleurs il est extrêmement brillant et la lu- mière en partie réfléchie, n'arrive qu'adoucie aux cel- lules à chlorophylle. Certaines feuilles restent, en sortant du bourgeon, plus ou moins repliées ou enroulées et ne se déploient que lorsqu'elles ont revêtu leur couleur ac- centuée, Dans d’autres cas elles restent pendant un°temps par une sorte d'héliotropisme négatif redressées ou ap- pliquées contre les rameaux; ou bien les folioles mobiles complétement étalées le matin, se relèvent un peu pen- dant la journée, de manière à diminuer l’angle d'incidence des rayons (Robinia pseudo-acacia). Quelquefois ce sont des organes particuliers, poils de la tige, stipules, gaînes, qui abritent les jeunes feuilles. La plupart de ces détails d'organisation servent en même temps à d’autres buts, par exemple, à diminuer l’évaporation ou le rayonnement calorique. Depuis les brillantes découvertes de M. Sachs sur l'o- rigine de l’amidon dans les grains de chlorophylle, on a toujours admis que l'assimilation directe aux dépens de l'acide carbonique de l'air en était la seule source possible. Dans une communication récente, M. Bôhm a montré que ce point de vue n’est pas complétement exact, qu'il est en tout cas beaucoup trop absolu. D’après ses expériences, l’amidon qu’on trouve dans les grains de chlorophylle n’est point exclusivement un produit de l’assimilation. Une lu- mière suffisamment intense pour décomposer l'acide car- bonique a en même temps la propriété d'attirer l’amidon depuis la tige jusque dans les feuilles, lui faisant ainsi re- faire en sens inverse le chemin qu'il a parcouru après sa 1 Jos. Bühm, Ueber Stärkebildung in den Chlorophyllkôrnern. Sitzungsber. der K. Akad. der Wiss. Wien. Bd. LXXII, Heft I. DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 373 production dans la chlorophylle. Les expériences qui ont conduit M. Bühm à cette conclusion ne demandent point à être spécialement décrites; elles sont fort simples, il ne s’agit que de faire végéter dans une atmosphère dépourvue d'acide carbonique des jeunes plantes dont les feuilles ont perdu tout leur amidon dans l’obscurité. Celui qu’on trouvera dans les grains de chlorophylle au bout d’un certain temps devra nécessairement provenir de l’inté- rieur de la plante. Dans le Phaseolus multiflorus (espèce qui a servi à toutes ces expériences) le transport de l’a- midon dans la chlorophylle est facilement reconnaissable au bout de dix à quinze minutes d’insolation directe. Pour toute recherche sur la formation autochthone de l’'amidon dans la chlorophylle, il faut donc s’assurer préa- lablement qu’on emploie des plantes complétement désa- mylées. Ce n’est pas toujours bien facile, d'autant moins que lorsqu'il en est ainsi, la chlorophylle commence à être altérée et impropre à la production d’amidon. Il sera donc avantageux d'employer dans ces recherches, non pas-des plantes entières, mais des feuilles coupées qui conservent toute leur force végétative bien assez long- temps pour qu'on puisse observer toutes les premières phases du phénomène. Elles se dépouillent très-prompte- ment de leur amidon dans l’obseurité et, placées dans l’eau à une lumière suffisante, elles produisent quelques racines par leur pétiole et même augmentent en surface sielles n’ont pas encore atteint leur diamètre définitif. Sous l'influence des rayons directs du soleil et dans une atmosphère contenant huit pour cent d'acide carbonique, elles renferment des traces visibles d’amidon au bout de dix à quinze minutes. Si l’air est agité, il faut environ trois quarts d'heure. Dans ces conditions, il n’est pas in- 374 PRINCIPALES PUBLICATIONS TA vraisemblable qu'après la décomposition de l'acide car- bonique, le carbone se combine directement avec l’eau pour former l’amidon. Enfin M. Bôhm s’est assuré par des expériences com- paratives que le Phaseolus multiflorus n’absorbe par ses racines l’acide carbonique sous aucune forme. Les plantes végétant dans une atmosphère dépouillée d'acide carbo- nique, et élevées les unes dans du sable pur arrosé de so- lutions nutritives, les autres dans un sol riche en humus, ont péri en même temps que celles qui se développaient dans un substratum aride. M. Godlewski ‘ ne semble pas avoir remarqué lesmigra- tions d’amidon qu’a signalées M. Bühm; il a, au contraire montré que même sous l'influence de la lumière, l’ami- don disparaît des grains de chlorophylle lorsque latmos- phère ambiante ne renferme pas d’acide carbonique. C’est une preuve nouvelle de la nécessité absolue de la présence de ce gaz pour la production de l’amidon. Sous l'influence des rayons solaires, l’amidon se développe quatre fois plus vite dans une atmosphère renfermant six à huit pour cent d’acide carbonique que dans l'air ordinaire; mais une plus forte proportion ralentit ce phénomène. M. Briosi* ayant reconnu que les grains de chloro- phylle de la vigne ne contiennent jamais aucune trace d’amidon, pense que peut-être le tannin joue un grand 1 E. Godlewski, Ueber die Bildung und Auflôsung der Stärke in den Chlorophyllkürnern. Bibliogr. Berichte über die Publicationen der Ak. der Wissensch. in Krakau. Erstes Heft. Extrait dans Bot. Zeit. 1876, Nc 52, p. 828. 2 Giov. Briosi, Lavoro della Clorofilla nella vite. Sfazione speriment. agrarie italiane, vol. V, fas. 3, et Botan. Zeit. 1876, Ne 50, PE TP PR er Er bés} MN CN Eté . rue LR . ) DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 325 rôle dans la nutrition de cette plante, et cite à l'appui de cette manière de voir un certain nombre de données ana- tomiques. Dans une expérience faite avec un rameau de marron- nier, M. Corenwinder ‘ a reconnu que dans certains cas les feuilles peuvent se développer dans une atmosphère privée d'acide carbonique; elles décomposent alors le gaz qui circule dans leurs tissus. M. Boussingault * a fait germer dans du sable calciné des graines de maïs placées dans un flacon bien bouché rempli d'air privé d'acide carbonique. D’après la végéta- tion des jeunes plantes, il était évident que les feuilles, par leur respiration, avaient commencé par produire une atmosphère artificielle dans laquelle elles puisaient l’acide carbonique qu’elles décomposaient ensuite sous l'influence de la lumière; au bout de six semaines les plantes avaient 0,24 de haut avec trois feuilles bien vertes. A l’analyse, on constata une légère déperdition de matière organique, déperdition qui portait surtout sur le carbone et l’oxy- gène. Tout l'acide carbonique produit par la respiration n’a pas été utilisé; une partie est restée dans l’eau, dans le sable, etc. De cette expérience ressort une preuve nouvelle de la faculté créatrice de la cellule à chlorophylle, faculté que celle-ci possède seule, et qui fait d’elle le trait d’union indispensable entre le monde inorganique et les êtres or- ganisés. ! Corenwinder, Fonction des feuilles, origine du carbone. Comptes- Rendus 1876, 15 mai (vol. LXXXII). ? Boussingault, Végétation du maïs commencée dans une atmos- phère exempte d’acide carbonique. Ann. Chim. et Phys. 1876, VII, p. 132. 370 PRINCIPALES PUBLICATIONS MM. Saint-Pierre et Magnin ‘ ont démontré que les fruits du baguenaudier (Colutea arborescens) qui avant la maturité renferment beaucoup de gaz fonctionnent comme les tissus animaux ; même lorsqu'ils sont verts ils ne ces- sent pas d’absorber de l'oxygène et d’exhaler de lacide carbonique. Aussi le gaz qu'ils contiennent est-il beau- coup plus riche (0,50 à 2,32 pour cent) en acide carbo- , pique que l’air atmosphérique. M. E. Godlewski * cherche à montrer que la méthode de compter les bulles de gaz qui s’échappent des feuilles plongées dans l’eau pour estimer l’énergie de l’assimila- tion n’est pas exacte. Si Le travail chimique des feuilles est peu actif, le contenu des cellules a le temps de se sa- turer d'acide carbonique non décomposé qui passe par diffusion dans les espaces intercellulaires et sort sous forme de bulles gazeuses. Les résultats obtenus dépen- dent en grande partie de la proportion d'acide carboni- que qui est contenu dans l’eau. S’il y en a beaucoup on ob- serve un dégagement de bulles gazeuses même sans aucune assimilation; s’il y en a au contraire peu, le déga- gement de bulles pourra cesser complétement avant que l'assimilation soit arrêtée. Cette méthode d’expérimenta- tion a cependant été employée par des auteurs qui ont contrôlé leurs résultats avec le plus grand soin. Le rôle des acides organiques dans les végétaux, de ? Saint-Pierre et Magnin, Gaz contenus dans les fruits du bague- naudier. Comptes-Rendus, 1876, 21 août. ? E. Godlewski, Kritik der Methode der Gazbläschenzählung als Mass der Assimilations-Intensität bei den Wasserpflanzen. Bibliogr. Bericht d. Akud. d. Wissensch. in Krakau. 1. Heft. 1818: Extrait d. Bot. Zeit. 1876, N° 52. DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 377 même que les transformations successives d’où finissent par sortir les hydrates de carbone, n’ont jamais été com- plétement élucidés. Liebig et Rochleder admettaient que l’acide oxalique et l'acide tartrique sont des degrés inter- médiaires entre l'acide carbonique et les hydrates de car- bone. Davy, M. Sachs sont plutôt partisans de la formation directe des hydrates sans combinaisons intermédiaires. M. Stutzer a fait à ce sujet des expériences intéressantes en faisant végéter des plantes de Brassica Napus dans une atmosphère dépouillée d'acide carbonique, et en leur four- nissant le carbone sous forme de tartrate et d’oxalate de chaux offerts en solution aux racines. La végétation a été normale; il en était de même pour les plantes aquatiques plongées dans une solution des mêmes sels; sous l’in- fluence des rayons solaires, elles exhalaient de l'oxygène. Donc dans les conditions de l'expérience, les acides orga- niques peuvent remplacer l'acide carbonique comme source de carbone. Mais ils peuvent être utilisés de deux manières différentes: ou bien ils sont désoxydés peu à peu en hydrates de carbone; ou bien, au contraire, ils sont suroxydés en acide carbonique, puis réduits par la chlorophylle. Si lon prend des précautions pour enle- ver à mesure l'acide carbonique produit, la plante souf- frira si c’est la deuxième hypothèse qui est vraie ; elle se développera normalement si c’est la première. Dans les expériences faites dans ce sens, l'acide oxalique n’a pas été utilisé, les plantes ont péri et ce résultat s'applique à tout le groupe carboxylique. L’acide tartrique, au con- traire, et les combinaisons du groupe alcoolique ont été 1 Stutzer, Metamorphosen der Grappen COOH, CH, CHs u. CH in lebenden Pflanzen. Ber. der deutschen Chem. Gesellschaft, Berlin, 23 octobre 1876. ARCHIVES, t. LVIIL — Avril 1877. 27 378 PRINCIPALES PUBLICATIONS utilisées directement, les plantes ont produit de nouvelles feuilles. Ainsi les combinaisons du groupe carboxylique ne peuvent jouer un rôle dans la nutrition des plantes qu’en étant d’abord suroxydées; tandis que celles du groupe alcoolique sont utilisées directement. Le groupe méthyli- que se rapproche du groupe alcoolique, mais donne des résultats moins favorables que lui. Déjà en 1875 M. A. Mayer‘ avait obtenu des résul- tats analogues pour l'acide oxalique ; en faisant des expé- riences sur la végétation de rameaux de vigne, il avait reconnu que cet acide n’est pas utilisé directement. M. Stutzer * a encore fait des essais sur l'influence de l’oxyde de carbone sur la végétation ; comme tous ceux qui se sont occupés de ce gaz, il a reconnu qu'il est pour les végétaux un poison violent et que, par conséquent, il n’est pas exact de le considérer comme l'ont fait certains chimistes, comme un intermédiaire nécessaire entre l'acide carbonique et les hydrates de carbone. Dans une communication sur la végétation des moisis- sures aux dépens de substances organiques, MM. Fausto Sestini et Giacomo del Torre” ont montré que le déve- loppement de ces champignons ne diminue pas sensible- ment la proportion de l’azote du substratum (dans la plupart des expériences c'était du pêétit-lait), et même dans certains cas l’augmente un peu; il n’est pas prouvé 1 Landw. Vers.-Stat., XVII, p. 410. ? Stutzer, Wirkungen von CO auf Pflanzen. Ber. d. deutsch. Chem. Gesellsch. Berlin, 13 nov. 1876. * Fausto Sestini et Giacomo del Torre, Entziehen Schimmelpilze welche auf den organischen Stoffen sich bilden und wachsen aus der atmosphärischen Luft Stickstoff? Landwirthschafil. Vers.-Stat. 1876, vol, XIX, p. 8. 45 CRC RE REE , À > _ » DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 379 par là que l’azote da champignon dérive directement de celui de l'air; il est, au contraire, probable qu'il dérive de lammoniaque répandu dans l’atmosphère. Ces expérien- ces faites dans la station d'essai de Rome avaient surtout pour but d'étudier l'influence des moisissures sur la ri- chesse en azote des substances organiques employées comme engrais. MM. W. Knop et H. Dworzak ‘ ont fait de nombreu- ses expériences sur l'absorption des sels minéraux par les plantes et sur le rôle que chacun d’entre eux joue dans les phénomènes généraux de nutrition. En opérant avec des solutions de même composition mais de concentration variée, ils ont reconnu d’abord que le degré de concen- tration le plus favorable à la végétation, varie de 0,5 à 5 pour 1000. Pour chacun des sels qui sont considérés comme princi- pes nutritifs, il existe une solution telle que la racine l’ab- sorbe sans appauvrir ni concentrer le liquide restant (près de 1 pour 1000 en général). La concentration est-elle plus élevée, la racine absorbera un liquide plus dilué; lest- elle au contraire moins, elle absorbera relativement plus de sel que d’eau, la solution extérieure s’appauvrira peu à peu. Cependant, la plante absorbe des quantités abso- lues de sel plus considérables dans les liquides plus con- centrés que dans les autres. : M. Knop avait déjà remarqué dans des communications précédentes que les végétaux dicotylédonés s’accommo- dent en général d'une solution plus diluée que les mo- 1 Hugo Dworzak und W. Knop, Chemisch-physiologische Unter- suchungen über die Ernäbrung der Pflanzen. Bericht über die Verh. der K. Sächs. Gesellsch. der Wissensch. Leipzig, I, p. 29. — Résumé dans les Annales des Sciences naturelles, 6° série, vol. IL, p.375. SEE dr ESA tartes 380 PRINCIPALES PUBLICATIONS nocotylédonés. Il insiste aussi sur ce fait, que les résultats posilifs d'une expérience sont très-faciles à analyser, et fournissent de bonnes conclusions, il n’en est pas de même des résultats négatifs. Les changements de tempé- rature, d’insolation, etc., ont tant d'influence sur le cours de la végétation, qu'on ne saurait être trop réservé dans les conclusions relatives à l'influence des liquides nourri- ciers. Îl faut que les études aient été prolongées pendant plusieurs années. Les expériences ont été faites avec des plantes de ha- ricots et de maïs, dans des solutions renfermant de l’azo- tate de chaux, du sulfate de magnésie, du sulfate de po- tasse et de l’azotate de potasse, ce dernier sel étantremplacé quelquefois par du chlorure de potassium et quelquefois par du chlorure de calcium. Les solutions dans lesquelles il y a eu, dans un temps égal, le plus de matière sèche produite, présentaient une concentration de # à 5 pour 1000 ; le haricot vit encore bien dans une solution à 1 pour 1000; mais ce titre est trop faible pour le maïs. En général, quoique les bases et les acides minéraux n’entrent pas eux-mêmes pour une part essentielle dans l'augmentation de matière sèche, ce sont les plus grandes plantes qui ont absorbé le plus de matière minérale (maïs). La richesse relative des matières sèches en éléments des cendres, varie dans des plantes différemment nourries. La chaux et la potasse se sont comportées comme les deux bases que la plante exige le plus impérieusement pour la production de matière sèche. Ce sont les indii- dus les plus lourds qui en renfermaient la plus grande proportion; la magnésie, beaucoup moins importante comme rôle et proportion,ne peut pas remplacer une des deux bases précédentes. DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 381 L’absorpiion de l’acide phosphorique suit les mêmes lois générales que celle de la potasse ; elle augmente quand celle-ci augmente. La plante sait en prendre des quantités considérables même dans une solution très-di- luée. En outre, comme cet acide est absorbé en quantités différentes de celles qui correspondraient au phosphate de potasse, il faut que, par suite d’une décomposition, il pénètre dans la plante en combinaison avec une autre base qui est probablemeut la chaux. Du reste, quelle que soit dans la nutrition l'importance de cet acide, celle de la potasse est encore plus grande, puisque le rapport de l’acide à la base dans le phosphate de potasse (1,5 : 1), se trouve renversé dans les substances minérales qu’ab- sorbe la plante; le sürplus de potasse est fourni par l’azotate. L’acide sulfurique est dans les deux plantes en expérience, absorbé en quantités absolues beaucoup plus faibles que l'acide phosphorique; mais relativement le mais en exige plus que le haricot pour produire le même poids de matière sèche. L'étude de l'influence du chlore a donné lieu à une observation intéressante, c’est l'effet dépressif de ce corps sur l'absorption de la chaux; plus il y a de chlore ab- sorbé moins il y a de chaux ; la chaux ainsi refusée n’est pas remplacée par la potasse, et comme la magnésie joue un rôle moins important, on obtient comme résultat final une forie augmentaiion de l'élément acide vis-à-vis de l'élément basique dans la somme des matières minérales absorbées, et celte acidité proviendra surtout de l'acide phosphorique. On peut rapprocher ce fait d’une observa- tion de M. Arendt, d’après laquelle l’acide phosphorique est la substance minérale qui présente la plus forte mi- gration des feuilles à travers la tige, jusque dans le fruit 382 PRINCIPALES PUBLICATIONS où il s’accumule at point d’en rendre les cendres acides Il n’est donc pas invraisemblable qu’une augmentation dans la quantité d'acide phosphorique libre soit favorable au développement du fruit. Ainsi se trouveraient expli- quées les observations de quelques physiologistes qui ont cru reconnaître dans le chlore un agent favorable à la fruc- tification. MM. Fliche et Grandeau ‘ ont publié un travail impor- tant sur la composition chimique des feuilles et ses modifi- cations suivant l’âge etl'espèce examinée. Les données sur ce sujet sont peu nombreuses, et ont cependant un grand intérêt surtout au point de vue de la proportion, de la composition des cendres et du rôle de leurs différents éléments. Les recherches ont porté sur le Robinia pseu- do-acacia, le Cerasus avium, le Casianea vulgaris et le Betula alba. Les quatre espèces croissaient sur le même sol, les feuilles ont éié recueillies et examinées à différents moments pendant la période de végétation. D'une manière générale, du printemps à l’automne la proportion d’eau diminue, tandis que celle de la sub- stance sèche augmente. La proportion des cendres s’ac- croit encore plus que celle de la substance sèche. Par contre, l’azote diminue, il est emmené et ulilisé dans l’in- térieur du végétal. Parmi les éléments des cendres, ceux dont le rôle est particulièrement important dans les phé- nomènes généraux de nutrition, diminuent graduellement à mesure que la feuille approche du moment de sa chute. Ce résultat, qui n’a rien que de conforme à la théorie, est particulièrement évident pour la potasse, dont les rap- ports avec l’amidon sont bien conuus, pour l’acide phos- 1 G. Fliche et L. Grandeau, Recherches chimiques sur la composi- tion des feuilles. Ann. de chimie et de physique. 1876, v. VIII, p. 486. DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 383 phorique et l'acide sulfurique qui sont toujours en rela- tion avec les matières albumineuses. La chaux augmente dans une proportion souvent très- considérable (Robinia); on sait qu’à côté de son rôle évi- dent comme principe nutritif, elle est aussi employée à l'incrustation des membranes. Le fer et la silice aug- mentent aussi. Enfin les substances dont le rôle, dans les végétaux, n’a pu être encore déterminé ne se sont montrées assujetties à aucune lot régulière; telles sont, par exemple, la soude, le manganèse, la magnésie. Cette der- nière semble parfois prendre la place de la chaux dans l’incrustation des membranes. Les feuilles des différentes espèces examinées exigent des quantités d’eau à peu près égales pour se constituer ; mais les quantités absolues des cendres varient de l’une à l’autre, de même que les proportions des éléments des cendres, sans que cela infirme en rien les lois géné- rales citées plus haut. M. Hôhnel' a essayé d'élever dans un mélange nutri- tif dénué de silice le Lithospermum arvense, plante dont le fruit renferme environ quatre fois plus de silice que la paille de blé. Le rôle de cette substance dans les tissus végétaux n'a jamais été bien déterminé, non plus que la forme sous laquelle elle est absorbée: on ne la considère cependant généralement pas comme un principe nutritif indispensable, et c’est plutôt pour l’incrustation des mem- branes qu’elle est utilisée par la plante (hypothèse de M. Sachs). L'expérience de M. Hôhnel confirme ceite manière de voir: les fruits du Lithospermum se sont développés 1 F, Hôhnel, Beitrag zur Kenntniss der Bedeutung von Kieselsäure für die Pflanzen. — Untersuch. auf dem Gebieie des Pflenzenbaues, von Haberlandt, II, p. 110. 334 PRINCIPALES PUBLICATIONS très-normalement sans silice; c’est la chaux qui a pris en partie la place de la combinaison absente, le reste étant formé par des corps tels que la lignine, dérivés de la cellulose, Ces données sont également d'accord avec les propriétés générales de la chaux qui Joue dans la plante un double rôle: par ses propriétés chimiques elle est un principe nutritif de première importance, et par ses pro- priétés moléculaires elle prend part à la structure du squelette minéral des cellules. M. Mercadante ! a démontré sous une nouvelle forme l'importance de la potasse comme élément nutritif des plantes. Il a fait végéter dans un sol dénué de potasse des plantes riches en acide oxalique, qu’elles renferment en sénéral sous forme d’oxalate acide de potasse (Oxalis acetosella, Rumex acetosa et acetosella). Dans ces condi- tions, la végétation fut tout à fait incomplète et anomale et l’acide oxalique réduit au dixième de sa proportion or- dinaire. Dans une communication relative à l'influence de l’a- cide borique sur la végétation, M. Péligot * rend compte des essais qu'il a faits en arrosant des jeunes plantes de haricots avec de l’eau renfermant en dissolution du borate de soude, du borate de potasse ou de l'acide borique; toutes ces substances ont agi comme des toxiques violents et suspendu promptement la vie dans les plantes. Ce ré- sultat mérite particulièrement d’être remarqué, lorsqu'on le rapproche des propriétés antiseptiques qu'a reconnues M. Dumas au borax. 1 Mercadante, Vegetation of Oxalis acetosella, Rumex acetosa et acetosella in a soil free from potash. Journal of chemical Society. Janv. 1876. Extrait de la Gazetta chimica italiana, V, 249. 2 Péligot, Influence de l'acide borique sur la végétation. Comptes- Rendus, 1876, 9 octobre (vol. LXXXIIT). Ce Ne fre) , DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. VOS M. L. Portes ! a découvert dans les amandes douces, traitées par l'alcool absolu, la présence d’une certaine quantité d’asparagine, qui se précipite sous forme de cristaux ortho-rhombiques. Cette substance, forme tran- sitoire des matières protéiques pendant leurs migraticns à travers les tissus, n'avait été vue jusqu’à présent que dans les graines en germination. L'auteur de cette com- munication pense qu'il faut atilribuer sa présence dans les amandes à un travail chimique antérieur à la germi- pation mais s’y liant déjà. M. A. Millardet* a découvert dans les tomates une substance colorante nouvelle qu’il a appelée solanorubine. Ce pigment se présente dans les cellules sous forme d’ai- guilles cristallines très-ténues ; c’est à lui que la tomate doit sa couleur rouge si vive. La solanorubine dérive di- rectement de la chlorophylle, ainsi qu’on peut s’en assu- rer en observant les modifications du contenu des cellu- les pendant la maturation du fruit. Elle est insoluble dans l’eau, difficilement soluble dans l'alcool et seulement à de hautes températures, soluble dans le sulfure de carbone, le chloroforme, la benzine, l’éther. L’acide sulfurique la colore en bleu. En solution, elle n’est pas fluorescente, mais son spectre est assez caractéristique et présente deux bandes d'absorption dans le vert, une dans le bleu et une légèrement marquée dans l’indigo. La composition chimi- que de la solanorubine n’a pas pu être établie d’une ma- nière positive, mais son étude ne peut manquer de pré- 1 L. Portes, Existence de l’asparagine dans les amandes douces. Comptes-Rendus, 1876, 13 nov., vol. LXXXIII. ? A. Millardet, Note sur une substance colorante nouvelle (solano- rubine), découverte dans la tomate. Nancy, 1876. So PRINCIPALES PUBLICATIONS senter un grand intérêt comme celle de tout dérivé de la chlorophylle qu’on peut obtenir sous forme cristalline. M. Pfeffer a signalé en 1874 l'existence dans les oran- ges de sphéro-cristaux d’une substance particulière qu'il a baptisée du nom d'hespéridine, M. Hilger ! à fait une étude complète de ce corps au point de vue de la manière de le préparer, de ses réactions, de ses carac- tères chimiques, etc. L’hespéridine est un glycoside dont la formule est C,, H,, 0, ; sous l'influence des acides faibles, elle se décompose en glycose et en un corps cris- tallisable moins oxygéné qu'elle. Certaines réactions de couleurs indiquées par l’auteur, pourront servir au Moyen de l’analyse microchimique à retrouver ce corps qui est probablement plus répandu dans le règne végétal qu’on ne l’a cru jusqu’à présent. M. Tangl? à publié quelques observations sur le con- tenu de cellules particulières qu’on rencontre à la face inférieure des feuilles de Sedum Telephium. En traitant ces cellules par différents réactifs, l’auteur a observé une série de modifications et de transformations dans le détail desquelles il n’est pas possible d’entrer ici, mais qui dans leurs traits généraux rappellent la formation des mem- branes inorganiques de M. Traube. Le contenu de ces cellules semble offrir une constitution chimique fort com- plexe. M. le professeur G. Kraus° a indiqué deux réactions : Hilger, Ueber Hesperidin. Ber. d. deutsch. Chem. Gesellsch. 