. \*r ;&s^ r&tgr Mr^li . 1 AHf î» ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GENERALE . ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE HISTOIRE NATURELLE - MORPHOLOGIE - HISTOLOGIE ÉVOLUTION DES ANIMAUX FONDEES PAR HENRI de LACAZE-DUTHIERS PUBLIEES SOUS LA DIRECTION DE G. PRUVOT et E.-G. RACOVITZA PROFESSEUR A LA SORBONNE POCTEUR ES SCIENCES DIRECTEUR DU LABORATOIRE ARAGO SOUS-PIRECTEUR DU I.AnoRATOIRE ARAGO TOME 58 PARIS LIBRAIRIE H. LE SOUDIER 174, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, I74 Tous droits réservés 1918-1930 TABLE DES MATIÈRES du tome cinquante-huitième (637 pages, XXI planches, 246 figures] /Votes et Revue (4 numéros, 117 pages, 106 figures.) Numéro 1 (Paru le 3 juin 1919. — Prix 2 francs.) I. — K. Anthony. — Réflexions à propos de la genèse de la striation musculaire sous l'action des causes qui la déterminent. La question de la structure des fibres à contractions rapides dans les muscles adducteurs des Mollusques acéphales (avec 3 fig.) p. 1 II. — A. Dehorne. — Sur l'Amibe du foie suppuré humain et sur la formation de ses cristalloides (arec 4 fiy.). . .-. p. 11 J]I. — A. Billard. — Note sur quelques espèces nouvelles de Sertularella de L'expédition du « Siboga » {avec 3 fin.) p. 18 Numéro 2 (Paru le 16 juillet 1919. — Prix 3 francs.) sS\S . — A. Dehorne. — Détermination du nombre des chromosomes dans les larves de Corel/ira plu- ^ micornis (avec 10 fin.) . p. 25 V. — E. G. Racovitza. — Notes sur les ïsopodes. — 1. Asellus aquaticus auct. est une erreur taxono- mique. — 2. Asellus aquaticm L. et A. meridianus n. sp. (arec 12 fig.) p. 31 Numéro 3 (Paru le 2."> octobre 1919. — Prix 6 francs.) YI. — G. Colosi. — L'azione délia veratrina sui Gasteropodi terrestri e la specifleita di Limax mu xi- mus e Limax cinereo-n iger (arec 2 fia.) p. 45 VII. — E.-G. EACOVITZA. — Notes sur les Ïsopodes. — 3. Asellus banyulensis n. sp. — 4. Asellus coxalis Dollfus. — 5. A. coxalis peyerimhofli n. xubsp. (arec 39 fig.) p. 4'.) Numéro 4 (Paru le 15 Février 1920. — Prix 5 francs.) VIII. — E. G. Racovitza. — Notes sur les ïsopodes. — 6. Asellus communis Say. — 7. Les pléopodes I et II des Asellides ; morphologie et développement (arec 33 fig.) p. 79 Table spéciale des Notes et Revue du Tome 58 p. 117 Fascicule 1 (Paru le 20 décembre 1918. — Prix 6 francs.) O. Dtjboscq. — Selysina perforons Dub.. Description des stades connus du Sporozoaire de Stolonica avec quelques remarques sur le pseudo- vitellus des statoblastesetsur les cellules géantes (avec 11 fig. dans le texte et la pi. I) p. 1 Fascicule 2 (Paru le 5 janvier 1919. — Prix 22 francs.) L. Fage. — Etudes sur les Araignées cavernicoles. — III. Le genre Troglohy- phantes. Biospeologica XL (avec 49 fig. dans le texte et pi. II à VIII) p. 55 (s 5- 3 1 TABLE DBS MATIÈRES Fascicule 3 (Paru le 1er févrior 1919. — Prix 2 francs.) F. Brochée. — Les organes pulsatiles méso- et métatergaux des Lépidop- tères {avec 8 fig. dans le texte) p. 149 Fascicule 4 (Paru le 30 mars 1919. — Prix 5 francs.) H. \Y. Brolemanx et J. L. Lichtenstein. — Les valves des Diplopodes (Mémoire préliminaire) {avec 31 fig. dans le texte) p. 173 Fascicule 5 (Paru le 25 mai 1919. — Prix 4 francs.) M. Prenant. — ■ Recherches sur les rhabdites des Turbellariés {avec 12 fig. dans le texte et la pi. IX) p. 219 Fascicule 6 (Paru le 25 juin 1919. — Prix 7 francs.) J. Georgévitch. — Etudes sur le développement de Myxidium gadi Georgév. {avec 4 fig. dans le texte et les pi. X. à XII) p. 251 Fascicule 7 (Paru le 15 juillet 1919. — Prix 5 francs.) M. Herlant. — Comment agit la solution hypertonique dans la parthéno- genèse expérimentale (Méthode de Loeb). II. — Le mécanisme de la segmentation {avec les pi. XIII et XIV) p. 291 Fascicule 8 (Paru Le 20 septembre 1919. — Prix 14 francs.) P. Fauvel. — Annélides polvchètes de Madagascar, de Djibouti et du golfe Persique {avec 12 fig. dans le texte et les pi. XV à XVII) p. 315 Fascicule 9 (Paru le 5 février 1920. — Prix 9 francs.) P. Paris. — Ostracodes (lre série). Biospeologica XLI {avec 1 fig. dans le texte et les pi. XVIII à XXI) p. 475 F as ai eu le 10 (Paru le 16 Février 1920.— Prix 3 francs.) V. Schitz. — Sur la spermatogénèse chez Cerithium vulgatum Brug., Turitella triplicata Brocchi {mediterranea Monterosato) et Bittium reticula- tum da Costa {avec 12 fig. dans le texte) p. 489 Fontenay-aux-Roses. — Imr>. L. Bellenand ARCHIVES DE FONDÉES PAR H. de LACAZE-DUTHIERS PUBLIEES SOUS LA DIRECTION DE G. PRUVOT Professeur à la Sorbonne Directeur du Laboratoire Arago E. G. RACOVITZA Sous-Directeur du Laboratoire Arago Docteur es sciences Tome 58. N0ÏË8 ET REVUE Numéro 1. I RÉFLEXIONS A PROPOS DE LA GENÈSE DE LA STRIATION MUSCULAIRE SOUS L'ACTION DES CAUSES QUI LA DÉTERMINENT 1 LA QUESTION DE LA STRUCTURE DES FIBRES A CONTRACTIONS RAPIDES DANS LES MUSCLES ADDUCTEURS DES MOLLUSOUES ACÉPHALES PAR R. ANTHONY Directeur-adjoint du Laboratoire maritime du Muséum d'Histoire naturel!» Reçue le 14 Décembre 1918. Si l'on remarque que, chez les Vertébrés par exemple, les muscles du squelette sont, envisagés dans leur ensemble, à la fois de contraction rapide et de structure striée, alors que les muscles des viscères sont à la fois de contraction habituellement lente et de structure lisse le plus sou- vent, on en vient à penser non seulement qu'il existe un rapport entre 1. Au sujet des récents travaux sur le tissu musculaire, voir A. Prenant : Problèmes cytologiques généraux soulevés par l"étude des cellules musculaires. (Journal de VAnatomie et de la Physiologie. T. XLVII, N09 5 etï ; 1911, et T. XLVIII, N» 2, 1912.) Un résumé de cet important travail de critique scientifique a paru dans la Revue géné- rale des Sciences, 15 et 30 décembre 1912. NOTES HT RBVUE. — NO NOTES ET REVUE la rapidité de la contraction et la structure striée des muscles, mais encore, et si l'on admet la légitimité des explications lamarckiennes, que la struc- ture striée serait le résultat morphologique de la rapidité de la contrac- tion, ou plus exactement de la brièveté et de la brusquerie de la secousse. Dans son très remarquable travail sur les propriétés optiques du tissu musculaire, F. Vlès 1 ne manque pas de noter qu'il ressort clairement des recherches des auteurs modernes, tant anatomistes que physiologistes, que les muscles ont, dans l'ensemble, quelle que soit leur fonction et quels que soient les ani- maux chez lesquels on les observe, d'au- tant plus de chances d'être striés que sont plus rapides les mou- vements qu'ils com- mandent.' Des exceptions, il est vrai, peuvent être invoquées, et Vlès cite, entre autres, le cas d'un Mollusque gastéropode, VHaïio- tis, dont les muscles de la sole pédieuse sont lisses, alors que sont nettement striés les moteurs de la ra- dula dont les contractions ne semblent pas, à tout prendre, devoir être plus rapides. — Les Anguilles et les Tanches, poissons adaptés à la vie sur les fonds vaseux, ont, par le fait d'une exception remarquable, une musculature intestinale striée (Voir les recherches de Mahn 1898, et celles de Retteree, et Lelièvre, 1909). Se basant sur un certain nombre de faits de ce genre, Vlès conclut que la condition rapidité de la contraction ne saurait toujours suffire à expliquer la striation musculaire ; il pense que d'une part le rythme alternatif régulier du mouvement, d'autre part ce qu'il appelle l'assujettissement à des liaisons mécaniques étroites et HalMis rampant à la surface de la glace verticale d'un aquarium ; à droite, schéma de la sole pédieuse décalquée sur la photographie. Les régions marquées de hachures sur le schéma smt des centres de contraction existant en un même moment ; ces centres varient de forme, se déplacent et se multiplient suivant la direction des mouvements de progression. A, Région antérieure — B, Région postérieure. 1. F. Vlès Propriétés optiques des muscles. (A. Hermanu, Paris 1911.) R. ANTHONY $ constantes pourraient aussi intervenir pour la déterminer. Ce serait avec la première de ces conditions que serait en rapport la striation du muscle cardiaque, et ce serait avec la seconde, ainsi qu'avec la rapidité de la contraction que serait en rapport la striation des muscles locomoteurs des Vertébrés et des Arthropodes. On conçoit que l'assujettissement à des liaisons mécaniques étroites et constantes est beaucoup mieux réalisé dans ces derniers muscles qu'il ne Test dans le muscle pédieux de YHalio- tis qui peut en somme se mouvoir dans plusieurs directions. (Voir fig. i). Quoiqu'il en soit, de curieuses observations inclinent à penser que c'est, à tout prendre, la rapidité de la contraction (à laquelle il convien- drait peut-être d'ajouter encore un quatrième facteur que représenterait la diminution du coefficient de raccourcissement) qui conditionne sur- tout et dans la plupart des cas la striation musculaire. D'après Eimer, les muscles thoraciques des Mouches domestiques ne présenteraient, au printemps, aucune striation ; la striation ne s'y développerait qu'à mesure que le vol s'établit. D'après Vosseler, elle disparaîtrait d'une façon transitoire des muscles de l'abdomen de l'Epeire lorsqu'il se distend et s'immobilise sous l'accumulation des œufs avant la ponte ï. Montrer que dans un seul et même organe considéré à travers un groupe zoologique homogène, la fibre musculaire est de plus en plus nettement striée lorsqu'elle se trouve soumise à des contractions de plus en plus rapides en même temps que son coefficient de raccourcissement diminue, serait, je crois, faire ressortir de la façon la plus éclatante le rôle de la fonction dans le déterminisme de la striation musculaire. Les muscles adducteurs des Mollusques acéphales me paraissent pouvoir fournir les éléments d'une telle démonstration. Les Mollusques acéphales possèdent, on le sait, soit deux muscles adducteurs égaux (Dimyaires isomyaires : Anodonta, Venus, Cardium, Tellina, etc.) ou inégaux (Dimyaires 'anisomyaires : Mytilus), soit un seul muscle qui est toujours le postérieur (Monomyaires : Ostrea, Pecten, etc.). Ces muscles, en se contractant, rapprochent l'une de l'autre les deux valves de la coquille qui s'écartent au contraire passivement du fait de l'action automatique du ligament élastique de la charnière, lorsque les muscles adducteus cessent de se contracter. Les muscles adducteurs des Mollusques acéphales sont toujours cons^ 1. F. Vlès, lococitato, a émis sur le mode d'action des factjurs qui déterminent ia striation musculaire des hypothèses intéressantes, mais dans le détail desquelles nous ne pouvons entrer ici. Voir à ce sujet; Prenant, Revue générale des Sciences, 30 décembre 1912. NOTES ET REVUE t è titués de deux parties : l'une, d'apparence nacrée, formée de fibres du type lisse ; l'autre, d'apparence vitreuse, opaque, formée de fibres d'as- pects très différents suivant les cas. Chez certains acéphales ces fibres, décomposables en fibrilles, sont nettement striées, du type général de celles des Vertébrés et des Arthropodes (Pecten, par exemple) ; chez d'autres, et c'est la plupart, elles affectent une appa- rence toute spéciale présentant à leur surface des losanges sombres plus ou moins réguliers, disposés en quinconces, ou qui, semblant confondus, dessinent des chevrons ou des bandes hélicoïdales sombres. (Voir fig. n). Ce second type de structure se retrouve d'ailleurs dans les mus- cles de nombreux autres Invertébrés, notamment chez les Annélides (Arenicola et Nereis par exemple). Les fibres de la partie nacrée (fibres lisses) sont I essentiellement adaptées à des mouvements lents et jjj soutenus. En effet, de très remarquables et déjà an- • ciennes expériences de Coutance d'une part et de von Jhering de l'autre ont montré que, chez un Pecten maxi- mus Linné dont la portion vitreuse du muscle adduc- teur unique avait été sectionnée, la fermeture de la coquille s'opérait très lentement, mais lorsqu'une fois elle avait été réalisée les valves se maintenaient soli- dement occluses. Les fibres de la partie vitreuse au contraire (fibres à structure losangée et fibres à stria- tions transversales) sont essentiellement adaptées à des mouvements brusques et rapides, mais peu soutenus. Coutance et Von Jhering ont montré aussi que, chez un Pecten dont la portion nacrée du muscle adducteur avait été seule sectionnée, la fermeture de la coquille s'opérait brusquement, mais ne pouvait se maintenir. Marceau est venu appuyer les résultats de ces expé- riences fondamentales en faisant remarquer que, chez les Acéphales dont les valves bâillent habituellement, la partie nacrée des adduc- teurs est non différenciée ou très rudimentaire (Solen, Lutraria, Pholas) l. H est démontré d'autre part (Anthony, Marceau) que les fibres Fig. II. Fibre de la portion vitreuse du muscle adducteur de l'Huître portu- gaise (Oryphea an- gulata). Cette figure n'a d'autre préten- tion que celle de donner un aspect d'ensemble d'une structure excessive- ment difficile à ren- dre ; elle est à rap- procher de la fi- gure 1, PI. IX du mémoire de Mar- ceau, où la dispo- sition des losanges paraît être plus schématisée encore qu'ici. 1. Mabceau, loco ciiato, page 298. Voir ci-dessous. R. ANTHONY 5 de la partie nacrée ont un coefficient de raccourcissement plus élevé que celles de la partie opaque. Il résulte clairement de ces faits qu'il existe, dans les muscles adduc- teurs des Acéphales, deux sortes de fibres, les unes lisses qui ont un coefficient de raccourcissement élevé et qui correspondent à des mou- vements lents et soutenus (partie nacrée), les autres qui, ayant un coeffi- cient de raccourcissement peu élevé et correspondant à des mouvements rapides et peu soutenus, possèdent tantôt une structure franchement et nettement striée, tantôt une structure très particulière qu'on peut dénommer losangée, qui est assez répandue d'une façon générale chez les Invertébrés, et qui, enfin, apparemment du moins, diffère totalement de la structure vraiment striée (partie vitreuse). J'ai autrefois émis l'hypothèse que les fibres à structure dite losangée d'un grand nombre d'Acéphales (Huître, Anodonte par exemple) repré- sentent des stades morphologiques de passage entre les fibres lisses et les fibres striées transversalement, en quelque sorte des étapes fixées de la transformation progressive que peut subir la fibre musculaire sous l'influence des causes qui déterminent la striation, plus particulièrement les mouvements rapides l. Notons qu'en 1911, se plaçant uniquement sur le terrain physiologique, Vlès 2 a émis l'opinion que ces fibres auraient, avec les conditions multiples qui déterminent pour lui la striation, un rapport moins accusé dans l'ensemble que les fibres vraiment striées. Suivant ma manière de voir, les losanges sombres auraient représenté les condensations protoplasmiques qui aboutissent à la constitution des disques sombres des fibres striées typiques (disques Q, Rollett, Vlès). Chez un animal tel que l'Anodonte ou l'Huître, par exemple, il y aurait décalage régulier des parties sombres, ce qui expliquerait la disposition en quinconces et l'apparence occasionnelle de chevrons qui résulterait probablement du fait que les losanges sombres de l'autre face de la fibre, vus par transparence, interrompent irrégulièrement les bandes claires interlosangiques qui dessinent une double hélice ; en même temps, la fibrillation longitudinale ne serait point encore réalisée. Tout cela s'accorde bien avec les théories les plus accréditées du développement de la striation au cours de l'ontogénie individuelle 3. Voilà près de cinquante ans que l'on discute sur la signification de la 1. R. Anthony, Note sur la forme et la structure des muscles adducteurs des Mo'lusqucs acéphales. Bull- Soc, philomathique 1904 (Communication faite le 26 décembre 1903). S. F. Vlès, loco citato, page 335. 3. Voir Prenant, lotit dtatit. 0 NOTES ET REVUE structure losangée de certaines fibres musculaires des Invertébrés ; et, il suffit, de se reporter au travail de Vlès ou au cinquième chapitre de l'étude de Prenant l pour voir immédiatement combien peu encore on est fixé à leur égard. L'interprétation que j'en propose, et dont on peut trouver des analogues parmi les nombreuses théories antérieurement émises, par exemple, Margo 1860 et Schwalbe 1869, se base sur les arguments suivants dont je crois, en tous cas, être le premier à faire res- sortir la valeur : 1° Lorsque l'on examine sur différentes espèces de Mollusques acé- phales la structure de la partie vitreuse d'un muscle adducteur, on constate tous les intermédiaires, tous les passages entre la structure lisse et la structure franchement striée. En effet, chez la Moule et la Tridacne, les fibres de cette partie vitreuse sont extrêmement peu différentes et Marceau l'a bien noté 2, de celles de la partie nacrée ; chez d'autres types, les parties sombres commencent seulement à appa- raître ; chez l'Huître et YUnio, elles acquièrent leur maximum de netteté. Chez l'Anomie, et ce fait est excessivement important, on ne saurait trop y réfléchir, la même fibre présente des régions où la structure net- tement striée transversalement est visible et des régions aussi où on cons- tate seulement la présence de losanges sombres disposés en quinconces et que je ne crois pas possible de différencier de ceux qu'on observe chez l'Huître ou YUnio. Chez le Pecten enfin, la structure striée typique est complètement réalisée, et la fibre musculaire d'un Pecten est aussi différenciée en somme que celle d'un Arthropode ou d'un Vertébré, présentant comme elle une fibrillation longitudinale complète. D'ailleurs, à ces différents états histologiques correspondent des aspects macroscopiques différents. Chez la Moule par exemple, la partie vitreuse est à peine reconnaissable de la partie nacrée et le passage de l'une à l'autre est insensible. Chez YUnio et l'Huître, la différence d'as- pect des deux parties est bien tranchée. Chez le Pecten enfin, ayant des fonctions très différentes, elles sont très différentes aussi d'aspect, nette- ment individualisées, séparées d'une façon absolue, figurant dans quelque mesure deux muscles placés côte à côte. 2° Il convient de bien insister sur le fait que ces différentes structures qui paraissent tendre de plus en plus à la striation transversale corres- 1. Journal de l'Anatomie et de la Physiologie, XLVIIle année, 1912, N° 2. 2. Marceau, loco cil do, pages 352 et 253. Voir ci-dessous. B. ANTHONY pondent respectivement dans l'ensemble à des modes de fonctionne- ment qui tendent aussi de plus en plus vers la rapidité de la contraction, cette dernière atteignant, comme l'on sait, son maximum chez le Pecten, par exemple, dont les mouvements de nage bien connus sont causés par l'ouverture et la fermeture brusques alternatives des valves (Voir Fis- cher, Marey, R. Anthony, F. Vlès, W. v. Buddenbrock) et se rédui- sant, au contraire, à son minimum chez la Moule (Voir Marceatt). 3° Le passage de la structure lisse à la structure losangée offre les caractères d'un processus étroitement adaptatif. — Dans un muscle de mouvement angulaire à fi- bres parallèles, la longueur des fibres également dis- tantes de la charnière est nécessairement proportion- nelle à leur coefficient de raccourcissement ; si pour toutes le coefficient de rac- courcissement est identique, elles seront toutes égales ; si le coefficient de raccourcis- sement diffère, celles dont le coefficient de raccourcisse- ment est le plus élevé de- vront être les plus courtes. Or, les valves d'un Mollusque acéphale ont, du fait de la présence de l'animal qu'elles contiennent, une forme particulière et déterminée qui impose pour un point donné une certaine longueur à la fibre qui s'y attache. Les fibres constituantes des muscles adducteurs doivent donc, suivant leur situation, présenter des coefficients de raccourcissement différents. Le passage de la struc- ture lisse à la structure losangée paraît bien correspondre à des modi- fications dans le coefficient de raccourcissement, d'une façon plus précise à une diminution du coefficient de raccourcissement. On peut, en consé- quence, rigoureusement déduire du relief des surfaces d'insertion le tracé sur la section transversale de la ligne qui sépare les deux sortes de fibres. Si les surfaces d'insertion sont des plans, la ligne de sépara- tion est une droite ; si ce sont des surfaces courbes opposées par leur concavité, comme c'est le cas le plus habituel (Voir fig. ni) (Venus FlG. III. Valve gauche de Venus mercenaria Linné pour montrer la coupe transversale des muscles adducteurs. A, Partie antérieure. — B, Partie postérieure. — n, portion nacrée. — o, portion opaque ou vitreuse (en grisé). +, région où sont les fibres musculaires les plus loagu s, — région où les fibres sont les plus courtes. La ligne qui sépare les deux sortes de fibres est une courbe dont la concavité est dirigée en dedans. (Bull. Soc. Philomathique 1904. 8 NOTES ET REVUE mercenaria Linné ou Cardium norwegicum Speng. par exemple, pour ne citer que des cas typiques), la ligne de séparation est une courbe dont la concavité est dirigée vers la masse des viscères. Marceau1, tout en recon- naissant que cette règle s'applique le plus souvent, n'y veut point voir une règle générale. Il est important de remarquer que, comme il s'agit ici de conclusions d'ordre rigoureusement géométrique, les exceptions ne peuvent être qu'apparentes ; l'analyse des faits doit nécessairement aboutir à les écarter, si elle est suffisamment approfondie. Ma façon d'interpréter les fibres musculaires à structure losangée des Mollusques acéphales n'a pas été, adoptée par Marceau2, qui a repris après moi, mais avec plus de détails, cette étude dont je lui avais signalé le très grand intérêt. Développant une conception dont l'origine remonte à Engelmann (1881), il considère que ces fibres sont constituées de fibrilles spiralées que représentent les espaces clairs inter- losangiques, les losanges sombres n'étant qu'une apparence due, soit à l'entrecroisement de deux assises de fibrilles superposées, soit à la vision simultanée des fibrilles situées sur les deux faces opposées de la fibre (entrecroisement optique). Ce serait par ce dispositif très particulier que se réaliserait la rapidité de la contraction. Je crois pouvoir apposer à cette conception un certain nombre de raisons qui complètent la série des arguments à faire valoir en faveur de l'interprétation que j'ai soutenue. Je demande au lecteur de bien peser ces raisons avant de se rallier définitivement aux vues de Marceau, lesquelles sont incontestablement présentées avec toute la force de persua- sion que peut déployer un habile histologiste, spécialiste consommé dans l'étude du tissu musculaire. 1° Il me paraît bien difficile, en dépit de tous les raisonnements, quelque ingénieux qu'ils puissent être, de concevoir le fonctionnement mécanique approprié de fibres musculaires constituées de la façon que le prétend l'auteur. 2° Les arguments d'ordre histologique fournis me semblent insuf- fisamment convaincants : aucune section longitudinale de fibre muscu- laire n'est figurée dans le mémoire de Marceau, et l'on conviendra que cela eut été cependant d'importance toute première ; d'autre part, pour un mémoire où la technique tient une si grande place, et où tout paraît MARCEAU, loco cit'ito de la page 308 à la page 232. Voir ci-dessous. 2. Marceau, Recherches sur la morphologie, l'histologie et la physiologie des muscles adducteurs des Mol- lusques acéphales. {Arch. de Zool. expérim. 5e série, 1909.) La première note préliminaire de Marceau. (C E. Acadtm mie des Se.) est du 16 mai 1904. R. ANTHONY 9 être mis en œuvre pour trancher une question longuement débattue, les ressources que peuvent fournil- les méthodes optiques ont été manifes- tement trop négligées. F. Vlès, qui est actuellement, sans aucun doute, l'un des hommes les plus compétents dans l'étude de la fibre musculaire, n'a pas non plus d'ailleurs étudié les phénomènes de polarisation sur les fibres à contraction rapide des adducteurs des Acéphales, mais de nom- breux passages de son ouvrage fondamental1 sont de nature à bien montrer qu'il est assez peu disposé à adopter les vues de Marceau. 3° Marceau, bien qu'il la représente2, n'explique point, du moins de façon satisfaisante, et ceci est essentiel, la structure si particulière de l'adducteur de l'Anomie où l'on rencontre dans la même fibre des régions où la striation transversale s'accuse et d'autres régions où le type losangique paraît aussi nettement réalisé que dans une fibre de la portion vitreuse d'un muscle adducteur d'Huître ou d'Anodonte. 4° H doit paraître étrange que deux animaux aussi voisins par l'en- semble de leur organisation que le sont l'Huître et l'Anodonte d'une part, TAnomie et le Pecten d'autre part, présentent dans les parties similaires d'un même organe des types de structure intime si fondamentalement différents qu'ils ne puissent être ramenés l'un à l'autre. 5° Enfin, il convient de remarquer, mon hypothèse étant admise, que l'apparence de fibrilles hélicoïdales peut résulter de la vision simul- tanée des losanges sombres existant sur les deux faces de la fibre, ceux de la face profonde ne se superposant pas exactement à ceux de la face superficielle. Notons au surplus que si les losanges sombres n'étaient que des apparences dues à un entre- croisement de fibrilles, ils ne devraient pas, suivant leurs dimensions mesurées d'un côté à l'autre, dépasser le calibre des fibrilles ; or, ils le dépassent manifestement et Marceau l'a lui- même constaté. (Voir PI. IX, fig. 1 de son mémoire.) Toutes réserves faites relativement aux résultats que pourront fournir de nouvelles recherches, soit par le seul examen du matériel frais après 1. F. Vlès. loco eitato. Voir 5« partie, chapitre II, de la page 235 à la page 337. Par exemple : à la page 326, exposant les deux manières de voir. Vlês dit : « Nous y avons noté avec le signe (sk) les fibres dans lesquelles il y a, non une vraie striation transversale, mais une e striation hélicoïdale » ; ce cas prête en effet à l'équivoque, du fait qu'il peut être dû, soit à des fibrilles lisses enroulées en hélice (muscle à double striation oblique), soit à de fausses fibrilles hélicoïdales simulées par des stries Q régulièrement décalées les unes par rapport aux autres et appartenant à des fibrilles longitudinales vraiment striées » ; à la page 329, il note que les fibres à soi-disant struc- ture hélicoïdale du cœur de nombreux acéphales (Cardium, Dosinia, Solen, TeUina) ont été ramenées par MAKCEAU lui-même au type à striation vraie avec fibrilles longitudinales, mais à stri s décalée; ; à la page 330, il observe que le muscle pédieux de la Nucule présente l'aspect d'une striation hélicoïdale, mais, que les décalages brusques qu' il représente fig. 76) rendent très improbable une striation par fibrilles hélicoïdales ; etc. 2. MAHOHÀU, loco eitato. PI. IX, fig. 2 et 3. Comparer la figure 2 (Anomie) à la figure 1 (type Huître, Ano. donte, eto. 10 NOTES ET REVUE dissociation à l'acide azotique à 20 p. 100 par exemple (procédé que j'ai employé surtout), soit par l'association des méthodes de l'optique et des techniques histologiques diverses à ce procédé simple d'investigation, il est bien établi que dans les muscles adducteurs des Mollusques acé- phales, nous assistons, à mesure que la rapidité de la contraction augmente et que le coefficient de raccourcissement s'abaisse, au passage des fibres du type lisse aux fibres du type losange, puis à celles du type strié trans- versalement. Les choses se présentent, comme si ces divers types de structure représentaient une adaptation progressive du protoplasma à des contractions de plus en plus rapides. Le but de ces simples réflexions n'est que de suggérer à de nouveaux chercheurs l'idée de reprendre la question de l'interprétation des fibres à structure losangée des muscles adducteurs des Mollusques acéphales. Cette question est extrêmement importante, mais elle est aussi extrê- mement complexe et difficile ; je partage l'avis de Vlès 1 : le dernier mot ne m'y paraît point dit. Qu'on me permette à ce propos d'indiquer une observation à faire et que l'impossibilité de me procurer les matériaux m'a jusqu'ici empêché de réaliser. Il existe sur nos côtes un acéphale monomaire, YHinnites qui vit fixé par l'une de ses valves, à la manière des Spondyles. Sa fixation est assez tardive, comme permet d'en juger l'examen de la coquille et de ses stries d'accroissement. Or, YHinnites n'est en réalité qu'un Pecten, très comparable ou même peut-être semblable au Pecten varius Linné ; il ne paraît donc pas douteux que, pendant toute sa vie libre, la partie vitreuse de son muscle adducteur soit formée de fibres du type strié transversalement, comme chez tous les Pectens. Quelle est la structure de ces mêmes fibres chez YHinnites fixé depuis longtemps ? Les voit- on passer, lorsque la fixation s'établit, de la structure striée à la struc- ture losangée ou à quelqu'autre type de structure correspondant à la perte des mouvements rapides qui caractérisent les Pectens ? Si ce pas- sage se fait, comment et par quels degrés se fait-il ? Les constatations de Vosseler sur l'Epeire autorisent à escompter d'intéressants résultats. En tous cas, la recherche est à faire, et, fournirait peut-être un nouvel argument à une conception en faveur de laquelle la logique me paraît tout au moins plaider. l. Marceau, loto cit-to. 1. Vlès, loco cttuto, page : ARMAND DEHORNE \\ II SUR L'AMIBE DU FOIE SUPPURÉ HUMAIN ET SUR LA FORMATION DE SES CRISTALLOÏDES PAR ARMAND DEHORNE Reçue le 28 Janvier 1919, Le matériel utilisé provient de pus prélevés au cours de l'opération chirurgicale même, et obtenus par un raclage léger de la paroi de l'abcès hépatique incisé. La fixation sur lames a été faite à l'état humide, au moyen du liquide de Botjin-Duboscq ; la coloration employée a été celle du procédé à l'hématoxyline ferrique-ZiEHL très étendu. L'amibe observée correspond à la forme amiboïde mobile que Schatj- dinn a décrite sous le nom d'E. histolytica, et que Mathis et Mercier considèrent comme l'une des formes seulement de l'amibe dysentérique sous le nom de « forme mobile dite type histolytica ». Cette dernière existe uniquement dans les selles muco-sanguinolentes et dans les pus d'abcès d'origine amibienne ; tandis que l'autre forme mobile, dite type tetragena, se trouve « dans les selles diarrhéiques et dans les selles de consistance normale de convalescents d'amibiase. » L'une et l'autre forme se rappor- tent cependant à une seule et même espèce, à qui les deux auteurs fran- çais ont réservé le nom d' Entamœba dysenteriœ Coitncilmann et Lafletjr. Nous renvoyons à la revue publiée par eux en 19161 pour tout ce qui con- cerne la discussion sur les noms de genre et d'espèce, la bibliographie et les caractères qui justifient la distinction des deux types de la forme mobile. Contrairement à ce qu'il a été écrit parfois, la distinction entre l'ecto- 1. L'amibe de la dysenterie, Entamœba dysenteriœ Councilman et Lafleur (1891). Mathis et Mercier. (Bulletin de VlmlUut Pasteur. T. T. XIV. 1916.) 12 NOTES ET REVUE plasme et l'endoplasme peut être très nette sur des frottis. Bien entendu, il ne faut pas demander aux préparations ainsi exécutées qu'elles mon- trent des individus pourvus des pseudopodes élancés et arrondis qu'on observe sur le vivant. Mais, ainsi qu'en témoignent les figures jointes j\ à cette note, il est possible de -jjk retrouver au moins sur quelques tj^\i individus fixés les preuves de la T m vivacité avec laquelle cette forme ~ ( amibienne développe ses pseudo- podes. Or, l'ectoplasme se montre principalement dans ce qui reste des pseudopodes fixés. Alors qu'il y FlG. I. x 1300. Noyau en forme de roue, vacuoles sans a, . » • encroûtement périphérique, pas de cristaiioido. apparaît comme une très mince lamelle protoplasmique dont l'hy- aloplasme se résout à la fixation en granulations extrêmement fines, l'endoplasme est au contraire épais, granuleux, vacuolaire. L'endoplasme se montre sous plusieurs aspects. Dans un premier cas, il présente une structure fortement vacuolaire et renferme les héma- ties phagocytées dont la taille et la déformation sont variables, en rapport avec le degré de leur diges- -*.. ^..^ tion ; celles-ci sont logées dans ^Z ''{''■ des vacuoles, elles présentent une teinte gris-verdâtre ca- ractéristique. Ainsi, l'amibe " * ^ de la figure n renferme deux /•> -rf>v ( / hématies dont l'une montre encore sa forme bi-concave ; le pseudopode n'est pas cons- titué uniquement d'ecto- „ _,_„„ „ J T ' "™ : ^ FlG. n. x|1500. Noyau, deuxjrestes d'hématies en gris avec plasme, Une partie de l'endo- débris d'hématies digérées, vacuoles avec bordure r r sidérophile. plasme y a été entraîné. Mais, chez un certain nombre d'exemplaires, l'amibe n'est plus encombrée d'hématies ; son endoplasme peut même n'en plus ren- fermer du tout (fig. i). Cependant, ce dernier est hautement vacuo- laire et même d'aspect spumeux ; les vacuoles sont disposées selon plusieurs épaisseurs et renferment un contenu qui ne retient pas l'hé- matoxyline ; d'autre part, leur limite de séparation d'avec le cytoplasme ARMAND DEHORS E L3 O i ,-;«> m ^R? ne peut en rien donner l'ihusion d'une membrane, si fine serait-elle. Dans d'autres individus, quelques vacuoles au moins, et parfois presque toutes, ont une physionomie différente. Leur contenu est une substance hyaline sans la moindre affinité pour la laque ferrique. Mais, tout se passe, pour ces vacuoles, comme si elles étaient pourvues d'une forte membrane faite d'une substance qui fixe énergiquement l'héma- toxyline. Chacune est ainsi limitée en coupe optique par une sorte d'anneau d'un noir intense, plus épais à un pôle et s'amincissant à l'autre, au point de paraître interrompu de ce côté (fig. ii et m). Cet aspect de l'endoplasme est fréquent ; il ne correspond toute- fois qu'à un stade du métabolisme intérieur. En effet, on assiste bien- tôt à la disparition des vacuoles ; l'endoplasme est toujours épais et granuleux, mais il devient plus homogène. Comment dispa- raissent les vacuoles ? Leur enve- loppe sidérophile ne paraît pas éclater brusquement ; elle semble céder, s'ouvrir du côté où elle était le plus mince ; et, par cette brèche, leur contenu se vide. Il reste d'elles cette sorte de mem- brane vivement colorée en noir qui, à présent, offre, en section optique, l'aspect d'un croissant. Ainsi, chaque vacuole demeure représentée par une figure de croissant. Ces formations sidérophiles paraissent rigides ; mais, dans l'endo- plasme en vie, elles sont en réalité constituées d'une substance molle et plastique. Aussi, dès l'expiration des vacuoles, se transforment-elles immédiatement. La compression qui agit sur elles leur fait perdre la symétrie radiaire ; elles acquièrent bien vite la forme d'un arc plus ou moins épais, plus ou moins élevé, dont les deux extrémités sont très aiguës le plus souvent. En même temps, la courbure s'atténue et l'arc se redresse ; le résultat est la production de petits fuseaux, dont les uns continuent à se modeler, s'épaississant à une extrémité ou devenant de gros grains sidérophiles ; tandis que les autres conservent plus longtemps Fig. m. x 1500. Noyau avec croûtelles décollées du bord de la vacuole nucléaire. Vacuoles endoplasmiques sur le point de disparaître et laissant des crois- sants après elles, cristalloldes. u NOTES ET REVUE leur sveltesse ou subissent, au contraire, un allongement qui les rend plus graciles encore (fig. iv). L'aspect de ces vacuoles et la façon dont elles évoluent rappellent un fait bien connu en cytologie ovulaire. Chez certaines planaires, chez les annélides et les mollusques, on a signalé dans le noyau des ovocytes, arrivés au terme de leur accroissement et sur le point de donner le pre- mier globule polaire, un nucléole vrai comprenant une enveloppe chro- matique plus ou moins épaisse qui renferme une gouttelette de substance achromatique. A un moment donné, qui correspond le plus souvent avec le commencement de la disparition de la membrane nucléaire, cette enveloppe se rompt en un endroit. Elle fournit alors une figure de croissant qui, en s'ouvrant peu à peu, pi end la forme d'une paren- thèse ou d'une accolade fortement colo- rable y3ar Fhématoxyline. Dans les ovo- cytes de Thysanozoon Brocchi, étudiés par Schockaert et Gérard, elle ne disparaît pas immédiatement. A cause de cette persistance pendant le mou- vement qui rapproche les deux pronu- clei, ces auteurs avaient cru pouvoir conclure que la substance sidérophile de ce vestige du nucléole constitue le matériel aux dépens duquel s'édifie la sphère attractive et le centro- some du noyau de l'ovule fécondé. Les fuseaux produits dans l'amibe sont les cristalloïdes des auteurs, non ceux que présentent les kystes à quatre noyaux, mais ceux que sécrètent les amibes aux stades qui précèdent immédiatement les stades prékystiques. En effet, les amibes qui présentent un tel luxe de cristal- loïdes sont sur le point de s'arrondir et ne montrent plus la séparation de l'ectoplasme et de l'endoplasme. Cependant, il est des exceptions, et les figures in et iv montrent que des amibes pourvues de tels fuseaux sidé- rophiles peuvent encore émettre des pseupodes. Le résultat de l'évolution de chaque vacuole est donc la production d'un cristalloïde. Nous ne croyons pas que cette opinion ait déjà été émise en ce qui concerne l'entamibe de l'homme. Toutefois, Cbatton a Fia. iv. x 1500. Noyau, deux croissants en train de se redresser, nombreux cristalloïdes. ARMAND DEHORNE l/> signalé dès 1912, chez une entamibe des singes, des cristalloïdes qui pren- nent naissance au contact de vacuoles cytoplasmiques et qui existent avant la période d'enkystement. Nous avons formé notre jugement sur ce point d'une façon indépendante et avant de connaître l'observation de Chatton. Mais il est certain que cet auteur a eu sous les yeux, bien avant nous, les aspects que nous rencontrons dans nos préparations. La production des cristalloïdes précède nettement, et de beaucoup, les premiers temps de l'enkystement. Nous les voyons se former avant même l' apparition des signes de la condensation du cytoplasme périphé- rique. Mais il est indéniable que les causes déterminantes de la formation des vacuoles et de la fabrication par elles de cristalloïdes soient les mêmes, ou de même ordre, que celles qui provoquent l'enkystement des amibes. Aussi pensons-nous, que l'apparition des cristalloïdes et la formation d'une membrane d'enveloppe, prélude du kyste, sont deux phénomènes étroitement liés. Nous aurons formulé toute notre pensée en disant que les cristalloïdes ne sont qu'un stade dans le métabolisme cellulaire pro- ducteur de l'enveloppe kystique. A peine constitués, la majeure partie d'entre eux subiraient, selon nous, dans le cytoplasme périphérique, une fonte rapide, et leur substance liquéfiée et même extravasée constitue- rait celle de l'enveloppe du jeune kyste, à la suite de modifications ra- pides. La production des fuseaux sirédophiles se fait dans la partie cen- trale de l'amibe ; mais, à un moment donné, ils quitteraient cette région pour passer dans la zone marginale ; leur forme est très propre à un tel déplacement, et elle en justifie la supposition. D'autre part, tous les cristalloïdes peuvent ne pas servir de la sorte ; et ceux qui persistent ne sont peut-être pas étrangers à l'apparition des volumineux bâtonnets sidéiophiles qui caractérisent les stades prékys- tiques et les kystes eux-mêmes. Dans la figure m, on remarquera la coexis- tence de vacuoles en train de disparaître et de cristalloïdes fuselés. Les uns sont plus sidérophiles que les autres et ces derniers sont de plus grande taille que les premiers. Peut-être la substance des plus grands cristal- loïdes subissait-elle un gonflement particulier au moment de la fixation ? D'autre part, plusieurs de ceux-ci sont disposés en une sorte de faisceau, en une botte où ils montrent une tendance à se mettre dans le prolon- gement les uns des autres. Il y a là, semble-t-il, une indication que quelques-uns au moins des cristalloïdes, ceux qui occupent une situa- tion centrale, se resserrent comme s'ils devaient se fusionner très pro- chainement. 16 NOTES ET REVUE Hartmann avait déjà essayé d'expliquer la genèse des gros bâtonnets par fusionnement de formations sidérophiles éparses dans le cytoplasme. Mais, celles que cet auteur avait en vue seraient des chro- midies vraies et ne paraissent pas correspondre aux cristalloïdes que nous décrivons ; elles seraient d'origine nucléaire et seraient expulsées du noyau dans le cytoplasme sous forme de granulations sidérophiles, qui, en se réunissant et se fusionnant, donneraient les chromidies. Cristalloïdes, trichocystes, rhabdites, etc. — L'aspect des cris- talloïdes lancéolés et leur réaction sidérophile évoquent des formations du genre des trichocystes des Infusoires ciliés et même des rhabdites des Plathelninthes. Nous avons eu l'occasion de voir, dans des coupes de para- mécies, les trichocystes se former aux dépens de vacuoles immédiate- ment situées sous l'ectoplasme ; leur genèse rappelle de très près celle des cristalloïdes décrite dans cette note. On ne trouve pas, à notre con- naissance, de données dans la littérature sur ce point. Toutefois, la parenté des trichocystes d'une part et des vacuoles de l'autre est admise depuis longtemps, puisque Henneguy écrivait déjà dans ses Leçons sur la Cellule (1896) : « Il est à remarquer que, entre les trichocystes considérés comme tels et les vacuoles ectoplasmiques, il existe toutes les tran- sitions et que certains infusoires à ectoplasme vacuolaire, dépourvus de trichocystes, peuvent présenter au moment de la fixation par l'acide osmique un véritable hérissement de trichocystes artificiels dus à l'ex- pression du contenu des vacuoles de leur couche corticale. » Les trichocystes ont été longtemps considérés comme des sortes d'organites défensifs, de même d'ailleurs que les rhabdites des Plathel- minthes furent jadis comparés aux nématocystes des Cœlentérés. Mais, les uns et les autres sont bien plutôt des produits de sécrétion qui se dissol- vent autour de l'animal et forment une couche visqueuse d'isolement. Chez les infusoires, les trichocystes seraient susceptibles de constituer instantanément une enveloppe plus ou moins éphémère. Nous croyons pouvoir leur attribuer en outre la formation de la membrane kystique dont s'enveloppent les infusoires soumis à des conditions nocives. Nous pensons en effet que toute membrane kystique reconnaît, à la base de sa constitution, la présence de formations comparables aux cristalloïdes de Ventamibe et aux trichocystes des infusoires. D'après notre interprétation, on verrait donc se constituer à un mo- ment donné de l'évolution des entamibes un appareil sécrétant de l'en- ARMAND DEHORNE \1 veloppe kystique, susceptible de fournir rapidement le matériaux néces- saires à l'édification de cette dernière. Chez les infusoires, nous pensons que ce rôle est rempli par les trichocystes ou par des vacuoles homo- logues. Des recherches seraient désirables dans cette voie ; il faudrait provoquer l'enkystement chez des infusoires pourvus normalement de trichocystes, et, par le procédé des coupes minces pratiquées siuvdes stades prékystiques et les kystes à peine constitués, entreprendre l'étude détaillée du piocessus glandulaire au niveau de l'ectoplasme et delà zone externe de l'endoplasme. Nous manquons aujourd'hui de données bibliographiques qui permet- traient de pénétrer ici plus avant. Il serait néanmoins intéressant de savoir si les nombreux protozoaires pourvus d'une coque à l'état normal montrent normalement un appareil sécrétant comparable. Une longue revue serait nécessaire. Cependant, nous devons faire grand cas dès main- tenant du fait que des types comme Arcetta, comme Actinosphœriùm, comme beaucoup de Radiolaires, comme Euglypha, montrent dans leur endoplasme un Ghromidialapparat dont le fonctionnement pourrait bien, en fin de compte, être exclusivement lié à la production et à l'en- tretien d'une coque ou d'une enveloppe d'enkystement. Actinosphc rium ne possède pas de coque à l'état normal ; mais Gla- ihrulina est muni d'un squelette externe, et peut encore s'enkyster à l'in- térieur du squelette. D'autre part, Actinosphœriùm, dont la £prme végé- tative est nue, a la faculté de s'enkyster sous une enveloppe épaisse. Chez Euglypha, les relations du Ghromidialapparat et du matériel qui fournit la coque de remplacement sont telles que ce monothalamo four nit en quelque sorte la démonstration de l'origine de la substance de la coque aux dépens de foi mations sidérophiles caractérisées de l'endo- plasme. En résumé, les cristalloïdes des entamibes. c'est-à-dire leur chromi- dium, se forment dans des vacuoles de l'endoplasme ; ces cristalloïdes ont une durée éphémère, ils n'existent plus, ou sont considérablement réduits, lorsque l'enveloppe kystique est achevée. Cette considération, jointe au fait que les protozoaires à coque, ou capables de s'enkyster rapi- dement, sont pourvus d'un important appareil chromidial, qui, chez quelques-uns, est lié certainement à la production de la coque, permet d'envisager la production de cristalloïdes comme une étape de la forma- tion d'une enveloppe d'enkystement. Dans le même ordre d'idées, les trichocystes des infusoires seraient une réserve de substances propres à Notes et Revue. — T. 58. — N° l. B. 18 NOTES ET BEVUE L'édification d'une membrane isolante pouvant être le prélude d'un véri- table kyste. D'une façon générale, tout chromidialap parât serait fabri- cant de coque, lié d'une manière ou d'une autre à la notion d'isolement et de protection. Novembre 1918. ni NOTE SUR QUELQUES ESPÈCES NOUVELLES DE SERTULARELLA DE L'EXPÉDITION DU « SIBOGA « PAR ARMAND BILLARD Professeur à 1 a Faculté des Sciences de Poitiers. Reçu le 2« Avril 1919. Les espèces que je décris sommairement dans cette note préliminaire ont été récoltées par l'expédition hollandaise du « Siboga », dans la partie orientale de l'Archipel Indien ; ces espèces feront plus tard l'objet d'un mémoire plus étendu. Sertularella pedunculata n. sp. ^Tige monosiphonique de 3 cm., à partie basale dépourvue d'hydro- thèques allongée (12 mm.) ; les rameaux qui prenaient naissance de trois en trois hydrothèques sont tombés ; articles peu marqués ; hydrothèques cylindriques (fig. i. A), concrescentes sur 1/4 à peine de leur hauteur, dont l'orifice possède trois dents et vraisemblablement un opercule à trois valves. Sertularella crassa n. sp. Colonie polysiphonique de 3 cm. (mais la base manque) ; rameaux naissant tous du même côté, chacun au-dessous d'une hydrothèque. Hydrothèques alternes peu distantes (fig. i, B), dont la partie libre égale à ARMAND BILLARD ]U peu près la partie concrescente ; elles sont plus larges dans leur partie moyenne, la partie la plus étroite est située un peu au-dessous de l'orifice pourvu de quatre dents peu apparentes et fermé par un opercule à quatre valves ; ces hydrothèques montrent quatre à sept annellations du côté ven- l'i<;. i. * , Sertulnrella pedunculata, Gr : 42,5 ; B, S. crassa, Gr. : 35 ; C,S. inconstant, Gr. : 42,5 ; D, S. intricata, Gr. 42,5 ; E, S. acutidentata, Gr. : 37 ; F, S. timoremis, Gr. : 42,5 ; G, Hydrothèque âgée du S. timo- rensis, Gr. : 83. tral seulement. Le principal caractère de cette espèce est la grande épais- seur du périsarque. Sertularella inconstans n. sp. Colonie unique de 1,5 cm., avec un seul tube accessoire à la base. Tige non ramifiée, montrant des lignes d'articulation obliques peu mai*- 20 NOTES ET BEVUE quées. Hydrothèques (fig. i. C) alternes, espacées, concrescentes sur le 1 /3 environ de leur hauteur, avec partie médiane plus large ; orifice légèrement évasé, à quatre dents faibles, et fermé par un opercule à quatre valves. Les hydrothèques proximales sont annelées sur tout leur pourtour et les annellations sont d'autant plus faibles qu'on s'avance vers l'extrémité distale. Au-dessous de l'orifice et en dedans existent trois saillies péri- sarcales internes, en forme de lames. Sertularella intricata n. sp. Colonies de 2,5 cm. environ, monosiphoniques, irrégulièrement rami- fiées, et à rameaux anastomosés de colonie à colonie ; tiges et rameaux divi- sés en articles bien délimités (fig. i,Z>) ; hydrothèques (dont il existe une par article) alternes et concrescentes sur la moitié environ de leur hauteur, renflées dans leur partie moyenne et pos- sédant 4 à 6 annellations faiblement marquées et seule- ment du côté ventral ; ces annellations manquent aux hydrothèques distales ; les hydrothèques possèdent un orifice à quatre dents faibles, un opercule à quatre valves et trois saillies périsarcales internes, en forme de lames, au-dessous du bord. Gonothèques annelées, pourvues d'un col avec un orifice à trois pointes assez développées et d'une qua- trième peu visible. Sertularella acuticlentata n. sp. Colonies de 4,5 cm. au maximum ; tiges monosipho- IGd" seHidwrdia niques, à partie basale dépourvue d'hydrothèques plus acvUdentaia^T.: qu moiQg longue (0;5_2 cm.) montrant de place en place des groupes de deux annellations; tiges divisées typique- ment en articles portant trois hydrothèques alternes et espacées ; rameaux alternes naissant à la base de l'hydrothèque distale de chaque article. Hydrothèques concrescentes sur la moitié ou les 3/4 de leur hauteur, à partie fibre cylindrique, à partie concrescente atténuée vers la base, à fond incomplet ne comprenant que la moitié ventrale, à orifice pourvu de quatre dents aiguës et d'un opercule à quatre valves. Gonothèques en forme de cône allongé (fig. il), insérées latéralement ARMAND BILLARD 21 au-dessous des hydrothèques des tiges et des rameaux, à bord distal pourvu de trois dents courtes. Sertularella timorensis n. sp. Colonies de 4,5 au maximum, monosiphoniques ; tiges divisées en articles marqués seulement dans la partie distale, chaque article com- prenant trois hydrothèques, groupées à sa partie supérieure ; rameaux alternes naissant à la base de la dernière hydrothèque de chaque article. Hydrothèques (fig. i, F) des rameaux alternes et peu distantes, concres- centes sur les 2/3 environ de leur hauteur, à partie libre légèrement rétrécie et recourbée presque à angle droit vers le dehors, à orifice pourvu de quatre dents courtes et fermé par un opercule à quatre valves. Le plus souvent il n'existe pas de saillies périsarcales internes, cependant les hydrothèques âgées (fig. i. G) montrent une lame périsarcale interne, généralement du côté ventral, parfois on en trouve deux : une ventrale et une dorsale, rarement il existe deux lames ventrales à base commune, dont une plus faible. Gonothèques annelées irrégulièrement, dont l'orifice semble pourvu de quatre dents, mais faibles. Sertularella delicata n. sp. Petites colonies monosiphoniques de 1 cm. au plus, fixées sur le The- cocarpus brevirostris (Busk), ramifiées sauf les jeunes ; tiges divisées en articles comptant trois hydrothèques régulièrement espacées (fig. in, A) ; rameaux alternes naissant au dos de l'hydrothèque distale de chaque article. Hydrothèques alternes, peu espacées, mais non empiétantes, con- crescentes sur presque toute leur étendue, atténuées vers leur base, qui présente un renflement fermant en par ie la communication avec la tige ou le rameau ; orifice à quatre den s faibles, fermé par un orifice à quatre valves ; au-dessous de l'orifice se voit un épaississement péiïsarcal, formant une ligne parallèle au bord. Sertularella ceeipiens n. sp. Colonies de 2,5 au plus à tige monosiphonique légèrement flexueuse, à articles peu marqués portant en général trois hydrothèques, groupées à la partie distale des articles et empi 'tantes entre elles ; rameaux alternes 22 NOTES ET REVUE naissant à la base de l'hydrothèque supérieure de chaque article, à hydro- thèques serrées et empiétantes (fig. m, B), dont le fond arrive, en général, presque au niveau de l'hydrothèque immédiatement inférieure du même côté et correspond au milieu environ de l'hydrothèque située du côté opposé. Ces hydrothèques sont concrescentes dans presque toute leur étendue seule leur partie distale est libre sur une courte longueur et cour- bée, presque à angle droit ; leur orifice possède quatre dents faibles et un opercule à quatre valves ; du côté dorsal existe un épaississement péri- FIG. m. A, Sertularella delicata, Gr. : 63 ; B, S. decipiens, Gr. : 41,5 ; C, S. serrata Gr. : 52. sarcal interne au-dessous du bord; cet épaississement est dyssymétrique, mais son axe est à peu près perpendiculaire à la partie concrescente de l'hydrothèque. Les hydrothèques possèdent un fond avec un léger renfle- ment ventral, ce fond est perpendiculaire au rameau ou parfois oblique du côté externe. Sertularella serrata n. sp. Colonie unique de 2 cm. à tige monosiphonique légèrement flexueues ; articles peu marqués (sauf dans la partie distale) portant un nombre variable d'hydrothèques : 3, 5 ou 7 ; les rameaux alternes prenant naissance à la base de la première hydrothèque de chaque article ; rameaux divisés en articles irréguliers comptant un nombre pair d'hy- ARMAND BILLARD 23 drothèques (de 4 à 12); hydrothèques de la tige et des rameaux suboppo- sées (fig. ni, G), très rapprochées les unes des autres, subcylindriques à par- tie distale libre incurvée vers le dehors, concrescentes sur les 3 /4 ou les 4 /5 de la hauteur totale, à orifice pourvu de trois dents seulement, une ven- trale et deux latérales ; opercules à trois valves. Hydrothèques des rameaux proximaux prolongées par une partie cylindrique, marquée de stries d'accroissement (de 3 à 6) ; du côté dorsal, il existe un faible épaississement périsarcal interne. Le fond des hydrothèques est per- pendiculaire à l'axe et montre du côté ventral un faible renflement. ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE FONDÉES PAR H. de LACAZE-DUTHIERS PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE G. PRUVOT et E. G. RACOVITZA Professeur à la Sorbonne ' Docteur es sciences Directeur du Laboratoire Arago Sous- Directeur du Laboratoire Arago Tome 58. NOTES ET REVUE Numéro 2. IV DÉTERMINATION DU NOMBRE DES CHROMOSOMES DANS LES LARVES DE CORETHRA PLUMICORNIS ARMAND DEHORNE Préparateur à l'Institut Zoologique de Lille. Reçue le là Avril 1919. Pour permettre le contrôle des propositions théoriques en "matière de chromosomes, le choix se portera sur des espèces possédant un nombre peu élevé de ces sortes d'unités morphologiques, sur celles qui permettront des numérations faciles et ne comportant pas de doute, sur celles enfin dont la récolte ou l'élevage ne présentera pas de nombreux obstacles. Nous croyons que Corethra, dont il n'a pas encore été parlé à ce point, de vue, peut prendre place parmi ces espèces éminemment favorables. Les observations ont été faites sur des larves de toutes tailles, mais de préférence sur les moins âgées. Ces larves furent tuées et fixées au sublimé alcoolique. Nous n'avons pas eu besoin de recourir aux coupes ; la transparence bien connue de tous les tissus et la taille des éléments Notes et PvEvue. — T. 58. — N° 2. c 26 ÏÏ0TE8 ET REVUE ont permis de faire les recherches sur les individus montés in toto dans la baume, après coloration à l'hémalun. Sans doute, ce procédé ne serait pas suffisant pour~entreprendre d'autres études cytologiques que celles qui constituent l'objet de cette note ; mais, pour la numération, il nous a parfaitement servi ; et même, on peut dire qu'à ce point de vue il est bien supérieur à celui des coupes. En effet, il est bien rare qu'un noyau soit tout entier contenu dans l'épaisseur d'une seule section ; d'autre part, la reconstitution des éléments d'un noyau par superposition de coupes est un exercice qui comporte des causes d'erreurs. Le degré de certitude que nous avons pu atteindre, en nous passant des coupes, Fia. i. Noyau à la fin de la prophasc ; trois anses ayant encore l'aspect BplrémateuX ; l'i n i d'elles montre une boucle complètement ri ifer- mée; une autre se termine en massue par suite du rebroussement de l'une de ses extrémités. Vestige du nucléole unique, x 1500. il. Noyau a la fin de la prophase, un peu plus avancé que le précédent. Vestige du nucléole. constitue un avantage très appré- ciable dans un ordre de recherches où la numération, d'ordinaire si difficile, est d'une si grande importance. Ce sont les noyaux à la fin de la prophase qui se prêtent le mieux à la numération des chromosomes. Dans celui que reproduit la figure I, s'étalent trois grandes anses chromatiques, ayant sensiblement le même aspect et les mêmes dimensions. Le noyau a été dessiné vu d'en haut, et montre la calotte qui renferme la grande courbure des anses ; il offre beaucoup d'intérêt, d'abord à cause de sa grande taille, ensuite, par la régularité de sa disposition intérieure. Les trois chromosomes occupent chacun un territoire défini ; pas de chevauchements d'un élément sur les 'autres, et les deux extrémités de chacun sont nettement dégagées. Mais, de plus, ce noyau fournit, grâce à quelques particularités que nous allons examiner, l'occasion de discuter le point de savoir si, à ces trois grands chromosomes, ne s'ajoutent pas quelques formations surnumé- raires du genre des hétérochromosomes. L'un des chromosomes porte en son milieu une nodosité qui pourrait ARMAND DEHORN E 2"t à première vue en imposer pour un corps chromatique indépendant de F anse et simplement rapproché, au point de lui paraître adhérent. Mais un examen plus approfondi permet d'affirmer qu'il s'agit là d'une simple boucle complètement refermée sur elle-même et ayant perdu sa lumière. L'une des extrémités libres est fendue et les deux moitiés ont subi un commencement d'écartement. Un autre chromosome montre à une extrémité une sorte de massue, de laquelle on pourrait croire qu'elle est formée par un corps chromatique trapu, indépendant, seulement jux- taposé à cette extrémité de l'anse. Mais, en se plaçant dans de bonnes conditions optiques, on peut reconnaître que la massue terminale s'ex- plique par le fait d'une bifurcation précoce de l'extrémité de l'anse, suivie d'un rebrousse- ment des moitiés dans la direction de l'obser- vateur ; un léger écra- sement semble être à l'origine de cette par- ticularité insignifiante. Au milieu des trois anses se trouve un corps réagissant tout autrement qu'elles à l'hémalun. Il est peu visible, grisâtre, alors qu'elles sont bleu-sombre ; il affecte une forme de cuilleron. Il faut remarquer sa position par rapport aux chromosomes, il se trouve dans l'hémisphère du noyau où siège la grande courbure de chaque anse ; il représente le vestige d'un nucléole en train de dispa- raître et nous ne voyons aucun moyen de le considérer comme un chro- mosome. Tous les noyaux au repos chez Coretha renferment un nucléole unique plus ou moins volumineux. Le troisième chromosome n'offre rien de particulier ; comme les deux autres il est fissuré selon toute sa longueur. Le noyau de la figure n n'offre pas de prétexte à la discussion. Il renferme bien uniquement trois grandes anses chromosomiques, auxquelles s'ajoute le reste d'un nucléole extrêmement peu coloré par l'hémalun. L'anse du milieu apparaît dans le dessin comme plus longue que les deux autres ; mais cela ne correspond pas à une particularité réelle qui per- mettrait de la caractériser. Fia. m. Noyau à la fin de la'pro- phasesurle point de perdre sa limite de dépuration d'avec le cytoplasme. Le nucléole a dis- paru complètement, x 1500. FlG. IV. Chromosomes au stade spirémateux pendant la pre- mière partie de la prophase. Nucléole. X1800. 28 NOTES ET BEVUE . V. Noyau du milieu de la prophase ; trois anses ayant l'allure de spi- rèmes ; pas de nucléole. X1500. FlG. VI. Trois anses raccour- cies et rapprochées lors de la mise au fuseau, x 1500. Le noyau de la figure ni, où l'état de contraction des anses est plus avancé, a été vu de côté. Les anses sont trapues, non tordues, sans compli- cation. Aucun doute non plus ne peut subsister après l'examen de ce noyau : le nombre somatique des larves de Coretha est trois. Or, nous avons étudié à ce point de vue une trentaine de larves qui, toutes, ont montré des stades de la division nu- cléaire. C'est dire que des aspects aussi démonstratifs que ceux des figures ci-dessus, nous sont tombés plus d'une fois sous les yeux. Les trois figures que nous venons de commenter se rapportent à des stades de la fin de la pro- phase. Les stades qui précèdent ceux-ci se déchiffrent moins aisément ; en effet, quand les très longues bandes chromosomiques vacuolisées du début de la prophase commencent à se raccourcir, elles donnent des pelotons tordus sur eux-mêmes, contour- nés et bouclés dans le genre de ceux de la figure iv. H n'est pas toujours facile alors de démêler ce qui appartient à cha- cun ; d'autre part, il peut se produire, plus fréquemment encore qu'au stade de la figure I, des boucles qui, en se refer- mant et perdant toute lumière, égarent momentanément l'observation et donnent à Oenser QUe Ces boucles pleines SOnt des Fig. vil. Noyau somatique à l'une des phases ^ ^ x de l'état quiescent. Présence d'un nu- COrpS chromatiques appenduS aux bran- cléole unique. Les anses chromoso- *■ iniques sont reconnaissables sous la elles chroniOSOmiqueS. Cependant, il est forme de bandes contournées, vacuoli- j , sées et fenêtrées ou de sortes de nattes rare de ne pas rencontrer dans chaque filamenteuses dont le gonflement et . , i • l'élargissement déterminent la struc- larve examinée un ou deux noyaux qui ture du repos. x 1500. présentent le degré de clarté de celui de la figure v, où la numération n'offre plus guère de difficulté. Au stade de la mise au fuseau, les chromosomes sont considérable- ment raccourcis ; il se produit en même temps un rapprochement de ces corps les uns vers les autres qui va jusqu'à l'accollement. Tous les aspects ARMAND DE H ORNE 29 ne fournissent pas alors la même commodité pour une numération, mais quelques-uns montrent qu'il n'existe pas d'autre corps chromatique dans la cellule en dehors de trois anses trapues et fissurées (fig. vi). Nous n'entreprendrons pas ici la description complète de la mitose chez Corethra ; nous voulons seulement nous arrêter aux stades qui per- mettent le mieux de faire une détermination exempte d'erreur. Ce n'est pas le cas, par exemple, pour le début de l'anaphase dont nous avons rencontré de nombreux aspects. Sans doute, y reconnaît-on dans les deux plaques- filles des anses au nombre de trois, mais dans des conditions qui ne permettraient pas d'être entièrement affirmatif . Par contre, la fin de l'anaphase (fig. vin), le début de la télophase fournissent des aspects qui per- mettraient à eux seuls d'établir ri- goureusement le nombre cherché. Encore faut-il faire remarquer que cette possi- bilité est due, le plus souvent, à un léger déran- gement dans le groupement des anses ; il suffit, en effet, que l'une des anses- subisse un faible déplacement, sans être toutefois écrasée ou rompue, pour que la lec- ture de ces figures de tassement, d'habitude impénétrables, soit possible (fig. ix). En ce qui concerne la télophase, il existe un stade passager pen- dant lequel les anses tassées gonflent et s'écartent les unes des autres, en même temps que leur substance se vacuolise. Les plaques- filles saisies à ce moment donnent satisfaction au point de vue qui nous occupe (fig. x). Elles renferment trois chromosomes, et uniquement trois, comme tous les stades mitotiques de cette espèce. Toutes les larves que nous avons étudiées montrent donc trois chro- mosomes dans leurs tissus somatiques. Or, nous croyons que ce nombre représente bien le nombre diploïde ; en effet, nos observations portent sur trente larves environ, et il est hors de doute que dans ces trente individus les deux sexes étaient représentés: 1° parce que des larves plus âgées Fig. vm. Fin de l'ana- phase ; le léger déplace- ment d'une anse - fille permet de reconnaître trois chromosomes dans chaque plaque. X 1500. FIG. ix et x. Divers stades de la télophase. x 1500. 30 NOTES ET HE VUE que celles qui furent examinées pour la numération, et provenant du même lot, montraient distinctement les unes des testicules, les autres des ovaires ; 2° parce que celles dont l'élevage fut pratiqué jusqu'à l'insecte parfait fournirent des mâles et des femelles. Le tout petit nombre des chromosomes et l'imparité de ce nombre, particularités déjà fort intéressantes en elles-mêmes, le deviennent beaucoup plus dès l'instant qu'on se demande comment se comporte un tel matériel chromosomique au cours des phénomènes réductionnels. Nous ne pouvons pas encore fournir aujourd'hui de réponses aux ques- tions qui se pressent dans notre esprit à ce sujet. Mais nous nous pro- mettons de reprendre, cette année même, les élevages et les recherches de 1914 interrompus par notre mobilisation ; nous espérons que ce matériel, si propice pour la mitose somatique, nous permettra d'établir, de façon rigoureuse, le comportement de ses chromosomes dans les divisions méio- tiques. E.-G. RACOYITZA 31 V NOTES SUR LES ISOPODES 1. — Asellus aquaticus auct. est une erreur taxonomique, 2. — Asellus aquaticus L. et A. meridianus n. sp. E.-G. RACOVITZA Sous-direcUur du Laboratoire Arago (Banyuls-sur-Mer) Reçue le 29 avrU 1919. I. — Asellus aquaticus auct. est une erreur ta;:onomique Il n'est point exagéré de prétendre que l'Aselle de nos eaux douces est familier à tous les zoologistes et que presque tous l'ont plus ou moins manipulé, au moins au 4ébut de leur carrière. Et cela se conçoit. Tous les pêcheurs en eaux troubles ou claires doivent forcément le rencontrer et ce Crustacé montre une bonne volonté évidente à vivre en prison ; un petit bocal avec quelques plantes aquatiques suffit sinon à son bonheur du moins à sa prospérité. Il supporte allègrement les opérations macrotomiques des biomécanistes et met une obstination méritoire à ne pas se laisser périr dans les milieux diaboliques que lui prépare l'ingéniosité savante des biologistes. Les auteurs grecs et latins ne semblent point l'avoir connu ; c'est un trop piètre sire pour d'aussi grands philosophes. Mais le peuple semble l'avoir distingué des autres créatures, car le nom à? Asellus (petit âne), qui paraît brusquement chez les auteurs médiévaux, a bien des chances d'être un nom populaire d'origine très ancienne. Quoiqu'il en soit, si l'on s'en rapporte aux citations de Gmelin (1788, p. 3012), c'est Ray (1710, p. 43) qui aurait le premier mentionné d'une façon précise notre Isopode, mais ceci n'est qu'un renseignement officieux. 32 NOTES ET BEVUE La naissance officielle de l'espèce doit porter une date postérieure, suivant la formelle prescription du code de nomenclature zoologique, car Linné (1758, p. 637) cite ce crustacé sous le nom de Oniscus aquaticus et il le définit de la manière suivante : cauda rotundata, stilis bifurcis' Ne sourions pas à la lecture de cette vague diagnose ; les si copieuses descrip- tions des successeurs du grand Suédois n'ont pas pu nous éviter d'inextricables \\ confusions. [. A. aquaticus L. o' Maxille I gauche, face sternale x 110 ; e, lame externe ; i, lame interne. FlG. 2. A. aquaticus L. cf ad. 12 mm. d'Askam b°S" Péréiopode I gauche, face postérieure x 40* p, propodos ; o, apophyse propodiale. Nous tenons maintenant le nom spécifique, mais le nom générique doit être cherché chez Geoffroy Saint-Hilaire (1764, p. 672) qui est le créateur du genre Asellus. Je n'insiste pas sur les vicissitudes nomenclaturales ultérieures. Les intéressés en trouveront un résumé assez complet dans Bovallius (1886). E.-G. BACOVITZA 33 Somme toute, après quelques fluctuations, les zoologistes convinrent de désigner l'Isopode commun de nos eaux douces européennes, sibé- riennes et algériennes, sous le nom d'Asellus aquaticus Linné (1758). Sars (1867) lui consacra une monographie morphologique et anato- mique très soignée et abondamment illustrée. De très nombreux ana- tomistes, histologistes, embryologistes et physiologistes s'en occupèrent activement, et même récemment Tschetwerikoff (1911) publia une copieuse et très prolixe étude sur sa morphologie. Les biologistes et biomécanistes s'en emparèrent aussi et longue serait la liste de leurs mé- moires. L'Aselle est actuellement « un animal de laboratoire » comme la Grenouille et le Cobaye. De leur côté, les taxonomistes, spécialistes en Crustacés, ne chômèrent guère depuis 1710. Ai- je besoin d'insister sur le nombre prodigieux des travaux faunistiques publiés sur les eaux douces européennes ? Et chaque fois que les Crustacés supérieurs sont compris dans le dénombre- ment il a bien fallu citer notre Aselle qui est répandu partout, donc le « déterminer », et il le fut sans hésitations comme Asellus aquaticus Linné. Les choses étant ainsi, il ne semble pas qu'on puisse contester sé- rieusement l'état civil de notre bestiole. Tout concorde à prouver sa validité, aussi bien la très longue et paisible possession d'état, comme le témoignage de grands pontifes et comme le vote unanime des foules zoologiques ; c'est dire que les preuves sont excellentes puisqu'elles sont du même ordre que celles sur lesquelles reposent la plupart des vérités admises. Affligé d'une tendance probablement congénitale au scepticisme, je n'ai qu'une confiance mitigée dans les traditions, les oracles et les plé- biscites. Je ne puis m'empêcher d' « aller voir » chaque fois que cela m'est possible. Et quand j'ai vu, je revois, puis je regarde encore, car une dou- loureuse expérience m'a appris combien il est facile de se tromper. J'eus donc l'outrecuidance de vérifier sur un lot d'Aselles les diagnoses de mes confrères carcinologistes et le résultat de cette vérification est résumé dans le titre de ce chapitre. Il est inattendu et désolant. Asellus aquaticus auctorum est un mythe, une grave erreur taxono- mique et non une espèce. Sous ce nom consacré par de nombreux lustres, se cache un mélange de formes disparates, d'origine diverse et de valeur taxonomique multiple. Entendons-nous, il ne s'agit pas de différences minimes, de variétés ou de sous-espèces géographiques, ni même d'espèces très voisines ré- :;i NOTES ET BEVUE cemment issues de la même souche. Grouper des formes semblables sous un même vocable spécifique ne peut mener à confusion que s'il [s'agit d'études très fouillées de biogéographie, de génétique et autres disciplines spéciales. Mais dans le cas de notre Aselle, il s'agit de la confusion de deux FlG. 3. A. aquaticus L. NOTES ET REVUE tout ; je n'ai pas pu encore déceler de variations notables ni dans mon matériel ni dans les descriptions des auteurs. Mais cette forme peut vivre dans les eaux souterraines et alors elle subit des modifications qui seront étudiées ailleurs. Il semble, d'autre part, que cette espèce est d'origine boréale et qu'elle FlG. 10. A. meridianus llac. o' 10.5 mm. de Padirac. Pléopode I droit, face sternale x 110. s, sym- podite; r, exopodite. Ll. A. meridianvs Rac. -~' m.."> mm. de Padirai Pléopode II gauche, face sternale X 80. * sympbdite ; r. exopodite ; e, endopodite. a envahi nos pays à une époque relativement récente, se répandant du nord vers le sud en refoulant l'autre lignée qui paraît être autochtone et très ancienne. Je me réserve de revenir en détails sur cette hypothèse. E.-G. RACOVTIZA 4L B. — Asellus meridianus n. sp. (flg. 7 à 12) Antennes II de 1/3 plus courtes que le corps dans les deux sexes, avec fouet de moins de 50 articles. Maxilles I avec cinq tiges au bord distal de la lame interne. Péréion avec angles antérieurs des peréonites II à V étirés en une apophyse saillante et région médiane du bord latéral nette- ment échancrée. Péréiopodes I du d" adulte à bord inférieur du propodos subdroit (ne formant pas d'apophyse). Péréiopode IV du tf adulte avec rangée longitudinale postérieure de phanères continue, formée par 10-12 très longues tiges spiniformes. Pléopodes I du cf adulte avec exopodite à bord externe uni (sans en- coche) et bords distal et externe garnis de 20-22 soies lisses. Pléopodes II du c adulte : sympodite à bord interne entier (sans gouttière) ; exopodite 1 1/3 fois plus long que le sympodite, avec article distal subrectangulaire, 2 1/2 fois plus long que large, à face tergale unie (sans saillies) ; endopodite en forme de bouteille, avec région proximale creusée en cul-de-bouteille (sans aucune apophyse), avec extrémité distale étirée en un long goulot au sommet duquel s'ouvre la vésicule interne par un orifice arrondi entouré d'une lèvre ondulée. Pléopodes II des ç adultes avec exopodites trapézoï- daux dont l'insertion sur le sternite se fait tout contre la ligne médiane par leur angle proximal interne ; les deux exopodites s'affrontent par le bord interne. Distribution géographique. — J'ai pu examiner des matériaux des provenances suivantes : France. — Padirac (dép. du Lot) type, Saint-Géry (dép. de Tarn-et- Garonne), Sare (dép. des Basses-Py- rénées) , Cubjac (dép. de la Dordogne) Bourogne (dép. du Haut-Rhin). Ver- sailles (dép. de Seine-et-Oise). Angleterre. — Dulwich (Londres), Cn„~.t~ T ~ it\ „l • \ FlG. 12. A. meridianus. Rac. Q 7.5 mm. de Padi- Slapton Lea (Devonshire) . rac. Pléopode „ gauche> facve sternale x 110 Notes et Revue. — T. 58. — N° 2. n 42 NOTES ET REVUE Je n'ai pas trouvé de traces de cette espèce dans les descriptions des auteurs. Elle paraît très constante dans ses caractères, car je n'ai pas observé de variations appréciables dans le matériel examiné. Je l'ai rencontré dans les eaux souterraines, comme l'espèce précédente, mais elle réagit un peu autrement à la vie obscuricole. Asellus meridianus n'est pas l'unique représentant de sa lignée ; tout le bassin méditerranéen est colonisé par des formes affines qui seront décrites ultérieurement. La forme cavernicole déjà décrite, A. cavaticus Sch., et d'autres habitants du domaine souterrain que je ferai connaître, font également partie de cette lignée. Il en est de même pour A. Fo eli Bl. qui habite les grands fonds lacustres. Cette lignée est donc très ancienne dans les parages méditerranéens d'où elle a étendu son habitat vers le nord. Elle est certainement antérieure à A. aquaticus qui actuellement semble la refouler vers son centre primitif de dispersion. AUTEURS CITES 1886. Bovallius (C). Notes on the family Asellidae. {Bih. K. Svenska Vet. Akad. Handl, Stockholm, T. XI, N° 15, p. 1-54.) 1908. Carl (J.). Monographie der schweizerischen Isopoden. (Nouv. M km. Soc.» Helvétique Se. nat. Zurich, T. XLII, Abth. 2, p. 107-242, 8 figures, 6 pi.) 1885. Dybowsky (B.). Neue Beitrâge zur Kenntniss der Crustaceen Fauna des Baikalsees. (Bull. soc. imp. des Naturalistes de Moscou, T. 40, année 1884, n° 3, p. 17-57, pi. 1-3.) 1879. Feies (S.).Mittheilungen aus dem Gebiete der Dunkelfauna. (Zool. Anz., Jahrg. 2, p. 33-38, 56-60, 129-134, 150-155.) 1794. Geoffroy Saint-Hilaire (E.-L.). Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de Paris. (Paris, Durand, T. II.) 1788. Gmelin (J.-F.). Caroli A. Linné systema naturae. (Lipsiae, Ed. XIII. T. I. pars V. ) 1758. Linné (C). Systema naturae. (Holmiae, L. Salvius, T. I, ni + 824 pages.) 1710. Ray (J.). Historia Insectorum. (Londoni, M. Leister.) 1905. Richardson (A.). A monograph of the Isopods of North America. (Bull. U. S. Nat. Mus. Washington, N° 54, 727 pages, 740 figures.) 1867. Sars (G.-O.). Histoire naturelle des Crustacés d'eau douce de Norvège. lre livraison. Les Malacostracés. (Christiania, C. Johnsen, 145 pages, 10 planches.) 1899. Sars (G. O). An account of the Crustacea of Norway with short descriptions and figures of ail the species. Vol. IL Jsopoda. (Bergen, x + 270 pages, 100 + IV planches.) E.~G. BACOVITZA 43 1887. Schneider (R.). Ein bleicher Asellus in den Gruben von Freiberg (Asellus aquaticus var. Fribergensis). (Sitzber. K. preus. Ak. Wiss. Berlin, N° 36, p. 723-742, pi. 4-5.) 1911. Tschetwerikoff (S.). Beitrâge zur Anatomie de Wasserassel (Asellus aquaticus L). (Bull. soc. natural Moscou, N. S., T. XXIV, p. 377-509, 3 figures, pi. 7 et 8.) ARCHIVES DE FONDEES PAR H. de LACAZE-DUTHIERS PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE G. PRUVOT et E. G. RACOVITZA Professeur à la Sorbonne Docteur es sciences Directeur du Laboratoire Arago Sous-Directeur du Laboratoire Arago Tome 58. NOTES ET REVUE Numéro 3. VI L'AZIONE DELLA VERATRINA SUI GASTEROPODI TERRESTRI E LA SPECIFICITA DI LIMAX MAXIMVS E LIMAX CINEREO-NIGER GIUSEPPE COLOSI Istituto di Zoologi», Firenzc (Italia) (Reçue le 9 août 1919) Nel corso di alcune esperienze di fisiologia, per le quali mi sono avvalso dell'azione délia veratrina sui muscoli di vari invertebrati, ho avuto campo di osservare alcuni interessanti fenomeni dovuti a questo alcaloide e di constatare che esso è degno di essere largamente utilizzato, sia per la preparazione di animali da conservarsi in collezione, sia anche a scopo sistematico. Se in una piccola bacinellao in una capsula mettiamo un po' d'acqua con qualche goccia di una soluzione di veratrina ail' 1/100 (3-6 gocce) e vi introduciamo un mollusco p. es. una Hélix o un Limax vediamo che, subito dopo, l'animale si distende, émette i suoi tentacoli, manifesta una Notes et Revtte. — T. 58. — N° 3. E. 46 NOTES ET REVUE notevolissima paralisi sensoria, per cui il corpo non si contrae in seguito a stimoli anche violenti, e i tentacoli eccitati non si ritraggono più, benchè continuino a presentare movimenti spesso rotatori, mentre, fatta eccezione dei tentacoli, del bulbo boccale, del pêne e del cuore, il quale continua «, pulsare vivacemente fino alla morte deiï'animale, è évidente una notevole paralisi motoria che porta a una caratte- ristica rigidità délia massa del corpo. La morte avviene di solito entro 8-15 ore. Ho visto morira una Hélix aspersa col bulbo boccale completamente estronesso ed un Limax maximus con protrusione del sacco polmonare ; quasi sempre tanto le Hélix quanto i Limax muoiono col pêne in tutto o in parte evaginato. Questi f atti mi hanno 'condotto a pensare che la causa principale délia evaginazione del pêne non fosse uno stimolo délia veratrina sul pêne stesso, ma che si trattusse soprattutto di un aumento di pressione nella regione anteriore del corpo, la quale spingesse verso l'esterno gli organi capaci di protrudere. Ora, siccome il pêne è l'unico organo natural- mente conformato per l'evaginazione, e siccome è anche probabile che la normale evaginazione di esso sia determinata o coadiuvata da un aumento di pressione interna, è spiegabilissimo corne nel maggior numéro dei casi l'azione délia veratrina si manifesti sul pêne anzichè sul sacco polmonare o sul bulbo boccale. A ciô si aggiunga che il pêne con- serva una notevole mobilità anche quando tutte le altre parti del mollusco sono paralizzate ; questo fattore è importantissimo, chè altri- menti la pressione interna potrebbe comprimere l'organo contro le pareti del corpo, ma ben difficilmente riuscirebbe a provocarne l'evagi- nazione. Per determinare in che cosa consista la pressione interna di cui sopra, ho dissecato délie Hélix digiune nel momento in cui l'azione délia vera- trina cominciava a produrre i suoi effetti, e le ho confrontate con individui non veratrinizzati ; ho visto che in quelle lo stomaco era pieno di una grande quantité di liquido che ne distendeva le pareti, mentre nei cam- pioni di confronto la quantité di liquido era molto inferiore. Per quai processo si abbia Taccumulo di liquido nello stomaco non posso chiarire ; ma evidentemente non vi è estraneo lo stato générale di paralisi ; certa- mente esso viene sottratto al plasma sanguigno e quindi al rimanente del corpo. La sua sola azione perô non sarebbe sufficiente a provocare l'estro- flessione del pêne senza lo stato di paralisi provocato dal veleno, per cui G1USEPPE COLÔSI 4Î essendo impossibile ogni distensione délia robusta tunica palleale, risulta veramente aumentata la pressione in tutta la regione anteriore del mollusco. Giova qui notare che lô stato di paralisi non serve invece aile pareti stomacali, le quali, essendo molto sottili, vengono facilmente forzate dalla quantité di liquido che si accumula al loro interno, senza possibilità di reagire contraendosi. Le mie affermazioni circa la cause dell'estroflessione del pêne trovano un appoggio nelle seguenti esperienze : tre individui di Hélix aspersa furono assoggettate ad una iniezione di liquido di Locke ; nel primo individuo la quantità di liquido iniettata fu di cm5 10 in una sola volta; nel secondo di cms. 15 in tre volte, nel terzo di cm3 16 in due volte. Taie forte quantità di liquido iniettata è giustificata dal fatto che la maggior parte di essa si accumula nella regione del collare ove la parete è estre- mamente distensibile, mentre una parte si perde, perché eliminata dal polmone e dalle ghiandole mucose. Bisogna, se occorre, facilitare mecca- nicamente mediante pressione délie dita, Fafflusso del liquido iniettato verso la parte anteriore del corpo, onde potere ottenere la pressione neces- saria all'evaginazione del pêne. Negli individui veratrinizzati la parete del collare è perfettamente inestensibile, si ha quindi un necessario aumento di pressione nella regione cefalica. Ho pensato che il fenomeno dell'evaginazione del pêne puô essere utile per la determinazione speciflca dei Limacidi, la quale in molti casi non potrebbe esser fatta in base ai soli caratteri esterni, che sono spesso di estrema variabilità. È noto corne ancora gli speciografi del gruppo non si siano messi d'ac- cordo se si debba considerare Limax maximus corné una specie reale con due, tre o più varietà, ovvero se ci si trovi presenti a specie veramente distinte. Studiando i Limacidi conservati nel R. Museo zoologico di Firenze, in seguito all'esame degli organi interni e in spécial modo dell'apparato sessuale, mi ero già convinto cheîe forme italiane del gruppo Limax maxi- mus precedentemente descritte con numerose denominazioni, possono essere ripartite in due specie ben distinte : L. maximus e L. cinereo-niger. La discussione di queste due specie si trova in una mia nota che comparirà tra brève nel Monitore Zoologico italiano. Ma la difïerenza fra due specie appare molto netta ed évidente quando si faccia l'esame del pêne estroflesso ; a ciô si giunge coll'avvelenamento mediante la veratrina. 48 NOTES ET REVUE La fig. i raffigura il pêne di L. maximus ; esso présenta una larga espan- sione laminare che va dall'estremità fin quasi alla base, percorrendo il lato sinistro e mostrandosi concava verso l'alto. La fig. n riproduce il pêne di L. cinereo-niger, di aspetto assai carat- teristico. Esso ha l'apparenza di un cilindro allungato, superiore per lunghezza all'intero animale, e pré- senta lungo il suo svolgimento qualche giro a spirale. Per quanto riguarda la superficie, essa è divisa in due parti pressochè uguali : una Fia. i. — Limax maximus. Fia. n. — Limax cinereo-niger. destra ed una sinistra. La prima è cosparsa di numerosissime papille acuminate, l'altra è glabra. E inutile che io insista sull'importanza di questi caratteri cosî facili a mettersi in evidenza. Essi costituiscono ancora una prova in appoggio délia tesi che L. maximus e L. cinereo-niger sono effettivamente due specie diverse. Firenze, Luglio 1919. E.-G. RACOVITZA 49 VII NOTES SUR LES ISOPODES * 3. Asellus banyulensis n. sp. — 4. A. coxalis Dollfus. — 5. A. coxalis peyerimhoffi n. subsp. Emile-G. RACOVITZA Sous-Directeur du Laboratoire Arago (Banyuls-sur-Mer). (Reçues le 25 juillet 1919.) 3. — Asellus banyulensis n. sp. (Fig. 13 à 20). Type de l'espèce. — Banyuls-sur-Mer, dép. des Pyrénées-Orientales, France. Matériaux étudiés. — Département des Pyrénées-Orientales (France). Ruisseaux temporaires de Banyuls-sur-Mer (25. v. 05) nombreux cf et ç ad. et jeunes. — Ruisseau temporaire de Cerbère (1. ix. 12) plusieurs o" ad.. Description. — Très voisin de A. meridianus Rac. 1919 dont la description complète sera publiée dans la série « Biospeologica » en même temps que la diagnose très détaillée et critique du genre Asellus. Je ne vais donc énumérer ici que les caractères qui distinguent l'espèce nouvelle d'A. meridianus. Dimensions. — cf ad. : longueur, 8,5 mm; largeur maxima (péréio- nite VII) 2,5 mm.; antennes II, 6,5 mm.; pléotelson, 2 mm.; uro- podes, 2,3 mm. ç ad. non ovigère : longueur, 6,5 mm. ; largeur maxima (péréio- 1. Voir pour les « Notes » n09 1 et 2, des Archives, Notes et Revue, t. 58, n03 2, p. 31-43, flg. 1-12. 50 NOTES ET REVUE nite VII), 1,6 mm.; antennes II, 5 mm.; pléotelson, 1, 1,3 mm. Dimensions courantes des adultes : mm. ; uropodes, cf 6-8 mm. 9 4-6 mm. Corps environ 4 fois plus long que large dans les deux sexes. Carapace. — Soies tergales très courtes (15-20 jx) ; soie tac- tiles spécialisées très courtes (40-50 ii) ; soies marginales pos- térieures médiocres (120-160 (j.) ; tiges marginales pleurales mé- diocres (120-160 fx). Coloration toujours brune très claire. Antennes I chez le o" aussi longues, chez la 9 un peu plus courtes, que la hampe des an- tennes II. Fouet à 12-13 articles chez le c? et 9-10 chez la 9. Lames olfactives de 48 u. de longueur, au nombre de 3-4 chez le c? (sur les articles II, III, IV ou II, III, IV, VI comptés à partir du sommet) et 2-3 chez la 9 (sur les articles II, III ou II, III, IV). Antennes II aussi longues que les 3/4 de la longueur du corps dans les deux sexes. Fouet çF un peu plus, fouet 9 un peu moins, de 2 fois plus long que la hampe. Nombre des articles du fouet a un peu supérieur à 50 (c? de 8,5 mm. 62 art.), du fouet 9 un peu inférieur (9 de 6,5 mm. 40 art.). Article I du fouet 2 fois plus long que large. Fia. 13 '. — Aseîlus banyulemis n. sp. ô" (8.5 mm.). Pro- podos du péréiopode I gauche vu par la face posté- rieure x 110. d — soies de la rangée distale transversale ; e = écailles mamelonnées ; g = tige spéciale, toujours très longue, servant de guide au dactylos lorsqu'il se rabat; ip = soies de la rangée inférieure formant la série submarginale postérieure, divisée en trois rangées plus ou moins régulières, dont la rangée médiane est formée de longues et fortes tiges aplaties, et les deux rangées latérales de tiges plus courtes et plus cylindroconiques ; p = soies de la rangée longitudinale postérieure ; s = soies de la rangée longitudinale supérieure ; 1, 2, 3 et 4 = les quatres phanères ensiformes. La plupart des soies sent représentées seulement par leurs insertions. 1. Les figures des « Notes sur les Isopodes » sont numérotées en série continue aux les « Notes » n0i 1 et 2, 1 à 12 sont ici ites E.-G. RACOVITZA 51 Péréiopodes. — Coxa VI à bord distal presque uni du côté tergal, ou avec des lobes à peine ébauchés ; coxa VII à bord distal formant du côté tergal un lobe court, large et entier (sans lobules secondaires). Pléopodes I o\ — Sympodite à angle proximal externe et angles distaux presque droits et arrondis, à bord externe presque droit. Appareils d'accrochage Fzg.14 FlG. 14. — • Asellus banyulensis u. sp. Q (6,5 mm.). Propodos du péréiopode I gauche vu par sa face postérieure x 150. Mêmes lettres que flg. 13. ÏIG. 15. — Asellus banyulensis u. sp. 9 (6>5 mm). Articles distaux du péréiopode I gauche vus par leur face antérieure x 150. a = soie de la rangée longitudinale antérieure ; o= organe dactylien ; x = épines dactyliennes ou rangée longitudinale inférieure du dactylos ; lec autres lettres comme à la fig. 13. formé à droite comme à gauche par un seul crochet. Angle dis- tal externe toujours orné d'une tige lisse et longue. Bord distal aveo 3-4 soies lisses. Exopodite plutôt ovalaire que rectangulaire, à angles largement arrondis presque effacés, très peu atténué du côté distal, 2 fois plus long 52 NOTES ET BEVUE que large au milieu, 2 1/4 fois plus long que son sympodite. Angle proximal interne avec une soie marginale et une submarginale, angle distal-interne avec une forte soie, angle distal-externe avec 2-3 soies submarginales, bord externe avec 12-13 tiges lisses courtes et bord distal avec 6-7 tiges plumeuses dont la longueur égale celle de l'article, ces 18-20 tiges formant FlG. 16. — Asellus banyulensis n. sp. cf (8,5 mm.) Fia. 17. — Asellus banyulensis n. sp. o" (8,5 mm.). Pléo- Pléopode I gauche face sternale x83. pode II gauche face sternale x 110. E = exopodite ; I = article proximal ; II = A , . , v article distal ; R = endopodite ; S = sympodite ; Une même Série régulière et COn- z = limite tergale de l'aire pilifère. tinue. Pléopodes lier. Sympodite 1 1/4 fois plus long que large, à angle proxi- mal-externe arrondi mais non effacé, à bords interne et externe presque droits, avec quatre très fortes tiges plumeuses sur la moitié distale du bord interne. Exopodite aussi long que son sympodite, mais 1 3/4 fois plus étroit, 2 fois plus court et étroit que l'exopodite du pléopodel. Article proximal avec une longue tige plumeuse sur le bord externe. Article distal en E.-G. RACOVITZA 53 forme de gland de chêne (mais plat), les bords latéraux nettement con- vexes, le bord proximal droit et le distal largement arrondi, 1 1/2 fois plus long que large. Bord externe, avec 2-3 soies lisses irrégulièrement espacées, bord de l'extrémité distale garni d'une rangée plus ou moins Fiy.lô. Fig. 18. — Asdlus banyulensis n. sp. cf (8,5 mm.). Endopodite du pléopode II (organe copula- teur) gauche, face sternale x 294. a = apophyse tergale de la base du goulot; o = orifice du goulot ; S = sympodite ; v = pièce chitineuse de la vésicule interne ; x = protubérance externe du cul-de-bouteille ; y = crête longitudinale sternale qui est probable- ment le vestige de la ligne de soudure des deux bords latéraux de l'endopodite lamel- laire primitif. Fig. 19. — Asdlus banyulensis n. sp. cf (8,5 nira- • En- dopodite du pléopode II droit, face tergale x 294. Mêmes lettres que figure 18. régulière de 8-9 tiges plumeuses dont la longueur peut égaler celle de l'ar- ticle. La région interne, à l'exclusion d'un court secteur proximal, pos- sède une aire pilifère qui, du côté sternal, suit de près le bord, mais du côté tergal s'étend sur presque la mi-largeur de l'article. Endopodite (organe copuïateur) (fig. 18) en forme de bouteille cylin- drique, 2 1/3 fois plus longue que large au milieu, 11/4 fois plus court et 1 1/2 fois plus étroit que l'exopodite. Cul de la bouteille (région proximale) faiblement débordant, sauf du côté externe où il forme une protubérance 54 NOTES ET BEVUE médiane (x) triangulaire-arrondie, à rebords arrondis et fond faiblement excavé. Goulot assez court, courbé du côté sternal, constitué par un tube tronconique dont l'orifice (o) est une fente irrégulière à bords rapprochés. Apophyse tergale de la base du goulot (a) aplatie, lamellaire, triangulaire- arrondie, longue. Vésicule interne indivise, pyriforme, membraneuse du côté externe, mais du côté interne et tergal elle est limitée par une pièce chitineuse (t>), à parois épaisses, ayant exactement la forme des « mains en corne » qui servent aux pharmaciens dans la manipulation des matières pulvérulentes. Pléopodes II o. triangulaire, à bord interne droit et bord externe légèrement convexe, les deux bords se joignant du côté distal, en une pointe arrondie, 2 1/2 plus haut que large à la base. Moitié distale du bord externe garnie d'une rangée régulière de 10 tiges plumeuses, dont la longueur peut égaler les 2/3 de la longueur de l'article. Pléopodes III. Bord interne de l'exopodite avec une rangée submarginale de soies minces et de fortes épines. Dimorphisme sexuel comme chez A. meri- dianus Rac. Périlogie. J'ai trouvé mes exemplaires sous les pierres ou sous des feuilles mortes en décom- position, dans de petits ruisseaux qui assèchent la plus grande partie de l'année et qui sont très loin de tout bassin aquifère pérenne. J'ignore comment peut se faire le repeuplement quand les pluies d'automne remettent de l'eau dans ces ravins. Ces crustacés sont d'ailleurs fort rares et ils n'ont pas été rencontrés encore en dehors de la région de Banyute, d'une façon certaine. Phylogénie. Cette forme est très voisine de A.meridianus Rac. Les seules différences notables et nettes sont fournies par les deux premières paires de pléopodes. Il semble donc que le rang de sous-espèce ou de variété devrait lui être attribué, et je pense que nombre de taxonomistes n'auraient pas hésité à procéder ainsi. Mais tel n'est pas mon avis. Je me suis expliqué ailleurs (1912, p. 208) pourquoi la seule définition de l'espèce Fxg. 2û. — Asellus banyulensis n. sp. Ç (6,5 mm.)- Pléopode II droit vu par la face sternale E.-G. RACOVITZA 55 qui me semble pratique est la suivante : l'espèce est une colonie isolée de consanguins. Or VA. banyulensis, s'il n'est probablement pas isolé de VA. meridianus au point de vue géographique, l'est au point de vue physiologique ; l'organe copulateur est si nettement différent que toute panmixie me semble exclue. Ses affinités sont d'ailleurs également étroites avec les formes algériennes et syriennes décrites plus loin, formes qui montrent la même chitinisation de la vésicule de l'organe copulateur. Mais dans ce cas, l'isolement géographique est manifeste, puisque toute la largeur de la Méditerranée sépare ces colonies. Cependant un contact géographique est possible dans la région des détroits ibero-marocains. Je possède, en effet, deux très jeunes 9 d'un Aselle de la province d'Ali- cante qui ne peuvent être distingués des stades correspondants de 1^4. banyulensis. Il se peut donc que notre Aselle soit répandu en Espagne et existe même au Maroc Dans ce cas, il devrait compter parmi les formes marocaines assez nombreuses, qui ont passé en Roussillon et même au delà. 4. — Asellus coxalis Dollfus 1892. (Fig. 21 à 35). Asellus coxalis Dollfus 1892, p. 13-14, pi. II, fig. 11. — — Dollfus 1894, p. 3, n° 13. r— — Tattersall 1914, p. 304. Type de l'espèce. Aïn-el-Tineh sur les rives N.-E. du lac de Tibériade (Syrie). Dollfus (1892) n'indique pas de localité type. Je choisis cette localité parce que Tattersall (1914) étudia du matériel provenant de ce même endroit. Matériaux étudiés. Syrie. Khmoïne à 50 km. d'Alep, dans la source d'un petit ruisseau (m, 1912), Graeter legit, 13 c? ad., 3 c? jeunes, 3 9 ovigères, 4 9 ad. non ov., 1 9 jeune. Dimensions, cf ad. : longueur, 7 mm. ; largeur maxima (péréionite VII), 2 mm. ; antennes II, 5 mm. ; pléotelson, 1;5 mm. ; uropodes, 1,7 mm. 9 ad. non ov. : longueur, 5 mm.; largeur maxima (péréionite III-IV), 1,5 mm.; antennes II, 3,5 mm.; poléotelson, 1,2 mm. ; uropodes, 0,8 mm. Dimensions courantes des adultes : cf 5-6 mm. ; 9 4-5 mm. Corps présentant dans sa forme un léger dimorphisme sexuel. Chez le cf ad. le corps est un peu plus de trois fois plus long que large et il augmente progressivement mais très faiblement de largeur jusqu'au péréionite VII qui est aussi large que le pléotelson ; chez la 9 ov. le corps est trois fois plus long que large et augmente progressivement de largeur jusqu'aux 56 NOTES ET REVUE péréionites III-IV pour s'atténuer progressivement jusqu'au pléotelson. Carapace mince, flexible, faiblement calcifiée. Ecaillure tergale presque nulle. Soies tergales très courtes (12 \i) ; soies tactiles spécialisées nombreuses, courtes et de longueur variable (30 à 80 fx); soies marginales postérieures spiniformes, courtes, plutôt rares ; tiges marginales pleurales spiniformes, longues (300-350 y.), peu nombreuses. Pas de différences sexuelles dans les phanères. Coloration typique du genre Asellus, mais toujours très pâle. Tête. Région occipitale trapézoïde, 1 4/5 fois plus large (lobe post- mandibulaire non compté) que longue (somite du maxillipède non compté); angles antéro-externes tronqués ; lobes post-mandibulaires peu saillants, arrondis, munis de nombreuses soies dont 3-4 très longues. Somite du maxillipède complet, nettement limité du côté céphalique par un rebord et un sillon articulaire, visible (du côté tergal) sur une grande largeur. Labre avec fossette labroïdienne bien développée. Yeux à 3-4 ocelles, (L'état du matériel interdit une plus grande pré- cision.) Antennes I un peu plus courtes (de 1/6 chez le pléotelson ; I, pléonite I ; II, pléonite II. dans sa copieuse monographie émet le même avis, comme les auteurs des plus récents traités de carcinologie d'ailleurs. Or, c'est une profonde erreur que Hansen me signala dès le 16 octobre 1907 dans une lettre sur l'organisation de Stenasellus. Pourtant cette question n'aurait jamais dû fournir matière à une si 110 NOTES ET REVUE considérable méprise, tellement elle est facile à résoudre ; il suffit d'exa- miner une 9 par la face sternale ! Oh maléfices de l'esprit moutonnier qui accepte sans critique les affirmations traditionnelles ! Voyez, en effet, ce dessin (fig. 81) fait à la chambre claire, comme tous les autres du reste, Il représente la région des pléopodes antérieurs chez une 9 d'A. meridianus; toute autre espèce d'Asellides aurait pu servir à la démonstration. On y voit, sans erreur possible, le sternite du pléonite I dépourvu d'appendices, et le sternite du pléonite II porter les pléopodes en question. Chez Stenasellus, les pléonites I et II sont un peu mieux développés et il est encore plus facile de voir. si possible, où s'insère le pléopode litigieux. Aux traditionalistes impé- nitents, s'il y en a, j'ai encore autre chose à offrir. Parmi les nombreuses 9 de Stenasellus que j'ai examinées, deux ont encore cinq paires de pléo- podes (fig. 82 et 83). Les pléo- podes I sont représentés par des ébauches très inégales qui seront décrites plus loin ; les pléopodes II sont, par contre, identiques à la première paire des 9 normales à quatre paires. La cause est donc nême chez tous les Asellotes, c'est le Fig. 82. Stenasellus Virei Dol. Q ad. de la grotte du Mt de Chac (Biorpeologica N° 556), Tarn-et- Garonne. Pléopodes I, face sternale. x 55. E. exopod'te ; S, sympodite ; I, pléonite I. entendue ; chez les Acellidc, pléopode I qui a disparu. Morphologie. Chez tous les Asellides, les pléopodes II sont repré- sentés par une lame indivise, articulée au sternite de chaque côté de la ligne médiane. On rencontre deux types de structure. Type A. — Tous les Asellides que j'ai pu examiner, sauf A. aquaticus, présentent ce type. Les lames s'insèrent par leur angle proximal-interne tout contre la ligne médiane sternale, de sorte que leurs bords internes sont plus ou moins en contact. Leur forme est plus ou moins triangulaire {Stenasellus, Asellus partim, Caecidotea) ou plus ou moins trapézoïde (A. meridianus, etc., Mancasellus). Les deux lames sont libres, sauf chez Mancasellus chez qui les régions proximales fusionnent. Chez Stena- sellus et Mancasellus , le bord distal porte de rares tiges lisses, chez tous E.-G. RACOVITZA 111 j.'s autres de nombreuses et très longues tiges plumeuses. Sur le bord interne, du côté proximal, sont toujours insérées 1-2 épines submargi- nales. L'angle proximal-externe se place sous une petite lame sétifère du sternite (rudiment de l'épimère). Un faisceau musculaire longitudinal à insertion sternale s'étend sur un tiers de la longueur de l'article, dans la région proximale du bord interne. Type B. — Représenté seulement dans le groupe de VA. aquaticus (fig. 6). Les lames s'insèrent très loin de la ligne médiane sternale par leur angle proxi- mal externe et leurs bords internes se croisent, au repos, très largement. La forme est plus ou moins circulaire. Le bord distal porte de nombreuses tiges plumeuses, mais il n'existe pas d'autres phanères. Près de l'angle proximal-externe, sur le sternite, est un faible rudiment d'épimère sétifère. Un faisceau musculaire, à insertion sternale, s'étend, près du bord proximal, obli- quement vers la ligne médiane sur la mi-lon- gueur de l'article. Le type A est certainement plus primitif par sa forme, par certains de ses rapports avec le sternite, par sa chétotaxie et par la disposi- tion de sa musculature. Le type B a conservé mieux les dispositions originelles dans son inser- tion plus marginale, mais ses autres caractères sont néogénétiques. Ce type a subi une torsion- de 90° ; son bord proximal est l'homologue du bord interne du type A. Il est manifeste que les caractères qui distinguent le type B du type A ont leur origine dans le fait que le déplacement de l'appendice vers la ligne médiane sternale s'est arrêté à mi-chemin au lieu de continuer jusqu'au contact de cette ligne, comme c'est le cas pour le type A. Examinons maintenant la valeur morphologique de la lame indivise. Pour cette opération logique, l'étude des pléopodes I supplémentaires (fig. 82 et 83) des deux 9 de Stenasellus déjà mentionnées, nous sera très utile ; il est très probable que la réduction des deux paires Notes et Revue. — T. 58. — N° 4. J. FIG. 83. Stenasellus Virex DOL. Ç ad. de la grotte de Lestelas (BIOSPEOLOGICA N° 554), Ariège. Pléopodes I, face ster- nale. x 110. Mêmes lettres que fig. 82. 112 NOTES ET BEVUE de pléopodes a dû s'effectuer de la même manière et que par conséquent raisonner avec prudence, par analogie, est légitime. De l'examen des deux figures je tire cinq conclusion utiles. 1. — La réduction des diverses pièces est très inégale, ce qui est très fréquent dans les processus involutifs. Les rudiments de droite ne peu- vent nous fournir de renseignements satisfaisants. 2. — Les pièces de gauche sont certainement formées par un article proximal et un distal, quoiqu'il n'existe pas de sillon interarticulaire. 3. — L'article proximal porte un appareil d'accrochage ; c'est donc un sympodite presque entièrement formé par le basis. Son bord externe est dentelé comme la région proximale du bord externe du pléopode II et les deux bords ont exactement la même forme. 4. - — L'article distal est en continuité directe avec la région externe du sympodite, mais du côté interne une encoche plus ou moins profonde les sépare. Cette disposition, ainsi que les faits constatés dans la mor- phologie du pléopode I c?, me font croire que cet article distal est l'exo- podite. Les tiges lisses garnissant le bord distal sont semblables et cer- tainement homologues de celles qui ornent le même bord au pléopode II. 5. — Ces pièces in voluées peuvent se comparer au stade embryonnaire montrant une lame indivise mais néanmoins formée par les ébauches distinguables d'un sympodite et d'une rame à deux articles. De l'étude morphologique des pléopodes II 9 des autres Asellides on peut aussi tirer quelques conclusions concordantes. Le faisceau muscu- laire longitudinal à insertion sternale est certainement un muscle sterno- sympodial ; les épines proximales du bord interne sont les homologues d'un appareil d'accrochage. La région proximale du pléopode II 9 est donc un sympodite. Sa région distale,avec sa garniture de tiges plumeuses caractéristique des articles distaux des rames, est un exopodite à articles fusionnés. Développement. Les plus petites 9 de Stenasellus, A. aquaticus et A. meridianus examinées avaient déjà des pléopodes II semblables à ceux de l'adulte et leur pléonite I était vierge de tout appendice. Je cite un seul exemple. Asellus meridianus Rac. 9 de Saint-Géry (Tarn-et-Garonne) (fig.84). Longueur 2 mm. ; péréiopode I à rangée longitudinale inférieure de phanères non dissociée, représentée par une rangée proximale de 3 soies dont la médiane plus forte, mais non spécialisée, occupe la situation du grand phanère ensiforme de l'adulte. E.-Q. RAGOVITZA 113 Le pléopode II est semblable à celui de l'adulte, mais la région distale est légèrement atténuée (caractère primitif) et les tiges plumeuses sont au nombre de 8 (au lieu de 12). Remarquons que les caractères sexuels secondaires n'existent pas encore et pourtant le pléopode II a déjà la forme adulte. Notons aussi que cette forme adulte est acquise chez la ç à un stade très jeune ; chez les cr, les pléopodes antérieurs se développent bien plus tard. Faisons observer, enfin, que dans nos spéculations phylogénétiques le développement nous a été de faible secours et que c'est la morphologie comparée des adultes qui a fourni les solutions. Devant cette constatation, le pur morpholo- giste exultera, tandis que l'embryologiste pur en sera marri, mais le simple naturaliste, rebelle à ces psychismes de techniciens, sera purement satisfait d'apprendre quelques vérités. Résumons. — Chez tous les Asellides, les pléopodes I et II, mis au service des fonctions génitales, ont subi des réductions et transforma- tions. Le pléopode I c? est réduit à deux articles indivis : un sympodite formé par un basis com- plet dont la région proximale a probablement fusionné avec des restes des coxa et praecoxa ; un exopodite formé par les deux articles pri- mitifs fusionnés. Le pléopode II es est très différent des suivants mais aussi complet qu'eux. Il comprend : un sympodite indivis formé par un basis complet dont la région proximale a probablement fusionné avec les restes des coxa et praecoxa ; un exopodite biarticulé peu modifié ; un endopodite biarticulé (Stenaselhis) ou indivis, complètement transformé en organe copulateur par reploiement en gouttière avec soudure subséquente des lèvres. Le pléopode I 9 manque. Le pléopode II 9 est réduit à un article indivis formé par la fusion du sympodite avec l'exopodite complet. Voilà donc ce qui est et un peu de ce qui fut ; reste à trouver le comment et le pourquoi, c'est-à-dire à résoudre justement les questions intéressantes par excellence. On s'efforce actuellement de trouver semblables solu- FlG. 84. Asellus meridianus F.AC. 9 (2 mm.) de la grotte de St- Géry (Biospeologica X ' 611), Tam-et-Garonne. Pléopode II gauche, face sternale. x 110. 114 NOTES ET REVUE tions par l'expérimentation. C'est certes une bonne méthode, mais ce n'est pas là Tunique méthode possible, et à elle seule elle est le plus souvent insuffisante. La phylogénie peut également faire beaucoup dans cet ordre d'idées, comme je me propose de le démontrer, dans des notes ultérieures sur l'évolution des Isopodes. AUTEURS CITES 1910. Banta (A. M.). A comparison of the reactions of a species of surface Isopod with those of a subterranean species. Part. I. Experiments with light. (Journ. of experim. Zoology, Cambridge, t. 8, n° 3, p. 243-310, 6 fig.) 1886. BovALi.TUS (C). 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List of the described species of fresh-water Crustacea from America North of Mexico. {Bull. III. stale lab. nat. hist. Champaign, t. II, p. 358-364-) TABLE SPÉCIALE DES NOTES ET REVUE 1919-1920. — Tome 58. Articles originaux Anthony (R.). — Réflexions à propos de la genèse de la striation musculaire sous l'action des causes qui la déterminent. La question de la structure des fibres à contractions rapides dans les muscles adducteurs des Mollusques acé- phales {avec 3 fig.), p. 1. Billard (A.). — Note sur quelques espèces nouvelles de Sertularella de l'expédition du « Siboga » (avec 3 fig.), p. 18. Colosi (G.). — L'azione délia veratrina sui Gasteropodi terrestri e la speciflcita di Limax maximus e Limax cinereo-niger (avec 2 fig.), p. 45. Dehorne (A.). — Sur l'Amibe du foie suppuré humain et sur la formation de ses cris- talloïdes (avec 4 fig.), p. 11. Dehorne (A.). — Détermination du nombre des chromosomes dans les larves de Corethra plumicornis (avec 10 fig.), p. 25. Racovitza (E. G.). — Notes sur les Isopodes. — 1. Asellus aquaticus auct. est une erreur taxonomique. — 2. Asellus aquaticus L. et A. meridianus n. sp. (avec 12 fig.), p. 31. Racovitza (E. G.). — Notes sur les Isopodes. — 3. Asellus banyulensis n. sp. — 4. Asellus coxalis Dollfus. — ■ 5. A. coxalis peyerimhoffi n. subsp. (avec 39 fig.), p. 49. Racovitza (E. G.). — Notes sur les Isopodes. — 6. Asellus communis Say. — 7. Les pléopodesl et II des Asellides; morphologie et développement (avec 33 fig.), p. 79. Fontenay -aux- Roses. — Imprimerie L. Belbenand. — 28.037. ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE Tome 58, p. 1 à 53. pi. J. 20 Décembre igi8 SELYSINA PERFORAIS dur Description des stades connus du Sporozoaire de Stolonica avec quelques remarques sur le pseudovitellus des statoblastes et sur les cellules géantes 0. DUBOSCQ Professeur de Zoologie à la Faculté des Sciences de Montpollier TABLE DES MAT/ÈRES Page Introduction. Répartition des parasites 1 Le Pseudovitellus des Statoblastes de Stolonica 3 Leucocytes hyalins (p. 5). — Leucocytes à granulations acidophiles (p. 6). — Leucocytes à granu- lations graisseuses (p. 7). — Leucocytes à pigment orange (p. 7). — Englobemcnts phagocy- taires et cellules géantes (p. 8). — Cellules génitales (p. 0). Stades de Sflysina perforans observés dans ies statoblastes 9 Spores (p. 9). — Sporozoïtes libres dans les cellules géantes primitives (p. 11). — Kyste nodulaire du premier stade (p. 13). — Kyste nodulaire à membrane (p. 15). — Cellule kystique énigmatique (p. 16). Kystes durables 17 Petits kystes (p. 17). — Gros kystes. Perforation du tégument (p. ls). — Membrane (p. 21). — Plasma interstitiel (p. 2::). — Ilots nucléés (p. 23). — Héliospores (p. 2;.). — Enveloppes des jeunes kystes (p. 26). Le cycle hypothétique 27 Affinités 30 Remarques sur les cellules géantes 33 Définition de la cellule géante (p. 33). — Caractères morphologiques des cellules géantes (p. 35). — Propriétés et fonctions des cellules géantes (p. 38). — Formation des cellules géantes (p. 39). — L'œuf, cellule géante (p. 42). — La cellule géante chez les Protistes (p. 43). — La cellule géante chez les Myxosporidies (p. 45). — La cellule géante et le cancer (p. 46.) INTRODUCTION Selysina perforans Dub., dont j'ai indiqué les principaux caractères dans une note préliminaire (1917), a été trouvée par M. de Selys- Lonchamps, chez les Stolonica qu'il récoltait pour ses recherches embryo- logiques. Il a vu lui-même les principaux stades du développement Arch. de Zool. Exp. bt Gén, — T. 58. — F. 1. 1 2 0. DUBOSCQ de la Sélysina, en particulier les kystes nodulaires, que je n'aurais pu décrire sans ses préparations. Je ne saurais donc trop le remercier de m'avoir confié l'étude de ce parasite si intéressant. Stolonica socialis Hartmeyer se drague à Roscofï, au voisinage des « Cochons noirs », rochers situés à l'est des Bisayers. Mes récoltes, comme celles de M. de Selys, proviennent toutes de cette région où, sur un fond de pierres et de coquilles, riche en Bryozoaires, vivent nombreuses les Stolonica parasitées. La Sélysina est très commune et, s'il y a quelque difficulté à déter- miner le pourcentage des hôtes qui la portent, c'est qu'à première vue elle paraît assez inégalement répartie. Notons tout d'abord que les Stolonica adultes, restées depuis long- temps en aquarium dans des conditions médiocres, ne fournissent guère de kystes, sans doute parce qu'elles les ont expulsés. Dans la première quinzaine d'août je n'ai trouvé que peu de parasites, tandis qu'à la fin d'août ou au début de septembre les lots récemment péchés montrent au moins la moitié des individus infestés si l'on n'examine que les grosses Ascidies remplies de larves modèles. Celles qui sont plus petites et dépourvues de larves sont beaucoup moins parasitées. Faut-il penser que, si les larves manquent, c'est parce qu'elles ont été rejetées et que, comme dans le cas du séjour en aquarium, l'expulsion des embryons entraîne celle des kystes % M. de Selys que j'ai interrogé sur ce point admet très bien cette possibilité. « Mais il se pourrait aussi, ajoute M. de Selys, que les Ascidies sans larves soient des oozoïdes n'ayant pas encore développé de produits sexuels, à supposer que ce ne soient pas tout simplement des blasto- zoïdes plus jeunes que leurs congénères. » A l'heure actuelle, malheureu- sement, on ne sait pas distinguer, chez les Stolonica, les oozoïdes des blastozoïdes. Or, comme nous le verrons, l'infestation ne se fait pas de la même façon chez les uns et les autres, et ceci peut déjà expliquer l'iné- galité de répartition des parasites. On les trouve dans tous les individus de certaines colonies, tandis que chez d'autres ils sont plutôt rares. Cela doit dépendre évidemment de l'infestation de l'oozoïde mère, qui peut transmettre directement la Sélysina à tous ses bourgeons. Des Ascidies adultes infestées la majeure partie n'ont qu'un sl>u1 kyste durable. Assez souvent, on rencontre dans le même hôte deux kystes de taille pareille ou différente. Je n'en ai jamais vu davantage. Les kystes nodulaires des statoblastes sont beaucoup plus rares SELYSINA PEBFORANS 3 M. de Selys n'en put trouver que deux en étudiant minutieusement seize statoblastes de novembre, et le riche matériel qu'il a examiné lui en a fourni quatre en tout. Dans la plupart des statoblastes paraissent exister assez nombreux ce que je considère comme les jeunes stades de ces kystes, c'est-à-dire les spores et les sporozoïtes inclus dans une cellule géante primitive. S'il n'est pas possible d'établir dès maintenant le cycle de la Selysina, il n'en est pas moins logique de sérier les stades connus en partant de ceux qu'on trouve dans les statoblastes les plus jeûnes et en considé- rant comme terminaux les kystes des Ascidies adultes. Nous aurons ainsi à décrire successivement : 1° Les spores, qui peuvent exister seules dans les statoblastes du mois d'août ; 2° Les sporozoïtes sans enveloppe sporale, qu'on rencontre déjà dans les statoblastes du mois d'août et qui sont plus nombreux de septembre à novembre ; 3° Les kystes nodulaires (cellules géantes avec stades grégariniens) trouvés dans les statoblastes de septembre à novembre ; 4° Les petits kystes à membrane épaisse (kystes à barillet coccidien). J'en possède deux, l'un provenant d'un statoblaste, l'autre d'une Ascidie adulte ; 5° Les gros kystes durables propres aux Ascidies adultes et toujours abondants, au moins pendant les mois d'été. Ces divers stades sont inclus dans des globules du sang ou dans des cellules géantes. Pour l'interprétation du parasite il est bon d'être bien fixé sur les éléments qui l'englobent. Le pseudovitellus des statoblastes de Stolonica Le statoblaste ou bourgeon dormant a une structure très simple : extérieurement, l'épiderme recouvert d'une tunique déjà épaisse, farcie de cellules migatrices; au centre, la vésicule interne, cavité limitée par une couche de cellules épithéliales souvent endodermiques ; entre l'épi- derme et l'endoderme, les éléments mésenchymateux constituant ce qu'on appelle le pseudovitellus. En somme, comme le dit M. de Selys- Longchamps (1917), c'est la structure de la paroi du corps de l'individu mère, paroi dont le bourgeon n'est qu'une évaghiation. L'épiderme du bourgeon correspond à l'épiderme de la mère avec une tunique moins 4 0. DUBOSCQ épaisse ; l'endoderme à Pépithélium de la cavité péribranchiale. Quant au mésenchyme (pseudovitellus), il est d'abord entièrement composé de cellules migatrices ou amœbocytes, qui fourniront plus tard les cellules conjonctives et musculaires et sans doute aussi les éléments génitaux. Dans le statoblaste les divers stades de la Selysina occupent toujours le mésenchyme. Les kystes des Ascidies adultes ont d'ailleurs au début la même situation, mais à la fin de leur évolution ils perforent l'épiderme ou Pépithélium péribranchial pour tomber à l'extérieur. Les éléments da mésenchyme ne sont pas autre chose que les globules du sang de la mère transmis au bourgeon et qui ont proliféré. Si leur étude a été négligée, en revanche les recherches sur les globules du sang des Ascidies adultes sont déjà nombreuses et, sans oublier la mise au point de Seeliger (1893-1907), il faut^citer en particulier les mémoires de Cuénot (1891), de Knoll (1893), de Fernandez (1905), de Kollmann (1908) qui fournissent des données importantes sur la question. De ces travaux semble résulter que chaque Ascidie possède divers types de globules, qui non seulement ne se ramènent pas aux types classiques des autres Invertébrés, mais encore sont assez souvent difficilement homo- logables aux types de globules d'une autre famille de Tuniciers. « On peut, en trois lignes, dit Cuénot (1891), décrire tous les éléments du sang des Mollusques ; il faudrait trois pages pour chaque espèce d'Ascidie tant il y a d'éléments difficiles à coordonner .» Cependant les recherches des auteurs concordent assez pour permettre de classer la plupart des types de globules sous les quatre rubriques suivantes : 1° Leucocytes hyalins, de taille toujours réduite ; 2° Leucocytes à granules acidophiles ou amphophiles ; 3° Leucocytes à granules de graisse ; 4° Leucocytes à globules orangés ou cellules pigmentaires. Tous les auteurs ont reconnu avec facilité les leucocytes hyalins, les leucocytes graisseux et les leucocytes à pigment orangé. Mais sur les leucocytes du second groupe (leucocytes acidophiles ; leucocytes à granu- lations amphophiles de Kollmann), les données sont insuffisantes, la nature des granulations étant mal définie. On ne sait donc pas si prendront rang dans cette classe les amsebocytes à- vacuole, propres à certains Tuniciers. Quant aux hématies trouvées par Cuénot chez plusieurs formes et entre autres chez Styela (Tethyum) glomerata, elles restent énigmatiques Knoll (1893) ne les a pas retrouvées. Kollmann (1903) pense qu'elles SEL YS IN A- PERFOBAXS 5 ne sont pas autre chose que des cellules vacuolaires. Mais en existe-t-il chez les Styélidés ? Comme nous n'avons chez Sfolonica socialis ni hématies ni cellules vacuolaires, les divers éléments du sang du statoblaste trouvent leur place dans les quatre catégories énumérées plus haut. Je ne puis insister sur le sang de l'adulte, ne l'ayant pas étudié avec soin. On y voit tous les éléments du pseudo-vitellus du statoblaste, mais les amœbocytes hyalins y paraissent plus nombreux, tandis que les leu- cocytes granulés seraient moins abondants. On y trouve, en outre, des globules à granulations opaques, animés d'un vif mouvement brownien. Ils ne paraissent pas différer cytologiquement des cellules fixes d'aspect amœ- boïte qui pigmentent en blanc la branchie et le tube digestif. Enfin, des leucocytes pourvus de quelques grains ochracés avec ou sans autres granu- lations. Ce doivent être les stades que Ctjéxot et Kollmann ont interprétés comme intermédiaires entre les leucocytes hyalins et les leucocytes orangés. Ils sont d'autant plus intéressants pour nous que les spores monozoïques de la Selysina sont souvent englobés par des leucocytes à grains ochracés, ce qui laisse penser que le bourgeon reçoit de la mère les spores déjà incluses dans ces phagocytes particuliers. Ceci étant noté, je ne décrirai donc que les éléments du sang du statoblaste. Il faut les étudier comparativement sur le frais et après fixation, sous peine de s'exposer à des méprises. 1° Leucocytes hyalins. — Sur le vivant on peut déjà classer les leucocytes hyalins en lymphocytes, petits éléments sphériques de 5 à 6 (jl (a fig. 1, pi. I) et en amœbocytes hyalins, à cytoplasme beaucoup plus développé (7 à 10 u.) et de forme allongée et irrégulière (c fig. 1, pi. I). Les lymphocytes ont un noyau sphérique de 4 à 5 [j. de diamètre en moyenne, pourvu d'un nucléole excentrique et de fins grains chroma- tiques abondants (a, fig. 2, pi. I). Leur cytoplasme très réduit est plu- tôt basophile, probablement à cause de la présence de grains mitochon- driaux. On trouve de petits amœbocytes qui ont gardé cette basophilie (c, fig. 6 et 8, pi. I), mais, en général, l'amœbocyte hyalin a un cytoplasme clair avec fines granulations qui sont plutôt acidophiles. Dans les amœ- bocytes le noyau occupe rarement le centre du globule. Il a les mêmes caractères que celui du lymphocyte, avec peut-être mie moins grande colorabilité (c, fig. 2, pi. I). Les leucocytes hyalins du statoblaste se reproduisent par mitose (b, fig. 2, pi. I). Les éléments en division mesurent en moyenne 7 p. Par 6 0. DUBOSCQ conséquent ce ne sont déjà plus des lymphocytes puisqu'ils doivent notablement s'accroître avant de se multiplier. Ces mitoses sont assez rares, et on comprend très bien qu'elles aient pu échapper à M. deSelys- Longchamps (1917), qui a dû admettre la transmission, de la mère au bourgeon, de tous les globules du sang. 2° Leucocytes a granulations acidophiles ou amphophiles. — Ces leucocytes sont les éléments les plus gros et les plus nombreux du pseudovitellus. Globuleux, ils mesurent de 12 à 16 p de diamètre en moyenne. A l'état frais (d, fig. 1, pi. I) ils paraissent bondés de sphé- rules hyalines toutes semblables. Cependant, au centre du globule, apparaît une matière jaunâtre, indépendante, semble-t-il, des granula- tions. L'acide osmique démontre que les granulations sont de deux sortes. Il teint, en effet, en brun van Dyck 5 à 10 sphérules éparses parmi les autres corpuscules, lesquels restent incolores et prennent sou- vent une forme en navette (e, fig. 1, pi. I). On voit en outre, assez sou- vent, au centre du globule, deux ou trois boules granuleuses jaunâtres, qui sont sans doute le support de la matière jaune observable sur le vivant. Les autres méthodes confirment ces données en les précisant. Les sphérules qui se teignent en brun van Dyck par l'osmium se colorent en rouge par le Soudan, mais restent incolores sous l'action du vert de méthyle. Elles sont facilement dissoutes par le xylol lorsqu'elles n'ont pas été fixées par les liquides osmiques. Il semble donc que ce soient des sphérules d'une graisse sans oléine, plutôt que de la lécithine ou des lipoïdes analogues. Les granulations en navette se retrouvent sur toutes les prépara- tions montées au baume, quel que soit le fixateur. Elles prennent les couleurs acides (d, e, fig. 2, pi. I) et par leurs réactions paraissent de nature protéïque. Sur les coupes de statoblastes fixées au Bouin et colorées par l'hémalun, on observe une substance basophile, tantôt éparse en gru- meaux (d, fig. 2, pi. I), tantôt réunie en un amas central (e, fig. 2, pi. I). Ne serait-ce pas cette substance qui apparaît en jaune sur le vivant ? On peut objecter que les aspects ne sont pas superposables, à quoi l'on peut répondre qu'il ne faut pas oublier l'action coagulante du fixateur. Les leucocytes à granulations étant les phagocytes actifs, véritables macrophages, l'amas basophile central pourrait être regardé comme un résidu phagocytaire, mais l'interprétation serait bien risquée et il semble que la matière basophile soit un dérivé mitochondrial. Le noyau des leucocytes acidophiles est très petit (2 a 5 à 3 //) avec SELYSINA PERFORANS 7 les grains chromatiques périphériques vivement colorables et, en son centre, un ou deux grains plus gros, sans doute de valeur nucléolaire. Ce noyau se divise par amitose et il n'est pas rare de rencontrer des leucocytes à 2 noyaux (d. fig. 7, pi. L). Aucune image ne tend à prouver que la division nucléaire soit suivie d'une division cytoplasmique. La multiplication des leucocytes acidophiles provient de celle des leucocytes hyalins. On trouve, en effet, des stades à granulations plus fines qui paraissent être les intermédiaires (6, fig. 1, pi. ) et que les auteurs interprètent ainsi, du moins chez l'adulte ; mais ils admettent en même temps l'opinion de Krukenberg (1882), lequel attribue à ces leucocytes le transport du matériel nutritif, qui serait représenté par leurs granulations. Cette façon de voir exclurait, semble-t-il, l'accrois- sement en nombre des leucocytes acidophiles dans le statoblaste, car le matériel nutritif ne peut guère provenir que de la mère avant la forma- tion du tube digestif. 3° Leucocytes a granulations graisseuses. — Ces leucocytes se distinguent facilement des précédents et correspondent à une évo- lution particulière. Ils mesurent 10 ^ en moyenne et sont ellipsoï- daux ou sphériques. Les sphérules qui les remplissent, assez réfrin- gentes (/, fig. 1, pi. I), réduisent fortement l'acide osmique, qui les teint en noir franc (g, fig. 1, pi. I). Les coupes montrent que ces cellules adipeuses, bien qu'existant un peu partout dans le statoblaste, sont surtout appliquées au-dessous des épithéliums (épithélium de la vési- cule interne et épiderme). Si on les reconnaît facilement après les fixations osmiques, il n'en est pas de même sur les coupes fixées au Bouin, où, par suite de la disparition de la graisse, elles apparaissent comme des cellules claires qu'on pourrait prendre pour des leucocytes hyalins (/, fig. 2, 4, 5, 6, 7, pi. I). Il ne reste, en effet, dans leur cytoplasme que les mailles larges, fortement acidophiles, de leurs alvéoles vidés. Leur noyau central est presque aussi petit que celui des leucocytes précédents et par là même ne se confond pas avec le noyau relativement gros des leuco- cytes hyalins. 4° Leucocytes a pigment orangé. — Les leucocytes orangés se distinguent facilement sur le vivant de tous les autres globules sanguins. Us contiennent un petit nombre de boules d'un rouge orange, assez sou- vent de une à trois (h, fig. 1, pi. 1). Ces éléments ont été décrits aussi bien que possible par Cuénot (1891) et, depuis son travail, la question n'a guère progressé. On n'a pas su, mieux que lui, définir la nature de ce pigment 8 0. DUBOSCQ orange, caractéristique des Ascidies. Dans les matérieux fixés et colorés, il est fort difficile de reconnaître à première vue les leucocytes à pigment orange parce que. chose surprenante, on ne rencontre que très rarement des cellules contenant de une à trois grosses boules. La fixation du sang observée sous lamelle donne bien vite l'explication de leur disparition. Sous l'action du Bouin ou de l'acide osmique, les leucocytes à pigment s'altèrent, éclatent et diffluent. Les boules orangées se fondent ensemble, se gonflent et de hyalines deviennent granuleuses. L'élément peut [per- sister avec cette altération déterminée par le fixateur. On trouve, dans les coupes, des cellules remplies de fins granules acidophiles et à noyau pycnotique rejeté à la périphérie, qui correspondent certainement à des leucocytes orangés altérés. Les leucocytes contenant plus de ^^ ® ©^p> tro*s sphérules sont toujours les | 3^ mieux fixés (h, fig. 2, 7, 8). Leur ^ ® noyau est généralement rejeté à ^ „ ^ */ la périphérie, comprimé et dé- formé par les enclaves. Celles-ci sont acidophiles et se compor- tent comme les corpuscules pro- FiG. I. Cellule géante du statoblast ormée par la fusion de x A plusieurs leucocytes à granulations acidophiles. x 1000. téiqiieS deS gTOS leUCOCyteS à granulations. On croit même voir les passages entre les deux types de globules, et, si l'on se bornait à étudier les matériaux fixés, on dirait que les éléments à grosses sphérules sont le terme de l'évolution des leucocytes à granules albuminoïdes et grais- seuses, les sphérules devenant amphophiles par la fusion des grumeaux basophiles dans les corpuscules acidophiles. Malheureusement, sur le vivant, je n'ai pas vu les termes de passage entre les deux formes et j'ai même cru observer chez l'adulte ce que Cuénot (1891) et Kollmann (1908) assurent qu'on rencontre, les intermédiaires entre les leucocytes hyalins et les cellules pigmentaires. Englobements phagocyt aires et cellules géantes. — Dans le pseudovitellus se montrent fréquemment des englobements phagocy- taires sous des aspects très variés. La plupart semblent représenter des cellules vieillies, absorbées par des leucocytes hyalins ou par des leuco- cytes à granulations acidophiles. Ceux-ci forment parfois des cellules géantes (fig. i) avec noyaux en couronne comme dans les cellules irri- tatives. Mais leur signification reste énigmatique, car par les méthodes SELYSINA PERFORANS 9 ordinaires aucun parasite ni autre enclave ne s'y voit. Nous reviendrons longuement sur celles qui nous intéressent particulièrement, les kystes nodulaires causés par la Selysina. Cellules génitales. — Dans certains statoblastes on trouve çà et là, parmi les globules sanguins, des cellules qui ont l'air d'éléments génitaux. Elles sont sphériques et mesurent de 15 à 20 [j. (g fig. n). Leur cytoplasme relativement réduit paraît riche en mitochondries à en juger par sa basophilie et son aspect filamenteux. Leur noyau vésiculeux, de 9 jU. de diamètre, montre un réseau chromatique assez régulier et un gros nucléole se colorant vivement par l'hémalun. Elles sont généralement flanquées d'une petite cellule plate, tel un jeune ovocyte qui "-; serait pourvu d'une première ® cellule folliculaire. On sait que; -, _0 chez un certain nombre d'Asci- dies et en particulier chez les OoZeZfa (Caullery 1909), qui ne ? '% sont pas éloignées de Sfolonica, les bourgeons reçoivent directe- „ ment les ovules de leur mère. J Que Ce Soit le Cas ici, C'est bien Fia. n. Eléments du pseudovitellus sous-jacents à la vésicule imnrnbahlp PPS ppllnlpq n Wk endodermique. v, épithélium de la vésicule interne ; g impiODd,Uie, (_eb ceilUieS II exiS- gonocyte ; d, leucocyte à granulations acidophiles ; tant pas dans les jeunes stato- leucocyfte a gran"la"0"s sraisst'uses = h> leucoc>te à r J pigment orange. X 1350. blastes. Tout au plus peut- on y trouver des sortes de leucocytes beaucoup plus petits, souvent géminés, qu'il faudrait prendre pour la forme initiale des cellules génitales. M. de Selys-Long champs (1917) a fait des observations analogues, puisque les ébauches sexuelles sont, d'après lui, constituées par des amas de petites cel- lules, d'origine apparemment mésenchymatique, et situées au sein de la masse pseudovitelline, très près de la paroi' de la vésicule interne. Je ne songe pas, bien entendu, sur quelques faits insuffisamment étudiés, à dis- cuter l'origine des gonocytes. Si j 'ai signalé ces cellules que je crois sexuelles, c'est qu'elles pourraient être prises pour des parasites, et, en particulier, pour des stades de la Selysina. Stades de Selysina perforans Dub. observés dans les statoblastes Spores. — Depuis août jusqu'à janvier, les statoblastes contiennent communément des spores monozoïques, réparties un peu partout dans 10 0. DUBOSCQ des cellules hypertrophiées du pseudovitellus. De ces éléments parasités les uns sont hyalins, d'autres ont quelques grains oranges ; d'autres, enfin, sur les coupes, montrent des corpuscules acidophiles et paraissent bien correspondre à des leucocytes à granules graisseux et albuminoïdes, si bien qu'on est amené à penser que leucocytes hyalins et leucocytes granulés peuvent indifféremment englober les spores. Comme le parasite semble déterminer la disparition des enclaves, on peut aussi soutenir que les phagocytes hyalins étaient d'abord pourvus de granules et, dans cette façon de voir, les spores seraient toujours englobés par les leuco- cytes à granulations acidophiles. Le noyau de la cellule hôte aplati et allonge ne montre pas de phénomènes de division amitotique. Le spore fusiforme mesure 15 p. de longueur et sen- siblement 5 [j. de largeur dans la zone équatoriale. Sous l'action de beaucoup de réactifs, elle se gonfle et semble beaucoup plus large. A un pôle est un orifice circulaire assez difficile à voir, faute d'ourlet qui le limite. Il paraît toujours ouvert. La paroi de la spore, assez mince (0^7 environ), se colore aussi bien par les colorants acides que par l'hémalun (fig. 3, pi. I). L'unique sporozoïte contenu dans la spore, étant un peu moins long qu'elle, se tient droit selon l'axe. Il a une extrémité effilée toujours tournée du côté de l'orifice polaire tandis que l'autre est plus obtuse. Le noyau peut occuper le milieu du sporozoïte. En général, il est plus près de l'extré- mité obtuse qu'on pourrait appeler postérieure. Sphérique, il contient avec de la chromatine en fins grains, un nucléole très généralement unique et, dans ce cas, toujours situé contre la membrane du côté de l'extrémité obtuse du sporozoïte (fig. 3, pi. I). Quand il y a deux nuoléoles, ils sont opposés, l'un antérieur, l'autre postérieur. Cette présence de deux nucléoles indique-t-elle un état de maturité faisant prévoir la sortie prochaine du sporozoïte ? C'est possible, puisque le seul sporozoïte que j'aie observé en train de sortir avait deux nucléoles (fig. m). Je dirai plus loin pourquoi, cependant, je n'adopte pas cette interprétation. Le cytoplasme ne montre pas de différenciations très importantes A noter toutefois, que l'extrémité effilée apparaît hyaline et tranche ainsi sur le reste du cytoplasme granuleux. Un tractus axile part de l'apex pour se diriger vers le noyau. Il est difficile de dire s'il l'atteint, de même g l-jïp V s Fig. ra. Sporozoïte sortant de la spore, x 2000. SELYSINA PERFORANS 11 qu'on ne saurait se prononcer sur la signification du double grain chro- matique décelable en avant du noyau (fig. 3, pi. I). Sur ces observations incomplètes, il est cependant logique d'appeler antérieure l'extrémité effilée. Elle correspondrait à un centrocône comme dans beaucoup de sporozoïtes, le tractus axile ayant valeur de filament fusorial. Si je ne suis pas plus affirmatif, c'est qu'un sporozoïte sort toujours d'une spore le mucron en avant, et que le seul que j'aie vu traversant l'orifice polaire semblait, au contraire, s'y être engagé par son extrémité obtuse. Je l'ai représenté ici (fig. m) aussi exactement que possible. L'effort qu'il fait pour sortir a déformé certainement l'extrémité antérieure ; cette seule image ne peut suffire à. démontrer le retournement du sporozoïte bout pour bout avant sa sortie de la spore. Il y a d'ailleurs une autre raison de considérer l'extrémité effilée comme antérieure. Léger et moi (1902b-1909), nous avons montré que dans les mitoses de Nina Gracilis, le nucléole est toujours situé à l'opposé du centrosome. La situation qu'il occupe, aussi bien dans le noyau au repos qu'aux divers moments de la division, ainsi que la courbure du fuseau, nous avait fait dire que tout se passe comme si nucléole et cen- trosome portaient une charge de même signe et la chromatine une charge de signe contraire1. Ici, en admettant notre façon de voir, on s'explique bien la situation constante du nucléole à la région postérieure du noyau, c'est-à-dire le plus loin possible du centrosome. Et on comprend aussi l'opposition des nucléoles quand ils sont deux dans le même noyau, puisqu'ils doivent se repousser si leur charge est forte, condition de leur rôle centrosomien. Sporozoïtes libres dans les cellules géantes primitives. — Comme on l'a vu, le sporozoïte mûr sort de la spore. Abandonne-t-il la première cellule hôte pour émigrer dans une nouvelle cellule, je n'en sais rien, n'ayant pas suivi le sort des spores vides, qui sont peut-être digérées. Ce que l'on voit dans les statoblastes, depuis septembre jusqu'à décembre, ce sont de grands sporozoïtes inclus dans des cellules géantes sans trace d'enveloppe sporale. Nous les considérons comme le stade consécutif à celui que nous venons de décrire. ii Avant Gailardo (1903), Léger efc moi (1932 l>) nous avons émis l'idée que non seulement tout se passait comme si centrosomes et chromosomes portaient une charge électrique de signe contraire, mais encore que le nucléole portait une charge de même nom que les centrosomes. Or les auteurs qui ont ensuite précisé et développé la théorie électro-colloïdale de la mitose ne se sont pas, croyons-nous, préoccupés de la charge du nucléole, si importante cependant à considérer pour expliquer certaines structures du noyau et de sa division chez les Pro- tistes et aussi le rôle centrosomien possible du nucléole. 12 0. DUBOSCQ Les sporozoïtes contenus dans les spores mesuraient au plus 15 p. Ceux-ci ont de 20 à 26 jj. (fig. 5, 6, pi. I). Ils sont repliés presque à angle droit embrassant dans leur concavité le noyau de la cellule hôte. Leur aspect est encore celui du sporozoïte avec une extrémité plus effilée que l'autre. Leur noyau, qui s'est accru sans changer de structure, n'a géné- ralement qu'un nucléole, mais aussi quelquefois deux tout comme ceux de certains sporozoïtes, et c'est la raison qui m'a empêché de considérer la présence de deux nucléoles comme un indice de la maturité des germes. Le cytoplasme est devenu nettement alvéolaire à la suite de la for- mation de nombreux grains de paramylon. La cellule parasitée ne laisse pas reconnaître son origine. Déjà très hypertrophiée, puisqu'elle n'a pas moins de 20 de diamètre, elle ne montre d'autre enclave que le parasite, son cytoplasme étant devenu très clair et comme chargé d'eau. Son noyau peut être unique et ellipsoïdal (fig. 5, pi. I), mais il ne tarde pas à s'allonger en subissant plusieurs étrangle- ments qui vont jusqu'à la division amitotique (fig. 6, pi. I). Ainsi se forme une cellule géante primitive où les noyaux dérivent tous du premier noyau hypertrophié. Cette cellule géante a d'abord une membrane bien définie qui l'isole des leucocytes voisins. Mais, de bonne heure, ceux-ci se collent étroite- ment contre cette membrane en se tassant en cellules épithéloïdes (fig. 5, 6, 7, pi. I). On se peut se demander si certains leucocytes sont attirés de préférence aux autres et il semble que cela se vérifie pour les leucocytes graisseux. Assez souvent, on ne trouve guère qu'eux en contact immédiat avec la cellule parasitée (fig. 5). Cependant j'ai vu des cas (fig. 7) où, au contraire, abondaient les leucocytes à granulations acidophiles (fig. 7). En fait, tous les types de globules sanguins, c'est-à-dire les leucocytes hyalins, les leucocytes à granulations acidophiles, les leucocytes à gra- nules graisseux et les leucocytes à pigment orangé, peuvent concourir à fournir un cercle épithélioïde autour de la cellule géante primitive (fig. 6, pi. I). Dès ce stade, on peut voir ces globules contribuer déjà à la formation de la cellule géante définitive (fig. 6). La membrane de la cellule hôte disparaît sur plusieurs points et les cellules voisines se fondent dans la cellule centrale sans que leurs noyaux présentent d'altération. Quelques- uns semblent bien devenir des noyaux de la cellule géante définitive, fait qui sera discuté plus loin. Entre le stade de sporozoïte libre dans la cellule géante primitive SELYSINA PERFOBANS 13 et le kyste nodulaire, qui est une cellule géante définitive contenant plu- sieurs parasites, je n'ai vu qu'une fois ce qui peut être interprété comme un stade intermédiaire (fig. 7). Le sporozoïte a considérablement grossi, mais, comme il arrive dans la première période de l'accroissement des Sporozoaires, il s'est raccourci. Il est devenu ici un corps en croissant très trapu, puisqu'il mesure près de 5 \j. de large pour une longueur de 15 jx. Le noyau très gros n'a toujours qu'un karysome. Quant à sa chromatine, elle est comme diffuse, et, sur cet aspect, on pourrait soutenir qu'il s'agit d'un parasite en dégénérescence ou en dépression, ce que je ne crois pas. Kyste nodulaire du premier stade. — M. de Selys-Lonchamps5 à qui je dois les préparations qui les montrent, n'a trouvé que trois kystes nodulaires. Deux, rencontrés dans des statoblastes de septembre, sont des kystes ne contenant que quelques gros Sporozoaires grégariniformes (fig. 8, pi. I). Le troisième kyste, trouvé dans un statoblaste fixé le 18 novembre, représente un stade plus avancé. On y voit trois gros Sporozaires et deux faisceaux de schizozoïtes (fig. 9, pi. I) dans un plasmode limité par une membrane à double contour. Les kystes de septembre ou kystes du premier stade sont des cellules géantes sphériques, contenant en elles quatre ou cinq gros Sporozoaires en forme de banane, accolés parallèlement les uns aux autres, avec le bord convexe toujours tourné vers l'extérieur. C'est l'équilibre qui doit déterminer le minimum d'irritation, et, pour s'inscrire ainsi dans un kyste sphérique, un faisceau de parasites aussi gros doit être excentrique (%. 8, pi. I). La cellule géante est une masse plasmodiale de cytoplasme dense, clair et finement granuleux. Les enclaves cytoplasmiques sont très nombreuses. Mais, à part quelques rares grains de tinctine, résidus de chromatine de noyaux dégénérés ou expulsions nucléolaires, les inclu- sions paraissent toutes de même nature. Ce sont des corpuscules hyalins, acidophiles, de grosseur et de forme variables, et qui représentent les enclaves des leucocytes acidophiles et pigmentaires. On observe tous les stades de leur désintégration et de leur incorporation (fig. 8). Et l'on constate ainsi, avec la dernière netteté, que le phénomène d'englobement phagocytaire des diverses espèces de leucocytes décrit plus haut est bien la cause principale, sinon unique, de l'accroissement de la cellule géante, et qu'il continue jusqu'à la formation de la membrane. Celle-ci n'est pas encore apparente à ce stade, mais on la voit s'ébau- 14 O. DUBOSCQ cher et par un processus singulier. La première ébauche de la membrane est représentée par une zone périphérique assez épaisse d'alvéoles grais- seux (m, fig. 8). Certains de ces alvéoles sont encore groupés en cellules, de sorte qu'il semble que ceux-là tout au moins dérivent de cellules grais- seuses, dont le noyau aurait émigré dans le cytoplasme plasmodial, et qui se seraient fragmentées consécutivement à la dégénérescence cellu- laire. Mais d'autres semblent provenu* non d'un plasmarhexis, mais d'une clasmatose, c'est-à-dire que sans perdre leur noyau, les cellules épithé- lioïdes graisseuses détacheraient des portions de leur cytoplasme péri- phérique. Quelle que soit d'ailleurs l'origine de ces fragments de plasma graisseux, ils se tasseront ensuite en se condensant et fourniront la membrane caractéristique du stade terminal. Mais comme, par défini- tion, elle n'est pas formée à ce premier stade, il est difficile de fixer la limite extérieure de la cellule géante. Cette limite, très nette partout où la membrane s'ébauche (fig. 8, à droite), reste indécise là où sont incor- porées les cellules épithélioïdes (fig. 8, à gauche). Les noyaux de la cellule géante, globuleux ou irrégulièrement ellip- soïdaux, ont une taille inégale. Beaucoup atteignent 7 à 8 y. de diamètre. Ils sont épars irrégulièrement, souvent groupés par deux ou par petits îlots, distribution en relation avec les phénomènes d'amitose qu'on observe fréquemment. En effet, ces noyaux très clairs, à chromatine périphérique et à nucléole unique, montrent souvent une incisure qui devient une fissure. Dans cette amitose par fissuration comme dans celle des cellules de Sertoli, le nucléole se divise de sorte qu'on voit assez sou- vent des noyaux géminés dont les nucléoles respectifs, collés contre la membrane, sont au voisinage l'un de l'autre: fait intéressant qui semble prouver que dans une cellule en amitose les nucléoles ne sont pas élec- trisés, puisqu'ils ne se repoussent pas comme dans un noyau prêt à la division mitotique (fig. iv). Ces noyaux géminés, qui doivent être issus d'une division récente, montrent souvent une encoche annonçant une nouvelle fissuration. Sur les préparations fixées, la cellule géante est creusée d'une grande cavité où flottent librement les Sporozoaires (fig. S). On remarquera (pie sa limite reproduit leur contour et par conséquent que cette cavité repré- sente simplement la place occupée par les parasites, agrandie par l'action du fixateur qui rétracte toujours plus ou moins le cytoplasme. Celui-ci est d'ailleurs trop fluide pour contenir des vacuoles de cette forme. Des deux kystes observés, l'un contenait quatre, l'autre cinq gros SELYSINA PERFORANS 15 Sporozoaires en banane de 60 à 75 p se long. A une extrémité, qui paraît l'antérieure, ils ont un double prolongement en forme de mucron (fig. 8). En dessous, j'ai vu sur l'un d'eux une petite épine vivement colorable. La membrane assez épaisse apparaît vue de face avec des aréoles qui ne montrent aucun alignement longitudinal. Sous la membrane, pas de sar- coplasme apparent, c'est tout de suite l'endoplasme, bourré de corpus- cules de paramylon qui déterminent une structure alvéolaire. On ne voit pas d'autres inclusions notables et, tout au plus, trouve-t-on, autour du noyau et dans la zone superficielle, des plages basophiles correspondant à un plasma spécial. Le noyau est très particulier et semble se présenter toujours à un stade de division. Très allongé, il montre à chaque pôle . \ . A \ \\) •y Fia. IV. Portion d,e kyste nodulaire montrant un nid de noyaux en amitose. Noyaux géminés avec nucléoles con- UgUS. X 1250. un gros nucléole. Entre les deux nucléoles toute la substance chroma- tique est tendue en un cordon fusorial irrégulier et arqué (fig. 8). C'est une sorte de promitose dont il faudrait avoir tous les stades pour en faire une description valable. Ce qu'on en voit ici concorde avec les images données par Nagler (1909) pour les noyaux géminés d'Amœba diploidea Hartmann et Nagler. Nous pouvons seulement constater dans ce kyste que tous les Sporo- zoaires sont au même stade de multiplication. Kyste nodulaire a membrane. — A un stade plus avancé, le kyste nodulaire est parfaitement limité et séparé des leucocytes voisins par une membrane épaisse de 1 y. 5 environ. Quand on a vu le stade précédent, on n'a pas de doute sur son origine, qui se révèle encore par sa structure gaufrée et alvéolaire. Les alvéoles observables sur la préparation fixée au Bouin sont-ils remplis de graisse sur le vivant, il serait intéressant de le savoir. On admet généralement la nature lipoïde des membranes ainmales. Il est possible ici qu'aux dépens de la graisse et de molécules 16 0. DUBOSGQ complexes provenant de la dégénérescence des leucocytes adipeux se soient formés des lipoïdes, mais on peut penser aussi que, conformé- ment aux vues de Lepeschkin (1911), la membrane du kyste nodulaire contient des gouttelettes graisseuses. Quoiqu'il en soit, il ne s'agit pas d'une substance homogène. La mem- brane est structurée avec deux faces entre lesquelles sont tendues des travées alvéolaires. Les noyaux de la cellule géante ont gardé la même structure qu'au stade précédent : clairs, vésiculeux, avec un nucléole unique un peu plus gros, ils n'ont pas augmenté de nombre et ne se divisent plus. Quant au cytoplasme, il n'est guère différent non plus. Les enclaves acidophiles sont moins nombreuses et comme plus ou moins dissoutes. Il n'existe plus de grosses boules telles qu'on en voit après un englobement phago- cytaire récent. Beaucoup de corpuscules acidophiles ont des aspects de cristalloïdes fusiformes ou bacilliformes. En plus de ces enclaves, communes aux deux stades, on trouve ici deux amas de grumeaux baso- philes (fig. 9, pi. I) situés au voisinage des schizozoïtes. Je les interprète comme des reliquats de la schizogonie, ce plasma se colorant comme celui des Sporozoaires. Mais j'avoue n'être pas certain de mon inter- prétation, d'abord parce que la schizogonie, si probable qu'elle soit, n'est qu'une hypothèse, ensuite parce que dans un des kystes nodulaires sans membrane, j'ai vu aussi des amas basophiles provenant, semble-t-il, des cellules phagocytées. L'unique kyste nodulaire à membrane que je possède (fig. 9, pi. I) contient quatre grands Sporozoaires en banane et quatorze petits en deux îlots. Les quatre grands parasites ne diffèrent guère de ceux du stade précé- dent. Cependant, je ne leur ai pas vu de mucron terminal et leur noyau était au repos tout en montrant deux nucléoles polaires. Les quatorze schizozoïtes groupés en deux faisceaux inégaux ont une structure qui ne diffère en rien d'essentiel de celle des grands Sporozoaires en banane. Mais les grains de paramylon qui remplissent leur plasma sont beaucoup plus petits. Quant à leur noyau, s'il a souvent deux nucléoles polaires, il n'en a parfois qu'un seul. Celluee kystique enigmatique. — Pour ne rien écarter des docu- ments que nous possédons sur la Selysiîia, je décrirai une cellule kystique dont la signification reste enigmatique. Cette cellule géante a été trouvée par M. de Selys-Longchamps dans SELYSINA PERFORANS 17 une des préparations des statoblastes qu'il a bien voulu me donner. Malheu- reusement, en essayant de reconstituer la structure de cet élément kys tique par la superposition des coupes qui devaient le contenir, j'ai vu que la série n'était pas complète. Deux ou trois coupes ont été perdues de sorte qu'il ne reste guère qu'un hémisphère du kyste. Dans cette grosse cellule de 35 p. de diamètre (fig. 10, pi. I) on ne trouve qu'un seul noyau sphérique relativement petit, avec fins grains de chromatine et deux petits nucléoles. Le cytoplasme alvéolaire contient dans toute une zone périphérique des corpuscules acidophiles d'origine non douteuse. Par sa membrane bien développée la cellule reste séparée des leucocytes épithélioïdes qui l'entourent et la déforment en la comprimant. On a l'impression qu'il s'agit ici d'une cellule géante qu'un ou plusieurs leu- cocytes acidophiles ont contribué à former et qui devait contenir un parasite, sans doute quelque stade de la Selysina. Ce stade s'interca- lait-il entre celui de la figure 7 et celui de la figure 8, ou bien serait-ce le début d'un kyste à membrane ? Comme cela peut être encore autre chose, on perdrait son encre à discuter ces hypothèses. Kystes durables D'après les observations faites jusqu'ici, les kystes durables ou kystes à membrane épaisse doivent être classés en deux catégories : des petits kystes de 40 à 50 p de diamètre environ, observables aussi bien dans les statoblastes que dans les Ascidies développées ; des gros kystes de 180 à 500 jy., propres aux Stolonica adultes. Petits kystes. — Je ne possède que deux petits kystes. L'un, prove- nant d'un statoblaste, mesure 40 p ; l'autre trouvé, dans une Ascidie déve- loppée, a un diamètre d'au moins 50 p. Je décrirai seulement le kyste du statoblaste, le seul des deux qui soit bien fixé et bien coloré (fig. 1 1, pi. I). C'est un kyste sphérique dont la membrane a 5 ^ d'épaisseur. Elle paraît homogène, acidophile, si l'on excepte une mince couche super- ficielle qui prend un ton pourpre après coloration par l'hémalun et l'au- rantia. Le centre du kyste est occupé par un bouquet d'une dizaine de sporozoïtes dans lequel, par la situation des noyaux, on distingue facile- ment deux faisceaux, orientés tête-bêche. Ces sporozoïtes, mesurant 12 [j., ont un cytoplasme sans différenciation particulière. Le noyau situé dans la partie postérieure du corps est très petit et ellipsoïdal. Jusqu'ici rien de bien particulier, mais ce qui l'est vraiment, c'est le ÀRCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — I. 68. — F. 1. 2 18 O. DUBOSCQ cytoplasme à alvéoles réguliers, basophiles, remplissant tout le reste du kyste. Un kyste de cette dimension pourrait contenir 8 ou 10 bouquets semblables s'il n'existait ce cytoplasme, qui peut paraître vacuolisé, mais qui, en fait, est très dense, car tous les alvéoles sont certainement occupés par une sphérule de paramylon, à en juger par l'aspect réfringent du contenu alvéolaire. Je ne connais aucune structure pareille quoiqu'il y en ait peut-être de comparables. Normalement, dans un développement de schizozoïtes ou de sporozoïtes, le reliquat est central et les jeunes Sporozoaires groupés autour. Ici on voit le contraire, mais n'est-ce pas aussi à peu près le cas des Sporozoaires spéciaux, comme Joyeuxella et Eleutheroschizon que Brasil (1902-1906) nous a fait connaître. Le petit kyste est enveloppé par une membrane pourvue de quelques noyaux, représentant une cellule géante en voie d'atrophie. Toutefois ■ cette enveloppe se prolonge en pédicule comme si elle attachait le kyste à la paroi d'ailleurs voisine du statoblaste. Ce n'est donc pas une cellule géante du type de celle des kystes nodulaires, mais c'est toujours un englobement phagocytaire d'origine leucocytaire. Gros kystes. — Situation. — Perforation du tégument. — Les gros kystes, sphériques comme les petits (180 à 500 a), ne se rencontrent que chez les Stolonica adultes. J'ai déjà indiqué la proportion des indi- vidus parasités, le moment de l'année et les conditions qui paraissent le plus favorables pour la récolte. Beaucoup de kystes mûrs sont libres dans la cavité péribranchiale et, d'après certaines remarques, j'en ai déduit qu'ils doivent être souvent expulsés par le cloaque en même temps que les larves urodéles. Par contre, les kystes les moins gros semblent toujours contenus dans le mésenchyme de la paroi du corps, c'est-à-dire entre l'épiderme et l'épithélium péribranchial. Ce serait seulement en s'accroissant qu'ils tombent dans la cavité péribranchiale. Mais ils peuvent aussi être rejetés vers l'extérieur en perforant les téguments. En sep- tembre, on trouve aisément des Stolonica qui, en un point quelconque de la moitié supérieure de leur tunique orange, montrent une petite éle- vure blanche. Je donne ci-contre, d'après des croquis de M. de Selys- Longchamps, quelques figures schématiques montrant la perforation de la paroi du corps par un kyste de la Selysina. Tout d'abord (A, fig. v) le kyste, encore petit, se trouve au milieu du mésenchyme entre l'épi- derme et l'épithélium péribranchial. En s'accroissant, il soulève l'épiderme (B, fig. v), le perce (C, fig. v) et pénètre dans la tunique. Après quoi SELYSINA PERFORANS 19 (D, fig. v), l'épiderme se referme sous le kyste qui se trouve entouré complètement par la cellulose tuni- cale. Finalement (E, fig. v) la tu- nique s'ulcère et le kyste, progres- sivement mis à nu, tombe à l'exté- rieur. Je n'ai pas vu moi-même tous ces stades. Les kystes que j'ai recueillis en train de traverser l'épiderme étaient tous intratunicaux, et j'ai seulement pu noter la réaction qu'ils déterminent. L'on remarque d'abord l'épais- sissement de la tunique au niveau du kyste, épaississement réel, dûfjà l'accroissement de la substance cellu- losique et pas seulement à son refou- lement. Le mode de formation de la tunique est toujours en discussion, certains auteurs l'attribuant à l'épi- derme; d'autres aux cellules émi- grantes, qui sont des leucocytes'; d'autres à la fois à l'épiderme et aux leucocytes, et c'est l'avis de Seeli- ger (1907) qui résume bien toutes les opinions. La question n'est pas précisément tranchée par l'étude de l' épaississement tégumentaire sous l'influence du parasite. Cependant, la forme même que prennent les cellules épidermiques irritées ne laisse guère penser qu'elles contri- buent beaucoup à l'épaississement de la tunique, dû avant tout à l'abondante émigration des leu- cocytes. ^4. XJ c l'iG. V. Schéma montrant les stades successifs A, B, c, V, E de la perforation de l'épiderme et de la tu- nique de Stolonica par un kyste de Selysina. C'est dans la partie sous-jacente au kyste qu'on peut obser la 20 0. DUBOSCQ réaction déterminée par le parasite. En général, on distingue les couches suivantes : 1° Au contact du kyste un certain nombre de cellules en dégéné- rescence. Il y a là une zone de liquéfaction où se montrent les éléments actifs de l'ulcération, qui sont des leucocytes en cytolyse (c, fig. vi); K G ;»•,*. .•"■ v.» • ? k * « ^ # a &(* • © o ^ 0 q ® «s ® l- 3 *-- -C---.-.- - -:é*w.. '"' Fig. VI. Portion de la tunique de Stolonica au-dessous d'un kyste de Sdygina. k, membrane du kyste ; c, leuco cyte en dégénérescence ; t, fibres de la tunique ; l, leucocytes émigrés au-dessus de l'épithélium ; e, épi- derme. X 1000. 2° Au-dessous, une zone fibrillaire avec noyaux allongés, structure normale de la tunique (/, fig. vi) ; 3° Une zone de leucocytes tassés en deux ou trois rangs au-dessus de l'épiderme. Elle témoigne de l'activité de l'émigration des globules sanguins (l, fig. vi) ; 4° L'épiderme se présentant sous un aspect remarquable. Ses cellules nombreuses sont hautes, étroites, et poussent un prolongement distal qui les fait ressembler à des cellules sensorielles (e, fig. vi). N'est-ce pas d'ailleurs l'irritation qui crée la cellule sensorielle ? Le fait est frappant SELYSINA PERFOBANS 21 ici1. Tandis que les cellules mésenchymateuses s'orientent en s'étirant parallèlement à la surface irritante, la cellule épithéliale s'étire perpen- diculairement, c'est-à-dire radiairement par rapport au kyste. On en a encore une preuve dans certains cas où l'on observe des lambeaux d'épithélium entraînés en pleine cellulose par le kyste qui les a refoulés. Ces cellules épithéliales, qui sont en dégénérescence avec noyau pycno- tique, conservent leur orientation radiaire autour du kyste. Structure des gros kystes. — Quelle que soit leur taille, les gros kystes ont sensiblement la même structure. Protégés par une membrane très épaisse d'un blanc jaunâtre, ils sont remplis d'une sérosité dans laquelle flottent, plus ou moins serrées, des masses plurinucléées et des héliospores. Membrane. — Des diverses parties constitutives d'un kyste, c'est la membrane qui est la plus variable. Les variations d'épaisseur dépendent surtout de la dimension du kyste, c'est-à-dire sans doute de l'âge. Tel kyste de 250 p a une membrane de 10 p., tandis que dans un kyste un peu plus grand (300 à. 400 p.) elle aura 20 p. Dans un gros kyste de 550 ^ elle mesure de 36 à 40 m. Bien que le kyste soit sphérique on trouve certaines zones où la membrane est plus épaisse. Chez les jeunes kystes, elle est formée de nombreux strates successifs qui, sur les coupes, apparaissent fortement ondulés, surtout dans les couches externes. Elle ne se colore pas uniformément. On peut distinguer une pellicule externe basophile avec de très légères proéminences, qui deviennent plus marquées sur les kystes plus gros. Toute la zone très épaisse est acidophile, mais on retrouve régulièrement une zone baso- phile interne (fig. x, p. 26). Dans les kystes plus âgés (fig. vit) la membrane a une autre appa- rence. Au lieu d'être continue, elle se montre composée de prismes en- grenés les uns avec les autres. En certains secteurs ces prismes ont vers la profondeur leurs arêtes repliées de telle sorte qu'en coupe ils paraissent imbriqués. On distingue encore les diverses zones : une pellicule hérissée de petits mamelons ou aspérités ; une zone basophile interne avec liséré étroit limité par un double contour ; entre les deux, l'épaisse couche acidophile. qui, au lieu de montrer les strates successifs des membranes 1. Chez les Invertébrés, les épithéliums ne répondent pas à l'irritation de la même façon que les cellules du mésenchyme et ce fait explique certainement beaucoup de structures normales. Je ne crois pas qu'un épithélium d'Invertébré soit capable de former autour d'un parasite des strates cellulaires en bulbe d'oignon, comme le font si souvent les cellules conjonctives. Et au contraire, chez les Vertébrés, nous connaissons au moins les cornés des épithéliomas pavimenteux. 22 0. DUBOSCQ jeunes, apparaît homogène, piquetée tout au plus de points brillants, qui sont de fines vacuoles. La couche acidophile est ici, au moins dans sa zone moyenne, plutôt amphophile (fig. 12, pi. I). Malgré son aspect chitineux, la membrane est de nature albuminoïde. Très soluble dans la potasse à chaud, elle prend une couleur acajou clair avec le réactif de Millon. Elle est élastique et extensible et on s'en rend compte en piquant les kystes avec une aiguille, comme on le fait lorsqu'on I ._-- Q Fia. vil. Coupe d'un vieux kyste de Sdysina. m, membrane du kyste ; a, petit îlct nucléé b, grand ilct nucléô c, héliospore ; u, concrétions centrales, x 200. veut assurer une bonne fixation. Il peut arriver, dans cette manœuvre, qu'on déprime fortement sans la crever cette membrane extensible, qui reste alors amincie et profondément invaginée après la fixation. Cette observation permet de comprendre le mode d'accroissement du kyste, qui ne nous paraît pas douteux, malgré que les structures soient les mêmes dans les kystes de 180 [j. que dans ceux de 600 y.. La mem- brane augmente beaucoup d'épaisseur durant l'accroissement du kyste et nous devons nous demander par quel mécanisme. Un fait important, que je n'ai pas encore signalé parce qu'il en sera question plus loin, les jeunes kystes sont englobés dans un plasmode ou SELYSINA PERFORANS 23 cellule géante à qui l'on pourrait attribuer un rôle dans la formation de la membrane, ne serait-ce que pour constituer la pellicule externe. Je ne crois pas à ce rôle de la cellule hôte. La membrane paraît entiè- rement sécrétée par le parasite, des gouttelettes d'une substance pareille à celle qui la constitue se trouvant fréquemment non seulement à sa face interne, mais aussi en dessous, en plein plasma, où elles doivent prendre naissance. Voici, du reste, un autre argument justifiant cette interprétation. Au centre de certains kystes (u, fig. vu) existe un amas de concrétions jaunâtres, les unes sphériques, les autres régulières, souvent lobulées comme si elles étaient formées de plusieurs sphérules agglomérées. Or, la substance de ces concrétions paraît identique à celle de la membrane, dont elles ont la couleur et les réactions. La région centrale est de même piquetée de petites vacuoles. Et l'on retrouve aussi des zones de chromo- philie différente, la partie périphérique se colorant assez fortement tandis que la partie centrale reste achromatique. Il s'agirait donc de kystes produisant en excès cette sécrétion qui, normalement, constitue la membrane, et qui se dépose au centre du kyste quand elle est sura- bondante. Plasma interstitiel. — Les éléments essentiels du contenu du kyste, îlots plurinucléés et héliospores, sont plongés dans un liquide albumineux, qui remplit tout le kyste et se coagule après fixation. Il est superflu de décrire les apparences de cette sérosité coagulée. Elles varient selon les fixateurs, qui peuvent déterminer la formation de vacuoles ou de réseaux. Les granulations qu'on y rencontre sont de diverses sortes, surtout dans les gros kystes où beaucoup d'îlots ont dégénéré. Les plus communs sont des sphérules éosinophiles (s, fig. 12, pi. I). Ilots ntjcléés. — Moins le kyste est gros, plus les îlots nucléés sont serrés. Progressivement, beaucoup d'entre eux dégénèrent, de sorte que la sérosité, qui contient les produits de leur fonte, est plus abondante dans les vieux kystes. Les îlots nucléés peuvent être distingués en globules et en globes plurinucléés. Les globules ou petits îlots mesurent de 8 à 10 w de diamètre. Leur nombre est toujours inférieur à celui des grands îlots, parmi lesquels ils sont épars sans ordre. Ils ont de 1 à 3 noyaux avec chromatine abondante et un petit nucléole. Le cytoplasme montre de nombreuses granulations sidérophiles surtout périphériques (mitochondries ? ) Par l'action du « 24 0. DUBOSCQ Soudan ou de l'acide osmique, on ne met en relief généralement qu'une seule gouttelette de graisse dans chaque îlot, parfois on en trouve deux et même quatre. L'iode teint ces îlots en jaune et, seule- ment dans quelques-uns, fait apparaître en brnn de fins grains de para- glycogène. On observe des formes de passage entre les petits et les grands îlots. Les grands îlots ou globes plurinucléés, très denses dans les jeunes kystes, deviennent beaucoup moins serrés au fur et à mesure du déve- loppement, parce qu'ils ne croissent pas au-dessus d'une certaine taille (28 à 30 jj. de diamètre) et que beaucoup d'entre eux sont alors en dégénérescence (d, fig. 12) contribuant, comme il vient d'être JL V dit, à augmenter par I % ■ leur fonte le plasma % interstitiel. Ceux qui • • ■ • u- ■ sont encore bien vi- # ^ vants ont en moyenne 9S *|| r 20 [x de diamètre. A Leurs noyaux, petits m (2 ^ 5), au nombre d'une dizaine, ont un Fia. vin. Grands ilôts muléés colorés au Soudan pour montrer les globules i ' i > • i > graisseux, x.iooo. gros nucléole périphé- rique et des grains chromatiques constituant eux-mêmes la membrane nucléaire. Ce cytoplasme est riche en inclusions : D'abord des granules sidérophiles, beaucoup moins nombreux que dans les petits îlots. Puis quelques globules d'une graisse vivement colorable par le soudan, mais prenant seulement un ton gomme gutte avec l'acide osmique. C'est une graisse liquide ou semifluide, car certains de ces globules rejetés à l'extérieur s'allongent; d'autres se moulent dans les interstices des autres enclaves (fig. vin). Enfin deux sortes de sphérules également abondantes, et que déjà l'on distingue bien sous l'action de l'acide osmique, les unes étant grosses et moins réfringentes que les autres. Les premières sont des sphérules qui paraissent être de nature albuminoïde. Par le Giemsa elles se colorent en rouge violacé (a, fig. 13, pi. I), tandis que les petites sphérules n'ont SE L Y SI N A PERFORANS 25 de coloré qu'un grain central, structure typique du paraglycogène des Sporozoaires (p, fig. 13, pi. I). Si la plupart des grands ilôts ont une surface plus ou moins arrondie, chez certains, au moins sur les coupes, on voit en face des noyaux une proéminence qui rappelle le perlage des Coccidies et Grégarines (B, fig. ix ). On trouve même souvent, au sommet de la protubérance, un grain sidérophile qui pourrait être un centriole. Apparemment cela semble le début des héliospores, mais il y a des objections à cette interprétation, comme nous le verrons plus loin. Héliospores. — Les héliospores toujours peu nombreuses sont situées •® €>' B # « © $ «rj. 6® * Fig. ix. Principaux éléments du contenu du|kyste. A, petit îlot nucléé. B, Grand îlot nucléé. 0 .héliospore. Bouin alcoolique. H. F. x 1450. dans la zone moyenne des kystes, c'est-à-dire jamais à la périphérie ni au centre. Elles sont formées par une cinquantaine de sporozoïtes groupés autour d'un reliquat central (h, fig. 12, pi. I et fig. ix). Le reliquat est sphérique, de 12 à 15 [x de diamètre, et contient des grains ou sphérules ainsi que des filaments sidérophiles, puis quelques corpuscules de paramylon. On retrouve les mêmes éléments dans les reliquats des schizozoïtes des Aggregata. Les sporozoïtes (ou schizozoïtes) ont une structure constante. Us sont arqués, assez trapus, et mesurent 15 [x de longueur. En avant est un mucron tronconique à parois rigides. Il semble bien qu'il existe à son sommet un double grain. Dans le corps du sporozoïte nous devons distinguer une portion anté- 26 0. DUBOSCQ rieure à cytoplasme dense, laquelle, dans certaines colorations, montre superficiellement des stries spirales qui paraissent correspondre à des myonèmes. L'axe de cette première région, qui comprend un peu plus du tiers antérieur, est occupée par une formation filamenteuse sidérophile, simple en avant et dédoublée en arrière. En général, un des filaments est plus court et plus fin que l'autre, les deux se terminant par un bouton (C, fig. ix). Dans les sporozoïtes colorés à l'hémalun après fixation au Bouin, on voit des filaments se perdre dans une masse basophile, qui Fig. x. Portion périphérique d'un jeune kyste durable de Selysina. e, enveloppe périkystique ; k, membrane du kyste, x 1000. occupe le milieu du corps du sporozoïte, et dont les limites sont souvent ncertaines (fig. 14, pi. I). La moitié postérieure du corps est faite d'un cytoplasme plus clair, granuleux, et c'est toujours vers l'extrémité postérieure qu'on trouve le noyau, bien qu'il y ait en arrière de lui une zone où l'on observe un ou plusieurs grains de volutine (fig. 14, pi. I). Le noyau est très petit (à peine 2 |u), ellipsoïdal. Comme beaucoup de noyaux coccidiens, il n'a pas de membrane définie, de sorte que la chromatine périphérique se montre souvent en grains saillants. On observe un nucléole ou karyosome périphérique, qu'une desmose relie souvent à un grain sidérophile extra- nucléaire. Je ne puis affirmer que les grains de volutine soient des produits nucléolaires, bien que, par l'hémalun, nucléole et grains métachroma- tiques se colorent pareillement. Enveloppe des jeunes kystes. — Les jeunes kystes sont entourés SELYSINA PERFORANS 27 d'une enveloppe périkystique, qui est un plasmode, c'est-à-dire une cellule géante. Ce plasmode a une épaisseur d'environ 6 jx. Extérieurement, il est limité par une membrane acidophile à double contour. En dessous d'elle, on peut voir une ou plusieurs différenciations lamellaires parallèles. Les noyaux épars sont assez nombreux et de taille très différente. Les uns, ovalaires, avec un seul nucléole et quelques grains de chromati ne, peuvent n'avoir que 2 p. Les plus grands, plus ou moins étranglés et lobés, toujours très aplatis dans un plan parallèle à la membrane, atteignent jusqu'à 30 ii (fig. x). Ils ont plusieurs nucléoles et des grains chromatiques assez nombreux. Entre les deux types, on trouve les états intermédiaires. Il n'est guère douteux que les grands noyaux se fragmentent et que ces divisions amitotiques soient l'origine des petits noyaux \. Les nucléoles se divisent sans doute eux-mêmes dans ces amitoses, et peut-être par une sorte de processus mitotique, à en juger par des aspects qui rappellent ceux qu'ont décrits Labbé (1899) dans les œufs de Myriothela et Aimé (1908) dans l'organe de Bidder. Cette enveloppe kystique s'atrophie pendant l'accroissement des kystes et les plus grands n'en montrent aucune trace. Le cycle hypothétique Selysina perforans est certainement un Sporozoaire au sens strict du mot. Cependant, une première question se pose. Sommes-nous sûrs que les divers stades trouvés chez Stolonica se rapportent à un seul para- site ? Les spores monozoïques et les kystes nodulaires des statoblastes appartiennent-ils au même Sporozoaire que les kystes durables de l'As- cidie adulte ? Les éléments du kyste nodulaire, aussi bien les grands stades en banane que les schizozoïtes élancés avec noyau à membrane distincte, ont un air grégarinien. Au contraire semblent plutôt cocci- diens le barillet du petit kyste durable ou les héliospores des grands kystes ; car leurs sporozozoïtes ont la forme trapue, le noyau sans mem- brane définie des jeunes stades de Coccidiomorphes. Si subtils que soient ces caractères, ils ne sont pas négligeables, puisqu'ils permettent des diagnostics justes dans des cas difficiles. Ainsi, tant qu'un sporozoïte de Nematopsis reste replié dans sa spore, la contraction de l'état de repos 1. Ces noyaux de l'enveloppe des jeunes kystes de Selysina rappellent de très près le3 soi-disant noyaux végé- ta'ifs du kyste de Nosema anomalum. Stempell (1904) fait d'ailleurs dériver des gros noyaux lobés les petits noyaux (des sporontes 1) par des processus amitotiques pareils à ceux qu'on observe ici. 28 0. DUBOSCQ dissimule sa nature. Sitôt qu'il sort dans l'intestin du crabe, sa silhouette élégante, son noyau clair et bien limité, ses mouvements de glissement vous font dire : « C'est une Grégarine. » Mais, pour se fier à des carac- tères aussi inconsistants, il faut qu'ils concordent, aucun d'eux pris à part n'ayant de valeur décisive. Les vermicules nématoïdes d'un Séle- nococcidium auraient tout d'une Schizogrégarine si le noyau était limité par une membrane nette. Or, les grands stades en banane de Selysina sont beaucoup moins grégariniens que les vermicules nématoïdes d'une Prococcidie et plus coccidiens que les macrogamètes de YOrcheobius, Adéleïdée typique. La schizogonie à répétition caractérise les Coccidiomorphes. Nous la constatons, semble-t-il, dans les kystes nodulaires, et la transformation du petit kyste durable en gros kyste ne peut se comprendre que par une succession de schizogonies. L'analogie de l'évolution dans les kystes nodulaires et durables tend à prouver qu'ils font partie du cycle d'un même Sporozoaire et c'est l'opinion la plus soutenable. Comment interpréter cette évolution ? Partons de la spore, qui, étant le produit de la fin du cycle, contient le sporozoïte, qui en est le début (fig. 3, pi. I). Ce sporozoïte sort de la spore par l'orifice polaire sans l'intervention d'aucune action digestive, et, soit qu'il reste dans la même cellule-hôte qui résorberait la membrane spo- rale, ou plutôt qu'il pénètre dans mie nouvelle cellule, il commence son accroissement. D'abord allongé (fig. 5, 6), il devient plus trapu (fig. 7), et bien que cela n'ait pas été vu, il doit s'accroître jusqu'à une taille d'une soixan- taine de p pour fournir une première schizogonie dans la cellule géante. Comment se fait cette schizogonie? Nous n'en savons rien. Probablement, la schizonte s'arrondit pour évoluer en barillet coccidien. Toutefois les divisions nucléaires doivent commencer avant la transformation en boule du schizonte à en juger par le stade de la figure 8, qui, dans mon interprétation, représente des éléments issus de la première schizogonie. Il est naturel d'admettre que la première schizogonie se fait comme la seconde, et c'est celle-ci que nous observons dans les kystes nodulaires développés. Dans le kyste de la figure 8, nous voyons donc des schizontes issus de la première schizogonie commencer leurs divisions, et dans le kyste de la figure 9 trois schizontes sont encore au repos, tandis que deux autres ont fourni des schizozoïtes. La disposition parallèle des schizozoïtes dissociés semble indiquer un groupement antérieur en barillet. Ainsi se trouve interprétée la première partie du cycle. SEL Y SI N A PERFORANS 29 Certes, on peut faire d'autres hypothèses : par exemple, que les stades des figures 5 et 6 au lieu de provenir d'une spore sont des schizozoïtes de kystes nodulaires. L'interprétation proposée plus haut a pour elle : d'une part, que les cellules géantes primitives datent du début de sep- tembre, moment où les kystes nodulaires ne sont pas développés, d'autre part, que les stades en question n'ont qu'un nucléole comme les sporo- zoïtes, tandis que les schizozoïtes en montrent souvent deux (fig. 9). Restent les kystes durables. Quelle est leur origine ? Sont-ils issus d'une dernière schizogonie qui donnerait des gamontes ? Ou bien pro- viennent-ils du développement d'un kj^ste ? Je préfère la première hypo- thèse, car j'admettrai que les spores monozoïques sont produites par des copula et elles ne se forment certainement pas dans les kystes durables dont les héliospores fournissent tout au plus des gamontes. Le plus jeune stade connu de kystes durables (fig. 11) nous montre déjà un barillet de schizozoïtes suspendu au centre d'un réseau anucléé. Il doit dériver d'un gros Sporozoaire qui, après enkystement, subit une schizogonie où noyau et plasma germinatif restent au centre, tandis que les réserves non absorbées forment un reliquat périphérique. Pour moi, les grands kystes représentent l'accroissement direct des petits kystes à la suite d'une évolution qu'il n'est pas simple d'imaginer, car il faut passer du stade de la figure lia celui delà figure 12. Par les caractères de leur noyau et par leur forme, les sporozoïtes des barillets ressemblent beaucoup à ceux des héliospores. Mais, de ce qu'ils sont un peu plus petits, nous pouvons déduire l'existence de plusieurs schi- zogonies successives dans les kystes durables. Les schizozoïtes de la première génération, c'est-à-dire du barillet, doivent donc grossir et fournir tous les éléments du grand kyste. Parmi les hypothèses ou déduc- tions qu'on peut faire sur le développement du kyste durable, je propose provisoirement celles-ci : 1° Il y a plusieurs schizogonies successives; 2° Les petits îlots nucléés, dont certains n'ont qu'un noyau, proviennent de la mise en boule des schizozoïtes verrniculaires dont les noyaux ont même structure ; 3° Les petits îlots s'accroissent pour donner les grands îlots, car on trouve des stades intermédiaires ; 4° Certains îlots donnent des héliospores ; 5° La plupart des îlots nucléés dégénèrent et ne représentent qu'un matériel nutritif. 30 0. DUBOSCQ Maintenant, comment des grands kystes à héliospores passe-t-on aux spores monozoïques, transmises par l'Ascidie mère à ses bourgeons. Les kystes durables sont rejetés à l'extérieur, et, comme leur sort n'a pas été suivi, il faut le deviner, ce qui est bien difficile. Y a-t-il un second hôte ? L'idée n'est pas à rejeter définitivement, bien qu'elle paraisse improbable avec le mode de vie des Ascidies. Les hypothèses possibles sont si nombreuses qu'il y aurait quelque ridicule à les examiner l'une après l'autre. Comme je cherche simplement à insérer les faits connus dans un cycle admissible, je supposerai que des kystes durables sortent finalement des gamontes ou gamètes, qui reviennent dans le tube digestif de la Stolonica avec les Protistes attirés par le courant d'eau du siphon buccal. Les spores monozoïques seraient des ookinètes, qui s'enkystent dans le mésenchyme après avoir traversé la paroi intes- tinale. Affinités En cherchant à comprendre l'évolution de la Selysina, j'ai déjà indi- qué quelques-unes de ses affinités. Mais, pour les discuter, on ne doit pas trop tenir compte du cycle puisqu'il est hypothétique. Sur les faits établis, en admettant bien entendu qu'ils s'appliquent à un seul et même être, on peut montrer que la Selysina s'apparente aux trois grands groupes de Sporozoaires, c'est-à-dire aux Grégarines, aux Coccidies et aux Sarcosporidies. Pour la rapprocher des Grégarines nous pouvons invoquer plusieurs caractères importants. D'abord le stade de début, la spore monozoïque isolée, connue seulement dans les Schizogrégarines (Porosporides, Spi- rocystides). Et, justement, celle de la Selysina est incluse dans un pha- gocyte comme les Nematopsis. Le sporozoïte élancé avec membrane distincte a aussi un air grégérinien. De même les stades en banane, car on ne trouve guère de Coccidies adultes qui aient gardé la forme du sporo- zoïte. La membrane de ces grands stades présente un réticule assuré- ment différent des sillons longitudinaux des Grégarines, mais celles des Coccidies est toujours lisse. Enfin, j'ai été amené à interpréter les kystes durables comme des gamontes enkystés, et ceci est un caractère gréga- rinien. Les affinités avec les Coccidies sont indéniables. D'abord, si les stades en banane rappellent la forme des Grégarines, ils se rapprochent au moins autant des macrogamètes de YOrcheobius Herpobdellœ. Leur aspect SELYSINA PERFORANS 31 trapu, rigide, l'absence de myonèmes sont des indices de leur nature coccidienne. Les kystes durables, malgré leurs particularités, semblent bien de Coccidiomorphes. Le barillet du petit kyste et les héliospores des grands kystes apparaissent vraiment coccidiens, surtout quand on étudie dans le détail la structure des mérozoïtes qui les forment. Ces éléments sont arqués, trapus. Leur noyau à grains chromatiques nombreux n'a pas de membrane distincte et leur cytoplasme montre, d'une part, des grains de volutine, inclusion coccidienne, d'autre part, une formation axile sidé- rophile, sorte de rhizoplaste tout pareil à celui que Léger et moi (1908) avons décrit chez les Aggregata (fig. xi). Cependant les héliospores n'ont en elles-mêmes rien de caractéristique puisqu'on les trouve dans tous les groupes de Sporozoaires, Grégarines (Porosporides), Coccidies (Aggregata), Plasmodides et Sarcoporidies. C'est peut-être même dans ce dernier ordre, qu'elles sont le plus communes. De quelque façon qu'on inter- prète le kyste de Gillruth, qu'on en fasse avec Chat- Fio. xi. Schizozoïfces ton (1910) un genre a part (Gastrocystis), ou avec à- Aggregata ebenu Alexeieff (1913) un simple stade de Sarcocystis, sa F. x 22ooemm nature sarcosporidienne n'est guère douteuse, surtout depuis les travaux de Besnoit et Robin (1912), de Franco et Borges (1915) et de Gillruth et Bull (1912) K Le Sarcocystis macro podis en particulier, nous montre des kystes à héliospores (blastophores de Gill- ruth), comme le Gastrocystis des moutons. Leur disposition est celle des Aggregata. Par conséquent, puisque nous avons comparé la Selysina aux Coccidies hétéroïques des Crabes et Céphalopodes, il y a des raisons de la rapprocher des Sarcosporidies. Mais les affinités avec celles-ci sont moins étroites à en juger par la structure des schizozoïtes. Ceux des Sarcocystis manquent de rhizoplaste et l'absence de cette différencia- tion n'est pas compensée par la similitude des noyaux ou la présence de la volutine. Pourtant, quelques analogies sont encore à invoquer. Les grands kystes durables semblent réaliser le type classique de la Néosporidie en montrant dans un même kyste des éléments à différents stades de déve- loppement. C'est sans doute l'argument le plus fort pour le rapproche- 1. M. Mksnil a eu l'amabilité d'attirer mon attention sur les travaux de ces auteurs et de me les prêter alors qu'il m'était difficile de me les procurer. Je l'en remercie bien vivement. 32 0. DUBOSCQ ment de Selysina et de Sarcocystis, bien que les évolutions ne soient cer- tainement pas superposables. La membrane hyaline épaisse, entourant le kyste de Besnoitia, pour- rait être comparée à celle de nos kystes durables, pour peu qu'on se mé- prenne sur son origine. Chez Besnoitia, elle est formée non par le parasite, comme le croient Franco et Borges (1915), mais par les cellules épithé- lioïdes qui l'entourent, et la comparaison avec Selysina, pour avoir quelque portée, devrait être faite plutôt avec la membrane mince des kystes nodulaires qu'avec celle des kystes durables. Enfin, la formation des cellules géantes plurinucléées est si rare chez les Sporozoaires que les descriptions qu'en ont données Besnoit et Robin, Franco et Borges chez les Sarcocystis peuvent faire croire à une parenté avec notre Selysina. Les deux formations réactionnelles seraient- elles semblables qu'elles n'auraient pas grande valeur pour la discussion des affinités, puisque des cellules géantes pareilles sont provoquées par les parasites les plus divers. Mais, malgré les apparences, les kystes de la Selysina se développent autrement que ceux des Sarcosporidies. Nous revenons plus loin sur cette question des cellules géantes. En résumé, Selysina perforans réunit en elle des caractères des trois grands groupes de Sporozoaires, et, tant que nous ne connaîtrons pas sa reproduction sexuée, nous n'aurons pas de certitude sur ses affinités les plus proches. Quand on ignore la structure des gamètes et en parti- culier du gamète mâle, on manque d'un élément vraiment important pour déterminer la parenté. A son défaut, nous devons nous contenter de la structure des jeunes stades qui, à notre sens, vient ensuite dans la subordination des caractères. Or, des schizozoïtes pareils à ceux de la Selysina ne se rencontrent que chez les Coccidies. Nous ne connaissons de formation axile semblable que chez les Aggregata. Awerinzew (1913) en attribue une analogue au parasite du sang de Rana nutti, et aussi (1908-1909) aux corpuscules inclus dans le cytoplasme d'une Grégarine d'Amphiporus. Le parasite de Rana nutti paraît être une Hémogrégarine, autrement dit une Hémococcidie. Quant aux corpuscules de la Gréga- rine d'Amphiporus, Awerinzew qui les interprète comme schizozoïtes avait admis d'abord qu'ils pouvaient être des parasites, opinion sans doute préférable à celle qu'il adopte, les Microsporidies des Grégarines ayant été méconnues plus d'une fois par les protistologues1. La pré- 1. Mesnil (Bull. Inst. Pasteur, T. VII, 1909) dans son analyse du travail d'Awerinzew émet aussi l'avis que ce schizozoïtes sont des parasites. SELYSINA PERFORANS 33 sence de la formation axile sidérophile reste donc une forte preuve des affinités de la Selysina avec les Coccidiomorphes. Sa parenté avec les Schizogrégarines et les Sarcosporidies n'en sub- siste pas moins et, comme la plupart de ses stades apparaissent sous des aspects spéciaux et même inconnus jusqu'ici, nous croyons qu'il faudra créer pour le parasite de Stolonica un ordre nouveau dans la classe des Sporozoaires. Avant de l'établir, il est prudent de réclamer de nouvelles recherches et de se contenter d'un petit groupe mal défini de Sélysinides, .qu'on pourrait placer provisoirement au voisinage des Coccidiomorphes. Remarques sur les cellules géantes La question des cellules géantes a été traitée si complètement par Prenant (1910) qu'il semble superflu d'y revenir. Cependant la notion de cellule géante a une importance telle en Protistologie et à plusieurs points de vue que je me permettrai d'aligner ici quelques remarques, simples annotations à la mise au point de Prenant. DÉFINITION DE LA CELLULE GÉANTE. — PRENANT, a vec LaULANIÉ (1888), définit la cellule géante « une cellule de très grande taille, de trop grande taille », c'est-à-dire « une cellule affectée de l'anomalie propre aux indi- vidus qui dépassent la taille accoutumée des individus de leur espèce » Comme cette définition, qui est claire, manque de précision, Prenant la complète en la limitant. Toutes les cellules de grande dimension, dit-il, ne sont point des cellules géantes. Ainsi l'ovule, les cellules de Nassonow des Ascaris, les cellules nerveuses ramifiées à l'infini ne peuvent être classées comme cellules géantes, parce que, dans ces gigantesques cel- lules, la loi de rapport de masse entre le protoplasma et la substance nucléaire a satisfaction de façon ou d'autre. Tantôt, comme dans l'ovule, le noyau est unique, mais énorme. Tantôt, comme dans les cellules mus- culaires, la substance nucléaire est répartie en des noyaux multiples. » Ainsi donc la cellule géante serait une cellule de très grande taille avec un rapport karyocytoplasmique anormal. Cette définition échappe-t-elle à la critique ? A-t-on vraiment prouvé que le rapport karyocytoplasmique devient anormal dans toutes les cellules géantes 1 Siedlecki (1911) a montré que, dans les cellules géantes parasitées par les Sporozoaires, ce rapport, dont il a étudié minutieuse- ment les variations, restait dans les limites ordinaires, et revenait même à la valeur originelle si l'on considère la cellule-hôte et le parasite comme Arch. de Zool. Exp. et Gén. — T. 58. — F. 1. 3 34 0. DUBOSCQ un complexe symbiotique, un tout où l'on calcule le rapport des volumes (ou des surfaces) nucléaires et cytoplasmiques en les additionnant res- pectivement. Néanmoins, dans beaucoup de cellules énormes, le rapport karyocy- toplasmique est anormal. Ainsi dans l'ovocyte à la fin de l'accroisse- ment, ou dans une Grégarine à l'état de sporadin, ou un Radiolaire ou une Trichonymphine à l'état de trophozoïte. Mais, Prenant trouverait abusif de qualifier de cellule géante un Radiolaire ou une Grégarine puisqu'il refuse à l'œuf mûr cette appellation. Pour lui, cer- tainement, la Thalassicola ou la Porospora du Homard ayant la taille accoutumée des individus de leur espèce » ne peuvent rentrer dans le cadre des cellules géantes. Je crois au contraire, malgré l'opinion cou- rante, qu'il y a grand intérêt à qualifier de cellules géantes toute cellule qui dépasse la taille normale des cellules de l'espèce. Reste à préciser ce que nous devons entendre par taille normale des cellules d'une espèce. Cette taille varie dans de certaines limites. Une cellule reste normale tant que son noyau peut se diviser par mitose régulière avec le nombre normal des chromosomes de l'espèce. Or, les chromosomes d'une espèce donnée ne correspondent pas à une quantité fixe de chromatine. Ils peuvent être plus ou moins gros, ainsi qu'on le voit très bien aux premiers stades de la segmentation dans les œufs de Métazoaires ou dans les divi- sions nucléaires des Protistes. Mme Erdmann a établi pour l'Oursin que les chromosomes au stade Pluteus n'ont que le l/40e du volume des chromosomes du premier fuseau. Après R. Hertwig (1902), Farmer et Digby (1914) ont insisté sur cette variation des dimensions des chro- mosomes chez un même animal ou végétal. Elle est aussi étendue chez les Protozoaires. Chez Anoplophrya Brasili Léger et Dub., les grands individus ont des micronucléus beaucoup plus gros que ceux des petits, malgré que le nombre de chromosomes soit constant. Dans les noyaux en multiplication de Nina Gracilis Grebn. on trouve toujours quatre chromosomes, et leur grosseur dans les premières mitoses est au moins triple de celle des chromosomes des dernières. Il y a cependant une limite à la taille du chromosome, et par consé- quent au volume du noyau normal. Quand la chromatine s'accroît au delà d'une certaine quantité, le noyau est polyénergide ou surchargé de trophochromatme. S'il est polyénergide, il pourra se diviser par une mitose ou une amitose multiple (Radiolaires, Sporozoaires, ïrichonym- phines, cellules des tumeurs et de la moelle des os). Est-il simplement SELYSINA PERFORANS 3/5 surchargé de trophochromatine, il la rejettera au moment de la mitose (la plupart des œufs) ou préalablement par la reconstitution d'un noyau normal (Grégarines, Aggregata). Je propose donc d'appeler cellule géante toute cellule dont la quantité de chromatine dépasse celle qui peut se répartir dans le nombre normal des chromosomes de l'espèce, et, dès lors, prennent place dans le cadre des cellules géantes beaucoup de cellules que Prenant en éliminerait, par exemple la plupart des œufs mûrs, les glandes unicellulairas de nom- breux Invertébrés, enfin la plupart des Protozoaires dont le tropho- zoïte atteint une grande taille. Dobell (1911), dans ses Principes of yrotistology , pleins d'idées originales et fortes, a très bien montré que de pareils éléments ne sont pas homologues aux cellules ordinaires, mais il en a conclu qu'un œuf, pas plus qu'un Protozoaire, n'est une cellule. Sans vouloir défendre la théorie cellulaire qui, en Protistologie, est inappli- cable dans un certain nombre de cas. et en particulier aux organismes ou stades sans noyau défini, il me semble que l'on peut hésiter à accepter la conclusion intransigeante de Dobell, et que les éléments qu'il se refuse à appeler cellules peuvent être classés dans les cellules géantes. Car une cellule géante a des caractères que n'ont pas les autres cellules et manque de quelques-unes des propriétés des cellules ordinaires. Caractères morphologiques des cellules géantes. — Les cellules géantes se distinguent des cellules normales par des caractères morphologiques que Prenant a mis en relief. Le cytoplasme « délicat, difficile à fixer » est bien celui du kyste nodulaire de la Selysina. Il appa- raît aussi très clair et comme chargé d'eau, caractère fréquent, bien noté par Siedlecki (1901-1907) pour les cellules parasitées par les Sporo- zoaires. A remarquer aussi les enclaves, d'autant plus fréquentes que la cellule géante est douée du pouvoir phagocytaire. « Il se développe, dit Prenant, au niveau de la surface de contact de certaines cellules géantes fixées, une bordure en brosse (ostéoclastes, Myxidium Lieberkuhni) ». Elle peut même exister sur des cellules géantes fibres et sur toute leur surface. C'est le cas du Gastrocystis (Chatton 1910) ou de certaines Aggreyaia. Les soi-disant 3Iyxo<-y*iis (Mrazek 1897. Hesse 1905) nous montrent tous les stades entre poils épars et brosse dense allant jusqu'à former une cuticule alvéolaire. On est mal fixé sur l'origine de la membrane de beaucoup de kystes cnidosporidiens. Chez la Selysina, ce sont les cellules graisseuses épithé- lioïdes qui forment celle du kyste nodulaire. Nous trouvons, en effet 36 0. DUBOSCQ souvent, autour de la cellule géante, des cellules de même nature groupées en cellules épithélioïdes et Laulanié (1888) en faisait des « satellites nécessaires ». Les noyaux peuvent être uniques et énormes, ou bien multiples. Dans les exemples de cellules géantes que donne Prenant les noyaux sont toujours nombreux. Mais ce n'est pas là un caractère indispensable. La cellule hôte de Caryotropha est sûrement une cellule géante. Or, d'après Siedlecki (1907), son noyau, d'abord unique, se multiplie par amitose en un certain nombre de noyaux qui se tassent et se fondent en un noyau géant définitif, phénomène rare assurément, mais qui se passe peut-être dans l'enveloppe du kyste durable de Selysina où l'origine des grands noyaux est mal élucidée. Quand les noyaux sont nombreux, leur répartition est variable. Assez souvent, ils s'ordonnent en couronne périphérique. C'est le « type de Langhans » dont le nodule tuberculeux fournit l'exemple classique. Léger et moi (1900) avons décrit la même disposition pour les noyaux des cellules géantes parasitées par Gregarina Davini Lég. et Dub. Nous la retrouverons dans ces plasmodes des statoblastes sans parasite appa- rent (fig. 1, p. 8) où elle s'explique peut-être, comme dans les cellules de la moelle des os, par la présence de centrioles au centre de la cellule géante. Enfin, ce rangement « en couronne » est plus ou moins net dans la plupart des kystes myxosporidiens comme dans les kystes nodulaires de la Selysina. La cause de cet équilibre doit sans doute être cherchée dans les courants de diffusion qui partent du centre de la cellule, qu'ils soient déterminés par un parasite (Bactérie, Champignon ou Sporozoaire) ou par des centrioles. La structure des noyaux des cellules géantes est variable et on peut avec R. Hertwig (1904) reconnaître deux sortes de noyaux géants : les noyaux hyperchromatiques où les grains de chromatine sont très abondants, et les noyaux clairs où la majeure partie de la chromatine est condensée dans le nucléole. Les Grégarines nous montrent des exemples des uns et des autres et il est assez difficile de dire pourquoi le noyau d'une Nina est si différent de celui d'une Porospora. Les noyaux clairs à nu- cléoles chromatiques sont les plus communs et nous les observons dans les kystes de la Selysina. Mais une cellule géante peut contenir de nom- breux noyaux de taille normale. Ils sont alors généralement hyperchroma- tiques (Cf. fig. i, p. 8). « Les noyaux d'une cellule géante irritative ne sont pas tous sem- SELYSINA PERFORANS 37 blables ». Nous le voyons dans les kystes nodulaires de la Selysina et avec plus de netteté dans l'enveloppe des jeunes kystes durables. Cela doit faire songer, comme le dit Prenant, à la possibilité d'une origine différente, que nous admettons pour les kystes nodulaires. Mais cela vient aussi de la division amitotique inégale, le gros noyau originel se frag- mentant souvent comme par bourgeonnement (enveloppe des jeunes kystes durables). Enfin, il ne faut pas oublier que le noyau géant peut provenir de la fusion des noyaux comme dans le cas de la cellule-hôte de Caryotropha. On connaît chez les Protistes cette fusion de noyaux en dehors de la karyogamie. C'est ainsi que Centrojjyxis aculeata a comme d'autres Rhizopodes des formes géantes uninucléées provenant de la fusion de deux individus (Schaudinn 1903). Il n'en faut pas moins être très cir- conspect devant les faits qui prêtent à cette interprétation. Nous ne Pavons pas admise pour l'explication des grands noyaux de l'enveloppe périkystique de Selysina. Weissenberg (1913) n'hésite pas à l'adopter pour les kystes de Myxobolus où les faits sont pareils, mais son penchant singulier à voir tout à rebours nous confirme dans l'opinion contraire. La division des noyaux des cellules géantes peut être indirecte. La mitose multiple, connue depuis longtemps dans les cellules géantes des tumeurs ou de la moelle des os, se retrouve chez les Protozoaires. Moroff (1908) en a donné de belles images pour les gamontes des Aggregata, qui sont des Coccidies énormes. Brasil m'a montré chez un Selenidium un début de mitose multiple avec les centrosomes en couronne autour du noyau, ce qui laisse penser que la division multiple, découverte par Caul- lery et Mesnil (1900) chez les Grégarines, pourrait bien être mitotique. Chez les Radiolaires, c'est une simple fragmentation qui éparpille dans tout le cytoplasme les 1.500 ou 2.000 chromosomes du noyau géant, mais il faut noter que cette dispersion amitotique est suivie de mitose. La division amitotique du noyau d'une Coccidie telle que VAdelea ovata (Jollos 1909) ou le Selenococcidium (Léger et Duboscq 1910) méri- terait d'être appelée une promitose multiple et d'être rapprochée de la fragmentation des Radiolaires. Les noyaux qui en dérivent entrent, en effet, en mitose, et leur chromatine, d'abord ramassée en un karyosome unique, s'égrène en chromosomes. Ils sont bien vivants, avec des carac- tères de jeunesse, et ils se repoussent les uns les autres, exprimant bien par leur dispersion régulière la valeur polyénergide de la cellule. Les cellules géantes réactionnelles montrent très généralement l'ami- 38 0. DUBOSCQ tose typique considérée longtemps comme le signe d'une mort prochaine, et nous l'observons aussi chez la Selysina. Elle se fait selon deux grands types, l'étranglement et la fissuration. C'est sans doute l'étranglement irrégulier, c'est-à-dire une sorte de bourgeonnement, que nous trouvons dans l'enveloppe des kystes durables, qui, en cela, ressemblent encore aux kystes de Myxosporidies. Dans les kystes nodulaires de la Selysina, la division amitotique se fait avant tout par fissuration. Et on y observe facilement, ce qui est fréquent dans l'amitose dégénérative, l'accolement prolongé des noyaux qui viennent de se diviser, avec des images de noyaux géminés ou de nids de noyaux (fig. iv, p. 15). Propriétés et fonctions des cellules géantes. — - Prenant a bien mis en relief le pouvoir phagocytaire des cellules géantes et aussi leur mobilité. « La phagocytose, dit-il, suppose elle-même la mobilité. » Ici, quelques remarques s'imposent, car on continue d'appeler englobe- ment phagocytaire non pas une propriété des cellules géantes, mais une condition de leur existence. Le fait général observé en Protistologie est celui-ci. Un parasite pénètre de lui-même dans une cellule qui s'hyper- trophie et devient la cellule géante avec toutes ses propriétés. Et c'est cela communément l'englobement phagocytaire. Nous sommes loin de l'idée primitive de Metchnikoff, celle qui est devenue classique ou même scolaire : le phagocyte, sorte de gendarme cannibale, chargé de la police de l'organisme, et qui, à la vitesse que lui permettent ses pseu- podes, se précipite sur les microbes ou éléments nuisibles pour les englou- tir et les digérer. Les proies sont-elles considérables ou particulièrement résistantes, alors les phagocytes, tels des Héliozoaires, unissent leurs efforts en se fusionnant en cellules géantes ou plasmodes. En fait, toute une catégorie de cellules géantes sont avant tout des cellules-hôtes pour les parasites qu'elles contiennent et qu'elles détruisent rarement. Elles vivent en symbiose aveo lui et c'est le parasite qui déter- mine leur gigantisme. Siedlecki (1907-1911) a très bien mis en relief ces faits essentiels, d'abord en étudiant minutieusement chez Garyotropha le mode de nutrition de la cellule-hôte et du parasite et les relations phy- siologiques de leurs noyaux, puis chez Lankesteria ascidiœ, en montrant que cellule géante et parasite doivent être considérés comme un tout, une unité pour le calcul du rapport karyocytoplasmique. Il en est de même chez les plantes, qu'il s'agisse de tumeurs produites par les Plasmodio- phoracées ou des tubercules produits par des Champignons ou Bac- téries. SELYSINA PEBFOBANS 39 Très généralement, la cellule géante ainsi produite perd son pouvoir reproducteur et par conséquent sa lignée s'éteint. Mais sa vie propre est prolongée. Pour vivre longtemps, une cellule n'a qu'à devenir géante et toutes les cellules qui ont une longue vie sont, je crois, plus ou moins géantes (œufs, cellules-nerveuses, glandes unicellulaires). En ce qui concerne la Selysina, la durée d'existence de la cellule parasitée n'est pas encore précisée, mais, autant qu'on peut l'évaluer, les kystes nodu- laires comme les kystes durables doivent mettre plusieurs mois à se développer. Formation des cellules géantes. — Ici se posent deux questions distinctes, et l'on doit rechercher le mode de formation des cellules géantes et la raison de leur formation. Sur le mode de formation des cellules géantes Prenant a très bien montré que trois cas sont possibles : ou bien la cellule géante a une origine unicellulaire ; ou bien, elle a une ori- gine pluricellulaire et alors, tantôt elle n'est qu'une fusion de cellules égales, tantôt elle représente une cellule privilégiée qui en incorpore d'autres. Le premier cas existe certainement, et d'abord pour toutes les cellules à un noyau dont ne parle pas Prenant. Beaucoup de cellules irritatives n'ont qu'un noyau et c'est le cas de la plupart des cellules-hôtes de Spo- rozoaires. Parfois, il est vrai, ce noyau provient de la fusion de plusieurs comme chez Canjotropha (Siedlecki 1907), mais ceci est exceptionnel. Quand la cellule épithéliale parasitée par un Sporozoaire multiplie son noyau, c'est par une simple amitose, et il n'y a pas fusion de plusieurs cellules dans la cellule géante primitive. Il en est de même chez les Micros- poridies, bien qu'ici les cellules parasitées puissent être des leucocytes. Ce premier mode de formation est encore celui de la plupart des cellules géantes normales de Métazoaires (glandes unicellulaires, myéloplaxes, ostéoclastes). La fusion de cellules égales pour former un plasmode existe non moins certainement. Les plasmodes de Myxomycètes, les associations d'Hélio- zoaires sont bien connus et, dans ce dernier cas, il peut y avoir fusion de cellules plurinucléées comme dans le cas d'Actinosphserium (R. Hert- wig 1904). Les syncytiums des Eponges proviennent aussi, d'après Delage (1892), de la fusion de groupes polynucléés. Jusqu'à ces derniers temps, c'était le mode de formation attribué généralement aux cellules irritatives et en particulier au tubercule. Borrel (1893) paraissait l'avoir solidement établi en suivant minutieu- 40 0. DUBOSCQ sèment la formation des nodules tuberculeux. Mais, tout récemment, Guieysse (1917) ramène la formation du tubercule au troisième cas, qui est celui d'une cellule particulière déjà hypertrophiée incorporant d'autres cellules. De ce troisième cas on possède seulement quelques exemples. Tout d'abord, l'œuf des Hy chaires peut être cité « bien que ce ne soit pas, dit Prenant, une vraie cellule géante ». Il n'est d'ailleurs pas typique puisque les pseudocellules sont digérées. Latjlanié (1888) avait observé dans l'aspergillose de petites cellules géantes pourvues de deux ou quatre noyaux qui s'annexent une ou deux cellules épithélioïdes formées dans le même alvéole. Dans le développement des éponges siliceuses (Delage 1892) les groupes polynucléaires qui se groupent ultérieurement en syncytiums se forment de même. Ils représentent de grosses cellules amiboïdes, qui ont englobé les cellules flagellées isolées ou déjà fusionnées. Guieysse (1908 a, b, 1917), par un certain nombre de faits, montre la fréquence du processus. Il a vu qu'en introduisant des fragments de moelle de sureau dans les divers organes du cobaye, il provoquait l'hy- pertrophie de gros leucocytes mononucléaires, qui ensuite s'incorporent d'autres globules plus petits. Il a fait connaître encore ce qu'il a appelé ja caryoanabiose et c'est la transformation du noyau des spermatozoïdes en pronucléus vésiculeux dans le cytoplasme des mononucléaires qui les englobent. Enfin, il décrit d'une façon analogue la formation du tubercule dans les ganglions lymphatiques. Les macrophages, qui sont vraisemblablement des cellules hypertrophiées du réticulum du ganglion, phagocytent des leucocytes, et ceux-ci sont tantôt digérés, tantôt sim- plement incorporés, leurs noyaux en pycnose se regonflant pour former des noyaux plus clairs et plus grands. Les kystes nodulaires de la Selysina sont, comme on l'a vu, un bon exemple d'incorporation de cellules diverses par un phagocyte parasité, et c'est sans doute le seul cas connu pour les cellules géantes parasitées par des Protozoaires. Le Sporozoaire détermine d'abord l'hypertrophie et la division amitotique du leucocyte qui l'a englobé (cellule géante pri- mitive) et, par la suite, la cellule parasitée s'incorpore des leucocytes de tous les types jusqu'à devenir un nodule énorme (cellule géante défi- nitive). Peut-être n'ai-je pas prouvé d'une façon serrée la persistance des divers noyaux ainsi englobés. Je la crois pourtant peu contestable. Les petits noyaux qui viennent d'être englobés restent en bon état (fig. 6, pl.'I) SELYSINA PERFORANS 41 et les noyaux qu'on peut voir en dégénérescence (fig. 9 en haut, pi. I) sont toujours de gros noyaux qui paraissent issus de divisions amitotiques- Ils ne dégénèrent donc qu'après avoir grossi et s'être divisés, ce qui nous interdit de voir ici des phénomènes de caryoanabiose. D'après R. Hertwig (1904), le gigantisme est lié à une modification du rapport karyocytoplasmique, et ce fait, qui paraît exact, nous permet d'entrevoir les raisons de cette aberration cellulaire. Pour les cellules qui s'hypertrophient sous l'action d'un parasite on a déjà émis des hypo- thèses variées. Schatjdinn (1900) expliquait leur accroissement par une action mécanique. Et il attachait surtout de l'importance à l'irritation causée par les mouvements du parasite, ce qui est peu soutenable, dit Siedlecki (1901), car les mouvements des parasites cessent très tôt après sa pénétration dans la cellule. Si l'action mécanique joue un rôle impor- tant, ce ne peut être qu'en distendant la cellule, et l'explication est insuffi- sante pour les parasites microbiens ou les Grégarines extra-cellulaires. Siedlecki (1901) attribue avant tout la cause de l'hypertrophie à une influence chimique. Ce seraient les produits de désassimilation du para- site qui, rejetés dans la cellule-hôte, l'irriteraient et détermineraient son hypertrophie. Nous avons, Léger et moi (1902), suggéré une autre expli- cation pour les Grégarines extra-cellulaires et nous expliquons l'hyper- trophie qu'elles déterminent par une excitation fonctionnelle. La cellule parasitée doit absorber d'abord toute la nourriture que réclame le para- site et qui lui est enlevée avant qu'elle puisse en profiter elle-même. Et il semble bien qu'une cellule s'accroît quand elle fonctionne avec activité. L'activation du métabolisme cellulaire est facile à comprendre quand on le rapporte à des phénomènes diastasiques, puisque le parasite enlève toujours les substances capables, par leur accumulation dans la cellule, d'amener l'équilibre qui arrête l'action de la diastase. D'ailleurs, comme le dit Siedlecki dans ses derniers travaux, il faut attribuer l'hypertrophie à plusieurs causes, et l'action toxique qu'il a mise en relief est une explication qu'il faut garder. Dans les formes libres comme YActinosphœrium ce sont les conditions mauvaises du milieu qui amènent la perturbation du rapport karyocytoplasmique normal, donc, avant tout, les actions toxiques. Une fois ce rapport troublé, la cellule perd la faculté de se diviser, et ceci a souvent pour conséquence d'accroître la durée de sa vie — bien entendu sa vie individuelle. Elle va continuer de s'accroître jusqu'à ce que la dégénérescence sénile compromette son pouvoir d'assimilation. L'intoxication lui permet donc de devenir 42 0. DUBOSCQ géante et de vieillir. Quant à la cause directe de l'hypertrophie, qui sou- vent est rapide, on peut la voir dans une absorption d'eau consécutive soit à une différence de pression osmotique entre la cellule et le milieu ambiant, par suite d'apport de substances nouvelles rejetées par le para- site, soit à un changement de perméabilité de la membrane, effet fréquent des toxines. Sans croire tenir l'explication définitive du gigantisme cellulaire, on en entrevoit les causes pour les cellules parasitées, c'est-à-dire pour les cellules devenues géantes à la suite d'un état anormal ou pathologique. C'est à celles-là seulement d'ailleurs, comme on l'a vu plus haut, que Prenant réserve le nom de cellules géantes. Il se refuse à l'appliquer aux cellules énormes qu'on peut trouver normalement dans les organismes, parce qu' « elles n'excèdent pas tératologiquement d'autres cellules de même famille ». Avec la définition que j'ai proposée, au con- traire, beaucoup de grandes cellules normales méritent le nom de géantes. Il importe de la justifier. Je prendrai comme exemple l'ovule. L'œuf, cellule géante. — Il ne me paraît pas douteux que, con- trairement à l'avis de Prenant, l'œuf ne soit une cellule géante des plus typiques. Il en a tous les caractères. D'abord la taille, avec un dévelop- pement cytoplasmique tel que, malgré l'accroissement du noyau, le rapport karyocytoplasmique diffère de celui des autres cellules. La quantité de chromatine surpasse tellement la mesure spécifique qu'au moment de la formation du pronucléus une partie parfois très grande en est rejetée comme trophochromatine. Au début de l'accroissement l'ovocyte se prépare à la mitose de la même façon que le spermatocyte, puis, comme s'il était envahi par un parasite, comme s'il subissait l'action d'une toxine, — la perméabilité de la membrane a peut- être changé — il est frappé d'hypertrophie. C'est le « grand accrois- sement ». Le noyau prend les caractères des noyaux des cellules géantes. Conformément au deuxième type de R. Hertwig (1904), toute la chro- matine se rassemble dans le nucléole. Le rapport — n'étant plus nor- mal, le pouvoir de division a disparu. L'œuf est maintenant entré dans la dégénérescence sénile, qui lui donne une longévité remarquable. Et il a toutes les autres propriétés des cellules géantes. Il peut être mobile et celui des hydres est amœboïde. Mais il est plutôt autonome. C'est une cellule qui est devenue indépendante de l'organisme et qui tend à le quitter (catégorie des cytotypes. R. Hertwig- 1904) SELYSINA PERFORANS 43 ayant d'ailleurs une quantité de chromatine qui dépasse celle des cel- lules normales des organes. Tout gamète est comparable à un Protozoaire et dans sa physiologie comme dans sa morphologie reproduit un état ancestral. L'ovule se nourrit aux dépens des cellules qui l'entourent, et au besoin les englobe comme le plus vorace des Protistes. Prenant cite, d'ailleurs, les œufs des Hydraires comme rappelant le plus dans leur mode de formation les cellules géantes de Guieysse. Et, en effet, c'est tout à fait le mode de développement des kystes nodulaires de la Selysina. Dans une première période l'ovule n'est qu'une cellule géante primitive, mais il n'est pas rare de le voir terminer son accroissement en s 'incorporant les ovogonies ou jeunes ovocytes qui l'entourent. A la vérité, chez la plupart des ani- maux, il ne les englobe pas et pour vivre à leurs dépens il les attire seule- ment en un cercle de cellules épithélioïdes (cellules folliculaires). Et il n'y a rien de forcé dans ces homologies, dont on peut démontrer l'exac- titude par une comparaison plus rigoureuse. On ne peut nier que la lignée mâle ne soit comparable à la lignée femelle. Or, que nous a démontré Siedlegki (1907) par son étude minutieuse de Caryotroplia ? Ce fait qu'une spermatogonie parasitée devient une sorte d'ovocyte entouré de cellules folliculaires. La spermatogonie de la Polymnie para- sitée par Caryotropha, prend un accroissement énorme, tandis que les spermatogonies voisines s'ordonnent autour d'elles, leur noyau étant arrêté dans son évolution chromatique normale comme celui des cellules folliculaires. Si j'ai insisté sur cette conception de l'œuf comme cellule géante» c'est qu'elle justifie l'interprétation pareille appliquée à tous les Pro- tistes qui, dans le cours de leur développement, s'accroissent à un moment donné en un élément cellulaire énorme. La cellule géante chez les Protistes. — Un grand nombre de Protistes peuvent à l'état de trophozoïte devenir des cellules géantes. La seule étude de la distribution du gigantisme chez les Protistes nous met sur la voie de son explication. Il est beaucoup plus commun chez les formes parasites ou parasitées que chez les formes libres1. Presque tous les Flagellés et les Ciliés libres ont des divisions binaires égales, et on ne peut les classer dans les cellules géantes. Observe-t-on les Flagellés parasites, alors les cellules géantes apparaissent. On verra chez les Try- 1. On m'objectera les Noctiluques. Mais leur cycle n'est pas connu. Qui peut assurer qu'elles n'ont pas de stade parasite, comme sans doute beaucoup de Péridiniens. 