f - l -\frV^ ^■ ><■ ^:.:-k !.> rr^i^^ 7 'V- cf-v -««"-#- ^.r^ ^ ^^'^' DUPLICATA DE LA BIBLIOTHEQUE DU CONSE^Vi^.^ "irE BCTAriQUE DE GENEVE \._;-DU LTI 1922 ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES ^>. DUPLICATA DE LA BIBLIOTHEQu3 DU CONSERVATCI E CCTAKîQUE DE QErŒ¥S VEr'DU EN 1922 GFNÈVK. — IMPRIMERIE RAM!!OZ KT SCHUCHABOT BIBLIOTHÈQUE UNIVËRSKLLË ET REVUE SUISSE ARCHIVES DES SCIENCES PHïSlûllES ET NATURELLES NOIVKILE PERIODE TOME QUARANTE-TROISIÈME «ew vu4itK é •h BTTPLICATA DE LA BIBLlOTHÊf^Uli Ïj'U CONSERVAT G IRE BOTANIQUE DE OBNETE VENDU EN 1022 GENÈVE BUREAU DES ARCfflVES, RUE DE LA PÉLISSERIE, 18 LAUSANNE PARIS GEORGES BRIDEL SANDOZ et FISCHBACHER Place de la Louve, 1 Rue de Seine, 33 Dépôt pour l'ALLEMAGNE, H. GEORG, a Bale s 1872 ^,s^ p. \ ,' ^' VU i.i ' • -' ' " " RECHERCHES EXPERIMENTALES SUR LA POSITION DU CENTRE DE GRAVITÉ CHEZ LES INSECTES PAE M. FÉLIX PLATEAU. «OIAiNMCaL UAKliEN 1 I- Dans tout animal qui se meut, les contractions muscu- laires et les déplacements des leviers solides concourent vers deux buts distincts d'une égale importance : la pro- gression et le maintien de l'équilibre. Pendant le repos à l'état de station, le maintien de l'équilibre exige seul l'action d'un grand nombre des organes actifs et passifs du mouvement. L'élude des conditions d'équilibre des êtres vivants n'est possible, j'ai à peine besoin de le rappeler, que si l'on connaît, dans chacun d'eux, la situation du centre de gravité. Tous les physiologistes, depuis Borelli, ont ac- cordé une grande importance à cette notion, en ce qui concerne l'homme. En est-il de même pour ceux qui se sont occupés spécialement des animaux et, en particulier, pour ceux qui ont fait des insectes Tobjet de leurs ^ études? t^ Les uns laissent le centre de gravité dans l'oubli le ^ plus complet, les autres en parlent et lui font même *==! jouer un rôle dans leurs démonstrations; mais ils se 6 POSITION DU CENTRE DE GRAVITÉ bornent à deviner sa position, à la déduire vaguement de la forme extérieure. Aucun d'eux, enfin, n'a cherché à déterminer expérimentalement la position vraie du centre de gravité d'un insecte. Aujourd'hui que la mécanique des articulés a fait des progrès considérables, grâce à l'emploi de procédés d'in- vestigation empruntés à la physique, il m'a paru qu'il y aurait une utilité réelle à décrire une méthode facile pour la recherche du centre de gravité des articulés et à expo- ser les résultats que son application aux insectes m'a permis d'obtenir. iii. Instruments et procédés. l\ existe des instruments très-ingénieux pour la dé- termination du centre de gravité, telle est la balance centroscopique imaginée en 1864 par M. E. Terssen* et destinée spécialement aux projectiles de guerre; mais ces instruments ne peuvent être employés pour des corps très-légers, comme le sont presque tous nos insectes in- digènes; aussi ai-je préféré recourir à l'ancien appareil de Borelli *, en le modifiant quelque peu. Tout le monde en a lu la description, soit dans l'ouvrage original du célèbre physiologiste, soit dans les traités modernes : je puis donc me dispenser de la reproduire. Le lecteur sé- parera aisément, dans les instruments dont je me suis servi, ce qui m'est personnel de ce qui appartient à Borelli. * Nouvelle méthode pour déterminer le centre de gravité des corps (Mém. de la Société royale des Sciences de Liège, tome XVI, p. 312, pi. I et II). Liège, 1861. • De molu animalium, page 143, Prop. 134. Tab. X, fig. 2. Hagœ comilum, 1743. CHEZ LES INSECTES. 7 Mes appareils ont des dimensions différentes que je donnerai plus bas; voici d'abord leur structure commune : disons, en premier lieu, pour fixer les idées, que la partie principale de l'instrument est une sorte de fléau de ba- lance; supposons-la en équilibre et immobile. Elle se compose d'une petite lame mince, mais rigide, de bois bien sec. Cette lame, rectangulaire, longue et étroite, comme une petite règle plate, n'est point placée de champ, comme le sont les fléaux ordinaires; ses grandes faces sont, au contraire, horizontales. Elle porte, fixé transversalement en son milieu, un couteau d'acier reposant, par son tranchant, sur deux plans de même métal. Dans les fléaux de balance, on ajoute, pour amener le centre de gravité sous l'axe de suspension, une masse métallique additionnelle faisant saillie sous le point d'in- sertion du couteau. Une saillie analogue, mais en bois, existe dans notre appareil. Tel que nous venons de le décrire, le fléau de bois, dont les deux moitiés sont égales en longueur et en poids, peut osciller librement et se tient, de lui même, en équi- libre dans une position horizontale. On a collé sur la face supérieure de la règle un petit disque horizontal de carton mince sur lequel sont tracés deux diamètres qui se coupent à angle droit. L'un d'eux est situé exactement au-dessus du tranchant du couteau, le second coïncide avec une ligne marquée sur la face supérieure du fléau, de l'un de ses bouts à l'autre et di- visant cette face en deux moitiés égales. La portion tracée sur le disque, ainsi que le diamètre qui la coupe à angle droit, sont divisés en millimètres et demi-millimètres. Le point d'intersection porte le signe 0. La graduation est 8 POSITION DU CENTRE DE GRAVITÉ comptée, dans un sens et dans l'autre, à partir de ce zéro et les nombres 5, 10, 15, etc. inscrits de cinq en cinq millimètres facilitent la lecture. Abandonné à lui-même, l'instrument est en équilibre stable sur le tranchant du couteau; mais un poids très- faible placé au milieu du plateau de carton suffit pour rendre cet équilibre instable, en amenant le centre de gravité de l'ensemble au-dessus de l'axe de suspension. On remédie à cet inconvénient en fixant, sous la portion médiane du fléau, une petite sphère métallique pesante. J'ai réuni ci-après, sous forme de tableau, les dimen- sions des trois appareils que j'ai employés. Ces dimen- sions différentes étaient indispensables pour pouvoir opé- rer sur des insectes de toutes les tailles et de tous les poids. Substance du fléau. Longueur du fléau. Largeur de la face snpér. Epaiss.velicale au milieu Epaiss. de la lame de bois Diamètre du disque. Masse pesaute métallique 1*' APPAREIL Bois d'acajou. 6 centimètres. 6 millimètres. 6 millimètres. 1 millimètre. 3 centimètres. Plomb de chasse n" 5. 2"" APPAREIL. Bois d'acajou. 8 centimètres. 6 millimètres. 6 millimètres. 1 millimètre. !> centimètres. Plomb de chasse n° 4. 3">e APPAREIL Bois de sapin 19,5 centim. 12 millimét. 12 millimét. 4 millimét. 13 centimét. Spbère de laiton pesant 3^^5. Ces appareils sont extrêmement sensibles; pour don- ner une idée de cette sensibilité, je dirai qu'il m'a, par- fois, été impossible d'opérer lorsqu'il faisait beaucoup de vent à l'extérieur ou lorsqu'il y avait eu un brusque refroidissement de la température. Les petits courants d'air passant par les fentes des portes et des fenêtres closes déterminaient des oscillations continuelles du fléau. Passons, actuellement, à la manière d'opérer : le support sur lequel pose librement l'instrument étant CHEZ LES INSECTES. 9 placé sur une table bien fixe, située à un mètre ou deux de la muraille de l'appartement et tourné de manière que le fléau oscille dans un plan parallèle à cette mu- raille, on tend horizontalement, sur celle-ci, à l'aide d'é- pingles ou de petits clous, un fil d'une teinte tranchée, blanc si la tapisserie est foncée, noir si elle est claire. L'horizontalité du fil se trouve aisément en suspendant, devant lui, un fil à plomb et en modifiant sa position jusqu'à ce qu'il forme, avec la verticale, quatre angles qui paraissent bien égaux. Ce moyen est suffisamment précis pour le genre d'expériences que j'avais à effec- tuer. On possède alors une ligne de repère à laquelle la face supérieure; du fléau doit être parallèle chaque fois qu'il y a équilibre. Pour constater si ce parallélisme existe, ou pour observer les angles que le fléau fait avec l'horizon- tale, l'expérimentateur, fermant un œil, se place de ma- nière que le rayon visuel, rasant le plan du disque de carton, aille rencontrer le fil tendu sur le mur. Supposons, pour fixer les idées^ qu'il s'agisse de dé- terminer la position du centre de gravité d'un insecte à l'état de station : l'individu sur lequel on veut faire l'ex- périence est, préalablement tué ou engourdi * à l'aide de la vapeur d'éther ; on le saisit ensuite délicatement, en prenant toutes les précautions pour ne pas le fijoisser, et on lui écarte les pattes dans une position naturelle. Puis on le pose sur le disque de l'instrument, de façon que • Les individus sur lesquels on se propose d'opérer doivent tou- jours être tués depuis très-peu de temps ; il est même préféi'able de se borner à les engourdir; beaucoup d'insectes que j'ai essayés se sont trouvés dans ce cas et revenaient à leur état normal après les expériences. 10 POSITION DU CENTRE DE GRAVITÉ l'axe de son corps soit au-dessus du diamètre gradué longitudinal. L'appareil incline alors soit dans un sens soit dans l'autre ; à l'aide d'une aiguille emmanchée ou d'une longue épingle, on fait avancer ou reculer l'insecte, jusqu'à ce que le fléau soit horizontal et revienne, de lui- même, après quelques oscillations, à cette position d'é- quilibre, lorsqu'on l'en écarte. A cet instant, le centre de gravité de l'animal qui est situé, ainsi que je le démontrerai plus loin (| III), dans le plan vertical qui passe par l'axe du corps, est placé au-dessus du point zéro de la graduation. Observant avec une loupe un peu forte, on note, d'abord, la région du corps qui renferme le centre de gravité, proto, méso, métalhorax ou anneau abdominal. Je ferai ici une parenthèse pour expliquer quelques- uns des termes dont je me servirai plus loin. Tous les naturalistes qui ont étudié l'organisation des insectes savent que les zoonites sont loin d'être toujours égale- ment développés au-dessus et en dessous ; il est donc absolument nécessaire d'indiquer quelle est la face du corps que l'on avait en vue en observant; de là les mots face tergale, face ventrale qui se rencontrent dans mes tableaux. J'y signale aussi, très-souvent, la position du centre de gravité par rapport aux hanches ou aux tro- chanlers de telle ou telle paire de pattes. En effet chez les insectes à élytres ou dont les ailes sont peu transpa- rentes, on ne voit pas, l'animal étant au repos, la face ter- gale de l'abdomen; la face ventrale se voit mal et de profil ; mais on distingue très-bien les pattes, les tro- chanters et souvent les hanches. Les mots trochanters de la deuxième paire, trochanters de la troisième paire, etc. signifient donc, dans mes tableaux, que le centre de gra- CHEZ LES INSECTES. 1 1 Tité se trouvait au-dessus de la ligne transversale joi- gnant ces pièces des organes locomoteurs *. Revenons à l'expérience : employant encore la loupe ^ et regardant directement par-dessus, on observe à quel point de la graduation (millimètres et fractions de milli- mètre) répond l'extrémité postérieure de l'abdomen. On obtient ainsi la distance du centre de gravité à l'extrémité postérieure du corps. Cette extrémité est préférable à l'extrémité céphalique où les palpes et les mandibules gênent et permettent difficilement des mesures exactes. Cela fait, on enlève l'insecte de l'appareil et, à l'aide d'un compas dont on reporte les pointes sur une règle divisée, on mesure \° la longueur totale, de l'extrémité postérieure du corps au bord antérieur du labre, 2° la largeur du corps dans la région du centre de gravité, 3" sa plus grande largeur. J'appelle position relative du centre de gravité, sa posi- tion par rapport à une quelconque des parties du corps, anneau, hanche, trochanter, etc. Je nomme position ab- solue du centre de gravité le nombre qu'on obtient en calculant le rapport entre la distance du centre de gravité à l'extrémité postérieure du corps et la longueur totale de l'animal. Les quotients 0,50, 0,67, par exemple, obtenus de cette manière, signifient que la distance du centre de gravité à l'extrémité postérieure est les cinq dixièmes ou les soixante-sept centièmes de la longueur du corps. Ils montrent, immédiatement et indépendam- * On peut, sans inconvénient, et il m'est souvent arrivé de recourir à celte modification, placer l'animal sur le dos; on voit encore mieux ainsi la situation du centre de gravité par rapport aux hanches ou aux anneaux abdominaux. * L'emploi de la loupe permet d'évaluer Irès-approximativement les fractions de millimètres. 12 POSITION DU CENTRE DE GRAVITÉ ment de la forme et de l'étendue des anneaux, si le centre de gravité est au milieu de l'insecte, plus rap- proché de la tête ou plus voisin du dernier somite. Quant aux indications de longueur et de plus grande largeur, elles trouveront leur application dans les para- graphes suivants. Les procédés à employer dans le cas de positions autres que la station, telles que le vol, la natation, etc. *, seront également exposés plus loin. Je di- rai seulement que, si l'on a pris les précautions conve- nables, le même insecte peut servir à plusieurs expé- riences, en lui disposant successivement les membres dans différentes altitudes. J'ai eu fréquemment recours à cette ressource, ce qui explique, dans mes tableaux, la répéti- tion de certains nombres identiques. I Hl. Le centre de gravité est situé dans le plan vertical mé- dian qui passe par l'axe longitudinal du corps. On sait que, chez l'homme, la ligne de gravitation, ou la verticale menée par le centre de gravité, est comprise dans le plan vertical qui divise le corps en deux moitiés égales, droite et gauche ". Il doit en être ainsi chez tous les animaux à corps symétrique, comme les vertébrés et les articulés. Les expériences que j'ai faites sur des insectes pour ' On me fera certainement le reproche de ne pas parler du saut des insectes. Des circonstances indépendantes de ma volonté m'ont empêché, jusqu'à présent, de réunir assez de résultats exacts concer- nant celte manifestation toute particulière de l'activité des articulés pour m'en occuper dans ce premier essai. * Weber, Mécanique des organes de la locomotion chez l'homme. (Encyclopédie anatomique, tome II, p. 309.) Paris, 1843. CHEZ LES INSECTES. 13 vérifier l'exactitude de cette supposition ne pouvaient donc rien apprendre de nouveau ; néanmoins, les résultats qu'elles m'ont donnés ont leur importance propre, puis- qu'ils permettent d'affirmer un fait qui, avant les essais dont il s'agit, ne pouvait être considéré, a priori, comme certain ; car la symétrie qu'on observe dans les parties extérieures des insectes n'existe plus, avec la même exac- titude, pour les viscères si développés de l'appareil di- gestif. Les expériences ont porté sur le Dytisciis dimidiatus femelle et V Hydrophihis piceus femelle, insectes dont le corps est assez large pour permettre des mesures exactes. Ces animaux vivants, mais engourdis par la vapeur d'éther, ont été placés horizontalement sur le dos, les pattes sy- métriquement disposées et l'axe de leur corps perpendi- culaire à l'axe de l'appareil, c'est-à-dire à la ligne mé- diane divisée qui joint les extrémités du levier. -♦ J'ai trouvé ainsi, après les tâtonnements habituels, que, pour les deux individus, l'instrument était horizontal lors- que le centre de gravité de l'ensemble se trouvait verti- calement sous les crêtes sternales des différents zoonites Ihoraciques, ou sous la ligne médiane des zoonites abdo- minaux. Ce qui montre donc que le centre de gravité des coléoptères en question se trouvait effectivement dans le plan vertical médian passant par l'axe du corps. fiv. Le centre de gravité occupe une position à irès-peu près identique chez les insectes de même espèce et de même sexe, dans la même altitude. La proposition qui sert de titre à ce paragraphe paraît 14 POSITION DU CENTRE DE GRAVITÉ évidente a priori. Il était cependant important de s'assu- rer si l'expérience en démontrait Texactitude, Elle est, en effet, le point de départ de recherches beaucoup plus intéressantes, et si mes essais m'en avaient prouvé la fausseté, si j'avais trouvé que le centre de gravité pouvait, chez les divers individus de même sexe d'une même espèce, dans la même attitude, occuper des positions no- tablement différentes, il y aurait eu beaucoup de vague dans l'interprétation des changements de situation du centre de gravité qui résultent des positions relatives des diverses parties de l'animal, dans la marche, le vol ou la natation. J'ai réuni, dans le tableau suivant, les nombres fournis par quelques expériences faites sur des insectes de même sexe dans la position de la marche naturelle propre à chaque espèce. Comme il n'y a jamais identité absolue de structure entre deux individus, les valeurs obtenues ne sont que bien rarement mathématiquement égales; mais elles sont toujours si voisines, bien que les expériences faites sur une même espèce aient souvent été affectées à une année d'intervalle, qu'on peut regarder le résultat général comme très-satisfaisant. Je n'ai pas voulu ajouter à ce tableau les nombres que m'avaient donnés certaines espèces dans des attitudes plus mouvementées, parce qu'ils trouveront mieux leur place dans d'autres parties de cette notice. CHEZ LES INSECTES. 15 .-3 > O S X Ci ^ î-" '^i: = — 3 ■- 5 = o § a:, a ' -a -« — o M &• S: es 03 ce C5 t3 O 5 "H ^ '^ ' — " .S rt s 1 S S ^ 3^ 3^ ^ <* - ;i < W en S --J O -a C ft C3 O ^ .2 -^ « -5 o o -o T-l es -i es fTl m OJ C- C3 ca OJ S-» p (M , ^ OJ ^ -J ■o -::! § '^ c: ■T3 O -73 O cS o Ci 3 C! _o -3 Jii ^ — ' ■ — i- t-H 3 5 — "î^ t/î r/l O O O o >* iO ~* -* LO se iO -* ve ~T -r "* 10 J-O ce -«ji i.-î_ JC^Î-O^-"* -^ -^ ~!ji JO o"o~o~o~c'o'o"cro"o~o''o'o~o~o"o'o'o~o'o"o'o'"o"o" 3 o o o lO lO o i-O 5-1 lO lC_-^œ_0 o o o LO se 1.0 o o_o^<3 o s co~!n co'o-f co-fo co'cTir-' i--'-^"o~?î~~!*"w'~i.-5'5-f co~ro"i>-'"ao"c5~oo"o 5 S-1 (Tl --■? -^ -^ -r< c-" 0) o 0)0 a* - - -' - - j î s • u u s "^ ri ' ■ >. -D ■ 'O -0 , 1— ( ^ ^ ^ Vl ^ r^ -2 H s < > "^ • — S 2 3 S c3 (?i 0 C/3 3 ai I/i 0 " 0 • a> é Ci 0 -3 S pris ièces s pris capte s pris aï -0) T3 1 pa § 3 tn 3 g 3 ^ '■H 0) o §_ a) en r^ >> >-» en m aj - t« m ■3 0 0 0 -^ 0 — ' gj 3 S S S S Ch POSITION RELATIVE DU > G 0 c CM '5 «i; 3 3 +j tbdoininal. . en arrière des tro- is des pattes poster. . en arrière des tro- is des pattes poster, u protliorax. 0 es 3 •i t2 rax. rd postérieur du l""'' an- neau abdominal, lieu du 3"<' anneau abdo- térieur du niésotho- térieur du métatho- s Si a g c3 ^ iieaii II nilliin chante nillim cliante lieu d ai 0 v minal. rd pos rux. rd pos rax. w 0 " 0 .-H ^^ .-H s a. S 0 " 0 - 0 m ÇQ rs — S 05 cq ca E-i s ., X a> ■s t. x.s^é!L-= c s s Ci ^. 0 0 --C ,^ G5 l.'î •«» fO o g-j-^o - S-- -*_ -* >*_^ co_ CO_ iO l.'i in ■^ i. « ^ fc- fa t/j ç2 cj es rt ci ' S C3 .§ .§ " ^ c5 ci _£C _fcp C/3 Efl 3 3 8 8 C/3 Cfî 3h 3- -U .>3 5 3 •-* --1 en aï _o _o u > 5 t3 '^3 C Ti 'S 0 g 0 rt ci c- a & es aï 8 ^ '' '' i" ci ci -S M C 0 0 Q -*-> -*.3 ^ ^ 0 0 _2 _rt ti tn -— •a -3 ]o |o S 3 '0 "03 0 0 7^ 771Ï '0 "3 0 0 â -I-' *j 0 0 c 0 ►-1 hJ h^ ij ^ ^ hm H-I 20 POSITION DU CENTRE DE GRAVITÉ d'espèces telles que le Lanipyris noctiluca, le Lucanus cervus, le Liparis dispar, etc., dont le mâle et la femelle se distinguent par des caractères si tranchés qu'une per- sonne peu familiarisée avec l'entomologie ne les rangerait pas dans le même genre. J'ai laissé ces cas exceptionnels de côté pour ne porter mon attention que sur les espèces rentrant dans la loi commune. La grande majorité des insectes femelles diffère des mâles par un port plus massif et surtout un abdomen plus volumineux; aussi étais-je persuadé, au début de mes recherches, que le centre de gravité des femelles était presque toujours placé plus en arrière que chez l'autre sexe. L'expérience ne confirme cependant pas cette prévi- sion, et l'on voit, par le tableau qui suit, que l'inverse peut aussi exister. De huit espèces essayées, cinq présen- tent effectivement le centre de gravité plus voisin de l'ex- trémité anale et, par suite, un rapport entre la distance du centre de gravité à l'extrémité de l'abdomen et la lon- gueur totale du corps plus petit chez les femelles que chez les mâles; mais trois autres montrent, chez les fe- melles, le centre de gravité plus rapproché de la tête et un rapport plus grand. Ce qu'il y a de plus singulier encore, c'est que les deux dispositions contraires se ren- contrent chez des espèces voisines ou, tout au moins, appartenant au même groupe; comme les Lihellula cons- piircata et Lihellula vulgata, les Melolontha vulgarïs et Oryctes nasicornts. CHES LES INSECTES. 21 ^^MH +j -^ -*j 'CCS es câ c3 (D 0) QJ m S ,tC _C0 bO Z 3 3 "te "bb "bb o ^ s- -o • 'Ci 'O ^ l-H -3 ;S fi ^ s s tn H ^ ._. a> 3 O) Qj < > •■^ "3 (?i ro t« 3 en m d -3 'S <^ '-- "S 'C e.,^ art p- î: cfi •« ^ " tn en a> 0 . 'D t3 1 ca S g (U 0, ai m çj 0) 5 uî 3 S 3 "Su'-* O) o (H tn r^ t*^ r^ tn OJ tn ^ en 0) o 0 (U — 0) — ' OJ CJ s S S S S S < w ■H ai rt '^■3 S-33 P^3 -t; " .^3 -M s -u c; '^ s '- s, - c-a 1 0 •♦-» S -3 ? 1 rt lis ô 6 0 es en -tJ S s fi 3 ■3 -3 Î5 ° w - _5 m 'd 0 cô 3 3 .2 .*" O 1— H H- 4 M O H '3 '3 'il 'S O 0 "-^ s •- c •= s ^ ■a^rt— rt;z;rt-; rt S a S 0 S o^ en 0 P. 0 • en en la .a . " 0 - 0 ^ O m 03 co -th S n oa ca H = ., i< . ■â 9 a;> i-, 53 <^ U-0^ "^^ o_ 0^ 0^ l.-5_ 0^ 0^ L.T o_ r-" es" i-" r-" 0" ■^'~ T-" 0' 0 S= ,— 1^ G-l 2 :^ :s S 0 0 ^ '-3 es cS c- e/ & C3 en 8 1 1 ^ ^ ^ ^ a fi fi 0 0 .5 0 .3 ^ cl C/1 ' — 1 "O rS "o 0 ^ :^ '^ 13 0 0 7^ 73 "3 3 ë ë :2 S H-! hJ hJ 0 0 0 22 POSITION DU CENTRE DE GRAVITÉ > CTQ > o' 3 fD £ = -- tt> re r-: CfQ CfQ P ^ O t/î O O o Cl o Cl "73 rt> H: i ^ CD C2 co O H Ci -.1 O S O 2? 3t:i: 1— ^ ^ ^- w s; £ et- -^ — ^ !I s S £ ta o tï o 3 3 c" f" 3- W o C- g3 2 jj 3-«5 3 y ^ ■-5 O 3 P ■73 J2 S' f5' r; 3. a. 2 &" fC o w s p 3 P IT> rr t-t- <-»- ^ P c- O 3- < fD ' P 3 O 3. P 3 o (6 3 S (0 3^ fS ta 3 3- S ^ -^ i^ S" i=- S ë-S.— ^ = ^ S^ rc- i^ gl 2 a- B =- =? £ S. S — Ci — 3 "^ ^iiK rs o 3 •O cti T n, tî >< s O H SI S) o td sa > O O O M CHEZ LES INSECTES. 23 Ces faits sur lesquels, du reste, je n'insisterai pas plus longuement, doivent trouver leur explication naturelle, non exclusivement dans le volume plus ou moins grand de l'abdomen, mais aussi dans sa forme. Ainsi, nous voyons exister les deux situations contraires du centre de gravité chez les deux sexes de Melolontha vulgaris et de VOrycles nasicornis, ce qui paraît inexplicable tant qu'on n'a pas calculé, pour les deux sexes, le rapport de la plus grande largeur du corps à sa longueur. Voici les nombres en question : Rapport de la plus grande largeur à la longueur Melolontlm vulgaris... S [^^Jl^^^^^ lH Oryctes nasicornis....!™;;;^-;;;; g;g Chez le hanneton, l'abdomen de la femelle comparé à celui du mâle est donc plus large relativement à la lon- gueur du corps, aussi le centre de gravité est-il plus re- culé; chez rOryctes, nous observons le contraire, et le centre de gravité est plus voisin de la tête. Les mesures prises sur les libellules nous montrent également que, si le centre de gravité est situé plus en avant chez la L. viilgata femelle, c'est que son abdomen est plus étroit proportionnellement à la longueur que ce- lui du mâle. Chez la L. conspiircata, le rapport de la longueur à la largeur est le même dans les deux sexes; mais l'abdomen de la femelle est un peu plus allongé, d'une manière absolue, ce qui ramène le centre de gra- vité en arrière. 24 POSITION DU CENTRE DE GRAVITÉ Rapport de la plus grande largeur à la longueur. L^^^"^^--^^-^^ nemeii;:::: S:l^ Libellulaconspurcata..jJ^àle.^;;;;; gjS En résumé, le centre de gravité n'occupe pas la même position dans les deux sexes d'une même espèce ; il est tantôt plus, tantôt moins reculé chez les femelles que chez les mâles, et sa situation dépend des rapports exis- tant entre les diverses dimensions des individus. 1 VII. Le centre de gravité se déplace- t-il lors du changement de la larve en insecte parfait chez les insectes à métamor- phoses complètes ? La forme de la larve est généralement si éloignée de celle de l'insecte parfait qu'on pouvait légitimement s'at- tendre à constater une différence notable entre les po- sitions du centre de gravité dans les deux états extrêmes d'une même espèce. La nymphe ou chrysalide devait, comme état intermédiaire, offrir une position intermé- diaire aussi du centre de gravité. C'est ce qu'on observe effectivement quanta la situation relative du point en question. On verra, par les exemples qui suivent, pris chez les Lépidoptères diurnes, noctur- nes et chez les grands Coléoptères, que le centre de gra- vité, qui est abdominal chez les larves, se rapproche de la tête et tend à devenir thoracique chez les insectes par- faits. CHEZ LES INSECTES. 25 •a C u Q s; ::. Z C£l U Q W >- H ■«: .j o O a. m 1 a, a S a> s , a> c/3 * Ol ai 5- ^^ ? 'a -ai c b -D ai fa "CJ «3 O rn •fc- Q. 'fi Oj O o. «-^ o „ 05 o ** a. ^ -O) C3 -a > — ' H f3 (—] o bfi o hï ai 'TZ. S 01 Ol ra w ri) 3 w O o TS •* « s ~ O "-^ "S ai 0) , C3 s 3 en S o X o >■ — L. ^. 03 Ol s ■ - o ^ 3 co O) S •o G -ai L. e -O) i ^ «c « o « O ■3 ^ ro O s co crj -3 en co ai O) 3 ra > CT' en en es ^ ^ o ~ co ï t. o 03 s S O s • »s ^ -QJ 3 cr ?= O O) < s S ■g fi es o i 1—1 OJ es < p O Si « «3 W o ?> o £-a o s q3 aJ 6 aire pair pair pair « c3 ^S i £ s ^ i5^ O 1 fC«fO ,2 s o.-^ P «iiiîiî 1^ 13 en Q «2 a; oj « - i: ^â •< elles de anches d anches d anclics d S tu II o 2 p -5 S Cfi t« i« ^^ OJ o '^ • 9.1 e la 3"" ir du 1' lies han +3 en i ~ i: b s •M )—i Vtf -o r^ H ^ o QJ <^ S •S ■^'î rS '^ H-( C -r; -r; -r; e t/î ^ s ITi r, -G o 'S '^ O .— . *^ '^ *^ o .^ ■— < -^ -^ +J ,4-^ © ■a -tJ T? -U rt s eu rt C = 5 fi C ^ s °^ .S'p'^'? g QJ LO o - +J t. o o o «* ii o i- S S • 39 <5;ncq« « H« -T ^ ^• 2'5 r. 'S a. II rabus biia ronia ronia fil c3 0) 'fi OJ E o OJ 32 POSITION DU CENTRE DE GRAVITÉ > es « O P Q W I — I o ce fin C3 o ■û3 «> "S .2 «> £ ■>: ?" =«•"-= "S 2 Art C3 v: Q Aj ^■ -Bt; (= o SS ïi 63S ^ o o I "1 as e ■— F o ^ Z §5 5 3- rt es 'C ^ S S -ij _ ^ tn s s s O -d -S -T3 & ^ _ ^ ^ ^ ^ /J û; C; o S S S S •■03 I __ £ ••? -S ^ S ca e^ i^ ^ ai S S ~« o :o o 1-- «5 l^ 13 V s B e •m i> Si e ,£ O O u: o Jm .s fa ■v su e o o o o o CO lO o co o QC ce ce co -^ fa o co CD -^ Oi -* îO co O) û; -- — \ • c: - .y "es 5,^ 'S > u s se ?3 CS (S C3 fa o -3 2 o -3 a o «S C3 ^ r- O C3 s cS a o Q> , ffl -s "^ r o 'D a, o o Q cq cc^co^ co^co" Cl (M co co (D 3 s? cS 3 S S o o o c fl n o o -n 13 p ^ 4J rt rt es — — • ■Ti '-j '■n y >< X r! ^ a ^ O o o c fi fi cS ci es m rn rn m f/1 rn C fi a 3 s s fa « •M « fa '« a 0 e •V S PS ÇJ o o 3 3 3 -3 -3-3 "O 'D 'Q t- o •<-< (Jl o r^ o o 50 t-TccTo'" «1 _, - --■ es O) -Ï3 "S Oh tn es V3 S-. 'E-IS OJ es ^ -*^-^ es 3 D O S S 3^ o o es CHEZ LES INSECTES. 33 ■ij <11 H a> ■*J •0) < es •0 O g 13 M c a e3 S 0 C4 . 0) •3^ 73 H Z w .-H c s S 3 -: o o ■2: S= ^ Ci o Oi 3 C3 Q C3 3 il CSÔ „ o s3 es 0 W >; «-M S . > w H Z W o Q W W o o e- — = -3 -S (SS _, o ^-, CJ •— « ^ = c^ ^ <=> (=5 ^= -T3 -ea — en es o es r-, ^^ 0) Qi ■o r3 cz es p p o'oo" oj es fc> ■»-> tn in ^ es •M a es ^ ■ «75 es - ai c C o cù c; S 3 ?< +j _ tn 3 O 13 eu 3 S o'o •M S V fa es n ^ !1) es O H u es ?>-. 3 ^ ^ hP* CHEZ LES INSECTES. 35 •a > ■a ce Z Q > < Ld es Z o O CL. 22, 'ëô a) s 03 en ai •a 5 O 03 es te o _c B O a s o; es S s o C5 es S.a^ fi4 co o X es J2 _ ÏS<) 5 - =^*' ■p o CO s a o • s c . C3 W •r^ O. s S = P^-OiH c ra n: £ es -rr B S c r. c CD £- s s o 0) 1J ^-^ P rô 4> -J^ t. ~ -£ G-l ^ Ot en Vj ^ c« -; U QJ c« 3 O B -O -a o -a Cwrz Ci. -= 3 3^3 "3 ■— D Oi T3 QJ t« tfi ~ ô > "- -2 5 ^ c — 3 CO o a a ra . „ > i< o ^ -J_H ^ 3= Z ti, > c/3 j z ■ ri _B O a- ce ^ S ce B — ce B ce P'.« s- «5 S tri •a "Ew B 'S O O E O; £ O ce 4> Q3 Y> -_ O) £ tft ce i= tn B B " O) B-; a> CJ _g ce B. a> a> 36 POSITION DU CENTRE DE GRAVITÉ L'une des espèces qui figurent dans ce tableau, VOryctes nasicornis, m'a servi à une vérification de mes procédés de détermination du centre de gravité ; vérification que je veux décrire, parce qu'elle est de nature à montrer que les valeurs que j'ai obtenues sont très-rapprochées des valeurs exactes : j'avais trouvé, par mon appareil, que le centre de gravité de deux Oryctes mâles était placé dans le plan vertical qui passe par la région tergale du deuxième anneau abdominal et le bord antérieur des hanches de la troisième paire. Or, si c'était là la véritable position du centre de gravité, il fallait que toute la partie du corps située au delà du plan dont je viens de parler eût exactement le même poids que la partie située en deçà. J'ai donc coupé en deux, à l'aide de ciseaux fins, les deux animaux en question, en suivant exactement les limites indiquées et j'ai mis dans les plateaux d'une bonne balance de précision, d'un côté les deux abdo- mens avec leurs portions d'ailes et d'élytres, de l'autre les deux thorax auxquels adhéraient les fragments correspondants des organes du vol. La différence de poids a été en faveur des abdomens, mais elle était excessivement faible : 0^^009, les deux insectes pesant ensemble à l'état entier, i^^SS. En moyenne, pour un seul Oryctes, le poids de la partie du corps postérieure au centre de gravité déterminé par l'expérience ne sui- passait, par conséquent, le poids de la partie antérieure que de quatre milligrammes, et demi ou 0,002 du poids total de l'insecte. Si on compare tous les rapports donnant la position absolue du centre de gravité chez des insectes à l'état de station, on trouve que les soixante-dix valeurs obtenues soit dans les expériences citées dans ce paragraphe soit CHEZ LES INSECTES. 37 dans celles décrites plus haut ou dont il me reste encore à parler, oscillent entre 0,40 et 0,70 ; mais que qua- rante-trois, c'est-à-dire près des deux tiers, sont comprises entre les limites assez restreintes de 0,46 à 0,55. D'où nous tirons la conclusion générale que, dans le plus grand nombre des cas, le centre de gravité d'un insecte au repos est à très-peu près, situé au milieu de la lon- gueur du corps. Maintenant que nous connaissons la situation du centre de gravité durant la station^ voyons ce qu'il devient pen- dant la marche. M. P. Bert, qui a étudié avec soin la marche du Ca- rabus auratiis, s'exprime ainsi, à propos du centre de gravité (situé d'après mes déterminations au-dessus des articulations des hanches de la 3'"*' paire avec les tro- chanters) : « .... Jamais il ne sort de la base de susten- tation ni ne tend à en sortir. La marche n'est donc pas ici, comme chez les bipèdes et les quadrupèdes, une série de chutes arrêtées, dans lesquelles le centre de gravité porté en avant détermine le mouvement. Il y a simple traction et propulsion. » « De plus, les articulations se mouvant dans le sens horizontal et non dans le sens vertical, le centre de gra- vité n'est pas, comme chez les bipèdes et les quadru- pèdes, alternativement élevé, puis abaissé. Sa trajec- toire, en un mot, est horizontale et sensiblement rectiligne, tandis que chez les animaux dont je viens de parler, elle décrit des oscillations à la fois dans une direction verti- cale et dans une direction horizontale '. » ' Notes diverses sur la locomotion chez plusieurs espèces animales (Me'm. de la Société des Sciences phys. et natur. de Bordeaux, 1" ca- hier (suite), 1866, page 31). 38 POSITION DU CENTRE DE GRAVITÉ Les déplacemfints du centre de gravité, considéré dans le corps même de ranimai, sont le résultat des mouvements des membres locomoteurs qui modifient continuellement et dans un certain ordre déterminé la distribution de la matière pesante. Il ne pouvait guère être question de mesurer ces déplacements chez la plu- part de nos insectes dont les pattes ont, en général, un poids excessivement faible. Les Orthoptères sauteurs seuls ont une paire de membres, la postérieure, suffisam- ment développée ; aussi me suis-je borné à prendre la Lomsla viridissima et ÏOedipoda grossa comme sujets d'expériences. On verra que, malgré ■ le volume des cuisses et la longueur des jambes de la troisième paire, les mouvements de ces membres n'ont qu'une faible in- fluence. Afin d'obtenir des résultats un peu marqués, j'ai fait agir les deux pattes à la fois et exagéré les attitudes, pla- çant successivement les membres postérieurs dans les trois attitudes suivantes : 1° Toutes les articulations fléchies; cuisse veriicale, jambe verticale parallèle à la cuisse ; tarses horizontaux. 2° Demi-flexion, cuisse oblique faisant avec la verti- cale un angle de 30", jambe oblique faisant avec la cuisse un angle de 45'', tarses horizontaux. 3" Extension complète; cuisse, jambe, tarse dirigés horizontalement en arrière. Les déplacements du centre de gravité sont considérés à deux points de vue différents dans le tableau qui suit * : Les nombres inscrits dans la colonne intitulée déplace- ment absolu sont ceux qu'on obtient en soustrayant, pour chaque insecte, la distance du centre de gravité à l'ex- ' Voyez page 40. CHEZ LES INSECTES. 39 trémité de l'abdomen dans l'altitude affectée par l'animal, de la même distance mesurée lorsque ce dernier était dans une attitude précédente prise comme point de com- paraison. La colonne intitulée di^placement relatif contient, pour chaque espèce, le rapport de la valeur absolue du déplacement du centre de gravité à la longueur totale du corps. Ainsi le& nombres 0,027, 0,042 signifient que le centre de gravité s'est déplacé des vingt-sept millièmes ou des quarante-deux millièmes de la longueur de l'a- nimal. ( Voir le tableau à la page suivante.) Le mouvement d'extension des deux pattes postérieures amène donc un déplacement du centre de gravité vers l'extrémité postérieure du corps de l'animal; mais ce déplacement est très-faible puisque le plus considérable ne dépasse pas les quarante-deux. millièmes de la lon- gueur du corps. Si l'on considère que les orthoptères sauteurs sont des insectes à organes locomoteurs exceptionnels et que, chez la grande majorité des autres, les pattes postérieures sont proportionnellement bien plus courtes ; si l'on se rappelle de plus que, dans la marche proprement dite, jamais un insecte ne pose ou ne lève, à la fois, comme dans nos expériences, les pattes d'une même paire \ de sorte que l'effet produit par le mouvement en avant d'une patte est, en grande partie, compensé par le maintien en arrière de celle du côté opposé, on arrive à cette conclu- ' Slrauss-Durckheim, op. cil., p. 181. — Lacordaire, Introduction à l'EntonioIogie, tome I, p. 440. Paris, 1834. — Uiigès, Traité de physiologie comparée de l'Iiomme et des animaux, tome II, p. 169, fig. 212. Paris et Montpellier, 1838. — Paul Bert, op. cit. p. 31. 40 POSITION DU CENTRE DE GRAVITE 1 «s Œdip gros (ma Œdip gros (mal ô's.ïr B 2:g n Y' c tç '/) o CD c« o s=2. w O- 05 C- Q5 -T'as Q, B5 05 c- *-3 ts ts CO 2 S i 0 co l-S -J = ° o. Oî OT VI O _=! V3 . . ^ -^ 2 Distance du centre de s''a- vilé à l'extré- mité de l'al.do- mcii. &3 co ts r^* o co en 3 * ulalions sont fl( S" 0- o o O Rapport entre la dislance du cen're de gravité à l'ex- trémité posté- rieure et la lon- gueur du corps gî ts du memb ciliés > 05 3 ^§2-g"S Positioi du de g co o 3 3- coS- s.= -'V=#3- «• s a» 3 05 3 t "05 -^ 'Ti 05 ?B 3. -5 5. -ï Si* =T 3- rsde aire. -<* 2^ a, 1 s 1 - et fv ^ ^*- ^ ■ — S ts ts m E <^ C O e— (».ÎP. C6 ZJ UT o O £ Ë3; B o o o5 > ^ »* as "^ w o^ c^i- c lacem pporl ■T3 va EW o o o ro 0»' § rt* H. o o o 2. B»_. S tS ts • 1g €0 "^ ts co —^ -^ 0 = Cl. a w o o .^ ::? co. 3 n-e. 3 Ma,-! c^n. 3 ci> = 3 ce c g a- 3 et CD 3 3 » =■ en 05 q- CR c=, = 2" =a COO o. 3 2.3 1.= 2 1.11 relali centre ravilé. S' s t; t 3 ^ OS -^ ^ ff -: X C c 1 -5 CD 1 rs ca O '-J Miliim. 14,5 istancc u centre lie g ra- vilé à l'extré- mité de l'abdo- men. B er o p a> Miliim. 1,0 > 0 Déplacem rapport -a o p o "o 53 S" 1 *~ ts l>& P9 œ ^^s -J -J 7-ï sr^ a m _i>. > "^ co o -5 = IS2-J ord posté rieur des tro chanlers d la 3'"" paire =5 — 3-COCï 2. 3 3- 3 O 3 3- rc- 3 ositioD relaliv du cenire de gravité. ct> =3 ■ "> =■ 05 5 en ar e du tro nter de 1 paire, o d antéi "'"annea ominal. 05 1 1 . o o o, ::?„ o^ oo es 0^ ce o" o" o o' o" o" o^o" S 1 2 S è =n 3 Is. i •ai -a o (M ooo -r- Oiiî X3 s<= o" o'o'o" o'" oo ^^" ^^ ^_ "— — ^~ ^^ î X X < = 3 3 o U s 3 3 3 a> aj Oi t- O IJ OJ OJ o Q a C^hCÛ q QQ > •- »^. t- «o W3 t^ iO OlC P3 o i* 0. ._ o V. "- 5,— E"? = oT ocT 00 C505 OC OiO •q = «-«tîn s '0^« -o-a —IL. ^^^^ 1 1 ^_ 1 ^— c c J2 o a s s é C3 es •£ .3 " «c .5 co £ OJ 2 3 'S e o £ o E s ô =^1, e c Ê OJ G-1 (M -c . "^^ S S 3 "côcô^ 3 n_3 M -a .<„ -C — t: — _^ — -^ a, ._; !-i C 1- CO 3 Jï ce s co 1. 3 i. c; = ~ "ra S CI ;_ S o •S 2 .ï s S - OJ O) 3 •= = E 3 -C 0) E OJ 5 O "1 C 3 •-- O — CI .r -a O o. 3 à. ce i:§J^i=^i:ï="i -p ë-s CJ i< o T3 Oj ^3 3 3 c i- 3 - 0) X -:^ O) 3 3 i. S <î; 5 o ai '— O O O O en O eu C2 ce Ci^oa sa Oca -, o-o oc "-= '"Se § «^„ lO coioi- -^ o^o_ t^ t =^ oj ■;:; o b3 i= oo" 00 ai oc ofo OS s s-i 1 é o^ o_ »«oo o ira»n^ — o te u = oo" cT OiO~* co «rît-" o3 s "^ .^S^l -N -t- •r- ce S" S^ WJ ^'^ O) OJ "H tfi L_ s_ (£_ a.>> OQ _&^-= „ 46 POSITION nu CKNTRE DE GRAVITÉ J'ai réuni, en un troisième groupe, tous les insectes chez lesquels les ailes couchées, au repos, sur le dos, en toit ou croisées, se portent en avant en s'écartant du corps pendant le vol. Ce déplacement des ailes ou des ailes et des élytres, lorsqu'il en existe, reportant une cer- taine quantité de matière vers la tête, amène, ainsi que je l'ai dit au début de ce paragraphe, un déplacement iné- vitable du centre de gravité dans la même direction. Les tableaux suivants permettront de saisir immédiatement la valeur de ce déplacement. ( Voir les tableaux des pages 47, 48, 49 et ôO.) De l'examen de ces tableaux ressortent deux faits généraux : i" Chez les insectes dont les ailes sont cou- chées ou croisées sur ou le long du dos, à l'état de repos, le changement de position des ces ailes pour passer à ïétal actif ou du vol amène toujours un déplacement du centre de gravité horizontal et d'arrière en aoant; 2° ce déplacement est ordinairement très-petit. En ne considérant que les insectes assez nombreux pour pouvoir les réunir en groupes, on voit que les dé- placements les plus considérables ont été présentés par les Coléoptères. Le déplacement relatif du centre de gra- vité, par le fait du mouvement de l'appareil du vol, varie chez eux de 0,059 a 0.023 ; la moyenne de tous les es- sais donne 0,042. Chez les Hyménoptères, il est compris entre 0,016 et 0,047, la moyenne est 0,030; chez les Diptères qui présentent, du reste, à ce sujet, beaucoup d'analogie avec les précédents, les limites sont 0,017 et 0,037, moyenne 0,027. Enfin, le déplacement est le plus CHEZ LES INSECTES. 47 s -52 * «^ ©J CD CD C5 m oc 00 1-- -o •- ^ CO -^ Î--5 ^'î -«»< ■* (M -«* ïr O o" O^ O o_ o^ o_ o" o" o" o" cT i'î =: c -* œ CO o 50 I^ CN 00 -o; ti Z3 o o o — -^ -^ -^ o s 1 1 1 1 I 1 (T^ w II 1 c c -5 -ê -ê 9 A; § ^ -5 -a Ë 5 1 -i "S "n i- 'es i; - -i. "ci 5 5 -5 i2 O en >-5 55 a o o 5 O -1 tËllil II (M 'O 3 O i c ■- il £ = s i ^ ^ 2 g = ii.;| S ] O tfi O CQ S S S G-' S m <5 o 2: 2ll i tr. ."5 o ce — c; X — i- ce •S. "^^ r^ iO Ci OO' 1- -.r-' 00 1 C/l 0/ EPOS os ou croisées, élylres clos.) il i Ë S z o (-■ Cl •g c« o •a _o C o 2 es C &, 2 = t« «j;- t-^ S , cfi i . . 05 tn tn tn • 3 es ' . 3 ;3 3 -tj cs aJ •3 es «.^ ce 0 00 -ÇI ■<»■ i- -1=! C3 ro •* »0 ^2 .-tS 3 ^ es S< c iS ■SI c 0) -S S > 0 ^..^ s — 3 -3 S d3 2 "^ -3 i3 5 0 a. Si -s • s — en 53 US o s a w c3 s 0 0 S a^ > S C3 (D r- -3 c a 3 (0 es > T- -0 33. "3 _ en avant do cédente. t> do l'écusso intérieur du ommal. les trochant i">« paires. V)" ^ o 10 '!D :2| -S ^^«.^ X >0 'O *J ç; c" ^ s r; " c ""'S 3 r3 a •- s Q S Q. 0 s -s ■- - s 3 H 0 ca es-ga> 3 O ■n 0 S ô e..pa W w «-«3 - CA £ .'S 2 0 ^ <-•■= 0 z =^ = „ s fi 0 s — - -a (M ce 0 0^ 0^ «* Cfi t-' 0 Q --C— — ^ 'tfî' •a E- P OS K a K 0 a; 1 •3 « = ^ 3 0 — (D S ^ 1 1 ^ 'O 33 II s 'S è .1 c 3 -s s 3-- i^^B •- •" 2 El o."3 ^ a 3 E s -M « « yl '3 T3 ^ 3'"" pau-e. e thorax et l'ab- doncule). 02 2 g tn.'3 S 3 ■^ 0 «d) "3 « çn:2 ^ (u a. .2 s^ Si t^-3 !^ 5 =« f^ 0- S a> m - ^ ^^ es es C ai -^ a "3 33 5'. -i ■ - = s= S 1:^ 20^ iO_ C5^ 2f5_ isf G>i' «0" (M 00' t- 0 ^j wn .:: 0 in 0 co 0 0 i-'î 0 0 - f g JO c- 1» 0 co co iO r^ r^ 0 = (yi (M CO ■« -j- ^ co ■^ 1-4 S en yi • es 0 'S es elolontha vulgari (mâle) itha vulgari elle) s nasicornis e) murinus . . orus Jividus elle) cta glauca. a viridissim .22 es S 0 eloloi (fem rycte (mal acon (D 0 0 -ES 0 <ï; S S 0 i-J H :z j « CHEZ LES INSECTES. 49 -5 •■= . o^ s k. ai es o~ o^o" o" o' cT o'o~ o~ o" o" 3 , rt « g w fo co in lO 20 Ut Jrt CD V RELATIVE E DE GRAVITÉ 2 1, c ^ "O ^ s 3 "(5 c "S S o es 9 ©la, s ê 2 tfi -• s J, — ai 412 3 Sj 1. S "«iS 3 es __. C 0) O s >1 g ^ 0. d postéri ax. chanters ichcs de d antérie "es S 3 ai £ £ o o T3 -r; Hieu du 1 minai, anches de !ilieu du m ntre les ha 3""-' paires rochanters B es 4= «r w ■^ ^ O "s^ Q t. •; o 3 t- es ^ o ï O u es o OJ s o CA CQ HS O Q S SIS W H H a CA z l^i i !C^ '»„^ ^^ o o_ so^w fc_ 00^ « EU < ïsl^^ = co~ t-^îc ■^'~ cT co~ o'o' cT o~ sn" = 1^2 ;§ zs *F- -"r^ ^-« ^r< O "'■a ~ ~ -^ en il 3 ^ -é P É "^ "es C £ o 43 es 1 lis 3 O S £ èS -t3 es (M ai O 4= .= J= • = ca ci (/i . 3 " f -§ .i 1 3 • - 2 S-eS ^ p-i ^•- . S '3 1 du V il. '" pair neau itrale) e des paire ters d E REPOS u (las ou croisées, POSITION RE DU CENTRE DE doncule unissi mcn au thorax ochanters de 1; trérnités exteri elles de la 3""' einier anneau S ai £ -ccNSpSert • 3-3 "oJ^î^tpaJ =^3i:_5£«:-J,§ eS-^^3-3i'a<^4= -33— 3-^ iitiO)© ■T3 'O t. x; - o O es "- X "^ B ^ Cl Ha ;::. a cq s)S w a H a --.-!= 2 =• ^3'P «^ t. Wï ^ -o o MO 1.0 ^.o 5« o o l~- CD O E- p E-g^ J r^ 9- r- f f ~ :r es t^ co ro X '?1 35 C5 00 CD 3n <^ - ^ u n i^ "" "■ T^ — ~-3~ ~ S CJ> c» ec_ O^O^ 0_ o O c crn:z Ij o Archives, t. XLIII. — Janvier lc)7^. 50 POSITION DV CENTRE DE GRAVITÉ faible dans le groupe des Lépidoptères, compris entre 0,028 et 0,021, il est en moyenne 0,024. Les autres subdivisions entomologiques n'étant repré- sentées que par des espèces uniques, nous n'en tirerons pas de conclusion générale ; je signalerai seulement la Phryganea gratidù comme ayant offert le plus grand de tous les déplacements : 0,078. On comprend que, vu les difficultés inhérentes au genre d'expériences dont je donne ici les résultats, ces nombres ne peuvent être regardés que comme approchés. Néanmoins nous avons déjà pu en déduire deux faits gé- néraux énoncés plus haut qui nous permettent de nous faire une idée des déplacements du centre de gravité pen- dant le vol proprement dit. En effet, M. Marey a démontré expérimentalement, dans ses importantes recherches sur le vol des insectes *, que, pendant le vol, la pointe de l'aile décrit une courbe fermée en forme de chiffre 8, résultant de ce qu'en s'a- baissant, l'aile se porte un peu en avant et qu'en se rele- vant elle se porte en arrière. Or, puisque les grands mou- vements que j'imprimais aux ailes des insectes en les amenant de la position du repos à la position du vol dé- placent le centre de gravité, nous pouvons admettre, avec certitude, que les petits mouvements d'arrière en avant et vice versa que l'aile exécute, pendant le vol réel, doi- vent déterminer dans le corps de l'animal des oscillations continuelles du centre de gravité autour d'une position moyenne qui est celle qui répond aux instants où les ex- trémités des ailes se trouvent au point de croisement de la courbe en huit. * Mémoire sur le vol des insectes et des oiseaux (Annales det Sciences nalur., S^s série, tome XII, p. 61 et 69, 4869. CHEZ LES INSECTES. 51 On a dit et répété que les élytres des Coléoptères ne sont pas des organes actifs ôa vol *. Je ne reviendrai pas sur les observations et les expériences curieuses que l'on a citées à ce sujet; mais je ferai remarquer que, chez les espèces où les élytres se soulèvent et s'écartent, elles ont pour fonction, concurremment avec les ailes, de chan- ger la situation du centre de gravité et de l'amener dans la position nécessaire à l'équilibre de l'insecte pendant le vol. Elles jouent donc un rôle d'équilibration, ainsi que l'avait déjà supposé M. P. Bert *. Si on calcule la moyenne des déplacements du centre de gravité, d'une part pour les quatorze Coléoptères que nous avons essayés et, d'autre part, pour les onze insec- tes à quatre ailes membraneuses, on trouve : Moyenne pour les Coléoptères 0,042 Moyenne pour les insectes à 4 ailes membraneuses. 0,033 Les Coléoptères l'emportent donc un peu ; mais on ne saurait se défendre, à priori, d'un certain étonnement en voyant que leurs élytres ne produisent guère plus d'effet que la paire antérieure d'ailes membraneuses des autres insectes; car, malgré leur longueur moindre, les élytres semblent devoir être plus lourds. Ce fait ne pouvait s'expliquer que si le poids de ces étuis ne surpasse, en réalité, que très-faiblement celui d'une paire d'ailes pro- prement dites. L'expérience vérifie cette hypothèse, car : et une seule paire Quatre élytres d'Oryc/esnos/corms (mâles) pèsent 0g'',i06 08'',053 Quatre ailes prises aux mêmes insectes 08^,072 0k'",036 La différence n'est donc que Oe^OSi 08',017 ' Strauss-Durckheim, Considérations, etc., op. cit., page H5. — Maurice Girard, Note sur diverses expériences relatives à la fonction des ailes chez les insectes (Annales de la Société entomol. de France, i'°« série, tome II, page 157, 1862). • Notes diverses sur la locomotion, etc., op. cit., page 33. 52 POSITION DU CENTRK DE GRAVITÉ ix. Situation et déplacements du centre de gravité pendant la natation. Si l'on détermine expérimentalement la situation du centre de gravité chez les Coléoptères et Hémiptères aquatiques, on trouve que ce point est pl;icé, à très-peu près, au milieu de la longueur du corps, comme chez la plupart des autres insectes. C'est ce qu'on peut constater dans le tableau suivant. Pour rendre les résultats compa- rables, l'attitude des animaux essayés était celle qui, dans la natation, précède l'impulsion en avant, c'est-à-dire que les pattes postérieures étaient écartées à droite et à fltauche. , Dislance Rapport Jii cenire de d innanl la Longueur du gravité à silu.ilion ab- corps rexlrfmité solue du cen- de l'abdomen tre degiavilé Millimètres Millimètres Dyliscus diinidialus(ffimel!e) 33.5 18,0 0,53 Dyliscus maiginalis mâle) 35,5 16,5 0,46 'Acilius sulcatus (femelle) 17,0 8,3 0,49 Ayapus bipiislulalus lO.b 5,2 0,49 Hvdropliilus piceus (femelle) 43,0 21,0 0,49 Nolonecta qlauca 15,5 7,5 0,48 Corixa stiiata 8,0 4,5 0,50 Chez l'insecte nageur, le centre de gravité est au mi- lieu de la longueur du corps; mais il n'en est pas ainsj du centre de poussée. Ce dernier point est placé un peu plus près de l'extrémité anale ; situation qui tient à ce que l'abdomen, en grande partie plein d'air, occupe, à égalité de poids, un volume plus considérable que la par- tie du corps antérieure au centre de gravité. Le corps du CHEZ LES INSECTES. 53 coléoptère aquatique se lient donc obliquement dans l'eau, la tête plus basse que l'extrémité postérieure ; particula- rité dont on s'assure facilement en observant un dytisque qui s'élève lentement au sein de l'eau, sans le secours des rames et en vertu de la simple différence entre son poids spécifique et celui du liquide. Strauss fait remarquer que chez les Coléoptères aqua- tiques, qui sont si bien organisés pour la natation,' le centre de gravité doit être rapproché de la face inférieure du corps *. J'ai été assez heureux pour pouvoir vérifier cette hypothèse. Après plusieurs essais infructueux, je n'ai trouvé que V Hydrophilus piceus qu'il fut possible de mettre, sans soutien, dans une position convenable. Une femelle de cette espèce ayant été placée sur le flanc, transversale- ment au fléau de mon appareil, c'est-à-dire au-dessus et dans le sens du couteau, m'a donné les résultats suivants : Épaisseur de l'insecte dans la région du centre de gravité . . . 15""" Distance du centre de gravité à la face inférieure du corps . . . G""™ La distance du centre de gravité à la face ventrale est donc, chez cette espèce, plus petite que la distance du même point à la face dorsale de 3 miUimètres. On sait que la natation des insectes aquatiques s'opère surtout à l'aide des pattes ou rames de la troisième paire, que ces animaux écartent fortement à di^oite et à gauche, puis qu'ils reportent brusquement en arrière pour pro- duire l'impulsion qui doit lancer le corps en avant. Gomme les membres postérieurs sont ordinairement assez volu- mineux, on pouvait espérer que les déplacements du centre de gravité déterminés par leurs mouvements se- ' Considérations, etc., op. cit., page 196. 54 POSITION DU CKNTRE DE GRAVITÉ raient appréciables. J'ai donc effectué;, pour la natation, des expériences analogues k celles qui concernent le vol; avant d'en donner les résultats, je ferai observer qu'il est fort difficile de maintenir les pattes natatoires dans une position autre que celles qu'elles affectaient lors de la mort de l'insecte; il en est résulté qu'il m'a été impossible de leur donner le même écart ou de les ramener en arrière au même état de parallélisme chez les six espèces que j'ai essayées. Aussi ne peut-on déduire du tableau ci-joint que ces deux faits généraux : lo Lorsque les pattes de la 3™" paire, primitivement écartées, se portent en arrière, le centre de gravité se déplace vers l'extrémité postérieure du corps. 2° Ce déplacement du centre de gravité est toujours très-faible. (Voir le tableau ci-contre.) Le -centre de gravité se portant en arrière lorsque les rames postérieures sont rapprochées et se portant en avant lorsque ces mêmes rames s'écartent, on voit qu'il oscille autour d'un point moyen qui doit répondre à la situation des pattes natatoires lorsqu'elles sont à la moitié de leur course. Il devient donc évident que le corps même de l'insecte qui nage balance constamment autour d'un axe transversal passant par le centre de gravité moyen, et que, si l'on pouvait ralentir suffisamment sa vitesse, on lui verrait parcourir non un chemin en ligne droite, mais une ligne légèrement ondulée. fXI Conclusions. Le lecteur me saura gré, je l'espère, de terminer cet CHEZ LES INSECTES. 55 s *a:" 5tn O •^ t^ 05 (M IS\ ■^ s^ 'M « -H — M CD — ta O o_ O o_ O^ O c= t- vU 5 eu &5 K o o" o~ o" o~ o" -a 3 _£5 Oi "o S 1— r< O O O O S ^. CfJ 1 1 o M -T- (fi t M '3 0 - o ^ J5 .i rt QJ es t^^ S C 53 Q. a; «.?? Z w C3 X o s (^ t. Q.-r; c. 5) _2 C c8 O « a. Q s .=1 S i Cl. o •3 o. LSIO irlccs.) c'a .2 -^ _, 3 O - £ 1^ Cl O •- w — -a 1 00 CD 00 JO t^ •* — o; '^ '^ a "•=] •*: (73 Km s; = V5 •QJ ao^ IC^ o >0_ :ft_ O^ S3 ers -Ç3 ^ S C0~ -o" r-^ cT L-f oo" S i= fO CO ^^ TH ^-< o S - . tn .22 • tn ; •— • 3 3 .S 15 tn iS " 2 •3 oj 'C il tn-^'"!}^ o ■55 5^ g s 3 g es 'S ■^ S tD O O t - Q a < < 'K. o 56 POSITION DU GENTOE DE GRAVITÉ essai par le résumé des conclusions que j'ai cru pouvoir déduire de mes expériences. 1" Le centre de gravité d'un insecte est situé dans le plan vertical médian qui passe par l'axe longitudinal du corps. 2" Le centre de gravité occupe une position à très-peu près identique chez les insectes de même espèce et de même sexe dans la même attitude. 3° Il est rare que fa forme extérieure du corps per- mette de déterminer, sans expérience, la position relative du centre de gravité *. 4" Sexes. Le centre de gravité n'occupe pas la même position chez les deux sexes d'une même espèce; il est tantôt plus tantôt moins reculé chez les femelles que chez les mâles, et sa situation dépend des rapports exis- tant entre les diverses dimensions des individus. 5° Métamorphoses. Lors de la métamorphose de la larve en insecte parfait, le centre de gravité relatif se rapproche de la tête, le centre de gravité absolu s'en éloigne au contraire. 6° Station. Pendant la station, le centre de gravité est placé à la base de l'abdomen ou dans la partie posté- rieure du thorax et ordinairement au milieu de la lon- gueur du corps. 7^ Marche. Pendant la marche d'un insecte, son centre de gravité se déplace constamment autour d'une position moyenne, mais de quantités trop faibles pour pouvoir être mesurées. ^ • La position relative du centre de gravité (c'est-à-dire par rapport aux zoonites) ne saurait se déduire de la forme du corps. La position absolue est, ainsi que je l'ai démontré (§ VIII), intimement liée à celte forme; mais comme on ne peut la trouver que par l'expérience, on voit qu'il est impossible de se passer d'un instrument. CHEZ LES INSECTES. 57 8" Vol. Chez les insectes dont les ailes sont placées, au repos, soit dans la situation qu'elles auront pendant le vol, soit dans un plan vertical, de sorte qu'ils se bornent à les rabattre à droite et à gauche, on ne constate pas de déplacement du centre de gravité, ou l'on ne constate qu'un déplacement à peu près nul, lorsque ces animaux passent du repos à l'attitude du vol. 9° Chez les insectes dont les ailes sont couchées ou croisées, sur ou le long du dos, à l'étal de repos, le changement de position de ces ailes, pour passer à l'étal actif ou du vol, amène toujours un déplacement du centre de gravité, horizontal et d'arrière en avant. 10" Pendant le vol actif, le centre de gravité oscille continuellement autour d'une position moyenne qui ré- pond aux instants où les extrémités des ailes se trouvent au point de croisement de la courbe en huit qu'elles dé- crivent dans l'air. 11'' Natation. Chez les insectes aquatiques, le centre de gravité est plus voisin de la face inférieure du corps que de la face supérieure. 12<* Les mouvements des pattes postérieures en forme de rames déterminent des oscillations du centre de gra- vité autour d'une position moyenne qui répond à la situa- tion des pattes natatoires placées au milieu de leur course. Ces oscillations du centre de gravité amènent un balancement continuel du corps autour d'un axe trans- versal passant par le centre de gravité moyen, et lui font, par conséquent, parcourir un chemin légèrement ondulé. NOTE SUR LA TEMPÉRATURE DU MOIS DE DÉCEMBRE 1871 E. PLANTAMOUR La température du mois de décembre 1871 a été exceptionnellement rigoureuse à Genève^ car l'on trouve pour la moyenne du mois — 4%51, tandis que les 45 années antérieures, de 1826 à 1870, font ressortir la température normale de ce mois à -f-0°,93. Voici pen- dant cette période de 45 ans les valeurs extrêmes ob- tenues pour la température du même. mois : MOIS DE DECliMBRE Irès-froid très- chaud 1871 4°,51 1852 +3°,29 1851 3°,44 1845 +3°,72 1829 — 3°,24 1827 4-4»,62 1855 — 2°,83 1839 -|-5°,17 1840 --2«,70 1833 +5°,81 1870 — 2'',04 1868 -|-6%98 La moyenne des 6 premières valeurs est — 3°,13; celle des 6 dernières -|-4°,93, donc la moyenne des six mois de décembre les plus froids, et des six mois de dé- cembre les plus chauds, est -f-OVJO, c'est-à-dire pres- que exactement le même chiffre que la moyenne géné- rale des 45 années. L'on peut ainsi s'attendre à voir TEMPÉRATURE DU MOIS DE DÉCEMBRE 1871. 59 revenir, après un intervalle de 7 à 8 ans environ, un mois de décembre très-froid, de 3 k 5" environ au- dessous de la moyenne, ou bien à des intervalles de 7 à 8 ans également, des mois de décembre très-chauds, de 3 à 5° au-dessus de la moyenne. Ce retour d'un mois très-froid ou d'un mois très-chaud, au bout d'un inter- valle moyen de 7 à 8 ans, n'implique en aucune façon l'égalité des intervalles entre eux, comme on peut le voir par le tableau ci-dessus. Les valeurs extrêmes obtenues dans le laps de 45 ans sont ainsi — 4°,51 en 1871, soit un écart en moins de 5°,44, et -j-6°,y8 en 1868, soit un écart en plus de 6°,05. La différence entre les deux extrêmes est donc de 11 y, degrés; les variations accidentelles peuvent ainsi amener à la même époque de l'année, et pour toute la durée du mois, une aussi grande différence dans la tem- pérature que celle, que le changement de saison amène du milieu de janvier au commencement de mai. Le thermomètre n'a pas atteint un degré très-bas dans ce m )is de décembre 1871, le minimum absolu du mois étant de — 14^,7 observé le 8; c'est plutôt à la persistance non interrompue du froid, qu'à un abaisse- ment exceptionneldans les chiffres indiqués par le ther- momètre, que doit être attribuée la température très- basse du mois. Il est très-fréquent de trouver au mois de décembre une série de jours aussi froids, et même plus froids, qu'en 1871, ainsi que cela a eu lieu l'année pré- cédente en 1870, du 1" au 10 et du 21 au 31 ; mais à ces jours froids succède ordinairement une période de jours chauds qui amène une compensation. Dans l'année 1871, il n'y a pas eu de radoucissement sensible de la 60 TEMPÉRATURE DU MOIS DE DÉCEMBRE 1871. température dans tout le cours du mois; deux jours seulement, le 20 et le 21 présentent une température moyenne des 24 heures au-dessus de 0, et supérieure à la température normale de l'époque correspondante de l'année. Le chiffre de la moyenne des 24 heures est respectivement de -j-0°,88 et de -|-^^52 pour ces deux jours, le maximum absolu du mois -j-8'',8 ayant eu Heu le 20. Les deux jours les plus froids ont été le 8 et le 9, auxquels correspondent les valeurs de — 9*>,84 et de — 9", 70 pour la moyenne des 24 heures. Il n'y a pas eu un seul jour dans tout le mois où la température ne se soit abaissée au-dessous de 0, le minimum est négatif pour les 31 jours; il y a eu 7 jours seulement, où la température s'est élevée au-dessus de 0 dans le courant de la journée, le maximum est négatif pour 24 jours. Au contraire, en 1868, le minimum avait été négatif pour 4 jours du mois seulement, et on ne trouve pas un seul jour, où la température ait été au- dessous de 0 pendant les 24 heures. QUELQUES MOTS DE REPONSE A M. LE CONTE » AU SUJET DES IMAGES D'ILLUSION Par m. Raoul PICTET. S'il est un devoir que chacun doit être satisfait de remplir, c'est certainement celui d'accepter la critique, d'en faire son profit et de remercier ceux qui prennent la peine de travailler une question pour tâcher d'en éclaircir les principes fondamentaux. Je m'empresse aujourd'hui de témoigner ma recon- naissance à M. Le Conte pour l'intéressante communica- tion qu'il a fait insérer dans les Archives, et je suis heureux de voir que la discussion toute bienveillante qui s'est en- gagée, va rouler spécialement sur une question de termes et de mots, puisque la base même de l'argumentation : Vexpérience est reconnue de part et d'autre. N'ayant pu abuser de la place consacrée dans les Ar- chives aux Mémoires, j'accepte, sans restriction aucune, la critique sur l'insuriisance des développements que j'ai apportés dans l'analyse de chaque expérience, et je ren- voie le lecteur aux Mémoires de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg où paraît le travail complet actuellement sous presse. La notice de M. Le Conte comble une partie de ces * L'arlicle de M. Le Conte, qui a paru dans la livraison du mois d'août, ne m'élant parvenu au Caire qu'à la fin de novembie je n'ai pu y répondre plus tôt. R. P. 62 RÉPONSE A M. LE CONTE lacunes et me permettra de toucher immédiatement au nœud du problème. Étant données les deux théories : nativistique et empi- risiïque, quel est le moyen de discerner la véritable, celle qui est l'expression de la réalité ? Deux méthodes seulement sont en présence : l'étude histologique guidée par l'anatomie comparée d'un côté; les expériences physiologiques et pathologiques de l'autre. 11 faut donc accumuler une série de faits, les grouper, puis déduire de leur ensemble la loi probable ou la loi certaine suivant le résultat de la synthèse. Cette marche suivie conduira la plupart des observa- teurs aux mêmes conclusions si l'on a soin de donner à chaque terme et à chaque mot sa vraie signification, car je regrette vivement d'avoir involontairement donné lieu à une fausse interprétation de ma pensée en employant quelques expressions nouvelles. Je vais donc reprendre un à un les faits tirés soit de l'observation directe, soit des expériences physiologiques et faire cesser ainsi toute ambiguïté. 1" Organisation anatomique. Trois considérations importantes découlent de la struc- ture anatomique de l'organe de la vue considéré chez les vertébrés en général. Au fur et à mesure que les yeux prennent une posi- tion moins latérale, qui permet aux champs visuels d'a- voir des parties communes, le chiasma ou connexion des nerfs optiques, se développe et prend plus d'importance ; il passe par tous les degrés, depuis le simple contact des deux nerfs jusqu'à leur entre-croisement le plus intime; l'entre-croisement des fibres nerveuses est un fait 'par- faitement constaté chez l'homme. AU SUJET DES IMAGES d'iLLUSION. 63 On peut donc alfirmer que la disposition anatomique se modiûe de plus en plus à mesure que la vision bino- culaire est rendue possible par l'orientation des yeux. M. Haering, dans un travail consciencieux, a prouvé que les systèmes musculaires des deux yeux ont des centres d'innervation communs, et que l'enfant naissant aveugle, n'ayant par conséquent jamais vu, n'ayant au- cune habitude individuelle, ne possédant que de l'instinct, c'est-à-dire de la mémoire et de l'habitude héréditaire, tourne ses yeux symétriquement de la même manière qu'un enfant nouveau-né bien conformé. Il obéit donc à des conditions congénitales. Cela s'applique à tous les hommes, et pour arriver à modifier d'une manière un peu sensible cette disposition organique, il faut faire un exercice considérable analogue à tous les travaux de gymnastique. Enfin les cas pathologiques nous montrent également le rapport intime et organique qui existe entre les deux yeux : je citerai, comme exemples, les maladies sympa- thiques qui passent d'un organe à l'autre sans contagion apparente, le clignement simultané des yeux, etc., etc. Toutes ces considérations montrent clairement que les deux yeux ont entre eux des rapports organiques incon- testables, rapports |)lus intimes que tous ceux que l'on peut observer dans d'autres organes du corps. 2° Expériences 'physiologiques. Dès le plus bas âge on observe, chez les enfants bien conformés, la fusion des images doubles en une seule, durant toute la vie ce phénomène persiste sans changer d'intensité. Ce fait général constitue ce qu'on appelle la loi des points correspondants. 04 RÉPONSE A M. LE CONTE L'extériorisation des images binoculaires a été parfai- tement décrite dans le travail de MM. Haering et Helm- holtz. L'œil cyclnpéen des auteurs allemands est exactement ['œil binoculaire de M. Le Conte, seulement je constate que cet œil est au moins aussi fictif que les images d'il- lusion ; c'est une manière commode d'exprimer la loi des phénomènes observés, c'est une règle de géométrie à suivre pour se rendre compte des impressions que l'on éprouve dans telle ou telle circonstance ; nous verrons même que cet œil binoculaire peut être mis en défaut et qu'il peut voir un écran transparent en totalité lors même qu'une grande partie du champ visuel lui est totalement cachée. Tout ce qui a rapport aux images doubles alternées et homologues, au relief, etc., etc., est suffisamment connu pour qu'il soit inutile de le mentionner de nouveau ici. Il ne peut se présenter à cet égard aucune divergence d'opinion ; les belles recherches que M. Le Conte a faites avec la collaboration de son frère M. J. Le Conte, sur l'impression du relief perçu à la faveur de l'étincelle élec- trique ont élucidé ce dernier point d'une manière décisive et péremptoire. Enfin la question de la transparence de toutes les images doubles suivant les exposés précédents, n'étant pas contestée, nous allons établir à nouveau la significa- tion des expressions employées en comparant chez l'homme deux organes différents : les deux mains et les deux yeux. Nous montrerons également par quelques expériences que l'explication de la transparence des images doubles donnée par M. Le Conte ne peut pas se soutenir devant AU SUJET DES IMAGES d'iLLUSION. 65 les expériences nombreuses qu'il est facile de répéter pour peu qu'on soit habitué à ces sortes de recherches. Les points correspondants sont-ils oui ou non liés ana- tomiquement; en d'autres termes, est-ce que le sensorium reçoit les deux impressions lumineuses venant de deux points correspondants, de la même manière qu'il reçoit deux impressions tactiles produites dans les deux mains par deux pièces de monnaie identiques et identiquement placées? Il n'y aurait aucune différence à établir entre ces deux cas, sinon une rapidité plus grande dans l'inter- prétation des sensations visuelles à cause de la grande fréquence de leur manifestation. Nous allons supposer que les deux yeux ne soient point liés anatomiquement , que les deux fibres éma- nant de deux points correspondants n'aient pas plus de connexion entre elles que les fibres nerveuses qui s'épa- nouissent dans les deux paumes des mains ; il va sans dire qu'à part leur modalité les impressions dans ces deux organes seront très-comparables, et que nous pouvons assimiler les deux mains aux deux yeux. Supposons qu'un manœuvre fasse tourner une manivelle avec les deux mains pendant plusieurs heures par jour; certes au bout de quelques mois ou de quelques années, ses deux mains auront pu prendre une très-grande habi- tude et associer ensemble deux impressions parfaitement semblables, provenant de la même manivelle. Si nous coupons cette manivelle par le milieu, il n'y aura plus place que pour une seule main, mais la sensa- tion que celte main éprouvera ne donnera nullement au manœuvre l'illusion qu'il ait l'autre partie de la mani- velle dans l'autre main, il sait très-bien qu'une des deux impressions manqme. qu'elle fait défaut. L'usage, quel- Arghives, t. XLIII. — Janvier 1872. 5 66 RÉPONSE A M. LE CONTE que prolongé qu'il soit, sera toujours incapable de don- ner une pareille illusion. Tout le monde connaît la sensation de fourmillement particulière que l'on éprouve dans la main quand, après une compression momentanée du bras, on lui rend ses mouvements. Supposons un instant que l'on pût provoquer exté- rieurement ce fourmillement, en établissant un contact entre la main et une brosse très-fine ou un autre objet quelconque. Dans ce cas, si nous comprimons le bras droit d'un homme en mettant sa main gauche en contact avec le dit instrument, le sujet percevra deux sensations identiques dans les deux mains. Une des sensations sera réelle, Tautre sensation sera aussi réelle mais faussement extériorisée, c'est une im- pression d'illusion dans la main, puisque la cause de cette impression siège dans le nerf cubital et peut être provoquée sur tout son parcours; elle pourrait l'être jus- qu'à l'encéphale s'il était possible d'atteindre le nerf à ce niveau. Personne ne pense que les éléments nerveux de la main sont ébranlés par cette douleur subjective, comme le sont ceux de l'autre main ; l'illusion complète dans laquelle se trouve le sujet en expérience provient de ce qu'il croit avoir ses deux mains dans une situation sem- blable, et qu'il se persuade pourtant, par l'intermédiaire de ses autres sens, qu'il n'en est rien, et qu'une de ses mains ne reçoit de l'extérieur aucune impression. Voilà l'illusion bien caractérisée, cet exemple rend exactement compte de la signification que je lui ai toujours donnée. En réalité les systèmes nerveux de nos deux bras n'ont aucune connexion, aussi toute impression perçue AU SUJET DES IMAGES d'iLLUSION. 67 par la main gauche ne donnera aucune espèce de sensa- tion d'illusion dans la main droite ; nous ne pourrons jamais souder ensemble deux impressions tactiles et les confondre en les rapportant à la même partie d'un ob- jet; €6 seront toujours deux éléments diflérentsdu même corps qui toucheront deux parties différentes de l'orga- nisme, et quand ce corps sera devenu infiniment mince, nous aurons cependant encore l'impression de toucher les deux surfaces du corps dans deux parties distantes l'une de l'autre. Celte question de physiologie donne pleine raison aux déductions philosophiques de Maine de Biran qui parais- sent aujourd'hui être acceptées par tous. Que devrait-il se passer si, ainsi que la théorie empi- listique le désire. Il n'y avait aucune connexion organique entre les deux yeux ? Des phénomènes semblables à ceux que nous venons de citer; chaque œil garderait son indépendance d'allure^ aurait conscience des impressions visuelles qu'il reçoit et qu'il cherche ; jamais le moindre doute ne se manifeste- rait relativement à l'œil qui voit et à celui qui ne voit pas un objet lumineux. Supposons pour les deux yeux une situation analogue à celle que nous avons établie pour le sens du tact, afin de montrer l'accord qui existe entre la théorie nativistique et les faits. Je place un observateur immobile dans une chambre parfaitement obscure, de telle sorte qu'il ne puisse se ren- seigner sur rien de ce qui l'entoure, il n'aura ainsi à analyser que les sensations lumineuses que je lui présen- terai. Lui faisant ouvrir les deux yeux, je mets dans le fond 68 RÉPONSE A M. LE CONTE de la chambre un point lumineux, suffisamment éclairant pour être parfaitement visible, mais ne projetant cepen- dant aucune clarté sur les objets environnants. L'observateur dirige ses deux axes optiques sur le point de mire et en reçoit deux impressions lumineuses qui se transforment en une seule sensation; les auteurs qui sont pour la théorie empiristique comparent cette sensation unique à l'impression de la manivelle tenue par les deux mains du manœuvre. Jusque-là on ne peut rien alléguer de contraire à cette manière de voir; mais qu'on introduise un petit écran noir entre l'œil droit ou l'œil gauche de l'observateur et le point lumineux, il sera incapable de déterminer quel est l'œil actif et quel est celui qui ne voit rien. C'est un fait qui paraît difficile à croire mais qui n'est pourtant que l'expression exacte de la réalité. J'ai répété à plu- sieurs reprises ces expériences sur moi-même et sur d'autres et elles m'ont entièrement convaincu. Tous les observateurs qui ont fait ces recherches en se mettant en garde contre des erreurs involontaires sont arrivés au même résultat. C'est comme si le manœuvre quittant d'une main sa manivelle était incapable de dire avec laquelle il travaille encore, c'est même plus : c'est comme s'il affumait qu'il travaille encore avec les deux bras, mais cependant avec moins d'énergie. Comment expliquer ce phénomène ? La théorie empiristique pure ne peut pas donner la solution cherchée. Revenons au cas dans lequel un homme éprouve un fourmillement directement provoqué sur la main gauche par exemple, pendant qu'on lui comprime le nerf cubital AU SUJET DES TMAGES d'iLLUSION. 69 droit; mettons cet homme dans l'immobilité la plus com- plète et dans l'obscurité, il ne sera renseigné que par les impressions tactiles; si à ce moment on lui demande à quelle main est placé l'instrument qui provoque le four- millement, il lui sera impossible de répondre d'une ma- nière précise. Il aura pourtant sur une main une impression vraie et sur l'autre une impression fictive, une impression d'il- lusion. Par le fait de la compression du nerf cubital sur un point de son parcours, le sensorium éprouvera une sen- sation qui revêt la forme de la réalité elle-même : obser- vant exactement les mêmes phénomènes des deux côtés, il les interprétera de la même manière. Nous savons que l'irritation du nerf cubital produit cette impression localisée dans la main, n'importe le lieu où le nerf est comprimé ; si par une disposition anatomi- que quelconque l'impression directe reçue par la main gauche pouvait irriter la racine rachidienne du nerf cu- bital droit, nous obtiendrions dans tous les cas possibles le même résultat que nous signalions précédemment. En effet, le fourmillement provoqué artificiellement sur la main gauche réagirait sur l'encéphale et provo- querait une sensation identique dans la main droite, ce qui ferait croire à l'observateur que chacune de ses mains éprouve une impression réelle et physique. Or c'est précisément ce genre d'illusion qui se produit dans le cas précité pour la vision binoculaire; l'observa- teur ne peut en aucune façon distinguer Yimage réelle de l'image d'illusion puisqu'il ne les analyse que par leurs caractères optiques et que sous ce point de vue elles sont parfaitement identiques. S'il est une chose certaine, c'est 70 RÉPONSE A xM. LE COxNTE qu'un des yeux ne voit rien; il n'est pas moins évident que l'observateur croit voir. Appelons donc image d'illusion l'expression de ce phénomène tout subjectif, de cette ex- tériorisation purement mentale, mais qui révèle la struc- ture anatomique de l'organe visuel. Il est nécessaire aussi d'employer dans les expériences des moyens auxiliaires qui permettent d'éclaircir un à un les différents phénomènes de la vision. L'emgloi des écrans dans les expériences décrites, n'est nullement né- cessaire pour les observateurs rompus à l'exercice des muscles des yeux comme l'est M. Le Conte; mais il est presque indispensable de définir nettement les conditions d'observation pour ceux qui ne sont pas familliarisés avec ce genre d'études. Je rappelle rapidement les quelques expériences qui établissent la transparence illusoire et qui sont décrites dans les deux articles précédents; elles prouveront l'in- exactitude de l'explication qu'en adonnée M. Le Conte*. Voici la plus simple : On regarde la paroi de la cham- bre et l'on place l'index devant les yeux, tous deux ouverts; on distingue dans cette situation deux images transparentes du doigt ainsi que l'a également observé M. Le Conte. Notre explication trop brève, il est vrai, est contenue » dans le premier article, nous n'y reviendrons pas ; mais nous croyons pouvoir démontrer que celle de M. Le . Conte, qui paraît être d'une grande simplicité, a le tort de n'être pas exacte. Voici ce que dit M. Le Conte * : « Nous croyons que la raison pour laquelle la transparence des images dou- * Archives des Sciences phijs. et natur., février et août 1871. * Voyez Archives, tome XI.I, pages 403-404. AU SUJET DES IMAGES o'iLLUSlON. 71 bles a été si peu étudiée par les divers auteurs tient pré- cisément à la facilité avec laquelle elle se conçoit. Voici notre explication : Nous voyons toutes les parties de la paroi parce qu'aitame partie n'est cachée à nos deux yeux. Les images doivent paraître transparentes puisqu'elles ne cachent rien à ['observaieur ;... nous disons qu'une partie de la paroi est cachée à l'œil droit (celle sur laquelle tombe l'image de l'œil droit), mais que celte partie est visible à l'œil gauche; semblablement une partie delà paroi fst cachée à l'œil gauche, mais cette partie est vi- sible à l'œil droit; .... nous disons que toutes les parties de la paroi sont vues, non par chaque œil, mais par {'observateur binoculaire ; ce n'est pas que certaines parties soient vues comme images vraies, et certaines autres comme ma^es d'illusion; mais toutes sont vues comme imag'S vraies. « Si au lieu d'un doigt nous nous servons d'un écran large de plusieurs pouces (plus large que l'espace inter- oculaire) les images doubles ne se sépareront pas alors entièrement. Elles se recouvriront hétéronymiquement sur un espace égal à l'espace interoculaire. La partie commune sera opaque parce qu'elle couvre une portion de la paroi qui est cachée aux deux yeux ; le reste sera transparent. » Nous regrettons de ne pouvoir absolument pas accep- ter cette explicalion si simple en apparence, mais elle est évidemment erronée, et cela pour plusieurs raisons. i° Un écran opaqup, large de plusieurs pouces, ca- chant physiquement aux deux yeux une notable partie de la paroi, devrait forcément être vu opaque en tout ou en partie par l'œil binoculaire de M. Le Conte ; il est facile cependant de montrer par l'expérience que cet écran 72 y RÉPONSE A M. LE CONTE peut être vu transparent en entier et semble ne cacher aucune partie de la paroi du fond de la chambre. Nous touchons ici du doigt Villusion. 2° D'après l'explication de M. Le Conte, la partie de la paroi qui est cachée pour l'œil droit par l'interposi- tion du doigt est celle qui, affectant l'œil gauche d'une image réelle, provoque l'illusion de transparence; il est également aisé de prouver que toute autre partie de la paroi peut être utilisée dans ce but, et que le cas précité est exceptionnel, n'étant qu'un cas particulier du cas général. Ne pouvant pas allonger outre mesure cette discus- sion, nous montrerons seulement comment l'écran plus large que l'écartement interoculaire peut paraître trans- parent en entier. Il suffit pour cela de parvenir à faire volontairement diverger les axes optiques. Si en tenant l'écran d'une main entre la paroi et les yeux on fait diverger de plus en plus les axes optiques, l'écran paraîtra transparent dans son entier au moment oii les deux axes optiques arriveront à être langeants aux deux bords opposés de l'écran. L'illusion de transpa- rence dans ce cas est aussi complète que lorsqu'on se sert du doigt, cependant il est facile de se convaincre qu'une partie de la paroi est totalement invisible, abso- lument cachée k l'un et à l'autre organe. Qu'est devenue dans ce cas l'explication de M. Le Conte ? Comment se fait-il que les images réelles (puisqu'il n'admet que celles-là) éclipsent totalement \me lacune évidente dans le champ visuel? La discussion géométrique et physiologique de ce cas est contenue au complet dans le Mémoire publié à St.