2% AUGUSTE DE LA RIVE. quait les forces de son esprit à un sujet quelconque ; mais cela n’empêchait pas que rien ne lui échappât de ce qui se passait autour de lui. Dans le sein d’une assemblée, sans avoir paru écouter une harangue, il l'avait entendue et le prouvait en y répondant ; dans le monde, on pouvait : le croire tout entier à la conversation à laquelle il prenait part, mais il ne perdait pas un mot de la conversation voisine si elle l’intéressait. Il semblait qu'il eût le don de se dédoubler, une moitié de lui-même restant à l’état constant d'activité, l’autre moitié, en quelque sorte pas- sive, recevant et gardant les impressions extérieures. « Je « considère Auguste de la Rive comme un des cerveaux « les mieux organisés de l’Europe, » écrivait Camille de Cavour qui connaissait celui dont il parlait non moins que ce dont il parlait. Les études de droit que de la Rive désirait terminer, furent interrompues, comme nous l'avons dit, par une circonstance qui vint lui offrir un but digne de son ambi- tion. La chaire de physique générale de l’Académie de Genève était devenue vacante par la retraite de Pierre Prevost; de la Rive s’inscrivit aussitôt parmi les candidats qui briguaient l'honneur de succéder à l'illustre auteur des Recherches sur la chaleur rayonnante. La chaire, qui comprenait l'enseignement de la méca- nique, de la physique mathématique et de l'optique, avait été, suivant l'usage, mise au concours au commence- ment de l’année 1823. Ce n'était point une vaine for- malité que ce concours dont les juges, tous les professeurs et les membres de la Vénérable Compagnie des Pasteurs, étaient au nombre de soixante-dix. Les concurrents, après avoir fait plusieurs leçons aux étudiants, répondu à une * NOTICE BIOGRAPHIQUE. 925 question de mathématiques, défendu en publie avec débat contradictoire la thèse qu'ils étaient tenus de publier, de- vaient encore, dans une conférence improvisée sur un sujet désigné à la dernièré heure, faire preuve à la fois de leurs connaissances scientifiques et de leur aptitude à les professer. De la Rive, à peine entré dans sa vingt-deuxième an- née, dut nécessairement abandonner tout autre travail : il n'avait pas trop de tout son temps pour se mettre en état de traverser la difficile épreuve qu'il allait affronter. La bataille serait rude : il avait deux rivaux très-sérieux, 4. Choisy, qui devint un an plus tard professeur dephiloso- phie, et plus encore Georges Maurice avec lequel il était lié d’une étroite et mutuelle affection. Les deux amis dési- raient avec une égale ardeur remporter la victoire, et avec une égale modestie, ils prévoyaient chacun le succès de l’autre. Ce fut dans le même cabinet, penchés sur la même table et S’entr'aidant mutuellement, qu'ils se préparèrent ensemble à la lutte, où le triomphe de l’un devait être la défaite de l’autre. — De la Rive l'emporta, et en octobre 1823 il passa ainsi, sans transition, des bancs de l’étu- diant à la chaire du professeur. Il eut donc la bonne fortune, que, dès le début, sa vo- cation scientifique devint pour lui une carrière dont sa raison lui faisait apprécier les avantages. Il considérait comme fort utile à l’homme qui cultive une science, l’o- bligation d'en suivre constamment les progrès dans toutes les branches, et il ne tenait point pour du temps dérobé à ses recherches spéciales, les heures qu'il consacrait à pré- parer et faire ses leçons. Il savait que l’enseignement est pour celui qui s’y dévoue, une suprême école où 1l com- \ | N \ \ À EE ———— | Æ NN Û QuSERVATO, 7 eue KW \ILLE de GENÈVE DUPLICATA DE LA DIBLIOTHËQUE “3 DU CONSER VATCINE BOTANIQUE DE GENE (E N: MEMDES EN 1922 n j 2 N ce " : à $ Cr MORT ARCHIVES DES [ENCES PHYSIQUES ET NATURELLES PR TT = oi CS PVR 2ù RUE ts (EC - DUPLICATA DE LA BIBLIOTHÈQUE : DU CONSERVATOIRE BOTANIQUE DE GENEVE. À VENDU EN 1922 CHARDT. BE] 3 CA S à 5 ä Ë Pa ( 2 Le & Ci BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ET REVUE SUISSE ARCHIVES NOIENCES PHYSIQUES ET NATURELLE NOUVELLE PÉRIODE TOME SOIXANTIÈME LISRARY MEW YUEK BOITANMCSL GARDEN = eur E sis, a +? — # 5 . We ? "+ : à : e HONTE GENÈVE BUREAU DES ARCHIVES, RUE DE LA PÉLISSERIE, 18 LAUSANNE PARIS GEORGES BRIDEL SANDOZ et FISCHBACHER Place de la Louve, À » Seine, 3 Dépôt pour l'ALLEMAGNE, H. GEORG, à BALE es Lo | -=2] ! T— 22 > | RE AUGUSTE DE LA RIVE NOTICE BIOGRAPHIQUE PAR LIRRARY mit ED J.-Louis SORET EW YORK MAT AMICALE CG 4, AN AVERTISSEMENT Au moment où Auguste de la Rive venait d’être en- levé à la science et à son pays, en annonçant dans les Archives des Sciences physiques et naturelles cette perte im- mense, j'avais pris l'engagement de publier une esquisse de sa vie et de ses travaux. Diverses circonstances qu'il n'y aurait aucun intérêt à relater, se sont opposées jusqu à ce jour à l’accomplissement de ce pieux devoir. J'ai souf- fert de ces retards indépendants de ma volonté, car J'avais hâte de rendre un hommage d’admiration, de reconnais- sance et de profonde affection, à la mémoire de cet homme illustre et excellent, qui avait été mon guide et m'avait honoré de sa précieuse amitié. Mon ami, M. William de la Rive, m'a prêté un actif concours en me fournissant des renseignements très-dé- veloppés, particulièrement sur ce qui concerne les rela- tions de famille et le côté politique de la vie de son père. Je puis dire qu'il a partagé ma tâche : comme on le verra. _ pitre aussi important qu'étendu, et, en outre, un grand nombre des notes qu'il m'a remises étaient rédigées de telle sorte que je n'ai eu pour ainsi dire qu'à les coor donner et même qu'à les transcrire en partie. | Cette Notice est divisée en quatre parties : la première est consacrée à l’histoire de la jeunesse de de la Rive; seconde à ses œuvres scientifiques ; la troësième à son rüle politique; la quatrième aux autres objets de son activité et au récit de la fin de sa vie. AUGUSTE DE LA RIVE La carrière d'AUGUSTE DE LA RIVE a été belle et utile. Il a assez contribué au progrès des connaissances humaines pour que son nom reste ineffacé dans l’histoire de la science, et on ne saurait méconnaître que son auto- rité, son enseignement, son exemple, ont exercé sur le développement intellectuel de son pays une influence heu- reuse et profonde. Doué d’une grande capacité, à laquelle il joignait une activité étonnante et une faculté singulière de s'intéresser à tous les sujets, il eût réussi sans aucun doute quelle qu'eût été la branche à laquelle il se fût adonné. Le milieu dans lequel il se trouva placé le conduisit tout naturellement à se vouer aux sciences physiques. Né au commencement du siècle, il devait arriver à l’âge de raison à une époque où de brillantes découvertes dans le domaine de ces sciences et particulièrement dans celui de l'électricité, étaient bien propres, par leur éclat, à l’entrainer sur une voie où il était déja poussé par l'éducation et l'exemple qu'il recevait dans la maison paternelle. Son père Ch.-Gaspard de la Rive ”, qui appartenait à l’une des familles genevoises les plus anciennes et les plus 1 Une notice biographique sur Gaspard de la R've a été publiée dans la Bibliothèque Universelle, Sc. et Arts, 1834, t. LV, p. 303. 8 AUGUSTE DE LA RIVE. considérables, avait été violemment atteint par les orages politiques déchainés sur la petite république, sa patrie. Condamné à mort, en 179%, par le Tribunal révolution- naire de Genève, mais s'étant, grâce au concours dévoué d’un geôlier qui lui avait quelques obligations, évadé de la prison où il était détenu, il s'était réfugié en Angleterre avec Alexandre Marcet, un de ses amis proscrit comme lui’. Là, au lieu de se mêler à la foule des émigrés qui, à Londres, passaient dans une insouciante oisiveté et le moins tristement possible les jours mauvais en attendant des jours meilleurs, les deux jeunes gens résolurent de s'instruire dans une profession qui leur permit de gagner leur vie, et ils se rendirent à Édimbourg pour y étudier la médecine. Si l’on considère leur âge (ils avaient près de vingt-cinq ans), leurs habitudes déjà prises d’indépen- dance et de vie facile, leur ignorance absolue de la langue dans laquelle était donné l’enseignement qu'ils allaient suivre, la nature très-superficielle de l'instruction qu'ils avaient reçue et qui ne leur fournissait point les bases de la science spéciale à laquelle ils se consacraient, on re- connaîtra qu'en formant ce projet, et en le menant à bien en dépit de tant de difficultés, ils firent preuve d’une rare énergie. De la Rive, en particulier, dut être soutenu par un bien profond sentiment, non-seulement de son devoir, mais de son droit, car loin d’être encouragé par la sym- pathique approbation qu'il aurait méritée, il eut la douleur de se voir blâmé, presque désavoué par ses parents dont le choix d’une telle carrière froissait les préjugés. L’amer souvenir de ce triste dissentiment exerça une ! Une notice sur Alexandre Marcet a également été publiée dans la Bibliothèque Universelle, Sc. et Arts, 1822, t. XXI, p. 229. » NOTICE BIOGRAPHIQUE. 9 influence directe et considérable sur les sentiments dans lesquels Gaspard de la Rive éleva ses fils et sur le soin qu'il mit à les préserver des préventions et des faiblesses dont il avait si cruellement souffert. Nous trouvons Jà l'explication et l’origine d’un des traits distinctifs du ca- ractère d’Auguste de la Rive : l’aversion pour le faux et pour le elinquant, dans les sentiments comme dans les manières, et une antipathie presqu'intolérante pour la vanité, sous quelque forme en apparence imoffensive qu'elle se manifestät. Après un séjour de six années à l'étranger, Gaspard de - Ja Rive revint à Genève, alors sous la domination fran- çaise. Il ne tarda pas à y épouser Adèle Boissier, et par- tagea dès lors son temps entre les affaires publiques, la vie de famille et les travaux scientifiques. Pendant les premières années du siècle il fit partie de ce groupe de patriotes tenaces dont aucun événement n'é- branla la foi dans l’affranchissement ultérieur de Geneve. . C'était bien d'eux que pendant longtemps on put dire : « IIS croient parce que c’est absurde. » Le jour vint où la chimère apparut comme une espérance réalisable. Ce jour-là, ces hommes se dévouèrent, eux, leurs biens et leur vie, pour tenter d'assurer le triomphe encore si douteux de la foi sacrée qu'ils avaient gardée dans le cœur ”. 1 D’après le brouillon d’un billet écrit de la main de Gaspard de la Rive, ce serait chez lui qu’aurait eu lieu la première réunion d’où sortit le Gouvernement provisoire qui proclama l’indépendance de Genève. Voici le texte de ce billet : « Quelques amis de nos anciennes « lois, de nos anciens priviléges et de notre ancienne liberté, se réu- « nissent chez moi, ce matin à huit heures, pour chercher les moyens « de sauver notre patrie de la subversion totale de ce qui la distin. «< guait autrefois; faites-moi l'honneur d’y venir aussi. L'accord de 10 AUGUSTE DE LA RIVE. Grâce à eux, quand l'heure arriva des discussions, des combinaisons et des partages diplomatiques, une pierre d'attente était déja posée, et l’indépendance de Genève qu'ils avaient proclamée ne tarda pas à être sanctionnée et reconnue. A cette période dangereuse succéda une époque cri- tique. Tandis que Pictet de Rochemont, avec un dévoue- : ment qu'égalait sa capacité, plaidait auprès des arbitres de l'Europe pour l'existence de la République, ses collè- gues du Gouvernement Provisoire s’efforçaient de la réor- ganiser. Gaspard de la Rive travailla activement à l’œuvre de reconstitution ; il fit partie pendant plusieurs années du pouvoir exécutif et y occupa les plus hautes charges dans des circonstances souvent difficiles. Mais dès que l'obligation de conserver une position qui se conciliait mal avec ses goûts, cessà de s'imposer à lui comme un devoir, il se hâta d’y renoncer et de rentrer dans la vie privée sans toutefois se désintéresser des affaires publiques. « tous les bons citoyens est aussi une puissance et peut-être sera-t- « elle respectée. » — Ce document ne porte aucune signature. — L’obscurité des termes employés, l’heure matinale à laquelle la con- vocation dut être envoyée pour parvenir en temps utile, démontrent assez, par les précautions qu’elles impliquent, le danger auquel s’exposaient les conjurés. Nous devons ajouter que ce fut selon toute apparence, à ce qu’il était le plus jeune d’entre eux que de la Rive dut le périlleux honneur de les réunir chez lui. L'auteur pre- mier et le véritable chef de l’entreprise, celui qui résolut de la ten- ter et de qui l’énergie coupa court à toute hésitation fut Ami Lullin. Quelque temps après la conclusion de la paix, Gaspard de la Rive se trouvant à Lyon, eut l’occasion d’y rencontrer le maréchal Au- gereau : « Je suis charmé, dit celui-ci, de faire votre connaissance « ici plutôt qu’à Genève, et maintenant plutôt qu’il y a six mois, « car vous étiez sur la liste des cinquante Genevois que j'avais « l’ordre de faire immédiatement fusiller. » NOTICE BIOGRAPHIQUE. if Il passait la plus grande partie de l'année dans son do- maine de Presinge, à deux lieues à l’est de Genève, près de la montagne des Voirons. Il aimait cette demeure dont la vaste prairie parsemée de beaux chênes lui rappelait les parcs anglais ; il aimait les travaux agricoles, les dé- lassements et les habitudes de la campagne. Il savait se concilier l'affection des paysans et celle de ses servi- teurs”. Sociable et hospitalier, il tenait maison ouverte à Pre- singe où les hôtes ne manquaient pas, assurés qu'ils étaient d'y rencontrer un accueil cordial égayé par une conver- sation pleine de verve et de trait. D'ailleurs son monde de prédilection n’était point cette société brillante qui faisait alors le charme et le lustre de Genève. Bien que lui ap- partenant par sa famille et par quelques-unes de ses ami- tiés, il n’en goûtait guère l'éclat et le faste intellectuel. En- core moins en goûtait-il les tendances politiques : il était ce que, alors, on appelait un «ultra. » S'ii avait souvent fait preuve de tolérance, s'il avait compris que Genève avait alors besoin des forces de tous les hommes de va- leur, quelles que fussent leurs opinions, ses croyances po- litiques étaient cependant trop profondes et trop vivantes * Le nom de l’un de ces serviteurs, Pittard, son majordome, mé- rite d’être cité. En 1814, le général Bubna qui commandait les forces alliées à Genève, fit prévenir le Gouvernement provisoire qu’il allait être contraint d’évacuer la place et de l’abandonner à l’ar- mée française dont l’avant-garde occupait Carouge. En cette con- joncture, et afin, si possible, de sauver ses biens de la confiscation déjà décrétée, Gaspard de la Rive fit une donation de toutes ses propriétés à Pittard. Celui-ci, la crise passée, rendit aussitôt l’acte de donation, lequelétait en bonne forme et légalement inattaquable. Pittard vécut encore de longues années à Presinge et son nom re- vient souvent dans la correspondance d’Auguste de la Rive. 12 AUGUSTE DE LA RIVE. pour qu'il pût être sur un pied d'intimité complète dans le centre élégant et spirituel qui, sous l'influence de Mr de Staël, de Pictet-Diodati, de Sismondi et d'autres encore, s'était voué au libéralisme. En dehors de eette so- ciété, 1l avait son petit monde à lui, auquel l'esprit, sous une forme moins raffinée peut-être, ne faisait pas non plus défaut. Sa famille d’abord, fort nombreuse, et quel- ques vieux amis, partageant ses convictions; puis ceux à qui, comme à Lullin-de Châteauvieux son parent, on à Étienne Dumont, son ancien instituteur, il pardonnait, en considération d’une affection mutuelle, la tiédeur sus- pecte des sentiments politiques: eñfin, un petit nombre de jeunes gens pour qui il s'était pris d'estime et de sym- pathie, parmi lesquels en première ligne, deux hommes d’un grand mérite, Pascalis et Munier, destinés à devenir les meilleurs amis de ses fils. Des voisins de campagne complétaient ce cerele habituel qui souvent s’élarsissait par l’arrivée de quelque hôte distingué ou même illustre. Dans son séjour à l'étranger, en effet, il s’était créé de nom- breuses relations scientifiques, et ses recherches en chimie et en physique, auxquelles, à côté de la médecine, ils’adon- nait avec passion, lui avaient valu une réputation euro- péenne. C’est dans ce milieu où ne manquait ni l’activité 1n- tellectuelle, ni l'exemple du travail, qu'ARTHUR-AUGUSTE DE LA RIVE naquit le 9 octobre 4801 et qu'il fut élevé avec son frère Eugène, auquel il resta toujours uni par la plus étroite affection. Quoique différant par le caractère, les goûts et les aptitudes, les deux frères grandirent, puis vécurent dans une intimité dont il est rare de voir un exemple plus complet. S'appuyant lun sur Fautre, parta- » NOTICE BIOGRAPHIQUE. 13 geant leurs joies, ou se soutenant dans les mauvais jours, se Consultant mutuellement sur les choses les plus insigni- fiantes comme sur les plus considérables, chacun plein de confiance dans le jugement de l’autre, il y avait entre eux une identité presque absolue de convictions, de points de vue et de sentiments. Malgré la dureté des temps, l'enfance d’Auguste de la Five fut heureuse. Elle s’écoula pour la plus grande partie à la Campagne, là où tout est jeu et joie pour l'enfant. — Si la sévérité d'un père vigilant eût parfois risqué de la contrister, cette sévérité empreinte de la chaude affection au contact de laquelle s’épanouissent les jeunes cœurs, était tempérée dans ses effets par l'indulgence de la plus tendre des mères. Auguste de la Rive reçut dans la maison paternelle les éléments de Ja première instruction ; mais dès qu’il fut en àge de suivre des études régulières, il fut envoyé au Col- lége publie de Genève et confié aux soins d’un chef d'in- slitution, alors fort connu et fort estimé, M. Duvillard, pour la mémoire duquel il conserva toujours une respec- tueuse reconnaissance. Ce fut à l'influence qu'exerça sur ses propres goûts, l'enthousiasme communicatif de M. Du- villard pour les classiques, qu'il dut de les aimer lui-même, et de considérer la connaissance approfondie des langues latine et grecque comme la base indispensable de toute éducation hbérale. —Dès ses débuts dans la carrière d’éco- lier, il fit preuve de promptitude à comprendre et de faci- lité à retenir ce qu'on lui enseignait. — Timide par tem- pérament, et cachant une vive sensibilité sous des dehors réservés, il avait l'esprit curieux et l'intelligence ouverte ”. ! « Parle-moi un peu de mon cher Auguste et de mon filleul Eu- « gène. Je crois en vérité qu’'Eugène doit avoir tout près de 11 ans, 14 AUGUSTE DE LA RIVE. Il était tout jeune encore, quand une violente maladie, à laquelle il faillit succomber, le cloua pendant des mois sur un lit de douleur. Sa santé en demeura longtemps profondément atteinte, et il fallut l’action lente de plu- sieurs années pour réparer le dommage fait à une consti- tution naturellement robuste. — Cette période, durant la- quelle il fut soumis à un régime de précautions et de pri- vations, dut lui inculquer les habitudes et le goût de la réflexion, de la lecture, de la conversation et des délasse- ments de l'intelligence. Les soins dont il avait été l’objet durant son enfance, n’eurent point pour résultat de le rendre économe dans l'usage qu'il fit de ses forces, une fois celles-ci revenues. Il ne les dissipa jamais à la façon des désœuvrés, mais toujours il les dépensa, sans compter et comme si elles eussent été inépuisables, en travaux multipliés, en occupations de toute sorte, en veilles labo- rieuses. Il aimait d’ailleurs les divertissements chers à son âge, et la part qui, dans son éducation, était attribuée aux exer- cices du corps et aux beaux-arts, avait pour lui un attrait particulier. Quelque plaisir qu'il trouvât à l'étude du grec < et Auguste est tout à fait un personnage respectable. Je vis à présent avec des jeunes gens qui ne sont pas tout à fait aussi vé- nérables, mais qui sont fort gentils. Tu ne saurais imaginer, ma « bonne Adèle, combien ces deux petits ont de rapport avec tes deux enfants. Auguste et Gustave ont le même caractère, les mé- « mes goûts, la même sensibilité timide et profonde; et Eugène et « Camille, la même santé, la même bonhomie, la même gaieté et « surtout la même occupation de plaire. Gustave aime l’étude et « Camille l’a en horreur, etc. » — Ces lignes sont extraites d’une lettre que la duchesse de Clermont-Tonnerre adressait, en 1814, à sa cousine Mme de la Rive-Boissier ; les enfants qu’elle compare à Auguste et Eugène de la Rive étaient ses neveux Gustave et Ca- mille de Cavour. À À À NOTICE BIOGRAPHIQUE. 15 et du latin, il en prenait plus encore à l’enseignement de ses professeurs d'escrime et surtout d'équitation. Un des meilleurs souvenirs de sa jeunesse était celui d'un voyage qu'il avait fait de Lucerne à Genève, monté sur un cheval qu'il venait d'acheter, — son premier cheval. Dès son enfance, il étudia la musique pour laquelle il avait un goût très-prononcé et une certaine disposition naturelle qu'il tenait de sa mère. Il fit dans cet art de ra- pides progrès, et bien que, plus tard, il ne l'ait plus cultivé qu'en manière de délassement, il lui dut quelques-unes de ses plus vives jouissances : il trouvait le meilleur des repos dans la facilité qu'il avait à reproduire sur le piano les airs qui avaient charmé son oreille. Des bancs du Collége, le jeune de la Rive passa sur ceux de l’Académie. Là 1l s’éprit des mathématiques, pour lesquelles il avait beaucoup de dispositions et sous la di- rection des professeurs Fréd. Maurice et Alfred Gautier, il poussa très-avant ses études dans cette science qu'il regarda toujours comme la première par la hauteur du but qu’elle désigne aux efforts de l'intelligence, comme par le développement et la discipline des aptitudes qu'elle exige de ceux qui la cultivent. On retrouve dans quelques-uns des premiers travaux qu'il publia, la trace de ce goût pour les calculs exacts. Toutefois, comme on le sait déjà, il ne tarda pas à être presqu'exelusivement en- trainé dans la voie expérimentale, à laquelle il avait été préparé par les leçons de Marc-Auguste Pictet, de P. Pre- vost, de G. de la Rive son père, de de Candolle, qui pro- fessaient alors à Genève la physique, la chimie et l'histoire naturelle. , De l’époque dont nous venons de parler un assez grand 16 AUGUSTE DE LA RIVE. nombre de lettres ont été conservées, adressées par de la Rive, alors âgé d'environ seize ans, à ses parents qui étaient en séjour à Paris. Dans cette correspondance, où il con- signait fidèlement chaque jour les incidents des dernières vingt-quatre heures, on voit déjà se dessiner son caractère et sa maniere de sentir ; cette vivacité d'impressions, cette verve spirituelle se traduisant par de gaies anecdotes, cet intérêt qu'il savait prendre à tout ce qui se passait au- tour de lui. Nous avons rencontré dans une de ces lettres quelques lignes qu'il écrit sur lui-même et qui méritent d’être ci- tées: «On dit que le jugement et un peu de sensensibilité « dominent chez moi; j'aimerais cent fois mieux que € ce fût l'imagination, car qu'est la vie s’il n’y a pas un « peu de feu et de dévouement, &i avant de faire les « choses, on en pèse les avantages? Jamais alors on ne « fera rien de beau, ni de noble. » Ce qui nous frappe dans cette observation, c’est d’a- bord la façon modeste dont elle est présentée et l'humilité du regret qui y est exprimé. Ces qualités, ou plutôt ces vertus ne se sont pas effacées plus tard et nous en avons eu plus d’une fois la preuve. Sans doute le savant uni- versellement apprécié et comblé de distinctions, homme politique habitué à diriger son parti plutôt qu'à le suivre, ne pouvait pas ne pas avoir le sentiment de sa valeur ; mais ce sentiment était exempt d’orgueil et, en allant au fond, on voyait que, mieux que personne, de la Rive re- connaissait Ce qui pouvait lui manquer ; il savait convenir de son erreur s’il s'était trompé, il savait oublier et par- donner. Dans ce passage de sa correspondance juvénile que nous venons de reproduire, sa modestie, d’ailleurs l'en- » % NOTICE BIOGRAPHIQUE. 17 traine trop loin. L'enfant croit être dépourvu d’ima- aination et il en est chagrin : 1lse trompe, la preuve en est dans la tristesse qu'il ressent. L’imagination n’est point au nombre de ces dons qui, par leurs résultats évidents et en quelque sorte tangibles, excitent l'admiration et font l'envie de ceux qui en sont dépourvus; ils la tiennent plutôt pour une faiblesse. L'enfance et la jeunesse sont disposés à voir dans le bon sens et l'imagination deux adversaires irréconciliables ; ils ne comprennent pas qu'une existence puisse être conduite par l’une et décorée par l’autre. L’imagination peut être comparée à une flamme qui puise son éclat et sa vie dans les autres facul- tés qu’en retour elle éclaire et réchauffe. Aïnsi définie, elle fut une des facultés maîtresses de de la Rive; jusqu'à la fin, elle anima ses travaux, colora ses occupations, adoucit ses peines et embellit son existence autant qu’elle la féconda. Mais revenons à ses études. Il était à cette époque assez d'usage à Genève, que les jeunes gens qui, par leur posi- tion, paraissaient destinés à entrer dans les Conseils de la petite république, se préparassent à cette tâche par lé- tude du droit, lors même qu'ils ne se destinaient point au barreau. Ce fut le cas de de la Rive. La Faculté de droit avait alors à sa tête deux hommes éminents, Bellot et Rossi qui, à une connaissance approfondie des lois, joi- gnaient le don de la parole et l’art de communiquer à leur auditoire, l’un un sentiment respectueux, l’autre une ferveur enthousiaste pour la science qu'ils professaient. De la Rive recut cet enseignement et suivit conscien- cieusement ces leçons, avec l'intention de ne les abandonner qu'au terme voulu et après avoir obtenu le grade d'avocat. Il fallut, comme nous le verrons bientôt, une circonstance ARCHIVES, t. LX. — Septembre 1877. 2 18 AUGUSTE DE LA RIVE. impérieuse pour l'arrêter dans ce dessein, car quelle que fût la nature d’un travail, il le voulait accompli le mieux possible ; il n’aimait pas qu'on fit rien à demi ou selon l'expression consacrée, en amateur. Il tenait l’à peu près pour absolument stérile, et surtout pour funeste dans ses conséquences sur l'esprit qu'il endort et sur la volonté qu'il énerve. Il a constamment été fidèle à ces deux courts pré- ceptes qu'il citait parfois : Age quod agis et Laboremus. Donc de la Rive faisait sérieusement son droit, ce qui ne l’empêchait pas de poursuivre avec zèle ses études scientifiques et de se livrer, soit à son inclination pour les mathématiques, soit au goût qu’il avait déjà pour les re- cherches de laboratoire. De très-bonne heure il partagea l’ardente curiosité avec laquelle son père suivait ses pre- miers pas, encore incertains et chancelants de la science nouvelle qui, sous l'impulsion de quelques hommes de génie, faisait alors son entrée dans le monde. Toutes les expériences importantes qui se faisaient sur l'électricité voltaïque étaient aussitôt reproduites dans le laboratoire que Gaspard de la Rive s'était aménagé d’abord à Pre- singe et plus tard à Genève. Davy, Arago, Faraday tra- vaillèrent dans ce laboratoire; ce fut là également que pendant un séjour qui se rattache, comme nous le ver- rons plus bas, aux débuts d’Auguste de la Rive dans la carrière scientifique, Ampère fit quelques-unes des expé- riences fondamentales étayant la théorie électro-dynami- que à laquelle il a dû son impérissable gloire. De la Rive avait gravé dans sa mémoire les moindres incidents dont avaient été marqués les séjours successifs à Presinge de ces maîtres de la science qu'il avait eu, en- core presque enfant, le bonheur de voir et parfois même d'assister dans leurs travaux. Il se plaisait à ces souvenirs, . NOTICE BIOGRAPHIQUE. 149 il aimait à parler de la modestie et de l'élévation des sen- timents de Faraday, à rappeler la naïve candeur et la bonté d'Ampère, la fougue innée et puissante d’Arago, la loyauté et le désintéressement de tous”. Nous ne résistons pas au plaisir de reproduire iei sa description si vivante que M. Dumas a donnée de ce mi- lieu scientifique où de la Rive fut élevé, et où l’illustre se- crétaire perpétuel de l’Académie, on se le rappelle à Ge- nève avec quelque orgueil, a commencé sa carrière *. « Gaspard de la Rive professait la chimie avec clarté et simplicité. Des expériences nombreuses et choisies ren- daient son enseignement utile, à la fois, aux jeunes gens qui voulaient en pénétrer les théories et aux industriels qui en recherchaient les applications. Il s'était proposé, de plus, de faire entrer l'étude sérieuse de la chimie dans l'éducation de l’homme bien élevé, qu'il attirait par l'éclat des phénomènes dont il le rendait témoin, qu'il retenait en conduisant son esprit, de ces réactions inférieures du praticien, aux conceptions les plus bautes ou les plus dé- licates de la philosophie naturelle. Personne n'a mieux 1 De la Rive racontait volontiers l’anecdote suivante. Dans une séance à laquelle Ampère avait convié quelques savants pour leur faire voir ses appareils démontrant l’action du courant électrique sur l’aiguille aimantée, l’une des expériences ne réussissait pas ;l’ai- guille restait immobile. Ampère, dans son impatience, la poussa fur- tivement de la main; elle dévia de gauche à droite. De la Rive qui remplissait le rôle de préparateur, s’aperçut de la cause de l’insuc- cès : un contact avait été mal disposé; il le rétablit et en prévint Ampère. L’expérience fut reprise, mais c’est de droite à gauche que tourna l’aiguille : « Voilà, cette fois, » —s’écria Ampère avec une naïveté adorable, — « c’est bien dans ce sens que l’aiguille « doit dévier : la première fois je l’avais poussée avec le doigt! >» ? Éloge historique d’Arthur-Auguste de la Rive, par M. Dumas, 28 décembre 1874. 20 AUGUSTE DE LA RIVE. contribué à populariser sur le continent la doctrine ato- mique de Dalton qu'il considérait comme une heureuse hypothèse. Ayant fait ses études en Angleterre, il en avait conservé le goût des grands appareils; sa fortune lui per- mettait de les acquérir ; son laboratoire était anglais, et ses piles de Volta, par leur importance, n'avaient pas de rivales sur le continent. Les habitudes de son esprit l’a- vaient conduit, au contraire, à adopter les idées de Lavoi- sier et les doctrines de notre Académie; son enseigne- ment était complétement français. « Son compatriote et ami, le docteur Marcet, qui ha- bitait Londres et qui s’occupait de chimie avec une grande distinction, étant venu passer un hiver en Suisse, sup- portait difficilement cette préférence pour les opinions de l'école de Paris, et prétendait ramener l'auditoire d'élite, que Gaspard de la Rive réunissait autour de sa chaire, aux idées de l’école de Londres, à celles de Davy, dont la renommée était alors immense. Les élèves du cours de chimie eurent ainsi la fortune singulière d'assister à des leçons faites par deux professeurs, venant exposer, tour à à tour , sur les mêmes sujets, les vues auxquelles ils don- naient la préférence. Les deux maîtres s’élevaient, peu à peu, des régions de l’enseignement convenu et classique, jusqu’à ces hauteurs où la pensée flottante commence à hésiter. De telles lecons, devenues des séances académi- ques, faisaient toucher du doigt les problèmes à résoudre; elles tenaient la curiosité en éveil; l’auditoire se passion- nait, divisé sur les opinions, toujours d'accord pour ap- plaudir les deux amis. « Gaspard de la Rive était affable, bienveillant, pater- nel et de bonne humeur. La joie que lui faisait éprou- ver une expérience bien conduite, la satisfaction qu'il ’ NOTICE BIOGRAPHIQUE. 21 éprouvait à se voir compris, étaient tellement communi- catives, qu'on était tout surpris, après avoir entendu cet bomme de bien, qui n’avait pourtant parlé que de chimie. de sentir qu'on sortait meilleur de ses aimables lecons. Mais, comment en aurait-on oublié le côté moral, lors- qu'on voyait le premier syndie, le chef de l'État, posses- seur d’une grande fortune patrimoniale, se montrer le plus exact des maîtres, dans l’accomplissement d’un de- voir Journalier, sans autre mobile que la science, sans autre récompense que le respect... « Pendant les longues guerres de la Révolution et de l'Empire, Genève avait joué un rôle important. Son com- merce, qui s'étend sur tous les pays, et les habitudes cos- mopolites de sa population lui avaient conservé une foule de moyens d’information dont profitait la Revue qu'un physicien distingué, M. Pictet, pubhait dans cette ville. sous le nom de Bibliothèque britannique. C'est par elle que les travaux des savants anglais pénétraient alors sur le continent, et pendant longtemps encore, au retour de la paix, l'influence personnelle des hommes éminents qui concouraient à la rédaction de ce recueil lui avait con- servé le monopole des premières informations de l'étran- ger. C’est ainsi qu'Arago, se trouvant à Genève en 1820, eut la bonne fortune d'y apprendre la grande découverte d'OErsted : l’action que le courant électrique de la pile de Volta exerce sur l'aiguille aimantée, c’est-à-dire, la plus admirable des nouveautés. Jusqu’alors on savait, en effet, qu'une matière peut agir sur une autre matière, S'y unir ou s’en séparer, en changer l'aspect etles propriétés, phé- nomènes qui constituent une partie exsentielle de la chi- mie; mais On n'avait jamais vu un fluide impondérable agir sur un autre fluide impondérable. La lumière netrou- 29 AUGUSTE DE LA RIVE. blait pas la chaleur dans sa marche: ni l’une ni l’autre n’agissaient sur l'électricité. OErsted annonçait, cepen- dant, que le fluide électrique pouvait agir sur le fluide magnétique. Une science nouvelle et les plus merveilleuses applications, dont la télégraphie électrique n’est qu'un exemple, allaient sortir de ce germe fécond. Tous ceux qui assistèrent à la constatation de cet événement extraor- dinaire furent profondément émus. et nul ne contredit aux paroles prononcées avec gravité par Pierre Prevost, l’auteur de la théorie de l'équilibre mobile du calorique rayonnant : Novus rerum nascitur ordo. « Voici en quels termes, à son retour à Paris, Arago raconte cet événement : « M. le professeur de la Rive, de « Genève, qui a découvert lui-même des phénomènes « extrêmement curieux avec les puissantes piles qu’il « possède, ayant bien voulu me permettre d'assister à la € vérification qu'il a faite des expériences de M. OErsted, € devant MM. Prevost, Pictet, Th. de Saussure, Marcet, « de Candolle, etc., j'ai pu me convaincre de l'exactitude « des résultats principaux donnés par le savant danois. » Seul survivant, je pense, des témoins de cette scène histo- rique, où je figurais parmi les et cætera d’Arago, j'ai con- servé le souvenir des impressions éprouvées par les assis- tants. Arrivés presque tous, avec la conviction qu'OErsted avait été dupe de quelque illusion, ils voyaient l’aiguille aimantée obéir à l’action du courant électrique, marcher dans un sens quand le fil conducteur de la pile était placé au-dessus d’elle, en sens contraire lorsqu'on le pla- çait au-dessous. Ils reconnaissaient que ces effets ne pou- vaient être attribués à aucune agitation extérieure, qu'ils se produisaient dans le vide de là machine pneumatique, tout comme au milieu de l'air, et qu'ils cessaient lorsque, LT RTE NOTICE BIOGRAPHIQUE. 23 à l’aiguille aimantée, on substituait une règle de bois. « Ampère s’empara de cette donnée avec une véritable fougue. Après en avoir deviné les conséquences par la seule force de la pensée, il les matérialisait sur l'heure, en mettant à profit toutes les ressources de la mécanique pratique. L’admiration de Gaspard de la Rive était sans bornes pour ces découvertes rapides, se succédant de se- maine en semaine. À peine l’Académie des sciences de Paris avait-elle reçu la communication de quelque nou- velle expérience d'Ampère, que les ateliers d'horlogerie de Genève avaient reproduit les appareils délicats imaginés par l’illustre physicien français, en avaient varié les formes et en avaient mis la construction à la portée des moindres laboratoires. » Ainsi, à côté des leçons et des cours publics, de la Rive recevait dans la maison paternelle un enseignement tout différent, et bien propre à exciter son intelligence. Dans cette multiplicité d'objets d'étude qu'il poursuivait si- multanément, nous voyons se dessiner déjà chez lui ce qui a formé le trait le plus saillant, peut-être, de son indi- vidualité. Nous voulons parler de cette activité se portant tour à tour, avec une égale ardeur, sur les sujets les plus divers, de cette faculté de mener de front vingt choses à la fois, de cette facilité à passer d’un ordre d'idées à un autre avec une étonnante liberté d'esprit. Bien que son intelligence ne fut jamais en repos, il n’était point sujet à cette faiblesse qu'on nomme distraction. En quelque situation qu'il se trouvât, parcourant la route au galop de son cheval, se promenant le long des allées de Presinge, ou condamné dans quelque réunion à subir un discours fastidieux, il se livrait volontiers à ses pensées et appli- 24 AUGUSTE DE LA RIVE. quait les forces de son esprit à un sujet quelconque; mais cela n’empêchait pas que rien ne lui échappât de ce qui se passait autour de lui. Dans le sein d’une assemblée, sans avoir paru écouter une harangue, il l’avait entendue et le prouvait en y répondant ; dans le monde, on pouvait : le croire tout entier à la conversation à laquelle il prenait part, mais 1l ne perdait pas un mot de la conversation voisine si elle lintéressait. Il semblait qu'il eût le don de se dédoubler, une moitié de lui-même restant à l'état Ve, constant d'activité, l’autre moitié, en quelque sorte pas- sive, recevant et gardant les impressions extérieures. « Je « considère Auguste de la Rive comme un des cerveaux « les mieux organisés de l’Europe, » écrivait Camille de Cavour qui connaissait celui dont il parlait non moins que ce dont il parlait. Les études de droit que de la Rive désirait terminer, furent interrompues, comme nous l’avons dit, par une circonstance qui vint lui offrir un but digne de son ambi- on. La chaire de physique générale de l’Académie de Genève était devenue vacante par la retraite de Pierre Prevost ; de la Rive s’inscrivit aussitôt parmi les candidats qui briguaient l’honneur de succéder à l'illustre auteur des Recherches sur la chaleur rayonnante. La chaire, qui comprenait l’enseignement de la méca- nique, de la physique mathématique et de l'optique, avait été, suivant l’usage, mise au concours au commence- ment de l’année 1823. Ce n’était point une vaine for- malité que ce concours dont les juges, tous les professeurs et les membres de la Vénérable Compagnie des Pasteurs, étaient au nombre de soixante-dix. Les concurrents, après avoir fait plusieurs leçons aux étudiants, répondu à une * D: NOTICE BIOGRAPHIQUE. 25 question de mathématiques, défendu en public avec débat contradictoire la thèse qu'ils étaient tenus de publier, de- vaient encore, dans une conférence improvisée sur un sujet désigné à la dernièré heure, faire preuve à la fois de leurs connaissances scientifiques et de leur aptitude à les professer. De la Rive, à peine entré dans sa vingt-deuxième an- née, dut nécessairement abandonner tout autre travail : il n'avait pas trop de tout son temps pour se mettre en état de traverser la difficile épreuve qu'il allait affronter. La bataille serait rude : il avait deux rivaux très-sérieux, J. Choisy, qui devint un an plus tard professeur dephiloso- phie, et plus encore Georges Maurice avec lequel il était lié d’une étroite et mutuelle affection. Les deux amis dési- raient avec une égale ardeur remporter la victoire, et avec une égale modestie, ils prévoyaient chacun le succès de l’autre. Ce fut dans le même cabinet, penchés sur la même table et S’entr'aidant mutuellement, qu'ils se préparerent ensemble à la lutte, où le triomphe de l’un devait être la défaite de l’autre. — De la Rive l'emporta, et en octobre 1823 il passa ainsi, sans transition, des bancs de l’étu- diant à la chaire du professeur. Il eut donc la bonne fortune, que, dès le début, sa vo- cation scientifique devint pour lui une carrière dont sa raison lui faisait apprécier les avantages. Il considérait comme fort utile à l’homme qui cultive une science, l’o- bligation d'en suivre constamment les progrès dans toutes les branches, et il ne tenait point pour du temps dérobé à ses recherches spéciales, les heures qu'il consacrait à pré- parer et faire ses leçons. Il savait que l’enseignement est pour celui qui s’y dévoue, une suprême école où il com- 26 AUGUSTE DE LA RIVE. plète, classe et élucide pour lui-même les connaissances précédemment acquises. D'ailleurs le tour expansif et propagateur de son esprit lui faisait aimer cette carrière; les devoirs de sa charge lui étaient chers. Il se plaisait à mürir l’ordre et le plan de ses cours, et les leçons, heures d’ennui pour tant d’au- tres, étaient pour lui pleines de charme communicatif. Il y apportait une véritable fraîcheur d’impressions ; son ad- miration enthousiaste pour les conceptions et les théories des maïîtres de la science, et pour la science elle-même, débordait à chaque instant. Quoique vingt fois répétée, une démonstration, pour peu qu’elle fût élégante, une ex- périence, pour peu qu'elle fût ingénieuse, avait pour lui un attrait toujours nouveau, comme on relit Virgile, comme on rejoue Mozart, On ne peut dire qu'il eût une facilité naturelle d’éloeu- tion. Au début d’une lecon, comme d’un discours dans une assemblée délibérante, sa parole était quelque peu lourde et entachée d’un accent assez prononcé. Mais dans son improvisation, la clarté des idées forçait bientôt la clarté du langage, l'exposition devenait chaleureuse, entraïînante, et si l’élévation du sujet s’y prêtait, elle atteignait à la hauteur d’une véritable éloquence. Appelé à parcourir pé- riodiquement à nouveau la route déjà souvent parcourue, il ne tombait point dans l’ornière de la routine, mais il imprimait à ses cours une constante actualité ; ce n’était pas seulement la science classique, celle qu’on trouve dans les livres, qui y était enseignée, mais aussi la science vi- vante, avec son mouvement, ses discussions, ses progrès, ses aspirations. Nous avons vu que c'était la chaire de physique ma- thématique que de la Rive avait obtenue; il ne l’occupa «0 NOTICE BIOGRAPHIQUE. 27 pas longtemps et fut bientôt appelé à une autre position dans l'Académie. En 1895, Marc-Auguste Pictet, qui pro- fessait la physique expérimentale avec autant d'élégance que de savoir, fut enlevé par une rapide maladie. On dut pourvoir à le remplacer, et la Compagnie académique dé- cida de confier cette tâche à de la Rive, qui avait fait ses preuves et s'était déjà acquis par ses publications une ré- putation naissante et pleine de promesses. Il conserva jusqu’en 1846 cette chaire de physique expérimentale sans laisser s’amoindrir le lustre que les de Saussure et les Pictet lui avaient dès longtemps donné”. Au moment où s’effectuait ce changement dans sa posi- tion comme professeur, de la Rive faisait un voyage à Paris et en Angleterre. Il avait jusque-là vécu toujours à Genève, et s’il avait pu se créer dans la maison pater- elle quelques amitiés étrangères, il devait néanmoins éprouver le désir de voir le monde, d'étendre ses relations, * de visiter les institutions scientifiques des grands centres européens. Îl partit done avec M. F. Marcet, avec lequel il était lié d’ane amitié égale à celle qui avait uni leurs pè- res. Il déploya pour tout voir, et bien voir, cette étrange activité qui ne l'abandonnait jamais, mais qui jamais n'é- tait plus surexcitée que lors de ses séjours à l'étranger. Ses lettres de cette époque sont pleines des noms d'Ampère, Arago, Fresnel, Gay-Lussac, Dulong, Thénard, Herschel, Davy, Wollaston. Il raconte les travaux de ces hommes illèstres, et d’un trait juste et parfois piquant, il esquisse 1 De la Rive fut lui-même remplacé dans la chaire de mécanique par son ami G. Maurice, qui avait précédemment concouru avec lui pour l’obtenir. 28 AUGUSTE DE LA RIVE. leur caractère. — Ce voyage acheva de le former et il sut en tirer le plus grand parti. Pour clore cette période de la vie de de la Rive, la pé- riode de sa jeunesse, 1l nous reste à parler de son premier mariage. En 1826, il épousa M'e Mathilde Duppa, dont le père, un Anglais distingué, surpris par la rupture de la paix d'Amiens, tandis qu'il voyageait sur le continent, avait été forcément retenu à Genève pendant plusieurs années, puis avait fini par s’y fixer librement. Cette union devait être heureuse : M"° Auguste de la Rive, par la distinction de son esprit et la vivacité de son intelligence, par son énergie et sa rectitude morale, joi- gnant à ces qualités sérieuses les grâces extérieures qui en quelque sorte les sertissent, semblait née pour par- tager l'existence si remplie que nous cherchons à retracer dans ces pages. Très-vénéralement et très-fortement instruite, elle était capable de comprendre les travaux de son mari, souvent même de l’y assister. Son goût pour les arts, pour la lecture, pour l'histoire? occupaient les loisirs auxquels la condamnait une santé naturellement délicate et, plus tard, profondément altérée. Elle savait par la grâce sérieuse de sa conversation, faire le charme d’un salon toujours accessible aux amis de son mari qui étaient aussi les siens, toujours ouvert aux hôtes étran- sers accueillis avec une hospitalité qui était traditionnelle dans la maison. — Son jugement, sa fermeté de carac- tère, sa passion du vrai, sa haine de la lâcheté, son culte de l’honneur, faisaient d'elle le plus sûr, comme le plus tendre des conseillers. Dans les époques difficiles, qui n'ont pas fait défaut dans la carrière politique de de Ia 1 Mne de la Rive a écrit une histoire de la Confédération suisse. à NOTICE BIOGRAPHIQUE. 29 Rive, dans les moments sinistres où la tristesse envahissait les esprits, où l’émeute grondait dans les rues, combien de fois a-t-elle de sa chaise longue où la maladie la clouait, raïfermi autour d'elle les courages ébranlés et fortifié les volontés chancelantes. Pendant vingt-quatre années d’une vie vraiment commune, que relevèrent bien des joies et que bien des peines attristèrent, sans qu'au- cun dissentiment en troublât la confiante intimité, de la Rive eut ainsi le bonheur d’avoir, dans l’être qui lui était le plus cher au monde, un aide associé à ses desseins et à ses travaux’. IT Nous allons maintenant essayer de donner un aperçu des travaux scientifiques de de la Rive, en passant en revue les recherches originales qui constituent son titre de gloire me plus beau et le plus durable, et qui ont eu pour objet, non pas uniquement, mais principalement, le vaste champ des phénomènes électriques et magnétiques. Nous avons indiqué plus haut que, tout en poursuivant ses autres études, de la Rive suivait, dans le laboratoire, les expériences de son père et l’y aidait au besoin. I] lui prêta en particulier un utile concours dans une étude relative à l’action du globe terrestre sur des circuits mobiles traver- 1! De la Rive eut cinq enfants de ce mariage : William de la Rive, auteur de la Vie de Cavour et de beaucoup d’autres publications ; Lucien de la Rive qui, après avoir été élève de l’École polytechni- que de Paris, s’est fait connaître par ses travaux de physique ainsi que par des Essais de traduction poétique (Tennyson et Longfellow); Mme Louis Tronchin, Mwe Alexandre Prevost et Me Henri de Loriol. 30 AUGUSTE DE LA RIŸE. sés par un courant électrique. La question était pleine d'actualité. Ampère parmi ses brillantes recherches élec- trodynamiques avait découvert qu’un fil métallique par- couru par un Courant, lorsqu'il est plié en rectangle et qu'il peut se mouvoir librement autour d’un axe vertical, se fixe toujours dans une situation telle que son plan de- vienne perpendiculaire au méridien magnétique, et que le courant se propage de l’est à l’ouest dans la partie infé- rieure de ce rectangle; si on l'écarte de cette position, il yrevient après quelques oscillations. Ampère avait trouvé également qu'un fil conjonctif replié en fer à cheval et suspendu par une pointe fixée au milieu de sa partie ho- rizontale, prend un mouvement de rotation continue lorsque le courant arrivant par le point de suspension, se déverse dans les deux branches du fil et parcourt par conséquent dans le même sens chacune des parties verti- cales. Ampère avait expliqué ces deux expériences par sa célèbre hypothèse d’un courant électrique à la surface du globe terrestre, se mouvant de l’est à l’ouest: au premier abord, l’action de ce courant sur la partie horizontale in- férieure du rectangle dans la première expérience, et sur les branches verticales dans la seconde, devaient, d’après les lois générales qu'il avait trouvées, rendre compte des phénomènes observés. Gaspard de la Rive souleva quel- ques objections contre cette interprétation, et relata, dans une lettre à Arago”, les expériences qui motivaient ses doutes. Mais il laissa à son fils le soin de pousser cette étude plus avant. Celui-ci, à ce moment, dut abandonner pendant quelques semaines, et les études de droit et les recherches de labora- * Annales de Chimie, 1822, t. XX, p. 269. 22 juin. OUR LS NOTICE BIOGRAPHIQUE. 31 toire pour subir l'instruction militaire à laquelle tout Suisse est obligé. Revêtu d’une capote grise, le chef cou- vert d'un bonnet de police, le sabre au côté, allant à la manœuvre l'arme sur l'épaule, quand il n’était pas de corvée ou de cuisine, de la Rive fit gaîment le métier de soldat et conserva toujours un très-bon souvenir du temps pendant lequel il l’avait exercé. Mais tout en s'appliquant au maniement du fusil, il ne laissait pas de donner entre- temps, une pensée à la science, aux courants terrestres, à leur action sur les circuits mobiles, et à l'étude qu'il de- _vaiten faire. Ce fut pendant les heures de la nuit où ilétait en faction, qu'il conçut tout le plan de son travail; il fit exécuter sans retard l'appareil ingénieux qui devait lui servir, et prépara tout pour se mettre à l'œuvre, dès qu'il aurait posé le harnais militaire. Aïnsi fut fait. Son travail achevé en peu de temps mit clairement en évidence comment la Terre agit sur un cou- rant mobile : c’est l’action sur les branches verticales du cireuit replié en rectangle qui le fixe perpendiculairement au méridien magnétique; c’est l’action sur la branche horizontale qui met le fer à cheval en rotation continue. Pendant que de la Rive se livrait à cette étude, Ampère, que ses fonctions d'inspecteur des études avaient appelé à Lyon, poussa jusqu'à Genève et Presinge, où il séjourna quelque temps. Il assista ainsi aux expériences du jeune physicien et s’y intéressa vivement, enchanté qu'il était de voir progresser une branche de la science à laquelle il accordait toute sa prédilection, sans pouvoir lui consacrer autant de temps qu'il l'aurait désiré. Il était présent à la séance de la Société de physique et d'histoire naturelle‘ 14 septembre 1822. 392 ‘ AUGUSTE DE LA RIVE. où de la Rive communiqua son mémoire, et à la suite de cette lecture, rectifiant sa première interprétation, il ex- posa verbalement comment les faits qui venaient d'être relatés se conciliaient, en la confirmant, avec sa théorie fondamentale. On nous permettra d’insister sur les rapports aimables de ces deux savants, l’un à ses premiers pas dans l’arêne, l’autre déjà au faite de sa réputation. De la Rive, à la fin de son mémoire, s’efface modestement, affectant de trou- ver au-dessus de ses forces l’explication théorique des phénomènes qu'il venait de décrire avec tant de clarté. Ampère, avec cet esprit si exempt de jalousie, si sympa- thique à la jeunesse studieuse, se garda de dire que même avant la publication de Gaspard de la Rive, il avait rec- tifié lui-même sa théorie, et que le manque de loisir seul l'avait empêché de la faire connaître: c’est ce qui ressort d’une lettre inédite qu’il adressait le 10 juillet 1822 au professeur Marc-Auguste Pictet ‘. Peu de jours après l’a- voir écrite, il arrivait à Genève, et loin de voir d’un mau- vais œil les études que de la Rive faisait en ce moment, et qui attaquaient sa première interprétation, la seule qu'il eût publiée, il se montra charmé des expériences qu'il voyait ; 1] encouragea de toutes ses forces le jeune savant, fit avec lui quelques expériences nouvelles, devenues au- jourd’hui classiques, et lui laissa même le soin de publier à la suite de son mémoire, ses propres idées théoriques rec- tifiées, ainsi que les faits nouveaux et importants qu'ils avaient trouvés ensemble. 1 Nous publions dans l’Appendice ce document que nous devons à l’obligeance de M. Rilliet-de Candolle, ainsi que quelques autres lettres d'A. Ampère, qui ont une véritable valeur scientifique et qui témoignent en même temps de l’estime que leur auteur avait pour Auguste de la Rive. . NOTICE BIOGRAPHIQUE. 33 Après ce début brillant, de la Rive eut quelque hési- tation dans la direction de ses recherches : son ardeur qui le poussait à s'occuper de sujets divers, la néces- sité de rédiger une dissertation de physique mathéma- tique comme candidat à la chaire que P. Prevost lais- sait vacante, son goût prononcé pour les études de labo- ratoire faites en commun avec ses amis scientifiques, l’ont souvent détourné de l'électricité qui cependant paraît avoir toujours été sa préoccupation dominante. Il y avait à cette époque beaucoup à chercher dans les différentes branches de la physique; la découverte de quelque phénomène 1ouveau n'était pas chose rare, surtout pour un esprit hussi actif et ingénieux que celui de de la Rive. Il aimait à parler de ses recherches et formait avec G. Mau- rice, D. Colladon, F. Marcet, J.-L. Prevost et d’autres, un petit cercle plein d’entrain, dans lequel l’on se communi- quait gaîment ce que l’on avait trouvé. — « J'ai fait une jolie expérience nouvelle, ce matin, » disait un jour de la Rive. — « Bah! répondait un de ses amis, vends-la-moï : je te l’achète. » — «Combien m'en donnes-tu ? » — Et voyant que M°** qui assistait au débat prenait la plaisan- terie au sérieux, ils achevèrent de scandaliser sa probité scientifique en concluant le marché pour un louis. Si nous voulions ici suivre l’ordre chronologique des travaux de de la Rive, nous serions forcés de sauter sans cesse d'un sujet à l’autre. Il sera donc préférable, avant d'aborder les principales séries de ses publications sur l'électricité, d'indiquer en peu de mots quelles ont été ses autres recherches, au moins dans les premières années de sa carrière d’expérimentateur. ARCHIVES, t. LX. — Septembre 1877. 3 34 AUGUSTE DE LA RIVE. Signalons d'abord un Mémoire sur l'acide muriatique (chlorhydrique), fait en collaboration avec J. Macaire. et la Dissertation sur les caustiques, travail consciencieux et étendu dans lequel l'auteur fait preuve de ses connais- sances approfondies sur l'optique, et de la facilité avec la- quelle il savait appliquer le calcul mathématique, condi- tions requises pour l’enseignement qu'il postulait alors. Dans le domaine de la chaleur, nous devons mentionner ensuite une série d’études faites en commun avec M. F. Marcet. Ils commencèrent par chercher à déterminer l'in- fluence qu'exerce la pression barométrique sur les réser- voirs des thermomètres, et ils furent conduits à des obser- vations intéressantes sur le froid produit par expansion des gaz. Ils ont décrit quelques-uns de ces faits curieux de réchauffement ou de refroidissement d’un thermomètre dont le réservoir est exposé à un jet gazeux, faits qui plus tard ont beaucoup attiré l'attention des physiciens lors de l'apparition, sur la scène scientifique, de la théorie mé- canique de la chaleur. Ce premier travail à été l’origine de recherches importantes des deux collaborateurs sur la chaleur spécifique des gaz qu'ils publièrent quelques an- nées plus tard et dont nous parlerons tout à l'heure. Dans l'intervalle, ils ont donné un bon Mémoirerelatif à l'action des métaux sur les gaz inflammables : ils ont mon- tré que ce n’est pas le platine seul qui devient incandes- 1 Pendant les expériences qui furent l’objet de ce mémoire, les auteurs faillirent être victimes d’une violente explosion. De ia Rive, par un singulier hasard, ne fut pas atteint par les éclats de la cloche de verre qu’il tenait dans ses mains. Macaire eut la figure et les yeux couverts d’acide, mais grâce à la présence d’esprit de de la Rive, qui, de gré ou de force, lui fit plonger la tête dans la cuve à eau, cet accident n’eut pas de suites fâcheuses. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 39 cent lorsqu'on le place dans un courant d'hydrogène, mais que le palladium, l'or, l'argent présentent aussi. à di- vers degrés, la même propriété: enfin, que l'hydrogène pur peut être remplacé soit par des hydrogènes carburés, ce qui était en partie connu, soit par de l’hydrogène sul- furé ou de l’oxyde de carbone, si l'on opère à une tem- pérature convenable. Citons en passant une Note dans laquelle de la Rive indiqua un nouveau procédé hygrométrique basé sur le récha 1ffement d’un thermomètre dont on plonge le réser- voir (ans de l'acide sulfurique, et que l’on expose ensuite à l'air libre. Ce procédé, qui n'a guère été mis en prati- que, à été proposé à nouveau il y a peu de temps, par un physicien anglais qui, sans doute, ignorait qu'il avait été précédé de quarante-sept ans dans son invention. Mentionnons encore un travail en collaboration avec M. Alph. de Candolle sur la conductibilité du bois pour la chaleur, conductibilité qu'ils trouvèrent en général d'autant plus grande que l’espèce de bois est plus dense, et qui est notablement plus faible dans une direction per- pendiculaire aux fibres que dans leur sens. Ce dernier fait peut expliquer en partie, comment les arbres conservent si bien dans leur tronc la température du sol d’où ils pom- pent leur nourriture : cette température se transmet par l'ascension des liquides et par leur propagation dans le tissu solide du bois, tandis que le peu de conductibilité dans le sens transversal s'oppose à ce que l'équilibre avec la température extérieure puisse s'établir. Revenons aux recherches de de la Rive et Marcet sur la chaleur spécifique, sujet qui les a occupés à différentes reprises jusqu'en 1841. La première méthode que les auteurs ont employée, et qui a été l'objet des critiques de 36 AUGUSTE DE LA RIVE. Dulong, les conduisit à la conclusion que tous les gaz sous le même volume exigent la même quantité de chaleur pour s’échauffer ou se refroidir d’un même nombre de degrés, conclusion exacte pour les gaz simples et les gaz composés qui, comme le bioxyde d’azote, n’ont pas subi de conden- sation lors de leur formation, mais erronée pour les gaz tels que l'acide carbonique ou le gaz oléfiant. C’est ce que les auteurs ont reconnu eux-mêmes, dans un mémoire postérieur où ils ont fait connaître une méthode plus exacte que la première. Leur appareil se composait d’un petit vase de cuivre rempli d'essence de térébenthine, tra- versé par un serpentin et muni d’un thermomètre. Ce vase était placé dans une enceinte où l’on faisait le vide. On mesurait sa vitesse de refroidissement, tantôt en diri- ceant au travers du serpentin un courant d'air ou d’un autre gaz, tantôt sans y faire rien passer: — Chose curieuse! Dulong, auquel de la Rive avait écrit à ce propos, lui ré- pondit qu'il avait lui-même fait construire un appareil à peu près identique, mais qu'il ne l’avait pas encore expé- rimenté. Que de fois se reproduisent ces coïncidences dans les travaux de divers savants! — Ce mémoire fut présenté à la Société de physique de Genève en 1835, mais ce ne fut qu’en 1840, lorsque M. Regnault commença ses commu- nications sur les chaleurs spécifiques, qu'il fut livré à l’im- pression. Outre ce qui concerne les gaz, il comprend des mesures de la capacité calorifique de plusieurs corps so- lides ou liquides, simples ou composés, déterminées par la méthode du refroidissement. Ces déterminations étendent la loi de Dulong pour les corps simples, au cadmium, au sélénium, au molybdène et au tungstène; mais elles éta- blissent que la chaleur spécifique du carbone fait excep- tion à la loi, et est très-inférieure à ce qu’elle devrait être NOTICE BIOGRAPHIQUE. 37 d’après le poids atomique de ce corps. Plus tard les auteurs sont revenus encore sur Ce dernier point et ont constaté les variations importantes que le carbone présente dans sa capacité suivant l’état moléculaire où 1l se trouve. Nous arrêtons là, pour le moment du moins, cette énu- mération des travaux de de la Rive se rapportant à d’au- tres sujets que l'électricité; ils n'étaient pour lui presque qu’un accessoire aux études qui ont fait le fonds de sa ear- rière scientifique et que nous allons maintenant aborder. De la Rive peut être considéré comme l’un des fonda- teurs de cette science toute moderne de l'électricité vol- taique. Dans une longue série de mémoires, il a passé en revue les propriétés de la pile et les effets produits par les courants: il a contribué ainsi, pour une part considérable, à projeter la lumière sur l’ensemble de ces phénomènes complexes qui étaient encore si imparfaitement connus au commencement de ce siècle. Ses premières publications dans cette branche, dans leur partie théorique tout au moins, portent jusqu'à un certain point la trace de la difficulté qu'il y avait à coor- donner tant de faits nouveaux. On pourrait peut-être eri- tiquer une tendance un peu juvénile, à hasarder trop tôt des explications théoriques auxquelles il n’attachait pas lui-même une grande importance. « Ne pourrait-on pas, dit-il dans un de ses mémoires, ne pourrait-on pas ex- pliquer, ou du moins généraliser (car expliquer n’est pas autre chose en physique)... » Il y a sans doute beaucoup de vrai dans cette assertion; mais on ne peut toutefois la prendre au pied de la lettre, et elle ne doit pas dispenser d’une grande sobriété dans ces sortes de généralisations, 38 AUGUSTE DE LA RIVE. surtout si l’on ne sait pas aussi bien que le savait de la Rive, renoncer de bonne grâce à une première théorie dès qu'elle se trouve contredite par l’expérience. D'ailleurs, il n’a pas tardé à devenir beaucoup plus réservé à cet égard ; la nature même de son génie fécond l’a toujours porté à imaginer immédiatement une hypothèse rendant compte de tous les phénomènes qui se présentaient à lui, mais non plus à la formuler hâtivement, avant de lavoir fait passer au creuset de sa propre critique. En tout cas, au point de vue expérimental, tous ses premiers travaux abondent en faits intéressants et témoi- onent d’un esprit ingénieux et fertile en ressources. Ainsi dans le premier mémoire faisant partie de cette série d’é- tudes générales sur l'électricité, nous le voyons établir que dans l’intérieur d’un conducteur métallique, le courant se répartit sur toute la section, comme s’il se divisait en pe- tits filets parallèles d’égale intensité. Et pour arriver à ce résultat important, si différent de ce que l’on reconnait pour l'électricité statique qui ne s’accumule qu’à la surface des conducteurs, il trouve des méthodes pour mesurer lin- tensité des courants, et décrit en particulier le principe de la boussole des sinus, bien avant les recherches de Pouillet*. Quelque temps après, il passe aux phénomènes pro- duits par l'électricité dans les conducteurs liquides. fl 1 « La seconde classe de phénomènes que nous pouvons appliquer « à l’évaluation des différents degrés d’intensité à l’électricité dy- « namique, est celle qui est relative à l’action du courant électrique < sur les aimants. Le moyen le plus simple de se servir de cette: « propriété, est d’observer les divers angles de déviation opérés sur «< une aiguille de déclinaison sensible, par des conducteurs placés < toujours à la même distance et de la même manière par rapport à « cette aiguille. Or, comme la force qui éloigne une aiguille de dé- « clinaison du méridien magnétique, est proportionnelle au sinus de- . NOTICE BIOGRAPHIQUE. 39 étudie d’abord les décompositions chimiques opérées par les pôles, puis il montre que dans l’intérieur des liquides soumis à cette action, le courant se manifeste aussi bien que dans le reste du circuit et que, comme dans les con- ducteurs métalliques, ce courant se répand dans toute la section *. Il décrit avec soin l'influence des diaphragmes métalliques placés dans le liquide, et la diminution d'in- tensité du courant qu'ils produisent : il expose très-nette- ment les différences d'effets causés par la pile suivant le nombre de couples dont elle est composée et suivant la ré- sistance du circuit. Enfin il étudie le phénomène, alors à peine connu, qui est aujourd’hui désigné sous le nom de polarisation des électrodes, et qui consiste principalement dans le fait que deux lames de platines, à l’aide des- quelles on à fait passer pendant quelques instants un courant dans un liquide, ont pris la propriété de donner elles-mêmes un courant de sens inverse, lorsqu'on les relie par le fil métallique d’un galvanomètre. Dans l’ensemble de ces travaux, leur auteur à beau- coup contribué à poser les bases expérimentales sur les- quelles ont été établies, quelques années plus tard, les lois de l'intensité des courants, connues sous le nom de lois de Ohm. Nous arrivons maintenant au sujet qui, dans le cours « l’angle que fait cette aiguille avec le méridien, on aura, en com- « parant les sinus des angles de déviation produits par les différents « courants, un rapport exact entre leurs degrés d’intensité » (Mé- moires dc la Soc. de Phys. et d'Hist. nat. de Genève, 1825, t. HI. p. 117). ! Dela Rive dans son mémoire rapporte ces derniers faits comme résultant d’untravail entrepris, avec le D'J.-L. Prevost, sur la con- ductibilité des liquides, travail qui n’a pas été publié. 40 AUGUSTE DE LA RIVE. de ses vastes recherches, à absorbé le plus fortement l’in- térêt et les forces de de la Rive : nous voulons parler de la théorie chimique de la pile. La cause du dégagement d'électricité dans cet appareil avait été attribué par Volta au contact des deux métaux qui en constituent une partie essentielle : l'action chimique exercée par les liquides sur les métaux, était considérée comme un phénomène acces- soire, à peine comme un effet du courant. Mais à mesure que les nombreux rapports de l'électricité et des actions chimiques se sont de plus en plus dévoilés, la théorie op- posée commença à se faire jour. De la Rive, pendant de longues années, en fut un des plus ardents champions, niant que le contact de deux substances pût, par lui seul, produire un dégagement d'électricité qu'il ne pouvait con- cevoir sans une action chimique, calorifique ou mécani- que. — Aujourd'hui que la théorie dynamique de la cha- leur est universellement adoptée, cette question, dans ses grands traits, peut être considérée comme résolue dans le sens que de la Rive avait cherché à faire prévaloir. La véritable force motrice dans la pile est bien l’action chi- mique, et la somme des travaux engendrés sous des formes diverses dans le cireuit, est équivalente à la cha- leur totale que peut dégager cette action chimique. Si le contact proprement dit des métaux entre eux, ou des mé- taux et des liquides, a quelque influence, fait sur lequel on discute encore, il agit comme un mécanisme de trans- formation de la force, mais il est incapable de rien créer par lui-même. À moins d'élargir démesurément le cadre de cette No- tice, il nous serait impossible de suivre dans ses détails les phases de cette discussion ou seulement de mentionner toutes les publications que de la Rive à consacrées à x NOTICE BIOGRAPHIQUE. 4 ce sujet, sous la forme tantôt de mémoires originaux, tantôt d'articles polémiques ou d'analyses critiques des travaux édités par ses adversaires ou ses partisans ?. Nous nous borrerons donc à une esquisse rapide en nous atta- chant spécialement aux données expérimentales dont il a enrichi la science. Un élément de pile ou couple voltaique consiste essen- tiellement en deux lames formées chacune d'un métal dif- férent et plongées dans un liquide susceptible d'agir chi- miquement sur elles, ou au moins sur l’une des deux. Si l’on met ces deux lames en contact soit directement en les soudant, soit en les reliant simplement par un fil mé- tallique, on voit immédiatement se manifester de l’élec- tricité sous la forme de ce que l’on appelle un courant, qui produit des effets divers tels que le réchauffement du fil conjonctif, une action sur l'aiguille aimantée, ete. D'où provient ce dégagement d'électricité ? Lorsque de la Rive, arrivé à la maturité de son talent, fut conduit par ses recherches générales sur la pile à examiner cette ques- tion, 1l se trouvait en face de trois théories. La première, celle de Volta, consistait, comme nous l'avons déjà dit, à admettre que le simple contact des deux métaux, qu'il fût immédiat ou réalisé par l'intermédiaire d'un fil conduc- teur, détermine la séparation des fluides électriques, les- quels se réunissent de nouveau par l'intermédiaire du hquide du couple produisant ainsi un courant. Cette théorie, supposant que la simple juxtaposition des deux corps hétérogènes puisse produire un effet continu tel qu'un dégagement de chaleur, paraîtrait plus qu'étrange ! La plupart de ces articles ont été insérés dans la Bibliothèque Universelle et particulièrement dans le supplément à ce recueil, les Archives de l'électricité. #2 AUGUSTE DE LA RIVE. aux physiciens de nos jours pour lesquels la création des forces est une impossibilité, et qui ne conçoivent que leur transformation; mais au commencement du siècle l’idée de la corrélation des forces ne s’était pas encore fait jour et la théorie de Volta était très en faveur. Elle avait en particulier été appuyée par une commission de l’Académie de Paris qui, par l'organe de Biot, en avait donné un exposé aussi lucide que complet. On admettait donc assez généralement que la force électromotrice réside princi- palement au point de contact des deux métaux hétéro- gènes, et que les deux électricités séparées traversent, pour se réunir de nouveau, le liquide interposé, en y dé- terminant une action chimique dont les rapports avec le phénomène électrique n'étaient pas bien définis”. Une seconde théorie avait été proposée par Fabroni et adoptée par Wollaston : elle consistait à admettre que l’ac- tion chimique est la cause du dégagement d'électricité dans la pile. Mais cette hypothèse ralliait peu de parti- sans; Fabroni avait manqué de précision en l’exposant, et Wollaston l'avait exagérée en soutenant que tous les phénomènes électriques, même ceux dus au frottement, ont leur origine dans une action chimique. Entre ces deux points de vue opposés, Davy était ar- rivé à une théorie mixte à la suite de ses mémorables re- cherches sur les effets chimiques de la pile ; il avait re- connu d’une manière incontestable, que le liquide inter- posé entre les deux métaux d’un couple exerce sur la pro- 1 Volta admettait bien l’existence d’une force électromotrice, or- dinairement plus faible, au contact des métaux et du liquide, ou aux contact de deux liquides ; mais il l’attribuait au contact même et nullement à l’action chimique (Voyez Bibl. Britannique Sc.et Arts, 1802, t. XIX, p. 274). NOTICE BIOGRAPHIQUE. | 43 duction de l'électricité une influence indépendante de la conductibilité. Ce fait que Gay-Lussac et Thénard confir- mèrent bientôt, amena Davy à modifier la théorie du con- tact : il attribuait toujours avec Volta le dégagement d’é- lectricité au contact, mais 1l pensait que l’action chimique facilite ou plutôt permet la production de ce phénomène. De la Rive, guidé peut-être par un sentiment intuitif du principe de la conservation des forces, sentiment dont on retrouve souvent la trace dans ses travaux, guidé sur- tout par les faits que lui révélait observation, prit immé- diatement parti contre la théorie de Volta. Déjà en août 1827 il lut à la Société Helvétique des Sciences naturelles son Mémoire intitulé : « Analyse des circonstances qui « déterminent le sens et l'intensité du courant électrique « dans un élément voltaïque; » mais il ne le publia que quelques mois plus tard, car il sentait la gravité de la question, et avant d'entrer dans la lice, il éprouvait le be- soin de répéter, de varier, de compléter ses expériences. Il démontre dans ce Mémoire un point capital, c'est que deux métaux déterminés formant un couple, peuvent donner un courant tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre, suivant le liquide dans lequel on les plonge : état électrique que prennent ces métaux ne dépend done pas de leur contact. Ainsi un couple de cuivre et d’étain plongé dans une solution acide produit un courant dirigé du cuivre à l’étain; si on le plonge dans de l’ammoniaque le courant se renverse et va de l’étain au cuivre. L’au- teur n'hésite pas à expliquer ce fait, par ce que l'acide exerce une action chimique plus forte sur l'étan que sur le cuivre, tandis que l'action de l'ammoniaque sur le cuivre est prédominante. De la Rive multiplie les exem- ples de cette nature, et interprète de la même manière 44 AUGUSTE DE LA RIVE. quelques faits obtenus par d’autres physiciens tels que Davy, Marianini, M. Becquerel, etc. — Quelques années plus tard, Faraday apporta de nouvelles preuves frap- pantes à l'appui de ce principe. | La théorie électro-chimique de l’affinité proposée par Berzelius, se trouvait du même coup fortement compro- mise : « La théorie électro-chimique, dit de la Rive’, me « « À CS À paraît reposer essentiellement sur ces deux faits : le premier, que les corps ont une électricité propre que le contact met en évidence, fait dont j'ai cherché à dé- montrer l'inexactitude; le second, que dans toute dé- composition opérée par la pile, les corps vont, les uns (les négatifs, dit-on) au pôle + et les autres (les posi- tifs) au pôle —; or, dans un précédent Mémoire, j'ai fait voir que ce n’est point en vertu des électricités de tension, et par l'effet d'attractions ou de répulsions électriques analogues à celles qui ont lieu dans les cas ordinaires, que se fait la décomposition, puisqu’au contraire plus le liquide est conducteur, c’est-à-dire ‘moins il y a de tension, plus la décomposition est ra- pide. Il me semble done que si l’on ne peut pas ad- mettre les deux faits dont je viens de parler, la théorie électro-chimique qui en est une conséquence, ne repose plus sur une base bien solide. Qu'il y ait développement d'électricité dans la combinaison de deux corps, c’est- à-dire, dans une action chimique, c’est ce que je suis bien loin de nier, puisque c’est le principe d’où je pars. Que ce soit à cette électricité que sont dues et la cha- leur et la lumière qui accompagnent d'ordinaire toute action chimique, c’est ce qui est possible et même pro- l Annales de Chimie et de Phys., 1828, t. XXX VI, p. 250. » NOTICE BIOGRAPHIQUE. 45 « bable; mais que la force en vertu de laquelle se fait l'ac- «tion chimique elle-même soit Pélectricité propre aux « corps qui agissent l’un sur l’autre, et que l’affinité ne « soit que le résultat de l'attraction mutuelle des deux « principes électriques, c’est ce qui ne me parait pas pro- « bable, ni surtout compatible avec les observations que « nous venons d'exposer. » Cette opposition de la théorie électro-chimique de laf- finité et de la théorie chimique de la pile, a beaucoup contribué à l’ardeur de la discussion ; les savants alle- mands, imbus des idées de Berzelius, devaient nécessaire- ment se placer dans les rangs opposés à de la Rive. Dans le Mémoire dont nous venons de parler, de la Rive étudie aussi les circonstances qui favorisent l’inten- sité du courant, et met en première ligne l'énergie de l’ac- tion chimique qui le produit, dans son opinion; mais ce fait, qui s'accorde bien avec la théorie chimique, peut aussi se concilier avec la théorie du contact, telle que Davy la concevait. Nous y reviendrons, du reste, plus loin. Ainsi il résultait de ce premier travail, que le sens et l'intensité du courant dans une pile ne pouvaient être attri- bués au seul contact des métaux, et que l’action chimique était pour le moins la cause prépondérante. Mais le con- tact ne produit-il réellement aucun effet et faut-il le rayer des causes qui peuvent engendrer de l'électricité ? IT fallait s’en assurer et voir si, sans action chimique, sans frotte- ment, sans pression, sans chaleur, il ne peut par lui-même donner lieu à la séparation des deux fluides. De la Rive consacra à cette question capitale de labo- rieuses études qui ont été principalement publiées dans ses trois grands Mémoires intitulés : Recherches sur la cause de l'électricité voltaique. 46 AUGUSTE DE LA RIVE. Il prouva d’abord que si le couple est complété par un liquide qui n'attaque chimiquement ni l’un ni l’autre des métaux, il ne se produit aucun courant. Il confirma le fait, déjà observé par M. Becquerel, qu’un élément pla- tine et or dans l'acide nitrique pur, ne développe pas d’é- lectricité ; mais si l’on ajoute une goutte d’acide chlorhy- drique, l'or est attaqué, et immédiatement un fort courant se manifeste. De même les couples platine et palladium dans l'acide sulfurique, rhodium et platine dans l'acide nitrique, platine et argent dans les solutions salines et al- calines, ne donnent lieu à aucun signe d’électricité.— Fa- raday, qui reprit plus tard ce sujet. confirma ces résultats en les généralisant. Nous ne nous arrêterons pas à l'analyse étendue que de la Rive a donnée des phénomènes complexes qui se pro- duisent dans les éléments formés de deux liquides et d’un ou de deux métaux. Il nie que le simple contact des mé- taux avec les liquides développe de l'électricité: pour qu'il y ait. un effet produit, il faut qu'il y ait une action chi- mique concomitante. Il montre que les anomalies fré- quentes dans cet ordre de phénomènes, s'expliquent soit par l’action chimique incontestable que les acides ou les bases exercent sur les sels !, soit par la facilité plus ou moins grande et très-variable que l'électricité éprouve à passer d’un métal à un liquide ou inversément. Les études que nous venons de mentionner ont en gé- néral été faites à l’aide du galvanomètre, qui accuse avec tant de délicatesse la présence et le sens d’un courant 1 Par exemple une dissolution de sulfate de soude mise en pré- sence d’acide nitrique éprouve une action chimique, puisque, suivant Berthollet, la soude se partage entre l’acide sulfurique et l’acide nitrique, etc. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 47 électrique. Dans une autre série d'expériences ayant pour but de rechercher si deux métaux en contact se chargent d'électricité de tension, c'est le condensateur de Volta qui a été employé comme instrument. De la Rive a cherché à prouver que les signes d'électricité que l'on observe très- habituellement dans ces conditions sont dus presque tou- jours à une action chimique. Ainsi touchez le plateau en cuivre d'un condensateur avec une lame de zinc tenue à la main: l'électricité recueillie provient non pas du con- tact du cuivre et du zine, mais de l’action chimique de la main humide sur le zine. Et si en modifiant l'expérience, on évite l'emploi de la main pour la communication qu'il est indispensable d'établir entre les deux plateaux du con- densateur, de la Rive voit la cause ordinaire de la sépara- tion des fluides dans l'inégalité d'action exercée sur les deux métaux soit par l'humidité de l'air, soit par les gaz condensés à leur surface. Dans quelques cas, il l'attribue à des effets de pression ou de frottement dont il a fait une belle et complète étude, ou enfin à une action calorifique résultant d’une variation de température. Il conclut à l'ab- sence d'électricité lorsque ces influences sont éliminées. Ce résultat est l’un de eeux qui ont été le plus forte- ment contestés par les partisans de la théorie du contact : la question est délicate en effet, et aujourd'hui encore l’on pe peut pas dire qu'elle soit complétement résolue. De la Rive, à l’origine, a été, croyons-nous, trop absolu dans sa thèse, et sans abandonner le principe fondamental que le contact, seul et par lui-même, ne peut créer de l'électricité, on peut admettre que des forces, dont il n’avait pas tenu compte, exercent une action impossible à éliminer. Ainsi l'on a indiqué comme pouvant produire un effet, l’at- traction moléculaire qui doit produire un travail lorsque 48 AUGUSTE DE LA RIVE. l’on approche ou que l’on écarte les deux corps hétéro- scènes, les forces chimiques que l’on peut supposer agir à distance (Sir William Thomson), ou bien encore une ac- tion thermo-électrique s’exerçant entre les deux corps primitivement à la méme température, et déterminant la conversion de chaleur en électricité, en abaissant un peu la température au point de contact. Cette dernière in- fluence, qui présente quelque analogie avec l’évaporation d’un liquide se produisant aux dépens de la propre cha- leur de ce dernier, paraît en particulier très-plausible, comme cela résulte de recherches assez récentes dues à M. Edlund. Le savant physicien suédois reconnaît, du reste, avec de la Rive, que dans les expériences ordinaires faites à l’aide du condensateur, l’action del’humidité et des gaz condensés produit une bonne part des effets observés ; il admet aussi que la force électromotrice du contact ne crée pas l'électricité, mais produit seulement la transfor- mation de la chaleur en mouvement électrique. Dans quel- ques observations au sujet de ce travail de M. Edlund (observations qui ont été sa dernière publication relative à la théorie du contact), de la Rive n’a pas soulevé d’ob- jection contre cette manière de voir qui, dans le fond, s'accorde avec ce qu'il avait toujours dit; il paraît seule- ment critiquer le terme de force électromotrice qui, ap- pliqué à une action de ce genre, lui a toujours déplu. Une question de la plus haute importance dans la théo- rie chimique de la pile, était de savoir si la quantité d’é- lectricité dégagée est toujours en proportion de la vivacité de l’action chimique. Les faits à cet égard paraissent sou- vent contradictoires. Dans beaucoup de cas une action chimique très-éner- gique produit un courant moins intense qu’une autre ac- NOTICE BIOGRAPHIQUE. 49 tion qui semble plus faible, toutes les autres circonstances restant les mêmes. — Chez certains couples, l’action chi- mique ne se manifeste que s’il y a contact des deux mé- taux et par suite dégagement d'électricité; mais souvent aussi l’on voit un liquide attaquer vivement un métal, sans que le contact d’un autre métal soit nécessaire et sans dé- sagement apparent d'électricité. Dans ce dernier cas, de la Rive admet que les principes électriques sont bien sé- parés, mais qu'ils se réunissent de nouveau directement : une certaine quantité d'électricité positive s’accumule sur le métal attaqué, une certaine quantité d'électricité con- traire passe dans le liquide; mais la tension de ces deux fluides séparés ne peut dépasser une certaine limite, et leur recomposition s'effectue au travers de la surface de contact du métal ét du liquide; c'est ce que Faraday à appelé des actions locales. La facilité avec laquelle s’opère cette réunion dépend de beaucoup de circonstances, dont l’une des plus importantes est l'impureté et la non-ho- mogénéité du métal attaqué. Par exemple, de la Rive à montré que le zine purifié par la distillation n’est pas at- taqué par l’acide sulfurique étendu d’eau ; ainsi dans un couple formé de zinc pur et de platine plongés dans l’acide sulfurique étendu, si les deux métaux ne sont pas en con- tact, on n'observe pas de degagement d'hydrogène: dès que le contact est établi, on voit immédiatement des bulles de ce gaz apparaitre sur la lame de platine en même temps que le courant électrique se manifeste. Dans ce cas, les deux phénomènes sont absolument dépendants Fun de l'autre. — Ils le sont encore si l’on prend du zine impur contenant, par exemple, quelques particules d’un autre métal. Chacune de ces particules forme un couple avec le zinc qu’elle touche, l'électricité peut se développer et l’ac- ARCHIVES, t. LX. — Septembre 1877. 1 90 AUGUSTE DE LA RIVE. tion chimique se produire; ainsi le zinc impur dans l’a- cide sulfurique produit, à lui seul, un abondant dégage- ment d'hydrogène, dont les bulles se forment sur toutes ces particules hétérogènes. Un autre exemple remarquable de cette relation intime des deux phénomènes, qui a été mis en évidence par de la Rive, c’est que plus le liquide est conducteur de l’élec- tricité, plus l’action chimique est facilitée et plus le cou- rant est énergique. Ainsi pour le zinc on obtient le maxi- mum d'effet chimique et électrique, lorsque l'acide sulfu- rique, que l’on emploie pour l’attaquer, est étendu de la proportion d’eau qui lui donne le maximum de conduc- tibilité *. Ces exemples et bien d’autres montrent que la vivacité de l’action chimique, en entendant par ce mot la rapidité avec laquelle la réaction s'effectue, n’est point toujours la cause prédominante de l'intensité du courant, et qu’elle est souvent un effet de la facilité plus ou moins grande avec laquelle les deux électricités peuvent se réunir. De la Rive, en étudiant l’ensemble de ces faits, est arrivé à cette conclusion, que l'intensité du courant est proportionnelle au degré d’affinité des atomes entre lesquels se passe l’ac- 1 De la Rive avait aussi constaté précédemment que le brome et l’acide sulfureux liquéfiés, qui ne laissent pas passer l'électricité quand ils sont purs, deviennent conducteurs lorsqu'on leur ajoute une petite quantité d’eau, laquelle facilite en même temps les réac- tions chimiques. Dans ses recherches sur le brome et l’acide sulfurique, de la Rive ne s’est pas borné à l’étude électrique de ces corps ; son travail est aussi intéressant au point de vue chimique et optique. En particulier il a montré que pour l’acide sulfureux, le pouvoir réfringent n’est pas le même lorsque le corps est à l’état liquide et lorsqu'il est à l’état gazeux, résultat analogue à celui qu’Arago et Petit avaient obtenu pour l’éther et le sulfure de carbone. * NOTICE BIOGRAPHIQUE. 51 ton chimique. Il y a donc deux facteurs déterminant la quantité d'électricité dégagée dans un temps donné : l'af- finité et le nombre d’atomes qui entrent en combinaison. Seulement dans beaucoup de cas la totalité de cette élec- tricité ne pourra pas être recueillie {parce que la réunion des fluides s'effectue par une action locale. Nous nous arrêtons ici dans l’exposé des travaux de de la Rive sur la théorie de la pile et des nombreuses publi- cations qu'il a consacrées à défendre sa manière de voir. Dans cette discussion il vit beaucoup de savants se ranger dans son parti : M. Becquerel, qui au début de ses re- cherches étendues sur ce sujet était naturellement sous l'empire des idées de Volta, alors presque universellement admises, fut bientôt gagné à la théorie chimique dont il à été depuis l’un des principaux partisans; nous avons déjà plusieurs fois cité le nom de Faraday qui soutint brillam- ment la même thèse; Matteucci et bien d’autres l’appuyè- rent également. Schœnbein eut parmi ces derniers un rôle important, en expliquant la manière dont agit l’affi- nité chimique, à l’aide d’une théorie qui écartait plusieurs des objections soulevées par les partisans de la théorie du contact. On trouvera à la fin du Mémoire de de la Rive sur la cause de l'électricité voltaique, un résumé de l’ensemble de ses recherches et de ses idées théoriques, où l’on pourra voir, surtout en se reportant à l'époque où ils ont été pu- bliés, combien ces travaux ont contribué à élucider l’im- portant problème de la pile’. Plus tard, dans son Traité ! L'une de ces conclusions, telle que de la Rive l’a présentée à l’origine, manque toutefois de netteté : il est conduit à reconnaître +< que la quantité d'électricité accumulée aux deux pôles sous forme < de tension, est d’autant plus grande que les deux principes élec- 52 AUGUSTE DE LA RIVE. d'électricité, de la Rive a exposé de nouveau l’ensemble de ses vues sur la théorie de la pile, avec les modifications que les progrès de la science et l'interprétation de Schœn- bein l'avaient conduit à y apporter. L'étude de l’action calorifique des courants, c’est-à-dire de l’échauffement des conducteurs parcourus par l’élec- tricité, ne pouvait rester étrangère à de la Rive, quoiqu'il n’y ait pas consacré autant de temps qu’à la théorie chi- mique de la pile, et qu'occupé d’autres questions, il n'ait pas découvert toutes les lois de cette action. Mais là comme ailleurs il a beaucoup contribué à éclaircir le sujet, et. théoriquement, il a donné des aperçus d'un haut in- térêt. Ses premières recherches dans cet ordre de phénomènes datent de 1828. Il établit d'emblée, d’une manière géné- « triques ont moins de facilité à se réunir à travers la pile elle- « même, et que, par conséquent, cette pile renferme un plus grand < nombre de couples. De même, ajoute-t-il, il faut pour les etrets « dynamiques que la pile soit assez pen conductrice, et renferme « par conséquent un nombre suffisant de couples, pour que les deux « principes électriques se réunissent en plus grande proportion par « l’intermédiaire des conducteurs placés entre ses pôles qu’à tra- « vers la pile elle-même. » Cet énoncé semble bien indiquer que de la Rive admettait la réalité de la réunion d’une partie des fluides par l’intermédiaire de la pile, c’est-à-dire la propagation de deux courants de sens contraire dans le même conducteur. Mais s’il a eu momentanément cette idée, il a plus tard modifié son opinion à cet égard, et à plusieurs reprises il a contesté la possibilité d’une dou- ble transmission de cette nature. La tension des fluides opposés qui s’accumulent aux deux pôles d’une pile isolée, va en croissant jus- qu’à un point qu’elle ne peut dépasser : ce maximum est atteint lorsque la tendance des deux fluides à se réunir par l’intermé- diaire de la pile, fait équilibre à la force électromotrice qui tend à les séparer ; alors l’action chimique cesse de se produire (sauf dans le cas d’actions locales) et la pile ne travaille plus. * NOTICE BIOGRAPHIQUE. 53 rale, la relation qui existe entre la chaleur dégagée et la résistance : à égalité d'intensité du courant, plus la con- ductibilité du cireuit est faible, plus la chaleur dégagée est grande, et cela chez les solides comme chez les liquides, en employant des courants continus aussi bien que des cou- rants discontinus et de sens alternatif. D'autre part, il a reconnü plus tard, que si l’on fait varier l'intensité du courant, la chaleur croît plus rapidement que l'intensité. Mais il n’a pas donné les lois exactes de ces phénomènes, lois qui ont été trouvées par M. Joule. Un des points curieux qu'il a signalés, c’est celui de l’échauffement considérable que l’on peut produire par le courant dans un liquide divisé par des cloisons poreuses. La meilleure manière de mettre ce fait en évidence con- -siste à introduire dans le circuit une tige de plante grasse, un peu aqueuse. On à ainsi un conducteur liquide séparé par une multitude de petites cellules, et le dégagement de chaleur est si énergique, que l'eau contenue dans la plante peut entrer en ébullition dans les deux portions extrêmes les plus voisines des points où la communication est éta- blie avec la pile par l'intermédiaire de fils métalliques. Parmi les faits qu'il a constatés, le plus remarquable est peut-être celui de l'égalité de la quantité de chaleur dégagée par un couple, quelle que soit la longueur du fil métallique qui relie les pôles. Voici en quels termes il a exposé cette loi: « La somme des quantités de chaleur « développées dans le fil et dans le liquide du couple est « constante pour une même quantité d'électricité: seule- « ment, suivant la grosseur du fil, c’est tantôt l’une, tantôt « l’autre de ces deux quantités qui est la plus considérable. « J’employais dans ces expériences un couple dans lequel « le liquide était de l'acide nitrique parfaitement pur et 54 AUGUSTE DE LA RIVE. «€ aussi concentré que possible, et dont les métaux étaient « d’une part du platine, et d'autre part, du zinc distillé « ou du cadmiumi. » Cette loi a pris depuis lors une grande importance dans la théorie mécanique de la cha- leur. M. Helmholtz, dans son célèbre Mémoire sur la con- servation de la force, l’a posée comme l’une des bases principales de sa théorie, et M. P.-A. Favre en à donné plus tard une démonstration expérimentale nouvelle et plus complète. Nous ferons remarquer ici, une fois de plus, combien de la Rive avait le sentiment intuitif de l'unité des forces et de la possibilité d'expliquer par des mouvements l’en- semble des phénomènes physiques: citons entre autres la conclusion d’un Mémoire lu à la Société helvétique des Sciences naturelles en 1830 * : «... Mais n'est-il pas bien € plus probable que les phénomènes électriques et calori- « fiques sont également dus à Faction d’un même agent, «et si, comme un autre ordre de phénomènes me porte à «le croire, l’électricité est le résultat de vibrations im- € primées par les molécules des corps à l’éther qui les en- « vironne, la chaleur ne serait-elle point des vibrations « du même genre, différentes seulement en vitesse et en «intensité. Les mêmes causes tendraient à produire à la « fois les deux genres de vibrations; et les résistances que « rencontre le courant électrique, en ralentissant les vi- « brations auxquelles il donne naissance et en diminuant «leur amplitude, produirait la chaleur. Cette manière 1 Comptes rendus de l’ Acad. des Sc., 1843, t. XVI, p. 883. — Archives de l'électricité, 1843, t. IT, p. 178. 2? Ce n’est qu’en 1843 que ce Mémoire a été imprimé tel qu’il avait été lu treize ans plutôt (Archives de l'électricité, 1843, t. I p. 508). NOTICE BIOGRAPHIQUE. 55 « d'envisager toute cette classe de phénomènes est peut- « être la moins éloignée de la vérité: mais l'hypothèse sur « laquelle elle est fondée exige encore de nouvelles expé- « riences et de nouveaux calculs, pour pouvoir être pré- « sentée avec quelque degré de probabilité. » De la Rive a fait aussi des études importantes sur ce qu’il appelait les courants magnéto-électriques, c’est-à-dire les courants produits par induction, de sens alternative- ment contraire et se succédant avec rapidité. Il à em- ployé dans ces recherches tantôt la machine de Clarke, tantôt divers appareils d'induction, premiers types de l'appareil, si habilement perfectionné par M. Ruhmkorff, que l’on emploie constamment aujourd'hui. Quelles sont les analogies et les différences entre ces courants et ceux de la pile? c’est à les établir que de la Rive a consacré une série de travaux sur lesquels il ne nous est pas possible d’insister longuement. C’est surtout lorsque le circuit contient un liquide que se manifeste la différence entre un courant continu et un courant magnéto-électrique. Dans le premier cas, nous avons vu, il y a décomposition chimique du liquide et polarisation des lames métalliques, ou électrodes, par les- quelles le courant pénètre dans le liquide : la conséquence de cette polarisation est la tendance à la production d’un courant de sens contraire, ou si l’on aime mieux, la résistance au passage de l'électricité du solide au liquide. Mais avec des courants alternatifs l'effet est tout différent : la polarisation produite par un premier courant est jm- médiatement détruite par le courant suivant, et par suite la résistance au passaÿe est annulée. Quand l'appareil est convenablement disposé, il n’y a pas de décomposition 56 AUGUSTE DE LA RIVE. chimique apparente ; le seul effet des courants consiste dans un échauflement du liquide. Dans ce travail, l’auteur avait dû étudier les différents moyens d'interrompre et de rétablir le courant à de courts intervalles, et il avait imaginé un petit appareil produisant automatiquement ces interruptions successives. De son côté, J.