1876, p. 29. Ref. Bot. Zeit. 1876, N°13. ? Ed. Tangl, Beiträge zur Mikrochemie der Pflanzenzellen. Sitaber. der K. Akad. der Wissensch. Wien, vol. LXXIIT. 1876, mars. 5 G. Kraus, Ueber das Verhalten des Zuckersaftes der Zellen gegen Alcohol und Glycerine, und die Verbreitung des Zuckers. Botan. Zeit. 1876, Nos 38 et 39. a DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 387 particulières qui permettent de reconnaître facilement au microscope la présence du sucre (cristallisable ou non) dans les cellules. Sous l'influence de l'alcool concentré on voit se former dans les cellules de betterave, par exem- ple, une infinité de gouttelettes brillantes animées du mou- vement Brownien qui quelquefois se réunissent en gout- tes plus grosses, puis disparaissent. Ce sont des goutte- lettes de sirop qui se dissolvent peu à peu dans l'alcool. Quelquefois au lieu de se dissoudre elles s'accumulent contre une paroi cellulaire, mais alors l'addition d’une goutte d’eau les fait évanouir. En employant de la glycé- rine pure on observe des phénomènes analogues ; seule- ment les gouites sont plus grosses; quelquefois il n’y en a qu'une dans la cellule. Ces réactions sont assez carac- téristiques pour être d’une grande utilité ; elles agissent promptement et ont le grand avantage de ne pas exclure l'emploi d’autres réactifs. Deux autres substances répandues également dans les cellules, présentent des propriétés analogues; ce sont l’inuline dans les deux réactifs et le tannin dans la glycé- rine seulement. Mais dans le premier cas, les gouttelettes persistent et deviennent des masses solides amorphes ou cristallines; dans le second, l’adjonction d’une goutte d'un sel de fer colore le tannin en bleu foncé. M. Boussingault® a recherché la composition chimique du sucre contenu dans les pétales d’un grand nombre d'espèces à fleurs nectarifères. IL à trouvé constamment une proportion notable de sucre réductear (2 à 44°/,) mélangé à du sucre interverti, du glucose, de la lévulose, * Boussingault, Matière sucrée contenue dans les pétales des fleurs. Comptes-Rendus, 1876. 388 PRINCIPALES PUBLICATIONS etc. La proportion diminue chez les pétales laissés à l'air et qui absorbent de l’oxygène. M. Is. Pierre‘ a constaté par une expérience directe l'existence du sucre dans les feuilles de betterave; il a exprimé ie jus d’une certaine quantité de feuilles, l’a fait fermenter avec de la levure de bière et a obtenu 275 cent. cubes d'alcool avec 158 kilogrammes de feuilles. Ce su- cre est-il produit sur place, ou bien, au contraire, revient- il déjà de la racine comme un principe nutritif à utiliser par la feaille, c’est encore douteux. Mais en tous cas, l’au- teur de cette communication pense que l’effeuillaison de la betterave est une cause d’appauvrissement pour la ra- cine, soit que le sucre se déplace en allant des feuilles à la racine, soit qu'il doive servir au développement des jeunes feuilles. M. Corenwinder* a appuyé les observations précé- dentes et indiqué qu’il a souvent "observé dans les côtes des feuilles encore plus nettement que dans le paren- chyme, du sucre présentant tous les caractères du glucose et jusqu'à la proportion de 1,607 ‘/,. Plus les feuilles sont larges et bien développées, plus les racines sont ri- ches en sucre. | À la suite de la discussion qui s'était élevée en 1875 au sein de l’Académie des sciences de Paris, sur l’origine du sucre dans les végétaux, entre MM. Boussingault, Violette, etc., d’une part, et M. CI. Bernard, d’autre part, M. Balland” ! Is. Pierre Sucre dans les feuilles de betteraves. Comptes-Rendus 1876, 4 décembre. É ? Corenwinder, Sucre dans les feuilles de betteraves. Comptes-Ren- dus 1876, 17 décembre 8 Balland, Influence des feuilles et des rameaux floraux sur la na- ture et la quantité de sucre ‘dans la hampe d’agave. Comptes-Rendus, 1876, 13 nov. DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 389 a étudié le développement du sucre dans la hampe de l’agave; il a trouvé que c'est à la base des grandes feuilles externes que le sucre de canne commence à se montrer, les feuilles plus intérieures renferment plutôt du sucre réducteur. Dans la hampe elle-même le sucre de canne, d’abord peu abondant, augmente graduelle- ment pendant la végétation dans les plantes intactes:; il reste stationnaire si l’on enlève les feuilles. Si, au con- traire, on enlève, au sommet de la hampe, les jeunes ra- meaux et les fleurs qui s’y développent, la proportion du sucre augmente, [Il semble donc bien que cette substance est produite dans les feuilles d’où elle émigre dans la hampe pour être utilisée comme principe nutritif assimilé. En analysant les transformations chimiques liées à la production du sucre dans les fruiis, M. Mercadante ‘ a distingué trois périodes différentes. Pendant la première, le fruit se comporte comme une feuille, absorbe de l'acide carbonique et exhale de l’oxygène; pendant la seconde, il absorbe de l'oxygène et émet de l’acide carbonique, pendant la troisième le sucre produit se transforme en al- cool (prunes et oranges). La fin de la première période coïncide avec le maximum d’acidité du fruit qui contient alors 2,76 pour cent d'acide malique (prune); durant la deuxième période, l'acide malique diminue peu à peu, pendant qu’à ses dépens le sucre augmente avec élimina- tion d’eau et d'acide carbonique. Chez l'orange c’est éga- lement de l'acide malique que dérive Le sucre; la propor- tion d'acide citrique ne varie pas. Eofin, nous ne quitterons pas le sujet de la nutrition des plantes sans signaler à l’attention le mémoire de M. ! Mercadante, Formation du sucre dans les fruits. Moniteur scienti- fique, février 1876. 390 PRINCIPALES PUBLICATIONS Pfeffer ‘ sur les migrations des principes nutritifs dans les plantes. Nous ne pouvons pas analyser ici ce travail assez étendu, parce qu’il ne repose pas sur des recherches originales donnant des résultats nouveaux, mais il offre un résumé très-clair et parfaitement complet de l’état actuel de nos connaissances sur un des chapitres des plus com- plexes et des plus intéressants de la physiologie végétale, M. Blociszewski? a répété des expériences déjà faites par M. Sachs et surtout par M. Van Thieghem sur le dé- veloppement des embryons séparés de leurs cotylédons ou de l’endosperme de la graine. Au point de vue théorique, il est intéressant de savoir si Les principes nu- tritifs tels qu'ils sont renfermés dans la graine sont les seuls que puisse utiliser l'embryon, ou bien s’ils ne sont là que pour aider celui-ci à franchir les premières pério- des de son développement, et si moyennant des soins suf- fisants on ne peut pas les remplacer par d’autres sub- stances. D’après les expériences faites jusqu’à présent, c’est plutôt la seconde hypothèse qui est la vraie; les ré- sultais obtenus par M. Blociszewski ne s’écartent pas beaucoup de ceux de ses devanciers. [ls tendent à affirmer un peu plus nettement l'indépendance de l'embryon, ce qui peut probablement s'expliquer par les précautions minutieuses dont il a entouré ses jeunes plantes. Ses expériences ont porté sur l'orge, l’avoine, le maïs, le trèfle et le pavot. L'auteur a d’abord étadié le déve- 1 W. Pfeffer, Die Wanderung der organischen Baustoife in der Pflaoze. Landwirth. Jahrb. v. Nathusius u. Thiel. Bd. V, p. 87. ? Thaddäus Blociszewski, Physiol. Untersuch. über die Keimung und weitere Entwickelung einiger Samentheile bedecktsamiger Pflan- zen. Landwirth. Jahrbücher von Nathusius und Thiel. Bd. V, p. 145 (1876). DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 391 loppement des embryons séparés des cotylédons ou de l’endosperme et placés dans des conditions favorables à la germination. Il à ainsi obtenu des plantes qui, très- faibles au début de leur développement, finissaient par se rapprocher des plantes issues de graines normales. Mais il est à remarquer que le succès a toujours éié beaucoup meilleur dans le laboratoire où l’expérimentateur peut s’entourer de toutes sortes de précautions, que dans un champ d'expériences même préparé avec le plus grand soin. Des graines coupées longitudiualement produisent des plantes délicates mais normales. Les cotylédons isolés produisent des racines mais seulement au point où ils étaient liés à la plantule. M. Blociszewski a aussi refait les expériences de M. Van Tieghem sur la nutrition artificielle des em- bryons. Une bouillie était préparée avec le contenu soit des cotylédons, soit de l'endosperme, et les jeunes embryons y étaient immergés. On obtient ainsi un dé- veloppement plus actif que celui des embryons isolés ; mais l'effet est surtout marqué pour les graminées dont le scutellam, organe spécial d’absorption est particuliè- rement approprié à l'assimilation des principes nutritifs. Comme M. Van Tieghem, M. Blociszewski a encore re- connu que l’on peut dans une certaine mesure remplacer la bouillie préparée avec le contenu de la graine, par un mélange de principes organiques tels que le sucre, l’ami- don, l’albumine, etc. Un examen spécial de l’asparagine a montré qu'elle pouvait être utilisée par les légumineuses, mais pas par les graminées. M. le professeur E. Schulze‘ à Zurich, en étudiant la *E. Schulze, Ueber Schwefelsäure-Bildung in Keimpflanzen. Landw. Vers.-Stat. Bd. XIX, p. 172 (1876). ne E, Lx RE, 41 . 399 PRINCIPALES PUBLICATIONS germination du lupin a trouvé que pendant cette période la proportion d'acide sulfurique contenue dans la matière sèche augmentait notablement. Tandis que la graine en renfermait 0,385 pour cent de matière sèche, le germe de 12 jours en renfermait 0,849 et celui de 15 jours 0,938. Le soufre nécessaire à cetie combinaison se trouve dans les matières protéiques (conglutine et albumine) accumulées dans la graine; celles-ci diminuent rapidement pendant les premiers temps de la germination; elles se transfor- ment en asparagine, etc. La proportion de soufre ainsi mis en hberté correspond à peu près exactement à celle que contient l'acide sulfurique produit. MM. Schlag Edler et Bressler‘ ont fait sous la direc- tion de M. Haberlandt quelques recherches sur l’in- fluence d’un séjour prolongé des graines dans l’eau douce. Ils ont observé un lavage graduel par l’eau d’une partie notable de la matière sèche de la graine, lavage qui, par exemple, chez le blé, dépasse au bout de 80 jours, 77 pour cent du poids primitif. De grandes différences exis- tent à ce point de vue entres Jes espèces de plantes sou- mises à l’expérience. Naturellement ce sont celles qui perdent Je moius par lavage, qui gardent le plus long- temps leur faculié germinative. Par exemple le riz, qui au bout de 80 jours n'avait perdu que 5,50 pour cent de son poids, présentait encore 44 pour cent de ses graines susceptibles de germer. 1 W. Schlag Edler u nd R. Bressler, Auslaugungs-Versuche mit ver- schiedenen Samen. Unters. auf dem Gebiete des Pflanzenbaues, von Haberlandt, vol. Il, p. 41 (1877). José Eye OS Len RE CE PONS TU Dr d os d'A v— ” - ARE pi Le L é DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 393 $ 9. Recherches sur les plantes carnivores : la fécon- dation des fleurs ; travaux divers se rapportant à la bio- lagie générale : organismes inférieurs et fermentations. Depuis les premières publications de MM. Darwin et Hooker sur les propriétés insectivores de certaines plan- tes, ce sujet a eu le privilége d’attirer l'attention d’une foule d'observateurs; rigoureusement ces nombreuses communications auraient dû être examinées dans le para- graphe qui traite de la nutrition végétale ; mais elles for- ment un tout si spécial que nous avons eru pouvoir sans inconvénient les séparer d’un chapitre déjà bien long. M. Gorup Besanez avait annoncé en 1875 la décou- verte d’un ferment diastasique et albuminosique, dans les oraines de fève en germination (Archives, 1876, LVI, p. 272). Il a continué ses recherches sur ce sujet et a, en particolier, examiné avec M. H. Will! la sécrétion des glandes des ascidies de Nepenthes, dans laquelle toutes ses expériences ont montré l’existence d’un ferment albumino- sique. La sécrétion extraite des glandes irritées par la présence d’une substance organique est acide; elle agit directement et énergiquement sur les matières albumineu- ses (fibrine, viande, albumen coagulé, légumine) et les dis- sout aussi rapidement qu'une solution de pepsine extraite de l'estomac d’un porc; le liquide ainsi obtenu offre tou- tes les réactions caractéristiques de la peptone. Si la sécrétion est extraite de glandes non irritées, elle est neutre, et alors pour qu'elle agisse sur des substances LE. v. Gorup Besanez u. H. Will, Fortgesetzte Beobachtungen über peptonbildende Fermente im Pflanzenreiche. Ber. der deutsch. chem. Gesellsch. 1876, p. 673-678, et But. Zeit., N° 30. ARCHIVES, t. LVIIL — Avril 1877. 28 Re r TANT TIMES 394 PRINCIPALES PUPLICATIONS albuminosiques, il faut y ajouter quelques gouttes d’a- cide; ce sont les acides formique, malique, Gitrique qui ont donné les résultats les plus favorables. M. Gorup Besanez' a encore confirmé le résultat de ses expériences précédentes sur les ferments des graines en germination. [l a réussi à isoler le ferment diastasique et albuminosique de la fève, sous forme d’une poudre blanche qui, renfermée dans un flacon bouché conserve pendant plusieurs semaines ses propriétés. Ce principe qui n’a pu être complétement analysé renferme une forte proportion (7.7 6°),)decendres et moins d'azote que le suc pancréatique. En même temps, M. H. Will a obtenu avec des graines de lin et de chanvre des résultats analogues. M. Ed. Morren à consacré trois brochures à l'exposé et à la défense de la théorie de la digestion des plantes in- sectivores. La première” est remplie par la description d’une espèce australienne Drosera binata Labill; le phé- nomène, chez elle, ne diffère pas matériellement de ce qui a été observé chez les Drosera européennes ; seule- ment les feuilles divisées en plusieurs lobes présentent par leur entre-croisement un piège très-propice pour la capture des insectes. Dans la seconde de ses publications * qui ne renferme pas d'observations originales, l’auteur passe en revue tous les végétaux qui ont été successivement indiqués comme insectivores, analyse leur structure, leurs affinités, leur distribution géographique, et esquisse à grands traits LE. v. Gorup Besanez, Weitere Beobachtungen über diastatische und peptonbildende Fermente im Pflanzenreiche. Ber. der deutschen Chem. Gesells., VIT, p. 1510-1514 (1875) et Botan. Zeit., 1876, Ne 12. ? E. Morren, Note sur le Drosera binata Labil. Bruxelles, 1875. # E. Morren, Théorie des plantes carnivores et irritables. Liège,1876. DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 395 l'histoire probable de leur digestion basée sur la sécré- tion d'un acide, et d’un ferment analogue à la pepsine. Il admet, du reste, que l'utilité de l’absorption des matières animales n’est absolument prouvée pour aucune des plan- tes douées de ces propriétés particulières; tout ce qu’on peut affirmer, c’est que le pouvoir insecticide fournit aux végétaux un surcroit de matière azotée. M. Morren refait aussi l’histoire des mouvements provoqués, chez ces diffé- rents organes, et sans la trouver complétement satisfai- sante, il se rattache plutôt à la théorie de la déshydrata- tion des cellules mobiles préconisée par MM. Hofmeis- ter, Pfeffer, etc. Malgré la fréquence des trachées dans les organes siége des mouvements provoqués, il ne pense pas qu’on soit fondé à faire jouer à ces éléments des tissus un rôle dans la transmission des mouvements. Enfin dans sa troisième publication ‘, l’auteur expose la théorie complète telle qu’il la conçoit de la digestion végétale, et s'attache à faire ressortir sa parfaite analogie avec la digestion animale. Les mêmes ferments qui se rencontrent dans le ‘tube digestif des animaux existent aussi chez les végétaux ; la diastase qui agit sur les matiè- res amylacées, le ferment inversif qui transforme le sucre de canne, un ferment particulier qui émulsionne les ma- tières grasses renfermées dans certaines graines et enfin un ferment albuminosique, qui moins connu a été cepen- dant signalé non-seulement chez les Drosera, mais dans le suc sécrété par les fleurs d’hellébore *, dans le latex du Carica papaya, etc. La plante, ou pour parler plus exactement le proto- 1: E. Morren, La digestion végétale. Bruxelles, 1876. ? Gardener’s chronicle, 1876, 1, 468. 396 PRINCIPALES PUBLICATIONS plasma des cellules, la partie vraiment vivante du végétal digère et assimile, absolument comme les animaux, les principes nutritifs organiques, qu'ils soient déposés dans des dépôts spéciaux tels que les graines, les tubercules, ete., ou qu'ils soient produits au fur et à mesure dans la chlorophylle. Peut-être M. Morren établit-il ici une dis- tinction trop absolue entre l’activité du grain de chloro- phylle qui n’est à proprement parler qu'une forme du pro- toplasma, et celle du protoplasma en général dans la plante. Interprétés d’après cette théorie, les faits constatés sur les plantes carnivores ne sont plus qu'un cas particulier d'une règle générale: ils n’ont d’exceptionnel que la sé- crétion d'un ferment à la surface externe des feuilles. Quant à la nécessité ou même à l'utilité de ce mode de nutrilion pour les végétaux, l’auteur, en terminant, la ré- serve encore formellement. Dans une communication faite à la Société des sciences de Wurzbourg, M. le professeur Sachs’ a esquissé toute l'histoire des travaux publiés sur le sujet qui nous occupe et il s’est déclaré d'accord sur tous les points importants avec les idées de MM. Hooker, Darwin, etc. La sécré- tion d’un liquide pouvant dissoudre les matières animales et provoquer leur absorption par les feuilles, paraîtra moins étonnante si on la rapproche des phé- nomènes de la germination des grairies à endosperme. Ici aussi l'organe absorbant du germe sécrète un liquide qui dissoutles substances organiques renfermées dans l’endo- sperme (albumine, graisse, amidon, cellulose) et les fait passer dans les tissus où elles sont utilisées. On pourrait 1 Jul. Sachs, Ueber insectivore Pflanzen. Verkandl. der Phys.-med. Gesellschaft zu Würzburg, Bd. IX, 3. u. 4. Heft, 1876; extrait dans Bot. Zeit. 1876, N° 52. À DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 397 signaler des analogies de même ordre chez les parasites végétaux et chez les plantes dites à humus comme le Neottia nidus avis qui toutes par la sécrétion d’un liquide particulier arrivent à dissoudre les principes nutritifs con- tenus dans le substratum. L'action corrosive de la séve des racines sur certains minéraux peut encore être rangée au nombre des phénomènes analogues. M. F. Darwin! décrit minutieusement les phénomè- nes d'aggrégation (coagulation du contenu de la cellule) qui ont été signalés dans les poils du Drosera lorsqu'ils sont irrités mécaniquement ou par le contact de certains fluides. Ces phénomènes ont été rattachés par M. C. Dar- win aux propriétés digestives des feuilles et en particulier à l’absorption pér les glandes des matières animales dis- soutes et attribués par cet éminent observateur à la con- densation du protoplasma répandu dans la cellule. C’est cette hypothèse que l’auteur de la communication qui nous occupe veut démontrer, et pour cela il analyse tou- tes les différentes phases du phénomène. Les masses plus ou moins grosses, plus ou moins nombreuses qu’on observe dans les cellules irritées présentent bien tous les caractères de corps protoplasmiques, soit par leur con- Sistance, soit par leurs mouvements amoeboïdes, soit par l’action qu'ont sur elles les réactifs. M. E. Heckel * à examiné l'effet des anesthésiques sur les mouvements des poils des feuilles de Drosera. Le chloroforme produit toujours une irritation semblable à ? F. Darwin, The process of aggregation in the tentacles of Dro- sera rotundifolia. Quart. Journal of microsc. Sciences. N° LXIL, p. 309 (1876). ? E. Heckel, Mouvements dans les poils et laciniations du Drosera et dans les feuilles du Pinguicula. Comptes-Rendus, 1876, 28 iévrier. 398 PRINCIPALES PUBLICATIONS celle d’un morceau de viande ; les poils se relèvent, Dans la proportion de huit gouttes versées sur un tampon de coton mis sous une cloche, les poils sont comme brülés ; ils se relèvent mais ne s’étalent plus ; cinq gouttes pro- duisent un effet analogue, sauf le phénomène de brûlure qui n’est pas visible ; avec deux ou trois gouttes, les poils se relèvent d’abord, puis au bout de quelques minutes, ils s’étalent de nouveau. Mais ils sont comme endormis, et lorsque la cloche est enlevée, il faut près d’un quart d'heure pour que les morceaux de viande produisent lef- fet ordinaire. C’est donc dans la position de repos, que les anesthésiques suspendent l’irritabilité de l'organe. Les mêmes phénomènes ont été observés sur les feuilles de Pinguicula, mais d’une façon moins nette à cause de la lenteur des mouvements. M. Fraustadt ‘ a donné un travail étendu sur l’anatomie des feuilles de Dionæa muscipula ; nous ne nous arrête- rons pas à cette publication très-complète et renfermant beaucoup de données intéressantes, mais dans laquelle le côté physiologique de la question est laissé tout à fait dans l'ombre. Nous relèverons seulement dans les observations de M. Fraustadt un point qui n’a, croyons-nous, pas en- core été signalé : c’est l'absence presque complète de l’a- midon dans la chlorophylle des feuilles qui ont capturé les insectes, et sa présence au contraire, dans celles qui n'ont pas encore absorbé de nourriture organique. Il y a, semble-t-il, antagonisme entre ces deux fonctions des feuilles. ! Fraustadt, Anatomie der Vegetations-Organe von Dionæa mus- cipula. Cohn's Beiträge zur Biologie der Pflanten. Bd. IN, Heft [, p. 21. ot aient id à om SE di. 1 à, Sn “dur dn Ent, cb on A ET dé NITEEN AT AT a 1 PUTRES 2 a DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 399 M. Cas. de Candolle‘ a publié un mémoire intéres- sant sur le même sujet. Nous n'avons pas à analyser ce travail qui a paru ici même. Rappelons seulement que l’auteur révoque en doute l'utilité directe de l'absorption des matières d’origine animale pour le développement des feuilles. Quant aux mouvements de celles-cr, la struc- ture anatomique est favorable à l'hypothèse d’après laquelle ces phénomènes résulteraient des variations de turgescence du parenchyme de leur face supérieure con- sidérée comme seule active. La chose était envisagée à un tout autre point de vue par un physiologiste éminent, M. Burdon Sanderson qui à cherché à prouver que ces mouvements sont, jusqu'à un certain point, en rapport avec l’état électrique des feuilles. Il a reconnu que le limbe et le pétiole sont parcourus par des courants dont le sens change brusquement au mo- ment de la fermeture des valves, et il compare ce phéno- mène à ce qui se passe dans les muscles au moment de leur contraction (Archives, LV, p. 428). C’est à combattre cette idée que M. Munk *, professeur à Berlin, vient de con- sacrer un travail considérable. Nous ne pouvons pas en- trer dans le détail de ces expériences minutieuses dont la description seule a demandé à l’auteur de longs déve- loppements *. Il suffira de noter ici que M. Munk n'a re- trouvé dans les tissus de la feuille de Dionæa aucun des caractères des courants musculaires, ni aucune trace de la contractilité des tissus animaux. Les forces électriques 1 C, de Candolle, Stwucture et mouvement des feuilles du Dionæa muscipula. Archives, 1876, LV, p. 400. 2? Dr. Herm. Munk, Die elektrischen u. Bewegungs-Erscheinungen am Blatte der Dionæa muscipula. Leipzig, 1876. 8 Les recherches de M. Munk sont précédées d’une description anatomique dela feuille par M. Kurtz. 400 PRINCIPALES PUBLICATIONS ont pour siége les cellules du parenchyme de la feuille, dans chacune desquelles une zone médiane négative est opposée à deux pôles positifs. Cette théorie se rapproche de celle qu'a conçue M. Ranke en étudiant les courants normaux des tissus végétaux (voyez plus haut p. 279). De même que M. de Candolle, M. Munk pense que l'irritabilité dans ces feuilles est régie par les mêmes lois que dans tous les autres organes mobiles ; le mouvement de fermeture des valves dérive d’une diminution dans la turgescence de la face supérieure qui naturellement détruit l'équilibre entre les deux faces ; en même temps la tension électrique entre la zone médiane et les pôles di- minue dans les couches supérieures et augmente dans les couches inférieures du parenchyme. L'auteur pense que probablement ces oscillations de la force électromotrice se lient aux variations dans la perméabilité de lutricule pri- mordial telles que les a indiquées M. Pfeffer. Quant à la faculté des feuilles de Dionæa de digérer des insectes, M. Munk ne pense pas qu’au point de vue de la outrition, il faille lui donner une grande valeur. Comme plusieurs autres observateurs, il a vu les plantes mises complétement à l'abri de la visite des insectes se développer aussi bien que les autres. Il est, en outre, en- clin à considérer ce phénomène comme pathologique aussi bien que physiologique, lorsqu'il voit M. Darwin (Insectivorous plants, p. 358) regarder les Dionæa malgré leur organisation si remarquable comme un groupe en voie de s'éteindre. M. E. Faivre! a étudié le développement des urnes de 1 E. Faivre, Structure, mode de formation et quelques points rela- tifs aux fonctions des urnes des Nepenthes. Comptes-Rendus, 1876, 11 décembre. ° 2 \& \ | ! À DE PHYSIOLOGIÉ VÉGÉTALE. 401 Nepenthes et au point de vue morphologique, ils les considère comme une formation sui generis.« se rattachant histologiquement au type foliacé, dérivant du pédoncule lequel prolonge lui-même la nervure médiane et la lame foliaire. Il n’y a donc aucune raison de considérer l’urne comme résultant de la soudure de deux ales foliacées et l’opercule comme la feuille elle-même, ou de la regarder comme une feuille composée, ou de la tenir comme déri- vée d’une simple glande située sur un prolongement de la nervure,» Au point de vue physiologique, la surface interne des urnes a la propriété d’absorber tes liquides qui sont en contact avec elle ; du 46 au 25 juillet, un de ces organes absorba neuf centimètres cubes d'eau, sur dix-neuf qu'il renfermait au début de l'expérience, L'auteur de cette communication à également remarqué que les Sarracenia peuvent se passer d’arrosement lorsque leurs ascidies sont pleines d’eau. Quelques observations de détail de MM. Duval-Jouve et Heckel compléteront l'ensemble des données nouvelles que nous avons pu réunir sur les plantes insectivores. En recherchant les organes de l'absorption chez l’Aldrovanda vesiculosa et chez l’Utricularia vulgaris, le premier de ces auteurs ‘ a dirigé spécialement son attention sur les petits groupes de deux, quatre, six, huit cellules à dispo- sition radiante (exodermies) qui s'élèvent au-dessus de l’épiderme sur les feuilles de l'Aldrovanda et dans les as- cidies d'Utricularia. Différents auteurs entre autres MM. Morren, Darwin leur ont attribué une fonction spéciale dans l'absorption des matières animales. Sans nier abso- lument la chose, M. Duval-Jouve remarque que ces mé- 1 Duval-Jouve, Note sur quelques plantes dites insectivores. Bullet. de la Suc. botan. de France, 1876, vol. XXII], p. 130. 