- Pétersbourg. J'en dirai autant de la discussion que M. Le AU SUJET DES IMAGES d'iLLUSION. 73 Conte entreprend des expériences faites avec une pièce de monnaie, en supprinnant les écrans ; elle est en tous points conforme à mes propres résultats, sauf une ex- ception que je dois signaler, « Il suppose en effet* qu'on se serve de l'image du crayon vue par l'œil gauche pour dessiner l'image de la pièce de monnaie telle que la donne l'œil droit, dans ce cas on trouve qu'on a fait une esquisse à une demi-distance interoculaire à gauche de la pièce. » Cette solution, qui est en harmonie avec la théorie de M. Le Conte, est encore en désac'cord avec l'expérience lorsqu'on la varie dans tous les cas possi- bles. On trouve, en effet, que suivant les dispositions voulues, l'image que l'on dessine peut se trouver à un quart, une demi, une et même une et demi distance interoculaire. Elle est à volonté , mais correspond tou- jours à la position des points correspondants. Du reste, ce qui nous a étonné, c'est de voir M. Le Conte être un chaud partisan de la loi des points cor- respondants : pour quiconque l'admet, les images d'illu- sion deviennent nécessaires, puisqu'elles doivent forcé- ment être la conséquence du fait de la fusion de deux impressions en une seule. Cela nous étonne d'autant plus que M. Le Conte, dans les expériences faites avec la pièce de monnaie, considère l'image tracée à l'instar d'une des images doubles dans la vision binoculaire ordinaire. « Dans l'expérience faite avec la pièce de monnaie, c'est au contraire une des images doubles qui est regar- dée comme étant d'illusion. » Cette regrettable confusion provient de ce que M. Le Conte a opéré sans écran, il n'a pas pu se rendre compte, ' Page 410. 74 RÉPONSE A M. LE CONTE en traçant le contour de la pièce, que ce contour, dans chaque cas, provient d'une illusion d'optique due à l'œil droit; le crayon est vu par l'œil droit, l'image qu'il copie est forcément l'image réelle vue par l'œil gauche mais transmise illusoirement au droit, c'est-à-dire attri- buée par le sensorium à l'œil droit. L'écran joue le rôle d'analyseur, de moyen auxiliaire qui permet d'étudier la question sous toutes ses formes. Il semble, du reste, que M, Le Conte voudrait établir une différence entre l'expérience de la pièce de monnaie et les autres que nous avons décrites. Elles sont en tout points basées sur les mêmes phénomènes. Quand les axes optiques ne se rencontrent pas au point de mire, les deux images réelles et physiques se projettent suivant deux directions et donnent au senso- rium l'impression de deux corps ; il va sans dire que les impressions subjectives qui en dépendent sont entière- ment identiques à celles qui les produisent, c'est à l'ob- servateur de savoir les distinguer, les reconnaître et les étudier par tous les moyens possibles. Ces expériences nécessitent, comme on voit, la plus minutieuse attention, car l'erreur est malheureusement trop facile en matière d'observation. Nous terminerons enfin celte discussion par l'exposé de deux expériences qui prouvent la vérité de l'illusion si tant est que les précédentes ne suffisent pas. Fermant l'œil droit, regardez fixement avec le gauche un point lumineux, une flamme de lampe, par exemple, durant une minute environ, puis, ouvrant l'œil droit et fermant le gauche, promenez le regard sur la paroi de la chambre, vous verrez distinctement se manifester les phénomènes des images consécutives, absolument comme AU SUJET DES IMAGES d'iLLUSION. 75 si c'était l'œil droit qui avait été ouvert et en contact avec les rayons lumineux. L'observateur le plus attentif ne peut surprendre au- cune espèce de différence appréciable, et il projette ces images vivement colorées sur tous les objets qui l'en- tourent, il a l'œil droit ébloui ! Est-ce, ou n'est-ce pas une illusion 1 l'œil droit a pu être ébloui par l'œil gauche, il peut voir la succession des couleurs complémentaires se projeter par sa rétine et cependant en fait il n'y a dans les cônes et les bâton- nets aucune excitation physique, aucune vibration quel- conque, puisque la paupière était fermée tant qu'a duré le voisinage du corps lumineux ! On sait du reste que dans ce cas les changements de couleurs sont l'effet de la disposition anatomique, que la volonté n'a aucune action sur leur manifestation, et que conséquemmenl l'habitude n'y joue aucun rôle. Cette expérience, bien facile à ré- péter, donne un exemple frappant de ce que nous avons constamment appelé image d'illusion; celte image d'illusion est identique en tous points à celle de l'œil gauche, mais par ces moyens auxiliaires nous la met- tons en évidence, ce que M. Le Conte juge impossible, en disant : « Il est facile de juger combien, à cause de cette identité parfaite et de cette union inséparable de l'image vraie et de l'image d'illusion, il serait difficile, pour ne pas dire impossible, et parlant futile d'essayer de prouver Texislence de ces dernières. » La deuxièmo expérience que nous voulons relater pour montrer l'union intime et organique qui existe entre les deux yeux, consiste en une observation que nous avons pu faire cet automne au Caire sur un 70 RÉPONSE A M. LE CONTE Arabe parlant bien le français et attaqué accidentelle- ment d'une amaurose partielle de la rétine droite. A l'examen ophthalmoscopique on distinguait nette- ment une tache rétinienne, accident consécutif à une pe- tite hémorragie locale qui fut provoquée cet été par une insolation. Cette tache s'étendait presque jusqu'à la fovea centralis, qui était intacte. La tache n'avait pas un con- tour circulaire, elle était au contraire échancrée, présen- tant un prolongement filiforme vers le bas. La vision n'était pas complètement éteinte sur la partie attaquée, mais elle était confuse. Le malade se plaignait d'avoir constamment dans le champ visuel un voile dont le con- tour qu'il dessinait avait exactement la forme renversée de la tache observée; son œil gauche était parfaitement sain et les milieux réfringents tout à fait normaux. Lorsque le malade avait les deux yeux ouverts , il ne pouvait pas dire quel était l'œil attaqué; mais s'il fermait alternativement les yeux, l'œil sain distinguait clairement l'image des objets. J'ai essayé de faire projeter par l'œil sain la tache de l'autre œil, en lui donnant l'illusion que son œil gauche, parfaitement intact, était aussi malade. Voici comment l'expérience était disposée. L'Arabe ayant les deux yeux ouverts ; j'ai placé à une faible distance de l'œil droit une petite glace de verre dépoli, qui formait pour l'œil un écran, ne laissant passer qu'une lumière diffuse et très-peu intense. Dans ces conditions, l'œil gauche voyant les objets du champ visuel, les percevait à peu près aussi nettement que si l'œil droit était fermé. Mais si, faisant arriver obliquement un rayon de soleil j'éclairais vivement au moyen d'un prisme à réflexion totale, la glace de verre, l'impression visuelle sentie par AU SUJET DES IMAGES d'iLLUSION. 77 l'Arabe se modifiait profondément, et il projetait aussitôt par l'œil gauche la tache rétinienne de l'œil droit ; il la voyait se peindre sur le mur avec une grande netteté et assurait que l'impression perçue à ce moment par l'œil gauche ne différait en rien de l'impression que lui four- nissait l'œil droit. Si l'on veut à toute force nier les illusions dans la vision binoculaire, on devra admettre dans ce cas que l'œil gauche est malade, et cependant l'examen attentif montre qu'il n'en est rien, et qu'il est parfaitement sain! L'explication de cette expérience est fort simple par la liaison anatomique des points correspondants, elle ré- clame même cette liaison comme indispensable. Quand l'œil droit est fermé, la rétine droite ne per- çoit aucune sensation lumineuse, il en est à peu près de même lorsque la glace dépolie est placée à une petite distance devant lui. Le sensorium reçoit donc uniquement les impressions lumineuses de l'œil gauche qui est sain, ce sont des images nettes et claires du champ visuel. Le sensorium (on l'a démontré) ne sait pas analyser à quel œil appartient une impression lumineuse, dans ce cas, par conséquent, le malade n'a aucune raison de croire sa vue attaquée, il ne le saurait même pas si ces conditions pouvaient ne pas varier. Mais tout à coup on fait entrer une grande quantité de lumière dans l'œil droit, cette lumière affectant toutes les parties de la rétine, excite violemment celles qui sont saines et fort peu celles qui sont malades; de là résulte pour le sensorium l'impression d'un fond très-éclairé sur lequel se détache un voile obscur. Dans ce cas comme précédemment^, il ne peut distinguer à quel œil appar- tient celte nouvelle impression; il la reportera conséquem- 78 RÉPONSE A M. LE CONTE ment aux deux yeux, de là la projection subjective, fictive, illusoire, de la tache par l'œil gauche, c'est la consé- quence forcée et obligatoire de la doctrine nalimstique. Nous nous bornerons à ces considérations pour prou- ver qu'il est parfaitement possible de se rendre compte des illusions nombreuses auxquelles donne lieu la vision binoculaire, il suffit simplement de faire naître des conditions telles qu'elles puissent servir de contrôle et de critère certain , relativement à l'interprétation des sensations perçues. L'objection principale que nous ferons à M. Le Conte sur la manière dont il interprète et explique le relief instantané des objets par la théorie empirislique, consiste, ainsi que nous l'avons déjà dit, dans les conditions phy- siques nécessaires à celte sensation toute particulière. Il faut que les vibrations physiques existent simultanément sur les deux rétines pour que le relief se produise; une fraction de seconde de différence, entre les impressions lumineuses que l'on fait se succéder artificiellement sur chaque rétine, suffit ipour détruire ou faire naître le phénomène, cette fraction correspond à la disposition anatomique de la rétine , et n'a rien à faire avec les actes psychiques qu'invoquent à leur aide tous les par- tisans de la doctrine empiristique. M. Le Conte dit ' : « La seule explication vraie de la perception instantanée du relief est, je crois, celle que j'ai donnée dans mon article sur les phénomènes stéréos- copiques. « L'observateur sait, instinctivement et sans en faire l'épreuce dans tous les cas d'images doubles, si elles se- ront unies par une plus grande ou par une plus petite ' Page 421. AU SUJET DES IMAGES d'iLLUSION. 79 convergence, et par conséquent ne se trompe jamais, et ne tente jamais de les réunir par un mauvais déplace- ment des axes optiques. » Celte explication entraîne forcément M. Le Conte vers une conclusion qu'il exprime, c'est que l'idée de distance dans les phénomènes de relief, provient de la tendance au mouvement des axes pour voir telle ou telle partie de l'objet simple. Si les axes tendent à converger, le point de mire nou- veau sera plus rapproché, si au contraire ils divergent davantage, le corps sera plus éloigné. On peut faire une expérience qui combat cette manière de voir, c'est en cherchant à fusionner en une image binoculaire simple deux projections stéréoscopiques que l'on tient dans les mains. On s'appliquera à examiner dans cette image binocu- laire la par tie du corps qui se trouve à mi-distance entre le plan antérieur et le plan postérieur, puis on fera deux mouvements simultanément. On écartera d'une manière graduelle les deux projec- tions stéréoscopiques l'une de l'autre et on cherchera à fixer l'attention sur ceux des points du corps vu sté- réoscopiquement qui se trouvent le plus près du plan antérieur. Les axes optiques, si les projections n'avaient pas changé de place, se seraient rapprochés, auraient cowfergfé, mais vu ce mouvement effectué simultanément, ils ont dû diverger; malgré cela l'impression de relief n'a été aucu- nement modifiée, et chose curieuse, on remarque que la distance à laquelle le sensorium reporte l'objet vu est à peu près indépendante de l'angle de convergence des axes optiques. Le sensorium interprèle donc uniquement 80 RÉPONSE A M. LE CONTE une chose : la différence des dessins rétiniens. Cette diffé- rence pour être saisie, analysée et enfin interprétée, a besoin d'une disposilion organique qui serve de compas, qui donne une impression fixe, sur laquelle ne repose aucun doute, ni aucune ambiguïté. Nous ne pouvons pas revenir sur toutes les méthodes qui graphiquement, permettent de tracer sur un plan quatre contours d'un objet vu lorsqu'il ne se trouve pas à l'inlersecUon des axes optiques, nous renvoyons pour cela au Mémoire indiqué ; mais ces mé- thodes expérimentales prouvent que le sensorium dans tous les cas possibles interprète une sensation visuelle quelconque comme si elle provenait des deux yeux. La question de fait se trouve établie, il y a une con- nexion nerveuse entre les deux yeux. Quant à savoir quelle est cette connexion, dans quelle partie du cerveau elle s'établit, quelles sont les fibres qui physiquement s'associent, c'est là le travail de l'anato- miste et du micrographe, travail qui a été franchement abordé par l'école allemande. J. et C. Wengel ont déjà publié en 1812 une intéres- sante observation pathologique dans laquelle ces deux physiologistes purent suivre l'atrophie de l'un des nerfs optiques, depuis l'œil malade, jusqu'au côté opposé du cerveau; ces préparations ont pleinement établi le fait qu'il existe, au moins dans le chiasma, une décussation partielle des nerfs optiques. Les préparations qui se trouvent à Dublin, dans le Muséum de Richmond Surgical School, montrent la dé- générescence du nerf optique correspondant à l'œil ma- lade quand la cause de la maladie attaque un des hémis- phères du cerveau, mais témoignent aussi de l'entre- croisement réel des fibres dans le chiasma. AU SUJET DES IMAGES d'iLLUSIUN. 81 Millier, à la suite de certaines lésions d'un hémisphère cérébral d'un oiseau, a observé une cécité totale de l'œil du côté opposé. Voilà des faits positifs, irrécusables, qui montrent et révèlent une partie au moins de la vérité ; la théorie em- piristique n'en tient presque pas compte. Mais pour être complet" dans cette question, nous de- vons mentionner deux cas qui ont été observés par M. le D*" Dor, professeur à la Faculté de médecine de Berne, qui a eu la complaisance de nous les décrire. Cet oculiste distingué, parmi la foule de cas curieux qu'il a traités, a observé deux cas d'incongruence des rétines qui ont pu être guéris par un traitement métho- dique d'une certaine durée; il s'est rencontré sur ce ter- rain avec M. Javal qui a, lui aussi, à Paris, soigné et guéri des cas analogues. L'étude pathologique et physiologique de l'incongruence des rétines est de la plus haute importance relativement à la question qui nous occupe, elle jettera probablement un jour nouveau sur la régénération des nerfs par suite de l'exercice continuel de certains organes, plus ou moins atrophiés. Voici le cas : Une personne se présente chez l'oculiste avec un strabisme bien accusé, mais peu considérable, les deux yeux sont sains, et sont déviés dès la naissance. Cette personne désire qu'on la guérisse de son strabisme, on l'opère; l'opération réussit et les axes optiques sont ramenés à leur position normale; mais dès ce moment la personne est affectée de diplopie. On reconnaît que, quoi- que strabiqiie, elle jouissait avant l'opération de la vision smiple binoculaire. La diplopie est si pénible que dans la plupart des cas on fait une ténotomie en sens inverse Archives, t. XLIII. — Janvier 1872. 6 82 RÉPONSE A M. LE CONTE pour ramener le strabisme primitif et la vision simple. Ces habiles oculistes ont essayé et sont parvenus à éviter la seconde opération ; les moyens employés sont fort in- génieux, mais ne peuvent être décrits ici. Il arrive un mo- ment, quelques mois, en général, après l'opération où l'opéré a de nouveau la vision binoculaire simple, mais alors l'axe optique nouveau passe par le centre de la fo- vea de l'œil opéré. Le cas se complique même d'une manière très-curieuse, car l'opéré peut voir un objet binoculairement dans deux positions différentes suivant qu'il se sert de sa première ou de sa seconde fovea. La grande difficulté qui se présente dans l'étude des cas d'incongruence, c'est la peine qu'on éprouve à se renseigner d'une manière précise sur les sensations vi- suelles réellement perçues par le patient; d'ordinaire ce sont des enfants qui ne peuvent pas analyser leurs im- pressions et laissent toujours un certain doute sur la va- leur de leurs réponses. Souvent aussi, malgré tous les efforts et tous les moyens, la diplopie persiste et n'est pas curable, c'est le cas que j'ai pu observer avec M. Dufour, oculiste à Lausanne. Les observations de MM. Javal et Dor sont cependant si caractérisées que l'on doit nécessairement et indubita- blement admettre le fait d'une guérison réelle et com- plète. Le résultat est-il, comme le pensent les partisans de la doctrine empiristique, une preuve écrasante contre la théorie nativistique, est-il un mur infranchissable qui supprime tout commentaire ; nous pensons au contraire que ce sera un moyen de plus d'arriver à connaître la structure anatomique du système nerveux de la vision. En effet, supposons que l'on ait guéri un cas d'incon- AU SUJET DES IMA(iES d'iLLUSION. 83 lïniencp fies rétines, l'opéré, comme nous le disions précédemment, peut à volonté se servir de sa fovea phy- siologique et de la fovea centralis, il y a deux endroits dans le champ visuel où le corps sera vu simple binocu- lairement et conséquemment deux horoptres. Supposons que l'œil droit ait été opéré et que les deux axes optiques de l'œil droit (le physiologique et l'anato- mique) divergent sous un angle de 5 à 10 degrés. Il sera possible de répéter avec cette personne les ex- périences décrites de la pièce de monnaie, seulement nous aurons une solution plus complexe ; car l'œil gauche voyant la pièce, apportera au sensorinm la sensation, qui sera reportée subjectivement à l'œil droit sous deux directions différentes; ces directions seront les deux axes optiques de l'œil droit. Le crayon qui trace le contour de cette image fera donc deux dessins se trouvant à une petite distance l'un de l'autre, l'un provenant de l'axe optique physiologique formé avant l'opération, l'autre de l'axe optique anato- miqup. Si cette solution ne se présentait pas en pratique on pourrait affirmer d'une manière positive que les prémisses du problème sont inexactes et qu'il n'y a pour la per- sonne en question qu'un œil horoptère, c'est-à-dire une seule combinaison des axes optiques. Ces cas doivent aussi présenter des phénomènes mus- culaires très-curieux, car Tœil sain de la personne opé- rée étant supposé fixe et dirigé sur un objet, l'autre devra faire un brusque mouvement pour passer d'un système de points correspondants à l'autre ; l'angle de rotation du globe de l'œil étant, dans ces conditions, égal à l'angle formé par les deux axes optiques de l'œil opéré, l'axe anatomique et l'axe physiologique. 84 RÉPONSE A M. LE CONTE Sans ce mouvement nécessaire, les images physiques ne pourraient absolument pas impressionner les parties de la rétine qui sont en action dans ces deux visions bi- noculaires. Or M. Ha3ring a prouvé que les centres ner- veux du système moteur des deux yeux sont étroitement liés et que le mouvement d'un de ces organes entraîne forcément une modification équivalente dans l'autre. Nous concluons de tout ce qui précède que les cas excessivement rares d'incongruence que l'on a pu guérir, ont besoin d'être étudiés à nouveau avec beaucoup de soin par de nombreuses expériences dont le cadre est tout tracé. M. Javal, dans la relation des guérisons qu'il a obte- nues, décrit une foule des procédés dont il s'est servi avec succès, mais nous n'avons rien trouvé qui traite spécialement des déviations brusques et volontaires qui doivent accompagner le changement de vision binoculaire dans l'œil opéré. Nous regrettons vivement, malgré tous nos efforts, de n'avoir jamais pu rencontrf r un cas semblable ; aussi laissons-nous cette question en remerciant encore vive- ment M. le D*" Dor d'avoir bien voulu nous fiiire part de ses remarquables observations. Nous avons ainsi passé en revue la plupart des phé- nomènes de la vision binoculaire, et nulle part nous n'a- vons trouvé d'antagonisme rationnel entre les faits et la doctrine nalivistique; la lenteur avec laquelle les guéri- sons d'incongruence de rétines se produisent, pouvant ai- sément justifier d'une modification nerveuse organique correspondante *. • Voir les travaux de Waller : Observations sur la dégénérescence et la régénérescence des nerfs. Voir également les observations phy- siologiques et anatomiques dans les cas de rhiroplaslie et de bou- tures organiques. AU SUJET DES IMAGES d'iLLUSION. 85 Il nous semble de plus que ce que nous avons toujours entendu par image d'illusion n'entraîne aucune espèce de confusion dans les lois généralement acceptées, puisque ce mot représente exactement une sensation dont l'obser- vateur n'est pas maître de contester l'existence. Ce coup d'œil d'ensemble montre que si la doctrine empiristique et la doctrine nativistique sont deux théories qui doivent expliquer les faits observés, on doit ajouter le plus de créance à celle dont la synthèse est la plus complète. Or la synthèse de la théorie empiristique con- duit forcément à des résultats contraires aux faits. (C'est le cas des strabismes congénitaux non accompagnés d'in- congruence de rétine). La théorie nativistique, comme attaque sérieuse, ne rencontre que lescasd'incongruence guéris, et encore l'étude histologique et physiologique de ces conditions anormales est loin d'être terminée et d'avoir prononcé un verdict irréfutable. De plus en plus, à mesure que la science avance, on se convainc de la concomitance complète des phénomènes organiques et des phénomènes psychiques; les lois géné- rales de l'hérédité constatent que les modifications de la forme sont toujours accompagnées de modifications intel- lectuelles correspondantes. On ne saurait douter conséquemment, que les théories nativistiques, dans tous les ordres de faits, sont celles qui gagnent le plus de terrain et que l'accord absolu des fonctions de l'organisme avec les phénomènes psychiques exprime la grande idée de \' équivalence. Telles sont les principales observations que nous sou- mettons à M. Le Conte en réponse à son travail. DETERMINATION TÉLÉGRAPHIQUE DE LA DIFFÉRENCE DE LONGITUDE ENTRE LA STATION ASTRONOMIQUE DU RIGHI-KULM ' ET LES OBSERVATOIRES DE ZURICH ET DE NEUCHATEL PAB E. PLANT AMOUR, R. "WOLF & A. HIRSCH. Mémoire in-4o de 222 pages et trois plauches. Genève et Bâle, 1871. Librairie Georg. La Commission géodésique suisse avait décidé, dès sa première séance, de déterminer, par voie télégraphique, la différence de longitude, soit entre les quatre observa- toires suisses de Genève, Neuchâtel, Berne et Zurich, soit en quelques stations astronomiques, convenablement situées, où l'on détermmerait aussi la latitude, l'azimuth et l'intensité de la pesanteur. L'opération entre Genève et Neuchâtel a déjà été exécutée en 1861, et ses résultats ont été publiés, en 1864, dans un mémoire dont une analyse a paru, en décembre de la même année, dans nos Archives. M. le professeur Plantamour s'étant chargé des obser- vations à faire sur la cime du Righi, en 1867, y a fait transporter, vers le commencement de juin, les diverses parties démontées d'un petit observatoire mobile, con- struit à Genève, en fer et en tôle, consistant en une tou- relle cylindrique de 2 '/a mètres de diamètre intérieur, reposant sur des pieux de bois enfoncés en terre, et sur- DIFFÉRENCES DE LONGITUDE, ETC. 87 montée par une coupole hémisphérique à toit tournant» munie d'une ouverture de 0'",4 de largeur. L'emplacement choisi pour cette tourelle a été l'arête du Kulm à I6"^43 à l'est du signal. Un pilier en pierre y a été établi pour supporter un grand théodolite d'Ertel, placé au centre de la coupole. Un autre pilier, en maçon- nerie, reposant directement sur le sol, a été placé dans une salle du rez-de-chaussée de l'ancien hôtel, pour y installer un pendule à réversion; et cette salle a aussi servi de laboratoire pour l'établissement des appareils électriques. La troisième planche jointe au mémoire re- présente le plan de toute la localité, dressé par M. l'ingé- nieur Donzier. Le théodolite astronomique, ou instrument dit universel. est pourvu d'une lunette brisée, de 40 millimètres d'ou- verture et de 434""° ,9 de distance focale; son oculaire le plus fort, dont on s'est toujours servi, grossit 47 fois. Le cercle horizontal a 14 pouces de diamètre, il est di- visé de 3 en 3 minutes, et la lecture s'effectue à l'aide de deux microscopes micromélriques, au moyen de vis à pas très-fin. Le diamètre du cercle vertical est de 9 pou- ces, la division est de 5 en 5 minutes, et la lecture s'y opère également au moyen de deux microscopes. L'instrument, construit vers l'époque de la mort de M. G. Ertel, chef de l'établissement de Munich, était ar- rivé à Genève encore imparfait dans certaines parties ; et il a dû être réparé, soit à Genève, dans l'atelier dirigé par M. le professeur Thury, soit, plus tard, dans celui de M. Kern, à Aarau. Le réticule, placé au foyer de la lunette, ne portait, dans l'origine, que cinq fils destinés à l'observation des pas- sages d'étoiles. M. Thury, pour approprier l'instrument 88 DIFFÉRENCKS DE LONGITUDE ENTRE LE RIGHI, à l'observation par enregistrement électrique, y a tendu treize fils, en groupes de trois chacun, de part et d'au- tre du fil du milieu. On sait que dans les lunettes qui sont brisées rectangu- lairement, pour faciliter les observations faites à diverses hauteurs, un prisme, fixé à 45° dans l'intérieur du tube, amène l'image réfléchie sur l'oculaire établi vers l'un des bouts de l'axe de rotation. Il en résulte un réchauffement et une dilatation du support de l'extrémité de l'axe près de laquelle se trouve l'observateur, dilatation dont il faut tenir compte à l'aide du niveau suspendu au dit axe. Pour la détermination des corrections instrumentales au Righi, on était obligé de recourir aux observations d'étoiles, sans avoir le contrôle qu'on peut obtenir dans un observatoire, soit par l'observation du fil méridien réfléchi dans un bain de mercure, soit par la position de ce fil relativement à des mires méridiennes placées au nord et au sud. On observait alors, autant que possible, les passages dans les deux positions diamétrales de l'axe de rotation de la lunette, c'est-à-dire celles où l'oculaire se trouvait successivement placé à l'est et à l'ouest du dit axe, par le retournement bout à bout de celui-ci. Cela a eu lieu surtout pour les étoiles polaires a, § et X de la petite Ourse, où le passage est lent. C'est § qui a été ainsi ob- servée le plus souvent, et ces observations donnaient des équations de condition, servant par leur résolution à dé- terminer les corrections cherchées. Dans certains cas, il a fallu recourir à deux approxi- mations successives, lorsqu'un petit changement s'était opéré dans la position de l'instrument pendant le cours de la soirée. ' ZURICH ET NEUCHATEL. 89 L'erreur de cnllimation était variable d'un jour à Tau- Ire, mais elle ne l'a été, dans la même soirée, que dans deux ou trois cas, où le désaccord entre les étoiles Ta fait soupçonner, et ces jours-là ont été exclus de la détermi- nation de la longitude. La Commission géodésique, afin d'évittîr Temploi des pendules dans les observatoires temporaires, avait fait construire, par MM. William Du Bois, du Locle, etHipp, de Neuchâtel, un chronomètre de marine à enregistre- ment électrique, dont M. Plantamnur s'est servi au Righi, et qui est décrit en détail, aussi bien que les autres ins- truments employés, dans le second chapitre du mémoire. La planche 1 représente l'échappement à ancre qui met en communication le rouage du chronomètre avec un rouage auxiliaire à volant. Le courant électrique étant interrompu à chaque seconde, enregistre les secondes sur le chronographe. « De nombreux essais, dit M. Piantamour, et une longue expérience, ont montré que la marche très-régulière du chronomètre, ne varie pas d'une ma- nière sensible suivant qu'on fait ou non marcher le mou- vement auxiliaire, avec ou sans l'intervention du courant électrique... On peut donc, ajoute-t-il, envisager comme résolu le problème de l'enregistrement électrique au moyen d'un chronomètre transportable; et nous croyons que Temploi du chronographe, pour des observations as- tronomiques, géodésiques et autres, faites en dehors des observatoires permanents, se trouve ainsi notablement facilité. » Le chronographe employé au Righi est celui de l'ob- servatoire de Genève, qui, vu le grand nombre des si- gnaux, n'était pas assez commode et expéditif. M. Hipp en a imaginé et construit un nouveau, figuré dans la se- 90 UIFFÉHENCES DE LONGITUDE ENTRE LE RIGHI, concle planche du mémoire, et qui paraît très-avantageux, mais dans la description duquel je ne puis entrer ici. Les chronographes, et les appareils à relever, des observatoires de Neuèliâtel et de Zurich, ont été construits selon ce nouveau principe. Du reste, dans les trois chronographes, les parties essentielles sont les mêmes ; les bobines des électro-aimants ont les mêmes dimensions et offrent une résistance à peu près égale. Chaque instrument aie même régulateur, le ressort vibrant de Hipp. L'une des opérations préliminaires avait dû être la iaison télégraphique des trois stations. L'observatoire de Nedchâtel était déjà relié au réseau télégraphique suisse. Dès le commencement de mai 1867, le raccordement de l'observatoire de Zurich avec le bureau télégraphique de celte ville a été effectué. Il existait déjà une ligne télégra- phique entre Lucerne et le Righi-Kaltbad, à environ cent mètres au-dessous du sommet. Une ligne de jonction avec l'hôtel du Kulm, et un nouveau bureau, y ont été établis, aussitôt que la fonte des neiges l'a rendu possible, et le raccordement avec le petit observatoire, distant d'environ ()4™,5, a été exécuté, par voie souterraine, par l'Admi- nistration fédérale. Le temps n"a malheureusement pas favorisé les obser- vations de M. Plantamour sur le Righi, et il a fallu, pour les accomplir, beaucoup plus de temps qu'on ne l'avait prévu. A son arrivée au sommet, le 15 juin, une couche épaisse de neige recouvrait déjcà le sol; il en tomba encore les deux jours suivants et elle avait alors atteint une épais- seur de 40 à 50 centimètres. Les travaux purent être re- pris le 18 et la coupole fut entièrement montée le lende- main. Mais, à partir du 21 juin, date à laquelle on pou- vait commencer les observations, jusqu'au 31 juillet, ZURICH ET NEUCHATEL. 91 c'est-à-dire pendant six semaines, il n'y a eu que 1 4 jours, soit un sur trois, où l'état du ciel ait permis de faire des observations, et il n'y a pas eu un seul jour de temps en- tièrement clair depuis le matin jusqu'à la nuit. Le temps a été moins défavorable pour les deux stations de la plaine; toutefois, une détermination complète de l'heure n'a été possible, pendant les 40 jours compris entre le 29 juin et le 7 août, que 21 fois à Zurich et 24 fois à Neuchâtel. Des ordres formels avaient été donnés par l'Adminis- tration fédérale des télégraphes, pour qu'au moment de la fermeture des bureaux, à 9 heures du soir, moment à partir duquel l'usage de la ligne était concédé pour les opérations scientifiques, on exclut complètement tout ap- pareil intermédiaire, en établissant une communication directe au parafoudie. Mais ces ordres n'ont pas été exé- cutés partout. Les communications ont souvent aussi été rendues défectueuses par le mauvais état d'isolation des lignes télégraphiques, surtout de celle qui relie le Righi à Lucerne et qui traverse des forêts sur un parcours assez considérable, d'où il résultait que l'isolation n'était satis- faisante que par un temps sec, assez rare pendant l'été de 1867. Dans la nuit du 15 au 10 juillet, par un violent orage, la foudre tomba sur le paratonnerre du signal, distant seulement de quelques mètres de l'ohservatoiie. Le fluide électrique répandu dans le sol fut conduit par une arma- ture en fer, servant de ligne de terre, et par le manipu- lateur de l'observatoire, dans l'intérieur de la salle du la- boratoire, où il donna lieu à une assez violente décharge, en se frayant, dans l'intérieur du permutateur, un passage pour retrouver la ligne de terre du bureau. Les dégâts 92 DIFFÉRENCES DE LONGITUDE ENTRE LE RIGHI, se bornèrent, heureusement, à quelques avaries au per- mutateur, et les précautions furent prises pour qu'en cas de répétition de pareil accident (la foudre tombant plu- sieurs fois chaque année sur le paratonnerre du signal), le fluide introduit par l'armature en fer du câble souterrain de raccordement trouvât une issue par la ligne de terre du bureau. Je dois encore mentionner ici une dilïicullé particulière qui s'est présentée dans les opérations sur le Righi : c'est celle provenant de l'indiscrétion des touristes, affluant en grand nombre, en été. sur cette cime, célèbre à juste titre par la magnifique vue dont on y jouit, « ïl est diflicile, dit M. Plantamour, de se faire une idée de l'ennui et du dérangement causés par un flot de deux à trois cents touristes, se renouvelant tous les soirs, parmi lesquels il s'en trouve toujours un certain nombre, qui s'imaginent que tout leur est permis dans les montagnes. » On ne pouvait alors (juitter momentanément l'observatoin'. comme cela était nécessaire pour la correspondance et les signaux télégraphiques, sans le fermer hermétique- ment et le mettre, pour ainsi dire, en état de défense. Les observations faites à l'ouïe eussent été impossibles, et celles à l'aide de l'enregistrement électrique étaient seu- les praticables. Les astronomes, engagés dans l'opération, tenaient beaucoup à faire simultanément la détermination de la différence de longitude entre les trois observatoires, à cause de l'avantage qu'offrait le contrôle résultant de la clôture du polygone formé par les trois stations. Aussi se sont-ils décidés à ne pas se borner, comme dans l'opération en- tre Genève et Neuchâtel, à enregistrer les passages des mêmes étoiles aux trois méridiens sur les trois chrono- ZURICH i«:t neughatel. 93 graphes à la fois, mais à comparer, en outre, les trois pendules, au commencement de chaque soirée, par des séries de soixante-un signaux, que chacun d'eux donnait l'un après l'autre, et qui s'enregistraient simultanément sur les trois chronographes. Us obtenaient ainsi une détermina- tion complète des différences de longitude, même dans le cas où, dans l'une ou l'autre des stations, il aurait été impossible de communiquer télégraphiqnement avec les autres pendant tout le temps que duraient les observa- tions. Cela permettait aussi de tirer parti d'une détermi- nation de l'heure obtenue au moyen d'autres étoiles, dans le cas où, à une heure plus avancée de la nuit, l'état du ciel aurait rendu impossible, dans l'une des stations, l'observation simultanée des étoiles choisies à l'avance. Pour éviter la confusion dans les opérations, on avait arrêté le programme suivant : A partir de 9 heures du soir, la première demi-heure était consacrée à l'appel réciproque des trois stations, et à la correspondance relative à l'état des communications et à l'état du ciel. Cette correspondance terminée, Zurich donnait, dans les deux directions, le signal : Prêt. On mesurait alors, dans les trois stations, l'intensité des courants des trois piles, formées chacune de cent-vingt petits éléments Daniel, avec des boussoles comparées entre elles. Dans ce but, et pour comprendre toutes les combinaisons, chaque station donnait, pendant deux mi- nutes, courant constant suivant un ordre déterminé. Les sept courants étant mesurés dans les trois stations, on déterminait encore les pertes de courant, et ce n'était qu'après toutes ces opérations préliminaires, qu'on com- mençait à échanger successivement les séries de soixante- un signaux, en suivant, à chaque station, les battements 94 DIFFÉRENCES DE LONGITUDE ENTRE LE RIGIIl, de la pendule, dans l'ordre Righi , Neuchâtel, Zurich, ces signaux s'enregistrant sur les trois chronographes et l'échange en étant souvent répété une seconde fois. Enfin, on observait le passage au méridien d'une série d'étoiles équatoriales arrêtées d'avance, en disposant les communications électriques de façon à ce que les signaux de passage devant les fils de chaque lunette, après avoir été enregistrés sur le chronographe de la station, allas- sent, en cas de communication possible, s'enregistrer sur les deux autres chronographes. La série de toutes ces opérations, commencée à 9 heures dn soir, durait ordi- nairement jusqu'à minuit. Le commencement de la soirée, quand le ciel était clair, était consacré à des observations d'étoiles, enregistrées isolément dans chaque station. Dans les opérations de ce genre, l'équation personnelle des observateurs est un des éléments les plus difficiles à obtenir avec toute l'exactitude voulue. Aussi les astrono- mes, dans celle dont nous rendons compte ici, ont-ils mis tous leurs soins à cette détermination. Ils se sont réunis, à. plusieurs reprises, à l'observatoire de Neuchâtel, au printemps de 1867, et y ont fait de nombreuses séries d'observations comparatives, soit de passages d'étoiles à la lunette méridienne, soit de passages chronoscopiques d'étoiles artificielles, à l'aide d'un appareil que M. Hirsch a fait construire, et qui est décrit dans le mémoire sur la différence de longitude entre Genève et Neuchâtel. Pour éliminer la source d'erreur qui pouvait provenir de la grande difi"érence de force optique des lunettes méri- diennes de Neuchâtel et de Zurich (dont les ouvertures sont respectivement de 51 et de 72 lignes), relativement à celle de la lunette du théodolite installé au Righi, dont l'ouverture n'est que de 17' ^|^, ce dernier inslru- ZURICH ET NElICHATEt.. 95 ment a été transporté à Zurich à la fin de l'opération, et les astronomes y ont fait de nouvelles observations comparatives de passages du 10 au 13 août. Le travail qui incombait ensuite à chacun de ces MM., de relever les signaux enregistrés sur les feuilles de son chronographe dans le cours des opérations, a été long et pénible, vu le nombre très-considérable de signaux, qui s'est élevé à 22340 à l'observatoire de Neuchâtel, et a été plus grand encore dans les deux autres stations. On a comparé ensuite ces relevés, ce qui a rais en évidence un petit nombre de discordances, qui ont été corrigées. C'est là, remarque M. Plantamour, un des nombreux avantages que présente la méthode d'enregistrement, re- lativement à l'observation à l'ouïe, de pouvoir, par une révision de l'opération, corriger les erreurs commises dans le relevé. Chaque astronome a plus tard calculé et réduit ses observations, suivant un plan convenu et arrêté d'avance, il y a eu entre eux plusieurs conférences et leur travail n'a été terminé qu'en 1870. J'ai extrait ce qui précède des deux premiers chapitres du mémoire publié par ces trois astronomes, pour donner une idée générale de leur entreprise, de son étendue et de ses difficultés. On comprendra aisément que je ne puisse entrer ici dans tous les détails contenus dans les chapitres suivants, et que je doive me borner à en pré- senter une courte analyse. Le chapitre 3, qui occupe 73 pages, a pour titre : Observations d'étoiles et détermination de l'heure dans les trois stations, avec les ascensions droites définitives. On v trouve dans divers tableaux : \° la movenne des 96 DIFFÉRENCES DE LONGITUDE ENTRE LE RlGHl, instants des passages au méridien de chaque étoile, ob- servés dans les trois stations du 29 juin au 13 août 1867; 2° les ascensions droites apparentes des mêmes étoiles, telles qu'elles ont été données de la part du Bureau géo- désique central allemand, par MM. les astronomes Fôrster etBruhns; 3" les corrections qui en résultent pour le chronomètre et les pendules, en éliminant avec soin les petites erreurs instrumentales, et en déduisant, pour chaque observateur, l'exactitude moyenne de l'une de ses observations de l'ensemble de toutes les étoiles. Les cor- lections journalières du chronomètre et des pendules, d'après les ascensions droites définitives de chaque étoile, et en appliquant les poids, présentent généralement un accord très-satisfaisant ; le résultat obtenu pour une étoile différant le plus souvent à peine d'un dixième de seconde de temps de la valeur moyenne. Le chapitre 4, beaucoup plus court que le précédent, comprend la délerminalion des différences de longitude par r enregistrement simultané des passages d'étoiles. L'avantage, y est-il dit, que présente cette méthode, consiste en ce que chaque passage d'étoile, observé suc- cessivement au méridien de deux stations, et enregistré simultanément sur les deux chronographes, donne direc- tement, en prenant la différence des instants observés, une valeur de lai différence de longitude en temps, sans qu'il soit nécessaire de recourir à une comparaison des pendules, et de connaître l'ascension droite de l'étoile. Celte méthode élimine également presque complètement l'incertitude due à la durée de la transmission des cou- rants électriques, et aux retards dans l'attraction des an- cres des électro-aimants. On peut admettre, dans l'enregistrement simultané ZURICH ET NEUCHATEL. 97 des passages de la même étoile sous deux méridiens peu distants, que, sauf dans des cas exceptionnels, tels qu'un orage par exemple, les circonstances qui influent sur l'in- tensité des courants et par suite sur le retard dans l'at- traction des ancres, restent sensiblement constantes pen- dant un si court laps de temps. Chaque étoile fournit, en même temps, une valeur de la double durée de la trans- mission. Suivent les tableaux contenant les résultats pour les trois combinaisons entre les trois stations. La différence des méridiens entre Zurich et le Righi étant de moins de i6 secondes, il a fallu, pour éviter la confusion provenant de l'entre-croisement des fils obser- vés dans les deux stations, restreindre l'observation des passages d'étoiles dans la lunette méridienne de Zurich au premier et au troisième groupe des fils du réticule, et supprimer le fil du milieu dans le passage à la lunette du Righi. C'est ainsi qu'on a obtenu l'enregistrement simul- tané de 25 passages d'étoiles entre ces deux stations, les 28, 29 et 31 juillet seulement, des circonstances atmos- phériques défavorables n'ayant même permis l'observation au Righi que d'un petit nombre d'étoiles dans les deux pre- miers jours. 11 y a eu six jours d'observations simulta- nées, comprenant 67 passages d'étoiles, entre le Righi et Neuchâlel, et huit jours, comprenant 112 passages d'é- toiles, entre Zurich et Neuchâtel. Les résultats sont les suivants : Différences de longitude en temps : m s s Entre Zurich et le Righi 0.15,719+0,018 « le Righi et Neuchâtel 6. 6,630 +0,01 4 « Zurich et Neuchâtel 6.22,344+0,015 Archives, t. XLIII. — Janvier 1872. 7 98 DIFFÉRENCES DE LONGITUDE ENTRE LE RIGHI, La somme des deux premières différences, comparée à la troisième, donne ce que M. Plantamour appelle l'er- reur de clôlure du polygone, et elle n'est que de (XOOS* Les résultats pour le temps de transmission présentent aussi un accord très-satisfaisant, savoir : 0%0'H entre Zurich et Righi. 0^0284 » Righi et Neuchâtel. 0^0I59 .) Zurich et Neuchâtel. Le chapitre 5 du mémoire a pour titre : Comparaison des pendules par les signaux de sfcondes, et délermination de la différence de longitude par la comparaison de Iheure. Ayant déjà expliqué plus haut le mode adopté pour obtenir une seconde détermination des différences de lon- gitude cherchées, je n'aurai guère à rapporter ici que les résultats ainsi obtenus. L'examen des nombreux tableaux contenus dans ce chapitre montre que les valeurs des différences de longi- tude entre deux stations varient, d'un soir à l'autre, dans des limites beaucoup plus étendues que ne le comportent les erreurs moyennes dont la détermination de chaque soir est affectée. Ces variations peuvent être attribuées, soit à la variation physiologique dans la manière d'obser- ver des deux astronomes, soit à quelque incertitude sur les corrections instrumentales, surtout pour les observa- tions faites au Righi avec un instrument portatif; soit, enfin, à l'irrégularité de la marche de la pendule de l'ob- servatoire de Zurich, cet observatoire n'ayant pas encore reçu alors une pendule sidérale commandée à M. Sylvain Mairet du Locle '. * On trouvera plus de détails sur les observatoires de Neuchâtel et ZUBiCH ET NEUGHATEL. 99 L'erreur moyenne dans la différence d'enregistrement du même signal sur deux chronographes, résultant de 319 séries, n'est que de +0^0^89; et elle est bien moindre que celle qu'on trouve d'un soir à l'autre. Aussi a-l-on reconnu qu'il suffisait de 25 à 30 signaux pour obtenir, à quelques millièmes de seconde près, la compa- raison entre les deux pendules. Les résultats obtenus par ces comparaisons, en en pre- nant les moyennes arithmétiques, et en calculant les er- reurs moyennes, d'après les écarts des différents jours avec la moyenne, sont les suivants : m Zurich-Righi par 9 jours : 0.15,702 +0,048 Righi-Neuchàtel « 7 » 6. 6,627 +0,034 Zurich-Neuchâtel » 9 » 6.22,324+0,031 On voit que la d.fférence entre ces valeurs et les pré- cédentes est fort petite; quoique les écarts d'un jour à l'autre, selon le second mode de procéder, aient été nota- bles, la moyenne n'a pas été sensiblement altérée, par suite de la compensation des écarts de signe contraire. Le chapitre 6 contient, en 40 pages, une discussion approfondie sur l'équation personnelle, dont je ne dirai ici que quelques mots, ayant eu déjà l'occasion, dans un ar- ticle sur les publications de M. le professeur Rodolphe Wolf, qui a paru en juin 1870 dans les Archives, de parler de l'intéressant travail sur le même sujet de cet astronome. Il a trouvé, dans l'ajustement de l'oculaire, la cause principale de petites discordances entre les déter- minations de son équation personnelle obtenues à Zurich de Zurich, ainsi que sur les instruments dont ils sont pourvus, dans des Nolices spéciales sur ces établisseraents, insérées en juillet 1862 et en novembre 1866 dans nos Archives. iOO DIFFÉRENCES DE LONGITUDE ENTRE LE RlGHl, et à Neuchâtel. Il parait, d'après une noie insérée au bas de la p. 171 du mémoire, que l'astronome Carlini avait déjà mentionné, dans les Èphémérides de Milan pour 1819, qu'une position anormale de l'oculaire d'une lunette oc- casionnait un léger déplacement des fils de son réticule. Le résultat définitif de la discussion, fort développée, contenue dans ce chapitre, est le suivant : M. Plantamour observe les passages d'étoiles plus tôt que M. Wolf de 0%137 et plus tôt que M. Hirscb de 0%'103 M. Hirsch les observe seulement de 0^034 plus tôt que M. Wolf, et les erreurs probables de ces détermina- tions sont au plus d'un centième de seconde. Le chapitre 7 et dernier du mémoire a pour titre : Résumé et conclusions. Les observateurs se sont décidés, par des raisons expo- sées dans ce chapitre, à prendre pour chaque différence de longitude la moyenne arithmétique des résultats ob- tenus chaque jour, soit par la comparaison de l'heure» soit par l'enregistrement simultané d'étoiles, en y appli- quant les corrections dues aux équations personnelles, et ils ont obtenu ainsi les valeurs définitives que voici : Erreur probable m s s Righi à l'Ouest de Zurich 0.15,839 ±0,019 Neuchâtel à l'Ouest du Righi 6. 6,528 ±0,008 Neuchâtel à lOuest de Zurich 6.22,367 ±0,013 A ces résultats sont jointes les remarques suivantes : Il importe que l'oculaire soit ajusté avec le plus grand soin à la vue de l'observateur, soit pour la détermination de l'heure, soit pour celle des équations personnelles. Il est préférable d'augmenter le nombre des jours ZURICH ET NEUCHATEL. 101 d'observation, sur lesquels est basée une détermination de différence de longitude, plutôt que d'accroître le nombre des étoiles observées, chaque soir, pendant un petit nom- bre de jours, La vitesse de propagation des courants électriques, sur les lignes télégraphiques qui réunissaient les trois stations, a été de 11690 kilomètres par seconde sidérale; avec une erreur probable de +323 kilomètres. Les difficultés particulières qu'a rencontrées M. Plan- tamour, pendant son séjour au Righi en 18G7, ne l'ont pas empêché d'y exécuter aussi des séries d'expériences sur le pendule à. réversion, pour la détermination de la pesanteur sur cette cime de montagne, comme il l'avait fait à Genève en 1865; et elles ne l'ont point non plus découragé d'entreprendre de nouvelles campagnes scien- tifiques. Dans les années suivantes, plus favorables sous le rap- port des circonstances atmosphériques, il s'est successi- vement transporté en été, avec ses appareils, sur la cime jurassique du Weissenstein, près de Soleure, et sur le mont Simplon en Valais, pour y effectuer des observa- tions astronomiques et des déterminations analogues aux précédentes, de concert avec ses collègues de la Com- mission géodésique suisse, et il a réussi à lier la station du Simplon avec l'observatoire de Milan. Il se propose, je crois, de poursuivre l'été prochain, le même genre d'opé- rations à Gaïs, dans le canton d'Appenzell. Sa persévé- rance et celle de ses collaborateurs, dans des mesures aussi délicates et fatiguantes, me semblent devoir être mises au rang de services essentiels rendus, soit à la science, soit à-la Suisse. Alfred Gautier. BULLETIN SCIENTIFIQUE. ASTRONOMIE. L'ÉCUPSE DU 12 DÉCRMBRE 1871. VAstronomical Begister de janvier, qui vient de paraître, renferme les télégrammes suivants reçus de l'Inde a» sujet de Téclipse du 12 décembre 1871. Les rapports détaillés ne sont attendus qu'en février. Premier télégramme. — De M. Pogson à Avenashy à l'as- tronome royal à Greenwich. — « Beau temps. Photographies lélescopiques et avec la caméra ont bien réussi. Idem pour polarisation. Bonnes esquisses. Grand nombre de raies bril- lantes dans le spectre. » Deuxième télégramme. — Le colonel Tennant, chargé d'ob- server Pèclipse dans l'Inde, à M. Huggins. — t Légères va- peurs. Observations spectroscopiques satisfaisantes. Renver- sement des raies complètement confirmé. Six bonnes photo- graphies. » Le paragraphe ci-dessus, sur le renversement des raies, se rapporte à l'observation faite en Espagne lors de l'éclipsé de décembre 1870. « La fente du spectroscope, dit le pro- fesseur Young, ayant été disposée longitudinalement, le champ de l'instrument, au moment de l'obscurcissement, et une ou deux secondes plus tard, s'est trouvé rempli de raies brillantes. Autant qu'on a pu en juger pendant ce court intervalle, chaque raie non atmosphérique du spectre solaire a paru lumineuse. Celte observation, confirmée d'ail- leurs par celles d'un aide Irès-inlelligent attaché à l'expédi- tion américaine, M. Pye, est de nature à faire croire à l'exis- tence d'une enveloppe entourant la photosphère, qui se trou- verait placée au-dessous de ce qu'on appelle ordinairement ASTROiNOMlE. 103 « la chromosphère. • Celte enveloppe, dont l'épaisseur ne doit pas dépasser deux à trois secondes, fournirait un spectre discontinu renfermant, sinon la totalité, au moins la presque totalité des raies de Fraunhofer, paraissant lumineuses sur un fond obscur. » Troisième télégramme, de M. Dairs, photographe, qui a ac- compagné M. Lockyer à Ceylan, datée de Mangalore, Bé- kul, le 12 décembre — • Cinq photographies pendant l'é- clipse totale. Couronne très-étendue. Brèches persistantes. Légers changements à Textérieur. » Les Comptes rendus de l'Académie des Sciences de Paris du 18 décembre contiennent les dépêches suivantes expédiées par M. Jans 89,96 95,756 id. . 22, 3,665 3,852 id. . 23, 7,346 7.819 id. . 27, 102.678 108,478 id. ' 28, 155,43 161,23 id. » 29, 30,144 30,25 id. » 30, 10,90 . 11,526 id. . 31, 16,50 17,11 175, • 8, 15,81 15,92 175, . 29. 1,600 1,706 176, . 31, 14.269 14,-268 178, • 9, 4,199 4,198 178, ' 17, 29,13 29,14 ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. Prof. Fr. GoLTZ de Halle. Ueber die AuFSAUGUNG,e(c. De l'ab- sorption ET DU TRANSPORT DES POISONS APRÈS l'iNTERRUPTION DE LA CIRCULATION DU SANG. {Pflugeï's Arclùv, IV, 147.) — MÊME AUTEUR. UeBER DEN EiNFLUSS DER NeRVENCENTREN, etc. De l'influence des centres nerveux sur l'absorption. {Pfliiger's ArchiiK V, 53.) Communication faite le 23 sep- tembre 1871 à l'assemblée des naturalistes à Rostock. Les expérimentateurs ont souvent remanjué que les li- quides introduits sous la peau de la grenouille privée de cir- culation par l'ablation du cœur, pouvaient filtrer dans les tissus et porter leur action sur des points très-éloignés de l'endroit où ils avaient été injectés. C'est même là une cause d'erreur assez fréquente; on peut être amené facilement ainsi à méconnaître l'action pbysiologique d'un liquide toxi- 108 BULLETIN SCIENTIFIQUE. que transporté par filtralion dans un organe éloigné, ou à atlribuer les symptômes observés à des parties qui ne sont point en cause. Nous avons eu l'occasion de donner un exemple de cette cause d'erreur dans une récente communication que nous avons faite à la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève et que nous avons publiée dans un journal anglais le PractiUoner '. Dans ce travail nous avons cherché à démontrer que dans les expériences de M. Cl. Bernard sur le chloroforme^ les effets anesthésiques produits par l'application du chloroforme à la moitié céphalique d'une grenouille séparée en deux moitiés par une ligature transversale du coi'ps faite après l'ablation du cœur, étaient dus non pas, comme le pensait M. Cl. Bernard, à une action anesthésique ou paralysante du cerveau sur la mœlle épinière, mais bien à une liltration du chloroforme jusi|u'à la moelle épinière , phénomène que nous avons pu éviter en variant nos expériences. M. le prof. Goltz dans deux récentes publications a étudié avec soin l'absorption des liquides chez la grenouille privée du cœur, et il est arrivé à démontrer une action importante que possède le système nerveux central dans ce phénomène. Les expériences ingénieuses de ce physiologiste sont assez intéressantes pour que nous les analysions avec quelques détails. Dans sa première publication, M. Goltz démontre qu'an poison tel que la strychnine introduit dans l'estomac, ou sous la peau d'une jambe d'une grenouille privée de circu- lation par l'ablation du cœur, s'absorbe, est transporté à dis- tance et peut produire dans l'espace d'un quart d'heure le tétanos strychnique, par transport du poison à la moelle épi- nière. « Voyez The Practilioner, London, July 1871, et Gazelle hebdoma- daire de médecine et de ciiirur^ie, p. 447. Paris, 187t. * Voyez Revue des Cours scientiliques, 1808 et 1869, et Gazette hebdomadaire de méd. et de cbir. Paris, 1869. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. "109 De plus il a pu produire le tétanos strychnique chez de petites grenouilles en introduisant dans leur estomac des parcelles de muscles gastrocnémiens d'une grenouille em- poisonnée par une injection de solution de sulfate de strych- nine faite sous la peau de l'autre jambe après l'ablation du cœur. Cette expérience prouve que le poison a pu être transporté d'une jambe à l'autre après l'interruption de la circulation sanguine. Ce transport se fait par rinterraiédiaire des vaisseaux car M. Gollz a pu strychniser de petites grenouilles avec du sang recueilli dans la veine cave d'une grenouille privée de cir- culation sanguine et strychnisée par injection sous-cutanée. Ces résultats ne sont plus les mêmes quand on a préala- blement sectionné le nerf ischiatique correspondant à la jambe sous la peau de laquelle on fait l'injection ; ils man- quent aussi ou se produisent beaucoup plus tardivement quand avant l'injection sous-cutanée on détruit le système nerveux central, ou quand on opère sur des grenouilles mortes : l'injection de strychnine faite sous la peau d'une jambe d'une grenouille morte n'est point transportée à l'autre jambe, dont les muscles n'empoisonnent pas de petites gre- nouilles auxquelles on peut impunément les ingurgiter. Après l'ablation du cœur le système nerveux central exerce donc une influence sur l'absorption. Quelle est la force capable de produire par l'intermédiaire des vaisseaux le transport d'un poison, après l'interruption de la circula- lion sanguine ? C'est ce que M. Goltz cherche à étudier dans son second mémoire. M. Gollz choisit deux grenouilles vertes bien vivaces et de forte taille, il les curarise, opération préalable qui offre l'avantage soit d'immobiliser l'animal, soit de paralyser les cœurs lymphati(jues qui sont ainsi mis hors de cause. Cela fait, il détruit chez l'une d'elles le cerveau et la moelle épinière au moyen d'un stylet qu'il fait pénétrer dans le crâne. Cinq minutes après, il découvre le cœur des deux 110 . BULLETIN SGIENTIFIOUE. animaux, eu enlevant le sternum et ouvrant le péricarde, puis il prolonge l'incision de la poitrine jusqu'au point d'ori- gine des muscles de l'abdomen. Il fait de plus une petite in- cision de la peau de la tête, chez la grenouille qui a con- servé ses centres nerveux. Les deux grenouilles ainsi préparées sont suspendues au moyen d'un fil passé dans les narines, les plaies sont bien abstergées avec une éponge, et une petite capsule est placée au-dessous de chaque animal. M. Gollz sectionne alors transversalement l'aorte au-dessus de son bulbe et observe que tandis qu'il s'écoule du sang en abondance dans la capsule appartenant à la grenouille qui a conservé intacts ses centres nerveux, quelques gouttes de sang tout au plus, s'échappent du cœur de la grenouille dont les centres nerveux ont été détruits. Une minute après la section aortique M. Gollz introduit un petit entonnoir dans les fentes faites à la peau de la tête et y verse 10 à 25 centimètres cubes, selon la grosseur de l'animal, d'une solution de chlorure de sodium au jvti» !•■ quide qui lui a donné les meilleurs résultats et qui s'accu- mule dans les grands sacs lymphatiques situés au-dessous de la peau du dos de la grenouille. Il place une nouvelle petite capsule propre au-dessous de chaque grenouille et ne larde pas à voir s'écouler goutte à goutte dans la capsule de la grenouille qui a conservé ses centres nerveux du li(juide qui sort du cœur, qui devient de plus en plus clair, tandis que rien ne s'écoule du cœur de la grenouille mutilée. En même temps le liquide accumulé dans les sacs lympha- tiques diminue proportionnellement à celui qui s'écoule du cœur de la grenouille qui a conservé les centres nerveux, c'est en effet le liquide injecté dans les sacs lymphatiques qui est absorbé et qui s'écoule par le bout cardiaque de l'aorte sectionnée. L'animal ainsi privé de circulation sanguine, par la section de l'aorte est, comme le fait ingénieusement remarquer l'a u- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 111 leur, tout à fait comparable à une glande : le cœur repré- sente le canal excréteur qui se contracte d'une manière rhylhmique et son produit s'écoule par la blessure aortique. Après l'arrêt de la circulation cette glande travaille sous la direction des centres nerveux et excrète une très-notable proportion de liquide. Si, au contraire, les centres nerveux sont supprimés, celle singulière glandea;esse de fonctionner, aucun liquide ne suit une autre voie que celle de la pesan- teur et la capsule placée sous l'animal reste vide. D'autres phénomènes s'ajoutent à cette excrétion, tandis que l'animal qui a conservé les centres nerveux, offre une peau bien humide, brillante, transparente et sillonnée de plis; la grenouille privée des centres nerveux otïre une peau flasque, sèche qui prend l'aspect cadavérique. La sécrétion des glandes de la peau ainsi que l'action des muscles cutanés sont donc aussi sous l'inlluence du système nerveux central après l'interruption de la circulation *. M. GoUz pense que ces phénomènes sont dus à la tonicité des vaisseaux, tonicité qui disparaît comme il l'a anlérieu- rement démontré * quand on détruit les centres nerveux. Quel est le point des centres nerveux qui dirige cette force d'absorption ? M. Goltz prouve qu'il est le même que celui qui dirige la tonicité musculaire, c'est-à-dire que, selon lui, il est situé dans la partie de la moelle qui touche immédiate- • ment à la moelle allongée. Cette force subsiste en effet après la destruction du cerveau et on peut exagérer l'excrétion du liquide qui s'écoule de l'aorte en excilant au moyen d'un courant induit cette partie des centres nerveux. Mais la tonicité vasculaire ne peut pas expliquer tout le * J'ai répété, il y a quelques jours, avec mon ami le D"" Reverdin. cette expérience remarquable, et nous avons conslalé exactement tous les phénomènes que décrit M. Gollz. D'' P. * GoHZf Ueber den, etc. De la tonicité des vaisseaux et de son im- portance pour la circulation du sang. Virchow's Arcliiv, 1864, tome XXIX, p. 394. i 1 2 BULLETIN SCIENUFIQUE. phénomène et M. Goltz pense que répithéliumquilapisseles parois des vaisseaux peut bien jouer le même rôle que l'épi- thélium des glandes. Dans l'un et l'autre cas l'épilhélium consliluerail, sous la direction des centres nerveux, la force d'appel à laquelle viendrait s'ajouter la vis a tergo se produi- sant dans les vaisseaux. 11 y aurait dans les glandes des nerfs épilhéliaux, comme il y a des nerfs vaso-moteurs. Ces données de physiologie générale à propos de la sécré- tion des glandes sont intéressantes: c'est une façon d'inter- préter les phénomènes de sécrétion dillérente de celle qui est généralement admise, et qui se rapproche de la manière de voir qu'exposa M. le prof. Vulpian dans une leçon relative à la théorie des sécrétions * quand il se rallia à : « la théorie qui consiste à admettre que les éléments glandulaires exercent sur le sang une sorte d'attraction, de sorte qu'à la force connue jusqu'à ce jour comme aidant le retour du sang en circulation vers le cœur, et qu'on a nommée vis a tergo il faudrait ajouter une nouvelle force attractive en corrélation avec la nutrition intime des éléments, force que plusieurs auteurs ont appelé vis a fronte. Cette sorte d'action de succion exercée par les éléments des glandes peut être augmentée ou déprimée par l'excitation ou l'af- faiblissement des nerfs qui vont de plus ou moins près animer ces éléments. » Les deux travaux de M. Goltz sont, on le voit, d'un grand intérêt, soit au point de vue de la question encore incomplète de l'absorption, soit au point de vue de la physiologie géné- rale, et de la théorie des sécrétions. D"" P. ' Voyez Vulpian, Théorie des sécrélions. Kevue des Cours scienti- fiques, lome 111, p. 743, 1865-1S66. 113 » ^ OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction d« M. le prof. E. PLANTAMOUR Pendant le mois de DÉCEMBRE 1871. Le 1, neige l'après-midi et le soir; hauteur 23»™. 2, bise assez forte tout le jour. 5, forte bise tout le jour. 6, à 8Y2 h. matin, halo solaire avec deux parhélies, à droite et à gauche du soleil; l'arc tangent supérieur est également visible; neige le soir. 7, neige le matin, hauteur de la neige tombée depuis la veille au soir 15""". 9, brouillard le matin. li, 15, 16, brouillard presque tout le jour. 17, brouillard le matin. 19, brouillard épais tout le jour ; dépôt de givre. 20, de 7 à 8 h. soir, halo lunaire. 21, léger brouillard le soir; couronne lunaire par intervalles. 23, neige pendant 1 h., hauteur T""» ; brouillard le soir. Du 25 au 31, brouillard épais avec dépôt abondant de givre. Dans la soirée du 31, il tombe un peu de neige et de grésil. » Archives, l. XUII. — Janvier 1872. 8 114 Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MINIMUM. mm 727, IS MAXIMUM Le 2 à 10 h. matin 6 à 10 h. matin '29,15 9 à 8 h. et 10 h. matin . . . 734,96 13 à 10 h. matin '39,00 20 à 10 h. matin 735,22 23 à 6 h. matin 734,8i 31 à 10 h. soir "^32,43 mm Le 4 à 4 h. après m 723,39 7 à 6 h. matin 724,47 10 à 4 h. après m 731,39 17 à 6 h. matin 22 à 4 h. après m 28 à 10 h. soir 733,17 720,33 722,54 Limnimèlre à 11 11. cû c3 œ i œ ;o ^ ro i^i o o Sî 05 00 X 00 1^ m - si i Il I I I I II II I I ! i I I I I ! I I I M M 00 l -^ (?1 -* ■?» ro X_^ u-S '^, ■^. ^ '"^ 30 t-; rO X l-; t-_^ 9\ îO •«* X — Ci -* l^_^ o cd'co' I co'Lri" lo'jft co"ro j ^î ro ro s-C Ti' (îf | ■*' r'j ïO •^' •^" -* | -^'' co •i y ^ -Cl • . O a •73 O Zoïzzzciîcoccar/i S > goîCQ g Z cc c/; co o; co 'V: -v: .§', Nuinb.*l^X>^l^l^XXXXi.-C^C5srtiOl^XX050i0500C5C5 s ^ ^^ — .2 •■ 1 '-^ "* : U 1 ■td ■- XC5— S'1l-OOC5iOSJCXX'>-liO-*'*XI^-*XO — -«OCi — — -* '?< r^-l lO '3-1 ^0 ■* 1-- CD 91 '?« (M 13-1 o -r- CO Tl 5^ rO rO CO CO -S-I 5-1 lO o 05 'M X Ci — _ X Ci M lO Ci -^_ lO fO Ci O S-I S-I l^. fO rC '3-1 «î-l' S-f S-« G-1 »-' ^' S-l' (Tl' 91 S-1 '3-1 '3-1 3-1 S-1 M (î-1 ro" -* 70 ro" fO rO CO '3-1' c6 c6 CC cô t. vu a. S CD o rc 05 lO (3-1 o :rt rO Ci •* (î-l o o O^ -* X Ci l-'^ X^ -^_ CD art -t — _ ^_ O îrt O (M^ O (3-1 •^' (jf (5-1 (3-1" ÎO' «w CO" CD •<* O «' CO' CD «S-i" S-l" «?'' ■>?" ÎO x' CO' O t-' O (3-1 (î-î -^' ■^' ci cÔ -r^ + + + ++ + 1 + P i rO CD iC -O^ T-^ o. CD_ I ^, : (î, -^^ Ci 0, 1> 'M_ «3-^ X_ X^ ^_ •*, 0_ ■" O^ 1"-^ lO. 05_ 13-1 X^ — _ -^, 05_ CO (3-1 ce ni 1-- lo" x' — ' «*' c(5 •— ce I--' o" SI i-~ co" lO -** X* — " CO r- " -w' si co" cd" r-' i-- i--' cd iV 1 I I C5-^'-''CO(M-*cO»iiO — 5rt— Oicoco-^l---* — I^X-»*0-*:rtco*0:Ov><«*co -> M .i? — O Ci Srt X Ci 1^ CO O 1^ « CO X SI l- — X SI l- îrt SI co X O lO -* l-, ■* îrt î-e CD 5.^1-2 o fO co" :d' o :rt' CD 1-- — — Ci CD CO x' Ci CD' iC CO' ."O' O •=■ — SI O SÎ co' «* îrt' lO -*" -* SI '■^Pf 1 1 II 1 iiTT 1 II 1 1 II 1 1 i++ii II i 1 1 1 II = F P'5 5 ' I I 1 I ■«îC Jrt •* CD X SI Ci l^ o Ci CD — 1-- SI X SI X — > — r cd ■«• x si art 31 — 00 l~ •* -* SI ~ -sj- Ci -^ CO r- CO X lO -!- l^ o lO îrt 00 CD 1^ X_ Ci I in 4d' Ci Ci x" U.0 irt 1-' x' LO -* cô si CD C5 — si o SI co" -* i.o' so' -* ■«* si i t^t--C5CiO«*l'2-0-»*CCiXS1Ctl X >* X 1.0 o ~' - ~" ■ — ^ --^ — - I I 1 I 1 I I I 1 1++I I I I I I / o - s cocoxl-•*scocoxs1S1■r. ^ x' cd" 1 e CO lO x' cd' SI •»*• — CO CD X 1^ JO -* CO CO CO co' — — -<*' SI CO X Ci ~«t lO s o - SI si SI SI SI SI M CO :0 ?3 s M CO CO CO :0 CO CO CO CO SI SI ÇO CO SI SI SI SI CO ÇO l^ 1 . 1^ l- l^ 1-. 1^ 1^ 1^ 1- 1- 1 - 1- I'. 1^ 1- l- 1- I- 1- 1-- i- l~ •- 1^ 1- "^ '~ "^ 1^ l^ ■Iulirs (lu iiiuis. — sico-*încDi-xo50 — siî2 222!IIf£2Si^2|^^Tl?^!ris5^^P0 H6 MOYENNES DU MOIS DE DÉCEMBRE 1871 ei). m. 8 h. m. 10 h. m. Midi. 3 h. s. i h. s. Il 11. 8 b. 10 h.». Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm mm 1" décade 727 09 727,44 727,81 727,42 727,03 727 08 727,39 727,86 728,24 2» . 73\24 735,43 733,74 735 05 734 52 734 52 734.90 735,11 735,07 3» - 728,02 728,35 728,84 728,32 727,78 727,86 728,14 728,44 728,54 Mois 730,05 730.34 730,73 730,20 729,71 729,7.') 730,08 730,41 730,55 Température. 1« décade— 6,18 — 5,65 2« . _ 6,54 — 6 04 3« . — 4,49 — 4,18 0 0 4,55 — 3,74 0 3,42 4,34 — 2,80 — 2,30 3,16 — 1,91 — 1,60 o 4,34 3,31 2,00 n 3,29 4,10 2,43 6^40 4,76 2,92 6,86 5,27 3,25 Mois — - 5,70 — 5,26 — 3,99 — . 2,79 — 2,48 — 3,18 - - 3,89 - - 4,64 — 5,07 Tension de la vapeui r. l" décade mm 2,52 mm 2,50 mm 2,53 mm 2,59 mm 2,59 mm 2,66 mm 2,59 mm 2,53 mm 2,46 2o . ' 2,62 2,63 2,84 3,03 3,03 2,99 2,91 2,81 2,73 3« . 3,21 3,26 3,44 3,68 3,73 3,68 3,65 3,56 3,48 Mois 2,80 2,81 2,95 3,12 3,14 3,13 3,07 2,99 2,91 1 f « décade 3« « Mois Fraction de saturation en millième». 866 831 778 743 728 785 820 927 972 901 968 858 947 813 930 801 924 834 935 861 934 876 875 965 886 878 966 Mois 923 902 864 83 ,2 821 854 881 907 912 Therm. min. Therm. max. Clarté moy. du Ciel. Tempcralurc du Kliùne. Eau de pluie Limnimèlre. ou de neige. 1 ' « décade 0 — 8.31 0 - 2,60 0,62 0 5,36 mm cm 3,6 94,8 2* . — 8,71 - 1,80 0,80 3,33 — 87.9 3« . — 5,49 - 0,92 0,93 3,86 2,7 82,4 7,44 - 1,76 0,78 4,14 6,3 87.9 Dans ce mois, l'air a été calme 4,3 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 1,70 à 1,00. La du-ection de la résultante de tous les vents observés est N. 73o,l E., et son in- tensité est égale à 22,4 sur 100, H7 TABLEAU OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES KAITES Ali SAINT-BERNARD pendant LE MOIS DE DÉCEMBRE 187i, Le 1, brouillard tout le jour; un peu de neige le matin, qui a été emportée par le vent. 2, id. le matin. 4, id. depuis midi. 3, id. le matin et le soir. 6, id. depuis midi. 7, id. le matin. 20, id. jusqu'à 4 h. du soir 21, id. le soir. 22, id. le matin. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM. Le 2 à 10 h. soir 557,16 6 à 10 h. matin 535,12 9 à 10 h. matin . . 562,3t U à 10 h. matin 567,92 19 ù 10 h. matin 567,52 25 à 10 h. matin 566,82 30 à 10 h. matin , 563,75 MINIMUM. mm Le 1 à 6 h. soir 549,51 5 à 6 h. matin 552.15 7 à 8 h. matin 552,82 10 à 2 h. après m 559,83 17 à 6 h. matin 563,66 23 à 6 h. matin 557,63 '29 à 6 h. matm 557,67 » ce CO t>£> ^-S t.S hS tO tO tO tO ^Q IvO >^ ^ ^ ^ N^ ^ ^ N^ ^ ^ — OOa:'^10U54^COl.© — OCDOC^lOC;2-*^CCt>S-*'OCÛOO-lCiC;5'f**Wl'0'-^ siomnpsjnoj' C;3 0ïCriC7tC7ïC;;Cnçjï<:jT02CJTCrTCnO^ cjî'cïî C^CnOiOiCJic^CCnCnCnt^îC^OiCnOr lO Cv o ce o W cr en CO 00 l^ i^-s et* Oï it-^ ce Oï -1 et ^ l^& O p- CO ce -^ l«£/ W CJî Cï o = 14^ 1 es w 3 g -5 CD 1 ++ M 1 +++ 1 1 +++++++++++ 1 I 1 1 1 1 1 1 1 1, ,-^ _"^ -»• l* p ^ j». *>. l« W o *~ en *. i« tO W^'-"- Oi l* o — o l« oc ;-1 O OC «5 U' ,— ic -^1 -^1 4^ b: oc c; ô i- 1"* -o i-ù w — o i-s 4»- w 'mj cjï w c; o ci ce w o bc "o *- bo — oc — l«-JCCWCC-»-3CO0C*>.01*'-C0--ll4-O — 05-J — -lOOCl — OOCT s. 5' 7 3- î mOTOtytOîWîCnuiCRCJîCnWC^îOiOîWOiirîOîOiiyîWOiOîî.'îCr'OîCiîOîOîW ?5, i-c" ^ s £ îv ? ?■ '^ ^ ^' =^ =^ ~ *^ Oi oi o: œ œ œ a^ œ cî o- o: on oî 01 en *.. t>j li^ j^i oc ■p 14 oc co _-4 _z — en œ _♦- w ce j^ c: jT. w p p — c: li w ^i >■!/ tu *■• p f; ^ ^/it "'^ ?^ ?^ lé "*' ^ '''' "- ^ --' '3^ ~-' ■'i *- "^ *~ "^i 3^ w œ ôc ôc — ^1 î* i^ bî p' g; s' i" B 3  0^ ciî u; Oî ;7. CI! tu en Oî W en os e^ Oî en en OT Ot en o: OT CK en CT o; Oî Oî Oï en Oî en C-. c:cic:c;G:c:ç;^-— oci4 <>• =£ — •^ '»t-> Ci '-1 ec '*- ce îi '.^i '— Vi Vi "te o oo *ec o.- '*- w eo bc w co i^» ci — 'i^ Ï4 en Cl -j 05 14 i* CD o-ï 14 — 0-! — en c: et >(^ *- — Oï i^i .«»- ^1 OC .^ oc oi: i- Cl ce -1 o c;t = ce 3 -c (| • — . fi y. c 1 1 I+++++I I 1++++I 1 + 11111 LLLLL' 1 ' _— p o p 14 W 14 p — ce _14 — p p _14 p .-* p — *~ .*- *- p p ,*- l-^ p p ,*- .-l .--' ce Cl ÎC O "--1 bt O bc o o os CD Î4 Î4 bî Î4 o W V| bc bc CD 4^ '■= — ie Cl — O! V OC' 0i(i».^e*5coxoocioc^oce*;oiociooe-ii4 0ic:*~^i«o*»-i4i4--i«o»e*: 0 ç 5 ^ < IX j' D. IX cr. \JJJJ 1 II 1 LL' ' ' 1 LL' LLLLLLLLLLLLL _— Op o ^1 C1-.1 a ÎO — _— o 01_-.1 p — p_OC _S^_^p Ô:_CÎ_— _*^_14_— pp_-Jpi 14 c bl 14 14 c o 14 bc CD CD 14 '.(^ O OC l4 "o 14 *- O b: 'o "*- Cl O OC "-.i 14 O O 05 0 5' 3 3 c' 1 I II II II 1 Li M 1 1 1 1 I 1 LLLLLLLLL' i i -I o Cl Cl *- 14 14 Cl OC o o ce 14 ce Ce en -^1 Cl --1 — — c p ce p c: p p p p p Cl bc ic o 14 '*- — — o o o bc bl ce M '-a *. 's o 1-4 o o "b bc bc oc oc "— et s *^ 0 Sa c 3 o 3^ S' 2 c: ce' 0 s: = 2 • ■^ ••••••••••••••• •.-•1.. 3 ..•.•■>>••••••••••>•••••••••**• 1 1 il i o" 3' *5 3 ' p p 0 0 0 0 p 0 p 0 p 0 p p c 0 0 © 0 p p 0 0 p p 0 p p p p _"^ "*» 0 c c: 0 0 0 0 bî bc Cl *. «4 — 0 0 0 14 0 0 ":= 0 0 c: b: --I çt Cl © ïé S ClOCl4OOOOO^-*-Ce^l0CO©T-0îiOOOOC~-l0iCll4O>CO n I > 33 33 P3 00 ^1 119 MOYENNES DU MOIS DE DÉCEMBRE 1871, 6b. m. 8 b. m. 10 h. m. Uidi. ih.s. 4 h. s. 6 h. s. 8h. s. tOh. s. Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm nim 1" décade 535,26 333,75 556,01 335,94 355,80 355,90 335,81 535,94 335,62 2« . 364,85 363,29 565.61 363,35 365,16 565 33 565,28 563.31 363,56 3e . 56148 561,82 362,29 362,10 561,76 561,82 561,84 562,03 562,M Mois 360,56 360.98 361.37 561,16 560.93 561,05 561,00 561,19 561,29 Température. {"décade— 16 65 —16,60 —16,13 —15,26 —13,08 —13,47 —16,34 —16,17 —16,30 2e . _ 9 30 — 9,47 — 8,43 — 7,01 ~ 6,28 — 7,07 — 7,32 — 7,51 — 7,69 3« . — 8,90 — 8,83 — 8,68 — 7,99 — 6,63 — 6,79 — 8,26 — 8,59 — 8,84 Mois —11,53 -11,55 —11,01 —10,02 — 9,23 — 9,68 —10,56 —10,69 —10,87 Min. observé.' Max. observé.' Clarté moyenne Eau de pluie Haiileurdela du Ciel. Ou de neige, neige lonibée, 0 0 mm mm 1" décade —18,63 —13,33 0,39 2^ » —1037 —617 0,11 3« . —9,53 —6,22 0,22 Mois —12,74 — 8,49 0,24 Dans ce mois, l'air a été calme 22,6 fois sur 100. Le rapport des vents du NE, à ceux du SO. a été celui de 3,48 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est N. 45" E., et son in- tensité est égale à 54,6 sur 100. " Voir la note du tableau. LA PHOSPHORESCENCE ANIMALE BRÈVE iMLYSE DE DIVERSES Pl]BlICATI0i\8 nu Professeur P. PANCERI SUIVIE DE LA TRADUCTION DU PLUS RÉCENT DE CES MÔIOIRES AYANT TRAIT AUX m\m m\m\ et a la limière des peiwtlles PAR M. V. FATIO. Le professeur P. Panceri a publié dernièrement plu- sieurs importants mémoires sur ia phosphorescence des animaux morts', sur hi himière des Méduses* et sur les organes himineux des Pennatules '. Les recherches et les découv(^rtes intéressantes du savant naturaliste italien je- tant un jour tout nouveau sur la question, il m'a semblé qu'il ne serait pas inutde de les répandre, en donnant * Inlorno nlla naliira délia soalnnza r.Jie rende fosforescenli f/li ani- tnnli iinirti. (lîulIeUino del Associazione dei naluralisli e medici, etc., Ag. 1X70. n«8.) ^ Inliinio alla sede del tnovimenlo luminoso nelle Méduse. (Rpndic- de!Ie R. Arcadoiiiia délie Scienze fisiche e maleinatitlie, fascicolo 8, As 18-1.) ' Gli orfiani htminnsi e la liire délie Petmaliile. {Aui della R. Acca- demia délie Scieiue fisiche e inalemaliclie, vol. V, 14 OUobre 1871. Archives t. XLIII. — Février 1872. 122 PHOSPHORESCENCE ANIMALE. la traduction de la plus récente des publications de cet auteur, avec un bref résumé de ses diverses observa- tions sur différents phénomènes de la phosphorescence animale, en général. Dès longtemps, la phosphorescence de la mer et de beaucoup de ses habitants, ainsi que les lueurs dégagées par les corps de divers animaux terrestres ont été, tour à tour, un splendide sujet d'admiration ou la source de curieuses superstitions. Toutefois, je ne puis exposer ici, ni les descriptions variées, ni les hypothèses plus ou moins ingénieuses qui ont successivement paru sur ces points litigieux. Bien que Pline eût parlé déjà de la lumière de quel- ques Acalèphes, ce ne fut guère qu'à partir du siècle passé que la science put considérer comme définitivement acquis un certain nombre de faits basés sur de sérieuses observations. Je pourrais citer les noms et rappeler les travaux d'un grand nombre de naturalistes qui appor- tèrent chacun son contingent de nouvelles données, sur tel ou tel côté de la question *. Le phénomène de la lumière a été constaté, non-seulement chez les Polypes, les Méduses et plusieurs êtres de taille et de formes di- verses, mais encore dans certains Poissons morts et jusque chez quelques animaux supérieurs. Il serait intéressant d'énumérer une longue série d'ob- servations curieuses, petit à petit enregistrées dans les annales de la science. Soit les lueurs dégagées par des chairs en putréfaction, et les auréoles lumineuses remar- * Ainsi : successivement, Shaw, Boadsch, Canton Spallanzani, Ma- cartney, Ulnne et Dessaigne, Rapp, de Blainville, Ehrenberg, Délie Chiaje, Forbes, Coldstieam, Kôlliker, iMulder et bien d'autres. PHOSPHORESCENCE ANIMALE. 