-P. Wagner de Francfort était arrivé à réaliser la même disposition; il serait difficile de dire lequel des deux en a eu l’idée le premier, ou l’a réalisée le premier ; toutefois Neeff en a publié la description avant de la Rive”. Cet ingénieux dispositif, adapté aujourd'hui à la plupart dés appareils d’induction, est appelé tantôt l'interrupteur de de la Rive ou de Neeff, tantôt le marteau de Wagner, tantôt le trembleur *. Un autre appareil intéressant décrit par de la Rive, est celui qu'il a appelé condensateur électro-chimique où conden- sateur voltaique.— Un seul élément de pile formé de zine, de platine et d'acide sulfurique, n’est pas assez puissant pour produire directement la décomposition de l’eau; mais en employant le courant engendré par cet élément à aiman- ! Poggendorff Annalen, 1839,t. XLVI, p. 104. ? Voici en quoi consiste cette disposition. Les appareils d’induc- tion contiennent habituellement un électro-aimant qui doit être al- ternativement aimanté et désaimanté. L’une des extrémités du fil enroulé en hélice autour de cet électro-aimant, et dans lequel circule le courant de la pile, aboutit à une pièce fixe, l’enclume; la seconde extrémité du fil est reliée à un ressort qui par l’autre bout porte sur l’enclume et s’appuie naturellement contre elle. Une petite pièce de fer doux fixée à cette extrémité du ressort forme le marteau, qui est placé au-dessous de l’un des pôles de l’électro-aimant. Si le ressort touche l’enclume, le circuit est fermé et le courant passe ; aussitôt l’électro-aimant est excité, il attire le marteau et, le ressort n’ap- puyant plus sur l’enclume, le courant est interrompu; alors l’ai- mantation cesse, le marteau retombe sur l’enclume, ce qui rétablit de nouveau le courant, et ainsi de suite. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 57 ter un électro-aimant, et en rendant le courant discon- tinu, lors de Chaque interruption du circuit, il tend à se développer un courant d’induction que l’on peut recueillir et faire passer dans de l’eau, laquelle se trouve alors dé- composée. On à ainsi un appareil produisant, pour les courants électriques, un effet analogue à celui d’un bélier hydraulique pour un courant d’eau. La disposition la plus favorable est la suivante. L’élé- ment de pile est relié à l’électro-aimant au moyen d’un de ces interrupteurs dont nous avons parlé tout à l'heure. L’enclume et l'extrémité fixe du ressort qui forme le man- che du ressort, sont en outre réunis par un circuit dans lequel se trouve intercalé l’appareil pour la décomposition de l’eau (voltamètre). Ce circuit est trop résistant pour que le courant puisse le traverser directement. Quand le marteau touche l’enclume, l’aimant est excité; mais lors- que le marteau se soulève, l’aimantation cesse presque complétement et ilse produit un courant d'induction (ex- tra-courant) qui traverse le voltamètre et détermine la décomposition de l'eau. De la Rive à signalé aussi d’autres moyens d'arriver à la décomposition de l'eau par un seul couple; en particu- lier il a indiqué l'emploi d’un élément formé de zme placé dans de l'acide sulfurique étendu, et d’un vase poreux rempli de peroxyde de plomb en poudre, au centre duquel se trouve une lame de platine. Ce couple, où le peroxyde de plomb joue un rôle semblable à celui de l'acide nitri- que dans la pile de Grove, a une très-grande puissance; 1l est d’un usage commode et avantageux, spécialement lors- qu'on à besoin d’une pile composée d’un petit nombre de couples". 1 Un autre couple qui avait été précédemment étudié par de la DS AUGUSTE DE LA RIVE. Laissant de côté quelques travaux d’une importance secondaire, nous arrivons à la découverte qui a le ‘plus popularisé le nom de de la Rive : nous voulons parler de la dorure électro-chimique. Le courant électrique a la propriété de décomposer les dissolutions salines des métaux, et si ces derniers ne sont pas très-oxydables, ils se déposent en une couche plus ou moins compacte, sur la lame métallique formant le pôle négatif par lequel on amène le courant dans la solu- üon. L'idée d'utiliser cette propriété pour dorer divers ob- Jets, et d'arriver ainsi à bannir de l’industrie l’ancien procédé de la dorure au mercure, si nuisible à la santé des ouvriers, avait longtemps préoccupé le savant genevois. Dans de premiers essais, datant de 1825, il avait déjà réussi à dorer du platine en décomposant le chlorure d’or par un courant énergique. Mais revêtir d’une couche d’or un métal comme le platine ne présente guère d'utilité, et le procédé n’était applicable ni à l'argent, ni au laiton, qui étaient attaqués par la dissolution, toujours fortement acide, dont il se servait. Ce ne fut que quinze ans plus tard, qu'il réussit à dorer ces deux métaux en employant des cou- : rants beaucoup plus faibles : il place l’objet métallique qu'il s’agit de dorer dans une dissolution étendue de chlorure d’or contenue dans un sac de baudruche ou de vessie; ce sac plonge lui-même dans de l’eau acidulée, où l’on introduit une lame de zinc que l’on unit directement par un fil de platine à l’objet à dorer. Il se produit un courant suffisant pour déterminer la décomposition du Rive, est formé de zinc distillé ct de platine plongeant dans l'acide nitrique concentré ; il présente à peu près autant d’énergie que le couple de Grove. NOTICE BIOGRAPHIQUE. D9 chlorure, et la membrane qui sépare les deux liquides empêche leur mélange sans s’opposer au passage de l’élec- tricité. Ce procédé, qui devait rendre d'immenses services en mettant la santé et souvent la vie des ouvriers à l'abri de l'influence délétère du mercure, de la Rive laissa aux in- dustriels les soins de le perfectionner. Cette réserve lui valut quelques reproches formulés dans un rapport pré- senté à l’Académie des Sciences de Paris : il y répondit en ces termes' : « Les commissaires de lAcadémie des « Sciences n'avaient sous les yeux que la publication que «€ J'ai faite en mai 1840, et dans laquelle je ne décris que « d’une manière très-sommaire le procédé électro-chimi- « mique de dorage que j'ai fait connaître le premier. Dès « lors ce procédé a reçu à Genève, soit de ma part, soit « surtout de la part de plusieurs habiles industriels, d’as- « sez notables perfectionnements de détail, de sorte que Je « suis disposé à croire que tant sous le rapport de l'éco- « nomie, que sous celui de la solidité de la dorure, 1l ne « mérite pas les reproches qui lui sont adressés. Du reste, « je ne puis m'en prendre qu'à moi-même, si ces repro- « ches sont contenus dans le Rapport; j'aurais pu les évi- «ter en publiant en détail les perfectionnements qui « avaient été introduits dans le procédé, soit par moi, « soit par d’autres, depuis l'époque où je l'ai fait connai- « tre pour la première fois. Mais, je l’avoueraï, une sem- « blable publication me répugnait, je craignais d'entrer « dans la partie industrielle du sujet. Il me semblait que « je devais me borner à ma première publication. dans « laquelle, en faisant connaître la nouvelle application « que j'avais imaginée, je montrais les services que la 1 Archives de l'électricité, 1842, t. IT, p. 117. 60 AUGUSTE DE LA RIVE. « science peut rendre aux arts. Il me paraissait plus con- « venable de laisser à l’industrie le soin et le mérite de « tirer du principe toutes les ressources qu’il renferme. « Ai-je eu tort d’agir ainsi? c’est ce que je laisse à appré- « Cier à chacun. » On jugea qu'il n'avait pas eu tort, car, peu de mois après, M. Dumas, au nom de la Commission des Arts in- salubres, proposait à l'Académie de lui donner un prix de 3000 fr. pour avoir le premier appliqué les forces électriques à la dorure des métaux, en même temps que d’autres prix étaient accordés à M. Elkington et M. de Ruolz pour les procédés perfectionnés qu'ils avaient dé- couverts. Dans les phénomènes électriques et magnétiques, quel est le rôle des molécules des corps ? Sont-elles purement passives, ou subissent-elles des mouvements et des dépla- cements et par suite les forces moléculaires entrent-elles en jeu? De la Rive a cherché à jeter du jour sur cette ques- tion délicate, en étudiant deux ordres de faits bien diffé- rents : les vibrations qui dans certaines circonstances ani- ment les corps soumis à l’action des courants ou de l’ai- mantation, et la vive lumière qui jaillit entre deux pointes conductrices communiquant aux pôles d'une pile puis- sante. On connaissait déjà quelques cas où, en combinant l'in- fluence de l'électricité et du magnétisme sur un corps, on arrive à lui faire rendre un son, c’est-à-dire à lui commu- niquer un mouvement vibratoire. De la Rive entreprit une étude très-complète de ces curieux phénomènes". ! Les premières recherches de de la Rive sur ce point ont été commencées en 1843 et communiquées à la Société de physique et » NOTICE BIOGRAPHIQUE. 61 On peut produire ces sons de plusieurs manières dif- férentes. La première consiste à placer un corps magné- tique, du fer par exemple, dans l'intérieur d’une bobine dont le fil métallique est traversé par un courant électri- que discontinu. Le phénomène se manifeste, quelle que soit la forme du corps magnétique : on peut employer un fil tendu dans l’axe de la bobine ou une masse volumi- neuse, une lame ou de la limaille ; seulement dans ces dif- férents cas les sons produits sont très-divers. Souvent une partie des sons doit être attribuée à une action pure- ment mécanique, résultant de l'attraction que le courant peut exercer sur le fer en le déplaçant de sa position d’é- quilibre, à laquelle il revient quand le courant est inter- rompu, en sorte que la masse vibre dans son ensemble et que les molécules ne jouent qu'un rôle passif. Mais il ne parait pas possible de tout expliquer de cette manière, et il est plus probable que le courant agit aussi directement sur les molécules magnétiques, leur donnant une orienta- tion particulière qui cesse dès que le courant cesse lui- même : de là une série de mouvements vibratoires, et production du son. D’après l’ensemble de ses expériences, particulièrement de celles qu'il a faites sur la maille de fer, et en les compa- rant à certaines observations dues à M. Grove et à d’au- d'histoire naturelle de Genève le 21 mars 1844 et le 15 janvier 1845. Il en donna un extrait dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences (28 avril 1845) puis, il les publia d’une manière complète dans les Archives de l'électricité {juillet 1845). A la même époque à peu près, M. Marrian de Birmingham (Philosophical Magazine, novembre 1844), M. Gassiott et M. Beatson (Electrical Magazine, avril, 1845) se sont occupés du même sujet, qui a également été traité postérieurement par Wertheim, Matteucci et M. Guillemin. 62 AUGUSTE DE LA RIVE. tres physiciens, de la Rive conclut que dans l’intérieur d'une bobine, traversée par le courant, les molécules magnétiques tendent à s'étendre dans le sens de l’axe de la bobine et à se rapprocher dans le sens transversal. Un autre procédé consiste à faire passer le courant dis- continu au travers du fil de fer lui-même. Là encore, les molécules prennent une position différente suivant que le circuit est ouvert ou fermé; quand le courant passe, elles s'étendent dans le sens transversal au fil qui sert de conducteur. Dans ces deux modes de production du son, au mo- ment où l’on établit et où l’on interrompt le courant, on entend toujours une espèce de choc dans la masse de fer. On peut encore produire des mouvements vibratoires et des sons avec des corps non magnétiques, tels que du zinc, du plomb et même du mercure ou de l’eau acidulée. en les plaçant sur le pôle d’un électro-aimant et en les faisant traverser par un courant discontinu. Ainsi, sous l’action de l’aimant, les molécules de ces corps paraissent se constituer dans un état analogue à celui où se trouvent naturellement les molécules du fer *. Dans le phénomène de l'arc voltaique ou de la lumière électrique, que de la Rive a étudié à plusieurs autres points ! De la Rive a repris ce sujet bien des années après les recher- ches que nous venons de mentionner (Arch. Sc. phys., 1866, t. XXV, p. 311); ses nouvelles expériences, dans lesquelles il a utilisé les ressources que le progrès de la science mettent à sa disposition, sont aussi ingénieuses que frappantes et confirment ses conclusions antérieures. En particulier l’étude de l’action combinée du ma- gnétisme et des courants discontinus sur des corps conducteurs ré- duits en poudre, cas dans lequel il se produit des sons, mais quel- quefois aussi des mouvements visibles, présente un grand intérêt, et plusieurs des points signalés mériteraient d’être repris à nouveau. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 63 de vue, il se produit aussi des sons sous l’action d'un fort amant. Ainsi, lorsqu'on aimante deux pointes métalliques entre lesquelles jaillit la lumière, on voit d'abord que pour laisser passer le courant ces pointes doivent être plus rapprochées que si elles n'étaient pas aimantées ; en outre, on entend soit un sifflement aigu et prononcé lors- que l’électrode positive est à une température très-élevée qui en facilite la désagrégation, soit une série de détona- tions lorsque la température est moins considérable. En passant en revue les travaux sur l'électricité que nous avons mentionnés jusqu'ici, nous ne nous sommes pas astreints à suivre rigoureusement l'ordre chronologique ; cependant nous ne nous en sommes pas beaucoup écartés et nous avons atteint ainsi les années 1848 et 1849. À partir de cette époque jusqu’en 1858, de la Rive a publié très-peu de mémoires originaux. Cette période d'inactivité relative ou apparente, s'explique, en partie par un grand chagrin, suivi d’une sombre maladie qui pendant quelques mois le condamna au repos, mais surtout parce qu'il con- sacra presque exclusivement son temps et ses forces à la rédaction de son grand ouvrage, intitulé : Traité d'élec- tricité théorique et appliquée. A l’époque dont nous parlons, il existait sans doute déjà quelques Traités d'électricité; on peut en particulier citer celui de M. Becquerel, dont les sept volumes très- complets, mais par cela même très-spéciaux, avaient paru une dizaine d'années auparavant. Depuis lors la science électrique avait marché à grands pas: ses lois principales avaient pris un degré de certitude et de précision, qui per- mettait mieux de relier les faits dans un corps de doctrine : puis les applications de l'électricité aux autres sciences, 6% AUGUSTE DE LA RIVE. à la mécanique, à la chimie, à la physiologie, à la méde- cine, avaient fait de tels progrès qu'il devenait très-dési- rable d’avoir un ouvrage, à la fois plus développé que ce que l’on trouve dans les traités élémentaires de physique, et en même temps accessible à la généralité des hommes de science. De la Rive était tout à fait qualifié pour me- ner l’œuvre à bon fin; il avait étudié dans ses recherches expérimentales presque tous les chapitres qui composent la science de l'électricité; il semble même qu'il se fût im- posé la tâche d’en parcourir le champ entier, comme s'il eût déjà eu en vue de se préparer à écrire son livre. D'ail- leurs, la rédaction de la Bibliothèque Universelle et des Ar- chives l'avait forcé à se tenir constamment au courant de ce qui se faisait et se publiait sur le sujet. Primitivement il comptait réduire son Traité à deux vo- lumes qui devaient paraître à la fois en français et en an- glais. [l avait, en effet, trouvé en M. Ch. Walker un tra- ducteur aussi habile que compétent. L'édition anglaise eut même la priorité pour le premier volume qui fut pu- blié à Londres en 1853, et à Paris seulement en 1854. L’impression du second volume éprouva quelques retards, pendant lesquels, la science marchant toujours, l’auteur vit grandir le cadre de son œuvre. Il se décida à abandonner son premier plan et à faire trois volumes, dont le dernier est entièrement consacré aux applications diverses de l'électricité ”. Cet ouvrage est trop connu et trop répandu pour que nous ayons à en parler longuement. Très-clair, très-com- plet sans prolixité, il a reçu dans le monde des savants un 1 De la Rive confia à son fils Lucien la rédaction de quelques parties de ce volume. Le tome IT à paru en 1856, le tome III en 1858. 2 NOTICE BIOGRAPHIQUE. 65 accueil mérité, et pour ne citer que la seule opinion d'un bon juge en cette matière, Faraday écrivait en 1856 : « Mon cher de la Rive, quoiqu'incapable de beaucoup « écrire, Je ne puis tarder plus longtemps à répondre à la « bonté que vous avez eue de m'envoyer un souvenir de « vous tel que votre second volume, et à vous dire le grand « plaisir que j'ai eu à le lire. Je me réjouis de penser que « cet ouvrage doit être réimprimé en anglais, car main- « tenant, quand on me consultera sur un bon Traité d’é- « lectricité, je sais ce que je devrai dire ?, » Ce livre, après vingt ans écoulés, peut encore être con- sidéré comme classique. L’on se prend seulement à re- gretter que son auteur ne se soit pas senti la force d’en préparer une nouvelle édition, qui aurait embrassé les nouvelles conquêtes de la science auxquelles Ini-même n'avait cessé de contribuer. Reprenons maintenant les recherches expérimentales auxquelles de la Rive se consacra après la rédaction de son Traité d'électricité. En premier lieu, signalons rapidement quelques tra- vaux sur la question de savoir si les liquides composés, l’eau en particulier, peuvent transmettre de l'électricité sans éprouver de décomposition chimique, question qui était assez controversée il y à vingt ans environ. De la Rive n'admit pas la possibilité de cette conductibilité physique non accompagnée d’une ségrégation, et 1l a ap- puyé cette opinion par des expériences iugénieuses, dans lesquelles il se servait de la polarisation des électrodes comme d'un procédé certain, accusant des décompositions 1 Faraday parle de l’ouvrage de de la Rive dans plusieurs autres lettres. Voyez Life and Letters of Faraday by Bence Jones. LS ARCHIVES, t. LX. — Septembre 1877. à) 66 AUGUSTE DE LA RIVE. électro-chimiques assez faibles pour échapper aux moyens ordinaires de les reconnaître. ; En second lieu, on peut voir d’après un article pubhé en 1850 dans les Archives des Sciences physiques et natu- relles, que de la Rive avait en projet une série de recher- ches sur l’action du magnétisme sur tous les corps ; mais détourné momentanément de ses travaux de laboratoire, il se laissa devancer par les nombreux physiciens qui se sont occupés de ce sujet. Il l’a exposé avec beaucoup de soin dans son Traité d'électricité, en donnant une théorie moléculaire, à laquelle il a rattaché l’ensemble des phéno- mènes magnétiques et diamagnétiques. Plus tard, lorsqu'il eut le loisir de revenir aux expériences, il se borna à l'examen de quelques points spéciaux. Nous avons ainsi à signaler un commencement d'étude sur l'influence du mouvement mécanique dans l’action du magnétisme sur les corps non magnétiques. Pour ce travail, de la Rive s'était fait construire par Froment un très-bel appareil, à l’aide duquel des sphères ou des cy- lindres de diverses substances peuvent être mis en rota- tion entre les pôles d’un électro-aimant, avec une vitesse de 3 à 400 tours par seconde ; ces sphères sont isolées et l'on peut au besoin recueillir les courants d’induction par l'extrémité des axes de rotation *. — La seule publica- tion relative aux recherches faites avec cet appareil, est une communication que l’auteur en fit à Rome, à l’Académie 1 Cet appareil commandé en 1850 ne fut livré qu’en 1855; ce re- tard ne fut pas sans conséquences; en effet, dans l’intervalle, Fou- cault fit sa célèbre expérience sur la chaleur qui se dégage dans un disque métallique tournant sous l’influence d’un électro-aimant, ré- sultat très-important qui n’aurait pu échapper à de la Rive, car l’appareil dont nous venons de parler la mettait constamment en " évidence. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 67 de’Nuovi Lincei. Comme ce travail est peu connu, nous en indiquerons ici les principaux résultats. Quand on fait tourner une sphère métallique entre les pôles d’un électro-aimant, on sait que dès que celui-ci est «manté, il se manifeste une forte résistance et qu'il faut un eflort puissant pour maintenir un mouvement rapide de rotation; le travail dépensé est converti en chaleur suivant l'expérience de Foucault. — Cette résistance est d'autant plus grande que la sphère est plus conductrice : ainsi elle est plus considérable avec une sphère pleine qu'avec une sphère creuse, avec une sphère en cuivre rouge qu'avec une sphère en laiton: elle est très-faible avec une sphère en bismuth qui conduit très-mal lélec- tricité. En effet, les courants induits, causes de cette résis- tance au mouvement, sont d'autant plus forts que la conductibilité est plus grande. La direction de ces cou- rants induits est équatoriale, en sorte que la résistance diminue beaucoup si la sphère est divisée par des fentes suivant les méridiens, tandis qu’elle n’est pas affectée si les fentes sont perpendiculaires à l'axe de rotation. De la Rive fait remarquer que si lon admettait l'hypothèse du Rev. P. Secchi, que le Soleil peut être considéré comme un fort aimant, la rotation de la Terre suffirait alors à expliquer les courants électriques, qui, dans la théorie d'Ampère sur le magnétisme terrestre, parcourent le globe parallèlement à l'équateur. Un autre travail, plus important, est celui qu'il publia sur la polarisation rotatoire magnétique; voici en quoi consiste ce phénomène, dont la découverte est due à Fa- raday. On sait que par divers moyens on peut polariser un rayon de lumière, c’est-à-dire faire en sorte que toutes les molécules d’éther vibrent suivant des directions recti- 68 AUGUSTE DE LA RIVE. lignes parallèles entre elles. Or, Faraday en faisant passer un tel rayon au travers de différentes substances transpa- rentes placées entre les pôles d’un fort électro-aimant, a reconnu que, sous cette influence, la direction déterminée que présentent les vibrations lumineuses avant d'entrer dans le corps transparent aimanté, est changée à la sortie, ou, comme on dit, que le plan de polarisation du rayon a tourné d’un certain angle *. Les lois de ce phénomène sin- culier ont été recherchées par beaucoup de physiciens après Faraday, entre autres par MM. Ed. Becquerel, Wart- mann, Bertin, Wiedemann, Mathiessen. Edlund, Mat- teucci, Wertheim, Verdet. — Dans le chapitre de son Traité d'électricité, consacré à l’action du magnétisme sur les corps, de la Rive avait émis quelques idées théori- ques à cet égard; en particuher, il avait signalé une rela- tion entre la densité des corps et leur pouvoir rotatoire magnétique. C'était là un sujet qu'il se proposait d’exami- ner de plus près; mais il savait que Verdet, auquel il était attaché par les liens d’une étroite affection, avait entre- pris une étude générale de cet ordre de phénomènes; il laissa done le champ libre à cet ami qui l'exploita avec talent *. Ce ne fut que plus tard qu'il revint sur ce terrain qui pouvait paraître épuisé, et où cependant il sut trouver encore une récolte importante de faits nouveaux. 1 Le quartz en lames taillées perpendiculairement à son axe cris- tallographique, et un certain nombre d’autres substances, produi- sent la rotation du plan de polarisation de la lumière, sans qu’il soit nécessaire de faire intervenir le magnétisme. La plupart des corps transparents sont inefficaces dans leur état ordinaire, mais le de- viennent sous l’influence de l’électro-aimant, et suivant leur nature, ils dévient plus ou moins la direction des vibrations lumineuses. 2 Voyez les appréciations de de la Rive sur ces travaux dans la Notice biographique placée en tête des Oeuvres de Verdet. ar nn " "s Ce RES 3 Eye NOTICE BIOGRAPHIQUE. 69 Sa première publication porte sur un point assez spé- cial. Les diverses espèces de verre, comme presque tous les autres corps, sont doués du pouvoir rotatoire magné- tique ; il trouva que si on perce un morceau de verre par une décharge électrique, il perd presque complétement cette faculté, non pas seulement dans les points voisins de ceux que le fluide a traversés, mais dans la masse en- tière. Ainsi le passage d'une forte décharge, imprime au verre une modification moléculaire remarquable et per- manente. Dans deux mémoires postérieurs, il étudie avec soin l'influence de la densité des corps sur leur pouvoir rota- toire, et montre que c’est là un facteur incontestable, mais non pas prépondérant, comme Verdet l'avait déjà fait voir. C’est la nature chimique qui a le plus d'influence : en gé- néral, le pouvoir rotatoire est faible chez les corps qui contiennent beaucoup d'oxygène ; il augmente considé- rablement dans un composé, quand à l’oxgyène on sub- stitue de l’azote, du brome, de l'iode; il varie d’un corps à un autre corps isomère. Dans les mélanges de deux li- quides qui ne réagissent pas chimiquement, le pouvoir rotatoire est la moyenne des pouvoirs des constituants. Chez les liquides, une élévation de température, en dimi- nuant la densité et en écartant les molécules, affaibli aussi le pouvoir rotatoire. Enfin, pour terminer ce qui concerne le chapitre de l'électricité, il nous reste à parler d’une série de mémoires sur la décharge lumineuse dans les gaz raréfiés, sujet 1n- téressant en lui-même et que de la Rive a été conduit à traiter, soit parce qu'il se rattachait à ses études anté- rieures sur la lumière électrique et sur l'action du ma- A 70 AUGUSTE DE LA RIVE. gnétisme sur tous les corps, soit, surtout, à cause de ses applications à la théorie de lAurore boréale. On sait que les gaz, sous la pression ordinaire, sont mauvais conducteurs, en sorte que si l'électricité les tra- verse, la décharge s'effectue sous la forme d’étincelles bril- . lantes, se succédant à des intervalles plus ou moins rap- prochés. Mais si l’on raréfie un gaz contenu dans un tube ou un ballon de verre, on voit que la conductibilité de- vient plus grande et que les étincelles se transforment en un jet lumineux moins brillant, continu en apparence. Le premier fait découvert par de Ja Rive, c’est que ce jet lumineux, ce courant produit dans un gaz, subit comme tous les autres conducteurs traversés par l'électricité, une action de la part du magnétisme. Voici en quelques mots en quoi consiste l'expérience principale. Dans un ballon de verre (œuf électrique), on fait pénétrer un cylindre de fer doux entièrement recouvert d’une substance isolante à l'exception de son extrémité située au milieu du ballon. On fait le vide dans cet appareil, dont les joints sont her- métiques, et on y fait passer les décharges produites soit par une forte machine électrique, soit par l’appareil de Ruhmkorff; cette électricité pénètre par le eylindre de fer doux, passe sous la forme d’un jet lumineux dans le gaz raréfié, et ressort par un anneau métallique placé à lin- térieur du ballon et communiquant avec l'extérieur. Si alors on aimante le cylindre de fer doux, on remarque que le jet lumineux se met à tourner exactement comme le ferait un fil métallique, de forme semblable, mobile et par- couru par le courant. Cette expérience, qui date de 1849, fut le point de dé- part de recherches générales sur la propagation élec- trique dans les gaz raréfiés, que de la Rive a poursuivies NOTICE BIOGRAPHIQUE. 21 jusqu'à la fin de ses jours”. Dans un premier grand tra- vail qu'il a publié dans les Mémoires de la Société de phy- sique de Genève, puis dans les Archives avec quelques ad- ditions importantes *, il a étudié d’abord l'apparence générale du jet, et particulièrement le singulier phéno- mène de la stratification qui consite en ce que le jet se décompose en tranches alternativement obscures et lumi- neuses. À mesure qu'on raréfie le gaz, la stratification commence par l'apparition de quelques stries du côté de l’électrode positive; puis graduellement le jet, d’abord très- étroit, se dilate, et les stries deviennent plus larges. Bientôt apparait un espace obseur qui sépare l'extrémité de la colonne lumineuse de lélectrode négative, laquelle se trouve elle-même entourée d’une auréole bleuâtre. Cette atmosphère va en se dilatant, et l’espace obscur en s’allon- geant, à mesure que la raréfaction du gaz augmente. De la Rive a étudié avec beaucoup de soin, et sous ses différentes faces ce remarquable phénomène; men- 1 Nous ne pouvons entrer ici dans une analyse complète de ces recherches; nous passons sous silence les méthodes imaginées pour mesurer l’intensité de ces courants, l’étude de divers faits impor- tants tels que la facilité plus grande du passage de l’électricité quand l’action a duré un certain temps, la plus grande conductibi- lité de l’hydrogène, l’action des vapeurs métalliques développées par un arc voltaïque dans le ballon même où passent les décharges de l’appareil de Ruhmkorff, la proportionnalité de la résistance et de la longueur du jet, etc. ? Un détail assez curieux sur cette publication, c’est que ce Mé- moire avait été immédiatement réimprimé par les Annales de chimie et de physique sans que de la Rives’en fût aperçu ; en sorte que trois ans plus tard il demanda à la Rédaction de ce Recueil, l’insertion de la partie de son travail qui avait le plus d'importance pour la théorie de l’aurore boréale. Les Rédacteurs des Annales acceptè- rent de confiance, et cette partie se trouva ainsi reproduite deux fois, probablement sans que de la Rive s’en soit jamais douté. 12 AUGUSTE DE LA RIVE. tionnons seulement quelques-uns des résultats auxquels il est arrivé. Les parties lumineuses du jet électrique doivent être à une plus haute température que les parties obscures, car c'est à l'incandescence du gaz raréfié qu'il faut attribuer la lumière qu'il émet. C’est ce qui a pu être constaté en introduisant dans les tubes, des thermomètres qui accu- saient des températures très-différentes suivant la place que leurs réservoirs occupaient dans le jet électrique; dans l’espace obscur voisin de l’électrode négative, la tempéra- ture est notablement moins élevée que près de l’électrode positive. -— En même temps, on a pu reconnaitre, en dé- viant une partie du courant à l’aide de sondes en platine pénétrant dans l'appareil, que les parties obscures étaient meilleures conductrices que les autres. Ce second résultat explique le premier, car plus la résistance d'un conducteur est grande, plus la chaleur qui s’y dégage est considérable. Un point curieux, c’est que lorsque le phénomène a suffisamment duré pour que les stries soient devenues larges et constantes, l'introduction d’une petite quantité de gaz dans le tube où se fait l’expérience détermine la production d'un nouveau système de stries plus étroites qui s’enchevêtrent avec les stries plus espacées du pre- mier système; ce n'est qu'au bout de quelque temps que le jet reprend son apparence primitive. Quant à la cause de la stratification, de la Rive se ralhie à l'opinion de M. Riess, et l’attribue à une action méca- nique, une sorte d’oscillation accompagnant la transmis- sion de l'électricité. Dans ce premier travail, l’action du magnétisme sur le jet lumineux est déjà étudiée d’une manière assez com- plète, sous le rapport soit des mouvements de rotation qui . NOTICE BIOGRAPHIQUE. 73 se produisent, soit des modifications dans la conductibi- lité. Mais de la Rive a repris plus tard ce sujet en s’asso- ciant pour le traiter à M. Édouard Sarasin, qui fut désor- mais son Collaborateur aimé et devoué. — Parmi les résultats nombreux auxquels ils sont parvenus, nous ne pouvons nous dispenser de citer les suivants. Quand on fait passer un Jet électrique équatorialement entre les pôles d’un électro-aimant, c'est-à-dire dans une direction perpendiculaire à la ligne qui réunit les deux pôles de l’aimant, on observe une augmentation de résis- tance très-considérable. Au contraire, si le jet est dirigé axialement, la résistance diminue notablement sous l'in- fluence du magnétisme. En répétant l'expérience décrite plus haut, sur la rota- tion d’un jet électrique autour du pôle d’un aimant, les auteurs ont pu constater ce fait remarquable, que le jet entraîne avec lui l'air raréfié qui se trouve dans la eloche, et peut même communiquer son mouvement à des corps légers, dont la masse et cependant considérable relati- vement à celle du gaz où se produit le phénomène. Ainsi un léger tourniquet se met en rotation, le jet lumineux semble s'attacher à ses aïlettes, sa vitesse va en s’accélé- rant et peut atteindre 100 tours par minute. L'étude plus spéciale de la diminution de résistance dans le jet dirigé axialement par rapport aux pôles d’un électro-aimant, a été l’objet d’un dernier travail que les auteurs avaient rédigé pour le Jubelband des Annales de Poggendorff, mais qui ne parut qu'après la mort de de la Rive 1. 1 Ce Jubelband est un volume à part de la série des Annalen der Physik publié pour célébrer la 50% année de la rédaction du prof. 74 AUGUSTE DE LA RIVE. De la Rive s'intéressait beaucoup à la Physique ter- restre; non-seulement il a traité de cette science dans quelques conférences remarquables et dans de nombreux articles de la Bibliothèque Universelle, mais il y à aussi consacré une part importante dans ses recherches spé- ciales. Citons d'abord un beau travail fait en commun avec M. F. Marcet. En 1831, un agronome, M. Giroud, avait commencé dans sa propriété de Pregny, près Genève, une tentative de forage de puits artésien. A la fin de 1832 on était par- venu à une profondeur de 547 pieds sans rencontrer de source jaillissante. Les difficultés et les dépenses crois- santes engasèrent M. Giroud à renoncer lui-même à l’entreprise; mais il fit savoir qu'il était prêt à faciliter la continuation du travail aux personnes qui pourraient être disposées à pousser plus loin l'expérience. MM. de la Rive et Marcet comprirent, qu'outre l'intérêt s’attachant à la question principale, celle de la possibilité de trouver de l’eau, il y avait là une occasion de recherches scientifiques d'une grande valeur. [ls se décidèrent à pour- suivre le forage, d’abord à leurs frais, puis en ouvrant une souscription et en provoquant une subvention de la part de l'État. Le puits fut ainsi poussé jusqu’à une profon- deur de 682 pieds. L’eau ne jaillit pas d'avantage, mais cet insuccès au point de vue agricole et économique fut Poggendortf. Il a été composé et imprimé en secret, par les soins de quelques amis qui en rassemblèrent les matériaux en demandant un Mémoire ou une Note à un grand nombre de savants, et formèrent ainsi une sorte d’album scientifique qu’ils offrirent à Poggendorff. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 79 compensé par les faits scientifiques importants que ce travail permit de constater. Il fournit d’abord des données intéressantes sur la con- stitution géologique du sol, car des échantillons furent re- eueillis au fur et à mesure de l’enfoncement. De plus, on se trouvait dans des conditions très-favorables pour élucider la question de l'augmentation de la température du sol suivant la profondeur, avec une précision plus grande que celle que l'on avait pu atteindre dans les ob- servations faites sur la température des sources Jjallis- santes ou à l’intérieur des mines, observations dont plu- sieurs causes perturbatrices peuvent fausser les résultats. — Le puits de Pregny, dont le diamètre ne dépassait pas quelques pouces, était rempli d’une eau bourbeuse et stagnante, ou plutôt d’une véritable boue trop épaisse pour qu'il put sy développer des courants risquant de mélanger les diverses couches. Des thermomètres en- foncés à différentes profondeurs devaient donc donner. avec beaucoup de précision, la température du sol au point où ils étaient placés. C’est à cette recherche, qui exi- geait beaucoup de soin et de précautions, que se livrèrent MM. de la Rive et Marcet, ils constatèrent qu'à partir de 100 pieds, où le thermomètre reste constamment à 10° ,9#, l'accroissement de température suit une proportion ré- gulière et uniforme. Leurs observations, qui ont été utili- sées par Poisson dans sa Théorie mathématique de la cha- leur, montrent qu'aux environs de Genève, la tempéra- ture de la Terre augmente d’un degré centigrade pour un accroissement de profondeur de 32,55. Cette question se relie très-directement avec celle de l’ancienne extension des glaciers. La chaleur centrale de D AUGUSTE DE LA RIVE. la Terre, qui se manifeste par l’accroissement de la tem- pérature à mesure que l’on pénètre plus profondément dans le sol, doit sans doute son origine à ce que notre pla- nète était primitivement à une très-haute température ; les couches superficielles se sont successivement refroidies, tandis que les couches profondes sont encore chaudes. Dans les époques antérieures à la nôtre, le refroidissement n'étant pas encore aussi avancé qu'aujourd'hui, la tempé- rature de la surface du globe devait donc être plus élevée qu'elle ne l’est actuellement. Comment ce fait peut-il se concilier avec l'énorme développement que les glaciers ont incontestablement pris pendant un temps, développe- ment qui, à première vue, semble impliquer un froid con- sidérable ? De la Rive a été l’un des premiers à soutenir une thèse qui compte aujourd’hui de nombreux adhérents : c'est que pour expliquer la période glaciaire, 11 n’est point nécessaire de supposer un abassement dans la température générale du globe. La cause de l'extension des glaciers doit être recherchée surtout dans l'abondance de la précipitation aqueuse sur les montagnes. Les obser- vations de Mare-Auguste Pictet sur l'accroissement re- marquable des glaciers de Chamonix dans les années 1815 à 1818, qui avaient été très-humides, confirment pleinement cette manière de voir. Il suffit donc de conce- voir une longue série d'années pluvieuses pour se rendre compte de l’ancienne extension des glaciers, De la Rive indique comme l’une des causes probables de cette humi- dité de l'époque glaciaire, le fait que lors des derniers sou- lèvements des montagnes, des masses énormes de terrains imbibés d’eau, puisqu'ils émergeaient de l'Océan, ont dû répandre dans l’atmosphère une grande abondance de va- NOTICE BIOGRAPHIQUE. 1 peurs qui, en se précipitant sous forme de neige sur les montagnes, ont entrainé un refroidissement local de ces régions et des régions voisines. Mais d’autre part, pourquoi les glaciers se sont-ils re- tirés plus tard? En d’autres termes, pourquoi l'humidité de l'atmosphère a-t-elle diminué? De la Rive l'explique en faisant remarquer que le bouleversement qui avait soulevé certaines parties du globe, tandis qu'il engloutissait sous les eaux de vastes continents, avait dû amener la destruc- tion d’une immense quantité de végétaux : mais peu à peu les terrains nouvellement émergés durent se couvrir de plantes et de forêts ; or, les végétaux absorbent une énorme proportion d’eau qu'ils empruntent à l'atmosphère. Les vapeurs, détournées pour ainsi dire de leur ancienne route, commencèrent done à se condenser en moins grande abondance sur les sommets élevés, arrêtées qu’elles étaient par les forêts des régions inférieures : ainsi, devant la vé- gétation, les glaciers durent reculer jusqu'aux limites qui leur sont assignées aujourd'hui. De la Rive, d’ailleurs, ne considérait pas ces hypothèses relatives à l’apparition et à la disparition des grands gla- ciers, comme les seules que l’on pût évoquer pour se rendre compte de ce phénomène sans recourir à la supposition d'un refroidissement du globe: il accueillait avec faveur toutes les interprétations se conciliant avec sa thèse, que la période glaciaire n’a pas été une période glaciale”. Dans le domaine de l’optique météorologique, de la Rive à publié une Note sur la seconde coloration du Mont- Blanc. Toutes les personnes qui connaissent la Suisse ont 1 Voyez en particulier Archives des Sciences physiques et natu- relles, 1864, t. XX, p. 136, et 1865, t. XXIV, p. 73. 78 AUGUSTE DE LA RIVE. admiré les teintes splendides que prennent les sommets des Alpes au moment du coucher du soleil, l’Alpenglühen, suivant l’énergique expression allemande. Dès que les cimes cessent d’être directement éclairées par le soleil, cette coloration rouge fait place à une apparence blafarde, cadavérique comme on l’a dit souvent. Mais habituelle- ment, à cette seconde phase succède bientôt une reprise des teintes rosées, bien moins prononcées que lors de la première coloration, mais cependant parfois bien mar- quées. La premiére coloration s'explique aisément par la pro- priété de l’atmosphère de laisser passer facilement la lu- mière rouge, tandis que les rayons d’une autre couleur, obligés au moment du coucher du soleil de traverser une énorme épaisseur d'air, se trouvent presque compléte- ment interceptés. Il est plus difficile de se rendre compte de la seconde coloration. Quelques observateurs, Necker en particulier, ont supposé qu'il n’y a là qu'un effet de contraste avec la teinte très-variable du ciel qui forme le fond sur lequel se détache la crête des montagnes. Immédiatement après la disparition de la première coloration, ce fond est encore très-rosé; de là, par opposition, la teinte livide des masses neigeuses: quelques minutes plus tard le ciel change de teinte et devient d’un gris-bleuâtre, ce qui, en apparence, donnerait une teinte rose aux montagnes. — De la Rive, tout en admettant que cet effet de contraste exerce réellement quelqu'influence, conteste que cette in- terprétation soit suffisante, et son argument principal c'est que ces différences de coloration sont parfaitement sensibles, lors même qu'on les observe avec une lunette permettant de voir la montagne seulement, le ciel restant NOTICE BIOGRAPHIQUE. 79 en dehors du champ de l'instrument. — Il attribue cette seconde coloration à une réflexion des rayons solaires sur les couches supérieures de l'atmosphère qui, dans certaines conditions, doivent renvoyer la lumière de haut en bas, à peu près comme dans le phénomène du mirage, elle est renvoyée de bas en haut. Il montre par le calcul que cette théorie se concilie bien avec les faits observés. La couleur rouge des rayons solaires, après leur pas- sage au travers d’une couche atmosphérique très-épaisse, se rattache intimement à la transparence de l'air et à la présence de très-petites particules, poussières impalpables et vésicules d’eau, en suspension dans l'atmosphère. Ces particules, en effet, réfléchissent en plus grande abondance la lumière bleue et laissent passer les rayons complémen- taires rouges et orangés. Ce fait lui-même a été interprété de diverses manières: nous n’avons pas à nous occuper 1c1 des discussions provoquées par ce sujet. Ce qui parait in- contestable, c’est qu'une partie au moins de ces particules consistent en germes organisés : cela a été démontré par les recherches de M. Pasteur, confirmées plus tard par M. Tyndall. — D'autre part, l'air présente généralement plus de transparence après ou avant la pluie, c’est-à-dire lorsqu'il est très-humide, et l’on considère volontiers comme un pronostic de mauvais temps, le fait que les montagnes éloignées soient vues avec une grande netteté. Suivant de la Rive, les germes organisés, lorsque l’atmos- phère est sèche, forment une sorte de brouillard qui voile légèrement les objets situés à grande distance : tandis que, s'il survient une humidité générale, ce brouillard dispa- rait, soit parce que les germes qui le formaient, étant d’une nature organique, sont devenus transparents en absorbant la vapeur aqueuse, soit surtout parce que l’eau qu'ils ont 80 AUGUSTE DE LA RIVE. absorbée, en les rendant plus pesants, les fait tomber sur le sol. — Mais si ces germes n'existent pas, la limpidité de l’air n’est plus dépendante de l’humidité. Ainsi en hi- ver l’atmosphère peut être très-sèche et très-pure à la fois ; de même, dans une localité telle que le Pic de Ténérifle, lorque l'air amené par les vents d'est n’a pu emprunter aucune exhalaison organique aux deserts de l'Afrique ou à la mer sur laquelle il a passé, on peut, comme la fait de Humboldt, constater une grande transparence malgré la sécheresse. Pensant avec raison, qu'il y aurait un grand intérêt à comprendre la transparence de l’air dans le nombre des éléments météorologiques qui sont soumis à une détermi- nation régulière, de la Rive avait fait construire, d’après les plans fournis par M. le prof. Thury, un très-bel appa- reil photométrique approprié à ce but. Quelques séries d'observations ont été faites avec cet instrument, d’abord à l'Observatoire de Genève, puis par M. Ed. Sarasin ; mais les résultats n’en ont pas été publiés jusqu'ici. Parmi les phénomènes naturels, ceux qui dépendent de l'électricité devaient inévitablement s'imposer aux re- cherches de de la Rive. Déjà en 1836, dans une Notice sur la grêle, il avait émis des idées théoriques sur l’ori- gine de l'électricité atmosphérique, c’est-à-dire du fait bien connu que l'air est généralement chargé d'électricité positive, dont la tension est d'autant plus grande qu'il s’agit de régions plus élevées, tandis que la Terre elle- même est négative. Il l’expliquait par l'inégalité de tem- pérature des couches atmosphériques. Mais un examen approfondi de la question le fit renoncer à cette hypo- NOTICE BIOGRAPHIQUE. SI thèse, et dans son Traité d'électricité * il a exposé avec une grande netteté, à quelle cause ce phénomène peut être at- tribué. Il la trouve dans l’action chimique que l’eau de la mer chargée de sels exerce sur la partie solide du globe avec laquelle elle est en contact, particulièrement dans les couches profondes et chaudes où se produisent des infil- trations. Cette action chimique à pour effet d’accumuler de l'électricité négative sur les continents, tandis que l'Océan est positif, comme cela a été reconnu par l’expé- rience. La vapeur d’eau que développe la chaleur solaire est chargée du même fluide que la mer dont elle pro- vient ; de là l’origine de cette électricité répandue dans l'atmosphère. Maintenant, cette séparation constante des deux électri- cités doit être accompagnée d’une recomposition, sans quoi les fluides acquerraient une tension infinie. La neu- tralisation s'effectue de plusieurs manières. Elle peut être irrégulière et pour ainsi dire accidentelle : c’est la pluie ou la neige qui souvent forment le véhicule ramenant l'électricité des hautes régions atmosphériques jusque sur le sol; ou bien ce sont des orages, des coups de foudre, des trombes, ou des vents mélangeant les couches d'air. — Mais il y a un autre mode plus normal et plus continu, suivant lequel cette neutralisation s'effectue. Le sol n’est pas un corps isolant, par conséquent tout le globe terrestre forme un conducteur chargé d'électricité néga- tive. De même l'air, à de grandes altitudes, est très-ra- réfié et devient alors également bon conducteur. Les deux fluides opposés sont donc mobiles dans ces deux espaces concentriques, le globe et les couches supérieures de l’at- mosphère, séparés par une épaisseur d'air plus dense et 1 T. IL, p. 188. . ARCHIVES, t. LX. — Septembre 1877. 6 82 AUGUSTE DE LA RIVE. par suite isolant. Or vers les pôles, il y a constamment des brumes composées de vésicules aqueuses, ou de paillettes de glace formant les légers nuages que l’on nomme cirri, dont la présence diminue beaucoup le pouvoir isolant de l'air qui les contient ; donc vers les pôles les deux électri- cités auront plus de facilité à se réunir et il s'opérera en ces points une neutralisation à peu près continue. Ajou- tons qu'outre ces brumes et cette humidité, il y a d’autres causes qui tendent à faire des régions polaires le lieu où s'effectue le plus souvent la recomposition; telle est l’ac- tion des vents alisés supérieurs qui déversent constam- ment des régions tropicales vers les pôles, l’air chargé de vapeurs électrisées. C'est à cette neutralisation des électricités que de la Rive rapporte le phénomène de l’Aurore boréale, et il a fait de la théorie de ce beau météore, l’objet principal de ses études dans les dernières années de sa carrière scientifi- que. Il ne s’est pas contenté de discuter et de coordonner avec le plus grand soin tous les documents qu'il à pu re- cueillir sur cette question, il l’a traitée aussi d’une ma- nière expérimentale. Il est parvenu à reproduire en petit ces lueurs et ces apparences qui se manifestent avec tant de splendeur dans les hautes latitudes. Dans le fait, c’est pour élucider ce sujet qu’il s’est livré aux recherches sur la décharge électrique dans les gaz raréfiés, dont nous avons parlé plus haut avec quelque détail. Les aurores boréales, ou plutôt les aurores polaires, car le météore s’observe à Ja fois aux deux pôles terres- tres, résultent donc de décharges accompagnées de phéno- mènes lumineux analogues dans tous leurs détails, à ceux que l’on observe lors du passage de courants électriques dans l’air raréfié. Le fait le plus frappant et le plus décisif * NOTICE BIOGRAPHIQUE. 83 en faveur de cette interprétation, c'est que l'identité d’ap- parence ne se manifeste complétement que lorsque les décharges artificielles s'effectuent par les pôles d'un élec- tro-aimant. Or, comme on le sait, la Terre aussi peut ètre considérée comme un énorme aimant dont les pôles coïncident à peu près avec les pôles géographiques : c’est donc nécessairement sous cette influence magnétique que s'effectuent les décharges naturelles dans l'aurore boréale". De la Rive à fait construire plusieurs beaux appareils pour imiter ces apparences; 1l y a pleinement réussi, et mieux on réalise dans la disposition de ces appareils les condi- tions présidant au phénomène tel qu'il se produit dans la nature, mieux aussi on arrive à le produire fidèlement par l'expérience”. La teinte des lueurs, l'anneau lamineux de l'aurore boréale dont en général on ne voit qu'une partie appelée l'are, les jets qui divergent de cet anneau et les mouvements de rotation ou de trépidation qu'ils éprouvent, tous ces détails du phénomène se reprodui- sent très-exactement dans l'appareil, pourvu que le sens des courants électriques et l'orientation des pôles de l'ai- mant soient les mêmes que dans la nature. Nous sommes habitués dans nos régions tempérées, à considérer l'aurore boréale comme un phénomène rare et exceptionnel: aussi on à de la peine à concevoir au pre- ? Voyez plus haut, p. 70, pour cette action du magnétisme sur la décharge. ? Nous avons parlé plus haut, page 70, de l’un de ces appareils qui se trouve maintenant dans la plupart des cabinets de physique et qui est spécialement destiné à montrer l’action de l’aimant sur les jets électriques. On trouvera la description d’un autre appareil beaucoup plus complet dans les Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, 1862, t. XVI, p. 314, et dans les Archives des Sc. physiques et naturelles, 1862, t. XIV, p. 121. 84 AUGUSTE DE LA RIVE. mier abord, que ce météore soit la manifestation du mode normal de la recomposition de l'électricité atmosphérique positive avec l'électricité terrestre négative. Mais cette ob- jection tombe devant le fait bien établi, qu'aux latitudes élevées l’aurore polaire se produit presque constamment ; ce n’est que lorsque des circonstances spéciales lui don- nent une intensité exceptionnelle, qu'elle s'étend jusqu'à nos régions, et encore, pour être clairement aperçue faut- il qu'elle ait lieu de nuit et par un ciel serein. Les phénomènes lumineux ne sont pas les seuls que l'on puisse invoquer en faveur de l’origine électrique de l'aurore : la preuve la plus concluante de l'exactitude de cette théorie, c'est l’action que ce météore exerce sur l’ai- guille aimantée, action qui a été l’objet des études d’A- raso et de beaucoup d’autres observateurs. En effet, ad- mettre que l'aurore est le résultat de la réunion de l'électricité atmosphérique et de celle du sol, revient à dire que, lorsqu'elle se produit, un courant électrique se propage dans la Terre du pôle à l'équateur, courant qui doit dévier l'aiguille aimantée de la position normale dans un sens déterminé. Ces perturbations qui se manifestent journellement dans les hautes latitudes, sont très-sensibles dans nos climats lorsque l'aurore y est visible. C’est là un fait aujourd'hui incontestable, à tel point que lorsqu'on observe ces perturbations en plein jour, l’on n'hésite pas à admettre la présence d’une aurore que l’on ne peut ce- pendant apercevoir. D'ailleurs l'existence de ces courants terrestres du pôle à l'équateur, n’est pas mise en évidence seulement par les perturbations de l’aiguille aimantée; elle est aussi consta- tée au moyen des lignes télégraphiques dirigées du nord au midi, dans lesquelles une partie de ce courant se trouve NOTICE BIOGRAPHIQUE. 82 dérivé et se propage avec assez d'intensité pour empêcher complétement la transmission des dépêches, en brouillant tous les signaux pendant que luit l'aurore boréale. En dehors de ces moments d'orages magnétiques comme de Humboldt les appelait, il se produit toujours dans les lignes télégraphiques de faibles courants variables de force et de direction, suivant des circonstances très-diverses. De la Rive s’est beaucoup occupé de cette question qui se rat- tache si intimement à celle des aurores polaires. I la étudiée expérimentalement à l’aide des appareils qu'il avait imaginés pour la reproduction artificielle de l'aurore. D'autre part, déjà en 186%, il provoquait des recherches sur ce sujet et engageait la Société helvétique des Sciences naturelles à en prendre limtiative, en appuyant sa pro- position par de remarquables considérations théoriques . Cette idée fut adoptée, et un an plus tard, M. Louis Du- jour, l'un des membres de la Commission météorologique chargée de l'exécution, faisait paraitre un beau travail sur ce sujet”. ! Voyez Archives des Sc. phys., 1865, t. XXII, p. 99. Voici le texte de la proposition : « Je propose que la Société helvétique des Sciences naturelles charge sa Commission météorologique d'examiner la convenance qu’il y au- rait d’établir, dans une ou plusieurs des stations météorologiques, des observations régulières sur les courants terrestres faites au moyen des fils télégraphiques. « Je propose en outre que la Société autorise ladite Commission à s’adresser, dans le cas où elle reconnaîtrait la convenance de ces observations, au Conseil fédéral pour obtenir de cette autorité l'établissement d’un ou deux fils télégraphiques consacrés à l’usage exclusif des observations météorologiques. « Je propose enfin que la Société ouvre éventuellement à la Com- mission météorologique, en vue de parer aux dépenses qu’entraine- rait l’établissement des observations dont il s’agit, un crédit de mille francs. » ? Voyez Archives des Sc. phys., 1865, t. XXV, p. 193. 86 AUGUSTE DE LA RIVE. De la Rive se proposait de publier sur les aurores po- laires, un ouvrage spécial dans lequel il aurait rassemblé et complété les nombreuses recherches dont nous venons d'indiquer rapidement les résultats. Il en avait même ré- digé les premiers chapitres, et il comptait y mettre la der- nière main dans l'hiver de 1873 à 1874 qu'il devait pas- ser à Cannes. Il quitta Genève emportant avec lui les matériaux nécessaires pour la rédaction; mais il ne put achever le voyage, il fut atteint en route de la maladie à laquelle il succomba”. Nous sommes maintenant arrivés au terme de notre analyse des travaux scientifiques de de la Rive, analyse sucecinete et même incomplète, quoique nous y ayons Con- sacré bien du temps. Il s°y trouve en particulier une la- cune que nous nous bornons à indiquer sans chercher à la combler : nous voulons parler des nombreux arüeles critiques qu'il a insérés dans les diverses séries de la Bi- bliothéque universelle, et spécialement dans le Supplément de ce recueil publié sous le nom d’Archives de l'électricité”. Dans ces écrits, pleins d'intérêt et d'idées neuves, il a tantôt défendu ses propres théories lorsqu'elles étaient at- taquées, tantôt analysé les travaux d’autres physiciens, tantôt donné des exposés généraux des progrès de la science dans quelques-unes de ses branches. Il a ainsi élargi et complété en quelque sorte ses recherches origi- ! De la Rive a publié en 1872 une Note intitulée De la théorie des Aurores polaires, qu’il donne comme un extrait de cet ouvrage (Comptes-rendus, 1872, t. LXXIV, p. 893, et Ann. de Chinue, 1872, t. XXVI, p. 355). ? Dans la liste des ouvrages de de la Rive placée à la fin de cette notice, on trouvera l’indication de ceux de ces articles qui nous ont paru présenter le plus d'importance. * NOTICE BIOGRAPHIQUE. 87 nales en faisant connaitre ses idées théoriques sur une foule de sujets, et ses appréciations n'ont pas été sans in- fluence sur le mouvement scientifique de son époque. Lorsqu'on cherche à apprécier l’œuvre qui a fait la gloire d’un homme éminent, on trouve presque toujours que ce qui en constitue l'élément principal c'est le travail, sans lequel l'intelligence, le jugement, le génie même, sont la plupart du temps stériles. De la Rive n'a pas échappé à cette loi commune: s'il est incontestable qu'il se soit trouvé dans des conditions en général favorables, il est évident aussi que c’est la persévérance et le labeur qui lui ont valu le succès. Le milieu ouvert à toutes les cho- ses de l'intelligence dans lequel il a été élevé était propre à le former, et l'élan nouveau imprimé aux sciences à l'époque où il est arrivé à l’âge de l'étude était une con- dition heureuse; mais n'y avait-il pas là un piége, celui de la dissémination des objets d'intérêt, que la diversité même des aptitudes dont il était doué, devait rendre plus dange- reux pour lui que pour tout autre? Sa belle position de fortune a encore été pour lui un moyen de réussite: elle lui a permis de subvenir à de coûteuses recherches, à des publications, à de fréquents voyages, à une hospitalité largement exercée qui facilitait ses relations scientifiques : mais n'est-ce pas un lieu commun que de dire que la ri- chesse a ses piéges aussi, et qu'elle fait plus d’oisifs que d'hommes laborieux ? Si de la Rive a réussi, il l’a dû avant tout au travail opiniâtre, à la concentration de ses forces sur les objets immédiats de ses occupations, à la volonté d'utiliser toutes les ressources qui lui étaient offertes, aussi bien les circonstances extérieures à lui, que les belles fa- cultés dont il était naturellement doté. En analysant comme nous venons de le faire, ses recherches si riches 88 AUGUSTE DE LA RIVE. et si nombreuses, on ne voit pas que le bonheur l'ait par- ticulièrement servi, et que l’on puisse attribuer à un hasard heureux une grande part de ses découvertes. La réputation de de la Rive s'établit de bonne heure et se changea bientôt en célébrité. Les distinctions ne lui ont pas fait défaut, et nous aurions une longue liste à inter- caler 1c1, si nous voulions mentionner les diplômes, les déco- rations, les titres divers qui lui ont été conférés. Nous nous bornerons à rappeler qu'en 186% il fut nommé l’un des huit Associés étrangers de l’Académie des ‘Sciences de Paris. À ces distinctions, si honorables et exceptionnelles qu'elles pussent être, de la Rive attachait moins de prix qu'aux amitiés qu'il s'était acquises dans le monde scien- tifique, et qui étaient pour Jui la meilleure sanction du mérite de ses œuvres. Plusieurs de ces relations affectueuses avaient été nouées dès sa première jeunesse et firent partie, pour ainsi dire, de son héritage paternel. C’est ainsi que nous avons vu s'établir d’aimables rapports entre Ampère et lui; c’est ainsi qu'il avait trouvé en Arago un protecteur au début de sa carrière scientifique, plus tard un ami qu'il visi- tait fréquemment à Paris et qu'il vit plus intimement en- core dans les séjours qu'ils firent ensemble à Vichy au déclin de la vie du grand astronome: c'est ainsi encore que Faraday, reçu et apprécié par Gaspard de la Rive lorsqu'il n'était que l’obscur assistant de Davy, avait reporté sur le fils l'affection reconnaissante qui l’attachait au père‘. 1 «Faraday, en rappelant cette visite à Genève, écrivait en 1858 à Auguste de la Rive : « J’ai les mêmes sentiments de gratitude « envers votre propre père, qui a été, je puis le dire, le premier NOTICE BIOGRAPHIQUE. 89 Du même temps encore datait une amitié qui s’est ré- cemment traduite avec éloquence et chaleur : tous ceux qui ont connu de la Rive ont entendu ou lu, avec émotion, l'Éloge dans lequel M. Dumas a rappelé à l'Académie des sciences les travaux et les qualités de celui qu’elle comptait au nombre de ses Associés étrangers. Cet éloge, par le charme du style, la limpide clarté, la vivante animation, la hauteur de vues, a si bien atteint le but, que nous nous sommes plus d’une fois demandé si nous ne ferions pas mieux de poser la plume, et si les pages que nous écrivons aujourd'hui, pour être plus étendues et plus détaillées, ne risquent pas d'amoindrir l'impression laissée par les pa- roles de M. Dumas. Si nous voulions énumérer les relations scientifiques étrangères que de la Rive forma à une époque postérieure à celle dont nous venons de parler, nous aurions à citer presque tous les savants de l'Europe. On comprendra que nous ne puissions le faire; mais on nous permettra deux exceptions. L'une nous est dictée par un sentiment personnel : ce- lui qui écrit ces lignes allie, en effet, en un souvenir de reconnaissance les noms de de Ja Rive et de M. Regnault ; il ne peut oublier que c’est à l’amicale intercession du pre- mier qu'il a dû d'être associé pendant plusieurs années « qui personnellement à Genève et ensuite par sa correspondance « m’ait encouragé et soutenu. » « On verra que cette correspondance commencée avec le père, continua avec le fils et dura près de cinquante années; il n’était personne à qui Faraday écrivit sur ses travaux et ses pensées avec plus de plaisir et de sympathie qu’au Professeur A. de la Rive. » Ces lignes sont traduites de la Vie de Faraday par Bence Jones ; le même ouvrage contient une grande partie des lettres de Faraday à de la Rive, et quelques-unes de ce dernier. 90 AUGUSTE DE LA RIVE. aux travaux du second. — Entre ces deux savants, les rapports qui avaient eu pour première origine la com- munauté de leurs recherches sur les chaleurs spécifi- ques, n’ont pas cessé, dès lors, de se cimenter de plus en plus; leur affection a été une dernière fois ravivée pendant le douloureux séjour que fit à Genève l'illustre physicien français, lors dela guerre de 1870 qui le frappa si cruellement. En dernier lieu, nous ne pouvons passer sous silence l'amitié plus récente que de la Rive portait à un homme beaucoup plus jeune que lui. Nous voulons parler de Ver- det qui, à une vaste érudition et à un admirable jugement scientifique, joignait le charme d’un esprit aussi gracieux que réfléchi. Son arrivée était saluée avec joie à Presinge, où presque chaque automne il venait passer quelques jours. La mort prématurée qui lemporta ne changea que trop vite cette joie en regrets, et vint douloureusement affecter de la Rive. I À côté de sa carrière scientifique dans laquelle, nous venons de le voir, il a si brillamment réussi, de la Rive a eu une carrière politique moins heureuse, où le succès fut loin de toujours le suivre. Nous ne pouvons personnel- lement nous défendre d’une impression de tristesse, à la pensée que cette belle intelligence ait été entrainée à dé- penser, dans cette direction, une part considérable de son activité, en efforts restés inutiles pour la plupart. Que de découvertes n’eüt-il pas ajoutées à celles qui l’ontillustré, NOTICE BIOGRAPHIQUE. 91 s'il eût passé dans son laboratoire les nombreuses heures qu'il a données aux affaires publiques! Il serait injuste, toutefois, de lui reprocher cette dissé- mination de ses forces : on peut éprouver un regret, mais non accentuer un blâme. En effet, à Genève, à l’époque où il arrivait à l’âge de la maturité, s'occuper des intérêts du pays était un devoir, une nécessité, à laquelle ne pou- vait se soustraire aucun homme de valeur, et moins que tout autre un membre du Corps académique. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner qu'il ait accepté cette obligation, que d'ailleurs ses goûts et son ardent patriotisme lui faisaient paraitre attrayante. L'influence que devait lui conquérir une incontestable capacité, ne tarda pas à agrandir la tâche et la responsabilité qui lui incombèérent. Avant de retracer le rôle qu'il a joué dans la politique générale de son pays, nous allons exposer celui qu'il remplit dans ce que lon peut appeler la politique de l'Académie : ce qui va suivre, fera suffisamment com- prendre la signification de ce terme. De la Rive n'avait pas vingt-deux ans quand il fut nommé Professeur. À cette époque, l'Académie de Genève n'était point un simple corps chargé de l'instruction su- périeure. Son influence se faisait sentir bien au delà de cette sphère. — Non-seulement elle partageait avec l'É- glise, à laquelle elle était unie par d’étroits liens, la direc- tion de l'instruction secondaire et de l'instruction pri- maire ; mais, de fait, elle étendait encore le champ de son action au pays tout entier. On comprend de quel poids devait peser sur les affaires d’une petite Républi- que, une corporation jalouse de ses immunités et de ses prérogatives séculaires, et qui, à l’autorité dont elle était 92 AUGUSTE DE LA RIVE. investie par des lois traditionnelles, joignait l'avantage d'être la réunion naturelle des hommes les plus capables et les plus intelligents. Si peu rétribués, que pour certaines chaires la dépense dépassait de beaucoup le traitement, les professeurs trouvaient une large compensation dans l'honneur de faire partie d'un corps d'accès difficile, et dont le prestige et l'influence étaient considérables. A Genève, la charge de Professeur était tenue en considé- ration à l'égal, si ce n’est au delà des plus hautes fonc- tions publiques. La situation privilégiée de l’Académie impliquait, entre celle-ci et l'État, une perpétuelle alliance fondée sur la constante communauté des vues, des sentiments et des intérêts. Elle était donc incompatible avec la mobilité inhérente aux institutions démocratiques. L'esprit démo- cratique est impatient des obstacles, et partout où il se dé- veloppe et grandit, il combat et cherche à détruire tout ce qui n’émane pas directement de lui. Aussi l’Académie fut- elle attaquée, et devint-elle, à son tour, le principal boule- vard de la résistance aux idées nouvelles. La lutte fut longue et violente; ni de la Rive ni ses amis ne s’y épar- gnèrent. La bataille finie, le boulevard fut démantelé et l'Académie reduite au simple rôle de corps enseignant, le seul rôle auquel elle pût désormais prétendre, et dans l’ac- complissement duquel elle eut encore le privilége de servir et d'illusirer son pays. Mais si nous dégageons l’ancienne Académie de l’im- popularité, d’ailleurs passagère et aujourd’hui déjà pres- qu'oubliée, que lui valut son attitude politique, nous re- conpaîtrons que telle qu’elle fut pendant des siècles elle a eu sur le développement intellectuel de Genève une action que, dépourvue de ses prérogatives, elle n'aurait AT Fo NOTICE BIOGRAPHIQUE. 93 pas exercée. En faisant du Professorat une de ses pre- mières charges, l'État en faisait une fonction recherchée de ceux qui, sans le caractère politique par lequel elle était relevée, eussent été portés à la dédaigner. Soutenue ainsi par des hommes à qui le désintéressement était rendu fa- cile, et sans imposer à l'État une charge disproportionnée aux modiques ressources d'un petit pays, l'Académie de Genève prit rang dans l'opinion de l'Europe, au par des Universités les plus renommées, à l'entretien desquelles le budget tout entier de la République n'aurait pas suffi. Puis le goût des lettres et des sciences et l'habi- tude de les cultiver devinrent traditionnels dans la classe aisée qui, sous un régime différent, aurait fait un tout autre usage de ses loisirs et de son superflu, que de les consacrer à l’enseignement, à l'étude et à de coûteuses recherches. À Genève, sans doute, les hommes ne valaient ni mieux ni plus qu'ailleurs, et il est peu probable que ceux à qui leur condition rendait l’oisiveté facile, y eussent plus qu’en d’autres pays, une inelination naturelle à être laborieux. Il faut donc chercher dans les Institutions la cause de cette application aux travaux de l'esprit qui fut propre à l'aristocratie genevoise et qui la distingua de la plupart de ses pareilles. C’est ainsi à son Académie que Genève est redevable de l'honneur qui a rejailli sur elle et des avantages de tout genre qu'elle a recueillis, pour avoir été de bonne heure, et d’une facon persistante, un centre d'activité intellectuelle, un foyer de lumière et d’instruc- tion ‘. 1 « Quiconque veut comprendre le seizième siècle et les raisons pour lesquelles tout ce qui le concerne intéresse si vivement le ix- neuvième, devra étudier et analyser très-minutieusement les prin- cipes de deux sociétés, qu’il fera bien, croyons-nous, d’examiner « 04 AUGUSTE DE LA RIVE. De la Rive s’efforça toujours de maintenir ces nobles traditions, et du jour où il fit partie de l’Académie il tra- vailla sans relâche à la servir. Parmi les hommes qui l'illustraient alors, il en était un qui avait donné récemment un nouvel exemple de ce désintéressement propre à la classe à laquelle il apparte- nait, confondant en un sentiment unique l'amour de la science et l'amour de la patrie. Déjà dans la plénitude de sa célébrité et encore dans la plénitude de ses forces, A.- P. de Candolle avait renoncé à la brillante perspective de la carrière qui lui était ouverte en France, pour venir à Genève professer la botanique et la zoologie. — De la Rive a lui-même raconté la vie du maître éminent, dont il était devenu le collègue et l'ami, et dans les pages émues où il a dépeint l'influence que de Candolle exerçait autour de lui par l’affabilité de ses manières, par les ressources et le charme de son esprit, par son ardeur au travail, par l'autorité de sa vaste intelligence, on sent que c'était là l'homme qu'il s'était proposé pour modèle, comme de Candolle lui-même avait marché sur les traces des Bon- net, des Senebier et des de Saussure, les égalant en re- nommée. Ainsi chez ces hommes qui ont formé les an- d’abord dans leur caractère littéraire. Nous voulons parler de la tépublique de Genève. mais surtout de l’Académie de Genève, et du Royaume d’Angleterre, mais surtout de la cour d’Élisabeth.……. Mais c’est par-dessus tout en sa qualité d’École supérieure pour la jeunesse de l’Europe que Genève s’imposa à l’attention et à la gra- titude durable de la civilisation... C'était à Genève que les gran- des familles aristocratiques du Continent envoyaient leurs fils, sol- dats et hommes d’État de l’avenir, comme à la source de la culture classique et au berceau d’une vie nouvelle et pleine d’espérances….. Étudier Genève fut ainsi plus pratique et, par conséquent, plus utile qu’étudier Athènes ou Rome, même en leurs plus beaux jours. » Quarterly Review, juillet, 1874. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 95 neaux d'une chaîne glorieuse, dans ces générations suc- cessives qui après avoir reçu le dépôt le transmettent à leur tour enrichi de ce qu'ils y ont ajouté, on distingue certains traits de ressemblance et comme un air de fa- mille, à travers la diversité des travaux, des opinions et des natures. L'influence que de Candolle exerçait dans l’Académie rivalisait avec celle de lillustre Rossi, et l'opposition la plus tranchée existait entre ces deux personnalités puis- -santes. Bien qu'exempt de préjugés, cosmopolite et ju- geant les choses de haut, de Candolle apportait une impé- tuosité de sentiments et une chaleur d'argumentation sans pareille dans les choses auxquelles 1l tenait, et en particu- lier en tout ce qui touchait à l'avancement des sciences, à l’enseignement, à la propagation des connaissances utiles. C'était une nature ouverte, expansive, absolue, toute française. — Rossi, froid et ironique en appa- rence, en réalité tenace et violent, se plaisait à dissi- muler sous une sorte de nonchalance dans lattitude et dans la parole, la vivacité naturelle de son tempérament tout italien. De la Rive était lié avec ces deux hommes éminents qui se partageaient alors une influence dont lui-même devait hériter après eux. Si de Candolle lui inspirait une affec- tion plus profonde et une admiration plus complète, il était cependant très-attaché à Rossi, dont le rapprochaient la conformité des âges et des tendances politiques. Aussi éprouva-t-il un vif chagrin, lorsque Rossi quitta Genève, où il avait été recueilli lors du naufrage, et dit adieu à une patrie d'adoption qui avait été prodigue envers lui des distinctions réservées aux meilleurs citoyens, pour aller 96 AUGUSTE DE LA RIVE. chercher ailleurs une position plus fortunée, lui permet- tant d'assurer l'avenir de ses enfants !. Il faut noter ici l'entrée en scène des considérations financières; c’est leur première apparition dans l’ancienne Académie, c’est le premier craquement du vieil édifice. Plus jeune que la plupart deses collègues, et sans doute aussi plus clairvoyant que quelques-uns d’entre eux, de la Rive comprenait que, sous peine de déchoir, l'Académie devait, dans une certaine mesure, satisfaire aux exigences nouvelles nées du développement rapide et général de la richesse publique. Tout en respectant l'esprit de l’institu- tion et en lui conservant pour règle la modicité des traite- ments, il eût voulu ouvrir la porte aux exceptions en faveur d’individualités éminentes dont le corps existant pouvait espérer de se recruter, à la condition de leur offrir une rétribution qui ne fût pas dérisoire. Ce fut ainsi qu'il essaya d'attirer à Genève Fauriel, Sainte-Beuve, Warn- kœnig. Les négociations avec Fauriel étaient arrivées à une heureuse issue, lorsque survint la maladie, bientôt suivie de la mort du célèbre historien. — En ces occa- sions de la Rive était fort ingénieux dans la combinaison des voies et moyens. Tantôt, en dehors des leçons offi- cielles, le professeur fera un cours ayant un caractère privé; ou bien il fournira un certain nombre d'articles à la Bibliothèque Universelle que de la Rive dirigeait alors. Il n’était d’ailleurs pas difficile à celui-ci de trouver, dans ses propres ressources et dans celles que quelques amis 1 De la Rive échoua dans le suprême effort qu’il fit pour retenir Rossi qui répondit à cette dernière tentative par une lettre remar- quable et touchante que nous reproduisons dans l’Appendice. 3 NOTICE BIOGRAPHIQUE. 97 généreux mettaient à sa disposition, la somme nécessaire pour suppléer à l'insuffisance du traitement offert par l'État. Mais il lui était beaucoup plus difficile de désarmer la suscepübilité de quelques-uns de ses collègues, qui voyaient dans l'inégalité des rétributions une appréciation injurieuse pour eux. Puis surgissaient les préjugés élevés au niveau d’une vertu patriotique. Si riche naguère d'in- telligences et de capacités, Genève était-elle donc dégéné- rée à ce point qu'il lui fallût, à grands frais, importer des hommes distingués? — En définitive, bien que secondé par quelques amis fort influents, de la Rive ne put réa- liser son dessein de rajeunir l’Académie par l’infusion d'un sang étranger. La force des choses fut ici plus forte que Jui. Il le regretta, et ses souvenirs à ce sujet n'étaient pas exempts de quelque amertume. Lorsqu'en 181% Genève recouvra son autonomie, l’in- struction publique, dans la précipitation de l’œuvre de réorganisation, fut simplement rétablie sur le méme pied qu'en 1189, bien que postérieurement à cette date et avant la domination française, diverses réformes eussent été mises en vigueur. On était ainsi revenu à un régime su- ranné et d’une extrême complication, dont les incon- vénients avaient été relevés déjà par H.-B. de Saussure dans le siècle passé, puis à une époque plus récente, par J. Humbert, Fréd. Maurice, Et. Dumont. La nécessité d’une révision générale de la loi sur l'instruction publique se faisait donc impérieusement sentir. Le professeur Bois- sier en prit l'initiative en 1831; deux ans plus tard le Conseil d'État présenta un projet de loi qui fut soumis à l'examen d'une commission, dont de la Rive fut désigné comme Rapporteur. Voici en .quels termes il exposait dans son Rapport ce ARCHIVES, t. LX. — Septembre 1877. 7 98 AUGUSTE DE LA RIVE. qu'était alors l’organisation de l'instruction publique à Genève‘ : « Les corps auxquels est confiée actuellement la direc- üon des établissements d'instruction publique désignés dans le projet sous le nom de généraux (Académie, Col- léges, Écoles primaires), sont: la Compagnie académique, le Sénat académique, l'Académie, la Compagnie des Pas- teurs, la Commission d'instruction publique et la Commis- sion des finances académiques. € La Compagnie académique, composée de la réunion de tous les pasteurs et de tous les professeurs, présidée par le Modérateur de la Compagnie, est de tous les corps celui dont les fonctions sont les plus importantes. Inspection générale sur le Collége de Genève et l’Académie, propo- sitions et préavis au Conseil d’État sur toutes les ques- tions qui se rattachent à ces deux établissements, élection du recteur, de trois professeurs de l’Académie, des biblio- thécaires, du principal, des régents du Collése et des classes primaires ; telles sont ses principales attributions. La Compagnie académique renferme, dans ce moment, 78 membres (non compris Ceux qui résident hors du canton), savoir 50 ecclésiastiques, dont 9 en même temps professeurs, et 28 professeurs laïques. « Le Sénat académique, composé des trois conseillers d'État (scolarques) qui le président, du recteur de PA- cadémie, de 26 autres professeurs et du principal du Col- lége, en tout 31 membres, est plus spécialement chargé de l'inspection régulière du Collége et de l’Académie. Il est le corps administratif pour ces deux établissements, dont il est appelé, comme la Compagnie académique, à * Mémorial du Conseil représentatif, 1833, t. I, p. 529. EF NOTICE BIOGRAPHIQUE. 99 discuter l’organisation sous forme de préavis ou de pro- position. Quoiqu'il n'ait de droit aucune attribution élec- torale, il est cependant en fait consulté presque toujours par le Conseil d'État, sur la nomination à celles des places de professeurs dont l'élection n'est pas reservée par la constitution à la Compagnie académique. « L'Académie, soit la réunion de tous les professeurs, présidée par le recteur, n’a d’autres attributions que de juger les examens académiques, les concours pour les prix et les interrogations du Collége. Elle est composée actuel- lement de 37 membres, savoir 17 professeurs ordinaires, qui occupent des chaires rétribuées, 3 honoraires en activité d'enseignement et 17 non enseignants, tant émé- rites qu'honoraires. « La Compagnie ecclésiastique, qui, dans ce moment, renferme 52 membres, dont 4 laïques, élit les professeurs de théologie, exerce une inspection sur les élèves et l’en- seignement de cette Faculté, surveille l’introduetion, dans le Collége de Genève, des livres destinés à l'instruction religieuse: elle est enfin chargée de la direction des écoles primaires des communes protestantes du canton. « La commission d'Instruction publique, qui se com- pose actuellement de 5 membres, dont 3 conseillers d'État, et de 12 adjoints, a été instituée par le Conseil d'État pour l'administration du collége de Carouge et des écoles primaires des communes catholiques. « Enfin la Commission des finances académiques, créée par un arrêté du Conseil d'État en 1824, est chargée de surveiller la comptabilité de toutes les sommes et rétributions destinées à l'Académie et au Collége, autres que les traitements payés par la Société économique, ainsi que des donations et fondations qui peuvent être 100 AUGUSTE DE LA RIVE. faites en faveur de ces deux établissements. Cette Com- mission, nommée par le Conseil d'État, est composée de deux conseillers d'État, du recteur, d’un professeur de PAcadémie et d’un membre de la Société économique. » De la Rive contribua pour une large part à l'adoption du projet de loi qui, à ces rouages compliqués de l’ancien ordre de choses, substituait un Conseil de lInstruction publique, concentrant la direction générale et ayant, au- dessous de lui, des administrations spéciales telles que l’Académie pour l’enseignement supérieur, et des com- missions pour les Colléges et les Écoles primaires. Ce Con- seil supérieur était formé de cinq membres du Conseil d'État, du recteur et du vice-recteur de l'Académie, et de six membres nommés par le Conseil d’État pris en dehors des professeurs enseignants. Une pareille composition unanimement acceptée, de- vait, dans l'esprit d'une partie du Conseil représentatif (pouvoir législatif) qui l'avait décrétée, limiter l'influence jusque-là omnipotente de l’Académie dans la sphère de Pinstruction publique, et y faire prévaloir, ou tout au moins participer d’autres éléments. Cette attente ne fut point complétement satisfaite. Par la force même des choses, l’Académie conserva sa prépondérance: restreinte dans ses droits officiels, elle ne vit pas s’affaiblir la puis- sance morale dont ne pouvaient être dépouillés les talents et les capacités qu'elle comptait dans son sein. Si elle n'était plus le timonnier tenant la roue du gouvernail, elle n'avait pas cessé d’être le pilote indiquant la route du navire. On trouva un autre grief dans la prédominance que, dès le milieu du siècle précédent, les sciences exactes et naturelles avaient graduellement prise sur les lettres et AS NOTICE BIOGRAPHIQUE. ÉRe A1 | les sciences morales et politiques auxquelles l'Académie avait dû son premier et son plus vif éclat. Les théologiens et les humanistes avaient cédé la place aux physiciens et aux naturalistes ; les Calvin, les Th. de Bèze, les Casau- bon et les Scaliger, avaient eu pour successeurs en re- nommée Cramer, Bonnet, Le Sage, de Saussure, Sene- bier, Trembley, qui avaient fondé ce qu’on peut appeler fa tradition scientifique de Genève. Depuis lors, les études morales, historiques et littéraires furent reléguées au se- comd plan: les sciences avaient pris un ascendant peut- être excessif, elles s'étaient fait la part du lion. C'était là, dans une large mesure, la conséquence na- turelle attachée à des noms illustres ; les grands hommes font école. Mais, à l’époque dont nous avons à nous oc- cuper, il y avait aussi quelque chose d'intentionnel et de systématique dans cette suprématie accordée aux sciences. L'Académie tenait en défiance la littérature du jour, dont elle regardait les représentants les plus éminents comme autant de corrupteurs du goût, du bon langage, de l’es- prit public, de tout ce qui constitue la valeur morale des individus et la force des nations. En politique cette litté- rature était pour elle un ennemi personnel: on étail quelque peu de l'avis de Platon qui exeluait les poètes de sa République. — Puis des considérations différentes et qu'en partie l’on peut trouver de meilleur aloï, plaidaient dans le ? La famille de la Rive, par une de ses branches, était alliée à ces noms célèbres: Ch. Bonnet avait épousé une demoiselle de la Rive, dont la sœur fut la mère de H.-B. de Saussure. Ces deux fem- mes distinguées eurent une influence considérable, l’une sur les travaux de son mari, l’autre sur la destinée de son illustre fils. Me Bonnet habitait, à Genthod, la maison patrimoniale dont, de nos jours, Jules Pictet-de la Rive a si largement maintenu les tra- ditions hospitalières et si brillamment rajeuni le renom scientifique. 102 AUGUSTE DE LA RIVE. même sens. Placer hors de pair les sciences, en inculquer le goût et le respect, y pousser la jeunesse comme à la meilleure et la plus digne des carrières, c'était préparer au pays et dans la classe qui fournit les désœuvrés, des générations laborieuses et utiles. Soutenus par l'intérêt avec lequel le groupe nombreux de leurs devanciers était prêt à accueillir leurs travaux, entourés d’une atmosphère excitante et sympathique, les nouveaux adeptes des sciences devaient échapper au découragement, qui d’ailleurs a moins de prise dans le champ des études exactes, otla médiocrité même n'est pas toujours stérile. — Diriger au contraire les jeunes gens vers la littérature, c'est-à- dire vers un art, exigeant, sinon le génie, au moins des aptitudes spéciales qui ne sont le partage que d’un très- petit nombre, n’était-ce pas les conduire sur une route, où, par de promptes déceptions, ils arriveraient le plus souvent à l’inertie, à l'isolement, à l’oisiveté ? — On aurait pu répondre que les études littéraires ne font pas seule- ment des poëtes et des romanciers, et que la philosophie, l'histoire, l’économie politique, la philologie sont des sciences aussi, dont le culte n’a rien de délétère. Que l'Académie eût tort ou raison, elle fut très-vive- ment attaquée dans son omnipotence sur l'instruction pu- blique et dans les tendances qu’elle y faisait prévaloir. Ses antagonistes, jeunes gens pour la plupart, appartenaient au même milieu social et, sauf quelques divergences, au même milieu politique que leurs adversaires. II leur fal- lait certainement du courage pour engager la lutte avec un corps qui exerçait autour d'eux une influence presque souveraine; 1} était inévitable que ce courage les emportât au delà des limites de la modération. — Le débat pritun corps par la publication d’une série de brochures, écrites NOTICE BIOGRAPHIQUE. 103 avec un talent vigoureux, et que, moins la couleur de la couverture que l’âpre saveur du contenu, fit désigner sous le nom de Lettres vertes. — De l'autre côté, la défense ne fut pas moins vive: les hommes qui en ce temps-là gou- vernaient l’Académie avaient hérité de la génération pré- cédente l’ardeur dans les opinions, la passion dans les convictions, l'impatience de toute opposition et de toute critique. La lutte dégénéra en un dissentiment profond qui semblait définitif, Toutefois les événements ne tardèrent pas à l’apaiser. Une opposition bien plus redoutable commencait à se sou- lever contre le parti gouvernemental et conservateur, et à l'heure du péril les enremis de la veille oublièrent leur querelle pour s'unir contre un adversaire commun. De la Rive, qui avait été le premier au combat et le plus exposé des champions de l'Académie, fut aussi le premier agent et le plus zélé promoteur de l'œuvre de rapprochement. Pour mener à bien cette œuvre, il dut désarmer l’opposi- tion dé quelques-uns de ses collègues et non des moins influents; il finit par gagner, si ce n'est le concours, au moins la neutralité de tous. Par lui, l'antagonisme entre l'Académie et ceux qui l'avaient battue en brèche setrans- forma en une alliance effective, et pour lui personnelle- ment, l'hostilité qui semblait devoir le séparer à jamais de quelques-uns de ses adversaires, se changea en une solide et sincère amitié. Après que de Candolle eut renoncé à la chaire qu'il avait longtemps occupée avec éclat *, de la Rive devint le 1 A.-P. de Candolle professait à la fois la botanique et la zoolo- gie ; lorsqu’en 1835 il prit sa retraite, sa chaire fut dédoublée : son fils, Alphonse de Candolle, lui succéda dans l’enseignement de la botanique et J. Pictet-de la Rive fut chargé des cours de zoologie. 104 AUGUSTE DE LA RIVE. représentant principal de l’Académie. À deux reprises, il en fut nommé Recteur, et en tout temps, son dévouement, sa situation personnelle considérable, sa renommée scien- üfique, son influence politique, lui assignèrent dans ce corps une position exceptionnelle. Néanmoins le rôle de chef que lui attribuait l’opinion, et dont il assumait la responsabilité, était plus apparent que réel. La souverai- neté de fait de l’Académie résidait dans un petit groupe dont faisaient partie avec lui, Munier, Tôpfler et Pascalis. Munier a laissé de son fécond passage dans la vie, des traces profondes et qui ne s’effaceront pas. Il à déployé dans sa carrière principalement dévouée à la Faculté de théologie de Genève et aux intérêts du protestantisme français, un talent, une persévérance et un esprit de suite, qui ne firent non plus jamais défaut aux cent autres choses dont il s’occupait. Remarquable par son activité, son intelligence, son ardeur au travail, il l'était peut-être plus encore par la chaleur du cœur, la fidélité dans les amitiés, le dévouement actif et absolu. On était sûr de le trouver à l’heure de la tristesse ; de la Rive, plus que per- sonne, en a fait l'épreuve, plus d’une fois il Pa vu au chevet de son lit de maladie, l'entourant de soins sympa- thiques. Entre eux, il y a eu souvent, à une époque pos- térieure à celle dont nous parlons, des divergences d’opi- nions ; mais leurs discussions, animées autant qu'ami- cales, ne laissèrent jamais un nuage qui pût troubler leur mutuelle et constante effection. Ce que fut Tôpffer, pour qui la postérité a dès long- temps commencé, ses œuvres le disent assez. Cette nature tout artistique, qui semblait née seulement pour le rêve et la fantaisie, savait devenir positive à ses heures, et la plume qui, tour à tour gracieuse ou plaisante, a écrit la "RH “ {ts LA ME A NOTICE BIOGRAPHIQUE. 105 « Bibliothèque de mon oncle » ou les « Aventures du docteur Fesius, » se trempait parfois dans de bonne en- cre chargée d'ironie et de passion *. Pascalis, que des serupules et des doutes avaient fait renoncer à la carrière ecclésiastique à laquelle il se desti- nait, voué dès lors à l’enseignement des mathématiques pour lesquelles 1l ne se sentait guère de vocation, craignant le bruit et l'éclat, était d’un tempérament tout différent de celui de ses amis. Ses traits prédominants étaient Ja clarté des idées, la franchise, l’inintelligence de toute trans- action, l’horreur de tout atermoiement, la ténacité, la volonté; qualités puissantes, sinon toujours heureuses, qui lui valurent une influence beaucoup plus considéra- ble qu'il ne le paraissait au dehors”. Ces quatre hommes, entre lesquels se concentrait prin- cipalement la direction de l'Académie, étaient liés par la plus étroite amitié. Les occasions continuelles de rappro- chement que leur présentaient leurs fonctions de profes- seurs, et les visites qu'ils se rendaient presque quotidien- nement, ne leur suffisaient pas: ils s’écrivaient encore à chaque instant. De la Rive, qui avait la plume facile, ex- pédiait à ses collègues des billets pleins d'idées, de ques- tions, de projets sur les nombreux objets d'un intérêt commun. Quant à Tôpffer, il écrivait pour le plaisir d’é- crire : c’étaient ses pensées, tantôt sérieuses et élevées, tantôt pleines d'humour et de folie, qu'il déposait sur le ! De la Rive a fait lui-même une biographie de Tôpffer. ? On trouvera, dans l’Appendice, un portrait inédit de Pascalis, tracé par M. William de la Rive. Cette étude d’un caractère remar- quable, pleine d’intérêt par elle-même, se rattache par bien des points à la vie de de la Rive, et jette du jour sur l’époque dont nous nous occupons maintenant. 106 AUGUSTE DE LA RIVE. papier, simplement pour ne pas les garder dans sa tête. Nous nous souvenons d’avoir lu de lui une lettre de qua- tre pages, adressée à Munier, et qu'il terminait à peu près par ces mots : « Adieu! je t’attendrai dans une demi- beure sur la promenade de St-Antoine. » A ces chefs principaux s’associaient plus où moins étroitement la plupart des membres de l’Académie, parmi lesquels les professeurs de la Faculté de droit, Antoine Cherbuliez, P.-C. Trembley, P. Odier et F. Duval, tenaient une place politique importante. La maison de de la Rive était souvent le centre de ce groupe d'hommes influents et distingués. Mwe de la Rive partageait l'amitié que son mari leur portait, et d’ailleurs leur conversation brillante. spiri- tuelle et nourrie, ne pouvait que plaire à un esprit aussi ouvert que le sien. Elle recevait alors le samedi et, ces soirs- là, son salon était à juste titre très-recherché et très-rem- pli. Puis après que le gros de la réunion s'était retiré, quelques intimes restaient habituellement une heure ou deux encore. Munier laissait alors un libre cours à sa parole ardente et captivante: c'était le moment où Tôpffer s'échauffait et donnait essor à sa verve intarissable; pétil- lant d'esprit, detrait, d'originalité, ilne s’arrêtait que lors- que Pascalis, qui ne faisait pas volontiers de la nuit le jour, donnait le signal du départ. Une fois, l’on s'était dit le mot pour voir combien longtemps pourrait rouler ce flot d'idées et de saillies : à huit heures du matin il durait encore; Pascalis, jusque-là résigné, leva la séance en disant : «Il faut pourtant bien que j'aille donner ma leçon. » Mais à ces jours de charme et de gaieté devaient bien- tôt succéder des moments plus graves. L’agitation poli- tique grandit, les idées démocratiques devinrent mena- çantes, et les intérêts de l'Académie, sans s’en séparer, NOTICE BIOGRAPHIQUE. 107 laissèrent la première place aux intérêts généraux du pays. Le groupe dont nous venons de parler, s’employa de tou- tes ses forces à la défense des anciennes institutions gene- voises, tantôt inspirant la marche des Conseils de la Ré- publique, tantôt cherchant à diriger l'opinion. C’est ainsi que de la Rive fut amené à devenir l'un des principaux chefs du parti de la résistance. Nous sentant très-peu compétent dans les choses poli- tiques, nous avons prié M. William de la Rive de nous donner des documents développés sur cette face de la vie de son père. Il nous a remis, complétement rédigées, les pages que nous allons transcrire, et sans partager de tout point les opinions qui y sont émises, nous ne saurions méconnaitre que nos lecteurs auront lout à gagner à ce que nous laissions ici le champ libre à une plume plus au- torisée que la nôtre. Originaire du Piémont, où quelques-uns de ses mem- bres se distinguèrent dans la magistrature et dans la car- rière des armes, la famille de la Rive paraît avoir eu, fort anciennement, des relations avec Genève et quelques biens dans les environs de cette ville. Toutefois ce fut seule- ment dansle XV siècle qu'une branche de la famille se fixa définitivement à Genève avec Girardin{de la Rive qui y acquit la bourgeoisie en 1448. Dès lors, pendant qua- tre siècles, chaque génération successive des descendants de Girardin de la Rive a fourni à l’État des serviteurs fi- dèles, souvent utiles, parfois distingués. On voit plusieurs d’entre eux être chargés, par la République, de missions à l'extérieur. A l'intérieur et dans les Conseils ils ont, en général, représenté ainsi que les Lullin, les Pictet, les 108 AUGUSTE DE LA RIVE. Chapeaurouge, les Favre, les Rilhet, les Fabri et bien d’autres encore, l'élément indigène en opposition à l'élé- ment étranger, devenu, à la suite de la Réformation, si considérable dans Genève et si puissant. Très-divergents à l’origine, ces deux éléments semblent avoir pendant long- temps constitué deux courants d'opinions et de senti- ments fort distincts. La révolution accomplie à Genève par les Genevois dans les premières années du XVIme siè- cle avait été, à son début, toute politique, et, à vrai dire, moins une révolution que la revendication de droits mé- connus et menacés; lorsque ensuite elle prit un caractère relisieux, elle rencontra une vive opposition chez un grand nombre des citoyens qui en avaient été les principaux au- teurs ou les plus chauds partisans. Les réformateurs sont des étrangers : Viret, Farel et, le plus grand, Calvin, appuyés par l'influence étrangère de Berne. Frondeuse, turbulente, légère de mœurs et vive d’allures, la population genevoise est en somme fort indifférente aux questions dogmatiques, et ce sont des considérations politiques qui finissent par faire triompher à Genève les idées nouvelles; ces idées deviennent la loi de l'État: on les embrasse par lassitude, par contrainte, afin de ne pas être hors la lot. Alors arrive l'immigration étrangère : lettrés, hommes de cour ou d'épée, grands seigneurs qui ont tout sacrifié à leur foi, leurs biens, leurs charges, leurs dignités, leur pa- trie. Les convictions qu'ils viennent abriter à Genève, sont autrement ardentes que celles qu'ils y trouvent. En même temps ils apportent, avec les goûts d’une civilisation plus raffinée, les manières, les habitudes, les traditions de cette élite sociale à laquelle, pour la plupart, 1ls apparte- naient. C’est à eux en définitive que Genève est redevable de la culture intellectuelle qui l'a dès lors distinguée, et NOTICE BIOGRAPHIQUE. 