. ^- -t- ï 7^^_ "*c^»- 55H«t :rK f «^CV-. - ^^^ i î^^ ^ '1 r-.***!*: tr" *•-,. ^ *.l^#J;^ ■^ r^--3f f3 ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE k A- ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GENERALE HISTOIRE NATURELLE — MORPHOLOGIE - HISTOLOGIE ÉVOLUTION DES ANIMAUX FONDEES PAR HENRI de LACAZE-DUTHIERS PUBLIEFS SOUS l.A niRECTION DE G. PRUVOT PROFESSEUR A LA SORBONNE DIRECTEUR DU LABORATOIRE ARAGO E.-G. RACOVITZA PROFESSEUR A L'UXIVERSITÉ DE CLUJ DIRECTEUR DE L'INSTITUT DE SPÉOLOGIE TOME 59 =-<*- PARIS LIBRAIRIE H. LE SOUDIER 174, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, I74 Tous droits réservés 19S0 TABLE DES MATIERES du tome cinquante neuvième (654 pages, XVIII planches, 344 figures) Notes et Revue (3 numéros, 91 pages, 72 figures,) Numéro 1 (Paru le 10 juin 1920. — Prix : 2 francs.) I. — A. SOOLIER. — La couronne équatoriale ciliée de la trochosphère chez Protvlfi MeUhaci (tirée 4 iig.) I). 1 II. — C. PÉREZ. — Sur li/s inclusions des cellules grasses des Insectes pendant la uiétanioriihosi' p. 5 III. — J. CouÉQNAS. — L'aire de distribution géographique des Ecrevisscs de la région de .Sussac ( Haute- Vienne) et SCS rapports avec les données géologiques p. 11 IV. — X. Billard. — Not* sur une espèce nouvelle d'hydroîde : SertulureUa siiKjidaris (arec 3 fig.) p. l."> V. — H. L. M. Pixîaj,-G00BIUCH. — The spore of Thelohanvi (avec 2 fifj.) I>. 17 Numéro 2 (Paru le 10 juillet 1920. — Prix : 8 fram-s.) VI. — O. DCBOSCQ. — Notes sur Opis?^o/)a. 7S Table spéciale des Notes et Revue du Tome 59 p. 90 ^ Fascicule 1 (Paru le 15 mars 1920. — Prix : 75 francs.) E. Chatton. — Les Péridiniens parasites ; morphologie, reproduction, ethologie {avec 185 fig. dans le texte) p. Fascicule 1 *"* (Ce fascicule ne peut être vt^ndu séparément ; il doit être fourni gratuitement aux achcttmrs du fascicuK- 1.) E. Ghatton. — Les Péridiniens parasites [planches I à XV III). I (o 1 Û^ TABLE DES MATIÈRES Fascicule 2 (l'ani le 25 avril 1920. — Prix : 4 francs.) V. ScHiTZ. — Sur I3 spermatogénèse chez Murex trunculus h., Aporrhais pes pelicani L., Fusits op. et Nnssa reliciilala Ij. (avec \S fi^. dans le texte), p. 477 Fascicule 3 (Pani le \" juillet 1920. — Prix : 8 francs.) R. Je.vn'nel. — IjOS larves des Trechini (Colenpicra carabidcie) Biospeologica XLn {avec 62 p.g. dans le texte) p. 509 Fascicule 4 (Paru le 3 septembre 1920. — Prix : 3 francs.). A.-C. HoLT.AMDE. — Réactions des tissus du Dyliscus marginalis L. au contact des larves de Distome enkistées et fixées aux parois du tube digestif de l'Insecte {avec 12 ^;,^ dans le teii ) p. 5i3 Foiitt-nsy-aiix-Roios. — Imr I. HtLLK.SAND ARCHIVES DE FONDÉES PAB H. DE LACAZE-DUTHIERS PUBLIÉES SOtrS LA DIRECTION DE G. PRUVOT ET E. G. RACOVITZA Professeur à la Sorbonne Professeur à 1" Université de Cluj Directeur du Laboratoire Arago Directeur de l'Institut de Spéologie Tome 59. NOTES ET REVUE Numéro 1. LA COURONNE Î^QUATORIALE (JILIEE DE LA TROCMOSPHÈRE CHEZ PROTULA MFALHACl A. SOULIER Profcssour-h'ljoint à la P'aoultt' dc^s Sciences de Montpellier. Reçu le G novembre 1919. Aux dépens des quatre cellulee A, B, C, D, qui constituent le blasto- derme, se forment quatre micromères a^, b^, d, cP-. L'apparition de deux nouveaux plans de segmentation verticaux, le quatrième et le cinquième, détermine la formation de huit cellules nouvelles a^, b^, c^, d^ et a^^, 6^^, c^^, fZ^^. Le blastoderme se compose alors de seize cellules. Peu après la formation de seize autres cellules a}^, cP-^, a^-d^, a^^^-cP-'^^, a^^-d^^ élève le nombre des éléments à trente-deux. A cette énumération, il faut ajouter x^ et x^^ apparus d'une façon prématurée^. Le nombre total des cellules de segmentation est donc à ce moment de trente-quatre (fig. ii). I. A. Soulier. — Irrégularités delà segmeutation chez Prolula (Archives de Zoologie expérimentale et générale, 1911 (5) T VII, yotes et Revue îî" 2). Le cinquième stade de segmentation (trente-deux cellules) chez Frolula-Meilhaci (Archives, etc., iri7. I. 5fi. Notes et Revue N° 4 X). La croix et la rosette chez Protula Meilhaci (Areh. etc., 1913. T. 57. Notes et Revue, N» 1, TU). KOTES ET E,ETUE. — T. 59. — K° 1. ■*• 2 NOTES ET REVUE La segmentation se continue par la formation de ar* et de quatre cellules qui se développent aux dépens de a}-d}-, suivant une spirale enroulée il gauche, à savoir les éléments a}^, b^^, c^^ d^^ (fig. m). Ces cellules sont caractérisées par leurs faibles dimensions et leur situation. Elles se dis- /y/: posent de telle sorte qu'elles sont en contact au niveau du pôle animal, c'est-à-dire au point où se trouvaient, et où peuvent se trouver encore, les globules polaires. Le sens spiral gauche, suivant lequel elles se déve- loppent et se déplacent, est particulièrement net, et chacune des cellules nouvellement formées s'établit définitivement au niveau de l'élément qui lui a donné naissance et de l'élément placé à la gauche de ce dernier. A. SOULIER 3 par exemple a^' est en contact avec a^ et d}, etc. La disposition régulière affectée par ces quatre cellules est connue sous le nom de rosette. Cette dernière forme une partie de l'ébauche du cerveau larvaire, ébauche qui se complète grâce à l'adjonction de quatre nouvelles cellules a?-^-cl}*, issues de a}-cl^ (fig. iv). Les éléments a^^-d}^ se développent en direction apicale et se disposent autour du pôle apical de façon symétrique. Ils ne se forment donc pas selon le mode spiral, mais d'après le mode bila- téral. Par suite de la formation de a^^-d^^, les cellules a^-d^ perdent leur contact réciproque, s'écartent l'une dé l'autre et se disposent dans le prolongement de a^'^-d}'^. L'ensemble des éléments a^-d^ et a^^-c?* présente ainsi l'aspect d'une croix. Mais la région apicale n'est pas la seule à se modifier et la région équa- toriale se modifie, elle aussi, par suite de la naissance de nouveaux élé- ments formés aux dépens de a?-^-d?-^. Ces quatre derniers, que Wilson, chez Nereis, a désignés sous le nom de trochohlastes, se multiplient et fournissent les cellules qui portent les cils de la couromie équatoriale de la trochosphère. L'apparition des dérivés des trochohlastes donne un aspect tout autre à la région équatoriale, ainsi qu'on le voit sur les figures. Au moment où elles se forment, les quatre cellules a?-^-d^^ (cellules inter- médiaires) sont régulièrement disposées entre les éléments a^^-d^^ (fig. i). Les cellules a?- Notes N<"' 6-7 > le t. 58, N" 4, p. 79-i 15, flg. 52-84. E.-a. RACOVITZA 29 nonce. Chez les o" ad. le corps est 2 2/3 fois pins long qne large et, à partir dn péréionite IV, pins atténné vers l'avant que vers l'arrière, les péréio- nites IV à VII étant presque de même largeur ; chez la 9 ov. le corps est 2 1/2 fois j)lus long que large et, à partir du péréionite III, également atténué vers les deux extrémités. Carapace mince, non calcifiée, mais pourvue par places de concrétions en forme de plages irrégulières. [Deux concrétions très volumineuses Fl!) il introduisit une cause d'erreur en créant une variété qu'il nomme dilata pour des exemplaires pro- venant de Détroit River. Il déclare même que cette nouvelle variété doit être considérée comme la plus typique de l'espèce, car les exem- plaires du Lac Supérieur étaient moins développés. Les caractères de la variété dilata seraient les suivants : fouet des antennes I avec 1 ou 2 art. de plus (7-S) ; l'élargissement des bords de la tête et des somites, surtout chez les adultes, est tel que le contour de l'animal est plus largement ovalaire ; l'encoche des bords latéraux de la tête est une fente étroite, à fond arrondi, mais avec les bords se tou- chant par place ; propodos des péréiopodes I presque aussi grands que chez Asdlus conuimnis et pourvus, au bord inférieur, de 2-3 dents aiguës dont la médiane est la plus large. Il n'est pas possible de se prononcer sur la valeur taxonomique de cette variété insuffisamment décrite, mais le fait qu'elle habite les rivières tandis que le type est lacustre, incite à penser qu'il s'agit d'une variation œcologique. Harger (1876, p. 304) crée le genre Mancasellus pour Asellopsis tenax et brachiurus n. sp., car Asellopsis était préoccupé. Hay (1882) retrouve à Irvington (lowa ou New- York (?) notre espèce, mais elle lui semble appartenir plutôt à la variété dilata quoique différant aussi bien de cette variété que du type par les caractères suivants : fouet des antennes II à 45 art. ; propodos des péréiopodes I ovalaire, renflé, à 3 dents (comme chez dilata) dont la plus grande, qui atteint le tiers de la grandeur de dactylos, est celle de Tangle postérieur (au lieu de la médiane) ; dactylos à bord concave pourvu en son milieu d'une dent saiUante ; vestige du palpe sur la mandibule. Aux données que j'ai résumées plus haut, les travaux postérieurs n'ont rien ajouté ; il est vrai cpie je n'ai pas pu consulter le mémoire de E.-G. RACOVITZA 45 HuNTSMAN (1915). Quoiqu'il en soit, ces documents sont insuffisants pour décider si la variété dilata est une bonne espèce ou si M. tenax pos- sède deux ou trois formes œcologiques, l'une adaptée à la vie lacustre et les autres aux eaux courantes. Je dois, d'autre part, faire toutes mes réserves au sujet des caractères que les auteurs attribuent aux phanères ensif ormes. Chez tous les Asellides que j'ai examinés, le phanère le plus distal est toujours le plus grand, contrairement à ce qu'ont cru voir Harger et Hay. Quoiqu'il en soit, ma description faite sur des exemplaires provenant du Lac Supérieur est suffisante pour fixer la position systé- matique du type de Smith. Je la publie, ainsi que celle de l'espèce suivante, non seulement comme une contribution à la systématique des Asellides, mais parce que je compte m'en servir pour des généralisations sur la mor- phologie des Isopodes ; je me suis déjà expliqué sur ce sujet (1920, p. 94). Raiforts et différences, v. même paragraphe, p. 60. PÉRILOGIE. Chorologie. Le type de l'espèce provient du Lac Supérieur où il est commun parmi les Cladophora par 8-13 fathoms, à St. Ignace par 4-6 fathoms et à Slate Island par 6-8 fath. D'après Harger (1874), il a été recueilli par J.-W. Milner sur des algues, par 30 fathoms, dans la Thunder Bay du Lac Huron, et Huntsman (1915) le cite du Lac Ontario. Par contre, on ne peut ajouter comme provenances : Détroit River (Mi- chigan) et lowa ou New- York, car dans ces régions furent récoltés des variétés dont la position systématique est incertaine. Bionomie complètement inconnue. PiTYLOGÉNiE. V. même paragraphe, p. 61. 9. Mancasellus macrurus Garman 1890 (Fi g. 114 à 134) Miinfdnelhia macrurus Oarman 1890, p. 28-30. — ElCHARDSOX 1900, p. 297. — llAY 1902, p. 225, — FaY 1903, p. 423-424, fl'_'. — TiKHARDSON 1905, p. 413-41.5, flg. 462-4G5. Zeleny 1907, p. 324 et s. Type de l'espèce. Sources du Kentucky oriental, Etats-Unis de l'Amérique Nord. Matériaux étudiés. Etat de Tennessee (Etats-Unis d'Amérique). Nashville, I. E. Benedict legit, don de l'U. S. national Muséum, Washing- ton, No 21821 ; 2 o' ad, 2 o ad. Dimensions, c ad. : longueur, 10 mm. ; largeur maxima (péréionite VI- VII), 3 mm. ; antenne II, 6 mm. ; péréiopodes I, 2,8 mm. ; péréiopodee VII, 4, 3 mm. ; pléotelson, 3 mm. ; uropodes, 1,2 mm. 46 NOTES ET BEVUE Fio. 114. MancaseUtig macrurus Garm. o' (10mm.). Moitié gau- che de la tête, face tergale. X 55. l, lob(! post-mandibu- lire ; m, région appartenant au soniite du maxillipède dont a région « est la lame articu- laire ; y, oeil (ont été représen- tés seulement le.s dépressions de la chitine qui correspondent aux ocelles). 9 ad. : longueur, 11 mm. ; largeur maxima (péréionites III-IV), 4,5 mm. ; antcmics II, 7,5 mm. ; péréiopodes I, 3,1 mm. ; péréiopodes VII, 5 mm. ; pléotelson, 3,3 mm. ; uropodes, 1,3 mm. D'après Richardsox (1905, p. 413), la longueur atteindrait 12 mm. Corps ellipsoïde -allongé, avec tête et pléotelson un peu plus étroits que les somites, présentant dans sa forme un dimopliisme sexuel peu prononcé. Chez les o" ad. le corps est un peu plus de 3 fois plus long que large et il augmente légèrement de largeur jusqu'aux péréionites VI-VII pour s'atténuer dans le pléo- telson ; chez la 9 ov. le corps est'mi peu moins de 2 1/2 fois plus long que large et il aug- mente de largeur jusqu'au péréionite III, mais garde la même largeur jusqu'au pléo- telson qui s'atténue vers l'extrémité. Carapace assez mince, légèrement calcifiée, souvent remplie de concrétions en forme de rosettes très régu- lières. [Une crête médiane longitudinale très effacée sur le tergum.] Ecaillure tergale discer- nable, mais faible, sur tout le corps et les appendices ; écailles arrondies, imbriquées, à bord libre un peu relevé et granulé, mais non pectine. Soies tergales espacées et courtes (24 [j.); soies tactiles spécialisées très espacées et courtes (80 |U.) ; soies marginales postérieures irrégulièrement disposées, spinif ormes, souvent très fortes, moyennes (50-80 [l) ; tiges marginales pleurales régulièrement disposées, très fortes, nombreuses, courtes (60-120 u). Aucune différence sexuelle dans la chétotaxie. Coloration. Les exemplaires étudiés, ayant longtemps macéré dans l'alcool, sont incolores. Garman (1890) décrit la teinte générale comme grise terne, les régions élargies de la tête et du corps étant plus pâles ; ce contraste s'accentue chez les jeunes dont la coloration se complique en outre par la présence de deux bandes longitudinales sombres de E.-G. RACOVITZA 47 chaque côté, l'une à la base de la crête longitudinale tergale médiane et l'autre juste en dedans de la partie élargie des somites. Les péréiopodes I des a sont blancs tachetés de brun, TÊTE du type Aséllus mais modifiée par élargissement du bord externe qui forme une lame mince et large sur tout son pourtour. (Cette lame est simplement surajoutée au contour normal de la tête du tjq^e Asellus ; la tête paraît très large, les yeux sont moins marginaux et le lobe post- mandibulaire semble très grand). Région occiintale trapézoïde, 2 fois (lobe post -mandibulaire compris) ou 1 5/6 (lobe non compris) plus large que longue; angles antéro-externe arrondis ; bord antérieur excavé en face des ant. I et II ; bords latéraux subdroits jusqu'au niveau des yeux d'où part un trèscom-t lobe post -mandibulaire, tronqué, rectangulaire, un peu convexe en avant, à bord postérieur réfléchi vers le haut, qui augmente de 1/6 la largeur de la tête. Bord mar- ginal de la région occipitale et du lobe post -mandibulaire garni d'ime rangée de courtes épines. Bord postérieur subdroit, étroi- tement articulé avec le péréionite I, présentant une tendance mani- feste à l'ankylose. Somite du maxillipède complètement soudé à la tête du côté tergal, mais montrant sur les côtés des vestiges du sillon articulaire (fig. 114, m et 117) qui est bien visible au niveau du lobe post-mandibulaire et du côté sternal. [Le bord postérieur du lobe post-mandibulaire se continue par un sillon à double contour sur l'occiput jusqu'au delà des yeux (fig. 114 et 117) ; il est donc certain que le lobe post-mandibulaire est une formation occipitale limitée en arrière par le bord antérieur du somite du maxillipède ; mais la région postérieure de l'occiput, dans les formes sans sillon articulaire, est formée par le tergite du somite du maxillipède.] Labre du type Asellus, avec fossette labroïdienne très développée et bord distal tronqué subdroit. Yeux globuleux, saillants, formés par env. 30 ocelles, placés plus loin bord du que chez Asellus. [Ce déplacement est dû seulement à Télargisse- Fio. 115-116. Mancasellusmacrurus Gàhth. C) {10 mm.). 115 : labre, face tergale. x 55 ; 116 : sommet de l'antenne I. y. 220 ; /, fossette labroïdienne [c'est, un apod^me et non un organe.] 48 ^'OTES ET REVUE iiu'iit (lu 1)() 1(1. caries yeux ont conservé exactement les mêmes rapports avec les autres rt'gions fie la tête que chez Asellus]. Antennes I beaucoup plus courtes (1/3 c 9) que la hampe des ant. II, Hampe. Longueur des art. : I = 2 1/5, II = 2 1/5, III = 1. Ait. I très aplati tergo-sternalement (la face sternale plane, la tergale un peu bombée), à bord interne garni de 3 rangées de courtes épines, à bord distal pourvu d'env. 10 épines et de 1-2 tiges ciliées d'env. 9-10 cils. Ait. II avec 3 rangées marginales longitudinales de soies, 2-3 soies distales et 2 longues tiges ciliées ; cet art. tend à prendre la forme de massue, le côté distal étant toujours plus ou moins, (mais toujours faiblement) renflé. Art. III à 2-3 soies distales courtes. Fouet beaucoup (1/2 o' ç) plus court que la hampe, à 8 art. chez le c (10 mm.) comme chez la 9 (11 mm.). Art. I un peu plus court que le sui- vant avec 2 tiges ciliées ; art. II un peu plus long que les autres, nu ; art. III et suivants avec 3 soies distales ; art. VII rudimentaire et fusionné, chez le cf, avec le VIII ; dernier art. (VIII) rudimentaire avec 3 longues soies, 1 courte et 1 tige ciliée. Lames olfactives beaucoup plus courtes que l'art, suivant, d'env. 56 fx de longueur, placées sur des socles saiUants, au nombre de 4 chez le d" et la 9, insérées sur les 4 avant -derniers art. successifs. Antennes II plus (2/5 cf 9) courtes que le corps. Hampe. Art. I presque complet, très développé tergalement sous forme de lame quadrangulaire. [Cette apparence est due à l'élargissement des bords de Tangle distal-externe]. Art. I-IV sensiblement de même longueur, V=II+III+IV, VI=1 1/6 V. Art. V cf et 9 avec 1 forte épine proximale et 1 forte distale au bord externe, de nombreuses fines soies marginales et distales, sans tige acoustique. Art. VI avec nombreuses soies marginales et distales et 3-4 tiges acoustiques distales. Fouet beaucoup plus long (presque 2 fois o" 9) que la hampe, à 35 art. chez le c (10 mm.) et 38 chez la 9 (11 mm.). Art. 1 3 fois plus long que large. Mandibule complètement redressée à gauche comme à droite ; corps mandibulaire avec quelques courtes soies sur la face sternale qui porte aussi une crête transversale, continuation du bord de l'apophyse dentaire apicale. Lobe mandibulaire avec env. 12 tiges semi-pennées à gauche et env. 15 à droite dont les 7-8 plus externes épineuses et les autres sétifères. E.-G. RACOVITZA 49 Apophyse dentaire apicale gauche plutôt large, avec 4 dents ; apophyse médiane avec 4 dents. Palpe manque complètement [il a- disparu sans laisser de traces]. Hypostome à angles médio-externes très effacés et nus. Maxilles I. Lame externe à 13 tiges distales et 1 courte soie insérée sur le bord sternal du côté interne de la lame de di'oite ; à gauche elle Fkj. 117. Mancasellus inacrurus Gakm. o' (10 mm.). Maxillipèdo droit et sou somitc étalé, l'ace stcmalo. x 5.5. A, crocheta d" (10 mm.), et Q ov. (11 mm.) x 220 ; c, coxa ; m, sternite, «, membrane articulaire, t, tergite rabattu du somlte du maxillipède ; o, partie de l'occiput et lobe post-mandibulaire. manque. Toutes les tiges sont dentées mais les plus externes ont les dents usées. Lame interne. Région élargie 2 1/3 fois plus longue que large ; bord interne subdroit d'abord, puis formant mi petit ventre médian ; bord distal avec 5 tiges dont les 3 médianes plus courtes, les plus externes étant du type fusoïde franc à sommet sétifère et les 2 internes du type cylindro- conique à sommet sétifère semi-penné. Maxilles II. Lobe interne à env. 10-11 tiges sternales, env. 11-12 50 NOTES ET JiEVlE Fio. 118. Mancasdlus macrurus Garm. o" dO mm.). Région pleu- rale droite du péréionitc IV, face stemale. x 55. k, coxa. tergalcs -externes, env. 24-25 tergales internes ; lobe moyen à env. 13 et lobe externe à env, 15 tiges. Maxillipèdes du type Asellus sauf de très légères différences de forme. (Corps du maxillipède mi peu plus ramassé et massif, bord interne de l'art. II du palpe moins élargi et sail- lant, épipodite à bord dis- tal plus étroit et angle distal-postérieur saiUant et aigu). Coxa des 9 ov. à angle proximal -interne pourvu d'un lobe charnu doublant la longueur de l'art, et aussi large que le tiers de sa lar- geur ; sommet du bord distal garni d'env. 25 longues tiges à moitié distale ciliée. Bord interne du coxa piHfère. Epipodite à bord antérieur d'abord subdroit, puis onduleux à l'angle postérieur, à bord distal di'oit, angle distal-postérieur aigu et peu saiUant chez le 0% subdi'oit non saillant chez la 9 ; bord antérieur avec env. 8 et distal avec env. 12 soies insérées sur toute sa longueur. Lobe masticatoire à G crochets chez le o" et 5 chez la 9 ; crochets des 9 ov. nettement plus longs et minces. Palpe. Longueur des art. : I = 1, II = 3, III = 1 1/2, IV = 2 1/3, V = I [1/2. Bord externe de l'art. I avec 1-2 soies distales . bord interne de l'art. II convexe, à peine débordant. Phanères longs et nombreux formant 2 rangées sur les bords internes ; d* 1 i ■ I-;-: 9 FIG. 11 9. MancaHellus «(«c/MrMS G Ail Jl. Rapports de longueur des sept paires de péréiopodes chez un ô" de 10 mm. et une 9 de 11 mm. Le gra- phique o" indique en pointillé les longueura réelles et en traits pleins ces longueurs rapportées à la taille de la y, c'est-à-dire à 11 mm. Ë.-iL lîACOVlTZA )i 9 ov. avec les bords externe et interne du corps du maxillipède fortement pilifêres, mais bord interne de l'épipodite nu. PÉRÉION. Péréionite I un peu plus long que les autres qui sont subé- gaux. Les bords libres de tous les péréionites s'étalent en une lame qui dans les deux sexes augmente de moins de 1/3 la largeur normale du type FiG. 120-121. Mancasellus mucrurus Garm o" (l'J mm.). Péréiopodo I gauche, x 75. 120: face antérieure; 121 ; face pcstérieurc ; a, soies de la rangée longitudinale antérieure ; d, soies de la rangée distale transversale; g, soie-guide ; ia, soies de la rangée inférieure formant la rangée submarginale anté- rieure; i p, soies de la rangé»; inférieure formant la rangée snbmarginalc postérieure; o, organe dactylien; ?>, soies de la rangée postérieure; s, soies de la rangée supérieure; x, soies hors série appar- tenant à la rangée submarginale antérieure ia; z, soies hors série appartenant à la rangée submar- gmale postérieure ; 1, 2 et 3, phanères ensif ormes. Asellus [celle dépassant de très peu la distance comprise entre les insertions des péréiopodes. L'élargissement des somites est donc moindre que chez M. tenax.] Angles antérieur et postérieur des péréionites I-III subdroits -arrondis et bords pleuraux (externes) légèrement convexes ; angles antérieurs des péréionites IV- VII de plus en plus obtus, angles j)Ostérieurs de plus en plus aigus vers l'arrière, bords pleuraux (externes) légèrement convexes. 52 ^OTË^ ET REVUE PÉRÉioroDES. l'éréiopodes \'li 1 1/3 fois plus long que le I dans les deux sexes ; péréiopodes VI et VII, à taille égale, de même longueur dans les deux sexes ; péréiopode VII seulement un peu plus long que le VI dans les deux sexes. Carpos II-VII sensiblement de même longueur que les propodos correspondants. Coxa présent à tous les péréiopodes mais très jjetit et court. [Encore moins développé que chez M. tenax. Sur l'erreur des auteurs qui ont pris les élargissements des bords pleuraux pour des coxa, v. p. 34. Il est pro- bable que la réduction des coxa, puis leur fusion complète avec le somite, sont des transformations progressives mécanique- ment imposées par le développement de ces élargissements du bord pleural ; je reviendrai ailleurs sm* ce sujet im- Ijortant.] Coxa I complè- tement soudé au somite, les autres moins soudés mais à peine mobiles, en tout cas réduits à un mince anneau dont le bord distal est vaguement lobé et porte quelques soies. [L'insertion des coxa sur le sternite se fait à la même place que chez Aseïlus, mais comme le bord du somite est fortement élargi, il semble que cette insertion a reculé vers la ligne médiane; en réalité c'est le bord du somite qui s'est éloigné.] Péréiopodes I 9. Propodos irrégulièrement ellipsoïde, 2 fois plus long que large, à bord inférieur subdroit car légèrement saillant au milieu, c'est-à-dire au niveau des phanères ensif ormes. Rangée longitudinale inférieure de phanères très peu fournie et disposée comme suit : A. — Rangée submarginale antérieure représentée par 1 soie. B. — Rangée submarginale postérieure de 5 longues soies, dont la médiane (seconde distale) très longue et forte est la tige-guide prin- cipale. C. — Rangée marginale de 3 courts mais larges phanères ensiformes dont le plus distal est le plus grand, insérés sur une légère saillie du bord. fio. 122. ilancaxellus mucrurus Gaiui. rj (10 min.). Sommet du dac- tylos du péréiopode I, face postérieure, x 220 l, lanière {la plus distalc des soies de la rangée postérieure) ; j), soies de la rangée postérieure. Ë.-G. RACOVITZA 53 Toute la région distale du bord garnie d'env. 20 écailles transformées en peignes réguliers à 4 dents. [Rangées longitudinale antérieure de 2 et postérieure de 3 soies]. Dactylos replié dépassant le bord distal du carpos. Rangée longitu- dinale inférieure de 4 épines dactyliennes s'allongeant progressivement du côté distal et séparées par des inter- valles garnis d'une rangée d'écaillés pectinées. Rangée longitudinale pos- térieure de 4-5 fortes soies (très éloi- gnées du bord inférieur) outre la lanière. Rangée longitudinale anté- rieure présente et formée de 3-4 soies insérées presque au milieu de la face antérieure. '(Rangée longitudinale su- périeure très fournie, de 6 soies proxi- males et 7-8 distales). Organe dacty- lien formé par 1 tige ciliée et 1 lisse. Péréiopodes I des c'af^-Propodos irrégulièrement ellipsoïde, très trapu, 1 1/2 fois plus long que large au milieu, à bord inférieur déformé par une forte saillie proximale qui porte les phanères ensif ormes, et par une courte apophyse triangulaire distale. Rangée longitudinale inférieure de phanères assez fournie, complètement dissociée et disposée comme suit : A. — Rangée submarginale anté- rieure de 5 soies espacées qui occu- pent toute la longueur du bord [elle double donc dans la région proxi- male la rangée des phanères ensif ormes (disposition néogénétique). On doit probablement adjoindre, à cette rangée, 2 soies (fig. 120, x) très éloignées du bord et très voisines de la rangée antériem'e]. B. — Rangée submarginale postérieure d'env. 10 soies, dont 1 mé- diane très forte et longue est la tige-guide. [On doit probablement adjoindre à cette rangée 3 soies (fig. 121, z) très éloignées du bord et très voisines de la rangée postérieure.] Fia. 123. Mancasellus macrurus Garm. Ç (11 mm.). Péréiopode I gauche, face antérieure x 75. Mêmes lettres que flg. 120-121 ; B, écailles du bord inférieur grossies, x 720. Notes et Kevue. T. 5». — N» 2. 54 yOTÈ\S ET REVUE ('. — Rangée marginale tle 3 (gauche) ou 4 (droite) phanères eiisi- f ormes, très courts et larges, dont le plus distal est le plus fort, le plus aplati et le plus large, insérés sur une forte apoj)hyse tronquée du bord proximal. Le secteur distal du bord est garni de rangées continues d'écaillés en forme de peigne régulier à 5-6 dents. Ce secteur a un bord fortement concave, puis du côté distal une courte apophyse triangulaire qui n'est pas même ébauchée chez la 9 [pas plus que chez M. tenax]. [Rangée longitudinale antérieure de 2 courtes soies, postérieure de 3 soies, supérieure de 9-10 fortes soies]. Dactylos replié dépassant le bord distal du carpos. Rangée longitu- dinale inférieure de 6 épines dacty- liennes, coiu*tes, coniques , sem - blables à celles des 9 , séparées par des inter- valles garnis d'écaillés régu - lières, pectinées, dont les dents se courbent vers le côté distal [ce qui est mie loi générale pour toutes les écailles du dactylos ; sur le propodos les écailles ont des dents di'oites]. Rangée longitudinale postérieure très éloignée du bord, de 7-8 longues soies outre la lanière (stade ancestral). Rangée longitudinale antérieure de 5-6 soies moyennes (stade ancestral parfaitement conservé). [Rangée longitudinale supérieure particulière- ment fourme et cmieusement dissociée en 6-7 soies marginales distribuées sur tout le bord et 10-12 submarginales et postérieures dont 4-5 proximales et 6-7 groupées du côté distal s m* 2 rangées.] Organe dactylien formé par une tige ciliée et mie tige lisse auxquelles semble se joindi'e luie tige un peu écartée mais située sur la face antérieure. Péréiopode IV des rj ad. non modifié, de même longueur que les deux précédents, de même forme et pourvu des mêmes phaiières. Observations générales. — Tous les péréiopodes sont relativement courts et trapus avec les articles relativement peu aplatis et non déformés. Les Fio. 124. Mancasellus macrurus Garm. o" (10 mm.). Dactylos du péréiopdoe VII droit, face antérieure, x 220 ; l, lanière ; o, organe dactylien. E.-G. UACOVITZA 55 FiG. 125. Mancasellus niacrurus Garm. o" (10 mm.). Pénis, face sternale ; le cordon spermatiquc n'a été figuré qu'à gauche, x 110, 0, sommet avec l'orifice, face tergale. phanères sont en général forts, plu- tôt spinif ormes et très nombreux. Basis à crêtes relativement faibles et à peu (2-3) de tiges ciliées ; iscliium avec gouttière large, mais peu profonde ; méros allongé avec bord distal médiocrement développé ; dactylos II-VII avec 4 épines dacty- liennes dans les deux sexes dont la plus distale est grande mais ne dépasse pas le tiers de la grandeur de l'ongle. [La double griffe n'est qu'ébauchée.] Lanière double car à sa base est insérée une petite soie. Or- gane dactylien formé par 1 tige ciliée à 10 cils et 1 tige lisse, sans tige satellite. OOSTÉGITES très grands, le III aussi large que la largeur du somite ; ^^^ racliis simple ; bord antérieur de l'oost. I garni de quelques soies. [L'intestin de la 9 ov. était plein de sable.] Œufs petits : 81 embryons chez une 9 de 11 mm. Pénis médiocres, subcylindriques (légèrement renflés au miUeu), sans gibbosité, insérés l'un contre l'autre de chaque côté de la ligne médiane ster- nale. [Ils ne se croisent donc pas comme chez Asellus mais s'affrontent par leur bord interne]. Pléon. Pléonites I et II sensiblement de même longueur, avec pseudo-épimères arrondis et nus. [Les auteurs, dont Richardson (1905, \). 414), prétendent à tort qu'il n'y a qu'un seul ^îléonite, ce qui démontre qu'ils ne se rendent pas compte de l'importance qu'il faut attribuer à ce caractère dans le groupe des Isopodes]. Pléopodes. Pléopodes I o". Sympodite qua- drangidaire, 11/2 fois plus long que large, à angles plus ou moins droits, (le distal interne non débor- Fia.VlQ. Mancasellus macrurun i. i i i • i i / • gaum. o^ (lomm.).piéo- daiit), à bord distal subdroit et onduleux (mais Iiotlc I gauche, face stcr- ,,. x,i i-. i-j.j. j. 1'^ iiaio. X 75. non oblique), a bords interne di'oit et externe lege- 56 NOTES ET REVUE rement convexe. Appareil d'accrochage à 3 (gauche) ou 2 (droite) cro- chets. Pas d'autres phanères. Les deux sympodites sont soudés ensemble du côté proximal. Exopodite irrégulièrement ovalaire, 1 1/2 fois plus long que large au miUeu, un peu (1/8) plus long et plus large que le sympodite, atténué du côté distal ; bord externe convexe, bord interne subdroit ; angle proxi- mal-interne presque droit, saillant mais non débordant. Deux rangées de quelques soies lisses submarginales sur le bord distal ; mie rangc'^ continue d'env. 22 so es lisses, de longue' œ mé- diocre, sur 'es 2/3 distaux du bord externe et sm* tout le bord distal. Les exopodites s'affron- tent par leur bord interne et sont légè- rement tournés vers l'extérieur. Pléopodes II o\ Sympodite qua- drangulaire, 1 1/5 fois plus long que large, 1 1/6 fois plus long et 1 1/2 fois plus large que le sympodite I ; bords distal' et proximal droits, bords interne et externe droits ; angles sub- di'oits -arrondis. Bord interne entier (sans gouttière), avec une soie lisse submédiane. Coin distal -interne mi peu excavé. Exopodite 11/3 fois plus court et 2 1/4 fois plus étroit que le sympodite, 1 1/3 fois plus court et plus étroit que l'exopidite I. Article proximal court, irrégulièrement quadrangulaire, avec les angles distaux un peu débordants et largement an'ondis ; bord externe nu. Article distal irrégulièrement quadrangulaire, 1 1/3 fois plus long que large, 1 2/3 fois FlG. 127-128. Mancasellus macrurus Gaem. çf (10 mm.). Pléopode II gauche, face stemale. 127 : pléopode entier x 75 ; 128, pointe de l'organe copulateur x 220 ; a, languette chitineuse (plis du milieu du bord distal de l'cndopoditc lamellaire primitif) ; c, crochet faisant partie de la lèvre externe ; E, exopodite ; g. lèvre interne ou stemale (portion de l'angle distal-intcnic de l'endopodite lamellaire primitif) ; o, orifice stemal ; p, saillie de la paroi interne de la vésicule ; R, endopodite ; S, sypmodite. E.-G. RACOVITZA plus long et un peu plus étroit que le proximal ; bord externe subdroit, bords interne convexe et distal oblique. Bord externe garni au milieu d'une rangée de 8 et distal de 6 tiges lisses et longues comme l'art. Toute la région interne est garnie de petites écailles pectinées. Endopodite (organe copulateur) (fig. 128) en forme de bouteille irrégulièrement pyriforme, 2 fois plus long que large au milieu, un peu (1/8) plus long et aussi large que l'exopodite. Cul de la bouteille rétréci, irrégulier, à peine excavé, non débordant du côté externe, pourvu du côté tergal d'une apophyse saillante, arrondie et large. Corps de la bou- teille à région proximale un peu dilatée et arrondie, et à région distale un peu atténuée et un peu recourbée vers le bas (vers le côté sternal). Goulot court, gros, plissé du côté externe, pourvu d'un orifice complexe. Du côté sternal, près du som- met de l'organe, s'ouvre une fente (o) en forme de bouton- nière ; sa lèvre sternale {g) forme du côté distal un lobe triangulaire ; de sous le lobe pointe mi crochet formé par une paroi chitineuse repliée en gouttière, crochet qui appartient à la lèvre tergale. Du côté interne est un lobe (a) massif et arrondi. Vésicule interne pyriforme, à parois minces, dont la cavité est à moitié comblée par une forte saillie de la paroi interne, aj)o- physe en forme de massue dont la siu-face est nue (sans écailles séti- formes). Pléopode II 9 subtrapézoïde, 11/3 fois plus long que large à la base ; 3 1/2 fois plus court et 2 2/3 fois plus étroit que l'exopodite III ; bord interne droit, externe et distal un peu obliques ; angle proximal-externe subdroit, distal-externe obtus, tous arrondis. Seulement deux fortes tiges lisses, l'une apicale, l'autre à l'angle distal-externe. L'articulation avec le sternite se fait de chaque côté de la ligne médiane sternale par l'angle proximal-interne ; les deux angles ont fusionné soudant ainsi les deux exopodites dans leur région proximale; les bords internes s "affrontent Fio. 129. Mancasellus macrurus Garm. Q (H nini.). Pléo- pode II, face sternale. X 55. ÔS NOTES ET REVUE .sur toutt' leiir longueur. L'a])))('ii(licp doit être peu niolnle. eailes muselés sont peu développés. Pléopodes m. Exopodite 1 3/4 fois plus long que large, non bombé (mais plat), légèrement atténué du côté distal, à bord interne droit, externe fortement convexe, angle proximal-interne subdroit, saillant et très dé- bordant. Articulation très oblique (au lieu de transverse), partant de l'angle distal -interne même et arrivant au milieu du bord externe, de sorte que l'article proximal est sub -triangulaire et beaucoup (3 fois) plus grand que le distal qui a la forme d'un petit secteur de cercle ; gouttière du bord interne yjo. Fio. i:!0-132. Mancasellus macrurus Garm. cT (1^0 inm.). l'iéopodcs postériiurs gauches, face stomalo. ; 130 : pléopodc III ; 131 : pléopodc IV ; 132 : pléopode V ; I, article proximal ; II, article distal. large, profonde et s "étendant sur toute la longueur du bord interne de l'art. I (comme chez le type Asellus) donc sur toute la longueur du bord interne de la rame (voir observation de la p. 41). Une rangée serrée d'env. 24 minces tiges s'insère sur le bord externe de l'art. I, suivie d'une rangée d'env. 53 sur les bords externe et distal, soit env. 80 en tout ; 2-3 rangées submarginales de soies garnissent le bord distal, une rangée de fortes soies le bord interne et plusieurs rangées de soies fines l'aire interne de la rame. Endopodite subovoïde, 1 3/4 fois plus long que large, 11/3 fois plus court et plus étroit que l'exopodite. [L'exopodite forme un couvercle plat, complet et bien ajusté sur toute la cavité du pléotelson]. Pélojx)(lefi \\ . H]xop() ayant la foiine de reX()])odik> 11 1 du ty])e E.-G. RACOVITZA 59 Asellus (son bord proximal est oblique et non transverse comme dans l'exopo- dite III), 1 1/2 fois pins long que large, 11/4 fois plus court et 1 1/8 fois plus étroit que l'exopodite III. Vestige de sillon articulaire à la limite du premier tiers du bord externe (situation primi- tive). [Les deux sillons convergeants qui délimitent un lobe distal-externe ne sont pas des sillons articulaires.] Une rangée continue d'env. 70 longues soies lisses sur tout le bord externe y com^^ris le lobe distal. Endopodite ellipsoïde, 11/3 fois plus court et étroit que l'exo- podite. Pléopodes V. Exopodite ellipsoïde FiG. 133. Mancasellus maerurus Garm. o" (10 mm.). Pléotelson et liropode gauche, face tergale. x 16. FiG. 134. Mancasellus maeru- rus Garm. q' (10 mm.). TJro- pode gauche, face tergale. X 55. E, exopodite ; R, en- dopodite ; S, sympodite. 1 3/4 fois plus long que large, un peu plus court et 1 1/4 fois plus étroit que le IV, Suture articu- laire complète et rapprochée du bord proximal (d'où résulte un art. proximal presque 2 fois plus petit que le distal.) Une rangée d'env. 4 soies longues et lisses sur le bord externe de l'article proximal. Endopodite ellipsoïde, 1 1/4 fois plus court et étroit que l'exopodite. Uropodes très courts dans les deux sexes, 2 3/4 fois plus courts que le pléotelson. Sympo- dite subtrapézoïde à bord distal élargi, 1 2/3 fois plus long (depuis l'insertion) que large, garni de nombreuses soies spinif ormes. [L'insertion sternale paraît très éloignée du bord distal car ce bord est très élargi, mais en réalité l'articulation se fait au même endroit que chez Asellus et conserve les mêmes rapports avec l'anus.] Pas de soie tergale très longue au milieu du bord distal. Uropodites subcylindriques étant un peu renflés au milieu. Exopodite 11/6 fois plus court et étroit que l'en- dopodite, garni de soies spinif ormes, avec im bou- quet apical de soies dont 2 très longues. Endopo- fiO NOTES ET REVUE (litc un ])uii ])his long (|iie le sympodite à boi'd interne entier garni de soies lisses, à sommet pourvu de soies dont .'3 très longues ; les tiges acoustiques forment à partir du sommet une rangée transversale de 3, une autre toujoiu's transverse de 2 et le milieu du bord externe porte encore 2 tiges acoustic^ues isolées. Pléotelson en forme d'hexagone irrégulier (le côté proximal est 2 fois plus large que le bord distal) avec tous les angles arrondis, presque aussi large à la })ase que long. Pointe du telsou très largement arrondie et peu saillante. Bord garni de nombreuses et courtes épines. DiMORPHiSME SEXUEL au début de la différenciation. o' : de même taille ou peut-être un peu plus petit; région postérieure du corps im peu plus élargie ; ant. I, ant. II, péréiopodes, uropodes, de même longueur ; péréiopode I à propodos plus volumineux et plus diffé- rencié, à bord inférieur pourvu de deux apophyses, à rangée inférieure de phanères plus dissociée et plus fournie ; épines dactyliennes plus nombreuses au dactylos I, mais à peine plus courtes et de même forme ; péréiopode IV non transformé en crochet nuptial. 9 : région médiane du corps à peine plus élargie (élargissement fonc- tionnel dû à la présence de la poche incubatrice) ; coxa des maxillipèdes des ovigères avec un lobe sétifère médiocre ; péréiopode I à propodos un peu plus allongé et aplati qu'aux autres péréiopodes, à bord inférieur à peine déformé, à rangée inférieure de phanères dissociée, mais très peu fournie. Taxonomie. Historique. Cette espèce a été découverte par Garman (1890) dans les eaux vives du Kentucky oriental et décrite par ce natura- liste. Hay (1903) et RiCHARDSON (1905) ont plus ou moins modifié et complété sa description primitive. Mais tous ces documents sont trop insuffisants pour le but que je poursuis ; je n'ai j^as pu, à mon grand regret, me dispenser d'une nouvelle description. Ra/pyorts et différences. Ne pouvant comparer cette espèce cpi'avec M. tenax, la seule suffisamment décrite, je vais être très bref. Les deux Mancasellus présentent l'élargissement des bords pleuraux qui semble caractériser tout le groupe, mais M. tenax est beaucoup plus évolué dans ce sens que M. inacrurus. Par contre, la spécialisation des péréiopodes I est i^lus avancée chez M. macrurus qui montre également un dimopliisme plus accentué de ces appendices ; et la même spécialisation plus accentuée s'observe dans les pléopodes II des o\ Ces deux espèces, séparées depuis longtemps du tronc commun, évoluent dans des sens très divergents, E.-G. RACOVITZA 61 mais dans des directions qui sont parallèles à celles de certaines forxiies du genre Asellus. Périlogie. Chorologie. D'après Garman, Hay et Richardson, cette espèce a été trouvée dans les régions suivantes : Kentucky : abondante dans les sources et eaux vives ; à la sortie d'Echo River (Mammoth cave). — Tennessee : abondante sous les pierres et les bois pourris immergés, à la sortie de Nickajak cave. — Georgia : John Ross spring (Rossville). — Ohio : Old Mill Devils Back bone, Red Bank (Hamilton County) ; Batavia junction ; Westwood (Cincinnati). — La teneur de cette liste indique que la chorologie de cette espèce est encore fort mal connue. BiONOMiE inconnue. Il semble cependant d'après les observations de Hay (1902, 1903) que M. macrurus recherche les eaux froides ; on le trouve dans les griffons et il manque ou est peu abondant à 20-30 pieds plus loin. Cela explique pourquoi on le trouve à la sortie des rivières sou- terraines. Phylogénie. On connaît déjà 5 ou 6 espèces de Mancasellus, mais leurs descriptions sont si insuffisantes que je m'abstiens prudemment d'esquisser une histoire de ce groupe, car elle risquerait trop de n'être qu'une légende. Il est même hasardeux de faire des hypothèses sur son origine, car le groupe des Asellus américains, d'où probablement il dérive, est fort mal connu. Quelques réflexions sur la taxonomie et sur l'utilité qu'il y a de tenir compte de ses résultats dans les études de biologie générale et expérimentale La taxonomie est en défaveur dans les «hautes sphères» biologiques. Il est exact que dans l'ancien temps cette discipline fut traitée par les systématistes dans l'esprit borné et dépourvu de toute vue générale qui règne parmi les collectionneurs quelconques, que ce soit de timbres- poste ou de plats à barbe. Il est exact aussi, qu'actuellement encore, il est des taxonomistes qui procèdent de la même manière puérile et non inoffensive car encombra.nte, mais c'est une grave erreur de croire que le travail taxonomique ne puisse se faire autrement et que la science taxo- nomique n'ait pas le droit de prétendre à bonne place parmi les disciplines scientifiques. Qu'il faille reprendi'e la classification des biotes suivant de nouvelles 62 NOTES ET REVUE normes, ce n'est pas moi qui le nierais puisque depuis nombre d'années je m'efforce dans ce labeur de rénovation ; mais de là à proclamer que son intérêt est, sinon nul, du moins médiocre, et que la discipline qui s'en occupe est d'ordre inférieur, il y a loin. Chaque fois qu'une lumière nouvelle jaillit au firmament scien- tifique, toute l'œuvre des anciens est à remettre sur chantier, et en même temps les nouveaux points de vue qui surgissent provoquent la séparation de nouvelles disciplines du tronc primitif. Ces nouvelles venues sont « à la mode » ; d'illustres augures proclament que ce sont les seules voies qui conduisent à ces lieux d'intégrale félicité scientifique où il n'y a jÀns d'énigmes, et les foules moutonnières des laboratoires s'y précipitent, crédules et intolérantes. Mais les promesses de ces sortes de brahmanes sont aussi décevantes que celle des autres, car le nirvana n'est pas atteint ; les nouvelles disciplines, après avoir montré un accroissement rapide, arrivent comme leurs aînées à cette borne fatale qu'on fait péniblement reculer sans pouvoir la dépasser. Cepen- dant, du fonctionnement normal des disciplines anciennes ou plus récentes, résultent de nouvelles lumières et de nouvelles méthodes, et derechef paraissent nouvelles voies, neuves disciplines, vieux brah- manes, jeunes crédules, comme racornis misonéistes, d'oii fermen- tation exacerbée aboutissant aux crises coutumières, à la joie grande, mais combien fallacieuse, des obscurantistes de tous poils, exploitateurs de la « failUte de la science ». Ainsi va la découverte scientifique, comme toute œuvre humaine, mais il n'en reste pas moins, après chaque effondrement, parmi les débris d'hypothèses, de sottises, de théories et d'abstractions de quintessence, quelques solides matériaux d'inestimable valeur. Il n'y a donc pas lieu de s'émouvoir de ce que des pontifes excités et tumultueux proclament que seule l'hyper zoologie doit être adorée et que la seule voie qui mène à la vérité biologique est cette expérimentation, souvent simpliste, fréquemment désordonnée, qu'on groupe sous les appellations de biomécanique, de génétique, et autres vocables qui sonnent bien, mais un peu creux. De ce que ces hommes considérables affirment que « la zoologie est faite » et que la taxonomie est achevée depuis longtemps, il ne peut en résulter que la preuve de leur incompé- tence, car la vérité est que ces deux disciplines sont à refaire presque entiè- rement. D'autre part, la taxonomie est, pour qui veut réflécliir, une des dis- E.-G. RACOVITZA 63 ciplines biologiques les plus synthétiques. Le taxonomiste qui se propose de faire œuvre scientifique doit utiliser tous les résultats des autres disciplines qui s'occupent des êtres vivants. Il doit tenir compte, pour arriver à ses fins, de tous les caractères des biotes, qu'ils soient morpho- logiques, anatomiques, histologiques, ontogéniques, physiologiques, œcologiques, éthologiques, en un mot : quels qu'ils soient, que leur décou- verte soit due à l'observation ou à l'expérimentation ; car, pour les caractères, seule vaut la distinction entre ceux qui sont utilisables et ceux qui ne le sont pas ; il doit s'efïorcer de situer, aussi exactement que possible, son espèce dans l'espace comme dans le temps, car l'espèce est une entité essentiellement historique. Et à ce taxonomiste honni par les pontifes irréfléchis et par les hyperzoologistes immatures qui leur servent d'enfants de chœur, échoira forcément une bonne part de la découverte des modalités de l'évolution, car il procède de façon logique et scientifique, en suivant pas à pas, dans le temps et dans l'espace, les transformations des lignées homogènes ; il utiKse donc un matériel adé- quate et concret, suivant la serde méthode qui ait fourni à la science des résultats durables et qui consiste à généraliser des faits convenablement sériés avec un minimum d'interpolation intellectuelle. Il est vrai que la taxonomie telle que je la conçois, et que j'essaye de pratiquer, n'est pas plus faite que la zoologie ; elle est à peine à ses débuts. Néanmoins, il y a déjà des faits acquis que les hyperzoologistes ont grand tort de négliger. C'est pour le démontrer que j'ai publié (1919, p. 31-35) la lamentable histoire (ïAsellus aquaticus auct. ; pour renouveler ma démonstration, je vais maintenant citer un exemple se rapportant à Mancasellus macrurus. Zeleny (1907) se proposa d'étudier « la direction de la différenciation dans le développement ». Il prend comme matériel d'étude le premier appendice venu du premier Crustacé rencontré, en l'espèce l'antennule d'un Isopode qu'un collègue versé dans la taxonomie lui détermine comme Mancasellus macrurus. Je vais résumer l'idée que Zeleny se fait de cette antennule, organe sur lequel il doit expérimenter; je mets entre crochets mon humble avis sur ses diverses affirmations. Antennule des adultes [aucun compte n'est tenu du sexe] pourvue de 10-11 (c segments » [aucune mention n'est faite de la distinction très importante, surtout au point de vue biomécanique, entre hampe et fouet; plus loin il en est parlé de façon complètement erronée]. Segment basai [art. I de la hampe] à ]ilusieurs épines et 3 ou plus de t>4 NOTES ET BEVUE « tasteliairs ■> [ce sont dos tigvs iioTiiinécs acoustiques et non de simples poils tactiles]. Segment 2 [art. Il de la hamj)e] à nombreuses épines et 3 ou plus de « tastehairs « [tiges acoustiques]. Les autres segments constituent le fouet [inexact, la hampe est consti- tuée par 4 art. très différents des art. du fouet tant au point de vue mor- phologique et physiologique qu'au point de vue ontogénique]. Segment 3 [art. III de la hampe] à quelques épines. Segment 4 [art. IV de la hampe au point de vue anatomique et onto- génique et art. I du fouet au point de vue morphologique et physiologique ; cet art. considéré comme I art. du fouet par tous les taxonomistes a subi en réalité une transformation néogénétique] avec 1 ou sans épines et sou- vent [erreur! il faut dire toujours] 2 poils sensitifs [tiges acoustiques! au bord distal. Segment 5, noté X. 6, plus long que le 4, souvent sans épines et poils [toujours sans tiges acoustiques; c'est l'art, prolifère et le premier art. vrai du fouet]. Segment 6, 7, 8, avec un « sensorial bulbe » [lame olfactive] et 1 épine. Segment 9 à un bulbe sensitif [lame olfactive], d'ordinaire sans épines. Segment terminal, portant épines, « tastehairs » et « sensorial bulbe » [erreur ! chez cette espèce seuletnent, le segment terminal résulte de la fusion, incomplète d'ailleurs, du pénultième art. pourvu d'une soie et d'une lame olfactive et du véritable art. terminal, comme toujours muni de quelques soies et d'une tige acoustique]. Zeleny étudie ensuite l'antennule des jeunes depuis l'éclosion, mais lui applique la même interprétation erronée. Je n'insiste pas et j'arrive à la conclusion. Il déclare qu'il y a deux périodes distinctes dans le déve- loppement des antennules. Pendant la première période, la progression de la différenciation se fait de la base vers le sommet ; pendant la seconde, elle se fait du sommet vers la base. [En réalité, les choses ne se passent pas ainsi. L'appendice se différencie en une hampe et en un fouet ; la hampe se divise ensuite en 4 art. ; que l'apparition des sillons articulaires se fasse plus ou moins régulièrement, cela n'a pas d'importance et varie spéci- fiquement. Le fouet possède, comme tous les fouets, une région basale prolifère qui forme successivement les art. et la raison de ce processus est toute mécanique et actuelle]. E.-G. RACOVITZA (55 Quant aux développements ultérieurs de la conclusion, ils ne nous apprennent rien de neuf. Voilà donc Zeleny embarqué sur les ondes traîtresses et agitées de l'hjrperzoologie avec un dangereux bagage d'erreurs zoologiques et taxo- nomiques. Est-il parvenu sain et sauf au port désiré ou bien a-t-il sombré à cause de sa cargaison dans le vaste océan des erreurs biologiques où tant de confrères l'ont précédé ? Je l'ignore, car je n'ai pas eu le loisir de le suivre dans la narration de ses aventures expérimentales. AUTEURS CITES 1886. BovALLius (C). Notes on the family Asellidae. [Bi/i. K. Sveiiska Vet. Akad. Handl., Stockholm, t. 11, n» 15, p. 1-54.] 1890. Garman (H.). A new fresh-water Crustacean. [Bull. Essex Inst. Salem {Mass.), t. 22, p. 28-30, fig. A, D, F, H, J.] 1874. Harger (O.) Voir Smith 1874. 1874 a. Harger (O.). On a new genus of Asellidae. [Amer Jauni. Se. and Arts New- Haven (3), t. VII, p. 601-602.] 1876. Harger (O.). Description of Mancasellus brachyurus, a new fresh-water Isopod. [Amer. Journ. Se. and Arts. New-Haven (3), t. XI, p. 304-305.] 1882. Hay (O.P.). Notes on some fresh-water Crustacea together with descriptions of two new species. [Amer. Natural. Philadelphia, t. 16, p. 241-242.] 1902. Hay (W.-P.). Observations on the Crustacean fauna of the région about Mam- mothCave, Kentucky. [Proc. U. S. Nat. Mus. Washington, t. 25, p. 223-236]. 1903. Hay (W.-P.). Observations on the Crustacean fauna of NickajackCave (Tenne- nessee) and vicinity. [Pr. U. S. Nat. Mus. Washington, t. 25, p. 417-428.] 1915. HuNTSMAN (A.-G.). The fresh-water Malacostraca of Ontario [Contr. Canad. Biol. 1911-1914, fasc. II, Rep. Dept. Marine and Fisheries, Ottawa, t. 47, suppl. p. 145-163, fig.] 1919. Racovitza (E.-G.). Notes sur les Isopodes. — 1. Asellus aquaiicus auct. est une, erreur taxonomique. — 2. Asellus aquatieus L. et A. meridianus n. sp. [Arch. Zool. exp., Paris, t. 58, Notes et Revue, p. 31-43, fig. 1-12.] 1919 a. Racovitza (E.-G.). Notes sur les Isopodes. — 3. Asellus hanyulensis n. sp. — 4. A. coxalis DoUfus. — 5. A. coxalis peyerimhoffi n. subsp. [Arch. Zool. exp., Paris, t. 58, Notes et Revue, p. 49-77, fig. 13-51.] 1920. Racovitza (E.-G.). — Notes sur les Isopodes. — 6. Asellus communis Say. — 7. Les pléopodes I et II des Asellides ; morphologie et développement [Arch. Zool. exp., Paris, t. 58, Notes et Revue, p. 79-115, fig. 52-84.] 1900. RicHARDSON (H.). Synopsis of North-American Invertebrates. VIII. The Iso- poda. [Amer. Naturalist, Boston, t. 34, p. 207-230, 295-309.] 1905. RicHARDSON (H.). A monograph of the Isopoda of North-America. [Bull. U. S. Nat. Mus., Washington, N» 54, 53+727 p., 740 fig.] m NOTES ET REVUE 1871. Smith (S.-J.) and A.-E. Verrill. Notice of the Irivertebrata diedged in Lakc Superior in 1871 by tho U. S. Lake Sur\'ey, under the direction of (ion. C. B. Comstock, S.-J. Smith naturalist. [Amer. Journ. Se. and Arts, New- Haven [3] t. II, p. 448-454.] 1874. S.MiTH (S.-J.). The Crustacea of the fresh-\vater.s of the United States. {Rcp. U. S. Commis. F ish and Fisheries, Washington, 1872-1873, t. 2, p. 637-665.] 1886. T'nderwood (L.). List of the described specie.s of fre.sh-water Crustacea from America North of Mexico. {Bull. 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Balfour (1883) en donna une description encore insuffisante, mais restée classique. Pour lui, les glandes salivaires sont deux tubes simples, qui s'étendent droit en arrière en longeant les cordons médullaires dans plus de la moitié de la longueur du corps. En avant, au niveau de la première paire de pattes, ils se recourbent et se dirigent transversalement pour s'unir en un court canal commun, qui est un diverticule de la cavité buccale. La partie Notes et Eevue. — T. 59. — N» 3. F. ()8 NOTES ET REVUE glandulaire de ces tubes, formée de hautes cellules contenant des globules réfringents, ne commence qu'en arrière du point où ils se recourbent. La partie recourbée doit être considérée comme un canal purement excréteur. Les embryologistes arrivèrent à d'autres résultats. Kennel (1886) démontra d'une façon serrée la valeur népliridienne des glandes sali- vaires et insista sur le fait qu'elles conservent pendant tout le dévelop- pement la structure de la néphridie. Il y trouvait donc un entonnoir mésodermique s'ouvrant dans le cœlome et un canal ectodermique de&tiné à former la partie tubidaire de la glande définitive. Et il ajoute : « Il est remarquable que, ultérieurement, chez le Péripate développé, ce qui jusqu'ici a été méconnu par tous les observateurs, l'entonnoir segmen- taire de la glande salivaire persiste encore. On le trouve à l'endroit j)rimitif, ou un peu en arrière, comme un court cœcum longeant la glande obliquement de son point d'attache vers l'avant. » Sedgwick (1888) rectifie sur quelques points la description de Kennel. Pour lui, la néphri- die tout entière provient du mésoderme, et il retrouve dans la glande salivaire ce qu'il rencontre dans toutes les néphridies, un saccule terminal, reste du sac cœlomique. Ce saccule est relié au tube glandulaire par un petit canal latéral, méconnu par les anatomistes, et qui, dit-il, persiste chez l'adulte. Evans (1901) trouve aux glandes salivaires d'Eoperipatus des sacs cœlomiques terminaux, à paroi épaisse, syncytiale, et qui seraient énormes, mais sa description sans figures n'est pas précise, de sorte que Stanley Kemp (1914), retrouvant dans son Typhloperipatus une cavité périglandulaire apparemment homologue, mais asymétrique, se demande s'il ne s'agit pas d'espaces artificiels. « Bouvier, dit-il, ne paraît pas regarder la présence de ces sacs dans Eoperipatus comme une structure de quelque importance, puisqu'il n'en parle nulle part dans son mémoire. » Bouvier (1902-1905) considère, en effet, avec Balfour, les glandes salivaires comme deux tubes simples. Il n'y voit annexé aucun sac cœlo- mique. S'il signale chez les Peripatus, au voisinage de l'atrium buccal, un réservoir de la glande salivaire, ce n'est qu'un diverticule ectodermique, déjà vu par Evans (1901) chez les Eoperipatus, et qui n'a rien à voir avec les sacs cœlomiques. Il est d'ailleurs propre aux Peripatidae s. str. Les auteure précédents n'ont guère fait qu'une étude anatomique ou embryologique des glandes salivaires, notant simplement la hauteur plus ou moins grande des cellules dans les régions sécrétrice ou excrétrice. 0. DUBOSCQ 69 C. Schneider (1902) qui, comme les anatomistes, prend les glandes salivaires du Péripate j)om' deux tubes simples, est le seul à avoir donné quelques précisions histologiques. « L'épithélium interne, développé en plis longitudinaux, con- tient, dit -il, deux expèces de cellules glandu- laires, des cellules muqueuses et des cellules albuminoïdes, lesquelles sont distribuées en des territoires déterminés, qui peuvent être situés l'un à côté de l'autre. Les deux sortes de cellules ont leur noyau basai, et les cellules muqueuses sont les seules dont les grains se colorent en bleu par l'hématoxyline. La partie proximale de la glande, fonctionnant comme réservoir, est pourvue d'un épithélium plat reposant sur une limitante... » Comme on va le voir, un certain nombre de faits ont échappé à ces divers auteurs. Je retrouve chez la femelle d'Opisthopatus que j'ai étudiée la néphridie salivaire des embryologistes avec les deux segments tubulaires de Kennel, le sac cœlomique de Sedgwick, et cette struc- ture néphridienne entraîne des particularités liistologiques remarquables. L'étude des coupes en série fait voir d'abord que, chez Opisthopatus, les glandes saUvaires débouchent par un canal commun, non dans la bouche, mais dans le pharynx. Le pharynx a sa lumière rétrécie par des sailUes qui déterminent deux diverticules supérieurs ou dorsaux, simples, et deux diverticules inférieurs, subdivisés eux- mêmes en deux diverticules ventraux et deux diverticules latéro-ventraux. Au niveau de l'abou- chement des glandes salivaires (fîg. 7), les diver- ticules latéro-ventraux sont très peu- développés à droite et disparaissent même à gauche. Le canal commun vient s'unir, d'mie façon asymé- trique, au diverticule ventral gauche. Par contre, il existe un cœcum droit (c, fig. 7), qui représente -Ij.(J. Fio. 7. Schéma des glandes sali, vaires d'Opisthopatus cinciipes avec le pharynx coupé trans- versalement pour montrer leur point de débouché, c, cœcum du canal commun ; v.e, vésicule cœlomique; h.d, branche des- cendante muqueuse (la répar- tition des cellules muqueuses est indiquée par une teinte sombre) ; b.a, branche ascen- dante avec cellules à ferment ; a...b, c...d, e...f, g. ..h, i...j, coupes successi ves d' une glande salivaire. (Voir figures sui- vantes.) 70 NOTES ET REVUE sans doute la partie la plus proximale de la glande salivaire droite, le canal commun étant fait de la fusion des deux canaux excréteurs contigus des glandes droite et gauche. A la suite de la fusion, il n'est resté qu'un seul canal excréteur pour déboucher dans le pharynx, et le cœcum paraît représenter le canal excréteur droit. Les anatomistes ont cru que les deux glandes salivaires étaient deux tubes simples dont la partie postérieure représentait le fond. Ce sont, en fait, deux tubes en U avec une grande branche externe ou ascendante et une petite branche interne ou descendante. Les deux branches sont si serrées l'une contre l'autre que leurs épithéliums adossés ne consti- ^, ,M Fia °, Coupe du canal excréteur commun, c, cœcum; v, vaisseau (?); s, amas de globules sanguins dans la lumière du canal commun. tuent qu'une mince cloison (fig. 7-11). Celle-ci disparaissant, l'anse se transforme en un profond cul-de-sac où la nature de l'épithélium sécré- teur permet de reconnaître encore les deux branches ascendante et descen- dante (fig. 7-12). La structure anatomicjue est donc celle qu'indique le schéma ci- contre (fig. 7). A l'origine de la néphridie, c'est-à-dire de la petite branche, nous trouverons la vésicule cœlomique {v. c, fig. 7), où s'abouche l'enton- noir qui est ici un tube aplati et très étroit, puis vient la partie sécrétrice de la petite branche (segment des cellules muqueuses, teinté en sombre sur le schéma), puis le cul-de-sac de l'anse, enfin la grande branche avec sa partie distale sécrétrice (segment des cellules à ferment) et sa partie proximale excrétrice. L'étude successive des coupes justifie ce schéma. Je représenterai d'abord une coupe du canal commun pour un fait 0. DUB08CQ 71 assez surprenant. Sa lumière est remplie non pas de la sécrétion qu'on trouve dans le cul-de-sac de la glande, mais d'un amas de cellules qui paraissent bien être des globules sanguins plus ou moins altérés. On voit dans tous les globules un noyau souvent encore en assez bon état, qui peut même être en mitose, comme si le début de la dégénérescence provoquait ces divisions. Le cjrtoplasme contient des granulations /O -b.Oy '!^jeb^ FiG. 9. Coupe telle que a...b (flg. 7) ; v.c, vésicule cœ- loDiique; «, entonnoir; h.a, branche ascendante. -Ij.co Fia. 10. Coupe telle que c.A (fig. 7); h.d, branche des- cendante ; h.a, branche ascendante. acidopliiles et, ce f£ui est encore plus caractéristique, des grains de pig- ment ocre ou bleu. D'oii vient ce sang ? Est-ce par une migration des éléments sanguins à travers l'épithélium. C'est l'hypothèse la plus logique, bien que je n'aie pas vu d'amœbocytes parmi les cellules épithéliales du canal com- mun. Je ne puis croire qu'ils arrivent directement dans la lumière par un orifice, quoique le fond du cœcum paraisse montrer une interruption de la cuticule et se prolonge par une sorte de vaisseau (v, fig. 8), dont je n'ai pas bien vu l'origine. 72 NOTES ET BEVUE Le canal excréteur propre à chaque glande a une structure différente selon les régions. Dans sa partie proximale, où sa direction est transverse, il est fait d'un épithéUum haut, fibrillaire, qui ne participe jamais à la sécrétion, tandis que, plus en arrière, c'est un épithélium de cellules basses, peu différent des plages de cellules revenues au repos après l'activité sécrétoire. Avec une coupe telle que a...b (fig. 7), c'est-à-dire passant au point où l'entonnoir s'ouvre dans la vésicule cœlomique, on verra dans la branche ascendante la structure que nous venons de signaler. A ce niveau, le tube ascendant fonctionne coname réservoir de la sécrétion. Celle-ci apparaît dans la lumière sous forme de boules contenant des sphérules réfringentes et des grains ou sphérules provenant de la désagrégation des boules. Les restes chroma,tiques des noyaux sont toujours rares. La vésicule cœlomique {v. c, fig. 9) a pour pnroi une mince lame à gros noyaux épars. L'entonnoir (e, fig. 9) ou portion distale de la branche des- cendante est un tube très aplati à paroi mince avec noyaux comprimés et hyperchi-omatiques. Un peu en arrière, sur une coupe telle que c.d (fig. 7), la branche ascendante (6. a, fig. 10) a la structure décrite plus haut, bien que cependant sa face externe ait des plages cellulaires qui semblent avoir sécrété. Quant à la branche descendante {b. d, fig. 10), c'est encore un tube très aplati, mais où l'épithélium de la face interne reste plus sur- baissé que celui de la face externe, qui tend à devenir sécrétoire. Et en effet, il le devient bientôt, comme le montre une coupe telle que e.../ (fig. 7). A ce niveau, la branche descendante (b. d, fig. 11), de section à peu près triangulaire, est formée sur ses faces libres d'un épi- thélium à cellules muqueuses tout à fait caractéristique. Les cellules larges et hautes, à noyau basai, ont leur cytoplasme bourré d'enclaves, les unes grosses et claires, les autres petites et très basophiles, grains de mucus qui ne se gonflent pas et restent toujours épars dans les mailles des grosses enclaves. Ces cellules émettent leur sécrétion en s'altérant superficiellement, mais, semble-t-il, sans décapitation brutale. La face de cette branche descendante appliquée étroitement contre la branche ascendante reste une mince lamelle, concourant à former comme un septum qui cloisonnerait obliquement un tube unique. Tandis que cette petite branche descendante représente ainsi un segment néi^hridien à sécrétion muqueuse, la branche ascendante {b. a, fig. 11) apparaît dès maintenant comme un segment à sécrétion albuminoïde. On voit, en 0. DUBOSCQ 73 effet, dans la coupe (fig. 11 en bas), une petite plage de cellules sécrétoires, hautes cellules étroites, à noyau basai, dont le cj^oplasme est bourré d'en- claves albuminoïdes éosinophiles, manifestement de même nature que la sécrétion remplissant la lumière. Ce sont sans doute des cellules à ferment. Une coupe plus postérieure {g... h, fig. 7) nous montrera la section d'un 11 12 fi' ^9 0 f b a^- ) - •^ • #. c • / 0f o.rri :•'• Fio. 11. Coupe telle que e.../ (flg. 7) ; h.d, branche descendante muqueuse; h. a, branche ascen- dante avec cellules à ferment. Fig. 12. Coupe telle que g.-.h, (fig. 7) ; cm, plage des cel- lules muqueuses ; c./, plage des cellules à ferment ; p, cellules à ferment décapitées ; s, sécrétion four- nie par la décapitation des cellules. tube unique et la structure qu'a eue certainement devant les yeux C. Schneider. La paroi de la glande se décompose en deux plages à peu près égales : une plage de cellules muqueuses (c. m, fig. 12), une plage de cellules à ferment (c. /, fig. 12). La répartition de ces plages nous montre en toute netteté que cette région sécrétrice correspond à une anse d'uifion entre le segment muqueux descendant et le segment ascendant des cellules à ferment, Par l'étude des coupes précédentes, on comprend 74 NOTES ET REVUE cette structure histologique, qui serait vraiment paradoxale si la glande salivaire était un simple tube rectiligne. A remarquer sur cette coupe, dans la plage des cellules à ferment, une zone syncytiale de cellules basses (3?, fig. 12), surmontée d'un amas de boules de sécrétion. C'est là une image qui rappelle de très près le processus classique de la sécrétion lactée dans la glande mammaire. Les cellules, d'abord basses, se chargent pro- gressivement d'enclaves de eécrétion et deviennent aussi hautes que les cellules muqueuses au terme de leur activité sécrétoire. Pour l'excrétion, les cellules se décapitent largement et les enclaves se gonflent dans les boules, qui représentent la partie supérieure des cellules décapitées. Certains noyaux, toujours peu nombreux, sont rejetés en même temps que les enclaves et, en dégénérant, deviennent les balles ou grumeaux baso- philes qu'on rencontre çà et là dans les amas de sécrétion éosinophile. Je n'ai pas donné la représentation d'une coupe telle que i...j (fig. 7). Il suffit de noter que le fond de l'anse ne comprend que des cellules à ferment, les cellules muqueuses étant limitées à la zone teintée en sombre sur le schéma (fig. 7). En résumé, les glandes salivaires (VOpistïiopatus cinciipes ont, chez l'adulte, la structure d'une néphridie différenciée où l'on reconnaît la vésicule cœlomique, l'entonnoir, une branche descendante à cellules muqueuses, une branche ascendante de cellules à ferment. Ces deux branches sont reliées par une partie commune formant une anse pro- fonde, considérée jusqu'ici comme la partie distale de la glande. La sécrétion des cellules à ferment est du type de celle de la glande mammaire. Le processus paraît être le même pour les cellules muqueuses, mais la sécrétion, moins active, est re jetée par une décapitation moins brutale. Au mélange de ces sécrétions muqueuse et albuminoïde s'ajoute, au niveau du canal commun, des globules du sang, qui ont sans doute quelque rôle diastasique, transformant peut-être en ferment actif le produit des cellules éosinophiles qui ne serait qu'un proferment. Le fait est sans doute comparable au processus du début de la lactation chez les Mammifères, où les leucocytes se mêlent à la sécrétion mammaire. Comme on le sait, le colostrum en contient toujours une quantité plus ou moins grande. A.-GH. HOLLANDE 75 IX MODIFICATION DE LA MÉTHODE HISTOLOGIQUE DE PRE- NANT PAR INSOLUBILISATION DE L'ÉOSINE DANS L'ALCOOL AU MOYEN DE L'ACIDE PHOSPHOMOLYB- DIQUE. COLORATION ÉLECTIVE DES FLAGELLES DES PROTOZOAIRES PAR A.-CH. HOLLANDE Professeur à 1 1 Faculté de Phnrmaoic rie Nancy Depuis que l'action précipitante ou insolubilisante des acides phos- phomolybdique o\\ phosphotungstique vis-à-vis de certaines matières colorantes d'aniline a été introduite dans la technique histologique. on est parvenu à obtenir des triples et même des quadruples colorations très électives. C'est sur ce principe que reposent les méthodes de Mallory (1912), de Masson (1912), et celle des quatre colorants électifs que j'ai indiquée en 1912^. Ayant étudié l'action de ces acides sur les colorants acides d'anihne, j'ai reconnu que l'acide ijhosphomolybdique — si l'on avait soin de ne pas trop prolonger son action pour éviter la destruction du colorant — rendait l'éosine pratiquement à peu près insoluble dans l'alcool éthylique, ou, tout au moins, en retardait très notablement la dissolution. De ce fait, les avantages déjà précieux de l'emploi de l'éosine en cytologie se trouvaient grandement augmentés. J'ai, de plus, constaté que, dans ces conditions, l'élection de l'éosine sur certaines substances protéiques était plus franche et considérablement accrue surtout après l'emploi du mélange fixateur picro-cupro-formol acétique^, où la présence du cuivi'e semble 1. Hollande. — Arch. Zool, expér. 1912 et Archiv. anatom. microsc, T. XVI, n" 25, 1914. 2. Formule du mélange : acide picrique, 4 gr. ; acétate neutre de cui\Te, 2 gr. .50 ; formol, 10c.; acide acétique, lcc.50 ; H^O^distillée, 100 ce. (C.R. Soc. Biol, janvier 1918.) 76 NOTES ET REVUE jouer un rôle actif dans la fixation de l'éosine (sur les flagelles des Proto- zoaires en particulier). La technique à laquelle je me suis arrêté est la suivante : Fixation de 3 à 5 jours dans le mélange cupro-picro-formol acétique ; lavage à l'eau 24 à 48 heures ; montage des pièces comme à l'ordinaire. Les coupes collées sur lame et les frottis sont colorés suivant la méthode de l'hématoxyline ferrique de Heidenhaim (alun de fer 3%) ; puis après dififérenciation, la préparation est mise à séjourner dans une solution aqueuse à 1 0/0 d'éosine soluble à l'eau des Établissements Poii*ier (Saint- Denis), ou de Griibler ; coloration de 2 heures à 24 heures, suivant l'objet à colorer (de 2 à 4 heures pour les coupes ordinaires, 12 à 24 heures lorsque l'on cherche à mettre en évidence certains cils et flagelles difficilement colorables des Protozoaires) ; ensuite, lavage à l'eau distillée durant quelques secondes pour enlever l'excès d'éosine ; la préparation est alors plongée dans une solution aqueuse d'acide phosphomolybdique (non altéré) à 1 pour 100 durant 5 à 10 minutes ; lavage à l'eau ordinaire 30 secondes ; en dernier lieu, verser sur la lame quelques gouttes d'une solution aqueuse de vert-lumière à 0 gr. 20 ou 0 gr. 50 pour 100 ; laisser en contact quelques secondes à une minute (rarement plus), suivant le temps de durée de coloration dans l'éosine et de fixation dans l'acide phosphomolybdique ; monter ensuite la pré^jaration dans la série des alcools ou plus simplement rincer de suite directement à l'alcool éthy- lique à 96^ ; la différenciation se fait dans l'alcool à 96» ; elle varie de 1 à 5 et même 10 minutes ou plus. Lentement l'éosine est déplacée par le vert-lumière ; la différenciation est souvent très lente, et elle est d'autant plus lente que l'action de l'acide phosphomolybdique a été plus pro- longée ; on suit la différenciation au microscope et on l'arrête lorsque la teinte verte est suffisamment apparue et électivement fixée ; dans le cas où la coloration verte est jugée insuffisante, il suffit de laver à l'eau dis- tillée, puis de replacer quelques instants la lame de verre dans la solution colorante de vert-lumière et de procéder à nouveau à la différenciation dans l'alcool à 96». Pour arrêter la différenciation, au sortir de l'alcool à 96^, on plonge la préparation dans l'alcool amylique pur ; là se fait la déshydration en 5 ou 10 minutes sans aucune décoloration. Il est souvent utile de faire passer dans la suite la préparation dans un second flacon renfermant également de l'alcool amylique pur pour éliminer toute trace d'alcool éthylique et d'acide phosphomolybdique. Puis, passages successifs dans i A.-CH. HOLLANDE 77 le mélange à parties égales d'alcool amylique-xylol et dans le xylol pur, suivant la technique déjà indiquée i. Comme on le voit, les colorants employés dans cette méthode sont ceux utilisés dans la technique de Prenant (1902). On sait combien il est souvent difficile d'obtenir de bons résultats avec cette méthode, la préparation étant ou toute rouge ou plus souvent entièrement verte. D'autre part, lorsque la triple coloration de Prenant est réussie, on sait combien, au contraire, les résultats fournis sont instructifs et d'une netteté liistologique remarquable. En effectuant la coloration suivant les indications que je viens de donner, les résultats obtenus sont toujours constants et l'éosine n'est pas dissoute par l'alcool éthylique à 96°. Il est môme à remarquer quel'éosine, en colorant intensément le nucléo- plasma, arrive alors parfois à masquer entièrement l'hématoxyline et qu'il est souvent bon de ne pas pousser trojj loin la différenciation de l'hématoxyline dans l'alun de fer, et de ne pas surcolorer dans l'éosine aqueuse. On pourrait remplacer, dans certains cas, l'hématoxyline ferrique par l'hémalun ou le carmino-fer. Il peut être quelquefois avantageux de ne colorer que par l'hématoxyline -éosine sans vert-lumière, par exemple, lorsque l'on veut obtenir une coloration très vive des flagelles ou des cils par l'éosine. En essayant de substituer à l'éosine des colorants, tels que orange G. ou mi mélange d'éosine et d'orange G., la fuchsine acide, ou de remplacer le vert-lumière par le bleu d'aniline et le bleu Victoria, les résultats que l'on obtient sont généralement bien inférieurs à ceux fournis par l'héma- toxyline ferrique, éosine, vert-lumière. 1. Hollande. — Emploi de l'alcool amylique eu technique histologique. (C. R. Soc Biologie, 9 nov. 1918. 78 NOTES ET REVUE X MONTAGE, CONSERVATION ET CLASSEMENT DES PRÉPARATIONS MICROSCOPIQUES ÉMiLE-G. RACOVITZA Directeur de l'Institut de Spéologie de CIuj (Roumanie). Reçue le 14 Août 1920. Sommaire. — Exposé des motifs (p. 78). — I. Montaoe des préparations (p. 80). 1. Conservation du matéric (p. 81) ; 2. Imprégnation des objets (p. 81) ; 3. Préparation du ménisque (p. 81) ; 4. Disposi- tion des objets sur le ménisque (p. 81) ; 5. Inclusion des objets (p. 81) ; 6. Mise en place du couvre- objet (p. 82) ; 7. Lutage des préparations (p. 82) ; 8. Kcmaniements des préparations (p. 83) ; 9. Avantages de la méthode (p. 83). — II. Etiquetage des préparations (p. 83). — III. Classe- ment DES préparations (p. 84). — IV. PRÉPARATIONS EXAMINABLES SUR LEURS DEUX FACES (p. 86). — V. roRjii'LES ET OUTILLAGE (p. 87). 1. Glycérine gélatinée (p. 87) ; 2. Boîtes à prépa- rations (p. 87) ; 3. Meubles à préparations (p. 88) ; 4. Etiquettes en carton (p. 88) ; 5. Porte- objets en carton pour préparations sur couvre-objets (p. 88) ; 6. Lut Arago (p. 88) ; 7. Fer à luter (p. 89) ; 8. Nettoyage des porte- et couvre-objets (p. 89) ; 9. Aiguilles plates (p. 89) ; 10. Aiguilles à dissection (p. 89) ; 11. Pinceau à trois poils (p. 89). Les préparations microscopiques sont actuellement utilisées par beaucoup de techniciens et le nombre de ceux qui doivent se servir du microscoj)e tend à s'accroître constamment. Ainsi le veut l'expansion mondiale de la science et de son enseignement, et l'évolution des méthodes de cette science, qu'elle soit pure ou appliquée. L'examen microscopique est indispensable à la plupart des savants et fait de plus en plus partie intégrante du diagnostique médical et de l'expertise industrielle ou commerciale. Même les taxonomistes les plus traditionalistes ont dû se rendre à la raison et employer le microscope, car les beaux jours de la détermina- tion sur le pouce, avec la loupe de poche, sont révolus. A côté des herbiers, des cartons à Insectes, des files de bocaux, s'installe, encore modeste, la collection de préparations microscopiques : spores, polens, coupes d'or- E.-G. RACOVITZA 79 ganes, organites, appendices, sont logés entre deux verres pour le plus grand profit de l'étude et de la certitude. D'aUleurs, nombre de plantes et d'animaux très petits ne peuvent être utilement collectionnés que sous forme de préparations microscopiques. Devant la foule des collectionneurs et techniciens se dressent donc les problèmes de plus en plus pressa.nts du meilleur montage, de la plus parfaite conservation et du classement le plus pratique de milliers de préparations [microscopiques ; ces problèmes sont encore plus graves pour les laboratoires, les instituts et les musées qui ont à manipuler des collections de centaines de milliers de ces préparations. C'est, naturellement, à la tradition immédiate qu'on s'adresse d'abord pom' trouver la solution de ces difficultés pourtant nouvelles. On continue aujourd'hui à œuvrer comme on le fit hier, sans chercher plus loin, car même les «scientifiques» sont imprégnés de traditionalisme et passable- ment misonéistes. La grande extension de la technique microscopique a commencé à mie époque relativement récente quand le baume de Canada était presque exclusivement employé dans les laboratoires et quand la vieille pratique de la glycérine gélatinée était tombée dans le plus complet oubli. On embaume donc, avec une ferveur rituelle, tout ce qui doit être examiné au microscope. Pour faire des préparations microscopiques on commence par déshy- drater les objets dans des alcools de plus en plus purs jusqu'à l'absolu ; on les éclaircit dans une essence et on les monte dans im baume. Ces opérations sont longues, compliquées et dangereuses pour l'in- tégrité des objets. La déshydratation est souvent incomplète, les petits objets sont fréquemment perdus, et les objets fragiles brisés, dans ces nombreuses manipulations. Il est difficile de disposer en ordre un grand nombre d'cbjets sur la même lame, d'où résulte un accroissement consi- dérable du nombre des préparations et une grande gêne pour l'étude, puisque, au lieu de pouvoir se borner à l'examen d'une seule préparation pour les différents organes d'un même animal, on est forcé d'en mani- puler plusieurs. Dans la pratique, une préparation montée dans le baume ne peut plus être démontée en vue de modifier la disposition des objets. Une fois la préparation montée, il faut la laisser à plat plusieurs jours, ou la mettre en étuve, afin que le baume devienne suffisamment dur au bord pour empêcher le déplacement du couvre-objet. Pour annoter les préparations, on colle sur le porte-objet une étiquette 80 NOTES ET REVUE en papier mince, car les étiquettes ont toujoiu's été faites en ces sortes de papier et il ne faut point heurter la tradition. Voilà les préparations achevées, il s'agit maintenant de les classer. On les dispose, soit à plat dans des logettes creusées dans des portoirs superposables, soit dans des tiroirs très plats de meuble très coûteux et naturellement encombrants. Ou bien encore, on les range verticale- ment dans des boîtes ou tiroirs à rainures, système qui présente, entre autres, l'inconvénient de cacher les étiquettes ; pour chercher une pré- paration, il faut les sortir successivement à moitié de leurs rainures. Il est vi'ai qu'on peut aussi numéroter les rainures et se confectionner mi répertoire reproduisant les annotations des étiquettes, mais non sans de nouveaux inconvénients ; lorsqu'on veut remanier une collection ainsi répertoriée, ou ajouter des préparations nouvelles, on doit se livrer dans ces casiers à rainures à de très longues et très pénibles manipulations. En résumé, la méthode de montage, de conservation et de classement généralement en usage, est aussi peu pratique que possible et ne corres- pond plus aux besoins actuels du microscopiste devant confectionner et manipuler un nombre énorme de préparations. Je me suis fait les réflexions exposées plus haut il y a plus de 15 ans, lorsque j'ai entrepris l'étude phylogénétique des Isopodes et, dès cette époque, j'ai employé d'autres procédés qui m'ont donné satisfaction. Une expérience de quinze années me semble suffisante pour en démontrer l'efficacité et pour me justifier de les conseiller à mes confrères micros- copistes. Je tiens à déclarer que je ne revendique pas la découverte des procé- dés que je préconise ; certains étaient anciennement en usage ; j'ai appris à en pratiquer d'autres sur le conseil de confrères (par exemple l'étiquette en carton utilisée depuis longtemiDs par mon ami le professeur Sauva- geau, de Bordeaux) ; tous d'ailleurs sont tellement simples et si faciles à imaginer que leur découverte n'est pas de celles qui puissent illustrer leurs inventeurs. I. — Montage des préparations. Pour prendre un exemple concret, je vais indiquer comment je procède avec mes Isopodes ; mais la méthode, avec de légères modifications sur lesquelles il est inutile d'insister, peut s'appliquer à toutes sortes d'objets microscopiques. A la fin de cette note (v. p. 87), j'indique les formules des masses à inclusions employées et je décris l'outillage dont je me sers. E.-G. RACOVITZA 81 1. Les Isopodes sont recueillis dans des « tubes de chasses » ^ remplis d'alcool à 75 p. 100, puis conservés dans l'alcool à 70 p. 100 dans des tubes ordinaires en verre mince bouchés avec des tampons serrés de coton ; les tubas sont classés dans des bocaux à fermeture hermétique remplis d'alcool à 70 p. 100. 2. Imprégnation des objets. L'Isopode à étudier est placé, pour quelques heures, dans de la glycérine ordinaire (28» Baume) étendue de moitié d'eau distillée. Dans ce liquide les animaux peuvent séjourner indéfiniment sans inconvénient aucun pour une préparation ultérieure. 3. Préparation du ménisque d'inclusion. Avec une aiguille plate, découper un fragment de glycérine gélatinée et le placer au centre d'un porte-objet bien nettoyé ; chauffer légèrement pour fondre la gélatine ; incliner dans tous les sens le porte-objet pour étaler la gélatine en un ménisque un peu plus petit que le couvre-objet ; régulariser le bord du ménisque avec l'aiguille plate ; enlever les bulles d'air éventuelles en les touchant avec le dos de l'aiguille plate légèrement chauffée. L'épaisseur du ménisque doit être à peine supérieure à celle de l'objet le plus épais à inclure pom' que l'application du couvre-objet ne fasse pas déborder la gélatine ; il y a d'ailleurs avantage à ce que la gélatine n'ar- rive pas jusqu'aux bords mêmes du couvi'e-objet. 4. Disposition des objets sur le ménisque. L'Isopode est disséqué sous la loupe dans le liquide glycérique. Les appendices sont portés avec l'aiguille qui a servi à les désarticuler, au fur et à mesure de leur déta- chement, sur la surface du ménisque de gélatine maintenant figé. Je dispose les appendices gauches sur leur face antérieure ou tergale du côté droit du ménisque, et les appendices droits sur leur face posté- rieure ou sternale du côté gauche du ménisque. On peut donc étudier en regardant normalement la préparation, la face postérieure ou sternale des appendices gauches et la face antérieure ou tergale des appendices droits. Cette convention est arbitraire et ne répond qu'à la nécessité d'adopter une règle fixe pour se rappeler, sans annotations et sans erreurs possibles, l'orientation des pièces. 5. Inclusion des objets dans le ménisque. Les objets sont donc 1. Pour éviter la » casse » toujours si désastreuse pour les récoltes, il faut employer en « chasse • des tubes épais qu'on fabrique par le procédé du moulage. Ces tubes présentent l'inconvénient grave d'avoir une étroite rainure à l'intérieur, autour de leur fond, disposition provoquée par leur mode de fabrication. Or dans cette rainure se logent les petits animaux et on risque de les détériorer en les y retirant ou même de les y oublier. J'ai fait fabriquer par la maison Leune des tubes en verre épais, à fond plat à l'extérieur, mais à fond hémisphérique à, l'intérieur qui ne présentent plus la malencontreuse rainure ; quand on les vide, on est sûr que tout le contenu vient avec le liquide. Ce sont ces tubes spéciaux qui servent aux collaborateurs de Biospeologica de « tubes de chasse ». 82 NOTES ET REVUE placés à la surface d'un ménisque solidifié. On chauffe légèrement le porte-objet pour refondre la gélatine et on le porte sous la loupe ; on noie avec l'aiguille les objets qui n'ont pas pénétré spontanément dans la gélatine et on dcnne à l'ensemble des objets leur disposition définitive sur le fond du ménisque. 6. Mise en place du couvre-objet. On chauffe le couvre-objet bien nettoyé et on le dépose bien horizontalement sur le ménisque. Pendant qu'on exécute l'opération décrite sous le n^ 5 la gélatine se prend légèrement ; lorsqu'on place le couvre-objet chauffé, seule la couche supérieure de gélatine se reliquéfie suffisamment pour provoquer l'adhésion nécessaire du couvre-objet au ménisque ; la couche infériem-e de gélatine reste assez ferme pour empêcher le déplacement, si désas- treux parfois, des objets. Si l'on a, par erreur, donné au ménisque une épaisseur trop gi'ande, on maintient au-dessus du couvre-objet une lame métallique chauffée, ce qui fait fondi-e la couche supérieure de gélatine, et lui permet de s'étaler jusqu'aux bords. S'il reste un excès de gélatine on peut s'en débarrasser en exerçant une légère pression sur le couvre-objet. On arrive au même résultat d'une façon plus expéditive en passant directement le porte- objet retourné sur une flamme, mais par ce procédé il est plus difficile d'obtenir réchauffement juste nécessaire pour fondre uniquement la couche supérieure de gélatine et ne pas liquéfier aussi la couche infé- rieure qui maintient en place les objets. Si le ménisque est trop .« maigre », on fait passer l'appoint nécessaire sous le couvre-objet en plaçant des gouttes de gélatine au contact de son bord ; quand il n'y a plus d'espace vide sous le couvre-objet, on chauffe l'ensemble pour homogénéiser la masse et chasser les bulles d'air éven- tuelles. Les bulles d'air n'abîment pas les préparations ; on peut les y laisser si elles ne sont point gênantes. Pour les chasser, on chauffe du côté par oïl on veut les faire sortir et on exerce quelques pesées sur le couvre- objet du côté opposé. 7. LuTAGE des préparations. Enlever la gélatine qui déborde, avec ] 'aiguille plate ; en essuyer les traces avec un linge mouillé ; laisser bien sécher ; chauffer le fer à luter, l'appliquer sur « le lut Arago », enlever une goutte de lut fondu sur la partie recourbée du fer à luter et l'étaler le long des bords du couvre-objet. La gé'atine de Kaiser se prend très vite ; au bout de quelques minutes E.-a. BACOVITZA 83 les préparations peuvent être impunément manipulées et supportent les essuj^ages répétés nécessités par l'emploi des objectifs à immersion. D'autre part, on peut conserver ces préparations plusieurs années sans les luter, mais néanmoins il est prudent de les fermer par un lut, surtout celles qui sont très épaisses. L'antiseptique qui entre dans la formule de Kaiser (l'acide phénique) n'est pas toujours suffisant pour empêcher l'infection des préparations par des microorganismes qui liquéfient la gélatine. 8. Remaniement des préparations. Passer rapidement le porte- objet retourné sur la flamme de façon à chauffer légèrement le couvre- objet ; à l'aide d'une pince à pointes fines on soulève, puis on enlève, le couvre-objet sans difficulté en laissant à nu le ménisque de gélatine encore figé et tous les objets inclus en place. 9, Les avantages que présente cette méthode, sur celle du baume, sont donc considérables. Suppressions des multiples et dangereuses manipulations de la déshy- dratation. Grandes facilités pour disposer et arranger de nombreux objets sur la même préparation. Solidification rapide de la gélatinée, donc utilisation immédiate de la préparation. Remaniement de la préparation facile et sans inconvénients . Indice de réfraction plus favorable à la visibilité de fuie structure, surtout chitineuses. Il va sans dire que la glycérine gélatinée ne peut pas remplacer les baumes dans tous les cas. Il est même de nombreux cas (par exemple pour la plupart des coupes histologiques) où le montage dans le baume donne seul des résultats satisfaisants. Je prétends seulement que, sur la table du microscopiste, les deux produits doivent s'y trouver et être employés, non suivant les dogmes de la tradition, mais suivant les enseignements de l'empirisme. IL — Étiquetage des préparations. J'annote provisoirement mes préparations en écrivant sur le porte- objet avec une plume ordinaire trempée dans l'encre de Chine ou dans l'encre « triple administrative Plateau ». Ces encres, une fois bien sèches, supportent d'ailleurs le passage dans Notes et Revue. — T. 59. — N" 3, ^' 84 NOTE^ ET REVUE les liquides aqueux ou alcooliques, mais ne résistent pas à un essuyage trop vigoureux ; l'encre Plateau résiste beaucoup mieux que les encres de Chine. Beaucoup de micros copistes s'en tiennent là ; d'autres collent des étiquettes en papier sur leurs porte-objets. Dans les deux cas, les prépa- rations doivent être conservées à plat ou placées chacune dans une rainure pour éviter que le frottement réciproque ne les détériore, d'où les incon- vénients cités dans l'introduction. Mais on peut faire mieux. Si l'on compense l'épaisseur de la préparation par deux étiquettes en carton collées de chaque côté du couvre -objet, on protège de cette façon ks préparations et on peut, sans inconvénient, les empiler les unes sur les autres ou les ranger l'une contre l'autre comme on le fait pour les fiches. Les étiquettes dont je me sers sont découpées dans du bristol blanc ordinaire et ont trois épaisseurs différentes (0,5 mm., 1 mm., et 1,5 mm.) ; l'épaisseur de 1 mm. est la plus souvent employée. Les préparations qui dépassent \,5 mm. d'épaisseur sont rares ; on leur procure l'étiquette nécessaire en superposant le nombre nécessaire d'étiquettes ordinaires. On colle les étiquettes avec de la gomme arabique ordinaire ou bien avec des colles à base de farine répandues dans le commerce, car toutes les colles tiennent bien sur du verre bien dégraissé. On laisse sécher la colle sous pression en empilant les préparations et en chargeant la pile avec un poids. III. — Classement des préparations. La préparation, étiquetée comme il l'est indiqué plus haut, est une véritable fiche ; on peut donc lui appliquer les systèmes de classement en usage pour les fiches en papier, c'est-à-dire les seules méthodes pra- tiques qu'on ait encore imaginé pour classer de nombreux objets plats et uniformes. Plus de boites à rainures encombrantes et rendant difficile le classe- ment, le remaniement et la recherche ! De simples boîtes sans rainures (fig. 1) ou des tiroirs à fiches de dimensions appropriées suffisent et peuvent loger cent préparations sur environ 10 cm. de longueur ; il faut 40 cm. de longueur pour loger la centaine de préparations dans une boîte à rainures. Des fiches intermédiaires de toutes sortes (fig. 1) peuvent être em- E.-G. RACOVITZA 85 ployées pour classer ces préparations et on peut « feuilleter >; un tiroir ou une boîte à préparations classées de cette manière avec la même facilité qu'un tiroir rempli de fiches ordinaires, \ ? > a 3 S< S a s On conçoit que le remaniement de collections semblables n'offre pas plus de difficulté que l'intercalation de | préparations nouvelles dans la série. Le classement des préparations microscopiques d'après le système des fiches est donc le teul pratique pour les petites collections particulières ; 86 NOTES ET REVUE pour les grandes collections des musées et des instituts il s'impose comme l'unique moyen pour ré:oudi-e le problème du classement de millions d'exemjDlaires. 11 va sans dire que toutes les sortes de préparations peuvent être étiquetées et classées de la même fayon ; même les préparations à milieu d'inclusion liquide supportent, si elles sont convenablement lutées., cette sorte de classement. IV. — Préparations examinables sur leurs deux faces. Dans bien des cas, il faut pouvoir examiner une préparation sur les deux faces et à un fort grossissement, par exemple s'il s'agit d'animaux entiers ou de gros appendices. Même dans le cas des coupes ayant une certaine épaisseur, l'étude des deux faces fournit parfois d'utiles rensei- gnements. Une préparation ordinaire retournée ne permet l'usage que de faibles objectifs à longs foyers à cause de l'épaisseur du porte-objet. [Faisons remarquer que les étiquettes en carton, que je préconise, permettent d'examiner la préparation à l'envers sans risque, car le couvre- objet ne peut arriver au contact de la surface de la platine.] Si l'on veut, par consé(iuent, avoir des préj^aratioiis examinables à un fort grossissement sur les deux faces, il faut les monter entre deux couvre-objets. Ces préparations sont fragiles, difficiles à manier et elles ne peuvent être classées aA'ec les préparations montées sur porte-objets. Pour obvier va ces sérieux inconvénients, je me sers de porte-objets en carton de mêmes dimensions que ceux en verre (26x76 mm.). Ces porte- objets sont p:rcés au milieu d'un trou carré ou rectangulaire de dimen- sions un peu plus faibles que celles des couvre-objets de forme corres- pondante. Une rainure formant cadre, dans laquelle s'adaptent exacte- ment les couvre-objets, est ménagée sur une des faces autour des trous. Les annotations se font directement sur les côtés du porte -objet, le carton étant choisi de façon ;i permettre l'écriture à l'encre ou au crayon. Pour monter la préparation on procède de la façon suivante : Disposer le porte-objet avec le cadre vers le haut ; placer un couvre- objet dans le cadre ; faire l'inclusion comme sur un })orte-objet ordinaire ; recouvrir avec un second couvre-objet ; éventuellement luter les couvre- objets entre eux et à la rainure du porte-objet ; coller sur le premier porte- objet avec de la gomme arabique un second porte-objet mais avec le cadre tourné vers le bas. E,-G. RACOVITZA 87 La préparation sur couvre-objet se trouve ainsi maintenue dans une rainure formée par les cadres superposés de deux porte-objets collés ensemble. On peut l'étudier sur les deux faces, l'annoter et la classer avec les porte-objets ordinaires en verre. V. — Formules et outillage. 1. Glycérine céi^atinée. Comme la recette de Kaiser, qu'on trouve dans tous les traités de technique microscopique, m'a donné d'excellents résultats, je me suis borné à l'adopter sans rien y changer. Je signale cependant qu'elle ne préserve pas toujours la gélatine de l'attaque des microorganismes qui la liquéfient. Il y aurait lieu de substituer à l'acide phénique un antiseptique plus sûr. Une bonne gelée de Kaiser doit être d'une transparence parfaite, légèrement jaunâtre et inaltérable ; la couleur fonce cependant avec le temj)s. Formule. — Tremper pendant deux heures ; Très bonne gélatine de Paris coupée en petits morceaux. 1 partie ; Eau distillée 6 parties ; Ajouter ensuite glycérine pure concentrée (28" Baume). 7 parties ' Acide phénique cristallisé, par poids total 1 p. 100. Chauffer au bain-marie pendant un quart d'heure en remuant cons- tamment jusqu'à ce que les flocons que forme l'acide phénique aient com- plètement disparu. Filtrer dans un entonnoir chauffant sur du coton de verre ou sur du verre pilé humecté avec de l'eau. Conserver dans un flacon à large ouverture, bouché à l'émeri. 2. BoiTPJS A PRÉPAKATiONS (fig. 1). J'utilise des boîtes en acajou sans rainures, aux dimensions suivantes : Dimensions extérieures : longueur, 200 mm. ; largeur, 86 mm.; hau- teur, 40 mm. Dimensions intérieures : longueur, l'J2nim. ; largeur, 78 mm. ; hau- teur, 32 mm. Le couvercle prend un tiers de la hauteur totale ; il porte à l'inté- rieur, de chaque côté de sa longueur, une baguette en bois de section carrée de 8 mm. de côté ; cette baguette, recouverte de velours, sert à maintenir les préparations quand la boîte est fermée. Entre les baguettes il reste un espace de 60 mm. de largeur sur 30 mm. de hauteur pour loger le bord supérieur des fiches intermédiaires. 88 XOTES ET REVUE Pour caler les préparations, quand la boîte n'est pas pleine, on se sert d'une cale en bois se déplarant à frottement dur. Ces boîtes peuvent contenir environ 100 préparations d'épaisseur moyenne. Les fiches intermédiaires en carton mince ont 76 mm. de longueur et 32 mm. de hauteur sur les 60 mm. médians, car de chaque côté elles ont une entaille de 8 mm. en hauteur et en longueur, pour loger la baguette du couvercle quand la boîte est fermée. 3. Meubles a rKÉi-AitATiONS. Ces meubles, qu'il est inutile de décrire en détail, possèdent des tiroirs superposés de 400 mm. de longueur inté- rieure sur 32 mm. de hauteur intérieure, divisés en trois casiers de 78 mm. de largeur par des cloisons de 20 mm. de hauteur. Ces tiroirs, qu'il n'est pas prudent de faire plus grands à cause du poids du porte-objet en verre, contiennent environ 750 préparations pesant environ 3.750 grammes. 4. Etiquettes en carton. J'en utilise de trois épaisseurs : 1,5 mm. ; 1 mm. (les plus employées) et 0,5 mm. et de deux dimensions : 24 X 24 mm. qui vont bien avec les couvre-objets carrés de 22 mm., et 17x24 mm. qui s'utilisent avec les couvre-objets rectangulaires ou lorsque le couvre- objet carré n'est pas placé exactement au milieu du porte-objet. 5. Porte-objets en carton pour préparations montées sur couvre- objets. Ces porte-objets ont les dimensions courantes de 26x76 mm. ; le trou est de 20x20 mm. pour les couvre-objets de 22x22 mm., ou de 20 X 30 pour les couvre-objets de 22 X 32 mm. 6. Ll't AtiAco. J'ignore le nom de l'inventeur de ce lut, dont j'ai appris la formule au laboratoire Arago et qui m'a toujours donné les meilleurs résultats. On le fabrique en chauffant au bain-marie un mélange de 2 parties de térébenthine de Venise sèche et une partie de cire jaune d'Abeilles ; il faut chauffer en remuant jusqu'à ce que l'échantillon prélevé et refroidi soit suffisamment dur pour se laisser difficilement entamer avec l'ongle, ce qu'on obtient au bout de 2 à 3 heures, suivant la consistance originelle de la térébenthine de Venise. Ce lut ne s'altère jamais, ne se fendille pas et sa consistance ne se modifie pas avec le temps. On l'enlève facilement en le grattant au cou- teau et sa fusibilité reste invariable. Son adhérence à la préparation est parfaite si l'on a eu le soin de débarrasser le verre de toutes traces d'hu- midité, de graisse ou de glycérine. 11 n'est pas attaqué par la gélatine glycérinée. E.-G. HACOYITZA 8Ô On préconise aussi le Ripolin pour luter les préparations à la glycé- rine gélatinée ; je n'ai pas d'expérience personnelle pour ce produit, mais mon collaborateur le D"" Jeannel en est très satisfait. 7. Fer a iuter. J'emploie un fil de cuivre de 1 mm. de diamètre recourbé à angle droit sur 20 mm. de longueur et emmanché dans une baguette en bois. Les fers à luter que l'on trouve chez les marchands sont faits en fil de cuivre trop fort ; on charge avec eux trop de lut, ce qui nécessite des grattages ultérieurs des préparations, qu'il vaut mieux éviter. 8. Nettoyage des porte- et couvre-objets. Je lave en bloc à l'acide nitrique à 1 p. 100 dans l'eau ; on peut d'ailleurs avec avantage conserver son stock de lames et lamelles dans cette solution. Je nettoie chaque pièce à l'alcool, au moment de m'en servir. Ce procédé ne m'a jamais donné de déboires. 0. Aiguille I'LATE. Je me sers d'une aiguille lancéolée sur G mm. de longueur et 4 mm, de largeur maxima, que je cour1)e légèrement à chaud. Avec semblable instrument on taille et on transporte commodément les blocs de glycérine gélatinée et avec son dos convexe on enlève facilement les bulles d'air à la surface de la gélatine liquéfiée. 10. Aiguilles a dissection. Pour la dissection d'objets très petits, il faut se servir d'aiguilles très fines à pointe très effilée. Les aiguilles anglaises Kearb}'' and Heard N*^ 10 m'ont donné de bons résultats ; ce sont d'ailleurs les plus fines que j'ai pu me procurer. Pour les emmancher, je fais un petit trou au sommet d'un manche de pinceau et je le remplis de lut Arago fondu ; il suffit d'enfoncer dans le trou, avec une pince, l'aiguille préalablement chauffée pour obtenir une fixation solide. 11. Pinceau a trois poils. Pour saisir dans un liquide des objets très petits et délicats, je me sers d'un pinceau de martre auquel j'ai laissé seulement trois poils. En appuyant ce pinceau sur l'objet, les poils s'é- cartent et, lorsqu'on le soulevée, les poils se rapprochent et maintiennent l'objet suffisamment fort pour qu'on puisse le transporter commodément. 90 NOTES ET lŒVUE TABLE SPÉCIALE DES NOTES ET REVUE 1920. — Tome 59. Articles originaux Billard (A.)- Note sur une espèce nouvelle d'Hydroide : Sertularella singularis (avec 3 fig.), p. 15. CouÉGNAS (J.)- L'aire de distribution géographique des Ecrevisses de la région de Sussac (Haute-Vienne) et ses rapports avec les données géologiques, p. 11. DuBOSCQ (O.). Notes sur Opisthopatus cinctipes Pure. — I. Sur les poils des papilles primaires et leur développement. — II. Les organes ventraux du cer- veau (avec 6 fg.), p. 21. DuBOSCQ (O.). Notes sur Opisthopatus cinctipes Pure. — III. Les glandes sali- vaires (avec 4 fig.), p. 67. Hollande (A.-C). Modification de la méthode histologique de Prenant par insolu- bilisation de l'éosine dans l'alcool au moyen de l'acide phosphomolybdique. Coloration élective des flagelles des Protozoaires, p. 75. Pérez (Gh.). Sur les inclusions des cellules grasses des Insectes pendant la méta- morphose, p. 5. PixELL-GooDRicH (H.-L.-M.). The spore of Thelohania (avec 2 fig.), p. 17. Racovitza (E.-G.). Notes sur les Isopodes. — 8. Mancasellus tenax (Smith). — 9. Mancasellus macrurus Garman (avec 50 fig), p. 28. Racovitza (E.-G.). Montage, conservation et classement des préparations micros- copiques (avec 1 fig.), p. 78. Soulier (A.). La couronne équatoriale ciliée de la trochosphère chez Protula Meilhaci (avec 4 fig.), p. 1. Bibliographie C.