123 quées autour de la tête de certains mourants ' ; soit les faits nombreux qui ont peu à peu amené à l'opinion, jus- qu'ici accréditée, que l'éclat, parfois si brillant, des ani- maux marins, réside dans un mucus doué de la propriété de reluire, dont la sécrétion peut être activée par le mouvement et différents stimulants et qui est susceptible de se détacher du corps, sans perdre de suite son éclat. Nous verrions, par là, quel poids il faut accorder à chacune des hypothèses qui ont été jusqu'ici proposées au sujet de la phosphorescence de la mer. Après avoir repoussé l'idée première que l'eau soit simplement éclai- rée par ses habitants, opinion qui n'a pu être émise qu'à la suite des exagérations de quelques narrateurs et voyageurs, nous comprendrions, en effet, comment, suivant les cas, l'une ou l'autre des explications suivantes peut être con- sidérée comme la plus plausible. Certains auteurs ont at- tribué l'éclat brillant de la mer à une huile putride et phosphorescente provenant de la putréfaction d'animaux marins et se rassemblant à la surface ^ D'autres, le pro- fesseur Panceri en particulier, paraissent croire plutôt que la principale cause de ce phénomène doive résidei- dans la présence, au sein du liquide, d'une foule de pe- tits êtres microscopiques et lumineux. ^ Le professeur Panceri ne traite que subsidiairement des auréoles vues autour de la tête des mourants, et qui ont dû faire naître cer- tainement des idées superstitieuses; cependant, il semble attribuer ce surprenant phénomène à certaines transformations de la graisse con- tenue dans les tissus, principalement dans les parties où les tégu- ments n'adhèrent pas à l'os. * Ulme et Dessaigne reconnurent qu'en plongeant de la viande phosphorescente dans de l'eau, la substance lumineuse se portait à la surface du liquide; d'où l'explication de la phosphorescence de la mer par la putréfaction de matières animales. iâ4 PHOSPHORESCENCE ANIMALE. Les deux explicalinns sont, également appuyées sur des faits et des observations; mais il Semble que la première, bien qne vrain dans certains cas, soit cependant moins ijénéralement a^Jmissible que la seconde. La clarté magni- fique de la mer fendue par l'avant d'un navire et l'éilat de la vague qui déferle, nous semblent également à l'appui des idées du professeur Panceri ; car nous reconnaissons dans ces simples faits, constatés par tous les voyageurs, l'effet du brusque mouvement que cet auteur ne cesse de nous montrer comme un puissant stimulant d(; la lumière, chez les divers animaux marins. Mais j'ai hâte d'arriver aux résultats obtenus par le professeur Panceri qui, en rapprochant beaucoup de faits souvent en apparence contradictoires, et en comparant les données de ses préilécesseurs avec ses propres ob- servations, me paraît avoir, le premier, découvert la vraie source de la phosphorescence animale et, pour ainsi dire les lois qui la régissent. Je vais donc, avant que de laisser la parole à l'auteur sur un point spécial, exposer encore, en deux mots, les principales conclusions qni me semblent ressortir de ses différentes éludes ; afin de faciliter, par des extraits comparés, l'inlelligence du mémoire dont je donne plus bas la traduclion. La graisse peut devenir phosphorescente sous l'in- fluence d'une lentp oxydation ' ; or, sans nier qu'il puissi^ ' Voyez : Intorno alla luce emanata dal (jmsso (Rendic. fascicolo 5, Mag. in'"!). MnldiT avait déjà prouvé, en 1S60, que le plinsplinre n'exi>te pas à i'élat libre dans les Poissons niorls, en ninnh-iinl conitnenl la lumière prQvi.'nl, clifz ces animaux, de la romhiislion spontanée d'hydrogène pinxplioré se développant liMiiemenI, en même temps qu'une abon- dante iormalion d'ammoniaque. v PHOSPHORESCENCE ANIMALE. 125 se trouver chez certains animaux marins une lumière produite, comme chez les Lucioles terrestres, par com- bustion lente d'une substance albuminoïde, c'est cepen- dant à la matière grasse, sous diverses formes, que le professeur Panceri attribue les propriétés lummeuses d'un grand nombre d'êtres morts ou vivants et tant ter- restres que marins. Notre auteur raconte comment un Poisson, le Tradiy- pterus iris, péché de la veille, et ressemblant de jour à un splendide ruban d'argent, paraissait de nuit une vérita- ble épée flamboyante. Manipulant et disséquant cet ani- mal, dans l'ombre, il remarqua que divers [)oints, qui n'avaient- pas d'abord paru lumineux, devinrent peu à peu éclatants au contact de l'air; dans les muscles d'a- bord, puis dans les viscères et, tout particulièrement, dans les appendices pancréatiques. Cntle lumière verdâtre arriva même à une telle intensité que l'on pouvait par- Hiitement lire à sa seule lunur. Le scalpel, les mains, un linge, la table, tout était illuminé, sans que le thermomè- tre accusa une sensible élévation de la température. Les chairs répandaient, comme du feu, un fluide semblable à un métal en fusion qui coulait sur le plancher. Si l'eau de mer favorise, jusqu'à un certain point, le développement de cette lumière animale, l'eau douce et l'alcool en dimi- nuent, au contraire, bientôt l'intensité, l'oxygène la ravive et l'acide carbonique l'éteint. Cette matière lumineuse, tout à fait analogue à la graisse et qui peut, comme on le voit, s'isoler facilement, ne cesse pas de reluire de suite après, la putréfaction de l'animal et ne perd ses propriétés, ainsi que d'autres substances grasses, que lorsque la véritable décomposition a commencé. 1 26 PHOSPHORESCENCE ANIMALE. Étudiant la phosphorescence de Méduses transportées dans un aquarium, le professeur Panceri reconnut que la lumière, chez ces nouveaux animaux, tant durant leur vie que pendant un peu de temps après leur mort, provenait encore de la graisse. Toutefois, dans les Méduses, cette matière lumineuse paraît, suivant les cas, tantôt localisée dans certains organes, dans les boutons marginaux et le disque interne, entre autres, comme chez diverses Thati- manthias, tantôt répandue sur toutes les surfaces, comme dans les Cunina moneta et Pelagia noctiluca, par exemple. Il suffit d'élever légèrement la température du liquide où est plongé un de ces animaux, ou d'appliquer à celui-ci un courant électrique, pour voir de suite s'allumer tous les divers foyers de phosphorescence. La lueur verte de la Pelagia \ soumise à l'analyse spectrale, ne donna pas plus de résultats que les lumières monochromatiques. En examinant de près la substance lumineuse des Pé- lagies, le professeur Panceri y reconnut un grand nom- bre de cellules épithéliales qui, en outre de leur noyau, contenaient des granulations jaunes semblables à de la graisse, tant par leur apparence que par leurs diverses réactions. Puis, remarquant que si l'on frotte une place phosphorescente assez longtemps pour la dépouiller de son épithélium, l'obscurité se fait en cet endroit au fur et à mesure que les cellules épithéliales sont ainsi enlevées, il ne douta plus que le siège de la lumière ne fût, chez ces animaux, dans les granulations graisseuses de V épi- thélium qui, tantôt externe et tantôt replié sur les orga- nes internes, peut ainsi composer des aspects et des foyers variés. Enfin, il observa que divers stimulants, » La lumière est bleue chez la Cunina moneta. PHOSPHORESCENCE ANIMALE. 127 comme un choc, le frottement, le mouvement, un cou- rant électrique et bien d'autres, augmentent la production de la lumière, et constata, en même temps, que la clarté, ainsi produite, peut se répandre par diffusion dans l'eau douce et le lait, en se fixant dans ces liquides. Le mémoire, traduit ci-après, montrera, en dernier lieu, comment la lumière des Pennatules, émanant des Polypes et des Zooides, doit être encore attribuée à une substance grasse, distribuée dans huit cordons lumineux adhérant aux parois externes de l'estomac et se conti- nuant dans les papilles bucales. On verra comment la substance photogénique des Pennatules* rappelle, à un haut degré, la matière grasse des cellules épithéliales des Méduses, aussi bien par ses caractères morphologiques que par la propriété, commune à la substance lumineuse des Poissons et des Méduses, de ne pas se décomposer de suite après la putréfaction de l'animal. Ayant obser- vé que la matière grasse reluit, non-seulement lors de l'application d'un stimulant sur les Polypes mêmes, mais encore par l'excitation de divers points éloignés du Polypier, le professeur Panceri fut naturellement amené à étudier la direction variable, la durée et la vitesse des courants lumineux, et constata que la promptitude de transmission est toujours beaucoup moindre que dans les nerfs de l'Homme, de la Souris ou de la Grenouille. Le mouvement moléculaire produit sous l'action de la volonté de l'animal ou par un stimulant extérieur, ren- drait la matière grasse des cordons lumineux susceptible ' Ces animaux, dont les formes rappellent un peu celles d'une plume, ont été appelés en allemand Seefeder, et en italien Penne marine. i28 PHOSPHORESCENCK ANIMALE. de se combiner avec l'oxygène, et celte action chimique serait toujours accompagnée de lumière plutôt que de chaleur. Ainsi, Toxydalion lente de la graisse, qui produit généralement l'éclat ordinaire d'un grand nombre d'ani- maux marins, serait brusquement activée sous l'influence, volontaire ou involontaire, d'agents internes ou externes. L'on n'a pas encore constaté avec certitude la présence de nerfs chez les êtres en question : cependant, il semble ressortir des expériences consignées dans ce dernier mé- moire : premièrement que, si les Pennatiiles ont un sys- tème nerveux, celui-ci doit être social ; secondement, que s'il n'y a pas de véritables nerfs, il doit y avoir au moins des organes qui en tiennent lieu et qui relient les batteries lumineuses des différents Polypes. Je ne suivrai pas ici le professeur Panceri dans les considérations qu'il expose pour prouver, soit comment des espèces, qui ne paraissent pas lumineuses dans cer- taines mers, peuvent cependant reluire ailleurs dans d'au- tres conditions, soit, jusqu'à quel point quelques auteurs ont mal interprété ou, le plus souvent, exagéré l'éclat de divers animaux marins et, par là, entaché d'erreurs des doimées pour la plupart utiles et intéressantes. Au reste, le professeur Panceri nous annonce un tra- vail général sur la phosphorescence des Méduses, cl je ne doute pas que les recherches consciencieuses de cet habile naturaliste n'apportent bientôt un nouveau et pré- cieux trésor de découvertes importantes. LUMrÊRE DES PENNATULES. 429 ORGANES LUMINEUX ET LUMIÈRE DES PENNAÏULES ' PAK LE Professeur P. PANGERI (Traduit siar un résumé de l'auteur.! Le mémoire présenté à l'Académie, sous le titre indi- qué ci-dessus, commence par l'énumération des auteurs qui furent témoins de la phosphorescence des Zoophytes en question. Bien que faisant ici abstraction des observa- teurs qui se bornèrent à constater le fait de la lumière émise par les Pennalulides, je dois pourtant signaler Spallanzani, Blainville, Délie Chiaje et Forbes, comme ayant déjà mentionné les ondes lumineuses que l'on voit parcourir ces petits Polypes, quand ils viennent à être touchés. Toutefois, il n'a été fait jusqu'ici ni expériences méthodiques, dans le but de déterminer les conditions de ce phénomène, ni recherches spéciales, dans l'intention do connaître si ces animaux possèdent réellement de vé- ritables organes lumineux. On croyait généralement autrefois que le mucus, qui revêt l'extérieur des rameaux (pinne), avait la faculté de reluire, en sorte que le doigt qui le touchait et comprimait les petits Polypes se cou- vrait lui-même de matière lumineuse. * Gli organi luininosi e In luce délie Pennatuk. ( Memoria de! socio ordinaiio P. Panceui. Adiinaiiza (tel 14 OUolire 1871 ) Traduit par V. Fatio, sur l'exlrail donné par l'auleur aux Complus rendus de l'Acad. royale des Sciences phys. et mulhéin. — Fasc. X; ott. 1871. 130 ORGANES LUMINEUX Après les citations historiques, le mémoire se divise en deux parties, l'une anatomique, dans laquelle se trouvent décrits, pour la première fois, les organes lumineux des Pennatules, l'autre physiologique , dans laquelle il est rendu compte de toutes les expériences faites pour étu- dier ce qui a trait au phénomène de la lumière. Je pro- fite de l'occasion pour remercier publiquement le profes- seur Francesco Gasco qui fut mon compagnon assidu dans ces dernières. Les résultats des recherches anatomiques peuvent être résumés comme suit : I. Dans les Pennatules et les genres voisins, et vrai- semblablement dans tous les Pennatulaires phosphores- cents, la lumière émane exclusivement des Polypes et des Zooides (Polypes rudimentaires). II. Les organes phosphorescents des Pennatules con- sistent en huit cordons, cordoni luminosi, qui adhèrent à la superficie externe de l'estomac des Polypes et des Zooides et se continuent dans chacune des papilles buc- cales des uns et des autres. III. Ces cordons sont composés principalement d'une substance contenue dans des vésicules ou cellules et qui a tous les caractères des matières grasses, y compris celui de ne pas se décomposer de suite après la putré- faction des Polypes. Il s'y ajoute des cellules multipo- laires et des granulations albuminoïdes. Dans la Pennatula phosphorea se trouve de plus une substance minérale, blanche, granuleuse et indéterminée dans sa composition, mais qui n'est ni un carbonate ni un phosphate calcaire. Cette matière manque dans la Pennatula ruhra, dans le Pteroides griaemn et dans la Funiculina quadrangidaris qui présentent, pourtant, des ET LUMIÈRE DES PENNATULES. '131 organes et des phénomènes lumineux semblables à ceux (le la P. phosphorea; d'où il résulte que l'on ne peut pas lui attribuer une importance spéciale. Cependant, elle rend les cordons de la P. phosphorea très-blancs, et per- met ainsi de les reconnaître par transparence à travers les téguments des petits Polypes. La mollesse et la fragilité des cordons lumineux sont telles qu'elles rendent impossible toute recherche histolo- gique un peu minutieuse ; c'est donc à la nature grasse de la substance qui compose ces cordons qu'il faut attri- buer le fait que les anatomistes, qui ont étudié la struc- ture anatomique des Pennatules sur des exemplaires con- servés dans l'alcool, n'ont pas pu retrouver ces organes. Pour peu que l'on comprime un petit Polype, les cordons lumineux se rompent aussitôt, et il se peut alors que la ma- tière photogénique aille se jeter dans la cavité des tenta- cules, d'où il est facile de la recueillir pour l'étudier; mais, si la pression agit vers le Polypier, cette même matière se trouve, par contre, rejetée dans les canaux de celui-ci. L'on comprend ainsi comment Spallanzani, comprimant entiè- rement dans la main l'étendard ou la massue (vessillo) d'un Pennatulide, obtint, par le pore extrême de la tige {gambo), un jet lumineux. On peut s'expliquer de même comment Délie Ghiaje a vu le bulbe d'une FimiciiUna reluire comme un tison enflammé. J'ai vérifié moi-même le cas de la Funiculina; mais la lumière venait de la sub- stance phosphorescente qui s'était mêlée à la sérosité (sierochimo) laiteuse des canaux du Polypier, et qui se voyait par transparence à cause de la subtilité du tégu- ment externe. Je reconnus, en effet, très-facilement cette matière au microscope. Le professeur N. Wagner, de l'Université de Kazan, me dit avoir vu une fois, à Naples, 132 OHGANES LUMINEUX «ne lueur pâle sortir du rachis d'une Pennatule, ce qui m'aurait beaucoup étonné, après avoir trouvé des orga- nes lumineux spéciaux, si je n'avais pensé qu'il s'agis- sait sans doute du même cas que j'ai cité à propos de la FumcnUna. Il arrive toujours que la matière lumineuse, de manière ou d'autre, est mise en mouvement, soit par un choc, soit par des pressions régulières exercées sur le rachis. La lumière que l'on peut susciter dans la substance liquide à laquelle s'est réduite, par la décomposition, l'étendard d'une Pennatule, est due à la même matière photogénique que nous avons vue être la dernière à se dé- composer. La partie physiologique du mémoire commence par un chapitre où il est parlé des divers états dans lesquels peut se trouver un Pennatulide sur lequel on veut étudier le phénomène de la lumière. Quand ces Zoophites, vivant à la profondeur de 40 à '100 mètres et plus, se trouvent délogés de leurs demeures profondes et portés dans un aquarium, ils subissent un tel changement dans la pres- sion, la température, la salaison de l'eau, les conditions en général et surtout dans l'étroitessedu milieu, que peu à peu ils se gonflent prodigieusement jusqu'à doubler leur masse. Dans cet état, qui fut nommé hydropique, comme aussi dans l'élat tétanique auquel sont sujettes les Pennaliiles, lorsqu'elles sont soumises à des manipula- tions répétées, ou encore dans un autre état qui est celui de l'épuisement, conséquence inévitable d'un séjour pro- longé dans un aquarium ou d'expériences répétées, les tissus du Polypier ne sont plus doués d'aucune conducti- bilité par excitation, et les Polypes ne donnent de la lu- mière que quand ils sont stimulés directement et indivi- duellement. ET LUMIÈRE DES PENNATULES. 13)1 S'il arrive, au contraire, qu'on fasse des expériences sur des individus à peine sortis de la mer, et, par consé- quent, pas encore hydropiques, ou sur d'autres chez les- quels l'hydropisie ait déjà diminué, ou, en général, sur des individus qui soient loin de l'épuisendent, on se verra eo présence de phénomènes d'une grande importance phy- siologique et d'une très-belle apparence. Lorsque l'on manipule, sans règle spéciale, une Penna- tule qui est dans l'état que nous avons appelé d'opportu- nité, on obtient, dans tous les cas, une apparition d'étin- celles sur les bords polypifères, un va-et-vient de petites clartés, comme si la lumière jaillissait du doigt ou de l'objet qui touche le Polype, allant toujours de l'un à l'autre. Si, par contre, agissant avec beaucoup de ra- pidité, on applique méthodiquement le stimulant, on aura des courants lumineux réguliers ; comme si les petits Polypes s'allumaient rapidement l'un après l'autre, ceux d'un rameau avant ceux d'un autre qui lui fait suite, de telle manière que l'on arrive aux conclusions suivantes : IV. La matière grasse des cordons lumineux peut être appelée à devenir lumineuse dans les Polypes et dans les Zooidcs, non-seulement par des excitations agissant sur le Polype ou le Zooide directement, mais encore par des sti- mulants appliqués sur un point éloigné du Polypier. Dans ce cas les courants lumineux, qui peuvent parcourir, dans tous les sens, les phalanges des Polypes et des Zooides, représentent évidemment la direction et la vélocité de propagation de l'excitation. Dans l'étude des courants, il a été tenu compte, en premier lieu de leur direction, puis de leur rapidité. Si l'on agit sur l'extrémilé de la tige, comme en S de la fig. 1, on aura dans l'étendard un courant lumineux ascendant, comme c'est indiqué dans 134 . ORGANES LUMINEUX la même figure. Si le stimulant est appliqué, au contraire, à la sommité de l'étendard, on produira un courant des- cendant, comme dans la fig. 2. Si, enfin, l'on fait agir l'excitant sur le milieu de la partie plumée du rachis, on obtiendra deux courants divergents, comme dans la fig. 3. Faisant en sorte que les deux extrémités de l'éten- dard soient excitées simultanément, comme cela est in- diqué dans la flg. 4, on aura deux courants convergents, lesquels cessent d'ordinaire après un moment de grande vivacité à leur rencontre. Il m'est arrivé une seule fois de voir, dans une Pennatule très-sensible, les deux courants convergents continuer, après leur rencontre, chacun son chemin, comme si l'autre n'existait pas. Les indications de la fig. 5 représentent les deux courants s'étant déjà dépas- sés. Si l'excitation S se produit à l'extrémité d'un ra- meau, on verra courir la lumière sur la tige, et, par conséquent, apparaître des courants dans tous les autres rameaux dans le sens de la diffusion de l'excitation, comme dans la fig. 6. Sans parler du mode employé pour mesurer la vélocité de ces courants lumineux, nous indi- querons maintenant quelques chiffres. Le courant ascendant d'une Pennalula rubra emploie à parcourir l'étendard : Au minimum l" '/s? au maximum 3" 7s' ^" moyenne 2" V Le même courant dans une P. phosphorea emploie, au minimum 1" '/k^ au maximum 2" */^, en moyenne 2". Ayant observé, dans tous mes essais, un intervalle en- tre le moment de l'application de l'excitation et le com- mencement du courant, je le mesurai et le trouvai de y^ de seconde. Dans certains cas, le courant ascendant emploie moins de <&.t-\\.i^.^ 136 ORGANES LUMINEUX temps et dans d'autres pins; dans un seul, il a employé 4 secondes. — La durée du courant partiel de chaque ra- meau n'a pas pu être estimée; elle e'Jt cependant beau- coup plus courte que 7» de seconde. Les chiffres obte- nus pour le courant descendant et pour les courants des Zooides ne diffèrent pas de ceux qui ont été déjà cités. L'étendard des Pennalules étant en moyenne de O"*,! de longueur, et le courant lumineux employant 2 secondes environ à le parcourir, on peut présumer que le même courant mettrait environ 20 secondes à parcourir 1 mtître. On peut aussi supposer que, s'il devait parcourir les 30 mètres que l'excitation motrice des nerfs de la Gre- nouille parcourt, suivant Helmollz, en i seconde, le cou- rant lumineux des Pennatules emploierait 600 secondes ou 10 minutes, pour faire le même trajet. Il lui faudrait 660 secondes, ou 11 minutes, pour parcourir les 33"' que parcourt en 1 seconde la sensation des nerfs de l'Homme ou de la Souris. En tout cas, la vélocité de propagation de l'excitation dans les Pennatulides est '160 fois plus petite que celle qui fut constatée par Schiff dans les nerfs des Chats ivres, chez lesquels la transmissibililé avait été ré- duite jusqu'à 8"" par seconde. Vu les limites qui me sont imposées, je laisse de côté, dans ce résumé, les considérations et les comparaisons. Je ne puis, cependant, m'abstenir d'appeler l'attenlion des physiologistes sur la singulière propriété des Pen- natules de rendre visible, par la clarté de leurs Pohjpcs, la direction et la vélocité de 'propagation de Y excitation, comme si, dans ces animaux, le moiioement moléculaire intérieur, qui se produit par suite de ï excitation, mettait le contenu des cellules des cordons lumineux dans un état qui lui permet de se combiner avec l'oxygène, action chimi- ET LUMIÈRE DES PENNATULES. 137 que accompagnée de développement de lumière phitôt que de chaleur. Les faits exposés inspirent maintenant le désir de sa- voir si les Pennatulides ont réellement des nerfs. Bien qu'ayant signalé les observations de KôUiker, ainsi que les miennes, à propos des fibres pâles, minces et transparentes vues dans les petites cloisons et dans les muscles des Polypes, je dois cependant reconnaître que le champ de- meure largement ouvert à des observations ultérieures, qui devraient être faites sur les Polypes en général. Il me semble pourtant que si le système nerveux existait cbez les Pennatules, il devrait vraisemblablement être social, comme celui qui fut observé dans quelques Briozoaires, chez les Cérialaires, par exemple. Si, par contre, les fibres sus-mentionnées n'étaient pas nerveuses, les Pennatules devraient entrer, et avec elles peut-être tous les Polypes, dans la catégorie des animaux chez lesquels les fonctions nerveuses ne sont pas confiées à des éléments histologi- (}ues spéciaux. Après avoir parlé longuement, dans le mémoire, des diflërents moyens d'excitation aptes à déterminer des phé- nomènes lumineux dans les Polypes et dans les Zooïdes, il s'agit, maintenant , de déterminer quelle action ces mêmes agents peuvent avoir sur la matière lumineuse prise en dehors des Polypes, en insistant tout particuliè- rement sur le pouvoir qu'exerce l'eau douce sur la ma- tière lumineuse, soit des Pennatulides, soit d'autres ani- maux qui seront cités plus bas. Nous arriverons donc à la conclusion suivante. V. La matière lumineuse des Pennatules peut être ap- pelée directement à reluire en dehors du Polype et du Zooïde, par le choc, par le frottement, par l'eau douce, ARcmvES, t. XLIII. — Février 1872. 10 138 ORGANES LUMINEUX par un courant électrique et par le réchauffement, non- seulement de suite après qu'elle a été extraite des Po- lypes vivants, mais encore après la décomposition de ceux-ci. Le mémoire continue en traitant de l'action de l'élec- tricité, de la chaleur et de la lumière sur la phosphores- cence des Pennatulides, et parle aussi de l'analyse spec- trale de leur lumière. Nous terminerons ce résumé en exposant diverses autres conclusions du mémoire, qui sont les suivantes : VI. Admettant ce qui a été démontré dans une autre occasion S c'est-à-dire que la phosphorescence des sub- stances grasses est un phénomène qui accompagne leur oxydation lente, il paraît très-probable que la clarté des Pennatules accompagne l'oxydation de la matière grasse des cordons lumineux. Par la même raison que, dans la Torpille, le pouvoir électromoteur des éléments des or- ganes électriques vient de l'action de la volonté ou de l'excitation artificielle des nerfs, et de même que, par l'action des nerfs, l'intensité de l'oxydation et le dévelop- pement de la chaleur peuvent être augmentés ou dimi- nués chez un Vertébré à sang chaud, on peut supposer que les nerfs des Pennatules, ou les éléments qui en tiennent lieu, soient capables de produire, dans les batte- ries lumineuses des Polypes et des Zooïdes, une oxydation momentanée, plus rapide et plus intense, accompagnée d'une manifestation de la lumière. VII. La substance photogénique des Pennatules pré- sente, dans l'ensemble de ses caractères, la plus grande ressemblance avec la matière grasse contenue dans les * Intorno alla tuce emanata dal grasso. Rendic, dell' Accad., de! di 8 Aprile 1871. ET LUMIÈRE DES PEN'NATULES. 139 cellules de l'épithélium des Méduses phosphorescentes (Pelagia noclUuca et Cunina moneta ' ) , ainsi qu'avec celle que j'ai trouvée dans les Béroïdes, dans les Pholades, les Chétoptères *, et les Noctiluques étudiées par Quatre- lages. Ces matières réagissent aux diverses excitations et se comportent comme s'il y avait en elles une substance qui les rendît phosphorescentes, et qui fût la même que celle qui rend lumineuses les Pennatules. VIII. Sans nier qu'il puisse se trouver des animaux marins qui, de même que les Lucioles terrestres, relui- sent par la combustion lente d'une substance albumi- iioïde, ou par quelque autre raison, il est cependant cer- tain qu'une partie des animaux phosphorescents de la mer doivent leur pouvoir lumineux à une matière spéciale qui présente tous les caractères d'une graisse phospho- leseente, en même temps que la particularité de s'allu- mer dans l'eau douce, ainsi que dans les autres cas spé- cifiés dans ce mémoire. ' Inlorno alla sede del movimento luminoso nclle Méduse. Rend, dell' Accad., del' di 5 Agosto 1871. * Il sera question des organes lumineux et de la lumière de ces animaux dans un travail que je suis en train de compléter. SUR L'OBSERVATION SPECTROSCOPIQUE DE LA ROTATION DU SOLEIL ET UN NOUVEAU SPECTROSCOPE A RÉVERSION PAR M. F. ZÔLLNEB ( TRADUCTION ' ). Répondant à une aimable invitation, je me rendis, du- rant les vacances de Pentecôte, à Bothkamp, près de Kiel, pour installer dans l'observatoire particulier de M. de Bulow, lequel est admirablement monté pour tout ce qui tient à l'astronomie physique, des observations du genre de celles dont j'ai eu l'honneur d'entretenir, il y a deux ans, la Société royale à l'occasion de la démonstra- tion de mon spectroscope à réversion. Le grand réfracteur de Schrôder à Hambourg, muni d'un excellent mouvement d'horlogerie, qui a été installé à Bothkamp est le plus grand instrument du continent après le réfracteur de Pulkovs^a. De plus entre tous les réfracteurs de mêmes dimensions, il occupe probablement le premier rang par la perfection de son exécution tant au point de vue optique qu'au point de vue mécani- que. M. H.-C. Vogel, le directeur de cet observatoire, et M. Lohse son assistant, se conformant aux intentions du fondateur, se sont donné la tâche d'appliquer les res- sources mises d'une manière si libérale à leur disposition * Berichte der Kôn. Sachs. Gesellsch. des Wiss. (1871). — Poggen- dorffs Annalen, tome GXLIV, p. 449. ROTATION DU SOLEIL, ETC. 44i exclusivement au service de Vastro-physique. Les pre- miers fruits produits par ces nobles efforts se trouvent dans le travail qu'on va lire sur l'observation spectrosco- pique de la rotation du Soleil et dans les recherches du D'' Vogel sur l'aurore boréale. Pour le but que je me proposais, le spectroscope à réversion avait dû subir quelques modifications soit dans sa construction soit dans la disposition nécessaire pour l'a- dapter au réfracteur. Il n'était pas prêt lorsque je partis pour Bothkamp, et je dus me l'y faire envoyer. Je le reçus le 31 mai et le fixai immédiatement au réfracteur. Mais par malheur le temps fut défavorable durant les trois jours que j'avais encore à passer à Bothkamp. Toutefois le soir du 2 juin les nuages se déchirant par places permirent de faire une observation à un moment où le Soleil n'était plus que peu élevé au-dessus de l'ho- rizon. Pendant que j'avais l'œil dans le spectroscope, M, Vogel amenait le réfracteur à Taide du chercheur sur différents points du disque solaire. J'observai un faible déplacement relatif des deux raies du sodium, que j'avais d'abord exactement superposées et, sans savoir sur quelle portion du disque solaire se trouvait à un moment donné la fente du spectroscope, je donnais à M. Vogel sur le sens du mouvement de chacun des points que nous observions des indications qui concordaient toujours exactement avec sa position sur le disque. Mais, au bout de peu de minutes déjà, le ciel se couvrit de nouveau de telle sorte que je dus partir sans avoir pu faire les observations pour lesquelles j'étais venu, laissant toutefois mon instrument à MM. Vogel et Lohse, afin qu'ils pussent faire de nouvelles recherches dans des conditions plus favorables. Peu de jours plus tard, je reçus à ma grande satisfac- 1 42 ROTATION DU SOLEIL ^ lion une lettre du 9 juin 1871, dans laquelle M. Vogel nie communique ce qui suit : « Aujourd'hui en toute hâte la nouvelle : que nous avons observé hier, M. Lohse et moi, le déplacement des raies par la rotation du Soleil, à l'aide du spectroscope k réversion et cela à plusieurs reprises d'une manière par- faitement certaine. Avec la disposition actuelle de l'ap- pareil, il n'est pas facile de faire des mesures suffisan;- ment précises. Avant tout il faut que les deux spectres aient exactement le même éclat; de plus que la fente soit taillée avec autant de précision que possible, car les li- gnes transversales entravent des observations si délicates. » Une seconde lettre, datée du 14 juin, contient les communications que voici : « Après avoir observé une première fois avec votre spectroscope le déplacement des lignes par la rotation du Soleil, comme je vous l'ai écrit, j'ai employé mon pro- pre appareil avec cinq prismes très-dispersifs, placés en cercle, que j'avais tixé préalablement sur la région du spectre solaire qui avoisine F et qui me permit non-seu- lement de voir un déplacement, mais aussi d'en apprécier la grandeur. La ligne fine derrière F (qui en est distante de 1,5 dix millionième de millimètre d'après l'atlas d'Angstrôm) m'a paru séparée de la ligne F par un in- tervalle moitié de celui que donne votre appareil entre les deux raies du sodium. On peut, à la rigueur, appré- cier encore un vingtième de cet intervalle. Les évaluations que nous avons faites, le D*" Lohse et moi, nous ont toutes donné un peu moms de 0,1 dix milUonième de millimè- tre, ce qui représente pour la différence de vitesse des bords équatoriaux du Soleil environ 0,7 mille, tandis qu'en réalité la rotation est de 2 X 0,27, soit 0,54 ET NOUVEAU SPECTROSGOPE A RÉVERSIOxN. 143 raille. Lorsqu'on fixait la lunette sur le pôle nord ou sud du Soleil, il n'y avait aucun déplacement des raies ni rien qui indiquât une flexion des diverses parties de l'appareil pendant l'observation. La démonstration de la rotation du Soleil à l'aide du spectroscope peut donc être considérée comme certaine. Je compte, du reste, répéter les observations avec un grossissement encore plus considérable. » «Voici de plus un fait non moins intéressant. Avec quel- ques taches latérales (planétaires) qui, d'après d'autres observateurs, ne donnent que trois lignes, j'en trouvai quelques-unes de plus; il est une de ces lignes, en parti- culier, que M. Lohse et moi avons vue d'une manière par- faitement certaine et qui, selon toute vraisemblance, coïncide avec la ligne la plus brillante du spectre de l'au- rore polaire. Ceci pourrait conduire à des conclusions fort intéressantes. » Dans ce qu'on va lire M. Vogel donne une description plus précise des observations dont il vient d'être question et de celles qui suivirent : Observations. « 9 juin 1871. A l'aide de votre spectroscope à ré- version, nous constatâmes clairement, M. Lohse et moi, le déplacement des lignes par la rotation du Soleil. Les expériences furent disposées comme il suit : » « Tandis que le spectroscope était fixé à l'aide du mou- vement d'horlogerie sur l'un des deux bords du Soleil (le bord marchant en avant), l'on amena les deux lignes D, dans les deux spectres superposés, à coïncider aussi parfaitement que possible, ensuite on arrêta le mouvement d'horlogerie et on observa de nouveau la position relative 144 ROTATION DU SOLEIL des deux raies au moment où le second bord du Soleil (celui qui marchait en arrière) passa dans le champ de l'instrument. La non-coïncidence des lignes D, au second bord du Soleil, se reconnut toujours très-facilement dans toutes les observations, et celles-ci se répétèrent un très- grand nombre de fois. » «Le 10 juin nous avons repris ,les expériences avec no- tre spectroscope de Schrôder doué d'un grand pouvoir dispersif, lequel se compose de cinq prismes à vision directe et d'un nombre égal de prismes en verre très-lourd. La lunette grossissait neuf fois. A son foyer se trouvait une fine pointe d'acier qui était amenée sur la ligne F ou sur une ligne très-fine un peu plus réfrangible que F (longueur d'onde, d'après Angstrom, 4859,17), tandis que le spectroscope était dirigé sur l'un des bords du Soleil. La ligne et la pointe ne se recouvraient plus lors- que c'était de la lumière émanant de portions de l'autre bord solaire qui tombait sur la fente. Pour éviter les flexions qui auraient pu se produire dans l'instrument, on prenait la précaution de fixer la lunette et de faire passer par le mouvement diurne l'image du Soleil devant la fente après que l'appareil tout entier était demeuré un certain temps immobile. En dirigeant l'instrument sur le voisinage d'un des pôles, nord ou sud du Soleil, où l'on ne devait point obtenir de déplacement, la comcidence de la pointe et de la ligne demeurait eflectivement invariable. C'était là une preuve que lorsqu'on fait subir de petits déplacements au réfracteur, les modifications qui peuvent se produire dans l'appareil spectral sont suffisamment faibles pour être sans influence sur les résultats. » « 11 juin. Les expériences furent disposées comme la veille. On chercha à évaluer, par un grand nombre d'ob- ET NOUVEAU SPEGTROSGOPE A RÉVERSIOX. 1 45 servations, la grandeur du déplacement que la ligne subis- sait par rapport à la pointe placée au foyer de la lunette, et cela en prenant pour unité l'intervalle de deux lignes très-rapprochées du spectre. Nos appréciations oscillèrent entre 0,010, 0,015 millionième de millimètre, d'où ré- sulterait pour le déplacement d'un point de l'équateur solaire une vitesse de 0,42 mille à la seconde. » « 15 juin. Les observations furent conduites comme précédemment, seulement, à la place de la pointe, J'avais disposé dans la lunette un réticule très-fin et j'employais un plus fort grossissement. On pouvait encore, avec avan- tage, employer un grossissement de 24 fois, il donnait les lignes de Fraunhofer avec une très-grande netteté. J'ai fait de la sorte un certain nombre d'évaluations dans le voisinage de la ligne F et du groupe b qui m'ont donné un déplacement de 0,008 millionième de millimètre, il en résulterait pour la vitesse de déplacement d'un point de l'équateur solaire 0,35 mille. — Il convient de re- marquer que ces observations donnent constamment une vitesse plus grande que celle qui a été déduite de la pé- riode de rotation connue du Soleil , il serait néanmoins hasardé de vouloir tirer de là une conclusion quelconque, car d'une part les évaluations précitées sont très-incer- taines, d'antre part les longueurs d'onde des diverses li- gnes du spectre solaire ne sont pas déterminées avec une exactitude assez grande pour que l'erreur possible puisse être considérée comme négligeable par rapporta la gran- deui' du déplacement qu'il s'agit de mesurer. Cela seul ressort jusqu'ici de c^s observations, c'est que l'on peut admettre que le déplacement des lignes spectrales par la rotation du Soleil est démontré désormais avec une en- tière certitude.» \ 46 ROTATION DU SOLEIL A la suite de ces résultats qui, comme on voit, pro- mettent pour l'avenir au spectroscoj)e à réversion une application très-étendue pour des mesures quantitatives dans le domaine de l'analyse spectrale, je me permets de décrire ici la construction d'un nouveau spectroscope à réversion notablement simplifié. Il s'agit d'une disposition que j'ai déjà indiquée à propos de la description du spec- troscope à réversion ' et dont j'ai depuis lorsconstaté l'u- tilité pratique. Je crois qu'elle pourra très-facilement être appliquée à toutes les recherches spectroscopiques sans qu'on ait plus besoin d'employer, comme on l'a fait jus- qu'ici pour la détermination de la position des lignes spectrales, un réticule, une pointe ou des objets éclairés. La disposition qu'il convient de donner à cet effet à la lunette de chaque spectroscope peut être réalisée de deux façons différentes : 1. Par l'objectif à réversion. 2. Par l'oculaire à réversion. 1 . Descriplion de l'objectif à réversion. L'objectif de la lunette est partagé en deux, suivant un diamètre, et ces deux moitiés se déplacent à l'aide de vis dans une seule direction, celle de la perpendiculaire à ce diamètre, c'est-à-dire de façon à se rapprocher ou s'éloigner. Devant Vtme de ces deux moitiés de l'objectif se trouve un prisme à réflexion totale, rectangulaire, mobile placé de telle sorte que la face hypoténuse soit perpendiculaire au plan de section et dans sa position nor- male parallèle à l'axe optique de la lunette. Si l'on vise un objet à travers une lunette munie d'un semblable ' Voyez Berichle der Kôn. Sachs. Gesellsch. der Wiss. — Archives, 1869, lome XXXVI, p. 260. ET NOUVEAU SPECTROSCOFE A nÉVERSlON. 447 objectif, il apparaît double dans une direction perpendi- culaire à la ligne de partage de l'objectif. Suivant les di- mensions de l'objet considéré, et suivant l'écartement des deux moitiés de l'objectif, les deux composantes de l'image double sont précisément tangentes, se recouvrent partiel- lement ou sont séparées par un intervalle. Mais celle des deux images dont les rayons ont passé par le prisme à réflexion, est renversée par rapport à un axe perpendi- culaire à la ligne de section. Si donc l'on remplace la lunette d'un appareil spectral quelconque par un système tel que celui qui vient d'être décrit et dans lequel les arêtes des prismes à reflexion et à dispersion devront être parallèles, on obtient, en écartant convenablement les deux moitiés de l'objectif, deux spectres exactement juxtaposés et inverses l'un de l'autre. Comme le degré de convergence ou de divergence des rayons non parallèles est modifié par la réflexion to- tale, il faut, afin d'obtenir dans ce cas-là un foyer unique pour les deux moitiés de l'objectif, introduire dans le tube de la lunette une demi-lentille mobile. Lorsqu'on modifie la direction de l'axe optique de la lunette pour observer successivement les différentes cou- leurs, on voit les diverses lignes des deux spectres traverser le champ en sens opposés. Par la lecture de la position qu'occupe la lunette au moment de la coïncidence de deux lignes identiques on détermine la position de ces lignes aussi bien que par l'emploi de mires placées dans le champ ; mais avec une dispersion deux fois aussi grande et un degré d'exactitude augmenté suivant le principe des images doubles. On peut exécuter des mesures différentielles à l'aide d'un très-faible dé- placement du prisme à réflexion. 148 ROTATION DU SOLEIL^ ETC. 2. Description de îoculaire à réversion. Le but de l'oculaire à réversion et le principe de son action sont les mêmes que ceux de l'objectif à réversion. Mais tandis que ce dernier consiste en deux demi-lentilles, cela n'est pas le cas pour l'oculaire à réversion. Celui-ci est muni en efiel d'un prisme à réflexion totale, mobile, placé immédiatement en avant de la lentille collective de l'oculaire et dont la grandeur est propor- tionnée à celle de cette lentille, de telle sorte que le champ visuel soit recouvert à moitié par ce prisme et que les deux spectres obtenus soient mobiles l'un à côté de l'autre en sens inverses. Gomme dans ce cas les rayons tombant sur le prisme ne sont jamais parallèles, la correction de la distance focale pour la portion non recouverte de l'o- culaire se fait à l'aide d'une demi-lentille concave. La finesse du contact ainsi obtenu entre les deux spec- tres est beaucoup moindre avec l'oculaire à réversion qu'avec l'objectif k réversion. On peut néanmoins parer en partie à cet inconvénient par l'emploi d'une lentille cylindrique, qui a pour effet d'allonger les lignes et de faire disparaître l'intervalle obscur qui les sépare. Je crois, d'une manière générale, qu'il est bon de disposer une lentille cylindrique en avant de l'oculaire, dans tous les cas où l'apparition de lignes transversales résultant des poussières ou des autres inégalités qui se trouvent sur les bords de la fente vient entraver des mesures de préci- sion. Par ce procédé ces lignes s'effacent et disparaissent même entièrement, quand l'épaisseur n'en est pas par trop grande, tandis que les lignes spectrales normales sur celles-là ne perdent rien de leur netteté. SUR LES ACTIONS ÉLECTRIQUES DES CORPS NON CONDCCTEURS SOUMIS A L'INFLUENCE D'UN CORPS ÉLECTRISÉ PAE M. R. FELICI'. L'action qu'un corps êlectrisé exerce par influence sur un corps conducteur, ne dépend pas seulement de la distance à laquelle ces corps se trouvent, mais aussi de la nature du milieu cohibant (isolant) qui les sépare. C'est ce que Faraday a démontré , et nous rappellerons ici deux de ses principales expériences sur ce sujet : 1° On dispose deux condensateurs (ayant à peu près la forme de bouteilles de Leyde) parfaitement semblables, mais disposés de manière que l'on puisse changer la substance formant la lame non conductrice qui sépare les deux armatures. En chargeant l'un de ces appareils, et en mettant ensuite en communication son armature inté- rieure avec l'armature intérieure du second condensateur, la charge se distribue également entre eux si les deux lames cohibantes sont formées de la même substance; mais si elles sont de nature différente, la charge est in- égale. Faraday a désigné sous le nom de pouvoir spéci- fique inducteur cette faculté plus ou moins grande des cohibants de transmettre l'action électrique, et il avai * Analyse d'un mémoire publié dans les Memorie délia Società ita- liana dei XL, 3™« série, tome II, partie I. i 50 ACTIONS ÉLECTRIQUES donné les chiffres suivants comme exprimant les valeurs de ce pouvoir pour divers corps. Air 1,00 Verre 1,76 Gomme laque. . . 2,00 Soufre 2,24 2" Trois disques métalliques égaux et isolés sont disposés parallèlement. Celui du milieu, que nous appellerons A, est à égale distance des deux autres, B et G. A une dis- tance suifisamment grande on place deux petites sphères métalliques isolées, b et c, entre lesquelles est suspendue une feuille d'or. Le disque B est mis en communication avec la sphère b par l'intermédiaire d'un long fil métalli- que isolé ; le disque C est relié k la sphère c de la même manière. On électrise le disque A en mettant B et G en communication avec le sol pendant un instant. La feuille d'or placée entre les deux sphères b et c reste immobile. Maintenant, si l'on introduit entre A et B une lame d'une substance cohibante, l'équilibre est rompu et la feuille d'or accuse une augmentation de l'action d'influence du côté de B, exactement comme si l'on avait rapproché A (Je B. — Donc la substance cohibante employée a un pou- voir spécifique inducteur plus grand que celui de l'air. Faraday a conclu de ces deux expériences et d'autres encore, que les forces électriques ne s'exercent pas réelle- ment à distance, mais bien par l'intermédiaire des cohi- bants dont les molécules se polarisent; en d'autres ter- mes, que, sous l'influence d'un corps électrise, les deux électricités se séparent dans chaque molécule du corps non conducteur. Mais l'illustre physicien anglais, occupé surtout de la théorie de l'électricité statique, n'a pas re- DES CORPS NON CONDUGTKUR^, ETC. 151 cherché si cette action des corps cohibants dépend de leur masse entière ou seulement de leur surface, si l'hu- midité de l'air joue un rôle dans le phénomène, etc. De plus, il ne s'est pas préoccupé du l'ait que, dans la première expérience tout au moins, les armatures sont en contact avec la lame qui les sépare, et qu'une partie de l'effet produit peut résulter de la pénétration de l'électricité dans l'intérieur du corps cohibant, pénétration qui varie suivant la nature de ce dernier et suivant la durée de l'action inductrice. Il restait donc encore beaucoup de points obscurs dont quelques-uns ont été en partie élucidés par les travaux de Harris, de Matteucci et de M. Gaugain. Matteucci avait mis en évidence le fait de la polarisa- tion des couches successives du corps cohibant en for- mant une pile de lames de mica, terminée par deux arma- tures métalliques, dont l'une était électrisée, tandis que l'autre communiquait avec le sol. Il avait reconnu qu'a- près avoir subi cette action, chaque lame de mica donnait des signes d'électricité de nom contraire sur ses deux fa- ces. C'est du moins ce qui a lieu quand Télectrisation a été de courte durée ; si on la prolonge et la renforce, il y a pénétration du fluide et l'on trouve que les lames sont chargées de la même électricité sur leurs deux faces. Matteucci, d'autre part, attribuait les différences des pouvoirs spécifiques inducteurs des divers corps cohi- bants, non pas à leur masse entière, mais à leur surface seulement, ou tout au moins à une très-petite profondeur à partir de la superficie. Il avait trouvé, en effet, qu'une lame de verre, par exemple, recouverte d'une couche de deux millimètres de soufre, se comporte comme une simple lame de soufre; ou encore qu'une sorte de boite, 152 ACTIONS ÉLECTRIQUES formée de lames de mica, i-ecoiiverte de gomme laque, a le même pouvoir inducteur, soit qu'elle contienne seu- lement de l'air à l'intérieur, soit qu'elle soit remplie de soufre *. Plus récemment, M. Gaugain ' a recherché l'influence que le temps pendant lequel agit l'électricité, exerce sur la charge d'un condensateur. Il a trouvé, en particulier, en comparant des carreaux fulminants formés avec du sou- fre et de la stéarine, que la charge est plus forte avec la stéarine, si l'action dure quelque temps, mais que, si elle ne s'exerce que pendant un centième de seconde, c'est le soufre qui l'emporte. — Ces résultats montrent qu'il faut bien distinguer l'action instantanée due au pouvoir spécifique inducteur, de l'action plus lente provenant de la pénétration graduelle de la charge dans les couches du corps cohibant. M. R. Felici a repris ce sujet et il avait déjà fait con- naître* quelques résultats de ses recherches préliminaires qui l'ont conduit à entreprendre une série d'études plus méthodiques. Il en commence la publication par un remar- quable mémoire que nous allons analyser rapidement. Nous chercherons d'abord à donner une description rapide de l'appareil que M. Felici a employé. Sur une table solide est disposée une sphère métalli- que A de 30""",5 de diamètre, portée sur une tige de verre vernie à la gomme laque. A une distance de li?""™ « Ces derniers résultats sont contredits par M. Felici, comme nous le verrons bientôt, * Comptes rendus de l'Acad. des Sciences de Paris, 1862, tome LV, p. 436, et 1863, tome LVI, p. 799. ' Cenni di alcune esperienze di elettricità. — Nuovo Cimento, l. XIX, p. 345 ; t. XX, p. 73; tome XXI- XXII, p. 380. DES CORPS NON CONDUCTEURS, ETC. 153 de cette sphère se trouve un disque métallique D, de 92nira (jg diamètre, isolé de la même manière. La sphère A peut être électrisée pour agir par influence sur le disque D. Entre les deux on place à volonté, sur un support en verre, le corps cohibant dont on veut étudier le pouvoir spécifique et qui a la forme d'un cube de 96'"'" de côté. A l'aide d'une pièce mobile on peut mettre la sphère A en communication avec une première balance de tor- sion B, dans laquelle la sphère fixe est métalliquement reliée avec le point de suspension du fil de torsion et, par conséquent, avec l'aiguille qui porte la sphère mo- bile. Il résulte de cette disposition que les deux sphères de la balance sont simultanément chargées de la même électricité et se repoussent. Les oscillations sont rapide- ment amorties, car Taiguille porte une lame de verre plongeant dans une auge pleine d'huile. Une autre pièce mobile permet de faire communiquer le conducteur d'une petite machine électrique avec le point de suspension du fil de cette balance et par suite avec la sphère A. Le disque D est de même en communication avec une seconde balance de torsion C, beaucoup plus sensible que la première, et dans laquelle la déviation est mesu- rée à l'aide d'un miroir suspendu à l'aiguille et d'une lunette portant une échelle graduée, comme dans lés appareils de Gauss et de Weber. Deux larges écrans métalliques, en communication constante avec le sol, peuvent à volonté être interposés l'un entre la sphère A et le cube cohibant, l'autre entre le cube et le disque D. Un mécanisme convenable permet de soulever ou d'abaisser rapidement ces écrans sans donner d'ébranlement au reste de l'appareil. Archives, t. XLIII. — Février 1872. Il 154 ACTIONS ÉLECTRIQUES Enfin tout l'ensemble des pièces que nous venons de mentionner, y compris les deux balances de torsion, est entouré d'une grande cage en verre, dans l'intérieur de laquelle l'air est parfaitement desséché par de la chaux vive et de l'acide sulfurique. Voici maintenant la manière d'opérer : On commence par s'assurer que la balance C qui com- munique au disque D est bien au zéro. Cela fait, on sou- lève l'écran métallique qui s'interpose entre la sphère A et le cube cohibant. On charge alors plus ou moins for- tement la sphère A reliée à la balance B ; on s'assure de nouveau que la balance C n'a pas dévié pendant cette opération. — Puis on observe la déviation de la balance B. — On interrompt ensuite la communication de la sphère A avec la balance B, et l'on décharge celle-ci en la faisant communiquer au sol. Il n'y a donc plus que la sphère qui soit chargée d'électricité dont la tension a été mesurée. Immédiatement après, on abaisse rapidement l'écran métallique qui protégeait le disque D de l'influence de la sphère A. On observe à la lunette la déviation de première impulsion qu'éprouve l'aiguille de la balance C. Dès que cette mesure est faite, on relève promptement l'écran métallique et l'on décharge la sphère A. L'opération est très-rapide : il suffit de 20 secondes pour charger la sphère et faire la lecture de la balance B, et de 15 secondes pour observer la déviation de la ba- lance C. — Ainsi le temps pendant lequel s'exerce l'ac- tion inductrice est très-court, et l'on évite ainsi les pertur- bations qui pourraient provenir d'une pénétration de l'é- lectricité dans le cube cohibant, d'autant plus que celui-ci DES CORPS NON CONDUCTEURS, ETC. 1 55 n'est pas en contact avec la sphère électrisée ni avec le disque induit. M. Felici a étudié avec beaucoup de soin la manière dont l'appareil se comporte. Nous ne reproduirons pas ici les procédés qu'il a employés pour graduer les balan- ces, c'est-à-dire pour déterminer à quelle tension corres- pond une mesure de la déviation, soit fixe soit initiale des aiguilles; bornons-nous à dire que les diverses séries d'observations qu'il a faites dans ce but étaient parfaite- ment concordantes. Nous ne parlerons pas non plus de toutes les précautions qu'il a prises pour s'assurer de l'exactitude de sa méthode et pour écarter toutes les cau- ses de perturbation. Arrivons de suite aux résultats des expériences . M. Felici a fait faire des cubes de soufre, de verre et de spermaceti, tous de la même dimension. Les uns étaient massifs, les autres vides intérieurement. Dans tous les cas leurs surfaces étaient parfaitement nettoyées. En opérant successivement avec ces divers cubes, l'au- teur a trouvé : 1*^ Que l'action inductrice était plus forte lorsqu'un quelconque de ces cubes était placé entre la sphère élec- trisée A et le disque D, que lorsqu'il n'y avait que de l'air entre eux. 2° Que quand le cube était massif, l'action exercée était plus forte que lorsqu'on employait un cube de la même substance vide intérieurement. Voici, par exemple, les résultats d'une série d'expé- riences faites avec des cubes de soufre, l'un vide, l'autre plein. 156 ACTIONS ÉLECTRIQUES CUBE DE SOUFRE VIDE. CUBE DE SOUFRE MASSIF. Degré de la bdiance B Degré de la balance C avec le cube sanTle cube Degré de la blance B Degré de la balance G avec le cube sans le cube 45,50 65,50 4-2,50 38,50 H,70 21,00 10,50 8,95 9,50 17,50 8,30 7,20 46,50 65,50 43,00 36,50 45,50 18,40 30,90 16,10 12,60 17,45 10,00 17,00 8,50 6,50 9,50 D'autres expériences ont été faites en prenant des cubes massifs recouverts de différents vernis, et M. Felici a trouvé que cette modification de la superficie n'influait pas sur l'action inductrice *. On peut conclure de là que lorsqu'un cohibant est sou- mis à l'action inductrice d'un corps électrisé, la réaction qu'il exerce dépend de sa masse entière et non pas de sa surface seulement ou de l'état physique de sa surface elle-même. — Elle ne résulte donc pas d'une sorte de semi-conductibilité de la superficie. L'action exercée dans ces conditions est aussi complè- tement indépendante d'une pénétration de l'électricité ou de l'influence du temps. C'est ce que M. Felici a mis en évidence par l'expérience suivante. On soulève l'écran métallique de manière à le placer entre le corps cohibant et le disque D; on électrisé la sphère A, et on la laisse agir pendant longtemps sur le cube ; puis on décharge la sphère et l'on abaisse immé- diatement l'écran ; on n'observe pas un mouvement de la ' L'auteur fait cependant quelques réserves pour le cas du verre lorsque l'on n'a pas rôdé les surfaces après la fusion. DES CORPS NON CONDUCTEURS, ETC. 157 balance C : il n'y a eu aucune induction exercée sur le disque. En répétant cette expérience de manière que l'écran en tombant établît de lui-même la communication de la sphère avec le sol, un cinquantième de seconde avant que le disque fût découvert, M. Felici n'a pu observer aucun effet. Or, comme il suffit de la moindre quantité d'électricité développée sur le cube par le plus léger frottement pour obtenir un effet sensible sur le disque, il est évident que ce n'est pas à un transport d'électricité par l'intermé- diaire de l'air que l'on peut attribuer les effets précé- demment observés; il faut admettre que le pouvoir spé- cifique inducteur s'exerce et cesse instantanément. M. Felici a comparé avec beaucoup de soin l'intensité de l'action inductrice en employant divers cohibants et di- verses charges initiales de la sphère électrisée; il a re- présenté graphiquement les résultats de ses expériences par des courbes dont l'abcisse est proportionnelle à la charge de la sphère inductrice et l'ordonnée proportion- nelle à l'effet exercé par influence sur le disque. On reconnaît que la courbe de l'air, c'est-à-dire celle à laquelle on arrive en opérant avec des charges succes- sivement croissantes sans interposer de cube cohibant entre la sphère et le disque, est constamment plus basse que la courbe obtenue avec un cube de soufre; la courbe du spermaceti est plus élevée que celle du soufre, et celle du verre encore davantage. Ainsi le pouvoir spécifique inducteur dépend bien de la nature des corps cohibants ; le pouvoir du verre est plus grand que celui du spermaceti, qui est lui-même 458 ACTIONS ÉLECTRIQUES plus grand que celui du soufre. Cet ordre est contraire à celui que Faraday et Harris avaient trouvé pour le soufre comparé au verre. Mais cette différence s'explique parfaitement, parce que dans leurs expériences les arma^ tures métalliques étaient en contact avec le cohibant et agissaient pendant un temps assez long ; or, comme nous l'avons rappelé, les expériences de M. Gaugain ont mon- tré que la durée de l'action dans ces circonstances exerce une influence très-notable. Si l'on compare pour un même cohibant, les valeurs de la charge de la sphère électrisée et du disque induit, on trouve que le rapport de ces valeurs est sensiblement constant, quelle que soit la tension primitive du fluide sur la sphère. Mais il varie quand on passe d'un cohi- bant à un autre. M. Felici a trouvé avec son appareil les chiffres suivants pour le rapport de la charge du disque à la charge de la sphère : pour le verre. de 1,754 à 1,626 pour le spermaceti, de 1,467 à 1,523 pour le soufre, rie 1,326 à 1,373 ' En résumé, d'après ces expériences, on peut considé- rer comme acquis les résultats suivants : 1° L'action exercée par un coJiihant soumis à l'in- fluence d'un corps électrisé est une action de masse et non pas de superficie seulement. 2^ Cette action est indépendante de l'état physique de la surface du cohibant. 3° Elle se développe instantanément, ou au moins avec • En plaçant un cube de métal au lieu d'un cube cohibant, M. Fe- lici a trouvé pour le rapport de 1,817 à 1,857; mais il ne considère pas ce cas comme suffisamment étudié. DES CORPS NON CONDUCTEURS, ETC. 459 une rapidité très-grande, aussitôt que l'induction com- mence à agir; elle cesse dès que l'induction cesse elle- même d'agir, présentant aussi une analogie avec les ai- mantations et désaimantations rapides du fer doux. 4° Quand on opère dans des circonstances identiques, cette action est proportionnelle à l'action inductrice, au moins entre certaines limites. 5° Son intensité dépend de la nature du cohibant. Si l'on admet l'exactitude de ces résultats, on peut, avec l'auteur, conclure comme très-probable que dans un cohibant soumis à une action électrique extérieure, les deux électricités se séparent seulement dans les molé- cules, qui se trouvent ainsi polarisées. Il découle de là la possibilité d'appliquer à ce cas les formules générales Ue la théorie du magnétisme en les modifiant convenable- ment comme M. Mossoti a cherché à le faire *. M. Felici a commencé à étudier le cas où le corps électrisé est en mouvement ; il a même publié quelques- uns des résultats obtenus * ; mais il en réserve l'exposé ' complet pour un nouveau Mémoire que nous aurons soin de faire connaître aux lecteurs des Archives. * Discussione analitica sulla influenza che l'azione di un mezzo die- lellrico, etc. ftlemorie délia Sociela itaiiana délie Scieiiza, tome XXIV. Modena, 184.6. * Cenni, etc. Nuovo Gimento, loc. cit. BULLETIN SCIENTIFIQUE. ASTRONOMIE. Prof. Spoerer. Beobaghtungen von Sonnenflegken und Protu- BERANZEN. OBSERVATIONS DE TACHES ET DE PROTUBÉRANCES SOLAIRES. (Astron. Nadir., n° 1870.) Au milieu de sa riche série d'observations de taches so- laires, dont la vingt-deuxième communication apparaît dans le n" précité des Astron. Nadir., M. Spœrer insère quelques faits résultant de ses travaux d'analyse spectrale dont nous extrayons ce qui suit. C'est le fruit d'études effectuées du 21 mai au 5 octobre de l'année écoulée et envoyées à l'Aca- démie des Sciences de Berlin. 1. Vingt-cinq dessins accompagnés de calculs démontrent l'existence d'un courant atmosphérique allant de l'équateur au pôle dans les deux liémisphères du Soleil et régnant dans les couches supérieures de l'atmosphère. Ce courant n'existe pas constamment, mais il se présente sur de très-grandes étendues pendant des espaces de temps prolongés. 2. Plusieurs exemples de durée prolongée ont été con- statés pour quelques protubérances. Trois cas en particuUer sont indiqués, où à différentes époques (après une demi-pé- riode de rotation) d'importantes éruptions ont été observées exactement au même endroit. Leur forme quoique complexe était demeurée la même, et cette analogie de forme faisait présumer que l'éruption avait subsisté sans arrêt pendant tout l'intervalle. 3. Des éruptions protubérantielles doivent résulter des vides dans le globe solaire, jusqu'à une profondeur considéra- ble. Ces vides sont comblés soit par un flux latéral de matière, ASTRONOMIE. 161 soit par l'émersion de substances plus profondes. Lorsque ce dernier fait prédomine, la vitesse linéaire de rotation moindre des masses inférieures doit occasionner une dévia- lion vers Test, et il en résulte une tissure, ou si le mouve- ment ascensionnel des masses est entravé et subit des arrêts, il se forme des séries de volcans qui se suivent sur le même parallèle. Lorsque le tlux latéral est le plus intense, il pro- voque à côté de la protubérance principale un mouvement dans les substances environnantes qui facilite la rupture de la couclie superficielle et la naissance de nouvelles protubé- rances. Lorsque pour nous des vides restent à découvert, il se manifeste une formation en arcade, assez fréquente sur le bord du Soleil, à cause de la suprématie du courant allant du pôle à l'équateur. 4. Souvent on observe une formation en arcade incom- plète résultant de l'inllexion d'une grande protubérance dont le sommet recourbé se dirige vers une plus petite. Ce phénomène peut se comparer avec celui de nos trombes : et on a vu des cas où une protubérance s'est soulevée pour aller rencontrer la pointe inQécliie d'une protubérance plus considérable. Dans d'autres cas, l'extrémité de la grande protubérance venant h reculer, l'autre s'est aussi affaissée. 5. Il convient de distinguer les protubérances en deux ca- tégories : L'une , de protubérances ordinaires, douées d'un éclat moindre, plus permanentes, ne se composant que d'hydro- gène (sans parler de la substance inconnue correspondant à la ligne D3) et avec une tendance prononcée à se disper- ser en nuages. L'autre, de protubérances llamboyanles, avec éclat très-in- tense, et visibles même par des temps défavorables ; très- changeantes de formes ; renfermant d'autres substances que l'hydrogène, entre autres du magnésium, et présentant très- souvent des formes appointies. \ 62 BULLETIN SCIENTIFIQUE. 6. Ce même double caractère se reconnaît dans la chro- mosphère. Lorsqu'elle présente l'apparence flamboyante, on y reconnaît aussi de la lumière blanche, et elle paraît iden- tique avec les facules. 7. Dans les protubérances ordinaires, la violence des érup- tions d'hydrogène peut faire projeter d'autres substances; mais par l'expansion du gaz, la température se trouve abaissée, ces substances devenant moins lumineuses perdent leur visibilité et se dispersent à un tel point, qu'il ne peut en résulter aucune tache. Dans la chromosphère flamboyante, cette dispersion de l'hydrogène n'a pas lieu : les masses soulevées à de plus hautes températures demeurent lumi- neuses près de la surface ; au-dessus se forment des nuages obscurs, et les ouragans convergeant de tous côtés sur les régions plus cliaudes, rassemblent les substances obscures ([ui descendent ensuite sous forme de nuages sur la surface et étouffent les protubérances basses. La tache ainsi produite devient le centre de cyclones dont la direction est indiquée par les petites taches qui viennent en composer le noyau. Les stries des noyaux sont des tissures, entre lesquelles la surface sousjacente des facules devient visible et au travers desquelles des protubérances flamboyantes réussissent à se fa ire jour. 8. L'émission de substances lumineuses ne suffit pas pour expliquer les protubérances flamboyantes : les variations en sont trop rapides. Leur apparition et leur disparition presque instantanées, amènent à admeltre l'existence de décharges électriques qui s'étendent des masses exhalées à d'autres portions de l'atmosphère solaire. Des formes analogues à celles d'une fontaine de feu sont aisément comparables à celles de la houppe lumineuse jail- lissant d'une petite sphère mise en présence du conducteur d'une machine électrique. Il se présente aussi des rayons en zigzag pouvant diffici- lement être attribués à une autre cause qu'à des décharges électriques. I ASTRONOMIE. 163 9. Les tableaux de distribution des protubérances sur les deux hémisphères fojit remarquer une lacune frappante entre 50 et 70 degrés de latitude héliographique. P. Tacchini. Fisica Solare. Études sur le Soleii-. {Biillettino ■meteorohgico del R. Osservatorio di Palermo, août et sep- tembre 1871.) La suite des observations du Soleil faites par M. Tacchini à Palerme, l'a amené à distinguer certains phénomènes dé- pendant des protubérances sous le nom de pluies solaires. Ce nom est applicable aux cas où des faisceaux de filets lumi- neux ou de pointes détachées, s'écartent d'une masse isolée d'hydrogène et descendent sous forme de pluie sur la chro- mosphère. La vue de certains cas spéciaux le confirme dans l'opinion qu'une bonne partie des protubérances sont des phénomènes secondaires qui se développent dans l'intérieur de l'atmosphère solaire, par le fait d'altérations subies par les régions inférieures, et que démontrent les spectres com- pliqués constatés sur le bord du disque. L'existence de ces masses détachées, se formant dans les espaces élevés et don- nant naissance aux pluies solaires, présente un argument en faveur de la réalité d'une enveloppe gazeuse s'étendant au delà de la couche chromosphérique et constituant la cou- ronne ou auréole, dont nous ne pouvons observer les raies spectrales que pendant les éclipses, et qui a été si bien constatée par les derniers observateurs de l'éclipsé de dé- cembre 1871. L'expérience acquise et les circonstances favorables d'at- mosphère et d'instruments ont permis un perfectionnement graduel dans les observations chromosphériques journa- lières de M. Tacchini dans le courant de l'été. La surface accidentée de la couche chromosphérique est dessinée telle qu'elle apparaît réellement et avec les variations très-notables ([ue présente cette surface, tantôt seulement ondulée, tantôt 164 BULLETIN SCIENTIFIQUE. recouverte de flammes plus ou moins vives, normales ou inclinées à la surface, éparpillées ou formant des groupes distincts. Un examen spécial a été introduit dans ces re- cherches relatif à la nature du spectre produit par les di- verses régions de la chromosphère. Dans les portions du contour da disque où les flammes existent, même sans la présence des protubérances, le spectre sur des longueurs parfois considérables est souvent compliqué et va jusqu'à présenter 17 raies au lieu des trois de l'hydrogène el de D3. Une statistique de ces spectres donne une idée de leur distribution quotidienne autour du disque et la durée plus ou moins grande de leur apparition peut faire conclure à leur étendue en longitude. On observe aisément que le magnésium existe toujours dans ces spectres, ce qui a fait appeler ces espaces : régions du magnésium. Leur étendue prouve clairement qu'il ne peut être ici question d'éruptions volcaniques, ou de jets violents au travers d'un milieu l'ésistant. Sur ces vastes sur- faces, il se produit évidemment une émission relativement lente de substances internes, incapable le plus souvent de causer le phénomène des protubérances proprement dites, qui est distinct de celui du spectre mélangé et pas toujours concomitant. Il paraît donc nécessaire de le considérer comme naissant dans le sein de la chromosphère par le fait d'altéra- tions spéciales. La continuité n'existe point toujours entre les protubérances et les régions du magnésium. Les nuages prolubérantiels peuvent masquer celles-ci , et on peut observer au-dessous de masses hydrogénées en suspension, des espaces fournissant un spectre complexe. Un examen plus serré des concordances existant entre les phénomènes étudiés et les facules solaires, a fait conclure que les facules coïncident toujours avec les régions à spectre mixte. On doit donc considérer les facules comme consé- quences d'un accroissement de lumière produit par l'ar- rivée dans la chromosphère de substances internes plus ASTRONOMIE. 165 brillantes et formant les régions du magnésium ^ D'où il suit qu'il peut exister des protubérances sans facules appa- rentes, et cela lorsque la masse hydrogénée sous forme de protubérances nébuleuses nous occulte les régions du magnésium sous-jacentes ; comme aussi, il peut y avoir des facules sans protubérances, lorsque la région du magnésium se débarrasse de la couche hydrogénée qui la couvre. Il peut y avoir des protubérances correspondant à des facules sans spectre mixte, lorsque la région du magnésium produit des protubérances brillantes, mais capables néanmoins de voiler le spectre de la région inférieure: enfin sur le bord du Soleil, il peut y avoir des facules correspondant à des protubérances et d'autres n'y correspondant pas. Pendant la période d'août et septembre 1871 l'abondance «les facules et des régions du magnésium a été beaucoup plus grande dans l'hémisphère nord que dans l'hémisphère sud. L'étendue de la zone où elles se rencontrent est aussi plus grande dans le premier que dans le deuxième. La plus grande fréquence correspond au bord occidental plutôt qu'au bord oriental dans une très-forte proportion. Tenant compte de la présence des régions du magnésium et des phénomènes d'éclat qui les accompagnent, on peut conclure que l'intensité lumineuse du disque solaire peut [jeaucoup varier suivant les temps. L'atmosphère solaire ne pourra pas alors se considérer comme uniformément éclairée, mais il pourra s'y rencontrer des cônes plus ou moins grands et lumineux par suite des diverses régions à magnésium existant à la surface de l'astre. Dans les cas d'éclipsés totales, lorsque l'atmosphère solaire devient visible sous forme d'au- réole, celle-ci devina avoir des degrés différents d'éclairement et présenter les panaches lumineux observés dans ces occa- ' Nous avons inséré dans les Archives d'août 1865 la phrase sui- vante : « Les facules sont le résultat de l'apparition à la surface du Soleil de substances plus éclatantes ou douées d'un pouvoir rayonnant plus considérable.» Voyez Archives, tome XIX, p. 287. 166 BULLETIN SCIENTIFIQUE. sions et qui pourront avoir une étendue de l'ordre de celle ' des régions du magnésium. L'elïet peut se comparer à celui que produit dans l'atmosphère terrestre Tillumination bril- lante d'une ville vue à distance, et dont les becs de gaz se- raient occultés par un objet interposé. On pourra examiner dans les futures éclipses totales, si les panaciies observés correspondent, quant à leur angle de position, avec les ré- gions à magnésium constatées à la même époque sur les bords du disque solaire. E. G. D"^ William Huggins. Note sur le sfegtre de la comète d'Enciœ. {Proceedmjs of tlie Royal Society, novembre 1871.) Les observations suivantes, communiquées à la Société Royale de Londres dans sa séance du 16 novembre dernier, ont été faites avec un télescope de 15 pouces d'ouverture, appartenant à la Société. Le spectroscope employé ne renfer- mait qu'un seul prisme ayant un angle réfringent de 60°, avec un petit télescope grossissant six fois. Le 7 octobre. La comète présentait l'apparence d'une faible nébulosité à peu près circulaire, dans laquelle on n'a pu con- stater aucune condensation apparente. 7 novembre. Un changement important avait eu lieu dans l'aspect de la comète. Une forte condensation lumineuse en forme d'éventail était bornée du côté de l'est par un contour assez nettement défini, se rapprochant, par sa forme, d'une courbe parabolique. Cette portion brillante de la comète était entourée d'une nébulosité beaucoup plus pâle, et dont la limite du côté est paraissait former une ligne perpendicu- laire à l'axe de la comète. 8 novembre. Aujourd'hui, on aperçoit distinctement un noyau en dedans de l'extrémité est de la condensation lumi- neuse, et un peu au nord de l'axe de la comète. La portion lumineuse paraît mieux définie, et présente un contraste plus ASTRONOMIE. 167 « frappant avec la nébulosité pâle qui Tenvironne. Dans la por- tion de la comète tournée du côté du Soleil, la lumière co- métaire devient de plus en plus faible jusqu'à ce (lu'elle dis- paraisse entièrement. Examinée le 8 novembre au spectroscope, la plus grande partie de la lumière se réduisait à une raie brillante située dans la partie verte du spectre. Cette raie était bien dé- finie du côté de la limite la moins réfrangible, mais deve- nait plus pâle vers le bleu. Le micromètre a indiqué, du côté de la limite la moins réfrangible de la raie, une longueur d'onde de 5160 dix millionièmes de millimètre. Deux autres raies lumineuses ont paru de temps en temps, l'une d'elles située aux deux tiers environ de la distance en- tre la raie brillante et D, et l'autre un peu au delà de F. Au- cun spectre continu n'a pu être constaté, probablement parce que le noyau était trop petit et trop pâle pour fournir un spectre continu appréciable. Le spectre d'un hydrocarbure, fournissant les raies pro- pres au carbone, a été ensuite réiléchi dans l'appareil, et ob- servé simultanément avec le spectre de la comète. L'auteur a pu ainsi constater, que la raie brillante dans le vert du spectre cométaire coïncidait exactement avec la plus bril- lante des raies du carbone, soit sous le rapport de la posi- tion, soit sous celui de la diminution d'intensité lumineuse à mesure qu'elle s'éloignait de la partie la moins réfrangible. 9 novembre. Confirmation des observations d'hier. La se- conde raie brillante du spectre cométaire, visible seulement par intervalles, s^est trouvée coïncider avec la troisième raie du spectre du carbone. La longueur d'onde de sa limite la moins réfrangible a été trouvée d'environ 4733. La moins réfrangible des trois raies cométaires, de même que la se- conde raie mentionnée ci-dessus, n'a été visible que de temps à autre. 13 novembre. Le noyau a l'apparence d'un point stellaire, petit, mais parfaitement bien défini. Les trois raies brillantes 168 ^^ BULLETIN SCIENTIFIQUE. sont dislinctement visibles dans le speclroscope. La position dans le spectre de la raie la moins réfrangible coïncide avec la première raie du spectre du carbone. Elle commence de- puis le rouge avec une longueur d'onde d'environ 5632. Plusieurs essais ont été faits avec divers appareils dans le but de découvrir dans la comète de la lumière polarisée; mais l'auteur reconnaît que les résultats obtenus sont trop vagues pour qu'on doive y attacher une importance réelle. Les observations qui précèdent paraissent montrer que le spectre de la comète d'Encke est identique avec celui fourni par la comète II, décrit par M. Huggins en 1868. L'auteur fait remarquer, en terminant, que la matière cométaire pa- raît se détacher du noyau en se portant vers le Soleil, et qu'en tout cas cette matière ne se trouve pas soumise aux con- ditions ou à l'influence de cette force répulsive quelle qu'elle soit, qui paraît le plus souvent tendre à l'éloigner du Soleil. Prof. C.-A. YouNG. An explosion upon the sun. Sur une EXPLOSION SOLAIRE. {Joumal of the Franklin Institute. Philadelphie, novembre 1871.) Le 7 septembre 1871, entre 12 h. 30' et 2 h. de l'après- midi, l'auteur a observé une explosion solaire remarquable par son extrême violence. A midi précises M. Young venait d'examiner, au moyen du « télespectroscope, » une énorme protubérance d'hydrogène incandescent qui se faisait re- niarquer sur le limbe oriental du Soleil. Cette protubérance n'avait presque pas changé d'aspect depuis la veille, et con- tinuait à se présenter sous la forme d'un nuage allongé ni très-dense ni Irès-brillant, mais remarquable par son volume. Composé en très-grande partie de filaments presque hori- zontaux, il paraissait flotter au-dessus de la chromosphère; * Le mille américain est le même que le mille anglais, 1502 mètres environ. ASTRONOMIE. 1()9 à une hauteur de 9000 milles environ '. Il semblait d'ailleurs réuni à la chromosphère au moyen de trois ou quatre co- lonnes verticales d'une teinte plus éclatante que le reste du nuage.'i Sa longueur totale était de 3' 45", ce qui correspond à environ 100,000 milles, son épaisseur de 2', soit 54,000 milles, en évaluant la seconde à très-près de 450 milles, à la distance du Soleil « A 12 h. 30', poursuit M. Voung, que nous citons main- tenant textuellement, j'ai dû m'absenter pemlant quelques minutes. Il n'y avait donc dans ce moment aucune indication de ce qui allait arriver, si ce n'est qu'une des colonnes qui réunissait le nuage à la chromospiière était devenue tout à coup beaucoup plus brillante que les autres, el paraissait s'être recourbée latéralement. Au môme instant, une petite masse très-brillante, rappelant par sa forme et son aspect général l'un de ces nuages électriques si fréquents dans la saison chaude, s'était développée autour de la base d'une des autres colonnes, à son extrémité nord. Quelle n'a pas été ma surprise, continue l'auteur, en revenant après une absence de demi-heure seulement, à 12 h. 55', lorsque je me suis aperçu que le nuage tout entier avait été pour ainsi dire haché et réduit en fragments, apparemment par suite de l'action de quelque jet ascendant. A la place de ce nuage que j'avais laissé entier et à peu près immobile, l'atmosphère, si j'ose me servir de cette expression, s'est trouvée remplie de débris épars, présentant l'apparence de filaments fusifor- mes disposés verticalement, ayant chacun une longueur de 10* à 30", et une largeur de 2" à 3". Ces filaments, qui pré- sentaient un aspect plus brillant que les colonnes dont ils semblaient avoir pris la place, paraissaient s'élever avec une immense rapidité. Au premier moment où je les ai aperçus, quelques-uns avaient déjà atteint la hauteur de près de 4', soit environ 100,000 milles. Ils ont continué à monter avec un mouvement presque perceptible à l'œil, jusqu'à ce que. Archives, i. XLIII. — Février 1872. 