109 de l'éclat du rôle qu'elle a joué dans le monde”. Mais les rudes bourgeois et les très-petits gentilshommes du terroir ne purent, sans défiance et sans jalousie, se voir dépos- sédés de leur prépondérance jusque-là exclusive, par ces brillants envahisseurs qui, de leur côté, ne laissaient pas d'éprouver quelque dédain pour leurs nouveaux compa- triotes. ! Les familles qui, depuis la Réformation, ont gouverné la République, appartenaient done à deux races fort diffé- rentes et ayant chacune ses souvenirs, ses ressentiments, ses instincts qui n'étaient pas ceux de l'autre. La fusion fut très-lente à se faire, il est même douteux qu’elle se soit jamais faite complétement. Les régimes aristocratiques peuvent se définir : la variété dans lunité. IIS ont une stabilité qui maintient les individualités. Les transforma- tions dans les idées y sont très-lentes à s’opérer et plas ! Du «Livre du Recteur, » publié il y a quelques années par MM. Ch. Le Fort, G. Revilliod et Ed. Fick, il ressort que, jusqu’à la fin du siècle dernier, l’Académie s’est autant dire exclusive- ment recrutée dans les familles de l’immigration française et ita- lienne. Les quelques professeurs, cinq ou six au plus, qui semblent former exception à cette règle, la confirment par l’obscurité qui enveloppe leurs travaux et l’oubli qui s’est fait de leurs personnes. Tous les hommes supérieurs qui avaient élevé Genève au rang d’une des métropoles intellectuelles de l’Europe, les Budé, Casau- bon, Burlamaqui, Colladon, Turrettini, Trembley, Bonnet, Saussure, Tronchin, Prevost, pour ne citer que les principaux parmi ceux dont le temps a consacré la réputation, tous sont d’origine étran- gère. En revanche, les vieilles familles genevoises gardent la haute main dans le gouvernement de la République. Il semble qu’il s2 soit fait, dès le début, un partage dans les attributions, partage qui, avec les dispositions naturelles auxquelles il répondait et les sentiments dont il était né, a persisté à travers les siècles. C’est ainsi, en particulier, que sans l'exil auquel G. de la Rive fut condamné, il est probable qu’il n’eût jamais pris lui-même, ni par conséquent inculqué à son fils, le goût des sciences. 110 AUGUSTE DE LA RIVE. lentes encore les transformations dans les sentiments. Il ne serait pas sans intérêt de rechercher et de suivre, dans leurs conséquences sur l’histoire de Genève, les deux ten- : dances que nous venons d'indiquer. Toutefois ee n’est pas ici le lieu et s’il nous a paru utile de les signaler, e’est que l’une d’entre elles, transmise de génération en généra- tion avec les intérêts, les relations, les impressions qui la perpétuaient, nous semble se retrouver dans les opinions et dans les sentiments d’Auguste de la Rive, tels qu'ils se sont publiquement manifestés. De la Rive n’a pas été seulement un savant. Il n’a pas borné son activité aux études de cabinet et aux recher- ches de laboratoire, ni son ambition à quelque renommée que lui vaudraient un jour ses travaux. Parallèlement à sa carrière scientifique et s’y mêlant par plus d’un point, il a eu une carrière politique. À celle-ci, ainsi que tout à l'heure, quand nous la raconterons, nous aurons à le con- stater, les déboires n’ont assurément pas manqué. Mais, avant de rappeler les actes, nous voudrions chercher à dé- finir l'esprit qui les à inspirés. De la Rive ne se piquait point en politique ni en re- ligion d’être logique, en ce sens que les opinions ni les événements ne lui apparaissaient comme autant de con- séquences d’une idée générale qu'il eût acceptée ou qu'il se fût refusé à admettre. Pour lui chaque fait était une individualité distincte qu'il appréciait ainsi qu'il eût ap- précié une personnalité humaine. Une doctrine n’était point à ses yeux une justification ni même une explication suffisante d’une action. Par certains côtés, le logicien est bien près d'arriver au fatalisme et par conséquent à l’in- différence. Or jamais homme ne fut moins que de la Rive fataliste ou indifférent ; jamais homme n’a eu plus que lui NOTICE BIOGRAPHIQUE. ail le sentiment de la responsabilité individuelle et n’a plus fidèlement pratiqué les devoirs que ce sentiment impose à celui de qui il règle l'existence. De la Rive aimait la forme de gouvernement répu- blicaine qui était celle de sa patrie et qu'il considérait comme étant, dans un petit pays, la plus favorable au dé- veloppement et à l'épanouissement des facultés et des énersies individuelles. Maïs il pensait que les institutions valent ce que valent les hommes qui les pratiquent. En dehors de la Suisse, il était royaliste. Il l'était par la rai- son, il l'était encore plus par le cœur, par son admiration pour les vertus et les dévouements que la foi monarchique a inspirés, par son horreur des violences et des crimes qu'a abrités le drapeau républicain. Ainsi encore, en même temps que très-attaché à l’église protestante qui était la sienne, il éprouvait une respectueuse sympa- thie pour l’église catholique dans laquelle il comptait des parents, des amis, et dont il ne souffrait pas, qu’en sa pré- sence on parlàt irrévérencieusement. Sa tolérance, là où il se montrait tolérant, n’était pas celle de l'homme qui, convaincu lui-même, fait un grand effort pour admettre le droit au respect de toutes les convictions. Il y avait des théories, des systèmes aux partisans desquels il refusait absolument ce droit. Encore moins était-elle la tolérance philosophique du sceptique. Il y avait, pour lur, une vérité absolue. Seulement, dans le domaine religieux, il plaçait cette vérité non pas dans les coutumes, les enseignements, les dogmes particuliers à chacune des Églises chrétiennes, mais dans l’origine divine et les doctrines capitales com- munes à toutes. Dans l'ordre politique, il la placçait dans le jeu régulier d'institutions garanties par l'honnêteté des gouvernements et le respect des gouvernés, et garantis- 112 AUGUSTE DE LA RIVE. sant, à leur tour, gouvernés et gouvernements, contre l'ar- bitraire et les coups de force. De la Rive n'avait rien du sectaire ni du fanatique. Mais en toutes choses, en politique comme en philosophie, en science comme en religion, dans ses idées comme en ses sentiments, il était un croyant. De là découle l’unité de sa vie. Nous avons dit qu'il ne se piquait point d’être logique; nous n'avons pas dit qu'il ne le fût point. Il l’é- tait d’ahord par l'étendue et la solidité de son instruction, par l'ampleur et la souplesse de son intelligence, par la multitude des connaissances et des faits qu’une mémoire excellente avait fixés et coordonnés. comme autant de do- cuments toujours au service de cette intelligence. Ainsi il arrivait, sans la chercher, à l'idée générale qui s’échap- pait en quelque sorte d'elle-même, de sa conversation nourrie et sincère. Puis 1l avait cette logique inconsciente et modeste qui relie entre elles les convictions d’une àme humble et droite et les actions d’une vie utile et honnête. La politique n’était pour lui ni un jeu ni une profession. ÆElle était à la fois la satisfaction d’un goût très-vif et l’ac- complissement d’un devoir très-sérieux. [Il y fut ce qu'il était : simple, laborieux, convaincu et consciencieux. Ce goût très-vif pour la politique que nous venons de signaler chez de la Rive, ne lui était d’ailleurs pas par- ticulier. I l'avait en commun avec la génération à la- quelle il appartenait et qui le devait aux institutions non moins qu'aux mœurs traditionnelles de Genève. Le Con- seil représentatif, composé de près de trois cents membres, était en fait une assemblée des Notables dans laquelle siégeait tout homme ayant, par sa situation ou ses apti- tudes, quelque valeur, pourvu toutefois qu'il ne fût pas absolument hostile à l’ordre de choses établi. D'autre part, + SEA NOTICE BIOGRAPHIQUE. 113 la machine gouvernementale et administrative, constituée d’après le système à la fois de la multiplicité et de la gra- tuité des fonctions, imposait aux citoyens l'obligation de mettre au service de l’État, les uns leurs loisirs, les autres, quelle que fût d’ailleurs leur profession, le temps qu'ils pou- vaient dérober à leurs affaires ou à leurs occupations ha- bituelles. Désigné de très-bonne heure, par la situa- tion de son père et par ses propres mérites, à l’atten- tion bienveillante de ses compatriotes, de la Rive fit partie de plusieurs de ces magistratures au petit pied qui, sous le nom de Commissions, constituaient autant de pouvoirs distincts du pouvoir central, bien que s’y ratta- chant. Lorsqu'il atteignit l’âge de trente ans, alors requis pour être député, il fut aussitôt élu et, d'emblée, 1l compta dans le Conseil représentatif parmi les quelques hommes de qui l'assemblée écoutait avec faveur la voix et se plai- sait à accepter l'influence. Il avait le tempérament politique, la rapidité du coup d’æil et de la décision, le don de considérer immédiate- ment une question sous tous ses aspects, d'en faire le tour, d’y pénétrer, d'en dégager la portée réelle, de l’envisager dans ses rapports et dans ses conséquences, et de subordon- ner dans le dessein, comme de sacrifier dans l'exécution, l'accessoire au principal. Il parlait ainsi qu'il pensait : en homme d'action. — Il disait bien ce qu’il voulait dire, et il ne disait ni plus ni moins. — Son éloquence n’était point l’éloquence souveraine qui, dédaignant de persua- der les intelligences, leur fait, en quelque sorte, perdre pied et, d’un coup d'aile, les emporte vaineues et captives, malgré qu'elles en aient, là où elle les veut conduire. — Mais, sans être un grand orateur, de la Rive était, selon une expression qui du pays des libres discussions où elle ARCHIVES, t. LX, — Septembre 1877. 8 _ 114 AUGUSTE DE LA RIVE. est née a passé dans la langue parlementaire, de la Rive était un debater de premier ordre. — Il devait à huit an- nées de professorat l'habitude de parler en public et, à l'emploi constant qu'il faisait des fortes qualités de sa propre nature, à l’activité de son esprit, à l'étendue de sa mémoire, l'habitude de rendre avec lucidité et dans un ordre excellent, des idées claires et bien définies. Son dis- cours, toujours rapide et animé, souvent chaleureux, allait droit au but. Il savait le commencer et il savait le termi- ner, — Prompt d’ailleurs à discerner dans l’argumenta- tion d’un adversaire le défaut de la euirasse, il avait la ré- plique juste et immédiate. Plus ardente que strictement correcte, plus solide qu’élégante, et servie par une voix robuste, sa parole était une parole de combat et non point de parade. — Ainsi se trouvaient chez lui, réunies, les diverses facultés qui sont les armes de guerre d’un homme politique. Quel usage a-t-il fait des armes si bien trempées qu'il avait à sa disposition ? Une réponse générale à cette ques- tion est rendue difficile par le fait, déjà indiqué, que des tendances opposées coexistaient dans l'esprit de de la Rive. — On pourrait dire que l'intolérance, le mépris pour les convictions respectables, l’étroitesse dans les jugements, l'arbitraire dans les actes, quelle qu’en fût l'ori- gine, lui étaient antipathiques et se chargeaient, tour à tour, selon le parti qui le froissait dans ce qu'il aimait et respectait, de le faire incliner-vers l’ordre de choses nou- veau ou de le ramener à l’ancien régime. — Mais le chef politique ne saurait, sans que quelque trouble n’en ré- sulte chez lui, pour la vue de l’ensemble qui est une des conditions du commandement, être, autant que l'était de la Rive, sensible à l'impression du moment, accessible à NOTICE BIOGRAPHIQUE. 115 des considérations en somme secondaires et, dirons-nous, de pure humanité. Appelé à être, à Genève, durant une époque fort critique, un des chefs, sinon le chef du parti conservateur dont les convictions étaient les siennes, de la Rive avait incontestablement les qualités d'esprit et de caractère qui assurent l'influence et légitiment l'autorité de l’homme public; mais ce qui faisait sa force fut en même temps sa faiblesse : il était, par son tempérament moral le re- présentant trop fidèle d’un parti qu'il n'aurait pu diriger utilement qu'à la condition de le modifier ; seulement il eût fallu, pour cela, qu'il commençàt par se modifier lui- même, qu'il fût un autre homme que celui qu'il était. De la Rive était de son parti. Il en résumait dans sa personne les idées diverses et les divers sentiments ; le respect pour le passé, la confiance dans un avenir diffé- rent de ce passé, l'attachement aux droits acquis, le goût de la liberté qui tempère l'usage de ces droits, l’antipa- thie pour la déloyauté dans les procédés ou pour la tyran- nie dans les systèmes, l'intolérance intellectuelle et mo- rale à l’endroit des théories qui froissaient sa raison et des actes où des intentions que réprouvait sa conscience: il était enfin lui-même individuellement et de nature un composé des tendances complexes et des aspirations par certains côtés contradictoires, sur la conciliation ou, si l'on veut, sur la juxtaposition desquelles reposait le parti conservateur. — Voici, d’ailleurs, ce qu’en 1835, dans une lettre datée de Paris, lui écrivait Cavour : « Je vous félicite fort de vous être prononcé avec vi- gueur contre les doctrines absurdement subversives de vos démagogues et d'avoir mérité les injures de l’Æu- rope centrale. Depuis mon arrivée à Paris, j'ai eu l'oc- 116 AUGUSTE DE LA RIVE. casion de connaitre personnellement quelques-uns de ces messieurs, et mon mépris pour leur intelligence ainsi que mon horreur pour leurs projets épouvantables se sont prodigieusement accrus. Plus que tout autre à Ge- nève, vous êtes, par votre position indépendante et par les titres nombreux que vous avez acquis à l'estime et à la reconnaissance de vos concitoyens, en mesure de combattre avec avantage cette minorité factieuse qui n’a pour elle que de l'impudence et de l'audace. — Vos pa- roles ont un orand poids dans le Conseil et dans le pu- blic et, pour peu que vous vouliez vous en donner la peine, vous deviendrez le leader du parti sage et raison- nable qui veut tout le bien possible et toutes les réfor- mes salutaires, parti que je crois tout-puissant à Ge- nève, lorsqu'il trouve des chefs capables et fermes qui ne craignent pas plus les injures des carrefours que les brocards des salons. — Vous êtes appelé à succéder à Rossi, dans linfluence qu'il exerçait sur les Conseils de la République et vous pouvez plus que lui pour le bien de votre pays; car 1l lui manquait ce que vous possé- dez au plus haut degré, l'autorité d’un nom populaire et le titre de Suisse et de concitoyen que rien ne peut remplacer. De la Rive fut en effet à Genève un des leaders du parti sage et raisonnable, à a constitution même duquel se trouvaient inhérentes les causes qui, à Genève comme ailleurs, devaient amener sa défaite. Mais tandis que Ca- vour était conduit par l’évolution qui s’accomplissait dans son intelligence souple et déliée, et par le grand dessein à l’accomplissement duquel il subordonnait toute autre considération, à s'appuyer sur l'esprit démocratique et à se rapprocher du parti révolutionnaire de qui il s’assurait “ : NOTICE BIOGRAPHIQUE. VE le concours et employait les procédés: de la Rive, dans la modeste sphère où se déployait son activité politique, en- trait en guerre ouverte avec la révolution et, à Genève, ayant à défendre la place, d’abord contre les approches, ensuite contre les assauts de la démocratie, le parti con- servateur-libéral devenait de jour en jour plus militant et par conséquent semblait être de jour en jour plus exelu- sivement conservateur et moins libéral. Ce n'était pas d'ailleurs seulement que l'état de guerre fût peu favorable aux compromis, mais toute transaction sérieuse entre le parti radical et le parti conservateur eût été impossible, sous peine pour ce dernier de propter vitam, vivendi prr- dere causam. De la Rive a donc combattu sans relâche pour une cause dont il est facile, après coup, de dire qu'elle était perdue d'avance. — Peu d'hommes, à Genève, ont été plus impopulaires qu’il ne l’a été pendant la période qui a immédiatement suivi la révolution de 1842. Puis, la guerre terminée, et lui-même retiré de la lutte, ses idées et ses sentiments, une fois passée la première amertume de la défaite, parurent avoir subi quelques modifications. Ce n'était point que ses convictions se fussent affaiblies, il n’a jamais brûlé ce qu'il avait adoré: son caractère est resté ce qu'il avait toujours été, gardé par sa fermeté nata- relle de toute complaisance pour le vainqueur, aussi bien qu'exempt de l’aigreur impuissante qui est trop souvent la consolation des vaincus. Mais sa situation était autre. Il n'avait plus, sur les affaires de son pays, que influence indirecte qui est le partage de tout citoyen dont l'opinion a quelque valeur. Dès lors, son intelligence ouverte repre- nait l'usage des droits dont l'exercice avait dû être sus- pendu, de par des nécessités d'un ordre supérieur. Si 418 AUGUSTE DE LA RIVE. done, pendant les vingt-cinq dernières années de sa vie de la Rive s’est montré, soit dans l’expression privée de ses opinions politiques, soit dans l'exposition publique qu'en de rares occasions il a été appelé à en faire, si, disons-nous, il s'est montré plein de bienveillance pour quelques-unes des personnes, et de tolérance pour un cer- tain nombre des idées dont il avait été jadis le violent adversaire, c’est qu'il était en paix. I ne trouvait point, d’ailleurs, une orgueilleuse satis- faction à être impopulaire. Tout au contraire, il se sou- ciait plus peut-être que de raison, des attaques dont il était l’objet. L'opinion ambiante avait un grand empire sur lui. — Éminemment sociable, il aimait qu’on parta- geñt sa manière de voir et, pour qu'on la partageñt, vo- lontiers il en sacrifiait quelque partie. — Par l'âme, s'il était un croyant, par l'intelligence il était un chercheur, et c’est ainsi qu'à la vivacité qui jaillissait de sa foi, il unis- sait la modestie conciliatrice, naturelle à son caractère. Si maintenant nous examinons la carrière politique de de la Rive telle que nous en trouvons le détail dans les souvenirs de ses contemporains et dans les comptes rendus du Conseil représentatif, nous voyons que de 1832 à 1846 il n’y à pas eu de discussion importante, quel qu'en füt le sujet, à laquelle il n'ait pris part. — Ses nom- breux discours ont tous, ainsi que nous l’avons déjà dit, le mérite d'être singulièrement clairs, non -seulément parce que l'expression y est l'idée elle-même faite parole, mais parce que les idées s’y suivent, s’y enchainent et s’y complètent dans leur ordre logique et naturel. — Ce que nous répétons là de ses discours improvisés, s'applique également à ses rapports, c’est-à-dire à ses discours préparés, qu'il écrivait d’abondance au cou- > 1 RC 0 + LR NOTICE BIOGRAPHIQUE. 119 rant de la plume, accomplissant au besoin dans une nuit de veille la tâche que la plupart n'eussent remplie qu'à la condition d’y consacrer des semaines d'étude et de travail. — Mais de la Rive pouvait en pleine sécu- rité puiser les faits dans sa mémoire incomparable. — Les conséquences des faits, il les trouvait toutes for- mulées dans son intelligence constamment active, etquant aux scrupules littéraires qui l’eussent entravé ou ralenti dans l'exécution de son œuvre, il ne les éprouvait pas. Il écrivait comme il parlait, sans avoir ce souci dela forme qui préoccupe lartiste. Pour lui, dite ou écrite, la parole était le vêtement de l’idée, le vêtement de tous les jours, celui du coin du feu, sous lequel, pourvu qu'il ne la gêne, ni ne la défigure, l'idée peut se présenter partout. A l’époque où de la Rive fit ses débuts dans la vie pu- blique, Genève n'était déjà plus la Genève de 1815. Les hommes à qui la République devait d’avoir recouvré son existence et qui l'avaient, à peu de chose près, refaite telle que naguère ils l’avaient connue, ces hommes étaient morts, ou s'étaient retirés, et avec eux avait disparu l’ancien régime. — Pour s'être opérée peu à peu et sans grande secousse, la transformation n’en était pas moins profonde. — Représentée par des hommes qui avaient une valeur considérable, portée par le grand cou- rant d'opinion qui entrainait la France et l'Angleterre vers des rivages nouveaux, soutenue par une jeunesse enthou- siaste qui n'avait pas connu la Révolution, l’opposition libérale avait graduellement fait pénétrer son esprit dans les lois du pays et dans les tendances du gouvernement. Le magistrat éminent qui était alors à la tête de la Ré- publique, M. Rigaud, résumait, avec un rare bonheur, en sa personne, la conciliation qui s'était faite et qui se faisait 120 AUGUSTE DE LA RIVE. chaque jour, entre l’ancien régime auquel il appartenait par sa situation comme par le respect qu'il lui portait, et l'ordre nouveau à l'endroit duquel il n’éprouvait ni défiance ni antipathie. Il unissait d’ailleurs, à une modé- ration naturelle dans les vues, la dignité dans les senti- ments nécessaire pour empêcher cette modération de dé- générer en faiblesse et les aimables qualités qui, dans un très-petit pays, sont les conditions indispensables à l’exer- cice durable du pouvoir. Ce fut sous son influence que le gouvernement de Genève ouvrit la porte aux idées libé- rales, leur donnant toutes les satisfactions qui n'étaient pas incompatibles avec les principes sur lesquels reposait son existence. — Ce fut sous cette même influence que, jusque-là exclusivement conservatrice, la politique de Ge- nève, dans les questions fédérales, devint une politique de transaction. — Puisque tout en ayant le culte du passé, de la Rive était de cette jeunesse qui croyait au libéralisme, il ne fit que suivre à sa propre inclination, en prenant rang parmi les partisans de la politique de M. Rigaud pour la personne de qui il éprouvait d’ail- leurs autant. d'affection que de respect. Jusqu'en 1844 il fut ainsi un soldat ou, pour mieux dire, un lieutenant, plutôt qu'il ne fut un chef et, excepté dans les questions relatives à l'instruction publique en général et à l’Aca- démie en particulier, il donnait l'impulsion moins qu'il ne la subissait. Nous ne rappellerons point tant de débats maintenant oubliés, auxquels de la Rive a participé, et sur l’issue desquels il a, en plus d’une occasion, influé. Il faudrait élargir outre mesure le cadre de cette étude biographique pour y faire entrer l'histoire détaillée de l’époque dont nous venons d'indiquer le caractère général. Nous » NOTICE BIOGRAPHIQUE. 191 nous attacherons à n'en esquisser que les traits princi- paux à n en retracer que les incidents essentiels, à n’en signaler que ies points culminants. Mais, avant d'aborder le récit proprement dit des événements auxquels de la Rive a élé mêlé, nous ouvrirons ici une parenthèse qui nous paraît une préface nécessaire à €e récit. Ainsi que nous l'avons déjà dit en passant, de la Rive était naturellement religieux. [l avait inculquée en lui la foi du charbonnier et cette foi-là, naïve et robuste, il ne la perdit jamais. Nous ne croyons pas qu'à aucune époque il ait été assailli par quelque doute touchant la vérité des dogmes chrétiens. Néanmoins, en face des écoles qui dé- claraient la croyance en ces dogmes incompatible avec les progrès de la science ou les conquêtes de l'intelligence, 1 n hésitait pas à porter sa raison à la défense de sa foi, et à accepter le combat sur le terrain de la discussion philoso- phique. S'il ne supportait point que, par le ton ou par les procédés de l’argumentation, on manquât de respect au sujet débattu, il se montrait aussi courtois que résolu vis- à-vis de tout adversaire sérieux et sincère. H faut ajouter qu'à ses yeux, pour être autorisée à se produire, la convic- tion de l'adversaire devait reposer sur d’autres bases que sur l'acceptation banale ou intéressée des conclusions d'une critique superficielle et présomptueuse. En ces au- gustes problèmes que la pensée est tenue de n’aborder qu'avec vénération, et s'inclinant lui-même devant les so- lutions de ces problèmes qui, depuis dix-huit siècles ont consolé l'humanité et satisfait tant de grands esprits, 1l considérait l’incrédulité comme une erreur, mais comme un outrage l'arrogance ou la légèreté dans l'incrédulité. 199 AUGUSTE DE LA RIVE. Il estimait que celui-là seul avait le droit d'émettre une Opinion qui en avait une, et que celui-là seul en avait une qui se l'était faite par le travail, l’étude et la réflexion. I n’aimait pas d’ailleurs à faire étalage de ses convic- tions, à les jeter en pâtureaux hasards d’une conversation, - à donner hors de propos à ceux qui ne les partageaient pas l’occasion et le droit de les discuter. Chez lui, la pro- fondeur dans les sentiments était inséparable d’une ex- trême réserve dans l’expression de ces sentiments, et la religion lui tenait trop à cœur pour qu’elle figurät dans son langage plus ou autrement que n’y figuraient ses plus chères affections, ses peines et ses joies intimes. Il n'avait pas lui-même et il ne goûtait pas chez les autres, l'habi- tude d'introduire incessamment ou ineidemment dans le discours, ce qui relève du domaine sacré de la conscience et de l'âme. Si, en certaines occasions. il aurait cru, en ne proclamant pas sa foi, la renier, il n’aurait pas moins cru, quand elle n’était ni attaquée ni froissée, la rabaisser en l’affichant. Il ne comprenait pas le respect sans la déli- catesse. Sincèrement chrétien, il considérait le christianisme comme ayant été, par son action sur l'humanité, l’uni- que agent et étant le seul gardien efficace de la civi- lisation. Les Églises qui ont fait, façonné et maintenu la société chrétienne lui inspiraient donc un attache- ment respectueux et reconnaissant. Elles étaient, pour lui, comme autant d'êtres moraux gouvernant et con- duisant les hommes sur la voie du bien et du vrai. Ainsi que son frère, il avait, dès son enfance, appris à considérer les diverses Églises chrétiennes comme ne différant entre elles que sur des points secondaires qui ne justifiaient, de la part d'aucune à l'égard des autres, > TES L. 2 L NOTICE BIOGRAPHIQUE. 123 l'esprit de haine, de défiance, ni même de propagande *. Aux yeux des hommes de 1815, le sentiment reli- gieux consistait dans le respect pour la religion et dans la soumission aux autorités instituées pour la man- tenir et l’enseigner. Ils visaient à réveiller ce sentiment parmi les masses apathiques ou incrédules. Leur am- bition n'allait point au delà. [ls croyaient à jamais passé le temps des disputes théologiques et encore plus le temps où il était donné à ces disputes d’agiter les esprits. Ils ne prévoyaient pas que la passion religieuse allait bientôt, sous une autre forme que celle jusque-là connue, et avec les allures violentes qu’elle tiendrait de son nou- veau berceau, renaître de cette Révolution même qui sem- blait en avoir pour toujours étouffé le germe. À Genève en particulier, elle se réveilla presque simultanément chez les protestants et chez les catholiques. De la part des pre- miers, elle se traduisit en un déchirement de l'Église na- tionale dont une fraction, moins considérable par le nom- bre que par l’activité et l'influence, se détacha pour former une communauté distincte, rivale et hostile. Chez les ca- tholiques, elle se manifesta par une attitude de défiance et d'inimitié croissante que prit à l'égard du gouvernement le prélat qui, par sa valeur personnelle plus encore que par sa situation, était à la tête du clergé genevois. De la Rive était un ardent partisan de l'union de l'Église et de l'État. Il la croyait féconde en bons résul- tats, à la condition qu’elle fût, de part et d'autre, prati- quée dans un esprit d’entière bonne foi, de confiance 1 « Je considère, pour ma part, les deux confessions comme deux branches égales du même tronc, que le christianisme nourrit l’une et l’autre et qui doivent prospérer également. » — Æugène de la Rive. — Assemblée constituante. 124 AUGUSTE DE LA RIVE. mutuelle, de respect des prérogatives réciproques, dans l'esprit dont il élait lui-même animé. Nous ne saurions d'ailleurs mieux définir cet esprit qu'en extrayant quel- ques passages d'une lettre qu'en 1832 il adressait à M. Gotiofrey, vicaire général de Fribourg qu'il connaissait pour l'avoir vu à Presinge, où cet ecclésiastique avait, à la suite de l’évêque de Lausanne et de Genève qu'il ac- compagnait dans une de ses visites pastorales, fait un court séjour. « Vous connaissez assez, écrit de la Rive, les senti- ments qui animent notre famille et moi-même en par- ticulier pour n'avoir aucun doute sur le respect que nous portons à la religion catholique et sur le désir que nous avons de la voir honorée et florissante chez nous. Ce n'est d'ailleurs pas entre les protestants et les ca- tholiques que doit exister la lutte, c’est entre les hom- mes religieux et ceux qui ne le sont pas, entre ceux qui sentent la nécessité des sentiments religieux et ceux qui les repoussent ou cherchent à en atténuer lin- fluence, qu'il y a et qu'il doit y avoir division. Pour les vrais amis de la Religion, bons catholiques comme bons protestants, il n’y à plus maintenant qu'un intérêt, c’est de chercher, quelle que soit la forme dont elles sont revêlues, à propager les idées religieuses, à les répan- dre dans les masses et à combatire l’esprit qui veut les exclure et qui vise en particulier à les bannir de l'in- struction publique. Voilà comment je considère la situa- tion actuelle ; elle est excessivement critique, vous le savez, non-seulement pour la religion catholique, mais pour toute religion. Les exagérations d'une part, l'in- différence de l'autre ont donné aux ennemis de la reli- gion, quelle qu’elle soit, des armes très-fortes dont les NOTICE BIOGRAPHIQUE. 495 événements politiques ont singulièrement accru la puis- sance. « Dans ces circonstances difficiles que faudrait-il ? Que tous les hommes animés des intentions que je viens d'exprimer, s’entendissent et marchent de concert pour atteindre le but honorable qu'ils ont en vue. Or, mal- heureusement, c’est ce qui n'existe pas chez nous dans ce moment et, je dois vous le dire, le plus grand obsta- cle à cet accord si désirable est dans lesprit actuel d'une grande partie du clergé catholique. Je ne sais ce qui est arrivé depuis deux ans; mais jamais autant de diffi- eultés et d'embarras n'ont été suscités au gouvernement par les ecclésiastiques catholiques que depuis lors; il semblait que les circonstances politiques auraient dû donner à notre clergé catholique le désir d'appuyer un gouvernement tel que le nôtre et jamais il ne l’a autant contrecarré. Je vous demande pourtant si le culte ca- tholique se trouverait bien d’un changement de gouver- nement chez nous? Heureusement nous n'en sommes pas là, mais certes, sans s’en douter et sans le vouloir, plusieurs de nos curés secondaient fortement, par les tracas qu'ils causaient au gouvernement, les menées révolutionnaires dont heureusement le jugement et le bon esprit de notre population ont fait justice, et, Je l'espère, pour toujours ou au moins pour longtemps. « Je suis, dans ce moment, membre d’une commission qui prépare un projet de loi sur l'instruction publique; mon désir et celui d'autres membres de cette commis- sion serait de donner aux membres du clergé des deux cultes une part plus grande dans la direction de l'in- struction que celle que possèdent actuellement les ec- 126 AUGUSTE DE LA RIVE. clésiastiques catholiques, en donnant la même aux ec- clésiastiques protestants. On est d'accord pour mettre les deux clergés sur le même pied, mais la majorité voudrait réduire à la moindre possible leur part d'in- fluence et d'action et cela toujours à cause de l'esprit actuel du clergé catholique... ... J’entrevois clairement que notre Conseil d'État commence à être fatigué de ces luties continuelles et que, fort de l'opinion du Conseil représentatif, il paraît décidé à agir avec plus de vi- gueur et de décision. Vous comprenez que, s’il entre dans cette voie, il n'aura pas le dessous. Il faut éviter à tout prix qu'on en vienne là et je suis convaincu qu'il suffirait de quelques légers changements dans la ma- nière d'agir de nos curés pour empêcher notre Conseil d'État d'adopter, en ce qui le concerne, un système dans lequel, j'en suis certain, il n’entrerait qu'avec ré- pugnance, mais dans lequel, si les choses continuent à cheminer comme elles cheminent à présent, il sera forcé d'entrer, par l'opinion publique et surtout par celle du Conseil représentatif. » lei de la Rive entre dans le détail de ses divers griefs et expose les faits particuliers qu’il reproche à quelques- uns des ecclésiastiques du canton du Genève, faits qui, dans un certain nombre de paroisses ont profondément troublé l'harmonie entre le Pouvoir civil et le Pouvoir re- ligieux. Après cette exposition fort longue et qui n'offri- rait plus aujourd'hui qu’un médiocre intérêt, il conclut de la sorte : « Permettez-moi de vous rappeler encore que c’est uniquement en mon nom que je vous écris, que per- sonne n'a connaissance de la démarche que je fais au- près de vous et, qu'ainsi que j'ai eu l'honneur de vous * 44 4 ED MS UE : | RATER + GE NOTICE BIOGRAPHIQUE. 127 le dire, je n'agis que pour vous signaler les maux que j'entrevois et vous supplier de chercher les moyens de les prévenir ou d'en atténuer l'effet. Je vous prie de ne considérer cette lettre que comme une lettre confiden- telle qui vous est adressée : je m'en remets d’ailleurs complétement à votre prudence et à votre amitié pour moi quant à l'usage que vous jugerez utile d'en faire. Au reste, vous le savez, je n'ai à tout cela d'autre in- iérêt que celui que je porte à la religion. Mes observa- tions sont celles d’un ami de la religion qui désire, quelle que soit sa forme, la voir exercer sur toutes choses et en particuher sur l'instruction populaire, la salutaire influence qui lui est légitimement due, mais qui croit que la marche que suivent actuellement plusieurs des ecclésiastiques catholiques n’est pas propre à conduire à ce résultat si important et si désirable. » Les représentations respectueuses de de la Rive furent accueillies par l'autorité à qui 1l les soumettait et auprès de laquelle 1l les renouvela, avec une attention bienveil- lante et favorable ; mais elles demeurèrent impuissantes à modifier les allures que M. Vuarin imprimait au clergé sur lequel il exerçaitune influence presque souveraine. Ce fut en particulier à cette influence que cédèrent la plu- part des ecclésiastiques catholiques du canton, lorsqu'en 1835 ils adressèrent à l’évêque un mémoire qui était un exposé de leurs griefs. De la Rive répondit à ce mémoire et donna à sa réponse la forme d'une lettre adressée à M. Greflier, curé de Carouge, avec qui il était particulière- ment lié. Dans la polémique qui s'engagea, s’il ne se dé- partit pas lui-même du ton respectueux qui était con- forme à ses sentiments, il ne rencontra pas toujours une égale courtoisie chez ses adversaires. En revanche voici, à . 128 AUGUSTE DE LA RIVE. ce sujet, ce que lui écrivait le vicaire général de Fri- bourg : « Tout lecteur qui, comme moi, connait ce mémoire, rendra justice à votre modération et appréciera vos sen- timents; comme vous, je désire que M. Greffer profite de l’occasion pour donner une explication sur les mo- üfs d'une signature qui a si étrangement surpris ceux qu le connaissent et qui avaient pour lui un attache- ment si sincère. Je ne m'arrête pas à vous exprimer tout ce que ce mémoire a excité en moi de peine et d’afflic- tion; je me borne à vous dire que vos qualités distin- guées et votre zèle pour le bien me donnent la confiance que vous continuerez à le faire, malgré les entraves qu'on voudrait y apporter. » De la Rive devait justifier la confiance que mettait en lui son sagace correspondant. Ni les attaques personnelles dont, pour un temps, il fut l’objet, ni la cruelle déception qu'il avait ressentie à être contrecarré dans ses efforts par ceux-là précisément qui lui semblaient les premiers intéressés à s'y associer, ni le chagrin que, plus tard, lui fit éprouver l'attitude politique de la majorité des ea- tholiques genevois, ne modifièrent ses sentiments ou sa conduite. — Assurément il en voulait beaucoup aux hommes de qui la passion imprévoyante avait compromis les vrais intérêts, inséparables dans sa pensée, de la Patrie et de la Religion. Surtout il pardonnait difficilement l'ingratitude envers un régime qui, sans se soucier des préjugés qu'il froissait, ni des inimitiés qu'il provoquait, s'était attaché, avec une entière bonne foi, à établir la paix confessionnelle sur la base non pas de l'indifférence mais du respect pour la religion. Mais la cause qu'il avait servie ne lui en resta pas moins chère. Ni la tristesse, ni l’amer- NOTICE BIOGRAPHIQUE. 129. tume ne troublèrent ses rapports avec les quelques pa- rents et les nombreux amis qu'il comptait dans l'Église catholique et avec qui, en dehors des légères dissidences qui étaient les sujets d’amicales discussions, il prenait plaisir à se trouver en communauté de regrets, de vues et de convictions". Et, en 1857, écrivant à un prélat distin- gué au sujet d'une affaire à laquelle il portait un vif inté- rêt, 1l disait : « Je suis convaincu qu’en dehors de toutes considérations politiques ou autres, il importe, par des- sus fout, que la religion soit en honneur et respectée dans notre pays. » Dans celte même année 1857, se trouvant à Rome le jour de Pâques, il résumait ainsi ses impressions : « L'homme vit presque toujours dans l'avenir ou dans le passé, rarement dans le présent; la première partie de sa vie se passe en espérances, la seconde en souvenirs. Aussi Rome n'a-t-elle tant de charme que pour celui dont l'âme déjà mürie par les années, se trouve en harmonie avec les ruines qui lui rappellent tout un monde passé. Mais au milieu de la mélancolie qui naît du sentiment de toute cette grandeur déchue, un autre sentiment, et celui-là de joie, remplit le cœur du chré- tien qui voit briller, au déclin du monde ancien, l'étoile du monde éternel. — Rome chrétienne s’élevant à côté de Rome païenne qui disparait, c’est la vie victorieuse de la mort, c’est l'espérance venant à son tour rempla- cer le souvenir, c’est l’immortalité sortant du tombeau. » 1? Ce fut par les soins et aux frais de de la Rive et de son frère que la petite chapelle délabrée, consacrée à Presinge à l’exercice du culte catholique, fut transformée en une église paroissiale, mo- deste, mais ne manquant, dans sa simplicité, ni de grâce ni d’élé- gance. ARCHIVES, t. LX. — Septembre 1877. 9 130 AUGUSTE DE LA RIVE. Ces lignes sont écrites dans une note un peu solen- nelle qui n'était pas familière à de la Rive ; mais nous les avons reproduites parce qu'elles nous paraissent indiquer, avec justesse et avec clarté, ce qu'il y avait, dans ses sen- timents religieux, à la fois de très-large quant aux dogmes et de très-précis quant à la doctrine. Nous avons dit que de la Rive était sincèrement at- taché à l'Église protestante et aux institutions par les- quelles cette Église exerçait sur le pays l'influence que lui attribuait la tradition et que lui assurait la loi. fl appor- tait donc dans l'appréciation des divisions qui compro- mettaient l’unité et amoindrissaient l'autorité de cette Église, le même esprit de conciliation et de respect des convictions individuelles qui inspiraient ces sentiments et réglaient sa conduite vis-à-vis de ses compatriotes catho- liques. — Il voyait avec un profond regret, se produire les conflits que, lui semblait-il, à défaut de la tolérance qui les eût évités, un peu de prudence aurait pu prévenir. — Nous trouvons d’ailleurs l’ensemble de ses vues sur ce sujet, fidèlement bien qu'indirectement exposé par lui- même, dans une lettre qu'en 1866 il écrivait à M. Guizot et d’où nous détacherons les quelques passages suivants : « Je viens d'achever votre second volume des Médita- tions religieuses. Je n’ai pas besoin de vous dire avec quel intérêt j'ai lu vos pages où respire un si ardent amour de la vérité, c’est-à-dire du christianisme... 1 «C’est le clergé qui doit être à la tête de l’Église et cela dans l'intérêt de la religion, car les laïques n’auront pas autant de reli- gion, de prudence ni de tolérance que les ecclésiastiques. … Ren- dous hommage à ce clergé, auquel pendant vingt-sept années on n’a pu faire que des reproches d’opinion. Laiïssons à ce clergé la position honorable et honorée que nos constitutions n’ont cessé de lui faire depuis trois siècles.» — Auguste de la Rive. — Assemblée constituante. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 131 « Votre première partie sur le réveil chrétien en France m'a tout particulierement intéressé ; il me semble difficile de peindre avec plus de précision, de netteté et d'impartialité ce réveil dans l'Église catholique. Je vons avouerai que votre exposé du réveil chrétien dans l'Église protestante ne m'a pas paru aussi satisfaisant et qu'il a soulevé dans mon esprit quelques objections que je prends la liberté de vous soumettre. « Je commencerai par une rectification de fait à la- quelle je tiens beaucoup. Tout gouvernement, quelque modeste qu'il soit et quelque petit que soit le pays qu'il régit, doit être jugé impartialement dans l’histoire. Or, si le gouvernement de Genève de 1814 à 1846 a droit à l'estime des honnêtes gens, quelles qu'aient pu être ses fautes, il le doit au véritable libéralisme qui l'a toujours animé et à la manière aussi énergique que constante dont il a protégé toutes les libertés et en particulier la liberté religieuse. Tandis que sur tout le continent et dans le reste de la Suisse, en particulier dans le canton de Vaud de 1824 à 1830 et de 1845 à 1850, cette liberté était singulièrement compromise, elle a été en- tière à Genève de 1816 à 1846. Et si elle à continué à régner sans entraves après la révolution démocratique de 1846, il serait injuste de n’y pas voir une consé- quence heureuse des habitudes de tolérance contractées par la population sous le régime libéral qui avait pré- cédé. « C'est donc avec chagrin que je trouve à la page 136 de votre ouvrage cette phrase: « mais bientôt lassé de « ce pénible devoir, il (le Conseil d'État de Genève) in- « terdit qu'on imprimât à Genève sans sa permission « expresse aucun écrit de polémique religieuse. » Je ne 1392 AUGUSTE DE LA RIVE. comprends pas où vous avez puisé ce renseignement. Jamais la liberté de la presse n’a été entravée à Genève de 481% à 1846, sauf momentanément en ce qui con- cernait la polilique étrangère de 1823 et 1827 par l'ef- et des sommations des puissances étrangères. Ces en- traves disparurent en 1827 par l'effet d’une loi sur la presse, préparée par MM. Rossi, Bellot et Dumont, loi Ja plus libérale qui eût jamais été faite et qui. depuis quarante ans qu'elle est en vigueur, n’a, je crois, suscité qu'un où deux procès de presse au plus... « Je présume, Monsieur, que vous avez puisé le ren- seisnement sur lequel je viens d'attirer votre attention dans louvrage de M. de Goltz, qui fourmille d’inexacti- judes de détail, bien que, dans ses appréciations géné- rales, il soit exact, tout en étant, suivant moi, beaucoup trop sévère pour le clergé officiel. « Permettez-moi d'attirer encore votre attention sur ce côté de notre question religieuse qui n’a jamais, à mon avis, été jugé avec impartialité. « La page 150 de votre ouvrage contient un para- graphe commençant par ces mots : « Ce fut à Genève, » et se terminant par ceux-ci : « Le péché originel et la di- « vinité de Jésus-Christ étaient aussi ouvertement dé- « laissés que la prédestination et le salut gratuit. » — Je crois que votre appréciation est injuste. J'ai, pour ma part, toujours admiré la conduite du clergé de Genève pendant la durée et surtout la fin du dix-huitième siècle; ses luttes avec Voltaire et Rousseau; l'énergie avec laquelle il maintenait le drapeau de la Foi et les vérités fondamentales du Christianisme à cette époque de complète négation, méritent d’être signalés à la re- » NOTICE BIOGRAPHIQUE. 193 connaissance de la postérité. Et si Fon était venu lui proposer de le faire voter sur la question de la divinité de Notre-Seigneur, comme on l'a fait à la Conférence de Paris, en 1865, que croyez-vous qu'il en eût pensé? Je reconnais qu'à cette époque nos pasteurs prêchaient davantage la morale que le dogme, qu'il y avait même des dogmes au sujet desquels ils parlaient rarement. Mais ils allaient au plus pressé et vous-même ne tendez- vous pas maintenant la main à tous ceux qui prêchent Jésus crucifié et ressuscité? Or c'est ce qu'ils faisaient hautement et courageusement. Je trouve que ce qui se passe maintenant dans notre monde protestant doit nous rendre plus indulgents pour les chrétiens du XVIre siècle. « Pendant les seize années que dura la domination française, le clergé genevois ne fut point infidèle à sa mission; il maintint avec zèle et talent les bonnes tra- ditions du protestantisme, la croyance aux vérités fon- damentales du christianisme évangélique. Les noms de MM. Cellérier père, Duby, Peschier, Vaucher et Mou- linié se lient pour moi au souvenir des impressions re- ligieuses de mon enfance et de ma jeunesse et si j'ai eu le bonheur, ainsi que presque tous mes contemporains, de persister dans la foi, je sens que je le dois essentiei- lement à l'influence de ces hommes excellents et du milieu qu'ils avaient créé. Si, en 1814, Genèvese trouva toute prête pour une restauration, ja manière dont, en dehors de toute idée politique, le clergé genevois avait entretenu la vie religieuse chez nous, y contribua pour une large part. Les années qui suivirent la Restaura- tion furent, il est vrai, troublées à Genève par une agi- tation religieuse qui, au reste, comme vous le remar- 134 AUGUSTE DE LA RIVE. quez, fut générale dans le protestantisme français. Je reconnais que la majorité du clergé genevois ne suivit pas ce qu'on a appelé le réveil religieux et qu'elle ent de plus le tort de s’y opposer. Sans l'excuser compléte- ment, il faut rappeler que les attaques étaient d’une vi- vacité excessive, que les controverses prenaient, en par- ticulier en chaire, un caractère d’aigreur qui n'était pas de nature à contribuer à l'édification du troupeau. Ce fut alors que la Compagnie des pasteurs prit l'ar- rêté que vous citez à la page 132 de votre ouvrage, qui interdisait la prédication sur quatre points : la Trinité, le Péché originel, la grâce efficace, la prédestination. La Compagnie, à mon avis, eut tort, mais elle était sous une impression dont il est difficile de se rendre compte cinquante ans plus tard et sous lempire de toutes au- tres idées. Et, à lappui des circonstances atténuantes que je plaide, ne puis-je pas citer le nom du vénérable pasteur Cellérier père, le chef du parti orthodoxe dans la Compagnie, qui fut le rédacteur de cet arrêté. Qui sait si cet arrêté, contraire, je le reconnais, à tous les principes, et pur expédient du moment, n’a pourtant pas, en empêchant le troupeau de se passionner trop fortement, contribué à maintenir l'esprit général de to- lérance qui à constamment régné chez nous. « est une mesure que prit la Compagnie des Pas- teurs et qui, j'en conviens, fut une faute: la destitution de M. le pasteur Gaussen. J'étais à l’époque où cette mesure fut prise, quoique laïque, mais par une attribu- üon de la chaire d’ancienne fondation que j’occupais dans FAcadémie, membre de la Compagnie des pas- teurs, je pris part à la délibération sur cette question et je votai avec la minorité contre la destitution. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 135 « Le Conseil d'État hésita beaucoup avant de ratifier cette destitution, mais n’ayant pas à juger la question de doctrine, mais seulement celle de conduite, il ne put faire autrement que donner son approbation... Maintenant les choses sont bien changées: l'Église nationale et l'Église séparée vivent dans le meilleur accord: les hom- mes qui sont à leur tête ne craignent pas de s'unir pour des œuvres communes et vivent côte à côte de la manière la plus cordiale. Des deux côtés on est arrivé à se placer sur un terrain de bons procédés et d’égards mutuels, tout en ayant souvent des opinions très-diver- ses... Malgré la divergence d'opinions qui existe entre ses membres, le clergé national vit en paix, et cet heu- reux résultat est dû non-seulement à la largeur de vues et à l'esprit de tolérance chrétien qui animent les pas- teurs orthodoxes, mais aussi à la sagesse, aux senti- ments fraternels qui règnent dans l’autre partie du clergé. En somme notre état religieux dans la commu- nion protestante est satisfaisant dans ce moment et réalise ce que vous regardez avec raison comme le < mieux possible, » une Église nationale et une Église dissidente se soutenant par une connivence pour le bien et n'ayant entre elles aucune hostilité systéma- tique. » Il y a moins de douze ans que de la Rive écrivait cette longue lettre dont nous venons de citer une grande par- tie. Parmi les éloges qu'il se plaisait alors à adresser à sa patrie, pour l'esprit de tolérance qui y régnait, com- bien en est-il qu'il laisserait encore aujourd’hui tomber de sa plume? Nous nous contentons de poser la question. Il ne nous appartient pas d'y répondre. Il nous sera pourtant permis de remarquer qu'il semble ne s'être guère - 136 AUGUSTE DE LA RIVE. trompé, celui qui attribuait les habitudes de tolérance dont la population de Genève se faisait gloire, à l'éducation que cette population avait reçue du régime dont il prenait la défense contre d'injustes attaques. C'est sous un autre régime que se sont formées les mœurs d'aujourd'hui. D'ail- leurs de la Rive a assez vécu pour que cette union de l’Éolise et de l'État dont il avait élé pendant si longtemps un partisan ardent et convaineu, lui parût désormais in- compatible avec les exigences capricieuses d’une démo- cratie omnipotente. Des fragments que nous avons transcrits parmi un grand nombre que nous aurions pu reproduire, ressort, nous semble-t-il, avec netteté, ce que nous appellerons la « physionomie religieuse » de de la Rive. Il s'y montre à nous, tel qu’il était, conciliant, sans effort, de profondes convictions avec cette largeur bienveillante qui est comme la fleur du bon sens. Pour compléter ou plutôt pour ré- sumer ce que nous avons dit et surtout ce qu'il nous à dit de Jui, nous lui emprunterons une dernière citation, Ja dernière, hélas, qui lui puisse être empruntée. Peu de se- maines avant sa mort, en tête de l'expression de ses der- nières volontés, il écrivait, sans rien de plus ni rien de moins, ces simples mots : « Je meurs chrétien et par con- séquent plein de confiance dans la miséricorde de Dieu et de Jésus-Christ, le Sauveur et le Rédempteur des hommes. » De même et plus encore que le style, la politique, c’est l’homme. Une exposition précise des sentiments in- times et des convictions de de la Rive en matière reli- gieuse nous à done semblé nécessaire pour l'intelligence du rôle public qu'il a joué dans son pays. Nous reprenons à NOTICE BIOGRAPHIQUE. 137 maintenant, pour ne plus l’interrompre, le récit des évé- nemenis,. La révolution de 4836 avait eu. en Suisse, son con- tre-coup immédiat. Dans plusieurs cantons, les gouver- nements avaient été violemment renversés et, avec eux, les régimes aristocratiques qu'ils maintenaient; dans tous, un grand ébranlement s'était produit. Par toute la Suisse un mouvement se dessinait dans le sens démocratique, mouvement qui visait à la fois les institutions particulières à chaque canton et les institutions fédérales. Ce mouve- ment était révolutionnaire et unitaire. Les politiques elairvoyants estimèrent qu'il fallait faire la part du feu. Au premier rang, parmi ces politiques se trouvait l'un des représentants de Genève à la Diète, Rossi, qui élabora le projet de Constitution fédérale connu sous le nom de « Pacte Rossi. » Ce projet ne fut pas adopté. Le canto- nalisme était trop vivace pour consentir à une demi-abdi- cation en face d'un danger qui le poussait bien plutôt à la résistance. De la Rive partageait, mais dans une certaine mesure seulement, les vues de Rossi avec qui il eut plusieurs longs entrétiens durant une visite qu'il lui fit à Lucerne où sié- geait alors la diète. Dans un de ces entretiens. Rossi, dé- couragé, s'écria : « La Suisse n’est pas un pays, c’est un fagot d’épines. » Sur quoi de la Rive répondit: « Croyez- moi, le fagot d’épines a bien ses avantages, on ne sait pas par quel bout le prendre. » De la Rive pensait que la Suisse faible et désarmée relativement à ses puissants voi- Sins, trouvait contre le mauvais vouloir éventuel, les ré- elamations ou les menaces de ceux-ci, une garantie vir- tuellement fort efficace dans l’extrème complication des 138 AUGUSTE DE LA RIVE. rouages par lesquels il fallait que passât toute question avant d’être résolue, si même elle arrivait à l’être. Le non possumus, seule réponse qu'il fût permis au Vorort de faire aux demandes les plus pressantes de l'étranger, consti- tuait un moyen dilatoire qui n'avait rien d’offensant puis- qu'il ne préjugeait point de l'accueil qui serait fait à ces demandes, et qui cependant donnait à la réflexion le temps d'accomplir son œuvre d’apaisement et de conciliation. Il y avait grande chance pour que, de part et d'autre, la pas- sion se lassât de suivre une question, quelqu'irritante qu'elle fût à son début, jusqu'au bout de l’interminable et inextricable filière des convocations de diètes, des délibé- rations cantonales, des votes ad referendum, des protocoles ouverts et des instructions insuffisantes ou périmées. As- surément cet état de choses ne laissait pas parfois de cau- ser de graves embarras à la Suisse, par les facilités qu'y trouvaient certains cantons pour encourager de leurs sympathies et couvrir de leur protection les réfugiés poli- tiques alors si nombreux et si remuants. L’attitude de ces réfugiés et des cantons qui prêtaient territoire à leurs con- spirations étaient, de la part des Puissances, l’objet de réclamations incessantes. Îl est hors de doute qu'à ces ré- elamations, une Suisse unitaire eût été contrainte d’ob- tempérer sur-le-champ,sous peine de risquer son existence dans une lutte si inégale qu’elle eût été désespérée. Mais le « fagot d’épines » sauvait à la fois la dignité et la si- tuation. Cependant, par une anomalie d’ailleurs fort explica- ble, c'était dans les cantons qui bénéficiaient le plus des entraves mises par les institutions, à l’action du pouvoir central, que le désir était le plus vif de modifier ces insti- tutions dans le sens de l'unité. D'abord ces cantons étaient ga NOTICE BIOGRAPHIQUE. 139 les grands cantons et pensaieut que lunité se ferait au profit de leur ambition et de leur influence. Ensuite, et surtout, le radicalisme qui avait triomphé dans la plu- part d’entre eux, supportait impatiemment l'impuis- sance à laquelle le Pacte le condamnait, d'imposer ses doctrines et ses systèmes aux cantons qui n'en voulaient pas. Aussi, bien qu'admettant avec Rossi qu'il y avait « quelque chose à faire, » de la Rive, en sa double qua- lité de citoyen d’un petit canton et de conservateur, était hostile à toute modification dans la loi fondamentale du pays, qui eût porté une sérieuse alteinte à la souveraineté cantonale. D'ailleurs les raisons « de sentiment, » pour nous servir d'une expression qu'il employait souvent, exerçaient sur lui un grand empire. Or, en Suisse, le parti dit « libéral, » par ses origines étrangères, ses ten- dances cosmopolites et ses affinités révolutionnaires, lui inspirait une profonde antipathie. La patrie dont de la Rive se sentait fier, e’était la vieille Suisse qu'en son atta- chement pour elle il idéalisait quelque peu, la Suisse rude, souvent hargneuse, mais aux fortes traditions d'hon- neur, de fidélité, de discipline, mais jalouse de rester telle que l’avaient faite l’héroïsme et la piété des ancêtres, et se refusant à abaisser les barrières qui la gardaient de l'im- portation des mœurs et des idées exotiques. D'ailleurs les hommes politiques suisses avec qui il se trouvait en rap- ports personnels, appartenaient pour la plupart au parti conservateur. Il comptait, en particulier, dans le patriciat de Berne, des alliés à sa famille et des amis de son père devenus les siens. Enfin, à mesure que les événe- ments se déroulerent et que le radicalisme devint plus en- treprenant et moins scrupuleux, ce fut avec plus de réserve 140 AUGUSTE DE LA RIVE. que de la Rive s’associaa cette politique fédérale«moyenne» entre les partis extrêmes, inaugurée par Rossi et Rigaud et constamment suivie par ce dernier. « lei, écrivait de Lucerne Rossi en 1839, les affaires vont bien. Nous avons abordé avant-hier la grande question du pacte. Il y a dix fois plus de modération et d'accord que je n’attendais. Hier on a nommé la com- mission. Genève a été le premier des cantons français nommés. En général notre position en diète est bonne. Nous sommes parfaitement de bonne foi. Les autres sont également convaineus que si nous voulons le progrès, nous sommes frés-décidés à ne pas vouloir de boulever- sement. C'est là la position que j’ambitionnais pour Ge- nève, Cela peut contribuer à sauver la Suisse. En tout cas, quelle que soit l’opinion exagérée qui la perde, Ge- nève aurait au moins la triste consolation de pouvoir dire : Je n’y suis pour rien. Mais j'espère de plus en plus. I faut que les libéraux l'emportent sur les radi- caux. Tout est là. Alors les retardataires se rallieront immédiatement. » Ainsi que nous l'avons dit, l'espoir de Rossi ne devait pas se réaliser. Le radicalisme était déjà trop menaçant pour que la transaction, qui est une œuvre de paix, püût se faire. Avec les allures violentes par lesquelles il se ma- nifestait de temps à autre, comme sous les dehors modérés qu'en certains cantons il affectait, le radicalisme exerçait sur les Conseils de la Confédération une trop grande influence‘, pour que les cantons qui redoutaient cette 1 Ainsi, dans l’affaire de Bâle où la Confédération ne donna pas au gouvernement de Bâle l’appui qu’elle lui devait, d’après les prescriptions formelles du Pacte. NOTICE BIOGRAPHIQUE. | 141 influence consentissent au moindre compromis par lequel elle eût été accrue. Voici du reste ce qu'en 1836, se trouvant à Zurich, de la Rive écrivait à M. Prevost-Martin : « J'ai longuement causé avec le bourgmestre Hess, qui me parait un homme d'esprit. Il ne comprend rien au sote de Genève sur le conclusum' et son étonnement est partagé par tous les hommes que j'ai vus à Zurich, à quelque opinion qu'ils appartiennent, sauf les extrêmes radicaux. Ainsi c’est dans les rangs de ceux-ci que, mo- mentanément au moins, nous nous sommes placés... Quant à moi, je suis très-heureux de ne m'être pas trouvé à Genève en ce moment, car je ne sais comment j'aurais voté. Il résulte pour moi, de sources authenti- ques, qu'il y à eu de la part des gouvernements de Berne, de Zurich, d'Argovie, de Soleure, ete., une insigne mau- vaise foi ou une incroyable faiblesse; les choses ont été bien plus loin de la part des réfugiés qu'on ne l’a dit et mêmé qu'on ne l'a cru; les gouvernements ont laissé faire; ils ont quelquefois feint de sévir pour en réalité ne rien faire. Je tiens ces détails de personnes bien in- formées parmi lesquelles X, juge d'instruction qui a vu les choses de près... Aussi après avoir passé par une phase très-longue de patriotisme indigné, je crois qu’à Genève j'aurais actuellement défendu le conclusum de la ! Le 5 août 1836, M. de Montebello, ministre français en Suisse, avait remis à M. l’avoyer Tscharner une lettre menaçante de M. Thiers, réclamant des mesures contre les réfugiés politiques. A la suite de cette Note, qu’appuyaient les ministres des autres puis- sances, la Diète fédérale avait adopté, sous réserve de la ratification par les Cantons, un arrêté prescrivant l’expulsion immédiate des étrangers qui auraient abusé du droit d’asile. — Le canton de Ge- nève vota contre ce conclusumm. ar RE DE / 149 AUGUSTE DE LA RIVE. diète... Quant aux notes Montebello, elles étaient in- sultantes et indignes pour la Suisse. Je comprends et je partage l'indignation qu'elles ont excitée. Mais il en fai- lait faire, autant que possible, abstraction dans lexa- men du conclusum et dans la satisfaction à donner à de justes réclamations, puis, après avoir fait ce qu'on de- vait faire, on se serait occupé des notes. Ou plutôt, ce qui eût été de beaucoup le mieux de la part de la diète, on aurait répondu avec dignité et sans emportement aux notes, après quoi on se serait occupé des conclusa, concordats, etc. « Je me résume, cher ami, et je conclus que la politi- que suisse est devenue profondément attristante, que les hommes qui sont à la tête des affaires (je parle de ceux qui mènent les quatre ou cinq grands cantons), sont sans moralité politique, sans vraie dignité et méritent les épithètes dont Rossi les gratifie si libéralement, qu'il n'y a aucune chance de retour au pouvoir des anciens aristocrates, que même Dieu le Père, ainsi que me le disait M. de Muralt, ne pourrait pas les ramener, que par conséquent les autres resteront et que cela est fort triste. » En 1838, le Gouvernement français réclama du Gouvernement suisse l'expulsion du territoire de la Con- fédération, du prince Louis-Napoléon Bonaparte qui, après un court séjour en Amérique, où, à la suite de l’é- chauffourée de Strasbourg, il avait pris l’engagement de se fixer définitivement, était venu habiter le canton de Thur- govie, dans une des communes duquel il possédait le droit de bourgeoisie. En fait, le prince s'était ouvertement, par ses proclamations et par ses actes, posé en prétendant au NOTICE BIOGRAPHIQUE. 143 trône de France, En droit le Gouvernement français était donc, semble-t-il, fondé à exiger de la Suisse, l’éloigne- ment d'un conspirateur patent et dangereux; seulement ayant tenu le prince sous les verroux et ayant Jugé bon de le relâcher, il avait mauvaise grâce à vouloir rendre la Suisse responsable des conséquences de sa propre longa- nimité. D'ailleurs les termes dans lesquels était conçue la réclamation de la France n'étaient pas de nature à ame- ner l'opinion en Suisse à y accéder. Néanmoins, et avec presque tous les conservateurs de cette époque, nous pen- sons que la Suisse n’eut point compromis sa dignité ni rien abandonné de sa position de nation indépendante en obtempérant à une requête que justifiait l'attitude publi- que de celui qui l'avait provoquée. Tel ne fut pas le senti- ment du parti radical : une république s’abaisserait-elle jusqu’à être le gendarme d’une monarchie? La Suisse se divisa en deux camps et, à Genève, de la Rive se sépara du gros du parti conservateur pour ap- puyer de sa parole la proposition qui en définitive l'em- porta, de répondre par un refus à la demande du Gouver- nement français. Il fut le rapporteur de la Commission du Conseil représentatif en cette affaire, et par conséquent le représentant attitré et le défenseur de l'opinion qui était celle du parti qu'il passait sa vie à combattre. Il fut, croyons-nous, conduit à prendre ainsi une at- titude peu conforme à ses propres vues, par quelques-unes de ces « raisons de sentiment » qui avaient tant d'in- fluence sur lui. Tout d'abord il éprouvait à l'endroit du Gouvernement français une défiance mêlée de rancune. Du haut de la tribune, un des principaux représentants du gouvernement issu de la Révolution de Juillet, avait dit : « Les révolutions en Suisse se sont faites pour nous et par 124 AUGUSTE DE LA RIVE. nous.» De la Rive, qui déplorait ces révolutions, n'avait pu que ressentir une vive irritation contre ceux qui s’en pro- clamaient les auteurs. Puis, par ses notes diplomatiques en 1836, le Gouvernement français s'était, dans un langage hautain et méprisant, plaint des conséquences inévitables de ces mêmes révolutions qu'il s'était, avec une si superbe arrogance, vanté d’avoir faites. Personnellement, le rot Louis-Philippe était animé, vis-à-vis de la Suisse, des sen- timents amicaux naturels chez un prince français à l'égard de l’alliée séculaire et toujours fidèle de la monarchie de France. Mais il était servi par des ministres pour qui la Suisse était, tour à tour, et parfois dans le même temps, un sujet de crainte et un objet de dédain. De son côté Ja Suisse était prompte à voir, dans les procédés dont les hommes d'État français usaient envers elle, l'empreinte des dispositions hostiles ou impérieuses qu'avec quelque raison elle leur attribuait. Si la demande d'expulsion du prince Louis avait été adressée à la Suisse par le Gouver- nement de la Restauration, l'opinion, pensons-nous, ne s’en fût point autant émue, et de la Rive, en particulier, eût incliné à accorder aux représentations courtoises d’un ami sincère de son pays, ce qu'il refusait aux injonctions comminatoires d’un voisin peu bienveillant. D'autre part Rigaud s'était déjà, au sein de la diète, prononcé contre toute concession aux exigences du gou- vernement français, et de la Rive se regardait comme tenu de ne pas abandonner, à l’heure des difficultés, le magis- trait qu'il respectait et qu'il aimait. Enfin il avait, en toute question qui s’imposait à son examen, une inchination naturelle à en envisager le côté moral, c’est-à-dire à la considérer dans sa relation avec l'état général des esprits, dans ses conséquences sur leur NOTICE BIOGRAPHIQUE. 145 marche. Il estimait que même sous ce qu'il avait d’exa- géré, c'était un sentiment honorable entre tous, profond et vrai que ce patriotisme trop sensible à l’outrage pour se soucier d'en peser froidement les causes. Il partageait la passion dont il se faisait un des interprètes. Ainsi une antipathie de vieille date, un attachement personnel, un entraînement instincüf, tels furent les mo- biles auxquels de la Rive obéit quand il soutint une poli- tique peu d'accord avec les principes qui, à l'ordinaire, inspiraient ses opinions et déterminaient sa conduite. Par là, en contribuant à assurer, sur üne question seulement, il est vrai, mais sur une question qui avait surexcité les esprits, le triomphe de ses constants adversaires, il contri- bua à leur donner ce que toute victoire donne au vain- queur : le prestige, l’élan, la force. La tempête fut détour- née par le départ volontaire du prince Louis-Napoléon. Le parti radical recueillit, en popularité et en autorité, les bénéfices d’une politique qui avait eu la fortune inespérée de flatter l’orgueil sans compromettre les intérêts de la na- tion. Ce parti se livra aussitôt aux manifestations décla- matoires qui sont dans sa manière; il célébra la défaite qu'il avait infligée aux timides, aux mauvais citoyens, c’est- à-dire aux conservateurs; il fit voter à grand bruit et col- porter en grande pompe par ses adhérents, des adresses de congratulation mutuelle entre cantons, et ce fut, après avoir ainsi préparé le terrain, qu’il souleva la question des « couvents d’Argovie, » question destinée à être, pour le parti conservateur, à Genève aussi bien que dans le reste de la Suisse, le commencement de la fin. Cette question, dans le détail de laquelle nous n’en- trerons pas, offrait à ceux qui la voulaient exploiter, l'im- mense avantage d'introduire, dans la politique, la passion ARCHIVES, {. LX. — Septembre 1877. 10 146 AUGUSTE DE LA RIVE. religieuse qui, de tous les leviers d’agitation, est le plus puissant et le plus grossier, puisque les effets en sont en proportion inverse de la délicatesse avec laquelle il est manié. Entretenant, surexcitant et envenimant ces divi- sions que l'homme d'État à pour mission difficile de con- tenir et de calmer, la passion religieuse devient un instru- ment de domination qui est à la portée des ambitions les plus vulvaires et les moins justifiées. La solution que reçut la question des couvents d’Argo- vie, constitua, au détriment des catholiques, une infrac- tion à l’une des clauses formelles du Pacte. L’appel des Jésuites à Lucerne fut la riposte des catholiques, riposte qui d’ailleurs se distinguait de l'attaque en ce qu'elle n'avait rien qui ne fût conforme au texte et à l’esprit du Pacte, mais que néanmoins une prudence patriotique eût retenue, si la prudence et le patriotisme pouvaient encore avoir voix au chapitre, quand une fois la guerre religieuse est déchaînée dans les esprits. Bientôt ce ne fut plus dans les esprits seulement que la guerre se fit. À l'appel des Jésuites à Lucerne, les cantons radicaux répliquèrent par ces tristes expéditions de corps franes dont la défaite vint constituer un grief de plus à la charge des gouverne- ments qui l'avaient infligée. Ainsi brutalement attaqués dans leur sécurité et dans leur existence même par leurs confédérés, ne trouvant, dans les pouvoirs fédéraux incer- tains ou intimidés, ni garantie réelle, ni protection efficace contre le retour des entreprises auxquelles ils avaient été en butte, les cantons menacés formèrent entre eux une ligue défensive. Cette ligue n’était pas conforme à la lettre du Pacte pour lequel on vit tout aussitôt se prendre d'un respect extraordinaire ceux qui n'avaient cessé d’en violer les stipulations les plus sacrées. Les » 147 radicaux réclamérent la dissolution immédiate de ce Son- derbund que, par les violences déjà accomplies et par celles qu'ouvertement ils préparaient, ils avaient légitimé. Dès lors la force avait seule la parole. Elle se fut, au besoin, croyons-nous, passée de l'apparence même du droit. Néanmoins il lui convenait d'associer la loi à ses desseins et d'obtenir que la diète prononcçât la dissolution du Sonderbund. Te! fat le résultat, et telle fat aussi la cause directe et principale de la révolution qui eut lieu à Genève au mois d'octobre 4846, révolution qui assura au parti radical la majorité dans le sein de la diète. Durant le cours de ees événements dont nous venons de tracer le résumé succinet et qui marquèrent une des phases les plus tourmentées et les plus critiques de lhis- toire de la Suisse, la position des conservateurs protes- tants fut singulièrement difficile". Ayant à compter avec les sentiments de leurs coreligionnaires, ils ne pouvaient poursuivre la lutie contre le radicalisme avec quelque es- pérance de succès qu'en se maintenant scrupuleusement sur le terrain du droit. Or ce terrain changeait incessam- ment de conformation et d'aspect. Dans la question des NOTICE BIOGRAPHIQUE. 1 En 1845, se trouvant de passage à Rome, de la Rive eut, sur les affaires de la Suisse et de Genève, un long entretien avec Rossi, alors ambassadeur de France auprès du Saint-Siége. « Il faut abso- « lument, dit Rossi, que Lucerne fasse une concession sur la ques- « tion des Jésuites, sinon votre position à Genève sera intenable. » — En effet, de la Rive à Genève, M. de Fayarger à Neuchâtel et quelques-uns des principaux chefs conservateurs se croyaient fondés à espérer qu’une fois ayant obtenu gain de cause sur le principe, Lucerne ferait une concession de fait dans l’intérêt bien entendu de la cause conservatrice. Malheureusement le canton de Lucerne avait à sa tête M. Siegwart-Müller, un homme de talent, mais de l’école radicale, à laquelle il avait d’abord appartenu, ayant gardé l’esprit absolu et l’aversion pour tout compromis. 148 AUGUSTE DE LA RIVE. couvents d’Argovie, c'était l'autorité du Pacte fédéral que les conservateurs maintenaient contre les prétentions de la souveraineté cantonale. Dans la question des Jésuites, c'était la souveraineté cantonale qu'ils défendaient contre les empiétements de la Confédération. Dans la question du Sonderbund, c'était, en dehors de la loi écrite, qu'ils avaient à protéger à la fois les cantons et la Confédération contre l’abandon des principes sur lesquels, à leurs yeux, toute société humaine est fondée. À chaque nouveau dé- bat, ils semblaient donc, aux esprits superficiels ou pré- venus, être contraints de réfuter les arguments par les- quels ils avaient précédemment combattu leurs adversaires. De là résultait que l'opinion inclinait peu à peu à accorder à ceux-ci ce monopole de la logique et de la bonne foi qu'ils ne se faisaient pas faute de revendiquer. Les radi- caux avaient d’ailleurs, sur les conservateurs, l'avantage que l'attaque, en politique comme en guerre, a sur la dé- fensive. Il est enfin incontestable que le parti qui visait à resserrer le lien fédéral, poursuivait un but auquel tendait la grande majorité de la nation, et qu'il était le représen- tant de besoins réels, l'interprète de désirs, dans une large mesure, légitimes. On sait maintenant, dans quelles circonstances géné- rales, et l’on comprend dans quel esprit de la Rive diri- gea, à Genève, le parti conservateur ou plutôt marcha avec lui: car il fut un chef et non point un maitre. S'il stimulait les tièdes, éperonnait les trainards, ramenait les récalcitrants, il n'avait garde d'imposer à ses amis politi- ques, par des coups d'autorité, des résolutions prises en dehors de leur concours. Son attitude fut souvent témé- raire, mais toujours correcte. Le premier, il pratiquait la discipline qu'il exigeait des autres et, plus d’une fois, il a Va LT MIE AN EE" 4 ES Ÿ a mn NOTICE BIOGRAPHIQUE. 4149 encouru et accepté la responsabilité de mesures qu'il avait, dans le secret des délibérations préparatoires, combattues comme inopportunes et malavisées. Nous avons, pour la clarté du sujet, anticipé sur les événements, dans le récit sommaire que nous en avons fait. Mais la politique fédérale n’a, dans l’époque de la carrière de de la Rive à laquelle nous nous arrêtons, joué un rôle que par sa connexité fort étroite, il est vrai, avec la politique cantonale. Nous revenons donc à celle-ci. Le 22 novembre 1841, le Conseil représentatif, sous la pression d’une sédition populaire, décréta la convoca- tion immédiate d’une assemblée constituante élue par le suffrage universel. Cette révolution avait été précédée d’une agitation prolongée et qui témoignait d’un dissen- timent croissant entre les pouvoirs publies et une fraction notable de la population. Chez nombre de protestants ré- gnait, depuis quelques années surtout, une sourde défiance à l'endroit de ce qu'ils appelaient les tendances catholi- ques du gouvernement. En 1837, à la suite d’un arrèté par lequel le Conseil d'État interdisait la célébration d'une vieille fête religieuse protestante, le Jeûne genevois, la défiance s'était transformée en une irritation rendue plus vive encore par le fait que, pour n’avoir pas voulu se con- former à cet arrêté, un des pasteurs les plus populaires avait été suspendu de ses fonctions. Des lors il sembla y avoir antagonisme entre les intérêts et les idées de Ja ville de Genève essentiellement protestante, et les idées et les in- térêts des campagnes en majorité catholiques. L'opposition libérale abandonna la direction que lui avaient imprimée ses premiers chefs, Dumont, Pictet-Diodati, Sismondi et d’autres encore, sous le commandement de qui elle avait, 190 AUGUSTE DE LA RIVE. (2) bien qu'à l'état de minorité, fait peu à peu triompher dans le Conseil représentatif la plupart de ses vues. Elle se constitua le défenseur de la nationalité genevoise menacée et le représentant de la cité dans laquelle était incarnée cette nationalité. Elie se renforca ainsi de ladhésion ou- verte ou de la complicité tacite d’un grand nombre de ei- toyens qui, en vertu même des sentiments auxquels il était fait appel, appartenaient au parti conservateur. De leur côté, les radicaux, qui pour nn temps avaient perdu tout crédit, se relormaient et venaient modestement noyer leur petit peloton dans le gros bataillon des libéraux. De l'union des éléments si divers et, en leurs visées, si contraires, dont était faite l'opposition, surgit une association politi- que connue sous le nom d’Aksociation du 3 mars, nom emprunté à la date où, en 8#£, elle s'était définitivement constituée. Cette association, en majorité composée d'hom- mes modérés, ne réclamait que des réformes; mais gagnée peu à peu elle-même par l'agitation qu'elle provoquait, emportée par l'émotion que soulevait, en ce moment-là, l'affaire des couvents d’Arsovie, entraînée enfin par ces radicaux que, pour les neutraliser, elle avait admis dans son sein, ce fut une révolution qu’elle obtint. Voyant la sécurité matérielle menacée par l'agitation populaire, le Conseil d'État prit l'initiative d’un projet de loi qui, entre autres concessions à cette agitation, consa- crait l'abolition du cens électoral. Faite en un tel moment, une telle proposition était un acte de faiblesse, dont la conséquence fut d'enhardir l'adversaire qu'elle avait pour objet de désarmer. On lui donnait une loi, il réclama une constitution. Le parti conservateur était pourtant encore très-puissant, S'il ne disposait pas de la majorité dans la ville, il y formait une minorité imposante, et il avait pour NOTICE BIOGRAPHIQUE. 151 lui l'opinion à peu près unanime de la population des campagnes. Mais le souvernement ne sut pas, ou ne vou- lut pas se servir des moyens de résistance qu'il avait entre les mains. Cette faiblesse était, chez les hommes, indivi- duellement pleins de courage, qui y cédérent, la consé- quence naturelle des habitudes prises pendant vingt-cinq années de paix intérieure. Ne recevant pas du pouvoir exécutif l'impulsion énergique qu'il en attendait, assailli d'avis timides ou intéressés, le Conseil représentatif ac- corda la constitution et accomplit ainsi la révolution par la crainte même qu'il en avait. De la Rive, dans cette circonstance, fit partie de la minorité. Il repoussa absolument le principe de la refonte totale des institutions qu'impliquait une constituante, et en même temps il tenta de détourner le coup que portait à ces institutions le projet du Conseil d'État. Il admit la né- cessité d’une réforme électorale, mais proposa que la dis- eussion relative à l'étendue et à la nature de cette réforme fût renvoyée à un jour fltérieur, où elle pourrait se pro- duire en toute liberté et non plus sous une pression exté- rieure qui la rendait impossible ou illusoire. « Une Con- stituante, dit-il en terminant, nous ferait rompre avec le passé et jeter en quelque sorte un verdiet de condam- nation sur tout ce qui a eu lieu précédemment... Ou- blierons-nous que cette constitution (celle de 181%) se rattache à une époque où ceux qui la préparèrent nous valurent notre indépendance. Ces hommes ont pu se tromper, mais ils étaient prêts lorsque l'heure de l'indé- pendance sonna pour nous, ce sont eux qui nous aidè- rent à la recouvrer, ce sont des imprudents qui ont res- tauré leur patrie, imprudents qui risquaient les uns leur vie, les autres leur fortune, tous leur avenir...... 152 AUGUSTE DÉ LA RIVE. Ne nous laissons pas aller à une impression momenta- née... Le Conseil d'État nous propose d'avancer la ses- sion ordinaire, je propose au contraire de l’ajourner et cela dans le but que je viens d'indiquer. » Si de la Rive fut seul à soutenir, de la parole, sa pro- position, ce n’était point qu'il manquât d'amis aussi ré- solus que lui et prêts à le seconder dans cette suprême tentative pour sauver les institutions du naufrage qui al- lait les engloutir. Mais l'heure n’était pas aux discours. À l'unique exception de de la Rive, tous les orateurs, en quelques mots rapides, sollicitaient de l'Assemblée une solution immédiate et décisive. La voix la plus éloquente eût été moins persuasive que ne l'était la voix de l’émeute battant les portes de l'hôtel de ville où siégeait le Conseil. La Constituante fut votée. Ainsi était violemment rompue la chaîne qui, à travers tant de transformations succes- sives, avait, jusque-là, continué de relier les traditions du passé aux aspirations des temps nouveaux. Ce fut à partir de la révolutfon du 22 novembre et pendant les cinq années qui la séparèrent de l’autre ré- volution qui devait en être la conséquence, que de la Rive prit la direction du parti conservateur ou, pour mieux dire, devint et demeura le représentant le plus actif, le plus influent, le plus en vue, des principes et des passions de ce parti. Dès une des premières séances de cette as- semblée constituante, à la convocation de laquelle il s'était en vain opposé et où il avait été appelé à siéger : « J'ai besoin, dit-il, d'accepter un reproche qui, pour moi, est un éloge, celui d’avoir paru trop préoccupé .du rôle de l’ancien Conseil d'État. Je ne pense pas que reviser une Constitution (car tel est notre mandat), veuille dire la bouleverser de fond en comble. Reviser n'empêche NOTICE BIOGRAPHIQUE. 153 pas de conserver tout ce qui est bon, tout ce qui est utile et je pense que toutes les fois que nous pourrons concilier les intérêts nouveaux avec les formes anciennes, nous devrons le faire... « …… Je ne veux point énumérer ici tous les grands développements qui sont dus à l'influence directe ou indirecte de nos magistrats que les Conseils ont appuyés en tout temps; je n'insisterai que sur un point, sur l'esprit de respect qui régna toujours pour toutes les libertés, liberté de conscience, de culte, de commerce. Ces heureux résultats, nous les avons dus à l'intelligence dévouée de nos Conseils. Il existe maintenant parmi nous deux opinions bien tranchées : la première, l'opi- nion conservatrice croit que l'ancienne route était la meilleure, elle voudrait qu'on continuât à la suivre, sans négliger les améliorations devenues nécessaires : l'autre opinion veut un changement de route complet, une transformation totale du pays. » De la Rive n’était pas un doctrinaire, bien qu'il arri- vât souvent, mais par d’autres chemins, aux mêmes con- elusions que l’école d’honnèêteté politique dont nous rap- pelons la dénomination impopulaire. S'il avait été d’une école, il eût été, croyons-nous, de celle-là ; mais il n’était d'aucune école. Assurément il avait, pour certaines for- mes de gouvernement et, dans ces formes pour certaines institutions, une prédilection fondée sur ce qu'il les con- sidérait comme les plus favorables au développement ré- gulier et à l’utile emploi de toutes les forces diverses dont l'action est à la fois la vie et la santé d’un État. Mais il n'attribuait pas à ces formes ni à ces institutions, une vertu dont elles eussent le monopole exclusif, ni même qui leur fût propre et inhérente à ce point qu'elles ne pussent 154 AUGUSTE DE LA RIVE. la perdre par le fait de quelques accident politique. Or, à ses yeux, l’ancien ordre de choses qu'il aimait, avait perdu toute vertu, le jour où il avait été renversé. Ce jour-là il était mort, et lerelever eût été relever un corps d’où l’àme était partie. Son attachement au régime sous lequel Ge- nève avait été honorée et prospère ne l'avait jamais rendu aveugle aux défectuosités de ce régime, ni hostile ou seulement indifférent aux réformes, dont il était plus d’une qu'il avait, au contraire, contribué à opérer. Mais il estimait que l’ancienne Constitution, quelques iransformations qu’elle eût subies, quelques transforma- tions qu'elle fût encore incessamment appelée à subir, était bonne et devait être, en dépit de ses imperfections, maintenue à tout prix, parce qu'elle était ancienne. Il croyait à cet être moral qu'on appelle une nation et, en ce qui concernait son pays, Il y croyait avec passion. Ï pensait donc qu'une nation qui rompt violemment avec son passé est un être qui se suicide. [l à beau renaitre aussitôt, s'il s’est débarrassé d’un coup de quelques ha- bitudes incommodes, de quelques infirmités qui eussent été lentes à guérir, il a perdu, pour ne le plus recouvrer, ce patrimoine de traditions gardées, de lois respectées, de sentiments et de mœurs, qu'il avait accumulé et qui est la raison d’être et la force d’une nationalité. La ré- volution du 22 novembre avait été aux yeux de de la Rive un malheur irréparable. « Une Constitution, dit Burke, ne doit pas être une maison qu'on bâtit; elle est un arbre qu'on laisse croître. » A Genève l'arbre avait été coupé. Il fallait bien bâtir la maison. De la Rive avait donc accepté, sans arrière-pensée, les conditions d'existence faites à son pays par une révolu- tion qui, ayant eu lieu, inaugurait définitivement un » NOTICE BIOGRAPHIQUE. 155 ordre de choses nouveau. Mais il espérait que cet ordre nouveau ne serait pas absolument incompatible avec quel- que chose au moins de l'esprit qui avait animé et qu'a- vaient entretenu les anciennes institutions. Estimant que Genève avait dû son développement sage et continu, son activité politique et, en grande partie, son lustre à ce que la participation désintéressée des citoyens à la chose pu- blique y était en honneur, il espérait que la loi ferait, dans quelque mesure, au moins, à l'habitude prise de ser- vir gratuitement l'État, la place que cette habitude tenait dans les mœurs. Considérant que, quels quesoient les prin- cipes sur lesquels repose un régime, il est de son intérêt permanent que des influences légitimes y puissent exercer leur action et que toutes les forces vives y trouvent leur emploi, il espérait que la conciliation se ferait entre la démocratie d’une part, et d'autre part les influences pon- dératrices et les forces modératrices qui, la tempérant et la réglant, lui donneraient à la fois plus de stabilité et une plus saine vigueur. Il espérait enfin que le gouvernement du suffrage universel pourrait n'être pas lomnipotence d'un homme, ni l’absolutisme d’une foule. C'est dans l'ensemble de ces espérances qu'il faut chercher le programme de de la Rive, programme vague et incessamment modifié quant aux moyens par lesquels il se réaliserait, mais précis et invariable dans le but qu'il poursuivait. Le parti conservateur manquait d'homogé- néité. On y voyait figurer, à côté d'hommes pour qui le radicalisme était la conséquence logique de la défaite de leurs idées, d’autres hommes aux yeux de quiil ne faisait que ternir et compromettre le triomphe des leurs. Puis si le parti s'était recruté de quelques-uns de ses récents adversaires qui lui apportaient le précieux concours de 156 AUGUSTE DE LA RIVE. leur fougue et de leur parfaite connaissance de l’ennemi désormais commun, il comptait, dans ses propres rangs, des convictions ébranlées, des esprits inquiets, des opi- nions flottantes et troublées, des «modérés » que la crainte de tomber du côté où ils penchaient, faisait tomber du côté où ils ne penchaient pas. C'était enfin une situation périlleuse que celle d’un parti condamné à servir des institutions à l’établissement desquelles 1} avait été hostile, et qui ne pouvait échapper au reproche de re- nier ses convictions que pour se voir soupçonné de défaut de sincérité. Tant de causes de faiblesse amenaient des indécisions, des oscillations qui souvent, surtout dans la période qui suivit immédiatement la révolution, se tra- duisaient en une défaite pour de la Rive. Il fallait, la ba- taille perdue, combiner un autre plan de campagne. A nouveau fait, nouveau conseil. Devenu plus compact et maitre de la position, le parti conservateur eut à lutter contre les difficultés et les dangers, précédemment mention- nés par nous, que lui suscitaient les péripéties de la poli- tique fédérale ; difficultés et dangers qu'aggrava considéra- blement la révolution du canton de Vaud. Ainsi les cir- constances cénérales non plus que les dispositions indi- viduelles ne permettaient de suivre, dans une direction tracée d'avance, des opérations longuement méditées et fermement arrêtées. Il s'agissait, à chaque instant, de pourvoir à l’imprévu. -— « Ce n’est plus le temps, écrivait Tôpfler à de la Rive, des tactiques savantes. » Et plein d’un entrain contagieux, inépuisable en ressour- ces, de la Rive était éminemment propre à un rôle que l'ensemble de la situation eût rendu bien difficile à un homme dont l'intelligence aurait été moins prompte, ou les opinions plus absolues. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 157 Que de la Rive fût un ardent partisan de la résis- tance au radicalisme, cela ne saurait faire aucun doute. « Notre dissentiment, écrivait-1l à un ami, date du lundi 8 novembre. Ce jour-là se sont dessinés deux systèmes, lun qui consistait à laisser aller, l'autre à résister. Le premier a triomphé dans le sein du Conseil d'État; vous voyez où 1l nous à conduits... Maintenant la même di- vergence persiste et m'attriste. » Nous avons déjà in- diqué sur quel terrain et dans quelles vues de la Rive cherchait à organiser cette résistance qu'il jugeait utile et qu'il espérait être efficace; mais si l'esprit qu'il y appor- tait a dû, à l'importance des intérêts en Jeu, à la vivacité d’une lutte qui, de la salle des délibérations, menaçait constamment de se transporter sur la place publique, à la violence et à l'irréconeiabilité des passions soulevées, si, à des circonstances exceptionnelles, cet esprit a dû de paraître, en mainte occasion, ferme et agressif, c'était en réalité un esprit singulièrement politique, délié, mesuré, et modéré. Dans les questions fédérales entre autres, si les conseils de de la Rive eussent prévalu, la politique de Ge- nève, tout en demeurant une politique conservatrice, fût peut-être parvenue à éviter d'avoir les allures cassantes et les dehors un peu provoquants que lui donna la forme sous laquelle elle s’affirma Quelques jours après le 22 novembre, Tôpffer écri- vait à de la Rive : « Je vous presse de vous entendre entre cinq ou six : Sismondi, Duval, Trembley, Achard, Cher- buliez, vous. » Et plus loin : « Je loue fort votre idée de faire un journal. » Ce journal, qui fut fondé sous le nom de Courrier de Geneve, eut une existence brillante, mais éphémère. Il vécut pendant environ deux années, à l'expi- ration desquelles il cessa subitement de paraitre, en con- 158 AUGUSTE DE LA RIVE. séquence d’une émeute qui avait ensanglanté les rues et que, dans son désir d'obtenir une prompte pacification, le Conseil d'État, tout en en couvrant les fauteurs d’une am- nistie, avait qualifiée de « collision entre les citoyens. » Désapprouvant la concession qui avait été faite et plus en- core peut-être les termes dans lesquels elle avait été faite, et ne voulant pas, d'autre part, prendre une attitude hostile à l'égard du Conseil d'État, les rédacteurs du Courrier de Genéve en suspendirent aussitôt la publication. D’ail- leurs, arme de guerre, créé au lendemain de la révolu- tion, destiné à relever les courages abattus, à agir sur les esprits dans un moment de crise constitutionnelle, le jour- nal avait fait son temps, maintenant qu'à la discussion sur les lois fondamentales du pays, devait succéder leur fonctionnement normal et régulier. De la Rive qui, aidé des quelques amis avec qui Tôpffer le pressait de s'entendre, avait fondé le Courrier, y collabora activement ; mais les principaux et plus vigoureux rédacteurs en furent Cherbu- liez qui y déploya un talent de polémiste de premier ordre et Tôpffer qui y épancha sa verve spirituelle et mordante, s'échappant à flots de ses ardentes convictions. L’entente entre les hommes désignés par Tôpffer, en- tente qui dès longtemps existait à l’état d'accord tacite, s'était promptement établie dans un but précis d'action commune. Aussi ce que, dans celles de nos remarques pré- cédentes qui n’ont pas un caractère exclusivement per- sonne!, nous avons dit de de la Rive, s'applique-t-1l éga- lement au petit groupe dont il était le centre et en quelque sorte l'âme, et dont il subissait l'influence autant qu'ilen inspirait les résolutions. Chacun, en même temps, trou- vait dans la participation de tous, à ses desseins, ses tra- vaux, ses espérances et ses déceptions, le plus efficace et AIT ge à D db 7 CR IVe. 2 ven sn. PAIN TI 0 Par fe ER DR ER POUVOIRS CM ee RO Ponts +. y RUN + * * CLS er mea FFE î at Fa NOTICE BIOGRAPHIQUE. 159 parfois aussi le plus nécessaire des secours contre le dé- couragement ou la lassitude. Quelle que fût d’ailleurs l’au- torité de ces quelques hommes distingués et courageux qu’unissaient entre eux les liens d’une étroite solidarité, en dehors et à côté d'eux, d’autres hommes. les membres du gouvernement entre autres, exerçaient dans le même sens, mais avec des divergences de détail, une influence égale sinon supérieure à la leur ‘. Pour un moment, le succès parut avoir couronné les efforts de de la Rive et de ses amis. Le parti conserva- teur s'était solidement reformé sur le terrain d’une consti- tution démocratique dont les anciens libéraux se décla- raient pleinement satisfaits. Les élections, par le suffrage universel. avaient donné à ce parti une majorité consi- dérable et résolue. Les institutions nouvelles fonction- naient sans secousse. La paix enfin semblait, jusqu'à un certain point, s'être faite dans les esprits. Mais cette paix n’était qu'une courte trêve. Avec la question des Jésuites, le combat reprit, plus âcre, plus personnel, plus acharné, jusqu'à ce que, à l’occasion de la question du Sonder- bund, le 7 octobre 1846, il se termina violemment par la révolution, laquelle livra définitivement la République au parti qui, depuis cinq années déjà, pouvait en reven- diquer les institutions. Au lendemain de la révolution, de la Rive se démit ! « J'ai défendu la politique que je croyais et que je crois encore être la meilleure, parce qu’elle est fondée sur le respect pour la légalité, pour la justice et le bon droit, seule garantie des faibles contre les forts et seule base solide de la moralité publique. J’ai été du nombre de ceux qui ont le plus constamment appuyé, de leur parole et de leur vote, un gouvernement qui pratiquait la politique que je viens de rappeler, avec un talent, un courage et un dévouement auxquels je suis heureux d’avoir l’occasion de rerdre hommage. » (Auguste de la Rive. Lettre de démission de ses fonc- tions dans l’Académie. Décembre 1846.) 