102 PRINCIPALES PUPLICATIONS mes exodermies se retrouvent en beaucoup de points où il ne saurait être question d’une fonction pareille, d’abord sur la face externe des ascidies d'Utricularia, des piéges d'Aldrovanda, puis sur d’autres plantes qui comme cer- tains Nymphæa et Nuphar n’ont aucune des propriétés des plantes insecticides. Donc si ce sont des organes d’ab- sorption, leur fonction a une tout autre étendue que celle qu'on leur attribuait. M. Heckel ‘ dans une brève communication faite à la Société botanique de France, signale quelques observa- tions comparatives qu’il a faites en enveloppant des mor- ceaux de viande dans des feuilles glanduleuses (Pelargo- mum zonale, Sparmannia africana), dans des feuilles à poils simples (Viola tricolor, Glechoma hederacea) ou gla- bres (Arum Dracunculus, Hedera helix, etc.). Le liquide sécrété par les premières était manifestement ‘acide et au bout de quelques heures, il produisait sur la viande un effet tout à fait comparable à celui qui est dû à la sécrétion des glandes des Drosera. Rien de semblable n’était offert par les feuilles glabres ou à poils simples. Il y a donc peut- être chez beaucoup de plantes, réduite à son minimum, la même propriété qui se trouve au maximum chez les Dro- sera, Le même observateur a, du reste, cultivé et vu pros- pérer des Pinguicula sans intervention d'aucune nourri- ture animale. | De l’ensemble de ces communications diverses, il nous semble ressortir que certaines plantes sont bien évidem- ment douées de propriétés particulières qui leur permet- tent d'exercer sur les matières organiques d’origine ani- male une action comparable à celle de la pepsine; l’exis- 1 Heckel, Lettre relative aux plantes carnivores. Bullet. de la Soc. bot. de France, 1876, v. XXII, p. 155. DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 403 tence d’un ferment particulier dans la sécrétion des glandes de Drosera, Nepenthes, etc, ne saurait plus œuère être mise en doute. Le degré d'extension de cette propriété dans l’ensemble du règne végétal est par con- tre beaucoup moins connu. L'observation de M. Heckel semble indiquer qu’elle est beaucoup plus répandue qu’on ne le pensait au premier abord. Peut-être reconnaitra-t-on qu'il n’est pas exact de séparer absolument les plantes insecticides de celles qui ne le sont pas ; que bien plutôt il ya denombreux degrés dans l’existence de cette propriété. La question nous paraît encore pius douteuse au point de vue de lutilité que tire la plante de ce supplément de nourriture organique; l'assimilation directe n'a jamais été prouvée d’une manière absolue et les auteurs ne sont même pas d'accord sur les organes chargés de labsorp- tion. M. Darwin l’attribue aux glandes sécrétantes elles- mêmes; M. Morren aux stomates ou aux exodermies. Nous avons vu d’ailleurs que la plupart des auteurs ont élevé avec un plein succès des plantes dites insectivores en excluant toute nourriture animale. Enfin plusieurs de ces phénomènes particuliers (élec- tricité, irritabilité) qui au premier abord semblaient échapper aux règles générales qui régissent le règne vé- gétal, paraissent d'après les travaux les plus récents pou- voir se ramener aux lois Communes. L'étude des lois générales de la fécondation a donné naissance cette année à un ouvrage du plus haut intérêt, et à quelques publications moins importantes. M. Darwin! a fait paraître, vers la fin de l’année 1876, un volume sur les avantages relatifs de la fécon- 1 C. Darwin, Cross and self-fertilization of plants. Londres, 1876. 404 PRINCIPALES PUBLICATIONS dation croisée et l’auto-fécondation. Cet ouvrage renferme un nombre très-considérable d'observations faites avec l’exactitude et le soin minutieux qui distinguentecet émi- nent physiologiste. Des plantes appartenant aux familles les plus diverses ont été soumises à l'examen, pendant un nombre de générations souvent considérable. Des fleurs étaient fertilisées avec leur propre pollen, d’autres avec le pollen d’une voisine ; les graines étaient soigneusement comptées, puis semées ; les plantes de la nouvelle géné- ration élaient examinées à tous les points de vue, gran- deur, nombre des fleurs, ete. Des tabelles sont ainsi construites qui renferment tous les éléments nécessaires pour juger de la fertilité de chaque espèce. Le résultat général est une supériorité marquée de la fécondation croisée sur l’auto-fécondation, résuitat con- forme du reste à l’ensemble des travaux publiés par M. Darwin lui-même et par d’autres observateurs sur le même sujet. Ce n’en est pas moins un fait curieux et in- téressant lorsqu'on réfléchit que tout dans la plante sem- ble au premier coup d’œil organisé pour rapprocher au- tant que possible dans la même fleur le pollen du stig- mate, pour préparer par conséquent le contact de ces deux éléments. Il n’entre pas dans le plan de ce travail et l’espace d’ailleurs ne nous permettrait pas d'analyser ici en détail un ouvrage de cette étendue. Le volume de M. Darwin est, d’ailleurs, dans toutes les mains et, si l’on peut différer sur les déductions théoriques à tirer de ces expériences, chacun n’en appréciera pas moins l’exacti- tude, la précision avec laquelle les faits sont exposés. M. F. Delpino ‘ un des observateurs qui dans ces der- 1 F. Delpino, Dicogamia ed omogania nelle piante, N. Giornale bo- tanico italiano di Caruel, vol. VI, p. 140 (1876). PUR ER RIT En A EUR et tt SNL Fa 2e: € L ° : € “EL a LE: Le 3 7 < S NÉE FT 2 2" A S J DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 4035 nières années s’est le plus occupé de la question de la fécondation, a aussi publié dans le Nuovo Giornale bota- nico ilaliano, une sorte de résumé de tous ses travaux. - Comme M. Darwin, il arrive à affirmer la loi de la supé- riorité de la fécondation croisée (dichogamie) sur l’auto- fécondation (homogamie). Pour lui la dichogamie est la règle générale; les cas d’auto-fécondation bien évidents ne forment point une exception : ils sont la manifestation d’une seconde loi qui entre en vigueur lorsque la pre- mière ne peut pas s’exécuter. L'auteur énumère aussi les différentes manières de classer les très-nombreuses parti- cularités qui distinguent les fleurs dichogames, ainsi que les caractères généraux qu’elles présentent toutes. M. H. Müller ‘, qui continue toujours à s'occuper de la fécondation des fleurs par les insectes, a remarqué qu’à une certaine altitude, les plantes de montagne sont sur- tout visitées par des lépidoptères, plus abondants dans ces régions que d’autres insectes et en particulier que les apidés. En conséquence, beaucoup d'espèces végétales alpines présentent une fleur construite en vue de la visite des lépidoptères à longues trompes (étroitesse de l'entrée, longueur du tube de la corolle, etc.) Il est intéressant d'examiner à ce point de vue les genres dont certaines espèces habitent la plaine et d’autres la montagne (Daphne Mezereum et striata, Viola tricolor et calcarata, différen- tes espèces de Primula, de Rhinanthus). M. Genevier * s’est élevé contre les conclusions de 1 H. Müller, Observations on alpine flowers. Natur. XII, p. 210 et 289. ? Gaston Genevier, Inflorescence et fécondation dans le genre Tri- folium. Assoc. française pour l'avancement des sciences: Session de Nantes, p. 125. LE, # 406 PRINCIPALES PUBLICATIONS M. Darwin qui dans son ouvrage sur l’origine des espèces avait intimement lié la fécondation du genre Trifolium à la présence des bourdons, spécialement chargés du transport du pollen; étudiant successivement la structure de la carène de l’étendard, et du calice d’un grand nombre d’espèces, l’auteur démontre : 1° que par leur conformation les Tri- folium sont soumis à l’auto-fécondation; 2° que la fécon- dation peut parfaitement s’opérer sans le secours des in- sectes, el que pour que le style d’une fleur soit fécondé par le pollen d’une autre, il faut que les insectes fendent le tube floral et mettent ainsi en liberté les organes sexuels. Mais cela n'arrive que très-accidentellement. Il est beaucoup plus fréquent de rencontrer dans la pa- ture des fleurs à tube intact, bien que la gousse soit dé- veloppée *. Nous passerons maintenant à l'analyse de quelques travaux très-divers dans leur nature, qui ne se rattachent à aucun des sujets que nous avons successivement par- courus, Mais qui tous ont trait à des propriétés générales des tissus ou des organismes entiers. M. Ernst”, professeur à Caracas a remarqué que les arbres qui se dépouillent chaque année pendant la saison sèche, épanouissent quelquefois leurs bourgeons avant que la saison des pluies ait commencé. Ce phénomène a été particulièrement marqué en 1875, où la séche- resse était extraordinaire, où le sol était comme de 1 Je n'ai pas pu avoir en temps utile sous les yeux deux autres opuscules sur le même sujet : Godron, De l'intervention à distance des hyménoptères dans la fécondation des végétaux (Revue des sciences na- turelles de Dubreuil, IX), et: Paterson, Prevention of self-fertilization in plants (Trans. of Glasgow Soc. of field naturalists). 2 A, Ernst, Botanische Miscellaneen. Bot. Zeit. N° 3, p. 38. DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 407 la brique et la température très-élevée. Malgré cela quelques espèces d’Erithrine, de Bombax, etc., se cou- vrirent de feuilles à l’époque ordinaire (fin avril). Il ne - pouvait pas être question d’un apport d'eau venant du sol. Aussi pour expliquer le phénomène, M. Ernst fait appel aux oscillations de température. Il a été reconnu (Sachs, Traité de botanique, trad. française, p. 851), que le tronc des arbres est pendant le jour plus froid, pen- dant la nuit plus chaud que l’atmosphère ambiante ; qu’au contraire les rameaux sont toujours un peu plus froids que le milieu où ils se trouvent et dont ils suivent du reste les oscillations. La différence de température entre le jour et la nuit est assez marquée pendant la saison sèche et atteint en moyenne 15 ‘/,. De pareilles oscillations pro- voquent des mouvements marqués dans les gaz renfer- més dans les cellules des rameaux; et ces mouvements peuvent à leur tour occasionner un déplacement dans les liquides nourriciers, déplacement dont les bourgeons se hàtent de profiter. Dès qu’ils ont commencé à s'épanouir, la transpiration vient activer le mouvement de la séve. C'est là évidemment un mode de nutrition anomal destiné à épuiser promptement l'arbre, si la pluie ne vient pas tout remettre dans l’ordre habituel. M. Kerner ‘, professeur à Innsbruck, a passé en revue les différents détails d'organisation au moyen desquels les fleurs sont mises à l'abri des visites des hôtes dangereux dont les attaques risquent de nuire à la fructification. L'idée mère de ce travail se rattache à la propagation de la théorie de la sélection. Les particularités que l’auteur signale, peuvent toutes se ranger dans la catégorie des ! A. Kerner, Die Schutzmittel der Blüthen gegen unberufene Gäste. Vienne, 1876. ï à et L AN 408 PRINCIPALES PUBLICATIONS : variations avantageuses, par conséquent devenir, d'après la théorie, le point de départ du développement d’une forme nouvelle. L'auteur rappelle d’abord que tout dans la fleur est destiné à assurer et à faciliter la fructification, que souvent des détails d'organisation en apparence très-minutieux ont une grande importance et que, d’une manière géné- rale, les différentes parties de la fleur doivent être, pour pouvoir remplir leurs fonctions, beaucoup plus efficace- ment protégées que les feuilles, [| passe ensuite en revue les différents ennemis contre Jesquels les plantes doivent se défendre, et montre que parmi les insectes qui recher- chent les fleurs, il faut soigneusement distinguer ceux qui par la forme, la grosseur de leur corps sont bien appro- priés au transport du pollen, de ceux qui ne feraient que consommer le nectar de la corolle sans aucun avantage pour la plante. Abordant ensuite le sujet même de son travail, M. Ker- ner passe successivement en revue les différents moyens de défense mis en œuvre par les fleurs, moyens de dé- fense qui tout en écartant certains hôtes nuisibles, ne doivent pas empêcher l’accès de ceux dont la visite est destinée à faciliter la fécondation. En thèse générale, les insectes qui ne volent pas sont tous nuisibles ; en effet, 1ls ont beau sortir d’une fleur chargés de pollen, ils ont toute chance de le perdre en route avant d’avoir atteint la fleur voisine. C’est surtout contre eux que la fleur devra être protégée. Nous ne pouvons naturellement pas même es- sayer d'analyser ici des observations qui reposent exclusi- vement sur des faits de détail. Nous avons seulement cherché à donner une idée générale du plan de ce travail fort intéressant, et nous nous bornerons en terminant à DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 409 indiquer sommairement les différents moyens usités dans les fleurs pour empêcher ou rendre difficile l'accès de la corolle à ces hôtes fâcheux. Sécrétion dans la fleur d’une substance nuisible à certains animaux. — Isolement des fleurs au moyen de l’ean; il ne s’agit pas seulement ici de plantes aquatiques, mais des espèces dont les feuilles en rosettes ou décussées retiennent la pluie et la rosée de façon que la base de l’inflorescence est entourée de li- quide (Broméliacées, Dipsacus laciniatus, Gentiana lutea, etc.). — Approches de la fleur défendues par une sécré- tion glutineuse soit du pédoncule, soit des bractées, du calice, etc., soit des feuilles placées à la base de la plante (Primula). — Protection fournie par des aiguillons, des poils, des écailles, etc. — Courbure et forme particu- lière de certains organes. — Modifications temporaires des fonctions de certains organes (ouverture des fleurs pen- dant la nuit; développement du parfum à certaines heu- res. etc.; phénomènes particulièrement remarquables dans le genre Silene).—Développement sur les feuilles de glan- des nectarifères qui détournent les insectes de visiter la fleur. M. F. Darwin‘ a soumis à un examen approfondi certaines graines munies d’une arête hygroscopique grâce à laquelle elles pénètrent spontanément dans le sol. Cer- tains faits de cette nature ont déjà été indiqués par diffé- rents auteurs dans différentes familles (Graminées, Géra- niacées, etc.). M. Darwin a pris pour base de ses recher- ches le Stipa pinnata, graminée bien connue par ses élégantes arêtes soyeuses qui atteignent souvent une lon- ? F. Darwin, On the mechanism by which certain seeds bury them- selves in the ground. Trans. Linn. Soc. London. 2. ser. vol. I, part, 3, p. 149. ARCHIVES, !. LVIIL — Avril 4877, 29 410 PRINCIPALES PUBLICATIONS gueur de 30 centimètres. La portion inférieure de cette arête très-hygroscopique est fortement tordue ; lorsque la graine tombe sur le sol, l'humidité déroule les tours de spire de l’arête, celle-ci s’allonge, il suffit alors que sa partie supérieure trouve un point d'appui pour que tout l'appareil fonctionne comme un levier dont l’action fait pénétrer la graine pointue en bas dans le sol. En étudiant de près la structure de larête, M. F. Dar- win à reconnu que sa torsion ne dérive pas de rapports particuliers entre les différentes couches de tissus soumi- ses à des tensions différentes. Pour trouver l’origine de cette propriété, il faut remonter à la cellule; chaque cellule dans la partie inférieure de larête, isolée se tord autour de son axe comme l’arête et dans le même sens qu’elle. L’explication de cette torsion doit être cherchée dans les propriétés moléculaires de la membrane elle-même; dans sa théorie, sur la stratification et la striation des membranes, M. Nägeli a montré que l'imbibition des membranes entraîne une torsion de la cellule autour de son axe, lorsqu'un des deux systèmes de stries est plus prononcé que lau- tre. C’est probablement à un cas de cette nature que nous avons à faire 1? La pesanteur spécifique des graines est en général supérieure à l'unité; il est bien connu qu'une graine saine, capable de germer, va au fond de l’eau. Mais cette règle n’est pas sans exception; on a déjà signalé quel- ques cas de graines parfaitement normales qui flottent sur l’eau; cette anomalie est due à la présence d'une certaine quantité d’air dans les cellules du tégument ({ris, Cucumis melo, elc.), ou dans l’amande elle-même en- tre les cotylédons qui ne s'appliquent pas exactement DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 411 l'un contre l’autre (Croton, Buxus, Entada scandens, etc.), ou bien encore entre le tégument et l’amande (Guilandina Bonduc). j M. Van Tieghem' a signalé chez les légumineuses une série d'espèces chez lesquelles c’est l'embryon lui- même qui est plus léger que l’eau (Erythrina, Apios tu- berosa, Wisteria frutescens). Ce fait s'explique par la structure particulière des cotylédons formés dans la plus grande partie de leur épaisseur, de cellules sphériques avec des faces de contact proéminentes en forme de bras et disposées de manière à laisser entre elles de vastes la- unes intercellulaires qui sont pleines d’air. M. E. Prilleux * poursuivant le cours de ses recherches sur les tissus pathologiques dans les végétaux, a étudié cette année le développement des galles produites sur les tissus succulents par la piqüre des insectes. De l'examen de quelques cas spéciaux, M. Prilleux pense pouvoir ti- rer des principes qui s'appliquent probablement à tous les faits analogues. Les tissus morbides des galles éma- nent des tissus normaux. Après la piqûre de l’insecte, on remarque autour de la place lésée, une grande surexci- tation ; les cellules voisines grossissent et se multiplient par cloisonnement. On peut dans certains cas distinguer deux effets différents de la piqüre, la lésion mécanique et lirritation spécifique qui produit une tumeur différente selon la nature de l’insecte. Les suites de la lésion mécanique sont identiques à cel- les que causerait une piqüre artificielle quelconque; il se ! Van Tieghem, Légèreté spécifique et structure de l'embryon de quelques légumineuses. Mém. de la Soc. des sciences de Cherbourg, XIX, p. 5. ? E. Prilleux, Études sur la formation de quelques galles. Comptes- Rendus 1876, 21 juin. — Ann. des Sc. natur. 6° série, v. IE, p. 113. 412 PRINCIPALES PUBLICATIONS forme comme dans le voisinage de toute plaie végétale, une petite quantité d’un tissu cicatriciel par cloisonne- ment des cellules voisines; la plaie est ainsi fermée, mais c’est un effet très-limité. L’irritation spécifique qui accompagne le dépôt de l'œuf est probablement due à une sorte de venin que l'in- secte verse dans la plaie. Sous son action, l'hypertrophie et le cloisonnement répétés enlèvent au tissu sa consis- tance et sa structure. Les cellules qui avaient atteint leur forme particulière se métamorphosent, en se multipliant par cloisonnement, en un tissu homogène qui offre tous les caractères d’un tissu primordial à développement in- tense. Les cellules sont pleines de protoplasma et ont tou- tes des noyaux. Un peu plus tard, ce tissu primordial se différencie d’une façon spéciale, plus ou moins prononcée suivant les valles. Au voisinage immédiat de l'œuf, il se forme tou- jours une couche spéciale de cellules sphériques peu ser- rées, remplies d’une matière granuleuse de nature azo- tée qui sert à l’alimentation de la jeune larve. Il s’y trouve quelquefois aussi un peu d’amidon, qui n’est jamais con- sommé par le jeune insecte avant d’être transformé en souttelettes grasses. Les diverses zones de tissus qui s’or- ganisent à l'extérieur de cette couche alimentaire ont été décrites par M. Lacaze-Duthiers. Suivant le degré de multi- plication des tissus divers qui les composent, les galles sont internes ou externes, mais toutes offrent la même structure. Rappelons enfin l’expérience de M. Clark, signalée déjà dans ce recueil (Archives, LV, p. 22%), sur la force de support des tissus végétaux, expérience dans laquelle une courge revêtue d’une sorte de harnais en fer relié à DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 413 une balance, a développé en grossissant une force suff- sante pour soulever un poids de cinq mille livres. Nous terminerons enfin cette revue déjà bien longue par quelques mots sur des publications relatives aux or- sanismes inférieurs et à l’état actuel de la théorie de la fermentation. M. Cailletet ‘ a analysé les cendres de beaucoup de champignons et a montré que leur composition est,en gé- néral, plus simple que celle des cendres des végétaux à chlorophylle. Elles ne contiennent ni silice, ni fer, peu de chaux et de magnésie, mais en revanche beaucoup d’al- calis et d’acide phosphorique. Elles constituent donc un engrais énergique, et c'est à cela qu'est due l'existence de ces places circulaires d’un vert plus intense, qu'on re- marque souvent sur les prés là où croissent les mousse- rons et d’autres champignons et qu’on désignait autrefois sous le nom de cercles des fées. Le mycelium en se décom- posant met en liberté des principes qui activent la végé- tation des graminées. | D’études faites au point de vue chimique sur les fonc- tions des champignons, M. Müntz” a tiré des conclusions dont les plus générales, qui ont trait à la respiration en présence et en l'absence d'oxygène, doivent trouver place ici. Après avoir établi qu'en présence de l'oxygène, il y a comme chez tous les végétaux, combustion complète et production d'acide carbonique *, l’auteur montre qu’en ! L, Cailletet, Sur la nature des substances minérales assimilées par les Champignons. Comptes-Rendus, 1876, LXXXII, p. 1205. ? Müntz, Recherches sur les fonctions des champignons. :Innales Chimie et physique, 5° série, 1876, VILLE, p.66. 3% La levure de bière paraît faire exception à cette règle ; mais M. Müntz pense que l'exception est plus apparente que réelle et que, si 414 PRINCIPALES PUBLICATIONS l'absence d'oxygène, « les champignons exhalent de l'acide carbonique qui provient, en partie du moins, d’une fer- mentation alcoolique du sucre contenu dans les tissus; que lorsque le sucre est de la mannite, il y a en même temps dégagement d'hydrogène. Cette fonction s'établit sans l'intervention d'êtres organisés et paraît différer en cela des fermentations proprement dites. On peut cepen- dant admettre que cette formation d'alcool rentre dans le cas des fermentations alcooliques ordinaires en consi- dérant qu'il n’est pas improbable que le tissu des cham- pignons supérieurs joue, vis-à-vis de la matière sucrée, le même rôle que les cellules des champignons inférieurs, c’est-à-dire que les premiers pourraient être ferments, au même titre que les seconds, qu’on assimilerait, sans égard pour la différence des dimensions, les fonctions des uns à celles des autres. » L'auteur trouve la confirmation de ses idées dans l’a- nalogie de la constitution des tissus, et de la compo- sition chimique des champignons ; dans la similarité de leur fonction au contact de loxygène, et dans l’existence chez tous les représentants de cette classe des mêmes ma- tières sucrées. Il pense donc pouvoir poser la règle gé- nérale que tous les champignons, soustrails à l’action de l'oxygène, transforment en alcool et en acide carbonique les sucres dont ils disposent. Une communication de M.S. de Luca ‘ peut être rap- prochée du travail de M. Müntz. Cet auteur a montré on pouvait obtenir ce champignon en quantité suffisante fructifié (d’a- près les observations de M. Reess), on trouverait qu'il rentre dans la loi commune, 1 S. de Luca, Sur la fermentation alcoolique et acétique des fruits, des fleurs et des feuilles de quelques plantes. Comptes-Rendus, 1876, LXXXII, 512. DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 41 D que les fruits, les feuilles et les fleurs conservés dans une atmosphère dépouillée d'oxygène subissent une fermenta- tion lente avec dégagement d’acide carbonique, d'azote, quelquefois d'hydrogène, et avec formation d'alcool et d'acide acétique sans l’intervention d'aucun ferment. Quand il y a de l'hydrogène ce gaz indique la présence de la mannite dans les tissus végétaux soumis à l’expérience. M. O. Brefeld ‘ à fait des observations analogues, il a trouvé que dans toutes les plantes il se manifeste en l’ab- sence d'oxygène des phénomènes anomaux bientôt suivis de mort, caractérisés par des transformations qui peuvent toujours être ramenées à la production d’acide carboni- que et d'alcool. Cette production d’alcool n’est amenée par l’intervention d’aucun organisme vivant et elle est masquée par la production simultanée d’une foule d’au- tres substances et entre autres d'acide acétique. Entre ce phénomène et la fermentation normale produite par la le- vure, 1l y a donc de grandes différences, mais aussi un rap- port évident, et peut-être l’un pourra-t-il servir un jour de fil conducteur pour expliquer l’autre. Ces faits se rapprochent de ceux que déjà, en 1869, MM. Lechartier et Bellamy (Comptes rendus, LXIX, pa- ges 366 et 466) avaient constatés relativement aux fruits placés dans une atmosphère limitée, et des expériences que rapporte M. Pasteur dans ses Études sur la bière (p. 258). Toutes ces données sont favorables à la théorie de la fermentation telle que l’illustre chimiste l’a de nou- veau exposée dans l’ouvrage que nous venons de citer, théorie qui ramène ce phénomène à la vie des cellules en dehors de l'influence de l'oxygène. 1 0. Brefeld, Ueber Gährung. IL. Vorkommen und Verbreitung der Gäbrung im Pflanzenreiche. Bot. Zeit. 1876, No 52. 