44 0. DUBOSCQ panosoma et les Leishmannia la schizogonie se produire à côté de la divi- sion binaire. Un groupe comme les Tétramitidés donnera naissance à une famille comme celle des Polymastigidés, qui ne sont que des monstres doubles de la souche originelle (Diplozoaires de Dangeard) ; ou à une autre famille comme celle des Trichonymphines qui sont des Tétrami- tidés polyénergides ou géants. On est assez d'accord aujourd'hui pour faire dériver les Sporozoaires des Flagellés. En leur qualité d'être néces- sairement parasites, les Sporozoaires montrent tous dans leur cycle des stades de cellule géante. Et, régulièrement, la schizogonie s'est substituée à la division binaire. Les anciens avaient bien raison d'en comparer toute une catégorie à des œufs (Psorospermies o vif ormes). Pour tous ces êtres le gigantisme apparaît donc lié au parasitisme, qui amène de même la monstruosité et le gigantisme dans les Métazoaires. Et puisque le gigantisme cellulaire est lié à une anomalie du rapport karyocytoplasmique, on peut penser, pour l'expliquer, au changement de l'équilibre osmotique survenu ici fatalement avec le changement du milieu ambiant, mais il ne faut pas oublier non plus la perméabilité diffé- rente de la membrane, car les êtres parasites ont une membrane ou cuticule autre que celle des animaux libres. Enfin, la suralimentation, à elle seule, peut être la cause de l'hypertrophie et de la dégénérescence > comme le montrent les cultures de Ciliés ou d' Actinosphœrium. Un assez grand nombre de formes libres sont des cellules géantes m Ainsi les Radiolaires. La plupart de ces êtres, et en particulier les grandes formes, étant parasités par des Zooxanthelles, il est légitime de croire que ces parasites contribuent à déterminer le gigantisme cellulaire de leur hôte. Les parasites sont fréquents dans les Rhizopodes. Je n'ai jamais vu de Pelomyxa sans parasites (Bactéries et Chytridinées) et eux aussi sont bien des cellules géantes. Cependant, il semble qu'on ne puisse expliquer par le parasitisme la taille de beaucoup d'Héliozoaires et de Foraminifères, qui n'en sont pas moins des cellules géantes comme le prouvent leur noyau polyénergide ou leur état plurinucléé. Un Actinos- pherium est évidemment une forme plurinucléée d'Héliozoaire typique. A l'état de trophozoïte, c'est un Actinophrys qui fait de la schizogonie, un schizonte d' Actinophrys. Schuberg (1910) paraît penser que les Actinosphœrium en hypertrophie dégénérative pourraient bien être parasités, mais il est téméraire de risquer une pareille hypothèse pour les Actinosphœrium normaux. Quoi qu'il en soit, cet aperçu rapide montre que la plupart des Pro- SELYSINA PERFORANS 45 tistes qui ont dans leur cycle un stade de cellule polyénergide (cellule géante) sont parasites ou parasités. La cellule géante chez les Myxosporidies. — En donnant des exemples de cellules géantes, je n'ai pas cité les Myxosporidies, et cepen- dant n'est-ce pas là qu'on trouve les plus typiques. Prenant écrit : « La comparaison tout objective s'impose à celui qui connait les cellules géantes (ostéoclastes ou cellules géantes du tubercule) et qui a, d'autre part, sous les yeux certains êtres cellulaires tout au moins, tels que le Myxidium. La description morphologique de l'une coïnciderait avec celle de l'autre pour les noyaux, leur forme et leur nombre, pour le pro- toplasma, sa constitution, son aspect, sa dirïïuence et tant d'autres caractères. Ce n'est donc qu'à regret que nous faisons sortir certains organismes cellulaires de la catégorie des cellules géantes. » Ainsi donc, d'après Prenant, un Myxidium Lieberkûhni a tous les caractères d'une cellule géante. Mais il n'en est pas une, n'étant pas une cellule anormale. Prenant ne qualifie de cellule géante que des éléments anormaux, tératologiques, tandis qu'avec Laulanié, et dans un sens beaucoup plus large, il me paraît préférable de reconnaître des cellules géantes normales à côté des cellules géantes pathologiques. Le cas des Myxosporidies montre bien le défaut du critérium de Prenant, puisque, dans un certain nombre de cas, on ne sait pas dis- tinguer le parasite de la cellule réactionnelle qui l'entoure. Mrazek (1910) a, en effet, montré qu'on n'avait pas compris les Myxosporidies à plasmode. Il reconnut au congrès de Boston l'erreur qu'il avait commise en fondant un genre Myxocystis pour ce qui n'était qu'un leucocyte hypertrophié de Limnodrilus contenant des Nosema. Schroder (1909), Schuberg (1910), Léger et Hesse (1916) sont de l'avis de Mrazek, et, en ce qui concerne les Microsporidies tout au moins, la question paraît jugée. Les plasmodes ou kystes à noyaux géants (Myxocystis, Glugea, Duboscqia) ne sont que des cellules géantes formées par l'hôte. Sans doute Stempell (1910) et Weissenberg (1911-1913) s'élèvent contre la con- ception de Mrazek, mais leurs arguments sont aussi faibles que fantai- sistes leurs interprétations. Weissenberg (1913) se refuse d'ailleurs à faire dériver des gros noyaux, comme le fait Stempell, les stades évolu- tifs du parasite. Même il trouve à ces gros noyaux les caractères des noyaux de Métazoaires, et à la membrane du kyste les caractères du collagène. Mais cela ne l'embarrasse pas. Les fameuses chromidies — qui ne sont ici que des produits de dégénérescence — lui serviront à unir 46 O. DUBOSCQ les deux séries dans une origine commune, et, ainsi, interprétant tout à rebours, de ces produits de désagrégation cellulaire, il fait naître aussi bien les noyaux géants que les jeunes stades du parasite. C'est à se de- mander si l'auteur, doué d'un esprit clownesque, n'aurait pas entrepris de mystifier le lecteur. Les Microsporidies étant devenues ainsi des organismes d'une évo- lution simple, Mrazek étend sa conception à toutes les Myxosporidies. D'après lui, il n'existerait plus de Néosporidies. Tous ces plasmodes à l'intérieur desquels se trouvent les divers stades de l'évolution des spores myxosporidiennes ne sont que des cellules géantes du Vertébré parasité. Et, en effet, il s'impose d'interpréter comme réaction de l'hôte ces kystes et plasmodes si différents des Myxobolua et Henneguya. Mais alors le même raisonnement nous fait douter de la valeur parasitaire des plas- modes du Myxidium Lieberkuhni, surtout quand on les compare aux schizontes simples du Myxidium incurvatum, et on en arrive ainsi à se demander si la Myxosporidie du brochet ne serait pas un Myxidium banal inclu dans des cellules géantes qui le promènent dans les divers organes. Laveran et Mesnil (1902) ont, d'ailleurs, montré que les soi-disant bourgeons de Cohn ne sont que des petites Myxosporidies accolées à la grosse, telles des cellules épithéloïdes autour d'une cellule géante. L'interprétation reste douteuse. Les dernières recherches de George- wtich (1917 a) sur Ceratomyxa Herouardi doivent nous faire hésiter à l'adopter, puisque Fauteur a suivi minutieusement la formation des plas- modes depuis le germe à deux noyaux 1. Mais, s'il est permis de douter qu'on soit en face d'une cellule géante pathologique, qui se refuserait aujour- d'hui à qualifier de cellule géante tout court cette énigmatique Myxos- poridie du brochet. La cellule géante et le cancer. — Dans son article très dense, Prenant ne manque pas de rappeler la fréquence des cellules géantes dans les tumeurs (cellules géantes des galles des végétaux, des sarcomes et des déciduomes). On peut en trouver au voisinage ou dans l'intérieur des tumeurs très variées. Et alors, se pose la question de leur origine. « Les uns, dit Prenant, les ont considérées comme propres à la tumeur et dans le cas d'un épithélioma, par exemple, comme de nature épithéliale. Les autres croient qu'elles sont étrangères à la tumeur. Ribbert les 1. Rappelons cependant une importante observation de Georoevitch (1516 b) qui trouve asses souvent, sporulant dans le même plasmode, une Myxosporidie (Ceratomyxa coris) et une Glugéidée ( Glugea marionis). Le fait qui n'est pas embarrassant avec la conception de Mrazek s'explique difficilement avec les anciennes interpré- tations. SELYSINA PERFOBANS 47 regarde comme de nature tuberculeuse, comme le résultat d'une asso- ciation de la tuberculose et du cancer. Audry et Constantin admettent en général, dans les néoplasies, à côté de cellules multinucléées qui sont de même nature que les éléments de la tumeur, d'autres cellules géantes irritât! ves qui ne sont qu'une production réactionnelle banale vis-à-vis des cellules de la tumeur agissant comme éléments parasitaires ou étran- gers. » Plusieurs auteurs, et en particulier des protistologues, ont pensé que la question des cellules géantes était liée à celle de l'origine des tumeurs. L'analogie de l'hypertrophie nucléaire dans les Microsporidies et les tumeurs est remarquable, dit Schuberg (1910) et laisse penser que l'étio- logie des tumeurs, même si le problème ne devait pas être résolu par la théorie parasitaire, pourrait être éclairci par l'étude de l'hypertrophie nucléaire dans le parasitisme. D'après Siedlecki (1907-1911) les change- ments du rapport karyocytoplasmique durant le développement des parasites intracellulaires ont une signification certaine pour la critique de la genèse des tumeurs malignes. Siedlecki paraît avoir été beaucoup plus influencé que Schuberg par les idées de R. Hertwig. Schuberg croit visiblement à l'origine parasitaire des tumeurs, et pour lui l'hyper- trophie cellulaire relève généralement du parasitisme. Sans doute R. Hertwig a montré que, chez les Héliozoaires, l'hypertrophie était déter- minée par d'autres conditions. Mais « il n'est pas dit, ajoute Schuberg, que ces conditions ne soient fournies dans tous les cas par le parasitisme, si peu que cela apparaisse dans le cas de Y Aclinosphœrïum ». Pour Siedlecki, au contraire, l'action du parasite n'est pas autre que celle de l'affamement, de la surnutrition ou des actions toxiques. Ce sont là les vraies causes de l'hypertrophie cellulaire, et elles n'appuient guère la théorie parasitaire du cancer. L'étude du rapport karyocytoplasmique fournit plutôt un argument contraire, car dans les tumeurs le rapport — diminue tandis que, dans les cellules parasitées, ce rapport augmente, l'hypertrophie nucléaire étant considérable. Ce qu'il y a de commun aux cellules parasitées et aux cellules des néoplasmes c'est le retour à l'état « cytotype ». Pour R. Hertwig (1904) les cellules néoplasiques se compor- tent comme des Protozoaires. Elles sont revenues à l'état cytotype, c'est-à-dire qu'elles vivent d'une vie indépendante de celle des autres cellules de l'organisme, n'étant plus soumises à leurs besoins ou à leur action pas plus qu'aux besoins et à la physiologie de l'organisme tout 43 0. DUBOSCQ entier. Partout où elles ont de la matière nutritive, elles trouvent des conditions de développement et de prolifération, ce qui explique les métastases. D'autre part, R. Hertwig a été frappé de la fréquence, dans les tumeurs, de cellules s'écartant de la normale, qu'il s'agisse de cellules en division (mitoses pluripolaires, mitoses hyperchromatiques ou hypo- chromatiques) ou de cellules au repos (cellules géantes, cellules en dégé- nérescence). Et cela lui a rappelé la dégénérescence physiologique de l'Actinosphœrium. Cet Héliozoaire, dans les états de dépression, a des structures nucléaires et nucléolaires avec variations de chromaticité en même temps que des changements du rapport karyocytoplasmique, comparables à ceux des cellules néoplasiques. Et rien de tout cela ne dépend d'actions parasitaires. Ces diverses idées sont assurément intéressantes, mais assez confuses et également incertaines. Tout d'abord, les protistologues accordent une importance exagérée à l'hypertrophie cellulaire ou au changement du rapport karyocytoplasmique dans le cancer. Il a suffi, semble-t-il, que R. Hertwig les énonce pour qu'on en parle comme de faits acquis. Or, si on ne met pas en doute la présence des cellules géantes dans toute une catégorie de sarcomes, elles manquent dans d'autres et aussi dans les tumeurs épithéliales où, quand elles existent, elles ne semblent jouer aucun rôle dans la propagation de la tumeur. Maintenant, comme il est courant que des tumeurs se développent sur d'anciennes lésions tubercu- leuses ou syphilitiques, on pourrait être tenté d'attribuer l'origine de ces néoplasmes à des cellules géantes. Mais ce ne serait que du verbalisme, car qui peut penser que des épithéliomas peuvent dériver des cellules géantes de la tuberculose ou de la syphilis qui sont mésenchymateuses. Dans cet ordre d'idées on pourrait soutenir seulement que les épithéliums sont irrités et désorientés au contact des cellules géantes, et on compren- drait ainsi qu'un parasite quelconque, capable de déterminer autour de lui la formation d'une cellule géante, déterminerait secondairement une tumeur épithéliale. Les faits acquis en protistologie sont peu favorables à cette idée de mettre des cellules géantes à la base des tumeurs. Des Protistes parasites de groupes divers (Grégarines, Coccidies, Sarcospo- ridies, Selysinides, Chytridinées, Plasmodiophoracées, Myxosporidies ) causent l'hypertrophie des cellules qu'elles parasitent. Elles déterminent souvent ainsi des cellules géantes à noyaux multiples, ou encore ce que les auteurs allemands appellent des granulomes avec ou sans cellules géantes, mais il est abusif de classer dans les tumeurs ces formations. SELYSIXA PEBFOBAXS 49 Dans quelques cas rares, des cellules déjà hypertrophiées sous l'action de Plasmodiophora (Nawaschin 1899) ou de Plistophora (Mercier 1908) entrent en mitose, fournissant même des divisions désordonnées comme celles des cancers, mais elles s'arrêtent avant de fournir de vraies tumeurs. D'autre part, on connaît les réactions adénomateuses causées par la Coccidie du lapin, le Myxobolus piriformis (M. Plehn 1910) ou VAmœba dysenteriœ (Chatton 1918). Dans ces cas où il s'agit de tumeurs bénignes, il n'est pas démontré qu'il y ait, au début, des cellules hypertrophiées. L'irritation semble produire directement la prolifération du tissu parasité. Déjà, à propos du Plasmodiophora , Prowazek (1905) avait noté que les cellules-hôtes ne se multiplient qu'à la première période de l'irritation et que les divisions cessent avec l'hypertrophie. Donc, si les cellules géantes peuvent jouer un rôle dans la formation des tumeurs, ce ne peut être qu'à la première période de l'irritation, quand elles n'ont pas subi le changement du rapport karyocytoplasmique et l'hypertrophie qui arrêtent la multiplication. Des nombreuses recherches cytologiques sur le cancer semble résulter qu'aux mitoses régulières des tumeurs bénignes s'oppose le désarroi des divisions des tumeurs malignes. Dans celles-ci, à côté de mitoses normales, on trouve des mitoses asymé- triques ou hétérotypiques réduisant le nombre des chromosomes, et des mitoses hyperchromatiques où ce nombre est accru. Ainsi les cellules cancéreuses retourneraient à l'état cytotype autant, et même plus, par la réduction du nombre des chromosomes que par son accroissement. AUTEURS CITÉS 1908. Aimé (P.). Figures de division dans les nucléoles des grandes cellules de l'or- gane de Bidder chez Bufo calamita (C. R. Ass. Anatom.) 1913. Alexeieff (A.). Recherches sur les Sarcosporidies I. Etude morphologique. {Arch. Zoo!, exp., T. LI.) 1908. Awerinzew (S.). Uber die Gregariuen aus dem Darme von Amphiporus sp. (Zool. An:.. Bd. XXXIII, Nr. 19/20.) 1909. — Studien iïber parasitische Protozoen. III. Beobachtungen ùber die Yorgânge der Schizogonie bei Gregariuen aus dem Darme von Amphiporus sp. (Arch. f. Protist. Bd. 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Leucocytes du statoblaste de Slolonica. a, lymphocyte ; b, leucocyte hyalin en mitose ; c, leucocyte hyalin , d, e, leucocytes à granulations acidophiles ; /, leucocyte à granulations graisseuses ; h, leucocyte à pigment orangé. Bouin. Hémalun, aurantia. x 1000. Fia. 3. Spores isolées de Selysina perforans. Bouin. Hémalun. Méthylorange. x 1650. Fio. 4. Spore de Selysina dans un leucocyte hypertrophié entouré d'autres leucocytes, c, leucocyte hyalin ; d. leucocyte à granulations acidophiles ; /, leucocyte à granulations graisseuses. Bouin. Hémalun, aurantia. x 1000. F G. 5. Sporozoïte de Selysina dans une cellule géante iminucléée, entourée de leucorvti-s épithélioides. d, leuco- cyte à granulations acidophiles ;/, leucocyte à granulations graisseuses. Bouin. Hem. aurantia. x 1000. Fia. 6. Sporozoïte de Selysina dans une cellule géante à noyau en amitose et leucocytes déjà fusionnés, c, jeune leucocyte hyalin ; d, leucocyte à granulations acidophiles ; /, leucocyte à granulations graisseuses; h, leucocyte à pigment orangé. Bouin. Hém. aurantia. x 1000. Fia. 7. Jeune schizonte dans une cellule géante à noyau en amitose entourée de leucocytes épithélioïdes. d, leu- cocyte à granulations acidophiles ; h, leucocyte à pigment orangé. Bouin. Hém.. aurantia. x 1000. FiG. 8. Kyste nodulaire au premier stade avec 3 schizontes. /, cellules graisseuses ; m. fragments de cellules grais- seuses constituant la membrane ; c, leucocyte hyalin ; h, leucocyte à pigment orangé. Bouin. Hém., aurantia x 800. Fia. 9. Kyste nodulaire à membrane avec 3 schizontes et 2 faisceaux de schizozoïtes. m, membrane ; r, reliquat basophile. Bouin. Htm., aurantia. x 800. Fia. 10. Cellule géante énigmatique. Bouin. Hém., aurantia. x 950. FiG. 11. Petit kyste durable. Bouin. Hém. aurantia. x SOO. FiG. 12. Un secteur de gros kyste durable. ;/, petit îlet nucléj ; a, grand ilct nuciéé ; (/, ilôt nuclié en cytolyse; h, héliospore ; s, sphérule éo inophilc. Bouin Hém., aurantia. x 800. FM. 13. Gros ilct nuciéé. », noyau ; a, sphérule albuminoïde ; p, grain de paragly ogène ; g, vacuole après disso- lution d'une sphérule graisseuse. Sublimé. Giemsa. x 1650. Fia. 14. Schizozoïte d'une héliospore. Bouin aie. Héma'. éosine. x 2000. rch.deZool.Exp:eetGén!,: ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE T. 58, p. 55 à 148, pi. II à VIII. 5 Janvier 1919. BIOSPEOLOGICA XL (i) ETUDES SUR LES ARAIGNÉES CAVERNICOLES III (2>. Le genre Troglohyphantes PATÏ LOUIS PAGE Docteur ès-Sciences. Laboratoire Arago Bauyuls-sur-Mcr. TABLE DES MATIERES Pas A VAST-PKOPOS 56 Genre Troglohyphantes Première partie : Caractères généraux 57 Description 57 Position systématique <"l Ethologie <:> Distribution L'éographiipi'' 7j Evolution 77 Deuxième partie : Descripti les espèces S5 Tableaux dichotomiques 8? Groupe 1 01 27. Alluaudi sp. nov. (p. 91).- — 27. jureifei I E. S.) (p. 9 !). Groupe II 'i;> Tr. cintabricus E. S. (p. 96). — 27. catUabricus anophtahnus E. s. (p. 98). Tr.nyctalops E. s. (p. 99). — 27. Simani sp. nov. (p. 100). — 27. Cerberus (E. S.) (p. 101). — 27. pyrenœus E.S. (p. 104). Groupe 111 103 77. phragmilis (E. S.) (p. 100. — 27. Margueti (E. S.) (p. 108). - Tr. oijinnntus (E. S.) (p. LU). — Tr. cœcus sp. nov. (p. 113). Groupe IV H* Tr. Gkidinii (de Lessert) (p. 115). — Tr. polyophih'ilmwi Joseph (p. 110;. 1. Voir pour Biospeoiog:ca I à XXXIX, ces Archives, tomes VI, VII, VIII et IX de la 4e série, tomes 1 II. IV, V,' VI, VII, VIÎI, IX et X de la 5e série et tomes 52, 53, 54. E5, 56 et 57. 2. Pour les deux mémoires précédents voir ces Archives, tome X de la ôG série. \RU(. DE ZOOL. EXP. ET GÉX. — T. 58. — F.2. 5Î 56 LOUIS FAdK Groupe V 119 Tr. Orphevs (E. S.) (p. 120). — Tr. solrtarius sp. nov. (p. 122). — Tr. ludfuga (E. S.) (p. 124). — Tr. âccttiJaMis sp. nov. (p. 125). — Tr. siinilh sp. nov. (p. 128). — Tr. spinipes sp. nov. (p. 129). — Tr. gracûis sp. nov. (p. 130). Spcciesinvisae 131 Tr. troglodytes (Kulcz.) (p. 131). — Tr. dalmaticus (Kulcz.) (p. 132). — Tr. SordelU (Pavesi) (p. 133). Tr.croaticus(Chyser) (p. 133). — Tr. fugax (Kulcz.) (p. 134). — Tr. a/finis (Kulcz). (p. 136). — Tr. salax (Kulcz.) (p. 136). — Tr. Ilerculanus (Kulcz.) (p. 133). — Tr. Giro- mettai (Kulcz.) (p. 138). Liste des gkottes hamtées pak les Troglohyphantes 140 Index bibliographique 144 Explication des planches 143 AVANT-PROPOS Le genre Troglohy pliantes fut proposé en 1881 par .Joseph pour un soi-disant Dysdêride de la grotte de Corgniale, dans le Kustenland. La description en fut faite de telle façon qu'il fallût à E. Simon l'examen d'individus, récoltés par Joseph lui-même, pour reconnaître qu'il s'agissait en réalité d'une petite Lin yphie. remarquable par ses caractères d'adapta- tion au milieu souterrain. Ce fut en ISO 7 seulement que E. Simon put ajouter à ce genre une nouvelle espèce, originaire cette fois d'une grotte des Basses-Pyrénées. Depuis, les découvertes se multiplièrent, et les explorations entreprises par Biospeologica montrèrent que le g. Troglohy pliantes était en effet bien représenté dans les Pyrénées, et s'étendait aux Monts Cantabres. Il devenait dès lors intéressant de rechercher quelles relations pou- vaient exister entre les formes du Karst, celles des Pyrénées et celles des Monts Cantabres, dont les descriptions faisaient surtout ressorti i? les caractères de convergence. L'intérêt de cette étude s'accrut dès le début de mes recherches. Un examen approfondi des espèces déjà décrites me permit en effet de reconnaître que tous les Taranucnus, sauf le T. selosus Cambr., devaient rentrer dans le genre de Joseph, qui se trouvait ainsi posséder, à côté de formes troglobies, des formes épigées, et dont la répartition s'étendait. non seulement aux Monts Cantabres. à toute la chaîne des Pyrénées et au Kustenland, mais aussi aux Alpes du Valais, du Tessin et de Lom- bardie, peut-être même, aux Alpes de Transylvanie. Enfin, je rapportais d'une dernière campagne un Troglohy pliantes nouveau du Causse de Gramat, qui semblait faire la liaison entre les espèces des Pyrénées et celles des Alpes. Ce matériel, augmenté des prises laites en 1914 par Jeannel et TROGLOHYPHANTES 57 Racovitza dans le Kùstenland et en Carniole, formait ainsi une base sérieuse pour la discussion des problèmes que je m'étais déjà posés, à un moment où je n'entrevoyais guère la possibilité de les résoudre. Ces problèmes, je ne prétends pas aujourd'hui les avoir résolus. Mais peut-être ai-je pu indiquer où l'on devra désormais rechercher les affinités de ce genre, dans quelle direction générale s'est faite son évo- lution,, sur quels organes ont plus particulièrement porté les variations, quels facteurs ont surtout contribué à la formation des espèces. Si ce résultat a été atteint dans quelque mesure, je le dois à ceux qui ont mis à ma disposition leurs collections : à M. Eugène Simon, à MM. Jeannel et Racovitza, à M. de Le^sert, le savant conservateur des Arachnides du Musée de Genève, à M. Mac-Indoo qui a eu l'obligeance de m'envoyer le Willibaldia cavemicola Keyserl. des « Mitchell caves » de l'Indiana. Je leur adresse ici mes bien vifs remerciements. Grâce à eux, sur les 29 espèces qui rentrent actuellement dans le g. Troglohy- phantes, 9 seulement me restent inconnues en nature ; pour elles j'ai dû me contenter des descriptions originales. Malheureusement celles-ci ne tiennent pas compte de tous les caractères, se montrent toujours insuffisantes par certains côtés, et demeurent le plus souvent inutili- sables pour le but qu'on se propose. C'est ainsi que, malgré le soin avec lequel Kulczynskï (1914) a fait récemment connaître les Trcglohj- phantes nouveaux, récoltés par Absolon (1912) dans les Karsts Adria- tiques, j'ai eu le regret de n'avoir pu tirer de ces découvertes tout le parti qu'il aurait fallu. PREMIÈRE PARTIE Description générale Les Troglohyphantes sont des Araignées d'assez petite taille. Leur longueur varie de 2 à 4 millimètres ; leur forme est celle des Linyphiîdœ typiques chez lesquels l'abdomen, ovale allongé, est à peine plus développé que le céphalothorax ; mais leurs pattes grêles et longues (2 1/2 à 4 fois la longueur du corps) leur donnent, dans ce groupe, une physionomie particulière. Les espèces strictement cavernicoles ne montrent aucune coloration des téguments. Le céphalothorax, le sternum, les pièces buccales, les 58 LOUIS F AGE appendices sont alors formés d'une chitine transparente, finement réti- culée, jaune testaeé, tandis que l'abdomen est d'un blanc opaque. Les espèces seulement lucifuges ont en général le céphalothorax rembruni; Troijlolujiihmites Marquai (K. s.). Abdoim 'J'iHijIfiltHij/iHiitex itiAfiiiiihlIiiiliiin- JOSBFH, Q • Céphalothorax. 27. surtout au niveau de l'aire oculaire et légèrement bordé de noir. Le sternum, les pièces buccales — au moins vers leur base — sont d'un noir olivâtre profond, et l'abdomen est orné de dessins qui rappellent ceux des Lepthyphantes. Le plus souvent (fig. i) ces dessins sont formés par quelques bandes dorsales transverses, noirâtres sur fond gris testaeé, amincies sur les bords en forme d'accents diminuant de taille d'avant en arrière. Latéralement, sur un fond bru- nâtre, qui intéresse aussi la partie ven- trale, on voit parfois une fine bande oblique testaeé, réunie au-dessus des filières, par un trait transverse de même teinte, à celle du côté opposé. L'importance, la disposition de ces bandes pigmentées n'ont rien de caractéristique ; l'on prend ensemble des individus d'une même espèce, qui offrent tous les degrés dans la simplification de leur dessin. Le GÉPHALOTHC KAX (fig h) est presque aussi large que long et rela- tivement peu convexe. 8a hauteur (fig. m), au niveau de la partie thoracique. fait environ 1/5 de sa longueur. La partie céphalique est un peu plus élevée en son milieu, mais s'abaisse régulièrement vers le bord , HT. Troijlohiiiihan'es /,<■/ Joseph, Ç . Céphalothora TRO GLOH YPHANTES 59 antérieur. C'est sur cette pente oblique que se trouvent placés les yeux, La strie médiane est longue et profonde ; les stries rayonnantes sont bien accusées. Chez les mâles complètement adultes — au moins pour la plupart des espèces — le céphalothorax (fig. iv), dont les stries sont plus fortes, est un peu plus large et plus déprimé (fig. v) que chez les femelles, sauf dans la partie céphalique qui est, au con- traire, très proéminente (fig. vi) et pourvue de très forts crins dressés. Le Tr. polyophthalmus Joseph, qui possède à un haut degré ce caractère, rappelle à ce point de vue le Floronia buccu- lenta (Cl.). Les yet'x (PI. IV. fig. 47) sont normalement au nombre de huit, disposés en deux lignes qui, vues en dessus, se montrent nettement récur- vées. Les médians antérieurs sont toujours et largement séparés des latéraux. Les latéraux des deux lignes sont égaux, connivents, de même taille que les médians postérieurs, dont iîs sont généralement séparés par un espace égal à celui qui sépare entie eux ces derniers. Les médians des deux lignes forment un trapèze beau- coup plus étroit en avant et presque toujours aussi large que long. Tois Fio. IV. Ti-Ofjlohiffi/iaiifeit poluo/th ■ thalmus Joseph, cf. Cépha- lotorax. -Z7. très petits, contigus 'io. v. Troglohyphantes polyophthuln Céphalotorax, de profil. vi. Troglohyphantea polyophtjtahnu* Josi Partie céphalftiup, vue en avant. 27 ces yeux sont bordés de noir : l'aire oculaire, souvent pourvue de crins dressés est elle-même rembrunie. Cette disposition est sujette à de nombreuses variations. Chez les formes lucicoles ou médiocrement lucifuges, les yeux sont gros, resserrés : les médians postérieurs, séparés entre eux par un intervalle dépassant à peine la longueur de leur rayon, sont plus rapprochés des latéraux, et m WfJIS FAdbl FIG. VII. Troglohy pliantes polyuplttlutlm SEPH, Ç. Sternum et pièces buccales. >; forment avec ceux-ci une ligne moins récurvée. (liez les vrais troglobies, au contraire, les yeux sont petits, punctiformes, nullement bordés de noir ; les latéraux sont disjoints, et les postérieurs forment une ligne fortement récurvée. Enfin quelques espèces, plus complètement adaptées au milieu souterrain, sont totalement aveu- gles. C'est le cas notamment des espèces des Karsts Adriatiques que Kulczynski (1914) range dans son genre Typhloneta. Le bandeau est concave sous les yeux, puis dirigé en bas et en avant suivant une ligne faiblement oblique, presque verticale. Sa hauteur est tou- jours au moins égale à la longueur de l'aire oculaire, et lui est souvent supé- rieure. La concavité qu'on observe à sa base est accentuée par l'avance du groupe oculaire au-dessus du front. Il en résulte que chez les formes anophthalmes, ou chez celles dont le développement des yeux est déjà réduit, cette concavité est plus faible et la partie antérieure du céphalothorax plus proclive (PL VI, fig. 84). Le sternum (fig. vil) est cordiforme, aussi large que long, prolongé en pointe obtuse entre les hanches de la quatrième paire de pattes, écar- tées d'environ leur diamètre. Il est nettement convexe, surtout en arrière, et sur les bords. A cet endroit, princi- palement chez les formes lucicoles, sa surface est légèrement mamelonnée et rendue rugueuse par la présence de petites saillies, points d'insertion de longues soies irrégulièrement dispo- sées. La pièce labiale (fig. vin) est sou- dée au sternum. Elle est peu élevée, généralement plus large que haute. Sa marge, en forme de bourrelet saillant, est arrondie et porte deux à trois paires de poils à son bord interne et une paire sur son bord externe. Sa partie basilaire est creusée d'une dépression transverse et pourvue d'une rangée de très fines épines. Ses bords sont fortement ohithrisés au point de contact des lames-maxillaires. FIG. vin. Troglohyphantcs polyophilwliinis ,l<>- SEPH, Ç. Pièces buccales, x 50. TRO OLOII Y PU A N TES 61 Les chélicères (fig. ix et x), dépourvues de tache basale, sont robustes et bien armées. Leur longueur fait en moyenne près de trois Fig. IX. TiO'itohi/ji/iaiites polyoph- tMlmus Joseph, Ç. Chéluèiv, face supérieure. 56. FIG. X. Tivijlo/it/i>/nt>ttex /lolyop/i- thalmus Joseph, Ç. Chélk-ère, face inférieure .x 56. FlG. XI. TrixilDlujiilmiitcx polyoph- Ihalmm Joseph, ç. Laïue- maxillaire. x 56. fois la hauteur du bandeau. Leurs tiges sont droites, d'abord cylindriques un peu convexes en avant et en arrière, puis atténuées et divergentes surtout chez les mâles, vers l'extrémité. Sur leur face latérale externe se voient les fines stries transverses et paral- lèles de l'organe stridulatoire. Du côté interne on observe, à leur base, quelques très courtes épines, irrégulièrement dis- posées, et, çà et là, quelques soies. Leurs marges sont longues et obliques ; la supérieure est pourvue de deux fortes dents égales, situées vers son milieu, et d'une troisième dent plus faible et plus reculée. La marge inférieure est armée de quatre à cinq dents petites, contiguës, sauf la dernière qui est un peu plus forte et souvent séparée. Le long de cette marge se voient six à sept poils villeux assez courts. Le crochet est très long, régulièrement courbé et se termine en pointe très aiguë. Chez les mâles la marge inférieure possède seulement quelques petites granulations peu distinctes. Les lames -maxillaires (fig. vin et xi) sont une fois et demie plus hautes que larges. Faiblement anguleuses au som- met, elles ont leur bord externe rectiligne jusqu'à la serrula qui est oblique et très fine, et leur bord interne arrondi, légèrement incliné sur la pièce labiale. La scopula est très dense et se compose de longs poils villeux', surtout nombreux au sommet, et de poils plus courts (fig. xii), rigides, élargis et aplatis à l'extrémité. Elle se g. xii. Troglo- liUpItiinlrs .!/<(,- queti (]v S.). Poil spatule de la scopula des lames-maxillai- res, x 900. 62 LOUIS F AGE Fia. mil Troglohyphantes Cerberm (E. S..) ç. Patt mâchoire, côté externe. ;: 44. continue sur le bord interne des lames jusqu'à leur base par quel- ques poils villeux, semblables à ceux du sommet, et semblables à ceux qui recouvrent la face anté- rieure du rostre. Celui-ci, très apparent au-dessus de la pièce la- biale, a sa face postérieure entiè- rement revêtue de courtes épines. On distingue aussi de pareilles épines au-dessous de la scopula et à la base des lames, du côté interne. Les autres articles de la patte- mâchoire de la femelle (fig. xiii et xiv) sont relativement allongés, sauf le trochanter qui est très court. Le fémur est plus grand que la patella et le tibia réunis, et un peu plus court que le tarse. Leur ensemble fait la moitié ou les deux tiers de la longueur du corps. Le trochan- ter, un peu plus long que large, est saillant en avant en son milieu, et porte un poil court sur cette saillie. Le fémur est inerme. La patella est surmontée d'une épine très longue, faisant quatre à cinq fois le diamètre de l'article. Le tibia, plus de deux fois plus long que la patella. porte vers son extré- mité trois longues épines, une su- père et deux internes. Le tarse, au moins deux fois "plus long que le tibia, est armé vers sa base de deux- longues épines supères et d'une latérale interne situées au même niveau, puis d'une paire d'épines latérales situées en son milieu, et enfin, dans sa moitié terminale, de trois épines infero-internes et de deux épines infero-externes. Cette disposition est constante chez toutes les espèces. La griffe terminale (fig. xv) est droite, Fie".!, xv. Trotflohyphantes pyretueuê (E. S.). Ç. Griffe . . ■■ . ,. terminale de la patte-mâehoi.v. 360. &U niOlllS aUSSl longue que le dia- Troglohyphantet Cerberus (E. S.). 9. Patte- mâchoire, côté interne. 11. TBO GLOH Y PH AN TES 63 mètre du tarse à la base, et porte en dessous une très petite saillie obtuse. Les Patte s -ambulatoires (fig. xvi ) sont remarquables par leur longueur et les nombreuses épines dont elles sont armées. Elles sont entre elles suivant la formule I>II>IV>III ou I>IV>II>ni. La première paire, qui est la plus allongée. mesure 2 fois 1/2 à 4 fois la longueur du corps. La seconde paire, tantôt un peu plus courte, tantôt un peu plus longue que la quatrième, est à peine plus petite que la pre- mière, mais au moins d'un tiers plus longue que la troisième. A toutes les paires les méta- tarses sont un peu plus courts que les tibias (en général de la longueur de la patella), qui sont égaux aux fémurs et font environ le double du tarse. Ces proportions ne sont peut-être pas rigoureusement cons- tantes, mais ne varient que dans de très faibles limites. Les hanches, vues de profil, sont presque aussi larges que longues ; celles des deux premières paires sont égales, un peu plus allongées que celles des paires postérieures. Les trochanters sont très courts, plus larges que longs et légèrement saillants en dessous. Les fémurs sont régu- lièrement amincis de la base vers l'extrémité et droits, sauf ceux de la quatrième paire qui sont faiblement incurvés en dehors (fig. xvn). Cependant, les fémurs antérieurs des Tr. Alluaudi sp. nov. et furcifer (E. S.) sont dilatés au milieu Fig. xvii. Troglo- L ' • ' hyphantes po- (P. II, fig. 12). Les patellas sont cylindriques .plus larges hiophthalmus Joseph, 9. Fé- que longues. Les autres articles sont normaux et n ortrent mur IV, vu en . . , 18. aucune particularité. xvi. Tfoyhlintilwntf.1 /lt!iii/taittcsi>!jreito'tis(E.&.). i ■ * x 9. Griffes tarsaies. x 360. nières sont remplacées, aux paires anté- rieures, par des poils spiniformes, peu rigides. Enfin, on observe souvent de longues épines inférieures plus ou moins disposées par paires alternées, variables en nombre et en situation. Tous les métatarses ont une épine basilaire dorsale (exceptionnellement deux), et certaines espèces ont en outre une paire d'épines latérales situées au même niveau. Les tarses sont inermes, dépourvus d'ony- chium, et portent seulement à leur extrémité trois longues griffes faible- ment arquées (fig. xviii). Les supérieures, égales entre elles, sont pour- vues d'une quinzaine de denticulations sur leur moitié basale; l'infé- rieure, de moitié plus courte, plus incurvée, n'a qu'une fine dent en dessous, en son milieu. Indépendamment de ces épines, dont le nombre et la disposition sont assez constants chez les différents individus d'une même espèce, les appendices portent de nombreux poils, d'autant plus denses et d'autant plus longs qu'on a affaire à des formes plus complètement adaptées au milieu souterrain. C'est ainsi que sur la face inférieure des fémurs se trouve placée une double rangée de 12 à 15 poils dressés, dont les plus longs, situés à la base, font trois fois le diamètre de l'article. Ces poils sont semblables à ceux qui sont implantés sur le sternum et doivent, TROCLOII YPUAXTKS 65 cumnie ces derniers, avoir un rôle tactile important. D'autre part, La face dorsale des tibias, les faces dorsale et ventrale des métatarses et des tarses de toutes les paires et de la patte-mâchoire portent de très nombreuses soies sensitives. Une seule trichobothrie est visible au tiers basilaire des métatarses. Le pédicule est très court, caché en dessus par l'avance abdomi- nale. Il est formé de deux pièces (fig. n), F une antérieure, convexe en arrière, qui correspond au premier segment abdominal en son entier, l'autre concave en avant et qui doit être considéré comme la partie anté- rieure chitinisée du deuxième segment abdominal. {Cf. Sôrensen, 1917). L'abdomen est ovale, une fois et demie plus long que large, recouvert de longs poils espacés. Parmi ceux-ci, quelques-uns, — trois paires générale- ment (PI. VI, fig. 91) — remarquables par leurs dimensions, sont situés der- rière l'épigastre et dirigés normale- ment à la surface du ventre. Les stig- mates pulmonaires sont situés de chaque côté de la fente génitale, et : .. . i / • , t i i FIG- m Troglohyphantes Marqueti (B. S.). Ç. les stigmates trachéens immédiatement post-abdomen, vu en dessus, x 117. au-dessus des filières. Ces derniers donnent accès à un court vestibule transverse, d'où partent deux paires de trachées tubuleuses, non ramifiées : une paire médiane, destinée à l'abdomen et une paire latérale, qui pénètre dans le céphalothorax. Le tubercule anal (fig. xix), ou post-abdomen, est triangulaire à pointe obtuse. Les deux segments visibles en dessus sont sensiblement de même longueur ; le dernier, qui est arrondi à son extrémité, porte en dessous l'anus en forme de fente transverse. Les filières (fig. xx) ne paraissent présenter aucune particularité et sont semblables à celles de la majorité des Linyphieœ. Les supérieures sont coniques et à deux articles ; l'article basilaire porte vers son extré- mité, du côté interne, une grosse fusule conique isolée ; le second article a seulement quatre fusules divisées en deux groupes : un groupe interne composé d'une seule fusule et un groupe terminal composé de trois fusules plus courtes, à base presque sphérique. Les filières médianes, de moitié plus courtes, n'ont qu'un article qui porte une grosse fusule terminale et une, plus petite, interne. Enfin, les filières inférieures, qui dépassent un peu les supérieures, sont à deux articles ; le ter- 66 LOUIS F AGE Pia. \x. Troglohyphantes Marqueti i E. s.). Ç.Colulus et filières, vus en dessous. 140. La filière inférieure gauche a été enlevée pour montrer les filières médiane el supérieure. minai est garni à son sommet de fusules courtes et à base sphérique. Entre les filières inférieures se voit un colulus volumineux, trian- gulaire, plus long que large, terminé par une pointe obtuse bien détachée. L'organe coptj- lateur revêt dans les deux sexes une extrême complica- tion. Il est intéres- sant à étudier dans le détail car il éclaire les affinités du g. Troglo h y j> h a n tes, qu"il permet de si- tuer à sa vraie place dans cette longue série des Linyphieœ, si homogène à d'autres égards. Chez la femelle, la région épigastrique est très saillante. L'épigyne, vu.en dessus (fig. xxi), se présente sous la forme d'une plaque convexe, rarement plus longue que large, lisse, mais ornée de poils. Ses bords latéraux sont renflés, quelquefois repliés en dessous et réunis par une sorte de lèvre inférieure plus ou moins chitinisée. Son bord postérieur est échancré, ou prolongé en pointe médiane, et laisse généralement à découvert l'extrémité de la lan- guette interne et du crochet qui est annexé à celle-ci. Cette plaque épigastrique, en effet, constitue simplement la voûte d'une fos- sette profonde (fig. xxn), entiè- rement occupée par une languette membraneuse transparente, dont la base, très étroite, s'insère à son extrémité, et qui, courbée à angle droit, se dirige vers le fond de la fossette oii elle s'étale et se recourbe en coquille, se divisant sur son trajet de retour en deux lobes, convexes extérieurement, faisant seuls saillie au dehors. C'est entre ces deux lobes et à leur base, que prend naissance le court crochet membraneux dont la pointe obtuse et concave est visible en dessus , Cette situation est en quelque sorte FIG. xxi. Troglohypliantes MarquetiÇE. S.). TlUHiLOIlYPHAXTES 67 xxii. Tri>iiluh>n)hti»h-x Marqueti (E. S.), m dessous. <'>:!. celle de l'organe au repos. Il est vraisemblable, en effet, que la languette est normalement susceptible de se dévaginer. Il suffit, en tout cas. pour obtenir artificiellement ce résultat — comme pour obtenir chez Le mâle la turgescence du bulbe — d'une immersion de l'épi- gyne dans la potasse. On voit (fig. xxiii) l'armature chiti- neuse de la languette se dé- tendre, et celle-ci faire saillie en sou entier hors de la fos- sette. On constate alors que, dans sa partie large, la lan- guette offre un aspect gaufré et que ses lobes terminaux sont repliés en haut de manière à former, chacun, une sorte de poche ouverte en avant. Les deux trajets chitineux qui parcourent la languette prennent naissance au voisinage des réceptacles séminaux, qui sont dissimulés sous les bords latéraux de la plaque épigastrique. De là. ils suivent le bord postérieur de l'épigyne jusqu'à son milieu et se continuent dans la languette, où l'on perd leur trace dans les deux poches terminales dont je viens de parler. Au point de vue taxonomique les différents aspects externes de l'épigyne fournissent de bons caractères. S'il est souvent impossible de distinguer par le seul examen de cet organe des espèces très voisines, il n'en est pas moins exact qu'on a là le moyen de grouper les espèces suivant leurs réelles affinités. Tantôt la plaque épigastrique est très grande et re- couvre complètement en dessus l'ap- pareil interne (PL IL, fig. 14), tan- tôt elle est simplement prolongée en son milieu, en pointe obtuse ou élargie en palette (PI. VII, fig. 121), tantôt enfin elle est courte et échancrée (PL VII, fig. 123), laissant à découvert la plus grande partie de la languette. Nous étudierons plus loin, dans le détail, Fig. -\.\iii. Tiotjlohyphaides Marquai (E. s.). ] gyne, vu en dessus, la languette inte dévaginée. 63. 68 LOUIS F AGE ces diverses modalités, leur valeur systématique et phylogénique. L'organe copulateur dit mâle répond par sa complication à celui de la femelle. Les premiers articles de la patte-machoire sont normaux (PI. V. fig. 60). La patella, souvent plus épaisse et plus longue que le tibia, porte toujours à son bord antérieur un long crin robuste, arqué en avant, et quelquefois en dessus, du côté interne, une petite apophyse arrondie. Le tibia est toujours plus court que chez la femelle. Son bord antérieur est redressé, aminci et le plus souvent découpé par quelques avances peu saillantes ; ses bords latéraux sont également prolongés en dilatations obtuses et très courtes. Les poils dont il est re- vêtu sont particulière- ment abondants du côté interne. Le tarse est rejeté du côté interne. Il est de même longueur que le fémur, plus long que large, vaguement quadrangu- laire, à angles arrondis, convexe en dessus, sauf au niveau de l'insertion du bulbe qui est marqué par une faible dépression. Il est caractérisé par son bord externe très fortement caréné sur toute son étendue, par un sillon trans verse très court situé en dessus, vers son milieu (PI. IV, fig. 53), limité par deux saillies généralement bien isolées, et enfin par son bord postérieur, toujours saillant et souvent prolongé en deux apophyses superposées, de forme variable, mais pou- vant atteindre un très grand développement. Le paracymbium est toujours volumineux et fortement chitinisé. Il forme un V appliqué sur le bulbe et aussi haut que lui. La branche descendante, soudée, au taise, est très épaisse à la base et rebordée ; la branche ascendante est dirigée un peu obliquement en avant, son extrémité est repliée ; parfois une troi- sième branche, plus courte, se greffe sur celle-ci, près de sa base. Le bulbe est extrêmement complexe, volumineux et déborde large- ment le tarse. Il se compose (fig. xxiv) de trois parties principales : une partie lmsilrnre membraneuse (/>), une pièce intermédiaire (?) chiti- ...J* Fig. xxiv. T 'loghihiijiluud.s cerberwt (E. S.). Bulbe, côté externe. . si a, apophyre antéricurr : /'. partit- basilairr- ; !, pièce inter- méctiairé ; l, lamelle caractéristique : s, style. TRO GLOH Y PUANTES m I-'k;. XXV. Troylo/iuiiltinitcH /■'•rbeni* (K. S.). Bulbe, vu en avant. 84. nisée, un style lamelleux (.s), (.'es .trois parties sont superposées à l'état de repos, mais articulées entre elles de manière à permettre le déploie- ment de Forgane au moment de la copulation. L'hœmatodocha, qui s'insère vers le milieu du tarse, est masquée par la partie membraneuse légèrement colorée, prolongée en une très courte pointe mousse anté- rieure et au travers de laquelle se voient les premières circonvolutions du tube séminifère. Celui-ci appa- raît en avant du côté externe, der- rière F apophyse antérieure (a) trian- gulaire dont il sera bientôt ques- tion, puis s'enfonce encore une fois en arrière pour achever son dernier tour de spire ;: il pénètre ensuite à l'intérieur de la pièce intermé- diaire où il augmente parfois de volume. Cette pièce (fig. xxvi), qui est fortement chitinisée, bien visible du côté interne et en avant, est contournée en forme d'S renversée. Elle s'articule d'un côté avec F apophyse antérieure (a) et se continue de l'autre en un processus plus souple, dont les courbures se distinguent parfaitement du côté interne et qui aboutit finalement au style (s). Celui-ci (fig. xxvi) est épais, courbé en demi-cercle à concavité interne. Vu de profil (PI. IV, fig. 54), il est assez élevé, sa base, membraneuse et plus ou moins turgescente, est striée ou recouverte de petits mamelons saillants, elle est bordée par une ceinture de forte chitine vivement colorée. A son extrémité, qui est dirigée en avant et relevée, et qui est tantôt tronquée, tantôt un peu prolongée, s'ouvre le tube séminifère. Chez quelques espèces cependant, cette ouverture* est latérale et précédée d'une avance obtuse du style. Ces pièces portent des formations accessoires qu'il est indispensable Fig. xxvi. Troglohyphemtes eerberus (K. S.) Style, vu en dessous, x 84. 7<) LOUIS FACE de .signaler. Quand on regarde le bulbe par sa faee antérieure (fig. xxv) on aperçoit une longue apophyse triangulaire (a) h sommet dirigé en haut et très aigu. C'est elle que nous appelons l'apophyse antérieure et dont la base est articulée avec la pièce intermédiaire. Sur celle-ci, et presqu'au même niveau, se trouve inséré (fig. xxvn) le conducteur membraneux (<•), foliacé et transparent, qui recouvre au repos la pointe du style. Enfin, à l'autre extrémité chitineuse de la pièce intermédiaire, se détache mie apophyse (/) à laquelle les auteurs donnent le nom de lamelle caracté- ristique : sa forme, bizarrement contournée, est en effet strictement spécifique. Elle se com- pose essentiellement de deux branches, dirigées en avant, pour ainsi dire à cheval sur la base du style. La branche externe est généralement redressée vers le haut, repliée ou recourbée en boucle. La branche interne est sensible- ment horizontale ; son bord antérieur est le plus souvent membraneux, transparent et diversement sculpté. Ces deux branches sont réunies à la base par une sorte de pont, pourvu lui-même de pointes ou de protubérances, très variables de forme et de situation suivant les espèces. Même chez les espèces les mieux pourvues à cet égard, la lamelle caractéristique n'atteint que de faibles dimensions, nullement comparables, par exemple, à celles qu'elle prend dans le g. Lepthy pliantes où elle constitue un style accessoire, plus volu- mineux que le véritable style. Elle est ici, au contraire, peu apparente à l'extérieur, cachée en grande partie par les autres pièces du bulbe, et toujours moins développée que le style. Son importance taxonomique est de premier ordre : nous ne connaissons pas actuellement deux espèces qui aient leur lamelle caractéristique de même forme. Au moment de la turgescence le bulbe se déploie, la pièce intermé- diaire pivote sur l'apophyse antérieure, qui reste en place, et porte le style en avant. . La pointe de ce dernier est alors découverte, son con- ducteur, qu'il serait plus exact de nommer protecteur du style, étant Fig. xwir. Troglohyphantes cerberus (E. S.). Pièces annexes du bulbe, x Hi. i, pièce intermédiaire; d, son point d'ar- ticulation avec l'apophyse antérieure ; c, conducteur membraneux du style : I. lamelle caractéristique. TRO GLOH Y PH AN TES 7 1 largement dépassé dans ee mouvement. Au repos ces différentes parties se replient l'ime sous l'autre comme trois segments d'un mètre articulé. Les caractères sexuels SECONDAIRES, qui se bornent aux quelques modifications déjà signalées dans la forme du céphalothorax et dans l'armature des chélicères des mâles, n'apparaissent que chez les individus qui, ayant accompli leur dernière mue, sont de plus sexuellement mûrs. On trouve en effet, pour une même espèce, des mâles ayant tous les caractères de l'adulte et ne présentant aucune déformation du cépha- lothorax, et d'autres déjà modifiés. Position systématique Les Linyphieœ, envisagés dans leur ensemble, peuvent être divisés en deux grands groupes d'après la structure de l'organe copulateur. Dans quelques genres, dont les principaux sont les g. Linyphia, Labulla, Bathyphanies, Lessertia, Porrhomma, le mâle est pourvu d'un long style filiforme, parfois enroulé sur son support ; les réceptacles séminaux de la femelle s'ouvrent directement dans la poche copulatrice, grande, spacieuse, libre de tout organe interne, et séparée simplement de la fente génitale par une faible avance de son bord postérieur. Dans les autres genres — Le pthy pliantes, Microneta, Centromerus, etc. ■ — le style est court, épais, lamelleux, généralement tronqué à l'extrémité ; la poche copulatrice de la femelle est plus ou moins remplie par une languette membraneuse qui prend naissance à son bord supérieur, et qu'on trouve, à l'intérieur, repliée sur elle-même. Bien que nous ignorions la manière exacte dont se fait l'accouplement chez les uns et chez les autres, nous devons admettre qu'il s'opère bien différemment. Le style d'un Linyphia peut pénétrer facilement, sans rencontrer aucun obstacle, jusqu'au fond de la poche copulatrice ; mais il ne saurait en être de même chez le Lepthy pliantes minutus B., par exemple, dont le style épais se heurte à la languette interne et ne peut féconder la femelle sans qu'au préalable cet organe ait été écarté. C'est pourquoi il est probable qu'au moment de l'accouplement, chez les formes dont la languette est volumineuse, souple et membraneuse, celle-ci est susceptible de se dévaginer pour permettre l'intromission du style. Quoiqu'il en soit, on comprend que les différences anatomiques et physiologiques de cet ordre, portant sur un organe et sur une fonction Aech. de Zool. Exp. et Géx. — T. 58. — F. 2. 0 72 LOVIS F AGE FIG. XXVIII. Tuniiiiwniis xijosiis CaMBT.. Kpii-'y dessus. 56. de cette importance, fournissent une base solide pour une classification naturelle des Linijphiec. Je ne puis, dans le cadre de ce travail, entrer dans le détail de cette classifica- tion, ni montrer, dans les diffé- rents genres, les étapes successives de l'évolution de la languette interne, ses complications gra- duelles, puis sa réduction à une lame chitinisée. soudée à l'épi- gyne ; évolution se faisant paral- lèlement à celle du style qui, d'abord allongé, puis court et épaissi peu à peu, est alors large- ment dépassé par les autres pièces du bulbe. Cette étude fera l'objet d'un mémoire spécial. Il suffit d'indiquer pour le moment que les Tro- çjloliy pliantes se placent dans le second groupe, c'est-à-dire parmi les genres dont l'épigyne est pourvu d'une languette interne et dont les mâles ont le style épais et membraneux. Ce genre est donc fort loin du g. une seule espèce, le T. setosus Cambr. (fig. xxviii et xxix), au voisinage des Linyphia et des Labulla. Il est aussi très éloigné du Willibaldia caver- nicola Keyserl. des grottes du Nouveau-Monde, impossible à séparer des Porrhomma ; et du Troglohy pliantes ajer E. S. qui rentre dans le g. Lepthijphante*. Mais il est bien difficile actuel- lement de préciser davantage ses affinités. Certains carac- tères, tirés des pièces buccales de l'armature des pattes, le rapprochent des Lepthy pliantes, principalement des espèces qui se rangent autour du L. minutus B. ; mais l'appareil copulateur est différent. Chez Tamnucnus1. qui reste avec Fig. xxix. Tamnucnus setosus (Cambr.). Patte-mâchoire du Cf , côté externe, x 56. I. Le Taranucnus patdlattis Kulczynski (1912 p. 2, fig. 1-t) n'appartient certainement pas à ce genre, ni g. Troylohij pliantes. Fcut-étrr est -il voisin des Lept]iyphU]}ts& du groupe du !.. Ha net i Vlcetiti (E. S.) ? TROGLOH Y PUANTES Via. xxx. Lepthyphantes afer (E. S.)- Style, profil externe, x 170. les Lepiliy pliantes le style est précédé d'une avance inférieure qu latérale volumineuse (fig. xxx) ; la lamelle caractéristique est tou- jours plus développée que le style et souvent soudée à la pièce intermédiaire. En dépit des apparences, je ne serais pas étonné que les Troglohy- phantes soient un jour placés, avec raison, à côté des Centromerus, du groupe du C. silvaticus Bl., dans une série dont il fau- drait chercher la base au voisinage des Sintula (S. corniger Bl.). Mais l'étude détaillée de l'organe copula- teur de ces genres n'a pas été faite et toute comparai- son un peu serrée reste encore impossible. Ce qui paraît certain, c'est que le genre qui nous occupe ici, par ses espèces les moins différenciées, Tr. Alluaudi sp. nov., Tr. furcifer (E. S.), touche de fort près aux formes à style libre et par conséquent ne saurait se placer à la suite de formes déjà hautement différenciées, telles que les Lepthy- pliantes, par exemple. Ethologie Les Troglohy pliantes sont des hôtes habituels des cavernes. Beaucoup d'espèces y vivent, s'y reproduisent et n'ont jamais été capturées au dehors. Quelques-unes subissent de ce fait des adaptations particulières dont les plus apparentes sont : la dépigmentation de la chitine, rallon- gement des pattes et des poils sensitifs, la réduction des yeux, pouvant aller jusqu'à l'anophthalmie complète. Mais, à part ces formes essentiel- lement troglobies et qui sont vraisemblablement la minorité, les autres espèces se rencontrent indifféremment à l'extérieur et dans les grottes, sans varier d'une façon sensible dans leur structure, ici et là. C'est qu'en effet, les Troglohy pliantes sont avant tout hygrophiles. Les espèces lucicoles se trouvent exclusivement dans les marécages, à la base des plantes (Tr. phragmitis (E. S.), Tr. Marqueti (E. S.); dans les mousses humides (Tr. Marqueti (E. S.), Tr. Cerberus (E. S.), Tr. furcifer (E. S.) ; sur les hautes montagnes, au voisinage des glaciers (Tr. Marqueti (E. S.), Tr. lucifuga (E. S.). Cette affinité des Troglohy pliantes pour les 74 LOUIS F AGE lieux humides, qui correspond à une réelle nécessité de leur organisme, suffit à expliquer leur présence dans les grottes. Ils y trouvent à ce point de vue des conditions analogues à celles qu'ils rencontrent à l'extérieur, dans les stations qui constituent leur habitat normal. Attirés et retenus dans les grottes par l'humidité, ils y subissent alors l'influence des autres facteurs propres à ce milieu (obscurité, température, nourriture, etc.), à laquelle ils réagissent plus ou moins, mais qui est. pour quelques-uns, le point de départ d'une série d'adaptations nouvelles, les rendant de plus en plus solidaires du nouvel habitat vers lequel ils ont été entraînés. Il ne saurait donc être ici question de « préadaptation » au sens que CuÉnot (1911) donne à ce mot. Dans certains cas, cette pénétration dans les grottes se fait, pour ainsi dire, sous nos yeux. Le Tr. Marqueti (E. S.) se trouve dans le bois d'Izeste (Basses-Pyrénées), où Simon en a recueilli plusieurs exemplaires sous les mousses, mais il se trouve aussi, et beaucoup plus facile à cap- turer, dans la grotte du même nom, toute voisine. De même, le Tr. Orpheus (E. S.) a été pris par Jeannel dans la grotte de Capètes (Ariège). Or cette grotte s'ouvre à 1.300 mètres d'altitude dans la forêt commu- nale de Freychenet, où il est à présumer que l'espèce se trouve égale- ment. Les grottes sont en réalité d'excellents pièges à TrogloJiy pliantes que les biospéologistes se contentent d'exploiter. C'est pourquoi beaucoup d'espèces qui n'ont encore été trouvées que par ceux-ci, et qui cependant ne présentent aucune adaptation cavernicole marquée, doivent aussi se rencontrer à l'extérieur, à proximité de leur lieu de capture. En somme, les individus appartenant à ces espèces, et réfugiés dans les grottes, n'y forment pas des colonies isolées. Nous verrons quelles conclusions on en peut tirer relativement à l'évolution des espèces. Le fait que la grotte n'est le plus souvent pour les Troglohy pliantes qu'une station particulière d'un habitat plus étendu explique aussi la présence fréquente d'espèces différentes dans une même grotte : le Tr. Marqueti (E. S.) se trouve associé au Tr. Cerberus (E. S.) dans la gtotte de Sarre (Basses-Pyrénées), et tous les deux cohabitent avec le Tr. cœcus sp. nov. dans la grotte de Betharram (Basses-Pyrénées) ; les Tr. Cerberus (E. S.) et pyrenœus E. S. vivent ensemble dans la grotte d'Oxibar (Basses-Pyrénées). Il en est d'ailleurs ainsi à l'extérieur, et Stmon a pris les Tr. Marqueti (E. S.) et phragmitis (E. S.) aux pieds de plantes poussant dans un étang des environs de Saint-Jean-de-Luz ; de même qu'ont été pris ensemble les Tr. Marqueti (E. S.) et Cerberus TBO GLOH Y PU A NTES 75 (E. S.) dans les mousses humides du bois de Saint-Ohristau (Basses- Pyrénées). Les Troglohyphantes se comportent en général comme les Lepthy- phantes. Abondamment pourvus d'organes du tact, situés principale- ment à la face inférieure des hanches, des fémurs et sur le sternum, ils progressent lentement, en « tâtant le terrain ». S'ils sont inquiétés, leur marche devient rapide, à moins que, repliant les pattes le long du corps, ils ne se laissent choir et ne « fassent le mort ». Leur toile est légère, en forme de nappe, sans réseau irrégulier. Leur ponte n'a pas été observée. Distribution géographique Dans la partie descriptive de ce travail sont indiquées les limites de l'habitat de chaque espèce. Aussi bien, voulons-nous simplement dans ce paragraphe esquisser à grands traits la répartition géographique du g. Troglohy pliantes dans son ensemble, et examiner brièvement les différentes questions qu'elle soulève. Tel qu'il a été défini, le g. Troglohy pliantes est propre à l'Europe et se rencontre depuis les Monts Cantabres à l'ouest jusqu'aux Alpes de Transylvanie à l'est. Ses espèces jalonnent la chaîne alpine sur toute son étendue et ne se trouvent en dehors d'elle que dans le causse de Gramat (Lot), dont les relations géologiques avec les Pyrénées sont bien établies. Mais, sur une aussi vaste étendue, les Troglohy pliantes n'oc- cupent qu'une bande fort étroite, entièrement comprise entre les 42e et 46e degrés de latitude. Vers le sud ils ne dépassent pas les provinces espa- gnoles de Logrono et de Huesca, et vers le nord s'arrêtent au Tessin et au Banat. Nous n'essayerons pas de proposer une expli- cation valable à une semblable répartition. Nous remarquerons seulement que les Troglohy pliantes n'étant pas strictement cavernicoles, leur distribution actuelle, malgré les apparences contraires, ne saurait être liée, de ce fait, à celle du calcaire, ainsi qu'il arrive pour beaucoup de troglobies. Nous remarquerons en outre que ce genre est étroitement apparenté aux Linyphieœ propres aux zones froides et tempérées de l'hémisphère Nord. Cette dernière remarque, qui pourrait à la rigueur être invoquée pour expliquer leur présence fréquente dans les grottes et sur les sommets de régions à température relativement élevée, ne rend nullement compte de leur absence au-dessus du 46° parallèle. En fait, les Troglohy pliantes se trouvent sur la bordure nord des 76 hOtîîê FAII>IV>III ou I>IV>II>III ; 1=2 fois y2 à 4 fois la longueur du corps; fémur=tibia> métatarse 2 tarses ; métatarses plus courts que les tibias ; tous les articles sauf les tarses et parfois les fémurs postérieurs pourvus de longues épines ; tarse, sans onychium, à trois griffes, les supérieures denticulées en dessous dans leur moitié basale, l'inférieure portant une seule dent en dessous ; une seule trichobotrie sur le métatarse. — Pédicule court, caché par l'abdomen, formé de deux pièces chitinisées sub-égales. — Abdomen à peine plus long que le céphalothorax et 1 fois y2 plus long que large ; stigmates normalement placés. — Tubercule anal court, triangulaire, de moitié plus large que long. — Filières coniques, terminales, au nombre de 6 ; les supérieures et les inférieures sub-égales, à 2 articles ; les premières ayant une grosse fusule au sommet de l'article basilaire, et 4 plus petites sur l'article terminal ; les secondes portant de petites fusules très nombreuses, à base hémisphérique, sur l'article terminal seulement ; les filières médianes, beaucoup plus courtes, à un seul article pourvu de 2 fusules. — Colulus triangulaire, à pointe obtuse, saillante. — Epigyne en plaque chitineuse très convexe, recouvrant en partie ou en totalité la languette interne, souple et membraneuse pourvue d'un crochet et recourbée en coquille dans la poche copulatrice ; cette poche limitée en dessous par une lèvre médiane plus ou moins chitinisée. — Patte- machoire du mâle sans épines ; patella pourvue à son bord antérieur d'un long crin, effilé recourbé en avant et épaissi à sa base ; tibia dilaté latéralement, son bord antérieur relevé et aminci ; tarse de même lon- gueur que le fémur, rejeté du côté interne, creusé en dessus d'un sillon transverse court et profond, bord externe très fortement caréné sur toute son étendue, bord postérieur saillant ou prolongé en arrière par deux apophyses superposées ; paracymbium très grand en forme de V, la branche ascendante parfois dédoublée. — Bulbe volumineux ; apophyse antérieure allongée, droite, diminuant graduellement de la base à l'ex- trémité très aiguë ; pièce intermédiaire portant une lamelle caractéris- tique à deux branches, peu visible, toujours plus courte que le style et fortement contournée ; style épais, lamelle ax, recourbé en arc de cercle à concavité interne, son extrémité dirigée en avant, tronquée. Espèce type : Troglohyphantes polyophthalmvs Joseph. TROGLOHYPHANTES 37 Tableaux des Espèces — Fémurs des 3 premières paires légèrement dilatés au milieu. — cr Tarse de la patte-mâchoire dépourvu de sillon transverse en dessus, ou celui-ci à peine indiqué. — Style, vu en dessous, courbé en arc de cercle assez ouvert ; vu de profil, son extrémité cylindrique, redressée. — Ç: Languette interne de l'épigyne complètement recouverte, en dessus et sur les cotés, par la plaque épigastrique. (PI. II et III : fi g. 1 à 23.) Groupe/. — Fémurs nullement dilatés au milieu. — çf : Tarse de la patte-mâchoire pourvu en dessus d'un sillon transverse court et profond. — Style, vu en. dessous, nettement courbé en demi-cercle : vu de profil, son extrémité comprimée ou déprimée. — 9 : Extrémité de la languette interne incomplètement recouverte par la plaque épigastrique et toujours visible en dessus e1 sur les côtés 2. — d" : Style à pointe comprimée. — Ouverture du tube séminifère terminale et nullement dépassée par une avance du style. — • Lamelle caractéristique sans éperon inférieur. — ç : Bord postérieur de la plaque épigastrique non prolongé, ou prolongé seulement en pointe médiane plus large à la base. 3. — c? : Style à pointe déprimée. — Ouverture du tube séminifère latérale, dé- passée par une avance du stylo. — ■ Lamelle caractéristique pourvue d'un éperon inférieur. — 9 : Bord postérieur de la plaque épigastrique droit ou prolongé au milieu en longue palette cordiforme, très étroite à la base, arrondie et très large à l'extrémité. (PI. VI et VIII ; fig. 1 02 à 1 '>. 1 . ). Croupe V. — <3 : Paracymbium à 3 branches. — Côté interne du tarse de la patte-mâ- choire prolongé à son bord postérieur en une longue apophyse horizon! oie dirigée en arrière. (Pi. III à V ; fig. 2 'i à 63.) Groupe II. — d" : Paracymbium à 2 branches 4. — <3 •■ Bord postérieur du tarse de la patte-mâchoire, vu de profil, coupé carré- ment du côté interne. — Branche interne de la lamelle caractéristique droite et foliacée. — Ç : Epigyne, vu en dessus, beaucoup plus large que long ; bord postérieur de la plaque épigastrique légèrement éch ancré sur les côtés et" pourvue d'une courte avance médiane obtuse. (PL V et VI : fig. 64 à 87.) Groupa III — c? : Bord postérieur du tarse de la patte-mâchoire, vu de profil, profondément échancré du côte interne et pourvu de deux courtes apophyses. — Branche interne de la lamelle caractéristique fortement chitinisée et bifide. — 9 : Epigyne, vu en dessus, plus long que large ; bord postérieur de la plaque épigastrique fortement échancré sur les côtés et pourvu d'une longue avance obtuse, médiane, repliée en dessous. (PI. VI ; fig. 88 à 101.). . . . Groupe IV. Groupe I — cf : Patella de la patte-mâchoire pourvue en avant et du côté interne d'une très courte apophyse verticale et arrondie. — Crin patellaire normal, gra- duellement effilé à partir de sa base. — Côté interne du tarse de la patte- 1. Sont uniquement comprises dans ces tableaux les espèces qui me sont connues en nature. Aech. de Zoor>. Exr. et Gén. — T. 58. — F. 2. 7 88 LOUIS F AGE mâchoire prolongé à son bord postérieur par une apophyse plus large cpie longue et coupée carrément. — Lamelle caractéristique sans éperon infé- rieur. — 9 : Plaque épigastrïque, vue en dessus, triangulaire. 1/:'. plus large que longue. — Lèvre inférieure de l'épigyne grande et transverse ; son bord libre droit et seul chitinisé. (PI. II ; fig. 1 à 10.) 1. Tr. Alluaudi sp. nov. — d1 : Patella de patte-mâchoire sans apophyse. — Crin palellaire très épais à la base, brusquement effilé jusqu'à la pointe. — Apophyse postero -interne du tarse de la patte-mâchoire contournant le tibia en dessous, et divisée profondément en deux branches égales, obtuses, visibles du côté externe. — Lamelle caractéristique pourvue d'un éperon inférieur, en forme de longue baguette noirâtre, obliquement dirigée en avant. — Ç : Plaque épigas trique vue en dessus, quadrangulaire, un peu plus longue que large. — Lèvre infé- rieure de l'épigyne fortement chitinisée, triangulaire, à sommet postérieur arrondi. (PL II et III; fig. 11 à 23.) 2. Tr. furcifer (E. S.). Groupe 11 1. — o" : -Sillon transverse du tarse de la patte-mâchoire situé au tiers postérieur. — Apophyse interne du tibia de la patte-mâchoire au moins aussi longue que le diamètre de l'article. — Branche interne de la lamelle caractéristique membraneuse seulement à son bord libre et dépourvue de sillons conver- gents. — Ç : Bord postérieur de la plaque épigastrique fortement chitinisé, échancré sur les côtés et prolongé au milieu en une pointe obtuse, beaucoup plus large à la base que longue 2. — o" : Sillon transverse du tarse de !a patte-mâchoire situé au milieu de l'article. — Apophyse interne du tibia de la patte-mâchoire plus courte que le dia- mètre de l'article. — ■ Branche interne de la lamelle caractéristique entière- ment membraneuse, élargie en éventail, et ornée de très nombreux sillons convergents vers sa base. — 9 : Bord postérieur de la plaque épigastrique membraneux, concave, laissant voir la base de la languette interne en forme de pointe obtuse 4. 2. — Une épine latérale interne basilaire au tibias III. — Yeux latéraux des deux lignes séparés par un intervalle égal à leur diamètre. (PI. III ; fig. 35 à 37.) ♦ . . 4. Tr. nyctalops (E. S.). — Pas d'épines latérales aux tibias postérieurs 3 3. — tarse > tibia + patella : patella 1/3 plus longue que large, sans apophyse, son crin très épais à la base brusquement effilé jusqu'à la pointe ; tibia (fig. 19) un peu plus long que la patella, dilaté sur les côtés, principalement au bord interne, revêtu de crins plus épais, convexe en dessous dans la seconde moitié, redressé en dessus au bord antérieur qui est prolongé au milieu en une lame étroite coupée carrément ; tarse complètement rejeté du côté interne, semblable à celui du Tr. Alluaudi, mais l'apophyse postéro- interne très volumineuse, contournant le tibia en dessous et divisée pro- fondément en deux branches égales visibles du côté externe ; para- cymbium à trois branches. — Bulbe : style (fig. 20 et 21) semblable à TRO GLOH Y PH AN TES 95 celui de l'espèce précédente, sa base un peu plus large et son extrémité plus redressée ; lamelle caractéristique (fig. 22 et 23) à peine plus courte que le style ; branche externe coudée vers le haut dans sa seconde moitié, et portant une dent sur son bord interne, 'étalée à l'extrémité en une lame contournée, branche interne épaisse, son bord interne aminci et festonné, pointe médiane courte et fortement chitinisée ; en outre, un éperon inférieur, obliquement dirigé en avant et en forme de baguette noirâtre droite, pourvu d'une encoche un peu avant l'extrémité qui est renflée et arrondie ; apophyse antérieure comme chez Tr. Alluaudi (fig. xxxvn). Habitat. — Espagne : Navarre, Monts Cantabres. Monts Ibériques. Province de Guipuzcoa : Cueva del Kursaal, près Alza, part, de San- Sebastian (Biospeologica. N° 859). Province de Navarre : Cueva de Orobe, près Alsasua. (Coll. E. S.) Province de Logrono : Environs d'Arnedillo. (Coll. E. S.) Province de Vizcaya : Pic de Serrantes, environs de Portugal et e. Fig. xxxvn. Troglohy- (Coll. E. S.) phantesfurcifert E S.) v , , . Apophyse antérieure Ethologie. — Cette espèce n est pas exclusive- du bulbe, es. ment cavernicole ; elle a été trouvée aussi dans les mousses très humides à Arnedillo et aux environs de Portugalete. Affinités. — Le Tr. furcifer est voisin du Tr. Alluaudi. Les mâles diffèrent surtout par le grand développement que prend chez celui- là l'apophyse postéro-interne du tarse, et par la complication plus grande de la lamelle caractéristique. Nous avons indiqué les raisons qui font que ces deux espèces forment un groupe à affinités ambiguës, chez lequel les caractères du genre Troglohyphantes sont peu accusés. Groupe II cf. — Tarse de la patte-mâchoire pourvu d'un sillon transverse court et profond et d'une longue apophyse postéro-interne dirigée en arrière ; paracymbium à 3 branches ; style vu en dessous nettement courbé en demi-cercle, sa pointe membraneuse comprimée, sa ceinture chitineuse étroite ; branche externe de la lamelle caractéristique arrondie, 96 LOUIS F AGE très développée, branche interne étroite à la base, large au sommet, pointe médiane courte. — ç : Plaque épigastrique plus large que longue, son bord postérieur concave ou échancré sur les côtés et prolongé au milieu en une pointe obtuse, beaucoup plus large à la base jque longue. Observations. — Cinq espèces se trouvent ici réunies qui pourraient être classées en deux sous-groupes, comprenant l'un les Tr. cantabricus, nyctalops, et Simoni, et l'autre les Tr. Cerberus et pyrenœus. L'épigyne de ceux-ci se distingue en effet de celui des premiers en ce que le bord postérieur de la plaque épigastrique n'est nullement prolongé au milieu, il est concave. Mais en réalité la languette interne est de même forme, et c'est seulement son mode d'insertion qui varie. Dans le premier cas elle est le prolongement direct du bord postérieur de la plaque épigas- trique, dans le second cas, elle s'insère en dessous, un peu en retrait. Ces différences sont faibles ; elles servent néanmoins, ainsi que les autres caractères, à préciser les affinités de ces différentes espèces. Les Tr. cantabricus et nyctalops sont propres à la province de Santander ; les Tr. Simoni, Cerberus et pyrenœus se rencontrent dans les Basses-Pyrénées. 3. Troglohyphantes cantabricus E. S. (PI. III; fig. 24 à 34). Troglohyphantes pyrenœus cantabricus E. S. (1911, p. 193). Type de l'espèce. — Cueva de Hornos de la Peûa, province de Santander, Espagne. Matériel étudié. — Echantillons-types et, en outre, nombreux exemplaires des deux sexes provenant de différentes grottes de la prov. de Santander dont rénumération est donnée plus bas. Description. — 9 : Longueur : 3,5 mm. — - Coloration : Céphalo- thorax, appendices, pièces buccales, sternum testacé rougeâtre ; abdomen gris-fauve, concolore. — Yeux (fig. 24) petits, bordés de noir ; les supérieurs en ligne fortement récurvée (le bord postérieur des médians presque au niveau du bord antérieur des latéraux), équidistants, les médians un peu plus petits, séparés par un intervalle égal à 1 fois 1/2 leur diamètre ; les latéraux des deux lignes égaux, connivents ; les médians antérieurs de moitié plus petits, connivents, séparés des latéraux par un intervalle égal au diamètre de ceux-ci. — Bandeau (fig. 25) très légè- TEO GLOH YPHANTES 97 rement concave sous les yeux, sa hauteur égale au double de la longueur de l'aire oculaire. — Sternum marqué seulement de très faibles granu- lations piligères. — Patte-mâchoire, longueur : 1.78 mm. (0.6+ 0.16 + 0.32 + 0.7). — Pattes-ambulatoires : I = (2.2 -i- 0.34 + 2.2 -i- 1.9 + 1.18) 7..S2 mm. * TT = (2 -|- 0.34 !- 2.16 -f 1.92 -f L.16) 7.58 mm. • III = (1.74 + 0.3 + 1.68 |- 1.44 0,8) 5.96 mm. IV = (2.12 + 0.32 + 2.2 + 1.84 + 1) 7.48 mm. Fémurs des trois premières paires pourvus d'une épine en dessus, un peu avant le 1/3 inférieur et fémur I d'une (quelquefois deux) épine interne en son milieu ; tibias pourvus de deux épines dorsales et d'une paire d'épines apicales et en outre, pour le tibia I, de deux ou trois épines inférieures et d'une paire d'épines latérales antérieures, et pour le tibia II. de deux ou trois épines inférieures et d'une épine latérale externe antérieure ; une seule épine dorsale basilaire à tous les métatarses. — Epigyne (fig. 27 et 28) saillant, faiive-rougeâtre ; plaque épigastrique vue en dessus plus large que longue, garnie de poils courts espacés, son bord postérieur échancré sur les côtés et prolongé au milieu en une pointe obtuse beaucoup plus large à la base que longue ; lobes latéraux de la languette interne et crochet bien visibles en dessus et sur les côtés ; lèvre inférieure de l'épigyne, vue en dessous (fig. 29), en plaque trans- verse faiblement chitinisée au bord postérieur. cf. — Céphalothorax semblable à celui de la femelle. — Marge infé- rieure des chélicères pourvue de 3 à 6 dents granulif ormes. — Patte- mâchoire (fig. 30) : longueur 1.22 mm. ; fémur > tarse > tibia + patella ; patella un peu plus longue que large, sans apophyse, son crin réguliè- rement effilé à partir de la base ; tibia (fig. 31) un peu plus long que la patella et moins large à la base, pourvu d'une apophyse interne perpen- diculaire, au moins aussi longue que le diamètre de l'article, son bord externe un peu dilaté, convexe en dessous dans la seconde moitié, concave et redressé en dessus ; tarse rejeté du côté interne, pourvu en dessus à la base d'une saillie obtuse, puis d'une courte carène trans verse limitant , av ec un gros tubercule arrondi situé immédiatement en avant, le sillon transverse ; bord externe sur toute sa longueur et bord postérieur en dessus carénés ; bord interne (fig. 32) prolongé en arrière par une forte apophyse aussi longue que la moitié de l'article, très large à la base, cylindrique et obtuse à l'extrémité ; paracymbium à trois branches. — Bulbe : style vu en 93 LOUIS F AGE dessous, courbé en demi-cercle, vu de profil, sa base large couverte de très nombreuses aspérités, surmontée d'une pointe et bordée d'une ceinture chitineuse plus colorée, son extrémité très allongée, comprimée latéralement et tronquée obliquement ; orifice du tube séminifère ter- minal ; lamelle caractéristique (fig. 33 et 34) : branche externe divisée à son extrémité en deux lobes contournés, branche interne très courte, son bord membraneux et transparent, apophyse médiane formée de deux pointes épaisses, courtes, noirâtres, divergentes dès la base : apo- physe antérieure droite, sa pointe deux fois plus longue que large à la base (fig. xxxviii ). Ethologie et variations. — Cette espèce est strictement caver- nicole. Ses pattes longues et fines, ses yeux relativement petits et écartés, faiblement pigmentés en font une forme bien adaptée à son milieu Cette adaptation, encore plus complète chez les indivi- dus qui habitent la grotte de Santian, dans la province de Santander, aboutit à la disparition presque complète des yeux, dont l'emplacement est simplement indiqué par de petites taches nacrées. Nous conservons, au moins pro- visoirement, à cette race, dont le mâle est encore inconnu, le nom de Troglohyphantes cantabricus anophtJialmus E. S.1, sous lequel ces individus aveugles ont été Fig. xxxvm. Troglo- cités. hyphantes cantabrï- eus e. s. Apophyse Habitat. — Espagne: Monts Cantabres. antérieure du bulbe x 63. Province de Santander : Cueva de Hornos de la Pena, près San Felice de Buelna, partido de Torrelavega. (Biospeologica Xos 208: 2 cf, 3 9.. et 320: 2 ç, 1 o' jeune.) Cueva de Altamira, près Santillana del Mar, partido de Torrelavega. (BiosPEOLoaicA N° 321 : 1 9 jeune ?) Cueva de las Bru j as de Suances, partido de Torrelavega. (Biospeo- logica N° 695-: 6 9,19 jeune.) ( 'ueva del Pis. près el Soto, partido de Villacarriedo. (Biospeo- logica N° 679 : 3 9, 3 jeunes). ( 'ueva de Santian, près Puente de Arce, partido de Santander : Tr. cantabricus anophihalmus E. S. (Biospeologica N03 248 : 2 9, et 265 : 1 9, 2 jeunes.) l. E. Simon (1911 p. 192) attribuait par erreur cette forme eu Tr. pyrenœus. TROf.'LOlI YPHANTES (!) 4. Troglohyphantes nyctalops E. S. (PI. 111; fig 35 à 37). Troglohyphantes nyctalops E. S. (1911, p. 194). Type de l'espèce. — Cueva de Covalanas, province de Santander, Espagne. Matériel étudié. — Echantillon-type et un individu femelle pro- venant de la Cueva de la Clotilde, prov. de Santander. Ces deux exem- plaires ont les pattes de la quatrième paire mutilées. Description. — ç : Longueur : 3 mm. — Coloration : céphalothorax appendices, pièces buccales, sternum fauve testacé très pâle ; abdomen blanc testacé. — Yeux (fig. 35) petits, très finement liserés de noir ; les supérieurs en ligne fortement récurvée (le bord postérieur des médians presqu'au niveau du bord antérieur des latéraux), équidistants, les médians, visiblement plus petits, séparés par un intervalle égal à 2 fois 1/2 leur diamètre : les latéraux des deux lignes égaux, séparés par un inter- valle égal a leur diamètre ; les médians antérieurs d'un tiers plus petits, conni vents, séparés des latéraux par un intervalle égal à deux fois le diamètre de ceux-ci. — Bandeau très légèrement concave sous les yeux, sa hauteur égale au double de la longueur de Taire oculaire. — Sternum presque lisse. — Patte-mâchoire, longueur : 1.8 mm. — Pattes-ambula- toires : I = 7.8 mm. Fémurs des trois premières paires pourvus d'une épine en dessus au 1/3 inférieur et fémur I d'une épine interne en son milieu ; tibias1 pourvus de deux épines dorsales, d'une paire d'épines latérales antérieures et d'une paire d'épines apicales, et en outre, pour les tibias antérieurs, de deux ou trois épines inférieures et d'une ou deux épines latérales postérieures, et pour le tibia III d'une épine latérale interne basilaire ; une seule épine dorsale basilaire aux méta- tarses. — Epigyne (fig. 36 et 37) en tubercule rougeâtre, très gros et très convexe ; plaque épigastrique presque aussi large que l'épigastre, à peine plus large que longue, garnie de poils courts espacés, son bord postérieur faiblement échancré sur les côtés et prolongé au milieu en une pointe obtuse beaucoup plus large à la base que longue ; lobes latéraux de la languette interne et crochet visibles en dessus et sur les côtés. o' inconnu. Habitat. — Espagne : Monts Cantabres. 1. Les tibias IV manquent sur les individus examinés. 100 LOUIS F AGE Province de Santander : Cueva de Covalanas près Ramales. (Biospeologica. N° 262 : ïç). ? Cueva de la Clotilde, près Santa Isabel, partido de Torrelavega. (Biospeologica N° 398 : 1 9.) Rapports et différences. — Cette espèce, strictement cavernicole et bien adaptée à son milieu, est difficile à caractériser d'une façon nette en l'absence du mâle. Elle semble très voisine du Tr. cantabribus, dont elle se distingue surtout par la présence d'épines latérales aux tibias postérieurs et par le tubercule génital plus volumineux et plus convexe. C'est avec quelque doute que nous lui rapportons une femelle, presque totalement anophthalme, provenant de la Cueva de la Clotilde. Chez cet exemplaire, les tibias sont pourvus, en outre des épines dorsales et ventrales et de la paire d'épines apicales, pour les tibias I : de deux paires d'épines latérales ; pour les tibias II : d'une paire d'épines latérales antérieures et d'une épine latérale externe postérieure; pour les tibias III : d'une épine latérale antérieure. Les tibias IV manquent. 5. Troglohyphantes Simoni sp. nov. (PI. IV; ftg. 38 à il . Trojlohyphantes pyrenœm E. S. (1911, p. 191, ace 1907. p. 543, a ,• 1310 p. 61). Type de l'espèce. — Grande grotte de Lecénoby, départ, des Basses- Pyrénées, France Matériel étudié. — Un mâle et une femelle, types de l'espèce. Description. — : : Longueur : 3,5 mm. — Coloration : céphalo- thorax, appendices, pièces buccales, sternum fauve-testacé très pâle : abdomen blanc testacé. -- Yeux (fig. 38) punctif ormes blanc nacré ; les supérieurs en ligne très fortement récurvée (le bord postérieur des médians au niveau du bord antérieur des latéraux), équidistants, les médians plus petits, séparés entre eux par un intervalle égal à 3 fois leur diamètre et des latéraux par un intervalle égal à deux fois le diamètre de ceux-ci ; les latéraux des deux lignes égaux séparés par un intervalle égal à 1 fois leur diamètre ; les médians antérieurs à peine perceptibles, conni- vents, séparés des latéraux par un intervalle égal à deux fois le diamètre de ceux-ci. — Bandeau presque plan, sa hauteur égale à 1 fois 1/3 la longueur de l'aire oculaire. — Sternum lisse, parsemé de crins très longs et espacés. — Patte-mâvhoire : longueur 2 mm. (0.66 -f 0.14 4- 0.40 + 0.80). — Pattes-ambulatoires : I = 8.56 mm. (2.3 + 0.4 + 2.6 + 2.16. L 1.1) ; fémurs des trois premières paires pourvus d'une épine en dessus, TRO GLOH } *PHA NT ES ] 0 1 au 1/3 inférieur et fémur I d'une épine interne en son milieu ; tibias poun us de deux épines dorsales et d'une paire d'épines apieales, ces dernières sétif ormes, et en outre, pour le tibia I (fig. 39) de 3 ou 4 épines- inférieures et d'une paire d'épines latérales antérieures et. pour le tibia III de 2 ou 3 épines inférieures et d'une épine latérale externe antérieure ; une seule épine basilaire dorsale à tous les métatarses. - Epig/ne : semblable à celui du Tr. nydttfops. cf. — Céphalothorax semblable à celui de la femelle. — Patte-mâchoire. et bulbe (fig. 40, 42 et 43) semblables à ceux du Tr. cantabricus sauf : patella (fig. 41) pourvue de deux longs crins dressés courbes, l'antérieur plus fort et plus long ; tarse plus convexe en dessus, son apophyse pos- térieure du bord interne brusquement rétrécie vers son extrémité ; lamelle caractéristique (fig. 45 et 46) : brandie externe étroite à sa base, élargie à l'extrémité qui est à une seule pointe, son bord interne portant une dent médiane non foliacée. Habitat. — Basses-Pyrénées, France. Grande grotte de Lecénoby, près Aussurucq, canton de Mauléon. départ, des Basses-Pyrénées. (Biospeologica N° 327 : 1 c? 1 9 adultes, 1 <3 et 1 9 jeunes). Rapports et différences. — Cette espèce qui n'a encore été ren- contrée que dans la grotte de Lecénoby a les plus grandes affinités avec les deux espèces précédentes qui sont propres à la province de Santander. Les femelles sont à peine distinctes, et le mâle du Tr. Simoni ne diffère du mâle du Tr. cantabricus que par de légers détails de structure du tarse de la patte-mâchoire et de la lamelle caractéristique. 6. Troglohyphantes cerberus E. S. PI. IV ; fig. 47 à 56). Taranucnus cerbsras E. S. (1834, p. 252. 1907. p. 541). Taranucnus Margueti E. S. (1910, p. 60. 1911. p. 190 : pt : parte : grotte d'Istaurdy). Tvpe de l'espèce. — Grotte de Sare. Basses-Pyrénées, France. Matériel étudié. — Echantillons-types ; nombreux exemplaires des deux sexes provenant de différentes grottes des Basses-Pyrénées dont rénumération est donnée plus bas et 1 tf et 3 9 capturés dans les mousses du bois de Saint-Christau (Basses- Pyrénées). Description. — 9 : Longueur : 3 mm. — Coloration : Céphalothorax fauve testacé avec une très fine ligne brune marginale ; appendices et pièces buccales fauve rougeâtre ; sternum et pièce labiale brun olivâtre ; 102 LOUIS F AGE abdomen noirâtre, graduellement éclairci en dessus. — Yeux (fig. 47) assez gros, largement bordés de noir : les supérieurs égaux, en ligne nette- ment récurvée (le bord postérieur des médians au niveau du centre des latéraux), équidistants, ou les médians à peine plus écartés, séparés par un intervalle égal à leur diamètre ; les latéraux des deux lignes égaux, connivents ; les médians antérieurs de moitié plus petits, connivents, séparés des latéraux par un intervalle égal au diamètre de ceux-ci. - Bandeau concave sous les yeux ; sa hauteur égale à 1 fois 1/2 la lon- gueur de l'aire oculaire. — Sternum pourvu d'assez fortes granulations piligères. — Patte-mâchoire (fig. xin et xiv) longueur : 1.82 mm. (0.59 + 0.13 + 0.33 + 0.77). - - Pattes-ambulatoires : I = (2 + 0.3 + 2.14 + 1-84 + 1.2) 7.48 mm. II = (1.94 + 0.3 + 1.96 + 1.68 + 1.08) 6.96 mm. III = (1.68 -|- 0.26 + 1.5 + 1.34 + 0.8) 5.58 mm. IV = (2.16 + 0.3 2.06 1.74 + 1) 7.26 mm. Fémurs des trois premières paires pourvus d'une épine en dessus un peu avant le tiers inférieur, et fémur I d'une épine interne en son milieu ; tibias pourvus de deux épines dorsales et d'une paire d'épines apicales. et en outre, pour le tibia I1, d'une paire d'épines latérales antérieures et. pour le tibia II d'une épine latérale externe, au niveau de la seconde dorsal ; une seule épine dorsale basilaire à tous les méta- tarses. — Epigjne en très grosse saillie rougeâtre ; plaque épigastiïque vue en dessus (fig. 48) en trapèze plus large à la base, et plus large que long, parsemé de crins égaux, son bord postérieur échancré en demi- cercle et laissant voir (fig. 49), dans l'échancrure la base de la languette interne en forme de pointe obtuse, les lobes latéraux et le crochet : lèvre inférieure de l'épigyne (fig. 50), vue en dessous, en plaque transverse très mince et faiblement chitmisée au milieu, élargie et arrondie sur les côtés. cf. — Céphalothorax plus large : partie thoracique déprimée, partie céphalique brusquement élevée. - - Bandeau plus élevé, sa hauteur égale au moins à deux fois la longueur de 1 aire oculaire. — Patte-mâchoire (fig. 51) : longueur 1.6 mm. ; fémur = tarse = 2 fois tibia -|- patella ; patella plus longue que large, sans apophyse, son crin effilé depuis la base ; tibia (fig. 52) plus court que la patella, moins large à a base, convexe en dessous dans la seconde moitié, concave et îedressé en dessus, son l. Toui à, fait exceptionnellement je trouve une épine inférieure aux tibias I et II au niveau de. la première dorsale. TROGLOHYPHANTES io3 bord externe un peu dilaté au milieu, son bord interne pourvu d'une apophyse perpendiculaire obtuse et un peu plus courte que le diamètre de l'article ; tarse (fig. 53) ovale, large, portant en dessus en son milieu deux tubercules transverses, parallèles, étroitement séparés, limitant un court et profond sillon, son bord postérieur élevé, caréné en dessus, pourvu sur le côté interne de deux petites apophyses et d'une plus volu- mineuse à son sommet, son bord externe caréné sur toute sa longueur, son bord interne largement échancré au milieu et prolongé en arrière par une forte apophyse membraneuse un peu contournée à !a pointe ; paracymbium à trois branches. — Bulbe : style vu en dessous, courbé en demi-cercle ; vu de profil (fig. 54), sa base large couverte de très nom- breuses aspérités, surmontée d'une pointe et bordée d'une ceinture chiti- neuse plus colorée, son extrémité très allongée, comprimée, tronquée obliquement, orifice du tube séminifère terminal ; lamelle caractéristique (fig. 55 et 56) : branche externe pourvue d'une pointe obtuse en avant, puis redressée et contournée, une forte dent noirâtre implantée sur sa face interne, branche interne élargie en éventail, membraneuse, ornée de très nombreux sillons convergents vers sa base étroite ; apophyse médiane en pointe courte très aiguë ; apophyse antérieure droite, sa pointe trois fois plus longue que large à la base. Habitat. — Basses-Pyrénées, France : Grotte de l'Oueil-du-Néez ou de Rébénacq, canton d'Arudy. (Bios peolo^ica N° 76, 7-IX-05 : 1 éi 2. J.r* autres articles manqueni chez >-,-t exemplaire. 118 LOUIS F AGE fig. 91 à 94) en tubercule fauve-rougeâtre ; plaque épigastrique vue en dessus un peu plus longue que large, recouverte de poils courts sub- égaux, ses bords latéraux convergents en arrière, son bord postérieur prolongé au milieu en large pointe obtuse repliée en dessous ; lobes latéraux de la languette interne et son crochet bien visibles en dessus et sur les côtés ; lèvre inférieure de l'épigyne large, membraneuse, son bord postérieur légèrement concave. cf. — Céphalothorax (fig. iv) plus large, partie thoracique déprimée, partie céphalique très haute (fig. v et vi), brusquement élevée. — Ban- deau plus élevé, sa hauteur égale à deux fois la longueur de Taire oculaire. — Patte-mâchoire (fig. 95), longueur 1.79 mm. ; patella ovoïde, plus large que le fémur, 1/3 plus longue que large, son crin dressé un peu plus long que deux fois le diamètre de l'article ; tibia (fig. 96) d'un tiers plus court que la patella, beaucoup plus étroit à la base, convexe en dessous, concave en dessus en son milieu, son bord antérieur aminci et relevé, prolongé du côté interne en une pointe aiguë contournée ; tarse (fig. 96 et 97) creusé en dessus au tiers postérieur d'un sillon transverse court et pro- fond, son bord postérieur élevé, pourvu en dessus d'une courte apophyse supérieure redressée en forme de corne et en dessous, du côté interne, d'une avance obtuse terminée par une petite pointe mousse, son bord externe échancré en avant et caréné sur toute sa longueur ; paracymbium à deux branches. — Bulbe : style vu en dessous (fig. 98) courbé en demi- cercle, sa pointe saillante et un peu recourbée ; vu de profil (fig. 99), sa base très large, couverte de très nombreuses aspérités, bordée d'une cein- ture chitineuse plus colorée ; son extrémité à peine comprimée, presque cylindrique, orifice du tube seminifère terminal ; lamelle caractéristique (fig. 100 et 101) : branche externe très allongée, incurvée, membraneuse à l'extrémité qui est bifide, branche interne très épaisse, à deux pointes contiguës fortement chitinisées, portant en outre une apophyse mem- braneuse transparente d'abord verticale, puis courbée à angle droit avec l'extrémité aiguë, pas d'apophyse inférieure, mais une saillie médiane noirâtre coupée carrément ; apophyse antérieure allongée, droite, très aiguë au sommet. Habitat. — Kustenland : Grotte de Corgniale, district de Sesana (Joseph). Carniole : Mrzla jama, district de Loitsch. (Coll. E. S. 1 o', 4 9). Ethologie. — Cette espèce qui semble strictement cavernicole est TEO GLOH YPHANTES 1 1 9 profondément modifiée par la vie dans les grottes : ses téguments sont minces et transparents, ses yeux sont excessivement réduits et très écartés, ses pattes sont longues et fines. Rapports et différences. — L'organe copulateur femelle du Tr. polyophtlialmus a de grandes analogies avec celui du Tr. Ghidinii de la Lombardie et du Tessin. Ces analogies sont peut-être l'indice de rapports plus étroits que pourra seule révéler la comparaison des mâles de ces deux espèces, quand celui du Tr. Ghidinii sera comiu. Nous devons rappeler en tout cas, que c'est aussi dans l'Italie septentrionale et en Suisse que se trouve le Tr. lucifuga, espèce très voisine des autres formes de Carniole décrites plus loin. Par sa lamelle caractéristique le Tr. polyophtlialmus rappelle les formes du groupe précédent, bien qu'on n'y voit point d'apophyse inférieure ; mais il s'en écarte complètement par la forme du tarse de la patte-mâchoire du mâle et par la forme du style . Ces deux caractères le rapprochent davantage des espèces pyrénéennes. Groupe V cf. — Tarse de la patte-mâchoire pourvu d'un sillon transverse court et profond et de deux apophyses postéro-internes ; paracymbium à 2 branches ; style, vu en dessous, nettement courbé en demi-cercle, sa pointe membraneuse large et déprimée ; ouverture du tube séminifère latérale et précédée d'une avance du style ; lamelle caractéristique à branche interne bifide, pourvue d'un éperon inférieur, pas de pointe médiane. — ç : base de la languette interne en forme de palette, étroite à la base, arrondie et élargie à l'extrémité, prolongeant directement le bord postérieur de la pièce épigastrique ou s'insérant en dessous de lui, un peu en retrait. Observations. — Les espèces que nous classons ici, et qui nous paraissent les plus évoluées du genre, peuvent, comme celles du groupe II et à l'aide de caractères analogues, être rangées en deux catégories. Chez les unes (Tr. Orpheus, lucifuga et, très probablement, solitarius) la languette interne de l'épigyne est le prolongement direct du bord postérieur de la plaque épigastrique ; chez les autres, elle s'insère en dessous, un peu en retrait. Les caractères fournis par l'organe copula- teur des mâles sont en harmonie avec ceux des femelles et autorisent aussi ce groupement, qui correspond bien aux affinités des espèces entre elles. Arch. de Zool. Exp. et Gés. — T. 58. — F. 2. 120 LOUIS F AGE Le Tr. Orpheus se trouve dans la partie orientale du versant français des Pyrénées, le Tr. solitarius est propre au Causse de Gramat (Lot), le Tr. hicifuga vit dans les Alpes du Valais et de l'Italie septentrionale. Les autres espèces, manifestement plus évoluées, se rencontrent dans les grottes du Kustenland et de Carniole. 14. Troglohyphantes Orpheus (E. S.) (Pl. vil ; fig. 102 à ni). Taranumus Orpheus E.S. (1834, p. 253 ; 1910. p. PO ; 1911, p. 190 ; 1913, p. 372, ncc 1907, p. 542). Type de l'espèce. — Grotte As-Pradels, près Coudons, départe- ment de l'Aude, France. Matériel étudié. — Echantillons-types et nombreux individus des deux sexes dont la provenance est indiquée plus bas. Description. — ç : Longueur : 4 mm. — Coloration : Céphalothorax, appendices, pièces buccales fauve-rougeâtre clair ; sternum et pièce labiale brun-olivâtre ; abdomen en dessus blanchâtre testacé, marqué dans le milieu d'une grande tache longitudinale olivâtre, n'atteignant pas le bord antérieur et légèrement échancrée en arrière, suivie d'un accent transverse fin ; parties latérales et ventrale brun-noirâtre testacé, pubescentes ; parties latérales coupées longitudinalement d'une bande claire, droite, n'atteignant pas les extrémités, atténuée et recourbée en dessus en arrière ; souvent les figures dorsales tout à fait effacées. — Yeux gros, resserrés, largement bordés de noir ; les supérieurs égaux, en ligne nettement récurvée (le bord postérieur des médians presqu'au niveau du centre des latéraux), les médians séparés entre eux par un intervalle à peine égal à leur diamètre et des latéraux par un intervalle beaucoup plus petit que leur rayon; les latéraux des deux lignes égaux, connivents ; les médians antérieurs de moitié plus petits, connivents, séparés des latéraux par un intervalle à peu près égal au rayon de ceux- ci. — Bandeau concave sous les yeux ; sa hauteur supérieure à la lon- gueur de l'aire oculaire. — Sternum muni de fortes granulations pili- gères. — Patte-mâchoire : longueur 2,1 mm. (0,66 -f 0,17 + 0,44 -f- 0,83). ■ — Pattes-ambulatoires : longueurs : I = (2.53 + 0.44 + 2.75 + 2.46 + 1,47) 9.65 mm. II = (2.35 + 0.44 + 2.42 + 2.24 + 1,32) 8.77 mm. III = (2.09 + 0.37 + 1.91 + 1.80 + 0,99) 7.16 mm. IV = (2.53 + 0.37 + 2.46 f 2.26 f 1.21) 8.73 mm. Fémurs des trois premières paires pourvus d'une épine en dessus TROGLOHYPHANTES 121 au tiers inférieur et fémur I d'une épine interne en son milieu ; tibias pourvus de deux épines dorsales, d'une paire d'épines latérales anté- rieures et d'une paire d'épines apicales, en outre, pour les tibias I (fig. 102) d'une paire d'épines inférieures, et pour le tibia II, d'une seule épine inférieure externe ; métatarses antérieurs pourvus d'une épine dorsale basilaire et d'une épine latérale interne, métatarses postérieurs avec seulement une épine dorsale basilaire. — ■ Epigyne (fig. 103) en forte saillie rougeâtre semi-circulaire ; bord postérieur de la plaque épigastrique profondément échancré sur les côtés et prolongé au milieu en longue palette cordiforme, testacé-clair, très étroite à la base, arrondie et très large à l'extrémité ; lobes terminaux de la languette et crochet bien visibles en dessus et sur les côtés ; lèvre inférieure de F epi- gyne membraneuse. cf. — Céphalothorax presque semblable à celui de la femelle ; partie céphalique un peu plus élevée. — Patte-mâchoire (fig. 104) : longueur 1,76 mm. ; patella un peu plus longue que large, convexe en dessus, son crin au moins 3 fois plus long que le diamètre de Farticle ; tibia à peine plus long que la patella, vu de profil légèrement convexe en dessus et en dessous, vu en dessus élargi de la base à l'extrémité ; tarse (fig. 105) de même longueur que le fémur, creusé en dessus presqu'en son milieu d'un sillon transverse court et profond, sa base fortement concave du côté interne (fig. 106) et prolongée par deux grosses apophyses obtuses, l'inférieure un peu plus longue et mieux détachée, son bord externe légè- rement échancré en avant, caréné et rebordé sur toute son étendue et pourvu en arrière et en dessus de trois courts tubercules arrondis et contigus ; paracymbium à deux branches. — Bulbe : style, vu en dessous (fig. 107), courbé en demi-cercle, sa pointe épaisse aplatie et tronquée, vu de profil (fig. 108 et 109), sa base couverte de très nombreuses aspé- rités, pas de pointe, ni de ceinture chitineuse, son extrémité allongée, tronquée obliquement et déprimée, tube séminifère s'ouvrant un peu avant Fextrémité et un peu en dehors ; lamelle caractéristique (fig. 110 et 111) courte, épaisse et fortement chitinisée, branche externe large à la base, amincie et relevée à l'extrémité, portant deux petites tubercules noirs en dessus, branche interne droite terminée en pointe mousse ; pas d'apophyse médiane, mais une longue apophyse inf éro-interne , obliquement dirigée en avant et arrondie à l'extrémité ; apophyse anté- rieure droite, longue et très aiguë, pourvue d'une petite dent membra- neuse à sa base (?). 122 LOUIS F AGE Habitat. — Versant français des Pyrénées : Ariège, Aude, Pyrénées- Orientales. Département de V Ariège : Grotte de Capètes, près Freychenet, canton de Foix. (Biospeo- logica N° 208, 24-VII-07; 6 9 ; et N° 218 : 15-V-08 : 1 9.) Département de V Aude : Grotte du Bac de la Caune, près Coudons, canton de Quillan. (Biospeologica, N° 547, 10-IX-12 : 3 9.) Grotte d'As-Pradels, près Coudons, canton de Quillan. (E. S.) Grotte d'Espezel, canton de Belcaire. (E. S.) Grotte de Belois, canton de Belcaire. (Pour ces trois grottes 10 9 , 1 d- dans la coll. E. S. ; Biospeologica N° 548, 10-IX-12 : 3 9). Grotte du Pic de TAguzon, près Gesse, canton d'Axat. (Coll. E. S. : 3 9,2 cf.) Département des Pyrénées-Orientales : Caouno claro, près Prugnanes, canton de Saint-Paul-de-Fenouillct. (Biospeologica N° 373, 12- VII- 10 : 1 9, 1 cr jeune.) Ethologie. — Cette espèce n'a pas encore été signalée en dehors des grottes. Rapports et différences. — Le Tr. Orpheus, qui est l'espèce la plus occidentale des Pyrénées, s'écarte des autres formes pyrénéennes par la structure de ses organes copulateurs mâle et femelle. Ses affinités sont par contre fort étroites avec l'espèce suivante : le Tr. solitarius du Causse de Gramat (Lot). 15. Troglohyphantes solitarius sp. nov. (PI. VII ; fig. 112 h 118). Type de l'espèce. — Grotte de Presque, canton de Saint-Céré, département du Lot Matériel étudié. — Un mâle adulte et une femelle jeune, types de l'espèce. Description. — o* : Longueur 3 mm. — Coloration : Céphalothorax, pièces buccales et appendices jaune testacé pâle, abdomen blanchâtre, orné en dessus d'une paire de taches piriformes brun-olivâtre, suivies d'un accent médian et de cinq à six bandes transverses très étroites de même couleur, se confondant au dessus des filières ; ventre et bords latéraux uniformément brun-olivâtre. — Céphalothorax normalement TROGLOHYPHANTES 123 convexe, à peine plus élevé dans la région céphalique. — Yeux, (fig. 112), gros, resserrés et largement bordés de noir, les supérieurs en ligne récurvée (le bord postérieur des médians au niveau du tiers postérieur des laté- raux), les médians un peu plus gros, séparés entre eux par un intervalle égal à leur rayon, sensiblement plus rapprochés des latéraux ; les laté- raux des deux lignes égaux et connivents ; les médians antérieurs, au moins de moitié plus petits, connivents et séparés des latéraux par un intervalle moindre que le rayon de ceux-ci. — Bandeau concave sous les yeux, sa hauteur supérieure à la longueur de l'aire oculaire. — Sternum pourvu de fortes saillies piligères. — Pattes-ambulatoires : longueur : I = (2.09 + 0.33 + 2.26 + 2.13 + 1.36) — 8.17 mm. Fémurs des trois premières paires pourvus d'une épine en dessus au tiers inférieur, et fémur I d'une épine interne en son milieu ; tibias pourvus de deux épines dorsales et d'une paire d'épines apicales, en outre, pour les tibia I (fig. 113), d'une paire d'épines inférieures et d'une paire d'épines latérales antérieures (quelquefois une épine inférieure à ce niveau) ; pour les tibias II, d'une paire d'épines inférieures et d'une épine latérale externe antérieure ; tous les métatarses pourvus d'une seule épine dorsale basi- laire. — Patte-mâchoire (fig. 114), longueur 1.24 mm., semblable à celle de Tr. Orphèus, mais tibia (fig. 115) dilaté et un peu prolongé du côté interne, \ei deux apophyses du bord postéro-interne du tarse (fig. 116) plus rapprochées l'une de l'autre, l'inférieure plus longue que le tiers de l'ar- ticle. — Bulbe : style semblable à celui du Tr. Orpheus ; lamelle carac- téristique (fig. 117 et 118), courte, épaisse, fortement chitinisée, sauf la branche externe qui c st membraneuse et transparente au moins au sommet, lequel est arrondi et recourbé,- pas de tubercule en dessus, branche interne à deux pointes mousses, pas d'apophyse médiane, mais une apophyse inféro-interne comme chez le Tr. Orpheus ; apophyse antérieure comme dans l'espèce précédente. Habitat. — Causse de Gramat, département du Lot, France. Grotte de Presque, près Saint-Médard-de-Presque, canton de Saint Céré. (Biospeologica N° 619, 9-1-13, 1 o* et 1 9 jeune.) Rapports et différences. — Cette espèce représente seule jusqu'ici le g. Troglohyphantes dans le centre de la France. Il est remarquable que, par sa situation géographique aussi bien que par sa structure, elle est exactement intermédiaire entre les formes pyrénéennes et les formes alpines. Elle se relie d'une part au Tr. Orpheus et d'autre part au Tr. lucifuga des Alpes du Valais et au Tr. excavatus du Kiistenland et de 124 LOUIS F AGE Carniole. Chez toutes ces formes, l'organe copulateur est construit sur le même modèle et ne difière dans chaque espèce que par de faibles détails. 16. Troglohyphantes lucifuga E. S. (PL VII; flg. 110 à 121). Taranucnus lucifuga E. S. 1884, p. 200). — — de Lessert (1910, p. 266). Type de l'espèce. — Bourg Saint-Pierre, canton du Valais, Suisse. Matériel étudié. — Echantillons-types et une 9 adulte provenant de Haueten sous Zermatt, obligeamment communiquée par le Dr de Lessert. Description. — 9 : Longueur : 4.5 mm. — Coloration : Céphalo- thorax fauve-rougeâtre obscur, légèrement rembruni sur les côtés ; appendices et pièces buccales fauve-rougeâtre, rembrunis à la base ; sternum et pièce labiale noirâtres ; abdomen fauve testacé, marqué en dessus, un peu au delà du milieu, de deux taches brunes rapprochées, arrondies ou allongées, ensuite d'un accent très marqué, puis de deux lignes transverses, de plus une très grande tache latérale ovale, atténuée, se joignant en arrière à la partie dorsale au niveau des lignes trans verses ; ventre, parties latérales et pourtour des filières noirâtres. — Yeux (fig. 119) gros, resserrés, largement bordés de noir ; les supérieurs égaux, en ligne nettement récurvée (le bord postérieur des médians presqu'au niveau du centre des latéraux), séparés par un intervalle à peine égal à leur rayon ; les latéraux des deux lignes égaux, connivents ; les médians antérieurs presque de moitié plus petits, connivents, séparés des latéraux par un intervalle égal au rayon de ceux-ci. — Bandeau concave sous les yeux, un peu plus haut que la longueur de l'aire oculaire. — Sternum muni de fortes granulations piligères. — Patte-mâchoire : longueur : 2.36 mm. (0.77 + 0.15 + 0.48 4- 0.96). — Pattes-ambulatoires, longueur : I = (2.97 + 0.44 + 3.08 f 2.72 4- 1.65) - - 10.86 mm. Fémur I pourvu d'une seule épine interne en son milieu, les autres fémurs inermes ; tibias pourvus de deux épines dorsales, d'une paire d'épines latérales antérieures et d'une paire d'épines apicales, en outre, pour les tibias antérieurs (fig. 120) de deux paires, et pour les tibias postérieurs d'une seule paire d'épines inférieures ; tous les métatarses pourvus d'une épine dorsale basilaire et d'une paire d'épines latérales. — Epigyne (fig. 121) semblable à celui du Tr. Orpheus, mais prolongement de la plaque épigas- TJRO GLOH YPHA NT ES 1 25 trique un peu plus large et vaguement impressionné en dessus ; bord de la lèvre inférieure léger ment convexe au milieu, cf. — Inconnu. Habitat. — Alpes du Valais et de l'Italie septentrionale. Suisse, canton du Valais : Bourg-Saint-Pierre. (Coll. E. S. 2 9.) Haueten-sous-Zermatt. (Coll. du Musée d'Histoire naturelle de Genève 9.) Italie, Val d'Aoste : Saint-Rémy. (Coll. E. S. 9.) Ethologie. — Cette espèce n'a été capturée que sous les mousses épaisses et humides et à une assez grande altitude. Bourg-Saint-Pierre se trouve à 1.633 m. et Haueten vers 2.000 m. Rapports et différences. — Le TV. lucifuga se distingue surtout du TV. Orpheus et du TV. solitarius par l'absence d'épines dorsales aux fémurs et par l'armature plus complexe des tibias et des métatarses pos- térieurs. 17. Troglohyphantes excavatus sp. nov. (PI. VII et VIII ; flg. 122 à 132). Type de l'espèce. — Zegnana jama, près Niissdorf, district d'Adels- berg, Carniole. Matériel étudié. — Echantillon- type et 4 o' et 10 ç provenant des différentes grottes de Carniole et du Kùstenland énumérées plus bas. Description. — 9 : Longueur : 3 mm. — Coloration : Céphalothorax, appendices et pièces buccales fauve-rougeâtre clair, sternum et pièce labiale brun-olivâtre, abdomen gris fauve rembruni en arrière. — Yeux (fig. 122) assez petits, finement bordés de noir ; les supérieurs égaux, en ligne nettement récurvée (le bord postérieur des médians au niveau du centre des latéraux) , les médians séparés entre eux par un intervalle égal à leur diamètre, un peu plus rapprochés des latéraux ; les latéraux des deux lignes égaux et connivents ; les médians antérieurs au moins de moitié plus petits, connivents et séparés des latéraux par un intervalle presque aussi grand que le diamètre de ceux-ci. — Bandeau concave sous les yeux, sa hauteur nettement supérieure à la longueur de l'aire oculaire. — Sternum dépourvu de granulations piligères. — Patte-mâ- 126 LOUIS F AGE choire, 'ongueur : 1,61 mm. (0,50 + 0,15 + 0,28 + 0,68). — Pattes- ambu'atoires, longueurs : I = (2.15 + 0.30 + 2.31 + 1.98 + 1.16) 7.90 mm. II = (2.06 + 0.28 + 2.04 + 1.80 + 1.05) 7.23 mm. III = (1.76 + 0.28 + 1.58 + 1.43 + 0.81) 5.86 mm. IV = (2.15 + 0.28 + 2.09 + 1.84 + 0.99) 7.35 mm. Fémurs des trois premières paires pourvus d'une épine en dessus un peu avant le tiers inférieur, et fémur I d'une épine interne (rarement deux) en son milieu ; tibias pourvus de deux épines dorsales et d'une paire d'épines apicales, en outre, pour le tibia I, d'une paire d'épines latérales antérieures et d'une paire d'épines inférieures ; pour le tibia II, d'une épine antérieure latérale externe et d'une ou deux épines inférieures ; tous les métatarses pourvus d'une seule épine basilaire dorsale. — Efi- gyne (fig. 123 et 124) en grosse saillie fauve rougeâtre ; bord postérieur de la plaque épigastrique membraneux et transparent au milieu, large- ment et profondément échancré, laissant voir dans l'échancrure la base de la languette interne, en forme de longue palette testacée, graduelle- ment élargie de la base à l'extrémité qui est arrondie ; lobes termi- naux bien visibles ainsi que l'extrémité du crochet ; lèvre inférieure de l'épigyne en plaque transverse, son bord postérieur légèrement échan- cré au milieu. cf. — Céphalothorax presque aussi large que long, déprimé dans la partie thoracique, brusquement élevé dans la partie céphalique (fig. 125). — Bandeau nettement concave sous les yeux, sa hauteur égale au double de la longueur de l'aire oculaire. — Patte-mâchoire (fig. 126), longueur 1.4 mm., patella beaucoup plus large que le fémur (fig. 127), très convexe, presque sphérique, pourvue en dessus de 6 à 7 crins robustes et effilés (fig. 128), l'antérieur, le plus long, faisant à peine deux fois le diamètre de l'article ; tibia plus court que la patella, plus étroit à la base, ensuite élargi, ni redressé, ni prolongé en avant sur la base du tarse ; tarse aussi long que le fémur, creusé en dessus vers le milieu d'un sillon transverse court et profond, sa base très profondément excavée du côté interne et creusé du même côté en dessus, en forme de godet largement rebordé, bord interne pourvu de deux apophyses courtes, fortement chitinisées au sommet, bord externe un peu échancré et rebordé sur toute sa longueur ; paracymbium à deux branches. — Bulbe : style, vu en dessous (fig. 129), courbé en demi-cercle, son extrémité aplatie et tronquée, précédée d'une pointe obtuse ; vu de profil (fig. 130), sa base assez TRO GLOH Y PH AN TES 127 surbaissée, sans ceinture chitineuse, sa pointe déprimée recourbée en dehors, tube séminifère s'ouvrant avant l'extrémité et un peu en dehors ; lamelle caractéristique (fig. 131 et 132) : branche externe large à la base, relevée à angle droit vers son milieu, élargie et un peu contournée à son extrémité, branche interne plus fortement chitinisée à deux pointes mousses, l'externe redressée et obtuse, l'interne arrondie et épaisse pourvue d'un bord membraneux et d'une forte saillie obtuse dirigée obliquement en bas ; en outre une pointe très courte, noirâtre à sa partie supérieure, apophyse inféro-interne large, obtuse, presque droite, aussi longue que la largeur de la branche interne ; apo- physe antérieure droite aiguë et longue (fig. xl). Habitat. — Kiistenland et Carniole. Kûstenland : Kronprinz-Rudolf Grotte, près Divaca, dis- trict de Sesana. (Biospeologica N° 780, 5-V-14 : 1 tf et 7 9). Carniole, district d'Adelsberg : Zegnana jama, près Nussdorf. (Coll. E. S. 1er). Kellergrotte (?) près Adelsberg. (Coll. E. S. 2 cf). ? Grotte de Luegg, près Luegg. (Biospeolo- gica N° 773, 26-IV-14 : 3 9 jeunes). ? Koncânova jama, près Horjul (?), S. W. de Laibach. (Coll. E. S. 19.) Observations. — Les individus de la grotte du Kronprinz-Rudolf sont plus décolorés que ceux de Carniole, et le mâle a la pointe noirâtre, située à la partie supérieure de la branche interne de la lamelle carac- téristique, très légèrement courbée en croissant. Je ne puis affirmer que les femelles prises dans les grottes de Luegg et de Koncânova appartiennent bien à cette espèce. Nous verrons en effet qu'il est très difficile de distinguer les femelles du Tr. excavatus de celles appartenant aux espèces suivantes et notamment du Tr. gracilis, qui habite les grottes du district de Gottschee. Rapports" et différences. — Cette espèce est très remarquable par le tarse de la patte-mâchoire du mâle profondément excavé sur sa face interne et à la base, par son style pourvu d'une avance obtuse à son extrémité, par sa lamelle caractéristique pourvue d'une branche interne FIG. XL. Troylohy pliantes exca- vatus sp. nov. Apophyse antérieure du bulbe, x 134. 