169 AUGUSTE DE LA RIVE. de toutes ses fonctions publiques et, en première ligne, de sa charge de professeur. [l'estima ne pouvoir servir, même indirectement et dans une sphère étrangère à la politique, un gouvernement dont il était l'adversaire notoire. C'était, comme on l’a vu, principalement en sa personne que l’Académie avait pris une part active à la guerre entre le conservatisme et le radicalisme et qu’elle en sortait vaincue. Par sa retraite, il prenait souci de sa dignité et, en même temps, il évitait le risque d’être un obstacle aux accom- modements et aux combinaisons dont son bon sens lui démontrait la nécessité, conséquence d’une situation toute nouvelle. Retiré de la scène politique, il suivit d'un regard anxieux et attristé les événements qui modifiaient si pro- fondément sa patrie. Au moment de la guerre du Sonder- bund il se trouvait à Nice, et là il recevait directement de Cavour, de qui les moyens d'information étaient plus sûrs et plus prompts que les siens, les bulletins de la guerre. Ces bulletins étaient invariablement défavorables à la cause qui avait les sympathies de de la Rive, et, par con- séquent, dans l'état des partis en Italie, conformes aux vœux de Cavour. Celui-ci n’a, pensons-nous, pas souvent donné un aussi évident témoignage de la délicatesse de ses sentiments, qu'en ces courtes lettres quotidiennes que nous avons sous les yeux et par lesquelles il communi- quait au parent qu'elles affligeaient, les nouvelles pro- pices à la cause vers laquelle, lui-même, il inchinait. On chercherait en vain, dans ces lettres, une pensée épigram- matique, un mot de triomphe. Cavour, au contraire, mé- nage les sentiments de son ami au point de paraitre presque les partager et il donne à l'expression de ses opinions un tour inoffensif et sympathique. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 161 Quatorze années s’écoulent et, en 1860, nous trouvons de la Rive, représentant à Londres, en qualité d’envoyé ex- traordinaire, la Confédération suisse, cette Suisse nouvelle, issue de la guerre du Sonderbund. Il faut rendre justice à qui de droit. Celui qui écrit ces lignes croit que la cause qui succomba en 1847 était une cause juste. Mais les vain- queurs d'alors avaient, parmi leurs chefs, des hommes d’État, de bons citoyens à la clairvoyance et à l'influence modératrice de qui la Suisse dut de recouvrer, en peu de temps, ce sentiment de l'union et de la solidarité qu'elle semblait avoir à jamais perdu ‘. Quand donc l'annexion de la Savoie à la France provoqua les craintes légitimes et les réclamations fondées de la Suisse, ce fut, sans être infi- dèle à son passé, que de la Rive put se charger d’être auprès du cabinet de St-James, l’interprète officiel de ces craintes et de ces réclamations. Le succès ne couronna pas les efforts de de la Rive. La France était alors trop re- doutée pour que l’Europe se mit en travers de ses des- seins. Les sentiments de sympathie à l'endroit de la Suisse que temoignérent à de la Rive, les représentants à Lon- ! La guerre du Sonderbund dut, aux sentiments personnels du chef qui commandait les troupes fédérales, de ne pas laisser après elle, chez les vaincus, ces ressentiments qui sont la conséquence la plus commune et la plus funeste de toute guerre civile. Quelques années à peine s’étaient écoulées que, dans les cantons catholiques, il était peu de maisons où le portrait du général Dufour ne figurât à la place d'honneur. Mais, la guerre terminée, le gouvernement fédéral s’attacha, par une politique conciliatrice, à pacifier les es- prits et en particulier à rassurer les populations qui avaient été froissées et qui se croyaient menacées dans leurs sentiments reli- gieux. Excepté à l’égard de Fribourg qui demeura, pendant neuf ans, soumis à un régime exceptionnel d’arbitraire, il prit une atti- tude réellement conservatrice et rompit nettement, soit à l’intérieur soit à l’extérieur, avec le radicalisme autoritaire et révolutionnaire. ARCHIVES, t. LX. — Septembre 1877. 11 : 162 AUGUSTE DE LA RIVE. dres des principales puissances étrangères aussi bien que la plupart des hommes publics anglais, ne se traduisirent done pas en actes décisifs. Toutefois, si l'appui que le ca- binet britannique prêta aux revendications de la Suisse, fut surtout un appui moral, il se manifesta néanmoins par des démarches positives, dont l'insuccès constitua un échec pour la politique anglaise et altéra irréparablement les rapports amicaux et intimes qui, jusque-là, avaient sub- sisté entre le gouvernement de l’empereur Napoléon IT et le chef du gouvernement anglais, lord Palmerston. Ce que la Suisse, soutenue par l'Angleterre, réclamait, était la réunion d’un Congrès européen où la question en litige serait débattue et résolue. Mais tandis que la Suisse enten- dait que la question demeurät ouverte et absolument in- tacte, de façon qu'aucune des solutions qu'elle était susceptible de recevoir ne fût d'avance écartée, le gouver- nement français mettait pour condition de son assenti- ment à la proposition de la Suisse, une reconnaissance préalable et formelle de ses droits de possession sur la Sa- voie. Le Congrès n'eut pas lieu; mais la faute n’en put être imputée ni à la Suisse, dont l'attitude fut également empreinte de la fermeté qui sied à un peuple libre et de la modération qui est la modestie d’une nation faible, ni aux hommes qui eurent l'honneur de la représenter au dehors, dans des circonstances difficiles et critiques que la moindre bévue commise par eux aurait aggravées et ren- dues plus périlleuses encore ‘, ? De la Rive considérait la « Question de Savoie » comme ayant une importance capitale, en première ligne pour la Confédération suisse tout entière, mais aussi et plus immédiatement peut-être pour Genève. Nous pensons donc qu’il eût accepté la mission dont il eut l’honneur d’être chargé, quand bien même cette mission lui aurait été confiée par un gouvernement qu’en toute autre circonstance il NOTICE BIOGRAPHIQUE. 163 Peu de temps après être revenu de Londres à Genève, de la Rive fut appelé, par le suffrage de ses concitoyens, à faire partie d’abord du Grand Conseil, ensuite d'une Assemblée qui avait pour mandat spécial de reviser la Constitution cantonale de 1847. Il rentra ainsi dans la vie publique, ou pour mieux dire, il la traversa pendant deux années environ. Nous avons déjà signalé l'influence qu'exerça sur l’homme d'autrefois le nouveau milieu dans lequel 1l se trouvait. Les vieilles inimitiés étaient éteintes. Des adversaires jadis si violents et si violemment com- battus, un grand nombre étaient pour de la Rive des al- liés et tous lui témoignaient une déférence à laquelle il ne laissait pas d’être fort sensible. Il avait d’ailleurs gardé, dans le train des idées, dans la façon de les exposer et de les soutenir, la vivacité d’allures qui fut, jusqu'à la fin, le trait extérieur caractéristique de son intelligence. IL apporta dans les débats de la nouvelle Assemblée constituante, un esprit conciliant qui ne laissa pas de cau- ser quelque surprise à ceux d’entre ses collègues qui ne le connaissaient que par la réputation que lui avaient valu les anciennes luttes. Au second rang, où il se maintint presque constamment, il coopéra d’ailleurs activement à une œuvre qu'il estimait bonne dans son ensemble et qui lui paraissait offrir de sérieuses garanties aux divers inté- rêts appelés à coexister dans la République. I regretta qu'elle fût rejetée par le vote populaire et qu'en particu- her le gros de la population catholique ne suivit pas, en cette occasion, les conseils de quelques-uns de ses repré- sentants les plus considérés et les plus prévoyants. Bien que de nouveau, et cette fois sans retour, re- se fût refusé à servir. D'ailleurs il trouva un précieux auxiliaire dans son parent et ami, M. Adrien Naville, qui consentit à remplir les fonctions de secrétaire de la Mission. 16% AUGUSTE DE LA RIVE. tiré de la vie publique, de la Rive continua, par l'intérêt actif qu'il leur portait et par les méditations dont il en faisait le sujet, à participer aux affaires de son pays. Dans sa conversation, Comme aussi dans sa correspondance", il donnait tout naturellement à la politique la même place considérable qu'elle tenait dans sa pensée. Il abondait en aperçus lumineux, ses conseils étaient marqués au coin du bon sens; que ceux à qui il communiquait ses vues y fussent favorables ou contraires, l’action qu'il exerçait sur eux était également salutaire. S'il gardait dans le cœur le culte du passé, il n'était pas de ceux dont l'intelligence s’attarde dans une contemplation oisive et stérile. Il fut un des derniers et des meilleurs représen- tants d'une génération vaillante et laborieuse dont les faiblesses, que nous n'avons point dissimulées, sont l’en- vers des qualités viriles qui font la solidité d’une nation. — « Je crois, écrivait-il au lendemain de la révolution de 1846, et j'ai toujours cru qu'on est avant tout ci- toyen, et que même la science et les études doivent céder le pas aux devoirs qu'impose cette qualité de citoyen. » Comme il disait, il a toujours fait. En poli- tique il a été un vaincu. Le régime pour lequel il a tant combattu est mort; c’est à peine si les institutions auxquelles il était attaché survivent encore dans quelques mémoires ; des principes politiques qui lui apparaissaient 1 C’est ainsi qu’à la fin de 1871 il échangea avec Pictet-de la Rive, qui se trouvait alors à Berne en qualité d’un des représen- tants de Genève au Conseil National, plusieurs lettres au sujet de la question qui venait d’être soulevée de la révision de la Constitu- tion fédérale. Nous ajouterons ici que de la Rive avait en Pictet-de la Rive un ami chez qui, avec des opinions sur bien des points diffé- rentes de ses propres opinions, il trouvait un zèle pour la chose publi- que égal au sien, uni à un grand tact politique et, dans les apprécia- tions, à un rare désintéressement de toute considération personnelle. La EP Le TA Cr d ‘ FAR ES 7 f NOTICE BIOGRAPHIQUE. 4165 comme autant d'axiomes, beaucoup ne seraient plus même compris aujourd'hui. Pourtant la population pres- que tout entière de Genève a porté le deuil de de la Rive. Celui qu'elle pleurait, ce n’était pas seulement le savant de qui la renommée rejaillissait en honneur sur elle. L'homme de qui ses compatriotes, sans distinction d’opi- nious, se sont trouvés unis pour considérer la perte comme un malheur, c'était l’homme public, l'homme avant aimé son pays de toute son âme et l'ayant, de toutes ses forces, servi selon ses lumières et sa conscience: l'homme enfin ayant été, avant tout, citoyen. Aux pages qui précèdent et qui, nous l'avons dit, ont été écrites par M. Willam de la Rive, nous voudrions ajouter seulement une remarque, en insistant sur un trait du caractère plutôt que de la vie politique de de la Rive: c’est que quelque rudes qu'aient été les échecs subis par son parti et par lui-même, il n’a jamais désespéré de son pays; chez lui la passion froissée n’a jamais étouffé le vr® patriotisme. Violemment rejeté hors de la sphère active, il n’a cessé d'employer l'autorité morale qui ne pouvait lui être ravie, à lutter contre le mal, à maintenir et développer le bien. Il était optimiste si l’on peut ap- peler optimisme l'espoir et la confiance. Il croyait et espérait que les nobles traditions ne disparaïtraient pas, que le courage et l'énergie ne feraient pas défaut aux générations à venir : il aimait son pays trop profondé- ment pour en douter. Nous n'avons pas rencontré d'homme dont l'influence fut plus vivifiante et le commerce plus encourageant. Per- sonne mieux que lui ne saisissait d’une vue d'ensemble toutes les faces de ce qui fait la vie d’une nation : politi- (66 AUGUSTE DE LA RIVE. que européenne ou locale, religion, économie politique, questions sociales et industrielles, institutions diverses, tendances des opinions, mouvement intellectuel, goûts arustiques, vie du monde, rien n'était laissé en arrière, partout il apportait un utile concours et ravivait le feu sacré. IV n nous occupant principalement jusqu'ici des travaux scientifiques de de la Rive et de Fa carrière politique qu'il a fournie, nous n'avons pas épuisé Ce que nous avons à dire. Entre ces deux côtés saillants de la vie que nous tentons de retracer, il y à eu place pour bien d’autres objets d'activité auxquels nous consacrerons la dernière partie de cette Notice. Ce qui apportera quelque unité dans une esquisse où nous serons forcés de passer sou- vent sans transition d'un sujet à l'autre, c’est précisément le point de vue que nous indiquions tout à l'heure : nous voulons parler de cette faculté de saisir l'importance réla- live des choses, de cet équilibre pondéré des idées, de cette abondante chaleur de sentiments cherchant toutes les issues pour se répandre, qui font que l'on n'est pas seulement un physicien, un politicien où quoi que ce soit, mais bien un homme véritablement supérieur. Nous avons à parler d'abord d’une publication, celle même pour laquelle nous écrivons aujourd'hui, et qui à été de la part de de la Rive l’objet d’un intérêt aussi vif que soutenu. La Bibliothèque universelle de Genève, revue mensuelle qui n’était sous un autre titre que la continuation de la Bibliothèque britannique, avait paru dès son origine en deux » NOTICE BIOGRAPHIQUE. 167 parties séparées, l’une littéraire, l’autre scientifique. Vers 1855 les difficultés inhérentes à une œuvre de cette na- ture menacaient de la faire tomber. De la Rive fut vive- ment frappé du déficit qu'aurait laissé à Genève cette pu- blication, à laquelle jusqu'alors 1l n'avait eu qu'une part relativement secondaire. Il se décida à en prendre l’entre- prise entièrement à sa Charge, comptant, pour la mener à bien, sur l’aide de quelques amis et sur ses relations éten- dues à l'étranger. Le plan de la revue fut notablement mo- difié: les deux parties furent réunies en une seule et, chose à laquelle on ne se serait guère attendu, ce fut l’é- lément scientifique plutôt que l’élément littéraire qui subit des restrictions. Les mémoires trop spéciaux pour pouvoir intéresser la généralité des lecteurs, cessèrent d'être admis dans le corps du journal, mais en revanche, on y adjoignit un bulletin détaillé, contenant des extraits des publications scientifiques de toute provenance. La période de dix années pendant laquelle la Bibliothe- que universelie fut ainsi dirigée par un physicien, à été au point de vue littéraire l’une des plus heureuses de ce re- eueil. Les travaux signés de noms tels que ceux de P. Prevost, Sismondi, Antoine Cherbuliez, Adolphe Pictet, Alphonse de Candolle, sur la philosophie, les sciences so- ciales, la linguistique, la statistique, étaient entremêlés d'articles consacrés à une critique serrée, spirituelle, sou- vent mordante, ainsi qu'à des œuvres d'imagination ap- pelées à faire quelque bruit dans le monde. Parmi ces dernières il suffira de citer les romans de Bungener, et surtout les Nouvelles genevoises de Tüpffer. Dans un do- maine appartenant aux sciences physiques, mais que l'art conserve le privilége de faire valoir, nous ne pouvons ou- blier la série d'articles relatifs aux glaciers, ceux en parti- 168 AUGUSTE DE LA RIVE. culier où M. Desor racontait d’une manière charmante les travaux aussi bien que les aventures d’Agassiz et de ses compagnons de l'Hôtel Neuchâtelois, dans leur hardies expéditions alpestres. La fusion dans les mêmes fascicules d'éléments scien- tifiques et littéraires ne devait pas être de longue durée. D'une part les études physiques et naturelles prenaient de plus en plus cette tendance à la spécialité qui les caracté- rise si fortement aujourd'hui, et bien souvent la Biblio- théque universelle, plutôt que de repousser quelque mémoire important, donnait une entorse au programme dans le- quel elle s'était engagée à n’admettre que ce qui devait intéresser la généralité des lecteurs. D'autre part, de la Rive de jour en jour plus engagé dans ses recherches sur l'électricité et sur la théorie de la pile voltaique, ressentait le besoin d’avoir à lui un organe pour défendre ses opi- nions. Aussi dès 1841, sans changer la forme générale de la Bibliothèque universelle, 1 Y adjoignit une publication supplémentaire sous le nom d’Archives de l'électricité, où il se fit l'éditeur et le critique de tout ce qui concernait la branche de la physique à laquelle il était plus spécialement adonné. Les cinq volumes qui parurent sous ce titre ont dû lui coûter un travail énorme, et pourtant c'était à d’é- poque de sa vie où il fut le plus chargé d’autres occupa- tions, comme expérimentateur, comme professeur, comme homme politique. En 1846 la Bibliothèque universelle subit un nouveau changement : la partie littéraire fut remise à un Comité de rédaction spécial, tandis que pour la partie scientifique, publiée sous le titre d’Archives des sciences physiques et natu- relles, de la Rive s’adjoignit comme collaborateurs, d'abord MM. Marignac et Pictet-de la Rive, puis MM. Al. Gautier, NOTICE BIOGRAPHIQUE. 169 Marcet, Alph. de Candolle, Émile et Philippe Planta- mour, Alph. Favre. Ce comité de rédaction scientifique, sauf l'introduction de quelques nouveaux membres et les pertes profondément regrettables qu'il a subies, subsiste encore aujourd'hui sans changements essentiels dans sa forme. De la Rive, jusqu’à ses derniers jours, lui à con- stamment prêté la coopération la plus active, et dans ces réunions mensuelles, commençant par une séance consa- crée aux intérêts du journal et se terminant par un diner auquel souvent assistait quelque savant étranger, il ap- portait une vie, un feu, une abondance d'idées et d'infor- mations qui comptent au nombre des meilleurs souvenirs de ses collègues. Les relations d’amitiés entretenues ou créées par ce lien intellectuel n’ont pas été sans impor- tance pour le maintien et le développement de la culture des sciences à Genève. Nous avons maintenant à dire quelques mots de la part que de la Rive a prise à plusieurs de ces associations im- dépendantes qui, surtout dans un petit pays, ont une si grande influence sur le mouvement des esprits, et qui ne font pas défaut en Suisse, particulièrement à Genève. La Société de physique et d'histoire naturelle était na- turellement, parmi ces institutions, celle à laquelle 1l était le plus assidu et le plus attaché par ses occupations favo- rites. C’est là, nous l'avons dit, qu'il avait débuté sur la scène scientifique, c'est là que dès lors il donna le plus souvent à ses travaux leur première publicité. Il est inu- tile de dire avec quelle attention il était écouté; mais lui aussi comme il écoutait les autres! comme 1l saisissait l'importance des questions même relatives à des sciences qui semblaient lui devoir être étrangères! comme il met- 170 AUGUSTE DE LA RIVE. tait le doigt sur le point saillant au milieu de ces débats familiers succédant à la lecture d’un mémoire! comme il savait bien, dans une séance un peu vide et languissante, provoquer par un rapport, une question, une demande d’éclaircissement, quelque discussion d'un intérêt général! Les sociétés restreintes, comme le sont celles d'un petit pays, ont plus que sur un grand théâtre, le besoin de se modilier suivant les hommes qui en font partie et suivant les circonstances qui se produisent. De la Rive concevait admirablement ces nécessités de changement, et au mo- ment opportun, il arrivait avec une idée ingénieuse, quel- quefois même trop ingénieuse, mais au fond très-pratique. C’est ainsi qu'il fut le principal auteur du rè:lement ac- tuel de la Société de physique instituant, sous une forme un peu compliquée, une présidence annuelle à laquelle il fut appelé à deux reprises différentes par ses collègues. La Société de physique constitue de fait la section ge- nevoise de la Société helvétique des sciences naturelles, la plus ancienne de ces associations scientifiques nomades qui tiennent chaque année leurs séances dans un lieu dif- férent. Fondée en 1815 à Genève ou plutôt à Mornex, grâce à l'initiative de Henri-Albert Gosse, elle n’a cessé dès lors de poursuivre sa marche prospère et d'établir en- tre les savants des divers cantons de la Suisse des rela- tions fréquentes et amicales. De la Rive s’en fit recevoir de bonne heure, et toutes les fois que cela lui était possi- ble, il se rendait aux sessions annuelles, y apportant un ample tribut de communications. Mais il y était bien moins attiré par le désir de faire connaitre ses propres recherches que par le charme de rencontrer des hommes qu'il aimait et appréciait. C'étaient d'abord Venetz, de Charpentier, Agassiz, les NOTICE BIOGRAPHIQUE. 171 fondateurs de la théorie de l’ancienne extension des gla- ciers. Déjà en 1819, dans un voyage qu'il faisait en Va- lais avec son père, il avait entendu Venetz exposer sur ce sujet les idées que de Charpentier et Agassiz devaient com- mencer par combattre, pour s'en faire ensuite les défen- seurs et les promoteurs de plus en plus hardis. Nous avons vu que lui-même s'occupa de cette grande question, et qu'en 1865 il en fit le sujet principal du discours pro- noncé à l'ouverture de la session de la Société helvétique réunie à Genève. — I faisait un grand cas d’Agassiz dont l'ardeur rappelait celle qui lanimait lui-même, et dont il se rapprochait par les opinions philosophiques et reli- gieuses !. Il était lié par des études communes avec M. Mousson et avec Schœnbein dont la bonhomie pleine de saillies et d'originalité l'amusait au plus haut degré. Il aimait à rencontrer A. Escher de la Linth?, MM. Stu- der, Merian, O. Heer, Desor, s'intéressant à leurs travaux, tout en traitant parfois avec irrévérence la géologie qu'il appelait en plaisantant « la poésie des sciences. » De la Rive fut deux fois Président de la Société helvé- tique des sciences naturelles dans les sessions tenues à l « Je me souviens encore des paroles bienveillantes qu’il (de Candolle) adressa à un jeune étudiant qui était venu assister à la Société (St-Gall, 1830) et lui soumettre ses premiers travaux d’his- toire naturelle. Cet étudiant était Agassiz, et voilà pourquoi je n’ai pas oublié cette entrevue fortuite qui mit en rapport le plus grand naturaliste de cette époque avec celui dont les travaux devaient honorer dignement la patrie des de Saussure, des Haller et des de Candolle.» (Extr. de la Vie de de Candolle, par A. de la Rive.) ? M. O. Heer rapporte qu’à la réunion de la Société helvétique à Bâle, en 1821, Gaspard de la Rive, posant les mains sur les têtes de son fils Auguste et d’Arnold Escher, disait au père de ce der- nier, le célèbre ingénieur qui corrigea les eaux de la Linth : < M. Escher, voilà de la graine de naturalistes ! » (Escher von der Linth, p. 10). 479 AUGUSTE DE LA RIVE. Genève en 1845 et 1865. Ses discours d'ouverture, l’un sur l'histoire de l'électricité, l’autre sur la théorie des glaciers, la réunion de savants étrangers qui s'étaient rendus à son appel, son hospitalité, la vie enfin dont il avait animé ces séances, ont laissé un vif souvenir parmi ceux qui y ont assisté. Son rôle fut le même dans une réunion inofficielle et improvisée, convoquée à (Genève pour recevoir Agassiz qui, fixé en Amérique depuis une dizaine d'années, reve- nait passer quelques semaines en Suisse dans l'été de 1859 et comptait profiter de ce séjour pour assister une fois encore à la session de la Société helvétique annoncée à Lugano, mais que la guerre d'Italie avait fait renvoyer. De la Rive donna beaucoup de son temps à une autre Société d’un caractère moins purement scientifique que celles que nous venons de mentionner : nous voulons par- ler de la Société pour l'avancement des Arts de Genève. Il fut appelé à la présider pendant plusieurs années, charge qui a toujours été considérée comme un honneur, et dans laquelle il avait eu comme prédécesseur H.-B. de Saus- sure, M.-A. Pictet, A.-P. de Candolle. Il était d’ailleurs tout à fait qualifié pour être placé à la tête de cette an- cienne institution qui réunit en un faisceau commun trois branches diverses, l'Agriculture, les Beaux-Arts et l’In- dustrie. En effet, dans la gestion de son domaine de Pre- singe, 1] avait acquis des connaissances étendues en agri- culture. Puis, s'il n’était pas versé lui-même dans les arts du dessin, il en avait le sentiment et l’amour, 1l en goü- tait les jouissances esthétiques. Le salon de l'hôtel qu'il s'était fait construire à Genève, était orné des bustes de Rossi et de Cavour, dus au ciseau de Tenerani et de Vela, NOTICE BIOGRAPHIQUE. 173 ainsi que de tableaux remarquables de l'école genevoise, parmi lesquels le Mont-Rose, une des plus belles et des plus hardies productions de Calame, qui, sur le conseil de Tôpffer. avait tenté de retracer sur cette toile le sauvage spectacle des hautes régions des Alpes, dont jusqu'alors il n'avait peint que les forêts et les vallées. Quant à l'industrie qui, dans ce qu’elle a de plus re- levé, n’est autre chose que l'application des sciences, elle rentrait dans les spécialités de de Ja Rive. Il avait été lui- même l’auteur d'une de ces applications, celle de l’élec- tricité à la dorure des métaux, découverte importante qui, nous l’avons vu plus haut, lui avait valu, de la part de l'Académie de Paris, un prix de 3000 francs. Cette somme, il la remit à la Société des Arts, et la consacra à son tour à la fondation d’un prix quinquennal pour la découverte la plus utile à l'industrie genevoise”. Depuis plus d’un siècle qu'elle subsiste, la Société des Arts, fidèle à sa devise, Artibus promorendis, a eu une srande influence sur le mouvement intellectuel de Genève. Elle se rattachait jadis à l'État et avait un caractère offi- ciel, qu'elle a complétement perdu à la suite de la révo- lution de 1846, sans qu'elle en ait souffert en rien dans sa vitalité malgré les frottements pénibles qui ont caracté- risé l’époque de la transition. La transformation com- mença sous la présidence de de la Rive ; mais de doulou- reuses circonstances l’empêchèrent de conserver cette 1 «,.. La Société des Arts a principalement pour but le dévé- loppement des trois grandes branches entre lesquelles elle se sub- divise, Beaux-Arts, Industrie, Agriculture ; mais n’a-t-elle pas aussi pour objet de rapprocher les uns des autres ceux qui culti- vent ces différentes branches des Arts? Ce rapprochement ne pourrait-il pas se faire d’une manière plus réelle qu’il n’a lieu ac- tuellement? La Société possède quelque fonds dont elle seule a 474 AUGUSTE DE LA PIVE. charge qui passa à M. Alphonse de Candolle: elle ne pou- vait être remise en de meilleures mains au milieu des difficultés de ce moment. Dans le cours de ses travaux, de la Rive avait eu sou- vent à souffrir de ne pas avoir sous la main d'habiles constructeurs d'instruments et d’être obligé de recourir constamment à l'étranger pour les objets dont il avait besoin. De longue date déjà, il avait encouragé les essais de quelques mécaniciens genevois dans cette branche indus- trielle. Bonijol, entre autres, artiste ingénieux et passionné pour la science, avait beaucoup travaillé pour lui, et les appareils électriques qui sortaient de ses mains ont eu quelque réputation. Mais fonder un véritable atelier d'in- struments de précision, exige, à côté d’une forte instruc- tion scientifique, des capitaux de quelque importance pour pourvoir à un outillage coûteux: hors des grands centres, la clientèle est difficile à trouver et les bénéfices plus difficiles encore à réaliser. Il n’y a pas lieu d’être surpris qu'aucun mécanicien n'eût réellement réussi à le droit de disposer: c’est déjà un intérêt commun qui peut en amener d’autres. Le désir que j’éprouve d’en voir augmenter le nombre m’a engagé à prier la Société de vouloir bien accepter la somme de trois mille francs que l’Académie des sciences m’a ac- cordée comme part au prix Monthyon pour la découverte du do- rage électrique. En demandant que les revenus de cette somme fussent consacrés à un prix pour l’auteur de la découverte la plus utile à l’industrie genevoise, j’ai voulu manifester l’intérêt qui m'a toujours animé pour cet élément si important de notre pros- périté nationale, et rappeler que la Société des Arts tout entière en est la plus fidèle comme la plus ancienne protectrice. » (Disc. de de la Rive, prés. de la Soc. des Arts, 11 août 1842.) De la Rive a augmenté la valeur de ce prix par un legs de 2000 francs, donnant ainsi à la Société des Arts et à l’industrie genevoise un témoignage posthume de son intérêt chaleureux. + NOTICE BIOGRAPHIQUE. 475 Genève dans cette direction. De la Rive entreprit de com- bler ce déficit très-sensible dans une ville scientifique, et il ne recula pas devant les sacrifices de temps et d'argent que l’entreprise devait lui coûter. Avec laide pécuniaire de quelques amis, un atelier fut construit à Plainpalais, aux portes de Genève. M. le professeur Thury, qualifié par ses connaissances spéciales et son ardeur scientifique, en prit la direction qu'il abandonna plus tard, sans cesser de s’oc- cuper de l'entreprise, à M. Sehwerd, le fils de l’auteur des recherches sur la diffraction. Des motifs de santé motivè- rent bientôt la retraite de M. Schwerd; l'affaire, d'autre part, prenait une importance croissante; de la Rive ne pouvait guère en supporter à lui seul le poids et la respon- sabilité : 1] la transforma en une Société, qui pendant quelques années marcha péniblement au point de vue fi- nancier, mais qui progressait toujours au point de vue technique. Jusqu'à la fin de sa vie, de la Rive conserva la présidence du Conseil d'administration de cette Société : il eut la satisfaction de voir le succès couronner enfin ses efforts et l’entreprise prendre, sous l'intelligente direction de M. Th. Turrettini, un essor que naguère il eût à peine osé espérer. Îl a ainsi puissamment contribué à doter sa ville natale d’un établissament qui dans presque toutes les branches de la mécanique, de la physique et de l’astrono- mie, peut rivaliser avec les meilleurs ateliers de Paris, Londres ou Berlin. La vie de de la Rive, qui n'avait été qu'une suite de succès jusqu'en 1846, avait bien changé depuis lors. Eloigné des affaires publiques, inquiet de l'avenir de son pays, ayant renoncé à sa position de professeur à lAca- 176 : AUGUSTE DE LA RIVE. démie, il chercha une diversion à ses soucis en faisant un voyage en Angleterre et en se livrant à ses travaux scien- tifiques que d’ailleurs 1l n’avait jamais interrompus. La guerre du Sonderbund vint bientôt lui donner de nou- veaux sujets de tristesse ; il partit pour Nice où il fut at- teint d’une fièvre typhoïde. À peine remis, les événements de 1848 renouvelèrent ses inquiétudes. Son énergie na- turelle reprit encore promptement le dessus : les nombreux travaux qu'il publia en 1848 et 1849, des cours publics et ses voyages à Paris furent les aliments de son acti- vité. Mais une épreuve bien plus cruelle lattendait : il per- dit Me de la Rive. Dans l'été de 1850, un mal subit et imprévu emporta en quelques heures cette femme accom- plie. De la Rive plia sous le coup qui le foudroyait. Sa santé s’altéra profondément, son intelligence même en fut pour un temps voilée. Ainsi l'excès de la douleur en pro- duisit l’allégement, et l’impitoyable réalité se déroba au moins en partie aux regards qui n’en pouvaient supporter la vue. Objet des tendres soins de ses enfants, de son frère, de ses plus fidèles amis et de quelques vieux serviteurs dé- voués, il passa à Valleyres et à Presinge les longs mois du sommeil de sa raison. Puis, peu à peu, cette raison se réveilla, et à peine eut-elle commencé à se débarrasser des langes qui l’enveloppaient, qu’elle ramena à l'effort, au labeur, celui pour qui vivre était synonyme de travail- ler. Il occupa sa convalescence et en hâta les rapides pro- crès en appliquant immédiatement ses forces renaissantes à la rédaction de son Traité d'électricité. D'ailleurs il sortit intact et tout entier de la cruelle maladie qui s'é- tait appesantie sur lui, et ces jours sombres ne laissèrent NOTICE BIOGRAPHIQUE. 177 après eux aucun nuage dans l'intelligence qu’ils avaient obscurcie. Par degrés il s'abandonna au courant des occupations actives, et celle à laquelle 1l se laissa peut-être entrainer le plus volontiers fut un enseignement qu'il avait entrepris. Les changements qui depuis 1846 s'étaient produits à Genève dans l’organisation et le personnel de l'instruc- tion publique, inquiétaient beaucoup de parents et écar- taient bien des élèves des établissements officiels. En con- eurrence avec ces derniers, il se créa entre autres une institution indépendante, connue sous le nom de Gymnase libre et qui comprenait un ensemble complet de cours lit- téraires et scientifiques, dans laquelle les jeunes gens pouvaient pousser leurs études jusqu'au baccalauréat. De la Rive se chargea d'y professer la physique, retrouvant ainsi, Jusqu'à un certain point, une vocation qui lui était chère. Ce goût de l’enseignement n'était pas borné chez lui aux cours classiques destinés aux étudiants; il l’étendait à tous les degrés. De tout temps, il s'était fait le répétiteur zélé de ses enfants et parfois de ses neveux. Les ainés l'ont connu surchargé d'occupations de toute sorte, et prenant sur ses rares loisirs les heures qu'il leur consa- crait. Les cadets ont bénéficié de linactivité relative que lui avaient imposée les événements. Pour les uns et les autres 1l ne s’épargna pas à la peine. Il interrogeait et examinait lui-même ses fils sur les diverses branches de l'instruction qu ils recevaient, corrigeait leurs devoirs ou lisait avec eux quelque livre de Virgile ou quelque chant d'Homère. A ses filles 1l se plaisait à enseigner les notions élémentaires des sciences exactes dont il considérait l'é- ARCHIVES, t. LX. — Septembre 1877. 12 178 AUGUSTE DE LA RIVE. tude comme la meilleure et la plus fortifiante des gymnas- tiques de l'intelligence. Son ami Pascalis, tout professeur de mathématiques qu’il fut, n'était pas de tout point de son avis sur ce su- jet ; il lui écrivait en 1847, à Nice, où de la Rive passait l'hiver : « Le temps que vous passez avec L. me fait beau- coup d’envie. L. est un enfant... Avec ces conditions la carrière d'instituteur est pleine de charmes et je vois bien que vous les ressentez. Néanmoins quelque douces et vives que puissent être à cet égard vos jouissances, j'aimerais encore mieux être ici l'élève que le maitre. Faute d’un cuide, j'ai erré dans ma jeunesse au milieu du dédale des idées, sans jamais discerner leur importance relative. Jai également manqué d’une main vigoureuse qui m’arrêtât sur les principes, qui me forçât à travailler avec méthode, et qui jetàt impitoyablement de côté tous les matériaux de mauvais aloi, entassés confusément à la base de mes connaissances. Enfin je n'ai jamais eu que des maîtres terre à terre, parfaitement insensibles (et je vous en ré- ponds) à la clarté de César, à l'harmonie de Cicéron et à l'élévation de Virgile. Quel immense service vous rendez à L. dans ce moment. Ille sentira plus tard avec autant de délices que j'éprouve aujourd'hui d'amertume pour en avoir été privé dans le temps. « Je crois, ma foi, que vous laissez faire et que peut- être vous faites faire à A. de l’arithmétique raisonnée. Mais, mon bon ami, à bas la raisonnée quand on est jeune et jolie. Je vais plus loin, à bas l’oxygène et l’hydro- gène, même à bas les sciences proprement dites. Qu'une femme profite du printemps pour jeter dans son esprit le germe des connaissances qu'elle cultivera plus tard, à la bonne heure! Pour tout le monde le printemps est la sai- He ! NOTICE BIOGRAPHIQUE. | 179 son où l’on doit semer. Mais, pour Dieu, qu'A. ne sème ni trop épais, ni de grain trop pesant. Ne Jui laissez choi- sir que des semences qui lèvent en été, en automne et en hiver sous la forme de fruits dont les sues vont à l'esprit en passant par le chemin du cœur. » Comme on vient de le voir, au contraire de Pascalis. de la Rive pensait que les femmes doivent recevoir une instruction générale dans laquelle 1] faut accorder une cer- taine part aux sciences. Aussi considérait-1l comme une sorte de devoir pour lui-même de faire, de temps à autre, un cours de physique élémentaire spécialement destiné aux dames”. Le prestige de son nom, sa position sociale, la clarté des démonstrations, le luxe des expériences, attiraient à ces cours un public nombreux, enthousiaste et, disons- le, très-intelligent. Sous une très-grande simplicité dans l'exposition, il dissimulait le travail considérable qu’exige la préparation de leçons de cette nature. Abandonnant le langage de l’école sans qu'on pût lui reprocher de n'être que superficiel, il savait ouvrir les esprits aux idées scien- üfiques et aux notions précises; 1l avait surtout le don de faire admirer les beautés du sujet qu'il traitait, la grandeur et la généralité des théories, comme le génie des hommes auxquels on en doit le développement. En affrontant les fatigues, plus grandes qu’on ne le suppose, que coûtent au professeur les cours de ce genre, de la Rive, indubitablement, avait pour but essentiel d’en- ! En 1826, cours fait en commun avec Gaspard de la Rive ; — en 1839-1840, cours fait en commun avec M. F. Marcet; en 1849- 1850, cours de 26 séances sur la chimie et l’électricité; en 1860- 1861, cours sur la physique et la météorologie. — Le produit de l’un de ces cours a été affecté à l’achat d'instruments pour le ca- binet de physique de l’Académie. 180 AUGUSTE DE LA RIVE. tretenir dans les classes élevées la faveur qu'à Genève on accorde aux sciences. Trop modeste pour en convenir, il devait avoir le sentiment de sa supériorité et comprendre l'influence qu'elle était appelée à exercer. Les lois de la physique, l'explication des phénomènes, les principes exacts seraient peut-être bientôt oubliés de la plupart de ses auditeurs; mais ce qui ne s’effacerait pas, ce qui res- terait de sa parole, c’est un respect sympathique pour cet ordre d'idées inculqué chez ces femmes du monde qui iendraient en honneur les carrières scientifiques et, loin de les considérer avec quelque dédain, comme c’est sou- vent le cas ailleurs, verraient volontiers s’y adonner leurs maris, leurs fils ou leurs gendres. Plus souvent encore il s’est adressé aux industriels et aux ouvriers, dans les cours spéciaux organisés à son in- stigation, par la Classe d'industrie ‘. Les applications de l'électricité aux arts ont formé le sujet qu'il a le plus sou- vent professé dans ces leçons *. Enfin, il s'est plus d’une fois fait entendre tantôt à l’A- thénée dans les séances du mardi que la Société des Arts a fait donner pendant plusieurs années, tantôt à l'Hôtel 1 « L’idée d’instituer des cours spéciaux destinés à expliquer ou à rendre populaires, dans un petit nombre de leçons bien circon- scrites, les découvertes les plus récentes des sciences, à exposer au moyen d’expériences les bases des vérités physiques, riches en applications, utiles aux nécessités de la vie ou de l’état social, est une idée fertile et heureuse qui semble destinée à réussir dans tous les pays civilisés. « La Classe d'industrie de Genève avait adopté cette idée il y à huit ans, sur la proposition de M. le professeur de la Rive... » (Rapport de M. le prof. D. Colladon, président de la Classe d’in- dustrie, 1° août 1850.) ? 13 séances dans l’hiver 1812-1843 ; 15 séances en janvier et février 1849, faites au Musée Rath, etc. (Voir les Rapports de la Classe d'industrie.) » L wi , NOTICE BIOGRAPHIQUE. 181 de Ville dans les cours du soir organisés sous le patro- nage de l'État‘. Ces conférences étaient très-remarqua- bles ; le professeur se mettait à la portée de l'auditoire complétement mélangé qu'il avait devant lui, où plutôt l'élevait à la hauteur des sujets difficiles qu'il ne craignait pas d'aborder et de conséquences relevées et générales toujours exposées de manière à frapper les esprits. Par- fois, sortant du champ de la physique pour empiéter sur celui de la philosophie, il affirmait les convictions spiri- tualistes et religieuses qui étaient les siennes et dont l'é- tude approfondie des sciences ne l'avait point écarté. Mais il faut le dire aussi, s’il jugeait utile de laisser voir ses croyances, 1l pensait que le savant ne doit pas êire guidé dans ses travaux par des idées philosophiques, quelle qu'en soit d’ailleurs la tendance. La recherche impar- tiale de la vérité doit être son but unique, et c’est déjà cesser d'être impartial que de quêter dans le domaine de l'expérience ou de lobservation des preuves à l'appui d'opinions d’un autre ordre, si sincères qu'elles puissent êlre. Sorti de l’Académie dans des circonstances qui, sil n'eût été exempt de ces sortes de petitesses, auraient bien pu changer en un sentiment d'animosité l'intérêt passionné qu'il lui portait naguère, de la Rive ne cessa pas d’attacher une grande importance à tout ce qui se rapportait à l'instruction publique dans son pays. Sans insister sur ce sujet, nous rappellerons qu'en 186%, de ! 1864. Théorie de l’aurore boréale et démonstration de l’appa- reil destiné à reproduire les principaux détails de ce phénomène. — 1866. Les puits artésiens et les sources en général. — 1868. Dé- monstration expérimentale des rapports qui existent entre l’élec- tricité et les autres forces. — 1872. La lumière électrique et celle des éclairs en particulier. 189 AUGUSTE DE LA RIVE. même que trente années plus tôt, il fut appelé comme membre du Grand Conseil à travailler à un projet de loi sur ces questions, et qu'il s’occupa beaucoup aussi, spé- cialement avec M. le prof. Rambert, de la création, dans la Suisse romande, d'établissements fédéraux d'enseigne- ment supérieur. De la Rive avait le goût de l'histoire de Ia science; 1l s'était quelquefois proposé de faire un cours ou un ou- vrage spécial, dans lequelil aurait résumé les progrès suc- cessifs de la physique. S'il n’a pas réalisé son projet, on retrouve cependant dans un grand nombre de ses écrits la trace de cette tendance : la partie historique de son Traité de l'électricité à reçu un large développement, et l'on peut citer, à ce point de vue, plusieurs articles inté- ressants de la Bibliothèque universelle *. Maïs c'est principa- lement dans les nombreuses Notices biographiques dont il a été l’auteur que s'est traduit, ce penchant. Poussé tantôt par un devoir officiel, tantôt par an sentiment cha- leureux d'affection où d'estime, il a retracé d’une manière vive et charmante la carrière de plusieurs des hommes éminents qu'il avait connus *. Ces Notices éparses dans divers recueils et qui mériteraient d'être rassemblées en 1 Esquisse historique des principales découvertes faites dans l'électricité depuis quelques années, Bibl. univ. Sc., 1853, t. LIT, p. 225 et 404. — Appendice à cette esquisse, 1833, LIT, 315. — Coup d’æœil sur l’état actuel de nos connaissances en électricité. Arch , 1841, t. I, p. 1. — Quelques notes sur l’état actuel de . l’étude de l'électricité en Angleterre. Arch. Élect., 1843, t. II, p. 333. — Discours prononcés à la Soc. helv. des Sc. nat., Bibl. univ., 1845, p. 320, et Arch. Sc. phys., 1865, t. XXIV, p. 48. ? Dans la liste des ouvrages de de la Rive, contenue dans l’4p- pendice, on trouvera l’énumération, complète nous l’espérons, de ces biographies. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 183 un même volume, sont d'une lecture attrayante : on y rencontre la facilité du style, abondance des idées, les récits d’un homme qui à beaucoup vu et beaucoup retenu, et surtout cette disposition bienveillante qui adoucit la critique et met en lumière le bon et le beau. Les hommes qui en se vouant aux études scientifiques n’ont d'autre mobile que de se créer une position et d'acquérir quelque renommée, se soucient peu du mérite des autres: leur amour-propre aidant, ils sont avares de témoignages d'une admiration qu'ils concentrent volontiers sur eux-mêmes. Ceux au contraire qui aiment réellement la science, les Arago, les de Candolle, les Dumas, les de la Rive, éprou- vent une jouissance chaque fois que s'étend l'horizon des connaissances humaines, quelles que soient les mains par lesquelles un coin du voile est soulevé; et plus ils sont capables eux-mêmes de concourir à cette œuvre, mieux ils apprécient et savent faire apprécier ceux qui y travaillent avec eux. L'une des plus gracieuses de ces Notices dues à la plume de de la Rive, est celle que lui a dictée son affection pour Mme Marcet, l’auteur des « Conversations sur la chimie, » la mère de son intime ami: mais la plus impor- tante est la Vie de A.-P. de Candolle, la seule qui, publiée d'abord dans la Bibliothèque Universelle, ait été réimprimée en un volume séparé. Elle mérite de nous arrêter quelques moments. Les relations amicales qui, nous l'avons déjà dit, unis- saient de la Rive à de Candolle, avaient pris avec les an- nées un caractère de plus en plus grande intimité, reserrée encore dans un voyage qu'ils firent ensemble pour as- ! A.-P. de Candolle, sa vie et ses travaux. Paris et Genève, 1851, in-18. 184 AUGUSTE DE LA RIVE. sister au Congrès scientifique de Turin, en 1840. De Candolle, déjà atteint de la maladie qui devait l'emporter un an plus tard, sentait sa fin prochaine, et laissant com- prendre son désir que son compagnon devint son biogra- phe, ses entretiens portaient principalement sur sa vie passée. Ce désir ne fut pas stérile: de la Rive accepta la tâche pieuse de F'accomplir. Dans les pages qu'il lui a consacrées, non-seulement il dépeint l’homme supérieur qu'il connaissait si bien, et le savant dont il comprenait les travaux, tout étrangers qu'ils étaient à ses recherches habituelles, mais encore esquissant de main de maître le tableau de la société parisienne ou genevoise, il fait revivre l’époque et le milieu où de Candolle avait vécu. Nous avons dit aussi que de la Rive, dans son admira- tion enthousiaste, semblait avoir pris de Candolle pour modèle et s'être inspiré de l’ardeur du grand botaniste. Aussi entre ces deux carrières abondent les similitudes, en partie créées par les circonstances ou le hasard, mais souvent aussi nées d'un exemple stimulant et d’une in- fluence heureuse. Cela est si vrai qu'en parlant de de la Rive nous aurions pu copier des pages entières emprun- tées à la Vie de de Candolle. On nous permettra quelques citations, et d’abord celle des premières lignes : « L'homme dont je vais raconter la vie doit moins sa célébrité aux découvertes scientifiques auxquelles il a at- taché son nom, qu'à la portée de son esprit et à l'étendue de son intelligence. » Et plus loin : « Au moment où de Candolle entra dans la carrière, l'étude des sciences venait d’éprouver l’une de ces grandes crises périodiques qui signalent de temps à autre leur marche progressive. C'était une circonstance des plus heureuses, pour un jeune homme plein de feu, de TS 7 NOTICE BIOGRAPHIQUE. 185 commencer sa Carrière scientifique à ce moment de frai- cheur et de nouveauté, à cette époque de printemps pour la science... » « Savant, philanthrope, homme du monde, de Can- dolle trouve du temps pour tout; la vie déborde chez lui de toute part... » « Remarquable par sa grande activité et sa prodigieuse mémoire, il avait en outre une promptitude de concep- tion, une clarté dans les idées et une puissance de géné- ralisation que l'activité et la mémoire ne donnent pas, mais auxquelles elles sont indispensables... » « Si j'ai rapporté quelques-uns des traits par lesquels se manifestait le besoin que de Candolle avait de popula- riser et de faire aimer la science, c'est pour mieux faire comprendre comment il put atteindre ce but qu'il avait tellement à cœur. Rien n'était négligé, aucune occasion n'était perdue par lui pour y parvenir : cours publics, conversations, articles dans les revues, création d’insti- tutions, il mettait tout en œuvre. Si donc la science a acquis à Genève un haut degré de popularité qu'elle a conservé longtemps, c’est en grande partie à de Candolle que nous pouvons l’attribuer: je dois cependant recon- naître qu'il trouva un terrain bien préparé, et qu'il fut puissamment secondé par les autres savants genevois... » « Je ne veux rien exagérer : je suis loin d'attribuer à de Candolle toutes les heureuses innovations dont Genève a vu la réalisation. Mais le genre de supériorité qu'on ne peut refuser à de Candolle, ce sont les prodigieuses ressources que son esprit fertile en expédients trouvait toujours pour l'exécution soit des projets dus à lui seul, soit des projets conçus par d’autres : c’est ce talent à sur- monter les diflicultés, à résoudre les objections, à exciter 185 AUGUSTE DE LA RIVE. enfin l'intérêt pour la réalisation d’une idée qu'il esti- mait bonne. Voilà ce que nul autre ne présentait au même degré que lui; voilà pourquoi, quand on avait à cœur la réussite d'un plan, on tenait à l'y associer. » « Je m'arrêterai seulement encore quelques instants sur des morceaux d’un tout autre genre, dont de Can- dolle a enrichi la Bibliothèque universelle à différentes épo- ques : je veux parler des nombreuses notices biographi- ques qu'il y a insérées. Îl avait un talent particulier pour raconter, avec chaleur et en même temps d’une manière aussi exacte que complète, la vie de ceux dont il faisait la biographie. Son style à la fois clair et entraînant, et dont quelques légères négligences ne faisaient que mieux res- sortir le naturel, donnait un grand charme aux articles de ce genre, qui d'ordinaire ne sont remarquables que lorsqu'ils ont pour objet des hommes d’un ordre supé- rieur. Et quand il se trouvait que ceux dont il parlait avaient été ses amis, il laissait percer un sentiment si vrai d’attachement pour eux qu'il entrainait ses lecteurs à les pleurer avec lui. Au reste ce n’est pas dans la Bibliothèque universelle seule qu'il montra ce talent d’intéresser en parlant des autres. Deux fois comme recteur de l'Acadé- mie et quinze fois comme président de la Société des Arts, il fut appelé à faire la biographie des membres que l’Académie ou la Société des Arts avaient perdus pendant l’année. Tantôt c'était de savants éminents ou d'artistes célèbres, tantôt de modestes professeurs ou de simples ar- . tisans qu'il avait à parler; et toujours il savait exiter l’in- térêt aussi bien en décrivant la vie paisible et ignorée des uns, qu'en racontant les succès brillants et les travaux remarquables des autres. » Nous n'avons pas besoin de rien ajouter; les traits de NOTICE BIOGRAPHIQUE. 187 ressemblance entre de Candolle et de la Rive ressortent d'eux-mêmes des citations que nous venons de faire et des pages qui les ont précédées. De la Rive, — et c’est là encore une analogie avec de Candolle, — de la Rive aimait la société et prenait un plaisir extrême à s’entretenir avec les autres sur ce qui l'intéressait et piquait sa euriosité, c'est-à-dire sur tous les sujets. Il goûtait le monde en homme qui S'y repose, n’y consacre que ses loisirs et en fait la récréation d'une vie dont le mobile principal est ailleurs. Aussi y trouvait-il tout ce qu'il y cherchait et n’éprouva-t-il jamais ce besoin de solitude qui s'empare des âmes blessées ou des esprits aigris par le désillusionnement. Il est toujours resté jeune de cœur, alliant une gaieté presque enfantine aux qua- lités sérieuses où brillantes qui lui assuraient partout, à Genève comme ailleurs, un rôle important dans la société qu'il fréquentait. Sa conversation avait une vivacité d’allures, une sin- cérité chaleureuse et, sur quelque sujet qu'elle portât, une justesse, unie à une abondance dans les idées, qui la ren- dait attrayante et entrainante. Il aimait à raconter ses sou- venirs, à eXposer ses vues, à communiquer ses Opinions, et loin de lui déplaire, la contradiction qui le stimulait, rencontrait en lui un auditeur attentif. — Il aimait la conversation des femmes, et dans une réunion comme dans les visites qu'il trouvait le temps de faire, il savait aussi bien aborder avec elles et sans l'ombre de pédan- terie, les sujets profonds et relevés auxquels sa lucidité donnait de l'attrait, que jaser et rire sur les riens du jour. Parfois même une plaisanterie se terminait, de sa part, par des vers gracieux et faciles comme tout ce qui venait de 188 AUGUSTE DE LA RIVE. lui. D'ailleurs il était toujours le premier à avoir lu le der- nier numéro de la Revue des Deux-Mondes ou des Débats, et à dire son mot sur les nouveautés littéraires pour peu qu'elles eussent .de valeur. — Il savait parler, il savait écouter, en un mot, 1l savait causer. Il appartenait à une génération à laquelle le dix-hui- tième siècle avait transmis directement cette passion de la société, qui en fut peut-être le trait caractéristique. Dès son enfance, il avait appris dans la maison de son père à admirer les Dumont, les Pictet, les Châteauvieux, les Bon- stetten, les de Candolle, et tant d’autres causeurs char- mants qui faisaient alors de Genève une des villes d'Eu- rope où le goût du monde était le plus développé et le mieux satisfait. Puis à cette époque les liens de famille, peut-être moins intimes en apparence qu'ils ne le sont aujourd'hui, con- stituaient, en revanche, plus qu'aujourd'hui, des obliga- tions auxquelles nul ne songeait à se soustraire. Les rap- ports qui en résultaient, étaient, avec moins de familia- rité, plus fréquents, plus solides et faisaient partie de la vie quotidienne. De la Rive avait trouvé dans les deux familles de son père et de sa mère des relations naturelles qui embellirent ses premiers années, et furent l’une des grandes joies, comme aussi, à mesure que la mort les rompit, une des grandes tristesses de son existence. Ces deux familles différaient par plus d’un point. L'une, celle des de la Rive, attachée aux traditions du passé, re- présentait l’ancien régime dans ce qu'il avait d’exclusif à l'endroit des opinions, de fermé à l'égard des personnes, et à la fois d’excessif, de convaincu et de vaillant. — L'autre, celle des Boissier, plus ouverte, plus accessible NOTICE BIOGRAPHIQUE. 189 aux idées nouvelles, représentait l'ancien régime récon- cilié avec la société moderne. Avec l’une comme avec l’autre, de la Rive était uni par des rapports qui jusqu'à la fin demeurèrent pour lui chers et sacrés. IT avait un profond attachement pour son oncle et sa tante, M. et Mr de la Rive de Tournes, et une affection fraternelle pour leurs enfants. Il avait gardé une vive impression de son grand-père maternel, M. Boissier, homme du monde, fort répandu, aux traits gracieux et imposants, à l'autorité incontestée, ayant une grande fortune et en usant libéra- lement *. Les deux fils de M. Boissier n'étaient pas séparés de de la Rive, leur neveu, par une si grande différence d’àge qu'il ne s'établit très-vite entre eux la douce habitude d'une affectueuse familiarité. L'un, Henri Boissier n'était pas marié, quand survint sa mort prématurée. Voulant continuer après lui, à faire le bien comme il l'avait fait de son vivant, il destina en particulier une somme considérable à certaines œuvres d'utilité publique et tout spécialement à des améliorations, telles que la construction et l'entretien d'écoles dans les Communes réunies, c’est-à-dire les communes catholiques qui,en 1815, avaient été annexées au canton de Genève. Il aimait ces communes, le caractère naïf qu’elles avaient alors et leurs humbles habitants. Avec la somme dont il disposait, il aurait pu fonder une œuvre grandiose qui eût perpétué son nom: au grandiose il préféra l’utile, et ! De la Rive parlait souvent de l’hospitalité que son grand-père offrait en quelque sorte à tout venant, dans sa maison à la porte de laquelle, moins en guise d’invitation qu’en manière d’avertisse- ment aux hôtes amenés par la fortune du jour d’avoir à être exacts, il avait suspendu un avis portant ces mots : «Ici l’on dîne à deux heures. » 190 AUGUSTE DE LA RIVE. laissa à d’autres le soin de continuer son œuvre, sans vain bruit, sans plan tracé d'avance, mais au fur et à me- sure que l'occasion s'en présenterait. Auguste de la Rive fut au nombre de ceux qu'il désigna pour remplir la tà- che importante et obscure à laquelle sa générosité avait pourvu ; elle fut poursuivie jusqu’à l'épuisement des res- sources qui y étaient consacrées, c’est-à-dire pendant près de vingt ans. De la Rive était également lié avec Auguste Boissier, qui avait épousé Ja fille du célèbre docteur Butini; il ché- rissait son oncle et sa tante, ainsi que leurs enfants M. Edmond Boissier et Mw de Gasparin. Ce fut à Val- leyres, leur demeure, qu'il se rendit tout naturellement à l'heure de l'infortune, lorsqu'il se sentait plier sous le double poids de la tristesse et de la maladie. Il ne craignit point de déranger les habitudes et de troubler cruellement la paix d’un vieillard : il savait quels cœurs abritait le toit hospitalier sous lequel il venait réfugier sa détresse. « De ces cœurs généreux et consolateurs, il en est un qui a cessé de battre bien avant l'heure que le cours naturel de la vie humaine aurait, semble-t-il, dû marquer. Ceux qui n'ont connu du comte de Gasparin que l’homme public, n’ont été que trop souvent appelés à déplorer la dispari- tion prématurée du vaillant champion des nobles causes, de l'intrépide soldat qui ne reculait ni devant l’impopula- rité, ni devant la crainte du dédain qui s'attache aux vaincus. Mais pour ceux qui l'ont vu‘de près, l’homme éminent et vraiment exceptionnel n’était pas le chaleureux écrivain, ni le puissant orateur; c'était le parent, l’ami, ou encore la simple connaissance d’un jour, l’homme enfin qui réunissait en lui, la foi, la tolérance et aux meilleurs dons de l'intelligence, l’ardeur dans le dévoue- NOTICE BIOGRAPHIQUE. 491 ment, la modestie, la bonté. C'était un de ces rares et beaux caractères qui sont l'honneur de l'humanité !. » Il est encore une de ces relations de parenté que nous devons rappeler en quelques mots. Mme Gaspard de la Rive, qui presque en naissant avait été privée de sa mère, avait retrouvé une tendresse et des soins maternels chez sa tante, Me de Sellon, avec le fils et les filles de qui elle se lia ainsi d’une affection de sœur. Une de ces filles épousa le marquis de Cavour et fut la mêre de Camille de Cavour. Telle est l'origine d’une amitié qui tint une si grande place dans la vie que nous racontons ici. De la Rive avait ainsi trouvé dans sa famille les rela- tions les mieux faites pour lui faire apprécier le charme et le prix de l'affection. Il n'eut pas à chercher au loin la satisfaction de ce besoin d'aimer qui était inné en lui, et l'aliment d'une sensibilité à laquelle il dut d’être si heureux et aussi d’être si malheureux lors de ces iné- vitables épreuves que traversent si légèrement les insou- ciants et les égoistes. Nous avons déjà ailleurs signalé les principaux parmi les amis que de la Rive comptait à Genève, en dehors de sa famille. Il en est sans doute plus d’un que nous avons omis de mentionner, sans parler de ceux qui lui survivent et dont à peu d'exceptions près nous n'avons nommé au- cun. Mais de la Rive avait encore en d’autres pays que le sien, de nombreuses relations entre lesquelles quelques- unes s'étaient, peu à peu, transformées en solides ami- tiés *. Bien que n'étant pas dépourvu de euriosité, il se ? Extrait d’une note de M. W. de la Rive. ? Nous ne faisons presque que transcrire ici les notes que M. W. de la Rive nous a remises sur les relations de son père en France et en Angleterre. 192 AUGUSTE DE LA RIVE. sentait attiré vers les gens plus fortement que vers les choses, et ses nombreux et la plupart du temps rapides voyages, en dehors de l'intérêt scientifique qui y tenait toujours une grande place, étaient autant de visites qu'il s’en allait faire à de vieilles connaissances et à d'anciens amis. Chaque fois il revenait avec quelques connaissances et souvent aussi un où deux amis de plus, jusqu'à ce que ce fut avec des amis de moins qu'il revint. La mort avait successivement fermé les plus aimables et les plus aimées de ces maisons où, dès son arrivée à Paris, il retrouvait à la fois le gracieux et cordial accueil fait à un hôte bien- venu, les conversations qu'il goûtait et les hommes qu'il aimait à rencontrer. Des salons de Me de Rauzan, de Mme de Castellane, de Me de Circourt, de Mme de Staël, de Me Delessert, la plupart n'’existaient plus que dans les souvenirs de quelques habitués dispersés, et les graves ou charmants esprits qui en faisaient naguère un des attraits et le principal éclat, Berryer, Molé, Cousin, Villemain, tous ces causeurs Incomparables, eux aussi ils avaient disparu. Puis M. dé Tocqueville mourut et M. de Monta- lembert, malade, descendait vers le tombeau. Elles étaient désormais muettes toutes ces voix éloquentes, elles étaient éteintes ces intelligences nobles et fécondes, ellee étaient à jamais absentes ces figures, les unes chères à de la Rive, d’autres simplement familières, mais toutes asso- ciées dans sa mémoire à l’ordre d'idées qui était le sien, à la société qu'il aimait et maintenant découronnée de ce qui en était la grâce, la force et l'honneur. Tant de deuils changeaient pour lui la physionomie de Paris; mais ce qui la changea irréparablement fut la mort du duc de Broglie. Quelque temps après cet événement, s’en entre- tenant avec un de ses fils : « Paris. dit-il, est dorénavant NOTICE BIOGRAPHIQUE. 193 trop triste pour moi. Je n’y retournerai plus. » — Et il n'y retourna pas. e Il fit aussi, comme nous l’avons vu, de fréquents voya- ces et, à diverses reprises, des séjours prolongés en Anpgle- terre. Parmi ces voyages il en était deux qu'il aimait par- ticulièrement à se rappeler. Le premier d'abord, le voyage classique du jeune homme, accompli avec M. Marcet en 1895, et accompli conformément aux règles de ce temps- là. Londres, et sa saison, et ses grands diners, et ses bals d'Almack ; la campagne et ses châteaux hospitaliers, Ab- botsford où l’on allait voir le «grand inconnu, » connu du monde entier, l'auteur de Waverley ; et les vieilles auber- ces joyeuses, et les longues étapes sur l'impériale d'une malle emportée au galop des quatre chevaux fougueux que tenait d'une main ferme le gros cocher vêtu de rouge et chamarré d’or; de la Rive regardait tout, admi- rait tout, aimait tout dans ce pays où les nombreux amis de son père le recevaient à bras ouverts, et qui présentait à son activité un Champ si vaste et si nouveau. — L'au- tre voyage dont il gardait un très-vif souvenir avait eu lieu vingt ans plus tard. Dans cet intervalle il était souvent retourné en Angleterre, mais alors 1l y condui- sait Camille de Cavour qui s'y rendait pour la première fois. Cavour était anxieux de tout voir, de tout connaitre, et de la Rive de tout lui montrer. Également infatigables, les deux amis rivalisaient d'activité dévorante et, lorsque leurs occupations diverses les avaient pour quelques heu- res séparés, le soir venu, se rendant compte mutuelle- ment de l'emploi de la Journée, c'était entre eux une lutte à constater lequel avait le mieux dépensé son temps, mis ARCHIVES, t. LX. — Septembre 1877. 5) 19% AUGUSTE DE LA RIVE. à la plus rude épreuve ses forces, rapporté la plus riche moisson ‘. Si tendrement entouré qu'il fût par ses enfants, so- ciable et aimant comme nous venons de le dépeindre, de la Rive supportait avec peine son isolement : la vie de fa- mille, qui était son bonheur et son repos, est loujours in- complète en dehors du mariage. Il éprouvait le besoin de rencontrer en quelqu'un marchant de pair avec lui, un centre d'affection, de constante intimité, d’absolue con- fiance. Cet appui si nécessaire pour lui, il l’obtint dans son second mariage qui eut lieu en 1855. Il trouva non pas seulement une compagne à sa vie, mais une associée à tous ses sentiments en Madame Fatio, qui avait été ma- riée en premières noces à G. Maurice dont nous avons eu à citer le nom. Dans la retraite profonde où s'étaient écou- lées les vingt années de son veuvage, elle avait gardé avec le charme d’un esprit non moins délicat que cultivé, la fraicheur d’une nature sensible et généreuse ; elle réali- sait le type le plus aimable de la grâce attrayante qu’une femme peut conserver au delà de la jeunesse. Après les orages qui avaient troublé l'été de sa vie, de la Rive eut ainsi un automne doux, riant et serein; et 1 Parmi les relations durables que de la Rive avait formées en Angleterre, il convient de citer la fille de Lord Byron, mariée au comte de Lovelace. Pendant quelques-uns des séjours de de la Rive à Londres, cette femme distinguée venait tous les deux ou trois jours le prendre dans sa voiture et faisait avec lui une longue promenade en discutant quelque question de mathématiques ou de haute philosophie. Il s’établit entre eux une correspondance qui ne cessa qu’à la mort de Lady Lovelace. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 195 quand arriva l'arrière-saison où il fut frappé à coups ré- pétés et pressés dans ses plus intimes affections, ce fut dans la sollicitude de celle qui partageait ses douleurs, et dans une communauté de sentiments religieux qu'il puisa la force de supporter l'épreuve. Dans ces conditions nouvelles, le goût de de la Rive pour son chez lui, ne fit que s’accroitre. Ses voyages de- vinrent moins fréquents ; cependant en 1857 il passa l'hiver à Rome. Ses nombreuses relations dans la société étrangère, celles qu'il s'était faites dans la société romaine dont les portes s'étaient ouvertes pour lui, rendirent ce temps très-agréable, et 1l ne quitta Rome, comme au reste Rome est quittée par tous ceux qui en partent, qu'avec l'espoir d'y revenir. Cet espoir ne devait pas se réaliser, mais de la Rive garda de son séjour en Italie et des ami- tiés qu'il y avait nouées, un souvenir qui souvent se représentait à sa pensée et se révélait toujours très-vive- ment dans ses paroles. La résidence à Londres que lui imposa trois ans plus tard sa mission politique dans cette ville, l’éloigna encore pour un temps assez long. Enfin en 1863, après plusieurs semaines passées à Paris, il revint à Genève par la Beloi- que et le Rhin, s’arrêtant à Heidelberg pour passer quel- ques moments avec MM. Bunsen, Kirchhoff et Helm- holtz . Ce furent là les derniers séjours de quelque durée qu'il ! J'étais alors à Heidelberg avec ma famille, et c'était aussi un peu pour nous que M. et Mwede la Rive s’y arrêtèrent. Je retrouvai chez lui cette force et cette activité qui m’avaient si souvent frappé dans d’autres occasions. Je me rappelle comment, après une journée pleinement employée à visiter les laboratoires, à voir M. Bunsen, un: ancienne et cordiale relation, MM. Helmholtz et Kirchhoff qu’il n'avait jamais rencontrés et qu’ilétait impatient de connaître, après 196 AUGUSTE DE LA RIVE. fit hors de la Suisse”. Au reste, quoiqu'il eût beau- coup voyagé, il était au fond sédentaire par inclination, et il lui avait toujours fallu surmonter une certaine répu- gnanee pour quitter son home, où le retenaient non-seu- lement ses amitiés, ses travaux, ses affaires, mais une foule d’occupations accessoires, de relations secondaires, d'intérêts d'un ordre inférieur, formant comme des mil- liers de petites racines qui le rattachaient au sol natal. Les longues absences, auxquelles l'avaient parfois contraint les exigences de sa santé ou les vicissitudes de la politique, tenaient plus où moins pour lui, de lexil. Même en ses voyages auxquels il avait fixé d'avance un terme rappro- ché, il était lent à partir et prompt à revenir. Cet amour du clocher ne pouvait que grandir avec l’âge, et ce fut ainsi presque uniquement à Genève que de la Rive passa ses dernières années. fl avait conservé tous ses goûts dans leur fraîcheur pri- mitive et, dans leur plénitude, toutes ses facultés ; avee la facilité plus grande que lui donnaient ses loisirs relatifs, il avait la même joie à satisfaire les uns et la même ar- deur à employer les autres. Les trois quarts de l’année il habitait Presinge. Là, sans qu'il y parût et sans qu'il s’en doutât lui-même, il était très-régulier dans ses habitudes. une promenade dans la vallée du Neckar et la course classique du Château au coucher du soleil, il vint le soir à notre table où nous avions réuni quelques amis. En sortant, après avoir reconduit Me de la Rive à l’hôtel, la promenade et la causerie durèrent bien après minuit. Jl me demanda de venir le prendre le lendemain à sept heures et de partir avec lui pour voir Eisenlohr à Carlsruhe. Je fus exact au rendez-vous et je le trouvai déjà assis à sa table à écrire sur la- quelle gisaient trois ou quatre lettres fraîchement cachetées. ! La description suivante du genre de vie de de la Rive pendant sa vieillesse est encore empruntée presque textuellement aux notes que nous devons à M. W. de la Rive. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 497 N'ayant besoin que de peu de sommeil, il se levait de bon matin et il se couchait tard. [l consacrait à ses travaux scientifiques la journée tout entière, jusqu'à l'heure du diner. D'ailleurs, incessamment interrompu ou s'inter- rompant lui-même : un vigneron réclamait une avance, un fermier une réparation, le jardinier des instructions, le cocher des ordres, un pauvre des secours: le garde ap- portait le compte du bois: l’avoine était arrivée: un marchand de vin venait traiter pour l'achat de la ré- colte : l'orage avait creusé une ravine, la sécheresse tari une fontaine: on bâtissait une serre, on remplaçait le plancher d'une grange, on drainait un champ, on émon- dait un chêne : de la Rive avait l'œil à tout et, pour cha- eun, une oreille attentive et une réponse ou une direction aussi immédiate et catégorique, que si le détail sur lequel elle portait eût été le principal objet de ses préoccupa- tions. Aux causes permanentes d'interruption, se Jjoi- gnaient les causes éventuelles, les fréquentes et diverses visites auxquelles de Ja Rive n'avait garde de fermer sa porte, accueillant avec autant d'empressement et de bonne grâce l’ouvrier qui venait lui demander un conseil, que le savant le plus illustre. « Ceux qui se sont approchés de lui savent quel accueil plein de bonhomie les attendait et combien les heures passaient vite dans la compagnie de ce causeur aimable qui semblait s'intéresser à tout et ne s’ennuyer de rien. Î possédait ce grand art de com- muniquer un peu de sa supériorité à la médiocrité des autres et de les renvoyer tout à la fois contents d'eux et contents de lui". » * Extrait d’un article dans lequel M. M. Debrit, le lendemain même de la mort de de la Rive, retraçait avec émotion et d’abon- dance du cœur les principaux traits de sa carrière. — Journal de Genève du 28 no*embre 1873. 198 AUGUSTE DE LA RIVE. Puis la visite partie, le solliciteur entendu, l’ordre donné, l'inspection terminée, il se replongeait aussitôt dans le travail momentanément suspendu, sans avoir aucun effort à faire pour renouer le fil de ses idées qu'il reprenait du coup, au point précis où il l'avait laissé. Après le diner qu'il ne manquait jamais d'animer par sa conversation, il se reposait; il lisait les journaux, il se mettait au piano, il se promenait à travers le parc, il par- courait les jardins, il s’arrêtait dans les cours de ferme, observant tout, causant avec les gens de campagne, les conseillant, les réprimandant, les approuvant. Ensuite il allait chez son frère, quand celui-ci n'avait point encore apparu. [l était fort rare qu'il ne l’eût pas déjà vu dans la matinée; mais, dès lors, que d'incidents à lui rappor- ter, que de pensées à lui communiquer, que de projets à lui soumettre! Ainsi arrivait, avec le thé, le moment de prendre la revanche de la partie de bézigue de la veille. La revanche prise, il regagnait son cabinet et con- sacrait l'arrière-soirée, qu'il poussait souvent fort avant dans la nuit, à l'expédition de sa correspondance. Ce n'était pas peu de chose, cette correspondance par laquelle de la Rive se maintenait en communication con- stante avec ses amis, et qu'il étendait jusqu'à ses rela- tions avec la plupart desquelles il était en échange de lettres régulier. De dix heures du soir à une heure du matin, il dépêchait, en manière de délassement, l’onvrage qui, pour bien d’autres que lui, eût constitué l’occupa- tion de leur journée, sans qu'on les püt accuser d'oisi- veté. Les lettres de de la Rive ne sont pas d’un grand style, elles ne visent point à l'esprit, elles ne recherchent pas l'élégance, elles n'ont de prétention d'aucune sorte; mais les faits y sont si complétement et si largement ra- LE “LE NOTICE BIOGRAPHIQUE. 199 contés, les réflexions en surgissent et s’y enchainent si naturellement et si justement, la personnalité y est si vi- vante de celui qui écrit et de celui à qui il écrit, que si la correspondance est ce qu'on la tient pour être, l’en- tretien que, faute de mieux, on a avec un absent, de la Rive fut tout à la fois le plus fécond, le moins banal et le meilleur des correspondants. D'ailleurs les hôtes ne manquaient pas à Presinge. An- ciens amis, relations nées de la science, de la politique ou du monde, compatriotes ou étrangers à la Suisse, considérables ou obscurs, ils formeraient, si on la dres- sait, une liste assurément fastidieuse, mais étrange par les noms qui s’y trouveraient rapprochés, ceux qui ont apporté, pour quelques heures, pour quelques jours, pour quelques semaines, à de la Rive, leur société souvent aimée, toujours bienvenue. S'il vit peu à peu disparaitre la plupart de ses anciens amis, les chers compagnons de son existence, la solitude pe se fit pourtant pas autour de lui. Ils furent nombreux, les amis de la onzième heure de qui il se réjouissait d’en- tendre, dans le vestibule, le pas qu'il reconnaissait. à qui sa porte était grande ouverte, dont il goûtait les entre- tiens et qui, par leurs attentions et leur affectueuse solli- citude, éclairèrent et réchaufférent sa vieillesse. Ainsi cette sociabilité qui, jusqu'à la fin, resta l’un des traits distinctifs de sa nature, fut jusqu'à la fin satisfaite, demeu- rant pour lui la source des meilleures joies de l'intelli- gence et du cœur, en même temps que, pour ceux dont l'amitié lui procurait ces joies, elle était un plaisir au- jourd'hui transformé en souvenir doux et ineffaçable. La santé de de la Rive avait subi de fréquentes atteintes ; bien souvent il fut étreint par la souffrance. Obligé déjà 200 AUGUSTE DE LA RIVE. à des ménagements, une chute qu'il fit à Pontereuse ", et dans laquelle il se cassa le bras, le força à une fâcheuse inaction corporelle, altéra sa constitution et lui laissa quelque gène dans les mouvements. Puis les chagrins, les vides qui se creusaient autour de lui, vinrent trop souvent ébranler une organisation phy- sique plus sensible et plus impressionnable qu'on ne l'au- rait supposé à voir sa résignation et sa fermeté d'âme. Îl fut cruellement frappé par la perte de son frère, l'asso- cié à ses idées, à ses sympathies, à ses aversions, à ses desseins naissants, à ses préoccupations graves où passa- vères. La mort de Pictet-de la Rive, moins âgé que lui et sur qui il fondait une grande confiance pour l'avenir scientifique et politique de Genève, l’affecta profondé- ment. Munier également, le fidèle confident auprès de qui, depuis cinquante années, il raffermissait ses conseils et retrempait ses forces, le précéda d’un an dans la tombe ! Au printemps de 1875, il fut lui-même gravement ma- lade : à une affection des bronches succéda une violente allaque de goutte accompagnée de quelques symptômes de paralysie. Il s'en remit plus vite et plus complétement en apparence qu'on n'avait osé l’espérer. Mais de nouveaux coups vinrent le meurtrir, les poignantes appréhensions se succédaient, la mort sévissait sans pitié autour de lui : dans l’espace de quelques semaines, il perdit deux de ses cendres. « Ma véritable ressource est la confiance en Dieu, » écrivait-il alors. Il luttait avec courage, il cher- chait et trouvait une diversion dans le travail et l’activité, son élasticité morale réagissait encore en lui. ! Maison de campagne dans le canton de Vaud, où de la Rive passait volontiers quelques semaines d’automne. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 201 Redoutant le rude elimat de Genève pour sa poitrine devenue sensible et délicate, il résolut d'aller passer l'hiver dans le midi, et au commencement de novembre il partit avec Me de la Rive pour Cannes où il avait loué une villa. Pendant la première journée du voyage, de Genève à Lyon, il paraissait être tout à fait bien. Mais le lende- main, 6 novembre, entre Montélimart et Avignon, du- rant la marche même du train, il fut frappé subitement d'une attaque de paralysie. Nous nous taisons sur l’an- goisse éprouvée par celle qui l’accompagnait ; ce doulou- reux voyage fut poursuivi jusquà Marseille, tandis que le télégraphe transmettait à Genève la triste nouvelle. Au bout de quelques jours il se manifesta une amé- lioration, et l'on put espérer la prolongation de cette vie si précieuse ; le mouvement revint assez promptement aux membres atteints, le malade put se lever, prendre quelque nourriture, et malgré le grand abattement intellectuel qui pesait sur lui, le danger immédiat semblait écarté ; mais il ne l'était pas. Le coup qui voilait encore l'intelligence avait frappé mortellement le corps. La fièvre, qui pen- dant quelques jours avait complétement disparu, revint par accès, à des intervalles inégaux, mais à chaque fois plus intense. Toutes les ressources de l’art furent impuis- santes à combattre cette fièvre, regardée d'abord comme le signe précurseur d’une bronchite, mais qui, en réalité, annonçait la dernière lutte des forces amoindries du ma- lade contre la maladie. Un matin le souffle devint plus court, la faiblesse augmenta, puis tranquillement, le pouls et la respiration s’arrêtèrent, et sans passage apparent de la vie à la mort, cette noble existence s'éteignit! Aucune angoisse n'en avait accompagné les derniers moments, et le calme de la paix se répandit sur ce visage dont les traits 2092 AUGUSTE DE LA RIVE. rajeunis semblaient refléter le retour à une vie nouvelle, de ces belles facultés que la maladie engourdissait peu d’instants auparavant. C’est le 27 novembre 1873, qu'Auguste de la Rive a expiré. Il était âgé de 72 ans. Son corps a été ramené à Genève où ses obsèques ont eu lieu le 47 décembre. Une foule, douloureusement émue, accompagpait le convoi funèbre. Suivant le désir, maintes fois et fortement exprimé par de la Rive, quelques pas- sages des livres saints ont été lus sur sa tombe par un mi- nistre de la religion, mais aucun discours n’a été pro- noncé. L’éloge de cet homme éminent, vénéré et bien- aimé, est resté silencieusement dans le cœur de tous ceux qui lui rendaient les suprêmes devoirs. Madame de la Rive dont peu à peu la santé avait aussi décliné, avait jusqu'au dernier jour prodigué ses soins à son mari. Les poignantes émotions de ce cruel voyage l'avaient frappée au cœur ; mais son courage ne s’en était point amoindri, et les sources de la vie étaient déjà taries en elle qu'elle mettait à remplir la tâche chère à son cœur là même vaillance tranquille et inaperçue. Puis cette tâche remplie, elle s’éteignit : elle ne devait survivre que de quelques semaines à Auguste de la Rive. APPENDICE I à LISTE DES OUVRAGES DE AUGUSTE DE LA RIVE ABRÉVIATIONS. Bibl. Univ. Sc. — Bibliothèque universelle de Genève, Sciences et arts (série de 1816 à 1835). Bibl. Univ. — Bibliothèque universelle de Genève (série de 1836 à 1845.) Arch. Élect. — Archives de l'électricité, Supplément à la Biblio- thèque universelle de Genève (1841 à 1845). Arch. Sc. phys. — Archives des Sciences physiques et naturelles. (Partie scientifique de la Bibliothèque universelle depuis 1846.) Bibl, Univ. Lit. — Bibliothèque universelle, partie littéraire. Mém. Soc. phys. — Mémoires de la Société de physique et d’'His- toire naturelle de Genève. Comptes rendus. — Comptes rendus de l’Académie des Sciences de Paris. Ann. de Chim. — Annales de chimie et de physique. NB. — Les dates entre | ] indiquent l’époque de la communica- tion des mémoires à une société savante, antérieurement à la publi- cation. Les numéros entre | | sont ceux sous lesquels les Mémoires de A. de la Rive ont été classés dans le Catalogue of Scientific papers de la Société royale de Londres. On s’est borné, en général, à indiquer le Rec :eil où chaque tra- vail original a été publié par l’auteur ; toutefois on a mentionné les extraits et les reproductions dans; les principaux journaux scienti- fiques de langue française. 204 AUGUSTE DE LA RIVE. ÉLECTRICITÉ ET MAGNÉTISME. Traité d'électricité théorique et appliquée.— Paris, J.-B. Bail- lière, in-8°, Cet ouvrage traduit en anglais par Ch. Walker, F.R.S., porte le titre: « A Treatise on Electricity in theorv and practice. » (Le tome [er à paru en anglais en 1853, et en français en 1854; le tome Il en 1856, le tome IT en 1858.) De l'action qu’exerce le globe terrestre sur une portion mo- bile du circuit voltaique [4 septembre 18227. Bibl. Univ. Sc. 1822, t. XXI, p. 29; Ann. de Chim. 1829, t. XXI, p- 24 [A]. Ce mémoire est suivi : 4 De la rédaction par A. de la Rive d'une commu- nication qu'Ampère avait faite verbalement à la So- ciété de physique et d'histoire naturelle de Genève; dans les Annales de chimie et de physique, cette rédaction à été un peu modifiée par Ampère lui- même. 2 De la description de deux expériences qu’Ampère et de la Rive avaient faites ensemble à Genève. La première est relative à la répulsion des portions con- tiguës d’un même courant rectiligne; la seconde au mouvement que prend un cercle conducteur mobile lorsqu'on en approche un aimant. Recherches sur le mode de distribution de l'électricité dyna- mique dans les corps qui lui servent de conducteurs [Décembre 1893]. Mém. Soc. phys. 1825, t. II, P. x. p- 109 [4]. Mémoire sur quelques-uns des phénomènes que présente l'électricité voltaique dans son passage à travers les con- ducteurs liquides [20 janvier 1825]. Ann. de Chim., 1895, t. XX VIT, p. 190 [2]. Recherches sur une propriété particulière des conducteurs métalliques de l'électricité [22 juin 1826]. Mém. Soc. phys., 4826, 1. HE, P.n, p. 201. — Ann. de Chim., 1827, EL XXXVE p.34 [9]. APPENDICE. 9205 Extrait d’une lettre à M. Arago sur les propriétés du brome [4 juin 1827]. Ann. de Chim., 1827, t. XXXV, p. 160 [6]. Analyse des circonstances qui déterminent le sens et linten- sité du courant électrique dans un élément voltaique [20 août 1827]. Ann. de Chim.. 1828, t. XXX VIE, p. 225. — En extrait: Bibl. Univ. Sc., 1827, t. XXX VE, p. 319 [8]. (Électricité métallique [4% juillet 1828]. — Sous ce titre, Le Globe du 23 juillet 1828 à donné l'analyse imparfaite d’une lettre adressée par de la Rive à Arago, communi- quée par ce dernier à l’Académie des Sciences et rela- tive à des recherches publiées dans les travaux suivants : — Voyez Bibl. Univ. Sc., 1828, t. XXXVIIL, p. 326.) Recherches sur les effets calorifiques de la pile [4 septembre 1828]. Bibl. Univ. Sc., 1829, t. XL, p. 40. — Ann. de Chim:,18929, t. XL, p. 374 [10]. Cetle publication est donnée par Pauteur comme un extrait partiel du Mémoire suivant; mais elle peut être considérée comme totalement différente, Recherches sur la cause de Pélectricité vollaique. 1° partie [20 nov. 1828]. Mém. Soc. phys., 1828, t.IV, p. 285. — En extrait: Ann. de Chim., 1828, t. XXXIX, p. 297. Cet extrait, publié avant le Mémoire tn extenso comprend la 4 et la 2% partie, ainsi qu'une 3° partie, intitulée : Conséquences des faits renfermés dans les deux premières parties, laquelle ne correspond pas à la 5° partie du travail original, publiée beaucoup plus tard, mais plutôt au mémoire précédent [9]. [ve partie. Mém. Soc. phys., 1833, t. VE, p. 149. — Reproduction d’une partie de ce mémoire sous le titre : De électricité développée par le frottement des métaux. Bibl. Univ. Sc., 1835, t. LIX, p. 13 [16]. [He partie [22 juillet 1834]. Mém. Soc. phys., 1856, t. VIE, p. 457 [16, 17]. — Reproduit (sauf les planches) Ann. de Chim., 1836, t. LXIE p. 147 [20] —et avec quel- ques retranchements, Bibl. Univ., 1836, t. [, p. 152. (Note sur l'électricité développée par la désoxydulion, etc.) [24]; t HE p. 375 (Réponse à quelques objections, 206 AUGUSTE DE LA RIVE. etc.) [23]; & IV, p. 152 (Théorie de la pile voltaïque) [24]; t. IV, p. 359 (Examen de quelques circonstances, etc.) [25]. (Quelques observations sur le liquide que lon obtient par la condensation du gaz acide sulfureux. — Voyez CHiMie, [11, 121.) Note relative à l’action qu’exerce sur le zinc l'acide sulfurique étendu d’eau [18 mars 1830]. Bibl. Univ. Sc. 1830, t. XLIIT, p. 391. — Ann. de Chim., 1830, t. XLIIE, p. 495 [13]. Lettre à M. Arago sur l'électricité voltaïque, sur l'électricité qui accompagne les actions chimiques, et sur les pro- priétés par lesquelles se distinguent les électricités qui proviennent de sources différentes [13 et 20 octobre 1835]. Comptes rendus, 1835, L [, p. 311. — Ann. de Chim., 1836, t. LXI, p. 38.— Peut être considérée en par- lie comme un extrait, en partie comme un complément de la 3° partie du mémoire intitulé : Recherches sur la cause de l'électricité voltaique [18, 19]. De l'influence qu’exerce la chaleur sur la facilité que le cou- rant électrique possède à passer d’un liquide dans un métal. Bibl. Univ., 1837, t. VIL, p. 388 [26]. Recherches sur les propriétés des courants magnéto-électri- ques [16 avril 1837]. Mém. Soc. phys., 1838, t. VII, p. 191. — Bibl. Univ., 1838, t. XIV, p. 134 et 366. — En extrait: Comptes rendus, 1837, t. IV, p.835. — Bibl. Univ, t. IX, p. 408 [29]. — British Association Report, 1837, P. 11, p. 27 (On the interference of electro-magnetic currents) [28]. Remarques sur une lettre de Peltier (Sur une propriété as- signée par M. de la Rive aux courants magnéto-électri- ques). Comptes rendus, 1837, t. IV, p. 908. Note relative à de nouvelles expériences de M, Matteucci sur les courants thermo-électriques (fait en commun avec C. Matteucei, publié par de la Rive). Bibl. Univ., 1838, t. XIE, p. 199. — Comptes rendus, 1838, t. VI, p. 276 [30]. Sur une petite batterie voltaïque d’une force extraordinaire. Bibl. Univ., 1839, 1. XXIL, p. 389. me APPENDICE. 207 Notice sur un procédé électro-chimique avant pour objet de dorer l'argent et le laiton [19 mars 1840;. Bibl. Univ, 1840, t. XXV, p. 407.— Ann. de Chim., 1840, t. LXXIHE, p. 398. — En extrait: Comptes rendus, 1840, t. X, p. 578 (331. Additions : Comptes rendus, 1840, t. XE, p. 25,123, 913. — Voyez aussi: Des progrès qu'a faits le procédé de do- rage par la voie électro-chimique. Arch. Elect., 1841, t. [, p. 275, 669; 1849, t. IL, p. 111137}; — et pour ce qui concerne le prix obtenu par de la Rive à l’occasion de cette découverte: Comptes rendus, 18/1, t. XUE p. 1165 ; 1842, t. XIV, p.878; t. XV, p. 1139. Mémoire sur quelques phénomènes chimiques qui se mani- festent sous l'action des courants électriques développés par induction {#4 sept. 1838 et 17 mai 18401. Mém. Soc. phys., 1844, t. IX, p. 161 [44]. — Extrait partiel (Sur l'oxydation du platine et la théorie chimique de la pile, lettre à M. Becquerel) : Comptes rendus, 1838, t. VII, p. 1061 [31]. Nouvelles recherches sur les propriétés des courants électri- ques discontinus et dirigés alternativement en sens con- traire. Arch. Élect., 1841, t. [, p. 175. — Ce mémoire est une nouvelle édition plus développée du précédent (avec une partie retranchée) — [39}. Sur la lumière de la pile. Comptes rendus, 1841, t. XIE p. 910 [45]. Notice sur quelques expériences faites avec une forte pile de Grove. Arch. Élect., 1841, t. I, p. 262. — Même travail que le précédent avec quelques différences — [40]. Quelques observations électro-chimiques faites aux eaux d’Aix en Savoie, en juillet 1842 [15 septembre 1842]. Arch. Élect, 1849, t. IL, p. 468 [46]. Des effets calorifiques de l'électricité et des rapports qui règnent entre l'électricité et la chaleur [26 juillet 1830. Arch. Élect., 1849, t. If, p. 501 [48]. Note sur une nouvelle combinaison voltaique [16 mars 1843]. Arch. Élect., 4843, t. IL, p. 142. (Extrait partiel du mé- moire suivant) [ 49. 208 AUGUSTE DE LA RIVE. De Paction chimique d'un seul couple voltaique et des movens d'en augmenter la puissance [17 avril 1843]. Arch. Élect., 4843, t. IE, p. 159. — Comptes rendus, 1843, t. XVI, p. 772 (sans planche) et p. 1283 [53, 60]. Mémoire sur les effets de température qui accompagnent la transmission dans les liquides, au moyen de divers élec- troces, des courants électriques, soit continus, soit dis- continus et alternatifs [24 avril 1843]. Comptes rendus, 1843, 1. XVI, p.881. — Arch. Élect., 1843, t. IL, p. 175 [50]. Quelques observations sur le Mémoire de Grove (De la bat- terie voltaïque à gaz, ete.). Arch. Élect., 1843, t. HU, p. 525 [52]. Des mouvements vibratoires qui déterminent dans les corps, et essentiellement dans le fer, la transmission des cou- rauts électriques et leur action extérieure [21 mars 1844 et 15 janvier 1845]. — Arch. Élect., 1845, t. V, p. 200. — Ann. de Chim., 1846, t. XVL p. 93. — En extrait : Comptes rendus, 1845, t. XX, p. 1287 [57]. Sur l’ozone. — Comptes rendus, 1845, t. XX, p. 1291. Cette note ajoutée en post-scriptum à l'article des Comptes rendus cité ci-dessus est relative à des recher- ches faites en commun avec M. Marignac et publiées par ce dernier (Voyez Arch. Élect., 1845, t. V, p. 5. — Ann. de Chim., 1845, t. XIV, p. 252). De la Rive s’est en outre occupé de l'ozone dans plusieurs de ses travaux sur l'électricité et dans divers articles critiques. Sur l'éclairage des mines au moyen de la lampe électrique. Comptes rendus, 1845, t. XXI, p. 634. — Arch. Élect., 1845, t. V, p. 545 [58]. Observations sur une Note de M. Wertheim relative aux vi- brations qu'un courant galvanique fait naître dans le fer doux. — Arch. Sc. phys., 1846, t. [, p. 170 [61]. Sur les vibrations qu'un courant électrique fait naître dans un barreau de fer doux. Comptes rendus, 1846, t. XXIT, p. 498. Même travail que le précédent; rédaction diffé- rente [66]. De l’action combinée des courants d’induction et des courants APPENDICE. 209 hydro-électriques {21 mars 1844]. Mém. Soc. phys., 1846, t. XI, p. 225. — En extrait: Arch. Sc. phys., 1846, t. I, p. 373 — [65]. Remarques à l’occasion d’une communication de M. Ed. Bec- querel sur l'influence des gaz dans les effets électriques du contact. Comptes rendus, 1846,:t. XXIE, p. 680. Quelques recherches sur larc voltaique et sur l'influence qu'exerce le magnétisme, soit sur cet are, soit sur les corps qui transmettent les courants électriques discon- tious [27 avril et 19 novembre 1846]. Arch. Sc. phys. 1847, &. IV, p. 345. — En anglais : Philosophical trans- actions, 1847, p. 31 — En extrait: Comptes rendus, 1846, t. XXII, p. 690. — Arch. Sc. phys., 1846, t. IIE, p. 312.— Ann. de Chim., 1847, t. XIX, p. 377 [62, 67, 691. Note sur les mouvements vibratoires qu'éprouvent les corps magnétiques sous l'influence des courants électriques. Arch. Sc. phys., 1848, t. IX, p. 193. — Ann. de Chim., 1849, t. XXVI, p 458 [71, 74]. Note sur les mouvements vibratoires qu'éprouvent les corps non magnétiques sous l'influence des courants électri- ques extérieurs et transmis. Arch. Sc. phys., 1848, €. IX, p. 265. — Ann. de Chim., 1849, t. XXVL p. 167 [72, 74]. Extrait d’une lettre à M. Regnault sur une expérience rela- tive à la théorie des Aurores boréales [15 octobre 1849. Comptes rendus, 1849, t. XXIX, p. 412. — En extrait: Arch. Sc. phys., 1849, 1. XIE, p. 222 [76, 78]. La liste complète des publications de de la Rive sur l'AURORE BORÉALE se trouve dans le chapitre de la Pny- SIQUE TERRESTRE; nous ne mentionnons ici que ceux de ces travaux qui se rapportent à l’étude générale de la décharge électrique dans les gaz raréfiés. De l’action de l’aimant sur tous les corps. Arch. Se. phys. 1850, t. XIE, p. 107 [79]. Quelques observations à l'occasion des recherches de M. Quet (relatives au courant et à la lumière électrique). Arch. Sc. phys., 1853, t. XXII, p. 90 [84]. Note sur l’action chimique qui accompagne la production de l'électricité de tension dans un couple voltaique. Arch. ARCHIVES, L. LX. — Septembre 1877. 14 210 AUGUSTE DE LA RIVE. Sc. phys., 4855, t. XXX, p. 185. — Ann. de Chim , 1856, t. XLNL p-A1 fon Sur la conductibilité électrique [7 avril 1856]. Cosmos, 1856, t. VIE, p. 417. — Extrait : Comptes rendus, 1856, tome XLIL, p. 611 [94]. Le courant de la pile peut-il t'averser l'eau sans la décom- poser? [21 avril 1856]. Arch. Sc. phys., 1856, & XXXIE, p. 38. — Comptes rendus, 1856, {. XLIL p. 710 [93]. De l'influence du mouvement mécanique dans l'action du magnétisme sur les corps non magnétiques. — Ait dell Accademia de’ Nuovi Lincei, 4857, t. X, p. 203. — Nuovo Cimento, 1857, t. VE p. 74 [95]. Observations sur une Note de M. Despretz (relative au con- densateur voltaïque). Arch. Sc. phys., 4857, t. XXXV, p. 145. Note sur l'influence du magnétisme sur les décharges élec- triques [17 mai 1858]. Arch. Sc. phys., 1858, L. IE, p. 34. — Ann. de Chim., 1858, t. LIV, p. 238. — Autre rédaction : Comptes rendus, 1858, t. XLVI, p. 926 (97901: Recherches sur la propagation de lélectricité dans les fluides élastiques très-raréfiés. Comptes rendus, 4859, t. XLVIIT, p. AOL. — Arch. Sc. phys., t. V, p. 236 [102]. Note sur la rotation électro-magnétique des liquides dans les aimants creux. Ann. de Chim., 1859, t. LVI, p. 282. — Extrait: Arch. Se. phys., t. VL p. 62 [100]. Recherches sur les phénomènes qui caractérisent et accom- pagnent la propagation de l'électricité dans les fluides élastiques très-raréfiés [5 et 19 février 18631. Mém. Soc. phys., 1863, t. XVIL p. 59. — En extrait: Comptes rendus, 1863, t LVL p. 669. — Arch. Sc. pays., t. XVIL p. 53 [106]. Notes sur les propriétés optiques que détermine dans diverses espèces de verre le passage d’une décharge électrique. Comptes rendus, 1865, t. LX, p. 1005. Des mouvements vibratoires que déterminent dans les corps conducteurs l'action combinée du magnétisme et des courants discontinus [5 avril 1866]. Arch. Sc. phys., APPENDICE. a à 4856, {. XXV, p. 311. — Ann. de Chim., 1866, t. VIH, p. 905. Recherches sur la propagation de Pélectricité dans les fluides élastiques lrès-raréfiés et particulièrement sur les strati- fications de la lumière électrique qui accompagnent cette propagation. Arch. Sc. phys., 1866, t. XX VI, p. 177. — Aun. de Chim., 1866, t. VIT, p. 437. Recherches sur Paction qu'exerce le magnétisme sur les jets électriques qui se propagent dans les milieux gazeux très-raréfiés. Arch. Se. phys., 1866, t. XX VIE, p. 289.— Reproduit Ann. de Chim., 1867, t. X, p. 159. —— Repro- duit une seconde fois, presque sans changements à l’ex- ception de la suppression de Ja dernière partie. Ann. de Chim., 1870, t. XX, p. 103. Recherches sur la polarisation rotatoire magnétique [7 mai, 1868]. Arch. Se. phys., 1868, t. XXXIL, p. 193. — Ann. de Chim., 1868, t. XV, p. 57. — En extrait sous le titre: Lettre adressée à M. Dumas sur la théorie du phéno- mène découvert par Faraday, de la polarisation rotatoire magnétique. Comptes rendus, 1868, t. LXVI p. 1185. Sur la cause à laquelle on peut attribuer la grandeur du pou- voir rotatoire magnétique de l'alcool thallique. Comptes rendus, 1868, t. LXVIF, p. 32. Note sur l’adhérence de l'hydrogène aux métaux. Arch. Sc. phys., 1869, t XXXIV, p. 329. — Ann. de Chim.. 1869, t. XVI, p. 427. Recherches sur la polarisation rotatoire magnétique des li- quides [2 juin, 1870]. Arch. Sc. phys., 1870, t. XXXVII, p. 209. — Ann. de Chim., 1870, &. XXIE, p. 5. De l'action du magnétisme sur les gaz traversés par des dé- charges électriques (en commun avec M. Éd. Sarasin), [6 avril, 1871]. Arch. Sc. phys., 1871, t. XLI, p. 5. — Ann. de Chim., 1871, t. XXII, p. 181. Quelques observations au sujet du Mémoire de M. Ediund (Force électromotrice dans ie contact des métaux et mo- difications de cette force par la chaleur). Arch. Se. phys., 1874, t. XLIT. p. 402. Quelques observations sur le Mémoire de MM. Wiedemann 2192 AUGUSTE DE LA RIVE. et Ruhlmann (Sur le passage de l'électricité à travers les gaz). Arch. Sc. phys., 1872, t. XLIV, p. 305. Sur la rotalion sous l'influence magnétique de la décharge électrique dans les gaz raréfiés et sur l’action mécanique que peut exercer cette décharge dans son mouvement de rotation (en commun avec M. Éd. Sarasin) [18 avril, 1872]. Arch. Sc. phys., 1872, t. XLV, p. 387. — Ann. de Chim., 1873, t. XXIX, p. 207. — En extrait, Comptes rendus, 1872, t. LXXIV, p. 1141. Quelques expériences concernant les effets du magnétisme sur la décharge électrique à travers un gaz raréfié lors- qu’elle s’accomplit dans le prolongement de l'axe de Paimant (en commun avec M. Éd. Sarasin). Poggen- dorf”s Annalen, Jubelband, 187%, p. 469. — Arch. Sc. phys., 1874, t. L, p. 45. CHALEUR. Mémoire sur l'influence de la pression atmosphérique sur les boules des thermomètres, suivi de quelques expériences relatives au froid produit par l'expansion des gaz (en commun avet M. F. Marcet) [17 avril 1823]; Bibl. Univ. Sc., 1895, t. XXIE, p. 265.