4 FRS Te 416 PRINCIPALES PUBLICATIONS DE PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE . Nous ne pouvons pas nous étendre davantage sur ce sujet, il est temps de clore ce long travail. Notons seule- ment en terminant, que M. 0. Brefeld, dont nous avons cité (Archives, 1876, t. LVL, p. 268) les objections, s’est depuis lors complétement rallié aux idées de M. Pasteur (Comptes rendus, 1876, LXXXIL, p. 1078; nous n'avons pas eu la publication originale sous les yeux). Quant à M. Traube, qui maintient qu'à l’abri de l’air ce sont les corps albumineux mélangés et non le sucre que la levure emploie à son développement, ses idées sont réfutées par les expériences de M. Pasteur (Études sur la bière, p. 274) dans lesquelles la présence des matières albumi- noides a été complétement supprimée, et où néanmoins les fermentations s’achèvent dans un milieu purement minéral (Fermentation du tartrate de chaux, du lactate de chaux). NOTE SUR L'INFILTRATION PIGMENTAIRE DU CARTILAGE PAR M. le prof: F.-Wilh. ZAHN Communiqué à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, dans sa séance du 17 mars 1877. J'ai chservé pour la première fois il y a quatre ans la présence du pigment dans les cartilages costaux d’un jeune sujet mort de pneumonie. Ne trouvant cette alté- ration pathologique mentionnée nulle part, j'ai examiné méthodiquement les différents cartilages d’un grand nombre d'individus morts des maladies les plus variées et j'ai pu constater qu’elle n'est point rare, puisqu'elle se rencontre à peu près chez la moitié des individus qui ont passé quarante ans. On les trouve surtout à la suite de maladies qui sont accompagnées d’une gêne de la circu- lation pulmonaire, sans anémie concomitante, ainsi dans l’emphysème pulmonaire, le eatarrhe chronique des bron- ches, les affections chroniques du cœur gauche et enfin l'ictère, quand il subsiste déjà depuis un certain temps. Je n’ai pu constater jusqu’à présent de pigment que dans les cartilages costaux et les cartilages des voies res- piratoires. Il existe tantôt dans tous ces cartilages et dans toute leur épaisseur, tantôt seulement dans des points bien circonscrits (surtout à la surface et autour des rares vaisseaux qui se trouvent dans le cartilage de l’adulte). 418 L’INFILTRATION PIGMENTAIRE DU CARTILAGE. Le premier cas se rencontre dans l’ictère chronique. Le pigment n'existe jamais dans la substance intercellulaire, mais toujours dans les cellules. La matière colorante (hé- moglobine ou bilirubine) ne pouvant arriver dans les cel- lules qu'à l’état de solution par diffusion, on devrait, semble-t-il, trouver uné répartition égale du pigment dans toutes les cellules de la même capsule. En règle générale, l'infiltration pigmentaire n’occupe que quelques- unes des cellules de la même capsule-mère, les autres restent libres. L’infiltration élective paraît due à l’affinité très-grande qu'à la matière colorante pour la graisse, af- finité connue depuis longtemps. Il se trouve toujours dans tout cartilage des cellules contenant des gouttelettes grais- seuses et c’est -probablement toujours dans ces cellules que se fait linfiltration pigmentaire. Ces gouttelettes se colorent d’abord en jaune clair, plus tard le pigment se dépose sous la forme de petites granulations, d’aiguilles ou quelquefois de cristaux rhomboédriques. La dégéné- rescence graisseuse continue à s’effectuer dans la cellule ainsi infiltrée, le protoplasma et le-noyau disparaissent et la substance intercellulaire du voisinage subit aussi la dé- générescence graisseuse. Il résulte de cette observation qu'il faut ajouter aux rares altérations du tissu cartilagineux l’énfiltrahion pig- mentaire et que pendant la vie l'hémoglobine qui a son point de départ dans les globules rouges extravasés peut diffuser dans le tissu du cartilage, fait qui n’était pas dé- montré jusqu’à présent. Ce fait prouve donc que les pig- mentations pathologiques ne se font pas toujours, comme le pense Langhans, par l'intermédiaire des cellules con- tractiles (Wanderzellen) qui absorbent les globules rou- ses et les transforment en pigment, mais que l’ancienne | tains cas. Le Jai trouvé dans la littérature médicale deux indica- 1% 16 = tions succinctes sur l'existence du pigment dans les cellu- “#30 = les cartilagineuses, l’une est de Wedl (Grundzüge der - __ pathologischen Histologie, p. 160. Wien, 1854), l’autre ‘5 ES est de Virchow (Virch. Arch., Bd. 37, p. 219). Je me RSS: Le réserve de publier ces observations plus en détail ail- ‘4 de = leurs. 3 “140 4 fs ù : Genève, le 1% avril 1877. 4 LS 400 # j: 4 Fa sa Ÿre à RAS #5: na | ke 4 Fe We Li É. & Ë ‘5 = : Fe 4e 14 En RUE UT DISCUSSION DES THÉORIES DE LA VISION LA GUÉRISON D'UN AVEUGLE-NÉ: M. le docteur Dufour, attaché à l'hôpital ophthalmique de Lausanne, a eu le rare bonheur de pouvoir traiter et guérir un aveugle-né, Ces cas sont si exceptionnels qu’il est très-utile pour la science de les enregistrer et d’en faire une étude toute particulière. En effet, ce n’est pas seulement l’oculistique qui y trouve son profit, mais les sciences philosophiques elles-mêmes y puisent un pré- cieux enseignement. Aussi M. Dufour a-t-il pris un soin extrême à décrire minutieusement toutes les phases de cette guérison si remarquable et à suivre pas à pas les progrès intel- lectuels provoqués par le jeu des fonctions visuelles chez son sujet. Comme corollaire de ces observations, M. Dufour en- treprend un paralèle entre les théories nativistique et ! Guérison d’un aveugle-né. Observation pour servir à l’étude des théories de la vision par le Dr M. Dufour. Lausanne, 1876. ù THÉORIES DE LA VISION. 491 empiristique et croit pouvoir donner gain de cause à la seconde de ces théories en se basant sur les résultats ob- servés par lui dans le cas précité, semblables à de pré- cédentes observations de M. le docteur Recordon. C’est spécialement ce dernier point que nous visons dans cette critique et nous pensons que les arguments tirés d'observations aussi intéressantes qu'instructives ne sau- raient être examinés avec assez d'attention, afin d'éviter des conclusions qui ne seraient pas basées sur des rai- sonnements complets. Afin de suivre M. Dufour dans ses déductions, récapi- tulons à grands traits les caractères principaux de ce Cas : Noé M. est âgé de 20 ans, il est né aux Contamines, hameau situé près du Col du Bonhomme. Il a grandi dans ce village sans que l’on ait donné grande attention à l’af- fection congénitale dont il était atteint ; c’est le D' Martin de St.-Gervais-les-Bains qui l'envoie à Lausanne apres l'avoir rencontré par hasard. Dès la première visite M. Dufour reconnait l'existence de cataractes congénitales qui ont été la cause de la cé- -cité. Les cornées sont un peu coniques et l'œil gauche est affecté d'un léger leucôme moins prononcé sur celui de droite. Le malade a des perceptions de lumière diffuse et reconnait un peu les différences de couleur quand les ob- jets sont fortement éclairés, mais il n’a jamais vu dè con- tour et n’a aucune notion des formes des corps. Le 14 juin 1875, M. Dufour pratique l'opération de la cataracte à l’œil droit. Tout se passe suivant les règles et le malade est promptement rétabh. : ARR NRER 4929 THÉORIES DE LA VISION. Une fois sorti de la chambre noire où sa guérison s’est achevée, on amène Noé à la lumière. Voici comment M. Dufour relate ce premier examen : « Lorsque l’œil est suffisamment guéri, le bandage est en- levé et le malade amené à la lumière. Il se laisse conduire comme un aveugle et ne paraît pas avoir l'attention attirée par les objets à forme précise qui sont devant lui. Il marche, se tourne, s’assied comme un aveugle, et me laisse, je l'avoue, l’impression que le traitement a été infructueux. Bien que je ne m’expliquasse pas la possibilité d’une erreur, je pensai un instant avoir opéré un œil tout à fait amblyope ou atteint de paralysie du nerf optique. Noé M. étant assis le dos tourné à la fenêtre, je lui fais regarder ma main qui bouge sur mon habit foncé. Voyez- vous quelque chose? Oui, je vois quelque chose de clair. La notion de clair et d’obscur existait en lui avant l’opération, il est donc bien naturel que ce soit sa première constatation après. — Que pensez-vous que cela soit? C’est. c’est. Noici la réponse stéréolypée que je recus pendant plusieurs examens lorsqu'il s’agit d'interpréter les sensations oculaires. Le ma- lade répondait exactement aux questions qu’on lui posait re- lativement au toucher, mais dès qu’on le questionnait sur sa perception oculaire, c'était ordinairement une excla- mation sans suite qui servait de réponse, comme euh! euh! ou c’est! Je trouve le même fait observé par Hirschberg sur l’enfant qu’il opéra l’an dernier. Quand on questionnait ainsi: Qu'’est- ce que ceci? l’enfant répétait deux ou trois fois: Ce que c’est? ce que c’est? et n’ajoutait plus rien. Je reviens maintenant à l’examen de ma main qui tantôt se tenait immobile, tantôt se balançait sur mon habit. — Ne voyez-vous pas quelque chose qui bouge? — Qui bouge ? — J'ai beau cesser le mouvement, puis le reprendre THÉORIES DE LA VISION. 493 et l’engager à distinguer ce qui se remue:; il regarde avec attention, mais n’arrive à faire aucune réponse, sauf, quand j'insiste, à dire: « C’est quelque chose de clair. » Enfin, je lui applique le verre convexe 5!/, pour obtenir des images rétiniennes aussi nettes que possible, mais là encore, après avoir regardé avec attention, penché la tête en avant, balancé à droite et à gauche, il finit par accoucher de cette réponse : « C’est quelque chose de blanc! » J'avoue que ce premier essai me laissa très-interloqué. Je n'arrête un instant, je regarde encore l’œil dont la pupille est d’un noir de velours, sans inflammation, nt autre trouble que l’aspect un peu conique de fa cornée et le nystagme. Je reprends l’examen en prévenant le malade que je lui montre ma main; — puis la faisant varier de forme, fermant le poing, étendant un ou plusieurs doigts, je cherche à lui faire désigner ou interpréter les changements qu’il constate dans ses images rétiniennes. Le malade est là, regardant en apparence avec soin, mais sans aboutir à une réponse et sans même pouvoir me dire s’il voit ou ne voit pas des change- ments aux objets qu’il regarde. Une nouvelle tentative en balançant la main échoue aussi, je n’obtiens que des mono- syllabes, des « euh!» et finissant par admettre l'existence d’une complication grave au fond de l’œil, je ramène Noé M. dans la chambre noire avec application de bandage. Le lendemain, examen rapide à l’ophthalmoscope, ce qui me permet de voir le fond de l’œil aisément, le disque op- tique, les vaisseaux, et de constater qu’il n° à aucune ano- malie. Noé M. se replace sur la chaise d’examen et je lui présente ma montre à un pas, du côté du cadran. II dit sans hésiter : « Je vois quelque chose de blanc. » — Est-ce quelque chose de rond ou de carré. — Pas de réponse'. — Savez- { On remarquera que dans cette série d'examens, tant que les ques- tions portent sur des points sur lesquels M. n’a [aucune expérience, le malade ne répond jamais faux, il ne répond pas du tout. Aucune insistance quelconque ne parvient à lui tirer les mots de la bouche. 49% THÉORIES DE LA VISION. vous ce que c’est qu’un carré? — Il arrange ses deux mains de sorte qu’elles forment deux faces se touchant par leur bord radial et à angle à peu près droit. Il obtient ainsi une arête qui est en effet une partie d’un cube. — Et un rond? — Il recourbe sa main en faisant revenir les quatre doigts du côté du poignet et arrive à produire un anneau presoue fermé. IL a donc ainsi la notion du rond. A la vue de la montre, sur laquelle il dirige évidemment son regard, il reste absolument incapable de dire si elle est ronde ou carrée. J'ai beau insister, pas de réponse. Je retirai la montre sans lui rien dire, ni la lui faire sentir. Le lendemain, même question, même incapacité de répon- dre. Ensuite je lui fais toucher la montre. Aussitôt qu'il Pa saisie avec la main, il dit: « C’est rond, c’est une montre. » Il indique ensuite avec précision la couleur bleue d’une cra- vate que la garde portait au cou, mais sans s'attacher à autre : O » chose qu’à la couleur, la forme de l’objet lui étant encore inconnue. [Il n’eut pas l’air, tout en regardant la cravate bleue, d’avoir l’attention attirée par la personne qui la portait, ni par sa figure, ni par son corps. Je lui montrai ma chaîne de montre qui pendait à mon gilet. [ dit: « C’est jaune, cela bouge. » (Je la faisais ba- lancer.) C’est la première fois que ce malade constate un mouve- ment. Le premier examen et son résultat presqu’absolument négatif m’avaient embarrassé et donné l’idée de l'existence d’une atrophie rétinienne. Aussi ne pus-je pas saisir le mo- ment précis où Noé M. apprit à distinguer, par la vision, le mouvement d’avec le repos. Certainement, le premier jour, il ne distinguait pas un grand mouvement et aujourd’hui il en constate un petit. Je ne trouve d’autre explication que ceci: il se peut que soulevant le bandeau, le malade, curieux d’examiner sa main, lait fait passer et bouger devant ses yeux : ou bien que, pen- dant qu'il était dans mon cabinet, il entendit bouger soit M- THÉORIES DE LA VISION. 425 le directeur Hirzel qui assistait quelquefois à l’examen, soit la garde, soit moi-même, et que, coordonnant le bruit de la marche avec le déplacement de nos images sur sa rétine, il arriva à se rendre compte des notions de repos et de mouve- ment des images. Ces réflexions ne me vinrent pas séance tenante. Je ne les {is que quelques heures plus tard. Bien que préparé par le cas de Wardrop à trouver un malade très-incapable d’inter- préter ce qu’il voyait, j'étais loin de m’attendre à une inca- pacité aussi absolue au début. L'absence totale de réponse le premier jour fut prise pour la conséquence d’une faiblesse visuelle, et non d’un simple défaut d'expérience. En fait, le premier jour, il ne sut pas constater que ma main bougeait, bien qu’elle fit sur mon habit noir des oscil- lations d’au moins 40 centimètres d'amplitude à deux pas de lui. D'où cette incapacité ? Evidemment de ce que, jusqu'alors, Noé M. ne connaissait que sentir un mouvement, et qu’il avait à apprendre ce qu’est voir un mouvement. IL y a là une no- lion qui est peut-être plus élémentaire encore que celle du contour et sur l'interprétation de laquelle l'examen de Noé M. n’a pas tout à fait le caractère d’une expérience définitive. Si un cas analogue se représentait, il faudrait voir si le néo- voyant constate d’emblée le mouvement ; s’il ne le constate pas, lui faire toucher aussitôt l’objet en mouvement, de sorte qu'il puisse, sous nos yeux, coordonner l’action de sentir et celle de voir le mouvement. J'ai gardé de l’examen de Noé M. l'impression que la distinction du repos d’avec le mouve- ment à l’aide de la vision, est quelque chose qui doit être appris. Évidemment l’image du corps qui se meut, se déplace sur la rétine de celui qui observe, mais ce déplacement ou l'irritation successive de différents éléments rétiniens ne donne pas d’emblée la notion du mouvement. Si le malade regardait fixement, il serait obligé, pour suivre un corps mo- bile, de faire mouvoir ses yeux: or la conscience qu'il aurait de ses mouvements oculaires lui donnerait peut-être la no- ARCHIVES, {. LVIIL. — Avril 1877. 30 126 THÉORIES DE LA VISION. tion de la mobilité du corps observé. Sauf ce moyen, je ne vois que la coordination avec le toucher qui puisse inculquer cette connaissance, ou bien, un bruit connu avec l’interven- . tion d’autres connaissances préalables acquises par lexpé- rience. Il ne me fut pas possible de savoir comment Noé M. avait acquis la connaissance du mouvement. Nous étions restés à l'examen de la chaine de montre. Noé M. ne put décider ce qu'était cet objet, bien qu’il le connüt fort bien par le toucher. Je lui fis toucher ma chaine; au contact de deux ou trois anneaux seulement, il s’écria: « C’est une chaine. » Ensuite je lui montrai deux morceaux de papier blanc, fort comme un petit carton. Ces morceaux formaient deux rectangles allongés, l’un de 10 centimètres environ, lautre de 20 centimètres ;: même largeur. Que voyez-vous ? — Des objets blancs. — Sont-ils égaux ? — Il répondit avec hésita- tion : non. — Ÿ en a-t-il un plus long que l’autre ? — Pause. — Lequel est le plus long ? — Pas de réponse. Pressé par moi, il déclara qu'il ne pouvait le dire. — Il les toucha et glissant avec sa main jusqu’au bout du rectangle le plus long, il désigna immédiatement celui qui était de plus grande di- mension et les regarda ensuite l’un et l’autre attentivement. On lui présenta deux morceaux du même papier blanc, l’un carré, l’autre rond, le rond dessiné à la main, c’est-à- dire un peu ovale. — Voyez-vous une différence entre ces papiers? — Oui. — Laquelle? — Pas de réponse. — Eh bien, l’un de ces papiers est carré et l’autre est rond ; lequel est carré ? — Noé M. reste un instant sans répondre et finit par dire qu'il ne peut le désigner. Je lui dis d'avancer sa main et de les tou- cher. Il touche d’abord le morceau carré et sentant l’un des angles dans sa main, il dit avec une vivacité à laquelle ses réponses ne nous avaient pas habitués: Voici le carré. — II toucha ensuite le morceau rond, puis les examina l'un et l’autre, et dès ce moment il a toujours été capable de dis- THÉORIES DE LA VISION. 4927 tinguer les objets ronds par la seule sensation visuelle. On se rappelle en effet que dans une expérience précé- dente, en examinant le cadran de la montre, notre opéré avait déjà vu un rond et avait contrôlé cette sensation par le toucher. Mais, soit que la forme ne fût pas gravée dans sa mémoire, soit que l'expérience eût été trop courte, ou que, n’ayant pas Fopposition d’une forme autre que le rond au moment où il toucha la montre, la différence de contour lui parut moins frappante; cette première expérience ne fut pas suffisante pour imprimer à l'esprit de Noé M. la sensation visuelle particulière qui nous affecte quand nous regardons un rond. L'expérience des deux papiers, au contraire, suffit pleine- ment à lui donner la connaissance de ces formes simples. Le papier rond avait environ 10 centimètres de diamètre. Le lendemain, je lui montre un anneau d’or de deux cen- timêtres de diamètre; il répond sans hésiter: » C'est rond, ça brille. » Sur ma montre et avec la lunelte convexe il à distingué les traits noirs des heures; mais, abandonné à lai- même avec une lunette qui doit lui donner des images assez nettes, Noé M. ne se sert presque pas de sa vue. IL marche les mains en avant et tätonne en cherchant le loquet de la porte, exactement comme s’il n’y voyait pas. Cependant, si on le rend attentif aux renseignements qu’il peut tirer de son œil et qu’on l’empêche, par exemple, de chercher son chemin avec les deux bras étendus en avant, il suit une direction qui est évidemment donnée par le sens visuel. C’est ainsi qu'après l’expérience des papiers, on dit à Noé M.: « Vous pouvez retourner dans votre chambre. » La porte de sortie est dans la paroi opposée à la fenêtre. Aussitôt il étend ses mains et, quoiqu'il ait les yeux ouverts, avance avec précaulion. Je l’arrête et je lui dis: » À bas les mains. Ne voyez-vous pas là-bas quelque chose de jaune, qui brille ? — Qui. — Eh bien, c’est le loquet de la porte, marchez de 1928 THÉORIES DE LA VISION. ce côté, et quand vous y serez, étendez la main. » Le malade marche avec facilité dans la direction de la porte, il s’arrête deux pas trop tôt et dirige son bras avec peu de précision. mais pourtant avec une intention évidente du côlé de la poi- gnée en laiton qu'il trouve enfin après s’être encore rappro- ché à tâtons. Le jour suivant Noé M. indiqua avec assez de précision la couleur d’une série de rubans formant la gamme des cou- leurs. Il n’y a que le violet qu’il a toujours indiqué bleu. Il ne fait de différence qu'entre le rouge, le jaune, le vert et le bleu. Toutes les nuances intermédiaires, et je lui en ai mon- tré une dizaine environ, sont rangées par lui sous l’une de ces quatre impressions. Il a appris en mangeant et à mon insu, le jour précédent, à distinguer l’aspect d’un couteau. d'une cuiller et d'une fourchette. » Quelque temps après, Noé fut présenté à la Société de médecine et une série d'expériences furent reprises. Elles amenérent les membres à celte conviction que l’ex-aveu- gle « éprouve des sensations visuelles assez précises, mais que le malade ne sait encore comment les interpréter. Chaque sensation exige un travail intellectuel particulier qui est le résultat de la comparaison d’un corps sur la rétine et l'effet du même corps sur le toucher. » L'œil gauche, ne promettant qu'un demi-succës, ne fut pas opéré et le malade partit pour son village le 25 août suivant. M. Dufour complète le récit de cette cure si remarqua- ble par les observations suivantes : «Le malade dont je viens de donner l’histoire était,au mo- ment de l’opération, plus âgé que la plupart des cas analo- gues déjà cités. Je sais que l’âge n’est qu’un des éléments. et non pas le seul élément de la culture; toutefois il faut en mL? THÉORIES DE LA VISION. 14929 tenir compte. L'opérée de Wardrop, âgée de 46 ans et d'un esprit cultivé, avait, soit par le fait de son âge, soit par la so- ciété dans laquelle elle avait vécu, un développement bien supérieur à celui de Noé M. Le premier cas qui fut jamais observé, celui de Cheselden., le fut sur un enfant de 13 à 14 ans ; l'observation de Ware est prise sur un enfant de 7 ans qui avait eu probablement les yeux moins brouillés dans sa première enfance; les deux observations de Trinchinetti con- cernent un garçon de onze ans et une fille de dix: enfin l’ob- servation de mon ami le D" Hirschberg, publiée il y a peu de mois, a été prise sur un enfant intelligent âgé de 7 ans. Tous ces récils concordent sur les points principaux. Au moment où l'aveugle recouvre la vue, il se forme sur sa rétine une image suffisamment nette, car Noé M., par exemple, dis- tingue des objets noirs de petite dimension, comme les heu- res d’une montre. Mais l'image des objets extérieurs n’est pour lui qu'un assemblage de contours et de couleurs dans lequel il ne voit aucun ordre et dont il ne sait tirer ni la no- tion d’une forme, ni celle d’une distance, ni peut-être même celle d’un mouvement. L'œil n’a pas fait son éducation. Les éléments rétiniens sont bien excités par les faisceaux de rayons lumineux pro- venant de sources extérieures en face desquelles ils se trou- vent: ces éléments sont excités suivant un ordre très-précis, un ordre déterminé par l’image de l’objet extérieur, mais nous n'avons pas une connaissance congétinale des disposi- tions de la rétine, et les aveugles qui recouvrent la vue, n’ont pas, au premier abord, conscience de cet ordre précis. Selon l’heureuse expression de M. Taëne', nous possédons un atlas visuel grâce aux dispositions anatomiques de la rétine. Celle- ci, qui ne saurait mieux être comparée qu'à un pavé dont chaque pierre est un élément sensible, a ainsi les propriétés nécessaires pour nous fournir ce qu'Helmholtz appelle signe : Taine, De l'intelligence. Paris, 1870. ) Leg 430 THÉORIES DE LA VISION. local. Voici comment: une lumière qui est en haut excite un autre élément nerveux que la lumière qui est en bas. Le premier va exciler une extrémilé nerveuse qui est dans la partie inférieure de la rétine, le second s’en va exciter un élément situé en haut. Le fait que deux rayons venant de di- rections différentes excitent nécessairement deux éléments différents est un fait suffisant pour qu’outre la sensation «le lumière et celle de couleur, notre rétine nous donne aussi la notion de position. Mais, sans l'éducation de l'œil, notre âme n’a pas une connaissance préalable de la disposition des éléments rétiniens ainsi que le prétend la théorie nalivisti- que ; elle ne sait tirer aucune conclusion, même pour les formes les plus simples, des images qu’elle recoit. Ces ima- ges n’ont designification pour la conscience qu’autant qu’elles ont été coordonnées avec une sensation tactile. L'homme possède un atlas visuel, mais il ne le connaît vraiment qu’a- près que les sensations visuelles ont été transformées « en » équivalents de sensations tactiles et musculaires, par l’asso- » ciation qu'elles ont contractée avec les sensations tactiles » et musculaires !. » L'expérience définitive consisterait à démontrer chez un aveugle-né rendu à la lumière que le rayon qui excite les fibres nerveuses de l'hémisphère rétinienne droite, par ex- emple, ne donne pas nécessairement l'impression d’une source lumineuse située à gauche et vice versd; que le ma- lade, en un mot, ne sait pas d’emblée effectuer la localisation la plus simple. Peut-être même serait-il possible de constater chez un aveugle semblable, que l’irritation mécanique de la rétine, comme celle qui est produite par la pression du doigt, donne lieu à un phosphène que le malade ne projette pas nécessairement du côté opposé. À ce moment la théorie em- piristique serait définitivement établie. Mais jusqu’à présent on n’a pu mettre la main sur un malade approprié à cel essai. * H. Taine, ouvrage cité. THÉORIES DE LA VISION. 431 En éffet, presque tous les cas de cécité congénitale qui ont servi à l'observation concernent des individus atteints de ca- taracte. Or, la cataracte, même fort opaque, laisse non-seule- ment passer la lumière, mais encore la qualité de la lumière et dans une cerlaine mesure la direction de la lumière. Noé M. avait des cataractes blanches comme la chaux, cependant quand il plaçait une couleur bien éclairée dans la partie pé- riphérique du champ visuel, il la distinguait. Il en aura été probablement de même de tous les autres cas sauf celui de Wardrop, et dès qu’un malade aura pu sentir même vague- ment la direction de la lumière avant l'opération, l’experi- mentum crucis ci-dessus ne serait plus faisable après. Peut-être, si l’on considérait comme suffisamment établi par mon récit, le fait que Noé M. ne percevait pas le mouve- ment par un simple déplacement de l’image sur sa rétine, pourrait-on conclure que tout au début le malade ne savait pas projeter ses sensations rétiniennes ou qu’il les projetait dans un désordre suffisant pour n'avoir pas cette nolion si simple d’un déplacement d’une source lumineuse. Malheureusement ce fait n’est pas établi d’une manière in- dubitable. 