12 1 70 BULLETIN SCIENTIFIQUE. après un intervalle de dix minutes, j'ai pu constater, par une mensuration exacte, que les filaments les plus élevés se trouvaient à plus de 200,000 milles au-dessus de la surface du Soleil. La moyenne de trois observations presque con- cordantes a donné pour leur plus grande élévation 7' 49", et j'insiste sur ce cliitïre parce que la matière chromosphéri- que, qui était dans ce cas de l'hydrogène incandescent, n'a jamais été observée jusqu'ici à une élévation de plus de 5'. La rapidité de l'ascension, -|-66 milles par seconde, dépasse aussi de beaucoup ce qui a été observé jusqu'à présent. « A mesure que les lilaments atteignaient cette énorme hauteur, ils disparaissaient graduellement comme un nuage qui se dissipe; et à i h. 15', il n'en restait plus que quelques fragments épars entourés de banderolles brillantes dans le voisinage immédiat de la chromosphère. Mais pendant ce temps, la petite masse dont il a été question plus haut, et dont l'aspect rappelait celui d'un nuage d'été fortement électrisé, avait d'abord grossi, puis s'était tout à coup déve- loppée en une masse incandescente changeant constamment de forme et de position. Elle a paru d'abord refoulée, pour ainsi dire, le long de la surface solaire, puis s'est élevée en forme de pyramide à la hauteur de 50,000 milles. Un peu plus tard sa partie supérieure a paru étirée en longs fila- ments enroulés à la façon des volutes d'un chapiteau coni- que. Enfin, à 2 h. 30', elle avait totalement disparu. » Le phénomène, considéré dans son ensemble, m'a sug- géré l'idée d'une explosion au-dessous de la grande protu- bérance, explosion qui aurait exercé son action d'abord de bas en haut et de dedans en dehors dans toutes les direc- tions, puis après un intervalle, de dehors en dedans. Je ne serais d'ailleurs pas surpris que les flammes si mystérieuses de la corona, si tant est qu'elles appartiennent au Soleil, ne trouvassent une fois leur explication dans quelque phéno- mène de cette nature. » L'après-midi du même jour, une portion de la cliro- PHYSIQUE. 174 mosphère, située vers le limbe opposé du Soleil, s'est trou- vée briller pendant quelques heures d'un éclat tout à fait inaccoutumé, et m'a fourni à l'analyse spectrale plus de 120 raies brillantes, dont j'ai pu déterminer la position exacte. Sur ces 120 raies, de 15 à 20 m'ont paru nouvelles. Le soir il y a eu une magnifique aurore boréale. On aurait dit la réponse de la terre à la grande explosion solaire! La coïn- cidence est au moins singulière. •> PHYSIQUE. E. Gautikk. Aurore boréale du 4 février 1872. Genève a été privée du spectacle brillant qu'a offert le ciel dans la soirée du 4 février, et qui a été observé dans toutes les parties de l'Europe et jusqu'en Egypte. Une épaisse cou- che de brouillards couvrait toute la partie inférieure de la vallée du Léman, et n'a permis que la constatation à diverses heures de la soirée d'une clarté rougeàtre, visible seulement dans le voisinage du zénith. De toutes les localités élevées des environs on a pu en revanche admirer le phénomène, et j'ai joui de ce privilège pendant quelques moments passés à Gex vers sept lieures. L'Aurore boréale avait déjà jeté plusieurs bouffées lumineuses lorsque j'en fus averti; il y avait des alternances dans son éclat. La ville de Gex était précisément à la limite supérieure de la couche des brouillards et quel- ques nuages voltigeaient dans l'air, surtout du côté de l'Ouest. Ce fut cependant de ce côté, et dans les intervalles de ces nuages, que les clartés de l'Aurore nous apparui'ent déci- sives en premier lieu. Bientôt l'horizon au Nord-Est, où le ciel était beaucoup plus pur et où les étoiles apparaissaient dans tout leur éclat, se couvrit aussi d'émanations lumi- neuses, et le phénomène prit un aspect général bien carac- térisé et des plus imposants. A ce moment, il était sept heures et un quart, je le vis présenter une apparence remarquable 172 BULLETIN SCIENTIFIQUE. et qui duia quelques instants. Tout le ciel, du Nord à l'Est, paraissait couvert d'un gigantesque spectre, dont les bandes colorées se succédaient verticalement. Le rouge, à notre gauche, occupait la région Nord-Nord-Ouest, entourant Wega qui allait se coucher derrière le Jura. Les étoiles du grand Chariot paraissaient dans l'orangé. Les bandes du jaune et du vert, plus lumineuses que toutes les autres, couvraient les pieds de la Grande-Ourse et s'étendaient jusqu'aux Gémeaux. Jupiter se trouvait dans l'indigo avec Procyon, et un violet foncé, mais très-distinct, se montrait au-dessous d'Orion,sans s'élever autant que les autres couleurs au-dessus de l'hori- zon. La surface ainsi teintée embrassait un espace de plus de 100 degrés en distance azimulale et atteignait son maxi- mum d'éclat non loin du zénith dans sa partie centrale, c'est- à-dire dans la région du jaune au vert. Des rayons plus bril- lants se montraient parfois dans la partie rouge qui était plus mouvementée que l'autre extrémité du spectre. Raoul PiGTF.T. Observations sur l'Aurokk boréale du 4 fé- vrier 1872 FAITES EN Égvi'te. (Extrait d'une lettre à M. A, de la Rive '.) Le Caire, 5 février 1872. C'est à huit heures que je fus prévenu par un de mes amis qui venait me voir qu'on apercevait à l'horizon, du côté d'Alexandrie, une lueur rouge inaccoutumée. Nous sortîmes ensemble, et l'intensilé du météore qui allait croissant ne laissa plus le moindre doute sur sa nature ; je disposai immé- diatement une boussole pour observer sa position ; elle éprouvait de notables perturbations, mais oscillait surtout du > Aux détails que renferment sur la magnifique .Aurore boréale du 4 février presque tous les journaux scientifiques, nous croyons devoir ajouter ceux que nous a communiqués M. Raoul Piclet qui a été té- moin de ce phénomène au Caire, par conséquent à une latitude où bien rarement on peut l'observer. (A. D. L. R.) v.oie ue l'Est; elle garda pendant plusieurs minutes une di- rection qui était de 2 à 3 degrés Est du méridien terrestre, ce qui, par rapport à la déclinaison ordinaire du Caire qui est de 8°,6' Ouest, fait une dilîérence de 10 à 11 degrés ■. A neuf heures, la hauteur de la coloration rouge sang at- teignit 30 degrés, l'étoile polaire brillait sur la zone limite. On vit plus distinctement les faisceaux lumineux jaillir eu blanc orangé sur le fond de coloration rouge unie. Le point central vers lequel semblaient converger tous les rayons au- rait été compris dans un plan vertical faisant un angle de 2 à 3 degrés Est avec le plan du méridien : c'est ce point-là par- ticulièrement (jui m'a frappé, car dans les précédentes Au- rores que j'ai vues à Genève, le méridien magnétique sem- blait à peu de choses près passer par le centre des rayons lumineux. La déviation de l'Aurore boréale vers l'Est m'a paru pendant toute .sa durée très-évidente et parfaitement marquée. A neuf heures et demie l'Aurore est dans tout son éclat. Il ne m'a pas été possible de distinguer les anneaux lumi- neux que l'on voit habituellement au-dessus de l'horizon; les rayons lumineux seuls étaient visibles et descendaient jusqu'à terre. Je n'ai pas pu non plus remarquer la rotation des rayons lumineux, car ils n'étaient pas assez stables pour cela ; par moments ils avaient un grand éclat, puis peu après ils étaient si pâles qu'on les distinguait à peine. La colo- ' Il y a sûrement une erreur dans l'évaluation de la perturbation a|iportée par la présence de l'Aurore boréale dans la déclinaison ma- gnétique, telle que l'indique M. Raoul Piclet. M. Piclel parle, en effet, d'une déviation de 10 à 11 degrés par rapport à la déclinaison ordi- naire. Or celte déviation dans des circonstances semblables n'a ja- mais dépassé 2 degrés, si même elle a jamais atteint ce chiffre. M. Airy, dans une communication qu'il a faite à la Société royale de Londres sur cette même Aurore boréale du 4 février, dit que la per- turbation qu'il a observée dans la déclinaison de l'aiguille aimantée, et qui est la plus forte qu'il ait jamais remarquée, a été d'à peu près 2 degrés. {Réd.) 174 BULLEiiw eciKNTlFIQUE. ration rouge a persisté jusqu'à onze heures et demie. A ce moment l'aiguille aimantée n'était plus déviée que de 4 à 5 degrés à l'Est de sa position normale, mais elle oscillait con- stamment, ce qui m'empêchait de faire des lectures exactes. A minuit la coloration avait presque enlièremenl disparu. Le matin l'aiguille aimantée est de nouveau agitée et re- tourne à l'Est comme si une Aurore boréale avait encore lieu ; il est vrai que le jour nous empêche entièrement de l'apercevoir, mais la déviation de la boussole est trop mar- quée pour ne pas provenir de la répétition ou plutôt de la continuation du phénomène. Je viens du télégraphe où j'ai pris les renseignements sui- vants sur les phénomènes électriques d'hier soir. Hier après midi on avait de la peine à correspondre avec Khartum qui est à 15° latitude N.-E., 3.5" longitude Est. Les appareils parlaient tout seuls; les signes expédiés manquaient; les courants terrestres gênaient beaucoup le service et les employés n'y comprenaient rien ne sachant à quoi attribuer ces désordres. Hier soir, ils ont reçu au bureau du Caire une dépêche de Khartum demandant ce que c'était que la grande lueur rouge qu'on voyait à l'horizon, pensant à un incendie. La ligne télégraphiffue ne va pas plus au Sud que Khartum, mais il est probai^le que cette Aurore boréale aura été vue jusqu'à Gondokaro pai- 5" latitude Nord. Je m'en informerai et vous le fei'ai savoir si c'est le cas. Aujourd'hui, pour pouvoir correspondre plus facilement avec la Haute-Egypte, on a renforcé les piles de la ligne. Je tâcherai d'introduire le galvanomètre Siemens dans le cir- cuit pour pouvoir mesurer, si possible, l'intensité de ces cou- rants terrestres. L'Egypte .étant très-sensiblement dans le méridien magné- tique, cette position permet d'apprécier mieux qu'ailleurs l'influence des décharges polaires sur les courants perpendi- culaires aux courants ordinaires de l'Est à l'Ouest. Aujourd'hui à trois heures après midi l'aiguille aimantée PHYSIQUE. 175 est presque revenue à sa position normale, mais dévie en- core vers l'Est de I à 2 degrés. Les Arabes ne sont pas tranquilles sur le sort de notre globe ; ils désirent connaître la cause de ce feu étrange qu'ils n'ont encore Jamais vu, à ce qu'ils assurent ; cette Aurore a fait l'efïet des comètes du moyen âge ; elle fera époque. Jacobi. Courants d'induction produits dans les bobines d'un AIMANT PAR LA ROTATION DRVANT SES PÔLES d'UN DISQUE itfÉTALLiQUE. — ViOLLE. MÊME SUJET. {CoDiptes rerulus, tome LXXIV. p. 237, n" 4, et p. 323, n° 5, janvier 1872.) M. H. de Jacobi vient de communiquer à l'Académie des Sciences de Paris des recherches sur les courants d'induc- tion produits dans les bobines d'un électro-aimant entre les pôles duquel un disque métallique est mis en mouvement. En employant un disque de cuivre qu'on faisait tourner de- vant les pôles d'un électro-aimant qui avait simplement con- servé un magnétisme rémanent , on vit un galvanomètre sen.sible placé dans le circuit du fil de la bobine qui entou- rait cet électro-aimant, accuser la présence de courants d'in- duction dans ce lil, plus ou moins forts, et dirigés tantôt dans un sens, tantôt dans un autre. M. de Jacobi conclut de ses diverses expériences que le disque en mouvement exerce une influence sur les pôles voisins de V èlectro-aimanl, et donne lieu à des courants d^nduction dans les bobines qui l'entourent. Il ajoute à celte conclusion les deux suivantes : 1° Que lorsque la vitesse du mouvement est accélérée, ces courants sont contraires au courant de la pile qui imprime ou avait imprimé à l'électro-aimani son mar/nétisme. 2° Que dés que la vitesse du mouvement devient uniforme, ces courants disparaissent, et qu'ils se renversent et prennent une direction dans le sens du courant de la pile quand la vi- tesse du disque est retardée. 176 BULLETIN SCIENTIFIQUE. M. Violle, dans le numéro suivant des Comptes rendus, rappelle qu'il était arrivé aux mêmes résultais que M. de Ja- cobi dans le travail qu'il avait exécuté avec le même appa- reil Foucault pour déterminer l'équivalent mécanique de la chaleur '. Deux autres physiciens, Verdet et M. Soret, s'étaient déjà occupés antérieurement de la même question. Ver- det faisait tourner des disques de divers métaux {argent, cuivre, étain, zinc, plomb, bismuth, antimoine, etc.) devant les pôles d'un aimant ordinaire en fer à cheval dont cha- cune des branches était entourée d'une bobine, les fils des deux bobines faisant partie d"un circuit dans lequel se trou- vait le 111 d'un galvanomètre. La principale dilïérence entre la manière d'opérer de Verdet et celle de M. de Jacobi, était que le premier employait un aimant ordinaire, et le second un électro-aimant possédant un magnétisme rémanent. Comme M. de Jacobi, Verdet avait vu que le courant induit dans le (il des bobines cliange de sens avec la vitesse de rota- tion, que ces courants dépendent des variations temporaires qu'éprouve l'intensité de l'aimant sous rinlluence des cou- rants qui s'établissent dans la plaque mobile. Il avait con- staté rinlluence sur l'intensité de ces phénomèn es de la con- ductibilité des métaux dont étaient faites les plaques mises en mouvement, ainsi que celle de la vitesse de rotation. Il avait montré qu'on peut rendre compte de tous les faits observés par les lois de l'induction ordinaire, pourvu qu'on ait égard à rinlluence du temps, par laquelle Faraday a expliqué le magnétisme de rotation, et qui est mise en évidence de la «lanière la plus remarquable par ses propres expériences *_ M. Soret avait été plus loin encore. Dans un mémoire sur la corrélation de rékctricité dynamique et des autres forces physiques, publié en 1858 dans les Mémoires de la Société de ' Voyez Annales de Chimie et de Physique, septembre 1870. * Voyez Annales de Chimie et de Physique, S"" série, tome XXXJ, p. 203 (année 1851). PHYSIQUK 177 Physique et d^ Histoire naturelle de Genève, el dont un extrait a paru dans les Comptes rendus de l'Académie des Sciences, il décrit une expérience qui conduisait exactement aux mêmes conclusions que celles de M. Violle et de M. de Jacobi. En faisant tourner très-rapidement une grosse sphère en cuivre rouge devant les pôles d'un électro-aimant, on obser- vait, au moyen d'un galvanomètre placé dans le circuit du courant qui aimantait l'électro-aimant, une augmentation du courant quand on mettait la sphère en mouvement, el une déviation en sens inverse quand la rotation s'arrêtait. M. Soret arrive par ses expériences à reconnaître que, lorsqu'on met la sphère en rotation, tant que sa vitesse va en s'accélérant, il se développe un courant dUnduction qui s'ajoute au cou- rant primitif; quand le mouvement est uniforme, l'intensité est la même que si la sphère est immobile; enfin quand la rotation se ralentit, le courant s'alfaiblil un peu. A. D. L. R. J. PlaTKAU. U.NK KXPÉRIENGE relative a I.A OLESIiOIN DE LA VAPEUR VÉSIGULAmE. On appelle étal vésiculaire cet état supposé de l'eau, qui consiste dans de petits globules remplis d'air, avec une en- veloppe très-mince d'eau, analogue à ce que sont des bulles de savon. Plusieurs physiciens ont admis que cet état était celui de l'eau dans les nuages, tandis que d'autres croient que les nuages sont formées seulement par de très-petits globules d'eau, tenus en suspension au milieu de l'atmos- phère par des courants d'air s'élevant du sol. On a donc mis en doute l'existence de l'état vésiculaire. M. Plateau a engagé M. Duprez, quis'esl beaucoup occupé de l'équilibre des liquides, à faire, d'après ses directions, une expérience décisive sur ce sujet. On a d'abord introduit dans une colonne d'eau suspendue verticalement dans un tube d'un centimètre de diamètre fermé en haut el ouvert en bas, 178 BULLETliN SCIENTIFIQUE. une petite bulle creuse d'eau de moins d'un millimètre de diamètre, qu'on avait réussi à obtenir au moyen d'un tube capillaire. Pour cela on a transporté cette bulle sous la sur- face libre de la colonne d'eau suspendue. Aussitôt le contact établi avec cette surface, la pelite bulle s'est détachée de Torifice capillaire, et l^eau qu'elle contenait, pénétrant dans le liquide, a monté à travei's celui-ci. Si maintenant, au-dessous de la surface de l'eau suspen- due, on fait monter un courant de vapeur d'eau visible, cha- cune des vésicules (si cette vapeur visible se compose de vé- sicules), qui viendrait se mettre en contact avec la surface li- quide, devra introduire dans l'eau une bulle d'air microsco- pique, qui prendra aussitôt un mouvement ascensionnel, de sorte que l'ensemble de ces petites bulles devra former, dans l'eau du tube, un nuage qui s'y élèvera lentement et en al- térera la transparence. C'est cette expérience que M. Duprez a bien voulu essayer sur la demande de M. Plateau. L'eau était suspendue dans un tube en verre de l-B™" de diamètre intérieur; un petit vase en métal présentant un orifice «le plusieurs centimètres de diamètre et contenant une certaine (iuantité d'eau, était installé sur une lampe au-dessous de la surface libre de l'eau du tube ; l'orifice de la bouilloire était à 12 centimètres en- viron de cette surface. On a obtenu ainsi un courant de va- peur visible s'élevant vers la surface de l'eau suspendue; mais bien que l'expérience ait été prolongée pendant une demi-heure, aucun nuage ne s'est montré dans l'eau du tube, qui a conservé toute sa transparence. M. Plateau examine les objections qu'on peut faire contre la conclusion qu'il tire de celle expérience, sur la non-exis- tence de l'état vésiculaire. Il montre que l'air que renferme- raient ces vésicules ne peut se dissoudre dans l'eau ([ui est déjà saturée d'air, que les vésicules ne peuvent éclater en at- teignant la surface de 1,'eau au lieu d'y pénétrer, puisqu'une expérience faite avec une bulle d'eau creuse a prouvé le PHYSIQUE. 179 contraire ; enfin que ces vésicules, si elles existent, ne peu- vent pas rouler sous la surface de Teau, ce qui les empêche- raii d'y pénétrer, d'autant plus que celte surface étant con- cave à cause de la capillarlie, les vésicules auraient dû rouler vers la sommité de la concavité, et, en s'y accumulant, se mettre ainsi en contact avec la surface liquide. Ainsi l'absence de toute bulle d'air dans la colonne d'eau dans l'expérience que nous venons de rapporter, semble bien être une preuve évidente que la vapeur visible qui s'é- chappe de l'eau bouillante, et qui constitue les nuages, ne provient pas de cet état particulier qu'on a nommé état vési- culaire. PLNGUS. UnGEWÔHNLIGHE OzOïNBILDUNG. PRODUCTION EXCEPTION- NELLE d'ozone. {Agriculturcliemisclie iimi cheni. Untersuch. und Versuche der Versuchsstation zu Insterbunj. Bericht V, 1867; Poggend. Annalen, t. CXLIV, p. 480; ti-aduclion). Lorsqu'on fait brûler dans Pair atmosphérique, avec une flamme aussi petite que possible, grosse à peu prés comme une lentille, de l'hydrogène qui s'échappe d'une fine pointe de métal, on perçoit nettement l'odeur d'ozone. Si l'on recouvre la petite flamme pendant quelques secondes d'un tube de verre froid et propre, l'intérieur de ce verre donne ensuite une odeur d'ozone aussi forte que l'intérieur d'une bouteille de Leyde au moment où elle vient de se décharger. En préparant l'hydrogène avec du zinc et de Tacide sulfurique parfaitement purs, en le faisant même passer par surcroît de précaution par plusieurs appareils laveurs et dessécheurs, non-seulement on n'observe pas de diminution dans la pro- duction de l'ozone, mais on obtient même une augmenta- tion de l'odeur qui le caractérise. L'azote ne joue ici aucun rôle, car le même phénomène se produit lorsqu'on fait brûler de l'hydrogène dans de V oxygène pur au moyen d'un appa- reil construit spécialement à cet eflel. i HO BULLETIN SCIENTIFIQUE. H. ScHNEEBEij. Die W,erme-Verh^ltnisse, etc. Les conditions DE température dans DES GGLONIVES d'aIR EN vidi»aiION. (Poggend. Annalen, loiue GXLIV, p. 333; traduction.) Les remarquables expériences de M. Warburg • sur l'é- ciiaufTement des corps sonores ne purent pas être appliquées aux gaz ou du moins ne donnèrent qu'un résultat négatif. Le frottement interne paraît être trop faible chez eux pour produire un dégagement de chaleur sensible. Le frottement des gaz contre les parois du tube doit évi- demment exercer une grande influence sur les conditions de température d'une colonne d'air vibrante qui s'y trouve en- fermée, néanmoins il n'y a point jusqu'ici accord entre l'ob- servation et les résultats des recherches analytiques entre- prises par M. Helmholtz * et M. Kirchholî * sur ce point. Les modifications de température produites aux nœuds des colonnes d'air en vibration par les changements de densité ont également échappé jusqu'ici à toute observation directe. Mais on peut en l'evanche, avec les moyens que la théorie mécanique de la chaleur met à notre disposition, déterminer facilement par une autre voie ces variations de température. Les lecherches expérimentales entreprises par M. Kundt * avec le manomètre imaginé par lui à cet etlet l'amenèrent à constater aux nœuds des colonnes d'air en vibration des va- riations de pression qui allaient jusqu'à deux pieds en co- lonne d'eau. Les variations de température qui en résultent se calculent d'après la formule suivante : « Poggend. Ann., tomeCXXXVII, p. 632, et tome GXXXIX, p. 89. — Archives, 1869, tome XXXV, p. 44, et tome XXXVI, p. 338. * Verliaafllungen des natmliist.-med .Veieins zu Hcidelberg, B<* II, 26 Febr. 1863. ' Poggend. Annalen, tome GXXXIV, p. 177. * Poggend. Annalen, tome GXXXIV, p. 563. — Archives, 1S69, tome XXXIV, p. 348. PHYSIQUE. l'Sl i— i T'-T = T (f) ^-i dans laquelle on désigne par : T la température absolue lors de la raréfaction prise en chiffre rond à 290. T' la température absolue lors de la compression. p la pression lors de la raréfaction = 31 pieds d'eau. p' la pression lors de la compression = Si » K le rapport de la chaleur spécifique de l'air; K = 1,41 ; et l'on obtient par celte formule, pour la valeur cherchée, 5,2 degrés. Quoique ces variations de température soient aussi consi- dérables, et encore ce n'est là, par suite de l'inertie des sou- papes, qu'une valeur approchée, il est impossible jusqu'ici de les constater expérimentalement, car l'appareil thermo- métrique le plus sensible ne pourrait pas suivre les change- ments de température si rapides des gaz en vibration. TSCHERMAK. FlUORESZIRENDER BERNSTEIN. AmBRE FLUORESCENT. (Mineralogische Mittheilungen, janvier 1872; Naturfor- scher, 3 février 1872; traduction.) En 1869 le consul général d'Autriche à Palerme apporta au Musée de Vienne un morceau d'ambre, qui avait été péché dans la mer à l'embouchure du Simelo près de Ca- tane, et qui attira l'attention de tous les connaisseurs par sa couleur bleue. Ce morceau possède encore d'un côté son écorce foncée primitive, de l'autre il présente des faces de clivage, en par- ticulier une grande face plane et polie. Dans la lumière transmise ce minéral est couleur de miel, comme de l'ambre ordinaire, mais dans la lumière réfléchie il prend une couleur comparable au bleu de Prusse, et devient trouble. Placé 182 BULLETIN SGIENTU-^IQUE. devant un fond obscur on ne voit dans la lumière incidente que la couleur bleue, mais si on le dispose sur un fond blanc on aperçoit les deux couleurs en même temps, dans les couches les plus épaisses le bleu, dans les couches minces le jaune. La couche-enveloppe fait exception, elle conserve toujours sa couleur jaune. Le phénomène est plus frappant lorsqu'on Tobserve dans la lumière colorée. Si on fait passer la lumière diffuse ou la lumière solaire directe à travers du verre jaune, et qu'on soumette Tambre à cette lumière jaune, il aflecte une couleur jaune parfaitement pure et jouit d'une limpidité et d'une transparence absolues : il demeure aussi tout à fait limpide, lorsqu'on l'expose à la lumière rouge provenant du verre coloré par de l'oxydule de cuivre, ou encore quand on em- ploie du verre vert; mais si on le soumet à la lumière qui a traversé un verre bleu, l'ambre présente subitement une tout autre apparence. Il est entièrement trouble, excepté la couche-enveloppe qui demeure transparente comme aupara- vant. La masse trouble est d'une très-belle couleur vert- pomme. Le trouble subit qui se produit sous l'influence des rayons bleus est un phénomène très-surprenant, on croirait voir luire tout à coup en jaune une poussière fine répandue dans l'intérieur de la masse d'ambre. Le morceau d'ambre se compose d'après cela d'une masse très-fortement fluorescente et d'une couche enveloppe, la- quelle ne jouit pas de cette propriété. W. StEIN. ZuR THEORIE DER KORPERFARBEN. FaITS RELATIFS A LA THÉORIE DES COULEURS DES CORPS. {Poggenci. Anualen, tome CXLIV, p. 260.) La théorie des couleurs des corps et les règles qui pré- sident à leurs combinaisons constituent un des points les plus obscurs de la physique ; dans le mémoire dont nous PHYSIQUE. 483 rendons compte ici, M.Slein décril quelques expériences qu'il croit de nature à jeter un peu de jour sur cette question. Il part du point de vue que la lumière comme la chaleur n'est qu'une foruie particulière du mouvement des atomes des corps, que ces deux agents ne ditîèrent l'un de l'autre que par la rapidité et la régularité plus ou moins grandes de ces mouvements, et peuvent par suite de cela se transformer de l'un dans l'autre, comme on l'observe dans bien des cas. Suivant l'auteur la transformation de chaleur en lumière est fort probablement la principale cause de la déperdition de chaleur qui s'accomplit par la chaleur rayonnante. Cette hypothèse en entraîne nécessairement une autre, c'est que les atmosphères du soleil et des planètes soient en liaison continue les unes avec les autres, et que ce soit par les atomes très-mobiles des gaz constituants de ces atmos- phères que les vibrations lumineuses se transmettent. La na- ture des corps gazeux est telle que leurs atomes entrent très-facilement en vibrations, mais ils ne deviennent pas pour cela lumineux parce que les mouvements oscillatoires d'a- tomes isolés ne peuvent être sensibles à notre œil. Pour qu'il y ait impression lumineuse, il faut que les vibrations combinées d'un ensemble d'atomes agissent simultanément sur un espace proportionné à la surface sensible de notre organe visuel. L'auteur appelle cet assemblage d'atomes qui doivent se trouver dans un espace donné pour qu'il y ait visibilité : molécules optiques. L'espace interatomique vient-il à dépasser certaines limites le corps ne peut plus former de molécules optiques, il est invisible. Les molécules optiques sont élémentaires ou composées, ces dernières elles-mêmes sont combinées chimiquement ou simplement mélangées. L'auteur n'a envisagé que les mé- langes, surtout ceux de couleurs triples avec du blanc les- quels présentent le plus d'intérêt. Les couleurs triples sont entre autres le brun et le noir, produites toutes deux, comme le blanc, par le mélange des t84 BULLETIN SCIKiSTIFlQUE. trois mêmes élémenls, le bleu, le jaune et le rouge en pro- portions ditïérentes. L'auteur oblint du noir absolu en mélan- geant 4,5 gr. d'outremer et 6,0 gr. d'oxyde d'urane jaune avec 1,0 gr. de minium et en humectant le tout d'esu ou d'alcool; sec le mélange était d'un violet sale, ce que l'auteur explique en admettant que les impressions lumineuses, produites par le mélange sec, sont en partie du moins isolées, tandis que Teau ou l'alcool ont pour etïet de produire le mélange mo- léculaire. En ajoutant à ce mélange noir un corps blanc, par exem- ple du carbonate de baryte avec de l'eau, l'auteur obtint du bleu et il l'explique en admettant que des deux mouvements en présence dans le mélange, le noir et le blanc, c'est ce dernier qui l'emporte, que les trois couleurs constituant ce mélange se combinent dans les proportions voulues pour produire le blanc et qu'il reste du bleu en excès. Tout cela est un peu vague et hasardé; il est vrai que le sujet ne .semble pas jusqu'ici se prêter facilement à des expériences suivies et catégoriques. Charles Tomlinson. Sur la manière de se comporter des so- lutions SURSATURÉES LORSQU'ON LES EXPOSE A l'aGTION DE l'air extérieur. {Proceedings of tlie Royal Society, novem- bre 1871.) L'auteur cite, comme une preuve remarquable de la diffé- rence entre l'air renfermé d'une chambre et l'air extérieur de la campagne, le fait que des solutions salines sursaturées, (jui dans le premier cas cristallisent à l'instant même où on les expose au conJact de l'air, peuvent rester pendant plu- sieurs heures dans un jardin, exposées à l'action de l'air extérieur, sans manifester la moindre disposition à cristalli- ser. Voici la manière dont ses expériences ont été faites : une solution composée de 2 parties de sulfate de soude et d'une partie d'eau a élé d'abord portée à l'ébuUition, puis PHYSIQUE. i 85 filtrée clans un ballon à col court, de la contenance de 3 à 4 onces, d'environ V* (le pouce de diamètre. Après avoir fait bouillir de nouveau et laissé refroidir la solution fil- trée, le ^ballon ayant son ouverture recouverte d^un verre de montre, est transporté au centre d'un grand jardin et posé sur un support. On enlève alors le verre de montre et on examine d'heure en heure l'état de la solution. Les mê- mes observations sont répétées plus tard sur la solution transportée dans une chambre fermée , et les différences dans la manière dont elle se comporte sont notées avec soin. Nous renvoyons au mémoire original pour le délail des nombreuses expériences citées par l'auteur, nous nous bor- nons ici à un résumé des conclusions qu'il croit pouvoii- en tirer. 1" Une solution fortement sursaturée de sulfate de soude peut être exposée pendant 12 à 20 heures dans un ballon découvert, à l'air pur de la campagne, sous un ciel nuageux, sans formation des cristaux ordinaires à dix équivalents d'eau. 2° Si la température baisse à environ 4" ,4 ou au-dessous, le sel modifié à sept équivalents se forme au fond de la solu- tion, de la même manière que cela a lieu dans un vase cou- vert. 3* Si la solution exposée à Fair du dehors, cristallise subi- tement en une masse compacte d'aiguilles, on est certain de trouver un noyau sous forme d'insecte, de suie ou de pointe de charbon. 4" S'il survient de la pluie pendant que la solution est ex- posée à l'air, le plus souvent elle cristallise subitement par suite de l'action d'un noyau amené par l'eau ; mais si la so- lution est exposée au dehors à la suite d'une forte averse de nature à entraîner toutes les particules présentes dans l'at- mosphère, les gouttes d'eau, dès lors chimiquement propres, tombent dans la solution sans provoquer de cristallisation. 5" Les jeunes feuilles récemment écloses, telles que celles Archives, t. XLIII. - Février 1872. 13 186 BULLETIN SCIENTIFIQUE. du groseiller, et autres, peuvent tomber dans la solution sans produire de cristallisation. 6" Lorsque Tévaporation est faite par un ciel clair et sans nuages, les solutions, après avoir été exposées à l'air pen- dant quelques heures, laissent précipiter des groupes de beaux cristaux du sel à dix équivalents, ainsi que cela a lieu lorsqu'on fait évaporer lentement une solution saturée dans un vase ouvert. 7° Si après que la solution a été exposée à Tairdu dehors, on la transporte dans une chambre, elle cristallise immédia- tement sous l'action de noyaux aériens. Des solutions sursaturées de sulfate de magnésie et d'alun ont donné des résultats analogues aux précédents. Ces résul- tats sont encore plus marqués lorsqu'on expose les solutions à l'air à une grande distance de toute habitation. L'auteur a constaté que, dans ce cas, des solutions sursaturées de sul- fate de soude et d'alun ont pu être exposées pendant demi- heure dans des vases très-peu profonds à l'action d'un fort vent, sans formation de cristaux. Il suftisait alors de toucher la solution du bout du doigt pour qu'ils parussent à l'instant même. L. SCHÔNN. ZliK PASSIVIT.«T, etC. SuR LA PASSIVITÉ DU FER. (Pogg. AtuL, supplément, tome V, p. 319.) — Le même. Passivité de l'étain et du cadmium. [Fresenius Zeitschrift, 10""' année, n» .3; Naturforscher, 6 janvier, 1872.) Pour rendre le fer passif, c'est-à-dire faire qu'il ne soit pas attaqué dans une solution acide qu'il décomposerait en toutes autres circonstances, il n'est pas nécessaire de former un couple fer-platine, en plongeant un morceau de platine dans la solution et le mettant en dehors de celle-ci en con- tact avec le fer; il suffit d'envelopper le morceau de fer avec du fil de platine et de les plonger tous deux dans l'acide. Dans ces conditions on détruit l'état passif en louchant le PHYSIQUE. 187 fer ou le til de platine dans l'intérieur de la solution avec un métal fortement électronégatif, tel que du zinc. Le fer qui, en contact avec du platine, est positif, devient négatif dès qu'il a touché le zinc : lorsque c'est le platine qu'on a touché avec le zinc, le platine et le fer deviennent tous deux né- gatifs. M. Schonn a réussi aussi à rendre le fer passif en le met- tant en contact avec un corps fortement électropositif non métalUque, le charbon. En touchant le charbon ou le fer avec du zinc, on rend ce dernier de nouveau actif, comme dans l'autre cas. L'observation fuite sur le fer s'étend à l'étain et au cad- mium; l'auteur a reconnu qu'un morceau d'étain ne décom- pose pas une solution d'acide azotique ayant une pesanteur spécifique égale à 1,42, lorsqu'il est en contact avec du pla- tine, tandis qu'il le décompose énergiquement lorsqu'il est seul. 11 en est de même pour le cadmium, seulement dans une solution un peu plus concentrée, ayant une pesanteur spécitique égale à 1,47. Si on étend cette solution, le cad- mium commence alors à la décomposer malgré le platine. Par analogie avec ce qui se passe pour le fer et l'étain, on peut conclure que le cadmium seul ne décompose plus les solutions d'acide azotique dont la pesanteur spécihque est très-peu supérieure à 1,47. Le contact du corps électro-positif produit le même effet qu'une augmentation de concentration, et on peut facile- ment évaluer l'équivalent de cette action en augmentation dé concentration. L. Schonn. Ueber die Anwendung, etc. Sur l'emploi de len- tilles CYLINDRIQUES POUR LES OBSERVATIONS SPEGTROSCOPI- QUEs. {Poygetid. Annaten, t. GXLIV, p. 334 ; traduction.) Gomme dans les observations spectroscopiques on a tou- jours à faire à des lignes lumineuses droites, et que les rayons 1 88 BULLETIN SCIENTIFIQUE. tombant sur le prisme n'ont pas besoin d'être parallèles entre eux, pourvu qu'ils soient dans des plans parallèles, il me semble qu'il est beaucoup plus avantageux de régler la forme des lentilles suivant le but qu'on se propose, soit de se servir de lentilles cylindriques, tant pour l'appareil spectral lui-même que pour éclairer la fente dans le cas où on veut projeter le spectre. J'ai reconnu, à l'aide d'une série de re- cherclies préliminaires, qu'on obîlent de la sorte des spec- tres nets, pour la production desquels le prisme est utilisé en entier. Peut-être serait-il aussi fort avantageux de donner une autre disposition au spectroscope, telle, par exemple, que les images de la fente soient horizontales, car les yeux, du moins c'est le cas des miens, distinguent plus nettement les lignes horizontales. ZOOLOGIE, ANAÏOMIE ET PALÉONTOLOGIE. M. St.-Clair-Gray. On the origin of nervous forge. Sur i.'oRiGiNE DE LA FORGE NERVEUSE. {P/iilosopliical Magazitie, décembre 1871.) L'auteur avait déjà montré, en août 1871, lors de ses re- cherches sur l'origine du fluide nerveux, que l'action d'une solution de potasse caustique sur le soufre et le phosphore, donnait lieu au développement d'un courant électrique, donc d'un pouvoir électromoteur supérieur à celui d'un élément de Daniel, dans le rapport de 4 à 3. M. St.-Clair- Gray, partant de l'iiypothèse qu'il existe effectivement dans le fluide nerveux un élément électrique, croit en avoir trouvé la source dans le soufre et le phosphore qui entrent dans la composition normale du corps humain. On sait, en effet, qu'on trouve dans le cerveau une quantité considérable de phosphore, et dans le foie une grande quantité de soufre, ces deux substances se trouvant mises en communication par la circulation constante d'un liquide alcalin. Pour dé- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 189 monlrer l'existence d'un courant électrique entre le cerveau et le foie, l'auteur a fait l'expérience suivante. Après avoir préparé, d'après la méthode indiquée par Mateucci, la patte d'une grenouille pour servir de galvanomètre, il administra à un lapin du poids de 21 onces une quantité de chloro- forme suffisante pour amener une anasthésie complète. Ayant alors pratiqué une incision à travers les parois abdo- minales dans la région hypoehondriaque droite, il fit passer par cette ouverture, et jusque dans le foie, un fil de cuivre convenablement isolé. Il perça ensuite le globe de Toeil et put ainsi introduire un fil de même nature jusque dans le cerveau. Les extrémités libres des deux fils de cuivre ayant été mis en contact avec le nerf sciatique de la grenouille, aussitôt de fortes convulsions ont apparu dans les muscles qui reçoivent leur mouvement du nerf en question. L'auteur, ayant ainsi démontré expérimentalement l'exis- tence d'un courant électrique entre le cerveau et le foie, croit pouvoir attribuer la plus grande partie, sinon la tota- lité de ce courant, à l'action du milieu alcalin sur le soufre et le phosphore que renferment ces organes. M. Gray ne nie pas qu'il existe dans l'économie animale d'autres sour- ces d'électricité, mais son opinion , que celle-ci peut être regardée comme l'une des principales, est basée sur le fait que la quantité d'acide pbospliorique excrété par les reins sous la forme de phosphates de soude, de potasse, de chaux et d'ammoniaque dépasse, en moyenne, 72 grains par jour, tandis que la quantité d'acide sulfurique, sous la forme de sulfate de soude et de potasse ne peut guère être évaluée au-dessous de cent grains ; les produits de Toxydation du soufre et du phosphore étant tirés principalement des deux organes clans lesquels ils se trouvent être les plus abondants. C'est en se fondant sur ces considérations que l'auteur en- visage le nerf sympathique, avec ses embranchements et ses ganghons, non comme un système isolé, mais comme faisant partie d'un grand système nerveux général. C'est à cette 190 BULLETIN SCIENTIFIQUE. portion du système nerveux que serait assigné, d'après lui, la fonction de guider et de régler les mouvements involon- taires de la fibre musculaire. Elle recevrait de la source commune sa puissance « nervo-motrice, » mais en modifie- rait l'application de manière à l'adapter à ses propres be- soins. M. St.-Glair-Gray émet, en terminant, l'opinion qu'il ne serait point impossible qu'on arrivât une fois à constater dans les grandes cavités séreuses, telles que le péritoine, la plèvre, le péricarde el l'encéphale un développement d'élec- tricité analogue sous plusieurs rapports à celui que fournil la bouteille de Leyde. P. Bert. Sur les phénomènes et les causes de la mort des ANIMAUX d'eau DOUCE QUE l'ON PLONGE DANS l'eAU DE MER. (Deux notes à l'Institut. Comptes rendus de l' Académie des Sciences, 7 et 14 août 1871.) Un grand nombre d'expériences, dont M. Bert donne le résumé, lui ont d'abord démontré que la durée de la survie des animaux d'eau douce que l'on plonge dans l'eau de mer varie, selon les espèces, de quelques minutes à plusieurs heures et même à plusieurs mois. Les cliitTres que donne M. Bert sont relatifs à une température moyenne de 15 à 16 degrés; les animaux résistent d'autant plus longtemps que l'eau est plus froide. Les phénomènes qui précèdent et accompagnent la mort varient selon qu'il s'agit d'un poisson écailleux muni de branchies, ou d'un animal à peau nue, sans branchies. Les grenouilles (peau nue, pas de branchies) meurent par dessication ; les cyprins (corps écailleux, des branchies)quand ils meurent rapidement, meurent par arrêt brusque de la circulation branchiale, et quand ils meurent lentement, par trouble progressif des conditions de l'hématose. Chez les au- tres animaux, comme les anguilles, les têtards de batraciens, les crustacés, ces deux causes de mort interviennent avec ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 191 (les degrés divers d'intensilé. Tout ceci est dû à des phéno- mènes d'exosraose, qui enlèvent de l'eau, soit immédiate- ment aux branchies, soit médiatement au système nerveux central. Recherchant quels sont dans l'eau de mer les sels les plus nuisibles aux animaux d'eau douce qui y sont plongés, M. Bert trouve que la mort, en définitive, est due aux chlo- rures. Si l'on se demande d'où vient l'inégalité dans la survie d^un véron par exemple, et d'une anguille, il faut répondre qu'elle est due à des diflërences dans la composition chimi- que des épithéliums branchiaux et dans les propriétés exos- motiques de ces épithéliums. La raison fondamentale de la mort ou de la survie des poissons d'eau douce que l'on plonge dans l'eau de mer ré- side donc dans les propiiétés physico-chimiques des parois branchiales. Cest ;r cette même conséquence générale que M. Bert est conduit par ses recherches sur la mort des pois- sons d'eau de mer que l'on plonge dans l'eau douce. D'P. P. Bert. Regherchrs expérimentales sur l'influence que les CHANGEMENTS DANS LA PRESSION BAROMÉTRIQUE EXERCENT SUR LES PHÉNOMÈNES DR LA VIE. (Deux uotes à l'Institut. Comptes Rendus de VAcadémie des Sciences, 17 juillet et 21 août 1871.) Dans ces deux notes, M. le professeur P. Bert rend compte d'expériences relatives à l'intluence de la pression baromé- trique qu'il a faites avec le concours de M. le D' Jourdanel au moyen de vastes appareils que desservent des machines à vapeur, installés dans le laboratoire de Physiologie de la Sorbonne. Ses résultats principaux sont les suivants : Lorsqu'on diminue brusquement la pression à laquelle est soumis un vertébré à sang chaud jusqu'à l'abaisser à lo ou 192 BULLETL\ SCIENTIFIQUE. 18 centimètres de mercure, on voit l'animal bondir, être pris de convulsions et succomber rapidement, avec une écume sanguinolente dans les bronches. La mort arrive également vite que la cloche où est enfermé l'animal soit close ou qu'elle soit traversée par un courant d'air continu : dans le premier cas, l'air ambiant est à peine altéré, dans tous les deux, le sang est noir dans les cavités gauches du cœur. Mais si l'on abaisse graduellement la pression, on peut, avec des précautions suffisantes et en renouvelant active- ment l'air dès le début de l'expérience, arriver à faire vivre des animaux, pendant un temps notable, à de très-faibles pressions. Ils Unissent alors, si l'on ferme la cloche, par mou- rir d'asphyxie ; or la composition de Tair dans lequel ils pé- rissent varie considéiablement avec la pression. La quantité d'oxygène qui reste dans l'air après la mort est d'autant plus grande que la pression est plus faible. La quantité du CO^ formé varie en sens inverse. Si l'on examine de plus près, on constate que les modifi- cations ne commencent guère à se produire que vers 5o cen- timètres de pression , ce qui correspond environ à 2000 mè- tres d'altitude. Elles suivent alors une marche assez réguliè- rement progressive jusqu'au niveau des pressions de 30 centimètres et au-dessous où les phénomènes s'accentuent davantage. Soumettant d'autre part des animaux de diverses espèces (moineaux-francs, rats, grenouilles, etc.) à une pression s'é- levant jusqu'à 9 atmosphères dans un vase offrant la capacité d'un litre, M. Bert a observé que : L'augmentation de la pression, si rapidement qu'on la produisît, ne paraissait exercer sur l'animal presque aucune impression: on voyait seulement la respiration se ralentir jusqu'au moment où commençaient les phénomènes propres à l'asphyxie ; ceux-ci ne paraissaient avoir rien de particulier et l'animal succombait sans convulsions avec une tempéra- ture interne de 22 à 27 degrés, c'est-à-dire à peine supé- ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 1 93 rieure à celle de l'air ambiant. Si la pression était supérieure à 2 atmosphères, on trouvait le sang très-rouge non-seule- ment dans les artères, mais dans les veines, et si l'on avait dépassé 5 atmosphères de nombreuses bulles de gaz dans les cavités droites du cœur, gaz qui ne s'étaient dégagés qu^au rétablissement de la pression normale. Plus la pression est forte, moins l'animal altère Pair qu'il a à sa disposition. C'est cependant entre 1 et 2 atmosphères que l'oxygène est le plus épuisé. M. Bert montre de plus pai- le calcul que, en considérant la composition de l'air mortel aux pressions de 2 atmosphères, la valeur de la pression de l'acide carbonique i)roduit pendant l'expérience est toujours la même. Aussi peut-il conclure que : un moineau périt né- cessairement quand il a dans son sang veineux une quantité d'acide carbonique capable de faire équilibre ;i la pression de 26 à 28 pour cent d'acide carbonique contenu dans l'air extérieur, quelle que soit d'ailleurs la quantité d'acide carbo- nique que contiennent l'air et le sang. Pour les mammifères, le chiffre proportionnel paraît devoir être élevé à 28 ou 30, mais pour les reptiles il s'abaisse de 15 ou 16. Les oiseaux enfermés dans le récipient d'un litre meurent lorsqu'ils ont formé 260 à 280 centimètres cubes d'acide car- bonique, ce qui paraît se faire à peu près dans le même temps sous toutes les pressions. Ce fait explique pourquoi l'air pur injecté dans le récipient ne les soulage pas lors- qu'ils asphyxient, puisque la proportion d'acide carbonique varie exactement en sens inverse de la pression, et par suite conserve la même action nuisible; au contraire, en laissant échapper de l'air, on soulage l'animal qui asphyxie, car si l'on ne change pas la proportion centésimale de l'acide car- bonique de l'air, on diminue du moins évidemment sa pres- sion sur l'acide carbonique du sang. Les recherches de M. Bert lui font admettre comme con- clusion générale: que les modifications dans la proportion du gaz du sang peuvent tuer un animal de trois manières: i 94 BULLETIN SCIENTIFIQUE. 1" par insuffisance d'oxygène (confinement dans Tair à la pression de 1 atmosphère et au-dessous); 2° par excès d'a- cide carbonique (pression de deux atmosphères et au-des- sus); 3° à la fois par excès d'acide carbonique et par insuffi- sance d'oxygène (pressions intermédiaires enire 1 et 2 atmos- phères). D-- P. BOTANIQUE. Delpiiso. Fkcondaïion dans lks Conifères. M. Delpino vient de pubUer une continuation de ses re- cherclies sur la dichogamie, sous le titre de lUteriori osser- vazioni sulla dichogamia nel regno vegetabile. {]n-8°, parte seconda, fasc. 1, Milano, 1870). En parlant des plantes ané- mophiles, c'est-à-dire dans lesquelles le pollen est transporté par le vent, il explique comment les grains de pollen des Conifères pénètrent jusqu'à l'orifice des ovules qui sont ca- chés à l'aisselle des écailles formant le jeune cône. Dans les pins et les sapins la forme des écailles et de la bractée exté- rieure permet l'introduction des grains de pollen par de pe- tits canaux ou interstices longitudinaux. Dans le groupe des Taxus et Cupressus l'orifice de chaque ovule (soit de chaque fleur femelle, selon Tancienne opinion sur les Gymnosper- mes) produit une gouttelette perlée, dans laquelle viennent tomber fréquemment des grains de pollen. Cette gouttelette est ensuite résorbée et avec elle les boyaux polliniques, déve- loppés par le contact du liquide, pénètrent dans l'ovule. M. Delpino se U^ouve ainsi avoir confirmé, sans s'en aperce- voir, les observations de notre compatriote Pierre Vaucher, dans le 4""* volume de sa Physiologie des plantes d'Europe, publié en 1841. Ce savant dit expressément au sujet des ifs, soit Taxas, page 184 : « Le pollen s'échappe par nuages au moment où la fieur femelle fait sortir de son extrémité une guttule transparente d'un Ibiide qui absorbe les globules polliniques des Heurs mâles. » Il mentionne la même goutte- BOTANIQUE. 1 95 lette dans les Jiiniperus (p. 191), dans les Thuya (p. i93), les Cupressns (p. 195), il est vrai sans parler des grains de pollen. Enfin (p. 203), il décrit la pénétration des grains de pollen par les interstices du cône des sapins jusqu'à Torifice des stigmates, c'est-à-dire de l'ovule, selon les expressions modernes. Le Cryptomeria japonica, qu'on ne cultivait pas encore à l'époque de Vaucher, est une des Conifères où M. Delpino a le mieux vu les gouttelettes et les grains de pollen qui pénètrent par leur résorption. Vaucher avait supposé une action analogue des humeurs appelées nectar, pour faire éclater les grains de pollen et produire la fécondation dans un grand nombre d'autres phanérogames. En cela il s'est fréquemment trompé, mais pour ce qui concerne les Gymno- spermes il était complètement dans le vrai, comme le prou- vent les observations de M. Delpino. faites trente ans plus tard. Delpino. Studi sopra un lignaggio anemofilo belle Com- poste, etc. Études sur une descendance anémophile des composées du groupe des Artémisiacées. (Br. in-8. Flo- rence, 1871.) L'auteur a poursuivi ses recherches intéressantes sur les plantes zdîdiopfules et anémophiles, c'est-à-dire d 1^ ro fO î^ t- o CO o 00 00X3030 1-1^X000000X050505 ■»^ ^lO o 05 05 X co '^■^ 05 X t- l> lO_ ■«* o o o' o" o" cT ^ «^ 05 X_ t-_ œ " -:-' o" o" o" C' «* «* « o o'o 1 1 1 1 i 1 i 1 1 1 M 1 1 i IIIIII i 1 i 1 MX^05_CY5 , . M -îl fO 1 •<*•«* -«ar 1 .-c.-o 1 o — i'S^I^T.^,-^. ' '^ *^ "^ ^ "^ *"* , ro" ce ro CO -^^ «>f 1 ce ro fi i •^'' -* -<* coxi-~xt-o:ocot--«s'ccooxoxi3'i — 05»-05^oocDœ"*-*oioo 05 ■»- 05__ 05 05 o CO X X lO 00 o o :q o, C5_ œ 05 l- 50_ œ^ o 0_ O^ r-^ 05_^ 05^ 05 Ltî lO o o' cT o' o o' •^ o' o" c; o" o' --' -^ o •^' o" cT o" cT o' o* -< ■ -f-' •^'^ o* o" o' o" o' o' -T-" c o >- I O) ' 3 ni •2d .-Sd . . . .o .^ d -.d - - 'cL> en-. S'umb. d'il. . -2» • fOfM- -COCOS-» '«O • ■« .^O'ïl . . • . . «!4 • . . .1-1 ... • ■ X t- ^ lO «* • • . " - «^ .... • . • . . . Eau d.lcs 24 h. _. • ■ S-1^ ■ O^O^ • CD^oO X^ . X^ • q_ • '-„'5'V^„ • • • o t- CO t- co^ • • I ; o^x^o"-*"^" 1 ■. '. a 'i s a \ S 'S OOOOOO 0000000000<300000000000000 0500050;^055«'î'1'î-1-«S'XOXOOO-«-XXOOOO— ooosraioo XOO05XO0i0505050505O05OOO050505OOOOOOOO03C"-O s OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOdOOOOOOOO CO 05 ce 'U; X 0-1 l- i-O X o X T-l CO ^ 05 Tl 1-; CO o ce. — Cï iD co co i- a- co ce co o l-»Xl-iOl-XœiOl-l:-XXXXXX:OXCOl--05XœXXXX-<*C-X t- — .a p S y - ■- 05 ÇI 05 -* Xi — ' o l- 'î'I IC —' xi'^io-^cojo œ-^05Xi-^ — r--«*œ — cooo5:r5X<:D05coio-rCOS-1l-CîO — ->'-*t-lOlOl— 05LOC5C5I— OO0513G-105 1-0 50 X X 05 05 l— 05 05 X 1^ X X C5 05 05 05 05 C5 l- X X X 05 05 05 C5 j; 05- 05 l— X 05 "" l ra " -1 s •1/ _; -«* s-i X X C5 co o "O I— x ■«- '?! Lo C5 ij-i X œ> o .= o "î 0_ 05_ IS\ o, '5^ S-1^ X l-_^ 05_^ X_^ ■'( ~* co' ■^* co' ni îo' L'î -*' co ce (T-f ^f ■^' ~t" «*' •*" Lo —' -«t -^~ ce" co" -*" 'c 2o' ui le io -^ CO co (N 05_^ ©■! io_ ■* liî œ t- !>. 05_ o^ uo o^ C5 o r<" 05" 05' xT ce" ■^' sf T-' o' 91' * 10 ^ 10 cm ce ir-_ îo -^ '?o co -* (?i ce 05 1- -;-" !« 20 (j-f o ce' o' o o" s-f x" ce' r^ o" ■^' s io -T- -- i^e o 1— i-o -^ o_ o i— — s-f T- o io" in si —H o" o" •^' T^" Ci' — •' o o' si ce" t- •^' o" 'îi o' 10" 91" ■>?"' si si si o '^" I ++++++ I I++I I ++++ I I +++++4+ ! I fo— . — 100 5-110 — x-A "-R o i--^ 00 «3-1 X -* 05 00 -* a5_ -^ i- 2C — i- 2e co ce_ -«* >* 1- s-i — 1- 20 05 — le d-_ 2 ce" s-i ce o "+ i>-î sî 5-i (?> 05 ce ce 2-e o — si -ï- 05 2e G-i "^ ce si i— ce' 00 ■«*' o ce' d ce"" + + + + ++++ I I + + + — 05XI--CO-*0"«*COOX050C005CO-*OI— 0505'ceCOI--COO — ^— 'SICCCS -^ ~t X le o co o ■* X o s-i i— o 2.e G-1 co o_ s-i^ o ce_ -^^ s-t x s-i ce r-; 05 :e 20 x o — o o x" ce' 2re' lo îc -*" t— ' •— ' — ' ce' x" co' 20 co' x' si se' ce' — -"-i-' o" «*' x' s-i co o' j— ' — ' ce ce ce s-i 'ïi SI SI — — '?> ce ce ce s-i G-i e-i SI — — ' «r- s-i s-i — -^ — "^ s-i 5-1 ce Ti ce t- I - i- i- i- I- i- I- i- i- I- r- I- i- 1- i- i- 1- I- I- t- I- i~ I- »- i~ I- I- I- I- i- Jours du mois. s-ice-^secot-xoso — s-ice-'j'ioot— X050 — S'ice-*2ncoi— xoo-^ ___ — — __.« — — s-i SI SI SI SI 5-1 SI s-j 5-1 ra-i ce ce QM'( MOYENNES Di; MOIS DE JANVŒR i>72 ti U. m. H II. m, 10 II. m. Midi. •2 h. s. i h. s. Il h. 8 h. s. 10 h. 4 Barouiètre. mm miu iinn mm iniii iiiiii niin mm mm i" décade 725 13 725,44 72-'), 70 723,19 72i,71 723 00 725,32 72^,61 723,69 2« . 72i,87 725,11 725,44 724 94 724.39 724 4! 724 47 724,60 72i,63 3« . 721,61 722,12 722,38 722,09 721,48 721,69 722.13 722,61 722 77 Mois 723,80 724,15 724,44 724,01 723,46 723,61 723,92 724,22 724.31 Température. I"décade+ 0,36 + 0,66 + 1,47 + 2,64 -f 2!81 + 2,63 -f 1,48 + 1,38 + 1,64 _ 1 38 + 0,36 -f 2,13 + 2,72 + 2,32 -f 1,28 + 0,37 - 0,26 -i- 1,00 + 2,13 + 3,17 + 2,49 -f 1,81 + 1,17 4 2- 3» + 0,19 1,40 0,03 0,73 .Mois — 0,28 — 0,14 + 1,01 -f- 2,30 + 2,91 4- 2,48 + 1.34 + 0,98 -f 0,69 Tension de la vapeur. 1 '■« décade mm 4,23 mm 4,21 mm 4,43 mm 4,39 mm 4,6i mm 4,51 mm 4,40 mm 4,31 mm 4,28 2t 3,93 4,01 4,38 4,44 4,54 4,31 4,50 4,38 4,36 3* 4,32 4,41 4,72 4,89 4,80 5,02 4 94 4,80 4,66 Mois 4,16 4,21 4,52 4,65 4,66 4,69 4,62 4,51 4,44 Fraetîuu de saturation eu millièmes. 1 re décade 880 869 866 823 804 812 860 844 834 2e 936 959 913 847 813 839 892 925 948 3' 931 941 948 904 823 895 933 954 957 Mois 923 924 910 860 813 850 897 909 915 Tlier n. iniii. Therm. max. Glavlii moy. liu Ciel. Tempéraliirc du Kliône. Eau de pluie U ou de neige. miiimclre. 1" décade __ 0 1,25 0 4 4,56 0,80 u 4,01 mm 20,5 cm 79.4 2« — 2,46 4 3,72 0,83 4,09 17,4 78,4 a» — 1,07 + 4,36 0,83 4,00 55,0 83,0 Mois — 1,58 4 4,22 0,83 4,03 92,9 8!,2 Dans ce mois, Tair a été calme 5,02 fois sui- 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,56 à 1,00. La direction de la résultante dp tous les vents observés est S. 24o,0 0., et son in- t-^nsité est éiraie à 25.44 sur 10:>, TABLEAU DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAtTES Al SAINT-HEHNAHli peiiilaiU LE MOIS DE JANVIER iH-;2. p î, brouill 5, id. 6, id. 7. id. 8, id. 9. id. 10. id. 12, id. 14, id. 17, id. 18. id. IK id. 20, id. 21, id. 22, id. 23, id. 24. id. 2o. id. 26, id. 28. id. presque tout léjour. tout le jour. le matin. depuis lO'i du matin tout le jour. jusqu'à 2'' après rnidi, clair le îoir tout le jour. le soir. le matin. tout le jour. id. id. id. id. id. id. id. id. le matin, clair le soir. Valeurs extrêmes de la pression atmosijhériquc. MAXIMUM. MJ.NiMUM. Qlli! rt.in Le 1 à 6 h. matin 562,31 Le 2 à 10 h. soir 564,10 13 à 6 h. soir 566,11 17 à iO h. matin 561 ,84 21 à lu h. soir 559,69 31 à 10 h. soir o67,09 9 à 2 h. après m 548,01 16 à 6 h. matin 558,77 19 à 4 h. après m 551,35 25 à 6 h. matin 551,34 ce co — © lO t& t-S t-^ — >^ >^ «^ »■ -^ ^ I OCOOO^Otoe^^CClS — sioainpsjnof Ci o o co — c5 V o 'o oc V "b: V o 01 1x s; t«OJ*>.-jacoccooooocooc.^-joi*cni!»-wocc:acc:cctc-;*~co*>- ri? +++I 1 1 I I j I ++++ ++++++ 5 K *: !:t Xî ~^ rv' P S S "^ "^ bc b^l» o t>& wV o o~oi o''--co'--iw'">— '--l'ii. oïl^t* r coo»OîOc — k*oîOcocooJC50*<-oc"^ — ocoo*».— -ji4*cc^icn<:o*-0io;oo ^«P3. 03 d 3 ÇJi Oî Oj Oî w- et 03 Oi 03 Oî Cri Oî C>i W C;! Cl in os CT Ot Cl CI Ci C i V. Cï C: V. Ci CJ Ci = c; o; œ œ cî C! CI o: es en u: et CI et w o: c; Cl Oî' O Gt œ 05 ce œ O Ci 02 O et' ~ H. ^•^1 W '^- ** oc ^1 -^ >^ Ct co co Cl ce "^1 «-^ o (^^ f*^ f"^ -ti» i-'j ' — 1 ^^ Ci^ (— '. KCj Ki, i.ti C-. ji^ K*-, = ocO"^o<:*-oîoc;ococt'^c:^iôcôc' C0C3*^l*lil-i/XCT — *~C0C00C*-*~O i;i CI et CT et CI ci; ci c 1 et et e: ct ci e^ ct = œctclOl'OCtœctetœociœoctc: 2. p — ce 14/"''— '— c ^1 ce li ^ o '^ "co 5 O O OC ■— c: *» o CI *- C: 1-& 14/ co *- c ce • 1 1 1 1 1 1 1 I 1 1 1 MM 1 i i 1 1 1 1 1 1 M M 1 1 ! **- 2 .(^ p __-.l p p oc ^ J5C oc oc OC^-I oc 00 00 co 0 t4) 0 *~ et 0 "i.s 4~ "01 c: "0 œ "bc "et Gsoj'-c;ibsa5C50'-^/e>.OT-joce>-/ OCCCiC:. -~1OCTCeO05Ce*>0C0C3CO = "cr-j'c: o'oc'b o"— co'co'ce ce oc*, oc: /«^coce^coO/^Cece-^icececoce^i*- ?■ et 0 ce +++! 1++++++++++! |+4-+i ! I i +++; + ! . ^ce»^o^pi4)ppoo>^ooO'-^ocei4i»^'— Oî'i^t>& — eî*^opst4/ ^1 o oc co w et o 00 Cl *» *> o ^ — "et Cl "bc "ce 00 o Ï4J '""^ I0 — 00 "i^ 1— C1.- p p *^ *» _«^ p _14< _"" l-s bo 14/ b; be 01 01 ci "*- "bc 'i* "cjt '>^ "o V 'c "to "bi ce "*» "o ^ b; ^ "bc 14» "bo co '"» o "to g 5' 3' S -a co~ C ■-5 CO o I 1 1 1 i M 1 M M M M M M M M M 1 i 1 1 i ». 14> _.f^ -.] _^i p p .^ wj 00 p j-1 -1 _-J p -J ^-^I p jfi- p ^1 p JX CO _*- J— p p p p 52 = '-j Cl "*- bc 'c *>- CI 0 'x 0 0 "s "co *• 00 14/ lit h: 14/ bc bc' Ï4/ "V "■*" "«4/ '-1 "0 c 'co 141 01 Maximum* 14» ■ .«>-■ ce. et • *». -. co Cl • o o et en ■ ce =: o 3 « ; -. T) 14) ■ CO • et • ce ^ ei es ; 'o"o"cî"'-j ' 14. =; o râ3 11. t^ §2 c 3 o ICIQ ippKKROOppppOOOOOORKRHPIRpjHCOKMKS i.ik»^NiiNi»h-.,^,^oece»^>^t-si4)i«' C/. o 3 < &3 ?^ ce > 3: c 5 00 OOOOOOO'^-^'^OOOOCOC'OOOOOOOOpp pppp "o "o o Cl 14) ^1 "co o o o ce co co o "ce "*>. "o "et o "^ o CI "-.1 bi bc co oc 10 oc o oc oooi4/oci4)i-&oooceciocoe-~i — ■=-orooce*~c-ceC3eei4)ceooc 2.'= g " 207 MOYENNES DU MOIS DE JANVIER 1872. tih. m. 8 h. m. 10 h. m. Midi. ih.i. ♦ h. s. 6 h. <. Sih. s. 10 h. s. Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm nim 1"^ décade 558.87 do9,01 559,16 309 01 358,80 o58,9-i 339.12 539,17 339 31 2e . - 359.24 359.36 559 90 339.51 359,38 539 39 559,58 339.61 339,72 3e , 357 90 538.36 538.69 558,57 338.36 558,56 338,70 358,91 559,10 Mois 358.65 338,96 559,23 339,02 358,83 558 96 559,12 359,22 559,37 Température. 1 re décade— 0 0 9,62 — 9,02 - 0 - 8,70 0 - 7,75 — 7'!81 — 8^38 — 9"09 — 9,50 — 9.66 2e . _ 93J — 9,16 - - 8,50 — 7.40 — 6,80 — 7,43 — 8.07 • — 8,24 — 8 32 3« . — 9,05 — 8,73 - - 7,68 — 6,40 — 6,30 — 6,83 — 7,88 — 8,23 — 8,50 Mois — 9,38 - 8,96 - - 8,27 -7,16 — 6,95 — 7,53 — 8,33 — 8,64 — 8,82 Min, observé.* Max. observé.* Clarté moyenne Eau rie pliiie du Ciel. ou de neige. Haiilcur de la neige tombée. 1 " décade 0 —10,78 0 6,75 mm 0,64 23,9 mm 340 2e . — 9,88 — 6 49 0,43 5,0 35 3» . — 9,25 — 6,01 0,59 29,4 245 Mois — 9,95 — 6,40 0,56 58,3 620 Dans ce mois, l'air a été calme 12,5 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,80 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est $. 45" 0., et son in- tensité est égale à 12,9 sur 100, • Voir la note du tableau FRANCOIS-Jl]LES PICTET. La-scienr.e et notre pays viennent de taire une perte immense : François-Jules Pictet-de la Rive nous a été enlevé ce matin même. Il y a quelques semaines, étant à Berne où il se trou- vait comme membre du Conseil National, il fit une chute qui produisit la rupture d'un vaisseau à la jambe. A la suite de cet accident il lut obligé de garder la chambre ; il put cependant être ramené à (ienève, et sa santé n'in- spirait aucune inquiétude sérieuse. Il semblait presque remis quand le 1 1 de ce mois se manifestèrent subitement chez lui les symptômes d'une fièvre pernicieuse à laquelle il a succombé. Il était âgé de soixante-deux ans. Sous le coup de ce navrant chagrin, nous n'essayerons pas de retracer dans ce moment, même en quelques li- gnes, la carrière si b«lle et si utile de l'homme éminent et de l'excellent ami que nous venons de perdre. L. S. Genève, 15 mars 1872. SUR LA NATURE DE L'ÉLECTRICITÉ PAR M. E. EDLUND (Mémoire présenté à l'Académie des Sciences de Slockholin, le 10 mai 1871 '. Première partie^. On admettait jadis que la chaleur consistait en une matière subtile et impondérable, lancée par la source de chaleur et reçue par le corps qui en était échauffé, la plus ou moins grande quantité de cette matière détermi- nant le degré de température du corps. D'après une théorie analogue, la lumière se composait aussi d'une matière impondérable du même genre. Pour expliquer les phénomènes magnétiques, on a appelé à son aide une matière nouvelle, le « fluide magnétique, » et pour les phénomènes électriques, il a fallu admettre un second fluide, qui, de même que le fluide magnétique, devait se composer de deux espèces distinctes. Pour ce qui con- cerne la lumière et la chaleur, il est désormais prouvé que ces phénomènes sont des oscillations soit des parti- cules les plus minimes de la matière, soit de l'élhcr, cette matière subtile et élastique répandue dans toute la na- ture et même dans les parties de l'espace qui ne sont occupées par aucune autre matière. Depuis la découverte du diamagnétisme, on ne peut plus, à l'aide des fluides magnétiques, rendre compte des phénomènes qui s'y • Tradnclion communiquée par l'auteur. * La seconde partie suivra dans un prochain numéro. Archives, t. XLIU. - Mars 1872. 15 210 NATURE DE LÉLECTRICITÉ. rapportent, tandis que l'origine électrique en peut être établie à l'aide de la théorie d'Ampère. Les deux fluides électriques sont donc les seuls qui soient jusqu'ici consi- dérés comme nécessaires au point de vue de la théorie. Nous allons essayer de montrer dans ce travail que les phénomènes électriques, tant statiques que dynamiques, se laissent expliquer à l'aide d'un seul fluide, qui, selon toutes les probabilités, n'est autre chose que l'élher *. * Nous prenons la liberté d'emprunter au discours par lequel M. le baron F. de VVhede quitta, en 1847, la présidence de l'Académie ) oyale des Sciences, les lignes suivantes sur rimporlance de l'éther : « On ne peut pas mieux admettre qu'une maiière remplissant l'espace infini, et présentant des propriétés aussi particulières et aussi remarquables que celles que nous devons forcément attribuer à l'éther, ait été uniquement destinée par la Providence à la propagation de la lu- mière, qu'on ne peut supposer que l'air l'ait été exclusivement à celle du son. La densité si faible de l'éther est prouvée par sa résistance totalement inappréciable aux planètes, lesquelles paraissent s'y mou- voir sans obstacle. Les comètes, par contre, qui possèdent elles-mêmes une densité singulièrement minime, et qui, dans certaines parties de leurs orbites, se meuvent avec une vitesse des plus grandes, sem- blent ressentir une résistance sensible de l'éther. Si ce fait se con- state, l'existence de l'éther, comme matière douée d'inertie, se trouve établie par une seconde voie. La rapidité prodigieuse avec laquelle la lumière se propage, nous montre, d'autre part, que la matière éthé- rée doit posséder une élasticité extraordinaire en comparaison de sa densité. De toutes les matières qui se trouvent dans les hmites de notre expérience, le fer est la plus élastique, et l'hydrogène, qui est environ quatorze fois plus léger que l'air atmosphérique, la plus légère. Or, si l'on se ligure une matière d'une densité égale à celle de l'hy- drogène, raréfié autant que cela se peut faire dans une machine pneumatique ordinaire, soit à la pression d'environ un millimètre, et dont l'élasticité égalât celle du fer, une matière hypothétique de cette nature piopagerait le son ou tout autre mouvement vibratoire avec la vitesse de 8000 myriamètres par seconde. Quelque immense qu'elle soit, cette vitesse ne constitue pourtant qu'un cinquième environ de celle de la lumière, et le module d'élasticité exprimé en mesure de longueur, doit par conséquent être environ 25 fois plus grand chex NATURE DE l'ÉLEGÏRIGITÉ. 244 Nous admettons l'existence d'une matière subtile, élas- tique au plus haut degré, répandue dans l'univers entier, et cela non-seulement dans le vide, mais encore dans les parties de l'espace occupées par la matière pondérable. Nous admettons de même que deux molécules d'éther, placées à dislance l'une de l'autre, se repoussent mutuel- lement le long de leur ligne de jonction et en raison in- verse des carrés des distances. L'éther électrique res- l'élher que chez la matière hypothétique adoptée ici à titre de com- paraison. Si l'on regarde l'élher comme un gaz, et si l'on se figure la possibilité dun vide dans ce gaz, la vitesse avec laquelle l'éther s'y précipiterait, s'élèverait à 64,000 myriamètres par seconde, et, jus- qu'à quelque infime degré que l'on évalue sa densité, ses effets méca- niques, avec celte vitesse, peuvent devenir singulièrement violents. C'est donc un fait très. probable en lui-même, que l'éther joue un rôle des plus importants dans presque tous les phénomènes naturels.» Nous nous permettons aussi de citer les paroles suivantes de Lamé à la fin de son célèbre ouvrage : Leçons sur la théorie, mathématique de l'élaiticUé des corps solides. Paris, 1S52 : « L'existence du fluide éthéré est incontestablement démontrée par la propagation de la lumière dans les espaces planétaires, par l'expli- cation si simple, si complète, des phénomènes de la diffraction dans la théorie des ondes, et, comme nous l'avons vu, les lois de la double réfraction prouvent avec non moins de certitude que l'éther existe dans tous les milieux diaphanes. Ainsi, la matière pondérable n'est pas seule dans l'univers, ses particules nagent en quelque sorte au milieu d'un tluide. Si ce fluide n'est pas la cause unique de tous les faits observables, il doit au moins les modifier, les propager, compli- quer leurs lois. Il n'est donc plus possible d'ai^tiver à une explication rationnelle et complète des phénomènes de la nature physique, sans faire intervenir cet agent dont la présence est inévitable. On n'en sau- rait douter, celte intervention, sagement conduite, trouvera le secret ou la véritable cause des effets que l'on attribue au calorique, à l'é- leclricilé, au magnétisme, à l'attraction universelle, à la cohésion, aux attractions chimiques ; car tous ces êtres mystérieux et incom- préhensibles ne sont, au fond, que des hypothèses de coordination, utiles sans doute à notre ignorance actuelle, mais que les progrès de la véritable science finiront par détrôner. > ■212 NATURE DE LÉLECTRIGITÉ, semble donc au plus haut degré à un gaz ordinaire. A l'é- gard des rapports de l'éther avec le reste de la matière, la seule supposition que nous ayons besoin de faire, c'est que, dans les corps appelés bons conducteurs électriques, l'éther qu'ils contiennent, ou du moins une partie de cet éther, se déplace facilement d'un point à l'autre. Nous supposons encore, qu'à l'instar de ce qui se passe chez un gaz ordinaire, les molécules de l'éther électrique se meuvent facilement, c'est-à-dire qu'elles peuvent être dé- placées par le moindre effort. Si l'éther se trouve dans un corps matériel non conducteur de l'électricité, cette mobilité est arrêtée et dépend de celle des molécules du corps matériel qui contient l'éther. Si le corps matériel non conducteur est un gaz ou un liquide à fluidité par- faile^ les particules de l'éther conservent leur mobilité, ces dernières se transportant alors avec les particules du gaz ou du liquide. De cette mobilité des molécules de l'éther, il suit forcément que la pression hydrostatique doit être égale dans toutes les directions comme chez les liquides et les gaz ordinaires. On peut donc appliquer à l'éther le principe d'Archimède, qu'un corps introduit dans un fluide perd une quantité de poids égale au poids du fluide déplacé, quoiqu'il ne soit naturellement pas question ici de la pesanteur, mais de la répulsion entre les molécules d'élher. Un grand jour a été jeté, sur l'ap- plication de ce principe à la question qui nous occupe, par quelques-unes des expériences diamagnéliques bien connues de Plugker. Il trouva qu'un corps magnétique doué d'une force magnétique inférieure à celle du liquide dans lequel il était suspendu était repoussé par les pôles de l'aimant, et qu'un corps diamagnélique suspendu dans un liquide magnétique était plus fortement repoussé par NATURE DE l'ÉLEGTRICITÉ, 21 [^ les mêmes pôles que s'il se trouvait dans une matière fluide ou gazeuse moins magnétique ', Une molécule d'éther est en repos, du moment où elle est également repoussée de tous les côtés. Un corps ma- tériel ne peut se mouvoir sous l'effet d'une action élec- trique, si l'élher qu'il contient est également repoussé de tous les côtés. La répulsion est-elle moindre d'un côté que de l'autre, le corps devra, s'il est libre, se mouvoir du côté déterminé par la résultante des forces répulsives. Si l'on veut déterminer le mouvement produit chez un corps B par suite de ce qu'un autre corps. A, se trouve dans son voisinage, on peut, sans apporter aucune restric- tion à la solution du problème, considérer A comme fixe et immobile, et B seulement comme libre. Il faudra prendre alors en considération les circon- stances suivantes : 1° L'action qui s'exerce directement entre l'éther de A et celui de B. 2" L'action sur l'éther de B de tout le milieu environ- nant, à l'exception de l'éther contenu dans A. S** L'action de l'éther de A sur l'éther qui, si l'on éloi- gnait B, se trouverait dans l'espace maintenant oc- cupé par B. 4" L'action de tout le milieu environnant, à l'exception de l'espace occupé par A, sur l'éther qui, dans le cas où B aurait été éloigné, se trouverait dans l'es- pace occupé en dernier lieu par B. On a de la sorte évidemment pris toutes les causes actives en considération. Les deux premiers cas ont rap- port à l'etfet de toute la masse d'éther environnante sur ' Poggend. Annalen, tome LXXVII, p. 578. 214 NATURE DE l'électricité. l'élher de B; les deux derniers expriment par contre le même effet sur l'éther qui se trouverait à la place main- tenant occupée par B, si l'on éloignait B. Or, en prenant la somme algébrique des deux premiers cas, et en en re- tranchant la somme des deux derniers, on obtient, en conformité du principe d'Archimède, l'expression du mouvement créé chez B. Gela devient évident par les ap- plications que nous allons immédiatement en faire. 2. Les attractions et les répulsions électrostatiques. — Nous admettons qu'un corps soi-disant chargé d'électri- cité positive, contient plus d'éther qu'à l'état normal, et que la quantité d'éther d'un corps éleclronégatif est moindre que lorsque l'état électrique est normal. On pourrait peut-être admettre le contraire, mais plusieurs phénomènes électriques semblent indiquer que l'hypo- thèse précitée est la vraie. Nommant a la quantité d'éther que les corps A 9A B contiennent à l'état normal, nous considérerons en pre- mier lieu le cas où tous deux sont positifs, et où A pos- sède l'excès b et B l'excès b,. Si la distance entre ces deux corps est r, et qu'elle soit suffisamment grande par rapport au volume de ces corps, la répulsion directe qui existe entre eux, peut être exprimée par _ (a+6) (a+^) . L'action sur B de tout le milieu environnant, à l'ex- ception de l'espace occupé par A, possède évidemment une résultante égale à la répulsion qui a lieu entre B et l'élher de l'espace occupé par A, et présentant une direc- tion opposée à cette répulsion. Le fait est évident : car, si l'on éloignait A, la résultante de la répulsion opérée NATURE DE l'ÉLECTRIGITÉ. 215 sur B par tout le milieu environnant, serait égale à zéro. L'action sur B de tout le milieu environnant à l'exception de l'espace occupé par A, est, par conséquent, la même que si B était attiré par cet espace. On reçoit, de la sorte, comme expression de l'action impliquée dans le cas :2 précité : + r^ où le signe -j- désigne que cette action consiste en une attraction le long de la ligne de jonction. L'action indiquée dans le cas 3, sera évidemment _iH:A)Ji,etcellede4, +4- En retranchant la somme algébrique des deux der- nières expressions de la somme algébrique des deux pre- mières, on obtient pour résultat : La répulsion entre deux corps électropositifs est donc proportionnelle au produit des deux excès, divisé par le carré de la dislance. Nous considérerons maintenant le cas où les deux corps sont électronégatifs, c'est-à-dire où ils possèdent une quantité d'éther inférieure à celle de l'état normal. L'action directe entre les deux corps (cas 4) sera donc égale à _ (_«_-^) («-^) y.2 L'action prévue dans le cas 2 = -)- -^ — ^'— 3 = — 4 = + (rt — b) a {pi a" 72- 216 NATURE DE l'électricité. En retranchant de la somme des deux premières ex- pressions la somme des deux dernières, on obtient pour 1 action dans ce cas-ci, 1 expression zr Ainsi, les corps se repoussent mutuellement en pro- portion du produit des deux déficits et en raison inverse des carrés des distances. Supposons en dernier lieu que A est électropositif et B électronégalif; soit en outre b l'excès de A et b, le dé- ficit de B. Les quatre cas donneront : {a+b){a-b,) , 10....=— 2" . . . . = + O • . . . — - tpû a (a — b^) ^2 (a 4-6) a ^2 a"" = -\- r^ On obtiendra de là, par le même procédé qu'aupara- vant, comme expression de l'attraction entre les deux corps : L'attraction suit donc ici la loi connue. Supposons maintenant qu'un corps A, avec excès d'élher, agisse sur un autre corps, B, originairement à l'état normal et bon conducteur de l'élher. A possédant un excédant d'élher, la répulsion sur chaque molécule d'éther de B sera plus forte sur le côté en face de A que sur tous les autres. Le résultat en devra nécessairement être que l'élher se rassemblera sur le côté de B dont la face n'est pas tournée vers A, et qu'il se présentera de- la sorte un déficit sur le côté faisant face à A. NATURE DE l'électricité. 217 Si, par contie, A présente un déficit d'éther, une mo- lécule quelconque de l'élher de B sera nécessairement plus fortement repoussée, par le milieu environnant, du côté tourné vers A que de tout autre côté. Il se forme donc ici un excès d'éther accompagné d'un déficit du côté opposé. II est évident que, dans ces deux cas d'induction, l'at- traction doit se produire entre les deux corps, car la dis- tance entre l'excès de l'un et le déficit de l'autre est tou- jours inférieure a la dhstance entre les deux déficits et les deux excès. Il est facile de démontrer que l'excès ou le déficit d'éther dans un corps doit se placer à la surface de ce corps. Soit un corps A, ayant une certaine quantité d'éther a-j-b, dont b est l'excès. Il est évident que l'élher de l'espace environnant et la quantité d'éther a dans A doivent se tenir mutuellement en équilibre. Tout l'élher qui se trouve dans l'espace environnant, réuni à la quan- tité d'éther a du corps A, ne peut donc exercer aucune action sur une molécule de l'excès b. A l'égard de la répartition de l'excès, il en est parfaitement de même que si toute la quantité d'éther environnante et la quan- tité a du corps A n'existaient pas. Il faut donc que l'excès se comporte comme s'il existait seul, et dans ce cas il se place à la surface, comme l'a démontré Poisson. Le fait que le déficit doit également se placer à la sur- face^ peut se démontrer de la manière suivante. Suppo- sons d'abord que le corps A contienne la même quantité d'éther qu'à l'état normal. Une molécule quelconque d'éther de A se trouve donc en équilibre, vu que toutes les répulsions s'annuUent mutuellement, ou, en d'autres 218 NATURE DE l'ÉLECTRICITÉ. termes, qu'elles ont zéro pour résultante. Il suit de là que la résultante des répulsions de toutes les molécules du milieu environnant, doit être égale à la résultante des répulsions des molécules d'élher qui se trouvent dans le corps, et agir dans une direction opposée à celte der- nière. Mais nous savons, relativement aux molécules d'élher du corps, qu'elles cherchent, par suite de leur répulsion mutuelle, à se placer à sa surface. La résul- tante de la répulsion de toutes les molécules d'élher du milieu environnant, devra donc lendre à repousser les molécules d'élher du corps de la surface aux parties cen- trales. Supposons maintenant un corps qui présente un déficit d'élher, c'est-à-dire qui en ait une quantité moindre qu'à l'état d'équilihre: la résultante de la répulsion des molécules extérieures aura forcément la prépondérance, et, par conséquent, les molécules d'élher du corps seront poussées de la surface dans l'intérieur. Or, comme le corps contient maintenant une moindre quantité d'élher qu'à l'état neutre, il en devra résulter un déficit à la surface. On peut s'expliquer d'une manière analogue la conden- sation de l'élher, quand on charge la bouteille de Leyde ou le plateau de Franklin. Le courant de décharge élec- trique n'est pas autre chose que le passage de l'élher d'un corps dans un autre *. Vdomme on le sait, Frankun déjà essaya d'expliquer les phéno- mènes électriques connus de son temps par l'admission d'un seul fluide électrique. Il ne put toutefois indiquer la cause de la répulsion entre deux corps électro-négatifs, sans attribuer à la matière pondé- rable des propriétés qu'elle ne possède pas. L'opinion de Franklin et des «unitaires» sur la nature de l' électricité dut pour cette cause céder la place à celle des dualistes qui établirent l'hypothèse des deux fluides admise jusqu'à ce jour. Quelques essais ont été faits dans ces derniers temps en vue d'expliquer les phénomènes électriques comme NATURE DE l'ÉLECTRICITÉ. !