— En extrait, Ann. de Chim., 4893, t, XXIIE, p. 209; — [D. et M. 1]. Note sur un nouveau procédé hygrométrique [21 avril 1835]. Bibl. Univ. Sc., 1825,t. XX VII, p. 285. — En extrait, Ann. de Chim., 4895, t. XXX, p. 87. (Reproduit sous le titre : Emploi de l'acide sulfurique dans lhygrométrie. — Arch. Sc. phys., 1872, t. XLIV, p. 79) [3]. Recherches sur la chaleur spécifique des gaz (en commun avec M. F. Marcet) [19 avril 1827]. — Ann. de Chim., 1827, t. XXXV, p. 5 [D. et M. 2]. Note sur la conductibilité relative pour le calorique de diffé- rents bois dans le sens de leurs fibres et dans le sens contraire (en commun avec M. Alphonse de Candoile) [2 août 1827].— Mém. Soc. phys., 1898, t. IV, p. 70. — Ann. de Chim., 1829, t. XL, p. 91 [D. et D., 1]. APPENDICE. Nouvelles recherches sur la chaleur spécifique des gaz (en F commun avec M. F. Marcel) [16 avril 4829.) Bibl. Univ. M" Sc.. 1829, t. XLE, p. 37. — Ann. de Chim., 1829, t. XBL, x p. 78 [D, et M. 4]. L Observations sur la température de la Terre, voyez PHYSIQUE TERRESTRE [D. et M. 5}. Quelques recherches sur la chaleur spécifique (en commun avec M.F. Marcet [A7 juin 1835].— Bibl. Univ., 1840, tu XXVIHE p. 360. — Ann. de Chim., 1840, 1. LXXWV, p. 143 [D. et M. 7].—En extrait, Comptes rendus, 1840, t. X, p. 823 [35]. - Note sur la chaleur spécifique du carbone dans ses différents états (en commun avec M. F, Marcet). — Bibl. Univ. 1844, t. XXXIL, p. 349. — Ann. de Chim., 1841, t. [EL p 121 [D. et M. 8]. OPTIQUE. Dissertation sur la partie de loptique qui traite des courbes dites caustiques. — In-4°, Genève, 1823 (95 pages el planche). (Quelques observations sur le liquide que lon obtient par la condensation du gaz acide sulfureux. — Votez CHE. Extrait dans quelques journaux sons le titre : Refraction of light by bodies in different states [1A, 421. Voyez aussi PHYSIQUE TERRESTRE. CHIMIE. Expériences pour servir à l’histoire de Pacide muriatique (hy- #4 drochlorique) (en commun avec Macaire-Prinsep) [19 juin 48923. — Mém. Soc. Phvs., 1824, t. IE P. 11, p.61. Note sur quelques faits relatifs à Paction des métaux sur les gaz inflammables (en commun avec M. F. Marcet) [18 mars 1824]. Mém. Soc. phys., 1824, €. If, P. 11, p. 244. —Ann. de Chim., 1828; t. XXXIX, p. 328 [D. et M. 3]. AE AUGUSTE DELA RIVE. (Extrait d'une lettre à M. Arago, sur les propriétés du brome; déjà cité dans l'ÉLecraiciré et MAcxérisME |[6|.) Quelques observations sur le liquide que Fon obtient par la condensation du gaz acide sulfureux. Bibl. Univ. Sc., 1829, t. XL, p. 196. — Ann. de Chim., 1829, t. XE, p. KO. — (Extrait dans le Quart. Journ. Sc., 4899, t. E p. 395 et d’autres journaux sous le titre : Refraction of light by bodies in different states), [L1, 121.) (Note relative à action qu’exerce sur le zinc Facide sulfuri- que étendu d'eau; déjà cité dans l'ÉLECTRICITÉ ET LE MAGNÉTISME [13 |.) PHYSIQUE TERRESTRE. Note sur une lettre de M. Huber (Éclairs de chaleur). Bibl. Univ. Sc., 1829, t. XL, p. 258. Quelques observations de physique terrestre, faites à l’occa- sion de la perforation d’un puits artésien et relatives principalement à la température de la terre à différentes profondeurs (en commun avee M. F. Marcet) avril 18341. Mém. Soc. Phvs., 1834, t. VI, p. 503 [D. et M. 5, 6]. Observations sur la chaleur solaire pendant l'éclipse du 45 mai 1836. Bibl. Univ., 1836, 1. IN, p. 143. Notice sur la formation de la grêle. Bibl. Univ., 1836, €. IE, p.217 [92 Aurore boréale vue à Genève le 48 octobre 1837. Bibl. Univ., 1837, t. XI, p. 392. Note sur la seconde coloration du Mont-Blanc [1837]. Bibl. Univ., 4839, 1. XXIIL, p. 383, et 1. XXIV, p.200 27, 32]: (Quelques observations électro-chimiques faites aux eaux d'Aix en Savoie, en juillet 1842; déjà cité dans l'ÉLEc- TRICITÉ ET MAGNÉTISME [46 |.) Aurores boréales du 18 octobre et du 17 novembre 1848. — Arch. Sc. Phys., 1848, t. IX, p. 298 [73]. Sur les variations diurnes de l'aiguille aimantée et les auro- res boréales (Extrait d’une lettre à M. Arago) [Déc. 1848]. Ann. de Chim., 1849, t. XX V, p. 310. En extrait : Arch. Sc. phys., 4819, 1. X, p. 297 [77]. “à APPENDICE. 215 Note sur une expérience relative à la théorie des Aurores boréales. Arch. Sc. phys., 1849, t. XII, p. 222. — Même rédaction avec quelques additions sous le titre de Lettre à M. Regnault. Comptes rendus, 1849, t. XXIX, p. 412 [76, 78]. Observations sur un travail de M. Olmsted intitulé «Lois de l'aurore boréale. » Arch. Sc. phys. 1851, t. XVI, p. 112 [80]. De lidentité du clivage des arbres atteints par la foudre et de celui des arbres atteints par les trombes électriques. *“Arch: Sc.-phys., 1851, 1: XVI, p: 315. Essai d'explication de l'apparition et la disparition successives de grands glaciers à la surface actuelle du globe terres- tre. Arch. Sc. phys., 1854, € XVI, p. 5. — En extrait, Comptes rendus, 1851, t. XXXIIL, p. 439 [82]. Mémoire sur la cause des aurores boréales [Déc. 1848 et nov. 1853]. Mém. Soc.phys., 1854, t. XIIL p.373.— Arch. s Se. phys., 1853, t. XXIV, p. 337 [89]. De l’aurore boréale du 29 août 1859. Arch. Sc. phys., 1859, t. VI, p. 49. — En extrait, Comptes rendus, 1859, t. XLIX, p. 42% [103]. Notice sur les phénomènes qui ont accompagné les aurores boréales du mois de septembre et d'octobre 1859. Arch. Sc. phys., 1859, t. VE, p. 275. — En extrait: Comptes rendus, 1859, t. XLIX, p. 662 [104, 10%]. Les aurores horéales. Bibl. Univ. Lit., 1859, t. VI, p. 368. Nouvelles recherches sur les aurores boréales et australes et description d’un appareil qui les reproduit avec les phé- nomènes qui les accompagnent [6 mars 1862]. Mém. Soc. phys., 1862, t. XVE, p. 314.— En extrait : Arch. Sc. phys., 1869, t. XIV, p. 121. — Comptes rendus, 1862, t. LIV, p. 1171 [105]. Quelques considérations sur les courants électriques terres- tres, présentées à la Société helvétique des Sciences na- turelles dans sa session de 186% à Zurich. Arch. Sc. phys., 1865, t. XXIE, p. 99. (Travail rédigé à l’appui d’une proposition de l'auteur pour l'observation des courants terrestres; voyez Actes de la Soc. helvét. des 216 AUGUSTE DE LA RIVE. Sc. nat., 1864, p. 387; voyez également le travail de M. L. Dufour fait à la suite de cette proposition. Arch. Se. phys., 1865, t. XXV, p. 193.) Effet extraordinaire de la chute de la foudre. Arch. Sc. phys., 1865, t. XXIIL, p. 110: Discours prononcé le 21 août 1865 à l'ouverture de la 49° session (le la Société helvétique des sciences naturelles réunie à Genève (Tr ansparence de l'air, Glaciers). Arch. Sc: phys., 1865, t. XXIV, p.48. Note sur les glaciers de l'hémisphère du Sud. Arch. Sc. phys., 1865, t. XXIV, p. 112. . Note sur l'état électrique du globe terrestre. Arch. Sc. phys. 1867, t. XXIX, p. 136. — Rédaction un peu différente, Comptes rendus, 1867, & LXIV, p. 1175. Note sur un photomètre destiné à mesurer la transparence de l'air. Comptes rendus, 1867, t LXIV, p. 1221. — — Ann. de Chim., 1867, 1. XIE, p. 243. Note sur l'aurore boréale du 15 août 4869, Arch. Sc. phys., 1869, t. XXXV, p. 13. De la poussière qui flotte dans l'air atmosphérique. Arch. Sc. phys., 1870, t. XXXVIL p. 229. Note sur les dernières aurores boréales. Arch. Se. phys., 1870, t. XXXIX, p. 304. Quelques remarques à l’occasion du mémoire de M. Lem- strôm. (Observations sur l'électricité de l'air et sur l’au- rore boréale, ete.) Arch. Se. phys., 18714, t. XLE, p. 165. * De Ja théorie des aurores polaires. Comptes rendus, 1872, t. LXXIV, p.893.—Ann. de Chim.. 1872, t. XXVE, p.555. Observations sur une lettre de M. Tacchini (Relation entre les protubérances solaires et les aurores terrestres). Arch. Sc. phys., 4873, t. XLVIL, p. 285, ett. XLVIIE, p. 86. CRITIQUE SCIENTIFIQUE ET ANALYSES. N.B.— Nous ne citons ici que les articles qui nous ont paru les plus importants parmi les nombreux écrits de ce genre que de la Rive a insérés dans les diverses séries APPENDICE. 217 de la Bibliothèque Universelle. Nous avons omis un très- srand nombre d'articles relatifs à la théorie chimique de la pile que l’on trouvera dans les Archives de l'Électri- cité. Observations sur le Mémoire de Nobili intitulé : « Sur la dé- formation des apparences électro-chimiques. » Bibl. Univ. Sc. 4827, t XXXVE p. 12 [7]. Dulong. — Recherches sur la clraleur spécifique des fluides élastiques. Bibl. Univ. Sc., 1829, 1. XLI, p. 293. Mémoire de M. Marianini sur une analogie qui existe entre la propagation de la lumière et celle de l'électricité. Bibl. Univ. Se., 1830, t. XLIIL, p. 138. J. Berzelius. — Traité de Chimie. Bibi. Univ. Sc., 1831, t. XL VII, p. 20. Esquisse historique des principales découvertes faites dans _ l'électricité depuis quelques années. Bibl Univ. Sc. 1833, t. LIT, p. 225, 404 ; t. LIL p. 70, 470 [14]. Appendice à l'Esquisse historique de l'électricité, relatif prin- cipalement aux propriétés des aimants, au magnétisme terrestre et aux sources naturelles de l'électricité et du magnétisme. Bibl. Univ. Sc., 1833, t. LIL, p. 315 [15]. Cette esquisse (avec l'appendice) a été tirée en un volume à part. — (Genève, in-8°, 1833.) Faraday. — Nature identique de l'électricité produite par dif- férentes sources (sur la découverte de l'induction). Bibl. Univ., 1833, t. LIV, p. 8. Faradav. -— Des décompositions électro-chimiques. Bibl. Univ. de 1834, 1. LVIE, p. 305, 415. Faradav. — Origine et caractères de l'électricité voltaïque. Bibl. Univ. Sc.. 1835, t. LV, p. 263. Poisson. — Théorie mathématique dela chaleur. Bibl Univ. Sc. 4835; t. LIX; p. 144. t. LX, p. 279, 415. Observations sur une note de M. Gassiott (Différence dans la température qu'acquièrent deux fils métalliques servant de conducteurs pour une puissante pile). Bibl. Univ. 1838, t. XVII, p. 309. P. Riess. — De l’échauffement des métaux par les décharges de la batterie électrique. Bibl. Univ., 1839, t. XXIE, p.367. 218 AUGUSTE DE LA PRIVE. Coup d'œil sur létat cle nos connaissances en électricité. Arch. Élect., 1844, LE, p. 5 [36]. Observations sur Particle de M. Wartmann relatif aux travaux et aux opinions des Allemands sur la pile voltaique. Arch. ÉlecL., 4841, t. I, p. 67 [38]. Observations sur une note de M. Poggendortf relative à l'hy- pothèse d’un contre-courant dans la pile de Volta, sui- vies de quelques considérations sur la recomposition im- médiate des deux principes électriques. Arch. Élect., 1842, t. IL p. 481 [47]. Quelques notes sur l'état actuel de l'étude de l'électricité en Angleterre, recueillies pendant un séjour fait récemment dans ce pays. Arch. Élect., 4843, €. ILE, p. 333 [51]. Quelques observations sur le Mémoire de M. Wheatstone (Description de plusieurs instruments et procédés nou- veaux pour déterminer les constantes d’un circuit vol- taïque). Arch. Élect., 4844, t. IV. p. 443 [54]. Observations sur les expériences de MM, Miranda et Paci sur le gymnote électrique. Arch. Élect., 1845, €. V, p. 503. Faradas. — Nouvelles actions magnétiques. Arch. Se. phys., 1845, t. IL, p. 42 et 145. Person. — Sur la chaleur latente de fusion. Arch. Sc. phys., 1848, t. IX, p. 5, [70]. Regnault. — Relation des expériences sur les machines à feu. Arch. Sc. phys., 1849, t. X, p. 265; t. XI, p. 5. (Les troi- sième et quatrième articles ont été rédigés par M. Soret, * ibid. 1850, t. XIE, p. 5 et 89.) Quetelet. — Électricité de l'air. Arch. Sc. phys., 1849, t. XL, p- 477 ; 1851, 1. XVI, p. 307. Melloni. — Thermochrose. Arch. Sc. phys., 1850, t. XEV, p. 177 et 257. Faraday. — Diamagnétisme. Arch. Sc. phys., 1851, t. XVL p. 89. Tyndall, Knoblauch. — Propriétés optico-magnétiques des cristaux. Arch. Sc. phys., 1851, t. XVI, p. 177. Observations sur les recherches de M. Masson relatives à la lumière électrique. Arch. Se. phys., 1854, t XVI, p. 227 [81]. APPENDICE. 219 Sabine, — Déclinaison magnétique. Arch. Sc. phys., 1852, { XIX, p. 31 [83]. Foucault. — Conductibilité propre des liquides. Arch. Sc. phys., 1853, t XXIV, p. 268. De la décomposition de l’eau par la pile et de la loi des équi- valents électro-chimiques. Arch. Sc. phys., 185%, t. XXVE, p. 137% [86]. Examen des anomalies où exceptions apparentes que pré- sente la loi électrolytique de Faraday. Arch. Sc. phys., \ 1854, t. XXVIL p. 177 [87]. Chaleur développée par l'électricité dans son passage à tra- vers les fils métalliques. Arch. Se. phys., 1854, t. XXVIL, p. 265 [88]. Volpicelli. — Polarité électro-statique. Arch. Sc. phys., 1855, XX NIUE, p.265: 14859, t: IV, p. 187 [90]. Riess. — Lecons sur l'électricité de frottement. Arch. Sc. phys., 1856, t. XXXIL, p. 121. Becquerel et Ed. Becquerel. — Traité d'électricité. Arch. Sc. phss., 1856, t. XXXII, p. 112. Nouvelles Fe lerches sur les relations de la force électrique et de la chaleur. Arch. Se. phys., 1858, t. IT, p. 185; 1859, t. IV, p. 81 et 360. Gassiott. — Transmission de l'électricité dans le vide. Arch. Scphys.,; 1859, t. VE p. 125; 1864, t. X, p. 51. Coup d’æil sur les applications de l'électricité à la production du mouvement et à celle de la lumière. Arch. Sc. phys., 1861, t. IX, p. 154. L.-W. Walker. — Courants terrestres. Arch. Sc. phys:, {S61, t. XIL p. 358. Quetelet. — Physique du globe. Arch. Se. phys., 1862, t. XV, p. 102. E. Plantamour. — Du climat à Genève. Arch. Sc. phys., 1864, t. XIX, p. 49 et 109. E. Frankland.—Causes de l’époque glaciaire. Arch. Sc. phys. 1864, t. XX, p.136. W. von Bezold. — Du crépuscule. Arch. Sc. phys., 1866, t. XXV, p.:999. Ed. Becquerel.— La lumière. Arch. Sc. phys., 1867, t. XXIX, p. 231 ; 1868, t. XXXIIL, p. 257. 220 ._ AUGUSTE DE LA RIVE. E. Loomis. — Aurore boréale. Arch. Se. phys., 1868, t. XXXI, p. 273. Becquerel. — Effets chimiques dans les espaces capillaires. Arch. Sc. phys., 1868, t. XXXIIL, p. 31. Éd. Sarasin. — Phosphorescence des gaz. Ann. de Chim., 1870, t. XIX, p. 191. Trève. — Action du magnétisme sur les gaz. Arch. Sc. phys., 1870, t. XXXVIL p. 182. — Comples rendus, 1870, t. LXX, p. 286. Loomis. — Comparaison des variations magnétiques de lau- rore boréale et des taches solaires. Arch. Sc. phys.. 1874, t XD,1p..353 ; 1873, 1. XLVII, p.231. Marey. — Décharge électrique de la torpille./Arch. Sc. phys.. 1871,1t. XLIL, p.312. BIOGRAPHIES Analyse raisonnée de la Notice biographique sur Alex. Volta insérée dans l’Anthologie. Bibl. Univ. Sc., 1827,t. XXXW, p. 186. Notice sur M. Nobihi. Bibl. Univ. Sc., 1835, t. LIX, p. 221. Mort de A.-P. de Candolle. Bibl. Univ., 1841, 1. XXXIV, p. . 400. Notice sur la vie et les ouvrages de A.-P. de Candolle. Bibl. Univ., 1844, t. LIV, p. 75 et 303 [56]. Cette notice a été réimprimée avec quelques chan- sements sous le titre A.-P. de Candolle, sa vie et ses travaux. (Paris et Genève, J. Cherbuliez, in-18,1851.) Rodolphe Tüpffer. Le Fédéral, journal genevois, 16 juin 1846. Reproduit en tête du roman, Rosa et Gertrude. (Paris, J.-J. Dubochet, Le Chevalier et C°, in-18, 1847.) François Arago. Bibl. Univ. Lit., 1853, 1. XXIV, p. 264. Notice sur Macédoine Melloni. Bibl. Univ. Lit., 1854, t. XXVIL, p. 221. Madame Marcet. Bibl. Univ. Lit., 1859, t. IV, p. 445. Notice sur Michel Faraday, sa vie et ses travaux. Arch. Se. phys., 4867, t. XXX, p. 131. APPENDICE. À 291 > Carlo Matteucci. Arch. Se. phys., 1868, t. XXXIE, p. 212. de Notice sur Emile Verdet. — Publiée en tête des œuvres de | Verdet. Paris, Victor Masson et fils, 1872. D’autres NOTICES BIOGRAPHIQUES Sont intercalées dans divers Rapports ou Discours, savoir : Discours sur l'instruction publique prononcés par de la Rive en qualité de Recteur de l'Académie. — Notices sur P. Prevost, Georges Maurice, 1838; Lhuil- lier, 1840, Pierre Girod, 1844. Discours de la Société des Arts prononcés par de la Rive en qualité de Président de cette Société. (Procès- verbaux des séances annuelles de la Société pour lavancement des Arts, t. IV, V, VE) — Notices sur. A.-M. Almeras, Fabry de Gex, A.-P. de Candolle, F. Lullin de Châteauvieux, de Sismondi, 1849; J.-C. Morin, Ant. Linck, M.-J.-L. Saladin, D.-T. Duval, 1844 ; M. Henri, J-C. Favre, H. Boissier, Th. de Saussure, 1845; Arlaud, C.-J. Londonio, J.-L. Dupan, J.-A. Lom- bard, Micheli-Perdriau, 1846; Nic. Schenker, W.-A. Tôpffer, C.-S. Lullin, 1848; Massot, Jean Dubois, 1849 ; F. Fregevise, J.-L. Agasse, Sx\ndic Odier, 1850. Rapports annuels du Président de la Société de physique et d'Histoire naturelle de Genève.— Notices sur Alexandre de Humboldt. Mém. Soc. Phys. 1859, t. XV, p, 256. M Somerville, Arnold Escher de la Linth. Mém. Soc. Phys., 1873, t XXIIL, p. 237. DIVERS Lettre à M. le curé Greffier. — Brochure, Genève, 1835. Discours sur instruction publique de Genève, prononcés à la cérémonie des promotions en 1838, 1839, 1840 et 1844. Rapports de la Classe d'Industrie de la Société des Arts. — Procès-verbaux de la Société pour l'avancement des Arts, 1832, t. IL p. 41: 1836, t. IIL p. 136; 1841, t. IV, p. 143. £ M. 3 Li 299 ‘ AUGUSTE DE LA RIVE. Discours prononcés aux séances annuelles de la Société pour l'avancement des Arts. — Procès verbaux de la Société pour l'avancement des Arts, t. IV, 1842. p. 186; 1843, p. 269; 1844, p, 361. — T. V, 1845, p. 5; 1846, p. 137; 1848, p. 325; 1849, p. 405. — T. VE, 1850, p. 55. Compte rendu de la septième réunion de l'Association bri- tannique. Bibl. Univ., 1837, t. XI, p. 355 (Le second ar- ticle a été rédigé par I. Macaire, ibid., t. XI. p. 439). Compte rendu de la deuxième réunion du Congrès scientifi- que d'Italie. Bibl. Univ., 1840, t. XXX, p. 335. Discours prononcés à l'ouverture de la Société helvétique des Sc. naturelles réunie à Genève. 30% Session. — Bibl. Univ., 1845, t. LVIIL p. 320.— Actes dela Société helvétique pour 4845, p. 1. (Reproduit dans Institut. 1846, t. XIV, p. 25, 49 ,57. sous le titre « Sur l'électricité, ses progrès etc.») [59, 64]. 49% session. Arch. Sc. phys., 1865, 1. XXIV, p. 48. — Actes Soc. helv. pour 1865, p. 1. (Déjà cité à la PHYSIQUE TERRESTRE.) Rapports annuels du Président de la Soc. de phys. et d’his- toire naturelle — Mém. Soc. phys., 1859, t. XV, p. 233, et 1873, t. XXII p. 237. De nombreux Discours et Rapports administratifs et politi- ques, publiés principalement dans le Mémorial du Con- seil représentatif, de Assemblée constituante et du Grand Conseil de Genève. APPENDICE. If LETTRES DE A.-M. AMPÈRE : A. Ampère à Marc-Augquste Pictet. Be Paris, 10 juillet 1892. 228 Je me préparais à vous expliquer à quel point tous vos arrangements me convenaient, lorsque j'ai reçu une lettre de M. de la Rive (Gaspard); j'ai interrompu d'écrire celle-ci pour lire la sienne. J'y ai vu sa nouvelle et très-importante expérience, qui ne semble pas en harmonie avec ma théorie, uniquement parce que je n’ai jamais eu le temps de rédiger un petit mémoire sur l’action électro-ävnamique de la terre, dont javais fait le plan avant mes dernières recherches sur la formule qui représente cette action entre deux portions infiniment petites de fils conducteurs, recherches qui m'ont conduit à la détermination de la valeur du coefficient con- stant #, dont j'ai parlé à M. de la Rive dans la lettre que je lui ai écrite le 12 juin dernier. Les calculs relatifs à cette for- mule ont absorbé le peu de temps que je puis donner à mes recherches, et mon travail sur l’action de la terre est resté en canevas jusqu’à aujourd'hui. J’v examinais comment de- vait agir, sous les trois points de vue de l'attraction et répul- sion, de la direction et du mouvement de rotation continu toujours dans le même sens, un courant allant de l'Est à l'Ouest dans l'équateur magnétique du globe, sur une portion mobile de circuit voltaïque; j’v expliquais les mouvements que j'avais observés en 1820 dans mon premier appareil, qui ! Voyez page 32. PA AUGUSTE DE LA' RIVE. me firent découvrir l’action de la terre sur les conducteurs, et dont j'ai parlé sans détails à la page 35, lignes 17, 18, 19 et 20. Si j'avais écrit et publié ce morceau, le résultat si re- marquable que vient d'obtenir M. de la Rive, l'aurait frappé lui-même comme une des preuves les plus directes de mon opinion, puisqu'elle en est une suile aussi nécessaire que la rotation toujours dans le même sens d’un fil conducteur au- tour d’un aimant due à M. Faradav. Je vais écrire tous ces détails à M. de la Rive. Ce qui me désole, c’est le manque de temps, etmon départ sous très- peu de jours pour l'inspection des colléges royaux de Mou- lins, Clermont et Lyon. ... M. Arago ne m'avait absolument rien dit de la communi- cation que lui avait faite M. de la Rive; je n’en ai eu vent que par un billet de M. Maurice, et je n’ai su en quoi elle consistait que par la lettre de M. de la Rive qui m'est arrivée hier. M. Pixiüi construit dans ce moment un appareil électro- dynamique semblable à celui que vous avez vu à votre der- nier voyage à Paris, à l'exception des additions que j'y ai fait faire pour imiter les trois principales circonstances de l'action terrestre, que j'ai indiquées tout à l'heure. Deux de ces additions avaient déjà été faites après votre.départ de Pa- ris à l'appareil que vous avez vu et que M. Pouillet a acheté, pour travailler aussi sur ce sujet. Au moyen de ces additions on réalise, avec un conducteur agissant sur un autre, tout ce que le raisonnement déduit de ma théorie relativement à l’action électro-dynamique de la NAN EPEN J'en remettrai le montant (d’un compte dimpres- sion qu’il réclame) à M. Paschoud aussitôt mon retour ici, à moins que je ne vous le porte moi-même à Genève. Cest une chose que je désire vivement, mais sur laquelle j'hésite encore. Si je puis y aller de Lyon, quand l'inspection sera fi- nie, je serai auprès de vous à la fin d’aoust . . .. Quelle reconnaissance ne vous dois-je pas, mon cher et excellent ami, de ce que vous voulez bien faire pour moi en tout ceci! Jen dois beaucoup aussi à M. de la Rive. Je vous x NE EE res OS APPENDICE. 295 prie de le lui exprimer de ma part en attendant la lettre que je vais lui écrire pour lui expliquer comment je conçois Pac- tion terrestre, en v appliquant directement les lois de Paction mutuelle de deux conducteurs voltaiques, Voici en deux mots ce qui doit résulter de cette action. 1° Conformément à mes expériences de 1820, page 35 de mon recueil, un courant mobile rectiligne horizontal allant de l'Est à l'Ouest, est attiré en masse vers Paris em P le midi par la partie supérieure BAC de l'équateur magnéti- que, la partie infé- rieure cab de cet équateur est pour nous du côté du Nord, elle repousse en masse le même cou- rant, mais avec une forcemoindre,àcause qu’elle est beaucoup plus loin. Ces deux forces s'ajoutent pour porter le courant mobile au midi, où il se porte en effet. 2° La résultante passant par le milieu de ce courant, si ce milieu repose sur un pivot, il ne peut y avoir aucune action directrice de la terre sur'ce courant horizontal allant de PEst à l'Ouest et mobile autour de son milieu, la grande dis- tance faisant que les actions contraires sur ses deux moitiés sont égales. 3° Tout courant dans une branche descendante tend à tourner en rétrogradant de l'Ouest à l'Est, comme on le voit dans le dernier mémoire que je vous ai envoyé; dans une branche ascendante à tourner de l'Est à l'Ouest, sens du courant terrestre. &° Cette action, à cause de la proximité plus grande de B A C que de c a b, est à son maximum quand la branche est au midi de l'axe de rotation ; à son minimum quand elle est au Nord. Le Pile ne rancl ic FANS ARCHIVES, t. LX. — Septembre 1877. 15 taie: 296 AUGUSTE DE LA RIVE. 5° Les deux branches verticales de l'appareil de M. de la Rive tendent évidemment à le faire tourner en sens con- traire; il tourne avec la différence des deux moments; c’est en effet le sens où il tourne dans son expérience ; il ne peut s'arrêter que quand les deux moments sont égaux, ce qui exige qu'une des branches étant à l Es de l'axe de rotation, l’autre soit à l'Ouest. 6° De là, deux situations d'équilibre quand le plan du rec- tangle est perpendiculaire au méridien magnétique. Dans l'une l'équilibre est stable, et le rectangle x reste immobile ; dans l’autre il est instable et le rectangle tourne. 7 Pour les distinguer, déplacons-le un peu de la situation d'équilibre. Si le courant est ascendant à l'Est et descendant à l'Ouest, on voit sur-le-champ que le midi étant en avant ongqy np ‘dmop ) VUOA léfrau noarmpgl somgniqru no noneanyes op "ou “dx 8 ap not] +) aameoduor | “aneworrg | D ss 1 LEST ENOV — HAANAHN 260 MOYENNES DU MOIS D’AOUT 1877. 6lh.m. Sh.m. 10h.m. Midi. S hs 4h.s. Gh.s. 8 h.s. 10 h.s. Baromètre. mm min mm mm nm mm mr mm mm re décade 727,04 727,22 727,17 726,86 726,59 726,36 726,37 726,72 727,03 2% » 727,66 727,63 727,62 727,31 726,98 726,80 726,75 727,06 727,30 128,10 728,33 728,41 728,19 727,84 727,48 727,36 728,09 728,46 Mois 727,62 727,15 721,16 127,48 727,16 726,90 726,84 727,32 727,63 Température. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1redécade+-15,50 +18,69 +20,66 22,13 +23,04 422,51 421,20 18,97 417,34 2 » +16,15 419,65 +22,07 93,97 424,78 +24,78 23,20 -+20,73 18,92 3e » 16,54 +19,67 +1,84 +29,42 93,74 +93,72 +29,48 420,45 18,59 Mois +6,08 +19,35 +91,53 +92,83 93,85 23,67 +22,30 +20,06 18,29 Tension de la vapeur. on mm mm mm mm mm mm nm m tre décade 10,39 11,59 10,35 10,72 10,84 11,01. 11,80 11,54 11,35 ATOS) 12:012012,82 19255, 12,43 42/45, 13,02,219,380493 57704953 3 » 12,27 13,32 13,24 13,29 13,22 132 13,52 13,397 1814 Mois 11,58 12,60 12,08 12,18 12,20 01240 12,92 12,84 192,69 Fraction de saturation en millièmes. Are décade 785 TS TS D45 522 546 635 689 743 2e » 864 745 626 599 o41 048 631 740 821 3e » 868 785 691 667 664 614 668 749 822 Mois 840 748 632 593 978 971 645 127 796 Therm. min. Therm.max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre. du Ciel, du Rhône. ou de neige. 0 0 0 mm cm 1re décade +13,86 +-24,37 0,41 +18,78 24,5 234,5 2e » +15,17 +-26,78 0,47 +19,41 11,6 221,7 SEE +14,81 95,43 0,48 —+929,15 66,0 230,6 Mois +-14,62 225,52 0,45 +19,45 102,1 298,7 Dans ce mois, l’air a été calme 0,4 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,62 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 500,9 O. et son intensité est égale à 32,8 sur 100. 261 TABLEAU OBSERVATIONS DES MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD pendant LE Mois D'AOÛT 1877. Le 6, brouillard presque toutle jour, 2 id. 8, id. 9, brouillard le soir. 10, id. 11, id. 13, fort vent du SO. tout le jour; 14, pluie et brouillard par un fort éclairs et tonnerres. 21, brouillard et faible pluie. 2, brouillard depuis 2 h. après midi; forte bise le soir. 3, brouillard le matin; forte bise tout le jour. pluie le soir. pluie par un fort vent du SO. pluie. brouillard le soir. vent du SO. jusqu'à 7 h. du soir; de 4à5h., 22, brouillard le matin et le soir ; fort vent du SO. 23, pluie et brouillard tout le jour. 26, brouillard le matin et le soir, 31, pluie et brouillard le soir. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. mm Lea 40h some AA Le 6 à 2 h. après midi. ....... 970,90 Jar 6 th matin ee 0e CE NE daren te RERO DOS den SA 968,75 LPO EmAtM EST MAC STR. SOIT... 0.00 575,02 23 Aa 718 he -matins..2 2-20 LÉ, Pi (SERRES EE 572,10 2614: -:6:h-2S01r2 A ER MAAIONR: soir .1.. 0 2 913,97 31 à 6h. __— E Baromètre. _ , = Hauteur | Ecart avec : moy. des | la hauteur | Minimum.| Maximum. æ' ||24 heures.| normale. millim, | millim. millim. | millim. 1 570,39 | + 4,51 | 569,13 | 571,55 2 565,94 | — 9,95 | 565,11 566,77 3 566,18 | — 92,72 | 565,29 | 567,21 à 566,86 | — 2,04 | 566,43 | 567,27 5 || 568,95 | + 0,05 | 567,90 | 569,75 6 || 570,66 | + 1,76 | 570,23 | 570,90 7 569,13 | + 0,24 | 568,21 569,91 8 566,82 | — 9,07 | 566,62 | 567,27 9 567,20 | — 1,68 | 566,34 | 568,56 10 568,53 | — 0,34 | 567,95 | 568,75 11 567,54 | — 1,22 | 567,12 | 568,31 12 566,36 | — 2,49 | 566,01 566 93 13 567,26 | — 1,57 | 566,77 |, 568,27 14 568,21 — 0,60 | 567,68 | 568,91 15 570,19 | + 1,40 | 569,51 570,57 16 570,50 | + 1,73 | 570,30 | 570,85 17 570,54 | + 1,79 | 570,10 | 571,08 | 18 572.93 ! HE 3,51 | 571,35 | 572,99 19 574,44 | + 5,75 | 573,50 | 575,02 20 574,02 | Æ 5,36 | 573,00 | 574,88 21 571,22 | + 2,59 | 570,54 | 571,97 22 569,36 | + 0,76 | 568,77 | 569,77 | 23 | 569,13 | + 0,57 | 568,47 | 569,81 | 24 570,31 | + 1,79 | 569,46 | 571,53 25 574,75 | 3,97 "571,51 | 572,10 26 571,13 | Æ 2,69 | 570,23 | 571,83 27 019,19 | + 4,39 | 571,89 | 573,57 28 572,57 | + 4,99 | 572,45 | 573,09 29 071,43 | + 3,13 | 571,25 | 571,76 30 570,60 | + 92,35 | 570,43 | 570,77 31 569,10 + 0,90 | 568:68 | 569,70 SAINT-BERNARD. — AOÛT 1877. a EE Vent Moyenne |Ecartavecla Hauteur Eau : Eh Te température Minimum* |Maximum* de tombée dans DOME dominant. 0 0 0 0 millim. millim. +10,90 | + 4,50 | + 8,4 | Æ14,6 | ..... Se ... SO. 1 000 | = 070 50,8 F0). SE He RRNER CE + 0,97 | — 5,49 | — 1,7 | + 3,9 ; Pa. e -PANUNI en + 6,01 | — 0,38 | + 3,4 | + 9,0 RACE re nétou NE. 1 + 7,83 | H 1,45 | + 45 | +12,3 | .... bo de SUB SO. 1 + 8.54 | + 2,47 | + O1 | +12,2 | ..... Re IPS eee + 7,74 | + 1,39 | + 6,4 | +10,2 Sec 4,4 ohne SO. 1 LS =" 0,70 | HE 67 | 5... 14,3 ete SO. 1 Sie d,89 ——— 0,46 — 3,9 + 8,3 CE .... ... NE, 1 + 6,13 | — 0,15 | + 34 | + 9,4 use sise FAR NE, l + 6,51 | + 0,26 | + 41 | +10,4 | ..... LÉ . |SO.. 2 + 5,54 | — 0,68 | + 1,4 | + 9,1 SOS NE Ne NE. 1 + 7,84 | + 4,65 | + 5,0 | 411,7 Free ere “e SO. 2 + 5,83 | — 0,33 | + 5,1 | + 8,0 ere dE 19/3 ARS SO. 2 —+ 7,58 | HE 1,46 | + 5,2 | +105 TS SAR ere NE. 1 +#10,81 | Æ 4,71 | + 6,7 | +12,8 rare Lies PÉSE SO. Il +10,76 | Æ 4,72 | + 7,4 | +143 ere sr Mes NE. Il +12,64 | Æ 6,64 | + 6,6 | +14,9 Speo Te DD NE. 1 +15,74 | + 9,79 | 10,4 | +19,4 See To Foi SO. il +13,85 | + 7,935 HI1,0 | +16,0 | ..... Re SZ variable +12,23 | + 6,38 Hii,t | +14,7 se Te ENS SO. 2 +11,37 | + 558 | +10,0 ( +142 TS see A e SO. 2 + 6,27 | + 0,54 | + 3,7 | +10,9 PTS 24,2 Ace S0. 1 8,51 | + 2,84 | + 3,8 | 144,8 | ..... SAT RE - SO. il —+10,08 | HE 4,48 Se 7,0 | 13,6 | ..... te REC SO. Il + 9,78 | L 4,25 | + 6,8 | +140 SEE L Hebte ee NE. 1 +10,11 | + 4,65 | + 6,9 | +141 RO HET ES NE. 1 13,46 | + 8,07 | + 9,7 | +16,6 re Se ot re SO. 1 411,30 | — 5,98 | + 8,5 | +14,5 rs < Po nete ne NE. 1 +13,46 | + 8,22 | +10,9 | 15,8 | ..... re mres0 24 + 961 ! H 4,45 |! Æ 6,8 +13,8 rs Sie 4,0 re SO. 1 | Température C. Pluie ou neige. * Ces colunnes renferment la plus basse et la plus élevée des températures observées de 6 h. matin à 40 h. suir. Clarté | moyenne, du Ciel. 263 MOYENNES DU MOIS D’AOUT 1877. üh.m. Shuwu. 10h. m. Midi. œhes: &h.s. 6 h. s. 8h.s. 10 n.s. Baromètre. mi ELU mm rar rain mm min min 1re décade 567,99 568,01 56807 568,14 568,13 568,04 568,05 568,20 568 14 2e, » 569,93 569,91 569,99 570,11 570,08 570,15 570,29 570,38 570,49 3 ) 970,78 570,81 571,01 570,96 570,92 570,89 570,83 570,88 571,01 Mois 569,61 569,62 569,73 569,77 569,75 569,73 569,76 569,85 569,92 Température. 0 0 0 0 0 ns 1re décade+ 5 05 + 6,42 + 8,04 + 8,95 + 8,99 + 8,52 + 7,33 + 6,07 + 5,27 2 » + 6,61 + 8,83 10,76 11,94 Æ11,91 +4411,50 +10,30 Æ 9,14 + 8,74 3e » + 9,08 +10,76 +12,25 412,94 +13,36 +12,70 +11,28 10,23 + 9,35 Mois + 6,98 + 8,74 HAO,#1 +11,33 11,48 210,93 + 9,69 + 8,54 Æ 7,83 Min. observé. Max. observé Clarté moyens Eau de pluie Hauteur dela du ciel. ou de neige. neige tombée. 0 0 mm mm {re décade + 4,04 + 9,66 0,54 27,1 — 20) ‘y + 6,29 + 12,71 0,46 11,3 _ 3 D) + 7,175 + 14,27 0 45 28,2 — Mois + 6,08 + 12,28 0,48 67,6 de Dans ce mois, l’air a été calme 0,0 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,66 à 1,00, La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 450 O., et son in- tensité est égale à 24,4 sur 100. CPRPAP NEA Enr FR Me F, A br, BE XL Q LP SUR Nas ELA PU ra V N [1 ere To ca RER S e SOIXANTIÈME SESSION DE LA SOCIÈTE HELVETIQUE DES SCIENCES NATURELLE RÉUNIE A BEX Les 20, 21 et 22 août 1877. La pelite ville de Bex si pittoresquement située dans la vallée du Rhône au pied des Alpes vaudoises, non loin de la Dent de Morcles et de la Dent du Midi, dans une des plus séduisantes et des plus riches contrées de la Suisse, a eu l'honneur de recevoir cette année-ci la soixantième session de la Société helvétique des Sciences Naturelles. En assignant à leurs collègues des autres cantons ce char- mant lieu de rendez-vous, les membres de la Société vau- doise avaient d’autres motifs à invoquer à l’appui de leur choix que la beauté remarquable du site, il y avait en effet là une contrée intéressante à tous égards à visiter pour le naturaliste et mieux encore des souvenirs pré- cieux à raviver, des traditions utiles à recueillir dans les lieux illustrés par le séjour et les travaux des de Haller, des de Charpentier et des Thomas. La population de Bex a tenu à montrer le prix qu’elle attache à ces souvenirs glorieux pour elle, en faisant aux savants étrangers et suisses accourus dans ses murs l’accueil le plus cordial et le plus sympathique. ARCHIVES, t. LX. — Octobre 1877. 18 266 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE Aussi tout a concouru à faire de la réunion de Bex une des plus animées qu’aient encore vues les annales de no- tre Société. Outre les séances générales et les séances spéciales des sections qui ont été très-riches en commu- nications et discussions sur les sujets les plus divers, le temps a été rempli de la manière la plus agréable par des visites aux salines, aux blocs erratiques de Monthey et aux blocs situés au-dessus du Bévieux, Pierra-Bessa et Bloc monstre. Ces deux derniers, vestiges frappants de la période glaciaire, rendus célèbres par de Charpentier, avaient été donnés par leurs propriétaires à la Société vaudoise à l’occasion de la réunion de la Société helvétique, et celle-ci a assisté en leur honneur à une fête champêtre pleine de piquant et d'originalité où l’on avait délicate- ment ménagé une ovation charmante à M. Bernard Stu- der, le doyen des géologues suisses qui célébrait ce jour-là son quatre-vingt-troisième anniversaire, Mais ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans le détail de ces fêtes et de ses réceptions dont tous ont gardé le plus charmant souvenir. Le 23 août une cérémonie touchante, l’inaugu- ration du monument élevé à la mémoire de Jean Muret, réunissait encore à Pont de Nant, malgré un temps dé- favorable, un certain nombre de membres de la Société. Des excursions géologiques, zoologiques et botaniques avaient été en outre organisées pour les jours suivants par MM. Renevier, Forel et Favrat. Nous tenons à exprimer ici notre vive reconnaissance à M. le professeur Schnetzler qui a bien voulu remplacer comme Président de la session M. le professeur L. Dufour. empêché pour motif de santé, à M. Forel, secrétaire géné- ral, au Comité d'organisation et à la population de Bex DES SCIENCES NATURELLES. 267 pour l’activité et le dévouement dont ils ont fait preuve dans cette circonstance. La prochaine réunion aura lieu en 1878 à Berne sous la présidence de M. Branner de Wattenwyl. Nous allons aborder maintenant l'exposition des tra- vaux scientifiques qui ont rempli les séances générales et les séances spéciales des sections, en les rangeant sui- vant les branches de la science auxquelles elles se rap- portent. M. le professeur Schnetzler a ouvert la session par un discours remarquable dans lequel il a° résumè l’histoire naturelle de la contrée de Bex. Nous n’insisterons pas sur la portion de ce discours qui a trait à la géologie des Alpes vaudoises, laquelle a été empruntée pour la plus grande partie au beau travail de M. Renevier qui a été publié récemment dans les Archives. Passant à la flore, M. Schnetzler fait d’abord les remarques que voici : M. Alph. de Candolle en cherchant avec la méthode logique et sûre qui lui est propre, des « caractères généraux et distinctifs » dans la végétation actuelle qui permettraient de la distinguer en tout pays, si elle dévenait fossile, arrive à la conclusion que nos recherches complétement infruc- tueuses, d’un caractère propre à toute la végétation actuelle, démontrent bien que tout a été non-seulement successif, mais local dans l’histoire des êtres organisés. La belle Flore de Bex et des montagnes environnantes se rattache à l’histoire de l’époque glaciaire. Ce sont encore les recherches de notre illustre botaniste genevois qui nous donnent la clef de l’inégale distribution des plantes rares dans la chaîne des Alpes. Les vallées et les groupes de mon- tagnes qui ont aujourd’hui le plus d’espèces rares et la Flore la plus variée, appartiennent aux districts dans lesquels la 265 SOCIÈTÉ HELVÉTIQUE neige et les glaciers ont duré le moins. Au contraire les par- ties pauvres, quant à la Flore, sont celles où l'influence de la neige et des glaciers s’est le plus prolongée. Les Alpes se sont élevées à leur maximum d’altitude pendant la période miocène. Pendant l’époque glaciaire cette chaine a été en- foncée sous les neiges et la glace. Les plantes qu’elle avait reçues pendant la période pliocène, descendirent alors dans la plaine, où elles se méêlèrent aux espèces boréales. Après la retraite de la mer qui couvrit une grande partie de l’Alle- magne et qui charriait des glaces avec des blocs erratiques provenant des Alpes scandinaves, après là retraite de nos olaciers, les espèces arctico-alpines se relirèrent au Nord ou dans les Alpes. Celles-ci n’ont pas été un centre de création après l’époque glaciaire, mais un refuge. Le Jura est resté: sous la neige pendant que les environs du lac Léman étaient déjà débarrassés de leur froide couverture. La végétation de la vallée du Léman a pu s'établir alors et bientôt après, celle des montagnes peu élevées de Savoie, au moyen d’espèces qui venaient de France. Il a dû s’opérer ainsi des intro ductions d’espèces de plus en plus méridionales, à mesure que le voisinage de la neige perdait de son influence. Les premières plantes arrivées ont dû être celles qu’on trouve aujourd'hui à une certaine hauteur sur le Jura et sur les. montagnes entre Genève et Chamounix. Après avoir stationné dans le bas des vallées, elles ont dû s’élever lorsque la neige diminuait. C’est ainsi que le Rhododendron ferrugineux du Jura vient probablement des Alpes francaises. Dans les frais pâturages de la Dôle, sommité du Jura qui s'élève entre la France et la Suisse, nous trouvons le Rhododendron ac- compagné du Aconîtum anthora L., aux fleurs jaune citron d’une gracieuse Primulacée, Androsace villosa D. C., de PE- rysimum ochroleucum D. C., de la Vulnéraire des montagnes, du Millepertuis de Richer, de deux Alsinées aux grandes fleurs blanches étoilées (Arenaria grandiflora L., Alsine Bau- hinorum Gay). Toutes ces plantes jurassiques sauf le Rho- “° PNSEREES … DES SCIENCES NATURELLES. 269 dodendron manquent dans nos Alpes ou y sont rares, mais se trouvent abondamment dans les Alpes du Dauphiné et de la Savoie. Les plantes remarquables du massif de la grande Char- treuse, des monts Vergis et Brezon en Savoie, des parties éle- vées du Jura occidental et méme des environs de Bex dans les Alpes vaudoises, appartiennent probablement d’après M. de Candolle à cette catégorie. Suit la description des principaux représentants de la Flore de Bex et de ses environs, d’après M. J.-L. Thomas et d’autres. Le discours aborde ensuite ce qui à trait à la Faune de la contrée, y compris celle des animaux vivant dans les galeries des salines, puis l’historique de ces salines elles- mêmes et de leur exploitation. « Outre l’agriculture, les mines de sel de Bex occupent une partie de la population. C’est dans un pré au bord de la Gryonne qu'on découvrit avant le XVP: siècle la première source salée. L'État de Berne l’acheta en 168%. L’exploita- tion fut dirigée successivement par MM. de Rovéréaz, de Beust, Alb. de Haller (1758-1764), Struve, etc. En 1815, M. de Charpentier entreprit la direction et découvrit en 1824 le roc salé en Bon-Espoir. Il commença alors la dessalaison artificielle en établissant des dessaloirs dans le roc non salé. Quoique les mines de Bex aient fourni en 1856 un maximum rarement atteint de 45,000 quintaux, leur exploitation devint de plus en flus onéreuse. L'État de Vaud, qui depuis sa sé- paralion de Berne avait pris à sa charge les frais de cette exploitation, voyait le prix de revient de son sel dépasser le prix d’achat du sel étranger. Le gouvernement vaudois se résignait à contre-cœur à abandonner celte exploitation oné- reuse, lorsque quelques hommes à la tête desquels se trou- vait M. Ch. Grenier, qui vous exposera bien mieux que moi les différentes phases par lesquelles à passé l'extraction du 970 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE sel de Bex, intervinrent dans la question. Ce sont ces hom- mes à la fois pratiques et philanthropes qui, en introduisant des économies dictées parles progrès de la science, ont rendu l'exploitation productive tout en maintenant leur gagne-pain à de nombreuses familles d'ouvriers qui allaient en être pri- vées. L’administration a été simplifiée, les frais généraux di- minués, des procédés plus rapides et plus économiques dans la concentration de la solution salée ont remplacé la routine, le prix de revient a considérablement baissé et, s’écrie M. Rambert, le sel vaudois est sauvé! Messieurs, vous verrez nos mines de sel, ce qui me dis- pense d’une description détaillée ; c’est dans le romantique et pittoresque vallon de la Gryonne que se trouvent les en- trées des mines du Fondement et du Bouillet; elles forment deux étages reliés entre eux par un escalier taillé dans le roc. Parmi les nombreux travaux entrepris depuis le creu- sage de ces mines, nous trouvons la salle à gradins du Bouil- let, creusée par la nouvelle compagnie qui obtint par là des résultats tellement satisfaisants qu’on entreprit une grande tranchée dans la même mine, travail le plus important exé- cuté par la compagnie qui a commencé l'exploitation des mines le 1% juillet 1867. Un fait accidentel observé par MM. Grenier et de Vallière donna l’idée de ces nouveaux travaux. L'eau avait fait irrup- tion dans une salle d’exploitation abandonnée, dont le pla- fond fut immergé. Après l'épuisement de l’eau la roche de ce plafond se trouva entièrement dessalée. C’est pour suivre ce procédé d'extraction bien simple qu’on creusa plus tard, outre les travaux mentionnés, une seconde salle à gradins dans la mine du Coulat. Une turbine établie au Bouillet sert à monter les pierres de la tranchée et à pomper l’eau salée. Une machine oscillante élève au Coulat l’eau salée du fond d’un puits et produit une économie annuelle de plus de 7000 fr. La question de la production de l’eau salée à bas prix étant résolue, il fallait réformer le mode de concentration de DES SCIENCES NATURELLES. 271 la solution salée. M. le professeur Piccard présentera à la Société des appareils perfectionnés par lui qui fonctionnent depuis quelque temps et dont ce savant ingénieur vous don- nera l'explication. La force motrice de ces appareils est four- nie par le torrent de l’Avancon qui baigne les établissements du Bévieux où s’opère la concentration de l’eau salée tirée des mines. Eofin le discours se termine par les portraits d'Albert de Haller, d'Abraham Thomas et de de Charpentier, le principal propagateur de la théorie des glaciers sur la- quelle M. Schnetzler s'exprime comme suit : « Déjà en 1815 un montagnard valaisan expliqua la dissé- mination des roches erratiques par une ancienne extension des glaciers actuels. Venetz dans son mémoire sur les varia- tions de la température dans les Alpes du Valais (1821) dé- veloppa et appuya l'hypothèse du chasseur de chamois Per- raudin. Si de Charpentier a recu une puissante impulsion de la part de ces deux hommes, c’est par la méthode d’observa- tion, par son raisonnement clair et logique qu'il a assis lé- tude de l’époque glaciaire sur cette base vraiment scientifi- que. Depuis la publication de son « Essai sur les glaciers » (1841), cette étude a fait de rapides progrès, les travaux d’Agassiz et de ses anciens amis, ceux de Forbes, de Tyndall, de Dollfuss, etc., en ont fait une véritable histoire naturelle des glaciers. L’époque glaciaire n’est plus un phénomène borné à notre pays, c'est un événement géologique qui a joué un grand rôle dans l’évolution de notre planète et de la vie végétale et animale qui l’anime. Si nous comparons de même l’état de la Botanique et de la Physiologie du temps de Haller et d'Abraham Thomas au développement que ces mêmes sciences ont pris de nos Jours, nous y voyons une marche, nn progrès, une évolution plus rapide encore. Les barrières établies par l’École entre le monde végétal et animal sont tombées depuis qu’on a dé- 979 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE couvert que la vie animale et végétale se développe et se ma- nifeste dans le même substratum qui forme le commence- ment de toute vie. Nous voyons même se combler peu à peu l’abîime qu’on croyait exister entre les corps organisés et les corps inorganiques, par l’étude de la structure moléculaire de la cellule. La confusion entre un corps organisé et une substance minérale n’est pas aussi impossible qu’on pourrait le croire, l'organisme qu’on a pris pour le premier degré d'organisation du Protoplasma sous-marin, le Bathybius Hæckeli n’est peut-être autre chose qu’un dépôt de sulfate de Calcium. Le plus savant peut se tromper ; mais lorsque la recherche de la vérité est l’unique but vers lequel se dirigent les travaux du naturaliste, la science suivra toujours, même à travers les erreurs, une marche progressive quand même elle ne parviendra jamais à la vérité absolue. C’est dans cet esprit, Messieurs, que nous allons travailler pendant notre modeste réunion de Bex, où à chaque pas nous trouvons les traces de ceux qui peuvent nous servir de modèles dans la recherche de la vérité scientifique. » A la suite de ce discours M. le docteur Lebert a donné lecture de deux notices biographiques que nous croyons devoir reproduire ici x extenso : JEAN DE CHARPENTIER Par une belle soirée du mois de juillet 1835, j'étais revenu à Airolo d’une excursion que j'avais faite dans le Valais avec mes amis Heer et Martin Horner, de Zurich. Le soir je vis à la table d'hôte de l’hôtel un groupe de voyageurs dont l’un me frappa par son profil caractéristique, véritable type de tête de savant, tel que je me représentais un Keppler, un Galilée. J’appris que c'était M. Jean de Charpentier, célèbre naturaliste et directeur des Salines de Bex, qui se rendait à Lugano pour la réunion de la Société helvétique des scien- ces naturelles. Il était accompagné de l'ingénieur Venetz et DES SCIENCES NATURELLES. 273 du curé Daenen de Munster (Haut-Valais), grand amateur de botanique. Comme la réunion de Lugano était aussi le but de notre voyage, nous fimes bientôt bonne connaissance, en fai- sant ensemble, après la réunion, l’ascension du Camoghé. Attiré d’abord par la physionomie fine. expressive et pleine de noblesse de Jean de Charpentier, je le fus bien davantage encore par l’étendue de ses connaissances, par la profondeur de ses remarques et par la bienveillance pleine de jovialité qu’il avait pour la jeunesse et qu’il me témoigna d'une ma- nière touchante pendant le peu de jours que je passai alors avec lui. Au mois d'octobre de la même année je me trouvai à Bex en revenant de Chamounix. Je fis visite au directeur des Salines et je fus d’autant plus heureux de son invitation à passer quelques jours chez lui, que j'avais à consuller son herbier pour un travail que j'avais commencé sur les gentia- nes de la Suisse, et que j'avais beaucoup de renseignements à demander au savant géologue sur les glaciers, dont les phénomènes m'avaient vivement impressionné, soil dans l’Oberland bernois, soit à Chamounix. Je n’ai pas besoin de dire que je fis aux Dévens un séjour aussi agréable qu'instructif, et que, sur les conseils de M. de Charpentier, je formai déjà alors, c’est-à-dire à la fin de mes études universitaires, le projet de commencer ma carrière médicale à Bex, projet que j'ai pu réaliser plus tard. Vous avez pu, Messieurs, apprécier dans le discours de notre honorable Président tout le mérite de notre savant sur le terrain de la science. Permettez-moi de compléter celte instructive exposition par une courte esquisse biographique de l’homme dans l'intimité duquel il m’a été donné de vivre pendant bien des années et pour la mémoire de qui je con- serve les sentiments de la plus sincère estime et d’une sym- pathie pleine de gratitude. Nous sommes habitués à voir les grands savants habiter les centres de sciences et les universités. Jean de Charpen- 274 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE tier, au contraire, comme son ami Emmanuel Thomas, dont j'aurai l’honneur de vous esquisser aussi la vie, a vécu à la campagne, dans un vrai petit paradis, il est vrai, mais qui n’en est pas moins un des vallons les plus solitaires de la plaine du Rhône. Grâce à ces deux hommes, cependant, les Dévens sont devenus, de leur vivant, un centre d'attraction pour les savants de l’Europe entière, une véritable académie d'histoire naturelle, improvisée dans un lieu ou le botaniste et le zoologiste, comme le minéralogiste et le géologue, trouvent à faire les plus amples récoltes. « Jean de Charpentier naquit à Freiberg, en Saxe, le 7 dé- cembre 1786. Son père, un des plus célèbres ingénieurs des mines de son temps, était collègue de Werner. Ces deux co- ryphées de la science firent de Freiberg, dans la seconde moitié du siècle passé, une des écoles les plus célèbres de minéralogie, de géologie, d’oryetognosie tant théorique que pratique. Aussi Jean de Charpentier comptait-il parmi ses condisciples Alexandre de Humboldt, Léopold de Buch, Lardy et bien d’autres hommes devenus célèbres. De très-bonne heure notre ami montra une aptitude toute particulière pour la physique, la mécanique et pour tout ce qui a rapport aux mines. En observant les travaux des ou- vriers, soit dans les ateliers, soit dans les mines, il acquit de bonne heure non-seulement un sens pratique exquis, mais aussi cette aimable bienveillance qu'il a témoignée jusqu’à la fin de ses jours à ces hommes utiles et laborieux. Après avoir recu sa première éducation à Freiberg, Jean de Charpentier fit ses humanités dans l’excellente école de Schulpforta (Porta Vestphalica) déjà très-célèbre alors. IL y prit pour les études classiques un goût qu'il garda toute sa vie, et lorsqu'un jeune aspirant à la science venait lui faire visite, il sortait d’un tiroir l'Histoire d'Alexandre, de Quinte- Curce et la lui faisait traduire. Lorsqu'il me fit subir celte espèce d'examen, je pus interpréter couramment le texte la- tin, ce qui ne contribua pas peu à rendre d’emblée nos rela- ions bonnes et cordiales. DES SCIENCES NATURELLES. 275 A la fin de son séjour à Schulpforta il fit un travail sur l'état des mines dans l'antiquité (De re metallica antiquorum} qui malheureusement n’a jamais vu le jour, et dont il n’a pu lui-même retrouver le manuscrit. De retour du gymnase, Charpentier acheva ses études à l’école des mines de Freiberg. Il commenca sa carrière pra- tique dans les mines de houille de Waldenburg en Silésie. Il y travaillait sous la direction de son frère Toussaint, devenu plus tard célèbre comme entomologiste et comme un des premiers ingénieurs des mines de la Prusse. Après qu'il eut résolu à Waldenbourg un problème de mécanique très-difficile, devant lequel la sagacilé d’Alexan- dre de Humboldt avait échoué, l'attention de lautorilé se fixa favorablement sur le jeune assesseur des mines. L’affabilité de son caractère le faisait aimer de tout le monde. Sa carrière aurait été brillante et l'aurait probable- ment conduit aux grandes dignités universitaires, S'il y avait persévéré. Mais le désir de voyager s'était réveillé avec force en lui. Il accepta done une position qui lui était offerte dans le midi de la France, pour y établir des forges à la Catalane. Agé de vingt ans, il sut déjà se faire une position des plus honorables. Son amabilité, son enjouement, l'étendue de ses connaissances, ainsi que l'esprit d'investigation profonde qu'il portait dans ses recherches, lui donnaient accès dans les familles et chez les hommes les plus distingués de ce pays. L'entreprise pour laquelle il avait été appelé n'ayant pu ètre menée à bonne fin par suite d’embarras financiers de la compagnie, 1l consacra bientôt tout son temps à l’explora- tion géologique des Pyrénées, qu'il étudia pendant cinq ans avec tant de soin et une exactitude si rigoureuse, que l’ou- vrage qui en est résulté, couronné plus tard par l’Académie des sciences de Paris, reste encore aujourd’hui un monu- ment d'excellente observation. On admire d’autant plus la sagacité dans la séparation des diverses couches et dans la description des moindres variélés de roches, que la paléon- 276 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE tologie, aujourd’hui indispensable pour ce genre de déter- mination, étant à peine fondée comme science, ne pouvait dui être d’aucun secours. Son temps, du reste, n’était pas exclusivement consacré à la géologie. Tout ce qui pouvait l’instruire attirait son atten- tion. J'en citerai pour preuve ce fait, que c’est lui qui a fourni au célèbre linguiste Guillaume de Humboldt les bases du premier dictionnaire de la langue basque qui ait été publié. Chaque soir, en rentrant au gîte, le marteau une fois posé et les notes de la journée classées et rédigées, il savait élec- triser son entourage par sa gaité spirituelle et son entrain. Aussi l'estime accordée au savant fut bientôt accompagnée «l'une popularité telle que lorsque, quarante ans après, il fit un voyage (ans les Pyrénées, son séjour y fut une série de fêtes et d’ovations. Et pourtant il ne retrouvait pas beaucoup de ses anciens amis; mais sa mémoire était restée vivante dans la jeune génération. Après avoir terminé ses recherches, il alla passer quelque temps à Paris, où il entra en relation avec les géologues et les minéralogistes les plus distingués de ce temps. [l est mé- me probable que l’on aurait cherché à le fixer dans cette ca- pitale, en lui donnant une position scientifique ; mais il ac- -cepta en 1813 une place qui lui était offerte par son ami Lardv dans le canton de Vaud, celle de directeur des mines et salines de Bex. | Le voilà donc citoyen vaudois, mais non comme un astre brillant de passage. Il résolut, au contraire, de passer le reste de ses jours dans cette riante contrée. Lorsque, bien des an- nées après, on lui offrait, ce qui est souvent arrivé, une haute position dans un pays éloigné, il répondait qu’il ne pouvait point se séparer de ces belles montagnes, et surtout pas de son imposant voisin le Grand Muveran. Ce noble désintéressement, cette absence complète d’am- bition, cet amour profond pour la belle nature qui l’entou- rait, sont caractéristiques chez ce savant aussi modeste que distingué. DES SCIENCES NATURELLES. 217 Taillé intellectuellement pour être lémule des de Hum- boldt, des de Buch, des Élie de Beaumont, il préféra sa mai- son des Dévens à l’éclat du monde et des honneurs. Aujour- d'hui que tous ses contemporains ont disparu, on peut se- demandec s’il n’a pas choisi la bonne part, et s’il n’a pas eu une existence plus heureuse dans sa retraite philosophique. En effet, son étoile brille-t-elle moins au firmament de la science que celle de ses illustres amis. Avant lui les salines de Bex offraient plutôt un intérêt de curiosité que d'utilité publique. Le grand Haller avait été un de leurs directeurs. Pendant son séjour à Roche, si éminemment utile à la science, le patricien bernois jouissait plutôt de son emploi comme d’une sinécure. C’élaient principalement des sources salées relativement faibles qu’on exploitait, et, en effet, elles n'avaient qu’une valeur médiocre. On taillait pour ainsi dire les branches, sans se douter qu’elles provenaient d’un tronc puissant, et sans chercher de pénétrer jusqu’à celui-ci. Jean de Charpentier eut le grand mérite de découvrir le gi- sement considérable de roche salée. Ce ne fut point un heu- reux hasard, mais tout fut prévision et calcul, et lorsque, après les premières galeries de recherche, la roche salée commença à s'épanouir devant le regard satisfait du grand zéologue, ce ne fut point l’amour-propre flatté qui fil sa joie, mais d'emblée il pensa aux bienfaits que cette décou- verte répandrait sur la contrée et sur les nombreuses familles auxquelles elle donnerait du pain, Cette prévision philan- thropique se réalisa; toutes ces familles devinrent pour ainsi dire la sienne par la sollicitude et l'affection dont il entoura ses ouvriers pendant toute sa vie administrative. Le canton de Vaud, à cette époque,était dans la splendeur de sa jeunesse comme État indépendant. Des hommes d’État de premier ordre avaient su lui donner une législation à la fois simple et très-appropriée à ses besoins moraux, intellec- tuels et matériels, à sa qualité avant tout de pays agricole, mais animé du feu sacré du progrès. Aussi le gouverne- 9278 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE ment se montra-t-il très-reconnaissant envers le jeune direc- teur des Salines et comprit, comme lui, qu'il s'agissait à la fois d’une source nouvelle d'avantages financiers et humani- taires. Le gouvernement fit construire aux Dévens, pour le directeur, une belle habitation entourée d’un grand jardin, sans compter un brillant cadeau par lequel il lui témoigna son estime et sa gratitude. Dès ce moment l'existence de Jean de Charpentier devint très-agréable. Aimé et estimé de tous, sa réputation alla orandissant dans toute la Suisse et au dehors. On était heu- reux de posséder en lui un technicien pratique, en . même temps qu’un savant distingué. Sa probité à toute épreuve lui gagna aussi une confiance illimitée, d’autant plus méritée qu'il avait toujours en vue l'intérêt de l’État plus que le sien. I avait un tantième sur le total du sel fabriqué ; mais il maintint toute sa vie un sage équilibre entre les galeries de recherche et celles d’exploita- tion, aimant mieux ménager la roche salée pour longtemps que de penser à son profit personnel. Doué d’une activité peu commune, infatigable au travail. notre savant directeur ne se contenta pas de cet accomplisse- ment intelligent et consciencieux de ses devoirs. Il sut v joindre l'esprit sévère de la science et le cœur chaud de l’homme aux veux duquel le bien public est aussi sacré que l’étude. Aussi, pendant bien des années, il prit part à presque tous les grands travaux qui avaient un but d'utilité étendue et cela non-seulement dans le canton de Vaud, mais dans la Suisse tout entière. Ses grands travaux pour l’endiguement du Rhône ont réglé en partie lé cours de ce fleuve et ont rendu à la culture de vasies terrains auparavant stériles et malsains. C’est lui qui, avec son ami Venez, sut mettre un terme aux ravages du glacier de Gétroz. Vous avez tous vu, Mes- sieurs, à Martigny, la ligne noire tracée sur les murs et in- diquant la hauteur de l'inondation de 1818. D’immenses masses de glace s'étaient détachées du glacier et avaient tel- DES SCIENCES NATURELLES. 279 lement obstrué le lit étroit de la Dranse, qu'un grand lac s’était formé au-devant de l'obstacle. Le 16 juin 1818, le lac rompit la digue de glace, et la Dranse se précipita par la brèche avec une violence inouïe : des villages entiers furent détruits, beaucoup d'hommes périrent, et jusqu’à Martigny une eau bourbeuse remplit les rues presque à la hauteur du premier étage. La charité inépuisable des Confédérés sut ré- parer les dommages momentanés ; mais l’épée de Damoclès restait suspendue sur la tête des pauvres habitants de la con- trée. C’est alors que nos deux amis, les illustres fondateurs de la théorie de l’époque glaciaire, firent exécuter des tra- vaux si solides, que l’inondation de 1818 est restée heureu- sement un fait historique isolé, et qu’au souvenir d’une triste catastrophe reste attaché celui d’un grand bienfait rendu à humanité. Le gracieux vallon des Dévens ne contenait à celte épo- que que bien peu de maisons, hors celles qui appartenaient aux Salines. C’était une solitude. Mais bientôt il $’v opéra une transformation complète. Le jardin de M. de Charpen- tier devint un véritable jardin botanique où des plantes exo- tiques rares étaient cultivées, tandis que son voisin Emma- nuel Thomas élevait de préférence des plantes des Alpes. Des rapports intimes s'étaient établis entre les deux natura- listes, et la réputation de Jean de Charpentier, devenue euro- péenne, attirait aux Dévens des savants de tous pays. L’ai- mable et large hospitalité du Directeur et ses belles collec- tions surent souvent fixer les passants pour bien des semai- nes. Celui qui avait une fois goûté du charme de ces rela- tions, y revenait volontiers. Comme centre d’excursions les Dévens étaient un point admirable, immédiatement au pied des plus belles Alpes et à la porte, pour ainsi dire, du Valais. ce jardin enchanté, cher aux naturalistes. Pendant longtemps le savant géologue, tout en continuant ses observations, avait abandonné les études de sa jeunesse. I se sentait de plus en plus attiré vers la nature organique et devint un des botanistes des plus distingués de la Suisse. 280 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE En même temps il s’occupa très-activement des mollusques fluviatiles et terrestres. Son herbier, que j’ai beaucoup étu- dié et dont j’ai même classé une partie d'après le Prodrome de de Candolle, était le mieux arrangé que j'aie vu. Il était surtoutriche et instructif par le grand nombre de formes qu’it présentait des plantes de la Suisse et de l’Europe en général. Doué d'un coup d'œil pénétrant, Charpentier était frappé des moindres différences, mais il avait l'esprit trop philoso- phique pour ne pas restreindre les espèces, plutôt que de les multiplier sans nécessité. Ses collections étaient pour ainsi dire une propriété publi- que, très-libéralement ouvertes à tous ceux qui voulaient étu- dier. Mais, malgré son travail infatigable, malgré ses excur- sions nombreuses, variées, allant jusqu’à l'extrême limite du domaine de l’observation, il se ressenlit trop de sa vie isolée. Son ambition stimulée autrefois par le milieu dans lequel il vivait, en Allemagne et en France, était devenue à la let- tre une Belle au bois dormant. De temps en temps des éclairs de génie brillaient encore dans les réunions de savants; mais pour l'ordinaire Jean de Charpentier était devenu le type de l’Épicurien scientifique, naturellement dans le sens le plus noble et le plus élevé du mot. Déjà cependant était né le prince qui devait éveiller la belle endormie. C'était le fils d’un pasteur du canton de Vaud, dont le père, d’après ce que m’a raconté un de ses camarades d’enfance, ne savait que faire, « de ce garçon courant toujours les champs à chercher des bêtes. » Cet enfant était Louis Agassiz. Bien jeune encore, il devint un homme de science de premier or- dre. Lorsqu'il demanda à Cuvier la permission d'étudier les poissons fossiles du Musée de Paris, le grand paléontologue les lui abandonna complétement, déclarant au jeune savant suisse qu'il en savait plus que lui-même. Agassiz a été un des hommes les plus brillants de son temps. Jeune, beau, d’une constitution athlétique, doué d’une éloquence entrainante, son esprit était animé d’une curiosité DES SCIENCES NATURELLES. 281 insatiable, sa mémoire excellente, sa perspicacité d’une fi- nesse rare el sa manière de juger et de coordonner les faits, d’une teudance hautement philosophique. Peut-être ses for- ces digestives pour les travaux des autres étaient-elles quel- quefois un peu trop robustes. En été 1836, Agassiz s'établit à Sallaz, dans le voisinage des Dévens, pour étudier à fond, sous la direction de Jean de harpentier, les phénomènes des glaciers, des blocs et des terrains erratiques. J’eus le bonheur d’assister à toutes les belles démonstrations qui, déjà trois ans auparavant, avaient fait ma joie, et dont j'avais résumé les doctrines dans une le- con publique faite à Zurich en 1834, à l’occasion de la soute- nance de ma thèse doctorale. J’eus l’heureuse chance aussi d’assister à toutes les courses failes aux blocs, aux moraines, aux glaciers. Lorsque Venetz avait le premier énoncé, quelques années auparavant, l’idée que les glaciers devaient avoir été autre- fois beaucoup plus étendus et auraient transporté les blocs erratiques des Alpes jusque sur le flanc de montagnes très- éloignées, du Jura même, il trouva dans son ami Jean de Charpentier un adversaire redoutable. Cependant la bonne foi de celui-ci était telle que, ayant reconnu la justesse des observations de Venetz, il devint le véritable fondateur de l’époque glaciaire générale et du transport des blocs errati- ques par les glaciers. Avec son ardeur accoutumée, Agassiz fit déjà, cette même année de 1836, un discours sur les glaciers dans la réunion des naturalistes suisses à Neuchâtel. Bientôt nous le voyons à l’œuvre dans une frêle petite cabane au milieu du glacier de l’Aare, étudiant à fond les phénomènes des glaciers, avec ses amis Desor et Vogt. De tous côtés, cette question vint à l'ordre du jour et elle fut approfondie avec le zèle et l’ar- deur qu'elle méritait. Aussi notre modeste directeur des sa- lines fut-il obligé de rompre le silence et de réunir en corps de doctrine toutes ses études profondes sur la matière. Ce travail, intitulé Essai sur les Glaciers, publié en 1841, restera ArcHives, t. LX. — Octobre 1877. 19 282 SOCIÈTÉ HELVÉTIQUE une œuvre classique. C’est donc Jean de Charpentier qui a établi définitivement l'existence d’une des périodes les plus remarquables de l’histoire de notre planète. Malheureuse- ment la modestie de l’auteur l’engagea à publier son travail à Lausanne, ce qui fit qu'il fut trop peu répandu en France, en Allemagne et dans d’autres pays, tandis que s’il avait été publié à Paris, avec une édition allemande paraissant dans une grande ville, il aurait été à la fois un des ouvrages les plus sérieux et les plus populaires de l’époque. Je ne puis mieux résumer mon admiration pour cette œuvre qu’en dé- clarant qu’on ne saurait être géoiogue, sans l’avoir méditée et lue. Rien de plus touchant que la belle et noble poésie par la- quelle notre Heer a célébré dans sa Suisse primitive le mé- rite de Jean de Charpentier. La publication de l’Essai sur les Glaciers eut encore l’a- vantage d’obliger l’auteur à discuter dans une série de mé- moires les objections faites à ses théories. Dans toutes on re- trouve cet esprit de critique sévère et tenace, celte richesse d'observation, cette indépendance de toute autorité, qui ont toujours caractérisé son esprit scientifique. Peu à peu la polémique cessa et le droit de cité fut accordé à la théorie nouvelle. C’est alors que Jean de Charpentier retourna à ses études favorites sur les coquilles fluviatiles et terrestres, sur lesquelles il avait déjà publié un excellent ca- talogue pour les espèces suisses, catalogue encore très-utile aujourd’hui. Peu à peu il avait réuni 3000 espèces de coquil- les de tous pays. Il les avait classées d’après un système à lui, aussi ingé- nieux que naturel. Chaque espèce était aussi représentée avec toutes ses variétés. Le catalogue complet de cette col- lection, plein de détails bibliographiques d’une grande impor- tance, est sans contredit un des travaux des plus érudits et des plus pratiques qui aient été faits sur la conchyliologie. Jean de Charpentier légua toutes ces collections au musée de Lausanne, à la seule condition que son Catalogue fût pu- DES SCIENCES NATURELLES. 283 blié. Malheureusement pour la science, ce désir n’a point élé accompli. Dans la vie habituelle Jean de Charpentier était sérieux, et tant qu'il était occupé, il paraissait complétement absorbé. Il mettait d’ailleurs, dans toutes ses occupations, tant adminis- {raltives que scientifiques, une scrupuleuse exactitude. Mais, du moment où il avait mis de côté son travail, il reparaissail avec toute la gailé, avec toute l’amabilité de son caractère. Sa conversation était des plus attravantes, d’abord par la va- riété et l'étendue de ses connaissances ; puis sa parole tou- jours lucide et précise, était mêlée de vives saillies, de telle sorte qu'entre l'instruction et la gaîlé, les heures s’envolaient sans qu’on s’en aperçüût. C'est ce qui rendait les voyages avec lui aussi agréables qu’utiles. Mais ce sont surtout les soirées je dirai presque les nuits que j'ai passées avec lui en 1853, après mon retour de Paris, qui m'ont laissé le souvenir le plus ineffacable. Après le souper, chacun de nous travaillait de son côté. A dix heures, M. de Charpentier posait son livre ou sa plume. Alors commençait celle conversation dans la- quelle les sujets les plus divers étaient passés en revue, cau- serie qui faisait si bien oublier le temps, que lorsque à onze heures l’aimable savant faisail apporter du meilleur vin de sa cave dont il usa toujours très-modérément, nous devenions d'heure en heure plus animés, et la conversation était si pleine de charme, qu'il fallait un grand effort de raison pour se séparer à une heure avancée de la nuit. Chose curieuse cependant, même durant ses causeries, Charpentier était presque toujours occupé à quelque petit ouvrage manuel : il classait, étiquetait des coquilles ou des plantes, confectionnait des petits cartons, elc., de manière qu'il savait mêler sans cesse l’utile à l’agréable, et il trouvait ainsi du temps pour tout. Toutefois cette activité continue ne s’étendait pas à nos charmantes causeries nocturnes. Les hommes absorbés par la science se privent souvent pendant longtemps des jouissances les plus douces réservées à la courte existence humaine. Aussi Jean de Charpentier se 284 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE maria-t-il tard. Il épousa, en 1828, M”° de Gablenz, de Dresde. C’est alors que cet esprit si sérieux, d’une rigueur pour ainsi dire mathématique, prouva qu’il savait jouir aussi de toute la poésie des sentiments les plus délicats et les plus tendres du cœur humain. Modèle des époux, il sut rendre sa femme heureuse, autant qu'il le fut lui-même. Malheureusement il la perdit après trois ans de bonheur. Inconsolable pendant bien des années, il ne lui resta d’autre soutien, dans sa pro- fonde douleur, que sa fille unique, ainsi que sa sœur Caro- line qui vint vivre auprès de lui. Le rêve le plus doux de sa vie était évanoui; mais peu à peu sa maison redevint sereine et hospitalière. Il reprit avec ardeur tous ses travaux et eut encore bien de ces joies que la famille seule peut donner. Il eut même le bonheur de pouvoir garder sa fille dans son voisinage, après son mariage avec le fils de l’un de ses meil- leurs amis, Francois Fayod, de Bex, le même qui, peu d’an- nées après, devint mon beau-père et fit ainsi le bonheur de ma vie. Quoique d’une constitution plutôt délicate, Jean de Char- pentier jouissait d’une bonne santé et était devenu même très-robuste, grâce à son activité, à sa sobriété et à ses courses de montagne. Les voyages qu'il fit en France, en Allemagne et-en Italie ne contribuërent pas peu à entretenir la gaîté et l’activité de son esprit. Il rencontra partout un accueil si dis- tingué et si chaleureux que, malgré toute sa modestie, il de- vait cependant voir à quel pointil étaitapprécié et aimé dans le monde savant. Bien portant jusqu'à la dernière année de sa vie, ses for- ces commencèrent alors à diminuer. Sa pâleur et sa mai- ereur annonçalent une maladie grave, et, lorsque je le vis peu de mois avant sa mort, je ne pus plus douter que notre cher malade ne fût atteint d’une affection incurable de l’es- tomac. Il conserva jusqu’à la fin, et en dépit d’une extrême faiblesse de corps, l'intégrité de ses facultés intellectuelles et c'était lui qui, par ses saillies spirituelles, faisait souvent ou- blier à ses amis la perspective douloureuse de sa fin pro- DES SCIENCES NATURELLES. 285 chaine. Sa mort, qui arriva le 12 septembre 1855, fut tran- quille et douce, Le deuil fut profond parmises amis et dans tout le monde savant. En Suisse, le sentiment général fut que l’on perdait en lui un de ces hommes rares qui, au premier rang dans la science, savaient non-seulement être très-utiles dans leur sphère habituelle, mais pour lesquels l'amour du bien public, dans un sens très-étendu, est pour ainsi dire un instinct du cœur. Les hommes comme Jean de Charpentier ne nous quittent point. Présents parmi nous de génération en génération, leur mémoire resplendit comme un brillant flambeau, à travers les siècles, comme un modèle ineffacable pour ceux qui se vouent au culte du vrai et du bien. EMMANUEL THOMAS Vous avez plus d’une fois rencontré, Messieurs, dans vos courses de montagne, des hommes qui vous ont frappé par leur talent d'observation de la nature, des chasseurs qui con- naissaient à fond la vie des mammifères et des oiseaux des Alpes, d’autres très-experts dans la connaissance des plantes ou des animaux inférieurs, el d’autres enfin, qui savaient trouver dans les endroits les plus cachés les minéraux et les cristaux rares. Il n'est même pas difficile de trouver en Suisse des familles dans lesquelles ce goût et ce talent sont hérédi- taires. Je suis en bonne relation avec M. Joseph Anderegg, à Gamsenn, dont le père, à lui seul, a découvert dans son petit village du Haut-Valais plus d’espèces nouvelles de papillons que beaucoup de savants professeurs des universités. Parmi les familles devenues célèbres sous ce rapport, celle des Thomas de Bex occupe le premier rang, el, parmi eux, Emmanuel Thomas a su acquérir une réputation euro- péenne. Son père, Abram Thomas, connu sous le nom du botaniste de la montagne, accompagnait le grand Haller dans ses ex- 286 SOCIËTÉ HELVÉTIQUE cursions et il était devenu un des meilleurs connaisseurs des _plantes suisses qu’il y eût de son temps. Louis Thomas, fils d’Abram est mort à Naples dans une belle position dans lad- ministration des forêts du royaume des Deux-Siciles. Philippe Thomas, mort à Cagliari jeune, comme son frère Louis, avait le goût des voyages et j'ai vu de fort belles plantes cueillies par lui dans les montagnes de la Sardaigne. Jean-Louis Tho- mas, le digne successeur de son père Emmanuel, parcourt encore aujourd’hui nos montagnes, pour chercher des plan- tes et des graines, avec la même ardeur et le même succès que son père et son aïeul. Un jeune docteur en philosophie pourrait demander, en se pavanant derrière ses lunettes bleues : Où ces messieurs ont-ils fait leurs études? Leur école, lui répondrait-on, était la nature elle-même. Nos belles Alpes les ont initiés à leurs secrets, qu'ils ont compris à force de persévérance et de talent. Ils ont pu ainsi voir et comprendre ce que jamais ils n’auraient appris sur les bancs des écoles. Emmanuel Thomas naquit à Fenalet le 17 mai 1788. Son père Abram Thomas nous est connu à tous par les biogra- phies de Haller et de Murith dont il était l'ami. La mère d’Emmaouel Thomas, originaire des Ormonts, la Justicière, comme on l’appelait, était douée d’une intelligence remar- qaable. De bonne heure elle avait eu un goût prononcé pour la lecture el surtout pour Pantiquité et la mythologie. Lors- que M. de Charpentier me présenta à elle, à Fenalet, je la trouvai lisant, entourée d’une superbe récolte de pommes. Ayant appris que j'étais étudiant en médecine, elle m’apos- tropha en ces termes : « Prenez garde, Monsieur, à la colère d’Apollon qui sera jaloux de vous à cause de son fils Escu- lape. » Je la rassurai, en lui disant que j'invoquerais la pro- tection de Junon et de son galant époux le seigneur Jupiter. Je l’ai souvent revue. C'était une petite femme, maigre, brune mais aux yeux noirs vifs el si intelligents, que, malgré son grand âge, j’ai toujours eu du plaisir à la revoir. Toutes nos DES SCIENCES NATURELLES. 287 conversalions, du reste, commençaient par quelque plaisan- terie mythologique. Emmanuel Thomas reçut sa première éducation à l’école de son village, instruction sensée, solide et pratique, comme sut la donner le canton de Vaud dès son émancipation, com- prenant dès l'origine qu’une bonne instruction primaire est la nourriture spirituelle la plus propre à former de braves citoyens. De bonne heure, le jeune Thomas accompagna son père dans loutes ses excursions alpestres. Doué d’une mémoire excellente, tant pour le nom et les caractères distinctifs des plantes que pour les localités de la montagne, sachant avec sa vue perçante discerner les moindres différences de végé- taux en apparence semblables ou presque identiques, doué d’une santé et d’une constitution forte et robuste, Emmanuel Thomas était né, pour ainsi dire, montagnard-naturaliste. J'ai rencontré peu d'hommes dont l'intelligence bien orga- nisée sût aussi vite s’orienter dans les questions les plus di- verses, Ajoutez à cela cet esprit d'ordre, d'activité infatigable el ces principes de probité et de vertu qui étaient le princi- pal héritage de son père, etvous comprendrez que cet homme, qui n’a jamais renoncé à la vie de cultivateur, ail su conqué- rir, jeune encore, le suffrage, la confiance et l'affection des naturalistes de tous pays. Son extérieur formait un contraste complet avec celui de Charpentier. Tandis que tout, dans la personne de celui-ci, portait le cachet de la finesse et de la distinction, Emmanuel Thomas était le type d’une nature agreste et forte. Sa figure, aux lraits accentués, respirait l'intelligence, le bon sens, l’é- nergie, la bonté et la franchise. Sa stature, plutôt au-dessous qu’au-dessus de la moyenne, annonçait la santé, la vigueur et l’agilité. Aussi, quinze heures de marche et plus par jour, quelquefois presque sans prendre de nourriture, ne lui fai- saient pas peur, et lesoir, aussi frais que s’il n’eût fait qu’une promenade, 1l mettait en ordre, avant tout, ses plantes et ses minéraux, et trouvait encore le mot pour rire. Sa mise, sim- 288 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE ple et conforme à son premier état, ne se distinguait que par une scrupuleuse propreté. En un mot, tout, chez l’un comme chez l’autre de ces deux naturalistes, faisait naître, quoique à des points de vue différents, le désir d’être compté au nom- bre de leurs amis. Abram Thomas avait quitté Fenalet, pour habiter près de ses propriétés dans la vallée des Dévens et y fit bâtir la mai- son rouge, devenue célèbre par la suite. Emmanuel, qui s’é- tait marié de bonne heure, y eut pour voisin et locataire Jean de Charpentier qui bientôt devint son ami et le compagnon de ses excursions. Il y avait entre ces deux hommes un vé- ritable échange d'instruction. Thomas connaissait déjà à fond les plantes des Alpes et les meilleures localités pour les es- pèces rares. Jean de Charpentier, de son côté, représentait pour Thomas la science avec ses graves enseignements, mais sous une forme si gracieuse et si aimable, que le néophyte put faire de rapides progrès. De bonne heure on commenca à demander de tous côtés à Emmanue! Thomas des plantes et des graines des Alpes. C’est ainsi qu’en peu d'années il sut établir un commerce lucratif et répandre par là, plus que tout autre, le goût de la botanique de la haute montagne. ‘Les plantes étaient très-bien préparées, avec les étiquettes latines rigoureusement exactes. Ses graines ne laissaient rien à désirer comme qualité et comme détermination précise. Joignez à cela la modicité des prix, la promptitude des expé- ditions, la générosité du naturaliste qui ajouta souvent gratis à ses envois des échantillons d’espèces rares, et vous com- prendrez facilement cette popularisation rapide de la bota- nique suisse, Sans jamais avoir appris le latin, Thomas ne tarda pas à comprendre tous les détails de la grande Flore de Gaudin, et son Catalogue des plantes suisses aurait fait hon- neur au naturaliste le plus lettré. J'ai reconnu encore un autre mérite chez Thomas comme botaniste. Il a élevé beaucoup de plantes des Alpes dans son jardin, et, en les cherchant en été sur place, depuis la flo- DES SCIENCES NATURELLES. 289 raison jusqu'à la maturité des graines, il était parvenu à ac- quérir ainsi une connaissance approfondie et pratique de la morphologie végétale. Dans les courses assez nombreuses que j'ai faites avec lui, je l’ai vu souvent déterminer le nom d'une espèce d'herbe qui ne paraissait avoir encore absolu- ment rien de caractéristique. Bientôt Emmanuel Thomas réussit à s'approprier les goûts de naturaliste de son savant ami. Il apprit à connaître à fond les minéraux de la Suisse et des pays environnants et il put rendre ainsi de grands services aux géologues el aux miné- ralogistes. Ses échantillons étaient toujours de bonne qualité et bien déterminés ; il en fut de même des coquilles fluviati- les et terrestres. C’est ainsi que ses connaissances s'étaient de plus en plus étendues, et qu'il sut répandre le goût pour tous les sujets d'histoire naturelle dont il s’occupait. Les adeples et les amateurs de ces sciences affluaient chez lui, sans compter que les nombreux naturalistes qui venaient voir Jean de Charpentier, avaient toujours un vrai plaisir à faire aussi la connaissance de Thomas. Dans ses voyages en Suisse et à l'étranger, à Paris surtout, il fut fort bien reçu partout, et les savants s’empressèrent de l’inviter à leur ta- ble pour multiplier les heures de causerie avec lui. Irrépro- chable dans sa mise, il évitait toute recherche qui pût dégui- ser sa vie habituelle et sa position sociale. Mais il avait dans ses manières tant de distinction naturelle, de franchise, de cordialilé, il montrait une variété de connaissances, une originalité dans la manière de les exprimer telles, qu'avec lui le temps passait Loujours très-agréablement, souvent trop vite. Il n'aurait, du reste, jamais toléré cette politesse imperli- nente que des esprits vaniteux se permettent d'offrir com- me une espèce de protection. D'instinctles vrais savants trai- taient Thomas d’égal à égal, et il y avait droit. Ne croyez cependant pas, Messieurs, que la science et le commerce scientifique fissent négliger à Emmanuel Thomas 296 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE la gestion active el intelligente de ses affaires particulières. Il était tout aussi attentif à la culture de ses champs et de ses vignes qu’à la botanique et à la minéralogie, Il bâtit en 1825 la maison encore habitée aujourd’hui par son fils Jean-Louis et sa famille. M. de Charpentier lui en avait fait le plan, et à eux deux ils en étaient les architec- tes. Thomas sut se procurer les bois, les tuiles, elc., néces- saires à sa bâtisse, et il faisait travailler les ouvriers sous sa direction immédiate. Il se créa ainsi une habitation très-con- fortable et assez vaste en même temps pour ses collections et magasins. Par suite de circonstances indépendantes de sa volonté, Emmanuel Thomas eut à lutter longtemps contre une posi- tion financière difficile. Mais son activité, son esprit d’ordre et, avant tout, son intelligence supérieure surent triompher de tous les obstacles et il termina sa carrière dans une heu- reuse aisance. Mais, quelle que füt sa situation, économe, pres- que dur à lui-même, il se montra toujours très-généreux envers les autres. À combien de gens n’a-t-il pas rendu service ! Mais ici je m’arrête, imitant en cela la réserve avec laquelle il parlait de lui-même. Outre les rapports que j'ai eus avec lui comme naturaliste et:médecin, j’ai aussi entretenu pendant neuf ans des rela- tions avec lui comme un des propriétaires des bains de La- vey. | La source, de Lavey fut découverte en 1833. Ravy, de La- vey, un des hommes les plus intelligents de la contrée, était un jour occupé à l'établissement de la pêche des truites dans le Rhône, lorsque son domestique retira tout à coup sa main de l’eau en criant: « Maitre, je me brüle. » Ravy crut à une plaisanterie et répondit : « Ah! si tu me couds celle-là, je te donne une taloche. » Mais bientôt le maître dut se brûler à son tour et se convaincre qu'un filet d’eau chaude montait au milieu des eaux glacées du Rhône. M. de Charpentier en fut immédiatement informé el reconnut l'existence d’une eau minérale. Dès ce moment, les travaux très-difficiles de DES SCIENCES NATURELLES. 291 l'isolement de la source furent commencés et menés à boñne fin. En 183% des baraques provisoires furent établies pour les baigneurs et les malades de l'hôpital cantonal. En 1835 le sort de la jeune naïade, à peine sortie de son lit glacé, fut gravement compromis par l’éboulement de ‘Ta dent du Midi. Des travaux aussi prompts que bien entendus réussirent,non sans beaucoup de peine, à éloigner de la source tout danger. Lavey prit ainsi rang parmi les bains actifs et salutaires de la Suisse romande. L'air un peu vif y était très-salubre, mais le site, malgré ses points de vue grandioses, ne paraissait pas précisément beau au premier abord. Aussi les capitalistes ne voulurent-ils pas y engager leur argent. C’est alors que quatre hommes du pays eurent le courage de tenter cette entreprise. C’étaient, outre Emmanuel Thomas et Ravy, Girod, de Lavey et Jacob Thomas, de Bex, juge d'instruction. C’est encore M. de Charpentier qui fit le plan des bains et de leur grand hôtel. Dès le début, cette entreprise fut conduite avec une acti- vité si intelligente que bientôt le succès lui fut assuré. Les propriétaires, du reste, ne reculèrent devant aucun sacrifice. Lorsque, en 1838, je pris la direction médicale des bains de Lavev, je mis entre les mains de Ravv, plus particulièrement chargé des bains, les dessins des douches et autres appareils des bains d’Aix en Savoie, et je l’engageai à y aller lui-même pour examiner sur place tous les détails des appareils et pour apprendre la méthode du massage et les autres procé- dés employés par les doucheurs. Ravy s’en tira fort bien, et je pus ainsi commencer ma première année dans un élablis- sement déjà bien organisé. L’année suivante, je conçus le projet d'employer les eaux mères des salines comme moyen médical associé aux eaux de Lavey. I fallait bâtir un grand réservoir pour conserver les eaux mères de toute l’année. Plus tard je fis construire des bains froids dans le Rhône, pour joindre l'hydrothérapie aux autres ressources. Eh bien, je ne rencontrai jamais auprès des entrepreneurs aucune difficulté pour l'exécution de mes projets. Quant aux eaux 299 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE mères que M. de Charpentier m'avait généreusement aban- données, ce fut Thomas qui les expédia chaque semaine des Dévens aux bains de Lavey, en y mettant autant de régula- rité que de soin. Les quatre propriétaires trouvaient dans de beaux revenus une compensalion des sacrifices du début et de leurs efforts constants pour bien conduire cette entreprise. Dans toutes ces circonstances Emmanuel Thomas se montra toujours plein de bonne volonté, comprenant d'emblée, avec son esprit lucide et pénétrant, l'opportunité des améliorations proposées. Parmi les naturalistes amis d'Emmanuel Thomas, je ne puis passer sous silence celui qui, après M. de Charpentier, fut le plus intime : c'était Jean Muret dont nous déplorons tous la perte récente. C’est avec lui Surtout que Thomas fit les grands voyages alpestres du Valais, de FEngadine, des montagnes voisines de France et d'Italie. Digne fils du célèbre landamman Muret, notre ami com- mun (car moi aussi jai entretenu avec lui les relations les plus agréables) laisse parmi nous le souvenir d’un juriscon- sulte de premier ordre, d’un grand citoyen bien sincèrement patriote et d’un naturaliste fort distingué. Son herbier est devenu propriété nationale. [l n’en existe nulle part un pa- reil pour la flore suisse. Produit d’un labeur non interrompu pendant un demi-siècle, il renferme de véritables trésors par la grande variété des formes, par les localités nombreuses pour les espèces et surtout par les remarques et notes, en partie très-détaillées, intercalées abondamment dans tout l’herbier. Pendant trente ans, j'ai supplié Jean Muret de nous donner une flore suisse. Mon désir n’a point été réalisé. Mais celui qui la composera avec ses matériaux rendra un grand service à la science et à l’histoire naturelle helvétique. Les voyages en commun de nos deux amis étaient des plus intéressants. Observateurs, l'un et l’autre de première force, ils ne reculaient devant aucune fatigue, aucun dan- ger même. Le soir, il fallait accompagner nos deux hardis DES SCIENCES NATURELLES. 293 explorateurs au gite, pour jouir de leur entrain, de leur gaité et de leurs discussions aussi spirituelles qu’animées. Personne n’a été étonné de l’influence que Jean de Char- pentier et Thomas ont exercée l’un sur l’autre. Tous les soirs, après souper, Thomas venait chez son voisin, et pas toujours seul. Je le vois encore arriver, portant parfois sous son bras quelque rareté vinicole, une bouteille de moût exquis, de vin de paille bien réussi. La conversation des deux natura- listes était toujours variée, très-nourrie et pleine de gaité. Pendant les hivers que j’ai passés à Bex, nous dinions toujours, la famille de Charpentier et moi, le premier jour de l’an chez Emmanuel Thomas qui faisait d’une manière charmante les honneurs de sa maison. Ces repas, pleins de cordialité, m'ont laissé le meilleur souvenir. Emmanuel Thomas n’était pas moins dévoué aux affaires publiques du pays. Tout ce qui avait rapport aux délibéra- tions du conseil communal et de la municipalité de Bex l’in- téressait vivement, et ses conseils, toujours pleins de bon sens, étaient généralement suivis. Tandis que la Société hel- vélique des sciences naturelles s’honora, en le nommant membre, ses concitoyens lui confièrent la charge de juge au tribunal d’Aigle. Bon, charitable, ne laissant pas passer une occasion de rendre service, Emmanuel Thomas a été très- aimé de ses conciloyens. La vie active et bien remplie de notre ami resta la même jusqu’à la mort de M. de Charpentier, dont la perte fit une si vive impression sur Thomas que, à partir de ce moment, une profonde mélancolie s’empara de lui. Il ne put se con- soler de l'interruption de ces relations qui, pendant plus de quarante ans, avaient fait le charme de sa vie. Son existence extérieure ne fut point changée; mais le vide qu’il éprou- vait ne fut point comblé. Toujours excellent père de famille, bon, aimable, affec- tueux pour ses enfants et petits-enfants, sa gaité et son en- train habituels reparaissaient bien de temps en temps; mais ceux qui le connaissaient plus intimement remarquaient un 294 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE changement considérable dans tout son être. Aussi, sans ma- ladie particulière, il devint peu à peu apathique, faible et mourut le 3 novembre 1859, profondément regretté de tous ses amis et Conciloyens. Une belle et noble existence, des dons intellectuels hors ligne, une activité infatigable, une bonté de cœur qui ne s’est jamais démentie, tel a été le partage de cet homme de bien. Resté simple et modeste dans toutes ses allures, fidèle à Sa vocation primilive, au milieu des preuves journalières d'estime et de sympathie des savants de l’Europe entière, Emmanuel Thomas restera comme une preuve vivante de la puissance des dons intellectuels noblement cullivés au sein de la vie modeste de l’homme des champs. Preuve vivante aussi de tout l’ascendant que peuvent prendre sur une intel- ligence vive et pénétrante la contemplation de la nature et la recherche de ses secrets. Preuve vivante encore de ce fait que les Académies et les Universités peuvent bien dévelop- per les dispositions naturelles, mais sont impuissantes à les créer, et que, tout à fait en dehors d’elles, l'esprit peut pren- dre un essor énergique et élevé. Les deux naturalistes dont nous venons de tracer l’es- quisse biographique ont été bien différents de caractère, de point de départ, d'éducation ; mais l’un et l’autre ont fait honneur à leur pays et doivent être comptés parmi les hom- mes les plus vénérés et les plus sympathiques qui aient illustré cette belle contrée et ce cher canton. Aussi la Société helvé- tique des sciences naturelles a-t-elle été heureuse dans son choix d’avoir pris pour lieu de réunion la contrée qu'ont ha- bitée Jean de Charpentier et Emmanuel Thomas, dont la mémoire présidera à notre fête, en nous offrant deux nobles types d'hommes, aussi distingués par leur cœur et leur ca- ractère que par leur savoir et les services qu’ils ont rendus à la science. Que la terre garde leur dépouille mortelle ! A nous et à nos fils le culte de leur souvenir ! DES SCIENCES NATURELLES. 295 Nous passons maintenant aux communications scienti- fiques. PHYSIQUE ET CHIMIE M. le professeur Ch. Durour, de Morges présente la carte du glacier du Rhône, qu'il a levée conjointement avec M. le professeur J.-A. Forel, les 4% et 2 août 1877. Cette carte, comparée à celles qui ont été faites en 1870, 1871, 1874 et 1876, montre que le retrait du glacier continue et dépasse aujourd’hui tous les retraits signalés antérieurement. Ainsi, depuis 1818 le glacier a reculé de 410 mètres jusqu’en 1870 720 » » 187% 800 » » 1876 880 » » 1877 Ce recul parait avoir commencé en 1855 et 1856 ou, au dire des habitants du pays, à l’époque du tremblement de terre. En 1856, le glacier était de 100 mètres en arrière de la position qu'il occupait en 1818, qui a été, pour la plupart des glaciers des Alpes, l’époque d’avancement maximum dans notre siècle. Il serait peut-être imprudent de vouloir discuter actuelle- ment quelles sont les causes qui ont ainsi amené le retrait continu et prolongé du glacier du Rhône, ainsi que celui de presque tous les glaciers des Alpes. Nous croyons que ce qu'il v a de mieux à faire, pour le moment, c'est de les con- stater et de les indiquer par des mesures précises, si possible par des cartes; puis de renvoyer à plus tard l'examen des causes qui auront ainsi amené cette profonde modification à l’étendue actuelle des glaciers. M. Piccarp, professeur à l’Université de Bâle, résume un travail qu'il vient de faire sur la cantharidine, principe tiré 296 SOCIÉTÉ HELYÉTIQUE de la cantharide et qui a été déjà étudié par divers chimis- tes, entre autres par M. Marignac. On avait admis pour sa composition la formule C, H, 0, ; M. Piccard a été amené par la considération de la densité de ses vapeurs déterminée par la méthode de M. V. Meyer, à doubler cette formule. Il a en outre découvert un dérivé de ce corps qui permettra de mieux établir sa constitution. En faisant agir sur lui l'acide iodhvdrique, il a obtenu l'acide cantharique qui possède de tout autres propriétés que la cantharidine ; tandis que celle-ci se comporte comme un acide anhydre faible, l'acide cantharique est un des acides organiques les plus forts, il décompose facilement les carbonates alcalins. Son équivalent est 196; il est isomère avec la cantharidine C,, H,, 0,; c’est un acide monobasique, tandis que la cantharidine est biba- sique. M. Piccard à obtenu et analysé le sel de plomb 2 (C,, H,, 0, 0) Pb. Ce nouvel acide est plus accessible aux réactions que la cantharidine ; 1l pourra donc conduire à mieux connaitre les propriétés et la constitution de cette dernière qui du reste paraît appartenir au groupe des cam- phres. Ces recherches sont rendues difficiles par le prix très- élevé de cette substance et par la nécessité d'opérer sur de très-petites quantités. M. F.