11 est la conclusion que j'ai dû tirer après coup; tandis qu’au moment même, croyant à une paralysie presque complète des fibres optiques, je ne fus pas engagé à faire immédiatement la contre-épreuve. La contre-épreuve eüt consisté à faire toucher par le malade l’objet en mouvement. Un examen ultérieur m'a démontré qu'il n’y avait pas de pa- ralysie; mais, en attendant, le malade avait eu le temps de coordonner une sensation musculaire avec une sensation visuelle du mouvement. En résumé, le cas de Noé M. dont j'ai donné la relation, confirme les observations faites par ceux des médecins qui ont eu à opérer des cas analogues. Il les exagère en quelque sorte, car dans les premiers essais, l'incapacité du malade à connaître même les sensations les plus simples me fil crain- dre que par suite d’une erreur dans l’examen préalable, je 439 THÉORIES DE LA VISION. n’eusse opéré un œil absolument perdu. Loin de dire comme la malade de Wardrop voyant passer une voiture de louage en rentrant chez elle: « Quel est ce grand objet qui vient de passer à côté de nous ? » Noé M. ne répondit rien et n’ex- prima rien que la pure et simple sensation de clarté. Ces deux observations cependant ne se contredisent pas. Tout en voyant se déplacer un grand objet, l’opérée de Wardrop entendit vraisemblablement passer une voiture; elle constata ainsi par une sensation à elle déjà connue, savoir la sensa- tion du bruit, que quelque chose, une voiture, passait et elle put immédiatement coordonner la sensation visuelle du mou- vement avec la sensation de bruit dont son âme connaissait déjà l'explication. Noé M., au contraire, en présencè d’une main claire se mouvant sans bruit sur un habit sombre, ne sut rien constater que la clarté et ne comprit pas comment je lui posais la question du mouvement. Si l’homme analyse plus avant la notion de mouvement, 1l verra que celui-ci n’est pas absolument hétérogène à la sen- sation ; l’idée que nous en avons est formée avec des maté- riaux fournis par nos sensations musculaires ce la locomo- tion’. Il suffit que nous ayons conscience de l'intensité de notre effort musculaire et de la durée de celte sensation pour avoir par ce fait l’idée d’une série d’états et de posilions successives dont la résultante est la notion du mouvement. Mais s’il n’y a pas un accord préalable entre les sensations musculaires et les sensations visuelles, s’il n’v a pas là une relation physiologique énnée, l’aveugle opéré ne devra pas nécessairement conclure que l'excitation successive des diffé- rents éléments rétiniens par le même objet éclairé corres- ponde à un mouvement de cet objet tel que le donnent les sensations musculaires. » Continuant de développer cette thèse du plus haut in- * H. Taine, ouvrage cité; — et la psychologie anglaise moderne, Bain, Herbert Spencer, Stuart Mill. “y: : A LP RS Le € THÉORIES DE LA VISION. 133 térêt, M. Dufour relate un autre cas analogue et conclut par ces mots : « Des observations publiées jusqu’à présent, il n’y en a probablement point dont la valeur probante soit absolue et échappe à toutes les objections que pourrait faire un partisan décidé de la théorie nativistique. Cependant elles laissent toutes l’impression que la éhéorie empiristique est seule con- forme à la vérité. » Si l’on envisage avec une attention soutenue la série des faits signalés dans ces observations, il nous semble que cette conclusion n’en découle pas d’une manière très-rigoureuse, et nous allons chercher à le démon- (Per. L'observation précédente du cas de Noé relatée d'une manière si consciencieuse et précise par M. Dufour nous permet d'affirmer avec Kant et de vérifier ce grand théo- rème de psychologie, c'est que nous ne connaissons que les modifications produites dans notre sensorium par le monde extérieur ; pas de modifications, pas de connais- sance. Or, un aveugle n'ayant jamais eu le sensorium mo- difié par des impressions lumineuses, ignore tout ce qui touche à ce domaine et a besoin de l’éducation progres- sive de ce sens pour interpréter avec connaissance de cause les sensations que son œil lui apporte après une œuérison aussi spontanée que complète. Ceci est vrai pour nos cinq sens. La représentation que nous nous faisons du monde qui nous environne, des distances qui nous sé- parent des corps, des formes, des contours, des’ appa- rences diverses, en un mot de tous les caractères si variés qui permettent des classifications, ne provient uniquement que de la corrélation des diverses modifications éprouvées 434 THÉORIES DE LA VISION. par le sensorium à l'aide de la mémoire. C’est surtout cette dernière faculté mi-psychique, mi-organiqué qui joue le rôle prépondérant dans l’extension de nos connais- sances. À ce sujet nous pouvons aflirmer sans aucune réserve avec M. Dufour que la théorie empiristique est absolument vraie si l’on veut dire par là que toutes nos notions, tou- tes nos connaissances ne proviennent que de l’ensemble d'observations faites par l'individu ou ses ascendants, et enregistrées par la mémoire individuelle sous forme de son acquis où sous forme d’énstincl, quand les modifica- tions organiques produites par les sensations éprouvées de générations en généralions ont transmis une forme spéciale à embryon au moment de son apparition dans la vie, c’est la inémoire héréditaire, ainsi que l'appelle M. Hæring, Mais est-ce bien là le point fondamental de la théorie empiristique par rapport à la vision ? Nous ne le pensons pas. La théorie empiristique mise en opposition avec la théorie nativistique, dans le chapitre de l'optique physiologique, s’adresse essentiellement à la vision bino- culaire et aux conditions organiques qui s’y rattachent. En quelques mots voici comment on peut formuler la question : Est-ce qu’un enfant bien conformé naît avec une struc- ture nerveuse telle que ses premières impressions lumi- neuses provenant de ses deux yeux ne lui donnent la sensation que d’un seul corps, c’est-à-dire que ces deux impressions se fusionnent instantanément en une seule sen- sation, où bien est-ce que peu à peu la corrélation de ses sens et Spécialement du toucher conjointement avec la vue, lui enseigne à rapporter ces deux impressions à un THÉORIES DE LA VISION. 435 seul et même corps d’où nait la vision binoculaire ordi- naire ? En d’autres termes : Est-ce que la série des générations qui nous ont précé- dés nous ont légué une forme organique correspondant à une association immédiate des deux impressions lumineu - ses, ou bien est-ce qu’elle est encore dans l'espèce hu- maine le résultat de l’acquis par l'individu ? Cette question a déjà été longuement discutée dans les Archives, où de nombreuses réponses ont paru; mais son intérêt est suffisant pour motiver quelques dévelop- pements. Il nous semble que les deux considérations suivantes suffisent pour donner un grand poids à la théorie nativis- tique, et qu'il y a bien peu d’objections sérieuses à leur opposer : 1° Pourquoi observe-t-on dans la série des animaux vertébrés une modification progressive dans l’importance du chiasma (entre-croisement des nerfs optiques) ? Plus les yeux des vertébrés se rapprochent et plus le champ visuel devient commun, plus l’entre-eroisement des nerfs optiques s’accentue et se développe! Voilà le résul- tat des observations histologiques de l’anatomie comparée 1 Vision binoculaire, R. P. Archives des Sc. phys. et nat, 18T1, t. XL, p. 105; Images d'illusion et théorie du relief binoculaire. Le Conte, t. XLIE, p. 394. Réponse à M. Le Conte sur les images d’'illu- sion. R. P.; t. XLIIL, p. 61. Sur la vision binoculaire. M. le prof. Dor; t. XLILI, p. 241. Transparence des images doubles. Le Conte; t. XLV, p. 229. Analyse de divers travaux par le D' G. Haltenhof; t. XLIX, p. 156, 259. Sur l'association congénitale et acquise. M. le prof. Donders ; t. XXXVIIF, p. 299. 436 THÉORIES DE LA VISION. des vertébrés. Nous sommes ici en plein dans le champ d’une organisation qui précède chez l'embryon toute sen- sation lumineuse et qui ne relève que de l’hérédité con- sacrée par les générations antérieures. Les dernières re- cherches faites par Les histologistes de tous pays ont établi l’entre-croisement des éléments nerveux du chiasma d’une manière aussi complète que possible, et les cas d'hémio- pie donnent gain de cause à ces observations. À quoi servirait le chiasma sans le jeu de la vision binoculaire ? C’est grâce au chiasma qu'elle est possible. Sans le chiasma, les impressions lumineuses des deux yeux seraient aussi indépendantes que les deux sensations produites sur les deux paumes des mains par un corps que l’on saisit. Nous avons deux impressions très-distinctes, jamais confondues, mais la notion de l'unité du corps reste intacte. Pour les yeux, ainsi que nous l’avons fait voir précé- demment, il y à confusion constante entre les impres- sions rétiniennes ; le sensorium est #capable de discerner celle de l'œil droit de celle de l'œil gauche, nous touchons à une conformalion nerveuse spéciale de naissance. 2° Les strabiques de naissance à déviation légère des axes optiques ont deux impressions lumineuses qui ne s'associent nullement en une seule, malgré une habitude invétérée; la vision binoculaire est impossible, Quand les yeux sont sains, ils se servent alternativement de l’un ou de l’autre, mais pas des deux à la fois, et si l’on pratique l'opération du strabisme. #ns/antanément et sans aucune habitude obtenue graduellement, la vision binoculaire est Arch. des Sc. phys. el nat., t. XL, p. G1. THÉORIES DE LA VISION. 137 rétablie, ainsi que le démontrent une foule de guéri- SOS *. | Nous voyons par là l'immense écart qui existe entre l'étude progressive de l'interprélation des sensations lu- mineuses que nous décrit M. Dufour dans le cas d'un aveugle-né auquel la lumière est rendue, et le cas d’un strabique de naissance n'ayant jamais eu de vision binocu- laire par suite de déviation organique des axes optiques et qui, instantanément et sans tàtonnement, perd sa di- plopie dès la fin de l’opération. L’un est le résultat néces- saire de l'éducation d’un sens, l’autre est le résultat d'une conformation organique préexistante. Si l'œil gau- che de l’aveugle Noé est susceptible d’être opéré à son tour et si la vision binoculaire est rétablie au moins dans une partie du champ visuel correspondant aux portions transparentes des cornées, M. Dufour pourra constater que la fusion des deux impressions en une seule sensation ne demande pas les tätonnements que réclame l'éducation du sens de la vue. La célèbre guérison des aveugles-nés obtenue par le chirurgien anglais Chesselden * a montré d’une manière absolue que les patients n’ont jamais fait de confusion à cause des images doubles, mais seulement par suite du manque d'interprétation des sensations lumineuses dans les premiers temps qui ont suivi leur guérison. Il nous semble que la théorie nativistique dans la vision binoculaire s'associe si bien aux intéressants développe- ments de la théorie empiristique qui relèvent des obser- vations des aveugles-nés, qu'on ne saurait voir un anta- ? Helmholtz, Optique physiologique. Javal, Du strabisme. 2 Condillac, Traité des sensations, [lme partie, chapitre V. 0 Le gonisme réel dans ces FR PER leur valeur et leurs conséquences dans les D ph énc de la vision. SL SUR LE COMMENCEMENT DE L'HÉNOGÉNIE CHEZ DIVERS ANIMAUX Par le D' HERMANN FOL L. De la structure de lorule. L'ovule, encore contenu dans l'ovaire, mais appro- chant de la maturité, se compose chez les animaux que J'ai étudiés sous ce rapport, d’un vitellus plus ou moins granuleux, plus ou moins chargé de globules lécithiques, d’une vésicule germinative et d'une ou plusieurs taches de Wagner. La vésicule germinative se compose d’une membrane et d'un contenu. Sans entrer pour le moment dans une discussion sur la question de savoir si cette membrane appartient, philosophiquement parlant, au vi- : Hæckel a créé récemment deux nouveaux termes pour dé- signer le développement individuel et le développement historique ou paléontologique d’un être ; il les nomme Ontogénie et Phylogé- nie. J’accepte son idée ainsi que le second de ces mots nouveaux. Quant au premier, je ne puis l’adopter car sa signification étymo- logique est en opposition avec le sens que lui prête son inventeur. Onto-génie veut dire la formation de l’être en tant qu'être abstrait, < Das werden des seins ». Pour désigner le développement indivi- duel, il est indispensable de remplacer le mot grec crc: qui signi- fie l’être abstrait par le mot £vos qui désigne un étre individuel, un individu. Les mots d’Ontogénie et d’Ontogénèse devront donc faire place aux termes plus rationnels d’Hénogénèse et d’Hénogé- nie. 410 COMMENCEMENT DE L'HÉNOGÉNIE tellus ou à la vésicule je me contenterai de dire que ce n’est pas une membrane dans ie vrai sens du mot mais simplement une couche limitante plastique. La membrane vitelline proprement dite fait encore défaut ; la surface du vitellus est formée seulement par une couche de sarcode compacte. Le contenu de la vésicule diffère du vitellus non-seu- lement par son pouvoir de réfraction qui est beaucoup moins grand, mais encore par ses propriétés chimiques. J'ai pu y discerner, dans la plupart des cas que j'ai obser- vés, un réseau de filaments sarcodiques anastomosés et | suspendus dans une substance plus claire. C’est cette dis- position que HEITZMANN a découverte et qui a été décrite depuis dans les noyaux des cellules les plus diverses. Le nucléole est suspendu dans ce réseau de sarcode. Si la composition de l’ovule ovarien est au fond assez uniforme dans le règne animal, il n’en est pas de même de l’ovule au moment de la ponte. Chez l'Oursin, d’après les observations de DERBËS, d'O. Herwic et les miennes, l’ovule, au moment de la ponte et même auparavant, ne possède plus de vésicule germi- native, mais seulement un pronucléus femelle. Après fé- condation, cet œuf se développe sans l'expulsion préala- ble de sphérules dé rebut. Cette absence des globules po- laires semble constituer un cas exceptionnel pour le règne animal. Nous verrons cependant que l’exception est plus apparente que réelle. Dans la majorité des cas l’ovule mür possède une grande vésicule germinative qui ne disparait que peu avant la ponte (Sugitta, divers cœlentérés) ou peu après ce moment (Pterotrachœa, Asterias). Cette vésicule ger- minative est aussitôt remplacée par un système de fila- CHEZ DIVERS ANIMAUX. 441 ments sarcodiques arrangés en double étoile. J'ai décrit ces étoiles pour les Ptéropodes et BurscnLr les a étudiés avec plus de précision chez Nephelis, Succinea, Limnæus, etc. Je donnerai désormais à ces étoiles doubles reliées entre elles le nom d'amplhiaster. L’amphiaster qui se forme aux dépens de la vésicule germinative, au moment où celle-ci disparaît, ressemble tout à fait à celui qui se forme dans une cellule en voie de division, seulement il est situé près de la surface du vitellus. Nous donnerons à ce premier système étoilé le nom d’ampluaster de rebut, parce qu'il donne naissance aux sphérules de rebut. L'’as- ter périphérique sort alors du vitellus pour constituer une première sphérule de rebut qui peut se diviser après sa sortie. Puis la moitié interne de l’amphiaster, restée dans le vitellus, devient un amphiaster complet. Ce second amphiaster de rebut se sépare comme le premier, de telle sorte que son aster périphérique con- stitue le second globule polaire. La substance expulsée de la sorte provient en majeure partie de la vésicule germi- native avec un peu de protoplasma vitellin. L'opinion d'OELLACHER sur l'origine de ces globules chez la truite trouve dans ces faits une confirmation éclatante. La der- nière étoile qui reste dans le vitellus se ramasse pour constituer le pronucléus femelle. Quant à la tache de Wagner, elle disparait en général avant la vésicule germinative; tel est le cas des Gasté- ropodes que j'ai observés. Elle peut manquer déjà avant la maturité de l’oyule (Sagilta): ou bien encore, elle peut se dissoudre en même temps que la vésicule germinative ainsi que cela a été observé chez Asterias par R. GREEF, E. van BENEDEN et moi-même. Nous sommes donc en présence de deux cas en appa- ARCHIVES, t. LVIIE — Avril 1877. 31 4 à # MERS AE 4 TE SR LD * : 112 COMMENCEMENT DE L'HÉNOGÉNIE rence distincts. Dans l’un, celui de l'Oursin, l'ovule au moment de la ponte est déjà dépourvu de sa vésicule germinative et ne possède qu'un pronucléus femelle; s’il vient à être fécondé, il se développera sans expulsion de globules polaires. Dans l’autre cas, qui est celui de la grande majorité des animaux, l’ovule pondu possède en- core une vésicule et souvent une tache germinatives qui disparaissent pour faire place à l’amphiaster de rebut, ou bien il ne possède déjà plus sa vésicule germinative, mais bien un corpuseule qui devient un amphiaster. Un des premiers phénomènes qui suivent la ponte dans ee second cas est l'expulsion des sphérules de rebut. Pour comparer avec fruit ces deux eas, 1l importait d'examiner si l’expulsion des matières de rebut doit être considérée comme une suite de la fécondation, ou sim- plement comme un phénomène de maturation. Puis il fallait étudier le premier développement d’un animal voi- sin de l'Oursin, mais dont l’œuf possédât encore sa vési- cule germinative au moment de la ponte; l’Asterias ré- pond à ces conditions. Enfin il importait de connaitre exactement les phénomènes de maturation de l'ovule chez l'Oursin. C’est dans ce but que j'ai étudié à nouveau ce sujet à Messine en janvier et février 1877. En passant en revue l'opinion des auteurs anciens et récents sur la première de ces questions, l’on ne rencon- tre que peu d'observations propres à nous renseigner. Je citerai l'opinion de BiscHorr qui arrivait déjà en 1844 à la conclusion que la disparition de la vésicule germina- tive et la sortie des globules polaires sont des processus indépendants de la fécondation. Les observations publiées par QuATRErAGES en 1848 sur le développement d’une Hermella et en 1849 sur celui d’un Teredo ne donnent CHEZ DIVERS ANIMAUX. 443 pas de réponse péremptoire à la question qui nous oc- cupe. Il en est autrement des observations faites par DE Lacaze-Duraiers sur Dentalium en 1857 et d’après les- quelles les sphérules de rebut opèrent ici leur sortie chez des œufs soigneusement mis à l'abri de toute possibilité de fécondation. Ces œufs se décomposent ensuite. RANSOM arrivait pour les poissons en 1867 à la conclusion que la vésicule germinative disparaît chez l'œuf mûr mais non fécondé. Fritz RATZEL trouva en 1869, dans l'ovaire de Tubifex, les œufs les plus mürs déjà dépourvus de vési- cule germinative et il décrit fort bien la sortie des globu- les polaires chez des vitellus non fécondés. Pour la truite, OELLACHER touve en 1870 que l'expulsion des globules polaires a lieu sans fécondation préalable et les considère comme n'étant que la vésicule de Purkinje expulsée du vitellus. EIMER arrive, l’année suivante, à des conclusions analogues pour les reptiles, ainsi que KLEINENBERG en 1872 pour l'Aydra. En 1874, MerscaniKorFr soutenait avec raison, contrairement à l'opinion de HæcxeL, que le vitellus des Siphonophores, arrivé à parfaite maturité. mais non fécondé, est dépourvu de sa vésicule germina- tive, Dans son travail sur le développement des Naïades, W. FLEMmING arrive (1875) à la conclusion que la dis- parition de la vésicule germinative et l'expulsion des cel- lules polaires est indépendante de la fécondation et GOETTE publie la même année son bel ouvrage sur le développe- ment du Bombinator où il arrive aux mêmes conclusions. Enfin, d'après R. GREEF la tache et la vésicule germina- tives disparaissent dans l'œuf pondu mais non fécondé d'Asterias : il vit ces œufs se développer ensuite par par- thénogénèse. La question, malgré tout cela, n’était pas résolue, car 441 COMMENCEMENT DE L'HÉNOGÉNIE à ces opinions d'hommes si compétents, l’on peut en ap- poser d'autres toutes contraires qui font dépendre la dis- parition de la vésicule de Purkinje d’une fécondation préalable. Burscuzr lui-même, dans son dernier ouvrage, se fait encore le défenseur de cette manière de voir: il admet bien que l'expulsion des globules polaires peut avoir lieu sans fécondation préalable, mais il considère ce processus comme un commencement de développement parthénogénétique et point du tout comme un phénomène de maturation. C’est une question sur laquelle on pour- rait discuter longtemps et sans grande utilité. Je erois cependant que les observations que je vais rapporter sont de nati re à ébranler l'opinion de Burscazr. L'Asterias (Asteracanthion) glacialis que je viens d’étu- dier de nouveau à Messine pendant le mois de janvier Pie. 1. 1577 se prête par- faitement àfce geñre d'études. L’ovule mûr possède une grande vésicule ger- minative et une ta- che germinative très - nette et assez fortement réfrin- gente. Cette tache est suspendue dans un réticulum de fi- Ovule mûr d’Asterias glacialis, grossi 300 laments sarcodiques fois. A l'extérieur les cellules et fibres du qui occupe tout J'in- stroma de l'ovaire; puis la couche muqueuse ” , 1% à stries radiaires, le vitellus granuleux, la (érieur de la vésicule vesicule germinative très-claire et la tache jee .. serminative réfringente et renfermant quel- de Purkinje. Le vi- x mé ras à tellus est granuleux. CHEZ DIVERS ANIMAUX. . 445 dépourvu de membrane vitelline, mais enveloppé d'une couche mucilagineuse à la surface de laquelle adhèrent des cellules pavimenteuses et des fibres qui proviennent du stroma de l'ovaire. Dès que l'ovule se trouve dans l’eau de mer, cette couche irréguhère de cellules se détache. La vésicule germirative se ratatine ensuite, et perd la netteté Fig. 2. de ses contours en chan- seant souvent de forme. Elle finit par ne plus se montrer que Comme une tache claire très-1rrégu- lière sans limites définies. mire ins l’ loi des Le vitellus, après quelques minutes Néanmoins EMpPIOI US Ge séjour dans l’eau de mer. La vésicule nette fast pa saîtpa germinative se ratatine, sa membrane réactifs fait ÉCARDAI aire se plisse. Les enveloppes de l'œuf ont la membrane de la vési- été laissées de côté, ainsi que la moitié ; nutritive du vitellus. 300/,. cule repliée sur elle-mê- me de telle façon qu'il est impossible de dire si elle est encore complète ou si elle est déchirée ou dissoute en partie, Finalement la vésicule se fond en quelque sorte dans le vitellus, Jamais son contenu n’est expulsé au de- hors comme l’a cru E. Fig. 3. VAN BENEDEN. Je ne peux m'expliquer l'erreur dans laquelle est tombé le sa- vaut naturaliste, qu'en admettant que les œufs qu'il a observés étaient ÉrReur É L'hémisphère formatif du vitellus au comprimes pat le couvre- moment où la vésicule germinative se objet; ce n’est que dans disperse. La tache germinative, de sb tn l …. forme très-irrégulière, est à peine vi- ces conditions-là que j'ai sible. #°/. Jamais observé des faits analogues à ceux que VAN BENE- DEN a décrits. 416 | COMMENCEMENT DE L'HÉNOGÉNIE La tache germinative perd aussi ses contours nets, pà- lit, change souvent de forme, diminue progressivement, soit par simple dissolution, soit par la perte de morceaux qui s’en détachent, et finit par se dissoudre. L'on ne voit plus maintenant dans le vitellus que deux Fig. 4. à AD ô "+ û Hémisphère formatif du vitellus au moment où la tache claire se divise en une partie ovoïde, renfermant l’am- phiaster, qui se rapproche de la sur- face, et une partie irrégulière qui reste dans l'intérieur. 500/,. es". 0'.8 M Vu ol. CAR ee ous aïe e É œ 0 2% DORA Per ,.O#.#6 do 200:00 . Petite portion d'un vitellus renfer- mant l’'amphiaster de rebut avec les varicosités de Bütschli et un corps irrégulier dans son plan neutre. Un peu plus bas se voit une partie fine- ment granuleuse où se trouvait la vé- sicule germinative et un corpuscule rond, dernier reste de la tache germi- native. Préparation à l'acide picrique. Grossissement 72/,, taches claires dont l’une très-mal définie et de forme irrégulière occupe encore la place où se trouvait la vésicule ger- minative, tandis que l'au- tre, de forme ovoïde, se rapproche de la surface (fig. #). En employant les réactifs, l'on distin- gue dans la tache ovoide l'amphiaster de rebut. Cet amphiaster se forme aux dépens de la vésicule germinative, par des pro- cessus sur lesquels j'in- sisterai dans une autre occasion. Qu'il me suffise de dire qu’ilse forme dans la vésicule germinative ou dans ce qui reste de cet élément, mais qu'il oe- cupe dès l’abord une po- sition excentrique. Ce premier amphiaster de rebut (fig. 5) présente souvent dans son plan CHEZ DIVERS ANIMAUX. 447 neutre des corps de formes irrégulières que l’on pour- rait considérer comme des résidus de la membrane de la vésicule germinative. Le dernier reste de la tache verminative est encore visible à une certaine distance de cet amphiaster de rebut, montrant clairement que ce n’est pas aux dépens de ce nucléole que se forme l’am- phiaster. Je n'oserais pourtant affirmer qu'aucun frag- ment de la tache germinative ne puisse jamais entrer dans la composition de l’amphiaster. Ce premier amphiaster ne donne pas, chez l'étoile de mer, directement naissance aux corpuscules polaires. Si lon traite un œuf par les réactifs, peu de minutes après le moment représenté sur la fig. 5, l’on ne trouve plus un amphiaster, mais un Corps compaet à contours étoilés. Ge corps répond-il à l’amphiaster tout entier ou seulement à l'une de ses moitiés? résulte-t-il d’une condensation de l'amphiaster où de sa division ? La seconde supposition semblerait plus probable à priori; mais comme je n'ai jamais réussi à voir à côté de Fig. 6. ce corps étoilé une autre aster, | je préfère m'en tenir à la pre- mière supposition. Quoi qu'il en soit, le vitel- lus ne présente bientôt plus qu'une tache assezréfringente, située près de la surface, et qui Petite portion d’un vitellus avec r : son enveloppe muqueuse et la se résout en un amphiaster. première sphérule de rebut en Celui-ci se divise par Les procé- tn de se détacher. L'auphine dés que je décrirai à propos Mel ce eue ps ne du fractionnement, et de telle connaissable que par une série ; ee de grains verticaux, et l’autre, façon que l’aster périphérique, y compris ses filaments vitel- encore complète, reste dans le vitellus. Préparation à l'acide picrique. 