128 LOUIS F AGE bifide à l'extrémité et munie d'une forte apophyse inférieure. Ces carac- tères, que nous retrouverons chez d'autres espèces de Carniole, se trouvent déjà, au moins à l'état d'ébauche, chez le Tr. solitarius du Causse de Gramat, et on les retrouvera vraisemblablement chez le Tr. lucifuga des Alpes, quand le mâle de cette espèce sera connu. En tout cas, l'or- gane copulateur de la femelle de toutes ces formes est bâti sur le même modèle. La seule particularité que présentent à ce point de vue les espèces du Karst réside en ceci que la base de la languette interne ne prolonge pas directement le bord postérieur de la plaque épigastrique, mais s'insère en dessous de celle-ci. Cette différence, peu importante, est de même ordre que celle observée entre le Tr. cantabricus et le Tr. Cerberus. C'est donc avec le Tr. lucifuga et le Tr. solitarius, qui se rat- tache lui-même étroitement au Tr. Orpheus des Pyrénées-Orientales, que le Tr. excavatus présente les plus grandes affinités. 18. Troglohyphantes similis sp. nov. (PI. VIII, ; fig. 133 à 137). Type de l'espèce. — Lucova jama, district de Gottschee, Carniole. Matériel étudié. — Un mâle et une femelle, types de l'espèce. Description. — 9 : Longueur : 2.5 mm. — Coloration : Céphalo- thorax, appendices, pièces buccales fauve-rougeâtre, sternum et pièce labiale rembrunis, abdomen blanc testacé, vaguement rembruni en arrière. — Céphalothorax presque plan en dessus. — Yeux et bandeau comme chez le Tr. excavatus. — Sternum pourvu de fines granulations piligères. — Patte-mâchoire, longueur 1.46 mm. (0.44 4- 0.13 + 0.26 4- 0.63). — Pattes-ambulatoires, longueurs : I = (2.04 4- 0.26 + 2.28 -|- 2.04 + 1.22) 7.84 mm. II = (1.89 + 0.26 4- 2.13 + 1.93 4- 1.10) 7.31 mm. III = (1.62 | 0.24 + 1.60 + 1.47 4- 0.70) 5.63 mm. IV = (1.98 + 0.26 4- 2.04 H- 1.84 4- 0.99) 7.11 mm. Armature des pattes comme chez le Tr. excavatus, mais deux paires d'épines inférieures au tibia I et une paire postérieure et 1 épine antérieure au tibia II. — Epigyne (fig. 133) identique à celui de l'espèce précédente; mais lèvre inférieure non échancrée au milieu. cf. — Céphalothorax semblable à celui de la femelle. — Patte-mâ- choire, (fig. 134) longueur 1.26 mm. ; patella peu convexe, de même largeur que le fémur, pourvue d'un seul crin dressé, à son bord antérieur, TBOGLOHYPHANTES 129 au moins trois fois plus long que le diamètre de l'article ; tibia d'un tiers plus long que la patella, régulièrement élargi de la base à l'extrémité, convexe en dessus et en dessous, son bord antérieur aminci et un peu relevé du côté externe ; tarse aussi long que le fémur, semblable à celui du Tr. excavaius, mais plus complètement rejeté du côté interne, son bord interne (fig. 135) plus profondément échancré, les deux apophyses postérieurs plus écartées, bord inférieur, limitant la partie excavée du tarse, caréné et pourvu d'une saillie médiane. — Bulbe semblable à celui du Tr. excavaius, sauf pour la lamelle caractéristique (fig. 136 et 137); branche externe plus courte et plus large, branche interne beaucoup plus large, surtout à l'extrémité, son prolongement interne non visible, son bord membraneux découpé au sommet en une apophyse falciforme, pas de pointe à sa partie supérieure, mais un simple épaisissement chi- tineux. Habitat. — Carniole : Lucova jama, district de Gottschee. (Biospeologica N° 777, l-V-14 : 1 9 et 1 (kulcz.) Tarse de Vilina pecina. près Trebinie. (Coll. C. Absolon : 1 9). la patte-mâchoire * A " du cf, vu en dessus Papic pecina, près Trebinie. (Coll. C. Absolon (d'à p r è s K u r. c - ZYNSKI). 1 Cf. 1 9). Observations. — L'organe copulateur femelle de cette espèce est extrêmement voisin de celui que nous reconnaissons aux espèces du groupe du Tr. phragmitis. Mais ce que nous apprend la description de l'auteur au sujet de la structure du bulbe, est insuffi- sant pour nous permettre de préciser les affinités du Tr. troglodytes. 2. Troglohyphantes dalmaticus Kulczynski. Taranuemu dalmaticus Kulcz. {1914, p. 369; pi. xvi, fig. 14-20). Type de l'espèce. — Glolubinka jama, Mosor planina. Dalmatie. Description. — 9 : Longueur 3.9 mm. — Coloration semblable à celle du Tr. troglodytes. — Yeux bordés de noir : les postérieurs égaux, équidistants ou les médians à peine plus écartés, en ligne nettement récur- vée (le bord postérieur des médians au niveau du centre des latéraux), séparés entre eux par un intervalle plus grand que leur rayon ; les laté- raux des deux lignes égaux et connivents ; les médians antérieurs d'un tiers plus petits, connivents, séparés des latéraux par un intervalle TRO GLOH Y PH AN TES 133 supérieur au rayon de ceux-ci. — Bandeau concave sous les yeux. — Patte- mâchoire ?. — Pattes-ambulatoires, longueurs : • I = (2.69 + 0.45 4- 2.72 + 2.53 4- 1.36) 9.75 mm. II = (2.49 4- 0.45 4- 2.49 + 2.30 4- 1.30) 9.03 mm. III = (2.14 4- 0.39 4- 1.91 - 1-78 + 0.87) 7.09 mm. IV = (2.62 4- 0.39 4- 2.43 + 2.27 4- 1.04) 8.75 mm. Tous les fémurs pourvus cl" une épine basilaire en dessus et fémur I d'une épine interne ; tibias pourvus de deux épines dorsales, en outre, pour les tibias I de deux paires d'épines latérales (« ante 1,1, pone 1,1 ») et de deux à trois épines inférieures ; pour le tibia II, de deux paires d'épines latérales, quelquefois une seide épine du côté interne, et de deux à trois épines inférieures ; tous les métatarses pourvus d'une seule épine basi- laire dorsale. — Epigyne semblable à celui du Tr. troglodytes. cf. — Inconnu. Habitat. — Dalmatie : Golubinka jama, Mosor planina. (Coll. C. Absolox.) Observation. — Cette espèce me paraît très voisine de la précédente dont elle est difficile à distinguer d'après la description même de Kulczynskï. 23. Troglohyphantes Sordelli Pavesi. Linyphia Sordelli Pavesi (1875, p. 30). Taranucnm Sordelli de Lessert (1910, p. 267). Type de l'espèce. — Crotte de la Boggia-sur-Meride. canton du Tessin, .Suisse. Observation. — La description originale faite, en quelques lignes, per- met seulement de reconnaître que l'espèce doit appartenir au g. Troglohy- phantes, et doit se placer à côté du Tr. Ghidinii. Mais elle est insuffi- sante, de même que celle donnée par de Lessert, pour permettre de voir en quoi différent ces deux espèces, qui sont probablement identiques. Habitat. — Suisse, canton du Tessin, c? 9 : Caves de Mendrisio et de Capolago. Grotte « La Boggia-sur-Meride (Monte S-. Giorgio). 24. Troglohyphantes croaticus Chyser. Taranucmii > ro ■'•■ us Chyser, in Chvzep. et Kulczynski (1894, p. j9 ; pi. 1J, fig. 28). Type de l'espèce. — Vrata, près Fuzine. Croatie. Description. — I : Longueur 2.9 mm. — Coloration ; céphalothorax, appendices, pièces buccales testacé rougeâtre, sternum et pièce labiale 134 LOUIS F AGE noirâtres, abdomen gris fauve, rembruni en dessous. — Yeux bordés de noir, les postérieurs égaux en ligne nettement récurvée (le bord pos- térieur des médians au niveau du centre des latéraux), les médians sépa- rés entre eux par un intervalle égal à leur diamètre, presque de moitié plus près des latéraux ; les latéraux des deux lignes égaux, conni vents ; les médians beaucoup plus petits, contigus, séparés des latéraux environ par leur diamètre. - — Bandeau concave sous les yeux, sa hauteur supé- rieure de 1/5 à la longueur de l'aire oculaire. — Patte-mâchoire ? — Pattes-ambulatoires : tibia + patella I, 2.4 mm., IV, 2.3 ; métatarse I, 1.65 mm., IV, 1.7 ; tarse I, 0.95 mm., IV, 0.9. Fémurs des trois premières paires pourvus d'une épine basilaire en dessus, et fémur I d'une épine interne ; tibias pourvus de deux épines dorsales et d'une paire d'épines apicales, en outre, pour le tibia I, d'une paire d'épines latérales anté- rieures et de deux épines inférieures ; pour le tibia II, d'une épine latérale externe et de deux épines inférieures ; tous les métatarses pourvus d'une épine dorsale basilaire. — Eyigyne semblable à celui du Tr. excavatus t o". — Inconnu. Habitat. — Croatie : Vrata, près Fuzine. (Coll. Kulczynski, 26-VI-1892). Observation. ■ — - Cette espèce est peut-être identique au Tr. exca- vatus du Kiistenland et de Carniole ; elle lui est en tout cas extrêmement voisine. 25. Troglohyphantes fugax Kulczynski. Typhluneta fugax KULCZ. (1914, p. 371 ; pi. XVI. flg. 31-35). Type de l'espèce. — Kocovica peéina, Bjelasnica planina, Bosnie. Description, — ç : Longueur 2.2 mm. — Coloration semblable à celle du Tr. troglodytes. — Yeux : absents. — Bandeau régulièrement convexe à la base. — Patte-mâchoire, longueur : patella 0.22 mm., tibia 0.40 mm., tarse 0.61 mm. ; patella pourvue à son bord antérieur d'une longue soie, tibias et tarses pourvus de soies semblables et de nombreuses épines. — Pattes-ambulatoires, longueurs : I = (2.78 + 0.52 + 2.82 + 2.62 + 1.52) 10.26 mm. II = (2.60 + 0.49 + 2.60 + 2.46 + 1.34) 9.49 mm. III = (2.27 + 0.44 + 1.97 + 2.01 + 0.99) 7.68 mm. IV = (2.60 + 0.45 + 2.49 + 2.36 + 1.28) 9.18 mm. Fémur I pourvu de deux ou trois épines basilaires dorsales et de trois épines internes, fémur II d'une ou deux dorsales et d'une interne, TRO GLOII Y PII À A TES i;>: Tn>(/lt>/t!ipltrès Km&e- y.VNSKi). 1 . Il y a sans doute erreur sur ce nombre qui paraît trop fort. Toutes les espèces du genre ont en effet tes meta, tarses plus courts que les tibias. 2. L'auteur ne signale pas d'épine interne au fémur I. 138 LOUIS FACE 28. Troglohyphantes Herculanus Kulczynski. Taranucnus Herculanus Kulcz. in Chyser et Kulczynski (18M, p. 60, pi. II, fig. 29). Type de l'espèce. — Grotte de Tatarczy, près Mehadia, Hongrie. Description. — 9 : Longueur : 2.7 mm. — Coloration : Céphalo- thorax, appendices, pièces buccales testacé-rougeâtre, sternum et pièce abiale rembrunis, abdomen gris fauve. — Yeux largement bordés de noir, les supérieurs égaux, équidistants, séparés par un intervalle égal à leur diamètre, formant une ligne légèrement récurvée (le bord posté- rieur des médians au niveau du tiers postérieur des latéraux) ; les laté- raux des deux lignes égaux et connivents ; les médians antérieurs beau- coup plus petits, contigus, séparés des laté- raux par un intervalle supérieur à leur rayon. — Bandeau concave sous les yeux, aussi haut que la longueur de l'aire ocu- laire. — Patte-mâchoire ? — Pattes-ambula- toires : métatarse I plus court que le tibia ; fémurs des trois premières paires pourvus no. xlvii. Troglohyphantes herculanus en dessus d'une épine basilaire et fémur I Kulcz. Epigyne, vu en dessus , . . ... , (d'après kulczynski). d une épine mterne ; tibias et métatarses ? — Epigyne (fig. xlvii) : plaque épigas- trique vue en dessus fortement convexe, plus longue que large, ses bords latéraux droits, son bord postérieur tronqué et un peu infléchi ; bords pos- térieur de la languette et extrémité du crochet à peine visiWes en dessus. cf. — Inconnu. Habitat. — ■ Banat de Transylvanie : Grotte de Tatarczy, comitat de Krassô'-Szôrény. (Coll. Kulczynski, 4-7-1892.) Observation. — Cette espèce paraît avoir l'organe copulateur de la femelle assez voisin de celui du Lepthyphantes collinus L. K. ; mais tant que le mâle en restera inconnu, il sera impossible d'indiquer dans quel groupe elle doit être classée. 29. Troglohyphantes (?) Giromettai Kulczynski. Taranucnm Giromettai Kul#z (loi*, p. 370 ; pi. XVI. flg. 28-30). Type de l'espèce. — Baliceva pecina, près Dugopolje, Dalmatie. Description. — ç : Longueur 3.2 mm. — Coloration semblable à celle du Tr. troglodytes, — Yeux bordés de noir, les postérieurs égaux TRO GLOH Y PII A N TES 139 8.52 mm. 7.80 mm. 6.24 mm. 7.66 mm. équidistants ou les médians à peine plus écartés séparés par un intervalle à peine inférieure à leur diamètre, en ligne récurvée (le bord postérieur des médians au niveau du tiers postérieur des latéraux) ; les latéraux des deux lignes égaux et connivents ; les médians antérieurs, à peine d'un tiers plus petits et connivents, séparés des latéraux par un intervalle plus grand que le diamètre de ceux-ci. — Bandeau, piite-mâchoire ? — Pattes-ambulatoires, longueurs : I = (2.25 + 0.45 4- 2.36 4- 2.17 4- 1.29) II = (2.10 4- 0.42 4- 2.10 4- 2.01 4- 1.17) III = (1.80 4- 0.36 + 1.62 4- 1.59 4- 0.87) IV = (2.25 4- 0.39 + 2.07 4- 1.91 4- 1.04) Fémurs des trois premières paires pourvus d'une épine basilaire en dessus et fémur I de trois épines internes ; tibias pourvus de deux épines dorsales et d'une paire d'épines apicales, en outre, pour les tibias antérieurs, de deux ou trois paires d'épines laté- rales et de quatre à six épines, inférieures ; pour le tibia III, d'une paire d'épines latérales et d'une épine inférieure ; pour le tibia IV, de deux paires d'épines latérales et de deux épines infé- rieures ; métatarses des trois premières paires pourvus d'au moins deux épines au dessus, métatarses IV, d'une seule épine dorsale, en outre, pour les métatarses I et II, au moins d'une épine latérale antérieure. — Epigyne (fig. xlviii et xlix) en tubercule élevé : plaque épigastrique, vue en dessus, beaucoup plus large que longue, garni > de poils beaucoup plus longs sur les côtés, convexe au milieu, déprimée et comme canelée longitudinalement sur les côtés, ses bords latéraux saillants et arrondis à la base, son bord postérieur prolongé en une courte avance tronquée carrément à l'extrémité. cf. - — Inconnu. Habitat. — Dalmatie : Baliceva pecina, près Dugopolje. (Coll. C. Ab- SOLON.) Observation. — Cette espèce, qui a des carac- tères très particuliers dans l'armature des pattes et dans la structure de l'épigyne, ne paraît devoir rentrer dans aucun des groupes que nous avons étudiés. Peut-être même devra-t-elle être classée dans un autre genre. Fig. xlviii. Troglohyphantes Giro- mettai KtTLCZ. Epigyne, vu en dessus (d'après Kulczynski). Fig. xlix. Troglohyphantes Lli- romettai Kulcz. Epigyne, vu en arrière (d'après KtTLCZYNSKI). HO LOUIS F AGE Liste des grottes habitées par les Troglohyphantes Espagne Province de Guipuzcoa 1. Cueva del KuRSAAL, près Alza, partido de San Sébastian. (Jeannel et Raco- vitza, 1918, p. 399.) — Troglohyphantes furcifer E. S. 2. Cueva de San Yalerio, près Mondragôn, partido de Vergara. (J. et R. 1914, p. 512.) — Tr. Alluaudi sp. nov. Province de Huesca 8. Cueva del Cantal, prés Acumuer, partido de Jaca. (J. et R., 1918, p. °>1T).) — Tr. affirmants E. S. ? 4. Forau de la Droltca, près Sarsa de Surta, partido de Boltafia. (J. et R., 1912, p. 647.) — Tr. affirmatus E. 8. 5. Tesserefts du Collerada, près Yillanua, partido de Jaca. (J. et R., 1918, p. 320.) — Tr. affirmatus E. S. ? Province de Navarra 6. Cueva de Orobe. près Alsasua, partido de Pamplona. (E. Simon, 1884, p. 252.) — ■ Tr. furcifer E. S. Province de Santander 7. Cueva de Altamira, près Santillana del Mar, partido de Torrelavaga. (J. et R., 1910, p. 109.) — Tr. cantabrieus E. S. ? 8. Cueva de las Brujas de Suances, près Suances, partido de Torrelavega. (J. et R., 1914, p. 527.) — Tr. cantabrieus E. S. 9. Cueva de la Clotilde, près la station Santa Isabel, partido de Torrelavega. (J. etR., 1912, p. 597.) — Tr. nyctalops E. S. ? 10. Cueva de Covalanas, près Ramales, partido de Ramales. (J. et R., 1910, p. 122.) — Tr. nyctalops E. S. 11. Cueva de Hornos de la Pena, près San Felice de Buelna, partido de Torrela- vega. (J. et R., 1910, p. 111.) — Tr. cantabrieus E. S. 12. Cueva del Pis, près El Soto, partido de Villacarriedo. (J. et R.,1914, p. 510.) — Tr. cantabrieus E. S. 13. Cueva de Santian, près Puente de Arce, partido de Santander. (J. et R., 1910, p. 108.) — Tr. cantabrieus anophthalmus E. S. Province de Vizcaya 1 \. Cueva de Basondo, près Cortéznbi, partido de Guernica. (J. et R., 1918, p. 404.) — Tr. Alluaudi sp. nov. TRO GLOH YPHANTES 1 U France Département des Basses Pyrénées 15. Grotte d'Aiiusguy, près Ahusguy, commune d'Aussurucq, canton de Mauléon. (Coll. E. S.). — Tr. Marqueti E. S. 16. Grotte d'Astuté, près Saint-Michel, canton de Saint-Jean-Pîed-de-Port. (J. et R., 1914 p. 491.) — - Tr. Cerberus E. S. 17. Grotte de Bétharram, communes d'Arthez et d'Asson, canton de Nay (Ouest). (J. et R., 1912, p. 54S.) — Tr. Cerberus E. S., Tr. Marqueti E. S., Tr. cœcus sp. nov. 18. Grotte Compahwoa Lecia. commune de Camou-Cihigue, canton de Tardets- Sorholus. (J. et R., 1908, p. 389.) — Tr. sp. ? 19. Grotte d'Istaûrdy, près Ahusguy, commune d'Aussurucq, canton de Mauléon. (J. et R., 1910, p. 99, et 1914, p. 517.) — Tr. Cerberus E. S. 20. Grotte d'Izeste ou d'Arudy, près Arudy. (J. et R., 1907, p. 517.)— Tr. Marqueti E. S. 21. Grande orotte de Lecénoby, près Aussurucq, canton de Mauléon. (J. et R., 1910, p. 97.) — Tr. Simoni sp. nov. 22. Grotte de Mauléon (?) (Coll. E. S.). — Tr. Marqueti E. S. 23. Grotte de l'Oueit.-du-Neez ou de Rébénacq, canton d'Arudy. (J. et R., 1907, p. 519, et 1914, p. 485.) — Tr. Cerberus E. S. 24. Grotte d'Oxibar, près Camou-Cihigue, canton de Tardets-Sorholus. (J. et R., 1907, p. 529; 1908, p. 391; 1914, p. 485.) — Tr. Cerberus E. S., Tr. P!/renœus E. S. 25. Grotte de Sare, canton d'Espelette. (E. S., 1884, p. 253 ; J. et R., 1914, p. -492.) — Tr. Cerberus E. S., Tr. Marqueti E. S. Département des Hautes Pyrénées 26. GROTTE DU Bédat, canton de Bagnères-de-Bigorre. (J. et R., 1912, p. 555, et Coll. E. S.). — Tr. Marqueti E. S. 27. Grotte de la Escala, canton de Saint-Pé. (J. et R., 1912, p. 554.) — Tr. cœcus sp. nov. 28. Grotte d'Ilhet, commune de Sarrancolin, canton d'Arreau. (J. et R., 1907, p. 501.) — Tr. Marqueti E. S. 29. Grotte des Judéous, commune de Banios, canton de Bagnères-de-r:cioriv. (J. et H-, 1912, p. 558.) — Tr. Marqueti K. S. ' Département de la Haute Garonne 30. Grotte de Carric ner, commune de Saleich, canton de Salies-du-Salat. (J. et R., 1914, p. 400.) — Tr. Marqueti E. S. ? Département de PAriège 31. Grotte d'Aubert, commune de Moulis, canton de Saint-Girons. (J. et R. 1910, p. 156.) — Tr. Marqueti E. S. 142 LOUIS F AGE 32. Grotte d'Atirouze, près Montferrier, canton de Lavelanet. (J. et R., 1908 p. 404.) — Tr. sp. ? 33. Grotte de Capètes, commune de Freychenet, canton de Foix. (J. et R., 1908 p. 410.) — Tr. Orpheus E. S. 34. Grotte de la maison forestière de Rothschild, canton de Lavelanet. (J. et R., 1908, p. 403.) — Tr. sp. ? Département de l'Aude 35. Grotte d'As-Pradels, commune de Coudons, canton de Quillan. (E. S., 1884, p. 255.) — Tr. Orpheus E. S. 36. Grotte du Bac de la Caune, commune de Coudons, canton de Quillan. (J. et R., 1914, p. 388.) — Tr. Orpheus E. S. 37. Grotte de Belyis, canton de Belcaire. (E. S., 1884, p. 255 ; J. et R., 1914, p. 389.) — Tr. Orpheus E. S. 38. Grotte d'Espezel, canton de Belcaire. (E. S., 1884 p. 255.) — Tr. Orpheus E. S., 39. Grotte du Pic de Lacuzon, près Gesse, canton d'Axat. (E. S.). — Tr. Orpheus E. S. Département des Pyrénées Orientales 40. Caouno claro, commune de Prugnanes, canton de Saint-Paul-de-Fenouillet. (J. et R., 1912 p. 565.) — Tr. Orpheus E. S. Départem3nt du Lot 41. Grotte de Presque, près Saint-Médard-de-Presque, canton de Saint-Céré. (J. et R., 1914, p. 473.) — Tr. solitarius sp. nov. Suisse 42. Grotte de La Bôggia-sur-Meride, canton du Tessin. (Pavesi, 1875: de Lessert, 1910.) — Tr. Sordelli (Pav.) ; Tr. Gkidinii (de Lessert). Italie 43. Grotte du Monte tre Crocette sur Varese, près Campo dei Fiori, Lombardie. (Carl, 1906 ) — Tr. Ghidinii (de Lessert). Europe Sud-Orientale l Kûstenland 44. Grotte de Corgnale, district de Sesana. (Joseph, 1881, p. 72.) — Tr. polyoph- thalmus Joseph. 45. Kronprinz-Rudolf-Grotte, près Divaca, district de Sesana. (J. et lî., 1918 p. 310.) — Tr. excavatus sp. nov. 1. Au moment où ces lignes sont écrites, les provinces clas?érs sous cette rubrique, n'ont pas encore reçu leur statut politique définitif. TRO GLOH Y PH AN TES 1 43 Carniole DISTRICT d'aDELSBERG 46. Kellergrotte (?) (C)ll. E. S.) — Tr. excavatus sp. nov. 47- Koncanova jama, près Horjul (?), S. W. de Laibach. (Coll. E. S.) — Tr. exca- vatus. sp. nov. (?) 48. Grotte de Luegg. (J. et R., 1918, p. 294.) — Tr. excavatus sp. nov. (?) 49. Zegnana jama, près Nussdôrf. (Coll. E. S.) — Tr. excavatus sp. nov. DISTRICT DE GOTTSCHEE 50. Dreibrûder Hôhi.e. (J. et R., 1918, p. 306.) — Tr. spinipes sp. nov. 51. Lucova jama, près Ober Skrill. (J. et R., 1918, p. 304.) — Tr. simili* sp. nov. 52. Grotte de Podpec. (J. et R., 1918, p. 307.) — Tr. gracilis, sp. nov. DISTRICT DE LOITSCH 53. Mrzla jama, près Blaska Poliza. (Coll. E. S.)— Tr. polyophthalmus Joseph. Dalmafe 54. Balicava pecina, près Dugopolje. (Coll. Absolon.) — Tr. (?) Giromettai Kui.cz. 55. Golubinka jama, Mosor planina. (Coll. Absolon.) — Tr. dalmaticus Kri.cz. 56. Grotte innomée, près Zaton. (Coll. Absolon.) — Tr. affinis Kur.cz. Bosnie 57. Kocovica pecina, Bjelasnica planina. (Coll. Absolon). — Tr. fugax Kulcz. Herzégovine 58. Baba pecina, près Zavala. (Coll. Absolon.) — Tr. salax Kuicz. 59. Papic pecina, près Trebinje. (Coll. Absolon.) — Tr. troglodytes Kulcz. 60. Vilina pecina, près Trebinje. (Coll. Absolon.) — Tr. troglodytes Kulcz. Banat COMPTAT DE KRASSO-SZÔRENY 61. Grotte de TATARCZY,près Mehadia. (Kulczynskï, 1894, p. 60.) — Tr. Herculanus { Kulcz. ). 144 LOUIS F AGE INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1912. Absolon (K.). Dva nové druhy Arachnidû. (Zvlàèlni otisk z Casopisu Mor. Musea. R. XIII., C. 1.) 1906. Cari, (J.). Beitrag zur Hohlenfauna der Insubrischen Région. (Rev. Suisse. Zoolog. Vol. XIV, p. 601.) 1894. Chyzer (C.) et. Kulczynski (L.). Araneee Hungariœ, T. II. (Budapest.) 1911. Cuénot (L.). La genèse des espèces animales. (Paris, p. 412 et suiv.) 1913. Face (Louis). Etudes sur les Araignées cavernicoles. II, Revision des Lepto netidse. (Arch. Zool. expér. 5. T. X., p. 479.) 1907. Jeannel (R.). et Racovitza (E. G.). Enumération des grottes visitées : Ie série. (Arch. Zool. expér. 4. T. VI, p. '.S'.).) 1908. — 2e série. (Arch. Zool. expér. 4. T. VIII, p. 327.) 1910. — 3e série. (Arch. Zool. expér. 5. T. V, p. 67.) 1912. — 4e série. (Arch. Zool. expér. 5. T. IX, p. 501.) 1914. — 5e série. (Arch. Zool, expér. T. LUI, p. 325.) 1918. ■ 6^ série. (Arch. Zool. erpér. T. LVII, p. 203.) 1881. Joseph (G.). Erfahrungen im wissenschaftlichen Sammeln und Beobachten der den Krainer Tropfsteingrntten eigenen Arthropoden. (Berlin, Enlomo- log. Zeitschr. Bd. XXV, H. II.) 1912 Kulczynski (L.). Aranearum speluncariarum peninsulœ balcanicœ species duo novae, (in Absolon, 1912.) 1914. — Aranearum species novœ minusve cognitœ, in montibus Kras dictis a Dre C. Absolon aliisque collectai (Bull. Ac. Se. Cracovie, série B. p. 353.) 1906 Lessebt (R. de), in Cakl, 1906 1910 — Catalogue des Araignées de Suisse. (Mus. d'Hist. Nat, Genève, p. 266.) 1875 Pavesi (P.). Note araneologuhe. (Atti. Soc. Ital. Se. Nat. t. XVIII., p. 30.) 1884 Simon (E.). Les Arachnides de France. T. V, p. 248. 1894 — Histoire Naturelle des Araignées. T. I, p. 706. 1907 — Biospéologica III. (Arch. Zool. expér. 4. T. VI, p. 5'(3.) 1910 — Biospéologica XV. (Arch. Zool. expér. 5. T. V, p. 60.) 1911 — Biospéologica XXIII. (Arch. Zool. expér. 5. T. IX, p. 190 .) 1913. ' • Biospéologica XXX. (Arch. Zool. expér. T. LU, p. 372.) 1917. Sôbensen ( W.). Sur la morphologie de l'abdomen des Araignées. Kjôbenaavn, Vid. Selsh. Overs. 1916, p. 351.) TRO GLOH Y PH AN TES 1 45 EXPLICATION DES PLANCHES PLANCHE II Troglohyphantes Alluaudi sp. nov. (fig. 1 à 10). FiG. 1. Aire oculaire, vue en dessus, 9 • y- 56. FiG. 2. Tibia I, côté interne, 9. x 44. FiG. 3. Epigyne vu en dessus, x 5C. Fig. 4. Epigyne vu de profil, x 56. ElG. 5. Patte-mâchoire du cf. côté externe, x 58. Fig. 6. Derniers articles de la patte-mâchoire du cf. côté interne, x 58. FiG. 7. Derniers articles de la patte-mâchoire du cf. vus en dessus, x 58. Fio. 8. Style, profil externe, x 234. FiG. 9. Lamelle caractéristique, côté externe. X 234. FiG. 10. Lamelle caractéristique, côté externe, x 234. Troglohy pliantes farci fer E. S. (fjg, il à 23). FiG. 11. Aire oculaire, vue en dessus, Q. x 56. FiG. 12. Fémur II, 9- x 44. FiG. 13. Tibia I, côté externe, 9. x 44. FiG. 14. Epigyne vu en dessus, x 56. FiG. 15. Epigyne vu de profil, x 56. Fig. 16. Epigyne vu eu dessous, x 50. PLANCHE III Troglohyphantes furcifer E. S. (suite). FiG. 17. Patte-mâchoire du cf . côté externe, x 58. Fig. 18. Derniers articles de la patte-mâchoire du cf. côté interne, x 58. Fig. 19. Derniers articles de la patte-mâchoire du Cf, vus en dessus, x 58. FiG. 20. Style, profil externe, x 234. FiG. 21. Style, vu en dessous, x 134. FiG. 22. Lamelle caractéristique, côté externe, x 234. FiG. 23. Lamelle caractéristique, côté interne, x 234. Troglohyphantes cantabrimis E. S. (fig. 24 à 34). FiG. 24. Aire oculaire, vue en dessus, 9 • x 56. FiG. 25. Partie céphalique, vue de profil, 9- X 56. FiG. 26. Tibia I, côté interne, 9 . x 44. Fig. 27. Epigyne vu en dessus, x 56. FiG. 28. Epigyne, vu en arrière, x 56. FiG. 29. Epigyne, vu en dessous, x 56. Fig. 30. Patte-mâchoire du cf. côté externe, x 58. FiG. 31. Tibia de la patte-mâchoire gauche du cf. vu en dessus, x 58. Fig. 32. Derniers articles de la patte-mâchoire du cf. côté interne, x 58. FiG. 33. Lamelle caractéristique, côté externe, x 234. Fig. 34. Lamelle caractéristique, côté interne, x 234. Troglohyphantes nyctalops E. S. (fig. 35 à 37). Fig. 35. Aire oculaire, vue en dessus, 9- Fjg. 36. Epigyne, vu en dessus, x 56. FiG. 37. Epigyne, vu en arrière, x 56. 146 LOUIS F AGE PLANCHE IV Troglohyphantes Simoni sp. nov. (flg. 38 à 46). FiG. 38. Aire oculaire, vue en dessus, Ç. x 56. Fia. 39. Tibia I, côté interne, Ç . x 44. FiG. 40. Patte-mâchoire du Ç , côté externe, x 56. F!G. 41. Tibia de la patte-mâchoire gauche du cf. vu en dessus, x 56. FiG. 42. Derniers articles de la patte-mâchoire du cf. côté interne, x 56. FiG. 43. Style, vu en dessous, x 134. FiG. 44. Style, profil externe, x 234. FiG. 45. Lamelle caractéristique, côté externe, x 234. FiG. 46. Lamelle caractéristique, côté interne, x 234. Troglohyphantes Gerberus E. S. (flg. 47 à 56). FiG. 47. Aire oculaire, vue en dessus, Ç. x 56. FiG. 48. Epigyne, vu en dessus, x 56. FiG. 49. Epigyne, vu en arrière, x 56. FiG. 50. Epigyne, vu en dessous, x 56. FiG. 51. Patte-mâchoire du cf , côté externe. x 58. FiG. 52. Tibia de la patte-mâchoire droite du cf , vu en dessus, x 58. FiG. 53. Derniers articles de la patte-mâchoire du cf, côté interne, x 58. FiG. 54. Style, profil externe, x 234. FiG. 55. Lamelle caractéristique, côté externe, x 234. FiG. 56. Lamelle caractéristique, côté interne. X 234. Troglohyphantes pyrenœus E. S. (flg. 57 à 63). FiG. 57. Aire oculaire, vue en dessus. X 56. PLANCHE V Troglohyphantes pyrenœus E. S. (suite). FiG. 58. Partie céphalique, vue de profil. X 56. FiG. 59. Tibia I, côté interne, Ç . x 22. FIG. 60. Patte-mâchoire du cf , côté externe, x 56. FiG. 61. Patella et tibia de la patte-mâchoire droite du cf , vus en dessus, x 56. FiG. 62. Lamelle caractéristique, côté externe, x 234. FIG. 63. Lamelle caractéristique, côté interne. X 234. Troglohyphantes phragmitis E. S. (flg. 64 à 70). FiG. 64. Aire oculaire, vue en dessus, Ç. x56. FiG. 65. Epigyne, vu en dessus, x 56. l'Ki. 66. Patte-mâchoire du cf, côté externe, x 56. FiG. 67. Tibia de la patte-mâchoire droite du cf, vu en dessus, x 234. FiG. 68. Derniers articles de la patte-mâchoire du cf , côté interne, x 56. FiG. 69. Lamelle caractéristique, côté externe, x 234. FiG. 70. Lamelle caractéristique, côté interne, x 234. Troglohyphantes Marqueti E. S. (flg. 71 à 81). FIG. 71. Aire oculaire, vue en dessus, Ç. x 56. FiG. 72. EDigyne, vue en dessus, x 56. FiG. 73. Epigyne, vue en arrière, x 56. FIG. 74. Tibia I, côté externe, Ç . x 40. FiG. 75. Patte-mâchoire du cf , côté externe, x 56. FiG. 76. Tibia de la patte-mâchoire droite du cf , vu en dessus. X 234. FiG. 77. Derniers articles de la patte-mâchoire du cf , côté interne, x 56. TRO GLOH Y PH AN TES 1 41 PLANCHE VI Troglohyphantes Marquai E. S. (suite). lia. 78. Style, vu en dessous. X 134. Fig. 70. Style, profil externe, x 234. Fig. 80. Lamelle caractéristique, côté externe, x 234. Fig. 81. Lamelle caractéristique, côté interne, x 234. Troglohyphantes affirmatus E. S. (fig. 82 et Fig. 82. Aire oculaire, vu en dessus, Ç . x Fig. 83. Epigyne, vu en dessus, x 56. Troglohyphantes cœciis sp. nov. (flg. 84 à 87). Fig. 84. Partie céphalique, de profil, Ç>. X 56. Fig. 85. Tibia I, Ç. x 38. Fig. 86. Epigyne, vu en dessus, x 56. Fig. 87. Epigyne, vu en arrière, x 56. Troglohyphantes Ghid inii DE Lessert (flg. 88 à 00) FIG. 88. Aire oculaire, vue en dessus, Ç . X 56. Fig. 80. Epigyne, vu en dessus, x 56. Fig. 90. Epigyne, vu en arrière, x 56. Troglohyphantes polyophthalmus Joseph (fig. 91 à 101). Fig. 91. Epigyne, vu de profil, x 56. Fig. 92. Epigyne, vu en dessus, x 56. Fig. 93. Epigyne, vn en arrière, x 56. Fig. 94. Epigyne, vu en dessous, x 56. Fig. 95. Patte-mâchoire du cf, côté externe, x 56. Fig. 96. Derniers articles de la patte-mâchoire gauche du cf , vus en dessus, x 56. Fig. 97. Derniers articles de la patte-mâchoire du Cf, côté interne, x 56. Fig. 98. Style, vu en dessous, x 100. Fig. 99. Style, profil externe, x 134. Fig. 100. Lamelle caractéristique, côté externe, x 234. FiG. 101. Lamelle caractéristique, côté interne, x 234. PLANCHE VII Troglohyphantes Orpheus E. S. (flg. 102 à 111). FiG. 102. Tibia I, côté interne, Ç. x 44. Fig. 103. Epigyne, vu en dessus, x 56. FIG. 104. Patte-mâchoire du cf , côté externe, x 56. FiG. 105. Derniers articles de la patte-mâchoire droite du o\ vus en dessus. X 50. Fig. 106. Derniers articles de la patte-mâchoire du cf . côté interne. X 5C. FiG. 107. Style, vu en dessous, x 134. FiG. 108. Style, profil externe, x 234. FiG. 109. Style, vu de 3/4. x 2:54. FIG. 110. Lamelle caractéristique, côté externe, x 234. FiG. 111. Lamelle caractéristique, côté interne, x 234. Troglohyphantes solitarius sp. nov. (flg. 112 à 118). FiG. 112. Aire oculaire, vue en dessus, ç. x 56. Fig. 113. Tibia I, côté interne, Ç. x 44. FiG. 114. Patte-mâchoire du Cf , côté externe, x 56. FIG. 115. Derniers articles de la patte-mâchoire gauche du cf , vus en dessus, x 56. FiG. 116. Derniers articles de la patte-mâchoire du cf. côté interne, x 56. FiG. 117. Lamelle caractéristique, côté externe, x 234. FiG. 118. Lamelle caractéristique, côté interne, x 234. 148 LOUIS F AGE Troglohyphantes Itteifuga E. 8. (fig. 119 à 121). Fia. 119. Aire oculaire, vu en dessus, Ç. x 56. FiG. 120. Tibia I, côté interne, Q . X 22. Fig. 121. Epigyne, vue en dessus, x 56. Troglohyphantes excavatus sp. nov. (fig. 122 à 132). Fig. 122. Aire oculaire, vue en dessus. Ç, x 56. Fig. 123. Epigyne, vu en dessus, x 56. Fig. 124. Epigyne, vu en arrière, x 56. PLANCHE VIII Troglohyphantes excavatus sp. nov. (suite). Fig. 125. Partie côphalique, de profil, cf. x 56. Fig. 126. Patte-mâchoire du o\ côté externe, x 56. Fia. 127. Derniers articles de la patte-mâchoire gauche du cf. vus en dessus, x 56. Fig. 128. Derniers articles de la patte-mâchoire du cf . côté interne, x 56. Fig. 129. Style, vu en dessous, x 134. Fig. 130. Style, profil externe, x 234. FiG. 131. Lamelle caractéristique, côté externe. X 234. FiG. 132. Lamelle caractéristique, côté interne, x 234. Troglohyphantes similis sp. nov. (fig. 133 à 137). FiG. 133. Epigyne, vu en dessus, x 56. Fig. 134. Patte-mâchoire du cf, côté externe, x 56. Fig. 135. Derniers articles de la patte-mâchoire du Cf > côté interne, x 56. FiG. 136. Lamelle caractéristique, côté externe, x 234. Fia. 137. Lamelle caractéristique, côté interne. 2o4. Troglohyphantes spinipes sp. nov. (fig. 138 et 139). Fig. 138. Tibia II, côté externe, Ç. x 44. FiG. 139. Lamelle caractéristique, côté interne, x 234. Troglohyphantes graeilis sp. nov. (fig. 140 à 144). Fia. 140. Patte-mâchoire du cf , côté externe, x 56. FiG. 141. Derniers articles de la patte-mâchoire du cf, côté interne, x 56. FiG. 142. Derniers articles de la patte-mâchoire gauche cf , vus en dessus. ."><'•. FiG. 143. Lamelle caractéristique, côté externe, x 234. FiG. 144. Lamelle caractéristique, côté interne, x 234. Arch Fig. 1-10 : Tro Alluaudi n -Sp. __ Fig -11.16 . T . furoif, de Zool . Exp" et Gén" Tome 58, PI. III Fig. 17-23 : Troglohyphantes furcif er B. «• »«ite , . - Fig. 24-34 : T. cantabricus E. S. Fig. 35-37 :T.nyctalops E. S. ;h. de Zool. Exple et Gén 'ig. 38-46 : Troglohyphantes Simom r. Sp f 47_56 . T oerberus E. S. Fig. 57 : T.pWnaeus E. s de Zool. Exp'= et G< Tome 58. PI V F.ig. 58-63 : T •oglohyphantes pyrenaeus E. -Isuite). _ Fig. 64-70 . t. phragmitis Fig. 71-77 : s. S- Zool . Ex; Tome 58. PI. VI Troglohyph Fig .ntes M 88-90 ; irqueti E. S. (suite). - Fig' ^2-83 : T. affirmatus E. S. T. Ghidinii (de Lessert) - fig. 91-101 : T. polyophthalmus Joseph lltlf'. Ilrtlnnni't 87 : T. caecus n . sp . Zoo] Exp" Tome 58, PI VII Fig. 102-111 : Troglohyphantes orph«»s. ■ S. - Fig. i12-ii8 : T. solitarius n. sp. Fig. 119-121 : T. lucifuga E. |S x6- 122-124 : T. excavatus n. sp. Tome f.8 PI \ Il : Troglohyphantes excavatu Fig. 133-139 T. I44 : T. gracilis n. sp. ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE Tome 58, p. 149 à 171 1er Février 1919 LES ORGANES PULSATILKS MÉSO ET MÉTATERGAUX DES LÉPIDOPTÈRES FRANK BROCHER Vandœuvres, près Genève. Ce travail ne devrait être qu'un chapitre de la troisième partie de mes « Etudes expérimentales sur la circulation du sang chez les Insectes », dans laquelle je me propose d'étudier ces phénomènes chez les Lépi- doptères. Mais, mes recherches sur la circulation du sang, chez ces insectes, n'avançant que lentement, et, d'autre part, l'organe pulsatile mésotergal étant, chez eux, particulièrement développé et ayant, en outre, une grande importance physiologique, j'ai estimé préférable de consacrer un article spécial à sa description anatomique et à l'étude de son fonctionnement, afin de mieux attirer sur lui l'attention des naturalistes. C'est au cours de mes recherches sur la respiration des Dytiques que j'ai découvert ces organes pulsatiles thoraciques et que j'en ai compris le fonctionnement (1916). Dans la suite, j'ai constaté la présence d'or- ganes semblables chez beaucoup d'autres Insectes (1916) ; mais, jusqu'à présent, c'est chez les grands Sphinx que ces organes m'ont paru atteindre ie maximum de développement. Il est même extraordinaire qu'ils n'aient pas encore été remarqués ; car, chez ces insectes, ils sont aisément visibles ; on peut les voir puiser, sans recourir à l'aide d'aucun instrument grossis- sant. Et cela d'autant plus facilement que, lorsqu'on conserve quelque temps un de ces papillons clans une boîte, l'insecte, en s'y débattant, fait, en général, tomber les poils qui garnissent la face dorsale du méso- Arch. de Zool. Exp. et Géx. — T. 58. — F. 3, Il 150 F BANK BROCHER thorax. Or, c'est précisément à l'endroit dénudé, qu'à travers le tégument, on voit se mouvoir l'organe pulsatile sous-jacent. J'ai particulièrement étudié cet organe sur les représentants de deux espèces de papillons ; le Sphinx du Liseron et le Macroglosse. Ce dernier (Macroglossa stellarwm L.) a l'avantage d'être très commun ; mais ses petites dimensions rendent difficiles, soit sa dissection, soit l'exécution d'expériences physiologiques. L'animal de choix est donc le Sphinx du Liseron (Sphinx ou Proto- parce convolvuli L.) ; il est de grande taille et son tégument est bien trans- parent. Malheureusement, la durée de son apparition annuelle est plus courte que celle du Macroglosse ; il est moins commun que ce dernier, on ne peut pas toujours s'en procurer autant qu'on en désire. Je vais, à présent, exposer [ce que j'ai observé chez ces Insectes, et les diverses expériences que j'ai pu exécuter sur eux. Chapitre Ier Observations et expériences physiologiques Après avoir, au moyen de vapeurs d'éther, anesthésié un Sphinx du Liseron, on lui enlève les poils de la face dorsale de l'abdomen, du thorax et de la tète, en frottant ces régions avec un petit pinceau (fig. i). Dans ces conditions — vu la transparence du tégument — on voit parfaitement, à travers celui-ci, puiser le vaisseau dorsal v, à l'abdomen. On constate, en outre, qu'à la partie postérieure du métatergum M, il y a une sorte d'écusson losangique S — le scutellum — sous le tégument duquel on observe aussi un organe p qui puise. Des extrémités latérales du scutellum part, de chaque côté, un petit bourrelet jaunâtre a qui, en se prolongeant, va former le bord postérieur a de l'aile antérieure A correspondante. Nous savons déjà, par un précédent travail (1916), que ce bourrelet est un canal ; c'est la veine postérieure de l'aile. Le sang qui y circule vient de l'aile et se rend vers l'organe pulsatile mésotergal p. La chose est facile à démontrer. Expérience I. — Il suffit de couper ce bourrelet d'un coup de ciseaux (en a', fig. i) et d'appliquer, entre les deux lèvres de la plaie, un pinceau chargé d'encre de Chine diluée dans la solution salée physiologique. OEGANES PULSATILES 151 L'encre est aspirée ; on la voit entrer dans le bourrelet et circuler dans celui-ci, en allant de la plaie a' à l'organe pulsatile p, contre lequel elle finit par former un dépôt noir. Nous en avions conclu (1916) que l'organe agit par aspiration et qu'il contribue, par ce moyen, à faire circuler le sang dans l'aile... et, proba- blement aussi, dans d'autres régions du thorax. Pour vérifier cette supposition, je fis quelques expériences. Expérience II. — Au lieu de couper le bourrelet a, j'amputai le fémur d'une des pattes médianes et j'appliquai sur la plaie un pinceau chargé d'encre de Chine. Celle-ci pénétra dans le fémur, puis dans le coxa et arriva — au moins en partie !) — sous le tégument thoracique latéral. On voyait sous celui-ci des traînées noires se dirigeant vers la face postéro-dorsale du mésotho- rax, en suivant les espaces intermusculaires. Au bout de peu de temps, des particules noires arrivèrent à l'extré- mité latérale de l'organe pulsatile mésotergal — du côté correspondant à la patte opérée — et se déposèrent à cet endroit. L'expérience réussit encore mieux, si l'on coupe le trochanter plutôt que le fémur. Ces faits nous enseignent : 1° Que l'action aspiratrice de l'organe pulsatile mésotergal se fait sentir jusque dans le fémur ; et 2° que le sang circule principalement dans les espaces intermusculaires. Ceci étant reconnu, il était logique de chercher si cette action aspi- ratrice de l'organe mésotergal est constatable à d'autres régions du corps. Expérience III. — Avec un fin bistouri, je blessai le tégument dorsal, dans la partie antérieure du mésotergum, sur la ligne médiane (en c', fig. i). Je déposai sur la plaie une goutte d'encre de Chine diluée. Celle-ci, presque instantanément, pénétra dans le corps ; elle suivit sous le tégu- ment la ligne médiane c'c (soit l'espace compris entre les deux muscles longitudinaux dorsaux) et arriva, presque immédiatement, à l'organe pulsatile p, contre lequel elle se déposa. Si l'on ne se hâte de mettre la goutte d'encre sur le trou fait au tégu- ment, il arrive, assez souvent, que de l'air est aspiré par cette ouverture. On voit des bulles de gaz se mélanger au sang, cheminer sur la ligne mé- diane et venir s'arrêter contre l'organe pulsatile. 1. Une partie de L'encre suit la chaîne nerveuse et pénètre dans l'abdomen. 152 FRANK BROCHER Expérience IV. — Au lieu d'opérer en c' sur la ligne médiane, on exécute la même expérience en d ou en e. Le résultat est identique. L'encre pénètre sous le tégument, suit 1 o-e/n-t. FlG. I. Sphinx du Liseron, dont on a dénudé la tête, le thorax et l'abdomen. Du côté droit, on a, en outre, enlevé l'aile postérieure B et coupé l'extrémité du ptérygote P, afin de mettre en évidence la veine posté- rieure a de l'aile antérieure A. Les flèches indiquent la direction du cours du sang. ORGANES PU LS AT ILES 153 l'espace intermusculaire transversal d ou e, rejoint la ligne médiane c'c et, par celle-ci, arrive à l'organe pulsatile mésotergal p. Expérience V. — Je fis, enfin, cette expérience, en enlevant un frag- ment du tégument de la région médiane antérieure de la tête (en i, fig. i). A peine la goûte d'encre fût-elle déposée sur la plaie, qu'instan- tanément, tout le réseau des espaces intermusculaires sous-mésotergaux c'c, d, e, f, s'injecta de liquide noir. Celui-ci parcourut tout le réseau comme une onde et les particules noires vinrent se fixer contre l'organe pulsatile p. Si l'on dépose une seconde, puis une troisième goutte d'encre sur la plaie, un phénomène semblable se reproduit chaque fois. Expérience VI. — On opère comme pour la précédente expérience. On met une goutte d'encre sur la plaie de la tête et l'on constate le phénomène que nous venons de décrire. On découpe alors, avec la pointe d'un fin bistouri, et l'on enlève le tégument chitineux du scutellum, qui recouvre l'organe pulsatile, puis l'on touche celui-ci avec une goutte de solution de bichlorure de mercure, que l'on enlève immédiatement avec un morceau de papier buvard. Ce court contact suffit pour tuer l'organe, qui devient immobile. En revanche, cette opération n'a aucune influence sur le vaisseau dorsal v, que l'on continue à voir puiser normalement sous la paroi de l'abdomen. Ceci étant fait, on dépose sur la plaie de la tête une seconde goutte d'encre. Dans ces conditions, l'encre pénètre encore ; mais elle entre beaucoup plus lentement. On n'observe plus le phénomène de l'onde noire injec- tant instantanément, mais transitoirement, le réseau des espaces inter- musculaires sous le mésotergum. L'encre pénètre d'une façon plus diffuse, plus lente, par imbibition. Parfois, cependant, l'espace intermusculaire / subit une véritable injec- tion. Mais le courant sanguin qui occupe cet espace n'est pas uniquement produit par l'organe pulsatile mésotergal p ; il se dirige latéralement vers l'abdomen. Or, il ne faut pas oublier que, si l'on abolit la fonction aspiratrice de l'organe mésotergal p, le sang qui se trouve dans la tête et dans le thorax continue à subir l'action aspiratrice de l'organe pulsa- tile du métatergum N et celle qui résulte des mouvements de dilatation (inspiration) de l'abdomen qui, tou+ es deux, tendent à l'attirer vers la partie postérieure du corps. En outre, il va sans dire que, par le fait seul 154 FRANK BROCHEE de la capillarité, le liquide noir a naturellement la tendance de se répandre dans tous les petits interstices. Comme quoiqu'il en soit, le phénomène de l'expérience VI n'est pas comparable à celui que l'on observe dans l'expérience V, lorsque l'or- gane pulsatile mésotergal est intact. A la suite de ces diverses expériences, il semble donc logique d'ad- mettre que l'action aspiratrice de l'organe mésotergal p se fait sentir, en tous cas, dans une grande partie du mésothorax et même jusque dans la tête. Expérience VII. — Sous ce numéro, je signalerai encore briève- ment quelques petites expériences accessoires, dont le résultat concorde avec celui des précédentes ; mais il est moins net et n'est pas toujours constant. A. — Si l'on opère sur un palpe, on voit, au bout d'un certain temps, quelques particules noires venir se déposer contre l'organe pulsatile mésotergal. B. — Il en est de même, si l'on opère sur le fémur sectionné d'une des pattes antérieures. C. — Si l'on opère sur le fémur d'une des pattes postérieures, les parti- cules noires se rendent pour la plupart dans l'abdomen — le long de la chaîne nerveuse ventrale — mais [quelques-unes vont se déposer contre l'organe pulsatile métatergal (N, fig. i ; z, fig. iv) et aussi contre l'or- gane pulsatile mésotergal p. Chapitre II Etude anatomique de l'organe pulsatile mésotergal. Son fonctionnement. Le procédé qui m'a le mieux réussi pour étudier l'anatomie de cet organe est celui qui consiste à disséquer des sujets qui ont séjourné au moins quelques jours dans une solution de formol à 1 1/2 ou 2 p. 100. Lorsqu'on enlève le tégument chitineux qui constitue le scutellum S (fig. i), l'on met à découvert l'organe pulsatile p (fîg. i et n). Celui-ci (fig. n) est constitué par une mince membrane musculaire p, transver- salement allongée, qui, par ses extrémités latérales r, s, t, s'insère à une crête interne H (qui se trouve au point de soudure du mésotergum et du scutellum — nous l'appellerons la crête mésotergo-scutellaire H) et, par quelques fibres postérieures u, au bord postérieur, recourbé en ORGANES PU LS AT ILES 155 dessons S', du scutellum. Cette membrane adhère aussi, par son bord postérieur w, au tégument dorsal du scutellum qui a été enlevé — ainsi que nous pourrons le constater, lorsque nous disséquerons cet organe d'une autre manière. Cette membrane n'occupe que les deux tiers antérieurs de l'espace (h) i r H i> c i o ï h -5 t kvK SX &- I1 IL V' V x'.:D mm F.3 FlG. n. Organe pulsatile mésotergal du Sphinx du Liseron, mis à découvert par suite de l'enlèvement du tégument du scutellum qui le recouvre. Vu par la face dorsale. Du côté droit, on a enlevé une partie du bor.l postérieur du mésotergum ; afin de mettre à découvert la crête H, à laquelle s'insère la membrane pulsatile p (cette crête étant recouverte parla région postérieure du mésotergum). Du côté gauche, (H) indique la situation de cette crête sous le tégument. En outre, le sac aérien 9, en place sur le côté gauche de la figure, est enlevé du côté droit.; ce qui permet de voir les muscles D, sous-jacents. Enfin cette figure est un peu schématisée ; on y a représenté les ouvertures o et le canal k que l'on ne peut guère voir que, dans de certaines circonstances, sur l'insecte vivant ou au moyen de minu- tieuses dissections. que recouvrait le tégument. Elle n'a pas partout le même aspect ; sa partie antérieure est jaunâtre et est plus opaque que sa partie postérieure : en outre, contre son bord antérieur, il y a une sorte de mamelon bilobe y grisâtre. En étudiant cette région avec plus d'attention, et surtout en la dissé- quant, nous reconnaîtrons : 1° Que l'espace compris entre le bord postérieur du scutellum >S et le bord postérieur de la membrane musculaire w est occupé par un sac 156 FRANK BROCHEE aérien 9, qui s'insinue sous ladite membrane et y adhère (fig. il, à gauche) . Si l'on enlève ce sac aérien, l'on met à découvert l'extrémité supé- rieure X' du mésophragma (X, fig. m) et la partie postérieure des muscles longitudinaux dorsaux D, qui s'y insèrent (fig. n, à droite). 2° Contre le bord antérieur de la membrane musculaire, il y a, comme nous l'avons signalé, un mamelon bilobé grisâtre y. Lorsque les circonstances s'y prêtent, on voit — principalement sur l'insecte vivant (voir exp. VIII) — dans la profondeur, à travers la paroi de ce mamelon, un orifice ovale h qui, souvent, se contracte et se dilate. 3° En avant de ce mamelon, sur la ligne médiane, se trouve l'ex- trémité de ce que nous avons appelé l'espace intermusculaire médian sous-tergal c et, de chaque côté de lui, les muscles longitudinaux dor- saux D. Après avoir fait ces constatations, détachons de chaque côté la mem- brane musculaire, à ses insertions latérales r , s, t, u et tâchons de l'enlever. Nous constaterons, alors, qu'elle reste fixée aux muscles sous-iacents D, par un prolongement qui s'insinue entre ceux-ci et qui est la continuation du mamelon bilobé y. Si l'on coupe ce prolongement, on peut alors enlever l'organe et l'examiner au microscope. Nous remarquons que ledit prolongement est creux : c'est un canal. La partie de ce canal qui est restée attenante au corps s'enfonce et dis- paraît entre les deux muscles longitudinaux dorsaux D. Quant à la membrane p, elle est constituée par des fibres musculaires striées, qui ont, comme la membrane, une direction transversale par rapport à Taxe du corps. A sa face supérieure, on observe une multitude de fibrilles (q, fig. v), serrées les unes contre les autres, qui s'insèrent sur les fibres musculaires de la membrane et qui s'éloignent perpendiculai- rement de celle-ci. Ces fibrilles ne sont pas de nature musculaire ; elles ne sont pas striées. Ce sont, probablement, des fibrilles élastiques ; nous y reviendrons dans la suite. C'est au milieu de ces fibrilles que restent prises les particules noires d'encre de Chine, lorsqu'on fait une des expériences que nous avons décrites plus haut. Si l'organe n'est pas encrassé d'encre de Chine, on observe, en général, des globules sanguins en assez grand, nombre, accolés contre ces fibrilles. Nous allons maintenant indiquer ce que Ton constate, lorsqu'on étudie cet organe non plus de champ, par la face dorsale, mais vu de côté. Il faut, pour cela, fendre le corps, parallèlement au plan médian, ORGANES PULSATILES 157 mais un peu à côté de lui ; puis, par dissection, mettre à découvert le plan sagittal (fi g. ht). Lorsqu'on enlève le muscle longitudinal dorsal D (muscle du côté gauche de l'insecte, sur la fig. m), on aperçoit l'aorte j, k, l, accolée contre la face interne du muscle longitudinal dorsal D du côté opposé. Cette aorte n'est pas droite, comme c'est, en général, le cas chez les va ï C€/TLfc. -a Fig. m. Sphinx du Liseron. Plan sagittal du thorax et des deux premiers segments de l'abdomen. Les trachées et les nombreuses glandes salivaires (qui occupent l'espace péri-œsophagien) ainsi que les nerfs ne sont pas indiqués. Voir la fig. v, qui représente — aussi en coupe sagittale, mais à une échelle beaucoup plus grande et avec plus de détails — le seutellum et l'organe pulsatile mésothoracique p. Insectes. Elle décrit une sinuosité très accentuée, dirigée en haut, et, lorsqu'elle se trouve être près du tégument dorsal, une branche k s'en détache et va s'appliquer contre celui-ci. Ce parcours sinueux de l'aorte dans le thorax des Lépidoptères est un fait déjà connu ; mais, jusqu'à présent, on en ignorait la raison. Or, la branche k de l'aorte n'est pas autre chose que le canal k, signalé plus haut, qui, ainsi que nous l'avons constaté, est situé entre les deux muscles longitudinaux dorsaux. Ce canal relie donc l'aorte j, l à la face 158 F BANK BROCHER inférieure du mamelon bilobé y (fig. n et v), qui n'est, en fait, que l'ex- trémité de ce canal. Pour bien voir la disposition de l'organe pulsatile. il faut, d'un coup de ciseaux, couper Jongitudinalement, sur la ligne médiane, le scutellum dans lequel il est logé. Nous voyons alors, en coupe1, la membrane pulsatile. Nous constatons (fig, m, iv et surtout v) : 1° Que la membrane pulsatile p ou p' adhère aussi au tégument, par son bord postérieur w. - 5 mm . o. Fig. iv. Coupe longitudinale, selon le plan sagittal, des organes pulsatiles méso et métatergaux du Sphinx du Liseron. Cette figure est à la même échelle que les figures VI, vn et vni, afin de pouvoir être comparée avec celles-ci, qui représentent l'organe mésotergal, vu de divers côtés. Mais, étant donné le grand nombre de désignations que nécessite la description de cet organe — vu en coupe longitudinale — j'ai représenté ce dernier, a une plus grande échelle, sur la figure suivante. 2° Que les lobes, qui terminent la branche h, et qui forment le mamelon bilobé (y, fig. il et v) adhèrent aussi au tégument. 3° Que les fibrilles q, que nous avons constatées à la face dorsale de la membrane pulsatile, sont tendues entre celle-ci et le tégument du scutellum S, auquel elles sont fixées par leur extrémité supérieure. 4° Que le sac aérien 9 se prolonge effectivement sous la membrane pulsatile p' et qu'il adhère à celle-ci, par sa paroi dorsale, et aux muscles longitudinaux dorsaux D, par sa paroi ventrale. 5° Enfin, nous pouvons faire encore une dernière constatation (fig. m), qui a plus d'importance qu'elle n'en a l'air. C'est que le diamètre de l'aorte se modifie pendant son parcours entre les deux muscles longi- tudinaux dorsaux. 1. En coupe longitudinale, par rapport au corps; mais en coupe tranversale, par rapport à la membrane et aux fibres musculaires qui la composent. ORGANES PULSATILES 159 La branche k et la partie antérieure l de l'aorte, à partir de l'insertion de cette branche k, ont un diamètre supérieur à celui qu'a l'aorte ;, à son entrée dans le mésothorax et jusqu'à l'insertion de la branche k. Il est donc logique d'admettre que la quantité de sang qui circule dans cette branche Je et, à partir de celle-ci, dans l'aorte l, est supérieure à celle qui circule dans la première partie de l'aorte j. La branche k amène à l'aorte le sang qui vient de l'organe pulsatile p ; c'est un vaisseau afférent. La chose est d'autant plus évidente que, lors- f mm Fin. v. L'organe pulsatile mésotergal du Sphinx du Liseron, vu en coupe sagittale. La membrane pulsatile p' est représentée en état de contraction ; la ligne p indique la position qu'elle a, lorsqu'elle est en état de relâchement. La paroi latérale de la branche k de l'aorte est, en haut, en partie, enlevée ; afin qu'on puisse voir la position de la valve ». Cette figure est la seule où nous avons pu indiquer — et seulement schématiquenient — quelques fibrilles élastiques q. Il va sans dire que celles-ci sont beaucoup plus nombreuses qu'on ne pourrait le supposer, en voyant ce dessin. (F), endroit où s'insère le muscle F. g correspond a S des figures VI et vu. Les flèches indiquent la direction du cours du sang. qu'on dissèque un Sphinx dont l'organe p est encrassé par suite d'une des expériences précédemment relatées, on constate que quelques par- ticules noires ont franchi l'organe p et sont arrivées jusque dans la bran- che k ou dans l'aorte antérieure l. Nous devons donc admettre que l'organe pulsatile mésotergal attire à lui le sang qui circule dans le thorax et qu'il le déverse ensuite dans l'aorte. J'ai constaté (1916) que, chez le Dytique, il y a, sur la membrane pulsatile, deux ouvertures qui s'ouvrent pendant la diastole (relâche- ment de la membrane) et qui se ferment pendant la systole (contrac- tion de la membrane). Il est donc logique de penser qu'il doit en être de même pour l'organe pulsatile des Lépidoptères. Tel est bien le cas. Si, en décrivant cet organe, je n'ai pas signalé ces ouvertures, c'est qu'elles sont assez difficiles à constater. Toutefois, 160 FRANK BROCHER en observant l'insecte vivant, on peut les voir fonctionner, lorsqu'on fait l'expérience suivante !. Expérience VIII. — Après l'avoir anesthésié et lui avoir dégarni de poils le mésotergum et le scutellum, on pique l'insecte sur une plaque de liège, au moyen de deux épingles plantées, de chaque côté, dans la partie antérieure du mésothorax. Puis, on fixe la plaque de liège au fond d'un petit cristallisoir que l'on remplit de la solution salée physiolo- gique, de façon que l'insecte soit en entier immergé. Avec un compte- gouttes, on enlève l'air qui adhère au corps, afin qu'il ne soit pas gênant pour l'observation. Le tout étant disposé sous la loupe montée, on découpe, avec la pointe d'un fin bistouri, et l'on enlève le tégument du scutellum, en ayant bien soin de ne pas blesser l'organe pulsatile sous-jacent. Dans ces conditions, l'organe continue à fonctionner et on peut l'étudier, soit à la loupe, soit au microscope (Leitz, Obj. 3). Or, voici ce que l'on observe (fig. n) : L'organe puise d'une façon régulière pendant un certain temps ; puis les pulsations ralentissent et cessent. A ce moment, on voit sortir plusieurs bouffées d'un liquide jaunâtre à la face dorsale de l'un des lobes du mamelon grisâtre {y, fig. n), qui se trouve au bord antérieur de la membrane pulsatile. Ce phénomène se produit tantôt au lobe droit, tantôt au lobe gauche ; mais très exceptionnellement des deux côtés à la fois. Lorsque quelques bouffées de liquide jaunâtre ont été évacuées, l'organe recommence à puiser normalement, pendant un certain temps. Puis, un phénomène semblable — l'évacuation d'un peu de liquide jau- nâtre — survient de nouveau. On peut observer ce fait à plusieurs re- prises consécutives. Voici comment j'explique ce phénomène : Lorsqu'on enlève le tégument qui recouvre l'organe pulsatile, celui-ci se trouve en contact direct avec la solution salée physiologique dans laquelle l'insecte se trouve immergé. L'organe pulsatile ayant pour fonction d'aspirer le liquide (sang) qui se trouve, dans le thorax, en contact avec lui, il aspire, dans le cas donné, la solution salée qui l'entoure et... il la déverse dans l'aorte, où elle se mélange au sang. 1. Qu'il est préférable de faire avec le Macroglosse. La faible taille de cet insecte étant, dans ce cas, avanta- geuse, car le papillon entier doit être placé 60us le microscope. ORGANES PULSATILES 161 L'insecte, par ce fait, augmente continuellement la quantité du liquide qui est dans son système circulatoire. Il arrive alors que ce liquide se trouve être en trop grand quantité dans le corps ; sa pression est à tel point accrue que la circulation est gênée. Aussi, à un moment donné, la valve, qui se trouve à l'ouverture par laquelle le liquide entre, cède et le liquide, mélangé au sang, s'échappe par là. Cela se manifeste par l'évacuation de bouffées de liquide jaunâtre. Une fois ce dégorgement effectué, la pression sanguine dans le corps diminue et l'organe pulsatile recommence à fonctionner. Si, au moment où des bouffées de liquide jaunâtre s'échappent, on verse sur l'organe quelques gouttes d'une solution chaude de sublimé, il arrive, assez souvent, que l'on fixe l'organe avec l'ouverture béante. Dans ce cas, celle-ci est facile à examiner et à étudier au microscope. Il y a une ouverture (o, fig. il, v, vni) à la face dorso-postérieure de chacun des lobes du mamelon. Ces ouvertures sont allongées ; leur grand axe est parallèle à celui de la membrane pulsatile p ; leurs lèvres sont un peu épaissies. Si l'on fait une coupe transversale de l'une de ces ouvertures, on cons- tate qu'une membrane (n, fig. v) part de la lèvre inférieure et se prolonge jusque près de la paroi opposée du canal. C'est donc un véritable clapet ; il permet l'entrée du sang dans l'aorte ; mais, dans les circonstances normales, il s'oppose à son retour en arrière. Après avoir étudié l'organe in situ et après avoir constaté quels sont ses rapports avec les orgarîes voisins, on peut, en le laissant en placs, l'isoler, sans le léser ; ce qui permet d'en prendre une bonne vue d'ensemble et de l'examiner par ses différents côtés. Il faut, pour cela, détacher le mésotergum (avec le scutellum) et, après l'avoir retourné, en enlever tous les muscles, fibres par fibres, — en ayant soin de laisser en place l'aorte qui se trouve entre les deux muscles longitudinaux dorsaux. L'organe pulsatile reste seul fixé au tégument et, celui-ci étant transparent, on peut aisément étudier l'or- gane par-dessous, par-dessus ou par devant. Si l'on sectionne le scutellum. on peut aussi l'examiner en coupe longitudinale (sagittale) ou trans- versale. Si nous examinons l'organe par la face ventrale (fig. vi), nous cons- tatons la présence de deux petits muscles F qui s'insèrent chacun : en avant, à la crête mésotergo-scutellaire H, à côté du lobe correspondant LC2 FRANK BROCHER du mamelon bilobé y et, en arrière, en X',tout au haut du mésophragma X. On pourrait penser que ce ne sont que quelques fibres des muscles longitudinaux dorsaux D (fig. v) qui, au lieu de s'insérer à la partie anté- rieure du mésotergum M (fig. m), se fixent au scutellum ; mais je ne crois pas que cela soit le cas. •••'>') 5 mm. ij. FlG. VI. Organe pulsatilc mésotergal du Sphinx du Liseron, \ u par la face inférieure. Le mésophragma X est vu en raccourci ; il est perpendiculaire au plan du papier — voir la situation de X" et de X' sur les figures m et v. Du côté gauche, on a enlevé une partie du mésophragma, afin de montrer la conti- nuité de la crête niésotergo-scutellaire H avec le bord postérieur infléchi S' du scutellum S. oc et p correspondent à * et |3 des figures vi et vn. Ces deux petits muscles ont, en effet, souvent, une coloration un peu différente de celle des muscles longitudinaux dorsaux ; en outre, leurs fibres sont plus minces que celles de ces derniers. Je pense donc que ce sont des muscles spéciaux ; mais qui — quoique en connexion intime avec l'organe pulsatile — n'ont probablement pas de rapports physiologiques avec lui. L'examen par la face dorsale ne nous apprend rien de neuf (voir fig. ii). OR O AN ES P ULSA TILES 163 L'examen par devant (fig. vu) permet de constater, qu'entre les deiix lobes du mamelon y, il y a une dépression h, par laquelle passe le sang qui vient de l'espace intermusculaire médian sous-mésotergal {c, fig. i), pour se rendre dans l'espace sanguin sus-membraneux (i, fig. v ; t, \h il Vs • : M 5 mm. Fiu. vil. Organe pulsatile mésotergal du Sphinx du Liseron, vu d'en avant. Cette figure montre la courbure de la membrane pulsatile p, quoique celle-ci soit en grande partie cachée par la crête H. On voit cependant sa par.ie médiane p et ses insérions r et u. (s) et (t) indiquent l'endroit des Insertions s et t, derrière la crête H. y, fi, X' correspondent à a, fi, et X' des figures V et VI. voir aussi la fig. vin) Il donne, en outre, une vue d'ensemble qui montre la forte convexité de la membrane pulsatile p, r, u. L'examen d'une coupe longitudinale du scutellum et de l'organe ne nous apprend rien de nouveau (voir fig. v). L'examen par la face postérieure (fig. vin) — après avoir sectionné le scutellum et la membrane pulsatile selon la ligne a-a de la fig. n — donne une bonne vue d'ensemble de l'organe. C'est de cette manière qu'on 164 FRANK BROCHER peut le mieux voir, dans leur situation normale, les deux ouvertures o du mamelon bilobé y, ainsi que deux espaces libres m — situés entre le mamelon y et le bord antérieur de la membrane pulsatile p (appliqué sur l'insertion des petits muscles F) — par lesquels le sang qui vient des régions latérales du mésothorax (flèches en pointillé, fig. i) pénètre dans l'espace sanguin sus-membraneux (i, fig. v). La figure vin, qui est un peu schématisée, représente une coupe 5 ITlTrl. f.>. Fig. viii. Organe pulsatile mésotergal du Sphinx du Liseron, en coupe transversale, vu d'en arrière. Figure un peu schématisée. La membrane pulsatile p est représentée en état de relâchement ; lorsqu'elle se contracte, elle vient en p'. L'espace sanguin sus-membraneux (i, fig. v) est compris entre la mem- brane p et la voûte que forme, au-dessus d'elle, le tégument chitiueux du scutellum S. Le mamelon y limite la partie antérieure de cet espace. faite selon cette direction ; elle nous aidera, complétée par la figure v, à comprendre le fonctionnement dudit organe mésotergal. Lorsque la membrane pulsatile p se contracte, elle s'abaisse — elle vient en p' (fig. vin et v) — la capacité de l'espace sanguin sus-mem- braneux (i, fig. v) augmente. Il en résulte une aspiration ; le sang s'y précipite (fig. vin) : par l'espace intermusculaire médian sous-mésotergal c et la dépression interlobaire h ; par la veine alaire postérieure a ; et par les fentes m, que nous venons de signaler ; mais ïl ne peut refluer de la branche h de l'aorte, parce que les clapets des ouvertures o s'y opposent. Lorsque la contraction musculaire cesse, les fibres élastiques (q, fig. v) qui relient la membrane au tégument scutellaire ramènent passi- vement celle-ci en haut. Il en résulte une diminution de la capacité de l'espace sanguin sus-membraneux i et, par conséquent,, une compres- sion du sang qui s'y trouve. Celui-ci s'engage alors dans la branche /.' ORGANES PULSATILES 165 de l'aorte, par les ouvertures o, dont les clapets permettent le passage dans ce sens seulement. Et ainsi de suite. Mais il y a encore autre chose. Lorsque la membrane pulsatile p (fig. vin) se contracte et s'abaisse, il est probable que le mamelon bilobé y, auquel elle adhère, est lui- même un peu tiré en bas ; il doit donc, à ce moment, un peu s'allonger et se rétrécir. Il en résulte que la dépression interlobaire h augmente et que les fentes latérales m s'élargissent un peu ; ces deux circonstances faci- litent l'arrivée du sang dans l'espace sanguin sus-membraneux i (fig. v). En revanche, lorsque la membrane pulsatile se relâche, le mamelon bilobé reprend passivement S2, forme première (fig. vin). La dépression interlobaire h diminue et les fentes m se rétrécissent ; ce qui empêche — ou, en tous cas, gêne — le retour du sang en arrière; celui-ci est donc plus ou moins forcé de s'engager, par les ouvertures o, dans la branche fc de l'aorte. On voit que, si l'organe pulsatile mésotergal des Lépidoptères diffère un peu, par sa conformation anatomique, de celui que nous avons décrit chez les Dytiques, il fonctionne cependant d'une manière identique à celui de ces derniers Insectes. Toutefois, je dois faire remarquer que, chez les Lépidoptères, cet organe est h tel point développé qu'on doit le considérer comme étant physiologiquement plus important que le vaisseau dorsal. Si l'on veut analoguer au cœur l'organe qui met en mouvement le sang, on doit reconnaître que, chez les Lépidoptères, le vrai cœur est l'organe pulsatile mésotergal et que le vaisseau dorsal n'est qu'un accessoire. La découverte de ces organes pulsatiles thoraciques permet, en outre, de comprendre certains faits qui, jusqu'à présent, sont restés inexpliqués. Par exemple, la longue persistance de la vie que l'on observe parfois chez divers Insectes auxquels on a enlevé, ou gravement lésé, l'abdomen. Il faut admettre que, dans ce cas, la circulation du sang continue; seulement elle se fait en deux cycles séparés. Le vaisseau dorsal sectionné fait circuler le sang dans l'abdomen seulement ; les organes pulsatiles thoraciques, eux, font circuler le sang dans la partie antérieure du corps. Et, si ces parties du corps sont séparées l'une de l'autre, cette circulation locale du sang permet à la vie de se maintenir dans chacune d'elles sépa- rément, au moins pendant un certain temps. Arch. de Zool. Exp. et GÉn. — T. 58. — F. 3. 12 166 FRANK BROCHER Chapitre III L'Organe pulsatile métatergal Nous avons constaté (1916) que, chez le Dytique et chez divers autres Insectes, il y a un organe pulsatile au mésothorax et qu'il y en a un autre au métathorax ; chez les Dytiques, c'est ce dernier qui est le plus développé et le plus important. Chez divers Lépidoptères que nous avons examinés, nous avons constaté aussi la présence de deux organes pulsatiles: l'un, au mésothorax ; l'autre, au métathorax. Mais, si, chez ces insectes, l'organe du mésotho- rax est particulièrement développé et a une grande importance fonction- nelle, l'organe du métathorax est, au contraire, si petit que, souvent, on a beaucoup de peine à l'observer. Chez le Sphinx du Liseron, on le voit puiser dans la région dorsale médiane du métathorax (en N, fig. i) ; et, si l'on blesse la veine alaire postérieure b de l'aile postérieure B et qu'on mette sur la plaie de l'encre de Chine, des particules noires viennent se déposer contre cet organe pulsatile métatergal. Mais ce dernier est si peu développé qu'on a une peine infinie à pouvoir trouver, par la dissection, une très mince mem- brane musculaire (z, fig. iv). En outre, je n'ai jamais pu trouver de canal ou de vaisseau qui fasse communiquer cet organe z avec l'aorte ou avec le vaisseau dorsal — comme cela est le cas pour l'organe mésotergal du Sphinx et pour les organes méso et métatergaux des Dytiques. J'ai été amené à penser que, peut-être, cet organe, après avoir reçu par les veines alaires b le sang qui vient des ailes postérieures B (fig. i), déverse simplement celui-ci dans la cavité du corps. Chapitre IV Historique Depuis que j'ai découvert ces organes (1916) et que j'ai pu démontrer la manière dont ils fonctionnent, j'ai eu l'occasion de constater que divers naturalistes ont déjà signalé quelques-uns des faits que j'ai observés ; mais aucun d'eux n'en a compris la signification et l'impor- tance. ORGANES PULSATILES 167 En 1880. Zimmermann, étudiant le vaisseau dorsal, chez les larves d'Ephéméridés, constate la présence, comme dépendance de l'aorte, d'une c ampoule pulsatile » au mésotergum. En 1910, Drenkelfort observe, de même, chez le Siphlurus lacus- iris (Ephéméridé), deux diverticules de l'aorte, allongés, dirigés en arrière, situés au méso et au métathorax. Ce sont, à son idée, des cœurs supplé- mentaires, destinés à faciliter la circulation du sang dans les ailes (mais, comment ?) ; et il ajoute : « Cloé diptera, qui n'a qu'une paire d'ailes n'a qu'un seul diverticule. » Ces deux naturalistes ont donc vu une partie des phénomènes que j'ai constatés (1917) chez les larves des Agrions ; mais, ignorant l'exis- tence d'un organe pulsatile en connexion intime avec ce qu'ils croient n'être qu'un diverticule de l'aorte, ils n'ont pas compris la raison d'être de cette conformation. Ils n'ont pu que faire des suppositions qui, par hasard, se sont trouvées assez proches de la vérité. En 1881, Burgess signale la disposition tout à fait anormale qu'a l'aorte thoracique chez divers Lépidoptères. Il constate que ce vaisseau forme une sinuosité très accentuée entre les deux muscles longitudinaux dorsaux et s'approche à tel point du tégument dorsal qu"il paraît le toucher, ou bien il lui envoie un diverti- cule. Sa description est accompagnée de plusieurs figures. L'une d'elles représente le Ghaerocampa et, sur cette figure, la disposition de l'aorte est identique à celle qu'a l'aorte sur la figure ni du présent travail, figure représentant un Sphinx du Liseron, ouvert selon le plan sagittal. Burgess n'a pas eu l'idée que cette bizarre conformation de l'aorte pût être en relation avec la présence d'un organe spécial, situé à l'endroit où le vaisseau effleure le tégument. Les trois naturalistes que je viens de citer ont donc remarqué, chez les divers Insectes qu'ils étudiaient, quelque chose d'anormal à l'aorte thoracique ; mais aucun d'eux n'a vu la membrane musculaire pulsatile. Il en est tout autrement de Janet. Ce dernier (1906 et surtout 1907), étudiant l'anatomie des fourmis par la méthode des coupes, découvre « à la partie inférieure du méso- notum et dans le métanotum, la présence de deux petits diaphragmes musculaires, qu'il appela « diaphragmes notaux » qui, dit-il (1907), ne me paraissent pas avoir été signalés jusqu'ici. » Ces diaphragmes n'exis- tent que chez les fourmis ailées. Mais, contrairement à ce que j'ai écrit en 1916, Janet n'a pas cons- 163 FRANK BROCHER taté qu'il y eût une relation entre ces diaphragmes et le vaisseau dorsal ; toutefois, avec une remarquable intuition, il a d'emblée pensé que ces diaphragmes contribuaient à faire circuler le sang: « On peut supposer, dit-il (1907), que ces diaphragmes auraient pour effet de produire un certain déplacement du sang pendant les périodes de repos des muscles vibrateurs. La constriction des fibres musculaires aurait pour résultat d'accroître l'espace compris entre le diaphragme et le tégument, tandis que les filaments tenseurs, par leur élasticité, ramèneraient le diaphragme à sa forme première... il en résulterait un certain mouvement du sang. » Oberlé (1912) constata, chez le Dytique, la présence de deux diver- ticules de l'aorte. Il remarqua, en outre, que le fond, évasé, de ces diver- ticules est constitué par une mince membrane musculaire, qu'il homo- logua aux diaphragmes notaux, signalés par Janet (1906). Il pensa, comme ce dernier, qu'il s'agissait là d'un organe accessoire du système circulatoire. Il supposa que le diverticule se remplissait lentement par du sang qui refluait de l'aorte ; puis, qu'à un moment donné, la paroi musculaire qui constitue son fond se contractait et expulsait brusque- ment dans l'aorte le sang contenu dans le diverticule — activant de cette manière le cours du sang dans la direction de la tête. Oberlé est donc le premier qui ait établi une corrélation entre les diverticules de l'aorte, constatés par lui chez le Dytique 1, et les diaphrag- mes notaux que Janet venait de signaler (1906). Mais, pas plus que ce dernier, il ne constata la présence d'ouvertures pourvues de valvules ; il ne vit pas ces organes en action et il n'a pas compris comment ils fonctionnent. L'explication qu'il propose n'est qu'une supposition qui, du reste, est complètement erronée. J'ai exposé dans un précédent travail (1916) par quelle suite de cir- constances — - et sans connaître les travaux que je viens de signaler — j'ai découvert, chez les Dytiques, ces organes pulsatiles. Divers phénomènes constatés au cours de mes recherches sur la res- piration de ces insectes — entre autres la pulsation des trachées des élytres — m'avaient amené à étudier, chez eux, la conformation de l'alula. En examinant cet organe, je remarquai que le bourrelet qui en constitue le bord externe est formé par un canal dans lequel du sang circule, d'une façon centripète, par suite d'une aspiration. Et, cherchant 1. Oberlé ne parait pas avoir eu connaissance des travaux de Zimmermann et de Drenkelfort ; car il ne les mentionne pas. ORGANES PU L8 AT ILES 169 d'où pouvait bien provenir cette aspiration, je trouvai l'organe pulsatile mésotergal, qui agit sur la circulation sanguine des élytres et l'organe métatergal, qui agit sur celle des ailes. Je pus observer ce dernier organe sur l'insecte vivant ; je découvris les deux fentes-clapets, situées dans l'épaisseur de la membrane pulsatile ; et des expériences physiologiques me permirent d'établir définitivement comment fonctionnent ces organes et comment s'y fait la circulation du sang. Dans la suite, j'ai constaté la présence d'organes semblables — ou à peu près semblables — chez divers autres Insectes ; mais c'est chez les grands Sphinx qu'ils m'ont paru avoir le maximum de développement et qu'ils sont le plus facile à étudier sur l'insecte vivant. Vandœuvres, Mai 1918. Tableau indiquant ce que désignent les lettres et les chiffres Les majuscules désignent les muscles et ce qui concerne le tégument. A == aile antérieure. B = aile postérieure. D = muscle longitudinal dorsal mésothoracique. E = muscle longitudinal dorsal du 1er segment abdominal. F = petit muscle mésophragmo-scutellaire. (F), son insertion scutellaire. H = crête mésotergo-scutellaire, à laquelle s'insère la membrane pulsatile. M = Mésotergum. N — Métatergum. P — Ptérygote. S = Scutellum. S', son rebord postérieur, infléchi. X — Mésophragma. X', son extrémité supérieure ; X" son extrémité inférieure. Y = Prophragma. Z = stigmate pro-mésothoracique. 1,11 = premier et deuxième segments abdominaux. Les minuscules italiques se rapportent à tout ce qui concerne le système circulatoire et les organes pulsatiles. a = veine alaire postérieure de raile'antérieure. b = veine alaire postérieure de l'aile postérieure. c = espace intermusculaire médian sous-mésotergal. d = 1er espace intermusculaire transversal sous-mésotergal. e = 2e espace intermusculaire transversal sous-mésotergal. 170 FRANK BROCHER f =. espace intermusculaire latéral sous-mésotergal. g = 3 e espace intermusculaire transversal sous-mésotergal. h = dépression interlobaire. i == espace sanguin sus-membraneux. /, k, l = aorte thoracique. /, sa portion postérieure ; A-, branche allant à l'organe pulsatile ; /, partie antérieure de l'aorte. m = fentes. n — valve. a —. ouvertures de l'aorte dans l'espace sanguin sus-membraneux. p = membrane musculaire pulsatile de l'organe mésotergal, p, au repos ; />', en état de contraction. q = fibrilles élastiques. r, s, t, u = insertions latérales de la membrane pulsatile p. v = vaisseau dorsal. »■ =rz bord postérieur de la membrane pulsatile p. x ■=. muscles aliformes du vaisseau dorsal. y = mamelon bilobé. z = membrane pulsatile de l'organe métatergal. Le reste est désigne par des chiffres italiques. 1 == plaie de la tête (Exp. V). 2 = système nerveux (chaîne et ganglions). 3 = Chorde de Leydig. 4 = muscles aliformes de la chorde de Leydig. 5 = jahot; 6 = gésier. 7 = œsophage. 8 = espace aérien métathoracique. 9 = espace aérien scutellaire. BIBLIOGRAPHIE 1916. Brocher. Nouvelles observations biologiques et physiologiques sur les Dyti- cidés. Etude anatomique et physiologique de deux organes pulsatiles aspi- rateurs, destinés à faciliter la circulation du sang dans les ailes et dans les élytres, etc. (Archives de Zoologie expérimentale et générale. T. LV, p. 347-73.) 1917.— Etude expérimentale sur le fonctionnement du vaisseau dorsal et sur la cir- culation du sang, chez les Insectes. IIe partie : Les larves des Odonates. {Archives de Zoologie expérimentale et générale, T. LVI, p. 445-490.) 1881. Burgess. Note on the aorta in Lepidopterous. (Proc Boston Soc. Nat., Vol. XXI, p. 153-56.) ORGANES PULSATILES 171 1910. Drenkelfort. Neue Beitrâge zur Kentniss der Biologie und Anatomie von Siphlurus lacustris. (Zoologische Jahrbûcher. Abt. fur Anatomie. T. XXIX, p. 526-617.) 1906. Janet. Sur un organe non décrit du thorax des fourmis ailées. (Comptes rendus de F Académie des Sciences. T. CXLVI. Paris.) 1907. — Anatomie du corselet et histologie des muscles vibrateurs chez Lasius niger. (Limoges 1907. Ducourtieux et Goût.) 1312 Oberlé. Das Blutgef'âssystem der Dytiscus margincdis. Inaugural Dissertation .Uarbourg. 1380. Zimmermann. Ueber eine eigenthûmliche Bildung des Rukengefâsses" bei einigen Ephemeridenlarven. (Zeitschrift fur voissenchaft. Zoologie Bd. 34, 3 p.) ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPERIMENTALE ET GENERALE Tome 58, p. 173 à 218 30 Mars 1919 ii0 lui.»! DIS 1IPL Mémoire préliminaire HENRY W. BRÔLEMANN et JEAN L. LICHTENSTEIN Pau (Basses-Pyrénées) Laboratoire de Zoologie, Faculté des Sciences Montpellier SOMMAIRE Pages Introduction 173 Descriptions des structures étudiées 177 I. Polydesmus coriaceus 177 II. Sckizophyllum sabulosum 187 III. Archispirostreptus tutnuliporus sudanicus 196 La vulve des Diplopodes 207 Observations critiques 210 Conclusions 216 Auteurs cités 217 INTRODUCTION L'organe que, chez les Diplopodes, on désigne sous le nom de vulve est constitué par les différenciations tégument aires entourant les ori- fices génitaux de la femelle. Dans certains groupes, les conduits génitaux, perforant les hanches des pattes de la deuxième paire, débouchent sur la face postérieure (anale) de ces membres ; nous ne nous occuperons pas de cette structure. Nous nous proposons aujourd'hui d'étudier celle qui s'observe dans beaucoup d'autres groupes et suivant laquelle les organes sexuels s'ouvrent librement en arrière des hanches des deuxièmes pattes. Paires comme les conduits génitaux, les vulves sont entourées de toutes parts d'une mem- brane formant une large dépression bornée en avant par le sternite et les hanches des membres de la seconde paire et en arrière par l'arête antérieure de l'anneau somital du 4e segment ; latéralement la membrane AROH. de Zool. Exp. et Gén. — T. 58. — F. i. 13 174 HENRY W. BRÛLE MANN ET JEAN L. LICHTENSTEIN s'insère sur les duphcatures des bords libres du 3e segment. A cette dépression nous donnerons le nom de « vestibule vulvaire ». Dans les cas que nous envisageons, les vulves peuvent se présenter sous deux aspects différents. Tantôt elles sont placées côte à côte dans la cavité du vestibule sur le plancher duquel elles font entièrement saillie. Tantôt elles sont cachées chacune au fond d'une invagination indépen- dante creusée au centre du vestibule vulvaire. Ces deux dispositions, bien que très différentes en apparence, offrent des intermédiaires et peu- vent se ramener à un type unique, le type saillant. C'est ce type dont la morphologie a déjà fait l'objet de descriptions et de théories de la part de plusieurs auteurs. Mais en raison des divergences que présentent les travaux de nos prédécesseurs entre eux et avec nos résultats, nous nous trouvons dans l'obligation de faire table rase des théories admises jusqu'ici et de reprendre le sujet entièrement à nouveau. En rejetant ces théories anciennes, nous avons du même coup dû renoncer à une partie de la terminologie, devenue aussi inacceptable pour nous que les théories elles-mêmes. Mais au lieu de créer de toutes pièces de nouvelles expressions, nous avons préféré adopter celles déjà utili- sées par l'un de nous (Brôlemann, 1917), modifiées seulement en ce que nos recherches actuelles nous ont montré être erroné. Pour rendre plus compréhensibles au lecteur les descriptions qui vont suivre, nous débutons dans un premier paragraphe par une esquisse sommaire de l'organe. Cette esquisse nous permettra de préciser la terminologie adoptée et en même temps de localiser les coupes sur les- quelles nous nous sommes basé dans cette étude. Dans un paragraphe suivant, nous exposerons le détail des structures observées. Enfin nous réservons pour les derniers paragraphes les comparaisons utiles, la critique indispensable des théories anciennes et les conclusions à tirer de notre travail. Esquisse schématique de la vulve Nous supposons que l'oviducte vient aboutir à l'extérieur perpendi- culairement au plan de la surface ventrale, c'est-à-dire au plancher du vestibule vulvaire. Il s'est prolongé au delà de cette surface entraînant la portion de la membrane voisine de son débouché. Il en est résulté la formation d'un mamelon saillant au sommet duquel s'ouvre l'orifice du VULVES DES DIPLOPODES 175 a & :4^± JJ conduit génital et qui est devenu le siège des différenciations locales impor- tantes qui constituent la vulve. Considérons le mamelon vulvaire comme isolé du corps de l'animal. La base est la partie qui adhère au corps et par laquelle pénètre l'ovi- ducte (fig. I, 1, o). Celui-ci parcourt perpendiculairement le mamelon et aboutit à son extrémité libre, qui est le sommet du mamelon. La région terminale de l'oviducte, élargie, représente un entonnoir qui aurait été comprimé d'avant en arrière ; son orifice se présente donc comme une profonde fente transversale, perpendiculaire à l'axe du corps de l'animal (fig. i, 2, o). Cet orifice est excentrique ; il est reporté en avant de sorte que le mamelon est profondément partagé en deux parties de dimensions et de valeurs très inégales. Dans la figure i, 1, où le mamelon est représenté de profil, la partie la plus grande, correspondant à la droite de l'observateur, est la partie postérieure dite « la bourse » (B). Elle est compri- mée latéralement de façon à présenter une face latérale interne, affrontée à la face homologue de la vulve symétrique, et une face latérale externe tournée vers l'extérieur du corps. Vue d'en dessus, cette bourse se présentera ainsi avec une figure ovale (fig. i, 2, B) tronquée antérieurement, dont le grand axe sera paral- lèle au plan sagittal de l'animal. Les faces latérales, aussi bien l'interne que l'externe, sont cuirassées de plages chitinisées parallèles qui seront les « valves » (fig. i, 2, V). Elles délimitent au sommet de la bourse un espace déprimé longitudinale- ment, parallèle au grand axe de l'organe, qui prendra le nom de « cimier » (fig. i, 2, C). La ligne médiane du cimier est occupée par un épaississement chitineux, apodématique, évidé longitudinalement en « gouttière ». Les bords de cette gouttière apodématique sont rabattus l'un vers l'autre jusqu'à entrer en contact, mais laissent cependant communiquer le fond de la gouttière avec l'extérieur par l'intermédiaire Représentation schématique d'une vulve de Diplopode: 1, vulve vue de profil ; 2, v lve vue d'en-dessus. — B, bourse ; C, cimier ; O, opercule ; o, oviducte ; V, valve ; a-b, plan d'une coupe sagittale ; c-d, plan d'une coupe transversale ; e-f, plan d'une coupe longitudinale. 176 HENRY W. BROLEMANN ET JEAN L. LIGHTENSTEIN d'une fente, la « fente du cimier ». Nous admettrons dans notre schéma que l'extrémité postérieure de l'apodème pousse un renflement en cul-de-sac dans l'intérieur du corps de l'animal ; ce renflement qui est 1' « ampoule apodématique », sera pétiole, le pétiole prenant éventuellement le nom de « tube » (fig. i, 1). Quant à l'extrémité antérieure de la gouttière, elle est close par un bouchon chitineux qui peut être accompagné de cer- taines différenciations dont nous verrons, à l'occasion, la nature et le rôle. La gouttière apodématique ne communique donc pas directement avec l'oviducte. Sur la troncature antérieure de la bourse s'appl que la plus petite des deux parties de notre mamelon vulvaire ; c'est la partie antérieure, située sur la gauche de la figure i, 1, 0. C'est une pièce de faible épaisseur, de silhouette approximativement ogivale, et qui rappelle le couvercle des boîtes dans lesquelles nos ménagères conservent le sel de cuisine ; d'où le terme d' « opercule » que nous lui avons laissé. L'orifice de l'oviducte est entièrement bordé d'un épaississement chitineux en bourrelet qui, en raison de la compression antéro-postérieure de l'oviducte, est partagé en deux brins, ou demi-cercles égaux, parais- sant articulés entre eux par leurs extrémités latérales et s'appliquant exactement l'un sur l'autre ; ces brins, qui ont reçu le nom de « fourches », représentent parfaitement la monture métallique de l'ouverture d'un porte-monnaie. L'un des brins borde la troncature de la bourse, l'autre brin encadre l'opercule. Avant de passer à l'étude des vulves qui font l'objet de ce travail, il est indispensable de préciser la façon dont nous avons conduit nos coupes à travers cet organe. Sans ces explications les termes que nous avons adoptés pour les désigner pourraient engendrer des méprises dans l'es- prit du lecteur, car la position de la vulve par rapport au corps de l'animal est extrêmement variable. Cette variabilité résulte non seulement de ce que l'organe peut être du type superficiel, du type invaginé, ou d'un type intermédiaire, mais de ce que le même organe peut avoir, étant en érec- tion, une orientation différente de son orientation au repos. Aussi pour éviter toute confusion, avons-nous eu recours à notre mamelon vulvaire schématique et nous avons appelé : 1° Coupe sagittale, une section passant par un plan parallèle à l'axe de l'oviducte et aux plans latéraux de la bourse (fig. i, 2, a-b). 2° Coupe transversale, une coupe selon un plan perpendiculaire à l'axe de l'oviducte et aux plans latéraux de la bourse (fig. I, c-d). VULVES DES DIPLOPODES 177 3° Coupe longitudinale, une coupe suivant un plan parallèle à l'axe de l'oviducte et perpendiculaire aux plans latéraux de la bourse (fig. i, 1 et 2, e-i). Ainsi une coupe sagittale a-b montrera toutes les parties de la vulve de la base au sommet ; médiane, elle sectionnera en deux moitiés symé- triques l'opercule, l'oviducte et la bourse. Dans une coupe transversale c-d apparaîtront également toutes les parties de la vulve, mais sectionnées dans leur hauteur. Suivant que la coupe passera plus ou moins près du sommet, elle intéressera la gout- tière du cimier ou passera au-dessous d'elle, à travers les éléments sous- jacents. Une coupe longitudinale e-f, au contraire, ne nous présentera que la partie de la vulve, opercule ou bourse, intéressée par la coupe, mais cette partie sera vue dans toute sa hauteur. Il y a lieu d'observer que les directions des coupes ne sont pas absolues, étant donné la difficulté d'obtenir l'orientation voulue des organes en procédant à leur inclusion. Les coupes que nous reproduisons sont donc plus ou moins obliques ; elles n'en sont pas moins fort instructives, DESCRIPTIONS DES STRUCTURES ETUDIEES Nous étudions ici trois sortes de vulves appartenant à des animaux classés dans trois groupes différents de Chilognathes. La première vulve sera celle du Polydesmus coriaceus Porat, Myriapode du sous-ordre des Polydesmoidea, ordre des Proterospermophora. Les deux autres sont em- pruntées à des Opistliospermopliora : Schizophyllum sabulosum (L.), du sous-ordre des Iuloidea et Archispirostreptus tumuliporus sudanicus (Brôl.), du sous-ordre des Spirostreptoidea. I. — Polydesmus coriaceus Porat. Morphologie. — Détachée du corps de l'animal et orientée comme précédemment, la vulve de Polydesmus coriaceus a presque la forme d'un cylindre couché. C'est notre schéma dont la portion postérieure, la bourse, se serait fortement allongée dans le sens antéro-postérieur. La vulve mesure environ 550 « d'avant en arrière et 300 u de haut et de large. 178 HENRY W. BROLEMANN ET JEAN L. LICHTENSTEIN O \ c £V ■// ^-V Fig. n. Polydesmus coriaceus Porat. Vulve vue de profil : B, bourse : C, cimier; Cr, crête du cimier; F, fourches ; G, gorgerin ; g gouttière apodematique ; O, opercule ; o, oviducte ; V, valve. yy... Vue de profil (fig. il), on y distingue, en avant et limitant antérieure- ment l'orifice de l'ovi- ducte (o), l'opercule (0) en couvercle plus ou moins aplati et muni de longues soies. Toute la partie de la vulve située en arrière de l'opercule et, par conséquent, de l'oviducte, constitue la bourse (B). Les épaissi ssements marginaux de l'orifice de l'oviducte, c'est-à-dire les fourches (F), sont assez distincts. Les deux brins sont unis latérale- ment au niveau de la base de la vulve. Nous ne nous arrêterons pas à la morphologie de l'opercule qui est banale. C'est la bourse qui constitue la partie essentielle de la vulve. Elle est flanquée de chaque côté de valves sclérifiées (V) portant sur leur surface et sur leurs bords supérieurs des soies plus ou moins longues. Les valves ne se rejoignent nulle part ; elles laissent subsister entre elles au sommet de la vulve, un cimier (C) allongé, orienté dans le plan sagittal, mesurant environ 150 [x de largeur. Le cimier se continue posté- rieurement par une saillie gibbeuse qui est dite « crête du cimier » (fig. n et ni, Cr). Sur les bords internes des valves se dressent un certain nombre de dents épineuses plus ou moins inclinées sur le cimier ; celui-ci en est également pourvu (fig. il et m). Dans l'axe du cimier apparaît par transparence ce qui semble être un canal sinueux (fig. n et m, g) à parois fortement épaissies, qui communique avec l'extérieur sur toute sa longueur par une étroite fente longitu- dinale. C'est la gouttière apodematique (g) avec la fente du cimier (Fc). Chez Polydesmus coria- ceus la gouttière apodematique est dépourvue B Fc \ \ ) ) V Fia. m. Polydesmus coriaceus Po- rat. Vulve vue par la face su- périeure : Fc, fente du cimier (Pour les autres lettres cf. Fig. II.) VULVES DES DIPLOPODES 179 de diverticule. Enfin, sous l'extrémité de la bourse, se trouve une pièce également très sclérifiée, le « gorgerin » (fig. n, G) dont nous n'avons pas doté notre mamelon vulvaire schématique, parce qu'elle semble peu répandue. C'est un sclérite à contours subrénif ormes lorsqu'il est étalé, mais dont les lobes latéraux arrondis, épousant les formes de la bour- se, sont réfléchis vers l'avant. Nous ne trouvons à sa surface aucune particularité à signaler. L'étude de nos coupes va nous expliquer les structures et les rapports de ces diverses parties. Coupes. — Considérons tout d'abord une coupe sagittale médiane f-Cr V y FlG. IV. Coupe sagittale médiane à travers la valve de Polydesmus coriaeeus : B, bourse (cavité hemocœlique); C, cimier ; Cr, crête du cimier ; dg, débouché de la glande de la bourse, avec les poils sensoriels ; G, gorgerin ; g, gouttière apodématique ; g~B, glande de la bourse ; gG, glandes du gorgerin ; gV, glan- des valvaires ; O, opercule ; o, oviducte ; s, spermatozoïdes ; a-b, plan de la coupe longitudinale repré- sentée fig. V; c-d, plan de la coure longitudinale représentée fig. vn; e-f, plan de la coupe longitudi- nale représentée Fig. IX. (fig. iv). Comme dans notre mamelon vulvaire schématique, l'opercule (O) est sur la gauche de la figure et la bourse (B) sur la droite. La face postérieure de l'opercule et la troncature antérieure de la bourse sont constituées par l'épithélium de l'oviducte (o) à cellules régulières et à noyaux arrondis. Un fait ressort immédiatement de l'examen de cette figure, c'est que 180 HENRY W. BROLEMANN ET JEAN L. LICHTENSTEIN 7„7! la vulve ne possède pas de cavité propre. L'espace sous-jacent aux pièces sclérifiées, que nous avons déjà appris à connaître, est en relation directe avec la cavité générale du corps ; il n'en est qu'un prolongement. Cette « cavité hemocœlique », pourrait-on dire, montre, à travers un tissu con- jonctif très lâche, de nombreuses trachéoles, prolongements de celles qui accompagnent l'oviducte ; elles baignent dans le sang qui l'emplit et dont les globules se reconnaissent facilement. De même que les trachéoles, les muscles du conduit génital arrivent jusqu'à la base de la vulve. Un épithélium à cellules cylindriques munies de noyaux fusiformes constitue les parois de cette cavité hemocœlique. C'est un épithélium continu sécrétant les di- verses couches chitineuses du revêtement externe de la vulve. Etudions ces revêtements chitineux sur la bourse ; une coupe longitudinale oblique selon la ligne a-b de la figure iv, nous montrera de chaque côté les valves, en haut le cimier et en bas la partie infé- rieure de la crête du cimier (fig. v). Les valves (V) présentent les trois couches habituelles, à savoir : extérieurement une très mince couche de chitine achro- matique souvent peu visible; une zone moyenne plus importante de chitine chro- mophile et enfin, tout contre l'épithélium, la plus épaisse des trois assises, la couche de chitine acidophile. La couche achromatique donne naissance aux soies des valves (fig. vu et ix). Le cimier (C) est formé essentielle- ment de chitine achromatique ; cette chitine, très résistante, recouvre, sur la ligne médiane surtout, les deux autres couches. La gibbosité posté- rieure de la bourse, c'est-à-dire la crête du cimier, est formée uniquement d'une couche très épaisse de chitine achromatique (fig. iv, v et vm, CV) ; les cellules de son épithélium de revêtement sont légèrement plus hautes que dans le reste de la bourse, mais sans autres particularités, Nous avons signalé, courant tout le long du cimier, ce qui semble être un canal sinueux visible par transparence, la gouttière apodéma- tique. Si nous avons employé le terme de « canal sinueux » c'est parce qu'il traduit à merveille l'impression qu'on retire d'un examen super- I'IG. V. Coupe longitudinale à travers la bourse de la vulve de Polydesnms coriaceus, selon le plan a-b de la fig. IV ; wB, mus- cles de la bourse ; V, valves. (Pour les autres lettres, cf. Fig. iv.) VULVES DES DIPLOPODES 181 ficiel de l'organe. En réalité ce n'est pas un canal puisque, sur toute sa longueur, il communique avec l'extérieur par une fente longitudinale. Et il est utile d'insister sur ce point pour deux raisons ; parce que c'est la plus importante des diverses parties de la vulve et parce que c'est elle que la plupart des auteurs ont pris pour une glande. Au niveau de la fente du cimier (fig. v, Fc), la couche achromatique disparaît ; la région médiane du cimier comporte seulement une couche acidophile peu éten- due, recouverte d'une couche basophile. C'est cette dernière qui, s'inva- ginant dans la cavité générale à la façon d'un apodème, se transforme en une gouttière (fig. v, g). Mais cette gouttière n'est pas rectiligne, ses parois se boursou- r fient de part et d'autre de son plan médian général, for- mant des sortes d'anévrismes chiti- neux non symé- triques mais sail- lants alternative- ment à droite et à gauche du sillon. Cette disposition apparaît sur une coupe transversale au niveau du cimier (fig. vi) ; un peu oblique, celle-ci ne montre entières que les sinuosités d'un côté. Le lecteur devra suppléer à ce défaut en comparant la coupe transversale (fig. vi), les coupes sagittales (fig. iv et vni) où les sinuosités sont intéressées et les coupes longitudinales où la gouttière est sectionnée transversalement (fig. v et vu). De l'examen de ces figures, ressort à l'évidence que le soi-disant tube sinueux des auteurs n'est, comme nous l'avons dit, qu'une rainure dont le fond, élargi en gouttière, se présente avec des sinuosités laté- rales alternantes. Cette invagination de la couche de chitine médiane du cimier se pro- duit à la façon d'une invagination apodématique. En fait, c'est là un véritable apodème d'insertion musculaire, car la surface chitineuse interne du fond de chacune des sinuosités présente de petits prolonge- ments chitineux sur lesquels viennent s'attacher les muscles de la bourse que nous décrirons plus loin (fig. V, mB). Mais la gouttière apodématique Vf. Coupe transversale oblique de la vulve de Polt/desmus coriiiceus, au niveau de la gouttière apodématique. (Pour l'explication des signes, cf. Fig. iv et. V.) 182 HENRY W. BBOLEMANN ET JEAN L. LICHTENSTEIN de la bourse a aussi un autre rôle. Etudiées à l'époque de l'accouplement du Polydesme, nos vulves contenaient toutes, sans exception, une grande quantité de spermatozoïdes — ces spermatozoïdes immobiles si carac- téristiques — qui étaient rassemblés uniquement dans la gouttière et ses sinuosités (fig. iv, v, vi, vu, vin, s). Ils s'y trouvent agglomérés par une sécrétion glandulaire dont nous verrons l'origine et qui a induit en erreur beaucoup d'observateurs. Il ne fait donc aucun doute que cette gouttière joue le rôle d'un réservoir spermatique. Le terme de glande par lequel les auteurs, à la suite de Vom Rath, l'avaient désigné est ainsi à reje- ter définitivement. L'épithélium vulvaire épouse mani- festement toutes les sinuosités de la gouttière apodématique (fig. iv, v, vi, vu, vin). Celle-ci se termine en cul- de-sac vers l'extrémité postérieure de la bourse, un peu avant la crête du cimier. D'autre part, elle se poursuit jusque vers l'oviducte en s'amincissant et ses sinuosités diminuent d'amplitude de son extrémité postérieure jusqu'aux abords du conduit génital. Toutefois, là, elle s'élargit un peu, et son extré- mité antérieure, qui est fermée en avant et qui ne s'abouche pas avec Foviducte, s'accompagne de particularités résul- tant du débouché en ce point de la véri- table glande de la bourse. Nous reparlerons plus avant de ces particu- larités à propos de la description des glandes. Pour en terminer avec les parties sclérifiées de la bourse, nous passons à sa région postérieure qui est réfléchie sous la crête du cimier et où se rencontre cette pièce que nous avons appelée gorgerin. Ce gorgerin n'est qu'un empâtement chitineux de la surface vulvaire et offre absolument la même composition que les valves. Brôlemann (1917) avait déjà émis l'opinion que cette pièce résulte d'un prolongement des valves qui s'en serait séparé. Sa structure (fig. IV, vu et vin, G) nous confirme dans cette idée. Le gorgerin ne présente pas de soies, mais seulement quelques pores. Fig. vu. Coupe longitudinale à travers la bourse de la vulve de Polydesmus coriaceus, selon le plan c-d de la fig. iv. (Pour l'explication des signes, cf. Fig. iv et v.) VULVES DES DIPLOPODES 183 La musculature de la vulve 1 se réduit à un certain nombre de fais- ceaux de fibrilles striées et plurinucléées, venant d'une part s'attacher par des tendons aux sinuosités de la gouttière apodématique et, d'autre part, s'insérant sur la moitié inférieure de chacune des valves. La cavité hemo- ccelique de la bourse est ainsi partagée en trois régions : une centrale, la plus grande, séparée de chaque côté, des deux régions latéro-supérieures par les bandes musculaires obliques (fig. v, vi et vu mB). Les faisceaux musculaires, écartés plus ou moins les uns des autres, laissent d'ailleurs subsister entre ces régions de nombreux interstices par lesquels circule Fia. vin. Coupe sagittale latérale de la vulve de Polydesmus coriacem, oblique dans le plan des bandes muscu- laires : gO, glandes opcreulaires; «O, muscles operculaires. (Pour les autres lettres, cf. Fig. IV et V.) le sang et passent les trachéoles. A l'extrémité postérieure de la bourse, sous la crête du cimier, les muscles sont absents et, par suite, la cavité hemocœlique est entière, non divisée. Dans le gorgerin il n'existe pas davantage de muscles (fig. iv et vin). La coupe sagittale, latérale et oblique, suivant le plan des bandes musculaires (fig. vin), montre les faisceaux (niB) en position ; les sinuosités apodématiques de la partie antérieure n'ont pas été prises' dans la coupe, mais leurs muscles sont entiers avec leurs tendons, de même que les muscles postérieurs venant s'attacher sur les trois dernières sinuosités de la gouttière (g), qui sont en place. Un autre faisceau musculaire, indépendant des précédents, s'in- sère d'une part sur la base antérieure de chaque valve et se fixe d'autre 1. Nous ne traitons ici que de la musculature de la vulve proprement dite, faisant abstraction des muscles pro- tracteurs et rétracteurs qui s'insèrent d'ailleurs sur les téguments du vestibule vulvaire et font partie de la museu- lature du corps. 184 HENRY W . BROLEMANN ET JEAN L. LICHTENSTEIN part à la base de l'opercule, sur la fourche de ce dernier (fig. vin, wO).Il y a ainsi deux faisceaux symétriques de part et d'autre de l'oviducte (fig. x, mO). Ils doivent jouer un rôle dans les mouvements de l'oper- cule au moment de la copulation et de la ponte. Ce sont les « muscles operculaires ». Nous avons démontré que ce que la majorité des auteurs appelle « glande de la vulve », n'est qu'une gouttière chitineuse. 11 existe cepen- dant une véritable glande de la bourse. Elle a été entrevue par Effen- berger (1909) et par Wernitzsch (1910). Tout le tiers antérieur de la cavité hemo- cœlique de la bourse est en effet occupé par un tissu glandulaire très net, placé entre les faisceaux musculaires, au-dessous de la gouttière apodématique (fig. iv, gB). Cette masse glandulaire est appuyée en avant sur l'épithélium de l'oviducte ; elle est entourée par le tissu conjonctif et par les trachéoles qui la pénètrent de part en part. Ce tissu est constitué par un certain nombre d'énormes cellules uninucléées.dont la sécrétion s'accumule en certains points de leur cytoplasme. C'est en apparence une glande pluricellulaire ; mais, en réalité, c'est une glande unicellulaire classique du type de celles des Arthropodes ; chaque cellule, en effet, possède un conduit excré- teur intra-cellulaire propre. Tous ces conduits sont orientés dans une même direction antéro-supérieure ; malheureusement nous n'avons pas pu voir s'ils viennent déboucher dans un canal commun, ce qui est probable. Quoi qu'il en soit, la glande paraît composée de deux lobes (fig. vu, . fente du cimier. (Pour les autres lettres cf. Fig. xn, xin et xiv.) FIG. xvi. Coupe longitudinale à travers la vulve de Schizophyllum sabwlosum, selon le pla i e-f de la fig. xn. (Pour l'explication des signes, cf. Fig. xn, xm et xiv.) très épaisse en son milieu, qui borde en ce point la troncature anté- rieure de la bourse (fig. xiv, xv, xx, xxi, ca). De là, la gouttière va en «'élargissant vers l'arrière ; la figure xvi en donne une idée nette ; c'est une coupe longitudinale oblique intéressant la gouttière dans sa longueur. Vers le milieu de son parcours, elle présente les boursouflures déjà signalées, sinuosités enchevêtrées formant des lobes compliqués et à l'intérieur des- quelles on distingue une sécrétion glandulaire (fig. xn, xm, xiv, xv, xvi, G). La fente du cimier (fig. xv,Fc) cessant à partir des sinuosités, de rai- nure qu'elle était, la gouttière devient un tube qui ne communique avec l'extérieur qu'en tant qu'il est en relation avec la gouttière par son orifice 192 HENBY W. BBOLEMANN ET JEAN L. LICHTENSTEIN Fig. xvn. Coupe transversale de la vulve de Schizoph Hum sabulosum, selon le plan g-h de la fig. xu : mO, muscle operculaire. (Pour l'explicatio i des autres lettres, cf. Fig. xn, xni et xiv.) supérieur (fig. xn, xvii, T). Sa direction devient verticale et, après un court trajet, le tube se dilate formant une am- poule arrondie (fig. xi, xn, xiii, xviii, xxi, A). Tube et ampoule apodé- matiques ont la même constitution que la gout- tière, c'est-à-dire sont for- més de la même chitine chromophile. L'ampoule est entourée d'un épithé- lium à cellules disposées radialement autour d'elle, et un peu plus allongées que les cellules de l'épi- thélium valvaire (fig. xn, xiii, xvm, xxi, A). Ce n'est cependant que la suite de l'épithélium chitinogène de la gouttière et, par conséquent, de celui delà bourse (fig. xn, xx). Toute la bourse est, en effet, pourvue d'un épithélium qui tapisse ses parois, la surface interne des valves aussi bien que les dépendances chitineuses, gouttière, tube et ampoule. Ces cellules épithéliales, qui rayonnent autour de l'ampoule, ont induit en erreur certains au- teurs et, en particulier, Vom Rath (1890) ; c'est pourquoi ils ont décrit comme glandes ces diffé- renciations chitineuses que nous avons appelées gouttière apodé- matique. L'amas de sécrétion glan- l dulaire contenu dans l'ampoule (fig. xviii, A) semblait leur donner raison. Mais, d'une part, les cel- lules rayonnantes ne Sont nulle- Fig. xviii. Coupe transversale de la vulve de. Schizophyl- , lum sabulosum, selon le plan i-j de la Figurerai. ment glandulaires ; Ce SOnt de pour l'explication des signes, cf. Fig. xn et xiii.) VULVES DES DIPLOPODES 103 simples cellules épithéliales non différenciées, comme le démontre suffisamment l'examen de nos dessins. D'autre part, s'il s'agissait là de cellules glandulaires, pour que leur sécrétion se retrouve dans l'ampoule, il faudrait qu'elle en traverse la paroi par des canaux sem- blables, par exemple, à ceux que nous avons signalés pour les glandes valvaires et pour les glandes du gorgerin chez Polydesmus coriaceus. Or ces pores n'existent certainement pas ; nous avons vainement cherché à les voir (fig. xin, xvrii, xxi,A). S'il se rencontre de la sécrétion dans la gouttière, nous expliquerons plus avant comment elle y parvient. Chez Schizophyllum,, il n'existait de spermatozoïdes dans aucune partie de la vulve. Ceci n'implique cependant pas que, dans les deux cas, les différenciations apodématiques ne soient pas homodynames. Leur identité de topographie, de constitution, de structure, ne laisse aucun doute à cet égard. Si nous n'avons pas rencontré de spermatozoïdes chez Schizophyllum, c'est uniquement parce que nous avons capturé nos maté- riaux à une époque qui n'était pas celle des accouplements1. Rappelons d'ailleurs que Voges (1878) a trouvé des spermatozoïdes dans la gouttière et dans l'ampoule de Cylindroiulus londinensis (Leach), autre forme du même sous-ordre des Iuloidea. La musculature de la vulve est semblable à celle de Polydesmus. Nous avons vu cependant que, pour les muscles de la bourse (mB), les tendons viennent s'insérer non plus sur le fond, mais sur les bords supé- rieurs de la gouttière ; ceci confirme néanmoins la nature apodématique de cette invagination chitineuse et son appellation. Les fibrilles muscu- laires, striées d'une façon très nette et plurinuclées, forment deux bandes symétriques de part et d'autre de la dépression du cimier ; elles vont s'attacher, par leur extrémité opposée, sur la face interne de chacune des valves, obliquant légèrement vers le bas. Ces bandes ne se prolongent pas sur toute la longueur du cimier, mais, partant de son extrémité posté- rieure, s'interrompent au niveau des sinuosités de la gouttière, au point où celle-ci, transformée en tube, plonge vers la base de la bourse. Elles partagent donc également la cavité hemocœlique en trois lacunes secon- daires communiquant entre elles et en arrière (fig. xiv, xv, xvr, xix< mB). Il existe ici aussi un muscle operculaire de chaque côté (fig. xvn, xix, raO). 1. On sait en effet que, pour Polydesmus coriaceus, cette saison arrive avec les premiers beaux jours de l'année tandis qu'elle ne commence qu'en automne pour Schizophyllum sabulosum. 