-A. Forez complète ses communications antérieures sur les seiches du lac Léman, en indiquant les résultats ob- tenus déjà Jusqu'ici par les observations simultanées exé- cutées depuis plusieurs mois aux deux limnimètres enregis- treurs de Morges et de Sécheron près Genève, par MM. Forel et Ph. Plantamour. La comparaison des tracés de ces deux limnimètres confirme l'interprétation que M. Forel avait donnée de cet intéressant phénomène et démontre claire- ment qu'il consiste en une vague de balancement du lac. L'eau monte en effet à Sécheron tandis qu’elle baisse à Morges et inversément, le point mort se trouvant entre ces deux stations, mais très-près de Morges, de sorte que lam- plitude du mouvement oscillatoire y est beaucoup plus faible qu'à Sécheron. M. Forel montre aussi des tracés de seiches DES SCIENCES NATURELLES. 297 fournis par les marégraphes de Malte et de Brest, qui lui ont été communiqués par M. Airy et par M. Janssen. M. Tommasi décrit des expériences à l’aide desquelles il cherche à établir que les affinités particulières que possèdent les corps à l’état naissant, en particulier l'hydrogène, s’expli- quent par la plus ou moins grande quantité de chaleur dé- gagée dans les doubles décompositions dans lesquelles ils se produisent. M. Forster, professeur de physique à Berne, rend compte d’un travail qu'il vient d'exécuter avec la collaboration d’un frère cadet, sur l'indice de réfraction des dissolutions salines et sur la relation qui existe entre l'indice de réfraction d’un mélange de dissolutions et ceux des différentes dissolutions qui le composent. Ces messieurs ont confirmé pour ce cas la formule de Landolt. M. Édouard Picrer-MaLcer présente à la section la belle carte de la portion du lac de Genève comprise entre cette ville et la ligne Hermance-Coppet, qu’il vient de terminer et qui est en voie de publication. Cette carte est à l'échelle du 1 : 12,500 ; le relief du fond du lac y est figuré à l’aide de courbes horizontales dont l’é- quidistance est de 5 mètres; le territoire avoisinant est re- présenté d’après les minutes de la carte du canton de Genève dressée en 1832 par le général Dufour et soumises par M. Pictet à un travail complet de révision. Les sondages ont élé exécutés suivant une série de profils entravers, à l’aide du télémètre Lujol, dans le voisinage des côles, et au moyen d’une lecture simultanée à deux sextants pour les sondages au large. M. Pictet montre par l'inspection de la carte les particularités les plus intéressantes du relief de cette partie du lac. M. le professeur HaGENBAcH de Bâle expose les principaux résultats de ses recherches sur les propriétés optiques du spath fluor qui, on le sait, peut être rendu lumineux de trois manières différentes par échauffement au-dessous de la tem- pérature d'incandescence, par fluorescence et par phospho- ARCHIVES, t. LX, — Octobre 1877. 20 298 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE rescence. M. Hagenbach a étudié ces trois modes de luire dn spath fluor. La lumière que ce corps émet lorsqu'il est chauffé à une température un peu inférieure au rouge sombre affecte des teintes un peu différentes suivant les échantillons ; un même échantillon donne même plusieurs teintes successives, suivant la température. Le spectre de la lumière émise par le spath chauffé est toujours le même : il se compose de neuf bandes brillantes, constantes quant à leurs positions, varia- bles seulement quant à leur intensité relative. Par un échauf- fement trop fort la substance perd cette propriété, elle la re- trouve cependant au bout d’un certain temps de séjour soit à l'ombre, soit à la lumière. Le spectre de fluorescence du spath est absolument diffé- rent du précédent; c’est un spectre continu allant de l’orangé jusqu’à la raie G avec un maximum vers la raie F. M. Hagen- bach croit pouvoir conclure de là que la fluorescence tient à la présence dans le spath d’une substance étrangère. Le spectre de phosphorescence ressemble beaucoup au spectre d’échauffement; il se compose de 10 bandes lumi- neuses dont les positions ne coincident pas toutefois avec celles du premier spectre. Leur intensité relative varie aussi; la lumière verte subsiste plus longtemps que la lumière jaune. M. J.-L. Sorer communique un travail sur les spectres d'absorption ultra-violets des différents liquides. Cette étude dont M. Stokes et M. Miller se sont déjà occupés, est considé- rablement facilitée par l'emploi du spectroscope à oculaire fluorescent el à prisme et lentilles de quartz. Comme source de lumière, M. Soret a tantôt fait usage des rayons solaires, pour la partie la moins réfrangible du spectre ultra-violet, tantôt des étincelles d’induction entre deux pointes métalliques. Le spectre du cadmium se prête bien à ces recherches. M. Mascart en a déterminé les prin- cipales raies jusqu’à la 25”° (longueur d’ondulation 0,221) et il présente en outre une 26° raie plus réfrangible. Avec des électrodes en zinc, on obtient 3 raies plus réfrangibles en- ee: DES SCIENCES NATURELLES. 299 core que pour abréger nous désignerons par les chiffres 27, 28 et 29. Avec l'aluminium le spectre s'étend encore plus loin, et l’on a deux raies au delà de celles du zinc (30 et 31) et même plus loin encore un groupe de raies (32) for- mées de rayons qui sont à la limite de transparence du quartz. — Ces diverses raies avaient déjà été reconnues par M. Sitokes ou M. Miller. Les faits observés par ces deux physiciens relativement à l'absorption de ces rayons extrêmes par différentes sub- stances, ont en général été confirmés par M. Soret, qui rappelle en particulier que les chlorures et les sulfates des métaux alcalins et alcalino-terreux présentent une grande transparence. Ainsi des dissolutions de chlorures entre deux lames de quartz écartées d’un centimètre, et contenant toutes la même proportion de chlore laissent passer tous les rayons inclusivement jusqu’à la raie indiquée pour chaque chlorure dans le tableau suivant: les raies plus réfrangibles étant interceptées, Chlorure de potassium 27 °) sodium 24 » lithium 25 (affaiblie) » magnésium 28 ) calcium 24 D strontium 27 ) barvum 28 M. Soret, sans entrer dans le détail des résultats obtenus sur un grand nombre de liquides, insiste sur les points sul- vanls : 1° L’eau, comme on le savait déjà, est à peu près aussi transparente que le quartz sur une épaisseur de 1 centi- mètre. Dans une épaisseur beaucoup plus grande (1,15) l’eau du lac de Genève laisse passer jusqu’à la raie 18 du cadmium. L’eau de mer sous la même épaisseur permet la transmission de tout le spectre solaire ultra-violet. 2° L’état de concentration d’une dissolution aqueuse ne paraît pas exercer d'influence sur l'absorption, laquelle ne 300 SOCIÈTÉ HELVÉTIQUE dépend que de la quantité de substance dissoute, quelle que soit la quantité d’eau ajoutée. Ainsi un poids déterminé d’un sel dissous dans un certain volume d’eau, sous une épais- seur 1, donne le même spectre que le même poids de ma- ère dissous dans un volume dix fois plus grand, mais observé sous une épaisseur 10. 30 Dans un très-grand nombre de cas, l'acide et la base apportent leurs propriétés dans la dissolution. Ainsi les dis- solutions aqueuses d'acide azotique, à tous les états de di- lution, donnent un spectre identique à des dissolutions d’azotate de potasse à égale proportion d'acide azotique. La potasse étant beaucoup plus transparente que l'acide azoli- que, n'influence pas le pouvoir absorbant de la dissolution, qui dépend seulement de l’acide dans ce cas. 4° Un certain nombre de substances possèdent un très- grand pouvoir absorbant, en sorte qu’une minime quantité de ces corps en dissolution dans l’eau arrête les rayons les plus réfrangibles. Ainsi, sous une épaisseur de Î{ centimètre, de l’eau contenant un deux millionième de son poids d’azote, à l’état d’acide azotique, affaiblit la raie 27 et intercepte com- plétement les raies 28 et suivantes.Cette excessive sensibilité nécessite en général une grande pureté dans les préparations. si l’on veut arriver à des résultats exacts ; mais en même temps, elle pourra dans certains cas permeltre de recon- naître la présence de très-petites quantités d’une substance dans une dissolution. 5° Un grand nombre de sels donnent lieu à des bandes d'absorption dans le spectre ultra-violet. C’est le cas des chromates et des bichromates en dissolution étendue, dont le spectre d’absorption présente deux bandes obscures, l’une de H à N l’autre de la raie 15 à la raie 20 du cadmium. Les azotates à un certain élat de concentration donnent aussi une bande obscure, comme M. Stokes l’avait indiqué. Le sulfate de dydime obscurcit le spectre entre N et O. Le sulfate de. cérium donne une bande d’absorption entre 17 et 23; le. permanganate de polasse entre 10 et 17; etc. DES SCIENCES NATURELLES. 301 M. Sorer a aussi entretenu la section d’une particularité du phénomène bien connu de la polarisation de la lumière du ciel. Lorsque par un temps serein on observe, avec un polariscope, la lumière diffusée par des masses d’air qui ne reçoivent pas la lumière directe du soleil, on observe cepen- dant que cette lumière est polarisée comme cela aurait lieu sices masses d'air n'étaient pas dans l’ombre. Ce fait, déjà quelquefois signalé, est facile à observer dans les vallées le soir et le malin La polarisation est maximum si l’on vise dans une direction faisant un angle de 90° avec celle du soleil. M. Soret fait voir que ce phénomène s'explique aisément. Ces masses d’air sont éclairées par la lumière diffusée par les couches atmosphériques supérieures qui ne sont pas dans l'ombre, et l’on peut montrer que la somme des vibrations envoyées sur un point donné par les différentes parties du ciel, produit le même effet que si ce point recevait un pre- mier ravon de lumière ordinaire venant du soleil, et un se- cond rayon beaucoup moins intense dirigé perpendiculaire- ment au premier et polarisé dans un plan perpendiculaire à la direction du soleil. Ainsi l'effet produit par l’ensemble de la lumière réfléchie par le ciel, ne doit différer de l'effet d'un ravon solaire direct, qu’en ce que la polarisation de la lumière diffusée est un peu moins complète. M. Raoul Picrer à fait trois communications illustrées par des expériences {° sur l’équilibre d’une boule pesante dans un jet d'air; 2° sur la diffusion de l’acide sulfureux au travers du caoutchouc; 3° sur le problème général de la production arüficielle du froid: cette dernière a été présentée à la se- conde assemblée générale. Nous n’entrerons pas ici dans le détail de ces importants travaux, espérant pouvoir publier bientôt les mémoires que M. Pictet prépare sur ces trois différents sujets. M. Et. GUILLEMIN à donné l'explication de la rétrograda- tion de l'ombre sur le cadran solaire. La trace du méridien sur le plan horizontal et la projec- tion de l'ombre d’un style vertical forment un angle varia- 302 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE ble, évidemment nul à midi ; mais qui doit, semble-t-il, aug- menter constamment à partir de cette heure-là, pour arriver à son maximum vers le lever ou vers le coucher du soleil- Cependant, il n’en est pas toujours ainsi; car dans les pays situés entre les tropiques, lorsque la déclinaison du soleil est supérieure à la latitude du lieu, l'ombre d’un style per- pendiculaire au plan horizontal se projette à midi du côté de l'équateur et l’on voit, matin et soir, l'ombre subir un mou- vement de rétrogradation. Ce phénomène se manifeste dans notre hémisphère quand la déclinaison du soleil est boréale, et quand on incline le cadran de manière à le rendre parallèle à celui supposé placé entre les tropiques; en d’autres termes : quand le style perpendiculaire au cadran fait avec le plan de l'équateur un angle inférieur à la déclinaison du soleil. La rétrogradation de ombre est d’autant plus grande que la déclinaison du soleil est plus considérable et que la décli- naison du style se rapproche de celle du soleil; elle atteint son maximum au solstice d'été et devient nulle aux équi- noxes. On peut s’en convaincre aisément au moyen d’épures. Soit: À — déclinaison du soleil, [ — déclinaison du style ou latitude géographique du lieu pour lequel le cadran serait hori- zontal, R — angle de rétrogradation de l’ombre, les valeurs de R peuvent être calculées en fonction de / et de À, au moyen de la formule suivante : sin 2 A —{/ sin?2 A — Sin?2/ SinR — 2 cos? / En mettant Sin 2 A en facteur commun el en faisant sin 2 / TT mn ns la formule prend une forme qui permet l'emploi des loga- rithmes : = DES SCIENCES NATURELLES. 303 fr _ sin 2 À sin? 2 Sin R = cos ?l Si l’on suppose {= 0°, on a: RE RER » sin R = tgA. Au solstice d'été, Sin R — 12. 29-28 R = 25°44 Tel est l’angle maximum décrit par l’ombre du style pen- dant son mouvement de rétrogradation. Dans le cas où /=A, il n°y a plus d'ombre à midi; mais, en ce moment, elle est encore censée se projeter au sud. Si, au contraire, on sup- pose la projection de l’ombre dans la direction du nord, R devient nul. En considérant À comme une constante, et en remplaçant les valeurs de x et de y dans l’équation de l’ellipse rappor- tée à l'extrémité d’un diamètre dont le grand axe serait = R (tiré de la formule sinR = {gA) et dont le petit axe = À, les valeurs intermédiaires de R et celles de / qui leur correspondent, salisfont très-approximativement à l'équation. On peut même, en choisissant convenablement le centre, tracer la courbe avec un arc de cercle, sans guère dépasser un demi-degré d'erreur. Pour cela, représentons les degrés par des lignes droites à une échelle quelconque (6%" par ex. pour un degré), et tracons un carré dont le côté soit = A; puis prolongeons à gauche le côté supérieur d’une quantité = 0,02A. Le point ainsi déterminé est le centre de l'arc, qu’on dé- crit avec un rayon — À. Sur la base du carré comme ligne des abscisses, portons à partir de l’origine, une longueur égale à la déclinaison /. Cette déclinaison est arbitraire, à condition toutefois de res- ter inférieure à A de 1° au moins. — Élevons, à l’extrémité de /, une ordonnée limitée à sa partie supérieure par son intersection avec l'arc de cercle : L’ordonnée, mesurée à l'échelle ci-dessus, indique la va- eur de R en degrés. 304 SOCIÈTÉ HELVÉTIQUE On peut ainsi, sans calcul, déterminer avec une approxi- mation très-suffisante en pratique, l'angle de rétrogradation de l’ombre correspondant à des déclinaisons données du style et du soleil. Lorsqu'on veut expérimenter sans avoir à sa disposition un instrument exact pour mesurer les angles, le mieux est de calculer d'avance la longueur d’ombre à midi pour un angle A-l donné, et d’incliner son cadran de manière à obtenir la longueur d'ombre voulue. Une ombre cle 0",012 à 0,045 pour un style de 0,920 est en général convenable, si l’on veut simplement constater le phénomène, sans chercher un angle déterminé de rélrogra- dation. Deux formules très-simples permettent de calculer, à par- tir du midi vrai, les heures du commencement et de la fin du phénomène, abstraction faite de la réfraction et de la paral- laxe. Soit +, l’angle compris entre le méridien du soleil et celui de midi, au moment de la fin de la rétrogradalion le matin. ou du commencement le soir. Soit 5, l'angle compris entre le méridien de six heures et celui du soleil, au moment où lastre se trouve à l'horizon du cadran. On à : (ee DIFEAS sinG = tg /.tgA ty À ; Mere Dans ces deux formules, les valeurs de « et de & exprimées en minutes de degré, sont divisées par 15 pour être trans- formées en minutes de temps. Le lever du soleil, pour le ca- A x B à] EL] B - dran, a lieu à 6 h. — 53 €t le coucher à 6 h. + 55 minules. La manière de disposer un cadran pour faire rétrograder lombre du style est connue depuis plus de 2500 ans (V. li- vre des Rois IE, chap. xx, verset 11); cependant les mathé- maticiens et les as{ronomes paraissent l’ignorer, car aucun ouvrage scientifique, à notre connaissance du moins, n’en fait mention. Beaucoup de personnes même considèrent en- DES SCIENCES NATURELLES. 309 core aujourd’hui la rétrogradation comme un fait miracu- leux. Cela est d’autant plus étonnant qu'un géomètre portugais nommé Monius ou Nugnez,qui vivait au XVI°* siècle,en avait déjà donné l’explication, déguisée, il est vrai, par crainte sans doute des persécutions religieuses. M. le prof. WarTmanx a rendu compte de ses recherches sur certaines propriétés nouvelles des courants dérivés: son travail paraîtra ën extenso dans un de nos prochains numéros. M. D. CorLapow, n'ayant pu se rendre à la réunion, comme il l’avait espéré, envoie une nole sur l'opportunité d'établir en Suisse des centres d’observalions concordantes sur Ja marche des orages et spécialement de ceux accompagnés de chute de grélons, ou de phénomènes électriques intenses. Peu de pays offrent au même degré que la Suisse, en proportion de son étendue, d’une part : des sites d’observa- tion très-variés: hautes sommités, vallées profondes. lacs. grandes rivières, etc; d'autre part: un grand nombre de naturalistes, observateurs intelligents et dévoués, répartis dans presque tous les cantons. La formation de la grêle, les diverses causes qui peuvent y contribuer sont encore des points très-intéressants et très- obscurs de la météorologie, et toutes les théories émises de- puis un siècle laissent beañcoup à désirer. Dans l’état actuel, il convient surtout de réunir des obser- vations nombreuses et exactes sur les faits principaux. M. Colladon indique les questions suivantes : 1° Dates aussi exactes que possible et rendues compara- bles, durée de la grêle et largeur de la surface grêlée ? 2° Dimensions moyennes et maxima des grêlons, leur forme, le nombre moyen ou maximum des couches qu'ils présentent, les couches successives augmentent-elles d’épais- seur à partir du noyau? - 3° Forme apparente et élévation des nuages à 2rêle. Pré- sentent-ils l'apparence d’un vaste mouvement giratoire Con- tinu. ou seulement des mouvements d'attraction et de ré- (es Ë F2 F4 306 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE pulsion, ou d’oscillation. Multiplicité des éclairs, leur nombre moyen par minute. Sont-ils ou non accompagnés de bruits retentissants et de chutes fréquentes de la foudre sur le sol? ou sont-ils pour la plupart muets. Existe-t-il des chutes nota- bles de grêle sans phénomènes électriques apparents bien marqués ? 4° Température moyenne de l'air avant ou pendant un orage électrique, de l’eau de pluie qui accompagne au mo- ment même de sa chute ? M. Colladon rappelle que, lors des très-violents orages de crêle des 7 et 8 juillet 1875 (Comptes rendus de l’Institut des 6 et 13 septembre) des éclairs intenses se succédaient à une fraction de seconde, mais presque tous étaient muets et ils ne furent accompagnés d’aucune chute de foudre consta- tée sur le sol. Au contraire, l'orage de grêle qui, le 5 juin 1877 à 6 h. du soir, a traversé le canton de Genève et causé de grands dé- gâts sur les cantons de Vaud et de Fribourg, a coincidé avec de très-nombreuses chutes de foudre sur le sol, et chaque éclair était accompagné d’éclats retentissants. Des observations très-attentives pendant ces deux orages et poursuivies pendant et après le passage de la colonne de srêle, n’ont laissé voir à M. Colladon aucun mouvement gira- toire dans la masse nuageuse d’où tombait la grêle. D'ailleurs l’orage de grêle qui a traversé, dans la nuit du 7 au 8 juillet, le canton de Genève a laissé d'innombrables marques de son passage. Sur une largeur de 7 kilomètres et une longueur de 25 kilomètres, plusieurs centaines de maisons portent encore les traces très-visibles des coups frappés par les grêlons con- tre les murs, et toutes sans exception ont été frappées du côté Sud-Ouest, ce qui ne permet pas d'admettre un grand mouvement giratoire de ces grêlons. M. l'ingénieur Piccarp a exposé à la première assemblée générale le procédé qu'il a inventé pour l’évaporation écono- DES SCIENCES NATURELLES. 307 mique des dissolutions salées, lequel est actuellement appli- qué avec succès dans les salines de Bex. Il consiste essentiel- lement en ce que la vapeur qui s'échappe de l’eau salée en évaporation est comprimée dans un serpenlin plongeant en- tièrement au sein de la dissolution à vaporiser, elle s’y con- dense et sa chaleur latente devenant libre sert à chauffer la dissolution. La force motrice remplace le combustible. Ce procédé paraît destiné à des applications très-étendues et semble devoir rendre de très-grands services pour l’exploita- tion plus économique des salines. Dans la seconde assemblée générale M. le professeur Fo- rel a lu un très-intéressant rapport de M. GRENIER sur l’ex- ploitation des salines de Bex. M. l'ingénieur LOMMEL a entre- tenu la même assemblée des études qu'il a été chargé de faire pour le tracé de la ligne du chemin de fer du Simplon, de Brigg à Domo d’Ossola avec un tunnel de Brigg à Isella, et a exposé les plans détaillés de cette ligne. &GÉOLOGIE M. le professeur Rexevier distribue une brochure relative à l’amas si extraordinaire des blocs erratiques de Monthev. Il décrit ensuite les terrains représentés dans la carte géolo- gique, qu'il vient de publier, de la partie sud des Alpes vau- doises. e Le premier géologue qui se soit occupé de celte contrée est Elie Berthout qui, en 1752, décrivit quelques pétrifica- tions d’Anzeindaz. De cette époque à 1798, de Saussure et Razumowski parlèrent de ces terrains et de leurs contour- nements. Jusqu'en 1821, Wild, de la Harpe, de Charpentier, Struve, Lardy discutèrent vivement sur les mines de sel de Bex. De Charpentier admettait deux couches de gypse superposées, intercalées dans le terrain calcaire, Struve niait une pareille 308 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE disposition ; de Charpentier croyait que le sel était éruptif, Struve, au contraire, le croyait déposé dans des bassins, etc. Struve est le premier qui, en 1810, ait parlé de la roche con- nue sous le nom de corgneule ou cargneule. Après 1821, Buckland, Brongniart, puis MM. Studer, Favre, elc., s’occupèrent des mêmes sujets et des mêmes monta- gnes ; M. Renevier ne commenca ses études qu’en 1848 et. pendant ses travaux, MM. de la Harpe, F.-J. Pictet, Hébert, Heer, Gerlach, S. Chavannes, Posepny traitèrent de quelques faits particuliers. M. Renevier décrit ensuite la géologie de cette contrée. Nous renvoyons pour ce sujet aux Archives, 1. LIX. M. S. CHavanxEs expose ses idées sur la formation des gypses et des cargneules des Alpes. Tous les gypses (sauf peut-être ceux des environs de Bex) sont métamorphiques. épigénétiques, formés aux dépens d’autres roches, après le soulèvement des Alpes. Ce n’est pas l’âge du gypse qui lui assigne sa position au milieu des terrains de sédiments, mais les ruptures du sol. Les gypses sont en contact avec des ro- ches variées, cristallines, liasiques, jurassiques ou avec celles du fiysch. La cargneule est une décomposition des roches dolomitiques, mais on trouve aussi des cargneules d’éboulis. M. pe TriBoLer confirme la manière de voir de M. Cha- vannes. M. A. FavRe soutient, contrairement à M. Chavannes, que l'anhydrite qui, dans les Alpes, est presque toujours la roche d’où provient le gypse, a été déposée sur des plages ou dans des bassins marins, comme un terrain de sédiment, puis la cristallisation est intervenue dans la solidification de cette ro- che. Il est possible cependant qu'il v ait maintenant des gypses sans anhydrite; mais qui peut savoir si au commen- cement ils n’étaient pas tous anhydres? Il paraît aussi qu'il y a des gypses d’âges différents. Chaque couche de gypse des Alpes fait partie du terrain triasique, jurassique ou tertiaire, el il est bien probable que les bancs de cette roche qui se montrent en Savoie et dans le Dauphiné, avec une si grande PSS DES SCIENCES NATURELLES. 309 constance, entre le terrain carbonifère et la zone à Avicula contorta, appartiennent au terrain triasique. M. Lory trouve que M. Chavannes a précisé par ses ob- servations la formation de la cargneule, roche qui se pro- duit aux dépens des dolomies de tous les âges. Les gypses _ sont souvent associés à celte roche, mais leur origine est plus difficile à dévoiler, parce qu’ils peuvent se dissoudre et se déposer de nouveau. Cependant M. Lory croit à l’âge triasique des gypses du Valais et partage l'opinion de M. A. Favre. Mais 1l peut y avoir ailleurs des gvpses appartenant à d’autres formations. M. Rexevier ne regarde pas les gypses des Alpes comme formés à une seule époque, quoiqu'il adopte l’idée de M. A. Favre relativement à l’âge triasique de la plupart d’en- tre eux. Tous les gypses de Bex renferment du sel, ce carac- tère commun fait croire qu'ils sont du même âge, quoique les uns soient en contact avec le lias et d’autres avec le flysch. Il ne connait aucun gypse tertiaire dans les environs de Bex. M. Dauerée fait remarquer que dans les Pyrénées les gypses sont juxtaposés aux ophites qui sont des roches érup- tives, et là les gypses sont épigènes. Il en est de même dans les Apennins. Mais la question de l’origine du gypse est liée à celle de l’origine du sel, du soufre, peut-être du pétrole, et lui parait trop vaste pour être discutée dans le peu de temps accordé à la présente séance. M. P. pe Lorioc met sous les veux de la Société les qua- tre premières planches de la Monographie des Encrines de la Suisse contenant les Apriocrinus Meriani, Roissyanus et polycicus. Ce travail fera partie des Mémoires de la Société paléontologique suisse, dont trois volumes ont déjà paru. M. Rosser, directeur des Salines de Bex, expose les di- verses phases traversées par l'exploitation du sel. Preniiére période. On trouve une couche de schiste argi- leux perméable entouré d’anhydrite imperméable. La partie inférieure du schiste argileux est surtout imprégnée de sel. 310 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE Dans la première galerie qui est faite, l’eau devient moins salée à mesure qu’on s'élève. Par une seconde galerie, on dé- couvre cle l’eau plus salée, mais elle est promptement épui- sée. Une troisième galerie a le même résultat, et dans une quatrième on trouve très-peu d’eau. Il ne reste plus de cette période, qui cesse en 1824, qu’une seule source (source Ansermet). Elle donne 1000 mètres cubes par an et con- tient 20 à 23 °/, de sel. Seconde période. Eu 1823 de Charpentier reconnaît la pré- sence du sel dans l’anhvdrite que les galeries ont traversée. L'exploitation consiste alors à concasser cette roche et à en placer les fragments dans de grands réservoirs remplis d’eau; celle-ci se sature et est conduite en dehors des mines pour être concentrée. Troisième période. En 1866, le gouvernement du canton de Vaud vend les salines à une compagnie qui remplace le bois par la houille, et M. deVallière fait exploiter leselen creu- sant des salles dont le sol est taillé en forme de gradins: le vide de la salle est rempli de matières salées, on y fait sé- Journer de l’eau qui s'empare du sel de ces matières et de celui des gradins jusqu’à une certaine profondeur. L’eau sa- lée est ensuite retirée et évaporée. Ce mode d’exploitation double la production par mèêtre cube de matière exploitée et a encore été perfectionné. M. GRENIER constate que c’est par suite d’une conversation qu'il a eue il y a bien des années avec de Charpentier que le système actuel d'exploitation a été introduit dans les sa- lines. M. le docteur Gosse a observé une terrasse de gravier de lArve entre Mornex et l’extrémité nord du Mont-Salève. Elle est à 475 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il en con- clut qu’à une certaine époque le lac Léman a atteint ce ni- veau. M. le docteur pe LA Harpe résume ses observations sur les nummulites des Alpes vaudoises. MM. d’Archiac et Haime ont signalé le N. Ramondi en diverses localités, mais ce DES SCIENCES NATURELLES. 511 fossile est réellement le N. striata, variété d indiquée ci- dessous. Le véritable N. Ramondi n’a pas été recueilli dans les Alpes vaudoises. A la Cordaz, près d’Anzeindaz, un peu au sud-des Diable- rels, on reconnait deux couches nummulitiques, l’une au- dessous, l’autre au-dessus de la couche à Natica, toutes deux dans le terrain éocène supérieur. L'inférieure ne contient que le N. striata, la supérieure contient les N. striata, Garan- sensis, Rouaulti, intermedia et Chavannesi. On n’y trouve au- cune espèce de grande taille, Le point où ces couches atteignent leur maximum de dé- veloppement est Anzeindaz. En les suivant au nord on les voit aux Diablerets, puis elles disparaissent et se montrent de nouveau près de Thoune, aux Ralligsiôcke et au Justithal, toujours avec le N. striata. Au sud d’Anzeindaz on les trouve à la Dent de Morcles, à la Dent du Midi, aux environs de Sixt, des Fiz, de Cluses, du lac d'Annecy, et beaucoup plus loin au M'.-Faudon. Dans toute cette étendue on peut re- cueillir le N. striata et nulle part le N. Ramondr. Diagnoses. I. Le N. striata est de petite taille, de forme lenticulaire, souvent mamelonné: stries nettement radiées et peu contournées. La chambre centrale est petite, la spire régulière et la lame spirale en général très-mince, tandis que le N. Ramondi est arrondi, sans chambre centrale et à spire épaisse. Variétés : a) Grande, Spire lâche (Biarritzensis), du Justi- thal, près du lac de Thoune. b) Trés-petite, mamelonnée (striata, var. d’Archiac), très- fréquente. ec) Moyenne. lame très-mince, des Ruvinaneires, près du Col de Couz, non loin de Champérv en Valais, etc. d) Type, du Mont-Faudon. Le N. striata paraît caractériser les couches supérieures et le N. Ramondi les couches inférieures de léocène. I. N. Garansensis. Filets cloisonnaires réticulés. Reticulum en échiquier. Se trouve autour d’Anzeindaz, d'Argentine 312 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE (80 °/,) et probablement aux Ruvinaneires; d’après d’Archiac à Garans, près Gaas, avec le Natica crassatina, et en Roumélie. [IL N. éntermediu. Assez grand, plane. Reliculum irrégu- lier. Aux Essets, près d’Anzeindaz (5 ‘/,), à Anzeindaz et aux Ruvinaneires. IV. N. contorta. Taille de l'éntermedia, filets en stries ra- diées, comme dansle NN. striata. Un exemplaire au Périblanc d'Argentine, non loin des Diablerets, et un probable au lac Célaire, sur les flancs de la Dent du Midi. V. N. Chavannesi. Espèce nouvelle, 3 à 4 millimètres de diamètre, { millimètre d’élévation. Filets formant des stries rayonnantes. On n’y compte que # ou 5 tours s’écartant ra- pidement, comme dans le N. Murchisoni; elle diffère de celle-ci par le nombre de ses tours et ses dimensions, et semble en être une réduction; elle n’est pas rare, surtout aux Ruvinaneires. VL N. Rouaulti. Un exemplaire douteux des Ruvina- neires. M. Desor attire l’attention de la Société sur certains blocs erratiques en général composés de roches cristallines qui présentent des cavités ou écuelles (la Pierre de Mont-la-Ville) ou des anneaux concentriques. Ces pierres paraissent être connues des Bohêmes qui traversent la Suisse. La tradition qui portait à croire que ces écuelles servaient à recueillir le sang des victimes doit être abandonnée, puis- que beaucoup d’entre elles sont placées de manière à ne pouvoir en contenir. Près de Berne on a trouvé une pierre avec des écuelles disposées de telle manière que les paysans soutenaient qu’elles représentent la Grande Ourse. En France et en Ialie il n’y a pas de blocs à écuelles. En Suède ils sont en assez grand nombre et ils sont mentionnés dans les Sagas d'Islande. Une seule pierre à anneaux est connue en Suisse. Mais chose curieuse, les unes et les autres paraissent fréquentes sur les bords de l’Indus non loin de Bénarès. Ce fait ainsi que la présence des haches de néphrite qui viennent de l'Orient, DES SCIENCES NATURELLES. ” 313 et la découverte, dans les palafites, de graines venant aussi de l'Orient, est peut-être un indice d'une ancienne émigra- tion. M. le docteur Gosse fait remarquer que les pierres à écuel- les se trouvent aussi au Mexique. M. le professeur B. S'rupER rappelle qu’on a trouvéet qu'il a vu lui-même des blocs erratiques peu volumineux dans les environs du château de Wildenstein, au sud de Liesthal, dans le canton de Bäle-Campagne. Il v a des doutes sur la prove- nance de ces blocset l’on se demande s'ils ne sont pas venus des Vosges ou de la Forêt Noire plutôt que des Alpes dont ils sont fort éloignés. M. CHorFar a observé que les cailloux des couches tertiai- res à Dinotherium, qui sont en partie formés de roches des Vosges, sont assez répandus dans cette région du Jura. M. A. Favre pense que les blocs des environs du Wilden- stein sont alpins. On y trouve aussi des cailloux pris sur les grèves du Rhin et amenés surtout pour paver les rues des villages et les cours de certaines habitations. Les blocs erra- tiques alpins du Wildenstein ont été signalés pour la pre- mière fois par M. le professeur A. Muller de Bâle, et parmi eux il a reconnu des granits, des quarzites blancs à grains roses (arkose), des serpentines où amphiboles d'un vert clair. Il est vrai qu’on n’a pu trouver de blocs alpins bien carac- térisés au nord du Wildenstein, quoique M. Favre y ait ob- servé quelques micaschistes, granits et roches amphiboli- ques ou quartzeuses entre Nuglar et Liesthal. Mais les roches erratiques du Wildenstein sont voisines d’autres roches er- ratiques alpines; elles ne sont pas loin par exemple du bloc de schiste chloriteux avec grenats, que M. Muller a observé entre Waldenbourg et Eptingen près du sommet de la Hohe Stelle (850 mètres au-dessus de la mer). Elles sont sur le prolongement du chemin que les blocs répandus autour de Langenbruck ont suivi en s’engageant ARCHIVES, t. LX. — Octobre 1877. 24 314 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE dans la cluse de Waldenbourg au nord de laquelle se trouve Wildenstein. A Langenbruck et dans le voisinage on a trouvé des blocs de diorites, schistes chloriteux avec grenats, granits, schistes talqueux, etc., qui ont tous le cachet alpin, et qui, sans être très-gros, atteignent quelquefois un mètre de longueur. En- fin ce qui ne laisse aucun doute sur l’origine alpine des blocs de cette région, c'est un bloc de gneiss d’Arolla, découvert dans le vallon de Schwendi et un bloc d’euphotide situé dans le ruisseau à l’est de Mümliswyl. M. A. Favre donne quelques détails sur des vertèbres d’un animal qui ont été trouvées dans les cavités de la grande masse de tuf située au-dessus du village de Brent, non loin de Vevey, et qui est connue sous le nom de Sex qué Pliau (rocher qui pleut). On a cru que ces vertèbres étaient celles d’un Ursus spæleus, mais elles ont appartenu à un rumi- nant. M. le docteur pe LA HaRPE recherche l’étymologie du nom de la roche qui est connue sous le nom de cargneule ou corgneule. Il existe un arbre, le Cornouiller, dont le bois est très-dur, très-tenace ; la roche dont il est question est aussi très-tenace et se casse mal sous le marteau, comme le ferait de la corne, et pour cette raison M. de la Harpe pense que l'on doit écrire son nom « cornieule. » M. Lory fait un grand éloge du travail de M. Renevier dont nous avons parlé en commencant. M. Renevier à con- staté dans le terrain qu’il a décrit beaucoup de plis, et il pense que les plis sont plus importants que les failles dans la configuration du sol. M. Lory croit au contraire que ce sont les failles qui ont en général plus d'importance que les plis, parce qu'il connaît des failles de 40 lieues de lon- gueur. Le Pelvoux, les Rousses, etc., en Dauphiné ont peut-être formé jadis un grand plateau recouvert de lias, le plateau à été changé en grandes montagnes par des failles, le lias est resté par lambeaux à diverses élévations et jusqu’à une DES SCIENCES NATURELLES. 319 grande hauteur. Quelques lambeaux de terrain ont glissé dans le fond des vallons qui se formaient et ont élé plissés. Il en est résulté quelquefois la superposition des roches cristallines aux roches de sédiments. M. Lory appuye sa manière de voir sur une fort belle coupe de la montagne de 3800 mètres environ d’élévation, située au-dessus des chalets d’Alefroide, non loin du Pel- VOoux. M. DEsor, sans faire aucune allusion aux travaux de M. Lory, proteste contre l’abus que certains géologues, moins expérimentés que le savant de Grenoble, ont fait des failles en géologie. BOTANIQUE M. le prof. Muzcer, de Genève, présente quelques consi- dérations sur les principes généraux de classification des phanéroganmies. Les groupes primordiaux de Jussieu et de Candolle sont encore ceux qui répondent le mieux à l’état actuel de la science; toutes les tentatives faites pour en éta- blir d’autres sur des bases différentes n’ont pas donné de bons résultats. Il faut cependant, pour les mettre d’accord avec les travaux récents, \ introduire certaines modifications. C’est ainsi que les monochlamydées, signalées depuis long- temps comme un groupe mal défini, doivent disparaitre. Pour qu’un caractère soit valable, il faut que son impor- tance soit en rapport avec la place hiérarchique du groupe qu'il sert à distinguer: il faut, en d’autres termes, que le caractère d’une classe soit. plus important que celui d’une famille. Cette condition n’est pas remplie par les monochla- mydées, parce que certains genres thalamiflores sont mono- périanthés, et surtout parce que la grande famille des Eu- phorbiacées répartit ses nombreux genres, au nombre de 200 environ, en ?/, avec corolle et calice et */, avec un seul périanthe. Les familles monochlamydées doivent donc être distribuées dans les autres classes. Aucune d'entre elles ne rentrera dans les corolliflores, chez lesquelles les étamines 316 SOCIÈTÉ HELVÉTIQUE sont portées sur la corolle et où par conséquent la disparition de celle-ci supprimerait du même coup les organes mâles. [1 faudra faire rentrer dans les thalamiflores les achlamy- dées chez lesquelles les étamines sont portées sur l'axe, les monochlamydées proprement dites à élamines insérées à la base de l’ovaire, et celles à fleurs diclines, étamines hypo- gvnes et ovaire supère. Par contre les calyciflores hériteront des monochlamydées à fleurs hermaphrodites à étamines in- sérées sur le calice (périgynes) et de toutes celles dont l’o- vaire est infère, qu’elles soient hermaphrodites ou diclines. Les classes ainsi délimitées seront donc composées comme suit : 1. TaazamieLores: Les anciennes thalamiflores de Jussieu ; les monochlamydées a) à fleur hermaphrodite, ovaire supére et étamines hypogynes : b) à fleurs diclines et étamines hy- pogynes; c) à fleurs apérianthées. 2, CALYCIFLORES : Les anciennes calyciflores de Jussieu, en en retranchant les familles à étamines épipétalées et à co- rolle gamopétale (composées, etc.) ; les monochlamydées a) à ovaire supère et étamines périgynes; b) à ovaire infère; €) à fleurs diclines et ovaire infère. 3. CoRoLLIFLORES : Les anciennes corolliflores de Jussieu, en y ajoutant les calyciflores à corolle gamopétale et éla- mines épipétalées. Si maintenant on recherche les caractères de ces trois groupes, on verra que tous ceux qu’on pourrait tirer de la corolle gamopétale, dialypétale ou nulle, de l'ovaire supère ou infère, etc., sont variables dans la même classe ou com- muns à deux classes différentes, de telle sorte qu'il ne reste comme caractères fixes et absolus que ceux qui sont tirés des. étamines : Thalamäflores. Étamines insérées sur l'axe. Calycifores. Étamines insérées sur le calice. Corolliflores. Étamines insérées sur la corolle. Ce système, combinaison de ceux de Linné, de Jussieu et de de Candolle, paraît rendre justice aux affinités naturelles DES SCIENCES NATURELLES. 317 et fait tomber bien des exceptions, grâce à la suppression des caractères dérivés de la soudure des parties, de lovaire su- père ou infère, etc. Pour le rendre parfaitement complet, il faudra, si l’on persiste à énumérer le règne végétal, en com- mençant par les formes les plus compliquées pour finir par ies organismes simples, mettre Les corolliflores en tête, puis les calyciflores, puis les thalamiflores. M. le professeur DE CANDOLLE expose le résultat de ses re- cherches sur les effets de la chaleur et de l'humidité sur ouverture des écailles des bourgeons. Ce travail devant être prochainement publié x extenso dans les Archives, nous nous bornerons à en indiquer ici sommairement les résul- tals. La chaleur sèche ou humide, telle que celle qui se dégage d’un poêle de catelles, n’a aucun effet mécanique sur l'é- cartement des écailles. Pour obtenir un effet positif, il faut que les rameaux soient placés dans des conditions générales de végétation, et alors la chaleur agit en favorisant l’accrois- sement des tissus à la base des écailles. Le calorique pénèé- tre également bien à travers les enveloppes du bourgeon ou à travers l'écorce du bois placé immédiatement au-dessous. Enfin, dans une atmosphêre saturée d'humidité, le phéno- mène n’a pas été plus rapide que dans l’atmosphére nor- male. M. le prof. PLancHoN de Montpellier signale Ja maladie de la vigne qui, sous le nom d’anthracnose, à atteint cette an- née beaucoup de vignobles européens, et rappelle singuliè- rement l'affection qui, sous le nom de rof, est très-redoutée des viticulteurs américains. M. le prof. pe BaRy de Strasbourg qui, déjà en 1874, a observé cette maladie en Alsace et dans le grand-duché de Bade, en expose l'historique. Au point de vue étiologique, l'existence d’un champignon ne saurait être mise en doute; une goutte d’eau placée sur une des taches noires caractéristiques se remplit de spores cylindri- ques allongées, qui germent facilement: transportée sur un rameau sain, elle ne tarde pas à l’infecter. Au point de vue 318 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE mycologique, le mycélium est difficile à voir el consiste seu- lement en filaments ténus qui circulent sous la cuticule et, la rompant de place en place, donnent naissance à des petits bouquets d’hyphe redressés et chargés de conidies. Ce n’est que plus tard qu’on observe le mycélium jusque dans le pa- renchyme. A cette période, on observe toujours sur la surface de la tache des petits points noirs, véritables pycdes de ces champignons mal déterminés qu’on retrouve sur tous les or- ganes végétaux malades. Ils sont probablement étrangers au champignon qui nous occupe ici, qui a provisoirement reçu le nom de Sphaceloma ampelinum et dont les différentes pha- ses ne sont point encore toutes connues. C’est probablement un Pyrénomycète, et l’idée des mycologues qui l’ont ob- servé en Amérique de le réunir au genre Phoma est en tous Cas au moins prématurée. M. ScaNyper, professeur à Buenos-Ayres, lit un travail étendu sur la répartition des végétaux dans la République Argentine. [l esquisse d’abord à grands traits la météorolo- gie et la climatologie de cette vaste région en différents points de laquelle des observations régulières sont mainte- nant poursuivies. Il expose ensuite la division du pays en grandes régions botaniques qui diffèrent un peu de celles qu'a adoptées M. Grisebach dans sa Végétation de la Terre. Ces régions sont : La Patagonie, au sud du Rio-Negro, vaste étendue cou- verte de débris rocheux, sans humus et sans irrigations ré- gulières. La végétation en est très-pauvre et consiste en quel- ques broussailles clair-semées de légumineuses et de com- posées; les représentants du genre Cereus sont aussi assez nombreux. Ce n’est qu’au bord des fleuves que la végétation est un peu plus active. La région des Pampas, au nord de la Patagonie, caractéri- sée par l’absence d’arbres et par les hautes herbes dures et grossières. [ci et là de véritables iles formées par des espèces sociales forment un des traits distinctifs de cette région. Des chardons (entre autres le Cynara cardunculus origmaire DES SCIENCES NATURELLES. 319 d'Europe) forment des masses impénétrables de 5 à 10 lieues de diamètre, Une bande littorale qui recoit un peu plus de pluie que les Pampas, bien qu’encore en quantité insuffisante et qui pré- sente des arbres peu élevés et à petites feuilles coriaces (Colletia, etc.). Les steppes, plaines désséchées près des Cordillières à ter- rain plutonien, avec couche d’humus très-mince : les vé- gétaux sont presque tous ligneux, mais rabougris, épineux et à petites feuilles (légumineuses des genres Gurrea, Cassia, Prosopis). La région subtropicale de Tucuman, avec des montagnes de 15 à 16,000 pieds, est beaucoup mieux arrosée. Dans les val- lées basses les forêts sont surtout composées de Myrtacées et de Laurinées; entre 800 et 2200 pieds la végétation est très-variée ; entre 2200 et 4700 pieds, les pins (Podocarpus)} dominent. Au-dessus de 5000 pieds les prairies sont compo- sées d’un fin gazon, et entre 15 et 16000 pieds la végétation cesse complétement. La région fluviale, vers la province de Corrientes, parti- cipe à la nature du Brésil méridional et ne compte pas plus d’une vingtaine d’espèces autochtones. On peut enfin distinguer encore les régions salines, soit au bord de la mer, soit dans l’intérieur, caractérisées comme partout par les Chénopodées, les Portulacées, etc., et les marais d'eau douce. M. Borez, de Bex, présente des échantillons des gentianes hybrides issues du croisement des G. purpurea, punctata et lutea. M. Wozrr, de Sion, expose quelques plantes rares du Va- lais. M. LeRESCHE, de Rolle, énumére de nombreuses espèces douteuses pour la flore suisse, bien qu’elles figurent généra- lement dans les ouvrages spéciaux. 320 SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE ZOOLOGIE Dans l'assemblée générale du 20 août, M. le prof. Vocr a présenté un résumé intéressant des recherches qu'il a faites derniêrement dans le laboratoire de M. Lacaze-Duthier sur les crustacés parasites à mâles pygmées. Ces travaux ont été poursuivis surtout au point de vue de l'influence de l’adap- tation sur les caractères extérieurs et sur les différents or- ganes de ces crustacés. Frappé du vague des théories de M. Hæckel sur l'adaptation et l’hérédité, l’auteur pense que pour jeter un peu de lumière sur ces phénomènes si com- plexes, il faut se dégager des conceptions à priori, et s’atla- cher à l’observation directe. Les résultats les plus importants seront fournis par l’étude de l'effet d’une même cause sur différents organismes. Pour cela le parasitisme présente des conditions particulièrement favorables. Les crustacés parasites de la famille des Chopépodes déri- vent évidemment d’ancêtres libres et ne sont devenus para- sites que par adaptation. Tous les genres parasites ont leur représentant dans la série des genres libres : et tous, les uns comme les autres, passent dans leur jeunesse par une phase analogue (Nauplius). Les petits mâles ne sont pas réellement parasites; ils vivent plus ou moins complétement fixés au corps des femelles, mais leurs organes buccaux sont libres et ils se nourrissent des mucosités accumulées tout autour. Par conséquent l’organisation du mâle présente une dé- viation de type moins marquée que celle des femelles; c’est sur ces dernières que l’adaptation au parasitisme est claire- ment manifestée. Les deux sexes sont très-semblables pen- dant les premières phases de l'existence; ce n’est qu’en avançant dans la vie que les différences se font voir. L’é- norme disproportion de taille tient surtout au développe- ment exagéré des ovaires chez les femelles. Dans certains genres (par exemple Chondracanthus) on peut, en étudiant les modifications successives de la forme du Ar} re, “20 DES SCIENCES NATURELLES, 321 C9 Ai S HN © © © EI SE © + Minima mensuels absolus (Dates entre parenthèses) 2° (3) 1,5 (6,7) 8,5 (30) 15,0 (29) 22,0 (23, 24) 23,24, 27, 28) + 9 (5) à - 7 (9) 5 (6) 1 he) sal Maxima |! mensuels || absolus | Î 23 (3) Fe (9) — 5 (26) — 5 (13) H 2 (19) + 3(20,21) +10 (17) +15 (24) +17 (19) Pour l’année suivante, 1875 à 1876, je ne rapperterai ici que la moyenne des trois observations diurnes, il s’agit toujours du thermomètre centigrade. 39% DEUX ANNÉES D'OBSERVATIONS THERMOMÉTRIQUES | (Dates entre parenthèses) Moyennes A ï 1875 Minima mensuels Maxima mensuels mensuelles | absolus absolus o [e] Août + 7,0 +. 1 (28, 31) + 16 (4, 20) Septembre + 2,31 — 7 (28) +15 (1) Octobre — 2,0 — 7,5 (30) _—+ 4 (1,8) Novembre — 6,11 — 21 (26) + 2 (7) Décembre — 15,35 — 31 (28) + 2 (6) 1876 Janvier — 20,5 — 30 (17) Février — 19,13 — 32 (8) Mars — 14,76 — 34 (6) | Avril _— 23 — 21 (4) Mai + 1,66 — 8 (7) Juin + 3,52 — 9 (6) Juillet + 6,5 + 0,5 (7) Moyenne annuelle — 4°,93. Les extrêmes annuels ont été : Minimum. Maximum. Dans la 4° année . . . — 35° le 19 févr.; + 25° le 8 août. Dans la 2° année . . . — 34° le 6 mars; -- 20° le 27 juillet. . Les valeurs moyennes des quatre saisons ont été : Automne. Hiver. Printemps. Eté. 1 De 1874 à 1875: — 075 — 17.43 — 956 50,7 De 1875 à 1876: — 1093 — 18,33 — 50143 + 5°,67 J'ai conservé les centièmes de degré dans mes calculs, mais c’est à peine si l’on peut compter dans ces moyennes sur les dixièmes, qui n’ont pas été, en général, notés dans les observations. On voit que la première des deux années d’obser- vations faites à Rama a été sensiblement plus froide que * Pour cette saison, j'ai réuni la température du mois d'août de l’une des années à celle des mois de juin et de juillet de l’année sui- vante. SUR LA COTE DU LABRADOR. 395 la seconde, surtout au printemps, où a eu lieu le mini- mum annuel de température. J'avais déjà, dans ma seconde Notice, publié deux an- nées d'observations faites à Rama, et les moyennes an- nuelles calculées y étaient : Pour la première, de 1872 à 1873, — 4°,0. Pour la seconde, de 1873 à 1874, — 5°,3. La moyenne des quatre années consécutives, comptées à partir du mois d'août, est de — 4°,95, Cette moyenne est plus basse que celle des autres sta- tions moraves de la Côte du Labrador, situées de quel- ques degrés au sud de Rama. La moyenne obtenue, d’après 6 à 7 années d'observa- tions à la station de Hoffenthal, située à la latitude bo- réale de 55° 35°, est seulement de — 3°,31. Mais celle résultant d’au moins quatre années d’obser- vations à la station d'Hébron, située à 58° 20” de lati- tude, est de — 49,7. Quant aux plus grands froids, ils sont à peu près les mêmes à toutes les stations. Le thermomètre est descendu en février 1868 à — 36° centigrades à Hoffenthal comme à Hébron ; mais il s’est abaissé à Hoffenthal jusqu'à — 38° le 3 février 1870 et à — 39° le 2 février 1873. L'extrême de froid observé à Rama a été de — 35°, le 3 février 1873 et le 19 février 1876, et il a été le même à Hoffentbal le 4° mars 1874, Quant à la température la plus élevée, elle a atteint à Hoffenthal jusqu'à 30 degrés centigrades le 26 juillet 1871 et à 31° à Zoar (latitude d'environ 56°) le 30 juil- let de la même année. Le maximum pour Hébron n’a été que de 22° le 3 septembre 1869, et celui de Rama de 249 le 21 août 1873. ES 396 DEUX ANNÉES D'OBSERVATIONS THERMOMÉTRIQUES, ETC. L’amplitude diurne de la température a été en moyenne de 3 degrés dans l’année 1874 à 1875 à Rama. Son maximum, de 4°,6, a eu lieu en septembre 1874, et son minimum de 0°,25 en novembre de la même année. Les observations ont été faites à Rama par M. et Me Weiz, avec un thermomètre provenant de l’observatoire de Genève. | J'ai appris récemment, avec grande satisfaction, par des lettres du 23 et du 30 juin de M. Robert H. Scott, membre du bureau de la Société météorologique de Londres, que M. Shawe, secrétaire des Missions moraves dans cette ville, s’est adressé à ce bureau pour l'achat d'un baromètre de Kew, muni d’un certificat, qui a dû parür le 26 juin, par le vaisseau l’Harmonie, pour la sta- ton de Nain au Labrador, et qui pourra servir, j'espère, à trancher la question, encore indécise, de l'amplitude des variations de la pression atmosphérique dans ces stations. VERRE RE. Lai 25 ès NOTICE SUR PACEDE TARTRONIQUE Par M. E. BEMOLE L'acide tartronique fut découvert par Dessaignes! en 1852. En décomposant l'acide dinitrotartrique* par l’eau froide, ce chimiste, après évaporalion du liquide à basse température, obtint de gros prismes du nouveau corps, en général souillés d'acide oxalique. Dessaignes considéra de suite l’acide tartronique comme bibasique, l'homologue de l'acide malique. En 1864 Bæyer” en réduisant l'acide mésoxalique “par l'hydrogène obtint l'acide tartronique,. En 1865, Claus ‘ montra que la glucose oxydée par la liqueur de Fehling fournit de l'acide tartronique, acide que Reichardt” avait pris pour de l'acide gammique. ! Comptes rendus, XXXIV, 731. — Inst. 1852, 146. — Ann. Chem. Pharm., LAXXIT, 362, et LXXXIX, 399. — Jahresb. für prakt. Che- mie, LVI, 460. ? L’acide dinitrotartrique n'est pas un acide nitré, mais un éther nitrique de l'acide tartrique. La nomenclature française confond les deux termes. 3 Jahresb. fir Chemie, 1864, 641. # Ann. Chem. Pharm., CXLVIE, 114. 5 Jahresb. für Chemie, 1863, 575. 398 NOTICE SUR L’ACIDE TARTRONIQUE. En 1875, Stadtler' passa de la glycerine à l’acide tartronique, par oxydation ménagée. Eofin, en mai 1877, Grimaux * en traitant l’acide py- ruoique dibromé par l’eau de baryte obtint encore l'acide tartronique. De toutes ces réactions, celle de Dessaignes est sans doute la plus intéressante; c’est elle aussi qui donne le meilleur rendement; en revanche, elle comprend des faits dont l'interprétation restait encore à connaître. À tous ces titres il m'a paru avantageux d'étudier de plus près cette réaction, de l’élucider dans la mesure du possible, et comme conséquence de la lumière produite, de présenter pour la préparation de l'acide tartronique une méthode à la fois nouvelle et rapide. Ce sont ces différentes recherches dont je vais rendre compte en transerivant tout d'abord le passage le plus im- portant du travail de Dessaignes : « L’acide dinitrotartrique, abandonné à l'air humide « est peu à peu régénéré en acides tartrique et nitrique. « La solution aqueuse maintenue à quelques degrés au- « dessus de 0° se décompose d’une manière toute diffé « rente; un dégagement gazeux s'établit, formé de ‘/, de « bioxyde d'azote, de ‘/, d'acide carbonique. « Au bout de quelques jours le dégagement cesse ; si « l’on vient à porter la solution acide à la température de « 40°-50° centigrades une vive effervescence se mani- « feste, presque entièrement formée par CO,, et si la so- » lution est concentrée on ne recueille que de l'acide oxa- » lique. Lorsqu'au contraire la solution acide ayant dé- = 1 Berliner Berichte, 1815, 1456. ? Bulletin de Paris, t. XXVII, n° 10, p. 440. NOTICE SUR L'ACIDE TARTRONIQUE. 399 « gagé tout son gaz à froid est doucement évaporée à 30° « elle se concentre, perd encore à la fin un peu de CO, « et finit par cristalliser en gros prismes d'acide tartro- « nique généralement souillés d'un peu d'acide oxalique. » (Ann. Chim. et Pharm., 1. LXXXIE, p. 363.) Ces observations sont fort exactes et ce qu’elles renfer- ment de plus saillant c’est ce fait-ci : La solution aqueuse d'acide dinitrotartrique, qui ne donne plus de gaz après un séjour prolongé au froid, n'en donne presque plus si on la concentre à 30°, et dans ce cas, c’est l'acide tartro- nique qui se forme; tandis que la même solution chauffée et concentrée à une température plus élevée, donne lieu à un vif dégagement de CO, et à de l'acide oxalique. Il m'a tout d’abord semblé que l’on pouvait interpréter ces faits de la manière suivante : La solution aqueuse d’acide dinitrotartrique se décom- poserait à basse température en formant un corps inter- médiaire à 4 carbone, par exemple l'acide mononitrotar- trique. Ce dernier à 30° perdrait peu à peu CO, pour se convertir en acide tartronique, tandis que, porté à la tem- pérature plus élevée de 40°-50° il se détruirait brus- quement en acide oxalique. J'ai donc étudié en première ligne la solution aqueuse d'acide dinitrotartrique, laquelle ne dégage plus de gaz à basse température. Cette solution fut reprise quatre fois par l’éther lequel, par évaporation, laissa un liquide très-acide renfermant des cristaux d'acide dinitrotartrique et un peu d'acide oxalique. — La solution primitive ainsi purifiée fut refroidie et décomposée par l’acétate de plomb; le précipité abondant et cristallin qui se forma fut lavé à l’eau froide, séché sur H,SO, et analysé. 400 NOTICE SUR L'ACIDE TARTRONIQUE. 1) mat. — 1,562; PbSO, — 1.478; Pb °}, —= 64,59. 2) mat. — 0,475; PbSO, — 0,447; Pb: =60497 La formule du tartronate de plomb exige : PDIB EE 09:69 La solution qui a fourni ce sel de plomb était ainsi de l’acide tartronique à peu près pur. Un premier point est donc acquis : à quelques degrés au-dessus de 0° l’acide dinitrotartrique dans l’eau se détruit presque radicalement en acide tartronique avec formation d’une faible quantité d'acide oxalique, sans former d’acide intermédiaire. La seconde interprétation que l’on pouvait proposer des faits observés par Dessaignes devait avant tout tenir compte de la nature des corps formés parallèlement à l'acide tartro- nique. Dessaignes nous apprend que l'acide dinitrotartrique par l’eau froide se détruit en acide tartronique avec un dégagement gazeux formé de bioxyde d'azote et d'acide carbonique. Il me semble très-simple de supposer que le bioxyde d'azote n’est pas le produit primitif mais qu’il dérive d’un autre gaz décomposable par l’eau, l’anhydride azoteux, N,0.,. Or l’anhydride azoteux, par l’eau se détruit non- seulement en NO mais encore en HNO.. Si donc N,0, est bien le produit primitif dont nous parlions plus haut, nous devions retrouver de l'acide ni- trique formé en même temps que l’acide tartronique. Et, effectivement, lorsqu'on recueille les cristaux de ce der- nier acide, 1ls sont baignés d’acide nitrique. Il est dès lors aisé de comprendre pourquoi la solution d'acide dinitrotartrique ayant séjourné au froid s’oxyde par la chaleur en acide oxalique ; c’est tout simplement parce NOTICE SUR L’ACIDE TARTRONIQUE. 401 que l’acide nitrique agit vivement sur l'acide tartronique, lui fait perdre CO, et laisse de l'acide oxalique, tandis qu'une chaleur modérée (30° par exemple) permet à l’a- cide tartronique de cristalliser sans subir d’oxydation sen- sible par HNO.. Une expérience directe m'a du reste montré que l'acide tartronique pur est entièrement trans- formé en acide oxalique par HNO, à une température de 90°. Méthode nouvelle pour la production rapide de l’acide tartronique. Si les développements théoriques exposés ci-dessus sont exacts, il est bien certain qu’on est obligé de prépa- rer l'acide tartronique à une basse température à cause de la présence de l'acide nitrique; car si lon pouvait éliminer ce dernier à mesure qu'il se forme, il est pro- bable que l’on pourrait opérer impunément à une tempé- rature plus élevée, sans risquer d'obtenir de l’acide oxa- lique. L’acide tartronique n’est oxydable qu'à cause de son oroupe CHOH. La présence d’un corps plus oxydable que lui le préserverait sans doute de l'oxydation; ce corps est l'alcool. Dessaignes nous a appris que l'acide dinitrotar- trique peut être dissous et chauffé dans de l'alcool absolu sans éprouver de destruction. Avec l'alcool dilué, j'ai observé qu'il en était tout au- trement. La destruction de l’acide dinitrotartrique par l'alcool très-dilué à l’ébullition fournit de l’acide tartro- nique pur. A. Acide dinitrotartrique. Ce corps doit être cristallisé de l’eau froide comme ARCHIVES, t. LX. — Novembre 1877. 27 402 NOTICE SUR L’ACIDE TARTRONIQUE. l'indique Dessaignes, mais en outre il doit être cristallisé de l’éther, car il arrive très-fréquemment qu'il renferme de l'acide tartrique régénéré par l'humidité. A ce sujet, je pense utile de dire qu'il ne faut pas s'attacher à faire disparaitre tout l'acide nitrique de cet acide par un con- tact trop prolongé avec les briques; il vaut mieux enlever cet acide nitrique par la cristallisation de l’eau froide. L’acide dinitrotartrique se conserve très-mal, même en-flacons bien bouchés. il vaut mieux le conserver en solution éthérée anhydre. B. Acide tartronique. On place sur un bain-marie dans une capsule de por- celaine 60 grammes d'alcool, dens.— 0,925 et l’on remue avec une baguette, jusqu’à ce que le dégagement gazeux ait presque cessé (ce qui arrive au bout d’un quart d'heure à peu près), et que la masse commence à cris- talliser sur les parois de la capsule. On laisse refroidir et presse les cristaux dans du pa- pier ; au bout de peu de temps on les redissout dans l'eau et évapore à sec au bain-marie; on renouvelle encore une fois cette opération; quand la masse est sèche, on la pile en présence de l’éther et la lave ainsi jusqu’à ce que les cristaux dissous dans l’eau ne précipitent plus par CaCl.. On presse alors ces cristaux dans du papier ; ils consti- tuent l’acide tartronique pur. Analyses. I mat, 0,2815; CO, 0,310; H,0 0,91 II mat. 0,288; CO, 0,309; H,0 0,071 I Il Théorie. C 30,04 29-27 30 H 3,98 2-82 3-3 NOTICE SUR L’ACIDE TARTRONIQUE. 403 Cette méthode m'a donné d'excellents résultats. Elle est de beaucoup plus rapide que celle de Dessaignes et si l’on travaille avec soin le rendement en est meilleur. Les propriétés que j’ai observées pour l'acide tartro- nique sont les mêmes que celles décrites par Dessaignes hormis le point de fusion. Dessaignes dans un premier mémoire parle de 175° et dans un second de 165°. M. Grimaux indique 145°. L’acide que j'ai analysé fondait à 150°-151°. J'ai essayé de décomposer l'acide dinitrotartrique sec par la chaleur en vue de produire lacide tartronique, mais je n'ai pas réussi: cet acide nitré à 115°-120° dé- gage des vapeurs nitreuses, fort peu d'acide CO,, perd de l’eau et finit par se concréter en un acide qui paraît être dérivé de l'acide tartrique par soustraction de l’eau. Si l'acide dinitrotartrique n’est pas parfaitement sec, chauffé à 115°-120° il fournit un abondant dégagement gazeux et le résidu consiste en un mélange d’acides tartronique et tartrique. Vevey, 1% septembre 1877. ÉTHÉRIFICATION A BASSE TEMPÉRATURE AU MOYEN DE HCL Par M. E DEMSLE Un alcool et un acide organique saturés à une tem- pérature plus ou moins élevée par un courant prolongé d'HCL sec, s’éthérifient avec formation accessoire d’eau, et c’est M. Friedel' qui a donné de cette réaction une explication satisfaisante. M. Friedel a préparé des chlorures d’acétyle et de benzoiïle en chauffant les acides correspondants avec HCL sec. Pour l'acide acétique, il a chauffé à 60—80, pour l’acide benzoïque à 200”. La formation de ces deux chlorures donne la clef de ce qui se passe lorsqu'on remplace P, 0, par un alcool: dans ce cas, l’éther et de l’eau prennent naissance avec dégagement d'HCEL. Cette interprétation est fort sérieuse et semble excel- lente; toutefois elle m'a paru incomplète en un point. Agissant sur deux corps qui, par leur union, fourniront. en outre de l’eau, les déshydratants peuvent se comporter de deux manières: leur activité commence à s'exercer: avant la formation de l’eau, et elle a pour effet de dé- terminer cette formation ; ou bien leur activité ne s’exerce. 1 Comptes-rendus, LXVIIE, p. 1557. ur. ÉTHÉRIFICATION A BASSE TEMPÉRATURE, 405 qu'une fois que l'eau est déjà formée et elle a pour effet de l’éliminer au fur et à mesure qu'elle se produit. Or, dans l'espèce P,0, se comporte-t-il d'après la première manière ou d'après la seconde ? L'eau qu'il absorbe a-t-elle été formée grâce à son action chimique, ou bien se serait-elle formée par la simple réaction de HCL sur l'acide organique sans l'in- tervention première de P,0,. On sait assez que les chla- rures d'acides sont détruits par l’eau et par conséquent pe se forment pas dans les circonstances où ils seraient dé- truits ; un déshydratant est donc nécessaire pour prendre l'eau accessoirement formée ; mais, encore une fois, ce déshydratant agit-il avant ou après la formation de l’eau ? Répondre à celte question par une expérience directe me parait difficile; je me suis borné à modifier les expériences de Friedel de façon à les rendre plus con- cluantes sans toutefois les rendre parfaites. Les synthèses par soustraction d’eau que l’on peut opérer par les déshydratants demandent le plus souvent le concours de la chaleur ; dans le cas qui nous occupe, la chaleur est donc un facteur qu'il faut avant tout éliminer, du moins dans la mesure du possible. J'ai choisi la température de 0° pour éthérifier l’acide acétique et la même tempé- rature pour préparer le chlorure d’acétyle. Expériences. I. Alcool ord. dens. —0.83—60 gr. ) Acide acétique cristalisé —40 gr, ) à 0° et saturés d'HCL sec: le courant à duré deux heures. On a repris par l’eau à froid et deux fois par l’éther (79 cc.) ; séché sur C,CL, et fractionné. — Re- trouvé 10—15 gr. d'acétate d’éthyle. refroidis 406 ÉTHÉRIFICATION A BASSE TEMPÉRATURE. Alcool amylique pur 98 gr. } Ac. acétique cristalisé 40 gr. ) à 0°, saturés d'HCL sec; le courant a duré deux heures ; on a repris par l’eau à froid, lavé, séché et frac- tionné. — Retrouvé 20 à 25 gr. d’acétate d’amyle bouillant à 138—141. L’éthérification de l'acide acétique ayant donc lieu aisément à 0° par HCL, j'ai dès lors essayé, toujours à 0° d'obtenir le chlorure d’acétyle par la méthode Friedel. refroidis. IT. Acide acétique cristallisé =205 gr. ) Anhydride phosphorique —240 gr. ) et saturés d'HCL sec, le courant a duré deux heures. Le liquide ainsi traité a été distillé et l’on a recueilli avant 70° une notable quantité de chlorure d’acétyle. Il me semble difficile d'admettre que dans l'expérience ILE à une température aussi basse que 0°, P,0, puisse concourir à la formation de l’eau ; il est plus rationnel de croire qu’il se borne à absorber cette eau au fur et à mesure qu'elle se produit. Dès lors on peut établir avec plus de raison qu'auparavant, que dans le phénomène de l'éthérification par HCL sec, au moins pour ce qui concerne l’acide acétique, c’est bien le chlorure de cet acide qui est le premier terme de la réaction. refroidis à 0° Vevey, 1° septembre 1877. CONTRIBUTIONS A LA CONNAISSANCE DE LA FLORE ARGENTINE Par M. le Dr SCHXYDER Professeur à Buénos-Ayres. (Communiqué à la session de la Société helvétique des Sciences nat. à Bex, en août 1877.) 1. Introduction. La Flore argentine est relativement très-peu connue, ce qui s'explique, tant par la grande extension du terri- toire argentin, que par l’idée malheureusement trop long- temps entretenue, que ce pays ne pouvait guère présenter que des formes répandues au Chili et au Brésil. C’est par suite de cette opinion que les quelques voyageurs scienti- fiques qui ont visité ce pays ne se sont qu'à peine occu- pés de sa végétation. Je citerai les Darwin, les d’Orbigny, les Miers, les Thobel et les Burmeister, ainsi que les ama- teurs Bunbury de Buenos-Ayres et Dillies de Mendoza. Il y en à eu quelques autres, tels que Martin de Moussey, qui, par leur travail superficiel, ont fait à la science plus de tort que de bien. 2. Conditions climalériques. Le D' G. Burmeister à traité ce chapitre avec trop de compétence dans ses « Reise durch die La Plata » 408 CONTRIBUTIONS A LA CONNAISSANCE - et sa « Description de la République Argentine, » pour que je puisse prétendre pouvoir ajouter beaucoup de nou- veau à ce qu'il en a dit. Je suis cependant obligé de faire précéder l'étude des caractères généraux de notre flore de quelques nolions préliminaires, tant pour en expliquer la nature que pour motiver la division en régions phyto- oéographiques, indispensable lorsqu'on à à traiter une contrée aussi étendue et aussi variée que la République argentine. Ce curieux pays s'étend entre le 20° et le 56° lat. sud ; il participerait donc, suivant la division en zones phylo- géographiques parallèles, de la zone subtropicale, de la zone tempérée chaude et de la tempérée froide. Nous verrons cependant qu'il est impossible de garder cette division intacte. Le territoire argentin s'incline vers le SE. En tracçant une ligne droite depuis le cap St-Antoine vers le NO. nous aurons O0 mètres d’élévation pour ce cap, 400 mètres pour Cordoba et de 700 à 1000 mètres pour les plaines de Mendoza, la Rioja et Catamarca. La hauteur des montagnes varie entre 1000 mètres pour celles du sud de la province de Betires, 2300 pour la chaîne de Cordoba et 6834 pour les Cordillères (Aconquija) ; nous avons donc encore ici une ascension constante du SE. au NO. — ]l semblerait à première vue que, d’après la lati- tude, la température devrait s’abaisser graduellement vers le sud, Mais il n’en est pas ainsi, comme on peut en juger par le tableau suivant tiré des observations de l’in- stitut météorologique de Cordoba pour l’année 1874. DE LA FLORE ARGENTINE. 409 Moyennes de Température (Gelsius). Lieux d’observation | = Pilciao | BR | Tucu- |Corrien- TE 3,3. (Buenos- Bahia- Salta | af Re Et PE RTE oO | Le] [e] [e] Le] | o o | Janvier . . | 20,43) 23,23| ? | 28,38) 22,78) 24,24 24,1) Février . . | 21,10! 23,40| ? | 24,83| 21,28, 23,44 22,9 | Mars ... | 18,46| 21,42] ? | 21,94) 18,50) 21,25 18,8 | Avril ... | 16,65, 19,96| 21,12] 18,29| 14,65) 16,94 15,5 | Mai .... | 12,83! 14,19| 19,57! 14,75| 11,94| 13,68 11,6 | Juin. . .. | 15,07| 11,99! 17,49! 10,26! 9,85] 11,14 8,7. Juillet. . . | 12,54] 12,22| 14,46| 8,52| 8,44| 9,82! 8,1 | Août . .. | 14,75) 15,92] 17,92] 13,51] 12,07| 11,75] 10.2 | Septembre. | 17,86| 19,19! 18,58) 19,36, 15,63| 13,69) 12,6 | Octobre . . | 18,30] 19,41 21,35, 23,82) 16,80! 16,85) 15,6 Novembre. | 20,01| 23,36 24,75 24,72 20,21| 20,12) 19,2 Décembre . | 21,10! 24,80! 26,51, 28,38, 22,53| 22,94) 22,5 moyenne maxima minima Salta 17,28 38,0 0,0 Tucaman 17,05 39,4 Di Pileiao WT 43,1 5,5 Cordoba 16,19 38,6 6,8 Buenos-Ayres ] DFE | 37,8 2,8 Bahia-Blanca 15,88 39,2 3,9 Comme on le voit par les données précédentes, la tem- pérature de ces diverses localités est sujette à de grandes variations, qui de plus sont généralement très-brusques. Ainsi j'ai vu plusieurs fois au gros de l'été, dans la pro- vince de Buenos-Ayres, le thermomètre descendre de 14°,18°6, 23°2, dans l’espace de deux à cinq heures de temps, après un changement du vent du nord en vent du sud. J'ai, de même, observé qu'il pouvait remonter aussi rapidement. Je fais cette remarque parce que je crois que de telles oscillations, pour peu que leur effet dure quel- ERA Et er 4 £ nes: FA se ON Fra 410 CONTRIBUTIONS A LA CONNAISSANCE que temps (ces températures subitement basses peuvent durer pendant 3 ou # jours et même davantage) ne peu- vent être sans influence sur la vie des plantes. Je ne puis cependant m'avancer encore à calculer leur portée phy- siologique. L'agent principal de la modification du climat argentin est certainement la direction des vents constants, com- binée avec le cours et la hauteur des chaînes de mon- tagne. Nous avons deux courants d'air constants, à savoir le vent Pampero qui se dirige du pôle sud vers l'équateur. et la Londa ou vent du nord qui court en sens contraire. N° 1. — Le vent qui vient du pôle S. se dirige d’abord du SO. au NE. mais avant de pénétrer sur le territoire argentin, il est arrêté dans sa marche par les Cordillères des Andes de Patagonie qui vont du sud au nord. Sur ces énormes hauteurs 1l perd toute l'humidité dont il avait pu se charger en passant sur l'Océan Antarctique et Pacifique. Il devient donc un vent sec, froid et riche en oxygène pour tout le territoire de la Patagonie, Mais à mesure «qu'il se rapproche de l'équateur, la rotation terrestre lui fait perdre sa direction primitive, de telle façon, que dans le nord de la République, il ‘ne souffle plus du SO. mais bien du SE. Ce changement de direction détermine en même temps un changement complet de caractères. De vent sec qu'il est pour la Patagonie, il devient par son passage sur lOcéan Atlantique vent humide pour le nord. Mais, grâce à des circonstances locales, son pou- voir pluvifère ne se fait pas sentir également. Dès son entrée sur le continent il obéit à la loi générale qui veut qu'un vent qui vient de la mer décharge une partie de son humidité sur le littoral; mais en avançant dans l’in- Æ DE LA FLORE ARGENTINE 41 térieur des terres, les conditions changent; le territoire, complétement plat, n'offre aucun de ces agents si favo- rables aux chutes d’eau : montagnes et forêts. Les fai- bles hauteurs qui se trouvent dans le sud de la pro- vince de Buenos-Ayres, les Pierras du Volcan, Tandil et Azul (1030 mètres au plus) courent malheureusement dans la même direction que le vent et ne lui offrent aucun obstacle sur lequel son humidité puisse se conden- ser. [l n'en est pas de même pour la Sierra de Cor- doba. Sa chaine principale, celle de Achala atteint une hauteur de 2300 mètres et court du sud au nord, c'est- à-dire qu’elle présente au vent du SSE. un rempart solide qui le coupe sous un angle d'environ 45°. Ici le courant d’air est obligé de laisser se condenser une partie de ses vapeurs, mais vu la petitesse de l'angle fait avec la direction du vent et la faible hauteur des chaines de Cordoba, les pluies sont moindres que sur le littoral, Der- rière les montagnes de Cordoba il y a de nouveau une plaine analogue à celle qui s'étend entre Cordoba et le lit- toral de Buenos-Ayres, beaucoup moins grande cependant; ict encore les vapeurs atmosphériques ne produisent guère que des fortes rosées; mais plus au nord-ouest, le courant d'air se heurte contre le massif d’Aconcagua (6834 mètres) et ses ramifications qui courent à peu près du SSO. au NE. en formant les Andes de Tucu- man et de Salta. La hauteur de ces montagnes et leur direction qui fait avec celle du vent toujours incliné vers l’ouest un angle presque droit, amène un décharge- ment constant de l'atmosphère sous forme de pluies tor- rentielles. L'exactitude de cet exposé semble vérifiée par les observations faites sur les quantités mensuelles de pluie. 412 CONTRIBUTIONS A LA CONNAISSANCE Quantités mensuelles de pluie (en millimetres.) —_ Lieux d’observation . . . . . Tucu- | Cor- |Buenos-| Bahia man | doba | Ayres | Blanca Nombre d’années d'observation 1 21k 14 15 JARVIET ENS Ses 267,3 | 182,5 55,51| 28,49 RÉVEILLER 217,2 | 153,45] 77,75] 53,24 MATTER 2 Re 209,4 76,75| 94,33| 54,58 ANDe ee te x 89.1 | 30,70| 64,12| 44,83 RL RE 27,2 8,07| 80,31| 19,23 nel RE BREL 0,2 | 10,86| 72,77] 25,50 Juillet 9 0,20! 42,26| 11,22 POUR SEA ï 0,0 53,60| 46,77| 17,14 Septembre: ... 2: 0,0 19,02] 62,42] 46,61 Octobre metre 36,8 | 70,95] 102,09, 56,89 Novembre. . . . .. 56,4 | 101,97] 54,97] 48,03 Décembre. "1%, 196,8 85,70| 93,39] 44,56 Total annuel. . . .. .. 1059,7 | 775,33| 846,69] 450,32 Tout d'abord lexpression d'irrigation constante que j'emploira dans divers endroits, ne paraît pas être justi- fiée par le tableau ci-dessus ; ainsi Tucuman n’a pas ou peu de pluies en juin, juillet, août et septembre. — Cordoba, Buenos-Ayres et Bahia Blanca ont constamment des pluies pendant toute l’année, ou presque toute l’année. Mais il faut considérer les points suivants : ce que l’on pourrait appeler saison des pluies pour Tucuman, tombe non pas comme ailleurs, dans le temps de repos de la végetation (en hiver), mais bien au printemps, en été et au com- mencement de Fautomne. Cordoba n’a de fortes pluies qu'au gros de l'été, tandis que le maximum de pluies sur le littoral de Buenos-Ayres est en octobre, c'est-à-dire au printemps, tout en continuant, quoique très-faiblement pendant toute l’année. Bahia Blanca ne connait pas de DE LA FLORE ARGENTINE. 413 fortes pluies. Il y a done véritablement irrigation con- stante et en grande échelle pour Tucuman. Elle est con- stante aussi pour le littoral, quoique plus faiblement, mais ce point est en quelque sorte compensé par le fait que son maximum tombe au moment où la végétation com- mence à se développer, il en est de même pour Cordoba, sauf le manque de grandes pluies au printemps. — Ceci est un point excessivement important, vu que la forme de la végétation d’un pays dépend principalement de la masse d'humidité atmosphérique qui s’y condense sous forme de pluie, et qu'on y trouve lexplication des feuilles étroites, aiguillonnées et des épines qu’on rencontre assez souvent dans les forêts du littoral et presque par- tout dans toute la région des épiniers. N°2. — Le vent du Nord séché sous les tropiques, perd encore le peu d'humidité qu'il pouvait emporter contre les massifs de Bolivie, précipite son haleine em- brasée par les vallées des Andes qui suivent assez paral- lèlement sa route, et s’élance sans frein sur la plaine im- mense formée par le grand Chaco, les provinces de Saint- Jago del Estero, l'Est de Cordoba, Santa-Fé et Buenos- Ayres. Au lieu du vent pur et frais du sud, nous avons maintenant un souffle ardent, qui dessèche tout sur son passage, et se charge de miasmes dans les marais du Chaco de Corrientes et le long du Paranà. Son atmos- phère est tellement malsaine que tout le monde ressent de violents maux de tête pendant toute la durée de son soufile, C'est ce vent, du reste, qui réussit à faire monter dans la province de Buenos-Ayres la colonne de mercure à 780 et 782 millimètres. — En arrivant sur la Pampa, il est assez chargé d'humidité; mais celle-ci ne peut se 414 CONTRIBUTIONS A LA CONNAISSANCE précipiter, excepté dans le cas assez rare d’un brusque changement de direction, par lequel le Pampero de- vient dominant, phénomène toujours accompagné de courts mais terribles orages. Son humidité n’est ce pendant pas assez grande pour éviter que la mra- jeure partie des rivières qu’il trouve sur son passage se dessèchent. Il constitue donc un néfaste contre-poids du vent du Sud. En effet, toute l’eau que celui-ci jette sur les chaînes de Cordoba et les Cordillères ne forme que deux affluents du Parana : le Vermejo et le Rio Juramento qui tous deux naissent à l'abri des Andes de Tucuman de Salta et Zujuy, au lieu que le Rio Dulce, qui a ses sources au sud de l’Aconquija et les 10 ou 42 cours d’eau qui prennent naissance dans les Andes de Catamarca, San-Juan, Mendoza et les 4 qui sortent des massifs de Cordoba sont complétement desséchés dès leur arrivée sur la plaine, quoique à leur origine ils soient très- puissants. Si à cette esquisse de l’action des deux vents prin- cipaux nous ajoutons encore que les terrains des monta- gnes et leur voisinage sont de provenance plutonique, ceux des grandes plaines, des terrains diluviens très-salés, et ceux du grand Chaco et des bords du Parana et du Rio de la Plata des terrains d’alluvion (fange de granit, gneis, tale micachiste, etc., mêlés à beaucoup d’humus); si, dis-je, nous comparons ces données élémentaires avec Ja loi phy- tobiologique qui demande uneirrigation continue, quoique faible, pour une végétation arborescente et facilite aux graminées la résistance contre les grandes sécheresses au moyen de leur rhizome, nons pouvons, dès l’abord, et sans entrer dans de plus amples détails, nous expliquer l'existence de cette grande plaine d'herbes dépourvue DE LA FLORE ARGENTINE 415 d'arbres et sèche, qu’on appelle Pampa, et chercher des arbres seulement dans les Cordillères, les montagnes de Cordoba, les bords du Parana et sur le littoral. 2. Régions phytogéographiques. Le D' Grisebach (Die Vegetation der Erde, Bd. I p. #49 et suivantes : Gebiet der Pampasvegetation) avait divisé la majeure partie du territoire argentin en trois régions, à savoir : la région patagonique, la région pam- péenne et la steppe de Channar. Les autres parties avaient été reliées avec des territoires avoisinants; mais depuis les récentes explorations, spécialement depuis les voyages dans les provinces de Tucuman et Salta du D' P.-G. Lo- rentz et de M. Hiéronymus, membres de l'Académie de Cordoba, il n’est plus possible de garder intacte cette di- vision, pour des motifs qui s’expliqueront d'eux-mêmes dans le courant de l’esquisse que je vais donner des prin- cipales régions de notre flore. a. Région patagonique. — Cette région commence à la Terre-de-feu, comprend le versant oriental des Andes, et s'étend avec la plaine jusqu’au Rio Negro. Son ter- rain, excepté les couches d’alluvion déposées dans le voi- sinage des fleuves Gallego, Santa-Cruz, Chico, Chubut et Negro, est très-aride, gräce à la sécheresse de son cli- mat et aux rocailles de provenance andine qui le recou- vrent. b. Région pampéenne. — Cette région comprend l’im- mense plaine située entre le Rio Negro et le 28° lat. S., et comprend la province de Bnenos-Ayres jusqu'aux pre- miers rameaux des Andes (moins le littoral), la partie est de la province de Cordoba, la province de Santa-Fé 416 CONTRIBUTIONS A LA CONNAISSANCE et de Santiago del Estero; ces deux dernières toutefois, moins les parties voisines du Parana, et enfin le Sud du territoire du Chaco. Sol plat, sans pierres; argile salée couverte en certains endroits d’une assez forte couche d'humus ; dans les bas-fonds sables et sel marin, et où ces bas-fonds n’ont pas d'écoulement, marais salés ; vent du nord dominant; l'humidité atmosphérique ne se décharge généralement que sous forme de rosées par- [ois très-copieuses. c. Région du littoral. — Comprend une bande de dix à quinze lieues de large suivant les bords de l’Atlan- tique depuis le 38° lat. S., à peu près jusqu'aux environs de la ville de Buenos-Ayres. d. Région des épiniers. — Cette région forme plus ou moins un triangle dont un côté s'étend le long des cimes de la Cordillère des Andes, depuis le Rio Negro jusqu’au 27° lat. S.;le second depuis ce dernier point jusqu’au Rio Vermejo en formant une ligne concave autour des massifs de Aconcagua, et le troisième une immense courbe depuis le même point de départ au Rio Negro jusqu’au même point d'arrêt sur le Vermejo en passant par Cordoba. Terrain très-accidenté, rocailleux, excepté les plaines sablonneuses et salifères entre les massifs de Cordoba et ceux de San-Luis, La Rioja et Catamarca. Pluies un peu plus constantes amenées par le vent du SO. ; donc irrigation plus marquée sur les versants orientaux. Aucun massif ne protége ces contrées contre l’action desséchante du vent du Nord. e. Région subtropicale. — Comprend les territoires au NO. du côté concave de la région antérieure, c’est-à-dire les provinces de Tucuman, de Salta et de Jujuy. Énormes massifs montagneux qui favorisent des pluies abondantes DE LA FLORE ARGENTINE. 417 et constantes; leur direction protége les vallées contre l'influence du vent du Nord. Terrain plutonique et alluvion dans le fond des vallées. IL est probable qu’à cette région appartient aussi la province de Corrientes, mais nous ne possédons que fort peu de données à ce sujet. f. Région fluviale. — Comprend le Gran Chaco jusqu’au Rio Pilcomayo et descend peu à peu le Parana jusqu’à se confondre aux environs de Buenos-Ayres avec la ré- oion du littoral. À cette région doit probablement se joindre le territoire d'Entre Rios ; mais ici encore nous manquons de données. Inutile de dire que les limites que je viens de tracer ne peuvent être prises comme des lignes tirées au cordeau; mais qu'il y a entre chaque région des terrains de transi- tion, voire même des enclaves d’une région dans une autre. 3. Formations communes à plus d’une région. Avant de traiter chacune de ces régions en particulier, Je dois vous entretenir ici de certaines formations qui sont communes à plusieurs régions de notre flore. Je veux parler d'abord des halophytes. Il estnaturel que des causes analo- gues aient des effets analogues ; or il s’est produit dans divers endroits de la République Argentine et à diverses époques des mouvements géologiques qui ont déterminé la formation de ce que nous appelons les salines. Nous pouvons distinguer deux espèces de salines : celles des bords de la mer en Patagonie et dans la province de Buenos-Ayres, formées par le flux de la mer, et celles de l'intérieur des terres, dues au soulèvement subit du con- tinent Sud américain. Ces dernières sont celles qui s’éten- ARCHIVES, ft. LX. — Novembre 1877. 28 418 CONTRIBUTIONS A LA CONNAISSANCE dent entre les provinces de Cordoba, Santiago del Estero, Tucuman, Catamarca, celle à l’ouest des massifs de San- Luis et de la Sierra de los Llanos, celles de la Laguna del Toro dans la province de Jujuy, et finalement celles du SO. de la province de Buenos-Ayres. Le sol de ces salines se compose de sel marin plus ou moins mêlé à du sable quartzeux. La végétation qui s’y produit après les pluies se compose presque exclusivement de CHÉNOPODIAGÉES appartenant aux genres suivants : Atriplex, Spirostachys, Suæda, Salsola et d’une PorTuLAGAGÉE Grahamia brac- teata, Gill, qui abonde surtout dans les salines de San- tiago del Estero où on rencontre aussi la Lippia salsa de Grisebach (Plantæ Lorentzianæ, p. 195). Toutes ces plantes sont confondues sous le nom vulgaire de Jume (prononcez Chüme). Une autre formation commune à plusieurs régions est celle des marais d’eau douce. Ces marais se trouvent un peu partout, mais spécialement dans la province de Cor- rientes et dans le Chaco. Malheureusement ces régions n'ont pas encore été suffisamment exploitées. M. le pro- fesseur Hieronymus de Cordoba parle de cette formation dans ses Observaciones sobre la Vegetacion de la pro- vincia de Tucuman, publiées dans le Boletin de la Aca- demia nacional de Ciencias exactas de Cordoba, vol. I, IT et IV, 1874. D’après ses données, dans les endroits humides on trouve généralement diverses espèces de Baccharis, entre autres le B. Lanceolata, Kth.. et B. Ser- rulata, Pers., un Eupatorium blanc, le Pluchea Quitos, D. C., et le Pl. macrocephala, D. C. En fait de Cypé- racées on rencontre Cyperus vegetus et C. infucatus, Kth., ensuite Celosia major, Q., Gomphrena elegans, Mart. Rumex pulcher,L., Polygonum acre, H. B., Gymnogramma . DE LA FLORE ARGENTINE, 419 trifoliata, Duv., Equisetum ramosissimum, Def., Hydro- cotyle Poeppigü, D. C., et bonariensis, Lam., Lemna, L., gen., Pistia, L., gen., Potamogeton, L., gen. Le D' Lorentz, qui depuis quatre années réside dans la province d’'Entre Rios, ne nous a pas fait connaître en- core le résultat de ses observations. Quant aux endroits marécageux de la province de Buenos-Ayres, leur flore est assez simple. Ce sont les genres Lemna, Potamogeton, Sagittaria, Pontederia, Ra- nunculus, Eupatorium, et surtout Juncus, Carex, Eryn- gium, Hydrocotyle, Azolla. Le Senecio Hualtata, Bertr.. y est aussi très-fréquent, ainsi qu’une Solanée aux fleurs bleues, appelée Duraznillo blanco dans le pays. 4. Région patagonique. Son sol pierreux sans humus est presque compléte- ment stérile. Ce n’est que vers le nord qu'on rencontre quelques forêts clair-semées de légumineuses; dansles par- ties plus fertiles il y a abondance de cactées. Les petits arbrisseaux de la famille des composées qui existent sont très-rabougris. Sur les terres d’alluvion on cultive le vin et le blé jusqu’au 43° lat. S. — Suivant cer- tains voyageurs il y aurait des forêts de hêtres (?!) sur les versants orientaux des Andes. Mais on ne sait au juste jusqu'où elles s'étendent. — C’est certainement une des contrées les plus tristes de la terre. Les graminées de cette contrée appartiennent aux genres Gynerium, Phalaris, Typha. On trouve aussi une espèce d'Erodium. Dans les forêts il y a quelques Pro- sopis, Acacia, Gourliea, Duvana. 490 CONTRIBUTIONS A LA CONNAISSANCE 0. Région pampéenne. La Pampa n’est qu'une immense prairie coupée çà et là par des bras d’eau assez larges mais généralement peu profonds, auxquels on ne peut donner ni le nom de fleuve, ni celui de rivière ; la plupart s’y perdent et souvent pas très-loin de leur origine. Mais on commettrait une grave erreur en supposant que la Pampa soit quelque chose d’analogue à ce que nous entendons en Suisse par une prairie. La Pampa ne connaît point de fins gazons parsemés de brillantes fleurs; elle ne connait pas non plus le touffu de nos prés. Figurez-vous une table couverte de miettes de pain toutes plus ou moins de la même gran- deur et sur chacune de ces miettes une touffe d'herbe sèche et dure, et vous aurez le caractère général de ce qu’est la Pampa. Son sol argileux et sablonneux est re- couvert de miettes de terre végétale qui produisent des herbes semblables à nos Typha, Phalaris, etc., et une espèce de Gynerium. Au milieu de cette mer de gra- minées qui atteignent souvent quatre et cinq pieds de haut, se trouvent des colonies de plantes d’autres famil- les. Quelquefois vous trouvez plusieurs genres repré- sentés dans ces colonies, mais généralement celles-ci ne sont formées que d’un seul genre, voire même d’une seule espèce. Ce sont des Verbena, des Portulacca, des Carex, des Erodium, des Sisyrinchium, des Eryngium, des Oxalis (Commersonii), des Medicago (denticulata), des Xanthium (spinosum et italicum), ou des Chardons. Il est curieux de voir comment dans chaque colonie il existe une espèce d’exclusisme par lequel il n’est permis à aucune autre plante d’y végéter, Les plus grands et plus nombreux DE LA FLORE ARGENTINE. 4921 de ces groupes sont sans contredit ceux des chardons. Il y en a de deux espèces : le Cynara Cardunculus. L. var. Scolymus et le Cardo asnal (Chardon d’ànes) Le premier occupe volontiers les parties du nord, et moins égoiste que son confrère, il permet aux herbes tendres de s’abriter à son ombre contre les feux du soleil; il n’est pas aussi touffu que le Cardo asnal et certainement plus utile que lui, vu qu'il fournit un combustible passable pour les cuisines pampéennes. Le Cardo asnal devient beaucoup plus haut; les cava- liers sont cachés dans les colonies où on ne peut pénétrer qu'à force de coups de hache. Des lieues carrées sont couvertes de cet inutile fléau importé d'Europe, et par- tout où on dirige ses pas, on se heurte contre ses mu- railles impénétrables. Sa propagation se fait avec une ra- pidité effrayante. J'ai parlé avec beaucoup de vieillards qui m'ont assuré qu'il n’y avait pas trente ans que ce char- don n’était pas encore arrivé à Dolores, ni à Mercedes, et aujourd’hui toute la province de Buenos-Ayres en est inondée jusqu'au delà de ses frontières. Cependant il ne vit pas toute l’année; les vents de décembre et janvier jettent à bas ces forêts desséchées, et s’il vient alors une pluie quelque peu abondante, d'excellentes graminées ont le temps de se développer jusqu’en juin. Tel est l’aspect de la Pampa. De temps en temps on rencontre un Pircunia dioica aux branches tordues et à l’épais feuillage, quelquefois solitaire, la plupart du temps près d’une habitation. Le gaucho (paysan de la Pampa) l'a planté là pour lui servir de guide dans ces incommen- surables plaines, et pour chercher un refuge contre les ardents rayons du soleil, Je dis qu’il l’a planté, car la ré- gion pampéenne est incapable de produire par elle-même Ÿ 499 CONTRIBUTIONS À LA CONNAISSANCE aucun végétal ligneux. J'ai rappelé plus haut la loi natu- relle qui demande moins d'irrigation pour les arbres que pour les graminées, pourvu toutefois que cette irrigation soit constante; d’autre part j'ai déjà dit que cette région ne recevait que de rares pluies. Mais ici, comme ailleurs, la main de l’homme a su corriger la nature tout en appli- quant ses lois, et c’est ainsi qu’il est arrivé à planter au- tour de ses villes et de ses fermes, des bosquets de saules et de pêchers. Dans ces dernières années on a réussi aussi à acclimater l'Eucalyptus en quelques endroits. Mais, comme je viens de le dire, ceci n'est qu'à l’entour des villes et des rares fermes; en dehors de cela, la Pampa n’est qu'une mer de graminées. Un certain chan- gement se fait sentir au sud-ouest, où la mer d'herbes devient une mer de sable, et au sud où s'élèvent les massifs du Tandil et de la Sierra de la Ventana. L'as- pect de ces montagnes est très-triste; ce n’est qu’un amas de roches délabrées et lavées par les pluies qui nourrissent quelques maigres touffes d'herbes, de Verbena et quelques rares arbrisseaux de la famille des composées; je n’y ai trouvé qu'une seule forme arborescente, qui à en juger par son aspect (elle n'avait ni fleur ni fruit) doit être une com- posée. Abritée contre les rayons du soleil et l’ouragan par deux énormes rochers, cette plante réussit à développer untronc de 2,35 mètres de haut et de 0,21 de diamètre. C’est sur le massif de las Animas qui fait partie de la Sierra del Tandil que j'ai découvert cette unique forme arborescente. On rencontre encore ici et là un autre vé- gétal ligneux : c’est le Colletia cruciata, Gil et Hook, appelé Curu-mamuel par les habitants. Cet arbrisseau épineux est un excellent exemple de l'influence qu’exerce la pénurie d’eau sur la forme et la dimension des feuilles. DE LA FLORE ARGENTINE. 493 I n’en a pour ainsi dire pas et ses branches sont mé- tamorphosées en des fortes épines aplaties en fer de lance. Il ne faudrait pas croire cependant que le sol de la Pampa soit tout à fait infertile. Bien loin de là ; dans les parties un peu plus élevées, là où les pluies ont peu à peu enlevé à la terre son excès de sels, il s’est formé une épaisse couche d'humus, qui dans quelques endroits atteint plus d’un mètre d'épaisseur. C’est là que l’homme cultive du blé, du mais, des pommes de terre, et cela, pour ainsi dire, sans labeur. L’engrais est inconnu dans le pays et les plus profonds sillons que j’ai vu creuser ne dépas- saient pas 0,18 à 0,2 mètres. Malheureusement ce système d’épuisement fatigue la terre et depuis quelques années les récoltes se sont considérablement amoindries dans cer- taines parties. Mais le pays est grand et peu peuplé et les terrains vierges nombreux. La culture du blé se fait sur une grande échelle au Tandil et dans les environs de Mercedes, de Chivilcoy et Bahia Blanca. Suivant les renseignements qui m'ont été communiqués par des officiers qui ont fait partie de la dernière expédition dirigée contre les indiens du SO. de la province de Bue- nos-Ayres, il y aurait, au nord-ouest de la Sierra de Curu- mabal une espèce d’enclave du caractère de la région des épiniers. Cette même région parait, du reste, séparer assez nettement la région patagonienne de la pampéenne dans les territoires compris entre les fleuves Negro et Co- lorado, ce qui semblerait s'expliquer tant par le trans- port des semences que par une irrigation assez régulière des rives, 49/4 CONRIBUTIONS A LA CONNAISSANCE 6. Région du littoral. Comme je l'ai déjà dit plus haut, cette région occupe sur le bord de la mer une bande de 10 à 15 lieues de large, depuis le massif du Vulcan jusque près de Buenos- Ayres. Sous l'influence des vents du Sud, qui amênent de la pluie sur le littoral, cette contrée est assez bien ar- rosée, ce qui permet une végétation arborescente. Nous y trouvons en effet des bosquets naturels principalement composés de Tala (Celtis spec.), de Coronillo (Aspido- sperma quebracho) ei d'Espinillo (Acacia cavenia). Plus au sud les formes ligneuses se rabougrissent et aux en- virons de Marchiquita et de la Laguna de los Padres nous retrouvons le curumamuel que nous avons déjà rencontré dans les Monts du Tandil. C’est spécialement cette région qui est favorable à la culture des formes arborescentes. On a acclimaté avec grand succès diverses espèces d'Eucalyptus, de pins, sapins et cyprès, l’Araucaria, le Populus pyramidalis, le Robinia pseudacacia, Melia Azedarach, plusieurs Acacia du Nord, le Tartago (Ricinus communis). J'ai vu dans le terrain marécageux de la Boca du Riachuelo (près Bue- nos-Ayres) un Magnolier de plus de vingt pieds de haut, donner chaque année d'énormes fleurs blanches d’une odeur exquise. Le palmier Cocos Yatay et quelques autres représentants de la même famille croissent très-bien à Buenos-Ayres. Quant aux arbres fruitiers, tels que le pommier et le poirier, ils se développent, quoique leur fruit ne soit pas des meilleurs; il n’en est pas ainsi du pêcher et du figuier qui donnent en grande quantité d’ex- cellents fruits. — Dans les endroits abrités on réussit à obtenir de très-bons raisins. DE LA FLORE ARGENTINE. 