500/,. ù 26 COMMENCEMENT DE L'HÉNOGÉNIE lins et ses filaments avec varicosités de Bütschli, con- stitue le premier corpuscule de rebut (voyez fig. 6). Puis l'aster intérieur se change en un nouvel amphi- aster de la manière suivante : Les filaments de Bütschli (que l’on peut aussi nommer filaments bipolaires), au lieu de se retirer vers le centre de laster, s’allon- gent à nouveau, et les varicosités disparaissent en s'é- tirant. Ces filaments constituent de nouveau un fuseau (fig. 7), dont l’une des extrémités se trouve au centre de l’aster intérieur, tandis que l’autre point de convergence des filaments répond au point de contact du vitellus et du premier corpuscule polaire. Au milieu de ces filaments bi- polaires se forment de nouvelles varicosités, et le second amphias- ter de rebut ainsi constitué se di- vise exactement comme le pre- mier et donne naissance au second corpuscule polaire. Il ne reste après cela dans le vitellus Fig. 7. & » NE La même portion du vitel- lus au moment où le premier globule polaire est détaché et où les filaments de Bütschli de l’aster interne s’allongent à nouveau pour former le second amphiaster de rebut. Préparation à l'a- que l’aster intérieur du second amphiaster (voyez fig. 11); je reviendrai bientôt sur ses trans- formations ultérieures. Jetons encore un coup d'œil cide picrique. #%/,. sur ces processus tels qu'ils se présentent lorsqu'on les étudie sans l'emploi des réactifs. Les formes que prennent les corpuscules en train de se détacher ont été décrites par tant d'auteurs et tout par- ticulièrement par ROBIN, que je puis me dispenser d'y revenir. L'on se rendra compte, du reste, de ces formes en ce qui concerne l’Asterias, en considérant les figures 8, 9 et 10. Ces mêmes figures montrent aussi les aspects CHEZ DIVERS ANIMAUX. 149 sous lesquels se présente Fig. 8. la tache ovale qui ren- ferme l’amphiaster. Les filaments bipolaires de ce dernier se voient déjà, quoique peu nettement, FUME eus je L'hémisphère formatif du vitellus chez l'œuf vivant. Vers le au moment où le premier globule po- moment où le premier laire se prépare à sortir. L'on distin- ne sue les filaments bipolaires de l’am- corpuseule polaire Com- phiaster et les filaments radiaires de d : l’aster interne, œuf vivant. 500/,, mence à se détacher, la surface du vitellus forme des plis disposés comme les rayons d’une étoile dont le centre est représenté par le pédoncule qui relie encore le corpuscule avec le vitellus (ig..10). Ces plis vont en s'accentuant à mesure que le corpuscule se détache pour commencer à s’effa- cer une fois qu'il est COM- Le même que le précédent, un plétement détaché. Les peu plus avancé, œuf vivant. 300), mêmes phénomènes se reproduisent lors de la sortie du second corpuseule. Cette formation de plis radiaires ainsi que bien d’autres détails de Fig. 10 la sortie des corpuscules polaires s'expliquent facile- ment si lon admet que la couche la plus superficielle du vitellus est douée d’une Ë Ai Partie formative du vitellus avec consistance plus grande que son enveloppe muqueuse, la pre- le vitellus lui-même. Cette mière sphérule de rebut achevant de se détacher et les plis radiaires couche limitante ne consti- formés par la surface du vitellus et sa couche limitante, Œuf vivant. tue pas une véritable mem- #/.. 51\ 450 COMMENCEMENT DE L'HÉNOGÉNIE brane à contours doubles, mais sous bien des rapports elle se comporte à la manière d’une membrane. Les cor- puscules soulèvent en sortant une partie de cette cou- che qui, en cet endroit-là, devient une pellicule distincte, recouvrant les deux corpuscules (voyez fig. 12). Beau- coup d’auteurs ont déjà remarqué ce fait chez divers ani- maux et l'ont toujours interprété comme donnant la preuve de l'existence d’une membrane vitelline. C’est une conclusion à laquelle je ne saurais souscrire. La véritable membrane vitelline ne se soulève qu'après la fécondation. Chez des œufs fécondés après la sortie des globules po- laires, l’on voit ces globules enfermés entre deux mem- branes, dont l’une. extérieure, très-mince, n’est que la pellicule dont nous venons de parler, tandis que Pautre, interne, beaucoup plus forte, répond à la membrane vi- telline. Je rappellerai que j'ai décrit des plis radiaires à la surface de l’œuf fraîchement pondu des Geryonides, plis qui prennent sans doute naissance de la même ma- nière que chez Asterias. L’aster qui reste dans le vitellus après la sortie des Fig. 11. deux corpuscules est situé tout près de la surface (fig. 14). II ne tarde guère à s’effacer et à se changer en une ou deux petites laches claires de forme irrégulière et qui prennent, Petite portion du côté forma- PES PE des réactifs, Pas tif du vitellus avec les deux glo- pect de jeunes noyaux (fig. mod interne du second ame 12). Ces taches vonten Grois- ete dansk sant à mesure qu’elles s'en picrique. 5%/. foncent dans le vitellus ; elles se fusionnent entre elles. D’autres taches claires apparais- sent sur les côtés de la première, avec laquelle elles se soudent à leur tour ; et de la sorte la tache augmente rapidement, tout en marchant vers le centre du vitel- lus et se change en un véritable noyau muni d'un ou deux nu- eléoles. La suite du développe- ment montre que ce noyau doit encore recevoir un élément mâle ; nous pouvons done, avec E. vax BENEDEN, lui donner le nom de pronueléus femelle. Ce pronu- CHEZ DIVERS AMIMAUX. 451 La même que sur la fis. 11 au moment où les globules polaires sont tout à fait détachés et où l’aster interne du second amphias- ter de rebut se change en de petites taches qui ont l'aspect de petits noyaux ir- réguliers. Préparation à l'a- cide picrique. 600/,. cléus femelle s’arrête dans sa marche eentripète à peu près au tiers du diamètre du vitellus (fig. 13). Les stries radiaires, peu accentuées du reste, que l’on remar- que autour du pronucléus en voie de croissance s’ef- facentetl’ovuleentre main- tenant dans une nouvelle période d'inactivité. Toutes les modifications que le vitellus de l'étoile Fig. 13. de mer à éprouvées ] US- L'ovule entier, sans ses enveloppes, es ECS . ; avec ses globules polaires, retenus qu 101 Ont ete OCCASIONNEES par une mince pellicule, et son pro- par le simple contact de Mens femelle achevant sa crois- sance et encore entouré de stries ra- l’eau de mer, sans aucune diaires peu nettes. Œuf vivant. si fécondation préalable. Une fécondation préalable ne change rien à ces processus ; ils restent exactement les mêmes, que l’œuf soit fécondé ou qu'il ne le soit pas. 452 COMMENCEMENT DE L'HÉNOGÉNIE Ces faits étant acquis en ce qui concerne l'Étoile de mer, il était permis de supposer que chez l'Oursin les choses se passeraient d’une manière analogue; et comme l'ovule de l'Oursin est pondu au point que celui de V'É- toile de mer n’atteint qu'après un séjour plus ou moins prolongé dans l’eau de mer, il était permis de se de- mander si les mêmes phénomènes ne se retrouveraient pas chez l'ovule de l'Oursin dans l'intérieur de l'ovaire. L'on sait que Dersës et O0. HerrwiG considèrent le pronucléus femelle mûr de l'Oursin comme identique à la tache de Wagner de l'ovule avant sa maturité. D'après O. HerrwiG la vésicule germinative arriverait à la sur- face et serait éliminée én globo. La tache germinative seule resterait dans le vitellus et deviendrait le pronucléus fe- melle, Ces deux éléments histologiques seraient du reste tout à fait identiques et la différence que l’on remarque dans leurs propriétés optiques proviendrait de ce que le nucléole si fortement réfringent de l’ovule est situé dans le contenu presque liquide de la vésicule germinative, tandis que plus tard ce nucléole se trouvant au milieu des granulations vitellines apparaîtrait comme une tache claire. HERTWIG à fait ses observations sur des œufs placés dans le liquide de la cavité du corps de l'Oursin, liquide qu'il considère comme un liquide indifférent pour l'ovule, en d’autres termes comme son menstruum natu- reb | Examinant à mon tour les ovules mal mûrs du même animal dans les mêmes conditions, je ne pus retrouver aucune des images décrites et figurées par HerrwG. En revanche, chez ceux des ovules qui avaient atteint pres- que leurs dimensions normales, tout en conservant encore leur vésicule germinative, je vis au bout de deux ou CHEZ DIVERS ANIMAUX. 493 trois heures la vésicule se ratatiner, être remplacée par un grand amphiaster très-facfle à voir, et j'observai enfin la sortie d’un globule polaire. Tout cela concordait assez exactement avec le processus que j'avais observé chez l'Étoile de mer, avec ces seules petites différences que 1° chez l'Oursin le globule polaire ne soulève en sortant aucune pellicule, aucune portion de membrane, en sorte qu'il se détache et se perd aussitôt après sa sortie: 2° que je n'ai vu chez lOursin qu'un seul globule po- laire. Toutelois, je-dois remarquer que mes observations ne portent que sur un très-petit nombre de cas. Pour trouver ces phases de la maturation de Fovule, il faut passer en revue des centaines d'œufs, et le fruit de tant de patience est souvent perdu par le fait que le liquide de là cavité du corps de l'Oursin s’altère au bout de peu d'heures et que les ovules commencent alors à cette substance hyaline. Préparation Me de ce dernier s’amasse 1v 800 FFT . . ee NE du côté qui fait face ausper- matozoaire le plus rapproché et y constitue une mince cou- che hyaline qui recouvre le vitellus granuleux (fig. 14). Cette couche ne doit du reste pas être considérée comme dis- tincte de la substance vitelline; elle est en continuité avec CHEZ DIVERS ANIMAUX. le réseau de sarcode qui tient en suspension les granules de protolécithe. Ce bord transpa- rent se soulève à son centre en une bosse qui s’avance à la rencontre de l'élément mâle. La bosse, d’arrondie devient conique, et bientôt on voit un mince filet de protoplasme établir la communication en- tre le sommet du cône et le corps du zoosperme. Ce der- nier s’allonge, s’étire et pénè- tre dans le vitellus par un procédé qui ressemble tout à fait à l'écoulement d’un liqui- de visqueux. Les formes que prend successivement ce corps étiré varient beaucoup d’un cas à l’autre et changent rapi- dement. En général, on dis- tingue encore pendant quel- ques instants le corps du z00- sperme qui diminue de plus 459 La même que sur la fig. 14, au moment où la communication entre le zoosperme et le vitellus est établie à l'aide d’un filament très-ténu partant du sommet de la bosse hyaline changée en cône. Préparation vivante, 800/,. Fig. 16. La même que sur la fig. 45, prise au moment où le cône se raccourcit, le corps du zoosperme diminue et la couche limitante se différencie en une membrane vitelline. 800/,. en plus; puis il ne reste qu’un fil présentant quelques vari- cosités (fig. 18) etsurmonté par la queue, disons plutôt le cil vibratile devenu immobile. Quelques secondes plus tard, le cil vibratile a disparu à son tour et l’on ne voit plus à sa place qu'un cône très-pâle, allongé ou même effilé, à base assez large (fig. 19). Faut-il considérer ce cône comme résultant d’une transformation du cil vibratile ou bien comme le produit d’une exsudation du vitellus? Ces suppo- 460 ec 02 Meneonveee oe DENON s 0°6” :0 La même que sur la fig. 16, prise au moment où le zoosperme est très-réduit, le cône hyalin presque rentré dans le vitellus et où la membrane vitelline pré- sente un cratère. 80/1. La même que sur la fig. 17, prise au moment où il ne reste pour ainsi dire plus rien du corps du zoosperme en dehors du vi- tellus, où la membrane avec son cratère se sépare de la surface du vitellus laissant apercevoir le filament par lequel le cil du zo0- sperme est attaché au vitellus qui présente en ce point une pe- tite tache claire. 800/,. COMMENCEMENT DE L'HÉNOGÉNIE sitions pourraient être Justes toutes deux. L'existence d’une exsudation sortant du vitellus au point de pénétration ne fait pas pour moi l’objet d’un doute ; mais il se pourrait fort bien que le cil vibratile rac- courci et en voie de décom- position contribuât pour sa part à la formation de ce cône. La forme effilée qu'il pré- sente ne semble pas pouvoir s'expliquer autrement. Ce cône d’exsudation reste visi- ble pendant plusieurs minutes et prend, pendant ce temps, les formes les plus diverses qui rappellent les flammes d’un feu de paille sans être aussi rapides. Tantôt il est simplement conique, tantôt bosselé, flanqué de barbules, de languettes (fig. 20). Enfin, il se dissipe et disparait. Pendant que ces phéno- mènes se succèdent, la couche hyaline superficielle, que nous avons vu se former au point où le contact allait se produire, commence à s’éten- dre depuis le point de pénétration et finit par envelopper tout le vitellus. Au moment où la communication avec le zoosperme est établie, cette couche se différencie très-net- tement, prend un double contour et commence à se déta- CHEZ DIVERS ANIMAUX. cher de la surface de l'œuf; elle devient une véritable membrane vitelline. La diffé- rentiation de cette membrane gagne tout le tour de l'œuf en commençant par le point de fécondation où il reste un petit enfoncement en forme de cratère. Au-dessous de cet enfoncement de la membrane se trouve, à la surface même du vitellus, un autre enfonce- ment à bords relevés et un autre cratère. Ces deux petits cratères ne restent visibles que pendant quelques minu- tes et disparaissent sans lais- ser de traces. Chez un œuf arrivé au point favorable de son évolu- tion, avant d'être fécondé et chez un œuf qui n'a pas été altéré, tous ces processus se succèdent avec une rapidité telle, que l’accès du vitellus est barré à tout zoosperme qui serait de peu de secondes en retard sur le premier. Je suis d’avis que la fécon- 461 La même que sur la fig. 18, prise au moment où l’on n’aper- çoit plus à la place du cil du zoosperme qu'un cône effilé, large mais très-pale, communi- quant avec le vitellus par l’ou- verture présumable du cratère de la membrane vitelline. 50/1, Fig. Rte, on mes > EX ut C7 L / Ve \s vi, La même que sur la fig. 19, prise un peu plus tard lorsque le cône d’exsudation prend des formes irrégulières et changean- tes. La tache claire existe tou- jours dans le vitellus, immédia- tement au-dessous du cône et présente quelques petits grains réfringents. Œuf vivant. #00/,. dation normale de l'Étoile de mer se fait à l’aide d'un seul zoosperme par œuf; ceci vient confirmer la conclu- sion à laquelle O. HeRTwIG et moi sommes arrivés avec 462 COMMENCEMENT DE L'HÉNOGÉNIE un degré de certitude encore plus grand en ce qui con- cerne l’Oursin. Nous verrons que les œufs qui ont reçu plus d’un spermatozoaire se développent d’une manière anomale et monstrueuse. Les sexes étant distinets chez ces animaux et en nombres à peu près égaux, il est clair que parmi les œufs fécondés et se développant normale- ment, les uns deviendront des mâles, les autres des fe- melles. La production des sexes ne peut dans ce cas-ci être déterminée par le nombre des zoospermes introduits dans le vitellus. Je dois encore noter que la pénétration a lieu en un point quelconque de la surface du vitellus, tantôt dans le voisinage des sphérules de rebut, tantôt au pôle opposé, tantôt sur les côtés. La direction du fractionnement étant Fig. 21. Le vitellusd’Asterias glacialis entouré de sa membrane vitel- line dans laquelle sont logés les globules polaires. Près du cen- tre se voit le pronucléus femelle etau-dessous, l’aster mâle ayant le pronucléus mâle dans son centre. Œuf vivant. Grossisse- ment 300/,. constante par rapport à la position des globules polaires, il en résulte que la situation du point par lequel le zoos- perme vient à s’introduire n’a aucune influence sur cette direction des divisions cellulaires. Le point de pénétration devient le centre d’une étoile ou aster mâle; dans le milieu de l’aster se trouve un amas ou pronucléus mâle qui va se fusionner avec le pronu- cléus femelle d’une manière tout à fait conforme à ce + ALLAIT LL AN CHEZ DIVERS ANIMAUX. 463 qui s’observe chez l'Oursin. Pendant les premiers instants après la fécondation, l’on ne voit qu'une petite tache claire assez indistincte au bord du vitellus. Les rayons de l’aster Fig. 24. Trois phases successives de la réunion des deux pronucléus mâle et femelle. D’après le vivant. 500/,. mâle ne commencent à se montrer nettement que plu- sieurs minutes après la fécondation,et lorsque la tache claire s’est déjà avancée un peu vers l’intérieur du De Fig. 25. Le même que sur la fig. 21, après la réunion des deux pro- nucléus en un noyau central complet entouré de stries ra- diaires. 300/,. vitellus. Quelques-uns de ces filaments radiaires s’é- tendent du centre de l’aster au point de la surface du vitellus où le contact a eu lieu, point qui est en- vore reconnaissable grâce à la présence d’une petite ci- catrice. Ce sont, je crois, ces filaments que O. HERTWIG à pris chez l’Oursin pour une partie de la queue du sperma- tozoaire. Les rayons de l’aster mâle deviennent toujours plus longs et plus marqués à mesure que le pronucléus 46% COMMENCEMENT DE L'HÉNOGÉNIE mâle se rapproche du pronucléus femelle. Ce dernier, jusque-là immobile, ne commence à se déplacer à l’en- contre de l’autre pronucléus qu’au moment où les rayons de l’aster mâle arrivent à le toucher. Les deux noyaux se rapprochent alors rapidement l’un de l’autre et se soudent en prenant successivement, mais en ordre inverse, ces formes que l’on attribuait autrefois aux noyaux en voie de division (voy. fig. 22, 23 et 24). Si nous comparons entre eux ces processus intimes de la fécondation chez l’Oursin et chez l'Étoile de mer, nous sommes frappés de voir deux cas en apparence bien dis- tincts et qui pourtant ne sont que des variations d’un même type fondamental. Cette comparaison nous permet- tra de comprendre les phénomènes observés chez d’au- tres animaux où la pénétration du zoosperme n’a pu être suivie pas à pas. Burscuui à observé le premier la formation de deux noyaux dans le sein du vitellus d’un Nématode du genre Rhabditis. I a vu ces noyaux marcher à la rencontre l’un de l’autre et se souder entre eux. AUERBACH confirme ce fait chez un autre Nématode, mais sans s’apercevoir que ce phénomène n’a lieu qu'après la sortie des corpuscules polaires qui existent pourtant chez l'espèce qu'il a étu- diée. BurscaLi décrit ensuite ces processus avec plus de soin chez divers Nématodes, chez d’autres Vers et chez quelques Gastéropodes d’eau douce. Il montre que la dis- parition de la vésicule germinative et la sortie des globu- les polaires précèdent la formation de ces deux noyaux; il indique fort bien que les noyaux ne prennent pas tou- jours naissance aux deux pôles opposés du vitellus et que parfois il s’en forme plus de deux. Enfin cet habile obser- vateur suppose avec justesse que la formation et la réu- RS CHEZ DIVERS ANIMAUX. 4G5 nion de ces noyaux sont des phénomènes liés à ceux de la fécondation, mais il n’en fournit pas la preuve directe. Une confusion regrettable subsiste dans sa description entre ces pronucléus qui prennent naissance indépendam- ment l’un de l’autre et les petites vésicules qui se forment au-dessous des globules polaires pour se réunir bientôt en un pronucléus femelle. 0. HERTwIG assigne enfin à ces deux pronueléus, chez l’Oursin, leur véritable signification mais sans fournir encore de prenve directe à l'appui de son opinion. Cette preuve est faite maintenant. E. van BE- NEDEN a retrouvé ces deux pronucléus dans l'œuf du Lapin et les interprète de la même façon. Chez Sagitta l'ovule au moment de la ponte est géné- ralement déjà dépourvu de sa vésicule germinative ; les deux globules polaires sortent peu de temps après. La fécondation a lieu peu d’instants après la ponte. Il est as- sez difficile d'obtenir des œufs pondus et non fécondés ; toutefois j'ai réussi parfois à en obtenir et j'ai remarqué que la sortie des globules polaires est bien plus lente et plus tardive que chez l’œuf fécondé. Chez ce dernier l’on voit une tache claire se former près des sphérules de re- but et une seconde tache prendre naissance à la périphé- rie du vitellus, le plus souvent dans l'hémisphère opposé à celui dont les globules polaires occupent le sommet. Cette dernière tache s’entoure aussitôt d’une étoile de filaments protoplasmiques et se meut dans la direction de l'endroit où se trouve l’autre pronueléus que, par analogie, nous pouvons nommer le pronueléus femelle. Pendant ce mou- vement de translation, l’on voit très-nettement que le- centre de l'étoile se trouve en avant de la tache claire et que celle-ci est entraînée d’une manière passive. Arrivée près du pronucléus femelle, jusqu'alors immobile, cette 466 COMMENCEMENT DE L'HÉNOGÉNIE étoile se meut plus rapidement, le pronucléus est attiré vers la tache claire et ces deux éléments se fusionnent pour constituer le nucléus de l'œuf fécondé. La tache claire avec son étoile ressemblent trop à l'aster mâle de l’Oursin et de l'Étoile de mer pour que nous hésitions à les classer dans la même catégorie ; toutefois je ne puis fournir la preuve directe en ce qui concerne la Sagitta. Chez les Hétéropodes la fécondation a lieu dans lovi- ducte, en sorte que les œufs pondus sont déjà fécondés de- puis un certain temps. Néanmoins ils possèdent encore sauf de rares exceptions (iroloïdes) leur vésicule germi- native. La tache germinative a déjà disparu et il est rare que l’on en trouve encore des fragments suspendus dans la vésicule germinative au moment de la ponte. Il est en- core plus rare de rencontrer à ce moment-là une tache de Wagner restée intacte. Bientôt apparaissent les deux centres d'attraction aux deux extrémités de la vésicule ou plutôt dans une position un peu excentrique. : Leur existence est annoncée par l’apparition de deux asters dont les rayons s'étendent en partie en dehors et en partie en dedans de la vésicule. Ces derniers se ren- contrent et se soudent entre eux en commençant par ceux du milieu et constituent ainsi les filaments bipolaires. Je n’insiste pas davantage pour le moment sur ces phéno- mènes que je décrirai avec plus de détails dans un mé- moire qui ne tardera pas à paraître. L’un des asters sort ensuite sous forme de globule polaire ; puis il se forme un second globule et les renflements de Butschli du dernier aster réunis à son amas central constituent un noyau. C'est au moment où la seconde sphérule de rebut se forme qu'apparaît le pronucléus mâle. Il est très-petit, CHEZ DIVERS ANIMAUX. 467 fortement réfringent et situé à la surface du vitellus dans une position très-variable par rapport à celle des globu- les polaires. Il chemine ensuite vers le centre du vitellus tout en grossissant rapidement et en perdant son aspect réfringent. Les modifications qu’il éprouve sont exacte- ment parallèles à celles qui surviennent dans le pronu- cléus femelle. Dans tous deux l'on trouve à certain point de leur croissance un petit nucléole. [ls se rencontrent au centre de l'œuf et se soudent en un noyau unique. Le fait que le pronucléus mâle n’est devenu visible qu’au moment de la sortie du second globule ne doit pas nous étonner, puisque nous savons que chez l'Étoile de mer l’aster mâle reste à l’état latent jusqu’à ce moment- là. Le mode de croissance du pronucléus mâle montre bien que ce noyau est un produit de fusion et non pas simplement le corps d’un zoosperme. Ces quelques exemples des principales variétés qui ont été observées pourront suffire à montrer que les deux pronucléus ont été trouvés partout où on les a cherchés et que le pronucléus mäle est avec certitude dans certains cas, avec probabilité dans les autres, un résultat de la fu- sion du zoosperme avec une certaine quantité de proto- plasma vitellin. Enfin que le noyau de l’œuf fécondé n’a qu’une liaison très-éloignée avec la vésicule germinative et se constitue par la fusion des deux pronueléus. HIT. De quelques cas de fécondation anomule. J'ai décrit ci-dessus les modifications que subissent les œufs mürs de l’Asterias glacialis lorsqu'on les place simple- ment dans l’eau de mer et les phénomènes d’une féconda- tion artificielle faite avec des œufs non altérés mais débar- 468 COMMENCENENT DE L'HÉNOGÉNIE rassés de leurs matières de rebut. Essayons maintenant de féconder ces œufs immédiatement après leur sortie de l'ovaire, ou, tout au moins, avant l'expulsion de la pre- mière sphérule de rebut, et pour plus de sécurité, prenons- les à un individu qui a déjà vécu quelques jours en cap- tivité. | Les détails de la pénétration du zoosperme dans le vi- tellus sont, à peu de chose près, les mêmes que dans le cas normal; ces processus sont seulement plus accentués et surtout bien plus lents. La différence principale est que la membrane vitelline ne se ‘forme et ne se soulève que très-lentement autour du point où la pénétration a lieu; au lieu de gagner rapidement le tour du vitellus, elle ne s'étend qu’à une fraction de la périphérie. Cette lenteur dans la formation de la membrane a une conséquence très-importante, à -savoir que d’autres spermatozoaires ont tout le temps de pénétrer successivement en différents points de la surface de l’ovule et continuent à le faire jus- qu’à ce que le vitellus soit complétement enfermé dans une membrane qui leur est imperméable. L’étendue et la rapidité de formation des portions de la membrane qui se différencient autour de chaque point de pénétration sont très-variables et d'autant plus faibles que l’on s'éloigne davantage des conditions normales. En pareil cas j’ai compté jusqu'à quinze zoospermes dans un seul vitellus. C'est-à-dire qu’il a fallu quinze centres de formation de la membrane vitelline pour que celle-ci fût complétée. Plus on se rapproche des conditions normales et plus le nombre des spermatozoaires qui pénètrent est restreint. Le corps du zoosperme coule dans le vitellus de la ma- nière que j'ai décrite plus haut, seulement avec plus de CHEZ DIVERS ANIMAUX. 469 lenteur, en sorte que l’on peut bien plus facilement ob- server tous les détails du processus. Une tache claire en- tourée de filaments radiaires se forme à la périphérie du vitellus au point de pénétration; c’est l’aster mâle. Ces asters mâles, partant de divers points de la surface, che- minent lentement dans la direction du centre du vitellus (fig. 26). Sauf pour le nombre des asters, tout ceci est conforme au cas normal. Si la fécondation a lieu avant la disparition de la vésicule germinative, les asters mâles restent assez longtemps à l’état latent et ce n’est qu’au moment où le premier globule polaire commence à sortir, parfois même déjà au Fig. %. moment où l’amphiaster de rebut est constitué, que les asters mâles se montrent, chacun à une petite distance de l’en- droit où un Zoosperme à pénétré. Les asters mâles ga- snent en netteté à mesure qu'ils s’éloignent du bord du vitellus, et dans leur Œufd'Asterias glacialis provenant centre l’on voit un petit d’une mère malade, le vitellus a reçu plusieurs zoospermes.L’on distingue à amas de protoplasme ré- la fois cinq asters mâles isolés et deux autres qui se réunissent simultané- fringent que nous pou- ment au pronucléus femelle. Dessiné d’après le vivant. 