-C. NuTTiNG. Barbados — Antigua expédition, p. 90. I ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE Tome 59, p. 1 à 475, pi. I à XVIIL 15 Mars 1920 LES PÉRIDINIENS PARASITES MORPHOLOGIE, REPRODUCTION, ETHOLOGIE PAE EDOUARD CHATTON Chef de laboratoire à l'Institut Pasteur, Paris. Maître de Coiiféreuces à la Taculté des Seieuces, Stras bourg. SOMMAIRE GENERAL (Voir en tête de chaque chapitre le sommaire des paragraphes) Avant-propos 2 Historique ; état de nos connaissances 3 Conditions, lieux, matériaux et méthodes de reclierehes 12 PREMIÈRE PARTIE : Etude monographique des genres et des espèces A. Péridinien f stricts 22 I. Parasites à siège externe : Genre Oodinium (p. 2:i). — Genre Apodinium (p. 58). — Genre Pura- ■podinium (p. 84). II. Parasites à siège intestinal : Genre Gyynnodmiimi (p. 8i>). — Genre Blastodinium (p. 87). — Genre Schizodinium (p. 251). — Genre Haplozoon (p. 255). III. Parasites à siège eœlomique : Les Péridiniens parasites cœlonUques et les Paradinides (p. 277). — La cavité générale, les glandes génitales des hôtes et leurs parasites (p. 279). — Genre Syndinium (p. 289). IV. Parasites des œufs ou des Protistes : Genre Chytriodinium (p. 310). — Genre Paulsendla (p. 320). — Genre Duboscqtcella (p. 322). — Genre Trypanodinium (p. 325). — Existence de Péridiniens parasites chez les Radiolaires (p. 327). B. Parasites présentant avec les Péridinieiis des afmités probables ou possibles 330 I. Les Paradinidae : Genre Paradinium (p. 338). — Genre Atelodinium (p. 352). II. Les Blastuloidae : Genre N eresheimeria (= Lohrnandla) (p. 363). III. Les Ellobiopsidae : Genre Ellobiopsis (p. 384). — Genre Staphylocystis (p. 388). — Genre Ellobio- cystis (p. 300). — Genre Parallobiopsis (p. 395). DEUXIÈME PARTIE : GÉNÉKAUTÉS A. Le parasitisme des Péridiniens et les adaptations qu'il entraîne 407 B. Essai de classification des Péridiniens parasites et des flagellés affina 440 (Fifi. du soininuire, p. 2.) Arch. de Zool. Ext. et Gén. — T. 59. — 1''. l. 1 EDOUARD GHATTON Documents annexes Faits originaux essentiels et principales notions nouvelles contenus dans ce mémoif 447 Liste des hôtes des parasites 452 Lis:e des coupures systématiques nouvelles 455 Exuliciitlo 1 de quelques ttrmes spéciaux 455 Index bibliographique 456 'Explication dci planches 408 AVANT-PROPOS La presque totalité du matériel mis en œuvre dans ce travail, fait surtout d'observations prises sur le vif, a été recueillie à Banyuls -sur-Mer, grâce aux moyens que m'a foiu'nis, chaque année depuis 1905, le Laboratoire Arago. L'accueil tout familial que j'y reçois de ses deux directeurs, MM. Pruvot et Racovitza, qui furent mes premiers maîtres à la Sorbonne, les liens de camaraderie que j'y ai noués, d'autres plus étroits encore qui m'attachent au pays, sont, avec le temps forcément restreint de mes séjours à la mer, autant de raisons qui m'ont empêché d'étendre à d'autres localités le champ de mes investigations. Je n'omets point cependant les courts, mais profitables séjours que j'ai faits en juillet 1907, à la Station Zoologique de Cette, auprès du maître 0. Duboscq et de mon ami Bernard CoUin, et en mars-avril 1911, à la Station Zoologique Russe de Villefranche-siu:-Mer. C'est au Laboratoire de Protozoologie de l'Institut Pasteur, auquel j'appartiens depuis 1907, que j'ai étudié tout le matériel conservé et mis la dernière main à ce mémoire. La pleine liberté que j'ai eue d'y poursuivre des recherches que leur but et leur méthode écartaient quelque peu des tendances pastoriennes, ajoute à la reconnaissance déjà grande que je dois à M. le Docteur Roux, et à l'affection qui me lie à mon cher maître M. Félix Mesnil, de qui je ne séparerai point dans ce témoignage d'atta- chement M. Maurice Caullery. Ce travail a été honoré d'une subvention de 2.000 francs de l'Aca- démie des Sciences (fonds Roland Bonaparte) et l'Institut Pasteur a généreusement pris à sa charge les frais d'élaboration. Metlaoui (Timisie), Mai 19Ui. 1. Le texte définitif et l'iconographie du mémoire ont été arrêtés ii c^-tte date. La composition a comnuncé quelques jours plus tard et les premières épreuves ont été corrigées eu juin-juillet 1914.L"aeliôvenient a été enipéelié par la guerre. Tl n'a été tenu aucim compte de ce qui a pu paraître sur la question, ou y touchant, depuis mars 1014. Il m'eût été d'ailleurs impossible, dans les conditions où je me suis trouvé, d'en prendre une connaissance suffisante. (Institut Pasteur de Tunis, décembre 1918). PÊRIDINIENS PARASITES HISTORIQUE État de nos conraissances Origine du travail, p. 3. — La (juesticm du parasitisme des réridinicns avant IttOC ; observations méconnues de Pouchct, p. 3. — L'uniformité apparente du groupe, p. :>. — La période récente ; revue rapide des travaux, p. 6. — Existence du parasitisme à tous les degrés chez les Péridinicns, p. 10. — Utilité d'une étude d'en- semble, p. 11. — Plan du travail, p. 11. Origine du travail. — Le début do ces recherches remonte à l'automne de 1905. Elles ont pour origine la découverte au Laboratoire Arago, à Banyuls-sur-Mer, de Poridiniens vivant en parasites dans Festo- mac de Copépodes pélagiques, brièvement décrits dans une note préli- minaire du 19 décembre 1906. La figure 30, pi. IV montre trois de ces parasites en situation dans leur hôte et l'aspect déconcertant qu'ils offraient tout d'abord. Par le nombre élevé de leurs cellules étroitement adjacentes, disposées en feuillets emboîtés ménageant à l'un des pôles comme une sorte de blastopore, ils en imposaient pour des métazoaires à l'état larvaire ou dégradé. Mais la résolution périodique du feuillet externe en ses cellules constituantes expulsées de l'intestin, et la reconstitution de nouveaux feuillets par la multiplication de grosses cellules centrales, témoignaient d'une autre nature. Dans ces conjonctures, une solution s'offrait, honnête et confor- table, mais illusoire : reléguer le parasite des Copéj>odes sous un nom de classe nouveau, propre à le bien singulariser, dans l'embranchement des Mésozoaires, on voisinai(>nt déjà métazoaires dégradés, larves de souche inconnue et protozoaires agrégés, parmi lesquels nous reconnaîtrons même plus loin de véritables Péridinicns. L'observation prolongée des éléments de multiplication issus du parasite et libérés dans le milieu extérieur, fournit heureusement la clef de ses affinités. Expulsés du Copépode à l'état immobile, ils acquièrent en effet, après un séjour plus ou moins prolongé dans l'eau de mer, et dans de bonnes conditions, une forme bien exprimée de Péridiniens nus, semblable à celle de certaines espèces du genre Oymnodinium Stein. La figure 99^^*^ pi. IX montre l'un de ces petits éléments avec les deux sillons en croix et les deux flagelles différents, l'un dirigé en arrière, l'autre ondulant autour du corps, tout à fait caractéristiques des Dino flagellés ou Péridiniens. La question du parasitisme des Péridiniens avant 1906. Obser- vations MÉCONNUES DE PoucHET. — Le fait de parasitisme chez les 4 EDOUARD CHATTON organismes de cette classe, essentiellement libres, et qui constituent comme l'on sait, une bonne part des faunes pélagiques marines et d'eau douce, était alors, à en croire les traités les plus documentés, chose inconnue. G. PoucHET (1884 et 1885 a) 'avait cependant observé à Concarneau des kystes ovoïdes et pédicules, fixés sur la queue des Appendiculaires (fig la) ou sur des Siphonopliores, et qu'il avait vu j^roduire après leur libération de très nombreuses spores gymnodiniennes. Il avait nommé cet organisme Gymnodinium pulvisculus ^ et l'avait qualifié de jjarasite sans faire d'ailleurs la preuve qu'il su noiuiissait aux dépens de l'hôte. Voici comment Bûtschli, qui est seul à la relever, rapporte cette observation dans son chapitre très détaillé des Dinoflagellata du « Bronn's Tiiierreich » (1887) quelques mois après qu'elle fut publiée. « Parasitische Dino flagellaten sind bis jetzt iiicht gefunden worden. Das was Pouchet neuerdings als eine parasitische auf den Schwânzen gewissen Appen- dicularien befestigte Porm beschrieb, kann nur als ein ruhender Zustand betrachtet werden, der hier Befestigung suchte aber sicherlich nicht als wahrer Parasit lebt. » BiJTSCHLi fait moins de cas encore d'une observation d'ailleurs plus douteuse de Perty (1852) qui avait vu Gymnodinium fuscum (?) dans une planaire, fait que Maggi (1880), considéra comme un cas de 'parasitisme. Je discuterai à leur place la nature parasitaire du Gymnodinium Poucheti et l'interprétation de Bûtschli. Quoi qu'il en soit, son assertion dogmatique a eu pour résultat de discréditer l'importante observation de Pouchet, à tel point qu'à peine pubUée elle disparut à peu près com- plètement de la httérature jusqu'en 1906, époque à laquelle d'autres observations vinrent s'y ajouter, la rappeler, et il faut l)ien dire aussi, la renforcer.. C'est à la mécoimaissance de cette observation qu'est due l'erreur — répétée plus tard — de Bakgoni (1894), décrivant comme Foraminifère sous le nom de Salpicola amylacea, un parasite des salpes très voisin de G. Poucheti. L'oubH dans lequel tombait ainsi le travail de Pouchet était d'autant plus injustifié qu'on y trouvait au moins le premier exemple — et pour longtemps encore le seul — d'une reproduction par spores nom- breuses chez les Péridiniens. 1. Devenu depuis pour raison d'iiomonymic G. Poucheti Limu. 1890. PËnWTNTEN^ PARASITES 5 On sait en effet que le mode fondamental et général de reproduction de ces flagellés est la simple bipartition, que celle-ci s'effectue à l'état mobile ou enkysté, à l'état nu ou cuirassé, qu'elle intéresse la cuirasse chez les formes qui la possèdent, ou qu'elle ait lieu à son intérieur et sous sa protection. Et cette bipartition est, rappelons-le tout de suite, au contraire de celle des autres flagellés, qui à quelques exceptions près est longitudinale, considéré 3 chez les Péridiniens comme transversale ou très oblique et donnée comme telle pour un de leurs caractères les plus impor- tants ^ Dans quelques cas cette bipartition peut se répéter sans intervalles de croissance et produire alors sous la même enveloppe quatre (gem^e Peri- dinvum) rarement huit (genre Pyrophacus) exceptionellement seize individus fils. Cs dernier cas n'avait été observé qu'une seule fois par ScHÛTT (1887), qui figure seize individus gymnodiniformes inclus dans une sphère gélatineuse d'origine inconnue. A côté du travail de Pouchet il faut mentionner une série d'obser- vations relatives au parasitisme possible d'un Péridinien bien connu en tant que forme libre, le Prorocentrum micans. G. Pouchet (1885 b) trouve de nombreux Prorocentrum micans indemnes dans les excréments des comatules {Antedon rosaceus) de Concarneau. E. Perrier (1889) et CuÉNOT (1891) signalent ces Péridiniens dans les diverticules intes- tinaux de ces mêmes comatules et ce dernier savant les retiouve encore dans l'ectoderme des gouttières ambulacraires d'' Echinas fer seyositus. Il insiste sur leur disposition régulière en piles, et les considère comme des parasites temporaires. Je dirai tout de suite, que M. Cuénot m'a récemment autorisé et engagé à déclarer qu'à la suite de nou- velles observations, il pensait n'avoir eu à affaire qu'cà des individus ingérés 2. Les rares travaux que je viens de passer en revue constituaient au moment où j'entrepris mes recherches, l'historique strict de la ques- tion du parasitisme chez les Péridiniens. L'uniformité apparente du groupe. — L?s Dinoflagellés étaient alors justement considérés comme un des groupes les plus homogènes, 1. Voir la remarque, p. 433. 2. Lea Péridiniens benthiques paraissent constituer un élément important de la nourriture de"» Comatules. Stein (1833) signale qu'il a découvert quatre espèces de Pyrgiflium chez Comntula mediterranea . POUCHET (1885 b) a vu les Prorocentram abonder dans les excrérncnts des comatules de Concarneau. Certes (1882) en a vu aussi dans l'intestin des huîtres. ^ EDOUARD CTJATTON^ les plus uniformes parmi les flagellés, au triple point de vue de leur mor- phologie de leur évolution et de leur éthologie ^, Uniformité morphologique à peine masquée chez les Péridiniens cui- rassés par la luxueuse variété des sculptures et des expansions du test, moyens de flottaison, évidente de prime-abord chez les formes nues dont beaucoup ne sont que des stades en mue ou en division d'espèces pro- tégées, et chez lesquelles elle s'allie à une variabilité individuelle telle que la systématique en est à peu près illusoire. Seuls les Prorocentrum et les Exuviella troublaient quelque peu cette uniformité. Uniformité d'évolution que cette bipartition sub transversale à produits égaux et homodynames, seul mode de reproduction connu jusqu'alors. Uniformité éthologique, cette existence pélagique commune aux formes marines et aux formes d'eau douce, à celles pigmentées qui absorbent et assimilent selon le mode végétal, et à celles incolores qui ingèrent et digèrent selon le mode animal. La période récente ; revue rapide des travaux. — L'année 1906 marque le début d'une période nouvelle où s'étend aux Péridiniens le mouvement qui a porté tant de biologistes vers l'étude des Protistes. C'est l'histoire de cette courte mais féconde période que je vais essayer de résumer, tant en ce qui concerne les faits relatifs aux formes libres, que ceux d'ailleurs de beaucoup les plus nombreux et les plus saillants relatifs aux parasites. En 1906, paraissaient simultanément et tout à fait indépendamment quatre travaux de Apstein, Chatton et Dogiel. Aprtein et Docuel (1906 h) étudient tous deux l'évolution d'une forme libre, \e Pyrocystis {— (^yrunudinium) lunulu Schutt, et décri\'ent la formation par bijiartitions, à partir de la forme sphérique initiale, de huit ou seize corps en croissant, dans lesquels se forment les spores gymnodiniennes déjà vues et figurées par Schutt (1896). ('es faits sont confirmés et complétés l'année suivante ])ar Okamura et Ramsay Wrioht. Ils sont le premier exemple certain d'une sporulation chez une forme libre. Chatton fait connaître les Blastodinium, {B. Pruvùfi) parasites du tube digestif fies ( 'Opépodes j^élagiques, leurs rapports avec l'hôte et 1. Il m'a paru suporflu de rappeler ici los notions générales sur los Péridiniens. connues de tous, qui sont expo- sées dans les traités de Zoolojiie et de Botanique, et qui ne se. rapportent d'ailleurs qu'aux formes libres. .T'ai négligé tlélibérément aussi l'histoire ancienne des Péridiniens depuis leur découverte par O. F. Mi'LLER en 1773, liistoire que BOtschu a écrite dans ses Dinofiagellatd du Bronn's Thierreich, très complète et en partie vécue. Je la consi- dère comme une oeu\Te définitive. PÉEIDINIENS PARASITES 7 leur action sur lui, et insiste particulièrement sur leur mode de sporula- tion qui n'a point d'équivalent chez les Protozoaires : production par scissions périodiques d'une même cellule initiale, de poussées sporales successives, dont les éléments très nombreux forment autour d'elle autant d'assises, limitées par autant de coques emboîtées. Ces éléments évacués par rupture des coques externes acquièrent, sortis de l'hôte, la forme gymnodinienne. Ce mode de sporulation assure l'infection prolongée de l'hôte. Dans deux notes ultérieures (1908 et 1912) Chatton décrira une dizaine d'autres Blastodinium. DoGiEL (1906 a) découvre chez une AnnéHde, Travisia forbesi un singulier organisme, Haplozoon armatum, fixé à la paroi intestinale par un stylet et des pseudopodes, et dont la cellule fixatrice produit, comme la cellule initiale des Blastodinium, des poussées successives de cellules plus ou moins régulièrement disposées en chaîne, mais dont l'auteur n'a pas vu la forme définitive. Il fait de cet organisme un Mésozoaire, 'mais suivant les suggestions de Celitton (1907 et 1908) il reconnaîtra dans deux mémoires ultérieurs (1908, 1910) où il étudiera d'autres espèces et leur cytologie, qui est bien celle des Péridiniens, que les Haplozoon sont des Dinoflagellés très déformés. Et cependant se laissant aller à une inexplicable contradiction, Dogiel n'en continuera pas moins à en faire un groupe spécial de Mésozoaires, les Catenata, étiquette qu'ils portent encore aujourd'hui dans la littérature ^. Le même auteur, dans son mémoire sur Oyrmiodinium lunula (1906 h) décrit des Gymnodiniens parasites des œufs de Copépodes pélagiques : G. roseum, G. affine, G. parasiticuni, qui s'accroissent sous forme de sphères et donnent par bipartitions successives égales seize ou trente-deux spores gymnodiniennes. En 1907, Chatton fait connaître VApodinium wycetoïdes Péridinien parasite sur la peau de l'Appendiculaire Fritillaria pellucida, dans laquelle il se fixe par un pédoncule muni de rhizoïdes. C'est un organisme très différent du Gymnodinium Poucheti, qui sporule aussi comme les Blcbstodinium par poussées successives de sa cellule fixatrice. Mais il peut, attiré dans le pharynx de l'Appendiculaire y évoluer sous une forme non pédonculée rappelant celle de ces parasites. En 1912, Chatton fera connaître un autre Apodinium parasite des Oikoplenra. C'est dans sa note de 1907 que l'auteur attire pour la première fois 1 . Aucun traité de zoologie ou de protistologle n'a jusquld 1qooipsis Coutieri ectoparasite des Nébalies de Cette-. Toutes ces formes dont le nombre et la variété s'annoncent consi- dérables semblent bien en dépit d'importantes variations structurales, (existence de noyaux chez EUohiocystis, Staphylocystis et Parallohioj)sis) former un ensemble naturel : les EUobiopsidae, qui ne sont certes pas des Péridiniens stricts, mais dont les afïinités avec ceux-ci paraissent actuellement plus étroites qu'avec n'importe quel autre groupe de Protistes. Signalons enfin pour terminer cet historique, les travaux suivants : Paulsen (1911) observe un parasite qu'il considère comme un Péridinien et qu'il rapporte au genre Apodinium, sur les Diatomées pélagiques du genre Chatoceras. Apsteesî (1911) donne une liste avec figures et très brèves descriptions, de j)arasites non identifiés de Calanus flnmarchicus et d'autres Copépodes, parasites parmi lesquels Chatton (1911) reconnaît des Dinoflagellés, en particulier des Blastodinium, et des Syndinium. Senn (1911), démontre la nature péridinienne d'Oxyrrhis marina, forme libre jusque-là rangea dans les Eufiagellés, et discute les affinités de deux espèces parasites rapportées à tort selon lui au genre Oxyrrhis : 0. phaeocysticola Scherffel (1900) qui n'est point un Péridinien, et 0. parasitica Poche (1903), parasite des Siphonophores, qui serait bien un Dinoflagellé. Enfin Chatton (1912) fait connaître de nouvelles espèces de Blasto- dinium et di Apodinium, ainsi qu'une forme voisine du Gymnodinium Poucheti. Pour les parasites de ce dernier type il crée le genre Oodinium. Pour ceux du type G. roseum de V. Dogiel, le genre Chytriodinium, séparant ainsi du grand genre de Stein des formes qui s'écartent nettement par leur évolution végétative du type du genre : G. fuscum Ehrbg. Il crée ensuite le genre Trypanodinium pour un parasite des œufs 10 EDOrAUT) riIATTON de Copépodes, connu seulement par ses dinospores, mais très différent des Chytriodin ium . En 1913, le même auteur donne un très bref aperçu qu'il complète ultérieurement (1914 «) delà cytologie très spéciale des Blastodinium^. Il faut signaler enfin un important mémoire de Klebs (1912), relatif aux Péridiniens libres, où cet auteur fait connaître plusieurs formes sédentaires et crée nombre de genres nouveaux, en particulier un genre Diplodinium pour le Gymnodinium lunula, auquel il veut amiexer aussi les Gymnodinium de Dogiel parasites des œufs (genre Chytriodinium ("hatton). Existence btt parasitisme a tous les degrés chez les Péri- diniens. — Ainsi, les recherches récentes confirment l'existence du parasitisme chez les Péridiniens. Elles mettent au jour des organismes arrivés à tous les degrés différents de cette condition : parasitisme tégu- mentaire dérivant de la simple phorésie {Oodinium, Apodinimn), parasi- tisme intestinal chez les Blastodinium et les Haplozoon, parasitisme cœlomique succédant probablement au parasitisme intestinal chez les Syndinium, et enfin parasitisme épicellulaire {Chytriodinium) et endo- cellulaire [Gymyiodinium tintinnicola et Trypanodlnium). Et correspon- dant à ces divers degrés toute une série d'adaptations trophiques (appareils de fixation, d'absorption) et de transformations régressives (végétation plasmodiale). Elles apportent une nouvelle et démonstrative confirmation à cette loi que le parasitisme a pour conséquence une élévation considérable du pouvoir de multiplication. Cette élévation est réalisée ici par le passage d'une division binaire simple à une sporulation multiple, s'etïectuant en une seule fois, ou se répétant périodiquement chez un même individu qui, assuré de ce fait d'une existence prolongée, est en même temps pour son espèce whq souche d'expansion d'une puissance incomparable. Au point de vue plus général ces recherches fournissent la notion certaine d'une sexuahté ((Duboscq et Collin) dans ce groupe où elle n'était certes pas hors de conteste, malgré les observations de Zeder- bauer (1904) sur (k'.ratimtihlruvdinelhi et de Joll(is (1910) sur Gymno- dinium fucorum. L'étude des Paradinium et celle des Ellohiopsidae révèle l'existence entre ceux-ci et les Péridiniens de caractères communs dont la discussion 1. Démonstration faite à la Soc. Zool de Trance. Séance du 20 féwier 1913. (Bull. Soc. Zool. Fr. XXXVIII p. 68). PÉRIDINIENS PARASITES \\ rénovera et élargira la question encore très obscure des affinités, des limites, et peut-être même de l'origine des Dinoflagellés. Utilité d'une étude d'ensemble. — Mais tous ces matériaux si rapidement accumulés ne forment aujourd'hui qu'un ensemble chaotique et flottant, dont il devient utile de tenter la systématisation. Ce sera le but général de ce mémoire. Celui-ci n'en est pas moins essentieFement l'exposé développé et complété des faits que je n'ai fait connaître jusqu'ici que sous forme de notes préliminaires très succcintes et celui de nombreux faits inédits : en particulier dans l'étude des Paradinnmi, dont j'aurai à décrire plusieurs formes nouvelles et qui nous amènera à discuter de la nature des Neresheimeria (= Lohinanella) ces curieux- parasites des Fritillaires découverts par Lohmann (1836) et étudiés par Neresheimer (1904) et rangés par lui, eux aussi, dans les Mésozoaires (1908). Des Oodinium, des Blastodinium, des Syndinium et des Para- dinium, je ferai ici l'étude cytologique qui n'a été qu'à peine effleurée dans mes publications préliminaires et pour le second de ces genres seulement. Plan du travail. — Il me reste, après avoir défini le but et l'objet de ce mémoire, à en justifier le plan. Après deux chapitres d'introduction viendra une partie spéciale, suite de monographies de geiu'es et d'espèces, puis une partie générale. Suivant quel ordre convenait-il d'étudier les genres et les esjièces dans la partie spéciale ? En présence d'un groupe constitué, dont la systématique représen- terait, autant^ qu'il est possible, les relations naturelles des êtres qu'il comprend, il sufiii'ait d'intei'caler à sa place chaque étude d'une forme nouvelle, ou toute observation r(^lative à une forme connue; ou bien si dans ce même groupe les grandes lignes de l'organisation et du cycle évolutif se trouvaient fixées, l'on pourrait suivant l'ordi'c anatomique ou évolutif exposer les faits nouvellement acquis. Mais dans l'état actuel de nos connaissances sur les Péridiniens para- sites, ni l'une ni l'autre de ces conditions n'est réalisée. Ils ne forment point un groupe naturel et leur systématique est à établir de toutes pièces ; ses bases mêmes font défaut, car la classification des formes libres nues est indécise et toute provisoire. L'autonomie même de beaucoup de ces dernières reste douteuse. Encore moins peut-il s'agir actuellement d'une anatomie comparée des Péridiniens parasites. Nous verrons combien il est délicat d'affirmer 12 EDOUAnn aiIATTOK riiomologie d^organes nicine très semblables de forme et de fonction comme, par exemple, les appareils de fixation et d'absorption. Systématique et anatomie comparées ne pourront être abordées, et d'une manière très prudent?, que dans la partie générale du mémoire. L'ordre adopté a été le suivant : les parasites seront rangés suivant leur siège par rapport à l'hôt? dans un ordre qui, par conséquent, est plus topographique qu'éthologique : parasites externes, parasites intes- tinaux, parasites cœloniiques, et enfin, parasites sur ou dans les œufs et les protozoairegi On me reprochera peut-être de ne pas avoir adopté un ordre de monographies de genres et d'espèces fondé sur le mode de nutrition des parasites. Cet ordre-là, plus scientifique que le premier n'eut point été cependant l'ordre éthologique intégral. Ce dernier doit tenir compte à la fois du siège du parasite et de son mode de nutrition et nous aurions dû pour l'établir et le justifier instituer une discussion dont nous ne possé- derons les éléments qu'à la fin du mémoire. Elle fera l'objet d'un im- portant chapitre de la partie générale. L'ordre topographique, au contraire, peut être établi d'emblée. Mais avant d'aborder l'étude monographique des genres et des espèces, je dirai dans quelles conditions ce travail ^ été effectué, où et comment le matériel a été recueilli, par quelles méthodes il a été mis en oeuvre, afin que mes observations puissent être facilement reprises et complétées, car les lacunes y sont encore considérables. Je ne manquerai d'ailleurs pas de les faire ressortir, CONDITIONS, LIEUX, MATÉRIAUX ET MÉTHODES DE RECHERCHES Lieux et dates, p. 12. — Investigations dans la faune benthique, p. 13. — Investigations dans la faune pélagique le planeton dans la baie de Banyuls ; a, plancton océanique, p. 14. — b, plancton néritique, p. 16. — Les Copé- podcs holopélagiques néritiques, p. 17. — La pêche, p. 18. — Conservation et tentatives d'élevage, p. 10. — Fixation, coupes, coloration, p. 20. Lieux et dates. — Comme je l'ai dit dans mon avant-propos, c'est presque exclusivement à Banyuls-sur-Mer, au Laboratoire Arago ou à bord du « Roland » vapeur du Laboratoire, que les matériaux de mon travail ont été recueillis et étudiés. J'ai passé en outre une quinzaine de jours à la station zoologique de Cette, en juillet 1907, et un mois environ à la station zoologique Russe de Villefranche-sur-Mer, en mars-avril 1911. Il ne me paraît pas superflu de donner ici les dates de mes séjours à Banyuls, ne serait-ce que pour fixer les chercheurs futurs sur l'étendue des PÊRIDINIENS PARASITES 1 3 lacunes qui ont entrecoupé mes recherches au cours de ces huit années. Nous verrons en effet la plupart des Péridiniens parasites offrir les indices d'un r37thme évolutif annuel. Voici donc ces dates : 1905 5 septembre- 7 octobre ; 1906 28 juin-26 juillet ; 4 septembre- 1^''' décembre ; 1907 24 mars-1 novembre ; 1908 17 septembre- 17 novembre ; 1909 17 juin- 17 août ; 1910 15 septembre- 15 novembre ; 1911 24 août- 15 octobre ; 1912 4 août- 2 novembre ; Sur la période de décembre à mars, les documents me font donc com- plètement défaut. Je n'en ai que peu sur celle d'avril à juillet. Investigations dans. la faune benthique. — La condition péla- gique des organismes chez lesquels j'avais rencontré les Blastodinium et les Apodinium qui est aussi celle des Dinoflagellés libres, orientait naturel- lement mes investigations vers le domaine plane tonique. Cependant les mentions faites par Perty (1852), E. Perrier (1889), CuÉNOT (1891), de Dinoflagellés dans le tube digestif d'une Planaire, et de deux Echinodermes, et plus récemment la découverte chez les Annélides par V. Dogiel (1906) des Haphzoon, et l'interprétation de leur nature dinoflagellée (Chatton, 1907) faisaient présumer que les êtres pélagiques n'étaient pas les seuls qui pussent servir d'hôtes aux Péridiniens. Mais pour ne pas étendre sans limites le champ de mon travail, j'ai voulu me borner dans la recherche des Dinoflagellés parasites chez les êtres benthiques, à examiner spécialement à cet égard les Copépodes limicoles et arénicoles, et ceux qui vivent dans les algues du littoral, les uns et les autres appartenant en majeure partie aux Harpacticides et aux Asterochirides. La comparaison valait d'être faite à ce point de vue entre les péla- giques, qui offraient au développement des Péridiniens intestinaux et cœlomiques des conditions si favorables, et les benthiques que leur exis- tence plus sédentaire et apparemment plus confinée, semblait exposer plus encore que les premiers aux hasards de la contamination. Chez aucun de ceux-ci que j'ai examinés je n'ai rencontré de parasites dinoflagellés, non plus que chez les autres Crustacés (Isopodes, Amphi- podes, Cumacés, Schizopodes) non plus que chez les Acariens, les Anne- 14 EDOUABD CHATTON lides, les Nématodes et les Nématoïdes, les C'haetognathes, les Planaires et les Némertiens, qui en môme temps que les Copépodes sortaient du sable, de la vase et des algues où ils vivaient côte à côte. A plusieurs reprises à Banyuls et à Villefranche, j'ai examiné des Antedon rosaceus et des Ediinaster se}iositus dans l'espoir d'y retrouver les singulières agglomérations de Prorocentrum micans que E. Perrier, puis CuÉNOT avaient signalées chez fces Echinodermes. Ce fut aussi sans succès. J'ajouterai enfin que chez les Ascidies simples et surtout chez les composées que mon ami E. Brément et moi, avons beaucoup scrutées au cours de nos recherches sur les Copépodes ascidicoles, aucun Péridinien parasite ne s'est jamais révélé. Mais ceci n'est point pour décourager les chercheurs futurs, car il ne s'agit ]ias là d'observations répétées et méthodiques comme celles que j'ai faites sur les organismes pélagiques. Investigations dans la faune pélagique. Le plancton dans la BAIE de Banyuls. — a. Plancton océanique. A de rares exceptions près, toutes mes pêches au filet fin ont été effectuées dans la baie de Banyuls à moins d'un mille de la côte, par conséquent dans la zone du plancton néritique, la seule qui me fut journellement accessible. Les c|uelques tentatives que j'ai faites pour aller chercher plus an large le plancton océanique ne m'ont donné que de maigres résultats. La région de Banyuls si favorisée sous le rapport de sa faune terrestre et de sa faune marine littorale et benthique ne l'est guère quant à l'ensem- ble de la faune pélagique. Cela tient à la configuration de la côte et au régime des vents qui y régnent. Banyuls^ occupe le fond d'une baie largement ouverte à l'est, en un angle droit dont un coté à direction S.O-N.E., long d:' 4 Idlomètres est constitué par les falaises du Cap Béar, et l'autre N.O.-S.E., plus réduit par celles du'cap l'Abeille, tous deux contreforts des Albères. Mais cette baie n'est elle-même qu'une anfractuosité d'un golfe plus large limité au nord par la côte du Languedoc et du Roussillon, et au sud par l'énorme saillie du cap Creux, qui dévie vers le large les courants du sud. Jusqu'à 12 milles de la côte, en moyenne, s'étend le vaste plateau continental qui s'abaisse progressivement à 150 m. pour fau'e place brusquement à des fonds de 600 à 800 m. et plus. 1. Consulter hi carte détaillée du littoral et dos fonds, dressée par G. rKUVOT (1894), et le mémoire qui raccom- pagne. PÉRIDINIENS PARASITES 15 Ceux-ci sont trop éloignés du littoral pour que, comme à Villefranche, à Naples ou à Messine, leur faune puisse l'atteindre, et ce n'est pas là la moindre cause de la pénurie de la baie de Banyuls en pélagique hauturière. On sait en effet, — Boutan et Racovitza( 1895) l'ont montré spécialement en ce qui concerne les parages de Banyuls — que celle-ci effectue, sous l'influence des conditions, qui régnent à la surface : agitation, tempéra- ture, lumière, des mouvements d'ascension et de plongée dont l'amplitude atteint plusieurs centaines de mètres, mouvements que l'élévation du plateau continental parait rendre ici impossible. Une auti'c raison de cette pénurie est sans doute l'agitation excep- tiomielle, redoutée des navigateurs, des eaux du Golfe du Lion, due à la fréquence et à la violence du mistral. Ce vent qui souffle du N.-N.E., règne surtout à la Hu de l'hiver, parfois durant des semaines entières et au printemps non sans faire de fréquentes apparitions en été et en automne. Sa violence se dépense en pure perte pour toute activité maritime. Au travailleur du plancton, il n'amène aucun être du large. Il souffle de terre. Le déchet des jours de travail que je lui dois est considérable, surtout en 1907. Le vent du Sud vient pour la fréquence et la violence, après le vent du Nord. N'était la barrière du cap Creux, il pousserait peut-être jusqu'à Banyuls le plancton hauturier. Ceci se produit quelquefois lorsque sa direction s'incline vers l'Est. On assiste alors à des arrivages de Cténophores : Beroë et Hcyï'mijihora, d'Acalèphes de Siphonophores : Dijîhyidés, Vélelles, Agahna toujours disloquées, de Carinaires, de Salpes. Je n'ai vu qu'une seule fois des Cestes, des Eucharis, des Hes- perides, jamais de Praya, de For^kalia, iVHalistenwm, de Physalies, de Cymbulics, de Ptero trachées, de Pyrosomes que l'on pêche communé- ment à Villefranche. Lorsque c'est le vent d'Est franc qui s'établit — ce qui arrive quelquefois entre septembre et awil — il soulève une grosse houle qui rend toute pêche impossible et brise contre la côte tout ce qu'elle transporte. La vague n'est d'ailleurs pas le seul véhicule de la pélagique hautu- rière. Les courants jouent à cet égard un rôle beaucoup plus important et le matériel qu'ils transportent est eu meilleur état. Mais les courants ne paraissent soumis dans la baie de Banyuls à aucun régime fixe. Je ne manquais jamais quand il s'en montrait d'y tramer le filet, mais le plus souvent sans y trouver autre chose que des débris d'origine terrestre. Mais il est à remarquer ici que c'est pendant l'été et l'automne, c'est-à- dire durant la période, où dans les stations à faune pélagique riche, celle-ci 16 EDOUARD CHATTON atteint ses minima quantitatifs et qualitatifs, que j'ai effectué mes pêches à Banyuls. Déjà à l'approche de l'hiver, se montrent certaines formes hauturières comme Fritillaria 'pellucida, que j'ai pêchée les 21, 22, 23 novembre 1906 et le^ 27, 28, 29 octobre 1912. En avril 1910, M. Caullery a retrouvé cette appendiculaire assez abondante, tandis que je ne l'ai jamais observée moi-même d'avril à novembre. La même remarque s'applique à Calarius helgolandicus queM. Caullery a recueilli à Banyuls le 15 avril et le 12 mai 1910 et que je n'ai jamais vu moi-même en été et en automne dans cette station. Et il serait à rechercher, d'une manière méthodique, pendant les beaux jours d'hiver et de printemps, s'il n'est pas quelque lieu dans les parages de Banyuls, en rapport avec certains accidents du littoral, et la direction des rechs ou abîmes qui coupent le plateau continental, où le plancton du fond ou celui du large se montrerait d'une manière à peu près constante. J'ai pris part à bord du Roland, en 1909, à une campagne de pêches bathypélagiques par 800-1000 mètres au large du cap Creux et du cap des Mèdes, dirigée par M. Racovitza. Aucun des organismes que j'ai examinés tant à bord qu'au retour au laboratoire : copépodes [Augaptilus longicaudatus Giesbr.), nom- breux schizopodes, amphipodes (Hespérides, Phronimes) Tomopteris, Sagitta gigantea. n? m'a fourni de Péridiniens parasites. Des pêches faites en surface, aux mêmes lieux, ne m'ont donné qu'une faune très peu dense de Copépodes (principalement Eucalanus, Hemica- lanus et Mecynocera, d'Appendiculaires : Oikopleura) également indemmes de parasites. b. Plancton néritique. Dans les eaux de Banyuls, la pénurie du plancton océanique est compensée par la richesse du plancton néritique. Mais ce qu'il faut entendre par là est à préciser. D'après la nomenclature des océanographes, le district néritique est la région qui s'étend au-dessus du plateau continental. Partout ailleurs c'est le district océanique. La limite géographique des deux districts est donc très précise, mais on conçoit que celle de leur faune flottante le soit beaucoup moins. S'il est vrai que les formes littorales n'émigrent guère au large, celles du large sont, par contre, souvent poussées à la côte. D'où la distinction que Hâckel (1891) à dû faire dans le plancton néritique entre les êtres qui sont des pélagiques vrais, qui ne vivent sur le fond à aucune époque PÉRIDINIENS PARASITES 17 de leur existence, et ceux qui, plus ou moins longtemps benthiques, ont cependant une phase de vie flottante. Ce sont pour la plupart des larves ou des formes de dissémination (Méduses métagénétiques, formes épi- toques d'Annélides, etc.). Les premières constituent le holo plancton, les secondes le meroplancton de Hackel. Or il semble que très souvent l'on ait tendance à confondre les termes holoplancton et plancton océanique en tenant pour originaires et émigrés de la haute mer tous les pélagiques vrais du district néritiquo. Cette manière de voir ne me paraît pas conforme à ce que j'ai pu observer moi-même à Banyuls, et je puis dire que dans cette localité il existe une faune holopélagique néritique bien définie, qu'il vaudrait même mieux appeler faune holopélagique littorale, car elle est loin de s'étendre jusqu'aux limites du plateau continental. Ce n'est j^as que 'les animaux qui la composent ne puissent se ren- contrer jusque là et même dans le district océanique, non plus qu'ils soient toujours présents en un point déterminé de la côte. Mais jamais je ne les ai rencontrés d'une manière aussi constante, et en aussi grande abondance au large que dans la baie. Ce sont les Copépodes à adaptations pélagiques peu accentuées, ayant pour la plupart conservé la forme trapue, cyclof)oïde, et médiocrement transparents, qui forment la majeure partie de cette faune. Les Copépodes holopélagiques néritiques. — Les plus constants à Banyuls sont : Calanidae : Calanus helgolandicus Cl. Paracalanus parvus Cl. Calocalanus styliremis Giesbr. Clausocalanus furcatus G. Brady. C. arcuicornis Dana. Centropagidae : Centropages typicus Kroyer. Temora stylijera Dana. Candaciidae : Candacia simplex Giesbrecht. PoNTELLiDAE : Anomalocerci patersoni Rempleton. Acartia ckmsi Giesbr. Cyclopidae : Oïthona similis Claus. 0. nana Giesbr. O. plumifera Baird. Harpacticidae : Microsetella atlantica Brady et Robertson. Clytemnestra scutellata Dana. AKCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN, — T. 59. — F. 1. 2 18 EDOUARD CIIATTON Oncaeidae : Oncaa média Giesbr. 0. minuta Giesbr. CoRYCOEiDAE : Corycœus rostratus Cl. C. venustus Dana. Ce sont précisément ces Copépodes qui m'ont fom^ni la plupart des matériaux de ce travail : les Blastodinium et Schizodinium, les Syn- dinium, les Paradinium et Trypanodinimn ovicola. La pêche, — Chaque matin, lorsque le temps le permettait, entre 5 et 8 heures, le filet était traîné dans la baie, à l'aviron, à une distance de la côte variant entre 500 et 1.000 mètres, quelquefois à la voile ou au moteur, à un mille et plus. Voici les caractéristiques du filet employé : Diamètre de l'ouverture : 30-40 centimètres; Longueur : 2-3 mètres; Maille d'environ 0mm. 02 à 0 m. 1 . Poche terminale souple, en toile très serrée, fermée par une pince à forcipressure. L'expérience des récipients métalliques en usage m'a amené à leur substituer cette poche souple, qui a sur eux, et surtout sur ceux qui sont à fond plat, l'avantage, étant doimée sa forme irrégulière, de ne pas réfléchir l'eau, en déterminant dans le filet un courant de sortie qui entraîne toujours une partie de la pêche. Ceci est d'autant plus impor- tant à éviter que le filtre est plus dense, et que la vitesse de l'embarcation est plus grande. Or, la densité du filtre a un double avantage : celui de retenir les très petits organismes, et celui de réduire la vitesse de filtra- tion, par conséquent la violence du choc qu'ils donnent à la paroi du filet. Sous l'effet de ce choc, divers parasites peuvent être chassés de leur hôte : les Ai^odinium du pharynx des Fritillaires, les sporocytes dissociés des Blastodinium de l'intestin des Copépodes, et les masses plasmodiales des Paradinium du cœlome des Acartia. Beaucoup d'animaux trop comprimés sont tués et la survie des autres dans les bocaux d'observation se trouve réduite. Dans une mer très ventée, où l'on est exposé à pêcher le plus souvent dans la brise, ou lorsque l'on traîne le filet à la voile et au moteur, chaque fois, en un mot que Ton ne commande pas avec précision la vitesse de son embarcation, un filet dense est indispensable si l'on tient à conserver vivants les animaux les plus délicats. La plongée du filet variait de 0 à 15 mètres, mais le plus souvent elle ne dépassait pas 4 mètres. L'agitation superficielle due à une brise moyenne ne modifie pas sensiblement la richesse des couches superfi- cielles en organismes pélagiques. Mais dès que les particules du fond sont PÉRIDINIEN8 PARASITES 19 soulevées par la houle, ^ils diminuent considérablement de nombre. Conservation de la pêche. Tentatives d'élevage. — La plus grande partie de ce travail est faite d'observations et de dessins pris sur le vif. Si l'expérimentation n'y tient pas plus de place, c'est à cause de l'extrême fragilité des organismes pélagiques dont l'élevage n'est pas encore pratiquement réalisable. Aux chaudes journées d'été : juillet, août, septembre, la survie du plancton en masse ne dépasse guère 5 ou 6 heures. J'ai essayé de plusieurs procédés pour la prolonger. Agitation par agitateurs solides, par cou- rant d'air, circulation d'eau, ne m'ont pas donné de résultats satisfaisants. Le mieux est de fragmenter la pêche en plusieurs bocaux que l'on immerge à peu près complètement, dans un bac à eau fraîche, autant que possible à l'obscurité. De temps à autre on enlève le sédiment des organismes morts. On peut ainsi utiliser l'après-midi une partie de la pêche faite le matin. Lorsqu'on isole les organismes intéressants dans de petits cristalli- soirs bien propres, en eau bien pure, à l'abri des poussières, de la lumière et de la chaleur, on peut les conserver plusieurs jours. Des Fritillaria pellucida ont ainsi survécu deux jours ; des Paracalanus et des Clauso- calanus, douze et dix -sept jours ; un Oodinium, détaché de son hôte, a pu être amené au bout de 24 heures jusqu'à la sporulation. Mais bien que la durée de la survie obtenue pour les Appendiculaires et les Copépodes dépasse de beaucoup 'le temps nécessaire pour saisir chez les parasites d'importantes transformations évolutives, les résultats de semblables tentatives sont toujours médiocres. Les hôtes ne se nourrissent pas, ils dégénèrent et leurs parasites avec eux, presque toujours même avant eux. Toutes les tentatives que j'ai faites pour nourrir les hôtes ont abouti, par l'introduction de matière organique putrescible, à leur des- truction bactérienne rapide. On conçoit que dans ces conditions toute expérience et toute observation à échéance quelque peu prolongée ait été impossible. Personnellement je ne me suis pas attaché à étudier d'une manière méthodique une technique qui permît de fai e l'élevage tout au moins des Paracanalus et des Clausocalanus, ce que je considère cependant comme parfaitement réalisable. Mais je n'ai jamais été assuré de pouvoir faire à la mer un séjour assez prolongé pour mener à bien pareille entreprise qui eût exigé beaucoup de temps et surtout de la continuité dans l'effort. A priori, il me paraît mointr-difïicile d'élever, au moins pendant nn 20 EDOUARD CllATTON certain temps, des Copépodes pélagiques, que de mener jusqu'à l'oursin, comme l'a fait Delage, un pluteus issu de l'œuf. L'examen in vivo chez des êtres aussi translucides que le sont les pélagiques révèle la plupart des détails de leur organisation, et il dispense même jusqu'à un certain point de l'emploi des méthodes cytologiques. Ceci est heureux, car pour certains d'entre eux, les Apodinium, par exemple, je n'ai pas eu suffisamment de matériel pour pouvoir en fixer en vue d'une étude sur coupes. Il est cependant des cas où pareille étude est absolument indispen- sable. Elle seule m'a permis de distinguer parmi les parasites cœlo- miques dont les stades végétatifs plasmodiaux. et même pour certains, d'entre eux les flagellispores, sont si semblables] in vivo, les deux tjq^es si différents que sont les Syndinium et les Paradinium. Fixation. Coupes. Coloration. — Les organismes intéressants de cette pêche étaient fixés isolément, mais quand la pêche en contenait une proportion assez élevée, une partie était fixée en masse. Il importe dans cette opération de la fixation en masse d'éliminer tous les animaux morts qui poui raient fournir sur les coupes des images pouvant prêter à des interprétations erronées. Il suffit pour cela de laisser reposer le bocal dont on veut fixer le contenu pendant une dizaine de minutes, jusqu'à ce que tous les organismes morts et immobiles soient sédimentés. Cette sédimentation a en outre l'avantage d'éliminer les particules solides, les Radiolaires et les Diatomées qui gênent le triage ultérieur par les enche- vêtrements qu'ils forment, et dont les squelettes siliceux peuvent être nuisibles à la perfection des coupes en masse. On filtre sur un tissu dense (soie à bluter, par exemple) la partie non sédimentée du bocal, que l'on immerge sans laisser égoutter et sans retour- ner le filtre, dans un cristallisoir contenant le fixateur. Les Péridiniens parasites sont d'une texture extrêmement délicate qui ne supporte pas l'effet des fixateurs sans altérations considérables, ce qui tient à la grande quantité d'eau contenue dans leur cytoplasme, soit dans les lacunes comme chez les Apodinium, soit intimement mélangée à ses particules comme chez les Péridiniens plasmodiaux. Les fixateurs qui m'ont le mieux réussi sont le liquide de Bouin à base d'eau de mer ou d'alcool (Bouin-Duboscq) et les solutions osmiques, en particulier le Flemming fort. Le mélange faible, même préparé à base d'eau de mer, ne m'a donné que des fixations très insuffisantes. Ces derniers ont un inconvénient. Ils conservent mal les tissus des Copépodes. PÊRWINIENS PARASITES 21 Je n'ai d'cailleurs pas trouvé de mélange qui me permît d'obtenir des fixations parfaites à la fois pour les cellules des parasites et pour les tissus des hôtes. A ces derniers c'est le liquide de Bouin à base d'eau de mer, ou celui de Bouin-Duboscq, qui conviennent le mieux. Les organismes fixés sont coupés soit isolés, soit en masse. Dans ce dernier cas, un triage est toujours nécessaire. Il importe de n'inclure ensemble que des Copépodes de même espèce, car si les adultes d'espèces différentes sont à la rigueur reconnaissables sur coupes, les formes jeunes ne le sont pas du tout. J'effectue le triage dans l'alcool, puis deshydrate, éclair cis à l'essence de cèdre. Une vingtaine d'individus sont réunis dans une petite goutte de ce produit suspendue à une aiguille lancéolée. L'excès d'essence est absorbé au moyen de papier buvard ; les Copépodes sont alors portés par l'aiguille lancéolée à la surface du bain de paraffine, qui doit être assez profond (la hauteur d'une capsule en étain suffit) pour qu'en gagnant lentement le fond ils abandonnent progressivement la majeure partie de l'essence de cèdre. lisse couchent côte à côte sur le flanc, sur le dos ou sur le ventre et si le bloc est coupé parallèlement à son fond, les Copépodes le sont, sans qu'il soit nécessaire de les orienter, parallè- lement soit à leur plan frontal, soit à leur à leur plan sagittal, sens tous deux très favorables à l'étude des rapports du parasite avec les organes de l'hôte. Ce procédé des coupes en masses permet d'épargner beaucoup de temps, sans faire courir aucun risque aux objets que l'on prépare. Il crée la possibilité de couper un grand nombre d'individus, dont certains, en apparence non parasités, peuvent montrer sur les coupes des stades fort intéressants. Comme colorations j'emploie : après fixation osmique la safranine ou le Magenta suivis de vert lum'ère, Phématoxyline au fer de Heidenhain ; après fixation picrique, la même hématoxyline ferrique, le glyché- malun de Mayer avec différenciation par l'eau acidulée, l'une comme l'autre seules ou suivies de coloration plasmatique, simple ou double. Je pratique beaucoup depuis longtemps déjà une double coloration éosine- vt rt lumière particulièrement brillante et instructive pour les tissus des Copépodes. Dérivée de la méthode de Prenant, elle en est une simplifica- tion : faire dissoudre dans l'alcool à 95° de l'éosine W. G. et du vert lumière F. S. jusqu'à saturation des deux couleurs (Le mélange se conserve indéfiniment). Plonger dans la solution les lames pendant cinq minutes. Les coupes en sortent roses, les plonger dans un bain d'alcool absolu con- tenant 5 p. 100 d'acide acétique, en surveillant de temps à autre au micros- 22 EDOUARD CHATTON cope jusqu'à différenciation nettement verte du tissu conjonctif (s'il s'agit de vertébrés) ou de la chitine (s'il s'agit d'arthopodes). Laver au toluène ou au xylol. Monter au baume neutre. C'est surtout, en somme, une méthode topographique, très utile pour l'étude de la répartition des plasmodes parasites. Comme méthode cytologique, je lui préfère, après fixation picrique, la coloration de Mann que je pratique aussi d'une manière très simplifiée, qui ne le cède en rien comme résultats à la méthode originelle : faire dissoudre dans l'eau distillée du bleu de méthyle, et de l'éosine W. G. jusqu'à saturation des deux couleurs (Le mélange est inaltérable). Plonger les lames dans la solution pendant un quart d'heure. Les passer aussi vite que possible dans l'eau et les immerger aussitôt dans un tube d'alcool à 950, de là dans un tube d'alcool absolu contenant une goutte d'ammoniaque par 10 cmc. Les coupes ayant pris dans cette solution une teinte nettement rose (elles étaient violettes), les plonger dans l'essence de girofle, où au bout d'une à deux minutes les éléments cyanophiles (tissu conjonctif, chitine, chromatine nucléaire non associée à la plastine) deviennent nettement bleus, tandis que la substance musculaire, les nucléoles, les caryosoines restent d'un rose brillant. L'examen dans l'es- sence de girofle permet de bien se rendre compte du degré de différencia- tion que l'on peut accentuer, s'il est insuffisant, en repassant de l'essence de girofle à l'alcool alcalin et inversement. La coloration a le grave incon- vénient de n'être pas très fixe, mais elle est très précise. J'ai été amené dans plusieurs cas à user de techniques spéciales que j'indiquerai dans le cours du mémoire. PREMIÈRE PARTIE Etude monographique des genres et des espèces PÉRIDINIENS STRICTS /. PARASITES A SIÈGE EXTERNE Dans cette catégorie se rangent les genres Oodinium, Apodinium et Parapodinium qui comprennent des parasites des Appendiculaires ou d'autres Métazoaires pélagiques. On pourrait y introduire aussi les genres PÉlilDINIENS PARASITE!^ 23 Chytriodinium et Paulsenella qui renferment des parasites qui se déve- loppent sur les œufs des Copépodes ou sur les Diatomées, plutôt qu'à leur intérieur. Mais leur place est aussi bien dans les parasites de la quatrième catégorie (parasites des œufs et des protistes). Genre OODINIUM Chatton 1912 1 Fiiî. 1-16, pi. I. Oymnodinium Pouchet (1885 n, p. 3;>). Oymnodiniuni Lemmermann (1899, p. :158). ,S'a/pico?a Barqoni (1894. p. 43) ; non Kichiarpi (1880, p. 147). OikoîÂeum Kellner (1907, p. 05;î). Grmnia Brooks et Kellner (1908, p. 9:i). Oymnodinium V. DOGIEL (1910, p. 433). Oodinium Chatton (1912, p. 85). Diplodinium Klebs (1912, p. 442). Espèce type du genre : Oodiniujn Poucheti Lemmerman 1899 Sommaire Compréhension du genre (p. 23). — Historique (p. 24). — Le genre Gymnodinium est un complexe de formes disparates (p. 25). — Les caractères des spores et des stades végétatifs dans la classification ; nécessité de genres spéciaux pour les parasites ; le genre Oodinium (p. 25). Oodinium Poucheti = Gymnodinitim pulviscidus {p. 27). I. Rappel et critique des observations de Pouchet (p. 27). — Le cycle évolutif du parasite (p. 27). — La déno- mination spécifique (p. 30). II. Oodinium Poucheti à BanyuIs-sur-Mer (p. 31). — L'hôte (p. 31). — Localisation, mode de fixation, struc- ture, pigmentation et croissance (p. 32). — Libération, mues, bipartitions (divisions longitudinales), (p. 33). — Caryodiérèse mitotique (p. 35). — Différenciation et structiu^e des flagellispores (p. 30). — Conclusions ; homologies avec les Péridiniens libres (p. 37). Oodinium fritillariae (p. 38). — Hôte, localisation (p. 38). I. Stade jeune (p. 39). — Forme, structure (p. 39). — Ehizoïdes de fixation et disque adhésif (p. 39). II. Stades « adultes » (p. 40). — Forme, coloration, structure du cytoplasme (p. 40). — Noyau (p. 40). — Structure du pédoncule et du disque (p. 42). — Conjectures sur le cycle évolutif (p. 43). Oodinium amylaceum (= Salpicola amylacea) Observations de Bargoni (p. 43). Hôte ; localisation (p. 44). — Forme, structure, (p. 44). — Rhizoïdes de fixation (p. 45). — Sporogénèse, division transversale (p. 45.). — Péridinien ou foraminifère ? (p. 47). — Observations de CauUery (P- 48). Espèces douteuses. Oodinium sp., parasite d'Alcio2^a sp., (Observations de V. Dogiel) (p. 48). — Oodinium sp. de C'riseis acicula (p. 50). Ooditiium apperuiiculariae (Observations de Kellner, Brooks et Kellner). Tunicier, foraminifère ou péridinien ? (p. 50), Conditions d'existence et parasitisme des Oodinium (p. 54). — Preuves du parasitisme trophique (p. 54). — • Divers états de l'appareil fixateur absorbant (p. 55). Valeur des espèces (p. 56). — 0. Poucheti et 0. amylaceum (p. 56;. — O. Fritillariae et 0. Poticheti (p. 57). Compréhension du genre. — Nous groupons dans ce genre toute une série de formes, parasites externes de divers animaux pélagiques, dont l'évolution est loin d'être bien connue, mais dont la nature dino- flagellée ne fait point de doute, encore que certaines d'entre eUes aient été interprétées soit comme des Foraminifères parasites (Bargoni 1894, 1. Pour la discussion de la nomenclature, voir p. 25. 24 EDOUARD CHATTON Brooks et Kellner 1908) soit comme les œufs des Appendiciilaires qui en étaient porteuses (Kellner 1907, Brooks et Kellner 1908). Elles ont en commun les caractères suivants, saisissables au premier abord sur les figures : Leur corps fixé à l'état végétatif, de grande taille (150-200^.) ovoïde ou sphérique, sans sillons ni flagelles, à cuticule bien individualisée, à noyau volumineux vésiculeux. Leur appareil de fixation, tronc court et robuste à structure fibrillaire, rétractile ou caduc, qui leur permet de se libérer. Leur reproduction par dinospores nombreuses résultant de segmenta- tions égales et répétées du corps à l'état libre. Tous caractères d'adaptation au parasitisme qui les différencient nettement du type du genre Gymnodinium Stein, le Gymnodinium juscum (Ehrbg.), forme libre. Historique. — Le type du genre Oodinium a l'avantage d'être la forme à la fois le mieux et le plus anciennement connue. C'est le para- site découvert par Pouchet en 1883 (1885 a) sur les Appendiculaires de la baie de Concarneau, et qu'il a appelé Gymnodinium fulvisculus. Des formes analogues, dont les liens spécifiques avec le tjrpe sont actuellement difficiles à préciser, ont été fortuitement observées dans la suite, sur des animaux pélagiques appartenant à des groupes variés : sur des Siphonophores par Pouchet (1885 a) lui-même à Concarneau ; sur la branchie des Salpes de Messine, par Bargoni (1894) qui les tient pour des Gromidés d'un genre nouveau (Salpicola) ; sur la queue d'une Appen- diculaire des Antilles : Oikopleura tortugensis Br. et Kell. . par Brooks et Kellner (1908) qui, renouvelant à leur sujet l'erreur de Bargoni, les décrivent sous le nom de Gromia appendiculariae ; enfin à Naples, sur les Salpes, les Alciope et sur des Ptéropodes indéterminés, parV.DoGiEL (1910) qui les identifie à l'espèce de Pouchet. A Banyuls j'ai moi-même observé, fixées sur la queue dC Oikopleura dioica Fol., des formes que je crois identiques aux parasites de Pouchet et qui, comme eux se rencontraient aussi à l'état libre. J'en ai vu aussi végéter dans la cavité palléale de Criseis acicula Rang (Pté- ropodes). A Villefranche, puis à Banyuls, j'ai pu étudier quelques individus d'un parasite du même groupe, fixés sur le corps d'une autre Appendi- culaire, Fritillaria pellucida Busch, et que pour des raisons exposées plus loin, je considère comme spécifiquement distinct du type. Je dois enfin PÉRIDINIENS PARASITES 25 à M. Oaullery des notes et dessins inédits sur le parasite des Salpes, qu'il a revu lui-même à Naples. Le genre Gymnodinium est un complexe de formes disparates. — PoucHET a classé le parasite des Appendiculaires dans le genre Gymno- dinium, en raison de la condition nue des petits Péridiniens auxquels abou- tissait son évolution. Ce genre comprenait alors, à l'exception des Hemi- dinium et des Polykrikos, bien caractérisés par certaines particularités de structure, et il comprend encore maintenant, bien qu'on en ait distrait depuis quelques autres formes de grande taille à caractères morpholo- logiques tranchés [Spirodinium, Pouchetia, Cochlodinium) , la très grande majorité des Péridiniens nus, et parmi ceux-ci, cette infinité de petites formes éparses dans la mer, et si peu différenciées qu'on ne sait les dis- tinguer ni génériquement ni spécifiquement, lorsqu'on les trouve en liberté. Il y a là de tout : des formes nues de petite taille, des dinospores de grands Péridiniens nus ou cuirassés et toute la série des spores des parasites. Pouchet a d'ailleurs dit lui-même à satiété l'extrême difficulté de classer tous ces Péridiniens : (( Si les Gymnodinium de grande taille peuvent être facilement classés d'après leur caractère, il n'en est plus de même pour une infinité de petites formes, véritable poussière d'êtres, auxquels Ehrenberg avait appliqué déjà avec juste raison la désignation de pul- visculus^. H suffit d'avoir reconnu chez eux une forme nettement péri- dinienne. Bien certainement tous ceux qui se sont présentés à nous, avec des caractères presque identiques de forme et de dimension n'apparte- naient pas à la même espèce ; il est probable au contraire que les espèces en sont fort nombreuses. » Les caractères des spores et des stades végétatifs dans la classification. nécessité de genres spéciaux pour les parasites. Le genre Oodinium. — Comment Pouchet, qui reconnaissait aussi explicitement la pluralité des espèces parmi les petites formes et qui se plaisait à montrer l'impossibilité de les classer, ne s'est-il pas avisé, en présence du parasite des Appendiculaires, qu'on pourrait le faire d'après les caractères des stades végétatifs ? Pourquoi a-t-il laissé celui de tou". les Péridiniens que son évolution éloignait des formes connues jusqu'alors, dans ce Gymnodinium pulvisculus qu'il tenait lui-même pour un com- plexe inextricable : « Il demeurera donc entendu que nous appliquons ce nom Gymnodinium pulvisculus à tous les Péridiniens qui nous ont 1. On verra un peu plus loin que le Peridinium puivisciUus Ehrh. n'a pas du tout le sens que lui prête Pottchet. 26 EDOUARD OH AT TON offert la petite dimension et la forme générale que nous venons de décrire. » C'est qu'à cette époque, où l'on ne connaissait les Péridiniens qu'à l'état flagellé, le cas tout nouveau et absolument isolé d'un organisme effectuant la majeure partie de son évolution et toute sa croissance à l'état fixé, ne suffisait pas à faire naître cette idée, qui s'imposera à nous au cours de ce mémoire, que la majeure partie des Péridiniens nus de petite taille ne représentent qu'une forme éphémère du cycle, la forme de repro- duction indifférenciée, gamète ou flagellispore asexuée, et non pas, comme les Péridiniens cuirassés, un état végétatif hautement spécialisé par ses adaptations à la vie pélagique. Etant donnée cette importance exclusive que l'on attribuait à la forme flagellée, c'est d'elle seule que l'on jienFait pouvoir tirer les caractères de la classification. Mais il n'est pas discutable aujourd'hui que l'on ne puisse ranger dans un même genre bien qu'il soit souvent impossible de les distinguer par leurs dinospores, des formes aussi différentes par leurs conditions d'exis- tence, leur morphologie, leur évolution végétative et leur sporogénèse que le sont, par exemple, les Ajjodinium, les Blastodinium, les Symlinium et les formes affines au Gymnodinium Poucheti, et que ces dernières elles-mêmes doivent être séparées des Gymnodinium pour constituer un nouveau genre. Pour les Péridiniens libres même, Klebs (1912) vient de s'engager plus avant encore dans cette voie en créant un certain nombre de genres qu'il caractérise par leurs formes de repos (kystes, stades sédentaires). Et il reconnaît lui aussi la nécessité de démembrer le genre Gymnodinium : t( Ich halte die Gattung Gymnodinium. fiir ein buntes Gemisch verschie- denartiger Formen, die nach Kenntniss ihrer Entwicklungsganges mehr und mehr in gesonderte Gattungen zu trennen sind. Wir stehen hier vor der gleichen Ratsache wie bei den Algen, deren Schwârmzellen nach dem gleichen Typus gebaut , deren ruhende Zustànden aber aiiszerst ver- schiedenartig sind. » L'espèce type du genre Gymnodinium est en effet le Gymnodinium. fuscum (Ehrenberg) extrait par Stein (1878) du genre Peridinium, forme dulçaquicole. Je propose donc pour le parasite découvert par Pouchet et les formes qui seront à classer à ses côtés, le nom de genre Oodinium. On ne saurait objecter que Bargoni a ai)pliqué en 1894 le nom générique de Salficola PÉBIDINIENS PARASITES 27 à un parasite des Salpes que je reconnais moi-même être un Oodinium (voir p. 43). Le nom générique de Salpicola est en effet préoccupé par RiCHiARDi (1880) qui l'a employé pour désigner un Copépode parasite des Salpes qui n'était d'ailleurs qu'une Sapphirina, Oodinium Poucheti Lemmermann 1899. Fig. 1-7, pi. I. Otjmnodimum, pidvisciilus Pouchet (1885, p. :i3), pi. III. flg. 15-26, non Ehrenberq (1830, p. 38). Oymnodinium Poucheti LEMMERMANN (1899, p. 358). Ooiinium Poucheti Chatton (1912, p. 85). Type de l'espèce : Parasites fixés sur la queue d'une Oikopleura ? indéterminée à Concarneau. Printemps, Eté. I. Rappel et critique des observations de Pouchet Le cycle évolutif du parasite. — « Vers le milieu de septembre 1883, dit Pouchet, les Appendiculaires étaient très nombreux et mon attention fut attirée par les corps bruns pédicules, qu'un très grand nombre portaient fortement attachés sur leur queue, et que les mouve- ments incessants de celle-ci ne parvenaient pas à détacher. Les mêmes conditions se sont présentées au milieu de mai 1884, puis ensuite se sont retrouvées à la fin de la saison. » « Ce parasite, ajoute-t-il, semble avoir échappé aux observateurs : Fol, Ray-Lankester, Heller, Ussow, Langerhans, Hartmann, Reichert n'en parlent pas. Au reste, il n'est pas spécial aux Appendicu- laires, et nous en voyons un dans nos préparations fixé à un Siphono- phore... Sur les Appendiculaires il est toujours attaché à la queue, sans doute en raison des mues du reste du corps. Il est fréquent d'en trouver plusieurs sur le même Appendiculaire. » Pouchet n'a pas identifié l'Appendiculaire en question, mais dans l'image qu'il en a donnée (fig. i a) on peut reconnaître à peu près à coup sûr une Oikopleura, sans naturellement pouvoir s'arrêter à une espèce déterminée. Voici les faits essentiels relevés par l'auteur, quant à la morphologie t au cycle de cet organisme. Les formes jeunes sont de petits corps p'ri- f ormes, de 20 \t. de long sur 10 |U de large, insérés par leur pointe sur le tégument de l'hôte, d'abord hyalins, avec un noyau sphérique. Durant la croissance, le cytoplasme, qui est finement granuleux, brunit, devient de plus en plus opaque, mais laisse toujours voir en son centi'e un noyau 28 EDOUARD CHATTON clair, devenu ellipsoïdal. Une mince cuticule enveloppe à la fois le corps et le pédicule, s'insciant au pourtour de la partie adhérente de celui-ci, qui s'étale en forme de disque sur le tégument de l'Appendiculaire, Ce pédicule devient fibreux et semble se prolonger à l'intérieur du cyto- plasme replié en bourrelet autour de lui. La surface de l'Appendiculaire est un peu déprimée au niveau de l'insertion pédiculaire et présente très souvent un système de plis très .f^'l Fia. I. im Pouchet (1885). Oodinium PouehetiÇLEM^i.) ; a, appendiculaire (OU'opleura sp.) porteuse de 4 parasites très jeunes ; b, c, parasites très jeunes ; d, e, plus âgés ; /, subadulte ; g, dinospore mûre, figurée ici par erreur. Est à rapporter à la figure II. réguliers ; « d'autres fois, on pourrait croire, en observant l'insertion du pédicule obliquement ou de profil, à l'existence de digitations, de prolon- gement de celui-ci comparables à des racines ou à des griffes. Mais ce n'est qu'une apparence due aux changements survenus dans l'épithélium de l'Appendiculaire. « Le parasite dévelopjoé atteint les dimensions considérables de 170 à 180 ;j., sans que son état unicellulaire se modifie. Alors il se détache et devient libre, il flotte dans la mer. On le retrouve dans le filet fin en très grande abondance conservant sa figure p'riforme. La cuticule l'enveloppe exactement par sa grosse extrémité ; du côté de la petite, au contraire elle se prolonge en cône effilé et fermé. PÉMWINIENS PARASITES 29 « L'être devenu libre va subir une évolution qui est commune au parasite manifestement détaché de l'Appendiculaire, et à d'autres corps qui ne sont sans doute qu'une variété du précédent, qu'on trouve en même temps dans la mer et qui vont passer exactement par les mêmes phases, ce qui permet d'identifier les uns et les autres ». Ils sont régulière- K I »>..t. "^ 1 ,^!\ 6.- ■.t^^:\ Fia. II. im POUCHBT (1885). Oodinium Poucheti (LEMM.) ; rt, extrémité d'uu parasite récemment détaclié; b, pa- rasite libéré, à mince cuticule et gros noyau central. Les granulations dessinent dans le protoplasme un reticulum rappelant l'aspect d'un épithélium ; b, parasite détaché venant de subir une première segmentation en long (à comparer avec la figure vn 6 de Bargoni) ; c, chaque moitié s'est sciiulée en deux et dans chaque nouvelle cellule les noyaux sont déjà divisés ; d, produits ultérieurs des seg- mentations avec leurs coques. Spores gyninodiniennes, Tune mûre (figurée par erreur en g, figure i), les autres encore imparfaites. ment ovoïdes au lieu de présenter la figure piriforme qu'ont les autres ; ils ont à peu près les mêmes dimensions, sont recouverts d'une cuticule et jjrésentent dans leur centre un gros noyau ovoïde, clair, mais leur cyto- plasme, quoique brun, est toujours moins foncé que celui des corps para- sites. « Ce sont sans doute des parasites accidentellement détachés de bonne heure de l'animal quelconque sur lequel ils étaient fixés. » En tout cas, l'évolution des uns et des autres ne présente aucune 30 ÈÙOÛAED CHATTON différence. C'est une segmentation dont les produits restent indépendants. Elle est « ordinairement » longitudinale et divise le corps en deux moitiés. « On remarquera, dit l'auteur, cette disposition du premier plan de seg- mentation, passant par le grand axe du noyau ovoïde primitif. On peut voir également cette segmentation se faire transversalement, mais cela est plus rare ». Les deux cellules S3 dégagent de leur enveloppe et se séparent. Elles le font à chaque division nouvelle, et pendant leur période de repos elles peuvent se sécréter une ou plusieurs cuticules et les rejeter successi- vement. Ces cellules diminuant progressivement de volume et perdant leur pigmentation finissent par ne plus mesurer que 1 1 [j. ou moins. « On les voit alors s'agiter et on s'assure facilement que le produit ultime de tout ce processus est une multitude de petits Gymnodinium pulvisculus (jui se répandent bientôt dans tout le liquide. » Leur corps est hyalin, légè- rement bistré ; le noyau ovoïde est situé au niveau du sillon transversal. Toute cette segmentation demande environ vingt-quatre heures. Une seule fois dans ses travaux ultérieurs (1885 b) Pouchet fait à nou- veau mention du Gymnodinium pulvisculus : il signale qu'au commence- ment de septembre 1884, « les corps ovoïdes détachés des Appendiculaires, étaient abondants, mais de petite dimension comme s'ils se trouvaient arrêtés dans leur développement. » La dénomination spécifique. — Discutons maintenant rapidement la question de savoir quelle dénomination spécifique il faut lui appliquer. Bien que Pouchet déclare explicitement avoir emprunté le nom de pulvis- culus à Ehrenberg, il a toujours écrit le nom du parasite des Appen- diculaires : Gymnxdinium pulvisculus Pouchet, nom que la plupart des auteurs ont transcrit ensuite de la même façon. C'est Gymnodinium pulvisculus (Ehebg.) qu'il fallait écrire. Mais Pouchet a commis en plus une erreur manifeste de détermination en appliquant le nom d'EHRENBERG à son parasite. Peridinium pulvisculus Ehrenberg (1830) est en effet un Péridinien d'eau douce, Ehrenberg ne fait pas, il est vrai, mention de son habitat dans l'ouvrage où il propose ce nom. Mais dans son mémoire de 1831 et dans les Infu^ionsthierchen de 1838 il le signale comme ayant été trouvé près de Berlin. Stein (1878) qui le classe dans le genre Glenodinium l'a observé dans des eaux sta- gnantes à Prague. Klebs (1883) qui en fait en fin de compte un Gymnodi- nium n'en indique pas l'habitat précis, mais il le comprend dans une liste de flagellés d'eau douce. PÉRIDINIENS PARASITEE 31 Au surplus rien dans le texte de ces auteurs, si ce n'est l'étymologie même du nom, ne justifie cette idée de Pouchet, que l'appellation de pulvisculus désigne une infim'té de formes disparates, caractérisées seule- ment par leur petite taille. Il semble au contraire que ces auteurs se soient accordés à attribuer ce nom à un seul et même Péridinien d'eau douce. Le nom de pulvisculus ne pouvait donc être appliqué au parasite des Appendiculaires. C'est ce qu'a fait remarquer Lemmermann en 1899, qui, invoquant la priorité du Gymnodinium pulvisculus Klebs 1883 (! sic) a proposé pour l'espèce de Pouchet le nom de O. Pouchetii que nous écrirons maintenant conformément aux règles établies : 0. Poucheti Lemm. ^. IL O. Poucheti, a Banyuls-sur-Mer. L'hote. — Le 25 mai 1907 quelques Oikopleura dioica Fol, espèce ubiquiste et commune en tout temps dans le plancton de la baie de Banyuls, montrèrent pour la première fois, fixés sur la queue, des corps jaunes ovoïdes ou piriformes qu'à première vue l'on pouvait assimiler aux parasites des Appendiculaires de Concarneau. Le 28 mai, je les obser- vais non seulement sur les Oikopleura sur lesquelles ils étaient d'ailleurs très rares, mais encore à l'état libre, avec ou sans traces de leur pédicule d'attache. Le 6 octobre 1911, un très petit nombre d'exemplaires en tous points semblables aux précédents se trouvaient à l'état libre dans le bocal de pêche. Aucun sur les Oikopleura dioica très nombreuses pourtant ce jour là. De même le 24 octobre 1912. Ces organismes se présentaient à Banyuls dans les conditions mêmes où Pouchet le-i avait observé.-i à Concarneau. Ils se sont, à l'observation prolongée, comportés de la même façon et je ne doute point qu'ils leur soient identiques, tout au moins ceux des pêches de 1907. L'identité de ceux de 1911 et 1912 est plus difficile à étabUr puisqu'il n'en a pas été vu d'exemplaires en place sur les Oikopleura. Mes recherches n'ont pu porter que sur un matériel très restreint : une dizaine d'Oikopleura parasitées en tout, et une trentaine de formes Ubres. Aussi, leur résultat n'est-il guère autre chose qu'une confirmation, avec certaines précisions, des faits relatés par Pouchet, mais confirma- tion que l'on ne trouvera pas superflue étant donnée la suspicion où l'on 1. Lbmjmermann (1899; u'a pas lui-même observé O. Powheli. Il ne le cite que d'après Pouchet (1885) et il lui attribue par erreur liiabitat méditerranéen, comme h tous les autres Péridiniens cités d'après l'auteur français 32 EDOUARD CHATTON tenait les observations de ce savant, et l'oubli dans lequel elles étaient tombées dès l'époque de leur publication. Préoccupé tout d'abord d'assister moi-même à l'évolution de ces Péridiniens, j'ai consacré tous ceux dont je disposais à l'étude de leur j i . ^. . développement et de leur spo- ' i , rogenese. Je regrette cependant d'avoir négligé de conserver par les méthodes cytologiques quelques-uns des individus de 1907 fixés sur les Oikoj)leura, I individus qui m'auraient servi .>^^ ; pour étudier la structure de V l'appareil fixateur ; je le regrette d'autant plus que ces individus n'ont point évolué jusqu'à la . \ différenciation des dinospores. , , Je n'ai obtenu celles-ci qu'à \i\\ I I Vt j partir de quelques exemplaires , \ / j recueillis en 1911. Mais il con- \ / ;) vient de noter que l'identité de \^ ^ ces exemplaires avec le type ne .V -^T^S^'-^-'^' peut-être rigoureusement éta- I blie puisque aucun d'eux n'a été observé en place sur les Oiko- y 'pleura. C'est cependant, d'après ; FiG. m. Oodinium Pou- • HApv.,>j,i- lo marphp (V,f. Il les identifie ainsi que JSalpicoia amylacea Bargoni à Gymnodiniuiib PÊRIDINIENS PARASITES 49 fulvisculus PoucHET. Il semble que sa description s'applique uniquement à des parasites d'Annélides du genre Alciope, Annélides qu'il n'a d'ailleurs pas spécifiquement déterminées. Le matériel étant rare, c'est seulement quelques individus adultes qu'il a pu étudier, principalement sur coupes. Le cytoplasme affecte exactement la même structure que chez le parasite des Salpes. Le noyau ellipsoïdal, qui ne se colore que très faiblement, est cons- 'stL^-^' FlQ. IX. im DOGIEL (1910). Oodinium sp. Alciope : a, individu entier in vivo ; b, c, coupes longitudinale et transversale d'un autre parasite, cette dernière in- téressant le pédoncule. titué par une masse finement granuleuse, dans laquelle sont un grand nombre de fibres plus sombres ou de bâtonnets anastomosés. La seule figure que l'auteur ait donnée du noyau coloré ne montre qu'une teinte plate uniforme. Il aurait vu aussi une vacuole pulsatile située à la partie proximale du corps et qu'il assimile aux pusules des Péridiniens libres décrites par ScHUTT (1895). Il décrit un pédoncule fibrillaire analogue à celui des autres Oodinium, mais il ne définit pas clairement quels sont ses rapports avec le tégument de l'hôte : « Die Pseudopodien dringen nicht sofort nach ihren Austritt aus der Scheide in die Haut von Alciope ein, sondern bilden J U DE ZOOl. EXP. ET (ÎÉN. I. 39 F. 1. 50 EDOUARD C H ATT ON zuvor gleichsam einen Stiel, vermittels dessen der Parasit an dem Kôrper des Wirtstieres aufgehangt ist. » La figure qu'il en donne n'est pas plus instructive que ce text?. Oodinium sp. (le Criseis acicula (ptéropode) (fig. x) J'ai observé à plusieurs reprises à Banyuls des Criseis acicula ^jCTTjv^ tfès fréquentes en automne dans le plankton de ''v-^- '' la baie, qui présentaient dans leur cavité palléale un corps ovoïde jaune semblable d'aspect aux para- sites des appendiculaires (fig. x). Extraits par dis- section, ces corps pouvaient être, en effet, reconnus pour des Oodinium indubitables. Ils sont toutefois plus allongés que ceux décrits jusqu'ici (170 (x de long sur 55 fx de large). Jamais ils n'ont montré de cicatricule pédonculaire. Ils ne paraissent pas fixés à l'hôte. Il y avait dans le plankton en même temps que ces Criseis porteuses à'Oodinium des parasites libres, mais aucun animal porteur de formes fixées. Il me semble donc qu'on peut jusqu'à plus ample informé considérer ces Oodinium comme des para- sites des Criseis, qui se nourriraient par osmose, et non par absorption radiculaire, des sécrétions de l'épitliélium palléal. Rappelons que Dogiel (1910) a signalé un Oodinium adhérent au tégument d'un dtéropode indéterminé. (Voir ci-dessus.) Fig. x. Oodinium sp. extrait de la cavité palléale de Criseis aci- cula. ( X -JOO). Oodinium appendlculariae Brooks et Kellner 1908 Oikopleura sp. KULLNER (1907, p. 653, flg. 1, 2, 8 (embryons). Oikopleura tortugensis Brooks et Kellner (1908, p. 90 et 93, flg. 6, 12-25 (embryons). Oromia appendicidariae Brooks et Kellner (1908, p. 93). parasite sur la queue d'Oikopleura tortugensis Brooks et Kellner, Iles Tortugues, Floride. TuNiciER, FORAMiNiFÈRE OTJ PÉRIDINIEN ? — C'est UHC histoire bien troublante que celle de ce parasite. En 1907, paraissait dans le Zoolo- gischer Anzeiger une note de Karl Kellner (pii, en quelques lignes et trois croquis, décrivait d'étranges organismes de forme ovoïde fixés par PÉRIDINIENS PARASITES 51 un pédoncule sur la queue d'une Oikopleure des parages de la Floride. Que l'auteur ait vu dans ces formations des parasites plutôt que des cellules glandulaires, cela nous paraît raisonnable. Mais pour qu'il en fît des œufs et des embryons d'Oikopleura, de sérieuses raisons devaient lui fp:"'^»:» Fio. XI. im. Brooks et Kellnbr (1908). Oodinium appemliculariae (Brooks et Kellner). A, Gregarine liku parasites iii the house. B, Rhizopod Gromîa rootwl to tho tail of Oikopleura. C, Part of the tail X 13 ( ?; schowing cggs aud embryos rooted as parasits iipon it. D, Egg within its foUicle atta- ched to the tail. E, Ventral vicw of embryo x 300. p. p., poches pharyngiennes ; g., spiracula, remarquer le condyle pédonculaire. F, Coupe transversale d'un semblable o embryon ». i sembler nécessaires, d'autant plus nécessaires qu'à la larve d'aucun Tunicier l'on ne connaissait jusqu'alors semblable habitus et semblable habitat. Voici d'ailleurs toute la description : « Bei genauerer Untersu- chung in dem Laboratorium der Jolins Hopkins Universitàt imter der Lei- tung von Professor W. K. Brooks, stellte es sich heraus, dasz dièse Kôr- perchen, welche irrtiimlich als Drîisenzellen bekannt waren, Timicaten in eifôrmigcn und embryonalen Zustande sind. Da die Eier jcdoch klciner 52 EDOUARD CHATTON sind als diejenigen aller andrer bis jetzt bekannten Arten von Tunicaten, so sind es wahrscheinlich die Eier und Embryonen von einer Oikopleura. Ans Mangel an Material und wegen des niclit gut konservierten Zustanden der Objekte kann leider nur weniger iiber die Entwicklungstufen berichtet werden. « Die Tiere befinden t^ich [in parasitenartigen Zustande und sind in dem Ruderschwanz des alten Tieres eingewurzelt, aus welchem sie Nah- rung zu ihrer Weiterenentwicklung beziehen. « In der Abbildung 1 sehen wir den Rudesrchwanz mit a zwei Eiern und b einen in Entwicklung befindenden Embryos. « In der ventralen Ansicht sehen wir in a die beiden spâter nach aus- zen miindenden Kiemenôffnungen und in b die Verbindung mit dem branchialen Pharynx, Der Mund befindet sich auf der dorsalen Seite nahe der Basis der sogenannten Wurzel und ist nicht sichtbar, jedocli zeigt ein Querschnitt durcli diesen Teil des Embryos eine Verbindung der Pharyngalraiime, und eine sich scheinbar nach auszenbildende Ôffnung. c bildet den Magen ? und d die Chorda ? ^ » En Usant Kellner, il y a cinq ans, j'avais été frappé de la ressem- blance des corps fixés sur la queue de l'Appendiculaire avec le parasite de PoucHET. Mais bien qu'aux dires de l'auteur lui-même, le matériel fut mal conservé, j'avais été impressionné par les croquis représentant l'ébauche des organes, et quelque peu aussi par l'autorité du professeur Brooks dont Kellner se couvrait. Je fis néanmoins une-^ fiche pour ne pas perdre la trace de cette découverte. En 1910, j'appris l'existence d'un mémoire de Brooks et Kellner, paru en 1908, et dont le titre à lui seul paraissait significatif : « On Oiko- pleura tortugensis, a new appendicularian from the Tortugas, Florida, with notes on its embryology. [With a note on a species of Gromia (G. appendiculariae)]. L'auteur et son maître reconnaissaient leur erreur. C'était, il est vrai, pour retomber dans celle de Bargoni, mais nous savions ce qu'il en fallait penser ; l'essentiel était d'être assuré que c'était à un Protozoaire et non à un Tunicier que l'on avait affaire. I^rovisoiroment satisfait, je ne pris connaissance du mémoires de Brooks et Kellner qu'en 1911. Quelle ne fut pas ma surprise, lorsque je vis que du parasite de Kellner, les auteurs faisaient deux organismes ; 1. J'iii jiii^c inutile de ici)ioJuire les liyuics de KKLLNKK, celles de Hr.OOKS cL KELLNER (lig. XI) étant plus complètes. PËRIDINIEN8 PARASITES 53 l'un était la prétendue Gromie, l'autre restait la larve d'une Oikopleura, de celle-là même qui la portait. Comment ce miraculeux dédoublement s'était-il accompli ? Brooks et Kellner distinguent, à part l'oikopleure qui les porte, trois organismes différents : 1° Des corps grégariniformes (xi A) abondants dans toutes les coques. Il semble, à examiner les figures, que ces corps soient fixés à la coque par leur pôle atténué. Ils rappellent beaucoup l'image donnée par Pou- CHET d'un tout jeune Oodinium (fig. i B). Si ce sont bien des Oodinium — et ce serait la première fois qu'on les observerait sur la coque et non sur le corps même des appendiculaires — on peut les considérer comme des individus égarés et incapables faute d'un substratum suffisam- ment nutritif de croissance ultérieure. 20 Une « gromie » (xi B) en laquelle nous reconnaissons sans hési- tation un Oodiniuïn à rhizoïdes étalés, tout à fait comparable aux jeunes 0. fritillariae (fig. 10). Ni mensuration, ni grossissement. 30 Les œufs (C D) et Embryons (E F) de l'oikopleure. Le texte et les dessins donnent à ces organismes tout ce qui leur faut pour justifier cette nature, en particulier la franche structure épithéliale des feuillet?. Mais ne serait-ce pas là, cependant, le curieux effet d'une imagination trop prompte et d'une technique trop simple appliquées à un matériel trop pauvi'e ? Ces embryons ne sont-ils pas des Oodinium adultes dont la taille (si toutes les figures sont au même grossissement) est bien en rapport avec celle du jeune individu B ? (130^ et 65//) et de l'ordre de celle des Oodinium en général. L'(( œuf )) D avec son follicule ne rappelle-t-il pas fidèlement la structure de notre 0. fritillariae (fig. L5) à ectoplasme aréole et à volumineux noyau central ? Dans l'a embryon » E, la série des « cellules nourricières » de l'axe d'in- sertion ne représente-t-elle pas le pédoncule lui-même, invaginé comme il l'est normalement, dans la base du parasite, et vu par transparence ? Et le bouton qui termine cette série n'a-t-il pas exactement la forme et la situation du bouton pédonculaire à' Oodinium fritillariae (fig. 14) et d'O. amylaceum (fig. viii h, de Caullery?). Le corps sphérique du pôle libre, prétendue ébauche du sytème nerveux, ne serait-il pas le noyau du parasite, que l'on retrouve comme tel sur la coupe F?. né EDOUARD CHATTON Mais que penser des spiracules et dos poclies pharyngiennes et surtout de leur structure épithéliale si caractéristique ? Je ne puis qu'évoquer la figure de Pouchet qui montre un Oodinium comme cloisonné en un grand nombre de cellules (ii B). Ces deux cas devraient peut-être éveiller l'idée qu'un phénomène de sporulation multiple peut intervenir chez les Oodinium, par exemple chez ceux d'entre eux qui terminent normalement leur évolution sur l'hôte, le mode que nous connaissons représentant une évolution propre aux formes prématurément détachées. La coexistence du noyau et des feuillets sporaux ferait songer à une palisporogénèse analogue à celle que nous étudierons^ chez les Apodinium, les Blastodi- nium et les Haplozoon. Ce ne sont là que des suggestions et c'est aussi l'interprétation la plus favorable aux auteur?. Car, à défaut de cela, il ne nous reste qu'à[attribuer à des altérations les images produites (Cf. fig. 13). Conditions d'existence et parasitisme des Oodinium Preuves du parasitisme trophique. — Bien que l'on n'ait pu constater chez les animaux parasités par les Oodinium ni lésion autre que celle déterminée par la pénétration des rhizoïdes, ni préjudice général tel que la castration parasitaire, on peut affirmer que ces organismes ne demandent pas seulement à leur hôte un support, comme le pensait BùTSCHLi, mais qu'ils en tirent aussi les éléments de leur nutrition. Ce ne sont pas des parasites phorétiques, mais des parasites trophiques. Voici les raisons de cette certitude : 1° Le parasite s'accroît considérablement pendant toute sa période de vie sédentaire ; 20 L'organe de fixation pénètre le corps de l'hôte et s'y résout en fins rhizoïdes formés de cytoplasme et non d'une substance squelettique, comme en témoigne leur contractilité. Même chez les formes, où aux stades avancés les rhizoïdes sont rétractés (0. fritillariae), le tronc fixateur est étalé en un large plateau qui présente la structure en brosse caractéris- tique des surfaces d'échanges (brosses des cellules intestinales, brosse des myxosporidies (Mercier 1908. Mrazek 1910) brosse du kyste sarcos- poridien (auct.) brosse de la cellule pariétale du kyste de Gilruth (Chat- ton 1910 c), etc. Ce tronc est tout à fait comparable aussi à celui que Caullery (1910) a décrit chez son Ellobiopsis Ohattoni et que ce savant conijidoie comme un appareil d'absorption, autant que de fixation ; PÉR/DINIENS PARASITES 55 3° Le parasite n'a point de pigment assimilateur. Le lipochrome dont il est souvent chargé et qui })eut d'ailleurs faire défaut chez certaines formea {0. jritillariae) ne doit pas, cela va sans dire, être considéré comme tel. Il n'a donc point une nutrition holophytique. Il n'a pas non plus une nutrition animale. Il ne peut donc se nourrir que par osmose. Trouvè-t-il dans l'eau de mer les substances qui lui sont nécessaires ? On pourrait à la rigueur le supposer quand il s'agit de VOodinium des Saljjes ou de ceux des Appendiculaires. Dans la cavité branchiale des premières, comme dans la ùavité de la coque des secondes, l'eau peut se trouver enrichie des quelques déchets de la nutrition de l'hôte ; mais à quel état de dilution ! Quant aux parasites des Alciope et des Siphonophores, ils vivent en pleine eau ^. Les divers états de l'appareil fixateur-absorbant. — Cet appa- reil est particulièrement intéressant à considérer au point de vue physio- logique chez 0. jritillariae, à cause de la transformation qu'il subit au cours de son développement. J'ai montré que chez le parasite très jeune, le tronc encore peu épaissi se subdivise en quelques rhizoïdes qui pénètrent le corps de l'Appendiculaire, comme c'est le cas pour le parasite des Salpes à tous les stades de son évolution sédentaire. Chez le parasite des Fritil' laires accru, les rhizoïdes sont rétractés et ne franchissent plus la cuticule. Par contre, le nombre des fibrilles qui leur correspondent eso considéra- blement augmenté et le tronc est fortement épaissi. A quoi peut tenir cette transformation, qui, disons-le en passant, met bien en lumière la complète homologie qui existe entre l'arborisation de rhizoïdes d'O. amy- laceum et le « disque » d'O. Poucheti et d'O. jritillariae ? Je pens3 qu'au moment de sa fixation sur l'hôte le très jeune parasite ne paut pousser pour se tenir à l'hôte que quelque filaments, qui doivent avoir d'autant plus de prise qu'ils sont moins nombreux. Au fur et à mesure qu'il s'en différencie d'autres renforçant le tronc et élargissant le disque, la fixation se trouve assurée par le seul contact de celui-ci à la cuticule. Quant à concevoir pourquoi chez O. amylaceum. les rhizoïdes sont épanouis dans les tissus de la Salpe, alors qu'ils sont rétractés chez les parasites des Fritillaires, c'est plus difficile. La consistance du tégument 1. On nous objectera peut-être le cas de beaucoup de Periditiiiim, qui libres, sont cependant complètement dépourvues de pigment assimilateur et dont la cuirasse semble leur interdire toute nutrition animale. La nutrition des Peridininm n'a pas fait que je sache l'objet de recherches spéciales qui sont certes nécessaires. Mais ne peut-on pas supposer que par l'orifice même de la cuirasse, où passent les flagelles de fines particules dirigées par ceux-ci ne puissent être ingérées ? Chez les Ootiiitiuin semblable phénomène est impossible il cause Jl- la continuité com- plète de la membrane d'enveloppe. 56 EDOUARD C H ATT ON n'est probablement pas sans influence sur cet état de l'appareil fixateur. On conçoit que pour réaliser une fixation à un tégument mou ou vis- queux, la pénétration soit nécessaire, tandis que l'adhérence à une pelli- cule rigide peut se faire par simple contact. Valeur des espèces En plus d'Oodinium, Poucheti Lemm. qui est l'espèce type du genre, nous avons admis l'existence de deux autres espèces. 0. amylaceum Bar- GONi, des Salpes et 0. jritillariae Chatton de Fritillaria pellucida. Nous coisidérons comme d'espèces douteuses le parasite à nature double de Brooks et Kellner, le parasite des Alciope de Dogiel et notre Oodi- 71 um (le la cavité palléale des Criseis, encore insuffisamment connus. O. Poucheti et O. amylaceum. Je reconnais que la distinction des deux premières espèces repose sur des caractères tout contingents et qu'elle est toute provisoire : La forme, la taille, la pigmentation, la structure, autant qu'on en peut juger d'après les descriptions des auteurs sont identiques. Il ne subsiste que deux caractères, auxquels on l'a vu, nous n'attachons pas grande importance : 10 Le sens de la division, qui est longitudinal chez 0. Poucheti et qui serait transversal chez 0. amylaceum. Si cette différence était confirmée, elle aurait, certes, la plus grande valeur, non seulement au point de vue taxonomique, mais encore au point de vue de la conception générale de la sporogénèse chez les Péridiniens parasites (v. p. 434). Mais, il est plus probable qu'elle est le fait d'une illusion d'observation (v. p. 45) ; 2" La structure de l'appareil de fixation : disque adhésif, chez O. Pou- cheti, arborisation de rhizoïdes chez 0. arnylaceum. J'ai pu, grâce à l'obsc/ - vation des stades jeunes d'O. jritillariae, montrer qu'il ne s'agit pas là en réalité de deux structures différentes, mais de deux états d'un même organe, très polymorphe, aussi polymorphe que le sont les pseudopodes des Rhizopodes, et dont l'état de contraction ou d'extension n'est proba- blement qu'une conséquence de la consistance du tégument sur lequel le parasite est fixé (v. p. 55). On n'en devra pas moins tenir compte de ce fait que chez les Oodinium des Appendiculaires (je pense qu'à cet égard 0. Poucheti se comporte comme 0. jritillariae) le parasite commence par pousser des rhizoïdes, et qu'il les rétracte ensuite. Ceci prouve que PÊRIDINIENS PARASITES 57 la cuticule de l'hôte n'est point un obstacle à leur épanouissement, que le parasite peut développer ses rhizoïdes, mais qu'il ne le fait pas et que la nature de l'hôte ne détermine pas seule l'état de l'appareil fixateur. Nous ne savons pas si les germes d'O. Poucheti sont capables de s'adapter d'emblée aux conditions nouvelles qu'exigeraient la fixation au tégument de la cavité branchiale d'une salpe et la nutrition aux dépens des tissus de ce nouvel hôte. C'est pour ces raisons que nous croyons pouvoir jusqu'à plus ample informé, continuer à désigner d'un nom propre VOodinium des salpes. Le langage ne peut qu'y gagner en précision et en concision, cala n'impli- quera nullement que nous croyions à la fixité de l'espèce et à la spécificité parasitaire rigoureuse. Je tiens à dire ceci dès maintenant. D'autres cas de conscience taxonomiques se présenteront au cours de cette étude, comme il s'en présente à tout parasitologue. De combien a-t-on pu donner une solution définitive ? Nous soumettrons donc au lecteur toutes les données utiles à la dis- cussion de ces cas difficiles. Si d'une manière générale, nous conservons, même dans le cas probable d'unité spécifique (v. le cas Blastodinium spinulosum-B. crassum, p. 241) deux noms différents aux formes en cause c'est par ce que nous pensons être encore — et pour longtemps — dans une période de travail analytique, où il faut employer un langage analytique, chaque fois que l'identité n'est pas définitivement démontrée. 0. FRITILLARIAE et O. PoUCHETI. Pour distinguer 0. fritîllariae d'O. Poucheti, nous avons des carac- tères plus nombreux et plus sérieux. La taille plus petite d'O. fritillariae, sa forme généralement arrondie aux stades avancés, sa pigmentation toujours faible, le volume plus considérable du noyau et surtout la forme toujours déprimée de celui-ci du côté du pédoncule, chez le parasite bien développé. J'attache une grande importance à ce fait que sur les Oikopleiira dioïca, hôtes d'O. Poucheti, qui ont été pêchées en même temps que les Fritillaires infestées, il n'y avait point à'Oodinium. Il n'y en avait pas non plus à l'état libre dans la mer comme dans tous les cas où il s'en trouvait sur ces appendiculaires. Notons que chez ces trois formes, les stades jeunes, ainsi que la marche de la sporogénèse, au moins jusqu'à la différenciation des dinospores, sont exactement semblables. Quant à la morphologie des dinospores, on n8 EDOUARD CJIATTON ne peut actuellement en tirer aucun caractère taxonomique, parce qu'elle n'€J8t connue avec précision que chez O. fritillariae. Les dinospores d'O. amylaceum sont encore inconnues. Genre APODINIUM Chatton 1907 Fig. 0, pi. l{Apod.); flg. 17-iO, pi. II; fig. "l-M, pi. III. Apodinium CHATTON (1907, p. 981). non Apodinium Pattlsen (1911, p. 317). Espèce type genre: Apodinium mijceto'ides Chatton 1 907. Sommaire : Apodinium wyceto'Ules (p. 59). I. L'hôte et s n parasite (p. 59). — L'hôte, son régime saisonnier (p. 59). — Fréquence du parasite (p. 60). — Localisation, hypothèse sur ses causes (p. 60). — Orientation des parasites ; facteurs de leur orientation ; le régime des courants respiratoires chez FritUlaria pdlucida (p. 62). II. Organisation et croissance du parasite (p. 66). — L'individu jeune (p. 66). — Structure du pédoncule (p. 67). — Structure du corps ; état biénergide (p. 68). III. Reproduction du parasite : la sporogénèse itérative ou palisporogénèse (p. 69). — L'« état adulte » (p. 69). — Division transversale du corps (p. 69). — Hétérodynamie des cellules filles ; nomenclature des éléments et notation des stades de la sporogénèse (p. 71). — Poussées sporogénétiques successives (suite de la notation) (p. 72). — Déhiscenoe des coques ; collerettes résiduelles (p. 73). — Structures des dinospores (p. 73). — Conjectures sur la destinée des dinospores (p. 74). — Cycle sporogénétique dans le pharynx et l'intestin de l'hôte (p. 75). Apodinium rhizophorum (p. 77). L'hôte (p. 77). — Situation et organisation du parasite (p. 78). — Structure du pédoncule (p. 78). — Struc- ture du corps (p. 79). — Sporogénèse (p. 79). — Comparaison avec A. mycetoides (p. 80). Conditions d'existence et parasitisme des Apodinium (p. 81). Nutrition (p. 81). — Pénétration des rhizoïdes dans la glande pharyngienne (p. 81). — Rôle absorbant des rhizoïdes (p. 81). — Nutrition des formes pharyngiennes (p. 82). Reproduction (p. 83). — La palisporogénèse, unique mode de reproduction (p. 83). — La palisporogénèse est dérivée de la division binaire simple. Ses avantages pour l'espèce et pour l'individu (p. 83). A l'espèce type, parasite de FritUlaria pellticida (Busch) = FritUlaria furcata (Vogt), j'aurai à ajouter ici une forme nou- velle vivant sur une autre Appendiculaire, Oikopleura cophocerca Gbgenb. Paulsen (1911) a tout récemment introduit dans le genre un Apo- dinium chaetoceratis parasite des Diatomées pélagiques : Chaetoceras boréale et Ch. decipienfi, non sans faire lui-même d'expresses réserves sur les affinités de cet organisme avec l'espèce type. Le savant protis- tologue ne sera donc pas surpris que, partageant ses doutes, j'aie distrait ce parasite du genre Apodinium. J'en ai fait le genre nou- veau Paulsenella. Sa position systématique sera discutée à la page 320 de ce Mémoire. PÉRIDINIENS PARASITES 59 Apodinium mycetoides Chatton 1907 Fig. 9, pi. I; flg. 17-iO, pi. II. Apodinium mycetoides Chatton (1907, p. 28?, fig. 1). Type de l'espèce fixé sur le tégument de F ritillar ta pellucida (Bu sck) (= Fritillaria furcata Vogt) à Banyuls-sur-Mer. (Fig. 9, pi. I; 17-30, pi. II). I. L'hote et son parasite. L'hote. Son régime saisonnier. — Le 21 novembre 1906, la pêche quotidienne au voisinage de la côte fournit en grand nombre une Appen- diculaire que je n'avais pas rencontrée jusque-là. C'était Fritillaria pellu- cida (Busch) = Fritillaria furcata (Vogt) qui n'est d'ailleurs pas une forme rare, mais seulement très sporadique. Le 22 novembre, nous la péchions à bord du Rolarul sur tout l'espace parcouru depuis la côte jusqu'à deux milles environ au large de Collioure. Le 23 novembre, il ne s'en trouvait plus dans la baie de Banyuls que de rares individus et le lendemain elle avait complètement disparu. En 1907, elle fit une courte réapparition, nombreuse, le 26 mars. M. Caullery^ l'a observée en avril-mai 1910. Un essaim dense vint dans la baie le 12 octobre 1911, d'autres plus clairsemés entre le 22 et le 27 octcbra 1912. A Villefranche-sur-Mer, on la pêche d'une façon intermittente de novembre à mai, et en 1910, du 17 mars au 7 avril, je l'ai trouvée à peu près quotidiennement dans le produit de la pêche au filet fin, mais jamais en essaims aussi denses que ceux observés à Banyuls. Le régime de Fritillaria pellucida paraît donc être un régime hivernal en Méditerranée. C'est aussi de novembre à février que Vogt (1854) l'a pêchée à Nice, de décembre à avril que Gegenbaur (1855) et Fol (1872) l'ont observée à Messine. Mais ces observations sont en contradiction au moins apparente avec celles recueillies à Madère par Langerhans (1874) qui l'y trouve de mai à septembre, et aux Canaries par Michaelsen qui l'y a rencontrée au mois d'août, en contradiction aussi avec les docu- ments recueillis par la Plankton Expédition [Lohmann (1896)J d'où il ressort que cette Appendiculaire est essentiellement une forme des mers chaudes. Elle paraît même manquer totalement dans la mer du Nord. 1. Commonicatioa orale. 60 EDOUABD CHATTON LoHMANN (1911) n'en fait point mention dans ses Appendicularien du Nordisches Planktou. Il n'est donc guère permis de supposer que Fritillaria pellucida ne prolifère qu'en hiver en Méditerranée, pour disparaître en été. H vaut mieux penser, jusqu'à plus ample informé, que c'est une forme essentiel- lement hauturière, habituée des profondeurs moyennes qui n'est amenée à la côte et à la surface qu'en hiver, par les courants du large prédomi- nant en cette saison. Fréquence du parasite. — Je n'ai trouvé nulle part dans les mé- moires des auteurs qui ont étudié cette Appendiculaire la mention d'un parasite qui puisse se rapporter à Apodinium mycetoides. La présence de ce Péridinien dans les essaims de Fritillaria pellucida m'a paru cependant assez constante. J'en ai observé chaque fois que les Fritillaires se sont montrées en nombre, mais avec d'assez grandes variations dans la pro- portion des individus parasités. Dans l'essaim de novembre 1907, cette proportion atteignait dix pour cent environ. Elle était beaucoup moindre dans les autres essaims ^. Localisation. Hypothèses sur ses causes. — La figure 9 où l'on a déjà vu un Oodinium attaché à une Fritillaria pellucida, au niveau de l'estomac, montre aussi plusieurs Apodinium, à divers degrés de déve- loppement, les uns très jeunes, sphériques, les autres peu développés, piri- f ormes, tous fixés par un long pédoncule, grêle et flexueux, sur la face ventrale de l'hôte au niveau des spiracula branchiaux (s. d. s. g). La plu- part ont leur pédoncule dirigé vers le spiraculum droit, et l'un d'eux, gros individu, s'y trouve même engagé et l'obture à peu près complè- tement. S'il est aisé, comme l'on verra, de mettre en évidence la cause de cette orientation presque constante des parasites vers le spiraculum droit, il est beaucoup moins facile de saisir dans l'état actuel de nos connais- sances celle qui détermine la localisation si précise des Apodinium sur la zone ventrale interbranchiale. Il faut dire que cette localisation souffre quelques rares exceptions : j'ai noté quelques Apodinium fixés sur la marge du corps au niveau des fentes branchiales, ou même sur la face dorsale, mais dans ce dernier cas 1. Les Fritillairos do novembre 1907 étaient aussi infestées dans une proportion de 3 sur 10 en\iron,par l'énig- matique Neresheimeria (Lohmandla) catenata Nerbsheimer (1904) qui se substitue aux glandes génitales. Elles l'étaient aussi, mais celles-là très peu nombreuses, par un Protiste qui se développe en masses plasmodiales autour des organes et qui fera l'objet d'une étude spéciale. Je rappelle que cette Appendiculaire est aussi l'hôte iVOndiiiinm IritUlarUtt (v. p. 38). PÉRIDINIEN8 PARASITES 61 toujours en dehors de la large plage invaginée des oikoplastes ou cellules sécrétrices de la coque. J'avais cru d'abord que c'était surtout dans les rapports de la subs- tance mucilagineuse qui constitue la coque, d'ailleurs très réduite, de ces Appendiculaires, avec le corps, qu'il fallait chercher l'explication de cette répartition des parasites. Je n'avais d'ailleurs pu trouver dans la littérature de données très précises à ce sujet. Lohmann (1899), qui a étudié avec beaucoup de détails la structure de la coque et son élaboiation par les oikoplastes chez les Oikopleura n'est ni très complet ni très explicite en ce qui concerne les Fritillaria, F. pellucida en particulier. Je n'ai pu savoir, par exemple, si la substance mucilagineuse entourait comme d'une ceinture toute la partie péribranchiale du corps, ou si elle était localisée à la région ectodermique invaginée de la face dorsale qui est exclusivement constituée d'oikoplastes. Lohmann parle bien d'un ectoderme oikoplastique ventral qui est réduit chez les Fritillaria et les Kowalewskia à une très étroite bande antérieure, mais il ne précise ni sa position, ni la part qu'elle prend à la sécrétion de la coque. Ces oikoplastes ventraux, Erich Martini (1903) les a décrits dans un travail où il s'est attaché à dénombrer toutes les cellules du corps chez Fritillaria pelliœida. Il met en évidence une bande antérieure de ces cel- lules qui s'étend latéralement en arrière jusqu'aux spiracula, et une autre bande située postérieurement à ceux-ci et qui ne les atteint pas. Mais l'auteur ne fournit aucune indication sur l'extension que prend à la sur- face du corps la substance sécrétée par ces éléments. Remarquons simplement que la plage ventrale Kmitée par ces zones à oikoplastes et dépourvue de ces cellules, zone qui circonscrit les spira- cula, est précisément celle sur laquelle se fixent les Apodinium. Cette constatation, si suggestive qu'elle soit, ne sufiit cependant pas à expliquer la répartition des parasites sur le corps des Fritillaires. Car, en dehors du thorax, il n'existe nulle part ailleurs sur le corps d'ectoderme oikoplastique, et nulle part ailleurs cependant les Apodinium ne se trouvent fixés ! Et dès lors, il faut avoir recours aux hypothèses. Les germes des parasites sont-ils dirigés, canalisés, vers le champ inter- brancliial et amenés à son contact par le courant d'eau que déterminent les ondulations de la queue ? C'est l'hypothèse à laquelle je me raUie provisouement par élimination. Les parasites sont-ils attirés vers le champ interbranchial par un appel d'eau résultant du mouvement ciliaire des spiracula ? On verra que 62 EDOUARD C H ATT ON cet appel d'eau existe, mais qu'il se produit surtout du côté droit, rarement du côté gauche. Il ne permettrait donc pas d'expliquer la fixation des parasites qui a lieu également des deux côtés. Au surplus, les parasites attirés seraient entraînés à travers le spiraculum droit dans le pharynx, comme je le démontrerai un peu plus loin. Le tégument du champ interbranchial jouirait-il de propriétés phy- siques spéciales qui favoriseraient l'adhérence des parasites ? Ici nous sommes en plein inconnu. Nous ne savons même pas ce qu'il faut entendre par tégument chez Friiillaria pellucida : « Verlassen wir nun das Oiko- plastenepithel und gehen zum iibrigen Kôrperepithel weiter, so trefiFen wir auf noch sehr unbekanntes gebiet », voilà ce qu'en dit Martini. Le corps en dehors des zones à oikoplastes, des franges ciliaires et des glandes éparses, n'est revêtu que d'une cuticule anhiste très ténue, recouvrant une masse absolument hyaline, d'apparence mucilagineuse. C'est toujours à cet état que j'ai observé le tégument des Fritillaires. D'après Fol (1872), il existerait chez les individus jeunes un ectoderme recouvrant cette cuti- cule (qui devrait donc être considérée comme une membrane basale), ectoderme qui, au cours de la croissance, serait mué par lambeaux et persisterait quelquefois par places. E. Martini émet la même opinion. La cuticule serait donc en réalité plutôt une basale. Quant à la substance mucilagineuse, que représente-t-elle ? Vraisemblablement, un mésoderme très modifié. Orientation des parasites. Facteurs de leur orientation. Le régime des courants respiratoires chez Fritillaria 'pellucida. — A voir les Apodinium presque toujours orientés du côté du spiraculum droit, et ceux-là même dont le pédoncule s'attache au tégument tout près du spiraculum gauche, il devait venir tout de suite à l'esprit que la cause en était un appel d'eau de l'extérieur vers l'intérieur, à travers le premier de ces orifices. Cette idée que je n'eus pas de peine à vérifier était en contradiction avec ce que les auteurs ont écrit sur le régime des cou- rants respiratoires chez les Appendiculaires. Voici, par exemple, ce que Fol (1872) dit à ce sujet dans ses généra- lités : « La direction du courant dépend de la volonté de l'animal ; le plus souvent l'eau pénètre par la bouche et sort par les branchies, mais on voit aussi la direction inverse régner pendant plus d'un quart d'heure ou les deux directions alterner à de courts intervalles. Les deux fentes agissent toujours ensemble et l'on ne voit jamais l'eau entrer par une fente et ressortir par l'autre. » PÉRIDINIEN8 PARASITES 63 J'ai pu vérifier que cette assertion était parfaitement exacte pour ce qui est d'Oikopleura cophocerca. Vraisemblablement, l'est-elle aussi pour toutes les Oikopleura. J'ai quelque doute qu'elle le soit en ce qui concerne les Fritillaires autres que peïlucida ; quoiqu'il en soit, elle est en défaut pour cette dernière. Voici l'expérience qui le démontre et que j'ai répétée avec des résultats identiques, sur 11 individus. Ceux-ci sont choisis dans des bocaux de pêche, très mobiles et sans aucune altération manifeste. Ils sont placés délicatement, la face ventrale en haut, sous Fia. xn, Apodinium mycetoides sur Fritillaria péUudia. Nombreux individus attirés vers le spiraculum droit. (X 530.) une lamelle soutenue par des cales et sans compression. La lamelle dont il serait préférable d'éviter l'usage, est nécessaire pour empêcher que l'appendiculaire, dont le tégument est mal mouillé par l'eau ne se colle à la surface de la goutte qui la contient. Dans celle-ci a été préalablement mise en suspension de la poudre de carmin dont le transport permet de suivre avec la plus grande netteté le sens des courants. Ceux-ci sont de trois sortes. Comme chez les Oiho- pleura, il y a un courant entrant par la bouche et sortant par les deux spiracula. Je l'appellerai courant antéro-postérieur. Le courant inverse, postéro-antérieur, ne paraît pas exister chez Fritillaria peïlucida. Jamais, c4iez cette espèce, je n'ai vu l'eau sortir par la bouche, d'une façon durable et autrement que par brusques et très courtes poussées. Le courant pos- 64 EDOUARD CHATTON téro-antérieur des Oikopleura, dont l'effet est de purger le pharynx des particules qui peuvent s'y être arrêtées, est remplacé ici par des courants FiG. XIII. Fritillaria pellwida. Figure demi -schématique de la région antérieure, face ventrale, pour illustrer l'expérienci- des grains de carmin. Le point noir gr. c. représente un grain de carmin situé à l'exté- rieur et le circuit qu'il fait en pénétrant dans le pharynx par le spiraculeum droit (sp.â.) (courant de purge droit-gauche) et en sortant par le spiracul um gauche (»p. g.); p. p., paroi du pharynx : end. en- doBtyle; b, boucho; as, œsophage; gl. p., glande pharyngienne. ( x 166). latéraux, de spiraculum à spiraculum, mais avec une prédominance très marquée du courant de droite à gauche sur lu courant de gaucho à droite. Cette prédominance est très apparente à l'observation simple au moyen PÊRIDINIENS PARASITES 65 de la poudre de carmin. J'ai tenu cependant à prendre note des temps pour objectiver les constatations faitas sur deux Fritillaires. Première Fritillaire, courant antéro-postéricur 3 minutes — — droit-gaucho 21 minutes — gauclie-droit 6 secondes — — droit gauche 13 minutes — — gauche-droit 2 minutes ^ ' — droit-gauch? 14 minutes Totaux 53 minutes sur lesquelles durent : courant droit-gauche 48 minutes — — antéro-postérieur 3 minutes — — gauche-droit 2 minutes Deuxième Fritillaire, cornant droit-gauche 7 minutes — — antéro-postérieur 4 minutes — — arrêt ? secondes — — gauche-droit indéfiniment Totaux 24 minutes sur lesquelles durent : courant droit-gauche 20 minutes — — antéro-postérieur 4 minutes — — gauche-droit 0 minutes Je ne tiens pas compte dans ces o])servations de la durée du dernier courant de gauche à droite. J'ai en effet toujours constaté que le courant gauche-droit tendait à s'établir chez les Appendiculaires qui commen- çaient à souffrir d'avoir été maintenues longtemps en observation. Dans ces conditions, ce courant est entrecoupé de stases complètes dues à l'arrêt du mouvement des franges ciliaires buccales et branchiales. Il m'a semblé aussi, et le premier tableau ci-contre confirme dans une certaine mesure cette impression, que le courant antéro-postérieur était plus fré- quent au début des observations qu'à la fin. Cela tient à ce que rapide- ment le pharynx est encombré de grains de carmin dont la présence, peut-être par un acte réflexe, a pour effet l'étabUssement des courants de purge. La charge de l'eau en particules solides influence certainement d'une manière directe le régime des courants respiratoires chez les Appen- diculaires. Au point de vue particulier qui nous occupe, ce que l'on peut déduire des observations qui précèdent est ceci : Lorsque joue le courant antéro-postérieur, un corps comme un Apo- dinium, porté sur un long pédoncule souple et attaché par lui dans la Arch. de Zool. Exp. et Gén. — T. 59. — F. 1. 