^i9 3" Les phénomènes électrodynamiques. Le courant galvanique consiste, selon nous, en ceci, que l'éther élec- produits par l'éther ou par un seul fluide. Sans entrer dans un exposé détaillé de ces tentatives plus ou moins heureuses, nous croyons de- voir faire observer que, relativement aux propriétés ou aux mouve- ments de l'éther, elles se fondent sur des prémisses dont la justesse peut être avec raison mise en doute, et qu'en outre les théories auxquelles elles ont abouti sont loin d'avoir le cachet de simplicité qu'elles auraient eu assurément si elles avaient été Finterpréla- tion réelle des faits. La théorie de la lumière présuppose que l'é- ther qui se trouve dans un corps pondérable varie de densité avec ce corps, et que cette densité reste la même aussi longtemps que le corps ne subit aucune modification. Il faut admettre, par suite, que des espèces difl"érenles de matière pondérable exercent une puissance d'attraction difl'érente sur les molécules d'élher. Un corps matériel condense en lui-même l'éther de la masse d'éther environnante jus- qu'à ce que la résultante des elTets produits sur une molécule exté- rieure d'élher par les molécules propres du corps et par l'excès d'é- ther renfermé dans le corps devienne égale à zéro. Chez un corps ainsi salure d'éther, la réptdsion entre son excès d'éther et une mo- lécule extérieure d'éther est égale à l'attraction entre la même molé- cule d'élher et les molécules matérielles du corps. Si donc l'on est forcé d'admettre, pour l'explication des phénomènes lumineux, qu'en vertu de l'altraclion exercée sur lui par la matière, l'éther présente un degré de densité variant avec les corps, il ne suit pas de là que pour cette cause les corps doivent montrer certaines propriétés élec- triques. Si, par contre, l'on augmente ou l'on diminue de manière ou d'autre la quantité d'élher que contient le corps dans son état normal, les phénomènes électriques commencent à .«e montrer. Il n'en résul- tera toutefois pas, comme suite immédiate, que les corps électrisés doivent faire preuve d'autres propriétés optiques qu'à l'état naturel. La vitesse de propagation de la lumière, et par conséquent aussi les longueurs d'onde ne dépendent pas exclusivement de la densité de l'éther, mais du rapport entre son élasticité et sa densité. Si donc l'élasticité de l'éther augmente ou diminue proportionnellement à sa densité, il ne peut survenir de modification relativement à la vitesse de propagation de la lumière, à la réfraction, etc. Le fait que certaines expériences (Pcyf/md. Annalen, tome CXXIV, p. 507) ont montré les mêmes propriétés optiques chez les corps électrisés que lorsqu'ils sont à l'état neutre, n'infirme donc nullement la thèse que les phénomènes électriques sont produits par l'éther. 220 NATURE DE L'ÉLECTRICITÉ. trique se transporte d'un point à un autre dans le circuit du courant, et que l'intensité du courant est déterminée par le produit de la densité de l'élher en mouvement et de sa vitesse, ou, en d'autres termes, qu'elle est propor- tionnelle à la quantité d'élher qui a passé par le circuit dans l'unité de temps. La masse d'éther qui se trouve dans le circuit fermé a la même quantité quand le cou- rant existe que lorsqu'il n'y a pas de courant. Les forces électromotrices, d'où le courant tire son origine, ne peu- vent pas créer de l'éther : leur action se restreint à trans- former en un mouvement translaloire le mouvement os- cillatoire qui existe déjà sous forme de chaleur. Il résulte de là que la chaleur doit disparaître au point du circuit où la force éleclromotrice se trouve en activité, ce que prouvent au reste les phénomènes de Pellier. La nais- sance du courant galvanique se simplifie singulièrement de la sorte : les forces électromotrices ne créent rien de nouveau, mais elles transforment simplement une espèce de mouvement en une autre. On peut les comparer à des machines ordinaires transformant une espèce de mou- vement en une autre. Les nombreuses expériences qui ont été faites pour constater la vitesse de l'électricité dans des fils métalli- ques n'ont pas donné de résultats concordants, et cela pour des raisons faciles à comprendre. Wheatstone et Faraday ont fait voir le rôle important que joue à cet égard la charge du fil conducteur. Par suite de cette cir- constance, un point subséquent du fil conducteur ne peut, à la naissance du courant, recevoir d'électricité que lors- que les parties précédentes du même fil ont été saturées. La vitesse de l'électricité dans un fil conducteur déposé dans la mer et entouré d'une couche isolante doit donc NATURE DE l'ÉLECTRICITÉ. 221 se montrer relativement minime, car le fil enfermé dans la couche isolante et l'eau de mer circulant autour de cette même couche, constituent des armatures d'un appa- reil condensateur capable de condenser une forte quantité d'électricité. La puissance de condensation d'un fil isolé dans l'air est inférieure à celle d'un câble maritime, mais elle dépend à un haut degré de circonstances extérieures, telles que l'humidité de l'air, le mode de suspension, etc. Aussi les expériences indiquent-elles que les fils submer- gés fournissent la moindre somme de vitesse. Il n'a pu par suite être donné de chiffres déterminés pour la vitesse absolue de propagation de l'électricité, mais toutes les expériences concordent en ceci, qu'elle est singulièrement grande. Un fait sur lequel s'accordent de même toutes les expériences qui ont eu lieu jusqu'ici, c'est que la vi- tesse de propagation est indépendante de l'intensité du courant. Les expériences faites à cet égard avec un seul filj'et dans des circonstances identiques, doivent donner des résultats certains. Nous nous servirons, dans la suite de ce travail, d'une thèse qui, à notre connaissance, n'a pas encore été établie comme principe dans l'explication des phénomènes natu- rels, mais qui ne nous en parait pas moins posséder une vérité axiomatique. Ce principe, c'est que tout ce qui se passe ou s'effectue dans la nature extérieure, exige un certain temps. Ce temps peut être aussi court que l'on voudra, mais il n'est jamais égal à zéro. Le temps et l'espace sont des conditions indispensables à l'existence des phénomènes naturels. C'est une vérité à priori con- statée par l'expérience à mesure que les méthodes scien-" tifiques pour la mesure du temps et de l'espace se sont perfectionnées. On croyait jadis, par exemple, que la lu- :222 NATURE DE l'électricité. mière et réiectricité se propageaient instantanément, mais de meilleures méthodes d'observation ont montré que ce n'est nullement le cas. On peut être parfaitement assuré qu'un courant galvanique ne parvient pas à la totalité de sa force dès le commencement, et ne disparaît pas non plus sans qu'il faille un certain temps pour cela, indépendam- ment des extra-courants qui retardent ces deux phénomè- nes. Nous devons rejeter comme absurde la thèse suivant laquelle l'action exercée par un corps matériel sur un autre corps placé à une certaine distance, ou la répulsion exer- cée par une molécule d'éther sur une autre située à dis- tance, n'exigerait pas un certain temps pour se propager du premier objet au second. Ce temps peut être aussi court que l'on voudra, mais il existe toujours, même s'il échappe k nos observations. Quand une action récipro- que commence entre deux corps matériels ou entre deux molécules d'éther, cette action n'atteint pas k un moment mathématique la pleine valeur déterminée par la distance réciproque. Elle doit s'accroître de zéro k cette valeur finale et il faut un certain temps pour cela. De même, une action ne peut disparaître ni changer de valeur sans qu'un certain temps soit nécessaire k cet effet. La thèse formulée plus haut : « tout ce qui se passe ou s'effectue dans la nature extérieure exige un certain temps, » peut être, relativement k son importance, comparée k la thèse que l'on peut dire constituer la base de la théorie méca- nique de la chaleur, et qui s'exprime par ces mots : « rien ne naît de rien » {ex nihilo nihil fit). La thèse éta- blie doit tout particulièrement trouver son application dans le domaine de l'électricité, vu que la grande vitesse de propagation de ce phénomène provoque des modifi- cations rapides dans l'action réciproque que les molécules NATUKË DE l'ÉLEGTBICITÉ. 22ii d'élher exercent l'une sur Taulre. Suivant les détermina- tions données par MM. Fizeau et Gounelle, rélectricité se propage dans un fil de cuivre avec une vitesse de 180 mètres en un millionième de seconde. Ainsi, dans cette courte fraction de temps, deux molécules d'étlier peuvent diminuer ou augmenter de 360 mètres leur distance ré- ciproque, et leur action l'une sur l'autre se modifier en conséquence. La question est maintenant de savoir si cette modification dans l'action réciproque peut s'accomplir avec une vitesse qui corresponde à la variation rapide de la distance. Les phénomènes électro-dynamiques fournis- sent la réponse à celte question. Soient deux molécules d'éther m et m' situées à une distance r l'une de l'autre. Si toutes deux sont en repos, mm' leur répulsion réciproque est — ~. Le cas, par contre, où m se rapproche ou s'éloigne avec une vitesse con- stante, donne naissance à d'autres l'apports. Si m se trouve premièrement au point x (fig. 1 ci-jointe) de la distance ^^7- '• r-j-A?' de m', puis pendant le temps At se rapproche Ajp r de m' de la distance Ar, la , , . . mm' mm' repulsion réciproque augmente de tttt^î ^ ~^r~ \ mais si le rapprochement s'opère avec nne vitesse suffisante, la répulsion n'a pas le temps de subir cette augmenta- tion. La répulsion au point ij est donc inférieure à celle qui correspond à la distance r. Cette diminution est, toutes circonstances égales, une fonction de la vitesse constante h. On peut donc exprimer la répulsion au point y par mm' ^,a f (h), OÙ /■(/*) a une valeur inférieure à 1. Si par 224 NATURE DE l'ÉLECTRIGITÉ. contre m s'éloigne de m' avec la même vitesse constante h, en parcourant pendant le temps A^ la distance^/ — x'=Ar (fig. 2), la répulsion, au moment où m arrive en y, doit être supérieure à celle qui correspond à la distance r, vu Fig. 2. que la répulsion ne peut pas _^ être diminuée avec la vi- j. . tesse correspondant à l'aug- mentation de la distance. On peut donc exprimer dans ce cas la répulsion par — ^ P (h), ou F (h) est plus grand que I . Si dans le premier cas, où la dislance entre les molé- cules est diminuée, la vitesse est considérée comme néga- tive, elle doit être positive dans le second. Relativement h la nature des fonctions f(h) et F (h), on ne sait d'avance rien autre, sinon que la première doit être plus petite et la seconde plus grande que 1, et que toutes deux se rap- prochent de 1 quand h diminue. xMais comme les causes qui retardent ou accélèrent le développement de la ré- pulsion lors du rapprochement doivent avoir le même efïet sur sa disparition lors de l'éloignement, il est pro- bable que les formes des deux fonctions sont égales, ou que le développement de la répulsion suit la même loi que sa disparition, et que toutes deux peuvent être ex- primées par la même fonction de la vitesse si l'on prend garde à ce que cette dernière soit négative dans un cas et positive dans l'autre. Nous avons ainsi, pour la répulsion entre deux molécules d'élher, l'expression —y- F( — h), si ces molécules se rapprochent l'une de l'autre avec une vitesse constante //, et l'expression Dllïl' —i-F(-\-h),s\ la distance augmente entre elles, la fonction Fêtant de telle nature qu'elle devient égale à l'unité pour NATURE DE l'ÉLECTRIGITÉ. 225 h=o, qu'elle est plus petite que l'unité pour une valeur né- gative, et plus grande pour une valeur positive de h. Ces expressions peuvent s'écrire convenablement sous la forme mm' / . , , , . \ mm' / . . , , , ^ \ . „ -^(1-f cp(— ^)) et ~^~ (\-\.^{^h) ), la fonction on d*r /t* obtient -jf=~^ (' — cos *6i). La variation de la vi- tesse relative est donc proportionnelle au carré de la vitesse de la molécule dans le circuit ; elle présente son maximum au point o (fig. 3), et diminue à mesure que la molécule s'en éloigne. Par des remplacements correspon- dants on obtient pour l'expression de la vitesse relative : -j~ = cos fj h. ai Si la molécule m se meut avec une vitesse constante sur la ligne ab (fig. 3), circonstance dans laquelle sa vi- tesse relative varie par rapport à la molécule fixe m' , la répulsion entre les deux molécules pour une dislance dé- terminée r est, d'après ce qui précède, plus grande que si la vitesse relative était constante. C'est le cas, soit que m s'éloigne soit qu'il se rapproche du point o. A l'expres- sion indiquant la répulsion entre les deux molécules pour le cas où leur vitesse relative est constante, il faut donc ajouter un terme constituant une fonction de la varia- tion de la vitesse. Nous désignerons cette fonction par 4^( — [1 —cos ^-Q] j. Ce que nous savons d'avance, rela- tivement à cette fonction 4», c'est qu'elle doit être égale à zéro, quand cos B=i, vu que dans ce cas la molécule m se meut sur la ligne de jonction entre m et m', et que, par conséquent, la vitesse relative des deux molécules est constante. Nous savons en outre que la valeur de la fonc- 228 NATURE DE l'ÉLECTRICITÉ. lion 4" ^st toujours positive, soit que la molécule m s'ap- proche ou s'éloigne de m' . On peut remarquer, au reste, que la valeur de la fonction peut dépendre, non-seulement II* de la grandeur de la variation, — (i~ cos*^), mais en- core de la distance r entre les molécules, et que par suite r peut entrer sous le signe de la fonction en même temps que cette même variable entre dans l'expression de la grandeur de la variation. L'expression complète de la répulsion entre deux mo- lécules d'élher m et m' , dont la dernière est fixe et la première, m, se meut avec une vitesse constante h sur une ligne formant l'angle aigu B avec leur ligne de jonc- tion, sera donc : Pour le cas où m se rapproche de m' : et pour le cas oij m s'éloigne de m' : Nous allons d'abord appliquer ce qui vient d'être dit, au cas oîi deux molécules m ei m' se meuvent avec une vitesse constante et égale dans la même direction sur des lignes parallèles entre elles (voir fig. 3). D'après les principes établis par W. Weber', nous ad- mettrons que l'effet de l'action réciproque entre deux molécules d'éther se communiquent totalement aux cir- cuits dans lesquels ils se meuvent. Les mouvements seuls des circuits peuvent être observés dans l'action réci- proque de deux courants, et les formules empiriques éta- * Abhandlungen iiber Elektrodynamische Maasbeslimmungen, p. 309. NATURE DE l'ÉLECTRIGITÉ. 229 biles sur la base des observations se rapportent à ces mouvements. Si, maintenant, l'on veut trouver la varia- tion produite dans la distance entre deux éléments de circuit par l'action réciproque des molécules d'éther, on peut considérer l'un des éléments comme fixe et l'autre seul comme libre. Nous supposons, dans ce cas-ci, que l'élément de circuit dans lequel m' se meut est libre, et que celui qui appartient à m est immobile. Si la molé- cule m' était seule en mouvement dans toute la masse d'éther, l'on ne peut, de la même manière que si elle était au repos, admettre que les répulsions exercées sur lui par toute la masse d'éther environnante s'annullent réciproquement; ces répulsions peuvent au contraire avoir une résultante S qui n'est pas zéro. La répulsion exercée sur la molécule m' en mouvement, par toute la masse d'éther environnante à l'exception de m, doit donc s'obtenir en retranchant de S la répulsion qui a lieu entre m ei m' , ou, ce qui revient au même, en ajoutant à S la dernière répulsion prise avec le signe contraire. Il s'agit maintenant de trouver le mouvement imprime à la molécule ?»', ou plutôt à l'élément de circuit où se meut m' , par la mise en mouvement de la molécule m. De même que pour les phénomènes électrostatiques, nous avons à prendre en considération les quatre circon- stances suivantes: 1" l'action réciproque directe des deux molécules d'éther ; 2" la différence entre l'action exercét- sur m' par la totalité de la masse d'éther environnante, quand m est supposé au repos, et l'action exercée sur la même molécule m' par tout l'éther environnant à l'ex- ception de m-, 3" l'action de m sur l'espace occupé par vi' ; et 4^ l'action sur le même espace de toute la quan- tité d'éther environnant à l'exception de m. La diffé- 230 NATURE DE L'ÉLEGTRiaTÉ. rence énoncée au numéro 2 est évidemment égale à la répulsion, prise avec le signe contraire, entre la molécule m censée immobile et la molécule m'; et l'action indiquée au n" 4 est identique à la répulsion, prise avec le signe contraire, entre la molécule m considérée comme immo- bile et l'espace en question. Si l'on ajoute les actions sur m' prévues dans les deux premiers cas, et si l'on en re- tranche la somme correspondante des deux derniers, on obtient, en conformité du principe d'Archimède, l'action cherchée sur m' ou sur l'élément de circuit où m' se meut. Pour saisir plus clairement la justesse du procédé ci-dessjjs, que l'on pose la question de la manière sui- vante : ce dont il s'agit, c'est de trouver le mouvement produit chez la molécule w?',ou plutôt chez l'élément de circuit où m' se trouve, par la mise en mouvement de la molécule m. Or, le mouvement cherché chez l'élément de circuit de m', dépend évidemment de la modification amenée dans la répulsion entre m' et m, par la circon- stance que cette dernière a été mise en mouvement. On obtient donc l'expression du mouvement cherché, en re- tranchant de la répulsion entre les molécules m' et m, quand cette dernière est considérée comme en mouvement, la répulsion entre les mêmes molécules quand on considère la molécule m comme étant au repos. Le reste obtenu de la sorte, n'est en réalité rien autre que la somme des deux premiers cas énoncés ci-dessus. On obtient d'une manière analogue les effets de répulsion auxquels se ré- fèrent les deux derniers cas. Il est maintenant facile de trouver l'expression algébrique de l'action réciproque de deux éléments de courant. Si nous supposons que les deux molécules m et m' se meuvent sur des lignes pa- NATURE DE l/ÉLECTRlCITÉ. 231 rallèles dans la même direction, comme, par exemple, vers b etb' , leur distance réciproque ne subira aucune modification, vu qu'elles se meuvent avec la même vitesse. Leur action réciproque directe sera de la sorte la même que si elles étaient toutes deux au repos. On a donc pour l'action qui se réfère au cas n° 1 : mm' y.2 Comme m' s'éloigne de m, si cette dernière est con- sidérée au repos, on a pour le cas n° 2 : On obtient pour le n° 3, où m se rapproche de l'espace occupé par m' : _I!!^ri + ç(_A.cos6) + <}/(-^[l — cos^Ô])"] • On a, en dernier lieu, pour le n» 4 : mm' -f /v*o Si maintenant l'on retranche la somme des deux der- nières expressions de la somme des deux premières, on trouve, comme résultat définitif: ■^^ !"©(+ A.cos6)-f »(—/».cosô)+2 4-^^[l— cos^Ô])"! . . (3) . Ce résultat est l'expression théorique de l'influence réciproque de deux éléments de courant qui se meuvent dans la même direction sur des lignes parallèles. En rendant dans la formule (3) cos 6 égal à zéro, e'est-à-dire en supposant que la ligne de jonction entre les deux éléments de courant forme un angle droit avec les lignes de direction des courants, la fonction ^ devien- 232 NATURE DE l'ÉLEGTRIGITÉ. dra, comme on l'a vu déjà, égale à zéro. On aura donc pour ce cas : > +^'^^Hr) • • ■ (')■ Or, d'après ce qui précède, la valeur de la fonction -^ est toujours positive. Il suit de là, que, dans cette posi- tion, les éléments de courant s'attirent mutuellement, fait déjà démontré par l'expérience. Nous allons maintenant comparer le résultat théorique avec l'expérience, à l'effet de déterminer les fonctions (p et 4*. Ampère a, comme on le sait, déterminé par la voie ex- périmentale l'action mutuelle de deux éléments de cou- rant, et W. Weber a constaté par des expériences très- exactes la justesse des résultats du physicien français. Pour le cas où les éléments de circuit sont parallèles, r étant leur distance et 0 l'angle formé par l'un d'eux avec leur ligne de jonction, la formule d'Ampère est : + ~(^i-~ CQsn^dsds' (5), expression dans laquelle / et i' désignent les intensités de deux courants, ds et ds' les deux éléments de circuit et k une constante. Aussi longtemps que cette expression est positive, l'attraction se produit entre les éléments de cir- cuit le long de leur ligne de jonction. Si les deux courants suivent la même direction, et qu'ils aient par conséquent le même signe, les éléments s'attirent mutuellement aussi longtemps que le terme ^ cos* 6 < 1. S'ils vont par contre en sens inverse l'un de l'autre et qu'ils aient, par conséquent, des signes contraires, la répulsion a lieu jusqu'à cette limite. Si, maintenant, fx et/i' désignent NATURE DE l'ÉLEGTRICITÉ. 233 les quantités d'électricité sur l'unité de longueur des deux circuits, on aura (xh:=i et ii'h = i', h indiquant la vitesse du courant. Or, u.ds etp.'ds' correspondent k ce qui dans la formule théorique a été désigné par m et m'. La formule d'Ampère peut donc s'écrire sous la forme : En rendant cos 0 égal à zéro, on obtient par la com- paraison avec la formule (4) : d'où l'on tire, en remplaçant A* par k"^ (1 — cos* (i) : En rendant dans la formule (3) cos b=^i, la valeur de la fonction ^ devient égale à zéro. Dans ce cas, les deux éléments de courant sont situés sur une seule et même ligne, fait par lequel leur vitesse relative devient constante et égale à zéro. La formule (3) devient de la sorte + --^i9{+à)-[-^{-h)] (8). En posant de la même manière cos 0=1 dans la for- mule empirique (6), on obtient par la comparaison avec la formule (8) : d'où, si l'on remplace h par h. cos 0, l'on obtient : Les Trilobites forment un ordre de la classe des Crus- tacés, fort nombreux en espèces, dont l'organisation est relativement très-parfaite. Ils caractérisent essentielle- ment les étages inférieurs de la formation palseozoïque, et peuvent être comptés parmi les premiers représentants connus de la vie animale sur le globe. L'illustre auteur du « Système silurien du centre de la Bohême,» qui s'est acquis, par ses magnifiques travaux, une place si élevée dans la science, a jeté une vive lumière sur l'histoire na- turelle de ces animaux, en décrivant de nombreuses espèces nouvelles, mais surtout en faisant connaître toute la série de leurs métamorphoses. Ces découvertes sont le résultat d'immenses recherches, qui se trouvent résumées dans l'ouvrage dont nous venons d'indiquer le titre, et dont nous allons essayer de donner une courte analyse. M. Barrande n'est pas partisan des théories transfor- mistes, et il s'attache à démontrer que les faits qu'il a observés ne sont pas d'accord avec ces théories. Un premier phénomène bien remarquable, c'est le * Un volume in-S», 1871. TRILOBITES. '^71 mode d'apparition des Trilobites sur la surface du Globe. On en connaît, au moment présent, environ 1,700 espè- ces, réparties en 75 genres. Aucune espèce certaine ap- partenant à cet ordre, n'a été signalée jusqu'ici dans les couches antérieures à la période silurienne. Avec l'étage le plus inférieur de ce terrain, dont la faune est appelée par M. Barrande faune primordiale, apparaissent tout d'un coup 252 espèces qui lui sont spéciales ; la faune seconde voit naître le nombre énorme de 866 espèces, puis dans la faune troisième arrivent encore 482 espè- ces ; aucune de ces espèces si nombreuses ne franchit les limites du système silurien. Dès lors l'ordre des Trilo- bites est en décroissance; on ne compte plus qu'une cen- taine d'espèces dans le terrain dévonien, et ils s'éteignent avec le genre PhilUpsia, dans le terrain carbonifère ou plutôt pendant le dépôt du terrain permien, dans lequel une espèce a été signalée en Amérique. Aucun type précur- seur ne s'est montré, ni dans le bassin de la Bohême, ni dans les autres bassins palaeozoïques explorés jusqu'ici. En Bohême, les Trilobites constituent une grande partie de la faune primordiale (27 espèces sur 40 espèces d'animaux diversj, et ce fait s'observe sur tous les points où elle a été signalée. Dans cette faune cependant le nombre des genres des Trilobites est relativement faible, mais leur grand développement a lieu avec la faune II, dans laquelle apparaissent soudain 21 genres nouveaux; le même phénomène paraît s'être montré avec une inten- sité plus ou moins grande dans toutes les contrées trilobi- tiques. En général l'évolution des genres et celle des espèces sont contrastantes, et les âges dans lesquels le nombre des espèces a été le plus élevé n'ont vu surgir qu'un nombre relativement très-faible de genres nou- 272 TRILOBITES. veaux et vice versa. Observons ici qu'en thèse générale, il nous paraît que les conclusions tirées de l'évolution des genres ne peuvent être regardées comme très-rigoureuses, car, pour nous, le genre est une coupe plus ou moins artificielle dont l'importance peut varier beaucoup, sui- vant le point de départ de celui qui l'a créé. Bien que les recherches de M. Barrande aient porté sur des matériaux immenses, il n'a pas découvert les traces d'un perfectionnement graduel dans le développement des Trilobites. Suivant les théories transformistes, leur em- bryon n'ayant qu'un seul segment au thorax, les premiers animaux parfaits de cet ordre devraient apparaître avec un thorax paucisegmenté, et le nombre des segments de- vrait aller en s'augmentant dans le cours des âges. Or dans la faune primordiale apparaissent bien deux genres avec un thorax composé de 1 à 4 segments, mais en même temps 26 autres surgissent dont le thorax compte de 14 à 26 segments, c'est-à-dire à peu près le plus grand nombre connu ; un fait non moins extraordinaire c'est que les genres intermédiaires, avec 5 à 13 segments au thorax, sont peu représentés dans la faune primordiale mais composent principalement la seconde faune trilobi- tique. Il y aurait donc là une grande irrégularité. Bela- tivement à la taille on observe des faits analogues, car dans la faune primordiale on trouve des Trilobites par- faits représentant bien, il est vrai, le minimum de taille (3"''") mais avec eux s'en trouvent d'autres, approchant du maximum (300'°'^). Dans la faune II, les dimensions varient entre 5™™ et 400™", taille des plus grands Trilo- bites connus ; dans la faune III, le maximum de taille ne dépasse pas 250™™; dans le terrain dévonien 180™™; les derniers Trilobites connus, ceux du terrain carboni- TRILOBITES. 273 fère, n'atteignent guère plus de 50""". L'étude des mo- difications de la tête et du pygidium conduit à des con- clusions tout à fait identiques. M. Barrande constate en- core l'absence de formes intermédiaires entre les types des Trilobites de la faune primordiale. Il n'en cite qu'un exemple mais qui serait lui-même une anomalie; le genre BohemUla peut être considéré comme intermédiaire entre les genres Agnostus et Paradoxides, mais il n'apparaît qu'à l'origine de la faune II, et alors que le genre Para- doxides avait depuis longtemps disparu. Passant à l'examen des causes auxquelles on pourrait attribuer l'apparition des Trilobites ; M. Barrande examine le nombre des espèces qui ont pu arriver en Bohême par immigration. Sur 350 espèces de Trilobites connues en Bohême il n'y en a que 24 qui aient été signalées jus- qu'ici dans d'autres contrées et parmi ces 24 il n'y en a guère que 8 qui, venant de la grande faune silurienne septentrionale, suivant toute apparence un peu plus an- cienne, aient pu réellement s'introduire et se propager en Bohême ; 7 espèces ne sont encore connues en Bohême que dans les colonies, où elles auraient émigré d'autres contrées qu'il est impossible pour le moment de préciser. Un très-petit nombre d'espèces passant d'un étage dans l'autre, l'apparition des espèces dans chaque étage, n'est due que pour une fraction très-faible à la propagation verticale. Quant à la filiation, l'auteur n'admet pas qu'elle ait joué un rôle, puisqu'il lui a été impossible de recon- naître pour aucune espèce, l'ancêtre dont elle aurait pu provenir. Il résulte de cette élimination que l'on est amené à reconnaître que l'apparition de la très-grande majorité des espèces de Trilobites dans chaque étage {-^^ ne peut être attribuée qu'à la « rénovation, » c'est-à-dire Archives t. XLIII. — Mars 1872. 19 274 TRILOBITES. à la création d'espèces nouvelles, due à une influence qui échappe à notre raisonnement. Les études de M. Barrande sur les Mollusques céphalo- podes siluriens sont tout aussi étendues que celles qu'il a consacrées aux ïrilobites. 11 en avait déjà consigné les résultats dans un ouvrage publié en 1870. L'histoire de cette classe d'animaux le conduit aux mêmes conclusions que celle des Trilobites, et l'amène à constater, malgré des contrastes frappants, une harmonie générale dans l'évolu- tion de ces deux ordres d'animaux. Les Mollusques cé- phalopodes ont apparu à l'origine de la faune II ; on n'en connaît jusqu'à présent aucun représentant, ni dans la faune silurienne primordiale, ni dans les roches antésilu- riennes. Ils ont apparu simultanément dans presque toutes les contrées siluriennes, avec 12 genres et 165 espèces ; c'est là encore un fait bien difficile à expliquer par les théories transformistes, car, jusqu'à présent, les recherches de M. Barrande ne lui ont fait découvrir aucun ancêtre, d'où pourraient provenir les plus anciens types connus des Mollusques céphalopodes, qui appartiennent tous à la famille des Nautilides, et il est difficile d'ad- mettre que tous les types intermédiaires aient entièrement disparu. Dans la faune II les Trilobites prédominent, mais dans la faune III ils diminuent presque de moitié, tandis qu'au contraire les céphalopodes prédominent énormé- ment et se continuent jusqu'à nos jours en jouant un grand rôle dans toutes les formations. En général, les types trilobitiques sont beaucoup plus variés que les types des Mollusques céphalopodes. En effet on compte 75 gen- res ou sous-genres de Trilobites dans l'ensemble des fau- nes siluriennes connues, et seulement 25 genres ou sous- genres de céphalopodes. Le bassin silurien de la Bohême TRILOBITES. Iz/.l) renferme 979 espèces de céphalopodes, soit 0,58 du nom- bre total des espèces de céphalopodes siluriens connues (16;22). Pour les Trilobites cette proportion est de 0,22. Le nombre des espèces migrantes, est relativement plus considérable pour les Trilobites que pour les Mollusques céphalopodes, et ce fait est de nature à étonner, les pre- miers paraissant bien moins doués que les seconds pour la locomotion ; aussi M. Barrande estime que c'est à l'action des courants qu'il faut attribuer les immigrations trilobi- tiques. Sur les 979 espèces de céphalopodes siluriens de la Bohême, il n'y en a que 18 qui se retrouvent dans d'autres contrées, et 8 seulement, venant de la faune sep- tentrionale, ont pu réellement immigrer en Bohême; si on ajoute à ce nombre les espèces des colonies, venues pro- bablement aussi par immigration, on trouve que 0,95 des espèces de céphalopodes siluriens de la Bohême doivent leur origine à la rénovation, car pour aucune d'entre elles l'auteur n'a pu trouver les traces de sa filiation. La faune primordiale silurienne, prise dans son en- semble, comprend actuellement 36G espèces distinctes : savoir : 252 espèces de Trilobites, 12 espèces de crusta- cés ostracodes et autres, 5 espèces d'annélides, 18 espèces de mollusques ptéropodes, 1 espèce de mollusques hé- téropodes, 4 espèces de mollusques gastéropodes, 55 es- pèces de mollusques brachiopodes, 7 espèces de bryo- zoaires, 7 espèces de cystidées et 5 espèces de spon- giaires. Au-dessous des premières roches siluriennes, se trouvent les couches cambriennes, sur la délimitation desquelles on n'est pas encore bien d'accord; on a dé- couvert dans leur sein une douzaine d'espèces de plan- tes, et une vingtaine d'espèces d'animaux, dont 4 espèces de brachiopodes, 1 espèce de ptéropodes, 1 espèce de 276 TRILOBITES. bryozoaires, 9 espèces d'annélides, 2 espèces d'échi- nodermes, 1 espèce de polypiers (douteux), 1 espèce de spongiaire. On a cru y trouver aussi une empreinte de crustacé, M. Barrande Tayant examinée affirme qu'on ne peut rien conclure au sujet de cet animal présumé nommé Palœopyge Ramsayi Au-dessous des couches cambriennes, on ne connaît jusqu'à présent aucune trace de la vie animale sur le globe, sauf YEozoon canadense, appartenant probablement aux foraminifères. Il est certain que dans l'état actuel de nos connaissances, on ne saurait expliquer par la théorie du transformisme, soit l'appari- tion des types variés de la faune cambrienne, et surtout ceux de la faune primordiale silurienne ; soit plusparticu- hèrement l'apparition de la tribu trilobitique se montrant soudainement avec tant d'espèces et présentant tant de formes variées parmi lesquelles il s'en trouve beaucoup qui appartiennent aux plus parfaites ; soit enfin l'apparition subite des céphalopodes nautilides avec la faune II, se présentant dans les mêmes conditions. Il devient néces- saire de supposer que les traces d'une foule énorme d'in- termédiaires auraient disparu de la nature entière, ou tout au moins auraient échappé à toutes les nombreuses re- cherches faites jusqu'ici, car personne n'en a encore re- trouvé les vestiges. M. Barrande insiste avec beaucoup de détails sur l'absence de ces intermédiaires, il signale entre autres l'absence des polypiers dans la faune primordiale, et, comme la forme cambrienne, regardée par M. Torell comme étant un polypier est très-douteuse, il s'ensuit que c'est avec la faune II silurienne que les polypiers auraient fait généralement leur apparition. Or c'est par les poly- piers qu'aurait dû s'effectuer le passage des foraminifères aux ordres supérieurs et l'absence, ou tout au moins TRILOBITES. 277 l'extrême rareté de ces animaux pendant les périodes immenses qui ont précédé la faune seconde silurienne, est un fait très-extraordinaire , d'autant plus que les ré- cents sondages ont montré que dans les mers actuelles il existe des polypiers dans tous les parages, même dans les grandes profondeurs; or il n'y a pas de rai- son pour supposer qu'il en était autrement dans les mers anciennes. Un autre fait remarquable c'est l'apparition tardive des mollusques acéphales qui coïncide avec celle des polypiers et celle des mollusques céphalopodes, tandis que les mollusques gastéropodes et ptéropodes qui leur sont supérieurs sont déjà connus dans la faune primor- diale. Quant à l'absence des foraminifères dans la faune primordiale silurienne, nous pensons qu'il ne faut pas trop insister shr ce point, car les animaux de cette classe peu- vent facilement échapper aux investigations. Nous n'avons pu donner qu'un résumé bien incomplet du remarquable ouvrage de M. Barrande, qui acquiert une grande importance par l'autorité scientifique incontestée dont jouit son auteur. En coordonnant tous les résultats déduits de recherches infiniment étendues, il montre que, dans l'état actuel de la science, tout l'ensemble de nos con- naissances sur les faunes cambriennes et siluriennes (qui sont les plus anciennes connues, l'Eozoon étant resté jus- qu'ici à peu près isolé) tend à montrer que l'observation directe des faits contredit entièrement les prévisions des théories transformistes, relativement à la composition de ces faunes. On pourra toujours objecter aux conclusions de M. Barrande, que les investigations sont loin d'avoir porté sur tous les points dans lesquels les faunes primitives ont été signalées, et que les types intermédiaires cherchés 278 TRILOBITES. pourront bien se trouver un jour quelque part, dans les roches antésiluriennes du Canada par exemple, qui n'ont point encore été convenablement fouillées. Il y a du vrai dans cette objection, et il est bien évident que l'on ne saurait raisonner que sur les faits actuellement connus, que de nouvelles découvertes pourraient fort bien venir modifier. D'un autre côté cependant, toutes les conclu- sions que M. Barrande tire de ses propres recherches en Bohême peuvent être regardées comme ayant une grande chance de subsister. En effet, les matériaux accumulés par cet illustre paléontologiste sont vraiment prodigieux, et pendant un grand nombre d'années, il n'a cessé de fouiller les couches palaeozoïques de cette contrée. Or la composition des roches dont elles sont formées est si fa- vorable à la conservation des restes d'animaux fossiles les plus délicats, qu'il a été possible d'étudier jusqu'aux plus petits embryons des Trilobites et jusqu'aux plus pe- tits détails de l'organisation complexe des yeux de ces animaux. Il est donc permis de supposer que le bassin silurien de la Bohême est à peu près suffisamment connu pour qu'il y ait peu de chances d'y faire des découvertes assez importantes pour infirmer notablement les résultats déjà acquis. L'avenir montrera ce que les roches anté- siluriennes pourront venir révéler aux investigateurs. P. de L. BULLETIN SCIENTIFIQUE. PHYSIQUE. Félix Marco. Expériknce nouvelle pour démontrer dans les COURS la cause mécanique de l'ébullition. (Note commu- muniquée par l'auteur.) Je prends un tuyau thermométrique avec son bulbe sphé- rique à une extrémité. Je casse le bulbe de façon à ce qu'il reste un tuyau avec une sorte d'entonnoir à bords irrégu- liers. Je plonge ensuite ce tuyau dans l'eau d'un niatras, de sorte que l'entonnoir soit appuyé sur le fond du malras. J'ai ainsi une petite masse d'air emprisonnée par l'entonnoir et par l'eau. J'échauffe enfin l'eau, avec une flamme d'alcool, jusqu'à l'ébullilion. Alors, en plaçant convenablement la flamme, on voit des bulles de vapeur partir continuellement de l'entonnoir. Il est évident que chaque bulle de vapeur, pour sortir de sa prison, doit abattre la muraille d'eau qui l'entoure et vaincre la résistance de cette muraille qui est égale à la pression atmosphérique qui s'exerce sur la surface de l'eau, plus la pression due au poids du liquide, plus la cohésion du liquide. Maintenant on sait que l'eau qui bout dans un récipient renferme toujours des bulles d'air qui demeurent attachées à la paroi par adhésion, et que les bulles de vapeur partent toujours de ces bulles d'air ; une fraction seulement de celles- ci se détache de la paroi avec les bulles de vapeur, pour venir crever à la surface, tandis que le foyer charge toujours de nouvelle vapeur la portion qui reste adhérente à la paroi. On sait également que si l'on dépouille l'eau de ces bulles d'air l'ébuUition ordinaire n'a pas lieu. Cela est établi par 280 BULLETIN SCIENTIFIQUE. nombre d'expériences, parmi lesquelles je citerai celles de M. Dufour qui a porté des gouttes d'eau suspendues dans un mélange d'huile de lin et d'essence de girofle au delà de 178 degrés sans qu'il y eût ébuUition. Mais en touchant ces globules suspendues au sein de l'huile, avec une tige de mé- tal ou de bois, c'est-à-dire en leur apportant de l'air, M. Du- four a vu l'ébuUition se produire immédiatement. M. Kremer * a trouvé par un grand nombre d'expériences que l'eau, privée d'air autant que possible, peut être chauffée de 108° à 200" sans bouillir d'une manière continue. Donc la cause mécanique de l'ébuUition, c'est que dans l'eau il y a toujours des bulles d'air saturées de vapeur qui abattent la paroi d'eau qui les entoure lorsqu'elles ont re- quis une tension supérieure à la résistence de cette paroi laquelle est égale à la pression atmosphérique qui s'exerce sur la surface du hquide, plus la pression due au poids de la colonne liquide qu'il y a dans le vase, plus la cohésion du liquide. En général on ne tient pas compte de ces deux der- nières résistences que doit vaincre la bulle de vapeur pour sortir de sa prison, parce qu'elles sont ordinairement beau- coup plus petites que la première, et l'on dit seulement qu'un liquide bout lorsque la force élastique de sa vapeur fait équi- libre à la pression que la surface du liquide supporte. M. Tomlinson, dans un travail sur les solutions sursaturées et Caction des noyaux ', décrit cette expérience. 11 prit une cage de 37 millimètres de longueur sur 16 de largeur, faite d'un fd de fer très-fin, tel que celui qu'on emploie pour la construction des blutoirs en usage dans la meunerie. Deux cages semblables avaient été préparées ; l'une d'elles fut par- faitement nettoyée et tenue au milieu d'un courant de va- peur d'eau pure, bouillant dans une éprouvette de manière » Voyez les Mondes, 1871 , tome XXVI, p. 87. - Voyez les Mondes, 1871, tome XXVI, p. 284. PHYSIQUE. 281 à mettre sa température en équilibre avec celle de l'eau. En- suite on la descendit doucement dans l'eau après en avoir éloigné la lampe. Il n'y eut aucune production de vapeur, aucun des elTets qui se seraient produits, si l'air avait été un noyau. On avait, dit M. Tonilinson, une masse d'air au mi- lieu du liquide, et cependant il ne s'y répandait pas de va- peur. Cette première cage, qui avait été préalablement puri- fiée, fut remplacée par une seconde, et celle-ci avait été lais- sée dans l'état où l'avait livrée son constructeur. Elle fut sus- pendue dans le courant de vapeur de l'eau du tube, puis descendue dans la môme eau dès qu'on eut écarté la lampe. Aussitôt elle fut couverte de bulles de vapeur, mais on ne remarqua aucune pénétration de vapeur dans la cage, ni au- cune expansion d'air ou de vapeur au-dessus de l'enveloppe métallique. On pourrait croire de prime abord que celte expérience renverse la démonstration de la cause mécanique de l'ébulli- tion des liquides que j'ai donnée, et qui est d'accord avec les idées des pbysiciens sur le pliénomène de l'ébullition. Mais je ne crois pas que cela soit, parce que dans l'expérience de M. Tonilinson, l'air emprisonné dans la cage (puisqu'il dit : on avait une masse (fair au milieu du liquide) est empécbé de sortir par la capillarité, c'est-à-dire l'adhésion de l'eau au tissu métallique et la cohésion même de l'eau. On peut encore demander pourquoi rébuUilion d'un li- quide comme l'eau ne se fait qu'à une température déter- minée, tandis que l'évaporalion se fait à toutes les tempéra- tures. La réponse est facile. Dans l'ébullition chaque bulle de vapeur, pour sortir de sa prison, doit vaincre la pression atmospliérique ainsi que je l'ai démontré, et pour cela, il faut la température à laquelle la vapeur a une tension qui fait équilibre à cette pression. Au contraire, dans l'évaporalion chaque molécule de vapeur, pour voler dans l'air, n'a qu'à vaincre la cohésion qui la lie aux autres, et, cela fait, elle peut pénétrer sans autre obstacle parmi les molécules de 282 BULLETIiN SCIENTIFIQUE. l'air où elle trouve de la place sans élre obligée de les re- culer et de vaincre la pression atmosphérique. L. ScHÔNN. Ueber die Absorptionsstreifen , etc. Sur les BANDES d'absorption DE LA CHLOROPHYLLE. {Pogc/. Annalen, tome GXLV, p. i66 : traduction.) M. Hagenbach dit dans son mémoire sur les propriétés optiques de la chlorophylle qu'il y aurait un grand intérêt à rechercher comment ces propriétés varient avec les diffé- rentes conditions dans lesquelles se trouve la chlorophylle. A ce propos je rappelle ici que j'avais déjà établi en mai 1870, dans ma notice sur la chlorophylle et le bleu des lleurs [Zeitschrift fur anahjUsche Chemie, 1870), les faits sui- vants concernant ces raies : 1° la bande dans le rouge con- siste en deux bords obscurs et une portion médiane qui transmet une partie de la lumière ; 2° la chlorophylle subit sous l'inlluence des acides une modification de ses propriétés optiques; entre les bandes placées dans l'orangé et le vert, par conséquent, d'après M. Hagenbach, entre II et IV, et dans le milieu de cet intervalle il se produit, sous l'action des acides, une bande d'absorption appelée III par M. Hagenbach; 3° avec des feuilles fraîches je ne vis que la bande dans le rouge, mais lorsque celles-ci eurent été desséchées par la chaleur de la flamme qui les éclairait, et furent devenues vert-jaune, les autres raies apparurent aussi. De plus, dans le travail que j'ai publié sur les bandes d'absorption de la chlorophylle (PImrmaceutische Centralhalle, 1871, n° 47), j'ai tlécril en détail les modifications qu'elles subissent sous l'ac- tion des acides minéraux, et j'arrivais aux résultats suivants: 1" Les bandes III, IV, V naissent sous l'action de ces aci- des ; la chlorophylle livrée à elle-même subit avec le temps des modifications analogues. 2" Sous l'action des acides, les bandes obscures s'éclair- cissent, soit sur leur bord le plus réfrangible spécialement, soit sur toute leur étendue. PHYSIQUE. 283 3" Les bords les plus réfrangibles des bandes produites par les acides sont séparées deux à deux par un intervalle constant qui est égal à 10 quand on a : D = 68, E = 87 et b = 90. W, Grûel. Tourbu.lon électrique. {Pocjqmdorffs Annalm, tome CXLIV, page 644.) M. Grùel a imaginé un petit appareil qui met en évidence sous une forme nouvelle le phénomène de rotation décrit par M. Holtz K II consiste essentiellement en un corps de révolution, creux en verre (bouteille, boule ou cylindre) porté en haut et en bas par un axe en acier vertical, disposé sur les deux prolongements de son axe de figure et tournant très-librement. De chaque côté de cette enveloppe de verre se trouve un peigne métallique dont les pointes sont dans un plan vertical; chacun de ces peignes est fixé à l'extrémilé d'une tige en laiton horizontale et porté sur un pied isolant. Pour faire tourner l'appareil, on met une des deux tiges en ' L'expérience décrite par M. Holtz consiste à relier les deux pôles d'une machine électrique quelconque avec les électrodes d'une électro- machine, après qu'on a eu soin d'écarter ces deux électrodes et de ren- dre le plateau mohile de cette dernière machine plus lihre par i'éloigne- ment de la corde à l'aide de laquelle on le fait tourner à l'ordinaire, puis à mettre en activité la première de ces deux machines dont les électri- cités contraires vont s'écouler par les deux peignes de l'électroma- chine sur le plateau mohile. Celui-ci ayant reçu alors une impulsion dans un sens ou dans l'autre indifféremment, continue ensuite à tour- ner et même avec une vitesse de plus en plus grande sous l'iniluence de l'électricité qui s'écoule ainsi sur sa surface. M. Poggendorff, qui a repris et varié de diverses manières cette expérience, l'explique comme suit : une certaine quantité d'électricité ayant passé de l'un des peignes de l'électromachine sur le plateau mobile est emportée dans le mouvement de rotation de celui-ci; lorsqu'elle arrive dans le voisinage de l'autre peigne, elle est attirée par l'électricité de sens contraire qui s'en écoule, et le plateau auquel elle adhère reçoit par là une nouvelle impulsion. (Voyez Poggend. Anvalen, t. CXXX, p. 170; t. CXXXI, p. 495 et 655; t. CXXXIX, p. 513.) 284 BULLETIN SCIENTIFIQUE. contact avec le conducteur de la machine électrique, tandis qu'on touche l'autre avec la main, ou bien on met les deux tiges en contact avec les pôles d'une électromachine (machine de Hollz). Dans le cas où l'on a une machine électrique de cette dernière forme à sa disposition, on peut aussi placer le corps creux mobile entre ses deux pôles et ceux-ci peuvent pour cela, sans le moindre inconvénient, se terminer par des boules. Lorsque les deux peignes métalliques ou bien, dans ce dernier cas, les deux pôles sont placés tout à fait symé- Iriquemenl aux deux extrémités d'un diamètre de la boule de verre, la rotation ne se produit qu'après une petite im- pulsion; elle s'etleclue avec une égale facilité dans l'un ou dans l'autre sens. Mais si l'on éloigne un peu les peignes de cette position, le corps se met de lui-même à tourner comme si les portions de sa surface, qui sont frappées par le cou- rant, étaient repoussées par lui. Lorsque l'appareil est suftisamment mobile, le mouvement de rotation acquiert au bout d'un petit instant une très- grande rapidité, de telle sorte que l'on arriverait sans aucun doute par l'emploi d'une boule percée d'une ouverture laté- rale à faire une ronde électrique. H.Pla-neth. Flammes réson.nanïes. {l'oggeiidoiff'a Aimalen^ ' tome CXLIV, p. 639.) M. Planeth a trouvé que, si on approche un diapason en vibration d'une llamme bi'ùlant à l'air libre, le son produit en est considérablement renforcé, comme si on mettait ce diapason en contact avec la caisse d'un instrument à cordes. Le son acquiert sa plus grande intensité lorsqu'on place la llamme entre les deux branches du diapason. Ce renforcement du son lient évidemment à la résonnance de la llamme. Il y a ici un phénomène analogue à celui de la flamme chantante. Dans les deux cas les vibrations de la flamme se mettent à l'unisson du son qui est propre au corps ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 285 solide vibrant, dans le voisinage duquel elle se trouve, tube de verre ou diapason. Seulement dans le cas de la flamme chantante, c'est la flamme qui excite le mouvement vibra- toire du tube, pour se mettre ensuite à vibrer elle-même synchroniquement avec lui ; tandis que dans le cas qui nous occupe ici, c'est le diapason qui donne le ton,*la flamme se bornant à vibrer à l'unisson. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. ,1. Reverdi.x. De la greffe ÉpmERMiouE. {Note à l'' Académie des Sciences, 27 novembre 1871, et Revue des Cours scientifiques, 1872, p. 734.) En 1869, M. le D' Reverdin eut l'idée de greffer sur la surface granuleuse des plaies de petits lambeaux formés de la partie superficielle des téguments enlevés au moyen d'une lancette. Ces lambeaux composés de l'épiderme entier et d'une couche plus ou moins épaisse du derme contractent au bout de 24 heures une adhérence à la surface de la plaie, s'étendent bientôt sur leurs bords et contribuent à la rapidité de la cicatrisation. Ces résultats furent communiqués à la Société de Chirurgie de Paris (8 décembre 1869) et dès lors la greffe épidermique, découverte par M. Heverdin, fut mise avec succès en usage par les chirurgiens dans le but d'acti- ver la cicatrisation des plaies. Depuis ces premiers travaux, M. Reverdin a fait de la greffe épidermique une étude plus complète et au moyen d'expériences pratiquées dans le laboratoire de M. Cl. Bernard, sous la direction de M. Ranvier, il a étudié le pro- cessus histologique qui y préside. M. Reverdin donne les résultats qu'il a obtenus dans les deux notes que nous ana- lysons succinctement. Les lambeaux ou greffes peuvent être empruntés, soit à des individus différents de la même espèce, soit à des indi- vidus d'espèces différentes. Sur l'homme blanc M. Reverdin 286 BULLETIN SCIENTIFIQUE. a réussi à greffer des lambeaux provenant d'autres blancs, de nègres, de lapins ; sur le lapin il a pratiqué avec succès des greffes empruntées au lapin, à Thomme, au chat; sur le mouton il a grelïé des lambeaux provenant de l'homme. Quand une grelïe réussit, au bout de vingt-quatre heures elle est adhérente, gonflée, ridée; vers le troisième jour il se forme autour d'eUe un cercle rouge lisse et la greffe s'en- fonce au nive;iu des bourgeons; le lendemain le cercle de la veille est devenu gris nacré et prendra peu à peu une couleur blanche; l'auréole rouge s'est avancée, et ainsi de suite; l'îlot formé s'agrandit progressivement, et peut se joindre à des îlots voisins, la proximité de deux lambeaux greffés activant leur développement. Les greffes empruntées à une peau pigmentée se déco- lorent peu à peu et deviennent tout à fait blanches. Étudiant à l'aide du microscope des coupes faites sur des pièces durcies dans l'acide chromique et colorées au carmin ou au picrocarminate d'ammoniaque, M. Reverdin démontre que c'est la partie greffée qui contracte la première l'adhé- rence; eUe se prolonge en forme de bourgeons qui entrent en connexion avec le tissu embryonnaii'e de la plaie. Les cellules épidermiques sont en desquammation, les noyaux présentent la forme vésiculeuse. La couche épidermique s'élargit bientôt, se dissocie plus ou moins en forme d'éventail formé par des cellules épider- miques volumineuses paraissant spliériques et renfermant un gros noyau rond. M. Reverdin n'a jamais vu de prolifé- ration des cellules appartenant à la greffe. Pendant ce temps, à la surface de la plaie, le derme s'est modifié, mais consécutivement au bourgeonnement des cel- lides de la greffe : il s"y est formé des vaisseaux embryon- naires et la surface du derme ne tarde pas à être transformée en tissu embryonnaire. L'épiderme transplanté agit sur ce derme par action de contact pour déterminer les surfaces embryonnaires contiguës avec lui à se transformer en épi- BOTANIQUE. 287 derme, et cela par transformation des cellules embryonnaires des bourgeons cliarnus en cellules épidermiques. D' P. BOTANIQUE. D' Paul Bkrt. Recherches sur les mouvements de la SENsrnvE. Bien que M. Bert ne soit pas un botaniste de profession, les questions pliysiologiques sont cependant loin de lui être étrangères. Le mémoire que nous avons sous les yeux est le second que Fauteur a consacré à l'étude des mouvements spontanés si étrangement développés dans la sensitive. Si l'on peut regretter que M. Bert n'ait pas accordé une place plus étendue à la discussion des opinions émises par d'autres physiologistes, il n'en reste pas moins vrai que son mémoire abonde en observations neuves, témoignant de recherches minutieuses. Signalons brièvement ses résultats les plus im- portants. M. Bert a d'abord étudié, au moyen du galvano- mètre, la différence de température entre le renflement mo- teur situé à la base du pétiole et la lige elle-même. Il a constamment observé que la température du renllement est notablement inférieure à celle de la tige, sans avoir pu ce- pendant exprimer cette ditférence en chiffres. Il croit que ce refroidissement doit être attribué à des actions chimiques dont cet organe serait le tliéàtre. Pendant les mouvements, conséquence d'une excitation quelconque, la température s'élève légèrement, mais pas assez toutefois pour rétablir l'équilibre avec la tige. - Passant ensuite aux relations de ces mouvements avec la lumière, M. Bert a répété les observations déjà faites sur l'inlluence d'une obscurité ou d'un éclairage continu. Gomme ses prédécesseurs, il a remarqué une certaine irrégularité dans les mouvements périodiques, suivie d'une immobilisa- tion complète avec perte de la sensibilité. A la lumière con- tinue le pétiole primaire est immobilisé « par en haut,» c'est- 288 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ;i-(]ire relevé contre la tige : clans le second cas, au contraire, il est immobilisé « par en bas, » c'est-à-dire abaissé contre la tige. Les résultats obtenus sous Tinduence de lumières diver- sement colorées ont été déjà mentionnés dans les Archives (octobre 1871. page 112). Abordant entln . après quelques autres observations de détail, les questions théoriques générales, M. Bert établit dès l'abord une distinction absolue entre les mouvements spontanés et les mouvements provoqués de la sensitive. Il se place en cela en opposition avec les savants, principa- lement allemands, qui ont récemment traité ce sujet. Pour lui, les mouvements spontanés sont dus à des variations dans la quantité d'eau que renferme le renllement moteur, variations qu'on pourrait peut-être attribuer à Taccumula- tion, à certaines heures du jour, d'une substance endosmo- tique qui. par ses propriétés particulières, attirerait les li- quides renfermés dans les tissus ambiants. Les mouvements provoqués, au contraire, seraient la conséquence d'une pro- priété particulière du tissu de la moitié inférieure du renfle- ment moteur: cette propriété, qui n'est pas la contractilité musculaire, consisterait dans la faculté de se détendre, de perdre son énergie sous l^influence de certaines excitations. Ce n'est pas ici le lieu de discuter en détail les opinions émises par M. Bert. Remarquons seulement que la présence de cette matière endosmotique (qui, du reste, n'est pour lui qu^une hypothèse) paraît difficile à admettre. Si elle se pré- sente sous la forme d'un précipité, comment aurait-elle échappé à tous les observateurs ; si, au contraire, elle est dissoute, les propriétés de la diffusion l'auraient bientôt ré- pandues dans tous les tissus et ne permettraient guère son accumulation dans un point donné. M. M. 289 m ^ OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR Pendant le mois de FÉVRIER 1872. Du 1 au 6, inclusivement, brouillard épais pendant tout le jour avec dépôt abondant de givre. Le 7 et 8, brouillard le matin et le soir. 9, brouillard le matin, clair le soir. 10, forte gelée blanche le matin. H, id. id. 12, brouillard tout le jour. 13, id. id,, bruine. 14, brouillard le matin. 15, pluie et neige, hauteur de la neige 5 centimètres. 18, forte gelée blanche le matin. 19, halo lunaire dans la soirée. 21, brouillard le matin. 26, de et» matin à e^ soir, fort vent SO. et pluie. 27, dans la soirée la bise se lève avec assez de force^ elle tombe le lendemain matin . 29, forte gelée blanche le matin. L'hiver 1871—72 a été remarquable par le calme très-inusité de l'atmosphère; au commencement de décembre, le 2 et le 5, la bise a soufflé avec quelque intensité, plus faiblement le 11 ; mais depuis ce jour jusqu'à la fin de février, il ne se trouve aucune indication du vent, sur les 9 observations diurnes, accompagnée du chiff're 2, c'est-à-dire désignant un vent un peu fort. Archives, t. XLIII. — iMars 1872. 20 290 Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMUM ^^^'^"'"- mm Le 1" à 10 h. matin 732,58 ^^^ ^^ , _^ ^^ ^^^^.^^ 726,51 7 à 10 h. matin . '^l ,82 ^ ^ ^ ^^ ^p^,,^_^ ^^ 728^78 10 à 10 h. matin "'^^'^^ ^^ .-, ^ ^ après m 717,37 18 à 10 h. matin • ^31 ,2S ^^ ,^ ^ ^^ ^^p^,^^ ^^ 728,23 22 à 10 h. matin '^2,82 ^^ ^^ ^ ^^ ^^.^. 718,09 29 à 10 h. matin 731,70 Limnimètre àll h. S OSO5CJ0030Q0 1 IOO1'œCO-^-*00'5'1»l^-*~*0«X> osoososoost^oooin-jïooooi^osi— -^i0 2«i-i-i^t-LOOsçciocDco c3 L0l^'«X'?1CO'>'1i:DCSC05C-^«?0iO>»)'î0G^12OSrttD00l— '-OCOfOîTSOTH +++++++++ I ++++++ I + I + + 4-+++ I I +T ^ « c « !* 1 5 O î — ^ • osccroxfO-^t^oo'>'ie'iosi--c--i~-ot^5rar-'^ososîOOS5rti:~ix>oc'3 ç an 20 CO LO_~* Ol^S5l^-7«T-OC5CS 10_05_0 S-l^M^S-I^IO 00_(3-l_-^S'\îD •th_O_0S_ = o o o o'o o cTo o o"o"o o'o'o'o'o'o'o"— '-^'o"— «'■^"ro o'o'-h'o s I I I I I++++I I+-I-++++I I +++++++ 1 I I E tCS^C'5 00-<î'iS>'(00'r^O«r-CC<îlîO-«+l'-iOîCS'lCOOS020<5-10S5-10r-lC .2 COI>-__OSîDXCOOG'10(?ia'1^fO'^OOS(îl-^^-Oœ05rOœ_OSCO»^CO">*»0 -T3 0SOC0XOX20l-'X- 2^ r- f^ OSCO-^COîCœ-^OSXt^COCOt^— fO — œCD— <'"îD-^OS'10 5flI>iS-1;5 i3-i_ CO sn -»j^o_ -* s OS -^t-- OS_iS'J^-r^05 O sn •^ O ÎO ■^-!- O O 00 00 00 •-^■«* ÎO -^ -^ = co'o o'o's'f CO CO îc (^îco •r-"(?î(îf *f 00 CD çî co's'f co'co'îo'co"— «' -^ "M X sft o + 1 +++++++++ ++++++++ I I I ++ — i COOSX--i'>5*il^OCOCOS'1'?1100XOl^-!-<îr3'r-i.«0>*XXX-^OJ~-r^ e^ t'^oo o CO •TH_os^os_^co_os_^t--__o^'^_co_-'_— co__x_,co os__:o xi -^ CO i--^ 00 oT o o os" os" O5"r-'ro'-*''^~x'o'os'o"os'os'os'"-^"os' t-"" -«S"' o'(m'os'o" CO(M(5'1(î^(3^COCO'5^1(ï1COS'13^6 i^' t— r- I-- t^ r- r- t- t- r- i- t- i-~ 1^ t- i>. t> r- 1^ t- I- r- 1-- t- Jours du mois. •r<(NCO'^2rtCDt:^X05 292 xMOYENNES DU MOIS DE FÉVRIER 1872. 0 1j. m. 8 11. m. 10 h. m. Midi. -2 h. s. Baromètre. 4 h. (i 11. s. 8 h. s. 10 11. s. , ^Ki"> uim mm mm inin mm mm mm mm 1" décade 729,45 729,67 729,97 729,68 728,99 728,91 729,08 729,39 729,43 2» . 725,76 726,25 726,18 725,9o 725,24 725,00 725.41 725,66 725,87 3« . 727,32 727,6o 727.84 727,67 727,17 726,97 727,17 727,35 727,49 Mois 727,52 727,86 728,00 727,77 727,13 726,96 727,22 727,47 727,60 Température. l'«décade— 2,1.^ — 2,15 — 0,62 -f- 0,52 -f- 1,63 -+- l!'34 + 0,53 — o"l6 — 0°83 2e . + 0,07 + 0 49 -f- 2,30 -f 3,96 + 5,25 + 4,97 + 3,60 + 2,72 + 1,86 3« . -f- 2,99 + 3,59 + 5,00 + 6,12 + 6,77 + 6,59 + 5,69 + 4,51 + 4,24 Mois + 0,21 + 0,.^5 + 2,13 + 3,45 + 4,48 + 4,22 + 3,19 + 2,28 + 1,67 Tension de la vapeur. f" décade mm 3,91 mm 3,90 mm 4,19 mm 4,44 mm 4,32 mm 4,49 mm 4,53 mm 4,49 mm 4,28 2e 4,47 4,41 4,72 4.92 4,82 4,73 5,16 5,06 4,93 3« 5,10 5.11 5,17 5,26 5.45 5,27 5,18 5,35 5,35 Mois 4,47 4,45 4,86 4,84 4,82 4,95 4,96 4,84 Fraction de saturation en millièmes. 1 '■« décade 994 994 952 932 854 893 945 982 981 2* 960 912 872 831 736 750 870 907 930 3« 883 854 780 734 729 717 743 828 846 Mois 948 922 871 836 774 789 857 908 921 Tlierm. min. Therm. max. Clarté moy. du Ciel. Température du Rhône. Eau de pluie Limnimctre. ou de neige. 1" décade 0 — 2,72 -\- %\1 0,82 0 4,09 mm cm 0 88.9 2e . — 0,88 -f- 7,71 0,69 4,55 37,5 93,2 3* + 1,94 + 8,19 0,72 5,09 48,7 97,6 Mois 0,64 + 5,95 0,75 4,56 86,2 93,4 Dans ce mois, l'air a été calme 3,07 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,51 à 1,00. La direction dé la résultante de tous les vents observés est S, 45o,6 0., et son in- tensité est égaie à 29,06 sur 100. 29;r TABLEAU UES _£_ ^ OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES M SAINT-BERNAHli pendanl LE MOIS UK FÉVRIKH 1872. Le 4, maguifiijue aurore boréale, depuis S'/a li- du suir jusqu'au lendcuiaiii à 5 li. du matin, lard le soir. presque tout le jour. tout le jour. le soir. tout le jour. le matin. une partie de la journée. tout le jour. le matin et le sou-. presque tout le jour. le soir. tout le jour. id. id. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. 1! brouill 12 id. 13 id. 15 id. 16. id. 1", id. iO, id. 21, id. ^2, id. 23, id. 2i, id. 25, id. 26, id. 27, id. MAXIMUM. mm Le 1 a 10 h. matin 567,32 7 à S h. matin 567,13 22 à m h. matin 565,48 29 à 1(» h. son- 565,i9 MIMMLM. mm Le 4 à 6 h. matin .......... .561 ,59 16 à 8 h. matin 553,17 26 à 10 h. soir 553,23 •sioranpsjnof i^ ^ P' ?*,•* i^i^ j^ *^ i^ w *» — en o;ocook-s.i^*»-*.oœiOit«i«i-oo5 5^ è: :t li 2î '■^ ^' 1* *^">i»-"cr' t« 05*"^ o o» w oc — 'o « o t^ — V o oc o; OiOCtOOOi— «-•iJ^iOOCaOCOOOCOtOi:Dt&COl>£,COOCOCOl>6Cn*^ — 3 i' Hauteur moy. (les 24 heures. 133 sa -1 O 3 ce CI -^ ^*>. *^ «. ÇO W W *». T>- 4». *. -. *, W o o o IO W CC^ et c: 4^ t« — t« Ci ro "i s î5 ^! ^ Se; ^ ïï;~^9iï'=® "«»''*"''=''''* ""'«"s»''» «O Vt«"-a o o w — co-j.f..OîWt«ooiNSc:'-.cococi«o; — ooo5pt~wcow p' Ecart avec la hauteur normale. jw 00 w w œ w w _*^ w *». w *«- p w ^ p œ p i<) £; ce 5- C-- & o; — — Es oi 2;d'^i'''2co»»jo^'— -lo — — oj'.jji.ow^i'^biDjQc'isbîœli/bc ocoi-swi-i-e^*.t«Ci-)ooc-^o;*~w§05WMÏio^o=ooiSo S 5" 2 s 3 3 ±: i^ ?J ;r 2c oc — V '»- "^ w œ ce en ^l 'en V "■— V- o; ce Vs — "to — en 1* o w COe>.-WOCe*>coocœ'— .^O — ^'-l-i' — CDC0*».*-*>.p«>-i;ce*>.M*>-C0l.S 3, p' Maximum 1 1 M 1 1 1 1 1 M l^il I 1 1 1 i 1 1 1 I 1 1 1 1 1 1 *- j-a o cï — _*- pc cî ,--1 j*>- ,-J ^o p j» j:c œ oc j» j» .-J œ c: jw ,^ jK _-j p p *^ ^ 1^ o Vi ce "— i£i '>ti. V% Vi ce V "i;« 00 OC Ce en "g: Ce "-4 ce î* b: '--i "*». en bs se ooc — oî05^-4^ — ceoîCiot'Sc;.^oc*^^C5>^eeoo.^o;.>-*».^o o Moyenne lies 24 heures. Température C. r __*- p in& — j-j _>(*. p _t.& __— jî^ p — _— p p o p p p — ^14 _i6 en _;-^ W — ^t-i/ _k* _*>- — 00 «: œ. — ce ce "«^ t* î« o œ c; C5 o 'te Cîi Ci i-s bi bo c; "-j ce t-6 œ eu oo "t^ oo:i-scDeoc50-j(i^aiooo — o — Cice — 00 — cnoo^i.cooo — t^oc^ o Ecart avec la température normale. 1 1 1 1 i 1 1 1 1 1 M 1 1 M 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 w *^ ji. œ ce -a ce 00 00 05 — j— — co o__— p o o oo oc -4 *^ Wj-jp cc__-jp "-l 'is 1« o o w V o 05 i>s 00 00 bo oî "*>. '-1 o en o Vs c: bo oc "cî 'ix w o bo o - 5' 3 c 3 5 1 1 1 l + l 1 1 1 1 i I 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 l + l 1 1 1 1 — bs oo_t-o ce i«_s en 00 p c; pc ^ _-~i pc p 4». ce ce o ce *> it» w ce ,»« co "t>- c *- — "c o — i>s o ce o "-J c: 1-s ce o èe V "-a "ce o c- '» o "en "i-s o V o g X 3 e 3_ ' • • • o Ôc ce • ' * • * ^ ■' I ce • i I .' I ^ I 1 * 1 *. • • ■ • • • oociî o 3. §■ Hauteu de la neige. Pluie ou neige. 1 1 ! ^ „"^J^ j^ 1 ^ I 1 ! I 1 ' i* ! ! I r ; .' I ; ! ; ; I I J* •••COCDflCï*»»» •••»^ C5 3 o" s 1 • I cocej • * • • i I i * ■ J ■ •* • 1 • i * •" • • • • II Z Z Z Z Z ^-' c^- cr.' Oî ce tA- o: 2 2 :/; ix W2 V3 w ce z c/3 -y-, t» ^ çg oc jç ^ KRHKHppppOpOKHppOOppHOpOCpopp Vent dominant. o o oco œbo œ ce co^"^ OÎ& «: a — obcee © owgtjgooooo — oo*-œ-jcet«i4(Ceceo-=- — *>.ce = co— — >— ceoo — oo — o Clarté moyenne (lu Ciel. , 1-3 I a > P5 00 te 295 MOYENNES DU MOIS DE FÉVRIER 1872. lili. m. 8 11. m. 10 h. m. Midi. 2 li. s. 4 li. s. C h.^;. 8h. s. lOli.s. Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm nim 1'^ décade 564,40 d64,61 564,77 564,64 564,44 564,51 564,51 564,64 564,69 2' . 560.87 560.85 560,86 560,89 560,83 560,80 56l,02> 501,10 561,19 3e . 561 35 561,68 561,84 561.70 561,60 561.57 561,74 361,79 561,95 Mois 562,24 562,40 562.51 562.43 562.32 562,32 562,45 562,53 562,63 Température. 1 " docade — 0 0 . 6,1 1 _ 6,38 — 0 5,39 — 3,06 0 0 0 — 3,17 — 4,31 — 6,50 0 0 — 6,82 — 6,70 2« . — 10 02 — 9,30 — 7,89 — 7,24 — 7,0i — 7,37 — 8,67 • — 8,93 — 9,19 3* . — . 7,7J — 7,08 — 0,01 — 4,00 _ 1,03 — 5,11 — 6,64 • _ 7,06 — 7,19 Mois — ■ 7,96 — 7,60 — 6,J3 — 4,79 — 4,77 — 5,61 — 7,29 — 7,62 — 7,71 Min. observé.' Max. observé.* Clarté movenm- lôau de [)luic du Cie'l. ou de neige. Hauteur delà neige tombée. l'« décade 0 — 7,31 _^ 0 2,57 mm 0,15 0 mm 0 2e . —10,37 — 663 0,54 2,4 30 3' • — 8,82 — 3,10 0,65 20,7 205 Mois — 8,83 — 4,13 0,44 23,1 235 Dans ce mois, l'air a été calme 13,41 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,66 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 45" 0., et son in- tensité est égale à 19,92 sm 100. ■ Voir la noie du tableau. SUR LA NATURE DE L'ÉLECTRICITÉ PAR M. E. EDLUND (Mémoire préseolé à ricadémie des Sciences de Stockholm, le 10 jaDvier 1872). Seconde partie'. Dans la première partie de ce travail, nous avons es- sayé de montrer que les phénomènes tant électrostati- ques qu'électrodynamiques peuvent être expliqués à l'aide de l'éther de lumière. La même base de démonstration va nous servir à expliquer quelques-unes des autres pro- priétés principales du courant galvanique. 4. Les phénomènes d'induction galvanique. Une mo- lécule m' se trouve au repos, si elle est également re- poussée de tous les côtés par l'éther qui l'entoure. Sup- posons maintenant que, par une cause quelconque, l'éther a été comprimé en un point a dans le voisinage de m', la répulsion exercée de ce côté-là sur m' sera nécessaire- ment plus grande que des autres. Par suite, la molécule m' ne pouvant maintenir intact son état d'équilibre, de- vra chercher à s'éloigner du point a. Il en sera de même de toutes les molécules qui se trouvent dans la sphère d'action de l'éther comprimé. La conséquence en sera que l'éther devra se raréfier dans le voisinage de a. La masse d'éther qui se trouve à une plus grande distance de a, et dont par suite la densité n'a pas subi de modi- fication sensible, cherche maintenant à ramener vers ce point l'éther qui se trouve dans le voisinage de a. Dès que la raréfaction autour de a est parvenue à une certaine hmite, les molécules entrent pour cette raison dans un * Voir, pour la première partie, le numéro de mars. Archives t. XLIII. — Avril 1872. 21 298 NATURE DE L ELECTRICITE. nouvel état d'équilibre, qu'elles conservent aussi long- temps que continue raccroissement de densité en a. Si maintenant cet accroissement cesse tout à coup, les molé- cules autour de a reprennent leur équilibre primitif et parcourent dans ce cas, quoique en sens inverse, le même chemin que lors de l'accroissement de la densité. Une modification correspondante doit s'opérer dans l'état d'équilibre des molécules environnantes, si l'éther en a subit une raréfaction au lieu d^ine compression. Mais la direction du mouvement des molécules est inverse, dans ce cas, de ce qu'elle était dans le cas précédent. Elles se rapprochent de a au commencement de la raré- faction et s'en éloignent quand elle cesse. La grandeur du déplacement est la même pour le rapprochement que pour l'éloignement. Il est évident, au reste, que la modification de l'état d'équilibre d'une molécule ou la grandeur de son déplacement ne dépend pas exclusivement de la modifica- tion que subit la répulsion de la masse d'éther qui l'en- toure jusqu'à une certaine distance, mais qu'elle dépend aussi de la facilité avec laquelle la molécule se meut, ou, en d'autres termes, de la résistance de conductibilité, de même que de l'action des molécules les plus rapprochées. Nous avons admis, dans la première partie de ce travail, que l'action d'une molécule sur une autre varie en raison inverse du carré de la distance. Gomme nous l'indiquions aussi, cette règle n'est applicable que dans le cas où les molécules se trouvent à une distance suffisante l'une de l'autre. Si les molécules sont en contact, ou qu'elles se trouvent à une distance moléculaire l'une de l'autre, la loi de répulsion sera peut-être différente, circonstance qui n'influe en aucune manière sur la considération actuelle. Il est évident que les molécules d'éther entourant a de- vront modifier leurs positions d'équilibre si, par une cause NATURE DE l'ÉLECTKIGITÉ. 299 quelconque, la répulsion exercée sur elles par l'éther de a subit une modification sans que cet éther devienne plus dense ou plus lare. Or la mise en mouvement de l'éther de a produit une modification de cette nature. Si donc l'on met le dit éther en mouvement, les molécules de la masse d'éther environnante devront être déplacées, et elles resteront dans leurs positions nouvelles aussi longtemps que l'éther de a continuera son mouvement sans modifi- cation. De l'instant où ce mouvement cesse, les molécules retournent à leurs positions d'équilibre originaires. Telle est, suivant nous, la cause de l'induction galvani- que. Quand un courant galvanique commence dans le voisi- nage d'un circuit fermé, les positions d'équilibre des molé- cules d'éther sont modifiées non-seulement dans le circuit fermé, mais encore dans le milieu isolant qui l'entoure, et le courant d'induction n'est rien autre que le passage des molécules de la première position d'équilibre à la seconde. Le nouvel état d'équilibre de l'éther dans le circuit fermé n'est pas exclusivement déterminé par l'action directe (lue le courant inducteur exerce sur lui, mais il l'est aussi par la modification de l'état d'équilibre dans l'éther du milieu environnant et isolant. Dès que cesse le courant inducteur, les molécules d'éther retournent à leur posi- tion primitive d'équilibre, et l'on a, par suite, dans le circuit fermé, un courant d'induction égal en intensité, mais opposé dans sa direction à celui du premier cas. Quand on approche ou qu'on éloigne un courant induc- teur d'un circuit fermé, l'effet est évidemment le même que lorsqu'un courant commence ou cesse dans un cir- cuit au repos. Quoique l'on n'observe pas de courant d'induction proprement dit dans le milieu isolant, vu que la grande résistance de conductibilité empêche la naissance 300 NAÏUKE DE l'électricité. d'nn courant de cette nature, on n'a cependant nullement le droit d'adnaettre que les molécules d'éther y restent parfaitement à l'état de repos. Leurs positions d'équili- bre s'y modifient aussi puisque l'expérience a démontré qu'aucun corps ne peut être considéré comme absolu- ment non conducteur. Si deux molécules d'éther m et m' sont au repos et se trouvent à la distance r Tune de l'autre, leur répul- sion réciproque est, d'après ce qui a été dit précédemment, mm' ^ „ . . , , ,, . . Pour I unité de mesure des masses dether. nous avons évidemment pris ici la masse d'éther capable de donner à une autre masse d'éther d'égale grandeur l'ac- célération 1 dans le temps 1, la distance entre les masses étant 1. Si par contre m* est seule au repos tandis que m se meut avec la vitesse constante h dans une direction formant l'angle B avec la ligne de jonction entre ces deux molécules, on a, pour le cas où m se rapproche de m', cas dans lequel on désigne l'angle aigu par 0, comme expression de la répulsion d'après l'équation (1) de la première partie de ce travail ; - ^[l+^(-/* <'0s 6)4-J. (jr[l - cos^ 0] )]. Pour le cas où m s'éloigne de m', et en désignant l'angle obtus par 6, on obtient la même formule, à la seule différence près que h cos 0 (qui est égal à la pro- jection de la vitesse le long de la ligne de jonction) pré- sente alors un signe contraire. Suivant les équations (7) et (10) on a : j, /— [1-cos^ 6] )=-^- h' (i— cos*(i), et k y (_A cos 9) = — ak cos 9 — -r- h* cos^ 9. NATURE DE l'ÉLECTRICITÉ. 301 En faisant entrer ces valeurs des fonctions \|; et cp dans l'expression ci-dessus de la répulsion entre deux molé- cules, dont l'une seule est en mouvement, on obtient : -^[}-f'f^ cose+|yi*(i-|cos*e)]. . . . (12). Si m s'éloigne de m', l'angle B est obtus, et le second terme devient positif. La formule (12) exprime la répulsion directe entre m et m' , la première étant en mouvement et la seconde au repos. Or la molécule m' est aussi repoussée par tout le reste de la masse d'éther qui l'entoure. Au premier in- stant, avant que les molécules aient pu modifier leurs po- sitions d'équilibre, la résultante de la répulsion exercée sur m' par tout le reste de la masse d'élber environnante, sera égale à la répulsion entre m considérée au repos et m' , mais aura une direction opposée à cette répulsion. Cela ressort avec évidence du fait que la résultante des répulsions exercées sur m par toute la masse d'éther en- vironnante était égale à zéro quand la molécule m se trouvait encore au repos. On obtient donc la somme des forces qui, au premier moment oîi m s'est mise en mou- vement, agissent sur la molécule m' , si l'on retranche de la répulsion exprimée par la formule (12) la répulsion entre m et m' quand la première est sensée au repos. II suit donc de là qu'au premier instant la molécule m' est repoussée le long de la ligne de jonction entre m et m' avec une force qui s'exprime par + ^' [flA ces 9- ^ '^'(^-1 cos^ 9)] (13). Si cette expression est négative, la molécule m ' cher- che à s'éloigner de m dans la direction de leur ligne de jonction ; si, au contraire, par contre elle est positive, un 30!2 NATURE DE l'ÉLECTRICITÉ. rapprochement s'opère le long de la même ligne. Si m s'éloigne de m' , l'angle G est plus grand qu'un angle droit, et, par suite, le premier terme est négatif; si, par contre, un rapprochement a lieu, le même terme est po- sitif. Si maintenant u. désigne la quantité d'éther en mouve- ment sur l'unité de longueur du conducteur dans lequel se meut m, et que ds soit l'élément de ce conducteur, m sera égal à iids. Or [xh est égal à l'intensité i du courant. On peut remplacer d'une manière analogue m' par jui'ds' . On obtient de la sorte, au lieu de la formule (13), "*" ^ ^ cos e — |/i(l- |cos'^9n ils ds .... (14). La formule (14) est l'expression de la force avec la- quelle un élément du courant inducteur, dont l'intensité est i, cherche au premier instant à mouvoir la quantité d'éther fji'ds' dans le circuit induit le long de la ligne de jonction entre les deux éléments. C'est là la valeur ma- xiraa de ''^ette force; dès le premier moment, elle diminue toujours de plus en plus jusqu à ce qu'enfin elle devienne égale à zéro quand les molécul avec les coor- données x^, y^, z^, situé daus le cercle induit, est alors égale à -j- ^x^'^-\- (y^ -^fRJ^F^^ , ou, ce qui revient au même, à + V /^^ 2 _|_ /f 2 JjTgjR y^ + z^ ^ • La tangente de l'élément d& est parallèle à l'axe des x, et si l'on admet que le courant inducteur passe dans la direction positive de l'axe des x, cos 0 = ^ , il change par conséquent de signe avec a;,. Si l'élément ds' du courant induit est compté du côté opposé à la direction du courant in- ducteur, cos 6/' sera égal à^ , qui change aussi, par conséquent, de signe avec x^. Si Ton introduit dans la formule d'induction (18) ces valeurs de r, de cos h et de cos 6", on obtient : Il résulte de là que l'induction de l'élément d8 est égale dans les deux moitiés en lesquelles le circuit induit est partagé par le plan des yz, que les courants induits vont du même côté et en direction inverse du courant inducteur. Mais il est évident que chaque élément du cercle in- ducteur a la même action inductrice que l'élément ds considéré ci-dessus. L'induction totale du cercle induc- teur sur un élément du circuit induit, sera donc : or d!s'= -. -— L , et x,*=R,^ — y,*. Si l'on introduit tant ces valeurs que celle de r, et si après avoir pris Tin- NATURE DK l'ÉLEGTHICITÉ. 