104 HENRY W. BROLEMANN ET JEAN L. LICHTENSTEIN Nous avons vu que la gouttière et son ampoule contiennent une sécré- tion glandulaire. D'où dérive-t-elle ? Elle provient, comme chez Poly- desmas, d'une glande placée en un point identique, c'est-à-dire dans la région antérieure de la bourse, entre l'oviducte, la gouttière, le tube et l'ampoule apodématique (fig. xn. xiii, xvn, xviii, xx, xxi, gB). Nous n'avons pas relevé l'existence de glandes valvaires. Tout le tissu glandulaire de la bourse est concentré en une énorme masse formée de deux lobes bien séparés ; on peut même dire qu'il y a deux glandes de la bourse (fig. xvii, xx, xxi, gB). Ces deux glandes sont placées symétriquement par rapport au plan sagit- tal médian de la vulve et viennent débou- cher indépendamment, chacune par un canal propre, dans le fond de l'extrémité antérieure de la gouttière. Chaque glande est composée de nombreuses cellules de grande taille, uninucléées. bourrées de gra- nulations sécrétrices ; chacune d'elles pos- sède un canal sécréteur intracellulaire. Les cellules étant en outre assemblées par petits groupes en lobules, les canaux intracellu- laires propres se réunissent en un canal de deuxième ordre pour chaque lobule. Ce sont donc bien là des glandes unicellulaires com- posées. Le conduit lobulaire vient déboucher pour son compte dans un grand canal excré- teur commun qui passe au centre de la glande, débutant environ à son quart inférieur pour aboutir à la gout- tière (fig. xiii et xx). Les glandes étant un peu obliquement disposées dans le sens antéro-latéro-postérieur, la direction du canal excréteur est également oblique (fig. xiii et xx). On suit très bien ce canal sur des coupes sagittales (fig. xiii) ou longitudinales (fig. xx). Etant donné leur direction, ces canaux atteignent la gouttière en convergeant, mais sans se réunir ; ils débouchent de chaque côté du fond de la gouttière, très près l'un de l'autre. Là, la paroi de la gouttière présente une ouverture et une sorte de repli formant un col de chitine chromophile à chacun des conduits (fig. xiii et xx, dg). Via. xix. Coupe sagittale très latérale à travers la vulve de Schizophyllnm sabulosum, montrant les muscles de la bourse (wB) coupés transversale- ment avant leur insertion sur les valves ; mO, muscle operculaire. (Pour les autres lettres cf. Fig. xii et xrn.) VULVES DES DIPLOPODES 195 La gouttière n'a pas de relation avec l'extérieur par cette extrémité ; nous l'avons dit fermée antérieurement et butant contre l'épaisse couche achromatique (ca) de la troncature de la bourse. La sécrétion ne peut donc s'échapper dans l'oviducte. Elle vient heurter, en s'excrétant de son canal, une curieuse différenciation chitineuse analogue à celle que nous avons rencontrée chez Polydesmus. Entre les débouchés des canaux Fia. xx. Coupe longitudinale à travers la vulve de Schizophyllum sabulosum, selon, le plan k-l de la flg. xii : ps. poil sensoriel. (Pour les autres lettres d. Fig. xii, xni et xiv.) FiG. XXI. Coupe longitudinale à travers la vulve de Schizophyllum sabulosum, selon le plan m-n de la flg. xn. (Pour l'explication jles signes /. Fig. xn, xni et xiv.) glandulaires, naissant du fond de la gouttière, où l'épithélium est mis à nu par suite de l'ouverture mentionnée plus haut, se dresse une sorte de tigelle chitineuse à direction postéro-antérieure, pointue à son extré- mité libre et paraissant creuse (fig. xx, ps). Quant à la nature de la tigelle en question, nous tenons pour certain qu'il s'agit là d'un poil sensoriel, identique à ceux signalés au débouché de la glande du Polydesme ; c'est un poil fort délicat, puisque formé de chitine chromophile, et dont les cellules sensorielles, probablement très éloignées parmi les cellules épithé- liales, sont invisibles sans l'action des réactifs spéciaux. 196 HENRY W. BROLEMANN ET JEAN L. LICHTENSTEIN L'identité de cette structure avec celle de l'extrémité antérieure de la gouttière de Polydesmus coriaceus nous engage à penser que, chez ce dernier, le débouché des glandes doit être analogue. A part ses sinuosités, l'oviducte ne présente rien de particulier. Quant à la pigmentation de la vulve, elle résulte de l'amoncellement de grains pigmentaires dans la partie distale des cellules épithéliales. En résumé, la structure anatomique de la vulve de Schizophyllum sabulosum concorde absolument avec celle de la vulve de Polydesmus coriaceus. Les seules différences portent sur des points accessoires : allure générale de la vulve ; modification de la forme du cimier ; prolon- gement de la gouttière apodématique ; absence de glandes operculaires et valvaires, et absence de gorgerin séparé des valves. Enfin nous croyons avoir suffisamment établi que, chez Schizophyllum oomme chez Polydesmus, si l'on est en droit de parler de glande de la vulve, il ne s'agit en aucune façon de la rainure chitineuse que, jusqu'ici, les auteurs considéraient comme telle. III. — Archispirostreptus tumuliporus sudanicus (Brôl.) Morphologie. — Nous allons retrouver la même constitution his- tologique dans la vulve d' Archispirostreptus . Seulement nous avons à faire avec celle-ci à une vulve de plus grande taille que les précédentes, et pro- fondément invaginée. En effet, chacune des vulves possède une invagina- tion propre dont les parois sont des dépendances du vestibule vulvaire. Mais, comme pour les autres types, nous n'étudierons que la vulve elle-même séparée de la poche tégumentaire au fond de laquelle elle se trouve normalement située. Nous l'orienterons, ainsi détachée du corps et de sa poche protectrice, comme l'est notre schéma, plaçant sa base d'insertion vers le bas et son bord libre en haut. La forme générale (fig. xxn) se rapproche de celle de Polydesmus, c'est-à-dire que le mamelon vulvaire est allongé dans le sens antéro- postérieur. Dans ce sens, la vulve mesure 1.500 p environ sur 760 y. de large. L'oviducte (o) n'arrive pas droit à la vulve par dessous, mais s'a- bouche avec elle latéralement en un point de son bord inférieur, vers la région antérieure ; il se dirige ensuite de bas en haut et obliquement d'arrière en avant pour déboucher à la face supérieure très antérieure- ment. En arrière de son orifice se place la bourse (B) énorme ; en avant est un opercule aplati (O). VULVES DES DIPLOPODES 197 C'est ici que les pièces que nous avons nommées « fourches » (F) pren- nent un développement caractéristique. Elles consistent en deux branches arquées eil demi-cercle, bordant l'une la bourse, l'autre l'opercule, comme dans les vulves précédentes. A la base de l'organe, elles s'articulent entre elles par leurs extrémités latérales à la façon de la monture métallique d'un porte-monnaie (fig. xxn), dépassant le niveau du bord inférieur de la vulve. L'opercule est plus épaissi en son milieu que sur ses bords ; sa surface est glabre. La bourse constitue à elle seule presque toute la vulve. Comme dans V % Fig. xxn. Archispirostreptus tumuliporus sudanicus (BROL. ) .Vulve vue de profil : B, bourse ; C, cimier ; F, fourches G, prolongement valvaire ; g, gouttière apodématique ; O, opercule ; 03 oviductc ; V, valve. les cas précédents, elle est flanquée de valves (V) symétriquement placées de part et d'autre du corps même de la bourse, mais ces deux valves sont inégales. La plus grande, la valve externe, a son extrémité posté- rieure rétrécie et continuée par un lambeau chitinisé allongé (G) qui forme un des replis de l'invagination vulvaire. En raison de ses dimensions elle recouvre en partie la valve opposée. Cette dernière est, elle aussi, rétrécie en arrière, mais elle ne présente pas de prolongement. Les bords supérieurs des valves sont rectilignes au voisinage de l'oviducte, mais, en arrière, ils s'infléchissent vers la base. Limitée par les bords supérieurs des valves et épousant leur courbure, nous trouvons une dépression très pro- fonde qui est le cimier (C). Le fond du cimier est parcouru par une fente qui donne accès dans une gouttière apodématique (g) aussi longue que lui. Par transparence de l'organe on peut voir, débouchant dans le fond 198 HENRY W. BROLEMANN ET JEAN L. LICHTENSTEIN de la gouttière, de très nombreux canalicules chitineux irréguliers, droits ou à courtes ramifications et d'aspect très compliqué, serrés les uns contre les autres (fig. xxn). On distingue également dans la vulve une puissante musculature. Fait intéressant, ces vulves sont entièrement glabres. Pas plus sur la bourse que sur l'opercule on ne trouve de soies. Par contre on peut y voir, bien que difficilement, de très fins pores qui remplacent les forma- tions pileuses des autres vulves. Coupes. — Les matériaux dont nous avons disposé ayant macéré longtemps dans *&/ j> -}h'\ *' ..!,- ■■': ' ■ •' " "V/ l'alcool faible, il nous a été impossible de pous- ser l'étude histologique de cette vulve au même point que les autres. Néanmoins ce que nous avons vu est suffisant pour per- mettre des comparai- sons utiles. Nous débuterons par l'examen compa- ratif d'une première série de coupes tran- versales (fig. xxiii à xxvi), avec une seconde série de coupes longitudi- nales (fig. xxvii à xxxi). La première coupe (fig. xxiii) est presque tangentielle, au plan supérieur; elle n'intéresse pas toute la longueur de la vulve. Latérale- ment se trouvent les valves (V) dont les parois sont formées de deux zones chitineuses ; la zone interne, qui est la plus épaisse, est chro- mophile; l'autre, très faiblement éosinophile, paraît devenir achroma- tique extérieurement sans qu'il existe de limite nette entre les deux FIG. xxiii. Coupe transversale de la vulve à'Archispirostreptus, tangentielle au plan supérieur : B, bourse ; G, cimier; e, cal chitineux de l'extré- mité antérieure de la gouttière apodématique (celle-ci non inté- ressée par la coupe) ; F, fourches ; gB, glandes de la bourse ; wB muscles de la bourse ; O, opercule ; o, débouché de l'oviducte ; ps, poils sensorùls du cal chitineux ; V, valve. VULVES DES DIPLOPODES 199 F M** couches 1 . Antérieurement les valves montrent un repli et un épaississe- ment marginal correspondant aux branches valvaires des fourches (F). Après un court trajet libre, qui donne à supposer que l'orifice de l'ovi- ducte est médiocre, les épaississements entrent en contact avec leurs homologues de l'opercule. En effet, sur la figure xxiii, la coupe, oblique et plongeant vers la (> droite, atteint la valve de gauche avant que sa four- che n'ait pris con- tact avec celle de l'opercule ; alors que, sur la droite de la figure, la coupe passe à un niveau inférieur où le con- tact existe déjà. Sur les coupes suivantes (fig. xxiv, xxv, F), il y a contact des deux côtés. Ces four- ches sont de forts bourrelets de chitine basophile qui ac- compagnent entiè- rement les bords de la bourse et de l'opercule (fig. xxiii à xxv, xxvn, xxvhi, F). L'épithélium de l'oviducte n'atteint ni le sommet de l'opercule ni celui de la troncature antérieure de la bourse. Dans cette région apicale, il est remplacé par l'épithélium à noyaux fusiformes limitant les cavités hemocœliques de la bourse et de l'opercule (fig. xxiii). Mais un peu plus bas l'épithélium de l'oviducte se recomiaît dans les coupes à ses cellules à noyaux plus ou moins arrondis (fig. xxiv, xxv, xxvi, o). L'oviducte, FIG. xxiv. Coupe transversale de la vulve d'Archispirostreptus, à un niveau plus inférieur que la précédente : ca, lama de chitine achromatique de la tro icature antérieure de la bourse ; g. gouttière apodématique (Pour les autres lettres cf. Fig. xxni.) 1. La disposition des couches serait donc ici l'inverse de ce que nous avons déjà vu. Nous tenons cependant à ne rien en conclure de définitif avant d'avoir pu étudier des matériaux frais. 200 HENRY W. BROLEMANN ET JEAN L. LICHTENSTEIN avons-nous dit, n'a pas un trajet direct ; au voisinage du sommet de la vulve, sa direction est supéro-antéro-postérieure ; il se recourbe ensuite vers la face interne, pour se dégager de la bourse latéralement à sa base (fig. xxvi, xxix. o). Etant donnée son obliquité antéro-postérieure FIG. XXV. Coupe transversale de la vi lve d'Archwpirostreptus, au niveau des tubes apodématiques :s, spermato- zoïdes ; T, tubes apodématiques. (Pour les autres lettres cf. Fig. xxni et xxiv.) (fig. xxii, o) , les coupes longitudinales au niveau de la troncature antérieure de la bourse (fig. xxviii, o) n'intéressent que sa région apicale. Par contre, ces coupes rencontrent l'opercule (O), car celui-ci, épousant l'inclinaison de l'oviducte, plonge dans l'intérieur du corps sous la tron- cature antérieure de la bourse. VULVES DES DIPLOPODES 101 L'opercule, plus épais en son milieu que sur ses bords (fig. xxni à xxv, 0), est tapissé d'un épithélium qui fait suite, à la base, à celui de ','^_^»^^,° -, ' © , ^'S::% FIG. xxvi. Coupe transversale de la vulve d'Archispirodreptus, au niveau de sa base : A, ampoules apodématiques; G, prolongement vilvaire. (Pour les autres lettres cf. Fig. xxm, xxiv et xxv.) la cavité générale du corps. L'opercule aussi bien que la bourse n'étant, comme nous l'avons déjà vu, que des dépendances de cette cavité (fig. xxvii à xxxi),ils contiennent ici aussi l'un et l'autre un tissu conjonc- 202 II EN B Y W. BROLEMANN ET JEAN L. LICHTENSTEIN tif très serré, du sang avec ses globules et des trachéoles. L'épithélium de la face antérieure de l'opercule ne présente rien de particulier. Sur la face postérieure, il passe à l'épithélium oviductal (fig. xxv, xxviii) ; mais, dans les rebords latéraux, certaines cellules sont différenciées en cellules glandulaires dont les canaux, qui traversent la chitine, sont très difficiles à discerner (fig. |xxvn et xxviii). Sauf au bourrelet des () fourches, il n'y a qu'une couche de chitine faible- ment acidophile. On trouve en- fin, à la base de l'opercule, des muscles striés ; sur les coupes, ces muscles se montrent frac- tionnés en élé- ments dont la direction paraît supéro- inféro- la- térale, et qui doivent corres- pondre au mus- cle operculaire de Polydesmus et de Schizophyllum (fig. xxv, XXVI, xxviii). L ' épithélium de la bourse est composé de cellules hautes à noyaux fusif ormes, mais, sous les valves, il contient également de nombreuses cellules glandu- laires (fig. xxin à xxvi, xxviii à xxxi). Les bords supérieurs des deux valves se replient l'un vers l'autre et for- ment un cimier à surface irrégulière. En s'invaginant, le cimier produit une dépression très profonde dont les déclivités portent des expansions folia- cées laciniées plus ou moins saillantes (fig. xxm, xxiv, xxviii à xxx, C). Les parois du cimier sont formées d'une couche épaisse de chitine faible- /•: ' *Mfr> - Fia. xxvil. Coupe longitudinale à travers l'opercule de la vulve d'Archispirostrep- tus : I, paroi dirvestibule vulvaire (non représenté sur les autres figures). (Pour les autres lettres cf. Fig. xxin.) ULVES DES DIPLOPODES 203 meut éosinopliile, comme chez Schizophyllum, sous laquelle on rencontre, de chaque côté, mie large bande de chitine basophile (fig. xxin, xxiv, xxviii à xxx ) ; postérieurement ces bandes cessent un peu avant l'extrémité de la dépression (fig. xxvi) ; antérieurement elles se prolongent en s'amii - cissant jusqu'à la troncature antérieure (fig. xxiii). Le fond de la dépre- FïG. xxvm. Coupe longitudinale à travers la vulve A'Archispirostrepttts, au niveau du débouché des glandes de la bourse (dg). (Pour l'explication des signes cf. Fig. xxiii.) sion est en communication sur toute sa longueur avec une rainure très fortement basophile, qui n'est autre que la gouttière apodématique ; en effet cette rainure contient de nombreux spermatozoïdes « en chapeau », en amas dispersés (fig. xxv, xxvi, xxx, s). La coupe xxiii n'intéressait que la dépression du cimier (C); la fig. xxiv montre le début de la gouttière (g) avec la différenciation de l'extré- mité antérieure où débouchent les glandes dont il va être question ci-dessous. Dans le fond de la gouttière viennent s'ouvrir un grand 204 HENRY W. BROLEMANN ET JEAN L. LICHTENSTEIN nombre de petits canaux qui ont la valeur d'autant de tubes apodéma- tiques (fig. xxv, T). Rectilignes ou légèrement sinueux tout d'abord, ils présentent bientôt des ramifications en forme de canaux aveugles ou de vésicules (fig. xxix, T, xxx, A); les ramifications distales (A), qui sont généralement irrégulières mais plus renflées et dans lesquelles se voient des amas de spermatozoïdes (fig. xxvi, xxx, s), peuvent être considérées t ■"«««■..fi \1^V - FlQ. XXIX. Coupe longitudinale à travers la bourse de la vulve d'Archispirostreptus, dans sa région antérieure. (Pour l'explication des signes cf. Fig. xxin, xxiv et xxv.) comme les homologues de l'ampoule apodématique du Schizophyllum. Les cellules de l'assise épitliéliale qui double la chitine du cimier sont assez allongées, mais normales cependant ; toutefois au niveau de la gout- tière, des tubes et des ampoules apodématiques, l'épithélium prend une allure fibreuse spéciale ; il montre les éléments chitineux entourés d'une zone de cytoplasme fibrillaire anucléé, tous les noyaux étant disposés plus loin, en files très serrées (fig. xxiv à xxvi, xxix et xxx) et orientées vers la base de la bourse. Cette disposition est probablement en rapport VULVES DES DIPLOPODES 205 avec des fonctions tendineuses. En effet la nature apodématique des inva- ginations chitineuses, servant de réceptacles séminaux, ne fait pas plus de doute ici que chez Polydesmus, par exemple ; de longs muscles striés s'insèrent le long du fond du cimier, de chaque côté de la gouttière ; ils forment ainsi deux bandes symétriques de faisceaux musculaires qui vont, B TlG. XXX. Coupe longitudinale à travers la bourse de la vulve d'Archwpirostreptus, dans sa région médiane. (Pour l'explication des signes cf. Fig. xxm, xxiv, xxv et XXVI.) en divergeant en éventail vers le haut et vers le bas, s'attacher aux parois des valves (fig. xxm à xxvi, xxix, xxx, mB).Ce sont les muscles de la bourse, particulièrement développés ici, entre lesquels s'insinuent le sang, les trachées, les cellules conjonctives. Il existe dans la bourse une glande volumineuse ou plutôt un amas de cellules glandulaires séparées par du tissu conjonctif et entre les mailles duquel s'infiltrent des trachéoles. L'amas glandulaire se trouve placé dans la région antérieure de la bourse, entre la paroi de l'oviducte et la Arch. de Zool. Exp. et Gén. — T. 58. — F. 4. 15- 206 HENRY W. BROLEMANN ET JEAN L. LICHTENSTEIN dépression du cimier ; il se poursuit de part et d'autre des ampoules apodé- matiques jusque vers le milieu de la bourse, les cellules glandulaires s'écar- tant de plus en plus les unes des autres (fig. xxiv, xxv, xxix, xxx, \ v dve interne ; V, valve externe. (Pour les autres lettres cf. Fi?, xxm, xxiv et xxvi.) se réunissent en un ou plusieurs canaux communs. En tous cas, leur direc- tion permet d'affirmer que leur sécrétion doit s'écouler à l'extrémité anté- rieure de la gouttière apodématique. En ce point celle-ci bute contre une lame épaisse de chitine achromatique (fig. xxiv, ca); cette extrémité de la gouttière apodématique elle-même est comblée par une sorte de cal de chitine éosinophile (fig. xxm, xxiv, xxviii, c) traversé de bas en haut par trois à quatre tigelles creuses terminées en pointe et disposées l'une derrière l'autre en une série longitudinale (fig. xxm, xxrv, xxvm, ps). Ces tigelles correspondent comme position et comme forme à celle que nous avons vue chez Schizophyllum, le débouché de la glande semblant VULVES DES DIPLOPODES 207 se faire de chaque côté de ces tigelles par de fins canaux traversant le cal chitineux ; nous attribuons à celles-ci une nature identique de poils sensoriels. A l'extrémité postérieure de la bourse, les valves s'abaissent forte- ment. La plus petite s'aplatit et, perdant son caractère de sclérite chi- tinisé (fig. xxxi, v), fusionne avec la paroi de l'invagination vulvaire. Le prolongement de la plus grande valve (V) enveloppe la plus petite à son extrémité basale (fig. xxvi, xxxi) ; les coupes montrent que l'épithélium de ce prolongement (G) est constitué de cellules épithéliales ordinaires, cylindriques, sans cellules glandulaires, et que ses parois ne sont formées que d'une couche de chitine qui est faiblement éosinophile dans sa pro- fondeur et moins encore en surface. Les mêmes caractères se retrouvent dans l'extrémité aplatie de la petite valve, formation analogue (fig. xxvi, xxxi). On pourrait être tenté d'homologuer ce prolongement à un gor- gerin ; mais sa structure est celle des téguments d'alentours et il n'a d'un gorgerin que ses rapports avec les valves. Peut-être est-ce là un passage au gorgerin de Polydesmus, mais un passage beaucoup plus nettement différencié en tant que dépendance valvaire. LA VULVE DES DIPLOPODES Les descriptions détaillées qui précèdent ont fait ressortir pour chaque sorte de vulve des particularités très spéciales. Comment concilier l'exis- tence de ces différences avec l'affirmation, par laquelle nous avons débuté, que ces vulves peuvent se ramener au type unique esquissé ? C'est là ce qu'il importe de bien mettre en évidence. Une première différence apparaît à l'examen le plus superficiel ; tan- tôt la vulve affleure librement en arrière des pattes de la deuxième paire, tantôt elle est dissimulée au fond d'une profonde invagination. Ces deux dispositions, si tranchées qu'elles paraissent, n'excluent cependant pas la possibilité d'intermédiaires. Mais comme nous n'avons pas encore étudié de vulves à demi invaginées, telles qu'on les rencontre chez cer- tains Polydesmiens, nous demandons au lecteur de nous faire crédit sur ce point, sur lequel nous reviendrons dans un travail ultérieur. Nous n'avons donc à comparer que les organes eux-mêmes, les vulves, dégagés des téguments qui les environnent. Essentiellement une vulve se compose d'un oviducte dont l'orifice, légèrement soulevé au-dessus du niveau de la surface ventrale, est entouré 208 HENRY W. BROLEMANN ET JEAN L. LICHTENSTEIN de pièces sclérifiées. Nos coupes ont révélé que ces pièces scléri fiées ne présentent aucune cavité spéciale distincte de la cavité générale du corps. C'est là une condition commune aux trois sortes de vulves, de Polydesmus, de Schizophyllum et d' Archispirostreptus ; nous avons suffisamment insisté sur ce point, au cours des descriptions qui précèdent, pour n'avoir laissé subsister aucun doute à cet égard, pensons-nous. La conséquence de cette constatation est que les pièces sclérifiées ne sont à considérer que comme les parties d'une armature périoviductale, comme des différenciations des téguments environnant l'orifice de l'oviducte. Et nous sommes abso- lument convaincus que ceci est vrai, non seulement pour les trois formes examinées, mais même pour tous les Diplopodes. Dans ces pièces sclérifiées on distingue deux parties de dimensions et de valeur fonctionnelle très différentes. La principale est placée en arrière de l'orifice de l'oviducte, l'autre est située en avant de cet orifice. C'est la partie postérieure, méritant le nom de bourse en raison de son majeur développement, qui offre aussi les différenciations les plus importantes. Ces différenciations peuvent se résumer en quelques mots ; elles consis- tent en une zone plus longue que large, plane ou plus ou moins déprimée, le cimier, bordé de part et d'autre de plages chitinisées de positions symé- triques, mais plus ou moins asymétriques de forme et rappelantles coquilles d'un mollusque bivalve. Dans tous les cas envisagés, nous avons trouvé que la ligne médiane du cimier, invaginée sous l'effet de tractions muscu- laires, s'est transformée en un apodème longitudinal parcouru par une rainure, ou gouttière apodématique. Peu importe que la longueur de l'apo- dème excède celle du cimier, qu'il y ait le long de l'apodème des diverti- cules internes de telle ou telle forme et en nombre variable ; peu importe que la surface du cimier soit presqu'unie (Schizophyllum) ou qu'elle offre des expansions dentiformes (Polydesmus) ou foliacées (Archispirostreptus) ; ce sont là des détails ressortissant du degré de complication auquel est parvenu l'animal et qu'on doit tenir comme d'apparition et d'impor- tance secondaires. Le point capital est l'existence, dans les trois espèces de Diplopodes étudiés, d'un organe strictement comparable et constitué des mêmes éléments. Ce qui donne plus de valeur à ce rapprochement, c'est que nous pou- vons affirmer l'identité de la fonction du cimier et de ses dépendances dans deux espèces, et qu'elle est infiniment probable (pour ne pas dire évidente) pour la troisième espèce. Cette fonction est celle de réceptacle dans lequel le sperme, déposé par le mâle, est retenu par une sécrétion glandulaire, VULVES DES DIPLOPODES 209 Ceci nous amène à envisager les éléments sous-jacents au cimier et à constater leur parfaite similitude aussi bien chez les Proterosper- mophora que chez les Opisthospermophora. Ces éléments consistent en deux rideaux musculaires prenant insertion d'une part sur l'apodème du cimier et d'autre part sur le bord le plus éloigné des valves, et enchâssant entre eux une masse glandulaire (divisée ou non) dont la sécrétion se déverse dans l'extrémité antérieure de la gouttière apodé- matique, munie de poils sensoriels. Là encore, s'il existe des différences, elles sont trop peu importantes pour infirmer la thèse que nous soute- nons de l'unité de structure des vulves chez les espèces de Myriapodes dont nous nous sommes occupés, et certainement aussi chez tous les Diplopodes. Mais où les différences peuvent sembler plus importantes, c'est dans le développement des surfaces sclérifiées que nous avons appelées valves. Nous avons dit qu'elles sont asymétriques de forme. Elles peuvent l'être tellement que, chez Archispirostreptus, par exemple, nous voyons l'une d'elles pousser un prolongement qui recouvre en partie l'autre valve. Dans des cas que nous n'avons pu envisager ici, ce prolongement n'adhère à la valve que par un isthme plus ou moins bien caractérisé, comme c'est du reste un peu le cas chez Archispirostreptus ; on se trouve alors justifié à comparer ce prolongement à la pièce en gorgerin que nous avons ren- contrée chez Polydesmus, mais dont la structure histologique ne diffère en rien de celle du prolongement valvaire d' Archispirostreptus . De ce chef, le gorgerin de Polydesmus, tout particulier qu'il puisse paraître, perd la signification d'organe spécial qu'on pourrait être tenté de lui attribuer. Nous n'avons plus à envisager que la partie sclérifiée de l'armature vulvaire placée en avant de l'orifice de l'oviducte. C'est la moins impor- tante et comme dimension et comme fonction. On peut la comparer à la moitié d'un disque qui parait n'avoir d'autre rôle que celui d'assurer l'occlusion de l'oviducte ; de là son nom d'opercule. On y voit bien chez Polydesmus et Archispirostreptus, quelques éléments glandulaires, qui manquent chez Schizophyllum ; mais ces glandes, qui paraissent s'ouvrir directement à l'extérieur, n'ont apparemment aucun rôle prépondérant à jouer. Quant aux fourches qui bordent l'orifice de l'oviducte, elles se sont retrouvées dans les trois vulves étudiées, bien qu'à un degré de dévelop- pement variable. 210 HENRY W. BROLEMANN ET JEAN L. LICHTENSTEIN OBSERVATIONS CRITIQUES Il peut sembler surprenant qu'il faille apporter autant d'insistance à l'analyse d'organes aussi importants que les vulves. On pourrait penser que l'étude en dût être faite depuis longtemps. Et cependant les struc- tures, connues déjà depuis plus d'un demi-siècle (Newport, 1841) sous le nom de vulves, sont longtemps restées énigmatiques et ont récemment encore donné lieu à des théories erronées. Ce n'est pas que bon nombre d'auteurs (et non des moindres) ne s'en soient occupés ; mais ou bien ils ne se sont arrêtés que fort superficiellement sur ces organes, ou bien ils se sont fourvoyés dans l'interprétation de leurs éléments histologiques, ou bien encore, se contentant d'un examen purement morphologique, ont essayé d'élucider des structures complexes sur des données insuffisantes. Sans faire ici l'historique complet et détaillé de la question, nous allons cependant passer rapidement en revue les principales conceptions de nos prédécesseurs pour faire ressortir en quoi les nôtres diffèrent et pouvoir discuter sommairement leurs interprétations et les erreurs qui en sont nées. Nous avons vu que la vulve ne possède pas de cavité propre ; son intérieur est une dépendance de la cavité schizocœlique du corps. Sur ce point d'absence de cavité propre l'accord semble s'être fait actuelle- ment ; cependant Effenberger (1909) fait déboucher l'oviducte dans un espace creux s'ouvrant par une fente dans la paroi supérieure. Cet espace est simplement l'extrémité évasée de l'oviducte que nous avons figurée chez Polydesmus. On ne peut considérer comme cavité vulvaire indépendante l'espace que limitent les portions supérieures de l'opercule et de la bourse; il résulte uniquement du développement plus ou moins important de ces parties et il est d'ailleurs largement ouvert sur les bords (Schizophyllum, Archispirostreptus). A la rigueur, on pourrait appeler vagin la portion élargie de l'oviducte dans son trajet à travers la vulve ; cela ne nous semble pas nécessaire. On ne comprend guère à ce sujet les idées de Verhoeff (1909, 1910, 1911, 1913) qui, hésitant, désigne successivement l'extrémité du conduit génital par l'expression « Vagin- mundung », puis « Oviduktmundung », pour reprendre enfin le terme de « Vagin ». Tous les auteurs également décrivent la vulve comme formée de deux parties principales dont la plus grande est postérieure par rapport à l'orifice de l'oviducte, la plus petite étant antérieure. On leur donne divers VULVES DÉS DIPLOPODES 211 noms ; nous avons adopté ceux de Brôlemann (1917). L'oviducte s'ouvre donc en une fente dont les bords sont limités par ces deux portions ; nous avons confirmé l'exactitude de ces observations. Nous devons toutefois ajouter que Verhoeff (1911 a) voit une différence entre les vulves des Protoiulides et celle des Gkordeumoidea (ses Ascospermophora) ; chez ceux-là l'ouverture ne serait pas en fente à deux lèvres, mais à trois bords, dont l'un, antérieur, serait formé par l'opercule et les deux autres par les deux lèvres d'une fente du « clapet inférieur » (bourse), fente à direction perpendiculaire au premier bord. C'est certainement là une confusion ; Verhoeff a pris les bords de la dépression du cimier (cf. Schizophyllum) pour limite de l'oviducte et son interprétation est à écarter absolument. La musculature de la vulve est mentionnée assez exactement au moins par les auteurs récents, et bien que Verhoeff (1911, a) prétende que les muscles de la vulve de « Trichoblaniulus » manquent de striation, nous persistons à penser que la musculature est composée très généralement de fibrilles striées. La distinction entre les muscles operculaires et les muscles de la bourse n'avait pas encore été faite avant nous. Verhoeff (1911 b) a signalé entre l'opercule et la bourse une forma- tion en « gueule de crapaud », dit-il; mais c'est Brôlemann (1917) qui, les comparant à la « monture métallique d'un réticule », a établi ce qu'é- taient ces fourches, dont nous avons précisé la nature d'épaississements cliitineux latéraux. Si ces points étaient élucidés à peu près d'une façon générale, il n'en est pas de même des différenciations de la bourse que nous avons décrites d'une part en tant que gouttière, tube et ampoule apodématiques et, d'autre part, comme glandes. Ce sont là les structures au sujet desquelles apparaissent dans les divers travaux des divergences considérables ; il est donc nécessaire d'en faire une critique un peu plus serrée. Fabre (1855) décrit dans la vulve de Polydesmus et de Iulus un canal sinueux qui pour lui est une glande, et non une vésicule spermatique. 11 retrouve cette dernière chez Craspedosoma et Polyxenus tandis qu'il nie ces formations, canal et vésicule, chez Glomeris. La meilleure description est celle de Voges (1878) qui représente la vulve de Iulus londinensis Leach. Pour lui, les deux tubes qui débouchent au fond de l'incisure (dépression du cimier) de la valve postérieure (bourse) sont des réceptables séminaux ; il y a vu des spermatozoïdes. Voges confirmait ainsi une partie de l'opinion de Stein (1857) pour qui, chez 212 HENRY W. BEOLEMANN ET JEAN L. LICHTENSTEIN lui us foetidus C. K., un des tubes en vésicule serait un réceptacle sémi- nal. 1 "autre un conduit glandulaire. Pour Vom Rath (1890) il n'y a pas de réceptacles séminaux chez les Polydesmides, les Iulides ou les Glomerides. Les canaux serpentiformes et les tubes s'ouvrant à l'orifice de l'oviducte sont des glandes ; chez Iulus fallax Meinert, il y a vu une sécrétion glandulaire qu'il pense être issue des cellules radiaires de l'extrémité du tube (cf. Schizophyllum). L'année suivante Vom Rath (1891) critique Voges et affirme à nouveau la nature glandulaire de ces tubes. Il voit une confirmation de son idée dans l'étude de la vulve des Chordeumoïdes où existeraient à la fois un vrai réceptable séminal et plusieurs tubes chitineux, glandulaires d'après lui. Il faut arriver jusqu'à Effenberger (1909) pour trouver une lueur de vérité. Il décrit la vulve de Polydesmus complanatus Linn. Y ayant vu des spermatozoïdes, il considère le canal serpentiforme qui court le long de la vulve, comme un « receptaculum seminis » ; ce canal, dit-il, possède une lumière, est fermé à son extrémité distale et s'ouvre dans la cavité, partie terminale de l'oviducte. Entre cette cavité et la partie distale de la vulve, Effenberger constate la présence d'un tissu glandulaire dont le débouché lui échappe. Wernitzsch (1910), sans décrire en détail la vulve de Craspedosoma, s'attache à ajouter des preuves à la théorie de Verhoeff que nous allons examiner. Pour lui il existe des vésicules qui sont des « receptacula semi- nis » et, de plus, deux glandes coxales dont il ne précise pas le débouché. Il y a en outre des muscles. Chez Polyxenus, Reinecke (1910) trouve que l'oviducte s'ouvre dans une vésicule {receptaculum seminis de Fabre et de Heathcote) qui a la signification d'un réservoir pour la sécrétion d'une glande en grappe. Dans une série de mémoires, de 1909 à 1914, Verhoeff se préoccupe surtout de démontrer que les organes génitaux externes sont des membres ; d'où une terminologie spéciale. Il a d'ailleurs étudié surtout les Chordeu- moides, que nous n'avons pas encore examinés. Dans tous ses écrits, Verhoeff considère que les tubes ou vésicules chitineux des vulves sont des glandes. Elles viendraient déboucher soit dans une gouttière glandu- laire où s'accumulerait aussi le sperme au moment de l'accouplement, soit dans une poche en relation avec l'extérieur par une fente ; la gouttière serait ouverte en avant ; les glandes seraient des glandes coxales. VULVES DES DIPLOPODES 213 A la suite de Vom Rath et de Verhoeff, Brôlemann (1917 a et b) appelle glandes ces différenciations chitineuses en canal sinueux ou recti- ligne, ou en vésicules. Après ce coup d'œil rapide donné à l'historique des vulves, il nous faut revenir sur les travaux de Verhoeff (1909, 1910, 1911 a, 1911 b, 1913, 1914). La notoriété qui s'attache aux travaux de cet auteur nous oblige à en approfondir quelque peu l'esprit et, dans ce but, il importe d'établir la synonymie de nos termes avec les siens. La terminologie de Verhoeff est en accord avec l'idée de l'auteur que les vulves sont des membres. Cette idée, nous ne la partageons pas ; mais comme la théorie de Verhoeff a groupé de nombreux partisans et que ses termes sont très généralement admis, nous avons à envisager l'une et les autres. Etant donné le cadre de ce travail préliminaire, nous ne critiquerons pas en détail chacune des publications de Verhoeff. Au début, il oscille ; d'une année à l'autre, il abandonne des expressions pour en proposer de nouvelles. En conséquence, nous nous bornerons à considérer son mémoire de 1911 b, comme cristallisant définitivement son idée et sa termino- logie. Pour Verhoeff, les segments thoraciques sont de nature double comme les segments abdominaux, et les vulves sont les membres transformés de la paire postérieure du troisième segment ; d'où l'expression de « cypho- podes » par laquelle il désigne ces organes. De la lecture de ses écrits, il résulte que cet auteur a bien vu les parties externes essentielles de ses cyphopodes. L'opercule est désigné par le terme de « cyphotélopodite » (1911 b) (— Bogenspangen, 1909, = Oberklappen, 1911 a) ; après l'avoir considéré comme une moitié de sternite (1910)1, il l'interprète comme des vestiges de télopodite (1909). La bourse prend successivement le nom de « Hôckermassen » (1910), puis de « Cyphopodit » (1909), d' « Unterklappen » (1911 a), pour être définitivement baptisée « Cyphocoxit » (1911 b). Cette partie principale résulterait de la transformation des hanches des membres supposés. Entre ces deux parties, Cyphotélopodit (opercule) et Cyphocoxit (bourse), débouche l'oviducte. L'orifice de l'oviducte est comparé (1911 b) à une « gueule de crapaud » 2, dont le rebord correspond à nos fourches. Dans son Cyphoxocit (bourse), il reconnaît des saillies limitant une 1. Le mémoire de 1910 a été rédigé avant k Zool. Exr. et G en. — T. 58. — F. r. 17 236 MARCEL PRENANT (fig. v) plus ou moins dense suivant les points, de corps rhabditiques irrégulièrement contournés, renflés en massue à leur extrémité super- ficielle, assez semblables à des rhammites typiques, dont on retrouve , „ vers la membrane basale les v 7 __--^^ *)'.T (tgl*5 extrémités souvent peloton- nées, et qu'on peut suivre parfois jusqu'à cette mem- brane. La nature rhabdi- tique de ces formations est établie par leurs affinités de coloration. Les corpuscules basaux sont peu visibles. Entre les rhabdites s'in- sinuent des traînées de protoplasma basophile que certaines colorations font aues. apparaître comme des tono- fibrilles. La basale est épaisse, et délimite aux cellules des ébauches d'alvéoles. Dans toute cette région les noyaux sont étirés vers la surface en une large expansion qui leur donne une forme vaguement pyramidale. La chromatine y est ordonnée en filaments allongés dans le même sens, Fia. V. Fecampia eryihrocephala. Stade I. Epidcrme de la région caudale. Bouin. Hématoxyline au fer. Eosine. Vert lumière, x 1000. b membrane basale. n noyau, rh rhab- \ ^K^";"'1 . of>) 1 1 " & * *• *i If *! du rhabdite, qui est Y (M ' M§ • - î généralement unique. ---„-.--,-:•:'.- Prosthiostomum et FIG. XI. Stylochoplana agilis Bouin. Hématoxyline an fer. Eosine. Vert Stylochoplaiia. Ici en- lumière, x 750. n noyau de cellule ciliée, n' noyau de rhabdo- , „ cyte. r rhabdites. b membrane basale. COre (ng. Xi) on trouve les deux sortes de noyaux, et les corps acidophiles en goutte, qui donnent naissance aux rhabdites par étirement. Il me paraît donc général que chez les Polyclades les rhabdites épi- dermiques se forment par amitose des noyaux, dont certains dégénèrent et se transforment chacun en un ou plusieurs rhabdites. V. —LES RHABDITES DU PARENCHYME CHEZ PROSTHIOSTOMUM SIPHUNCULUS Je signale ici brièvement les cellules à rhabdites du parenchyme de Prosthiostomum siphunculus. L'existence de ces rhabdites dans le parenchyme, qui avait échappé jusqu'ici à tous les auteurs, est en con- ■ >g ■ RHABDITES DES TURBELLARIÉS 243 tradiction avec l'opinion de Lang (1884), d'après lequel un caractère des Polyclades est la présence exclusive de rhabdites dans l'épiderme. Récem- ment cependant (1913) Sixten Bock a signalé deux exceptions à cette règle, chez les deux Polyclades Hopîoplana Grubei et Emprostfiopharynx. Des échantillons de Prosthiostomum, recueillis en septembre 1913 à l'île de Bréhat, m'ont offert une nouvelle exception. Ces rhabdites du parenchyme, qui abondent dans la région de la ven- touse, diffèrent notablement de ceux de l'épiderme : ces derniers sont semblables à ceux de la plupart des Polyclades. Ceux du parenchyme sont bien plus petits, fusiformes et pointus aux deux bouts, et rappellent la description donnée par Sixten Bock d'une des deux espèces de >. rhabdites qu'il distingue chez Emprosthopha- . ^ ' rynx. \ ■{/ Les cellules à rhabdites (fig. xn) sont carac- w ^/^l^7^ térisées par leur noyau volumineux, très clair * -kJ^-' et pauvre en chromatine, avec un ou deux gros ^ ^" è nucléoles, et aussi par la basophilie accentuée ^ / de leur protoplasma : ainsi, dans la triple colo- ration de Prenant, le protoplasma se colore en ■ ,- ' .../. , gris ; dans les mélanges d'éosine et de bleus | . , £■'" ■£$& basiques il se montre nettement basophile. Dans la même région, mais plus localisées, il ^^SS!SSS»3S^ existe dans le parenchyme d'autres cellules à f«- ****• Tj** lu"lièn '• Cd" r J Iule a rhabdites de paren- caractères nucléiques et protoplasmiques iden- chyme, tiques ; leurs inclusions sont toutes sphériques et de taille à peu près uniforme, mais ont les mêmes affinités de colora- tion que les rhabdites, donc probablement la même nature chimique. Mêlées à ces cellules on en trouve d'autres à rhabdites ordinaires. Cette dualité de forme d'une même sorte d'inclusions, dans des cellules différentes, n'a rien qui doive surprendre, car elle n'est pas sans analogues. A côté des rhabdites fusiformes, et dans les mêmes cellules, on trouve de nombreux autres corps, de forme et de colorabilité très variées, qui sont sans doute en relation génétique avec eux. Je me borne à les signaler brièvement ici, n'ayant pas pu établir encore leur sériation. J'ai cherché vainement dans les autres Polyclades des formations homo- logues à ces rhabdites. Je n'ai même pas retrouvé ces rhabdites chez tous les individus de Prosthiostomum. C'est ce qui me porte à croire qu'il s'agi- 244 MARCEL PRENANT rait là de la manifestation d'une variation saisonnière, peut-être générale à toutes les Polyclades, mais qui y resterait encore inconnue dans la plu- part des cas. En l'absence de toute série complète je ne conclurai pas. En résumé j'ai trouvé chez des échantillons de Prosthiostomum siphun- culus le troisième cas connu de rhabdites du parenchyme chez les Poly- clades. Je suppose qu'il s'agit là d'une variation saisonnière. CONCLUSIONS Valeur morphologique et chimique des rhabdites Des observations cytologiques précédentes il résulte que souvent la formation des rhabdites est précédée d'une multiplication ou d'un bour- geonnement nucléaires, suivis par la dégénérescence d'une partie des jeunes noyaux formés1. Tantôt (épiderme des Polyclades) les rhabdites procèdent directe- ment de ces noyaux dégénérés. Tantôt (épiderme des Triclades et probablement des Rhabdocoelides) il semble que les bourgeons nucléaires diffusent de la chromatine dans le protoplasma et que cette chromatine se condense ensuite sur des corpus- cules voisins de la surface épidermique. Dans le premier cas, les rhabdites ont la valeur morphologique de noyaux ; les divisions de substance rhabditique qui peuvent précéder leur constitution définitive ont la valeur d'amitoses ou de bourgeonnements. Dans le second cas, les rhabdites ont la valeur de corpuscules basaux. Je ne prétends pas plus opposer ces deux cas que les relier morpholo- giquement. Je ne peux donner non plus aucune explication delà forme si remarquablement analogue de corps d'origine en apparence si diverse et placés dans des conditions si diverses également. Physiologiquement il est intéressant de constater que les résultats d'une étude cytologique ont confirmé l'hypothèse énoncée à la suite d'une étude chimique antérieure. Les phénomènes nucléaires, souvent de dégéné- rescence, qui accompagnent toujours la formation des rhabdites, seraient déjà des présomptions. On a une preuve dans la transformation directe des noyaux eux-mêmes en rhabdites. 1. Ces observations sont entièrement nouvelles. La seule indication de modifications nucléaires dans les cellules à rhabdites en activité est celle de Ude (1908), relative à l'épithélium des Triclades, où d'après lui le noyau devient plus sombre. RHABDITES DES TURBELLARIÉS 245 Du rapport étroit de ces deux études, chimique et cytologique, je crois pouvoir conclure que les rhabdites sont une condensation d'une combinaison calcique de nucléoprotéides fournies par les noyaux cellu- laires. Une objection pourrait être faite : les nucléines, et même les nucléo- protéides du noyau, sont fortement acides ; les rhabdites, par contre, sont nettement basiques. Mais cette acidophilie peut être due à un com- posant protéique nouveau de la nucléoprotéide ; à l'appui de cette idée je ferai remarquer que dans la digestion tryptique la colorabilité des rhab- dites se modifie, puis disparaît, bien avant que le noyau phosphore et calcique soit détaché de la molécule et qu'on puisse le déceler dans le liquide. Hypothèse physiologique sur les rhabdites A priori, si l'on se garde de toute idée anthropo ou coelentéromorphique, les formations rhabditiques semblent bien être des excréta, soit destinés à être rejetés hors du corps, soit plutôt retirés des échanges vitaux de la même façon que l'oxalate de calcium chez les plantes. Les résultats précédents me semblent éclairer cette idée a priori. On ne connaît pas, en effet, chez les Turbellariés le processus d'excré- tion des corps puriques. Je renvoie à ce sujet à Von Furth (1903) et Burian (1913) ; pour mon compte, je n'ai pu déceler de purines dans mes coupes. Dans certains cas tout au plus (quelques Convoluta notamment) on connaît (Von Graff, 1882, 1903, 1904) des cristaux aciculaires qui se déposent dans l'épiderme et le parenchyme, et pourraient bien être des cristaux de purines ; leur étude chimique n'a pourtant jamais été faite, et pour mon compte je n'ai pas vu ces cristaux dont l'existence est cependant bien établie (Keeble 1908). A part cette exception douteuse, l'excrétion des corps puriques est donc tout à fait inconnue chez les Turbellariés1, et ces animaux paraissent dépourvus du produit le plus caractéristique de la désintégration des nucléines et nucléoprotéides. Je suppose que cette désintégration s'arrête à un stade moins avancé, où les acides nucléiques tout au moins ne sont pas altérés, et que les pro- duits de cette désintégration, combinés à des protéines et à du calcium, restent dans les rhabdites à l'écart des échanges vitaux. 1. Je citerai cependant ici des cristaux aciculaires mâclés que j'ai trouvés dans les vacuoles intestinales de plu- sieurs Dendrocœlum lacteum en voie de régénération, et que je n'ai vus dans aucun autre cas. Je n'ai pas pu déter- miner leur nature. Je suis sûr seulement qu'ils ne sont pas formés de phosphate. 246 MARCEL PRENANT Y restent-ils indéfiniment ? Je ne le crois pas. Excrétions à certains stades du métabolisme vital, ils peuvent devenir réserves pour un autre stade. Les cristaux chez Convoluta, d'après Keeble (1908), ne sont des excrétions définitives et à la longue fatales à l'animal par leur accumu- lation que chez la larve mise à l'abri de l'infection par les Zoochlorelles. Mais normalement la présence des Algues symbiotes permet leur reprise par la Planaire et leur utilisation vers l'époque de la maturité sexuelle : par la symbiose ils sont donc d'excréta devenus réserves. Je crois qu'en dehors de toute symbiose les Turbellariés plus normaux à rhabdites peuvent utiliser à nouveau leurs réserves nucléiniques moins désintégrées. J'y suis conduit par mes observations sur la disparition d'une poussée rhabditique de Fecamjria, au moins en partie par résorption, également vers l'époque de la reproduction. Ce cas de Fecampia, où les phénomènes sont condensés et rendus plus caractéristiques par la vie très spéciale de l'animal, met en évidence une variation rhabditique au cours de la vie. D'après Caullery et Mesnil, la larve a des rhabdites, assez semblables de forme à ceux de ma deuxième poussée. Les rhabdites disparaissent ensuite et, pendant la vie parasitera Planaire en est dépourvue. Au moment de l'enkystement se fait une poussée éphémère, suivie d'une autre encore plus éphémère. Au delà il me paraît probable qu'il ne s'en fait plus, jusqu'à la mort de l'animal. Je crois que chez tous les Turbellariés on doit trouver une variation rhabditique annuelle. Il est probable seulement qu'en raison des condi- tions de vie moins variables on la trouverait plus lente et moins com- plète, sans ce métabolisme total et brusque qui caractérise le cas de Fecampia. Je crois que la quantité des rhabdites serait minima à l'époque de la maturité sexuelle, maxima à l'entrée de l'hiver. A l'appui de cette idée je citerai le fait suivant : des Dendrocœlum, en novembre, ont montré un épiderme bourré de rhabdites, de même que le parenchyme marginal ; la quantité totale de ces corps était au moins triple de celle d'individus recueillis au même endroit, en avril ou juillet ; je rappellerai que chez Polycelis cornuta c'est en septembre que paraît se faire la grande poussée rhabditique. C'est en raison de cette variation présumée que j'ai eu soin, pour tous les animaux étudiés, d'indiquer leur origine et le mois où ils avaient été recueillis. C'est une étude que je me propose d'ailleurs de reprendre. Cette variation pourrait expliquer, je crois, les exceptions, incom- préhensibles pour la plupart, des espèces sans rhabdites. Je crois aussi ËHABDITES DES TUBBELLARIËS 247 qu'elle ferait disparaître, en en étendant la conception, ces autres excep- tions que sont les trois cas de rhabdites du parenchyme chez les Polyclades. En résumé et à titre d'hypothèse, j'admets que les rhabdites sont une réserve de nucléines, alternativement écartées et reprises, et que dans tous les cas ils subissent une variation annuelle, plus ou moins brusque et plus ou moins profonde. LES CELLULES A RHABDITES Les cellules à rhabdites sont-elles des cellules spéciales parleur origine? L'opinion classique, affirmative, est particulièrement claire pour les cel- lules sous-épidermiques des Triclades, dont on décrit, au cours de l'em- bryogénie, l'origine ectodermique et la migration en profondeur. Je pré- senterai à ce sujet l'observation histologique suivante. Chez les Triclades, les cellules à rhabdites du parenchyme se' multi- plient activement par amitose, sans garder, si elles l'ont jamais eu, aucun rapport avec l'épiderme. Ces cellules ne sont d'ailleurs pas topographique- ment sous-épidermiques : aux époques de maxima rhabditiques, en tous cas, elles remplissent tout le parenchyme, et il n'y a peut-être pas une cellule indifférenciée du parenchyme qui ne puisse devenir rhabditique. Les réserves faites par Ijima (1884), Chichkoff (1892), Pereyaslaw- zewa (1892), Luther (1904) sur l'origine épidermique des cellules à rhabdites ne sont donc peut-être pas sans valeur. Quant aux cellules à rhabdites de l'épiderme, elles dérivent dans tous les cas de cellules ciliées banales. La transformation de la cellule ciliée en rhabdocyte semble du même ordre que dans toute la série animale la transformation de cette même cellule en cellule glandulaire. Il me paraît donc probable que dans les crises de dégénérescence nucléaire les rhabdites apparaissent, dans l'épiderme et dans le paren- chyme, partout où il y en a la place et les possibilités cellulaires. Au point de vue cytologique aussi, cette sorte de maladie rhabditique peut affecter des corps divers : noyaux, corpuscules basaux, peut-être même appareils mitochondriaux . RÉSUMÉ En résumé, dans ce travail, j'ai établi que : 1° Les rhabdites sont formés d'une ou de plusieurs substances protéi- ques, sulfurées et phosphorées, combinées à du calcium ; presque certai- 248 MARCEL PRENANT nement ces substances sont des nucléoprotéides, provenant de la dégéné- rescence des noyaux, et qui peuvent être alternativement excrétions et réserves ; 2° La formation des rhabdites est précédée, très souvent au moins, de bourgeonnements et de dégénérescences nucléaires, dont les modes varient un peu ; 3° Dans l'épidémie des Polyclades la formation des rhabdites à partir des noyaux dégénérés est directe ; ils ont la valeur de noyaux, leur indivi- dualisation a celle d'une amitose ou d'un bourgeonnement ; 4° Dans l'épiderme des Triclades et des Rhabdocœlides, les rhabdites ont leur origine figurée dans des corpuscules superficiels, probablement des corpuscules basaux, avec accompagnement de dégénérescences nucléaires voisines ; 5° Chez Fecampia erythrocephala se font vers l'époque de l'enkyste- ment et de la ponte deux poussées rhabdi tiques successives, éphémères ; une variation du même ordre, mais moins nette, me paraît certaine dans tous les cas ; 6° Chez Prosthiostomum siphunculus on trouve le troisième cas de rhabdites du parenchyme chez les Polyclades. Ce travail a été fait au Laboratoire de zoologie de l'Ecole Normale Supérieure, sous la direction de M. le professeur Houssay. Je tiens à lui exprimer ici toute ma reconnaissance. BIBLIOGRAPHIE 1891. Bohmig. Untersuchungen iiber rhabdocoele Turbellarien, II, Plagiostominen und Cylindrostominen (Z. /. wiss. Zool., LI, p. 197.) 1895. — Die Turbellaria acoela der Plankton-expedition (Kiel und Leipzig, 1895.) 1906. — Tricladenstudien. I, Tricladida maricola (Z. /. wiss. Zool., LXXXI, p. 390.) 1913. Burian. Die Exkretion. (In : Handbuch der vergleichenden Physiologie {Winter- stein), Bd. II, 2. Hâlfte, p. 391.) 1902. Catjllery et Mesnil. Sur les Fecampia Giard, Turbellariés endoparasites. (C. R. Soc. Biol, LIV., Paris, p. 439.) 1902. — Sur les Fecampia Giard, Turbellariés endoparasites. (C. R. Ac. Se., Paris, CXXXIV, p. 911.) 1903. — Recherches sur les Fecampia, Turbellariés rhabdocoeles parasites internes des Crustacés. (Ann. Fac. Se. Marseille, Tome XIII, fasc. 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Eosiue. x 750. Même signification des lettres. FiG. 4. Stylostomum variabile. Mélange de colorants acides. Série de gouttes rhabditiçrues en voiedetraUaloimati wl« Fig. 5. Stylostomum variabile. Eosine. Bleu de méthylène. Goutte rhabditique formant un rhabditc. Fig. 6. Stylostomum variabile. Hématoxylinc au fer. Eosine. Série de gouttes rhabditiques en voie de transfor- mation. ie^+ n^le Arch. de Zool. Exple et G en Tome 58.P1.IX. j , j — * s 7'r;v,,t,if n,i. RHABDITES DES TURBELLARIES 3oi^nj(zer b'ih . ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE Tome 58, p. 251 à 289, pi. X à XII 25 Juin 1919 ÉTUDES SUR LE DÉVELOPPEMENT DE MYXIDIUM GADI georgév. JIV01N GEORGEVITCH Professeur à l'Université de Belgrad - SOMM AIRE I. Introduction 251 Programme (p. 251). — Historique (p. 253). — Matériel et technique 256 II. Recherches personnelles 257 1. La spore normale (p. 257). — Structure (p. 257). — Valeur des noyaux végétatifs 260 2. Anomalies des spores 262 3. La genèse des générations propagatives 263 A. La schizogonie 264 a) Préparation à la schizogonie (p. 264). — b) Les différents aspects des formes schizogonique3. 267 B. La sporogonie 270 a) Préparation à la sporogonie (p. 270). — b) Les diverses formes de la sporogonie (p. 272). — a) La sporogonie monosporée (p. 272). — S) La sporogonie dUporée (p. 278). — y) La sporo- gonie polysporée 279 4. La prétendue vie intracellulaire 282 5. Conclusions. — Le cycle évolutif de Myxidium Gadi 284 Index bibliographique „ 237 Explication des planches 2S9 I. INTRODUCTION Nous avons déjà donné (18,22) une description sommaire de cette espèce et de son cycle évolutif. Nous nous proposons maintenant de donner une étude plus détaillée de son développement, dans laquelle nous indiquerons tous les stades de sa schizogonie et de sa sporulation. En nous acquittant de cette tâche, nous pouvons dire maintenant que nous connaissons exactement et la nature du phénomène sexuel et sa place dans le cycle évolutif. C'est la première fois qu'on peut parler avec Arch. he Zool. Exp. ET GÉi. — T. 58. — F. 6. 18 252 JIVOIN GEORGÉVITCH précision du phénomène sexuel chez les Myxosporidies ; tous les auteurs, qui jusqu'en 1917 se sont occupés de cette question, l'ont méconnue, car ils n'ont pu montrer ni la réduction numérique de la chromatine au sens qu'on lui attribue chez les Métazoaires, réduction préalable à la différenciation sexuelle, ni le vrai phénomène sexuel. Tous ont considéré comme réduction chromatique l'épuration de grains chromatiques, qui n'est pas comparable, la plupart du temps, à cette réduction numérique et quant à la sexualité, il existe une telle divergence de vues qu'on peut dire que chaque auteur l'a conçue à sa manière. Non seulement ceci est vrai pour les espèces différentes, mais encore les divers auteurs ont interprété le phénomène sexuel différemment pour une même espèce. On sait que pour Keysselitz (30) le phénomène sexuel est une vraie autogamie avec formation de syncarion à la fin de la sporulation ; tandis que d'après Mercier (41) ce phénomène est placé au commencement de la sporulation sous forme d'une vraie anisogamie et avec l'apparition de macrogamètes et de microgamètes. Ces résultats contradictoires ont été obtenus sur le même sujet : Myxobolus pfeifferi. D'autre part, nous donnerons la description des formes végétatives et du cycle schizogonique ; les divers auteurs qui se sont occupés plus spécialement des Myxidides l'ayant méconnu ou interprété différemment. Ainsi Cohn (10) croit avoir trouvé le bourgeonnement des formes végé- tatives et cet exemple resté classique est adopté par la plupart des auteurs, pour expliquer l'autoinfection. Laveran et Mesnil (33) qui ont étudié, de même que Cohn, le Myxidium de la vessie urinaire du brochet, nient le bourgeonnement et croient que la multiplication endogène s'opère à partir de très jeunes formes et qu'elle a lieu par division plasmotomique égale ou subégale. Nous pouvons confirmer l'assertion de Laveran et Mesnil à savoir que le bourgeonnement au sens de Cohn n'existe pas chez notre Myxidide, mais nous avons plus complètement étudié le phénomène de la schizo- gonie et par là nous arrivons à mieux connaître le processus d'autoinfec- tion, encore obscur, malgré son évidence qui frappe l'imagination dès que l'on se trouve en présence d'une Myxosporidie. C'est un fait curieux que le phénomène qui devrait être le mieux connu, parce que le plus général, l'autoinfection, est justement le moins connu de sorte qu'un auteur moderne, Erdmann (15, 16, 1911, 1917) pose en premier plan, parmi les problèmes à éclaircir, la solution de cette question. Chemin faisant, nous nous aiderons de ces données pour réfuter quelques observa- MYXIDIUM GADI 253 tions erronées de Doflein (13, 14) tant sur les aspects de la schizogonie, que sur la prétendue nature intracellulaire des germes des Myxoopo- ridies. Ces vues de Doflein sont acceptées par un grand nombre d'auteurs allemands, tels : Auerbach (1, 4), Erdmann (15, 16), Joseph (28), etc. Nous avons déjà montré (19) en quoi consistait cette erreur de Doflein", reconnue d'ailleurs par d'autres auteurs, tels que Mercier (41), Pren- nant, etc., mais à un autre point de vue. Nous croyons pouvoir affirmer maintenant définitivement que la vie intracellulaire n'existe à aucun stade du cycle évolutif des Myxidides comme aussi des autres Myxos- poridies. Enfin nous montrerons que cette espèce est mono-, di- et poly-sporée et que dans la sporulation il y a lieu de distinguer deux noyaux végé- tatifs dans la mono- et disporée et six, resp. douze noyaux germinatifs. La nature des noyaux végétatifs sera discutée et nous établirons leur signification trophique et leur homologie avec les noyaux résiduels des auteurs. Voici à peu près le programme succint de ce que nous exposerons dans cette étude qui termine en quelque sorte toute une série de travaux que nous avons entrepris ces derniers temps avec le dessein de combler les trop grosses lacunes qui existaient dans nos connaissances des Myxos- poridies. Nous avons montré les formes diverses de la schizogonie, non soupçonnées jusqu'alors, et par cela même nous croyons avoir donné la réponse à la question de l'autoinfection. De ces travaux ressort nette- ment la haute valeur taxonomique de la schizogonie, qui n'a pas été prise en considération par suite de ce fait qu'elle est encore inconnue pour la plupart des formes myxosporidiennes. Cependant à côté des traits com- muns de la schizogonie, il y a de grandes différences qui révèlent l'extrême variété de l'évolution chez les espèces les plus proches. Tant que de nouvelles études ne seront pas faites en ce sens, il n'est pas possible de donner un nouveau système des Myxsopoiïdies qui serait basé non seulement sur la connaissance de leurs spores, qui sont souvent soumises à des phénomènes de convergence, mais aussi sur celle de leur cycle schizogonique. Un essai d' Auerbach (2) en donne la preuve, et ses « Disporea », comprenant les genres Geratomyxa et Leptotheca, qui sont d'après nos dernières recherches, en réalité les plus beaux types de « Polysporea ». Nous avons déjà attiré l'attention (20) sur l'importance 254 JIVOIN QEORGÊVITCH du cycle schizogonique dans l'évolution des Myxosporidies et nous allons donner une nouvelle preuve à l'appui de cette thèse, que les formes voisines peuvent sporuler et accomplir leur cycle schizogonique de manière différente. Nous nous croyons dispensés de faire l'historique en ce qui concerne l'évolution du cycle des Myxosporidies en général. Tous nos devanciers l'ont fait plus ou moins complètement. Les travaux anciens se trouvent mentionnés dans l'excellent travail de Thélohan (50) qui reste même maintenant la source principale pour tous les renseignements sur les Myxosporidies. Les travaux modernes sont résumés d'une manière excel- lente par Caullery et Mesnil (9), puis par Mercier (H), Keysselitz (30), Schrœder (48), Awerinzew (6). Les essais de généralité ne manquent pas ; ils ont été faits plus ou moins heureusement par Auerbach (1), Schiwago (47) et tout dernièrement, en 1917, par Erdmann (16). Nous tenons à dire quelques mots sur les travaux de nos devanciers sur les Myxidides, genre Myxidium. Le premier travail moderne, celui de Cohn (10) traite du Myxidium lieberkuhni de la vessie urinaire d'Esox lucius et Lota vulgaris. L'auteur de ce travail, paru en 1896, a disposé de toutes les ressources de la technique moderne, et cependant ce travail, si ce n'était la constatation du bourgeonnement, aurait passé inaperçu. Cohn croit avoir trouvé trois zones dans le corps plasmatique de ce Myxidium : ecto-, ento- et méso-plasma. Il attribue à cette dernière une grande valeur et la tient pour la partie principale du corps myxosporidien. La surface du corps est hérissée des pseudopodes composés d'ecto- et méso-plasma. Et du fait que chez quelques individus on voit des prolon- gements en brosse, Cohn a conclu que le corps de Myxidium est nu, sans membrane, contrairement à l'opinion d'un auteur ancien, Pfeiffer, qui croit l'avoir vue. Une autre constatation exacte de cet auteur, c'est que les jeunes stades, en nombre considérable, se tassent mutuellement, en conservant leur indépendance, et sont adossés à l'épithélium de la vessie urinaire. Quand ces corps plasmatiques s'accroissent, la respiration devient de plus en plus difficile pour eux, et pour parer à cette difficulté le processus de bourgeonnement intervient. Ce processus est surtout intense pendant l'hiver, époque pendant laquelle la sporogonie n'existe pas. D'où la con- clusion de l'existence d'alternance des générations. Ce qui est exposé pour la sporogonie ne mérite pas d'être mentionné. Les résultats de Thélohan sont confirmés, et dans la spore Cohn trouve une vacuole, MYXIDIUM GADI 255 tandis que Thélohan considère son absence comme un trait essentielle- ment spécifique des Myxidides, ce qui reste vrai. Les dessins de Cohn faits à de faibles grossissements donnent peu de détails, et il n'a pu constater la composition valvaire de l'enveloppe de la spore. Il a cepen- dant bien observé deux noyaux, dans le sporoplasme, fait établi avant lui par Télohan. Cohn constate des monstruosités : des spores très courbées comme chez Myxidium incurvatvm, ou des pansporoblastes à deux spores, dont une avec une seule capsule polaire. Mais il considère ce fait non comme une atrophie mais plutôt comme un retard du développement. Ce qui a trait à la délivrance des pansporoblastes, à la sortie des spores à travers les orifices, etc., ne mérite aucune attention. Cohn semble admettre l'opinion de Pfeiffer à savoir qu'il existe un stade initial amceboïde, comme chez les Grégarines, mais il ne partage pas l'opinion de Pfeiffer sur son sort ultérieur. Pfeiffer croit que l'auto- infection se fait dans deux directions, quand ces corps amœboïdes pénè- trent soit dans les cellules épithéliales de la vessie urinaire, soit dans les corpuscules sanguins. Cohn nie avec juste raison les deux assertions de Pfeiffer et croit plutôt à l'insinuation des parasites entre les cellules épithéliales de la vessie urinaire qu'à leur localisation intracellulaire. Il affirme contre Pfeiffer que dans la vessie urinaire on ne trouve à aucun moment les spores vides. En résumé : d'après Cohn, les Myxidides sont des masses protoplas- miques, plurinuclées, avec des mouvements amœboïdes, composées de trois zones : ecto-, méso-, endo-plasma, qui ne sont pas absolument séparées les unes des autres et qui peuvent passer l'une dans l'autre. La nutrition se fait par insinuation de la partie antérieure du corps parmi les cellules épithéliales. Nous avons vu que Lavera n et Mesnil (33) nient le processus de bourgeonnement chez le Myxidium du brochet. Dans plusieurs travaux Auerbach (1,4,5) traite d'une espèce nouvelle, Myxidium bergense, trouvée par lui dans la vésicule biliaire des diffé rents Gadidés des côtes norvégiennes. C'est un Myxidide typiquement micto-sporée, c'est-à-dire mono-, di- et polysporée. Le développement des spores indépendantes, contrairement à ce qu'on voit chez Myxobolus, Henneguya, etc., est analogue à ce qu' Atverinzew (6) avait décrit chez Ceratomyxa drepanopsettae. Avec Awerinzew et Mercier il croit qu'à la base de la sporulation il y a plasmogamie des gamétoblastes différenciés 256 JIVOIN GEORGÉVITCH en macro- et microgamètes. Mais contrairement à ce que disent Awe- rinzew et Mercier cette plasmogamie n'est pas suivie d'une caryoganiie, et les deux noyaux se divisent indépendamment. Cependant Auerbach croit également probable chez la même espèce la coexistence de la plasmogamie et de la caryogamie. Il croit que les deux noyaux résiduels représentent une réduction. Le nombre de noyaux dans la monosporée est de six et en plus deux noyaux résiduels sous forme de corps chromatiques. Auerbach croit à une existence intracellulaire des stades jeunes, et relativement à leur plasmogamie, à la sortie de la vie intracellulaire, plasmogamie à laquelle il a cru dans les travaux antérieurs; il modifie son opinion dans son travail définitif et croit que ces phénomènes sont étroitement liés au développement monos- porée. L'auteur n'a pas vu les diverses formes du cycle schizogonique et le phénomène de sexualité n'est pas suivi comme l'exigent les études modernes. Un essai de conciliation de tous les poiuts de vues des auteurs diffé- rents sur les principaux faits du développement des Myxosporidies me paraît d'autant moins réussi que nous considérons sous un autre jour la plupart des faits fondamentaux d'AuERBACH sur lesquels il a basé cette comparaison. Lorsque nous exposerons les faits personnels, dans la partie spéciale, nous reviendrons sur les idées de cet auteur. Awerinzew est le dernier auteur qui ait publié une note (7) sur la formation de la spore chez Myxidium sp. trouvé dans la vésicule biliaire de Cottus scorjjeus, de la mer Glaciale. C'est un travail très superficiel, très peu critique, et qui pourrait embrouiller quiconque ne connaît pas bien les Myxosporidies. C'est une étude fragmentaire n'apportant aucun fait nouveau et apportant au contraire plusieurs faits erronés. Nous ne lui ferons pas plus de crédit dans cette introduction, nous réservant de mentionner les erreurs dans la partie spéciale. Nous avons eu à notre disposition un nombreux matériel, plus dune centaine de Gadus pollachia, ce qui nous a permis de confectionner un nombre considérable de préparations, pour la plupart de frottis du con- tenu de la vésicule biliaire de ce poisson. Les frottis étaient colorés par deux méthodes : par l'hématoxylène de Delafield ou par l'hématoxylène ferrique, suivie ou non par la coloration plasmatique à base d'orange et d'éosine. C'est à la seconde coloration que nous devons la plupart de belles images, reproduites dans ce travail. Les coupes de la vésicule biliaire MYXIDIUM GADI 257 ont été colorées de préférence par cette seconde méthode. Nous devons à la bienveillante amabilité du directeur du laboratoire de Roscoff, notre ancien maître, M. Y. Delage, d'avoir pu nous procurer autant de matériel à l'époque où le personnel du laboratoire était très réduit. Une journée toute entière a été consacrée à la pêche de ce poisson dans la baie de Roscoff et de Pempoull. Le personnel du laboratoire, et surtout M. Cosic, le digne remplaçant du regretté Marty, ont fait tout pour rendre cette pêche fructueuse. Ainsi, le 15 septembre 1916, j'ai eu le plaisir de commen- cer l'étude de cette espèce qui m'a donné de si bons résultats. Je ne saurais mieux exprimer ma gratitude que de dédier ce travail, pour ce qu'il a de bon, à mon ancien maître M. Y. Delage, dont la vie, pleine de vertus scientifiques, a été l'exemple que beaucoup de générations ont admiré, et dont les travaux scientifiques et de généralisation ont contribué à étendre la pensée et la culture françaises au delà des fron- tières de la France. Qu'il veuille l'accepter avec autant d'indulgence pour moi que j'ai d'estime pour lui. II. RECHERCHES PERSONNELLES 1° LA SPORE NORMALE A l'ouverture des vésicules biliaires on trouve souvent des spores libres en très grand nombre. Les spores avancées, toujours fusiformes, ont les extrémités d'autant plus pointues (fig. 3, G) qu'elles sont plus mûres. Les grandes axes des capsules polaires se confondent presque avec l'axe de la spore ; toutefois une minime déviation (fig. 4, 12) est toujours à constater, mais elle n'atteint jamais le degré de torsion qu'on voit chez Myxidium incurvatum. Dans les spores jeunes (fig. 1, 2, 3, 5, 13), les deux extrémités sont moins effilées que dans les spores âgées ; les valves et leurs grands noyaux valvaires vésiculeux sont bien visibles. Chaque noyau valvaire est flanqué d'un grain chromatique, plus ou moins grand, et d'autant plus visible que la spore est plus jeune. Ordinaire- ment, on ne voit aucune structure dans ces grains qui se colorent uni- formément en noir par Fhémaloxylène. Mais quelquefois et pendant la genèse (fig. 95) des formes monospores, on voit nettement leur structure qui ne diffère en rien de celle des noyaux germinatifs. Ce n'est qu'au cours du développement qu'ils perdent leur structure du noyau myxosporidien 258 JIVOIN GEORGÉVITCH et que le caryosome se confond avec le reste du noyau pour se présenter sous forme d'un grain chromatique uniformément coloré. On peut donc dire que ces grains sont de vrais noyaux essentiellement trophiques, comme on peut bien s'en convaincre en suivant l'évolution monosporée (fig. 90-96) chez notre Myxidium. Ce n'est que vers la fin de la sporu- lation, et quand la spore mûre apparaît, que ces noyaux sont résorbés et disparaissent. En effet, nos figures 8, 9, 13, montrent nettement qu'au fur et à mesure que la spore mûrit, ces noyaux s'allongent d'abord en bâtonnet chromatique, pour se fragmenter ensuite en plusieurs grains chromatiques le long de cellules valvaires. C'est grâce à ces grains chro- matiques que les parois valvaires sont quelquefois très colorées. Les spores tout à fait mûres et que nous avons dessinés dans un travail antérieur (18) ne montrent aucune trace de ces grains chromatiques. Même les noyaux valvaires des spores jeunes, sous forme de grandes vacuoles à paroi chromatique, deviennent méconnaissables, dans les spores mûres. On voit encore que, dans le cas de monosporée, ces grains ne faisant pas par- tie de la spore sont emportés par les spores, car dans ce cas la forme végé- tative, la plasmodie se transforme toute entière en spore sans aucune trace de reliquat plasmatique. Ces grains étaient donc de vrais noyaux végétatifs, puisqu'ils appartenaient à la plasmodie et non à la spore. De trois auteurs qui se sont occupés plus spécialement de Myxidium, un seul, Auerbach (4), dessine ces noyaux dans des sporoblastes jeunes (ses figures 14, 15, 18). Chez les spores, jeunes ou vieilles, Auerbach ne les a pas vus et n'en parle pas. Il croit que ce sont des noyaux de réduc- tion « Restkerne » et il expose qu'on trouve des images pareilles éparses dans le plasma des formes végétatives (4, p. 20). On voit que Auerbach a méconnu leur vraie nature et qu'il n'a pas eu une idée claire de leur origine. Aussi Auerbach ne parle pas de ces noyaux chez Zschokella monosporée (2), chez laquelle il trouve sept noyaux à la fin de la sporu- lation dont un très probablement est le noyau végétatif. Cohn (10)\ ne les a pas vus et ne fait aucune mention ; Awerinzew (7) parle des noyaux végétatifs, et dans sa figure C il dessine un amœboïde à un noyau végétatif et une spore bien développée sans aucune trace de ces noyaux sur ses parois. Toutes ses figures montrent clairement qu'il a méconnu tout à fait l'évolution de la spore et a confondu les bourgeons internes, les sporoblastes avec les noyaux (par exemple, fig. G) de la polysporée, et non de la monosporée comme il le prétend. Dans les travaux modernes il est toujours question de deux noyaux MYXIDIUM GADI 259 résiduels, et depuis le travail de Doflein (13) tous les auteurs modernes en mentionnent, quoiqu'ils ne soient pas d'accord sur l'époque d'appa- rition de ces noyaux résiduels et sur leur rôle futur. Doflein lui-même 13, p. 311) se demande si la croissance des plasmodies pendant l'acte de la sporulation n'est pas due au rôle des noyaux résiduels ou si elle ne relève pas des noyaux sporaux. Mais Doflein avait remarqué ces noyaux après l'émission des spores et il ne se serait pas posé la question s'il les avait vus dès le commencement de l'évolution sporale, comme nous les voyons un peu partout, soit dans les cas de mono-, soit dans les di- et polysporées. Chez Henneguya disporée, ces noyaux apparaissent à la même époque que chez Myxidium monosporée, et nos figures 31, 32, 37, 38-4 (17) montrent clairement leur origine et leur évolution posté- rieure. Seulement, nous nous sommes mépris sur leur vraie signification, que nous corrigeons à présent, et alors nos figures 31, 32 (17) sont tout à fait conformes avec les figures 90, 95 chez Myxidium. Keysselitz (30) les dessine bien comme des noyaux d'enveloppe et les considère plutôt comme les produits de la première division de réduc- tion. Mercier (41) les dessine bien, mais il croit à leur apparition tar- dive, et les considère comme noyaux de réduction. Schrœder (48) les dessine au stade de quatorze cellules dans les disporoblastes, mais ni leur origine ni leur sort postérieur ne lui sont clairs. Pour Erdmann (16) ces cellules apparaissent de bonne heure à la base de la sporogonie sous forme des cellules d'enveloppe, « Hiillzellen » comparables aux noyaux résiduels d'autres Myxosporidies. Erdmann croit bien que ce sont des éléments de nature somatique et qui n'ont rien de commun avec les spores elles-mêmes, mais disparaissent après la formation des spores. Dans tous nos écrits, postérieurs à l'étude à! Henneguya, nous avons trouvé et dessiné ces noyaux et nous avons montré qu'ils se présentent sous des formes et grandeurs variables, suivant les cas. Partout -où le parasite se trouve dans les kystes et par conséquent où les plasmodies à sporoblastes sont de petites dimensions, ces prétendus noyaux de réduc- tion sont de grandeur minime, presque toujours accolés à des sporo- blastes et la plupart de temps entre les deux spores. (Ex. Henneguya, etc.) Au contraire, ces noyaux sont toujours à une certaine distance des sporoblastes et nettement au milieu du protoplasme de plasmodies bien développées et menant une existence libre (Ceratomyxa, Leptotheca, etc.). Pour ces noyaux, ordinairement de taille plus grande que des noyaux germinatifs, le terme qui convient le mieux est celui de noyaux végétatifs 260 JIVOIN GEORGÉVITCH ou noyaux plasmodiaux, comme nous proposons de les appeler par opposition aux noyaux germinatifs ou sporaux, dont ils se séparent de bonne heure. Nous avons montré ailleurs que les différences des formes et de grandeur des noyaux végétatifs nous semblaient d'ordre trop secon- daire pour ne pas permettre de reconnaître leur nature similaire, qui ressort nettement de leur genèse. « En effet, dans tous les cas mentionnés, fût-ce le cas de noyaux végétatifs ou de noyaux de réduction, pendant l'acte de la sporulation dans les disporées typiques, il se forme treize ou quatorze noyaux dont, pour chaque spore, deux valvaires, deux eapsulogènes, deux germinatifs. Aucun doute ne subsiste pour tous les autres noyaux en dehors des noyaux végétatifs et tous les auteurs qui les ont suivis chez des sujets différents sont unanimes sur leur homologie. Pour quelle raison cette homologie n'existerait-elle pas pour les noyaux de réduction ? Il est vrai qu'aucune difficulté n'existe pour les autres noyaux, étant donné qu'ils déterminent partout les mêmes parties des spores, tandis que les noyaux de réduction, n'entrant pas dans la compo- sition de la spore, ont très souvent une forme et une position différentes chez des sujets différents, d'où la différence d'interprétation. Mais connais- sant maintenant leur genèse commune, nous dirons que les noyaux dits végétatifs et les noyaux de réduction sont de nature similaire, quoique ayant des aspects différents ». (19, p. 104.) A l'opposé de la plupart de nos devanciers qui les voient apparaître très tardivement, nous croyons avoir suffisamment montré leur appa- rition précoce, dès la première division. Les noyaux valvaires comme les noyaux capsulaires suivent révo- lution déjà bien exposée partons ceux qui se sont occupés des Myxospo- ridies. Ils perdent leur structure habituelle et deviennent d'abord vési- culeux avec les graines chromatiques tout le long de la membrane du noyau, ensuite dégénèrent quand les parties qu'ils déterminent sont bien formées. Ces parties, les cellules valvaires et les cellules eapsulogènes dégénèrent aussi, de sorte que dans les spores mûres les cellules valvaires se réduisent à des parois valvaires et les cellules eapsulogènes à des capsules polaires. Nous n'avons pu bien suivre la formation des capsules polaires comme nous avons pu le faire (20) chez Geratomyxa coris. En revanche, la partie essentielle de la spore, le sporoplasme, nous a donné quelques faits de la première importance. Les spores jeunes des figures 12, 13 montrent nettement que ce qui est le sporoplasme unique avec MYXIDIUM GADI 261 deux noyaux provient de deux cellules, deux gamètes qui entrent en plasmogamie, fondent totalement leur plasma, tandis que la caryogamie ne s'opère pas et les deux noyaux des gamètes restent isolés longtemps après cette plasmogamie. Comme les deux cellules sont de grandeur presque égale, on est ici en présence de deux isogamètes. Comme tous les gamètes, eux aussi subissent ici une réduction numérique de la chroma- tine, comme on peut s'en convaincre en regardant nos figures 13 et 14, sur lesquelles nous reviendrons plus loin, quand nous exposerons le phé- nomène sexuel. On voit d'ailleurs que les grains de réduction se voient aussi bien au commencement de plastogamie, quand les isogamètes sont encore distincts, comme après la fusion des gamètes (fig. 2, 14). Sur la figure 13 on voit des masses chromatiques à la périphérie de chaque iso- gamète ; ces grains sont donc de vraies cellules polaires. Le sporoplasme est la partie plasmatique la plus importante, et elle persiste seule, quand les autres parties constitutives de la spore (cellules valvaires et capsu- logènes) dégénèrent lors de son vieillissement. Aucun de nos devanciers tant sur le Myxidium que sur les autres Myxosporidies n'a vu avec une telle netteté les faits que nous exposions ci-dessus. Pour Keysselitz (30), les gamètes sont visibles alors que le pansporoblaste possède quatorze noyaux et n'est pas encore partagé en deux sporoblastes (30, fig. 67) ou après l'apparition des sporoblastes (30, fig. 76). Les spores mûres pour Keysselitz peuvent être avec un seul noyau dans le sporoplasme, résultant de la fusion de ces deux noyaux des gamètes. On voit clairement, en comparant nos figures 98-103, que les isogamètes prennent naissance longtemps avant la formation de la spore, alors même que les autres parties de la spore commencent à peine à se dessiner dans le protoplasme commun. Dès que le nombre définitif des noyaux est atteint, nombre fixé à huit, dans cette monosporée et avant même la différenciation des cellules capsulogènes ou en même temps, apparaissent les isogamètes, reconnaissables surtout par les globules polaires qui leur sont adjacents. Il est très naturel que la caryogamie suive cette plastogamie et que le cycle évolutif nouveau commence par une forme uninuclée, résultant de la fusion des isogamètes à la fin -de la sporulation. La plupart des auteurs ne partagent pas ce point de vue et croient à Tanisogamie au commencement de la sporulation. Ceci nous amène à parler de la sexualité et nous l'exposerons en toute son étendue comme l'exige l'importance de la question, quand nous étudierons le phénomène sexuel. Nous dirons 262 JIVOIN GEORGÉVITCH seulement que ni Atjerbach (4) ni Awerinzew (7) n'ont vu rien de semblable chez les Myxidium qu'ils ont étudié. Les dimensions des spores varient d'après l'âge, de 4-6 p en largeur et de 6-14 p en longueur. 2. ANOMALIES DES SPORES La spore normale qui vient d'être décrite est caractérisée essentielle- ment par sa forme fusiforme avec une capsule à chaque extrémité. Les anomalies des spores que nous avons pu bien déceler se présentent sous deux aspects : ou la spore conserve la symétrie binaire et alors la position des capsules polaires seulement est anormale ; ou la spore perd la symétrie binaire et présente une symétrie ternaire, comme Caullery et Mesnil (9) et autres ont montré pour les Actinomyxides. Le premier cas est plus rare, mais il est très intéressant, car il montre la manière de concevoir l'origine des formes à symétrie ternaire. Les figures 15, 16 représentent ces formes qui ont les deux capsules à une seule extrémité, tandis que l'autre extré- mité en est dépourvue. On peut concevoir ces formes par la courbure de la spore dans son milieu, et le rapprochement progressif de leurs deux capsules polaires. De sorte qu'on obtient une forme qui a les deux cap- sules au pôle concave, tandis que l'autre pôle est libre et convexe avec un ou deux noyaux valvaires. Qu'on imagine qu'à ce pôle convexe appa- raît encore une capsule polaire et l'on aura les formes à structure ter- naire, telles que nos figures 17-19 les représentent. Il y a alors un supplé- ment des trois noyaux : un valvaire, un capsulaire et un végétatif, et par conséquent l'apparition des deux cellules valvaire et capsulogène. Ceci ressort clairement lorsqu'on regarde notre figure 18, où l'apparition des trois noyaux capsulogènes n'est pas synchrone. On voit bien la position des noyaux végétatifs, toujours accolés, ou au voisinage des noyaux valvaires. Mais dans aucun de ces cas d'anomalies nous n'avons pu cons- tater plus d'un sporoplasme avec ses deux noyaux. Ces anomalies des spores nous suggèrent une idée autre que celle que Caullery et Mesnil ont émise. Ces auteurs pensent que la symétrie ternaire des spores des Actinomyxides n'est jamais réalisée normalement chez les autres groupes des Cnidosporidies. On peut dire que ces ano- malies sont constantes, puisque nous avons vu ces spores à symétrie ternaire quelquefois en très grand nombre et dans la plupart des vési- cules biliaires que nous avons disséquées. MYXIDIUM OADI 263 3. LA GENÈSE DES GÉNÉRATIONS PROPAGATIVES Lorsqu'une spore est devenue mûre, elle est toujours libre dans le liquide biliaire prête à sortir par la voie biliaire et l'intestin pour gagner le milieu ambiant. Tant que les spores sont dans la vésicule biliaire, au sein de laquelle elles ont pris naissance, nous les avons trouvées toujours avec deux noyaux de gamètes dans leurs sporoplasmes. Nous n'avons pu constater la sortie des germes amiboïdes dans les vésicules biliaires, ce qui est conforme avec tout ce que nous savons maintenant du mode d'autoinfection. En effet, les expériences que Erdmann (15) et Auerbach (2, 4) viennent de réaliser récemment dans des conditions meilleures que celles où s'était placé Thélohan, montrent clairement que les spores mûres arrivées dans l'intestin d'un hôte nouveau se vident de leurs sporoplasmes et que ces sporoplasmes ainsi libérés se présentent avec un seul noyau, au lieu de deux qu'ils avaient auparavant. Il est clair que la caryogamie s'est accomplie pendant ce temps et que le sporoplasme est devenu un zygote uninucléé. Ce zygote, appelé maintenant pansporo- blaste ou sphère primitive atteint la vésicule biliaire d'un hôte nouveau grâce à ces mouvements amiboïdes, et commence le cycle de développe- ment en se divisant un grand nombre de fois, lui et ses descendants. Ces divisions sont toujours égales et les produits de ces divisions, schizontes ou les cellules de propagations de premier ordre des auteurs allemands servent à l'autoinfection de l'hôte. Pour qu'ils arrivent à ce but, point n'est besoin d'un stade intracellulaire comme le veulent Doflein, Erdmann, Auerbach, etc., et dont nous parlerons dans la suite. On a l'impression qu'un certain nombre de nos devanciers croient à la réinfection, pour expliquer le nombre énorme de parasites à différents stades d'évolution, dans l'hôte. Nous tenons à dire qu'il n'est point besoin des réinfections, un seul ou plusieurs pansporoblastes suffisent à cette fin vu leur grande puissance de reproduction. Ce n'est qu'après plusieurs divisions consécutives que ces schizontes se sont rendus ca- pables de commencer la sporogonie et de devenir sporontes ou cellules propagatoires du second ordre. Ces sporontes ne différent morphologi- quement en rien des schizontes si ce n'est dans leur première division qui est ici inégale, comme on peut se convaincre par la monosporée (fig. 90-93) ou par la disporée (17, 19, 20), d'autres types de nos études antérieures. Ils sont aussi deux ou trois fois plus grands que les schizontes. Dans le cas de mono- et de disporée, le pansporoblaste est de taille 264 JIVOIN GEORGÉVITCH minime, juste pour donner naissance à une seule ou à deux spores. Dans le cas de polysporée le pansporoblaste peut s'accroître démesurément et alors il peut multiplier ces noyaux un grand nombre de fois. Pour de tels pansporoblastes le nom de la plasmodie convient, et c'est dans ce sens que nous remployons. Ordinairement, un certain nombre de noyaux entrent en sporulation, en devenant des agamontes, qui ont ici ordinaire- ment la valeur des sporoblastes, c'est-à-dire que chacun produit une seule spore. Une autre partie des noyaux ne se transforment jamais en agamontes, gardent leur forme primitive et servent à la plasmodie comme des noyaux végétatifs. On voit la différence entre ceux-ci et les noyaux végétatifs de la monosporée et de la disporée. Mais ces différences ne sont pas absolues et dans certains cas (Ceratomyxa coris) on voit dans la poly- sporée des noyaux végétatifs plus grands que les noyaux germinatifs. Doplein (13) et après lui presque tous les autres auteurs (Auerbach, Kudo, Erdmann croient à la différence de grandeur des noyaux au sein d'une même plasmodie. Nous pouvons dire que dans tous ces cas on a comparé non pas des noyaux entre eux, mais des noyaux avec des stades de sporogonie, les bourgeons internes ou agamontes, comme nous les avons appelés. Nous verrons dans la suite que ces agamontes sont de vraies cellules. Nous avons tenu à préciser ces faits généraux et à établir notre nomen- clature qui diffère en certains points de celle de nos devanciers. Nous pouvons passer maintenant à l'exposé des faits spéciaux. A. La schizogonie a) Préparation a la schizogonie Le pansporoblaste (Zygote) issu de l'union totale des deux isogamètes, union tant plasmogamique que caryogamique, se présente sous une forme arrondie, sphérique ou piriforme (fig. 31-43). 8on protoplasme est hyalin, avec de très petites granulations sans aucune trace des matières de réserve. Leur grandeur varie entre 3-4^ et dans leur intérieur on distingue un noyau vésiculeux à membrane distincte et au milieu duquel se trouve un gros caryosome. Nous ne pouvons dire s'il n'existe une partie extra- caryosomienne de chromatine, comme on trouve chez presque tous les rhizopodes récemment étudiés, et comme Keysselitz le croit pour Myxobolus, Erdmann pour Chloromyxum, etc., et comme nous le voyons MYXIDIUM GAD1 265 dans les noyaux plasmodiaux de notre Myxidium. Le noyau occupe très souvent une position excentrique, surtout chez des formes en mouvement. Chez des formes sphériques et à l'état de repos, le noyau est situé au centre. Ce zygote entre en schizogonie lorsque son caryosome laisse sortir un grain sidérophile de plus petites dimensions que le reste du caryo- some. Vu la petitesse du pansporoblaste, nous n'avons pas pu élucider la question de savoir si le grain bourgeonne ou s'il est simplement inclus dans le caryosome. Nous donnerons dans la suite des raisons qui nous font accepter sa présence constante, malgré son invisibilité apparente. En se séparant du caryosome, ce grain qui est le centriole se trouve d'a- bord dans le suc nucléaire (fig. 34, 36). Bientôt il se divise (fig. 35, 37) et ses deux moitiés, liées entre elles par une centrodesmose, gagnent la membrane nucléaire qui cède à la place du contact ; les centrioles sont dès à présent dans une zone claire qui était occupée auparavant par le noyau. La membrane nucléaire se résorbe bientôt toute entière et le reste du caryosome, jusqu'alors sous forme d'un grain unique, compact, très sidérophile, se présente maintenant sous forme du spirème qui dès son apparition se fragmente en quatre bâtonnets qui sont de vrais chro- mosomes. On voit que l'apparition des chromosomes est à la fin de la prophase. Pour Keysselitz ce n'est qu'au stade de la plaque équatoriale qu'on peut établir le nombre des chromosomes, au nombre de quatre, groupés deux à deux (30, p. 256). Les figures 37, 38 donnent aussi le détail de la forma- tion du spirème et son morcellement en quatre chromosomes, qui suivent le pourtour de ce qui était l'ancien noyau. Nous n'avons pu suivre la marche ultérieure des centrioles, mais tout porte à croire qu'ils atteignent d'abord les deux points opposés de l'ancien noyau (fig. 38 et 59) et qu'alors leur centrodesmose traverse le noyau entier. Ensuite les deux centrioles se placent à deux pôles opposés du pansporoblaste et entre eux on voit maintenant bien le fuseau cary okynéti que (fig. 39, 40). C'est la méta- phase typique avec quatre chromosomes disposés en plaque équatoriale située au milieu du fuseau caryokynétique. On remarque déjà à ce stade le clivage de chaque chromosome en deux parties intimement liées d'abord, mais qui vont se séparer quand l'anaphase commencera. C'est juste ce stade de la première scission longitudinale des chromosomes que nous n'avons pu remarquer, malgré les efforts que nous avons faits pour l'avoir. En revanche, les stades suivants nous sont très bien connus. Les quatre chromosomes de chaque moitié de la plaque équatoriale 266 JIVOIN GEOROÊVITCH après la scission se groupent deux à deux (fig. 41-50, 62, 69, 76-80) et ainsi conjugués suivent la voie tracée par le fuseau vers les deux pôles opposés, vers les centrioles, sans les atteindre toutefois (fig. 45, 47). Ce n'est qu'à ce stade de Vanaphase que commence la division plasma- tique, et la forme caractéristique des haltères apparaît. Au milieu des haltères on voit une zone claire occupée auparavant par le noyau, qui s'allonge elle aussi, montrant dans son milieu, entre les deux masses chromatiques, les traces de l'ancien fuseau (fig. 41-43). C'est ce stade avec les chromosomes conjugués à deux pôles de l'haltère qui est le plus fréquent dans nos préparations, et nous le rencontrons aussi souvent dans les schizontes unicellulaires que dans les nids cellulaires (fig. 69, 76, 77). Quand la télophase commence, nous voyons à chaque pôle de l'haltère un centriole et à son voisinage deux chromosomes doubles conjugués sous forme d'un V renversé. Ensuite, les deux chromosomes doubles se fu- sionnent entre eux et avec le centriole de sorte qu'on obtient une figure sphérique ou ovulaire d'abord, sur laquelle on peut distinguer de nouveau quatre grains (fig. 48) répondant à quatre chromosomes, puis, quand la fusion devient complète, on a finalement deux noyaux arrondis qui ont maintenant une membrane nucléaire (fig. 49-51). Ces faits nous portent à croire que le centriole est présent au milieu du caryosome du noyau au repos, malgré son invisibilité apparente. Les noyaux vésiculeux sont formés et la masse plasmique est maintenant partagée en deux cellules filles de la cellule à un seul noyau. Nous n'avons jamais trouvé dans le protoplasme des grains chromatiques dont parlent souvent plusieurs de nos devanciers ; notamment, depuis Keysselitz, tous les auteurs allemands s'efforcent de les trouver sans préciser leur rôle. Ordinairement, les produits de division sont de grandeur égale ; tout de même il y a cependant toujours une légère différence et jamais les deux moitiés ne sont rigoureusement égales (fig. 48-63). Mais ceci n'entraîne jamais de différence telle qu'on puisse parler des divisions inégales. De plus, il y a des souches plus grandes ou plus petites et dont les produits gardent cette propriété (fig. 56, 62, 74, 75-78). Une première division achevée, la seconde se prépare immédiatement, simultanément chez les deux produits (fig. 59, 62, 67, 68), ou l'une devance l'autre, ce qui est le cas le plus fréquent (fig. 69). Dans le premier cas, on arrive de suite à un groupe de quatre cellules (fig. 89), ou d'abord à un groupe à trois cellules (fig. 70-80) qui prennent des positions très carac- téristiques et que la plupart de nos devanciers ont vues et auxquelles MYXIDIUM GADI 267 ils attribuent un rôle important en les considérant comme les cellules de propagation du second ordre, capables d'entrer en sporulation et de se transformer en gametoblastes. C'est d'abord Keysselitz (39) qui les dessine dans ses figures 33-39 en leur assignant une certaine disposition particulière, c'est-à-dire une cellule centrale, cunéiforme, et deux exté- rieures. Auerbach (4), Erdmann (16) suivent Keysselitz en exagérant encore l'importance de ce stade. Auerbach considère ces cellules propa- gatives du second ordre comme des gametoblastes et, en suivant Mer- cier (41) et Awerinzew (6), il croit que ce sont les cellules-mères des macro- et des microgamètes (4, p. 19). En réalité, ces auteurs en travaillant pour la plupart de temps sur les coupes n'ont pu se rendre compte exac- tement de la simple disposition des cellules de ce stade, comme nous avons pu le faire, en travaillant sur les frottis. Quand la division n'est pas syn- chrone, la troisième cellule peut se placer en ligne avec les deux autres (fig. 69, 70), ou les trois cellules font un amas, dont deux supportent la troisième cellule (fig. 71-79), qui se glisse quelquefois entre elles. Le stade à quatre cellules, très fréquent, est lui aussi sous deux as- pects : en file ou en amas (fig. 81-83). Puis, vient un groupe à cinq, à six et un nombre considérable de cellules (fig. 84-89). Dans ce dernier cas, les cellules se séparent facilement du groupe, pour refaire le même cycle. L' autoinfection se poursuit ainsi d'une manière intense. Cette forme de schizogonie n'a pas été remarquée ni par Cohn, ni par Auerbach. Awerinzew (7) a trouvé les cellules mononucléées, situées entre les cellules épithéliales de la paroi de la vésicule biliaire et il se contente de dire qu'il croit qu'elles accomplissent ici la multi- plication végétative. h) Les différents aspects des formes schizogoniques Nous avons poursuivi jusqu'à présent l'évolution d'un schizonte pris individuellement. En effet, nous les trouvons sous ces formes, isolés ou groupés, libres dans la vésicule biliaire, mélangés à d'autres formes de beaucoup plus compliquées, et qui représentent les vraies plasmodies. Ces plasmodies qui peuvent subir pour leur compte les plasmotomies, c'est-à-dire la division de leur corps, comprennent plusieurs noyaux, contiennent les différents stades de l'évolution sporogonique. Ces formes peuvent atteindre des dimensions très variables et se présentent sous des aspects différents : arrondis, sphériques, piriformes ou de toute autre ARCH. DE Zoor. EXP. ET GÉN. — T. 58. — F. 6. 19 2(53 JIV01N GEORGÉVlïCti forme (fig. 22-30, 105-140). Mais, si variées que puissent être en formes plasmodiales, nous sommes loin de retrouver ici la diversité que nous avons signalée chez Ceratomyxa Herouardi. Toutes ces plasmodies présentent nettement des mouvements ami- boïdes et leurs pseudopodes en massue peuvent revêtir des formes et des grandeurs différentes (fig. 28, 115, 119, 189, 140). Leur corps est composé d'un ectoplasme hya!in, sans aucune trace de granulations. Cet ecto- plasme est en couche mince autour de l'endoplasme finement granuleux, représentant le gros du corps de la plasmodie et renfermant les noyaux en plus ou moins grand nombre et les stades différents de l'évolution sporo- gonique. Nous n'avons jamais pu voir ces plasmodies colorées en jaune par suite de la présence de globules colorés de graisse ou de cristaux d'hématoïdine, dont parle Thélohan. C'est dans ces formes plasmodiales que Cohn a trouvé les trois couches, à savoir : l'ectoplasma, l'endoplasma et le mésoplasma, auquel il donne une grande importance. Nous croyons que Cohn a vu un réseau plus ou moins visible dans l'ectoplasma qui se présente quelquefois assez clairement (fig. 111, 115, 118. 130, 123), mais qui est simplement un état de structure et n'a rien à faire avec la composi- tion du corps. Cet état de structure se voit alors non seulement dans Tecto- mais aussi dans l'endoplasma (fig. 126-127) ce qui ne pourrait être s'il existait réellement un mésoplasma. Ordinairement dans ces plasmodies la structure des noyaux est bien claire : noyau vésiculeux avec un caryosome central et un réseau chro- matique extracaryosomien très mince. Le caryosome est ordinairement de grandeur moindre en comparaison du gros caryosome chez les schi- zontes, mais sans chromatine extracaryosomienne apparente. L'idée vient que peut-être ce gros caryosome se forme aux dépens de cette chromatine extracaryosomique des formes plasmodiales, et que peut- être c'est la raison pour laquelle nous n'avons pu déceler la partie extra- caryosomienne de la chromatine dans les noyaux des schizontes. Mais c'est une supposition et non pas un fait dûment prouvé. Quelquefois ces plasmodies présentent une composition dégradée (fig. 107, 110, 114, 119) : leurs noyaux étant sous forme de simples grains ou vésicules chromatiques sans trace des caryosomes. Il est fort probable que ce sont des produits de dégénérescence. Très souvent on trouve dans ces plasmodies, à côté des noyaux en repos, tous de la même grandeur, les premiers stades de la sporulation, les bourgeons internes qui apparais- sent quand une couche plus ou moins forte d'endoplasma se condense MYXID1VM GADI 269 autour des noyaux. Tous nos devanciers, sans exception, parlent des noyaux de grandeurs différentes dans les plasmodies. C'est qu'ils ont confondu les agamontes avec des noyaux et ont comparé alors non des noyaux entre eux, mais des noyaux à des cellules internes. Ceci est telle- ment clair lorsqu'on compare leurs dessins et lorsqu'on tient compte du rôle de ces prétendus « grands noyaux », que nous ne croyons plus néces- saire de donner d'autres preuves à l'appui de notre thèse. Je dirai seule- ment que ces erreurs d'interprétation proviennent du fait que ces auteurs n'ont pas eu une idée claire de l'évolution de ces prétendus grands noyaux, faits que nous avons exposés avec tous les détails dans nos études anté- rieures. Même l'auteur le plus récent, Erdmann (16, 1917) qui est arrivé le plus près de la vérité, n'a pas l'idée claire de leur évolution. En effet, Erdmann a bien vu les vésicules claires au sein des plasmodies, dont parle bien Thélohan, mais cet auteur croit à leur indépendance, quand il soutient que ces groupes « d'îlots » (Jnselgruppe), dans lesquels on voit ensuite seize et jusqu'à dix-huit noyaux de grandeur égale ou inégale, peuvent se séparer de la masse- mère pour se porter plus loin dans la bile ou se fixer aux parois de la vésicule biliaire, pour y continuer leur évo- lution. Il y aurait donc, chez cette Myxosporidie, individualisation marquée des territoires de leur sporulation, leur sortie de la plasmodie mère, ce que nous n'avons jamais pu constater et ce qui est impossible au point de vue de la logique pure et des faits d'observation incontes tables. Il y aurait en plus un va-et-vient des noyaux de cette région do sporulation pourtant bien circonscrite, et une élasticité dans la structure des noyaux qui apparaissent sous des aspects différents, ce qui est peu conforme à tout ce que nous connaissons de cette structure. On oublie, en général, que ces ilôts sont simplement des parties de la plasmodie et non la plasmodie elle-même et comme tels ils sont dépourvus d'organes nécessaires pour le maintien de la vie : de noyaux végétatifs, qui président aux fonctions trophiques pendant toute l'évolution du parasite. C'est pour cette raison que les îlots ne peuvent pas se séparer de la plasmodie, comme le veut Erdmann, mais restent toujours dans la plasmodie jus- qu'à la fin de la sporulation, comme nous avons constaté non seulement pour notre Myxidium, mais auparavant pour Ghloromyxum lui-même, sujet d'études d'ERDMANN. En effet, chez des plasmodies polysporées, on voit souvent des spores à des différents degrés de la sporulation dans ces îlots qui, à l'état frais, ressemblent à des vésicules claires. Celles qui sont arrivées à la maturité se libèrent lorsque ces îlots crèvent et tombent 270 JIVOIN GEORGÉVITCH dans la bile pour y rester un certain temps avant d'être évacuées dans le milieu ambiant. A leur place reste une enclave de protoplasme sporogène (fig. 135, 140, 142) sous forme de vésicules vides, qu'AwERiNZEW (7) a bien vues, mais mal interprétées en dessinant des noyaux valvaires accolés aux parois de ces enclaves. Les spores seraient parties, d'après Awerin- zew, sans les cellules valvaires qui leur déterminent une enveloppe ! H est vrai qu'AwERiNZEW croit tous ces amiboïdes en 'dégénérescence. B. La sporogonie a) Préparation a la sporogonie Après plusieurs générations des schizogonies, les schizontes peuvent entrer en sporogonie ; celle-ci se présente ici sous trois aspects différents. Ou bien elle est monosporée ou disporée, ou bien elle est polysporée. Qu'ils soient de petites dimensions, comme dans les deux premiers cas, ou de dimensions énormes, comme dans le troisième cas, les schizontes qui sporulent sont devenus des sporontes. Cette transformation des formes végétatives des schizontes en forme génératives, sporontes, a passionné un grand nombre de nos devanciers. Presque tous acceptent qu'à la base de cette transformation se trouve un groupe à trois noyaux ou à trois cellules groupées d'une telle manière qu'une cellule cunéiforme est pressée au milieu par deux autres. Il est question de savoir comment apparaissent ces groupes de trois des noyaux végétatifs, et comment les noyaux de ce groupe représentent l'origine sporifère. Différentes interprétations, pour la plupart du temps fragmentaires, ont été données par les différents auteurs. Mercier s'occupe de leur fonction morphologique sans s'exprimer des différences avec des noyaux végétatifs. Keysselitz ne trouve aucune différence entre ces noyaux de cellules propagatives groupés en trois, et des noyaux végétatifs. D'autres ont donné des explications encore moins satisfaisantes. Enfin, Erdmann croit avoir trouvé cette différence dans la structure des noyaux : petit caryo- some et un réseau fin extracary osomien, ce qui me semble assez faible pour soutenir une critique. On voit l'apparition des figures en trois, ce qui est le fait d'observation, mais leur signification et leur origine ne sont pas bien claires. Pourtant MYXIDIUM GADI 271 tous les auteurs sont d'avis que ces figures en trois représentent des gamétoblastes, ce qui est la cause des interprétations erronées. La ques- tion est difficile à résoudre, surtout chez des sujets se trouvant dans les kystes ou les tissus. Il fallait l'étudier chez des parasites vivant librement dans les cavités, pour pouvoir suivre isolément leur apparition et leur prétendues transformations en gamétoblastes. Erdmann est le premier auteur qui l'a étudié chez Chloromyxum leydigi, vivant dans la vésicule biliaire des Sélaciens. Sous l'influence de ses devanciers, cet auteur a mal interprété les figures qu'il a bien vues et dessinées. Cet auteur trouve les îlots, qui sont en réalité le commencement des spores, avec trois noyaux, qu'il compare aux figures à trois, dont nous nous sommes occupés auparavant et qui en réalité n'ont rien de commun. En effet, d'après cet auteur, ces noyaux entrent en divisions répétées et bientôt on a des îlots avec seize et jus- qu'à dix-huit noyaux, de grandeur inégale, ce qui est le signe du commen- cement de la sporulation. Nous avons montré ailleurs (23) ces erreurs d'observation et d'inter- prétation d'ERDMANN. Nous dirons maintenant qu'il n'y a pas de diffé- rences dans la grandeur des noyaux des îlots, pas plus que pour les noyaux génératifs en dehors des îlots, libres dans les plasmodies, comme nous l'avons déjà montré ; que quelquefois les noyaux peuvent se trouver groupés par trois, soit dans les îlots, soit dans la masse plasmique au dehors de ces îlots, mais que ce sont des étapes de divisions et non des états permanents. Ces figures à trois cellules sont simplement des stades de la schizo- gonie et non de la sporogonie, comme on peut s'en convaincre en compa- rant nos figures 69-80 avec les figures d'autres auteurs qui les ont placées au commencement de la sporogonie. Ce sont les mêmes dispositions, les mêmes formes que chez Mercier (41, fig. 6) ou chez Keysselitz (30, fig. 33-39) et qui ont servi de comparaison à Erdmann. Mais ces auteurs n'ont pas suivi l'évolution postérieure de ces groupes et dans leurs mé- moires n'en parlent plus. Sur nos figures on voit clairement que les trois cellules peuvent se diviser et arriver à des groupes à quatre, six, huit, etc., un grand nombre de cellules, principale source dont s'alimentent les schizontes, en se séparant du groupe. De tout ce qui précède on voit clairement que les auteurs ne sont pas arrivés à répondre aux questions qu'ils se sont proposés de résoudre, pour expliquer les transformations des schizontes en sporontes. 272 J1V0IN GEORGÊVITCE h) Les diverses formes de la sporogonie a) La sporogonie monosporée Pour qu'une forme monosporée de la sporogonie se réalise, il faut que la plasmodie toute entière passe dans la spore, sans aucune trace de reliquat plasmatique. Le cas se présente chez Myxididées et Auerbach et Awerinzew l'ont trouvé longtemps avant nous. Léger et Hesse (39) la trouvent chez Gocomyxa. Seulement, comme ces auteurs n'ont pas suivi pas à pas cette sporulation monosporée et comme elle est de la première importance pour la compréhension du phénomène de la sporulation en général, nous l'exposerons avec tous les détails que nos préparations nous le permettent. La sporulation commence quand un sporonte, qui ne diffère en rien des autres schizontes si ce n'est qu'il est deux ou trois fois plus grand, présente une division inégale. Dès qu'on aperçoit cette division inégale au sein d'un sporonte jusqu'alors uninucléé, c'est le signe de la transfor- mation du schizonte en sporonte et du commencement delà sporulation. Voilà la seule différence visible entre les schizontes et les sporontes : divisions égales pour les premières, division inégale pour les secondes. Aucune autre distinction morphologique n'existe entre ces deux caté- gories de petites plasmodies, si ce n'est la taille plus grande des spo- rontes. Mais c'est ce seul caractère différentiel qui n'a pas été bien observé ni compris par la plupart de nos devanciers. i Par cette première division inégale (fig. 90-93), le sporonte sépare deux noyaux de grandeur inégale : l'un, plus grand, génératif, l'autre plus petit, très sidérophile, sans structure apparente et qui est le noyau végétatif, comme on peut le vérifier en suivant leur évolution. Les figure.