5 66 EDOVAED g h AT ton région intermédiaire aux spiracula est repoussé également par les com'ants qui sortent de chacun d'eux. L'action du courant antéro-postérieur n'im- prime donc à ce coi]).s aucune direction et il n'y a pas intérêt à reclierclier si ce courant prédomine sur la somme des courants latéraux, ou sur l'un de ceux-ci. C'est uniquement le courant latéral le plus fréquent, qui doit déterminer l'orientation des pédoncules. Effectivement, l'analyse du jeu des courants respiratoires montre que c'est le courant d'entrée par le spiraculum droit qui prédomine de beaucoup sur le courant inverse, et c'est aussi ce qui explique que c'est vers ce spiraculum que les pédoncules sont presque tous orientés. Si j'ajoute qu'un pédoncule couché par l'appel d'eau sur le tégument peut s'y accoler à cause de la consistance plus ou moins glutineuse de celui-ci, on s'expliquera que les Ayodmnun puissent conserver Torien- tation r|ui leur a été donnée et qu'ils ne soient pas le jouet de toutes les oscillations des courants. Cette faculté d'adhérence du pédoncule au tégu- ment suffit aussi à expliquer les exceptions assez nombreuses à l'orien- tation générale. Il est fréquent de voir des Apodinium a3^ant leur pédon- cule couché dans une direction quelconque. Mais je dois dire qu'il ne m'est jamais arrivé d'en voir directement orientés vers le spiraculum gauche, ni d'observer des parasites engagés dans sa lumière comme il s'en trouve dans le spiraculum droit, très fréquemment. Nous verrons plus loin ces individus happés par le spiraculum être le point de départ d'une évolution dans le pharynx, au cours de laquelle leur forme et les conditions de leur parasitisme sont notablement modifiées. 11. Organisation et croissance du parasite. L'individu jeune. — A première vue, surtout lorsqu'on se trouve en présence d'individus jeunes, l'on serait tenté de les prendre pour quelque spore de champignon en germination. Au stade le plus reculé que j'aie pu observer sur les Fritillaires, Apodinium myceioides se présente sous la forme d'un petit kyste sphérique réfringent de 10 y. de diamètre, à paroi épaisse, porté sur im long pédoncule à axe creux, d'aspect mycélien, qui s'attache sur le tégument et enfonce des rhizoïdes dans son épaisseur (fig. 17). Le kyste à une paroi épaisse, nettement à double contour cpii laisse voir peu de détails de la structiu*e interne. On distingue seulement une grosse vacuole centrale circonscrite par une couche cytoplasmique d'ap- parence assez homogène, contenant seulement quelques grosses inclu- sion très réfringentes. PÉEIDINIENS PARASITE.'^ (i7 Structure du pejjojncule. — Le pédoncule sans les rliizoïdts a uno longueur qui, selon les individus, varie de 60 (x à 200 y.. Son diamètre est également ^variable, non seulement d'individu à indi- vidu, mais d'un point à l'autre de sa longueur (2 à 6 ;;,). Il est généralement plus grand dans la portion proximale (voisine du point d'attache) que dans la ^Jortion distale (voisine du corps). Ce pédoncule se compose do deux parties : un axe cytoplasmique central et une gaine protectrice. L'axe cytoplasmique central est très ténu, son diamètre qui est uni- forme depuis le point d'attache jusqu'au corps du para- site ne dépasse pas 0[j.2 à Oy. 6. Sa structiure est^homo- gone. Il est en continuité directe avec la couche cyto- plasmique périphérique du corps. A l'extrémité opposée, il se prolonge, presque toujours dégagé de sa gaine, au-delà du point d'attache, (^t pénètre dans la tunique de la Fritillaire. Généralement, il s'y bifurque et ses branches s'effilent progressivement jusqu'à devenir imperce j)tibles. La longueur totale de l'axe cytoplas- mique du corps à l'extrémité delà branche la plus longue peut être évaluée à 50 tj.. Nous veiTons, lorsqu'il sera question plus loin du mode de nutrition du parasite, que les rhizoïdes du pédoncule s'iiLsinuent profondément dans le corps de la Fritillaire, jusqu'à atteindre l'endos- tyle ou la glande pharyngieime. La gaùie du pédoncule ne le protège généralement que sur sa portion externe, entre le corps du parasite et le point de pénétration. Elle est constituée par une substance homogène réfringente dont je n'ai malheu- reusement pas pu étudier la nature. La surface de la gaine est verruqueuse, son épais- seur est inégale. Au voisinage du point de pénétration, elle est quelquefois renflée en une sorte de bulbe. A ce niveau, la cuticule de la Fritillaire est plissée radiaire- ment. La gaine présente aussi fréquemment des ressauts annulaires qui marquent des périodes de croissance irrégulière. Il y a des parasites chez lesquels la gaine ne recouvre pas la portion de l'axe c3rtoplasmique voisnie du kyste. Une autre anomaUe est la bifurcation du pédoncule protégé par sa gaine dans sa partie externe au corps de l'hôte. Je n'ai pas pu étudier objectivement le mode de croissance du pédoncule. Fio. XIV. A. Apodiniuin mycetoïdes sur FrUU- laria pellucida. Quatro individus attachés au même point. L'un des petits a poussé deux pédoncules. ( x 6"0.) 68 EDOUARD CHATTON Voici quelle conception je m'en suis fait en interprétant les différentes images fournies par les parasites à pédoncule complètement développé : Une spore amenée au contact du tégument de la Fritillaire s'y trouve retenue et germe. Elle germe comme le fait une spore de champignon en poussant un tube, dans lequel, disons-le tout de suite, il n'y a point de noyaux. Mais alors qu'un tube mycélien effectue sa croissance à peu près exclusi- vement par sa partie terminale, le tube pédonculaire dCApodinnim croît sur toute sa longueur, de part et d'autre d'un point fixe qui est le point d'adhérence primitif de la spore. Vers l'extérieur, le pédoncule s'allonge en sécrétant sa gaine, tandis que vers l'intérieur il se développe sous forme de filaments nu . Fréquemment cependant l'on voit des pédoncules munis de leur gaine pénétrer profondément dans le tégument, mais toujours ils se terminent par une portion nue de l'axe cytoplasmique. Il se peut que ces pédoncules engainés, observés au sein du tégument aient été secondairement enveloppés par lui du fait de sa croissance. Structure du corps. Etat biénergide. — La croissance du cordon est déjà terminée lorsque le corps commence seulement à augmenter de volume. Cet accroissement du corps s'accompagne de changements de forme et de structure. De sphérique qu'il était, le parasite devient net- tement piriforme. La membrane d'enveloppe qui était à double contour s'amincit jusqu'à n'être plus qu'une fine pelHcule. Et de ce fait, la struc- ture du contenu devient plus apparente. Au point où l'axe du pédoncule pénètre dans le corps, on voit que la couche cytoplasmique est chargée de fins granules disposés comme s'ils fusaient du pédoncule. Les inclusions grossières contenues dans la couche pariétale, restes probables des réserves de la vie latente, sont résorbées. Dans le cytoplasme pariétal, en un point voisin de l'insertion pédoncu- laire, on voit apparaître une masse à surface arrondie, écrasée contre la surface d'enveloppe, et qui paraît constituée de granules sombres inclus dans une masse fondamentale hyahne, granules de taille égale, réguliè- rement ordonnés en files parallèles, cette masse n'est séparée du cyto- plasme ambiant par aucune membrane définie. Une coloration ménagée au vert de méthyle acétique lui donne, en la contractant légèrement, une teinte vert-brillant, qui la met fortement en évidence par rapport au reste du corps. Cette masse est le noyau. Sa grande masse, sa structure en files de granules, l'absence de mem- brane limitante individualisée, sont autant de caractères qu'il a en commun avec le noyau des Péridiniens normaux. PËRIDINIENS PABASITES 09 Déjà dans les Apodinium très jeunes, le noyau apparaît comme formé de deux lobes et il conserve cet aspect durant toute l'évolution. Cet aspect correspond à un état permanent de bipartition que nous retrouverons au même degré chez les Blastodinium. Durant toute la période végétative de leur cycle évolutif, tous les éléments cellulaires de ces Péridiniens sont binucléés, du fait de l'avance qu'a la division nucléaire sur la division cytoplasmique. Une exagération considérable de cette avance aboutit chez les Syndinium, parasites du cœlome des Copépodes, à la réalisation d'un état plasmodial parfait. L'accroissement du corps à cette période est dû pour une grande part à l'augmentation de volume du cytoplasme central de consistance très fluide, et dont les propriétés physiques sont très voisines de celles de l'eau. Lorsqu'on écrase le parasite, ce liquide fuse au dehors sans pro- duire avec l'eau de mer le moindre spectre. L'existence d'une semblable vacuole n'est pas une exception parmi les Péridiniens. Si en dehors des Apodlnium, elle paraît faire généralement défaut chez les parasites ^, elle est au contraire un élément cytologique normal, presque constant chez les formes libres où on la désigne généralement sous le nom de lacune aqueuse. A ce stade le pasasite mesure de 50 à 60 [x do long sur 40 à 60 [j, de diamètre. III. Reproduction du parasite : la sporogénèse itérative ou PALISPOROGÉNÈSE. « État adulte ». — Il est difficile de définir, chez les Afodinium, l'état de complet développement autrement que par le début de la sporu- lation, car celle-ci peut s'effectuer chez des parasites de tailles très variées. Néanmoins, on peut considérer comme ayant atteint cet état les individus qui sont représeï tés par les figures 18 et 19. La masse nucléaire volumineuse occupe toute la partie du corps attenant au pédoncule, où se trouvent aussi les granulations dont j'ai parlé plus haut. Tout le reste du corps est occupé par la lacune aqueuse qui n'est séparée de la pellicule d'enveloppe que par une mince couche de cytoplasme pariétal. Division subtransversale du corps. — Bien que les individus 19 soient plus petits que les individus 18 ils sont plus près de sporuler. Le premier indice de ce phénomène est une modification dans la répartition 1. Elle existe chez certains Blastodinium (B, Mangini, p. 161, B. elongatum, p. 1V2). 70 EDOUABD CHATTON des éléments cellulaires que l'on saisit en comparant les deux sortes d'individus. On voit que la masse nucléaire s'est étalée le long de la paroi cellulaire en refoulant d'un côté la lacune a(iueuse, de soric qu'un des lobes du noyau occupe la région distale du corps, tandis que l'autre en occupe la région proximale. Et de la région intermédiaire à ces deux lobes nucléaires, d'ailleurs bien individualisés, une lame cytoplasmique s'est développée, qui a scindé en deux la lacune aqueuse, entraînant dans son épaisseur tous les granules primitivement situés au voisinage de l'insertion pédonculaire. Cette lame transversale marque la direction du premier plan de seg- mentation qui est subtransversal, légèrement oblique. Par sa structure à l'état végétatif, Apodinium mycetoïdes semble prédestiné à subir la division hjugitudiualc. C'est du moins rhy])othèse à laquelle conduit la loi de Richard Hertwig, et aussi la comparaison de notre parasite avec les Oodininm. Chez des individus comme ceux de la fig. 18 le plan de symétrie interne coïncide avec le plan de symétrie externe, c'est un plan sagittal. Mais immédiatement avant la division, et d'une manière inattendue, survient uik; brusque déviation du plan de symétrie interne, de près de 90° d'amplitude, qui met perpendiculaires le plan de symétrie interne et le plan de symétrie externe (fig. 19). Et c'est là précisément qu'apparaît la valeui' do la loi de Hertwig : c'est le plan de symétrie interne qui détermine le plan de scission transversal. Ce dont la cause reste pour l'instant tout à fait inconnue, c'est la brusque déviation du plan de symétrie interne. Nous verrons que le mode si par- ticulier de sporulation des Apodinium apparaît comme une conséquence directe de ('otte dévia (ion, et lètement altérée porte adhérents, à sa sinfaoe. trois k3^stes dont l'un à deux éléments, formés sur place. Pour ne pas niultipliei- les conjectures, j'émettrai tout de suite l'hypothèse qui me semble la plus probable quant au sort des dinospores. CeUes-ci, après PÉRIDINIEN8 PARASITES 75 leur dispersion, vivent un certain temps à l'état libre et mobile. Elles su- bissent une ou plusieurs divisions, au cours desquelles elles passent de l'état binucléé à l'état uniiiucléé, phénomène qui aurait la valeur d'une réduc- tion chromatique quantitative, puis copulent deux à deux. Le zygote s'enkyste et s'il se trouve amené au contact d'une Fritillaire, dans les conditions probables que j'ai exposées et discutées phis haut, il s'y fixe et pousse son pédoncule. Cette hypothèse trouve un appui sérieux dans les observations que DuBOSCQ et CoLLiN (1910) ont faites sur le flagellé gymnodiniforme parasite des Tintinnides, qu'ils ont étudié à Cette. Cycle sporogénétique dans le pharynx et l'intestin de l'hote. — Le cycle que nous venons de suivre est celui qu'effectuent la majorité des Apodinium fixés sur une Fritillaire. Il s'accomplit tout entier à l'ex- térieur de l'hôte. Mais il est une autre évolution dont une partie a lieu dans le pharynx de l'appendiculaire, et à laquelle sont prédestinés certains individus de par la situation qu'ils occupent sur l'hôte. Ce sont de ces individus, comme ceux que représentent les figures 0 et xii qui sont fixés assez près du spiraculum droit pour que lorsque joue le cou- rant respiratoire droit-gauche, ils soient aspirés dans le pharynx à travers l'orifice. J'ai pu observer une fois, pendant près de trois quarts d'heure, un de ces individus, celui de la figure 28, qui, lors d'un renversement du courant, se trouvait violemment rejeté hors du pharjmx, puis happé de nouveau non moins brusquement. En fin de compte, il s'est détaché de son pédoncule au point d'insertion sur celui-ci et fut entraîné dans le phaiynx où il vint s'arrêter dans le cul-de-sac latéral gauche, ayant suivi exactement le cours des grains de carmin dans l'expérience que j'ai rap- portée au début de ce chapitre (fig. XIIT). Mais le grain de carmin, parti- cule minime, lorsqu'il n'est pas retenu par les cils du plancher pharyngien et entraîné par eux vers l'estomac, se trouve expulsé par le spiraculum gauche. Le parasite, beaucoup plus gros, vient se (îoincer dans l'espace surbaissé du sinus pliaryngien latéral. Je n'ai assisté à ce phénomène qu'une seule fois, mais il est facile de se convaincre qu'il se reproduit très fréquemment. Nombreuse^ on le sait, sont les Fritillaires où l'on observe, couchés vers le spiraculum droit, des pédoncules décapités dont l'extrémité libre est plus ou moins engagée dans le détroit branchial. Si celles où l'on peut observer le parasite en place dans le sinus pharyngien gauche sont plus rares, cela tient à deux 76 EDOUARD CHATTON causes au moins. Cela tient d'abord à ce que, probablement, tous les Apoclinium entraînés dans Iq. pharynx ne s'y trouvent pas retenus, sur- tout lorsqu'ils sont de petite taille ; en plus, à ce qu'un parasite coincé dan=5 le ëinùs pharyngien ne l'est pas toujours assez solidement pour qu'une se- cousse un peu violente ne puisse l'en cilassier; Ce n'est pas là, on va le voir, une piure supposition. En novembre 1906, lors des arrivées de FritillaircS, je péchais avec deux filets, l'un à large ouverture, à poche en mousseline, à mailles larges, l'autre, beaucoup plus fermé, à poche longue, en Hnon, à mailles fines. La filtration de l'eau étant naturellement plus lente dans le second filet, le choc des animaux et la pression qu'ils subissaient contre la poche étaient plus faibles que dans le premier engin. Or, j'ai noté le 22 no- vembre 1906 que toutes les Fritillaires, 9 en tout, qui présentaient des Afodinium pharyngiens, provenaient du filet le plus fin. Et cependant, j'ai examiné ce jour-là un nombre beaucoup plus considérable de Fritil- laires de la pêche au filet de mousseline, parce que celui-ci, filtrant beau- coup, en avait pris en très grande quantité. Quelle est la destinée des parasites arrêtés dans le pharynx ? L'examen de la figure :29 permet de répondre effectivement à cette question. Elle montre un Apodinium dessiné en place dans le sinus pharyngien droit, et qui ne diffère pas des parasites externes au terme de leur crois- sance. On y voit encore la trace de l'insertion pédonculaire. La position de la masse nucléaire indique une prochaine bipartition. Le vestige de l'insertion pédonculaire est une preuve que nous avons bien affaire à un parasite externe détaché, preuve qui n'est pas superflue, car chez les parasites pharyngiens, la forme du corps se modifie notablement. L'in- sertion pédonculaire s'efface, le galbe conique de la région postérieure devient ellipsoïdal, sans que toutefois il devienne impossible de distinguer les deux extrémités. Chez les parasites avancés dans leur développement, le corps a une tendance à s'allonger fortement, mais le mécanisme de la sporulation reste fondamentalement le même. Ainsi V Apodinium, dont la forme est particulièrement allongée, se trouve à un stade à peu près exactement superposable (13-1-2-4) à celui du parasite externe de la figure 2 1 . Il est vraisemblable que les éléments épars à ses côtés dans le pharynx en sont issus. Je n'ai cependant pas vu de vestiges de la coque qui devait les contenir. Il se peut que les coques crevées soient ici entiè- rement caduques, n'étant plus retenues au niveau de l'insertion pédon- culaire, et qu'elles puissent être éliminées, comme elles le sont chez les Blastodinium des Copépodes. PÉRIDINIENS PARASITES 77 Je tiens d'ailleurs à attirer dès maintenant l'attention sur l'iiomologie saisissante que l'on peut établir sous tous les rapports, entre un parasite pharyngien, comme celui de la figure 29 et les Blastodinium du tube digestif des Copépodes au début de leur sporogénèse. Les spores immatures dispersées dans le pharynx sont vi-aisembla- blement évacuées par le spiraculum gauche. C'est là, du moins, car je n'en ai pas de preuve objective, l'hypothèse que suggère la connaissance du jeu des courants respiratoires de l'hôte. Voici cependant une observa- tion qui semble aller à l'encontre de cette hypothèse. Une Fritillaire hébergeant un Apodinuim pharyngien en sporogénèse, montrait dans son œsophage une série de sept dinospores, d'une forme presque parfaite, entraînées vers l'estomac. Mais il se peut que ces dinospores aient été entraînées par un courant gauche droit, ou antéro-postérieur dans la région médiane du pha-rynx et de là, par le plancher cilié, dirigées vers l'œsophage. Je les ai vu?s arriver dans l'estomac, y demeurer sans subir d'altération manifeste avant que l'hôte en montrât lui-même du fait du confinement. En dehors de ce cas, je n'ai jamais observé de spores d'Aim- dinium dans le tube digestif des Fritillaires. Mais si rare qu'il puisse être, ce circuit des spores à'Apodiniwm n'en est pas moins une condition des plus favorables à une adaptation future de ces organismes f.u parasitisme intestinal chez Fritillaria pellucida. Apodinium rhizophorum Chatton 1912 Mg. 31-i-J, pi. III Apodinium rhizophorum Chatton (1912, p. 88, fig. 3). Type de l'espèce parasite d'Oikopleura cophocerca Gegenb., Banyuls-sur-Mer, Automne. Fig. 31-34, pi. III. L'HoTE. — Le 3 octobre 1908, un essaim de ces Appendiculaires fit son apparition dans la baie de Banyuls, où jusqu'alors je n'en avais ren- contré çà et là que de rares individus solitaires. J'ai revu à Villefranche un assez grand nombre de ces Appendicu- laires les 2 et 5 avril 1911, mais aucune n'était parasitée. C'est seule- ment sur les Oikoplewa de l'essaim de Banyuls que se trouvait Apodi- nium rhizophorum. Autant que l'on en peut juger par de si rares observa- tions, ce parasite ne semble pas se présenter sur son hôte aussi constam- ment qu^ Apodinium mycetoîdes sur les FritiUaires. Le matériel dont j'ai disposé pour son étude fut très restreint et sans 78 ËDOUABD CHATTON la coimaissance avisez complète que j'avais de l'espèce précédente, je n'au- rais pas pu comprendre la morphologie et la reproduction, et encore moins me faire la moindre idée des affinités du parasite d'Oil-ople^ira cophocerca. Je n'ai, en effet, observé ni individus très jeunes, ni individus près de spo- rider. La forme des spores m'est donc inconnue. Je pense néanmoins que l'on ne pourra élever de doutes sur l'étroite parenté du parasite des Oikopleures avec celui des Fritillaires. L'étude détaillée que je viens de consacrer à ce dernier me permettra de limiter l'exposé qui va suivre à une brève comparaison des deux formes. Situation et organisation du parasite. — Tous les Apodinium rhîzophorum observés étaient fixés sur la queue des OiJcopleura par le moyen d'un pédoncule à partie libre très réduite, mais à rhizoïdes internes très développés. Le corps est piriforme, mais d'un galbe plus élancé que celui d'^4. mycetoides. Il atteint aussi un volume j)lus considérable. Le plus petit des individus mesurait 60 u. selon son grand axe, et 35 a selon son plus grand diamètre, le plus grand 11 Of/. et 60 a suivant les mêmes dimensions. Mais on verra que chez cette espèce la région proximale du corps est constituée par une ou plusieurs loges complètement vides, et sous le rapport de leur masse cytoplasmique les deux espèces d' Apodinium s'équi- valent sensiblement. Structure du pédoncule. — Le pédoncule d'^4. rhizophorum est d'une structure plus complexe que celui d'^. mycetoides. Il y a lieu d'y distinguer trois parties : la columelle, la cupule et les rhizoïdes. La columelle et la cupule ne sont en réalité qu'une seule et même pièce, celle qui est externe au corps do l'appendiculaire. La columelle elle-même est une tige robuste de 35 a do long sur 3 à 4 ij. de diamètre moyen. Elle est rarement cylindrique ; les figures en montrent différentes variétés de forme. Cette columelle est constituée par une substance réfringente qui me paraît analogue à celle qui constitue la gaine pédonculaire d'A. mycetoides. Elle est parcourue par un canal central très fin qui se continue dans les rhizoïdes, mais qui paraît disparaître, en s'effilant, du côté du corps. La columelle n'atteignait le corps cytoplasmique sur aucun des parasites examinés. Elle lui était reliée par un tube à paroi mince et membraneuse à contenu hyalin. La paroi de ce tube paraît en continuité avec la très mince pellicule qui recouvre la columelle. Il y a là, on le voit, quelque chose de beaucoup plus compliqué que dans l'espèce précédente. La complexité PÉRIDINIENS PARASITES 79 n'est pus moindre à l'autre extrémité de la culumelle. Celle-ci s'cffilo brusquement en un eol étroit, qui aboutit à une cupule dans le fond de laquelle il s'ouvre par un orifice. La cupule a une paroi épaisse et un col rétréci. Sa cavité est directement en continuité avec celle de l'axe j)édonculaii'e. Du col de la cupule émerge un tronc, qui est l'ori- gine du système des rhizoïdes. C'est aussi le point précis où ceux-ci pénè- trent dans le coips. Ce tronc est d'ailleurs quelquefois bifurqué dès son origine. Il est constitué par un tube de If. 5 de diamètre à paroi relati- vement mince, protégeant un axe cytoplasmique central. On se souvient que chez A. mijcetoides, cet axe cytoplasmique est complètement nu. Une autre difîér(>nce entre les deux espèces est qu'ici les rhizoïdes présentent plusieurs bifurcations dont les branches sont d'importance fort inégale. Il n'y a cependant jamais plus de cinq ou six branches à un même sys- tème. Elles vont et se terminent en s'effilant progressivement, entre les faisceaux musculaires de la queue ou même à leur intérieiu*. On conçoit que le parasite soit solidement attaché à l'hôte par cet appareil, mais il jouit d'une certaine liberté d'oscillation autour du con- dylc. Structure du corps. — Le corps protoplasmique diffère à première vue de celui d'Apodinimn mycetoides jjar une définition beaucoup moins accusée des éléments de sa structure. C'est ainsi que les noyaux y sont tout à fait invisible ; sur le vivant. Il n'est cependant point douteux qu'ils soient au nombre de deux dans chaque cellule, car l'aspect de celles-ci témoigne nettement d'mie structure biénergide. Dans les ligures "M-o^, on reconnaît cette plage de granules réfringents qui, chez A. mycetoides, marque la région intermédiaire aux deux masses nucléaires. De part et d'autre de cette plage, o\\ voit bien des espaces clairs, quel- quefois à peine granuleux, qui correspondent peut-être aux noyaux. Mais n'ayant pu faire de colorations de ces organismes, même d'une manière extemporanée par le vert de méthyle acétique, je n'affirmerai point qu'il ne s'agisse pa ; là de lacunes aqueuses, les deux noyaux étant confondus, soit avec ces lacunes, soit avec le cytopla-sme. Mais, je le répète, on peut déduire à coup sûr leur dualisme de la répartition des substances c3;i;oplas- miques dans les éléments cellulaires du parasite. Sporogénèse. — De l'évolution, peu de stades se sont présentés à moi. L'un des plus jeunes est représenté par la figure 31 et l'on voit qu'il a déjà dépassé de beaucoup la période d'accroissement végétatif. Son corps cytoplasmique est en voie de division et cette division qui est comme chez 80 EDOUARD CIJATTON A. mycetoides nettement transversale, s'accomplit encore à l'intérieur d'une coque qui s'insère à l'extrémité distale de la columelle. Cette divi- sion n'est pas la première qu'ait subi le parasite. On remarque, en effet, qu'à la columelle sont attachés les vestiges de deux autres coques, qui s'insèrent l'une cà l'extrémité proximale de la columelle, l'autre vers son milieu. Ces coques sont réduites à une collerette membraneuse qui, du côté du bord libre, se réfléchit deux fois sur elle-même vers l'extérieur, par deux plis très marqués. Cette duplicature régulière de la collerette dont la cause et le mécanisme m'échappent, est un phénomène à peu près constant chez A. zliizoplbormn , et qui n'existe point chez A. mycetoides. La figure 31 montre bien cette duplicature de la première coque. Dans la figure \V2, on voit que la première coque est simplement retournée et fripée, la seconde et la troisième sont encore en situation normale, comme le sont aussi les cinq coques emboîtées de l'individu représenté en 32. Mais ce qui différencie, bien plus encore que ce mode de réflexion des coques, les deux espèces à' Apodinium, ce sont les rapports de ces coques entre elles. Chez A. mycetoides, toutes les collerettes s'insèrent au même point, à l'extrémité du pédoncule. Il en résulte qu'elles sont étroi- tement adhérentes par leurs fonds, tandis qu'elles se séparent vers leurs bords libres. Ces rapports sont exactement inverses chez A. rhi- zophonwi. Les coques s'insèrent indépendamment les unes des autres, à intervalles quasi réguliers, tout le long de la columelle. Elles forment ainsi, avec la columelle pour axe, un système de loges très comparable non seulement par sa disposition, mais aussi par son mode d'édification à celui que présente la coquille cloisonnée des céphalopodes tétrabran- chiaux. Il est manifeste que cet agencement des coques est le fait de l'allon- gement continu de la columelle durant la sporogénèse. Le peu de stades différents de la sporogénèse que j 'ai pu examiner suffit à montrer que celle- ci s'effectue par un mécanisme indertique à celui que nous connaissons chez A. mycetoides. Le parasite 32 est au même stade que l'individu 11 d'^. mycetoides : stade I2-I-2. Il n'y en avait pas de plus avancés. Comparaison avec A . ^nycetoides. — Entre A . mycetoides et A . rhizo- pliorum, m n'y a que d'insignifiantes différences d'organisation. L'une d'elles cependant est à retenir au point de vue qui nous occupe. Il s'agit de la discontinuité qui s'établit dans la partie distale de la columelle entre l'axe du système pédonculaire et le cytoplasme du corps, chez PËRIDINIENS PARASITES 81 A. rhizophorum. On se souvient qu'à ce niveau cet axe s'évanouit en s 'amincissant progressivement. C'est du moins l'apparence que fournit le seul examen sur le vivant. Peut-on en conclure que l'axe du système pédonculaire ne peut jouer aucun rôle dans la nutrition du parasite ? Il ne me semble pas. L'existence même de cet axe ne peut se concevoir sans que l'on admette qu'il est en continuité effective avec le cytoplasme ou pour le moins qu'il l'a été pendant toute la période du développement, où il s'est lui-même accru. Nous ne connaissons rien do la nature de la substance qui constitue la columelle ni du rôle qu'elle peut jouer dans le transport des nutriments. Tout, d'autre part, dans l'organisation du parasite, dans son évolution et dans ses rapports avec l'hôte jalaide en faveur d'une interprétation de son parasitisme, identique à celle que nous a suggérée l'étude d'^. mycetoides. Je n'ai pas constaté que les fibrilles musculaires de la queue côtoyées par les rhizoïdes fussent altérées. La nutrition se ferait donc aux dépens des sucs interstitiels. Conditions d'existence et parasitisme des Apodinium I. Nutrition. J'ai qualifié d'externe le parasitisme des Apodinium fixés sur le champ ventral péribranchial des Fritillaires, et d'interne celui des individus retenus dans le pharynx, voulant exprimer par là seulement des rapports d'ordre topographique. C'est surtout de rapports physiologiques, tro- phiques, dont nous avons à nous occuper maintenant. PÉNÉTRATION DES RHIZOÏDES DANS LA GLANDE PHARYNGIENNE. — J'ai dit sans y insister que le pédoncule des Ajjodinium externes pénétrait profondément dans le corps des Fritillaires. Chez un certain nombre d'in- dividus, les deux branches terminales du pédoncule se terminent en pleine substance anhiste, mais chez beaucoup d'autres, elles atteignent la glande pharyngienne et les cellules endostylaires dans lesquelles elles s'engagent en s'y pelotonnant parfois (fig. 29). Leur présence ne paraît d'ailleurs provoquer aucune altération struc- turale de ces cellules, bien que manifestement elles ne se comportent pas comme de simples crampons. Rôle absorbant des rhizoïdes. — Qu'ils se comportent comme des organes absorbants, cela ne fait point de doute et l'on peut en donner comme preuves : leur pénétration profonde, souvent au sein même des Arch. de Zool. Exp. et Gén. — T. 59. — F. 1. 6 82 EDOUARD CHATTON cellules ; la croissance du jjarasite consécutive au développement des rhi- zoïdes, l'amas de granules cytoplasmiques qui se trouve dans le corps au voisinage de l'insertion pédonculaire, et qui témoigne d'une activité élaboratrice localisée en ce point ; la résorption de ces grains au cours des segmentations du trophocyte, la faculté d'accroissement prolongé du trophocyte opposée à la division rapide, sans accroissement notable de volume, du gonocj^e et des sporocytes, et enfin l'absence chez le parasite d'un pigment assimilateur qui lui permette une existence indépendante. La seule hjrpothèse à opposer à la conception que je viens d'exposer est celle-ci : les formés externes pourraient trouver les éléments de leur nutrition au contact même de la tunique, ou de la coque, par une absorp- tion d'éléments solubles émanés des substances qui constituent ces parties. Cette hypothèse ne rend pas compte de la polarité accentuée des Ayodi- nium et des particularités de leur sporogénèse qui lui sont liées. Nutrition des formes pharyngiennes. — Par contre, il semble que l'évolution des formes pharyngiennes puisse fournir un appui à cette seconde hjrpothèse. Comment exphquer en effet que celles-ci conservent, après s'être détachées de leur pédoncule, cette polarité que nous avons tendance à attribuer précisément au rôle important, joué par cet organe dans la nutrition du parasite ? Sans avoir à faire intervenir ici rien qui ressemble à l'hérédité des caractères acquis, étant donné qu'une îorme pharyngienne et la forme externe dont elle provient sont un seul et même individu, nous pouvons penser qu'un caractère aussi accentué que la polarité des Ajoodiîiium ne peut se modifier pendant le temps toujours court de l'évolution pha- ryngienne, d'autant que cette évolution ne se reproduit vraisemblable- ment pas chez tous les individus d'une même lignée. La cellule distale conserve donc la propriété d'assimiler et de croître, et si elle peut le faire sans l'intermédiaire de ses rhizoïdes, c'est qu'elle se trouve dans le pha- rynx au contact même des substances que de l'extérieur elle puisait à travers la tunique, le plus souvent dans la glande pharyngienne. Le para- site se trouve en effet dans le sinus pharyngien gauche, tout à côté de la glande pharyngienne, qui, périodiquement, y déverse ses produits, et il les absorbe directement. Abstraction faite de l'évolution pharyngienne qui n'est somme toute dans le cycle d' Apodinium mycetoïdes que la conséquence d'un accident, ce qui ne lui enlève rien de son intérêt, le parasitisme de ce Péridi- nien peut être défini comme « parasitisme intracellulaire (cas de la PÊRIDINIENS PARASITES ^ 83 glande jjharyngienne) ou intercellulaire [A. rhizophorum) médiat ». Ce mode est peu répandu chez les Protozoaires. On n'en peut guère trouver l'équivalent que chez les grégarines polycystidées séden- taires à épiméritc très développé : Actinocephalides, Stylorhyn- chides, Dactylophorides. Il est, au contraire, très répandu chez les Protophytes, particulièrement chez les Chytridinées et les Laboulbé- niacées. Je m'étendrai plus longuement sur ce point de parasitologie générale dans le chapitre de ce mémoire consacré aux caractères généraux du parasitisme des Péridiniens. II. Reproduction, La palisporogénèse , unique mode de reproduction. — La repro- duction paraît ne comporter qu'un seul mode : la sporogénèse. Ici, non plus que chez les Oodinium, le parasite ne semble capable de se multijDlier par simple division binaire dont les deux produits, ou l'un d'eux seulement pourraient se fixer à nouveau sur l'hôte. Il est fort possible cependant que le gonocyte puisse, dans certains cas, se libérer entier. Mais rien ne nous permet de dire qu'il puisse adhérer tel quel à une autre appen- diculaire et pousser un pédoncule. Je pense que cette cellule est perdue pour la reproduction de l'espèce si elle ne subit pas à l'état libre une série de divisions sporogénétiques semblables à celles qu'elle eût produite si elle était restée liée à la souche. Notons d'ailleurs que dans l'un et l'autre cas, elle se trouve exactement dans les mêmes conditions, c'est-à-dire privée des moyens de se nourrir. Ce que je viens de dire de la cellule distale me semble vrai pour toutes les cellules d^Apodinium, qui se libèrent avant d'avoir subi la série complète des divisions sporogénétiques. Nous avons vu que le trophocyte lui-même pouvait dans certains cas quitter son pédoncule avant de s'être divisé (fig. 26). Il serait fort intéressant de savoir comment dans ce cas il se comporte à l'état libre. Je ne serais pas étonné d'apprendre qu'après une ou deux divisions à produits hété- rodynames, l'homodynamie des cellules filles se rétablisse rapidement du fait de la suppression de la nutrition polaire. La palisporogénèse est dérivée de la division binaire simple. Ses avantages pour l'espèce et pour l'individu. — La sporogénèse des Apodinium, bien qu'elle soit d'un degré de complexité plus élevé que celle des Oodinium, n'est elle-même qu'une division binaire répétée sans croissance intercalaire. EUe procède donc du mode habituel de reproduc- 84 EDOUARD G H ATT ON tion des Péridiniens libres, où l'on trouve aussi tous les passages de la division binaire à la sporulation. Mais si au point de vue morphologique, il n'y a qu'une différence minime entre ces différents modes, la sporogénèse itérative est au point de vue de l'exploitation de l'hôte et du rendement génétique, d'un bénéfice considérable pour les Apodiniuin. Le parasite arrivé au terme de sa crois- sance, au lieu de perdre contact avec son hôte, comme fait un Oodlnium, et de cesser ainsi toute vie végétative pour se résoudre en une poussée de spores unique, ce parasite, par son trophocyte, continue à tirer parti de son hôte, à se nourrir et à s'accroître, tandis que par ses cellules distales successives il produit de nombreuses poussées sporogénétiques, qui sont pour lui un puissant moyen d'expansion. Et ce moyen est d'autant plus puissant, que les spores sont plus nombreuses, et que leur produc- tion non simultanée multiplie le:^ chances que (|uolques unes d'entre elles ont de rencontrer les conditions nécessaires à leur développement. La pal: sporogénèse réalise ainsi non seulement un perfectionnement avantageux pour l'espèce, mais aussi pour l'individu. Chez un Oodinium, l'existence de l'individu prend fin avec la reproduction. Chez un Apodi- nium, elle peut se prolonger, au moins en théorie, tant que l'hôte offre des conditions favorables au parasite. Mais que l'on ne me reproche pas ici de me payer de mots et de faire de l'anthropocentrisme en assimilant l'individu à'Apodinium à l'individu métazoaire supérieur. Il y a des degrés dans l'individualité, et c'est un des plus bas dans l'échelle que nous offre le cas des Apodinium. C'est précisément là son intérêt. Genre PARAPODINIUM n. gen. l'ig. ;J5, pi. III. Espèce type du genre : Parapodinium stylipes ii. sp. (Fig. 35, pi. III). Je crée ce genre pour un parasite qui offre d'étroites affinités avec lei Apodinium, mais qui en diffère par la structure plus simple de son pédoncule. Parapodinium stylipes n. sp. Type de l'espèce fixé sur le tégument d^Oikopleura dioïca Fol., à Banyuls-sur-Mer, Printemps. Fig. 35, pi. III. J'ai observée une aeule fois ce parasite au mois de mai 1907 à Banyuls* PÊRIDINIEN8 PARASITES g5 sur-Mer. Il était représenté par quatre individus, tous au même stade, fixés sur la queue d'Oikopleura dioïca, et qui rappelaient beaucoup par leur aspect général les Apodinium. Comme chez ceux-ci, le corps, piriforme, mesurant jusqu'à QO^ de long sur 30^ de large, est porté sur un pédoncule. Mais ce pédoncule est une simple tigelle rigide, pleine, plus courte que le corps, et qui, au lieu de pénétrer le tégument de l'hôte et de s'y ramifier, s'écrase légèrement à sa surface en un petit disque adhésif. Le corps est comme chez les Apodinium protégé par une mince cuti- cule lisse et continue, il est creusé d'une vaste lacune aqueuse qui rejette le cjrtoplasme pariétalement. Les noyaux ne sont pas visibles in vivo. Il semble qu'ils soient au nombre de deux, à en juger d'après la disposition même du cytoplasme. Ces individus ne présentaient aucun indice d'une sporulation prochaine. Klebs (1912) a décrit un Péridinien libre sessile, porté sur un pédon- cule rigide : Stylodinium glohosum. C'est un organisme pigmenté, à nutrition holophj^tique, auquel son pédoncule ne sert probablement que de support. //. PARASITES A SIEGE INTESTINAL Ce sont deux espèces du genre Oymnodinium, parasites plus ou moins douteux, les genres Blastodinium et Schizodinium, parasites des Copé- podes pélagiques et le genre Haplozoon, parasite des Annélides benthiques. C'est aussi en tête de ce chapitre qu'il faut rappeler les observa- tions relatives au pseudoparasitisme des Prorocentrum chez les Echino- dermes. (V. p. 5). Genre GYMNODINIUM (?) Steik 1878 reridinium Ehrenbero (1830). Oxyrrhis PoCHE (1903). non Oxyrrhis Dxtjardin (tStI). Espèce type du genre Gymnodinium fuscum (Ehrenberg). Gymnodinium fuscum (Ehrenberg) Je rappelle ici l'observation que fit Perty (1852), de Gymnodinium fuscum (?) dans une planaire {Gen. 5?).?) fait relevé et interprété par Maggi (1880) comme du parasitisme. EDOUARD CHATTON Gymnodinium parasiticum Poche 1903, non V. Dogiel 1906 6 ().ryrrhis paruailiat l'OCHK (1903, p. 344, pi. I, fl^. 18-24). Parasite dans les canaux gastrovasculaires des siphonophores : Cucuhalus Kochi (Will.), MonojjJiyes gracilis Claus. et Halistetnma tergestinum Claus. Golfe de Trieste. Toute l'année. J'ai développé p. 25 les raisons qui m'ont fait distraire du genre Gymnodinium tous les genres chez lesquels l'adaptation au parasitisme a retenti profondément sur la forme et l'habitus des stades végétatifs, et en a fait un tronçon du cycle très distinct des éléments libres ou dinospores. Quoique les conditions dans lesquelles il a été rencontré permettent de penser que l'orga- nisme dont il s'agit ici est véritablement un parasite, nous ne trouvons chez lui aucun de ces caractères adaptatifs. Il vit et se multiplie dans la cavité gastro-vasculaire des siphono- phores sous une forme gymnodinienne qui n'est nullement altérée. Poche (1900), qui l'a découvert l'a rapporté au genre Oxyrrhis Duj. dont le type est YOxyr- rhis marina Duj. ^, que l'on considérait comme un Eu flagellé (Cryptomonadinc). Les recherches de Keysselitz (1908 h) et surtout celle^:; très précises de Senn (1911) ont montré qu Oxyrrhis marina était un dino flagellé vrai, ainsi qu"0.r ?//•- rJiis parasitica, mais qu'il manquait à ce dernier les caractères essentiels du genre Oxyrrhis : situation postérieure de la bouche et des sillons individualisation de ceux-ci, existence d'un promontoire les séparant. Le parasite des siphonophores revient donc provisoirement au genre Gymnodinium. D'après Poche, ce parasite nage librement dans les canaux du stolon, oii il vit en compagnie du Trypanophys Grohheni. On ne le rencontre pas avec ce dernier dans les cloches natatoires. Il est commun dans les trois espèces, un peu moins dans la troisième cpie dans les deux autres. jî'iG. XVI. im Poche (190"). Ginn- nodinhim (pxyrrkiK) 'parasiti- cum (Poche), a et b individus dessinésm vivo ( x 1500) ; p, in- dividu coloré au Komanowski « type de l'espèce » ( x 2000.) 1. Au ukênio genre a été rapporté un flagellé parasite de l'algue pélagique P/iœocyxtis Pouc?ietil(ïl\UïOT) que Senn (1911) se refuse h considérer eoinnie un Dinoflagellé. Ce flagellé avait été considéré par Pouchet eouinie Ja zoosporec de l'algue. Scherffel (1£00) et Ostenfeld (190 i) ont démontré qu'il s'agit d'un organisme autonome. PÉRIDINIENS PARASITES 87 Il y est plus abondant lorsque les animaux sont en bon état que lorsqu'ils sont altérés (ce qui semble bien indiquer qu'il en est un parasite normal). Le corps est rénif orme mesurant au maximum \2^\ sur 5^.2. Dans le hile de ce rein se trouve la bouche et s'insèrent les flagelles, inégaux, dont l'un est assimilable au flagelle axial et l'autre au flagelle transversal des Péridiniens. Le cytoplasme contient des liposomes réfringents, qui au pôle antérieur peuvent se condenser en une plaque massive. Noyau vésiculeux à carj^^osome central. Scission inconnue. Genre BLASTODINIUM Chatton 1906 rig. ?6-"9, pi. IV; 4'-53, pi. V; 54-65, pi. VI; 67-77 bis, pi. VII; 78-90, pi. VIII; 92-104, pi. IX; 105-121, pi. X; 122-127, pi. XI. Blastodinium Chatton (1906, p. 981). Blastodinium Chatton (1908, p. 134). Blastodinium Pavillaed (1909, p. 277). ParasU I. Apstein (1911, p. 206). Blastodinium Chatton (1911, p. 474). Blastodinium Chatton (191?, p. 85). Blastodinium Chatton (1914 «, p. 191). Espèce type du genre : ^tostoc?mwm Prwvo^î Chatton 1906. (V. p. 149). Sommaire : (En raison de l'importance de l'exposé consacré à ce genre, l'étude de chaque espèce est précédée de son sommaire.) Historique. Extension du genre, p. 87. — Difficultés de la spécification ; méthode statistique, p. 89. — Icono- graphie, p. 91. — Plan de l'exposé, p. 92. B. spinulosum, p. 92 ; B. crassum, p. 121 ; B. crassum var. inornatum, p. 135 ; B. omforme, p. 139 ; B. Pruvoti, p. 149. B. Mangini, p. 161 ; B. Mangini var. oncaœ, p. 166; B. navicula, p. 169 ; B. elongatum, p. 172; B. contortum, p. 175 ; B. contortum var. kyalinum, p. 193. Formes d'identité incertaine, p. 202. Cytologie des Blastodinium, p. 207. Conditions d'existence et parasitisme, p. 220. Relations des espèces entre elles, p. 235. Historique. Extension du genre. Dans mja note préliminaire du 10 décembre 1906, j'ai confondu sous le nom de B. Pruvoti, deux espèces d'ailleurs très voisines, que j'ai pu par la suite distinguer avec certitude. L'une est parasite de Clausocalmnis arcuicornis Dana et de Clauso- calanus furcatus G. Brady. C'est à elle que se rapportent les figures 3 et 4 de ma note, qui représentent des individus à développement avancé, et c'est à elle que, pour cette raison, je crois devoir réserver le nom de B. Pruvoti. L'autre espèce est parasite de Paracalanus parvus Claus, mais elle 88 EDOUARD CHATTON se rencontre aussi fréquemment chez les deux Clausocalanus précités. C'est en partie à l'interférence des cycles de ces espèces chez les mêmes hôtes que je dois de les avoir confondues. A cette seconde espèce carac- térisée principalement par la ligne hélicoïdale de spinules qui orne ses coques, et que j'ai décrite ultérieurement (1912) sous le nom de B. spi- nulosmn, se rapportent les figures 1 et 2 de ma note, qui représentent des individus aux premiers stades de leur évolution. Quant à la dinospore de la figure 5, elle peut être attribuée indiffé- remment à l'une ou à l'autre des deux formes. Nous verrons en effet qu'à de rares exceptions près les dinospores des Blastodiniwn ne peuvent servir à caractériser les espèces, car elles sont à la fois très semblables de l'une à l'autre, très variables dans la même et au surplus fort difficiles à observer dans des conditions parfaitement normales. Dans d'autres notes préliminaires, j'ai décrit et sommairement figuré ^ les formes suivantes : En 1908 : B. crassum, parasite de Paracalanus parvns Cl., de Clausocalanus arcuicornis Dana et de Cl. furcatus G. Brady. B. contortum des mêmes hôtes. B. Mangini, parasite des Coryçœus rostratus Cl. et d'Oncaa média Giesb. En 1911, montrant que le « Parasit I », signalé par Apstein (1911) chez Calanus finmarclùcus, Pararulanus sp., Pseudocalanus sp. Acartia Clausi et Cenfropages sp. de la mer dujNord, et de la Baltique méridionale, était un Blastoclinium, je l'ai identifié à une forme méditerranéenne voisine de B. contortum en la désignant sous le nom de B. hyalinum. Enfin, en 1912, j'ai établi la distinction 5. sjJmwfosHm — B. Pruvoti et donné la diagnose de la première espèce, -pa,rsisite de Paracalamis 2J(ir mis et des deux Clausocalanus. J'ai fait connaître en outre : B. elongaimn, parasite de Scolecifhrix Braâyi Giesbr. B. navicula, parasite de Coryçœus venuslus Dana. B. ovifonne, parasite d'Oithona nana Giesbr., Oithona plumifera Baird et Oithona similis Cl. Dans ce mémoire, je n'ajouterai à cette série de formes que deux va- riétés, l'une de B. crassum : B. crassum inornatum. de Paracalanus parvus et des Clausocalanus, l'autre de B. Mangini, B. Mangini oncaa spéciale 1. Sauf une, J?. hyalinum. PÉRWINIENS PARASITES 89 aux Oncaa, 0. mpflia Giesbr. et 0. minuta Giesbr. B. hyalinum, que j 'avais un moment considéré comme une espèce distincte de B. contortum, n'aura plus ici qvie le rang d'une variété. Je signalerai en outre briève- ment quelques formes qu'en raison de leur rareté ou de leurs ressemblances avec les précédentes je n'ai pu caractériser d'une manière satisfaisante. Difficultés de la spécification. Statistique. — On se rendra compte que, même pour les formes qui paraissent aujourd'hui bien définies, la spécification des Blastodinium, qui était à élaborer de toutes pièces, n'allait pas sans de grosses difficultés. C'était d'abord l'extrême intrication chez un même hôte de stades appartenant à des parasites différents, témoin cette interférence chez les Clausocalanus des cycles de six Blastodinium : B. spimdosum, B. crassum, B. crassum inornatum, B. Pruvoti, B. contortum, B. contortum hyalinum ; c'était la multiplicité de leurs stades, et la variété concomitante des aspects sous lesquels ils se présentaient. C'était enfin la variabilité de tous leurs caractères. Tout ceci aggravé de l'impossibilité d'élever les Copé- podes dans des conditions qui eussent permis de suivre un même parasite tout le long de son développement. Ainsi, dès le début de mes recherches, la nécessité m'était apparue de suppléer au défaut de la méthode expérimentale par l'usage étendu de la statistique. Pour un grand nombre de Copépodes parasités, les caractéristiques suivantes ont été relevées : 1° concernant l'hôte : noms générique et spécifique, âge, état des glandes sexuelles, sexe, longueur du cépha- thorax, coloration ; 2° concernant le parasite : nombre des individus, stades exprimés par la notation dont j'ai exposé le principe au chapitre des Apodinium, dimensions en longueur et largeur, type morphologique, coloration, et en plus des observations lorsqu'il y avait lieu. Cette statistique porte sur 1.324 individus. Elle a donné des résultats d'ordre qualitatif — comme l'aurait fait aussi et à moins de frais l'observation directe et proloiigée d'un même individu, — mais elle a fourni en plus de précieux documents d'ordre quantitatif que celle-ci eût laissé complètement échapper. Les premiers, ce sont : la distinction d'un certain nombre de types morphologiques, la sériation des stades du développement, des notions sur la spécificité parasitaire ; les seconds : pour une forme donnée, considérée en elle- même, la fréquence et la variabilité des principaux caractères, ce qui exprime la valeur taxonomique de ces caractères, la proportion des indi- 90 EDOUABD CHATTON vidus aberrants par rapport aux individus normaux, ce qui exprime la variabilité globale, les limites et par conséquent la valeur de l'espèce ; pour cette même forme considérée dans ses rapports avec ses hôtes, des relations numériques entre le galbe et la taille des individus d'une part et d'autre part leur nombre dans l'hôte, la taille de cet hôte, et de plus des pourcentages indiquant le degré de spécificité parasitaire ; encore pour cette même forme considérée dans ses rapports avec le milieu, un aperçu de ses variations saisonnières, exprimé par la fré- quence des individus et des divers stades aux différentes saisons. Il est une notion que cette statistique ne fournit pas, c'est ce cj^ue l'on pourrait appeler Us indices cVinjection des Copépodes, c'est-à-dire les pourcentages d'individus de chaque espèce parasités par les diverses espèces de Blastodinium. Le travail de dénombrement auquel il eût fallu se livrer chaque jour pour que les chiffres à obtenir eussent quelque valeur, était hors de proportion £.V3c l'intérêt qui pouvait s'attacher à la conna-srance de ces indices. J'ai fait cependant plusieurs dénom- brements dont les résultats seront consignés à leur place dans ce chapitre. Les Copépodes étaient placés, dans très peu d'eau pour les empêcher de se déplacer, sur une lame marquée au diamant de stries transversales, écartées d'un peu moins du diamètre d'un champ de microscope, au gros- sissement de 30 diamètres. Je comptais en faisant défiler tous les seg- ments de la lame successivement sous l'objectif. Mais, sauf ces rares exceptions, je me suis contenté d'user de mentions : nombreux, rares, assez rares, etc., et qui traduisent d'une manière suffi- samment approximative les variations quotidiennes et saisonnières de l'infection. D'ailleurs, les résultats fournis par la statistique n'ont eux-mêmes, malgré leur forme arithmétique qu'une valeur relative, de nombreux fac- teurs, surtout d'ordi'e subjectif, intervenant pour l?s fausser. Ainsi lorsqu'on examine le produit d'une pêche, pour y rechercher les copépodes parasité ;, à nioin;:: que l'on ne regarde tous les individus suc- cessivement— ce qui est fastidieux, vu le faible pourcentage d'infectés — l'attention est d'abord attirée par les parasites de grande taille et de cou- leurs brillantes, tandis que lui échappent les formes incolores et de taille réduite. De ce fait, la statistique accuse un chiffre de Blastodinium pigmentés trop élevé par rapport à celui des incolores. Cette erreur n'est cependant pas restée sans compensation, car en 1907 et 1908, j'ai consacré de nom- PÉEIDINIENS PARASITES 91 breuses journées à la recherche spéciale des parasites incolores et de petite taille, dans l'espoir, d'ailleurs déçu, de rencontrer les tout premiers stades de l'évolution parasitaire. Mais cet exemple montre que l'on ne doit pas donner ici de chiffres sans les commenter, dût-on reconnaître que dans certains cas leur signi- fication s'en trouve complètement dénaturée. A la statistique, et la complétant dans une large mesure, se trouve annexée une collection de croquis ou de dessins à la chambre claire, repré- sentant au moins les contours des parasites avec leurs coques. Au début de mes recherches, presque tous les parasites indifféremment étaient ainsi figurés. Mais dès qu'un certain nombre de types furent reconnus qui com- munément se répétaient à peu près rigoureusement superposables, seules furent dessinées les formes qui s'en écartaient par quelque caractère. Iconographie. — Les parasites étaient figurés soit contenus dans l'hôte, quand celui-ci était assez transparent, ou lorsque leur nombre ou leur masse ne gênait point leur observation, soit extraits du Copépode par dilacération. Comme cette opération ne va pas sans aléa, les formes inté- ressantes étaient toujours préalablement dessinées en place. Dans presque tous les cas, la compression entre lame et lamelle, qui modifie considé- rablement le galbe des parasites, a été évitée. Tous les parasites représentés dans les planches ont été dessinés après leur extraction du Copépode. Les différents Blastodinium supportent inégalement bien le contact direct de l'eau de mer. Certaines formes bien colorées s'y montrent indif- férentes. B. spînulosum B. crassum et B. contortum continuent même à se segmenter. Au contraire, B. Mangini s'altère très rapidement. Cette altération rapide est la règle chez les formes incolores et en rend la figu- ration finie fort difficile. Chez toutes les formes d'ailleurs, le contact de l'eau de mer a pour effet presque immédiat une contraction des cellules qui les constituent, de sorte que ces cellules qui, dans le parasite normal, semblent associées en lames cellulaires aussi denses, aussi solidement agrégées que le sont les épithéliums, apparaissent après l'extraction formées de cellules, arrondies et simplement juxtaposées, comme le sont des billes dans un sac. On ne s'étonnera donc pas que ce soit cet aspect que mes dessins reproduisent presque toujours. Il ne modifie d'ailleurs en rien l'allure et les caractères généraux du parasite. Il y aurait eu grand intérêt à exécuter tous les dessins de Blastodinium à la même échelle. Mais il en serait résulté ou bien que les grosses espèces 92 EDOUARD CHAT TON eussent occupé une place énorme, ou l)icn que les images représentant les petites eussent été trop réduites pour y faire figurer les détails de structure. J'ai donc adopté pour les moyennes et petites espèces le grossissement de 36) et pour les grosses le grossissement de 250 dia- mètres. Tous ces dessins ont été faits dans des conditions comparables. Mais, selon que l'éclairage du champ microscopique était plus ou moins intense, les contours cellulaires apparaissaient plus ou moins vifs, et plus ou moins ombrés. C'est à cela que tiennent des différences comme celles que l'on constate par exemple entre les dessins 78 et 90, pi. VIII. Plan de l'exposé. — L'étude du genre Blastodinium comprendra d'abord l'étude des espèces. Comme la structure cytologique est la même chez toutes, comme leur mode d'existence et l'action qu'elles ont sur leurs hôtes ne varient pas non plus de l'une à l'autre, nous en traiterons dans deux chapitres spéciaux. Un cinquième chapitre sera consacré à l'examen de leurs relations mutuelles, d'où nous tirerons une concep- tion générale du genre. Blastodinium spinulosum Chatton 1912 Fig. yS, pi. IV; 4:i-49, pi. V: 105-113, pi. X. B. Pnivotipro parte Chatton (1906, p. 981, flg. III et iv). B. Pruvoti pro parte Chatton, (1908, p. 135). B. spinulosum Chatton (1912, p. 89). Type de l'espèce parasite de Paracalanus parvus Cl., à Banyuls-sur- Mer. Eté. Automne. Fig. 3«, pi. IV, et fig. 43-49, pi. V. Sommaira Hôtea; indice d'infection, p. 93. — Condition grégaire du parasite, p. 94. I. — Le parasite cliez Paracalanus parvus en tant qu'individu isolé, p. 94. — Forme, dimensions, p. 94. — Orientation par rapport à l'Iiôte, p. 9,'j. ■ — Cuticule ou coque, p. 96. — L.a crête hélicoïdale de spinules euticulaires, p. 96. — Rapports de la coque avec le corps, sillons hiélicoîdaux et sillon intermédiaire, p. 97. — Aspect général du corps. Etat biénergide, p. 97. — Structure cytoplasniique, p. 98. — Centro- sphéres, figure achromatique; métaphase permanente, p. 98. — Pigment, réseau chromoplastique, p. 99. — Indice de pigmentation, p. 100. — Interprétation de la forme et de la structure, p. 100. — Carac- tères généraux de la reproduction. Sporogenôse itérative. Scissiparité simple, p. 101. — Division du trophocyte, p. 101. — lîétérodynamie des deux cellules filles; tropliocyte secoiulaire et gono- cyte, p. 102. — Régularité de la sporogenêse itérative. Longueur de la période. Sporocytes, p. 103. — Divisions du gonocyte ; formation des sporocytes, p. 103. — Situation respective du trophocyte et des sporocytes; hile, p. 104. — Temps des divisions, p. 105. — Croissance pendant la sporogenêse: limites de la taille, p. 105. — Libération des sporocj'tcs, p. 106. — Acquisition de la forme gymno- dinienne (dinospore) en deliors de l'hôte, p. 106. — Labilité des disnoporcs ; enlcystement, p. 108. — Seconde poussée sporogénétique, p. 108. — Poussées successives ; leur nombre ; leur durée ; rythme nycthcmcral probable, p. 109. II. ■ — Le parasite considéré comme unité d'un groupe dans ses rapports avec les autres individus, et avec l'hôte, p. 111. — Groupes; leur importance absolue et relative, p. 111. — Rapports de contact des indi\idu9, p. 112. — Uomogénéité et unité d'origine du groupe, p. 112. — Multiplication endogène PÉEWINIENS PARASITES 93 par scissiparité simple, p. 112. — Caractère et niarclie des divisions simples, p. 11:J. — . Iiinucuce des parasites les uus sur les autres ; influence de l'hôte en tant qu'individu, p. 115. III. — Blastodinium spinulosum chez les Clausocalanus, p. 110. — Dimensions, p. 119. — Galbe, p. 120. • Groupes, p. 120. IV. — Conception générale de l'évolution de B. spinulosum, p. 120. HoTEs. Indice d'infection. — Ce Blastodinium parasite également deux autres Calanides : Clausocalanus arciiicornis Dana et Clausocalanus furcatus G. Brady. Chez Paracalanus parvus, on rencontre aussi B. crassum, et sa variété inornatum, B. contortum et sa variété hyalinum ; chez les Clausocalanus : B. crassum et B. crassiwi inornatum, B. contortum, B. contortum hyalinum, et enfin B. Pruvoti ^. Mais c'est une règle à laquelle je n'ai trouvé aucune exception cer- taine 2, que deux Blastodinium d'espèces différentes no parasitent jamais en même temps un même copépode. Le parasite des Clausocalanus diffère de celui de Paracalanus parvus par sa taille moyenne plus élevée, son galbe plus épaissi, et sa pigmenta- tion. Mais il existe entre les deux formes une série complète de passages. Nous lui consacrerons une courte étude spéciale après avoir décrit B. spi- nulosum chez Paracalanus parvus. Je me contenterai pour l'instant de donner une idée de la fréquence relative des différentes formes chez leurs hôtes. Sur 413 Copépodes infestés par B. spinulosum, la statistique donne : Paracalanus parvus, 205. Clausocalanus furcatus, 189. Clausocalanus arcuicornis, 17. Mais si l'on tient compte de ce que Cl. parvus est plus commun à Banyuls que Cl. furcatus, on conclura que le dernier est infecté dans une plus forte proportion d'individus que le premier. Une numération très grossière ', faite le 8 octobre 1908, jour où les Paracalanus parvus étaient assez nombreux, a donné 10 individus infectés sur environ 2.500 examinés, soit 4 p. 1.000 seulement. Une autre numération faite le 21 septembre 1910, jour où les Clausocalanus étaient en prédominance a donné : Paracalanus, 300 environ, individus infectés : 2, soit 66 p. 1.000. Clausocalanus, 1.900 environ, individus infectés : 17, soit 8-9 p. 1.000. 1. .T'ai dit comment j'avais tout d'abord confondu ce dernier avec B. spinulosum en une même espèce et j'ai Indiqué aussi brièvement comment je fais actuellement le départ des deux formes. 2. V. page 90 le seul cas, douteux d'ailleurs, de coparasitismc de deux Blastodinium différents. 3. Voir le procédé employé p. 204. 94 EDOUARD CHAT TON L'indice d'infection semble donc plus élevé chez les Clausocalanus que chez les Paracalanus. Mais ces chiffres n'ont de valeur que pour le jour même où ils ont été établis. Condition grégaire du parasite. — Blastodinmm spinulosum est une forme essentiellement grégaire, ce qui veut dire que dans un même hôte adulte, on trouve toujours plusieurs individus du parasite qui au surplus offrent cette remarquable particularité, j'y reviendrai plus loin, d'être toujours semblables entre eux. Cette condition grégaire suffira presque toujours à différencier B. spinulosum des autres Blastodi- niu?n, qui infectent les mêmes hôtes, à l'exception de B. Pruvoti, cpii est, lui aussi, grégaire. Mais ceci n'est vrai qu'autant que l'on a affaire à des Copé- podes adultes ou ayant effectué leur avant-der- nière mue, c'est-à-dire ayant au moins quatre segments abdominaux. Chez les Copépodes à deux segments abdominaux, le parasite est au contraire toujours solitaire, et il l'est encore souvent chez les Paracalanus à trois segments. La première partie de l'étude qui va suivre, où le parasite est considéré en tant qu'individu isolé, s'applique aussi bien à ces individus soli- taires parasites des Copépodes jeunes (fig. xvii) qu'à un individu pris isolément dans le groupe des parasites d'un Copépode adulte (fig. xviii). Dans une deuxième partie, nous considérerons le parasite en tant qu'unité d'un groupement, dans ses rapports avec les autres coparasites. I. Le parasite chez Paracalanus parvus en tant qu'individu isolé. Forme. Dimensions. — La figure 4,3 représente un individu qui n'est pas en sporogénèse^. Il est donc constitué par une cellule unique. Cette cellule a la forme d'un fuseau ou mieux d'une navette élancée, mesurant 200 p. environ, selon la longueur et 30 p. environ suivant le dia- mètre équatorial, la longueur du céphalothorax de l'hôte étant 550 //. Nous verrons que ces dimensions sont sujettes à d'assez grandes varia- FlCx. XVII. Paracalanus par- vus à trois pléonitcs pa- rasité par Blastodinium spinitlosum solitaire, stade 1-16 ( X 150). • 1. Je n'ai jamais cti la cliancc de rencontrer des individus solitaires au stade I. Sauf par leur taille de tels parasites ne doivent différer eu rien des parasites grégaires à ce stade. PÉEIDINIENS PARASITES 95 tions, qui sont principalement fonction du stade sporogénétique et de la taille de l'hôte. (Voir p. 105 et 116). Mais leur rapport qui exprime grossièrement le galbe ne dépasse pas — et ne tombe pas au-dessous de — - ceux de - — - et 5 o, i'5 6,5 étant les plus fréquents. Les deux extrémités sont dissemblables ; l'une est arrondie, l'autre effilée et pointue. Le corps est toujours légèrement incurvé de sorte qu'il n'a qu'un plan de symétrie. L'une des traces de ce plan sur la surface du corps est une ligne à peu près droite ou une courbe à sinuosités légères ; l'autre est une parabole à tension assez accentuée. Cette forme est tout à fait constante et caractéristique de l'espèce. Orientation par rapport a l'hote. — Celle-ci est moins constante que la forme : toujours cependant l'extrémité arrondie est dirigée vers le cul-de-sac antérieur de l'esto- mac, qu'elle encombre en partie, l'extrémité effilée atteignant le détroit pylorique qu'elle dilate plus ou moins. Cette orientation cons- tante permet de définir au moins provisoire- ment le pôle arrondi comme antérieur et le pôle effilé comme postérieur ; on conviendra d'appeler ventrale la face subrectiligne ou concave, et dorsale la face convexe. Comme tous les Blastodinium ont une forme et une orientation faciles à ramener à celles de B. spinulosum, ces appellations .vaudront pour toutes les espèces. Mais elles ne sont pour l'instant que purement arbitraires et provi- soires. L'orientation propre des parasites, définie par celle de la forme pourrait en effet ne pas coïncider avec celle de l'hôte. Or j'ignore com- plètement quelle est l'orientation de la forme flagellée. Je n'ai pu décou- vi-ir, malgré beaucoup de persévérance, les stades qui sont entre la dinospore et les parasites déjà très modifiés que nous étudions main- tenant. Les parasites ne sont nullement solidaires les uns des autres, et ils FiG. xvm. Paracalamm parvus Q pénul- tième parasitée par Blastodinium spinidosum. Groupe IV ( x 150). 96 EDOUARD CHATTON n'adhèrent par aucun moyen à l'épithélium de l'estomac. Ils sont le jouet des contractions péristaltiqiies qui les projettent alternativement d'ar- rière en avant jusqu'au fond du cul -de-sac antérieur, et d'avant en arrière jusqu'au pylore. Durant les oscillations qu'ils subissent ainsi, ils glissent les uns sur les autres. Ils ne se maintiennent dans la cavité stomacale que grâce à leur volume. , Cuticule ou coque. — Le corps cellulaire est enfermé / de toutes parts dans une pellicule j)ériphérique bien indi- I vidualisée, et qui s'en trouve normalement décollée, lui constituant une coque très ténue, très translucide, mais résistante et élastique. Cette coque est de même aspect, et vraisemblablement de même nature que celle des AjJodinium. Comme celle-ci, elle est suffisamment résistante pour conserver sa forme et sa rigidité, lorsque le corps s'étant contracté à son inté- ' , j rieur, elle n'est plus soutenue par lui. C'est ce que l'on observe normalement aux deux extrémités des individus, surtout du côté pointu, où la masse cytoplasmique est décollée de la pellicule. Très souvent, ce décollement s'étend même à toute la surface cellulaire, comme résultat soit j d'une contraction normale, ce qui est l'indice d'une divi- sion toute proche, soit d'une contraction pathologique due au contact direct de l'eau de mer. La crête hélicoïdale de spinules cuticulaires. — Lorsqu'on parcourt du regard, avec attention, la marge du corps, on voit en certains points, surtout là où de légers res- sauts interrompent les courbes régulières du profil, de très courtes épines insérées très obliquement à la surface, leur pointe dirigée vers le pôle postérieur. Leur saillie est de 2 à 3 [J.. Ces épines sont coniques, aiguës, creuses, et leur lumière est en continuité avec la cavité de la coque. Etroi- tement rangées les unes à côté des autres en une file unique, elles forment une sorte de crête qui s'enroule en héUce autour du corps, d'une manière identique chez tous les individus. Mais cette hélice n'est pas continue. Elle forme deux sections. La première prend naissance sur la face droite, à la partie antérieure, décrit dans le sens inverse de celui des aiguilles d'une montre un tour et demi d'hélice, et se termine un peu au-dessus de l'équateur au milieu de la face gauche. La deuxième naît un peu au- ¥10. XIX. Blaslo- diniuni spinu- losum de Para- calanus pamis. La coque avec ses deux crêtes hélicoïdales de s jj i u u 1 c s . ( X y 00). PÊRIÙINIENS PARASITES 97 ■.\^-^^>v ^i'Y -':^0$l dessus de l'équateur, sur la génératrice même où prend fin l'hélice an- térieure. Elle décrit dans le même sens un tour seulement et s'efïace loin de l'extrémité postérieure, au milieu de la face gauche (fig. xix). Rapports de la coque avec le corps. Sillons HÉLICOÏDAUX et SILLON INTERMÉDIAIRE. — Dans des conditions d'observation particulièrement favo- rables, où la contraction du corps est réduite à son minimum, on voit qu'à la ligne hélicoïdale des spi- nules correspond, sur la surface cytoplasmique, un sillon bien marqué, large de 2 à 4 p., dont les lèvres sont très légèrement saillantes. Ce sillon suit exac- tement le tracé de la ligne hélicoïdale, mais tandis que celle-ci est interrompue dans la région équato- tiale, sur la face gauche, celui-là s'y continue par une courte portion rectiligne, dirigée d'avant en arrière, qui forme avec les portions hélicoïdales deux angles obtus. La lèvre supérieure du sillon est garnie d'une série linéaire de petites papilles, dont chacune cons- titue la matrice d'une spinule. Aspect général du corps. Etat biénergide. — On surprend déjà dans cette course de la crête l'indice d'un dualisme qui se montrera plus mani- feste encore chez les Blastodinium que chez les Ayo- dinium. L'aspect général du corps dénote aussi ce dualisme de la manière la plus nette, comme l'on peut s'en rendre compte par l'examen des figures. Dans la masse cytoplasmique, plus ou moins fortement pigmentée, l'on voit, de part et d'autre d'une zone équatoriale dense, deux larges espaces incolores dans lesquels on ne peut déceler d'autre structure que quelques rares trabécules qui les par- courent dans le sens axial. 11 semble que ces espaces soient occupés par un liquide hyaHn et l'on serait tenté de les comparer aux lacunes aqueuses des Apodifiium et de beau- coup de Péridiniens libres. Ce serait inexact. Ces espaces marquent l'em- placement des noyaux, dont chez cette espèce, la texture est presque tou- ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — T. 69. — F. 1. 7 ''('T'., ,'^' ^^/i. '-m Fig. XX. Blastodinium spi- nulosuni de Paracalanus parvus, traité par le vert (le méthyle acétique, (lui a mis en évidence les noyaux en les colo- rant et en les contrac- tant (X 680). 98 EDOUARD CHATTON jours invisible sur le vivant. Une coloration extemporanée, comme chez Apodinium rhizophorum, au vert de méthyle acétique la met au contraire très bien en évidence, mais point aussi caractéristique cependant que celle des Apodinium. La masse est plus homogène, comme décomposée seulement par des sortes de cloisons irrégulières longitudinales (fig. xx). Structure cytoplasmique. — La structure de la masse cytoplas- mique fournit des images assez difficiles à décrire et aussi à figurer, et que l'on ne peut interpréter d'une manière correcte que par l'étude des coupes. Cela tient à ce que cette masse est parcourue par un réseau chromoplas- tique, parfois très dense, inégalement imprégné de pigment, et que l'on est au premier abord tenté de prendre pour quelque spongioplasme grossier, la substance hyaline et incolore contenue dans les mailles du réseau appa- raissant comme un suc hyalosplasmique, analogue à celui qui remplit les vacuoles des cellules végétales. Or, cette substance hyaline et incolore, dont la consistance est loin d'être fluide, est le cytoplasme lui-même. Il rempUt entièrement la cellule, creusée de rares vacuoles, toujours de faible volume. Abstraction faite des inclusions de toutes sortes qu'elle contient, elle est sans structure figurée. Mais le Péridinien vient-il à s'altérer, on la voit se résoudre de la périphérie vers le centre, de proche en proche, en très fins granules, dont la masse sombre et opaque contraste vivement avec la belle trans- parence caractéristique de l'état normal. Centrosphères. Figure achromatique. Télophase quiescente. — A chaque pôle du corps cellulaire, l'on voit s'irradier autour d'un centre des filaments qui vont jusqu'au cytoplasme équatorial. Les espaces nucléaires sont ainsi traversés dans le sens de la longueur du corps, par des fibrilles qui vont des pôles à l'équateur, formant par leur ensemble une figure fusoriale qui s'étend dans toute la cellule et y offre exactement l'aspect du spectre achromatique d'une mitose au stade de la plaque équatoriale. Cette figure correspond bien en effet à une phase de la division nu- cléaire, mais non comme il semble tout d'abord, au stade de plaque équa- toriale à la métaphase. C'est un stade plus avancé que l'on peut homologuer à celui de la reconstitution des noyaux fils, à la télophase par conséquent, d'une mitose de type classique. La zone dense qui est à l'équateur du corps n'est nullement le siège des chromosomes. Elle est constituée seulement par du cytoplasme qui s'est insinué entre les deux masses nucléaires filles au moment de leur PÉRIDINIENS PARASITES 99 séparation. Ce stade de télophase est celui auquel s'arrête et se fige, pour un temps qui peut atteindre vingt-quatre heures, la mitose des Blastodi- nium, jusqu'à ce que survienne une nouvelle division. C'est en somme l'état de repos nucléaii*e. C'est celui que l'on observe presque toujours, car les autres phases de la caryodiérèse sont extrêmement courtes. Cet état de caryodiérèse figée à la télophase, avec centres et fuseaux très manifestes est un caractère cytologique très saillant des Blastodiiiium. La netteté de cette figure se trouve souvent accusée par le fait que les éléments chromoplastiques contenus dans le cytopasme hyalin se trouvent orientés en même temps que lui et rehaussent ainsi les éléments du spectre de leur brillante teinte jaune. Pigment. Réseau cheomoplastique. — Les individus de B. spinu- losum se présentent presque toujours colorés d'une manière plus ou moins vive, en jaune serin, ou jaune verdâtre, sauf aux pôles et dans les deux espaces qui correspondent aux noyaux, où se voient seulement quelques trabécules pigmentaires tout à fait superficiels. Quelquefois, il s'en trouve de complètement incolores. Et entre ceux-ci et les précédents, on peut observer des séries d'individus ofifrant tous les degr.'s delà dépigmentation. Il en est chez lesquels le substratum incolore du pigment subsiste encore à défaut du pigment lui-même. Ce substratum est constitué par une substance plus réfringente et plus condensée que le cytoplasme, analogue à celle qui constitue les leucites des végétaux. Il se présente sous la forme de cordons d'un diamètce moyen de 1 u. à 3 ^/, mais très noueux, très tortueux et anastomosés en un réseau qui est par- fois si serré qu'il laisse peu de place au cytoplasme. Les mailles de ce réseau sont généralement allongées dans le sens de l'axe du corps, d'où l'impres- sion que l'on a souvent d'une striation longitudinale irrégulière de la surface. La distribution du réseau chromoplastique^ à travers la cellule n'est pas égale. Il est très développé dans la région équatoriale, où ces éléments sont orientés du centre vers la périphérie. Il l'est aussi dans les deux régions polaires subterminales immédiatement au delà des centrosphères, où les mailles du réseau s'allongent dans le sens axial ; mais il fait à peu près 1. Les algologues ont coutumu d'appliquer aux corps figurés pigmcutifôics le uonidG chromatophores. Ce nom a pris depuis longtemps en zoologie une acception dilTéreute. Il désigne les cellules elles-niêmes, généralement mésenchymateuses, productrices d'un pigment qui, par sa nature, son origine et son rôle, diffère essentiellement des pigments assimilateurs végétaux. Pour c^tto raison nous préférons au nom de chromatophore celui de chro- moplaste, qui a d'autre part sur celui de cliromoleucite, très usité par les botanistes, l'avantage de n'être pas une antithèse étymologique. 100 EDOUARD OHATTON complètement défaut aux pôles mêmes du corps constitués par une calotte et par une pointe incolore. Dans le reste du corps, il s'étend en surface dans la mince couche de plasma périphérique {Hûllplasma de Schûtt), comprise entre la pellicule périplastique et les masses nucléaires. Le réseau chromoplastique peut lui-même disparaître. Les parasites ont alors un aspect absolument hyalin et une parfaite translucidité. La dépigmentation et la disparition du substratum incolore du pigment se font toujours d'une manière égale dans toute l'étendue de la cellule, mais tel n'est pas le cas pour toutes les espèces du genre. Indice de pigmentation. — Pour nous permettre de nous faire une idée, si grossière fût-elle, du degré moyen de pigmentation de l'espèce et nous permettre de la comparer à ce point de vue aux autres formes du genre, j'ai établi ce que j'appellerai l'indice de pigmentation, bien que ce terme implique beaucoup plus de précision que n'en ont, comme on va voir, les nombres qui l'expriment. Aux mentions de ma statistique : incolore, peu coloré, bien coloré, très coloré, j'ai donné comme valeur les nombres 0, 3, 8, 10. La moyenne de tous les nombres aussi relevés est l'indice de pigmentation de l'espèce. Pour B. spinulosum de Paracalanus parvus, l'indice de pigmentation est 7,2. n est à remarquer que de la moindre visibilité des formes incolores, il résulte nécessairement que les indices de pigmentation sont tous trop élevés. Mais nous pouvons admettre que l'erreur est la même pour toutes les espèces, et que les nombres obtenus n'en sont pas moins suffisamment comparables entre eux. L'usage que j'en ferai ne sera d'ailleurs pas dis- proportionné à leur précision. Interprétation de la forme et de la structure. — Que les sillons hélicoïdaux qui ornent la surface de B. spinulosum soient homologues du sillon transverse, toujours plus ou moins hélicoïdal des Péridiniens libres, cela ne peut faire doute. La présence de deux de ces sillons sur la même cellule n'est pas non plus pour nous étonner, puisque nous savons que cette cellule est à deux énergides, et il est manifeste qu'un Blasto- dinium représente en réalité deux Péridiniens qui sont restés intimement associés bout à bout à la suite d'une bipartition non parachevée. La Hgne des spinules n'a pas d'autre valeur que celle d'un ornement dont on trouve l'équivalent en situation homologue chez beaucoup de Péridiniens libres, sous forme de crêtes plus ou moins sculptées. Ce qui est plus difficile à préciser, c'est la valeur du sillon rectiligne PÉRIDINIENS PARASITES 101 intermédiaire qui unit l'hélice antérieure à l'hélice postérieure. H pourrait, d'abord venir à l'idée qu'il est l'homologue des sillons longitudinaux de nos deux Péridiniens, sillons qui seraient confondus en un seul du fait de la soudure intime des individus. Dans cette hypothèse, il faudrait admettre que le sillon longitudinal est chez un Blastodinium à ce stade, en rapport, avec seulement l'une des extrémités du sillon hélicoïdal, alors que normalement chez les Péridiniens il en unit les deux extrémités. Ce ne serait pas là une unique exception. Mais cette hypothèse se heurte à une objection beaucoup plus grave : elle impliquerait que les deux individus sont soudés par lem'S pôles de mêmes noms, exactement à l'inverse de ce qui se passe chez les Péridi- niens libres. Nous verrons que la valeur de cette objection se trouve démon- trée par l'étude de la division des Blastodinium. Bien que les phénomènes soient chez eux beaucoup moins exprimés que chez les formes libres, on peut acquérir la certitude que les deux individus résultant d'une division sont bien orientés dans le même sens. Ce sillon intermédiaire me paraît résulter simplement d'un étirement qui se produirait au début de la bipartition entre les deux portions sépa- rées du sillon hélicoïdal, mais je n'ai pu vérifier cette manière de voir parce que dans les conditions d'observation, c'est-à-dire au contact de l'eau de mer, le sillon s'efface complètement au bout de quelques minutes. Je dois dire même qu'il ne m'a été donné que quatre fois de pouvoir observer très nettement le sillon rectiligne intermédiaire. Caractères généraux de la reproduction. Sporogénése itéra- tive. Scissiparité simple. — L'individu végétatif tel que nous le connais- sons maintenant est un trophozoïte. B est l'équivalent du trophocyte des Apodinium. Nous allons retrouver dans les détails de sa division et dans toute sa reproduction des faits tout à fait comparables à ceux que nous a révélés l'étude des Apodinium : même hétérodynamie des pôles du trophocyte, même scission subtransversale de cette ceUule, et comme conséquence même mode de sporogénèse itérative. Ceci pour tous les Blastodinium. Chez B. spinulosum, et chez d'autres espèces, nous trouverons en outre un mode de multiplication du parasite dans l'hôte par scissiparité simple, multipKcation qui est l'origine même de leur condition grégaire, la sporo- génèse itérative, elle, ne servant qu'à l'expansion extérieure du parasite. Division du trophocyte. — La délamination spontanée de la cuticule et du cytoplasme, autrement dit la formation de la coque, est le signe 102 EDOUABD CHATTON précoco d'une future div7f;ion ; celle-ci est trè?. rapide et il est difficile d'en bien voir les différentes phases sur le vivant. Je n'ai pas pu saisir sur le vif le dédoublement de la centrosphère et la migration de l'une des moitiés du pôle vers le plasma équatorial. Cette migration est cependant certaine, car au stade où la scission cytoplas- mique commence à s'effectuer, dans la région même du plasma équatorial, on voit de part et d'autre de celui-ci et à son contact deux sphères nou- velles, unies chacune à la sphère polaire correspondante par un fuseau achromatique analogue à celui qui s'étendait dans le trophocyte initial indi\às. Les noyaux eux-mêmes sont déjà scindés comme en témoigne la forme en biscuit de l'espace clair qui leur correspond et la présence dans la région qui leur est intermédiaire d'un peu de cytoplasme granu- leux. La masse de celui-ci ira en augmentant rapidement, tandis que se raréfie au contraire aux pôles en contact le cytoplasme provenant de l'ancienne masse équatoriale. La cellule passe ainsi par un stade éphémère où elle paraît nettement divisée en quatre compartiments séparés les uns des autres par trois lames cytoplasmiques pigmentées, et dont chacun correspond à un noyau. En même temps que s'effectuaient ces remaniements internes, il est apparu dans la région équatoriale, une série de plis d'abord indépendants les uns des autres, dont l'ensemble forme ensuite une constriction qui va s 'approfondissant. Bien qu'en définitive elle arrive à séparer une cellule antérieure et une cellule postérieure, cette constriction n'est pas trans- versale. Son plan est fortement incliné sur l'axe du corps, de la face gauche antérieure vers la face droite postérieure. Il l'est aussi de la face ventrale vers la face dorsale. En moins de vingt minutes, la bipartition est achevée. Les deux cellules séparées ont sensiblement la même forme, qui est celle même de la cellule initiale : une extrémité antérieure arrondie et une extré- mité postérieure aiguë, ce qui prouve bien que les deux individus qui constituent le trophocyte sont accolés par leurs pôles de noms contraires, comme je l'ai dit plus haut. La cellule antérieure est normalement plus petite que la cellule posté- rieure. HÉTÉRODYNAMIE DES DEUX CELLULES FILLES : TROPHOCYTE SECON- DAIRE ET GONOCYTE. — Tandis que la cellule antérieure va continuer à se diviser nombre de fois, et donner ainsi naissance à de nombreuses spores, la première, pendant tout le temps que cette multiplication met à se pro- duire, va traverser une longue période de repos et de lente croissance, et PÉRIDINIEN8 PARASITES 103 fournir ensuite par une nouvelle division, la nouvelle cellule-mère d'une nouvelle poussée de spores. Le nombre des poussées ainsi produites par un même trophocyte est théoriquement indéfini. Nous conviendrons d'appeler trophocyte Ii la cellule antérieure et gonocyte 1 la cellule postérieure. Ce sont les termes mêmes dont nous avons usé pour les Apodinium et cela implique, ce qui, je crois, ne fera de doute pour personne, que la cellule antérieure et la cellule postérieure des Blas- todinium sont respectivement homologues de la cellule proximale et de la cellule distale des Apodinium. RÉGULARITÉ DE LA SPOROGÉNÈSE ITÉRATIVE. LONGUEUR DE LA PÉRIODE. Sporocytes. — Clicz Ics Apodinium où nous avons déjà fait connaissance avec ce mode de sporogénèse périodique, celui-ci était loin de se présenter avec le haut degré de différenciation et de régularité que nous lui trouvons chez les Blastodinium. La durée qui sépare deux scissions successives du trophocyte, autre- ment dit la période, était toujours courte. Elle n'excédait pas le temps de deux divisions successives complètes du trophocyte. Chez les Blastodinium, au contraire, la période est très longue et peut atteindre le temps que mettent à s'effectuer jusqu'à 8 et même 9 segmen- tations successives du gonocyte, qui aboutissent à la formation de plus de 250 ou de plus de 500 sporocytes (théoriquement : 256 et 512), Ceux-ci entourent et recouvrent la cellule initiale. Il en résulte un aspect particuher du parasite dû à une très grande différence de taille entre la cellule-mère et les futures spores, différence de taille qui m'a fait appeler la première macrocyte et les secondes microoytes, terminologie dont j'ai usé dans mes notes préliminaires, mais à laquelle j'ai substitué dans ce mémoire celle de trophocyte, gonocyte et sporocytes, d'une appli- cation plus générale. Divisions du gonocyte. Formation des sporocytes. ■ — Aban- donnant le trophocyte pendant toute sa période de repos, qui est en même temps une période de croissance, nous allons suivre le second acte de la sporogénèse à partir de la première division du corps, qui vient de s'ef- fectuer. La scission du gonocyte suit de très près la scission du trophocyte st elle s'effectue comme elle par un plan très incliné sur l'axe cellulaire. Il en sera encore nettement de même durant les deux divisions suivantes, puis le plan de division deviendra peu à peu sensiblement équatorial, en même temps que la forme des cellules tendra vers un ellipsoïde réguUer. 104 EDOUARD CHATTQN Les quatre premiers sporocytes, de forme assez irrégulière, plutôt aplatie, sont disposés en file, à la place que tenait le gonocyte, mais occupant un espace un peu plus considérable que celui-ci, surtout vers l'avant du para- site, où ils vont de plus en plus déborder le trophocyte qui se trou- vera déjeté du côté dorsal et vers la face droite. Lors de la division des sporocytes 4, on voit encore nettement que leurs plans de scission sont transversaux-obliques par rapport à l'axe du corps ; de sorte que si au lieu de se séparer complètement, comme ils le font, ils étaient restés adhérents les uns aux autres depuis la première segmentation du trophocyte, ils formeraient maintenant à la suite de celui-ci comme tête, une chaîne de huit cellules. C'est là une constatation dont nous aurons à faire état lorsque nous comparerons les Haplozoon aux Blastodinium. n est possible que chez B. spinnlosum les sporocytes continuent à se diviser tous dans la même direction, auquel cas on devrait les envisager comme formant théoriquement un chapelet de plus en plus long à grains de plus en plus nombreux et de plus en plus petits. Mais c'est là une chose difficile à vérifier objectivement, car dès le stade I--8, les éléments qui commencent à se gêner et à se comprimer mutuellement, ne conservent plus une orientation uniforme qui permette de se rendre compte de la direction des plans de segmentation. Au stade I^-IG, le trophocyte se trouve généralement détorde en avant par un certain nombre de sporocytes. Ceux-ci ont acquis une forme assez régulière d'ellipsoïde plus ou moins étranglé équatorialement, selon l'état plus ou moins avancé de leur bipartition. Au stade 1-32, les sporoc3rtes qui se compriment déjà fortement les uns les autres remplissent d'une façon dense toute la coque, qui élastique, se dilate sous leur poussée, sans toutefois que sa forme générale s'en trouve altérée. Il survient ensuite encore une bipartition réalisant le stade 1-64, et très rarement une autre aboutissant au stade 1-128, où le parasite, lorsqu'on l'observe par trans- parence à travers l'hôte, paraît formé d'un parenchyme dense à cellules étroitement unies. Situation respective du trophocyte et des sporocytes Hile. — Le trophocyte primitivement polaire occupe maintenant une situation submédiane, toujours plus proche cependant de l'extrémité antérieure que de l'extrémité postérieure. Son orientation est semblable à celle du parasite total, mais il occupe dans celui-ci une situation nettement excen- trique : il est tangent par toute sa face dorsale-gauche, à la face dorsale PÉEWINIENS PARASITES 105 gauche de la coque, et naturellement, sur toute cette étendue de contact les sporocytes font défaut. Nous appellerons hile cette région où le tro- phocyte affleure la surface. Je n'ai pas d'exemple que ce hile soit comblé par des sporocytes chez B. spinulosum, comme il arrive chez d'autres espèces. Temps des divisions. — La division totale du trophocyte met trois quarts d'heure environ à s'effectuer. Les premiers signes de la division du gonocyte apparaissent déjà au bout d'une demi-heure et la scission est achevée au bout d'une heure environ, de sorte qu'un parasite met à peu près deux heures et demie pour passer du stade I au stade 1-2. La scission des deux cellules filles paraît débuter après un temps de repos de trois quarts d'heure à une heure, et durer comme la première environ une heure. Les temps de repos et ceux des divisions paraissent s'accroître ensuite. Chez un parasite au stade 1-16, j'ai vu les 16 sporocytes rester plus de deux heures au repos et mettre plus d'une heure à se segmenter. Chez un autre individu au stade T-32, le temps de repos a aussi atteint deux heures, et le temps de division, à partir du début de l'étranglement, les a dépassées. Ces observations ont toutes été faites sur des individus différents, car les Blastodinium, qu'ils soient ou non extraits de l'hôte, et encore que dans ce cas le contact de l'eau de mer ne paraisse pas leur nuire, ne supportent pas sans soufifrir un séjour de plus de deux heures entre lame et lamelle, souffrance qui se manifeste par un ralentissement dans les segmentations et la rupture du synchronisme dans la scission des sporoc5rtes. Ainsi un parasite au stade -r- à 8 heures du matin était passé au stade o 1-16 à 9 h. 45 et il n'avait pas encore atteint le stade 1-32 à 5 heures du soir ; il contenait alors de 27 à 29 sporocytes seulement dont plusieurs étaient en division. D'autres étaient en voie de dégénérescence granuleuse. Croissance pendant la sporogénèse. Limites de la taille. — Le parasite subit un accroissement sensible de volume au cours d'une période sporogénétique. Voici plusieurs exemples qui en donnent une idée : Dans un Paraculanus à trois parasites, l'un des individus au stade I mesure 200 u sur 40 p, le second au stade 1-8 mesure 225 ij. sur 50 [j., le troisiède en stade 1-16 mesure 240 u. sur 50 a. Dans un autre Paracalarius à trois individus, deux de ceux-ci qui sont au stade 1-16 mesurent 200 [j. sur 30 \xet le troisième au stade 1-32 mesure 225 y. sur 40 <^. 106 EDOUARD CHATTON Sur cinq individus contenus dans un Paracalanus, quatre qui sont au stade 1-16 mesurent 250 y. sur 40 ;/, le cinquième au stade I-l ne mesure que 200 [j. sur 40 a. Chez les espèces solitaires, et en particulier chez B. crassum, où cet autre facteur qu'est le nombre des individus dans l'hôte, n'intervient pas, nous pourrons traduire par un diagramme l'augmentation de volume du parasite sous l'influence de la poussée sporogénétique. Mais dans tous les cas, il faut tenir compte aussi de la relation entre la taille de l'hôte et celle du parasite, que nous mettrons plus loin en évidence. C'est elle qui explique que de deux B. spimdosum au même stade 1-16, de deux Copépodes différents, l'un mesure 240 y. sur 50 ;x et l'autre 200 y. sur 30 ;j.. En somme, chez B. spinidosimi de Paracalanus parvus, les dimensions varient de 150 u. sur 25 ^y. à 280 u. sur 40 y. Libération des sporocytes. — La résistance de la coque a une limite qui paraît correspondre généralement au stade à 64 sporocytes. La rupture ne m'a pas paru s'effectuer d'une manière définie, mais c'est chose difficile à observer, car elle ne peut l'être qu'au travers de l'hôte. Le parasite arrivé aux stades avancés de la sporogénèse est trop fragile pour pouvoir subir sans éclater les heurts d'une dissection de l'hôte. Dans bien des cas même, je n'ai pu retrouver dans l'intestin du Copépode de vestiges de la coque. J'en suis donc à me demander si elle n'est pas dissoute par une substance sécrétée par le parasite, comme l'est la coque des œufs de certains poissons et batraciens, au moment de l'éclosion de l'embryon (WiNTREBERT 1912). Aussitôt la coque rompue, les sporocytes voisins du point de déhiscence, généralement postérieur, fusent dans l'intestin du Copépode, d'où ils sont peu à peu évacués par l'anus. Ce sont à ce stade de petites cellules binucléées au profil en biscuit, plus ou moins colorées en jaune pâle, avec deux taches claires cori'espondant aux noyaux. Dans la région équatoriale où la masse pigmentaire est le plus dense, il se trouve un pyrénoïde réfringent. C'est essentiellement l'organisation, sous une forme réduite, du trophocyte initial. Ces sporocytes évacués sont complètement immobiles. Ils tombent immédiatement au fond du vase où l'on conserve le Copépode en obser- vation. Acquisition de la forme gymnodinienne (dinospore) en dehors DE l'hote. — Si l'on prolonge l'observation de ces éléments en chambre humide, dans de bonnes conditions, c'est-à-dire à l'abri d'une température trop élevée, dans de l'eau de mer bien pm-e et bien aérée, on pourra, au PÉRIDINIENS F A BA SITES 107 bout d'un temps variant de une à cinq heures, voir quelques-unes de ces cellules s'animer d'abord de petits soubresauts, puis se déplacer lentement au sein du liquide en tournant sur elles-mêmes, suivant une ligne héli- coïdale. L'observation peut se prolonger ainsi au delà même de vingt- quatre heures, sans que l'on remarque rien de plus. Ces éléments mobiles se présentent assez variables de forme et de taille. Les uns ne diffèrent nullement des sporocytes tels qu'ils ont été évacués du Copépode, c'est-à-dire avec leur forme en biscuit et leurs deux noyaux qui témoignent qu'ils ne sont pas au terme de leur multiplication. D'autres proviennent manifestement des premiers par bipartition. Ils ont aussi deux noyaux, et ils sont eux-mêmes en division. Mais cette division n'a plus lieu suivant un plan transversal, comme celle des sporocytes moins avancés, mais suivant un plan très oblique par rapport à l'axe longitudinal. Ce caractère qui nous était apparu très net au début de la sporogénèse dans la division de la cellule initiale et des premiers sporocytes, ré- apparaît ainsi à la fin de la sporogénèse, immé- diatement avant la dif- férenciation des dinos- pores. On en voit na- geant associées deux par deux. Ni les unes ni les autres n'ont une forme péridinienne bien accu- sée. Lorsqu'on les étudie à un fort grossissement, on voit qu'elles possèdent, soit deux soit quatre flagelles insérés par paires de part et d'autre de l'étranglement écjuatorial. Ces flagelles ne paraissent d'ailleurs nullement différenciés en un flagelle rectiligne et un flagelle hélicoïdal. A côté de ces éléments encore immatures, on en voit d'autres qui sont les produits de l'ultime division des sporocytes libérés et qui eux sont uninucléés, et présentent une forme gymnodinienne bien caractérisée. Ils ont une forme ovoïde trapue, l'un des pôles est bien arrondi, l'autre de profil ogival. C'est le pôle antérieur. Le sillon transversal bien marqué FlQ. XXI. Blastodinium spinn^osiim. Dinospores mobiles, (x 3500). 108 EDOUARD CHATTON est situé peu après le tiers antérieur du corps. Sa course n'est pas sensi- blement hélicoïdale. Le sillon longitudinal est très peu accentué. Le noyau, unique, et d'une structure péridinienne typique occupe une bonne partie du volume du corps, dont le centre est incolore. Le cyto- plasme périphérique est parcouru de chromatophores réticulés et aussi de grosses inclusions réfringentes se colorant en brun par l'acide osmique. Ces éléments mesurent 1 3 -lou^n<5 J Xtofu-eiice- cic/i lcnaeut4 ta toru-tiow. d 1 •» »^ «•• • • •< e • • • • • •• ■»e--»^ »• 4M 80 ?o 5ô 3a -10 30û 1 î 3 ^ S 6 ^ S 3 W il i2 « W lî « 1^ IS 13 20 il 22 2î • J« « B. 6[VLauio6utin- Txtaae-ace de i V7f • r i •• •• 4 1 , • • 1 » -1 4 1 •1 5.jr *• • -1 ï Vfa • 1 4 !é — • • • • •• •• • •• •• clie^ !« Cl ouv<> g cal gauj txfroratrice de-J gaJbei en jouctwa 1 J î ^ î ( ; î ^ lu 41 « 13 lA IJ i i5 5o j5" 5ûù 15 5û ]5' 6ùO i5 5ô PÉRIDINIENS PABASITES 131 Coccolitophoridœ constatent aussi que les divisions sont nocturnes. Scissiparité simple exceptionnelle. — Comme je l'ai dit, je n'ai observé en tout qu'un seul cas de reproduction endogène. Il s'agissait d'un parasite d'un Paracalanus parviis à 4 segments abdominaux, au stade I-I-64, et mesurant 300 [i. Il est représenté par la figure xxvi, p. 129. Variations de la taille en rapport avec le stade sporogénétique ET LA taille DE l'hote. — La Condition solitaire de B. crassum fait de cette forme un objet d'études plus favorable que ne l'est B. spinulosum, 3. CX-'• • • 2.5 ? / 3,00 60 • .■*' r •' SO. ••'' - mo 4 1^ 3a ôA /ifioiou|Ui s. 16 31 ih ai des relations entre la taille du parasite et le stade de la sporogénèse d'une part, et entre la taille du parasite et celle de l'hôte d'autre part, car ici, ces relations ne sont pas troublées par la variation du nombre des indi- vidus. Les résultats fournis à ce double point de vue par la statistique confirment entièrement ceux que nous avons déjà constaté chez B. spi- nulosum. 1° Variations de la taille en rapport avec le stade sporogénétique. 2° Variations de la taiUe en rapport avec celle de l'hôte. Parallélisme du développement de l'hote et du parasite \ — En ce qui concerne ce point aussi, les résultats fournis par la statistique sont plus probants qu'ils ne l'étaient pour B. spinulosum. 1. Je n'ai pas identifié génériquement ni spécifiquement les cyclopoldes. D se peut donc qu'il y ait là des cyclopoldes de Clauiocalanus. 132 EDOUARD CHATTON Les voici : Dans 12 cyclopoïdes à 2 pléonite? on trouve les parasites aux stades suivants : 1-4 deux fois, 1-8 cinq fois, 1-16 deux fois, 1-32 deux fois, 1-64 une fois. Dans 20 cyclopoïdes à 3 pléonites : I une fois, 1-4 trois fois, 1-8 quatre fois, 1-16 deux fois, 1-32 quatre fois, 1-64 trois fois, 1-128 trois fois. On comparera ces dénombrements à ceux faits sur des copépodes à Fio. XXVII. Blastodinium crassum de /'«racaZawjw parrw*. Trois stades successifs pris dans des Copépodes jeunes; «, stade I d'un Paracalanus à deux pléonites, où l'on voit bien les papilles formatrices di's spinules de la coque; b, stade 1-4 d'un Paracalanus à deux pléonites; c, stade 1-8 d'un P«rnca/a?i!/^ à trois pléonites. 4 pléonites à propos du rythme sporogénétique nycthéméral, p. 127. H est à remarquer que ces cyclopoïdes ont été observés en plein jour de mai à novembre ^ Les parasites des cyclopoïdes à 2 pléonites ne semblent pas dépasser dans la journée le stade 1-64, et ceux des cyclopoïdes à 3 segments le stade 1-128. Les aberrations que l'on constate chez les parasites de Copé- podes à 4 pléonites dans le rythme nycthéméral doivent être attribuées en partie au fait que certains des Copépodes observés viennent de passer du 2e cyclopoïde à la forme adulte. La sénescence peut sans doute exercer elle aussi une action perturbatrice sur le rythme sporogénétique. 1. Voir la ri marque p. 128. PÉBIDINIENS PARASITES 133 Variations saisonnières du rythme sporogénétique, — Mais celui-ci est en outre soumis à des variations saisonnières. Je n'ai malheureu- sement pu réunir sur ce sujet que très peu d'observations, à cause de l'impossibilité où je me trouvais de séjourner à la mer d'une façon continue et de l'obligation de m'en éloigner précisément au moment de la transi- tion automno-hivernale. Je crois néanmoins pouvoir affirmer l'existence de ces variations. A la fin de 1906, où j'ai pu prolonger mon séjour jusqu'en décembre, j'ai constaté que la proportion des stades à peu de sporocytes augmentait nettement ; les stades I qui font défaut l'été chez les Copépodes adultes, pendant la journée étaient devenus assez fréquents. Dans les deux der- nières semaines de novembre, j'en ai observé une vingtaine dans des Paracalanus adultes. La température de l'eau qui, selon toute vraisem- blance, est le principal déterminant de ces variations, était tombée de 20°, moyenne de juillet, à 13-14o. Il semble donc qu'au début de l'hiver, la puissance reproductrice du parasite s'atténue. Les choses se passent de même chez B. Pruvoti. Au mois de mars et d'avril 1907, les B, Crassum faisaient complètement défaut, bien qu'il se trouvât dans le plancton de nombreux Paracalanus et quelques Clausocalanus furcatus et arcui- cornis, qui les uns et les autres renfermaient B. contortum. C'est à la fin d'avril seulement que B. crassum fit son apparition, brusquement, mon- trant d'emblé.e ses caractères de belle saison. En mars et avril 1911, à Villefranche-sur-Mer, je n'ai vu que de rares B. contortum dans Clausocalanus arcuicornis. On conçoit combien il serait intéressant de poursuivre des observations de cet ordre en différents lieux et tout le long de l'année. L'étendue du programme qui s'est peu à peu imposé à moi et le peu de temps dont je disposais m'a empêché de le faire. II. B. Crassum chez les Clausocalanus. — B. crassum se présente chez les Clausocalanus exactement comme chez Paracalanus parvus. Les seules différences notables tiennent à la taille et au galbe et à l'existence d'une schizogonie accidentelle. Les premières relèvent de la relation entre la taille de l'hôte et celle du parasite. La longueur peut aller jusqu'à 350 [j. pour le stade 1-128, chez un Clausocalanus furcatus dont le céphalothorax mesure 750 ;j.. Les dimen- sions les plus communes sont 300 sur 100 u. Chez le seul Cl. arcuicornis adulte où j'ai trouvé B. crassum type, et qui mesurait 900 [x, le parasite mesurait 425 // sur 125 u, au stade 1-128. 134 EDOUARD CHATTON i Le galbe devient aussi plus trapu qu'il ne l'est chez les Fara- calanns. Il peut aller jusqu'à -— - mais le plus fréquent reste 3. 1,0 Une particularité importante du parasite des Clausocalanus, qui, elle aussi, est certaine- ment en rapport avec la taille de l'hôte^ est la fréquence plus grande de la scissiparité, qui, nous l'avons vu, est extrêmement rare chez le parasite des Paracalanus. J'en ai relevé 6 cas certains. Dans deux d'entre eux, il s'agissait d'in- dividus encore solitaires à deux trophocytes, l'un au stade I.I.48 (fig. xxviii), l'autre au stade I.I.64, fort semblables à celui, rencontré chez Paracalanus, que représente la figure xxvn. Dans trois autres cas, il y avait deux indi- vidus séparés dans chaque Clausocalanus, Chez l'un de ces Clausocalanus, chacun des deux parasites présentait déjà deux nou- veaux trophocytes indépendants. La schizogonie //,,^-C.j 'binaire se poursuit donc au delà du groupe 2. ' Le dernier cas est précisément celui d'un Clausocalanus de 750 fx à quatre B. crassum typiques au stade I- 32 et mesurant 225 y. sur 80 u, ce qui fait un galbe de 2.8. Leur identi- fication à B. crassum ne peut faire aucun doute. Mais il est assez fréquent de rencontrer chez les Clausocalanus des groupes à 3, 4, 5 parasites où ceux-ci ont un galbe un peu plus élancé : 300 [x sur 100 [x = 3, 280 ^x sur 65 [j. = 4,3, 60 [j. sur 300 [j. = 5. Ces parasites font ainsi passage aux formes que nous avons rap- portées à B. spinulosmn (fig. xxviii). Il se pose donc ici la question de savoir quelles sont ceux de ces Blastodinium qui sont des formes scissi pares de B. crassum et quels sont ceux qui sont des formes épaissies et accrues par défaut de scissiparité de B. S2nnulosum, ce qui nous amè- Fig. XXVIII. Blastodinium crassum de Clausocalanus arcuiconns Ç d'un groupe IV, homogène. In- dividu scissii)arc intermédi.airc entre B. crassum et B. inorna- tum. Il y a des vestiges de la crête postérieure c. p. PÉBIDINIEN8' PARASITES 135 nera naturellement à discuter l'autonomie des deux espèces, qui ne paraissait guère faire de doute chez les Pamcalanua où manquent les formes de transition (v. p. 241). Blastodinium crassum inornatum n. var. rig. 54.55, pi. VI. Blastodinium crassum pro parte Chatton (1908, p. 137). Type de la variété parasite de [Clausocalanus arcuîcornîs Dana, à Banyuls-sur-Mer. Eté. Automne. Fig. 54, pi. VI et fig. xxix, xxx, XXI. Sommaire Hôtes, p. 135. — Condition solitaire ou grégaire, p. 135. — Forme, stnicfcure, pigmentation, p. 135. — Sporogénèw, obturation du iiile, p. 136. — Scissiparité, p. 138. — Variations de la taille et du galbe, p. 138. J'ai longtemps confondu cette forme dans la précédente. Aux stades peu avancés de la sporogénèse, on ne l'en distingue que par l'absence sur sa coque de la crête hélicoïdale, caractéristique par sa constance de B. spinulosum et de B. crassum. HoTES. — B. inornatum parasite aussi, en plus des gros individus excédant 800 [j., les petits individus qui correspondent, sous les réserves que j'ai formulées, au Clausocalanus furcatus Brady, tel que le définit GiESBRECHT. Je ne l'ai observé que très rarement chez Paracalanus parvus Cl. Voici les chiffres fournis par la statistique ^ : Sur 49 Copépodes infectés par B. inornatum, on trouve : Clausocalanus arcuicornis 34 Clausocalanus furcatus 13 Paracalanus parvus 2 Je n'ai pas fait de numérations en vue d'établir l'indice d'infection. Condition solitaire oit grégaire. — Chez les Clausocalanus, le parasite est souvent par groupes de deux et même de quatre individus ; chez Paracalanus parvus, il est toujours solitaire. Forme. Structure. Pigmentation. — Il a la forme générale du type crassum, un peu moins trapue cependant, avec une inflexion plus marquée de tout le tiers postérieur du corps. Mais c'est là une différence avec le type crassum moyen, qui n'excède pas celle qu'on peut observer 1. La précaution que j'avais prise de noter toujours l'absence ou la présence de crête hélicoïdale m'a permis de faire le départ des formes crassum type et des formes[,inomatMOT. 