4925 Il est assez difficile de déterminer les limites septen- trionales de cette région. Mais il est probable qu’elles se trouvent un peu au-dessus de Buenos-Ayres, où on ren- contre ce pendant encore des représentants d’autres ré- gions, amenés par les eaux du Parana. 7. Région des EÉpiniers. Cette région comprend une partie de la Steppe du Cha- nar de Grisebach (loc. cit.), qui au nord-ouest porte des forêts subtropicales. Le caractère dominant de cette con- trée est dû à ce que l'irrigation, quoique assez constante, n’est cependant pas assez forte pour permettre une grande évaporation. En conséquence la plupart des végétaux ligneux ou autres, ont des feuilles très-étroites, co- riaces, terminées en aiguillons, ou complétement méta- morphosées en épines. Les stipules sont presque con- stamment transformées en épines. On trouve même beau- coup de cas où les feuilles avortent complétement, ou sont à peine visibles à l'œil nu, et les branches elles-mé- mes s’aiguisent en de fortes épines, comme on peut le voir dans divers Cassia, dans le Prosopis humilis, Gill. le Pr. sericantha, Gül. (aphylla), les Rhamnées du genre Colletia, etc., etc. Les stipules épineuses du Prosopis ruscifolia, Gr. (loc. cit.) atteignent 0,15 — 0,2 mètres de long. C'est ce caractère dominant qui m'a fait préférer le nom de région des Épiniers à celui qu'avait adopté M. Grisebach. L’habitant du pays appelle Espinares soit les forêts clair-semées, soit les taillis de broussailles qui présentent ce phénomène, et qui dominent depuis le Æÿo Negro jusqu'au Vermejo. M. le professeur Hieronymus, de Cordoba, emploie aussi cette désignation (loc. cit.). &926 CONTRIBUTIONS A LA CONNAISSANCE Dans l’ensemble de la région, je crois que nous pou- vons distinguer deux types, celui des plaines et celui des montagnes. Je n’ai vu que les terrains de la province de Cordoba, mais d’après les descriptions de divers voya- geurs, ainsi que d’après la position géographique de ces terrains, je crois pouvoir les admettre comme termes gé- DÉraux. Les plaines offrent en quelques endroits un aspect as- sez analogue à celui de la Pampa, mais rarement, le ter- rain étant assez accidenté. Les graminées sont, pour ainsi dire, reléguées au dernier plan, et ce sont les Synanthé- rées tant herbacées que ligneuses qui dominent ; mêlées à de nombreux représentants d’autres familles, elles for- ment des taillis, qui suivant leur hauteur reçoivent du paysan les noms de zarsas, malorrales y montes. Ces tail- lis alternent avec des forêts clair-semées de diverses espè- ces de Légumineuses (Prosopis, Acacia, Gourliea), d'Apo- cynées (Aspidosperma), d'Urticacées (Geltis), de Térébin- thacées (Lüthræa, Duvana, Loxopterygium). Quant aux Proussailles et aux herbes, les composées les plus répan- dues appartiennentaux genres Baccharis, Eupatorium, etc. et les légumineuses aux genres Cassia, Acacia, Cœsalpinia et Lathyrus, Hoffmanseggia, Rhyncosia, Adesmia, ete. — Les BIGNONIACÉES (Anæmopegma), les AGANTHACÉES, les AMARANTACÉES, les ASCLÉPIADÉES, les CONVOLYULACÉES, VERBENACÉES, MALVACÉES et surtout les SOLANÉES abon- dent dans ces parages où l’on trouve aussi des Passi- FLORÉES, RHAMNÉES, LOASÉES, EUPHORBIACÉES, etc. Les montagnes de Cordoba présentent un aspect assez particulier. Leurs versants orientaux sont en géné- ral assez fertiles et s’abaissent peu à peu jusqu'aux Sierra del Campo et d’Ischilin, qui en forment les derniers éche- DE LA FLORE ARGENTINE. 497 lons. La végétation de la plaine finit dans les forêts de Zanthoxylum Coco, Pill (RuTacée) et de Lythrea. On traverse ensuite des bosquets de Maytenus et plus haut de Polylepis racemosa R. P. qui forment deux régions distinctes et qui alternent avec des groupes de grami- nées et de composées (Heterothalamus brunioides, Less Perezia). Nous trouvons ici encore une Verbena aux fleurs bleues, qui est montée avec nous depuis la plaine. La plaine haute de la Sierra de Cordoba (où Achala se trouve) a une hauteur d’à peu près 2300 mètres et est large de 1 ‘/, à 2 ‘/, lieues. Le fond de sa végétation est composé d’Alchemilla bipinnata appelée « fourrage de moutons » par l'habitant du pays; cette plante alterne avec des groupes d'ORCHIDÉES, de Sisyrinchium , et quelques broussailles de Cas:ia. On y trouve aussi des touffes d'assez mauvaises graminées. Je mentionnerai ici que M. le prof. Hieronymus sema sur cette plaine quelques semences de plantes alpines européennes (janvier 1876). Les versants occidentaux sont abrupts, rocailleux, généralement taillés à pic. De là une végétation très- pauvre : quelques rares bosquets de Polylepis, çà et là des touffes de Cassia, quelques Graminées, voilà quel est l’as- pect général de la flore jusqu'à la plaine. Au nord de cette chaine il y a une forêt de palmiers, Copernicia campestris dont les semences ont été sans doute apportées par le vent du nord. S. Région subtropicale. La région subtropicale comprend la partie NO. de la steppe du Channar de Grisebach, et je la limite pour le moment aux massifs des provinces de Tucuman et de 4928 CONTRIBUTIONS A LA CONNAISSANCE Salta. Il est probable qu’elle devra être plus tard réunie à la région fluviale, au moins en partie, et à la province de Corrientes. Mais pour le moment les données géolo- giques que j’ai avancées plus haut et le peu de connais- sance que nous avons de Corrientes et Entre-Rios, m'ont déterminé à limiter cette région comme je le fais. Le caractère subtropical de cette région vient de ses forêts qui en grande partie sont composées de Myrtacées et de Laurinées. Les plaines de Tucuman présentent un mélange de formations pampéenne, épinière et de véritables prairies. On ne peut guère trouver de famille dominante dans toute cette partie et même dans les forêts situées au pied des montagnes. Je citerai seulement quelques arbres indi- gènes ‘: Sapium aucuparium, Jacq. (EUPHORBIACÉE), Porliera hygrometrica* R.P. (ZYGoPaYLLÉE qui n’est qu'un arbuste dans la région précédente), Cæsalpinia melano- carpa, Gr. (CÆSALPINIEE), Enterolobium Timbouva* Mart. (MIMOSÉE), Jacaranda chelonia* Gr. (BiGNoNIACÉE), Tecoma stans” Juss. (BisxoxiacéE), Acacia Cebil* Gr. dont Pécorce _ contient plus de tannin que celle du Quercus robur; Aspi- dosperma Quebracho, Schleht. (APocynéEe) dont le bois est semblable à celui du Fagus sylvatica. Ces deux derniers arbres caractérisent deux districts particuliers à l’est de cette région, Enfin le Zzyphus Mistol, Gr. (RHAMNÉES) dont l'écorce, ainsi que celle de l'Enterolobium, s’emploie en guise de savon. Nous pouvons distinguer plusieurs étages dans la flore des montagnes. Le premier, celui des forêts subtropi- cales, va jusqu’à 1200 mètres de hauteur et est ca- 1 Les espèces marquées d’un * donnent de bons bois de service. DE LA FLORE ARGENTINE. 429 ractérisé par le Juglans nigra * var. boliviana, L., le Machærium fertile* Gr. (LÉGUMNEUSE), Nectandra por- phyria Gr. (LauRINÉE), Cedrela brasiliensis * St-Hil. (ME- LIACÉE), Cupania uruguensis et vernalis, Hook. et Arn. et Schmidelia edulis, Si-Hil. (SAPINDAGÉE), Inga uruquensis”, Eugenia mato L. et E. uniflora L. (MyYrTaACÉES), Acantho- carpus nigricans Hill. (PayroLaccÉE). Ces forêts, au feuil- lage touffu, sont entrelacées de lianes (bignoniacées, mal- phigiacées, légumineuses el convoloulacées). Sur les bran- ches vivent des parasites du genre Loranthus et des épi- phites, tels que Tillandsia spec. et Oncidium Battemania- num, Parment (OrcHiDÉE). Une Broméliacée d’un autre genre que Tillandsia rend souvent ces forêts impénétra- bles. Elle n’a pu être déterminée encore. De nombreuses fougères et autres cryptogames vasculaires végètent sous leur ombre chaude et humide. De 1200 mètres jusqu'à 2300 on a d’abord des forêts de Podocarpus angustifolia, Parlat. (CONIFÈRE), et ensuite une zone de Polylepis racemosa. À 2300 mètres commencent les prairies alpestres caractérisées par un fin gazon formé d'herbes monocotylédonées au-dessus desquelles s'élèvent quelques arbustes dicotylédonés. Près des cimes, couvertes parfois de neiges éternelles le ter- rain est tout à fait rocailleux, et la végétation y devient nulle, souvent bien avant la limite des neiges. 9. Région fluviale. Si déjà la région subtropicale parait avoir été étrange- ment favorisée par la nature, je doute qu'il se trouve une contrée plus avantageusement dotée que la région fluviale, dans les territoires du Chaco et du Vermejo. 430 CONTRIBUTIONS A LA CONNAISSANCE La grande plaine qui sépare les massifs de l’Aconcagua du fleuve Parana a pour fond géologique du grès sur lequel les siècles ont amassé une couche d’humus qui dé- passe souvent 2 mètres en épaisseur. Si nous ajoutons à cela une irrigation constante, donnée par le Vermejo, le Pelcomayo et leurs nombreux affluents, il est aisé de comprendre l’excessive fertilité de cette contrée. Près d'Oran et au nord de Santiago del Estero se trouvent les derniers restes de la région des épiniers, ca- ractérisée ici surtout par le Prosopis ruscifolia, L. et par des espèces d’Acanthocarpus et de Bougainvillea. D'épaisses forêts dans lesquelles on trouve à côté de presque tous les arbres de la région subtropicale, de nombreuses zygo- phyllées, rubiacées, malvacées, combretacées, qui toutes fournissent d'excellents bois de construction, alternent avec des forêts de Copernicia cerifera, Cocos australis, Cocos jalay, etc., et des prairies couvertes d’abondants pàturages. Quoique cette contrée, alimentée par des rivières navi- gables, soit encore relativement peu connue, il ressort des collections que je possède et des notes qui m'ont été transmises par des personnes dignes de foi qu'il y a là près de 30 espèces d'arbres précieux par l'excellent bois de construction qu'ils donnent, et que les cultures du café, du cacao, du riz, du coton, du sucre, du blé, du tabac, de la pomme de terre, du mürier, etc., ne demandent qu’à être entreprises pour donner d’incommensurables béné- fices. Comme je l’ai dit plus haut, cette région suit le cours du Parana, et se perd finalement entre le Rosaire et Buenos-Ayres. DE LA FLORE ARGENTINE. 431 10. Conclusion. Comme on le voit par l’imparfaite esquisse que je viens . de tracer, le territoire de la République argentine ren- ferme des richesses inépuisables pour la science, et des centaines de naturalistes peuvent y travailler avec fruit. Malheureusement ce n’est guère que depuis 6 ou 7 ans que la flore de cet intéressant pays a été quelque peu étudiée d’une manière rationnelle. Les Bonpland, Humboldt, Bur- meister, Darwin, d'Orbigny, Pellegrino Strobel, Musters, Gellies, Heusser et Claraz n’ont réuni que peu de maté- riaux. Les premiers qui aient fait des collections plus sérieuses sont MM. Lorentz et Hieronymus de Cordoba. La nature y est si riche, si grandiose, qu'un seul homme ne réussit à en embrasser qu’une très-faible partie; et les formés qu’elle présente sont si particulières et si nou- velles qu'on ne peut guère penser à une nomenclature exacte, d'autant plus qu'il n’existe rien ou presque rien en fait de littérature sur cette flore. Le travail n’est pas possible autrement qu’en le divisant. Le naturaliste qui est dans le pays a assez à faire à ses collections ; il devrait pouvoir les envoyer immédiatement en Europe pour que des savants les puissent déterminer, et former ainsi une base pour de plus amples investigations. 432 CONTRIBUTIONS A LA CONNAISSANCE DE LA FLORE ARGENTINE. Liste de quelques végétaux caractéristiques pour la flore Argentine qui ont été dotés de noms vulgaires. Famille. Nom scientifique. Nom vulgaire. Désign. du lieu. # Lycopodiacées. |Lycopodium $Sau- |Cola de quirquin- |Mont de Cordoba rus. cho. et Andes. Gnétacées. Ephedra spec. Pico de Coro. Rég. Epiniers Alismacées. Sagittaria montevi-|Flor de Camalote. | Buenos-Ayres. densis. Palmiers. Cocos australis. [Palma Pindo. é ‘ Cocos Jatay. Palma Yatay. | Rés. fiuviale Broméliacées. |Tillandsia sp. Flor del aire. es Epiniers Till. Usneoides. |Barba del monte. subtrop. Nyctaginées. |Pisonia ! spec. Zapallo caspi. Tucuman. Bougainvillea fron-|Duraznillo. Epiniers du nord dosa. Phytolaccées. |Pireunia dioica. ? [Ombù. Pampas. Achantocarpus ni-(|Runa caspi. Tucuman. gricans. }|Palo mataco. Salta. Chenopodiacées. | Atriplex spec. Spi- rostachys, Suæ-|Jume. Salines. da, Salsola. Polygonées. Ruprechtia coryli-|Mansanillo del Tucuman. folia. campo. Ruprecht. excelsa.|Palo de lata. Laurinées. Nectandra porphy-|Laurel. Tucuman. ria. ° Euphorbiacées. |Ricinus communis.|Higuerilla,Tartago/ Tucuman. Tucuman. Sapium aucupa- : Lecheron. St-Jago del DAS Estero. Urticacées. Celtis tala ) — sellowiana. | naBe te — aculeata. Tala gateadora. |Tucuman. Juglandées. Juglans nigra var. (1) ug 5 Nogal. Tucuman. Boliviana. * 1 Son bois ne peut pas se scier, mais brûle facilement, et ses cendres donnent beaucoup de potasse. 2 Sa patrie, comme l’a découvert le D' Berg, est dans les marais d'Ibera, pro- vince de Corrientes. — Bois de construction. 3 Bois de construction. 4 Son bois se sèche moins vite que celui de Juglians regia, mais il est préfé- rable pour la sculpture. pr À | BULLETIN SCIENTIFIQUE CHIMIE. RÉSUMÉ DES TRAVAUX PRÉSENTÉS A LA SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE ZURICH O Krafft. Acide téracrylique, acide diaterphénylique, oxyda- tion de la térébenthine. — V. Meyer. Transformation du chloral en acide dichloracétique. — W. Michler. Action des sulfochlorures sur la diméthylaniline. — J. Berger. Ethers de l’acide téréphtalique. — W. Weith. Action du trichlorure de phosphore sur les urées.— Le méme. Ac- tion de l’acide sulfurique sur l'acide malique. M. 0. Kraft a obtenu un isomère de l'acide téracrylique en chauffant longtemps avec une dissolution concentrée de po- tasse, le sel de potasse de l'acide téracrylique ordinaire. Le sel de chaux de ce nouvel acide est plus soluble à froid qu’à chaud. Ce même chimiste a aussi obtenu les sels de baryte et d'argent de l’acide diaterphénylique et a montré que dans l'oxydation de la térébenthine on obtenait à côté de l’acide déjà décrit (Berichte Berl. X, 521), de l'acide téréphtalique, et un acide qu'il étudie et qui présente les propriétés de l’a- cide isophtalique. M. V. Meyer rappelle qu'il a donné(Febhling, Dictionnaire, W, 295) une explication de la transformation du chloral en acide dichloracétique. Par l’action de l’eau il se transformerait d’a- bord en acide trichloracétique. Puis hydrogène mis enliberté agirait à l’état naissant pour former une molécule d’acide chlorhydrique. e F2 | se En æ 434 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Le cyanure de potassium qu’on ajoute pour faciliter la réaction agirait comme un alcali faible pour susciter la for- mation de HCI. HCI + KON — KCI + HCN L’oxyde d’argent agit tout aussi bien que le cyanure de po- tassium (Comptes rendus, 61, p. 953). Pour se rendre compte de l’analogie qui existe entre cette réaction de l’eau sur les aldéhydes chlorés, et celle de l’eau sur les aldéhydes simples, il n’y a qu’à jeter un coup d’œil sur les formules suivantes. Seulement pour les aldéhydes, la réaction se passe entre deux molécules d’aldéhydes pour une d’eau. CH. COH + H,0 = CH, COOH + H, CH. COH + H, — CH, CH, OH Il n’est pas étonnant qu’en employant une dissolution al- coolique de chloral, on obtienne l’éther de l’acide dichloracé- tique au lieu de l’acide lui-même, car on sait qu’en chauffant "avec de l’alcoo!l cet acide, il se transforme en éther. M. W. Michler s'occupe de l’action des sulfochlorures sur la diméthylaniline et il obtient de très-belles matières colo- rantes bleues ayant les formules : C;H,. SO,CI; CH, (S0,CD),; C,,H,S0,C1 Elles sont basiques et sont décolorées par les acides miné- l'aux, A côté de ces bases il se forme des sulfones formant de beaux cristaux et l’une d’elles a été isolée : C,H,. SO,. CH, N(CH,), p. f. 80°—81° ce corps est indifférent, mais il se forme aussi un corps cris- tallin basique qui n’a pas encore été étudié. Le chlorure de l'acide trichlorméthyle sulfurique CCI,.SO,CI agit aussi sur la diméthylaniline et donne une base incolore renfermant du soufre. M. J. Berger a préparé différents éthers de l'acide téréphta- lique. L’éther propylique C;H, (CO,CH,CH,CH,), obtenu en chauffant mélangé avec du sable du téréphtalate d’argent x CHIMIE. 435 avec 2-5 fois son poids de iodure de propyle, forme de lon- gues aiguilles incolores, bien solubles dans l’éther, l'alcool à chaud et fusibles à 31°. L’éther isopropylique préparé de la même manière, forme de petites feuilles incolores fusibles à 55°-56° solubles dans l’alcool et l’éther. L’éther isobutylique préparé au moyen du chlorure de l’a- cide téréphtalique (aiguilles incolores fusibles à 77°) (point d’ébullition 259° non corrigé) et de l’alcool isobutylique cris- iallise sous forme de petites feuilles brillantes et fusibles à 52°,5 et très-solubles dans l’éther. L’éther de l’alcool butylique préparé de la même manière est une huile incolore et l’éther de l'alcool butylique tertiaire ne se produit qu’en très-pelites quantités, soit par l’action du iodure de l'alcool sur le sel d'argent de l’acide, soit par l’ac- tion du chlorure de l’acide sur le triméthylcarbinol. Ces éthers montrent donc de curieuses différences dans leurs points de fusion. On a : Ether méthylique 140° » éthylique 44° » propylique 91° » isopropylique 55°-56° » isobutylique 52°,5 » butylique huile. M. Weith a étudié l’action du trichlorure de phosphore sur les urées. Ce réactif agit sur l’urée ordinaire en chauffant lé- gèrement ; il se sépare de l’ammoniaque qui forme des phos- phamides et il en obtient du biuret en quantités notables, ainsi qu'un corps amorphe ressemblant à de l’alumine, qui parait être un triuret. On aurait donc : PR CCUNER re CON CD CO nn NE con, M co * NEK co DA urée biuret NH CONH NH co Dr triuret acide cyanurique L'urée phénylée COL NE H. traitée de la même ma- nière donne une substance facilement cristallisable, peu so- 436 BULLETIN SCIENTIFIQUE. luble dans l’eau, bien dans l’alcool et l’éther; c’est un biuret monophénylé. On aurait : 200 CRE, = NEk- CH, + CON. CH L’aniline se retrouve à l’état de phosphamides, corps élu- diés par H. Schiff. Le biuret monophénylé digéré avec de l’a- niline dégage de l’ammoniaque et l’on obtient une substance cristalline qui est probablement du biuret diphénylé. M. Weith a aussi étudié l’action de l’acide sulfurique sur l’a- cide malique. Il chauffe de l’acide malique avec de l'acide sulfurique dilué jusqu’à ce que la température d’ébullition soit 135°. À 135° on adapte un réfrigérant et il se dégage des gaz, on chauffe jusqu’à la fin de la réaction. L’acide malique se décompose entièrement; il se forme de l’acide carbonique, de l’oxyde de carbone et de l’aldéhyde; ce dernier fut oxydé et l’acétate d'argent analysé. La réaction serait donc : COOH | CH (OH), CHOH — CO, + CO + Cri CH, ie COOH OH CH COH up OM op cie CH, CH, On sait que l’acide lactique se décompose d’une mamière analogue avec l’acide sulfurique, il se pourrait par conséquent qu’il se formât temporairement de l'acide lactique. COOIV | COOIV CHOIV | lou ECO 4 CHOIN : CH, | COOIV CHIMIE. 437 G. Wyss. SUR LA GLYOXALINE. (Berichte de Berlin, X, 1365.) Zurich, Polytechnicum. L'auteur a continuéses recherches sur la glyoxaline C,H,N, recherches qui se sont trouvées faites en partie également au même moment par M. Lubawin en Russie. Ce dernier a in- diqué dans son travail publié en russe un procédé très-com- mode pour obtenir la glyoxaline. M. Wyss a d’abord essayé action du chlorure d’acétyle sur cette base afin de recon- naître d’après Hoffmann (Berichte, VI, 524) s’il avait affaire à une base primaire, secondaire ou tertiaire. La base s’est montrée indifférente à l’action de ce réaclif ainsi qu’à celle du chlorure de benzoyle, ce qui semblait indiquer comme premier résultat qu’on avait affaire à une base tertiaire. Le chlorure de benzyle et le bromure d’éthyle donnent lieu à deux réactions analogues. Après la réaction on obtient dans les deux cas, par la précipitation avec le chlorure de platine, des sels doubles dont la constitution est la même; ainsi avec le chlorure de benzyle le composé : [c. HN, Ga | L PtCI, L’acide chromique est sans action sur la glyoxaline, par contre le permanganate de potasse la décompose compléte- ment; les agents de réduction n’agissent pas non plus sur celte base. L'action du brome est assez intéressante, on ob- tient un corps acide, précipitable par tous les acides miné- raux en flocons blancs et qui offre ceci de remarquable qu’il est avec l'acide cyanhydrique le seul acide organique qui ne renferme pas de l'oxygène ou du soufre. Sa composition correspond à la formule C,HBr,N,, par conséquent la glvoxa- line tribromée. Cet acide donne facilement des sels et des éthers; au moyen de ces derniers M. Wyss a pu préparer les homologues de la glyoxaline. C,H,CH,N, et C,H,C,H,N,. L'ensemble a ces recherches a conduit l’auteur à adopter 438 | BULLETIN SCIENTIFIQUE. pour formule de constitution de la glyoxaline la formule sui- vante : 7 CH Ne en 7 CH N SH BOTANIQUE. Cross. RECHERCHE DANS L’ISTHME DE DARIEN DE L’ARBRE DON- NANT LA GOMME ÉLASTIQUE (Gardener’s Chronicle, du 17 août 1876.) Nous remarquons dans le Gardener’s Chronicle, du 19 août 1876, des détails sur le Castilloa elastica, de la famille des Artocarpées, que les Anglais cherchent à introduire dans les cultures de l’Inde, comme ils l’ont fait avec succès pour le thé, les Cinchona et l’Ipecacuanha. Cet arbre n’est pas le seul qui produise du caoutchouc, mais un des principaux. IL est très-possible que sa culture donne de bons résultats, d'autant plus que les indigènes le détruisent dans le pays natal, comme ceux du Pérou détruisent les Cinchona. M. Cross est un collecteur intelligent et courageux. Aïdé des renseignements du consul anglais de Panama, il a su que l'arbre en question existe dans les forêts de l'isthme entre 1° de latitude sud et 20° delatitude nord. Les fruits mürissent dans la saison la plus humide et la plus malsaine. Sans se laisser effrayer par cette circonstance, l’intrépide voyageur a remonté la rivière Chagres et un de ses affluents appelé Vino Tinto, qui sort d’un marais dont la couleur provient de matières végétales en décomposition. Sur ses bords étaient de grands bambous, mais au delà, sur des terrains un peu secs et élevés, se trouvaient de magnifiques forêts, composées surtout de Laurinées, dont le tronc avait quelquefois 150 … BOTANIQUE. 439 pieds de hauteur avant toute ramification, et d’un Bombax, appelé Quipo par les indigènes, dont le tronc, haut de 200 pieds, se termine par une couronne de feuilles. Le sous-bois offrait des Broméliacées ligneuses, dont les feuilles armées de grands aiguillons avaient jusqu'à dix pieds de longueur. De jeunes pieds de Castilloa se voyaient à côté des ruisseaux, mais on avait déjà détruit les plus gros. Après avoir con- staté que les fruits mürissent dans la seconde moitié de juin, M. Cross revint au même endroit à cette époque de l’année et put recueillir environ 7,000 graines et bon nombre de Jeunes pieds, qu’il a transmis à Panama, pour l’Inde an- glaise !. Le fruit ressemble à une poire. Il est vert, excepté à la couronne aplatie qui est d’un beau rouge. Les graines, de la forme et de la grosseur d’un grain de café, sont dans une pulpe orange. Souvent elles germent au milieu de cette substance demi-liquide. Une germination aussi prompte est une difficulté pour le transport dans un pays lointain, mais ce sera facile à surmonter pour des horticulteurs intelli- gents : le caféier a été introduit en Amérique au moyen de semis faits en France, à bord d’un vaisseau qui partait, de graines récoltées dans le jardin du Muséum d'histoire natu- relle de Paris. DARWIN, CHARLES. DES EFFETS DE LA FÉCONDATION CROISÉE ET DE LA FÉCONDATION DIRECTE DANS LE RÈGNE VÉGÉTAL. Traduit en francais et annoté par le D° Ep. HEcKez. (1 vol. in-8°, 496 p. Paris, 1877.) Les Archives ont annoncé, en son temps (LVIE, 348 ; LVII, 403), l'apparition du volume de M. Darwin sur la fé- condation croisée et directe. Nous sommes heureux aujour- 1 Le jardin botanique de Kew a aussi expédié à Ceylan, en 1876, d'après le Gardener’s Chronicle, 1900 pieds de Hevea brasiliensis, arbre qui fournit ie caoutchouc du Brésil. 440 BULLETIN SCIENTIFIQUE. d’hui de signaler la publication d’une traduction dans notre langue. M. Ed. Heckel, qui a entrepris cet important travail, a rendu aux lecteurs français un véritable service en mettant à leur portée cet ouvrage, véritable monument d’observa- tion sagace et persévérante. Tout botaniste désireux d’étu- dier les questions relatives à la fécondation, à la reproduc- tion, devra avoir constamment recours à cette mine de faits soigneusement contrôlés. Après avoir dans son introduction exposé son plan géné- ral, le but des recherches de cette nature et les méthodes employées, M. Darwin rend compte dans une série de cha- pitres des milliers d'observations qu'il a faites sur un grand nombre de familles différentes, observations poursuivies dans certains cas jusqu'à dix générations successives. Dans la dernière partie de l'ouvrage, il résume le résultat de ses expériences, tire les conclusions générales sur les dif- férences entre les plantes croisées et les autofécondées, analyse les procédés de fécondation, les rapports des insectes avec les fleurs et pose enfin la loi de supériorité du croise- ment sur l’autofécondation. Ces quelques mots suffiront pour rappeler l'importance de l'ouvrage de M. Darwin, et par conséquent la haute valeur du travail de M. Heckel. Ajoutons en terminant que ses travaux personnels l'avaient particulièrement bien préparé à interpréter la pensée du savant physiologiste anglais, ainsi qu’en font foi les nombreuses notes dans lesquelles il expose ses observations sur les passiflores, sur la valeur compara- tive du mouvement spontané et du mouvement provoqué des étamines au point de vue de la fécondation, etc. M. M. OB 41 SERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois D'OCTOBRE 1877. Le 1°, forte rosée le matin. ? 2 , rosée le matin. 5, la bise se lève dans la soirée, et elle dure jusqu’au 7 dans la soirée ; elle a été 8, un 9, dès très-forte pendant toute la journée du 6 et dans la nuit du 6 au 7. peu après à h. 1|, du matin, forte secousse de tremblement de terre, l’ébranlement étant assez fort pour réveiller tous les habitants à cette heure matinale, déplacer des objets, comme des tables, produire des cra- quements dans toutes les maisons, occasionner des iézardes dans les murs, des chutes de cheminées, etc. D’après une lettre qui m'a été adressée sur ce sujet par M. le prof. Thury, étant moi-même absent de Genève à cette époque, les secousses auraient commencé à 5 h. 25 m. de sa montre, qui avançait de 7 m. 35 s., d’après une comparaison faite le Jour même avec la pendule de l'Observatoire, soit à 5 h. 17 m. 255, temps moyen de Genève. La durée totale du mouvement a été estimée par lui à 6-7 secondes, par son fils, officier d'artillerie, à 10 secondes, in- tervalle pendant lequel une vingtaine de secousses, d'intensité croissante, auraient eu lieu. Les secousses étaient accompagnées d'un bruit, ou d’un roulement sourd, qui n'a pas été entendu par M. Thury lui-même, mais par tous les autres habitants de sa maison, située à un kilomètre environ au SE. de la ville. M. le prof. Thury indique la direction du mouvement oscillatoire, comme ayant eu lieu du Nord-Ouest au Sud-Est, d’autres rap- ports donnent la direction du Nord-Est au Sud-Ouest; la direction appa- rente du mouvement étant influencée par l'orientation des façades, lors- qu'on observe le phénomène de l’intérieur d’un bâtiment, il y a, comme toujours en pareil cas, une grande diversité dans l'appréciation de la direction, suivant la position de l'observateur. le matix de bonne heure, forte bise qui a duré jusqu'au lendemain matin ; de midi à 6 h. du soir, elle a soufflé avec une grande violence, produisant sur le baromètre des oscillations de 0wm,25, Dans la nuit précédente, il avait ueigé pour la première fois de la saison sur le Jura et sur le Salève, ARCHIVES, t. LX. — Novembre 1877. 30 Le 419 , gelée blanche le matin: le minimum descend pour la première fois au- -dessous de 0, À 8h. matin, halo solaire partiel. gelée blanche le matin. faible gelée blanche le matin. neige sur le Jura dans la nuit précédente. gelée blanche le matin. forte gelée blanche le matin; le soir à 6 h., halo lunaire. celée “blanche le matin. celée blanche le matin ; à 8 h. soir, halo lunaire. brouillard le matin. le soir, de 6 h. à 10 h., halo lunaire. faible gelée blanche le matin; brouillard une partie de la journée. brouillard une partie de la journée. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. um Le 34 HO emma Een 731,96 8 à AS TR MAN... 22 104,10 15 à A3Suh matin ..,.:. ... 736,61 19 à Romains nee 134,35 25 à AS HmMatL ee - 133,09 30 à MINIMUM. 6 h. matin 6 h. 6 h. matin de, ets» lola Rey 4 h. après midi... 4 h. après midi...... . matin Limnimètre m1 - à 11 b. 97 6'GI FG —|S'GI CU — | y'OI CT GOT 9°0 An ROUTE FO — | S$°YI v'0 — | GI G0 — |G'SI PO SCT OU | ICT 0 0 ‘A[RUTIOU voie | VI 11094 EE de... UULTLUE “duo, : -_ | _ i i- - _ | 8G'0 00°0 &l' 0 &9'0 L9'0 1£'0 Gc'0 66'0 LS'0 L9'0 86'0 1L'0 G£'0 Gc'0 | G | ‘OS | O0'T IT *ONN ‘OSS "OS O[qUIIRA L OSS OS | O[QUTIUA ‘OS OTQUIICA | OIQUTIBA [! °N 1} | PIQUIUA L ‘OS O[UITEA Û 15 O[QUIACA P GINN O[QUIAICA IN “tINN ‘N ‘OS O[qRIIEA 2[qUHIEA & € G J I ‘1919 np “fou Hu jofqurea | \ “IN 1F "OS! F6 ANN “IN | “utu ‘U 76 Sof P *qu107 nes aB1AU ROBIN j ‘LLSY AU4OLI0 — “HAANAO 076 | OYY | 101] GeL | Cr | 682 | ré | 66 + lose +! 00'er+ | 169 + | 2 10 EEE | | 086 | 091 | GI | YRG | SO + | 908 | avr | 8e + |90'6 + ge'6 + l'en | OS'SGL 0€ 066 | 018 |Gt11+ | 1S6 1 Y6'0— | co'e | 62 + |0'0 YG'£ a 96€ + | FL + | 16 TEL! 68 066 | 09 198 — | 908 |6rO0— | 70 | ver | 0 + |cr0 A Q'L + l1a'9 + | GE'TEL | 88 016 | O8S | ce — | 962 | 180 |g6e [L'art | 1e + |v9'o —| cc Æ | re + | 19682! 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Sh.m. 10h. m. Midi. DATES 4#h.s. 6 hs. 8 h.s. 10 h.s. Baromètre. mn nn un mm uit tou LELEU NI min nn 1'e décade 726,81 727,19 727,30 726,95 726,54 726,47 726,68 727,01 727,11 2% » 132,61 733,24 733,28 132,81 132 732,32 132,64 133,15 733,23 3 » 128,21 728,72 728,15 128,41 128,03 728,06 728,38 728,67 728,85 e 1 © Qt Mois 729,18 729,69 729,74 729,40 728,91 728,92 729,21 ‘729,58: 729,70 Température. 0 (0 0 0 0 0 0 0 0 lredécade+ 5,93 + 7,04 + 9,40 Æ10,40 Æ+11,25 10,80 + 9,50 + 8,39 + 7,31 2e y» + 2,58 + 4,85 10,01 41,98 413,29 412,27 + 9,2 + 6,61 + 5,09 3e » + 518 + 6,24 + 9,83 +11,96 +19,77 +11,95 10,24 + 8,81 + 7,94 Mois — 4,59 + 6,05 + 9,75 +11,46 12,45 11,68 + 9,64 + 7,96 6,82 Tension de la vapeur. mn ni nm man mm min mi min TETE {re décade 5,91 6,13 6,43 6,28 6,14 6,20 6,35 6,31 6,00 LM 4,85 »,13 ,42 5,20 4,81 5,06 5,65 ),08 9,43 3e » 6,06 6,39 7,06 6,93 6,66 6,92 7,03 6,88 6,80 Mois 0,02 2,90 6,33 6,16 3,89 6,09 6,36 6,28 6,10 Fraction de saturation en millièmes. 1re décade 839 807. - 745 658 610 631 712 756 768 2e » 876 787 581 494 406 455 639 745 811 3e » 899 875 183 679 631 679 753 809 846 Mois 872 825 696 611 552 590 7103 771 810 Therm. min. Therm.max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre. du Ciel, du Rhône. ou de neige. 0 0 0 mn Cri Lre décade + 4,97 + 11,86 0,63 +14,42 10,4 135,8 de » + 1,22 +14,93 0,26 +12,20 2,8 113,3 de » + 3,99 +-14,34 0,63 +-11,29 47,1 105,3 Mois + 3,27 +13,50 O1 +12,65 60,3 a Hi ET Dans ce mois, l’air a été calme 1,8 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,25 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 26°,2 O. et son intensité est égale à 11,5 sur 100. Le KO 9 19 tt © à Ce _ Le 5 PAPE EAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD LE MOIS D'OCTOBRE 1877. brouillard de 4 h. à 6 h. du soir. brouillard le matin, neige le soir : forte bise. id. id. brouillard le soir. brouillard le matin. brouillard et quelques flocons de neige; très-forte bise tout le Jour, surtout l'après-midi, brouillard et forte bise le matin. brouillard lé matin et le soir. brouillard le soir. brouillard le matin par une forte bise; neige, très-forte bise le matin, brouillard et neige. dans la nuit du 18 au 19, la surface du lac a été entièrement congelée ; la glace a de nouveau disparu sur une petite partie à la suite du radoucisse- ment de la température qui a eu lieu quelques jours plus tard, le 22. brouillard, neige, par un fort vent du SO. brouillard le soir, brouillard depuis 2 h., forte bise. brouillard le matin de bonne heure, par une forte bise. brouillard presque tout le jour, forte bise. faible pluie le matin, brouillard le matin et le soir. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. LEARN nu Le 3 à 2h. après midi........ 599,64 ARAOMNESSDIT. Se 567.74 FIG hs emaInRx Fr 906.31 à 4 h. après midi...... 973,52 19 NO h Ematne RE 269,84 AMIDER Soir -: :::° D... 2109 DÉMO NESOIr TE EEE 298,36 AO MAN .*, ,..,... 570,26 SAINT-BERNARD. — OCTOBRE 1877. oo | Te LE : 3 | « E Hauteur | Écart avec Moyenne |Écartavecla Hauteur Eau Nombre $ THDYÈTMÉ 2. Dre ae HÉNAUIEUE Minimum, | Maximum. Ti empreinte | Mninutn? Maximum“ NE RnsIens SRAUREE. dominant. Ant e | | mcm | | es nee cl | millim. millim. willim. millim. 0 0 | 0 0 millim. millim. | | 4 | 565,89 | + 0,03 | 564,99 | 567,28 | + 1,43 | — 0,08 | — 0,5 ER D M ne HE Lost (| NE: 1 | 0,38 9 | 561,90 | — 3,87 | 561,20 | 562,84 | — Ds 24,67 | — 1,8 | + 23 | ..... fe RUN NE 4e RD 3 | 559,96 | — 5,72 | 559,64 | 560,66 | — 2,23 | — 3,44 | — 9,8 | — 0,6 70 4,1 A8 MENES PO PIEO OT 4 | 563,53 | — 2,06 | 561,83 | 565,00 | — 1,48 | — 2,54 | — 26 | + 0,4 80 HOUSE NE. L | 0,87 s | 566,85 | + 1,35 | 565,93 | 567,74 | — 0,36 | — 1,27 | — 2,4 | + ETS | ARE Te SP O: 1 | 0,39 6 | 366,39 | + 0,98 | 562,82 | 567,21 | — 1,18 | — 1,94 : — CEA ET E TE ETC RE. De SO. 1 | 0,43 7 | 564,56 | — 0,76 | 563,70 | D 04 || — 3,47 | — 4,08 | — 7,0 | — 0,2 |... IL se NES US 8 155855 | — 6,69 | 556,34 | 562,27 | — 6,18 | — 6,65 | — 5,9 | — er ess de Sue JINESSOMIN 0 nd LS | 558,30 | — 685 | 55631 | 559,00 | — 9,85 | —10,17 | —114 | — 7,7 | --.. A es NEN el 0e 10 | 561.79 | — 3,27 | 560,74 | 562,54 | — 3,84 | — 4,01 | — 68 | — DARlEe Han re LE NE. 1 | 0,00 1 | 563,25 | — 1,72 | 562,14 : 564,04 | — 2,96 | — 2,98 | — 4,2 | — 0,4 > Re ae NE. 1 | 0,28 12 | 565,21 | + 0,33 | 563,79 | 566,64 | — 3,91 | — 3,77 | — 5,3 | — 1,4 | ..... PES: ed lENE: 1 | 0,59 12 | 569,98 | + 5,19 | 567,74 | 571,59 | H+ 4,02 | + 4,32 | + 11 | + GORE. AA Le, NE. 1 | 0,10 14 | 572,05 | + 7,35 | 571,93 | 573,52 | + 3,64 | + 4,09 | + 1,4 | ler AATE SD: 1 | 0,00 18 | 570,50 | + 5,89 | 569,91 | 571,21 | + 1,22 | + 1,82 | — 3,4 | + 3,32 ae x 1. M ISO 2410020 16 | 568,35 | 4,03 | 568,17 | 569,05 | — 5,68 | — 4,93 | — 7,0 | — 3,6 | 30 DANS 22 NON A0 49 17 | 566,52 | + 2,08 | 566,21 | 566,82 | — 9,07 | — 8,16 1100 T1 69 ! 4,8 ER NE 2 | 0,42 18 | 566,42 | + 2,06 | 566,18 | 566,80 || — 7,88 | — sl ten ME | SUR IIONES 4 | "0,12 19 | 566,39 | + 2,11 | 565,84 | 567,12 || — 3,70 | — 2,48 | — 6,0 | + DAS ee NE re Nr dre tr0 207 190 | 568,07 | + 3,87 | 567,25 | 569,12 || — 294 | — 0:87 | — 3,3 does: hi LE PPILINE. 4 | 0,00 Lo | 569,74 l'E 5,62 | 569,13 | 570,33 || — 1,56 | — 0.04 | — 1,5 RE DS IS MSP AE SO. L'0HA8 | 90 || 569,50 | + 5,46 | 569,04 | 569,75 || Æ 2,21 | + 3,88 | — DAME UNE M, nee DE NE. 1 | 0,57 93 || 566,02 | + 2,06 | 564,42 | 567,90 || + 1,07 | + 2,90 | — A ST AE ES LR AS ea SO. 1 | 0,63 Log | 550,82 | — 4,36 | 558,93 | 561,35 | — 3,98 | — 2,00 | — 5,0 | — 2,7 60 | ÉTONEAERE SD 2210102 MS Péssua le #38 Losga6 | 56854 | ©4114) — 108 | — 71 |—19|....: ) :.... 11... ji 0,70 | 96 | 561,30 | — 2,42 | 558,59 | 563,95 | — 270 | — 0,42 | — 4,2 | — 01 | .... Dire M onENEeEe 121" 0,92 97 | 565,19 | + 1,54 | 564,14 | 566,25 || — 3,78 | — 1,35 TD D'Or Fe Re NT NOR 98 || 566,65 | + 3,07 | 566,10 | 567,09 | — 4,35 | — 1,77 | — TRE TIR Ode PAR Let NE. 41 | 0,69 09 | 566.85 | + 3,34 | 566,76 | 567,21 | + 0,01 | + 2,74 | — 3,0 | + DOTE: CRETE nr l 30 | 566,44 | + 3,00 | 565,48 | 568,68 | — 1,73 | + 4,61 | + 1,1 + 2,9 | ..... PER FE 2 31 || 569,94 | + 6,57 | 569,60 | 370,96 || Æ 3,53 | + 6,55 | + 2,0 | + 5,41 :.... RÉ as 2 ES + Ces colonnes renferment la plus basse et la plus élerée des températures observées de 6h. matin à 10 h. suir. 447 MOYENNES DU MOIS D'OCTOBRE 18 FC üh,m. Sh.m. 10h. m. Midi. 21h; 4#h.s. Gh.s. Sh.s. 10ù.s. . Baromètre. mm mm mm mm mm mm nm min min Lre décade 562,77 562,98 563,09 562,91 562,76 562,59 962,67 562,81 562,87 2e. » 967,10 567,48 567,86 567,88 567,89 567,83 568,01 568,30 568,29 3 » 065,22 565,26 565,36 565,36 565,72 565,94 965,62 565,30 565,82 Mois 565,03 565,24 565,43 565,38 565,34 069,81 565,44 565,62 265,67 Température. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 {re décade— 3,69 — 3,05 — 1,80 — 0,90 — 0,65 — 1,94 — 2,54 — 311 — 3,68 De — 346 — 92,51 — 1,57 — 0,89 — 1,02 — 2,19 — 2,45 — 997 — 3,50 Se » — 1,76 — 1,55 — 0,87 + 0,39 + 0,60 + 0,07 — 0,66 — 1,01 — 1,61 Mois — 2,93 — 2,34 — 1,40 — 0,44 — 0,33 — 1,81 — 1,85 — 92,32 —_ 2,89 Min. observé. Max. observé Clarté ÉRREQUE Eau de pluie Hauteur de la du ciel. Ou de neige. neige tombée. 0 0 mm mm 1re déeade Ty — 0,12 0,53 9,1 150 % » — 4,69 m0 0,25 6,9 90 3 » 22205 007 0 62 6,7 60 Mois — 4,10 + 0,17 0,47 22,7 300 Dans ce mois, l’air a été calme 0,0 fois sur 100, Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 3,52 à 1.00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 450 E., et son in- tensité est égale à 67,7 sur 100, oi ve retour RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE DE L'ANNÉE 1876 POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD PAR M. E. PLANTAMOUR Profesceur Le résumé de cette année comprend, ainsi que cela avait eu lieu pour les années antérieures, l’année météo- rologique, commençant le 1% décembre 1875; c’est pour la marche de la température de 5 jours en 5 jours, soit pour les pentades seulement, que l’origine des pé- riodes coïncide avec le 1° janvier, le commencement de l’année civile. Pour l’année 1876, il y a une assez grande différence entre la température de l’année météo- rologique et celle de l’année civile, le mois de décembre 1875 ayant été froid, tandis que le même mois a été exceptionnellement chaud en 1876, la différence d’une année à l’autre étant de 5°,62. La seule différence, qui soit introduite dans le résumé de l’année 1876, consiste en ce que l’on a pu faire usage pour Genève des données publiées dans les « Nouvelles études sur le climat de Genève » dans lesquelles les valeurs moyennes et nor- males des différents éléments météorologiques sont dé- duites d’un plus grand nombre d’années, jusqu’à l’année 1875 inclusivement. C’est par la comparaison avec ces nouvelles moyennes que les écarts pour les jours sont don- nés dans les tableaux mensuels, et les écarts pour les mois, pour les saisons et pour l’année, dans le résumé actuel. Pour le S'-Bernard, la comparaison a été faite avec les anciennes moyennes, qui ne comprennent que l’année 1867 inclusivement. ARCHIVES, t. LX, — Décembre 1877. 31 à FANS RESUME MEÉTEOROLOGIQUE 450 TEMPÉRATURE 4 GENÈVE 1876. : ER : Tempéra-| y... ; érooue |Miai| on ln [6h | 8h. 10h. Minuit) (in) 46h )| lag, Laon. l22h. nn on MT Déc. 1875. [+ 0,371+ 0,98[+ 0,57/- 0,11/- 0,64|- 1,09) - 1°42l - 1161| - 1,69. 1,73/- 1,72) 0/15] - 0:74 +1,79 Janv. 1876 |- 0,46/+ 0,07|- 0,03/- 0,54|- 1,08/- 1,52) - 1 79] - 1:98] - 249 — 9/49|- 9/411- 1.38) — 1.26 + 0,57 Février Ces + 5,18 + 5,71 di 5,44 + 4,13 + 3,00 + 3,17 + 2,80 + 2,57 + 2,21 + 1,9: + 1,70 |+ 3,64 + 3,91 + 7.30 Mars . .. [+ 7,10/4 7,904 7,7714 6,874 5,71|4 5,14) À 4'37| 1 3,55] 1 3,051 3/39|4 4 08/1 570] + 5,38 L 9/57 Avril... 410,67/441,79/111,55/410,35|4 9,27/4 8,23) + 7 39) + 6,95) + 5:30 + 3,9114 75114 9:21| 1 8.63 113,99 Mai... H2,97/13.81|113.88 M3,04|111 50/1016 + 9/04! + 7,96! + 7,30 + 8,80[4 9,83/11,37| 10,7 | 15:16 Juin. . . . H9,16/119,84/419,95/418,811116,76/415,57) 11445) 113,04] 112,30 1391/1640 117,81 422 00 Juillet. . . 423,40)424,46/194 41 1123,25/191,04 11919) 417 501 15,72] H5,03 416,00)119 10 /121,14 125 81 Août .. . [422,30 193,41 1423 641422,09/119,05118,49) 11705) 45,40) 114,50 115,30|118.68 421,06 Septembre [417,37/417,56,17,2615,49/113,99119,91| {14 74] 410,40) + 9:50 10,37/119 98 115,71 Octobre. . |414,82/15,57/114,85/#13,30/419,11411,24| 410,42] + 9:60! + 9:02.4 9/60[111,03 141354 Novembre [+ 6,12/+ 6,37/+ 5,711+ 4,66/4 4,044 3,17) 4 9/53] À 9/00! 4 1,604 1,824 2931 463 Hiver. . . [+ 1,624 2,18/4 1,924 1,09/+ 0,574 0,12] — 0,20! - 0,40! - 0,59!- 0,72|- 0 754 0.43 2,07 +3 13 Rene HO, 241411, 16 411, dE #10,09/+ 8,82/+ 7,84! + 6,91| + 5,92! + 5,28/+ 5,87|+ 74314 8,82 ) 2,6 êté . . .. |121,68)422,60/22,69 21,41 /119,28/+17,77 H6,35| 14,74) 113,96/15,08[118/08/120,03 Automne . |412,79]113,19/H12,63/111710,07/+ 9:12] £ 895) À 7,36! À 6:7314 729|) 877111 32 6 39] 11430 Année . . |+11,61/+12,31 142529 040,07 +9,71/+ 8,74 | + 7,85) + 6,92| + 6,36/+ 6,90|+ 8,33/410,17| + 9,33| + 5,61! 413,62 SAINT-BERNARD, AD LE GRAND L£ LI E GENÈVE POUR 9C'T ye'0 gr9 LL'e (A RE 66 9 2) CC SL G CF L er ‘y G0‘Y 160 ce £ | 442 FL JL 6£'8 ) I+++++ ——— “ouuafout 941n ELA ULLTIER À y8'0 TGS VG 1++ l++++++i = 1600 — |£9°r - OF 0 - 6e'9 + Or — 1g'e — &6 9 YS'e + L0 € "W0G CGT 0° y + 09°C LL'S l+++++ ‘U 87 IST — |G6°T - 1OL'E + |OT'Y + Pro = |gr'e I8g'8 — |0G'8 - | k IGG'L — |gcfz — 1080 + [STE + 10T'0 + |8£‘0 + IG + GG + 0C°Y + 100‘ + (GPL + |OL‘T + ICT'Y — [Fr - Ge‘ — ISr'S — 1168 — |09'8 - (698 — |69'8 — |S'8 — |6178 — \FL'S = |8L'g1— (Cu 97) La RU 4 Eu 7 1666 = |(G0 € LC G LA RETTE [SE (un) ge'e - |L8‘Y — |90°F - |6r‘0 + OT — 1990 — |r0‘o — |08:0 + ce e + |L2‘G + [Qr'L + 168 + 88r — 1007 — |yG € — |99°7 - Yo au NFT et IOVie Ile QU'L — 1889 — |0c‘9 - |5c‘9 - 86.1 + |166 + [60€ + |rr7 + est + 97° + |GF€ + [977 + GE'9 + 1899 + |K6L + 1066 + LL‘9 + |YYL + 1668 + [85 0H #96 + |OE + [687 + [SH 9 + O7‘ — |09°F — |8r'0 + |FTG + egéy — LOF — |666 — [EG — OL | |06 LT |f9:0— CDS COMME) PEL En LEON GG L — 1108 — [TGS = |00L — 98 - |SL‘8 — [18e — |LS'e - ‘Or ‘US u9 u ? 16+ - LF'G + 9£°G + 696 + W'TI+ YGL + FLE + 99‘0 GR'Y 98‘Y 8L'e 96‘9 UG L9'r = |: r8'+ + |: e‘e + | : 80‘01+ | : 06 01+ | : cL+|: G+l: +8 0. |: Gé r — | : GL'y — |: 10: lt 18 9 — IN OLST ŒUVNHAA-LNIVS AV AUMLVUTANET, " ? * aauuy * * QUUIOMNY OO: sduraqurrq LRU EL OATET dIQUIDAON * * ‘ 9440920 a41qui93do HO NTIO RO LI LLUTE eee umf ° “TN * JRAY * SXUIN JATIA9 * OLQT JOUR GLRT 2AU990T alt e à, rer se ‘xndOdA Rs (| NO RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE "1 = = en 2 ZOLEEEREERGEE RSR SSSES ÉSersr: Du ss DES. à.. . 05 SE. ..... 27 D. & D a T « LE PE AT © & DA RNEITE . [SL . k ee D OL LC LS RE er op 0 LUS LE | GRO NIET D 99 NT 21 21 0 1110 vw-wa CRISE ÉOS RH +R ++ + ++ | | | one © | | | | > > m7 C0 me © Où 19 1 © © | ww. 2.2.0.u.2.2.u.u.u. Ü t De eg De be en be et et ut et Ve mie ete 9 0e UE Le OR E PI Ro SRE A l'ÉRRETÉNESEPSLENENE ENS HER +++ Itédétééééééi | Dem TARDE Who 1IS ES 0 + HE + |ScsScsccceseces ROC UMTS DIS | RTSSeovarinmis HS SEP PRE PPE | FRE © © © 1 1 19 19 1919 Les ARTE STE ECRIRE 6 EYE HET EHER HE + | co — 2 © D D 1 D D OS I | Et © © 9 © © = 19 1 & x œ do Lo 19 O1 C7 Oo = O = Rss ) us & 1e ] 1 \ peut À €) US Y at” (9‘69 + g) uis La ë, (8e (y'oget ( OLST 9ouue,] Juepuod ‘paeuog-1S ne 91nJ219/ WU) EJ 2p AUINIP UOELIEA EL 9p SOINULIO 4 * LRY dorauef LST 1qu209 * 300Y Jornf ‘2140790 * SUN * LOTTAQ * axquio7dos DIQUIDAON Cie . . . . . . "MS . G He TH Où D CE OH OT CH CC HHUNUNNHUNNHEHNUN RSR Troie HRESÈSS LQCIOT CP RS mou1w%we mio wi Re © 1 © 19 © @ C2 0 —= Ce Re me me 2e 2e me me ie en = 9 Us 0 es © I Go 9 © 1 00 Le AC ETES CE TG = RTS RU RUE ER. ue "OLST 29UUR,I Te “AQUOr) e 9ANJR QUO) PJ 9P AUINIP UOTELIEA E 9P SONULO Si l’on compare la température des mois, des saisons, et de l’année avec les valeurs moyennes déduites, pour Genève des 50 années 1826-75, et pour le S‘'-Bernard des 27 années 1841-67, on trouve les différences sui- vantes: POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 453 ÉCARTS. ÉPOQUE. Température. Température. Décroissement ù Genève. Saint-Bernard, entre les deux statious. Décembre 1815. —1.54 —_0,80 074 Janvier 1876... —1,18 +1,42 —2,60 Février ee +1,91 +1,27 +0,64 Mars rer +0,78 +0,18 +0,60 INTENSE —0,34 +0,02 —0 ,36 Ma SU —2,42 — 1,42 —1,00 Fins He ME —0,31 —0,07 —0,24 Met Re. +1,21 +1,59 —0,33 NOUES ere +1,42 +1,41 —0,02 Septembre. .... —0,89 —0,57 —0,32 Octobre ....... +2,21 +5,20 —0,99 Novembre ..... —0,81 —1,29 +0,28 Hiver 1876... —0,32 0,61 po ER Printemps . .... —0,66 —0,41 —0,25 NYSE RENE +0,79 +1,00 171 Automne ...... +0,19 +0,48 —0,29 Année 1876... 0,00 +0,42 0,42 A Genève, l'écart négatif du mois de mai dépasse seul les limites de l'écart probable: dans la série des 50 an- nées antérieures, il n'y en a que trois, pour lesquelles le mois de mai ait été plus froid. L'écart positif des mois de février, juillet, août et octobre dépasse les limites de l'é- cart probable pour ces différents mois, toutefois Le mois d'octobre présente seul par sa chaleur inusitée un carac- tère exceptionnel. [l ne se trouve dans les cinquante an- nées antérieures qu’une seule année, 1831, dans la- quelle le mois d'octobre ait été plus chaud, et de 0°,03 seulement. L'hiver et le printemps ont été plus froids que de coutume, l’été et l'automne au contraire plus chauds, en sorte que dans l’année il y a eu compensation, et que l’on trouve pour l’année météorologique 1876 exacte- ment la moyenne des 50 années antérieures, Au S'-Berrard, les écarts de la température ont été 454 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE assez différents de ce qu'ils étaient à Genève dans les mois de janvier, mai et octobre; tandis qu'à Genève le mois de janvier était plus froid que de coutume, il a été notablement plus doux au S'-Bernard, en sorte que le dé- croissement de la température avec la hauteur à été de 2°,6 plus lent qu’il ne l’est ordinairement dans ce mois. Le froid du mois de mai a été moins prononcé au S'-Ber- nard qu'à Genève, et l’excédant de chaleur du mois d’oc- tobre, au contraire, plus prononcé, en sorte que dans ces deux mois le décroissement a été de 1° plus faible qu’il ne l’est ordinairement à ces deux époques de l’année. Les tableaux suivants renferment, sous la même forme que dans les résumés antérieurs, les résultats principaux que l’on peut déduire de la température moyenne des 24 heures, au point de vue des anomalies et de la variabilité de la température. A Genève, le jour le plus froid de l’année a été le 8 décembre (1875) — 6°,23, le jour le plus chaud le 413 août + 2%°,69, ce qui donne une am- plitude de 30°,97. L'écart négatif le plus considérable — 8°,39 tomhe sur le 22 mars, et l'écart positif le plus fort + 9°,05 le 17 février ; l'on a ainsi en 1876, à moins de 4 semaines de distance, une différence de près de 9° en plus, et en moins, avec la température normale corres- pondant à ces deux époques. Au Saint-Bernard le jour le plus froid de l’année, — 18°,06 tombe sur le 18 novembre, et c’est ce jour également qui présente le plus grand écart négatif — 13°,68; le jour le plus chaud + 12°,50 a été le 23 juillet, mais l'écart positif le plus considérable + 140,09 a eu lieu le 22 février. J'ai relevé également pour Genève la température moyenne de cinq jours en cinq jours pour l’année civile Er, POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 499 du 4% janvier au 41 décembre 1876, en inscrivant dans la colonne suivante l'écart, soit la différence aved le chiffre calculé par la formule déduite des 50 années 1826- 1875. Lorsque l'écart dépasse les limites de l'écart pro- bable, et constitue ainsi une anomalie, il est mis entre parenthèses. Sur les 73 pentades de l’année il s’en trouve 40 pour lesquelles l'écart est positif, et 33 pour lesquelles il est négatif ; sur les #0 écarts positifs, 27 dépassent les limites de l'écart probable, l’écart maximum — 8°,57 tombe sur la période du 2 au 6 décembre 1876. Sur les 33 écarts négatifs, 19 dépassent les limites de l'écart probable, et l'écart maximum négatif — 5°,73 a eu lieu dans la période du 7-11 novembre. La pentade la plus chaude de l’année a été du 9:13 août, avec une tempé- rature de + 229,37, et la plus froide celle du 6-10 jan- vier avec une température de — 4°,0%, ce qui donne 26°,41 pour la variation de la température entre les pen- tades dans le courant de l’année.La température moyenne de l’année civile, soit la moyenne arithmétique des 73 pen- tades, est de + 9°,82. 2 a RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE 456 GENÈVE, 1876. NOMBRE DE JOURS ET VTNUSE 0 0" "© froids tempérés chauds Jour Jour ,. ÉPOQUE très-froids El an ne RTE ARR TS a | très-chauds le plus froid Île plus chaud 0a-5-8à ol où+8l4 8 à M0lHO à H5|H5 à 4201490 à +28/498 à +30 Déc. 1875 . 2 17 10 2 — — — — - 6,28 le 8|4+ 6,99 le 2% Janv. 1876.| — 25 6 — — — — — - 4,61 le 6|+ 4,51 le 4 Février. . . — 12 5 8 f — — — - 4,44 le 11! 410,84 le 22 Mars. . ..| — 5 6 20 — — — — - 2,84 le 22] + 9,85 le 15 Avril... | — — 4 16 10 — — — + 1,12 le 12] 513,51 le 10) Mai . .. “ x E 15 13 3 a = + 6,74 le 12] 19,70 le 31 EE MS — — — 19 17 3 — +11,00 le 12] +20,98 le 6 Juillet . . .| — — — — il 14 16 — 414,26 le 25| +24,63 le 28 Août. . . .| — — — — 5 9 17 = 410,18 le 25! +24,69 le 12 Septembre. — — — 2 19 8 1 — + 8,13 le 14) +21,10 le 6 Octobre . — — — 11 19 8 — — + 5,66 le 31| 419,05 le 11 Novembre .| — 5 15 10 _ — — — - 2,92 le 11! + 9,07 le 17 Année . . . 2 64 46 84 74 59 37 — - 6,28 le 8 | +24,69 le 13 décembre août. 1875 ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 497 VE nl y POUR GENE f "OUI AOÛ [AB ET O1 66 9 + [SI ol LS'ON- o[ 869 + |06 01 884 — o[ Gy'g + [61 1 SJ — opegoi+ [at /o1iLpL.# 91 88€ + (SG 91 SG — O1 LOF + (GG OI 689 — SITE PM OlIE0 CE OT SO F + (EG I 766 — 01 696 + (GE °I LG'OT- OT OF S + SF 91 8L'8 — o1 L‘Y + |£G °1 G0 + — 01 868 + | 91 F6 L - OI SL'C + [76 91 SVE — 0 cg] 0 syisod spusou TT, TT SJjn99su09 Sanol 7 aqua SOUUQIYXO SJABOIT | JT + RL E ©9191 DES LS DEEE = el + L Er © AR ee mm mt eu 00 ‘Ju99$SU09 sanof & a4JU® ‘AOÛ SJAOST | AOTHAL | ‘SAUUU LV 91 G0'G + CG OI G£'s - 88 91 GC + PE OI 918 - 1} OI FES + [IC OL SF — 9 I 800 + |Yr °I 89 — CE O1 979 + 198 91 £0'L - 8G °I 8LG + SG O1 C9 + — 9 I F0 6 ++ oO G - FE O1 67 Y +\GT 21066 8 # Or 1 Fra sl els Le FI GL'9 + |cG 1 SE'8 - LY ©I G0:6 + TE °I SG - Y O1 6L‘Y + 9 O1 0£‘F — £G °I 069 + k: OT FLE spisod sJuaou on , SOUQAXO SJABI] | C6 + 16G 09'G 00€ 96 & Y0'T L£'G C0 € LG 8r£ LYY LG AR: + sua Aou SJAPOS] quU 09% quuoo,1 rtf 93 81 72 08 2 DO EE = LS 29 EE = 1 OUGIS 0p “ a SJUOUO 3 -UBU9 0p DUQUION SHIQLVEIINUL, — ‘OLST HAHNAD spisod SJAB9"] A Le — = © 0 0 = © = — —— es © ee. — A seau SJAB9;] 9LSI GL8Y DAqUH Ido * Jpuuy DUUIDAON * 244079() AO ITIO HI "#3 SALE "IUN THAY SAUNA * JOUA] dOTAUR f ‘99 andOd4 L = pus: RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE SAINT-BERNARD, 1876. — TEMPÉRATURE. ‘carts extrêmes ; s Nombre À Écarts extrêmes Écarts nee Le Fate Écarts Écarts | de chan- | Écarts moy.entre| entre 2 jours consécutifs c négatifs | positifs | gements | moyens CRT L'obU R NONrS | TER de signe négatifs positifs consécut. négatifs positifs Déc. d875 70. 18 13 6 3,39 — 9,15 le 5|+10,91 le 22] +2,44 | - 4,55 le 10] + 5,84 le 1 Janvier 1876. 8 23 I 3,41 — 8,97 le 7| + 6,76 le 27 1,92 — 9,94 le 5]! +4,73 le 13 Février . . . 10 19 6 9,11 |! - 8,65 le 6|+11,09 le 22 3,36 |— 8,58 le 5|+ 8,81 le 25 Marsa 14 17 42 3,70 | -10,87 le 20] + 7,77 le 1 3,27 |—-15,24 le 18| + 7,14 le 23 ARE Eee 0, 15 45 7 3,03 — 9,80 le 13] + 6,35 le 8 1,88 | — 6,89 le 13] + 4,13 le 14 MAR nt 23 ë 7 214 — 6,14 le 14] + 2,89 le 31 4,55 }- 3,99 le 13! + 4,50 le 15 Tin enmee 15 15 ri 2,32 — 6,52 le 17| + 4,61 le 7 1,74 — 4,05 le 16| + 4,71 le 18 Tillets ere 9 29 9 2,84 — 6,93 le 25| + 6,17 le 23 2,25 |-10,02 le 25| + 7,29 le 26 AOUDP TH, Le l 24 3 3,63 — 7,78 le 26| + 5,59 le 12 4,56 | — 6,45 le 95! + 7,63 le 29 Septembre , 14 16 7 3,72 — 8,12 le 8]|+ 5,31 le 27 2,97 10,70 le 8! +4,35 le 27 Octobre. . . 4 97 ji 3,83 - 3,91 le 31| + 9,78 le 5 1,42 | - 5,97 le 31! + 4,03 le 2 Novembre. . 17 13 5 | 4,42 13,68 le 10] + 7,18 le 13 2,64 - 5,15 le 1} 10,72 le 12 Année ... 154 212 8: +3,45 | 13,68 le 10! +11.09 le 22) +918 -15,24 le 18! +10,72 le 12 novembr. février. | | mars.| novembre. SAINT-BERNARD. GRAND ET LE x GENEVE POUR rm £G 91 0S'G1+ a ———— GI 91 07° + Go! G9‘01+ 9 91 6r°6 + SL © FL°YI+ GG 91 0S‘S1+ GG 91 878 + IS OL Fr G + SAONE YL ET FOI OT 0: CG 1 8FG + LG 91 GE G - 66 1 EL + puruyo sud o] Anof *2IQUIDAOU OF 91 90 81- OH ©I 90'81- V£ °I 69 — FE OI Fr - 96 ?I GG — GG OI FLO + LV 1 166 — Fr OL PLIS = Cr 9L9L‘EI- 0G °1 F9'LT- 9 O[ 89'LI- DAS ELSLT- G O[ Gr'9I- pioay sud anof: 2| | | | 06 | 6S GL 66 SL | SG GI JJUUY | — —— "= y Q If 9 I JIQUIDAON TA G 9 A 8 Pre = ‘04409 () — — ni LE 6 — | — — * o1quiados = Gel £ y — | — En ° 1noY Gr PAOT 9 DE Re Fr °°: rm 3 = (il 81 G ele 20 Fa | = ol au OF LE G + = > TE Dr (ei 0G 9 FR CRE Sr TT Es F (I GT | SG y Cat rate SET € 8 SMS ( rai NT as TE: 8 A £ if LE te } te SF 3 (ce | 06+ | Gr+| 01+| & +] 0 GS OLA 99 Jo eo 19 19 19 19 no ST+ | 014) S$ + 0 FM PC EE EC Em 0 ire | o 0 A As LS mn (0 HAdOdA 2409 oSKAUO) 50 anpeoduroy vf quop simof ap 21quIoN ‘JL8T “AMVNUHA-LNIVS et | | ll | | | | | 460 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE 1876. Température de 5 en 5 jours, à Genève. Difré- Tempé-| rence Tempé-| rence Date rature | avec Date rature avec moy. la moy. la | ne formule De Pl —— | ——— 0 0 0 (e) | 1- 5 Janvier! + 0,77, +1,03 || 30- 4% Juillet | 118,13] -0,15 | 1 6-10 id. | - 4,04! (-3,72)| 5-9 id. 491,03| (42,49) 11115 id | - 1,96! -1,66 | 10-14 id. 417,95] -0,78 16-20 id. | - 1,73 -1,52| 15-19 id. +20,97| (42,12) | 21-25 id. | +0,26! +0,29 | 20-24 id. 420,46| 41,57 26-30 id. | — 0,89) -1,09 | 25-29 id. 420,40! +1,53 31- 4 Février] - 1,58! -2,02 | 30- 3 Août +20,62| (+1,86) 5-9 id. |- 1,69) (-2,49)| 4-8 id. 422,09! (13,51) 10-14 id. | — 1,14! (-2,34)| 9-13 id. +22,37| (+4,02) 15-19 id. | + 8,81! (+7,17) 14-18 id. 422,03| (44,00) 20-25 id. | + 8,52) (16,39) 19-23 id. H18,37| +0,73 25- 1 Mars | + 7,63) (F4,93)| 24-28 id. +13,39| (-3,82) 2- 6 Mars | + 7,54! (44,23)| 29- 2 Septemb.| 414,97| (-1,73) 7414 id. | +5,77) (H1,87)| 3-7 id. H7,57| H,44 49-46 id. | +7,73! (13,93)| 8-12 id. 410,67| (-4,85) 17-24 id. | + 4,46| (-3,97)| 13-17 id. +10,58| (4,27) | 22-96 id. | +1,79) (-3,98)] 18-22 id. 113,87| -0,26 27-31 id. | +7,43) 4,00 | 23-27 id. H5,26| (41,89) | l 1- 5 Avril | 410,62) (+3,52)| 28- 2 Octobre | 14,71] (42,15) 6-10 id. | 411,16| (43,35)) 3-7 id. H4,47| (42,73) 1145 id. | +4,19) (-4,30)| 8-12 id. H6,81| (45,73) | 16-20 id. | + 7,51| -1,68|| 13-17 id. 114,42| (44,42) 21-95 id. | +9,59) -0,32 | 18-22 id. + 9,76| +0,65 26-30 id. | + 8,71| (-1,92)] 23-27 id. + 8,68] +0,46 4-5 Mai | +7,88) (-3,47)| 28- 1 Novemb. | + 6,4%] -0,89 6-10 id. | + 7,95) (-4,12)| 2-6 id. + 3,57| (-2,87) 11-15 id. | 4 8,20] (-4.58)| 7-11 id — 0,15| (-5,73) 16-20 id. | 412,99! -0,50 | 12-16 id + 4,65] -0,10 21-26 id. | 113,44) -0,73 || 17-21 id + 6,87| (+2,92) 26-30 id. | 112,44! (-2,39)| 22-926 id + 3,88| +0,18 | 31- # Juin | +16,70| +1,24 | 27- 1 Décemb. | + 4,19] 41,27 5-9 id. | H8,66| (12,60)| 26 :i +10,45| (+8,57 10-14 id. | +12,78| (-3,82)] 7-11 id. 4 6,54| (45,21) 15-19 id. | 415,05) (-2,07)] 12-16 id. + 4,54| (43,70) 20-24 id. | 119,86) (+2,29)] 17-21 id. + 3,28| (+2,84) 25-29 id. | 116,47| -1,48 | 22-26 id. + 0,39] +0,26 : 27-31 id. + 4,14! (44,95) | POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 461 GENEVE, 1876. — INDICATIONS DES THERMOMÉTROGRAPHES. Nombre de jours Minimum Maximum EPOQUE. Minimum Date. Maximum Date. au-dessous au-dessous absolu. absolu. de Q°. de 0°. Décembre 1875 — 9.5 le 41 410,7 le 22 26714 Janvier 1876 .. — 7,1 le 10 + 7,2 le 22 28 15 Février; .…. — 8,3 le 13 +17,6 le 21 15 4 N'ENOREES e — 3,9 le 21 +17,0 le 4 7 1 ANR E2 2 2 — 9,7 le 14 +20,5 le 10 ET (TRE ES + 28 le 14 +-26,0 le 31 0 0 INDE ES + 6,3 le 18 +29,0 le 6 0 0 Juillet. .…...... +11, le 10 +330 le 28 0 0 IN ES eu + 6.0 le 27 433,4 le 13 EE Septembre.... + 4,0 le 16 +-26,5 le 5 0 0 Octobre ...... + 2,2 le 31 +24,6 le 11 0 0 Novembre .... — 6,9 le 11 +14,3 le 17 10 0 Année........ — 9,5 le 11 déc. +33,4 le13août. 88 34 (1875) SAINT-BERNARD, 1876. Époque. Minimum. Date. Maximum. Date. Déc. 1875 —182 le 5à G6h.soir. + 85 le22à midi. Janv.1876 —19,0 le 7 à . mat. + 2,2 le 27 à midi. Février. . —19,8 le 6 à 10 h. soir. + 6,2 le 22 à midi. Mars. . . —19,5 le 21 à 10h. soir. <+ 4,0 le 17 à midi. Avril. . . —16,0 le 13 à 10 h. soir. + 8,0 le 23 à 2 h. soir. Mai. . . . —10,5 le14à 6h. mat. <+11,0 le 30 à 2 h. soir: Juin ...— 4,3 le17à 6h.mal +13,6 “ 2e ne Juillet . . — 0,8 Je 25 à 10 h. mat. <+17,0 le 31 à 4h. soir. Août. ..— 3,6 le27 à Gh.mat. <+16,4 le 6à midi. : ; le 5à 2h. soir. Septembre — 5,4 le 14 à . soir. <+12,3 ever Octobre. . —10,2 le 31 à 10h. soir. +14,0 le 5à 2h. soir. Novembre —20,0 le 10 à 10 h. soir. <+ 5,0 le 15 à midi. Année . . —20,0 le 10 nov. à 10h.s. +17,0 le 31 juill. à4 h.s. RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE 462 ÉPOQUE. Décembre 1875 Janvier 1876 Février Mars Avril Mai JF RE EREe Juillet . . Aoùût Septembre. Octobre . Novembre . Température du Rhône en 1876. . Année. . Moyenne. © … SERIE SwVoQuSS O1 © & & O1 D à - HE 410,90 | | 0 —0,57 —_0,43 |. qu | —0,498 | 442 || 9 36 F-21089 +0,81 +0,34 —3,94 +1,29 +1,30 —0,44 Excédant sur la moyenne 1853—1875 Minimum. 0 + 5,5 le 8 + 3,7 le 13 + 3,8 le 14 + 4,8 le 23 + 64 le 3 + 7,7 le 3et4 + 8,7 le 12 +-12,4 le 1 413,2 le 25 + 7,9 le 9 +13,7 le 30 et 31 + 9,4 le 30 + 3,7 le 13 janvier. Maximum. | 0 + 7,3 le let 2 + 5,8 le 4 + 5,4 le 22 et 29 + 6,4 le 31 + 9,1 le 29 +12,7 le 31 +-18,7 le 28 —+-20,7 le 31 +-22,4 le 21 +16,7 le 5 et 6 16,5 le 18 +12,7 le 1et3 +-22,4 le 21 août. Différence entre la température de l’eau et celle de l’air. 0 +6,78 +5,94 +1,04 +0,25 —0,97 GRAND SAINT-BERNARD. 403 Ü GENÈVE ET LE POUR spnisod 06 39 p S9I p 9 © €G °I 6G 0€ 91 &6G 91 Pr 91 CG L] | £G y Les YU / o| sppeson ee —_—_ TT, © ©” Sptnogsuoo smol 7 oaquo Sa AIX9 $S} AU95] 60 GG 0 YO0— | 90 09 S@, 1 om AE ‘0 | Fo GG 0) 6e 910 £'0— | TF0 FI a SU GO NOTE SFINI9SUOD sanol z a4que ‘Aout SJABOT ‘poisod « « dIQUHAOU « « € 21quiaqdos 4 a a: sen pp JABTQU 9} E Jivop, Teuu 6G I Y°G OF 91 £‘0+ GI 10 8E 1 6° + G AS T— ce 21 q'0— 6 91 6‘6— IG 91 L'+ GG OI F— L O1 Fe+ Lol gi 86 19 FG 91 Fo+ GI 9 £'9— 6t 2 F0— LG 91 G'r— 8 01 8‘0+108 67 GT 2[ L'‘— 9 ‘# ‘G'Y AI F'O+ £S OI SI — 66 1 CO] SE 19 FE Qt Y oO rO0+ GE 9 YF IE 1 0€ or s'0+ 8 91 6‘1— spnisod spyesou SRE SAUIQAIXO SJAVOI Anof un. p sua4out SJABOST * DAQUIDAON] * 2140720 a1quoydos * * ‘0y 0 pertmnf DEAN MOTTE teN] a THAT “SN * JOUANY 9LSF HOAUE( 4A0OdH GLS 21qu099(T "OLST 9 2UQUY up ane, 4604 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE Le minimum absolu de l’année, — 9°,5 a eu lieu le 11 décembre (1875), le maximum absolu + 33°,4, le 13 août, la différence entre les températures extrêmes en- registrées dans le courant de l’année, à l’aide des ther- mométrographes, est ainsi de 42°,9. Le minimum s’est abaissé le 14% avril pour la dernière fois au-dessous de 0° au printemps, et il n’y a pas eu de gelée blanche posté- rieure à celte date; l’époque moyenne de la dernière selée, d’après les cinquante dernières années, est le 49 avril, soit de 5 jours plus tard dans l’année. En automne, le minimum est descendu le 3 novembre pour la pre- mière fois au-dessous de 0°, soit cinq jours plus tard que l’époque moyenne qui tombe sur le 29 octobre; la pre- mière gelée blanche a également eu lieu le 3 novembre. Au S'-Bernard, à défaut de thermométrographes, l’on doit se borner à indiquer les extrêmes des températures observées de 6 h. du matin à 10 b. du soir; on trouve dans tous les mois des températures négatives, au mois de juillet — 09,8, et au mois de novembre — 202,0, la plus basse de l’année. L’on trouve également dans tous les mois des températures positives, + 2°,2, en maximum en janvier, et + 17°,0 en juillet, le plus grand écart entre les températures observées dans le courant de l’an- née étant 37°,0. C'est le 3 août seulement, soit 10 jours plus tard que de coutume, que le petit lac près de l’hos- pice a été entièrement débarrassé de la glace de l'hiver; l’année précédente, en 1875, le lac était complétement dégelé le 12 juin, donc 52 jours plus tôt. La congélation a eu lieu le. 8 novembre, soit de 10 jours environ plus tard que de coutume. . 465 POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 60 0+ LE‘O+ 08 0+ Pr‘ 0- GY 04 | ST'0t rt | GEO | FO 8c'0+ | 08:04 | Gr'0- LY'O+ | 10/07 | Fe‘0- LU UT Ut ‘4 86 | ‘U 0 | ‘u 8r [CU 9r)|Cu # FT'0+ YT'0+ LV 0+ 90‘0+ 80‘0+ £0‘0+ RATES 8 04 LO‘0+ Y1'0+ 1£‘0+ LT'O+ 90°0+ G0‘0- 60/07 80.0} 31 04 ur (mu) YG O+ 0£°0+ GG 04 4 ‘0+ & 0+ F5: 0+ 0£‘0+ 8£‘0+ GI ‘OT Gy'0+ AU LT ‘o+ 98 0+ de ‘ot YL'OT ÿG 0 ££'0+ LU ‘u0r 10‘0+ er'0t 08‘ 0- G0'0- 97° 0+ —— YL'0+ 80°04 91 0+ 06 0= ££‘0- 900 &G 07 90°04 10‘0+ LO°0+ 97 0+ 96 0+ ui u8 1£‘0- LT°0= 09‘0- 6£°0- 60° 0- ne 10‘0- SF‘0- GE 0- 89‘0- 99°0- YY 0- GG'0- ‘0 66 0= £G 0- Ir'0- 90 0+ Ur ‘u9 88‘0- 9G°0- 8G'0- 0L 0- 99°0- &9'0- 65.07 GG 10 6 0- £r'0- 6G 0- Sr‘ 0- UTUI uYy GI 0+ |S9'98L Le | LO'O+ | 68 98L 80°0+ 6G LGL Ly'O+ 67 SSL GF'O+ |FF'68L FF'O0+ |L8 ‘SL GE'O+ |6£ 921 YO 0= |09 ‘982 16 0+ |S7'LGL ET'O+ 16'8GL OV 0- |97'czz Frot |19'ccz GF OF |CO‘YGL GG OT |£6‘08L Le 0+ |Sr 901 GF'O+ [8 86 GEL : Y0 0+ 4 à 6GL UIUXL UT auuafout PU | inogneyr l19ydsoure UOISSQIT — ‘OZST HAUNAN AT SÉPEONEM 2 SWHOJUTA,] Pr RE TO AT 14, * OIQUIDAON ° * 9440790 21qu07doS D cembre 18 et 9L8T 1OTAUtf) GLST 21401099 (J es | — ————__— ARCHIVES, t. LX. — D Hauteur 2 RESUME METEOROLOGIQUE 466 SAINT-BERNARD, 1876. — Pression atmosphérique. ÉPOQUE moyenne | Midi | 2h. | 4h. | 6h. | 8h. | 10h. |(Minuit) (14 h.)|(16 h.)| 18 h. | 20 h. | 22h. ES nee son | cn | eee a mm nm mm mm mm mm nim mm mm mm mm mm mm Décembre 4875. | 561,46] -0,02 | -0,08 | +0,07 | 40,27 | +0,34 | +0,44 | +0,15 | -0,24 | -0,47 | -0,35 | -0,12 | +0,03 Janvier 1876 . . | 564,88] -0,07 | -0,18 | -0,08 | 40,14 | +0,20 | +0,34 | 40,16 | -0,14 | -0,32 | -0,18 | -0,01 | 40,15 Février. . . . . | 360,40! -0,05 | -0,21 | -0,22 |.10,03 | +0,12 | +0,26 | +0,22 | +0,06 | -0,09 | -0,09 | -0,06 | +0,03 Mars . . .... | 536,78] +0,16 | 40,01 | -0,10 | 10,06 | +0,23 | +0,32 | +0,18 | -0,01 | -0,17 | -0,27 | -0,29 | -0,10 | Avril. ..... | 261,11! +9,03 | +0,03 | -0,03 | +0,07 | +0,26 | +0,42 | +0,33 | -0,09 | -0,40 | -0,32 | -0,22 | -0,08 Mai. . .. .. . | 962,60! +0,08 | +0,10 | 40,12 | 40,16 | +0,32 | +0,40 | +0,18 | -0,35 | 0,50 | -0,32 | -0,16 | -0,03 Juin ...... | 565,90! -0,07 | 0,00 | +0,01 | 40,04 | +0,23 | +0,42 | +0,28 | -0,11 | —0,30 | -0,19 | -0,19 | -0,12 Juillet . .... | 570,28] -0,11 | -0,07 | -0,03 | 40,10 | +0,26 | +0,37 | +0,29 | -0,01 | -0,24 | -0,22 | -0,20 | -0,13 Août . ..... | 569,05] 0,00 | -0,07 | -0,04 | -0,02 | +0,13 | +0,24 | +0,19 | -0,15 | -0,25 | -0,06 | -0,04 | 0,00 Septembre . . . | 566,00! -0,06 | -0,06 | -0,03 | +0,11 | +0,31 | +0,46 | +0,30 | -0,20 | -0,38 | -0,22 | -0,14 | -0,09 Octobre. . . . . | 566,51! -0,04 | -0,16 | -0,15 | +0,05 | +0,23 | +0,25 | +0,04 | -0,16 | -0,21 | -0,06 | +0,03 | +0,16 Novembre . . . |! 361,24! -0,11 | -0,25 | —0,10 | 40,10 ; +0,23 | +0,29 | +0,22 | +0,02 | —0,14 | -0,14 | -0,09 | -0,0: Hiver. . . . . . | 562,29] 0,05 | -0,16 | -0,08 | +0,15 | +0,22 | +0,34 | +0,17 | -0,11 | -0,30 | -0,21 | -0,07 | +0,07 Printemps . . . | 560,15] +0,09 |! +0,05 | -0,00 | +0,10 | +0,27 | +0,38 | +0,23 | -0,16 | -0,35 | -0,30 | -0,22 | -0,07 Été. . ..... | 568,44) -0,06 | -0,05 | -0,02 | +0,04 | +0,20 | +0,34 | +0,25 | -0,09 | -0,27 | -0,15 | -0,12 | -0,09 Automne . . . . | 564,60] -0,07 | -0,15 | 0,09 | +0,09 | +0,26 | +0,34 | +0,19 | 0,11 | -0,24 | -0,13 | -0,07 | +0,02 Année . . . . . | 563,87] -0,02 | -0,08 | -0,04 | +0,10 | +0,24 | +0,35 | +0,21 | -0,12 | -0,29 | -0,21 | -0,12 | -0,01 Si l’on prend la différence entre la pression atmosphérique observée à Genève et au Saint-Bernard, on trouve pour le poids de la couche d’air comprise entre les deux stations : [rm Hiver. . . .. . | 167,15] +0,20 | -0,21 | -0,21 | -0,24 | -0,06 | -0,10 | -0,09 | -0,05 | -0,03 | +0,10 | +0,31 | +0,43! Printemps . . . | 163,34| 40,08 | -0,32 | -0,55 | -0,49 | -0,32 | -0,20 | -0,17 | +0,03 | +0,27 | +0,50 | +0,63 | +0,53. Été. ...... | 158,85] +0,14 | -0,31 | -0,65 | -0,64 | -0,40 | -0,12 | -0,08 | +0,06 | +0,35 | +0,51 | +0,63 | +0,46! Automne . . . . | 161,69] +0,13 | -0,24 | -0,30 | -0,26 | -0,13 | -0,04 | -0,05 | -0,09 | 0,00 | +0,16 | +0,41 | +0,42 Année ..... | 162,75] 40,14 | -0,27 | -0,46 | -0,41 | -0,23 | -0,11 | -0,10 } -0,01 | +0,15 | +0,34 | +0,50 | +0,46, 467 NEVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. x pl GE POUR (o‘prat à £) uis (006 + 1 @) us (y'yagt à g) us (p90g+ À £) us (L'0g+ À g) uis (g'gagt 1 £) us (S‘6GEt+ À £) us (6'argt vd €) us (6:69 + £) uis (L'ELI+ mn €) us (G'1re+ À €) us (c'goc+ 7 6) us (9‘e6rt À €) us (g'gget à €) us (og + d €) urs (cg, +) us (g'gget nd €) us (éppet À €) us (g'aret d €) us (8991 À €) us (ygL + €) us (9‘grr+ À £) us (9'g61+ À €) us €) uis (G'LSTH 0 = — € 0 + 10‘0Ÿ L0‘0+ 90‘0+ F0‘0* 80‘0t 80‘0+ 90‘0+ LO‘0t &0°0+ S0‘0t y0 ‘04 900 g0‘0+ £o‘0t LO‘O0+ 60‘0+ 60‘0+ ! LO'0t yo OT (S'6rrt (0‘99rt (S'Y9 1 (NUAS: (y 8914 (L‘091+ (g'Ler+ (L'GYT+ (8 091+ (£‘OGr+ (o‘r9r+ (L'e91+ (y°991+ ggpr | | g) us &) US Q g) us g) us &) US &) us g) us &) us &) ‘us g) us 8) us &) UIS g) us g) us g) us a) us € &) US 9 &) us g) us g) us &) uIS g) us g) us G) us ÿ 0 08 0+ 08‘0t gr'0+ gl :0t £ LOT 6F 0+ 16 0+ 91'0+ s YFOt ju & 0+ 9£‘0+ Fy'0+ €g‘ot ce ‘ot Ch ‘ot 88 0 98 0+ ( (1° (6: Lu QE (Lee! 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Genève. Saint-Bernard. (Genève-St-Bernard. nm rm nm Décembre 1875 +1,46 —0,86 +2,32 Janvier 1876. . “+4,91 +4,39 +0,52 Hévnier et —0,41 +0,16 —0,57 Marsa —4,10 —2,93 —1,17 ABLE D Rs à rs —0,72 —0,52 —0,20 MA Men En de +0,27 —1,24 +1,51 ASS TRNE —1,173 1521 —0,52 Tuilets. 2 421,20 +1,80 —0,54 Adhbe te ee —0,23 +0,65 —0,88 Septembre . . . —1,03 —1,45 +0,42 Octobre . . . . —0,11 +1,91 —92,02 Novembre . . . +0,02 —0,79 +0,81 Année mét.1876. —0,02 —0,01 —(0,01 A Genève, comme au S'-Bernard, la pression moyenne pendant l’année 1876 coïncide presque exactement avec les moyennes déduites d’un grand nombre d’années, mais avec des différences très-notables d’un mois à l’autre. Au mois de décembre le baromètre a été de Jun 3 relativement plus élevé à Genève qu'au S'-Bernard, tandis qu'il a été relativement plus bas de 2"",0 au mois d'octobre ; il a été relativement plus élevé à Genève de 1,51 au mois de mai, et de 1,17 plus bas au mois de mars. À Genève les écarts positifs des mois de janvier et de juillet, et les écarts négatifs des mois de mars et de juin dépassent sensiblement les limites non-seulement de l'écart probable pour ces mois, mais aussi de l'écart POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 469 moyen ; pour les 8 autres mois les écarts restent en de- dans des limites de l'écart probable. Avec les données suivantes pour l’année 1876 : 726,62 et 563,87 pour la hauteur moyenne du baromètre dans les deux stations + 9°,33 et — 1°,36 pour la tempé- rature moyenne, 0,77 et 0,80 pour la fraction moyenne de saturation, je trouve d’après mes tables hypsométriques 2068%,5 pour la différence d'altitude entre les deux stations, le chiffre obtenu par le nivellement direct étant 2070083, Les tableaux suivants renferment les données qui per- mettent d'apprécier la variabilité du baromètre dans cha- que station, soit que l’on considère l'écart entre la hauteur moyenne du baromètre pour un jour et la valeur nor- male, ou la variation entre deux jours consécutifs, soit que l’on considère les minimas et les maximas absolus observés dans chaque mois. METEOROLOGIQUE RESUME » 470 GENÈVE, 1876. — PRESSION ATMOSPHÉRIQUE. Écarts Écarts FRPQUE négatifs | positifs Déc. 1875 . 7 94 Janv. 1876. 8 23 Février. . . 45 14 Mars ar 23 8 ACTE 17 143 Mae Le 19 19 FUI, 19 10 Juillet . . . 6 25 NOÉ LE 19 12 Septembre. 18 12 Octobre . . 15 16 Novembre . 45 45 Année . . .| 181 184 Écarts extrêmes Nombre Écarts extrêmes Écarts ; AE de chan- | Écarts moy. entre entre 2 jours consécutifs rementss)Movens | 2 mer mis MODIOUTSO | Tee ete CRE de signe négatifs positifs consécutifs négatifs positifs mm mm mm mn mm rom 1 3,84 |-19,87 le 5 | 410,34 le 25) +1,85 | — 3,35 le 30] + 7,67 le 6 6 6,13 | - 6,43 le 13 H5,05 le 24 2.67 | - 5,96 le 7| + 9,79 le 23 6 4,58 | 10,63 le 6 | +7,94 le 2 2.93 | - 9,06 le 5 t 7,81 le 28 5 5,66 | -16,52 le 10 |+5,44le 9 3,78 | 15,48 le 9] 11,22 le 14 8 4,27 | - 9,29 le 19 | + 7,50 le 25 2,50 | — 6,62 le 28| + 8,09 le 25 5 2,61 | - 4,85 le 19 |+7,2%4 le 4 242 | - 5,95 le 6|+ 6,93 le 90 9 2,66 | - 9,13 le 10 | + 3,91 le 18 2,01 | — 4,24 le 8|+ 6,27 le 27 8 1,74 | - 3,31 le 28 + 5,16 le 45 1,27 | — 4,08 le 28] + 4,23 le 29 6 9,32 | — 9,53 le 24 |+4,55 le 6 1,80 | — 6,64 le 24| + 4,80 le 96 4 3,10 | - 6,82 le 14 | + 7,71 le 20 2,01 | - 3,70 le 22| + 5,32 le 1 3 3,07 | - 7,05 le 19 | + 4,31 le 95 1,52 | - 2,91 le 41] + 6,02 le 1 7 3,37 | - 6,47 le 27 +7,22 le 3 2,68 | — 9,16 le 12) + 6,34 le 10 68 +3,78 | 16,52 le 10 | 415,05 le 24] +2,26 | -15,48 le 9 | 11,22 le 14 mars janvier mars mars * Le 13 juin, l'écart a été nul. 471 E GRAND SAINT-BERNARD. POUR GENÈVE ET L Jotauel JOTTA9F RU es O1 682 + | S 91 66‘01- | 06 1+ pr 01 997 + [08 °1 OL‘+ — | 16 & OF + II OÙ F8 — | SET LY O1 F07 +|8 9198 | SE 96 91 YF + [FE O1 G6Y — | LOI 98 ©L PF'F + [SG 91 90€ — | 66 TI LG O1 L6F +16 1 GE F — | 961 85 © F6? + [SG OI 166 — | 9 GG O1 GG + [GE 91 907 — | 06 I FE OU FL +16 O1TC6FL | 876 1G 91 £L'G +16 O1 66 01- | €8 € €G 01 682 + [16 O1 80 F — | 6 1 9 eo grL+Ir 91LOE —-| JLI+ Ut Wu UIuI spyisod spgesou |J1n99su09 sinol & a1JU9 ‘AOUL SIVIT mm spn99suoo Sinof 7, oa7uo SOUIDAYXO SJABIS Jorauri Fe °I 8S CI | G OI G8'97- SE OÙ #74 +16 O1 re'6 - G 91508 + |0G °1 8L‘Y — 06 91 S6G + |ÿr 91 066 - G O1?L6 6 + | 91 FL'8 - SE OL GS + |GG SI 91€ - & 9118ÿ +]|0F 21 8L'L - 0€ 91 96 F + |9G O1 #79 — Y OU HLL +161 °1 969 - £ 01 #89 + [01 °1 SE'GI- IG 91 1S 6 +19 I GI GI- YG °I SC EI+ÎL O[ EL'‘G -— EG 21 868 + | O1 68'9r- UIU uruI spr1sod sJesou TT, © CL8T 99P SaU1941)X9 SVT sua OU SYICO'T 10 “+ = 00 "= NME D AUSIS 9p SJUOU9T -UUU9 9p DUQUION, 867 TT £G ar CG 8c GI 6 sisod SHIBI 897 | sJjes ou SJACOI F OIQUIDAON, “a1quoydes| * ‘ ooUUY * 91400! © + + JnoV! 20% 9 * * umf! LM "THAY * + «Sel * JOUA9 | OLSI ‘auef GL8Y ®Q ANdOdA 1 "ANÜMAHASONELV NOISSAUY — ‘OLST AUVNHAS-ENIVS M 472 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE GENÈVE, 1876. Époque. Maximum. Date. Maximum. Date. Amplitude . mn mm ram Déc. 1875. 713,70 le 5 138,93 le 25 25,23 Janv. 1876. 720,84 le 13 743,61 le 24 22,71 Février. 715,90. -le. 7 135,08 le 1 19,18 2 Mars . . . 707,76 le 10 1832530 ‘le 2 24,54 Avril... 713,78 le 18 13447 le 25 20,39 Mai : . .… 749,62 -le 149 132,67 le 29 13,05 Juin. . .. 716,68 le 10 731,29 le 18 14,61 Juillet. . . 723,06 le 28 733,16 le 15 10,70 Août... 117,96 le 24 733.47 le 6 15,51 Septembre, 718,32 le 30 135,31 le 20 16,99 Octobre. . 718,26 le 19 131,68 le 4 13,42 Novembre. 718,14 le 12 734,43 le 3 16,29 Année. . . 707,76 le 10 mars 743,61 le 24 janvier 35,85 SAINT-BERNARD, 1876. Époque. Maximum. Date. Maximum. Date. Amplitude. mm mm mm Déc. 1875. 543,99 Je 5 570,99 le 22 27,00 Janv.1876. 555,01 le 7 574,61 le 24 19,60 Février ... 547,55 le 5 568,20 le 2 20,65 Mars . . . 546,61 le 10 566,21 le 3 19,60 Avril . .. 553,51 le 19 569,49 le 4 15,98 Mai. . .. 557,98 le 15 570,76 le 30 12,78 Juib:: 508,11 :le-t0 54,50 13,39 Juillet. . . 565,04 le 25 513,88 le 15 8,84 Août . . . 558,46 le 25 575,50 Je 5 17,04 Septembre. 556,64 le 14 513,13 le 20 16,49 Octobre. . 558,50 le 21 574,00 Je 5 15,50 Novembre. 552,73 le 9 567,03 le 18 14,30 Année. . . 543,99 Je 5 déc. 915,50 le 5 août 31,51 © 473 ET LE GRAND SAINT-BERNARD. POUR GENEVE PO ADD ee ul 281 ALT Le 60 9 LE OL COCO 06 L 08 L LIL |" + ou ietyr | ce | OL'L | 6n'Lz | g9'z | rez | g8'z | cos | Sos | r6'Z | 062 | #82 | ‘* * * ‘ouwomy +997 | 29e | 6807 | 7607 | So‘rr | 8L‘Or | SGOF | GTEE | GO'FE | 89/0 | FL‘OF | 9L'O | PA 896 | 0g‘c | 88 | 06‘$ | 868 | z6‘g | 079 | 909 | 18‘ | sc | 78e | ee |‘ * * sduaquuq les | 90 | ovr | cr'r | 66e | see | 917 | rer | SCT 18 | cer | 8c'r 3 "RU MONTE | CAC NN CO 2 A ET A CO A QC LC EUN 8961 | OL | 188 | F6 | Lis | 68 | 478 | 06 | 066 | 606 | 06 | 106 | °°° * ‘214000 KEY | 996 | 606 | Se | 916 | 978 | 8r6 |SL'6 | 206 | 866 |1£6 | 086 |‘ ‘ ‘ xuemdes VO'9r | €F9 | SETE | SET | 69 EE | SEE | 96H | SL TE | LLTE | SOI Sr Tr | 66 Pr | * * °°" * 1moy 90'9F | 999 | GOrE À LI | #G FE | 60H | 9H'EE | SSTE | OST | 06°0F | 8S'OF | 080 | * * * * * ermmf Y0#r | 29°C | 60‘01 | L0‘0F | 9807 | 6607 | SR 07 | 98,01 | £66 | 666 | LO'OF | &OO | * * © * © © ump 806 | 85 1979 | Geo | 169 | 99 | IL9 | 7991 | 979 | 0r9 |'0r9 | 879 | * * ‘" ‘TN GL'8 |00a | 169 | 769 | 169 | 169 |+£go | 979 | 069 |Lr9 |Gr9 | 909 | °°°" "Ia AO 62e MO GNT LOL | GRO L|180 7: LOC ATP ON LOS | LOS | ODA FE Ge ete, SIN 68 | 066, NES ral cs re) 007 |is9fr | 67 | 667 | 897) | Sr, |'86 #7 |'E0 SG. | * * 7" OHAÎT | 019 | 606, | 8e |isc | 89€ lee |81'e | 88e | 86e | r0r | TOY | 66€ |’ ‘ 9187 wruef 96 L |906 |r8c | ase | 89€ | g0'e | 8e | 68€ |g6€ |S86€ | 107 |£6€ | ‘SLT ei | ul uuI ul Lui dut UtUL uit ut uTux ui Lui œuuI njosqe njosqe | ‘4 p& Sop wnuixen |unuquuy | auuakoux NOISNHL ER) ne en ne. ue | ‘uoc | 'ugr | ‘uor | ‘ue | ‘49 | ‘ur | ‘UGS | wN andod “AN9dEA E[ 9 UOISUOL — ‘9L8T HAGNAN ; GENÈVE, 1876. — Fraction de saturation en millièmes. ÉPOQUE | Midi 2h.|#h.|6h.|8h. MO h.|(Minuit) (14h) (16h) 18 h.|90 h. (22 h.[ Fraction | Minimum |. :, Mamum moyenne | absolu absolu Déc. 1875 . | 812 | 791 | 804 | 837 | 861 | 882 887 884 | 883 | 889 | 883 | 852 855 630 1000, 15 fois Janvier 4876 | 868 | 852 | 864 | 887 | 903 | 911 | 918 | 930 | 938 | 939 | 994 | 902 | 903 | 610 1000, 56 & | Février. . . | 741 | 706 | 790 | 764 | 806 | 820 | 827 | 831 | 844 | 850 | 867 | 786 | 707 | 460 |1000, 18 » =, | Mars. ... | 675 | 631 | 649 | 673 | 750 | 770 | 803 | 823 | 840 | 834 | 897 | 734 | 751 | 220 |1000, 8 » 5 Avril. ... | 635 | 594 | 6417 | 665 | 738 |°799 | 850 | 886 | 912 | 884 | 810 | 718 | 759 | 340 |1000, 8 » © Mai .... | 564 | 553 | 554 | 583 | 656 | 724 | 780 | 823 | 850 | 802 | 724 | 634 | 687 | 270 |1000, 2 » 3 |Juin.... | 615 | 597 | 593 | 625 | 727 | 786 | 836 | 894 | 920 | 860 | 738 | 665 | 738 | 390 |1000, 1 ; Æ || Juilet . .. | 507 | 467 | 480 | 537 | 622 | 678 | 734 | 800 | 860 | 803 | 679 | 597 | 647 | 290 | 960, » 2 |Août.... | 578 | 556 | 599 | 605 | 678 | 718 | 765 | 845 | 900 | 855 | 729 | 625 | 698 | 9270 |1000, 3 » Æ | Septembre. | 617 | 626 | 639 | 725 | 814 | 852 | 888 | 908 | 919 | 896 | 819 | 693 | 783 | 440 |1000, 3 » | = | Octobre . . | 705 | 677 | 707 | 796 | 836 | 870 | 895 | 818 | 939 | 947 | 877 | 771 | 825 | 410 l1000, 12 » æ | Novembre . | 736 | 726 | 763 | 813 | 834 | 880 | 905 | 921 | 930 | 922 | 907 | 845 | 846 | 380 11000, 44 » S CCE Se ATOS 9) ET Eu A) DORE RARE re ers use mes PRIS [2] Ê Hiver. . . . | 808 | 785 | 798 | 831 | 858 | 872 878 | 883 | 889 | 894 | 892 | 848 | 853 460 |1000, 89 fois Printemps . | 624 | 593 | 606 | 640 | 714 | 764 811 844 | 867 | 840 | 786 | 695 132 220 |1000, 18 » Été. . . .. | 566 | 539 | 531 | 589 | 675 | 727 1178 846 | 893 | 839 | 715 | 628 | 694 270 11000, % » Automne. . | 686 | 676 | 703 | 778 | 828 | 867 896 916 | 927 | 912 | 868 | 760 | 818 380 |1000, 59 » Année . . . | 671 | 648 | 659 | 709 | 768 | 807 840 872 | 894 | 871 | 815 | 730 | 774 220 11000, 170 fois 474 475 POUR GENEVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. ) (8‘86F + €) (gg +46) (LOL +7 6€) (88 +) (L'1g +6) (08 +16) (or +4 €) (L‘898 + 7 €) ( ) } 0'8Lr + 4€ 0‘8£S + 1 €) (] uIS uIs uIs uIs uIS UIS us uIS uIS UIS US us + M et GONG ++ + + g) us &) US &) us g) us G) us &) us &) us ) us g) us g) us g) us (‘008 + À &) us 0 + (a‘gcc + à) us + (8'ggs + 1) us + (‘88 + ) us + (L'ece + 1) us + (res + 1) us + (g'08 + d) us + (0988 + 1) urs + (FSS + d) us + (761 + 1) us + (ice + 1) us + (g'ece + ) us + (O‘TES + À) us L6 +9Y8=H ‘°° GIE + GS = H * : FE + £8L CF + 869 GLE + LY9 GE + 8€L 6YE + L89 CGI + 60L GOF + SL C9 + LG6L 8£ + €06 GY + 968 (ll EE HE He LP FR da HP Homes DIQUIAON * 9440790 a4quio3dos + + + nov ‘ ‘ gorimf +++ umf SLT AT Fr SIPN * *IOHMA9; H ‘ 92Z8F4onauf H GL8T 2140999 (T ‘JL8T HAANAN — ‘UONEINES 9P UOIJOLI] EJ 9P AUINIP UONELIEA EI 9P SONO 1876, au point de vue de annee Si l’on compare l 27 an- , avec la moyenne des 1849-75, on trouve les écarts suivants pour la ten- sion de la vapeur, pour la fraction moyenne de saturation air 2 itrique de | gromé sr l'état hy nées 476 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE exprimée en millièmes, et par le nombre de cas de satu- ration. | ÉCARTS. Tension Fraction Cas de de la vapeur. de saturation. saturation. Décembre 1875. =0.36 410 _99 Janvier 14876 .. —0,31 + 46 +20 Pévribr ox. +0,52 — 22 — 2 Mars us se +0,31 — 38 — 1 ANT RS D ru +0,25 + 62 +9 MO SENS Eu —1,41 — 17 — 2 1 LT RARES +-0,33 + 40 — 1 LHUIE See +0,16 — 32 — 1 AOC Eye lame eus +0,69 — 12 +! Septembre. . . . —0,52 + 13 — 2 Uctolres vins 441,15 — 6 — 6 Novembre. . .. —0,18 + 13 +28 Année 1876. . . +0,05 + 6 +15 Les mois de décembre (1875) et de mai, dans lesquels l'écart est négatif pour la tension de la vapeur, aussi bien que pour la fraction de saturation, peuvent être consi- dérés comme ayant un caractère prononcé de sécheresse ; les mois d'avril et de juin, au contraire, ont été plus hu- mides que de coutume, soit au point de vue de l'humidité absolue, soit de l'humidité relative. Les mois de mai et d'octobre présentent seuls des écarts un peu notables, et de sens opposé, pour la tension de la vapeur. En somme l’année 1876, quoique s’écartant très-peu de la moyenne au point de vue hygrométrique, a été un peu plus humide que de coutume ; le nombre de cas de saturation a été également un peu supérieur à la moyenne, ce qui tient surtout à la plus grande fréquence des cas de saturation au mois de novembre. Les écarts en signe contraire des -mois de décembre et de janvier se compensent à peu près et pour tous les autres mois les écarts sont très-faibles. POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. #77 Vents observés à Genève, dans l’année 1876. le 25 8|S|<|S1$/$12,2123) 212 Calme!) 10! 9! 4| 3| 9! 2| 6! 1| 6| 4| 7 65 IN... 24| 29) 22| 32| 70.103| 63| 98} 64! 28| 60 628 INNE .| 50! 39! 61 14| 871154! 59| 75| 30| 9) 27 585. NE. #97) 65| 8! 211 99) 32 25) 58| 25] 9] 68 497. REGIS OL Sn OA. 0-5 21 0 50 018694) 9) 9/5) 2% 7,40) 8) 6| 8 105 ESE .| 9/42} 3} 4! 2) 0! 4} 0| 3) 0| 2 39 SE. .| 191 27/15] 4| 41 4! 9| 71413] 8| 3| 191132 Sade 8413) 65 4t4/ 0) 13) 7:61 71| S. ...| 241 30] 25] 30! 12| 13 2 171 28| 45| 22) 331302 : 42 RAPPORT. RÉSULTANTE. Vents ee NS Calme NE, à SO. Directioa. Intensité sur 400. sur 100. Décembre 1875. 2,23 N52E 41,0 3,6 Janvier 1876... 1,52 N 83,1 E 24,9 3,2 ÉTAT RER 0,16 S.31,4 0 82,6 1,5 MAR 0,26 S 40,3 O 72,8 11 ANT ne cc 1,66 N:°0:2:0 99,0 3,3 MADAME AT. 2,39 N:3,8E 66,9 0,7 INR ST RTS 1,45 N: 7,30 23,8 22 Mt es ren cu 2215 N 48E 49,1 0,4 AoUt 22. 0,79 SE19,970 15,6 2,1 Septembre . . . 0,23 S 31,1 O0 63,7 4,5 Octobre. . . .. 1,54 NESLOTE 2e 2,5 Novembre. 0,87 S 93,9 O0 8,1 45 ABnOB:S To, *: 0,98 N 65,4 O Fa 2,0 ” . Les chiffres du tableau précédent se rapportent à 9 observations par our, soit au nombre total de 3294 dans 478 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE l’année 1876 qui a été bissextile ; ils expriment l'intensité relative de chaque vent pour chaque mois, en tenant compte de la force du vent estimée par les chiffres, ou facteurs, 0 à 3, et dans quelques cas d’un vent très-vio- lent, le facteur 4 à été appliqué. Si, pour l’année entière, on réduit les chiffres se rap- portant à 3294 observations au chiffre proportionnel pour 1000 observations, et si on les compare à ceux qui ont été obtenus de la même manière pour la moyenne des 29 années 1847-75, on trouve les différences suivantes : Intensité relative des différents vents sur 1000 observations Moyenne des 29 années ; Année 196 antér. Ecarts Galmé SN 20 57 — 37 ND Re ae 191 265 — 74 Nord-Nord-Est. . 178 200 — 22 Nord-Est. . . . . 151 48 + 103 Est-Nord-Est . . 15 7 - 8 LE APR 32 2. “0 Est-Sud-Est . . 12 7 — 5 Sud-Est. . . . . 40 20 — 20 Sud-Sud-Est. 22 23 = 174 SAP ANR Etat 92 110 — 18 Sud-Sud-Ouest. . 219 196 + 93 Sud-Ouest. . . . 181 125 + 56 Ouest-Sud-Ouest . 42 27: ETS TS APTE 44 32 + 12 Ouest-Nord-Ouest. 5 5 0 Nord-Ouëst. . . . 30 17 + 13 Nord-Nord-Ouest, 33 33 0 Ces chiffres montrent une plus grande fréquence et in- tensité des vents du sud-ouest, comparés à ceux du nord et POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 479 du nord-est ; l’on trouve il est vrai une plus forte propor- tion dans le nombre des vents du nord-est en 1876, mais elle est à peu près compensée par la diminution des vents du nord et du nord-nord-est, la somme des écarts pour ces trois directions étant seulement de 7, tandis que la somme des écarts pour les trois directions diamétrale- ment opposées, du sud, du sud-sud-ouest et du sud-ouest, est de + 61. Ce résultat est confirmé par le relevé du nombre de jours pendant lesquels la bise et le vent du midi ont alternativement soufflé avec une intensité moyenne exprimée par les facteurs 2, 3 ou 4;l'on a en effet : Nombre de jours de forte bise. fort vent du Midi. Décembre 1875 .. 7 0 Janvier 1876. ... 6 0 Hévrien te ns 0 9 MAS Eee pee 0 42 ANT ESR Mtu eu n n MAS ere à 6 RIDE EAN ee 3) 4 Tale eee 8 4 NOURRI enr 1 7 Septembre. . . .. 0 D) Octobre: 2% 4 2 Novembre . . . .. 3 2 IVe ss ere 13 9 Prinfempsse rs: ce 12 22 HN SEE OP 2 42 12 Automne. 30: 2% 7 42 Année 1816 .... 44 55 Le nombre moyen de jours de forte bise dans l’année est de 42, et celui de forts vents du midi de 44; l’atmo- sphère a donc été plus violemment agitée que de coutume dans l’année 1876, et la différence porte surtout sur les vents du midi, qui donnent un assez fort excédant. Cet excédant porte surtout sur le printemps, et en particulier 480 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE sur le mois de mars, qui a été aussi très-pluvieux ; dansles mois de décembre (1875) et janvier, qui ont été très-secs au point de vue des chutes de pluie, il y a eu un grand nombre de jours de forte bise, et pas un seul de fort vent du midi, tandis que l'inverse a eu lieu dans les deux mois suivants de février et de mars. Les vents observés au Saint-Bernard pendant l’année 1876 sont : VENTS. RÉSULTANTE. mm ÉPOQUE. NE. SO. Rapport. Direction. Intensité Calme sur 400. sur 400. Déc. 1875. 270 3 1,30 N ASE 83,0 0,0 Janv.1876. 276 112 2,46 N45E 08,8 0,0 Février . . 257 81:+ 2,95 N45E 65,1 0,0 Mars". 0309 102 3,03 N4Y5E 14,2 0,4 Avril . . . 290 19002 1269 N4SE 34,8 0,0 Mai}. 402410 53 4,64 N45E 69,2 0,0 Juin. :....1 236 10 3,37 N4Y5E 61,5 0,7 Juillet. . . 278 48 5,179 N45E 82,5 0,0 Août . , . 244 1847 9:19 N45E 99,9 0,0 Septembre. 212 119" 1,78 N45E 34,4 0,0 Octobre. . 107 242 0,44 S 45 O 18,4 0,7 Novembre. 272 116 2,34 N45E 57,8 0,0 Année... 2937, 1200 2,45 N45E 52,7 0,2 Pluie ou neige, dans l’année 1876. GENÈVE. SAINT-BERNARD. ÉPOQUE. Nombre Eau Nombre Nombre Eau de jours. tombée. d'heures. de jours. tombée. mm mm Décemb. 1875. 4 ee pa 5 2 21,4 Janvier 1876 . 4 4,1 14 6 46,7 Février: 0146 12,4 93 10 139,1 MATS ES RER sde 23 125,6 163 19 265,3 NT UT MEN 16 141,0 90 17 198,6 Maine lens 15 40,5 57 10 74,3 Juin ES 15 83,6 90 15 194,4 1133115 PRE 3 19,1 6 2 16,6 AOÛ. ere 43: 142,5 62 12 194,4 Septembre. . . 17: 106,9 65 15 128,2 Octobre 27,776 15,4 12 3 27,0 Novembre. . . 15 89,5 76 10 127,4 Hiver 24 88,4 193 17 207,2 Printemps. . . 54 307,1 310 46 598,2 te LR IN MR D 158 29 405,4 Automne . .. 39 211,8 : 153 28 282,6 ADHÉC TONI 147 852,5 144 120 1453,4 POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 481 Hauteur de la neige tombée au Saint-Bernard dans les différents mois de 1876. millimètres. Décembre 1875. . . . 250 Janvier 1876. . . .. 650 RÉVRIE TN Ne re 1710 MATS OR EC RE ES 3970 Avril RES 2325 Maure ons ; 980 NDS PE Meter cale 410 1 ETS AR AS A RSS 60 OU SN de Et en 300 Septembre . . .. . . 520 OcCores ae 410 Noyembre = 2277. 1730 ANNEE a re ed ae 12765 La comparaison de l’année 1876 avec la moyenne des 90 années 1826-75, pour Genève, et avec celle des 27 années 1841-67, pour le S'-Bernard, donne les diffé- rences suivantes pour le nombre de jours de pluie, ou de neige, et pour la quantité d’eau tombée. ÉCARTS a GENÈVE ___ _ ÉCARTS au Sr-BERNARD Jours de pluie. Eau tombée. Jours de pluie. Eau tombée. mm mm Décembre1875 — 5 — 39,7 — 6 — 51,7 Janvier 1876... — 6 — 44,1 — 6 — 82,4 Février ...... + 8 + 35,9 + 1 + 45,5 Mars see - +13 + 78,3 + 8 —+168,4 ANT REEE +5 + 84,2 + 6 + 78,5 I EN NEC + 3 — 38,6 — 1 — 45,7 Jam sur + 4 + 7,1 + 5 + 93,0 Junlet esse — 6 — 51,7 — 7 — 58,5 AOÏIte: aan + 3 —+ 62,1 + 3 108,6 Septembre + 7 + 12,6 + 6 + 12,2 Octobre ...... — 6 — 85,6 — 7 —115,5 Novembre .... + 4 + 15,5 0 + 28,8 Hiver 1876.... — 3 — 17,9 —11 — 88,6 Printemps. ... +21 +123,9 +13 +201,2 LOT SRE + 1 + 18,1 + 1 +143,1 Automne ..... + 5 — 57,1 — 1 — 74,3 Année 1876... :!-24 + 36,6 + 2 +-181,4 ARCHIVES, t. LX., — Décembre 1877. 39 482 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE Dans les deux stations les mois de décembre (1875) et de janvier ont été très-secs, et malgré la forte proportion de pluie du mois de février, l'hiver a été sec. Le prin- temps au contraire a été très-pluvieux, et surtout les mois de mars et d'avril; le printemps de l’année 1876 forme ainsi un Contraste frappant avec celui de l’année précé- dente qui avait été très-sec, 17 jours de pluie seulement à Genève, au lieu de 5%, et 16 au S'-Bernard au lieu de 46. À Genève, il est tombé dans cette saison 215% 4 de plus en 1876 qu’en 1875, et au S'-Bernard 403rm,1. Dans les deux stations le mois de juillet a été très-sec, ceux de juin et d'août humides, enfin le mois d'octobre a été très-sec. En somme dans l’année, on trouve dans les deux stations un excédant dans le nombre de jours de pluie, et dans la quantité d’eau tombée. La hauteur de la neige tombée au S'-Bernard dans le courant de l’année, près de 13 mètres, dépasse sensiblement la moyenne ; cet excédant est surtout dû aux mois de février, mars et avril, pendant lesquels les chutes de neige ont été très- abondantes, la somme s’élevant, pour ces trois mois, à près de 7,5. A Genève, il n’est point tombé de neige pendant les mois de décembre (1875) et de janvier ; au mois de fé- vrier, il y a eu 3 jours de neige, hauteur totale 120% Au mois de mars, il y a eu également 3 jours de neige, la quantité tombée les deux premiers jours étant peu con- sidérable, de 79% seulement pour ces deux jours ; mais une chute très-exceptionnelle pour la saison a eu lieu vers la fin du mois. Il a neigé sans interruption pendant 26 heures consécutives du 22 à 8 h. du matin au 23 à 10 h. du matin, la hauteur totale de la couche tombée pendant ce laps de temps étant de 360% ; c’est au bout de 6 à 7 POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 483 Jours seulement que cette neige a entièrement fondu dans la plaine. Le 12 avril encore, il y a eu une chute de neige pendant 7 heures consécutives, mais comme les flocons fondaient en grande partie à mesure qu'ils tombaient sur le sol, la hauteur de la couche ne s’est élevée qu’à 75m, pour une couche d’eau de 22,6. Au mois de novembre enfin il y a eu du 10 au 12, 3 jours de neige, mais peu abondante, et qui a fondu rapidement. » RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE 484 Époque. Décembre 1875 18 jours (30 nov. 17 dé.) Janvier 1876... Février ... Mars. ANTILLES Mae mes ue -:. Juillet. ex 17 13 3 7 4 tr 15 ADN 49 Septembre. ... ù Octobre...... 20 Novembre .... 4 Périodes de sécheresse. » » » » » » » (23 janv. 4 fév.) (15 oct. 3 nov.) Périodes pluvieuses. 2 Jours » » Ÿ » » » Pluie dans 24 heures au-dessous de © (27 avril-1* mai) DO Où à => © À I D OS Pluie dans 24 heures maximum. dépassant 3°" mm 8,9 le 20 - 2,2 le 22 _- 14,3 le 28 - 18,1 le 22 - 34,9 le 13 1 7,4 le 25 _- 25,6 le 26 - 11,0 le 24 - 36,3 le 20 1 DT SSIGELT - 13,0 le 10 £ 29,0 le 12 - Année ....... 20 jours (du 15 oct. au 9 jours (19-27 août) 36,3 le 20 août 2 POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 489 Le tableau précédent renferme, pour chaque mois, sous la même forme que dans les résumés précédents, les plus longues périodes de sécheresse, ou de jours consé- cutifs sans pluie, et les plus longues périodes pluvieuses, ou de jours consécutifs de pluie. J'ai indiqué également le nombre de jours compris dans le nombre total de jours de pluie, pour lesquels la quantité d’eau tombée dans les 24 heures était très-faible, au-dessous d’un millimètre, ou presque insensible, au-dessous d’un quart de milli- mètre. Le nombre exceptionnellement grand de ces jours à très-faible précipitation pendant l’année 4876 explique la disproportion entre le très-faible excédant d’eau tom- bée dans l’année, moins de 37 millimètres, et l’augmenta- tion considérable dans le nombre de jours de pluie. La fréquence de la pluie a été notablement plus grande que de coutume dans l’année 1876, ce qui ressort de l’aug- mentation du nombre de jours pluvieux, mais la durée relative de la pluie, soit le rapport entre le nombre d'heures de pluie et le nombre total d'heures, pendant le même intervalle, n’a pas augmenté dans le même rapport ; de même aussi l'intensité de la pluie, soit le rapport de la quantité d’eau tombée au nombre d'heures de pluie, au lieu de présenter une augmentation en 1876, est plutôt un peu au-dessous de la moyenne. Ces données sont ren- fermées dans le tableau suivant : 486 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE GENÈVE. EL — Nombre moyen Bau tombée d'heures par jour. dans À heure. 4,00 ne 3,50 0,34 5,81 0,78 7,09 0,77 5,62 1,57 3,80 0,71 6,00 0,93 2,00 3,18 4,71 2,30 3,82 1,64 2,00 1,28 5,07 1,18 5,12 0,72 5,74 0,99 5,10 1,55 4,03 1,38 5,06 1,15 GENÈVE SE Époque. Durée relative de la pluie. Décembre 1875... 0,022 Janvier 1876..... 0,019 HÉNELOT ES 25 Date 0,134 Mars ei en. es 0,219 Ali eh en 0,125 LÉ RS ARE 0,077 HE der motie 0,125 Tuile REA a 0,008 ADOBE Ra Lt 0,083 Septembre ....... 0,090 Octobre = us: 0,016 Novembre ....... 0,106 Hiver mener 0,056 Printemps ...... 0,140 NO 2 0,072 Automne ........ 0,070 AND eus ch 0,085 : ÉPOQUE. Jours de tonnerre 0 Décembre 1875. ... TAnvIeC 810 ee RéVrIeR EN ae TER ele asie site tive AOUEN RSS NRC 1 a (eos, Te ie Année ete Tele e) etsiie = SOWWNAYSW=SS=oo© Jours d’éclairs sans tonnerre. [) Q0 [ep] NU POUR GENÈVE ET LE GRAND SAINT-BERNARD. 487 Le tableau suivant renferme enfin les données relatives à la nébulosité dans les deux stations ; il ressort de ce ta- bleau que le ciel a été ,moins clair que de coutume à Genève, pendant l’année 1876, et cela surtout à cause de l'hiver, qui a été exceptionnellement brumeux. Ce carac- tère est également mis en évidence par le nombre de jours de brouillard, qui s’est élevé à 39, tandis que l’on n’en compte en moyenne que {9 dans cette saison. Les mois d'octobre et de novembre ont donné également un contingent de jours de brouillard plus fort que de cou- tume, en sorte que le nombre total s'élève à 60, tou près du double du nombre moyen qui est de 33. La né- bulosité, à Genève, a été également plus forte que de coutume au printemps, tandis qu’elle a été plus faible en élé, surtout au mois de juillet, et en automne. État du ciel. GENÈVE. SAINT-BERNARD. mm É Jours Jours Jours Jours Nébu- Jours Jours Jours Jours Nébulo- EPOQUE. clairs. peu très- cou- losité clairs. peu très- cou- sité nuag. nuag. verts. moyenne. nuag. nuag. verts. moyenne. Déc. 1875. 1 106295 2/0;82 16.047 D 3 0,30 Janv. 1876. 1 1 1 28 0,90 11 6 2H A0 50 Février ... 0 0 10 19 0,84 CE 8 10 0,60 Mars. 1 AIR 20076 DE 2 ELA FE LIST LS AVTILe 0) JV 9 10070 3 9 6001620070 MATE 10 2e 6 Te 7 11 0,58 11 3 GATE 0/5E June RAGE 2/0 DTOUSE 6 5 6 13 0,6 Juillet..... 19 4 5 3 0,30 122889 8 2 0,38 Aout Eee 10 4 8 9 0,48 8 4 He LA2R210755 Septembre. 5 GE E 92200259 3 À 15 8 0,62 Bclobre.- 119 448 0: 0,60: 45: 5 2 9-04 Novembre. 2 D 15 0,70 SRG 5 . 11%: 0,55 ENINer 2 DAT 10) 20853 0220490045, -25..:.0,462 Printemps. 12 13 17 50 0,683 16 10 18 48 0,673 ME. soc e SOU AT N IL 440 26 18 917 97 OSIE 22 928 0,526 Automne ... 6 , 21 27 34 0,634 26 15 Année..... 59 50 82 175 0,652 100 62 1 [er] 128 0,544 488 RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE POUR GENÈVE, ETC. GENÈVE Brouillard ÉPOQUE. tout le jour. Décembre 1875... . Janvier 1876. . . . Février 1 RS AE re Octobre où = © © © © © © © © ww EU RON M .__. Brouillard Nombre une partie total. de la journée, 9 14 8 21 1 4 0 0 0 0 l 1 0 0 0 0 1 1 1 1 8 9 4 9 18 39 1 1 1 1 43 19 33 60 RECHERCHES FAITES DANS LE LABORATOIRE DE PHYSIOLOGIE DE GENÈVE VI Sur les nerîs dits arrestateurs Par M. le professeur SCHIFF. 4. Sur la théorie générale des nerfs d'arrêt. Les recherches modernes ont démontré que le tissu musculaire du cœur se trouve sous l'influence de deux ordres de fibres nerveuses. Il y a des fibres dont l'irritation (électrique ou méca- nique) accélère les mouvements du cœur et rend ces mouvements plus fréquents. Il y en a d’autres dont l'irritation modérée diminue la fréquence des mouvements, et si l’irritation est forte, elle produit un arrêt complet qui dure jusqu'au moment de l'épuisement des nerfs irrités. Ce dernier ordre de fibres nerveuses a été nommé nerfs d'arrét, et il a été généralement regardé comme antagoniste des nerfs accélérateurs. Les deux ordres de nerfs du cœur se trouvent réunis dans le système du nerf vague ou pneumogastrique, et cette règle s'applique non-seulement aux batraciens, dont le cœur ne reçoit 490 RECHERCHES FAITES DANS LE LABORATOIRE point de filets nerveux d’autre origine, qu'aux mammi- fères, dont le cœur, selon l'opinion de quelques auteurs, reçoit aussi des filets provenants du nerf sympathique cervical inférieur et du thoracique supérieur. Je dois avouer que l'existence de ces filets sympathiques cardia- ques me parait fort douteuse; personne, que je sache, n’a donné des preuves directes ou expérimentales de leur existence. Les faits sur lesquels on s’est appuyé pour démontrer leur présence d’une manière indirecte, sont bien réels et ne sont pas difficiles à constater ; mais on peut démontrer que ces faits permettent une interpré- tation différente de celle qu’on a souvent regardée comme la plus simple et la plus naturelle. Peu après la démonstration des nerfs d’arrêt du cœur donnée par les expériences de Weber et de Budge (Gal- vani avait déjà produit l'arrêt du cœur par l'irritation de la région des centres de laquelle naît le nerf pneumogas- trique, mais ses recherches n’ont pas été comprises et ne se trouvent citées nulle part‘), Pflüger a trouvé dans le nerf splanchnique des filets dont l'irritation arrête les mouvements de l'intestin grêle, En 1854 nous avons trouvé des nerfs dilatateurs des vaisseaux sanguins qu’on doit aujourd’hui regarder comme des nerfs qui arrêtent la contraction vasculaire, et les considérations qui font l’objet de cette communication nous aideront à trouver encore d’autres nerfs arrestateurs. Parmi ces nerfs arrestateurs c’est celui du cœur qui a été le plus étudié et qui en est le type. C’est donc aux fi- bres arrestatrices du nerf vague que nous nous adressons pour nous faire une idée du mode et du mécanisme par ! Opere di Luigi Galvani. Bologna 1841 ; Rapporto di Silvestro Gherardi, p. 15. DE PHYSIOLOGIE DE GENÈVE. 