300/,. vons nommer un pronu- cléus mâle. Celui de ces noyaux mâles qui se trouve le plus près du pronueléus femelle se soude à ce dernier, qui devient aussitôt le centre d’un système de filaments ra- diaires. Puis ce noyau combiné se réunit encore à un second et même parfois à un troisième pronucléus mâle A70 COMMENCEMENT DE L'HÉNOGÉNIE (fig. 26). Les centres mâles ne se réunissent jamais entre eux ; ils paraissent se repousser mutuellement et sont, au contraire, attirés par le centre femelle jusqu'au moment où ce dernier à été complétement neutralisé par sa réu- nion à deux ou trois centres mâles. Le fractionnement de ces œufs est très-irrégulier. Lors- que les centres mâles sont nombreux, le vitellus forme du coup autant de bosses arrondies qu'il renferme d’asters mâles, chaque bosse ayant un aster dans son centre. Puis ces bosses se détachent les unes des autres et deviennent autant de sphérules qui continuent ensuite à se diviser par dichotomie. Il en résulte une blastosphère très-irrégulière et une larve monstrueuse. | Dans les cas où le nombre des centres mâles est très- restreint, le pronucléus femelle peut se répartir en deux ou trois noyaux. Cette division du noyau femelle n’a, du reste, jamais lieu au moment où ce pronucléus est tout à fait formé et arrondi; elle ne se produit que dans les cas où ce pronueléus à l’état naissant, c'est-à-dire composé d’une agglomération de taches claires, est sollicité à la fois par deux ou trois asters mâles équidistants. L'on voit alors ces taches claires se séparer les unes des autres pour se réunir aux centres mâles respectifs et constituer autant de noyaux. Au moment du premier fractionnement, cha- cun de ces noyaux se transforme pour son compte en un amphiaster et le vitellus se divise du coup en quatre ou six sphérules. Je n'ai pas suivi le fractionnement chez les œufs dont le nucléus unique est le résultat de la combinaison du pronucléus femelle à plusieurs asters mâles. C’est proba- blement ici qu’il faut rapporter ces œufs que j'ai rencon- trés assez souvent, chez lesquels le noyau se résout du a à L£- v CHEZ DIVERS ANIMAUX. 471 coup en un tétraster, c’est-à-dire en quatre asters reliés entre eux en Carré. Un vitellus qui a reçu deux zoospermes, peut-il se dé- velopper d’une manière normale ? Je n’oserais le nier ab- solument, mais j'ai toujours observé le contraire. Chaque fois que j'ai suivi un de ces œufs, je l’ai vu produire un nombre double de sphérules de fractionnement et devenir ensuite une larve monstrueuse. Ce fait, n’est-1l pas propre à nous mettre sur la trace de l’origine de toute une caté- gorie de monstres doubles ? DE LacazE-DUTHIERS nous à fait connaitre l’origine de monstres doubles par soudure de deux individus distincts; n’aurions-nous pas mainte- nant la contre-partie, à savoir l'explication des monstres par dédoublement ? Les phénomènes que je viens de décrire se présentent non-seulement chez des œufs fécondés avant la maturité ou altérés par un trop long séjour dans l’eau ; ils se trou- vent encore et surtout chez des œufs même mûrs à point, mais provenant d'animaux qui ont souffert de la captivité. Ayant fécondé des œufs provenant d’une mère très-ma- lade, je vis les zoospermes pénétrer en nombre dans cha- que vitellus et leurs corps se conserver intacts au milieu de la substance vitelline, bien qu'il fussent parfois entou- rés de quelques lignes rayonnées mal accentuées. Ils che- minèrent tous un peu dans la direction de la vésicule germinative qui disparut très-lentement ; puis ces œufs se décomposèrent. À tort ou à raison, l’on ne peut s’empê- cher de rapprocher ces faits de la soi-disant survie du zoosperme dans l'œuf d’un mammifère, décrite par Caw- PANA. A cette exception près, je n’ai jamais réussi à discerner le corps du zoosperme dans l’intérieur du vitellus. Le cor- 479 COMMENCEMENT DE L'HÉNOGÉNIE, ETC. puseule assez réfringent qui occupe le centre de chaque aster mâle, ne me paraît répondre exactement au corps du zoosperme, ni par ses dimensions, ni par son aspect, ni par sa forme. Le corps du spermatozoaire ne se recon- naît d'une manière incontestable que dans les premiers instants après la pénétration, avant la formation des stries radiaires. Je ne pense pas que le spermatozoaire per- siste comme tel; je crois bien plutôt que le pronucléus mâle est le produit de la fusion du corps de l'élément mâle avec du protoplasme vitellin en proportions très-va- riables suivant les espèces. L’affinité qui existe entre le zoosperme et la sarcode vitelline et plus particulièrement le pronucléus femelle ainsi que l’attraction qu'il exerce sur ces substances, me paraissent mises hors de doute par les observations que j'ai rapportées. La répulsion mutuelle des centres mâles me paraît être un corollaire de leur attraction pour le centre femelle, de même que la répulsion qu’exercent l’un sur l’autre les deux pôles d’un amphiaster est le corol- laire de l'attraction que ces pôles exercent sur le proto- plasme environnant. Dans un mémoire, que j'espère voir bientôt publié, je décrirai plus au long les observations dont je viens de ré- sumer les principaux résultats, et j'insisterai en particulier sur les phénomènes de division cellulaire qui, dans l’état actuel de la science, demandent une discussion approfon- die et appuyée de nombreux détails qui ne sauraient trouver place dans un extrait. BULLETIN SCIENTIFIQUE. ASTRONOMIE. HENRY DRAPER. PHOTOGRAPHIES DES SPECTRES DE VÉNUS ET DE LA Lyre. (The American Journal of Science and Arts, t. XIIL, p. 95, février 1877.) Dès le printemps de 1872, l’auteur s’est occupé de photo- graphier les spectres d'étoiles, de planètes et de la lune avec un réflecteur de 28 pouces et un réfracteur de 12 pouces. Dans les spectres de Vénus et de la Lyre, des bandes ou des raies larges sont visibles dans la région du violet et de l’ultra-violet, qui ne ressemblent nullement à ce que présente le spectre solaire. L'étude est difficile et exige beaucoup de temps, parce que les plaques doivent être exposées pendant un nombre considérable de minutes pour recevoir l’action de la source lumineuse. Pour une étoile, la pose dure de 10 à 20 minutes et requiert un mouvement parfaitement réglé du télescope. De bons résultats ont été obtenus l’été dernier, et au mois d'octobre le spectre de Vénus a présenté un grand nombre de raies. Autour de H, il paraît y avoir un affaiblissement du spectre, analogue à celui que M. Draper avait observé pho- tographiquement dans le spectre du soleil au moment deson coucher. PHYSIQUE. G. QuiNKE. UEBER DIFFUSION... SUR LA DIFFUSION ET LA QUES- TION DE SAVOIR SI LE VERRE EST IMPÉNÉTRABLE AUX GAZ. (An- nales de Poggendorff, t. CLX, page 118.) M. Quincke a cherché à résoudre cette question par l’ex- périence suivante, qui a été prolongée pendant dix-sept ans. ARCHIVES, t. LVIIL — Avril 1877. 33 474 BULLETIN SCIENTIFIQUE. IL avait fermé à la lampe les deux extrémités d’un tube en V, après avoir placé dans l’une des branches du zinc et de la- cide sulfurique étendu, disposés de telle sorte qu’on püt les mettre en contact en inclinant l’appareil. L'autre branche, consistant en un tube capillaire, renfermait de l'air isolé par un curseur de mercure, et servait de manomètre pour éva- luer la pression de l’hydrogène dégagé. Quatre appareils semblables, pesés plusieurs fois dans l’espace de 17 ans qu’a duré l’expérience, n'ont pas éprouvé de changement de poids appréciable. La paroi des tubes avait 1 ‘/, mm. d’épais- seur, et la pression était, dans les différents appareils de 17/7, à 10 atmosphères le premier jour, de 25 à 54 au boutde 5 mois, de 25 à 126 au bout de 17 ans. Le même essai a été fait en remplaçant l'hydrogène par l'acide carbonique, et a donné le même résultat sous des pressions de 21 atmosph. le premier jour, 34 atmosph.après 5 mois et 44 après 17 ans. Tandis que l'acide sulfurique mouillait d’abord le verre en formant un angle de raccordement de 180° environ, cet angle a peu à peu diminué pendant la durée de l’expérience, comme si, sous l'influence de la pression, la paroi s'était recouverte d’une couche de gaz modifiant les actions réci- proques du verre et du liquide. . D’après cette expérience, il ne passe donc pas, en 17 ans, et sous une pression de 40 à 120 atmosphères, une quantité appréciable d'hydrogène ou d’acide carbonique à travers une paroi de verre de 1 ‘/, mm. d'épaisseur. M. Quincke ne croit pas que l’on doive conclure de ce ré- sultat que les molécules de l'hydrogène et de l’acide carbo- nique aient des dimensions supérieures à celles des pores et des molécules du verre, mais plutôt que ces pores se sont remplis d’une couche de gaz attirée et maintenue fixe par la proximité de la substance solide, ou bien qu'ils sont ob- strués par du liquide terminé par des surfaces à fortes courbures. C. S. PHYSIQUE. 475 BERTHELOT. INFLUENCE DE LA PRESSION SUR LES PHÉNOMÈNES CHIMIQUES. (Comptes rendus, 12 mars 1877, t. LXXXIV, page 477.) M. Berthelot a présenté les observations suivantes au su- jet de la variation de pression observée par M. Quincke dans les expériences relatées ci-dessus : « Ces expériences, faites en dehors de toute idée précon- cue, prouvent que le dégagement de l'hydrogène n’est pas arrêté par la pression, mais seulement ralenti, la grandeur du ralentissement dépendant des dispositions spéciales des appareils. Elles peuvent être regardées comme une confir- mation des expériences et des idées que j'avais émises moi- même à ce sujet, il y a une dizaine d'années ! : bref, ce n'est pas l’affinité chimique qui se trouve modifiée, mais sim- plement l'étendue et la nature de la surface d’attaque du métal par l'acide, le métal se recouvrant d’une couche ga- zeuse et adhérente, tandis que l'acide se sature dans son voisinage, Plus on atténue l'influence de cette double cause, plus l’action est rapide ; mais, dans tous les cas, lente ou ra- pide, elle se poursuit peu à peu, tant qu'il reste de l’acide à saturer ou du zinc à dissoudre. « J'ai lieu de croire d’ailleurs que les expériences mêmes qui m’avaient été opposées à l’origine comme contradictoires avec mes propres essais, ayant été poursuivies depuis lors pendant un temps beaucoup plus long, ont donné des résul- tats concordant avec les miens, c’est-à-dire une attaque du métal par l’acide se prolongeant indéfiniment, en dévelop- pant une pression d'hydrogène, qui a crû sans autre limite que l'explosion des vases où la réaction chimique s’effec- tuait. » 1 Voir mon mémoire, Annales de chimie et de physique, 4e série, t. XVIII, p. 95. œ L': 476 BULLETIN SCIENTIFIQUE. CHIMIE. DE MENDELEEFF. HYPOTHÈSE SUR L'ORIGINE DES HUILES MINÉRA- LES. (Berichte der deutsch. chem. (res., X, 229.) L'auteur ne croit pas que les huiles minérales proviennent de la décomposition de substances organiques, puisqu'on en trouve dans les terrains dévonien et même silurien en Pen- sylvauie, et que par conséquent elle devrait s’être formée dans des terrains encore plus anciens ne renfermant certai- nement que fort peu de débris organiques. Il admet que le centre de la terre doit renfermer une grande masse de mé- taux et surtout du fer, plus ou moins carburés et ce serait, d’après lui, ces carbures métalliques qui, sous l'influence de l’eau, de la chaleur et de la pression se décomposeraient en donnant des oxydes métalliques et des carbures d'hydrogène saturés. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE Prof. HUSEMANN. ANTAGONISTISCHE UND ANTIDOTARISCHE STU- DIEN. ÉTUDES RELATIVES AUX ANTAGONISTES ET AUX ANTI- portes. (Archiv für Exper. Pathologie u. Pharmacologie. Leipzig, 1877, 335.) J'ai déjà eu l’occasion d’insister plusieurs fois dans les Ar- chives sur l’antagonisme des substances toxiques !. Cette question relativement nouvelle a été dans ces dernières an- nées le sujet de nombreux travaux ét il en est peu pour les- quelles les progrès que la physiologie est capable de faire faire à l’art de guérir soient aussi manifestes. M. Husemann s’efforce de la traiter plus à fond, et à propos de l’analyse des propriétés de quelques médicaments considérés comme antagonistes, il discute ce point important de la physiologie en se plaçant surtout au point de vue de la thérapeutique. * Voyez Archives, 1873, t. XLVI, 344; t. XLVII, 157, 161, 162; 1874, t. XLIX, 266 ; t. LI, 195. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 477 Je ne puis résumer que succinctement les principaux faits nouveaux de ce mémoire de plus de cent pages, les détails devant être consultés dans la publication originale. Il résulte des travaux de M. Husemann, qu'il n’existerait pas de réel antagoniste physiologique ou dynamique dans toute l’acception de ce terme. Tous les toxiques à propriétés antagonistes ne sont pas en effet comparables aux antidotes chimiques. On sait que quand il s’agit de substances minérales toxiques, si une substance (qui peut être toxique elle-même) peut neutraliser l’action délétère d’une autre à titre d’antidote, elle le fait soit en for- mant un composé insoluble, soit par tel autre procédé chi- mique. Si lies deux substances capables de se neutraliser sont toutes deux toxiques, leur antidotisme sera mutuel. C’est là l’antidote chimique, l’antidote proprement dit. Quand il s’agit au contraire de substances à effets physio- logiques antagonistes, d’antidotes que l’on peut appeler avec M. Husemann dynamiques, il n’en est plus de même. Certaines substances, elles-mêmes toxiques, peuvent mo- dérer l’action nocive d’autres substances toxiques et empé- cher la mort sans que l'inverse soit vrai. C’est là ce qui est le plus fréquent si ce n’est même con- stant. Une substance telle que Le chloral, par exemple, qui di- minue l'excitabilité des centres nerveux médullaires, pourra être antagoniste de poisons qui agissent au contraire Comme excitants de ces centres, telle que la strychnine, sans que pour cela la strychnine soit l’antidote du chloral. Pour M. Husemann, il n’existerait réellement pas d’antido- tes physiologiques se neutralisant mutuellement.— Étudiant la cause de ce fait, M. Husemann cherche à démontrer que la substance qui empêche l’action mortelle du poison, agit généralement en modifiant une fonction qui, étant accessoi- rement atteinte, est la cause de la mort. C’est ainsi que la sStrychnine amène la mort des mammifères par asphyxie, ré- sultant surtout des troubles de l’hématose accompagnant les 478 BULLETIN SCIENTIFIQUE. convulsions. Le chloral en modérant les convulsions sera capable d’empêcher ces troubles de l’hématose, de se pro- duire et pourra empêcher la mort. Il n’agira pas ainsi comme antidote direct des effets excitateurs de la strychnine sur le centre nerveux. L’elffet antagoniste serait comme on le voit indirect. J'ai déjà énoncé dans les Archives, il y a plusieurs années :, une manière de voir analogue, quand je comparais l’action antagoniste du chloral dans le tétanos strychnique à l'effet de la respiration artificielle et de l’apnée préconisée par M. Rosenthal pour s ARporer aux accidents convulsifs du strychnisme. « Rapprochant nos expériences, disais-je dans ce mémoire, de celles de M. Rosenthal, relativement à l’antagonisme du chloral pour la strychnine, nous pensons que le chloral agit dans ce cas probablement en s’opposant à la naissance des convulsions, et si la chloralisation est entretenue assez long- temps, la sitrychnine pourra être éliminée sans que des cri- ses convulsives aient produit l'épuisement des centres ner- veux et la mort. » Cette interprétation du phénomène de l’antagonisme dy- namique est sans doute applicable à l’antagonisme du chloral pour la strychnine; mais je doute que cette théorie soit toujours acceptable et que M. Husemann n'ait point été tenté de trop généraliser cette manière de voir. Pour ne ci- ter qu’un exemple, je rappellerai que les effets d’hypersé- crétion salivaire, biliaire, lacrymale pancréatique intestinale, ainsi que tous les autres phénomènes que produit la musca- rine, la calabarine et le jaborandi, cessent tous comme par enchantement sous l’influence de l’utropine qui ne semble point s'adresser ici à des organes accessoires. Dans ce cas encore, l’antagonisme dynamique n’est pas non plus mutuel, 1 Voy. Les Anesthésiques, par le D" J.-L. Prevost. Archives, mai 1875, t. LIII, p. 39 et 40. Voy. aussi Bulletin de la Suisse mens 1875, p. 82. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉUNTOLOGIE. 479 l’action de l’atropine n’étant que très-imparfaitement et même non modifiée par les substances précédentes dont elle est l’antagoniste. J'ai dit tout à l'heure émparfuitement modifiée, j'ai voulu faire allusion à un effet antagoniste de la physostigmine pour l’atropine que M. Haïidenhain a pu observer en prenant cer- taines précautions opératoires ‘et en agissant directement sur la glande sous-maxillaire dont la sécrétion avait été ta- rie par l’atropine. C’est à la suite de l’analyse raisonnée que MM. Schmiede- berg et Koppe ont fait des effets physiologiques de la mus- carine, que ces auteurs ont pu découvrir que ce poison de- vait trouver dans l’atropine un antagoniste, puisque cette substance agissait sur les diverses fonctions d’une facon dia- métralement opposée. L’expérience justifia cette manière de voir. Il me semble, en conséquence, que l’explication proposée, soit par moi-même d’abord, puis par M. Husemann, pour interpréter l’antagonisme du chloral pour la strychnine ne peut être généralisée à tous les contre-poisons dynami- ques. Quelles que soient ces critiques générales dans lesquelles je me suis laissé entrainer, le travail de M. Husemann n’en est pas moins intéressant et contribue à éclairer la question encore obscure de Pantagonisme dynamique. On sait que M. Liebreich, après avoir découvert les pro- priétés hypnotiques du chloral, chercha à démontrer que cette substance est antagoniste de la strychnine et peut em- pêcher la mort que produit sans l’intervention du chlgral la dose de strychnine administrée. M. Liebreich chercha à dé- montrer de plus, que la strychnine était aussi l’antidote du chloral et pouvait empêcher la mort dans le cas d’adminis- tration de doses léthales de chloral. Cette manière de voir trouva une contradiction dans les 1 Voy. Archives, 1874, t, LI, p. 195. 480 BULLETIN SCIENTIFIQUE. travaux de MM. Husemann :, Arnould ?, Rajewski #, Oré #, Schroff, jun *, etc., qui tous admeltent une propriété antago- niste du chloral pour la Strychnine tout en niant que la strychnine soit inversément l’antidote du chloral. Le premier fait, c'est-à-dire l’antagonisme du chloral pour la strychnine, bien qu’admis par la plupart des auteurs, ne l’est pas par tous. Ainsi, voyons-nous M. Vulpian 6 le nier dans son cours de pathologie expérimentale, et chercher à démontrer qne des chiens qui ont absorbé une dose mor- telle de strychnine et auxquels on fait une injection intravei- neuse de chloral, ne présentent pas d’attaques convulsives, mais ne sont pas moins voués infailliblement à la mort qui est simplement retardée. Dans son travail M. Husemann analyse expéfimentalement ces faits. Il montre que l’injection sous-cutanée ou intestinale doit être seule employée, l'injection intra-veineuse du chlo- ral pouvant troubler ses propriétés el causer par elle-même des accidents mortels. Il montre qu'il faut se garder de recourir à des doses éle- vées de chloral, si l’on ne veut pas voir succomber l'animal au chloral, il faut, pour lui, atteindre juste la dose hypnoti- sante et non collabante ?, M. Husemann opère sur des lapins quioffrent une suscep- tibilité moyenne au chloral, quand on les compare aux chiens qui le tolèrent à hautes doses et aux chats qui sont au con- traire très-impressionnables. 1 Neues Jahrb. f. Pharmacie, Bd. 35, H. I, $. 1. ? Presse medic. Belge, n° 9, p. 69, 1870. 5 Centralbl. f. d. medic. Wissensch. 17, S. 161, 1870. # C.R. LXXIV, 24-26; LXXV, 1 et 4. 5 Medic. Jahrb. 1872, H. IV, p. 420. 8 Voy. Vulpian, Études de pathologie expérimentale sur l’ac- tion des substances toxiques et médicamenteuses. Leçons sur la strychnine, p. 193. Journal de l’École de médecine, 1876. 7 C’est là probablement la cause de la différence des résultats de M. Vulpian que je signalais ci-dessus. Cet auteur introduit en effet le chloral dans les veines. Dre: ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 4S1 M. Husemann ajoute à ses expériences la relation de cas nombreux publiés dans les journaux, dans lesquels l’admi- nistration de chloral ou de chloroforme (qui offre presque la même valeur que le chloral) ont empêché une dose toxique de strychnine de causer la mort. Dans les cas d’empoisonnement par la strychnine, il est fréquent que le mode d'injection du poison, rende son ab- sorption beaucoup plus lente que lorsqu'il s’agit d’expérien- ces physiologiques, ce qui peut donner du temps et augmen- ter les chances de succès de l’antidote dynamique. M. Huse- mann insiste sur la nécessité de ne pas négliger pour cela l'administration des autres moyens antidotes, tels que l’éva- cuation du poison et l’absorption de tannin qui modère l’ac- tion toxique de l’alcaloïde. M. Husemann résume son mémoire par les conclusions suivantes : 1° L’antagonisme mutuel entre la strychnine et le chloral n'existe pas. Des doses toxiques des deux poisons ne se neu- tralisent pas mutuellement, mais produisent plus ou moins rapidement la mort, quand on introduit les poisons par voie hypodermique, selon la dose et selon les circonstances qui modifient l'absorption du chloral. En général l’action dé- primante du chloral prédomine. 20 Des animaux empoisonnés par la strychnine peuvent être sauvés par une dose de chloral qui produit un sommeil profond, mais non la mort. Sous l'influence du chloral lani- mal peut supporter des doses de strychnine cinq à six fois plus fortes que celle qui produit la mort; même avec des do- ses de strychnine supérieures, on peut espérer de sauver la vie. La limite de l’antidote n’est marquée que parce qu’à cer- taine dose cet antidote produit lui-même la mort. Après l'administration de doses colossales de strychnine, l’hydrate de chloral peut retarder considérablement la mort, si bien que des lapins peuvent vivre plusieurs heures après 489 BULLETIN SCIENTIFIQUE. l'administration de doses de strychnine qui eussent sans le chloral produit la mort dans l’espace de cinq à dix minu- tes. 3° De petites doses de chloral comme on les administre pour produire le sommeil, ne sont pas suffisantes pour sauver la vie après l’administration de doses de strychnine attei- gnant plusieurs fois la dose léthale minimum. 4° Aucun des autres agents qui ont été proposés comme. antidotes de la strychnine n'offre une action aussi puissante et si certaine que le chloral. Plusieurs offrent une action plus tardive que le chloral (morphine, opium, cannabis in- dica), d’autres ont des effets plus passagers (chloroforme), d’autres enfin n’enlèvent pas l'intelligence et laissent subsis- ter l'angoisse de l’empoisonnement que peut éviter le chlo- ral (curare, bromure de potassium, respiration artificielle, etc.) 5o On ne doit pas considérer l’action bienfaisante du chlo- ral dans l’empoisonnement par la strychnine, comme une action directe antagoniste, sur le système nerveux qui mo- dérerait l'excitation qui y a été produite par la strychnine; car dans les empoisonnements par de hautes doses de strychnine il est un stade dans lequel l’excitation subsiste en grande partie, et se signale, même pendant la narcose chlo- ralique par des secousses cloniques ou toniques se montrant de temps en temps, quoiqu'il y ait eu affaiblissement du pou- voir réflexe par l'administration du chloral. L'action du chloral dans le strychnisme aigu consiste en grande partie à abolir plusieurs voies de transmission ser- vant à l'excitation des centres moteurs. C’est ce qui modère les causes d’excitation produisant par action réflexe les con- vulsions et la mort. Dans plusieurs cas l'intensité et la durée des convulsions sont modérées. 6° Dans le traitement de l’empoisonnement strychnique par le chloral, il se produit toujours un abaissement de la ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 483 fréquence respiratoire qui fait place à une accélération pas- sagère quand se produisent des paroxysmes de convulsions. En même temps il y a abaissement de température qui peut survenir même quand le nombre des respirations se maintient sans modification. 7° La mort par introduction hypodermique ou digestive du chloral est le résultat presque constant d’un arrêt de la respiration. Une paralysie complète du cœur ne paraît se produire qu’au contact direct de solutions concentrées de chloral. 8° La mort par asphyxie se produit dans le chloralisme en partie par l’affaiblissement du centre respiratoire, en par- tie par infiltration œdémateuse des poumons qui se montre constante en plus ou en moins, dans l’empoisonnement des lapins par le chloral et apparaît aussi chez l’homme. La diminution de la circulation par ralentissement et affai- blissement du cœur est simplement secondaire. 9° La strychnine ne sert à rien comme antidote du chlo- ral, car elle n’est capable ni de changer l’action du chloral sur le centre respiratoire, ni de modifier l’œdème pulmo- naire, ni d'empêcher sa formation. Les lapins empoisonnés par le chloral et traités par la strychnine meurent toujours par paralysie respiratoire et offrent les mêmes lésions anatomiques après leur mort. 10° La durée de l’empoisonnement par le chloral ne subit aucune modification par la strychnine. 11° La strvchnine n’est point capable de modifier l'abais- sement de la force du cœur et la mort du cœur quisont pro- duits par le chloral chez Les animaux à sang froid. 12° L'abaissement constant de la température que produit l’empoisonnement par le chloral ne subit aucune modifica- tion par l’emploi de la strychnine. L’hématurie, lalbuminurie observées à la suite de l’injec- tion de chloral dans les veines, se montrent aussi à la suite de l’injection hypodermique de solutions diluées (1 : 10). La strychnine n’a aucun effet sur ce phénomène. 484 BULLETIN SCIENTIFIQUE. 1%° L'élévalion du thermomètre et de la respiration pen- dant la narcose chloralique doit être considérée comme un pronostic favorable. 15° La détermination de la dose léthale de chloral ne peut être faite que par des injections hypodermiques de solutions diluées qui n’offrent pas d’action caustique au point d’injec- tion. L'usage de solutions concentrées et causliques de chloral empêche l’absorption complète et a induit en erreur des ex- périmentateurs qui étudiaient le soit-disant antagonisme qu’aurait la strychnine dans l’empoissement par le chloral. 16° L’affaiblissement du pouvoir réflexe produit par la narcose, due au chloral, n’est point modifié par une dose même plusieurs fois léthale de strychnine. 