313 tégrale entre les limites y^ = -\- R et y,= — R,, on multiplie cette dernière par'^, on obtient, comme expres- sion de rinduction totale, après avoir remplacé y^ par R^u et, par conséquent, dy^ par R^ du : M = — 1 Feligi a démontré expérimentalement le principe sui- vant : soient deux circuits de courant circulaires A et B, d'un rayon égal R, parallèles, placés à la distance z l'un de l'autre, de telle sorte que la ligne unissant leurs cen- tres forme un angle droit avec ces plans; deux autres circuits circulaires de courant C et D, ayant tous deux un rayon égal à jR,, sont placés de la même manière, mais à une distance z^ l'un de l'autre, telle que 4" = ;^ ; si maintenant on fait passer par chacun des cercles A et C un courant inducteur d'une intensité égale, les cou- rants induits de 5 et de D seront entre eux comme le rayon R est au rayon i?,. On peut, à l'aide de ce principe, déterminer la fonction F(r). Si, dans la formule intégrale ci-dessus, on rend R = R^ et F{r) = br = b ^^ÎP^RHÎ^^ , où 6 est une constante, on obtient : M = 1 Gomme ce qui se trouve sous le signe d'intégration est indépendant de ii , si ^ reste constant, le courant d'induction sera proportionnel k R en conformité avec les expériences de Felici. ARcmvES, t. XLIII. — Avril 1872. 22 314 NATURE DE LELECTWCITÉ. Au lieu de la formule (18) on obtient, de la sorte, comme expression de l'induction entre deux éléments : -f — cos e cos 0' ds ds' (20). Afin de constater si les résultats théoriques obtenus par la formule (19), après la détermination de la fonction F(r) de la manière indiquée ci-dessus, concordent avec l'expérience, M. le docteur Sundell, professeur agrégé de l'Université de Helsingfors, s'est livré à un grand nombre d'expériences au laboratoire de physique de l'Académie royale des Sciences de Stockholm. Une en- quête de cette nature était nécessaire pour arriver à con- trôler d'une manière rigoureuse les résultats théoriques obtenus, car l'on n'avait auparavant qu'un nombre très- restreint d'expériences pratiques applicables au but que nous poursuivons ici. Nous prenons la liberté de commu- niquer une série de ces expériences, en renvoyant le lec- teur pour plus de détails au travail même de M. Sundell' . Le rayon R de la bobine d'induction était égal à 21,7 centimètres, le rayon R^ delà bobine induite à 7,1 cen- timètres, La distance entre les plans des deux cercles est indiquée en centimètres sous la lettre z. Déviation du magnétométre. 2 Observée. Calculée. Dltférence. 1,5 ... . 176,0 176,7 +0,7 10 127,4 128,3 +0,9 15 .... . 93,3 93,4 +0,1 20 66,1 66,0 —0,1 25 46,8 46,6 —0,2 30 33,8 33,3 —0,5 40 17,9 18,1 +0,2 ' Œfversigt af Vel.-Ak. Fôrh. (Bulletio de l'Acad. des Sciences.) Février 1872. j NATURE DE l'ÉLECTHICITÉ. 315 La concordancL' entre les calculs, d'une part, et les expériences de M. Sundell, de l'autre, est pleinement satisfaisante à tous égards; Si le cercle inducteur se trouve dans le plan des xy avec le centre à l'origine, et le cercle induit dans le plan des yz, mais de telle sorte qu'il n'ait son centre ni sur l'axe des z ni sur l'axe des y, l'intégration fait disparaître le terme de la formule d'induction (17) dans lequel entre cos 0, tandis que l'autre terme, qui contient cos* 6/ est le seul qui reste. Un arrangement pareil des circuits d'induction est par conséquent convenable pour recher- cher si ce terme a ou n'a pas une puissance d'induction appréciable. M. SuxXDELL a fait, au moyen de ce procédé, des expériences qui n'ont pas donné de résultats certains appréciables, ce qui corrobore de même la déduction théo- rique exposée ci-dessus. La loi vraie de l'induction entre deux éléments est donc exprimée par la formule (20) donnée plus haut. En vertu des bases sur lesquelles reposent les recher- ches théoriques auxquelles nous venons de nous livrer, il est évident que la formule en question s'applique aussi au cas où l'induction a lieu avec une intensité constante du courant et résulte de ce que la distance entre l'élément inducteur ds et l'élément induit ds' diminue depuis l'in- fini jusqu'à r. 5, Répartilmi de ïélher libre au repos sur le fil con- ducteur entre les deux pôles d'une pile. Quand un fil con- ducteur doué d'une résistance considérable relie les pôles d'une batterie galvanique, il se produit, comme on le sait, de l'électricité libre à la surface du fil. L'électricité posi- tive du fil présente son maximum de tension au voisinage 316 NATURE DE l'ÉLECTRICITÉ. du pôle positif. A mesure que l'on s'en éloigne, l'élec- tricité positive diminue, et si dans toute sa longueur le fil présente la même résistance de conductibilité, il existe au milieu de cette longueur un point indifférent passé lequel la seconde moitié du fil se montre négativement électrique avec une tension croissante vers le pôle négatif. Quand la résistance du fil est plus grande vers une extrémité que vers l'autre, le point indifférent est plus près du côté de la plus grande résistance. La différence entre les ten- sions électriques à deux points du fil, divisée par leur ré- sistance réduite de conduclibilité, est partout constante. Cette position d'équilibre de l'électricité libre paraît difficile à expliquer, car il semble que l'électricité né- gative et l'électricité positive devraient franchir le point indifférent pour se réunir. On n'a pas non plus donné jusqu'ici à cet égard d'explication satisfaisante libre de toute hypothèse arbitraire. La théorie présentée par nous offre comme d'elle-même cette explication : quand un courant galvanique commence, les molécules de la masse d'éther environnante abandonnent les positions d'équilibre qu'elles avaient eues jusqu'ici , et passent dans de nouvelles positions. Il en résulte un courant in- duit dans un conducteur fermé voisin. Les molécules qui se trouvent dans un corps non conducteur voisin, sont également chassées de leurs positions d'équilibre et en prennent de nouvelles, quoique le défaut de conductibi- lité ne permette pas la naissance d'un courant d'induction proprement dit. Les molécules restent dans leurs nou- velles positions d'équilibre aussi longtemps que la cause agissante (le courant galvanique) continue avec une force constante. La loi de l'action d'un élément du courant in- NATUKE DE l'ÉLEGTHIGITÉ. 317 ducteur sur un élément du courant induit et exprimée par les formules ci-dessus. Mais il est évident qu'il en doit être parfaitement de même de deux éléments ds et ds' dans un seul et même circuit fermé. Le courant galvani- que cherche donc à produire dès son origine un courant de sens inverse au sien propre. La force électromotrice de ia pile apporte obstacle à ce mouvement. L'éther du fil conducteur qui unit les deux pôles est conduit par la force d'induction vers le pôle positif, et s'y rassemble jusqu'à ce que sa tension soit suffisante pour vaincre la résistance apportée par la force électromotrice ou pour surmonter la force inductrice. Il est parfaitement évident que la densité de l'éther doit diminuer à mesure que l'on s'éloigne du pôle positif. La masse d'éther con- tenue dans le fil étant constante, il doit, quand cet éther est conduit vers le pôle positif, en résulter un déficit d'é- ther au pôle négatif, et ce déficit sera aussi grand que l'excès du pôle positif. Une conséquence directe de ce qui précède, c'est que la différence algébrique entre cet excès et ce déficit doit être proportionnelle à l'mtensité du courant. 6. Les phénomènes chimiques et autres phénomènes y relatifs. Les limites de ce travail nous empêchent de don- ner ici un exposé complet et détaillé de l'application de la théorie précitée à l'action du courant galvanique. Nous ne pouvons que tracer les points de départ de l'explication des phénomènes chimiques. Nous appellerons en premier lieu l'attention sur le fait que la théorie de l'induction don- née dans les pages qui précèdent, a mis à notre disposition une force nouvelle, en activité permanente aussi long- temps que le courant dure. Cette force, déterminée dans 318; NATURE DE l'ÉLECTRICITÉ. sa grandeur par la formule (16), cherche à conduire une molécule d'éther au repos dans une direction opposée à celle du courant même. Figurons-nous maintenant que le courant parcoure un liquide électrolyle constituant une .liliance chimique de deux éléments p et q, et que, sui- vant l'idée ordinaire admise par Berzélius et d'autres chimistes, p soit électi'opositif et q électronégatif, c'est-à- dire, suivant notre manière de voir, que p présente un excès et q un déficit d'éther. Il résulte de ce qui précède, que la molécule p est conduite par le courant vers le pôle positif avec une force plus grande que la mo- lécule q. Comme cet acte s'opère dans toutes les parties du liquide, cette dernière molécule devra même, en vertu du principe d'ARCHiMÉDE, chercher à parvenir au pôle négatif. Si maintenant la force avec laquelle les molécules cherchent à se mouvoir de la sorte dans une direction opposée est plus grande que l'affinité chimique des mo- lécules entre elles, il en résultera une décomposition et l'on aura en excès les molécules p au pôle positif et les molécules q au pôle négatif. Nous émettions, dans la premièie partie de ce travail, l'opinion que les particules matérielles d'un liquide peu- vent être entraînées mécaniquement par le courant dans la direction de ce dernier, et que l'on peut voir dans ce fait la cause principale des phénomènes étudiés par WiEDEMANN. Mais il faut aussi avoir égard à la force de courant exprimée par la formule (16), force en vertu de laquelle le courant tend à conduire des molécules d'éther au repos dans un sens opposé au sien propre. Si main- tenant ces molécules d'éther sont intimement unies à des particules matérielles, ces dernières devront être entrai- NATURE DE [/ÉLECTRICITÉ. 319 nées dans le même sens. H est donc possible d'obtenir pour les particules qui se trouvent dans un liquide par- couru par un courant galvanique, un mouvement tant dans l'un que dans l'autre sens, vu que ce sens dépend de la force qui présente la plus grande intensité. Nous pensons que les phénomènes de cette catégorie étudiés par QuiNCKE * peuvent être expliqués de cette façon, sans que l'on ait besoin de recourir à l'action de l'électricité libre qui se trouve à la surface du liquide. La circonstance que des particules du pôle négatif d'un arc voltaique sont conduites au pôle positif, quoique leur quantité soit considérablement inférieure à celle des particules qui sont détachées par le courant et entraînées par lui dans un sens opposé, doit aussi pouvoir être attri- buée à la force d'induction du courant, comprise d'après la théorie que nous avons donnée ci-dessus. 7 . Rotation du plan de polarisation de la lumière sous Vaclion du courant. Pour expliquer ce phénomène, on a généralement supposé que les molécules maté- rielles du corps transparent dans lequel s'effectue la rotation, subissent une action directe du courant galva- nique, et que cette action produit à son tour la rotation du plan de polarisation. C. Neumann considère, par contre, que la rotation résulte de l'action exercée sur les molécules d'éther par les courants moléculaires d'AM- PÈRE dus à l'action du courant galvanique. Il a essayé de démontrer que les phénomènes en question peuvent être expliqués par l'hypothèse que ces courants molécu- laires agissent sur les molécules d'éther comme si ces dernières étaient électriques. L'exposé qui précède sur la * Pogyend. Annalen, tome CXllI, p. 513. 320 xNATURE DE l'ÉLECTRICITÉ. nature de l'électricité, montre que des deux opinions c'est celle de Neumann qui approche le plus de la vérité. L'éther du corps transparent autour duquel passe le courant gal- vanique, peut, sous l'action de ce courant, ne pas se trou- ver à l'état normal. Les molécules d'éther ont modifié leurs positions d'équilibre, et, en outre, des courants molé- culaires d'éther se sont établis, ou, s'ils existaient déjà, ont reçu une direction déterminée sons l'influence du courant galvanique. L'opinion de Neumann relative à l'ac- tion directe des courants moléculaires sur des molécules d'éther, n'est plus une hypothèse demandant confirmation, mais une vérité, si l'on admet que les phénomènes élec- triques ont lieu dans l'éther. Mais il faut certainement avoir égard en outre dans cette explication à la modifica- tion des positions d'équilibre des particules d'éther. NOUVEAUX MÉMOIRES sna LA THÉORIE MÉCANIQUE DE LA CHALEUR PAR M. R. CLAUSIUS '. On sait que l'application de la chaleur à un corps pro- duit généralement trois sortes d'effets. Une partie de ia chaleur appliquée au corps élève la température de celui- ci, sans changer de nature : c'est la chaleur actuelle. Une autre partie appelée chaleur latente est détruite comme chaleur en produisant du travail intérieur et du travail extérieur, c'est-à-dire en surmontant par la dilatation imprimée au corps, d'une part les attractions mutuelles de ses molécules, d'autre part les forces extérieures qui s'exercent sur la surface. C'est par l'intermédiaire de la dilatation que ces tra- vaux sont produits. On peut donc, en appelant disgré- gation une grandeur Z qui ne dépend que de l'état du corps, c'est-à-dire une fonction des deux variables indé- pendantes caractérisant cet état, chercher la relation qui * Nous avons reproduit ou analysé la plupart des travaux anté- rieurs de M. Clausius (voyez en particulier Archives, 1865, l. XXII, p. 2U, t. XXIV, p U7; 1868, t. XXXII, p. 89). Nous donnons au- jourd'hui l'extrait de deux nouveaux mémoires intitulés : Ueber einen auf die Wàrme anwendbaren mechanisclien Satz (vorgetragen in der niederrheinischen Gesellschafl am 13. Juni 1870). — Ueber die Zuriick- fùhrung des zweiten Hauptsatzes der mechanischen Wàrmetheorie auf allgemeine mechanisclie Principien { vorgetragen in der niederrheini- schen Gesellschafl am 7. November 1870.) 322 THÉORIE MÉCANIQUE existe entre la variation ê Z que cette grandeur éprouve par le fait d'une application de chaleur, et le travail S L tant intérieur qu'extérieur qui en est la conséquence. En admettant à priori que cette relation est la sui- vante : La quantité de chaleur qui peut être rendue latente en produisant des travaux intérieur et extérieur, par suite d'une augmentation donnée de la disgrégation d'un corps, est proporlionneUe à la températuî'e absolue de celui-ci, et, en se basant sur le second principe de la théorie mécanique de la chaleur, c'est-à-dire sur le principe de l'équivalence des transformations, M. Clausius était arrivé à la conclusion suivante : La chaleur actuelle contenue dans un corps ne dépend que de sa température \ Mais on peut trouver plus naturel d'admettre à priori cette dernière loi ; et alors, en s'appuyant également sur le second principe, et en retournant le raisonnement, on peut réciproquement établir cette loi de la proportion- nalité entre la chaleur latente et la température absolue pour une augmentation déterminée de la disgrégation du corps auquel la chaleur est appliquée ^. Cette relation si simple peut être envisagée comme l'expression la plus caractéristique et la plus intelligible du second principe. La chaleur étant envisagée comme un mouvement moléculaire, le premier principe découle directement de ' Voyez Clausius, Abhandlungensammlung, t. I, p. 242. Erweite- rung des ztveiten Hauplsatzes au f die innere Arbeit. * Voyez Archives, tome XXXII, page 89 (juin 1868). DE LA CHALEUR. 323 l'équivalence entre la force vive et le travail mécanique. M. Clausius cherche à rattacher de même le second prin- cipe à une loi générale de la mécanique. Le difficile est de se faire une conception du mouve- ment moléculaire qui constitue la chaleur. La seule hypo- thèse plausible est de considérer les molécules, dont un corps est composé, et que dans le calcul on assimile à des points doués de masse, comme soumises à des actions qu'elles exercent les unes sur les autres, et de considérer ces actions comme étant de telle nature que le système matériel réaUse la loi de la conservation de la force vive. Un système matériel ainsi constitué sera susceptible d'un mouvement stalionnaire, c'est-à-dire d'un mouve- ment dans lequel chacun des points du système ne sort pas d'un espace circonscrit, et dans lequel la vitesse de chacun d'eux demeure comprise entre des limites déter- minées. Un mouvement de cette nature, en tant qu'il caractérise toutes les molécules d'un corps quelconque, sera pour nous l'image de la chaleur. Un corps doué de chaleur sera donc pour nous un système de points matériels dont chacun, en vertu des actions qu'il reçoit de la part des autres, est animé d'un mouvement périodique, c'est-à-dire décrit une trajectoire fermée, qui^ en l'absence de toute intervention extérieure, demeure identique à elle-même, et est toujours parcourue dans des conditions identiques. De notre définition du mouvement stationnaire, il ré- sulte en premier lieu que l'on peut attribuer à chaque point matériel une vitesse moyenne, qui sera désignée par le symbole v, et qui est le quotient de la longueur de la trajectoire par le temps employé à la décrire. La loi de la conservation de la force vive apporte à 324 THÉORIE MÉCANIQUE notre conception des forces moléculaires une restriction capitale qui peut s'énoncer ainsi : l'action qu'un point matériel quelconque reçoit de chacun des autres, est de telle nature que ses composantes rapportées à trois axes coordonnés rectangulaires soient à chaque instant égales, en grandeur absolue, aux trois dérivées partielles d'une quan- tité U qui n'est fonction que des coordonnées du point matériel relativement aux mêmes axes. La fonction U, dont l'existence découle de ce qui précède, varie suivant une période qui coïncide avec celle du mouvement du point matériel auquel elle se rapporte, et repasse par la même valeur chaque fois que ce point repasse par la même position sur sa trajectoire. Il résulte donc, en se- cond lieu, de notre définition du mouvement stationnaire qu'on peut assigner à chaque point matériel une valeur moyenne tj de la fonction U qui le concerne. Gela étant on peut supposer qu'une intervention exté- rieure quelconque vienne apporter au système une mo- dification infiniment petite, en vertu de laquelle un point matériel de masse m décrira une trajectoire différente, mais infiniment voisine, de la trajectoire primitive : la durée i de la période deviendra i-\-Si, la vitesse moyenne v deviendra v-\-^v et la valeur moyenne de la fonction Ù deviendra U-f-<5U. Il en sera de même pour tous les points, en nombre immense, qui composent le système. M, Clausius établit alors : 1° que la variation de U, celle de v et celle de i sont liées par la relation : l8U = 2-^S{v^)-\-lmv^B (log.nat.i) (1) le signe 1 s'étendant à tous les points dont le système est DE LA CHALEUR. 325 composé, et en supposant que, à chaque instant, les dif- férents points soient dans les phases les plus diverses de leur mouvement périodique et que chaqye phase imagi- nable soit également représentée parmi eux; 2^ que, si l'on désigne par SL le travail élémentaire provenant de la modification subie par le système, c'est- à-dire la chaleur latente élémentaire, on a : i-*r7=^L (2) Par conséquent : 8L = 2-^-8(i^) + 2mv'^8 {los.nat.i) (3) C'est cette expression du travail élémentaire qu'il s'agit de mettre en regard de celle qu'indique la théorie méca- nique de la chaleur, en considérant la modification intervenue dans le mouvement moléculaire du système matériel comme l'image d'une modification apportée à l'état thermique du corps qui lui est assimilé. Dans le second terme du second membre de l'équation ci-dessus, deux quantités v et i qui peuvent n'être pas les mêmes pour tous les points se trouvent réunies sous le signe 1. M. Glausius fait observer à cet égard que, en supposant le système subdivisé en groupes de points, homogènes entre eux, mais hétérogènes les uns par rap- port aux autres, on ne peut pas admettre que la force vive d'un groupe varie tandis que celle d'un autre groupe demeure la même, mais qu'il doit nécessairement exister des rapports déterminés entre les forces vives des diffé- rents groupes. D'après cela il pose pour un point quel- conque ^v* = mcT, c étant une grandeur qui est con- stante pour chaque point, mais qui n'est commune qu'aux points du même groupe, tandis que T est une grandeur 326 THÉORIE MÉCANIQUE variable par rapport au temps, mais toujours identique pour tous les points du système envisagé. On a d'après cela : Par conséquent : ^L = 2tncJr+22nJcrJ. (log. nat. i) = r^2wc-^ + 22 mc^ (log. nat. j)\[ (4) SL= r^ [ v,Mc log. nat. (TV^) ] 8L Celte relation coïncidera parfaitement avec celle que donne la théorie mécanique de la chaleur : SL=r8Z ^ • (5) si nous supposons : 1° que la variable T commune à tous les points du système est la température absolue t de celui-ci; 2° que la quantité Imc log. nat. (^^^) est l'expression de la disgrégation Z, ce qui est parfaite- "ment admissible ; car la valeur de cette quantité ne dé- pend évidemment que de l'état physique du corps au moment où on l'envisage, et nullement de la voie par la- quelle il y est arrivé. On peut pousser encore plus loin l'identification avec les résultats de la théorie mécanique de la chaleur. En appelant H la chaleur totale et Q la chaleur actuelle, on a : 8H = BQ-{-SL (6) mais SQ = 8ltncT = -:i7ncST si on suppose que la constante c, qui caractérise les mo- lécules similaires, soit leur chaleur spécifique vraie. On a en outre : Jl,==2mcjT-|-T22mc^{log. nat. i) DE LA CHALEUR. 327 puisque nous supposons T identique à t. Donc : ^H=l^mc8- -\-722mc8 {log.na.t. i) ou ^if=T^[22mc (log. nat. ri)] (7) Si l'on pose : :i^mc log. nat. {Ti) = s , on voit que : ^s=^ (8) et Ton reconnaît dans la quantité représentée par S la grandeur désignée par M. Clausius sous le nom d'entro- pie. On voit qu'effectivement cette quantité ne dépend, tout comme Z, que de Tétat physique du corps au mo- ment où on l'envisage. Ainsi se trouve mise en lumière la concordance qui existe entre les relations (5) et (8), expressions du se- cond principe de la théorie de la chaleur, et les principes généraux de la mécanique. A. A. SUR LES SPECTRES DE QUELQUES GAZ RENFERMÉS DANS DES TUBES DE GEISSLER PAR M. A. WULLNER (Extrait'.) Ce Mémoire fait suite à ceux que M. Wiillner a publiés précédemment sur les diverses formes que revêtent les spectres des trois gaz simples, hydrogène, oxygène et azote, lorsqu'on fait varier leur pression *. M. Wiillner concluait, on s'en souvient, à l'existence de quatre spectres différents pour l'hydrogène, spectre aux six groupes de lignes vertes, spectre ordinaire aux trois raies brillantes, spectre cannelé ou de premier ordre, spectre absolument continu aux hautes pressions. Il admettait aussi quatre spectres distincts pour l'oxygène, spectre aux cinq groupes de lignes vertes et bleues, spectre de premier ordre, spectre ordinaire de second ordre (Pliicker), spectre con- tinu. Enfin il distinguait trois spectres différents de l'azote, spectre ordinaire de premier ordre, spectre de second ordre, spectre continu. • Ueber die Speclra einiger Gase in Geissler'schen Rôhren, von A. Wùllner. {Poyfjend. Atinalen, tome CXLIV, p. 481.) « Voyez Archives, 1 869, tome XXXV, p. 191 , et tome XXXVI, p. 34; voyez également Archives, 1871, tome XL, p. 305. SPECTRES DE QUELQUES GAZ, ETC. 329 Ayant constaté plus tard que le spectre à bandes ou de premier ordre, qu'il avait décrit comme apparte- nant à l'oxygène, présentait une grande analogie avec un des spectres du carbone décrits par M. Watts et avec le spectre de l'oxyde de carbone obtenu par Plûcker dans des tubes de Geissler amenés aux dernières limites de raréfaction, M. Wùllner se décida à entreprendre Tétude approfondie des formes que revêtent à diverses pressions les spectres de différents gaz composés du carbone com- biné avec de l'oxygène, de l'hydrogène ou de l'azote. Ce sont ces recherches qui font le sujet du présent Mé- moire; elles ont démontré que les différents spectres ob- tenus précédemment avec l'hydrogène, doivent bien être attribués à ce gaz, tandis que le spectre à bandes et le nouveau spectre de second ordre qui avaient été observés avec un tube k oxygène sont en réalité deux spectres différents du carbone. Les expériences furent conduites comme dans les re- cherches précédentes. L'aspirateur de Sprengel fut rem- placé par une pompe à mercure de Geissler portant une échelle graduée et servant en même temps de mano- mètre. Les tubes de Plûcker sur lesquels on opérait, portaient à chacune de leurs extrémités un prolongement avec robinet de verre, et communiquaient d'une part avec la pompe, d'autre part avec l'appareil de dégagement du gaz auquel ils étaient reliés par des tubes de dessication contenant de l'acide phosphorique et de l'acide sulfurique concentré. L'étincelle électrique était fournie par une bobine de Ruhmkorff du plus gros modèle, à la^quelle on ajoutait parfois même une bouteille de Leyde. Le spec- troscope portait un seul prisme de Merz en flint lourd. Archives, t. XLIII. — Avril 1872. 23 330 SPECTRES DE QUELQUES GAZ présentant un angle de 60" 3 ' 30" et donnant comme déviation pour les trois raies de l'hydrogène H^ = 61°42'45" H,3 = 65° 730" H^ = 67<'24'30" d'où on déduit pour les indices de réfraction correspon- dant à ces trois raies n^ = 1,74576 Wp^ = 1,77394 n^ = 1,79268 1. — Acide' carbonique. Spectre ordinaire de l'acide carbonique aux basses pressions. — Ce gaz préparé par le procédé ordinaire avec du marbre et de l'acide chlorhydrique étendu, était convenablement purifié et desséché. Le spectre à bandes propre à ce gaz se produisait le mieux aux basses pressions lorsque les deux courants induits, in- verse et direct, traversaient alternativement le tube de Pliicker, Il est nécessaire d'entrer ici dans le détail de ce spectre pour arriver à le différencier de celui de l'oxyde de carbone, ce que l'on ne peut pas suffisamment avec les descriptions données par Pliicker et par M. Watts, et ce que l'on ne peut pas davantage avec les tubes de Geissler qui ne donnent pas généralement le spectre de ces gaz avec une assez grande pureté. Le spectre de l'acide carbonique commence dans le rouge un peu en avant de Ha à 61^ 37', par trois champs lumineux d'un faible éclat dont le dernier se termine à 62^19' et qui sont séparés par des intervalles presque absolument obscurs. Sur le troisième champ, à 62° 14' se trouve une ligne brillante. A ces bandes rouges suc- cède immédiatement un champ orangé de 11 ' de large. RENFERMÉS DANS DES TUBES DE GEISSLER. 331 présentant cinq cannelures à peu près égales entre elles. Puis après un étroit espace obscur ayant une largeur de 3' environ, vient un champ jaune et vert-jaune s'é- tendant jusqu'à 63» 10' partagé par des ombres en trois divisions ou cannelures dont la première qui est la moins lumineuse est deux fois aussi large que les deux autres, A 63** 10' commence un champ vert-jaune avec des rayures très-fines produites par un grand nombre de lignes noires très-rapprochées. M. WùUner appelle une fois pour toutes cette portion caractéristique de la réaction spectrale du carbone, les cannelures vert-jaune, elle a une largeur de 15'. Vient ensuite un champ moins bril- lant qui s'étend jusqu'à 63° 36' et qui est suivi d'une large bande ombrée en persienne allant jusqu'à 64° 7 ' . Là commence un champ vert à rayures très-fines comme celui qui se trouve dans le vert-jaune, il a aussi 15' en- viron de large. L'intervalle compris entre les rayures vertes et 65° 14' est très-peu éclairé, on y distingue trois bandes lueaineuses dont la dernière, en persienne, est sensiblement plus large que les deux autres. A la suite se trouve un beau champ bleu qui, dans sa pre- mière partie sur 10' de largeur présente des rayures fines analogues à celles qui ont été observées ailleurs et au delà prend l'apparence persienne. De 65°58' à66°17' il y a un espace presque complètement obscur avec deux raies pâles. Là commence une série de, bandes lumineuses en persienne, très-faibles, allant jusqu'à 66° 32'; enfin au delà on observe encore deux bandes violettes cannelées, la première de 10', la seconde de 20' de large, séparées par un intervalle de 17'. Second spectre à bandes de l'acide carbonique. — Le spectre qui vient d'être décrit a été obtenu avec un tube de Plûcker dont la portion capillaire avait 60"''" de long. 332 SPECTRES DE QUELQUES GAZ et dans lequel la distance des électrodes était de 160""°. Tout en restant le même, il devient plus brillant et plus détaillé lorsqu'on emploie un tube de Plùcker, dont la por- tion capillaire est plus courte ou plus étroite. Ce spectre se produit toujours, comme nous l'avons dit, aux basses pressions, c'est-à-dire à 10"'" ou lâ""^ et au-dessous. Parfois cependant, surtout lorsque la décharge a traversé le tube pendant un temps un peu prolongé, il se modifie dans quelques-unes de ses parties et se rapproche de celui qui a été trouvé plus tard avec l'oxyde de carbone. Ainsi les deux premiers champs rouges n'en forment plus qu'un seul, la bande orangée présente des rayures beaucoup plus flnes, analogues à celles des cannelures vert-jaunes; il en est de même des bandes cannelées violettes dont la der- nière est repoussée de 7 ' vers le violet extrême. M. Wûll- ner fait de cette nouvelle apparence un second spectre à bandes de l'acide carbonique. Modifications que subit le spectre de l'acide carbonique avec la pression. — Quand la pression augmente au delà de quelques millimètres, le spectre subit une extinc- tion lente qui s'étend graduellement des deux bords vers le milieu. Pour produire le même degré d'extinction du spectre, il faut avec les tubes à portion capillaire courte une pression plus élevée qu'avec les tubes plus longs. M. WûUner a décrit ces modifications pour un tube dont la portion capillaire avait 15"™ de long. A 58™"" les parties violettes qui, avec ce tube court, étaient apparues au delà du dernier champ violet décrit ci-dessus avaient disparu ainsi que les bandes rouges. Dans le reste du spectre les champs lumineux compris entre les portions rayées et cannelées s'étaient éteints dans une beaucoup plus grande proportion que ces dernières. De RENFERMÉS DANS DES TUBES DE GEISSLEÏ^. 333 telle sorte que le spectre était arrivé à se composer de six larges bandes cannelées contiguës, dans chacune desquelles l'intensité lumineuse allait en diminuant de gauche (côté moins réfrangible) à droite. Le bord le moins réfrangible et le plus brillant de chacune de ces bandes, se trouvait à 62° 19', 63° 10', 64° 7', 65° 14', 66° 32', 67° 6'. A 90™™ les bandes extrêmes orangées et violettes ont disparu, les autres se sont rétrécies en pâlissant, et ne sont plus guère visibles que sur une largeur de 10' cha- cune. A 120™™ le spectre est de plus en plus pâle, l'orangé, le jaune et le violet extrême ont entièrement disparu. L'éclat du spectre diminue graduellement jusqu'à 200™™, à partir de là il augmente de nouveau, mais il change de caractère et se transforme peu à peu en un spectre de second ordre, ce qui, du reste, a lieu aussi à des pressions beaucoup plus basses, lorsqu'on introduit une bouteille de Leyde dans le circuit. Quatre raies bril- lantes équidistantes. dont la première est vers 64° 13', remplacent alors les cannelures vertes. La bande bleue rayée a entièrement disparu, en revanche à une petite distance à sa droite apparaissent quatre raies comprises entre 65° 36' et 65** 50'. Ces deux groupes sont à peu près tout ce qui reste du spectre de l'acide carbonique aux pressions qui avoisinent 300™™. Aux pressions les plus élevées qu'on ait pu atteindre, soit avec le tube court vers 470™™, le spectre est tou- jours à peu près le même, seulement son éclat a aug- menté, et on voit apparaître un spectre continu pâle, et de plus quelques groupes du spectre ordinaire de l'oxy- gène décrit par Plûcker. Modifications que subit le spectre de V acide carbonique par un passage prolongé de l'étincelle et comparaison avec 334 SPECTRES DE QUELQUES GAZ un des spectres attribués à V oxygène. — Le passage pro- longé de l'étincelle électrique à travers un tube de Pliicker renfermant de l'acide carbonique très-raréfié, modifie gra- duellement l'apparence du jet. Les belles stries bleues qui partaient de l'auréole négative, disparaissent pour laisser place à un jet blanchâtre continu^ et la portion capillaire d'abord blanche devient bleu foncé. Le tube se comporte alors comme s'il renfermait un gaz à une pression plus élevée, il ne laisse passer qu'une des décharges alterna- tives; de plus il y a dépôt de charbon dans le tube. Le spectre se réduit aux bandes cannelées situées vers 63° 10', 64° 7', 65° 14', et à la bande violette qui est très-pâle. Ces quatre cannelures coïncident avec celles qui constituaient la partie essentielle du spectre à bandes que M. Wûllner avait décrit dans son premier Mémoire en l'attribuant à l'oxygène '. Or comme ces bandes canne- lées se retrouvent aux basses pressions avec les autres combinaisons du carbone étudiées par l'auteur, il suit que ce spectre doit être, selon toute probabilité, attribué au carbone qui avait pu être introduit dans le tube à oxygène par l'oxydation de la graisse des-robinets ^ Spectre linéaire et assimilation au nouveau spectre li- néaire attribué à l'oxygène. — En prolongeant davantage le passage de l'étincelle, on n'observa pas de nouvelle mo- dification dans le spectre; mais par l'introduction d'une bouteille de Leyde dans le circuit, on vit apparaître un ' \ oyez Archives, 1869, tome XXXV, p. 198. * Cette interprétation nous paraît de plus confirmée par la couleur verdâtre qu'avait affectée le tube à oxygène de M. Wùllner lorsqu'il observa le spectre à bandes dont il s'agit; cette teinte verdâtre est assez caractéristique de l'acide carbonique ou de l'oxyde de carbone. (Voyez Archives, loc. cit., et Poggend. Annalen, tome GXXXV, p. 517, au bas de la page.) (Béd.) RENFERMÉS DANS DES TUBES DE GEISSLER. 335 spectre linéaire qui subsista ensuite, lorsqu'après avoir fait passer un certain temps l'étincelle de la bouteille on eut enlevé celle-ci. La résistance dans l'intérieur du tube était devenue très-grande, et il s'y était déposé beaucoup de charbon. Ce spectre linéaire dans le détail duquel nous n'entrons pas ici, fut reconnu identique à celui que l'au- teur avait obtenu dans un tube à oxygène amené aux dernières limites de raréfaction et comme ce spectre a été donné aussi dans ses parties essentielles par de l'acide carbonique, à de plus hautes pressions et par d'autres combinaisons du carbone, l'auteur conclut que c'est à ce dernier corps qu'il doit être attribué. Transformations que produit l' introduction d'une bou- teille de Leyde. — Si vers 12™"", ou un peu au-dessus, c'est- à-dire à une pression à laquelle on obtient, avec la dé- charge induite simple, le spectre à bandes décrit en détail ci-dessus, on fait passer dans le tube de Plùcker l'étincelle d'une bouteille de Leyde, on voit apparaître un spectre linéaire produit essentiellement par la décomposition des champs lumineux cannelés en un certain nombre de groupes de raies brillantes et qui est identique à celui qu'on avait observé précédemment sans bouteille de Leyde à 200'^'^. Lorsque la pression augmente, déjà vers 20mm Qjj ^roit derrière ce spectre linéaire un spectre ab- solument continu borné aux limites du spectre ordinaire complet de l'acide carbonique. Ce fond lumineux continu devient de plus en plus brillant à mesure que la force élastique du gaz s'accroît ; sur lui se projette d'abord, comme nous l'avons vu, le spectre obtenu sans bouteille aux pressions élevées, puis plus tard, lorsque celui-ci a disparu, le spectre linéaire des basses pressions (précé- demment attribué à l'oxygène), et en outre un certain nombre de raies du spectre ordinaire de l'oxygène 336 SPECTRES DE QUELQUES GAZ (Plûcker). Avec un tube plus étroit la série des transfor- mations fut la même, seulement le spectre obtenu vers 20™™ était plus brillant et plus complet, on distinguait avec ce tube plusieurs groupes de raies que l'on n'avait point vues avec le tube plus large; de plus les divers groupes composant le spectre au lieu de se détacher sur un fond sombre étaient reliées par des bandes lumineuses canne- lées. La pression augmentant colles-ci disparaissent et font place au fond continu. Enfin aux pressions les plus élevées qu'on ait pu atteindre avec l'emploi de la machine de Holtz, c'est-à-dire vers 470™"\ le spectre continu avait encore beaucoup augmenté d'éclat, les raies brillantes qui se détachaient dessus avaient entièrement disparu sauf le groupe de lignes bleues du spectre de l'oxygène de Plûcker, et depuis 350"™ on observait le renverse- ment de la raie du sodium qui apparaissait en noir comme dans le spectre solaire. En résumé M. Wûllner a été amené à distinguer avec l'acide carbonique cinq spectres différents : deux spectres à bandes apparaissant sans bouteille de Leyde et aux basses pressions', deux spectres de second ordre qui se produisent aussi bien avec que sans bouteille de Leyde, dont l'un composé essentiellement de trois groupes de raies, s'obtient sans bouteille aux pressions qui dépassent âOO™"", avec bouteille aux très-basses pressions, et dont l'autre apparaît sans bouteille aux pressions les plus basses qu'il soit possible d'atteindre, et avec bouteille aux très-hautes pressions, se projetant alors sur le fond continu ; enfin un spectre continu qui se montre aux très-hautes pressions, mais toujours accompagné de lignes * De ces deux spectres l'un n'est guère, d'après la description qu'en donne l'auteur, qu'une faible modification de l'autre. • RENFERMÉS DANS DES TUBES DE GEISSLER. 337 brillantes, particulièrement de quelques-unes de celles du spectre de l'oxygène de Plûcker qui subsistent les der- nières. 2. — Oxyde de carbone. Le spectre de l'oxyde de carbone se développait le mieux dans les longs tubes à 5™™, dans les tubes plus courts vers 1 2™". Sauf quelques modifications minimes ce spectre était identique au second spectre à bandes de l'acide carbonique. Les transformations par lesquelles passe ensuite le spectre de ce gaz par suite de variations de pression, d'un passage prolongé de l'étmcelle ou de l'emploi d'une bouteille de Leyde lurent les mêmes à peu près que celles qui avaient été observées avec l'acide car- bonique et que nous avons données en détail ci-dessus, nous ne les reproduisons donc pas ici. M. Wiillner a ob- tenu avec l'oxyde de carbone quatre spectres différents, un spectre à bandes (identique au second spectre de l'acide carbonique), deux spectres linéaires qui sont les mêmes que ceux que donne l'acide carbonique et se pro- duisant dans les mêmes conditions, enfin le spectre abso- lument continu des hautes pressions. Le passage à ce dernier spectre ne s'effectue pas par l'élargissement des raies brillantes, mais par l'apparition d'un fond lumineux continu absorbant graduellement toutes les raies brillantes qui se projetaient d'abord sur lui. 3. — Elhylène. Les observations spectrales avec ce gaz sont rendues difficiles par le fait qu'il s'y produit, par le passage de l'étincelle, un dépôt considérable de charbon qui obscurcit le tube. Pour le nettoyer, il faut y introduire de l'air et faire ensuite passer l'étincelle pendant un temps prolongé. 338 SPECTRES DE QUELQUES GAZ de façon k brûler ce charbon et à le réduire en acide car- bonique. Le même fait se produit du reste quoiqu'à un moindre degré avec l'oxyde de carbone. Si l'on fait abstraction des 3 raies H» Hi^ H-^ de l'hy- drogène, l'éthylène donne quatre spectres différents : 1° un spectre à bandes composé du spectre de premier ordre de l'hydrogène, lequel se montre presque intact dans ses parties rouges et jaunes, et du spectre à bandes du car- bone qui se manifeste par la présence des cannelures vert- jaunes, vertes et bleues constituant la partie essentielle des spectres de premier ordre de l'acide carbonique et de l'oxyde de carbone ; à certaines pressions ces cannelures demeurèrent seules de tout le spectre composé, de pre- mier ordre, de l'éthylène, même lorsqu'on eut mélangé ce gaz avec le double de son volume d'hydrogène ; 2° et 3° les deux spectres linéaires déjà observés avec l'acide car- bonique et l'oxyde de carbone; 4° enfin le spectre con- tinu. Les conditions dans lesquelles ces spectres se produi- sent sont les mêmes que pour les deux gaz précédents. Les deux spectres linéaires appartenant aussi bien au gaz oléfiant qu'aux combinaisons du carbone avec l'oxygène, on en peut conclure que ce sont bien réellement des spectres du carbone et non point des spectres de l'oxy- gène. * 4. — Hydrogène protocarboné. Le gaz des marais donna exactement les mêmes résul- tats que le gaz oléfiant et le mélange de ce gaz et d'hy- drogène ; il fournit les mêmes spectres que le gaz oléfiant dans les mêmes conditions. Seulement avec l'hydrogène protocarboné il se fait un dépôt de charbon considérable sur les parois du tube. REiNFERMÉS DANS DES TUBES DE GEISSLER. 339 5. — Cyanogène. Avec le cyanogène les expériences ne purent être faites qu'à de très-basses pressions, car dès qu'on dépas- sait 2°="°, on avait dans le tube un dépôt de charbon tel que toute observation était rendue impossible. A ces basses pressions le cyanogène donne un beau spectre à bandes qui, comme celui de l'azote, commence près de H» et qui, dans le rouge et le jaune, est absolu- ment identique à celui de ce gaz, présentant la même co- lonne cannelée partagée en deux par une bande obscure. A partir de là il se compose essentiellement des canne- lures vert-jaunes, vertes et bleues caractéristiques du carbone, et dans les intervalles de ces bandes rayées, qui sont plus étroites ici que dans le spectre ordinaire de l'acide carbonique, il montre en outre certaines parties du spectre de l'azote avec quelques raies et groupes de raies appartenant au premier des deux spectres linéaires de l'acide carbonique. Le passage de Tétincelle venant à se prolonger, ce spectre de second ordre du carbone se développe de plus en plus, tandis que le spectre de l'azote s'efface et dispa- raît même complètement dans le rouge et le jaune. A la pression la plus élevée à laquelle l'auteur ait pu opérer, savoir à 2^^, dans un tube court, la réaction spectrale du carbone avait presque entièrement disparu, et le spectre obtenu était à peu près celui de l'azote pur. Les observations faites avec le cyanogène, quoique très-incomplètes, confirment donc les résultats obtenus avec les autres combinaisons du carbone. Ce gaz fournit, en effet, un spectre à bandes dans lequel se retrouvent les parties essentielles du spectre de premier ordre de 340 SPECTRES DE QUELQUES GAZ l'acide carbonique et de l'oxyde de carbone, et un spectre à raies identique au spectre aux cinq groupes verts et bleus précédemment attribué à l'oxygène et reconnu de- puis pour appartenir au carbone. En terminant ce résumé, nous ne pouvons nous em- pêcher de faire remarquer que les modifications appor- tées par les variations de pression dans les réactions spectrales du carbone sont plus simples que celles que M. WùUner a constatées dans le cas de l'hydrogène. Les trois premiers spectres du carbone découlent directement l'un de l'autre, les groupes de raies viennent prendre la place des cannelures; entre les différents spectres de l'hydrogène, il n'y a au contraire aucune parenté. 6. — Réponse à M. Angstrôm sur la muUipUcilé des spectres d'un même gaz. Dans un appendice au mémoire que nous venons d'a- nalyser, M. Wiillner réfute les objections que M. Angs- trôm ' avait formulées contre les résultats qu'il avait pré- cédemment obtenus avec les trois gaz simples, hydrogène, oxygène et azote, résultats qui avaient trouvé, jusqu'à un certain point, leur confirmation dans les conclusions des recherches théoriques auxquelles M. Zôllner s'est livré récemment sur cette matière ^ Pour ce qui tient d'abord à l'oxygène, nous remarquerons que le travail dont nous rendons compte ici a été communiqué par M. Wiillner, en juillet 1871, à la Société des Sciences naturelles d' Aix- la-Chapelle, avant, par conséquent, qu'il ait pu avoir con- naissance de la note insérée par le physicien norwégien au Compte rendu du 7 août 1871. « Archives, 1871, tome XLIl, p. 87. 2 Archives, 1871, tome XI J, p. 120. RENFERMÉS DAN? DES TUBES DE GEISSLER. 341 M. Wiillner était donc arrivé, comme M. Angstrôm et avant lui, à considérer le nouveau spectre de second or- dre, attribué d'abord à l'oxygène, comme appartenant en réalité au carbone. Quant à l'autre spectre contesté de l'oxygène, l'auteur a été conduit, comme nous l'avons vu, à le ranger aussi parmi ceux du carbone et non point à en faire, comme M. Angstrijm, un spectre combiné du chlore et de l'oxygène. En ce qui concerne ensuite les coïncidences que ce der- nier physicien établit entre certaines portions de l'un des nouveaux spectres de l'hydrogène et les portions voisines du spectre du soufre, M. Wùllner observe que ces coïnci- dences sont très-partielles et peu précises, s'expliquant d'ailleurs facilement par le très-grand nombre de raies, presque toutes touchantes que le soufre donne dans le vert et le bleu. En se contentant d'un aussi faible degré d'approximation, on pourrait aussi bien assimiler le nou- veau spectre de l'hydrogène à ceux du fer et du titane très-riches également en raies vertes et bleues. Pour dé- cider de la provenance d'un spectre, il ne suffit pas d'ob- server un petit nombre de raies, il faut considérer l'en- semble des réactions spectrales. Enfin M. \Viillner revendique pour lui la découverte de la continuité des spectres des gaz aux hautes pressions que M. Angstrôm avait cru pouvoir faire remonter à Plùcker; ce dernier en efîet s'était borné à signaler l'élar- gissement que les trois raies du spectre ordinaire de l'hy- drogène subissent par une augmentation de pression, sans pousser l'expérience jusqu'au spectre continu. E. S. FRANÇOIS -JULES PICTET NOTICE BIOGRAPHIQUE Le 15 mars 1872 a été un jour d'affliction pour Genève qui perdait un de ses savants les plus illustres, une de ses personnalités politiques les plus éminentes : F.-J. Pictet venait de succomber à une rapide maladie, suite imprévue d'un accident en apparence sans gravité, dans un moment où plus que jamais peut-être ses bril- lantes facultés et son dévouement semblaient nécessaires à son pays. Encore dans la force de l'âge et la plénitude d'une rare capacité, que de services ne semblait-il pas appelé à ajouter à ceux qu'il avait déjà rendus ! Sa mort était un malheur public. Puis que de gens personnelle- ment affligés, que de regrets adressés à cet homme chez lequel les qualités du cœur égalaient les dons de l'intelli- gence! quelle douloureuse sympathie pour cette famille, récemment frappée d'épreuv«s répétées, et qui allait re- prendre ses habits de deuil en pleurant cette fois son chef bien-aimé! Retracer cette carrière si belle, si utile, si diversement remplie, est une tâche difficile et, je le sais, bien au-des- sus de mes forces; pourtant je me sens pressé du besoin de l'essayer et de rendre ainsi un dernier témoignage de reconnaissance à celui que j'avais appris à connaître comme maître dans ma jeunesse et qui depuis est de- venu pour moi le meilleur des amis \ '■ Je dois remercier ici toutes les personnes qui ont bien voulu m'ai- der dans la rédaction de cette iNotice, et particulièrement MM. LeFort- Mestrezat, Ch. Le Fort, P. de Loriol, A.Humbert, H. de Saussure, qui m'ont fourni de précieux renseignements. FRANÇOIS-JULES PICTET. 343 I François-Jules Pictet naquit à Genève le 27 sep- tembre 1809. Il était issu de l'une des plus anciennes familles de Genève, qui avait compté déjà do nombreu- ses illustrations dans son sein. Son père, Jean-Pierre Pictet, partageait une vie stu- dieuse entre la culture des sciences et les fonctions qu'il remplissait dans la magistrature. Ami intime de de Can- dolle, parfois associé aux travaux du célèbre physicien Marc-Auguste Pictet, son parent éloigné, il s'était fait connaître par plusieurs publications * et par quelques cours de physique à la suite desquels il reçut le titre de professeur de physique adjoint à l'Académie de Genève. Il avait épousé Adélaïde Baraban^, femme distinguée dont la grande droiture de caractère eut une heureuse influence sur ses enfants. J.-P. Pictet exerça une action puissante sur la car- rière de son fils; il apporta à son éducation l'ardeur et la vivacité qu'il mettait à toute chose ; de bonne heure il lui inspira le goût de l'histoire naturelle et des collec- * Comparaison graphique des mouvements journaliers du baro- mètre sédentaire pendant une année, à Londres, à Paris et à Genève [Bibliothèque Britannique, 1811, tome XLVI. p. 33). — Lettre sur une expérience électrique qui paraît favoriser la théoi'ie de Franklin {Bi- bliothèque Britannique, 1812, tome Ll, p. 393). — Itinéraire des val- lées autour du Mont-Blanc. Genève, 1808. — Plusieurs mémoires et manuels d'agriculture. 2 L'usage est assez répandu à Genève de distinguer les différentes personnes d'une même famille, surtout si elle est nombreuse comme celle des Pictet, en ajoutant le nom de la femme à celui du mari ; c'est ainsi que J.-P. Pictet était généralement connu sous le nom de Pictet-Baraban, et que son ûls Jules fut appelé Pictet-de la Rive depuis 344 ' FRANÇOIS-JULES PICTET. tions, et dès lors il le suivit constamment dans ses oc- cupations en lui prêtant une coopération active. Jules commença ses études et le cours de ses succès dans le Collège public de Genève dont il suivit toutes les classes ; enfant timide au début, il ne tarda pas à déployer de singulières aptitudes et à remporter des prix nombreux \ En 1823, il entra comme étudiant à l'Académie, où il compléta d'abord ses connaissances dans les langues anciennes par trois années d'humanités, après lesquelles il obtint le grade de bachelier es lettres. Il suivit ensuite les cours de la faculté des sciences pendant trois années encore, et s'adonna à ces nouvelles études avec passion. Le choix de sa vocation se fit à cette époque sous l'in- fluence décisive de de Candolle, qui était alors chargé de l'enseignement de la zoologie aussi bien que de la botanique, et qui avait au plus haut degré l'art de char- mer et de captiver les jeunes gens. L'illustre professeur dirigea avec une prédilection constante ce jeune élève qui lui était déjà cher comme fils d'un ami intime, et qui donnait pour l'avenir de si brillantes promesses. Mais ce n'est pas seulement aux sciences naturelles que Pictet se livrait: il écoutait avec avidité les leçons de M. A. de la Rive qui occupait depuis peu la chaire de physique ; il fit de fortes études mathématiques, qu'il poussa assez loin pour pouvoir suivre le cours supé- rieur de mécanique céleste du prof. J.-F.-T. Maurice, et pour lire la mécanique analytique de Lagrange. Son goût * A côté du Collège il fréijuenlait comme élève externe le pension- nat du professeur Jean Humbert qui à son mérite d'orientaliste joi- gnait une grande connaissance des jeunes gens, et qui déjà à celte- époque faisait fond sur l'avenir de Jules Pictet. iNOTICE BIOGRAPHIQUE. 345 pour les sciences exactes était même si vif qu'il fut quel- quefois tenté de s'y livrer exclusivement. A cette époque de sa vie se rattache une circonstance qui mérite d'être mentionnée. Sur l'indication de de Candolle, il fut choisi comme répétiteur du Prince de HohenzoUern *, qui, pendant un séjour de deux années à Genève, suivit les cours de l'Académie. Ce furent ses débuts dans l'enseignement, et le soin consciencieux qu'il apportait à accomplir sa tâche contribua à son propre dé- veloppement. En 1829 il fut reçu bachelier es sciences, puis i! fil une année de droit. Ces études si variées, dont aucune ne fut traitée su- perficiellement, décelaient déjà des moyens exceptionnels, et préparèrent une carrière couronnée de succès dans les directions les plus diverses. — « Propre à tout, propre à rien, » dit-on quelquefois, et cela est souvent vrai ; mais les hommes supérieurs, joignant l'intelligence à la mémoire, au jugement et à l'activité, échappent au piège où vient tomber la facilité de travail des demi- capacités. Pictet, qui s'intéressait à beaucoup de choses, a toujours bien fait tout ce qu'il a fait. A côté des cours réguliers de l'Académie, il contri- buait déjà activement aux arrangements et aux déter- minations du Musée d'Histoire naturelle; il faisait de l'anatomie, il observait, collectionnait, soit pendant ses séjours à la campagne, à Troinex près de Genève, où ses parents passaient l'été, soit dans de nombreuses ' Prince Charles-Anloine de Hohenzollern-Sigmaringen, dont le nom a eu tant de retentissement en 1870 lors de sa renonciation au trône d'Espagne pour son fils. Archives, t. XLIII. — Avril 1872. 24 346 FRANÇOIS-JULES PIGTET. courses alpestres pour lesquelles il avait un grand goût. Il utilisa ces petits voyages à un autre point de vue: son père avait écrit en 1808 un itinéraire estimé des vallées voisines du Mont-Blanc; il l'aida à le remanier pour une nouvelle édition qui parut en 1829 sous le nom des deux collaborateurs; en particulier la carte qui accompagne cet ouvrage a été dessinée par Jules Pictet. Au commencement de mai 1830, il partit pour Paris dans le but de perfectionner ses études. Muni de chaudes recommandations de de Gandolle, il entra bientôt en re- lations avec Guvier, Et. Geoffroy-Saint-Hilaire, Duniéril, Blainville, Flourens, Latreille et particulièrement avec Victor Audouin qui devint l'un de ses plus chers amis. Pictet suivit les cours du Jardm des Plantes avec son zèle accoutumé, complétant les leçons par ses lectures, les repassant surtout dans les collections et les labora- toires. Son assiduité et son aimable caractère lui conci- lièrent la bienveillance de tous les employés du Muséum et lui permirent de profiter abondamment des ressources mises à sa portée. Nous avons eu sous les yeux les lettres qu'il écrivait alors à ses parents; cette correspondance intime, pleine de déférence et d'affection, raconte à peu près jour par jour ses occupations. On y retrouve cette ardeur bien équi- librée et ces habitudes de travail régulier qu'il a tou- jours conservées. La science est sa préoccupation prin- cipale, mais il s'intéresse atout; il cherche à multiplier ses rapports avec ses professeurs, il fréquente les samedis de Guvier; il décrit les scènes émouvantes de la révolution de Juillet, il visite les monuments et les galeries, le théâtre est son délassement favori, il est enthousiaste de made- moiselle Mars. — On est étonné de tout ce qu'il a vu. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 347 fait et appris, dans ce séjour de six mois à peine, qui a clos la période de ses études proprement dites. De retour à Genève, il entreprit des recherches ori- ginales dont il avait déjà mûri le projet à Paris. L'ento- mologie était la branche qui lui avait paru offrir le plus de filons nouveaux à exploiter, et dans la classe des Insectes, il s'était proposé surtout l'étude des Névroptères sous le rapport de ta classification, de l'anatomie et des mœurs. Il rédigea bientôt deux mémoires, l'un sur les larves de Némoures, l'autre sur les métamorphoses des Perles ; il les présenta à la Société de Physique et d'His- toire naturelle de Genève, qui le reçut au nombre de ses membres en 1832. En même temps il rassemblait des matériaux pour un travail de plus longue haleine, son étude des Phryganes qui devait fonder sa réputation comme entomologiste. Son père l'aidait dans ses recherches bibliographiques, dans les chasses et dans les observations de mœurs que faci- litaient la richesse entomologique des ruisseaux du Sa- lève, voisin de leur demeure de Troinex. Ces travaux^, sur lesquels nous reviendrons plus tard, n'empêchaient pas d'autres occupations : le Musée, spé- cialement, en avait toujours sa large part. Dans l'automne de 1832, Pictet, qui se proposait de concourir au prix Davy ' en soumettant au jury son • L'illustre chimiste sir Humphry Davy, en revenant d'Italie, s'arrêta à Genève, où il succomba le 29 mai 1829 à la maladie dont il souffrait depuis longtemps. Sa veuve, en reconnaissance des preuves de sym- pathie qui lui avaient été données, fit don d'une somme de cent livres sterling, dont les intérêts devaient être employés à fonder un prix bisannuel pour le meilleur travail sur les sciences physiques et natu- relles présenté par des élèves sortis de l'Académie de Genève depuis six ans au plus. 348 FRANÇOIS-JULES PICTET. mémoire sur les Phryganides, partit pour Paris dans le but de perfectionner ce travail en étendant ses recherches bibliographiques, en comparant ses espèces avec toutes celles qu'il pourrait rencontrer dans les galeries d'histoire naturelle et en consultant quelques entomologistes. Pré- cédé de la réputation naissante que lui avait value son mémoire sur les Némoures, il fut mieux accueilli encore que lors de son premier séjour : Lalreille, déjà atteint du mal qui devait l'emporter, Duméril, Flourens, Lefebvre, Audinet-Serville, Straus et surtout Audouin le reçurent à merveille, et grâce aux facilités qu'il trouva pour ses recherches dans les collections et les bibliothèques pu- bliques ou particulières, il put mettre la dernière main à son mémoire qu'il expédia à Genève juste à temps pour le concours. Le prix ne tarda pas à lui être décerné. Il resta à Paris quelque temps encore pour complé- ter ses connaissances dans diverses branches telles que l'anatomie humaine et l'ostéologie, pour examiner dans les collections tout ce qui se rapporte aux Névroptères, et pour faire graver les planches de son mémoire sur les Perles qui, comme celui sur les Némoures, fut inséré dans les Annales des sciences nalurelles. Disons ici que, pendant ce séjour, les publications dont nous venons de parler firent admettre leur auteur comme membre de la Société entomologique de France. Il revint à Genève au commencement d'avril 1833 et reprit ses travaux divers, particulièrement ses re- cherches sur les Phryganides qu'il enrichit de nouvelles observations avant de les livrer à la publicité. Arrivé à l'âge d'homme fait, entouré déjà de l'estime générale, Pictel pouvait songer au mariage. Il ne tarda pas à s'allier à une famille dont le nom est trop connu NOTICE BIOGRAPHIQUE, 349 dans le monde scientifique pour que nous ayons à nous y arrêter; le 12 juin 1834 il épousait M"' de la Rive, qui, petite-fille de xM'"'' Necker-de Saussure, avait con- tracté à cette école le goût des choses intellectuelles. Le récit du bonheur qu'il trouva dans cette union et de ses joies de famille, ne peut rentrer dans le cadre de cette notice, destinée surtout à retracer le côté scien- tifique de sa vie; mais à ce point de vue même nous laisserions subsister une véritable lacune si nous n'indi- quions pas ici la part que Madame Pictet a prise directe- ment et indirectement aux travaux de son époux. S'inté- ressant à ses recherches, remplissant souvent pour lui les fonctions de traducteur et de secrétaire, tenant le cata- logue de sa bibliothèque qui devenait chaque jour plus riche et plus étendue, le déchargeant des soins matériels de la vie, écartant, autant que faire se peut, ces mille soucis qui vont si mal dans le cabinet du savant, accueil- lant avec la plus aimable hospitalité les amis et les nom- breux étrangers qui visitaient son mari, elle a su s'asso- cier de cœur et d'intelligence à une carrière glorieuse qui a fait sa plus grande joie. II Nous sommes forcés d'abandonner ici l'ordre chrono- logique, qui nous permettrait difficilement de donner une idée claire de la série de travaux bien distincts, quoique menés parallèlement, qui ont rempli la vie de Pictet; il sera préférable de les passer successivement en revue, et nous commencerons par rappeler les services qu'il a rendus à l'instruction publique. C'est vers 1830 que nous le voyons pour la première fois prendre part à l'enseignement académique, en faisant 350 FRANÇOIS-JULES PICTET. aux étudiants des répétitions pratiques de la partie ana- tomique des cours ordinaires de zoologie, répétitions qu'il continua pendant quelques années. En 1835 A.-P. de Candolle, désireux de consacrer le reste de ses forces aux grands travaux qui ont immor- talisé son nom, renonça à la double chaire de botanique et de zoologie qu'il occupait depuis plus de trente an- nées. Son fils, M. Alph. de Candolle était son successeur désigné pour la botanique, mais les cours de zoologie fu- rent confiés à Jules Pictet. Cette dernière nomination était amplement justifiée parune réputation déjà acquise comme naturaliste et un talent d'enseignement constaté dans les répétitions pratiques des cours de de Candolle. Toutefois les corps responsables de cette élection n'échappèrent point au reproche de ne pas avoir ouvert un concours public pour ces fonctions. Certes, si d'un seul exemple on pouvait conclure à une règle générale, il faudrait con- damner définitivement le principe des nominations au concours, car jamais choix ne fut plus heureux et plus satisfaisant. ■ Pictet ne tarda pas en effet à prendre une place élevée parmi les professeurs de l'Académie. Sa parole était claire, simple, chaleureuse, rapide, quelquefois même un peu précipitée dans son charme entraînant; il savait reprendre la même Idée sous plusieurs formes diffé- rentes pour la rendre plus saisissable, et par-dessus tout, il possédait l'art, ou plutôt le don de se faire écou- ter. Quelque point qu'il traitât, il semblait que ce fut son sujet favori, et je crois que cela était réellement vrai au moment même : s'animantde sa parole, il s'intéressait lui- même involontairement, autant qu'il captivait ses audi- teurs. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 351 Malgré sa facilité d'improvisation, il travaillait beau- coup ses cours. Abandonnant la phrase à l'inspiration du moment, il préparait avec soin l'ordre et la forme sous lesquels les idées devaient être présentées; le plan de ses leçons était toujours méthodique. Il possédait à un degré remarquable le talent de faire à la craie sur le tableau noir, avec une rapidité extrême, des dessins nets, fermes, élégants, qui facilitaient aux au- diteurs l'intelligence du sujet et le gravaient dans leur mémoire. Son enseignement ordinaire a compris pendant long- temps l'anatomie comparée, la physiologie et la zoologie, traitées d'une manière générale en un cours de deux années, qu'il maintenait soigneusement au niveau de la science. En outre, il faisait chaque semestre à peu près, un cours spécial sur quelque point particulier, tel que l'embryogénie, la tératologie ou l'étude plus détaillée d'une classe d'animaux. Un fait digne d'être noté et qui montre bien sa facilité et la solidité de ses études, c'est que dans l'hiver de 1835 à 1836, lorsqu'il venait d'être nommé professeur de zoologie, il se chargea aussi temporairement de l'ensei- gnement de la statique en remplacement du professeur de mécanique G. Maurice, atteint déjà de la maladie à laquelle il devait succomber quelques années plus tard. Lors de la reconstitution de l'Académie qui avait suivi la révolution de 1 846, Pictet continua à occuper sa chaire; mais l'enseignement général de la zoologie subit quelques modifications: M. Mayor fut chargé de l'anatomie et de la physiologie humaine, et M. C. Vogt de quelques parties de la zoologie. Plus tard enfin, vers 1859, il confia une partie de sa 352 FRANÇOIS- JULES PICTET. tâche à Ed. Claparède, nommé bientôt après professeur honoraire. Il ne fit plus dès lors ses leçons que pendant l'hiver, conservant l'enseignement de quelques branches de la zoologie générale, et de la partie de l'anatomie com- parée qui est relative aux organes du mouvement, sujet de prédilection pour lui, à cause sans doute des données importantes qu'il fournit pour la paléontologie. Il se char- gea aussi, pendant quelques années du cours d'Introduc- tion aux sciences naturelles pour les élèves du Gymnase. L'enseignement régulier de l'Académie ne fut pas le seul champ dans lequel il répandit l'instruction. A plu- sieurs reprises il fit des cours destinés aux gens du monde et particulièrement aux dames. En un petit nombre de séances, il réussissait à donner une idée assez com- plète de la zoologie ou de la paléontologie, dont il résu- mait les traits généraux avec sa clarté, sa méthode et sa verve accoutumées, soutenant à chaque pas l'intérêt et l'attention par des exemples heureusement choisis. Ces conférences étaient très-appréciées et ont laissé de vifs souvenirs dans la société genevoise. On en peut dire autant d'une remarquable leçon qu'il fit à l'Athénée et dans laquelle il traita de la domestica- tion des animaux. Nous rappellerons enfin la part qu'il prit aux cours du soir, organisés par le Département de l'Instruction publique. La vaste salle de l'Hôtel de ville, où avaient lieu ces séances populaires, n'était jamais plus remplie d'un auditoire attentif, que lorsqu'il en occupait la chaire. Toutefois, c'est peut-être moins dans les cours pro- prement dits, quel que fût leur mérite, que dans un en- seignement plus familier, que Pictet a exercé son in- NOTICE BIOGRAPHIQUE. 353 fluence sur la jeunesse studieuse. Aussi longtemps que l'encombrement croissant du Musée d'Histoire naturelle ne l'empêcha pas de le faire, il rassemblait les étudiants dans le laboratoire de zoologie, leur donnant des répé- titions pratiques de ses leçons, les encourageant à dis- séquer eux-mêmes et à faire des préparations anatomi- ques pour les collections. Combien de ses élèves, qui de- puis ont suivi les vocations les plus diverses, comptent parmi les meilleurs souvenirs de leurs études ces heures passées dans l'intimité du maître autour de la table de dis- section, ou ces excursions qu'il dirigeait avec M. Alph. Favre, tantôt sur le Salève dont la faune est si riche, tan- tôt vers les gisements de fossiles de la Perte-du-Rhône ou du Mont Brezon. Quelle vie, quel entrain, quelle gaieté présidaient à ces courses scientifiques î Ces efforts sympathiques, cet art de souffler le feu .sacré, ont porté leur fruit : autour de l'éminent profes- seur a surgi un groupe nombreux de jeunes naturalistes, dont plusieurs ont pris une place distinguée dans les sciences, et parmi lesquels nous ne citerons que le nom regretté d'Edouard Claparède. Tous trouvaient auprès de lui des conseils, des encouragements et le plus libé- ral accès dans sa riche bibliothèque, qui , modestement commencée lorsqu'il n'avait à consacrer que des revenus modiques à ses achats de livres, avait pris une extension de plus en plus considérable à mesure que sa position de fortune était devenue plus brillante. Cette bibliothè- que, classée dans un ordre parfait, était artistiquement disposée autour du remarquable cabinet de travail for- mant la pièce principale, ou tout au moins la plus ori- ginale, de la belle habitation qu'il s'était fait construire il y a une dizaine d'années. C'est là que, vers la fin 354 FRANÇOIS-JULES PICTET. de sa vie, amis ou élèves rencontraient toujours un ac- cueil simple et cordial, c'est là qu'ont passé tant de sa- vants étrangers, tant de notabilités de tout genre, qui n'auront oublié ni la décoration matérielle de cette salle si bien en rapport avec sa destination, ni l'aspect des rayons chargés de livres entremêlés avec les étagères remplies des collections de fossiles, ni surtout l'atmos- phère d'activité, de savoir et de bienveillance que l'on respirait dans ce centre d'étude. C'est peut-être ici le lieu de dire quelques mots aussi de sa résidence d'été, à laquelle se rapportent de nom- breux souvenirs scientifiques. Le domaine de Genthod appartenait jadis à Horace-Bénédict de la Rive, qui y fit bâtir la maison d'habitation actuelle vers 'I7a0. Après lui sa fille et son gendre, le célèbre naturaliste Charles Bonnet, eurent l'usufruit de cette propriété où ils de- meurèrent pendant de longues années et où venait sou- vent l'illustre H.-B. de Saussure, petit-fils de H.-B. de la Rive et par conséquent neveu de M™'^ Bonnet. La pos- session en passa ensuite à M. de la Rive-Tronchin, puis à son fils, M. de la Rive-Necker, gendre de M""" Necker- de Saussure, et enfin à M™*^ Pictet. On voit qu'à Genthod se rattache une série de noms marquants; il est assez cu- rieux que cette maison de campagne ait été occupée par deux naturalistes, Charles Bonnet et Jules Pictet, qui tous deux s'étaient alliés à la famille de la Rive, et qui tous deux ont acquis une si haute renommée. Lorsqu'il devint la propriét('j de M'"'' Pictet, Genthod fut embelli et restauré avec beaucoup de goût et tout le luxe de l'horticulture moderne. Admirablement située, jouissant de la magnifique vue du lac et du Mont-Blanc, cette habilation prit rang parmi les plus belles villas qui NOTICE BIOGRAPHIQUE. 355 ornent les environs de Genève. Le domaine s'arrondit d'une campagne voisine où s'établirent bientôt M. et M'"'' Théodore de Saussure, le gendre et la fille de Pictet, qui vit ainsi s'agrandir le cercle de famille qu'il aimait tant à réunir autour de lui. Pendant longtemps cette transformation de Genthod, les plantations particulière- ment, occupèrent ses loisirs, et comme il ne savait rien faire à demi, il devint un connaisseur passionné de gé- raniums, d'arbres fruitiers et de conifères, lui qui jadis tenait les plaisirs de la campagne en médiocre estime. Ce beau domaine fut le théâtre d'une fête, qui, à l'oc- casion du jubilé triséculaire de l'Académie de Genève, le 5 juin 1859, rassembla professeurs, étudiants et délé- gués des universités étrangères. Pictet remplit les fonctions de recteur de l'Académie de 1847 à 1850, époque de transition difficile, où les passions politiques étaient vivement surexcitées à Ge- nève. A la suite de la révolution radicale de 1846 plu- sieurs de ses collègues, plus marqués que lui dans leur opposition au nouveau régime, avaient été destitués ou avaient donné leur démission dans la crainte de susciter des haines contre l'Académie ou d'en compromettre l'avenir. Pictet, qui ne pensait pas que de l'excès du mal il ressorte souvent le bien, et qu'un passé politique moins tranché n'exposait pas autant que d'autres à l'hostilité du parti dominant, crut devoir non-seulement conserver sa place, mais encore accepter courageusement la lourde responsabilité de présider le corps académique. Son au- torité, sa modération, son esprit pratique eurent d'heu- reux effets, soit sur l'organisation nouvelle de l'instruction supérieure, soit sur la position qui fut faite à quelques- uns de ses collègues. 356 FRANÇOIS-JULES PICTET, Il fut de nouveau nommé recteur de 1866 à 1868, moment plus calme où son rôle, moins important et moins délicat, se borna à une administration intelligente de l'Académie. Pour compléter ce qui a trait aux fonctions qu'il rem- plit dans l'instruction publique, nous ajouterons que de 18G3 à 1869 il fit partie du Conseil de l'Ecole polytech- nique fédérale de Zurich. Là, comme partout, ses ser- vices ont été vivement appréciés; cette tâche lui plaisait d'ailleurs, mais il dut y renoncer et décliner sa réélec- tion: déjà membre du Conseil National, les absences trop fréquentes auxquelles l'obligeait cette double position, ne pouvaient se concilier avec ses autres travaux. m Le Musée d'Histoire naturelle, propriété de la Muni- cipalité de Genève, a absorbé une grande partie de l'ac- tivité de Pictet. Nous avons dit plus haut que lorsqu'il était encore étudiant, il s'en occupait déjà avec un zèle qui, jusqu'au dernier jour, ne s'est pas démenti un seul -instant. Il serait impossible, sans entrer dans de minutieux détails, de raconter tout ce qu'il a fait pour cet établisse- ment qui, dans son développement actuel, peut être con- sidéré comme étant véritablement son œuvre. Durant plus de quarante ans, il n'a négligé aucune occasion de l'enrichir, tantôt par des échanges que facilitaient ses nombreuses amitiés à l'étranger et ses fréquents voyages, tantôt par ses propres dons qui ont atteint les propor- tions les plus libérales, tantôt en lui affectant le pro- duit d'un cours public ou de la vente d'un ouvrage. La collection de paléontologie a été entièrement créée par NOTICE BIOGRAPHIQUE. 357 lui : pendant longtemps elle se grossissait de tout ce qu'il achetait ou recevait. Si plus tard il s'est fait une collection privée, c'est qu'il avait besoin, pour ses re- cherches, d'avoir constamment sous la main les fossiles de l'époque crétacée, et que la place manquait dans les galeries publiques, dont l'encombrement aurait rendu impossible l'usage et l'étude de ces nouvelles richesses, quij, nous le verrons du reste, devaient revenir plus tard au Musée. La paléontologie n'était exceptionnellement favorisée que parce qu'elle était l'objet de ses propres travaux, mais aucune branche n'était laissée de côté ; jamais ses préférences ne lui ont fait porter un soin exclusif à telle ou telle collection au détriment des autres, il a toujours dirigé les achats avec une équité parfaite, les Oiseaux et les Reptiles n'ont point souffert de sa prédilection pour les Mollusques ou les Poissons. Il a même acheté de ses deniers, pour faciliter les déterminations, un grand nom- bre de livres coûteux, qui ne lui étaient personnellement d'aucun secours et d'aucune utilité. Le soin extrême qu'il apportait aux déterminations des espèces, l'avait fait parvenir dans la connaissance de toutes les familles, à un degré qu'ont rarement atteint d'autres zoologistes. Il a ainsi recueilli le fruit de ces heures labo- rieusement employées, et dans ses travaux de paléonto- logie, il a pu discuter en spécialiste les caractères de tous les genres du Règne animal. Dans son administration du Musée, nous retrouvons cette même faculté d'entraînement qu'il exerçait sur les autres. Ne peut-on pas revendiquer pour lui l'hon- neur d'avoir attiré bien des dons et des adjonctions importantes? Si les collections de Jurine pour les Insectes, '^oS FRANÇOIS-JQLES PICTET. de F.-A. Soret pour les Oiseaux, de F. Melly pour les Coléoptères, de Benj. Delessert pour les Coquilles, se sont successivement déversées dans nos galeries d'histoire na- turelle, si M. A. Humbert, pour les enrichir, a entrepris son voyage de Ceylan, si M. H. de Saussure y a généreu- sement placé les trésors zoologiques qu'il a rapportés du Mexique, ne le doit-on pas en partie à Pictet, n'est-ce pas parce que sa direction intelligente avait fait prendre un rang supérieur au Musée de Genève et que, on le sa- vait, rien n'y serait perdu pour la science ? D'un autre côté, il avait intéressé à cet établissement et provoqué l'aide active de nombreux collaborateurs, ses élèves pour la plupart, qui sauront, nous n'en doutons pas, continuer l'œuvre qui lui tenait si fort à cœur. Nous avons mentionné quelques lignes plus haut la magnifique collection conchyliologique que M"^^ François Delessert et ses filles ont données à la ville de Genève. L'arrangement et la détermination de ces coquilles ont été l'une des occupations qui ont le plus captivé Pictet pendant la fin de sa vie. A peine étaient-elles arrivées de Paris, où MM. de Loriol et Lunel avaient été en sur- veiller l'expédition, qu'il entreprit avec M. le D"" Brot cet énorme travail. Se rendant presque journeUement dans les salles où la collection avait été provisoirement dé- posée, il en hâtait le classement afin qu'elle fût complè- tement mise en ordre au moment où le nouveau bâtiment du Musée serait prêt à la recevoir. Peu de jours avant sa mort, déjà forcé de garder la chambre, il se faisait appor- ter les plus belles de ces coquilles pour choisir celles qui devaient être mises en évidence dans les vitrines et le mieux flatter les regards. Nous voici naturellement amenés à parler des Bâti- NOTICE BIOGKAPHIQUE. 