136 EDOUARD CHATTON entre les individus de cette dernière espèce. Un caractère plus saillant est cette dépression très marquée du corps en son milieu dans la région du hile, dépression qui se conserve et s'accuse même aux stades avan- cés et à laquelle ceux-ci doivent en grande partie leur galbe distinctif. Le caractère le plus important est l'absence complète de la crête hélicoïdale. L'absence de cette formation est d'autant plus remarquable que les sillons hélicoïdaux du trophocyte auxquels elle correspond sont aussi bien marqués chez ce Blastodinium que chez B. crassum. L'orien- tation propre du parasite, et son orientation par rapport à l'hôte sont exactement celles que nous avons définies pour la forme précé- dente. L'individu que j'ai représenté était remar- quable par son complet défaut de pigmen- tation. Les chromoplastes eux-mêmes avaient disparu et le cytoplasme parfaitement hyalin, laissait voir l'emplacement et la structure des noyaux et de leurs centrosphères avec la plus grande netteté. Ces dernières étaient même bien visibles dans les sporocytes, ce que je n'ai constaté que dans ce seul cas. Cet individu incolore n'est d'ailleurs pas un individu aberrant. S'il est raie d'en trou- ver d'aussi complètement privé d'appareil pigmentaire, il est fréquent, beaucoup plus fréquent que chez B. crassum, d'en rencon- trer de fortement dépigmentés. B. inornatum est une forme pâle et hyaline. Le vert domine sur le jaune dans le ton du pigment. Son indice de pigmenta- tion est 4.6. Sporogénèse. Obturation du hile. — La marche de la sporogénèse est en tous points semblable à celle que nous avons suivie chez B. crassum, mais elle aboutit à des individus ayant le plus souvent 256 sporocytes, alors que chez B. crassum ce nombre est l'exception. Mais à ces stades, les deux parasites présentent, outre les caractères que nous avons déjà signalés, une différence très marquée dans la forme. Pio. XXIX. Clatisocalanus furcatus Ç parasitée par Blastodinium inor- natum, groupe II ( X 110). PÉRIDINIENS PAU A SITE S 137 C'est d'abord chez B. inornatum l'exagération de la dépression dans la région du hile, puis la tendance du pôle antérieur à devenir aigu, enfin, l'obturation presque complète, quelquefois complète, du hile par Fio. XXX. Blastodinium inornatum de Clausocalanus jurcatm. Stade 1-256 ( x 360). FlG. XXXI. Blastodinium inornatum de Clausocalanus furcatus, d'un groupe II ( x 360). la multiplication des sporocytes qui arrivent à envelopper et à recou- vrir le trophocyte. Ces sporocytes, dont la hauteur excède de beau- coup le diamètre semblent implantés sur la surface du trophocyte, normalement à celle-ci. Ils ont la forme de troncs de pyramides à 138 EDOUARD CHATTON quatre, cinq ou six pans, dont la grande base est tournée vers l'exté- rieur. Il y a, outre ces caractères, des dififérences de taille notables entre B. crassum et B. inornatum à l'avantage de ce dernier. Les dimensions des individus solitaires s'élèvent fréquemment à 425 u. sur 150 ;j., presque toujours au-dessus de 300 [j. chez les Copépodes à 4 segments. Le galbe reste dans les mêmes limites que celui de B. crassum C. Cette constatation rentre d'ailleurs dans l'ordre de celles que nous avons déjà faites, chez les deux espèces précédentes, sur le rapport de volume du parasite à celui de l'hôte : elle n'est qu'un cas particulier de la règle géné- rale. Chez un seul individu (fig. xxxii) j'ai observé une scission sporogénétique précoce du trophocyte, suivie d'une nouvelle scission du gonocyte en deux gros sporocytes. Nous voyons se produire pour la première fois ici, une deuxième poussée sporogénétique, précé- dant la libération des éléments de la pre- mière. Ce phénomène des poussées subintrantes qui n'est ici qu'un accident se retrouvera à l'état normal et comme caractère de certaines espèces {B. Pruvoti, B. contortum) que nous appellerons polyblastiques. Scissiparité. — J'ai dit plus haut qu'il était fréquent de rencontrer chez les Clausoca- lanus deux et même quatre parasites dans le même hôte. Les groupes II se rencontrent chez les gros Cl. furcatus, et Cl. arcuicornis, les groupes IV surtout chez cette dernière espèce. Les individus y sont toujours au même stade de sporogénèse. Ils sont orientés, soit dans le même sens, soit en sens inverse. J'ai constaté la scissiparité chez des individus solitaires. La figure 55 représente un de ces individus. Variations de la taille et du galbe. — Ces variations sont exac- tement de même ordre que celles que nous avons relevées chez B. cras- Fio. xxxn. Blastodinium^ inorna- tum de Clausocalanus jurcatus. Individu solitaire diblastique à sporulations subintrantes (exceptionnel) ( x 2:;0). PÉRIDINIENS PARASITES 139 sum des Clausocalanus entre les individus solitaires, grégaires II et gré- gaires IV. En somme, B. inornatum se comporte à tous égards comme B. crassum type. Blastodinium oviforme Chatton 1912 Fig. 56-65, pi. VI. B. oviforme Chatton (1912, p. 90). Type de l'espèce parasite d'Oithona similis à Banyuls-sur-Mer. Eté. Automne. Fig. 63-65, pi. VI, et fig. xxxiv et xlviii. Sommalie ~ Compréhension de l'espèce, p. 139. — Hôtes, p. 140. — Condition tantôt grégaire tantôt solitaire, p. 140. a. Formes grêles, p. 141. — b. Formes moyennes, p. 142. — c. Formes trapues, p. 144. — d. Formes ovoïdes, p. 144. — Hétérogénéité morphologique fréquente du groupe, p. 144. — Sporogenèse, p. 144. — Variabilité de la période sporogénétique. Prolongation de la sporogenèse, p. 14G. — Sporulations subintrantes ; stades di- et tribéastiques, p. 148. Compréhension de l'espèce. — Je groupe sous le nom de B. oviforme Fia. XXXIII. Oithona similis parasités par Blastodi- nium oviforme. Groupe III d'individus grêles. (X 150). Fig. XXXIV. Oithona similis parasitée par Blastodi- nium oviforme, forme ovoïde, solitaire, mono- blastique ( x 150). tous les parasites que j'ai rencontrés chez les Cyclopides du genre Oithona 0. similis Cl., 0. plumifera Baird, 0. nana Giesbr. Ces Blastodinium 140 EDOUABD CHATTON ne paraissent pas différer d'une espèce de Co- pépodes à l'autre, mais ils montrent par contre chez un même hôte et quelquefois chez un même individu, une variabilité déconcertante de tous les caractères que, chez les autres BJas- todinium, nous voyons conserver une grande fixité, et qui nous servent en conséquence à définir les espèces : la condition solitaire ou grégaire, l'absence ou la présence de la frange hélicoïdale, le galbe du corps, la structure mono- ou polyblastique. Et ce n'est pas seule- ment par leur amplitude que les variations de ce Blastodinium sont remarquables ; elles le sont aussi par leur fréquence. Toutes celles que j'ai relevées et que je décrirai plus loin, se sont présentées sur moins de 80 Copépodes infestés. HoTES. — Ce nombre restreint de Copé- podes examinés ne tient pas à leur rareté dans le plancton de Banyuls. Si je n'ai rencontré 0. plumifera que deux FiG. XXXV. Oithona plumifera {seti- gera), parasitée par Blastodi- nium ovi/orme forme ovoïde (type spécifique) solitaire, di- Hastique. (Croquis rapide) (xl50.) fois dans mes pêches, O. similis et surtout 0. nana s'y trouvent très fréquemment et ces dernières, certains jours, en nombre con- sidérable. Mais les es- saims parasités sont sporadiques et l'indice d'infection y est, m'a-t-il semblé, beaucoup moins élevé que celui des Paracalanus parasités par B. crassum et B. spinulosum. Sur 77 Oithona infestées relevées dans la sta- tistique, il y a 49 0. similis ; 27 O. nana ; 1 0. plumifera. Condition tant't grégaire, tantôt soli- taire. — B. ov^ forme est tantôt grégaire, tantôt Fio. XXXVI. Oithona nana parasi- tée par Blaslodiniuvi oviforme. Forme ovoïde, solitaire, mono- blastique. ( x 150). PÉRIDINIENS PARASITES 141 solitaire, et selon qu'il est l'un ou l'autre, son développement et sa mor- phologie diffèrent à partir de certains stades. Nous étudierons d'abord les stades peu avancés, monoblastiques, n'ayant pas plus de 16 ou de 32 sporocytes, qui sont eux-mêmes très polymorphes. La grande majorité des formes qui se présentent à ces stades confinent nettement au type spinulosum-crassum ; et ceci, bien qu'elles soient de ci- FiG. xxxvii. BlaKtodinium oviforme A'un groupe III d'OithoiM similis Q à trois individus semblables, à crête hélicoïdale antérieure conservée. (X 360). FlG. xxxvni. Oithona similis parasité' par Blastodinium ovi- forme, forme moyenne, groupe II, individus mono- blastiques. (Croquis rapide). ( x 150). galbes très différents. Il y a en effet des formes grêles, des formes moyennes et des formes globuleuses. a) Formes grêles. — Elles sont le plus souvent grégaires. Les groupes sont de deux, de trois, plus rarement de quatre individus. Elles mesurent en moyenne ÏOd ix sur 30 ;j,, et se rapprochent boaucoup de B. spinulosum. Elles n'en ont cependant pas la forme élancée, le profil régulièrement incurvé, le pôle postérieur acumiçié. Mais la polarité est très nettement exprimée ; elle est de même sens que chez les espèces précédentes. Ces formes ont une crête hélicoïdale. Mais cette formation ne se présente chez 142 EDOUARD CHATTON elles ni avec le degré de développement, ni avec la constance que nous lui connaissons chez B. spinulosum et chez B. crassum. Chez nombre d'indi- vidus, la crête fait complètement défaut, et dans le même groupe il peut se trouver des individus qui la présentent, bien développée, et d'au- tres qui en manquent complètement. Mais chez ceux qui la possèdent, rarement elle est complète ; le plus souvent, elle est réduite à l'héUce antérieure. Les croquis xliv repré- sentent trois individus extraits d'une Oiihona similis^ dont deux sont tota- Fio. XXXIX. OUhont similis Q parasitée par Blas- todinium oviforme de type moyen ; groupe III, dont un individu (a) en complète atrophie. (X 150). Fia. XL. Blaslodinîum oviforme d'OUhona similis. Individu trapu d'un groupe III (dont un eu atrophie). Crête hélicoïdale (c. h.) antérieure conservée. ( x 360). lement dépourvus de crête, tandis que l'autre ne possède de celle-ci que la moitié antérieure. Ces trois individus sont représentés en place dans le Copépode par le croquis xxxiii. On voit qu'ils y sont rangés sans ordre et sans orientation précis. La pigmentation est généralement bien développée, mais il peut se trouver aussi des formes incolores. Dans les unes et les autres, le spectre chromatique est très apparent. L'indioe de pigmentation est de 7.1 h) Formes moyennes. — Elles aussi sont en général grégaires. Elles mesurent en moyenne 230 p. sur 60 ^.. Le ventre est plus rempli et le pôle PÉRIDINIEN8 PARASITES 143 postérieur généralement plus pointu. La crête hélicoïdale s'y observe aussi, mais avec la même inconstance que chez les formes grêles. Elles se rap- prochent plus du type crassum que les précédentes ne se rapprochaient du type spinulosum. Le croquis xxxix montre trois parasites moyens dont un dégénéré en situation dans une Oithona. On remar- quera combien mal leur forme est adaptée à la vie grégaire dans l'étroit espace où ils se trouvent. Le contraste à ec point de vue est frappant, entre ce Blastodi- '-^ f l'P^-^ i^ ?ll / \ \ nium et B. spinulosum par exemple. FiG. XLI. Blastodinium ovîforme d'un groupe II d'Oithona similis Ç ; a, individu globuleux monoblastique b, individu au stade 1-2 consécutif à une émission de spores. ( X 360). FiG. XLH. Oithona similis parasitée ^a,T Blas- todinium oviforme, forme globuleuse ; groupe IV, dont un individu (a) en com- plète atrophie. Les autres monoblas- tiques. (x 150). Il semble que c'est à ce défaut d'adaptation, à la gêne et au confUt de croissance qui en résultent, qu'il faille attribuer la régression très fréquente, presque constante dans les groupes de trois ou quatre indi- vidus — c'est le nombre maximum que j'ai relevé — de l'un des parasites. La figure xlii montre précisément en plus des trois individus normaux le vestige d'un quatrième, reconnaissable encore à sa coque fripée et à la structure de son cytoplasme. Je n'ai observé semblable 144 EDOUARD C H ATT ON phénomène ni chez les formes grêles ni chez aucun autre Blastodinium. c) Formes trapues. — Le plus souvent solitaires. Elles sont du type crassum pur, et ne s'en distinguent que par le développement incomplet de la crête hélicoïdale. Mais, comme parmi les formes grêles et moyennes, on peut trouver de rares individus où l'hélice postérieure est apparente. D'autres par contre en manquent complètement. d) Formes ovoïdes. — Le plus souvent solitaires. Elles mesurent jus- qu'à 270 \}. sur 100 ;j.. La forme est turgide, les sinuosités du profil ont disparu, le pôle postérieur s'est arrondi, toutes modifications qui sem- blent être dues à la poussée que les sporocytes exercent sur la coque. Ces formes ovoïdes paraissent en effet dériver directement des formes tra- pues par suite de la prolongation de la sporogénèse. Certaines d'entre elles montrent encore nettement la crête héhcoïdale antérieure. Ce sont ces formes qui constituent le type de l'espèce. HÉTÉROGÉNÉITÉ MORPHOLOGIQUE FRÉQUENTE DU GROUPE. — H est très important d'ajouter ici, parce que nous en tirerons argument lors- que nous discuterons de l'unité spé- cifique de B. ovijorme, que des para- sites de types différents peuvent se trouver groupés dans le même individu Copépode, ce que nous n'obser- verons chez aucun autre Blastodinium. Ainsi, les deux parasites figurés ci-contre, en xliii, l'un de type grêle, l'autre de type moyen, se trouvaient côte à côte dans une Oiihona similis. On remarquera qu'ils étaient cependant au même stade, et présentaient le même degré de pigmentation. Des trois coparasites de la fig. xliv un seul présentait u;ie crête hélicoïdale de spinules, et seulement sur sa moitié antérieure. Sporogénèse. — La sporogénèse suit, dans tous ces individus, quel FlO. XLm. Blastodinium oviforme d'Oitkona simi- lis 9 . Deux individus dissemblables d'un groupe II. ( X 360). PÊRWINIENS PARASITES 145 que soit leur forme, exactement le même cours que chezB. cmsswm ou chez B. spinulosum. Je n'ai guère de documents sur les stades très jeunes. Une seule fois, j'ai trouvé un trophocyte isolé, aigu postérieurement, fortement étranglé en son milieu, comme nous en retrouverons dans les formes à sporogénèse prolongée. Nous pouvons nous faire une idée de la marche de la sporogén ' se par riQ. XLiv. Blastodinium ovifonne d'Oithona gitnilie Q ; individua d'un groupe III, dissemblables, l'un à crêt* antérieure conservée ; a, vient de sporuler. ( x 360). ce que nous voyons dans les trois individus provenant de la même Oithona représentés par la fig. xliv. La première segmentation atteint ici un degré d'inégalité qui n'est jamais réalisé chez B. spinulosum et chez B. crassum. Le gonocyte a deux fois la longueur du trophocyte. Semblable inégalité s'observe aussi dans l'individu de la fig. xlt, qui coexistait dans une Oithona ■■similis avec, la forme ovoïde représentée à ses côtés. Tandis que le gonocyte se divise, le trophocyte s'allonge et tend à reprendre sa forme primitive. Celle-ci étant réalisée, le nombre des sporocytes ayant atteint 32, peut^ ARCH. de ZOOL. EXP. et GÉNi — T. 59. — 1''. 1. 10 146 EDOUARD CHATTON être 64,ladéhiscence a lieu. C'est ce qui résulte, de la manière la plus nette, de l'examen des trois individus a, h, c, de la fig. xliv. L'individu a venait de sporuler. Autour de lui se trouvaient encore la coque ancienne et quelques sporocjrtes non encore évacués. L'individu h, dont le tro- phocjrte occupe toute la longueur de la coque et dont les sporocytes étaient environ deux fois plus gros que les sporocytes libérés de l'in- dividu a, était prêt à sporuler après avoir effectué sa cinquième division sporogénétique qui eût porté le nombre de ses sporocytes à 32. L'état de l'individu a mon- tre aussi que la première segmen- tation suit de très près la déhis- cence. Je n'ai jamais rencontré de formes grêles a plus de 32 sporo- cytes. La période sporogénétique maximale est donc 5 pour ces formes grêles, égale ou inférieure par conséquent à celle de B. spi- nulosum, très inférieure à celle de B. crassum. Variabilité de la période sporogénétique. Prolongation de la SPOROGÉNÈSE. — Mais la période sporogénétique n'est pas chez B. ovi- forme d'une plus grande fixité que les autres caractères. Elle varie aussi dans des limites très étendues, selon que les para- sites sont solitaires ou grégaires. Chez les pre- miers qui sont presque toujours, nous l'avons vu, des parasites trapus, elle s'allonge considérable- ment ; la multiplication des sporocytes n'est pas gênée par un conflit mécanique et trohique de croissance de plusieurs individus. C'est cette sporogénèse prolongée que nous allons suivre maintenant, à partir des individus ovoïdes. Le parasite de la figure 62 est au stade 1-32. Il présente encore sa crête héhcoïdale antérieure. Aux stades ultérieuis, je n'ai jamais constaté Fig. XLV. Oithona plumifera Ç pa- rasitée par Blastodinium ovi- lorme, stade I (croquis rapide). ( X 150) Fio. XLVI. Blastodinium ovi- iorme d'Othona nuna. Spo- rocytes. ( X 550). PÉRIDINIEN8 PARASITES 147 la présence de cet ornement ni sur la coque externe, ni sur les coques anciennes. On remarquera la condensation précise du pigment dans le cytoplasme périphérique et équatorial, ce qui est un caractère assez général de ces formes. La présence de sporocytes en avant du tro- phocyte est exceptionnelle. L'individu 60 est au stade 1-6 i. On remarquera l'étranglement médian du trophocyte, qu'il faut se gar- der de prendre pour l'ébau- che d'une scission. Cet étran- Fici. XL VII. Oithona nana parasitée par Blastodinium oviforme. Forme ovoïde diblastique solitaire. ( x 150). FiG. XLvni. Oithona simUis Q parasitée par Blastodinium oviforme, forme solitaire triblastique ( x 150). (Vuo dorsale et de profil.) glement se retrouve aux stades suivants chez la plupart des individus. Le trophocyte tout à fait antérieur, tendant à devenir axial est en situation normale. Chez les individus qui sont au stade 1-128, la forme tend à devenir régulièrement ovoïde. Le parasite 63 qui est au même stade constitue une exception, par son galbe asymétrique et l'acuité du pôle postérieur, et rappelle les formes du type crassum. r48 EDOVARD GHATTON l*OUSSÉES SPOROOÉNÉTIQUES SUBINTRANTES ; STADES DI ET TRIBLAS- TiQUE. — Il semble que chez certains individus tel celui de la fig. xli qui faisait partie d'un groupe pair, la sporogénèse s'arrête à ce stade. Mais chez d'autres, tandis que les sporocjrtes se préparent à de nouvelles divisions, on voit le trophocyte se scinder lui aussi, produire avant l'achèvement de l'ancienne, une nouvelle poussée sporogénétique. Et c'est là pour nous un fait nouveau. Chez les Blastodi- nium étudiés jusqu'ici, la division du trophocyte ne sur- venait normalement qu'après la libération des sporocytes de la poussée précédente. Il n'y avait jamais deux pous- sées consécutives emboîtées dans le même individu. Ceux-ci n'étaient jamais constitués que par un seul feuillet de sporocytes. En un mot B. spimdosum et B. crassum sont des formes monoblastiques. B. oviforme devient donc, lorsqu'il prolonge sa sporogénèse, diblas- tique, et même trihlastique. Le parasite de la figure 64 montre la scission du tro- phocjrte achevée. Il est au stade 1-1-256. Le nouveau gonocyte se divise dès lors rapidement. Il forme 2, 4, 8, 16 sporocytes de seconde poussée tandis que les sporo- C3rtes de la première n'effectuent qu'une seule division. Le Blastodinium atteint ainsi le stade 1-32-512. Il ne dépasse guère ce stade, cependant le trophocyte peut se diviser à nouveau avant le déhiscence de la première coque. C'est le cas pour le parasite 65, qui peut être considéré comme trihlastique. Je n'en ai jamais observé de plus développé. Les figures xxxv le représentent en place, dans une Oithona similis vue de face et vue de pro- fil. De face, il a la silhouette d'un ovoïde parfait. De profil,il montre son pôle antérieur, son trophocyte et sa coque II déviées de l'axe de l'ovoïde du côté du dos du Copépode. Les coques successives, semblables entre elles, sont tangentes intérieurement par leurs pôle> antérieurs. Chacune repose dans la masse des sporocytes contenus dans la coque précédente comme un œuf repose dans son coquetier, les sporo- C3^s ne remontant pas au delà des deux tiers postérieurs des coques. J'insiste sur cette structure, car elle est très caractéristique et, sauf à n'être pas toujours aussi parfaitement géométrique, très constante chez les fonncs (lil)lnsiiques. Fig. XXIX. Blastodi- nium oviforme, trophocyte et spo- rocytes extraits d'un parasite soli- taire polyblasti- quc. (x 360). PÉRIDINIENS PARASITES 149 Ces formes ne sont pas rares. Voici d'ailleurs la proportion des différentes formes, telle qu'elle res- sort de la statistique : Oithona à individus grêles ou moyens solitaires 3 . — — — grégaires II 8 — — - — grégaires III 13 — — trapus ou ovoïdes solitaires 9 — — — grégaires II 9 — — — grégaires III 11 — — — polyblastiques 33 Ce sont ces dernières qui resteront le type oviforme, au cas où l'on démembrerait l'espèce telle que je la comprends actuellement. Car il se pose ici la question de savoir si toutes les formes parasites des Oithona que je viens de décrire constituent bien une seule et même espèce. Je ne dissimulerai pas que je considère la question comme insoluble en l'état de nos moyens. Mais même purement conjecturale, une discussion sur ce point ne peut que guider les recherches ultérieures. Il y a cependant intérêt à la renvoyer au chapitre où seront étudiées les relations des divers Blastodinium entre eux, car nous aurons à chercher dans la connaissance plus précise que nous avons des autres espèces, des documents capables d'éclairer la question qui se pose au sujet de celle-ci. Blastodinium Pravoti Chatton 1906 Fig, 36, pi. rV; 66-77 6, pi. VU; 122-126, pi. XI. B. Pruvoti pro parte Chatton (1906, p. 981, flg. in, iv, v). B. Pruvoti pro parte Chatton (1908, p. 135, flg. I). B. Pruvoti Pavillard (1909, p. 277). B. Pruvoti emend. Chatton (1912, p. 89). Type de l'espèce parasite de Clausocalanus arcuicomis Dana à Banyuls-sur-Mer. Eté. Automne. Fig. 36, pi. IV; 66-70, pi. VII, et fig. L, LI, LIV, LV. Sommaire Hôtes, p. 149. — Condition grégaire, p. 150. I. — Forme nni cellulaire solitaire. Forme, dimensions, p. 150. — Orientation, p. 151. — Crête hélicoïdale résiduelle, p. 151. — Structm-e, pigmentation, p. 151. II. — Formes sporogenétiques, p. 152. — Ditférences morphologiques avec les formes tmlcellulaires ; incons- tance du bec antérieur, p. 152. — Variabilité de la forme et du galbe aux stades monoblastiques. Analogies avec B. spinulosum, p. 152. — Marche de la sporogenèse. Poussées subintrantes, p. 154. — Cinèses, scissions, p. 154. — Stades di- et triblastiques, p. 156. — Dimensions, forme, structure, pigm«ntation aux stades poly- blastiques, p. 157. — Rapports des parasites entre eux, p. 158. — Scissiparité, p. 158. — Influence de l'hôte sur le parasite, p. 159. — "Variation saisonnière ; ralentissement sporogénétique hivernal ; involution, p. 160. HoTES. — L'espèce se rencontre aussi chez Clausocalanus furcatiis. 150 EDOVABD CHATTON Je ne l'ai jamais observée chez Paracalanus parvus. C'est là une notable différence qui la sépare des cinq autres formes : B. spinulosum, B. crassum B. crassum inornatum, B. contortum hyalinum qui parasitent indifférem- ment Paracalanus parvus et les Clausocalanus. J'ai rectifié précédemment (1912 et ce mémoire, p. 87) l'erreur que j'avais commise en confondant en une même espèce B. Pruvoti et B. spi- nulosum, et en mélangeant les stades de leur développement, ce qui m'avait fait citer parmi les hôtes de celui-là Para- calanus parvus. On se rendra d'ailleurs compte, à comparer les deux formes, que l'erreur n'était pas grossière. Condition grégaire. — Comme B. spinulosum, B. Pruvoti est aussi une forme essentiellement grégaire. Le nombre des parasites varie entre 2 et 5. Sur 138 Clausocalanus à B. Pruvoti relevés : 1 renfermait 1 individu 6 renfermaient 2 individus 102 — 3 — 26 — 4 — 3 — 5 — Ici, beaucoup plus encore que chez B. spinulosum, le groupement 3 prédomine. Trois individus bien développés sont figurés en place dans un Clausocalanus arcuicornis adulte (fig. 36). Trois autres à un stade plus reculé sont représentés dans un Clausocalanus à 4 pléonites, mais n'ayant pas encore subi la dernière mue. Dans un Clausocalanus à 2 pléonites, j'ai trouvé un individu isolé au stade unicellulaire, le plus reculé que j'aie pu observer. li. Clausocalanus fur- catus 9 parasitée par Bliistodinimn Prnroti. (iroupe in. (x lôo.) I. Forme unicellulaire solitaire. Forme. Dimensions. — C'est par cet individu solitaire et unicellulaire que nous commencerons l'étude de l'espèce. Il est représenté par la figure 73. Il mesure 140 |j. de long. Contrairement à ce que nous PËRIDINIENS PARASITES 151 avons observé jusqu^ci, ce plus grand diamètre se trouve non pas dans la région équatoriale, ou vers la limite des deux tiers antérieurs, mais plus haut encore, dans le premier quart du corps. A ce niveau, celui-ci porte une saillie très prononcée, qui sur la coque apparaît comme une sorte de bec. Cette particularité mise à part, la forme fondamentale est celle d'un B. spinulosum ou d'un B. crassum. La polarité est très accusée, du fait de la position très anté- rieure du plus grand diamètre. Le pôle antérieur est bien arrondi ; le pôle postérieur assez longuement et progressivement atténué se termine en pointe. Les courbes du profil sont assez complexes, mais le galbe général est rectiligne. La constriction équatoriale bien marquée chez l'individu que nous décrivons n'est pas constante. Orientation. — La rigidité du galbe ne permet pas d'assigner pour l'instant à notre parasite une orientation propre, comparable à celle des autres espèces. Quant à l'orientation par rapport à l'hôte, elle est dans le sens longitudinal conforme à la règle. Dans le sens latéral, elle peut être définie par la position du bec antérieur qui est toujours ventral. Nous verrons par l'étude des stades plus avancés que la face qui le porte correspond bien à une face incurvée semblable à la face ventrale de B. spi- nulosum. Crête hélicoïdale résiduelle. — Chez un certain nombre de ces individus solitaires et unicellulaires, j'ai observé des sillons analogues à ceux de B. spinulosum ou de B. crassum, mais toujours incomplets. Et sur la coque, chez deux individus seulement, j'ai vu, mais avec une entière certitude, le vestige d'une crête hélicoïdale réduite à un très court segment de l'hélice postérieure. Chez les autres individus, il n'y en avait pas trace ; aux stades plus avancés jamais non plus je n'en ai observé. Structure. Pigmentation. — La structure est celle de B. spinulosum. L'individu que nous décrivons la montrait avec une particulière netteté, à cause de son complet défaut de pigmentation. On y voit les deux gros noyaux en calotte, cloisonnés par des travées cyi:oplasmiques, et les cen- trosphères logées dans leur concavité. Les images sont presque superpo- sables à celles qu'IsHiKAWA (1894 et 1899) a dessinées pour Noctiluca miliaris (fig. clviii, p. 421). La dépigmenta.tion n'est pas toujours aussi complète qu'elle l'était chez notre individu, où le réseau chromoplastique lui-même fait défaut, mais la densité de ce réseau n'est jamais aussi grande, et la teinte du pig- ment n'est jamais aussi forte que chez les individus bien colorés de B. spi- 152 EDOUARD CHATTON nulosum. Comme B. inornatum, B. Pruvoti est une espèce pâle, ainsi qu'en témoigne l'indice de pigmentation global de l'espèce : 4.5, le plus faible de ceux que nous ayons relevé jusqu'ici. Les individus unicellulaires de B. Pruvoti sont rares. C'est en raison de cette rareté que je n'ai pu chez eux étudier la sporogénèse, comme je l'ai fait pour B. spinulosum. Nous nous adresserons donc de suite à des stades plus avancés. II. Formes sporogénétiques. Différences morphologiques avec les formes unicellulaires. Inconstance du bec antérieur. — Chez B. spinulosum, les stades sporo- génétiques ne différaient nullement par leur forme des stades unicellu- laires. Chez B. oviforme, au contraire, nous avons vu la forme se modifier au fur et à mesure que la sporogénèse progressait. Il en est de même chez B. Pruvoti, mais à un moindre degré. Et chez cette espèce, nous avons un point de repère qui nous permet d'affirmer qu'en dépit des différences de galbe qui les séparent, toutes ces formes appartiennent bien à la même espèce. Ce repère, c'est le bec ventral antérieur. Il y a une certaine pro- portion de B. Pruvoti qui, aux stades sporogénétiques, montrent encore plus ou moins nettement ce bec. Et comme ceux chez lesquels il fait com- plètement défaut ne diffèrent des autres par aucun autre caractère constant, force nous est de les considérer comme appartenant tous à la même espèce. Variabilité de la forme et du galbe aux stades monoblastiques. Analogies avec B. spinulosum. — Ce n'est pas que la forme générale soit toujours semblable à elle-même. Elle est sujette à des variations beau- coup plus importantes que chez B. spinulosum, ou chez B. crassum. La confrontaion des figures en donne une idée. On y voit, outre des formes moyennes de 350 u. sur 70 ;j. dont le galbe est 5, des formes courtes, trapues, mesurant 300 y. de long sur 80 (j. de large, ce qui donne un galbe de , d'autres allongées, grêles, mesurant 325 u. de long sur 50 jj, de 3,1 large, ce qui donne un galbe de — — - . Les premières ont conservé de la forme initiale le port plus ou moins rigide, les autres se sont au contraire notablement incurvées. Si la polarité est chez les unes et chez les autres toujours bien conservée, la forme même des pôles, surtout du pôle pos- térieur est sujette à varier largement. Très aigu et nettement crochu chez PÉRIDINIENS PARASITES 153 certains individus, ce pôle est au contraire chez d'autres arrondi et non dévié. On trouve même des formes dont l'axe dessine une S très ouverte, comme celle de B. crassum. Il y a d'ailleurs tous les intermédiaires entre ces différentes formes et toutes les combinaisons possibles de leurs carac- tères. La considération des formes incurvées permet de ramener la forme W: H- Fia. Li. Blastodinium Pruvoti de Clausocalanus arcuicornis. Trois individus d'un groupe III à trois stades suc- cessifs (X 360). de B. Pruvoti à celle de B. spinuîosum. N'était l'absence de crête héli- coïdale chez la première espèce, l'on éprouverait souvent de sérieuses difficultés à attribuer certains individus à l'une plutôt qu'à l'autre. On remarquera en effet que chez ces formes incurvées regardées de profil, la face concave, et le bec qui lui correspond toujours, étant à gauche, le trophocyte se trouve comme chez B. spinuîosum, et B. crassum au contact de la face convexe, et en avant (du côté de l'observateur). Par homologie 154 EDOUARD CHATTON \ \ V î \\i' avec ce que noua avons vu chez B. spinulosum et B. crassum, nous pouvons donc considérer comme ventrale la face concave et comme dorsale la face convexe. Et remarquons que cette orientation propre du parasite coïncide lorsqu'il est solitaire, avec celle de l'hôte. On se souvient en effet que chez les formes solitaires, le bec est toujours dirigé du côté de la face ventrale du Copépode. La présence du bec permet ainsi d'orienter des formes sans incurva- tion ou courbées en S. Marche de la sporogénèse. Poussées subin- TRANTES. — Chez B, spinulosum, le stade I-G4 mar- que, le plus souvent, nous l'avons vu, la fin d'une période sporogénétique. La déhiscence se produit avant que le trophoc3rte subisse une nouvelle scission. Chez B. Pruvoti, dès le stade 1-32, le trophocyte entre lui aussi en division, alors que les sporocytes qui l'entourent sont encore loin du moment de la libéra- tion. Les croquis li représentent trois individus extra'ts du même Clausocalanus qui offraient au même moment les trois stades de début de la seconde poussée spo- rogénétique. Cet échelonnement des stades sur les trois individus d'un groupe est très fréquent chez B. Pruvoti. On voit que les scissions du trophocyte sont moins obliques qu'elles ne le sont chez B. spi- nulosum, et que plus encore que chez cette dernière espèce, il y a une différence de taille entre les deux cellules-filles, au profit de la postérieure, Kestèses. Scissions. — En raison de la pigmen- tation réduite ou nulle du trophocyte, la marche des kinèses peut y être suivie assez aisément sur le vivant. Les croquis 74 à 77 représentent les stades suc- cessifs de la scission du trophocyte en trois cellules chez un individu au stade 1-32, préparant sa deuxième poussée spo- rogénétique. En 74, on voit le trophocyte au repos, en télophase quies- cente, avec ses deux noyaux séparés par le cytoplasme équatorial, ses deux centrosphères polaires et leur fuseau. Le croquis 75 représente la séparation des centrosphères, filles des pre- mières, suivant de très près la bipartition qui les a produites. Ce stade est V Fir.. LU. lilnslodinimn Pruvoti de Clausocd- lanus arcuicornis . Stade 1-4. Jtcmarquer le bec aiitérii'ur du trophocyte. PÉRIDINIENS PARASITES 155 très fugace et je ne l'ai vu qu'une fois. Le phénomène était notablement plus avancé dans la moitié postérieure que dans la moitié antérieure du trophoc3rte. Cette avance ne fait que s'accentuer aux stades suivants. Une constriction est déjà nettement indiquée au niveau du cytoplasme m^m F; a. iili Bl stodiniiim Pnivoti de Clausoc lanus arcuieornis . Stade 1-128. FiCî. LIV. Blfistodinium Pruvoti de Clamocalamis furcalm. T>n\x indi- vidus diblastiques d'un groupe III ( x .360). équatorial ; elle séparera une cellule antérieure nettement plus petite que la postérieure. Le croquis 76 représente les deux cellules complètement séparées. Dans l'antérieure, le système karyokinétique s'est figé en télophase jusqu'à la prochaine poussée sporogénétique, mais le cytoplasme équa- torial n'est pas encore complètement tassé entre les deux noyaux fils. Dans le gonocyte, les bipartitions vont se précipiter. Le stade de méso- phase y est très éphémère. A peine un peu de cytoplasme s'est-il insinué 156 EDOUARD CHAT TON entre les deux noyaux fils que les autres sont à nouveau divisés et que l'orientation des éléments nucléaires se modifie. Très rapidement, les deux noyaux fils se sont mis eux-mêmes au fuseau tandis qu'entre eux la scis- sion cytoplasmique est en train de s'effectuer (fig. 77). Mais souvent les deux nouveaux noyaux sont eux-mêmes en télophase (c'est dire qu'il y a déjà quatre noyaux), que la scission des deux cellules-filles est encore incomplète ou même seulement ébauchée. Dans l'individu que représentent ces figures, il ne s'est pas écoulé plus d'une heure et demie entre le stade initial et celui où les trois premières cellules étaient complè- tement séparées. Les divisions paraissent donc ici s'effectuer plus rapidement que chez B. spinulosum. Stades di-et triblastiques. — Le para- site est maintenant constitué par deux pous- sées emboîtées de sporocytes. Il est diblas- tique. Les segmentations des sporocytes de seconde poussée se poursuivent ensuite sui- vant le mode habituel. En même temps, les sporocytes I continuent eux-mêmes à se mul- tiplier et ils forment autour de la coque II une masse très dense, non sans toutefois ménager du côté dorsal du parasite un vaste hile dont l'étendue correspond à toute la surface de tangence des coques I et IL Les figures Cf) et C9 représentent des para- sites aux stades 1.2 512 et 1.32.512, auxquels nous sommes maintenant arrivés. A partir de ce dernier stade où le nombre maximum des sporocytes que présentent les individus de cette espèce est atteint, il ne se produira plus de segmen- tations dans la coque externe. Elles se poursuivront au contraire sous les coques centrales Au stade 1.10.128 ou 1.16.256, ou aux stades 1.32.128, ou 1.32.256, — il y a cet égard une assez grande variabilité, — le tro- phocyte se scinde à nouveau pour une nouvelle poussée sporogénétiqua. C'est généralement avec cette nouvelle scission du trophocyt? que coïncide la déhiscence. de la coque externe et la libération des sporocytes L riQ. IV. Blastodinium Pruvoti de Clau- eocalanus arcuicomis, forme tri- blastique d'un groupe II. ( x 260). PÊRIDINIEN8 PARASITES 157 Mais il arrive cependant qu'une, deux et même trois segmentations de la nouvelle cellule -mère puissent se produire, donnant naissance à un troisième feuillet de sporocytes. Ce stade triblastique 1.8.32.512 est le stade le plus complet que B. Pruvoti puisse atteindre à Banyuls-sur- Mer, chez Clausocalanus arcuicornis (fig. lv). Dimensions, forme, structure, pigmentation aux stades poly- BLASTIQUES. — A CCS stadcs maximaux de la sporogénèse, le parasite mesure jusqu'à 425 y. de long sur 95 p. de large, ce qui fait un galbe de — — — Mais on trouve des parasites diblastiques et même triblastiques ne mesurant que 260 [x sur 60 [x dont le galbe est . Il en est de plus 4,3 trapus de 300 p. sur 80 \}. dont le galbe est -^-=- ce qui est un maximum, 3,7 et de très élancés, de 325 \). sur 50 u dont le galbe est un minimum. 6,5 La moyenne des parasites mesure 350 \j. sur 70 \j. avec - comme galbe. Le volume du parasite s'accroît donc fortement au cours de la sporogénèse. La différenciation polaire s'est atténuée par arrondissement du pôle postériem*, et la concavité ventrale s'est plus ou moins comblée, toutes modifications causées par la distension des coques sous la poussée de la niasse des sporocytes. Le trophocyte est repoussé tout à fait en avant, de sorte qu'au pôle antérieur les coques emboîtées sont tangentes inté- rieurement les unes aux autres. Le bile est toujours bien conservé ; les sporocytes I ne masquent que rarement la coque 2, et jamais la coque 3. Les sporoc3rtes se compriment fortement les unes les autres, à tel point que chez les parasites qui n'ont pas subi le contact direct de l'eau de mer, ils paraissent former un tissu compact. La pigmentation est le plus souvent faible ; mais comme le pigment a une teinte plus brune que chez les autres espèces, les gros individus offrent dans leur ensemble une teinte beige. La partie antérieure du para- site paraît toujours moins foncée que la partie postérieure. Le trophocyte et les sporocytes les plus récents n'ont pas en effet un réseau chromoplas- tique plus serré ni plus épais que les sporocytes anciens, et comme ils sont plus gros, et par conséquent moins nombreux, la masse totale de pigment absorbant la lumière est beaucoup plus faible dans la région antérieure que dans la région postérieure. Il ne faut pas confondre cet aspect avec celui qu'offre fréquemment B, contortum, chez qui les élément!? 158 EDOUARD CBATTON du pôle antérieur qui sont de même calibre que ceux du pôle postérieur sont réellement moins pigmentés que ces derniers (v. p. 189 et 192). J'ai déjà dit que l'indice de pigmentation global de l'espèce était 4,5. Peu pigmenté, B. Pruvoti est '>s. aussi peu chargé d'inclusions. Mais on observe fréquemment des indi- vidus où tous les sporocytes ren- ferment dans leur cytoplasme équa- torial de petites concrétions jau- nâtres, ayant la forme de grains ou de haltères, disposés par paires ou groupes de quatre. Rapports des parasites entre EUX. — Qu'ils soient monoblas- tiques ou polyblastiques, les para- sites se disposent dans l'hôte exac- tement comme le faisaient les individus de B. spinulosuin. Ils sont adjacents par leurs faces pri- mitivement concaves et qui sont devenues subrectilignes, leurs hiles tournés vers l'extérieur. Dans les groupes pairs, ils sont au même stade. Dans les groupes impairs, au contraire, l'un des individus est en avance ou en retard sur les autres. Mais à part ces différences dont nous connaissons maintenant la cause, les groupes sont parfaite- ment homogènes. Scissiparité. — C'est à la pé- riode moyenne du développement, par conséquent aux stades mono- blastiques, que paraît être limitée la multiplication endogène. Je ne l'ai pas observée très fréquemment, et les trois images que j'en donne sont à peu près les seules que j'aie pu dessiner. Elles sont toutes d'individus solitaires (lvi, lvii, lviii). L'individu que représente la figure LVI a été quelque peu écrasé entre lame et lamelle et très Fio. LVl. Blaslodinium Pruvoli de Clausocalanus arcui cornii, solitaire, Bclssîpare (une coque et deiix trophocytes) (préparation comprimée) (x 360), PÊRIDINIEN8 PARASITES 159 déformé. Il rend bien compte cependant de la marche de la scissi- parité. Le trophocyte s'est d'abord scindé en deux trophocytes fils. Ceux-ci se sont à leur tour divisés. Mais tandis que chez l'un, cette division, précédée d'une mue cuticulaire, donnait deux cellules hété- rodynames, chez l'autre la division survenue avant la mue fournissait deux cellules homodynames, deux trophocytes nouveaux et indépendants. H semble qu'ici la scissiparité ait pris la place d'une scission sporogé- né tique. Ce cas explique bien pourquoi dans les groupes impairs, l'un des individus n'est pas au même stade que les deux autres. Rappelons que chez B. spinulosum, nous n'avons ja- mais observé de parasites à trois trophocytes, ce qui pa- raît être de beaucoup le cas le plus fréquent chez B. Pruvoti. Mais il n'y a pas là de diffé- rence essentielle entre les deux espèces. Si chez B. spinulosum, on n'observe que des formes à deux trophocytes, cela tient uniquement à ce que la déhis- cence de la coque survient avant que l'un des nouveaux trophocytes ait eu le temps de se scinder à nouveau. Influence de l'hote sue, le parasite. — Chez B. Pruvoti, comme chez B. spinulosum, la taille du parasite est en rapport avec celle de l'hôte. Le galbe est influencé par le nombre des parasités, mais non d'une manière constante. C'est seulement chez les parasites de groupes II que j'ai rencontré des galbes supérieurs à 4, allant jusqu'à 3.7. Mais certains de ces individus présentent aussi des galbes moins trapus, 5, par exemple. Fio. Lvn et ivin. Blastodinium Pruvoti de Clausocalanm areui- cornis. Formes solitaires à trois tropiiycotes A, et trois coqaes B (scissiparité). 100 EDOUARD CHATTON L'individu solitaire avait un galbe de 3.9, qui n'est pas le plus élevé que j'aie relevé. Variation saisonnière. Ralentissement sporogénétique hiver- nal. Involution. — Nous avons constaté que la valeur relative de la période n'est pas la même entre la première et la seconde poussée et PiG. tlX. Blaslodinium Pruvoli de Ctausocaîamut arcuicornis. Eléments résultant du la division des sporocytes (sp.) et du trophocyte (tr.) dans un Clcaisocalanus mort. Les coques ont été sécrétées par les sporocytes aus- sitôt après la mort de l'iiôtc. FiG. LX. Blastodinium Pruvoti de Clausocalam nus arcuicornis. Formes sénescentes, observées le 13 novembre ( x 360). entre la seconde et la troisième. Dans le premier cas elle est 5, et dans le second 2 ou 3 au plus. Mais la période de la première à la seconde poussée peut être elle-même beaucoup plus considérable. Ainsi chez l'individu de la figure 60 qui est au stade 1-2-256, la deuxième scission du trophocyte a. dû s'effectuer au stade 1-64, peut-être au stade 1-128, ce qui fait PÉEIDINIENS PARASITES 161 uiir pôriodc df (1 ou 7, plus longue (juo v]\va Ji. cnifisutii. I/allongoment de la période maicpu^ un raleiitisseniout de raciivité sporogénéticiue du })ara.site et le début d'une période d'iuvolutiou, (pii, à BanyuLs, apparaît iioriiialcment vers la iiii d'octobre. Le maximum d'expansion de B. Fruvoti, à Jîanyuls, est atteint vers la fin de septembre et le début d'octobre. C'est du moins à cette période qu'en 1906, 1907, 1908 et 1911, j'ai nqté la grande abondance, àla fois, des Clausocalanus et des parasites qui nous occupent. Vers la fin du mois, ils sont moins nombreux, et ceux fj^ue l'on rencontre se présentent à des stades moins avancés. Les stades triblastiques font défaut et, les stades diblastiques sont rares. Par contre, on trouve fréquemment des formes d'involution carac- térisées par la présence d'une coque supplémentaire, doublant la coque externe, sans interposition desporocytes (fig. lx). Ce fait me paraît être à rapprocher de la sécrétion rapide dp coques successives que montrent certains Péridiniens libres, ou parasites : Oodinium PoucJieti et quelques Haplozoon sous l'influence de conditions défavorables. Blastodinium Mangini Chatton 1908 Fig. 78-80, ri. Vin. B. Manyini Cuatton (1908, p. 136, flg. II). Type de l'espèce parasite dans l'intestin du Copépode podopléen Corycella rostrata F aurais {Corycœus rostratus Claus), à Banyuls-sur-Mer. Fig, 78-79, pi. VIII, et fig. lxi. lxiii, lxiv, lxv. S:mmaire Type et variété, p. 161. — Hôte ; spécificité parasitaire, p. 162. — Condition grégaire et solitaire, p. 1 62. — Forme, dimcusions, orientation, p. 163. — Rapports du tophoc5i;e et des sporocytes ; hile, p. 163. — Structure, pigmentation, p. 164. — Sporogénèse, p. 161. — Rapports des parasites entre eux et avec l'Iiôte, p. 166. — Forme uuicellulaire aberrante, p. 166. Type et variété. — J'ai donné il y a quatre Ans la diagnose suivante de cette espèce : « Macrocyte cylindrique ou subfusiforme, arrondi aux deux extrémités, non incurvé. Au maximum deux générations de micro- cytes, le plus souvent une seule. Coloration générale d'un brun chaud. Formes plurales au nombre de trois à dix. Dimensions variant eutre 100 ;j. et 200 y. de longueur. Parasite des Copépodes podopléens : Oncaa fninuta, Corycoeus rostratus. Banyuls-sur-Mer. Août-décembre 1906. » Je rectifie de suite le lapsus qui m'a fait dire dans ma note prélimi- ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — T. 59. — F. 1. 11 162 EDOUARD CHATTON naire Oncaa minuta Giesbrecht au lieu d^Oncaa média Giesbrecht. L'ob- servation que j'ai pu faire depuis 1908 d'un grand nombre de parasites chez Oncaa média et surtout chez Coryœeus rostratus m'amène aujourd'hui à considérer comme des variétés distinctes dans la Méditerranée, le Blas- todinium de Gorycoeus rostratus et celui d^Oncaa média. Comme c'est au premier que s'applique plus spécialement ma brève description préhminaire, et comme c'est lui que la figure correspondante représente, il doit conserver le nom de B. Mangini. J'appellerai la variété B. Mangini oncaae. Je dirai de suite que les formes moyennes du type et de la variété «e distinguent surtout par la situation du trophocyte submédian chez B. Mangini, antérieur chez B. Mangini oncaae sans compter d'autres caractères moins saillants. J'étudierai séparément le t3rpe et la variété. Tout ce qui va suivre s'appliquera au type. HoTE. Spécificité parasitaire. — Gorycoeus rostratus est commun, quoique sporadique, dans le plancton de la baie de Banyuls durant le mois de septembre et d'octobre. Si le parasite r\!j est pas constant, il est abondant chaque fois qu'il appa- raît. J'estime à 10 p. 100 environ le nombre maxi- mum des individus parasités, ce qui est une pro- portion beaucoup plus considérable que pour les autres espèces de Copépodes à Blastodiniiim. Remarquons que B. Mangini paraît à Banyuls rigoureusement localisé à un seul Copépode : Gory- coeus rostratus. J'ai eu l'occasion de voir çà et là d'autres espèces appartenant au même genre : Gorycoeus venustus, et à d'autres genres de Cory- cœides : Gopilia quadrata qui ne m'ont jamais montré ce parasite. Condition grégaire et solitaire. — B. Mangini est une forme habituellement grégaire. Ici encore c'est le groupement p.ar trois qui est le plus fréquent. Sur 67 Gorycœus rostratus relevés : 4 contenaient 1 0—2 45—3 riG. lA'i. Corycœus rostra- tus 9 parasitée par Blas- todinium Mangini type, groupe II ( X 150). PÉRIDINIEN8 PARASITES 163 9 contenaient 4 6 — 5 3 — 6 à 10 Formes ; dimension ; orientation. — Je n'ai jamais vu la forme solitaire jeune, et le stade unicellulaire m'est peu connu, ce qui tient d'une part à ce que la déliiscence des sporocytes ne se pro- duit probablement que la nuit, et d'autre part à ce que les poussées sporogéné tiques ont tendance à s'emboîter. Je décrirai donc ici les formes en sporogénèse, monoblas - tiques. Le croquis lxi montre les parasites en place dans leur hôte. Les figures lxiii, lxiv et 82 en repré- sentent d'isolés. B. Mangini a la forme d'un fuseau, mais d'un fuseau si peu effilé à ses extrémités qu'il est presque un cylindre. Il mesure de 200 u. à 350 y. de long et de 35 ;x à 75 •.}. de large, avec un galbe variant de 1,6 à — -. La taille la 4 plus fréquente est aux environs de 300 [j. sur 50 \j.. Il y a souvent une légère incurvation du corps qui nous permet de désigner par analogie avec l'orientation que nous avons assignée aux autres espèces la face concave comme ventrale et la face convexe comme dorsale. Les pôles chez cette espèce sont arrondis ; mais quel- quefois ils s'aplatissent à tel point que les extrémités du fuseau paraissent tronquées. La différenciation polaire est peu accentuée, souvent même difficile à reconnaître. Mais lorsqu'elle est exprimée, c'est constamment le pôle qui est antériem- par rapport à l'hôte qui est le plus obtus, ce qui est encore conforme à la règle générale. La coque est tout à fait lisse. Rapports df trophocyte et des sporocytes. — Le trophocyte est très généralement en situation submédiane. Sur 27 individus exa- minés en octobre 1911 : , , 13 avaient un trophocyte submédian ; 7 avaient un trophocyte dont la distance au pôle postérieur (mesurée du pôle postérieur du trophocyte) était de deux à trois fois sa distance au pôle antérieur (mesurée du pôle antérieur du tropho- cyte) ; Fia. ixm. Blastodi- nium Mangini de Corycoeus rostra- tus 9> type (tro- phocyte médian. ( X 360). 164 EDOUARD [CHATTON 5 avaient un trophocyte dont la distance au pôle postérieur était cinq fois sa distance au pôle antérieur. 2 avaient un trophocjrte presque au contact du pôle antérieur. Le hile a une étendue variable. Tantôt il laisse à découvert le tropho- c}iie entier, tantôt il le masque à peu près complètement. Structure. Pigmentation. — Le trophocyte a comme le parasite no. LXIV. Jilastodinium 31an- gini de Corycocus roslniUis, type (troiJhocyte médian) ( X 300). ri(i. ixv. Blastodlnium Mun- gini de Corijcoeus rostra- tus 9j type (coque II mé- diane) ( X 360). FiG. LXVI. Blastodiinum Mon- gini de Corycoeiis rostnittis atypique (trophocyte au- tériour) ( x 360). entier la forme d'un fuseau, mais son profil est sinueux. Je ne lui ai jamais vu de traces de sillons. Les centrosphères et la figure achromatique sont généralement très peu visibles. Le cytoplasme paraît plus visqueux et plus réfringent que chez les autres espèces. Il est toujours plus chargé de pigment. L'indice de pigmentation est 8. Les formes incolores sont très rares. La dépigmentation se produit également dans toute l'étendue du parasite. Sporogénèse. — Le plan de scission du trophocjrte est dblique- PÉRIDINIEN8 PARASITES 165 transversal, mais comme il est reporté très antérieurement, les deux cel- lules qu'il sépare sont très inégales, l'antérieure étant souvent de moitié plus courte que la postérieure (fig. lxiv, Lxx de la var. oncxœ) . L'inégalité des cellules -filles est plus accen- tuée encore que chez B. Pruvoti. Lorsqu'est achevée la première scission du gonocyte il y a à l'intérieur de la coque trois cellules égales. Les deux postérieures se divisent à nouveau très rapidement, produisant une file de quatre cellules à la suite du trophocyte. Les segmentations qui conduisent au stade 8 s'effectuent, elles, dans un sens perpendi- culaire à celui des précédentes, de sorte que la structure théorique en file du parasite, ne se perpétue pas chez cette espèce au delà du stade 1-8. La multipKcation des sporo- cytes se poursuit jusqu'à un stade à 128 ou 256 sporocytes (fig. 78). La scission du trophocjrte s'effectue nor- malement avant la Ubération des sporocy- tes 1, de sorte que le parasite devient diblas- tique. J'ai relevé sur environ 230 individus à.Ç)B. Mangini, un individu au stade 1-32-256 de forme un peu aberrante (fig. lxvii), un individu au stade 1-16-128, quatre individus au stade 1-8-128, et douze individus entre le stade 1-1-128 et le stade 1-4-128. (fig. 79). Tous ces individus ont été observés en plein jour, mais les heures n'ont pas été notées. J'ai observé aussi trois ou quatre fois des sporo- cytes en voie de Ubération. D'ailleurs, la très grande majorité des parasites observés étaient aux stades 1-64 ou 1-128, très rarement aux stades 1-32 ou 1-16. Tout cela semble témoi- gner que le rythme sporogénétique n'a pas, avec les jours et les nuits, les mêmes rapports que chez B. crassum. Mais je n'ai pas sur ce point de données plus précises. FlO. ixvn. Blaitodinium Mangini de Coryeoeua rostrattu, forme soli- taire diblaatique, tendant vers la variété oneace par la situa- tion antérieure des coques ^in- ternes X 860). 166 EDOUARD C H ATT ON Rapports des parasites entre eux et avec l'hote. — Les para- sites sont groii]:)és dans l'estomac du Gorycoeus exactement comme le sont les individus de B. spinulosum et de B. Pruvoti chez Paracalaniis et les Clausocalcuius. Mais quand leur nombre excède quatre ou cinq, ils sont disposés sans ordre. Les groupes sont homogènes sauf de légères différences de stades entre les individus. Je n'ai jamais vu de formes en scissiparité. Peut-être celle-ci est-elle précoce. Il existe ici aussi une relation très nette entre la taille de l'hôte et celle du parasite et une autre entre leur nombre et leur galbe, mais plus inconstante. Elle se manifeste surtout par l'épaisseur particulière des formes solitaires . Forme unicellulaire aberrante. — Je rapporte à Blastodinium Mangini le parasite qui représente la figure 80. Il y en avait trois indi- vidus, tous unicellulaires, dans un Gorycoeus rostratus. Ils étaient remar- quables par l'allongement du corps, et la présence de grosses lacunes aqueuses au nombre de quatre. Deux d'entre elles se trouvaient de part et d'autre du cytoplasme équatorial, entre celui-ci et les noyaux. Les deux autres étaient creusées dans le cytoplasme polaire au delà des centro- sphères qui manifestaient nettement leur présence par l'orientation radiaire qu'elles avaient imprimée aux éléments du réseau chromoplas- tique. L'allongement du corps, la présence des lacunes aqueuses, la visi- bilité de la figure mitotique distinguent cette forme du type moyen de B. Mangini. Mais ils peuvent se trouver plus ou moins bien exprimés çà et là, chez un certain nombre d'individus de cette espèce. Blastodinium Mangini Oncaœ n. var. J''ig. 81-8->, pi. VIII. B. ilangini pro parte Chatton (1908, p. 13(i), Type de la variété parasite d'Oncaa média Giesbr., à Banyuls- sur-Mer. Été. Automne. Fig. 81-82, pi. VIII, et fig. lxviii, lxix, lxx, LXXl. Hôte. Spécificité parasitaire. — Oncaa média est moins fré- quente à Banyuls que Gorycoeus rostratus, mais elle y apparaît générale- ment en essaims, durant l'automne, essaims dans lesquels un ou deux sur cent, environ, des individus sont parasités. A ne considérer que les formes les plus communes du parasite, celles où le pôle antérieur est PÉRIDINIENS PABAfilTES 167 nettement plus large que le pôle postérieur, et où le trophocyte occupe en avant une situation terminale ou subterminale, B. Oncaae se montre localisé aux Oncaa média. Une fois cependant j'ai rencontré la forme type de la variété chez Corycoeus rostratus (v. p. 164). Au contraire, les formes de transition avec le type se rencontrent aussi bien chez l'un que chez l'autre des Copépodes (v. p. 163). Condition grégaire et solitaire. — B. oncaae est en règle géné- rale grégaire, comme B. Mangini. Les groupes 3 y prédominent également de beaucoup : Sur 96 Oncaa relevées 1 3 contenaient 59 13 3 1 parasite 2 parasites 3 — 4 — Comme le montre le croquis lxviii, les rapports du parasite avec l'hôte iî-'V A "S \ , .' I •.< FiG. ixviii. Oneaa média O parasitée par Blastodinium Mangini var oncaae, groupu m ( X lôO). FiG. LXIX. Blastodinium Mangini oncaœ d'Oncaa média Ç . Deux individus d'un groupe II au stade I-l ( x 360). sont exactement les mêmes que chez B. Mangini. Il y a aussi complète identité pour tout ce qui concerne la structure du corps et la marche de la sporogénèse. Mais on y voit aussi que la forme des individus diffère 168 ËDÙVAIU) CffATTOX sensiblement de celle des individus types. Comme je n'ai pas eu l'occasion d'observer de parasites jeunes unicellulaires, je m'adresserai pour com- parer les deux formes, aux individus ayant au moins atteint le stade I-12v Dimension. Forme. Variations dans la polauité. — La lon- gueur est un peu plus réduite que chez B. Mangini, ce qui est conséquence de la taille moins élevée ô^Oncaa média. Mais par contre le galbe est notablement plus FlG. LXX. Blnatodiniiiiii Maiii/iiii nncarr d'Oncnd média Ç> . Coqw T[ (le deux illilividiis, iiii stililf 1-4-12S ( X 3fi0). Fio. lAxr. Blnatodinhim Maiif/ini cinrnœ épaissi. Los dimensions varient entre 275 ;;, et 200 ;j. do long, 00;;. o( 40 ;j, do large ; le galbe entre 5.9 et 2.7. La taille la plus fréquente est aux environs de 250 ;x sin 70;;., ce qui fait un galbe de .''.5. Le corps a aussi la forme d'un fuseau sulx^ylindrique, légèrement incurvé, mais la différenciation des ]iôlos y est ])lus marquée : le plus grand diamètre du corps, qui chez B. Mangini était sensiblement équa- PËRIDlNfENS PARASITES 169 torial, se trouve chez B. Oncaae reporté en avant, à la limite du premier tiers antérieur environ de la longueur ; il en résulte que l'extrémité posté- rieure est plus atténuée que l'antérieure. La différenciation polaire se manifeste surtout par la position extrême- antérieure du trophocyte, qui est aussi constante chez B. Oncaae que ne l'est la position médiane du trophocyte chez B. Mangini. Sur 15 individus examinés en octobre 1911 et 1912 : 11 présentaient un trophocyte terminal ; 3 avaient un trophocyte dont la distance au pôle postérieur du para- site valait au moins 5 fois sa distance au pôle antérieur ; 1 avait un trophocyte dont la distance au pôle postérieur valait de deux à trois fois au plus sa distance au pôle antérieur. Aucun ne présentait de trophocyte submédian. La variation que nous constatons ainsi de B. Mangini à B. oncaae ne peut être attribuée qu'à une action morphogène de l'intestin de l'hôte. Mais je n'ai à ce sujet aucun document positif. Toutes les Oncaa que j'ai examinées étaient à peu près de même taille : céphalothorax = 450 cà 500 [j,. Dans ces conditions il n'y a pas de relation bien manifeste entre la taille de l'hôte et celle du parasite. Blastodinium navicula Chatton 1912 lUiii-iodinium nnrifiija Chatton (1912 p. 90). TyjDC de l'espèce parasite de Corycœus vemistus Dana, à Banyuls- sur-Mer. Automne. Fig. 83-87, pi. VIII, et fig. lxxii, lxxtii, lxxiv. HoïE. — Corycœus vemistus Dana est aussi commun à Banyuls que Corycœus rostratus et durant le mois d'octobre les essaims sont souvent parasités dans une proportion très élevée que j 'estime atteindre 20 à .30 p. 100 des individus qui les constituent. Le parasite dont la couleur est cependant toujours vivo, est moins apparent chez son hôte que ne le sont ceux des autres Co])épodes, parce que Corycœus venustns n'a pas la grande transparence de la plupart des autres pélagiques. C^ONDITION GRÉGAIRE. RAPPORTS DES PARASITES ENTRE EtJX. B. navicula est grégaire. Il présente, par rapport aux espèces précédentes cette particularité que les groupements sont presque toujours pairs. Ils varient de 2 à 10 avec un maximum de fréquence à quatre et huit. Que les parasites soient en petit nombre, deux seulement, ou qu'ils soient une dizaine, leur disposition dans le tube digestif paraît quelconque. 170 EDOUAIÎD C H ATT ON Et cela tient à leur forme même qui est peu propre à favoriser une dispo- sition réciproque, comme celle que l'on observe chez les autres espèces (fig. LXXII, LXXIII), Forme. Dimension. Structure. — Cette forme est celle d'un fuseau Fig. lxxii. Coryeocus venusttts Q ]iarasitfco ijui Blastodinium navicula (groupe III) ( x l.'O). riG. ixxin. Cori/coens renustus Q par.asitée par Blastodinium navicula (groupe V) ( x 130). peu allongé, renflé à l'équateur, mesurant de 150 [j. à 200;j. de long et de 50 ;;, à 70 ;x de large. Le corps n'est nullement incurvé, les pôles sont semblables ; il y a donc symétrie par rapport à un centre. Et c'est là un caractère qui différencie ce Blastodinium de tous ceux que je connais actuellement. Les pôles du fuseau ne sont pas aigus. Au contraire, ils sont souvent comme coiffés d'une sorte de dôme ce qui donne au parasite PÉRIDINIEN8 PARASITES 171 1111 profil général qui rappelle beaucoup celui des spores des Monocystis des Lombrics, connues jadis sous le nom de corps naviciil aires. Les stades unicellulaires que j'ai observés, étaient tous grégaires, et plus souvent mélangés à des formes en pleine sporogénèse. La forme unicellulaire de B. navicula a cette structure cj/toplasmique hétérogène et grossière d'aspect que j'ai décrite chez B. Mangini. Cyto- plasme dense, chargé d'inclusions, creusé de va- cuoles, présentant presque toujours dans la zone équatoriale un amas de globes incolores. Pigment abondant. Il semble que cette structure soit liée à un chimisme particulier de l'intestin des Cory- cœides. Sporogénèse. — Cette forme unicellulaire montre presque toujours une constriction équato- riale qui fait tout d'abord penser à l'ébauche d'une scission (lxxiv). Mais si l'on tient la cellule en sur- veillance, ou que l'on en observe d'autres en train de se diviser, on voit que cette constriction équatoriale s'atténue au lieu de s'approfondir et que le plan de division est si oblique qu'il en paraît souvent longi- tudinal (fi . 87) . Les deux cellules qu'il sépare sont sensiblement égales et leurs pôles sont peu s'en faut au même niveau. Il y a, "on le voit, une différence considérable entre le mode de scission de B. Mangini et celui de B. navicula. Pour ce qui est de la suite de la sporogénèse, les phénomènes se succèdent suivant l'ordre habituel. Je ne puis préciser si c'est la cellule légèrement antérieure par rapport à l'autre qui reste trophocyte,car il nest pas possible d'orienter dans le sens longitudinal un parasite après son extraction de l'hôte. La fig. 83 représente un stade 1-8 où les sporo- cytes sont disposés de telle façon qu'il semble probable qu'aprèale stade 4, ils se sont divisés perpendiculairement à la direction des scissions précé- dentes. La figure 84 représente le stade 1-32. L'individu lxxiv avec son trophocyte rejeté vers l'un des pôles n'est pas du type de beaucoup le plus commun qui est caractérisé au contraire par la situation médiane ou submédiane du trophocyte. Fig. lxxiv. Blaslodinium navicula de Corijcoeus venustus Ç ( x 360). 172 EDOUARD CHATTON L'individu représenté par la fig. 86 est au stade T-128 qui précède immédiatement la déhiscence. La période sporogénétique ne dépasse pas 7 chez cette espèce, dont les individus sont toujours monoblas- tiques. Je n'ai pas constaté ici de rythme régulier dans la sporogénèse comme chez B. Mangini, ni même de simultanéité dans la marche du phénomène chez les divers individus contenus dans un Copépode. A toute heure de la journée j'en ai vu à tous les stades de la multipUcation des sporocytes. Blastodinlum elongatum Chatton 1912 Fig. 88-90, pi. Vni B. elongatum Chatton (1912, p. 39). Type de l'espèce parasite de Scolecithrix Bradyi Giesbr. Banyuls- sur-Mer. Octobre. Fig. 88-90, pi. VIII, et fig. lxxv et lxxvii. HoTE. Condition grégaire. — J'ai dit précédemment que Scole- cithrix Bradyi ne se montre dans la baie de Banyuls que d'une manière très sporadique, mais généralement en essaims de nombreux individus. J'ai (toujours observé attentivement ce Copépode lorsqu'il s'est présenté, mais de 1906 à 1909, je n'y ai jamais vu de parasites. Le 11 octobre 1910, je fus surpris de constater que dans l'essaim traversé par le filet, une forte propor- tion d'individus — qu'approximativement j'ai évaluée à 5 p. 100 environ — était parasitée par un Blastodiniwn qui dès l'abord me parut distinct de tous ceux que je connaissais. Le 12 octobre, il y avait encore dans la pêche de nombreux Scole- cithrix, mais aucun d'eux ne présentait de parasites. Je désirais vivement revoir ce Blastodinium, mais ni en 1910, ni en 1911, les Scolecithrix ne firent de réapparition pendant mon séjofTr à Banyuls. En 1912, je n'en vis que quelques exemplaires, non infectés, le 24 octobre. L'examen d'une soixantaine de parasites, fait le 11 octobre 1910, m'a convaincu, en^ raison de la constance des caractères avec lesquels ils se présentèrent, qu'il s'agissait bien d'une forme Tia. -LXXV. Scolecithrix lira- . ',-.'• -r iiyi 9 parasitée par autonomc. Tous Ics parasites étaient grégaires. Les ^^^Tm) ( x'îôo)'." groupes de trois et de quatre étaient les plus fréquents . PÊRIDINIEN8 PARASITES 173 i|v Forme. Dimensions. Orientation. — B. dongatum rappelle par sa forme générale, son aspect, sa structure, les parasites des Corycœus et des Oncaa : B. Mangini et sa variété Oncaae. Mais il est plus élancé. Sa longueur varie entre 200 et 350 [;., sa largeur entre 15 et 30 ;j,. Le rapport do celle-ci à celle-là est donc de 8 tandis qu'il est de 6 chez B. Mangini. Par son incurvation généralement marquée, il rap- pelle plutôt B. Oncaae. Il le rappelle aussi par la diffé- renciation des pôles plus nettement exprimée que] chez B. Mangini. Mais il existe des individus à peu près rectiïignes et dont les pôles sont presque semblables. Les pôles ne sont jamais aigus, et sont même souvent quelque peu aplatis. Le tropliocyte occupe le pôle renflé, ce qui est con- forme à la règle générale, mais il se trouve aussi quelque- fois en situation médiane comme nous l'avons vu chez certains individus de B. Mangini. L'orientation propre du parasite est donc celle de tous les autres Blastodi- nium. Je ne serai pas aussi affirmatif pour ce qui est de l'orientation par rapport à l'hôte. Je trouve en effet dans mes notes l'observation suivante qui est malheureuse- ment unique : « le tropliocyte est situé à la partie pos- térieure du corps », et l'esquisse qui accompagne cette observation montre effectivement dans un Scolecithrix, trois individus orientés de telle façon que leurs trop ho- cytes se trouvent du côté du pylore du Copédode (fig. Lxxv). J'ai quelque hésitation à transcrire ici cette observation qui fait exception à tout ce que nous con- naissons. Le Scolecithrix est moins translucide que [la plupart des autres pélagiques. Sa paroi intestinale est bom*rée de globes de sécrétion réfringents, et imprégnée d'un pigment jaunâtre qui ne laisse apercevoir le contenu qu'avec une certaine difficulté. J'ai pu être le jouet d'une illusion, et je m'en veux de n'avoir pas renouvelé sur-le-champ l'observation. Ce sera un point facile à élucider, je n'y insiste pas davantage. Structure. — La coque de B. elongatum est dépourvue de spinules Le trophocyte n'en présente pas moins souvent des sillons hélicoïdaux ■:::/ -.-./ Fia. Lxxvi. Blas- todinium don- gatum Scoleci- thrix Bradyi O de stade I. ( x 360). 174 EDOUARD G H AT TON :^f^t-:-\ très marqués, homologues de ceux des B. sjnmdosum et B. crassum. Le cytoplasme est chargé d'un pigment dense, fixé sur un réseau à texture grossière, comme chez les Blasiodinium des Corycœides et des Oncaœides, ré«eau dont les mailles emprisonnent de nombreux et gros globes de produits ternaires solubles dans les carbures. Ces amas de matériaux de réserve sont surtout im- portants dans la région équatoriale et aux pôles où ils masquent à peu près complètement le spectre cen- trosomien. Le réseau pigmenté est surtout bien visible dans les régions claires correspondant aux espaces nucléaires. Une particularité de ce Blostodinium est l'existence fréquente dans les formes au stade I de trois cloisons cytoplasmiques séparant quatre espaces nu- cléaires. Les scissions nucléaires sont ici plus précoces encore que chez les autres espèces Ainsi l'individu de la fig. Lxxvi présentait, au moment où il fut mis en observation, trois cloisons cytoplasmiques et quatre noyaux, et ce n'est que deux heures après qu'apparut l'ébauche de la scission transverse. Le parasite passe donc par un état quadrinucléé prolongé. La scission du trophocyte se fait suivant un plan légèrement incliné sur l'axe longitudinal. Elle sépare deux cellules inégales, mais dont l'inégalité est beau- coup moins accusée qu'elle ne l'est chez B. Mangini et chez B. Oncaae. Les divisions suivantes, au moins jusqu'au stade 1-8 se font toutes dans le même sens. Elles se poursuivent jusqu'à la formation de 256 spo- crocytes, ce qui marque la fin de Ir. sporogénèse. Il était fréquent en effet de rencontrer associés dans un même Copépode des individus à ce stade et des individus aux stades I, 1-2. ou 1-4. Il ne semble pas y avoir ici, non plus que chez B. 3Iangi7ii, B. 7iavicula, de rythme nycthéméral dans la sporogénèse. La scissiparité s'effectue par une division du trophocyte identique à celle qui sépare le gonocyte de la cellule initiale. FlO. xxxvn. Blasiodi- nium elonrjatum de Scolecithrix Bradiji 9 ( X 360). PÉRIDINIENS PARASITES 175 Blastodinium contortum Chatton, 1S08 Flg. 92-99 bis, pi. IX; flg. 127, pi. XI. B. contortum Chatton (1903, p. 136, flg. m). Type de l'espèce parasite de Paracalanus parvus Cl., à Banyuls- siir-Mer, Fig. 92-94, pi. IX, et fig. lxxviii, lxxxvi, Lxxxrii, lxxxviii. S:mm ire Type et variété, p. 175. — Hôtes, p. 175. I. — Caractères généraux, p. i76. — Condition solitaire, p. 176. — Forme, p. 177. — Orientation, p. 178. — Structure, pigmentation, p. 179. — Sporogénèse, p. 179. — Rapports du trophocytc et des sporocytes ; orientation propre des parasites, p. 181. — Brièveté de la période ; poussées subintrautes ; stades poly- blastiques, p. 182. — Relation entre le degré de développement du parasite et le degré de dévelop- pement et la taille de l'hôte, p. 183. — Durée probable de la période et de la poussée sporogéné- tiques, p. 184. — Dinospores, p. 184. • — Scissiparité simple accidentelle, p. 185. II. — Variations, p. 187. — Type contortum moyen, p. 188. — Formes supertordues, p. 190. —Formes détor- dues, p. 191. Type et variété. — Ce Blastodinium étant très polymorphe, il est utile de préciser qu'en cas de démembrement justifié de l'espèce le nom de contortum sera conservé aux individus ayant la forme hélicoï- dale représentée dans les figures désignées ci- dessus. Les figures 37, 100 à 104, xcix à cxvi se rapportent à une va,riété qui se relie au type par une série d'intermédiaires, mais dont la majorité des individus est caractérisée par un galbe plus rectiligne, l'absence de hile, le défaut de pigment et d'inclusions cellulaires. Ce sera la variété B. contortmn liyalinum, que j'ai donnée comme une espèce autonome lorsque, tout récemment, je lui ai identifié les formes qu'ApsTEiN (1911) a décrites dans sa note sur les parasites de Calanus flnmarchicus, sous la rubrique v Parasit I ». Il est à remarquer dès maintenant que B. contortum hyalinum existe seul dans les parages de Kiel, à l'exclusion des formes types. HoTES. — B. contortum et sa variété hya- linum. ont tous deux pour hôtes à Banyuls- sur-Mer, Paracalanus parvus Cl., Clausocalanus arcuicornis Dana et Cl. furcatus G. Brady. Fig. lxxviii. Paracalanus parvusÇ parasitée par Blastodinium contortum type ( x 150). 176 EDOUABD CHATTON 1/ Sur 452 Copépodes dont l'observatioii a viô leUîvéo, cpii hébergeaient ce BInModinluw., à Banyul.s, il se trouvait : ^07 Paracalanus parvia dont 41 à B. hyalin mn ; 88 Glausocalanus jurcalus dont 33 à />'. hyalinuin ; 57 Glausocalanus arcuicornis dont 32 à Z?. hyalinuni ; 1 Calocalanus styliremis Giesbr. ' — 1 AvAirlia (Jlaasi (jIiesbk. La présence de B. contortuni chvA ces deux derniers Copépodes est une exception, du moins à Bauyuls. Je dois dire que j'ai vu assez peu de CaloaiJanKS. qui ne sont pas des plus coramujis dans la baie de Banyuls, mais par contre j'ai exa- miné de près des milliers d''Acartia clausi à cause (les Paradinium qu'elles contiennent dans leur cavité générale. Les deux Blastodinium égarés apjîartenaient au type conforium. Leurs hôtes ne m'ont jamais montré à Banyuls d'autres Blasto- dinium. A Villefranche, j'ai rencontré un B. con- tortuni type chez Glausocalanus arcuicornis. Quant aux formes de la mer du Nord figu- rées par Apstein (1911), elles se rapportent toutes à la variété hyalinum. Elles existent, dit l'auteur allemand, non seulement chez Galanus finmar- chicus, mais aussi chez Pseudocalanus (sp.?) et Paracalamis (sp.?), où elles sont même plus com- munes. Une seule fois, Apstein en a rencontré un individu chez Acartia clausi et un autre chez Ge7itropages (sp. 0- H est regrettable qu'il n'ait pas été jusqu'à la détermination spécifique de tous ces Copépodes. On voit que B. contortum et sa variété sont essentiellement des parasites de Copépodes Gymnopléens. J'étudierai d'abord les caractères généraux de l'espèce, puis les princi- pales variations qu'ils présentent. La variété hyalinum sera considérée et décrite comme une forme autonome. \ FiG. Lxxix. Clausocalanus fnr- cntus 9 parasitée par Blastodinium contortum type (Stade I). ( x 150) L CAïtACTÈRES GÉNÉRAUX. Condition solitaire. — B. contortum est une forme solitaire. Sur plusieurs miUiers de Copépodes parasités, je n'ai rencontré à cette règle PÊEWINIENS PARASITES 177 que trois exceptions dues à une scissiparité simple, accidentelle. J'en parlerai avec détails à propos de ce phénomène. Forme. — Les figures lxxviii à lxxxi représentent des parasites à divers états de développement en situation dans leurs hôtes. On voit que leur forme diffère notablement de celle de tous les autres Blasto- dinium, du fait de leur torsion très marquée en hélice. Une autre par- ticularité qui frappe dès que l'on a examiné un petit nombre seulement de parasites, c'est une grande varia- bilité dans la différenciation des pôles, si constante chez toutes les autres espèces. Ici le pôle antérieur est tantôt plus obtus, tantôt plus atténué que le pôle postérieur. Mais c'est ce dernier cas, dont nous n'avons aucun exemple chez les autres espèces, qui est de beaucoup le plus fréquent. Ces variations peuvent paraître dues à des irrégularités dans la crois- sance du parasite et dans la répar- tition de ses sporocytes au cours de la sporogénèse. Les formes jeunes devraient nous renseigner sur la dif- férenciation polaire originelle. Mais il n'y a pas chez elles dans la grande majorité des cas de différenciation marquée ou constante des pôles. A l'état unicellulaire où il mesure 150 [j., le parasite a la forme d'un fuseau très allongé, oU mieux d'un cylindre à extrémités ogivales, qui serait plus ou moins tordu en hélice. La course de l'hélice est la même que celle de la ligne des rétinacles chez B. spinnlosum et B. crassum. C'est-à-dire qu'en suivant l'hélice de l'extrémité antérieure vers l'extré- mité postérieure, un mobile se déplace dans le sens inverse de celui des heures. C'est aussi la course du sillon hélicoïdal chez les Péridiniens dextres, qui sont la très grande majorité. La longueur de l'hélice est FiG. Lxxx. Clausocalanus arcuicornis Q parasitée par Blastodinium contortum, forme grêle su- pertordue ( X 150) (croquis rapide). AKOH. DK ZOOL. EXP. ET GÉN. — T. 59. -* F. 1. 12 178 EDOUARD CHATTON d'un tour et demi environ. Mais chez les formes plus développées, cette torsion peut s'effacer, ou au contraire, s'accroître. Cette torsion hélicoïdale me paraît devoir être considérée comme l'expression exagérée, d'un caractère primitif commun à tous les Péridi- niens. Il pourrait cependant venir à l'esprit qu'elle soit le résultat du modelage du parasite par la paroi digestive de l'hôte. Il se trouve en effet que chez les Copépodes adultes, le tube digestif repoussé en avant par la glande génitale si réduite soit-elle, décrit dans le corps une sinuosité en S telle que, vue de profil, la cavité digestive semble être le moule même d'un Blastodinium contortum. Mais il faut tenir compte de ce fait que les jeunes indi- vidus de B. contortum, trouvés chez des Copé- podes à deux ou trois segments abdominaux, et dont la glande génitale n'est pas encore apparente, présentent déjà une torsion hélicoïdale très accen- tuée. Et chez ces individus parasités, la glande génitale ne se développe jamais. D'ailleurs, en présence de formes comme celles que représentent en place dans leurs hôtes les figures Lxxvii et lxxix, il faut, ce me semble, écarter l'idée qu'elles puissent résulter d'une adap- tation de la forme du parasite à celle de la cavité digestive. C'est le parasite qui déforme la paroi intestinale, et non celle-ci qui modèle le parasite. Ou, si elle le fait, c'est à dresser son galbe que son action s'exerce. Le produit de ce façonnage est représenté par les parasites rectiUgnes de la variété hyalinum, avec tous les degrés intermédiaires qui y conduisent. Orientation. — La situation du jeune parasite dans le Copépode est à peu près invariable, elle se maintient d'ailleurs pendant toute son existence, quelles que soient les déformations qu'il puisse subir : l'extré- mité antérieure est dirigée du côté ventral du Copépode et confine presque toujours au débouché de l'œsophage dans l'estomac. Ceci à l'état de relâ- chement et de repos de la paroi intestinale. Lorsque la musculature se contracte, le parasite est lancé d'arrière en avant et d'avant en arrière, Fia. LXXXI. Calocalanm stry- liremis Ç parasitée par Blastodinuim contortum Bupertordu ( x 150). PÉRWINIÉNS PARASITES 179 Fio. Lxxxii. Blastodinium contotium de Paraca- lanus parviis à deux pléonites. Stade I. ( X 360). en tournant autour de son axe longitudinal selon la course même de son hélice. Mais à l'état de repos il revient toujours à sa situation première. La courbure en crosse, plus ou moins accentuée de l'extrémité antérieure, que ne montrent nij les stades jeunes, ni les trophocytes des stades avancés, mais qui est constante chez les individus volumi- neux, est l'effet du choc constant du parasite contre le fond du cul-de-sac antérieur de l'intestin. Structure. Pigmentation. — La cuticule est parfaitement lisse ; pas de traces des spinules. Le cytoplasme est peu granuleux, les espaces nucléaires sont peu apparents. Seule la région équatoriale est nettement marquée. Le pigment plus ou moins abon- dant ne dessine pas le spectre caryodiéré tique achro- matique qui n'est d'ailleurs point lui-même visible sur le vivant. La teinte du pigment est générale- ment jaune verdâtre, d'un ton moins chaud que chez les espèces précédentes. Celui-ci peut d'ailleurs disparaître complètement. S'il le fait d'une façon uniforme chez les indivi- dus jeunes, il n'en est pas de même, nous le verrons, dans toute l'étendue des volumi- neux parasites en sporogénèse. L'indice de pigmentation global des différentes formes de B. contorium, abstraction faite de B. hyalinum est : 6,2. Sporogénèse. — Le caractère principal de la sporogénèse chez cette espèce est la brièveté de la période ; c'est probablement pourquoi il m'a été impossible d'observer les toutes premières segmentations à partir du stade unicellulaire. Mais à leur défaut, il est facile de s'en faire une idée en étudiant la segmentation du trophocyte chez les formes plus développées, segmentation qui, si nous nous en rapportons à ce qm se passe chez les autres Blastodinium, doit reproduire intégralement celle des formes jeunes. La scission se fait suivant un plan oblique ou subtransversal, qui FiG. Lxxxin. Blastodinium contotium de Clausocalanus arcMicomwàdeux pléonites. Stade I. ( x 260). 180 EDOUARD GHATTON sépare deux cellules-filles sensiblement égales, dont l'une est antérieure. (y'est le nouveau trophocyte. On voit par là que l'orientation de ce Blastodinium par rapport à l'hôte est bien celle de toutes les autres espèces. La première division du gonocyte est plus nettement transversale que celle du trophocyte. EUe s'étrangle simplement en son milieu. Les deux cellules-filles font de même et la mul- tipUcation cellulaire continue [suivant le mode que nous connaissons, de riG. Lxxxiv. ClausoecUanus au !!• stade cy- clopoïde parasité par Blastodinium con- tortum. Stade I, (X 150). (Croquis rapide). FiG. Lxxxv. Paracalanus parvut à trois pléonites parasité par Blastodinium contortum- Stade 1-2 ( x 150) ; a; le parasite grossi ( x 360). manière à former une file de cellules particuUèrement bien reconnais- sable chez cette espèce jusqu'au stade 16 (fig. 92), Dès le stade 4, on peut remarquer que l'axe de cette file décrit lui-même une héhce autour du trophocyte qui a repris la forme exacte de la première cel- lule initiale. Il y a intérêt à insister dès maintenant sur les rapports des éléments du parasite à ce stade, car ils se conserveront semblables pendant toute la sporogénèse, et ils nous permettront de reconnaître PÉRIDINIEN8 PARASITES 181 à ce Blastodinium une orientation comparable à celle dea autres espèces. Rapports du trophocyte et des sporocytes. Orientation propre DXJ parasite. — Examinons un B. contortum dans la situation où il se présenterait si nous le regardions en place dans son hôte, par la face gauche de ce dernier. Son extrémité antérieure qui^est ventrale Jpar rapport au FiG. ixxxvi. Bïeutodinînm emtorlwn de Paraealanus parvus à trois pléonltes type moyen. ( x 360). On remarquera la scission subtransversale du trophocyte. FiG. LXXXTii. Bloitodinium contortum de Paraea' lantts parvus. Forme tjrpe, montrant la bcIb- Bion du gonocyte. x 360). Copépode est dirigée vers notre gauche et son extrémité postérieure dor- sale par rapport à l'hôte est dirigée vers notre droite. Le trophocyte très allongé est lui-même tordu en hélice, et ses extrémités sont équidistantes des pôles du parasite. Cette situation médiane du trophocyte est constante. Le trophocyte est tangent à la coque I suivant une génératrice héhcoïdale du fuseau tordu, génératrice qui, dans la région équatoriale du parasite, court sur sa face tournée constamment vers le dos de l'hôte. L'axe de la file des sporocytes fait une course inverse de ceUe que fait l'axe du tro- phocyte. 182 EDOUARD CHAT TON Si l'on pouvait détordre un tel Blastodinium après l'avoir fixé au Copépode au niveau de son équateur, on obtiendrait un parasite fusiforme rectiligne, dont le trophocyte serait tangent à la coque I suivant une géné- ratrice du fuseau courant le long de sa face qui est tournée vers le dos de l'hôte. Prenant comme repère cette situation du trophocyte que nous avons reconnue comme dorsale chez B. sinnulosum et B. crassum, nous voyons que l'orientation propre d'un B. contortum coïncide avec l'orien- tation du Copépode, et cela d'une manière constante, chez les formes tordues aussi bien que chez celles qui sont redressées. Si la plupart des figures qui se rapportent à B. contortum et à B. hyalinum. représen- tent ces parasites avec une orientation inverse de celle que nous avons donnée aux exemplaires des autres espèces, c'est qu'au moment où elles ont été exécutées, je n'avais pas encore déter- miné l'orientation réelle des parasites qui nous occupent. Je n'ai pas jugé que ce défaut, d'ailleurs facile à corri- ger par la pensée, dût m'obliger à les remplacer. Brièveté de la période. Pous- sées SUBINTRANTES. StADES POLY- blastiques. — La brièveté de la période chez B. contortum est telle que, le stade T-8 étant atteint, le plus souvent dès le stade 1-4, et peut-être même dès le stade 1-2, le trophocyte se scinde à nouveau, fournissant la cellule mère d'une deuxième poussée de sporocytes. Le parasite devient diblastique. Ce qui se passe à l'intérieur de la coque II reproduit exac- tement ce que nous avons observé à l'intérieur de la coque I. Les rapports des éléments s'y retrouvent les mêmes. Les sporocytes de la première poussée continuent à se multiplier; leurs divisions ne m'ont pas paru synchrones de celles des sporocytes de la seconde poussée, de sorte que les formules sporogénétiques sont I fio. Lxxxviii. Blastodinium co tortum. do Para- calanus ptimis. Forme type tétrablastique < X 360). PÉRWINIEN8 PAEASITES! 183 assez variables : T-4-8, 1-4-16, 1-8-16, 1-8-32, 1-8-64. Relation entre le degré DE développement DU PARA- SITE ET LE DEGRÉ DE DÉVE- LOPPEMENT ET LA TAILLE DE l'hote. — Ce sont ces stades diblastiques, ou très rarement des stades moins avancés mono- blastiques, que l'on rencontre chez les Copépodes à 2 ou 3 pléonites, dont le céphalotho- rax mesure de 160 à 250 y.. L'infection du Copépode par le Péridinien et le développement sporogénétique de celui-ci sont donc très précoces. Les stades monoblastiques mesurent de 100 à 150 [j. sans tenir compte des courbures. Les stades di- blastiques mesurent de 1 50 [j. à 350 [j., ce qui est un maximum, pour des Paracalanus mesurant de 500 à 650 a. Mais le parasite peut pous- ser beaucoup plus loin son déve- loppement chez des hôtes qui lui offrent des conditions d'exis- tence plus larges, chez Clauso- calanus furcatus, dont le cépha- lothorax mesure jusqu'à 750/7. et chez Cl. arcuicornis, où le céphalothorax atteint quelque- fois 1000 (j: Il devient alors tri- tétra - penta - hexa - heptablasti- que, et peut lui-même atteindre 700 a de long sur 200 u. de large ! Il est bien visible à l'œil nu. 700 Gw î?0 575 Sao i?J iîo 4J5 3îî l]î m .!!:t> 184 EDOUARD CHATTON n remplit toute la portion céphalothoracique du tube digestif du Copépode depuis la tête jusqu'à l'abdomen. Tl la dilate à ce point qu'il paraît, de prime abord, habiter la cavité générale de l'hôte. Chez ce Blastodinium, l'élasticité des coques est si grande que ce n'est pas elle, mais bien la capa- cité de l'intestin de l'hôte qui limite le développement du parasite. Le diagramme suivant montre, et d'une manière particulièrement nette, la relation qu'il y a entre la taille du parasite et le nombre de ses feuillets (lui-même fonction de la taille de l'hôte) : Voici quelques formulée qui donneront une idée approximative de la constitution des parasites à 3, 4, 5 feuillets : 1-4-8-32 [ 1-8-16-32-64-128 I_8-l6-64 5 ! 1-8-32-64-128-256 1-8-32-128 ( 1-8-32-128-256-512 I_4.8-32-64 6 1-8-32-64-128-256-512 1-8-32-64-128 1-8-32-128-256 7 1-8-16-32-64-128-256-512 On voit que la période est variable et que le nombre des sporocytes mis en liberté à la fin d'une poussée est en rapport avec le degré de déve- loppement du parasite. J'ai trouvé assez fréquemment et en plein jour des sporocytes en voie de libération. Durée probable de la période et de la poussée sporogénétiques. — Je n'ai pas de documents précis, numériques, sur la durée absolue de la période sporogénétique et la durée de la sporogénèse totale, à partir de la division de la cellule initiale jusqu'à la déhiscence de la poussée cor- respondante. Le fait d'avoir observé assez souvent en plein jour des spo- rocytes en voie de libération dans l'intestin, m'incite à penser que la durée absolue de la période sporogénétique est inférieure à vingt-quatre heures, c'est-à-dire à celle des espèces précédentes, et en général de toutes les espèces monoblastiques. Les poussées de spores seraient donc plus nombreuses en un temps donné que chez les autres Blastodinium qui parasitent les mêmes hôtes et comme elles ont en même temps plus d'éléments, il est permis de voir là la raison de la prédominance que nous avons notée au début de ce chapitre de B. contortum, chez Paracalanus parvus et chez les deux Clausocalanus. Dinospores. — J'ai obtenu à plusieurs reprises les dinospores de cette espèce à partir de sporocytes déjà libérés dans l'intestin. La forme PÉRWINIENS PARASITES 185 Ce phénomène est tout à fait gymnodienne n'apparaît qu'au bout de quelques heures, et après une ou deux divisions à l'état libre. L'une de ces dinospores est représentée en 99 bis. Elle ne diffère en rien de celles des autres espèces pigmentées. Gardées en chambre humide, elles s'arrondissent et s'enkystent au bout d'un ou de deux jours. Scissiparité simple accidentelle. exceptionnel. J'ai dit au début de ce chapitre que je n'en avais observé en tout que trois cas seulement. 1^^ cas. C'est celui d'un parasite présentant à l'intérieur d'une coque externe, contenant elle-même n spo- rocytes, deux coques indépendantes protégeant chacune 1 trophocyte et 16 sporoc3rtes (fig. lxxxix). Si la forme de l'individu total ne laisse pas de doute qu'il s'agisse d'un B. contortum, il faut reconnaître que la forme des coques secondaires est fort aberrante pour cette espèce. L'en- semble des deux coques secondaires occupe bien exactement la place qu'occuperait normalement l'unique coque secondaire. Mais chacune d'elles a la forme d'un croissant de lune sans marques de torsion en hélice, et je me demande quel aurait bien pu être le galbe des deux indi- vidus qui seraient résultés de la déhiscence de la coque primaire. A remarquer aussi que dans l'une d'elles le trophocyte est équidistant des pôles, tandis que dans l'autre, il est en situation extrême. Ces tropho- cytes sont d'ailleurs singulièrement robustes. Cette forme aberrante des parasites secondaires a peut-être la valeur d'une mutation, qui serait ici l'effet de ce phénomène exceptionnel qu'est pour B. contortum la scissiparité, agissant sur l'organisme comme le ferait un traumatisme. Il ne semble pas d'ailleurs qu'une telle forme ait jamais pu se fixer, du moins dans nos parages, car je n'en ai jamais trouyé Fig. lxxxix. Blastodînhim contortum de Clausoca- lanus furcatus. Individu scissipare. On remar- quera la forme aberrante des coques internes. (Préparation comprimée) ( x 360). 186 EDOUARD CHATTON d'autres exemples la rappelant de près ou de loin. Au surplus la scissi- parité simple ne produit-elle pas toujours de semblables anomalies. Les deux autres cas étudiés en sont une preuve. 2^ cas. Il s'agit de deux parasites indépendants rencontrés dans un même Paracalanus. Tous deux de la forme con- tortvm type, ils sont rigoureusement semblables et exactement au même stade de leur sporogénèse : 1.2.32.128, ce qui permet, je crois, d'écarter l'idée qu'ils pourraient provenir de deux dinospores qui se seraient simultanément introduites et parallèlement développées dans le Co- pépode. Ce n'est point là cependant une certitude absolue. La figure xc les représente en place dans l'intestin du Copépode, lequel est vu par sa face droite. On voit qu'ils sont en situation réciproque, disposés au mieux de l'utilisation de leurs courbures pour la réalisation du volume minimum. Cette situation, ils l'auraient proba- blement acquise par l'effet des pressions de la paroi digestive, s'ils ne l'avaient eue d'emblée du simple fait de leur disposition originelle dans la coque de l'individu ini- tial. On peut concevoir que l'anomalie du cas n^ 1 résulte de ce que les sporo- cytes fils n'ont pas, après la division qui les a produits, régénéré l'un sa moitié antérieure, l'autre sa moitié postérieure. Le troisième cas, a été constaté chez la variété hyalinum. Nous y reviendrons au paragraphe consacré à celle- ci. Il faut peut-être aussi considérer comme d'origine scissipare l'asso- ciation binaire de deux formes supertordues, représentées par la fig, xcvii, p. 191. Fia. xc. TSUiKtodinium contartum de Para- calanus parvus (forme type). Groupe II (scissiparité exceptionnelle) ( x 360). PÉRIDINIENS PARASITES 187 II. Variations 1. Pour analyser la forme des individus de cette espèce et rendre compte de l'étendue des variations qu'elle comporte il faut en considérer le galbe est la structure. Les caractéristiques du galbe sont la longueur du pas de l'hélice, le nombre de ses tours, et le rapport du diamètre équatorial à la distance des pôles. De la structure, il faudra envisager : 1° La situation des coques les unes par rapport aux autres, en parti- culier leurs distances aux pôles, qui varient selon le degré d'obliquité du plan de scission du trophocyte. Une scission très oblique, sublongitudinale, telle que le gonocjrte est latéral au trophocyte, produit une génération de sporocytes qui dé- borde cette dernière également en avant et en arrière 2. Une scis- sion plus transversale, telle que le gonocyte est postérieur au tro- phocyte, a pour con- séquence le refoule- ment de ceUe-ci en avant par les sporo- cytes qui se dévelop- pent derrière elle ; 2» L'étendue du hile. Ce caractère est fonction de la durée absolue de la période sporogénétique et du degré de torsion de l'individu. Quand la période sporogénétique est courte, les sporocjrtes d'une poussée ne se multiplient pas assez vite pour former 1. Je n'ai nullement la prétention de faire ici une étude méthodique de la variation chez B. contortum. Je n'ai de données biométriques suffisantes que pour un très petit nombre d'individus. Une étude de ce genre ne peut être enti éprise avec toutes les garanties désirables de certitude, sur le matériel qui nous occupe, à cause de l'impos- sibilité absolue, où l'on est de choisir les parasites tous au même stade, afin qu'ils soient rigoureusement compa- rables. Ceci est vrai pour tous les Btastodinium. De deux individus au même stade 1/32 par exemple, l'un peut avoir produit 20 poussées de sporocytes tandis que l'autre en sera à sa première. 2. C'est la même cause : division sublongitudinale du trophocyte, qui chez B. navicula, engendre le même effet: situation constamment médiane du tiopbocyte. FiG. xci. Paracalamis parvus au 11'^ stade cyclopoïde, parasité par Blasto- dinium contortum (forme grêle). Stade I . ( x 150). Le parasite isolé (x 280). 188 EDOUARD CHATTON à la coque qui les sépare de la poussée suivante, et qui se dilate au fur et à mesure que poussent les cellules qu'elle contient, un revête- ment continu. Il subsiste alors un hile assez étendu. Quand la période est longue, les sporocytes recouvrent toute la surface de la coque qui leur est sous-jacente et le hile est réduit. Il peut même y avoir deux assises de sporocytes d'une même poussée. On conçoit que le hile se comble le plus facilement chez les formes les moins tordues, puisque la torsion a pour effet de rendre tangentes inté- rieurement les unes aux autres les coques succes- sives ; 30 Le degré de pig- mentation. Type contortum MOYEN. — Nous avons vu que chez les individus jeunes, la torsion était égale à un tour, ou un tour et demi environ. Nous considérons cette torsion d'un tour à un tour et demi comme ori- ginelle, nous réservant d'en justifier plus loin, et nous la considérons comme caractéristique du type contortum pur. Ce type se trouve surtout réahsé par les B. contor- tum des Paracalanus adultes, tels que ceux représentés par les figures 94, L'hélice est à pas relativement court de sorte qu'en projection verticale l'individu présente une forme en S ou en Z très accusée. Le corps est trapu. Le rapport du diamètre équatorial à la distance des extrémités est en moyenne de -, L'aspect général est robuste. L'extrémité postérieure est généralement plus massive que l'antérieure. CeUe-ci est souvent subaiguë, mais très rarement recourbée en crosse, ce qui est en rapport avec le médiocre allongement du corps. FIG. xon. Blastodinîum cmtortum de Paracalanus parvus (type moyen grêle) ; a, forme diblastique ; b, sa section en coupe optique. PÊBIDINIEN8 PARASITES 189 Ces Blastodinmm ont en général 3 feuillets sporaux, au plus 4 ou 5 chacun d'une seule assise de sporocytes. Le trophocyte et les coques successives sont sensiblement équidistants des pôles du parasite, parfois un peu plus proches du pôle antérieur que du pôle postérieur. Ils ont la forme et la courbure de la coque externe. Le hile est toujours bien mar- qué. H occupe toute l'étendue de la seconde coque, sauf son extrémité pos- térieure, qui est noyée dans la masse des sporocytes. Fia. xcili. Blaslodinium contortum de Clataocala- nus lurcatus. Forme grêle triblastique. ( x 360). FiG. xciv. Clausocalanus lurcatus Q à trois pléoni- tes parasitée par Blaslodinium contoHum fonne supertordue. ( x 150). Une forme telle que celle figurée en 94 avec son hile réduit et ses sporocytes 1 en deux assises, est exceptionnelle. Elle l'est aussi par le défaut de la pigmentation. La teinte du pigment est jaune verdâtre. Quand la dépigmentation n'est que partielle, elle est toujours beaucoup plus marquée au pôle antérieur qu'au pôle postérieur^ au centre qu'à la- périphérie. 190 EDOUARD CHATTON FiG. XCV. Paracalanus par- vus 9 parasitée par Blas- todinium contortum, forme supertordue. ( x 150) Les individus pigmentés sont plus chargés d'in- clusions que les incolores. Chez ceux-ci, toute trace du substratum même du pigment peut disparaître. Ce sera la règle chez les formes de la variété hya- linum. A partir de ce type contortum pur, la variation s'exerce dans deux sens opposés. Elle aboutit soit à une torsion plus accentuée du corps et à l'amincis- sement du galbe, soit à une détorsion accompa- gnée d'un empâtement de la forme. Formes supertordues. — Les figures 95, 96, Lxxx, Lxxxi, xciv, xcvii montrent des Blastodi- niuni à 3 feuillets spo- raux qui décrivent deux tours et deux tours et demi d'hélice, à pas très long. La distance des pôles peut atteindre 300 à 400 [i. Le rapport du diamètre équatorial à la distance des pôles est de - à - . On ^ 5 8 remarque, en rapport avec l'allongement du corps, la courbure en crosse très accentuée de l'extrémité antérieure, et la tendance des coques à se rapprocher de cette extrémité. Le hile est plus étendu que dans les formes précédentes, ce qui est une conséquence de la torsion plus accusée. L'extrémité postérieure de la seconde coque affleure la surface complètement dégagée des sporocytes les plus anciens. Ces formes sont généralement bien colorées, mais leur pigmen- tation est sujette aux mêmes variations que chez les formes types. Elles sont loin d'être aussi communes que ces dernières. EUes se rencontrent aussi bien chez les Clausocalanus que chez les Paracalanus. Leur taille est en rapport avec celle de leurs hôtes. FiG. xcyi. Paracalanus panus Q parasitée par Blastodinium contortum, forme supertordue, groupe II (scissiparité excep- tionneUe) ( x 150). PÉR1DÎNIEN8 PARASITES 191 Ce tjrpe supertordii m'a fourni chez Paracalanus parvus un cas d'association binaire, d'origine vraisemblablement scissipare (fig. xcvii) . Les deux individus étaient en effet au même stade : 3 feuillets sporaux. Leur torsion, ainsi que leur élongation, était la plus accentuée que j'aie jamais observée. Ils étaient enroulés l'un sur l'autre, comme les deux serpents d'un caducée, mais ils avaient cependant leur orientation normale. Ils fournissaient ainsi le plus bel exemple d'utilisation maxima de la cavité intestinale. Formes détordues. — La variation du(> au redressement du corps nous intéressera davantage, car elle aboutit à des formes qui sont beaucoup plus éloignées du type que celles que nous venons d'examiner, et que l'on doit même considérer, nous le montrerons, comme étant en voie de s'en isoler. Dans ces formes redressées, les tours d'hélice ne sont plus représentés que par de simples sinuosités en S ou en Z, en double S ou en double Z, soit qu'elles dérivent de formes à un tour ou à deux tours de spire. Car les unes et les autres paraissent capables de subir la détorsion. Celle-ci consiste surtout en un aplatissement du corps dans le sens latéral, en une atténuation des sinuosités dans le sens dorso- ventral. Une des conséquences du redres- sement est la réduction du hile, qui chez ces formes disparaît complètement lorsque la période n'est pas trop courte. Un autre phénomène qui est sans rap- port immédiat avec le précédent, puisqu'il se mani- feste aussi bien chez les formes très tordues, mais dont s'accompagne presque toujours le redresse- ment, c'est la dépigmentation partielle et le plus souvent totale. La figure 97 représente une forme tétrablastique^arasite de Glauso- calanus arcuicornis, qui paraît dérivée d'un type à faible torsion. A part la crosse antérieure, il n'y a qu'une courbure dorso-ventrale. A remarquer que le trophocyte est plus incurvé que le corps entier. Le hile est très étendu, mais limité à la face droite du corps. Dépigmenta- tion totale. La figure 98 montre une autre forme redressée parasite de Clausoca- FIG. XCVII. Bl stodinium contortum de Paracala- nus ■parvus. Forme su- pertordue, groupe II (scissiparité exception- nelle) ( X 360). Id2 EDOUARD CHATTON khnuS arcuicofnis ; forme de grande taille, à 7 feuillets sporaux (430 [x sur 80 \i) dont les deux premiers chacun à deux assises de sporocytes. Abstraction faite de la crosse, une seule courbure médiane bien mar- quée. Le hile est aussi, bien que très étendu, unilatéral. Le trophocyte a la courbure du corps, moins la crosse. H est totalement incolore. Les feuillets sporaux sont d'autant plus colorés qu'ils sont plus an- ciens. Mais leurs trophocytes anté- riem-s sont complètement dépig- mentés. La forme tétrablastique qui est représentée par la figure 97, para- site d'un Paracalanus, a un galbe plus complexe que les précédentes et dérive probablement d'un type à un tour et demi ou deux tours dé spire. Le hile est à peu près com- plètement comblé. H n'y a qu'un affleurement très limité de la coque 2 à la partie postérieure ventrale du parasite, et un autre encore plus réduit dans la région antérieure de la face ventrale. La courbure du trophocyte est moins accusée que celle du corps. La dépigmentation est incomplète, mais égale, ce qui est rare. Chez tous les parasites précé- dents, le trophocyte est encore au moins aussi tordu que le corps. La figure cviii représente des formes où le trophocyte et les coques les plus jeunes sont plus redressés. • Ces formes à trophocyte redressé nous amènent au type hyalinum, chez lequel ce galbé de la cellule initiale est de règle. FlG. xovm. Clausocalanus arcuicomis Q parasitée par BlaHodinium contortum, forme détordue ( X 150). PÉRIDINIENS PARASITES 193 Blastodinium contortum hyalinum Chatton 1911 Fig. 37, pi. IV: 100-104, pi. IX. B- hyalinum Chatton (1911, p. 474). «Parasit I », Apstein (1911, p. 207). Type delavariété parasite de Glausocalanus arcuicornis Dana, à Banyuls-sur-Mer. Fig. 100-104, pi. IX, et fig, c, ci, cii, cix, cxv. Sommaire Hôtes, p. 193. I. — Stades polyblastiques, p. 195. — Forme, dimensions, orientation, p. 195. — • Rapports du tropliocyte et des feuillets do sporocytes, obturation du hile, p. 198. — Défaut de pigmentation et absence d'inclu» sions, p. 199. — ■ Labilité, p. 199. II. — Stades monoblastiques et diblastiques, p. 200. — Relation entre le développement et la taille de l'hôte et le développement du parasite, p. 200. III. — Le « Parasite I » d' Apstein, p. 200. HoTES. — Cette variété se rencontre à Banyuls dans les mêmes hôtes que les formes types. Elle est moins fréquente que ces dernières cliez Paracalanus parvus, mais elle pré- domine au contraire chez les Clau- FIG. xcix. Paracalanus parvus Q parasitée par Blastodinium hyalinum. Stade 1-8-16 ( X 150). Fi c. Clausocalantis furcatus Ç parasitée par Blaslo- dinium hyalinum ( X 150). Aech. de Zool. Exp. et Gén. EDOUAED CHATTON Ips; f ormes normales. Je rappelle qu'ApsTEiN (1911) ^^ de la mer du Nord et de a ^_ ^ de la mei «" — ^ -, o Baltique méridionale : «an«. finmarcUcus, Pseudocalanus (sp2) Paracakmus (sp.^) o^ a les' a trouvés communs, et chezCenfropa^es(sp^)et^car- (ia Clausi où ils n'ont été vus pa^B^ini^'^ hyalinumix 150). -«".rs=."=:s«5^îi-""'"- T,ar Blo.toiiniu'» hyannum v - -"- ' U nature et les affinités desquels l'auteur PERIDINIENS PAR ASSITES 195 de Banyuls, qu'on doit leur identifier les parasites signalés par Aps- TEIN, sous la rubrique « Parasit I ». Abandonnant le plan suivi partout dans ce mémoire pour la descrip- tion des espèces, nous étudierons d'abord les formes adultes qui nous permettront une comparaison immédiate avec les formes redressées de B. contortum dont il vient d'être question. FiG. Cin. Clatisocalanus [furcatus 9 parasitée par 'Blasiodi- nium hyalinum. Deux individus dissemblables (X 150). i^(Croqui3 rapide. Préparation compri- mée.) Fia. civ. Blastodinium hyalinum de Clausoca- lanus arcuiconiis. Forme grêle triblastique ayant certains caractères de B. contortum (forme et division subtransversale du tro phocyte) ( x 260) (vue en coupe optique). I. Stades polyblastiques. Forme. Dimensions. Orientation. — B. hyalinum est comme B. contortum une forme essentiellement solitaire. L'unique exception 196 EDOUARD CHAT TON constatée à cette règle sera discutée à la fin du paragraphe relatif à la reproduction. La figuity 37 représente un parasite en place dans son hôte. Il saute aux yeux que son orientation dans l'hôte est exac- tement celle qu'y ofiPrent les di - verses formes de B. contortum. Il est donc inutile d'y insister à nouveau. Fia. cv. Blastodinium hyalinum de Clausocalanui arcuicornis ; a, forme triblastique trapue jsj ( X 200) ; s, sporoytes moyens de la même, en voie de division tétrade ( x 550). Fio. cvi. Blastodinitim hi/alinum de Clausocala- mis arcuicornis, coques internes d'une forme grêle tctrablastiqiie ( x 180) (très grande taillt). Fia. ' cvn. Blastodi- nium hyalinum tro- phocj-te et sporo- cytc, extraits d'un parasite polyblasti- que. ( X 260). [ Considérons particulièrement le parasite de la figure 100. C'est une une forme moyenne, du type le plus commun. Elle mesure 330 [j. entre les pôles sur 110 [x do large et présente trois feuillets de sporocjrtes recouvrant le trophocyte. On ne peut plus parler pour elle de galbe héli- coïdal. H subsiste pourtant des traces manifestes de la torsion primitive : ce sont les sinuosités du contour, et une déviation légère, mais encore nette, du pôle antérieur vers la gauche et du pôle postériem* vers la PÉRIDINIEN8 PARASITES 197 Fia. c?iii. Blastodinium hyalinum de dausocalanus arcuîcomis. Forme tétrablastique ( x 260). droite. On remarque que ces sinuosités repro- duisent à peu près exactement celles de la forme redressée de la figure 97. Si elles sont plus accentuées que ces dernières, cela tient à ce que le parasite est moins gonflé de spo- rocytes. Les formes à nombreux feuillets sporogénétiques sont en effet beaucoup plus massives et la concavité de la face dorsale en particulier y dis- paraît complètement. Dans les unes et les autres, le ventre équa- torial est très pro- i / \\ / W '^ — ( 1 ' W '^- W 1 u h^ 1 lï •V 1 \ t 1 ^ \^ÔN. 