-; caryokynétiques qui s'accomplissent dans les sporontes sont semblables à celles que nous avons décrites pour les divisoins schizogoniques. Le même nombre des chromosomes (fig. 93), le même fuseau caryokynétique avec centrosomes à deux pôles, quoique l'ensemble de la figure soit moins clair pour le petit noyau végétatif. Ces deux noyaux, de grandeur inégale, entrent en division, laquelle cette fois est égale pour les deux. On obtient ainsi un stade à quatre noyaux, dont deux, plus grands, génératif s, et deux, plus petits, végétatifs ; ces derniers ne se divisent plus. Quelquefois mais c'est un cas extrêmement rare (fig. 95), on peut distinguer une struc- ture normale à ces noyaux végétatifs, lesquels dans la suite se présentent MYXIDIUM GADI 273 toujours sous la forme de grains chromatiques, très sidérophiles, sans structure apparente et ils tranchent nettement, à oôté des noyaux ger- minatifs, pâles, avec un caryosome au milieu. Ce stade à quatre, peut se présenter sous deux aspects bien différents : ou chaque paire germi- native et végétative est, comme sur la figure 94, placée côte à côte ; ou les deux paires des noyaux prennent une position polaires, oomme la figure 95. C'est ce dernier aspect qui a un intérêt principal pour l'expli- cation de la sporogonie. Presque tous les auteurs ont vu ce stade, mais ils l'interprètent différemment. Les uns, tels Keysselitz (30), Schrœder (48), Erdmann, (16), etc., croient que les deux cellules propagatives de second ordre et qui. d'après Erdmann, sortent des groupes d'îlots, après avoir subi chacune une division inégale, donnent naissance à une petite cellule qui reste accolée à la grosse cellule qu'elle coiffe. Cette grosse cellule est un gamétoblaste. Deux gamétoblastes sensiblement égaux s'accolent, les petites cellules qui les coiffent se fusionnent ; leurs noyaux restent distincts et elles forment une mince enveloppe autour des deux gamétoblastes, restés distincts l'un de l'autre. La figure ainsi obtenue est le sporocyste. Pour les autres, tels Mercier (41) le premier et après lui Awerinzew (5), Auerbach (4), il y a bien de ces images, mais ils l'interprètent d'une toute autre manière. Ce qui est le gamétoblaste des premiers, ils l'interprètent comme macrogamète, et oe qui est la petite cellule d'enveloppe, ils l'interprètent comme microgamète. Par la fusion de ces deux gamètes, on obtient d'abord des oellules à deux noyaux inégaux et ensuite par la fusion totale de ces noyaux on obtient un stade à syncarion, un sporonte, point de départ de la sporogonie. Mais parmi ces auteurs, qui croient à la copulation à la base de la sporogonie, l'unité de vues n'existe pas. Mercier et Awerinzew croient à la fusion plastogamique et caryogamique totale de deux gamètes à la base de la sporulation ; Auerbach croit à leur plastogamie sans la caryogamie consécutive, comme Schrœder l'avait déjà avancé. Alors, la caryo- gamie s'effectuerait tardivement, à la fin de la sporogonie, dans le sporo- plasme. D'ailleurs, Auerbach croit ces deux modes possibles ohez les mêmes espèoes. Pour les premiers, il reste à expliquer la présence d'anisogamie au commencement de sporogonie et de J'autogamie dans le sporoplasme. Il y aurait donc deux actes sexuels dans le même cycle, c'est ce qui nous semble impossible et c'est oe que Hartmann (26) avait déjà bien remarqué. Au reste, nous possédons une Ceratomyxa qui sporule de la même manière 274 JIVOIN GEORGÉVITCH que Ceratomyxa cTAwerinzew, mais chez laquelle nous avons trouvé des spores à sporoplasmes avec deux noyaux et des schizontes unicellu- laires de la plus belle espèce, ce qu'AwERiNZEW n'a pas observé, quand il commence son cycle évolutif avec un stade binucléé. Ensuite, nous avons (17) bien montré ces figures à quatre cellules chez Henneguya et nous les avons interprétées comme prenant nais- sance aux dépens d'une seule cellule gamétoblaste et non aux dépens de deux gamétoblastes. Seulement, au lieu d'interpréter ces éléments repré- sentés par nos figures 31-37 (17) comme des cellules différentes, comme nous l'avons fait alors, nous les interprétons maintenant comme des noyaux différents de la même plasmodie. Lo Giudice (40) croit aussi que les sporocystes prennent naissance aux dépens d'une seule gaméto- blaste et non de deux, comme le veut Keysselitz. Voici comment se présente cette question fondamentale pour la compréhension du vrai processus de la sporulation. A la base de nos observations, nous interprétons ce stade de sporocyste comme provenant d'un seul sporonte lequel, par une division inégale, sépare les deux noyaux différents; ces noyaux, par une division égale, donnent la figure de sporo- cyste à deux gamétoblastes, plus grands et deux noyaux végétatifs, plus petits. On voit que nous sommes ici arrivé au même résultat que dans nos études sur Henneguya giganlea. Nous avons trouvé les mêmes résultats chez les différentes espèces de Ceratomyxa, quoique la forme sous laquelle il se présente là est un peu différente. Passons maintenant à notre description. Une fois le stade à quatre noyaux atteint, l'évolution du sporonte se passe comme suit. D'abord, les noyaux végétatifs ne se divisent plus du tout et on les trouve tantôt l'un près de l'autre (fig. 94, 96, 102, 103), tantôt à deux pôles opposés du sporonte (fig. 98, 101) pour les voir bientôt définitivement accolés à deux noyaux valvaires, comme nous l'avons montré précédemment. Les deux noyaux germinatifs se divisent encore deux fois, en passant d'abord par un stade à quatre grands noyaux et deux petits noyaux (fig. 96, 97), puis à six grands noyaux et deux petits (fig. 98-100, 102, 103). Dès que le nombre de six grands noyaux est atteint, on voit deux de ces noyaux flanqués de deux grains chromatiques de grandeur presque égale à des caryosomes de noyaux contigus. Ces grains-là sont des noyaux de réduction et les cellules qui les ont séparées sont des gamètes. Nous n'avons pu suivre ici ni le fuseau caryokynétique qui a donné ces grains, ni le nombre des chromosomes qui leur est dévolu. Mais nous avons déjà MYXIDIUM GADI 275 montré que dans les jeunes spores (fig. 2, 12, 13, 14) on voit bien les iso- gamètes avec les deux chromosomes dans leurs noyaux et deux grains chromatiques, soit dans leur plasma séparé ou dans le sporoplasme, soit à la surface du sporoplasme. D'après tout cela il est logique d'admettre que les deux grains des noyaux des gamètes représentent les deux chro- mosomes, c'est-à-dire la moitié du nombre des chromosomes que toutes les autres cellules possèdent, soit qu'elles appartiennent au cycle schizo- gonique, soit qu'elles appartiennent au cycle sporogonique. Si frag- mentaire qu'il soit, c'est le cas unique chez les Cnidosporidies où on a à faire au vrai processus de réduction et non à des images que la plupart de nos devanciers ont donné et qui n'ont rien de commun avec la réduc- tion chromatique. Comme on le sait, pour qu'une différenciation morphologique des gamètes soit possible, il faut la réduction du nombre des chromosomes préalable à cette différenciation sexuelle. Cette constatation de la réduc- tion numérique est d'autant plus difficile chez les protozoaires qu'on a très rarement observé de vraies chromosomes. A côté du cas de Prandtl, qui trouve dans le micronucleus de Didinium nasutum la vraie réduction des chromosomes, de seize à huit, seulement quelques cas isolés sont à noter. Ordinairement, chez les protozoaires on a décrit comme réduc- tion le rejet de matières chromatiques, d'aspect plutôt nucléolaire, rejet désigné sous le nom d'épuration nucléaire. Mais sous l'épuration chroma- tique les divers auteurs ont compris des images fort différentes et n'ayant très souvent rien à faire avec la réduction chromatique. Cependant, on croit que ces épurations sont en connexion avec la réduction chez les coccidies et les grégarines, comme Léger et Duboscq (38) l'ont récemment expo- sé. Pour ce qui concerne plus spécialement les Cnidosporidies, la question de maturation et de réduction chromatique est restée très en arrière. Comme la plupart des auteurs ont travaillé sur des coupes, ils ont le plus souvent observé l'épuration chromatique, sous forme de plusieurs grains superficiels, qui fort probablement provenaient des noyaux végétatifs en désagrégation. Erdmann, qui a donné un résumé très complet de cette question, partage le même opinion. D'après Erdmann, aucun des auteurs que nous avons déjà souvent cités n'a eu sous les yeux une vraie réduc- tion. Auerbach a donné des figures de quelques grains superficiels, mais sûrement ce sont les grains provenant des noyaux de l'enveloppe de sporocyste en désagrégation. Schrœder, Mercier, Lo Giudice, Parisi, Awerinzew n'ont donné d'autres figures que des grains chroma- 276 JIVOIN GEORGÊVITCH tiques d'origine fort différente. Keysselitz dit lui-même ne pas avoir d'idée claire puisqu'il n'a pas pu constater la réduction numérique, mais il considère tout de même comme la première division de réduction les deux noyaux de l'enveloppe du sporocyste et comme la seconde divi- sion réductrice les quatre grains qui apparaissent au stade du sporoblaste à douze cellules. En discu- tant ces faits, Erdmann arrive à la conclusion que : « weder die Bildung der Hûllzellen oder der Hiïllzellenkerne, noch das Austossen von Chroma- tinkugeln in der Spore- nanlage wâhrend der Auf- teilung der Gametocyten ist Réduction ». La même difficulté, en ce qui concerne la réduc- tion chez les Microspori- dies et chez les Actinos- poridies. Chez ces der- niers, qui ont été si bien étudiés par Caullery et Mesnil (9), malgré la con- naissance de leur conju- gaison anisogamique, ces auteurs n'ont pu suivre la réduction chromatique. Bref, comme on le voit, la question de maturation et de réduction chromatique n'a pas été suivie jusqu'à présent chez les Cnidos- poridies en général et chez les Myxosporidies en particulier. Il serait d'au- tant plus intéressant de suivre ce phénomène de réduction sur un schéma qui représentera la marche des divisions des noyaux dans la monosporée. Ainsi nous voyons à la base de la sporulation un sporonte à quatre chromosomes dans son noyau. Par la première division qui est inégale se Fig. A. .Schéma des ili .isions cellulaires et nucléaires dans a Monos- porée. En haut, divisions cellulaires pendant l'acte de la schi- zogonie ; les noyaux de tous les schizontes à quatre chromo- somes. Au milieu, un sporonte. En bas et à gauche, divisions nucléaires pendant l'acte de la sporulation ; à droite, les Images réelles, correspondant à ces divisions, Noyaux des gamètes et noyaux de réduction après la troisième division. MYXIDIUM GADI 277 sépare un gros gamétoblaste et un petit noyau végétatif, chacun à quatre chromosomes. La division suivante égale donne deux noyaux végétatifs et deux gamétoblastes à quatre chromosomes. Les divisions suivantes intéressent seulement les grands noyaux, tandis que les deux noyaux végétatifs ne se divisent plus. Les quatre autres passent par des divisions non simultanées de sorte qu'on a finalement un stade à six noyaux grands et, en plus, on voit encore deux grains chromatiques que nous interprétons comme deux globules de réduction chromatique. En effet, le schéma montre que deux de six noyaux, par une division inégale, ont subi la réduction de quatre à deux chromosomes et sont devenus des gamètes. Ce qui explique la présence de deux chromosomes dans les noyaux des gamètes de jeunes spores (fig. 13 et 14). Par la fusion des gamètes à nombre réduit des chromosomes, on établit l'équilibre chroma- tique à quatre chromosomes. C'est le cas de paedogamie typique avec isogamètes. Il est clair que nous avons ici affaire à la réduction par rapport à ce qu'on comprend généralement sous le terme de sexualité chez les méta- zoaires et chez les protozoaires. On sait que l'essence de la sexualité consiste en des divisions réductrices, liées à des groupes quaternes de^ noyaux suivis d'une diminution de moitié de la chromatine chez toutes les formes chez lesquelles on a pu compter les chromosomes (Hartmann, loc. cit.). Or, nous voyons ici et le groupe quaterne des noyaux pour chaque gamète et les divisions réductrices classiques, réalisées par deux divisions inégales : la première, les noyaux végétatifs ; la seconde, les grains chro- matiques. Sur le côté droit de ce schéma, nous avons représenté les images réelles correspondant à ces divers stades de la division des noyaux dans la monosporée. Une fois les divisions nucléaires terminées, on voit la différenciation des cellules sporales en deux cellules valvaires, qui emportent les noyaux végétatifs, deux cellules capsulogènes et deux gamètes, qui sont ici des isogamètes. La plastogamie des gamètes commencée dans le sporoblaste s'achève dans les spores jeunes et on a alors un sporoplasme à deux noyaux de gamètes ; la caryogamie s'accomplit longtemps après dans les spores mûres, ou mieux encore dans les sporoplasmes libérés et fort probablement le changement de l'hôte est nécessaire à sa réalisation. Tout de même Keysselitz, Schrôder, Auerbach dessinent des spores avec un seul noyau dans leur sporoplasme. 278 JIVOIN GEORGE VITCH On peut dire que dans cette sporogonie il y a deux divisions inégales : la première, au commencement ; la seconde, à la fin de la sporogonie. C'est en nous basant sur ces faits d'observation, et non de supposition comme le fait Keysselitz, que nous considérons la première division inégale, comme la première division de la réduction. On voit encore que dans le cas de monosporée, il se forme huit noyaux : six noyaux sporaux et deux végétatifs (plasmodiaux). De plus, nous constatons la présence de deux noyaux de réduction sous forme de grains chromatiques. Nous laisserons tout à fait de côté la formation de parties composantes de la spore : cellules val- vaires, cellules capsu- logènes, isogamètes, ces formations ne pré- sentent rien autre dé particulier que ce qui est déjà bien connu chez d'autres Myxo- sporidies. $. La sporogonie dis- porée A côté du type monosporé très fré- quent , nous avons trouvé quelques ima- ges, assez rares d'ail- leurs, représentant la disporée (fig. 20, 21). Le principe est le même que pour les autres formes bien connues. Il y a division des noyaux jusqu'au nombre de quatorze, dont deux plus petits, noyaux végétatifs, et les autres plus grands, noyaux génératifs. De plus, il y a apparition de quatre grains chromatiques de réduction, deux pour chaque sporoblaste. Nous avons pu déceler (fig, 21) seulement deux Fig. B. Schéma des divisions cellulaires et nucléaires dans la disporée. Les mêmes dispositions comme dans la Monosporée. MYXIDIUM GADl 279 noyaux de réduction, dans un seul sporoblaste, ce qui suffit pour com- prendre bien le phénomène, qui est ici tout à fait identique, avec ce que nous avons exposé pour la monosporée. Ces données nouvelles sur la marche des divisions des noyaux dans la monosporée et dans la disporée chez notre Myxidium nous sont utiles pour élucider définitivement quelques questions restées en suspens dans la disporée d'autres formes, étudiées avant Myxidium, telles : Myxobolus et Henneguya. D'abord chez Myxobolus la formation de sporocyste à quatre noyaux n'est pas, d'après nous, le résultat de la fusion de deux gamétoblastes, comme le croient Keysselitz, Schrôder, Parisi, Auer- bach, Erdmann, mais le résultat de l'évolution d'un seul sporonte qui subit une première division inégale et puis une seconde égale, comme nous avons déjà expliqué. Les petits noyaux d'enveloppe des figures 43- 50 de Keysselitz (30) sont équivalents à des noyaux végétatifs chez le Myxidium. Le sporocyste n'est pas composé de cellules différentes, mais c'est une formation unique avec des noyaux différents. Ainsi doivent être comprises les figures 31-40 de notre travail sur Henneguya (17). Une fois ces différences expliquées, tout le reste cadre bien avec ce que nous venons d'exposer pour Myxidium. Partout les deux noyaux résiduels correspondent aux noyaux végétatifs et partout la vraie réduction doit être recherchée au stade qui présente le nombre des noyaux définitifs. v. La sporogonie polysporée C'est la dernière forme de la sporulation et la plus importante, puis- qu'elle engendre le plus grand nombre des spores. C'est Thélôhan (50) qui avait le premier remarqué ce type de sporulation chez Chloromyxum ; il déclare que « les spores apparaissent d'abord comme des vésicules claires, dépourvues de globules jeunes ; elles représentent les sphères primitives : chacune d'elle ne donne qu'une spore ». Cette constatation de Thélôhan, si précise et si vraie qu'elle ne donne lieu à aucune équi- voque, a été méconnue par un certain nombre d'auteurs qui se sont occupés des Myxosporidies après Thélôhan. Les plasmodies qui sont le siège de ce phénomène de sporulation peuvent s'accroître d'une manière démesurée, comme le montrent nos figures 105-140. Il y a d'abord un stade de multiplication nucléaire et de telles plasmodies en grandissant présentent dans leur endoplasma un plus ou moins grand nombre de noyaux, tous de la même grandeur (fig. 105-122). Ces noyaux montrent 280 JIVOIN GEORGÉVITCH nettement le caryosome central et la chromatine extracary osomienne. La plasmodie elle-même se meut librement en poussant des pseudopodes obtus et laisse nettement voir les deux couches : ecto- et endoplasma- tique qui la composent. Un réseau fin est à remarquer dans l'ectoplasme, quelquefois dans l'endoplasme même. Nous avons vu que ce réseau a été pris par Cohn pour une couche mésoplasmatique. Dans l'endoplasme aucune trace d'enclaves, de matières de réserve ou des cristaux comme on en trouve souvent chez d'autres Myxosporidies. Mais les granulations fines et la densité plus grande de l'endoplasma la font nettement dis- tinguer de l'ectoplasme en couche plus ou moins mince et très hyaline. Lorsqu'un certain nombre de noyaux est atteint, commence le processus de la sporulation : quelques-uns de ces noyaux s'entourent alors d'une zone plasmatique (fig. 123-127) pour former ce que nous avons déjà appelé les bourgeons internes ou agamontes. Ces bourgeons internes tranchent nettement sur les autres noyaux restés à l'état végétatif et représentent pour nous Je commencement de la sporulation ; il y a autant de spores que de bourgeons internes. Ils ne quittent jamais la plasmodie mère, ni ne se divisent, comme le veut bien Erdmann (16), mais en gran- dissant sur place multiplient leurs noyaux et apparaissent sur le vivant comme les vésicules claires dont parle Thélohan. La zone plasmatique qui se condense autour d'eux est d'abord mince, ce qui a fait qu'un grand nombre de chercheurs l'ont méconnue et ont cru à la différence de gran- deur des noyaux, ce qui ne correspond pas à la réalité, comme nous l'avons démontré précédemment. Une fois ces bourgeons formés, on voit nette- ment et la multiplication de leurs noyaux et l'agrandissement de leur taille (fig. 123, 126, 128, 142). On passe par deux, trois, quatre, jusqu'à six noyaux nécessaires à la formation de la spore. On voit (fig. 128) à ce stade les deux grains chromatiques de réduction, tout à fait comme dans les deux cas précédents de la sporulation. Très souvent la masse plas- matique des bourgeons se condense autour de ses noyaux en divisions et se contracte au milieu de la vésicule, de sorte qu'on voit alors dans chaque bourgeon une zone centrale avec protoplasme et les noyaux séparée par une zone claire des parois de la vésicule (fig. 129, 132, 137). De sorte qu'il reste une enclave vide quand la spore mûre sort de sa vési- cule de naissance (fig. 130, 132, 137, 138, 140, 142). Il est clair que cette sortie de plusieurs spores occasionne la mort du reste de la plasmodie avec les noyaux qui n'ont pas réussi à se transformer en bourgeons internes. Cette sortie peut s'accomplir dans des plasmodies MïX/DWM GADi 281 à un petit nombre de noyaux, ce qui avait été vu par Awerinzew (7), mais cet auteur l'a interprété comme produit de dégénérescence. Il n'y a pas de règle entre le nombre des noyaux, la grandeur de la plasmodie et la formation des spores. Tous les cas peuvent se présenter et une plas- modie peut avoir un grand nombre de noyaux sans entrer en sporulation comme on voit une ou plusieurs spores dans les plasmodies à un petit nombre de noyaux. La position des noyaux peut être quelquefois très dense; tous sont tassés et pressés les uns contre les autres (fig. 112, 123, 127), ou ils peuvent être distants les uns des autres (fig. 126, 128, 137, 138). Comme cha- que bourgeon ne donne qu'une seule spore, il représente un vrai sporoblaste. Finalement le plus grand nombre de noyaux se trans- forme en sporoblas- tes, donnant chacun une seule spore. Il n'y a pas de noyaux végétatifs se distinguant mor- phologiquement de noyaux génératifs, comme c'est le cas pour Ceratomyxa, Leptotheca, etc. Tous les noyaux sont appelés à jouer ce rôle de noyaux végétatifs tant qu'ils ne se transforment pas en aga- montes. Il reste donc toujours un certain nombre de noyaux à l'état végétatif pour présider aux besoins trophiques de la plasmodie. Fort probablement ces noyaux, leur rôle terminé, périssent avec le reste de la plasmodie non employé à la formation des spores. Comme chez Cerato?nyxa, Chloromyxum, nous n'avons jamais trouvé les noyaux résiduels ordinairement accolés aux parois valvaires dans la di- ou monosporée. Nous considérons comme fait général que, dans le cas de la polysporée, les noyaux végétatifs de la plasmodie jouent le rôle des noyaux résiduels de la mono- et disporée, de sorte qu'il n'est pas néces- saire quil y en ait pour chaque spore séparément. Donc à la base de la FIG. C. Schéma des divisions cellulaires et nucléaires dans la Polysporéu, Eu haut la schizogonie, en bas, les sporogonies. 282 JIVOIN GEORGÉVITCH sporulation dans la polysporée il n'y a pas de divisions inégales, comme c'est le cas dans la mono- et disporée. La figure 141 montre une belle plasmodie pleine des spores déjà for- mées et d'un certain nombre de noyaux végétatifs, qui périront tous après la sortie des spores. Cette figure ressemble étonnamment à la figure 18 que nous avons donné pour Clûoromyxum (23), avec, comme seule diffé- rence, la structure des spores. Nous ne nous occuperons plus de la différenciation des parties cons- tituantes des spores. Tout se passe comme dans la mono- ou disporée, et comme cela est déjà bien connu pour les autres Myxosporidies. 4. LA PRÉTENDUE VIE INTRACELLULAIRE Nous avons passé sous silence une vie fixée de nos parasites. En fai- sant des coupes des vésicules biliaires on voit (fig. 143, 145) la paroi interne de la vésicule biliaire tapissée par un nombre énorme des parasites à différentes grandeurs et à des différents degrés d'évolution. Très sou- vent les parasites forment une seule couche et on se rend compte (fig. 143. 145) facilement de la manière dont ils se sont fixés. Tous laissent un grand ou plusieurs minces pseudopodes s'insinuer entre les cellules épithéliales des parois de la vésicule et cette insinuation peut être assez profonde pour intéresser deux ou plusieurs strates des cellules épithéliales, comme on peut s'en convaincre en regardant notre figure 144 qui est trouvée dans un frottis de raclage de la vésicule. Quand les parasites forment plusieurs couches, ils se fixent alors les uns sur les autres (fig. 143, 145) et on peut encore distinguer leurs pseudopodes de fixation, où les masses plasmo- dides des parasites sont accolées les unes sur les autres si intimement qu'au- cune trace des pseudopodes de fixation n'est plus visible. C'est la raison pour laquelle il faut toujours gratter les parois internes de la vésicule pour avoir des parasites alors même qu'on n'en trouve pas dans la bile écoulée. Ce ne sont pas seulement les stades jeunes qui se fixent. Très souvent on voit des plasmodies en sporulation (fig. 143) fixées directement aux parois ou à d'autres de ses congénères. Leur grandeur est toujours suffi- sante, fût-ce même de très jeunes stades, pour dépasser la grandeur de cellules épithéliales. Nous n'avons jamais trouvé des parasites dans l'in- térieur des cellules épithéliales, quoique nous ayons examiné un grand nombre de coupes des différentes vésicules. Le même résultat pour les vésicules dissociées par des moyens connus. MYXIDIUM GADI 283 Ces faits d'observation parlent contre la vie intracellulaire comme, depuis Pfeiffer et Doflein, l'ont reconnu Auerbach et Erdmann. Nous avons déjà donné (19) des preuves convaincantes d'après nous, pour réfuter complètement l'opinion soutenue principalement par Doflein que dans le cycle évolutif des Myxosporides il y a un stade intracellulaire. D'autres auteurs, tant français qu'allemands, se sont prononcés déjà avant nous contre cette vue de Doflein. Ce fait énoncé par Doflein étant considéré comme général et comme tel figurant dans tous les cycles myxosporidiens, même dans celui d' Auerbach de Myxidium bergense, nous avons cru nécessaire de donner encore quelques figures qui démon- trent, d'après nous, d'une manière évidente la non-possibilité de la vie intracellulaire. Ce qu'AuERBACH croit être stade intracellulaire, sans structure apparente, n'est autre chose, d'après nous, que le pseudopode de fixation du parasite, resté intimement accolé à la cellule lôrs de leur dissociation. C'est la raison pour laquelle Auerbach n'a pu trouver aucune structure chez son parasite ; il a vu tout simplement un morceau de pédoncule de fixation composé uniquement d'ectoplasme. La prétendue dégradation chromatique de ce stade et des stades voisins à leur sortie des cellules épithéliales, qu'AuERBACH exprime par le terme de dissémination diffuse de la chromatine, est due simplement à une techique défectueuse, car nous avons vu les plus beaux noyaux partout où Auerbach croit à la dissémination diffuse de chromatine. Même les stades qu 'Auerbach avait compris auparavant comme la plastogamie de deux pareilles unités, montrent dans nos préparations les plus beaux noyaux et nous les interprétons comme le commencement de la schizo- gonie et non comme la plastogamie ou stades faisant partie de la sporu- lation. Nous ne nous occuperons plus de rectifier d'autres erreurs d'obser- vations d'AuERBACH de moindre importance que celles que nous avons exposées. Tels par exemple l'apparition des stades à deux noyaux de gran- deur inégale, par l'accolement de deux cellules uninucléées dont une se divise et laisse passer dans l'autre la moitié de son protoplasme et de sa chromatine. Nous l'interprétons comme stade de schizogonie, comme divisions donnant trois cellules. Même Fin visibilité de chroraatine n'est pas absolue comme le croit Auerbach, car dans tous ces cas la chromatine est sous forme de spirème. Or, ce spirème se différencie avec une très grande rapidité sous l'action de l'alun de fer et peut ainsi aisément passer inaperçu. AKCH. DE ZOOL. EXP ET GÉN. — T. 58. — F. 6. 20 284 JIVOIN GEORGÉVITCH Le seul dessin qu'Erdmann (10) donne pour prouver cette vie intra- cellulaire chez Chloromyxum est tellement médiocre qu'il ne mérite aucune attention sérieuse, pas plus que les figures d'AiiERBACH. Nous croyons sur la foi de nos préparations nombreuses pouvoir affirmer, au sujet des Myxosporidies vivant dans les cavités, qu'il n'est point besoin d'un stade intracellulaire et que là où on a cru le trouver, il s'agit simplement de l'accolement aux parois épithéliales, soit des para- sites entiers, soit de leur pseudopodes de fixation. 5. — CONCLUSION. LE CYCLE ÉVOLUTIF DE MYXIDIUM GADK Il y a un mode unique d'évolution sous quelle forme qu'elle se pré- sente : mono-, di-, polysporée. Il se forme toujours un syncarion à la fin de la sporulation et c'est cette forme unicellulaire, zygote ou pansporo- blaste issue de l'union totale des deux gamètes (isogamètes) qui est à li base de chaque nouvelle évolution. Il n'y a pas plusieurs modes d'évo- lution, comme le croit Auerbach, avec formation de syncarion à la fin ou au commencement de la sporulation. Ce zygote n'entre pas directement en sporulation, mais passe toujours par plusieurs générations des schizontes avant de devenir sporonte. Toutes ces formes unicellulaires morphologiquement sont semblables entre elles et la seule différence visible est leur grandeur relative. Il y a toujours alternance des générations entre les formes schizogoniques, assexuelles et de la sporogonie sexuelle. La schizogonie se passe toujours avec des divisions cellulaires égales, ce n'est que dans la sporogonie qu'on trouve deux divisions inégales des noyaux à côté des divisions égales. Par conséquent, il n'y a pas de bour- geonnement comme Cohn croit l'avoir prouvé. Les premiers schizontes proviennent d'un pansporoblaste (zygote) issu de l'union totale des deux isogamètes, union tant plasmogamique que caryogamique (1,2,) et se présentent sous une forme arrondie ousphérique, avec nn noyau vésiculeux à membrane distincte et au milieu duquel se trouve un gros caryosome (3). Ce zygote entre en schizogonie, lorsque son caryosome laisse sortir un grain sidérophile de plus petites dimensions que le reste du caryosome (4). En sortant du noyau ce grain, qui est le centriole, se divise et ses deux moitiés (5) s'écartent vers les deux pôles 1, D'après ma note (17). MYXIDIU31 GADI 285 du zygote liées entre elles par une centrodesmose (6). Le reste du caryo- some se partage en quatre chromosomes (6, 7) qui vont occuper la plaque @®®®®im FlG. D. Mi/'iilium -.-•■ 61 62 63 6* 65 66 67~ 68 69 /O 7/ 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 ^ S5 ~ 1+ •• ..- <*• ■,'••• ,'■ ;:»'» " ^ ^ *7 ** 'tn~. 10 *«% ■: ■ :■ ï.1 ù * Jt*:'' 99 loo toi 102 103 MYXID1UM GADI Arch. de Zool. Bxp •44à 108 109 HO lll 'O o G ©^ © © w 0 Un.;© G-3 0 .iv- • s >g©0 G 0 'X * 0 CV \= ©* c— . -i o£^ a 9. 0 ' ôo f^ ©Oo *o J. Gc„,Be, r,7 0 F© 9 - 152 ,0( \ ;•;* '* s /* If ë* /.',? MYXIDIU •5* Arch. de Zool. Exple et Génle. T. 58, PI. XII 141 62 &\ ■ ê e1 <© if* ® (?<3 r % . <* /42 • 9 «9 «fe Q 0 @® O .0? <£> ® *• 6c MSf-O /« °0° # .c Q : O tf /44 D 0 £> g Ç? o ff'.o o 0 O o S» •*••■ »•;«»© •V. O/o J. Georgevitch fec. [mp. Catal MYXIDIUM GADI ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPERIMENTALE ET GÉNÉRALE Tome 5?, p. 291 à 314, pi. XIII et XIV. 15 Juillet 1919 COMMENT AGIT LA SOLUTION 1TPUT0NQD1 DANS LA PARTHÉNOGENÈSE EXPÉRIMENTALE (MÉTHODE DE LOEB) l II. Le mécanisme de la segmentation MAURICE HERLANT Agrégé à l' Université de Bruxelles. SOMMA/RE : Introduction 291 I. Evolution abortive de l'œuf simplement activé 293 II . MÉCANISME DE LA SEGMENTATION APRÈS LE TRAITEMENT PAU LA SOLUTION HYPERTONIQUE £9 ) III. L'INDÉPENDANCE DES ORGANES CELLULAIRES LORS DE LÀ MITOSE ET LES CAUSES DE LA DIVISION CELLU- LAIRE 306 Bibliographie SU Explication des planches 31 i INTRODUCTION J'ai montré dans une précédente étude (18) que l'action essentielle exercée par la solution hypertonique sur l'œuf activé, dans la parthéno- genèse expérimentale selon la méthode de Loeb, consiste en la forma- tion d'asters accessoires. J'ai essayé de dégager les facteurs externes et internes dont dépend la réalisation de cette condition nécessaire à la segmentation et, par suite, au développement de l'œuf. Il convient, maintenant, de préciser le mécanisme cytologique qui assure l'efficacité de la première mitose. Les principaux faits étudiés dans les pages qui suivent ont été signalés brièvement dans une note préliminaire publiée 1. Recherches faites à l'aide d'une subvention de l'Université de Paris (fondation Commerey). ARCH. DE ZOOL. Exp. ET GÉN. — T. 58. — F. 7. 21 292 MAURICE HERLANT avant la guerre (14) et dans une revue critique des principales théories de la parthénogenèse expérimentale chez les Amphibiens et les Echino- dermes (17). Les circonstances m'avaient jusqu'ici empêché de leur donner le développement que commande l'intérêt cytologique du type très particulier de division cellulaire qui se présente chez l'œuf parthé- nogénétique d'oursin. J'ai, comme on le verra, attaché beaucoup d'importance, dans ces recherches, à l'étude des œufs vivants. La merveilleuse transparence des œufs de Paracentrotus lividus permet, en effet, d'y suivre avec la plus grande netteté les phénomènes de la division cellulaire et spécialement ceux qui ont trait à l'évolution des asters. Je me suis également efforcé d'établir la chronologie exacte de toutes ces transformations de la struc- ture de l'œuf. Les observations recueillies ainsi sont la condition absolu- ment nécessaire d'une sériation correcte des stades que les préparations fixées et colorées permettent ensuite d'étudier d'une façon plus détaillée. Il n'est pas douteux que si mon explication du mécanisme cytolo- gique de la segmentation de l'œuf parthénogénétique diffère complètement de celle qui a été donnée par Loeb, par Hindle (10), par Retzius (10), etc., c'est principalement parce que ces auteurs n'ont pas accordé suffi- samment d'importance à l'étude méthodique des œufs vivants et, en l'absence des faits qu'ils s'attendaient à constater, ont interprété leurs préparations selon les idées courantes relativement à l'origine d'une mitose bipolaire. Cette observation se fait de la façon la plus aisée en plaçant un ou quelques œufs dans une goutte d'eau de mer suspendue à une lamelle retournée sur une cellule de carton humide ; celle-ci porte une échancrure assurant le renouvellement de l'air. Si la gouttelette est petite et la lamelle bien mince on peut ainsi poursuivre l'étude d'un même œuf pen- dant plusieurs heures et à un grossissement considérable. Pour la fixation j'ai employé le liquide picro-acétique de Boveri (sol. saturée d'acide picrique 100 p., acide acétique 3 p., eau distillée 200 p.) et le liquide de Bouin ; c'est ce dernier qui m'a donné les meilleurs résultats. L'inclusion d'objets aussi petits que les œufs d'oursin offre toujours quelque difficulté. Le meilleur procédé est celui recommandé par Boveri et qui consiste à enrouler les œufs par petits paquets dans des fragments PARTHÉNOGENÈSE EXPÉRIMENTALE 293 d'épidémie de la grande Salamandre {Cryptobranclius). J'ai vainement cherché une substance susceptible de remplacer ce matériel difficile à se procurer. L'inclusion mixte, à la celloïdine-paraffine produit un entas- sement des œufs qui rend l'étude des coupes en série presque impossible faute de points de repère. Les coupes ont été colorées à l'hématoxyline au fer. I. Évolution abortive de l'œuf simplement activé. Il va de soi que pour se rendre compte de l'action exercée sur l'œuf par la solution hypertonique, il faut d'abord bien connaître les diffé- rentes phases de révolution d'un œuf qui a été simplement activé par l'acide butyrique. Ces faits ont été, dans l'ensemble, décrits par Hindle (10) et, à un point de vue plus spécial, par Konopacki (12), de sorte que je pourrai être bref et me borner à rappeller ici ce qui est nécessaire à la compréhension du mécanisme de la' segmentation. 1. Structure de l'œuf mur. — L'œuf mûr et vierge de Paracen- trotus Uvidus, examiné à l'état frais, est formé de protoplasme finement granuleux, fréquemment strié radiairement dans sa partie périphérique et bordé par une étroite zone claire, brillante, exempte de granulations, limitée extérieurement par mie fine pellicule. Le noyau occupe généra- lement une position un peu excentrique et forme une tache claire, à contours bien définis. L'œuf fixé et coloré (fig. 1) ne révèle d'autres détails que la présence de grains de chromatine, distribués au hasard dans toute l'étendue du protoplasme et qui, selon les œufs, sont plus ou moins gros ou plus ou moins nombreux. Le noyau, ainsi que l'a constaté également Danchakoff (16), est complètement ou presque complètement achroma- tique ; on n'y distingue aucun détail morphologique ; la membrane nucléaire est bien nette et assez épaisse. 2. Premières modifications consécutives a l'activation. — La seule modification apparente que l'œuf subisse pendant la courte durée du traitement par l'acide butyrique est la dissolution du chorion. Aussitôt après que les œufs sont remis dans l'eau de mer, la membrane dite « de fécondation » se soulève ; on a énormément discuté sur la for- mation et sur l'importance de cette membrane, dont la préexistence autour de l'œuf vierge n'est pas douteuse. Il semble qu'aujourd'hui on soit d'accord pour ne lui attribuer qu'une signification très secondaire ; elle n'en a, en tous cas, aucune pour le sujet qui nous occupe dans cette 294 MAURICE HERLANT étude. Cette membrane est doublée, un peu plus tard, par la membrane intermédiaire. Une fois la membrane soulevée, le protoplasme de l'œuf activé ne présente plus aucune modification appréciable jusqu'au début des phéno- mènes mitosiques, c'est-à-dire pendant les 100 à 110 minutes qui suivent l'activation. Je n'ai jamais observé la moindre irradiation autour du pronucleus femelle pendant toute cette période. Je ne puis non plus con- firmer les observations de Danchakoff (16), qui décrit, aussitôt après la fécondation et chez l'œuf traité par la méthode de Delage (tannin- ammoniaque), une sorte de fonte des grains de chromatine dispersés dans le protoplasme et dont la substance émigrerait vers le noyau en formant autour de celui-ci une sorte d'auréole (radial arrangement). Dans mes préparations, ces grains chromatiques (fig. 1) gardent généralement toute leur netteté et, selon toute apparence, leur volume jusqu'aux stades précédant immédiatement l'apparition de l'aster et la libération des chromosomes ; ils disparaissent alors assez brusquement, mais plus ou moins tôt selon les œufs et sans qu'il m'ait été possible de suivre leur destinée. Le rôle de ces grains dans l'enrichissement du noyau en chro- matine ne me paraît pas démontré ; leur variabilité est d'ailleurs si grande d'un œuf à l'autre, non seulement au point de vue de leur nombre et de leurs dimensions, mais encore pour ce qui est du stade de leur disparition, que j'ai peine à croire qu'ils puissent jouer un rôle important dans le développement. Beaucoup plus frappantes sont les modifications du noyau de l'œuf activé. Ainsi que je l'ai montré ailleurs (17), son volume, mesuré de 5 en 5 minutes sur l'œuf vivant, augmente aussitôt après l'activation et atteint un premier maximum en 25 minutes environ ; il diminue ensuite légèrement pendant les 25 à 30 minutes suivantes, puis subit une nouvelle et rapide augmentation, qui dure jusqu'au moment où la membrane nucléaire est résorbée. Le noyau mesure alors de 17 à 18 ;x en moyenne, au lieu de 12 à 13 chez l'œuf vierge. Sur les préparations on constate que le noyau s'enrichit en chromatine aussitôt après l'activation. Au bout de 10 minutes son aspect s'est déjà complètement modifié et il contient un reticulum chromatique bien développé. Lorsqu'on approche du début de la mitose, celui-ci s'épaissit et se coupe bientôt en 18 chromosomes. Vers la fin de la deuxième phase d'accroissement le pronucleus femelle se rapproche du centre de l'œuf. On le voit alors s'estomper et disparaître progressivement. PARTHÉNOGENÈSE EXPÉRIMENTALE 295 3. Formation et évolution des mitoses monocentriques. — La disparition du pronucleus femelle se produit, en moyenne, 1 h. 45' à 1 h. 50' après l'activation (à la t° de 15° C). A l'endroit où se trouvait le noyau, on observe une légère condensation protoplasmique, au sein de laquelle apparaît aussitôt une irradiation qui s'étend rapidement (fig. 2). Pendant les 10 minutes qui suivent, l'ensemble de cette figure présente une série de modifications intéressantes. On voit d'abord (fig. 4) la zone condensée qui occupe la place du noyau disparu et où l'irradiation paraît avoir son centre, se creuser d'une tache claire, granuleuse, brillante. Autour d'elle la zone condensée s'élargit un peu et est bordée extérieure- ment d'une zone plus claire et enfin de la couche périphérique de l'œuf, qui paraît légèrement condensée. Peu après (fig. 5), la tache claire, à granulations très brillantes, qui occupe le centre de la figure, est entourée d'une zone claire, homogène et dépourvue d'irradiation ; celles-ci semblent s'attacher à sa périphérie, sont très fortement marquées dans la zone condensée qui l'entoure et vont se perdre plus ou moins loin dans le protoplasme. Pendant 30, 35 ou même 40 minutes, l'œuf garde le même aspect, l'irradiation atteignant bientôt son plus grand développement. Puis, en moyenne 2 h. 35' à 2 h. 40' après l'activation, on observe l'une ou l'autre des modifications suivantes : 1° Ou bien là zone claire qui entoure la tache brillante centrale s'é- largit, devient mate et semble refouler les irradiations vers la périphérie de l'œuf. La zone condensée qui l'entourait disparaît (fig. 6). Peu à peu les irradiations s'estompent et le noyau se reconstitue au centre de l'œuf qui redevient homogène. 2° Ou bien la zone claire, au lieu de s'élargir circulairement, s'étire en longueur, prend la forme d'un fuseau à bouts obtus (fig. 7) ; les irra- diations, en voie de disparition, semblent s'attacher tout autour de cette tache allongée et l'entourent d'une sorte d'auréole. Très souvent cette tache fusiforme est plus ou moins courbée en croissant et tend à occuper une position excentrique, sa convexité tournée vers la périphérie l. Le noyau réapparaît bientôt vers le centre de cette structure, qui disparaît ensuite complètement. Ces deux aspects en apparence très différents, qui marquent la fin du cycle monastérien et la reconstitution du noyau, ne représentent en 1. Cette disposition a été également ob-ervée par Painter (18) dans des œufs fécondés où le monaster est obtenu par secouage. 296 MAURICE HEBLANT réalité qu'une seule et même chose. J'ai pu me convaincre qu'en dépla- çant légèrement les œufs, en les faisant rouler, on passe de l'un à l'autre et qu'il s'agit d'une figure lenticulaire qu'on observe tantôt de face et tantôt par sa tranche. Cette structure n'a absolument rien de commun avec un fuseau mitosique, même rudimentaire. Une confusion ne peut être faite que si on étudie les œufs à un grossissement insuffisant. Cette formation n'est probablement que l'exagération d'un stade normal de l'évolution de tout aster et semble correspondre au stade « auréole » de Fol (91), dont Flemming (82) a également donné une description. En même temps qu'apparaît cette figure lenticulaire il se produit un fait très intéressant, sur lequel Boveri (03) a attiré l'attention et dont Palnter (18) a repris l'étude chez l'œuf fécondé. L'œuf, qui jusque là était resté parfaitement sphérique, se déforme, se plisse, forme des sillons superficiels qui, parfois, isolent une petite portion de protoplasme. Ces mouvements, surtout intenses dans la couche périphérique de l'œuf, se manifestent à un stade de l'évolution de la mitose monocentrique qui correspond exactement à la fin de la mitose dans la segmentation normale et à l'étranglement protoplasmique qui termine la division cellulaire. Ils représentent évidemment la réaction du protoplasme à la mitose et doivent être considérés comme des tentatives de division, tentatives mal dirigées du fait même de la présence d'un seul centre dynamique et fatalement abortives. Au bout de 10 à 20 minutes, l'œuf reprend sa sphéricité et trois heures après l'activation son aspect rappelle entièrement la structure qu'il avait peu de temps avant l'apparition du monaster. Il possède un noyau au repos, sensiblement plus volumineux que celui de l'œuf non activé ; le protoplasme a repris son homogénéité. Cette période de « repos » dure en moyenne 30 minutes. Puis les mêmes phénomènes se reproduisent : disparition du noyau, apparition d'une puissante irradiation qui s'es- tompe ensuite peu à peu tandis que le noyau se reconstitue et que le pro- toplasme se creuse de sillons superficiels et temporaires. Ce second cycle mitosique monastérien ne diffère en rien du premier, mais sa durée est sensiblement plus courte : 30 minutes au lieu de 50 ou 55. La phase de repos qui lui succède est également plus courte : 20 minutes au heu de 30. L'œuf, à ce moment, ressemble de nouveau à l'œuf activé tel qu'il se présente avant le premier cycle monastérien, mais son noyau a encore augmenté de volume. Un troisième cycle et, le plus souvent, un quatrième se reproduisent exactement de la même façon, séparés par des phases de repos où le noyau réapparaît, généralement de plus en plus volumi- PARTHÉNOGENÈSE EXPÉRIMENTALE 297 neux et parfois fragmenté. Un grand nombre d'œufs commencent dès lors à manifester des signes de dégénérescence. Le cinquième cycle manque assez souvent, ou n'est représenté que par des irradiations rudimentaires. Le sixième cycle se borne ordinairement à de vagues irradiations. Le noyau n'en continue pas moins à s'accroître et atteint parfois un volume énorme, rappelant celui de la vésicule germinative de l'œuf ovarien. Nous verrons, par l'étude du matériel fixé, qu'il continue à manifester pendant longtemps une activité cyclique, mais celle-ci ne sortira plus de l'enceinte nucléaire et le protoplasme n'y prendra plus part, au moins en ce qui concerne les phénomènes morphologiques. Les œufs traités simplement par l'acide butyrique présentent tous, au bout d'un certain temps, les signes d'une désagrégation progressive, amenant leur destruction complète et supprimant toute possibilité de développement. On sait l'importance que Loeb a donnée à cette cyto- lyse dans sa théorie de la parthénogenèse. L'allure générale et le mécanisme de cette cytolyse ont été analysés par Konopacki (12) et je renvoie le lecteur à son travail pour tous les détails de ce processus. L'étude des préparations ne complète guère les résultats de l'obser- vation des œufs vivants que pour ce qui a trait aux chromosomes et à l'origine de l'aster. Cette dernière est entièrement obscure. A aucun stade de l'évolution de l'œuf activé on ne distingue, ni à l'intérieur du noyau, ni dans son voisinage, la moindre structure qui puisse rappeler un cen- trosome. Dès que la membrane nucléaire s'efface, l'aster est présent et il grandit très rapidement (fig. 3). Ses rayons viennent converger en une zone assez fortement colorée par l'hématoxyline et qui paraît formée d'une réunion de grosses granulations. Les chromosomes semblent aussi- tôt saisis par ces rayons et se disposent en couronne ou en anneau incom- plet, à égale distance du centre. A mesure que l'aster grandit, les chromo- somes s'écartent vers la périphérie ; ce mouvement centrifuge s'arrête quand le centre semble se creuser et devient plus clair. L'aspect du monas- ter reste alors longtemps stationnaire. Ainsi que l'a bien montré Painter (18), un changement d'équilibre semble se produire dans ce système au moment précis où les chromosomes se divisent ; au lieu de fuir le centre, ils sont maintenant attirés vers lui, se vacuolisent et reconstituent un noyau unique. Les deuxième et troisième cycles monastériens se présentent sous 298 MAURICE HERLANT le même aspect, sauf que le nombre des chromosomes est, au deuxième, doublé et, au troisième, quadruplé. Cet amas de chromosomes se com- porte, dans son ensemble, comme le groupe des 18 chromosomes du premier cycle, mais déjà avec moins de régularité ; souvent une partie d'entre eux restent au centre de l'aster. Aux cycles suivants, l'aster, incomplètement formé, semble n'avoir plus aucune influence sur les chro- mosomes et ceux-ci s'éparpillent dans le cytoplasme. Mais il arrive fré- quemment qu'après le troisième ou le quatrième cycle il se forme, au lieu d'aster, un petit fuseau en tonnelet, plus large que haut et peut-être intranucléaire (fig. 8). R. Hertwig (96) en a observé d'analogues dans les œufs traités par la strychnine et Kostanecki (04) dans des œufs parthénogénétiques de Mactra. Danchakoff (16) a également figuré des structures semblables. Un nombre énorme de chromosomes se dis- posent régulièrement à l'équateur de ces petits fuseaux, puis tout reste en cet état jusqu'à la désintégration de l'œuf. L'activité mitosique qui, aux deux ou trois premiers cycles, s'étendait à toutes les parties constituantes de la cellule et s'accompagnait du déve- loppement d'un aster considérable et de mouvements cytoplasmiques rappelant ceux de la segmentation normale, semble donc se réduire pro- gressivement à des phénomènes qui ne dépassent plus les limites du noyau ; la formation périodique et la division des chromosomes en repré- sentent les dernières manifestations. Mais dans leur ensemble celles-ci témoignent de la persistance d'une tendance à la division, tendance qui ne cessera qu'avec la mort et la destruction de l'œuf. L'activation pure revêt, chez l'œuf d'oursin, une remarquable uni- formité. Les faits qui viennent d'être décrits se retrouvent exactement pareils chez l'immense majorité des œufs activés. Ce n'est que très excep- tionnellement qu'on trouve parmi eux, au lieu du monaster, une figure bipolaire normale. Ces cas existent pourtant et sont parfois fréquents dans certaines cultures, sans qu'aucune erreur de technique puisse faire songer à une fécondation accidentelle. Ils ont été signalés par E.-B. Wilson (01), par Driesch (05), par Herbst (12). Mais l'allure particulière que prend l'activation chez ces œufs n'est jamais qu'une exception. Nous pouvons donc dire, pour résumer ce chapitre, que l'activation simple, chez l'œuf d'oursin, se caractérise essentiellement par la formation d'un monaster qui se répète rythmiquement sans jamais provoquer la segmentation. Ce n'est qu'après de nombreuses tentatives de division que l'œuf commence à se PARTHÉNOGENÈSE EXPÉRIMENTALE 299 détruire par cytolyse. Celle-ci n'apparaît ■ que comme le résultat final de conditions cytologiques incompatibles avec la vie et nullement comme leur cause. II. Mécanisme de la segmentation après le traitement par la solution hypertonique Nous prendrons comme type pour notre description le cas de la méthode classique de Loeb : les œufs, activés par l'acide butyrique, séjournent 20 minutes environ dans l'eau de mer avant d'être traités par- la solution hypertonique, où ils restent 30 minutes. Il est impossible d'étudier in vivo un seul et même œuf pendant toute la durée de ces opérations. Il paraît toutefois certain que sa structure visible de se modifie guère pendant toute la durée de son séjour dans la solution hypertonique. La seule modification sensible est dans l'aspect du protoplasme qui, par suite de la déshydratation, devient plus opaque et plus grossièrement granuleux. Le volume du noyau reste stationnaire au point où il en était de sa courbe d'accroissement. Sur les préparations on constate que sa teneur en chromatine ne s'est pas modifiée ; elle est restée ce qu'elle était au moment où le traitement hypertonique a été appliqué. De même, les grains chromatiques épars dans le cytoplasme n'ont pas changé d'aspect et gardent toute leur netteté. Dès que l'œuf est sorti de la solution hypertonique et remis dans l'eau de mer on le voit reprendre peu à peu l'aspect d'un œuf simplement activé ; son protoplasme absorbe de l'eau et reprend sa transparence et sa structure normales ; le noyau recommence à croître et à s'enrichir en chromatine. Chez l'œuf simplement activé, nous avons vu le noyau disparaître et l'irradiation de l'aster se manifester dès 1 h. 50' environ après l'activation. A ce moment on n'observe généralement encore aucune modification semblable chez les œufs traités par la solution hypertonique : ils sont mani- festement en retard. Quinze à vingt minutes plus tard, soit seulement 2 h. 15' après l'activation, leur noyau s'estompe et, tout comme pour l'œuf simplement activé, la zone de condensation apparue à la place qu'il occupait devient le centre d'une irradiation. Cet aster évolue exac- tement de la même façon et, pendant tout un temps, ne se distingue en rien du monaster qui a été décrit plus haut. Mais, et c'est là le caractère absolument distinctif des œufs traités par la solution hypertonique, l'aster qui se développe autour du pro- nucleus femelle n'est pas le seul. Apparus en même temps ou un peu après, 300 MAURICE HERLANT et sans aucun rapport avec lui, un nombre variable d'asters accessoires se montrent maintenant en des endroits quelconques du cytoplasme. Le plus souvent, quand la méthode de Lobb a été correctement appliquée, ces asters sont peu nombreux, de un à trois en général. Ils apparaissent d'abord comme des taches claires, où l'irradiation devient rapidement très nette ; les rayons convergent en un point généralement occupé par une granulation brillante. Ultérieurement ce centre clair s'élargira à mesure que l'aster s'accroît et celui-ci, dans l'ensemble, a une évolution entièrement normale. Ces asters accessoires sont toujours plus petits que l'aster périnucléaire de même âge. Si nous choisissons un œuf présentant la disposition la plus simple, c'est-à-dire n'ayant formé qu'un seul aster accessoire, et si nous l'ob- servons à l'état vivant jusqu'à sa segmentation, nous voyons d'abord l'aster périnucléaire et l'aster accessoire s'accroître l'un et l'autre et, pendant un certain temps, rester absolument indépendants (fig. 9). Mais leurs irradiations gagnant toujours du terrain, un moment vient où elles se touchent, s'enchevêtrent et établissent une liaison entre les deux asters. Cette liaison prend de plus en plus la forme d'un fuseau (fig. 10) et, au bout de peu de temps, il s'édifie à l'intérieur de l'œuf une mitose bipolaire (fig. 11) qui ne diffère d'une mitose normale que par l'inégalité plus ou moins marquée des asters qui en forment les pôles. L'observation des œufs vivants permet seule de voir que cette transformation du monas- ter en figure bipolaire résulte de l'intervention d'un aster accessoire primitivement indépendant et qui vient secondairement contracter des rapports étroits avec lui. Cette mitose est bientôt suivie de la segmentation de l'œuf (fig. 12 et 13) ; celle-ci, à la température de 15° C, se produit en moyenne 3 heures après l'activation. C'est également à ce moment, comme on l'a vu, que le noyau des œufs simplement activés rentre au repos après l'achèvement complet du premier cycle monastérien. L'œuf se segmente en deux blastomères généralement assez inégaux, ce qui correspond évidemment à l'inégalité des pôles de la mitose. J'ai choisi pour ma description le cas le plus simple, celui où il ne se forme qu'un seul cytaster. Mais il s'en forme souvent deux ou trois, rarement plus si on n'a pas dépassé la durée convenable du traitement hypertonique. Dans ce cas, les deux ou les trois asters accessoires peuvent contracter les mêmes rapports avec l'aster périnucléaire ; ou bien l'un d'entre eux, parfois deux ou trois (fig. 24) restent à l'écart de la mitose PARTHÉNOGENÈSE EXPÉRIMENTALE 301 et ne prennent aucune paît à son édification. Selon le cas on a une figure tri- ou tétrapolaire ou une figure bipolaire. Les œufs à triaster se segmen- tent d'emblée en trois blastomères, ceux à tétraster le plus souvent en quatre, généralement disposés comme les sommets d'un tétraèdre. Le cas le plus intéressant est celui où le traitement hypertonique a provoqué la formation de deux asters accessoires dont un seul s'unit à l'aster périnucléaire pour former une figure bipolaire, l'autre restant à l'écart dans le protoplasme. La mitose, chez ces œufs, est ordinairement un peu excentrique et lorsque le plan de segmentation, partant du point le plus proche de la surface de l'œuf, vient la couper perpendiculairement, il se bute à l'aster accessoire qui lui barre la route. Deux éventualités sont alors possibles : ou bien, après une période « d'hésitation », l'aster accessoire passe dans l'un des blastomères et la segmentation se pour- suit, l'œuf prenant une forme tout à fait caractéristique (fig. 14) et que tous les auteurs qui ont observé des œufs parthénogénétiques ont men- tionnée, notamment Wilson (01) et Delage (01) ; ou bien le plan de segmentation se bifurque, isolant une troisième cellule plus ou moins grande et ne contenant qu'un aster et pas de noyau. Maintenant que l'étude des œufs vivants nous a fourni un guide sûr pour la sériation correcte des stades, les dispositions retrouvées dans les préparations vont s'expliquer très facilement. L'origine cytologique des asters accessoires paraît aussi obscure que celle de l'aster qui se développe autour du pronucleus femelle. Dès qu'on les distingue ils ont déjà leur aspect définitif ; l'irradiation est centrée sur une petite plage granuleuse fixant l'hématoxyline. Danchakoff (16), qui a également observé des asters accessoires dans ses préparations d'œuf s parthénogénétiques obtenus par la méthode de Delage, tente d'en ramener l'origine aux grains chromatiques du protoplasme. Son expli- cation me paraît très obscure. Personnellement il m'a été impossible d'é- tablir un rapprochement quelconque entre ces deux formations. Le centre des asters accessoires fait évidemment penser aux grains chromatiques qu'on a vus jusque-là dans le protoplasme et qui disparaissent ensuite brusquement. Mais il y a une différence bien nette entre ces grains, volu- mineux, homogènes et à contours précis, et le centre granuleux et mal délimité des asters accessoires. Remarquons aussi que le traitement hypertonique, qui est l'unique cause de la formation de ces asters, n'exerce aucune action appréciable sur les grains chromatiques, ce qui rend peu 302 MAURICE HERLANT probable le rôle attribué à ceux-ci par Danchakoff. Ce qu'il y a au centre de l'aster est d'ailleurs, au point de vue du développement de l'œuf, beaucoup moins important que l'aster lui-même. L'œuf activé et traité par la solution hypertonique se caractérise donc par la présence d'un monaster ordinaire, avec chromosomes en couronne, et d'un ou de plusieurs asters indépendants, entièrement dépour- vus de chromatine et qui occupent des positions quelconques (fig. 15, 16, 17). Dès que l'un de ces asters accessoires rencontre, en s'accroissant, les irradiations de l'aster'femelle, l'équilibre de ces deux systèmes primiti- vement indépendants se modifie complètement et il s'établit entre eux une connexion secondaire, qui prend très rapidement la forme d'un fuseau. Il semble que celui-ci ne soit d'abord qu'un entre -croisement des rayons des asters ; mais on y distingue bientôt ces fibres lisses et colorées en bleu pâle par l'hématoxyline, qui caractérisent le fuseau central. La modification la plus frappante est celle qui affecte la disposition des chromosomes. Ainsi qu'on l'a vu, ceux-ci sont disposés régulière- ment en arc de cercle autour de l'aster femelle (fig. 17). Aussitôt que celui-ci est relié à l'un des asters accessoires, cet arc se déforme ; les chro- mosomes, subissant une attraction manifeste de la part du cytaster, glissent vers lui, les uns après les autres (fig. 18, 19). Ce mouvement s'ar- rête dès qu'ils atteignent une position intermédiaire entre les deux centres, position où les forces dont ils subissent l'influence sont vraisemblable- ment en équilibre. Cette émigration des chromosomes conduit à la for- mation d'une plaque équatoriale tout à fait typique et une mitose bipo- laire (fig. 20, 22, 24) se trouve dès lors édifiée ; rien, si ce n'est l'inégalité des pôles, ne pourra plus la distinguer d'une mitose normale, dont elle aura d'ailleurs toutes les propriétés et notamment celle de provoquer la segmentation de l'œuf. L'anaphase et la télophase de cette mitose mono- centrique transformée secondairement en mitose bipolaire ne présentent rien de particulier. L'aster accessoire « trouble » la mitose monocentrique comme il troublerait une mitose normale : dans les deux cas il s'agit d'un accident, d'une anomalie. Mais celle-ci, dans le cas de l'œuf parthénogénétique, sans perdre son caractère accidentel, réalise, par une voie très détournée, une condition nécessaire à tout le reste du développement et que l'œuf ne peut réaliser par lui-même. Le cas que je viens de décrire est le plus typique, le plus simple et celui qui assure le mieux le développement. Mais, ainsi que je l'ai déjà PARTHÉNOGENÈSE EXPÉRIMENTALE 303 dit à propos de l'étude des œufs vivants, il arrive fréquemment qu'il se forme, après le traitement hypertonique, deux ou plusieurs asters acces- soires (fig. 16, 25). Dans ce dernier cas, naturellement, la mitose est pro- fondément troublée et la segmentation souvent impossible. L'une des formes les plus fréquentes et les plus intéressantes de mitose polycentrique est le tri aster. Il a en effet pour conséquence de réaliser un partage inégal des chromosomes entre les trois cellules auxquelles il donne naissance. La figure 25 montre un exemple typique de ce fait. Cette anaphase aura pour résultat de donner à l'un des blastomères 5, au second 1 et au troisième 16 chromosomes. La figure 28 montre combien les noyaux résultant d'une mitose tripolaire peuvent être de taille inégale. Un tétraster formé par la coopération de trois asters accessoires avec l'aster femelle peut, de même, réaliser un partage très inégal des chro- mosomes maternels. Ces œufs sont donc entièrement comparables aux œufs dispermiques auxquels Boveri a consacré l'un de ses plus remar- quables travaux ; ils soulèvent les mêmes questions et permettent au même titre une étude de la valeur héréditaire spécifique des différents chromosomes. Cette étude sort naturellement du cadre que je me suis tracé, mais je tiens à en signaler l'intérêt, qui est d'autant plus grand qu'il n'y a ici qu'une seule série de chromosomes à partager : les chromo- somes maternels. Ce n'est d'ailleurs pas seulement dans le cas des mitoses polycentriques que la parthénogenèse expérimentale s'accompagne, chez l'Oursin, d'un partage inégal des chromosomes. Le glissement de ceux-ci veis la plaque équatoriale peut, en effet, rester incomplet. Il m'est arrivé à plusieurs reprises de trouver, dans mes préparations, des plaques équatoriales et même des anaphases partielles, un ou plusieurs chromosomes étant, probablement, restés entièrement sous l'influence de l'aster femelle (fig. 20, 21). Dès que ces chromosomes isolés se clivent ils regagnent le centre de l'aster et s'y rencontrent avec ceux qui remontent de la plaque équatoriale ; le noyau qui se reconstitue ainsi contient alors un ou plu- sieurs chromosomes qui manquent complètement à celui de l'autre cellule. Dans le cas typique que j'ai décrit plus haut en détail, la connexion secondaire entre l'aster femelle et l'aster accessoire ne s'établit qu'assez taidivement, quand les chromosomes sont déjà disposés à la périphérie du premier. Mais il arrive souvent que le hasard fasse apparaître le ou les asters accessoires dans le voisinage immédiat du noyau (fig. 26). Ce cas 304 MAUBICE HËRLANT est intéressant surtout parce c'est la disposition qu'il est le plus facile de confondre avec une mitose normale débutant par une division du centro- some femelle. Deux caractères bien nets permettent cependant d'éviter cette confusion : 1° la différence de taille entre les deux asters, l'aster « femelle » étant toujours plus grand, et 2° le fait que ce dernier « colle » au noyau tandis que l'autre en est toujours un peu plus éloigné : le premier a bien l'air de sortir du noyau, le second de se former, en dehors de celui- ci, autour de quelque chose qui réagit avec le protoplasme de la même manière qu'un petit noyau K Lorsque les choses se présentent de cette manière, une mitose bipolaire se trouve constituée d'emblée, les deux asters se partageant d'abord les chromosomes (fig. 27) et les refoulant ensuite de part et d'autre vers une position d'équilibre où ils se disposent en plaque équatoriale. Il faut enfin signaler que l'inégalité des pôles, qui est parfois extrême- ment prononcée (fig. 22), peut être quelquefois à peine sensible ou même complètement absente. Mais, dans ce cas encore, un examen attentif permet d'éviter toute confusion avec une mitose noimale : le centre de l'aster accessoire est alois plus clair que le centre de l'aster nucléaire (fig. 23), ce qui indique qu'il est plus ancien et, par suite, a pu atteindre un diamètre supérieur. La segmentation et le développement des œufs parthénogénétiques présentent de nombreux faits intéressants, mais dont l'étude nous entraî- nerait trop loin. Je me contenterai de signaler parmi eux quelques consé- quences directes du type très particulier de mitose qui a assuré la segmen- tation de l'œuf. Le fait que les deux premiers blastomères sont très généralement iné- gaux ne paraît avoir aucune influence sur le développement. Cette diffé- rence s'atténue progressivement et ne laisse pas de traces appréciables. La seconde division pose un intéressant problème cytologique. En effet, si nous employons la terminologie courante, nous devons dire que l'un "des blastomères reçoit le « centrosome femelle », qui a formé, sans se diviser, l'un des pôles de la mitose, tandis que l'autre blastomère reçoit un cytaster. Or, à la seconde division, ces deux centrosomes, qui, selon la théorie, sont d'origine et de signification si différentes, se divisent tous 1. Cf. Mon travail précédent mk l'origine et la signification des asters acce-soires (18). PARTHÉNOGENÈSE EXPÉRIMENTALE 305 deux normalement et, le plus souvent, avec un synchronisme parfait (fîg. 29). Comment le centrosome femelle, dont cinq ou six cycles monas- tériens successifs montrent, chez l'œuf simplement activé, l'incapacité absolue de se diviser, se divise-t-il maintenant et édifie-t-il une mitose bipolaiie dès qu'il se trouve dans un blastomère ? Cette question est sur- tout embarrassante pour les partisans de la permanence du centrosome en tant qu'organe cellulaire. Ainsi que je l'ai fait observer (18), parler du « sexe » d'un centrosome ou d'un aster est une hérésie biologique, née de l'importance exagérée et quelque peu artificielle attachée par les cyto- logistes à des définitions purement morphologiques. L'importance du centriole ou du centrosome est probablement minime en comparaison de celle de l'aster, qui représente au contraire un facteur primordial de la dynamique cellulaire et est l'expression d'une activité purement proto- plasmique, pour laquelle il n'y a pas lieu de se préoccuper d'une origine « de novo » ou rapportée à un organe hypothétique et préexistant. Nous dirons donc simplement que la réaction du protoplasme, et probablement tout le métabolisme cellulaire, qui est monocentrique autour du pro- nucleus femelle, se polarise autour du noyau des blastomères ; la question posée est ainsi ramenée sur un terrain physiologique et devient suscep- tible de se prêter à une étude expérimentale. Une complication fréquente de la segmentation de l'œuf parthéno- génétique résulte de la persistance d'un ou plusieurs asters accessoires qui, sans avoir pris une part directe à la mitose, continuent à évoluer et parfois à se diviser à l'intérieur des premiers blastomères. Ils peuvent alors troubler les divisions de ceux-ci, même jusqu'à des stades relative- ment avancés (fig. 30). Les cellules nées de ces mitoses polycentriques reçoivent des séries incomplètes de chromosomes et leur sort s'en trouve naturellement compromis. La polycentrie, qui seule permet la division de l'œuf activé, est en même temps le grand danger qui menace tout son développement ; c'est à cause d'elle que les cultures les mieux réussies contiennent toujours un grand nombre de larves pathologiques. Si nous jetons maintenant un coup d'œil d'ensemble sur le mécanisme de la segmentation de l'œuf parthénogénétique d'oursin, nous voyons que les deux traitements que comporte la méthode de Loeb visent deux buts bien différents. 306 MAURICE HERLANT Au point de vue biologique, le facteur le plus important, celui qui seul peut se comparer à l'action du spermatozoïde dans la fécondation nor- male, c'est le traitement activant' à l'acide butyrique. C'est lui qui met le développement en marche, fait sortir l'œuf mûr de son inertie et lui fait parcourir toutes les étapes d'un cycle physiologique et morpholo- gique dont l'aboutissement normal est une mitose. Ce cycle ne diffère que par un seul point du cycle parcouru par l'œuf fécondé : la réaction du protoplasme autour du noyau ne se polarise pas, il ne se forme qu'une mitose monocentrique ; celle-ci, par sa morphologie et par toutes les réactions physiologiques l dont elle s'accompagne, est bien l'homologue d'une mitose normale ; mais la monocentrie la rend mécaniquement incapable d'assurer la segmentation de l'œuf. Or, un œuf qui ne se seg- mente pas est voué à la mort et la cytolyse caractéristique des œufs simplement activés n'a pas d'autre cause. Le second traitement ne change rien à ce qui a été mis en mouvement par le premier. L'œuf, après son séjour dans la solution hypertonique, continue à édifier un monaster. Mais une réaction artificielle et surajoutée de son protoplasme, réaction dont j'ai défini les conditions dans mon précédent travail (18), apporte à cette mitose, sous forme d'un aster accessoire, la bipolarité qui lui manquait. La segmentation est dès lors assurée, et, avec elle, le développement. Contrairement au traitement activant qui, en provoquant la « réaction propre de l'œuf » (Bataillon), reproduit très exactement ce qui se passe lors de la pénétration du spermatozoïde, le second facteur de la parthé- nogenèse ne correspond à aucun phénomène normal. Dans le cadre que je viens de tracer, la parthénogenèse expérimentale des Echinodermes et celle des Amphibiens se superposent exactement. Pour être différente chez ces derniers (13. 17 b), l'action du second facteur n'en a pas moins le même caractère artificiel et la même signification biologique. III. L'indépendance des organes cellulaires lors de la mitose et les causes de la division cellulaire Lorsqu on voit se dérouler sous ses yeux le processus compliqué de la mitose ou qu'on en étudie les détails sur des préparations fixées et colorées, il semble que ce mécanisme délicat ne puisse fonctionner que 1. Xotamment le; variation* de la perméabilité à l'eau, aux ba es et aux sel . (HeUlant, 18«). PARTHÉNOGENÈSE EXPÉRIMENTALE 307 grâce à une coordination parfaite de toutes ses parties ; il semble que la moindre irrégularité dans le comportement d'un de ses multiples rouages : chromosomes, centrosomes, asters, fuseau, etc., doive entraîner l'arrêt immédiat de l'ensemble. Toutes les théories de la mitose reposent d'ailleurs sur cette coordination précise et assignent à chacun de ces organes cellu- laires une fonction indispensable. S'il s'agit d'une « théorie électrique », il faut que les centrosomes soient chargés de telle façon et les chromo- somes de telle autre ; s'il s'agit d'une théorie « chimique », il faut encore que les oxydations, les hydrolyses, que les acides et les bases soient rigou- reusement à leur place et, comme de bons acteurs, n'entrent pas en scène avant le moment voulu. Ces théories peuvent paraître séduisantes à ceux qui n'ont jamais vu que des mitoses parfaitement normales. Mais l'étude expérimentale de la division cellulaire laisse planer un doute sur la réalité d'un mécanisme aussi rigide. La genèse et le fonctionnement de la première mitose de l'œuf parthé- nogénétique d'oursin nous en offrent un premier exemple. Cette mitose, en fait, est un « repêchage » ; elle rétablit mie situation anormale et incom- patible avec la segmentation et le développement ; on ne peut s'expliquer ce phénomène qu'en admettant que « l'activité mitosique » de l'œuf est douée d'un grand pouvoir d'adaptation. Dans une mitose normale la bipolarité existe pour ainsi dire dès le début. Dès que la membrane nucléaire est résorbée et que les chromosomes sont libérés, ils se trouvent immédiatement soumis aux forces supposées opposées et égales qui semblent émanées des pôles du fuseau et ils se disposent à l'équateur de ce dernier ; lorsqu'ils se divisent et qu'au lieu do fuir les centres ils sont au contraire attirés vers eux, c'est encore en présence de deux forces égales qu'ils se trouvent. Chez l'œuf parthénogénétique d'oursin il en est tout autrement. Le plus souvent les chromosomes sont déjà disposés en couronne autour de l'aster « femelle » lorsque l'apparition et la croissance d'un aster acces- soire viennent changer complètement l'équilibre dynamique de l'œuf. Les chromosomes doivent donc se déplacer, glisser les uns après les autres vers l'équateur d'un fuseau qui vient de se former et dont l'origine est tout à fait différente de celle d'un fuseau normal. Toute cette phase de la division est surajoutée et ne correspond à aucun épisode de la mitose normale. Le résultat final est cependant le même puisque les chromosomes se divisent et émigrent ensuite vers les pôles du fuseau pour y former les noyaux- filles. Arch. de Zool. Exp. et GéN. — T. 58. — F. 7. 22 308 MAURICE HERLANT Ce fait montre bien toute la souplesse du mécanisme de la mitose. Il nous montre aussi les différents organes cellulaires évoluant d'abord indépendamment les uns des autres, puis contractant secondairement des rapports qui se rapprochent de ceux qui existent dans ime mitose nor- male. Cette indépendance relative des organes cellulaires au cours de la mitose a été observée à plusieurs reprises et il m'a paru intéressant d'en réunir quelques exemples. 1. Noyau et cytoplasme. — On s'est souvent demandé si la segmen- tation d'une masse de protoplasme est possible en l'absence du noyau. La question est d'autant plus intéressante que les recherches d'em- bryologie expérimentale ont montré combien il arrive fréquemment qu'une anomalie quelconque de la segmentation aboutisse à la formation d'une cellule anucléée. Il semble aujourd'hui que, bien qu'exceptionnelle, la division d'une telle cellule est parfaitement possible. Le cas le plus frap- pant est celui observé par Me Clendon (08) chez l'œuf d'Astérie qui, amputé de son noyau, peut cependant se diviser un grand nombre de fois après avoir été soumis à l'action de l'anhydride carbonique. La divi- sion de cellules anucléées a été également observée par Blochmann (82), par Zieoler (98), par E. B.Wilson (01), Yatsu (08), Boveri (10), Hogue (10), etc. Ces cas, bien que rares, prouvent que le noyau n'est pas indis- pensable à la division du cytoplasme ; celle-ci nous apparaît comme la suite d'un état physiologique particulier atteint périodiquement par ce dernier et indépendamment de la présence d'un noyau. Beaucoup plus fréquent est le cas d'une division nucléaire complète non suivie de division cytoplasmique. Il n'est pour ainsi dire pas de tra- vaux de cytologie expérimentale où ce fait n'ait été signalé. C'est l'acci- dent le plus fréquent et le plus facile à produire au cours de la segmen- tation. O. Hertwig le signalait dès 1875 et Norman (96) en a fait une étude spéciale. 2. Rôle des centrosomes et des asters. — On sait combien les diverses théories de la mitose attachent d'importance aux asters qui se développent aux pôles du fuseau. On leur attribue, notamment, l'as- cension des chromosomes lors de l'anaphase et la segmentation du corps cellulaire. Dans les modèles destinés, dans la pensée de leurs auteurs, à reproduire artificiellement les différentes phases de la mitose, ce sont toujours les asters qui, sous forme de ficelles et de liens élastiques, jouent le rôle principal. Ce sont eux aussi qui ont suscité les comparaisons qui ont été si souvent faites entre les irradiations émanant des centro- PARTHÉNOGENÈSE EXPÉRIMENTALE 309 somes et les lignes de force qui parcourent un champ magnétique ou électrique, les lignes de diffusion, etc., comparaisons qui, jusqu'ici, sont restées complètement stériles 1. On connaît cependant de nombreux exemples de divisions cellulaires s'achevant parfaitement sans le concours d'asters ni même de centro- somes visibles. Telle est même la règle générale dans le règne végétal. Chez les animaux, ce type de mitose se retrouve dans les divisions de matu- ration des gamètes. Mais même dans le cas des cellules où le développement des asters semble un facteur capital de la division, celle-ci peut parfois s'accomplir sans leur intervention, ainsi que l'ont observé Morgan (00), Yatsu (08), Gray (13), P. HertwiCx (11), Packard (16), Painter (18). Comme le dit fort bien Painter, les asters qui occupent les pôles du fuseau doivent être considérés comme exerçant surtout une action directrice : ils tracent la voie au plan de segmentation, mais la cause même de celui-ci est, au moins en partie, en dehors d'eux. Il en est ainsi, notamment, pour ces sillons superficiels et sans suite qui succèdent régulièrement au monaster chez l'œuf simplement activé. Ce n'est d'ailleurs pas seulement la segmentation du cytoplasme qui, dans une certaine mesure, est indépendante des asters ; l'évolution des chromosomes semble, de même, jouir vis-à-vis d'eux d'une large auto- nomie. Chez V Ascaris, Boveri (96) voit un noyau se préparer à la mitose et libérer ses chromosomes sans qu'il y ait de centrosome présent. Des faits semblables ont été signalés par E.-B. Wilson (01), par Stevens (02), par Kautzsch (12), par Galeotti (96), etc. F.-R. Lillie (11) a observé, en l'absence de tout centrosome, l'évolution complète des chromosomes de l'œuf de Nereis, y compris leur division et leur transformation en caryomères ; Packard (15) a fait la même constatation. Painter (18) signale, d'autre part, que le moment où les chromosomes se divisent à la périphérie d'un monaster ne dépend pas du stade auquel celui-ci se trouve. Enfin il n'est pas jusqu'à l'anaphase qui, dans certaines conditions, ne soit indépendante de la présence d'un aster (Yatsu, 08). Il est d'ailleurs très remarquable que le partage des chromosomes maternels entre les cellules- filles ne paraît pas dépendre des dimensions relatives des asters qui forment les pôles du fuseau. Chez l'œuf parthénogéné tique, par 1. Cf. L'excellente revue consacrée à cette question par Meek (13). 310 MAURICE HEELANT exemple, ce partage est presque toujours égal malgré l'inégalité constante et parfois très forte des asters. Ce fait a été également signalé par Baltzer (08). Les phénomènes nucléaires de la mitose sont donc l'expression d'une activité largement indépendante des asters et, d'une façon générale, du reste de la cellule. La réciproque n'est pas moins vraie, les asters pouvant évoluer com- plètement et se diviser en l'absence ou malgré l'inertie ou la dégénéres- cence du noyau (E.-B. Wilson, 01, Samassa, 96, M. Boveri, 03, Baltzer, 08, Weber 13, etc.). Cette multiplication indépendante des asters est particulièrement évidente lors de la dégénérescence des parties non seg- mentées de l'œuf polyspermique ou parthénogénétique de grenouille (11, 13). L'indépendance du centroso'me se manifeste encore d'une façon très singulière dans les divisions de maturation de l'oocyte de certains crustacés (Muller-Calé, 13, Petrunkewitsch, 02) : les deux asters qui formeront les pôles de la première mitose de segmentation restent au milieu du cytoplasme tandis que le noyau émigré seul à la périphérie de l'œuf, y subit les divisions de maturation, puis revient prendre sa place entre eux. Enfin si, comme l'a montré Bataillon (10), on prolonge arti- ficiellement la métaphase (par asphyxie) , les asters n'en continuent pas moins à évoluer et à grandir comme ils le font normalement lors de l'ana- phase et de la télophase. 3. Fuseau. — L'origine d'une dernière structure propre à la mitose, le fuseau, a été rattachée tantôt au noyau et tantôt aux asters qui en forment les pôles. J'ai déjà rappelé plus haut que chez les végétaux et lors des mitoses de maturation des gamètes chez les animaux, le fuseau, des plus nets, ne montre ni asters ni, le plus souvent, centrosomes. Des fuseaux sans asters s'observent également chez l'œuf parthénogénétique, surtout dans l'ac- tivation simple, ils ont été signalés par R. Hertwig (96), par E.-B. Wilson (01), par Kostanecki (04), par Danchakoff (16), et j'en ai figuré un cas dans ce travail (fig. 8). Ces fuseaux sont probablement caractéristiques d'un état pathologique de la cellule et annoncent souvent la dégénérescence, par exemple dans l'atrésie folliculaire (Athias, 09). Le fuseau, au moins en ce qui concerne sa charpente, ne paraît pas non plus dépendre du noyau ni de la présence de chromosomes. Il s'en forme de très nets entre les asters accessoires et entre les centrosomes qui, comme dans la polyspermie, ont abandonné le noyau pour continuer à se P ART H EN 0 GENÈSE EXPÉRIMENTA LE 311 diviser en se dispersant dans le cytoplasme. Des fuseaux sans chromo- somes ont été décrits par O. et R. Hertwig (87), par E.-B. Wilson (01), par Baltzer (08), etc. Si nous jetons un coup d'œil d'ensemble sur cette énumération. nous arrivons à cette conclusion qu'aucun des principaux organes cellulaires n'est indispensable ni à la division de la cellule ni à Vévolution et à la divi- sion des autres organes cellulaires. La division de la cellule apparaît comme la somme d'une série de divisions particulières et indépendantes les unes des autres ; la division des chromosomes, par exemple, n'est pas la conséquence de la division des centrosomes : elle est la conséquence d'un changement physico-chimique survenu dans l'économie générale de la cellule, changement qui provoque aussi la division des centrosomes et, au même t'tre, tous les autres épisodes de la mitose. Les causes de la division cellulaire ne doivent donc pas être cherchées dans tel ou tel détail ou phase de la mitose ; lorsque celle-ci débute, la division est déjà virtuellement accomplie en ce sens que l'individualité physiologique de la cellule a disparu et a fait place à un état physiolo- gique nouveau, dont l'effet est précisément de provoquer la division auto- nome de chacun des organes cellulaires : la mitose est une conséquence de la division cellulaire, elle n'en est pas la cause. Cette cause doit être recherchée non pas dans un détail morphologique, mais dans l'ensemble du cycle physiologique qui relie deux mitoses successives. Laboratoire russe de Zoologie, Villefranche-sur-Mer. BIBLIOGRAPHIE 1909. Athias (M.). Les phénomènes de division de l'ovule dans les follicules de de Graaf eu voie d'atrésie chez le Lérot (Eliomys quercinus L.). (Anat. Anz., Bd. XXXIV.)- 1908. Baltzer (F.). Uber mehrpolige Mitosen bei Seeigeleieru. (Verh. d. Phys.- med. Ges., Wurzburg, Bd. XXXIX.) 1910. Bataillon (E.). Contribution à l'analyse expérimentale des phénomènes caryocinétiques chez Ascaris megalocephala. (Arch. f, Entw.-Mech., Bd XXXI.) 1903. Boveri (M.). Uber Mitosen bei einseitiger Ghromosomenbindung. (/en. Zeitschr. /. Nalurtv., Bd XXXVII.) 312 MAURICE HERLANT 1896. Boveri (Th.). Zur Physiologie der Kern-und Zellteilung. (Sitzb.-Ber. d. phys.- med. Ges., Wùrzburg.) 1903. — Uber das Verhalten des Protoplasma bei monocentrischen Mitosen. 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VI.) à 314 MAURICE HERLANT EXPLICATION DES PLANCHES Les figures 2, 4, 5, 6, 7, 9, 10, 11, 12, 13 et 14 sont faites d'après des croquis pris sur l'œuf vivant à l'aide de la chambre claire. Les autres figures sont relatives a des œufs fixés et colorés. PLANCHE XIII Fig. 1. Aspect de l'œuf mûr et vierge de Paracentrotus lividus. Noyau achromatique et grains de chromatine disséminés dans le cytoplasme. Fig. 2. Œuf activé depuis 1 h. 45'. Début du monaster. Fig. 3. Même stade d'après une préparation, pour montrer les chromosomes. Fig. 4. Même œuf que figure 2, 2 h. après l'activation. Fig. 5. Le même 2 h. 15' après l'activation. Fig. 6. Le même 2 h. 45' après l'activation. Fig. 7. Œuf activé depuis 2 h. 45' montrant la figure lenticulaire vue de profil. Fig. 8. Fuseau en tonnelet chez un œuf activé depuis 7 h. Fig. 9 à 13. Stades successifs de la segmentation d'un œuf soumis au traitement hypertonique. Fig. 14. Autre type de segmentation. Fig. 15. Apparition simultanée du monaster et d'un aster accessoire chez un œu soumis au traitement hyper- tonique. PLANCHE XIV Fig. 16. Apparition simultanée du monaster et de plusieurs asters accessoires. Fig. 17. Aspect de', 'œuf avant l'établissement d'une connexion entre le monaster (en haut) et l'aster accessoire. Fig. 18. Début du glissement des chromosomes vers le fuseau secondaire. Fig. 19. Stade plus avancé. Fig. 20. Constitution de la plaque équatoriale ; deux chromosomes restent en dehors d'elle. Fig. 21. Cas de glissement partiel des chromosomes, dont une partie reste sous l'influence du monaster seul. Fig. 22. Anaphase dans un cas d'asters très dissemblables. Fig. 23. Egalité des asters, l'aster accessoire (en haut) étant plus évolué que le monaster. Fig. 24. Anaphase et asters accessoires indépendants. Fig. 25. Mitose tripolaire, avec partage inégal des chromosomes. Fig. 26. Constitution d'une mitose bipolaire d'emblée. Fig. 27. Stade suivant. Fig. 28. Œuf segmenté en trois, l'un des noyaux étant beaucoup pins petit, que les deux autres. Fig. 29. Deuxiè ne division. Fig. 30. Mitose tripolaire dans une cellule de segmentation au stade morula. Arch. de Zool. Exp1" et Génk Tome 53. PI. XIII h, >»*<*«) w % ; PABACENTROTUS LIVIDUS Arch. de Zool. Exp* et Gén1' Tome 58. PI. XIV ■ ■ t>" * j PABACENTROTUS t Imp. CataUfrêns, P«tis ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE Tome 58, p. 315 à 473, pi. XV à XVII. 20 Septembre Jgig ANNÉLIDES POLYCHÈTES DE MADAGASCAR, DE DJIBOUTI ET DU GOLFE PERSIQUE PAR PIERRE EAUVEL Professeur à l'Université catholique d'Angers TABLE DES MATIÈRES Pages Introduction 317 Partie descriptive 327 I. Famille des Aphroditiens Savigny 327 Pontogenia chrysocoma Baird (p. 327). — Hermione hystrix Savigny (p. 328). — Lepidonotus cristatus Grube (p. 3-9). — Lepidonotus steKatus Baird (p. 3:"9). — Lepidonotus carinulatus Grube (p. 330). — Lepido- notus tenuisetosus Gravier (p. 330). — Lepidonotus trtisochœtus Grube (p. 332). — Harmothoë Boholensis Grube (p. 332). — Harmothoë dictyophora Grube (p. 33 ). — Iphione muricata Savigny (p. 334). — Gastro- lepidia elavigera SCHM. (p. 335).— Eulepis Geayi n. sp. ; PI. XV, flg. 17-21 ; PI. XVII. flg. 76-79 (p. 335).— Panthalis melanonotus Grube ; PI. XV, flg.l-3;Pl. XVII, flg. 70-75 (p. 3S9).— Sigàlvm Mathildœ Aud- Edw. (p. 343). — Sthenelais minor Pruv. et Rac., var digitata n. var. (p. 344). — Eulhalenessa Djibou- tiensis Gravier " * 5 II. Famille des Chrysopétaliens Ehlers 346 Chrysopetalnm Ehlersi Gravier (p. 346). — Bhawania cryptocephala Gravier 347 III. Famille des Amphinomiens Savigny 348 Eurythoê complanata Pallas (p. 348). — Pfierecardia lobata Horst (p. 3:9). — Notopygos hispidus Pats (p. 350). — Euphrosyne foliosa Aud.-Edw. ; flg. 1 350 IV. Famille des Syllidiens Grube 352 Syllis longUsima Gravier (p. 352). — Syllis gracilis Grube (p. 35"). — Syllis (Tlaplosyllis) Djiboutien'is Gravier (p. 353). — Syllis (Typoayllis) variegata Grube (p. 35 ). — Syllis (Typosyllis) closterobranchia Schmarda (p. 354). — SijUis (Typosyllis) exilis Gravier (p. 351). — Syllis (TyposyUU) Bouvieri Gravier (p. 355). — Syllis (Eklersia) eornuta Rathke (p. 355). — Trypanosyllis gigantea Mc'Intosh (p. 355). — Odotttosyllis rubrofasciata Grube (p. 356). — Exogone heterosetosa Mc'Intosh (p. 356). — Autolytus spec 357 V, Famille des Phyllodociens Grube '. 357 Phyllodoce castanea Marenzeller (p. 359). — PhyUodoce Malmgreni Gravier (p. 3€0). — Phyllodoce Madei- rensis La^gheràns ; flg. n (p. 361). — Eulalia (Pterocirrus M galhœnsis Kinberg ; flg. ut (p. 304). — Eumida sanguinea Œrstt d (p. 369). — Notophyllum splendens chmarda 3C9 VI. Famille des Hésioniens Grube 370 Hesione Genetta Grube (p. 370). — Hesione pantherina lUsso (p. 3'.0). — Podarlce angustifrons Grube (p. 371). — Leocrates Claparedj&ostaL. A cistrosyllis rigida n. sp.; flg IV 373 ARCH. DE ZOOL. Exp. ET GÉN, — T. 58. — F. 8. 2i m PIERRE F AU V EL Pages VII. Famille des EUMCIENS Grubc 374 Eunice afra Peters (p. 374). — Eunice coccinea Grube ; flg. v (p. 375). — Eunice Aphroditois Palla3 (p. 377). — Eunice aniennata Savigny (p. 377). — Eunice indica Kinberg (p. 378). — Eunice Marenzelleri Gravier(p. 378).— Eunice Siciliensis Grube; PI. XV, flg. 4 (p. 379). — Marphysa mossambwa Peters (p. 380). — Manphysa sanguinea Montagn (p. 381 ). — Marphysa corallina Kinberg (p. 382). — Marphysa Me In- toshi Crossland (p. 382). — Marphysa Adenensis Gravier (p. 383). — Lysidice collaris Grube (p. 384). — DiopatraneapolitanaD. Ch.(p.384). — Onuphis eremita Aud.-Edw. ; flg. VI (p. 385). — Onuphis spec. (p. 387). — Aglaurides fulgida Savigny (p. 387). — Aglaurides symmetrica Fauvel (p. 388). — Arabella (Maclovia) iricolor Montagu (p. 389). — Drilonereis filum Cliparède (p. 389). — Lumbriconereis Ltrelli Aud-Edw. (p. 391). — Lumbriconereis impatiens Claparèdu ; flg. vu (p. 392). — Lumbriconereis cavifrons Grube (p. 391). — Lumbriconereis heteropoda Marcnz^ller (p. 394). — Lumbriconereis papillifera n. sp. ; PI. XV, fig. 9-16 , 395 VIII. Famille des XéréIDIENS Quatrefages S97 Nereis Coutierei Gravier (p. 397). — Nereis zonata Mahngren var. persica Fauvel (p. 398). — Nereis falsa Quatrefages (p. 398). — Dendronereis arborifera Peters ; PI. XV , flg. 5-8 (p. 399). — Leonnates Jousseaumei Gravier (p, 400). — Ceratonereis mirabilis Kinberg (p. 401). — Ceratonereis Ehlersiana Claparède (p. J01). — Ceratonereis Costœ Grube ; PI. XVII, flg. 87-88 (p. 402). — Ceratonereis pachychaeta n. sp. ; PI. XV, flg. 22-25 ; fig.VHl (p. 403).- Ceratonereis Erythraeensisn. sp.; PI. XVI, flg. 26-30 et 42-47 (p. 407).- Perinereis cultrifera Grube (p. 410). — Perinereis nuntia Savigny (p. 410). — Var. brevicirris Grube (p. 417). — Var. vaUata Grube(p. 418). — \&r.heterodonta Gravier (p. 419). — Var. Djiboutiensis n. var. (p. 420). — Pseudo- nereis anomala Gravier (p. 421). — Platynereis DumerUii (Aud.-Edw ) 421 I X. Famille des Nephthydiens Grube \ 422 Nephthys Tulearensis n. sp. ; PI. XVI. flg. 31-39 (p. 422). — Nephthys palatii Gravier ; PI. XVI, flg. 40-41. . 422 X. Famille des GlycÉRIENS Grubc 425 Qlycera subœnea Grube ;P1.XVI. fig. 48-51 (p. 425). — Glycera africana Arwidsson (p.4£6).— Glycera tesse- lata Grube (p. 427). — Olycinde Maskallensis Gravier 427 XI. Famille des Cirratuliens Carus 427 Cirratulus spec. (p. 427). — Dodecaceria spec 427 XII. Famille des Spionidiens Sars 427 Nerine Lefebvrei Gravier (p. 427). — Polydora ciliata Johnston (p. 428). — Magelona Obockensù Gravier . 428 XIII. Famille des Ariciens Aud.-Edw !.. 42s Aricia Chevalieri Fauvel (p. 428). — Aricia fœtida Clap., var. australis n. var. (p. 429). — Aricia Bioreti n. sp. ; PI. XVI, flg. 52-56 (p. 430). — Scoloplos Madagascarensis n. sp. ; PI. XVII, flg. 81-86 433 XIV. Famille des Flabexligériens Saint-Joseph 414 Stylarioides parmatus Grube 434 XV. Famille des Ophéliens Grube 435 Armandia melanura Gravier (p. 435). — Armandia lanceolata Willey (p. 435). — Armandia leptocirris Grube (p. 435). — Polyophthalmus pictus Dujardin 437 XVI. Famille des Capitelliens Grube 437 Dasybranchus caducus Grube 437 XVII. Famille des Maldaniens Savigny 438 Gravierella n. g. multiannulata n. sp. ; PI. XVII, flg. 58-59 43g XVIII. Famille des Ammochariens Malmgren 446 Owenia fusiformis D. Ch 446 XIX. Famille des Chétoptériens Aud.-Edw 446 Chœtopterus variopedalus Renier (p. 446). — Teleprams costurum Clap 448 XX. Famille des Sabellariens Saint- Joseph , 449 Sabellaria spinulosa Leuck., var. Intoshi Fauvel (p. 449). — Pallasia pei.nata Peters 450 XXI. Famille des Térébelliens Grube ." 450 Polymnia nebulosa Montagu (p. 450). — Loimia Médusa Savigny (p. 451). — Pista foliigera Caullery ; PI. XVII, flg. 80; flg. ix (p. 451). — Thelepus setosus Quatrefages (p. 455). — Thelepus plagiostoma Schmarda; flg.X (p. 455). — Grymœa cespitosa Willey (p. 457). — Polycirrus coccineus Grube ; fig. XI. . . . 45S XXII. Famille des Sabelliens Malmgren 460 Hypsicomus phœotaenia Schmarda (p. 460). — Sabellastarte indka Savigny (p. 461). — Dasychone cin- gulata Grube (p. 462). — Chone collaris Langerhans 462 XXIII. Famille des Serptjliens Burmeister 462 Hydroïdes Perezi n. sp. ; fig. xn (p. 462). — Pqmatoceros cœruleus Schmarda (p. 464). — Vermiliopsis glan' digerus Gravier (p. 465). — Protula palliata Willey 465 POLYCHÈTES DE MADAGASCAR 317 INTRODUCTION Le golfe Persique, le golfe de Tacljourah, à l'entrée de la mer Rouge, et le canal de Mozambique ne sont, en réalité, que de simples dépendances de l'océan Indien. Le lecteur ne s'étonnera donc pas de trouver réunies dans ce mémoire les descriptions d'Annélides Polychètes provenant de ces diverses mers. Madagascar et le golfe de Tadjourah sont, en outre, situés dans la zone intertropicale, et le golfe Persique, à peine au nord du tropique du Cancer, est une mer aussi chaude que la mer Rouge. Les conditions climatériques sont donc bien comparables dans ces trois localités et il était probable a priori que la faune annélidienne y présenterait des différences assez faibles. L'étude systématique du matériel recueilli confirme pleinement ces prévisions. Ces Annélides Polychètes proviennent de trois collections distinctes du Muséum de Paris dont M. le professeur Ch. Gravier nous a fort aimablement confié l'étude. La plus ancienne se compose des Polychètes recueillies par M. Ch. Pérez, au cours d'une mission sur les côtes d'Arabie, accomplie en 1901, en compagnie de M. J. Bonnier, A part quelques spécimens du. golfe de Suez et d'Aden, presque tout ce matériel provient des bancs perliers de l'entrée du golfe Persique. Voici d'ailleurs la liste des stations : St. VI. Golfe de Suez, à 4 milles 1/2 de la côte, 70 mètres de fond. Lat. 28°29" N., Long. 33°05' E. — Fond du sable. Chalut. St. XXI. 25 février 1901. Aden. Marée sur la côte sud de la pres- qu'île d'Aden, au-delà du poste de signaux. — Rochers couverts d'Huîtres. St. XXII. 26 février. Aden. Marée à Post Office Pier. St. XL VIL 14-16 mars. Golfe Persique. Dragages sur les bancs perliers, par 10 à 16 brasses, à environ 15 milles de la côte d'Oman. La région de ces dragages est limitée entre 24°55' N. et 25° 10' N. et entre 54°40' E. et 55°10' E. (Greenwich). La plupart des animaux recueillis ont été trouvés dans les Polypiers massifs, tels que des Méandrines, concassés au marteau. St. XLIX. 18 mars. Golfe Persique. Dragages sur le banc Râk-as- Zakoum, à 4 milles au large de la côte d'Oman, par 4 à 6 brasses. St. L. 19 mars. Même localité. 318 PIERRE F AU V EL St. LI. 20 mars. Même localité. Sable graveleux à AmpJiioxus. Clypéas- tres avec Annélides commensales. St. LUI. 23 mars-4 avril. Golfe Persique. Dragage au N.-E. de l'île Arzana. St. LIV. Dragage sur les fonds perliers au N.-N.-W. de l'île Arzana. A 8 milles de l'île, par 5 brasses de fond. Les stations XLVII, XLIX et LUI sont celles qui ont fourni le plus grand nombre d'Annélides. En 1911, nous avions déjà publié un mémoire sur les Annélides du golfe Persique récoltées par M. Bogoyawlensky aux îles Bahrein, à Bouchir et à Coveit. La collection de M. Pérez, recueillie plus près de l'entrée du golfe, sur les fonds perliers de la côte d'Oman, vient donc heureusement ajouter à nos connaissances sur la faune de cette mer. Elle nous a fourni un Serpulien nouveau, Y Hydroides Perezi, que nous avons été heureux de dédier à M. Ch. Pérez. La faune de la mer Rouge est maintenant bien connue, d'abord par les travaux anciens de Savigny et de Grube, mais surtout grâce aux forts importants mémoires de M. Ch. Gravier. Après avoir décrit, en 1900 et 1901, les Annélides Errantes rapportées de la mer Rouge par M. le Dr Jousseaume et M. Coutière, M. Ch. Gravier alla lui-même, en 1904, explorer le golfe de Tadjourah et il rapporta de la baie de Djibouti un matériel considérable et de fort importantes observations faites sur les animaux vivant dans leur milieu naturel. Ses deux beaux mémoires de 1906 et 1908 sont consacrés à la description des Annélides Sédentaires. Ce sont les Polychètes Errantes, recueillies dans cette fructueuse expédition, dont M. Ch. Gravier m'a confié la détermination. Un petit nombre de Sédentaires s'y trouvaient encore mélangées. Ces Polychètes ont été recueillies à Obock, aux îles Musha, mais surtout à Djibouti même, à mer basse ou dans des dragages côtiers. Les Annélides de Madagascar ont été récoltées par M. F. Geay, le sagace explorateur, dans la Province de Tuléar, sur le canal de Mozam- bique, presque exactement sous le tropique du Capricorne. Elles pro- viennent principalement des récifs de Saint-Augustin et de Tuléar même, de Sarodrano, do Nossy-Vé et de Mahavatra. Jusqu'ici, la faune de Madagascar n'a donné lieu à aucun travail spécial en ce qui concerne les Polychètes. Tandis que les mémoires de KlNBERG, SCHMARDA, Mc'lNTOSH, EhLERS, CROSSLAND, WlLLEY, pour ne citer que les principaux, nous font connaître de nombreuses espèces POLYCHÈTES DE MADAGASCAR 319 du Cap de Bonne-Espérance et de Zanzibar, il est extrêmement rare d'y trouver mentionnée une localité de Madagascar. Une note de M. Ch. Gravier (1906) nous fait cependant connaître la présence de ÏOwenia fusiformis dans notre belle colonie. * Les espèces étudiées dans ce mémoire sont au nombre de 125, réparties dans 79 genres, appartenant à 23 familles. La liste suivante, où nous avens joint à l'indication de leur prove- nance leur répartition géographique à Ceylr.n, aux îles de la Sonde, aux Philippines, en Australie, au cap de Bonne-Espérance, et pour un certain nombre, en Europe, dans l'Atlantique ou la Méditerranée, nous permettra de discuter ensuite leur distribution. Les 125 espèces étudiées dans ce mémoire étaient représentées dans les trois collections par 72 de Madagascar, 71 de Djibouti, et 35 du golfe Persique, certaines d'entre elles se retrouvant dans plusieurs de ces localités. En 1911, nous avions déjà longuement étudié les rapports de la faune du golfe Persique avec celle de l'océan Indien, en général, et avec celles de la mer Rouge, de Ceylan et des Philippines, en particulier. Un coup d'œil jeté sur le tableau suivant confirme immédiatement nos conclusions antérieures. La plupart des espèces de la mer Rouge et du golfe Persique existent également à Ceylan, en Malaisie et aux Phi- lippines. Mais nous constatons en outre que, sur ces 125 espèces de l'océan Indien, considérées ici, 48 se retrouvent en Australie et en Nouvelle- Zélande. Si nous examinons maintenant la faune de Madagascar, sur 72 espèces, nous en trouvons 46, près des deux tiers, déjà signalées dans la partie septentrionale de l'océan Indien, mer Rouge, golfe Persique, Ceylan ou Philippines. En outre, 29 appartiennent en même temps à la faune australienne. L'océan Indien étant presque entièrement compris entre les deux tropiques, un pareil résultat n'a rien qui puisse nous étonner, sa faune est avant tout une faune de mers chaudes, et nombreuses sont les espèces adaptées à une température élevée qui se retrouvent dans cette zone intertropicale tout autour du globe, aussi bien dans l'océan Indien que dans le Pacifique et l'Atlantique. La faune de Madagascar paraît présenter moins d'affinités avec celle du Cap de Bonne-Espérance. Nous ne trouvons, en effet., que 13 espèces 320 PIERRE FAVVEL APHROPITIENS Hermioninés Pontogenia chrysocoma Baird . Hermionehystrix Savigny Polvnoinés Lepidonotus cristatus Grube Lepidonotus stellatus Baird Lepidonotus carinulatus Grube Lepidonotus te nisetosus Gravier Lepidonotus (Thormora) trissochœtus Grcbe. Harmothoê Boholensis Grube Harmothoê dictyophora Grube Iphione muricuta Savigny Gastrolepidia ciavigera Scu.uarda EULEPIDIXÉ- Eulepis Geayi n. sp • Acoétinés Panthalis melanonotus Grube SlGAXIONINÉS Sigalion Mathildce Aud.-Edw Sthenelais minât Pr. et K, var. digitata n. var. EulhalenessaDjiboutiensis Gravier Chrysopétauf.ns Chrysopetalum Ehlersi Gravier . . . Bhawania cryptocephala Gravier. AMPHINuMIEN- Eurythoë complanata Pallas . Pherecardia lobata HORST Notopygos hispidus Potts . . . Euphrosyne foliosa Aud.-Edw. Syllidiens Syllis longissima Gravier Syllis gracilis Grube S. (Hnplosyllis) Djiboutiensis Gravier S. (Typosyllis) variegata Grube S. (Typosyllis) closterobranchia BCHMAKDA, S. (Typosyllis) exilis Gravier S. (Typosyllis) Bouvieri Gravier S. (Ehlersia) cornuta Rathke Trypanosyllis gigantea Mc'Intosh Odontosyllis rubrofasciata Grube Exogone heteroselosa Mc'Intosh Autolytus spec m POLYCHÈTES DE MADAGASCAR 321 Phyli.odociens Phyllodoce castanea Marenzeller Phyllodoce Malmgreni Gravier Phyllodoce Madeirensis Langerhans Eulalia (Pterocirrus) Magalhaensis KlNBERG Eumida sanguinea Œrsted Notophyllum splendens Schmarda HÉSIONIENS Hesione Genetta Grube Hesione pantherina Risso . . . Podarke angustiirons Grube. Leocrates Claparedii Costa . . , Ancistrosyllis rigidu Fauvel EUNICIENS Eunice a fia Peters Eunice coccinea Grube Eunice Aphroditois Pallas Eunice antetmata SA VIGNY Eunice indien KlNBERG Eunice Marenzelleri Gravier Eunice Siciliensis Grube Marphysa mossambiea Peters Marphysa sanguinea MONTAGU Marphysa corallina KlNBERG , Marphysa Mc'Intoshi CROSSLAND Marphysa Adenensis Gravier Lysidice collaris Grube , Diopatra neapolitana D. Ch Onuphis eremita Aud.-Edw Omtphis spoc Aglaurides fulgida Savigny Aglaurides symmetrica Fattvel Arabella (Maclocia) iricolor MONTAGU Drilonereis filum CLAPABÊDE Lumbriconereis Latreilli AUD.-EDW Lumbriconereis impatiens CLAPARÈDE. . . . Lumbriconereis carifrons Grube Lumbriconereis heteropoda Marenzeller. Lumbriconereis papillifera n. sp NÉRÉIDIENS Nereis Coutierei Gravier Nereis unifaseiata Willey Nereis zonata MGR. var. persica Fauvel Nereis falsa Quatrefages Dendronereis arborifera PETERS Leonnates Jousseaumei Gravier Ceratonereis mirabilis Kinberg Ceratonereis Ehlersiana Cl.APARÈDE Ceratonereis Costœ GRUBE Ceratonereis pachychœta n. sp + + + .. + + 322 PIERRE FAUVEL Ceratonereis Erythrœensis n. sp Perinereis cultri/era Grube Perinereis nuntia Savigny P. nuntia var. brevicirris Grube. . . . P. nuntia var. vallata Grube , P. nuntia var. heterodonta Gravier. P. nuntia var. Djiboutiensis n. var. . Pseudonereis anomala GRAVIER. . . . Platynereis Dumerilii Aud.-Edw . . . Nepiithymens Nephthys Tulearensis n. sp. Nephthys palatii Gravier . Glycera subœnea Grube Glycera africana Arwidsson. Glycera tesselata Grube Glycinde Maskallensis Gravie CiRRAïrr.iKXs Cirratulus spcc . . Dodecaceria spcc. Spionidiens Nerine Lefebvrei Gravier Polydora ciliata JOHNSTON Marjelona Oboelcenms Gravier , Ariciens Aricia Chevalieri FAUVEL Aricia (œtida Clap. var. australis n. v; Aricia Bioreti n. sp Scoloplos Mudxj 'se irensis n. sp Flabelligériens titylarioides parmatus Grube Ophéliens Armand ia mehtnura GRAVIER. . . . Armandia lanceolata WrtLEY Armandia leptocirris Grube Pol_ ophthalmus pictus Dujardin . Camtehiens Dasybranchus caducm Grube Il POLYCHÈTES DE MADAGASCAR 323 Maldaniens Gravierella n. g. mvltiannidata a. sp. . . Ammochariens Owenia fusiformis D. Ch ( HÉTOPTÉRIE.NS Chaetopterus variopedatus RÉNIER Telepsavus Coslarum Claparède. saueli.akii.ns Sabellaria spinulosa Leuck. var. Intoshi Fauvel. Pattasia pennata Peters TÉRÉl'.ELLIEXS Polymnia nebulosa MONTAGr. . . Loimia médusa Savigny Pista foliigera Caullery Thelepus setosus QUATREFAGES. Thelepus phujiostoma Schmarda. Gr.jnœa cespUosa "Willey Polyelrms coccineus Grttbe Sabelliens Hypsicomus phoeotœnia Schmarda . Sabellastarte ituiwa Savigny Dasychone cingulata Grube C'hone collaris Langerhans Serpuliens Hydroides Perezi n. sp Pomatoceros cœruleus Schmarda. . . Vermiliopsis glandiyerus GRAVIER. Protula palliuta Willey communes aux deux faunes. Ce chiffre relativement peu élevé peut s'expliquer par l'ancienneté des mémoires de Kinberg et de Schmarda, dont plusieurs espèces du Cap sont difficiles à identifier, tandis que nous avons des travaux récents et excellents sur la mer Rouge et l'Australie. Néanmoins, cette explication paraît être insuffisante, car, en 1911, nous avions déjà noté que la faune de Zanzibar, presque identique à celle de la mer Rouge, ne rappelle que d'assez loin celle du Cap. En outre, les espèces communes au Cap et à la partie septentrionale de l'océan Indien étaient pour la plupart des espèces européennes cosmopolites. 