359 ments académiques que l'Étal et la ville de Genève ont récemment construits, et qui sont aujourd'hui terminés ou tout au moins assez avancés pour servir à leur desti- nation. Pictet a eu une large part dans cette entreprise, considérable pour un petit pays comme le nôtre ; membre des commissions qui se sont occupées de cet objet, il y a déployé une activité et une entente parfaites. Cest, on pouvait s'y attendra, à la construction de celui des trois bâtiments qui est destiné au Musée, celui des trois qui échappe le mieux à la critique, qu'il a apporté le plus spécialement son concours. Il a travaillé avec les archi- tectes les plans d'ensemble et de détail, la distribution et l'ameublement, et contribué à la réussite de cet édifice remarquable, à la fois si pratiquement approprié à son but et, au point de vue esthétique, si digne d'un tribut d'admiration. Il avait tout prévu pour son organisation, et même il avait déjà rédigé un rapport détaillé sur les modifications administratives et financières exigées par le nouvel ordre de choses. Hélas ! il ne devait pas voir l'achèvement complet de cette œuvre qui était si bien la sienne! Entre l'obligation d'assister à Berne aux réunions de l'Assemblée fédérale et les atteintes de la maladie, c'est à peine s'il a pu pré- sider au début de l'emménagement des collections, qui à cette heure est encore loin d'être terminé. Le Musée a été parmi les institutions auxiliaires de l'instruction publique celle dont Pictet s'est le plus oc- cupé, mais il ne s'y est point exclusivement limité. La Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève qui avait naguère des attaches officielles, et à l'initiative de laquelle on doit la première création de nos collections 360 FRANÇOIS-JULES PICTET. de zoologie, de botanique et d'instruments de physique, l'avait reçu dans son sein en 1832. Dès lors il en a suivi régulièrement les séances, il lui a successivement pré- senté la plupart de ses travaux dont un grand nombre ont été publiés dans les Mémoires de la Société, et sou- vent, dans des communications plus familières, pleines de lucidité et d'animation, il metlait ses collègues au cou- rant des progrès de la science à laquelle il s'adonnait. — Il a été le Président de cette Société de juillet 1859 à juin 1860, et à ce titre il a rédigé l'un de ses rapports annuels \ 11 comptait aussi parmi les membres de la Société pour l'avancement des Arts, dans le Comité des Beaux-Arts, nomination que lui avait valu le talent de dessin dont il avait fait preuve dans les planches accompagnant ses mémoires, joint à une intelligence et un goût du beau porté à haut degré. Il fut trois fois nommé Président de la Classe des Beaux-Arts, et trois fois appelé à en résu- mer les travaux dans des rapports fort bien écrits où se révèlent ses facultés esthétiques. Il aimait les artistes et s'en faisait aimer ; bon appréciateur de leurs œuvres, il s'était formé une jolie collection de tableaux principale- ment composée de toiles dues à des peintres genevois ^ — La Société des Arts qui jadis tenait aussi une place semi-offlcielle dans les institutions de notre cité, a passé par des temps difficiles après la révolution de 1846. Usant avec énergie de son influence politique, il a con- * Ce n'est que depuis 1858 que les nouveaux règlements de la So- ciété, à la rédaction desquels Piclet avait participé, ont institué une présidence annuelle. * Lors d'une réunion récente, M. le professeur Ed. Humbert a rap- pelé, dans une notice gracieuse et pleine de chaleur, les services que Pictet a rendus à la Classe des Beaux-Arts. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 361 tribiié à la défendre contre les attaques auxquelles elle était en but. Pictet a toujours aimé les Sociétés intercantonales suisses ; il attachait un grand prix aux relations d'amitié ou de science qui nous relient à nos confédérés '. C'est surtout dans la Société helvétique des Sciences naturelles qu'il a joué un rôle actif et qu'il laisse des souvenirs qui ne seront pas facilement effacés. Il était l'un des habi- tués de ses sessions annuelles, tantôt prenant part dans les séances officielles aux travaux et aux discussions qui la remplissent, tantôt animant de sa présence, de sa pa- role et de sa chaleur de cœur ces réunions intimes, ces banquets où les divers savants de la Suisse et leurs hôtes étrangers apprennent à se connaître et échangent familiè- rement leurs idées. Extrêmement sociable, quoique peu mondain, il trouvait un grand charme à ces relations si simples, si amicales et si faciles. Dans les sessions de cette Société qui ont eu lieu à Genève, il s'efforçait avec un véritable plaisir, de faire bonne réception à ceux qui venaient y assister. Outre la section de Genève, dont il faisait naturelle- ment partie, il avait reçu le diplôme de membre honoraire des sections cantonales de Neuchâtel, Zurich et Vaud. IV Je vais maintenant essayer de donner un aperçu des recherches spéciales et des ouvrages qui forment le titre de gloire inébranlable de celui dont nous esquissons la vie. L'heur'euse influence d'un professeur éminent ou l'administration habile d'institutions scientifiques, sèment * Déjà comme étudiant il faisait partie de la Société de Zofingue, bien connue de tous ceux qui ont fréquenté les Universités et les Aca- émies suisses. Archives, t. XLIII. - Avril 1872. 25 362 FRANÇOIS-JULES PIGTET. des germes qui tôt ou tard portent leurs fruits; mais il devient de plus en plus difficile, à mesure que le temps s'écoule, de suivre la trace de leur développement et d'en faire remonter le mérite à qui de droit. Au con- traire, les publications, si elles ont une valeur réelle, for- ment des monuments plus durables qui assurent la re- nommée de leurs auteurs. Pictet a beaucoup écrit. Je croyais être à peu près au courant de ses ouvrages, mais en les reprenant pour la rédaction de cette notice, j'ai été confondu, je le recon- nais, de leur étendue et de la somme de travail qu'il a dû y dépenser. On peut classer ses publications en diverses catégories, que nous passerons en revue en commençant par celle qui comprend ses recherches entomologiques, les pre- mières auxquelles il s'est livré '. A l'époque où se terminèrent ses études, l'entomologie n'avait guère été traitée que d'une manière générale, elle ne s'était pas encore spécialisée. En entreprenant l'étude détaillée d'un ordre particulier, on pouvait être certain de récolter une abondante moisson de faits nouveaux. La difficulté n'était donc pas, comme aujourd'hui, de trouver un champ inexploré, mais d'arriver à en bien diriger l'ex- ploitation, d'avancer sûrement dans une voie jusqu'alors sans jalons. Dans ses recherches sur les Névroptères, Pictet a su à la fois choisir un sujet plein d'intérêt et traiter d'une manière véritablement scientifique. Ses premiers mé- moires sur les larves des Némoures et sur les métamor- * Nous donnerons à la fin de celte notice une liste détaillée des ouvrages de Pictet ; nous nous dispenserons donc souvent dans ce qui va suivre d'indiquer où ses mémoires ont paru. NOTICE BIOGRAPHIQUE. • 363 phoses des Perles portent déjà ce cachet; mais c'est sur- tout dans son grand travail sur les Phryganides que Ton voit se développer son talent et sa sagacité; c'est aujour- d'hui encore l'ouvrage classique sur cette famille, celui qui a fondé la science moderne des Névroptères. Il comprend l'étude des Phryganes sous toutes ses faces, et l'on est frappé dès l'abord du nombre considé- rable d'observations de détail qu'il renferme. L'auteur s'applique à l'élude pleine d'intérêt des mœurs de ces animaux; il suit leur développement, il surveille la con- struction si curieuse des étuis dont les larves s'entourent pour se proléger en choisissant des matériaux divers suivant leur espèce ; il donne, ce qui n'était pas fréquent alors, l'anatomie de Tinsecte dans ses trois états; puis sur l'ensemble de ces faits, il pose les bases d'une classifica- tion rationnelle. Imbu des idées de Blain ville, dont les cours l'avaient le plus charmé à Paris et qui jouissait à celte époque d'une grande autorité, il cherche à trouver, dans les mœurs des Phryganes des caractères pour l'établissement des genres. Sa confiance dans la concordance de ces ca- ractères avec ceux qui sont tirés des formes et de l'ana- tomie, quoique bien justifiée pour les Phryganides, était peut-être un peu exagérée au début. Plus tard en pour- suivant ce système dans ses autres travaux sur les Né- vroptères, il vil surgir des difficultés, et quoique fasciné encore par la parole du maître dont la célébrité brillait de tout son éclat, il se trouva amené à combattre, avec une timidité un peu juvénile, ce que les principes de Blainville avaient de trop absolu ; il savait combien l'éta- blissement des genres est empirique, combien il est dif- ficile de les baser sur des principes nettement définis. 364 • FRANÇOIS-JULES PICTET. Sur les 120 espèces de Phryganes dont il donne la description, les trois quarts ont nouvelles, et dans ses efforts, pour en observer les mœurs, il réussit à re- connaître les larves de presque toutes. Les planches accusent un talent de dessin peu com- mun. On a cependant critiqué, pour un certain nombre de figures des insectes parfaits, la position choisie pour les représenter, qui ne permet pas de distinguer suffisam- ment les caractères des espèces. L'exactitude des données anatomiques a été contestée sur quelques points par Burnieister*, qui, du reste, faisait de l'ensemble de l'ouvrage un éloge d'autant plus dés- intéressé, que ce qu'il avait publié lui-même sur cette famille dans son traité d'entomologie paraissait avoir échappé aux recherches bibliographiques de l'auteur des Phryganes. Tel a été le premier grand ouvrage de Pictet, celui qui a fondé sa réputation, celui qui lui a valu le prix Davy, sa nomination de professeur à l'Académie de Genève et le titre de correspondant de plusieurs sociétés savantes ^ Le succès l'encourageant dans celte voie, il entreprit de faire pour les diverses familles de l'ordre des Né- vroptères, ce qu'il avait fait pour les Phryganides, c'est- à-dire de publier une série de monographies réunies dans un cadre commun : ce fut l'origine de l'ouvrage intitulé Histoire naturelle générale et particulière des In- sectes névroptères. Ces travaux sont conçus d'après le même plan, l'idée principale est toujours l'établissement * Archiv fur Nalurgeschichte, 1835, tome II, p. 65. ' Académie des Curieux de la nature de Bonn et Breslau, 1835; Académie des Curieux de la nature de Moscou, 1836; Société Ento- mologique de Londres, 1836, etc. NOTICE BIOGRAPHIQUE. " 365 de bases solides pour la classification naturelle; seule- ment il ne s'est pas borné, comme pour les Phryganides, aux insectes indigènes, il a étendu ses recherches à toutes les espèces connues. On y retrouve les mêmes qualités développées et mûries par l'expérience ; le temps consi- dérable qui s'est écoulé avant leur publication atteste une investigation consciencieuse. Le premier volume, qui parut par Uvraisons en 1841 et 1842, contient la monographie de la famille des Per- lides, dont l'auteur fait ressortir les analogies intimes avec l'ordre des Orthoptères. Il décrit plus de cent espèces, dont presque les deux tiers étaient nouvelles, et les classe en six genres. Le second volume, qui date de 1843 à 1845, est formé par la monographie des Éphémérines, qui, comme la précédente et aux mêmes titres, a recueilli les éloges des autorités les plus compétentes '. Il est à regretter que Pictet n'ait pas poursuivi cet ouvrage. Différentes raisons l'ont détourné de cette branche de l'Histoire naturelle : la mort d'Audouin et d'autres entomologistes avec lesquels il était en relations constantes, l'a un peu découragé ; peut-être sa vue de presbyte se fatiguait-elle à ces observations délicates; enfin l'étude de la paléontologie, lui ouvrant des horizons plus vastes, l'envahissait et le captivait chaque jour da- vantage. Les mémoires moins importants qu'il a publiés sur l'en- tomologie se rattachent pour la plupart aux recherches dont nous venons de parler; ce sont, par exemple : une note sur le genre Sialis, accompagnée de considérations ^ Voyez les Revues d'Erichson, Arcliiv fur Naturgeschichte, 1843, tome II, p. 231 , et 1846, tome II, p. 262. 366 FRANÇOIS-JULES PICTET. sur la classification desNévroptères qu'il divise en six famil- les; ses expériences sur la reproduction des pattes des in- sectes ; la description de quelques espèces nouvelles de Némoures indigènes et de Phryganides du Musée de Ge- nève, dont l'une l'entraîne à établir un genre nouveau, etc. Nous ne savons trop si nous devons classer dans l'en- tomologie ou la paléontologie le travail qu'il a fait sur les Névroptères fossiles de l'ambre. Le mode de conserva- tion, souvent si parfaite, des petits animaux qui se sont jadis laissé prendre à la glu découlant des végétaux d'une autre époque, la dissémination de ces débris qui ne sont point comme la plupart des autres fossiles dépo- sés dans des couches stratifiées, font de leur étude quel- chose de tout spécial, et en même temps de fort intéres- sant. Berendt avait conçu le plan d'un ouvrage général comprenant la description de toute la faune et de toute la flore de l'ambre de la Baltique; les diverses branches du travail ont été partagées entre plusieurs savants, et la partie concernant les Névroptères ne pouvait être placée en de meilleures mains que celles de Pictet qui connais- sait cet ordre d'insectes mieux que personne, et qui avait déjà une réputation comme paléontologiste. Il a inséré dans les Archives des Sciences physiques et naturelles, en 1846, un extrait de cette étude, accompagné d'une analyse des premières parties de l'ouvrage de Berendt, dont la publication venait de commencer sous les auspices de la reine de Prusse. Ce n'est que beaucoup plus tard, après la mort de Berendt, que le travail complet fut imprimé par les soins de M. Hagen qui en avait fait la traduction allemande et qui y a ajouté la description des espèces rassemblées postérieurement. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 367 Dans la faune de l'ambre, qui suivant toute proba- bilité se rapporte à l'époque tertiaire, Pictet comme d'au- tres de ses collaborateurs a retrouvé la confirmation de la loi de spécialité des fossiles : aucun Névroptère suffi- samment bien conservé ne lui a présenté des caractères identiques à ceux d'une espèce vivante. Quant aux genres, il en a trouvé un grand nombre qui subsistent encore actuellement; cependant il en a distingué trois nouveaux, et a même dû établir une famille nouvelle, celle des Pseudoperlides qui forme une sorte de transition avec Tordre des Orthoptères. En dehors de ses publications entomologiques que nous venons d'épuiser, et de celles de paléontologie que nous aborderons tout à l'heure, Pictet a fait quelques autres travaux originaux que nous ne pourrions analyser sans dépasser les limites que nous nous sommes impo- sées. Les uns sont consacrés à la description de plusieurs espèces nouvelles de Rongeurs indigènes ou faisant partie des collections du Musée ; la plupart de ses études ont été réunies en une série sous le titre de Notices sur les animaux nouveaux ou peu connus du Musée de Genèm. — Les autres sont relatifs à diverses monstruosités qu'il avait eu l'occasion d'étudier et sont loin d'être sans im- portance : la tératologie ne lui était pas plus étrangère que les autres branches de la zoologie ^ ' Ces publications, dans lesquelles il suivait les méthodes de classi- fications d'Is. Geoffroy Saint-Hilaire, comprennent la description d'un veau atlodyme, anomalie fort rare et jusque-là imparfaitement connue, ainsi que l'étude de divers monstres qui l'ont amené à établir un groupe nouveau (héteroïdiens) parmi les monstres unitaires omphalo- sites, et deux genres nouveaux (Poly page dans les Nomomphaliens, et Pleuromèle dans les Polyméliens). * 368 FRANÇOIS-JULES PICTET. A ce propos on nous permettra de mentionner un fait personnel, parce qu'il montre bien à quel point Pictet poussait les égards vis-à-vis de ses moindres collabora- teurs et combien peu il était porté à s'attribuer à lui seul un travail dès qu'un autre y avait touché. — Lorsque j'étais étudiant à l'Académie et que je fréquentais le labo- ratoire de zoologie, on y apporta un mouton monstrueux constituant un genre nouveau. Pour m'encourager, il me fit travailler un peu à l'étude de ce monstre : mon rôle se borna à quelques coups de scalpel et à quelques méchants dessms. — Huit ou dix ans plus lard, il intro- duisait la description de ce monstre dans une Notice sur quelques anomalies de l'organisation; en y arrivant il citait mon nom, et passant du/e au nous, il m'élevait au rang d'un véritable collaborateur. J'avoue qu'en lisant cette notice imprimée, je fus étonné de mes connais- sances en tératologie. V Pictet a été conduit par son enseignement à l'Académie de Genève aux recherches paléontologiques qui sont de- venues le sujet favori de ses études. Dans l'année scolaire 1840-1841, il fit un premier cours spécial sur les fos- siles; ce sujet fut bientôt introduit d'une manière plus réguUère dans les programmes académiques. Il n'existait pas alors de bon traité élémentaire de pa- léontologie pouvant faciliter le travail des étudiants et des jeunes naturalistes. Parmi les livres déjà nombreux que possédait cette branche importante de la science, aucun ne la faisait envisager dans son ensemble; les uns étaient trop élémentaires et trop incomplets, les autres trop spé- ciaux ou trop volumineux. Pictet entreprit de combler NOTICE BIOGRAPHIQUE. 369 celte lacune et son ouvrage ' parut en quatre volumes de 1844 à 1846. Cette publication inattendue de la part d'un naturaliste connu seulement par ses recherches entomologiques, ne laissa pas d'étonner le monde savant qui ignorait encore la généralité des connaissances de l'auteur, et le voyait tout à coup prendre sa place on maître en entrant dans cette nouvelle arène '". Le Traité de Paléontologie, écrit avec méthode et luci- dité, comprend l'énuméralion de tous les genres et espèces d'animaux fossiles alors connus, ainsi que des considérations générales résumant l'état de la science à cette époque. Toutes les parties en sont pour ainsi dire également bien traitées, et des mammifères aux infusoires chaque chapitre atteste la possession complète des di- verses branches de la zoologie, que Pictet avait puisée non-seulement dans ses lectures, mais surtout dans ses consciencieux travaux de classification et de détermina- tion pour le Musée de Genève, Aussi cet ouvrage ne tarda-t-il pas à devenir classique ; la première édition fut bientôt épuisée, et une seconde édition entièrement remaniée et mise à la hauteur des immenses progrès que la paléontologie avait faits en peu d'années, fut publiée de 1853 à 1857. Les considérations générales qui forment la première partie de ce livre sont extrêmement attachantes. En les relisant aujourd'hui dans les deux éditions successive- • Traité élémentaire de Paléontologie, ou Histoire naturelle des animaux fossiles dans leurs rapports zoologiques et géologiques. * Le seul travail paléontologique qu'il ait fait avant son Traité élé- mentaire est une Note, datant de 1834, sur des ossements d'ours trouvés dans une caverne des Gévennes, que le pasteur Buchet avait envoyés au Musée de Genève. 370 FRANÇOIS-JULES l'ICTET. ment, en s'aidant de quelques articles détachés publiés à diverses époques dans les Archives des Sciences physiques et naturelles, on suit avec intérêt les évolutions des idées théoriques de Pictet sur les grandes questions de l'ori- gine des espèces et de la succession des faunes. Dans la première édition du Traité de Paléontologie, il adopte comme la plus satisfaisante la théorie des créa- tions successives, qui suppose que chaque époque géolo- gique a été terminée par un anéantissement complet des espèces la caractérisant, et qu'une faune entièrement nouvelle a été créée à l'aurore de l'époque suivante; mais pour lui, comme pour tout bon esprit, les théories néces- saires pour rendre la science intéressante, pour grouper les faits, pour diriger les recherches, ne présentent guère de solidité, surtout dans une branche aussi nouvelle de nos connaissances. Il dit en parlant de cette théorie des créations successives ' : « Je ne connais aucun argument de quelque force qui puisse être invoqué directement contre elle, et je crois que, dans l'état de nos connaissances, c'est la seule ad- missible. « Toutefois, je dois le déclarer ici, cette théorie n'est pas complètement satisfaisante ; elle ne me semble pas rendre suffisamment compte de tous les faits, et je ne puis pas m'empêcher de croire qu'elle n'est appelée à jouer qu'un rôle provisoire. Elle explique très-bien les différences qui existent entre les faunes successives; mais il y a aussi entre les faunes des ressemblances qui ne s'accordent peut-être pas bien avec elle. « Si on compare deux créations successives d'une même époque, telles que les faunes des cinq divisions du * Première édilion, tome 1, page 91. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 371 terrain crétacé, on sera frappé des liaisons intimes qu'elles ont entre elles. La plupart des genres sont les mêmes; une grande partie des espèces sont très-voisines et faciles à confondre. En d'autres termes, deux faunes successives ont souvent le même faciès ou la même physionomie; si on compare en particulier, dans l'exemple que je viens de prendre, les animaux fossiles du terrain luronien à ceux de l'étage albien, on reconnaîtra je crois facilement ces ressemblances. Est-il probable que la faune albienne ait été complètement anéantie, puis, par une nouvelle création indépendante, remplacée par une faune toute nouvelle et qui lui est si semblable ? Je sais que l'on peut mettre ces faits sur le compte du plan général de la création; mais l'esprit est-il entièrement satisfait de cette explication ? Ne semble-t-il pas qu'il y a là encore quel- que chose qui nous échappe ? Au reste, je le répète, ces objections un peu vagues ne sont en aucune manière comparables à celles, plus précises, qui militent contre les autres théories. « Ces faits se lient d'ailleurs à la manière dont on peut envisager la création actuelle. Tous les animaux sont-ils sortis tels qu'ils sont des mains du Créateur, ou sont-ils provenus d'un certain nombre de types ? Il me semble difficile d'admettre que ces espèces innombrables, sur les limites desquelles nous doutons si souvent, aient sans exception été créés avec tous leurs caractères de détail. « A ces qu'estions difficiles la science fournit encore très- peu de réponses satisfaisantes. La succession des êtres organisés, l'origine des espèces actuelles, leur distribu- tion géographique, la formation des races humaines, ne sont en quelque sorte que des faces différentes d'un même 372 FRANÇOIS-JULES PIGTET. problème dont la solution sur un point éclairera néces- sairement les autres. « Je crois donc que la théorie des créations succes- sives ', qui est la plus acceptable de toutes, est vraie dans son ensemble, mais que d'autres causes s'y sont jointes peut-être pour déterminer l'état actuel de la création et des faunes antérieures. Peut-être les modifications des espèces, que j'ai démontré ci-dessus ne pas pouvoir ex- pliquer les formations des types nouveaux, et les appa- ritions d'espèces très-différentes, ont-elles joué quelque rôle pour faire provenir d'un type commun un certain nombre d'espèces très-voisines. Peut-être, en d'autres termes, faut-il dans cette question, comme dans tant d'autres, ne pas chercher une explication trop exclusive et faire intervenir des causes diverses. a Au reste, je ne crois pas la science prête à donner une solution définitive : on peut plus ou moins la prévoir, mais on ne peut pas encore la démontrer. C'est à l'étude stricte et intelligente de la nature qu'il appartient d'en réunir les matériaux. Il faut mieux connaître encore cha- cune des créations successives pour se faire une idée complète de leurs rapports et de leurs différences avec celles qui les ont précédées et suivies. « C'est là le problème le plus important de la paléon- tologie, mais on n'en trouvera la solution que dans l'ob- » i Je ferai observer ici que la théorie des créations successives est la seule qui se lie logiquement avec la loi que les espèces sont toutes différentes d'un terrain à l'autre, parce qu'elle rend celte loi nécessaire. C'est à mon sens un argument très-fort en sa faveur. Toulelois il ne faut pas trop se hâter de lier l'avenir de la paléonto- logie par des idées préconçues, et il faut chercher la vérité où elle est. Peut-être, d'ailleurs, une théorie intermédiaire pourrait-elle aussi s'accorder avec celte loi.» NOTICE BIOGRAPHIQUE. 373 servation des faits ; eux seuls sont stables et ils survivront peut-être seuls à toutes les théories que nous discutons aujourd'hui. » Dans un article publié quelques années plus tard dans les Archives *, Pictet expose avec plus de développement sa manière de voir qui ne s'est pas beaucoup modifiée. Il établit avec clarté la distinction qu'il faut faire entre la loi de spécialité des fossiles et la théorie des créations successives : la loi de spécialité découle de la pure obser- vation des faits, et consiste en ce que chaque formation renferme généralement des fossiles différant de ceux des autres formations au moins autant que diffèrent entre eux les animaux aujourd'hui vivants que nous considérons comme des espèces diverses; la théorie des créations suc- cessives est une simple hypothèse; elle explique fort bien la loi de spécialité des fossiles ; à celte époque, elle paraissait mieux que toute autre rendre compte des faits, mais on peut soulever contre elle de graves objections déjà indiquées plus haut. Dans la seconde édition du Traité de Paléontologie, le chapitre des considérations générales a subi de grandes modifications ; les lois paléontologiques sont devenues plus nombreuses, on voit apparaître des idées nouvelles, telles que ce principe si curieux, que l'ordre d'apparition des divers types d'animaux rappelle souvent les phases du développement embryonnaire. La loi de spécialité des fossiles a quelque peu perdu de sa rigueur : il devient incontestable que, dans quelques cas limités, certaines espèces plus robustes ou plus abondantes ont résisté aux • « Encore quelques mots sur la succession des êtres organisés à la surface de la terre, j Archives des Sciences physiques et natur., "1847, tomeVI, p. 23. 374 FRANÇOIS-JULES PIGTET. causes de destruction qui frappaient les autres espèces contemporaines, et se retrouvent dans la période suivante associées à une faune postérieure. Quant à la théorie, celle des créations successives, ou mieux de l'indépendance des faunes, est maintenue parallèlement à la transformation successive des espèces qui prend une importance crois- sante: « Peut-être, dit l'auteur', faut-il chercher la vé- rité dans une théorie intermédiaire entre les deux que nous avons discutées, ou dans le mélange des deux. La théorie de l'indépendance des faunes doit très-probable- ment être appliquée à l'apparition de types distincts, car ils ne proviennent certainement pas, par voie de généra- tion directe et normale des types fort différents qui les ont précédés. Mais en revanche, le remplacement des espèces par des espèces analogues, ne pourrait-il pas faire croire, dans de certaines limites, à des transitions et à des changements de forme? » Nous retrouvons les mêmes idées sous une forme plus précise encore dans un article % fort remarqué, consacré à la critique du célèbre ouvrage de M. Darwin sur l'ori- gine de l'espèce. Tout en témoignant à chaque page son admiration pour ce beau travail, tout en reconnaissant que la lutte pour l'existence et la sélection naturelle peu- vent avoir exercé sur les variations des espèces une in- fluence plus grande qu'on ne le croyait précédemment, Pictet ne peut concevoir cette action comme suffisante pour expliquer les différences et les modifications com- plètes qu'on observe dans la série des animaux fossiles ou vivants. Nous ne pouvons analyser ses arguments, il faudrait reproduire presque tout l'article ; bornons-nous ^ Traité de Paléontologie, S-"^ édition, tome 1, p. 90. ' Archives. 1860, tonae VII, p. 233. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 375 à citer un seul passage où l'auteur expose sa manière de voir sur cette question. « Je dois reconnaître que si M. Darwin n'a pas trouvé, pour justifier la possibilité de son hypothèse, des preuves directes suffisantes, il a pu s'appuyer sur des preuves indirectes dont la portée est réelle et incontestable. Si on passe sur l'absence d'une démonstration directe, on re- connaîtra que sa théorie cadre très-bien avec les grands faits de l'anatomie comparée et de la zoologie. Elle se prête en particulier admirablement à expliquer l'unité de composition organique, les organes représentatifs ou ru- dimentaires, les séries naturelles que forment les espèces et les genres. Elle correspond également avec plusieurs données paléontologiques, elle s'accorde bien avec les res- semblances spécifiques qui existent entre deux faunes consécutives, avec le parallélisme qu'on observe quelque- fois entre la série du développement paléontologique ei la série embryonnaire, etc. « Nous nous trouvons ainsi dans une singulière posi- tion, en présence d'une théorie dont l'observation des faits qui se passent sous nos yeux semble démontrer l'impos- sibilité, et qui, d'un autre côté, paraît le meilleur moyen d'expliquer la manière dont les êtres organisés se sont développés dans les époques antérieures à la nôtre. « Ceci nous amène tout naturellement à nous deman- der : que pourrait-on lui substituer ? Ici, je me sens plus faible et bien près du je ne sais pas, conclusion ordinaire de ces questions mystérieuses. Je dirai cependant en quelques mots quelle est l'hypothèse à laquelle jusqu'à présent j'ai rattaché ces faits. a Je me suis toujours représenté la succession des êtres organisés comme sous l'influence de deux forces. 376 FRANÇOIS-JULES PICTET. L'une, que je nommerai génération normale, est celle qui agit sous nos yeux ; qui crée la ressemblance des enfants et des parents, qui assure pendant de nombreuses géné- rations successives la permanence de l'espèce, et qui, cependant, suppose et permet quelques variations que l'étude du monde actuel nous enseigne d'une manière surabondante. Je crois que la longue série des temps géologiques peut lui avoir donné un peu plus de portée, et lui a permis, par l'accumulation de résultats analogues, de faire naître d'une même espèce quelques espèces très- voisines. L'autre, que j'appellerai force créatrice, a agi à l'origine des choses pour produire immédiatement une faune variée et abondante, et son action se manifestant à des intervalles éloignés, a successivement donné le jour aux types distincts dont la paléontologie nous enseigne l'existence. Je sais bien que c'est là une force mystérieuse dont la nature et le mode d'action nous échappent; mais je crois que tout nous enseigne qu'elle doit être jointe à l'autre « Je ne vois pas bien pourquoi la force créatrice ne pourrait pas^ dans son mode d'action, qui est tout à fait inconnu, avoir amené des résultats analogues à ceux qu'aurait créés la loi de variation dans les générations normales. Je dois à ce sujet faire remarquer que tous ceux qui ont soutenu son existence ont été victimes du mot malencontreux de créations successives, expression ordi- naire de son application dans la série des temps. On a été par là trop entraîné à voir dans chaque apparition de types nouveaux l'intervention directe d'une Volonté su- prême dégagée de tout lien avec l'ensemble de la créa- tion, autre qu'un plan général. Or, quand on cherchait à se rendre compte de ce plan, il était facile de s'expliquer NOTICE BIOGRAPHIQUE. 377 la concordance physiologique de l'harmonie des organes ; mais il était pins difficile de comprendre pourquoi il y en a tant de rudimentaires, sans emploi physiologique, re- présentants en apparence inutiles d'organes nécessaires à d'autres types. « Il est bien plus probable, comme je l'ai dit ailleurs \ que la force créatrice est sous l'empire d'une loi générale établie dès l'origine par le Créateur, loi dont nous n'a- vons pas pu encore entrevoir la nature, et dont le mode d'action ne pourra probablement jamais être complète- ment compris. Qui nous dit que cette loi n'a pas une certaine analogie avec la génération normale, et que, dans cette analogie même, ne se trouverait pas l'explication de l'unité de composition organique ? » Douze années se sont écoulées depuis la publication de cet article". Dans cet intervalle, de nouvelles recher- ches paléontologiques, de nouvelles méditations sur cette question fondamentale, ont-elles amené Pictet à faire un pas de plus, à admettre que cette force créatrice ne s'est pas toujours exercée en formant de toutes pièces un être nouveau, et qu'elle a agi aussi en modifiant profondé- ment, à certaines époques et dans certaines conditions, des animaux déjà existants? c'est ce que nous sommes disposés à croire. Mais il a persisté dans l'opinion que la seule sélection naturelle, c'est-à-dire une force aveugle, le hasard en un mot, ne suffit pas à expliquer les faits qui se révèlent à nous. Il a toujours soutenu celte thèse avec ' Traité de Paléontologie, 1^^ édition, tome I, p. 87. * Pictet a analysé, il est vrai, dans un article plus récent l'ouvrage de M. Darwin sur la Variation des animaux et. des plantes sous l'action de la domestication {Archives^ 1869, tome XXXIV, p. 40) ; mais il ne revient guère sur les discussions théoriques. Archives, t. XLIII. — Avril 1872. 26 378 FRANÇOIS-JULES FIGTEÏ. chaleur et nous dirions avec bon sens et justesse, si cet acquiescement de la part de quelqu'un aussi incompétent que celui qui écrit ces lignes, pouvait avoir la moindre valeur. Autant que nous en pouvons juger par quelques con- versations, quelques passages épars et quelques notes, ébauche d'un travail dans lequel il se proposait de ré- sumer ses dernières recherches paléontologiques, il ad- mettait la possibilité de la filiation des faunes succes- sives suivant des lois spéciales. Il concevait que chaque espèce porte en germe les modifications futures qu'elle pourra subir, comme l'embryon renferme virtuellement les caractères de l'animal adulte, comme la chenille con- tient le papillon. De là cette similitude dans les modifica- tions des formes sur toute la surface de la terre: en Eu- rope, en Amérique, comme dans les Indes orientales, les mêmes familles et les mêmes genres, semblent, en effet, avoir apparu et disparu simultanément, lès divers types se sont succédé dans le même ordre. — La sélection natu- relle et l'influence des circonstances locales constitue un facteur pouvant favoriser telle ou telle évolution, mais in- capable de la produire par lui-même. Le développement avec lequel nous avons exposé les idées de Pictet sur le grand problème de la succession des espèces ne doit point faire supposer que, se plaisant dans ces spéculations, il en fit l'objet de ses préoccupa- tions habituelles. Au contraire, loin d'être le point de dé- part de ses recherches, les théories lui paraissent devoir être reléguées au second plan. Moins que personne, dans ses travaux, il ne se propose la poursuite d'arguments à l'appui d'une opinion scientifique préconçue, encore NOTICE BIOGRAPHIQUE. 379 moins d'une idée philosophique ou de ses convictions religieuses'. Le but immédiat du savant est à ses yeux l'observation impartiale, l'étude aussi détaillée que pos- sible des faits, quitte à ce que plus tard la théorie se dé- gage d'elle-même des résultats positifs laborieusement accumulés. Ses recherches paléontologiques originales présentent * Pictet terminait de la manière suivante un article dans lequel il avait analysé l'ouvrage de Gaudry, intitulé : Animaux fossiles et géo- logie de l'AUique {Arddves (les Se. phys. et nat., 1866, t. XXVI, p. 5): « Nous ne pouvons pas amener la discussion sur le champ des questions philosophiques et religieuses, et nous nous bornerons à ex- poser la théorie de notre savant ami, que nous ne saurions ni com- battre ni appuyer par de nouveaux arguments. « Nous sommes du reste tout à fait d'accord avec lui en principe, car il demande comme nous que la question de la transformation des espèces soit traitée en dehors de toute préoccupation étrangère à la science. Nous ne pouvons qu'approuver ses paroles quand il dit : « qu'un philosophe chrétien peut admettre une création originaire « sans croire à des créations successives. C'est à tort qu'on voudrait « opposer l'expression de créations successives à celle de transforma- « lion, comme s'il y avait un débat entre les idées religieuses et le « panthéisme, il s'agit de savoir, non si Dieu a créé ou n'a pas créé, « mais si les manifestations successives contenues en puissance dans « sa création ont été des formations ou des transformations. » « Malgré ce que nous avons dit plus haut, iM. Gaudry n'est pas dar- winisle dans le sens strict du mot. Il ne croit pas aux modifications gra- duelles par voie de générations normale. Il n'admet ni la lutte pour l'existence, ni la sélection naturelle. 11 part d'autres bases, et son hy- pothèse est celle-ci: il croit que, dans l'origine, les êtres ont été créés avec la tendance à conserver leurs caractères spécifiques. Il admet l'intervention constante du Créateur, qui, par un acte de sa volonté, amène, pendant toute la série des âges, les modifications spécifiques qu'il juge en rapport avec l'harmonie générale. Nous aimerions mieux, pour nous, si les transformations doivent être une fois prouvées dans leur universalité, croire qu'elles dépendent de lois générales, établies dès la création et agissant peut-être avec une périodicité qui nous est inconnue; mais, ainsi que nous l'avons dit, nous ne pouvons ni ne voulons substituer une autre hypothèse à la sienne. » 380 FRANÇOIS-JULES PICTET. tout à fait ce caractère : dès le début nous le voyons pé- nétré de l'importance des motiographies locales, c'est-à- dire de la description exacte et complète des espèces fossiles contenues dans une couche ou une succession de couches, sur un point limité, dans une localité où les coupes géologiques soient précises et la stratigraphie bien établie. Des séries de travaux semblables devront fournir des points de repère et des termes de comparaison cer- tains, permettant d'aborder la synthèse et d'arriver à la dé- duction de lois générales en l'appuyant sur une base sohde et peu contestable. C'est aussi par les monographies lo- cales que la paléontologie prêtera à la géologie le plus utile concours : de simples listes de fossiles recueillis çà el là, des observations superficielles ne peuvent mener à aucun résultat sérieux. Fidèle à ces principes, Pictet a successivement publié, en partie dans les Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, mais le plus souvent à ses frais, une magnifique série de travaux de paléontologie descriptive qui peuvent se classer sous deux chefs dis- tincts. Les uns sont relatifs aux gisements fossilifères de la Suisse ou des localités avoisinantes, étudiés chacun d'une manière méthodique, suivie, complète: ce sont ses Matériaux pour la Paléontologie suisse. Les autres se composent de recherches diverses, nées de l'occasion, concernant des fossiles étrangers à la Suisse que les cir- constances l'avaient amené à décrire : ce sont ses Mélanges yaléontologiques *. Dans ces deux catégories de pubhcations, il s'est sou- ' La plupart de ces ouvrages ont été l'objet d'un extrait succinct que l'auteur insérait dans les Archives (voir à la fin de cette Notice la liste des ouvrages de Pictet). NOTICE BIOGRAPHIQUE. 381 vent associé des collaborateurs ; mais ces derniers ne nous démentiront pas quand nous dirons qu'il ne s'est pas borné à accorder une bienveillante hospitalité aux travaux d'autrni. Une ou deux monographies, auxquelles il n'a pas coopéré et en tête desquelles il n'a point mis son nom^ ont, il est vrai, été admises dans les Matériaux; mais pour le reste, formant la partie de beaucoup la plus considérable, il a pris sa part, et sa très-large part du travail; la rédaction en particulier a constamment été l'œuvre de sa plume; et quant aux planches, il dessinait presque toujours lui-même les fossiles en se servant de la chambre claire, de manière à avoir des contours exacts; il remettait ces croquis aux dessinateurs dont il suivait soigneusement le travail. Jetons un coup d'œil rapide sur ces vastes recherches en commençant par celles qui sont relatives à la Suisse. Le premier ouvrage se rattachant à cette série, bien qu'il ne soit pas compris dans les volumes intitulés: « Maté- l'iaux » est la DescriiAion des Mollusques fossiles qui se trouvent dans les grès verts des environs de Genève, insérée dans les Mémoires de la Société de Physique. La première partie, traitant des Mollusques céphalopodes, est l'œuvre exclusive de Pictet, elle a paru en 1847; les trois autres parties ont été faites en collaboration avec M. W. Roux et portent les dates de 1849, 1852 et 1853. C'est la réussite de cet ouvrage important dont le ti- rage à part est aujourd'hui entièrement épuisé qui lui a inspiré l'idée d'élargir cet ordre de publications en les groupant sous le même titre; et en profitant de ce que sa position de fortune lui permettait désormais de supporter le coût considérable de celte œuvre énorme, il commença à éditer les Matériaux pour la Paléontologie suisse. 382 FRANÇOIS-JULES PICTET. La première série, qui a commencé à paraître en 1854^ comprend quatre monographies intitulées: « Description du terrain aptien de la Perte-du-Rhône, » par F.-J. Pictet et S. Renevier; « Mémoire sur les animaux vertébrés trou- vés dans le terrain sidérolitique du canton de Vaud, » par F.-J. Pictet, C, Gaudin et Ph. de la Harpe ; « Monographie des Chéloniens de la Mollasse suisse, » par F.-J. Pictet et A. Humbert; « Description d'une Emyde nouvelle du ter- rain jurassien supérieur de Saint-Claude, » par F.-J. Pictet seul. Les séries suivantes, dont la majeure partie est remplie par un important travail qui va nous occuper à l'instant, contiennent en outre: la «Description des fossiles du terrain néocomiendes Voirons, » par F.-J. Pictet et P. de Loriol; la « Description des Reptiles et Poissons fossiles de l'é- tage virgulien du Jura neuchatelois, par F.-J. Pictet et Jaccard ; la « Monographie paléontologique des couches de l'étage valangien des carrières d'Arzier, » par M. de Loriol seul, et un « Supplément au Mémoire sur les vertébrés du terrain sidérolithique du canton de Vaud, » par F.-J. Pictet et A. Humbert. Arrivons" au travail principal faisant partie des Maté- riaux, nous voulons parler de la « Description des fossiles du terrain crétacé des environs de Saint-Croix, » ouvrage colossal, qui malheureusement n'a pu être complètement achevé, et dont nous ne pouvons mieux faire connaître le but qu'en reproduisant quelques passages pris dans l'in- troduction : « Les terrains des environs de Sainte-Croix sont peut- être de tous les gisements de b Suisse ceux qui peuvent fournir les renseignements les plus précieux sur les fos- siles de l'époque crétacée. On trouverait difficilement une NOTICE BIOGRAPHIQUE. 383 série plus complète de formations mieux déterminées et plus riches en débris organiques. Une coupe dans la- quelle on trouve dix étages crétacés, tous fossilifères et superposés dans un ordre incontestable, est un fait rare, qui nous a paru motiver au plus haut degré une étude approfondie et détaillée. « En commençant, sous le nom de Matériaux pour la Paléontologie suisse, une série de monographies sur les fossiles du Jura et des Alpes, mon but principal, ainsi que je l'ai indiqué alors, était de réunir un certain nom- bre de faits incontestables sur la distribution géologique des espèces, sur l'époque d'apparition, la durée et l'ex- tinction de chacune d'elles. J'ai recherché dans ce but quelques localités où l'on pût faire une coupe géologique parfaitement claire, où l'ordre de succession des terrains ne présentât aucun doute et où l'on n'eût pas à s'appuyer sur des rapprochements contestables, comme cela est né- cessaire quand on embrasse un certain espace comprenant des terrains dont les relations stratigraphiques ne peu- vent pas être observées directement. J'ai pensé qu'en décrivant avec soin les fossiles d'une de ces coupes et en notant exactement pour chacun d'eux l'étendue de son existence et les espèces auxquelles il est associé, puis en faisant un travail analogue sur d'autres coupes et d'au- tres localités, on arriverait mieux que par tout autre pro- cédé à établir ou à limiter les lois de la distribution des êtres organisés « Par ces motifs, et par bien d'autres, je suis convaincu de la nécessité des monographies locales et, comme je l'ai dit plus haut, il n'est aucune région dans nos environs pour laquelle cette méthode présente plus d'avantages et paraisse plu?; nécessaire. Les environs de 384 FRANÇOIS-JULES PICTET. Sainte-Croix fourniront, j'en suis convaincu, un type qui servira à expliquer et à éclairer bien des autres coupes moins riches et moins étendues, « Cette localité se présente en outre avec un avantage d'un autre genre. Depuis bien des années elle est exploi- tée avec zèle et intelligence par M. le docteur Campiche. Sa belle collection est la base et l'occasion de cette mono- graphie. Le gr-and nombre des espèces recueillies, leur bonne conservation, la parfaite certitude de leur gisement, nous ont donné des facilités exceptionnelles, et la pro- messe qu'il a bien voulu nous faire d'une collaboration active nous permet d'affirmer, que la distribution géo- logique des espèces poura être fixée avec toute la sécu- rité et les détails désirables « Cette monographie est divisée en trois parties. « La première est la Description géologique de Sainte- Croix. Elle est due entièrement à MM. Campiche et Tribolet...... a La seconde partie et la plus étendue est la Descrip- tion des fossiles. L'impossibilité de nous réunir très-sou- vent et surtout longtemps de suite, me force à me cliar- ger seul de la rédaction « La troisème partie sera un Résumé paléonlolo- gique » On voit quel était le plan et la distribution de ce tra- vail; à Campiche, que la mort devait enlever le premier, appartient la recherche des fossiles et leur réunion en une immense collection soigneusement classée suivant l'ordre slratigraphique ; à Pictet revient l'étude et la dé- termination des espèces, la confection des planches et la rédaction. La première partie, fort bien travaillée du reste, est NOTICE BIOGRAPHIQUE. 385 très-courte. La seconde inQniment plus volumineuse a été presque achevée; la description des Vertébrés, et celle des Mollusques céphalopodes, gastéropodes et acé- phales sont publiées en trois gros volumes in-4° com- prenant plus de 2000 pages, 192 planches, ainsi que de précieuses énuméralions de toutes les espèces crétacées connues, classées par ordre stratigraphique, placées à la fin de chaque genre. L'étude des Mollusques bra- chiopodes est faite et prête pour l'impression; celte œuvre posthume sera sans aucun doute prochainement pu- bliée. LesÉchinodermes doivent être compris dans la Des- cription des Oursins des terrains crétacés de la Suisse que rédige M. de Loriol. Quant aux Bryozoaires et aux Poly- piers, leur monographie ne rentrait pas dans le plan de l'ouvrage; tout au moins était-elle ajournée à une époque plus tardive. Si la seconde partie peut, comme on le voit, être con- sidérée comme terminée, il n'en est pas de même du Résumé paléontologique qui devait couronner cette œuvre ; à peine a-t-il été ébauché, et nous ne pouvons pas espérer qu'il puisse être livré à la publicité. On trouve bien quelques données sur les idées d'ensemble auxquelles l'auteur avait été conduit dans certains articles des Ar- chioes où, tout en donnant un extrait très-abrégé de diverses parties de son ouvrage, il exposait les résultats généraux de ses recherches ' ; mais ces fragments ne peu- * Voyez les articles suivants : Notice sur les Poissons des terrains crétacés de la Suisse el de la Savoie, Archivea, 1858, tome I, p. 229; Note sur la succession des Mollusques céphalopodes pendant l'époque crétacée, etc., 1861, tome X, p. 320; et particulièrement : Note sur les Mollusques gastéropodes, etc., 1864, tome XXi, p. 5. Dans ce der- nier article, l'auleur établit que les neuf faunes successives de Sainte- Croix, très-peu différentes par les genres qu'elles comprennent, sont au contraire distinctes par la presque totalité de leurs espèces. Un 386 FRANÇOIS-JULES PICTET. vent compenser la perte à jamais regrettable du travail de synthèse qu'il préparait. Dans la série des Mémoires paléontologiques qui ne se rapportent pas à la Suisse, nous avons à citer d'abord, en 1 850, la Descriplion de quelques Poissons fossiles du Mont Liban, rapportés par M, Edm. Boissier. L'étude des fossiles de cette classe le captivait singulièrement, et il disait souvent que rien ne lui plaisait comme de décrire des poissons bien conservés. Il a repris ce travail plus tard; sur sa demande M. A. Humbert visita, au re- tour de son voyage de Geylan, les gisements fossilifères petit nombre de celles-ci constituent des exceptions d'une faible im- portance ; il est très-rare, dans ces exceptions, qu'une espèce soit abondante dans deux étages : tantôt elle commence par quelques indi- vidus dans l'étage inférieur, tantôt elle se continue dans l'étage su- périeur par un très-petit nombre de types en voie de diminution. Les faunes crétacées de Sainte-Croix sont donc remarquablement distinctes. Mais cette indépendance ne se constate plus d'une manière aussi complète, si l'on compare ces faunes de Sainte-Croix avec les popula- tions contemporaines sur une certaine étendue géographique. Alors naissent des mélanges incontestables que Pictet explique en admettant que les espèces se sont renouvelées dans certaines régions détermi- nées, vai'ianl suivant les périodes, et que les faunes observées sont le résultat des nu'grations ou du rayonnement de ces types nouveaux. Il cite l'histoire du renne, dans l'époque moderne, comme un exemple frappant de la manière dont les choses ont dil se passer anciennement. Le renne peut être considéré comme caractérisant, d'une part, la pé- riode quaternaire en France, et d'autre part, la période actuelle en Laponie où il est associé à des espèces différentes. — Si cette expres- sion des faits est moins commode pour les géologues qui recherchent dans la paléontologie un procédé pour identifier les couches, elle est du moins plus conforme à la vérité. On peut consulter aussi sur ce sujet, et particulièrement sur le rôle des migrations en paléontologie, un autre article que Pictet avait écrit à propos d'un travail de M. Agassiz, un de ses amis les plus chers, avec lequel il était souvent en communauté d'idées. {Archives, 1862, t. XV, p. 45.) NOTICE BIOGRAPHIQUE. 387 du Liban et en rapporta d'importants matériaux qui fu- rent publiés en 18G6, Les autres mémoires de cette catégorie sont réunis en un volume intitulé Mélanges paléontologiqties. Appelé par ses travaux sur la Paléontologie suisse à comparer une quantité considérable de fossiles provenant d'autres pays, et ne pouvant faire rentrer ces études dans son œuvre principale, il crut utile de les rassembler dans un ouvrage spécial qu'il commença, en 1863, par des Notices sur certaines espèces de Céphalopodes crétacés. Un peu plus tard, il s'était soulevé une question impor- tante qui intéressait à la fois la géologie et la paléontolo- gie; elle avait trait aux limites de la période jurassique et de la période crétacée, et elle fut provoquée par une publication d'Oppel, qui entreprit de grouper, sous le nom d'étage tithonique, un certain nombre de couches situées sur les limites des deux formations. La question se compliqua d'une autre, celle de l'âge longtemps contro- versé des calcaires de la Porte-de-France. Pictet s'inté- ressa très-vivement aux débats animés qui eurent lieu entre divers savants, et qu'il résuma avec sa précision et sa lucidité habituelles dans un rapport fait à la Société helvétique des Sciences naturelles en 1869. D'autre part il publiait coup sur coup dans ses Mélanges, trois mémoires très-importants, destinés à élucider la question par des faits. Ce fut d'abord sa Monographie de la faune à Tera- bratula^diphyoides de Berrias (Ardèche), entreprise après un voyage sur les lieux et publiée en 1867, Puis la même année parut la monographie des Térébratules du groupe de la T. Diphya, travail dans lequel d'immenses matériaux furent mis en œuvre. Enfin, l'année suivante il fît encore paraître une troisième monographie sur les 388 FRANÇOIS-JULES PICTET. fossiles de la Porle-de-PVance, qui termine le volume de ses Mélanges paléonlologiques. VI Après avoir passé en revue les travaux spéciaux de Pictet, il nous reste à dire quelques mots d'un autre genre de publications : nous voulons parler de sa collaboration à la Dibliolhèque Unioerselle. Depuis 1831, il a presque constamment travaillé à la rédaction de ce recueil; jusqu'en 1845 il n'a pas fait par- tie du comité de Direction, et son rôle s'est borné à four- nir tantôt des notes originales et des extraits de ses ou- vrages plus étendus, tantôt des revues destinées' à faire connaître les progrès de la science sur des points impor- tants, tantôt enfin des analyses succinctes de divers mé- moires, articles qui prenaient place dans le Bulletin scien- tifique. En 1846, M. de la Rive qui pendant dix ans avait seul supporté le poids de la Direction de la Bibliothèque universelle, se décida à élargir le cadre de cette publica- tion et à la diviser, comme cela avait eu lieu jadis, en deux sections, l'une littéraire, l'autre scientifique. Cette dernière partie ajouta le titre d'Archives des Sciences phy- siques et naturelles à celui de Bibliothèque Unioerselle, et il se forma, pour sa rédaction une comité d'abord com- posé de MM. de la Rive, Marignac et Pictet, qui plus tard s'adjoignirent d'autres collaborateurs. Depuis ce mo- ment la coopération de ce dernier devint naturellement beaucoup plus active et ne contribua pas peu au succès de l'entreprise. Chargé de tout ce qui concernait la zoologie, il apporta beaucoup de soin à la rédaction du Bulletin scientifique pour cette branche, et y inséra un nombre très-considérable NOTICE BIOGRAPHIQUE. 389 d'excellentes analyses, toujours claires, souvent rehaussées par des remarques critiques ou des observations origi- nales. Vers 1859, Claparède le déchargea en grande partie de cette tâche ' ; en revanche, il multiplia le nom- bre de ses articles de fond, dont nous avons déjà eu l'occasion de citer quelques-uns. On ne s'attend pas à ce que nous entreprenions d'en compléter ici l'énumération * ; cependant il convient de mentionner une série d'articles relatifs à l'époque quaternaire, et particulièrement à la question de l'homme fossile qui a fait, et fait encore tant de bruit. Indiquons d'abord à quelles idées il s'est arrêté' au sujet de l'ensemble de la faune de cette époque l II admet qu'il n'y a eu entre la période diluvienne et la période moderne, aucune modification comparable aux change- ments qui caractérisent et distinguent les autres faunes paléontologiques. Il démontre que toute la faune actuelle a existé dès l'origine de la période diluvienne, et il fait voir que les différences survenues consistent seulement dans la disparition d'un nombre limité de grandes espèces. Otte disparition peut provenir des variations de climat, particulièrement pour les grands pachydermes. Mais elle peut être aussi attribuée en grande partie à l'homme, si l'on admet sa présence dès l'origine de l'époque qua- » De 18i6 à 1872, tous les articles de zoologie, physiologie, ana- tomie et paléontologie non signés (ou signés F.-J. P.) ont été, sauf quelques rares exceptions, rédigés par Pictet; s'étant chargé de la responsabilité de ce bulletin, il demandait à ses collaborateurs de mettre leurs initiales au bas de leurs analyses pour les distinguer des siennes. * Voyez la liste de ses ouvrages à la fin de la présente Notice. ' Note sur la période quaternaire ou diluvienne considérée dans ses rapports avec l'époque actuelle {Archives, 1860, tome VllI, p. 265). 390 FRANÇOIS-JULES PIGTET. ternaire ; en effet, la liste des espèces éteintes est prin- cipalement composée d'animaux carnassiers, que l'homme avait, intérêt à détruire, et d'herbivores qui ont dû servir à sa nourriture. Pictet, l'un des premiers, a accepté l'idée de l'existence antédiluvienne de l'homme, et dans les vives discussions qui s'étaient élevées sur les haches en silex, il avait pris parti pour M. Boucher de Perthes Ml a exposé les pas suc- cessifs de cette question dans divers articles tantôt dus entièrement à sa plume, tantôt consistant en reproduc- tions ou en analyses. Aussi, immédiatement après l'exa- men de la commission anglo-française qui s'était rendue à Abbeville et y avait unanimement reconnu l'authen- ticité des haches et de la mâchoire d'homme de Moulin- Quignon^, M. de Quatrefages lui écrivait: « Voilà un « grand fait acquis; je me hâte, de vous en instruire. Un « des premiers vous êtes venu à mon aide quand j'étais « seul à soutenir la thèse qui vient de triompher. Vous « n'avez pas hésité à proclamer hautement votre opinion, « et votre nom a été pour une bonne part dans la réso- « lu lion prise par nos confrères de Londres de venir à « Paris. Vous êtes donc de ceux à qui devaient arriver en « premier lieu les nouvelles de la victoire. » Il faut nous arrêter dans cette revue des publications scientifiques de Pictet. On voit quelle énorme étendue elles ont atteint: c'est par milliers de feuilles d'impression, c'est par centaines de planches qu'il faut compter pour ' Des silex taillés trouvés par M. Boucher de Perthes. Archives, 1859, tome VI, p. 353. De la question de l'Homme fossile. Bibl. Univ., partie littéraire, 1860, t. VII, p. 366. ^ Voyez Note sur la découverte d'une mâchoire humaine fossile. Arcliives, 1863, tome XVll, p. 113. NOTICE BIOGRAPUIOUE. 391 en apprécier le développement '. S'il s'agissait de produc- tions superficiellement élaborées, des chiffres de ce genre seraient sans importance : ce n'est pas au nombre de lignes, c'est à son mérite scientifique qu'il faut estimer l'œuvre de l'écrivain. Mais les travaux dont nous venons de parler sont tous également bien faits, partout on y retrouve les caractères d'un labeur consciencieux, jamais une hâte fébrile de publier, ni le besoin de faire retentir fréquemment son nom dans le monde savant. Dans sa carrière d'investigateur scientifique, d'abord comme entomologiste, plus tard comme paléontologiste, il avait toujours sur le chantier une œuvre de longue haleine, une étude de fonds dont le plan s'élargissait au fur et à mesure de ses progrès. Sa première monogra- phie sur les Phryganides l'entraîne à son ouvrage général sur les Névroptères; sa description des fossiles du grès vert l'amène à ses Matériaux pour la paléontologie suisse; ses Poissons du Liban le conduisent à ses Mélanges pa- léontologiques. Si importants qu'ils soient, ses autres tra- vaux, même son Traité élémentaire de Paléontologie, sont plutôt accessoires, presque accidentels, motivés par le désir d'accomplir sérieusement son mandat de professeur ou par le devoir du savant de ne pas laisser passer près de lui des faits nouveaux sans y porter la lumière. Sa réputation grandissant avec son œuvre, de nom- breuses sociétés savantes ont tenu à l'honneur de le compter parmi leurs membres. Sa nomination de Gorres- ' Le nombre des planches de ses seuls Iravaux paléontoloofiques s'élève à 4''27, sans compter celles qui appartiennent aux monographies ne portant pas sou nom mais comprises dans les Matériaux, non plus que celles de son Traité élémentaire de Paléontologie qui ne peuvent pas être considérées comme étant toutes originales. 392 FRANÇOIS-JULES PICTET. pondant de rAcadémie des Sciences de Paris, en 1867, est la seule que nous rappellerons ici. Les paléontologistes n'ont pas un accès commode à l'Institut. D'Orbigny, l'au- teur de la Paléontologie française et du Prodrome, n'y est jamais parvenu : la section d'anatomie et zoologie, la seule qui puisse les admettre, n'aime pas trop à leur donner le nombre de places déjà restreint dont elle peut disposer. Aussi, si nous en croyons ce qui a transpiré au dehors du Comité secret, le rapport qui a valu à Pictet la presque unanimité des suffrages, appuyait surtout sur ses anciens travaux d'entomologie, preuve que le temps n'avait pas efï"acé leur mérite. Où, Pictet, a-t-il puisé le secret de cette puissance de production et cette prodigieuse fécondité ? C'est d'abord dans son amour vrai pour la science; la connaissance de la nature elle-même, était bien le but et le grand in- térêt de sa vie; le succès personnel, la renommée à at- teindre ou les distinctions à recueillir n'étaient point son mobile. En second lieu, ses facultés supérieures, sa faci- lité, son intelligence rapide, la promptitude de son coup d'œil, sa mémoire, son bon sens scientifique, l'empêchaient défaire fausse route: il avançait sans hésitations, et il avait rarement à revenir sur ses pas. Enfin, sa méthode de travail était excellente, ses notes étaient bien prises, il classait les faits dans sa tête, et surtout il avait la plus grande régularité dans les heures qu'il consacrait à l'étude. On se tromperait bien si l'on imaginait que ce soit à force de veilles fiévreuses qu'il a accumulé les matériaux de son œuvre. Loin de là, il n'entrait pas avant l'aube dans son cabinet et il ne travaillait pas habituellement le soir; mais tous les jours, presque sans autre exception que les temps d'absence ou de voyages, il employait ses matinées de neuf NOTICE BIOGRAPHIQUE. 393 heures à une heure, à ses travaux de recherches scientifi- (pies. Sans cependant fermer sa porte à ses amis, ni même aux importuns, il savait défendre ces heures précieuses contre l'envahissement de ses autres occupations si nom- breuses. A moins de circonstances rares et impérieuses, ses leçons, sa surveillance du Musée, les commissions ad- ministratives ou politiques, étaient impitoyablement relé- guées dans l'après-midi. « Depuis une heure, je fais tout ce que l'on veut, mais pas avant, » répondait-il quand on lui parlait d'une affaire à placer le malin. VII Nous l'avons dit, notre pensée en écrivant ces pages a été surtout d'esquisser la vie scientifique de Pictet; mais celle notice serait par trop incomplète et ferait bien imparfaite- ment connaître l'homme, si nous laissions entièrement de côté son rôle civique et politique, rôle important, et pro- bablement aux yeux de la foule de ses concitoyens, rôle prépondérant dans sa carrière. Du reste, le récit abrégé de son activité dans cette direction, ne pourra que mieux faire ressortir le mérite du savant qui a si bien su con- cilier les occupations les plus divergentes. A l'époque de sa jeunesse, les affaires publiques pre- naient une place obligée dans la vie de tout ce qui tenait à l'aristocratie genevoise. Dans l'éducation des jeunes gens on ne perdait pas de vue que, quelle que fût leur vocation, ils devaient probablement un jour faire partie des Conseils de la petite république, et souvent on les y préparait par des études de jurisconsulte plus ou moins dé- veloppées. C'est ainsi que plusieurs hommes appartenant à cette génération, et qui se sont plus tard créé une place Archives t. XLIII. — Avril 1872. 27 394 FRANÇOIS-JULES PICTET. distinguée dans l'élude des sciences physiques ou natu- relles, carfière favorite des classes aisées de Genève, se sont assis sur les bancs de l'école de droit; tel a été le cas de MM. A. de la Rive, D. CoUadon, F. Marcel, Alph. de Candolle, Jules Piclet. Ce dernier peut être considéré comme ayant continué, l'un des derniers, la tradition de ces professeurs de l'ancienne Académie qui se sont acquis une influence politique incontestable, bien qu'elle ait été diversement appréciée par les partis. Avant d'arriver à ses fonctions politiques proprement dites, nous dirons d'abord que, comme tous les Suisses, il fut appelé au service militaire; son goût pour les sciences mathématiques lui fit choisir l'artillerie. Il réussit là comme ailleurs, et ne se laissant pas rebuter par la fré- quence et la longueur des écoles d'instruction, il devint un excellent officier et parvint au grade de capitaine dans cette arme. Ses fonctions dans l'instruction publique au- raient pu le faire dispenser de ce service; il ne voulut pas en profiter, et quoique, au milieu des troubles poli- tiques qui ont agité Genève, cette position fut souvent difficile et parfois périlleuse, il resta jusqu'en 1848 à la tête de sa batterie et de ses artilleurs dont il était aimé, estimé et respecté. Quant à la vie d'homme d'État de Pic!et-de la Rive (c'est ainsi qu'il était généralement appelé dans sa car- rière publique), il faudrait pour en bien rendre compte retracer toute l'histoire de notre pays depuis plus d'une trentaine d'années; nous serons forcés de nous limiter beaucoup. Énumérons d'abord les fonctions qu'il a remplies dans les corps politiques de Genève. En 4838 il fut élu membre du Conseil représentatif. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 395 nom que portait alors le pouvoir législatif du canton de Genève. La constitution de 18i2 donna à cette assemblée le nom de Grand Conseil, en même temps qu'elle dimi- nuait le nombre de ses membres et modifiait son mode d'élection dans un sens démocratique; Pictet ne cessa pas d'en faire partie, et la révolution de 1846, plus grave que celle de 1841, l'y laissa encore siéger jusqu'en 1850. Dans cette dernière période de quatre années, il fut mem- bre des commissions pour la loi de l'instruction publique qui remaniait complètement l'Académie, et pour la loi des fondations qui touchait et menaçait la Société des Arts. Nous avons déjà vu qu'il li'availla dans ces circonstances à ne pas laisser tout bouleverser dans ces institutions. En 1850 le flot toujours montant du radicalisme le fit sortir du Grand Conseil, où le reflux politique le ramena de nouveau en 1854, pour l'en écarter encore en 1856. En 1862 il fut élu membre de l'Assemblée consti- tuante et appelé à l'honneur de la présider. Après le rejet par le peuple du projet de constitution que cette Assemblée avait élaboré, il reprit de nouveau sa place dans le Grand Conseil dont il fut président deux années encore, et dont il resta membre jusqu'à la fin de sa vie. A côté de ces fonctions dans la législature, il a été membre du Conseil municipal de Genève de 1845 à 1847 et de 1851 à 1866, et il a fait partie du Conseil administratif de la Ville pendant quelques mois de l'année 1845. Dans ces charges diverses il s'est acquis une autorité qui n'a fait que grandir. Appartenant au parti conser- vateur modéré, ce qui à Genève signifie qu'il avait des tendances très-libérales, il s'est distingué par une grande indépendance. Il cherchait toujours à se former une opi- ^i96 FRANÇOIS-JULES PICTET. nion par lui-même, et il trouvait une véritable jouissance dans ce travail de la pensée, même lorsqu'il s'agissait d'objets d'un intérêt secondaire. Son caractère prédominant en politique était de pren- dre toujours les questions par leur côté pratique: il savait trouver le meilleur parti à tirer d'une situation donnée, et jouer, comme l'on dit, avec les cartes que l'on a, en mettant de côté toute prévention, en désintéressant com- plètement sa personnalité, en sacrifiant au besoin l'ac- cessoire pour arriver au principal. Il n'attachait pas une importance exagérée à la forme; il voyait moins que d'autres, peut-être, se dérouler dans l'avenir toutes les conséquences logiques et redoutables contenues à l'état latent dans un texte de loi. 11 était l'opposé du doctri- naire. Enclin par nature à ne pas voir tout le mal d'un côté et tout le bien du côté opposé, comprenant les opi- nions d'autrui et sachant se mettre à la place de ses adversaires, il était éminemment conciliant, et marchait au but sans reculer devant les concessions de détail qu'il fallait faire pour l'atteindre. Ingénieux dans ses combi- naisons, très-prompt lorsqu'il s'agissait de prendre un parti, il était, on l'a dit, l'homme des solutions difficiles. Sa parole dans les conseils était ce qu'elle était dans ses cours, claire, rapide, chaleureuse, débordant de bon sens, parfois éloquente, plus souvent encore pleine d'une bonhommie qui lui permettait de tout dire sans irriter. Il n'avait pas la coutume de discourir à tout propos, et quoique le nombre de sujets qu'il connaissait bien fût considérable, il se réservait pour un certain nombre de questions qui avaient plus d'importance à ses yeux, et fju'il élucidait alors admirablement. Aussi son interven- tion a-t-elle souvent décidé le succès, au moins a-t-il su toujours se faire écouter. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 397 C'est dans les discussions relatives à l'instruction pu- blique qu'il prenait le plus volontiers la parole. On n'a point oublié les discours qu'il fit il y a peu d'années sur le projet de construction des bâtiments académiques, ni le rôle important qu'il remplit dans la commission chargée d'examiner celte question, et dont il fut le rapporteur. Comme tous les hommes indépendants, il n'a pas échappé aux critiques de son propre parti ; les gens ex- trêmes ou passionnés ont souvent de la peine à croire à la sincérité complète d'une opinion s'écartant de la leur. On l'a donc quelquefois accusé de faiblesse, que sais-je? d'un désir de popularité; accusation mal fondée, car il savait oser : il faut plus de courage moral pour se mettre en opposition avec ses relations sociales et les personnes que Ton rencontre chaque jour au club ou dans les sa- lons, que pour affronter l'opinion d'ennemis politiques; et d'autre part, à plus d'une reprise, il a montré son énergie, et n'a pas hésité à rudoyer ses adversaires lors- qu'ils le méritaient à ses yeux. Tout au plus pourrait-on dire que, dans sa tendance à faire prédominer le point de vue pratique de préférence aux principes théoriques, il a parfois, comme il le reconnaissait lui-même, consenti à de trop larges sacrifices pour faire aboutir tel ou tel pro- jet qu'il croyait bon dans son ensemble. Le désir du pouvoir, il a bien prouvé qu'il ne l'avait pas en refusant maintes fois de faire partie du gouvernement. Sa marche et ses actes ont fait voir que son seul mobile était l'inté- rêt public et un patriotisme éclairé. Aussi on est arrivé de tout côté à lui rendre pleine justice, et la confiance qu'il avait su inspirer avait fait de lui l'un des chefs les plus autorisés du parti conservateur libéral. Dans la présidence de l'Assemblée constituante et du 398 FRANÇOIS-JULES PIGTET. Grand Conseil, il a montré un talent supérieur par sa lucidité, sa promptitude, son intelligence des règlements et son habitude des Assemblées délibérantes. Il excellait à diriger une discussion; quelle que fut la complication des projets, des amendements et des contre-propositions, jamais il ne perdait son sang-froid, jamais il n'était em- barrassé. Son impartialité était complète, il oubliait ses sympathies et se mettait au-dessus des partis lorsqu'il conduisait les débats; si je ne me trompe, pendant toute la durée de l'Assemblée constituante, on ne l'a vu qu'une seule fois quitter le fauteuil de la présidence pour prendre part à la discussion et répondre vivement à une injuste attaque contre l'Académie. C'est peut-être la manière dont il a rempli ces fonc- tions, qui lui a le mieux gagné cette popularité de bon aloi dont il était de plus en plus entouré, et l'estime que lui accordaient tous les partis. Son rôle ne s'est pas borné au mandat ordinaire du Président d'une Assemblée délibérante : dans les agita- tions qui ont suivi la triste journée du 22 août 1864, il a dû comme chef du Corps souverain, relever et saisir d'une main ferme la véritable direction des affaires pu- bliques qui échappait en ce moment à un gouvernement contre lequel se soulevait le sentiment de la nation. Pictet laisse dans le Grand Conseil un vide qui sera difficilement comblé ; on ne peut trop regretter qu'il ne doive plus y occuper sa place lors de la discussion de la loi nouvelle sur l'instruction publique. Quittons maintenant la politique cantonale genevoise pour dire aussi quelques mots du rôle qu'il a joué dans les affaires de la Confédération Suisse. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 399 C'est en 1855 que pour la première fois il fut envoyé à TAssemblée fédérale avec le mandat de député au Conseil des États. A cette époque, où les forces des deux principaux partis politiques se trouvaient à peu près équilibrées à Genève, il y eut une sorte d'entente entre les membres du Grand Conseil pour nommer un député de chaque opinion : il fut élu en même temps que M. James Fazy. Il n'occupa pas longtemps ces fonctions, assez cepen- dant pour se faire apprécier à Berne, et pour arriver lui- même à très-bien connaître les hommes et les choses poli- tiques du Palais fédéral. Il fit là comme un stage qui le prépara à la mission plus durable et plus importante^dont il fut chargé plus tard, lorsque le suffrage populaire le porta au Conseil national en 1866 et l'y maintint en 1869. Dans celte dernière occasion il fut le seul député du col- lège électoral de Genève qui n'appartînt pas au parti radical. Il comprenait admirablement bien les rouages de l'Assemblée fédérale et y jouissait d'une grande in- fluence. Il avait su se lier avec les principaux hommes d'État de la Confédération, et sa sociabilité lui faisait trouver beaucoup de charme à ces réunions inofficielles, où en réalité les questions se décident plus souvent que dans la salle du Conseil. Dans les séances officielles, il était sobre de discours, mais sa parole portait coup, et comme à Genève elle était toujours écoutée. La révision de la constitution fédérale, qui depuis le mois de novembre 1871 a rempli les longues sessions de l'Assemblée, a obligé Pictet à passer presque tout l'hiver à Berne. Il a pris une part importante à ces tra- vaux qu'il suivait avec le plus vif intérêt. On n'a pas •^i-00 FRANÇOIS-JULES PIGTET. encore perdu le souvenir du remarquable discours qu'il prononça sur la question religieuse, de la tolérance et de la hauteur de vue qu'il y a déployées. Ici encore on ne saurait trop regretter qu'il n'ait pu assister aux séances jusqu'au terme de la révision constitutionnelle, et l'on ne peut calculer l'influence que sa présence aurait exercée pour améliorer l'œuvre qui est sortie de ces discussions. VIll C'est en effet au milieu de ces débats, qu'il devait être arraché à ses devoirs et à ses fonctions. Jusqu'alors il avait joui d'une excellente santé, la ma- ladie n'avait jamais atteint sérieusement sa robuste consti- tution. Cependant depuis un petit nombre d'années, ses amis remarquaient en lui quelque changement; il avait perdu de son élasticité physique, et ressentait aisément de la fatigue. Les chagrins répétés qu'il avait éprouvés à de courts intervalles, en perdant le plus jeune de ses fils, puis sa fille, M"'^ Albert Pictet, et enfin sa belle-fille, M°^ Alphonse Pictet, l'avaient profondément ébranlé, malgré la résignation avec laquelle il avait supporté ces coups douloureux. Pendant les vacances de Noël de l'Assemblée fédé- rale, il vint à Genève, espérant pouvoir organiser lui- même l'installation des collections du Musée dans le bâti- ment nouveau dont la construction venait d'être achevée; mais il fut pris, peu après son arrivée, de violentes dou- leurs de sciatique qui le forcèrent à garder la chambre et le privèrent de sommeil. Ces circonstances antérieures, en ébranlant sa santé, ont sans doute contribué à l'issue fatale d'un accident qui ne paraissait pas d'abord présenter de gravité. Le NOTICE BIOGRAPHIQUE. 401 20 janvier, il glissa sur le verglas d'une des rues de Berne, et dans l'eflort qu'il lit pour éviter une chute, il se rompit un des vaisseaux sanguins de la cuisse. L'ex- travasation du sang fut assez forte, et les douleurs de scialique reprirent avec plus de violence que janaais. Il souffrait cruellement; ses nuits surtout étaient affreuses. Cependant le jour, quand la douleur s'émoussait, il re- trouvait, au milieu du cercle d'amis qui se plaisaient à l'entourer, un peu de son entrain et de son animation ; il suivait avec un vivant intérêt les discussions des Chambres qui se répétaient en petit, pour ainsi dire, au- tour de son fauteuil. Mais cette illusion d'activité ne lui suffisait pas, il souffrait de ne pouvoir remplir son man- dat; à plusieurs reprises il fut vivement affecté de ce qu'à propos de votations importantes, le Conseil national s'était trouvé également partagé, et que la voix du Pré- sident avait dû faire pencher la balance; sa présence au- rait-donc pu changer la décision. Ne pouvant plus accomplir ses fonctions, il se décida à revenir à Genève; le voyage ne fut pas trop difficile, et après quelque temps son état paraissait s'améliorer d'une manière sensible. Il avait repris son apparence habituelle t't toute sa vivacité d'esprit. Je ne puis oublier l'impres- sion qu'il me laissa la dernière fois qu'il m'a été donné de le voir: avec quelle clarté il parlait des questions de politique fédérale, avec quel élan il racontait ses projets pour le développement de l'enseignement de l'Académie ! Jamais je ne lui avais vu plus d'exubérance de vie intel- lectuelle! Tout à coup se manifestèrent les symptômes inattendus d'une fièvre pernicieuse. Rien ne put conjurer les pro- grès du mal; il ne put résister au second accès, et il ex- 402 FRANÇOIS-JULES PIGTET. pira le 15 mars dans la matinée : trois jours avaient suffi à éteindre ses belles facultés, à briser le cœur de ceux qui l'entouraient, à plonger dans le deuil le pays tout entier. Deux jours plus tard un lugubre convoi conduisait sa dépouille mortelle au cimetière; la famille était suivie des autorités, des professeurs de l'Académie et des étu- diants; une foule navrée se pressait autour de la tombe ouverte. Quand le cercueil y fut déposé, MM. Challet- Venel, membre du Conseil fédéral, Fontanel, président du Grand Conseil, Carteret, président du Conseil d'Etat, et Wartmann, recteur de l'Académie, prirent successive- ment la parole pour payer un tribut de profond regret au grand citoyen et au savant illustre, tandis que l'émotion de la foule, la tristesse peinte sur tous les visages, les yeux humides, rendaient le plus touchant témoignage à l'homme de bien, à l'homme de cœur. Puis le cortège grossi d'un immense concours revint lentement pour dé- filer à rangs pressés devant la maison de deuil. Ces honneurs funèbres n'ont pas été le seul hommage rendu à la mémoire de Piclet: presque tous les journaux de la Suisse, quel que fût leur parti, beaucoup de feuilles étrangères et de revues scientifiques ' , se sont asso- * On nous sauia gré de citer ici les paroles que M. Dumas prononça le 18 mars en annonçante l'Académie des Sciences de Paris la perte de son éminent Correspondant : « M. Pictet laisse un vide immense dans l'Académie de Genève, dont il était l'âme; dans les Conseils de son canton et dans ceux de la Suisse, dont il était une des lumières. « Il n'aura pas vu l'inauguration du bâiiment de l'Académie qui s'achève en ce moment, auquel le canton de Genève a consacré trois millions, et qui est, pour ainsi dire, son œuvre. a M. Pictet possédait des collections d'histoire naturelle importantes, toujours libéralement mises à la disposition des savants de tous les pays. Sa fortune était employée à répandre la connaissance des ri- NOTICE BIOGRAPHIQUE. 