'i FIG. CIX. Blitlodi'iium hya- linum de Cliitsocala nus ar- cuicomis, forme grêle tétra- blastique ( X 180) (très grande taille). Fia. OX. Blastodinium hya- linum de Clawoealanus arcuicoryiis. coqnes cen- trales d'un groB indi- vidu trapu ( X 260). nonce, tandis qu'au contraire le quart antérieur du corps a tendance à s'effiler en un long col qui s'enroule en crosse à son extrémité. La parti© 198 EDOUARD C H ATT ON postérieure conserve son aspect massif et chez les formes très développées, elle fait corps avec la masse moyenne du parasite. La taille des plus grandes formes (tétrablastiques) peut atteindre, chez Clausozalanus arcuicornis 830 \). sur 160 ;j.. Rapports du trophocyte et des feuillets de sporocytes. Obtu- ration DU HiLE. — Chez B. contortmn type, la forme du trophocyte et des coques les plus récentes repro- duisait à peu près fidèlement, toutes proportions gardées, celle du parasite total. Ici, il n'en est plus de même. Dans l'individu que nous considérons, la coque II est encore à peu près semblable à la coque I, mais son extrémité an- térieure ne présente point l'en- roulement en crosse. La coque III diffère de la précédente par la réduc- tion du Gol antérieur et surtout par l'absence de concavité dorsale. Quant à la forme du trophocyte, elle n'a plus rien de commun avec celle du para- site entier. C'est un cylindre à peine incurvé à pôle antérieur arrondi, et à pôle postérieur aigu. Cet aspect plus ou moins rigide du trophocyte, contrastant avec le modelé sinueux du parasite et des coques externes. FlG. cxii. Bîastodinium hyaliiium. Sporocytes déliis- cents, montrant l'accolement eff croix x 1200). G. cxiil. Bîastodinium hi/ahnum de Paracalanus parvus, spores et kystes de ces spores dans la carapace du Copépode mort (au bout de 10 heures). En ». noyau sporal coloré par le vert de méthyle acétique. (X 1200). est tout à fait caractéristique de B. hyalinum. Un autre caractère très constant des formes moyennes et ultimes de cette variété est l'absence complète de hile, caractère qui ne se retrouve chez aucun autre Bîasto- dinium. La couche des sporocytes I est continue. Elle enveloppe de toutes parts la coque IL Dans les parasites très développés à 4 et 5 feuillets de sporocytes, l'on pourrait voir encore le deuxième feuillet enfermer com- plètement la troisième coque. Mais il n'en est pas ainsi chez l'individu qui nous occupe. Le deuxième feuillet est interrompu sur toute la face PÉRIDINIEN8 PARASITES 199 droite de la coque, formant là un hile homologue du hile de B. contortum. Chez tous les B. hyalinum que j'ai pu examiner, le hile existe toujours dans les coques centrales. Nous verrons qu'il existe toujours aussi chez les parasites jeunes. Il ne se comble que chez les individus adultes à partir du troisième feuillet de sporocytes. DÉFAUT DE riGMENTATION ET ABSENCE d'inCLUSIONS — Le parasite esb toujours entièrement et complètement incolore, et il passe très facilement inaperçu à côté des parasites presque toujours brillamment colorés que sont la plupart des autres Blastodinium. Le substratum du pigment lui-même a disparu. Il n'y a plus trace de chromoplastes. Les globes de réserves adipeuses ou amylacées y font complète- ment défaut. Seule une zone équa- toriale, finement granuleuse, con- traste avec l'aspect hyalin da corps. Les noyaux sont invisibles sur le vivant. Il n'y a point de va,cuoles. L'aspect des éléments rappelle beaucoup celui des Apo- dinium et des SyndiniuTn. Labilité. — Un caractère d'ordre physiologique, mais très constant, (de cette espèce, est son extrême labilité au contact de l'eau de mer. Alors que les formes colorées les plus fragiles B. Mangini ne souffrent qu'à la longue de son contact, B. hyali7ium y subit de suite une altération pro- fonde qui consiste dans la résolution rapide de son cytoplasme normalement si homogène, en un gran.ulum sombre semé de vacuoles où s'ob- servent des mouvements browniens. Au bout de „,,,.. , peu de temps, les cellules gonflées sont réduites à de ciausocaïamis arcuicarnis leur pelliculc d'cuveloppc doublée intérieurement à trots pléonites. Stade di- biastique. On remarquera la d'uuc mince couche granulcusc. Nous vcrrons scission sublougitudinale du i i^' j^- i a i i . trophocyte ( x 260). quc dcs altérations de même ordre se produisent Fio. cxiv. Blastodi- nium hyalinum de Clausocalanus lurcatus. Stade I dégénérescent (X 360). 200 EDOUARD CHATTON dans le plasmode hyalin des Syndinium quand l'eau de mer diffuse dans sa masse. IT. Stades monoblastiques et diblastiques. Les formes jeunes montrent toutes encore un galbe nettement héli- coïdal, mais beaucoup moins accusé cependant que chez B. contortum type. Il n'en apparaît pas moins ainsi comme un caractère primitif de ces para- sites. Le stade le plus reculé que j'ai pu examiner est représenté dans la figure 104. H provient d'un Paracalanus parvus à 3 segments abdomi- naux où le croquis xcix le montre en situation. Il mesure 230 [). sur 30 [x entre les pôles et présente un trophocyte, un gonocyte et 8 sporocytes. La torsion en hélice est encore manifeste, bien que très atténuée. Vu dans tous les sens, le parasite a la forme d'une S très ouverte. Au stade suivant, les trophocytes se sont dédoublés et forment la file longitudinale ordinaire, mais celle-ci n'est point elle-même enroulée en héhce autour du trophocyte (comparer avec la figure xcii de B. con- tortum type). Le trophocyte s'est lui-même scindé suivant un plan si oblique qu'il est presque longitudinal. Relations entre le développement et la taille de l'hote, et le développement du parasite. — Tout ce que nous avons dit à cet égard de B. contortum s'applique aussi à B. hyalijium. La taille varie de 150 (forme monoblastique) à 625 [j. (forme à six feuillets) pour la longueur, et de 30 à 175 u. pour la largeur. Les formes où le ventre équatorial est le plus développé mesurent 480 \j. sur 170 ;j.. Je n'ai jamais rencontré de formes à sept feuillets. III. Le « Parasit I » d'Apstein 1911 Fie. CXVI. J'ai dit déjà (p. 176) chez quels Copépodes et dans quels parages Apstein a observé ce parasite dont il n'a pas soupçonné la nature, et au sujet duquel il a commis des erreurs d'observation et d'interprétation dont il se fût gardé, sinon par des recherches plus soignées, du moins par d'élémentaires précautions bibliographiques^. Il se serait encore épargné cette hypothèse aussi gratuite que superflue d'une évolution du parasite 1. Le Zooloyical Record fait, dix ans, double mention de tous les parasites nouveaux décrits; "u 1! duiili; livre consieré augroupj auju ■! appirtient le pirasit"?, l'aut,") dans', e livre consacré au groupe auquel a])l)urti.'nt l'hOÇ PÊRIDINIENS PARASITES 201 chez le Hareng, que suffisent à ruiner l'abondance de celui-là et l'absence complète de celui-ci en Méditerranée. Mais malgré ces imperfections, que j'ai déjà relevées (1911), la descrip- FlG. cxvi. iin Apstein (1911). « Parasit l' de ArsTEiï! chez Calanus finmarcfiicus. Blastodinium hi/alinum Chatton; A, le parasite chez Calanus finmarchicus ; B, parasite au stade 1-8 ( x 220) ; C, parasite au stade 1-4-16 ( X 220) ; D, coupe transversale d'un parasite triblastique, contenu dans l'intestin du copépode. On remarquera que tous les feuillets, même les centraux, sont figurés non interrompus. L'auteur a cru, sans doute devoir rétablir dans son dessin une continuité dont il attribuait le défaut à un accident de sa préparation. Or, nous savons qu'il existe toujours un hi!e dans les feuillets centraux ( x 220); E, coupe longitudinale dans un jeune (?) individu, où les points noirs représenteraient les noyaux (1) ; F, cette figure qui représente un sporocyte du feuillet 2 est plus conforme que la précédente, à ce que nous connaissons de la cytologie de ces éléments. tion d' Apstein, grâce aux croquis qui l'accompagnent, permet d'identifier avec certitude le « Parasit I » à notre B. hyalinum. La figure B, par exemple, représente un jeune individu au stade 1-8 202 EDOUARD CHATTON probablement, tout à fait comparable à celui que représente notre figure 104. La figure C témoigne que le trophocyte et la cellule-mère se séparent par un plan de scission sublongitudinal. La figure C, rend grossièrement, mais fidèlement, la silhouette en coupe optique d'un parasite tri ou tétra- blastique. D'après la figure D, qui représei^te la coupe transversale d'un parasite triblastique, les sporocytes formeraient autour du trophocyte trois feuillets sporaux com- plets et concentriques, ce qui pour les deux in- ternes ne correspond certainement pas à la réalité, comme on en trouve la preuve dans le croquis même de l'auteur représentant les parasites en coupe optique longitudinale. Quant à la continuité du feuillet externe, nous savons que c'est bien un caractère distinctif de B. hyalinum. Abstraction faite de l'organisme que représente la figure I d'ApsTEiN et qui n'a certainement rien de commiiTi avec le Péridinien, tous les parasites représentés ont le galbe caractéristique de B. hyali- num. Aucun n'a la forme nettement hélicoïdale de B. contortwn. Nulle part Apstein, qui observait cependant in vivo, ne fait allusion à une coloration de son parasite. Il n'y a donc pas à douter qu'il ait eu affaire à B. hyalinum. Il semble ainsi que dans les mers septentrionales, B. hyalinum existe indépendamment, non seulement des autres espèces, mais encore de la forme type B. contor- tum. Nous reviendi'ons sur ce fait au chapitre consacré à l'étude des relations des espèces entre elles. I FORMES D'IDENTITÉ INCERTAINE Blastodlnium s. p. a ^l?Z;JSS^^\^:' Le 30 septembre 1908, j'ai observé dans une Temora stylifera Dana ç adulte, un très gros Blasto- dinium solitaire, que je n'ai jamais retrouvé par la suite dans ce Copépode cependant très commun dans le plancton de la baie de Banyuls. C'est aussi PÉBIDINIEN8 PARASITES 203 le seul cas que j'ai relevé d'infection de Temora stylifera par un Péridinien. Le croquis ex vu représente la forme et la constitution générale du parasite que je ne m'attarderai pas à décrire, car je n'en ai qu'une connaissance insuffisante. Extrait de l'hôte, il s'est rapidement altéré, et à cause de son épaisseur, il m'a été impossible de voir avec toute la pré- cision désirable, les rapports des coques dans la partie centrale. Il mesurait 750a de long, sur 160[j. de large, le céphalotho- rax de l'hôte mesurant 1000 y. de long. Il était pentablastique. Les deux feuillets externes étaient bien colorés. Les trois feuillets centraux et le trophocyte étaient incolores. Il ne me paraît identi- fiable à aucun des Blasiodinium précé- demment décrits. Il a le galbe général d'un B. Pruvoti, mais il s'en distingue par le nombre de ses feuillets, par sa con- dition solitaire, et surtout par la situa- tion médiane de son trophocyte et des coques successives. Ces deux derniers caractères le rapprocheraient de B. con- iortum, mais il ne présentait aucune trace de torsion hélicoïdale, et le tro- phocyte montrait une différenciation polaire normale aussi accentuée que chez B. spinulosum ou B. Pruvoti. Blastodinium sp. (3. (B. inornatum ?) Fig. cxviii-cxix Le 9 novembre 1906, un Clausocala- nus 9 à l'avant-dernier stade, dont le cé- phalothorax mesurait 650 y. m'a montré, à côté de deux Blastodinium inornatum au stade 1-32, très pâles, un individu au stade 1-8 tout différent de forme et d'aspect. Un peu plus long et un peu plus large que ses deux coparasites, il s'en distinguait par son corps infléchi dans sa région médiane, par son pôle Fig. cxviii. Clausocalanus avec Blastodinium crassum inornatum et un Blastodinium aber- rant ( X leO). Croquis rapide, légère com- pression de la préparation). 204 EDOUARD C H ATT ON antérieur légèrement pointu, quoique non effilé, par son pôle postérieur arrondi, quoique atténué, et par la situation antérieure de son tropho- cyte (Fig. cxviii). n's'en distinguait aussi à première vue par sa pigmentation : le troplio- # Z-'. m r\V^ \ ) Fio. cxix. Blastodinium sp. fi de Clausocalami» furcatus, individu aberrant d'un groupe III hétérogène dont les deux autres individus étaient du type B. erassun inomalum (flg. CXVIII). (X 360). Fia. oxx. Clausocaîantts parasité par Blastodinium sp. g ( X 160) (croquis rapide). cyte était tout à fait incolore et hya- lin, tandis que les sporocytes étaient très fortement pigmentés et chargés de très grosses inclusions réfrin- gentes à surface rugueuse. Le trophocyte présentait une crête très sail- lante à sa smface. Mais la coque, qui était plus épaisse que d'ordinaire, ne portait pas trace de spinules. C'est le seul cas où j'ai vu, au cours de mes recherches, deux parasites nettement différents d'aspect et de forme coexister dans le même Copépode. FÊRIDINlENki FAHASITES 205 Le lendemain 10 novembre, chez un autre Clausocalanus également immature, dont le céphalothorax mesurait 600 [j,, je trouvai un parasite solitaire manifestement apparenté au précédent, présentant comme lui un pôle postérieur arrondi, une inflexion médiane très accentuée, un tropho- cyte antérieur incolore et hyalin et deux sporocytes postérieurs très pig- mentés, mais non chargés d'inclusions. H mesurait 300 \}. sur 75 u.. Sa coque également épaissie était lisse. Sa concavité était tournée du côté du dos de l'hôte. Que penser de ces parasites ? Il ne me paraît pas impossible que nous ayons affaire là à des individus anormaux ou altérés de B. inornatum. Chez cette forme, au stade de 1-8, le trophocyte est toujours antérieur, le pôle postérieur quelquefois arrondi ; la dépression ventrale est toujours plus ou moins marquée. Il se peut que ces caractères exagérés se soient trouvés réunis chez un même individu. Mais il est plus difficile de ramener au B. inornatum l'individu soh- taire du 10 novembre. Je ne chercherai pas non plus à expliquer le con- traste que présentaient trophocyte et sporocytes au point de vue de leur pigmentation. Il eût été bien intéressant de voir la répartition du pigment dans la cellule initiale ! Voici deux formes chez lesquelles la polarité morphologique et la polarité dynamique s'accompagnaient d'une pola- rité cyto-physiologique manifeste. C'est peut-être aussi à B. inornatum qu'il faut rapporter les deux individus décrits ci-dessous : Blastodinium sp. y Fig. CXXI-CXXH. 1° Parasite solitaire chez Clausocalanus arcuicornis, dibl astique, stade I-2-n (fig. cxxii). Dimensions et galbe de B. inornatum, mais à trophocyte tout à fait antérieur, liyahn et à sporocj^tes I contenant, comme chez les parasites sp. |3 (vok ci-dessus) de grosses inclusions en plaquettes, dont une beaucoup plus développée que les autres. Ces plaquettes se résolvent uniformément au contact de l'eau de mer en nombreux et fins granules. Sporogénèse subintrante. £0 Parasite solitaire chez un Paracalanus parvu^ Q à quatre pléo- nites (avant-dernier stade), diblastique — stade I-1-8-G4, Incolore (fig. CXXI). Cet individu était remarquable par le renflement du pôle postérieur, 206 EDOUARD CHAT TON beaucoup plus obtus que le pôle antérieur. La scission déjà achevée du trophocyte en deux cellules subégales non enfermées dans une coque commune paraît correspondre à une division scissipare. On remar- quera aussi la brièveté de la pé- riode qui a séparé les deux pous- sées successives. Je i appelle que nous avons constaté un cas cer- tain de sporogénèse subintrante chez B. inornatum (v. p. 138). (i FlQ. CXXI. Blastodinium sp. y do Paracalanus parvus. ( x 360). FlQ. cxxu. Blasloéinium sp -y de Clausocnlamu arcuicomis; a, form diblastique ( x 260) ; c, sporocyte avec ses plaquettes ( x 550); b, résolution d'une plaquette en grains. Blastodinium s.p. o Fig. cxxiu. n s'agit d'un Blastodinium grégaire (quatre individus) rencontré une fois chez un Corycœus venustus ç adulte, ayant le type structural et les caractères de coloration des B. Mangini et navicula, et dont la PÊRIDINIENS PARASITES 207 forme était intermédiaire entre celles de ces deux espèces : fuseaux allongés rectilignes, mesurant 300 ;j, sur 55 ;/. Stades monoblastiques entre 1-16 et 1-128 et un stads polyblastique I-16-n. Je vois là une variété allongée de B. navicula ou un groupe égaré chez Corycœus venustus de B. Mangini, plutôt qu'une forme réellement inter- médiaire entre eux. Le mode de scission du tropho- cyte, si différent chez ces deux espèces, ne permet guère de concevoir que l'une puisse passer à l'autre. Cytologie des Blastodlnlum Fig. 105-121, pi. X, et fig. 122-127, pi. XI. Sommaire I. — Le trophocyte, p. 207. — Cytoplasme, p. 207. — Périplaste, cuticule, coque, p. 208. — Lacunes, vacuoles, inclusions, p. 209. — Réseau chromoplastique, p. 210. — Les noyaux ; forme, p. 210. — Plasmodendrites intranucléaires ; signification morphologique et physiologique, p. 21 i. — Structure de la masse nucléaire; son acidopliilie, p. 212. — Nucléoles basophiles, p. 213. — Centrosomes ; archoplasme, p. 213. — Défaut de polarité cjtologique. p. 215. — • Di\isions, p. 216. II. — Les sporocytes, p. 217. — Différenciation de la structure des sporocytes à par- tir de celle du trophocyte Retour à la structure péridinienne normale, p. 217. S J'ai déjà décrit tout ce que par l'examen attentif de l'organisme vivant, l'on peut connaître de sa structure intime. Nous savons déjà quels sont les rapports géné- raux du noyau des centres et du cytoplasme, quels sont la distribution et le régime du pigment, la marche des mitoses, etc., l'organisation des dinospores. Nous savons aussi que tout cela varie peu d'une espèce à l'autre. C'est pourquoi nous pouvons réunir ici dans un chapitre d'ensemble tous les résultats du contrôle par les méthodes cytologiques de ce que nous a appris l'examen in vivo, et dans cet exposé même, il n'y aura aucun intérêt, telle est l'unité de structure, à faire une étude séparée de chaque espèce, sauf à indiquer au passage les différences qu'elles peuvent présenter. Nous étudierons successivement le trophocyte et les sporocytes qui, nous le verrons, diffèrent autant par leur structure que par leur taille et leur aspect général. I. Le trophocyte. Cytc^plasme. — Le cytoplasme qui, à l'état vivant et lorsqu'il n'est pas chargé d'inclusions, est extrêmement hyahn, apparaît, lorsque coagulé Fig. oxxui. Blastodi- nium sp. y de Cory- coeus venustus Q . Parasite diblastique d'un groupe IV ho- mogène ( X 360). 208 EDOUARD C H ATT ON par les réactifs, comme une masse très dense, très colorable et assez hété- rogène. Il semble formé d'une trame fondamentale à mailles serrées et d'une substance fluide imprégnant le reticulum. Cette structure se voit bien surtout à la marge du corps, là où l'action trop brutale du fixateur a eu pour effet de chasser la substance fluide. La trame réticulée est là au contact de la cuticule, et ses mailles peuvent être à ce niveau quelque peu serrées, constituant comme un ectoplasme. PÉRiPLASTE. Cuticule. Coque. — La cuticule ou périplaste est très inégalement développée selon les individus, et ce degré de développe- ment paraît surtout en rapport avec le temps de la mue cuticulaire. L'absence de cuticule témoigne d'une mue récente. Une cuticule bien individualisée indique une mue prochaine. Dans certains cas, chez B. inor- natum, par exemple, j'ai vu la cuticule, striée normalement à sa surface comme le plateau de certains épithéliums (fig. 118). Le périplaste se colore comme le cytoplasme ou très peu plus inten- sément parce que plus condensé. La cuticule décollée se colore plus fai- blement. Indépendamment de ces caractères histologiques, la cuticule présente les réactions suivantes : L'acide iodhydrique iodé fumant préconisé par Mangin (1897), qui colore la cellulose en bleu, ou en bleu violacé, dissout instantanément la coque des Blastodinium lorsqu'on le fait agir sur elle en masse et brus- quement. Mais lorsqu'on le fait agir progressivement en le faisant diffluer entre lame et lamelle, la dissolution ne se produit que lorsque l'acide ayant chassé toute l'eau de mer se trouve à l'état concentré autour du parasite. Si l'on examine attentivement celui-ci, on voit pendant un court instant sa coque prendre une teinte faible, rosâtre violacée qui disparaît dès que la dissolution commence. L'acide dilué à 50 p. 100 ne dissout ni ne colore la coque. L'acide sulfurique pur à 60» Beaumé provoque la dissolution immé- diate de la coque. L'acide chlorhydrique pur à 22° ne la dissout qu'au bout d'une heure, mais la réduit presque instantanément à une pellicule extrêmement mince, difficile à voir. L'acide azotique pur à 36° ne dissout pas même au bout de trois heures, mais réduit aussi l'épaisseur et la visibilité de la coque. L'acide acétique cristallisable la gonfle au contraire légèrement sans la dissoudre. La potasse et la soude en solution aqueuse ou alcoolique concentrée, PÉRIDINIENS PARASiTES 209 l'hypochlorite de soude étendu ou concentré ne la modifient pas. La solubilité dans les acides forts permet de conclure contre la nature cellulosique de cette coque, malgré la coloration violette très fugace obtenue par l'action progressive de l'acide iodliydrique iodé, qui s'obtient éga- lement avec d'autres substances. Peut-être cette coloration correspond- elle cependant à des traces de cellulose ou d'amidon imprégnant la membrane. Cette même solubilité dans les acides forts à froid, et la résistance aux alcalis concentrés excluent l'idée que la coque des Blastodinium pour- rait être de nature pectique. Elle est d'ailleurs indifférente à l'action du rouge de ruthénium. liC mélange de rosaazurine A et benzoazurine R également préconisé par IVIangin (1895), comme réactif de la callose, qui sous son action se teinte en rose, ne m'a fourni aucune coloration. Etant données ces propriétés d'ordre négatif, il n'est pas possible d'identifier actuellement la substance qui constitue la coque des Blasto- diyvum à l'une quelconque de celles bien caractérisées, qui entrent dans la constitution des membranes végétales. Lacunes. Vacuoles. Inclusions. — Chez B. spinulosum, B. Pru- voti, B. contortum, les inclusions fluides sont peu abondantes. Chez beau- coup d'individus elles font complètement défaut. Chez B. crassum au contraire, et il semble que cette espèce doive en partie à la quantité de liquide dont son corps est imprégné son galbe renflé, les lacunes et vacuoles prennent souvent une extension considé- rable. Dans toutes ces espèces, leur siège est surtout dans le cytoplasme équatorial. On peut voir là soit une série de vacuoles séparées par des trabécules tendus plus ou moins radiairement à partir d'un point central, ou au contraire une vaste lacune indivise. Même chez les individus à cytoplasme compact, le centre de la région équatoriale se présente toujours plus clair, moins dense que le reste de la masse. En dehors du cytoplasme équatorial, les lacunes ou vacuoles siègent dans le cytoplasme polaire, plus ou moins régulièrement disposées sur le pourtour de la zone archoplasmique qui n'en est point envahie. Là aussi, chez B. crassurn elles peuvent confluer en vastes lacunes. Les régions où abondent les vacuoles sont aussi celles où se rencontrent les inclusions solides. Sur les coupes celles-ci se présentent sous trois aspects différents : 1° des inclusions basophiles, globes plus ou moins volumineux ou granules infimes ; 2» des inclusions acidophiles particulièrement bien Arch. de Zool. Exp. et Gén. — T. 59. — F. 1 . U 210 EDOUARD C H ATT ON mises en évidence par la double coloration de Prenant ; 3° des corps gras réduisant énergiquement l'acide osmique. La figure 113 repré- sentant un B. spinulosum à réseau chromoplastique bien développé, fixé au Flemming, et coloré d'une façon très ménagée à la safranine montre l'abondance et la répartition de la graisse. RÉSEAU CHROMOPLASTIQUE. — Le réscau cliromoplastique est bien mis en évidence sur les coupes, grâce à son énergiqi^e basophilie. A cet égard, il se comporte comme tous les plastes générateurs de pigments assimilateurs des Protistes et des Végétaux colorés. Le siège du réseau chromoplastique est la couche sous-jacente à la cuticule. Mais il j)eut envoyer aussi des trabécules dans la profondeur. Les images qu'il fournit sont très variées. J'en ai figuré quelques-unes qu'il me paraît inutile de décrire (fig. 105, 106, 107, 110, 113, etc.). Je suis fort embarrassé pour interpréter l'ensemble des corps sidéro- philes qui sont répandus partout, sous forme de petits fuseaux très effilés aux deux bouts, dans le corps de certains B. crassum, comme celui que représente la fig'. 114. S'agit-il d'un système chromoplastique profond ou d'un appareil mitochondrial ? Les deux interprétations peuvent d'ail- leurs se concilier, si l'on admet que 'l'élément chromoplastique comme l'amyloplaste (Guilliermond), ou le grain de pigment animal, a pour origine une mitochondrie. Les Blastodinium, en raison des variations qu'ils présentent quant au développement de leur appareil pigmentaire, même dans un seul individu, fourniraient un bon matériel à qui voudrait faire l'étude de l'élaboration , de la distribution et du régime du pigment chez un Péri- dinien. Les noyaux. Formes. — C'est certes la structure du système nucléaire du trophocyte qui est le caractère de beaucoup le plus remar- quable de la cytologie des Blastodinium. On la connaît déjà dans ses grandes lignes : on sait qu'un trophocyte est une cellule dont la structure s'est fixée au stade de la télophase caryodiérétique. On connaît les rap- ports des centres avec la masse nucléaire, et la pénétration au sein de celle-ci de dendrites c3^oplasmiques. C'est tout ce complexe au repos d'abord, puis en kinèse, que nous allons analyser maintenant. Reconstituée d'après une série de coupes, la forme du noyau propre- ment dit, comprenant seulement la masse de nucléine et les plasmoden- drites qui la pénètrent, a la forme d'une pomme dont le pôle pédon- PÉRWINIENS PARASITES 211 culaire ne serait point ombiliqué en son centre, mais simplement aplati. C'est ce pôle qui, dans le noyau, regarde l'équateur du trophocyte. Le pôle opposé est au contraire fortement ombiliqué. et contient dans sa dépression le centre kinétique. Partout ailleurs que dans cette dépression la limite du noyau et du cytoplasme est fort nette. Elle est même le plus souvent accentuée par une condensation du cytoplasme périnucléaire .qui atteint là une densité beaucoup plus élevée qu'en tout autre point d? la cellule. Dans l'ombilic polaire, cette condensation n'existe pas. Plasmodendrites intranucléaires. Signification morpholo- gique et physiologique. — C'est dans l'ombilic polaire que le bouquet des plasmodendrites s'épanouit dans le noyau. La richesse de la ramification est très variable. Il peut y avoir seule- ment quelques branches presque rectihgnes qui divergent sans se ramifier. Dans d'autres cas c'est un touffu de fines ramifications, si fines qu'il est difficile de les suivre dans la masse nucléaire. Quels que soient leur impor- tance et leur état de division, les plasmodendrites ont tous, une direction générale antéro-postérieure, légèrement divergente à partir de l'ombilic polaire, et toujours ils viennent se terminer et se fusionner séparément dans le cytoplasme périnucléaire de la face équatoriale du noyau. Ils traversent donc ce dernier de part en part. Je ne puis cependant pas affirmer qu'il n'y en ait point qui se terminent librement dans la masse nucléaire. Ces plasmodendrites ont exactement la texture et les affinités chromatiques du cytoplasme périnucléaire. Au point de vue morphologique ces plasmodendrites représentent, nous le verrons, des fibres fusoriales résiduelles qui seraient tendues d'un pôle à l'autre, d'une sphère à l'autre du trophoc3rte, si l'épaisse lame de cytoplasme équatorial n'en avait point, s'insinuant entre les deux noyaux, rompu la continuité. Mais leur persistance à l'état de repos, repos qui va, nous le savons, se prolongeant au delà de vingt-quatre heures, ne peut s'expliquer que par une nécessité physiologique, conséquence du volume considérable et de la compacité de la masse nucléaire. L'insuffisance de la surface d'échanges entre le noyau et le cj^oplasme, est compensée ici par l'infiltration du cytoplasme dans le noyau qui réafise au sein de celui-ci une véritable conduction trophique, d'au- tant plus nécessaire que la masse est plus compacte. Chez B. Pruvoti où ]a substance nucléaire est normalement plus fragmentée, les plasmoden- drites sont moins nombreux que chez B. spimilosum ou chez B. crassum, où ils atteignent leur développement maximum. Cette conduction 212 EDOUARD CHATTON plasmatique intranucléaire dont il n'existe point, à ma connaissance, d'exemple dans la cytologie générale, relève cependant d'un ordre de faits bien connus sur lequel nous reviendrons à la fin de ce mémoire. Elle est un trait tout à fait saillant de l'organisation des Blastodinium. Mais elle n'est pas le seul. Structure de la masse nucléaire. Son acidophilie. — Ce qui frappe à l'examen d'une coupe, le plus superficiel, c'est la structure compacte, homogène, et le défaut de chromaticité de la masse nucléaire. Rien ne ressemble moins à ce que l'on a l'habitude de comprendre sous le nom de chromatine que la substance dans laquelle s'épanouissent les plasmodendrites. Chez B. spinulosum, B. crassum, B. contortum à l'état de repos, cette masse est formée par d'épais cordons disposés parallèle- ment à la direction des plasmodendrites et logés entre eux. L'aspect de la substance qui les constitue est celui d'un caséum. On n'y voit aucune différenciation (fig. 105, 114, 127). Cette substance, qui, nous l'avons vu, se colore au vert de méthyle acétique, et dont la nature nucléinique n'est donc pas douteuse, se montre sur les coupes moins basophile que le cytoplasme. Dans les préparations colorées au fer, elle le conserve moins que le cytoplasme. Elle retient mieux par contre l'éosine ou le vert lumière que l'on superpose à la laque ferrique. Et si l'on fait la double coloration de Prenant, le noyau retient du vert, qui lui donne une teinte lilas pâle, tandis que le cytoplasme ne prend que du rose. Le Mann ne donne aucune différenciation marquée. Chez B. Pruvoti la colorabilité est la même mais la structure est un peu différente. Les cordons longitudinaux sont plus nombreux et plus étroits, mieux individualisés, nettement séparés les uns des autres. Ils sont noueux ou moniliformes, comme segmentés. Ils constituent en quel- que sorte de très gros chromosomes composés de chromomères. Et il en résulte pour le noyau tout entier un aspect moins déconcertant que chez les espèces précédentes (fig. 122). Chez celle-ci la structure propre à B. Pruvoti apparaît aussi, mais seulement lorsque le noyau se prépare à se diviser. La fig. 108 montre un noyau de B. spinulosum dans lequel les gros cordons homogènes se sont décomposés en une série de filaments plus ou moins parallèles, plus fins que ceux de B. Pruvoti, mais comme eux présentant une série de nœuds plus colorables. La faible chromaticité, ou même l'acidophilie du noyau est chose exceptionnelle, mais cependant bien connue. Chez les Protistes nous PÉRIDINIENS PARASITES 213 en trouvons exemple dans le micronucleus des Ciliés. Chez les Aggregata, LÉGER et DuBOSCQ (1909) ont montré qu'il existait dans le noyau du schizonte mûr, un spirême achromatique. C'est le cas pour le noyau de la plupart des ovocytes. Là, comme chez les Aggregata, la substance baso- phile est condensée sur des nucléoles qui, au cours de la sporogénèse ou du développement, la céderont progressivement aux chromosomes. Nucléoles basophiles. — Dans tous le^ no3^aux trophocytaires il existe de grosses masses de forme irrégulière, compactes et très baso- philes. Ce sont les seuls éléme ts vraiment basophiles du noyau. Ils restent toujours très colorés par le fer, et les couleurs d'aniline basiques. Au Mann, ils prennent énergiquement et exclusivement le rose, comme tous les nucléoles ou caryosomes. Disons dès maintenant qu'ils dispa- raissent progressivement au cours des divisions sporogénétiques, tandis qu'augmente parallèlement la basophilie de la nucléine des clu-omosomes. Ils sont une réserve de la substance basophile. Lorsqu'on peut reconnaître leur situation avec précision, on voit qu'ils sont situés le long des plasmodendrites et probablement même à leur intérieur. Centrosombs. Archoplasme. — Ce n'est pas non plus le caractère le moins important de la structure du trophocyte des Blastodinium que l'important développement de leurs centres kinétiques. Dans le noyau au repos, le centre est logé dans l'ombilic polaire. Sa structure qui est complexe se présente assez variable selon les espèces et selon que la division est plus ou moins proche. Il se compose fondamentalement du centrosome et de l'archoplasme. L'aire archoplasmique généralement très étendue et souvent bien différenciée du reste du cytoplasme fournit avec le noyau l'aspect d'une grenade dont elle serait la flamme. C'est chez B. crassum que les centres atteignent leur état de diffé- renciation le plus complet (fig. 114-117). Le centrosome y est représenté par un corps de structure complexe dans lequel on distingue une zone médullaire centrale, granuleuse ou floconneuse et une zone périphérique plus ou moins épaisse, homogène et à surface souvent mamelonnée : c'est la zone corticale. L'une et l'autre sont achromatiques. Tout au plus ^a zone médullaire présente-t-elle à sa périphérie une condensation basophile. Le ou les granules sidéro- philes qui peuvent se trouver en son centre, on nombre d'ailleurs quel- conque, ne se présentent, ni ne fonctionnent comme des centrioles. 214 EDOUARD CHATTON La zone corticale est tout à fait homogène. Son épaisseur est ti'ès variable Sa face externe porte généralement une série de grains ou de flocons semblables à ceux qui constituent la zone médullaire. Il semble que la zone corticale soit un produit do la zone médullaire, une sécrétion à la surface de laquelle seraient entraînés, chaque fois qu'elle se renouvelle, quelques-uns des grains qui constituent la zone corticale. Il y aurait là quelque chose de comparable à ces « phénomènes cycli- ques » que Veydowsky et Mrazek (1903) ont constaté dans le centro- some des œufs de Ehynchelmis, et à ceux que Hartmann (1908) a observé dans le karyosome du centronucleus des Lôschia (= Entamœha) tetragena (Hartmann 1908). Le centrosome est lui-même entouré d'une aire archoplasmique plus ou moins étendue. L'archoplasme se différencie du cytoplasme par une basophilie un peu plus accentuée, une structure homogène et souvent striée radiairement, l'absence d'inclusions et de vacuoles. Souvent, il s'en sépare par une frontière très nette. Mais d'autres fois, cette frontière est imprécise. Ce n'est pas qu'il y ait passage insensible de l'archoplasme au cytoplasme. Mais l'archoplasme, au lieu de former une masse indécise, se fragmente à la périphérie en une infinité de petites enclaves hbres dans le cytojDlasme et qui deviennent d'autant plus rares qu'on s'éloigne plus du centre. Ces enclaves ont une orientation radiaire. Ces différents aspects correspondent à des degrés divers de fluidité et de miscibilité des deux subs- tances cytoplasmique et archoplasmique. De même, les rapports de l'archoplasme a^'-ec le noyau et les plasmo- dendrites sont assez variables. Lorsque la zone archoplasmique est bien délimitée, elle ne semble pas être au contact du noyau. Une mince zone de cytoplasme plus ou moins condensé l'en sépare et dans ce cas les plas- modendrites sont exclusivement de constitution cytoplasmique. Mais lorsque la zone d'archoplasme est diffuse à la périphérie, ses prolongements et ses enclavés s'engagent dans les plasmodendrites. Archoplasme et centrosome ne sont d'ailleurs pas des formations ayant chez les Blastodinium une constante individualité. Ainsi, chez B. Pruvoti, où l'archoplasme est cependant le plus souvent bien développé, le centrosome est fort mal individualisé. Il n'est repré- senté que par des granules plus ou moins régulièrement ordonnés en cercle et qui me paraissent correspondre aux granules que l'on trouve chez B. crassum, à la surface de la zone corticale. J'ai donné (fig. 123) l'image d'un centre de B. Pruvoti, qui me PÉRIDINIEN8 PARASITES 215 paraît particulièrement instructive, et qui n'est d'ailleurs point une exception. Elle montre bien les rapports du centre avec les nucléoles basophiles et les plasmodendrites. On y voit dans une zone archoplas- mique claire, limitée avec beaucoup de précision, une couronne de globes aussi chromatophiles que le cytoplasme, eux-mêmes réunis par une sorte de gangue finement granuleuse dessinant un cercle dans l'archoplasme. Cette gangue granuleuse représente certainement un centrosome diffus. Les grains qui y sont situés équivalent à ceux que nous connaissons dans la zone médullaire et à la surface de la zone corticale dans le centrosome de B. crassum. Certains de ces grains sont nettement plus sidérophiles que les autres, et parmi eux se trouve une grosse masse irrégulière très sidérophile, contenue elle aussi dans la gangue circulaire, et qui se pré- sente exactement comme les nucléoles basophiles du noyau. Son identité avec ceux-ci fait d'autant moins de doute, qu'elle semble avoir été en conti- nuité de substance avec le nucléole intranucléaire situé le long d'un des plasmodendrites. Entre les petits globes sidérophiles centrosomiens et les gros nucléoles basophiles, il n'y a que des différences de masse, d'où relè- vent les différences de colorabiHté, les gros éléments se décolorant moins vite et moins complètement que les petits. Ainsi c'est bien plutôt au système kinétique qu'à la masse chroma- tique elle-même qu'il faudra attribuer, dans l'interprétation du système nucléaire des Blastodinium, les nucléoles chromatiques. Chez B. spinulosum, l'archoplasme est mal délimité par rapport au cytoplasme. Le centrosome, quelquefois très condensé, n'est le plus souvent marqué que par le point de convergence des stries archoplasmiques. Toutes ces variations correspondent à des états physiologiques qu'il était impossible d'analyser par nos moyens. Elles ont été observées chez des parasites fixés en même temps par le même réactif. Les divers réactifs (Subhmé, Flemming, Bouin) produisent d'ailleurs des images tout à fait comparables. DÉFAUT DE POLARITÉ CYTOLOGIQUB. — Connaissant les destinées si différentes des deux moitiés du trophocyte, on s'attend à en trouver, en quelque sorte, l'annonce dans une différenciation structurale des deux énergides qui le constituent. H n'en est rien. Cytoplasme, noyau, centre, tout est rigoureusement semblable dans l'énergide antérieur et dans l'éner- gide postérieur. Dans cette cellule, polarisée morphologiquement et génétiquement, il n'y a pas de polarité cytologique, et cela même chez les espèces comme B. crctssum ou B. contortum, où la scissiparité binaire 216 EDOUARD C H ATT ON n'existe pas, où les divisions du trophocyte ne donnent jamais naissance qu'à des cellules hétérodynames. Divisions. — Je n'ai pu suivre ces divisions sur matériel fixé que chez B. Pruvoti (fig. 122-120). C'est aussi chez cette espèce que je les ai suivies le plus complètement sur le vivant. Mais il manque encore à cette étude la connaissance de plusieurs stades. Et c'est surtout chez B. crassum qu'il y aurait intérêt à la suivi'e, pour se rendre compte de la façon de se comporter des centrosomes, qui, je le rappelle, n'existent qu'à l'état diffus chez B. Pruvoti. Le noyau près de se diviser ne diffère pas sensiblement du noyau au repos, dans lequel les cordons avec leurs segments sont déjà bien indivi- dualisés. Le début de la division est marqué par la scission des centres. Ceux-ci ont d'ailleurs perdu leur structure complexe. Il semble que l'archoplasme étalé dans le cytoplasme comme une amibe à pseudopodes radiés se soit, à la division, condensé en une sphère d'apparence homogène tranchant par son aspect clair sur le fond granuleux et chromatique du cytoplasme. Il est probable, d'ailleurs, que la cause physique de la contraction archo- plasmique est de même nature que celle qui détermine la mise en boule des amibes au moment où celles-ci entrent en division. Cette contraction du centre de division a une autre conséquence : la rétraction complète des plasmodendrites. Les plasmodendrites nous apparaisent bien ainsi comme étant sous la dépendance étroite des centres kinétiques. La structure du noyau, centres contractés et plasmodendrites rétractés est en réalité la structure du noyau des Blastodinimn qui correspond à la structure normale de tout autre noyau au repos. C'est le stade qui succède à la télophase, ou toute trace du fuseau a disparu, où la polarité même du noyau s'est en partie effacée. Les centres, en se scindant, se déplacent. Ils sont attirés vers l'équa- teur du trophocyte en contournant le noyau. La force qui détermine la course d'une des moitiés du centre vers l'équateur du noyau est supé- rieure à celle qui devrait retenir l'autre moitié au pôle. Et ce n'est qu'après avoir suivi le mouvement de la première sur la moitié de son trajet que la seconde reviendra à sa position initiale. Les cordons chromatiques, maintenant particulièrement bien individualisés, sont fortement enche- vêtrés, simulant un spirème. Mais ils sont néanmoins tous plus ou moins nettement orientés vers les centres. PÉBIDINIENS PARASITES 217 Ceux-ci en s'éloignant forment un robuste fuseau où se différenciera ensuite une fibrillation. Ce fuseau est d'abord tendu à la surface du noyau, extérieurement à lui, mais bientôt il en déprimera la surface et s'y enfon- cera comme s'enfoncerait une corde tendue sur une motte de beurre ou sur un bloc de glace. Les deux lèvres du sillon ainsi produit vont se re- joindre et entourer complètement le fuseau qui sera en définitive dans l'axe du noyau. Les tronçons du pseudo-spirème, que nous appellerons simplement les chromosomes, s'orienteront parallèlement aux fibres du fuseau. A un stade plus avancé, ils s'insinueront entre ces fibres devenues consistantes, et dissocieront le fuseau d'abord compact en une gerbe de fibrilles, qui deviendront le squelette, l'axe, ou tout au moins la trace des plasmodendrites. Ces fibrilles sont tendues entre les deux centres qui sont logés dans deux enclaves polaires du noyau. Celui-ci sera bientôt étranglé à son équateur par une série de lames cytoplasmiques qui se confondront en une seule pour former la cloison cytoplasmique équatoriale. Le noyau est revenu en télophase, et s'il s'agit du noyau antérieur du trophocyte, il demeurera à cet état jusqu'à la fin de la période sporogénétique. S'il s'agit du noyau postérieur, une scission cytoplasmique se produira dans la lame équatoriale séparant les deux noyaux fils. Mais avant que cette scission soit achevée, le centre de chacun de ces noyaux se sera déjà divisé et deux nouvelles mitoses s'effectueront suivant le mode que nous venons de décrire dans chacune des cellules -filles. On voit que les images fournies par les coupes corroborent tout ce que nous a fait voir l'examen in vivo. Chez les autres espèces, les phénomènes cytologiques de la division sont tout à fait identiques à ce que nous a montré B. Pruvoti. Chez B. spinulosum et chez B. crassum, la division s'annonce avant toute activité cinétique par la différenciation dans la masse homogène du noyau de filaments correspondant aux cordons du noyau de B. Pruvoti, mais beaucoup plus ténus. Ils présentent également une structure alternée, d'éléments clairs et sombres. Cette différenciation s'accompagne d'une augmentation de chromaticité localisée précisément sur les chromomères sombres des filaments. II. Les Sporocytes. Différenciation de la structure des sporocytes a partir de CELLE du trophocyte. ReTOUR A LA STRUCTURE PÉRIDINIENNE NORMALE. — Lorsqu'on examine une coupe de B. spinulosum ou de B. crassum, 218 EDOUARD CHATTON fixés aux stades moyens de la sporogénèse, ayant par conséquent 16 ou 32 sporocytes, on est frappé du contraste qui existe entre les noyaux de ces éléments et les noyaux du trophocyte, contraste qui est dû surtout à l'individualisation des chromosomes et à leur énergique basophilie dans les sporocytes (fig. 105 et 114). Si, au contraire, on examine des coupes de B. Pruvoti ou de B. contortnm, on voit que les sporocytes des feuillets successifs offrent à partir du trophocj^te tous les degrés dans l'indivi- dualisation des chromosomes et leuj- basophihe (fig. 122 et 127). Chez B. spinulosum et B. crassum, cette transition de l'une à l'autre structure nucléaire peut s'observer aux premiers stades de la sporogénèse. Dans l'ensemble des Blastodinium, la différenciation de la structure du spo- rocyte qui n'est autre chose que le retour à la structure péridi- nienne normale, s'effectue parallèlement à la maturation de cet élé- ment. Suivons cette différenciation chez une forme monoblastique comme B. spinulosum et chez une forme polyblastique comme B. Pruvoti. Nous connaissons les modifications que subissent chez B. spinulosum les noyaux du trophocyte près de se diviser. Je n'ai pas eu de coupes mon- trant cette division ni celle du gonocyte en train de s'effectuer. Mais j'ai eu des images de la division et du noyau au repos dans les sporocytes de stades 1-2 et 1-4. Les cordons nucléaires ont continué de se charger de chromatine, probablement aux dépens des nucléoles chromatiques. Leur structure segmentée s'est effacée. Ils forment de longs et très nombreux et très fins filaments sidérophiles groupés en un écheveau allongé dans la cellule. Toute trace de condensation cytoplasmique autour de ce noyau a disparu. Les filaments, disons maintenant les chromosomes, sont à même le cytoplasme. Aux pôles de cet écheveau on peut observer des auréoles claires, qui correspondent aux centres. Mais il n'y a plus de centrosomes ni d'archoplasme différenciés, ni de plasmodendrites. A ce stade, il se trouve encore parmi eux des nucléoles chromatiques qui ne tarderont pas à disparaître. Leur substance est certainement employée à accroître la charge chromatique des chromosomes, charge qui augmente au fur et à mesure que les divisions se poursuivent. A chaque division, les chromosomes se scindent en leur milieu. Dans les sporocytes, les centres ne sont généralement plus visibles. Cependant, il arrive que leur fuseau se voie parfois très nettement, surtout chez B. crassum. Ceci se produit lorsque les plans des divi- sions successives deviennent perpendiculaires les uns aux autres. On PÉRIDINIENS PARASITES 219 voit alors le fuseau tendu perpendiculairement à la direction des chromosomes qui est celle de la mitose qui vient de s'effectuer. Les divisions se succèdent si rapidement que parfois ces chromosomes ne sont pas encore scindés que déjà les centres ont effectué leur rota- tion de 90°. Dans les derniers sporocytes, les noyaux se sont nettement condensés. Les chromosomes se sont raccourcis et épaissis. Ils ont la forme de bacilles disposés parallèlement côte à côte, très près les uns des autres. Leui baso- philie est maintenant très intense ; par contre, les nucléoles chromatiques ont complètement disparu. Coupés transversalement, c'esfc-à-dire perpendi- culairement à l'axe des chromosomes, ces noyaux se présentent comme des plaques formées de grains juxtaposés. Ces plaques sont toutes comme percées de trous au nombre de un, deux ou trois qui me paraissent corres- pondre à des sortes de piliers cytoplasmiques traversant le noyau de part en part dans le sens de sa longueur, et qui sont par conséquent les équi- valents des plasmodendrites des noyaux du trophocyte. Bien qu'à ces stades, le noyau soit très condensé, il n'y a pas de membrane nucléaire. A peine peut-on distinguer autour de lui une faible condensation du cyto- plasme. Chez B. Pruvoti et B. contortum, la marche des divisions nucléaires et l'acquisition de la structure que nous venons de décrire, s'effec- tuent exactement comme chez les deux espèces étudiées précédem- ment. Mais le passage de la structure nucléaire du trophocyte à la structure des derniers sporocytes se fait d'une manière plus pro- gressive. Ainsi chez une forme triblastique de B. Pruvoti, les sporocytes III, au nombre de 8 par exemple qui montrent encore nettement des centres, ont une structure beaucoup plus semblable à celle du trophocyte que ne l'est la structure des deux, ou des quatre premiers sporocj^es de B. spi- nulosum. Ce sont les sporocytes II qui correspondraient à ces derniers. On y voit encore un ou deux, parfois trois nucléoles chromatiques, dis- posés à la périphérie du noyau. Ce sont seulement les sporocjrtes I qui présentent le noyau condensé des sporocytes de B. spinulosuni au stade 1-32 et avec disparition totale des nucléoles basophiles. Il en est de même chez B. contortum, où le contraste entre les feuillets sporogénétiques est d'autant plus ménagé que ceux-ci sont plus nombreux. 210 EDOUARD CHAT TON Conditions d'existence et parasitisme des Blastodinium Sommaire I. — Action sur l'hôte, p. 220. Castration parasitairo, p. 220. — Inhiliilion de la dornière mue chez le mâle, p. 221. — Abaissement de Ja taille maxiina, p. 221 . II. — Nutrition du parasite, p. 222. Parasitisme cliyliflijuc inanitiant, p. 222. III. — Le pigment assimilatcur. Sa signification, son rôle et son régime, p. 223. Importance phylogéniciue, p. 223. — Rôle actuel du pigment ; nutrition holophytique facultative, p. 224. — Hypothèses relatives au déterminisme des variations de la charge pigmentaire, p. 224. — Le facteur hérédité, p. 225. — Les facteurs bathymétrique et photoehimiq>ie, p. 225. — Le facteur temps ; la sénescence, p. 227. — Les facteurs d'ordre trophique, p. 228. — Antagonisme de l'adaptation para- sitaire et de l'hérédité, p. 229. IV. — La reproduction, p. 230. Caractères, résultats immédiats et globaux de la scissiparité et de la sporogenèse, p. 230. — Equivalence œcologique et génétique du groupe d'espèce grégaire et de l'individu chez l'espèce solitaire, p. 231. — Importance actuelle et signification phylogénique de la sporogenèse et de la scissiparité, p. 233. A l'état où nous les connaissons, les Blastodinium vivent aux dépens des Copépodes qui les hébergent. S'il est aisé d'en faire la preuve en mon- trant le préjudice qu'ils causent à leurs hôtes, il est plus difficile d'élucider le mécanisme de leur nocivité, c'est-à-dire le mécanisme même de leur nutrition. La connaissance préalable du préjudice nous y aidera. C'est _ pourquoi nous l'exposerons tout d'abord, contrairement à l'ordre qu'implique le titre de ce chapitre. I. Action sur l'hote. Castration parasitaire. — Il est d'abord une conséquence tout à fait générale pour le Copépode, de son infestation par un Blastodinium, quelle que soit l'espèce de l'hôte ou du parasite : la castration parasitaire. Chez aucun individu parasité la glande génitale n'arrive à maturité, chez aucun, les conduits évacuateurs des produits sexuels ne se développent. Chez les Copépodes à l'avant-dernier stade et au dernier stade, la gonade est encore à l'état où on la trouve chez les larves indemnes, à 2 et 3 pléo- nites, c'est-à-dire réduite à une ébauche qui ne s'étend pas au delà des limites des 2^"^° et 3^'"^ segments thoraciques, mais où quelquefois le sexe des gonies est cependant reconnaissable. Il arrive souvent aussi qu'elle fasse complètement défaut. Mais contrairement à ce que l'on aurait pu présumer, étant donnée la précocité de l'infestation, qui précède la période de différenciation de l'ébauche g^snitale, et qui précède aussi les trois mues successives qui séparent la larve à 2 pléonites de l'adulte, la castration n'a aucun reten- tissement sur la morphologie de l'hôte, même point sur la structure de PÉRIDINIENS PARASITES 221 la cinquième paire qui diffère notablement, comme l'on sait, chez le mâle et chez la femelle et qui n'apparaît qu'au stade à 3 pléonites. Inhibition de la dernière mue chez le mâle. — Mais il semble qu'elle arrête par contre le développement complet du mâle en inhibant la dernière mue, celle qui sépare le stade à 4, du stade à 5 pléonites, et qui s'accompagne de très importants remaniements morphologiques (struc- ture du 5e périopode gauche qui se complète à 4 articles, écartement des branches de la furca, multiplication des soies sensorielles sur les anten- nules) et anatomiques (prolifération musculaire et régression partielle du tube digestif), dont l'ensemble constitue une véritable métamorphose qui relève des phénomènes généraux d'épitoquie\ Je n'ai jamais rencontré de semblables mâles parasités. On conçoit qu'un Copépode épuisé par son parasite à tel point qu'il ne peut développer sa glande génitale, ne puisse, à plus forte raison, pourvoir aux frais d'énergie que nécessite une refonte complète de son organisation. Mais en somme la castration para- sitaire des Copépodes pélagiques par les Blastodinium, n'aboutit à rien de comparable à cette persistance des caractères embryonnaires que Herrick 1884 a constatée chez les Cyclops infestés de larves de Dis- tomes. La castration est du mode indirect. L'examen des Copépodes parasités par de nombreux et volumineux parasites, comme par exemple les grosses formes de B. contortum, qui dilatent le tube digestif au point que la cavité générale est réduite à un espace virtuel, pourrait de prime abord sug- gérer l'idée que la castration est seulement le fait de la compression de l'ébauche génitale. S'il en était ainsi, elle serait bien plutôt du mode direct. Mais l'observation de parasites moins développés montre que ceux-ci ne peuvent agir mécaniquement sur la glande génitale. Ceci est particu- lièrement évident pour les formes bien tordues de B. contortum qui sont orientées dans le tube digestif, de telle façon qu'elles évitent par leur tor- sion la région génitale (fîg. lxxix, lxxxiv, lxxxv). Abaissement de la taille maxima. — Un autre effet du parasitisme des Blastodinium chez les Copépodes, qui n'apparaît pas à première vue, mais qui me paraît ressortir de ma statistique, est l'abaissement de la taille maxima chez les Copépodes parasités. Je n'ai sur ce point de docu- ments suffisants que pour Paracalanus parvus. Le nombre des autres 1, Je reviendrai à cette intéressante question dans un méinoil'e ultérieur. ?22 EDOUARD CHATTON Copépodes relevés dans la statistique est trop faible pour permettre d'en tirer des indications sérieuses. GiESBRECHT (1892) indique comme limites de la longueur du cépha- lothorax pour la femelle adulte de Paracalanus parvus 600 y. et 720 ij. et pour le mâle 650 ;x et 720 ^u. Or ma statistique ne fait mention, sur près de 400 Copépodes de cette espèce mensurés, d'aucun individu dont le céphalothorax excédait 650 p.. J'ajouterai, seulement à titre d'indication, que chez Clausocalanus arcuicornis ç dont le céphalothorax varie de 850 à 1200 u. de long d'après GiESBRECHT, je n'ai jamais rencontré d'individus dont le céphalothorax excédait 1000 y.. II. Nutrition du parasite. Parasitisme chylipique inanitiant. — Castration parasitaire et tendance au nanisme chez les hôtes des Blastodinium suffisent à prouver que le Péridinien vit aux dépens du Copépode. Mais il ne peut tirer de l'organisme même de ce dernier les éléments de sa nutrition, car aucun appareil absorbant ne le met en relation directe avec lui. Il n'y a même pas contact intime et permanent entre le Blastodinium et l'épithélium intes- tinal de l'hôte. C'est donc uniquement du mélange de substances ingérées et des sucs sécrétés par le Copépode que le Péridinien tire ses nutriments. Peut-être les sucs digestifs de l'hôte n'interviennent-ils dans la nutrition du Blastodinium qu'en solubilisant les substances ingérées. Et il n'est pas certain même que la simple division mécanique, par le coxopodite masticateur, des corps qu'ingurgite le Crustacé, qui sont surtout des algues microscopiques, ne suffise pas, en provoquant la diffusion de leurs substances, à les rendre immédiatement absorbables par le Péri- dinien. La polarité même, polarité morphologique et dynamique, de la cellule initiale, indique que les échanges nutritifs ne se font pas à tous ses niveaux avec une égale intensité. Et c'est, semble-t-il, au pôle antérieur qui est le pôle végétatif du parasite, que ces échanges sont le plus actifs. Ce pôle, surtout chez les formes un peu volumineuses, est toujours bien antérieur à la région zymogène de l'intestin. Mais ceci n'implique nulle- ment que les ferments ne puissent l'atteindre. Ce qui me paraît certain, c'est que la région antérieure du tube digestif est celle d'où le parasite tire la majeure partie de ses nutriments. Une comparaison des Blasto- dinium avec les Apodinium et les Haplozoon est d'ailleurs très instructive à cet égard. La cellule initiale des jiremiers, qui est l'homologue morpho- logique et dynamique des cellules proximale et céphalique des seconds, PËRIDINIEN8 PARASITES 223 en est aussi vraisemblablement l'homologue physiologique. Je dirai plus : dans tous ces cas, c'est la polarité trophique qui a déterminé la polarité djniamique, sinon la polarité morphologique. Je reviendi'ai sur cette importante question en traitant de la sporogénèse itérative à la fin de ce mémoire. Quoiqu'il en soit, si le parasite emprunte quelque chose à son hôte, ce ne peut être qu'une part des substances que secrète l'épithélium intestinal, soit avant qu'elles aient agi sur les ingesta, soit plutôt après qu'elles les ont attaqués. Il détourne ainsi à son profit une bonne part des nutriments du Copépode. Il agit sur lui en l'inanitiant. Le parasitisme des Blasto- dinium est proprement un parasitisme chyliflque inanitiant. III. Le pigment assimilateur. Sa signification, son rôle et son régime. Importance phylogénique. — Dans cet aperçu sur la nutrition des Blastodinium, il est un fait que nous ne devons pas négHger, bien que l'intérêt qui s'y attache soit plutôt d'ordre phylogénique que d'ordre physiologique. C'est l'existence chez eux d'un pigment assimilateur, xantho-chlorophyllien, que seuls, avec le Schizodinium sparsum, ils ont conservé, parmi tous les Péridiniens parasites. On peut en effet affirmer, en toute certitude, croyons-nous, que l'exis- tence de ce pigment est un caractère qui leur reste de leur existence libre, et qui témoigne d'une adaptation parasitaire encore peu prononcée. Outre les faits de notion courante qui nous imposent cette manière de voir et qu'il nous paraît superflu d'exposer ici, nous en trouvons dans notre connaissance même des Péridiniens parasites. De toutes les formes para- sites, les Blastodinium et Schizodinium sparsum, c'est-à-dire celles qui ne prennent point contact immédiat avec l'hôte et ne tirent pas directement de sa substance les matériaux de leur nutrition, sont les seuls qui pré- sentent encore un système pigmentaire plus ou moins développé. Celui-ci fait par contre complètement défaut chez les formes munies de rhizoïdes absorbants {Oodiniiim, Apodinium, Haplozoon) ou chez les formes para- sites de la cavité générale ou du cytoplasme {Syrulinium Paradinium, Trypanodinium, Chyiriodinium). Dans le genre Blastodinium même, ce sont les formes qui par d'autres caractères apparaissent comme le plus éloignées du type originel, qui sont le plus complètement décolorées {B. inoniatum, B. Fruvoti, B. hyaliiium). Et dans l'ontogénie d'un même individu, les éléments les plus éloignés de la forme libre sont toujours 224 EDOUARD CHATTON les moins pigmentés (dépigmentation du trophocyte et des feuillets cen- traux chez les formes polyblastiques). Rôle actuel du pigment. Nutrition holophytique facultative. — Mais tout en considérant le pigment des Blastodinium comme un ves- tige historique, nous devons nous demander s'il ne joue plus aucun rôle actuel. La question ne peut se traiter, dans l'état de nos connaissances, que par déductions, toute base expérimentale nous faisant défaut. Il est un fait certain : chez toutes les espèces de Blastodinium, il y a des individus qui non seulement ne possèdent pas de pigment, mais qui n'ont même plus le substratum de ce pigment, le réseau chromoplastique. Bien plus, il semble, tant d'après mes observations personnelles, que d'après celle d'ApsTEiN (1911, v. p. 200) dans la mer du Nord, que l'une des formes du genre : B. hyalinum, soit toujours complètement incolore. Le pigment n'est donc pas indispensable à la vie, des Blastodinium. Peut-on conclure de là que, lorsqu'il existe, le pigment n'est plus fonc- tionnel ? Je ne le pense pas. J'ai insisté dans l'étude des espèces sur la relation qu'il y avait entre la charge pigmentaire des individus et leur charge en inclusions ternaires, et sur la répartition semblable dans le corps cellulaire des unes et des autres. Sur les coupes d'individus fixés aux liquides osmiques, nous avons retrouvé les globes de graisses dans les mailles du réseau chromoplastique. On ne peut donc guère mettre en doute que le pigment fonctionne chez les Blastodinium, comme il fonc- tionne chez tous les Péridiniens libres à nutrition holophytique. Mais il n'est pas pour ceux-là comme pour ceux-ci nécessité vitale. Hypothèses relatives au déterminisme des variations de la CHARGE PIGMENTAIRE. — A quelles causcs peut-on attribuer les varia- tions si considérables que l'on constate chez une même espèce dans la charge pigmentaire ? Là encore nous en sommes réduits à des conjectures. Il faut envisager non seulement le cas des espèces {B. spinulosum, B. crassiLm, B. Mangini, B. navicula, B. elongatum), où les individus se dépigmentent également dans toute leur étendue, mais encore celui des espèces, où la dépigmentation se fait d'une manière inégale dans les diverses régions d'un même parasite. Il s'agit ici surtout des formes polyblastiques de B. Pruvoti, B. ovijorme et B. contortum. Rappelons que la dépigmentation s'y produit d'avant en arrière et du centre vers la périphérie. Parmi les hypothèses que l'on peut formuler pour tenter d'expliquer ces variations de la pigmentation, nous considérerons comme les plus plau- PÊRIDINIENS PABÂSITES 225 sibles celles qui conviendront à la fois aux deux cas que nous venons de distinguer. 1^ Le FACTEUR HÉRÉDITÉ. — Le degré de pigmentation est un caractère héréditaire dont les variations ne sont sensibles qu'à travers toute une série de générations. Les formes pigmen- tées à des degrés variés appartiennent à autant de races dont l'adaptation au parasitisme est plus ou moins accusée. Remarquons de suite que cette hypothèse ne peut expliquer le méca- nisme de la variation de la charge pigmentaire, et donne au contraire celle-ci comme indépendante dans une certaine mesure des conditions qu'offrent au païasite l'hôte (chimisme intestinal) et le milieu où vit ce dernier (éclairement). Faisant appel à l'hérédité, elle ne peut que nous écarter de la recherche des causes de la variation et que nous conduire à la notion de la fixation de ces variations. Et c'est à ce seul titre que nous la retiendrons. Nous pensons que l'hérédité a joué un rôle dans la différenciation de formes décolorées, telles que B. inornatum, ou B. hyalinum, à partir de leurs formes souches : B. crassum et B. contortum. Mais ce rôle est d'autant plus difficile à préciser que nous ne savons rien de la sexualité chez les Blasto- dinium. J'admettrais volontiers que la fécondation ne peut se faire entre dinospores ou gamètes très inégalement pigmentés, dont le mode de nutri- tion et par conséquent le mode de conservation, et la durée de résistance dans le milieu extérieur doivent être très différents. 20 Les FACTEURS BATHYMÉTRIQUE ET PHOTOCHIMIQUE. — Le degré de pigmentation est en relation avec la profondeur à laquelle vivent les Copépodes, c'est-à-dire avec l'intensité d'éclaire- ment du milieu. Les Copépodes à Blastodinium dépigmentés sont des individus récemment émigrés de la profondeur vers la surface. C'est cette hypothèse qui tout d'abord m'avait séduit. Il était en effet naturel de penser que chez des Copépodes ayant séjourné pendant plu- sieurs jours dans la zone obscure au-dessous de 200 mètres, ou dans la zone demi-obscure, les Blastodinium avaient pu se décolorer. Le moyen le plus propre à contrôler cette hypothèse eût été de faire deux séries de pêches, les unes en surface et les autres en profondeur et d'établir pour les Blastodinium qui pouvaient s'y trouver, l'indice de pigmentation. Ce procédé qui vaudrait d'être essayé dans une station comme Villefranche, où de grands fonds avoisinent immédiatement la côte, Arch. de Zool. Kxp. et Gén. — T. 59. — 1'. 1. 15 226 EDOUARD CHAT TON n'a pu être mis en pratique à Banyuls, à cause de l'étendue du plateau continental (v. p. 14). Et j)our que l'on pût prendre en considération les résultats fournis, il eût fallu qu'ils portassent sur de nombreux indi- vidus, afin d'annuler l'erreur due au mélange des faunes superficielles et profondes, et à la lenteur probable de la dépigmentation. J'ai déjà dit que, dans les quelques pêches que j'ai faites moi-même entre 30 et 50 mètres, aussi bien que dans celles qui ont été effectuées à bord du Rolaïul durant la campagne bathypélagique de 1909, par 800- 900 mètres, au large du cap Creux et du cap Saint-Sébastien, mes espèces à Blastodiniwn n'étaient représentées que par de rares individus. Ils étaient à peu près absents des pêches bathypélagiques, et comme dans ces opérations, nous n'avions pas employé de filet à obturation, nous ne savions pas de quel niveau ils provenaient. En tous cas, le nombre même des Copépodes ainsi capturés n'était nullement en rapport avec le nombre des formes incolores que l'on pêche en surface. J'ai donc tenté d'user de procédés d'enquête plus indirects. J'ai voulu essayer de me faire une idée de la rapidité avec laquelle s'effectuait la dépigmentation en l'absence de lumière. J'ai placé des Paracalanus avec divers Blastodinium colorés (B. crassum, B. sjnnu- losum, B. contortum) dans de petits cristallisoirs à l'abri de toute radiation lumineuse. L'expérience ne fut pas favorable à rh3rpothèse. Chez ceux qui purent être conservés le plus longtemps, quatre-vingt-seize heures, la coloration n'a pas baissé, mais le réseau pigmentaire s'est rétracté et condensé par places, le cytoplasme lui-même s'étant vacuohsé. Il faut reconnaître que ce sont là des conditions d'expérimentation peu favo- rables. Il ne semble pas d'ailleurs que l'étiolement se produise aussi rapide- ment chez les unicellulaires que chez les végétaux supérieurs. Halo- phœra viridis est l'un des principaux constituants de la « Schattenflora » de ScHiMPER, qui flotte entre 50 et 200 mètres. Elle y conserve sa chlorophylle, comme en pleine lumière. Mais, somme toute, nous ne savons pas si un séjour prolongé des Copé- podes à Blastodinium dans les eaux profondes ne peut pas entraîner dans une certaine mesure leur dépigmentation. Ce que nous pouvons dire c'est que ce n'est pas là le facteur unique, ni même le facteur essentiel de l'étio- lement. Ce qui le prouve bien c'est le cas des formes à dépigmentation inégale, surtout de celles où la dépigmentation se produit d'avant en arrière, car dans le cas des formes à dépigmentation centripète l'on pour- PÉEWINIENS PARAtitTEl^ 221 rait voir encore dans la répartition du pigment l'effet de l'éclairement : Le trophocyte et les feuillets qu'il produit, protégés contre les radiations lumineuses par l'écran que constituent les feuillets périphériques pig- mentés, s'étioleraient. Un tel Blastodinium serait comparable à ce point de vue à ces feuilles où la chlorophylle n'existe qucdans le parenchyme périphérique. Mais il faut reconnaître que l'écran fourni par les feuillets sporogénétiques superficiels paraît bien faible ; il est de plus presque toujours incomplet. Au surplus, nous verrons que la dépigmentation centrale est susceptible d'une autre interprétation. 30 Le facteur temps. La sénescence. — Le degré de pig- mentation est fonction de l'âge du parasite. Les parasites dépigmentés sont ceux qui sont établis depuis longtemps chez leur hôte, où ils ont produit de nombreuses poussées sporogénétiques. La dépigmentation est un signe de sénes- cence. En faveur de cette hypothèse on peut faire valoir : tout d'abord que la dégénérescence s'accompagne le plus souvent d'étiolement ; que les formes volumineuses sont plus souvent décolorées que les autres ; que les formes polyblastiques ont un indice de pigmentation plus faible que les formes monoblastiques et qu'enfin chez les formes polyblastiques, le trophocyte et les feuillets centraux sont toujours moins colorés que les feuillets périphériques. Ces trois derniers arguments sont d'ailleurs intimement liéô les uns aux autres. L'étiolement des formes sénescentes montrerait à lui seul que la charge pigmentaire peut varier avec l'âge du parasite. Mais que l'âge soit le facteur principal, qu'il soit même un facteur important de l'étiolement. nous ne le pensons pas. En voici une raison péremptoire : parmi les formes jeunes, parasites de Copépodes à deux ou trois pléonites, il y a à peu près autant de formes incolores que chez les Blastodinium de Copépodes adultes, Quant aux différences notables que l'on relève dans la pigmentation entre les petites et les grosses espèces, entre les espèces monoblastiques et les espèces polyblastiques, entre les stades monoblastiques et poly- blastiques d'une même espèce, et, chez ces derniers, entre les feuillets centraux et périphériques, elles peuvent être tout aussi bien le fait de conditions trophiques ou éthologiques, que le fait de l'âge du parasite. Le cas des parasites à dépigmentation centrale mérite d'être examiné avec quelque attention. En présence du dégradé pigmentaire qu'offrent de la périphérie vers 228 EDOUARD CHATTON le centre les formes polyblastiques, on peut être tenté de penser qu'au fur et à mesure que le parasite sporule, le pigment va se raréfiant parce qu'il s'accroît proportionnellement moins vite que le cytoplasme. Les cellules- filles du trophocjrfce, et celles des sporocytes contiennent moins de pigment que leur cellule-mère. Les cellules-mères successives en con- tiennent de moins en moins, et les différences vont s'accentuant encore entre les feuillets successifs, de sorte qu'au cours de son évolution, un Blastodinium contortum par exemple, entièrement pigmenté jusqu'aux stades triblastiques, passera par une série de stades à 4 et 5 feuillets, où les feuillets centraux seront décolorés et aboutira enfin à des stades ayant le même nombre ou un nombre supérieur de feuillets, tous incolores. Il est facile dans un petit nombre de pêches de trouver tous les individus nécessaires à la construction d'une semblable série. Mais rien ne peut actuellement prouver qu'une telle opération rende compte de ce qui se passe dans la nature. Et chez les formes à décoloration centrale, l'on peut tout aussi bien attribuer la charge pigmentaire des feuillets périphériques à une jDroduc- tion de pigment concomitante de la maturation des spores qu'à une raréfaction du pigment, conséquence du travail sporogénétique. Nous reviendrons à cette hypothèse un peu plus loin. Pour l'instant, constatons que l'on ne peut mettre sur le compte de la sénescence le fait de la dépigmentation du pôle antérieur, fréquente chez B. coîitortum et B. Prtwoti. D'ailleurs aucune des hypothèses que nous avons émises jusqu'ici ne nous a permis d'interpréter ce fait. Nous ne le pourrons qu'en faisant intei- venir le mode de nutrition du parasite considéré dans ses rapports avec la situation du Blastodinium dans l'esto- mac du Copépode. 4P Les facteurs d'ordre trophjqub. — Dans le paragraphe de ce chapitre que j'ai consacré à la nutrition des Blastodiyiium, j'ai émis l'idée que le travail d'absorption et d'assimilation se faisait surtout au niveau du pôle antérieur du trophocyte et que la polarisation génétique de la cellule initiale était, comme cela apparaît de la manière la plus évidente chez les formes à système absorbant, conséquence de cette activité trophique unipolaire. Cette polarisation de la cellule initiale a aussi une expression physio- logique qui est la dépigmentation fréquente du pôle antérieur. Et cette dépigmentation présente ceci de particulier, qu'elle ne se produit que chez les formes polyblastiques, et dans une même espèce chez celles de ces PËBWINIENS PABASITES 229 formes qui sont le plus développées {B. contortum, B. Pruvoti, B. oviforme), c'est-à-dire chez celles dont la nutrition est la pins intense. Il est à remar- quer que chez ces gros parasites qui dilatent et obstruent complètement le tube intestinal, la surface d'absorption est précisément réduite au pôle antérieur qui seul est au contact de la masse des ingesta. Il apparaît ainsi que la dépigmentation se produit là où le travail d'absorption est le plus actif, ceci chez le trophocyte aussi bien que dans le parenchyme des sporocytes. Ce fait n'a d'ailleurs rien qui puisse étonner. C'est un phénomène tout à fait général que là où la nutrition saprophytique ou parasitaire, qui met à la portée de la cellule des produits organiques tout élaborés, se substitue à la nutrition holophytique, le pigment assimilateur agent d'une synthèse devenue superflue, disparaît. Chez un Blastodinium contor- tum volumineux, le pôle antérieur qui trouve à son contact d'abondants matériaux organiques vit en saprophyte et se décolore. Les régions médianes et postérieures, moins abondamment nourries, suppléent à l'insuffisance de l'aliment organique par la synthèse xantho-chloro- phyllienne. On ne manquera pas d'opposer à cette hypothèse le cas des formes à dépigmentation centrale. Si l'on tient pour vraisemblable que la nutri- tion organique a pour conséquence la dépigmentation, comment expli- quer que ce soient précisément les éléments centraux, ceux que l'élément organique atteint le plus difficilement, qui sont décolorés ? Nous pourrions d'abord répondre à l'objection en faisant appel aux deux hypothèses que nous avons déjà émises pour expliquer le fait de la dépigmentation centrale : l'étiolement dû, d'une part, à l'existence de l'écran pigmentaire périphérique et, d'autre part, à la sénescence. Ce sont là des facteurs purement actuels, qui peuvent n'être pas sans importance. Mais nous devons envisager aussi l'influence de l'hérédité qui, à la longue, fixe et additionne les effets subis par l'être au cours de son évolution. Antagonisme de l'adaptation parasitaire et de l'hérédité. — Au point de vue de la forme, du mode de vie et du chimisme trophique, un Blastodinium peut être décomposé en deux tronçons qui se comportent vis-à-vis de l'hérédité comme deux organismes distincts : la forme para- site qui est le trophocyte et la forme libre qui est la dinospore. Les effets de l'existence parasitaire s'exercent surtout sur le tropho- cyte; la dinospore sans y échapper complètement y est soustraite pendant toute son existence libre. Primitivement, trophocyte et dinospore sont 230 EDOUARD CÎIATTON pigmentés, mais le trophismo parasitairo du trophocyte entraîne sa déco- loration, tandis que le mode d'existence lil)re de la dinospore tend à lui conserver son pigment. Chez le Blastodinium, tel qu'il se présente dans le tube digestif, avec son trophocyte et ses feuillets de sporocytes, on assist? à l'antagonisme dxi chimisme nouveau du trophocyte avec le chimisme ancestral de la dinospore, celui-là tendant à gagner sur celui-ci. Les sporocytes des feuillets centraux, récemment produits par le tro- phocyte se comportent comme ce dernier, mais au fur et à mesure qu'ils évoluent vers la forme libre, ils reviennent à la nutrition holophytique primitive et reforment leur pigment ou en accroissent la masse. Il est des individus, et probablement des lignées d'individus, chez lesquels l'adaptation parasitaire a dépassé la phase d'antagonisme entre le régime libre et le régime parasite, où celui-ci est si bien établi que les dinospores issues d'un trophocyte complètement décoloré, privé du sub- stratum même du pigment, n'ont plus les éléments nécessaires à son élaboration. Il y a, au contraire, d'autres individus ou d'autres lignées qui, comp- tant derrière eux moins de générations parasites, ont encore conservé, même chez leur trophocyte, le pigment et le régime de l'ancêtre libre. Cette hypothèse ne doit pas dans mon esprit éliminer toute influence des facteurs actuels. J'incline à penser que les formes dépigmentées appartenant à des espèces normalement très pigmentées, formes chez lesquels le réseau chromoplastique est bien développé, peuvent s'être étiolées sous l'influence d'un des facteurs actuels que nous avons examinés. Par contre, on ne peut s'empêcher d'attribuer un rôle à l'hérédité dans la différenciation et la fixation de variétés ou d'espèces incolores, où la dépigmentation est liée d'une manière constante <à d'autres caractères que la morphologie nous fait considérer comme adaptatifs (redressement du galbe chez B. hyalinum, disparition de la crête hélicoïdale chez B. inor- natum, B. oviforme, B. Pruvoti). Rappelons encore que la dépigmentation est particulièrement accusée chez les espèces jjolyblastiques, qui, nous allons le montrer, doivent être considérées comme plus étroitement adaptées au parasitisme que les espèces monoblastiques. iv. l.\ reproduction. Caractères, résultats immédiats et globaux de la scissiparité ET de la sporogénèse. — La reproduction des BlaHodiniMm comporte un mode existant chez toutes les espèces qui est la condition essentielle PÉRIDINIENS PARASITES 231 de leur expansion à l'extérieur et par conséquent de leur persistance : la sporulation ; et un autre mode, moins général qui fait défaut chez un petit nombre d'espèces, les espèces dites solitaires {B. crassum, B. con- tortum) ou qui peut faire accidentellement défaut chez les espèces gré- gaires {B. oviforme, B. Mangini), mode qui n'est point une condition nécessaire d'existence de l'espèce, mais qui multiplie le nombre d'individus dans l'hôte et par conséquent aussi le nombre des dinospores mises en liberté : la scissiparité. Quoiqu'en dernière analyse le résultat de la scissiparité soit une augmentation du nombre des dinospores, éléments d'expansion exté- rieure, les deux modes : sporulation et scissiparité, sont quant à leurs résultats immédiats, parfaitement distincts. Jamais en effet la sporogénèse ne concourt à la multiplication du parasite dans l'hôte. Le sporocyte tel qu'il se présente à la rupture du feuillet externe est un élément immature qui n'acquiert sa forme et son équilibre parfaits qu'à l'extérieiu", et ne peut en aucun des cas qui nous sont connus germer en un nouvel individu dans le tube digestif de l'hôte où il vient de se former. Il est même permis de penser qu'une conjugaison entre ces dinospores est nécessaire et que seul le zygote qui en est issu est capable de se déve- lopper en un nouvel élément végétatif. Inversement nous n'avons jamais vu la scissiparité produire d'élé- ments capables de quitter le canal intestinal du Copépode et de s'établir chez un nouvel hôte. Elle produit des individus déjà volumineux que l'hôte ne peut expulser, et qui sporulent chacun pour leur compte. Nous savons que c'est toujours à la multiplication scissipare d'un parasite initial unique que sont dus les groupes d'individus chez les espèces grégaires et que cette multiplication suit une marche sensiblement dicho- tomique, de telle sorte que tous les parasites sont à peu près au même degré de développement. Equivalence (eco"l.ogiqtte et génétique du groupe d'espèce GRÉGAIRE ET DE l'iNDIVIDU d'eSPÈCE SOLITAIRE. — Au point de VUe morphologique, l'individu d'espèce grégaire est l'homologue de l'individu d'espèce solitaire. Mais au point de vue œcologique et génétique, c'est le groupe tout entier d'espèce grégaire qui est à comparer à l'unique individu d'espèce solitaire. Celui-ci vaut celui-là, tant par le parti qu'il tire de son hôte et l'action qu'il exerce sur lui, que par son pouvoir d'ex- pansion à rextérieur. A considérer l'ensemble des espèces du genre, 232 EDOUARD CHATTON nous constatons en effet qu'il y a balancement d'une part entre le nombre des individus et leur volume, et entre leur nombre et leur rendement sporogénétique d'autre part. Nous savons déjà que dans une même espèce le volume des individus varie en raison inverse de leur nombre. (V. B. spinulosum, p. 114 et 117, B. craf^sum, p. 133, B. ovifonne, p. 139.) Ceci reste vrai lorsque l'on compare toutes choses égales d'ailleurs, les espèces les unes aux autres. Chez Paracalanus parvus'^ B. spinulosum > ^ mesure au maximum 200 ;;. sur 30 \j.. B. crassum aoMt {lire — — 300;j. fcur 100^,. B. cow/oriwm solitaire — — 450 [a sur 120 [j,. Chez Clavsocalanus arcuicarnis B. spinulosuîn >XX mesure au maximum 250 ;j. sur 50;;,. B.inornatum sol. — — 425 jj. sur 150;;.. B.PruvotîIII — — 350;;. sur 70;;,. B. contortîun solitsiire — — 700;;, sur 120;;,. Pour ce qui est du rendement sporogénétique, nous avons déjà vu que dans une même espèce, à scissiparité facultative, B. oviforme, les formes grégaires restent toujours monoblastiques, tandis que les formes solitaires deviennent di- ettriblastiques. Les espèces grégaires sont toutes, à l'exception de B. Pruvoti, monoblastiques, ou très transitoirement diblas- tiques {B. Mangini). Encore faut-il remarquer que B. Pruvoti est parasite de Copépodes de grande taille, que chez lui le nombre des individus n'excède jamais 5, et que, d'autre part, il ne dépasse pas le stade triblastique. Des deux espèces solitaires B. crassum et B. contorium, la première est monoblastique, mais forme deux fois plus de sporocytes que sa très proche parente B. spinulosum. B. contorium est par excellence l'espèce polyblas- tique à période courte, présentant jusqu'à 7 poussées emboîtées. Le rende- ment sporogénétique supérieur des formes polyblastiques s'aflfîrme par le nombre élevé des sporocytes produits à chaque poussée et par la suc- cession rapide des poussées, c'est-à-dire par la courte durée de la période. Ce dernier facteur est, nous l'avons vu, difficile à apprécier. Nous avons cependant de bonnes raisons de penser que chez B. contorium la période est plus courte que chez les autres espèces. 1, Le nombre on cxpos.-^ut j-oinain est celui 4^» iiulivldus dans li^ groupe che? le? espèct\« grégairt.s. PÉBWINIENS PARASITES 233 Importance actuelle et signification phylogénique de la SPOROGÉNÈSE ET DE LA SCISSIPARITE. — Ainsi la scissiparito ne paraît procurer aux formes qui la possèdent aucun avantage marqué sur les formes solitaires. Elle les met à certains égards en état d'infériorité vis- à-vis de ces dernières. Si4a pluralité des parasites paraît propre à accroître l'intensité des échanges nutritifs par l'augmentation de la surface d'absorption, elle a, par contre, l'inconvénient de créer entre les individus un conflit de croissance qui aboutit à une réduction de la taille et peut-être du nombre des spores, et chez certaines espèces {B. ovijorme) à l'inhibition complète du développement pour l'un des parasites. Elle ne permet pas l'utilisation maxima de l'espace stomacal, comme c'est le cas pour le parasite solitaire. Et en fait, nous constatons que de toutes les espèces que nous avons étudiées, c'est B. contortum, l'espèce solitaire et polyblastique par excel- lence, qui offre actuellement la plus grande extension. La scissiparité, dont le bénéfice pour l'espèce apparaît ainsi très contes- table, est-elle une adaptation des Blastodinium au parasitisme, autre- ment dit une conséquence du parasitisme favorable à l'existence de l'espèce ? A vouloir n'en juger que du point de vue finaliste, l'on devrait se borner à penser que si adaptation il y a, elle est encore bien imparfaite. Mais nous avons pour l'examen de cette question un critérium plus sûr, qui est la comparaison du cycle des Blastodinium, d'une part à celui des autres Péridiniens parasites, d'autre part à celui des Péridiniens libres. Nous ne pouvons faire ici cette comparaison par le détail. Elle nécessite la connaissance de tous les Péridiniens parasites et de leurs rapports avec les Péridiniens libres ; elle a sa place dans les chapitres généraux que terminent ce mémoire. Nous y montrerons que la scissiparité des Blastodinium est l'équi- valent de la scissiparité des Péridiniens libres, qui est chez eux le mode le plus répandu, et pour beaucoup, semble-t-il, le mode unique de multipli- cation. Nous verrons que, chez les parasites, elle cède le pas à la sporu- lation, moyen d'expansion beaucoup plus puissant. Mais il se vérifiera en général, ce qui résulte déjà avec certitude de l'étude des Blastodinium : que la sporogénèse des Péridiniens ne diffère par rien de fondamental de la scissiparité, qu'elle en est directement dérivée, et que, sous sa forme la plus simple, elle se confond avec elle. Elle n'est qu'une scissiparité répétée. H apparaîtra ainsi, ce qui seul nous importe ici, que la scissiparité est chez les Blastodinium un caractère paléogénétique, ce qui se trouve 234 EDOUARD CHATTON d'ailleurs corroboré par ce fait que l'espèce qui la présente au plus haut degré est aussi celle qui, par ailleurs, a conservé la morphologie ancestrale la plus nette : B. spinulosum. Chez toutes les espèces où elle existe, elle n'a de limites que celles qu'impose au parasite le volume stomacal de l'hôte. Mais il semble que chez la plupart d'entre elles, même chez B. spinulosum,, elle ait actuel- lement tendance à se restreindre, bien au-dessous de ces limites, à la production d'un petit nombre d'individus, ce dont témoignent la fré- quence et la prédominance des groupements 3 et 4 chez toutes les espèces. Des remarques analogues peuvent être faites en ce qui concerne la sporogénèse. Chez les formes où celle-ci est poussée à son maximum {B. co7itortum, formes solitaires de B. oviforme), elle n'a, elle aussi, d'autres limites que le volume stomacal. Chez celles où la scissiparité est encore trè; fréquente, la sporogénèse n'atteint pas son maximum possible (B. spinulosum, B. navicula, B. Mangi7ii).Vn cas intermédiaire nous est fourni par B. Pruvoti qui joint à une scissiparité réduite une sporogénèse déjà fort développée. Dans le même ordre d'idées, il importe de remarquer que chez les formes à scissiparité étendue, celle-ci se poursuit jusqu'à une période avancée de l'évolution. Chez les formes à sporogénèse étendue, au contraire, la scissiparité ne se produit plus qu'à une période plus reculée : chez les formes polyblastiques elle ne dépasse pas les stades monoblastiques {B. Pruvoti, B. Mangini, B. contortum). L'existence exceptionnelle d'une scissiparité chez les formes nor- malement solitaires me paraît indiquer que celles-ci ont traversé dans leur histoire une période où la scissiparité y était de règle. La suppression anormale de la scissiparité chez les formes habituellement grégaires {B. Mangini), mais qui sont, il convient de le dire, des formes à scissiparité atténuée {B. Mangini, B. oviforme), nous montre comment pourra s'établir chez ces espèces la condition sohtaire. Ainsi, trouvons-nous, dans notre connaissance même des Blastodi- nium, de bonnes raisons de considérer la scissiparité comme le mode primitif de reproduction, la sporogénèse comme le mode secondaire, dérivé du premier, et développé à des degrés divers dans la série des Blastodinium que nous connaissons. Cette notion nous sera d'un pré- cieux secours dans la recherche des affinités et de la filiation des espèces. PÊRIDINIENS PARASITES 235 Relations des espèces entre elles Sommaire ^ Le groupe spinulosum, p. 235. — Isolement des espèces n'appartenant pas au groupe spinulosum, p. 236. Groupe spinulosum, p. 236. ^ A. Critères du degré d'adaptation parasitaire, p. 236. Valeur morphologique et signification phylogénique de la crête hélicoïdale, p. 236. — Accord des cri- tères morphologique, physiologique et génétique de l'adaptation parasitaire, p. 238. B. Critères du degré de différenciation des espèces et de leur autonomie, p. 239. — Variabilité des carac- tères ; hypothèse uniciste, p. 239. — Arguments contre l'hypothèse uniciste, p. 240. B. spinulosum et B. crassum s. lat., p. 241. 1° Chez Paracalanus parvus : La scissiparité binaire et le conflit de croissance comme facteurs de différen- ciation. Hypothèse de l'unité spécifique, p. 241. — Contrôle objectif de l'hypothèse imiciste, p. 242. — L'hiatus spinulosum-crassum ; sa signification, p. 243. — Importance des différences morpholo- giques, p. 244. — ■ Interprétation de la scissiparité accidentelle de B. crassum, p. 245. — Importance des stades solitaires, p. 245. 2° Chez les Clatisocalanus : Caractères, p. 246. — Inexistence du hiatus spinulosum crassum ; formes inter- médiaires, p. 247. B. Mangini, B. Mangini 07icaae, B. naincula et B. elongatum, p. 248. B. contortum et jB. cotûortum. hyalinum, p. 249. — Isolement dans le mer du Nord de B. hyalinum et de B. contortum, p. 250. Quelques conjectures relatives à la distribution et à l'origine géographique des Blastodinium, p. 251. Au cours de l'étude des espèces et variétés du genre, nous avons comparé, surtout du point morphologique, chaque caractère aux carac- tères homologues des autres espèces, et indiqué les limites de leur varia- bihté. Dans le chapitre qui précède nous avons cru pouvoir saisir la signi- fication phylogénique de certains caractères d'ordre physiologique et génétique, tels que la charge pigmentaire, l'importance relative de la scissiparité et de la sporogénèse dans le cycle évolutif. Ce sont ces docu- ments qui nous serviront maintenant à nous faire une idée des liens de parenté de ces espèces, et pour celles qui entre elles en offrent de mani- festes, une idée de leur filiation. Nous apprécierons par là-même, dans une certaine mesure, la valeur des coupures que nous avons établies. Le groupe spinulosum. — Des onze formes de Blastodinium dont la description précède, cinq ont en commun les caractères sui- vants : 1° La forme en navette, à pôles bien différenciés, l'antérieur arrondi, le postérieur aigu, à incurvation dorso-ventrale bien marquée. 2° Le trophocyte à scission submédiane et subtransversale, d'où sa situation antérieure, par rapport à la masse des sporocytes. 3<^ La présence de sillons sur le trophocyte et d'une crête hélicoïdale de spinules sur la coque, plus ou moins complète, au moins chez les formes jeunes. 236 EDOUARD CHATTON parasites des Calanidae. B. spinulosum B. crassum B. inomatum B. Pruvoti B. ovi forme. . . . parasite des Cyclopidae. Ils tiennent de leurs caractères un air de famille particulièrement manifeste aux stades jeunes, tel que ceux-ci sont souvent difficiles à différencier les uns des autres. Pour la commodité du langage nous appellerons ce groupe de formes comparable aux groupes d'espèces qu'ont établi les taxonomistes dans les genres nombreux de Péridiniens libres : groupe spinulosum. Isolement des espèces n'appartenant pas au groupe spinulosum. — Des six Blastodinium restants, nous séparerons de suite B. contortum et B. contortum hyalinum, parasites des Calanidae, dont la torsioil hélicoïdale très accentuée dès les premiers stades du développement, témoigne qu'ils tirent origine d'une souche qui leur est propre. Il nous reste alors quatre espèces qui ont en commun : La polarité atténuée par l'arrondissement du pôle postérieur ; La tendance à la symétrie axiale par le redressement des galbes ; L'absence de crête hélicoïdale. Ce sont : B. Mangini j B. Mangini oncaae \ parasites des Corycoeidae. B. 7iavicula ] B. elongutiuii parasite d'un Calanidae. Mais aucun de ces caractères n'implique une communauté d'origine, entre les espèces qui les présentent, comme le fait par exemple, à notre avis, l'existence de la crête hélicoïdale chez les formes du groupe spinu- losum. Nous ne réunirons donc pas ces espèces en un groupe analogue à ce dernier. C'est celui-ci qui sera par conséquent de beaucoup le plus intéressant à examiner au point de vue de la filiation et de la différenciation des formes. GROUPE spinulosum A. Critères du degré d'adaptation parasitaire. Valeur morphologique et signification physiologique de la CRÊTE hélicoïdale. — Dcs ciuq formes qui constituent le groupe, B. spinulosum est la seuje à présenter d'une manière constante une crête PÊRIDINIENS PARASITES 237, hélicoïdale sur sa coque. Chez B. crassum type, la crête hélicoïdale est aussi toujours présente, mais chez la variété inornatum, elle fait plus ou moins complètement défaut aux stades jeunes et ne se retrouve plus aux stades avancés. Il en est de même chez B. Pruvoti, où on ne la rencontre qu'à l'état de vestiges aux tout jeunes stades solitaires. Chez B. ovijonne, la crête hélicoïdale est généralement présente chez les formes grégaires, et aux stades monoblastiques des formes solitaires ; mais elle est souvent réduite à l'hélice antérieure. On ne la retrouve plus aux stades polyblastiques des formes solitaires. La crête hélicoïdale est-elle un caractère ancestral, ou, au contraire, une néoformation dont le rôle serait, étant donnée la disparition des spi- nules, de retenir le parasite dans la cavité intestinale de l'hôte ? Ce rôle, il faut le dire, est plus apparent que réel. Les spinules ne sont douées que d'une faible résistance, et chez aucun des Blastodinium connus nous ne leur trouvons de tendance à se renforcer. Nous voyons qu'au contraire chez les formes qui, par d'autres caractères, se révèlent comme les plus évolués dans le sens parasitaire, elles font plus ou moins complète- ment défaut, au moins aux stades avancés {B. contortum, B. Pruvoti, B. ovi forme). Et même aurions-nous constaté qu'elles jouent dans la rétention du parasite un rôle indispensable à l'existence de celui-ci, que nous n'y ver- rions point la preuve qu'elles sont de néoformation. De leur localisation et de leur mode de formation nous tirons par contre un argument de poids, à l'appui de notre première hypothèse. Les spinules font partie intégrante du sillon hélicoïdal, caractère fon- damental des formes libres, disparu aux stades végétatif s chez la majorité des parasites, et qui n'est plus guère évident parmi les Blastodinium que chez les espèces du groupe spinulosum-crassum. Ces spinules sont formées par une série de papilles que porte la lèvre antérieure du sillon héHcoïdal, celle-là même qui chez plusieurs genres cuirassés se développe en une crête puissante et richement ornée. Aux rayons creux qui ornent et renforcent ces crêtes et dont la cavité doit être, au moment de leur formation, remphe de cytoplasme, les spi- nules de nos Blastodinium nous paraissent tout à fait comparables. Un autre fait plaide puissamment dans le même sens : chez B. inornatum, et chez B. Pruvoti nous avons constaté la présence de vestiges de la crête hélicoïdale chez les parasites jeunes qui sont du tjrpe spinulosum-crassum. 238 EDOUARD CHATTON Nous avons vu que ces spinules ne se reforment plus chez les parasites qui ont effectué une ou plusieurs poussées sporogénétiques et qu'elles n'exis- tent jamais chez les formes di- ou triblastiques. L'aptitude du Péridinien à former ses spinules disparaît, au cours de son ontogenèse, au fur et à mesure qu'il se trouve à un stade plus éloigné de la forme libre primitive. Les faits que nous avons relevés dans l'étude de B. oviforme peuvent être interprétés dans le même sens. Ces faits sont précisément à l'encontre de ce qui devrait se passer si la frange hélicoïdale était un résultat de l'adaptation parasitaire. Cette frange devrait être d'autant plus développée que le stade serait plus éloigné de la forme libre. Et bien qu'il eût pu me suffire pour légitimer cette manière de voir, d'invoquer la « loi biogénétique fondamentale », je préfère l'appuyer sur un exemple concret. Je le choisis dans un groupe qui m'est familier et dont le développement, comme celui des Péridiniens, comporte une série de mues : les Copépodes ascidicoles. Chez VOphioseides Jouhini, parasite des microcosmes de la Méditer- ranée, le nauplius naît, bien constitué, comme chez tous les Copépodes parasites, avec ses trois paires de membres : l'antennule, l'antenne et la mandibule, ces deux dernières biramées. Chez les Copépodes Ubres, ces appendices restent biramés. Chez l'adulte d'O. Jouhini, l'antenne est réduite à son endopodite, transformé en cramj)on. L'exopodite, caractère paléogénétique, disparaît aj^rès la deiixième mue (premier stade cyclopoïde). Les crampons qui terminent les pereiopodes, adaptation parasitaire, caractère néogénétique, n'apparais- sent qu'après la cinquième mue (troisième stade parasite). Il paraît hors de doute que la frange hélicoïdale est un carac- tère paléogénétique chez les Blastodiniimi du groupe spinulosum crassum. Accord des critères morphologique, physiologique et géné- tique DE l'adaptation PARASITAIRE. — Nous sommcs donc fondés à considérer que les Blastodinium chez lesquels la crête héhcoïdale ne fait jamais défaut {B. spinulosum, B. crassum), sont moins évolués dans le sens parasitaire que ceux chez lesquels elle a plus ou moins complè- tement disparu {B. inornatum,, B. oviforme, B. Pruvoti). Deux caractères, l'un physiologique, l'autre génétique, dont nous avons montré par ailleurs la valeur comme critères phylogéniques, vien- PÉRIDINIENS PARASITES 23Ô nent corroborer cette manière de voir : c'est d'abord la charge pigmen- taire plus réduite chez les trois dernières formes que chez les deux pre- mières, comme en témoignent les indices de pigmentation : B. spinulosum 7,2 (6-1 chez les Clausocalanus) B. crassum 7,5 B. inornatum 4,6 B. ovi forme 7,1 B. Pruvoti 4,5 C'est ensuite, au moins chez B. oviforme et chez B. Pruvoti, une sporo- génèse plus évoluée qui conduit à des stades polyblastiques. Pour ce qui est de B. inornatum, le développement de la sporogénèse se traduit par un nombre de sporocytes plus élevé que chez la forme type B. crassum — d'où réduction fréquente du hile — mais point encore par la réalisation de stades polyblastiques. Rappelons cependant que nous avons observé un cas certain de sporogénèse subintrante chez B. inornatum, et que nous inclinons à rapporter à cette espèce même le parasite diblastique que nous avons décrit sous l'étiquette Blastodinium sp. X. Voici donc trois critères importants qui nous ont permis d'apprécier et de comparer avec quelque sûreté le degré d'adaptation parasitaire de nos Blastodinium du groupe spinidosum. B. Critères du degré de différenciation des espèces et de leur AUTONOMIE. Variabilité des caractères. Hypothèse uniciste. — Pris isolé- ment les caractères qui nous ont servi à établir nos coupures spécifiques montrent à l'intérieur d'une même espèce de larges variations. Ce sont tous des caractères quantitifs. Le corps est plus ou moins trapu, plus ou moins incurvé, plus ou moins tordu en hélice, les pôles en sont plus ou moins arrondis ou effilés. La crête hélicoïdale est plus ou moins développée {B. crassum- inornatum, B. oviforme, B. Pruvoti). La charge pigmentaire varie de 0 au maximum dans toutes les espèces. La marche de la sporogénèse se montre chez B. oviforme sous la dépen- dance étroite du nombre des individus dans l'hôte. La scissiparité est elle-même contingente chez B. oviforme et B. inor- natum. Il semble que B. crassum et B. spinulosum ne diffèrent que par des caractères subordonnés à ce caractère instable. Entre les formes grêles et les formes ovoïdes de B. oviforme, il y a plus 240 EDOUARD CHATTON de différence qu'entre B. spinulosum et B. crassum-inornatum, entre B. spinulosum et B. Pruvoti. L'exemple de B. oviforme, la comparaison entre B. spinulosum et B. crassum indiquent que la forme elle-même est sous la dépendance du nombre des individus dans l'hôte, c'est-à-dire de la scissiparité. Et l'on est alors amené à se demander si elles ne sont pas aussi sous la dépendance de l'hôte parasité, et si nos espèces ne sont pas autre chose que des formes d'un seul et même organisme diffé- rant suivant les hôtes et les conditions du développement. B. spinulosum étant considéré, à cause de sa crête hélicoïdale com- plète, de sa scissiparité encore très développée comme la forme souche, B. crasswm-morna^wm en dériverait par suppression delà scissiparité, qui, supprimant le conflit de croissance, favoriserait l'accroissement du corps, surtout en épaisseur et permettrait une prolongation de la sporogénèse. B. Pruvoti ne serait qu'un B. sjnnulosuTn à scissiparité réduite, adapté aux Clmisocalanus. La sporogénèse j^lus développée serait, elle aussi, le fait de la suppression du conflit de croissance, B. inornatum,, forme qui apparaît à tous égards comme n'ayant pas encore atteint son complet équilibre, serait un B. spinulosum égaré chez les Oithonu. Arguments contre l'hypothèse uniciste. — Tout ceci est plus facile à concevoir qu'à vérifier. Seule l'expérience qui consisterait à réaliser des infections croisées permettraient de discuter cette opinion sur des bases sérieuses. On peut cependant opposer dès maintenant plusieurs arguments à cette manière de voir. Le premier est un argument de méthode : de ce que l'on constate la variabilité de chaque caractère pris isolément, on n'a nullement le droit de conclure à la caducité des catégories qu'ils ont servi à établir lorsqu'il est démontré — comme c'est le cas — que ces carac- tères forment en s'unissant des ensembles constants. Les autres arguments sont des arguments de fait : 1" Il y a très souvent discordance dans l'apparition des espèces parasites d'un même hôte en un temps et en un lieu donnés. Mais il y a souvent aussi concordance. La discordance prolongée d'apparition entre B. spinulosum et B. cras- sum chez Paracalanus parvus, entre B. spinulosum, B. crassum-inornatum et B. Pruvoti chez les Clausocalanus prouve qu'un germe de B. sjnnulosum ne peut se développer indifféremment en un B. spinulosum, un B. cras- sum ou un B. Pruvoti. Leur existence simultanée prolongée en un même lieu, démontre que la discordance ne peut être le fait de conditions cos- PËRIDINIEN8 "parasites 241 miques différentes déterminant tantôt la différenciation d'une forme, tantôt la différenciation d'une autre, en favorisant par exemple ou en inhibant la scissiparité. 2° La suppression ou la réduction de la scissiparité ne produisent pas chez un même hôte, en un même temps et en un même lieu, les mêmes effets, et entre les effets différents produits il n'y a aucune transition. Chez les Clausocalanus adultes, nous trouvons des B. spinulosiun groupés par quatre, des B. inornatum groupés par quatre, des B. Pruvoti groupés par quatre qui conservent tous les caractères propres à leur type. Il n'y a jamais aucun intermédiaire entre B. Pruvoti et B. trassum-inornatum. Il n'en est pas de même, nous l'avons vu, entre B. spinulosum et B. crassum s. lat., et c'est tout particulièrement à propos de ces deux formes, que se pose la question de l'unité spécifique. Encore qu'on ne puisse la résoudre, elle mérite qu'on s'arrête quelque peu à son examen. Il nous fera entrevoir le mécanisme par lequel la différenciation des espèces parasitaires peut s'effectuer sous l'influence de la nature et de l'organi- sation de leurs hôtes. Ainsi, les relations de B. spinulosum et de B. crassum, nous apparaî- tront bien différentes selon que nous les considérerons chez Paracalanua parvus ou chez les Clausocalanus. l^ B. SPINULOSUM ET B. CRASSUM S. LAT. chez Paracalanua parvus Il n'y a rien de fondamentalement différent dans la forme et la struc- ture de ces deux Blastodinium, mais chez les Paracalanus parvus leur distinction n'en est pas moins toujours aisée. Résumons leur caractères différentiels : B. spinulosum : Parasite grégaire (existence de la scissiparité). Galbe élancé = — - ; sans trace de torsion en hélice. Mono- D blastique ; stade maximum 1-128. B. crassum : Parasite solitaire (pas de scissiparité. Galbe trapu = — ; o traces de torsion en hélice. Monoblas tique ; stade maxi- mum 1-256. La SCISSIPARITÉ ET LE CONFLIT DE CROISSANCE COMME FACTEURS DE DIFFÉRENCIATION. HYPOTHESE DE l'UNITÉ SPÉCIFIQUE. Cette confrontation de caractères suggère l'hypothèse suivante : les deux ARCH. l^E ZOUL. EXP. ET GÉN. — T. 59. — F. 1. 16 242 EDOUARD CHAT TON derniers, galbe et nombre maximum des sporocjrtes sont fonction du premier. Qu'un Blastodinium do la forme spinulostim ou d'une forme intermé- diaire entre celle-ci et la forme crassum, c[m procède directement du déve- loppement du germe, subisse avant ou ai^rôs avoir produit plusieurs poussées sporales, une série de divisions binaires, il en résultera 3-4-5-?î, individus dont le volume serait le tiers, le quart, le cinquième, le — ■ du volume du parasite initial, si la croissance ne modifiait ces rapports. Mais la croissance est d'autant moins active que les parasites sont plus nombreux, l'espace qu'ils occupent et les nutriments qu'ils exploitent étant limités. Et comme c'est surtout dans le sens diamétral que l'espace est rétréci, c'est le diamètre des parasites qui ne peut s'accroître, d'où le galbe élancé. Pressés les uns contre les autres, ils se dressent mutuelle- ment, d'où l'atténuation des sinuosités et la rigidité du port. .Voilà pour le deuxième caractère. Nous savons que la sporogénèse s'accompagne d'une augmentation de volume. Plus celui dont dispose le parasite est restreint, moins il produira de spores, d'où le petit nombre de sporocytes. Voilà pour le troisième caractère. B. crassum et B. spinulosum ne sont donc que deux formes d'une seule et même espèce ne différant que par le défaut chez l'une, l'existence chez l'autre, d'une scissiparité consécutive à l'infestation, caractère qui n'est d'aucune valeur, puisque, dans l'espèce spinulosum seule, il produit des groupements d'un nombre quelconque d'individus. Contrôle objectif de l'hypothèse uniciste. -— - Cette interpré- tation était logique ; elle semblait, qui plus est, fidèlement rendre compte des faits. Elle m'avait séduit dès le début de mes recherches. Mais au fur et à mesure que ma statistique s'étendait, je pus me faire de la valeur de cette hjrpothèse une idée plus précise que ne l'était une pure impres- sion. La plupart des résultats de ma statistique ont été produits et discutés au cours de l'étude monographique des espèces. Il me suffira de rappeler ici sans détails ceux d'entre eux qui nous sont utiles. Dans l'influence que nous supposons, dans notre hjqDothèse, au nombre des individus, sur la taille et la forme de chacun d'eux, il faut distinguer ce qui revient au fractiomiement scissipare de ce qui revient au conflit de croissance. PÉRIMNIENi^ PAlîASITES 243 Le fractionnement scissipare ne peut intéresser que le volume des individus, mais non leur galbe, car les deux moitiés séparées, si elles ne sont pas gênées^, reconstitueront toujours la forme spécifique. Le cas du B. crassum que représente la fig. xxvi en est une preuve. La diminution de volume n'est pas à démontrer. Elle est directement proportionnelle au fractionnement. Ce dont il faudrait faire la preuve, c'est que dans les groupes nombreux, elle n'est pas compensée par la croissance autant que dans les groupes de peu d'individus et que ce défaut de compensation tient surtout à l'insuffisance de la croissance en épaisseur. Les diagrammes des pages 114, 115, 117 le démontrent nette- ment. Mais ils mettent aussi en évidence ces deux points capitaux pour notre discussion : 1° Les écarts de volume, entre deux individus, appartenant à des groupes même d'ordre très différents, sont de faible importance ; 20 Le galbe, grossièrement exprimé par le rapport du diamètre à la longueur, varie dans des limites plus faibles encore. L'hiatus spinulosum-crassum. Sa signification. — Par contre lorsque nous passons d'un B. spinulosum II à un B. crassum, nous consta- tons un écart de -— dans la valeur des diamètres, la longueur restant sensiblement la même. Il y a donc un hiatus considérable entre la série des B. sjnmdosum et B. crassum, que l'on est tenté tout d'abord d'inter- préter comme une preuve de l'autonomie des deux formes. Mais ce ne serait là, comme on va voir, qu'une illusion. Tenant pour certain que seul le conflit de croissance, à l'exclusion de la fragmentation scissipare, peut altérer le galbe, représentons par un cercle la section transversale de l'estomac de l'hôte, dont pour l'instant, nous supposerons la paroi non élastique, mais défor- mable. Dans cet estomac, un B. crassum peut se développer jusqu'à atteindre le diamètre de la cavité, soit par exemple 100 [j.. Dans la même cavité, si la paroi en était rigide, deux B. spinulosum ne i)ourraient atteindre qu'un diamètre de 50 w. Trois B. spinulosum pourront y atteindre un diamètre de 46 [x sans tenir compte de la déformation de la paroi. 