491 lequel ces nerfs peuvent ralentir ou empêcher un mou- vement du muscle. Galvani avait été tellement frappé du fait paradoxal qu'il a observé le premier, qu'il paraît avoir renoncé à toute explication ; il appelle tout simplement l’état du cœur arrêté par l’irritation des centres du vague un enchante- ment (incantesimo), expression dans laquelle se peint tout son étonnement. E. Weber, en retrouvant le fait de Galvani et en dé- montrant que c’est par le nerf pneumogastrique que l’ac- tion arrestatrice se transmet au cœur, a indiqué une hy- pothèse qui a été très-souvent reproduite et qui, un peu modifiée, compte encore aujourd’hui beaucoup de parti- sans, qui l’ont fait entrer pour ainsi dire dans l’enseigne- ment classique de la physiologie. Les nerfs pneumogastriques, selon cette hypothèse, n'entreraient pas directement dans le tissu musculaire du cœur, et n'influenceraient pas directement les muscles. Ils se perdraient dans des ganglions situés dans l’in- térieur de la masse cardiaque, et ces mêmes ganglions recevraient aussi un autre ordre de nerfs, dont l’irrita- tion accélère les mouvements (les nerfs hypothétiques du sympathique ou de son ganglion cervical inférieur). Ces ganglions seraient des espèces de centres nerveux, doués comme la moelle et le cerveau d’une action ré- flexe. Les deux ordres de nerfs dont nous venons de parler, correspondraient pour ces ganglions aux racines postérieures des nerfs rhachidiens, pendant que les vrais nerfs moteurs du cœur, correspondant aux racines an- térieures, sorfiraient de ces ganglions pour se rendre dans les fibres musculaires. Ce serait de ces ganglions que partirait k mouvement du cœur comme une action 4992 RECHÉRCHES FAITES DANS LE LABORATOIRE réflexe, quand le pneumogastrique ne se trouve pas excité. Mais quand une excitation agit sur le nerf vague, il supprimerait l’action des centres cardiaques, comme une impression sensitive ou la volonté supprime quelque- fois des impulsions qui naissent dans les centres céré- bro-spinaux. On voit que cette hypothèse cherche non pas à ex- pliquer l’action du vague, mais à montrer qu’elle ne serait pas tout à fait exceptionnelle et unique dans son genre. Le développement de la physiologie a depuis démon- tré que les cas ne sont pas rares dans lesquels des ré- flexes dans la moelle épinière sont supprimés par une excitation d’un nerf sensitif”, On sait même que toute exci- tation vive d'un nerf sensible peut supprimer quelques mouvements réflexes, et quelques auteurs se sont servis de ces faits pour donner un plus ample développement à l’hypothèse de Weber. Dans le journal biologique de Moleschott, 1866, nous avons décrit quelques expérien- ces qui démontrent que l'hypothèse en question doit être rejetée, qu'elle ne peut être admise même par ceux qui veulent attribuer des propriétés centrales aux gan- glions situés dans le cœur, et qui reconnaissent la pos- sibilité et la fréquence des actions réflexes négatives. J'ai reproduit mes arguments contre cette théorie dans le même journal (vol. XI, 1873, p.201), et dans ces der- niers jours j'ai dû à l’obligeance des auteurs de recevoir la troisième partie des « Studies from the physiological Laboratory of Cambridge, » 1877, qui contient un mé- moire intéressant de Foster et Dew-Smith, dans laquelle 1 Comp. Hertzen sur les centres modérateurs de l’action réflexe. Turin, 1863. DE PHYSIOLOGIE DE GENÈVE. 193. les auteurs, ayant retrouvé les mêmes faits que j'avais décrits dans les deux mémoires cilés ci-dessus, s’en ser- vent comme moi pour combattre l'hypothèse de Weber, qu'ils supposent encore généralement admise. Je ne reproduirai pas ici mon argumentation et je ne parlerai pas de quelques autres hypothèses qui devaient expliquer l’action des nerfs d'arrêt, el qui ont eu moins de retentissement que celle de Weber. Ces hypothèses ont été abandonnées parce qu'on a trouvé des faits qui sont en opposition avec elles. J'en donnerai une nouvelle, et tout ce que j'espère, c’est de la voir discutée. Peut-être ne la jugera-t-on pas digne de cet honneur. Comme je l'ai déjà exposé dans mes premières publica- tions sur les nerfs du cœur, une contraction doit avoir lieu toutes les fois et aussi longtemps que se trouvent réunies trois conditions : a) un muscle irritable : b) un nerf excitable et conducteur ; c) une irrilation suffisante. Quand ces trois conditions se rencontrent, le mouvement ne peut être arrêté ni interrompu, et s’il y a arrêt ou in- terruption d’un mouvement, À faut en chercher la cause seulement et exclusivement dans le défaut d'une ou de plu- sieurs de ces trois conditions. Je ne répéterais pas ces thèses presque triviales, si les conséquences importantes qui en découlent étaient déjà généralement admises, et si l’on ne pouvait pas toujours en tirer de nouvelles. Autrefois ces thèses m'ont con- duit à découvrir la cause de l’intermittence des mouve- ments du cœur (et des intestins) dans l’inexcitabilité du cœur pendant une longue période de sa révolution : ces observations, sur lesquelles j’ai insisté plusieurs fois de- puis 25 ans, ont été confirmées et en partie corrigées par les recherches de Bowdüch (dont j'avais pu prédire le 494 RECHERCHES FAITES DANS LE LABORATOIRE résultat plus de 12 ans avant leur publication) et de Marey ”. Appliquons aujourd’hui ces formules à l'arrêt du cœur par l'irritation du nerf vague. IL y a arrêt du cœur, donc il doit manquer au moins une des trois conditions indiquées. a) Ce n'est pas l'irritabilité du muscle qui manque, car tout le monde est d'accord sur ce point, et il est fa- cile de démontrer que si pendant l'arrêt le plus prolongé produit par l’irritation des vagues au cou, on irrite direc- tement le cœur par un agent mécanique, le cœur se con- tracte une fois, et toutes les fois qu’on renouvelle la même irritation du cœur en repos. Quand l’irritation est forte, il y a mouvement idiomusculaire après une contraction neuromuseulaire; quand l’irritation est faible, c’est la der- nière seule qui se montre. MM. Foster et Dew-Smith, qui ont confirmé que l’exci- tabilité électrique manque ou est notablement diminuée dans le cœur pendant l’arrêt actif” (c’est-à-dire produit par activité du vague), présument que même l'irritabi- lité mécanique pourrait être notablement diminuée, mais que nous ne pourrions pas le reconnaitre, parce que nous manquons de moyens de graduer l'excitation méca- nique comme nous pouvons graduer les courants électri- ques. J'ai fait une série d'expériences comparatives sur des cœurs de chiens, qui après la mort de l’animal avaient déjà fortement ralenti leurs mouvements, et dont les va- 1 École pratique des hautes études. Physiologie, II, 1876, p. 64. ? Je me permets de me servir de cette expression dans le même sens dans lequel on parle d’une dilatation active des vaisseaux, l’acti- vité se rapporte au nerf qui la provoque, et non au vaisseau qui se dilate. DE PHYSIOLOGIE DE GENÈVE. 495 gues étaient encore irritables (les chiens avaient été préa- lablement refroidis par la respiration artificielle long- temps continuée). Le thorax était largement ouvert, et une très-petite balle de plomb tombait (par l'ouverture de la pince à ressort de l'appareil de Hipp pour la chute des corps) d’une hauteur variable et exactement détermi- nable sur le ventricule gauche. Par la hauteur de la chute on pouvait graduer approximativement l'intensité de lirritation mécanique. Après avoir cherché le mo- ment favorable au succès d'une irritation mécanique en- tre deux pulsations sans irritation des vagues, on déter- minait le minimum de la chute qui donnait toujours une pulsation provoquée. On reconnaissait la pulsation provo- quée par le raccourcissement de l'intervalle en comparaison avec les quatre périodes précédentes. Quand ces quatre périodes n'étaient pas sensiblement égales, on renonçait à l'expérience, On produisait ensuite un arrêt actif dura- ble et on répétait la même expérience. Le résultat a été que le ventricule, pendant l'arrêt actif, n’est pas moins irritable ; il est au contraire en général considérablement plus irritable pour une irritation mécanique que pendant une diastole prolongée sans irritation des vagues. Ce- pendant nous ne pouvons pas insister sur ce que nous l'avons trouvé plus irritable, parce que l’irritation dans le cas de l'arrêt actif venait plus tard après la dernière systole que dans les expériences de l’autre série. Quant à l'oreillette, autant qu'il était possible de la soumettre isolément à l'expérience, les résultats ne présentaient pas la même différence, et étaient sujets à beaucoup de va- riations. b) Le mouvement que nous produisons pendant l’ar- rêt a le caractère neuromusculaire. Pour tous ceux qui 496 RECHERCHES FAITES DANS LE LABORATOIRE connaissent et qui partagent l’opinion que nous avons développée dans nos premiers travaux sur les nerfs du cœur et dans notre traité de physiologie du système ner- veux et musculaire, ce caractère est suffisant pour prou- ver que les nerfs intramusculaires du cœur sont excita- bles pendant l'arrêt actif. Ceux qui sous ce rapport ne partagent pas ma ma- nière de voir, se divisent en deux groupes. Les uns ad- mettent que la succession des mouvements des différentes divisions du cœur, la transmission d’une irritation locale aux différentes parties du cœur qui produit une pul- sation complète, est sous l'influence des nerfs (et des gan- glions ?) intracardiaques. Puisque après une irritation mécanique locale produite pendant l'arrêt, le mouvement se transmet aux parties non irritées du cœur, puisqu'il naît une pulsation complète, ces physiologistes, selon leurs propres doctrines, doivent convenir avec moi, dans le résultat de ma conclusion, que les nerfs intracardiaques qui reçoivent l’'irritation physiologique, restent excitables pendant l'arrêt actif. Un autre groupe qui ne compte que peu de partisans, admet que le muscle du cœur pourrait, sans intervention des nerfs et par une disposition anatomique particulière, produire l'effet de l’irritation physiologique, la secousse et sa succession régulière dans les différentes parties du cœur. Pour ceux-ci, le terme b de ma formule, c’est-à-dire le nerf, n'entre pas dans les conditions nécessaires pour la production d’un mouvement. Dans cette manière de voir, il est indifférent que le nerf soit ou non excitable, et dès qu’il est évident que le muscle conserve son irritabilité pendant l'arrêt, les partisans de cette opinion doivent arriver par un chemin plus direct que nous-même à la DE PHYSIOLOGIE DE GENÈVE. 497 thèse que nous allons développer dans ce mémoire, c’est-à-dire que l'arrêt produit par l'irritation des vagues provient de ce que cette irritation doit empêcher d’une manière quelconque que l'excitation physiologique et normale d'entrer en activité. Quant aux troncs des nerfs moteurs ou accélérateurs du cœur avant leur entrée dans la masse musculaire, on peut prouver par deux séries d'observations qu’ils con- servent leur activité ou plutôt leur excitabilité pendant l'arrêt actif. Les expériences que N. Baxt a publiées à Leipzig! montrent évidemment que si l’on irrite simul- lanément le nerf pneumogastrique et les nerfs accélé- rateurs du cœur, ces derniers, quoique empêchés d’en- trer en activité pendant la durée de la galvanisation, mon- trent. immédiatement après la galvanisation, par des phénomènes très-caractéristiques, qu'ils ont été dans nn état d'irritation : donc ils ont été excitables pendant le temps de la galvanisation du vague. Une autre série d'expériences exécutées dans notre laboratoire a pour but de montrer que le signe électrique de l'irritation d'un nerf coupé, la variation négative de son Courant, ne manque pas dans les nerfs accélérateurs du cœur quand ils sont irrités simultanément avec les nerfs vagues. On n’a fait que trois de ces expériences, une quatrième fois la préparation isolée du nerf offrit des difficultés, et il me parut inutile de les répéter, puis- que le résultat était satisfaisant. On curarise des chiens de taille plutôt élevée, on fait la respiration artificielle pendant une à deux heures pour abaisser la température de l'animal. Ensuite on coupe la moelle allongée dans l’espace atlanto-occipital,et on continue encore une demi- 1 Ueber die Stellung des N. Vagus zum Nervus accelerans, 1876. ARCHIVES, t. LX. — Décembre 1877. 934 498 RECHERCHES FAITES DANS LE LABORATOIRE heure la respiration artificielle. On fait, en continuant toujours la respiration, la résection des deux côtes supé- rieures du côté droit en liant un certain nombre de vais- seaux. On prépare le ganglion cervical moyen, l'origine du nerf récurrent, le nerf qui en part inférieurement pour se rendre vers les gros vaisseaux au-dessus du cœur, et qui selon Schmiedeberg contient des fibres accé- lératrices. On irrite ce nerf pendant peu de secondes pour s’assurer qu'il ne contient pas de fibres arrestatrices et on le coupe aussi loin de son origine qu’on peut l’isoler. La partie centrale isolée de ce nerf est soulevée et mise sur des électrodes impolarisables qui sans toucher le reste de l'animal pendent de haut en bas. Ces électrodes, dont l'égalité électrique a été préalablement examinée, peuvent être mis en communication avec une boussole de Wiede- mann sensible et rendue apériodique. Les nerfs vago- sympathiques et récurrents droits sont coupés un peu au-dessous du larynx, et leur partie périphérique mise en communication avec d’autres électrodes qui viennent d’un appareil d’induction muni du dispositif proposé par Helm- holtz pour rendre moins inégale la tension des courants d'ouverture et de fermeture, Un commutateur se trouve dans le circuit secondaire, et un interrupteur dans le cir- cuit primaire. Après ces préparations on fait cesser la respiration artificielle qui a déjà été affaiblie après la pré- paration du nerf accélérateur. On établit la communication avec la boussole, et on compense à zéro le courant qui se montre dansle nerf (dans deux expériences la compensation était seulement approximative). Toujours en observant la boussole, on met en jeu l’appareil d’induction; le vago- sympathique et le récurrent sont irrités et on observe une variation négative très-prononcée dans le nerf accé- DE PHYSIOLOGIE DE GENÈVE. 499 lérateur, pendant que le cœur s'arrête ou prolonge très- considérablement son état diastolique. On peut répéter celte expérience deux ou trois fois sur le même animal en variant au moyen du commutateur le sens des courants induits. En réalité ces dernières expériences ne pourraient peut- être concerner que le tronc des nerfs accélérateurs. Mais comme peu de personnes seraient disposées à refuser l’ex- citabilité aux ramifications périphériques d’un nerf si on peut prouver l’excitabilité du tronc, ces expériences peu- vent concourir à prouver que pendant l'arrêt actif le nerf intracardiaque moteur n’a pas plus que le muscle perdu son excitabilité. Il est bien à noter que les preuves que nous venons de donner en faveur de la persistance de l’excitabilité des nerfs moteurs du cœur pendant l'arrêt ne se rapportent qu’à l’arrêt complet non interrompu par des irritations artificielles trop souvent répétées. Par chaque irritation l'excitabilité décline pour se rétablir après peu de temps. Notre thèse n'exclut pas que quand lirritation du vague au lieu d’un arrêt complet ne produit qu’un fort ralentisse- ment des pulsations, chaque pulsation n’entraïîne cette perte passagère de l’excitabilité, dont nous avons parlé en 1850 dans notre mémoire sur le mode des mouve- ments du cœur (publié dans les Archives pour la méde- cine physiologique de Tubingue). Si l’excitabilité du nerf est conservée nous verrons de suite qu'elle doit être modifiée. c) Si la formule que nous avons mise à la tête de cet exposé ne nous trompe pas, et si le muscle et le nerf se trouvent conservés pendant l'arrêt, celui-ci ne peut trouver sa vause #mmédiate que dans l'absence de 200 RECHERCHES FAITES DANS LE LABORATOIRE Pirritant on de l'irritation du cœur pendant l'excitation des fibres arrestatrices. Le sens de cette conclusion, qui me paraît rigoureuse si mes prémisses sont indubitables, ne peut pas être com- pris de manière que l’agent qui produit lirritation phy- siologique du cœur, ÿ manque pendant l'arrêt actif. Comme je lai déjà exposé dans mon second mémoire sur le mouvement du cœur (Archiv. de Tubingue, IX, page 33,1850), nous devons regarder avec Haller et Caldani le sang dans l'intérieur du cœur comme l'irritant qui proiluit ses mouvements. J'avais alors défendu cette opi- nion contre les objections de Weber en modifiant les expériences de Caldani. Plus tard, en 1873, j'ai commu- niqué dans le vol. XI, p. 196 du journal de Moleschott quelques expériences pour démontrer que l'irritant est le sang qui se trouve (chez les mammifères) dans les cavités du cœur et non pas le sang qui circule dans ses parois. Pour compléter la démonstration des propriétés irritantes du sang il me reste encore à prouver que le sang en cir- culation peut dans certaines conditions agir comme 1irri- tant sur les autres nerfs et les centres nerveux et que sous ce rapport il n’y a rien d’absolument spécifique pour les nerfs du cœur. C’est ce que je ferai dans une pro- chaine publication. Le sang pendant l'arrêt actif du cœur ne manque pas dans ses cavités, [l s’y trouve même dans les conditions or- dinaires de l'expérience en plus grande quantité que pen- dant les pulsations régulières. Donc l'agent irritant ne fait pas défaut. Mais si nous admettons, et au fond personne n’en doute, que les nerfs arrestateurs aussi bien que les nerfs accélé- rateurs sont dans l’intérieur du cœur en relation fonc- Te ad DE PHYSIOLOGIE DE GENÈVE. 01 tionnelle avec les dernières ra mifications des nerfs museu- laires du cœur, sur lesquelles doivent agir les irritations qui provoquent le mouvement et la pulsation, 1l ne serait pas impossible de donner un autre sens à la conclu- sion à laquelle nous sommes forcément arrivés. L'agent irritant persiste et 1l conserve ses propriétés, mais l’irri- tation des nerfs d’arrêt pourrait exercer une influence sur les dernières ramifications des nerfs intra-musculaires par laquelle ces nerfs perdent passagèrement — non leur exeitabilité en général — mais la propriété d’être excités par certains irritants et spécialement par l'irritant physiologique, par le sang normal. Si cette hypothèse est admissible on ne pent pas re- garder le nerf d'arrêt comme un antagoniste direct d’un nerf moteur, car l’activité même exagérée de l’arrestateur n'empêcherait pas directement le mouvement, n’empê- cherait pas le nerf moteur d’agir sur le musele si ce nerf est irrité, mais il empêcherait ce nerf d’être irrité par certains agents. Si le nerf moteur n’est pas excité, Île muscle reste relàché, l’état diastolique reste permanent, le cœur reste passivement dilaté par le sang, non parce que la contraction serait plus difficile ou impossible, mais parce que pendant l’activité du nerf d'arrêt elle n’est plus sollicitée, s’il n'intervient pas un autre irritant artificiel pour lequel le nerf moteur serait resté excitable. Tous ceux qui ont fait quelques expériences sur l'arrêt du cœur par l'irritation du nerf pneumogastrique, tous ceux qui ont été étonnés de la facilité et de la promptitude avec laquelle le cœur en apparence paralysé répond par une contraction énergique à la moindre irritation méca- nique pour retomber ensuite en relàchement, con- viendront que la conception de la nature de l'arrêt que 902 RECHERCHES FAITES DANS LE LABORATOIRE, ETC. nous venons de proposer, si elle était admissible, serait beaucoup plus en harmonie avec la réalité que les autres hypothèses qui ont cherché à expliquer le phénomène étrange qui nous occupe. Mais comment pourrais-je jus- üifier une telle hypothèse ? Même si nous admettons que les nerfs intracardiaques sont des continuations physio- logiques aussi bien du nerf arrestateur que du nerf moteur, où sont les faits analogues dans la physiologie du système nerveux qui démontrent que l’irritation d’un tronc nerveux peut rendre ses ramifications insensibles pour certains agents irritanis, qui sans l’irritation du tronc y provoquent une réaction sûre et prononcée ? Ces faits analogues existent. Dans un autre mémoire qui fera suite à celui-ci j'aurai à prouver que ces faits existent, non pas dans quelques autres nerfs, mais qu'ils nous sont fournis par tous les nerfs moteurs sans ex- ception. Pour tous il y à au moins dans certaines con- ditions physiologiques des irritations du tronc qui ex- cluent des irritations simultanées des ramifications par certaines influences qui redeviennent actives immédia- tement après l’irritation du tronc, comme elles l’étaient avant cette irrilalion. Après avoir démontré de cette manière que ma théorie est hypothétiquement admissible, qu’elle est discutable, je donnerai dans une troisième partie de ce mémoire quel- ques faits expérimentaux, qui se sont offerts à moi comme conséquences de mon hypothèse. Novembre, 1877. ACTION DE L’OXYCHLORURE DE CARBONE SUR LE TOLUENE EN PRÉSENCE DU CHLORURE D’ALUMINIUM Par MM. E. ADOR et J. CRAFTS Dans une précédente notice nous avons montré que par l’action de l’oxychlorure de carbone sur la benzine en présence de chlorure d’aluminium on obtenait d’abord du chlorure de benzoïle, puis comme produit final de la benzophénone : COCI, + CH, = C,H,.COCI + HCI C,H,.COCt + CH, = C,H,.CO.C,H, —+- HCI La même réaction a lieu entre le toluëne et l’oxychlo- rure de carbone ; l'hydrogène est enlevé non pas au groupe méthyle mais au radical CH, et l’on obtient comme produit final le kétone CH, - C,H, - CO - CH, - CH, de sorte que comme chlorure intermédiaire on devrait avoir le chlorure de l’un des acides méthylbenzoïques ; nous y reviendrons. L'oxychlorure de carbone est absorbé en très-grande quantité par le toluène (109 refroidi à — 15°); nous ajoutions ensuite du chlorure d'aluminium par petites portions jusqu’à ce qu'il n’y ait plus de réaction, même en chauffant au bain-marie. 50% ACTION DE L'OXYCHLORURE DE CARBONE, ETC. Le produit traité par l’eau, puis distillé passe en majeure partie vers 330°; les portions de 325°-340° furent dissoutes dans l’alcool et abandonnées à elles- mêmes; au bout de quelques jours il se dépose de beaux cristaux appartenant au système rhombique fusibles à 92° (sans corr.), le thermomètre de Geissler indiquait cette température pendant la cristallisation du kétone préalablement fondu. La température d’ébullition est 339°-333°,9 (sans cor. 200° du thermomètre dans la vapeur), bar. 725", Analysé nous avons obtenu : substance 0,1824. CO, 0,5715; H0 0,1145 C,,H4,,0 demande CeSESS.59 89,71 Hit 60:06 6,66 On connaît 3 kétones de cette formule, l'un préparé par Popoff ‘ forme des cristaux fondant à 30° et bouil- lant à 320°-321°, c'est le dibenzykétone CO (CH, CH, ), qui par oxydation donne de l'acide carbonique et de l'acide benzoïque. Le second est le diparatolylkétone CO (C,H, CH), obtenu par Fuchs * en distillant le sel de chaux de l’acide paratoluylique. Cet auteur ne le décrit pas mais indique seulement que par oxydation avec l'acide nitrique il a obtenu l'acide toluylbenzoïque CH, C,H, CO C,H, COOH sans pouvoir oxyder le second groupe méthyle. Le troisième a été obtenu par Weiler * en oxydant la diméthylphenylméthane, par Fischer ‘ en oxydant la dimé- 1 D. ch. Ges. VI, 560. ER. es NPA 1255: 8 D. ch. Ges. VII, 1183. # D. ch. Ges. VIL, 1195. ACTION DE L'OXYCHLORURE DE CARBONE, ETC. 909 thylphenyléthane et par Hepp en oxydant le ditolyl- éthylène ", Ce sont des cristaux appartenant au système rhombique fondant à 95° (sans corr.) qui par oxydation donnent d’abord un acide toluylbenzoïque fusible à 222°, puis un acide, la benzophénone bicarbonatée (C,H,CO0H), CO dont les sels sont beaucoup plus solubles dans l’eau que ceux de l'acide monocarbonaté. Ce kétone traité par l’amalgame de sodium donne un hydrure C,,H, ,0 fusible a-699. Notre kétone oxydé par lacide chromique en dissolu- tion dans l’acide acétique, donne aussi deux acides et il se dégage en outre de l'acide carbonique. On sépare les acides par les sels de potasse. L’acide toluylbenzoïque CH.,.C,H,.CO.C,H,.COOH forme des sels beaucoup moins solubles dans l’eau que l'acide bicarbonaté; il est précipité de la dissolution par un acide, sous forme de flocons gélatineux ; l'acide fond à 228°et sublime sans décomposition. Le sel d'argent obtenu en précipitant le sel ammoniacal par le nitrate d'argent a donné : Substance 0,1268 Ag 0,0388 soit 30,59 °/, C,,H,,0, Ag demande 30,08 °}, Le second acide s'obtient aussi sous forme gélatineuse en précipitant par un acide le sel de potasse soluble à froid du mélange des deux sels; il fond et sublime au- dessus de 300°, Le sel d'argent a donné à l'analyse Ag 43,8"°/, au lieu de 44,62°/, que demande (C,H, COO Ag), CO 1 D. ch. Ges. VII, 1413. 506 ACTION DE L'OXYCHLORURE DE CARBONE, ETC. il n’était donc pas tout à fait exempt de l’acide mono- carbonaté. Enfin notre kétone dissous dans l’alcool et traité par l’amalgame de sodium nous a donné des ai- ouilles très-solubles dans l'alcool fusibles à 61°-64°,5. Malgré les petites différences observées dans les points de fusion de ces différents corps, nous croyons que notre kétone est la diméthylbenzophénone de Weiler et de Fischer et qu'ayant eu une plus grande quantité de ma- lière à notre disposition, nos substances étaient plus pures. En effet les rendements sont excellents et il y a fort peu de produits accessoires; cependant après la cristallisation du kétone de la dissolution alcoolique refroidie même à — 15° il reste encore en dissolution une huile qui, dis- üllée à plusieurs reprises et purifiée autant que possible par cristallisations répétées du kétone cristallisé, bout entre 314°-317° (sans corr.). Nous pensions avoir entre les mains un isomère liquide, mais à l’analyse nous avons obtenu des chiffres un peu plus bas, 1°), de carbone en moins, et à l'oxydation il s’est formé les mêmes acides que par l’oxydation du kétone cristallisé, par conséquent il est probable que ce n’est pas un isomère mais seule- ment notre kétone empêché de cristalliser par la présence d'une petite quantité d’une substance étrangère ; dans tous les cas il ne s’est pas formé par l’action de l’oxy- chlorure de carbone sur le toluène le corps CH, .CH, .CO.CH, .CH, ou un corps CH, .CH, .CO CH, .CH, substances qui, par oxydation devaient donner le premier les acides ben- zoïque et toluylique et le second qui pourrait donner les acides benzoïque, « toluylique et phtalique. Nous n'avons pas trouvé trace de ces acides. Il restait à déter- ACTION DE L'OXYCHLORURE DE CARBONE, ETC. 907 miner la place de l'hydrogène qui est enlevé au radical phényle et remplacé par le groupe COCI dans la pre- mière phase de la réaction; à cet effet, nous avons fait agir peu de temps du chlorure d'aluminium sur un mé- lange de 200 gr. de toluène et de 130 gr. d’oxychlorure de carbone en traitant par petits portions. La réaction élait interrompue au bout de 10 minutes par l'addition d’eau; cette eau fut extraite par l’éther, le toluène qui s'était séparé fut traité par la soude et nous y ajoutàmes le résidu de l’évaporation de l’éther ; nous obtinmes ainsi, en précipitant par un acide, 0,5 gr. d'un acide fusible à 177°-178 (sans corr.), peu soluble dans l’eau même à ébullition, cristallisant sous forme d’aiguilles, sublimant sans décomposition en aiguilles, le sel de chaux cristallise sous forme d’aiguilles ressemblant au benzoate de chaux, et le sel d'argent peu soluble à chaud et cristallisant sous forme de feuilles nous a donné à l’analyse 44,15 °/, d'Ag., landisque laformole CH, COb À réclame 44,44 97. Donc, acide que nous avons obtenu est l'acide parato- luylique. D'ailleurs, on obtient le même acide en quantité presque théorique lorsqu'on chauffe à ébullition pendant quelques heures du ditolylkétone avec de la potasse caus- tique fondue; l'acide est pur après une cristallisation dans l’eau et il ne se forme pas d'autre acide dans cette réaction. Le sel d'argent analysé nous a donné : Subst. 0,1969 ; Ag. 0,0878. Soit Ag. 44,59°/.. Genève, novembre 1877. DÉTERMINATION DE L'AZOTE DANS LA NITROGLYCÉRINE Par MM. A. SAUER et E. ADOR A l’occasion de recherches sur des dynamites de diver- ses provenances, nous eûmes à déterminer la quantité d’azote que renfermait la nitroglycérine. Le chiffre très- bas que nous obtenions, nous paraissant peu probable, nous Cherchàâmes les causes d’erreur, ainsi qu’une mé- thode donnant de meilleurs résultats. Nous estimions d’abord la quantité de nitroglycérine contenue dans une cartouche de dynamite en extrayant par l’éther, puis en séchant et pesant la silice, la solution -éthérée évaporée avec soin nous servait de contrôle; le résidu était ensuile traité dans un matras par une disso- lation alcoolique de potasse, nous chauffions vers la fin de l’opération jusqu’à complète destruction de la nitro- glycérine. La réaction est assez vive, le liquide devient immédia- tement d’un brun noir lorsqu'on ajoute la nitroglycérine à la dissolution potassique. Nous déterminàmes l'azote d’une partie du liquide, d’abord d’après la méthode de Schlôsing modifiée par Reichbardt, en mesurant directe- ment le deutoxyde d’azote, recueilli sur du mercure, puis en l’oxydant et titrant l’acide azotique formé par une dissolution de soude au dixième. DÉTERMINATION DE L'AZOTE, ETC. 508 Cette détermination d'azote répétée plusieurs fois nous donnait toujours 12.3—12.5 °/, d'azote, chiffre qui nous parut devoir être au-dessous de la réalité, quoique plu- sieurs ouvrages indiquent 13—16 ‘/, comme étant la quantilé d'azote contenue dans une bonne nitroglycérine. Dans de nouvelles opérations nous séparàmes la nitro- glycérine de la silice par l’eau, le déplacement se fait généralement très-bien ; la nitroglycérine fut séchée dans le vide sur l'acide sulfurique pendant 12-18 heures, puis une partie dissoute dans l'alcool fut de nouveau traitée par la potasse alcoolique, puis chauffée à ébullition pen- dant plusieurs heures. L’azote déterminé de la même manière que plus haut nous donna un chiffre un peu plus élevé, 13—14 °}. Nous essayämes alors de décomposer la nitroglycérine par la chaux sodée et de transformer par ce moyen la- zote en ammoniaque. La chaux sodée humide décompose immédiatement la nitroglycérine, mais si elle est fraiche- ment préparée, il faut chauffer. Il se forme bien un peu d'ammoniaque, correspondant à 2—3 °/, d'azote, mais comme cela était à prévoir, la plus grande partie de l’azote reste combiné à l’état de nitrate. Lorsqu'on décompose la nitroglycérine par la potasse on croyait que la réaction était simple et avait lieu ainsi : CH, (N0,), + 3 KOH = 3 KNO, + CH, (OH), mais ce n’est pas le cas et il se forme aussi de l’ammo- niaque. Nous nous en sommes assurés qualitativement en recueillant dans de l'acide chlorhydrique dilué les gaz et vapeurs qui se dégagent lorsqu'on ajoute la dissolution de mitroglycérine à la dissolution de potasse dans l'alcool, on voit se former au contact de l'acide un brouillard de chlorure d’ammonium et l'acide se sature partiellement ; 510 DÉTERMINATION DE L'AZOTE, ETC. nous reviendrons sur ce Sujet dans une publication pos- térieure. Ces méthodes de décomposition de la nitroglycérine n'ayant pas donné de bons résultats, nous eûmes recours à la combustion au moyen de l’oxyde de cuivre. Si l’on mélange intimement la nitroglycérine avec de l’oxyde de cuivre fin il n’y a pas d’explosion à craindre et la com- bastion se fait très-tranquillement, nous obtinmes les chiffres suivants : T nitroglycérine de Varallo Pombia Ms de d’azote nd 0 Il » » 18.52 °/, III , de Nobel (Isleten) 18.45 °/, La théorie demande 18.50 pour la trinitroglycérine. Ces analyses montrent donc que la nitroglycérine du commerce telle qu'elle est contenue dans la dynamite, n’est pas un mélange de mono bi et trinitroglycérine, comme on aurait pu le croire d’après les analyses faites jusqu'ici, mais est formée exclusivement de trinitroglycé- rine, et secondement que la méthode de décomposition ‘par la potasse alcoolique ne donne pas exclusivement du salpêtre, mais aussi de l’ammoniaque, et qu’on doit par conséquent employer la méthode de Dumas pour doser l'azote de la nitroglycérine. Genève, laboratoire Lossier. NOTE SUR LA LIMNIMÉTRIE A L'OCCASION DU TREMBLEMENT DE TERRE DU 8 OCTOBRE Par M. Ph. PLANTAMOUR Dans une précédente note ‘ sur quelques observations limnimétriques faites à Sécheron, j'ai attiré l'attention sur une des causes probables des seiches, ou grands mouve- ments accidentels, qui pourrait être attribuée à des se- cousses de tremblement de terre; tandis que les mouve- ments de balancement plus ou moins réguliers et plus ou moins prononcés mais à peu près constants que pré- sente la surface du lac Léman, devaient probablement leur origine à des différences de pression barométrique aux stations opposées. L'occasion s’est offerte cet au- tomne d’une manière aussi imprévue que coneluante de montrer que les tremblements de terre ne sont proba- blement pour rien dans l'apparition des seiches. Depuis le commencement de l’année j'ai soigneusement noté toutes les secousses de tremblements de terre, rap- prochées ou lointaines, signalées par les journaux, mais, même depuis que mon limnimètre-enregistreur fonctionne, savoir depuis le mois de juin, je n'ai pu discerner sur les tracés aucune perturbation appréciable due à cette cause. 1 Archives, n° de mors, LVIII, 303. 512 LA LIMNIMÉTRIE A L'OCCASION Le 8 octobre dernier à 5 heures 16 minutes du matin, nous avons éprouvé sur le littoral du lac, et bien au delà, deux fortes secousses très-rapprochées dans la di- rection approximative du sud au nord, accompagnées, selon ma propre appréciation, d’un soulèvement de l’ouest à l’est. Quelle fut ma surprise, en examinant quelques heures plus tard les tracés de mon enregistreur, de con- stater qu’il n’avait pas éprouvé la moindre émotion. M. le prof, F. Forel me manda le même jour de Morges que son enregistreur n'avait pas non plus accusé le plus faible mouvement, Or, ces appareils sont assez sensibles pour tracer avec la plus grande fidélité toute ondulation füt- elle de moins d’an millimètre. On a lieu d’être étonné d'une aussi complète immobilité d’une surface liquide, qui éprouvait d’ailleurs le balancement ordinaire de 73 minutes de durée, reposant sur des bords qui ont été assez agités pour faire craquer les boiseries et les meu- bles, faire tinter les sonnettes dans les maisons du voisi- nage immédiat du lac, et faire sonner les cloches à Morges et autres lieux. Ainsi jusqu’à nouvel ordre il faut renoncer à attribuer à des tremblements de terre les seiches onu grands mou- vements accidentels. Seraient-elles produites par la coïn- cidence de forts coups de vents à Genève avec une dé- pression dans le haut du lac? Il est plus prudent de laisser à l'observation des faits la décision sur la cause du phénomène. Quant aux mouvements de balancement à peu près constants plus ou moins réguliers et d'amplitude variable, que l’on croit pouvoir attribuer à des différences de pres- sions barométriques aux deux extrémités du lac, tout ce que l'on peut dire pour le moment c’est qu’en temps DU TREMBLEMENT DE TERRE DU 8 OCTOBRE. 913 d'orage, et déjà avant qu'il éclate, les oscillations acquiè- rent une plus grande amplitude (comme dans l'orage du 25 novembre à O heures, 15 minutes), lors même qu'à la station d'observation on ne constale pas toujours un mou- vement correspondant de la colonne barométrique. Pour fixer les idées sur l’action réelle de la différence de pression, il faudrait pouvoir constater la simultanéité d'une pression à une des extrémités du lac avec une dé- pression à l’autre. Or, pour cela il faut installer des baro- graphes à Vevey et à Genève et on sait que ce n’est pas sans difficultés d'établir d’une manière permanente des appareils de ce genre dont les indications soient exacte- ment comparables. ARCHIVES, L. LX. — Décembre 1877. 3) BULLETIN SCIENTIFIQUE ASTRONOMIE. S.-P. LANGLEY. À PROPOSED NEW METHOD IN SOLAR SPECTRUM ANALYSIS. — UNE NOUVELLE MÉTHODE A EMPLOYER DANS L’ANALYSE DU SPECTRE SOLAIRE. (American Journal of Science and Arts, vol. XIV. Aug. 1877). L'emploi du spectroscope pour résoudre les problèmes relatifs aux vitesses des corps célestes est bien connu à l’é- poque actuelle, Il à eu pour objet principal l'étude des mou- vemenis d'étoiles et il a occasionné des discussions, prouvant l’excessive délicatesse de ce genre de recherches. A Pinstigation de M. Zôllner, et en se servant de son spectroscope à réversion, on a aussi cherché à trouver l’in- fluence résultant du mouvement rotatoire du soleil sur les longueurs d’ondes des rayons lumineux émanant des bords de son disque. A l’est leur rapidité doit être augmentée par le mouvement de ia surface solaire dans les régions équato- riales ; à l’ouest elle doit être diminuée d’autant. La lenteur relative de ces mouvements comparés à celui de la lumière constitue la grande difficulté d'évaluer leur influence mu- tuelle. Cependant M. Vogel a cru discerner un changement de réfrangibilité dans les raies spectrales, se traduisant par des déplacements de plusieurs millièmes d’une unité de l'é- chelle d’Angstrôm. En août 1876, M. Young est arrivé à conclure à une rapidité de 4 m. 42 pour un point de l’Équa- teur solaire, en se servant d’un réseau de M. Rutherford. Au moyen d’un instrument destiné à d’autres recherches, M. Langley réussit à accoler les spectres de deux points op- posés des bords solaires. Si ces points sont dans le voisinage des pôles, dont le mouvement est relativement nul, toutes les raies des spectres seront continues dans les deux spec- tres. Mais si l'instrument est dirigé vers des points situés à x ASTRONOMIE. 215 l’est et à l’ouest du disque solaire, qui sont en mouvement, les raies spectrales seront brisées, celles de lun des bords s’avançant davantage du côté du violet. La quantité de ce déplacement est excessivement faible, et son évaluation exige une grande dispersion dans le spectroscope et une grande délicatesse dans les procédés. Elle peut être appréciée tou- tefois en employant un réseau de 8099 ou de 17000 raies de M. Rutherford. L’instrument lui-même consiste en un réseau avec lunet- tes collimatrice et d'observation, chacune d’un pouce et quart d'ouverture et de quatorze pouces et demi de longueur focale, avec des oculaires grossissant de dix à treate fois. La fente a ses deux plaques laillées en biseau et se joignant d’une manière si exacte, qu'aucun rayon solaire ne traverse lorsqu'elles sont rapprochées lune de l’autre. Au-dessus de celte fente, avec leur base presque en contact avec elle, et leurs bords conjugués la croisant à angle droit, se trouve Ja première paire de prismes réfléchissants. Ps sont taillés dans le même morceau de verre et s'adaptent l’un à Pautre de telle sorte que leur joint ne s'aperçoit dans le spectre que sous la forme dune raie pareille à celle que produit un grain de poussière. L'autre paire de prismes glissent mdépendam- ment sur des coulisses, munis de verniers permettant d’ap- précier les millièmes de pouce et pouvant s'appliquer à tou- tes les parties de l’image du soleil. Au-dessus se trouve un écran convenablement ajusté pour recevoir l’image projetée par la lunette équatoriale. Cette image focale à environ un pouce {rois quarts de diamètre, et deux parties quelconques de sa surface, choisies pour être examinées, traversent des ouvertures ménagées à cet effet dans l'écran. D’après la construction de l’appareil, elles sont à égale distance de l’axe optique, et à l'égard de toute autre condition optique, elles sont autant que possible, semblables, excepté quant aux dif- férences pouvant avoir leur origine dans le soleil lui-même. Malgré cela, les deux séries de lignes spectrales ne seront ordinairement pas continues, par suite d’une foule de peti- Les causes perturbantes impossibles à écarter. Cependant la 516 BULLETIN SCIENTIFIQUE. déviation que l’on cherche est d’un ordre encore plus infi- me. La prétention de l’observateur de parvenir à l’évaluer, dérive de l’étude comparative qu’il fait des raies provenant de l’absorption de l'atmosphère solaire et de celles qui sont causées par l'absorption de l'atmosphère terrestre; ces der- nières étant formées par de la lumière émanant de toutes les parties du disque solaire, indépendamment de son mou- vement de rotation, Si les spectres de deux parties du soleil situées à l’extré- mité d’un diamètre passant par les pôles sont rapprochés Pun de l’autre, ils paraîtront un spectre unique, partagé par une raie de poussière : Les deux sources lumineuses étant relativement à l’état de repos, toutes les raies spectrales se- ront continues. À Mais si on fait subir un quart de révolution à l'instrument autour de l’axe optique passant par le centre de l’image so- laire, en sorte que l’on se trouve avoir accolé les spectres du bord oriental et du bord occidental du disque, on constate un curieux changement : Le spectre du bord oriental paraît avoir glissé du côté du violet le long de son voisin, en sorte que chaque raie solaire se trouve brisée à sa rencontre avec sa pareille du second spectre, tandis que les raies telluriques demeurent sans aucune allération, prouvant ainsi qu'aucun dérangement n’est survenu dans l’appareil. Ce changement démontre que la longueur d’onde diffère dans la lumière provenant des bords oriental et occidental du soleil, ainsi que l’annonce la théorie. La persistance de la continuité des raies telluriques pendant l’observation en est la preuve manifeste. Réciproquement, on trouve dans cette observation un moyen de discerner les raies telluriques dans le spec- tre solaire, de celles qui sont dues à l’absorplion de l’atmos- phère du soleil. Une simple inspection permet de les classer, et ce procédé paraît à l’auteur du mémoire la justification du litre qu’il lui a donné : « Une nouvelle méthode d’analyse spectrale. » Il a entrepris de l'appliquer et fournira ultérieurement ses x CHIMIE. D17 résultats, pour lesquels il dit que de très-puissants instruments son! nécessaires, en même temps que des circonstances at- mosphériques très-favorables. E. G. CHIMIE. G. Luxce Er F. SALATHE. SUR LA FORMATION D’ANHYDRIDE SULFURIQUE PAR LE GRILLAGE DES PYRITES. (Berichte de Ber- lin, X, 1824.) Zurich. Cette question, qui a fait déjà l’objet des recherches de plusieurs chimistes, entre autres de Fortmann et de Scheurer- Kestner, a été étudiée de nouveau par les auteurs au moyen d'expériences faites en petit dans leur laboratoire. On ne peut employer directement le chlorure de barvum pour do- ser lacide sulfurique produit à cause de la facilité d’oxyda- tion de SO? en présence de l’eau et des erreurs qui en ré- sultent. Pour éviter les erreurs, les auteurs oxydent directe- ment l’acide sulfureux en le faisant passer dans une disso- lution titrée d’iode. Ils s'étaient assurés auparavant que loxy- dation de l’acide sulfureux se fait bien tout entière aux dépens de l’iode seul. Ils dosent ensuite la totalité de l'acide sulfurique produit par le chlorure de baryum et, par une simple soustraction, obliennent la proportion de soufre qui dans le grillage s’est transformée directement en SO *. Les auteurs ont trouvé ainsi une proportion de 6°}, de soufre oxydé en SO, et lorsque les gaz se trouvent en contact avec de l’oxyde de fer, de 16 à 18 ?/. H. BRUNNER ET R. BRANDENBURG. SUR LE VIOLET DE MÉTHYLE ET LE BLEU DE DIPHENYLAMINE. (Berichte de Berlin, X, 1844.) Lausanne. Les auteurs ont cherché à utiliser le brome, actuellement d’un prix assez bas, dans l’industrie des couleurs d’aniline. Ils ont réussi en.varticulier à obtenir un violet auquel ils attribuent la formule CH (CH) 2 A7 EH Br. 18 BULLETIN SCIENTIFIQUE. en faisant agir le brome sur la diméthylaniline et chauffant le produit à l’étuve après en avoir formé de petites masses par l’addilion de sable quartzeux et d’un peu d’acide acéti- que. Le produit est lavé avec de la benzine, dissous dans l’eau acidulée avec l’acide acétique et la matière colorante précipitée par le sel marin. En chauffant le produit primitif à une température plus élevée, on obtient des produits tirant davantage sur le rouge. Les mêmes auteurs ont obtenu la triphenylrosaniline en traitant par le brome un mélange de toluidine et de diphenylamine d’après l’équation 2C2H 11 AZ + 2 CTH° Az + 6 Br. — Az H5 LGH Br. + C2 H16 (CSH°)5 Az: L'opération se fait facilement en introduisant peu à peu le brome dans le mélange des deux bases et en chauffant en- suite dans une cornue jusqu’à 180°, de manière à obtenir une masse solide. La masse est ensuite purifiée par un pro- cédé convenable. Les auteurs sont également parvenus à obtenir de la fuchsine en chauffant directement un mélange d’aniline et de toluidine avec la quantité de brome néces- saire. KARL HEUMANN. SUR L'OUTREMER A BASE D'ARGENT. {Berichte de Berlin, X, 1888.) Zurich. Cet article n’est qu’une polémique engagée à propos d’un travail fait précédemment hors de Suisse et que nous ne mentionnons que pour être fidèle à notre but, d'indiquer tout ce qui se publie en Suisse. BOTANIQUE. ARTHUR Nicozs. NOTE SUR LES AVANTAGES RÉELS ET SUPPOSÉS DES PLANTATIONS D'EucaLyprus. (Nature, 1° novembre 1877, traduction.) On attribue une grande influence aux Eucalvptus pour détruire la malaria, mais je n'ai pas trouvé qu'ils eussent cel avantage à Queensland, un des points principaux de leur habitation. J'ai souffert moi-même de la malaria au milieu » BOTANIQUE. 219 d’une forêt qui s’étendait dans toutes les diréclions à plu- sieurs milles et qui était composée principalement des di- verses espèces d’'Encalvptus, sans qu'il y eût beaucoup de pla- ces marécageuses. J'ai eu connaissance de plusieurs attaques de fièvre chez les bergers et bucherons de cet endroit. De plus on m'a assuré que ces fièvres n'étaient pas particulières à cer- taines années, mais qu'il y en avail toujours, plus ou moins. J'ai lu avec surprise dans le journal Nature (26, p 557), que les moustiques avaient disparu en Algérie par l'effet des plantations d’Eucalyptus. Toute personne qui a vécu en Aus- tralie n’en dira pas autant. J'ai trouvé cette engeance intolé- rable sur les {errains élevés, où presque tous les arbres ap- partenaient au genre Eucalyptus, et cela au point de rendre le sommeil impossible pendant la nuit et la vie très-pénible pendant le jour. Les gums * répandent une odeur caractéristique, surtout quand le soleil les atteint. En traversant à cheval les grandes plaines du Queensland, je m’apercevais de celte odeur à une forte distance des arbres. Ces plaines prennent du temps à traverser, vu qu’elles ont une largeur de dix milles, aussi lorsqu'on approche des forêts, l'organe de l’odorat est saisi tout à coup fortement. Que cette odeur fait un effet quel- conque ou qu'elle soit un préservalif de la malaria, je ne saurais le dire. La croissance des Eucalyptus dans FAmérique du Sud est très-rapide. Lorsque j'étais dans la Bande orientale, il v a quelques années, j’eus l’occasion d'examiner une plantation des Eucalyptus appelés red et blue qums *, âgés de huit ans. Les arbres avaient au moins quarante pieds de haut et plu- sieurs d’entre eux mesuraient trois pieds de circonférence du tronc, à trois pieds au-dessus du sol. [ls avaient une masse de feuilles comme je n’en ai jamais vu en Australie. C'était dans une région de pampa, avec un sol d’alluvion profonde. ! Nom vulgaire des Eucalyptus en Australie, ? D’après la Flore d'Australie de Bentham huit espèces d'Euca- lyptus sont appelés red qums, par les colons, et sept, dont l'Eucalyptus globulus, blue qums. On voit ce que valent les noms vulgaires, 590 BULLETIN SCIENTIFIQUE. Les fourmis noires, si nuisibles aux arbres, avaient d’abord attaqué les jeunes pieds, mais ceux-ci avaient résisté ensuite et bravé les terribles ouragans des plaines de cette con- trée. On peut dire, d’après cette unique plantation d’Euca- lyptus, que les pampas, si vastes et si dénudées, peuvent être couvertes artificiellement de forêts. Les Anglais établis au bord de la Plata feront bien d'y penser, et le propriétaire éclairé de la ferme Sherenden fournira volontiers des grai- nes à ses compatriotes. INFLUENCE D'UN POLLEN ÉTRANGER SUR DES PLANTES FÉCONDÉES. Le Fuchsia procumbens, de la Nouvelle-Hollande, ayant une forme des grains de pollen assez différente de celle des autres espèces, M. W.-G. Smith avait soupconné qu’on ne pourrait pas obtenir avec lui des fécondations croisées. M. Anderson (Henri), d'Edimbourg, écrit cependant au Garde- ner’s Chronicle (1876, vol. Il, p. 592) qu'il en a obtenu en portant le pollen de celte espèce à fleur blanche sur deux fleurs d’un Fuchsia hybride, à tube et sépales rouges et co- rolle blanche, appelée Impératrice. Les fleurs fécondées, ayant été isolées convenablement dans une enveloppe de mousseline, des graines se sont formées et elles ont donné des plantes intermédiaires entre les parents, au moins quant aux feuilles, car on ne connaît pas encore les fleurs. Ce qui est bien plus curieux, les fleurs de la plante mère qui se sont ouvertes après la fécondation croisée ont eu des corolles teintées de rose ou de rouge. Le même effet à été constaté sur un Calceolaria à fleurs blanches fécondé par M. Anderson par un Calceolaria à fleurs cramoisi ; seulement dans ce cas la décoloration subséquente de la mère avait lieu dans les corymbes fécondés, non dans toute la plante. Il reste à sa- voir, dit M. Anderson, si l'effet se prolonge d’année en an- née. 521 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES 25, 27 ? ARCHIVES, t. LX. — Décembre 1877. 36 FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR PENDANT LE Mois DE NOVEMBRE 1877. gelée blanche le matin, minimum + 0°,4. faible gelée blanche le matin, minimum + 0°,2. gelée blanche le matin, minimum + 09,6. rosée le matin, faible brouillard dans la matinée. forte rosée le matin. brouillard presque tout le jour. très-forte pluie dans la nuit du 12 au 13; il a neigé jusqu’au pied des mon- tagnes des environs. forte bise de midi à 8 h. du soir. brouillard l'après-midi. le soir, à 5 h., la pluie est mêlée de flocons de neige. violent orage dans la nuit du 24 au 25; il a été précédé d’un très-fort coup de vent du SO. à minuit et demi, et pendant une demi-heure les éclairs et tonnerres se succédaient à de courts intervalles. Dans la matinée et l’après- midi il est tombé à plusieurs reprises du grésil. à 6 h. du matin, neige qui fond à mesure sur le sol. D 522 Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. MINIMUM. mm Peue7 10/h: matin ....:...., 736,45 Le 4 à 4h. après midi...... 726,84 6 à 10 h. matin... ....... 731,02 12 à 4h. après midi...... 712,09 db440 h-matins.. "0: 731,44 20 à 4h. après midi ...... 719,03 2144 46h: S0ir ame + 127,45 22 à 10 h. soir .. 130 721,03 PHALIGAN AE SOMME ere .. 126,62 25"à: 8"h:, matins. 5:22 710,07 PÉPAeSrh-maAtIN 2... -0 731,09 29 à 4 h. après midi ...... 711,01 02 -40/h; 00.220 0e + 716,84 | | }| \ 10 —|Vz |c8oir ‘OS|S |8'0 |0f6 | 029 | #6 — | 9SL jo 90e l0'6 +8 +Irr'e +|6r'se +| LGV — | VY'YIL | 08 1er — 102 |69'oleordemealz |eyr|o86 | 092 | 5 +! 08 oct | 886 | L'or+ |c'e + 97e +] 29 +| 96'EF— | IL'GIL| 6G S'y —|89 |Y60| [mea Fr | L'OV|O0LG | 0€8 | &L + | 066 | 8064 | 8L'L loger | v'L + 1079 +606 + |GcrGr— | SS'YIL | 8 L‘y —|2L"9 |66‘0 | otqurua | G SF |801)066 | 008 |a6 + | 076 | GNT | 700 log | 8 — |a8 tr +) 09 + 069 — | cT'06L | Le er —|e2 |ero lemme"! 1006 | 019 [64 — | 892 |G6‘o— | v8'e M 0'e H | LT — 1er —| HT + 66% + | 96 662 | 98 tnte tt logo) ogentealz |ror!006 | 079 [66 — | 8824 |Le0—|21cY |0‘€r+ | 7 + 1090 +) 99e + 686 — | oL9IL | çG 660180 — 162 |007e ‘Ossla |L'o |0r8 | 076 |661— | LY9 | 8L'o+ | 2196 | rer | 09 + 1939 +) 976 + 89 — | 85061 | re Poor L'o +196 |r8‘01r ‘OSS 1 le lors | os |ziz—| 8ao | cc'o— | a9tr lloter+ | ro + lec'e +) 362 + 901 — | rr'981 | ec 201] S0 +186 |860!r ‘Os |3'8 1006 | 066 |coi— | 882 | 6604] 809 | TT | EE + 169 +] 819 +086 — ve VGL | dd S2071S0 +196 |8901r ‘ossig |9'T 1096 | OLr [06 —| #92 | 180— | 7er [LL + | NT + |rg0 —|6r6 +] 080 + | 1L'9L| 16 Ceor| #0 +196 |L60!r ‘OSS!6 |9"er | 0007 | 019 | 67 + | 98 |oro+ | 08e |r'6 + | cr + |8L0 +] LS Tr + | 876 — | p608L | 0G 890170 + |L'6 |8601r ‘OS! 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L‘O — |8'0r | 80*0 |} Ni": or | 090 |or — | 881 |ari— re |e‘rr+ | 0 + |81'r —190"e + | 702 + | LF66L | 6 830790 — | FE |2LTOÏr ‘aNl":|""" |098 | o1r |Ler—| 169 | 86°0—|8e's [61174 | fe + [Lo + YL'L + | 616 + | 68 EL | 7 ur 0 0 uit “QE UNE 0 0 0 0 *U{Uu “UT }EUt © "a[RUIOU S | ‘Ur ‘uHOu |, *o[Purou | . aTeurIou aunou y || ‘owunou { à 3 . cut "PIN r pr “XP | UT RES ans ne ne UUXEN |“ WUIUIN A : AG Peter v] Fer SA Ê 52 1EOGI Ë na TU -KON Lan RON qaeog | PUUAÂON 20A6 11809) AMONER | 3 ÊS ES mn. |, TT TS TT," || TN ca — Lougqynp ‘duoy fau noamyq sou no oryeanyes 0p ‘1981 "da e] op notsno], ‘7 aangeoduo y, "aJjQuorrg | £ Le ion. 2 924 MOYENNES DU MOIS DE NOVEMBRE 1877. 6h.m. Sh.m. 140h.m. Midi. 9'h.s. 4h,s. 6 h.s. 8 h.s. 10 h.s. Baromètre. mm mm rara min mm mme mn mm man 1re décade 729,65 730,12 730,13 729,46 728,77 728,64 728,90 728,97 728,99 %e » 727,01 727,38 727,60 727,02 726,56 726,59 726,90 727,30 727,63 3 » 120,37 720,64 720,82 720,56 720,23 720,49 720,60 720,65 720,39 Mois 725,68 726,05 726,19 725,68 725,19 725,24 725,46 725,64 725,67 Température. 0 0 (y 0 0 0 o 0 0 lredécade+ 4,80 + 5,43 + 8,99 Æ+10,98 +1,53 11,17 + 9,61 H 8,51 + 7,30 2 » + 5,74 + 6,02 + 6,74 + 7,51 Æ 7,93 + 7,95 + 644 + 5,88 + 5,35 Be » + 4,36 + 4,58 + 6,53 + 7,17 + 7,09 + 6,49 + 6,16 + 5,87 + 5,97 Mois + 4,97 + 5,35 + 7,49 + 8,55 — 8,85 8,30 + 7,41 + 6,75 + 6,20 Tension de la vapeur. mm mm min mm mn ram mm in mn mm {re décade 6,18 6,31 6,90 7,00 7,03 1,21 7,29 7,35 1,12 2% » 2,95 5,89 5,86 à,95 »,86 6,04 5,97 »,96 9,70 3 » 5,20 9,18 5,34 5,39 5,27 5,43 9,99 9,99 ,94 Mois 5,78 2,79 6,04 6,10 6,05 6,23 6,27 6,29 6,05 Fraction de saturation en millièmes. 1re décade 943 991 801 721 696 133 825 874 922 2e » 864 840 801 762 732 796 824 897 846 3e » 831 812 7134 697 692 744 712 792 756 Mois 879 858 779 727 707 758 807 841 841 Therm. min. Therm.max. Clarté moy. Température Eau de pluie Limnimètre. du Ciel, du Rhône. ou de neige. 0 0 0 ram cm l'e décade + 3,75 +-12,88 0,50 —+10,80 21,2 105,0 de y + 4,36 + 8,47 0,93 +10,09 45,6 107,4 3e » + 2,45 410,56 0,83 + 7,93 66,0 113,7 Mois + 3,52 +10,64 0,75 —+ 9,59 132,8 108,7 Dans ce mois, l’air a été calme 0,4 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,57 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 430,5 O. et son intensité est égale à 26,67 sur 100. Le TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAINT-BERNARD LE MOIS DE NOVEMBRE 1877. 1e, forte bise l'après-midi; du {27 au 6 ciel très-clair, presque sans nuages. 7, brouillard à quelques reprises dans la journée. 8, brouillard tout le Jour. 9, brouillard une partie de la journée ; la neige commence à tomber à 10 h. du 10, brouillard et neige tout le jour, id. id Très-fort vent du SO. tout le Jour. Du brouillard et neige tout le jour. brouillard depuis midi. 16 au 19, ciel très-clair. Le 20, neige tombée pendant quelques heures par une très. forte bise qui a empêché Le de la recueillir. 2, très-forte bise tout le jour, brouillard le matin. 22, brouillard dans la soirée, la neige commence à tomber. 23, neige et brouillard. 24, id. 25, id. La violence de la bise depuis midi n’a permis de recueil- lir qu’une partie de la neige. 27, neige et brouillard tout le jour. 28, id. depuis 10 h. du matin. 29, brouillard le soir; la neige commence à tomber dans la soirée et contmue dans la nuit, elle est marquée pour le 30. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM MINIMUM. mm un HA 8 RAISON. 2. se 570,53 Le, 52,6 h:-matn.. 4 565,20 PAROLE. 567,97 192-016 hematin ee RE 509,69 RAA MOE HE SOIR EEE ere 512,89 20::40-h:-50i0 ie 994,14 midi. .. 061,98 25ka{ 0h "matin 2e 547,68 26 à 2 h. après midi...... 561,69 30,2% 6:h, matin tee 549,61 Ma 10 h.-soir............ D52,49 SAINT-BERNARD. — NOVEMBRE 1877. == - ——— E Baromètre. Température C. Pluie ou neige. À ON Le _ ES, ar En z El Hauteur | Écart avec Moyenne |Écartavecla| Hauteur Eau Nonbre : LE rl £. SNS. H'DEMEUT Minimum, | Maximum. || Me LT NTIe Minimum* |Maximum* po lnneE dune AU LERS dominant. De millim. millim. millim. millim. 0 0 | 0 0 millim. millim. 4 || 570,05 | + 6,75 | 569,59 | 570,53 || — 0,39 | + 2,77 | — 1,4 | + 1,0 ee RATE Perte NE. 2 | 0,00 2 || 569,59 | + 6,36 | 569,12 | 570,21 | + 2,62 | + 5,92 | + 1,1 | + 4,9 A ce Ar ee RU NE. 1 | 0,00 3 || 567,30 | + 4,14 | 567,12 | 567,69 | + 1,53 | + 4,97 | — 1,4 | + 4,0 Se RTE AE NE. 1 | 10,39 4 || 366,08 | + 2,98 | 565,85 | 566,50 | + 0,73 | + 4,31 | — 0,9 | + 3,0 ES RL Tao SO. 1 | 0,04 5 || 565,67 | + 2,63 | 565,20 | 566,33 | — 0,96 | + 2,76 | — 2,8 | + 3,0 Hire res ets NE. 1 | 0,01 6 || 567,61 | + 4,63 | 567,18 | 567,97 | — 0,56 | -+ 3,30 | — 2,0 | + 1,7 ét ee AE SO. 1 | 0,01 7 || 566,85 | + 3,93 | 566,54 |: 567,32 | — 2,87 | + 1,12 | — 3,4 | — 1,4 SUroe Rte il aa ee SO. 1 | 0,28 8 || 566,60 | + 3,74 | 565,83 | 567,12 | — 3,16 | + 0,96 | — 4,0 | — 2,6 0 EE OA SAS SO. 1 | 0,94 9 || 566,08 | + 3,28 | 564,92 : 567,12 | — 0,20 | + 4,05 | — 1,4 | + 1,9 SET TS PES Dia SO. 1 | 0,83 10 || 562,72 | — 0,03 | 562,10 | 563,62 | — 2,72 | + 1,66 | — 2,9 | — 2,1 100 6,2 : SO. 1 | 1,00 41 | 560,10 | — 2,60 | 559,34 : 560,86 | — 3,07 | + 1,44 | — 4,0 | — 1,9 200 18,4 te SO. 1 | 0,94 | 42 || 555,67 | — 6,98 | 554,91 | 556,76 | — 4,16 | + 0,49 | — 4,2 | — 5,8 180 16,8 re SO. 3 | 1,00 13 || 559,76 | — 6,84 | 553,65 | 558,08 | — 5,56 | — 0,78 | — 6,7 | — 3,5 340 31,0 Sr SO. 1 | 0,98 14 || 564,77 | + 2,22 | 560,69 | 569,03 | — 4,09 | + 0,81 | — 7,9 | — 1,1 OPEN Cr MERE RC SO. 1 | 0,84 45 || 572,40 | + 9,90 | 571,71 | 572,89 | — 0,71 | + 4,31 | — 1,1 0,0 ASE be se S0. 10 M 0717 16 || 574,14 | + 8,68 | 570,61 | 571,84 || Æ 3,11 | + 8,25 | + 2,0 | + 5,5 | ... . Re bis NE, 1 | 0,09 47 || 569,15 | + 6,73 | 568,64 | 569:54 | + 2,93 | HE 8,19 | + 0,7 | + 5,0 || ..... CRT te NE. 1 | 0,01 18 || 567,26 | + 4,88 | 566,84 | 567,74 || + 2,35 | + 7,73 | + 1,1 | + 5,0 | ..... À ACENE ce NE. 1 | 0,00 19 || 564,12 | + 1,78 | 562,62 | 565,65 || —- 0,61 | + 4,88 | — 2,0 | + 2,1 AO TE FE PA NE. 1 | 0,10 90 | 556,19 | — 6,11 | 554,14 | 559,55 | — 6,14 | — 0,54 | —10,9 | — 0,4 || ..... FU RS NE. 2 | 0,87 94 || 558,11 | — 4,15 | 555,64 | 559,84 || —192,30 | — 6,59 | —13,8 | — 8,9 A staieue re Bernie NE. 3 | 0,53 99 || 560,99 | -— 1,24 | 560,26 | 561,98 || — 1,68 | + 4,14 | — 2,9 | — 0,2 | ..... re PTE SO. 1 | 0,82 23 || 559,79 | — 2,40 | 558,35 | 561,01 | — 7,72 | — 1,79 | — 9,5 | — 3,0 300 | 20,0 NRUTE NE. 1 | 0,78 24 || 557,96 | — 4,9 | 55495 | 560,34 | — 3,51 | Æ 2,52 | — 5,9 | — 1,2. 140 13,4 re NE. 1 | 0,86. 25 || 551,41 | —10,71 | 547,68 | 556,37 | —11,49 | — 5,36 | —13,7 | — 8,0 120 719 ARE NE. 3 | 0,99 96 || 561,15 | — 0,94 | 560,17 | 561,69 | — 8,56 | — 2,33 | —15,0 | — 4,1 Mat Sade oh NE. 1 | 0,52 27 | 558,45 | — 3,61 | 557,50 | 559,62 | — 1,43 | + 4,90 | — 4,4 | + 1,3 160 16,3 Dave S0. 1 | 0,98 28 || 554,35 | — 7,68 | 553,62 | 555,34 || — 2,10 | + 4,33 | — 3,2 | — 0,5 210 18,6 Hot NE, 1 | 0,84 29 || 552,69 | — 9,31 | 551,03 | 553,95 | — 4,45 | + 92,08 | — 6,5 | — 1,6 | ..... Re Re NE, 1 | 0,58 30 | 551,10 | —10,87 | 549,61 | 552,49 | — 9,44 | — 2,81 | —10,4 | — 7,8 110 9,6 nn NE. 1 | 0,30 * Ces colunnes renferment la plus basse et la plus élevée des températures observées de 6 h. matin à 40 h. soir. 527 MOYENNES DU MOIS DE NOVEMBRE 6h.m. 8h.m. A40h.m. Midi. 2h. s. Baromètre. mm mm mm mm mm tre décade 567,02 567,06 567,12 567,02 566,81 2e )» 563,78 563,81 563,84 563,79 563,55 3e » 556,33 556,42 556,66 556,51 556,58 Mois 562,37 562,43 562,54 562,44 562,31 Température. 4h.s. mm 566,79 563,49 956,61 562,30 6h.s. mm 266,81 563,63 956,77 1877. 8h.s. mm 566,74 363,71 557,01 10 h.s, nm 566,75 363,72 336,93 562,40 0 0 0 0 0 0 0 re décade— 1,23 — 0,95 — 0,16 + 1,10 + 0,88 — 0,09 — 0,50 Dep — 1,51 — 1,70 — 4,27 — 0,25 — 0,44 — 1,08 — 1,77 3e » — 6,60 — 6,37 — 6,00 — 5,42 — 5,25 — 6,07 — 6,47 — 6,18 — 6,41 962,49 362,47 0 0 = 1932 456 — 9,20 — 248 Mois — 3,14 — 3,01 — 2,48 — 1,52 — 1,60 — 9,41 — 9,91 — 3,20 — 3,48 Min. observé. Max. observé Clarté PMUE Eau de pluie du ciel. ou de neige. 0 0 mm 1re décade — 1,91 + 1,34 0,35 6,2 2 » — 3,26 + 0,09 0,49 66,2 3 p — 8,53 — 3,40 0 72 85,8 Mois — 4,57 — 0,66 0,52 158,2 Dans ce mois, l’air a été calme 0,0 fois sur 100. Hauteur de la neige tombée. mm 100 720 1040 1860 Le rapport des vents du NE, à ceux du SO. a été celui de 1,33 à 1,00. = La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45° E., et son in- tensité est égale à 17,8 sur 100. Re: é RS RUE er PE re Ltée LA 0 BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME LX (NOUVELLE PÉRIODE) 1877. — N°° 237 à 240. Auguste de la Rive. Notice biographique, par M LOIS SRE En a de ge Soixantième session de la Société helvétique des Sciences naturelles réunie à Bex les 20, 21 L'AUTRE Le PRE AO TER CES Behneizler Discours! d'OUVErbUrE ... 50. 5 ete ete « ne eee eee Soie Lebert, Notices biographiques sur Jean de Charpentier et Emmanuel HOMMAGE ER sean tie cm bMletald ans olese ie mois céder e d'a son oies a IE à Physique et Chimie. Dufour, Piccard, F.-A. Forel, Tommasi, Forster, Édouard Pictet-Mallet, Hagenbach, Soret, Raoul Pictet, Guillemin, Wartmann, Colladon, Piccard, Grenier, Lommel.... Géologie. Renevier, Chavannes, de Tribolet, Lory, Daubrée, de Loriol, Rosset, Grenier, Gosse, de la Harpe, Desor, B. Studer, CARO TASTR AUTO te eNursrersteree ere aleiete à cTala si eC 22e Botanique. Muller, A. de Candolle, Planchon, Schnyder, Borel, MORE MELENCRE A rares sie se ca ae eee tree Jde le me ee Zoologie. Vogt, Fol, Duplessis, Studer, His, Bugnion, Vernet, CAS TAETIONEMOZE EE". ele dore e se sen date de ee so 9 Médecine. Goll, Lebert, Nicati, Dor, Geigel, Mermod Sur les systèmes de notations chimiques, par OM DOS NE Are Synthèse de l’acide benzoïque et de la benzophé- none au moyen de l’oxychlorure de carbonne, par MM. Ch. Friedel, J. Crafts et E. Ador. ... ARCHIVES, t. LX. — Décembre 1877. Pages 340 343 301 530 TABLE DES MATIÈRES. Phénomènes qui se produisent quand on dépose des gouttes de divers liquides sur des liquides autres que Peau, par M. le D' Philippe Cinto- PRE RS RAR PE AUNA LT ef ete Observations sur la diffusion des matières colo- rantes végétales, par M. J.-B. Schnetzler.. ... Notice sur deux années d'observations thermomé- triques faites à Rama, sur la côte du Labrador, par Male Drotesseuriautier. ARR ERer Notice sur l'acide tartronique, par M. E. Demole. Éthérification à basse température au moyen de HG LSparile. met Lt een Contributions à la connaissance de la flore argen- tine-sparNE de Dé See Es he se malt Résumé météorologique de l’année 1876 pour Ge- nève et le Grand Saint-Bernard, par M. E. PANIEMOUTS. EL Re crane MORE? Recherches faites dans le laboratoire de physiolo- gie de Genève : VE Sur les nerfs dits arresta- teurs, par M. le professeur Schiff. ......... Action de l’oxychlorure de carbone sur le toluène en présence du chlorure d'aluminium, par MM. E-Ador et d.'Grafls 54 verte PRES Détermination de l’azote dans la nitroglycérine, par MM. 4. Sauer et E. Ador............. Note sur la limnimétrie à l’occasion du tremble- ment de terre du 8 octobre, par M. Ph. Plan- ÉD LINOQT HR AR DA AT PA 2 RES HEURE SES A e Pages 449 489 203 908 o11 ÿ F ” NT Ne TABLE DES MATIÈRES. BULLETIN SCIENTIFIQUE ASTRONOMIE. S.-P. Langley. Une nouvelle méthode à emplover dans l’analvse du spectre solaire. ............. CHIMIE. Résumé des travaux du laboratoire de Zurich sous la direction de MM. Merz et Weith....:.:.,...4..:.. W. Zorn. Sur le nitrosvle-argent. ................. E. Gnehem et G. Wyss. Sur les dérivés de la diphé- HYAUIINE star SELS A SR DRE Fr. Landolph. Action du fluorure de bore sur quelques SDS TANCES OLATIQUES 2 se steleie node 2 ee see 2 Résumé des travaux présentés à la Société de chimie de Zurich : O. Kraft. Acide téracrylique, acide dia- terphénylique, oxydation de la térébenthine. — V. Meyer. Transformation du chloral en acide di- chloracétique. — W. Michler. Action des sulfo- chlorures sur la diméthylaniline. — J. Berger. Éthers de l’acide téréphtalique. — W. Weifh. Ac- tion du trichlorure de phosphore sur les urés. Action de l’acide sulfurique sur l’acide malique... VIS SRE AA ERVOxAINe en Li ee, G. Lunge et F. Salathe. Sur la formation d’anhy- dride sulfurique par le grillage des pyrites....... H. Brunner et R. Brandenburg. Sur le violet de méthyle et le bleu de diphenylamine............ . Karl Heumann. Sur l’outremer à base d’argent...... D31 232 TABLE DES MATIÈRES. BOTANIQUE. Cross. Recherche dans l’isthme de Darien de larbre donnant Rhsomme élastique... 4028. 72010 Charles Darwin. Des effets de la fécondation directe Han le régne-véréal n sr e derUTn RT ARue Arthur Nicols. Note sur les avantages réels et suppo- sés des plantations d’Eucalyptus................. Influence d’un pollen étranger sur des plantes fé- PR UOP On RP T USloe node a ns ue restante OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES faites à Genève et au Grand Saint-Bernard Observations météorologiques du mois d'août. ....... Observations météorologiques du mois de septembre.. Observations méléorologiques du mois d'octobre ..... Observations météorologiques du mois de novembre... Pages 438 439 518 520 297 361 LA 521 TABLE DES AUTEURS POUR LES ARCHIEN DES NCIENCEN PHYMIQUEN er NATURELLE SUPPLÉMENT A LA BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ANNÉE 185%. Tomes LVIII à LX (Nouvelle période) A dans les hampes d’agave, LVIIL, LAS Æ 388. Ador, E. Analyse ie U'a- Baltzer. Géologie des Alpes glaro- NES ST LX,7 naises, LVIIL, 130. — L’ébou- a ls 518. Voyez Friedel; Voyez jement de Büttstein, LVL, 174. RL D or de VASE Buranetzki. Influence de la lumière dor et J. Crafis. Action de T'oxy-" Sur Je plasmodinm des myxomy- chlorure de carbone sur le 10- stos LVIIT. 277 , luène en présence du chlorure pbiomi Voyez Meyer : EVTANE 2 De ze D] . met , . C & « d'aluminium, LX, 505. . Baretti. Géologie du Val d’Aoste, Agassiz, Louis. Notice biographi- LV 121. 127. 426. 162 : | D Pa 4) ETES . que sur —, LIX, 13. - Bary (A. de). L'anthracnose de la Allen, J.—A. Bisons d'Amérique éone LX. 217 < os x * 7 e ee, Fa) , 443 L . vivants et à l'état fossile, LVIIL, pe! Age du calcaire d'Esino, 236. — Variations locales de } y] 442 quelques mammifères, LIX, 198 ee : : ennet, W. Croissance du pédon- Ampère, A.-M. Lettres à M. A. ? nr F à PA TER] ee Pictet, à G. et A. de la Rive, EX, ane ar lé 223. , | Croissance de la hampe de la Anderson, Henri. Influence d'un) jicinthe. LVIL. 252 bollen étranger sur les pl ? Br fécondées, LX, 520. Annaheim. Action de l'acide sul- furique fumant sur la resorcine LIX, 188. | Askenasy, E. Influence de la lu- mière sur la couleur des fleurs, LV, 276. | antes Berger, J. Dérivés sulfurés du cy- mène, LIX, 188. — Ethers de l'acide téréphtalique, LX, 433. » Berthelot. Fixation d’azote dans les végétaux sous l'influence de l'é- lectricité atmosphérique, LVIIF, 280. — Influence de la pression sur les phénomènes chimiques, B | LVIIL, 475. — Sur les systèmes | de notations chimiques, LX, Bachmann. Géologie des environs 343. de Thoune, LV, 124. — Na- Biedermann. Mastadon Angusti- gelfluh des environs de Thouve,! dens à Winterthur, LVIIT, 150. LVIIE, 151. | Blociszewski. Germination et dé- Balland. Influence des feuilles et} veloppement des plantes à graine des rameaux floraux sur la na-| endospermée, LVIIT, 390. ture et sur la quantité du sucre, Bühm,J. Formation de l'amidon dans 534 TABLE DES AUTEURS. les grains de chlorophylle, LXIIE,|Candolle (Casimir de). L’enroule- 372. ment des vrilles, LVIII, 5. — Bonstetten (de), Quiquerez et Uhl-| Structure et mouvement des mann. Carte archéologique du! feuilles de Dionæa muscipula, canton de Berne, LVII, 170. LVIIL 398. Borodin. Respiration des plantes Capellini. L'homme pliocène en pendant leur germination, LVIIE,| Toscane, LVIIL, 169. 282. Catla, J--D. Sur un amphipode Boussingault. Matière sucrée con-| nouveau, Gammarus Rhipidio- tenue dans les pétales des fleurs,| phorus, LX, 335. LVII, 387. — Végétation du| Cauvel . Direction desracines, LVIIT, maïs dans une atmosphère dé-| 258. nuée d'acide carbonique, LVIIT,|Chantre et Lortet. La faune et le 379. climat du bassin du Rhône à l’é- Brandenburg. Voyez Brunner. poque quaternaire, LVII, 169. Brefeld, O. De la fermentation, | Charpentier (Jean de). Notice bio- LVIIL, 415. graphique sur —, LX, 272. Bressler, A., et Schlag, W. Expé-|Chatin, A. Mouvement des feuilles riences sur le lavage des graines,| d’Abie Nordmanniana,LVIIL,263, LVIIL, 392. Chavannes. Gypse et cargneule, Brieger, L. Principes volatils des] LX, 308. excréments humains, LIX, 288.|Choffat. Zone à Amm. acanthicus Briosi, Giov. Rôle de la chloro-| dans le Jura occidental, LVITH, phylle dans la vigne, LVII, 374. 148. — Cailloux des couches à Brosig. Max. La force ascension-| dinoterium, LX, 313. nelle des racines, LVIIE, 258. |Cintolesi (Dr Philippe). Phénomènes Brunner, H. Action du nitrile et| qui se produisent quand on dé- du nitrate d'argent sur les déri-| pose des gouttes de divers li- vés du benzyle, LVIIT, 107. quides sur des liquides autres Brunner et R. Brandenburg. Le vio-| que l’eau, LX, 369. let de méthyle et le bleu de di-|Clarke. Force de support des tis- phénylamine, LX, 517. sus végétaux, LVIIT, 412. Bugnion, Ed. Structure anatomi- Colladon,D'. Terrasses lacustres du que du Mermis aquatilis, LX,332.| lac Léman, LVIL, 166. — Ob- Burckhardt, G.-A. Sur l'acide Oxy-| servalion des orages et de la téréphtalique, LVII, 342; LIX,| grêle, LX, 305. 289. Commission géologique. Feuille XXIV Burckhardt-Ræber. Stations lacus-| de l'Atlas fédéral, LVIIT, 126. tres, LVII, 171. Conseil fédéral. Rapport sur létat Burgerstein, A. Relations entre les] des travaux de la ligne du Got- principes nutritifs et la transpi-| hard, LVIIS, 124. ration des plantes, LVIIT, 287. |Coquand. Calcaires coralliens de la Provence, LVIIL, 147. C Corenwinder. Fonctions des feuilles ; Cailletet. Nature des substances mi-| Origine du carbone, LVIIT, 375. nérales assimilées par les cham-| — Sucre dans les feuilles de pignons, LVIII, 413. betterave, LVIIE, 388. Candolle, (A. de). Effets de la cha- Cornu, 4. Spectre de la nouvelle leur et de l'humidité sur lou-l étoile du cygne, LVIIE 100. — verture des écailles des bour-| Détermination de la vitesse de geons, LX, 317. — Analyse del la lumière entre l'observatoire de divers travaux, LX, 518, 520. | Paris et Montlhéry, LIX, 541. TABLE DES AUTEURS. 539 Crafts, J. Vovez Friedel. Desor. Sondage de Rheinfelden, Cross. Recherche dans listhme de! LVII, 129. — Tremblements de Darien de Flarbre donnant la! terre à Neuchâtel, LVIIE, 130. gomme élastique, LX, 438. — Controverse glaciaire, LVIIE, 156. — Marmites de géants, D LVIIT, 168. — Sépultures lacus- Darwin, Ch. Eflets de la féconda-| ("es d'Auvernier, LVIII. 173. tion croisée et directe dans le Didel A ROLE à Fo Ge mé É règne végétal, LVIL, 408. —| "he LVIIL 146 2 Des effets de Ia fécondation Le Diehl, Dérivés hallogènes de l’an- ee dans le règne végétal, LX, thracène, LVIIL 328 439. RARE MAPS ORNE Darwin, Francis. Mécanisme hy- Ro ohier RE Dre ORNE: REPMERNRANter Draper H: Photographies des spec- taines graines de s’enfoncer dans fe 2 Vé ® otesa Pr le sol, LVIIT, 409. — Aggréga- LVIII Trou se nn ce ADrOSerA Dufour Ch. Carte du glacier du rotundifolia, LVIIE, 397. ’ È Daubrée. Expériences sur la schis- Rhône, LX, 295. te des en ches 1 VIII 197 — Dumortier et Fontunnes. Ammoni- pe re Se 0. cu Crea DT Delafontane. HA quelques Dupertuis. Voyez Michler. on minéraux niobifères et tantali- pe DEAR Rp AQR CE RTE NOR DE fonde du Léman, LX, 326. | Fe 209. bee pre Duval-Jouve. Observations sur les ra 2 s nivore ] / travaux, LVIII, 488. LIX, 124,,, Plantes nee sou 96. 12 9 Le IS ; 7 F Det Harpe . une cherches chimico-physiologiques 5 Lausanne, EME AGE ES sur la nutrition des plantes, LVII, Nummulites des Alpes vaudoises, LX, 310. — Etymologie du mot E cargneule, LX, 314. Ne 2 De la Rive, Auguste. Notice bio- Se Mo Ne Le ER NI de, 180 1AE. Cie Rd mn ee OS APT | ment de Cancellophycus Scopa- GR En ES CR EUNER Rte ns Savoie, LVIII, 144, — 107. — Notice biographi à Ab. Pascalis. LX. O8. lJUESUT | Stratigraphie du Salève, LVII, 9 = ior ] Delavie. Genève et le Mont-Blanc, Lu, one ne re la 0) Re et homo-lËd!er, Æ. Elimination de vapeur gamie dans les fleurs, LVII d'eau par les plantes, DNS 204. : ’|Ernst, A. Chute des feuilles sous DES ARE . | les tropiques pendant la saison Demole, E. Notice sur l'acide tar- : a PTE tronique, LX, 407. — Ethérifi-| Sèche, LVII, 406. cation à basse température au F moyen de HCL, LX, 404. Denza (le Père P.-F.). Déclinaison|Faivre, E. Structure, mode de for- magnétique pendant les éclipses! mation et fonction des urnes de de soleil, LIX, 188. Nepenthes, LVIIT, 400. 5510 Falsan. Terrain erratique du bas- sin du Rhône, LVII, 461. — Fossiles tertiaires dans les allu- vions glaciaires près Lyon, LVIIT, 157, 164. Fankhauser, J. Influence des forces mécaniques sur la croissance par intus susception dans les tissus végéaux, LVIIE, 254. Fatio, V. Variabilité de l'espèce à propos de quelques poissons, LVI, 185. — Analyse de di- vers travaux, LVIIT, 108, 111. Favre, A. Excursions de Ja Société géol. de France à Chamonix, LVIIT, 122. — Anciens glaciers de la Suisse, LVIII,158. — Ter- rains des environs de Genève, LVIII, 159. — Abaissement des Alpes par érosion, LVIII, 174. — Cause des oscillations des gla- ciers, LVII, 176. — Retrait de la Mer de Glace, LVII, 176. — Origine du gypse, LX, 308. — Blocs erratiques du Wildenstein, LX, 313. — Ossements trouvés près de Vevey, LX, 314. Favre, Ernest. Remarques sur l'o- rigine de lalluvion ancienne, LVIII, 18, 160. — Revne géolo- gique pour l’année 1876, LVIIH, 121.— Fossiles du terrain oxfor- dien des Alpes, LVIIT, 144. — Structure géologique des Voi- rons, LVIII, 146. — Louis Agas- siz, nolice biographique, LIX, 13. — Voyez Didelot. Ferri. Vie de Lavizzari, LVIII, 121. Fischer, L. Vie de Fischer-Ooster, LVIIE, 121. Fliche et Grandeau. Recherches chimiques sur la composition des feuilles, LVIIT, 382. Fol, Hermann. Commencement de l'hénogénie chez divers animaux, LVIII, 439. — Sur le rôle du zoosperme dans la fécondation, LX, 321. — Sur la formation des œufs chez les Ascidies sim- ples, LX, 337. Fontannes. Géologie du vallon de TABLE DES AUTEURS. la Fullv, LVIIL, 158. — Voyez Dumortier. Forel (Dr F.-A.). Faune profonde du lac Léman, LVII, 166. — Essai monographique sur les sei- ches du lac Léman, LIX, 50. — Variations de la transparence des eaux du lac Léman, LIX, 137. — La sélection naturelle et les maladies parasitaires, LIX, 349. — Sur les seiches, LX, 296. — Forrer, K. Voyez Gnehm. Forster. Indices de réfraction des dissolutions salines, LX, 297. Forster. Voyez Meyer. Fraustadt. Anatomie des organes de végétation de Dionæa musci- pula, LVIIE, 398. Friedel, Ch., J. Crafts et E. Ador. Synthèse de l'acide benzoïque et de la benzophénone au moyen dE l’oxychlorure de carbone, LX, 291. Fuchs. Géologie des environs de Meran, LVIIE, 163. G Gastaldi., Géologie de la partie su- périeure de la vallée du Pô, LVIH, 135. Gaultier, A. Notice sur deux années d'observations thermométriques faites à Rama sur la côte du La- brador, LX, 392. — Analyse de divers travaux, LVIIE, 100, 308. LIX, 301. Gautier, E. Analyse de divers tra- vaux, LX, 514. Geigel. Appareil pour respirer l'air raréfié et comprimé, LX, 341. Geleznow. Quantité et répartition d’eau dans la tige des plantes ligneuses, LVIIT, 260.— Répar- tition d'eau dans les plantes, LVIIT, 261. Genevier, G. Inflorescence et fécon- dalion dans le genre Trifolium, LVIII, 405. Gnehm, R. Acide à disulfotoluol, LIX, 289. Gnehm, R., et K. Forrer. Prépara- tion d'un acide disulfotoluol. EX, 192. Gnehm et G. Wyss. Dérivés de la diphénylamine, LIX, 289. LX, 309 Godlewski, E. Valeur de Ja méthode! de compter les bulles gazeuses pour mesurer l'assimilation des! plantes aquatiques, LVIIL, 376.) — Formation et disparition de! lamidon dans les grains de chlo-| rophylle, LVHE, 373. — Respi-| ration des lichens, LVIII, 284. ! Goll. Mofettes de Schuols-Tarasp, | LVIIL, 198. — Répartition des, maladies dans les diverses ré- gions de la Suisse, EX, 3140 Gorup Besanez et Will. Observa- tions sur les ferments albumino-| siques dans le règne végétal, | LVI, 593. — Ferments diasta-| siques et albuminosiques dans le) règne végétal, LVIIE, 394. Gosse. Terrasse de Mornex, LX,| 310. — Pierres à écuelles, LX,! 313. Grad. Anciens glaciers des Vosges, | LVIIE, 164. — Erosions glaciai-| res, LVIII, 165. — Limite des, neiges persistantes, LVIIT, 177 Gradmann. Voyez Michler. | Grandeau. Voy. Fliche. | Grenier. Salines de Bex, LX, 310. Gross. Tombes lacustres d’Auver-| nier, LVIL, 172. | Gruner. Oscillations des glaciers, LVII, 175. | Guillemin. Rétrogradation de lom- bre sur le cadran solaire, LX 9201. Gümbel: Géologie des environs de Trente, LVIIT, 141. H Haberlandt, Gottl. Influence de la gelée sur les grains de chloro- phylle, LVIII, 266. — Recher-| ches sur la coloration hivernale des feuilles persistantes, LVIII,! 909. | Haberlandt, Fr. Influence de la température de l’eau sur la ger-| >| TABLE DES AUTEURS. 937 mination des graines, LVII, 267. — Energie de la trans- piration chez les céréales, LVHE, 289. — De la transpiration des plantes cultivées, LVIIE, 291. Hagenbach. Propriétés optiques du spathfluor, LX, 297. Haltenhoff (D: G.) Analyse de di- vers travaux, LVIII, 233. Hannimann. Action du chlorure de soufre sur la diméthylaniline, LVIIT, 338. Heckel, E. Du mouvement pério- dique spontané dans les étami- nes de Saxifraga sarmentosa, umbrosa, etc., LVIII, 262. — Mouvement dans les poils et la- ciniations de Drosera et dans les feuilles de Pinguicula, LVIH, 997. — Lettre sur les plantes carnivores, L VIII, 402. Heim. Voyez Lang. Henry. L'infralias dansla Franche- Comté, LVIII, 142. Hessenberg. Le binnite d'Imfeld, LVIIT, 127. Heumann, Karl. L'outremer à base d'argent, LX, 518. Hilger. De lhespéridine, LVIII, 286. Hillebrand. Chaleur spécifique du Cérium du Lanthane et du Di- dyme, LVIII, 335. Hillebrand et Norton. Préparation du Cérium du Lanthane et du Didyme, LVIT, 335. Hirsch. Température observée dans le tunnel du Gothard, LVIIL, 133. His. Sur l'embryologie des Plagios- tomes, LX, 332. Hœrnes, R. Fossiles jurassiques du M. Lavarelle près St-Cassian, LVIII, 146.— Fossiles néoco- miens du Tyrol, LVIII, 150. Hôühnel, F. De la température que peuvent supporter les graines sèches sans perdre la faculté de germer, LVIII, 268. — Rôle de l'acide silicique dans les plan- tes, LVIIT, 383. Humbert, Aloys. Description du Ni- phargus puteanus, LVITE, 58. 938 Humbert. Voyez Piccard. Husemann. Etudes relatives aux an- tagonistes etaux antidotes, L VIII, 476 J Jaccard. Alimentation d’eau de la Chaux-de-Fond, LVIIT, 127. — Dépôt erratique alpin près de/Landolph, Fr. Pontarlier, EL VIII, 161. Jannetaz. Propriétés thermiques de TABLE DES AUTEURS. Kuhne, W. Photochimie de la ré- tine, LVIILI, 233.— Expériences optographiques, LVIII, 233. Künich, C. Sur l'acide méthazoni- que, LVIII, 341. L Action du fluorure de bore sur TES substances organiques, LX, 360. quelques roches de la Savoie, |Langley, S.-P. Une nouvelle mé- thode à employer dans l'analyse LVII, 198. | orm. Nitrosvle-ar IX 350. du spectre solaire, LX, 514. Here es Lang * Heim. Eboulements d'Hor- K gen, LVII, 173. Lataste, F. Procédé pour préparer Kaufmann. Montagnes jurassiques| lessquelettes délicats, L'VIIT, 111. de l'Unterwalden, LV BI, 125.—|Lautenbach (U' B.-F.). Effet de Discours d'ouverture de la So-| T'irritation d’un nerf parcouru ciété helvétique, LVIIT, 138. par un courant constant, LVIII, Keller. Habitations lacustres de Ja! 88. — Relations entre Pinten- Suisse, LVII, 171. sité de l'irritation du nerf scia- Kerner, A. Protection des fleurs! tique, la hauteur de la contrac- contre leurs hôtes nuisibles! tion musculaire et le temps qui LVIIT, 407. s'écoule entre l'irritation et la Klein. Minéraux du St-Gothard,| contraction, LIV, 272. LVII, 127. Lebert. Notices biographiques sur Knecht, W. Sur l'acetylamine de! Jean de Charpentier et Emma- Natanson, LVIIXI, 102. — Den-| nuel Thomas, LX, 272. — Ré- sité de vapeurs de lisopropyl-| partition des maladies dans les carbamine, LIX, 188. — Densité! diverses régions de’ la Suisse, de vapeurs du piperonal, LIX,! LX, 341. — Influencé de lalti- 289. tude sur la respiration, LX, 342. Knop, W. Voy Duworzak. — Sur la phthisie par causes Kny. Influence de la pesanteur sur| traumatiques et mécaniques, LX, la position des racines et bour-| 342. geons adventifs, LVIII, 255. Lepsius. Le grès bigarré des Vos- Krafft, F. Action de lacide chlo-| ges, LVTII, 132. reux sur la benzine, LIX, 194./Liebermann. Rapports entre la — Action du chlore sur l’iodure| chlorophylle, le pigment colo- d’hexyle, LIX, 195. rant des fleurs et celui du sang, Kraft, O. Acide téracrylique, acide! LVIIE, 363. diaterphénylique, oxydation de|Loriol (P. de). Zone à Amm. te- la térébenthine, LX, 433. nuilobatus de Baden (Argovie), Kraus, Carl. Direction des racines! LVIII, 449. — Echinides ter- dans les germes, LVIII, 2506. tiaires de la Suisse, LVIIT, 150. Kraus, Gregor. Végétation dans la] — Encrine de la Suisse, LX, lumière diversement colorée, LVIIL, 275.— Influence de l’al- 909. — Analyse de divers tra- vaux, LVIIL, 236. cool et de la glycérine sur la|Lertet. Voy. Chantre. sève sucrée, LVIIT, 386. Lory. Variations minéralogiques TABLE DES AUTEURS. 539 des schistes cristallins dans les[Meck, F.-B. Sur le nouveau genre Alpes, LVIIE, 134, — Géologie de! Unitacrinus, LIX, 200. la vallée de Chamonix, LVIIL,138.| Mendeleef. Hypothèse sur l’origine — Alluvion ancienne du Bois de| des huiles minérales, LVIII, 476. la Bâtie, LVIIE, 160. — Origine 7er, E. Phénomènes végétatifs de la cargneule, EX, 309. —| qui précèdent et accompagnent Rôle des failles dans les Alpes;! Ja chute des feuilles, LVIIL, 366. LX, 514. — Fonctions et constitution des Luca (S. de). Fermentation alcoo-! feuilles hivernales, LVII, 366. lique et acétique des fruits, fleurs! —— fes effets de l'immersion sur et feuilles de quelques plantes,| les feuilles aériennes, LVIU,369. LV, 414. Mercadante, M. Végétation de l'Oxa- Lunye, G. Le verretrempé, LVIIE, | lis acetosella, du Rumex acetosa 102. — Recherches quantitatives! el acetosella dans un sol dénué de l'acide nitrique et de lacide! de potasse, LVIIE, 384. — Sur nitreux, LIX, 289. la formation du sucre dans les Lunge et F. Salathe. Formation! fruits, LVIHT, 389. d'anhydride sulfurique par le! Werk. Caverne de Thayngen, LVIIT, grillage des pyrites, LX, 917. 170. : Mermod. Influence de Paltitude sur M la respiration, LX, 342. Merz et W. Weith. Nitriles de la Mac-Nab, W. Expériences sur les! série aromatique, LIX, 193. mouvements de leau dans les Âessikomer. Combustibles fossiles plantes, LVIIE, 259. dans la Suisse orientale, LVIIL, Mackenzie, J.-J. Absorption des! 167. gaz par les dissolutions salines,|Mestorf. Caverne de Thayngen, LIX, 381. LVIT, 170. liagnin. Voyez Saint-Pierre. Meyer, V.-d., Burbieri et Forster. VMallard. Oscillations des glaciers! Sur la translation des atomes, LVIU, 175. LVII, 340. Marignac, C. Observations sur un!'Meyer, V. Augmentation de poids mémoire de M. R. Weber, LVHL,| dans la combustion d’une sub- 228.—Sur les équivalents chimi-| stance, LVIL, 106. — Poids ques et les poids atomiques! spécifique à 444° de l’alliage de comme bases d’un système de! Wood, LIX, 289. — Transfor- notation, LIX, 233. — Observa-| mation du chloral en acide di- tions sur un mémoire de M.! chloracétique, LX, 453. Berthelot, LX, 348. — Analyse Meyer V. et C. Petri. Aelerpène, de divers travaux, LVIII, 226,1 LIX, 288. LIX, 582. Meyer, Richard. Action de la po- Marsh, O.-C. Sur les Ptérodacty-| tasse sur l'Aldéhyde cuminique. liens d'Amérique, LIX, 126. —| LV, 343. — Isopropyltoluol, Sur des Mammifères tertiaires | LIX, 289. LIX, 127. Michel-Lévy. Porphyres de Lu- Mascart, E. Traité d'électricité! gano, LVIII, 127. statique, LVIIE, 28. Micheti, Marc. Revue des principa- Mayer, A. Relations entre la respi-| les publications de physiologie ration des plantes et la tempé-| végétale en 1876, LVIIT, 249. — rature, LVIIL, 282. Analyse de divers travaux, LX, Mayer. La mer glaciale au pied des! 439. Alpes, LVHI, 154. Michier, W. Action des sulfochlo- 240 TABLE DES AUTEURS. rures sur Ja diméthylaniline, LX,Nicati. Fréquence de la phthysie à 433. Michler, W. et Gradmann. Syn- thèse d’acides organiques et de kétones au moyen de l’oxychlo-| rure de carbone, LVIHII, 232. Michler, W.et Dupertuis. Synthèse de kétones au moyen de la di-| méthylaniline. LVIT, 337. Millardet, A. Substance colorante (solanorubine) découverte dans la tomate, LVIIL, 385. Moll. Croissance des entrenœuds, LVIIE, 253. Morren, Ed. Note sur la Drosera binata, LV, :94. — La théo- rie des plantes carnivores et ir- ritables, LVL, 394. — La di-| gestion végétale, LVIIE, 395. Moss, M.-J. Condensation de la vapeur de mercure sur le sele- nium dans le vide de Sprengel, LVII, 224. Müller. Première trace de l'homme en Europe, LVIII, 168. Müller, H. De lhéliotropisme,LVUT, 268. Müller, N.-J.-F. fnflaence de la lumière et de la chaleur rayon-| nante sur les feuilles vertes, LVIIT, 272. Muller, F.-C.-G. Température , produite lorsqu'on dirige un courant de vapeur d’eau dans une dissolution saline, LVII, 334. Müller, Hermann. Observations sur les fleurs alpines, LVHT, 405. Müller, J. Principes généraux de classification des phanérogames, LX, 315. Munk, H. Phénomènes électriques et mouvements dans les feuilles de Dionæa muscipula, LVIL, 399, Muntz. Recherches sur les champi- gnons, LVIL, 413. N Newberry, J.-L. Sur les Dinichthys, genre nouveau de poissons dé- voniens, LIX, 195. Aubonne, LX, 341. Nicols, Arthur. Les avantages réels et supposés des plantations d’En- calyptus, LX, 518. Norton. Voyez Hillebrand. 0 Omboni. Anciens glaciers des envi- | rons de Trente, LVII, 163. Olz. Bloc erratique du Mont d’A- Lomin, EVHE"162: | P | Paglia. Anciens glaciers du lac de | Guarda, LVII, 163 | Pascalis, A. Notice biographique | sur —. LX, 248. | Pasteur. Etudes sur la bière, LVL, PLATE Péligot. Influence de l'acide bori- que sur la végétation, LVIH,384. Pellat. Jaspe de St.-Gervais, LVHE, 'APAAE Petri, Acide benzoïque par Paction | de l'acide nitrique sur le chlorure de benzyle, LIX, 289. Voy. Heyer. Pfaff. Géologie du Mont-Blanc, | LVIIT, 140. Pfeffer, W. Transport des sub- | stances plastiques dans la plante, |. LVIIH, 390. \Pfitzer. Rapidité du mouvement de | l’eau dans les plantes, LVIIL,299. | Piccard, 4. | LNIIL 344. — Sur Ja chrysine | et la techtochrysine, LVIIE, 345, | — Sur la cantharidine, LX, 295. Piccard, J. et A. Humbert. Sur | une trisulforésorcine, LVIIT, 345. Piccard. Procédé pour lévapora- tion économique des dissolutions salées, LX, 306. Piclet, Raoul. Discussion des théo- ries de Ia vision, LVIIF, 420. — Sur les différents modes de cris- tallisation de l’eau, LIX, 154. — Equilibre d'une boule pesante dans un jet d'air, LX, 301. — Problème général de la produc- tion artificielle du froid, EX, Synthèse de l’eau, - TABLE DES AUTEURS. 901. — Diffusion de l'acide sul- fureux au travers du caoutchouc, LX, 301. Pictet-Mallet. Carte du lac de Ge- nève, LX, 297. Pierre, Is. Sucre dans les feuilles de betterave, LVIIL, 388. Pillet. Géologie de la colline de Lémenc, LVII, 146. Planchon. L’antracnose de la vigne, LX, 317. Plantamour, E. Nouvelles études sur le climat de Genève, LVII, 308 et LIX, 301. — Résumé météorologique pour 1876, LX, 449. — Observations météorolo- giques, LVIIT, 113, 241,353, 489. LIX, 129, 201, 293, 385. LX, 257, 361, 441, 521. Plantamour, Ph. Observations himnimétriques à Sécheron, LVIIE, 303. — Note sur la limni- métrie à l’occasion du tremble- ment de terre du 8 octobre, LX, o11. Plateau, Felix. Note sur les phé- nomènes de la digestion chez les Phalangides, LVII, 485. Plateau, J. Sur les couleurs acci- dentelles où subjectives, LVIII, 346. Platz. Soulèvement de la Forêt- Noire et des Vosges, LVIIT, 132. Poggendorff. J.-C. Notice biogra- phique sur —, LVIII, 218. Portes, L. Existence de l’aspara- gine dans les amandes douces, LVIII, 385. Posepny. Salines de Bex, LVII, 143 Prevost (D' J.-L.). Analyse de di- vers travaux, LVIII, 476. Prilleux, E. Etude sur Ja formation de quelques galles, LVIII, 411. Pringsheim, N. Recherches sur la chlorophylle, LVIIE, 362. Q Quincke, G. Sur la diffusion et la question de savoir si le verre est impénétrable au gaz, LVIIT, 473. Quiquerez. Voyez Bonstelten. 941 R Reinke. Z. Recherches sur la crois-— sance, LVIIT, 250. Renevier, E. Terrains de la perte du Rhône, LVIII, 149. — Plio- cène et glaciaire des environs. de Côme, LVIIE, 155. — Carte géologique de la partie sud des. Alpes vaudoises, LIX, 5. — Blocs erratiques de Monthey, LX, 307, — Origine du gypse, LX, 909. Revon. La Haute-Savoie avant les Romains. LVIIE, 170. Rischawi. Expériences sur la res- piration des plantes, LVIII, 280. Roscoe et Schorlemmer. Traité de Chimie, LIX, 382. Rosset. Exploitation des salines de Bex, LX, 309. Rossi. Lettres à A. de la Rive, LX, 245. Ruoff. L'héxabrombenzine, LVII, 398. Rutimeyer. Géologie du Righi, LVIIT, 125, 133, 152, 162, 174. — L'homme à Wetzikon, LVIL, 169. S Sachs, Jul. Observations sur les re- cherches de M. Reinke sur la croissance, LVIIT, 252, — Des plantes insectivores, LVIIL, 396. Saint-Pierre et Magnin. Gaz con- tenu dans les fruits du bague- naudier, LVIIE, 376. Salathe. Voyez Lunge. Sandberger. La Forèt-Noire, LVIIT, 133. Sauer, A. et E. Ador. Détermina- tion de l'azote dans la nitrogly- cérine, LX, 508. Schær. Acide salicylique, LVIIT, 102. — Cristaux de Bergaptêne, LVIIL, 102. Schff. Formation de la pepsine avant et après la mort, LVIII, 77. — Sur une nouvelle fonction du foie, LVIII, 293. — Sur un cas particulier d’irritation élec- 5492 TABLE DES AUTEURS. trique des nerfs phréniques, LIX, 315. — Sur les nerfs dits arres- tateurs, LX, 489. Schlag. Voyez Bressler. Schmid, J. Nouvelle étoile dans la constellation du Cygne, LVL, 100. Schuid, Action du chlorure de soufre sur la benzine, LVIIE, 398. Schnelzler. Discours d'ouverture à la Société helvétique, LX, 267. — Observations sur la diffnsion, des matières colorantes végé- tales, LX, 388. Schnyder, O. Contributions à la: connaissance de la flore argen- tine, LX, 318 et 407. Schorlemmer. Voyez Rosce. Schulze, E. Formation d’acide sul-! furique dans les plantes, LVIIT, 391. Schulze et J. Barbieri. Sur la pré- sence d’un amide de l'acide glu- tamique dans les germes de la courge, LVIIT, 344. Schulze, E. et A. Urich. Combi- naisons azotées que renferme le suc de la betterave, LVTIT, 102, Serrano y Futigati. Sur les Bacté- ries et les générations sponta- nées, LIX, 383. Sesemann (Mie L.), Acides benzyls et dibenzyls acétiques, LIX, 195. Sestini, F. et Del Torre. Les moi- sissures empruntent-elles de l’a- zote à l'air? LVIIL, 378. | Siebold (C.-Th.-E. de) Sur la trans- formation de l'Axolotlen Amblys-| tome, LVIIT, 108. Sordelli, F. Faune pliocène de Cassina Rizzardi, LVHE, 153. — Sur quelques plantes fossiles du Tessin méridional et sur les gi-| sements qui les renferment, LK, 250. Soret, Charles. Analyse de divers travaux, LVII, 473. LIX, 341, | Soret, J.-L. Notice biographique sur Auguste de la Rive, LX, 5. — Sur les spectres d'absorption ultra-violets des différents liqui-! des, LX, 298. — Sur une parti- cnlarité de la polarisation de la lumière du ciel, LX, 301. Stearns, R. Sur la vitalité de quel- ques mollusquesterrestres, LVII£, 187. Steudel. Ancienne extension du lac de Constance, LVIIEL 166.— Les baches de pierre du lac de Con- stance, LVIIE, 173. Studer, B Tremblement de terre, LVII, 430. — Stratification du gneiss LVIII, 139. — Blocs er- ratiques de Wildenstein, LX, 913 Studer, Th. Développement des plumes d'oiseau sur lembryon et le jeune, LX, 328. Slutzer. Métamorphoses des grou- pes COOH, CH, CHs, CH2 dans les plantes vivantes, LVIIE, 377. — Action de l'oxyde de carhone dans les plantes, LVIIT, 378. A Tangl, Ed. Contributions à l’étude microchimiquedes cellules, LVHT, 386. Tardy. Anciens glaciers des envi- rons de Genève, LVIIL, 164. — Les glaciers pliocènes, LVII, 164. Targioni-Tuzelti. Sur le Phylloxera, LX, 331. Taxun. 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Marne et du Jura, LVIII, 148.— Weber, R. Sur l’anhydride sulfu- Crustacés crétacés, LVII,149.— 7) rique et sur un nouvel hydrate, Origine du gypse, LX, 308. LVIIT, 226. Weith. Triphénylgnanidine, LVIIE, U 398. — Salycine dans lurine, LIX, 488. — Action du trichlo- rure de phosphore sur les urées, LX, 433. — Action de lacide Y sulfurique sur lacide malique, Gi ; ; LX, 433. Voyez Merz. Poraberee LIN gui igue le) Whal. De lhexabrombenzine , Le, |" LMI, 338. pur pee EU de Laure) Wiedemann, G. Sur les lois du ? 1 © Vernet, H. Sur un crustacé ostra- PASSA de l'électricité à travers À | les gaz, LVIIT, 329. code nouveau, LX, 334. Velten, W. Influence de la tempéra- ture sur les mouvements du protoplasma, LVIIE, 263. — In- fluence des courants électriques! sur les mouvements du proto-| : = plasma, LVIIL, 264. — Re les plantes vivantes, LVIIE 370. } SR La Will. Voyez Gorup Besanez. né PRESSE Lie Wolkoff (A. von). Absorption de la Fe | Jumière dans les solutions de Vézian. Le Jura, LVIIT, 126. —| Des EE D Roche alpine trouvée sur le, GEL o rase net Mont-Poupet, LVIIL, 161. — La! Wright. A.-W. Examen des gaz ériode glaciaire falunienne, | contenus dans divers météorites, Uhimann. Voyez Bonstetten. Urich, A. Voyez Schulze. Wiesner, Jul. Influence de la lu- | mière et de la chaleur rayon- nante sur la transpiration des plantes, LVIIL, 284.— De la pro- tection de la chlorophylle dans J LIX 4194. LVIII, 153. | AT Viollet-le-Duc. Le massif du Mont-| Wyss. Voyez Gnehm. Blanc, LVIII, 164. — Les lacs, Z supérieurs, LVIIT, 165. Vesque-Puttlingen. Périodicité des Zahn, F.- W. Sur infiltration pig- St protoplasmiques, LVIIT, | mentaire du cartilage, LVIII, 417. Vogt, C. Sur les crustacés parasites | Zetter: Recherche sur le Phénan- à mâles pygmées, LX, 320. | thrène, LVIIT, 102. w Zieyler. Géologie de: l'Engadine, | LVIIL, 175. Wald, H. Combinaisons azoïques Züblin, J. 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