324 PIERRE FAUVEL L'étude de la faune de Madagascar nous conduit au même résultat ; sur les 13 espèces qu'elle possède en commun avec le Cap, 6 sont euro- péennes. Ce sont : Syllis variegata, S. cornuta, Maclovia iricolor, Nereis falsa, Dasybranchus caducus, Chœtopterus variopedatus. Il ne faut pas oublier qu'un grand nombre d'espèces de Polychètes se retrouvent dans la plupart des mers du globe. En 1911, nous avions déjà pu signaler 45 espèces d'Europe retrouvées dans l'océan Indien. Depuis, le nombre s'en est fortement accru. Rien que sur les 125 espèces étudiées ici, 38 appartiennent à nos côtes de l'Atlantique ou de la Médi- terranée et plusieurs autres ont été signalées déjà à San-Thomé, au Séné- gal, au Maroc, aux Açores. Telles sont par exemple : Eurythoe complanata, Trypanosyllis gigantea, Eunice coccinea, Aglaurides symmetrica, Cera- tonereis mirabilis, Glycera africana, Aricia Chevalieri, Pallasia pennata, Loimia médusa et Hypsicomus phœotœnia. Le nombre de ces espèces cosmopolites va chaque jour croissant depuis que les zoologistes ont renoncé à considérer a priori comme distinctes des formes de provenances différentes, fussent-elles d'aspect identique. Ehlers et Augener, en comparant leurs matériaux avec les types de Kinberg et de Schmarda, d'une part, et avec des spécimens d'Europe, d'autre part, ont déjà simplifié fortement la synonymie de beaucoup d'espèces exotiques, décrites sous de nombreuses dénominations. On en trouvera encore de nouveaux exemples dans ce mémoire parmi lesquels nous citerons : Pontogenia chrysocoma, Hermione hystrix, Sigalion Mathildae, Sthenelais minor, Ewphrosyne foliosa, Syllis gracilis, Syllis variegata, S. cornuta, Phyllodoce Madeirensis, Eumida sanguinea, Hesione pantherina, Leocrates Claparedii, Marphysa sanguinea, Diopatra neapo- litana, Onuphis eremita, Arabella iricolor, Drilonereis fïlum, Lumbri- conereis Latreilli, L. impatiens, Nereis falsa, Ceratonereis Ehlersiana, Ceratonereis Costce, Pcrinereis cultrifera, Platynereis Dumerilii, Glycera tesselata, Polydora ciliata, Aricia jœtida, Aricia Bioreti, Polyophihal- mu8 pictus, Dasybranchus caducus, Chaetopterus variopedatus, Telep- savus Costarum, Sabeïlaria spinulosa, Polymnia nebulosa et] Thelepus setosus. En comparant ces spécimens de l'océan Indien à des spécimens de nos mers, autant que possible de même taille, il est facile de se rendre compte qu'il n'existe entre eux aucune différence spécifique. Lorsque l'on a entre les mains un matériel abondant, on peut aisément constater que beaucoup de caractères auxquels certains attachent une POLYCHËTES DE MADAGASCAR 325 grande importanec sont on réalité très variables et n'ont qu'une valeur de caractère individuel, ou au plus de variété. C'est ainsi qu'en examinant les nombreux spécimens de Perinereis nuntia de la mer Rouge, du golfe Persique et de Madagascar, nous aven; pu établir tous les passages graduels entre la Neanthes nuntia et la Peri- nereis heterodonta, qui nous avaient semblé autrefois appartenir à deux genres bien caractérisés, alors que ce ne sont que les deux variations extrêmes d'une seule espèce très répandue et très variable, dans laquelle nous avons pu établir 4 variétés, correspondant à de nombreuses espèces anciennes. Entre ces diverses variétés, on trouve d'ailleurs toutes les transitions graduelles, au point qu'il est difficile d'attribuer certains spécimens à l'une plutôt qu'à l'autre. C'est ainsi que nous avons été conduit à classer dans le genre Perinereis la Nereis nuntia de Savigny qui semblait cependant appartenir au sous-genre Neanthes. Déjà, cependant, Aitgener l'avait rangée dans le genre Perinereis, mais en modifiant, il est vrai, la diagnose de ce genre. Cet exemple, que nous pourrions appuyer d'un certain nombre d'ana- logues, nous montre une fois de plus l'inconvénient de multiplier abusi- vement les coupures génériques. Il y a plus de vingt ans, nous nous éle- vions déjà contre lav tendance actuelle à multiplier ainsi les genres, de telle sorte que dans certains groupes de Polychètes les dénominations génériques sont plus nombreuses que les espèces ! Trop souvent, ces coupures reposent sur des caractères infimes ayant parfois à peine la valeur de simples variations individuelles. Le genre ainsi précisé dans les moindres détails ne comprend plus qu'un petit nombre d'espèces, ou même une seule, comme le cas est fréquent, et comme les espèces nouvelles présentent d'ordinaire quelque caractère qui ne cadre pas avec la définition générique, force est encore de créer de nouveaux genres pour les renfermer et la confusion va sans cesse en augmentant, d'autant plus que les auteurs s'entendent rarement sur la valeur de ces prétendus caractères génériques. Les Aphroditiens, les Phyllodociens, les Maldaniens fournissent de nombreux exemples de cette multiplication abusive. Si l'on avait la patience d'étudier la variabilité de certains carac- tères sur des centaines d'individus d'âge, de taille et de provenances divers, appartenant à des espèces très communes, on arriverait sans nul doute à de nombreuses simplifications, C'est ainsi qu'en comparant 326 PIERRE F AU V EL de nombreux individus de Chœtopterus variopedatus de la Manche à ceux de Madagascar, nous avons pu constater que les Ch. longimanus, Ch. longipes, Ch. cautus ne sont que de simples variations individuelles de l'espèce européenne et n'ont rien de spécial à l'océan Indien. En étudiant les Polychètes d'Australie et des îles Falkland (1916, 1917), nous avions pu déjà nous convaincre de l'identité du Thelepus setosus et de la Polymnia nebulosa avec de nombreux Térébelliens exotiques décrits sous d'autres noms. Les spécimens de Madagascar et de la mer Rouge sont venus nous en apporter encore des preuves supplémentaires. Nous avons dû cependant créer 9 espèces nouvelles, 3 variétés et un genre nouveau Gravier ella, ce sont : Eulepis Geayi, n. sp., Lumbriconereis papillifera n. sp., Ceratonereis pachychœta n. sp., Ceratonereis Erythraeensis n. sp., Nephihys Tulea- rensis n. sp., Aricia Bioreti n. sp., Scoloplos Madagascarensis n. sp., Gravier ella multiannulata n. g., n. sp., Hydroïdes Perezi n. sp. Sthenelais minor Pruvot, var. digitata n. var., Perinereis nuntia (Sav.), var. Djiboutiensis n. var., Aricia fœtida Claparède, var. australis n. var. La Lumbriconereis papillifera est remarquable par la présence de grandes vésicules allongées, au-dessous et en arrière de parapodes, et qui représentent sans doute de longues ampoules néphridiennes. La Ceratonereis Erythraeensis présente une particularité fort rare chez les Néreidiens, les serpes du faisceau ventral supérieur sont remplacées par une unique soie géante simple. Tandis que la C. pxchychaefa possède de grosses serpes ventrales avec tendance à l'ankylose, formant transi- tion entre les serpes de la C. Costae et la soie simple en croc de la C. Ery- thraeensis. La Nephthys Tulearensis, à bien des égards analogue à la N. Hom- bergi, s'en distingue par ses branchies foliacées. li' Aricia Bioreti, espèce nouvelle de Madagascar, est en même temps nouvelle pour la France, M. l'abbé Bioret m'en ayant rapporté un spéci- men de Noirmoutier il y a déjà quelques années. Le Scoloplos Madagascarensis et V Hydroïdes Perezi présentent aussi des caractères bien tranchés, ainsi que V Eulepis Geayi, voisin cepen- dant de VE. -fimbriata Treadwell, de Porto-Rico. Mais l'espèce la plus intéressante, sans contredit, est la Gravierella multiannulata, curieux Maldanien présentant un cas fort singulier de croissance intercalaire, tel que je n'en connais aucun exemple chez une Polychète Sédentaire. POLYCHËTES DE MADAGASCAR 327 Les nombreuses particularités de ce Maldanien ne nous ayant permis de le classer dans aucun genre connu, même en prenant les anciens genres à caractéristiques assez larges de Malmgren ou de Saint-Joseph, nous en avons fait le type d'un genre nouveau que nous avons le plaisir de dédier à M. Ch. Gravier. Enfin, nous avons dû supprimer YEurythoë laevisetis, espèce que nous avions jadis basée sur l'absence complète de soies en harpon. Nous avons reconnu, en effet, expérimentalement que cette absence de soies en har- pon est due seulement à l'action de réactifs acides détruisant rapide- ment les dents et transformant ces soies caractéristiques en soies lisses ! UE. lazvisetis, simple modification alcoolique de YE. complanata, est un nouvel exemple des erreurs auxquelles expose l'étude du matériel conservé, tant raillé par Claparède, et de la prudence avec laquelle il faut considérer certains caractères paraissant pourtant assez tranchés. PARTIE DESCRIPTIVE Famille des APHRODITIENS Savigny Tribu des HERMIONINÉS Grube Genre PONTOGENIA Claparède Pontogenia chrysocoma Baird Pontogenia chrysocoma Saint-Joseph (1906), p. 189, pi. III. flg. 58-68 (Bibliographie). — — POTTS (1909). p. 329, pi. XX, flg. 26-27 ; pi. XXI, flg. 35-36. — — FAUVEL (1913), p. 3. Localité. — Madagascar, Tuléar. Récifs. N° 4984. Ce magnifique Aphroditien est long de 42 mm. et large de 13, c'est donc un individu de grande taille. Le nombre des sétigères, y compris le tentaculaire, est de 38. Les derniers sont très petits, très serrés et difficiles à compter. Le feutrage dorsal est bien développé. Les élytres sont au nombre de 15 panes. Je ne retrouve pas au 2e sétigère les élytres rudimentaires découpées en franges dont parle Claparède, mais je dois dire que je ne les ai pas retrouvées sur mes spécimens de Naples, et de Saint-Joseph n'a pas été plus heureux. En somme, je ne puis trouver aucune différence caractéristique entre ce spécimen de Tuléar et ceux de Naples ayant à peu près la même taille. Sur ces derniers, si le nombre de sétigères est souvent de 34-35, j'en observe un cependant avec 37. 328 PIERRE PAL Y EL Potts, ayant comparé des spécimens de Zanzibar et de Naples, les rapporte à la même espèce et note, en outre, que les premiers semblent intermédiaires entre la P. chrysocoma et la P. indica Grube. Cette dernière cependant aurait 18 paires d'élytres. Distribution géographique. — Méditerranée, océan Indien, Zanzibar, Madagascar. Genre HFRMIONE Blainville Hermione hystrix Savigny Hermione hystrix MC Intosh (1900), p. 264 (Bibliographie). — — FAUTEL (1914), p. 34. Hermione maUeata Grube (1878), p. 17. — — WILLEY (1905), p. 245, pi. I, flg. 3-4. — — Potts (1909), p. 329. — HORST (1917), p. 52, pi. XII, flg. 11-13. Localité. — Djibouti. Entre les récifs du Pingouin et du Météore. Dragage 20 mètres. Willey et Potts considèrent Y H. maUeata comme une simple forme méridionale de YH. hystrix et après l'avoir comparée à des spécimens de Naples de cette dernière espèce, ils ne trouvent guère d'autre différence que dans la taille plus petite de la première. Horst, après avoir égale- ment constaté la grande ressemblance des deux espèces, croit cependant pouvoir différencier YH. maUeata par ses courtes soies dorsales dont l'extrémité est mince, lisse et légèrement incurvée. Ce caractère n'a pas l'importance que lui atrtibue Horst, car chez YH. hystrix de la Manche ou de la Méditerranée, lorsqu'elle est de petite taille, ces soies dorsales en sabre, suivant qu'elles sont plus ou moins usées, sont longues, à extré- mité fine et souple incurvée, plus ou moins chargée de vase, ou au con- traire courtes, raides, peu arquées, à sommet émoussé. Sur le spécimen de Djibouti, long de 33 mm. et large de 10, comptant 32 ou 33 sétigères, je retrouve ces deux sortes de soies en sabre. Sur des spécimens de Monaco, ces soies ont une apparence ponctuée, qui est beaucoup moins marquée sur ceux de la Manche et de Djibouti ; cet aspect est peut-être dû à des parasites ou à des corps étrangers. Les soies ventrales bifides ont plusieurs dents accessoires dans les parapodes antérieurs et une seule ou pas du tout aux pieds de la région moyenne. Les soies en harpon n'ont rien de caractéristique. Grube figure une antenne impaire relativement courte. Willey POLYCHÈTES DE MADAGASCAR 329 la trouve, comme sur le spécimen do Naples, à extrémité distale clavi- forme. Horst l'observe longue et mince. Sur l'individu de Djibouti, elle est réduite au cirrophore avec un petit cirrostyle en voie de régénération. Cet organe est en effet caduque chez les Hermiones, ce qui explique facilement les divergences d'un individu à l'autre. En résumé, les différences que l'on pourrait relever entre Y H. malleata et VH. hystrix ne sont pas plus considérables que celles observées cou- ramment entre spécimens de taille ou de provenance différentes de cette dernière. Il n'y a donc pas lieu d'en faire deux espèces distinctes. J'ai déjà fait remarquer la différence d'aspect des individus dragués sur fond dur ou sur fond de vase (1914, p. 34). Distribution géographique. — Mer du Nord, Manche, Atlantique, Méditerranée, Ceylan, Philippines, îles de la Sonde, mer Rouge, Amirautés. Tribu des POLYNOINÉS Grube Genre LEPIDONOTUS Leach Lepidonotus cristatus Grube Lepidonotus cristatus Me' INTOSH (1885), p. 67. Lepidonotus cristatus Gravier (1901), p. 210, pi. VII, flg. 104-110 ; pi. IX, flg. 136. — — WILLEY (1905), p. 249. — — Malaquin (1907), p. 345. — POTTS (1909), p. 332, pi. XVIII, flg. 4-7. — — HORST (1917), p. 70, pi. XV, flg. 8. Localité. — Iles Musha. Dans une cavité à l'intérieur d'un Stylo- phora. Ce gros Lepidonotus à élytres bosselées est entièrement conforme à l'excellente description de Gravier, à laquelle je n'ai rien à ajouter. Potts et Horst en ont distingué plusieurs variétés. Distribution géographique. — Mer Rouge, Philippines, Ceylan, Zanzibar, île Maurice, Amboine, îles de la Sonde. Lepidonotus stellatus Baird Lepidonotus stellatus Baird (1865), p. 185. — — Haswell (1883), p. 283. — Augener (1918), p. 98 (Synonymie). — — FAUVEL (1917), p. 175, pi. IV, fig. 15-17. Lepidonotus obscurus Gravier (1901), p. 218, pi. VIII, fig. 118-122. Lepidonotus quadricarinatus Grube (1869), p. 6. Localités. — Djibouti. Dans et sur les cailloux au sud du plateau du Serpent. — Dans le sable vaseux à l'est de la résidence. — Dans les 330 PIERRE F AU V EL canaux des Hircinia. — Iles Musha. — Dans les Polypiers de l'île Maskali. D'après les notes de M. Gravier, les élytres sont bleu sombre sur ranimai vivant. J'y retrouve les mêmes papilles ovales entourées de pigment que sur ceux d'Australie, dont ils ne diffèrent que par les deux carènes des élytres moins divergentes. Suivant la contraction plus ou moins accentuée de l'animal dans l'alcool, les élytres se croisent complè- tement ou laissent à nu une partie du dos. Distribution géographique. — Mer Rouge, océan Indien, Seychelles, Australie. Lepidonotus carinulatus Grube Lepidonotus carinulatus Fatjvel (1911), p. 367, flg. I (Synonymie). — — Potts (1909), p. 331. — — Horst (1917), p. 69, pi. XV, fig. 10. Localités. — Golfe Persique St. XL VII. Dragage. — Madagascar. Récifs de Tuléar. N° 5009. Cette espèce, qui se rapproche beaucoup du L. squamatus de nos côtes, s'en distingue à première vue par la caducité de ses élytres qui sont au contraire fortement attachées chez notre espèce indigène. Les grosses papilles des élytres ne sont pas épineuses et celles du bord, qui sont échinoïdes ou étoilées, ont des dents plus grosses et moins nombreuses. Les deux espèces ont les élytres frangées et ornées, au bord, de petites papilles caliciformes. Les soies ventrales du L. carinulatus sont bidentées, tandis que celles du L. squamatus sont unidentées. Le L. Bowerbankii Baird, d'Australie, est une espèce du même groupe, mais portant sur les élytres de fines papilles en aiguillon entre les grosses papilles lisses. Il a des soies unidentées. Les spécimens du golfe Persique sont petits et nombreux. Cette espèce, si répandue dans les récifs de l'océan Indien, n'est cependant représentée à Tuléar que par un individu, semblable d'ailleurs aux précédents. Distribution géographique. — Mer Rouge, golfe Persique, océan Indien, Madagascar, Ceylan, Philippines, Amboine, Japon. Lepidonotus tenuisetosus (Gravier) Euphione tenuisetosa Gravier (1901, p. 122, pi. VIII, flg. 123-125. — — Fauvel (1911), p. 368. Localité. — Madagascar, Tuléar, Sarodrano. N° 5063. Cette espèce est représentée seulement par deux spécimens qui corres- pondent bien à la description do Gravier et aux spécimens du Golfe POLYCHÈTES DE MADAGASCAR 331 Persique que j'ai étudiés jadis. Elle diffère du Lepidonotus carinulatus par ses soies ventrales unidentées, ce caractère la rapproche au contraire du L. Boiverbankii auquel elle ressemble beaucoup. Les soies dorsales un peu plus fines, mais de même type que chez ces Lepidonotus, ne me paraissent pas constituer un caractère générique suffisant. Il y a beau- coup plus de différence entre les soies dorsales des Lepidonotus oculatus, L. Argus, L. melanogrammus , d'une part, et des L. squamatus, L. carinulatus et L. Boiverbankii, d'autre part, qu'entre ces derniers et YEuphione tenui- setosa. Quant aux soies ventrales du 1er pied (2e sétigère), j'ai déjà montré (1911, p. 367, fig. i) qu'on en rencontre d'analogues chez le L. carinu- latus. Chez le L. squamatus, les soies ventrales supérieures du 1er pied sont à peine renflées, longuement épineuses, et se terminent par un rostre allongé. Les ventrales inférieures sont plus courtes et finement bidentées, tandis que les soies ventrales des parapodes suivants sont unidentées. Les soies du 1er pied de YEuphione tenuisetosa ont simplement la pointe plus longue et plus fine, mais elles n'appartiennent pas à un type diffé- rent. Quant à la touffe de prolongements filiformes figurée par Gravier (p. 224, fig. 231), elle n'a rien de caractéristique car elle est loin d'être constante. Sur les différents spécimens que j'ai examinés, j'ai parfois trouvé de ces touffes à l'extrémité de soies d'un pied quelconque, aussi bien dorsales que ventrales, tandis que souvent elles font complè- tement défaut aux soies ventrales du 1er pied. Je retrouve d'ailleurs fréquemment cet aspect sur le Lepidonotus squamatus et sur beaucoup d'autres espèces draguées sur fond vaseux. Aussi, je ne saurais partager l'opinion de Bergstrôm qui attribue à ces soies «penicillatœ » une impor- tance générique. Il faudrait auparavant prouver que ces filaments font bien partie de la soie, ce qui me semble loin d'être établi. D'ailleurs, leur inconstance dans une espèce donnée, et leur fréquence chez des espèces fort différentes, leur enlève tout caractère spécifique, à fortiori géné- rique. Chez YEuphione tenuisetosa, les yeux antérieurs et postérieurs sont rapprochés au point de presque se toucher. H y a là, tout au plus, un caractère spécifique, car chez le L. squamatus ils sont souvent assez rapprochés. En résumé, YEuphione tenuisetosa est une espèce très voisine du L. squamatus et du L. Bowerbanhii, dont elle ne diffère que par ses soies ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — T. 5\ — F. 8. 24 332 PIERRE F AU V EL un peu plus fines, ses tubercules des élytres moins développés et ses yeux plus rapprochés, et il n'y a pas de raison de la classer dans un genre distinct. Distribution géographique. — Mer Rouge, golfe Persique, Mada- gascar. Lepidonotus (Thormora) trissochaetus Grube Lepidonotus trissochaetus Grube (1878), p. 25. — — Willey (1905), p. 249. — — Potts (1909), p. 331. Thormora trissochaeta Horst (1917), p. 75. Thormora Jukesi Marenzeller (non Baird) (1902), p. 571 pi. II, flg. 6. — — Atjgener (1913), p. 107. Polynoê glauca Ehlers (1897), p. 6 (fide Atjgener). Localités. — Madagascar, Tuléar. Récifs. N03 5009, 5038, 5045. — Sarodrano. N° 5091. Ce Lepidonotus est caractérisé par la présence de deux sortes de soies à la rame dorsale : les unes arquées, épineuses ; les autres droites, longue- ment hastées. Ce caractère paraît suffisant à Marenzeller et à Horst pour justifier le genre Thormora, auquel Augener attribue seulement la valeur de sous-genre. D'après Horst, la Thormora Jukesi, sensu Baird, serait une espèce différente à élytres frangées. Distribution géographique. — Océan Indien, Zanzibar, Madagascar, mer Rouge, Philippines, Ceylan, Malaisie, Australie, îles Gambier, Samoa, Japon. Genre HARMOTHOE Kinberg Harmothoë Boholensis (Grube) Polynoê Boholensis Grube (1878), p. 41, pi. in flg. 4. Barmothoë Boholensis Fattvel (1911), p. 369. Paralepidonotus Boholensis Horst (1917), p. 77, pi. XVHI, flg. 1-2. Localités. — Djibouti. Récif du Météore. Dragage. — En face de l'embouchure de la rivière d'Ambouli. Dragage 6 mètres. — Dans les canaux des Hircinia. — Les Musha. Sur les Polypiers. Horst range cette espèce, ainsi que Y H. ampullifera, dans le genre nouveau Paralepidonotus, caractérisé par 15 paires d'élytres, au lieu de 12, des antennes latérales insérées comme chez les Lepidonotus et des soies dorsales plus développées que chez ces derniers. H s'appuie sur la description de Gravier qui attribue à la P. ampul- lifera des antennes latérales « fixées sur le bord antérieur du prostomium ». POLYCHÈTES DE MADAGASCAR 333 Grube, cependant, la rangeait parmi les espèces à antennes latérales « infra impar orientia ». J'avais fait remarquer que sur la figure même de Gravier les antennes latérales sont figurées un peu au-dessous de l'an- tenne impaire, c'est d'ailleurs ce que j'avais observé moi-même sur des spécimens du golfe Persique et c'est pour cela, et non parce que j'avais été induit en erreur par la description de Grube, ainsi que Horst le suppose, que j'avais rangé la P. ampullifera dans le genre Harmotlioë, où l'on rencontre des espèces avec ce mode d'insertion intermédiaire, analogue à celui du genre Halosydna. Quoiqu'il en soit de la P. ampullifera, la critique de Horst ne s'ap- plique pas à la P. Boholensis qui a un prostomium typique & Harmotlioë, nettement caractérisé sur la fig. 4, pi. III de Grube, dont j'ai constaté l'exactitude sur les spécimens du golfe Persique. Ceux de Djibouti sont encore plus typiques, car certains ont même des cornes frontales nette- ment acuminées et 4 petits yeux dont les antérieurs sont un peu rejetés sur le côté, sous les cornes frontales. L'antenne impaire est bien plus longue que les latérales qui sont plus courtes que les palpes. Antennes et cornes, garnis de papilles, sont brun foncé, plus ou moins verdâtre, avec un très léger renflement subterminal surmonté d'un long fouet. Les élytres, au nombre de 15 paires, sont d'abord discoïdales, puis ovales, très légèrement rénif ormes. Elles sont ornées de 2 champs clairs et 2 champs foncés disposés en croix de Malte plus ou moins régulière, car ils sont inégaux et à contours arrondis. Les élytres portent des tuber- cules coniques ou ovoïdes, et, sur leur bord postérieur, des papilles frangées. Sur certains spécimens, la division en 4 champs est moins nette, l'ex- terne, plus petit, étant parfois à peine indiqué, tandis que l'interne, foncé, se rapproche du bord postérieur. avec tendance à former un large crois- sant obtus. Les soies dorsales, très nombreuses, plus grosses que les ventrales, sont nettement annelées de couronnes de fins denticules. Les soies ven- trales, bidentées, sont du type courant chez les Harmotlioë. Les papilles néphridiennes et les lamelles ventrales présentent un développement très variable d'un individu à l'autre. La lamelle est sou- vent tuméfiée et la papille néphridienne, repliée en arrière dans l'inter- valle des parapodes, ne se voit alors qu'en écartant ceux-ci. Grube décrit la lamelle, « lobulo minimo semi-circulari », disparaissant au 27e segment. En résumé, la P. Bolwlensis est une Harmotlioë typique et si les spé- cimens de Horst ont bien des antennes latérales à insertion terminale 334 PIERRE F AU V EL ils appartiennent à une espèce différente de celle de Grube et de cell e que j'ai étudiée. Distribution géographique. — Philippines, îles de la Sonde, golfe Persique, mer Rouge. Harmothoë dictyophora Grube Polynoë dictyophora Grube (1878), p. 44, pi. XV, flg. 9. Harmothoë dictyophora Willey (1905), p. 251, pi. I, flg. 14-16. — — Fauvel (1911), p. 370 ; (1918), p. 2. — — Augener (1913), p. 115. — — HORST (1917), p. 90. Localités. — Golfe Persique, St. XLVII et XLIX. Dragages. — Madagascar, Tuléar. Sarodrano. N° 5152. Les élytres de cette espèce, divisées en grands champs polygonaux du centre desquels s'élèvent de longs tubercules bifurques, rappellent un peu celles de YH. areolata de la Méditerranée. Distribution géographique. — Philippines, Ceylan, golfe Persique, Madagascar, Australie, Malaisie. Genre IPHIONE Kinberg Iphione muricata (Savigny) Polynoë muricata Savigny (1820), p. 21, pi. III, flg. 1. Iphione muricata Kinberg (1855), p, 383. _ — GRUBE (1878), p. 21. — — Gravier (1901), p. 226, pi. IX, flg. 129-135. _ _ WILLEY (1905), p. 246, pi. I, flg. 6. — — POTTS (1909), p. 341. — — AUGENER (1913), p. 98. — — HORST (1917), p. 65. Polynoë peronea Schmarda (1861), p. 157. Iphione spinosa Kinberg (1857) p. 8. — — Michaelsen (1892), p. 5. Localités. — Djibouti. Récifs du Pingouin et du Météore. Dragages 18-20 mètres. — Sable vaseux à l'est de la Résidence. — Sur la base d'un Madrépore. — Iles Musha, dans les fissures des rochers de l'île Maskali. — Madagascar. Récifs de Tuléar. N° 4978. Cette espèce, qui semble très répandue dans les récifs coralliens des mers chaudes, a été très exactement redécrite par Gravier, dont je ne puis que confirmer la description. Distribution géographique. — Mer Rouge, Philippines, îles de la Sonde, Ceylan, Seychelles, Maldives, Zanzibar, Madagascar, Australie, Hawaï, Amboine. POLYCHÈTES DE MADAGASCAR 335 Genre GASTROLEPIDIA Schmarda Gastrolepidia clavigera Schmarda Gastrolepidia clavigera Schmarda (1861), p. 159, pi. XXXVII, flg. 315. — — Willey (1905), p. 253. — — POTTS (1909), p. 241. — — HOEST (1917), p. 84, pi. XVI, flg. 5. Gastrolepidia amblyphylhis Gruie (1878), p. 46, pi III, flg. 6. Localité. — Madagascar. Récifs de Tuléar. Nos 4745, 4751, 4752, 4754. Deux exemplaires seulement ont conservé leurs cirres et leurs élytres. Le prostomium est du type Halosydna, c'est-à-dire que les antennes sont insérées à l'extrémité des lobes du prostomium, mais un peu au- dessous de l'antenne impaire, ainsi que l'a fort bien remarqué Willey. Cette disposition est intermédiaire entre celle des Harmothoë et des Lepi- dcnotus. Je ne puis que confirmer la variabilité de l'insertion des élytres à partir du 35e sétigère, déjà observée par Horst. Un spécimen a des élytres au 35e et au 36e, puis aux 39e et 40e, et ensuite aux 42e, 44e, 46e, 48e. Le 43e porte un cirre à droite et une élytre à gauche. Un autre spé- cimen porte, au 35e sétigère, un cirre à gauche et une élytre à droite, et, au 42e, un cirre à droite et une élytre à gauche. Distribution géographique. — Philippines, îles de la Sonde, Ceylan, Zanzibar, îles de l'Océan Indien, Madagascar. Tribu des EULEPIDINÉS Darboux Genre EULEPIS Grube Eulepis Geayi n. sp. (PI. XV, flg. 17-21 ; PI. XVII, flg. 76-79). Localité. — Madagascar. Tuléar. Récif Saint- Augustin. Nos 5025 et 5050. Diagnose. — Corps peu allongé, de largeur uniforme, obtus aux extrémités, 36-38 sétigères. Prostomium arrondi, plus large que long. Antenne impaire courte, renflée en bouton terminal. Antennes latérales courtes, subulées, à base renflée, 2 palpes subulés. De chaque côté, 2 cirres tentaculaires subégaux sur un long pédoncule commun avec soies capillaires. — 12 paires d'élytres d'un blanc laiteux, parfois avec quelques taches orangées, les premières orbiculaires, puis réniformes, ensuite 336 PIERRE F AU V EL subrhomboïdales, plus longues que larges, la dernière paire beaucoup plus grande, découpées en longs festons digitif ormes sur leur bord externe, quelques papilles hémisphériques lisses, à la surface dans la partie anté- rieure. Insérées sur les segments 2, 4, 5, 7, 9... 21 et 24 et laissant à nu les 6-7 derniers sétigères. Petits cirres dorsaux coniques aux 3e et 6e séti- gères ; à partir du 8e, cirres portés à l'extrémité d'un long cirrophore aplati en bandelette transversale, cannelée à sa face inférieure qui s'ap- plique sur des cannelures correspondantes du dos. Du 25e au 38e sétigère tous les segments portent des cirres dorsaux d'abord acuminés, puis en large palette lancéolée. Cirres ventraux d'abord subulés, puis en petit bouton pédicellé terminé par un petit article claviforme. Rame dorsale courte, arrondie, avec acicule recourbé, de grosses soies jaunes coudées à angle droit et très aiguës et un faisceau de longues et fines soies capil- laires épineuses. Rame ventrale arrondie, comprimée en lame verticale, à acicule muni d'une large expansion chitineuse, une soie pectinée et une rangée de grandes soies dorées à double courbure, à longue pointe souple. Urites filiformes aussi longs que la moitié du corps. Les Eulepis sont des formes rares dont on ne connaît qu'un petit nombre d'exemplaires, pas toujours entiers, et dont quelques-uns seu- lement ont été décrits en détail, aussi est-ce une bonne fortune d'en rencontrer d'intacts, comme ces deux spécimens, et de belle taille. Le plus grand mesure 32 mm. de long sur 7 mm. de diamètre, soies com- prises. Le corps n'est donc pas très allongé et son diamètre est partout uniforme, sauf aux deux extrémités qui sont brusquement arrondies. La forme générale est donc celle d'un rectangle allongé, analogue à celle des Lepidonotus. La face dorsale, sauf les 6-7 derniers segments, est entièrement couverte par les élytres blanc de lait, avec quelques taches orangées. La face ventrale est incolore. La tête est cachée sous les élytres et même en partie rentrée sous les élytrophores de la première paire qui sont accolés l'un à l'autre. Le prostomium est globuleux, plus large que long et me semble dé- pourvu d'yeux. L'antenne impaire est réduite à un petit bouton terminal, comme chez Y Eulepis fimbriata. Les 2 antennes latérales, un peu plus longues, sont subulées et insérées sur une base dilatée avec une tache sombre à la base. Les palpes sont plus longs, coniques. Le premier sétigère, ramené en avant, porte, sur un long pédoncule, deux cirres tentaculaires subégaux, séparés par un petit mamelon pédieux à longues soies capillaires. Le 2e sétigère porte la lre paire d'é- POLYCHÈTES DE MADAGASCAR 337 lytres et le 3e un petit cirre dorsal acuminé, mais, à la face supérieure, ces deux segments sont plus ou moins soudés et réunis par l'élytrophore de la lre élytre, comme l'a remarqué Treadwell sur VE. fimbriata. Le cirre ventral du 2e sétigère, plus grand que les suivants, est rejeté en avant. Le 4e et le 5e sétigères portent chacun une paire d'élytres, le 6e un petit cirre acuminé (pi. XV, fig. 20) ensuite les élytres se trouvent sur tous les segments impairs, 7, 9, 10 jusqu'au 21e qui est suivi de 2 segments cirrigères, le 24e portant la 12e et dernière paire d'élytres. A partir du 8e sétigère, les cirres dorsaux subissent une curieuse et profonde modifi- cation. Au lieu d'être insérés, comme les précédents, au bord supérieur de la rame dorsale, ils sont portés par de volumineux cirrophores naissant, comme les élytrophores, du milieu du dos et s'étalant transversalement. Ces gros cirrophores sont creux et aplatis. Leur face inférieure porte de 3 à 5-6 cannelures longitudinales qui viennent se loger entre des crêtes correspondantes de la surface dorsale se terminant au sommet de la rame dorsale (pi. XV, fig. 19). Le cirrostyle est réduit à une petite lamelle foliacée terminée par une pointe effilée. A partir du 25e sétigère, les cannelures disparaissent après s'être réduites à 2 ou 3 et du 29e au 37e les cirrostyles s'aplatissent en larges palettes lancéolées que Grube a prises pour des élytres (pi. XV, fig. 18). La première paire d'élytres est orbiculaire, à peine réniforme, lisse et ne porte que 2 à 5 très petites digitations sur son bord antérieur. La 2e et la 3e sont déjà plus nettement réniformes et leur bord latéral externe est découpé en plusieurs languettes allongées un peu rétrécies à la base. Les suivantes (pi. XV, fig. 17) sont de plus en plus allongées subrhom- boïdales à angles arrondis et à digitations latérales plus nombreuses (9 à la 8e paire). Enfin, la 12e et dernière, très allongée, beaucoup plus grande que les autres, recouvre jusqu'au 31e-32e sétigère. Ces élytres sont blanc de lait opaque avec un arc de granulations orangées autour de leur point d'insertion. Ce pigment, surtout abondant à leur face inférieure, est en partie visible par transparence. Leur surface est glabre, sauf un petit champ antérieur à papilles hémisphériques, lisses. Dans la région moyenne du corps, un parapode comprend : une rame dorsale à gros mamelon tronqué et une rame ventrale plus longue, aplatie en demi-cercle vertical avec un petit cirre piriforme, finement pédicellé et terminé par un petit appendice cla vif orme (pi. XV, fig. 21). La rame dorsale est soutenue par un long acicule jaune, à pointe recourbée. Elle porte un demi-cercle de grosses soies jaune d'or, ou rougeâtres, recourbées 338 PIERRE F AU V EL à angle droit et terminées en pointe aiguë (pi. XVII, fig. 78). Ces pointes divergent dans tous les sens. Un peu au-dessous de ces grosses soies, un petit tubercule porte un faisceau de nombreuses et fines soies capil- laires très longues, les unes complètement lisses, les autres épineuses sur une plus ou moins grande longueur. A la rame ventrale, on trouve d'abord une soie supérieure pectinée semblable à celles figurées par Mc'Intosh, Augener et Horst (pi. XVII, fig. 79), ensuite une rangée verticale de grandes soies simples. Les supérieures sont fortes, jaunes, à double courbure et terminées en pointe souple, longue et fine. Elles passent insensiblement aux inférieures qui sont moins grosses, droites et plus ou moins nettement bilimbées (pi. XVII, fig. 76, 77). L'acicule ventral porte à son extrémité une large expansion chitineuse. Aux pieds antérieurs, les soies sont un peu différentes. Au 2e séti- gère, il n'y a que des soies capillaires à la rame dorsale et les soies ventrales sont fortes et géniculées. Ce n'est qu'au 3e que se montrent les grosses soies dorsales recourbées à angle droit, et il y a encore de grosses soies jaunes géniculées à la rame ventrale. Au 4e sétigère, ces soies jaunes s'allongent et s'amincissent, et au 5e elles sont nor- males. Le pygidium porte deux urites, l'un, réduit à une partie basilaire aplatie en lame foliacée, est sans doute en état de régénération, l'autre est filiforme, c'est un mince nagellum aussi long que la moitié du corps (18 mm.). Le second spécimen, un peu plus petit que le précédent (21 mm. sur 5 mm.), n'en diffère que par les détails suivants : les élytres sont tout à fait incolores. Celles de la lre paire portent à leur bord antérieur 12 à 15 petites papilles claviformes très fines. Les suivantes ont des dents latérales plus aiguës et plus recourbées en arrière. Le nombre des segments sétigères n'est que de 36 au lieu de 38 et le dernier est rudimentaire. Le cirre anal est nettement impair, sans trace d'un deuxième. Ceci explique les contradictions des auteurs signalant tantôt un, tantôt deux cirres anaux chez les Eulepis. Le prostomium globuleux n'est pas pigmenté et porte en arrière et sous ses bords latéraux un très petit œil noir de chaque côté, invisible d'en dessus. Par contre, la base des antennes paires est à peu près dépour- vue de pigmentation. L'antenne impaire, insérée sur la ligne médiane, atteint à peine le bord antérieur du prostomium et son extrémité est moins nettement renflée en bouton. POLYCHÈTES DE MADAGASCAR 339 Ces légères différences rentrent dans les limites des simples variations individuelles. Cette espèce, malgré de nombreuses ressemblances, ne peut être identifiée à YEulepis hamifera Grube, des Philippines, ni à YEulepis malayana Horst, de Malaisie, qui s'en distinguent immédiatement par leurs élytres non fimbriées. Il en est de même des Eulepis Wyvillei Mc'Intosh, Challengeriœ Mc'Intosh et splendida Treadwell, des Antilles. U Eulepis flmbriata Treadwell, de Porto-Rico, a bien des élytres découpées en frange, un prostomium globuleux et une antenne impaire renflée en bouton, comme l'espèce de Madagascar, à laquelle s'applique bien la description de Treadwell. Malheureusement, cette description est trop sommaire pour qu'il soit possible d'identifier ces deux formes avec certitude. Je considère donc les spécimens de Tuléar comme une espèce nouvelle que je suis heureux de dédier à M. Geay qui l'a découverte. Distribution géographique. — Madagascar. Tribu des ACOETINÉS Kinberg Genre PANTHALÎS Kinberg Panthalis melanonotus Grube (PI. XV, flg. 1-3 ; PI. XVII, flg. 70-75). Panthalis melanonotus Giutbe (1878), p. 48, pi. IV, flg. 1. — — WILLEY (1905), p. 254, pi. I, flg. 21-27. Polyodontes melanonotus Buchanan (1894), p. 441. Panthalis jogasimœ Izuka (1912), p. 68, pi. II, flg. 6 ; pi. VIII, flg. 1-6. Polyodontes Sibogae Hoest (1917), p. 131, pi. XXVIII, flg. 4-10. Localité. — Tuléar. Récifs de Saint-Augustin. N° 5030. Bien que brisé en 3 fragments, ce spécimen me semble complet. Il mesurerait alors environ 10 cm. sur 8 mm. de large. La trompe est inva- ginée et ses papilles ne font pas saillie par l'orifice buccal. Les deux ommatophores sont en forme de massue dont l'extrémité renflée, fortement pigmentée, se termine par un cristallin hémisphérique. A la base, on remarque, en outre, deux petits yeux noirs. L'antenne impaire est insérée en avant du prostomium, mais en arrière de la base des pédoncules oculaires auxquels son cératophore est plus ou moins soudé jusqu'à la hauteur des petits yeux postérieurs. L'extrémité du cératostyle ne dépasse pas les ommatophores. Les antennes paires, 340 PIERRE F AU V EL sensiblement de même longueur, sont insérées sous les pédoncules o'cu- laires et visibles seulement par la face ventrale. Les deux longs palpes filiformes, piquetés de brun, paraissent lisses, cependant leur extré- mité porte de fines papilles coniques visibles à un plus fort gros- sissement. Les cirres tentaculaires, un peu plus longs que les yeux, sont subégaux, soudés à la base et ornés d'un faisceau de fines soies capillaires. Le premier parapode (2e sétigère) est plus long que les suivants, rejeté en avant et très modifié (pi. XV, fig. i). Il est nettement biramé. La rame dorsale, bien détachée, est cylindrique et terminée par un appendice digitiforme surmontant un faisceau de longues soies capillaires. La rame ventrale, plus allongée, est aplatie, à deux lèvres dont une, légèrement crénelée au bord supérieur, est munie inférieurement d'une bractée lamel- leuse en demi-cercle. Les soies capillaires forment un faisceau divergent. Le cirre ventral, plus grand que les suivants, est dirigé en avant. Le pied, fortement tacheté de brun, porte la lre élytre. Au 2e et 3e pied, la rame dorsale est encore conique, mais déjà plus aplatie. A partir du 5e, elle est tout à fait aplatie et appliquée contre la face antérieure de la rame ventrale, de sorte que ses soies se profilent sur celles de cette dernière et semblent lui appartenir. A partir de ce pied, les soies dorsales devien- nent de plus en plus courtes, mais au 20e elles sont encore très nombreuses et ce n'est qu'à la région postérieure du corps qu'elles sont réduites à 1 ou 2 qui manquent parfois. En se raccourcissant, elles s'élargissent et deviennent longuement lancéolées. La rame dorsale renferme un acicule. Au 3e sétigère, la rame ventrale est formée de 2 lèvres verticales et d'une bractée inférieure en collerette qui va en s 'atténuant rapidement aux pieds suivants. Les soies sont de 3 sortes : 1° un faisceau supérieur de soies capillaires (pi. XVII, fig. 73) ; 2° des soies aristées avec petit bou- quet de poils et long plumet épineux (pi. XVII, fig. 74) ; 3° des soies épi- neuses à double courbure. Aux pieds suivants, les soies aristées devien- nent beaucoup plus grosses, alvéolées à l'extrémité qui est le plus souvent mousse, sans plumet (pi. XVII, fig. 75). On en compte 5-7 par pied; au-dessous d'elles persiste le faisceau de soies « serrulato subspirales », mais au-dessus les soies capillaires se modifient, elles se renflent et se couvrent de fines épines. Au 8e pied (9e sétigère) apparaissent les glandes filières jaune d'or, enroulées en spirale dans l'épaisseur du parapode. A partir de ce segment, POLYCHËTES DE MADAGASCAR 341 les soies supérieures se modifient de plus en plus et au 11e sétigère elles sont transformées en soies pénicillées, analogues à celles du P. Œrstedi dont Watson a montré le rôle dans le tissage du tube feutré (pi. XVII, fig. 71). Elles en diffèrent cependant parce que leur balai de filaments est un peu sur le côté au lieu d'être terminal et l'axe de la soie forme une pointe fine le dépassant. Ces soies ne conservent cet aspect que dans les segments où les glandes filières sont très développées. Ensuite elles se modifient de nouveau progressivement et sont remplacées par des soies droites, longuement lancéolées, finement épineuses à l'extrémité et ana- logues, en plus grand, aux soies dorsales (pi. XVII, fig. 72). Dans la région postérieure, les soies aristées se terminent aussi généralement par un plumet épineux comme aux premiers sétigères. Au 10e parapode (11e sétigère), commencent à se montrer les tuber- cules branchiaux. Vers le 20° pied, ils sont au nombre de 4 ou 5 de chaque côté de l'insertion du cirre ou de l'élytre et on en voit aussi un certain nombre sur les faces antérieures et postérieures des mamelons pédieux (pi. XV, fig. 3). Postérieurement, ces branchies s'atténuent, puis dis- paraissent et sont remplacées par un appendice bifurqué en T à branches inégales, aux pieds cirrigères (pi. XV, fig. 2) et par un long appendice digitiforme aux pieds élytrigères. La base du cirre dorsal conique devient vésiculeuse, ainsi que le rame dorsale, et on voit très bien par transparence les ramifications des caecums intestinaux qui s'engagent à l'intérieur de l'appendice, du cirrophore, et de la rame dorsale (pi. XV, fig. 2). Dans le dernier cinquième du corps, les appendices cessent d'être bifurques et se réduisent à un tubercule de plus en plus obtus. Les cœcums digestifs ne sont plus ramifiés, mais forment seulement des poches ovoïdes ratta- chées à l'intestin par un court pédicule. Les cirres ventraux, acuminés, sont plus courts que le parapode. Le pygidium se termine par deux courts urites. Les élytres sont insérées sur les segments 2, 4, 5, 7, etc., de deux en deux segments jusqu'à l'extrémité postérieure. Elles sont molles, mais adhérentes, jaunâtres, veinées de brun foncé et pointillées de blanc. La première pane est grande, subrectangulaire et enveloppe complètement la tête. Celles de la 2e paire sont orbiculaires, plus petites et en grande partie cachées par celles de la 3e et de la 4e qui sont les plus développées. Les élytres des 5 premières paires sont planes, imbriquées à rebours, et les 3 premières se croisent sur le dos, que les suivantes laissent à nu dans sa partie médiane. Dans la région moyenne et postérieure du corps, 342 PIERRE F AU V EL les élytres sont imbriquées et se croisent ou non sur le dos. Elles sont alors repliées en gousset à leur bord postérieur externe. Ces élytres sont dépourvues de franges et de papilles, mais leurs taches blanchâtres correspondent à des vésicules molles. Par ses ommatophores allongés, ses 3 antennes, le premier pied modifié et ses soies pénicillées, cet Acoëtien rentre bien dans le genre Panthalis, il ressemble même beaucoup au P. Œrstedi, mais il s'en distingue par ses ommatophores pigmentés, ses soies pénicillées différentes et surtout par la présence de tubercules branchiaux. Sous ce rapport, il faudra même modifier la diagnose du genre, que j'avais établie sur la seule espèce vraiment bien connue, le P. Œrstedi, qui en est dépourvu. Je pensais que le P. melanonotus, dont Willey avait signalé les branchies, rentrait dans le genre Polyodontes, mais la modification du 2e sétigère et tous ses autres caractères le rapprochent trop du P. Œrstedi pour que l'on puisse le placer dans un autre genre. La description de Grube s'applique bien à ce spécimen de Madagas- car, mais il n'a pas décrit les pieds antérieurs et la description des soies qu'il donne s'applique aux pieds postérieurs. C'est pourquoi les branchies lui ont échappé. Willey a figuré le prostomium et le parapode avec son processus branchial géniculé, il a vu aussi les soies pénicillées, mais il attribue à la rame ventrale les soies de la rame dorsale qui se profilent sur elle ainsi que je l'ai expliqué plus haut. Le P. jogasimae, autant qu'on peut en juger par la description et les figures d'IzuKA, ne me paraît différer en rien du P. melanonotus, seules les soies pénicillées sont peut-être différentes. Izuka n'a pas vu les glandes fileuses, mais leur absence paraît peu vraisemblable chez un Acoëtien. La taille et la coloration correspondent aussi avec l'espèce de Madagascar. Malheureusement, Izuka ne décrit pas les parapodes antérieurs. Quant au Polyodontes Sibogae de Horst, à la taille près, il est iden- tique à l'espèce que j'ai entre les mains. Le premier parapode est modifié de la même façon, il y a des papilles branchiales à partir du 12e segment, et les soies pseudo-pénicillées correspondent bien à celles de la région postérieure, les glandes fileuses commencent au même pied. De petites différences de longueur de palpes et d'antennes n'ont pas de valeur chez les Aphroditiens, ce caractère étant éminemment variable. Distribution géographique. — Philippines, Malaisie, Ceylan, Madagascar, Japon (?). POLYCHETES DE MADAGASCAR 343 Tribu des SIGALIONINÉS Grube Genre SIGALION Sigalion Mathildae Audouin et M.-Edwards Sigalion Mathildœ Mc'Intosh (1900), p. 427, pi. XXIX, flg. 6 ; pi. XXXI, fig. 10 ; pi. XXXIV, flg. 14 ; pi. XLII fig. 13-17 (Synonymie). Sigalion squamatum Saint-Joseph (1898), p. 239, pi. XIII, fig. 22-29. Localité. — Madagascar. Tuléar. Récifs. N° 4995. J'ai comparé ce Sigalion, long de 70 mm. sur 3 mm., pieds compris, à d'autres de même taille provenant des environs de Cherbourg et de Noirmoutier et je ne puis trouver entre eux de différences caractéristiques. Celui de Tuléar est d'un blanc laiteux, seule la trompe dévaginée est d'une teinte foncée, comme sur les spécimens de la Manche. Le prostomium arrondi en avant porte deux très courtes antennes et 4 petits yeux noirs disposés en rectangle. En arrière, on aperçoit par transparence le cerveau postérieur, ce qui lui donne un aspect bilobé, mais ceci n'est qu'une appa- rence, il n'y a pas de dépression ni d'échancrure-. Les cirres tentaculaires dorsaux et ventraux sont subégaux, avec deux faisceaux de soies capil- laires entre eux. Le 3e sétigère ne porte pas de cirre dorsal. Les élytres sont insérées sur les segments 2, 4, 5, puis de deux en deux dans la région antérieure. Les branchies cirriformes existent à tous les pieds à partir du 4e sétigère. Les élytres portent des prolongements pennés à 10 ou 15 filaments allongés, de chaque côté. Le bord supérieur du parapode porte 3 cténidies cupulif ormes. La rame dorsale se termine par un sty- lode digitiforme et la rame ventrale est munie à sa face supérieure d'un petit stylode en bouton. Le cirre ventral est allongé. Les soies dorsales sont simples, capillaires, finement épineuses et recourbées en haut. A la rame ventrale, on distingue : 1° de 3 à 6 soies simples spiralées ; 2° de nombreuses soies composées de types variés. Les premières ont une hampe épineuse et un long fouet pluriarticulé terminé en pointe fine- ment bidentée. Elles sont suivies d'autres semblables, mais à hampe lisse. x4u-dessous d'elles, on trouve un petit nombre de soies plus fortes à serpe bidentée relativement courte et large, simple ou à articulations peu nombreuses, et, enfin, des soies inférieures à hampe lisse, à article très grêle en fouet multiarticulé terminé en pointe bidentée très fine, visible seulement à un fort grossissement, sur celles qui sont intactes. Aux parapodes antérieurs et postérieurs, ces soies subissent des modifications plus ou moins étendues, ainsi les serpes à article simple 344 PIERRE F AU V EL sont plus allongées aux pieds antérieurs, plus courtes et plus larges aux postérieurs, réduites à une, parfois absentes, dans la région moyenne. On voit par cette description que ce spécimen correspond bien au S. Mathildœ. Lorsque ce dernier est de grande taille, les papilles des élytres sont plus nombreuses et leurs filaments latéraux peuvent monter à une vingtaine, mais ce chiffre descend aussi souvent à 12-15, comme sur le spécimen de Tuléar, et la forme de ces filaments, filiformes et non lancéolés, est bien la même. Quant aux soies, elles sont bien semblables, si on compare les pieds des mêmes régions de spécimens de même taille. Le Sthenelais Boa ayant été signalé dans la région du Cap de Bonne- Espérance par Mc'Intosh, il n'est pas plus étonnant de rencontrer le Sigalion Mathildœ à Madagascar. Distribution géographique. — Manche, Atlantique, mer du Nord, Méditerranée, Madagascar. Genre STHENELAIS Kinberg Sthenelais minor Pruvot et Racovitza variété digitata n. var. Sthenelais minor PEUVOT et Racovitza (1895), p. 465, pi. XX, fig. 111-121. — — Saint -Joseph (1906), p. 195. — — Fauvel (1914), p. 83. (?) Sthenelais zeylanica WILLEY (1905), p. 258, pi. II, fig. 48. Localité. — Iles Musha. Dans les Polypiers. L'antenne impaire, munie de fortes cténidies de chaque côté de son cératophore, est longue. Les antennes latérales, en partie soudées au 1er sétigère, sont plus courtes que le cirre dorsal qui est lui-même plus long que le ventral. Le cuilleron céphalique est normal. Les longs palpes sont glabres. On distingue encore deux* gros yeux, les autres sont cachés sans doute par les encroûtements blanchâtres dus au sublimé. Le 3e séti- gère porte un tubercule dorsal conique, mais pas de cirre. La première branchie, encore rudimentaire, apparaît au 4e ; au 6e sétigère elle est déjà grande. Les élytres sont réniformes, transparentes, à tubercules clairsemés, peu saillants, elles ont des franges simples, peu développées et on ne remarque à leur surface que quelques fins grains de sable. La rame dorsale porte sur son bord supérieur 3 cténidies en forme de coupe ciliée et à son extrémité 5-6 stylodes allongés. La rame ventrale porte 2 stylodes terminaux et 3 bractées, découpées en stylodes à papilles digitées, leur donnant un aspect plus ou moins ramifié. Le cirre ventral POLYCHETES DE MADAGASCAR 345 porte un petit bouton à sa base. Les soies dorsales sont simples, capil- laires, fines, épineuses et très nombreuses. Les soies ventrales, toutes composées et bidentées, sont de plusieurs sortes : 1° à hampe fortement épineuse et à très longue serpe pluriarti- culée ; 2° à hampe lisse et à grosse serpe plus courte et simple ; 3° à long article pluriarticulé, mais à hampe moins épineuse que les supérieures Il ri existe pas de soies bipectinées simples. Ce Sthenelais ne diffère du S. minor que par les stylodes qui diminuent moins rapidement de nombre d'avant en arrière et dont certains sont plutôt multipartites que papilleux et par les élytres qui ne sont pas encroûtées de sable ; mais on sait que de Saint-Joseph a constaté la variabilité de ce dernier caractère chez le 8. minor qui n'a pas de pa- pilles adhésives, les grains de sable étant simplement fixés par le mucus. Quant aux papilles des stylodes, elles peuvent donner à ceux-ci une apparence ramifiée lorsqu'elles sont bien développées. L'espèce de Djibouti est donc tout au plus une simple variété du S. minor, dont se rapproche beaucoup le S. zeylanica; malheureusement Willey n'en décrit pas les stylodes, sauf deux grands, que je ne retrouve pas, de part et d'autre du cirre ventral. Le S. foliosa Potts, trop incom- plètement décrit, malheureusement, paraît aussi voisin. Le parapode du S. dubiosa a des stylodes analogues et Horst ne figure que des soies composées à la rame ventrale, mais il ne décrit pas les soies dans le texte et rapproche son espèce du S. variabilis qui a des soies simples. Distribution géographique. — Atlantique, Méditerranée, mer Rouge, Ceylan (?). Genre EUTHALENESSA Darboux Euthalenessa Djiboutiensis Gravier Thalenessa Djiboutiensis Gravier (1901), p. 231. pi. VII, flg. 114-117. Euthalenessa Djiboutiensis Fauvel (1918), p. 331. Localité. — Golfe Persique. St. XLVII et LI. Dragages. Cinq individus, la plupart tronqués postérieurement, et dont la taille varie entre 25 et 85 mm. de longueur sur 5 à 7 mm. de diamètre. J'ai peu de choses à ajouter à l'excellente description de Gravier, sauf que le 3e sétigère porte un cirre dorsal à gros cératophore conique et à petit cératostyle subulé. Ce cirre dorsal du 3e sétigère est caracté- ristique des genres Thalenessa et Psammolyce. Chez tous les autres Siga- lioniens, il n'existe pas de cirres dorsaux, sauf au 1er sétigère. 346 PIERRE F AU V EL Les branchies cirriformes existent à tous les segments à partir du 4e sétigère. Les grandes cténidies du bord dorsal des parapodes sont normale- ment au nombre de 3. Il existe, en outre, à la face inférieure, des petits boutons vibratiles pédicules. Cette espèce ressemble beaucoup au Sthenelaïs dendrolepis de la Méditerranée. Ce dernier, dont Darboux avait fait la Leanira Giardi, n'appartient en réalité ni au genre Leanira ni au genre Sthenelaïs, mais au genre Thalenessa, ou mieux Euthalenessa, ainsi que j'ai pu m'en assurer en comparant des spécimens de Naples à ceux d'Arabie. Les deux espèces ont 3 courtes antennes subégales naissant du bord du prosto- mium et dépourvues de cténidies à la base, un cirro dorsal au 3e séti- gère, des élytres à papilles ramifiées, des parapodes portant des cténidies et des stylodes, des soies dorsales denticulées et des soies ventrales biden- tées à appendice simple ou pluriarticulé, c'est-à-dire tous les caractères du genre Euthalenessa tels que les a précisés Horst. Elles ne diffèrent entre elles que par les caractères suivants : 1° Les élytres à'E. dendrolepis portent au bord interne un arc rou- geâtro vivement coloré, tandis que celles d'E. Djiboutiensis sont incolores. 2° Chez E. dendrolepis, les antennes latérales naissent un peu plus en avant de l'impaire et sont moins décollées à la base. 3° Aux premiers sétigères, la rame ventrale porte 3 bractées lamel- leuses entières, 2 ovales inégales et 1 lancéolée, tandis que chez E. Dji- boutiensis la lamelle inférieure présente 2 petites papilles cirriformes sur un de ses bords alors que la troisième est divisée en 3 lanières ; les stylodes sont aussi plus nombreux. Les soies ne diffèrent pas sensible- ment chez ces deux espèces. Distribution géographique. — Mer Rouge, golfe Persique. Famille des CHRYSOPÉTALIENS Ehlers (Palmyriens Kinberg pro parte) Genre CHRYSOPETALUM Ehlers Chrysopetalum Ehlersi Gravier Chrysopetalum Ehlersi Gravier (1901), p. 260, pi. X, fîg. 150-151. Localité. — Djibouti. Dans le sable vaseux à l'est do la Résidence. La description de Gravier s'applique bien au seul petit individu POLYCHETES DE MADAGASCAR 347 recueilli, mais tandis que le type avait perdu ses antennes latérales, celle de gauche subsiste encore ici. Elle est piriforme, à pointe effilée, et semblable aux cirres suivants. Les palées ne semblent pas différentes de celles du Ch. débile, elles sont striées sur une de leurs faces et couvertes de sortes de perles aplaties sur l'autre. Comme le fait remarquer Augener, ces deux espèces et le Chr. occi- dental sont trois formes bien voisines, peut-être de simples races géographiques. Distribution géographique. — Mer Rouge, Djibouti. Genre BHAWANÏA Schmarda Bhawania cryptocephala Gravier Bhawania cryptocephdt Gravier (1901), p. 263, pi. X, flg. 132-150. — — Potts (1909), p. 328. — — HORST (1917), p. 137. Localités. — ■ Djibouti. Récif du Météore. Dragage, 20 mètres. *— Madagascar, 1906. N° 52, et Tuléar. Sarodrano. N° 5152. Un petit spécimen de Sarodrano, de 5 mm. de longueur seulement sur 1 mm. de large, avec environ 40 segments, paraît entier. Entre les palées antérieures, on aperçoit vaguement un prostomium en forme de petit bouton foncé terminé par une antenne subulée. Je n'ai pu distinguer nettement les autres appendices. Les palées sont denticulées au sommet. Ce spécimen appartient donc à la variété Pottsianà Horst. décrite d'abord de Zanzibar par Potts et retrouvée ensuite par Horst en Malaisie. Les soies ventrales sont de 3 sortes : 1° à longues arêtes denticulées ; 2° en serpes courtes dont les inférieures sont unidentées et lisses ; 3° des soies très fines à long article capillaire lisse. Mais ces dernières soies ne sont pas à elles seules carac- téristiques de la variété Pottsianà, car je les retrouve aussi, quoique un peu moins nombreuses, sur les spécimens typiques de Djibouti, récoltés par M. Gravier. La variété Pottsianà ne diffère donc du type quo par ses palées denticulées au sommet. Etant donnée la petite taille du sujet, on peut se demander si ces denticulations ne disparaissent pas ensuite avec l'âge, car elles manquent aux palées d'un fragment postérieur de Mada- gascar provenant d'un individu plus grand. Dans cette hypothèse, cette variété représenterait seulement la forme jeune de l'espèce type. Augener (1913, p. 76-73) a discuté les rapports entre les genres Bhawania, Paleanotus et Palmyra. ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — T. 5-i. — F. 8. 25 348 PIERRE F AU V EL Distribution géographique. — Mer Rouge, Zanzibar, Madagascar, Malaisie. Famille des AMPHINOMIENS Savigny Genre EURYTHOE Kinberg Eurythoë complanata (Pallas) Eurythoë complanata PALiAS, Augener (1913), p. 87 (Synonymie). — — Potts (1909), p. 367. — — Hoest (1912), p. 34. Eurythoë aîcyonia Gravier (1901), p. 248, fig. f57--:68, pi. IX, fig. 140-143 ; pi. X, flg. 144-146 Eurythoë lœvisetîs FATJVEI. (1914), p. 116, pi. VIII, flg. 28-30, 33-37. Localités. — Djibouti. Dans le sable vaseux à l'est de la Résidence. Dans les Polypiers des récifs au nord d'Ambouli. Derrière le Secrétariat général. Dragage, 6 mètres. — Récif des Messageries. Dans les Polypiers et dans les Hircinia. — Entre les récifs du Pingouin et du Météore. — Madagascar. Récifs de Nosyvé. — Tuléar. Récifs, N° 4989. — ■ Sarodrano. Récifs. Nos 5060 et 5185. Gravier a donné une excellente description, très détaillée et accompa- gnée de nombreuses figures, de cette espèce si largement répandue parmi les Polypiers de toutes les mers chaudes. Plusieurs des spécimens ci-dessus correspondent fort exactement à cette description et possèdent bien les grandes soies raides garnies sur le bord d'ampoules leur donnant l'aspect caractéristique en harpon, mais un petit nombre d'individus, par ailleurs semblables aux autres, eu dif- fèrent cependant par leurs soies molles parmi lesquelles l'examen le plus attentif ne permet pas de découvrir la moindre trace de soies en harpon. Ces individus sont donc exactement semblables à ceux de San-Thomé dont j'ai fait une espèce distincte, .E\ lœvisetîs, caractérisée précisément par l'absence de ces soies spéciales que l'on rencontre chez presque toutes les autres espèces du genre Eurythoë. La présence de ces spécimens à Djibouti, mélangés à YE. complanata typique, et l'aspect ramolli de leurs soies, m'ayant donné quelques doutes sur mes conclusions antérieures, je me suis livré à l'expérience suivante : j'ai fait une préparation dans l'alcool de soies en harpon &'£!. compla- nata, puis j'ai ajouté au bord de la lamelle une goutte de liquide de Perenyi, contenant de l'acide azotique libre, et j'ai observé la prépara- tion au microscope. A mesure que le liquide de Perenyi, diffusant sous la lamelle, venait au contact des soies, j'ai vu ces soies faire effervescence sous son action — on sait que les soies des Amphinomiens sont imprégnées POLYCHETES DE MADAGASCAR 3-19 de calcaire — les ampoules qui les bordent étaient rapidement attaquées, rongées, et au bout de quelques minutes il n'en restait plus la moindre trace, bien que la hampe de la soie gardât son aspect normal, une fois le déga- gement de bulles gazeuses terminé. J'étais fixé sur le sort de YEurythoë laevisetis qui doit aller rejoindre les « espèces alcooliques » de M. de Quatrefages dont Clapaeède se gaussait jadis, hélas ! non sans raison ! Les spécimens de San-Thomé sont des E. complanata qui ont été fixées dans un réactif acide, très probablement dans le liquide de Perenyi. D'ailleurs, le sublimé acétique, le liquide de Bouin, tous les réactifs conte- nant de l'acide acétique ou de l'acide azotique doivent produire le même résultat. Même l'alcool ordinaire devient souvent acide au contact pro- longé avec une trop grande quantité d'animaux, et on voit qu'il faut s'en méfier pour les Amphinomiens à soies calcaires. Cependant, chez les Euphrosynes, je me suis assuré qu'un réactif acide, tout en décalcifiant les soies, n'altère pas leur ornementation. Deux spécimens de Djibouti présentent une partie antérieure régé- nérée, bien plus étroite que le reste du corps, et comprenant 15 sétigères sur l'un et 22 sur l'autre. Les spécimens de Madagascar sont pourvus de soies en harpon très bien conservées. Celui de Nosyvé est une forme jeune de très petite taille. Distribution géographique. — Altlantique, Antilles, Guyane, Canaries, golfe de Guinée, mer Rouge, océan Indien, Madagascar, Philippines, Pacifique, Australie, Chili. Genre PHERECARDIA Horst (Eucarunculata Malaquin et Dehorne) Pherecardia lobata Horst Pherecardia lobata] Horst (1886), p. 157 ; (1909), p. 299 ; (1911), p. 17, flg. I; (1912), p. 32. — — Collin (1902), p. 711. Ampliinome serlcata FiSCHLl (1900), p. 95, pi. IV, flg. 1-2 ; pi. VII, flg. 45-19 ; pi. VIII, flg. 79-80. Kucaruncubda Gruiei Maiaqtjin et Dehorne (1907), p. 335, pi. LI, flg. 2 ; pi. LUI, flg. 12-15 et 17-20. — — POTIS (1909), p. 365, pi. XLV, flg. 10-11 ; pi. XLVI, flg. 9-10. Localité. — Madagascar, Tulcar. Récifs. N° 5014. Cette magnifique espèce a déjà été décrite et figurée en détail par les auteurs qui l'ont étudiée sous des noms différents. Elle est caractérisée principalement par sa coloration tigrée de brun foncé, sa caroncule à 350 PIERRE F AU V EL lobes foliacés, ses soies ventrales non bifurquées et ses soies dorsales à ornements en chevrons. Le spécimen de Tuléar est long de 50 mm., large de 12 et épais de 7. Distribution géographique. — Archipel Malais, Zanzibar, Chagos, Madagascar, îles Gambier. Genre NOTOPYGOS Grube (Lirione Kinberg) Notopygos hispîdus Potts Notopygos hispida Potts (1909), p. 359, pi. XLV. fig. 6-7 ; pi. XLVI; flg. 3-5. Notopygos hispîdus HORST (1911), p. 243. — — FATma (1917), p. 192. ( ?) Notopygos labiatus Benham (1915), p. 205. Localité. — Djibouti. Entre les récifs du Pingouin et du Météore. Dragage 20 mètres. Ce petit Amphinomien, à très longues soies dorsales, me paraît bien correspondre au N. Mspidus Potts dont il ne diffère que par l'absence de denticulations aux soies ventrales des premiers sétigères, mais elles sont tellement couvertes de vase et d'algues parasites que ces dents peuvent m 'avoir échappé. Distribution géographique. — Océan Indien, Australie méridionale, mer Rouge. Genre EUPHROSYNE Saviguy Euphrosyne foliosa Audouin et M. -Edwards (Fig. i.) Euphrosyne foliosa Mc'Intosh (1900), p. 235 (Bibliographie). — — FAtTVEL (1914), p. 92 ; (1918), p. 332. Euphrosyne mediterranea Gkube (1863), p. 38, pi. IV, fig. 2. Euphrosyne racemosa Ehlers (1864), p. 67, pi. I, fig. 1-11. Euphrosyne Audouini MARION" et Bobketzki (1875), p. 10. (?) Euphrosyne laureata Savignï (1820), p. 63, pi. II. flg. 1. Localité. — Golfe Persique. St. XLVII. Dragage. Ces petits spécimens, dont la taille varie entre 4 et 7 mm. de longueur sur 2 à 3 mm. de large, avec 28 sétigères environ, présentent la plus grande ressemblance avec des E. foliosa de la Manche de même taille. Ils s'en distinguent seulement par leurs filaments branchiaux un peu moins touffus et légèrement moins dilatés à l'extrémité. Sous ce rapport, ils se rapprochent davantage de certains spécimens de la Méditerranée, (fig. i, c, /, i). POLYCHÊTES DE MADAGASCAR 351 On s'était basé sur ce caractère pour distinguer VE. mediterranea et VE. Audouini de YE. foliosa de la Manche. Depuis, cependant, la plupart des auteurs ont admis l'identité de ces trois espèces. Ce caractère, d'ailleurs bien insignifiant, présente de nombreuses varia- tions individuelles et dépend aussi probablement de la taille et aussi de la contraction plus ou moins prononcée produite par les fixateurs. Sur certains spécimens de l'Atlantique, j'ai trouvé les branchies encore moins ren- flées que sur d'autres de la Méditerranée (%. I, /)• Chez tous ces spé- cimens, à taille égale, le nombre des bran- chies, la position du 2e cirre entre la 2e et la 3e branchie, la forme des soies en gueule de Gavial (Rin- gent bristles) sont semblables (fig. i, a, d, g). Quant à la forme de la caron- cule, elle varie d'un individu à l'autre dans des limites étendues, étant tantôt ovale, tantôt linéaire. L'espèce que j'ai examinée est sans doute YE. laureata de Savigny, malheureusement la description de cet auteur peut s'appliquer à 8 ou 10 espèces d'Euphrosy?ie indistinctement. Yi'E. laureata décrite par Horst semble avoir des soies diffé- rentes. \JE. myrtosa de Gravier serait une espèce distincte. Dans ces conditions, il me paraît plus sage d'abandonner le nom de Savigny, qui est invérifiable, pour celui de Milne-Edwards répon- dant à une description précise. Distribution géographique. — Atlantique, Manche, Méditerranée, golfe Persique, Malaisie. Fig. i. Euphrosyne foliosa : a, b, c, spécimen do Monaco ; d, e, f, spécimen de l'Atlantique ; g, h, i, spécimen du golfe Persique ; a, d, g, soies en gueule de Gavial ( x 300) ; b, e, h, soies bifurquées ( x 140) ; c, f, i, extrémité des branchies (xl40). 35i PIERRE F AU V EL Famille des SYLLIDIENS Grabe Genre SYLLIS Savigny Syllis longissima Gravier Syllis longissima Gravier (1900), p. 154, flg. 17-2?, pi. IX, fig. 7. — — FATTVEL (1911), p. 370 et (1917), p. 198, flg. xn. Syllis palifiea Ehlers (1901), p. 88, pi. IX, flg. 8-16. — — Gravier (1909), p. 621, pi. XVI, fig. 1. Localités. — Djibouti. Entre les récifs du Pingouin et du Météore. Dragages, 18-20 mètres. — Madagascar, Sarodrano. N° 5161. La taille des plus grands spécimens atteint seulement 40 à 75 mm. Sur d'autres, plus petits, les soies en serpe et les soies ypsiloïdes sont moins différentes de celles du S. gracilis que sur ceux de grande taille. Augener considère le S. longissima comme une simple forme géante du S. gracilis, cette opinion est peut-être moins improbable que je ne le pensais d'abord, car le spécimen de Sarodrano paraît être intermédiaire entre les deux. Distribution géographique. — Mer Rouge, golfe Persique, Aus- tralie, Pérou, Chili, Juan-Fernandez, Madagascar. Syllis gracilis Grube Syllis gracilis Gravier (1900), p. 1J2, flg. 12-16. — ■ — Soulier (1904), p. 01, fig. 8 (Bibliographie). — — Fauvel(1911), p. 370; (1914). p. 102 (Synonymie). Syllis bmchycirris Grube (1857), p. 79. Syllis vancauriea Grube (1867), p. 25. Localités. — Madagascar, Tuléar. Récifs. N°5059. — Golfe Persique. St. XLVII. Dragage. Les soies ypsiloïdes présentent, bien marquée, la dent intermédiaire figurée par Gravier (1900, fig. 15). La présence des deux espèces, S. gracilis et S. longissima, dans des sations aussi éloignées que le golfe Persique, Djibouti, et Tuléar où elles ont été recueillies ensemble (Gravier 1900, Fauvel 1911) rend encore plus probable l'hypothèse que la seconde n'est qu'une forme géante de la première. Distribution géographique. — Manche, Atlantique, Méditerranée, mer Noire, mer Rouge, golfe Persique, golfe du Bengale, Madagascar, Pacifique. POLYCHËTES DE MADAGASCAR 353 Syllis (Haplosyllis) Djiboutiensis Gravier Syllis Djiboutiensis Gravier (1900), p. 147, pi. IX, fig. 3. — — Atjgener (1913), p. 213 (Synonymie). Localités. — Iles Musha. Dragage, 20 mètres. — Madagascar, Saro- drano. N° 5162. Les soies sont bien conformes à la description de Gravier. On en trouve généralement deux à chaque parapode, une grosse à rostre uni- denté et une plus petite bidentée. D'après Atjgener, cette différence des deux soies n'est pas caracté- ristique, elle se retrouve aussi chez H. spongicola. J'ai observé aussi ces deux sortes de soies chez H. hamata. Toutes ces espèces sont donc bien voisines, sinon identiques, et il faudra sans doute les réunir sous le nom de S. spongicola Grube qui est le plus ancien. Distribution géographique. — Mer Rouge, Ceylan, Philippines, Madagascar, Afrique orientale, Australie. (Atlantique et Méditerranée ?). Syllis (Typosyllis) variegata Grube Syllis variegata Gravier (1900), p. 158, pi. IX, fig. S. — — Fauvel (1914), p. 99 (Synonymie). — — Acgen'er (1913), p. 190 (Synonymie). Siillis compacta Gravier (1900), p. 165, pi. IX, fig. 11. Localités. — Golfe Persique. St. XL VII. Dragage. — Aden, à marée basse, sous les pierres. — Djibouti. Récif des Messageries. Dans les Polypiers. — Au sud du Plateau du Serpent. — Madagascar, Sarodrano. N° 5162. Un des individus de cette espèce, provenant de Djibouti, tronqué postérieurement, est épais, trapu, à longs cirres, et complètement déco- loré. Les soies, nettement bidentées, mélangées longues et courtes dans les mêmes parapodes, sont bien semblables à celles figurées par Gravier pour le S. compacta, mais les cirres, plus longs, correspondent mieux a ceux du S. variegata typique. Augener réunit avec raison ces deux espèces en une seule. Elles sont aussi extrêmement voisines de S. hyalina-, S. prolijeva et S. fasciata, qui ne sont probablement que des variétés d'une seule espèce. Les spécimens de Madagascar sont de petite taille. Distribution géographique. — Manche, Atlantique, Méditerranée, 354 PIERRE F AU V EL Golfe Persique, mer Rouge, cap de Bonne-Espérance, Australie, Nouvelle- Zélande, îles Gambier, détroit de Magellan, Madagascar. Syllis (Typosyllis) closterobranchia Schmarda Syllis closterobranchia Ehlers (1904), p. 19, pi. III, flg. 1-4. — — ArfiENER (1913), p. 200, flg. 23 (Synonymie). Localité. — Djibouti. Récif du Météore. Dans les Polypiers. Dragage, 20 mètres. Ce Syllidien, de forme grêle, est long d'environ 30 mm. Les palpes sont gros, épais et larges. Les cirres antérieurs sont longs, mais les sui- vants, courts, fusiformes, n'ont plus que 10 à 15 articles. Antérieurement, on trouve, mélangées dans les mêmes pieds, des serpes longues et des courtes unidentées. Dans toute la région moyenne, il n'y a plus que de grosses serpes courtes unidentées, puis, postérieurement, les serpes sont moins grosses, plus longues et bidentées. J'ai cru voir en outre une soie simple à quelques pieds postérieurs. Les soies sont semblables à celles de Thoë fusiformis d'Australie, qui a aussi de grosses serpes unidentées ; mais cette dernière espèce est plutôt synonyme de S. hyalina. L'alternance des soies bidentées et uni- dentées rappelle le S. alternosetosa Saint-Joseph. Le S. closterobranchia est peut-être le S. monilaris de Savigny, mais l'identité de ce dernier est invérifiable. Distribution géographique. — Mer Rouge, Afrique méridionale, Australie, Nouvelle-Zélande. Syllis (Typosyllis) exilis Gravier Syllis exilis Gravier (1900), p. 160, pi. IX, flg. 9. — — Augener (1913), p. 192. — — FAUVEL (1917), p. 195, flg. xi, pi. V, flg. 24. (?) Syllis solida Grube (1878), p. 120, pi. VII flg. 7. Localité. — Iles Musha. Dragage, 20 mètres. — Madagascar, 1906. N° 52. Les cirres de l'unique spécimen des îles Musha sont un peu plus courts et à articles moins nombreux que sur ceux de Gravier, mais les soies sont identiques et à hampe moins renflée que sur ceux d'Australie. Le spécimen de Madagascar est semblable à ceux d'Australie et possède aussi un capuchon céphalique bien marqué. Distribution géographique. — Mer Rouge, Australie, Madagascar, îles Gambier. (Philippines ?). POLYCHÈTES DE MADAGASCAR 355 Syllis (Typosyllis) Bouvieri Gravier Syllis Bouvieri Gravier (1900), p. 163, pi. IX, flg. 10. Localité. — Madagascar, 1906. N° 52. Un spécimen correspond bien à la description de Gravier. Les cirres dorsaux ont 30, 40 articles, et parfois davantage. Les soies composées sont fortement bidentées. A l'extrémité postérieure, on remarque des soies simples, très finement bidentées. Distribution géographique. — Mer Rouge, Madagascar. Syllis (ïhlersia) cornuta Rathke Syllis cornuta Malmc.ren (1867), p. 161, pi. VII, flg. 45. — — Mc'Intosh (1908), p. 200 (Synonymie). — — Fauvel (1911), p. 371 ; (1914), p. 101. EMersia sexoeulata Saint-Joseph (1906), p. 181. Localité. — Madagascar, Tuléar, Sarodrano. N° 5162. J'ai déjà signalé jadis la présence de cette espèce dans le golfe Persiquo. Un tout petit spécimen de Sarodrano est bien caractérisé par ses soies. Mc'Intosh mentionne cette espèce au cap de Bonne-Espérance. Distribution géographique. — Mers arctiques, Manche, Atlan- tique, Méditerranée, golfe Persique, océan Indien, Madagascar, cap de Bonne-Espérance. Genre TRYPANOSYLLIS Claparède (Saint- Joseph char, entend.) Trypanosyllis gigantea (Mc'Intosh) Trypanosyllis gigantea Fauvel (1917), p. 200 (Synonymie). Trypanosyllis Richardi Gravier (1900), p. 68, pi. IX, flg. 12-13. Trypanosyllis tœniœformis AUGENER (1913), p. 230. Localités. — Golfe Persique. St. XLVII. Dragage. — Djibouti. Récif du Météore. Dans les Polypiers. Dragage, 20 mètres. — Iles Musha. Dragage, 20 mètres. Bien que de petite taille, 18 mm. seulement, les spécimens de Dji- bouti correspondent bien à la description de Gravier. J'ai déjà exposé en détail les raisons pour lesquelles cette espèce ne me paraît pas distincte du T. gigantea, susceptible d'atteindre une taille encore plus considérable. Distribution géographique. — Atlantique nord et sud, Antarc- tique, Australie, mer Rouge, golfe Persique. 356 PIERRE F AU V EL Genre ODONTOSYLLIS Claparède Odontosyllis rubrofasciata Grube Odonto.il/Jlis rubrofasciata GRUBE (1878), p. 128, pi. VIII, ftg. 1. — — Fattvel (1918), p. 335. Localité. — Aden. A mer basse sous les pierres. Cinq spécimens de 12 à 18 mm. de long sur 1 à 1,5 mm. de large, épais, à dos bombé, de coloration grisâtre avec une bande transversale violet ardoise de deux en deux segments. Les palpes sont courts, rabattus à la face inférieure. Les trois antennes sont subégales, courtes et subulées. Les yeux sont rougeâtres et ceux de la paire antérieure touchent presque les postérieurs. Les cirres tentaculaires, au nombre de trois paires, sont courts, massifs, fusiformes. Les parapodes sont allongés, avec des cirres dorsaux plus courts, ou au plus égaux à leur longueur. L'apparence vaguement articulée de ces cirres est peut-être due à de simples plisse- ments de la cuticule, les spécimens étant assez mous. Les cirres ventraux forment de courts mamelons aplatis. Les soies sont nombreuses, longues. Dans chaque parapode, les serpes des soies inférieures sont beaucoup plus courtes que les supérieures et la plupart sont unidentées. Les acicules sont légèrement renflés à l'extré- mité. Ces spécimens ne diffèrent du S. rubrofasciata de Grube que : 1° par les cirres dorsaux plus courts et vaguement articulés (?); 2° par les soies unidentées. Il faut d'ailleurs remarquer que Grube figure une longue serpe unidentée et une courte bidentée, ce qui vient compléter et corriger son texte. Distribution géographique. — Philippines, mer Rouge. Genre EXOGONE Œrsted Exogone heterosetosa Mc'Intosh Exogone heterosetosa Mc'Intosh (1885), p. 205, p. XXXIII, fljr. 1 5-10 ; pi. XXIV A, fis,'. 1. — -. Fauvel (1916), p. 428 (Bibliographie). Exogone heterochœta Augener (1919), p. 247. Localité. — Madagascar, Sarodrano. N° 5150. Tous les spécimens sont de petite taille, bien conformes aux figures d'EHLERS, sauf que les grandes soies spatulées supportent une longue et fine arête. Cette arête est facilement caduque, comme l'a remarqué Augener, et quand elle est tombée sa hampe figure une soie simple. POLYCHËTES DE MADAGASCAR 357 Distribution géographique. — Antarctique et zone notale. Aus- tralie. Madagascar. Genre AUTOLYTUS Grube Autolytus spec. ind. Localité. — Madagascar, Sarodrano. N° 5162. Le seul Autolytus recueilli est en trop mauvais état pour pouvoir être déterminé spécifiquement. Famille des PHYLLODOGIENS Grube Si les espèces de cette famille sont difficiles à déterminer, il est encore moins aisé de leur assigner un genre. Les coupures génériques ont été tour à tour multipliées, simplifiées, puis compliquées de nouveau hors de toute proportion. Les genres sont pris avec des acceptions très diffé- rentes suivant les auteurs, bref, il est fort difficile de se débrouiller dans ce chaos. Dernièrement, Bergstrôm a tenté d'y mettre de l'ordre et il a publié un travail remarquable sur la systématique des Phyllodociens. L'auteur attache une juste importance aux caractères de la trompe, mais il base surtout ses divisions sur l'anatomie des segments portant les cirres tentaculaires, segments qui peuvent être plus ou moins soudés ou bien distincts les uns des autres. Ce caractère a déjà été employé, mais sans beaucoup de succès. En effet, il est souvent d'une application délicate, sinon impossible, pour les animaux conservés dans l'alcool dont une forte contraction modifie singulièrement l'aspect de cette région. Il suffit de voir les contradictions d'auteurs également habiles au sujet d'espèces cependant répandues pour apprécier l'incertitude pratique de ce caractère. Ainsi, par exemple, Claparède, de Saint-Joseph, Mo'Intosh décrivent le Pterocirrus macroceros avec 3 segments tentaculaires distincts, tandis qu'EHLERS, Malmgren et Bergstrôm ne lui en attribuent que deux, le premier étant soudé avec le suivant. Même contradiction entre Claparède et de Saint-Joseph en ce qui concerne le Pt. limbata. D'après les termes mêmes de Bergstrôm, la distinction entre les deux cas me paraît souvent manquer de netteté. Ainsi dans les genres Phyllodoce, Anaîtides etc. : « le premier segment porteur de cirres tentaculaires est réduit dorsalement, » tandis que dans les genres Genetyllis et Nerei- phyïïa : « les segments tentaculaires 1 + 2 soudés ensemble, réduits à la 358 PIERRE F AU V EL face dorsale, sont par contre bien développés ventralement l ». Pratique- ment^ différence me semble difficile à apprécier et en tout cas insuffi- sante pour caractériser des genres. Bergstrôm a étudié soigneusement la répartition des acicules et des soies dans ces segments tentaculaires et est arrivé ainsi à établir une formule tentaculaire du type suivant : I + 0 1- S par exemple, dans laquelle I représente un cirre tentaculaire, S les soies, a les acicules, N un cirre ventral foliacé normal et 0 l'absence de soies ou d'acicule. La formule ci-dessus indique donc un cirre au premier segment ; au 2e, un cirre dorsal sans acicule, un cirre ventral avec acicule et pas de soies ; au 3e segment, un acicule au cirre dorsal et au cirre ventral, ce dernier étant foliacé comme aux pieds suivants et accompagné de soies. Une pareille formule fournit immédiatement des renseignements précieux sur une espèce, mais c'est à tort, selon nous, que Bergstrôm en fait un caractère générique de première importance. D'abord, au point de vue pra- tique, il n'est pas facile de la vérifier sur des animaux conservés qui sont contractés, opaques et d'une fragilité déplorable. Il faut sacrifier un ou plusieurs spécimens pour faire une préparation bien éclaircie de la région tentaculaire que l'on puisse examiner au fort grossissement généralement nécessaire pour déceler des soies très fines échappant complètement à l'observation sur l'animal entier. Nous en verrons un exemple à propos du Pterocirrus brevicornis. Ensuite, même en ce qui concerne les espèces les plus communes et les mieux étudiées, il est fort rare de trouver dans les auteurs les renseignements nécessaires pour constituer leur formule et on ne sait rien à ce sujet pour la presque totalité des espèces exotiques. Mais un inconvénient plus grave du système est de multiplier les genres d'une manière vraiment abusive. Ainsi, Bergstrôm, pour appli- quer logiquement son système, a dû non seulement reprendre beaucoup de vieux genres abandonnés ou passés à l'état de sous-genres, mais encore en créer un très grand nombre do nouveaux qui sont cependant encore insuffisants. Les termes de la formule peuvent se grouper en un nombre considérable de combinaisons et, en fait, on se trouverait amené à créer un genre nouveau pour chaque espèce nouvelle ou nouvellement étudiée. Ainsi, par exemple, rien que pour les Phyllodociens de Djibouti, il faudrait créer un genre nouveau pour la Phyllodoce Malmgreni qui 1. Bekgstkom (1914), p. 108 : « Das ers te Tentakelzirrensegment ist dorsal reduziert » ; p. 100 : « Die zusam- mengewachsenen Tzs. 1+2 dorsal reduziert, ventral dagegen vôllig ausgebildet ». POLYCHÈTES DE MADAGASCAR 359 a une trompe de Phyllodoce avec une formule tentaculaire d'Anaïtides aberrant ; un autre pour la Ph. Madeirensis, à trompe d! Anaïtides , mais à formule différente caractérisée par l'absence de soies au 3e tentaculaire, tandis que le Pt. Magalhœnsis ne pourrait rentrer dans le nouveau genre Steggoa de Bergstrôm, un examen attentif ayant démontré la présence de quelques soies microscopiques au 2e tentaculaire. Depuis plus de vingt ans. je m'élève contre cette pulvérisation des genres, tout à fait inutile dans le groupe des Polychètes où les espèces sont relativement peu nombreuses dans chaque famille. Sous ce rapport, les Botanistes sont beaucoup plus sages que les zoologistes et malgré la multiplication souvent excessive des espèces, ils ont conservé des genres très larges et très étendus. Cependant, dans un genre comprenant des cen- taines d'espèces, les coupures sont plus justifiées que dans un genre restreint à un petit nombre, comme c'est généralement le cas pour les Polychètes. Jusqu'à plus amples informations, je continue donc à ranger dans le genre Phyllodoce la Ph. castanea, dont les uns font une Carobia, d'autres un Genetyllis, et la Ph. Madeirensis, malgré sa trompe à rangées latérales de papilles, la Ph. Malmgreni nous fournissant le terme de passage entre elle et la Ph. laminosa, type du genre. Les Pterocirrus sont tout au plus un sous-genre des Eulalia et ce n'est que provisoirement que je maintiens le genre Eumida dont bien des auteurs ne font qu'un sous-genre. Genre PHYLLODOCE Savigny {non Bergstrôm) Phyllodoce castanea Marenzeller Carobia castanea Marenzeller (1879), p. 127, pi. III, flg. 2. — — Willey (1905), p. 262. — — Izuka (1912), p. 199, pi. XXI, flg. 3. l'hyllodoce castanea Fauvel (1911), p. 372 ; (1918) p. 7. — — MOORE (1909), p. 339. — — Augener (1914), p. 103. Genetyllis castanea Bergstrôm (1914), p. 158, flg. 53. Carobia ochracea Ehlers (1904), p. 15. Localités. — Djibouti. Dans les cavités des Polypiers. Entre les récifs du Pingouin et du Météore. Dragages 15-20 mètres. — Iles Musha. — Golfe Persique. St. XLVII, XLIX et LUI. Dragages. Tous les spécimens de cette espèce, qui paraît être commune dans le golfe Persique et la mer Rouge, avaient la trompe invaginée de sorte que je ne puis préciser la structure de cet organe qu'aucun auteur n'a encore décrit ou figuré. 360 PIERRE F AU V EL Les cirres tentaculaires sont souvent comprimés, mais leur aplatisse- ment est très variable, parfois très marqué, d'autres fois à peine indiqué. La formule tentaculaire est bien, comme l'indique Bergstrôm : Le 1er segment tentaculaire n'est pas visible d'en dessus, mais, à la face ventrale, il est néanmoins séparé du 2e par un léger sillon. Si la fusion de ces deux segments est un peu plus accentuée que chez d'autres Phyllodoce, elle n'est pas encore complète et il n'y a pas là un caractère d'importance générique. La forme des cirres dorsaux cordés, généralement colorés en brun foncé, est assez variable, ainsi qu'AuGENER et moi-même l'avons déjà constaté. La Ph. rubiginosa Saint-Joseph est une espèce extrêmement voi- sine, sinon identique. Distribution géographique. — Japon, golfe Persique, Ceylan, mer Rouge, Californie, Nouvelle-Zélande, Australie. Phyllodoce Malmgreni Gravier Phyllodoce Malmgreni GRAVIER (1900), p. 207, pi. X, fig. 29-31. Localité. — Djibouti. Dans le sable vaseux à l'est de la Résidence. A mer basse. L'habitat de cette espèce, dans le sable vaseux à un niveau relative- ment élevé, est un trait commun avec la Ph. mucosa, avec laquelle elle présente, à première vue, une grande analogie. C'est, comme cette der- nière, une forme grêle à cirres dorsaux plus ou moins nettement rhom- boïdaux, mais elle s'en distingue facilement par la disposition des papilles de la trompe. Tandis que chez la Ph. mucosa ces papilles sont groupées, de chaque côté, sur 6 rangées longitudinales séparées par un large espace nu, ou ne présentant que rarement une rangée intermédiaire plus ou moins nette, chez la Ph. Malmgreni, la base de la trompe est couverte de nombreuses papilles, les unes aplaties, les autres coniques, disposées sur de nombreuses rangées longitudinales, très serrées, composées de 5 à 6 papilles pour les médianes et de 10 à 12 pour les latérales. On observe, d'ailleurs, de nombreuses variations dans la forme, la coloration plus ou moins foncée, la disposition des papilles en rangées longitudinales, par- fois bien régulières, tantôt alternant plus ou moins en quinconce, parfois POLYCHÈTES DE MADAGASCAR 361 irrégulières. Au-dessus do cette région garnie de papilles, la trompe, grossièrement hexagonale, forme 6 bourrelets plus ou moins bossues et se termine par une couronne de 16 à 18 grosses papilles. La trompe de l'unique spécimen de Gravier étant incomplètement dévaginée, sa figure 29 n'en rend pas exactement l'aspect normal. Le petit bouton occipital du prostomium n'est visible que lorsque la trompe n'est pas dévaginée. Les cirres tentaculaires, à l'exception de ceux de la lre paire, sont tous pourvus d'un acicule à la base, mais je n'ai pu trouver traces de soies au 3e segment tentaculaire, même sur des préparations spéciale- ment éclaircies et comprimées. La formule tentaculaire est donc : i + oa-l+oaA. al «N Les cirres dorsaux sont assez variables de forme, les antérieurs et les postérieurs sont lancéolés, plus ou moins obtus, mais ceux de la région moyenne sont rhomboïdaux, subrectangulaires, à angles plus nettement accusés que sur la figure 66 de Gravier. Cette espèce, qui a la formule tentaculaire de la Ph. Madeirensis, s'en éloigne par l'ornementation de la trompe. Elle se rapproche de la Ph. mucosa par ses cirres dorsaux, mais s'en distingue par l'absence de soies au 3e segment tentaculaire et par ses rangées de papilles de la trompe bien plus nombreuses. Sous ce rapport, elle se rapproche de la Ph. laminosa et est intermédiaire entre les genres Phyllodoce et Anaïtides, tels que les entend Bergstrôm. Il faudrait créer pour elle un genre nouveau si on adoptait les idées de cet auteur. Distribution géographique. — Mer Rouge, Djibouti. Phyllodoce Madeirensis Langerhans (Fig. H). Phyllodoce (Anaitis) madeirensis LANGERHANS (1879), p. 307, pi. XVII, flg. 44. — — — Marenzeller (1892), p. 407. Phyllodoce madeirensis Fauvel (1914), p. 111, pi. VI, flg. 5-13. Phyllodoce Sanctœ-Vincentis Mc'lNTOSH (1885), p. 166, pi. XXVII, flg. 9 ; pi. XXXII, flg. 8 ; pi. XIV A, flg. 14-15. — — Treadwell (1903), p. 1158. Phyllodoce Sancti-J osephi Gravier (1900), p. 196, flg. 53-55 ; pi. X, flg. 20-21. — — Willeï (1905), p. 265, pi. III, flg. 70-71. — — Fauvel (1911), p. 373 ; (1918), p. 336. (?) Phyllodoce salicifolia AuGENER (1913), p. 130, flg. 8 ; pi. III, flg. 43. Localités. — Golfe Persique. St. XLVII. Dragage. — Djibouti. Sur les Polypiers et dans les cavités des Porites. — Récif du Météore. 362 PIERRE FAUVEL Dragages, 20 mètres. ■ — Dragages à l'embouchure de la rivière d'Ambouli, 6 mètres. — Iles Musha. Après avoir décrit la Phyllodoce Sancti-Josephi en détail, d'après un échantillon unique de Djibouti, Gravier avait déjà noté ses affinités avec la Ph. Madeirensis et avec la Ph. Sanctœ-Viîicenfis. Quelques années plus tard, cette espèce fut mentionnée par Willey à Ceylan et j'eus aussi l'occasion d'en étudier un spécimen du golfe Persique, mais ce matériel étant insuffisant pour une comparaison détaillée avec les nombreux individus de Ph. Madeirensis de la collection du Prince de Monaco, provenant des Açores, je dus me borner à constater aussi leur grande ressemblance. Les nombreux spécimens de Djibouti, des îles Musha, et quelques-uns, du golfe Persique, rapportés par M. Pérez me permettent maintenant d'identifier complètement ces deux espèces. Toutes les deux présentent normalement un bouton occipital qui est fréquemment masqué par la contraction du prostomium. Langerhans ne l'observait nettement que sur les exemplaires frais. Sur les spécimens des Açores, il semble parfois faire défaut, tandis que sur les autres il est très réduit ou normalement développé. Je constate les mêmes varia- tions sur les spécimens de Djibouti et Willey n'avait pas revu ce bouton sur ceux de Ceylan. La trompe est bien semblable dans les deux formes. Elle porte, à la base, de chaque côté, 6 rangées longitudinales et 6 à 8 ou 9 papilles aplaties, brunâtres, ou souvent incolores. Parfois, dans l'espace séparant les deux groupes de papilles, on remarque, à la face dorsale, une rangée impaire de 5 à 6 papillles, mais ce caractère est loin d'être constant, fort souvent ces papilles impaires sont indistinctes, atténuées, ou même manquent complètement, ainsi qu'EHLERS l'a constaté déjà sur les exem- plaires mêmes de Langerhans, et comme je l'ai observé sur les spéci- mens des Açores. Sur ceux de Djibouti, leur absence paraît plus fréquente, mais certains en portent cependant de très nettes. Ce caractère, si variable, n'a donc pas l'importance que lui attribuait Gravier pour différencier les deux espèces. La longueur des cirres tentaculaires est aussi très variable. Sur le type de Gravier, les plus longs n'atteignaient que le 6e sétigère, tandis que sur beaucoup de spécimens de Djibouti ils atteignent jusqu'aux 10e, 12e, 13e sétigère, comme sur ceux des Açores. Tous les cirres tentaculaires, sauf ceux de la première paire, renfer- ment un acicule à la base. Mais je n'ai pu trouver aucune trace de soies POLYCHÈTES DE MADAGASCAR 303 au 3e segment tentaculaire dans le petit mamelon surmontant la base du cirre ventral foliacé. Sur aucun spécimen, je n'ai pu voir de soies à ce segment en l'examinant au microscope binoculaire, et sur des prépa- rations éclaircies et comprimées, étudiées par transparence à un fort grossissement, je n'ai pas réussi davantage. Même résultat sur mes spé- cimens des Açores. Langerhans mentionne expressément cette absence de soies au 3e segment tentaculaire et Maren- zeller, après examen des types de Langerhans, confirme l'exactitude de cette observation. La formule tentacu- al, al laire I + 0 — al 0 aN est donc, comme l'indique Bergstrôm, tout à fait exceptionnelle. Les soies des pieds normaux sont identiques sur tous les spécimens. Les cirres dorsaux sont allongés et de forme très variable, ainsi que je l'avais déjà constaté chez la Ph. Madeirensis (1914, p. 112, pi. VI, fig. 5-11), non seulement d'un indi- vidu à l'autre, dans la même station, mais encore entre deux cirres consécutifs ou peu éloignés d'un même animal (fig. il, a, b, c). Tantôt ils sont lancéolés, presque droits, tantôt plus ou moins incurvés, à double courbure, parfois sub-rhomboïdaux (fig. n, d, e, /), mais jamais autant que chez YAnditides patagoîiica Kinberg, espèce à laquelle il faudrait rapporter, d'après Bergstrôm, les formes antarctiques dési- gnées à tort sous le nom de Ph. Madeirensis par Ehlers et Willey. La forme de la mer Rouge et du golfe Persique est, comme celle de Madère et des Açores, remarquablement grêle et atténuée postérieurement. Les deux présentent également les mêmes variations de coloration. Arch.' de Zool. Exp. et Gén. — T. 58. — F. 8, 26 FIG. II. Phyllodoee Madeirensis. a, b, c, deux cirres dorsaux consécu- tifs, un parapode moyen et un parapode antérieur d'un spéci- men de Djibouti ( x 60) ; d, e, /, deux cirres dorsaux moyens et un cirre postérieur d'un spécimen des Açores de la collec- tion du Prince de Monaco. 364 PIERRE F AU V EL Bref, je ne puis plus trouver entre elles le moindre caractère permettant de les séparer. La Ph. salicijolia Augener, d'Australie, est probablement syno- nyme. Distribution géographique. — Atlantique, Méditerranée, mer Rouge, golfe Persique, Ceylan. (Australie ?). Genre EULALIA Œrsted Sous-Genre PTEROCIRRUS Glaparède Eula'ia (Pterocirrus) Magalhaensis Kinberg (Fi-, m). Eulalia magalhaensis Kinberg (1865), p. 241 ; (1910), p. 55, pi. XXIII, flg. 1. Eulalia magalhaensis EHLERS (1897), p. 28 ; (1901), p. 73, pi. VIII, flg. 1-8 ; (1907), p. 6 ; (1912) p. 13 ; (1913), p. 455. Eulalia (Pterocirrus) Magalhaensis Gravier (1906), p. 25 ; (1911), p. 56. Steggoa magelhaensis Bergstrom (1914), p. 129, fig. 35. Eulalia tenax GRUBE (1878), p. 99, pi. VI, flg. 3. — — Fattvel (1918), p. 336. Pterocirrus orevicornis Ebxers (1904), p. 17, pi. II, flg. 10-12. — — Facvel (1917), p. 201, flg. XIV, pi. IV, flg. 14. Pterocirrus ceylonicus MlOHAELSEN (1892), p. 13, flg. 7-8. — — WllLEY (1905), p. 266. — — FATTVEL (1918), p. 336. Localités. — Golfe Persique, St. XLVII et LUI. Dragages. — Aden. St. XXL A mer basse. — Iles Musha. Un grand spécimen de la St. XLVII est un mâle de 150 mm. sur 2 mm., bourré de sperme qui lui donne une coloration d'un blanc laiteux, avec une ligne longitudinale médio-dorsale brun foncé. Les cirres dorsaux sont blancs, tachetés de rouille (fig. m, /). Une femelle, remplie d'œufs, provenant de la même station, est colorée en brun verdâtre foncé, avec la même ligne longitudinale que le mâle (fig. m, g). Le mâle a deux gros yeux et une antenne impaire insérée entre ceux-ci, un peu en avant. Le cirre tentaculaire inférieur de la 2e paire est lancéolé et limbe. Celui de la femelle est épais, blanchâtre, aplati et déformé. Les deux spécimens de la Station LUI, que j'avais d'abord décrits sous le nom à! Eulalia tenax, sont également un mâle et une femelle, le premier blanchâtre et la seconde vert foncé. Tous deux ont les cirres dorsaux plus longs et plus aigus que ceux de la St. XLVII et le cirre tentaculaire ventral de la 2e paire moins élargi (fig. m, a). Quant au spécimen d'Aden, à cirres dorsaux plus petits et moins POLYCHËTES DE MADAGASCAR 365 accumulés, je ne le rapporte à la même espèce qu'avec beaucoup de doutes (fig. m, h). D'après les notes de M. Gravier, un grand spécimen de cette espèce provenant des îles Musha, mesurant environ 55 mm. sur 2 mm., était, Fig. ni. Pterocirrus Magalhœnsis. Forme Eulalia tenax. a, spécimen du golfe Persique, un parapode moyen ( x 40) ; b, c, spécimen des îles Musha, un cirre dorsal et un parapode moyen ( x 40). — Pterocirrus brevi- comis, d'Australie ; d, un parapode moyen ( x30) ; e, une soie composée du 2e segment teutaculaire (x660). — Pterocirrus ceylonicus, du golfe Persique. /, 3 que leurs valves se raccourcissent, ils ont une tendance à devenir bidentés, la dent postérieure du vertex augmentant de volume et les dents inter- médiaires devenant plus fines (fig. vu, c, d). Leur aspect rappelle alors la figure d'IzuKA représentant un crochet de L. heteropoda. En outre des acicules jaunâtres, qui soutiennent le mamelon pédieux, on aperçoit, par transparence, un faisceau de très fins acicules indiquant un rudiment de rame dorsale. Dans le sable à Balanoglosses, M. Gravier a recueilli un petit spéci- men presque entier dont les mâ- choires et les soies sont semblables aux précédentes et un grand frag- ment sans tête ni qu'eue mesurant 270 mm. sur 4 mm. dont les soies à crochet présentent encore plus nettement deux grosses dents sépa- rées par de fines dents intermé- diaires, ce qui leur donne, à un faible grossissement, un aspect nettement bidenté. En comparant ces Lumbricone- reis d'Obock à des L. impatiens de la Manche, de l'Atlantique et de la Méditerranée, je leur trouve les plus grandes affinités : même forme de prostomium et de mâchoires, même répartition des soies : absence de soies composées, [crochets dès les premiers étigères, soies limbées persistant avec les crochets sur un grand nombre de segments. Il est vrai que les spécimens d'Obock ont des crochets à aspect plus nettement bidenté ; mais il convient de remarquer que l'aspect des crochets de la L. impatiens est extrême- ment variable d'un individu à l'autre, même dans une seule localité, et que j'en observe parfois qui se rapprochent fortement des plus bidentés d'Obock. La L. heteropoda, qui présente également ces deux formes de crochets, se distingue de la L. impatiens, dont elle est très voisine, parce qu'elle n'a pas de crochets aux 40 premiers sétigères environ, qui ne portent que des soies limbées. Fia. vn. Lumbriconerei impatiens. d'Obock ; a, b, soies capillaires bilimbées, face et profil ( x 330) ; c, un crochet antérieur ( x 330) ; d. un crochet postérieur ( x 330). 394 PIERRE F AU V EL Distribution géographique. ■ — Manche, Atlantique, mer du Nord, Méditerranée, mer Rouge. Lumbriconereis cavifrons Grube Lumbriconereis cavifrons Grube (1866), p. 175. — — Gruie (1867), p. 13, pi. I, flg. 5. — Grube (1878), p. 51. (?) Lumbriconereis capensis GRUBE (1878), p. 51. — — WILLEY (1904), p. 265. Lumbriconereis Dubeni KlNhERG (1864), p. 570. — — Grube (1878), p. 51. Localité. — Madagascar, 1906. N° 52. Le prostomium est globuleux, sans yeux et sans dépression longitu- dinale. Dans la région antérieure, les parapodes portent des soies capil- laires et des crochets mélangés. Ensuite, les crochets persistent seuls. Il n'y a pas de soies composées. Willey pense que la L. capensis Grube et la L. Dubeni Kinberg sont synonymes. Elles ne so distinguent de la L. cavifrons que par un prostomium plus ovale et elles proviennent de la même région (Cap et Mozambique). Quant à la L. cavifrons Mc'Intosh, du Cap, c'est une espèce différente, car elle a des soies composées. La L. cavifrons est très voisine de la L. impatiens. Distribution géographique. — Cap de Bonne-Espérance, Mozam- bique, Madagascar. Lumbriconereis heteropoda Marenzeller Lumbriconereis heteropoda Marenzeller (1879), p. 30, pi. VI, fig. 1. — — Mc'Intosh (1885), p. 255. — — Moore (1903), p. 454. — Izuka (1912), p. 141, pi. XIV, flg. 19. Localité. — Golfe Persique. St. LI. Dragage. Un gros fragment antérieur, mesurant 40 mm. de long sur 4 mm. de diamètre, correspond bien à la description de Marenzeller, sauf en ce que le prostomium, plus obtus, ressemble davantage à la description d'IzuKA. Par contre, Izuka signale la présence de deux yeux que je n'observe pas. D'après Marenzeller, cette espèce n'aurait pas d'yeux {augenlos). Peut-être ont-ils disparu dans l'alcool ? Les acicules sont jaunes. Les parapodes ressemblent à ceux de la L. papillifera, mais ils sont dépourvus des papilles caractéristiques de cette dernière. Les 40 premiers sétigères ne portent que des soies limbées. Distribution géographique. — Mer du Japon, golfe Persique. POLTCHÈTES DE MADAGASCAR 395 Lumbriconereis papillifera n. sp. (PI. XV, flg. 9-16). Diagnose. — Corps cylindrique très allongé. Prostomium conique ou ovoïde, sans yeux. — 2 premiers segments apodes et achètes. — Para- podes à lobe antérieur arrondi, à lobe postérieur conique, court dans la région antérieure, allongé, digitiforme, relevé obliquement dans les ré- gions médiane et postérieure. Dans la dernière moitié du corps, une longue papille néphridienne cylindrique faisant saillie en dessous et en arrière du parapode. — Acicules jaunes, pas de soies composées. — Aux 30-40 pre- miers sétigères, rien que des soies capillaires limbées, ensuite des crochets s'y ajoutent et postérieurement rien que des crochets. — Pygidium avec 4 urites. — 4 paires de mâchoires : M. I = crocs ; M. II = 4+ 4 ; M. III = 2 -f 2 ; M. IV = 1 + 1. Labre mou, transparent, veiné de noir. Taille 75 mm. et au-dessous. Localités. — Djibouti. Récif du Météore. Dragage. — Madagascar. Tuléar. Récifs. N° 4749 et 5023. Sarodrano. N° 5212. Un spécimen entier de Tuléar mesure 75 mm. sur 2 mm., mais de longs fragments postérieurs de 3 à 4 mm. de diamètre proviennent d'in- dividus beaucoup plus gros. La plupart sont décolorés, à cuticule irisée. Un petit, cependant, est jaunâtre avec des bandes transversales bru- nâtres. Le prostomium est conique ou ovoïde, suivant l'état de contraction (pi. XV, flg. 9). Je n'y découvre aucune trace d'yeux. Le segment buccal est biannelé, suivant la règle générale. Aux premiers parapodes, la lèvre antérieure est arrondie et la languette postérieure est courte, conique, obtuse (pi. XV, fig. 10). Jusqu'au 30e-40e sétigère, toutes les soies sont capillaires, limbées, droites ou géniculées (pi. XV, fig. 15), certaines présentent une double courbure. Ensuite, des crochets non articulés se mélangent aux soies capillaires et finissent par remplacer complè- tement ces dernières (pi. XV, fig. 16). En même temps, la languette postérieure s'allonge et se redresse en haut et en arrière. La rame dorsale n'est représentée que par 2-3 acicules très fins et par un petit mamelon arrondi, souvent indistinct. Dans la région moyenne du corps, la rame ventrale est soutenue par 2 acicules jaunes. Les soies à crochet sont au nombre de 3 ou 4. Elles sont arquées, à valves courtes, assez larges, à rostre recourbé à angle droit avec, au vertex, de fins denticules d'abord très inclinés vers le rostre, puis relevés de plus en plus verticalement au ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — T. 58. — F. 8. 28 396 PIERRE F AU Y EL bord opposé. L'épine sous-rostrale est bien marquée (pi. XV, fig. 16). Dans la deuxième moitié du corps environ, une longue papille cylindrique, arrondie au sommet, fait saillie un peu au-dessous et en arrière du para- pode (pi. XV, fig. 11). Ces papilles sont sans doute rétractiles, car on en rencontre de très développées, presque aussi longues que la languette postérieure du parapode, tandis que d'autres sont à peine saillantes, ou forment un simple bouton vésiculeux. Très marquées sur certains seg- ments, elles manquent parfois à plusieurs consécutifs, sans aucun ordre régulier. Ces papilles rappellent étrangement les branchies rétractiles de certaines Glycères. Cependant, vu leur emplacement au-dessous et en arrière du parapode, elles me semblent plutôt analogues aux papilles néphridiennes saillantes de 'certains Aphroditiens. Leur présence sur 4 spécimens de Madagascar et sur un de Djibouti, d'ailleurs identiques par leurs autres caractères, exclut l'hypothèse d'une monstruosité acci- dentelle. J'ai en vain recherché trace de pareilles papilles sur de nom- breux spécimens de Lumbriconereis, tant indigènes qu'exotiques, et je n'en ai pas davantage trouvé mention dans les auteurs. Par ailleurs, cette espèce ressemble beaucoup à la L. ocellata Grube, bien qu'elle n'ait pas d'yeux, et à L. heteropoda Marenzeller, qui n'est peut-être pas distincte de l'espèce de Grube. Il est possible que la Lumbriconereis du golfe Persique que j'ai mentionnée sous le nom de L. heteropoda soit une L. papillifera, mais comme le spécimen est tronqué postérieurement, on ne peut vérifier l'existence des papilles néphridiennes. Les mâchoires, au nombre de 5 paires, du type banal chez les Lum- briconereis, n'ont rien de caractéristique (pi. XV, fig. 13). La première paire se compose de 2 grands crocs non denticulés à la base et à supports assez longs. La deuxième paire est formée de plaques ayant 4 dents à droite et à gauche, quelquefois celle de gauche à 5 dents. Elles se conti- nuent chacune, en arrière, par une grande plaque chitineuse triangulaire. Les mâchoires de la 3e paire sont bidentées et celles de la 4e paire uniden- tées. Un gros paragnathe conique, obtus, brunâtre, les flanque de chaque côté. De longues bandes chitineuses étroites s'étendent parallèlement aux crochets et aux supports de la lre paire. Le labre est mou, transparent, bordé de noir au bord antérieur et veiné longitudinalement (pi. XV, fig. 14) , Le pygidium se termine par 4 urites. La Lumbriconereis erecta Moore (1904), de Californie, se rapproche beaucoup de cette espèce, mais elle s'en distingue par l'absence de papilles. Distribution géographique. — Mer Rouge (Djibouti), Madagascar. POLYCHÈTES DE MADAGASCAR 307 Famille des NÉRÉIDIENS Quatrefages Genre NEREIS Cuvier Nereis Coutierei Gravier Nereis Coutierei Gravier (1901), p. 167, flg. 166-170 ; pi. XI, flg. 38-11. — — Tauvel (1911), p. 384, pi. XIX, flg. 17. Localités. — Djibouti. Derrière le Secrétariat général. Dragage, 6 mètres. — En face la rivière d'Ambouli. Dragage, 6 mètres. Deux petits spécimens seulement représentent cette curieuse espèce. Ce n'est qu'avec doute que j'y rapporte également une très petite Hete- ronereis c? dont je n'ai pu disséquer la trompe. Les cirres des 5e-7e séti- gères sont renflés, le 1er segment épitoke est le 15e. Les cirres dorsaux ne sont pas crénelés. Gravier a décrit la forme épitoke 9. Distribution géographique. — Mer Rouge, golfe Persique. Nereis unifaseiata Willey Nereis unifaseiata Willey (1905), p. 271, pi. IV, flg. 85-88. (?) Nereis trifasciata Grpbe (1878), p. 74. Localités. — Djibouti, entre les récifs du Pingouin et du Météore. Dragage, 20 mètres ; Prairies de Zostères, à mer basse. — Iles Musha. Dragage. 20 mètres. — Madagascar, 1906, N° 52. A première vue, cette petite Nereis ressemble beaucoup à la N. Coutierei ; comme cette dernière, elle présente au 2e ou au 3e sétigère une large bande transversale brune, et, à un certain nombre de segments suivants, une bande plus mince ou des séries de taches ou encore 3 lignes brunes longitudinales, mais elle s'en distingue facilement par ses para- podes postérieurs qui ne sont pas renflés en lamelle arrondie à la base du cirre dorsal et qui renferment de volumineuses glandes pédieuses foncées. Willey ne figure pas ces glandes, mais il fait remarquer que les para- podes ressemblent à ceux de la Ceratonereis pectinifera dont il donne un dessin indiquant deux grosses glandes pédieuses. Les soies en arête du faisceau ventral inférieur sont plutôt hémi- gomphes que franchement hétérogomphes. Les serpes ventrales ont un bec recourbé venant se terminer sur le bord tranchant, comme chez les Platynereis. Aux pieds postérieurs, la rame dorsale porte des serpes homo- gomphes. L'armature de la trompe se rapproche de celle de la N. Coutiereii Le groupe I m'a paru faire défaut. Les groupes II, III et IV sont composés 398 PIERRE F AU V EL de paragnathes en amas plus ou moins nombreux ; le groupe V manque ; VI forme un petit amas oval ; VII- VIII se composent d'un seul rang de très petits paragnathes. La taille est de 12 à 25 mm., sur 0,5 à 1 mm. Il est possible que cette petite espèce ne soit qu'une variété de couleur de la N. trifasciata Grube. Distribution géographique. — Ceylan, mer Rouge, (Philippines ?), Madagascar. Nereis zonataMalmgren var. persica Fauvel Nereis zonata var. persica Fauvel (1911), p. 385, pi. XIX, fig. 10-16, 18-23 ; pi. XX, flg. 24-25 ; (1918), p. 9. Localités. — Golfe Persique. St. XLVII et LI. Dragages. — Iles Musha. Dragage, 20 mètres. En 1911, j'ai décrit en détail de nombreux petits exemplaires du golfe Persique. Je retrouve cette variété dans le matériel de même provenance récolté par M. Ch. Pérez. Les trois petits spécimens des îles Musha ne diffèrent en rien de ceux du golfe Persique. Deux sont encore zones de brun transversalement, aux sétigères antérieurs, l'autre est décoloré. Deux mâles du golfe Persique sont épitokes, avec premier pied modifié au 15e sétigère. Distribution géographique. — Golfe Persique, mer Rouge. Nereis falsa Quatrefages Nereis falsa Fauvel (1916), p. 81, pi. V, flg. 1-11 (Synonymie). Nereis parallelogramma Claparède (1868), p. 167, pi. IX, fig. 7 ; pi. X, fig. 2; (1870), p. 84, pi. VIII, flg. 2; pi. II, fig. 7. Nereis lucipeta Ehlers (1908), p. 69, pi. VIII, flg. 7-13. Nereis splendida Ehlers (1913), p. 496. Localité. — Madagascar. 