1. Si les scissions scissipares modifiaient le galbe, ce ne pourrait être qu'en augmentant le diamètre par rapport à la longueur, puisque le plan de division est subtransversal. Les individus seraient donc d'autant plus trapus qu'ils appartiendraient à des groupements plus nombreux, ce qui est d'ailleurs entièrement contraire aux faits. 244 EDOUARD CHATTON Les B. spinulosum III atteindront 46 [j.. — — IV — 41 [x. — — V — 36 [j. 5. — — VI — 33 1^.3. _ _ VII — 33 p. 3.1 Si l'on tient compte de ce fait que la paroi est déformable et qu'elle est de plus élastique et de cet autre fait que les parasites, lorsqu'ils sont nombreux, ne se trouvent pas tous au même niveau de l'estomac, on se représentera que les chiffres donnés ci-dessus sont d'autant plus inférieurs à ce qu'ils seraient en réalité, que le groupement est d'ordre plus élevé. Et la correction qu'il faudrait leur apporter réduirait les écarts déjà peu considérables des extrêmes. On arrive ainsi à constituer une série sem- blable à celle que nos statistiques nous permettent de former, avec l'iiiatus caractéristique entre crassum et spinulosum II. Ainsi l'on s'explique l'existence du hiatus entre crassum et spinulosum, et l'on voit qu'il ne peut en aucune façon servir à plaider l'autonomie des deux formes. Importance des différences morphologiques. — Que nous reste-t-il donc pour la soutenir ? D'abord la forme ! Les nombres et les courbes sont très expressifs, et on en joue avec facilité, mais ils n'approchent la réalité que de très loin et ils ne rendent compte, et combien grossièrement, que d'un seul caractère, parmi ceux si nom- breux et dans le cas particulier, si difficiles à analyser, qui composent la forme. A comparer un B. crassum au B. spinulosum le plus proche, d'un grou- pement binaire par exemple, l'on se rend compte que les actions de con- tact entre les deux individus du groupement sont tout à fait insuffisantes à expliquer les différences morphologiques qui les séparent du type crassum. Si l'on peut admettre à la rigueur que le profil rectiligne delà face dorsale de nos spinulosum II est un effet des pressions réciproques qu'ils exercent l'un sur l'autre, ceci n'est j)lus soutenable lorsqu'on a affaire à des groupements dépassant dix individus où ceux-ci qui sont loin d'être rangés d'une manière régulière, dos contre dos, conservent cependant leur galbe caractéristique. Cette face dorsale est loin d'être toujours rectiligne. Elle est même le plus souvent concave (tandis qu'elle est convexe chez crassum). Et puis la face ventrale, qui ne subit ' Dans uu cercle dans lequel on incrit 6 ctTCles égaux taugeiits iubérieurement à la circonféreiice et tangents entre eux, ou peut inscrire un septième cercle central égal et tangent aux six autres. PÉRIDINIENS PARASITES 245 d'autre pression que celle de la paroi intestinale, pression qui s'exerce aussi sur B. crassum, la face ventrale a, elle aussi, un profil régulière- ment courbe et non sinueux comme chez ce dernier. Interprétation de la scissiparité accidentelle de ^. crassum. — En somme, de tout ceci, nous ne pouvons tirer aucune indication précise sur la valeur des espèces B. crassum et B. spinulosum. Usons d'autres moyens d'enquête. Il en est un généralement fécond qui nous fait ici presque complètement défaut : c'est l'étude des anomalies. Nous n'avons à ce sujet qu'un seul document concernant B. crassum. C'est l'unique cas de scissiparité que j'aie pu observer chez cette espèce. L'individu est au stade 1. 1. 64 fig. xxvi, p . 1 29. Je rappelle qu'il a été rencontré chez un Para- calanus jmrvus à quatre segments, et que sa crête hélicoïdale était com- plète. Il est donc de la forme t3rpe et tout à fait compai'able par sa forme, sa structure et son habitat aux formes solitaires non scissipares. Chez cet individu les deux trophocytes fils avaient une forme telle que lorsqu'ils auraient été séparés par la libération des sporocytes, c'est deux B. crassum types qu'il y aurait eu dans le Copépode, et non deux B. spinulosum. Et il n'est guère douteux que ces individus, au lieu de se disposer côte à côte dans l'estomac de l'hôte, se fussent placés l'un en avant de l'autre, comme cela arrive toujours pour les formes scissipares de B, inornatum, et qu'échappant ainsi à l'action du conflit de croissance, ils se fussent main- tenus sous la forme B. crassum. Mais on nous objectera que, dans le cas qui nous occupe, la scissiparité s'est produite d'une manière très tardive, lorsque la forme crassum, était déjà acquise, et que normalement les choses ne se passent pas ainsi ; que la scissiparité se produit aux stades reculés, sous la forme spinulosum, et que seuls les individus qui ne l'ont point subie deviennent des B. crassum. Importance des stades solitaires. — Nous ne pouvons chercher une réponse à cette objection que dans l'étude des stades jeunes qui, si la théorie uniciste est vraie, devront nous montrer tous les intermé- diaires entre B. spinulosum et B. crassum. J'ai observé spécialement une série de formes jeunes, parasites de Copépodes à deux ou trois segments abdominaux : B. crassum à galbe plus ou moins trapu, mais tous de la forme type, et un unique B. spinu- losum solitaire, le seul que j'aie jamais rencontré sans trouver de transition. Ce sont là des documents tout à fait insuffisants et dont il serait vain de tirer des conclusions. Le stade de passage de B. spinulosum à B. crassum peut être tout aussi 246 EDOUARD CHATTON épliémère que le stade où B. spinulosum reste solitaire, et il peut très bien m'avoir échappé. C'est donc une étude spéciale des tout jeunes stades qui fournira la solution du problème. Les constatations précédentes ne nous auront cependant pas été sans profit : il s'en dégage nettement cette notion que, quelque soit le degré actuel de différenciation de B. spinulosum et de B. crassum, c'est B. spinu- losum qui apparaît comme la souche de B. crassum. B. crassum est un B. spinulosum dont la forme s'est modifiée par suite de la suppression de la scissiparité primitive. Quant à dire si cette différenciation est un fait accompli, comme ten- draient à le montrer les particularités morphologiques caractéristiques de B. crassum, ou si elle est encore en voie de s'effectuer, nous ne le pouvons , Car il est possible que B. crassum se reproduise toujours semblable à lui- même tout en passant aux premiers stades de son développement j)ar la forme spinulosum. Seule l'expérience pourrait trancher la question. Dans toute cette discussion nous n'avons eu en vue que B. spinulosum et B. crassum type chez les Paracalanus. L'étude comparative de ces formes chez les Clausocalanus dans laquelle nous comprendrons aussi la variété inornatum, va nous permettre d'aller plus avant dans la recherche de leur degré de parenté. 2° B. spinulosum, B. crassum s. lat. chez les Clausocalanus. Caractères. — On sait qu'entre B. spinulosum des Paracalanus et B. spinulosum des Clausocalanus il y a une légère variation du galbe et de l'indice de pigmentation, qui ne nous a cependant pas paru suffisante pour considérer ces deux formes comme deux variétés distinctes. Mais pour la commodité du langage nous les distinguerons ici en faisant suivre le nom spécifique de la première lettre du nom de genre de l'hôte. Je rappelle que l'indice de pigmentation est 7,2 chez B. spinulosum P. et seulement 6, 1 chez B. spinulosum C. Etant donné le peu de précision de ces chiffres leur variation est trop faible pour que nous puissions en faire état ici. Il n'en est pas de même de la variation du galbe. Celle-ci ressort de la comparaison des rap- ports extrêmes qui sont : Pour B. spinulosum P. de — -à — PÊRIDINIEN8 PARASITES 247 Pour B. spinulosum C. de — - à 7,L 6,0 et par la comparaison des courbes de fréquence de tous les rapports relevés, pages : L'espace plus grand offert par les Clausocalamis au développement de leur parasite peut expliquer cette variation du galbe. Ainsi chez les Clausocalanus le galbe de B. spinulosum tend plus vers celui de B. crassum, que chez les Paracalanus. Nous avons vu, d'autre part, que chez les gros Clausocalanus, B. cras- sum, et surtout sa variété inornatum présentaient fréquemment la mul- tiplication endogène. Les groupes à deux et même quatre individus ne sont pas rares. J'insiste dès maintenant sur ce fait, que la scissiparité a été saisie sur le vif, chez des individus soHtaires trapus de type crassum. Les individus par paires ou par quatre sont donc bien des formes scissi- pares de B. crassum ou de B. inornatum et non des individus de B. spinu- losum qui se seraient épaissis postérieurement aux scissions qui les ont produits. Inexistence du Hiatus spinulosum-crassum. Formes intermé- diaires. — Mais entre ces formes grégaires de B. crassum ou de B. inornatum qui ont conservé le galbe trapu caractéristique du tj^Q et les B. spinulosum C. tjrpiques, il y a une série de formes intermédiaires. Il n'y a point ici comme chez Paracalanus parvus, d'hiatus spinulosum- crassum. Et l'on attribuera tout naturellement ceci à l'absence du confHt de croissance dans l'estomac plus vaste des Clausocalanus. L'étendue de l'espace offert aux parasites qui permet la multiplication endogène de B. crassum-inornatum permet aussi l'accroissement en épaisseur de B. spinulosum. La fragmentation de l'un et l'épaississement de l'autre aboutissent à la formation d'une série complète d'intermédiaires où il n'est pas possible de faire sur le vu de la forme et de la taiUe seulement, la démarcation des deux parasites. S'il était démontré que dans cette série il n'y a d'une part que des formes qui se divisent après avoir acquis le galbe trapu, et d'autre part que des formes qui se sont épaissies après s'être divisées, on pourrait conclure à la dualité de l'espèce. Mais si l'on observait que les différents types grégaires proviennent d'autant de t3rpes solitaires semblables, ayant acquis leur galbe avant toute scissiparité, il faudrait admettre l'unité spécifique. Ici encore nous ne pouvons nous arrêter à mi parti définitif. Tout ce 248 EDOUARD CHAT TON que nous pouvons dire, c'est que si la filiation spinulosum-crassum n'est pas une vérité ontogénique, elle est au moins une vérité phylogénique. Et la même formule nous paraît applicable aux relations de B. oviforme et de B. Pruvoti avec B. spinulosum. B. Mangini, B. Mangini-oncaae, B. navicula et B. elongatum. En plus des deux caractères énoncés plus haut, ces formes présentent encore en commun : la condition toujours grégaire ; la structure presque toujours monoblastique ; l'indice de pigmentation élevé. Si nous ne les avons joints, ces caractères, aux deux premiers, c'est que moins que ceux-ci encore ils peuvent impliquer une communauté d'origine des formes qui les possèdent. Ils interdisent même de rechercher entre elles une filiation directe, car ils témoignent, si nous nous en référons aux critériums dont nous avons fait usage jusqu'ici, qu'elles sont toutes au même degré d'évolution dans le sens parasitaire. Ceci nous interdit éga- lement d'en rechercher la souche parmi les formes que nous connaissons du groupe spinulosum, mais cependant point de leur attribuer à toutes une origine commune. Rappelons, par exemple, que chez les formes grêles de B. oviforme, nous avons constaté une atténuation fréquente de la polarité morpholo- gique par arrondissement du pôle postérieur, le déplacement en avant du plan de scission du trophocyte et enfin l'inconstance de la crête hélicoïdale. Nous savons d'autre part que chez B. Mangini, B. Mangini-oncaae, B. elongatum, on observe parfois quelques vestiges sur le trophoc3H:e du sillon hélicoïdal. Et chez B. elongatum, ils peuvent même être aussi accusés que chez B. spinulosum. D'autre part, chez B. Mangini oncaae, nous avons constaté une polarité toujours mieux conservée que chez le type. De sorte que, s'il était démontré que B. Mangini avait vraiment une souche commune avec le groupe spinulosum., nous serions amenés à considérer la variété comme la souche du type^. 1. Dans pareil cas, la nomenclature taxonomiqiie semble exprimer, on le voit, exactement l'inverse de ce que l'on considère comme la réalité. Cette apparente absurdité serait évitée si, au lieu du mot variété qui implique l'idée d'une variation à partir d'une forme souche on usait pour désigner la forme qui ne diffère d'une autre que par de faibles caractères — et c'est à cela que se réduit presque toujours le sens du terme en systématique- d'un vocable qui ne contienne pas l'idée de filiation, tel que pnraspecies (parespèce) ou tout autre de ce genre. Une nomcnclatiire dont le seul fondement est la priorité bibliographique ne peut prétendre rendre compte des relations phylogéniques des êtres et devrait exclure de son vocabulaire tout terme qui implique l'existence de elles relations. PUis uos connaissances phylogénir^ucs progresseront, plus s'imposera ce remaniement du voca- PÊRIDINIENS PARASITES 249 Nous avons déjà fait la comparaison des deux formes à tous points de vue et justifié de la valeur taxonomique que nous leur attribuons. H nous reste donc à examiner les relations de B. Mangini avec B. navi- cula et B. elongatum. La dernière forme est trop insuffisamment connue pour qu'elle puisse faire l'objet d'une discussion phylogénique. Quant à B. Mangini et B. navicula, ils n'ont guère en commun que leur tendance à la symétrie axiale et leur défaut de différenciation polaire. Mais ils dififèrent par contre par un caractère auquel, en raison de sa constance chez les formes qui le présentent {B. contortum et B. navicula), il faut attribuer une importance : c'est la division oblique sublongitudinale du trophocyte. On voit que l'existence de liens de parenté entre B. Man- gini et B. navicula est tout à fait incertaine. BUbstodinium contortum et B. contortum-hyalinum. Nous avons dit déjà que nous considérions ces deux formes comme très isolées des autres espèces du genre. La simple énumération des carac- tères du type permettra de se convaincre qu'elles ne confinent à aucun autre Blastodinium, : Forme plus ou moins tordue en hélice, à pôles non nettement différenciés; Trophocyte à scission sublongitudinale ; Jamais de sillon ni de crête hélicoïdale ; Figure achromatique invisible chez l'organisme vivant ; Condition solitaire ; Stades avancés polyblastiques ; La variété se différencie du type par : Le redressement du galbe ; L'amincissement du pôle antérieur et sa courbure en crosse. Le renflement de la région médiane ventrale ; La disparition du hile ; i Le défaut de pigmentation. Mais nous avons vu qu'elle s'y rattache par une série très complète de formes de passage qui nous ont montré toutes les étapes de sa différencia- tion. Les faits que nous avons constatés ici sont tout à fait de l'ordre de ceux que nous a offerts par exemple B. spinulosum clausocalani passant à B. inornatum. Dans un cas comme dans l'autre, disparition (sous des bulaire, faute duquel taxonomistes et phylogénistes seront exposés à un éternel quiproquo. Voir, à ce sujet, le malentendu Fage (1908) Delcourt (1909). Ceci jusqu'à ce que la systématique soit ce qu'elle devrait être; l'expression fidèle de la phylogénie. 250 EDOUARD C H ATT ON influences probablement différentes) d'un caractère paléogénétique : crête hélicoïdale ou galbe hélicoïdal, et dépigmentation. Celle-ci est com- plète chez B. hyalinum. Isolement dans la mer du Nord de B. hyalinum et de B. con- tortum. ^^ Ici, comme pour les autres formes en voie de différenciation, se pose la question de savoir si cette différenciation est achevée ou encore incomplète. Jusqu'ici, nous n'avons pas pu répondre. Dans le cas de B. contortum-hyalinum, un document d'ordre nouveau s'est ajouté à ceux que nous avons réunis nous-mêmes, et dont je tiens à faire état, malgré sa médiocrité, et seulement à titre d'indication. Je rappelle que parmi les nombreux parasites indéterminés qu'Aps- TEIN a observés chez les Copépodes pélagiques des parages de Kiel, nous avons pu reconnaître un Blastodinium, et l'identifier à B. hyalinum. Tous les croquis donnés se rapportent à cette forme. L'absence de toute mention de coloration confirme l'interprétation des images. Or, du travail d'ApsTEDî, on peut conclure que ce Blastodinium seul existe dans la mer du Nord et la Baltique méridionale. Voici sur quoi se base cette conclusion : 1° B. hyalinum a été observé dans 94 pêches différentes s'échelonnant sur les mois de mai et août 1906, août et novembre 1907, février, mai et août 1908, août 1909, à des époques où tous nos Blastodinium se montrent en Méditerranée. 20 II a été rencontré : assez commun chez Calanus, très commun chez Pseudocalanus et Paracalanus, rare chez Centropages et Acartia clausi. Or, parmi ces Copépodes, se trouve l'hôte de cinq Blastodinium méditer- ranéens, dont B. contortum, tous plus ou moins colorés. 3° L'auteur examinait les Copépodes vivants, les dessinait et en peignait la couleur à bord du bateau. La plupart des parasites qu'il a observés sont beaucoup plus diiïiciles à distinguer que les Blastodinium, surtout que les formes pigmentées. Celles-ci n'auraient donc pas échappé à l'attention de l'auteur. Force nous est donc de conclure que B. hyalinum est, au moins dans la mer du Nord, une espèce actuellement isolée de sa forme souche méri- dionale B. contortum. Ceci nous amène à poser, sans aucune prétention à la résoudre, la ques- tion de la distribution et de l'origine géographique des Blastodinium. Mais nous possédons, la concernant, quelques indications que nous ne croyons pas devoir passer sous silence. PÉBWINIENS PARASITES 251 Quelques conjectures relatives à la distribution et à l'origine géographique des Blastodînîum C'est ici pour moi le lieu d'exprimer les regrets que j'ai de n'avoir pu, avant de mettre la dernière main à ce travail, faire une rapide enquête sur les Péridiniens parasites, et en particulier les Blastodinium, dans les mers du Nord. De l'existence exclusive que paraît avoir constaté Apstein de B. hyali- num dans les mers du Nord, je puis rapprocher trois faits qui, certes, méri- tent d'être contrôlés, mais qui semblent indiquer comme celui-là que les Blastodinium sont essentiellement des organismes des mers chaudes. Ce sont : 1° Le ralentissement de la sporogénèse que j'ai observé à Banynls chez B. spinulosum, B. crassum, B. Pruvoti \ à l'approche de l'hiver, durant le mois de novembre 1906 ; 2° La rencontre durant le mois de mars, à Banyuls et à Villefranche, des seuls B. co7itortum et B. hyalinum. 3° Le défaut, pendant les mois d'août, septembre et octobre 1912, probablement en rapport avec la moyenne exceptionnellement basse de la température de l'eau de B. Pruvoti, malgré l'abondance des Clauso- calanus. Genre SCHIZODINIUM Chattoî^ 1912 Fig. 40. pi IV, etflg. 9], \A. VIII. Schizodinium Chatton (1912, p. 90). Espèce type du genre : Schizodiniwn sparsum Chatton 1912. Sommaire Schizodinium sparsum. Hôte, p. 252. — Forme, structure, p. 252. — Pluralité et unité d'origine des individus, p. 252. — Sporogénèse apériodique, p. 253. — Comparaison avec les Apodinium, les Blastodinium et les Oodinium. Affinités avec les Blastodinium, p. 253. — Caractère primitif de la sporogénèse, p. 254. — Parasitisme, p. 254. Schizodinium sparsum Chatton 1912 Schizodinium sparsum Chatton (1912, p. 90, flg. 7). Type de l'espèce parasite dans l'estomac du Copépode podopléen 1. Ces faits sont à rapprocher des constatations faites sur les Péridiuiens libres par Gough (1905) : maximum des divisions du Ceratium fusus en juillet dans la Manche : par Qran (1908) : maximum pour C. tripos, C.fusus et C.fusca dans le fjord de Kristiana en septembre par Apstein (1911 b) : maximum des divisions du Ceratium tripos au début de septembre, dans la mer du Nord. Défaut de multiplication en janvier, février, mars. 252 EDOUARD CHATTON Corycœus rostratus Cl. (= Corycella rostrata Farran) à Banyiils-sur-Mer, Septembre-Octobre. Fig. 91, pi. VIII. HoTE. — Les Corycœus rostratus ne sont pas rares dans le plank- ton de la baie de Banyuls, surtout en automne, septembre, octobre. Ils sont assez fréquemment parasités par un Blastodinium, B. Man- gini, et beaucoup jjlus rarement par le parasite que je vais étu- dier. Depuis le début de mes recherches, je ne l'ai observé que chez 7 Corycœus en tout, alors que Blastodinium Mangini s'y est trouvé chez 07 individus. Je ne les ai jamais vus coexister chez le même hôte. Forme. Structure. — L'apparence du parasite est des plus simples. C'est un corps à peu près sphérique, très peu ellipsoïdal, vivement coloré en jaune, de 20 à 50 \j. de diamètre et à pôles rigoureusement semblables. Il est orienté dans l'estomac d'une façon quelconque, complètement libre dans sa cavité. Une pellicule très mince, lisse et incolore, l'entoure tou- jours, intimement accolée au corps. Dès l'abord, celui-ci montre les carac- tères d'un dualisme très net. Il est partagé selon l'équateur en deux hémisphères, par une cloison qui apparaît plus colorée que les autres régions parce que le réseau chromoj)lastique qui supporte le pigment y est particulièrement dense. Cette cloison équatoriale est en continuité avec le cytoplasme périphérique également chargé de pigment. Seul, le centre de chacun des hémisphères apparaît incolore et lorsqu'on y regarde à un fort grossissement, on retrouve cette structure si caractéristique que nous connaissons déjà, du noyau des Apodinium et des Blastodinium : microsomes à peine plus réfringents que le suc interstitiel, rangés en files parallèles. Chacun des noyaux se colore en vert brillant par le vert de méthyle acétique, d'une manière massive. Les chromoplastes forment dans le cytoplasme qui est incolore et sans structure apparente un réseau à mailles très irréguliêres. Le pigment était présent et abondant chez tous les individus. Quelques pyrénoïdes çà et là, surtout vers les pôles. Pluralité et unité d'origine des individus. — Je n'ai jamais vu de tels individus isolés dans un Corycoeus. Dans tous ceux de ces Copépodes que j'ai observés, il ne s'en trouvait jamais moins de quatre et, quel que fût leur nombre, ils étaient tous égaux, semblables, indépendants les uns des autres. Peu nombreux, ils se présentent en file, puis en amas, dis- tendant l'estomac lorsqu'ils se sont multipliés. Dans tous les cas où PÉRIDINIENS PARASITES 253 j'ai pu les compter avec précision, ils étaient en nombre pair. Leur nombre maximum m'a paru être voisin de trente. Cette similitude rigoureuse des individus contenus dans un même Corycœus, leur nombre toujours pair, le fait aussi que leur taille était d'autant plus réduite que leur nombre était plus élevé, montraient dès l'abord qu'ils ne pouvaient provenir que d'une multiplication en progres- sion géométrique, d'un individu initial unique, après son entrée dans le Copépode. Sporogénèse apériodique. — J'ai pu effectivement constater une fois la division simultanée de huit parasites dans un Corycœus. C'est un simple étranglement du corps à l'équateur, précédé de la division des deux noyaux. Ceux-ci se scindent, sans spectre cytoplasmique visible, suivant un plan oblique par rapport à l'axe du corps. L'état binucléé se conserve donc à tous les stades du développement. Remarquons que, contrairement à ce qui se passe chez les Apodinium et les Blastodinium, la première division du corps intéresse toujours la cuticule, de sorte que les éléments résultant de cette division restent toujours indépendants. De plus, le corps n'étant pas polarisé, les deux premières cellules qu'il produit sont homodynames, ainsi que toutes les suivantes. Les éléments d'un même Copépode sont d'autant plus petits qu'ils sont plus nombreux. Il y a donc certainement une période de croissance consécutive à l'entrée du parasite dans l'hôte, suivie d'une période de reproduction. Comparaison avec les Apodinium, les Blastodinium et les Oodi- nium. Affinités avec les Blastodinium. — Si l'on tient à compa- rer un Schizodinium à un Apodinium ou à un Blastodinium, c'est au gonocyte ou aux sporocytes, et non au trophocyte qu'il faut l'homo- loguer. Les deux caractères : indépendance des cellules-filles et défaut de polarité dynamique du corps, c'est-à-dire homodynamie des cellules- filles, celui-ci beaucoup plus important que celui-là, distinguent nettement Schizodiniu7n sparsuyn des Blastodinium. Ils rappellent par contre les Oodinium. Il y a certainement dans le cycle de Schizodinium un stade initial où le parasite est unique. Arrivé au terme de sa croissance, il subit comme un Oodinium une série de divisions dichotomiques qui aboutissent à la formation de spores. On ne peut méconnaître cependant que Schizodiniwn se rapproche 254 EDOUARD CHATTON des Blastodinium par sou mode de vie, par sa structure et en particulier son état binucléé et sa pigmentation. Il est à prévoir que des formes à caractères intermédiaires viendront combler la lacune qui sépare actuel- lement ces deux genres. Que chez un Blastodinium, la période de repos du trophocyte s'abrège jusqu'à ne plus excéder le temps qui sépare deux divisions successives des sporocytes, on aura fait retour à la reproduction synchrone des Schizodinium. Nous avons vu le cas se produire chez les Apodinium. Il en existe d'analogues comme on le verra dans la série des Haplozoon. Caractère primitif de la sporogénèse, — Je dis : « aura fait retour » intentionnellement. Bien qu'en cette matière tout ne soit que pure hypothèse, je crois pouvoir avancer que la reproduction présentée par Schizodinium sparsum est un mode plus primitif que la sporogénèse de Blastodinium. C'est le mode de tous ceux des Péridiniens libres chez les- quels la simple scissiparité tend, en se répétant sans croissance inter- calaire, à passer à la sporogénèse. C'est aussi le mode de reproduc- tion des parasites chez lesquels le trophocyte n'est pas génétiquement polarisé. Schizodinium s^mrsum nous offre par son mode de reproduction un intermédiaire entre la scissiparité primitive et la palisporogénèse très évoluée des Blastodinium. Parasitisme. — Le parasitisme des Schizodinium est de même ordre que celui des Blastodinium. C'est aussi un parasitisme chylifique s'aidant encore de l'assimilation chlorophylienne. Au point de vue de leur pouvoir d'expansion, les premiers se trouvent, par rapport aux seconds, dans un manifeste état d'infériorité. Qu'au pis aller, un Blastodinium Mangini ne fournisse pas plus de spores, en un temps donné, en vingt-quatre heures par exemple, pour une poussée qu'un Schizodinium, il peut, grâce à la sporogénèse périodique, en fournir chaque jour une nouvelle. Un Schizodinium ayant sporulé ne peut recommencer à le faire que si ses spores ont été ingérées par un autre Corycœus. C'est du moins probable, car il semble que les spores des Schizodinium, pas plus que celles des Blastodinium, ne peuvent se développer directement dans l'hôte même où elles ont pris naissance. Et tout naturellement, l'on est amené à penser que l'infériorité numérique du Schizodinium sparsum, par rapport au Blastodinium Mangini, chez Corycœus rostratus, a pour cause, toutes choses semblant égales d'ailleurs, sa plus faible capacité de prolifération. PÊEIDINIENS PARASITES 255 Genre HAPLOZOON Dogiel 1906 Haplozoon V. DOGiEL (1906, p. 895). Haplozoon V. DOQIEL (1908, p. 417). Haplozoon V. Dogiel (1910, p. 400). Microtœniella CAIKINS (1915, p. 46) '. Espèce type du genre Haplozoon armatum V. Dogiel 1906. Sommaire Découverte des Haplozoon, p. 255 . — Controverses sur la nature des Haplozoon. » Mésozoaires » ou Péridi- niens, p. 256. Haplozoon armatum, p. 258. — Stade uiiicellulaire, p. 258. — Division, p. 200. — Sporogcnèse itérative, p. 261. — Bourgeonnement, p. 262. — Cytologie, p. 263. Haplozoon lineare, p. 264. Haplozoon delicatulum, p. 266. Haplozoon ariciae, p. 267. Haplozoon macrostylum, p. 268. Haplozoon obscurum, p. 269. Les Haplozoon sont des Péridiniens, p. 271. I. — Homologies anatomiques et physiologiques, p. 271. — Identité cytologique, p. 271. — Organes fixateurs, p. 271. — Myoflbrilles, p. 272. — Coques gélifiées, p. 273. II. — Valeur relative des caractères péridiniens des Haplozoon, p. 273. — Structure et divisions nucléaires, • p. 273. — Division transversale du trophocyte, p. 273. — La sporogenèse itérative, p. 274. — Etat bi- et quadriénergide, p. 275. — Caractères mineurs, p. 275. III. — Arguments contre la nature péridinienne des Haplozoon, p. 275. — La forme des spores, p. 275. — L'état pluricellulaire, p. 276. IV. — Relations avec d'autres groupes, et en particulier avec les Mésozoaires, p. 277. DÉCOUVERTE DES Haplozoori. — Dans une note préliminaire du 27 nc- vembre 1906 au Zoologischer Anzeiger,'V. Dogiel annonçait la découverte à la côte de Murman, de singuliers parasites à corps pluricellulaire, vivant dans le tube digestif d'une Polychète de la famille des Ophéliens : Tra- visia (Ophelia) jorhesi Johnston. Ces parasites sont fixés, dans le pre- mier tiers de l'intestin, aux cellules épittiéKales, à la fois par un stylet et par des pseudopodes filamenteux rétractiles, qui pénètrent la cellule hôte. Les plus jeunes ont l'aspect de grégarines ; leur corps est indivis, avec un gros noyau central, et protégé par une fine pellicule, toujours adhérente au cytoplasme. Ces jeunes individus subissent une première division subtransversale, un peu oblique en deux éléments, l'un proximal ou « Kopfzelle », l'autre distal qui est la cellule-mère d'une génération de « Geschlechtszellen ». De la cellule céphaUque se séparent d'une façon continue, par cloisoime- ment, de nouvelles cellules et pendant ce temps toutes les cellules déjà 1. G. N. Calkixs (1915) a d'écrit stis ce nom, un parasite de l'aanélide mar;ne : Clymenella torquata. et l'a rapporté provisoirement au.x Schizogrégarines. Nous y reconnaissons un Haplozoon très voisin U'i/. delica' tidum V. DOQiEi.. 256 EDOUARD CHATTON existantes se divisent aussi. Comme elles le font dans un sens perpendicu- laire au premier plan de séparation, l'organisme se trouve constitué par une cellule céphalique suivie de plusieurs séries ou générations de cellules dont le nombre est d'autant plus élevé que les séries sont de formation plus ancienne. Dans celles-ci, le nombre des noyaux est de quatre. Il est de deux dans les cellules des générations moyennes. Les cellules de la génération la plus ancienne, situées à l'extrémité pos- térieure ou distale du parasite, se détachent, tombent dans la cavité intes- tinale et sont expulsées immobiles dans les excréments. L'auteur n'a pu suivre le sort ultérieur des « Geschlechtszellen » et il n'a pas vu leur état de complète maturité qui eût pu, dans une large mesure, éclairer les affinités du parasite qu'il venait de découvrir. Controverses sur la nature des Haplozoon. « Mésozoaires » ou PÉRiDiNiENS. — Dogiel, sur cc point, n'a pas hésité à se prononcer : « Wie aus meiner kurzen Beschreibung hervorgeht, zwingt, die Einfachheit der Organisation, das Fehlen der Differenzierung nicht nur des Mesoderms, sondern auch des Ecto-und Entoderms, sowie auch die eigenartige Entwicklung aus dem einzelligen Stadium, das Haplozoon den Mesozoa zuzureihen. « Der flache, einschichtige Kôrper, die Eigentiimlichkeit der Kopfzelle und die Art der Entstehung der Geschlechtszellen erfordert fiir das Haplozoon eine neue gruppe der Mesozoa zu Bilden. » Mais ce n'était pas là, semblait-il, s'engager beaucoup, et dans l'an- nexion des Haplozoon aux Mésozoaires, l'on ne voyait qu'une provisoire mesure d'ordre, lorsque Dogiel, dans son mémoire définitif, tenta de la consacrer en créant les « Catenata, eine neue Mesozoengruppe ». A la lecture de la note préliminaire, j'avais été frappé de tout ce que les Haplozoon offraient de commun avec les Blastodinium et les Apodinium : polarité de la ce cellule céphalique », division subtransversale de celle-ci, hétérodynamie des cellules- filles, sporogénèse itérative, intermédiaire par la brièveté de la jDériode entre celle des Apodinmm et celle des Blasto- dinium, avance de la division nucléaire sur la division cjrtoplasmique, et à partir de ce moment, seule la démonstration que les éléments reproduc- teurs des Hajjlozoon n'avaient pas la morphologie péridinienne, eût pu me convaincre que ces organismes n'étaient point des Dinoflagellés très modifiés par suite de leur mode de vie. J'exprimai cette conception dans une note du 4 avi'il 1907 : « Dans une note préliminaire également toute récente, le même auteur (Dogiel) a décrit, sous le nom d^Haplozoon PÊRIDINIENS PARASITES 257 armatum, un organisme parasite du tube digestif d'un Ophélien, Travisia forhcsi JoHN^ST, et dont il fait le type d'un nouveau groupe de Mésozoaires. Par sa forme et son mode de reproduction, cet être rappelle de très près les Blastodinides. L'étude ultérieure montrera peut-être qu'il doit leur être rattaché. » L'année suivante, le 25 juin 1908, je dis encore plus catégo- riquement : « ...les genres Blastodiniwm et Ajjodinium auxquels il faut certainement adjoindre le genre Ha^olozoon... » Quelques semaines après paraissaient. les « Catenata eine neue Mesô- zoengruppe » où j'eus plaisir à constater que l'auteur reconnaissait en fait la nature péridinienne des Haplozoon tout en les maintenant dans les Mésozoaires. Ce sont, dit-il en substance, des Mésozoaires qui dérivent des Péridiniens, ce que l'on pourrait appeler des Métapéridiniens : « Nach der vorstehenden, eingehenden Besprechung der Systematjschen Stellung von Haplozoon, halte ich es fiir am meisten begriindet, dièse Form zu den Mesozoa zu stellen. Einerseits zeigt sie keinerlei direkten Zusammenhang mit den Metazoa ; anderseits ist die Abstammung des Haplozoon von den Peridinea und dessen Verwandschaft mit dieser Gruppe der Protisten, so sehr dieselben mir auch wahrscheinlich vorkommen, einstweilen doch noch unbewiesen. ...Sollte es gelingen den unmittelbaren Zusammenhang zwischen Haplozoon und den Peridinea, festzustellen, so wàre es sogar vielleicht besser fiir dièse Gruppe die Bezeichnung Metaperidinea aufzus- t^Uen » (p. 470-471). Cette conception mixte ne satisfit point Neresheimer (1908) qui, discutant du point de vue des Mésozoaires, rendit à la question toute sa précision : « ist Haplozoon wie Chatton meint, als ein parasitisches Dinoflagellat, also als Protozoon zu betrachten, oder mit Dogiel als Mesozoon ? » Et il conclut que le genre Haplozoon doit être exclu de la série des Mésozoaires et rangé parmi les Protozoaires. Entre lui et Apodinimn mycetoïdes, il n'y a, dit-il, aucune différence fondamentale. Et il ajoute : « Damit fâlit aber auch die von Dogiel aufgestellte Gruppe der Catenata...)^ Dogiel ne se range-t-il pas en définitive à cette manière de voir lorsqu'il dit en 1910 : « Der Unterschied zwischen die Auffassung von Neresheimbr und der meinigen scheint mir hauptschâchlich auf der Verschiedenheit unsrer Auffassungen von der Gruppe der Mesozoa zu beruhen. Wâhrend ich selbst die Mesozoa als eine provisorische, sehr verschiedene Charakterziige anfweisende Gruppe von Ubergangsformen zwischen den Protozoa und den Metazoa aufïasse (selbstverstàndlich immer im morphologischen, iiicht aber im phylogenetischen Sinne ge- Arch. de Zool. Exp. et Gén. — T. 59. — F. 1. 17 258 EDOUARD CHATTON meint). ...ist dio Ansicht von Neresheimer ûber dièse Gruppe eine ganz andre. Dieser Autor hait es mit Hartmann fiir môglich den Begriff von den Mesozoa ganz bestimmt zu definieren... » (p, 437-438). Et dans son dernier mémoire, l'idée d'une étroite parenté des Hajilo- zoon avec les Péridiniens lui tient parfois tant à cœur, qu'il pense pouvoir s'en attribuer la conception : « Wie schon aus verschiedenen Stellen der vorliegenden Arbeit zu ersehen war, beliarre ich auf meiner f riiheren Auffassung, wonach die Peridinea als die Haplozoon am nâchsten stehenden vcrwandten Formen anzusehen sind » (p. 436). Sauf sur ce point, d'ailleurs tout secondaire, Dogiel, Neresheimer et moi, sommes maintenant d'accord, au moins en général. Je ne rappellerai ici, que pour être complet, que Poche 1911 a créé dans ses « Klassea und hôheren Gruppen des Tierreichs pour les Haplozoon une classe spéciale de Plasmodromes, celle des Haplozooidea (pourquoi pas Cateiiata qui avait la priorité ?) équivalente à celle des Flagellata, Rhizopoda, Cnidosporidia, Sporozoa. (Voir aussi Poche 1913). Je me propose dans ce chapitre d'extraire des descriptions de Dogiel tout ce que les Haplozoon présentent d'intéressant à notre point de vue, pour préciser ensuite comment je me représente leurs liens avec les autres Péridiniens parasites et en particulier les Blastodinium et les Apodinium. Les descriptions de Dogiel sont très minutieuses et j'y renvoie le lecteur pour tous les détails dont la connaissance ne nous est pas immédiatement utile. Partout, j'userai de la terminologie, ainsi que de la notation de la sporogénèse que j'ai établie dans ce mémoire. Haplozoon armatum Dogiel 1906 Haplozoon armatum Dogiel (1906, p. 895-899, flg. i-vm). Haplozoon armatum Dogiel (1908, p. 418-446, pi. XXVI, fig. 1-25, et pi. XXVll, flg. 26-47). Haplozoon armatum Dogiel (1910. pi. XIV, flg. 30). A la côte de Murman, sur la mer Blanche, comme aux Bes Schiergaard, près de Bergen, toutes les Travisia forbesi (Dogiel dit 99 p. 100) hébergent des Haplozoon presque toujours par centaines. Ceux-ci se trouvent dans la région de l'intestin antérieur où débouchent les glandes œsophagiennes, fixés à l'épithélium à la manière des grégarines. Stade unicellulaire. — T'est un élément fusiforme de 35 à 40 [x de long, renflé en son milieu, où se trouve un gros noyau, à limites impré- cises, ellipsoïdal. Le cytoplasme est incolore, hyalin vers l'extrémité fixée ou céphalique (Kopfende), granuleux vers le bout libre. Tout le corps PÉRIDINIENS PARASITES 259 est enfermé dans une mince cuticule incolore, soudée au protoplasme. L'extrémité céphalique porte d'un côté un stylet rigide, très aigu, o l r— v'^ -t^'iiJi. ^. v* ./^•'■ no. cxxiv. tw. DoaiEL (1908). Haphzoon armatum Dogiel; a, individu unicellulaire ( x 1200) ; h, c, d, stades à 2-4-8 cellulesC x 450) ; e, , stades plus avancés ; ?, à cellules déhiscentes à l'extrémité postérieure : Urgeschlcchtszellen ou sporocytes. (Remarquer l'état bi-et quadriénergidc des cellules postérieures) ( X 450) ; h, individu en bourgeonnement; x 1200). mobile, rétractile dans une sorte de gaine formée par une invagination de la cuticule, et, de l'autre côté, bien développé surtout chez les individus 260 EDOUARD CHATTON plus âgés, un faisceau de pseudopodes filamenteux, non ramifiés, quelque- fois animés de vibrations comme des flagelles, et faisant saillie ou rentrant dans le corps par un orifice de la cuticule. Stylet et pseudopodes pénètrent les cellules intestinales, servant à la fixation et à la nutrition. Toujours à l'extrémité antérieure, il existe des myonèmes longitudinaux, fibrillaires, grâce auxquels cette région jouit d'une assez vive contractilité. Le corps en s'accroissant acquiert une symétrie bilatérale marquée par un léger aplatissement tel que sa section est elliptique, et qu'à l'ex- -d<- y f{i a "'-^^■' -■-■■-' Ky" FiG. CXXV. im. DOGIEL (1980) Ilapolozoon arinatum Dogiel; a, figure schématique représentant la structure do Ui cellule céphaliquû : kopfzelle = trophocyte vue par le pôle antérieur ; st. stylet ; ps, pseudo- podes ; m). myofllbrUes; h, structure de la cellule céphaliquc (trophocyte) vue de profil ; st stylet ; ps, pseudopodes en partie contractés en boules (x 1200); c, cellule céphalique vue do profil colorée au fer, si, stylet ; ps, pseudopodes ; mf, myoflbrillcs. trémité antérieure, le stylet et les pseudopodes occupent les deux pôles de cette ellipse. Dogiel décide de désigner comme dorsal le côté où s'insère le stylet, et comme ventral celui d'où naissent les pseudo- podes. Division, — La division nucléaire survient d'abord. Puis apparaît dans la région dorsale un sillon qui circonscrit le corps et l'étrangle pro- gressivement suivant un plan qui est incliné de 45° sur le plan transversal du corps, tout comme le plan de division du trophocyte des Blastodinium. Cette division intéresse la pellicule, qui ne se décolle pas du cytoplasme. Une pellicule mitoyenne, en continuité avec la superficielle est sécrétée entre les deux cellules- filles. Il en sera de même dans toutes les divisions suivantes. PÉBIDINIENS PARASITES 261 Sporogénèse itérative. — Au stade à deux cellules, le parasite est composé d'une cellule céphalique ou trophocyte portant tous les organes fixateurs et contractiles, et d'un gonocyte dépourvu de toutes ces diffé- renciations. Le développement ultérieur va se faire par la séparation périodique de nouvelles cellules du trophocyte, et par la multiplication simultanée de ces cellules, le tout correspondant à une croissance active du parasite, et à une évolution très prolongée. Aussitôt après sa première division, le trophocyte I2 se divise à nouveau dans le même sens, et en même temps que lui le gonocyte 1, mais celui-ci dans un sens subperpendiculaire au précédent, réalisant ainsi le stade 1-1-2 où les deux sporocytes 2 ont leur axe fortement incliné sur les deux cellules I2 et 1. Les divisions de ces cellules se continuent synchroniquement et d'une manière très régulière. Voici comment on peut résumer cette multiplication : Ii-l I2-I-2 I3- 1-2-4 I4- 1-2-4-8 I5- 1-2-4-8- 16 16-1-2-4-8-16-32. Les divisions du trophocjrte s'effectuent toujours dans le même plan transversal que la division initiale, celles des sporoc3rtes 1-2- 4-n, suivant la même inclinaison marquée par rapport à ce plan, que celle de la cellule 1, Une lame cellulaire se constitue ainsi, formée d'une seule assise de cellules, disposées en autant de files obliques qu'il y a eu de poussées. Le nombre des cellules par files doubles de l'extrémité antérieure vers la postérieure. Le parasite entier peut mesurer alors jusqu'à 300 [j., dimension qui est du même ordre de grandeur que celles de nos Blas- todinium. Le nombre des files peut atteindre 8, mais jamais les dernières files ne sont complètes, car leurs cellules se séparent du parasite et tombent dans l'intestin. Il est même rare de trouver, dit Dogiel, des files posté- rieures complètes à 16 cellules. Dans chaque file, les cellules postérieures sont mûres et se détachent avant les antérieures. Leur cjrtoplasme se charge de petits globules amy- lacés et leur noyau est deux fois dédoublé par suite d'une avance considé- rable prise par la division nucléaire sur la division cytoplasmique. Dans les cellules antérieures des files et dans les files antérieures, cette avance 262 EDOUARD C H ATT ON n'aboutit encore qu'à un état lîinucléé, comme chez les Blasiodinium ou les Apodinium^. Les sporocytes postérieurs granuleux se détachent par paires. Us sont entourés d'une fine pellicule propre. Expulsés avec les excréments du V Un \ ^^ mm kW. cxxvi. im. DOGIEL (1908). Haplozoon nrmatum DOGIEL ; a, schéma de la division du noyau (il comparer avec l(i schéma donné par Calkins (899) de la division du noyau chez Noctiluca) ; b, b, c, c. images des divisions nudéaires (x 1200); e, parasite coloré in loto (x 450). (Comparer c et d. e aux caryo- dièréses des Blastodiniuni). Ver dans l'eau de mer, ils s'y altèrent au bout de très peu de temps. Bourgeonnement ? — En plus de ce mode de reproduction, qui assure 1. Je ne crois pas devoir ici insister sur les anomalies et les variations de forme des Haplozoon. Je n'ai piis l'intention de discuter les espèces que Dooiel a établies et qui me paraissent très bien caractérisées. Le degré do différenciation de ces organismes est plus élevé que celui des Blastodinium et la spécification purement mor- phologique en est mojua djfflcivltueuse. PÉRIDINIENS PARASITES 263 l'expansion du parasite au dehors, il existerait d'après Dogiel une repro- duction endogène par bourgeonnement. De rares Haplozoon présentaient sur la face dorsale de leur trophocyte un promontoire cytoplasmique que l'auteur considère comme un bourgeon. Mais il n'a jamais vu le noyau s'y prolonger, ni d'organes fixateurs s'y différencier. Il n'a pas rencontré de semblables bourgeons chez les autres espèces qu'il a étudiées. Ne sont- ce pas là de simples malformations ? Cytologie. — Les noyaux des Haplozoon, tout comme ceuxjdes Apo- dinium, des Blasto^nimn, des Schizodinium et des Syndinium sont d'une manière constante en état de division. A ce point que Dogiel déclare n'en point connaître la forme de repos. Comme chez les Blastodinium, les noyaux des sporoc3rtes les plus jeunes montrent des figures mitotiques complètes, qui passent insensiblement, à mesure que ces sporocy tes vieil- lissent à des mitoses plus frustes, celles-ci probablement, n'apparaissant telles que du fait de la diminution de taille des éléments. Les figures les plus complètes montrent : de nombreux chromosomes, deux sphères polaires achromatiques, des fibres rayonnant de ces sphères dans la masse du noyau, peut-être deux centrosomes, et enfin le « kern- kôrper » ou nucléole. Les chromosomes, dont le nombre est toujours supérieur à 100, sont ici encore, constitués par des files de microsomes très basophiles, d'autant plus basophiles qu'ils appartiennent à des cellules plus anciennes\ Ces chromosomes sont associés parallèlement en une gerbe creuse entourant les sphères aclu^omatiques, qui la dépassent à chaque pôle. Leur division consiste dans une simple scission transversale. D'un certain point de ces sphères, divergent dans la masse du noyau deux ou trois fibres au plus, que l'hématoxyline au fer fait apparaître très bien définies et fortement teintées, alors que tout le reste du noyau est déjà décoloré, de sorte, dit l'auteur, qu'elles ont plutôt l'aspect de bâtonnets que celui de fibres. Il n'j'^ en a jamais de semblables divergeant des sphères polaires dans le cytoplasme. Rappelons tout de suite que nous n'avons rien observé d'ana- logue chez les autres Péridiniens parasites. Nous aurons à discuter l'opi- nion de Dogiel, qui tient à considérer ces fibres comme l'équivalent d'un « fuseau central ». Et nous regardons aussi avec l'auteur lui-même, comme tout à fait incertaine la signification centrosomienne du grain sidérophile qu'on voit dans sa figure 47 au pôle d'un fuseau. Par contre, le « kern- 1. CMa est tout à fait conforme à ce que nous connaissons chez les Bliistodinrum (v. p. 217). 264 EDOUARD CHATTON ko per » ou nucléole qui chez Haplozoon armafitm réside et se divise en dehors de la masse même du noyau, me paraît bien l'homologue de ces nucléoles qui chez les Blastodinium se montrent entre les fibres de la figure achromatique. Il en a les affinités pour les couleurs basiques et la solubilité partielle dans les réactifs fixateurs, d'où lui vient cet aspect souvent vacuolaire et même vésiculeux ((uc nous connaissons déjà au nucléole des Blastodinium. Après que le manchon des chromosomes s'est scindé en deux masses, il persiste, les unissant, une ou plusieurs files de bâ<|pnnets sidérophiles que l'auteur appelle chromosomes de liaison : « Verbindungschromoso- men ». Cette appellation ne serait pas heureuse si elle devait impliquer une assimilation de ces bâtonnets, qui nous paraissent cori'espondre à un résidu fusorial avec les chromosomes vrais. A aucun stade de son évolution, le noyau des Haplozoon, non plus que celui des Apoclinium, des Blastodinium et des Syndinium, ne possède de membrane nucléaire. Les divisions se succèdent sans répit. Les mitoses des sporocytes antérieurs se font ^toutes suivant le même axe. Dans les sporocytes posté- rieurs, elles peuvent se faire suc- cessivement dans la même cellule, suivant deux axes normaux l'un par rapport à l'autre. Nous savons qu'il en est de même chez certains Blastodinium {B. Tiyaliyium). 'k-^ Î^S ë^-^ Fifi. CXXVII. iiti. DOUII'.I. (1903). Ildplozfioii liiiriif,- l)i)- GIEli ; «, individu uiiiccUidairo: h. c, d. t\ stades successifs du dùvelopixmoat. En d une u Urgcr- chlechtszelle » (sporocyte déhiscent). JHapIozoon lineare Dogiel 1S08 Uiiplozoon lineare Dogiel (1908, p. 447-453, pl.XXVII, flg. 48-58 et pi. XXVIII, flg. 50-72). Parasite dans le tube digestif de l'Annélide Clymene {— Nicho- maclie) lumbricalis (auct 1) à Alexandrovsk. Au contraire du précédent, il se rencontre, géné- ralement peu abondant, sur toute la longueur de l'intestin. Les stades jeunes sont tout à fait identiques à ceux à' Haplozoon PÉRIDINIENS PARASITES 265 armatum, mais ils s'en différencient dès la première division, qui est normale à l'axe du corps. Comme toutes les divisions successives se font dans le même sens, aussi bien celles du trophocji;e que celles des cellules suivantes, le corps du parasite se compose d'une chaîne linéaire de cel- lules toutes égales, aplaties en disque, et parmi lesquelles on ne peut distinguer de groupes ou de séries correspondant à des poussées succes- sives. C'est pourquoi, vraisemblablement, Dogiel ne nous renseigne pas s'^r la fréquence relative des divisions le long de la chaîne. La durée de ria. cxxviii. im. Dogiel (1908). Eaplozoon Hneare Dogiel; a, b, c, cellules céphaliques (fcrophocytes) de divers individus. Chez b et c les pseudopodes pénètrent l'épithélium intestinal de rhôte ( x 1200). la période reste donc ici inconnue. Il semble, d'après les figures, qu'elle doive être comme chez H. arynatum égale à l'unité. La chaîne serait donc aussi de la forme 1-1-2-4-8-16-32. Dogiel a observé ainsi des chaînes de près de cent cellules, et qui mesiiraient jusqu'à 350 [/. de long. Cette disposition linéaire est le caractère principal d'iï. lineare. Le parasite en possède un autre fort curieux : le trophocyte, qui a d'autre part la même structure que celle d'^. armatum, montre, outre le stylet fixateur protracté ou rétracté, engagé dans sa gaine, de nombreux stylets de remplacement disséminés sans ordre dans le cytoplasme. Malheureu- sement, l'auteur n'a pu assister à la disparition du stylet fonctionnel, ni au mécanisme du remplacement. Du côté ventral, le trophocyte montre deux ou trois pseudopodes fih- 266 EDOUARD C H ATT ON formes qni s'insinuent entre les cellules épitliéliales jusqu'à atteindre la basale. La structure intime est essentiellement la même que chez H. armatum. Le dualisme des noyaux est plus précoce encore chez H. lineare. Le tro- phocyte lui-même possède deux noyaux bien individualisés. Et dans les sporocytes moyens et postérieurs de la chaîne, il y a normalement 4 unités nucléaires. Mais chose curieuse, ces unités, représentées par un groupe très dense de chromosomes sont enfermées à l'intérieur d'une membrane commune, ^ait que l'on peut rapprocher de ceux qui ont amené Hartmann (1909) à sa conception des noyaux polyé- nergides. Ces noyaux composés se scindent suivant un plan normal à l'axe du corps, for- mant deux noyaux doubles dans chaque cellule -fille. Haplozoon delicatulum Dogiel, 1910 Haplozoon delicatulum Dogiei, (1910, p. 401- 405, pi. XIII, flg. 1-5). Parasite du tube digestif d'une Annélide indéterminée de la famille des Maldaniens. Tron- dheim. Norvège. Espèce se rapprochant beau- coup d'^. lineare. Même struc- ture du trophocyte, dont la cuticule est finement plissée à la partie antérieure. Le trophocyte se divise nor- malement à l'axe du corps, don- nant naissance à une file linéaire de cellules. Mais à partir de la septième cellule environ, cette file est dédoublée par suite de la division des cellules suivant un plan longitudinal et frontal. Ces deux files sont elles-mêmes dédoublées un peu plus postérieurement par suite d'une nouvelle division FiG. cxxix. im. Dogiel (1910). Haplo- zoon delicatulum DooiEL. Troi.s in- dividus ( X 450). PÊRIDINIENS PARASITES 267 de chacune des deux cellules suivant le même plan. Les dimensions attei- gnent 250 a. ^ La période sporogénétique n'est pas connue avec précision. Elle serait, d'après Dogiel, inférieure à l'unité. C'est-à-dire que la cellule céphalique se diviserait 5, 6, 10 fois avant ./>^*^=^^^^! • ï \ que la première cellule du corps se soit elle-même '•''.. \ , divisée. On aurait une série de la. forme I-1-l-l-l-l— -2-2-2 — 4-4-4-4-— A comparer la sporogénèse d'^. delicatulurn à ^'^^-^'li' , celle d'^. lineare et à considérer les figures de l'au- âyif^-^è^\ teur, on est amené à douter de la justesse de cette k interprétation. Il semble bien, en effet, que les cel- lules de la file simple sont capables de se diviser dans le sens transversal tout comme chez H. lineare avant de commencer à se scinder dans le sens longitu- dinal. Et ne le sont-elles pas encore après l'avoir fait ? Dogiel, dans sa figure 3, paraît avoir saisi sur le vif de telles figures de division transversale. Les caractères cytologiques sont les mêmes que ceux des espèces précédentes. Le trophocyte est uni- nucléé, les cellules suivantes sont bi- puis quadrinu- cléées. Dans les sporocytes postérieurs, les quatre noyaux paraissent eux-mêmes composés de quatre et même huit groupes de chromosomes. Haplozoon ariciae Dogiel 1910 / ii^^^Ji^ \ «« BofilET.MftlO. 11 405-411 dI.XIIT. fis. 6-11. 1)1. XIV. fis. 29V }^ .^ fii}(-iC<^^ Haptozoow anciaeDoGiEL(1910, p. 405-411, pi. XIIT, fig. 6-11, pi. XIV, fig. 29). /--^ «^-i^ Parasite dans le tube digestif de l'Amiélide (| ?'(\s^ Aricia norvegica M. Sars. Trondheim. Norvège. Le parasite existe chez tous les individus et sou- vent en grand nombre. Le trophocyte, souvent étranglé en une sorte de - ^:p'[\,.' col, est muni d'un seul stylet, comme H. armatmn. na. cxxx. «». dogiel (i9io). Ti r , j 1 • 1 • Haplozoon ariciae Dogiel Il présente en outre des inclusions grasses. (x 450). Sa division s'effectue obliquement, moins cepen- dant que chez H. armatmn. Ce plan oblique est incliné de la face ventrale vers la face dorsale. Il se produit ainsi une file de six ou sept sporocytes. 268 EDOUARD CHAT TON ■ ■_•- V^.-» ^-"«Î.Lj» ^^**,'— T-i î^t>> oS' ' '*^^^^> ■-V :â"^ ^ >fe^ f ^ FiG. cxxxi. i)«. DOGIEL (1910). Eaplozoon macroHtylum Dogiel; a, individu entier (x 450); 6, cfHulc céphaliquc (tropho- cyte) ( X 1200). que DoGiEL considère comme étant tous issus séparément du trophocyte. Les plus anciens de ces sporocjrtes se divisent à leur tour suivant un plan qui coupe cha- cun d'eux en diagonale. La longueur totale des individus, où le nombre des cellules n'est jamais très élevé (6 à 17 cellules) ne dépasse pas 200 a. La période serait donc ici encore plus petite que l'unité et la forme de la série serait : I-1-I-1-1-1-1-2-2-2-2 Mêmes caractères cjrtologiques que chez les espèces précédentes. Haplozoon macrostylum Dogiel 1910 TIaplozoon macrostylum DoGiEL (1910, p. 411-413, pi. XIV. fig. 12-17). Parasite dans l'intestin d'une Anné- lide indéterminée de la famille des Malda- niens. Trondheim. Norvège. N'a été observé que chez deux indivi- dus où il était rare. Jeunes stades inconnus. Cuticule du trophocyte finement plis- sée longitudinalement et ondulée transver- salement. Stylet légèrement incurvé; nom- breux stylets de remplacement disposés sans ordre, existant non seulement dans le trophocyte, mais encore dajis la cellule suivante. Les individus les moins développés qui aient été observés possédaient au moins 80 cellules ; les plus développés, qui mesurent 250 à 300 //, en avaient un nombre très élevé. Ces cellules sont dispo- sées en files successives à direction sub- transversale, et sont en nombre double PÊRIDINIENS PARASITES 269 d'une file à la suivante, de l'avant vers l'arrière. La forme de la série est donc, comme chez H. armatum : 1,1-1-2-4-8-16-32-64 — . Cet agencement en files n'est d'ailleurs apparent que dans les deux ou trois premières, après lesquelles, les cellules paraissent associées sans aucun ordre. Elles forment une lame aplatie latéralement, mais qui à la partie postérieure est cepen- dant composée de plusieurs assises par suite de la division des cellules selon le plan sagittal du corps, caractère qui faisait défaut chez les espèces précédentes. Le trophocyte est uninucléé, la plupart des éléments suivants sont binucléés et tous montrent durant la division ces filaments que Dogiel a déjà signalés chez H. armatum et qu'il interprète, à tort selon nous, comme des fibres fusoriales. Haplozoon obscurum Dogiel 1910 ' Haplozoon obscurum Dogiel (1910, p. 413-427, pi. XIV, flg. 18-28, 31-34). Parasite de l'AnnéHde Terebellides strômii Sars à Trondheim, Nor- vège. Cet Ha^plozoon est btrictement localisé à la région du détroit qui donne accès de l'estomac dans l'intestin, où se trouvent généralement de 5 à 15 individus groupés en faisceau. Le trophocyte adhère étroitement par sa face antérieure qui est orga- nisée en une sorte de ventouse, à l'épithélium creusé d'une dépression à son contact. Un seul stylet non fonctionnel. Des pseudopodes filamen- teux dont la racine se prolonge dans le cytoplasme du trophocyte et jusque dans celui de la cellule suivante en passant par un pont inter- cellulaire. Nombreux myonèmes longitudinaux. Les parasites peu. développés rappellent de très près H. armatum aux stades correspondants. La forme de la série sporogénétique est la même, ainsi que l'agencement des sporocytes en files très obliques. Dans les individus plus développés, les sporocytes postérieurs se disposent en plu- sieurs assises par suite de divisions dans le sens sagittal, comme chez H. macrostylum. Trophocyte à noyau unique, le gonocyte et les sporocytes suivants à deux, et les postérieurs à quatre noyaux. Cytoplasme très granuleux, sombre. Dans la partie antérieure du corps, les sporocytes de chaque file sont réunis deux à deux par un pont protoplasmique, vestige de la dernière scission subie par ces cellules, en rapport avec le « Verbindung chromosom » que Dogiel a signalé aussi chez H. armutum. 270 EDOUARD CHATTON Un caractère d'ordre physiologique d'//. ohs- curum qui l'oppose à //. annatum est sa grande labilité au contact de l'eau de mer. Alors que ce dernier peut y vivre, extrait de l'hôte jusqu'à quarante-huit heures, le premier s'y altère au bout d'une heure ou d'une heure et demie, en se vacuo- hsant à un point tel que les éléments cellulaires sont réduits à|une mince couche de cytoplasme doublant la membrane. Nous avons observé chez les Blasto- dinium les mêmes différences de sensibiUté vis-à-vis de l'eau de mer, entre les diverses espèces. l'iG.^CXXxn. im. LiouiEL (1610), Tlaplozooi olscurum Dogiel ; a. individu ciitiiT(x 450); b, cellule céphalique (trophocyte) ( x 1200). Tels sont les faits principaux de l'histoire des Haphzoon, que nous devons à V. Dogiel^. 1. Il faut ajouter ici Haplozoon clymenellœ (g. u. Calkins) 1915, p. 46, fig. 1-5, parasite du Maldanion Clymendla lorquuta, qui est très voisin à'U. delicalulum Dogiel (cf. PocHE Arck. f. ProstUtenk. XXXVU, p. 6-14, 1917). Mentionnons auisi d'après F. Mesnil (Bull. Inst. Pasleur, XT, p. 230, 1917) l'existence chez le Spionldien Scolelepis fuliginosa, d'un Haplozoon. M. Mesnil m'a montré une préparation de ce parasite. Le matériel était trop réduit pour eu établir l'identité et eu faire la description. PÉRIDINIENS PARASITES 271 Les Haplozoon sont des Péridiniens I. HOMOLOGIES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES. J'ai, chemin faisant, relevé les caractères et les analogies qui lient étroi- tement les Haplozoon aux Péridiniens, et particulièrement aux Apodi- nium et aux Blastodinium, et qui justifient l'opinion que j'avais émise en 1906, que ces organismes ne pouvaient être séparés dans la systématique. Dans l'historique du début de ce chapitre, on a vu que Dogiel (1909), s'était j)eu à peu rallié en fait à cette manière de voir. Il avait d'ailleurs étudié les Gymnodiniacées et il n'aurait pu manquer de reconnaître entre les Haplozoon et les Péridiniens de frappantes analogies d'organisation sur lesquelles il a insisté à plusieurs reprises dans ses mémoires de 1908 et de 1910. Identité cytologique. — Dogiel a mis en lumière l'existence d'une uniformité structurale de l'appareil nucléaire des Haplozoon, des Gym- nodiniacées et des Noctiluques, uniformité qui s'étend aussi aux Apo- dinium, aux Syndinnim, aux SchizodiniuTn et aux Blastodinium. L'étude cytologique de ces derniers a confirmé particulièrement les analogies qui existent sous ce rapport entre les Péridiniens et les Cystoflagellés. Organes fixateurs. — Dogiel cherche à établir que les organes de fixation, stylets et pseudopodes auxquels les Haplozoon doivent leur habitus si particuliers ne sont point sans analogies chez les Péridiniens normaux et chez les Péridiniens parasites. H rappelle que chez les Podo- lampas Schûtt (1895) a vu un réseau de fins pseudopodes anastomosés sortir de la coque par l'orifice flagellaire et que Zagharias (1899) a fait la même observation sur Gymnodinium palustre. C'est de semblables pseudopodes que dériveraient les filaments fixateurs des Haplozoon aux- quels l'auteur assimile le pédoncule des Oodinium {Gymnodinium pul- visculus) et celui d' Apodiiiimn mycetoides. La discussion de ces vues trouvera sa place dans le chapitre relatif aux adaptations au parasitisme chez les Dinoflagellés. En ce qui concerne les stylets des Haplozoon, l'auteur considère comme primitive la condition offerte par les espèces où ils sont nombreux : et comme secondaire, celle réalisée par les espèces où ils sont uniques. Il les considère ainsi imphcitement comme des inclusions cellulaires secondairement mises au service de la fonction fixatrice, qui est elle- même une acquisition secondaire. Et comme telles, il cherche à les com- 272 EDOUARD CHATTON parer à certaines inclusions cytoplasmiques signalées chez les Péridiniens tout en avouant qu'il ne leur trouve pas chez eux d'équivalents rigoureux. Il ne s'arrête guère à les homologuer aux nématocystes du Gymnodinium àrmatum et des Pohjkrikos, et préfère les assimiler aux aiguillons en fais- ceaux que ScHÙTT (1895) a décrit chez les Podolampas. J'ai eu aussi l'occasion d'observer à Banyuls un gros Gymnodinium qui n'était pas rare en mai 1907 et dont le cytoplasme superficiel contenait de nombreux stylets qui, par leur disposition générale, rappe- laient les trichocystes des Ciliés quoiqu'ils fussent de taille bien supé- rieure. Très aigus à une extrémité, ils sont franchement tronqués à l'autre. Us sont orientés obliquement par rapport à la surface, leur pointe étant toujours dirigée vers celle-ci. Ce sont là autant de caractères qui les rapprochent des stylets des Haplozoon. Mais j'ai montré d'autre part (1914 h) que, sous le rapport de leur mode de formation, ils ne sont pas sans rapports avec les nématocystes des Gymnodiniens armés. On verra que les dinospores des Syndinium renferment aussi dans leur cytoplasme superficiel des inclusions aciculées très ténues, analogues aux trichocystes des ciliés. Il y aura intérêt à discuter les rapports de ces formations : stylets, trichocystes, nématocystes au chapitre des inclusions cellulaires, dans la deuxième partie de ce mémoire, d'autant que nous ne subordonnerons pas à cette discussion celle, qui nous occupe en ce mo- ment, de la parenté des Haplozoon avec les Péridiniens. Il nous suffit ici de montrer avec Dogiel que l'existence de stylets, comme celle de pseu- dopodes chez les Hajilozoon, ne peut en aucune façon plaider contre cette parenté, puisque des formations peut-être point homologues mais tout à fait analogues se rencontrent chez des Péridiniens avérés. Myofibrilles. — Ce que nous venons de dire des pseudopodes de fixation et des stylets, nous le redirons des fibrilles musculaires qui existent dans le trophocyte de tous les Haplozoon, bien que Dogiel prétende voir dans leur existence « la seule différence essentielle entre ces organismes et les Péridiniens ». De semblables différenciations struc- turales existent certainement chez les Dinoflagellés. J'ai pu les observer avec certitude chez Gymnodinium ohtusum. Les stries longitudinales qui ornent le corps de ce gros Péridinien ne sont pas des lignes d'épais- sissement de la cuticule, mais des fibres immédiatement sous-jacentes à celle-ci d'un c3rtoplasme condensé doué de propriétés contractiles. Leur contractilité se manifeste par des mouvements brusques et éner- giques du corps tout entier ou d'une partie seulement de son étendue, PËRIDINIEN8 PARASITES ^3 qui ont pour effet de modifier d'une façon passagère son galbe et son vo- lume. A ces contractions succède une détente progressive qui ramène le corps à saiorme primitive. Ces mouvements n'ont rien de commun avec ceux que Schiitt (1895) a signalés chez Gymnodinium cucumis et d'autres Péridiniens et qui seraient dus à l'expulsion brusque d'une certaine partie du suc aqueux que contient en abondance le cytoplasme de tous les Péridiniens. Ils rappellent, au contraire, ceux que DoGiEL a vus se produire dans la cellule céphalique des Haphzoon. Coques gélifiées. — Dogiel attribue avec juste raison une assez grande importance à la faculté que possèdent en commun Haphzoon et les Péridiniens de sécréter autour d'eux, particulièrement dans des conditions d'existence nocives, des coques gélifiées successives, souvent emboîtées les unes dans les autres. S'il est vrai de dire que cette propriété n'est pas l'apanage exclusif des Péridiniens (beaucoup de rhizopodes la possèdent ainsi que les Ciliés et les Acinétiens), elle en est du moins un trait carac- téristique qui s'ajoute aux autres que nous venons d'énumérer. II. Valeur relative des caractères péridiniens des haplozoon. Structure et division nucléaires. — Si nous avions à ordonner selon l'importance que nous leur attribuons les caractères dinoflagellés des Haplozoon, nous donnerions la première place à ceux tirés de la struc- ture du noyau et de son mode de division. Ils nous sont suffisamment connus maintenant pour que nous n'ayons pas à y revenir ici. Ce sont là des caractères ancestraux, au premier chef, qu'aucune influence exté- rieure n'a pu modifier, comme en témoigne leur uniformité d'un bout à l'autre du groupe, quelles que soient les conditions d'existence des formes qui le constituent. L'exemple des Syndinium montrera qu'ils survivent intégralement à la disparition, durant la période végétative, de tous les autres caractères qui distinguent un Dinoflagellé vrai. Et leur valeur est d'autant plus grande qu'ils ne se rencontrent en dehors des Dinoflagellés que chez les Cystoflagellés, qui leur sont si étroitement apparentés ^ Nous considérons que les caractères du noyau et de la mitose des Haplo- zoon suffiraient à leur marquer une place parmi les Péridiniens. La division transversale du trophocyte. — Nous donnerons 1. On retrouve des Caractères Cytologlques nucléaires tout à fait sembLables à ceux des Dinoflagellés, chez les Radiolaires, à certeiiies phases de leur évolution. Mais notis soulèverons à ce sujet la question de savoir s'il n'existe y.omt chez c.'s Rhizopodes des Péridiniens parasites intracellulaires comme ceux qui lufestent les œufs et les protistes (p. 327). ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — T. 59. — F. 1. 18 274 EDOUARD C H ATT ON le second rang au caractère de la division transversale du trophocyte. On sait que ce mode de scission est donné généralement comme distin- guant les Péridiniens d'entre tous les Flagellés. Mais on ne peut en toute rigueur affirmer que la scission de la cellule céphalique des Haplozoon s'effectue dans le sens transversal, si l'on n'a préalablement défini l'orien- tation de cette cellule par rapport à celle de la forme flagellée, et montré qu'elles coïncident. Or nous ne possédons sur ce point aucune indication. Nous ne nous arrêterons cependant pas à cette objection, car nous avons défini cette orientation de la cellule initiale chez les Apodinium et les Blastodinium et montré qu'elle était la même que celle de la dinospore. La comparaison qui s'impose à tous égards entre les Haplozoon, les Apo- dinium et les Blastodinium entraîne pour nous la conviction que la cellule initiale des premiers est tout à fait homologue de la cellule initiale des seconds, que son orientation et le sens de sa scission sont tout à fait les mêmes que chez les deux autres parasites. Remarquons au surplus que pour trouver dans la série dçs Protistes libres et parasites, une scission perpendiculaire au grand axe de la cellule, qui est en même temps l'axe de fixation, il faudrait l'aller chercher dans des groupes auxquels les Haplozoon ne confinent par aucun caractère : les Ciliés et les Phycomycètes. La sporogénèse itérative. — A peine est-il besoin d'insister sur l'importance des caractères tirés des phénomènes de la sporogénèse, ceux qui nous ont frappé dès l'abord, car ils se déroulent d'une façon rigoureu- sement parallèle chez les Haplozoon, les Apodinium et les Blastodinium. Il convenait cependant de les subordonner aux précédents, car ils sont d'un ordre moins général, puisqu'ils sont le monopole de genres parasites et que par là même ils peuvent être tenus pour récemment acquis et pure- ment adaptatifs. Nous montrerons effectivement que la polarité du tro- phocjrte, qui est une condition du phénomène de la sporogénèse pério- dique, est elle-même une conséquence immédiate des rapports trophiques du parasite avec son hôte. Mais nous montrerons aussi qu'une autre condition de ce phénomène est la division transversale qui sépare dans cette cellule initiale deux cellules- filles hétérodynames. Nous dissocierons ainsi ce caractère complexe de la sporogénèse itéra- tive en un caractère qui est d'acquisition récente, la polarité du trophocyte propre aux parasites, et un caractère qui est de possession anciemie, actuellement générale aux Péridiniens : la division transversale, dont nous avons fait valoir l'importance dans le paragi*aphe précédent. PÉRÎDINIEN8 PARASITES 275 Ajoutons que par leur condition fixée, la brièveté de leur période sporogénétique, leur- défaut général de pigmentation, les Haylozoon offrent plus d'analogies avec les Apodinimn qu'avec les Blastodinium. C'est vraisemblablement pourquoi Dogiel a complètement éliminé ces derniers de sa discussion par ailleurs très touffue, et ceci bien à tort, car dans le domaine où nous sommes, les faits ne sont pas encore si nom- breux qu'on puisse en négliger. Etat bi- et quadri-énergide. — Nous mentionnerons ici un autre caractère qui paraît propre aux parasites : c'est l'inhibition de la divi- sion cytoplasmique, qui aboutit chez les Blastodinium à un état cons- tamment binucléé des éléments du parasite, et souvent chez les Apodinium et les Haplozoon à un état quadrinucléé. Bien que l'on doive considérer cette inhibition comme une conséquence de l'hyper- nutrition due à l'existence parasitaire (v. p. 421) elle tient aussi à ce fait très général chez les Péridiniens, et sur lequel Dogiel a lui-même insisté, que leur noyau est en perpétuel état de caryodiérèse. Caractères mineurs. — Après les caractères majeurs, nous n'aurons plus qu'à rappeler ceux qui n'étant pas propres aux Péridiniens, n'in- firment cependant pas, mais ne confirment que peu la nature dinofla- gellée des Haplozoon : la faculté de sécréter des coques gélifiées, d'élaborer des inclusions aciculées dans leur cytoplasme et de pousser [des filaments servant à la fixation. III. Arguments contre la nature péridinienne des haplozoon. C'est le lieu ici d'examiner les arguments que l'on pourrait produire contre l'annexion des Haplozoo7i aux Péridiniens largement justifiée à notre sens par les faits que nous venons d'exposer. A la vérité, je n'en ai pas trouvé dans la discussion de Dogiel qui puisse nous retenir. La forme des spores. — On n'en peut naturellement tirer aucun de l'ignorance où nous sommes de la forme définitive des spores, des « Urgeschlechtszellen », comme les appelle Dogiel. Ce terme même impli- que que Dogiel leur suppose la condition essentielle des gamètes : la motilité. Mais il n'a pas précisé quelle forme il leur attribuait. Il s'est contenté de remarquer qu'elles ont au moment de lem* mise en hberté l'aspect de petits Gymnodinium. H eût pu les comparer très exactement aux sporocytes des Blastodinium avec lesquels ils offrent en outre cette particularité commune de n'acquérir leur forme définitive que plusieurs heures après leur évacuation dans le milieu extérieur. C'est à la con- 276 EDOUARD C H ATT ON naissance de la morphologie des spores des Haplozoon dont l'intérêt n'est pas à souligner, que devront tendre avant tout les efforts des chercheurs. Nous ne doutons point qu'elle confirme la place que nous donnons à ces organismes parmi les Péridiniens stricts. « L'ÉTAT PLURiCELLULAiRE ». — Il est un argument dont Dogiel a joué beaucoup dans sa discussion, et dont il a fait le pivot de son inter- prétation mésozoaire des Haplozoon, c'est ce qu'il appelle l'état pluri- cellulaire de ces derniers, qu'il oppose à l'état unicellulaire des Péridi- niens. Il dit par exemple : « Der gange Unterschied zwischen Haplozoon und Apodinium besteht demnach darin, dasz letzteres stets ein einzellige Organismus bleibt, indem seine Ursgeschlechtzelle sofort nach ihrer Bildung abfâllt, wàhrend Haplozoon bereits eine hohere Stufe der Orga- nisation erreicht hat und mehzrellig ge^^•orden ist. » Dans la distinction qu'il établit entre l'état unicellulaire et l'état pluri- cellulaire, Dogiel semble user plutôt du critérium tiré du mode d'union des cellules et de leur degré d'adhérence, que du critérium tiré du nombre même des cellules. Ce dernier le conduirait à classer trop de Protozaires parmi les Mésozoaires. Mais le premier ne nous semble pas meillem*. Ce qui fait que des cellules restent unies après la division, c'est-à-dire la consti- tution physique de la membrane est une chose qui varie dans un même aggrégat, avec l'âge des éléments. Nous avons vu que chez Apodiîiium mycetoïdes, contrairement à ce que dit Dogiel, les cellules de la généra- tion la plus ancienne restent un certain temps unies, sans autre cause que la viscosité de leur cuticule. Plus mûres, elles se séparent. Les Haplozoon présentent cette adhérence à un degré plus accusé Les cellules mettent plus de temps à mûrir et leur cuticule à se solidifier. L'asso- ciation cellulaire est un peu plus durable ici que là, sans que cela puisse s'interpréter comme une différence essentielle. Cette aptitude à former des agrégats n'est d'ailleurs pas propre aux Péridiniens parasites. Elle se manifeste à tous les degrés chez les Péridiniens libres, par la formation de chaînes. Dans certaines de ces chaînes les individus ne sont que lâchement unis {Dinophysidae, Cera- tium), par simple contact des individus les uns avec les autres ; chez d'autres formes, il y a liaison protoplasmique des composants {Ceratium candelahrum, Gonyaulax catenata). Enfin chez Gonyaulax séries, KoFOiD et RiGDEN (1912) ont fait connaître une association en chaîne où les limites des individus, bien marquées sur le squelette, ne le sont plus du tout dans le cytoplasme qui est continu d'un bout de PËRIDINIEN8 PARASITES 277 la chaîne à l'autre, formant ainsi un long plasmode. Kofoid et Rigden considèrent les Polykrikos comme représentant encore une exagération de cette disposition. IV. Relations avec d'autres groupes, EN particulier LES MÉSOZO AIRES. Nous ne pouvons résumer et critiquer ici les longues dissertations auxquelles Dogiel s'est livré, où jouent tour à tour les Coccidies et les Grégarines, les Cnidosporidies, les Ciliés, les Phycomycètes {Blastulidium, Amaoehidium), les Mésozoaires et les Métazoaires à développement schi- zogonique. Les comparaisons qu'il établit entre tous ces organismes sont, de son aveu même, toutes superficielles. Pour ce qui est des relations des Haplozoon avec les Mésozoaires, je renvoie aux deux mémoires de l'auteur et à la critique de Neresheimer (1908). Avec ce dernier, je pense qu'il faut restreindre la compréhension des Mésozoaires aux deux groupes des Orthonectides et des Dicyémides, qui présentent entre eux de réelles affinités, faute de quoi on leur refuse toute signification, et on leur interdit d'intervenir en tant que groupe naturel dans les discussions systématiques et les spéculations phylogé- niques. Je serai plus strict encore que Neresheimer et je distrairai des Mésozoaires les Neresheimeria {Lohmanella) et les Amoebophrya, pour les raisons que j'exposerai après avoir étudié les Paradinium au voisinage desquels la place des Neresheimeria me semble marquée. ///. PARASITES A SIÈGE CŒLOMIQUE LES PÉRIDINIENS PARASITES CŒLOMIQUES ET LES PARADINIDES Sommaire Les Syndinium et les Paradinides, p. 277. La cavité générale ; les glandes génitales des hôtes et leurs parasites, p. 279. I. — Cavité générale, p. 279. Système nerveux ; muscles, p. 279. — Appareil circulatoire, p. 279. II. — Glandes génitales, p. 280. Copépodes à 2-3 pléonites, p. 280. — Copépodes à 4 pléonites, p. 280. — Mâle à 5 pléonites ; la dernière mue ; phénomènes relevant de l'épitoquie, m. 281. — Masses oléo-adipeuses, p. 282. III. — Les parasites du cœlonie et des glandes génitales autres que les Péridiniens, p. 292. Les Syndinium et les Paradinides. — Nous ne connaissons de Péridiniens parasites des cavités fermées, véritables parasites internes, que chez les Copépodes pélagiques. Es présentent ce caractère très par- ticulier, et inconnu jusqu'ici dans le groupe, de végéter en plasmodes 278 EDOUARD CHATTON dans le coelome de leurs hôtes, à la manière des Mycetozoaires, plas- modes informes qui encombrent tous les espaces vides, s'insinuent dans tous les interstices, finalement se résolvent sans résidu, en des milliers de flagellispores. Ces flagellispores sont de petits Gymnodinium turbines incolores. Ce sont donc des dinospores. L'étude cytologique des plasmodes révèle la structure nuclé ire caractéristique des Dinoflagellés. Mais à côté de ces Péridiniens avérés, dont j'ai fait le genre Syndinium (1910), il existe dans la cavité générale des Copépodes, en partie chez les espèces mêmes où se trouvent les Syndinium, des flagellés plasmodiaux d'un type cytologique différent, dont les noyaux offrent une organisation intermédiaire entre celle des dinokaryon des Péridiniens et celle des protokaryon des Rhizoflagellés inférieurs (Amœbiens, Bodonidés, Try- panosomides, etc.). Par la morphologie de leurs flagellispores aussi, ces parasites montrent des caractères intermédiaires à ceux des Euflagellés et des Dinoflagellés, et ils nous offriront toute une série de transitions du type bodoniforme au type gymnodiniforme. Le type de ces flagellés est le Paradinium Poucheti Chatton 1910, parasite d'Acartia Clausi. Chez les Paracalaniis, il existe au moins deux espèces différentes étroitement apparentées au type et dont l'une au moins paraît dès maintenant devoir être classée dans un genre spécial que j'appellerai Atelodinium. Les genres Para- dinium et Atelodiîiium constitueront ensemble une famille naturelle, celle des Paradinidae, qui sera traitée dans la section réservée aux formes affines aux Péridiniens. Nous étudierons donc ici seulement les Syndinium. Mais avant d'abor- der l'étude du genre, une rapide esquisse de la cavité générale des hôtes est nécessaire. Elle facilitera beaucoup la compréhension du développement des parasites et de leurs rapports avec les Copé- podes. Nous y comprendrons la description des glandes génitales, surtout des gonades jeunes, que l'on pourrait être exposé à confondre avec les stades reculés de l'évolution des parasites. C'est la cavité générale de Paracalanus parvtis, où se rencontrent des Syndinium et des Paradinium, qui fera l'objet de cette esquisse. Celle des autres Copépodes, hôtes de Péridiniens cœlomiques, n'en diffère par rien d'essentiel. Il faudra dire aussi quelques mots des autres parasites que l'on trouve PÉRIDINIENS PARASITES 279 dans la cavité générale des Copépodes pélagiques et dont quelques-uns pourraient prêter à confusion avec certains stades des Péridiniens cœlo- miques. LA CAVITÉ GÉNÉRALE, LES GLANDES GÉNITALES DES HOTES ET LEURS PARASITES I. Cavité générale. La cavité générale de Paracalanus pai'vus est l'espace compris entre le tube digestif et la paroi du corps, moins ce qui en est occupé par le système nerveux, les muscles et les glandes génitales. Nous verrons que l'appareil circulatoire, bien qu'il ne soit qu'une dépendance de la cavité générale, est cependant bien individualisé. Système nerveux. Muscles. — Le système nerveux est volumineux, mais très condensé. Il comprend de gros ganglions cérébroïdes, situés entre le cœcum digestif antérieur et la paroi du corps et de gros gangKons sous-œsophagiens qui forment avec leurs connectifs periœsophagiens une volumineuse masse percée d'un petit orifice où passe l'œsophage. Aux ganglions sous-œsophagiens fait suite une chaîne ventrale assez condensée, oîi les ganglions sont peu marqués. Les muscles sont tous pariétaux. Il y a de grands faisceaux dorso-laté- raux qui s'insèrent sur les segments thoraciques et s'épanouissent sur les côtés du céphalothorax. H y a les muscles moteurs des appendices, à direction transversale qui s'insèrent sur les côtés de la tête et des seg- ments thoraciques d'une part, et sur les premiers articles des appendices d'autre part. Au niveau des sutures des somites, il y a de larges interstices entre ces muscles transversaux, où la cavité générale est directement sous-jacente au tégument. Appareil circulatoire. — L'appareil circulatoire se compose d'une poche contractile piriforme très mince, le cœur, situé sur la ligne médiane dorsale, au niveau de la suture du deuxième avec le troisième somite thoracioue^. Il est percé d'une valvule postérieure et de deux valvules latérales qui empêchent la sortie du sang. En avant, une autre valvule en empêche la rentrée. Elle donne accès dans un vaste vaisseau qui suit la ligne médiane dorsale jusqu'au sommet de la tête. Là il se recourbe et double le cul-de-sac antérieur du tube digestif, et en longe jusqu'à 1. Les auteurs donnent comme caractéristique de Paracalanus parrus la fusion avec la tête du 1"' pereionite. Cependant, chez la plupart des individus, la ligne de suture est encore apparente, Elle forme sur le profil dorsal un ressaut toujours net, au njveau correspondant îi la 2" maxille. 28Ô EDOUARD CHATTON l'œsophage la face ventrale, qu'il sépare ainsi du ganglion cérébroïde. Au niveau de l'œsophage, il se divise en deux branches qui enserrent celui-ci, et qui s'ouvrent largement dans la cavité générale ventrale. Au point où il se réfléchit antérieurement, le vaisseau dorsal émet à droite et à gauche un gros tronc qui pénètre l'antennule et la parcourt dans toute sa longueur. Il n'y a pas d'éléments figurés en suspension dans le sang. On ne voit que de rares cellules migratrices à pseudopodes fins et longs adhérents à la paroi des vaisseaux ou aux viscères. II. Glandes génitales. CopÉPODES A DEUX ET TROIS KjÉonites. — Il importe de bien con- naître les glandes génitales, surtout aux premiers stades de leur dévelop- pement pour n'être pas exposé à les confondre in vivo avec les jeunes plasmodes parasites auxquels elles ressemblent par leur aspect, leur volume et leur situation. La première ébauche apparente chez l'animal vivant se montre parfois déjà au stade à deux segments abdominaux. Elle est toujours présente chez les individus à 3 pléonites où on lui reconnaît un dualisme plus ou moins accusé. Les deux moitiés peuvent même être parfaitement sépa- rées, mais dans la suite leur fusion est toujours à peu près complète. Cette ébauche est située toute entière dans le premier péreionite, par conséquent un peu au-dessus du cœur, entre le vaisseau dorsal et l'estomac auquel elle est attachée par des brides conjonctives, et dont elle.paraît plus ou moins solidaire. Elle est formée d'un petit nombre de gonocytes sphériques avec un gros noyau à volumineux caryosome cen- tral. Les limites des cellules se voient toujours si l'on y regarde avec quelque attention. C'est là ce qui permettra toujours de distinguer l'ébauche génitale des jeunes plasmodes. On constatera même souvent que les cellules ne se comprimant pas réciproquement laissent entre elles des lacunes bien évidentes. La différenciation sexuelle n'est pas encore net» tement apparente chez l'animal vivant. Le sexe de celui-ci est cependant facilement reconnaissable chez le Copépode à 3 pléonites, aux caractères des pereiopodes de la cinquième paire. Chez la femelle, les deux pereio- podes biarticulés sont semblables. Chez le mâle, le pereiopode gauche très développé est triarticulé. CopÉPODES a 4 PLÉONITES. — Au stadc à 4 pléonites, la glande piri- forme ou clavifoime, à pôle effilé postérieur, s'étend depuis la suture des 3^in>' qi 4^ine percioiiitcs cu arrière, jusqu'au niveau de la deuxième et même PÉBIDINIENS PARASITES 281 de la première maxille en avant. Son sexe est déterminable. Nous ne pouvons décrire ici tous les aspectS qu'offrent l'ovaire et le testicule au cours de leur évolution. Nous les résumerons en ceci : chez le mâle, tou- jours reconnaissable par ailleurs aux caractères de sa cinquième paire dont le membre gauche est maintenant 4-articulé, les éléments les plus petits occupent le pôle antérieur de la glande. Ceci parce que les divisions spermatogoniques qui réduisent la taille des éléments débutent par le pôle antérieur. Chez la femelle, il en est bien de même des divisions ovogoniques, mais celles-ci sont compensées et bien au delà par un accroissement de la taille des éléments, de sorte que ceux du pôle anté- rieur sont plus volumineux que ceux du pôle postérieur. En somme, à ce stade, la glande génitale sera toujours facile à distinguer des plasmodes parasites grâce à sa structure hétérogène. Chez la femelle mûre, les ovules sont si apparents, non seulement dans l'ovaire même, mais encore dans les deux cornes récurrentes qui constituent l'oviducte et encombrent les espaces libres latéraux de la cavité générale qu'il ne peut y avoir d'hési- tation possible. Chez les mâles à 4 pléonites les plus âgés, l'identification du testicule se fera sans difficulté, grâce à l'existence du canal déférent, qui tirant son origine du pôle antérieur de la glande se recourbe d'abord vers la face ventrale, puis vers l'extrémité postérieure du corps, courant droit au milieu de la face latérale gauche de celui-ci, et aboutissant à l'orifice génital sur le premier pléonite (fig. 129). Mais une mue est encore nécessaire pour amener le mâle à l'état parfait. Mâle a 5 pléonites. La dernière mue. Phénomènes participant DE l'épitoquie. — La dernière mue s'accompagne de remaniements considérables qui constituent une vraie métamorphose. L'abdomen est à 5 segments. Le 5^ periopode gauche est à 5 articles, le canal déférent du testicule qui au stade précédent n'est le plus souvent pas visible, s'est épaissi, contourné, et il forme dans les deux derniers peréionites la matrice des spermatophores. Mais ce qui beaucoup plus que tout cela contribue à donner au mâle une physionomie particulière c'est une énorme prolifération musculaire. Les muscles ont envahi toute la cavité générale, ne respectant que l'espace occupé par l'organe sexuel. I^e tube digestif est comprimé à tel point, qu'il n'apparaît plus, même dans l'abdo- men, que comme un mince tractus de cellules dégénérées. Je consacrerai un travail spécial à ces remaniements somatiques qui sont en rapport avec le mécanisme de la fécondation, et dont on ne peut guère trouver l'analogue que dans l'épitoquie des Annéhdes polychètes. 282 EDOUARD CHATTON Masses OLÉo-ADirEUSES. — H faut encore signaler ici les masses oléo- adipeuses qui se rencontrent plus ou moins développées dans la cavité générale, le plus souvent en rapport avec le tube digestif, chez les Copé- podes à 4 segments et chez le mâle mûr. Elles sont toujours peu nombreuses. Chez la femelle, elles sont de petite taille. Elles ne se rencontrent que dans la région postérieure du céphalo- thorax, sans situation définie. Il n'en est pas de même chez le mâle. Il s'y trouve d'une manière cons- tante une grosse masse qui forme manchon autour de l'incestin dans les deuxième et troisième péreionites, et une autre plus petite, subsphérique qui se trouve au niveau correspondant à la mâchoire, intimement adhé- rente à la paroi de l'estomac, au-dessus de sa région glandulaire. Elle est en contact, dorsalement avec le pôle antérieur de la glande génitale. Elle occupe exactement la même situation que les tout jeunes plasmodes de Syndinium, qui, s'ils n'ont pas sa réfringence, ont sa forme, sa taille et son aspect homogène. La réfringence très grande de la substance grasse, sa propriété de réduire fortement l'acide osmique, permettent de la caractériser très facilement. Ces deux masses confluent presque toujours en une seule, à mesure que le Copépode avance en âge. Chez le mâle mûr, elle est fortement réduite, très comprimée et très déformée par la masse musculaire. Elle doit être en partie employée à son élaboration. Ajoutons que sur les pré- parations fixées et colorées, il n'y a pas de confusion possible entre les parasites et les glandes génitales. III. Les PARASITES DU CŒLOME ET DES GLANDES GÉNITALES AUTRES QUE LES PÉRIDINIENS. L'étude des Péridiniens parasites des Copépodes m'a amené à la découverte d'autres parasites de ces crustacés dont il est utile de faire mention ici pour mettre les chercheurs à même de les distinguer d'emblée, soit in vivo, soit sur coupes, des stades des organismes qui font l'objet de cette monographie. 1° Orchitosoma parasiticum Chatton (1913), parasite de Paracalanus parvus Cl. Cet organisme qui ne peut être rapproché d'aucun être actuel- lement connu est localisé aux glandes génitales mâles et femelles et à leurs conduits déférents qu'il distend au point que sa masse paraît contenue dans la cavité générale du Copépode (fig. cxxxiii). Les premiers stades, non visibles in vivo, se trouvent d'abord dans l'épithélium ger- PÉRIDINIEN8 PARASITES 283 minatif ou dans celui des voies déférentes de l'ovaire ou du testicule, qui sont très rapidement détruits. Ils sont dès lors complètement englobés dans un tissu fibreux réactionnel. Ces stades sont représentés par des cellules sphériques à gros noyau nucléole (protocytes) qui se multiplient par scissiparité, assurant ainsi l'encombrement total de l'organe. Le début de l'évolution est une scission produisant deux cellules hétérodynames, dont l'une (ectocjdie) s'étale sur l'autre (endocyte pri- maire) et la recouvi'e entièrement. L'endocyte se divise et se multiplie dans l'ectocyte qui, d'abord dilaté et laminé, éclate sous la poussée des endocytes primaires agrégés en morula massive. L'ectocyte rejeté dégé- nère, tandis que les endocytes périphériques de la morula prolifèrent, produisant des cellules indépendantes {mésocytes) qui s'accumulent autour d'elle sans se souder, et se multiplient très rapidement en réduisant leur taille. Les endocytes secondaires, eux, ne font plus que s'accroître. Ils s'organisent en une assise cellulaire, véritable épithélium, prismatique d'abord, cubique ensuite, qui limite une cavité centrale sphérique {cavité entéroïde) qui s'amplifie elle-même et devient ellipsoïdale. Dans cette cavité chacun des endocytes pousse un faisceau de longs flagelles, agglutinés en membranelle, qui s'insère près du noyau sur un plateau sidérophile représentant un agrégat de blépharoplastes. Autour de cette vésicule centrale, les mésocytes, devenus extrême- ment nombreux et très petits, forment une écorce épaisse et dense. Chacun d'eux, petit corpuscule ovoïde, pousse un long flagelle. Il a alors l'aspect d'un spermatozoïde. La cavité entéroïde s'est encore accrue, les endocytes se sont aplatis, surtout à l'un des pôles de la vésicule où celle-ci affronte la surface libre de l'écorce mésocj^taire. Là un orifice se perce, qui fait communiquer la cavité entéroïde avec celle virtuelle de la loge fibreuse. A ce stade j'ai vu plusieurs fois le sac formé par les endocytes se dévaginer brusquement et se retourner complètement en enfermant les mésocytes. Les endocytes, à la périphérie, membranelles en dehors, impriment à toute la masse un mouvement de rotation dans la loge. Mais ce processus n'est pas constant. Qu'il soit ou non, la fin de l'évolution est la même : dissociation de l'assise des endocytes, résolution de leurs membranelles en leurs flagelles constituants, division brusque et multiple du corps en petits flagellés ovoïdes semblables aux mésocytes mûrs. Ces éléments sont finalement expulsés par les voies génitales. FlG. cxxxill. On/iitoxoma paraxiticiim Chatton (1913). 1. Paracalanm parmts Ç x 130 en coupe substagittale montrant son ovaire infecté : c. .v. ov., cul-de-sac ovarien médian ; ovd., oviducte ; or. Ç, vulve ; eil., estomac ; int., intestin : ch. nerr.. chaîne nerveuse. 2-13. Stades évolutifs du parasite dans le tissu réactionncl conj. : 2. Protocyte ; 3. Scissiparité ; 4. Différenciation en cctocyte et en cndocyt« primaire ; 5-G. Multiplication des endocytes primaires dans l'ectocyte ; 7. Jlorula d'endocytes pri- maires, dégénérescence de l'ectocyte. Figures ci-dessiis x 1200 ; 8. Prolifération des mésocytes à la périphérie de la morula d'endocytes (endocytes secondaires) ; 9. Organisation des endocytes II en épithélium. Apparition d'une cavité entéroïde ; 10. Membranelles flagellaires des endocytes ; 11. Ou- verture de la cavité entéroïde à la surface du corps. Mésocytes transformés eu flagellispores ; 12. Dissociation di's membranelles des endocytes épars, avant la résolution de ceux-ci en flagellis- pores : 13. riagellispores. (Ces dernières figures x 700). PÊRIDINIEN8 PARASITES 285 Ces formations existent chez les femelles comme chez les mâles. A Banyuls, elles ne se présentent qu'en été, très abondantes (chez 30 pour 100 d'hôtes) les années chaudes, très rares les années fraîches. Elles ne peuvent d'aucune façon être confondues avec la spermato- genèse du Copépode. S'agirait-il d'une spermatogenèse supplémentaire saisonnière ? Remarquons qu'un tel processus est inconnu chez les Copépodes. Paracalanus parvus serait seul à le présenter. Ce processus se produkait chez des mâles en pleine spermatogenèse, chez des femelles en pleine ovogenèse, avec inhibition complète de ces phénomènes sans aucun de ces retentissements qu'a sur le soma du mâle la spermatogenèse normale et avec des caractères histologiques et cytologiques très différents de cette dernière ? Autant de caractères qui nous éloignent des cas de double spermatogenèse actuellement connus. La constance et la régularité de l'évolution, la proportion élevée et fonction de la température, d'individus présentant ces formations ne permettent pas de penser à quelque développement aberrant d'inclusions embryonnaires. La façon dont ces formations se substituent au tissu génital, leur multiplication endogène, la réaction fibreuse qu'elles provoquent, leur présence chez les deux sexes, leurs variations saisonnières et climatiques m'ont amené à la conviction qu'elles sont d'un parasite. Je renvoie à la note que je lui ai consacrée (1913) pour l'interprétation de sa structure et de son développement et pour la discussion de sa nature. Qu'il me suffise de dire ici qu'il n'en offi'e aucune avec les Dinoflagellés ou les Paradinides. On l'en distinguera facilement à tous ses stades de ceux de ces derniers qui sont parasites du cœlome des Copépodes. Aux stades jeunes, Orchitosorna s'en différencie par sa localisation strictement génitale, alors facile à reconnaître. Aux stades moyens et avancés, alors qu'il pourrait, à un examen superficiel, paraître siéger dans la cavité générale, le cloisonnement de la masse et la structure caractéristique de chaque compartiment ne permettent aucune confusion. £0 Genre Ichtliyosj^oridium ? Caull. et Mesnil (1905), parasite de la cavité générale de Paracalanus parvus Cl., de Clausocalanus arcuicornis Dana et d'Acartia Clausi Giesbr.. Ce parasite, qui n'est pas très commun et que je n'ai pas jusqu'ici spécialement étudié, se présente sous forme de tubes non cloisonnés de fort calibre (20 [x) ramifiés dans toute la cavité générale de l'hôte. Ils sont protégés par une mince cuticule lisse et contiennent un grand nombre de noyaux vésiculeux à gros caryosome 286 EDOLARD CHATTON (type protokaryon). Ces tubes sont parfois chargés de grosses inclusions réfringentes, d'autres fois colorés en jaune-orangé. A maturité ce plasmode se résout en une grande quantité de spores uninucléées, à noyau excen- trique^ polyédriques par pres- sion réciproque, de 4 ;x 5 de diamètre, et que j'ai rarement vues dissociées. Il est probable FiG. cxxxiil bis. Avartia clami parasitée jiar uuf liaplo.spo- FiQ. CLNXXIII ter. Acartia clausi infestée par un ridie (lehthyosporidium ep.) ( x 65). jeune plasmode à'Ichthyospordivm sp. encore localisé au contact de la paroi sto- macale. L'œsophage n'est pas représenté (X 125). que cette dissociation n'a lieu normale- ment qu'après la mort de l'hôte. Les stades les plus jeunes sont constitués par un bouquet de tubes très courts et déjà ramifiés toujours au contact de l'intestin, et l'enserrant souvent 1. Cette disposition des noyaux rappelle colle de Bertramia asperospora des Rotifères (Voir figure de Cathlert et Mesnii^ (1906). péewinijEjns parasites 287 comme dans une sorte de corbeille, ce qui semble indiquer qu'ils résultent de la germination d'une spore au niveau de la paroi intes- tinale. Même à ce stade jeune, ce parasite ne peut être confondu avec les plasmodes de flagellés étudiés dans ce chapitre. Ce sont des parasites analogues ou identiques qu'ApsTEiN (1911) a mentionné sous les chefs Parasit 7 de Cal'^anus fininarchicus, Parasit 10 ■.f'r. •.. ••".'.5 ;. • ',■■■ ^'■•■^'"':^ ■'■•;'r-,'\- • ' ••: FlG. cxxxiv. A gauche, fragments d'un plasniode de Cl-ausocalanus arcuicoris, les uns indivis, les autres en sporu- lation ( X 300); à droite, plasmode en 6i>orulation et spores dissociées ( x 950) ; près de sporuler et éléments isolés ( x 850). de Calanus (sp. ?). Quoique Apstein ait cru pouvoir rapprocher son Parasit 6 des Ichthyosporidium de Caullery et Mesnil, l'attribution de celui-ci aux Haplosporidies me paraît beaucoup plus douteuse que celle des précédents. Il s'agirait plutôt à mon avis, autant que je puis en juger d'après l'esquisse de l'auteur, de stades jeunes d'Atelodi- niuîïi. 30 Pleistophora sp. (Microsporidie), parasite de la cavité générale de Paracalanus parvus Cl, Aux stades sporulés la cavité générale des Copé- podes est encombrée de spores qui donnent à l'hôte, vu par réflexion, un aspect blanc crayeux, et très opaque lorsqu'il est vu par transparence. La région dorsale et les interstices musculaires des somites abdominaux sont particulièrement infiltrés. Ces spores sont ovoïdes à pôle anté- 288 EDOUARD CHATTON %% FiG. CXXXIV his. Spores de Pleixlo- 7j/(ora, delà cavité géiiéralp de Pa- mculanus pareils (x 1300). rieur obtus. Elles mesurent 3 [j. 5 de long sur 1 ;;. 7 de plus grand dia- mètre. A ce stade la natm-e du parasite est manifeste. Il n'en est pas de niênit' lorsque la sporulation n'est point commencée. Le plasmode peut être alors confondu in vivo et sur coupes avec celui d'un Atelodininm surtout celui d'Atelodiniu?n microsporum. Seule la constatation des blastocles, propres aux Paradi- nides permet de faire la distinction. 40 Des bactéries qui encombrent d'une culture dense la cavité générale des Paracalanus, Clausocalanus, Acar- tia, et l'obscurcissent comme font les plasmodes syn- diniens. Cette apparence a été une cause d'erreur lors- que je ne soupçonnais pas encore l'existence des Syn- dinium, en me faisant quelque temps méconnaître ceux-ci (p. 289). 50 Des levures du genre Monospora Metchnikoff (1884), carac- térisées par leurs asques aciculaires monosporés, mélangés dans la cavité générale de l'hôte aux formes bomgeonnantes. Ce parasite n'a été trouvé que très rarement chez Para- calanus parvus. N'est à con- fondre avec aucun flagellé para- site (fig. cxxxiid). 60 Des larves de distomes libres dans la cavité générale des Paracalanus et des Clau- socalanus. Aux stades oii les ventouses ne sont pas encore différenciées elles peuvent un instant en imposer pour des masses plasmodiales. Mais même à ce stade leur forme est tou- jours assez bien définie, leur contractililité assez apparente, pour permettre de les identifier comme embryons de trématodes. Cantt (1892) a figuré un trématode semblable dans la cavité générale de Clausia élongata Bœck et l'a rapporté au genre Apo- blema. riG. CXXXIV ter. Formes levure et asques d'une Monon- pora parasite de la cavité générale de Pantcakinus parvus ( X 1300). PÊRIDINIENS PARASITES 289 Genre SYNDINIUM Chatton 1910 Fig. 41, pi. IV ; 12S-135, pi. XII; ia6-151 bis, pi. XIII; 152-160 6w, pi. XIV. Syndinium Chatton (1910 p. 654). Syiidinium Chatton (1911, p. 476). Espèce type du genre : Syndinium turbo Chatton 1910. Sommaire Comment se sont présentés les Syndinium chez les Copépodes, p. 289. — Polymorphisme, p. 292. Syndinium turbo, p. 292. Hôtes ; fréquence ; indice d'infection, p. 292. I. — Stades encapsulés subsphériques, p. 293. — Aspect ; forme ; concrétions, p. 293. — Situation au contact de l'intestin ; nombre, p. 293. — • Capsule, p. 294. — Croissance ; disparition des concrétions, p. 294. II. — Envahissement de la cavité générale, p. 294. — Disparition de la capsule, p. 235. — Labilité du plasmode ; aspects in vivo, p. 295. — Réapparition des concrétions, p. 293. — Extension du plasmode, p. 297. III. — Structure du plasmode. Altérations de fixation, p. 297. — Capsule ; cytoplasme, p. 297. — Noyaux, mitoses, p. 297. IV. — Sporulation, p. 299. — Transformations des concrétions, p. 299. — Aspect général du plas- mode mûr et de l'hôte, p. 299. — Stabilité du plasmode, p. 299. — Phénomènes nucléaires, p. 299 • — Fragmentation du plasmode, p. 300. V. — Les dinospores, p. 300. — Libération, p. 300. — Polymorphisme, p. 301. — Macrospores, p. 301. — Microspores, p. 303. — Structure, p. 303. VI. — • Interprétation du polymorphisme des spores, p. 304. — Hypothèse de la pluralité des espèces, p. 304. — Hypothèse de la différenciation sexuelle, p. 305. — Hypothèse du polymorphisme spécifique non sexuel, p. 306. Formes d'identité incertaine, p. 307. Syndinium sp. de Clausocalanus arcuicornis Cl., p. 307. Syndinium sp. de C'alantis finmarchicus, p. 308. Conditions d'existence et parasitisme des Syndinium, action sur l'hôte, p. 309. Comment se sont présentés les Syndinium chez les Copépodes. — Les hôtes des Syndinium sont ces mêmes Copépodes : Paracalanus parvus Cl., Clausocalanus arcuicornis Dana, Corycœus venustus Dana, qui sont déjà si richement parasités par divers Blastodinium. La recherche de ceux-ci devait mener à la découverte de ceux-là. Mais ce ne sont point les stades végétatifs, parasites dans le cœlome, qui retinrent tout d'abord mon attention. J'avais bien remarqué dès le début de mes recherches certains Paracalanus dont la cavité générale, si translucide chez les indi- vidus normaux, était obscurcie à tel point qu'on ne voyait plus ni le tube digestif ni môme la musculature. Mais cet aspect, je l'avais observé communément chez les Cladocères d'eau douce, chez les Daphnies en particulier, et je m'étais rendu compte qu'il était dû chez ces Crustacés à la pullulation de bactéries dans les tissus. Quelques examens de ParoAM- lanus écrasés, quelques frottis colorés de leur contenu, m'avaient persuadé que j'avais affaire à une infection de même nature. Ce qui sort d'un Para^- ARCU. BE ZOOL. EXP. ET GÉN. — T. 59. — F. 1. 