17° Une élévation post mortem de la température ne se montre pas dans l’empoisonnement par le chloral que l’on ait donné oui ou non de la strychnine. 18 L’arrêt du cœur se fait toujours en diastole quand 11 y a eu empoisonnement simullané par le chloral et la stry- chnine. Après avoir démontré que la strychnine n’est pas capable d’enrayer les effets du chloral, M. Husemann cherche s'il est d’autres substances qui produisent cet effet. Il passe en revue à cet égard : le camphre, les huiles essentielles, les sels ammoniacaux, le nitrite d’amyle, el n'arrive pas à leur re- connaître les propriétés antagonistes que leur signalent quelques auteurs. M. Husemann trouve au contraire dans l’afropine un agent susceptible de parer aux dangers de l'injection d’une dose trop forte de chloral. L'auteur estime que c’esl en excitant le centre respira- toire paralysé par le chloral, que l’atropine peut jouer le rôle d’antidote, grâce aux propriétés excitatives du centre respiratoire que MM. Bezold et Blæbaum ont reconnus à l’a- tropine. C’est là une action antagonisle qui peut se COMpa- ‘ D moi UT En © CR 7 EX ÉA CRUE | 2 L 3 454: à re ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE, 485 rer à celle que M. Johnston à reconnue à l’atropine dans les cas d’empoisonnement par de fortes doses d’opium, car, pour M. Husemann, l’atropine serait un antidote de l’opium, plu- tôt que l’opium un antidote de la belladone, comme on l’a souvent admis. M. Husemann cite à ce propos le cas très-intéressant pu- blié dans la Berliner Klinische Wochenschrift, qui est relatif à un malade intoxiqué par une dose de 20 à 24 grammes de chloral. Ce malade considéré comme victime d’un empoison- nement par l’opium fut traité, en conséquence, par une in- jection de 1 !/, milligramme d’atropine et fut guéri par cette médication. DE: FÉLIX PLATEAU. NOTE SUR LES PHÉNOMÈNES DE LA DIGESTION ET SUR LA STRUCTURE DE L'APPAREIL DIGESTIF CHEZ LES PHA- LANGIDES. (Extrait par l’auteur.') L'organisation spéciale des Phalangides m’a permis de dé- tacher le chapitre qui les concerne d’une longue suite de recherches sur la digestion des Arachnides. Les travaux successifs de Ramdohr, de Marcel de Serres, de Trevirances, de Tulk etde M. Blanchard laissaient peu de chose à élucider au point de vue anatomique proprement dit ; aussi, la question du trajet exact des tubes de Malpighi exeeplée, me suis-je appliqué à l’examen de la texture histo- logique de l’appareil digestif et surtout à l’étudedétaillée des phénomènes de la digestion des Phalangium. Ainsi qu’on le verra par ce qui suit, la connaissance des fonctions des diffé- rentes parties du canal conduit à une interprétation exacte de ces mêmes parties et permet d'établir, entre le tube diges- tif des Phalangides et celui des Aranéides, des rapproche- ments remarquables mais tout autres que ceux qui étaient admis jusqu’à présent. ! Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 45° année, 2e série, tome 42, n° 11, page 719, 1876 (une planche). 486 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Comme point de départ, je résumerai en quelques mots la structure du canal alimentaire des Araignées proprement dites : les Aranéides sont des animaux suceurs ; leur tube digestif comprend d’abord un intestin buccal entièrement “localisé dans le céphalothorax et constitué par un œæsophage à parois chitineuses se terminant par un appareil de succion accompagné d’une série de cinq paires de cœcums latéraux ; ensuite, dans l’abdomen, un intestin moyen suivi d'un intes- tin terminal. L’intestin moyen est ici caractérisé par ce fait qu'il reçoit à droite et à gauche les canaux excréteurs de la volumineuse glande appelée généralement foëe chez les Ara- néides. L’intestin terminal dilaté en poche de dépôt, reçoit à son origine, comme chez les Insectes et les Myriapodes, les tubes de Malpighi ou urinaires. Chez les Phalangides, l’animal ne suce pas sa proie, 1l la dévore entièrement. Le tube digestif se compose, en premier lieu, d’un intestin buccal réduit à un court œsophage; puis d’une vaste poche médiane dans laquelle s’ouvrent dorsale- ment une trentaine de volumineux cœcums remplissant presque toute la cavité du corps ; enfin d’un intestin termi- nal court à l’origine duquel s’insèrent, ainsi que je le décris pour la première fois, les deux tubes de Malpighi. Il est à re- marquer qu'ici le corps n’est plus divisé distinctement en un céphalothorax et un abdomen, et qu’en outre, un certain nombre de cœcums pénètrent dans les coxapodites des pattes. Tous les auteurs, se basant sur une simple ressemblance de forme, regardent les cœcums des Phalangides comme les analogues des cœcums céphalothoraciques des Aranéides. Cela faute d'observations histologiques et surtout d’expé- riences physiologiques. Des recherches expérimentales déjà très-avancées m'ont prouvé que la glande volumineuse nommée foie chez les crustacés décapodes, glande qui déverse son produit dans l'intestin moyen de ces animaux, n’était autre chose que »“ ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 487 l'organe de sécrétion du liquide digestif destiné à l’'émulsion des graisses et à la dissolution des albuminoïdes !. Récem- ment M. Jousset de Bellesme qui s'occupe depuis longtemps de recherches du même genre, m'a dit être arrivé à des ré- sultats tout semblables; enfin de nombreuses expériences sur le soi-disant foie des Aranéides ? dont les canaux s’ou- vrent aussi dans l'intestin moyen m'ont démontré qu'il n°y avait ici du foie que l’apparence, que le liquide sécrété était encore une fois le liquide digestif principal, émulsionnant les corps gras, dissolvant les albuminoïdes et produisant du glu- cose aux dépens des matières amylacées. L’épithélium de cellules volumineuses des cœcums des Phalangides ressemble beaucoup aux éléments cellulaires du prétendu foie des Aranéides; mais ce qui est plus positif, Le liquide sécrété en abondance transforme aussi les féculents en glucose d'une facon lente, dissout activement les albumi- noïdes et émulsionne énergiquement les graisses. Les cœcums des Phalangides sont donc, non les analogues des poches de succion céphalothoraciques des Aranéides, mais les analogues évidents de leur glande digestive-abdo- minale, Il en résulte, et l’observation directe le prouve, du resle, que la grande poche médiane est le lieu principal de digestion et, par conséquent, l'intestin moyen. R. STEARNS. SUR LA VITALITÉ DE QUELQUES MOLLUSQUES TERRES- TRES. (American naturalist, february 1877, p. 100.) Dans son Manual of Molluses, Woodward cite plusieurs cas de vitalité observés chez les mollusques, et en particulier ce- 1 J'y ai déjà fait allusion dans mes Recherches sur les phénomènes de la digestion, etc... des Myriapodes, p. 42, note 4. 2 Je tiens, pour prendre date, à appeler l'attention du lecteur sur l'importance des résultats de mes expériences sur les Aranéides. Le Mémoire dans lequel ils figureront à côté d’autres faits nombreux, mémoire que j'espère terminer sous peu, sera, je pense, lu avec in- térêt. 488 BULLETIN SCIENTIFIQUE. lui d’un Helix desertorum, qui fut trouvé vivant après avoir été fixé sur une planchette pendant quatre ans moins dix- huit jours. M. Stearns raconte qu'il a gardé dans une boîte, de mars 1873 au 23 juin 1875, neuf individus de Bulimus pallidior, Sow., reçus de San Jose del Cabo (Basse Califor- nie), et qu’au bout de ce temps-là ils étaient encore tous en vie; cependant, ils moururent tous un peu plus tard, à l’ex- ception d’un seul. Un AHelix Veatchii de Cerro Island a vécu six ans environ (de 1859 à mars 1865) sans nourriture. L'auteur attire l'attention sur le fait que les trois espèces d'Helix et Bulimus connues par cette vitalité extraordinaire appartiennent à des régions arides, presque sans pluie, ce qui rend la végétation très-limitée et force les animaux à des jeünes prolongés. M. D. TAxoN. CRUSTAGÉS Du LAG Trricaca. (Am. Nat., february 1877, p. 116.) L. Agassiz et Garman ont exploré le lac Titicaca et fait re- marquer que sa faune crustacée a un caractère très-marin. Depuis lors M. Taxon a décrit et figuré ces crustacés dans le Bulletin du Musée de zoologie comparée. A l’exception d’un Cypris, toutes les espèces sont des Amphipodes du genre Allorchestes dont on ne connaissait jusqu’à présent qu’une seule espèce d’eau douce répandue du Maine jusqu’à l’Orégon et au détroit de Magellan. L'auteur en décrit sept nouvelles espèces dont quelques-unes proviennent d’une profondeur plus grande que celle qu’habitent les espèces anciennement connues. M. D. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Le 4er, 6, 7, 8, FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE MARS 1877. neige à 9 h. du matin, et de 4h. à8 h. du soir; la hauteur de la couche tombée était de 25mm à 10 h. du soir. pluie et neige à diftérentes reprises dans la journée. à midi et à { h. bourrasques de neige sur le Jura et sur le Salève : à 4 h., halo solaire, faible chute de neige le soir, hauteur 8mm, forte bise depuis midi; giboulées de neige à plusieurs reprises dans l’après- midi. 9 et 10, forte bise tout le jour; le soir à 7 1} h., lumière zodiacale s'étendant 11, la bise souffle encore, mais sensiblement moins forte que les trois jours précé- … 28, 29, à 9 h. du matin, halo solaire visible faiblement dans la partie supérieure ; depuis | jusqu'aux Pléiades. dents. hâle dans la journée. neige le matin à 6 h.; à 11 h. 40 m., chute de grésil, plus tard le soir, pluie. à 7 h., belle lumière zodiacale. | gelée blanche le matin ; le soir, belle lumière zodiacale. brouillard de 6h.à 8 h. du matin; l'après-midi et le soir, fort vent du SO. fort vent du SO. jusqu'au soir. neige dans la nuit précédente; à 6 h. du matin, la hauteur de la couche était de 25mm ; depuis 10 h. du matin jusqu’au soir, fort vent du SSO. L gelée blanche le matin ; forts coups de vent du SO. dans la soirée et dans la nuit suivante. fort vent du SSO. tout le jour. à 10 h. t/, du soir couronne lunaire. midi, fort vent du Sud. 31, brouillard de 6 à 8h. du matin, ciel clair depuis 10 h. ARCHIVES, t. LVIII. — Avril 1877. 34 à 40 h. à 10 h. 490 Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. mm MATTER fie .. 136,12 Mate Te 728,88 OA EE LUS 728,92 ROMAIN A EEE 191,84 MAIN EN ere 131,36 3 a à MINIMUM. 8 h. soir 2 h. après midi..... 4 h. après midi..... 4 h. après midi ...... nm . T0,18 . 793,64 … 706,20 706,79 = 4 [l 02 640 | CNE es 3 LOYE | V9 + 106 + 9 I t AE ER EPS ‘ | el rar — | $69 16 ser rer |s'e + +2 2 19 [99011 ‘os - log logr |e9 — | 619 |r6‘r+ | 69 LV | LT (ce | L' e a+ 69 SLI SL + {lire Æ 10 + | ec 99 |I8ols ‘OSsis |9'r | 088 |00% |801— | 619 | 95 0+ RC . ‘ a Re ro |eg'ol ogemeale lex | $ OT | $GS Ver Vs + 110€ +) 8r'e + 87 mL lens LE Lu (Re LE Joie Me VDO, Os à tee ALI 9 lzsols ‘ossle |ra Loge loge |re —| 669 |L30— | 29° SLI LLr TE ee Es RL D | D k 5 9 |Lo0— | 29% |0'6 +20 —|gc'o —| 388 +170‘ LH 9 oo |Zeol oem le loi | 669 |L&, + | gc'o —| 30e +702 D PS el lulu ie ll nr dies ppt, go —|6e sols ‘ossir [eo Lors |ogr |cei—| 819 |ic‘o— | 1€ |9' mi Sn ï e |8LOÏS ‘OS: | 4 Go | 16r 90H | 67 + IST +) 06: ego +|leo éols ‘ose |6# |ooov or |rr +! 602 | 96 e 1 GIE “F) 059 +, 08 « cer > ; 0+ ge IL'er+ re + e + ‘ nue Lio —|6s lover orme y |9's |096 | 018 |€91+ | L06 |9€ o [2 En Es NE RS elles 97 Fier |LL + 19€ + |ce'o +|s8re +! \ LY | O0 A[QUTICA 16 2'e | 0001 O1C YL + 18 0‘ r+ < « ; SE 0 SYSG + il 97 Grpigo —| 6e lz6or ‘oss|""|""" |00 om |c8 — | 79 EE 709 Lori | LY + lee +] 162 +] 809 “ETES der JDÈ | Ua 2 . 99 |69‘o+|rre ler es + c'e + (less 80 —|09 90/6 ‘OS’: oz Loëy [oz — | 619 |g00— 29% |0' on ER ae RE + 210 : ‘ . 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FAR D io: ; LAPS y MOYENNES DU MOIS DE MARS 1877. à Ée 6h.m. Sh.m. A10h.m. Midi. 2h84 C4 hs + HIS PMEMIEN MOQUE Baromètre. 4 à mm tn min ram mm min rara min om. 4120 fredécade 723,37 723,56 723,59 723,35 722,77 122,61 722,78 723,05 723,17 2% » 721,63 721,73 721,97 721,66 721,05 720,71 720,98 721,30 721,23 PAS Hods : , » 719,92 720,23 720,30 720,04 719,61 719,74 720,05 720,98 721,37 # L Mois 72158 72,70 72,90 72103 72109 72098 7223 775 TAN : Température. se PE EU 0 à 2,01 + 2,54 + 5,06 + 6,22 + 7,08 + 6,86 + 5,50 + 5,55 + 4,65. mer + 6,65 + 8,51 +10,48 +-10,95 410,27 + 8,79 + 7,61 + 500 2% 0 0 0 0 0 » a 0,86 — 0,32 + 0,86 + 1,66 + 2,35 X » Wade y» Mois + 221 + 3,08 + 4,93 + 6,26 + 6,93 + G,50 + 5, 24 + 4,37 + 399 Tension de la vapeur. è ram HER) mm LORITI nm mi LETEE tai Hredécade 3,74 3,53 3,67 3,85 3,87 3,83 3,88 3,88 Dee. » 4167 484 499 7495.) 4,88. 4080405 ta 03: : » 5,49 5,85 5,32 5,37 5,53 5,64 5,19 5,84 Mois 4,66 4,77 4,68 4,74 4,78 4,83 4,90 4,98 ‘4 Fraction de saturation en millièmes. \ jrédécade 852 766 739 743 718 ! 121) 718 2,797 le : UE 848 845 731 692 637 669 740 789 3 » 827 791 638 571 563 603 684 742 Mois ‘842 800 701 665 637 * 662 732 !7 : P Therm. min. Therm.max, Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre. F. du Ciel, du Rhône. oude dot fi + 0 0 | Are décade — 1,60 + 3,01 068 + 5,83 17,8 É 22» + 1,30 + 8,07 0,80 + 5,85 26,7 5: de » + 419 +-12,02 0,72 + 6,51 31,2 E | Mois + 1,39 + 7,84 0,73 + 6,09 75,2 A4 | Dans ce mois, l'air a été calme 0,4 fois sur 100. Fe Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,88 à 1,00. 4 vs La direction de la résultante de tous les vents observés est $S. 60,5 E.. et 41 _ intensité est égale à 11,6 sur 100. 1 493 TABLEAU DES fa OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES # FAITES AU SAINT-BERNARD À pendant # | LE MOIS DE MARS 1877. | Le 4er, brouillard intense tout le jour par une très-forte hise. | 2, forte bise tout le jour. ee 3, forte bise et brouillard jusqu'à 7 h. du soir. 5 4, neige et brouillard presque tout le jour. ; SATA b, id. f 6, id. bise assez forte, qui a permis de re- cueillir qu'une partie de la neige tombée. 7, forte bise et brouillard jusque vers 4h. après midi. 8, forte bise et brouillard tout le jour. « | 9, id. ÿ du 10 au 12, ciel parfaitement clair. DA 13 et 14, neige et brouillard tout le jour par une très-forte bise ; la violence de la À bise pendant ces deux jours n’a permis de recuillir qu'une partie de la neige. IN 15, brouillard le matin. 4 18 et 19, neige et brouillard tout le jour par un fort vent du SO.; la violence du y vent n’a permis de recueillir qu’une partie de la neige. 20, fort vent du SO. et brouillard tout le jour. 21, fort vent du SO. depuis 10 h. du matin. É 22, fort vent du SO. et brouillard tout le jour. 23, forte bise et brouillard jusqu’à 3 h. après midi. ve 24, brouillard et neige jusqu’au soir. | 25, très-fort vent du SO. et brouillard tout le jour; neige dans la nuit suivantes marquée à la date du 26. 26, brouillard depuis 8 h. du matin jusqu'au soir; neige dans la nuit suivante, marquée à la date du 27. 27, brouillard le matin et le soir. 28, brouillard dans la soirée. 30, neige l'après-midi et le soir. Valeurs extrêmes de lu pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. mm mu Pete apl0"h;;Smr des Art ... 263,94 à Le 8 a -8'h. matin....4,.70, 545,49 14 MraMO Ne Soir ...: AA 058,99 r 13: 3.16% hLSOIr 2 LA Tee 504,03 EE RAS GS ÉAAE EEE SALES 562,39 20 à 4 h. après midi...... 547,71 Sa RE SI, PE 994,31 25/4867: soir ete ::.. 048,80 DB 'a10 hersoimasrea ae 567,96 | 0240! hersoir 4 sde 20491 SD QE LUS 1 à nette ner ES 566,36 + Baromètre. Température C. Pluie ou neige. Vent _ Hauteur | Écart avec Mons Écarbavec la | i Hauteur Eau Nombre ; moyenne, moy. des | la hauteur | Minimum. | Maximum. es température Minimum” |Maximum*|} dela |tombéedans| phoures dominant, 24 heures.| normale. 24 heures, | normale, neige. les 24 h. : | millim. | millim. willim. | millim. 0 | 0 [0 U millim. millim | | | 1 | 557,30 | — 2,39 | 556,66 | 558,01 | —18,68 | —10,45 : —90,0 | —17,1 | ..... Ke …. [NE 3 |1,00! 2 || 562,66 | + 2,98 | 561,35 | 563,94 | —14,33 | — 6,16 —21,5 | —10,0 | ..... , AE …. | NE.- 2|-0,30 | 3 || 563,38 | + 3,70 | 563,06 | 563,69 | — 6,73 | + 1,38 — 9,3 | — 4,1 | ..... YF ris ILNE. . 2: 080 4 || 560,69 | + 1,02 | 558,24 | 562,93 | — 4,22 | + 3,83 — 5,9 | + 0,4 40 3,0 | ... NE. 1 |081| 5 | 553,96 | — 5,71 | 553,32 | 555,55 | — 7,49 | + 0,87 : —10,9 | — 2,0 180 Tite | NE. 1 |1,00 | 6 || 550,45 | — 9,24 | 550,20 | 551,23 | —12,08 | — 4,16 —12,9 | -— 9,9 100 9,2 ... ÎNE 2 |14100 7 | 547,99 | —11,67 | 545,93 | 550,06 | —19,98 | — 543 | —14,4 | — 7,3 | ..... Per: Mu NE. 2007 8 | 547,11 ! —12,55 | 545,49 | 549,04 | —14,23 | — 6,45 | —15,4 | —11,6 | ....…. 50 ... || NE 2 | 0,78. 9 || 550,56 | — 9,11 | 549,66 | 551,58 | —17,95 | — 9,54 | —19,9 | —14,6 | ..... ue Re NE. 2 | 1,00 10 |} 551,75 | — 7,92 | 550,70 | 553,17 | —16,24 | — 8,60 | —21,2 | —10,9 RENE RS ... NE 1/0,00! 41 | 554,68 | — 5,00 | 552,91 | 556,74 | —12,88 | — 5,39 | —15,7 | —10,0 | ..... one .. NE. 1 | 0,00. 19 | 557,87 | — 1,82 | 557,11 | 558,55 | —12,95 | — 5,47 | —15,1 | —10,6 | ..... SE eee 2 NE + #FOUN 13 | 554,83 |. — 4,87 | 554,03 | 556,77 | —10:925 | — 9,85 | —101 | — 92 160 13,6 S NE. 3 |1,00 | 14 || 560,43 | + 0,72 | 553,16 | 562.59 | — 8,96 | — 0,94 | —10,2 | — 6,3 | 250 16,4 re Ne 80 21-100") 45 | 562,06 | + 2,33 | 561,89 | 562,39 | — 4,90 | + 2,33 | — 78 | — 3,0 | ..... RASE SEE NE. 1 | 0,2% 46 | 559,59 | — 0,16 | 559,13 | 560,65 | — 1,80 | Æ 5,34 | — 5,4 | + 2,0 | .... N Sa Htc) SO: 1 | 0,23 | 47 | 568,38 | — 1,39 | 557,60 | 558,95 | — 4,05 | + 3,00 | — 6,4 | — 2,0 | ... . | ..... ns "NS EL DER 18 || 597,24 | — 2,55 | 556,26 : 558,29 || — 3,86 | + 3,40 | — 45 | — 1,8 250 | 17,4 ST SO 5 2217009 49 || 553,12 | — 6,70 | 551,07 554,72 | — 4,34 | À 2,53 | — 46 | — 3,1 200 | 16,0 una SO. 3 | 1,00 20 | 548,83 | —11,02 | 547,77 | 550,86 || — 4,87 | + 1,90 | — 8,9 | — 2,5 | ..... | ..... at SO +727 7068 24: | 500,98 | — 8,90 | 549,89 | 552,88 | — 8,62 | — 1,95 | —10,9 | — 5,5 | ..... | ..... sésr-l SO 29 02 99 1.502,13 | = 7,78 | 551,76 | 552,61 || —— 7,77 | — 1,20 |.— 8,4 | — 6,4 | ..... | ...…. 12.8 PS0: € 2 FO 23. ||1509,81 |=— 6,13 | 553,01 | 554,31 | —12143 | — 5,66 | —13,8 | — 9,4 | ....: | .... LINE: 19 F6 24 || 553,56 | — 6,42 | 593,27 | 554,17 || — 6,86 | — 0,49 | — 9,9 | — 3,3 80 | 6,2 .... | variable | 0,73 25 | 249,84 | —10,18 | 548,36 | 552,44 | — 7,92 | — 1,66 | —— 82 | — 5,9 | ..... | ..... tit SUR 3 | 41,00 | 26 | 551,12 | — 8,94 | 549,67 552,39 || — 7,71 | — 1,55 | — 8,9 | — 58 70°; 5, ... [{ variable | 0,89 27 | 557,62 | — 2,48 | 553,93 560,62 || — 6,53 | — 0,48 | — 992 | — 20 70 | 4,0 .... || variable | 0,70 | 28 || 565,92 | + 5,77 | 563,36 | 567,96 || — 2,15 | + 3,79 | — 4,9 | H 1,6 | ..... | ..... EI SU 1 | 0,59 29 | 567,42 | + 7,22 | 567,19 | 567,64 || — 0,23 | + 5,60 | — 3,5 | + 2,8 | ..... | ..... LR SO. :: "4.170,90 30 | 566,00 | + 5,75 | 564,91 | 567,12 || + 0,15 | Æ 5,87 | — 2,8 | + 4,9 140 | 12,0 .. | variable | 0,91 31 || 065,89 | + 5,59 | 565,08 | 566,36 || — 4,27 | + "1,33 | — 6,3 | — 2,0 | ..... | ..... ee NES vies 0 18 +4 mn ‘ ns 6b.m. 8h.m. 410h.m. Midi. 2 h.s. 4h.s. 6h.s. Sh.s, Baromètre. À mm mm mm rm mm mn mm mm mm décade 554,68 554,57 55467 55461 554,51 554,46 554,62 594,73 554,69 tre |» 53674 55686 556,82 556,73 556,58 556,51 556,63 556,78 55697 997,05 557,32 557,52 557,60 557,59 557,68 557,88 558,18 558,41 D N TRS 1 10 GDS <. < : ————————— — ———— —— — — —"— — Mois 556,19 556,28 556,38 556,35 556,27 556,26 556,42 556,61 556,75 Température, = 0 0 0 0 0 U 0 u 0,100 lécade—14,22 —13,12 —11,38 — 9,73 — 9,48 —10,90 —12,26 —12,60 —12,93 — 8,19 — 6,42 — 5,98 — 4,84 — 4,83 — 5,44 — 6,86 — 7,01 — 7,62 — T6L — 5,27 — 4,26 — 3,36 — 3,40 — 4,70 — 6,03 — 6,35 — 6,55 Min, observé. Max. observé Clarté moyenne Eau de pluie Hauteur dela du ciel. ou de neige. neige tomhée. £ U v mm mm cade —15,07 — 874 0,74 24,2 320 SN 87 — 4,65 0,59 63,4 860 — 7,83 — 2,19 0 66 27,5 360 —10,50 — 5,30 0,66 115,1 1540 Dans ce mois, l’air a été calme 0,0 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,79 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45 E,, et son in- 4 sité est égale à 45,5 sur 100. | ATUM. — Dans le tableau du mois de février 1877, pour le Saint-Bernard, la ature moyenne du 12 doit être lue — 4°,20 au lieu ‘de —4 ,80, et l'écart avec 1 : pr normale + 4°,71 au lieu de +-4°,11. HE - 6e. ENS BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME LVIII (NOUVELLE PÉRIODE) 1877. — N°° 299 à 232. Observations sur l’enroulement des vrilles, par M. Casimir de Candolle. . . : . . ... . . .. Quelques remarques sur l'origine de l’alluvion an- cienne; par M. Ernest Favre :.:. .. …... Traité d'électricité statique, par M. E. Mascart, pro- fesseur au Collége de France . . . . . . . .. Description du Nipbargus puteanus, var. Forellii, nav Mots EREmMenrs Re arrete Quelques recherches faites dans le laboratoire de physiologie de Genève : Formation de la pep- sine avant et après la mort, par M. le profes- SET D C0 OS ART CCE RE PERTE RE RS Note sur l'effet de l'irritation d’un nerf parcouru par un courant constant, par M. le D" B.-F. Fa D NON ES PRE DEC LICE RENE UE Revue géologique suisse pour l’année 1876, par MEET HeSR are LS RUN RE A Un Er De la variabilité de l’espèce à propos de quelques poissons, par M. le D' V. Fatio............ Jean-Christian Poggendortff............. Revue des principales publications de physiologie végétale en 1876, par M. Marc Micheli..... ÉTOM EC RS POUND SRE Recherches faites dans le laboratoire de physiologie de Genève : II. Sur une nouvelle fonction du ARCHIVES, t. LVIIL — Avril 1877. 35 28 185 . 218 249 361 1.98 TABLE DES MATIÈRES. Pages foie et effet de la ligature de la veine porte, par M. le professeur Ships 10 nr 293 Note sur quelques observations limnimétriques faites à Sécheron, par M. Ph. Plantamour. . ..... 303 Nouvelles études sur le climat de Genève, par M. le professeur E. Plantamour . :....,... 1% 308 Lettre-de Mlle DEF, Fafo OM LORS 328 Note sur l’infiltration pigmentaire du cartilage, par M: le prof. = Wah: Zahn'i 4268 one 417 Discussion des théories de la vision à propos de la guérison d’un aveugle-né, par M. Raoul Pictet. 420 Sur le commencement de l’hénogénie chez divers animaux, par M. le D' Hermann Fol. . . . .. 439 BULLETIN SCIENTIFIQUE ASTRONOMIE. J. Schmid. Apparition d’une nouvelle étoile dans la constellation du Cygne. — À. Cornu. Spectre de la nouvelle étoile de la constellation du Cygne....... 100 Henry Draper. Photographies des spectres de Vénus et der la Lyres sheet tte SOS PHYSIQUE. M.-J. Moss. De la condensation de la vapeur de mer- cure sur le sélénium dans le vide de Sprengel..... 22% G. Wiedemann. Sur les lois du passage de l'électricité à travers leS gag. tree Aie JOHN PNEU 329 G. Quinke. Sur la diffusion et la question de savoir si le verre est impénétrable aux gaz: 43 5412000 Berthelot. Influence de la pression sur les phénomènes chimiques... 34 Mr SP QE INSEE 475 CHIMIE. Résumé des travaux présentés aux séances de la Société de Chimie de Zurich : Lunge. Verre trempé. — E. Schulze et A. Urich. Combinaisons azotées que renferme Le suc de la betterave. — €. Schaer. Acide salicilique. — Le même. Cristaux de Bergaptêne. — TABLE DES MATIÈRES. 499 W. Knecht. Etude sur l’acétylamine de Natanson. — Zetter. Recherches sur le Phénanthrène .......... 102 V. Meyer. Augmentation de poids, aux dépens de l’oxy- gène de l’air, dans la combustion d’une substance... 106 H. Brunner. Action du nitrite et du nitrate d'argent sur ls érives AUDERENIE RE RS SE 107 R. Weber. Sur l’anhydride sulfurique et sur un nouvel hydrate de l’acide sulfurique ................... 226 C. Marignac. Observations sur le mémoire précédent... 228 W. Michler et À. Gradmann. Synthèse d’acides organi- ques et de kélones au moyen de Poxychlorure de CR Te seen acces de ae 232 F.-C.-G. Muller. Sur la température produite lorsqu'on dirige un courant de vapeur dans une dissolution SR EE uen 0 etre RMS eu LE à e #0 394 Hillebrand et Norton. Préparation du Cérium, du Lan- thane et du Didyme. Propriétés de ces métaux. — Hillebrand. Chaleur spécifique du Cérium, du Lan- Enare eETRUVME. LS ONTEMPNETER LU T SES. 339 W. Michler et Dupertuis. Synthèse de Kétones au moyen de la Diméthyhntline MAR se LU de scie à 0 0 337 Résumé des travaux présentés aux séances de la Société de chimie de Zurich : Weith. Triphénylgnanidine. — Wahl, Ruoff. Hérabrombenzine. — Diehl. Dérivés hologénés de l’anthracène. — Hannimann. Action du chlorure de soufre sur la Diméthylaniline. — Schmid. Action du chlorure de soufre sur la benzine. — V. Meyer. Réponse à Ladenburg et Struves..... 338 V. Meyer, J. Barbieri et F. Forster. La translation des LEE TS RAR ee TPS RE ER EEE FES EN ES 340 H. Wald. Les combinaisons azoïques du diphényle.... 341 C. Kunich. Recherches sur l’acide méthazonique...... 341 G.-A. Burckhardt. Sur l’acide oxytéréphtatique........ 342 Richard Meyer. Action de la potasse sur l’aldéhyde cumi- UE CRE OR NN ee AC 343 E. Schulz et J. Barbieri. Sur la présence d’un amide de l'acide glutamique dans les germes de la courge... 344 J. Piccard. Expérience de cours pour montrer la syn- PRÉ PE RE RL TR tn de donmot 34% Le même. Sur la Chrysine, la Tectochrysine et leurs ho- D ES LES de de din 345 J. Piccard et A. Humbert. Sur une trisulforésorcine... 345 De Mendeleef. Hypothèse sur l’origine des huiles miné- < RE Re nm ne munie mas 209 de ee sado ta et 47 500 TABLE DES MATIÈRES. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. Pages Prof. C.-Th.-E. de Siebold. Addition aux communications sur la transformation de l’Axolotl en Amblystome.. 108 M.-F. Lataste. Sur un procédé facile pour préparer les squelettes déHCals. 17254, Mate SRE Al W. Kühne. De la photochimie de la rétine. — Le même. Communication préliminaire sur des expériences OPLOLTAPhIQUES : + 5 5 8 den Ne CUS de DES 233 J.-A. Allen. Bisons d'Amérique vivants el à l’état fossile. 236 J. Plateau. Sur les couleurs accidentelles ou subjectives. 346 Prof. Husemann. Études relatives aux antagonistes et aux aNAOLBS 5 le de Dust te ES 476 Félix Plateau. Note sur les phénomènes de la diges- tion et sur la structure de l’appareil digestif chez les Phalangides. :.4, 24... 2 485 R. Stearns. Sur la vitalité de quelques mollusques ter- T'ESÈTES + « sue é come lente CAES 487 Taxon. Crustacés du lac Titicaca................. 488 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES faites à Genève et au Grand Saint-Bernard. Observations météorologiques du mois de décembre1876. 113 Observations météorologiques du mois de janvier 1877. 241 Observations météorologiques du mois de février...... Re ; Observations météorologiques du mois de mars...... New York Bota | 3 5185 00274 5179 ‘ » D Et ‘4 1 [ k \ i j \ x} Al , . i : 0 D k