1906. N° 52. J'ai déjà eu l'occasion d'étudier cette espèce sur de nombreux spéci- mens, tant atokes qu'épitokes, de la Collection du Prince de Monaco, ce qui m'a permis d'en donner une description détaillée. Tous les spéci- mens de Madagascar correspondent très bien à ceux de la Méditerranée et du Maroc. Ehlers identifie cette espèce à la Nereis splendida Grube. J'ai déjà exposé (1916, p. 83) les raisons qui me font douter de cette assimilation et préférer la dénomination de de Quatrefages. Distribution géographique. — Méditerranée, Atlantique, Maroc, Afrique équatoriale et méridionale, Madagascar. POLYCHÈTES DE MADAGASCAR 399 Genre DENDRONEREIS Peters Dendronereis arborifera Peters (PI. XV, flg. 5-8). Dendronereis arborifera Ehlers (1868), p. 578, pi. XXII, flg. 33-42. Localité. — Madagascar, Tuléar, Sarodrano. N° 5192. Ehlers a décrit cette rare et curieuse espèce d'après un unique spécimen tronqué postérieurement. Celui de Sarodrano est presque entier, il ne semble lui manquer que les tout derniers segments. C'est un mâle bourré de sperme, sans trace d'épitokie, long de 85 mm. et large de 2 mm.» sans les pieds, 3 mm. pieds compris. C'est donc un animal très long et très grêle, un peu aplati dans la région branchiale, ensuite mince et cylin- drique. Le prostomium est bifide, étant nettement incisé entre les deux antennes divergentes et soudées aux palpophores sur une partie de leur longueur. Elles sont plus courtes que les palpes qui sont globuleux, ovoïdes, terminés par un petit palpostyle conique. Les yeux sont rougeâtres, les postérieurs arrondis, les antérieurs un peu plus gros, réniformes. Les cirres tentaculaires les plus longs atteignent en arrière le 5e sétigère, tandis que les 3 autres paires, subégales, coniques, acuminées, sont beaucoup plus courtes, leur longueur ne dépassant pas celle du segment buccal. Des rides de contraction leur donnent un faux aspect articulé. La trompe, à demi dévaginée, est molle, sans paragnathes ni papilles. Au 1er sétigère, on note seulement un cirre dorsal, un cirre ventral, deux lèvres coniques et un faisceau de soies. Au 2e sétigère, il n'y a éga- lement qu'un acicule et un faisceau de soies, mais les lèvres sont au nombre de 3. Les parapodes suivants sont nettement biramés avec un grand cirre dorsal conique dépassant les deux languettes égales de la rame dorsale. La rame ventrale, sensiblement de même longueur, a une structure plus complexe. Lèvres et languettes s'y multiplient, formant, au 6e sétigère par exemple (pi. XV, fig. 6), 4 gros mamelons postérieurs coniques obtus, sans compter deux autres mamelons antérieurs plus courts. Le cirre ventral acuminé est beaucoup plus court que la rame ventrale et inséré tout à fait à la base. Ensuite, les parapodes s'allongent, les deux rames s'écartent et le cirre dorsal se développe. Au 11e sétigère, il commence à porter quelques longues papilles cylindriques, puis, du 12e au 23e, le cirre dorsal, énorme, redressé sur le dos, aplati, est garni sur ses deux bords d'un grand nombre 400 PIERRE F AU V EL de papilles cylindriques, très longues et toutes simples (pi. XV, fig. 5). La rame dorsale est formée de 2 languettes effilées et d'un petit mamelon conique antérieur. La rame ventrale est divisée en 5 ou 6 languettes coniques et porte aussi quelques papilles analogues à celles du cirre dorsal, mais plus petites. Le cirre ventral est plus long qu'aux pieds antérieurs. Après le 23e sétigère, les pieds se modifient encore. Les papilles dis- paraissent, la rame dorsale diminue en conservant trois languettes effilées, mais la rame ventrale se simplifie, tout en devenant relativement plus volumineuse, ses deux languettes postérieure et l'inférieure se réduisent, le cirre dorsal s'allonge. Enfin, dans la région postérieure, la rame ventrale, beaucoup plus grosse que la rame dorsale, forme un gros mamelon conique obtus, simple, avec un cirre ventral plus court. La rame dorsale a encore deux petites languettes coniques et un long cirre (pi. XV, fig. 7). Toutes les soies sont des arêtes homogomphes, aussi bien au faisceau dorsal qu'aux deux faisceaux ventraux. Dans chaque faisceau, les arêtes inférieures sont plus courtes que les supérieures ; c'est la seule différence qu'on puisse observer (pi. XV, fig. 8). Les figures d'EHLERS diffèrent un peu des miennes dans le nombre et la forme des lobes des parapodes, mais ceux-ci varient d'un pied à l'autre et le graveur n'a pas dû les reproduire très fidèlement. Ehlers n'a pas vu les pieds postérieurs qui manquaient à son spécimen. La Dendronereis pinnaticirris Grube, des Philippines, est une espèce voisine se distinguant par les papilles du cirre dorsal qui sont ramifiées. Distribution géographique. — Mozambique, Madagascar. Genre LEONNATES Kinberg Leonnates Jousseaumei Gravier Leonnates Jousseaumei Gravier (1901), p. 160, fig. 16Mfi5, pi. XI, fig. 34-37. — — FAUVEL (1911), p. 380 ; (1918), p. 337. Localités. — Golfe Persique. St. XLVII, XLIX, LI et LUI. Dra- gages. — Baie de Djibouti, dans les canaux des Hircinia et dans les Polypiers. — Entre les récifs du Pingouin et du Météore. Dragage, 20 mètres. — Iles Musha. Dragage, 20 mètres. D'après les notes de M. Gravier, ce Leonnates, à corps rosé, à partie antérieure blanchâtre, est très abondant dans les canaux des Hircinia POLYCHÈTES DE MADAGASCAR 401 et il est en effet représenté par de nombreux individus dont certains attei- gnent plus de 12 cm. de longueur sur 12 mm. de large, pieds compris. La différence entre les paragnathe.s cornés de l'anneau maxillaire et les papilles molles de l'anneau basiîaire sont moins tranchées qu'on ne pourrait le penser. Parfois, les denticules de l'anneau maxillaire, surtout ceux du groupe III, allongés et coniques, ne sont colorés et chitinisés qu'à leur extrémité, leur plus grande partie restant assez molle. Un petit individu de 15 mm. sur 1,6, comptant environ 55 sétigères, est un mâle subépitoke avec des rudiments de lamelles à partir du 15e séti- gère, les cirres dorsaux 4 à 7 sont renflés, mais les parapodes postérieurs n'ont pas encore acquis leurs soies natatoires. Les spécimens du golfe Persique sont nombreux et de grande taille. Distribution géographique. — Mer Rouge, golfe Persique. Genre CERATONEREIS Kinberg. (char, emend.) Ceratonereis mirabilis Kinberg Ceratonereis mirabilis Fauvel (1917), p. 207 (Synonymie) ; (1918), p. 337. Ceratonereis tentaculata Kinberg (1865), p. 10 ; (1857-1910), pi. XX, fig. 5. Localités. — Golfe Persique St. XLIX. Dragage. — Djibouti. A mer basse, dans le sable vaseux à l'est de la Résidence ; au sud du pla- teau du Serpent, parmi les cailloux ; sur un Madrépore. — Madagascar. Récifs de Tuléar. N° 5013. Cette espèce avait déjà été signalée à Djibouti par Gravier. Depuis, j'en avais aussi étudié des exemplaires du golfe Persique et d'Australie et j'ai pu, ainsi qu'AuGENER, vérifier son identité avec la Ceratonereis tentaculata Kbg ; mais j'ai exposé ailleurs les raisons pour lesquelles le nom de C. mirabilis, également de Kinberg, doit être conservé. Distribution géographique. — Pacifique, Nouvelle-Zélande, Aus- tralie, Amboine, mer Rouge, golfe Persique, Madagascar, Atlantique, An- tilles, Brésil. Ceratonereis Ehlersiana Claparède Ceratonereis Ehlersiana Clapakède (1870), p. 88, pi. VIII, fig. 2. Nereis Ehlersiana JIarion et Bobretzky (1875), p. 17. Ceratonereis Ehlersiana Fauvel (1913), p. 65. Ceratonereis Einbergiana CLAPARÈDE (1870), p. 89, pi. VIII, fig. 3. Localité. — Madagascar, Tuléar, Sarodrano. Cette espèce se distingue de la Ceratonereis Costœ par l'absence de paragnathes au groupe I, par ses languettes plus aiguës et plus écartées 402 PIERRE FA.UVEL à la rame supérieure des parapodes, et surtout par l'absence d'une grande lèvre conique entre les deux languettes supérieures des pieds antérieurs. Le petit spécimen de Sarodrano est bien semblable à ceux de la Méditerranée. Distribution géographique. — Méditerranée (Naples, Marseille, Monaco), Madagascar. Ceratonereis Costae Grube (PI. XVII, fig. 87-88). Ceratonereis Costae Fatjvel (1914), p. 185, pi. XV, fig. 1-8 (Synonymie). Ceratonereis fasciata Grube (1869), p. 498. — Gravier (1901), p. 174, pi. XI, fig. 43. Ceratonereis lapinigensis GRUBE (1878), p. 69. — — Augener (1913), p. 166. Localités. — Djibouti, entre les récifs du Pingouin et du Météore. Dragage, 20 mètres. — Dans les récifs et dans les Madrépores au nord et en face l'embouchure de la rivière d'Ambouli. — Iles Musha. Dragage, 20 mètres. — Madagascar, 1906. N° 52. Les nombreux spécimens de diverses tailles représentant cette espèce, m'ont permis de constater de nouveau sa grande variabilité, que j'avais déjà observée sur le matériel abondant de la collection du Prince de Monaco. Les variations de coloration de cette espèce sont cause qu'elle a été décrite sous de nombreuses dénominations. Tantôt elle est d'une teinte uniforme jaunâtre ou rose diffus, ou elle passe du vert au rouge, tantôt elle est ornée de raies et de taches brunes sur fond verdâtre, comme dans la forme C. punctata Saint-Joseph. Les exemplaires de Djibouti, comparés à ceux de la Méditerranée, ne peuvent s'en distinguer spécifiquement et présentent la même gamme de variations. Les paragnathes sont généralement disposés de la façon suivante : groupe I, absent ; groupes II, un arc de paragnathes disposés sur deux rangs ; groupe III, trois paragnathes groupés en triangle renversé, ou 4 en losange ; groupes IV, un amas en trapèze. Sur les spécimens de la Méditerranée, j'observe, comme de Saint- Joseph, la même disposition et je vois varier de 3 à 8, parfois davantage, le nombre des paragnathes du groupe III. Grube en indique un au groupe I chez sa Nereis fasciata, ce qui est plutôt exceptionnel. La longueur des cirres tentaculaires ne fournit aucun caractère POLYGHÈTES DE MADAGASCAR- 403 distinctif, car ils atteignent du 3e au 7e sétigère, suivant les individus. Les parapodes sont caractérisés, aux 15-20 premiers sétigères, par le grand développement d'un mamelon sétigère conique entre les deux languettes de la rame dorsale dont il atteint presque la longueur. A la base du cirre, on remarque deux volumineuses glandes foncées aux- quelles s'en ajoutent encore de plus petites aux pieds postérieurs. Les soies en arête du faisceau ventral inférieur sont homogomphcs, ce qui est assez exceptionnel chez les Néréidièns. Dans la région posté- rieure du corps, les soies dorsales en arête sont peu nombreuses et plus grosses. Les serpes hétérogomphes ventrales sont aussi très développées, avec une grosse hampe jaunâtre et un article terminé par une pointe recourbée vers la hampe. L'articulation de ces soies est toujours très nette et souvent la serpe est détachée. Une femelle provenant de l'embouchure de la rivière d'Ambouli, longue de 22 mm. et large de 3,5 mm., est complètement épitoke. Les 4 yeux, très gros, à large cristallin, sont tangents. Les palpes, rabattus à la face ventrale, n'ont pas pris un développement exagéré. Les cirres dorsaux des segments 3 à 6 (pi. XVII, fig. 87) sont renflés en boudin et terminés par un long fouet orienté dans leur prolongement. Les cirres ventraux 1 à 5 sont aussi renflés. Les segments suivants, non modifiés jusqu'au 16e, sont gonflés d'œufs. A partir du 17e, les lamelles et les soies natatoires sont bien développées, mais il subsiste à tous les pieds une grosse serpe hétérogomphe ventrale (pi. XVII, fig. 88). La lamelle du cirre ventral n'est pas trifide comme dans le genre Perinereis. Les paragnathes ne sont pas modifiés. Le pygidiuni porte 2 longs urites, mais il n'est pas renflé en rosette. La C. lapinigensis, dont Grube et Augener ont déjà fait remarquer la grande ressemblance avec la C. Costœ, ne m'en paraît différer par aucun caractère spécifique, étant domié la grande variabilité de la coloration, de la longueur des cirres et du nombre des paragnathes dans l'espèce type. Distribution géographique. — Atlantique, Méditerranée, mer Rouge, Madagascar, Philippines, Australie. Ceratonereis pachychaeta n. sp. [.(PI. XV, fig. 22-25 ; fig. vin). Diagnose. — Corps court, trapu, atténué en arrière, 70 à 90 sétigères environ. — Prostomium hexagonal, à peu près aussi large que long. 404 PIERRE F AU V EL 4 yeux noirs disposés en rectangle. Antennes plus courtes que les palpes ovoïdes à palpostyle en gros bouton. 4 paires de cirres tentacul aires, les antérieurs dépassant à peine le segment buccal, les postérieurs supé- rieurs, plus longs, atteignant le 4e-6e sétigère. — Mâchoires courtes, larges, très foncées, à 4-6 dents bien marquées. Trompe sans paragnathes à l'an- neau oral ; à l'anneau maxillaire, de gros paragnathes coniques, foncés. I=l;II = 4à8 formant arc à un seul rang ; III = 2 ou 3 en ligne longi- tudinale ; IV = amas triangulaires de 4 à 6. — Segment buccal étroit, fortement échancré par le prostomium, aussi long que les deux suivants sur les côtés. Un seul faisceau de soies aux 2 premiers sétigères. Parapodes suivants biramés. Aux 15-20 premiers, 2 languettes arrondies et un long mamelon sétigère à chaque rame forment 3e languette. Aux suivants, à la rame dorsale 2 languettes triangulaires aiguës divergentes, la supé- rieure plus longue que l'inférieure ; à la rame ventrale 2 lèvres obtuses situées l'une derrière l'autre et une languette inférieure un peu plus longue. Cirres dorsaux un peu plus longs que la languette supérieure, cirres ven- traux plus courts que l'inférieure. 2 volumineuses glandes foncées for- ment renflement à la base du cirre dorsal. Aux pieds postérieurs, la rame dorsale dépasse beaucoup la rame ventrale. Soies : dorsales nombreuses, toutes en fines arêtes homogomphes. Au faisceau ventral supérieur : 1° arêtes homogomphes; 2° grosses serpes hétérogomphes jaunes, à arti- culation ankylosée, à article terminé par un renflement et un ligament rabattu sur le tranchant. Au faisceau ventral inférieur : 1° des arêtes hétérogomphes ; 2° des serpes hétérogomphes moins grosses et à articu- lation non ankylosée. Pygidium allongé, 2 longs urites. Taille : 30 à 45 mm., sur 3-4 mm., pieds compris. Coloration dans l'alcool, cuivrée avec bandes transversales de fines ponctuations foncées et glandes pédieuses foncées. Localités. — Djibouti. Entre les récifs du Pingouin et du Météore. Dragage, 20 mètres. — Iles Musha. Dragage, 20 mètres. — Madagascar, Tuléar, Sarodrano, 1906. N° 52. L'aspect de cette Nereis ne diffère pas sensiblement, à l'œil nu, de celui de la C. Costœ ; comme cette dernière, c'est une forme courte, trapue, effilée seulement dans la moitié postérieure du corps. Le prostomium est fortement enchâssé dans le segment buccal échancré en avant (pi. XV, fig. 22). Les yeux sont disposés en rectangle, les antérieurs très légèrement plus écartés que les postérieurs. Les cirres POLYCHÈTES DE MADAGASCAR 405 tentaculaires sont courts et raides. Seuls les postérieurs, plus longs que les autres, atteignent en arrière jusqu'au 4e-6e sétigère. Le segment buccal est sensiblement aussi long, sur les côtés, que les deux suivants, il est rétréci, comme étranglé au milieu, du moins sur les individus dont la trompe est invaginée, les seuls que j'aie vus. Les paragnathes sont coniques, très foncés, assez gros, et parfois plus ou moins confluents. Us sont sujets d'ailleurs à variations. Le groupe I est ordinairement représenté par un seul gros, une fois cependant je n'en trouve qu'un très petit et il manque sur un autre individu. Les groupes II sont constitués, de chaque côté, par une série de 4 à 6 para- gnathes disposés sur un seul rang en forme d'arc. Parfois leur nombre s'élève à 8-10, avec tendance à former deux rangées. Au groupe III, le plus fréquemment, les paragnathes sont au nombre de 2 ou 3 situés les uns derrière les autres. Une fois cependant j'en aperçois un 4e un peu sur le côté. Les groupes IV forment des amas triangulaires ou trapé- zoïdaux de 4-6 paragnathes. Les mâchoires sont larges, courtes, robustes, très foncées et découpées en 5-6 dents bien marquées. Comme chez la Ceratonereis Costœ, les parapodes antérieurs, jusqu'au 15e-20e, sont épais, à languettes obtuses, subégales (pi. XV, fig. 24). Le mamelon sétigère dorsal y est très développé, aussi long que les deux languettes, il semble donc y en avoir trois de même longueur ou peu s'en faut. A la rame ventrale, le mamelon pédieux et la languette supé- rieure sont situés l'un derrière l'autre, au-dessus de la languette ventrale. Les cirres dorsaux dépassent un peu la languette dorsale, les ventraux sont plus courts que celle de la rame ventrale. A la base du cirre dorsal, 2 volumineuses glandes fortement pigmentées forment un renflement marqué. Dans la région moyenne du corps (pi. XV, fig. 25), le mamelon pédieux dorsal se réduit aux proportions normales, les languettes s'al- longent et deviennent plus aiguës. Dans la région postérieure (pi. XV, fig. 23), ces languettes s'effilent encore et divergent, et toute la rame dor- sale dépasse largement la rame ventrale. Les soies sont très caractéristiques. A la rame dorsale toutes les soies sont en arête homogomphe (fig. VIII, e), même aux pieds postérieurs où elles restent fines et nombreuses (souvent 10 et davantage), tandis que chez la C. Costœ, aux pieds postérieurs, les soies dorsales sont peu nom- breuses et à grosse hampe jaunâtre. A la rame ventrale, le faisceau supérieur porte, 1° des soies en arête 406 PIERRE F AU V EL homogomphes du type courant (fig. vin, e) ; 2° 2 à 4 très grosses serpes hétérogomphes, jaunes, dont l'articulation est presque complètement soudée et dont l'article est dépourvu de dents et terminé en tête renflée d'où part un bec recourbé sur le tranchant de la serpe (fig. vin, a). Au faisceau inférieur ventral, les soies en arête ont une articulation hété- rogomphe (fig. vin, /) ce qui est assez exceptionnel chez les Ceratonereis. Les serpes hétérogomphes varient suivant les régions du corps (fig. vin, b, c, d). Jusqu'au 25-30e sétigère, elles sont nombreuses, assez petites, à article dont le tranchant convexe est nettement pectine (fig. vin, c) ; puis on en voit apparaître de plus grosses, et dès le 50 e sétigère (fig. vin, b) elles sont réduites à 3-4 presque aussi grosses que celles du faisceau supérieur, mais l'articula- tion ne présente pas de tendances à l'ankylose et l'article, devenu con- cave sur son tranchant, reste nette- ment pectine (fig. vin, b). Les grosses serpes ankylosées du faisceau supérieur ventral sont inter- médiaires entre les serpes articulées de la Ceratoneries Costœ et les soies simples, en croc, de la C. Ery- thrœensis. Mais celle-ci n'a qu'une seule soie simple remplaçant toutes les serpes hétérogomphes du faisceau supérieur. Au faisceau inférieur, ses serpes sont remarquablement petites, bien loin de devenir géantes. En outre, les paragnathes sont différents et le corps long, grêle, très effilé, ne ressemble en rien à celui de la C. pachy- chœta. Cette dernière se rapproche davantage de la C. Costœ par son aspect général, sa coloration, ses paragnathes, bien qu'elle en ait généralement un au groupe I. Elle s'en différencie immédiatement : 1° par ses arêtes du faisceau inférieur qui sont hétérogomphes (fig. vin, /) ; 2° par ses grosses serpes ankylosées tout à fait caractéristiques (fig. vin, a). La coloration, dans l'alcool, est plus ou moins cuivrée antérieurement, FlG.Jvm.JCe/fltowems pachychœta. a, s rpe géante du 30e sétigère ( x330); b, une s ipe ventrale in- térieure du même parapode ( x 330) ; c, une serpe ventrale inférieure du 20e sétigère x330) ; ■ Tat ■ ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GENERALE Tome 58, p. 475 à 487, pi. XVI H à XXI. 5 Février 1920. BIOSPEOLOGICA XL1(1) OSTRACODES (PREMIÈRE SÉRIE) PAUL PARIS TABLE DES MAT/ÈRES AVANT-PROPOS 475 Famiue des Cypridae. — Cypria ophikalmica (Jurine) (p. 476). — Cavdona breuilia. sp. (p. 477). — Candona eremita (Vejdovsky) (p. 478). -— Ilyocypris bradyi Sara (p. 479). — Cypridopsis albida (Vavra) 479 Famille des Cytheridae. — Genre Sphaeromicola P. Paris (p. 479). — Sphaeromicola topsenti P. Paris 479 Index bibliographique 486 Explication des planches 486 AVANT-PROPOS Le nombre des Ostracodes trouvés dans les grottes, tant troglobies que trogloxènes, est très réduit. Cela tient certainement moins à leur rareté réelle qu'aux difficultés que présente la capture de ces petits Crustacés. Leur exiguïté qui leur permet de se glisser dans les moindres fentes entre les plus petits cailloux, le fait que la plupart d'entre eux rampent sur le fond de l'eau, rend peu efficace l'usage du filet fin. L'immobilité dans laquelle ils tombent au moindre choc et qui leur permet d'autant mieux d'être confondus avec des grains de sable ou autres petits débris, que leur teinte s'harmonise le plus souvent très bien avec le milieu, l'éclairage généralement peu favorable dont dispose l'explorateur, et le fait que souvent l'attention est retenue par la présence de plus gros et plus tur- 1. Voir pour Biospeologica I h XL, ces ÀECHIVK8 tomes VI, VII, VIII et IX, de la 4e série, tomes I, II, IV, V, VI, VIII; IX et X, de la 5e série, et tomes 52, 53, 54, 55, 56 et 57. ARCH. DE 700L. EXP. ET GÉN. — T. 58. — F. 9. 33 476 PAUL PARIS bulents troglobies aquatiques, font qu'ils échappent également très faci- lement à la vue. Le premier Ostracode signalé dans les eaux souterraines paraît être le Candona eremita décrit par Vejdovsky (1880, p. 42) sous le nom de Cypris eremita, ensuite placé par le même auteur (1882, p. 64) dans le genre Typhlocypris créé pour lui. A vrai dire, cet Entomostracé ne pro- venait pas du sous-sol, ayant été trouvé dans les sources qui alimentent la ville de Prague, mais, comme on le verra plus loin, il se rencontre dans les eaux des grottes, et le domaine hypogé est certainement son habitat normal. Sa présence dans les eaux de surface doit être accidentelle, comme celle des Niphargus et des Cœcosplmeroma par exemple, troglobies souvent entraînés dans les sources, particulièrement au moment des grandes eaux. Sous le nom de Cypris slygia, Joseph (1882, p. 4) a décrit, des grottes de Carniole, un Ostracode qui n'a pas été revu depuis, et dont la diagnose qu'en donne cet auteur permettra difficilement une identification ulté- rieure certaine. Schmeil (1893. p. 341) signale des grottes du Karst deux espèces d'Ostracodes : Typhlocypris schmeili et Cypria pellucida, nommés par G. W. Mûller et devant être décrits par ce spécialiste. Je n'ai pu trouver trace de ces descriptions ; en tout cas, G. W. Muller, dans les Ostracodes du Tierreich (1912), n'en fait nulle mention. Tels étaient, à ma connais- sance du moins, les seuls Ostracodes troglobies signalés antérieurement en 1914. Les événements tragiques survenus depuis cette époque ne m'ont pas permis de poursuivre au delà cette bibliographie. Les recherches pourtant si nombreuses et si consciencieuses orga- nisées par MM. Jeannel et Racovitza n'ont pas augmenté beaucoup nos connaissances à ce sujet. Les Ostracodes de Biospeologica, dont ils ont bien voulu me confier l'étude, ne proviennent que de huit stations ne comptent que six espèces, dont moitié au moins de trogloxènes, et seulement deux nouvelles. Famille Cypridae Cypria ophthalmica (Jurine, 1820) Monoculus ophlhalmicus Jttrine. 1820, p. ]"8, T. XIX, fig. 16, 17. Département de la Côte-d'Or (France). — Puits artificiel à Perrigny-les- Dijon, Perrigny-les-Dijon, canton de Dijon-sud (20-VI, 1916), n° 842 (P. Paris leg.). — Un mâle adulte; OSTRACODES 477 Candona breuili n. sp. (Planche XVIII ; flg. 1 à 10). Province de Oviedo (Espagne). — Caverna de San Roman de Candamo, Candamo, part, de Pavia (20- V, 1915), n° 792 (Breuil leg.). — Une femelle ovigère. Bien que n'ayant pu étudier que cette seule femelle, dont les faibles dimensions peuvent faire croire à une forme progame, je crois cependant pouvoir la considérer comme type d'une nouvelle espèce. Diagnose. — Longueur de la carapace : 550 [/., sur une hauteur max. moitié moindre, au commencement du tiers postérieur et une épaisseur d'environ le tiers de la longueur. Faiblement et finement velue, elle montre, vue du dessus (fig. 1), ses côtés à peu près parallèles sur la grande partie de sa longueur, s'atténuant seulement aux extrémités dont l'antérieure est plus pointue que la postérieure, presque arrondie. La valve gauche (fig. 2) déborde la droite à l'avant et à l'arrière, celle-ci (fig. 3) est aussi un peu moins haute et a son bord dorsal, à peu près droit dans sa partie médiane, celui de la première présentant dans cette partie une légère concavité. Les deux extrémités ont un contour peu différent, surtout dans la valve droite. Impressions musculaires gauches (fig. 11) en groupe de huit, dont, des trois postérieures, la plus élevée et l'inférieure sont notablement plus petites que les autres. Impressions musculaires droites (fig. 12) formant un groupe principal de six. Couleur blanche, translucide, les œufs apparaissant par transpa- rence comme une tache grisâtre. Antennule (fig. 4) robuste, prolongée par de très longues soies, dépas- sant le dernier article de 185 \i. environ. Antenne (fig. 5) courte, forte, ayant ses deuxième et troisième articles sensiblement de même longueur, à peu près 80 p, celui-ci d'environ un tiers moins épais que le précédent et portant un fort bâtonnet sensitif. Quatrième article d'épaisseur moitié moindre que le troisième et terminé par des griffes (fig. 6) de 115 y. de longueur, le double de la sienne. Yeux invisibles dans l'individu examiné. Labre lisse (fig. 7), seulement légèrement poilu sur le devant, faible- ment denté sur la partie médiane de son bord libre. 478 PAUL PARIS Mandibule (%. 8), longue de 145 \x, à dents échancrées à la pointe, à palpe (fig. 9) très développé, terminé par trois robustes griffes. Maxillipède (fig. 10) se terminant par six soies presque égales, son palpe par cinq, dont les externes environ moitié longues des autres. Première patte (fig. 13) avec ses deux derniers articles cylindriques et sensiblement de même diamètre. Le troisième moitié en longueur du second qui a 83 y. environ de longueur, le quatrième inférieur d'un sixième environ au troisième. Le cinquième article avec sa griffe terminale de 120 [a environ, atteint à peu près la longueur des deuxième et troisième réunis. L'épine que chacun de ces quatre articles porte au côté antérieur de son extrémité distale est de même longueur et environ égale au dia- mètre du troisième article. Deuxième patte (fig. 14) à cinq articles, dont le troisième et le qua- trième ont sensiblement la même longueur, 53 ja environ, la soie distale du quatrième article a approximativement 36 ;;.. les trois épines termi- nales du cinquième respectivement 90 \x, 64 \j., 45 \i. Furca (fig. 15) robuste, à tige de 100 p, de longueur au bord antérieur avec une largeur de 54 jx. à la base et de 20 \i au niveau de la soie posté- rieure, laquelle a une longueur d'environ 55 \j.. Les griffes terminales de la furca (fig. 16) fortes, droites sur plus de leur première moitié, portant dans cette partie une dent à partir de laquelle, et presque jusqu'à la pointe, existe une rangée de très fines soies, ont respectivement 90 jx et 80 y. de longueur approximative. Remarque. — De nouvelles recherches sont à faire sur cette espèce, pour permettre, d'abord de vérifier si l'exemplaire décrit, quoique ovigère, avait bien sa taille définitive, d'en découvrir le mâle, enfin d'en connaître l'œcologie. Rien de ses caractères ne permet de faire reconnaître si cette espèce est troglobie ou se trouvait accidentellement dans la grotte où elle a été rencontrée. Candona eremita (Vejdovsky, 1880) Cypris eremita Vejuovskv, 1880, p. 42. Provinz Krain (Autriche). — Podptc Hôhle, Podpcc, Bezirk Gottschee (3-V, 1914), n° 779 (Jeannel et Racovitza leg.). — Une femelle. Chorologie. — Cette espèce a une aire de distribution étendue pour un troglobie, puisqu'antérieurement elle a été rencontrée à Prague et à Agram. OSTRACODES 479 Ilyocypris bradyi Sais, 1890 Ilrjoeppris bradyi Saks (G. O.), 1890, p. 59. Département de la Côte-d'Or (France). — Carrière de Vry, Magny-les- Villers, canton de Nuits-Saint-Georges (4-IV 191G) (P. Paris leg.). — Deux femelles ovigères. Cypridopsis albida (Vâvra, 1897) Candonella albida VAVP.A, 1897, p. 12. .1?. 3. Ile de Zanzibar (Zanzibar). — Puits de Kombéni, Kombéni. Distr. de Mwéra (24-TV, 1912), n° 538 (Allnaud et Jeannel leg.). — Un mâle, deux femelles, un jeune. Famille Cytheridae Genre SPHAEROMICÔLA P. Paris, 1916 Génotype : Sphaeromicola topsenti P. Paris, 1916. Sphaeromicola topsenti P. Paris, 1916 (Planches. XIX à XXI ; fig 17 à 50) Type de l'espèce. — Sur Caecosphaeroma burgundum Dollfus, de la carrière de Vry, Magny-les-Villers, Côte-d'Or, France. Département de la Côte-d'Or (France). — Grotte de Darcey, Darcey, canton de Flavigny-sur-Ozerain (30-IX, 1907), n° 196 (Racovitza leg.). — Trois mâles adultes, un couple, trois femelles ovigères, quatre jeunes. Carrière de Vry, Magny-les-Villers, canton de Nuits-Saint-Georges (19-IV, 1916), n° 833 (P. Paris leg.). — Nombreux individus de tous sexes et âges. œufs. Département du Jura (France). — Grotte de Baume-les-Messieurs, Baume-les-Messieurs, canton de Voiteur (28-IX, 1907). n° 195 (Raco- vitza leg.). — Un mais adulte. Département de V Yonne (France). — Grotte d'Arcy-sur-Cure, Arcy- sur-Cure, canton de Vermenton (16-IX, 1907), n° 193 (Racovitza leg.). — Deux mâles adultes, un jeune. Puits à Ravières, Ravières, canton d'Ancy-le-Franc (14-IV, 1918). (P. Paris leg.). • — Une femelle ovigère, un jeune, deux œufs. Diagnose. — Dimensions moyennes ; o' adulte, 440 \k de longueur sur une hauteur un peu moindre de moitié dans la partie médiane la plus 480 PAUL PARIS élevée et une épaisseur de 125 y, au commencement de cette région ; P ovigère, 415 \j. de longueur sur une hauteur d'un peu plus de moitié légèrement en arrière de la partie médiane du corps, l'épaisseur maxima d'environ 130 p. également un peu après le commencement de la deuxième moitié ; 9 au moment de la copulation (9 nubile), 370 [j. de longueur et en son milieu une hauteur maxima un peu moindre de moitié. Carapace lisse et luisante aux plus forts grossissements, ne montrant aucune ligne de bordure ni de duplicature des valves, sauf au bord arrière de la 9 ovigère (fig. 18). Faiblement minéralisée, elle est élastique, et les deux valves en sont si intimement soudées dorcalement qu'il est impos- sible de les séparer sans déchirures. Bord dorsal convexe, la convexité étant plus accentuée dans la région de hauteur maxima, s 'abaissant ensuite plus rapidement vers l'arrière que vers l'avant, et formant un angle obtus au contact avec le bord antérieur qui est arrondi et s'incurve un peu en dedans pour rejoindre le bord ventral. Celui-ci, sensiblement droit dans le o" (fig. 17) et la 9 nubile (fig. 18), eit légèrement concave en son milieu chez la 9 ovigère. Bord postérieur arrondi et se continuant directement avec les bords supérieur et inférieur chez le cr, sa partie la plus convexe se trouvant en bas ; légèrement concave, cette concavité étant de valeur différente suivant la valve, chez la 9 ovigère, formant un angle presque droit avec le bord dorsal, se réunissant par une courbure au bord ventral ; sensiblement droit et formant avec le bord dorsal un angle net chez la 9 nubile où il s'incline en dedans pour rejoindre par une large courbure le bord ventral. Vu de dos, la carapace est losangique, un peu moins large chez le o* (fig. 23) que chez la 9 ovigère (fig. 24), avec la valve gauche très légèrement plus courte que la droite. L'avant en est légèrement pointu, l'arrière plus arrondi montre chez la 9 ovigère, au moment où la courbure s'accentue, de chaque côté, un léger ressaut dû à un pli des valves. Impressions musculaires principales (fig. 38) formées de quatre masses ovoïdes, horizontalement allongées et étroitement superposées, la supérieure étant la plus courte. Couleur blanche, translucide, les appendices étant transparents. Antennule (fig. 25) courte, robuste, formée d'articles peu différents en longueur les uns des autres, le deuxième tronconique, les suivants cylin- driques et s 'atténuant régulièrement, sauf le quatrième qui a les mêmes dimensions que le troisième, mais porte de plus deux soies distales. Le cinquième article a quatre soies distales, le sixième est nu et le sep- OSTRACODES 481 tième et dernier se continue par quatre soies de longueurs inégales, la plus petite sensiblement moitié de la plus longue, cylindrique, à extrémité libre tronquée. Antenne très robuste, à quatre articles entre eux suivant la formule : 3 >> 1 > 2 > 4, le troisième ayant en moyenne 50 y, de longueur. Le deuxième article porte une forte épine inférieure distale, presque égale au troisième chez le o* (fig. 32), sensiblement plus courte chez la ç ovi- gère (fig. 43), le troisième a deux épines inférieures, l'une au milieu de l'article, l'autre au début de son dernier quart. Le dernier article est terminé par deux fortes griffes, l'externe presque droite, portant dans sa moitié terminale, sur son bord inférieur, une rangée de très fines soies, l'interne de même forme, mais plus petite chez la 9, se recourbe chez le d" adulte en s 'étalant en une lame triangulaire oblique à côté terminal dentelé (fig. 33). Chez ce dernier, on remarque de plus entre les deux griffes un appendice claviforme à face inférieure garnie d'une brosse de fines soies. L'exopodite sétiforme, qui contient le canal de la glande antennaire, n'atteint pas l'extrémité de l'endopodite. La glande est grande, située très haut ; sur le vivant, elle se présente sous forme d'un globule brillant. Appareil oculaire nul. Labre (fig. 26 et 27) allongé, environ une fois et demie plus long que haut à la base, celle-ci étant plus large que haute, à bord antérieur fine- ment poilu, surtout sur ses deux bords. Hypostome (fig. 35 et 36) à robuste charpente chitineuse, à râteaux formant un V très ouvert, dépassés par les paragnathes dont les dents sont plus longues et pointues. Mandibule (fig. 28 et 29) longue d'environ 130 y., avec une gnathobase pourvue de cinq fortes dents pectinées (fig. 31). Le palpe, dépassant la mandibule, se termine par un article spatule (fig. 30) mince, légèrement recourbé, à extrémité arrondie finement dentelée. Son exopodite est réduit à une longue épine. Maxille (fig. 37) petit, très simple, typique. Un protopodite biarticulé, piriforme, intimement soudé par son côté à la partie postérieure de l'hypos- tome, se continue par deux appendices, l'un légèrement recourbé, aplati et élargi, obscurément divisé en trois articles, l'autre plus court, droit, sétiforme, paraissant biarticulé. Pattes très semblables entre elles comme forme et augmentant très peu en dimensions de la première à la troisième, s'attachant à un sque- 482 PAUL PARIS plette chitineux bien développé (fig. 39). Les "quatre aiticles sont entre eux suivant les formules : 1 >• 2 ;> 4 ;> 3 et approximativement 2 3 _de 1 = — de 2 = 3 + 4. Le premier article, très légèrement courbé, o ^t la convexité étant tournée vers l'avant, a un diamètre presque double de celui du deuxième, il débute par une tête articulaire très nette et porte à l'avant de son extrémité distale, un peu rétrécie, une épine de longueur à peu près égale à son diamètre. Le deuxième, cylindrique, est proportionnellement plus court chez la 9 (fig. 41) que chez le o\ il présente de plus, dans celui-ci, une épine au commencement du dernier tiers de son bord avant. Le quatrième article (fig.40)se prolonge par une griffe recourbée, de longueur à peu près égale à son diamètre, fortement et longuement pectinée. Organes .génitaux externes très développés. L'appareil copulateur du o' (fig. 44 et 45) se compose de deux grosses masses piriformes, aplaties sur une face, articulées à un fort squelette chitineux. Chacune de ces masses supporte sur sa face aplatie un solide crochet accessoire, flexueux, d'à peu près 90 \>. de longueur, terminé par une lame armée de cinq dents, puis un flagelle trifurqué, enfin s'atténue en un crochet pénien principal (fig. 46) un peu flexueux, d'environ 40 [/, de longueur, cylindrique, à pointe terminale mousse et légèrement recourbée. Ce crochet a sa base entourée d'un appendice foliacé large et compliqué. La 9 possède au moment de la copulation des lobes vaginaux bien développés (fig. 47), lesquels s'atrophient pendant la maturité. Chez la 9 ovigère, l'orifice génital (fig. 48), porte à l'arrière un appendice (fig. 49) soutenu par une forte lame de chitine, à base large de 35 p., de longueur un peu moindre, et s 'atténuant à son extrémité libre qui est terminée par deux crochets divergents à pointe arrondie. Ces deux crochets sont enfoncés dans un gros bouchon vaginal (fig. 50), saillant à l'extérieur, de forme et de volume nettement définis, de couleur brunâtre, dont les réactions de coloration sont celles de la substance de fixation des œufs, c'est-à-dire se colorant fortement par la quinine, le bleu de méthylène, l'hémalun, l'acide picrique, etc., et non par le carmin. Différences sexuelles. — D'après ce qu'on a pu voir dans la diagnose, la femelle diffère du mâle, outre naturellement par les organes génitaux externes, par sa taille moindre, son épaisseur plus grande, le contour de sa carapace, la forme de la griffe interne de l'antenne, enfin par ses pattes proportionnellement un peu plus courtes OSTRACODES 483 et dépourvues de la soie du bord antérieur du deuxième article. Ponte. — Les œufs (fig. 20) gros, elliptiques, d'un blanc pur, ayant en moyenne 120 [x de longueur, ont un aspect granuleux, mais par suite de leur contenu, leur surface est en effet lisse. Ils sont pondus isolément et fixés solidement par le flanc, à l'aide d'une matière glutineuse abondante, sur les parties molles du tégument de la face inférieure de l'hôte. On n'en rencontre jamais plus de trois ou quatre sur chaque Caecosphaeroma, les • j- s- *-■ JflO. I. Contour de l'œuf et de la carapace, aux différents stades de développement de Sphaeromicoht topsenh P. Paris x 270; a, œuf; clt cn, clu stades metanauplicns ; d, e, /, jeunes; g, ç nubile ; h, ç ovigère. pontes sont donc, comme le font supposer d'ailleurs les dimensions des œufs, peu copieuses ou longuement espacées. Je n'ai d'ailleurs, chez les femelles ovigères, jamais observé plus de deux œuf s pi êts à être pondus, et, de plus, aucune trace d'œufs en cours de développement. Développement. — Je n'ai pu me rendre compte à quel stade éclot la larve, n'ayant pas réussi jusqu'ici à obtenir le développement des œufs. Peut-être existe-t-il un stade nauplien, phase libre. Le premier stade de développement reconnu est un métanauplius de 170 à 180 [/. de longueur (fig. 21 et fig. i, Ci). A cet âge, la larve a déjà antennule, antenne, mandibule et maxille bien développés et très sem- 484 PAUL PARIS blables à ceux de l'adulte. Le maxillipède, future première patte, est représenté par un appendice styliforme (fig. 43) articulé et à extrémité légèrement crochue. A ce moment, l'animal a déjà, comme dans les stades suivants, le même genre de vie que l'adulte. Les deux stades suivants (fig. I, c„ et cm). ne diffèrent du précédent que par leur taille supérieure, respectivement 205 à 210 p. et 220 à 230 p.. Arrivée à la longueur de 240 à 250 ;;. (fig. 22 et fig. i, cl), la patte méta- nauplienne est remplacée par un membre (fig. 42), qui ne diffère de celui de l'adulte que par le nombre des articles qui est de trois au lieu de quatre. Au stade suivant, le jeune a 280 y. de longueur moyenne (fig. i, e), deux paires de pattes, la première avec quatre articles par suite de la d' vision du dernier article de la patte de l'état antérieur ; la deuxième, comme celle de ce dernier stade, c'est-à-dire avec trois articles seulement. Une nouvelle mue donne un individu de 300 à 310 \j. de longueur (fig. I, /) pourvu de trois paires de pattes, les deux premières à quatre articles, la dernière à trois articles seulement. La transformation suivante conduit à la femelle nubile, avec trois paires de pattes à quatre articles et des organes génitaux externes déve- loppés. J'ai trouvé une femelle accouplée qui avait conservé la patte postérieure à trois articles comme à l'état précédent de développement, le stade /. Bionomie. — Cet Ostracode vit en commensal sur des Isopodes tro- globies. Caecosphaeroma burgundum Dollfus et très probablement Caecos- phaeroma virei Dollfus, à la face inférieure desquels, on le trouve cram- ponné, sur les parties molles, entre les pattes ou à leur base, le plus sou- vent dans le voisinage de la tête. Sa couleur blanche qui tranche sur le tégument jaunâtre de l'Isopode, le fait facilement reconnaître, même à un faible grossissement. H n'est pas fixé à demeure, mais se déplace fréquem- ment et avec lenteur, et, contrairement à son hôte, il est très lucifuge. Quelquefois il est isolé, le plus souvent on en rencontre plusieurs dispersés à la face inférieure du Caecosphaeroma, habituellement de sexes et d'âges différents ; j'en ai trouvé jusqu'à huit sur le même Isopode. Il est répandu, car les deux tiers au moins des Caecosphaeroma que j'ai pu examiner en ébergeaient, quels que soient leur sexe et leur âge; cependant ils sont moins communs sur les jeunes. D'après ce que j'ai pu constater, les mâles sont moins nombreux que les femelles, d'un tiers environ. Très difficile à séparer de son hôte, auquel il se cramponnne énergi- quement, si on parvient à lui faire lâcher prise, il cherche encore à s'y OSTBACODES 485 rattacher par un mince filament émis par la glande antennaire. Privé de cet abri, il ne vit que quelques jours, même dans les conditions de milieu aussi normales que possible, il ne nage pas et ne peut se déplacer que sur une surface suffisamment rugueuse pour qu'il puisse se crampon- ner. Il résiste d'ailleurs beaucoup moins longtemps à la captivité que l'Isopode, celui-ci au bout de peu de jours n'en porte plus un seul. C'est un gros mangeur, dont les mâchoires sont continuellement en action, que j'ai vu consommer tous les débris organiques de nature animale ou végétale, et au tube digestif généralement rempli d'un magma brunâtre. Normalement il se nourrit sans doute des reliefs du Caecosphaeroma, ce qui expliquerait sa présence habituelle dans le voisinage de la tête de celui-ci, mais il lui rend peut-être aussi service en le débarrassant des matières organiques et des organismes inférieurs pouvant se fixer à son tégument. Le Sphaeromicola se reproduit probablement toute l'année ; en tout cas. j'ai trouvé des individus accouplés et des femelles ovigères dans toutes les récoltes étagées de mars à fin septembre. En copulation, le mâle est placé la face ventrale contre la face dorsale de la femelle, cramponné par ses griffes antennaires à l'avant de sa carapace et par les crochets tccsssoires de son appareil copulateur au bord arrière. Cette fixation est si énergique que les couples plongés dans l'alcool y meurent sans se détacher. Chorologie. — Cette espèce a naturellement la même distribution que son hôte. Elle a été rencontrée pour la première fois par Racovitza (1910, p. 703) sur des Caecosphaeroma burgundum des grottes de Darcey (Côte-d'Or) et d'Arcy-sur-Cure (Yonne), et probablement sur Caecos- phaeroma virei de la grotte de Baume-les-Messieurs (Jura). Je l'ai retrouvée sur le premier de ces Isopodes en plusieurs points du canton de Nuits- Saint-Georges (Côte-d'Or) et à Ravières (Yonne). Remarque. — Si dans cette note, j'ai émis précédemment quelques doutes à propos de la présence de Sphaeromicola topsenti sur Caecos- phaeroma virei Dollfus, des massifs du Jura, c'est que je n'ai eu entre les mains qu'un seul mâle adulte de cette provenance, lequel il est vrai ne m'a pas paru différer des exemplaires recueillis sur Caecosphaeroma bur- gundum Dollfus, quoique présentant la taille maxima atteinte par l'es- pèce, et que l'examen d'autres exemplaires, de femelles particulièrement, permettra seul d'affirmer l'identité des formes, 48G PAUL PARIS INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1908. Jeannel (R.) et Racovitza (E.-G.). Biospeologica. Enumération des grottes visitées. 2e série. (Arch. Zool. expér. [4]. T. VIII, p. 327.) 1914. — 5e série. (Arch. Zool. expér. T. LUI, n° 7, p. 325.) 1918. — 6e série. (Arch. Zool. expér. T. LVII, n° 3, p. 203.) 1882. Joseph (G.). Berliner entomologische Zeitschrift. Bd. 26, Berlin. 1820. Jurine. Histoire des Monocles qui se trouvent aux environs de Genève, avec 22 pi. 1912. Muller (G. W.). Ostracoda in das Tierreich. Friedlânder et Sohn. Berlin. 1916. Paris (P.). C. R. Ac. Se. Paris, T. CLXIII. 1910. Racovitza (E.). Sphaeromiens lre série. Biospeologica n° XIII. (Arch. Zool. expér. 5e série, T. IV, n° 3.) 1890. Sars (G.-O.). Oversigt of Norges Crustaceer med forelobige Bunaerkninger over de nye eller mindre bekjendte Arter. Christiania. (Vid. Selsk. Forhan- linger, n° 1.) 1893. Schmeil (O.). Zùr Hôhlenfauna des Karstes, 5/6 Heft. (Zeitschrift fur Naturwiss. in Sachsen und Thuringen. Bd. 66.) 1897. Vavra. Die Thierwelt Ost Afrikas und der Nachbargebiete. Herausgegeben unter Redaktion von K. Mobius. (Deutsch-Ost-Afrika. Berlin; vol. IV.) 1880. Vejdovsky (Dr F.-O.). O puvodu fauny studiené. Slavnostni prednaska ve vyrocnim sezeni krâl. Ceské spol. nauk v/ Praze dne 3 cervna. 1882. — Tierreiche Organismen der Brûnnenwàsser v. Prag. mit 8 Taf. Liste des numéros du matériel avec énumération des espèces récoltées. 193. — Sphaeromicola topsenti nov. gen., nov. sp. 195. — Sphaeromicola topsenti nov. gen., nov. sp. 196. — Sphaeromicola topsenti nov. gen., nov. sp. 538. — Cypridopsia albida (Vavra). 779. — Candona eremita (Vejdovsky). 792. — Candona breuili nov. sp. 842. — Cypria ophtalmica (Jurine). 833. — Sphaeromicola topsenti nov. gen , nov. sj. Index alphabétique des espèces avec leur numéro do matériel. Albida (Cypridopsis) n° 538 479 ] Eremita (Candona) n" 779 478 Breuili (Candona) n° 792 477 Ophtalmica (Cypria) n° 842 47G Bradyi (Dyocypris) 479 I Topsenti (Sphaeromicola) n°s 193, 195 ,196 et 833 479 EXPLICATION DES PLANCHES PLANCHE XVIII Candona breuili n. sp. Ç. Fig. 1. Carapace, vue en dessus, x 138. Fio. 2. — valve gauche, x 138. Fig. 3. — valve droite, x 133. Fig. 4. Derniers articles de l'antennulc. x 420. Fif. 5. Antenne, x 420. Fig. 6. Extrémité de l'antenne, x 780. OSTEACODES 487 Fia. 7. Labre. X 420. F m. 8. Mandibule, x 420. Fia. 9. Palpe mandibulaire. x 420. Fio. 10. Maxillipède. x 420. Fia. 11. Impressions musculaires de la valve gauche, x 376. Fig. 12. — — — droite. X 376. Fia. 13. Première patte. X 420. Fia. 14. Deuxième patte. X 420. Fio. 15. Furca. x 420. Fia. 16. Grilles terminales de la furca. x 780. PLANCHE XIX Sphaeromicola topsenti P. Paris. Fia. 17. Mâle adulte, x 202. Fia. 18. Femelle ovigère. x 202. Fia. 19. Femelle nubile, x 202. Fia. 20. Œuf in situ, x 202. Fia. 21. Métanauplius (stade- cL). x 202. Fia. 22. Jeune (stade d). x 202. Fia. 23. Mâle adulte, vu en dessus, x 202. Fia. 24. Femelle ovigère, vue en dessus, x 202. Fia. 25. Antennule du cf ad. x 487. Fia. 26. Labre du cf ad., vu de profil, x 487. Fia. 27. — vu face inf. x 487. Fia. 28. .Mandibule de la 9 ovigère. X 487. FIG. 29. -■ du cf ad. x 487. Fia. 30. Extrémité du palpe mandibulaire du cf ad. x 780. Fia. 31. Dents mandibulairos de la 9 ovigère. x 780. PLANCHE XX Sphaeromicola topsenti (suite). Fia. 32. Antenne du cf ad. x 487. Fia. 33. Extrémité de l'antenne du cf ad. x 780. Fig. 34. Antenne de la 9 ovigère. x 487. Fig. 35. Hypostome de la 9 ovigère, vu face interne, x 487. Fia. 36. Portion terminale gauche de l'hypostome du cf ad., vue face interne, x 780. Fia. 37. Maxille du cf ad. x 487. Fia. 38. Impressions musculaires droites du cf ad. x 780. Fia. 39. Pattes gauches du cf ad. x 487. Fia. 40. Extrémité de la première patte du cf ad. x 780. Fia. 41. Première patte de la 9 ovigère. x 487. Fig. 42. Première patte du jeune (stade d). x 4S7. Fig. 43. Patte du métanauplius (stade Cj). x 487. PIANCHE XXI Sphaeromir.ola topsenti (suite). Fia. 44. Extrémité postérieure du cf ad., vue de profil, x 487. Fig. 45. Appareil copulateur du Cf ad., vu de face, x 487. Fia. 46. Extrémité de l'appareil copulateur du cf ad. x 780. Fig. 47. Partie génitale externe de la 9 nubile, x 487. Fig. 48. Extrémité postérieure de la 9 ovigère, vue de i roûl. x 487. Fia. 49. Région génitale externe de la 9 ovigère, vue de l'arriére, x 487. KiG. 50. Bouchon vaginal de la 9 o\igère. x 487. Arch. de Zool. Exp" et Gén1 Tome 58. PI. XVII t Candona breuili Arch. de Zool. Exp'1' et Gén" Tome 58. PI. XIX Sphaeromicola topsenti Arch. de Zool. Exp"' et Gén'1 Tome 58. PI. XX Sphaeromioola topsenti Arch. de Zool.Exp" et Gén'8 Tome 58, PI. XXI Sphaeromicola topsenti ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE Tome 58, p. 489 à 520. 16 Février 1920. SUR LA SPERMATOGÉNÈSE CHEZ CER1THIUB VULGATTIM ÏRUG, 11R1TELLA TRIPLICATA BROGCHI (MEDITERRAN1A MONTEROSATO) ET BITTIUM RETICULATUH DA COSTA PAR VICTOR SCHITZ Dans ma note sur la spermatogénèse chez Columbella rustica L., parue en 1916 dans ce journal, j'ai indiqué que j'avais commencé toute une série de recherches sur le dimorphisme des éléments séminaux chez les Mol- lusques Prosobranches. Arraché de mes études par la mobilisation, en été 1916 je n'ai pu les reprendre qu'au printemps 1919. Actuellement je viens de terminer mes recherches concernant la spermatogénèse de trois espèces suivantes : Cerithium vulgatum Brug., Turiteïïa triplicata Brocchi (méditer ranea Monterosato) et Bittium reticulatum Da Co ta. Ces trois mollusques forment un ensemble tout à fait naturel au point de vue de leur spermatogénèse. J'espère très prochainement compléter cette série par une autre, non moins naturelle, qui se comp:se de Murex, Aporrhais, Fusus et Nassa, et qui diffère de la première surtout par l'évolution des éléments séminaux atypiques. Au cours de mes recherches, j'employais la même technique que pour l'étude de Columbella. Les meilleures préparations ont été obtenues après la fixation par les liquides de Benda et de Champy (simple modification de la formule d'ALTMAisnsr sans azotate d'uranyle, ce dernier causant un rat afin ement considérable). En plus des coupes, je faisais recours aux frottis qui sont d'une grande utilité, surtout pour les stades avancés de la spermiogénèse, ainsi que pour les spermatozoïdes mûrs. Quant à la AKCU. DE ZOOL. EXP. 1ST GÈS. — T. 58. — F. 10. U4 490 VICTOR SCIIITZ coloration, je me suis servi le plus souvent de l'hématoxyline ferrique seule ou suivie des colorants plasmatiques : éosine, orange G ou vert de méthyle ; je me suis servi également du violet-crystal d'après Benda et de la safran ine-violet de gentiane d'après Flemming. Les frottis étaient fixés ordinairement avec le liquide de Bottin et colorés par la méthode de Biondi, ce qui donne d'excellents résultats. Epithélium germinaTif. ■ — Chez ces trois espèces, ainsi d'ailleurs que chez Murex, Aporrhais, Fusus tt Nassa, l'épithélium germinatif a, en général, la même structure ; s'il y a des différences, elles ne se rappor- tent qu'aux détails secondaires. Chez les animaux adultes, en état de maturité sexuelle, l'épithélium germinatif est représenté par une couche de plasma syncytial, tantôt très mince, tantôt assez épaisse, faisant des saillies dans la cavité du tube séminifère. Dans la partie basale de cette couche on trouve çà et là des noyaux d'une forme assez irrégulière, ovale ou arrondie, montrant quelques nucléoles et un certain nombre de gru- meaux chromatiques (fig. vi, 1, 2). Ces noyaux sans champs cytoplasmi- ques nettement délimités, très rares chez les individus dont la sperma- togénèse bat son plein, ont été déjàsigi aies par divers auteurs (Meves 1903, chez Paludina ; Kuschakewitsch 1913 chez Conus et Vermetus ; Schitz 1916. chez Columbella ; Trégouboef 1918, chez Cerithium) ; ils doivent être probablement regardés comme souches des spermatogonies typiques et atypiques1. En plus de ces noyaux on trouve çà et là dans le plasma germinatif, ou dans son voisinage immédiat, de vraies cellules aux contours nets (fig. i, ] ) ; ce sont les cellules nutritives. Leur noyau est d'une forme régu- lière, plus ou moins sphérique ou elliptique, avec un fin réseau nucléaire et un, deux ou trois nucléoles. Comme l'a signalé déjà Kuschakewitsch (1913), ces cellules sont capables de se multiplier, et j'ai trouvé plusieurs fois les différents stades se rapportant à leur division. Quant aux inclusions de l'épithélium germinatif, je peux confirmer, sans toutefois faire une grande distinction entre elles, la description de Trégouboff (1918) qui s'exprime ainsi à ce sujet : « Le cytoplasme germi- natif contient encore une grande quantité d'inclusions constituant par endroits de véritables amas qui représentent sans aucun doute les dépôts nutritifs. Elles ne sont bien visibles qu'après les fixateurs à base d'acide 1. Tl ne rentrait pas dans le cadre de ce travail de suivre l'évolution de ces élément-, d'autant plus que les animaux adulte-, seuls, que j'ai eus à ma disposition, s. prêtent mal à l'étude des générations des cellules germi- natives, antécédentes aux spermatogonies. SPER3IA TO GENÈSE 491 osmique ; les unes ont l'aspect de petits grains sphériques, colorables en noir par l'acide osmique et sont de nature franchement graisseuse ; les autres se présentent sous forme de sphérules plus grandes que les pre- mières et se colorent en brun verdâtre par l'hématoxyline ferrique de Heidenhain. » Je dois ajouter seulement que parfois tout le cytoplasme germinatif est littéralement bourré de ces inclusions ; on les voit bien même sur les préparations non encore débarrassées de paraffine, car elles sautent m "... Fia. I. Cerithium. Cellule nourricière, plongée dans le syncytium germinatif et entourée des spermatogonies et spermatocytcs de la lignée typique, x 2-100. aux yeux par leur coloration noire intense, formant une sorte d'enveloppe autour du tube séminifère. D'après la forme de ces inclusions, non seulement sphérique mais souvent elliptique, on doit attribuer à leur substance un état plus ou moins visqueux et non liquide. En plus de ces gouttelettes on trouve chez certains individus des inclusions beaucoup plus volumineuses, dont la position est variable : elles sont placées tantôt dans la partie basale de Pépithélium germinatif, tantôt parmi les cellules sexuelles en évolution, voire même dans la cavité folliculaire. Je dois avouer que leur nature m'est restée énigmatique ; peut-être ce sont simplement les « coagulata » du liquide testiculaire. A sa paroi extérieure l'épithélium germinatif 492 VICTOR SCHITZ est revêtu d'une mince membrane de nature conjonctive avec de rares noyaux allongés ; sa paroi interne, au contraire, n'a pas de contours nettement délimités, et le plasma syncytial adhère immédiatement aux cellules séminales. Sur les coupes réussies, qui n'ont pas subi de \ atati- nement, on peut facilement se rendre compte que le plasma syncytial les touche directement, les baigne et remplit tous les espaces intercel- lulaires. Une semblable structure de l'épithélium germinatif a été trouvée, outre les Prosobranches, chez les Pulmonés. Mais tandis qu'un auteur, Schégolev (1917) dessine et décrit, chez Y Hélix pomatia, l'épithélium comme un syncytium, qui rappelle vivement ce que nous avons établi pour les Prosobranches ', un autre auteur, Gatenby (1917), le décrit et le dessine, chez YHelix aspersa, comme un vrai épithélium : « the epithelium is not a syncytium, as has been stated by some authors ». Je n'ai pas fait de coupes de la glande hermaphrodite de YHelix ; par conséquent, je ne peux me prononcer pour l'un ou l'autre point de vue concernant ce Pulmoné, mais néanmoins les images microscopiques si claires chez Columbélla, Cerithium et Turitella, et l'opinion de toute une série d'auteurs (Meves 1903, Paludina ; Soôs 1910, Hélix arbustorum ; Buresch 1912, Hélix arbustorum ; Kuschakewitsch 1912, Conus et Vermetus ; Reinke (i914), Strombus ; Schitz 1916, Columbélla; Sché- golev 1917, Hélix pomatia ; Trégouboff 1918, Cerithium), sans même parler d'excellents travaux de Regaud (1901) et de Tellyesniczky (1906) concernant les Mammifères, plaident plutôt pour le premier point de vue, c'est-à-dire que l'épithélium germinatif, chez les formes adultes, n'est autre chose qu'un syncytium. Du reste les images sur lesquelles s'appuie Gatenby ne paraissent pas être suffisamment claires. Cerithium vulgatum Brug. Lignée typique Spermatogonies. — Il n'est pas aisé de trouver les spermatogonies typiques et surtout de les distinguer des spermatogonies atypiques. Les divisions spermatogoniales, qui seules permettent de se rendre compte qu'on se trouve en présence des spermatogonies et non des jeunes sper- matocytes, sont très rares chez les animaux en état de maturité sexuelle, 1. Sauf toutefois les cellules nourricières qui, d'après cet auteur, n'ont pas de champs eytoplasmiques délimités. SPERMATOGÉNÈSE 493 du moins au printemps (avril, mai). Je crois pouvoir indiquer comme moyen de distinction des spermatogonies des deux types chez ce mollusque l'aspect plus « régulier » du noyau de la spermatogonie typique, c'est- à-dire l'homogénéité relative des filaments chromatiques, la présence d'un ou de deux nucléoles bien nets, enfin la taille, un peu plus grande que celle des spermatogonies atypiques (comparer la figure u, 1, avec la figure v, 1). Quant à ces dernières, leur noyau plus colorable est constitué par des filaments sinueux d'une épaisseur variable et de blocs chroma- tiques d'une forme irrégulière. Le nucléole se confond souvent avec d'autres formations colorables du noyau. Mais je dois avouer que toutes ces distinctions, vu la petitesse des éléments, sont plus ou moins arbi- traires ; après avoir étudié un grand nombre de préparations de diverses séries, on s'aperçoit que la distinction établie commence à devenir moins sûre, car on trouve des stades transitoires entre les deux types. Les spermatogonies, au fur et à mesure de leur formation, sortent du protoplasma commun et se placent dans la cavité du tube séminifère de telle façon que les nouvelles générations de spermatogonies repousse t les anciennes, en train d'évoluer, vers le centre du follicule. Mais ce serait commettre une erreur que de croire que, toujours et partout, les stades jeunes occupent une position périphérique et les stades plus avancés, une position centrale, car les éléments séminaux des deux types ne se rangent pas toujours en séries superposées selon leur âge, mais ; e groupent en amas et sont mélangés les uns aux autres. La figure vi, 2, empruntée à Turitella, le montre nettement ; en effet, nous trouvons à côté des spermatides atypiques, fortement avancées dans leur évolution, des spermatogonies, des spermatocytes et des spermatides de la lignée typique. Spermatocytes de Ier ordre. — Le spermatocyte de Ier ordre (fig. u, 2, 4, 5, 6) pendant son évolution passe par tous les stades carac- téristiques de la spermatogénèse déjà signalés par moi chez Oolumbella (1916) ; c'est-à-dire le réseau nucléaire, au début très fin, se transforme peu à peu en un peloton leptotène (fig. n, 2), ensuite en bouquet pachy- tène 1, lequel à son tour passe au stade diplotène. Ce dernier est suivi d'un stade strepsitène qui mène peu à peu à la formation des chromo- 1. Comme chez Colwnbella le stade de « synapsis » n'a été observé que sur des préparations mal fixées: je persiste à considérer ce prétendu stade comme résultat de l'action tardive des réactifs sur les cellules en dégé- nères cence< 494 VICTOR SCHITZ somes prophasiques (fig. n, 4). Je me borne dans cette note à ces des- criptions sommaires ; je reviendrai là-dessus avec plus de détails dans mon travail définitif consacré à la spermatogénèse des Mollusques Brosobranches dans leur ensemble. Chaque fois que j'avais l'occasion d'observer les chromosomes pro- phasiques, métaphasiques ou anaphasiques dans une position plus ou moins favorable à leur dénombrement, j'essayais de les compter. Le nombre .-■;.- ':. y ff\ r j c^ o O s. ^ * 7. / m Fig. II. Cerithium : lignée typique. 1, spermatogonics au repos et en division ; 2, début du stade leptoténe, on aperçoit le gros idiozome et quelques mitochondries sous l'orme d'anneau ; 3, formes diverses de l'idiozome dans les spermatocytes ; 4, diacinèse ; 5, métaphase I ; 6, métaphase I avec filaments mitoehrondriaux ; 7, anaphase, division de l'idiozome. x 2400. trouvé oscillait le plus souvent entre 10 et 12 ; quelquefois pourtant il s'écartait sensiblement de cette moyenne. Les chromosomes à la métaphase se divisent transversalement. J'in- siste sur ce fait et je dois souligner de nouveau la contradiction complète de l'interprétation des images microscopiques dans laquelle je me trouve avec Ktjschakewitsch (1913). Tandis que ce dernier auteur considère les images (ses figures 15 et 130) semblables à mon dessin 7 de la figure vu l, comme résultat de fissuration longitudinale des chromosomes méta- phasiques et les nomme des «plaques équatoriales », je les regarde comme 1. Les cellules étant plus grosses chez Tur'ddhi, je les ai choisies pour illustrer cette question ; à part les dimen- sions, les images de- division sont tout à l'ait semblables chez le Cérithe et la Turitelle SPERMA TO GENÈSE 495 des stades anaphasiques avec des chromosomes qui viennent de se séparer à la métaphase par la division transversale. Quand on observe ces images de pôle il est facile d'être induit en erreur, en supposant une fissuration longitudinale des chromosomes ; mais si l'on admet cette façon de division, comment parviendra-t-on à la réconcilier avec des images de la métaphase vues de face, montrant si clairement la disposi- tion méridionale des chromosomes en train de se rompre et de se séparer ? Si l'on ne veut pas admettre que les chromosomes peuvent se diviser à la même métaphase une fois longitudinalement et une autre fois transversalement, il ne nous reste qu'une seule explication plausible, à savoir que les stades, observés par KiTschakewitsch et ceux repré- sentés sur la figure vu, 7, du présent travail, se rapportent aux ana- phases. Dans ma note concernant la Colwnbella, j'émis l'opinion que pendant la première cinèse il se produit une « simple séparation des parties cons- tituantes de chaque dyade, formée à la prophase » et non une vrais divi- sion transversale. Or, il se peut très facilement, étant données la viscosité et la ducti- lité des chromosomes (Regaud 1909 ; Della Valle, 1912), que les deux branches de la dyade ne s'accolent pas seulement l'une à l'autre, mais se fusionnent en un seul chromosome qui se rompt à la métaphase. La division transversale est beaucoup plus répandue qu'on ne le croit d'habitude. Citons, pour ne pas quitter le domaine des Mollusques, les Pulmonés, où elle a été constatée par Bolles Lee (1897), Ancel (1903), Kleinert (1909) et Demoll (1912), et les Ptéropodes, chez lesquels elle a été observée par moi (1917). Si l'on veut se tenir aux faits mêmes, tels qu'on les observe, sans les adapter aux vues théoriques, on doit reconnaître que les deux branches d'une dyade. comme le dit Regaud (1909), « ne sont pas seulement accolées, mais fusionnées ; et, dans le renflement équatorial, il est absolument impossible de distinguer ce qui appartient à l'une et à l'autre des branches prophasiques ». Cet auteur arrive même à la conclusion qu'à la métaphase « les deux branches primitives ont perdu toute apparence d'individualité ; ce n'est que par hypothèse qu'on leur conserve cette individualité jusqu'à la bipartition métaphasique ». En effet, on abuse peut-être trop des vues théoriques en recherchant des explications morphologiques pour les faits qui ne rentrent pas dans les cadres des idées préconçues ; on néglige le côté physico-chimique de la question en tentant de tout expliquer par la pure 496 VICTOR SCHITZ morphologie, tandis que seule l'explication physico-chimique correspon- drait à la réalité. Les mitochondries apparaissent, dans les jeunes spermatocytes, sous forme de petits anneaux ou de petits globules (fig. n, 2) ; leur nombre est restreint. On peut suivre les mitochondries à travers tous les stades de développement du spermatocyte ; à la métaphase elles prennent l'aspect de filaments sinueux et rugueux (fig. n, 6). La présence de l'idiozome est facile à constater pendant tous les stades du développement des cellules sexuelles typiques, ce qui est très caractéristique pour le Cérithe. Cette observation a été déjà faite par Stéphan (1903 d) qui dit que « dans tous les éléments séminaux du Cérithe, cet organoïde se montre très net ». Il est constitué d'une parcelle de protoplasme qui semble être homogène et d'un, deux ou trois (parfois on en compte quatre) bâtonnets periidiozomiques disposés tout autour (fig. it, 3). Peu avant la mise au fuseau des chromosomes., on trouve à côté de l'idiozome, devenu moins distinct, deux corpuscules centraux en train de former le fuseau. Le corps idiozomique disparaît pour une courte durée pendant la métaphase et il est de nouveau visible dès l'anaphase. La figure it, 7,1e montre divisé en deux en train d'être partagé entre les deux cellules- filles. Spermatocytes de IIe ordre. — Il n'est pas difficile de reconnaître les stades de la seconde division de ceux de la première ; la taille des cellules est plus petite et leurs chromosomes ont l'aspect de petits bâton- nets courts et trapus, de sorte que tout le fuseau de la seconde division paraît plus serré que celui de la première (fig. m, 1). Les mitochondries, en forme de petits filaments sinueux, se rangent autour du fuseau pour être distribuées entre les deux spermatides issues de la division. Après que cette dernière a eu lieu, les deux spermatides restent quelque temps unies l'une à l'autre par des filaments fusoriaux qui disparaissent ensuite petit à petit. L'idiozome se montre très tôt ; déjà, à la télophase de la seconde division, on l'observe sous forme d'un petit champ plasmatique délimité par un filament recourbé (fig. ni, 3). Spermatides et spermiogénèse. — . Le premier phénomène qu'on observe dans la métamorphose de la jeune spermatide est le relâchement du noyau, contracté à la télophase de la seconde division de maturation. Les chromosomes, après avoir réapparu en forme de blocs pour une courte durée, se dissolvent dans le suc nucléaire ; celui-ci devient comme nua- geux, perd sa colorabilité, très forte aux stades précédents, et se teint SPERMA TO GENÈSE 497 en gris par l'hématoxyline ferrique (fig. m, 4, 5, 6, 7). Un petit nucléole est visible dans le noyau, dont la substance colorable commence à affluer du centre vers la périphérie. On peut suivre pas à pas ce processus d' « épu- 2, 3, y. . . \ /ŒA Kv : *0 *.,.. a A • n- - C i 6. ÎO, 11 W im 10. •3p !Û i Fig. m. Cerithlum : lignée typique. 1, métaphase II ; 2, anaphase II ; 3, télophase II : à droite l'idiozome recons- titué; 4, jeune spermatide, ;\ la périphérie — corpuscule central dédoublé; 5 à 12, stades successifs rï'« épuration » du noyau; 13 à 20, stades montrant la variabilité de la situation de l'idiozome; 19, 20, début de la formation des « sacs » mitochondriaux et le commencement de l'épaississement de la couche équatoriale de ehroinatine. x 2400. ration » du noyau. Ainsi, sur la figure m, 6, 7, on aperçoit quelques petits flocons ou caillots en train de se déposer contre la membrane nucléaire. Au cours de la marche de ce phénomène, le noyau s'éclaircit de plus 498 VICTOR SGHITZ en plus et finalement toute la substance colorable se concentre à sa péri- phérie ; il prend alors l'aspect d'une petite boule claire aux contours noirs (fig. m, 8-12). Il faut remarquer que cette couche périphérique de chro- ù 3. c m s. 4jr 10. i Fia. iv. Cerithium: lignée typique. Stades successifs de la formation de l'acrosome; 1 à 5, l'idiozome s'approche au pôle antérieur du noyau ; 6, 7, soudure du « tube » de l'idiozome avec la membrane nucléaire ; 8, le corps idiozomique se sépare de son « tube » qui devient l'acrosome du spermatozoïde ; 9 à 12, l'idiozome s'éloigne de la tête du spermatozoïde ; cette dernière subit des changements dans sa forme x 2400. mâtine est d'abord très mince, mais peu après sa formation elle commence à s'épaissir. Ce gonflement se manifeste au début à l'hémisphère antérieur du noyau (fig. il, 9) (considéré par rapport à la future queue), mais bientôt la chromatine accumulée commence à glisser vers la partie postérieure, où elle se rassemble en une couche assez forte qui a l'aspect, SPERMATO GENÈSE 499 en coupe optique, d'un demi-anneau noir, le reste étant rempli par un suc presque incolore (il se teint très légèrement par les colorants plas- matiques, tels quel'éosine, l'orange et le vert de méthyle) (fig. in, 11, 12) L'évolution ultérieure consiste dans l'épaississement progressif de la couche chromatique qui occupe une position équatoriale ; sous forme d'un ruban, elle ceint le noyau, devenu hémisphérique probablement sous la pression des vésicules mitochondriales. Ce stade est très caractéristique pour la spermiogénèse du Cérithe et on le trouve souvent sur les coupes (fig. in, 13-19). L'anneau chromatique parcourant l'équateur de l'hé- misphère nucléaire commence à son tour à devenir de plus en plus épais et envahit la partie claire du noyau, remplie au début par le suc nucléaire incolore ; bientôt il ne reste de ce dernier qu'une petite goutte qui fina- lement disparaît (fig. m, 20 ; fig. iv, 1). Tout le noyau devient ainsi chromatique, fortement colorable ; sa forme n'est plus sphérique, mais rappelle vivement un chapeau de champignon. (Cette ressemblance est d'autant plus grande que la partie intermédiaire de la queue du futur spermatozoïde a l'aspect d'un pied de champignon — fig. iv, 5-8.) L'évolution des mitochondries peut être suivie pas à pas à partir des filaments de la jeune spermatide jusqu'à la formation des longs « sacs » mitochondriaux du spermatozoïde. En effet, la seconde division de maturation achevée, les filaments mitochondriaux se désagrègent en petits grains, d'abord assez indistincts et' peu colorables, mais bientôt plus nets et plus volumineux (fig. ni, 1, 2 et 4-9). Leur nombre diminue, mais leur volume s'accroît. Peu à peu les petits grains se transforment en vésicules qui se groupent, en nombre de quatre, autour du filament axil (fig. ni, 10-18). Après avoir atteint le maximum de leur taille au stade, pendant lequel la chromatine du noyau est représentée par l'unique bande équatoriale, les vésicules s'étirent en sacs qui se soudent en enve- loppant le filament axil. Leur évolution ultérieure n'est qu'un allonge- ment et un amincissement progressif? ; de cette façon se forme la pièce moyenne (intermédiaire) du spermatozoïde qui reste bien nette dans les spermies adultes (fig. xn, 1). Le corpuscule central apparaît dans la jeune spermatide sous forme d'un minuscule grain qui bientôt se dédouble (fig. ni, 4). Le corpuscule proximal s'achemine vers le noyau, le corpuscule distal reste à la péri- phérie de la cellule (fig. in, 5). De ce dernier pousse un cil, le futur flagelle caudal, tandis que le mince filament qui liait les deux corpuscules cen- traux entre eux, donne naissance à la partie intracellulaire du filament 500 VICTOR SCHITZ axil (fig. in, 9). Le corpuscule proximal accolé au noyau se transforme en une minuscule calotte, de laquelle pousse une petite baguette dans l'in- térieur du noyau. Cette dernière est visible pendant les stades de la for- mation de la tête du spermatozoïde et peut être suivie jusqu'à la spermie adulte. Le bâtonnet centrosomien doit être regardé comme ébauche du « bâtonnet intranucléaire », si bien développé chez Columbella ; chez le Cérithe il n'atteint jamais, semble-t-il, son plein développement et ne traverse pas la tête du spermatozoïde d'un bout à l'autre 1. Pendant toutes ces transformations l'idiozome joue un rôle important. Ayant apparu dès la télophase de la seconde division de maturation sous forme d'un petit champ cytoplasmiqua limité par un mince bâtonnet recourbé (fig. m, 3), il s'associe dans la jeune spermatide à un autre corps qui vraisemblablement doit être considéré comme dérivé du corpus- cule central. En effet, aux stades représentés sur la figure m, 6, 7, on observe à côté du corps idiozomique un petit grain fortement coloré. Bientôt aux dépens de ce grain, sans toutefois que celui-ci disparaisse, se forme un petit corps creux qui s'étire en un mince tube (fig. m, 10-20). Ce dernier se soude à l'idiozome en formant avec lui un seul corps, le grain sidérophile se trouvant à l'extrémité opposée de celle où a lieu le contact. Le corps idiozomique ainsi formé ressemble à une cornue, dont le goulot est représenté par le tube, le ballon — par l'idiozome et le bouchon — parle grain colorable (fig. m, 13, 15, 17, 18, 19). La position de l'idiozome varie beaucoup : tantôt il se trouve dans la région postérieure de la sper- matide, tantôt près du pôle antérieur, tantôt il occupe une position inter- médiaire, le goulot étant dirigé soit en haut, soit en bas, soit horizonta- lement (fig. ni, 10-19). Parfois on le trouve caché derrière l'idiozome, (fig. ni, 20). Malgré cette variabilité de la place occupée par l'idiozome on peut dire que sa présence dans la région postérieure du noyau est caractéristique pour les stades jeunes, tandis que sa position près du pôle antérieur l'est pour les stades plus avancés. Le corps idiozomique finit par entrer en contact avec la membrane nucléaire, mais la soudure défi- nitive n'a lieu qu'aux stades beaucoup plus avancés (fig. iv, 1-8). Ce comportement de l'idiozome, déjà signalé par Stéphan (1903 1/), est réellement très curieux. L'idiozome s'avance au pôle antérieur du-noyau de la spermatide, le touche, recule, piétine, s'avance de nouveau", se V 1. Je me trouve à ce sujet en contradiction, qui ne paraît pas du reste être très profonde, avec StJt.han* (1903 d). Cet auteur admet que le noyau de la spermatide est traversé par le bâtonnet intra-nucléaire danstotjte sa longueur, mais il ajoute que dans le spermatozoïde mûr ce dernier dégénère dans son milieu. [ 8PERMAT0GÉNÈSE 501 blottit contre sa paroi, y reste longtemps sans se souder toutefois à elle, comme s'il hésitait à se séparer de son « tube », ce qui arrive tout de même. Ce dernier, accolé par son grain sidérophile à la membrane nucléaire, se détache du corps idiozomique et forme ainsi l'acrosome qui ne subit ensuite que peu de changements. Après avoir laissé son « tube » collé à la membrane nucléaire, Fidiozome s'éloigne de la tête du spermato- zoïde (fig. iv, 8-12). Il ne joue plus, semble-t-il, aucun rôle morpholo- gique, mais se déplace ensemble avec le cytoplasme environnant qui glisse le long de la queue du spermatozoïde. Ayant atteint l'extrémité inférieure de la partie médiane de la queue (fig. ix, 5) Fidiozome dégénère en tom- bant en morceaux irréguliers qui disparaissent finalement avec la goutte protoplasmatique devenue infime. Il résulte de cette description que dans la lignée typique du Cérithe Fidiozome sert comme une sorte de « véhicule » pour transporter le « tube » idiozomique, futur acrosome, à sa destination — le pôle antérieur du noyau ; les images miscrocopiques si claires et instructives le démontrent nettement. J.Bronté-Gatenby, dans son récent travail sur les inclusions cytoplas- miques des cellules sexuelles d'Hélix aspersa (1917), me reproche d'avoir décrit chez Columbella (1916) « un peu obscurément » (somvvhat obscurely) la formation de l'acrosome aux dépens du « grain sidérophile », mes dessins n'étant pas, selon cet auteur, assez clairs pour cela. Or, je crois qu'il suffit de jeter un coup d'œil sur les figures ni et iv du présent travail pour être fixé sur le mode de la formation de l'acrosome ; si un doute pouvait encore surgir à propos de Columbella, il doit se dissiper ici, d'autant plus que dans toute la série des Prosobranches présentant le dimorphisme des éléments séminaux, l'acrosome se forme d'une manière pareille. En effet, Meves (1903) dessine chez Paludina (fig. 43-47 de son travail) Fidiozome à côté du pôle antérieur du noyau de la spermatide et décrit la formation de l'acrosome en ces termes (p. 25) : « Zu diesem Zeitpunkt tritt am vorderen Kernpol mit besonderer Deutlichkeit ein kleines Knôpfchen hervor, in dessen Nàhe im Cytoplasma ein homogen aussehender Ballen von Idiozomsubstanz gelegen ist. Auf Grund der bei anderen Tieren gemachten Feststellungen mochte ich glauben, dass das Knôpfchen diesem Idiozom seine Entstehung verdankt. Dadurch wiirde es sich dann auch erklâren, dass das Idiozom auf den Stadien der Figuren 44-46 stets in der Nâhe des vorderen Kernpols gefunden wird. » Si Fauteur allemand n'a pu indiscutablement prouver la participa- 502 VICTOR SCHITZ tion de l'idiozome à la formation de l'acrosome, Stephan (1903 c?) l'a établi avec certitude chez Cerithium. Il dit notamment : « Bientôt toute la région antérieure de la membrane nucléaire se trouve complètement nue ; l'idiozome se met en contact avec elle, mais pendant longtemps ces relations semblent être très lâches et pouvoir varier, car jusqu'à des stades beaucoup plus avancés on peut trouver cet idiozome avec son corps colorable, le futur acrosome, flottant dans le corps cellulaire. » Kuschakewitsch (191S) dessine chez Conus (fig. 45-51 de son tra- vail) et Vermetus (fig. 147-151) des corps dans lesquels on pourrait deviner l'idiozome, mais ses dessins étant défectueux, on devrait reprendre l'étude de la spermatogénèse de la lignée typique de ces deux formes afin d'élucider cette question. Il est certain qu'on ne pourrait pas se baser sur ses données, d'après lesquelles chez Conus le perforatorium (l'acro- some) se forme aux dépens du bâtonnet axial de la tête « villeicht unter Mitwirkung der Mitochondriensubstanz » et chez Vermetus d'un « puntk- formiges Gebilde » qui en apparaissant, semble-t-il, spontanément dans le cytoplasme, passe à travers les stades suivants, ayant la forme « eines kleinen Kiigelchen. welches rach Heidenhain sharf gefàrbt wird » pour acquérir finalement celle d'« einer Hantel, deren L'àngsachse tangential zur Kernoberflache orientier ist ». « Hierauf geht die tangentiale Lage — continue l'auteur — in die normale iiber, die eine Hâlfte der Hantel verschmilzt mit dem vorderen Pol des Kernes und zieht sich zu einem Stiele aus, an welchem die andere Hâlfte in Gestalt eines Kopfes aufsitzt. Es ist nunmehr vollstândig klar, dass wir die A' lage des Perforatoriums vor uns haben. » (p. 269.) Kemnitz (1914) déclare que la spermiogénèse chez Bythinia se déroule comme chez Paludina d'après Meves et chez Conus et Vermeius d'après Kuschakewitsch. Malheureusement les deseiïis sur lesquels se base l'auteur laissent beaucoup à désirer, et on ne peut pas, en les exa- minant, se rendre compte de quels phénomènes il s'agit au cours du déve- loppement de la spermatide. Le même reproche peut être fait à cet auteur à propos de l'autre espèce, Valvata piscinalis, qui ne possède, selon lui, qu'une seule sorte de spermies. Ni le texte, ni les dessins, ne donnent aucune allusion à la formation de l'acrosome ; on ne peut se faire égale- ment aucune idée sur le rôle de l'idiozome chez ces Mollusques d'eau douce. Sans aucun doute on ne peut admettre de différences fondamentales dans le mode de formation de l'acrosome dans une série si naturelle que SPEEMATOGÉNÈSË 503 celle des Prose-branches. Les traits principaux doivent être partout les mêmes, c'est-à-dire que l'idiozome participe à la formation de l'acrosome avec le concours du bâtonnet intranucléaire ou sans lui. Nous allons voir que chez Turitella le comportement de l'idiozome est analogue à celui de Columbella, et nous pouvons attribuer à cet organite le même rôle chez d'autres Prosobranches comme, par exemple, Bittium, Murex, Aporrhais, Fusus et Nassa, chez lesquels il est visible, lors de la formation de l'acrosome, au pôle antérieur du noyau appliqué contre sa membrane. Spermatozoïde. — Le spermatozoïde mûr (fig. xn, 1) se compose des parties suivantes : 1) D'un acrosome, très net, d'une longueur à peu près égale à celle de la tête, lié à cette dernière par un minuscule grain colorable ; 2) Le la tête attachée à la queue par un anneau centrosomien, dérivé du corpuscule proximal ; 3) Le la pièce moyenne ou intermédiaire (Mittelstùck) dérivée des corps mitochondriaux énormément accrus, qui entourent le filament axil ; 4) Le la queue proprement dite (flagelle caudal) lié? à la partie précé- dente par un petit grain provenant du corpuscule central distal. Lignée atypique Spermatogonies. — Comme je l'avais indiqué plus haut, la distinc- tion des spermatogonies de la lignée atypique est parfois très difficile, ces dernières ne différant que légèrement des spermatogonies typiques. On ne trouve jamais, chez les animaux adultes, les spermatogonies en masse, mais toujours par petits groupes, plongés dans le plasma germi- natif. Je n'ai pas observé de divisions spermatogoniales atypiques. Spermatocytes (spermatides). — Les divisions de maturation faisant défaut, on ne peut pas parler de spermatocytes de Ier et de IIe ordre : toute l'évolution de l'élément séminal atypique n'est autre chose qu'une spermiogénèse. Par conséquent, on peut avec le même droit dénommer les cellules en question «spermatocytes » ou bien «spermatides ». Il est vrai, qu'on trouve parfois chez Cerithium ainsi que chez Turitella des images qu'on pourrait désigner comme « tentatives de division » (Kuschakewitsch 1913) ; mais, comme on n'assiste jamais à une vraie division des spermatocytes et que l'aspect chromosomoïde de leur chro- matine ne suffit guère pour prouver que la division supposée réellement 504 VICTORTSCHITZ ait eu lieu, la plus rigoureuse prudence est à conseiller, d'autant plus que l'aspect des gouttelettes de chromatine, lors de leur sortie du noyau ou quelque temps après, ainsi que leur nombre, varient dans de larges limites, en commençant par des globules tout à fait sphériques et en finissant par des blocs ou bâtonnets chromosomif ormes. Sans entrer dans o *£*&' S %s r .%. s. 3. y Ait i\ F:g V; C'erithium : lignée atypique. 1, spcrmatogonies (en bas) et spermatocytes (en haut); 2, tentatives de division ; 3, début de la dégénération du noyau du spermatocyte ; 4, spermatide avec noyau vacuoli- forme et plusieurs sphérules de chromatine ; 5, stade plus avancé de la spermatide ; on aperçoit un amas de grains (corpuscules centraux), le petit idiozome (à droite) et une sphérule collée au noyau (en bas); 6, développement des cils caudaux et des grains mitoehondriaux ; 7, corps axial constitué; mitochondries sous forme de petits bâtonnets; 8, spermatozoïde peu avant sa maturité ; on aperçoit dans sa partie postérieure un minuscule bâtonnet, x 2400. le domaine des discussions théoriques, je voudrais néanmoins souligner que l'étude de ces stades montre que la différence entre une goutte de chromatine sans « valeur morphologique » et un « vrai » chromosome n'est pas si grande qu'on ne l'admet généralement, les deux formations étant liées l'une à l'autre par des formes intermédiaires. Les spermatocytes, après avoir atteint le maximum de leur taille (fig. v, 1), subissent des changements importants qui consistent dans la SPERMATOGÊNÈSE 505 diminution de leurs dimensions, dans la transformation du noyau et dans l'apparition de petits grains des deux sortes : corpuscules cen- traux et mitochondries. Le processus commence par la dissolution de la membrane nucléaire et la sortie des gouttelettes de chromatine, formées aux dépens du noyau en dégénération, dans le cytoplasme environnant ; du noyau il né reste bientôt qu'une petite boule claire vacuoliforme qui h son tour disparaît aux stades plus avancés (fig. v, 3-6). Les gouttelettes envahissant rapidement tou^e la cellule, il devient très difficile, vu la petitesse des éléments, de déceler tous les phénomènes qui s'accomplissent pendant cette période de la vie du spermatocyte. Ainsi, l'idiozome, bien visible dans Jes spermatocytes avant la dissolution de la membrane nucléaire ne l'est plus dans le chaos qui se produit lors de l'apparition des gouttelettes chromatiques ; mais au fur et à mesure que leur nombre diminue on l'observe plus facilement sous l'aspect d'un petit champ plas- matique limité d'un côté par un petit bâtonnet recourbé (fig. v, 5, 6). S'il est difficile parfois de déceler la présence da petit corps idiozomique sur des préparations colorées par l'hématoxyline ferrique, il n'en est pas ainsi, quand on a recours à la c >loration avec violet-crystal d'après Benda ; les grains mitochondriaux se colo"ant en jaune-brunâtre, l'idiozome, ou plutôt son bâtonnet, teint en vif violet, ressort avec une parfaite netteté. Les gouttelettes chromatiques disparaissant de plus en plus, il n'en reste bientôt qu'une seule à côté du noyau vacuoliforme, muni d'un petit nucléole (fig. v, 5). Pendant ce temps se déroulent les phénomènes sui- vants ': dans le cytoplasme apparaissent des petits grains, légèrement colorables par riiématoxyline au fer. Ces grains, qu'on doit homologuer avec les grains mitochondriaux de la série atypique de Columbella, s'accroissent rapidement et envahissent finalement toute la cellule, étant plus nets à sa périphérie (fig. v, 5, 6). Leur volume ainsi que leur colo- rabilité augmentent de plus en plus et atteignent le maximum peu avant la maturité complète du spermatozoïde. Ils apparaissent dans ce dernier sous forme de taches peu distinctes ; si l'on pousse loin la différenciation de l'hématoxyline ferrique, ces taches se décolorent complètement et les spermatozoïdes prennent un aspect clair et homogène, sauf dans leur par- tie postérieure où l'on trouve un petit bâtonnet noir. En étudiant très attentivement les spermatozoïdes dont les taches ne se sont pas déco- lorées, on parvient, malgré une grande difficulté d'observation, à cons- tater même ici la présence de ce bâtonnet (fig. v, 8). J'inclinais d'abord 506 VICTOR SCHITZ à le considérer comme un chromosome minuscule, seule épave de la dégénération, mais je suis porté maintenant cà le regarder plutôt comme partie intégrante du corps axial dont le reste s'est décoloré. Du reste, il est excessivement difficile d'étudier la structure de ces petits éléments bourrés de formations très colorables ; par conséquent je n'ose pas trancher cette question d'une manière définitive. L'élément séminal atypique adulte possède un faisceau de cils, deux ou trois fois plus longs que le corps du spermatozoïde et dont le nombre semble être de 6 ou de 8. A l'état vivant, les cils se meuvent continuelle- ment, ce qui assure, ensemble avec l'ondulation du corps, la progression du spermatozoïde 1. Quant à l'évolution des cils en question, elle se pro- duit de la manière suivante. Dans la jeune spernatide on aperçoit un petit amas de grains fortement colorés (fig. v, 5). Aux dépens de ces grains, qu'on pourrait considérer avec Stephan (1903 a) comme corpuscules centraux, se développent des cils qui sortent en dehors (fig. v, 6). En s'allongeant rapidement et en s'épaississant un peu, ils atteignent bientôt leurs dimensions définitives. L'évolution du a corps axial » est plus compliquée. Les corpuscules centraux, en plus des cils caudaux, donnent naissance aux petites baguettes qui à leur tour forment, en confluant entre elles, le corps « axial », qui traverse la spermatide d'un bout à l'autre. Les images microscopiques sur ce sujet étant plus claires chez Turiteïla, j'y reviendrai, en donnant plus de détails, au cours de la description de la spermatogénèse de ce mol- lusque ; pour le moment, je me bornerai à dire que le « corps axial », ainsi formé, entraîne dans son accroissement le cytoplasme environnant, en forçant toute la cellule de s'éther considérablement. A son extrémité antérieure, le corps axial est surmonté d'un petit grain qui se colore plus fortement que le reste ; c'est l'ébauche d3 l'acrosome effilé du sper- matozoïde mûr. Il me reste pour achever la description de l'évolution des cellules germinatives de la lignée atypique à dire quelques mots sur l'idiozome, qu'on peut observer déjà dans le jeune spermatocyte. Ce corps joue un rôle assez mystérieux dans l'évolution du spermatocyte atypique. 1. Je saisis l'occasion pour corriger une erreur de ma note précédente Concernant la spermatogénèse chez Columbella ruslica (1916). J'y déniai la capacité de déplacement du spermatozoïde mûr de ce mollusque et le consi- dérai comme immobile. Or, mes études ultérieures m'ont permis d'observer les mouvements des spermatozoïdes qui se manifestent des deux façons : par une ondulation très rapide de tout le corps du spermatozoïde ou par des mouvements vermoïdes plus lents. Cette faute d'observation pourrait s'expliquer par le fait que les éléments séminaux atypiques, en sortant de la glande génitale, se trouvent sOHvent dans un état de torpeur qui peut se prolonger pendant des heures. XPERMATOGÉNËSE 507 Il ne participe morphologiquement, semble-t-il, ni à la formation des cils caudaux, ni au développement du corps axial ; on contsate régu- lièrement sa présence dans le cytoplasme jusqu'aux stades où les grains mitochondriaux devenus volumineux et fortement colorables, rendent très difficile l'examen de la cellule. Probablement l'idiozome dégénère d'une façon ou de l'autre, ensemble avec le reste du noyau, dans le voisi- nage duquel il se tient ordinairement. Ainsi mes études confirment les données de Stephan (1903 a), d'après lesquelles «chez Cerithium vulgatum. le début des phénomènes de la spermiogénèse est très comparable à ce qu'il est chez la Paludine ; un petit groupe de corpuscules centraux, d'où partent autant de flagella, se développe en un petit faisceau de baguettes qui s'enfoncent vers l'inté- rieur de l'élément ; il se met d'abord en contact avec un petit noyau équivalent à un chromosome, mais ensuite ce petit noyau disparaît complètement et aucune trace de chromatine ne reste dans l'élé- ment adulte. Ce dernier devient donc réellement apyrène, quoique le début de son développement ait été semblable à celui d'un élément oligopyrène. » Turitella triplicata Brocchi (mediterranea Monterosato) La spermatogénèse dans la Turitelle ressemble beaucoup à celle du Cérithe ; les différences se rapportent surtout à la spermiogénèse de la série typique. Quant à la lignée atypique, les phénomènes, un peu obscurs chez le Cérithe, ressortent ici avec plus de netteté. Lignée typique Spermatogonies. — Pour distinguer les spermatogonies des deux lignées j'ai essayé d'appliquer le même critérium qui m'avait servi dans ce but chez le Cérithe, mais malgré mes efforts réitérés, je n'ai pas réussi à établir indubitablement la différence entre elles. Probablement il aurait fallu recourir à des animaux beaucoup plus jeunes que je ne possédais, peut-être même aux stades embryonnaires, comme l'avait fait Ancel (1903) au cours de ses recherches sur la glande hermaphrodite de l'Hélix. J'espère combler cette lacune dans mon travail définitif. Les spermatogonies des deux lignées se trouvent dans la partie péri- phérique du tube séminifère ; elles sont ou plongées dans le syncytium germinatif de sorte que leurs parois sont directement baignées par le 508 VICTOR SCHITZ ■^ m >f plasma syncy- tial, ou, étant si- tuées dans la ca- vité folliculaire, elles se placent dans son voisi- nage immédiat (fig. vi, 1, 2). Spermato- CYTES DE Ier ORDRE. Il y a peu de différence, en ce qui concerne la chroma- tine, entre les spermato- cytes de Ier ordre du Céri- the et ceux de la Turitelle. Presque de mêmes dimen- sions, les spermatocytes de ces mollusques parcou- rent les mêmes stades ; 'es ayant décrits chez le pre- mier je ne reviendrai pas sur ce sujet à propos du dernier. Quant aux forma- tions cytoplasmatiques, les mitochondries delà Tu- ritelle sont beaucoup plus nombreuses et plus nettes que celles du Cérithe (com- parer la figure n, 2, avec la figure vi, 1, et figure vu, 1-3). Leur évolution ré- pète pas à pas celle du Cé- rithe : chez l'une et chez l'autre espèce nous trou- vons des petits grains plus ou moins arrondis aux stades d'accroissement des auxocytes (fig. vi, 1, et fig. vu, 1-3), et des filaments sinueux et rougueux pendant la première cinèse (fig. vu, 5). .•• ••' o- ■.\C / \ \ I / / \ Turitella. 1. une partie du follicule montrant l'épithélium germinatif avec ses noyaux « indifférents <• et ses inclusions, ainsi que spermatogonies et spermatocytes de la lignée typi- que ; 2, l'épithélium germinatif avec des éléments typiques et atypiques (les spermatides atypiques en coupe optique), x 2400. SPERMA TO GENÈSE 509 En ce qui concerne la première division de maturation, elle se fait, comme chez le Cérithe, transversalement. On ne réussit pas à établir avec précision le nombre de chromosomes : le plus souvent on en compte 10, parfois 9 ou 11, mais on obtient aussi des chiffres plus éloignés de cette moyenne. Il est curieux de remarquer que dans la plupart des méta- phases, j'ai constaté la présence d'un chromosome, dont la position diffé- rait des autres : il se tenait toujours hors du groupement chromosomien, 1 i "VA &?•} •:;v m *!■ Mm §M i] OJ^: FlG. vu. Turitella : lignée[typique. Développement'du spermatocyte de Ier ordre. 1, stade pachytène ; 2, 3, for- mation des chromosomes; 4, chromosomes peu avant leur mise au fuseau; 5, métaphase I; 6, trois métaphases I montrant la position particulière d'un chromosome ; 7, début de l'anaphase, vue de pôle. X 2400. étant plus près de l'un des pôles (fig. vu, 6). Je m'abstiens, pour le moment, de tirer des conclusions quelconques de cette singulière obser- vation ; je me borne simplement à signaler le fait. Spermatocytes de IIe ordre. — Comme chez le Cérithe, les sper- matocytes de IIe ordre sont d'une taille moindre que celle des sperma- tocytes de Ier ordre ; les chromosomes sont plus courts et plus trapus et les mitochondries moins distinctes (fig. vin, 1). La seconde division c'e maturation ne présente aucune particularité digne d'être signalée. Spermatides et spermiogénèse. — Le développement de la sper- 510 VICTOR SCHITZ matide ressemble tout à fait à celui du Cérithe : les mêmes processus aboutissent à la formation d'un noyau clair aux contours fortement colorables. En effet, dans la jeune spermatide (fig. vin, 2) nous assis- tons à la réapparition des chromosomes en forme de blocs ou croutelles et d'un petit nucléole qui ne persiste pas longtemps ; l'intérieur du noyau est rempli par une substance peu transparente qui se colore assez forte- ment. Dans le cytoplasme on observe des petits filaments mitochondriaux. 1. 9. ËÊÈ H u Fia. VIII. Turitella : spermiogénèse dans la lignée typique, 1, mêtaphasc II ; -'. télophase II ; 3, début de l'épu- ration du noyau ; 4 h 8, formation de la membrane chromatique du noyau ; développement des mitochondries ; 8 à 10, l'iodiozome au pôle antérieur du noyau ; 9 à 1 2, stades montrant la formation de la tête du spermatozoïde et des sacs mitochondriaux. x 2400. Au stade suivant (fig. vin, 3) les blocs chromatiques se dissolvent et le suc nucléaire devient plus clair ; toute la substance colorable afflue vers la périphérie du noyau, où elle forme des accumulations nuageuses dans lesquelles on distingue encore le petit nucléole, qui va disparaître aux stades suivants. Les mitochondries se gonflent légèrement. Aux stades plus avancés la chromatine se concentre à la périphérie du noyau en formant çà et là des épaississements (fig. vin, 4, 5) ; dans son intérieur on observe quelques filaments rugueux, peu colorables, qui vont bientôt se confondre avec la couche chromatique. Les mitochondries n'ont plus SPERMA TO GENÈSE 5 1 1 l'aspect de petits bâtonnets, mais de petits grains. Au fur et à mesure de la marche de 1' « épuration » du noyau, la chromatine se condense de plus en plus et englobe dans sa masse les petites saillies (fig. vin, 5) ; bientôt on n'en aperçoit plus de traces et la membrane nucléaire devient tout à fait lisse (fig. vin, 6). Le noyau ressemble maintenant à une vési- cule claire, pourvue d'une mince enveloppe noire. L'évolution ultérieure consiste, comme chez le Cérithe, dans un épaississement progressif de la couche chromatique qui se manifeste d'abord à l'hémisphère antérieur du noyau (fig. vni, 7) ; mais bientôt la chromatine accumulée s'étend aussi à la région postérieure, formant ainsi un anneau d'une épaisseur égale sur tout son parcours (fig. vin, 8). Ce stade diffère des stades observés chez le Cérithe en ce sens que chez le dernier la bande chromatique prend finalement une position équatoriale, tandis que chez la Turitelle elle occupe une position méridionale. Tandis que chez le Cérithe cette couche équatoriale commence en s'épaississant à envahir l'intérieur du noyau, chez la Turitelle le noyau, complètement rond jusqu'à ce stade, commence à subir le processus d'une invagination ou plutôt de rétrécissement à son hémisphère postérieur, de sorte que la couche de chromatine prend finalement une position horizontale (fig. vin, 10). De cette couche sortent des nuages de chromatine (fig. vin, 10) qui peu à peu envahissent tout le noyau et le rendent fortement colorable. Ce dernier, en s'épaississant (fig. vin, 11, 12), passe par une forme d'abord ovoïde (fig. ix, 1), ensuite arrondie (fig. ix, 2) pour atteindre sa forme définitive allongée (fig. ix, 4, et fig. xn, 5). Peu avant son développement complet la tête du sperma- tozoïde perd sa colorabilité intense : elle se colore en gris par l'héma- toxyline au fer et en jaune pâle par le procédé de Bexda, sauf aux parois qui continuent à se teindre en noir ou violet (fig. ix, 3). Je dois ajouter à cette disposition de la spermiogénèse que souvent on trouve des modi- fications de ce mode de développement qui rapprochent davantage les images observés chez Turitélla de celles de Cerithium. Le rôle que joue l'idiozome dans la formation de l'acrosome est évi- demment le mêxe que chez le Cérithe, quoique ce phénomène soit moins net et moins instructif. Chez la Turitelle on ne trouve pas de formations comparables au « tube idiozomique » du Cérithe, mais on parvient à déceler la présence du c grain sidérophile » associé à l'idiozo ne (fig. vin, 9, 10). Comme chez Cerithium et Columbella, l'idiozome, après avoir participé à la formation de l'acrosome, s'éloigne de la tête du spermato- zoïde. Au fur et à mesure du développement du spermatozoïde, il se 512 VICTOR SCHITZ déplace avec le cytoplasme environnant le long de la queue pour subir le sort indentique à celui de l'idiozome du Cérithe : il se sépare en morceaux et finalement disparaît avec la minuscule gouttelette de protoplasme. Les mitochondries jouent un rôle analogue à celui des mitochondries du Cérithe. Dispersées d'abord dans tout le cytoplasme (fig. vm, 4, 5), Fig. IX. 1 à 4, Turitella : stades successifs de la spermiogénèse dans la lignée typique ; 5, Cerithium, spermatozoïde typique peu avant sa maturité ; on aperçoit l'idio- zome dans la parcelle de cytoplasme ne dégénérescence (x 2400). J. H. elles se groupent bientôt autour du filament axil (fig. vm, 6). En devenant de moins en moins nombreuses, elles augmentent leur volume ; finalement on aperçoit quatre vésicules, assez grosses, qui se touchent et entourent le filament axil, comme le montre la figure vin, 8-10. En s'étirant de plus en plus, les vésicules en question se transforment en sacs (fig. vin, 11, 12) qui, tout en s'amincissant et en s'allongeant, constituent finale- ment la pièce moyenne du spermatozoïde (Mittelstiick). SPERMA TO GENÈSE 513 L'évolution des corpuscules centraux répète celle du Cérithe. Le cor- puscule proximal s'accole au noyau, se transforme en une petite calotte et donne naissance à une mince baguette qui pénètre dans l'intérieur de la tête du spermatozoïde (fig. ix, 1-3), tandis que du corpuscule distal pousse le flagelle caudal, le centrodesmose devenant le filament axil (sa partie intracellulaire). Spermatozoïde. — Le spermatozoïde mûr, un peu plus long que celui du Cérithe, se compose des mêmes parties, à savoir de l'acrosome, un peu moins développé que chez le dernier mollusque, d'une tête allongée, d'une longue pièce moyenne ou intermédiaire (Mittelstiick) et du flagelle caudal. Une structure analogue du spermatozoïde mûr a été établie par Retzius (1906) dans Turitella terebra L. 1 2. m 'V* Lignée atypique L'élément sémi- nal atypique suit dans son développe- ment le même che- min que chez le Céri- the ; grâce aux dimen- sions des cellules un peu plus grandes chez Turitelle on parvient à déc.ler chez elle les phénomènes restés indéchiffrables chez le premier. Le jeune spermatocyte aty- pique possède un noyau sphérique pourvu d'un nucléole ; à côté du noyau on trouve un petit idiozome (fig. x, 1). Au fur et à mesure de l'accrois ement du spermatocyte, son noyau, entouré d'une épaisse membrane, devient plus gros et moins colorable. Sa chromatine forme un grossier réseau dans les mailles duquel sont placés un ou deux nucléoles. L'idiozome a l'aspect d'un corps volumineux, délimité par quelques bâtonnets periodiozo- ' >, ? %&*'% FlG. X. Turitella : lignée atypique. 1 à 2, spermatocytes ; ?, dégénération du noyau ; sortie des gouttelettes de chromatine dans le cyto- plasme ; le corps gris — idiozome. x 2400. 514 VICTOR SCHITZ miques ; il est situé à côté du noyau (fig. x, 2). Comme chez le Cérithe et la Columbelle, le commencement de la spermiogénèse se manifeste par une dégénération de la chromatine. La membrane du noyau se dissout, la chromatine sort du noyau et se répand dans ]e cytoplasme en petites gouttelettes. De l'ancien idiozome on trouve seulement un corps peu distinct, situé à côté du restant du noyau. Ce dernier diminue de plus en plus et se transforme finalement en une vésicule claire, pourvue d'un minuscule nucléole peu durable (fig. xi, 1). Aux stades plus avancés on n'en trouve plus de traces. Chez Turitella, ainsi que chez Cerithium, il est facile de confondre certains stades du développement des spermatides typiques avec ceux des spermatides atypiques. En effet, leur taille et leur aspect général sont à peu près les mêmes, mais au fond il y a des différences essentielles dans leur structure intime. Sans doute, l'étude de l'évolution d'un ou de l;autre élément séminal donnerait un critérium infaillible pour reconnaître leur origine ; mais malheureusement il faut avoir pour cela des stades successifs et encore placés l'un à côté de l'autre, ce qui n'arrive pas souvent. L'œil exercé arrive quand même à s'orienter dans le mélange des éléments de deux lignées et il parvient à établir la distinction entre elles indépendamment de la situation des cellules sexuelles. La structure de ces dernières donne des indices certains de leur origine. Les voici : le noyau de la spermatide typique est entouré d'une membrane chroma- tique très colorable, assez épaisse, lisse ou rugueuse, tandis que le noyau de la spermatide atypique semble être dépourvu d'une membrane, ou du moins cette dernière est extrêmement mince ; les grains noirs qu'on trouve dans le cytoplasme sont, pour la série tj^pique, des mitochondries (d'une taille à peu près égale entre elles), et pour la série atypique, des gouttelettes de chromatine vde taille différente) : les grains mitochondriaux se rassemblent dans la région postérieure de la spermatide typique autour du filament axil, tandis que les gouttelettes sont dispersées sans aucun ordre dans tout le cytoplasme de la spermatide atypique. Au fur et à mesure de la disparition des gouttelettes de chromatine (il en reste une plus longtemps accolée au noyau, fig. xi, 3), apparaissent dans le cyto- plasme des petits grains qui forment d'abord autour du noyau une sorte de nuage (fig. xi, 2) et se répandent ensuite dans toute la cellule. Ces grains, qui sont analogues aux grains mitochondriaux de la lignée aty- pique du Cérithe et de la Columbelle, s'accroissent rapidement et devien- nent de plus en plus colorables (fig. xi, 3-6 ; fig. vi, 2). En même temps, SPERMA TO G EN ÈSE 515 ils se transforment en courts bâtonnets qui tapissent, en quatre ou cinq rangées, la surface du corps du spermatozoïde (fig. XI, 7). Dans le sper- matozoïde complètement mûr ils prennent l'aspect de taches aux contours irréguliers (fig. xn, 6). Quant à l'évolution des corpuscules centraux, elle se fait de la même façon que chez le Cérithe. Nous retrouvons le même amas de ■m s. FIG. XI. TuritelUt : spormiogénèse dans la lignée atypique. 1, spermatide avec nombreuses gouttelettes de chro- matine ; 2, diminution du nombre de gouttelettes ; apparition du « nuage » mitochondrial autour du noyau ; 3, apparition des corpuscules centraux, aux dépens desquels se développent les cils caudaux ; 4, formation des baguettes centrosomiennes ; 5, formation du corps axial ; 6, corps axial constitué ; 7, spermatozoïde avec les taches mitochondriales et le corps axial ; 8, spermatozoïde décoloré avec le bâtonnet colorable. grains colorables, adossé au noyau vacuoliforme (fig. xi, 3) ; ces grains donnent naissance aux petits cils qui, en s'allongeant de plus en plus, deviennent les flagelles caudaux du spermatozoïde mûr (fig. xn, 6) Outre la formation des cils extracellulaires les corpuscules centraux prennent part à celle du « coips axial » intracellulaire ; en con- fluant entre eux ces grains forment des petites baguettes (fig. XI, 4) qui à leur tour constituent un corps conique (fig. xt, 5). De ce cône basai pousse un prolongement plus clair que le cône même, probablement constitué par des cils^conflués entre eux. Ce prolongement s'accroît 516 VICTOR SCHITZ rapidement, atteint l'extrémité opposée de la spermatide et la perce en sortant à l'extérieur. Le cytoplasme suit cet accroissement du « corps axial » : il s'étire et glisse le long de cet axe de sorte que bientôt tout 1'or- Fia. XII. 1, 3, 5, spermatozoïdes mûrs de la lignée typique de Cerithium (1), Bittium (3) et Turitella (5) ; 2, 4, 6, ceux de la lignée atypique de mêmes mollusques. ganite en question se trouve de nouveau dans l'intérieur de la cellule (fig. xi, 7). Le corps axial ressort avec une grande netteté sur les prépa- rations colorées par Benda ; son violet vif tranche très bien sur le fond jaune du cytoplasme. On peut se rendre compte alors qu'il est composé SPERMA TO GENÈSE 517 de deux parties : une, basale, en forme de cône et l'autre, axiale, en forme d'un bâtonnet long et mince. De plus on remarque au-dessus du cône sur son « prolongement » une petite formation colorable, sur la signi- fication de laquelle je ne suis pas fixé. Dans le spermatozoïde presque mûr les corps mitochondriaux fortement colorables empêchent de suivre le corps axial d'un bout à l'autre ; néanmoins on réussit à le reconstituer dans toute sa longueur (fig. ix, 7). Si l'on pousse loin la différenciation des préparations colorées par l'hématoxyline ferrique, les taches mito- chondriales se décolorent, et le corps du spermatozoïde devient tout à fait transparent, sauf un petit bâtonnet noir. Je l'ai regardé d'abord, ainsi que chez le Cérithe, comme un chromosome, mais je crois maintenant que c'est plutôt une partie du bâtonnet axial qui seule reste colorée. L'évo- lution ultérieure du spermatozoïde consiste dans un amincissement consi- dérable de son corps, suivi de son allongement ; il est impossible de dis- tinguer le corps axial dans le spermatozoïde peu avant sa maturité, d'autant plus qu'il est recouvert de rangées serrées de mitochondries (fig. xi, 7). Le spermatozoïde atypique mûr ressemble vivement à celui du Cérithe, mais sa taille est plus considérable et les taches sont beau- coup plus nettes ; à son extrémité antérieure le spermatozoïde est coiffé d'un mince prolongement du cytoplasme, homologue de l'acrosome de la lignée atypique du Cérithe. Comme chez ce dernier, les éléments sémi- naux adultes sont très mobiles ; ils nagent dans le liquide ambiant, en agitant leurs longs cils et en ondulant leur corps. Retzius (1906), dans ses études sur les spermatooïdes des Mollusques Gastéropodes, dessine et décrit une semblable structure des spermies atypiques adultes chez Turitella terebra L. Bittium reticulatum Da Costa Ce mollusque se range, au point de vue de sa spermatogénèse, a côté de Cerithium et Turitella, ou plutôt il doit être placé entre eux. Ayant exposé la spermatogénèse chez ces deux formes, je trouve inutile de revenir sur cette troisième qui montre d'ailleurs peu de particularités. Je donne simplement un dessin des spermatozoïdes adultes des deux types, d'après lequel on peut facilement se rendre compte que la struc- ture des éléments séminaux reste la même que chez le Cérithe et la Turitelle (fig. xn, 3, 4). 518 VICTOR SCH1TZ Conclusions générales De mon étude de la spermatogénèse chez Cerilhium, Bittium et Turi- télla, on peut déduire les conclurions suivantes : 1) Les deux cycles évolutifs, typique et atypique, diffèrent l'un de l'autre, chez Cerithium, Bittium et Turitélla non moins que chez les autres Prosobranches, jusqu'à présent étudiés (sauf toutefois Bythinia tenta- culata d'après Kemnitz 1914). Le premier suit les règles habituelles de spermatogénèse, tandis que le second représente une évolution parti- culière qui aboutit à la formation des éléments séminaux pourvus d'un faisceau de longs cils, capables de se déplacer dans le liquide ambiant, en serpentant leur corps et en agitant leurs cils. 2) La chromatine dans la lignée typique, après une évolution compli- quée, forme finalement la tête du spermatozoïde, tandis que dans la lignée atypique elle subit une dégénération progressive allant jusqu'à sa complète disparition. Les éléments séminaux atypiques adultes sont apyrènes ou tout au plus oligopyrènes. 3) Le rôle de l'idiozome dans la série atypique reste obscur; par contre, celui dans la série typique est tout à fait net et ne peut être contesté d'aucune façon. L'idiozome sert comme uns sorte de « véhicule » pour transporter à leur destination — le pôle antérieur du noyau de la sperma- tide — les dérivés du corpuscule central, le « grain sidérophile » dans le cas de Turitélla, le « tube idiozomique » dans celui du Cerithium. Après avoir accompli son rôle, l'idiozome s'éloigne de la tête du spermato- zoïde, glisse le long de sa queue avec la parcelle de protoplasme qui l'entoure et finalement dégénère. 4) Nous pouvons identifier l'idiozome au « Nebenkern » des Pulmonés et il ne doit pas être confondu avec d'autres corps cytoplasmiques. Contrairement à l'opinion de Fauré-Frémiet (1909) aucun fait ne prouve son origine mitochondriale ; au contraire tout porte à croire que c'est un organite particulier de la cellule, comme l'a déjà fait ressortir Terni (1914) dans ses belles recherches concernant la spermatogénèse de Geotriton. 5) Les mitochondries se manifestent dans les deux lignées ; dans la lignée typique, elles prennent part à la formation de la pièce moyenne ; dans la lignée atypique, elles fournissent le revêtement du corps de la spermie. 6) Le bâtonnet intranucléaire, si bien développé chez Columbella, SPERMATOGÉNËSE 519 ne l'est pas chez Cerithium, Bittium et Turitella ; dans ces trois espèces nous ne le trouvons qu'en état d'ébauche, sous forme d'une petite baguette au pôle postérieur du noyau. 7) Les corpuscules centraux donnent naissance dans la série typique au filament axil et au flagelle caudal du spermatozoïde. Le corpuscule proximal s'accole au noyau et forme finalement un petit anneau qui lie la tête du spermatozoïde à sa queue ; le corpuscule distal descend le long de la queue et reste, sous forme d'un petit grain, au bout de la pièce moyenne. Dans la série atypique les corpuscules centraux donnent nais- sance d'un côté aux cils caudaux et de l'autre côté ils participent à la formation du corps axial. 8) Le corps axial et les flagelles caudaux de Cerithium, Bittium et Turitella correspondent au faisceau de fibrilles intracellulaires et aux cils extracellulaires, d'autres Prosobranches, étudiés jusqu'à maintenant (Paludina, d'après Meves 1903 ; Nassa, Triton et Murex, d'après Stephan 1903 a, b, c, et Lams 1910 ; Vermetus d'après Kuschakewitsch 1912, et Strombus d'après Reinke, 1914). Les flagelles caudaux sont bien développés et servent comme organes de locomotion. Station Zoologique Russe, Villefranche-sur-Mer. AUTEURS CITES 1903. Ancel (P.). 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