19 290 EDOUARD CHATTON calanus à Si/ndiniuni lorsqu'on l'écrase est une masssc informe qui diffuse aussitôt dans l'eau de mer et s'y résout partiellement en une infinité de granules animés d'un vif mouvement brownien. Ce que l'on colore sur les frottis est un coagulum très chromatophile semé d'amas plus chroma- tiques encore, de granules ou de petits bâtonnets que l'on pouvait prendre pour des bactéries. J'avais donc négligé ces Pàracalanus à corps opaque. Une autre observation d'abord indépendante de celle-là m'y ramenait plus tard. A plusieurs reprises, j'avais vu apparaître et se répandre, nombreux et très mobiles dans les bocaux de j)êche, de petits Péridiniens nus et inco- lores, d'une forme turbinée très caractéristique. Jamais je n'en avais observé de semblables dans les pêches qui sortaient du filet pélagique. Leur taille était d'ailleurs telle qu'ils n'y eussent point été retenus. Et c'est surtout vers la fin de l'après-midi qu'ils se montraient souvent en nuées considérables. Il n'y avait donc point à douter qu'ils prissent naissance dans le bocal même. Leur nombre, la soudaineté de leur appa- rition, leur taille égale, indiquaient qu'ils procédaient d'une sporulation multiple mettant en liberté un grand nombre de spores à la fois, et non pas d'une multiplication à l'état libre par divisions binaires répétées. On ne voyait d'ailleurs point de ces gymnodiniens en division. Il était naturel de supposer qu'ils n'étaient autre chose que les dinospores de quelque Blastodiniiim incolore. B. hyalinuin était alors commun chez les Pàraca- lanus et les Clausocalanus et c'est à lui que j'attribuai la production de ces petits Péridiniens. Dans le sédiment des bocaux, je pus trouver, effectivement, des dé- pouilles de Pàracalanus contenant encore en plus ou moins grand nombre de petits Péridiniens identiques à ceux qui nageaient. Tout ceci confirmait en somme qu'un Blastodinium leur donnait naissance. Et c'est avec cette conviction que je terminai ma campagne de 1908. Je ne soupçonnais pas à cette époque quLil pût exister chez les Pàracalanus que j'avais tant regardés, des Péridiniens sous une autre forme que celle des Blastodinium. Je revins à Banyuls en juin 1909 avec le projet d'étudier par le menu ce que je pensais être la sporogénèse de B. hyalinum. L'un de mes premiers soins fut de conserver en chambre humide des Pàracalanus infestés de ce Péridinien pour en observer la sporulation. Je fus surpris de n'obtenir que très difficilement quelques dinospores mobiles qui n'évoluèrent point jusqu'à acquérir leur forme définitive. Les Copépodes mouraient, seuls les feuillets périphériques des parasites se résolvaient en sporocytes nor- PÉIUDINIENS PARASITES 291 maux, les feuillets centraux et le trophocjrte dégénéraient ou subissaient une segmentation incomplète, le tout dans le tube digestif plus ou moins désa- grégé du Copépode. Il y avait là un mélange d'éléments de toutes taiUes, de toutes formes, englué de bactéries, qui n'oiïrait rien de comparable à la masse de jolies spores, uniformes, toutes mobiles que j'avais vue l'année précédente remplissant la carapace proprement vidée des Para- lanus. D'ailleurs, si les Blastodinium incolores étaient alors communs, les petits Péridiniens ne se montraient point dans les conditions où précé- demment je les voyais apparaître. Leur souche n'était donc point celle que j'avais présumée. Le souvenir des Paracalanus à cavité générale obscure me revint alors à l'esprit. Il ne s'en trouvait pas à cette époque dans les pêches. Ce ne sont d'ailleurs pas eux qui me fournirent la clef de l'énigme. A la fin de ma campagne de 1909, le 22 août, il vint à la côte un essaim de Corycœus venustus dont un grand nombre d'individus offraient, et d'une manière encore plus accusée, le même aspect sombre que les Paracalanus. Il me suffit d'en conserver quelques-uns en chambre humide pour, au bout de deux à trois heures, voir la masse obscure du plasmode aux différents stades de l'individualisation des spores et assister à la mise en liberté de celles-ci. Cette année là, je n'eus plus de Paracaïaîius infestés de Syndinium, mais dès le début de mes vacances de 1910, dans la seconde moitié de septembre, j'eus un matériel abondant de ces para- sites qui me permit d'étudier leur développement. Mais cela n'allait pas encore sans difficultés. Les Syndinium ne sont pas, je l'ai dit, les seuls parasites du cœlome des Paracalanus. Ceux-ci ont souvent leur cavité générale envahie, non seulement par certains des para- sites que j'ai signalés plus haut, mais aussi par les plasmodes de plusieurs Paradinides qui seront étudiés plus loin, et dont ils sont fort difficiles à 'différencier. C'est pourquoi il faudra faire une étude très détaillée des stades plasmodiaux des Syndinium, tels qu'on peut les observer chez les Copé- podes vivants, et l'illustrer de nombreuses figures. De même en ce qui concerne les Paradinides. On fera plus facilement ainsi distinction et comparaison des deux genres. C'est comme je l'ai dit, surtout chez Paracalanus parvus que j'ai fait l'étude la plus complète des Syndinium. Le parasite de Corycœus venustus ne m'est connu qu'aux stades avancés et par ses spores. Je n'ai pu dis- tinguer ce parasite par aucun caractère et je le range provisoirement dans la même espèce : S. turbo. 292 ^ EDOUARD GHATTON H y a chez Clausocalanus arcuicornis un Syndinium dont je n'ai observé que les stades moyens du développement. Son plasmode présente certains caractères spéciaux, qui, sans me le faire considérer comme une espèce autonome ' écessitent d'en traiter à part. Enfin, certains parasites (Parasit 9, P. 12, P. 18) observés par Aps- TEEN (1911), chez Calanus flnmarchicus sont, tout au moins l'un d'entre eux (P. 18), des Syndinium. Polymorphisme. • — La question du démembrement possible de l'es- pèce S. turho n'est pas à envisager seulement du point de vue de la spéci- ficité parasitaire. Elle se posera aussi pour les parasites d'une même espèce de Copépodes, Si toutes les spores qui naissent d'un même plasmode sont toujours semblables entre elles, il n'en est pas de même des spores issues de deux plasmodes, ou, ce qui est la même chose, de deux Copépodes différents. Il y a en effet, chez Paracalanus parvus, par exemple, des plasmodes à macrospores et des plasmodes à microspores. Et ces dernières se présen- teront encore à nous, sous deux aspects différents ! La signification du polymorphisme des spores chez les Syndinium, et chez les Paradinium où des faits de même ordre existent, est un des problèmes qui s'offriront aux chercheurs futurs. Le temps que sa solution eût exigé m'aurait conduit à retarder encore la publication de ce travail. J'en serai donc réduit à n'exposer relativement à ce point que des hypothèses. Syndinium turbo Chat ton 1910 Mêmes figures que pour le genre, moins la flî. 135. Syndinium turbo CHATTON (1910, ii. 6ôi). Type de l'espèce, parasite dans la cavité générale de Paracala- nus parvus Cl., à Banyuls-sur-Mer. Eté. Automne. Fig. 41, pi. IV; 131 "-134, pi. XII; 136-144, 148, pi. XIII; 152-160 bis. pi. XIV. HoTES. Fréquence. Indice d'infection. — J'ai déjà, en étudiant Blastodinium spinulosum, parlé des conditions dans lesquelles Paraca- lanus parvus se rencontrait dans le plancton de la baie de Banyuls. A la fin de l'été et en automne, les seules saisons où je me suis trouvé à Banyuls, depuis que je connais les Syndinimu, ceux-ci se montrent avec plus ou moins d'abondance chaque fois que les Paracalanus sont eux- mêmes en nombre dans le plancton. J'ai pu compter le 27 août 1911 62 Paracalanus de tout âge parasités par des plasmodes à tous les stades PÉRIDINIEN8 PARASITES 293 sur 300 examinés, soit environ 20 p. 100. La proportion est donc considé- rablement plus élevée que pour celle des Paracalanus hébergeant les divers Blastodinium. Corycœus vejiustus est souvent parasité par des plasmodes qui ne peuvent être différenciés, non plus que leurs dinospores, du parasite des Paracalanus. Ces Copépodes ne sont pas rares en fin septembre et octobre. Et ils sont quelquefois parasités dans une assez forte proportion. Mais à cause du peu de transparence de leur corps, ils se prêtent beaucoup moins bien que Paracalanus farvus à l'étude de réyolution du parasite, surtout aux stades jeunes. I. Stades encapsulés et subsphériques. Aspect. Forme. Concrétions. — Le stade le plus jeune que j'ai pu observer se trouve déjà dans la cavité générale du Copépode, mais encore en rapport intime avec le tube intestinal (fig. 130 et 136). C'est un globe hyalin, translucide, peu réfringent, homogène. Sa forme fondamen- talement ellipsoïdale est généralement altérée par une constriction équatoriale qui lui donne un galbe en biscuit. Il mesure 30 \j. environ de diamètre. De sa structure rien n'apparaît, que parfois de vagues indices de la présence d'alvéoles sphériques ou ellipsoïdales, non conti- guës, qui, nous le verrons, représentent les noyaux, plus clairs que le cytoplasme qui les sépare. Mais cet aspect, rare d'ailleurs, est toujours aux limites de la visibilité distincte. Il n'en témoigne pas moins que dès ce stade très reculé, l'état plasmodial est déjà réaUsé. Les seuls éléments figurés que contienne le parasite sont de petites concrétions formant un ou plusieurs groupes peu nombreux en des points quelconques de la masse. Elles existent chez la plupart des parasites. Situation au contact de l'intestin. Nombre. — Le jeune plasmode est toujours en contact intime avec le tube digestif (fig. 130-132). Je n'ai vu à cette règle qu'une seule exception : le parasite était inclus dans l'épaisseur même de la chaîne nerveuse ventrale au niveau de la deuxième maxille. Dans tous les autres cas, les jeunes plasmodes sont accolés à la paroi intestinale et paraissent mêmes souvent partiellement enclavés dans son épaisseur. Leur siège de beaucoup le plus fréquent est à la partie dorsale de l'estomac en pleine région glandulaire, là précisé- ment où nous avons signalé chez les mâles, la plus petite des deux masses oléo-adipeuses, un peu au-dessus de l'ébauche génitale. Mais ceci est loin d'être une règle absolue. Le parasite peut se trouver non seule- 294 EDOUARD CHATTON ment en un point quelconque de la région glandulaire de l'estomac, mais en n'importe quel point antérieur à celle-ci, sur n'importe quelle face. Je ne l'ai observé que très rarement sur la région inférieure de l'intestin, jamais sur l'intestin abdominal. C'est aussi une règle à peu près générale qu'il soit unique chez son hôte. J'ai cependant noté à cela quelques exceptions. Les deux parasites ne sont pas toujours exactement au même stade. Ils peuvent être contigus, ou au contraire siéger en des points très éloignés. Dans l'un des deux cas, l'un des parasites était sur la région glandulaire, l'autre sur le cul-de-sac antérieur. Capsule. — Quelque soit sa situation, le parasite est toujours enfermé dans une capsule qu'il ne remplit qu'incomplètement 1 (fig. 136). Cette cap- sule paraît être en continuité avec l'épithélium intestinal, et l'on a souvent l'impression que le parasite est intraépithélial. La capsule est générale- ment très mince, mais quelquefois, plus épaissie, elle montre une texture fibrillaire. J'avais cru d'abord qu'elle représentait la basale épithéliale de l'intestin, distendue par le parasite. Mais il n'en est rien. L'étude des coupes seules nous permetta de préciser sa nature. A sa surface se voient fréquemment des cellules migratrices. Croissance. Disparition des concrétions. — A un stade un peu plus avancé, le parasite accru remplit sa capsule qu'il distendra de plus en plus (fi^-. 131). La constriction équatoriale a disparu. Il a généralement résorbé ses concrétions, et ses noyaux sont devenus plus apparents sous forme de taches claires, sphériques ou ellipsoïdales de 10 à 12 [j. de dia- mètre dans lesquelles, à un fort grossissement, l'on peut distinguer une sorte de spirème et un au plus deux très petits nucléoles. Mais ce sont là choses difficiles à voir, et bien souvent même les noyaux ne sont pas apparents. Ces stades se rencontrent indifféremment chez des Paracalanus à 2, 3 ou 4 segments abdominaux. C'est cependant chez les individus à 3 seg- ments qu'ils prédominent. Chez tous les individus déjà pourvus d'une ébauche génitale, qui sont parasités, même par les Syndinium les plus jeunes, la glande sexuelle montre des signes manifestes de dégénéres- cence. Les cellules, qui ne se compriment plus réciproquement, forment à l'intérieur de l'enveloppe de la glande devenue bien visible par suite de la contraction du contenu, une masse morulaire plus ou moins régu- lière (fig. 130-131-132). 1. Cette capsulp était niênip prôsonto ohoz lo jruno SinulinJum oliscrvé dans la chaiiiP nrrvousr. PÉHIDINIENS PARASITES 295 La croissance du plasmode continue, et de pair avec elle la multipli- cation nucléaire. Le parasite peut encore conserver très longtemps sa forme subspliérique. J'ai trouvé des plasmodes qui la présentaient encore, alors qu'ils mesuraient déjà 80 ^j. de diamètre. II. Envahissement de la cavité générale. Généralement lorsque le plasmode sphérique la physionomie du parasite se modifie, et l'on peut observer alors des aspects très variés, qu'il est plus facile de figurer que de décrire. L'un d'eux mérite d'être signalé tout d'abord, bien qu'il soit rare, car il paraît correspondre au stade où le plasmode est près de rompre sa cap- sule et de se répandre dans la cavité générale. Il est représenté par la figure 132. C'est une masse assez comprimée, qui a conservé une surface lisse et de courbure régulière, mais qui présente une structure d'apparence cloisonnée dans le sens radiaire. Je ne sais pas encore à quel phénomène correspond semblable apparence. Disparition de la capsule. — Les figures 132 et L33 représentent deux autres aspects qui cor- respondent à des stades où le plasmode n'est plus contenu par sa capsule disparue. Je n'ai pu savoir comment se faisait cette disparition. Il semble que ce soit par résorption car on n'en retrouve pas de vestiges, ni à l'examen in vivo ni à l'étude des coupes. L'un des plasmodes a un aspect boursouflé, les noyaux y sont invisibles. Il n'y a pas de concré- tions. L'autre, au contraire, a une surface à cour- bure régulière, les noyaux y sont légèrement appa- rents encore que toujours mal définis. H n'y a pas non plus de concrétions. Ce dernier aspect est beaucoup plus fréquent que le précédent. Labilité du plasmode. Aspects « in vivo ». une partie du plasmode montre une structure souvent apparaît brusquement sur une plus ou atteint de 20 à 30 v. cxxxv. Syndinium turbo chez Paraealanus parvun. Stade d'exten- sion du plasmode sui- vant de près la dispa- rition de la capsule (X 150). — Sur la figure 133 très particulière qui moins grande partie 296 EDOVARD CHATTOK de son étendue, et finit toujours par le gagner tout entier, lorsque l'observation entre lame et lamelle se prolonge quelque peu. De tout à fait homogène, très translucide et peu réfringent qu'il était, le plasmode devient tout à coup grossièrement granuleux. Il se décompose en une sorte de conglomérat de globes réfringents, de calibre régulier, noyés dans une masse commune formée de grains sphériques ou polyédriques, de toutes tailles (fig. 139). La même altération se produit lorsqu'on écrase le Copépode, Mais alors le conglomérat se dissocie dans l'eau, les globes réguliers se dispersent, tandis que la substance granuleuse qui les unit diffuse dans le liquide (fig. 140). Les gros globes sphériques, ellipsoïdaux ou même étranglés en biscuit, montrent assez nettement une structure fibrillaire. Ce sont les noyaux dont la substance s'est condensée. Le grossier magma qui les unit est le cytoplasme. Ces altérations montrent quel état d'équilibre instable, et quelle structure complexe cache l'as- pect homogène du plasmode normal des Syndinium (fig. 138). Elles expliquent la difficulté que l'on éprouve à le fixer pour en faire l'étude cytologique sans le modifier profondément. Elles ont un autre intérêt. C'est que, tout à fait propres aux Syndinium et faciles à provoquer, elles permettent de caractériser ces organismes quelque soit la variété des aspects sous lesquels ils se pré- sentent. RÉAPPARITION DES CONCRÉTIONS. — Aux stades quc nous venons de décrire, les concrétions, toujours présentes chez le très jeune Syndinium, disparaissent le plus souvent (fig. 138). Mais au fur et à mesure que le plasmode s'étend partout dans la cavité générale, on le voit se charger à nouveau de corps réfringents de forme très irrégulière, constituées chacun par un amas dense de petits granules qui se séparent facilement sous l'action de l'eau. Ces concrétions qui paraissent être de même nature que celles des très jeunes parasites, sont de taille très variable, même chez un seul parasite. Elles peuvent atteindre 10 \).. Elles sont à peu près régulièrement réparties dans la masse et elles donnent au plasmode et au Copépode un aspect très caractéristique que j'ai essayé de rendre dans la figure 134. Dans ce plasmode, les concré- tions étaient d'une taille à peu près égale, mais qui dépassait légère- ment la moyenne. Un des caractères de ces plasmodes à concrétions est que les noyaux n'y sont point apparents, non plus qu'aux tout premiers stades (fig. 141). Un autre est la tendance à la lobulation, mais souvent les lobes se com- PÉRWINIENS PARASITES 297 priment réciproquement à tel point que les sillons qui les séparent devien- nent virtuels et sont très peu apparents. Extension du plasmode. — A un tel stade, l'invasion de la cavité générale est très avancée. Tous les espaces libres sont occupés. Des filons plasmodiaux s'insinuent dans les interstices musculaires (fig. 137), Des lobes entiers encombrent la base des appendices et la partie anté- rieure de l'abdomen (fig. 134). Seul, l'appareil circulatoire dans sa portion bien endiguée (cœur, vaisseau dorsal avec sa branche récurrente) n'est point envahi. Il n'est même jamais aussi bien mis en évidence que lorsque entouré de toutes parts par la masse parasitaire, il demeure cependant turgide, tt cela jusqu'à la mort du Copépode. Et s'il arrive qu'il ne soit plus visible, c'est que sous l'effet des pressions qui s'exercent sur lui de toutes parts sa paroi s'est affaissée sur elle-même. Il en est d'ailleurs souvent de même du tube digestif. Depuis longtemps, tout vestige de la glande génitale a disparu. III. Structure du plasmode. Altérations de fixation. La structure du plasmode est la même durant toute l'évolution végétative. Il n'y a entre le plasmode encapsulé et le plasmode en extension que des différences insignifiantes. Capsule. Cytoplasme. — La capsule (fig. 153, pi. XIV) est une membrane fibreuse, souvent à double contour, et dans l'épaisseur de laquelle se trouvent de petits noyaux identiques à ceux qui s'observent dans les différentes formations conjonctives de l'hôte et en particulier dans la très mince tunique qui enveloppe l'intestin par-dessus la couche de fibres annulaires. Dans bien des cas même, il semble qu'il y ait continuité entre cette tunique et la capsule du parasite. L'une et l'autre prennent le vert lumière dans la double coloration de Prenant et le bleu de méthyle dans celle de Mann. Cette capsule, on le sait, n'est pas complètement remplie par le plas- mode. A l'espace qui existe normalement autour de celui-ci s'ajoute dans les préparations celui qui résulte d'une légère contraction du cytoplasme. Le cytoplasme est dense, de structure homogène, mais finement gra- nuleux. Il est fortement basophile. Les concrétions ne se retrouvent pas après fixation. Noyaux. Mitose. — Les noyaux, très nombreux, sont presque con- tigus. Ils sont comme chez les Apodinium, les Blastodinium et les Haplo- zoon, en état permanent de division, et je puis répéter ici ce que Dogiel 298 EDOUARD CHATTON disait des noyaux des HajÀozoon : leur état de repos nous est inconnu. C'est pourquoi ils ne se présentent pas sous une forme sphérique ou ellipsoïdale, mais sous l'aspect de fuseaux plus ou moins allongés. Beaucoup d'entre eux se profilent dans les coupes en cercles, mais ce sont ceux qui sont coupés normalement à leui grand axe (fig. 154-155). Il n'y a pas de membrane nucléaire individualisée, mais la vésicule nucléaire se présente néanmoins bien délimitée, sous forme d'une vacuole, dont le suc ne précipite pas sous l'action des réactifs. Dans cette vacuole claire, les chromosomes très sidérophiles, se distinguent avec une grande netteté, et comme ils sont peu nombreux, il est facile de s'assurer, sur- tout sur les noyaux coupés transversalement, qu'ils sont constamment au nombre de dix. Ce sont des cordons assez épais, verruqueux et sinueux, qui courent entre les deux pôles du fuseau, sans jamais s'anastomoser les uns avec les autres. Ces chromosomes, vus à un fort grossissement, appa- raissent comme formés par la juxtaposition de microsomes disposés sur une ou plusieurs files. Les pôles du fuseau sont plus ou moins aigus. H est difficile de dire si la pointe très chromatique de ces fuseaux représente ou contient un centre de division. Outre ces dix chromosomes, chaque noyau contient un assez gros nucléole sphérique ou ellipsoïdal, qui est lui aussi très basophile, mais qui, coloré au Mann, s'oppose bien par sa teinte rose aux chromoso- mes colorés en bleu- violacé. On peut voir de ces nucléoles étirés en hal- tère. Quelques noyaux, parmi les plus allongés, en contiennent deux. Dans quelques cas les fixateurs produisent une condensation en calotte de la chromatine, ou une condensation centrale, telle que les noyaux paraissent être du type protokaryon, avec un gros caryosome central dans une vésicule nucléaire à peu près libre (fig. 157). C'est aussi cette sorte de pycnose que montrent les noyaux des plasmodes qui ont été touchés par l'eau de mer aux stades où ils n'ont pas encore leur stabilité vis à vis d'elle. Dans le plasmode en extension, les noyaux sont un peu moins entassés les uns sur les autres, et la vésicule nucléaire moins bien délimitée. La taille des nucléoles s'est aussi légèrement abaissée. La surface des lobes du plasmode est nue. Les 8yndi7iium, qui sont par leurs dinospores des Péridiniens stricts, ont des noyaux quelque peu différents des dinokaryon tjrpiques, et la seule inspection d'une coupe de plasmode ne permettrait peut-être pas de recon- naître leur véritable nature. Ceci est surtout le fait de la réduction très PÉRIDINIENS PARASITES 299 grande du nombre des chromosomes, très nombreux dans le dinokaryon typique. Mais à comparer, abstraction faite de cette particularité, le noyau d'un Syndinium à celui du trophocyte ou des sporocytes les plus jeunes de B. Pruvoti, par exemple, on se rendra compte qu'ils sont exactement du même type. Il n'çn est pas moins vrai que les figures que nous avons décrites rappellent d'une manière surprenante celles qui ont été observées chez certaines Coccidies et chez les Radiolaires. IV. Sporulation. Transformations des concrétions. — Nous sommes maintenant tout près de la sporulation. La structure et par conséquent l'aspect du plasmode se modifient notablement. Les concrétions disparaissent à nouveau, et, soit par transformation directe, soit par uns dissolution suivie d'une précipitation, "ce qui est difïicile à apprécier, elles se trouvent remplacées par des corps lancéolés d'aspect cristallin, rangés de façon à dessiner les mailles d'un réseau, dont chacune délimite le territoire d'un? éergide (fig. 142 et 143). Ces cristalloïdes lancéolés vont eux- mêmes, par une série de clivages, donner naissance à de très fins aiguillons que nous retrouverons dans les spores, et qui dès maintenant, en dessinent grossièrement le contour. Aspect général du plasmode mur et de l'hote. — I-e plasmode à ce stade, tant à cause de sa masse que de la présence des inclusions dont il est chargé, a perdu beaucoup de sa transparence. Il a pris une teinte générale gris sale qui permet de distinguer du premier coup d'œil à un faible grossissement le copépode qui le contient de ses congénères nor- maux. A cette teinte s'ajoute toujours un peu de rose qui provient de la diffusion des chromatophores rouges présents chez la plupart des Paraca- lanus (fig. 41, pi. IV). Stabilité du plasmode. — L'état moléculaire même du plasmode s'est modifié. Il n'a plus sa labilité au contact de l'eau de mer, et si, lors- qu'on écrase le Copépode, le parasite se décompose en masses de tailles variables, celles-ci sont toujours constituées d'éléments intacts. Les figures 143 représentent l'une, une masse à plusieurs noyaux, l'autre une masse uninucléée, expulsée du Copépode, où cytoplasme et noyaux ont conservé leur structure parfaitement normale. Celle du noyau est assez bien apparente. Phénomènes nucléaires. — Au moment où le plasmode commence à se dissocier, les noyaux qui jusque-là n'avaient cessé d'être en division 300 EDOUARD C H ATT ON passent à l'état de repos. Les fuseaux, an lieu de se reconstituer complets aussitôt coupés, restent à l'état de demi-fuseaux. Les chromosomes se rétractent et se condensent notablement. Les nucléoles disparaissent. Les noyaux ont alors l'aspect de candélabres sans pied à dix branches robustes, dont huit périphériques et deux centrales (fîg. 158 et 159). C'est à cet état qui rappelle le stade en bouquet des noyaux dans cer- taines spermatogénèses et qui est probablement Tannonce d'une réduc- tion chromatique, que les noj^aux du plasmode sont répartis entre les spores. Des caractères et une évolution nucléaires tout à fait semblables ont été décrits par W. Huth (1913) et avaient déjà été vus en partie par BoRGERT (1909) dans la sporulation de« Thalassicolles (Radiolaires). Fragmentation df plasmode. — La sporulation va consister sim- plement dans la fragmentation du plasmode en autant de spores qu'il contient de noyaux, chaque spore emportant un peu du cytoplasme péri- nucléaire avec inclusions aciculaires. Mais cette fragmentation ne se fait pas d'une manière rigoureusement simultanée dans toute la masse. Elle n'aboutit pas du premier coup aux dinospores isolées. Le plasmode se décompose en masses secondaires d'importance très inégale qui peuvent elles-mêmes se scinder en masses tertiaires (fig. 143 et 144). A la surface de ces masses plasmodiales, la forme des spores s'esquisse avant que celles-ci soient individualisées. La surface se creuse en effet de sillons dont les uns marquent les limites des futures spores, et les autres les sillons, hélicoïdaux et longitudinaux, propres à celles-ci. Et dans ces sillons, il arrive que l'on voie des flagelles animés d'ondulations lentes, qui parviennent cependant à entraîner de gros fragments de plasmodes dans un lent mouvement de rotation lorsque ceux-ci sont extraits du Copépode (fig. 145). Aucun mode régulier n'apparaît dans la résolution du plasmode en dinospores, et il est difficile de se rendre compte des rapports que celles-ci affectent entre elles. Il semble cependant que les scissions qui aboutissent à leur formation ne relèvent pas du mode de division binaire propre aux Péridiniens, comme nous le verrons lorsque nous étudierons la morpholo- gie des spores. V. Les Dinospores. Libération. — La sporulation effectuée, le Copépode réduit à sa carapace n'est plus qu'un sac entièrement rempli de petits gymnodiniens incolores, peu mobiles d'abord, mais qui en très peu de temps s'animent et produisent un fourmillement de plus en plus intense, H y en a partout PÉEIDINIENS PARASITES 301 jusque dans l'abdomen et les appendices. C'est généralement par l'étroit orifice qui résulte de la rupture de l'antennule qu'elles s'échappent au dehors. On les voit se presser, plus ou moins déformées, dans la cavité de l'appendice et fuser par son extrémité ouverte. On dirait du sang coulant d'un capillaire. En chambre humide, cette libération des dinospores dure très long- temps, plusieurs heures, et elle est toujours incomplète. Les dinospores qui restent enfermées sont rapidement attaquées par les bactéries. Je ne les ai jamais vu former de kystes comme celles de ■ Blastodinium. Dans les conditions naturelles, la dépouille du Copépode, plus complètement et plus rapidement ouverte par suite de l'agitation du milieu, doit mettre très rapidement toutes les dinospores en liberté. La sporulation, depuis le moment où les territoires des spores com- mencent à s'indiquer, jusqu'à la fragmentation complète du plasmode, met à s'effectuer moirs de deux heures seulement. C'est vers le soir, entre 15 et 19 heures que j'ai toujours observé le plus grand nombre de plasmodes sporulés. Polymorphisme. — Lorsqu'on observe le même jour, à la même heure, un certain nombre de Paracalanus à Sy7idiniu7n sporulés, on ne peut man- quer d'être frappé de ce fait que certains individus contiennent de grosses spores mesurant 1-5 ;j. (fig. 146, 148, 149), tandis que d'autres renferment des spores beaucoup plus petites ne mesurant que 8 [j. (fig. 150-151). Il arrive aussi qu'au lieu de ces dinospores qui sont très nettement turbinées, on en observe d'autres, mesurant 15 ;;. qui sont ovoïdes, à pôle antérieur acuminé en forme de rostre et à i^ôle postérieur ventru, à sillons peu développés (fig. 176, pi. XVI). Ce sont elles que dans ma note préliminaire j'ai qualifiées d'une manière d'ailleurs impropre « dinos- pores à forme oxyrrhis ». Je ne sais pas si ces « spores à rostre » appartiennent à un Syndinium. Je les étudierai avec les Paradinides d'espèces incertaines. Provisoi- rement, nous ne nous occuperons donc ici que des spores turbinées. Macrospores. — Elles ont la forme fondamentale d'un fuseau robuste (fig. 146). L'un des pôles est à peine plus aigu que l'autre, c'est le pôle postérieur. La surface est creusée de deux profonds sillons. L'un, longitudinal, suit sensiblement la direction d'une des généra- trices du fuseau et se termine un peu au-dessous du pôle antérieur, et uu peu au-dessus du pôle postérieur. 302 EDOUARD CHAT TON L'autre sillon, plus large que le premier en réunit l'extrémité antérieure à l'extrémité postérieure en décrivant autour du corps un tour de spire à long pas dans le sens inverse de celui des aiguilles d'une montre. C'est le sillon hélicoïdal. Par liomologie avec l'orientation con- venue pour les Péridiniens libres, nous désignerons comme ventrale la face légèrement déprimée que parcourt le sillon longitudinal. Il y a autour de cette forme fondamentale de légères variations qui tiennent à la plus ou moins grande longueur du sillon hélicoïdal. Celui-ci peut se prolonger jusqu'à décrire un tour et demi et deux tours du corps (fig. 148-149). Et comme c'est surtout autour du pôle postérieur qu'il se prolonge, celui-ci se présente souvent en coupe optique comme une sorte de bouton pédicule. L'allongement du sillon hélicoïdal a une autre conséquence : c'est l'allongement du sillon longitudinal qui entraîne en quelque sorte les extrémités du sillon hélicoïdal lequel s'enroule lui-même en hélice, comme c'est le cas, par exemple, chez les Cochlodinium parmi les Péridiniens libres. A l'extrémité antérieure du sillon longitudinal prend naissance un long flagelle qui le parcourt dans toute sa longueur et le dépasse de beau- coup en arrière. Le sillon hélicoïdal est entièrement occupé par un flagelle rubané formant membrane ondulante, qui s'insère à son extrémité anté- rieure et paraît adhérer à la paroi du corps tout le long d'un de ses bords. Le cytoplasme de ces spores a une fine texture granuleuse. Le centre, homogène, plus clair représente l'emplacement du noyau, à limites impré- cises. Les seules inclusions que contienne le cytoplasme sont les fines aiguilles dont nous avons suivi la genèse à partir des concrétions du plasmode, et qui sont disposées dans la couche périphérique, plus ou moins perpen- diculairement à la surface. Ces acicules se présentent donc comme des trichocystes. Ils rappellent beaucoup les trichites que Schùtt (1895) a décrit chez les Podolayri'pas , mais ils ne me semblent point assimilables à ceux que j'ai observés moi-même chez un gros Gymnodinium libre que je n'ai pu déterminer et chez Polyhrikos Schwartzi (1914) ni à ceux que DoGiEL (1909) a observés chez les Haplozoon. Ces trichites ne sont d'ailleurs pas constants, non plus que les concrétions elles-mêmes dont ils dérivent. Une autre formation, peut-être de même ordre, s'observe souvent dans les macrospores. C'est une striation sous-jacente au sillon longitu- dinal, oblique par rapport à lui et qui est représentée dans la fig. 146. PÉRWINIÈNS PARASITES 303 Ces spores se meuvent très rapidement en ligne droite ou suivant de grandes courbes, en tournant autour de leur axe longitudinal, tantôt dans le sens, tantôt en sens inverse, de celui des aiguilles d'une montre. On peut les conserver en chambre humide douze et même vingt-quatre heures sans que l'on constate chez elles, ni bipartition, ni autre processus évolutif. Elles finissent par s'arrondir et se vacuoliser. Elles sont très sensibles aur moindres variations de pression osmotique du milieu, ainsi qu'à la compression entre lame et lamelle. L'état morbide qui s'en suit se traduit par un léger gonflement du corps, qui a pour résultat l'effacement plus ou moins complet des sillons. Les flagelles immobilisés se détachent. Je n'ai jamais vu les acicules expulsés à la manière de trichocystes. Lorsqu'on examine un Copépode dont le plasmode vient de sporuler, l'on voit souvent des spores, soudées deux par deux, qui paraissent être en voie de division. Ces spores finissent bien par se séparer, mais il ne faut pas à notre sens se baser sur ces aspects pour affirmer l'existence d'une scissiparité consécutive à la sporulation. Il s'agit simplement d'aspects particuliers de la résolution du plasmode en spores. Dans les spores dou- bles, les individus sont disposés comme s'ils résultaient d'une scission rigoureusement longitudinale d'un élément mère. Il n'y a rien là de com- parable à la division subtransversale ou très oblique des Dinoflagellés. Je n'ai jamais constaté de véritables divisions chez les dinospores par- faites des Syndinium. Microspores. — Les microspores ne mesurent que 8 \j. sur 5 \j. de large. EUes sont donc plus élancées que les macrospores. Leur structure fonda- mentale est exactement la même. Nous appellerons microspores a, celles qui en plus petit sont exactement semblables aux macrospores (tig. 150). Il en est d'autres (microspores j3 fig, 151), que j'ai observées beau- coup plus rarement, et dont la structure diffère notablement de celle des précédentes. Le sillon hélicoïdal qui est très large et très profond, fait un tour et demi de spire. L'importance du siUon longitudinal donne à ces dinospores un galbe turbiné très accentué, plus élancé encore que chez les microspores a et le sillon longitudinal est à peu près complètement effacé. Une particularité très curieuse de ces microspores [5 est la présence au pôle postérieur d'un corps lamellaire ou bacilHforme, très réfringent, qui occupe l'extrémité même du tortillon. Il est coUé au périplaste, et vu de 304 EDOUARD C H ATT ON profil, il semble même faire légèrement saillie au-dessus de la surface géné- rale. Ce corps cristalloïde a tantôt la forme d'un bâtonnet, tantôt celle d'une plaquette plus ou moins losangique ou circulaire. Les dinospores (i de certains plasmodes montraient en outre un ou deux petits cristalloïdes accessoires au dessus du principal, sur la même génératrice du fuseau. Ces formations sur lesquelles je n'ai pas essayé de réactions microchi- miques, sont vraisemblablement de même nature et de même origine que les trichites — ceux-ci faisaient d'ailleurs complètement défaut dans ces microspores jS. — Elles ne paraissent pas avoir d'équivalent morpholo- gique, chez les autres Péridiniens. Par contre, elles se présentent exac- tement avec la forme et la situation des « cristaux » caractéristiques des isospores chez les Radiolaires coloniaux {Sphaerozoum, Collozoum). Nous ne pouvons nous empêcher d'insister dès maintenant sur l'analogie étroite qu'offrent d'autre part les anisospores gymnodini- f ormes de certains RacUolaires {Sphœrozoum, Thalassicolla) avec les dinospores des Syndinium. VI, Interprétation du polymorphisme des spores. L'absence de caractères aux stades végétatifs et l'ignorance où nous sommes de la destinée des dinospores nous oblige à recourir à l'hypothèse pour interpréter les différentes formes que nous avons décrites. Voici plusieurs hypothèses : fo Les différentes formes de dinospores correspondent à autant d'es- pèces de Syndinium. 2P Macrospores et microspores sont respectivement les gamètes femelles et les gamètes mâles d'une même espèce ou encore les macro- spores sont des spores asexuées, les microspores a et (3 étant des ani- sogamèten. 30 Les différentes formes de dinospores sont le résultat d'une frag- mentation plus ou moins avancée du plasmode, sans signification parti- culière. Examinons successivement ces trois hypothèses. Hypothèse de la pluralité des espèces. — L'identité des spores issues d'un même plasmode, qui est un fait constant, est tout à l'appui de cette h;vi)othèse. Mais il n'est pas moins favorable aux autres. Contre l'hypothèse de la pluralité des espèces, nous ferons valoir la variabilité même de la taille et de la forme des dinospores d'un plasmode à l'autre. Dans l'exposé qui précède nous avons réparti celles-ci par raison de clarté en trois grandes catégories. Mais ces catégories sont loin d'être PÉMIDINIENS PAEASITES 305 bien définies. Entre les microspores et les macrospores, il y a des formes de taille intermédiaire. Chez les unes et chez les autres, nous trouvons que les sillons peuvent être plus ou moins développés en longueur, largeur et profondeur. Chez les unes et les autres, les acicules ou les cristalloïdes peuvent exister ou faire défaut. Si l'on voulait faire des coupures spéci- fiques d'après la forme et la taille des dinospores, il faudrait les multiplier à l'infini. Hypothèse de la différenciation sexuelle. — J'ai cherché natu- rellement à vérifier tout d'abord cette hypothèse par l'expérience. J'ai conservé en chambre humide, à maintes reprises, pendant douze et vingt-quatre heures, des spores dissemblables mélangées (macro- spores et microspores), sans constater de copulations ni entre spores semblables ni entre spores dissemblables. Ce résultat négatif ne me paraît certes pas définitif. Les conditions dans lesquelles se manifeste l'affinité sexuelle des gamètes peuvent être très strictes, et n'avoir point été réa- lisées dans mes tentatives. Celles-ci ont d'ailleurs également échoué lorsque j'ai mélangé des spores semblables de plasmodes différents. Il n'y aurait donc ni sexualité hétérogamique, soit isogamique, soit anisoga- mique, ni sexuahté pœdogamique ou autogamique ? Rien dans les images que fournissent les plasmodes fixés ne permet de songer à la possi- bilité d'une karyogamie précédant la sporulation. La gamogonie des Syndinium est encore à trouver, comme celle de la plupart des Péridiniens libres et parasites. Est-elle ici du mode aniso- gamique ? Les différences de forme et de taille des spores correspon- dent-elles à des différences sexuelles ? Les macrospores sont-elles les macrogamètes, et les microspores les microgamètes ? Ou bien les macrospores et les microspores sont-elles les gamètes e': les autres des spores asexuées, dont la différenciation serait marquée par la plus ou moins grande longueur des sillons, ou la présence et l'absence des inclusions, acicules ou cristalloïdes ? Autant de questions auxquelles il m'est impossible de répondre ici. Il faut souligner ici encore les analogies étroites qu'offrent, avec les dinospores des Syndiîiium, les « anisospores » des Radiolaires {Sphœro- zoum, Thalassicolla), non seulement par leur morphologie gymnodùiienne, mais aussi par un dimorphisme tout à fait comparable à celui que noua constatons ici. C'est ce dimorphisme qui a fait considérer ces « ani- sospores '.' comme des anisogamètes. Mais aucune démonstration objective de cette opinion n'a été jusqu'ici fournie. Brandt (1905), qui a le mieux Arch. de Zool. Exp. BT GÉN. — T. 59. — F 1. 20 306 EDOUARD C H ATT ON étudié les spores des Radiolaires à l'état frais, n'a pu constater au cours d'expériences tout à fait analogues à celles qui sont relatées ci-dessus aucune conjugaison, ni entre spores homologues, ni entre spores hété- rolrigues. Hypothèse du polymorphisme spécifique non sexuel, — Les conditions d'existence que deux Paracalanus différents offrent au même Syndinium ne sont pas absolument identiques. Les circonstances mêmes de l'infestation peuvent être diverses. La pénétration du germe ne se fait pas toujours au même âge de l'hôte. Selon le volume de la cavité générale du Copépode, selon le temps qu'il mettra à le remplir, les conditions de nutrition qu'il y trouvera, le parasite effectuera plus ou moins rapidement sa multipKcation nucléaire et la poussera plus ou moirir? loin. Il pourra produire en rapport avec ces conditions diverses des spores de tailUes diverses, plus ou moins chargées de concrétions, selon la quantité que le plasmode en a élaborée pendant sa croissance. Le métabolisme de ces produits au cours du développement, leur présence à certains stades, leur défaut à certains autres, montre assez qu'ils sont fonction du régime trophique du parasite. Lem présence dans les spores est donc de peu d'im- portance. Quant aux variations même de la taille de celles-ci, il y aurait chez les Syndinium quelque chose de comparable à ce que l'on observe chez ces microsporidies, où le pansporoblaste produit indifféremment, selon sa taille, et le nombre de ses noyaux. 2-4 ou 8 spores {Stempellia mutabilis LÉGER et Hbsse 1910), 8, IG ou 7i spores {Telomyxa glugeifornis Léger et Hesse 1910), 8 ou 16 spores {Octosporea muscae-domesticae Chatton et Krempf 1911). Dans tous ces cas, il n'y a pas de différences entre la taille des spores, en rapport avec leur nombre, par ce qu'est la taille du pansporoblaste qui est variable et la taille des spores qui est fixe. Mais chez Gurleya legeri, par exemple, Hesse (1903), a observé des spores de tailles bien différentes. H y a ici des macrospores et des microspores. Dans ce cas, ces variations ne peuvent être interprétées ni comme le fait d'une différenciation sexuelle, ni comme l'expression d'une différen- ciation spécifique. Sans qu'il soit besoin de lui assimiler celui des Syn- dinium, il montre que le polymorphisme des spores n'a pas nécessaire- ment une importante signification. Et ceci me semble particulièrement vrai chez les Péridiniens. N'avons-nous pas vu chez les Apodinium par exemple, le trophocyte aussi bien que les sporocj^es prendre la forme flagellée, c'est-à-dire se transformer en dinospores? PÊRIDINÏENS PARASITES 307 Syndinium sp. parasite de Clausocalanus arcuicornis Cl. Fig. 135, pi. XII, et CXXXV bis. Banyuls-sur-Mer, automne. J'ai dit que je ne connaissais pas les dinospores de ce Syndinium J'ai vu cependant à Villefranche en mars 1910 des stades très proches de la sporulation, et qui ne me laissent aucun doute sur l'attribution de ce parasite au genre. L'aspect des plas- modes w vivo et leur structure sur coupes auraient d'ailleurs suffi à l'affirmer. Le parasite des Clausoca- lanus ne diffère par rien d'essentiel du parasite de Paracalanus parvus et de Corycœus venustus. Il est pourtant deux particularités qui m'ont paru contantes chez les plasmodes jeunes et moyennement développés et dont l'une au moins ne s'est jamais pré- sentée chez ceux de 8. turbo. C'est d'abord leur situation ventrale par rapport au tube digestif qui se trouve repoussé du côté dorsal par le déve- loppement de la masse parasitaire. C'est surtout la présence dans cette masse d'une très grande lacune cen- trale bien délimitée par rapport à la masse même du plasmode et se pré- sentant comme remplie de liquide. Est-ce dans ce Péridinien plasmodial l'équivalent de la lacune aqueuse d'autres Péridiniens libres et para- sites ? Les autres caractères du plasmode sont exactement ceux de 8. turbo. Les noyaux y sont encore moins visibles que chez ces derniers. Les con* Fig. oxxxv bin. Syiidmium sp. chez Clausocalanus arcuicornis. Plasmode jeune (pi.) en situation ventrale, avec sa cavité ; z, cellules zygomèues de l'intestin de l'hôte ( x 110). 308 EDOUARD GHATTON crétions, souvent absentes, peuvent être aussi très nombreuses et de grosse taille. Ce parasite est beaucoup plus rare que celui de Paracalanus parvus et celui de Corycœus venustus. Syndinium sp. parasite de Calanus fmmarchicus Fis?, cxxxvi. Parasite « Nr. 18 » Apstein 1911, p. 219, fig. 18. Mer du Nord. Mai 1910. « Als Parasit im eigentlichen Sinne Kann icli die zu erwâhnden Fia. cxxxvi. im. Apstein (1911) ; a, h, c, « Parasit IV » de Apstein chez Calanus hyperboreug gt finmarchicus Figures se rapportant sans doute à un Syndinium dont les spores sont en formation ot où les masses présporales sont dissociées dans la cavité générale et celles des appendices ; a, appendice du copépode (X 50) ; b, c, masses pr<^sporales ; 6 x 50 ; c x 50 ; d, « Parasit XII » de Calamis et de Pseudocalanus, correspondant peut-être aux dinospores mobiles d'un Syndinium., aux spores à rostre ou aux bodonispores d'un Paradinium ( x 200) ; e, fig. 18 d'APSTEiN représentant certai- nement les concrétions d'un plasmode de Syndinium chez un Calanus. Gebilde nicht benennen. Es waren konkremente in einem lebenden Calanus, die bei durchfallendem Lichte dunkel, bei auffallendem Lichte AAeisz aussahen. Die Figur zeigt ihre Form. Aus Kohlensaurem Kalk bestanden sie nicht, da mit Salzsaûre keine Gasentwicklung stattfand. Die Konkremente lagen dicht in der Leibeshôhle zerstreut ». D'après la figure, bien plus que d'après la description, je crois pouvoir, affirmer que le parasite 18 de Calanus finmarchicus est un Syndinium PÉRIDINIENS PARASITES 309 dont le plasmode même est passé inaperçu tandis que les concrétions seules dont il était chargé ont attiré l'attention de l'auteur. On comparera la figure cxxxvi E, copiée sur Asptein, aux fig. 141 et 142 de la planche XIII. * * Il se peut que d'autres parasites signalés par Apsteln dans le même mémoire correspondent à des Syyidinium : Parasit p. 213, fig. 7. « Parasit 9 », p. 215, fig. 11. Les corps de forme ovoïde répartis dans la cavité générale, pourraient être des spores en voie de formation, et encore immobiles (fig. cxxxvi A. B. C). « Parasit 12 », p. 216, fig. 14, pourrait représenter les mêmes spores, plus ou moins déformées par gonflement, avec leurs deux flagelles. Mais il pourrait s'agir aussi bien d'un Atelodinium (fig. cxxxvi D.). Conditions d'existence et parasitisme des Syndinium Action sur l'hote. — Comme les Blastodinium, les Syndinium pro- voquent la castration parasitaire complète de leurs hôtes. Chez les Copé- podes qui hébergent de jeunes parasites et qui sont tous eux-mêmes, on le sait, de jeunes individus, à deux ou trois pléonites, on peut voir le rudiment génital coexister avec le parasite. Mais dès que celui-ci a dépassé le stade encapsulé et souvent auparavant, la glande génitale a complè- tement disparu. Il est difficile de savoir si cette castration est directe ou indirecte, la proximité de la gonade et du parasite rend possible le premier mode ; l'épuisement du Copépode, plus considérable encore que celui produit par les Blastodinium, peut suffire à provoquer la castration à distance. Malgré la végétation active du plasmode, la croissance de l'hôte n'est point inhibée. Les Copépodes parasites effectuent une, deux ou trois mues et atteignent toujours le stade pénultième. Je n'ai pas ici de documents me permettant de dire si comme chez les Copépodes à Blastodinium, l'infection a pour conséquence un abaissement de la taille moyenne des hôtes. Mais ils compensent largement le défaut d'itération sporogé- nétique, par le très grand nombre de leurs dinospores. On a vu que le plasmode envahit toute la cavité générale, mais res- pecte, pendant un temps assez long, le système circulatoire endigué. Les Syndinium sont des parasites moins parfaits que les Blastodinium et les Apodinium, organisés pour l'exploitation indéfinie de leurs hôtes. 310 EDOUARD CHATTON IV. PARASITES DES ŒUFS ET DES PROTISTES Cette cat('*gorie comprend : Les Chytrioâinimn {Gynmodinium) découvei'ts et étudiés par V. Do- fiiEL (1906), parasites sur les œufs pélagiques des Crustacés. Paulsenella {Ajjodiniimi) chœfocerafis décrite par Paulsen (1911), parasite sur certaines Diatomées pélagiques Duhoscquella {Gymnonidium) tintinnicola , vue par différents auteurs mais bien étudiée seulement par Duboscq et Collin (1910), parasite dans le corps cytoplasmique de Ciliés pélagiques, les Tintinnides. Trypanodinium ovicola Chatton (1912), parasite dans les œufs de certains copépodes pélagiques. Les Péridiniens parasites des Radiolaires dont Texistence était jus- qu'ici insoupçonnée. Notre connaissance des Syndinium, dont ces para- sites sont très voisins, nous permet d'affirmer leur présence dans le noyau et le cytoplasme des Radiolaires, d'après les descriptions et les figures des auteurs qui ont le mieux étudié ces derniers. Leur méconnaissance a été la source d'erreurs multipliées dans l'étude déjà si difficile, pour d'autres raisons, de la reproduction des Radiolaires. Nous étudierons d'abord pour nous conformer à notre plan général, les parasites à siège externe : Chytriodiniinn et Paulsenella, puis les parasites intracellulaires. On verra que la place des premiers eût été tout aussi bien à côté des Apodinium. Genre CHYTRIODINIUM Chattox 1912 Gi/mnodiniam V. DooiEL (1906, p. 20). ('hrutriodinium Chatton (1912, p. 91). Diplndlnitim KLEBS (1912, p. 390 [22]). Espèce type du genre : Chytriodinium roseum (V. Dogiel) 1906. Sommaire ChyModiinum roseum, p. 311. Rappel (1rs observations de Dogiel, p. .111. — Analor;ii>s avec les Apodinium ; Paiisporogcnèse ébauchée, p. SI 4. — Interprétation flu déhiit. du développeiuiut, p. :U4. Chi/triodinium itffine, p. 315. Valeur de l'espèce, p. 315. — Paiisporogcnèse ébauchée, p. 31,'). Chj/triodinium parasitinim, p. -SI?. Rappel des observations de Dogiel, p. 318. — Interprétation de l'appnreil rhabdoïde; analogies avec les Apodinium, p. 318. Conditions d'existence et parasitisme des Chytriodinium, p. 319. La connaissance que nous avons des Apodinium va nous permettre de rapprocher de ces organismes les parasites que V. Dogiel (1906 b) afailj PÉRIDINIENS PARASITES 311 connaître sous les noms de Gymnodinium roseum, G. affine et G. parasi- ticum. Elle nous suggère une interprétation des faits observés par l'auteur, notablement différente de celle qu'il en a donnée. Les raisons que j'ai invoquées au chapitre des Oodinium (p. 25) pour justifier la séparation du genre Gymnodinium des espèces à spores nues bien caractérisées par leur évolution végétative, m'ont déterminé récemment (1912) à créer pour les parasites étudiés par V. Dogiel le genre Chytriodinium. En même temps, G. Klebs (1912) qui, on le sait, affirme lui aussi la nécessité de démembrer le genre Gymnodinium, créait pour le Gym,7wdi- nium lunula de Schûtt (1895), qu'il ne croit pas pouvoir inclure dans le genre Pyrocystis Murray (1885), à cause des particularités de sa repro- duction, le geiu*e Diplodinium. A ce genre qu'il caractérise par l'existence de deux sortes de kystes (le kyste total et les kystes secondaires à 4 spores), il propose d'annexer les trois Gymnodinium parasites de V. Dogiel. Je tiens pour justifiée la création du genre Diplodinium, mais je crois que de l'exposé suivant il ressortira nettement que les trois Gymnodinium parasites ne peuvent lui être rapportés. L'existence des kystes secondaires à quatre spores nous apparaîtra comme un caractère mineur, sinon, comme le résultat d'une altération (on sait avec quelle facilité les Péridi- niens se sécrètent des coques). Par contre, nous mettrons en lumière l'existence d'une palisporogénèse ébauchée, liée au mode de parasitisme de ces organismes, et qui suffit à notre sens à justifier l'autonomie du genre Chytriodinium, abstraction faite de toute considération de priorité. La forme la mieux étudiée est le Chytriodinium roseum. Chytriodinium] roseum (V. Dogiel) 1912 Gymnodinium roseum V. Dogiel (1906, p. 20-26, pi. II, flg. 26-27). Chytriodinium roseum CHATTON (1912, p. 91-92). Parasite d'œufs pélagiques de Crustacés à Naples. Mai 1906. Voici l'essentiel des faits observés par Dogiel. Rappel des observations de Dogiel. — Dans le plancton de la baie de Naples, l'auteur a trouvé à la fin de mai de petits kystes sphé- riques (dimensions ?) à cytoplasme granuleux, de teinte rosée, enveloppés d'une fine pellicule. Chacun d'eux présentait en un point un petit orifice circulaire par lequel une petite boule de cytoplasme fait hernie {ausgestû- Iptwird). Elle est nue, incolore et contient une petite plaquette que l'au- 312 EDOUARD CIIATTON Fig. oxxxvn.( Voir légc-iid. \i. ùl3). PÉRIDINIENS PARASITES 313 teur considère comma l'opercule (Deckelchen) de l'orifice. Dans le kyste, au voisinage de l'orifice, un certain nombre de globules d'unlipoclirome rouge. Le cytoplasme sortant de plus en plus du kyste par l'orifice, la petite boule s'accroît jusqu'à dépasser la taille du kyste. Elle se recouvre alors d'une pellicule d'enveloppe, tandis qu'à son intérieur apparaissent (com- ment ?) quatre gros noyaux étirés en haltère, à structure fibrillaire très nette, situés dans une couche périphérique d'un cytoplasme très translu- cide. Le centre de la masse est occupé par deux vacuoles à contenu fluide. L'auteur appelle kyste A cette masse nucléée et kyste X la sphère primitive qui lui a donné naissance. Celle-ci dont le contenu commence à se raréfier s'aplatit de plus en plus et jusqu'à ne plus former qu'une calotte presque vide coiffant le kyste A. Elle contient toujours dans très peu de cyto- plasme résiduel les globes rouges. Le contenu du kyste A , où les vacuoles ont pris une grande extension, se scinde suivant un plan à peu près perpendiculaire au rayon qui passerait par l'orifice. Chaque moitié contient deux noyaux en haltère et une grosse vacuole. De ces deux cellules, la distale se divise bientôt, suivant un plan normal au précédent, en deux moitiés. Chacune d'elles contient déjà deux nouveaux noyaux, qui résultent d'une scission nucléaire qui a précédé la scission cytoplasmique. La cellule proximale s'est aussi scindée, mais suivant le sens de la première scission. Ces quatre cellules continuent à se diviser de façon à for- mer d'abord 8, puis 16 « sporoblastes ». Mais comme les divisions ne sont pas simultanées, il y a successivement 10, 12, 14, et enfin 16 «sporoblastes », Fia. cxxxvii. im. V. Dogiel (1906). Chytriodinium roseum (V. Dogiel). (Je reproduis ici le texte même des légendes de Dogiel que je fais suivre de celles qui correspondent à mon interprétation de ses figures). I. Cyste X mit Anlage der Cyste A ; d, Dekelciion ; œ, uffnung der ( yste X ; tr, Ziegelrothe Tropfen. Vergr. 425. (Le para ite trè, jeune, fixé sur l'œuf pélagique : des lipo ornes au point de fixation.) II. Cyste A mit 4 hanteLfôrmigen Ivernen nach ihrem Austritt aus der Cyste X ; m, Hiille der Cyste A, Vergr. 425. (Le parasite très accru aux dépens du contenu de l'œuf partiellement vidé. Noyaux en division et lacunes aqueuses visibles dans le parasite ) (Cf Apodinium.) (Peut-il être question d'une « sortie » du parasite de l'œuf ?) III. Der Inhalt der Cyste A tli ilt sich in 2 Sporoblasten ; die Kerne liegen in den wandstândin- gen Plasmaanhaiifungcn. Die Cyste X hat sich zusammengezogen. Vergr. 425. (L'œuf esta moitié vide). Le parasite s'accroît particulièrement par le développement de ses lacunes aqueuses (Cf. Apodinium). Il se divise normalement à l'axe de fixation en un trophocyte pro.ximal et un gono- cyte distal. (Cf. Apodinium) IV. Cyste A mit 4 Sporoblasten. Vergr. 425. L'œuf est presque vide. Le paras'te est au stade 1-1-2 : le gouocyte I a produit deux sporocytes, le trophocyte a produit un nouveau gonocyte. Stades identiq.: es à ceux du début de la palisporogenèse chez Apodinium. V. Cyste A mit viele Sporoblasten Vergr. 245. L'œuf ne contient plus qu'un résidu nutritif. Faute d'aliment, l'accroissement du parasite s'est arrêté et sa sporogénèse s'est réduite a une seule poussée. Le gonocyte et le trophocyte se sont divisés donnant des sporocytes. VI. VII, VIII. Chacun des sporocytes s'est sécrété une coque (cyste C). à l'intérieur de laqu'lle il s'est divisé en deux puis quatre sporocytes plus petite (suite de la sporogénèse). On voit ces élé- ments pousser des flagelles x 850). Deux de ces sporocytes sont figurés isolés. 314 EDOUARD CHATTON qui conservent chacun deux noyaux et se sécrètent une coque {kyste C). De chacun de ces sporoblastes, le contenu se divise par deux scissions successives, en quatre spores à un seul noyau et à constriction équatoriale d'où part un flagelle. Ces spores peuvent encore se diviser à l'état libre. L'auteur considère non sans quelque doute le kyste X comme un œuf de Copépode ^ dans lequel le Péridinien aurait pénétré et aux dépens duquel il se développe sous la forme du kyste A. L'hypothèse de la pénétration du parasite dans l'œuf n'est pas sans laisser l'auteur dans l'embarras, car il n'a pu y constater de visu la présence du parasite. n suppose qu'il y pénètre et y demeure à l'état amœboïde, plus ou moins confondu avec le cytoplasme de la cellule hôte. Analogies avec les Apodinium. Palisporogénèse ébauchée. — Le lecteur n'a pu manquer d'être frappé des analogies étroites que pré- sentent la structure et l'évolution de cet organisme avec celles des Apo- dinium. Présence de lacunes aqueuses, noyaux dédoublés, relégués dans une mince couche cytoplasmique périphérique, tout ceci n'apparais- sant que chez le parasite déjà notablement accru. Décollement de la pelli- cule d'enveloppe qui forme coque. Avance de la division nucléaire sur la division cytoplasmique. Scission subnormale à l'axe de fixation (subtransversale) séparant une cellule proximale tout à fait homologue du trophocyte, d'une cellule distale homologue du gonocyte. Division précoce de celui-ci dans le sens longitudinal. Nouvelle scission sub transversale de la cellule proximale constituant l'ébauche très nette d'une sporogénèse itérative. Et l'on a l'impression qu'ici les poussées sporales se succéderaient comme chez les Apodinium si la première ne suffisait à épuiser l'œuf du Copépode, qui n'offre à son parasite qu'une masse exploitable très limitée et incapable de compenser son épuisement par sa nutrition. Interprétation du début du développement. — Ces analogies étroites avec les Apodinium, nous suggèrent des premiers stades de l'évo- lution une interprétation sensiblement différente de celle qu'en a donnée DoGiEL et plus adéquate aux faits. S'il semble bien d'après l'observation de Dogiel que le parasite com- mence par pénétrer dans l'œuf, probablement à l'état de dinospore, il paraît bien douteux qu'il se développe ensuite à son intérieur et qu'il en sorte progressivement et tout accru. Je pense que la phase intracellulaire du développement est extrêmement courte, et que le parasite fait hernie à la %. C'eat soQ étude de Q. parasiticum qui lui suggère cette interprétation. PÉRTDINTENS PARASITES 315 surface dès qu'il s'est établi entre lui et le cytoplasme de l'œuf un contact suffisamment solide. Dès lors, il se comporte comme une spore d'Apodi- nium qui vient d'adhérer à une Fritillaire. Il s'accroît à l'extérieur de l'œuf en y puisant sa nourriture. Voici d'ailleurs un fait sur lequel Dogiel a lui -même attiré l'attention, qui plaide en faveur de cette manière de voir. Les globes de lipochrome situés dans le kyste X tout au voisinage de l'orifice y demeurent jusqu'à l'épuisement du contenu de ce kyste et ne passent jamais dans le kyste A. Si le parasite occupait une partie du kyste X, ce ne serait selon toute vrai- semblance, que celle voisine de l'orifice, là où siège le lipochrome. On ne comprendrait pas que celui-ci ne soit point en définitive incorporé dans le kyste A. Cette hypothèse a pour l'instant l'avantage de nous dispenser de chercher à l'intérieur du kyste X les limites de l'hôte et du parasite. Quant à l' « opercule », je suis tenté de le considérer bien plutôt comme une inclusion propre au parasite — quelque chose comme la plaquette des microspores p des Sipidinium (p. 303 et fig. 151) ■ — que comme un fragment de la paroi du kyste X... Par quel mécanisme le parasite pourrait-il forer ainsi, comme à l 'emporte-pièce, l'orifice par lequel il s'insinuera dans la cellule hôte? Chytriodinium affine (V. Dogiel) 1906 Gymnodinium affine V. Dogiel (1906, p. 26, fig. xxxvin-xii.) Parasite d'œufs pélagiques de Copépodes (?) à Naples. Mai 1906. Valeur de l'espèce. — L'auteur distingue cette espèce de la précé- dente par le complet défaut de coloration du kyste X et par la formation dans le kyste A de 32 u sporoblastes » à 4 spores, au lieu de 16 que formait Ch. roseum. Ce dernier caractère seul nous semble être de quelque impor- tance, car même en admettant que la présence ou l'absence du pigment dans les kystes X de Ch. roseum, et de Ch. affine, puisse permettre d'affirmer qu'ils sont d'espèces différentes, il resterait à démontrer qu'ils ne peuvent être parasités par le même Péridinien. Mais nous faisons également des réserves sur la valeur du second caractère, étant donnée la variabilité que nous avons constatée partout chez les Péridiniens parasites, du nombre des scissions sporogénétiques. Paltsporogénèse ébauchée. — Ch. affine ne nous intéresse que par certaine complication de sa sporogénèse, que Dogiel interprète comme une anomalie, et que nous considérons au contraire comnie un processus 316 EDOUARD CHATTON normal de sporogénèse itérative d'un degré plus élevé que celle à peine ébauchée dont Ch. roseum nous a fourni l'exemple. Un des rares exemplaires observés par Dogiel montrait à l'intérieur du kyste A, parmi de nombreux sporoblastes tétrasporés, un kyste secon- daire beaucoup plus volumineux que ces derniers et contenant 8 gros spo- roblastes. La taille de ceux-ci était telle qu'ils paraissaient devoir subir Fin. cxxxvii bis. Reconstitution d'après le texte de V. Dogiel (1906) de l'évolution d'un Chylriodinium affine, pour montrer que l'existence, considérée par l'auteur comme une anomalie, de deux sortes de «sporo- blastes » (sporocytcs) dans le kyste A (coque 1) est à interpréter comme le résultat d'une reproduction ])alisporogénétique comparable à celle des Apodinium et des Blaslodinium. X, l'œuf parasité ; A, le parasite ; t, le trophocyte ; g, le gonocyte. Sp.» sporocytcs de la première poussée. Sp.- soro- pcytes de la seconde poussée résultant de la segmentation du trophocyte. encore deux divisions pour se réduire à celle des autres. Sur l'origine de cette disposition, voici ce que dit l'auteur : Dans le kyste A, au stade à 4 sporoblastes, l'un de ceux-ci, celui qui contenait l'opercule (que l'on retrouve dans un des huit éléments du kyste secondaire) « s'est, pour une raison quelconque, dans des conditions défavorables (peut-être par l'effet de la pression du kyste X avec lequel il reste en connection), sécrété une coque et divisé à son intérieur en 8 éléments. Les 3 autres sporoblastes au contraire continuaient leur développement normal. PÊRIDINIENS PARASITES 31' Il suffit de jeter un coup d'œil sur la reconstitution schématique que j'ai faite du parasite dans ses rapports avec la cellule hôte, d'après la des- cription de DoGiEL, (fig. cxxx\ II bis) pour saisir de suite la complète homologie qu'il présente avec un Apodinium à deux coques emboîtées. Le trophocyte (pour employer notre nomenclature), a donné naissance à un gonocyte qui a subi trois scissions successives produisant 8 sporo- cytes. Pendant ce temps le trophocyte s'est sécrété une coque et s'est accru sous cette coque, épuisant la cellule hôte. H s'est alors lui même divisé trois fois e7i 8 sporocytes tandis que quatre nou- velles scissions des sporocyte:^ de la première poussée amenaient leur nombre à 128, contenus quatre par quatre dans trente-deux coquoi. Si rudimentaire et si imprécis que paraisse ce mécanisme, il n'en cons- titue pas moins l'ébauche incontestable d'une sporogénèse itérative. Chytriodinîum parasiticum (V. Dogiel) 1906 Gymnodinium parasiticum V. Dogiel (1906, p. 28, flg. XLn-XLV). Parasite d'œufs de Copépodes pélagiques à Naples. Mai 1906. L'auteur, faute de matériel, n'a pu réunir au sujet de cet organisme X riG. cxxxviu. im. Dogiel. (1906). Chytriodinium parasiticum (V. Dogiel). (Rcproductioa di.s légendes de Dogiel suivie de celle qui correspondent à notre interprétation des figures). A. Crustaceenei voa einera Gymnodinium befallen : /, Suspensionsfâden ; h, Hôlhe in dem Eiiuhalt; wi, innere, 7»,, auszere Hiille des Eies; st, Stabchenfôrmiger Apparat ;ir, rotlier Fettropfen Vergr. 50. (Œuf à la surface duquel le parasite se trouve fixé et dans lequel il a enfoncé un stylet St. absorbant traversant toute l'enveloppe gélifiée et atteignant le cytoplasme de l'œuf.) B. Crustace.'nei aus dera eine C'yste A heraustritt ; a, cyste A ^'ergr. 50. (Parasite plus déve- loppé dont le rhizoïde s'est rétracté amenant le cytoplasme de l'œuf à son contact.) 0. Stabchenfôrmiger Apparat ; 7;:. Kôpfchen ; h, Hais ; r, Korper ; e, Endplâttchen, Vrrgr. 425. (Détail de 1' n appareil rhabdoïde ». La o tête » représenterait le parasite, le « corps » le rhizoïde 1 1 0 la plaquette terminale » une expansion spatuUforme du rhizoïde au contact du cytoplasme de l'œuf.) D. Dinospores issues du parasite accru. que des documents très fragmentaires, et qui peuvent donner lieu à des interprétations variées. 318 EDOUARD CHATTON Rappel des observations de Dogiel. — Les œufs non parasités sont constitués par une sphère cytoplasmique translucide (dimension ?) contenant un globule d'un rouge vif. Elle est protégée par une double enveloppe : l'interne assez résistante, appliquée sur la cellule même, l'externe séparée de la première par un large espace libre. Elles sont réu- nies l'une à l'autre par une sorte de chalaze. Les œufs parasités diffèrent des premiers par l'existence d'une cavité intracytoplasmique et d'un « appareil rhabdoïde » {Stàbchenapparat) tendu entre la coque externe et la coque interne. Cet appareil rhabdoïde est de structure complexe. Il comprend : 1° une tête creuse, située au niveau de la coque externe, 2° un annneau collaire, 3^ un corps très élancé, 4P une plaquette au contact de la coque interne. Le corps (de l'appareil rhabdoïde) se raccourcit de plus en plus en s'épaississant, entraînant vers la périphérie la sphère centrale, jusqu'à ce qu'elle vienne au contact de la coque externe. Alors brusquement, le kyste du Gymno- dinium parasite surgit de l'œuf sous forme d'une petite sphère, analogue au jeune kyste A des formes précédentes. Pendant ce temps, l'appareil rhabdoïde a disparu, on ne sait comment, laissant comme seul vestige une sorte d'anneau qui limite l'orifice par lequel le kyste parasite, sorti de l'œuf, communique avec ce dernier. Le kyste A s'accroît, tandis que dans l'œuf vidé il ne reste plus qu'un peu de cytoplasme avec le globule rouge. Finalement, il forme des sporo- blastes, puis des flagellisporcs gymnodiniennes à sillons bien marqués, légèrement pigmentées. Comme l'auteur ne les a observées que déjà libérées dans des verres de montre au fond desquels il avait déposé les kystes à sporoblastes, il s'at- tache à démontrer qu'elles ne peuvent provenir que de ceux-ci. Interprétation de l'appareil rhabdoïde. Analogies avec les Apodinium. Que penser de cet « appareil rhabdoïde » et du rôle mystérieux qu'il joue dans la « sortie » du parasite de l'œuf. Il est sans doute imprudent de tenter, de se faire, sur des données trop frustes, une idée de ce que peut être la réalité, d'autant que, suivant une habitude commune à beaucoup d'auteurs, Dogiel ne nous dit pas si son récit est fait d'observations éparses et arbitrairement sériées, ou au contraire de l'observation prolongée d'un même organisme qui aurait évolué sous ses yeux. Mais pour ne pas l'enregistrer sans essayer de le comprendi'e, j'en PÊRIDINtENS PARASITES 319 propose l'interprétation suivante quijme procure^provisoirement quelque satisfaction : La « tête )) de 1' « appareil rhabdoïde » représenterait le corps du para- site, venu se fixer sur la coque externe de l'œuf, l'équivalent du jeune kyste d^Apodinium mycetoides. L' « anneau » assurerait la solidité du con- tact ; il serait comparable à la cupule d'A. rhizophorum. Le « corps » et la « plaquette » qui ne forment d'ailleurs qu'une seule et même pièce, représenteraient le pédoncule des Apodinium, pédoncule nu, au moyen duquel le parasite épuise à distance la cellule hôte. Ce pédoncule, formé de cjrtoplasme, est lentement rétracté et entraîne la coque interne. Il se fond en définitive dans le corps du parasite (k tête » de l'auteur), qui n'est autre que le kyste A. Celui-ci s'accroît progressivement et sporule. Ici encore, l'analogie avec les Apodinium serait des plus nettes. Mais dans la discussion des affinités, nous nous garderons de faire état de tout ceci, et nous nous en tiendrons aux documents plus sérieux que nous avons tirés des observations de Dogiel sur les deux premiers parasites. Ce qui est en question, c'est d'ailleurs bien moins les homologies étroites que présentent dans leur structure et leur évolution, les Apodi- nium et les Ghytriodinium, homologies qui nous paraissent dès mainte- nant suffisamment établies, que la question de savoir si elles traduisent des liens réels de parenté, ou simplement l'effet d'adaptations convergen- tes. Mais c'est là un problème dont la solution est étroitement liée à l'im- portance et à la signification que nous accordons au phénomène de la sporogénèse itérative et que nous examineront:; au chapitre général où nous traiterons de ce phénomène. y Conditions d'existence et parasitisme des Ghytriodinium Que le germe du Péridinienpénètred'aborddansl'œuf, ouqu'ils'accole simplement à lui, le parasite se comporte dans la suite du développement comme un Oodinium ou un Apodinium. Son corps est extérieur au cyto- plasme de l'hôte, mais cependant en contact plus intime avec lui puisqu'il est sessile, sauf chez C. parasiiicum, où il se nourrit aussi par l'intermé- diaire d'un pédoncule. Dans tous les cas l'axe de fixation paraît Coïncider avec l'axe de symétrie du parasite, de sorte que sa scission est normale à cet axe. Cette orientation, et la polarité trophique qui résulte du mode de nutrition du parasite, ont pour conséquence l'existence d'une polarité génétique qui se traduit par une palisporogénèse ébauchée. 320 EDOUARD GHATTON Celle-ci, très vi'aisemblablement, se poursuivrait si l'œuf, d'ailleurs incapable de croissance, n'était épuisé par une première ou au plus une deuxième poussée. Les Chytriodinium sont complètement dépourvus de pigment assimi- lateur. Leur nutrition est donc aux stades végétatifs entièrement parasi- taire. Mais la réapparition du pigment chez la forme libre {Ch. qrirosi- i'xum), la dinospore, prouve que les Chytriodinium ont eu pour souche immédiate des formes colorées. Les Blastodinium nous ont montré sur le vif le mécanisme de la dépigmentation parasitaire. (Icnre PAULSENELLA n. gon. Apodinium Paulsen (1911, p. 316, fîg. xvii). Espèce type du genre : Paulsenella chœtoceratis (Paulsen) 1911 Apodinium chaetoceralis Paulsen (1911, p. 316, flg. xvn). Sur des diatomées pélagiques du genre Chœtoceras, Ch. decipiens et Ch. boréale, récoltées sur la côte orientale du Groenland, par la Danemark- JExpedition, Ostenfeld remarqua des parasites qu'en raison de la nature exclusivement cellulosique de leur membrane il considéra comme des Péridiniens. H en confia l'étude à Paulsen. Ce sont des sphères de 13 à 25 a de diamètre fixées sur les soies des diatomées, sessiles ou développant au point de contact tout au plus un petit mucron (fig. cxxxix, C et D). Ces sphères ont une membrane à double contour, un cytoplasme granuleux et un gros noyau massif, quelquefois double. Elles se divisent en deux ou en quatre avec leur enveloppe. On en trouve aussi associées par deux dans une masse gélifiée. Qu'il s'agisse de parasites, cela n'est point douteux. Ils perforent la membrane et vident toujours la cellule à laquelle ils sont fixés, proba- blement par l'intermédiaire de rhizcïdes, détruits par la fixation. Ils se comportent à ce point de vue comme des Chytridinées. Mais leur structure ne permet guère de les rapprocher de ces champignons, dont les noyaux se multiplient d'une manière précoce et parallèlement à la croissance. La masse de leur noyau, leur mode de multiplication, et particuliè- rement leur division sous une atmosphère gélatineuse, et en plus la nature cellulosique de leur membrane décelée par Ostenfeld, font une somme de caractères telle qu'on ne peut guère les rapprocher que des Péridi- pêbidinijEnh parasites 321 niens. Je suis donc d'accord sur ce point avec les auteurs danois. Quant à leur annexion au genre Apodinium, laissons Paulsen exprimer lui-même Fia. oxxxix. im. Paulsen (1911). Pat«/«erteWa chœtoceratis (Paulsen). Divers individus, les uns végétatifs, les autres eu reproduction, fixés à des soies de Chaetoceras. <(, c, d, x 375, b, x 125 ; e, /, gr, x 67 h, i. X 500. ses hésitations : « The systematic position of this species, imperfectly known as it is, must of course be uncertain. I refer it with some doubt to the genus Apodinium Chatton (Comptes rendus Ac. se. Paris 144. 1907, Arch. de Zool. Bxp. bt Gén. — T. 59. — F. 1. 21 322 EDOUARD CHATTON p. 283, with figures. Se also : ibid 143. Chatton : les Blastodinides, ordre nouveau de Dinoflagellés parasites). The other Blastodinidae described and figured by Chatton are far from being like our species, but Apodi- nium mycetoides, a parasite upon Appendicularia, shows some features wich call to mind A. Chaetoceratis. A. mycetoides is fixed upon the host by a long stalk. Growing up and dividing it has at first some ressemblance to our species, being two-celled and of about the same form, but it is only partly filled by plasma, a great « lacune aqueuse » taking most of the room in the two cells. Later on the distal cell (« blastocytf; «) divides again forming many spores which again divide, and so a lot of small Gymnodi- nium-like spores are formed. The proximal blastocyte aftiîf a rest divides, and the new distal cell forms a new génération of spores, as described above. Of ail this I hâve found no trace by Apodiniujn (?) Chaetoceratis. As a whole this species may bc called rather dubious ». J'ai reproduit cette discussion in-extenso parce qu'ell(> répond exac- tement à ma manière de voir. Mais quant aux conséquences taxonomiques à en tirer, je serai plus catégorique que Paulsen : : On ne peut maintenir cette forme dans le genre Apodinium. Encore moins peut-on songer à l'annexer au genre Oodinium. C'est des Chytriodinium que jusqi^'à plus ample informé, elle semblerait devoir être rapprochée. Mais sa sporogé- nèse ne s'efïe(?tue pas, semble-t-il, par production de sporocytes sous une enveloppe commune. Sa membrane d'enveloppe est beaucoup plus épaisse. Son hôte est très différent de celui des Chytriodiniwn. Pour ces raisons, j 'en fais un genre autonome. Genre DUBOSCQUELLA nov. gen. Embryons de Tintiunides Hackf.i, (1873). Sporocystes de Tiutinnidcs Laackmann (1906, p. 442). Oj/mnodinmm Lohmann (1908). Gymnodiniwn GÉZA Entz Jun. (1909, p. 182). Gymiwdinium DuBOSCQ et Collin (1910, p. 340). Espèce type du genre : Duboscquella tintinnicola (Lohmann) 1908 Embryons do C'odonella guleu Hackel (1873). Sporocytes de Tintinnopsis C'ampainila Laackmann (1908, p. 442). Gymnodinium tintinnicola Lohjiann (1908). Gymnodiinum GÉZA Entz Jtjn. (1909, p. 182). Gymnodinium tintinnicola DUBOsccj et CoixiN (1910, p. 340). Parasite dans le cytoplasme de divers Tintinnides : Codonella galect Hackel (Hackel, 1878), Tintinnopsis Campanula Ehrbg. (Laackmann PÊRWINIENS PARASITES 323 1906 à Kiel, Lohmann, 1908), Cyttarocylis Ehrenhergi Cl. et Lach. (Geza Entz. jun. 1909, à Bergen, Duboscq et Collin, 1910, à Cette). L'attribution générique et spécifique des kystes vus par Laackmann (1906), chez Tintinnus suhulatus Ehrbg. et chez Oyttarocylis (Coxliella) hélix Cl. et Lach., à Kiel et par G. Entz. jun. (1909) chez Rhahdonella spiralis (Fol.), Tintimius lusus undœ Entz, Tintinnus Fraknoii Daday, Coxliella hélix Cl. et Lach. est très douteuse. Voici, intégralement reproduite, la description de Dubosgq et Collin (1910) à qui Ton doit l'étude la plus complète de ce parasite : «Des inclusions volumineuses, sans doute déjà entrevues par Hâckel (1873), ont été étudiées chez divers Tintinnides par Laackmann (1906) sous le nom de sporocystes. Cet auteur les considère comme représentant un mode de reproduction du Tintinnide lui-même par macrospores et microspores d'aspect gymnodinien, qui copuleraient dans des condi- tions inconnues. Lohmann (1903), puis G. Entz .junior (1909) ainsi que Jorgensen, ont retrouvé ces spores et s'accordent à les rapporter sans en avoir d'ailleurs suivi le développement à un Gymnodinien parasite. Nous nous rangerons à leur opinion, en faisant connaître la reproduction sexuée de ce Protiste énigmatique que nous avons pu observer sur un matériel abondant de Cyttarocylis Ehrenbergii Cl. et L., recueilli à Cette. A l'mtérieur du Tintinnide, le parasite se présente comme un corps subsphérique, à cytoj^lasme granuleux souvent creusé de vacuoles et pourvu d'un gros noyau, du type vésiculaire avec karyosome compact ou filamenteux. D'abord très petit, il grossit de plus en plus en même temps que son noyau et il atteint ainsi jusqu'à 20 jj. de diamètre sans que l'infusoù-e paraisse en souffrir. Nous ne sommes pas en mesure de décrire la multiplication nucléaire qui fait suite au stade uninucléé, mais nous pouvons dire qu'au terme de la croissance du parasite des divisions répétées donnent naissance à un amas dense de nombreux éléments toujours situés dans le cytoplasme de l'hôte. Ces éléments arrondis ou ovales, pourvus d'un noyau à réseau chromatique serré, mesurent environ 20 [j,. Ce sont bien des gamétoc3rtes. En effet, rejetés du corps de l'infu- soire, ils subissent (tantôt en dedans, tantôt en dehors de la coque) deux divisions successives correspondant très probablement à la réduc- tion chromatique. Chaque gamétocyte produit ainsi quatre petites cellules pareilles qui en très peu de temps se transforment en gamètes tous appa- 324 EDOUARD CHATTON remment semblables. Pour cela, elles s'étirent à un pôle en une sorte de rostre pointu, \ /j ^ ^////IVvN\ tronqué oblique ment, puis déve- loppent deux fla- gelles implantés latéralement. L'un de ces fla- gelles est dirigé vers l'avant et l'autre traîne à l'arrière, se ra- battant par ins- tants autour du corps, dans le plan transversal. L'aspect rappelle étrangement, quoique en di- mensions beau- coup moindres, celui à'Oxyrrhis marina. Les gamètes copulent deux à deux sans orien- tation définie, puis s 'arrondis - Fia. cxxxix bis. D'après des dessins originaux et inédits de 0. Duboscq et B. COLLIN, communiqués par ces auteurs ('). A. Ci/ttarocylis Ehrenhergi (Cl. et L.) contenant une grosse Duboscquella. A côté de celle-ci le ma- cronucleus et le micronucleus de l'hôte ( x 400) ; fi, une autre Cytta- rocylis parasitée par cinq Duboscquella ( x 480) ; C, spores ou gamètes vus de face et de profil ; D, l'un de ces gamète? vu par le pôle anté- rieur ; E, deux de ces gamètes en sporulation. 1. Ce chapitre relatif à Duboscquella tirUinnicola était resté, jnsqu'à la correction des épieuvcs, le seul qui ne fut pas illustré. J'ai demandé à la toute dernière heure à M.O. DuBOSCQ communication de documents originaux concernant ce parasite et l'autorisation de reproduire quelques dessins tirés de ces documents. Je le remercie vivement ici d'avoir bien voulu consentir à déflorer ainsi un travail inédit. li'examen de ces documents me suggère les brèves remarques suivantes : 1" Les noyaux de Duboscquella sont plutôt du type protokaryon que du type dinokarymi. Mais seule l'étude de la mitose permettra de préciser ce point (v. p. ex. • différences entre la mitose des Syndinium et celle des Atelodinium). 2° Les spores ou gamètes ont une forme à très peu près identique à celle de nos « spores à rostre » issues des Paracalanus (voir p. 353).Les unes et les autres sont aussi très semblables à r« Oxyrrhis » phaeocysticola de Scher- FEL (1900). Mais on sait depuis Senn (1911) que ce dernier flagellé est à séparer génériquemcnt de VOxyrrhis marina Dtrj. type du genre. 11 ost en quelque sorte un Oxyrrhis h pôles inversés. Structure des noyaux et morphologie des spores nous inciteraient peut-être à classer maintenant Duboscqudlv plutôt en marge des Pcridiniens stricts que dans le groupe même. Sa place eût été alors dans les Parudinidm tout à cOté des Atelodinium. Je saisis l'occasion, que m'offre cet exemple, de faire remarquer combien est justifié le parti que j'ai pris d'an- nexer daus ce mémoire à l'étude des Péridiuiens stricts celle d'un certain nombre de formes qui paraissent y confiner de très près. PÊRIDINIENS PARASITES 325 sent en copula après avoir perdu leurs flagelles. Nous ignorons la suite de l'évolution. Qu'il s'agisse là de la reproduction sexuée d'un Péridinien parasite, cela semble probable si l'on se préfère au récent mémoire de V. Jollos (1910) décrivant chez une forme libre Gymnodinium fucoriim Kûstee, des zoospores flagellées très semblables. Jollos insiste également sur les rapports étroits qui lui semblent exister entre la Cryptomonadine Oxyr- rhis marina et le groupe des Gymnodiniens. » L'habitat intracellulaire du parasite, sa forme subsphérique à l'état végétatif, son noyau à gros caryosome, sa sporulation multiple et la forme de ses spores, qui, par leur efïilure antérieure, rappellent les « spores à rostre » que nous étudierons au chapitre des Paradinidœ, sont autant de caractères qui nécessitent de créer pour ce parasite un genre antonome. J'ai le très vif plaisir de le dédier à 0. Duboscq. Disons ici que l'observation de Dfboscq et Collest, qui établit d'ime manière indubitable la nature de gamètes des flagellispores, a probable- ment une valeur très générale en ce qui concerne les dinospores. Genre TRYPANODINIUM Chatton 1912 Fig. 193-194, pi. XVIII. Trypanodinium Chatton (1912, p. xci). Espèce type du genre : Trypanodinium ovicola. Trypanodinium ovicola Chatton 1912 Trypanodinium ovicola Chatton (1912, p. 91, fig. vni). Type de l'espèce parasite dans les œufs des Copépodes pélagiques : Oithona ou Clytemnestra, à Banyuls-sur-Mer. Connu seulement par ses dinospores, fig. 193-194, pi. XVIII. Dinospores. — Le 27 août 1911, alors que j'examinais le produit de la pêche, mon attention fut attirée sur un sac ovigère détaché du Copépode qui le portait, par le spectacle singulier qu'offrait l'un des œufs. Réduit à sa mince enveloppe chitineuse, cet œuf contenait une vingtaine d'organismes d'une forme é* range, qui s'y livi'aient à un tournoi désordonné. Us sillonnaient en tous sens la cavité de l'œuf et tournaient sur eux-mêmes, comme s'ils se vissaient dans le liquide. J'en vis trois s'échapper par un orifice en boutonnière et sortir rapidement du champ du microscope. Ma toute première impression fut qu'il s'rgissait des 32G EDOrMil) CffATTOX flagellisporcs de quelque Chytridinée. On sait qu'il est fréquent, surtout en eau douce, de voir des champignons de cette classe {Olpidium, Blastu- lidium) parasiter les œufs de divers invertébrés aquatiques (Rotateurs, Cladocères). Mais à y regarder de plus près, la forme des spores m'ap- parut beaucoup plus complexe. Elle était d'ailleurs fort difficile à bien analyser à cause des mouvements très rapides dont ces éléments étaient animés. L'observation s'étant prolongée durant une demi-heure, entre lame et lamelle, leur activité se ralentit et je pus me rendre compte qu'il s'agis- sait de petits Péridiniens, de forme très aberrante, mais montrant cepen- dant les attributs caractéristiques du groupe (fîg. 193). Ils avaient la forme d'un segment de vis, d'un tour et demi de spire environ à pas long, à sillon large et très concave. Ce sillon représente le sillon héUcoïdal du Péridinien, démesurément accru, le long duquel ondule le flagelle transversal, tandis que le flagelle axial vibre dan ^ l'axe de la locomotion. Il m'a été très difficile de voir les insertions flagel- laires. Elles sont situées à la partie antérieure du corps, à la face infé- rieure de cette sorte de bec qui le prolonge en avant. Le bord postérieur du corps est largement échancré au point où lui est tangent le flagelle axial. J'ai essayé sans succès de fixer ces dinospores. Interprétation. Plasmodes dans les œufs. — Comment interpréter leur présence dans un œuf vidé de Copépode ? Il ne me semble pas dou- teux qu'elles proviennent de la sporulation dans l'œuf même, d'un Péri- dinien qui s'y trouvait à l'état de parasite intracellulaire, probablement sous la forme d'un plasmode analogue à ceux des Syndinium. J'ai cherché à constater de visu la présence de semblables plasmodes dans les œufs des Copépodes de la pêche où s'était montré l'œuf à dinos- pores. J'ai trouvé deux sacs ovigères dont l'un a été figuré (fig. 194), dans lesquels, à côté d'œufs en voie de développement normal (stades 2 et 4), on en voyait de complètement vidés de leur contenu, et d'autres où l'embryon en segmentation était remplacé par une masse cytoplas- mique finement granuleuse, remplissant complètement la coque, et semée d'une quantité de noyaux sphériques rangés sans ordre, entre lesquels il n'y avait aucune cloison cellulaire. ( îes noyaux étaient aussi bien délimités du cytoplasme que le sont ceux des Paradinium. Us pré- sentaient une teinte rose contrastant avec le défaut complet de colo- ration du cytoplasme. Dans l'hypothèse où ces masses plasmodiales représenteraient les PÉRIDINIEN8 PARASITES ^27 stades végétatifs de Trypanodinium, les œufs vides pouvaient être regardés comme ayant été occupés par des parasites arrivés à maturité et dont les spores se seraient dispersées. J'ai conservé ces sacs ovigères dans l'espoir de voir les masses plasmo- diales se résoudre en spores. Je n'ai rien obtenu. Aussi ne puis-je afîEirmer que les plasmodes des œufs soient les stades végétatifs du parasite dont les spores ont été décrites ci-dessus. Celles-ci et ceux-là méritent de faire l'objet de nouvelles recherches. Quoi qu'il en soit, on voit que les œufs des Copépodes pélagiques et les Protistes peuvent être attaqués de deux manières très différentes par des Péridiniens parasites. Tandis que les Chytriodinium et Paul- senella se développent sur la cellule à la manière des Chjrtridinées du genre Chytridium, Trypanodinium et Duhoscquella croissent et sporulent à son intérieur à la manière des Olpidium. \ EXISTENCE DE PÉRIDINIENS PARASITES CHEZ LES RADIOLAIRES Sommaire Dinospores chez les Radiolaires, p. 328. — Caractères cytologiques péridiniens dans leur sporogénêse, p. 329. Formes indifférenciées, p. 330. — Série A ou « Spindelkernserie », p. 330. — Série B ou « Schlauchkern- serie» p. 332. — Interprétation des deux modes de sporogénêse. Reproduction vraie et parasitisme, p. 334. — Conclusions, p. 336. Au cours de ce mémoire, j'ai attii'é déjà l'attention sur le fait que certains caractères des Péridiniens se retrouvent chez les Radiolaires, Or, ces caractères sont précisément ceux que nous considérons comme majeurs dans la définition des Dino flagellés. Ce sont les caractères essen- tiels du groupe, ceux qui échappent à l'action du parasitisme, et qui seuls nous permettent de reconnaître la nature péridinienne de formes aussi défigurées que le sont, par exemple, les Syndinium et les Trypano- dinium. Ces caractères sont : le type morphologique sporal, la dinospore. le type structural nucléaire, le dinokaryon et le mode de mitose qui lui est lié : la dinomitose. Il ne m'est pas possible de passer ici en revue tout ce qui, dans la littérature des Radiolaires, touche à l'existence chez eux de ces carac- tères. Je négligerai complètement le point de vue historique. Ce sont les travaux les plus complets, les plus soignés, les plus récents, ceux de Brandt (1835, 1890, 1895, 1902, 1905,) de Borgert (1897, 1900, 1909), de Hartmaitn et Hammer (1909), de W. Huth (1913) qui me fournissent 328 EDOUARD CHATTOX les exemples que je vais produire, d'une manière objective d'abord, et interpréter ensuite. DlNOSPORES CHEZ LES Ra- 1 i GLAIRES. — Depuis Brandt (1890, 1902) on admet l'exis- tence chez les Radiolaires de deux sortes de spores : les isospores et anisospores. Les isospores sont caracté- risées : P par le fait que toutes les spores issues d'un même individu sont de taille iden- tique ; £0 par leur silhouette gé- néralement piriforme, et leurs deux flagelles semblables (Haeckel et R, Heetwig n'en avaient vu qu'un) insérés au pôle antérieur aigu ; 3° par la présence constante d'un cris- talloïde (de protéine ? ) dans la partie postérieure de la spore (fig. cxxxix ter B.). On considère les isospores comme des éléments de repro- duction asexuée. Les anisospores sont carac- térisées : 1° par le fait que les éléments issus d'un individu sont de deux tailles différentes, ce qui les fait considérer commue des éléments sexuellement dif- férenciés, des gamètes, les macrospores étant les macro- gamètes, les microspores les microgamètes ; 2° par leur sil- houette réniforme ou étran- glée à l'équateur et la pos- session de deux flagelles inégaux insérés dans le hile du rein ou au JiO. C'X^xix ter. De A à 0, d'après Brandt (1905). H ori- ginal, l — A, Anisospores réniformes de Collozoum inerme. (microspore et macrosporc) ; B, isospore de la même espèce. C, D, anisospores gymnodinifornies de Sphaerozoum sp. ; E, F, anisposores de Thalassicolla nucleata. Gr, isospores de la même espèce. H, flagel- lispores ; isospores ?) d'un Sphaerozoum dessinées in vivo (X. 1000). PËRIDINIENS PARASITES r29 niveau de l'étranglement équatorial ; 3^ par l'absence de cristaUoïde. Les spores ont été étudiées dans des conditions convenables — elles sont très labiles — chez très peu d'espèces de Radiolaires. C'est à Brandt qu'on en doit les images les plus précises. Les anisospores de Collozoum inerme qu'il a figurées sont réniformes (fig. cxxxix ter A.). Il ne semble pas y avoir de différenciation marquée des eleux flagelles. Mais celles el'un Sphœrozomn {8. qyunctatum ?) ont une forme gj^mnodinienne des plus caractéristiques (fig. cxxxix terCD.). Celles de Thalassicolla nucleata — espèce que nous retrouverons plus loin — sont aussi nettement gymnodiniformes (fig. cxxxix ter E. F.)^. Caractères cytologiques péridiniens dans la sporogénèse. — Ces caractères ne peuvent être bien étudiés que sur coupes. Au contraire, la forme normale des spores, à cause de leur extrême fragilité, ne peut être observée que sur le vivant, et dans des conditions aussi proches que possible de celles qui régnent en pleine mer. Il en résulte qu'il est très difficile de relier avec certituele les formes sporales observées aux séries d'images offertes par le matériel fixé. Brandt (1905) est le seul qui ait établi une relation nette de cet ordre, pour Thalassicolla nucleata. Il a bien défini les caractères des deux évolutions parallèles et indépen- dantes qui conduisent l'une à la formation des isospores, l'autre à la formation des anisospores. Mais il l'a fait surtout par des images d'en- semble, sans aller jusqu'à l'analyse des caractères cytologiques pro- prement dits. C'est Walter Huth (1913) qui dans un mémoire remar- quablement illustré a bien précisé ces caractères pour Thalassicolla spu- mida et Th. nucleata. Il n'a malheureusement étudié les spores que d'une manière très insuffisante, et sans le travail de Brandt (1905) on ne aurait pas à quelles formes sporales aboutissent les phénomènes cj^tologiques décrits. La terminologie de Huth est d'ailleurs différente de celle de Brandt. La série de phénomènes désignée par Brandt sous le nom d'Isosporenhildung est appelée par Huth : SpindeU-ernserie et considérée par lui comme une macrogametogénèse ; V Anisosporenbildung de Brandt est la Schlauchkernserie de Huth qui la donne comme une microgame- togénèse. Dans Huth il n'est point question d'isospores ou spores asexuées. Ceci soit dit seulement pour la clarté de cet exposé. Une erreur que nous 1. « Die Form ist, wic dio Figuren zcigon, bei bciden diesel be — etwa bohnenfomiig, mit abgerundeten Endcn. Am Kôrper verlaiift eine schrâge Furclie, die don Aiiisosporeii von Thalassicolla und ."mcii von manclien Sph*rozoen eine grosse Alinlichkeit mit gewissen l>inoflagellaten, Z. 15. Gymnodinium, verlieht. Dièse Xhnliclikeit wird in auflfalendem Gra('e noch dadurcli erhôht dasz die l'ine der stets voriiandenen zwei langen und feineu Geiszeln sichschlângelnd in der Furche srhwingt, wàrliend die andere frel nach hinten gerichtet ist... » Brandt (1905, p. 253. 330 EDOUAUD chatton allons découvrir, grâce à notre connaissance des Péridiniens parasites, est à la base de tout ce qui a été écrit d'objectif et de spéculatif sur la double sporogénèse des Radiolaires. C'est au travail de Huth, illustré de très belles microphotographies, que nous empruntons les descriptions et les figures ci-après. Nous adop- tons sa terminologie qui est moins interprétative que celle de Brandt. Formes indifférenciées. — Seul le contenu de la capsule centrale nous intéresse ici. Cette capsule peut mesurer 1.300 [;. de diamètre (chez T. spumida). Elle contient au centre d'une masse cytoplasmique un gros noyau dont le diamètre peut atteindre 800 jj,. La zone moyenne du cyto- plasme est creusée de grosses vacuoles pleines de graisse. La membrane nucléaire est épaisse, mais percée de nombreux pores. Le contenu nucléaire est • — sur matériel fixé — un granulum peu chromatique et un Binnen- kôrper ou caryosome, chargé de chromatine, de forme boudinée et con- tournée (fig. CXL A. B.c.). C'est à partir de cette forme indifférenciée que peuvent se dérouler les deux séries parallèles et indépendantes de phénomènes. SÉRIE A ou « Spindelkernserie ». — Dans le noyau, après une dissolution des caryosomes et une expulsion de chromatine dans le cytoplasme, qui a sans doute la signification d'une épuration nucléaire, apparaissent, au centre (Th. nucleata), puis à la périphérie des spectres fusoriaux, d'abord unipolaires, dont les fibres s'irradient à partir de centrosphères contenant des centrioles. Ces spectres accolés par leur pôle à la membrane nucléaire soulèvent celle-ci à leur niveau. Là elle se dissout, de sorte que du noyau en désintégration surgissent de toutes parts dans le cytoplasme des fuseaux devenus bipolaires dont les fibres se chargent d'un peu de chromatine. Ce sont là des noyaux fils en très active multiplication. Ces noyaux fils, devenus très nombreux, occupent d'abord tout l'espace du noyau primaire entièrement dissous, puis le cytoplasme périphérique. Dès le début de cette évolution, la graisse, qui existait dans le cyto- plasme périphérique sous forme de gros globes, se fragmente en une infinité de gouttelettes. De sorte que lorsque les spores s'individualisent autour de chacun des noyaux, celles-ci se trouvent contenir chacune plusieurs gouttelettes graisseuses. Les spores résultant de cette évolution mesureraient de 6 à 10 [x. Elles auraient deux flagelles polaires antérieurs insérés de part et d'autre d'une vésicule contenant des globes graisseux. PËRIDINIEN^ PARASITES 331 c. I , ^%' ■-'ï'- ■' .■k-'* £,-**_ ♦.-v^^^- --*---£ t.-^.:°î. ■■!é^' oJï-i^ i'-à?^;\i5:: no. OXL. D'après W. Huth (1913) A, secteur d'une coupe diamétrale de la capsule centrale de Thalcusicolla spumida au stado dit indifférencié ; p, c, paroi de la capsule centrale, n, noyau, c, caryosome ( = Bin- neukôrper) ; (ji globe de graisse; B, noyau d'un autre individu où sont apparus à côté des caryo- somes (c), des tubes (<) plasmodiaux; C. portion grossie d'un semblable noyau; D, ThalassicoUe au stade de l'irruption des tubes plasmodiaux dans le cytoplasme; E, stade plus avancé de la poussée des tubes plasmodiaux (plus faible grossissement) ; F, encombrement de la capsule centrale par les tubes plasmodiaux. Disparition du noyau. Stade précédant de peu la sponilation. A. B. C. D. F. calqués sur des microphotographies ; E, calqué sur un dessin. 1. HoTH. D'après les niicrophotographiess de Huth il y aurait une diminution progressive et considérable de la taille des noyaux des tubes plasmodiaux au cours de la sporulation. Sans contester la diminution de la taille des noyaux, nous pensons qu'il doit y avoir des séries à gros noyaux et des séries à petits noyaux, les imes four- nissant les macrospores, les autres les microspores. L'existence de ce dimorphisme des spores de la série B (Sclilau- chkernserie) n'a pas été signalé par Huth, mais il a été nettement établi par Brandt (1905). Il est d'ailleurs con- forme à ce que nous coimaissons chez les Syndinium. :m EDOUARD C H ATT ON En résumé cette évolution est caractérisée : 1° Par une division nucléaire multiple qui — abstraction faite de toute spéculation théorique — doit être assimilée à une mitose multi- polaire, avec controsplières bien définies (Cf. Moroff 1910) d'où procèdent des noyaux fils. 2° Par le mode de caryodiérèse de ces noyaux : métamitose parfaite (centrosphères. asters, fuseaux, mise au fuseau de la chromatine en plaque équatoriale). 30 Par la désintégration complète du noyau primaire sans reliquat. 40 Par la fragmentation de la graisse en fines gouttelettes qui entrent dans la constitution des spores. 5'^ Par le fait que les noyaux secondaires en division sont opars, situés à même le cytoplasme du Radiolaire. Tout autrement se présentent les phénomènes qui constituent la série B ou « Schlauclikernserie ». SÉRIE B ou « ScHLAUCHKERNSERiE )). — Daus le noyau, dont la struc- ture ne se modifie pas sensiblement (persistance des nucléoles), appa- raissent — les auteurs ne disent pas clairement comment ni aux dépens de quoi — des noyaux secondaires groupés dans des tractus tubulaires, d'une substance fondamentale hyaline bien distincte du caryoplasme (fig. cxlB.C.^.)!. Ce^; tubes s'allongent tandis que leurs noyaux se multiplient. Ils percent la membrane nucléaire et poussent dans le cytoplasme en direc- tion centrifuge, non sans se contourner ni se ramifier. Le cytoplasme de ces tubes est bien distinct de celui du Radiolaire (fig. cxlD.E.^., cxl bisA.)^. Ces productions finissent par encombrer toute la capsule centrale, où elles sont ordonnées en travées radiaires périphériques, contenant d'in- nombrables noyaux fils (fig. cxl F.). 1. Brandt (1905) et Huth (1918) ne sont pas d'accord quant aux stades initaux des deux séries. Brandt place une figure fusorialc au début de la série B (Anisospori'nbildung) qui correspond à celle que Huth place au début de la série A (Spindolkenisorie). Inversement il jilace au début de la série A le début de la série B (sortie des tubes nucléés du noyau) (Schlauehkcr. série de Huth). Les sériations établies par Huth d'après l'étude minu- tieuse des caractères cytologiquos sont très complètes et ne laissent pas de doute quant à leur exactitude. 2. Ces détails sont bien visibles sur les microphotographies, et l'auteur y insiste dans son texte à maintes reprise. Par exemple : « Die l'ochterkerne gruppieren sith — noch in Primarkeru verbleibend — zu Reihen, die eine Schlauchformige hyaline Grundlage haben, wie seiche in fig. 41, 45 und 46, Taf. 4 u. 5 klargestellt sind. » (p. 44), ou encore : « In flg. 61 (ans 54, 55) crscheinen die Schlaiiche als voUig plasmatische, kraftige, 1 angges- treckte Gebilde » (p. 45). Enfin cette phr.-ise dont la partie en italique est en caractères gras dans le texte original : « Ganz charakteristisch ist nun weiterliin der Vorgang, wie die zunâchst in dem Priiiiarkern ruhenden Tochter- kernschlànehe den Primàrkern verlassen » (p. 45), complétée par celle-ci : « Dièse Schlaiiche waudern in einem kurzmomentigen Akt aus dem Priiuarkern aus (flg. 47, 162, 163, Taf. 5u. 19) indem sie Kemmembran durch- brechen ». PÉRIDINIENS PARASITES 333 On ne peut mieux définir ici la structure de ces noyaux et leur mode de division qu'en disant que les images en sont exactement, rigoureuse- ment superposables à celles que nous ont fournies les noyaux des Syn- diniurn : noyaux toujours en division, à chromosomes noueux ou v r- rugueux très chi'omatiques, formant des fuseaux bipolaires sans centres bien individualisés, ni figure achromatique, ni plaque équatoriale* (fîg. CXL bis A.B.). A la fin de la multiplication nucléaire, ces fuseaux ne se reconstituent plus à l'état bipolaire. Leurs chromosomes se condensent et il en résulte, ^ ...># ¥ .cri^iir^* îm^i '^?V FiG. CXL bis. A et C d'après W. Hiith (1913) ; B, d'après Borgeri(1909). A, structure de l'extrémité d'un tube plasmodial de ThalassicoUa spumida. B, dinomitoses dans un plasmode. C, structure des tubes plasmodiaux à la fin de la poussée. On compte 10 chromosomes dans les demi-fuseaux vus par leur pôle. Comparer ces figures à nos figures de Syndinium turbo : 154, 155, 156, 158, pi. XIV. exactement comme chez les Syndinium, une figure en candélabre. Sur celles des figures de W. Huth, oîi l'on peut compter ces chromosomes, on se rend facilement compte qu'ils sont ici aussi au nombre de dix (fig. CXL his C). Les travées nucléées se dissocient en éléments oii les noyaux peuvent encore se scinder en 2, 4, 8 noyaux fils qui sont ceux des futures spores. Ces noyaux sporaux ont la structure typique des dinokaryons au repos. Les spores ne mesurent ici que de 2 à 5 [x. Ellen auraient la même 1 . Huth donne à ces caractères cette expression mystique : t Die Chromosomen sind dabei so stark chroma- tisch, dasz bei normaler DifEerenzierung die lokomotorischen Komponentcn (Centriol u. Spindcl) vôUig verdeckt sind » (p. 43) où se retrouve l'influence du dogme du dualisme nucléaire, dont tout le mémoire de HuTH est d'ailleurs imprégné. Il dit plus loin, plus objectivement : « Eine Phase allein dominiert, die wohl zwischen Ana-und Telophase Bteht » (p. 44) (Cf. -S'i/ndmiM»», p. 297). :?34 EDOUARD CHATTON forme que celles de la série A, mais seraient iiniflagellées. Il est certain que les figures données par Huth de ces éléments, pour l'une et l'autre série ne correspondent pas à des états normaux ou parfaits. Autres caractères importants de cette évolution : 1° le noyau pri- maire demeure à l'état de vésicule bien individualisée longtemps après l'irruption des tubes nucléés dans le cytoplasme, sans que sa structure initiale soit même nettement altérée (fig. cxl E.). Dans la série A le noyau, était au contraire entièrement employé à la construction des noyaux fils ^. 2° Les globes graisseux cytoplasmiques ne se fragmentent pas, mais ils se dissolvent complètement. Nous savons que chez les Copépodes parasités par les Syndiniwn le lipochrome de l'hôte est aussi entièrement dissout et qu'il communique sa teinte à la masse entière du plasmode (p. 299). Répétons que cette évolution a été bien vue dans son ensemble par Brandt (1905) et que cet auteur a établi qu'elle aboutissait à la formation des anisospores gymnodinif ormes. Interprétation des deux modes de sporogénèse. Reproduction VRAIE ET PARisiTiSME. — Il n'est pas contestable, étant donné le mode par lequel elle débute à partir du noyau primaire (mitose multipolaire) que la sporogénèse A dite isosporogénèse {Isosporenhildung, Spindel- kerngenese, Macrogametenbildung) soit une évolution prore au Radio- laire. Quant au processus appelé par Brandt Anisosporenbildung, par BoRGERT Gametenhildung (chez Thalassicolla, et non chez Aulacantha), par Huth SchlaucJilcerngenese ou Macrogametenbildung, j'émets au con- traire l'opinion qu'il n'est pas du Radiolaire, mais d'un Péridinien parasite du Rliizopode, qui en infeste le noyau d'abord, le cytoplasme ensuite, auquel il se substitue progressivement, entièrement, puis sporule. La recherche et l'étude minutieuse des tous premiers stades intranucléaires fournira la démonstration de cette opinion. Les caractères des stades végétatifs de ce parasite sont exactement ceux d'un Syndinium. Je pense que les spores gymnodiniennes décrites par Brandt chez Thalassicolla nucleata sont les dinospores de ce Péridinien. J'ai des croquis de spores de Syndinium rapidement exécutés à la chambre claire, 1. « Der l'riniarkern bleibt in voilera Uinfaugo wahrcnd dcr gauzcn crstcn Toclitcrkernbildung fast uuvcr- ttndert erhalku (flg. 45-40) », (p. 48). PÉRIDINÏENS PARASITES 335 d'après des éléments mobiles, qui reproduisent tout à fait les silhouettes données par Brandt. Les dinospores issues des Thalassicolles offrent un dimorphisme (et peut-être un polymorphisme) comparable à celui des spores des Syndinium. La constatation de spores gymnodiniennes également dimorphes tirant leur origine des Polycyttaires {SpJiœrozoum) permet de présumer l'exis- tence chez les Radiolaires coloniaux aussi, de Dinoflagellés parasites. Ils y sont peut-être représentés par les corps extracapsulaires, dont la signification est encore mal connue. (V. Hartmann et Hammer, 1909.) Il me paraît probable que l'étude systématique des spores issues des Radiolaires, dans des conditions convenables, fera reconnaître la nature dino flagellée d'une certaine proportion de ces éléments, et montrera que bien des espèces de ces Rhizopodes peuvent être les hôtes de Péridiniens. Une telle notion est entièrement nouvelle. On ne connaissait jusqu'ici, que je sache, comme })arasites des Radiolaires que les énigmatiques vSilicoflagellés ^ (genres Diste'phanus, Mesocena, etc.) et les encore plus énigmatiques Amœbophrya (A. sticholonchœ, A. acarithometrœ) qui n'ont rien de commun avec nos Dino flagellés. Cependant, dans son mémoire sur Amœbophrya Stichoïonchœ,liOB,Gi^RT (1897) décrit des formations situées dans le cytoplasme de l'hôte, qu'il considère comme parasitaires. Ce sont des corps sphériques colorables, des noyaux contenus dans une masse cytoplasmique commune, bien distincte de celle de l'hôte. La masse s'accroît, les noyaux se multiplient et il se forme en définitive des corps uninuclées contenus dans des vacuoles du Sticholonche. Rien ne permet de penser qu'il puisse s'agir là d'un Péridinien. En 1909, BoRGERT a rappelé cette observation (p. 244) et émis des doutes sur la nature parasitaire des formations observées, qui pourraient être des chromidies génératives. Cependant l'auteur conservait l'intui- tion que l'existence de semblables parasites chez les Radiolaires pouvait être une cause d'erreur dans l'étude de leur reproduction : « Wie in so viel anderen Fâllen, so ist auch hier die Entscheidung der Frage, ob es sich um Fortpflanzungszutânde des Tieres selbst oder um Entwicklung parasitârer Organismen handelt, nur durch eingehende, auf diesen Punkt gerichtete Untersuchungen und streng Kritische Bewertung der einzelnen Tatsachen môglich. » 1. Si tant est que ceux-ci ne soient pas des formes de reproduction des Kadiolaircs. 336 ,:edouabd chatton Et BoRGERT indique niêinc 1 im des critérinins qui nous a servi plus haut à plaider la nature parasitaire des u Sehlauehkernen » : « Fiir die parasitâre Natur der Kernhaufen kônnte wohl der Umstand sprechen, dasz die Kerne in eine Plasnianiasse eingebettet sind, die sicli anders als das umgebende Plasma dei- StkhoJonche farbt ». Et généralement, il conclut comme je le ferais moi-même : « J3estelit die Annahme, dasz hier wirklich Entwicklungszustànde eines Parasiten vorliegen, zu Recht, so wàre nocli die Frage nach dcn nâchsten Verwandten dieser Form in Betracht zu ziehen. » Conclusions. — Comme conclusions plus particulières et plus précises de cette brève étude critique je dirai : 1^ Notre connaissance des Syndinium des Copépodes nous permet d'affirmer l'existence de formes très voisines, parasites des Radiolaires, où leur évolution a été décrite comme la gametogénèse de l'hôte (Ani- sosporogénèse) . (De semblables erreurs ont été commises dans un grand nombre de cas chez les Protistes^ Cf. Duboscquella, p. 322.) 2° Des Péridiniens sont capables de parasiter non seulement le cybo- plasme. mais même le noyau cellulaiie. 30 Des spores issues des Radiolaires et jusqu'ici connues, les seules que l'on puisse attribuer à ces Rhizopodes sont celles qui sont piriformes, et qui possèdent deux flagelles égaux à insertion polaire ou subpolaire (isospores) ^. 