403 ciés aux regrets de la famille genevoise. — La céré- monie d'inauguration du bâtiment académique, qui devait avoir lieu quelques jours plus tard, fut renvoyée; les étudiants avaient immédiatement pris l'initiative de demander qu'elle n'eût pas lieu: l'Académie ne pouvait songer en ce moment à rien qui ressemblât à une fête. Pictet a laissé après lui une dernière preuve de son attachement aux institutions scientifiques de Genève. Il a légué au Musée sa collection de fossiles crétacés, une des plus riches et des plus complètes qui aient été rassemblées. Sa bibliothèque sera divisée en trois parts: l'une est des- tinée à son fils Edouard qui conservera sans doute les ouvrages se rapportant à l'entomologie et aux belles col- lections de Névroptères et de Lépidoptères qu'il pos- sède ; le Musée recevra les livres qui lui seront utiles pour les déterminations; la troisième part sera remise à la Bibliothèque publique. chesses paléontologiques de la Suisse par la publication, faite à ses frais, des ouvrages accompagnés des planches nombreuses nécessaires à leur étude. « Les vingt dernières années de sa vie avaient été consacrées, en effet, à la paléontologie, science qu'il avait dotée d'un Traité classi- que en quatre volumes, de nombreux mémoires sur les fossiles de la Suisse, d'un mémoire spécial sur les poissons fossiles du Liban, etc. « Les premières années de sa vie scientifique avaient été plus par- ticulièrement réservées à l'élude de l'entomologie, circonstance qui l'avait amené à faire un long séjour dans les galeries du Muséum, où il s'était lié d'une étroite amitié avec notre ancien confrère, M. Au- douin, et où il avait préparé ses travaux sur les Ephémères et les Fhryganes, qui fondèrent sa réputation. a M. Pictet avait gardé de ce séjour le souvenir le plus profond, et il avait conservé toutes les sympathies des professeurs d'un établisse- ment où chacun appréciait la rare étendue de son esprit, la sûreté de son savoir et son infatigable zèle pour la science de la nature. » 404 FRANÇUIS-JULES PIGTET. Nous sommes arrivés au terme de la tache, à la fois triste et pleine de douceur, que nous nous étions impo- sée. C'est à regret que nous quittons la plume, que de choses nous aurions à dire encore ! Il nous en coûte de jeter notre dernier adieu à cet homme qui, doué de tant ' de nobles facultés, avait si pleinement su faire valoir les talents qu'il avait reçus ! J,-L. SORET. LISTE DES OUVRAGES DE F.-J. PIGTET. ENTOMOLOGIE. Mémoire sur les larves de Némoures [décembre 1831]. (An- nales des sciences naturelles. Paris, 1832, t. XXVI, p. 369.) Mémoire sur les métamorphoses des Perles [janvier 1832]. (Ibid., 1833, t. XXVIII, p. 44.) Recherches pour servir à Thistoire et à l'anatomie des Phry- ganides. (In-4, 240 pages de texte avec 20 planches. Ge- nève, Paris et Londres, 1834.) Mémoire sur le genre Sialis, Latreille, et considérations sur la classification de l'ordre des Nevroptères. (Annales des sciences naturelles, zoologie, 1836, t. V, p. 69.) Description de quelques nouvelles espèces d'insectes du bas- sin du Léman [1833]. (Mémoires de la Société de physi- que et d'histoire naturelle de Genève, 1836, t. VII, p. 173.) Sur les organes respiratoires des Capricornes [183aJ. (Ibid., 1836, t. VII, p. 393. — Ann. des Se. nal. (zool.), 1837, t. VII, p. 63.) NOTICE bio(;raphiqur. 405 Note sur les élnis de Pliryganes envoyés du Brésil par M. Blanchet. (Bibliothèque universelle de Genève, 1836, t. V, p. 198.) Description de quelques nouvelles espèces de Névroptères du Musée de Genève. (Méra. Soc. de phys. de Genève, 1830, t. VII, p. 399.) Communication sur les Névroptères. (Annales de la Société entomologique. Paris, 1840, t. IX, p. xx.) Histoire naturelle générale et particulière des Insectes Né- vroptères. 1" Monographie. Famille des Perlides [1841-1842]. (In-8°, 416 pages de texte avec 53 planches. Paris, Genève et Soleure, 1842.) 2""' Monographie. Famille des Éphémérines [1843- 1845]. (In-8°, 300 pages avec 47 planches. Paris, Genève et Soleure, 1845.) Cordulia splendens, Pict. Nouvelle espèce. (Magasin de zoo- logie. Insectes. Paris, 1843, pi. 117. — Revue zoologi- que, 1843, p. 131.) Considérations générales sur les débris organiques qui ont été trouvés dans l'ambre et en particulier sur les insec- tes. (Bibliothèque universelle. Archives des scleaces phy- siques et naturelles. Genève, 1846, t. II, p. 5.) Note sur la reproduclion des pattes chez les insectes. (Ibid., 1846, t. III, p. 232.) Die im Bernstein betindlichen Neuropteren der Vorwelt, bearbeitet von F.-J. Piclel-Baraban {sic) und D' H. Ha- gen. (In-folio avec 4 planches. Berlin, 1856, faisant partie de Fouvrage de Berendl.) MAMMALOGIE, ICHTYOLOGU:, TERATOLOGIE. Variété de TApogon rex-mullorum, trouvée sur les côtes du Brésil. (Bibl. univ. de Genève, 1836, 1. 1, p. 185.) 406 FRANÇOTS-JULES PFCTET. Notice sur un veau monstrueux du Musée de Genève. (Mém. Soc. de phys. de Genève, 1839, t. VIII, p. 129.) Première notice sur les animaux nouveaux ou peu connus du Musée de Genève, [nov. 1840] . (lijid., 1841, t. IX, p. 144.) Seconde notice [mars 1842]. (Ibid., 1843, l. X, p. 201.) Description d'une nouvelle espèce de Rat (Mus leucogaster) trouvée aux environs de Genève. (Ibid., 1841, lome IX, p. 154.) Description d'un nouveau genre de Rongeurs de la famille des Hystricins. (Revue zool., 1843, p. 22o et 319.) Description d'un veau monstrueux formant un groupe nou- veau (héléroïde) dans la famille des monstres anidiens. (Mém. Soc. phys. de Genève, 1849, t. XII, p. 335.) Notice sur quelques anomalies de l'organisation [oct. 1834]. (Ibid., 1855, t. XIV, p. 69.) PALEONTOLOGIE. Note sur des ossements d'ours fossiles trouvés dans une ca- verne près de Mialet(Basses-Cévennes). (Mém. Soc. phys. de Genève, 1833, t. VI, p. 397. -Bibl.Univ. Se. et Arts, 1834, t. LVI, p. 275.) Traité élémentaire de Paléontologie ou Histoire naturelle des animaux fossiles considérés dans leurs rapports zo oîo giques et géologiques. (1''' édition, 4 vol. in 8° avec 73 pi. Genève, 1844-1845. — 2™^ édition, 4 vol. in-8'' avec allas de 110 pi. in-4°. Paris, 1853-1857. Considérations générales sur les débris organiques qui ont été trouvés dans l'ambre, etc. (1846, déjà cité, voir En- tomologie.) Sur les ossements trouvés dans les graviers stratifiés des en- virons de Maltegnin. (Mém. Soc. phys. de Genève, 1846, t. XI, p. 85. — Archives des Se. phys. et nat., 1846, t. II, p. 233.) NOTICE BIOGRAPHIQUE. 407 Encore quelques mois sur la succession des êtres organisés à la surface de la lerre. (Archives, t. VI, 1847, p. 23.) Description des mollusques fossiles qui se trouvent dans les grès verts des environs de Genève. Gépiialopodes [novembre 1846]. (Mém. Soc. phys. de Genève, 1846, t. XI, p. 257.) Gastéropodes, par MM. F.-J. Pictet et W. Roux (Ibid., 1849, t. XII, p. 21.) Acéphales orthoconques, par MM. F.-J. Pictet et W. Roux [mars 1851]. (Ibid., 1852, t. XIII, p. 73.) Acéphales pleuroconques, par MM. F.-J. Pictet et W. Roux, (Ibid., 1854, t. XIII, p. 279.) Tirage à part des quatre parties réunies. In-4°, 558 pages avec 51 planches. Genève, 1854.) Description de quelques poissons fossiles du Mont-Liban. (Mém. Soc. phys. de Genève, 1851, t. XII, p. 277. — Ti- rage à part, in-4° avec 10 pi., Genève, 1850. ~ Extrait de cet ouvrage. Archives, Genève, 1851, t. XVII, p. 82.) Nouvelles recherches sur les poissons fossiles du Mont-Liban, par MM. F.-J. Pictet et A. Humbert. (^1-4° avec 10 pi. Genève, 1866. — Extrait de cet ouvrage, Archives, Ge- nève, 1866, t. XXVI, p. 117.) Matériaux pour la Paléontologie suisse, ou recueil de mono- graphies sur les fossiles du Jura et des Alpes. 6 vol. in-4''. Genève. Première série. 1854 à 1858. Description des fos- siles du terrain aptien de la Perte-du-Rhône, par MM. Pictet et Renevier. (184 pages de texte et 23 planches.) Mémoire sur les animaux vertébrés du terrain si- dérolitique du canton de Vaud, par MM. Pictet, Gaudin et de la Harpe. (120 pages et 13 planches.) Monographie des Chéloniens de la mollasse suisse, par MM. Pictet et A. Humbert. ( 71 pages et 22 planches. ) 408 FRANÇOIS-JULES PICTET. Description d'une Emyde nouvelle (Emys Elalloni) du terrain jurassique supérieur de Saint-Claude, par MM. Pictet et Humbert. (10 pages et 3 pi.) Deuxième série. 1838 à 1860. Description des fos- siles du terrain néocomien des Voirons, par MM. Pictet et de Loriot. (5*2 pages, 2 planches de coupes, 13 planches de fossiles et un atlas in-folio de 7 planches.) Description des fossiles du terrain crétacé de Sainte- Croix, par MM. Pictet et Campiche. (1'"° partie, 380 pages, avec cartes géologiques, coupes et 43 planches.) Troisième série. 1861 à 1864. Description des rep- tiles et poissons fossiles de l'étage virgulien du Jura neuchàtelois, par MM. Pictet et .laccard. (88 pages et 20 planches.) Description des fossiles du terrain crétacé de Sainte- Croix, par MM. Pictet et Campiche. (2'"* partie, 7o2 pages et 55 planches.) Quatrième série. 1864 h 1868. Description du ter- rain crétacé de Sainte-Croix, par MM. Pictet et Campiche. (3"" partie, 560 pages et 40 planches.) Monographie des couches de l'étage valangien des carrières d'Arzier (canton de Vaud), par M. P. de Loriot. (110 pages et 9 planches.) Cinquième série. 1869 et 1870. Description des fos- siles du terrain crétacé de Sainte-Croix, par MM. Pictet et Campiche. (4"* partie, 332 pages et 54 planches.) Mémoire sur les animaux vertébrés du terrain si- dérolilique du canton de Vaud. Supplément par MM. Pictet et Humbert. (73 pages et 15 planches.) Sixième série (en voie de publication). Description des fossiles crétacés de Sainte-Croix (5°"' partie, Brachiopodes). NOTICE BIOGBAPHIQUE. 409 Échinodermes, par M. P. de Loriol. (Tirage à pari de la Description des Fossiles de Sainte-Croix. 4 volumes déjà publiés.) (Extrait de quelques séries des «Matériaux» dans les Archives, 1856, t. XXXI, p. 298; 186i, t. X, p.î320; 1864, t. XXI, p. 5.) Die im Bernstein befindlichen Neuropleren, etc. (1856, déjà cité, voir Entomologie.) Ossements et antiquités du lac de Mosseedorf dans le canton de Berne, preuves que le Cerf à bois gigantesque (Cer- vus euryceros, Cuvier) a vécu en Suisse en même temps que l'homme. (Archives, 1857, t. XXXV, p. 42.) Rectification au mémoire sur les ossements du lac de Mossee- dorf. (Archives, 1857, t. XXXVI, p. 55.) Notice sur les poissons des terrains crétacés de la Suisse et de la Savoie. (Archives. 1858, t. I.p. 228.) Note sur un nouvel exemplaire de TEmys Laharpi, Pict. et Humb., découvert par M. de La Harpe dans les lignites des environs de Lausanne, par MM. Pictet et Humbert. (Bulletin de la Soc. des Se. nat. du canton de Vaud, Lausanne, 1858, t. VI, p. 39.) Note sur la période quaternaire ou diluvienne, considérée dans ses rapports avec Fépoque actuelle. (Archives, 1860, t. VIII, p. 265.) Note sur la succession des Mollusques céphalopodes pendant l'époque crétacée dans la région des Alpes suisses et du Jura. (Archives, 1861, t. X, p. 320.) Sur l'étage Barrémien de M. Goquand et sur la place qu'il doit tenir dans la série crétacée. (Archives, 1863, t. XVI, p. 257.) Mélanges paléontologiqnes. (1 vol. in-4°, 287 pages avec 43 planches. Genève, 1863-1868.) Notice sur les Céphalopodes crétacés. 1. Sur les li- mites du genre Toxoceras et sur le T.oblii|uatum. 2. Sur les limites des genres Ancyloceras et Archives, t. XLIll. — Avril 1872. 28 410 FRANÇOIS-JULES PICTET. Grioceras, au sujet de l'exislence d'une bouche dans le Grioceras Duvalii. 3. Sur l'enroulement varié de |rAn»iTioniles angulicostalus et sur la limite des genres Ammonites et Grioceras. (1863. — Aussi dans les Mém. de la Soc. de phys. de Genève, 1863, t. XVlï, p. 24.) Études^i,[paléontologi(iiies sur la faune à Terebra- lula dipliyoïdes de Berrias (Ârdèche). Étude monographique des Térébratules du groupe de la T. Diphya. (1867.) Étude provisoire des fossiles de la Porte-de-France, d'Aizy et de Lémenc. (1868.) (Extraits de quelques livraisons des Mélanges dans les Archives, 1863, t. XVIII, p. 162; 1867, t. XXIX, p. 89 ; 1867, t. XXX, p. 113.) Note sur une dent de Pelage aptien des environs d'Apt ap- partenant à un Noiidanus non décrit. (Annales de la Soc. litt., scient, et arlisl. d'Apt, 1864.) Note sur la succession des Mollusques gastéropodes pendant Tépoque crétacée, dans la région des Alpes suisses et du Jura. (Archives, 1864, t. XXI, p. 5.) Rapport fait à la session de 1869 à la Société helvétique des sciences naturelles sur l'état de la question relative aux ■ limites de la période jurassi(jue et de la période crétacée. (Archives, 1869, XXXVI, p. 224.— Actes de la Soc. hel- vétique des Se. nat. Soleure, 1869, p. 149.) Voyez, en 'outre, aux articles suivants de Gritique scienti- fique dont plusieurs sont relatifs à la Paléontologie. CRITIQUE SCIENTIFIQUE ET ANALYSES. Notice sur les progrès de la zoologie pendant l'année 1832. (Bibl. univ. Sciences et Arts. Genève, 1833, t. LUI, p. 425.) NOTICE BIOGRAPHIQUE. 411 Introduction à l'entomologie de Th. Lacordaire. (Ibid., 1835, t. LVlll, p. 192.) Résumé des reclierches faites dans ces dernières années sur les monstruosités de l'iiomme et des animaux. (Bibl. Univ., 1839, t. XX, p. 366.) Histoire naturelle de l'homme et des ,ditïérentes races hu- maines, par le D' Prichard. (Ibid., 1843, t. XLY, p. 358.) Essai monographique sur les Clérites, par le marquis Spinola. (Ibid., 1845, t. LVII, p. 357.) Observations sur les méthodes paléontologiques au sujet d'un mémoire de M. Agassiz intitulé : Iconographie des Co- quilles tertiaires. (Archives, Genève, 1846, 1. 1, p. 61.) Késumé de quelques découvertes récentes sur la circulation des Mollusques et sur une disposition particulière de leur canal alimentaire décrite sous le nom de Plilében- tisisme. (Ibid., 1846, t. 1, p. 250.) Notes sur Thistoire naturelle du hareng et de quelques es- pèces voisines, telles que Talose, la sardine, le white- bait, etc. (Ibid,, 1848, t. Yll, p. 22.) Notice sur les fossiles découverts pendant Tété de Tannée 1850, dans les Alpes bernoises, par M. Emile Meyret. (Ibid., 1850, t. XV, p. 177.) Mémoire sur des ossements fossiles trouvés au Mormont, près La Sarraz (canton de Vaud), par MM. Philippe Dela- harpe et G. Gaudin. (Ibid., 1853, t. XXII, p. 129.) Histoire naturelle des insectes fossiles. Analyse et discussion de quelques travaux récents de M. 0. Heer. (Ibid., 1853, t. XXII, p. 329.) Zoologie et paléontologie françaises ou nouvelles recherches sur les animaux fossiles et vivants, par M. Paul Gervais. (Ibid., 1854, t. XXVI. p. 2;33.) Sur la manifestation de la polarité dans la distribution des êtres organisés dans le temps, par M. Ed. Forbes. (Ibid., 1854, t. XX VU, p. 301.) 412 FRANÇOIS- JULES PICTET. Essai sur les déformations artificielles du crâne, par M. L.-A. Gosse. (Ibid., 1855, l. XXX, p. 310.) Débris d'animaux domestiques mélangés avec les fossiles postpliocènes dans la Caroline du Sud, par Fr.-S.Holmes. (Ibid., 1859, t. V, p. 37.) Des silex taillés trouvés par M. Boucher de Perthes dans les dépôts diluviens du département de la Somme. (Ibid., 1859, t. VI, p. 353.) De la question de l'iiomme fossile. (Bibl. Univ., partie litté- raire, 1860, t. VII, p. 364.) Sur l'origine de l'espèce, par Ch. Darwin. ( Archives, 1860, I. VII, p. 233.) Nouvelles recherches sur la coexistence de l'homme et des grands mammifères fossiles, par M. Larlet. (Ibid., 1861, t. XII, p. 203.) Discussion de quelques points des méthodes paléontologi- ques au sujet d'un rapport de M. Agassiz sur l'arrange- ment des collections du musée de Cambridge. (Ibid., 1862, y. XV, p. 45.) Note sur la découverte d'une mâchoire humaine fossile dans les graviers des environs d'Abbeville. (Ibid., 1863, t. XVII, p. 113.) Nouveaux documents sur la question de l'antiquité de l'homme. (Ibid., 1863, t. XVII, p. 340; l. XVIII, p. 108.) Considérations générales sur les mammifères qui ont habité la Grèce avant la fin de la période miocène. (Ibid., 1866, t. XXVI, p. 5.) De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, par M. Gh. Darwin. (Id., 1869, t. XXXIV, p. 41.) Un grand nombre d'articles du Bulletin scientifique de la Bibliothèque universelle etjdes Archives, de 1831 à 1871. NOTICE BIOGRAPHIQUE. 413 DIVERS. Nouvel itinéraire des vallées autour du Mont-Blanc, par J.-P. et F.-J. Piclet. (Genève et Paris, in-12, 1829.) Notice sur Louis Âgassiz (Album de la Suisse romande, 1847, t. V, p. 1.) Rapports du Comité des Beaux-Arts (Procès -verbaux des séances annuelles de la Société pour l'avancement des Ans, 1849, t. V, p. 432; 1851, t. VI, p. 162; 1854, t. VI, p. 446.) Rapport sur les travaux de la Société de physique, de juillet 1859 à juin 1860. (Mém. de la Soc dephys., 1860, t. XV, p. 483.) Compte rendu de la quarante-septième session de la Société helvétique des sciences naturelles, réunie àSamaden les 24, 25 et 26 août 1863. (Archives, Genève, 1863, t. XVIII, p. 145.) Un grand nombre de rapports administratifs et poUtiques publiés principalement dans le Mémorial du Grand Conseil de Genève. BULLETIN SCIENTIFIQUE PHYSIQUE. Denza. L'Aurore boréale du 4 février observée en Italie. (Noie communiquée par l'auteur.) L'Aurore du 4 février a paru sur toute la péninsule ita- lienne, depuis les Alpes jusqu^à l'extrémité des Calabres, ainsi qu'en Sicile et à Malle. Toutes nos stations des Alpes me l'ont signalée; elle a surtout été splendide sur le Petit Saint-Bernard (2160 m.), sur le Col de Valdobbia (2458 m.) et aux pieds du Mont-Blanc et du Mont-Rosa. .l'ai reçu les relations d'un très-grand nombre de stations italiennes, mais les circonstances du météore ont été partout à peu près les mêmes que celles qu'on a observées ailleurs; c^est pour cela que je ne m'arrête pas à les décrire. La lumière aurorale a été très-intense. Elle a partout dé- passé le zénitb, et s'est étendue vers le Sud, de sorte que l'on pouvait croire pendant quelques instants assister à la fois à une Aurore boréale et australe. Dans beaucoup de stations, comme dans la nôtre de Moncalieri, elle a otTert toutes les apparences qui accompagnent ordinairement ces météores dans les régions du Nord. On a vu les rayons lu- mineux et obscurs se changer, alterner de mille manières et s'élever jusqu'au zénith: on a vu l'arc obscur et la splen- dide couronne, dont les rayons convergeaient vers le Tau- reau et firent un seul mouvement de l'Ouest vers l'Est, en se dirigeant ensuite vers l'Orion et plus tard vers le Monoceros; ce déplacement dérivait sans doute en partie de la rotation de la sphère céleste, en partie d'un mouvement oscillatoire de l'Aurore dans le sens du méridien. PHYSIQUE 415 L'Aurore a persisté à partir du crépuscule jusqu'à minuit. Dans quelques endroits on a observé des lueurs aurorales jusqu'à deux heures et même jusqu'à trois heures après minuit. Je me suis occupé surtout de l'analyse spectrale de la lu- mière aurorale. Voici en peu de mots les résultats les plus imporlants de mes observations. Dans la lumière blanche-verdàire, qui resplendissait au Nord avec une forte intensité à l'Est du méridien magné- tique, j'ai observé une bande brillante très-vive dans lejaune- verl du spectre, sur un fond obscur. La lumière était par conséquent monochromatique. Celte bande correspond à la raie 1246 de KirchholT, c'est-à-dire à la S560 de Ang- slrôm. Elle était très-brillante aussi dans les nuages blancs et verdàtres qui se formaient vers le Sud. Nous avons obser- vé cette raie sur tout le ciel, même dans le zénith, quoique beaucoup moins splendide. On ne la voyait pas sur l'horizon sud. C'est la raie découverte par M. Angstrôm dans l'Aurore boréale, que j'ai observée aussi en Sicile dans la couronne solaire pendant l'éclipsé totale de soleil du 22 décembre 4870. Cette raie a été vue aussi par le R. P. Secchi et par MM. Respighi et Donati. Plus vers l'Ouest, c'est-à-dire plus près du méridien ma- gnétique, aussi bien que dans le méridien même el un peu à l'Ouest de celui-ci, où la lumière aururale était plus vive, et les rayons jaunes et rouges se développaient avec plus d'éclat, le spectre se montra continu, mais très-faible. Sur ce spectre continu, outre la raie 1246, j'en ai remarqué bien distinctement deux autres beaucoup moins vives que la pre- mière, mais très-nettes et persistantes. La première de ces deux raies se trouvait dans le vert-bleu, entre les deux 1818,7 et 1821,4 de Kirchhoff, et peut-être une de celles-ci; cette raie a été vue à peu près dans la même position par M. Respighi à Rome. La seconde se trouvait dans le bleu; ^^^^ BULLETIN SCIENTIFIQUE. elle coïncidait avec la raie F de Thydrogène et a été obser- vée aussi par M. Donati à Florence. Entre ces deux raies persistantes j'en ai remarqué parfois plusieurs autres très-faibles et bien peu persistantes, dont il m'a été impossible de déterminer la position. Dans le jaune- rouge je n'ai pas vu les raies rouges qui ont été observées par le P. Secchi à Rome et M. Donati à Florence. J'ai aussi, avec un bon polariscope de Savart, distingué des traces de polarisation dans la lumière aurorale. Les perturbations ont été partout très-intenses dans les instruments magnétiques, qui en beaucoup d'endroits, à Florence, Livourne, Aoste, etc., ainsi qu'à Moncalieri, sont sortis de leurs échelles entre 4 heures et 5 heures du soir. Nous n'avons pu commencer à enregistrer les indications du déclinomètre qu'à 6 li. Jl m., car en ce moment seule- ment il est revenu dans l'échelle. Les observations ont été faites de o en 5 minutes, et ont été continuées pendant toute la nuit. L'excursion entre le maximum de déclinaison ouest (à 6 h. 51 m.) et le minimum est (à 8 h. 1 m.) a été de l" 45', à peu près comme dans les autres stations italiennes. L'électricité atmosphérique a été fort abondante pendant l'Aurore; et les fils télégraphiques ont éprouvé des pertur- bations sur toute la péninsule, ainsi qu'il résulte des rapports qui m'ont été gracieusement adressés par la Direction géné- rale des télégraphes et la Direction compartimentale de Turin. Le météore était accompagné, comme d'habitude, d'un fort courant polaire, qui a rendu l'atmosphère froide et hu- mide, et a changé la saison, qui est encore mauvaise. Nous avons observé aussi des étoiles filantes qui sillon- naient le ciel pendant l'apparition aurorale, mais c'était une coïncidence tout à fait accidentelle. Je ferai remarquer que dans cette même soirée du 4 une faible secousse ondulatoire de tremblement de terre a été indiquée par les sysmographes de Moncalieri et de Florence, PHYSIQUE. 417 et ce n'est certes pas la première fois que les tremblements de terre accompagnent les belles Aurores polaires. La direc- tion du mouvement était de OSO. à ENE. Les phénomènes solaires n'ont pas fait défaut non plus. Pendant les jours cjui précédèrent immédiatement TAurore, le soleU s'est montré couvert de beaucoup de lâches, quoique la plupart petites et superlicielles. Voici les résultats des ob- servations faites dans l'Observatoire de Moncalieri du 15 jan- vier au 17 février : Jours. Groupes. Trous. Janvier 15 7 35 27 4 35 30 1^ o 83 31 6 87 Février 1 6 81 environ. t 10 lie 3 10 113 4 9 100 environ 5 8 98 6. 9 94 7 8 96 17 4 27 environ. Nos dessins journaliers des taches solaires sont faits aussi dans le but d'évaluer la surface occupée par elles, mais nous n'avons pas encore calculé les observations. Le 3 février la cliromosphère solaire était agitée et anor- male. De 10 h. à 11 h. du matin, j'ai observé sur le bord du soleil, entre plusieurs petites protubérances, une belle érup- tion dont la hauteur était à peu près de 3 minutes d'arc; elle se trouvait à 112°— 114° du Nord. Dans les jours suivants je n'ai pas pu faire d'observations spectroscopiques. Il est important de remarquer que la splendide Aurore du 4 février avait été précédée par deux autres phénomènes auroraux, les soirs du 30 janvier et du 2 février, dont le H 8 BULLETIN SCfENTlFIQUE. premier a été vu à Volpe,o:Iino près de Tortona (Piémont), et le second à l'Observatoire royal de Modène. Après le 4, Taigiiille aimantée a continué à être agitée, surtout le soir, chez nous comme ailleurs. Une lumière uni- forme et rougeàtre a été notée par moi-même, surtout au Nord, dans la soirée du 5 et celle du 6 : elle a été également observée le 5 à Rome par M. le professeur Respiglii. Dans la soirée du 8 une autre apparition aurorale a été observée à Aoste, dans la vallée du Mont-Blanc, par le R. P. Volante, de 7 V2 h- à 9 h. Celte lumière fut aussi remarquée par M. le professeur Garibaldi à TObservatoire de Gênes où elle s'est reproduite dans la soirée du 9. Le soir dii 10 une nouvelle apparition aurorale a été ob- servée à Volpegiino par le R. D. Maggi : elle a acquis sa plus grande splendeur vers 6V2 h. : à ce moment une lumière rougeàtre et uniforme s'étendait sur l'horizon au Nord sur une ligne de plus de 80 degrés de longueur et 11 de hauteur, malgré la vapeur et les nuages qui voilaient le ciel. Le soir du 17, une lumière blanchâtre a été observée vers le Nord à Moncalieri. Le 26, tandis qu'une forte dépression barométrique traversait la péninsule, une belle apparition aurorale fut observée à Mondovi par le R. professeur Bruno et à Moncalieri de 7 h. à 9 h. du soir. La lumière s'étendait jusqu'au Céphée d'un côté, et aux Pléiades de l'autre. A 8 heures la voûte céleste devint splendide presque sur tout l'horizon depuis l'Ouest Jusqu'au Nord-Ouest par le Nord. Le soir du 27 un dernier phénumène auroral a été vu à Gênes, Alexandrie et Volpegiino, depuis 7 heures jusqu'au lever de la lune. On voyait une belle lumière blanchâtre à 25» à l'Est et à l'Ouest du méridien magnétique et sur une hauteur de 35°. La lumière zodiacale, vue en Janvier avant l'aurore du 4, a reparu les jours suivants et pendant tout le mois de février. Elle a été parfois très-splendide, et on l'a signalée dans uq grand nombre de nos stations piémontaises. J'ai essayé de PHYSIQUE. 419 l'analyser au moyen du spectroscope, mais toujours en vain. Les lialos lunaires ont été très-fréquents pendant le mois de février et les soirs du 19 et 20 deux de ces météores ont été vus dans toutes les stations du Piémont, même sur les Alpes au Col de Valdobbia près le Mont-Rosa et sur le Petit Saint-Bernard, près du Mont-Blanc. On les a signalés aussi à Gènes, à Florence et ailleurs. Les instruments magnétiques ont été très-souvent agités à Moncalieri. Gênes, Aoste, Florence, etc., etc. H.-C. VoGEL. Recherches sur le spectre de l'Aurore bo- réale. {Comptes rendus de la Société royale de Saxe.) Ces "observations ont été faites sur les nombreuses Aurores boréales qui ont eu lieu dans les hivers de 1870 et 1871. L'auteur remarque qu'on n'est point parvenu jusqu'ici à établir un rapport entre le specire de l'Aurore boréale et ceux que donnent les gaz qui composent l'atmosphère, d'où il semble qu'on devrait renoncer à considérer l'Aurore bo- réale comme résultant d'une décharge électrique qui s'opère à une grande hauteur dans l'atmosphère autour du pôle. M. Zollner, il est vrai, a cherché à étabMr que ces deux faits ne sont pas inconciliables en admettant que le spectre fourni par l'Aurore boréale est d'un ordre différent de ceux que donnent les gaz atmosphériques dans les tubes de Geissler *. Les observations de M. Vogel et de M. Lobse ont de leur côté, confirmé, comme on le verra, l'interprétation élec- trique du phénomène. Ces observations ont été faites au moyen d'un spectroscope à vision directe adapté au grand équatorial de Bolhkamp. Après avoir déterminé avec cet appareil la position de cent lignes environ du spectre so- * Voyez Archives des Sciences phys. et nalvr., mai 1871, tome XL, p. 276. 420 BULLETIN SCIENTIFIQUE. laire, et les avoir comparées avec les longueurs d'ondes don- nées par ces raies dans l'Atlas d'Angslrôm, M. Vogel a réussi à déduire directement de la déviation angulaire ob- servée, la longueur d'onde d'une raie quelconque. Voici maintenant le résultat de ses observations sur plu- sieurs Aurores. Aurore du 25 octobre 1870. — Aurore très-brillante don- nant dans la partie où elle présentait le plus d'éclat une ligne très-brillante entre D etE, et en outre plusieurs lignes bleues s'étendant jusqu'au milieu de l'espace compris entre b et F. Aurore du 11 février 1871. — Apparition dans la direction du Nord-Ouest d'un arc normal présentant une teinte ver- dàtre et entourant un segment obscur. On a vu de nouveau au spectroscope la ligne entre D et E avec une longueur d'onde de 0""",00073o2. Avec un spectroscope de Browning moins dispersif on a observé, comme précédemment, une série de lignes bleues. A minuit TAurore atteignit un plus grand éclat ; de magnifiques rayons, présentant la même teinte verdàtre que l'arc lui-même, s'élevaient jusqu'à 60" de hauteur. Deux nouvelles Aurores donnèrent pour la ligne brillante la [nême longueur d'onde que précédemment. Aurore du 12 février 1871. — Le spectre présente une apparence très-dilîérente de celle de la veille. Une lumière verte continue s'étendait depuis la ligne brillante jusqu'à la ligne b; ce fond lumineux ét^il traversé par quelques lignes brillantes ; il y avait de plus une ligne isolée entre /» et F ; au delà de F dans le bleu une raie brillante. Les rayons de l'Aurore qui apparurent plus tard et qui étaient teintés en rouge à leurs extrémités, donnèrent en outre une raie rouge très-intense entre Cet D, mais plus rapprochée de C. Aurore du 9 avril 1871. — Exceptionnellement brillante, surtout dans les premières heures du matin et qui présentait de superbes rayons rouges jusqu'au zénith. Même spectre que celui de TAurore du 12 février avec plus d'éclat, de ma- nière que la position des raies put être déterminée avec soin. PHYSIQUE. 42 ï La partie la plus brillante de l'Aurore près du segment obscur donnait un spectre composé de cinq lignes dans le vert et d'une bande dans le bleu. Les jets rouges présen- taient sept lignes. Nous ne transcrivons pas ici tous les chiiïres qui représentent la longueur d'ondulation pour cha(|ue ligne; nous nous bornons à dire que la longueur d'onde de la ligne la plus brillante était de 0™™,000569, puis de O'"",0005004 pour une ligne très-brillante. Une large bande lumineuse avait à son premier bord une longueur d'onde de O'""',0004694, au milieu moins éclairée elle était de 0'"",0004663, et au bord le plus réfrangible de 0""",000462. M. Vogel. après les observations dont nous venons de donner le résumé, passe à l'exposition de nombreuses expé- riences qu^il a faites pour trouver une analogie entre le spectre fourni par les gaz atmosphériques et celui de l'Au- rore boréale. Il a cherché, pour mieux établir la comparai- son, à déterminer les raies des spectres de l'oxygène, de l'hydrogène et de l'azote renfermés dans des tubes de Plûc- ker. Il a fait les mômes expériences sur l'air atmosphérique dans différentes conditions. Pour obtenir des gaz incandes- cents à une température relativement basse, comme cela a lieu dans l'Aurore boréale, il a employé des courants d'indue- lion de peu d'intensité, de manière à n'avoir qu^une faible lueur continue. Voici les conclusions auxquelles il a été conduit : La première bande rouge du spectre de l'Aurore coïncide selon toute probabilité avec un groupe de lignes rouges du spectre fourni par la portion capillaire d'un tube de Plûcker à azote. On n'aperçoit probablement dans le spectre de l'Aurore que la partie la plus lumineuse de ce groupe, et le déplacement que le milieu de cette bande subit dans ce spectre vers sa porlion la plus réfrangible, paraît devoir s'ex- pliquer par ce fait que l'intensité lumineuse de ce groupe de raies de l'azote va en augmentant lorsqu'on passe des rayons moins réfrangibles aux plus réfrangibles. La ligne la 4â2 FiULLETLV SCIENTIFIQUE. plus intense de l'Aurore se retrouve, quoique avec une faible intensité, chez l'azote Son isolement complet et son grand éclat dans le spectre de l'Aurore s'expliquent suffisamment par l'extrême variabilité des spectres des gaz avec la pression et la température. La troisième ligne de l'Aurore qui, vu son faible éclat, n'a pu être déterminée que d'une manière approximative, coïncide également avec une ligne de l'azote. La ligne de l'Aurore dont la longueur d'onde a été évaluée à O^^jOOOoâiS, se retrouve dans le spectre de l'azote comme dans celui de l'air. La troisième ligne du spectre de l'oxy- gène, qui semble se produire dans des circonstances très-dif- férentes, constitue la cinquième ligne du spectre de l'Aurore. En outre la ligne O'""',O003ÛOi de l'Aurore coïncide très-exac- tement avec la ligne bien connue de l'azote fournie égale- ment par les spectres de quelques nébuleuses. Quant à ce qui concerne la large bande lumineuse comprise entre 0™-",0D04694 et 0"'",0004629, on retrouve à la même place aussi bien dans le spectre de l'azote que dans celui de l'air atmosphérique, plusieurs lignes assez marquées pour qu'on puisse considérer comme très-probable la coïncidence du spectre de l'Aurore avec celui de l'air. Il résulte de cette comparaison que la ligne 0,"'"000o004 de l'Aurore coïncide exactement avec celle du maximum d'intensité llu spectre de l'air, et que les autres se retrouvent presque exactement dans les spectres des gaz atmosphé- riques. Les modifications considérables que subissent les spectres des gaz avec la pression et la température, empê- cheraient probablement de produire artificiellement un spec- tre qui soit de tous points identique avec celui de l'Aurore. En elîet, si l'on considère l'Aurore comme le résultat d'une décharge électrique à travers les couches supérieures très- raréfiées de l'atmosphère, on est obligé d'admettre que celle décharge s'opère sur une série de couches superposées d'une très-grande épaisseur. Gomme la pression varie de l'une de ces couches à l'autre. PHYSIQUE. 423 chacune d'elles donne dans une certaine mesure un speclre qui lui est propre, et ce que nous percevons c'est la somme de ces dit'férenls spectres échelonnés, pour ainsi dire, les uns derrière les autres. Cet elTet ne peut pas être réalisé artifi- ciellement. C'est ce que M. Zôllner a déjà signalé avec plus de détails dans le travail auquel nous avons fait allusion plus haut. W. DE Brzold. Ueber das Bn.DUNGSGESETZ. etc. Sur la loi de FORMATION DES FIGURES DE LiCHTENBERG. {Po(jg. Annalen. tome CXLIV, p. 337 et p. 526.) Dans un long travail qui fait suite à celui qu'il a publié sur le même sujet en 1870 ', iM. de Bezold recherche dans quelle mesure les figures de Lichlenberg varient, soit pour leur forme soit pour leurs dimensions, avec les conditions dans lesquelles elles se produisent. Il a étudié l'influence du mode de décharge, de la quantité d'électricité et de sa tension, de l'épaisseur du carreau d'épreuve, soit plaque isolante sur laquelle les figures se produisent, de l'armature dont il est muni ainsi que l'influence de la nature de la substance iso- lante dont est fait ce carreau d'épreuve, l'influence de la densité de l'air, celle d'actions électrostatiques en y compre- nant l'action réciproque de deux figures voisines. Il a étudié de plus les mouvements des liquides pondérables qui pré- sentent des phéncunènes analogues aux figures de Lichlen- berg et donne en terminant l'hypothèse la plus rationnelle selon lui pour expliquer la formation de ces figures. Les principaux résultats de ce travail sont les suivants : Le caractère d'une figure de Lichtenberg dépend avant tout du mode de décharge. Avec des décharges positives simples on obtient des types de figure différents suivant le temps qu'a pris leur formation. Des décharges rapides produisent des ' Poijgend. Annalen, tome CXL, p. 145; Archives, tome XXXIX, p. 372. 424 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ligui'es régulières formées de rayons reclilignes égaux en longueur, tandis que toutes les circonstances qui retardent la décharge occasionnent des irrégularités dans la figure. Les dimensions des figures de Liclitenberg augmentent avec la tension de l'électricité sur le conducteur que Ton met en relation avec l'armature du carreau d'épreuve. L'épaisseur de la plaque isolante et la grandeur de Par- mature n'exercent qu'une inlluence secondaire sur les di- mensions de la figure; celle-ci est cependant plus grande sur une plaque de moyenne épaisseur que sur une plaque très-mince ou très-épaisse. La grandeur de l'armature n'exerce d'intlnence que lorsque ses dimensions sont égales à celles de la figure ou plus petites. La grandeur et le caractère des figures de Liclitenberg ont été trouvés les mêmes, toutes circonstances égales d'ail- leurs, sur toutes les substances isolantes de natures différentes sur lesquelles on a opéré, pourvu qu'elles n'eussent pas une structure cristalline anisotrope. La nature particulière de la matière qui constitue la plaque isolante agit seulement sur la régularité et la fixité des images. Sur le bois il se produit des figures elliptiques, comme sur les cristaux, mais le grand axe de l'ellipse est ici perpen- diculaire sur la direction de la plus grande conductibilité calorifique. Les dimensions des figures sont inversement proportion- nelles à la densité de l'air. Les figures sont soumises à des actions électrostatiques, la figure positive et l'anneau circulaire sans poussière le sont beaucoup plus que la portion centrale de l'image négative. Si l'on exécute ces expériences dans Pobscurilé, on voit apparaître des figures lumineuses identiques comme formes à celles qu'on obtiendra l'instant d'après en saupoudrant de poussière le corps isolant. Gomme c'est la nature du gaz dans lequel s'accomplit la décharge et l'état dans lequel il se trouve qui influent le CHIMIE. 425 plus sur les figures de Lichlenberg, M, de Bezold pense qu'on doit allribuer les diverses variétés de forme de ces figures aux différents mouvements qui se produisent dans la couche gazeuse recouvrant la plaque isolante. En faisant écouler un liquide par un tube mince étiré en pointe sur une surface de ce môme liquide, ou en soutirant un liquide par une pointe effilée qui louche sa surface, on observe des apparences qui sont tout à fait analogues aux figures de Lichtenberg. De petits corpuscules nageant sur la surface du liquide se disposent de manière à couvrir dans le premier cas une surface circulaire et à former dans le second une étoile. Cela conduit l'auteur à supposer que dans le cas de la fiécharge positive il se produit un mouvement allant de la plaque isolante à la pointe qui la surmonte, dans le cas d'une décharge négative un mouvement allant de cette pointe à la plaque. Lorsque c'est l'électricité positive qui se décharge sur une plaque, le déplacement des particules gazeuses élec- ti'isées aurait lieu de dehors en dedans sur la surface iso- lante; dans le cas d'une décharge négative il aurait lieu de dedans en dehors, de l'aiguille par laquelle s'écoule Télec- tricité au pourtour de la figure sur la plaque isolante. CHIMIE. F.-W. Krecke. Décomposition du chlorure de manganèse. {Journal fur praktische Chemie. Neue Folge, V, p. lOo.) M. Krecke signale de singuliers phénomènes de coloration (jue lui a présentés la dissolution du chlorure de manganèse. Lorsque cette dissolution ne renferme que 15 p. 100 de sel, sa couleur rose ne change pas par la chaleur. Si la propor- tion s'élève à 20 p. 100, la dissolution rose à froid prend Archives, t. XLIIL - Avril 1872. 29 426 ■ BULLETIN SCIENTIFIQUE. une couleur jaune au delà de 70". Enfin, pour une propor- tion de 37 p. 100 de sel, la couleur, toujours rose à froid, se change entre 70° et 100° en une couleur verte semblable à celle des dissolutions concentrées de nickel. La couleur rose reparaît par le refroidissement. Tant que la liqueur ne prend que la couleur jaune, l'ana- lyse montre que les pi'oportions de manganèse et de chlore n'ont pas varié. Lorsqu'elle a pris la couleur verte, l'analyse constate qu'il y a eu dégagement d'acide chlorhydrique ; la perle de chlore est d'environ l,(i p. 100. Toutefois ce phénomène de coloration ne paraît point lié à ce changement dans la composition chimique, puisque la couleur redevient rose par le refroidissement. L'auteur a d'ailleurs constaté que le chlorure de manganèse cristallisé et rose donne, en se dissolvant dans l'alcool absolu, une dis- solution verte même à la température ordinaire. Cette colo- ration n'est donc due qu'à une déshydratation. Note de la rédaction. — Les faits relatifs à la coloration des sels de manganèse ont fait si souvent l'objet des recherches d'un grand nombre de chimistes, qu'il me paraît impossible d'admettre que les singuliers changements de couleur ob- servés par M. Krecke eussent toujours échappé à leur atten- tion, s'ils étaient constants. Faut-il les attribuer à l'existence d'une modihcalion allotropique dont ces sels sei'aient sus- ceptibles, comme lierzélius l'avait supposé pour expliquer l'affirmation de chimistes éminents et des plus consciencieux, d'après laquelle ces sels seraient parfois absolument inco- lores? Pour moi je serais plus disposé à en voir la cause dans la présence de quelque oxyde étranger, peut-être de l'oxyde de cobalt qui se rencontre si fréquemment dans le minerai de manganèse. Après avoir lu le mémoire de M. Krecke, j'ai essayé de répéter ses expériences sur une dissolution de chlorure de manganèse saturée et parfaitement pure, et l'ayant conceu- CHIMIE. 427 trée par l'ébullition jusqu'à précipitation delà majeure partie (lu sel, je n'ai pu apercevoir aucun changement clans sa co- loration. G. M. G. WuNDER et A. Knop. Sur la nature des produits cristal- lisés OBTENUS PAR LA FUSION DE l'aCIDE STANNIQUE ET DE l'acide TITANIQUE AVEC LE SEL DE PHOSPHORE ET LE BORAX. Divers oxydes métalliques, et particulièrement l'acide tita- nique et l'acide slannique, fondus au chalumeau avec le sel de phosphore ou le borax, donnent naissance à des perles transparentes qui, pour une proportion suffisante de l'oxyde métallique, se troublent par le refroidissement ou lorsqu'on les soumet à des alternatives répétées de fusion et de refroi- dissement par l'opération dési.onée sous le nom de flnmher. Ce caractère a été décrit par Berzélius comme servant à re- connaître ces oxydes. M.Gust. Rose a étudié de nouveau cette réaction en 1867'. Il l'attribuait à la cristallisation de l'acide titanique dans le sel en fusion ; il décrivit avec beaucoup de soin les formes, observées sous le microscope, des cristaux obtenus, et con- stata que suivant les circonstances on obtenait des produits de diverses formes, les uns en octaèdres aplatis à hase carrée, les autres en prismes carrés souvent géniculés, qu'il consi- déra comme identiques avec l'acide titanique naturel sous ses deux modifications les plus fréquentes, l'analase et le rutile. M. Gust. Wunder * annonça plus tard la découverte de faits ' Comptes rendus de l'Acad. des Sciences de Berlin, 1867, p. 129 et 450. * Sur J'isotrimorphisme de l'oxyde d'étain et de l'acide titanique, et sur la forme crislalinede la zircone.f Jowrna/ fur praktische CItemie. Neue Folge, II, p. 206.) 428 BULLETIN SCIENTIFIQUE. analogues relatifs à Tacide stanniine et à la zircone. Suivant lui, Taciilestannique cristallise dans le borax en prisme carré, c'est-à-dire sous la forme commune au rutile et à Tétain oxydé naturel, et dans le sel de phosphore sous la forme oclaédrique analogue à celle de l'anatase. On sait d'ailleurs que le chlorure d'étain, décomposé au rouge par la vapeur d'eau, donne un acide stannique cristallisé sous la forme de la brookite; il y a donc isomorphisme de l'acide stannique et de l'acide litanique sous trois formes distinctes. La zircone donne également, dans le sel de phosphore, des cristaux qu'il avait d'abord considérés comme cubiques, mais qu'il a reconnus plus lard appartenir au système pris- matique carré et qui très-probablement correspondent à la forme de l'anatase. Avec le borax, la zircone produit des cristaux qui ne ressemblent point à ceux que produisent, dans les mêmes circonstances, facide litanique et l'acide stannique. Ce sont des lames rhomboïdales dont la détermi- nation n'a pu être faite exactement, mais qui pourraient pro- bablement se rapporter à la troisième forme de l'acide lita- nique naturel, celle de la brookite. Jusque-là ces expériences n'avaient été faites que par des essais au chalumeau. On comprend aisément que l'on ne peut obtenir ainsi que des cristaux microscopiques, dont les formes ne peuvent être déterminées que d'une manière ap- proximative, et dont on ne peut constater suffisamment la véritable nature, ni par l'analyse, ni par une comparaison exacte de leurs propriétés physiques. M. A. Knop ' a le premier cherché à reproduire ces cristal- lisations sur une plus grande échelle en fondant l'acide lita- nique avec le borax ou le sel de phosphore dans des creu- sets au moyen d'un fourneau à gaz de Perrot. Avec le borax il a obtenu facilement l'acide litanique en cristaux prisma- ' Annalen der Chemie und Pharmacie, CLVII, p. 363. CHIMIK. 421) tiijues, offrant souvent le groupement caractéristique des cristaux de rutile. Avec le sel de phosphore, il a obtenu des cristaux en petites tables atteignant jusqu'à un tiers de niilli- mètre, d'un éclat adamantin et d'un jaune de miel. Il n ;i pas réussi à en déterminer la forme, mais Texamen optique rend probable une forme rhombique. D'ailleurs leur densité de 2,9 ne permet pas de les confondre avec Tanatase dont la densité s'élève à 3,9 Pour en déterminer la nature, l'auteur les a fondus avee du carbonate de potasse qui les attaque facilement, et il a reconnu la présence de l'acide titanique et de l'acide phosphorique. Son analyse l'a conduit à représenter la composition de ces cristaux par la formule 3 TiO^ Ph'^ 0*. Dans un mémoire plus récent ', M. Knop a étendu ses re- cherches à d'autres oxydes métaUiques pour lesquels il a obtenu des résultats analogues aux précédents. Il a renoncé à l'emploi du fourneau à gaz à cause de la trop grande uni- formité de la température. On obtient des résultats plus avantageux en chauffant au moyen d'un chalumeau à gaz le creuset de platine contenant l'oxyde métallique et le fondant. Lorsque l'oxyde est entièrement dissous, on dirige le dard du chalumeau de manière à chaulfer très-fortement la face antérieure du creuset; il en résulte un mouvement circula- toire de la masse fondue, par suite duquel les cristaux se forment et grossissent peu à peu du côté le moins échauffé. On peut, après le i-efroidissement de la masse, en extraire les cristaux en la traitant par l'eau et les acides et se débarassant par lévigation des parties les plus fines ou amorphes. On peut aussi, en plongeant dans la masse en fusion un fil de platine formant un anneau, en retirer une portion qui reste fixée dans l'anneau sous forme d'une lame mince, et se prête parfaitement à l'examen microscopique des cristaux qu'elle renferme. Les expériences de M. Knop ont porté sur l'acide stanni- • Annalen der Chemie und Pharmacie, CLIX, p. 36. 430 BULLETIN SCIENTIFIQUE, tijiie, sur la zircone et cette partie de la zircone que M. Svan- berg a considérée comme une nouvelle terre et désignée par le nom de norine, et sur l'acide niobique. Dans tous les cas les cristaux obtenus avec le borax ont été formés unique- ment de l'oxyde métallique employé, tandis que les cristaux produits dans le sel de phosphore sont des combinaisons de ces oxydes avec l'acide phosphorique. M. Knop a bien re- connu la présence d'un peu de soude dans ces cristaux, tels qu'on les extrait de la masse fondue et refroidie en la trai- tant par l'eau et les acides, mais il considère sa présence comme accidentelle, soit parce que sa proportion lui a paru variable, soit parce qu'il a pu la séparer de ces cristaux en les traitant par l'acide phosphorique en fusion qui ne les attaque que superficiellement. L'acide stannique donne, dans ces circonstances, des cris- taux en parallélipipèdes rectangulaires, agissant plus ou moins distinctement sur la lumière polarisée; ils n'ont guère en moyenne que j^-g de millimètre. Lorsque Tacide stanni- que est en grand excès, on obtient des cristaux plus gros, en octaèdres carrés et basés, atteignant -^ de millimètre. Ils ressemblent tout à fait à Tanatase, la mesure au moyen du goniomètre microscopique s'accorde bien avec l'angle de l'anatase de ISfi^Sfi' pour l'angle à la base de la pyramide carrée. L^analyse de ces cristaux a donné des résultats représentés par la formule 2SnO*.Ph'0' pour les cristaux de forme py- ramidée, et variant de Sn 0',Ph*0* à 3 SnO*, Ph^O^ pour ceux de forme rectangulaire. Les premiers offraient une densité de 3,87 à 3,98, les derniers de 3.61. La zircone et la norine se sont comportées d'une manière identique et ont donné, avec le sel de phosphore, des cris- taux microscopiques rectangulaires, agissant très-faiblement sur la lumière polarisée et d'une pesanteur spécifique de 3,12 et 3,14. Leur composition, abstraction faite d'une petite CHIMIK. 431 quantilé de soude accidentelle el très-variable, serait repré- sentée par les formules Zr 0^ Ph* 0" et NrOSPh*0\ L^acide niobi(|ue ne donne pas de cristaux avec le sel de phosphore. 11 produit avec le borax des cristaux microsco- piques, d'une densité de 4,31, d'apparence cubique, et que M. Knop est disposé à considérer comme appartenant réelle- ment au système cubique, bien qu'ils exercent une action sensible sur la lumière polarisée, action qui devrait dans ce cas être attribuée à un phénomène de polarisation lamellaire. M.Nordenskiold avait décrit ces cristaux comme rhombiques et atteignant une densité de 5,2 à 5,48. M. Knop suppose que ces données s'appliquent à un acide renfermant de l'acide tantalique. Les cristaux obtenus en fondant la zircone el la norine avec le borax, et extraits de la masse refroidie par l'eau el les acides, présentent une grande diiTérence. Les premiers offrent tout à fait l'apparence de la brookite, tandis que les seconds paraissent se rapporter à la forme de l'anatase. Ce- pendant l'examen microscopique du verre qui les renferme amène M. Knop à considérer ces cristaux comme identiques et ne différant que par le mode de groupement. En somme, ce savant ne trouve dans ses expériences aucune preuve en faveur de la différence admise par M. Svanberg entre la zir- cone et la norine. Enfin M. G. Wunder' a repris de son côté ses expériences, en opérant aussi sur une plus grande échelle de manière à pouvoir soumettre à l'analyse les. produits obtenus. Ses ré- sultats s'accordent sur plusieurs points avec ceux obtenus par M. Knop, mais en dilTèrent cependant quant à la nature des combinaisons phosphoriques dans lesquelles il considère la soude comme un élément essentiel. De même que M. Knop il a constaté que les cristaux for- més dans le borax sont uniquement constitués par l'oxyde ' Journal fur praklisclte Chemie. Neue Folge, IV, p. 339. 432 BULLETIN SCIENTIFIQUE. inélalliqiie, tandis que ceux qui se produisent dans le sel de phosphore sont des combinaisons complexes. L'acide stanniqne, fontki avec le sel de phosphore, donne naissance à deux sortes de cristaux ; les uns en oclaèdres car- rés et basés, présentent exaclement la forme de l'anatase et une composition exprimée par la formule Na^O, SnO-,Ph*0*v les autres, que Ton prendrait au premier abord pour des cubes, mais qui sont réellement des rhon)boèdres très-voisins du cube, passant quelquefois à des tables hexagonales offrant un seul axe de double réfraction, sont représentés par la for- mule Na20,4Sn OS 3 Pli^O*. La séparation de ces produits microscopiques serait im- possible, mais de nombreuses expériences ont amené l'auteur à pouvoir produire à volonlé Tune ou l'autre forme. Les cristaux en pyramides carrées se forment surtout lorsqu'on emploie une forte proportion d'acide slannique dont la dis- solution exige une calcination énergique et longtemps pro- longée qui tend à volatiliser l'acide phosphorique et à faire passer le mélaphosphate de soude à l'état de pyrophosphate ou même de phosphat/e basique. Leur production est égale- ment favorisée par l'addition de borax qui tend à produire la même transformation du phosphate de soude. Ces faits indi- quant que la production de ce composé était liée à la pré- sence du phosphate basique de soude, l'auteur a constaté que les cristaux rhomboédriques se changent en cristaux quadratiques quand on ajoute au verre qui les renferme du phosphate basi(}ue de soude, tandis que la transformation inverse peut être obtenue en ajoutant au verre un peu d'acide phosphorique ou de mélaphosphate de soude. Ces réactions s'expliquent d'ailleurs très-naturellement par la formule sui- vante : Na«0, 4Sn02, 3 Ph*0=»+ 3Na*0,Ph2 O'' = 4 ^Na« 0, SnO*, Ph'O») (Rhomboèdres.) (Pyramides.) L'acide titanique, fondu avec le sel de phosphore, donne ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. 433 naissance à des cristaux d'apparence cubique. M. Wunder a réussi à en obtenir dont les dimensions atteignaient près d'un millimètre; il a donc pu en déterminer exactement les angles au goniomètre à rétlexion et constater que ce sont des rhomboèdres de SS^IG'. Leur analyse Ta conduit à une for- mule analogue à celle des cristaux rhomboédriques obtenus avec racide stannique, Na'0,4TiO*, 3Ph" 0^ 11 a essayé vainement de produire, par l'addition de phos- phate basique de soude, des cristaux analogues à la combi- naison en cristaux quadratiques obtenue avec l'acide stan- nique. ZUULUGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. F.-A. FoREL. Expériences sur la température du corps hu- main DANS l'acte de l'aSCENSION SUR LES MONTAGNES. (Bul- letin de la Société de médecine de la Suisse romande, 1871.) On sait que dans l'état d'activité le muscle, tant qu'il n'est pas surmené, dégage une quantité de chaleur supérieure à celle qui est nécessaire au travail mécanique : le muscle se réchautïe. L'organisme trouve donc dans la contraction musculaire elle-même, et sans aller la chercher ailleurs, une somme de chaleur ou, ce qui revient au même, de force suffisante pour compenser la dépense en effet mécanique. Il était intéressant de connaître si dans le travail d'ascen- sion des montagnes, à différentes altitudes, la chaleur pro- duite par les muscles est capable de compenser les calories dépensées par le travail d'ascension, si, en un mot, la tem- pérature normale du corps subit pendant l'acte d'ascension une variation de la normale. 434 BULLETLN SCIENTIFIQUE. MM. Marcel ' et Lortet* ont cherché à résoudre ce pro- blême en faisant de fréquentes observations de la tempéra- ture de leur bouche, au moyen de thermomètres très-sensi- bles, dans plusieurs ascensions et en particulier dans celle du Mont-Blanc. Ces expérimentateurs sont tous deux arrivés à la conclu- sion que pendant Tascension la température de la bouche s'abaisse de plusieurs degrés ; cet abaissement étant en raison directe de l'altitude, de la vitesse d'ascension et de l'état de jeune. Le mal des montagnes est accompagné d'un fort abaissement de température. M. le professeur Forel , répétant ces expériences dans plusieurs ascensions faites à des altitudes moindres que celles qu'atteignirent MM. Marcet et Lortet, puisqu'il n'a pas dé- passé l'altitude de la Cima di Jazzi (3818 mètres), est ar- rivé à des résultats diamétralement opposés : pour M. Forel, la température prise aussi dans la bouche s'est généralement élevée au lieu de s'abaisser pendant l'ascension. M. Forel voit la preuve d'une erreur d'observation com- mise par M. Marcet et M. Lortet, dans le fait que ces expéri- mentateurs avancent que, au moment d'un arrêt fait dans rascension le thermomètre reprend immédiatement la tem- pérature normale du corps, ce qui nécessite la précaution d'observer pendant l'ascension même. Or, comme le remar- (jue M. Forel, les phénomènes chimiques qui se passent dans le corps humain, quelque intenses qu'ils puissent être pen- dant l'ascension, sont tout au plus capables, d'après les calculs (PHelmholtz, d'élever la température du corps d'un dixième de degré pendant une minute. « Il ne peut donc y avoir, dit ' D"" W. iMarcet, Observations sur la température du corps humain à difTérentes altitudes à l'état de repos et pendant l'acte de l'ascension. Archives des Sciences phys. et nalur., 5""* série, 1869, tome XXXVi, p. 247. • D'L. Lortet, Deux ascensions au Mont-Blanc en 1869. Recherches physiologiques sur le climat des montagnes. Paris, 1869. ZOOLOGIE, ANATOMIP: et PALKOXtOLOGlE. 4IÎ5 « M. Forel, au moment de rarrèt. une élévation de tempéra- « ture aussi considérable que celle que décrivent MM. Lortet « et Marcet. Il y a là, si je ne me trompe, rindication d'une « erreur dans Texpérimentation de mes honorables prédé- « cesseurs. " M. Forel n'arrive pas à se rendre compte de la cause des différences qu'offrent ses résultats avec ceux de MM. Lortet et Marcet ; il se demande si elle ne se trouverait pas dans l'épuisement de l'organisme produit chez ces expérimenta- teurs par des marches prolongées à très-grandes altitudes. Cette explication ne le satisf^iit cependant pas. Quoi qu'il en soit, les divergences mêmes de ces expéri- mentateurs sont intéressantes à signaler. Nous ne doutons pas que de nouvelles recherches faites en variant les procé- dés ne donnent une solution plus satisfaisante à ce pro- blème physiologique. M. Forel nous le fait déjà entrevoir dans sa publication; pour lui, l'observation de la tempéra- ture de la bouche est défectueuse : il est très-difficile, en effet, d'arriver à fermer hermétiquement cette cavité pen- dant les elïorts de l'ascension, qui nécessitent une abondante entrée d'air dans les poumons. C'est là une cause d'erreur que M. Forel se propose d'éviter en changeant dans une autre série d'expériences ce mode d'observation. Les expériences de M. Forel l'amènent aux conclusions suivantes : « I. La méthode de mensuration élans la bouche n'a pas « une précision suftisante pour l'étude de Tinduence des « mouvements musculaires sur la température générale du « corps. « IL L'acte de l'ascension amène normalement une élé- « vation de la température du corps de quelques dixièmes « de degré. « 111. Je réserve mon opinion au sujet de l'etl'et sur la ca- • loritication du corps : i36 BULLETIN SCIENTIFIQUE. « 1° De Tascension prolongée pendant un nombre « d'heures considérable; t 2° De l'ascension dans l'état déjeune ; « 3° De l'ascension dans l'état physiologique connu sous « le nom de mal des montagnes. « VI. Dans le repos qui suit l'acte de l'ascension, la tem- '< pérature du corps s'abaisse en tendant à reprendre sa hau- « teur normale. « V. L'élévation de température due aux mouvements « musculaires prolonge son influence pendant un temps plus ■< ou moins long. « VI. La température du corps s'élève pendant facte de la « descente. » D' P. 437 r * OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES A L'OBSERVATOIRE DE GENÈVE sous la direction de M. le prof. E. PLANTAMOUR Pendant le mois de MARS 1872. Le 3, gelée blanche le matin, minimiun -|- Ii',2. 4, id. id. brouillard dans la matinée. 5, forte gelée blanche le matin. 6, id. id. 8, à 4 h. après midi halo solaire. 10, 11 et 12, bise assez forte dans la soirée du 10, dans l'après-midi du 1 1 et dans la matinée du 12. 14, gelée blanche le matin, minimum + 0o,2. 16, id. id. 17, id. id. minimum + O^^S. 18, id. id. minimum + 0°,6. 22, id. id. 24, neige depuis la veille au soir et qui dure toute la journée mêlée de pluie, la hauteur maximum mesurée dans la matinée est de G"^"" ; plus tard elle fondait à mesure qu'elle tombait et elle avait complètement disparu le lendemain. 27, gelée blanche le matin. 438 Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MINIMUM. MAXIMUM mm mm Le 1er à 4 h. après m /-o,*^ Le 4 à 10 h. matin ''^e.lO ^^ 2 h. après m '^l'^.^* 11 à 10 h. soir "^'^"^'^^ 14 à 6 b. soir "'^^'^^^ 17 à 8 h. matin "^30,57 ^^ ^ 4 h. après m "^19,45 20 à 10 h. matm '-^' 22 à midi '^^''" 23 à 8 h. rnatm '^'^1,73 ^^^ ^ ^^ ^ ^^.^ 713,37 28 à 8 h. matin '^"^'^^ 30 à 2 h. après m "'"^^^^'^ 31 à 10 h. soir ^25,84 Limnimèlre àll h. S§§§§âSSSg§§SSSSSoo5oo55 lo|||^2i '^ «^ ^ «^ so :o ^ '-■î î-s LO in lO J2 2 ■£ j? 2 35 j5 I — 'Va u =J = : oo looooos r- i— t— t— îo o o' o o o" , o -* o 'TJ Ç'I 5-1 (71 I ^ O C^ OO C O ■<* ro ro 91 s •■£ --o --O ;o - +-1-.+ I 1 1 1 1 i+ + , , ro 00 V* r- *^ uo u-t) ) 1 \ t- ~Ji -^ -^ eo -^ •■O o co :3 t-' t- 1 '3?5So^r^?^r'0?§5^S^-oK-. l- » COCO O l-.O ^, t-, 30'^.^^. iTo O'O o'o'o'o-S-h'-'o'^ = o'=r 0 000 = 00-0 00 = 000 « o a _2 ^ ^ ci :3 tS -< aj-r<3^'?1 ^, — jj-^ 5j(M(M'-'!-^ aj oi"^"^ ^jS^^IS-ltM 3S -3 si -2 X> •S o O g^l^-lii5il^^lil^5iS§SSIIc«il^Sio 2= Nomb. d'h. ■ -^ •* «* 5^ 3 ' a 5 •:« -3 ' S] 5. X • — -es O X ro ooooooooooooooooooooooooooooooo, ■^ ^1 » œ ;0 -^ '^1 — ' rO — o 'M CO :."î o » -^ ?^ "O •î^l X :0 œ o -* 35 30 g-l 35 31 (1^1 X05 3VC5350S30XXa535X»3535Jv353535l:^303105O05l--t-OOX» 3^1 -Ai z OOOOOOOOOOOOOOOOOOOO^OOOOOOOOOOO 35 ■5-1 L-î --i- -Ji- 35 -5* — • 35 ^ — ■ o 35 l^ 35 I - 30 -^ l'- 35 rO «!t rc o o •«* iO X l^ o lO rb L^o ;s ■-3 ~* ■ ■* ■■■*■ i-'î ■-* ^ i'- 1~- ^ M ^"î -* ^ ^ ^ ■^ ^'' =" ^'5 ^ ~* ^ 3^ '^ ^ ®^ "^ Xr0O35-*i^i:--i^i"-^-S^c--*Oi-'0'>'l — ^l^— ic^-iCOr-f 35X:02n ■|++-M I I I I++4-I 1 + + I 4-+ + I 35 --0 35 lO t^ X X r- r>1 WÎ-1 X — 35 35 o I- 35 rM — • O l^ O o O — o --0 35 X -^ T^— .~*t^T-1353535350TJXXO— ■35'M'Î)— t^;ra — OOlOîST-I^OrO^O i-O X X X 1^ O O O O X X 1-- O l^ X O ;D O X -^-î l^ X l^ O :0 O ^ LO JO ao O (?1 ^ -"JC t^ o — I 'M 'M 35 o rO lO rO "O 35 IS>1 -^ 35 (35 o — 35 1-- o 'M 35 lO ~* -X> X X O rO iO 35 O 'M O -^ i-O LO L-î T-1 — • -î-I l~- «n- O '5-1 O 35 O X -r- O^ ^5 "M l^ -* l^_ ■<* — Si o=j-= = O— — oooooo — — — ooooc ■iY-^%ât = 1+4-1-1 |++-f- + 4-j-4-+f.f| V — o — o— ' — oooo; I I I i I 1 I ++++ _• 1^ -^ r^ -îi — X rc ~^ 91 -* X — ' O "*• X ro 35 -* O O 'M r- "î-l '■-D ;^ 35 O X es X — • .= -•* X o.. iO L-î rO CN 0_ "S-l — — 35^ X_ 35_. ■*•_ — >_ O O X_ 35 .X 35_ t— ._ X_ :D 0_ 91 ~t X, lO X = «* lo o ^o ~t -* L^r ^o Lo ;2' o' î-n' -I? -* L": L-î '-f '-n ■*' 91 ro ro ro' «* ^' fo" -* >o o' ^n jn" S-i E -* o O O — ■ -<* -.fi — — T -:-■ ■ 1^— s3< 05 r5 t--^0 35 X_— o 91 91 S5_^35_X_; " 91 91' 91 — 35' o' o' 9f o' ro LO es" ;d ire 10 ■ 5f5 IC X o ÎO 91 -T^ — 91 91 LO 91 91 CD o X >* o -* t- -^ o M 91 — <_, X CD CO X t--_. 50 lO fO -^ o X__ l-^ -^ 91. ■«* O -* — O — — -«^ S-î — ïO fO :D -^' O — o' O o' 91 O — o m' o' o" — o* 10" x' JO :d" +++I I l+ + -f-l-+ + 4-++l+++f I I I l + I I++++ r? o = s -' OJ — — o --D ^ ôO — ' ^ :D 1^ t- — :D .0 LO l- 35 91 — I r- C^ "5 t^ X t^ 1^ o — X X I-- 35 -.-1 91 ;D o — ^ o — X 35 ^ ro 35 o -* iC. I -^ 91 X_ Î-O — • o l--; -*_. -r^ .-o "^ -* 0_ -^_ o. — <_. 91 ■«* ro" :0 — — — « --o 91 ro ^0 51 :0 G^ — o 91 91 îO — CO :0 -* 20 lo' 91 — o O l^ '■£ n I I I I I I I I I f +++ ro — 35 r5 — I^ o .-o LO — • X o ro l— 91 X 35 X t- ~* ro sre 35 91 91 !0 — 1 — ro X lO O :D O rO_^ rO_ W -"^^ O 91. 91 35_ CN I^ 35_ rO_ X.. :0 ~* X —^ iO_ 35. rO_ rO_ 91. ^0__ 0_ l^_ •<* O X i^ cd" cd' -îf -* ~* 1-" O t~-' t-" CD r- co" ^o" Lo" cd' i-- x" ro" 91' — <" o" o o' ro' •<* cd' 9i ro' 91" 05' ++++++-i-+4-++ + -t-}-++++++++++4-++++++ " = 2 as V ^ -t ^ 1 kl 35 ^ CO X> 35 05 00 o I ++ I I I -I- + + 11111111+ + 1/ II: 5 C 3< — C -— Orox;c5o:D9i9i!— L0 9i'*«^X35Jre~CDt^i^x;D'- — 91 — 35co-*X S ~^ 1-- X ro 30 c 91 se ro es O 1^ CD — ' i:^ LO CD O ■* CD ro lO l^_ îO ■»* — ^ -*_ l~-, 0_ sre in S 35 — ■ -^ lo" rO lO X o"ro'~*"cD'l~-'rO~t-- x'i— '35"cd'o' 91' x'iVo' LO uO 1^ lO 20 rO sO 91 ■3 91 ro ro CO ro 91 — 91 91 91 91 91 91 -- — 91 91 91 91 91 -T< — 91 -r- — — 91 91 91 — 91 - r- r- i^ t- 1-- i~ i^ r- 1^ t- r— r- 1^ i-- i^ i^ i— 1- 1- i-- p- 1^ 1- 1^ i- '- '~- '^ '^ >>• i^ Jours du mois. I— 9iro-*!ncot-x050 — 9iro-^3ncDt-X35q — 91r0;5sn^^-X05O — — , — — I — — ^ — ^- -!- — — 'î^i 91 91 91 91 91 91 91 91 91 ro ro 440 MOYENNES DU MOIS DE MARS 1«72. K I). m. 8 h. m. 10 h. m. Midi. Ih. s. ib. s. i; h. 8 h. 10 h. s Baromètre. mm mtu mm mm mm mm mm mm mm l^aécade 727.86 728,25 728,31 727,90 727,12 726,86 727,0-i 727,62 727,77 2* . 724.,18 724,44 724 33 723 96 723,33 723 02 723 29 723,89 724,03 3' . 720,05 720,17 719,99 719,65 719,16 719,12 719,48 720,00 720,44 Mois 723,90 724,16 724.08 723,71 723,07 722,87 723,15 723,71 723,97 Température. l«décade-|- 1,93 + 3,43 + 6,96 + 9,19 -fll,06 -|-10,40 2. . + 3,01 + 4 22 + 7,13 -|- 9,04 -+- 9,68 +10,00 , -j_ 2,47 + 4,24 + 7,25 + 9,08 + 9,96 + 9,89 3« + 8,93 4- 7,22 + 5,75 + 8,66 + 6,92 j_ 5,23 H- 7,85 + 6,64 + 5,32 Mois + 2,47 + 3,97 + 7,12 + 9,10 +10,23 +10,09 + 8,47 + 6,92 -}- 5,44 Tension de la vapeur. 1 " décade 3« mm 4,61 4.77 4,55 mm 4,89 5,09 4,76 mm 5,49 5,34 4.68 mm 5,33 5.12 4,51 mm 5,48 4,96 4,39 mm 5,28 4,80 4,30 mm 5,57 5,19 4,90 mm 5,59 5,00 4,86 mm 3,40 3,11 4,94 Mois 4,64 4,91 5.16 4,98 4,92 4,78 5,21 5,14 5,14 Fraction de saturation en millièmes. 1 " décade 866 832 739 623 566 367 655 733 785 2» 837 815 702 610 555 524 623 669 763 3« 779 767 628 543 519 301 631 680 743 Mois 826 803 688 590 546 530 636 694 763 Therm. min. Therm. max Clarté moy. du Ciel. Température du Rhône. Eau de pluie Limnimètre. ou de neige. 1" décade 0 + iM 4-12!23 0,53 0 5,66 ram 0 cm 104,7 2* « + 2,06 +11,07 0,37 6,71 8,9 105,4 3» + 1,66 +12,71 0,68 6,69 20,9 108,2 Mois + 1,71 4-ll,É 0,60 6,37 29,8 106,1 Dans ce mois, l'air a été calme 5.02 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,69 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 87o,6 0., et son in- tensité est égaie à 25,90 sur 100. 441 TABLEAU UES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES AU SAIlNT-BERNAKl) liendanl LK MOIS DE MARS 1872. Le 2, brouillard presque tout le jour, avec un peu de neige qui n"a pas pu être mesurée. 4, brouillard le matin, clair depuis midi. 6, brouillard le soir. 7, 8, 9, 10, 11, brouillard tout le jour. 14, brouillard le soir. iS, brouillard une partie de la journée. 19, 20, 21, 22, brouillard tout le jour. 23, brouillard le soir. 24, 25, brouillard tout le jour. 30, 31, id. id. Valeurs extrêmes de la pression atmosphérique. MAXIMU» I. MLNLMUM. mm mm 3 à 10 h. soir . .570 47 Le 1 à 6 h. matin . . . 7 à 6 h. matin 564,98 9 à 10 h. soir 564,30 559,49 soir 565,78 14 à 8 h. soir 553,58 17 à 10 h. 21 à 4 h. après m. 551,12 23 à midi 555,31 25 à 6 h. matin 547,42 28 à 10 h. soir 566,03 31 à 6 h. matin 557,99 sjOfflnpsjno} '= 1 = c5 |-f+ + -i O *». ^ — : -++I ! I ++++++++++++ iO(XCi-.100CtUi>-'CJiWC/;c;îCl«'^l>SCi;-»-OlsacC.wC:in =: Oî W Oî Ot Oî 0"î Cl 0"î wJ Oî en i;i C!î C7' CI cr: CTi VI « en Oî w 571 Cî il 01 CI U5 c;î o: os a c^ CI c: c; Cl oi *- ii- ci ci en v. ci ci c; œ. v ci ci et o c. o: en ci ot c: o; cr: g: CR 5; ce O en ■-• CI IS *>- en *» *^ — ' X on •*>- X "X -ï^ l« we- >— — l-S • CI CI X 3c in cr> œ .^ C5 o ^1 .4>- :s i-û > 4 3C3cc:!;o~-ix;;^(œcioi*--:c*--i>- -1 *- œ X CD -! o g Ci W Cl Cl :r. Oi CI en os C! C'i CI en Cl en C7I en CI cn oi C;i Cl en CI o: «i w Oî en tre w 3 ot ~. œ Oï o; Cl en en w en CI Cl CI C; c. c; en ci a: ot o: c: œ œ œ c; o --t — 1 œ a; S. o ji ^ c; o; CI — i-s en ce c; *- .^ *- e;i *- ;£ en — Ci l^S/ c; »»- — •— »»• w o o X en = "c; o œ o c: "ce "— o w V o — "-i "■e>- -i en cr 'i-& c '— • "iu w o-- w u 'i>- w V en o x i xccccix»*N — coccix*-x*-o;enooc*>-œo — *»-xîc^ai-&îCci • «~ o ■ I 1 l-f-l I il I iil.i 1 I 1 I I I I 1 I I I I I I I 1 I ! _>^ w o o c: îc i-S/ _œ; o j3 (•i^e»; _cc >^ OJ CT *>> en U) ce eo *>■ en ^--a ^1 ^i eu —i *•_•(»• ^ "»>- eo CI c; '*. b; '--i "ji c: o Vi/'ec ":£ 'en o '— ■:£ Vi Vi o; "œ '■;>- "-i '— Vhj> g; 1-s ci o w *»C;C£CîO:^40C£X — t>SX~I*^~C;wOC1X*-OŒOî>^C;*~C1©C". i-s ts Sort) = Bl 3 -t-+++l I I I I +++++++4 + H-++++++++ «>■ l« CI p. "-* ùc b& en c: s: 4^ es X o ce pt O k® Oi Oî 3i o; c;t ■^ ,"*•.'* ."^ j*^ *. ce ce ^-^ O o o ^ o ce _*<- os :n V b: V !-£ c; ^ en b: -^ *^ o es t-t CI b: -- c: 14. 'Jc 'a: V ci ce V c; ~ o ;2 ^ 1— *> t,& — .fk. en li; o l-i. *>- w 4>- ce en — 1.& «- l>t,' ce .^ IC en o — -^ "— I I I I I ! I I ! I I I I I M c: ce ce ce -^ Cl i^ X — i* c: ci — oc Ci _-j _x ;^i ei C: p; ci C: _-i x jX p: x c: ci jf^ ZI V bi '^ CI ".!»- o 14/ o en o c; en '*- 'w x ce ce C". i-& o o x ce x '^ x o li oc o o +4- I I I I I I++I I 1+++I ! I I + l-i. N^ ^_ ts t« ce ce b» Oî O ts CI -.1 ce O -^1 <»- O ts C bs^ O o^'^j^pip' pi Cj^^*^ opj l* o *- ce bi i-fc Cl en o o o o en œ i>6 o bc ci V "«>- 1-s œ 'i îi o '■^i o "<= "i* oo o i« H 3 (X~ ■-s c CD O X ce *- en • O C1 C C ■ X o ■Srrf I > 5/2 OC • • u,* • • • 3 ^ t£ ce ee ■ ce • • • • ■ • ■ • co' • — c: o; o en • 05. . . . . . . ce • • • • 3 «3 zz. tî--. S3 c_ S' o c: CD CD ÎHOOOOpÉoppCKMHfiKBoéKMppOOpppt^KK t£ t& ce ts ' o 3 < —' <* £ S- 3 O _>^_o C ^Cï c; j;o O O O O O -^ O O O O O c: O O O _-^ __>^ _-^ ~ _— p P P' P" ce s 'c; "s; o c '--i '■:£ '-i "x ce ce c: V-- o — "*- ce '-c: "*» 'ce ce o c 'c; c: 5 ce ç oc ■-■ ■— OC2l.&XO^]Cet-&S>— XOOC^^lôXliC^GtOCC: — s-ioceoi 443 MOYENNES DU MOIS DE MARS 1872. 6 h. m. 8 h. m. 10 h. m. Midi. 2 h. s. 4 h. s. R h. s. 8h. s. 10 h s. Baromètre. mm mm mm mm mm mm mm mm mm Ire décade 564,37 364,82 563,22 o6o 29 563,01 504,86 564,82 565,01 565.12 2« . 359,02 539,24 539,49 539,48 559,26 539,07 559,25 359,24 559,27 3« . 555,93 556,25 556,64 556,79 556,57 556,54 556,70 556,91 557,04 Mois 559,6.s 559,98 560.33 560,40 560,16 560 04 560,15 560,28 560,36 Température. 1 « décade — 0 0 6,13 — 5,42 - 0 - 4,.53 0 — 3,18 0 0 0 — 3,36 — 3,70 — 5,17 - 0 0 - 5,21 — 5,71 2 . — 7.37 — 6,02 - - 4,10 — 2,28 — 2,17 — 3,10 — 5,16 - - 6,14 — 6,95 3» . — 8,84 — 6,97 - - 5,34 — 4,29 _ 4,15 — 5,20 — 6,45 - - 7,17 — 7,30 Mois — 7,49 — 6,16 - - 4,68 — 3,28 — 3,25 — 4.04 — 5,62 - - 6,21 — 6.67 Min. observé.* Max. observé.' Clarté moyenne Eau de pluie du Ciel. ou de neige. Hauteur de la neige tombée. Ire décade 0 — 6,57 0 2,56 mm 0,59 29,3 mm 180 2e . — 8,21 — 160 0,47 3,6 50 3" . — 9,69 — 3,56 0,67 16,4 203 Mois — 8,21 — 2,61 0,58 49,3 435 Dans ce mois, l'air a été calme 10,04 fois sur 100. Le rapport des vents du NE. à ceux du SO. a été celui de 0,89 à 1,00. La direction de la résultante de tous les vents observés est S. 45° 0., et son in- tensité est égale à 7,33 sur 100. * Voir la note du tableau. BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE ARCHIVES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES TABLE DES MATIÈRES COiNTENUES DANS LE TOME XLIII (NOUVELLE PÉRIODE) i872. — N" 169 à 172. Pages Recherches expérimentales sur la position du centre de gravité chez les insectes, par M. Félix Plateau. 5 Note sur la température du mois de décembre 1871, par M. le professeur E. Planlamour 58 Quelques mots de réponse à M. Le Conte au sujet des images d'illusion, par M. Raoul Piclel. ... 61 Détermination télégraphique de la différence de lon- gitude entre la station astronomique du Righi- Kulm et les observatoires de Zurich et de Neu- châtel, par MM. E. Planlamour, R. Wolf et A. Hirsch- ' 86 La phosphorescence animale, brève analyse de di- verses publications de M. le proL P. Pancen, suivie de la traduction du plus récent de ces mé- moires ayant trait aux Organes lumineux et à la lumière de.-. Pennatules, par M. F. Falio .... 121 Sur l'observation spectroscopique de la rotation du Soleil et un nouveau spectroscope à réversion, par M. F. Zôllner 1 40 Sur les actions électriques des corps non conduc- teurs soumis à l'influence d'un corps électrisé, par M. R. Felici 149 Sur la nature de l'électricité, première partie, par M. E. Ediund 209 — Idem. Seconde partie 297 Archives, t. XLIIL — Avril 1872. 3i 446 TABLE DES MATIÈRES. i'ages Quelques mots sur la vision binoculaire, en réponse aux articles de MM. Raoul Pictet et Joseph Le Conte, par M. H. Dor 241 Iris observés sur le lac de Genève, par M. le pro- fesseur Elle Wartmann 263 Trilobites. Extrait du supplément au volume I du Système silurien du centre de la Bohême, par M. Joachim Barrande 270 Nouveaux mémoires sur la théorie mécanique de la chaleur, par M. B. Qausms 321 Sur les spectres de quelques gaz renfermés dans des tubes de Geissier, par M. A. Wûllner . . . . 328 François-Jules Pictet. Notice biographique 342 BULLETIN SCIENTIFIQUE. ASTRONOMIE. L'éclipsé du 12 décembre 1871 102 Lettre de M.Janssen à M. de la Rive sur le même sujet. 103 Prof. Spœrer. Observations de taches et de protubé- rances solaires 160 P. Tncchini. Études sur le Soleil 163 D' WilUam Huggins. Note sur le spectre de la comète d'Encke 466 Prof. C.-A. Young. Sur une explosion solaire 168 PHYSIQUE. E. Villari. Durée de l'action diamagnétique 105 E. Gautier. Aurore boréale du 4 février 1872 171 Riwul Pictet. Observations sur l'Aurore boréale du 4 février 1872 faites en Egypte 172 Jacobi. Courants d'induclion produits dans les bo- bines d'un aimant par la roialion devant ses pôles d'un disque métallique. — Violte. Même sujet 175 TABLE DES MATIÈRES. 447 Pages J. Plateau. Une expérience relative à la question de la vapeur vésiculaire 177 Pincus. Production exceptionnelle d'ozone 179 H.ScImeeheli. Les conditions de température dans des ~ colonnes d'air en vibration 180 Tscliermak. Ambre fluorescent 181 W. Stein. Faits relatifs à la théorie des couleurs des corps 182 Charles Tomlinson. Sur la manière de se comporter des solutions sursaturées lorsqu'on les expose à l'action de l'air extérieur 184 L.Schônn. Sur la passivité du fer. — Le même. Passivité de l'étain et du cadmium 186 Le même. Sur l'emploi de lentilles cylindriques pour les observations spectroscopiques. 187 Félix Marco. Expérience nouvelle pour démontrer dans les cours la cause mécanique de rébuUilion 279 L. Sc/w/m. Sur les bandes d'absorption delà chloro- phylle 282 W. Grilel. Tourbillon électrique 283 H. Planeth. Flammes résonnantes 284 Denza. L'Aurore boréale du 4 février observée en Italie 414 FL-C. Vogel. Recherches sur le spectre de l'Aurore bo- réale 419 W. de Bezold. Sur la loi de formation des figures de Lichtenberg 423 CHIMIE. C. Kosmann. Recherches analytiques sur les roches sous le point de vue de leurs principes absorbables par les végétaux (Erratum) 106 F.-W. Krecke. Décomposition du chlorure de manga- nèse 425 G. Wunderei A. Knop. Sur la nature des produits cris- tallisés obtenus par la fusion de l'acide stannique et de Tacide lilanique avec le sel de phosphore et le borax 427 i48 TABLE DES MATIÈRES. Pages ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PALÉONTOLOGIE. ' 5 Prof. Fr. Goltz. De i'absorption et du transport des poisons après l'inlerruplion de la circulation du sang. — Le même. De rinlliience des centres nerveux sur l'absorption 107 St.-Clair-Gray. Sur l'origine de la force nerveuse 188 P. Bert. Sur les phénomènes et sur les causes de la mort des animaux d'eau douce que l'on plonge dans l'eau de mer 190 Le même. Recherches expérimentales sur l'influence que les changements dans la pression barométrique exercent sur les phénomènes de la vie 191 J. Reverdin. De la greiïe épidermique 283 F.-A. Forel. Expériences sur la température du corps humain dans l'acte de l'ascension sur les montagnes. 433 'o' BOTANIQUE. Delpino. Fécondation dans les Conifères 194 Le même. Eludes sur une descendance anémophile des composées du groupe des Artémisiacées 193 De Wojeikolf. Elfets du déboisement sur le cours du Wolga 198 A. Grisebach. La végétation de la terre selon les divers climats '. i 99 D' Paul Bert. Recherches sur les mouvements de la sensitive 287 OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES faites à Genève et au Grand Saint-Bernard Observations faites pendant le mois décembre de 1871 . 113 Idem. pendant le mois de janvier 1872. . . 201 Idem. pendant le mois de février 289 Idem. pendant le mois de mars 437 New York Botanical Garden Libra llll 3 5185 00258 9511 rary II W 'i-^^r^s *i^- V C j?^ % ^ •y^ , < i/ "^^{..v