40 li'étude des Polycyttaires, oii l'on déciit au moins quatre modes distincts de reproduction devra être révisée à la lumière de la critique que nous venons de faire. Il y a de fortes présomptions que les « corps extracapsulaires » soient de nature parasitaire. Ces conclusion" réduisent à néant toutes les spéculations qui ont pour point de départ l'erreur que nous venons de signaler. PARASITES PRÉSENTANT AVEC LES PÉRIDINIENS DES AFFINITÉS PROBABLES OU POSSIBLES Pour passer ces formes en revue, nous devrions adopter l'ordre même dont nous avons usé pour les Péridiniens stricts. Mais outre que deux des catégories topographiques : les parasites à siège intestinal, et les para- 1. L'iiistoirc de la reproduction sexuée des Mastigamibes (Goldschmidt 1906) en est un des plus beaux exemples. 2. Je figure ci-dessus les flagellispores d'un Hphœrozoum, observées et dessinées iu vivo à Banyuls (flg. cxxxix 1er, H). pêhwiniens parasites 337 sites des œufs et des protistes font ici défaut, cet ordre aurait le grave inconvénient de nous forcer à aborder l'étude et la discussion de formes telles que les Ellohiopsidae qui sont des parasites externes, mais dont l'évolution et les spores sont inconnues, et dont les affinités sont par consé- quent très obscures, avant celles des Paradinidae, dont la connaissance, beaucoup plus avancée, pourra servir notre discussion des Ellobiopsidae. L'ordre adopté sera donc le suivant : Les Paradinidae, parasites coelomiques des Copépodes. Les Blasiuloidae {NeresAeimeria [ = Lohmanella]), parasites de l'appa- reil génital des Fritillaires. Les Ellohiopsidae, parasites externes des Crustacés. LES PARADINID/E Sommaire Genre Paradinium, p. 338. Genre Atelodinium, p. 352. Formes d'identité incertaine, p. 358. Conditions d'existence et parasitisme des Paradinidœ, p. 362. Affinités des Paradinidœ, p. 363. J'ai déjà indiqué brièvement (p. 278) les raisons qui m'ont amené à créer ce groupe, qui comprend les deux genres Paradinium, Chatt. 1910 (le type du groupe) et Atelodinium n. gen. De l'espèce que je décris plus loin sous le nom de Atelodinium pirasiticum, il faudra probablement faire ultérieurement un troisième genre. Le mode d'existence des Paradinides, leur localisation parasitaire, pouvaient leur assigner une place tout à côté des Syndinium. Comme eux, ils se développent dans la cavité générale des Copépodes pélagiques, comme eux ils végètent à l'état de plasmodes qui, à maturité, se résolvent en spores. Mais la structure de celles-ci, les caractères cytologiques du plasmode, ceux des stades initiaux de l'infection, montrent qu'il faut faire une large part à la convergence dans ce qu'ils paraissent avoir de commun avec les Syndinium. Ce ne sont pas en effet des Péridiniens stricts. Mais leurs affinités avec ceux-ci sont cependant très réelles et leur connaissance est indispensable pour apprécier l'extension du groupe et ses relations avec les flagellés des autres ordres. Et nous ne pouvions d'ailleurs mieux mettre en lumière, à la fois les analogies et les différences qu'ils présentent avec les Syndinium qu'en en traitant non loin d'eux, dans cette mono- graphie. ARCH. de ZOOI. EXP. ET GÉN. — ï. 5d. — p. 1. 22 138 EDOUARD eu ATTON Entre un plasmode de Syndinium et un plasmode de Paradinide, examinés chez l'hôte vivant, et suivis jusqu'à la sporulation comprise, les ressemblances sont telles que je suis resté plus do trois ans après la découverte des Syndinium, sans soupçonner qu'il existait chez Paraca- laniLS parvus, à côté du Syndinium titrbo, des Paradinides dont l'un s'y révèle maintenant fréquent. Cependant, j'étudiais depuis 1907 déjà chez Acartiaclausi Giesbrecht copépode des plus communs à Banyuls, un Paradinium que Pouchet en 1890 avait découvert à Concarneau chez Acartia {Dias) longiremis LiLLG. Après en avoir complété l'étude, j'ai fait de cepax'asite, dont Pou- chet avait bien vu les stades évolutifs avancés, mais qu'il n'avait point nommé, le type du genre Paradinium, dont le nom est choisi pour expri- mer à la fois les liens et les différences qu'il présente avec les Péridiniens stricts. A ce genre type du groupe, j'ajouterai ici un genre nouveau : Atelodinium, qui comprendra provisoirement deux espèces parasites de Paracalanus parvus. J'étudierai successivement les deux genres, puis je signalerai briè- vement des Paradinides d'identité générique et spécifique douteuses, parasites dCOithona similis, de Centra pages typicus et de Clausocalanus arcuicornis observés seulement d'une manière fortuite. Genre PARADINIUM Chatton 1910 Fig. 42, pi. IV ; 181-170, pi. XV ; 184-186, pi. XVU Flagellé parasite viscéral, Pouchei (1890, p. 312). Paradinium Chatton (1910, p. 341). Espèce type du genre : Paradinium Poucheti Chatton (1910). Sommaire Paradinium Poucheti, p. 339. — Hôte, p. 339. I. — Stades végétatifs, p. 341. Stades jeunes du parasite. Filoplasmode, p. 341. — Formatiou du plasmode massif ; son extension p. 342. — Croissance et structure hétérogènes du plasmode ; psalmode quiescent ; foyers de proli- fération ou blastodes, p. 342. — Extension et localisation du plasmode, p. 343. II. — Structure du plasmode, p. 344. Cytoplasme, p. 344. — Noyaux, p. 344. — Iklitose, p. 345. — Images d'iuvolution, p. 340. — Altérations de fixation, p. 346. III. — Sporulation, p. 347. La sporulation se fait à l'extérieur de l'hôte et par fragments, p^ 347. — Expulsion des masses plasmodlales ou gonosphôres, p. 347. — Formation du kyste gélifié do la gonosphèrc, p. 348. — Structure de la gonosphôrc, p. 348. — Fragmentation sous le kyste ; stade ttloplaamodial présporal, p. 348. — Formation et libération des flagellispores, p. 350. IV. — Los flagellispores (bodoiiisporos), p. 350. Morphologie, p. 350. — Indices d'une structure péridimcune; p. 351. — Destinée des flagellisepors, p. 352. PÉEIDINIENS F AB AGITES 330 Paradinium Poucheti Chatton, 1910 (mêmes figures que pour le genre) Flagellé parasite viscéral, Pouchex (1890, p. 312-313). Paradinium Puucheti Chatton (1912, p. 341-342). Type de l'esi^èce, parasite dans la cavité générale d'Acartia Clausi GiESBRECHT à Banyuls-sur-Mer, Printemps, été, automne. Fig. 42, pi. IV; 161-170, pi. XV; 184-186, pi. XVII. HoTE. — Acartia Glausi est un des Gymnopléens que l'on trouve à Banyuls, dans le plancton littoral, avec la plus grande constance et la plus grande abondance. Certains jours, il en constitue à lui seul presque toute la masse. Il m'a semblé que ceci se présentait surtout lorsque le vent du nord venait de souffler avec violence. Je l'ai observé d'avril à décembre. En mars-avril 1911, à Villefranche, il faisait défaut. D'après Van Breemen-Haag (1908), c'est une forme eurjrtherme, à large répar- tition : Méditerranée, Atlantique, Océan Indien. PoucHET (1890) a déterminé Dias longiremis l'hôte du Paradinium qu'il a observé à Concarneau, Disons de suite que Brady (1883), puis GiESBRECHT (1891) ont montré que le genre Dias de Lilljborg (1853) devait être confondu dans le genre Acartia de Dana (1846). Mais des deux espèces : Acartia Clausi Giesbrecht et A. longiremis LiLLJ., il est difficile de dire laquelle Pouchet a eu sous les yeux. Ce n'est en effet qu'en 1889 que Giesbrecht a distingué A. longiremis, de l'ancienne et composite A . longiremis de Lilljborg. La répartition des deux espèces n'est pas tout à fait la même. Giesbrecht considère A. clausi comme un des Copépodes spéciaux aux régions froides, et Van Breemen Haag ne le signale pas au sud de la Méditerranée. On ne peut donc tirer de là au- cune présomption relativement à l'identité de l'espèce de Pouchet. Il est cependant intéressant de noter que Canu (1892) n'a péché sur la côte du Boulonnais qa' Acartia Clausi. Quoiqu'il en soit de l'identité de l'hôte, la description que Pouchet (1890) a donnée de son « flagellé parasite viscéral » s'applique en tous points au Paradinium Poucheti des Acartia Clausi de Banyuls. Cette description, bien que très brève, contient d'importantes obser- vations sur les stades avancés de l'évolution du parasite et traduit bien sa physionomie générale. Je la reproduis ici in extenso : Je trouve au commencement d'avril, à Concarneau, en abondance, Dias longiremis femelle infestée par un parasite qui en occupe toute la 340 EDOUARD CHATTON cavité viscérale, sauf d'étroits espaces où circule encore le sang, la place des muscles, le cœur et l'appareil nerveux complètement enveloppé lui-même par la production parasitaire. Celle-ci se présente sous la forme d'une masse granuleuse où plongent des noyaux sphériques mesurant environ 3 \j.. La masse entière paraît divisée en fragments destinés à s'isoler lors de l'expulsion. Le canal digestif offre des aliments à son intérieur, et l'animal ne paraît pas souffrir de la présence du parasite qui occupe environ la moitié du volume total de son corps, sans pénétrer toutefois dans les antennes ni dans les membres. L'expulsion se fait par l'anus, sans doute à la suite de quelque déchi- rure ou résorption interne. La masse expulsée est d'abord animée de mouvements amiboïdes, prend la forme sphérique et aussitôt s'entoure d'une enveloppe muqueuse. Aj)rès vingt-quatre heures, la masse granu- leuse s'est individualisée autour de chaque noyau et a donné naissance à des êtres très actifs, à forme allongée, mesurant 12 à 14 [j,, munis de deux flagelles insérés vers une extrémité un peu élargie, au niveau d'une sorte de sillon qu'avoisine le noyau petit et sphérique. En même temps, l'en- veloppe muqueuse se dissout dans l'eau, et les êtres qu'on peut rapprocher des Péridiniens, et qui rappellent en tous cas les zoospores de certaines algues, se répandent dans l'eau. Ce parasite ne s'est montré à nous que sur les femelles, presque sur toutes les femelles. En même temps, leurs ovaires avaient disparu. Il semblait cependant qu'on fut à l'époque de la fécondation, car quelques- unes portaient des spermatophores. On voyait également les sperma- tophores en formation chez les mâles. Le 25 mai, environ six semaines plus tard, on retrouve encore des femelles de Dias longiremis infestées, mais on ne constate plus l'émission des masses destinées à se transformer au dehors en flagellés libres. On voit en même temps une moitié environ des femelles qui ne sont pas infestées et dont les ovaires en développement ne permettent aucune confusion avec les masses décrites plus haut. Claus semble avoir vu ce parasite, sans toutefois en avoir suivi l'évolution. Je me dispenserai de rééditer à la suite de cette note celle où j'ai complété et précisé l'étude du cycle évolutif du parasite des Acartia, puisque ce chapitre n'en est en somme que le développement. La description que j'ai faite au chapitre précédent de la cavité gêné- PÉRIDINIENS PARASITES 341 raie de Paracalanus parvus s'applique, à peu de détails près, à celle à^Acartia clausi. Il n'y a d'ailleurs pas ici, étant donnée la morphologie des jeunes stades de P. Poucheti, de confusion possible entre ceux-ci et la glande génitale ou tout autre organe de l'hôte. I. Stades végétatifs. Stades jeunes du parasite. Filoplasmode. — Pouchet n'a re- connu le parasite qu'à partir du moment où le plasmode est déjà constitué. Or, chez les Paradinium , au contraire, de ce que nous avons vu chez les Syndinium, la condition plasmodiale massive n'est pas primitive. Au stade le plus reculé, le parasite se présente en effet dans la cavité générale sous forme d'éléments cellulaires uni — ou binucléés, amiboïdes, à longs pseudopodes filamenteux et ramifiés au moyen desquels ils sont associés en chaîne ou en réseau (fig. 161). Ce réseau, plus ou moins dense selon son état de croissance, est bien visible dans la cavité dorsale où il s'étend entre la paroi intestinale et celle du vaisseau cardiaque, quelques-uns des individus étant intimement accolés à l'une ou à l'autre des parois. Le diamètre moyen de ces corps amœboïdes est de 5 à 7 [j.. Le cytoplasme se montre assez nettement différencié en endoplasme, et en ectoplasme, celui-ci plus clair que celui-là, tous deux sans inclusions. Le noyau, englobé par l'endoplasme, est bien visible : vésicule sphérique de 4;j, de diamètre, clair, à caryosome central sombre. L'ectoplasme forme les pseudopodes qui sont de longueur très inégale. H y a des pseudopodes qui se terminent librement dans la cavité générale {pseudopodes libres) et d'autres, généralement deux par individu, qui sont tendus entre deux corps amoeboïdes voisins {pseudopodes connectifs) . Les uns et les autres sont filamenteux et dessinent de fines sinuosités, comme font les fibres élastiques non tendues. Les pseudopodes libres, surtout, portent de nom- breuses branches d'inégal développement. Ils forment par leur base élargie des cônes ectoplasmiques qui font aux cellules un contour anguleux, Et par leur silhouette générale, celles-ci rappellent beaucoup les cellules nerveuses étoilées avec leurs dendrites (pseudopodes libres) et leur filament de Deiters (pseudopode connectif). L'union des cellules les unes aux autres par leurs pseudopodes réalise aussi, en vérité, un état plasmodial, mais qui n'est pas, on le voit, compa- rable au plasmode massif des Syndinium. C'est ce que, chez les Labyrin- thulés, qui seuls fournissent l'exemple d'une organisation semblable, Pelage et Hérouard (1895) ont appelé un filoplasmode. 342 EDOUARD CHAT TON L'état amiboïde et la condition filoplasraodiale des stades jeunes ont complètement échappé à Pouchet (1890). Nous les verrons réapparaître au cours de l'évolution, avant et après la sporulation. Nous ne connaissons rien de semblable chez les Syndinium. Formation du plasmode massif. Son extension. — Certaines des cellules amiboïdes du filoplasmode contiennent deux noyaux. Il ne me paraît pas douteux qu'il y ait durant un certain temps, très court il est vrai, mutliplication binaire de ces cellules. Comment expliquer autrement l'existence même du filoplasmode ? Les éléments qui le constituent n'ont certainement pas pénétré indépendamment et simultanément la cavité générale du Copépode. Mais cette phase de multiplication binaire est de courte durée. La scission cjrtoplasmique se trouve rapidement devancée par les divisions nucléaires, et il se constitue de ce fait d'abord des élé- ments binucléés, puis quadrinucléés. Et il semble que dépassé ce stade à 2 noyaux, ces éléments sont incapables de se fragmenter. La multipli- cation nucléaire s'y poursuit en effet donnnant de petits plasmodes à 3, 4, 5 noyaux. Il est à remarquer que la progression du nombre des noyaux n'est pas du tout géométrique. Les figures de division ne sont pas visibles sur le vivant. La figure 162 représente un stade de l'extension du plas- mode dans la région dorsale du copépode. Elle montre com- ment parla croissance de petits plasmodes, la cavité générale est progres- sivement envahie par une poussée de bourgeons encore pourvus dé pseudopodes. Un autre stade esb représenté par la figure 16.3 où l'on voit une lame plasmodiale enserrer l'intestin, une autre doubler la paroi du corps, réu- nies l'une à l'autre par des trabécules qui émettent encore çà et là des pseu- dopodes. Notons que ce plasmode n'est pas indivis. H apparaît lobé, parce qu'il est en réalité, comme le montrent les coupes, formé de plusieurs plasmodes contigus, qui ne deviendront concrescents que plus tard. Croissance et structure hétérogènes du plasmode. Plasmode QuiESCENT. Foyers de prolifération ou blastodes. — Mais dès ce stade, un examen très attentif du plasmode révèle que sa structure n'est pas homogène dans toute son étendue. Dans les grosses lames, dans les masses les plus volumineuses, les noyaux plutôt ellipsoïdaux que sphé- riques siègent dans le cytoplasme, à égale distance les uns des autres. Ils [mesurent 6 ;j. selon leur plus grand diamètre Leur contenu est si clair que la vésicule paraît vide. Tout au plus y voit-on quelquefois un ou deux petits corps très peu réfringents qui sont les caryosomes. Le PÊRWJNJENS PARASITES 343 cytoplasme périnucléaire montre très souvent une fine striation perpendi- culaire à la membrane nucléaire, faisant au noyau comme une très délicate auréole radiée. Dans toutes les parties du plasmode qui présentent cette structure, la multiplication nucléaire est terminée ; les noyaux pourront encore s'ac- croître et augmenter leurs distances, par suite de l'accroissement cyto- plasmique, mais tout cela dans une faible mesure. C'est du plasmode quiescent qui ne concourt plus à l'envahissement de la cavité générale. Il est en situation d'attente. Ca et là dans cette masse, et surtout à sa surface, on voit de petits ilôts de plasmode où les noyaux restés sphériques, d'une taille un peu inférieure à celle des noyaux quiescents, sont groupés en amas où ils sont contigus ou serrés à se comprimer les uns les autres. Ces noyaux contiennent de un à quatre caryosomes, plus volumineux que ceux des noyaux quiescents. Le cjrtoplasme de ces ilôts apparaît un peu plus dense et un peu plus sombre que celui du plasmode quiescent. Il ne montre jamais d'auréole radiée autour des noyaux. Il est en pleine croissance. Les noyaux sont en pleine multiplication. C'est là qu'est localisée toute la puissance expansive du parasite. Ce sont ces foyers de prolifération ou hhstodes qui produisent sans cesse cytoplasme et noyaux. Ceux-ci, passant ensuite à l'état de repos, s'ajoutent à la masse du plasmode quiescent. Extension et localisation du plasmode. — L'examen in vivo du Copépode parasité ne donne pas une idée exacte et complète de l'extension et de la localisation du plasmode à l'intérieur. Il faut pour cela étudier les coupes sériées. C'est qu'ici le plasmode n'est pas comme celui des Syndinium, uniformément répandu dans tous les espaces libres et dans tous les interstices de la cavité générale. Il respecte lui aussi le cœur et le vaisseau dorsal très développés des Acartia. De plus, il ne pénètre jamais l'abdomen et les appendices. A son maximum d'extension, il forme deux masses principales longitudinales, parallèles, allant du niveau de la bouche, jusqu'au bout du thorax, situées de part et d'autre du tube digestif et de l'appareil circulatoire. Elles occupent à peu près la situation des ovaires et constituent de beaucoup la partie la plus importante du plasmode. Nous les appellerons masses génitales. Ces masses génitales envoient, dans les espaces qui séparent les fais- ceaux musculaires céphalothoraciques, des expansions qui s'étalent en lames contre les parois latérales du corps. Ce sont les lames pariétales. 344 EDOUARD CHATTON Elles se terminent en avant, en se bifurquant en deux cornes, l'une qui s'accole à la paroi latérale du corps, l'autre qui s'accole au vaisseau dorsal et forme à celui-ci, en se soudant à sa symétrique, une gaîne complète. Enfin, il existe autour du système nerveux ventral, une lame plasmo- diale qui, au niveau de la région postérieure du céphalothorax, lui forme • un manchon complet et très épais, qui se trouve d'ailleurs là en continuité avec les masses génitales. Plus en avant, le manchon s'ouvre ventra- lement et se réduit à un coussin plasmodial situé entre le système ner- veux et la paroi ventrale et qui va s'amincissant d'arrière en avant. Cette disposition est à peu près constante. Ce qui l'est moins, c'est la répartition des blastodes dans le plasmode quiescent. Une grande partie d'entre eux sont superficiels. Mais il en est de profonds qui découpent les plus grosses masses plasmodiales. Leur nombre dépend, d'ailleurs, du degré de développement du plasmode et de son âge. Le plasmode jeune affecte à peu près la même disposition que le plas- mode adulte, mais, au lieu de former des masses, il forme des lames, ou même, à leur place, un réseau plus ou moins dense. La lame perinervienne se constitue toujours d'une manière précoce et la prolifération ne se produit pas seulement en surface, mais aussi en profondeur, et il n'est pas rare de voir des bourgeons du plasmode, géné- ralement uninucléés, en plein tissu nerveux. n va sans dire que le développement du plasmode a pour effet la régression précoce et totale de la glande génitale. Vu sous l'épaisseur même du copépode, le plasmode a une teinte grise-jaunâtre, légèrement enfumée qui permet de reconnaître, même à un faible grossissement, les individus parasités. Cette teinte n'a pas été donnée dans les planches pour simplifier la reproduction lithographique. II. Structure du plasmode. Cytoplasme. — Le cytoplasme du plasmode jeune et des blastodes est comme celui des Syndinium, finement granuleux et fortement baso- phile. Sa surface est tout à fait nue. Au fur et à mesure que le plasmode avance en âge et perd son activité, le cytoplasme devient plus homogène et moins colorable par les couleurs basiques. Noyaux. — Les noyaux jeunes sont sphériques, ils mesurent de 4 à 5 [j, de diamètre. Ils sont aussi, comme ceux des Syndinium, dépourvus de membrane propre et consistent en une simple vacuole creusée dans le cytoplasme. Mais c'est là un stade tout transitoire. Il se PÉRIDINIENS PARASITES 345 forme rapidement une membrane que met bien en relief sa basophilie. La chromatine, au lieu d'être, comme chez les Syndinium, entièrement employée à former les chromosomes, se trouve ici, uniformément répandue dans la vésicule nucléaire sous forme d'un granulum grossier et très colo- rable dans les noyaux actifs, plus fin et moins chromatique dans les noyaux quiescents. Dans ceux-ci, la chromaticité du contenu nucléaire peut même s'abaisser au dessous de celle du cytoplasme. Jamais cette chromatine ne se présente dans le noyau au repos sous forme de chro- mosomes. Et c'est là surtout ce qui différencie, et d'une manière très nette, le noyau paradinien du noyau syndinien et du dinokaryon en général. Outre cette chromatine diffuse, nous trouvons encore dans la vésicule nucléaire, un ou plusieurs nucléoles très chromatiques. Lorsqu'il est unique, le nucléole est gros, notablement plus gros que celui des Syndi- nium et donne au noyau l'aspect d'un protokaryon. Lorsqu'il y a plusieurs nucléoles, et il peut y en avoir jusqu'à quatre, ceux-ci sont de taille inégale. Il y en a toujours un plus gros que les autres et dont ceux-ci pro- cèdent par bourgeonnement (nucléole principal ou caryosome). Ces nucléoles sont, au cours du passage du plasmode de l'état actif à l'état quiescent, progressivement résorbés, les plus petits d'abord. Le plus gros peut persister très longtemps, et il laisse de lui un petit corpuscule sidérophile au centre du noyau, qui représente, semble-t-il, quelque chose de plus qu'un vestige nucléolaire ; très vraisemblablement un centriole contenu dans le plus gros nucléole, qui aurait ainsi valeur de caryosome, au sens complet du terme, tel que je l'ai défini en 1910 d. Dans les plas- modes très âgés, ce grain finit pas disparaître lui-même. Quand il existe, il se présente dans tous les noyaux d'un même lobe, exactement au même degré de visibilité. Sa constance et la fixité de sa taille et de sa colorabilité contrastent avec la variabilité du nombre et de la chroma- ticité des nucléoles. Mitose ? — Tous ces caractères me portent à accorder à ce corpus- cule une valeur particulière, qui est probablement celle d'un centriole. Mais, pour confirmer cette interprétation, il faudrait pouvoir montrer son rôle dans la division nucléaire. Or, cette division chez Paradinium Poucheti, m'est inconnue, malgré le grand nombre de plasmodes examinés et malgré le grand nombre de noyaux que contient chacun d'eux. Je d rai de suite que j'ai, par contre, observé plusieurs figures de cette division chez Atelodinium farasiticwn, dont la structure nucléaire est exactement ?4Ci EDOUARD Cil AT TON celle du Paradinimn Poucheti. C'est une raésomitose (Chattoist, 1910 rj) à chromosomes bien différenciés. Si je n'avais pas fait cette observation, j'aurais été tenté de croire à une division directe, et même à une multiplication par bourgeonnement des noyaux chez les Paradinium. Dans les blastodes, en effet, les noyaux, souvent tassés les uns sur les autres offrent fréquemment un contour sinueux, avec étranglement séparant deux ou plusieurs lobes égaux ou inégaux, contenant chacun un nucléole. On aurait pu supposer l'existence d'une division directe très rapide, que rendait probable l'entassement des noyaux. Mais, c'est précisément dans ces blastodes que chez Atelodinium parasiticum. se trouvent les noyaux en mitose. Images d'involution. — Il va sans dire que le plasmode quiescent n'offre jamais de semblables figures. Par contre, on y observe des images qui me semblent devoir être interprétées comme des signes d'involution. CeUes-ci se présentent dans les plasmodes âgés à noyaux achroma- tiques ayant résorbé non seulement leurs nucléoles, mais aussi leur cor- puscule central. De ces noyaux, la membrane, au lieu d'être continue, se trouve dissoc'ée en une infinité de petits grains juxtaposés. Chacun de ces grains, ou l'intervalle qui les sépare, la chose est difficile à préciser, est le point de départ d'une fine strie cytoplasmique radiaire. L'ensemble de ces stries forme au noyau une auréole qui n'est, certes pas, un artefact, puisque de telles images sont, nous le savons, bien visibles in vivo. Ces aspects coïncident souvent avec l'existence dans le cytoplasme, à la périphérie de l'auréole striée, d'amas ou de traînées de granules basophiles. Il y a probablement un stade, où le plasmode qui n'a pu effectuer sa sporogenèse, qui n'a pu poursuivre son évolution normale, entre en invo- lution. Celle-ci se manifesterait par l'émission de chromatine nucléaire plus ou moins dégradée, dans le cj^oplasme, sous forme de chromidies. Des images identiques à celles que je viens de décrire ont été observées par Prowazek (1904) dans le plasmode de Plasmodiophora brassicae. La diffusion de la substance nucléaire dans le cytoplasme, et la disso- ciation de la membrane nucléaire peuvent être poussées à un point tel que le plasmode devient une masse uniformément et finement granuleuse dans laquelle on ne distingue plus qu'à peine, ou même plus du tout l'emplacement des noyaux. Altération de fixation. — Le plasmode de Paradinium Poucheli est un peu moins fragile que celui des Syndinium. Le Flemm'ng fort et le liquide de Bouin le fixent bien, mais il est souvent aussi altéré par le PÉRTDTNIENS PABASITES 347 contact des liquides à base d'alcool. Là aussi, le cytoplasme est grossièrement coagulé et la chromatine chassée et tassée en calotte contre la membrane nucléaire. III. Sporulation. La .sporulation se fait a l'extérieur de l'hote et par frag- ments. — Ck)mme chez les Syndmium, la sporulation consiste essentiel- lement dans la résolution du plasmode en autant de spores flagellées qu'il contient de noyaux à maturité. Mais c'est en vain, qu'instruit par l'exemple des Syndinimn, l'on chercherait à observer le phénomène dans les Acartia même. Jamais je n'ai trouvé de ces Copépodes, vivants ou morts contenant les flagellispores du Paradinium, ni même montrant les stades préparatoires à la sporulation. Le plasmode tel qu'il est repré- senté par la fig. 42, pi, IV, est le stade le plus avancé que j'ai pu ren- contrer chez l'hôte. Mais, si l'on a la bonne fortune d'observer des Acartia dont le plasmode est mûr à point, on assiste à un curieux phé- nomène ; c'est l'expulsion de fragments du plasmode par l'extrémité postérieure de l'abdomen. Expulsion des masses plasmodiales ou gonosphères. — On sait que PoucHET (1890) avait déjà observé la libération de ces masses plas- modiales. Je l'ai revue moi-même à Banyuls en 1907. Mais, malgré de nombreuses tentatives, et quoique les Acartia parasitées fussent com- munes, je n'ai pu renouveler l'observation ces dernières années. Bien que l'expulsion des masses plasmodiales soit un fait absolument certain et qui fait partie, comme on le verra, d'un mode normal de reproduction, j'aurais désiré l'observer à nouveau, pour tenter de préciser un point quij dans les observations de Pouchet, comme dans les miennes de 1907, me laisse quelque peu sceptique. Nous voyons tous deux les masses plasmodiales expulsées par l'anus. Mais nous ne pouvons donner aucun détail sur le mécanisme par lequel le plasmode, qui entoure et comprime le tube digestif de toutes parts, peut fuser dans sa lumière. Aucun renseignement sur le lieu où s'effectue cette paradoxale effraction ! On imagine aisément le plasmode s'insinuant dans la cavité de l'abdomen et faisant irruption au dehors par une rupture du tégument au niveau d'une articulation ou par la marge déchirée de l'anus. Mais je ne pense pas que ni Pouchet ni moi, ayons pu confondre la cavité de l'abdomen avec la lumière de l'intestin abdominal ! Le fait est à réétudier et je m'y appliquerai, dès que j'en aurai l'occasion. 248 EDOUARD C H ATT ON Les masses plasmodiales ainsi expulsées sont généralement sphériques, quelquefois ellipsoïdales ou même en boudins plus ou moins longs, plus ou moins incurvés. Leur diamètre varie de 30 à 70 ;j,. Leur longueur peut atteindre 90 \j.. Ces variations qui, on le voit, affectent surtout la longueur des fragments de plasmodes, tiennent uniquement à la plus ou moins grande pression de la masse qui a déterminé l'expulsion. Les faibles variations du diamètre sont fonction seulement du diamètre de l'orifice par lequel s'est faite l'évacuation. Elles contiennent un nombre très variable de noyaux, nombre qui est en rapport avec le volume des fragments. Nous donnerons à ces masses le nom de gonosphères. Formation du kyste gélifié de la gonosphère. — Quelques minutes après l'expulsion, la gonosphère s'est sécrétée, sans que je puisse dire comment, une enveloppe gélifiée qui peut atteindre l'épaisseur delO[j. (fig. 164-165). Cette enveloppe est si translucide, sa réfringence est si voisine de celle de l'eau de mer, que l'on ne se rend compte de son exis- tence que parce qu'elle retient très facilement à sa surface les particules diverses, minérales ou organisées qui viennent à son contact. Je n'ai pas essayé sur la substance qui la constitue de réactions microchimiques. Au contact même du plasmode, il existe une pellicule résistante, assez épaisse pour paraître à double contour. Il est fréquent de pêcher ces kystes lorsque .'es Acartia parasités sont en nombre dans le plankton. Structure de la gonosphère. — La structure de la gonosphère ne diffère guère de celle du plasmode. Il est à noter que les noyaux y montrent toujours au moins un corpuscule central. Les plasmodes où ce corpuscule fait défaut dans le noyau paraissent donc avoir dépassé le stade où ils sont susceptibles de sporuler. A côté de ces noyaux normaux, il existe dans les gonosphères d'assez nombreux noyaux en dégénéres- cence pycnotique. S'agit-il là d'un phénomène de réduction ? Je ne le pense pas, parce que le nombre de ces noyaux, par rapport à celui des noyaux normaux, m'a paru très inconstant. Je n'a' jamais vu les noyaux des gonosphères en division. Fragmentation sous le kyste. Stade filoplasmodial prés- PORAL. — La sporulation ne met pas à s'accomplir depuis l'émiss'on des masses plasmodiales jusqu'à la libération des flagellispores, plus de deux à trois heures. L'examen à l'état vivant ne montre pas qu'il y a t de multiplication nucléaire dans les kystes gélifiés. Au bout d'une heure environ, l'aspect du plasmode, dont la structure était restée telle qu'on la voyait dans les PËR1DINIEN8 PARASITES 349 Acartia, se modifie notablement. Les silhouettes nucléaires deviennent moins visibles. La surface du plasmode est parcourue par des sillons s'nueux, qui vont s'approfondissant et découpent la masse entière jusqu'au centre en lots cytoplasmiques à contour très irrégulier. Ceux-ci, d'abord immobiles, montrent, vers la deuxième heure, un mouvement amiboïde lent, mais cependant facile à constater. Si à ce stade l'on écrase le kyste entre lame et lamelle, on en voit le contenu s'étaler, bien vivant, sur la lame, sous forme d'une quantité de petits corps, à la fois amœboïdes et flagellés, associés en chaîne par leurs pseudopodes, et formant ainsi un filoplasmode des plus étranges. L'aspect général en est représenté par ]a figure 166, le détail d'une portion de la chaîne par la figure 167. Chacun des individus a l'aspect d'une petite amibe à cytoplasme légèrement granuleux. La silhouette du noyau est redevenue fortement accusée par l'apparition d'une couche de granules réfringents qui en revêt la surface. Son contenu est clair, sans différenciation caryosomienne apparente. Les pseudopodes ne ressemblent pas à ceux du filoplasmode initial. Ils ne sont ni filiformes, ni ramifiés, ce sont de courtes digitations arron- dies et quelquefois même capitées et un peu renflées à leur extrémité. Ils ne sont pas formés par un ectoplasme différencié, mais par la masse même du cytoplasme. Les pseudopodes connectifs ne paraissent pas différents de ces pseudopodes libres. Quand les individus sont élognés les uns des autres, ils s'étirent en un filament plus ou moins long, qui peut présenter sur sa longueur un ou plusieurs renflements. Mais, quand les amibes sont rapprochées, leurs pseudopodes connectifs se fondent dans le corps et les individus ne sont plus séparés que par un isthme très court. La particularité la plus curieuse de ces individus amiboïdes, c'est l'apparition précoce des deux flagelles de la flagellispore. Ce sont de robustes fouets, qui à ce stade paraissent égaux et qui s'insèrent en un point commun situé sur la marge du noyau. Ils effectuent de longues et lentes ondulations. Ainsi Paradinium Poucheti passe au cours de son évolution par deux stades filoplasmodiaux : l'un tout au début du développement chez l'hôte {filoplasmode initial), qui précède et prépare la constitution du plasmode massif, l'autre qui résulte au contraire de sa fragmentation, et qui prépare la formation des spores {filoplasmode présporal). L'existence de ces deux stades de filoplasmode en deux points aussi essentiels du cycle du parasite ne pourra être négligée dans la conception générale de son organ'sation et la recherche de ses affinités. L50 EDOUARD CHATTON Je n'ai jamais constaté la transformation directe des éléments du plasmode présporal, extrait du kyste, en flagellispores. Mais celles-ci s'obtiennent très facilement dans le kyste indemne \ Formation et libération des flagellispores. — En surveillant un kyste au stade filoplasmodial, on voit les éléments lentement ami- boïdes qu'il contient s'immobiliser complètement et régulariser peu à peu leur forme, en celle d'un ovoïde à pôles peu différenciés mesurant 12 -j. de long sur 8 [j. de diamètre, dont le noyau, toujours bien marqué par son enveloppe granuleuse, occupe entièrement le gros bout. Bientôt, on voit ces corps effectuer à nouveau un grouillement d'abord lent, puis plus rapide à l'intérieur du kyste. On distingue même, à travers sa paroi les flagelles des individus. Pendant que s'est effectué tout ce travail interne, la paroi kystique s'est elle-même modifiée. L'enveloppe gélifiée a complètement disparu, entre le stade à filoplasmode et le stade à flagellispores. Est-ce l'action prolongée de l'eau de mer ou, plutôt, l'effet d'une substance dssolvante sécrétée par le parasite à travers la pellicule interne ? Je ne puis le dire. Toujours est-il que cette dernière seule persiste, pour finalement se rompre, sans déhiscence spéciale et mettre en liberté les flagellispores, qui se dispersent aussitôt dans le liquide. Je n'ai pas pu jusqu'ici étudier ces derniers stades sur matériel coloré. IV. Les flagellispores (bodonispores). Morphologie. — Ces flagellispores sont très labiles. Il convient de les examiner aussitôt sorties du kyste, car elles sont sensibles aux plus petites variations dans ]a concentration de l'eau de mer. Grâce à leur nombre, on arrive, malgré leur agilité, à en prendre de bons croquis. Les figures 169 montrent bien l'aspect de spores indemnes de toute altération. Elles ont la forme fondamentale d'un ovoïde, un peu comprimé suivant un de ses diamètres transversaux. La longueur est de 12 à 14 [j, ; le d'amètre varie dans une même spore de 8 à 10 ;j.. Le pôle antérieur est arrondi, mais il porte une sorte de bec peu saillant. Le pôle postérieur est plus ou moins aigu. Le cytoplasme est finement granuleux. Le noyau occupe le pôle anté- 1. Ces kj'stcs gélifiés sont, à rapprocher de ceux que fonucut les flagi-Ilés bodooidés du genre HeteromUa au stade végétatif, sphériqu(s plasmodial, iniiuobile, connu sous le nom do Bladocystis, stade considéré par erreur comme un Blastomycétc. Bans les deux cas, le plasmode enkysté se résout en flagellispores bodoniforracs qui sent très vraisemblablement des gamètes. (Chatton, Les Blastocystis, stades du cycle évolutif de flagellés intestinaux. C. r, soc. biol. [mémoires] lxxx, p. 565-560, 1 pi., 1917). PÉMWINIENS PAMAiSITES 351 rieur tout entier, de telle sorte qu'il est tangent à la paroi cellulaire. Il ne laisse libre en avant que la cavité du bec. C'est à la base de celui-ci et par conséquent, au contact même du noyau, tout comme chez les amibes du filaplosmode présporal, que s'insèrent, en un même point, les deux robustes flagelles. Mais, ici, ces flagelles sont très inégaux. L'un d'eux est sensiblement égal à la longueur du corps, tandis que l'autre la contient environ deux fois et demi. Le premier ondule largement autour du pôle antérieur, tandis que le second est dirigé en arrière dans la progression. Le résultat des actions flagellaires est un mouvement saccadé, non hélicoïdal, très comparable à celui des Bodonidés. De tout ceci, rien ne rappelle la structure caractéristique des Dino- flagellés. Il faut pour en trouver des indices examiner le pôle antérieur du corps, le bec et l'insertion flagellaire. Mais il convient préalablement de s'entendre sur l'orientation à donner au flagellé. Lorsque celui-ci qui, je le rappelle, est légèrement aplati, est vu de profil, l'extrémité du bec se montre déviée de l'axe du corps. Nous appellerons ventrale la grande surface située du côté de l'extrémité du bec, dorsale, celle qui lui est opposée. Lorsqu'on regarde le flagellé par la face ventrale, le bec est dirigé vers la droite de l'observateur. Il indique donc la face gauche du flagellé. En d'autres termes, l'axe du bec, s'il était rectiligne, se projetterait sur la section transversale elliptique du corps, en bissectrice du secteur ventral droit formé par les deux diamètres de l'ellipse. On peut donc lui reconnaître grossièrement un côté ventral droit et un côté dorsal gauche. Ces deux côtés sont inégalement développés. Le côté dorsal gauche se prolonge sur la face correspondante du corps en une crête qui vers le premier quart antérieur du flagellé se confond insensiblement avec la surface générale. Le côté ventral-droit, au contraire, est excavé et se di'esse perpendiculaire- ment à la surface sphérique du pôle antérieur. En somme, entre la saillie du bec et la surface du corps, se trouve l'ébauche d'un sillon hélicoïdal, long d'un demi-tour à peine, qui a son origine sur la face ventrale et qui descend en tournant de droite à gauche, c'est-à-dire exactement dans le même sens que le sillon hélicoïdal des dinospores des Syndi- nium, des Blastodinium, etc., de toutes les formes dextres de Dinofla- gellés. Indices d'une structure péridinienne. — Ainsi, les flagelhspores bodoniformes de Paradinium Poucheti montrent l'ébauche d'une struc- ture périd'nienne. Mais celle-ci est si peu accentuée qu'il faut, pour la 852 EDOUARD CHAT TON reconnaître, une analyse minutieuse. D'aucuns pourraient même penser qu'il serait artificiel de vouloir en tirer, contre d'importants caractères qui s'y opposent, la preuve d'une parenté des Paradinium aux Dinofla- gellés. Ce n'est pas le parasite des Acartia qui nous fournira la réponse à cette objection. Nous la trouverons dans l'étude des Atelodinium et des « spores à rostre ». Destinée des flagellispores. — Le sort des flagellispores après leur libération m'est inconnu. Elles représentent probablement des isogamètes qui, dans les conditions normales, se fusionnent, fournissant un ookinète qui est lui-même l'agent d'infection. Mais il ne me paraît pas certain que ce soit sous la forme flagellée même que s'effectue la fécondation. J'ai vu une fois sur une lamelle déposée sur l'eau d'un bocal où se trouvaient beaucoup de kystes de Paradinium et beaucoup de flagellispores libres, ramper, de petites amibes, de la taille des éléments du filoplasmode, à pseudopodes fila- menteux et ramifiés, et dont le gros noyau, bien visible en clair, était enveloppé d'une mince couche granuleuse. Je ne serais pas étonné que ces amibes ne soient autre chose que des flagellispores de Paradinium revenues à l'état amiboïde après leur libération. Mais je dois dire que je n'ai pu répéter et préciser l'observation. Genre ATELODINIUM iiov. gn. Flg. 171-178, pi. XVI; 187-190, pi. XVII. Espèce type du genre : Atelodinium microsporuyn nov. sp. Svmmaira Atelodinium microsporum, p. 353. Hôte et fréquence, p. 353. — Aspect et répartition du plasmodc, p. 3.53. — Structure du plasmode, p. 354. — Sporulation interne, p. 354. — Morphologie péridinieune des spores, p. 355. Atelodinium parasUicum, p. 355, Hôte et fréquence, p. 355. — Aspect et répartition du plasmodc, p. 356. — Structure du plasmode mitose, p. 356. — Plasmode en involution, p. 357. Je crée ce genre pour deux formes parasites de Paracalanu^ parvus dont le plasmode présente les mêmes caractères que celui de Paradinium Poucheti, mais qui en diffèrent par leurs spores dont la morphologie péridinienne est beaucoup plus accusée que celle des bodonispores de l'espèce que nous venons d'étudier. Mais je dirai de suite que l'étude de ces formes est encore un peu précaire. La présence simultanée chez les Paracalanus, de trois parasites cœlomiques : un Syndinium à spores poly- PÊRtDlNlËNi^ FARAi^lTES 353 morphes, et les deux formes qui vont nous occuper compliquait leur étude et rendait surtout délicate l'attribution à telle ou telle forme plasmodiale, de telle ou telle forme sporale. J'ai déjà exprimé les doutes que j'avais au sujet de l'attribution des « spores à rostre «. Je serai amené à la fin de ce chapitre à discuter de cette question et à éclairer le lecteur sur la valeur de la solution qui lui est provisoirement donnée. Atelodinium microsporum nov. sp. Fig. 177 et 178, pi. XVI; 187-188, pi. XVII. Type de l'espèce parasite de la cavité générale de Paraca^anus parvus CL. à Banyuls-sur-Mer. Automne (fig. 178, pi. XVI ; 187-188, pi. XVII.) HoTE ET FRÉQUENCE. — Ce parasite est beaucoup moins fréquent chez Paracalanus parvus, que Syndinium turho et aussi que l'autre forme à^ Atelodinium. Il ne m'est connu qu'aux stades avancés de son déve- loppement. Je Tai choisi comme type du genre car c'est la seule forme dont les .spores me soient connues. Aspect et répartition du plasmode. — Le plasmode offre le même aspect fondamental que celui de Paradinium Poucheti. Mais les noyaux y sont moitié plus petits et, par conséquent, beaucoup plus nombreux. Ils mesurent de 3 à 4 [x et montrent le plus souvent des caryosomes. Le plasmode est plus diffus que chez les Acartia. Il ne se présente pas sous forme de masses, mais sous forme de réseau ou de lames. Il y a une lame pariétale sous-jacente à l'hypoderme et deux lames correspondant aux masses génitales de P. Poucheti. Ces lames sont anastomosées par des travées passant entre les faisceaux musculaires. Il y a aussi une masse périnervienne. In vivo, c'est naturellement la lame pariétale qui est le plus visible, et sa présence fait croire que le corps entier est rempli de plasmode. En réalité, ici aussi la masse parasitaire est beaucoup moins encombrante que celle des Syndinium. A cause de la petitesse des noyaux, bien visibles, on ne peut guère confondre ce parasite avec un Syiidinium. Il n'en sera pas de même di Atelodinium paras Wcum à propos duquel j'insisterai sur les caractères qui distinguent in vivo les Syndinium des Paradinides. Par contre il est chez Paracalanus parvus un tissu qui existe d'ailleurs aussi chez les Clausocalanus et chez d'autres genres, avec lequel le plas- AKCH. de Zool. EXP. et GÉN. — T. 59. — F. 1. 23 354 EDOVARD CHATTON mode à' Atdodinium microsporum pourrait être très facilement con- fondu : C'est le tiss.. plasmodial, lui aussi, qui, chez le mâle à l'avant-dernier stade, se développe, principalement dans la tête, autour des fibres muscu- laires. Ce tissu, qui n'est autre chose que le résultat d'une prolifération intense du sarcoplasme, comprend une grande quantité de petits noyaux sphériques nucléoles, de la taille de ceux d' Atelodinium itiicrosporum ou un peu plus petits, épars dans une masse cytoplasmique alvéolaire. Ce tissu affleure sous la cuticule du Copépode, entre tes fibres muscu- laires, exactement comme fait un plasmode d' Atelodinium. Mais ce tissu néoformé, dans lequel se différencieront les éléments musculaires supplémentaires du mâle mûr, coexiste toujours avec un testicule bien développé. La présence d'un plasmode d^ Atelodinimn amène toujours, au contraire, comme c'est le cas pour tous les parasites cœlomiques, la castration parasitaire et la régression presque complète de la glande génitale. L'examen de celle-ci s-^ra donc un moyen sûr de différen- ciation. Structure du plasmode. — La structure est fondamentalement la même que chez Paradinium Pouclieti ; mais on peut dire d'une manière générale du plasmode des Atelodinium, qu'il conserve beaucoup plus longtemps que celui de Paradinium Poucheti sa structure initiale et que, par conséquent, la différenciation du plasmode quiescent et des blastodes y est beaucoup moins accusée. Les lobes du plasmode évoluent à peu près simultanément, et lorsque le plasmode devient quiescent ou même lors- qu'il entre en involution, cela se produit d'une manière à peu près uni- forme dans toute son étendue. Le plasmode jeune est formé de lobes juxtaposés. Le cytoplasme est très basophile, les noyaux bien délimités, mais sans membrane propre, la chromatine uniformément granuleuse et moins colorable que le cyto- plasme. Il y a le plus souvent deux nucléoles très basophiles. En s'accrois- sant, les noyaux augmentent légèrement de taille, jusqu'à mesurer 5 [j.. J'ai ra;ement observé des plasmodes d'^. 7nicrosporum en involution. Sporulation interne. — Chez Paradinium Poucheti, les masses plasmodiales évacuées spontanément ou non se sécrètent en très peu de temps si le plasmode expulsé est mûr, leur kyste gélifié. Chez les Atelo- diniu7n, quelque soit le degré de maturité du plasmode, jamais le phéno- mène ne se produit, non plus que l'évolution qui lui succède. Le plasmode, PÉRIDINIENS PARASITES 355 dont tous les lobes s'accroissent et mûrissent à peu près simultanément, sporule tout d'une masse à l'intérieur de l'hôte comme celui d'un Syndi- nium. Et la résolution du plasmode en spores s'effectue comme chez ces derniers. Le plasmode se dissocie d'abord en sphères d'inégal calibre et contenant un nombre très variable de noyaux, sphères qui équivalent aux masses primaires dans la sporulation des Syndinium et aux gono- splières dans celle de Paradinium Poucheti. Des sillons apparaissent à la surface de ces sphères qui se découpent en spores. Celles-ci se séparent d'emblée et peuvent constituer pendant un certain temps des aggrégats de deux, trois ou quatre éléments, déjà mobiles. Ceux qui comprennent deux spores peuvent donner l'illusion de bipartitions longitudinales ou de copulations. Ces couples se meuvent en tournoyant autour de leur axe de tangence. Morphologie péridinienne des spores. — Les spores diffèrent beaucoup de celles de Paradiniuyn Poucheti. Sans être gymnodiniformes comme celles des Syndiîiium, elles offrent des caractères péridiniens manifestes. Elles sont nettement ovoïdes, sans aplatissement, de très petite tail'e : 6 ;/ de long sur 5 ;j. de plus grand diamètre. D'un point situé très peu au-dessous du pôle antérieur part un sillon hélicoïdal étroit, bien délimité qui, sans altérer l'ovoïde, fait d'avant en arrière et dans le sens inverse de celui des heures, un peu moins d'un tour de spire. Il est parcouru par un flagelle ondulant qui se termine par une extrémité libre à peu près égale au tiers de sa longueur. Il n'y a pas de sillon longitudinal. Je n'ai pas vu non p'us le flagelle axial. Mais il n'est pas douteux pour moi qu'il existe, iDrobablement très difficile à voir à cause de la petite taille des élén ents. Le noyau est bien évident, sous l'aspect d'une vacuole claire, située au centre du corps. Ainsi, tant par son mode de croissance que par sa sporulation et surtout par la forme de ses spores, Atelodinium micros porum se place entre Paradinium Poucheti et les vrais Péridiniens. Atelodinium parasiticum n. sp. Fig. 171-176, pi. XVI; 189-190, pi. XVn. Type de l'espèce parasite de Paracalanus parvu^ Cl. à Banyuls- sur-Mer. Automne (fig. 170-175, pi. XVI; 189-190, pi. XVII.) Hôte et fréquence. — Ce parasite, beaucoup plus commun que le j)récédent, paraît, au premier abord, beaucoup plus rare chez son hôte :;56 EDOUARD CHATTON que Syndiîiium turbo. Mais cette rareté n'est qu'apparente. L'étude des coupes faites dans une masse de Copépodes provenant d'une même pêche, fixés et inclus ensemble (v, page 207) montre que le parasite existe chez beaucoup d'individus où on ne le soupçonne pas à l'examen in vivo, ce qui tient encore ici à l'architecture du plasmode jeune qui n'est point massif, mais lamelleux ou réticulé. De plus, à moins d'un examen attentif, ce plasmode peut être facilement confondu avec le plasmode en voie d'extension des Syndinium ; aussi est-il utile de bien préciser les caractères distinctifs des deux parasites à l'état vivant. Aspect et répartition du plasmode. — La figure 171 montre un jeune Paracalaiius à trois segments, infecté par A. parasittcum. C'est là un des stades les moins avancés que j 'aie pu observer, mais il s'en faut cependant qu'il soit initial. Mais à ce stade déjà nous lui trouvons d'impor- tantes différences avec les Syndinium. C'est d'abord l'aspect bourgeon- nant et ramifié ; la fragmentation du plasmode en masses d'inégale importance. C'est ensuite l'aspect des noyaux. Ainsi, dans la masse sub- sphérique que représente la figure 174 et que l'on confondrait aisément, à cause de sa forme, d' ailleurs un peu exceptiomielle, et de sa situation au contact de l'intestin, avec un jeune plasmode encapsulé de Syndinium, on distingue parfaitement les noyaux et leurs caryosomes, ce qui n'est jamais le cas pour les Syndinium. Aux stades plus avancés, le plasmode, dont les lobes se sont multipliés par plasmotomie et sont devenus concrescents, encombre la plus grande partie de la cavité générale, sans toutefois l'emplir complètement. La répartition est la même que celle d'^. microsporum. Ce plasmode diffère encore de celui des Syndinium par sa labihté beaucoup moins grande. Jamais on ne le voit subir, par suite d'une compression prolongée, ou au contact de l'eau de mer, des alté- rations semblables à celles que nous avons décrites chez les Syndinium. Structure du plasmode. Mitose. — La structure est la même que chez A. microsporum, mais on observe ici, dans les plasmodes avancés, une différenciation un peu plus marquée des blastodes. Elle l'est beaucoup moins cependant que chez Paradinium Poucheti. Ils sont caractérisés simplement par le tassement des noyaux. Les noyaux n'ont pas de mem- brane propre, mais ils sont cependant fort bien déhmités. Ils montrent toujours la même chromatine pâle et uniformément granuleuse, et un, deux ou trois nucléoles. J'ai bien vu chez cette forme leur mode de divi- sion. La chromatine qui provient des nucléoles dissous s'agence en spirème très basophUe. Ce spirème se coupe en chromosomes bien PÉRIDINIENS PARASITES 357 individualisés, et non décomposables en microsomes. Ces chromo- somes se mettent au fuseau, en plaque équatoriale. Aux pôles du fuseau se voient nettement deux centrioles. La plaque équatoriale se scinde en deux plaques filles dont les chromosomes émigrent aux pôles. Je n'ai pas vu l'anaphase. Prophase et mésophase se passent à l'intérieur de la vésicule nucléaire, sans participation du cytoplasme. Nous avons donc ici ce que j'ai appelé une mésomitose (1910). Plasmode en involution. — On ne peut guère plus pour A. parasi- ticum, que pour A. microsporum parler de blastodes et de plasmode quies- cent. Les premiers sont à peine indiqués par un tassement des noyaux. Mais la maturation du plasmode est ici à peu près simultanée dans toute son étendue. De même l'involution s'y effectue-t-elle d'une manière uniforme. Elle se manifeste comme chez Paradinium Poucheti par la dissolution des nucléoles, l'abaissement de la chromaticité nucléaire et l'apparition d'une auréole striée autour des noyaux. Mais, en plus, le noyau, qui chez Paradinium Poucheti augmentait légèrement de volume, subit ici une hypertrophie considérable. Il s'accroît jusqu'à mesurer 20 [x. Le plasmode prend alors l'aspect d'un reticulum, dont les noyaux, méconnaissables in vivo, paraissent être les mailles. Des limites appa- raissent dans la région mitoyenne des travées découpant le plasmode qui revêt l'aspect d'un collenchyme végétal. Sur les coupes, on voit que le contenu nucléaire forme un grossier coagulum. J'avais été tenté de considérer les premiers de ces plasmodes que j'avais rencontrés comme représentant un parasite autonome. L'apparition de limites celluUaires entre les vaculeos pouvait être regardée comme le début d'une sporu- lation. La connaissance des stades qui relient ceux-là à ceux de la végé- tation normale du plasmode, les caractères des noyaux, l'existence de phénomènes très semblables chez P. Poucheti, où ils n'aboutissent jamais, non plus qu'ici, à un processus évolutif, me les font considérer comme représentant vraie ment une dégénérescence du plasmode, dégéné- rescence dont la cause reste d'ailleurs à déterminer. Je n'ai jamais saisi sur le vif la sporulation d'^. paraslticum, et sur les coupes je n'ai jamais vu avec certitude les stades de résolution du plasmode. J'ai été tenté d'attribuer à ce parasite les « spores à rostre » dont j'ai déjà parlé au chapitre des Syndinium. Mais certains, caractères de ces spores peuvent les faire considérer aussi ])ien comme des germes syndiniens que comme des germes paradiniens. Je les étudierai avec les Paradinides d'identité incertaine. 358 EDOUARD CHATTON Formes d'identité incertaine Sommaire I. — Les spores à rostre, p. 358. Morphologie, p. 358. — Structure ; le liléjih.irojil.Tite, p. :!r,9. — Attribution î^énfTiquc et spicifliue, p. 3C0. II. — Paradinide indéterminé p. 300. m. — Paradinide indéterminé p. 361. IV. Paradinide Indéterminé p. 362. I. Les spores a rostre. Fig. 179-180, pi. XVI ; 191-19Î, pi. XVII. Morphologie. — Ces spores se rencontrent dans les mêmes conditions que celles des Syndinium, dans les carapaces de Copépodes. Elles ont aussi la taille des macrospores : 15 [j., mais non leur forme turbinée. La La forme générale rappelle au contraire celle de la spore d'^. micro- sporum. C'est un ovoïde non aplati, dont le petit bout, qui est antérieur dans la locomotion, est relevé en un rostre assez aigu. La région posté- rieure est au contraire arrondie et ventrue. A la base du rostre, qui n'est pas sans rappeler le bec de Paradinium Poucheti, se trouve, comme chez cette dernière forme, une dépression, qui, très limitée chez le parasite des Acartia, se continue ici en un sillon hélicoïdal aussi bien défini que celui des Syndinium, mais pas plus long que celui à' Atelodinium micro- sporum. Il ne fait comme lui qu'un demi-tour de spire environ, d'avant en arrière, toujours dans le sens inverse de celui des heures. Il n'atteint pas le pôle postérieur du corps, dont il ne déforme d'ailleurs pas le galbe. Ce sillon est large. Ses deux lèvres sont bien marquées sans être saillantes, sauf à l'origine antérieure du sillon, où la lèvre postérieure s'élève en une forte crête qui se trouvant brusquement coupée, se termine en une sorte de bec aigu dirigé en avant. Le ressaut qui forme l'une des marges de ce bec se continue d'avant en arrière, en tournant un peu obliquement dans le sens des heures, et détermine un sillon à une seule lèvre qui est l'homologue du sillon longitudinal des Syndinium, bien qu'il n'aborde point en arrière le sillon hélicoïdal. Il est parcouru par un flagelle récurrent qui s'insère sous la saillie du bec, au point de jonction du sillon hélicoïdal avec le sillon longitudinal et qui se prolonge par une partie libre égale à environ la moitié de sa longueur totale. Mes dessins ne montrent pas de flagelle ondulant dans le sillon hélicoïdal. Mais, étant donné qu'il est souvent fort difficile à voir et que les spores s'altè- rent très facilement, je ne doute pas de son existence. On voit que par leur morphologie externe ces spores rappellent tout PÊRIDINIENS PARASITES 359 à fait celles d' Atelodinium micros'porum dont elles ne diffèrent que par l'existence du rostre et du sillon longitudinal. Mais, par l'aspect de leur corps cytoplasmique, ce sont plutôt des spores syndiniennes : comme chez ces dernières, le noyau est invisible in vivo et le cytoplasme contient des trichites disposés comme ceux des macrospores. Structure. Le Blepharoplaste. — Mais la structure nucléaire nous ramène plutôt au tjrpe paradinien. Le noyau qui est central, comme chez les spores d'' Atelodinium parasiticum, est ovoïde, vésiculeux, à paroi nette, mais sans membrane propre. Il contient une chromatine très pâle disposée en trabécules allant d'un gros caryosome subcentral à la paroi nucléaire. Les trichites sont conservés dans le cytoplasme. Du côté dorsal, sous-jacent à la cuticule, se trouve une longue baguette effilée à ses deux extrémités, dont l'une se trouve à la pointe du rostre, et dont l'autre se termine au niveau du noyau. Cette baguette paraît à première vue repré- senter une côte squelettique, analogue par exemple à la côte de renforce- ment de la membrane ondulante chez les Trichomonas. Mais elle me paraît, d'après son mode de formation, avoir plutôt la valeur d'un kine- tonucleus. Dans le frottis même où se trouvaient les spores, il y avait aussi des aggrégats de deux ou plusieurs futures spores non encore séparées. Les noyaux de ces éléments se trouvaient à un stade rappelant assez le synapsis ou plutôt le stade en bouquet de la spermatogenèse Ils étaient piriformes et les chromosomes bien individualisés, convergaient vers le pôle aigu où se voyait très net un grain chromatique que l'on ne peut considérer que comme un centrosome. Dans certains éléments, ce centro- some était sphérique. Dans d'autres, au contraire, on le voyait commen- çant à s'allonger en un bâtonnet. Bien que je n'aie pas vu de stades inter- médiaires entre celui où le bâtonnet est très court et encore en relation avec le noyau, et celui où le bâtonnet s'est allongé en baguette et séparé du noyau, je n'hésite guère à croire que la baguette n'est autre que le bâtonnet centrosomien allongé. Je rappelle que chez les Syndinium nous avons eu des stades de dissociation du plasmode montrant des noyaux en candélabre, où nous n'avons pas constaté, non plus d'ailleurs que dans les spores mûres, de formation kinétique. Les spores à rostre nous apparaissent avec un ensemble de caractères dont les uns : noyau invisible in vivo, trichites cytoplasmiques, sont des Syndinium, dont les autres : morphologie externe de la spore, structure du noyau, sont des Paradinides, et dont d'autres enfin : existence d'un kinetonucleus, apparaissent comme hérités de quelque Bodonidé. o60 EDOUARD CHATTON Attribution générique et spécifique. — Ce sont ces spores que j'ai appelées à tort en 1910 a « spores à forme Oxyrrhis ». A comparer Oxyrrhis marina tel queSENN (1911) l'a récemment décrite aux spores que nous venons d'étudier, on voit que si l'organisation fonda- mentale de ces flagellés reste la même, ils sont néanmoins d'un type presque opposé. Chez Oxyrrliis en effet, le pôle arrondi est antérieur, les sillons et les insertions flagellaires postérieures. Et ceci n'est point simple- ment l'effet d'une inversion du sens de la locomotion. Car si l'on retournait un Oxyrrhis pour tenter de le superposer à la spore à rostre, on verrait le sillon hélicoïdal s'élever au lieu de s'abaisser et tourner, dans le sens des heures, à l'inverse du sens du sillon hélicoïdal de la spore à rostre. Des caractères de cette spore, il n'est pas possible, on le voit, de tirer de conclusion certaine relativement à son attribution spécifique et même générique. De nouvelles recherches sont nécessaires pour la fixer. J'avoue que, sans l'existence des trichites, j'aurais moins hésité à l'attribuer à Atelodinium parasiticum. Mais jamais ni le plasmode ni la spore d'un Paradinide ne m'a montré de semblables inclusions, non plus d'ailleurs que les concrétions qui leur donnent naissance. C'est à cause de la grande ressemblance de la spore à rostre avec celle d' Atelodinium parasi- ticum, et à cause de la structure de son noyau définitif que j'ai cru devoir la décrire ici plutôt qu'au chapitre des Syndinium. Il nous reste, pour terminer l'étude des Paradinides, à signaler deux formes appartenant incontestablement à ce groupe, mais dont l'attri- bution spécifique et générique reste douteuse, leurs spores étant inconnues. II. Paradinide indéterminé parasite à'Oithona plumifera. Baird, à Banyuls -sur-Mer. Fig. 181, pi. XVT. «Parasit 21 », Apstein (1911, p. 221, flg. XX). Chez trois individus d'Oithona plumijera, j'ai observé, remplissant la cavité générale, un plasmode de Paradinium, semblable, en tous points, à celui d'AcAirtia Clausi. Une des Oithona plumifera portait à l'extrémité de l'abdomen un vaste sac contenant une très grande quantité de corps amœboïdes, qui étaient, très vraisemblablement, les futures spores du parasite. Il n'y avait point de kyste gélifié, mais une pellicule d'enveloppe très nette. J'ai perdu PÉRIDINIENS PARASITES 361 -^ 12 r FlG. CXL ter. Un APSTEIN (1911). « Pantsit 21 » ; n, sur la furca d'une OUhona (sp.)x 50; b, spore (immobile au moment de l'observa- tion), issue du sac a. La confrontation de cette figure avec notre figure 180 montrera qu'il s'agit d'un Paradinium. l'exemplaire, qui était entre lame et lamelle, avec beaucoup d'autres copépodes, en voulant l'en séparer. C'est certainement un parasite du même gem'e, peut-être la même forme, qu'ApsTEiN a signalé, appendu à l'extrémité de l'abdomen, chez une Oithona du Kattegat (août 1909) : « Diesen Parasiten fand ich bei Oitfiona, nicht bei Calanus, ich môchte ihn aber hier m't erwâhnen. Am Abdomen dicht vor der Furca fand sich eine etwa eifôrmige Blase. Beimôfifnen der- selben entquollen ihr zahlreiche ovale, 12 ;j. lange Kôrper (fîg. 20 6), die an einem Ende einen deutlichen Kern erkennen liessen, sonst aber keinerlei Struktur zeigten. Im ersten Augen- blick glaubte ich Sporen von Myxos- poridien vor mir zu sehen. » A comparer la spore h avec les bodo- nispores de Paradinium Poucheti, telles qu'on les voit, non flagellées et immobiles, dans le kyste non mûr, on se fera de la nature du parasite une idée toute différente de celle que suggère Apsteest, et plus vraie je crois. III. Paradlnide indéterminé parasite de Clausocalanus arcuicornis Cl. à Banyuls-sur-Mer. Fig. 182-183, pi. XVI. Observation unique d'un jeune mâle à 4 segments abdominaux, de Cl. arcuicornis dont la cavité générale était remplie du plasmode d'un Paradinium qu'il ne m'a pas été possible de différencier des autres espèces. A l'extrémité de l'abdomen de ce mâle étaient appendues deux masses indivises et multinucléaires de ce plasmode. Elles n'étaient pas protégées par un kyste gélifié, mais par une mince pellicule d'apparence chitineuse. Par de très petits orifices de cette enveloppe, de courtes expan- sions protoplasmiques, non ramifiées, faisaient saillie, mobiles, s'incur- vant ou se tordant en tous sens et prenant un aspect moniliforme. Elles témoignaient ainsi de l'activité amiboïde du plasmode. Le Clausocalanus a été perdu au cours de la manipulation destinée à l'isoler. 362 EDOUARD CHATTON IV. Paradinide indéterminé parasite de Centropages typicus, à Banyuls-sur-Mer. Se présentait à l'état de plasmode dans toute la cavité générale, comme Paradinium Poucheti chez Acartia Clausi. Conditions d'existence et parasitisme des Paradinides Les Paradinides exercent sur leurs hôtes, exactement la même action que les Syndinium dont l'effet le plus manifeste est la castration para- sitaire précoce et totale. Mais, dans le dénouement du conflit entre l'hôte et le parasite, il y a des différences, et, d'ailleurs, comme chez les Syndinium eux-mêmes, des variations. La sporulation à^Atelodiniummicro'^poriim'^dA'&ii coïncider comme celle de Syndinium turho, avec la mort de l'hôte. On n'est pas surpris de constater que Paradinium Poucheti, qui ne sporule pas dans son hôte et dont le plas- mode est éliminé au fur et à mesure qu'il s'accroît, ne détermine pas la mort du Copépode. Ce qui reste à préciser, c'est comment l'évacuation des gonosphères peut s'effectuer par le tube digestif sans danger pour l'hôte. La croissance continue et la sporulation intermittente mais prolongée, de Paradinium Poucheti peut être assimilée, sinon au point de vue du mécanisme du moins au point de vue du résultat, à une pa isporogenèse. C'est, ici encore, l'existence de l'hôte ménagée et son exploitation théoriquement indéfinie par le parasite. Mais, il semble que dans ce cas, la réalité soit beaucoup moins proche encore de la théorie que dans le cas des Blastodinium. La fréquence de masses plasmodiales volumineuses et involutives montre que la vitalité et l'activité génétique du jDarasite soit loin d'être indéfinies. C'est encore une question à élucider que celle de la destinée du plas- mode en involution et du Copépode qui le contient . Certains aspects, vus dans les coupes, donneraient à penser que le plasmode dégénéré peut être progres- sivement résorbé. L'existence d'^car^m adultes, à cavité générale complè- tement vide, sans glandes génitales, tendrait à confirmer cette opinion. Il semble ainsi que la nécessité de sortir de l'hôte pour sporuler soit plutôt une entrave à l'expansion du parasite. En d'autres termes, Para- dinium Poucheti paraît, tant au point de vue du mode d'édification du plasmode, qu'au point de vue de sa sporulation, encore incomplètement PÉRIDINIENS PARASITES 363 adapté aux conditions d'existence, très étroites, que lui impose son parasi- tisme cœlomique. Affinités des Paradinidse Nous discuterons les affinités des Paradinidœ dans l'essai de classifi- cation qui termine ce mémoire, p. 444. LES BLASTULOID/E Neresheimer 1904 Sous le nom de Blastuloidœ, Neresheimer (1904) a créé un groupe de Mésozoaires qui comprenait le genre Neresheimeria Uebel, plus connu sous le nom de Lohmanella Neresheimer (nec Trouessart) et le genre Amœbophrya Keppene. J'accepte ici le groupe des Blastuloidœ par mesure d'ordre, en l'extrayant des Mésopaires et comme équivalant aux Paradinidae et aux Ellohio^isidœ, mais j'en restreins la compréhension au seul genre Neresheimeria. Genre NERESHEIMERIA Uebel 1912 Lohmannia Neeesheimer (1903, p. 757), nec Lohmannia JNIICHAEL (191 (Acariens). Lohmanella NeresheiiMer (1904, p. 1.37), nec Lohmanella Trouessart (Acariens). Neresheimeria Uebel (1912, p. 461). Espèce type du genre : Neresheimeria catenafa (Neresheimer) Sommaire Habitus général, p. 362. — Historique, p. 364. Nommiclature, p. 365. — Hôtes ; rép.artition géographique, p. 365. Neresheimeria catenata, p. 366. I. _ Fréquence, p. 366. — Situation clans l'hôte, p. 366. — « Tête et rhizoWes », p. 367. — Articles, p. 367. — Structure plasmodiale des artich^s, p. 36«. — Structure plasmodialc de la tête, p. 3.69. - Etui et rhizoïdes postérieurs, p. 370. — Formation et multiplication des articles (Début de la sporogénèse), p. 370. - Stades reculés du développement, p. 372. II. — Interprétations. Interprétation des stades jeunes; ce qui reviendrait îi l'Iiôtc et au parasite, p. 374. — La « plaque syncytiale de FritUlaria pelhtcida, p. 375. — Hypothèse relative aux premiers stades du parasite, p. 376. - Ce que serait la Neresheimeria intégrale, ses affinités, p. 376. — Homologle8 et signi- fication de la cavité; la conception des Blnstuloîderi, p. 378. — La siguiûcation du développement caténulaire ; la conception des Catenata, p. 370. ^ Analogies avec Paradinium Poueheti, p. 380. — Neresheimeria et Amœbophrya, p. 381. Neresheimeria paradoxa, p. 382. Habitus général. — Les Neresheimeria sont des parasites des Fritil- laires (Appendiculaires) chez lesquelles elles occupent la région génitale. La FritUlaria pellucida, que représente la fig. cxliii, montre, dans la région postérieure de son corps, une Neresheimeria. Ce singulier parasite enserre l'estomac dans une corbeille de pseudopodes qui s'insèrent sur une sorte de tête à laquelle font suite une série d'articles creux, multi- r64 EDOUARD CHAT TON nucléés, à structure plasmodiale, dont le dernier aborde la marge posté- rieure du corps, là où, normalement, se trouve l'orifice évacuateur des produits génitaux. Historique. — C'est Lohmann (1896) qui, incidemment, signala le premier ces parasites dans ses Appendicularien de la Plankton Expédition, esquissant sommairement leur organisation. Il les tenait pour des Proto- zoaires et leur trouva des ressemblances avec les Acinétiens. Les obser- vations de ce savant n'ont plus, aujourd'hui, qu'un intérêt œcologique et géographique. Nous les résumerons un peu plus loin. Neresheimer, en 1903, retrouva, à Villefranche-sur-Mer, le parasite de Lohmann chez Fritillaria pellucida Busch et chez Fritillaria haplos- toma Fol. Grâce à ces matériaux et à ceux qu'il reçut de diverses autres stations, il put faire, de ces êtres étranges, une très claire description, qui nous fournira même, en partie, les éléments d'une interprétation de leur organisation, très différente de celle qu'il en a donnée lui-même. L'étude de Neresheimer, faite surtout d'après du matériel conservé, laisse inconnues l'évolution du parasite à l'état libre et ses formes de re- production et partant ses affinités réelles. Et, c'est bien plutôt éluder que résoudre ce dernier problème, que classer comme l'a fait Neresheimer, ce parasite parmi les Mésozoaires : « Lohmann hielt den Parasiten offen- bar fiir eine Suctorienart. In Wahrheit handelt es sich um ein typisches Mesozoon. » Il les range, avec Amœbophrya sticholonchœ Keppène, dans un groupe nouveau, les Blastuloidea qu'il oppose aux Planuloidea (Dicyémides et Orthonectides) et aux Mesenchymia {Trichoplax et Treptoplax. On sait, aujourd'hui, que ces derniers sont en réalité des planulas d'Hydroméduses (Krumbach 1907). Nous avons vu que V. Dogiel, qui a, lui aussi, son groupe de Méso- zoaires, les Catenata, y associe, malgré les protestations de Neresheimer, les N eresheimeria avec les Haplozoon. Peut-être contribuerons-nous à faire l'accord entre ces deux auteurs. Les Haplozoon ont pris plus haut, la place à laquelle leur donne droit leur essence de Péridiniens stricts. Bien que la nature des N eresheimeria soit beaucoup plus énigmatique, nous croyons pouvoir traiter de ces organismes dans ce mémoire. Et, s'ils s'y retrouvent en compagnie des Haplozoon, — encore que très loin d'eux — c'est, on le verra, pour des raisons toutes différentes de celles qui ont amené Dogiel h sa conception des Catenata et qui sont la critique même de cette conception. J'ai pu étudier, à Banyuls, uniquement sur le vivant, Neresheimeria, catenata. J'ai vérifié et confirmé, à quelques détails près, les descriptions PÉRWÎNIENS PARASITES 365 de Neresheimer. Je n'ai pu, malheureusement, à cause de la pénurie de matériel, pousser l'étude de la reproduction notablement plus loin que l'a fait cet auteur. Mais, grâce surtout à l'observation des Fritil- laires vivantes, je suis arrivé à une interprétation de l'organisation de Neresheimeria catenata et de ses rapports avec l'hôte, très différente de celle qu'a produite Neresheimer^ Nomenclature. — Cet auteur avait, tout d'abord (1903), donné à ces parasites des Fritillaires le nom de Lohmannia, qui était préoccupé. Il le changea, l'année suivante, en celui de Lohmanella, qui eut cours jusqu'à ce qu'en 1912, Uebel fit remarquer que ce nom était, lui aussi, préoccupé et il lui substitua celui de Neresheimeria. HoTES. Espèces. Répartition géographique. — Neresheimer a distingué, chez ses Fritillaires, deux espèces de Neresheimeria : N. catenata et N. paradoxa, d'après la forme des pseudopodes, caractère qui peut sembler déjà très fragile. Il nous le paraîtra d'autant plus que ces pseu- dopodes, je crois pouvoir le montrer, n'appartiennent pas au parasite. D'ailleurs, Neresheimer n'a pas clairement indiqué comment ces deux espèces se répartissaient chez les Fritillaires. Encore moins est-i' possible de connaître cette répartition chez les Fritillaires étudiées par Lohmann. C'est donc pour le genre seulement que l'on peut parler de répartition géo- graphique et œcologique. Je la résume par le tableau suivant, d'après les observations de Lohmann, de Neresheimer, les miennes et celles d'UEBEL. Stations Hôtes Courant équatorial nord, au sud des îles du F. formica Fol, F. pellucida Bttsch, cap Vert (Lohmann) F. sargassi, F. haplostoma F Oh. Contre-courant de Guinée, au sud des îles F. formica, F. pellucida, F. sargassi. du cap Vert (Lohmann) F. haplostoma. Mer des Sargasses (Lohmann) F. pellucida. Naples (Lohmann) F. pellucida. Villefranche-sur-Mer (Neeesheimer. Fé- vrier-Mars 1903) 1 F. pellucida, F. haplostoma. Villefranche - sur - Mer (Ghatton, Mars- Avril 1911) F. pellucida. Banyiils-sur-Mer (Chatton, Novem- bre 1906, Mars 1907) F. pellucida. 1. Neresheimer a examiné en outre des planctons conservés péchés à Villefranche par MOSER(mars 1900), ScHEEL (avril 1903) et par Woltereck (par 500 m.) ; à Marseille, par Drzwecki (mai 1903); à Kovigno par Reit- ZENSTEIN (mai 1903) ; à Messine par R. Hertwig (mars 1899) ; à Chypre et à Bergen par Maas. Il y avait des Fritillaires dans tous ces planctons, mais l'auteur ne dit pas quelles espèces et si toutes étaient parasitées. Il me semble très peu probable, étant donné ce que l'on sait de la répartition géographique de F. pellucida, que celle-ci ait été pêchée à Bergen. Toutes les autres données confirment ce que j'ai dit à ce sujet. 366 EDOUARD CHATTON Comme l'on voit, c'est surtout chez Fritillaria pellucida que les Neresheimeria ont été rencontrées et c'est chez cette espèce, à peu près uifiquement, qu'elles ont été étudiées. Des deux formes distinguées par Neresheimer, c'est A', catenata qui est, de beaucoup, la plus commune. C'est celle que j'ai revue moi-même à Banyuls et à Villefranche. Je la considère comme le type du genre. Neresheimeria catenata Nereisheimer 1903 rig. 195-200, pi. XVIII. Lohmanîa catenata Nekesheimer (1903, p. 757-760, fig. u et m). Lohmanella catenata Neresheimer (1904, p. 137-lOC, pi. X, fig. 1, y, 5, 7, lU; pi. XJ, flg. 15, '21, 24, Neresheimeria catenata Uebel (1912, p. 461). Fréquence. — On vient de lire tout ce qui concerne la répartition œcologique et géographique de Neresheimeria catenata. Rappelons seule- ment que Neresheimer l'a trouvée aussi chez F. haplostoma Fol. L'au- teur ne donne pas de renseignements très précis sur sa fréquence chez ces deux Appendiculaires. A Banyuls, je ne l'ai observée qu'à deux re- prises, dans l'essaim du 21-23 novembre 1906 et dans celui du 26- 28 mars 1907 qui m'ont fourni, tous deux aussi, Apodiniuni inycetoides. Je ne l'ai point revue dans les autres essaims de Fritillaria pellucida, observés à Banyuls et à Villefranche, en mars 1911, je n'en ai trouvé que deux exemplaires. Dans les essaims de novembre 1906 et de mars 1907, les parasites étaient assez abondants. J'ai estimé à 10 p. 100 environ, la proportion des individus infectés. Situation dans l'hote. — On connaît déjà l'aspect général du para- site et sa situation dans l'hôte. Lohmann, qui est un spécialiste des Appen- diculaires, le situe dans la « cavité génitale » des Fritillaires. C'est là aussi que le place Neresheimer. Il est de fait qu'aux stades avancés, le parasite occupe, à peu près exactement, l'espace qui, chez l'hôte normal mûr, est pris par le testicule. Mais je ne pense pas, l'on verra pourquoi, qu'il s'introduise et se développe dans la glande génitale même. Il est souvent par une de ses extrémités renflée en une sorte de tête, {Kopfstilck de Neresheimer), au contact de la face postérieure de l'estomac. C'est le cas, semble-t-il, pour tous les parasites observés par Nereshei- mer. Mais j'en ai rencontrés, moi-même, dont la tête était fort éloignée de la poche intestinale (fig, cxliv). PÊBIDINIENS PARASITES 367 « TÊTE » et RHizoïDES ». — La tête qui m'a paru, dans bien des para- sites, plus élargie et plus aplatie que ne la figure Neresheimer porte, à sa périphérie, sur toute sa partie en saillie, de très longs rliizoïdes en manière de pseudopodes. J'ai vu ceux-ci plus nombreux, plus longs, plus fins que chez les parasites étudiés par Neresheimer. Ils rayonnent dans toute la région postérieure du corps de l'Appendiculaire. Quelle que soit A w^ m ■m FiG. cxLi. im Neresheimer (1904). Neres?teimeria catenata (Neresh.) ; a, parasite entier, coupe longitudinale 6, coupe transversale dans la région des « noyaux pseu'dopodiaux » ; c, coupe à travers un segment moyen. la distance qui sépare la tête du parasite de l'estomac de l'hôte, il y a tou- jours des rhizoïdes qui atteignent cet organe et s'étalent à sa surface. Mais tant s'en faut qu'ils soient tous orientés de ce côté. J'en ai vu, même, dirigés en arrière. Il semble que, chez ses parasites fixés Nereshei- mer n'ait eu ni la tête, ni les rhizoïdes, dans leur complet étalement, ou que leurs fines extrémités aient été altérées ou rendues invisibles par la coagulation fixatrice. Articles. — A cette tête fait suite, chez le parasite bien développé, une série d'articles -^ il y en a jusqu'à 10 — qui seraient sphériques, s'ils ne se comprimaient les uns les autres et ne se divisaient transversalement 368 EDOUARD CHATTON par rapport à l'axe du parasite. Chez les parasites de Neresheimer, ces articles sont toujours d'autant plus petits qu'ils sont plus éloignés de la tête. Chez plusieurs des miens, c'était l'inverse (fig. cxliv). Structure plasmodiale des articles — Ces articles sont formés d'un cytoplasme homogène et hyalin, absolument incolore et sont creusés au centre d'une cavité qui varie de la forme d'un fuseau à celle d'une sphère ou même d'une lentille, selon la forme de l'article. Les cloi- \^- - - \;- i'IO. CXLII. im Neresheimer (1904). Neresheimeria catemtta (Neeesh.) ; a, pseudopode avec « noyau pseudo- podial » enserrant une cellule de l'hôte ; b, « noyau pscudopodiaux » ; c, « noyaux du corps ». sons qui séparent ces cavités sont très minces et, même, souvent, incom- plètes. Dans l'épaisse paroi c3rtoplasmique, les noyaux sont rangés en une assise régulière. Contrairement à ce qu'a constaté Neresheimer, ces noyaux sont très visibles in vivo. Ils apparaissent comme ceux des Paradinium sous l'aspect de vacuoles bien déhmitées, et ils montrent même, en leur centre, à un examen attentif, le nucléole que Neresheimer a coloré chez ses parasites fixés. Il est u 1 poinc très important sur lequel je suis en désaccord avec cet auteur. Neresheimer a vu plusieurs fois des hmites cellulaires entre ces PÉRID1NIEN8 PAEÂSITES 309 noyaux et il a tendance à considérer la paroi des articles comme un épi- thélium. Il la désigne couramment sous le nom de « Zellschicht ». Je la tiens au con- traire pour un plasmode aussi parfait que celui des Paradinium. Et Neresheimer reconnaît lui-même que c'est bien un véri- table plasmode que représentent toutes ses figures (sauf une, dessinée d'après le vivant), même les images des coupes : « Die Zellgrenzen sind, wie gesagt, am konser- vierten und gefârbten Tier nicht wahr- nehmbar (auch durch Indulia konnte ich sie nicht sicbtbar machen). » Et Dogiel (1908), qui a étudié un exemplaire de Loh- manella, n'a pu, lui non plus, constater de limites cellulaires. Jamais, sur le vivant, je n'ai vu de cloisonnement. Structure plasmodiale de la tête. — La structure de la tête diffère notable- ment de celle des articles. Nèresheimer a particulièrement bien mis en évidence ces différences. Elles apparaissent déjà sur le vivant. Au centre de la tête, on reconnaît bien une assise de noyaux, semblable à celle des articles. Mais, dans tout ce qui forme le bourrelet céphalique, dans toute la région d'où naissent les rhizoïdes, ils font défaut et sont remplacés par de grosses masses nucléaires granuleuses, irrégulières de forme, et d'ailleiurs difficilement visibles in vivo. Sur les coupes, Nèresheimer nous montre que ce bourrelet est constitué par un cytoplasme plus colorable que celui des articles ; que les noyaux, au lieu d'être ellipsoïdaux, de taille égale, avec un nu- cléole en leur centre, sont de forme irrégulière, de dimens'ons inégales, sans différenciation nucléolaire. Ils apparaissent homogènes. Ils sont riG. CXLni. Nercshewieriti culenala dan FritUlaria pellucida vue de profil (côté droit), pour montrer l'ouverture béante de l'étui (et) en arrière ; ce, œsophage ; p, c. a. poche stomacale antérieure; p. o, p. poche stomacale postérieure. N. Ne- resheimeria : tr, trophomère; sp' , sp-.sp,^ gonomères successifs ; et : étui ; r3, disposés en une assise régulière. Cîe sont les « Pseudopodienk^rne ». Etui et rhizoides postérieurs, — Le bourrelet céphalique se pro- longe vers l'extrémité postérieure du parasite, par une membrane souvent épaissie à son origine, et là, quelquefois nucléée, partout ailleurs, très mince et aiihiste, qui protège comme le ferait un étui, toute la série des articles. A l'extrémité postérieure, elle recouvre et coiffe le dernier article. Là, eUe est légèrement épaissie et sa face externe est hérissée de prolongements ressemblant aux rhizoïdes céphaliques, mais beaucoup plus courts. Cette membrane, issue du bourrelet céphalique, ^enveloppe donc le corps de toutes parts. Neresheimer rapporte qu'il a hésité un instant à attribuer cette membrane au parasite plutôt qu'à l'hôte. Mais, sa conti- nuité avec la tête l'a convaincu que la première interprétation était la bonne. C'est précisément de quoi nous discuterons tout à l'heure. Formation et multiplication des articles (Début de la sporo- genèse). — Le parasite se développe par multipUcation des articles. La croissance paraît surtout localisée au pôle (( céphalique ». L'article antérieur s'accroît, puis se scinde par étranglement, formant ainsi un nouvel article. Les articles ainsi formés sont capables, eux-mêmes, de se diviser. Quand le parasite s'est suffisamment accru pour affronter la marge postérieure du corps, la membrane d'enveloppe se rompt là où elle porte les petits rhizoïdes et la cavité du parasite s'ouvre largement à l'extérieur. Les articles qui ne se compriment plus les uns les autres s'arrondissent et se hbèrent sous forme de corps blastuléens sphériques, à cavité centrale, que Neresheimer appelle les « blastoformes ». Leur sort est inconnu. J'ai pu suivre, sur une Fritillaire bien vivante, pendant une demi- journée entière le processus de la sporogenèse — car il n'est pas douteux, pour moi, que les « blastoformes » ne soient qu'un stade préparatoire à la formation de flagellispores, comme sont, par exemple, les gonosphères des Paradinium. Isolée du bocal de pêche à 10 h. 30 du matin, la Fritillaire présentait une Neresheimeria à 3 articles, y compris le céphalique. Son étui, large- ment ouvert à l'extérieur, témoignait que le parasite sporulait depuis un certain temps déjà. Je désignerai les articles, à partir de la tête, par les lettres A, B, C ; A sera la tête. A 10 h. 50, A s'était notablement accru. PÉRIDINIENS PA RAS I TES 371 A 1 1 h. 10, A s'est scindé et a formé un article étroit et fortement com- primé. Al ; B et C, sans s'accroître, ont tendance à s'arrondir. C présente, FIG, CXLIV. Neresheimeria catenata observée vivante pendant huit heures dans une FritiUaria pellveîda ; », estomac de la Frltlilalre; et, étui du parasite, largement ouvert en arrière. ( x 190). selon son équateur, l'indication d'un sillon de scission. Notons, la présence à son pôle postérieur, d'une sorte de bouton pédicule. :]72 EDOUARD CHATTON A 14 h., A ne s'est pas modifié. Ai s'est arrondi, B présente un sillon de scission, C s'est complètement divisé en Ci et Ci. A 16 h., A et Al ne se sont pas modifiés. B s'est à peu près complète- ment divisé en Bi et Bi. Tout ce qui est issu de C est sorti de l'étui et gît au fond du vase. C'est un chapelet de 4 articles plus ou moins sphériques, dont le dernier est en voie de scission : Cz C2 C2 C2. A noter que le diamètre de ces articles est bien inférieur à celui de B. La paroi s'en est, aussi, beau- coup amincie. La masse du parasite se fragmente sans s'accroître. Les noyaux conservent leur volume primitif. Bs ne se multiplient pas. A chacun des pôles libres se voit un petit bouton. C'est évidemment le reste d'un pont d'étirement, dont l'existence prouve la solidarité des diffé- rents articles de la chaîne. A 18 h., l'interprétation est devenue difficile : il semble que A ait formé un nouvel article qui s'est lui-même divisé; que Ai se soit scindé en deux A2 et A2, que B ait subi une série rapide de scissions aboutissant à la formation d'un chapelet de 8 petits articles qui sont, eux-mêmes, tout près de se scinder en deux. Ce chapelet tient encore à la souche, mais il sort en partie, de l'étui et forme boucle. Quant aux articles C détachés, ils sont toujours quatre mais fortement étranglés ou même scindés. A 22 h., les choses en sont restées là, mais les parasites sont en voie d'altération. Celle-ci se manifeste par l'apparition de vacuoles dans le cytoplasme qui, d'homogène, devient granuleux. En une autre occasion, j'ai suivi de près et dessiné la scission de deux gros articles Hbérés d'une Neresheimeria. Les figures 200 représentent différents stades de cette multiplication et donnent l'indication des temps. L'un des deux articles portait, à son pôle libre, un corps en forme de coupole, très réfringent et comme serti dans la paroi de l'article qui, autour de lui, présentait une striation, que je considère comme un vestige des pis dus à l'étranglement de scission. Ce corps réfringent disparut dans la suite, sans que je puisse dire comment. On remarquera, sur toutes ces figures dessinées in vivo, la netteté des silhouettes nucléaires et l'absence de tout cloisonnement cellulaire. Stades reculés du développement. — Si la forme même de l'élé- ment d'infestation est totalement inconnue, des stades reculés du dévelop- pement ont pu être observés, qui sont fort intéressants à connaître pour l'interprétation du parasite. Nereshetmer en a fait une très bonne description et je reproduis ici PÉRIDINIENS PARASITES 373 trois des figures de l'auteur et résume l'interprétation qu'il en a donnée. Le stade le plus jeune est représenté par la figure cxlv A. On voit qu'il est constitué de deux parties bien distinctes. Une partie périphérique qui 3^ .('' (^ /- -■>-:. #*>>> :;i, ,, ' -/ '■ y A S'y 'à FiG. CXJ,v. im. Neresheimek (1904). Neresheimeria catenata (Xeresh.) Très jeunes exemplaires « h, deux feuillets» (ziveischicUige). Ces figures et en particulier la figure B, illustrent notre interprétation de Nereshei- meria comme un parasite réduit au plasmode globuleux creux à noyaux nucléoles, se développant au sein d'un organe de l'hôte (masse syncytiale à gros noyaux granuleux ou noyaux pseudopodiaux). est le plasma amœboïde, avec les gros et irréguliers « noyaux pseudopo- diques » et une partie centrale, régulièrement ellipsoïdale avec les noyaux bien calibrés du type des noyaux des articles. La masse centrale, creusée 374 EDOVAED CHATTON d'une très petite cavitée est incluse tout entière dans la masse amœboïde. La figure OXLV B montre un parasite plus développé. La cavité de la masse centrale est un peu plus étendue ; les noyaux sont plus nombreux. La masse amœboïde englobe l'ovaire par ses rhizoïdes. Stade plus avancé encore. On voit la masse amœboïde s'amincir sur les côtés du parasite. Elle devient l'étui que nous connaissons chez le parasite bien développé. On y voit la continuité de la membrane avec le bourrelet céphalique. A tous ces stades, la limite entre la masse centrale et la masse amœ- boïde est des plus nettes. Dès le plus jeune — Neresheimer y insiste lui- même — le contraste entre les noyaux de l'une et ceux de l'autre est tout à fait manifeste. Voici ce qu'il dit de l'organisme à ce stade : <( Das Tier ist auf dieser Entwicklungsstufe vôllig zweischichtig, es gleicht fast genau einer typi- schen Gastrula, nur scheint die Stelle, wo der Urmund zu suchen wâre, verschlossen, wenn auch hier die Kerne jetzt schon fehlen. » Interprétation des stades jeunes. Ce qui reviendrait a l'hote ET AU PARASITE. — Il semble que l'auteur, quelque peu fasciné par l'image gastruliforme qu'il avait sous les yeux, n'ait pas un instant douté que la masse amœboïde et la masse centrale fissent réellement, toutes deux, partie du parasite. Il avait cependant eu quelque hésitation, nous l'avons vu, sur l'attribution à la Neresheimeria de l'étui membraneux. Mais, c'est précisément parce qu'il constatait la continuité de cet étui avec le bour- relet céphalique qu'il se décidait à l'attribuer au parasite. Il posait donc en fait la nature parasitaire de la masse amœboïde. C'est bien cela, cepen- dant, qui me paraît sujet à discussion. Et, contre la manière de voir de Neresheimer, je ferai tout d'abord valoir l'individualité des deux masses, l'une par rapport à l'autre, et leurs différences de structure, particulière- ment de celle des noyaux. Si les noyaux des articles sont d'un type très répandu chez les Pro- tistes, ceux de la masse amœboïde, les « noyaux pseudopodiaux » ont tout l'aspect de noyaux de Métazoaires. Les figures même de Neresheimer et son texte expriment leur compète ressemblance avec ceux de la paroi stomacale : « Ein weiterer Beweis dafiir (le rôle trophique de la mass3 amœboïde) ist mir die iEhnlichkeit zwischen diejenigen Kernen von Wirt und Parasit (les noyaux pseudopodiaux) die die Verdauungstàtig- keit regel n. » PÉRIDINJENS PARASITES 375 Par leur grande taille et leur contour irrégulier, ils rappellent ces noyaux hypertrophiés des cellules attaquées par les Grégarines ou envahies par les Coccidies, les gros noyaux de la cellule pariétale ou cellule hôte des Gastrocystidœ, ceux des lymphocytes de Polychètes infestés par les Microsporidies dites Myxocystis, et ceux du kyste réactionnel qui, chez les poissons et certains Arthropodes, emprisonne les amas microsporidiens que l'on nomme Glugea. La masse amœboïde serait donc un élément ou un organe propre à l'hôte, dans lequel le parasite aurait pénétré et res- terait complètement inclus, jusqu'à ce qu'il le rompe, après l'avoir dis- tendu sous la poussée de sa masse croissante. La plaque syncytiale » de Fritillaria pellucida. — Mais ceci ne serait qu'une hjrpothèse toute gratuite et point acceptable, si nous ne pouvions montrer cet organe chez les Fritillaires indemnes de tout para- site. Or, cet organe existe et il est constant ; mais il ne semble pas avoir retenu, jusqu'ici, l'attention des zoologues. Je ne l'ai vu ni signalé, ni figuré par aucun de ceux qui ont étudié Fritillaria pellucida Fol. Je l'ai cependant observé chez tous les individus, immatures aussi bien que mûrs, que j'ai examinés. Je l'ai fait voir à Villefranche, à M. le professeur Salensky qui m'a dit ne l'avoir point, lui-même, remarqué. Il a été cer- tainement omis dans le patient dénombrement des cellules qu'a fait Erich Martini (1909) chez cette Appendiculaire. Cet organe est situé au pôle postérieur du testicule, contre lequel il est intimement appliqué. Ceci fait qu'il est souvent difficile à voir, surtout lorsque le testicule est peu développé. Mais il se révèle toujours à un examen attentif. C'est une sorte de plaque syncytiale de forme irrégulière qui présente toujours, sur ses bords, des expansions ramifiées, en tous points semblables aux pseudopodes ou rhizoïdes céphaliques des Nereshei- meria, mais beaucoup moins développés. Sur les bords de cette plaque, on peut voir, lorsqu'elle se présente favorablement, de gros noyaux à con- tenu granuleux et sans nucléole, qui mesurent de 17 à 20 \x. L'étude des coupes montre qu'ils sont identiques aux « noyaux pseu- dopodiaux » de Neresheimer. Ils sont situés, comme ceux-ci, à la péri- phérie de la plaque et tout à la base des rhizoïdes. Lorsque le testicule mûr aborde la paroi du corps, dans la région inter- furcale, où s'ouvrira l'orifice évacuateur des produits génitaux, la plaque syncytiale s'étale entre le testicule et la paroi. C'est alors qu'elle est le plus visible et que sa constitution apparaît le plus nettement. Cette plaque syncytiale, dont je ne connais ni la signification morpho- :7G EDOUARD CHATTOK logique, ni le rôle physiologique, existe plus ou moins développée, plus ou moins étalée, chez toutes les Fritillaria pellucida, même chez celles des essaims où aucune Neresheimeria ne fut observée. Et chez les Fritil- laires d'essaims parasités, elle ne faisait défaut que chez les individus infectés. Son existence est à rechercher chez les autres Fritillaires, Hypothèse relative aux premiers stades de l'évolution du PARASITE. — Voici quelle conception je suis amené à me faire de l'évolu- tion du parasite, à partir du moment de l'infestation jusqu'aux stades les plus jeunes décrits par Neresheimer : Le germe unicellulaire pénètre dans la cavité du corps de l'appendiculaire, dont les glandes génitales sont encore peu développées et va se loger dans l'organe syncytial. Le résultat de cette pénétration, est — réaction non rare — une hyper- trophie de l'organe et de ses rhizoïdes, accompagnée d'une multiphcation de ses noyaux, hée à une activité trophique accélérée. L'organe syncytial devient, en effet, l'organe nourricier du parasite — Neresheimer affirme, lui-même, ce rôle — l'intermédiaire par lequel celui-ci tirera ses nutriments du testicule d'abord, avec lequel il est en contact immédiat, et qui est progressivement résorbé, de l'ovaire ensuite qui subit le même sort, puis, de l'estomac, au niveau duquel il est conduit de proche en proche. La fig. 14, pi. X, de Neresheimer, nous montre un stade de cette évolution : l'englobement du jeune ovaire par l'organe syncytial forte- ment accru et contenant, dans une vacuole, le parasite dont la forme blas- tuléenne s'est déjà réalisée. J'insiste ici à nouveau sur ce que toutes les figures que Neresheimer a données des stades jeunes montrent la masse parasitaire, sans continuité avec la masse syncytiale. Nous aurions, en somme, ici, quelque chose de tout à fait analogue à ce que Mrazek (1910) a fait connaître, relativement au parasitisme des Myxocystis chez les Oligochètes. Cet auteur a montré que l'organisme ainsi dénommé, et considéré, jusqu'alors, comme un genre spécial de Microsporidies, n'était autre chose qu'un complexe formé par la cellule hôte, le leucocjrte de l'Annélide considérablement hypertrophié, dont le noyau s'est lui-même, accru et multiplié, et par la microsporidie qui a envahi cette cellule. Le leucocjrte a édifié, de toutes pièces, à sa surface, une brosse absorbante. La formation de cette brosse, l'accroissement du leucocyte, la multiplication de ses noyaux, sont autant de preuves que son activité trophique s'est accrue sous l'effet du parasite, et tout à son bénéfice. PÉRIDINIENS PARASITES 377 J'ai fait connaître moi-même (1910) des faits de même ordre, dans l'histoire du kyste de Gilruth, ce sporozoaire énigmatique de la caillette des 0 vidés. Là, il n'est pas encore possible de dire si c'est une cellule épi- théliale ou un leucocyte mononucléaire qui est parasité. Quoi qu'il en soit, cette cellule s'hypertrophie sous l'action du parasite dans de telles propor- tions que son diamètre devient de quinze à vingt fois celui de l'élément indemne. Le noyau s'accroît de même. Cette cellule, la cellule pariétale du kyste de Gilruth, se recouvre, elle aussi, d'une brosse très dense, dont les cils s'insinuent dans les interstices cellulaires de la muqueuse stoma- cale. Le parasite qui reste pendant toute sa croissance et sa sporulation ^ complètement inclus au centre de cette cellule ne peut se nourrir que par son intermédiaire. Tout récemment, Gilruth et Bull (1912) ont trouvé, chez les Mar- supiaux, plusieurs parasites tout à fait voisins de Gastrocystis gilruthi Chatton et ont vérifié chez eux que la cellule pariétale appartenait bien à l'hôte. Chez tous, elle se présente avec les mêmes caractères de cellule nourricière, énormément hypertrophiée, à surface absorbante. Chez Haplogastrocystis macropodis, la brosse prend l'aspect d'un véritable chevelu. L'accroissement de la plaque syncytiale, l'épanouissement considé- rable des rhizoïdes sont, je crois, dans le cas des Neresheimeria, des phé- nomènes de même ordre que ceux dont je viens de rappeler l'existence chez les Myxocystis et les Oastrocystidae. Ce que seraient la neresheimeria intégrale et ses affinités ^. — Neresheimeria, telle qu'elle a été comprise jusqu'ici, serait ainsi un 1. Je ne dis ni schizogonie, ni sporogonie. 2. Ce chapitre était déjà rédigé lorsque parut la description par B. Collin (1913) d'un EUobiopsidé ectoparasite des NébaUes. : Parallobiopsis Coutieri (v. p. 395), qui offre avec Neresheimeria des analogies qu'on ne peut mécon- naître : l" Etat plasmodial du corps, segmentation en articles qui se séparent par cloisonnements successifs d'un article proximal (trophomère). 2° Existence dans l'article proximal d'une couronne de gros noyaux trophiques et de nombreux petits noyaux générateurs, qui seuls passent dans les articles distaux lors du cloisonnement. Les noyaux trophiques qui ne peuvent être considérés ici que comme appartenant en propre au parasite, r.ippellent par leur structure leur situation et leur rôle, les noyaux pseudopodiaux de Neresheimeria. Ces analogies, et plus généralement cet exemple, que nous rencontrons pour la première fois chez les organismes qui nous occupent, d'un dualisme nucléaire certain, affaiblit quelque peu la valeur de l'hypothèse que nous venons d'i'xposer. Xous ne pensons pas cependant nuire :i l'orieiitation des recherches futures en la maintenant. Il faut d'uilleiirs tenir compte de cette différence importante entre les deux parasites : discontinuité entre le cytoplasme à gros et le cytoplasme h petits noyaux chez Neresheimeria, fusion de ces deux cytoplasmes chez Parallobiopsis. Notre conception de la nature et des affinités de Neresheimeria n'est, d'ailleurs, pas strictement solidaire de l'hy- pothèse de sa nature hétérogène. Le cas de Parallobiopsis, où l'on voit une sporulation à flagellispores s'ébaucher dans l'article distal ne peut que nous confirmer dans notre opinion que Neresheimeria, quelle que soit par ailleurs sa stnicture n'est point un être ;\ deux feuillets embryonnaires, mais un plasraode de protiste. .S78 EDOUARD CHATTON complexe formé de la plaque syncytiale et du parasite proprement dit. Celui-ci, la Neresheimeria intégrale, serait seulement le plasmode à noyaux ellipsoïdaux nucléoles. C'est du parasite ainsi compris que nous pourrions essayer, mainte- nant, d'entrevoir les affinités. Sa structure et ce que nous connaissons de son évolution sont fort simples. C'est un plasmode endocellulaire sphérique et creux, qui se nourrit par l'intermédiaire de la plaque syncytiale, et s'accroît à son intérieur. Il bourgeonne à l'un de ses pôles, des articles sphériques et creux comme lui, eux-mêmes capables de division, qui se séparent et se libèrent, sous forme de corps qui seraient blastuliformes s'ils étaient cloisonnés. La structure cytologique de ce plasmode est celle d'un Paradinium. Le mode de croissance localisée, le processus de bourgeonnement de ce plasmode, c'est la croissance hétérogène, c'est l'expulsion des masses plasmodiales chez Paradinium, Poucheti. Les « blastoformes » de Nereshei- MER, ce sont nos gonosphères ! Il y a, cependant, des différences notables entre les deux organismes : 1° le plasmode de Neresheimeria a une forme et une extension définies. Cela tient, évidemment, à ce qu'il est endocellu- laire et limité dans sa croissance par le volume de la masse même qui le contient. Il est sphérique, comme est sphérique le plasmode des Syndi- nium aux stades encapsulés ; 2° le plasmode de Neresheimeria est creux. HOMOLOGIES ET SIGNIFICATION DE LA CAVITÉ. La CONCEPTION DES Blastuloïdea. — C'est la cavité du plasmode qui a valu au parasite d'être considéré comme un Mésozoaire. C'est par elle que Neresheimer carac- térise les Blastuloïdea. Quelle est donc la valeur de ce caractère ? DoGiEL, pour qui Neresheimeria est un Mésozoaire, à la condition qu'elle soit un Catenata et non un Blastuloïdea, a déjà fait remarquer que des cavités semblables à celle de Nereisheimeria se rencontrent chez des Protozoaires ; en particulier chez beaucoup de Péridiniens et chez la Chytridinée Blastulidium pœdophtorum C. Pérez. Pour ce qui est des Péridiniens, c'est probablement à la « lacune aqueuse » que Dogiel fait allusion. L'homologie de cette formation à la cavité de Neresheimeria ne me paraît pas très manifeste. Par contre, elle me paraît très saisissante avec la cavité que nous avons observée dans le plasmode des Syndinium parasite des Clausocalanus (p. 307, fig. cxxxv his). Cette cavité m'a paru constante chez ces parasites, aux stades moyens de leur développement. Or, elle fait toujours défaut dans l'espèce, très voi- sine, parasite des Paracalanus et des Corycœus. Chez les Syndinium au PËRIDINIENS PARASITES 379 moins, l'existence d'une cavité, dans le plasmode, a toutes les apparences d'un caractère tout à fait secondaire, propre au plus à distinguer des espèces. La cavité que présente BlastuUdium pœdophtorum est non moins intéressante à considérer ici. Cet organisme est parasite dans les œufs de divers Cladocères. J'ai montré que ses germes étaient des flagellispores à un flagelle (chytridiospores) et que sa place était, par conséquent, dans les Chjrtridinées (1908), tout à côté des Olpidium, donfc diverses espèces sont parasites des œufs de Rotifères. Entre les deux genres, il n'y a, morphologiquement, que cette différence : le sporange est creux chez le premier, plein chez le second. Ici non plus, la cavité n'a nullement la signification et la valeur que lui attribue Neresheimbr chez le parasite des Fritillaires*. La signipictaion du développement oaténulaire. La conception DES Catbnata. — Ce n'est pas seulement contre la conception des Blas- tuloîdea que BlastuUdium pœdophtorum nous fournit des arguments. Ceux dont il nous arme contre la conception des Catenata sont tout aussi saisissants. Au point de vue de la reproduction, les BlastuUdium diffèrent des Olpidium par l'existence d'une multiplication endogène plasmotomique, que PÉREZ 1905 a bien décrite et que j'ai revue moi-même. Les corps blastu- liformes s'allongent, s'étirent en haltères, puis, se divisent. H y a là quelque chose qui, Dogiel l'a remarqué déjà, rappelle beaucoup la scission des articles chez Neresheimeria. Il arrive même que plusieurs scissions, s'ébauchent en mêma temps, le long d'un parasite étiré, et qu'il se produise une véritable chaîne. Chez des Chytridinées très voisines, celles qui cons- tituent la tribu des Ancylistées et particulièrement chez les Catenaria, les articles restent plus ou moins étroitement unis. Et la chaîne ainsi formée est le stade le plus durable du parasite. Le genre Catenaria, dont les espèces vivent en parasites dans la cavité générale des Nématodes et des Rotifèrer'. s'imposait, par son organisation, par son nom, et, aussi, par son ancien- neté, comme le type des Catenata. Mais on ne pouvait, bien entendu, ranger dans ce groupe les Olpidium, les Chytridium, les Sphaerita, etc.. 1. Dailleurs, l'étude des stades jeimes montre que la cavité du parasite n'est pas primitive. Elle est d'abord très réduite et ne se développe qu'au cours de la croissance. 1. Je puis, maintenant que la nature flagellée des Blaslocyslis est établie (Chatton 1917, loc. cit. p. 350), faire remarquer l'analogie étroite qui existe entre les sphères plasmodiales à grande lacune centrale de ces parasites et la structure des articles de Neresiheimeria, Comme ces derniers, d'ailleurs, les Blastoci/stis sont capables de multi- plication par scission. 380 EDOUARD CHATTON qui n'ont pas de multiplication plasmotomique, ni même les Blastulidixm dont la multiplication plasmotomique ne produit pas de chaînes durables. On eût pu, par contre, y comprendre tous ceux des vrais Péridiniens (Ceratium, Dinophysis, Gonyaulax etc.) qui forment des chaînes linéaires exactement comparables à celles non génétiquement polarisées d'Ha- plozoon lineare oh. toutes les cellules se multiplient parallèlement. On aurait dû surtout y inclure certains ciliés astomes {Anoplophrya, Polyspira) à bourgeonnement caténulaire, à chaînes par conséquent morphologiquement polarisées. DoGiEL n'est cependant pas allé jusque-là. Il a prudemment restreint son groupe à ne comprendre que des organismes dont l'évolution complète et les affinités étaient encore inconnues. C'était le condamner dès sa naissance. Analogies avec Paradinium Poucheti. — Aussi, n'imiterons-nous pas cet auteur. Nous laisserons Neresheimeria dans son isolement provi- soire, sans, toutefois, nous interdire de rechercher, parmi les organismes que nous connaissons, ceux avec lesquels elle semble présenter le plus d'analogies. Ce sont, incontestablement, les Paradinidœ, et, en parti- culier, Paradinium Poucheti. Ces analogies sont : 1° la structure plasmodiale, à gros noyaux vésicu- leux, nucléoles ; 2° La croissance localisée. A cet égard, l'article céphalique de Nereshei- meria correspond, sinon pas sa structure, du moins par la prolifération active dont il est le siège, aux blastodes des Paradinium. La série des ar- ticles, qui se divisent beaucoup plus qu'ils ne s'accroissent, est quelque chose comme le plasmode quiescent ; 3° L'expulsion périodique de masses plasmodiales, d'où il résulte que la sporogenèse est extérieure à l'hôte, comme chez Paradinium Poucheti. Les blastoformes de Neresheimeria seraient donc comparables aux gono- sphères de Paradinium. DDgiel a déjà comparé les sporanges de Blastu- lidium avec les blastoformes de Neresheimeria, et émis l'idée que ceux-ci, comme ceux-là, se résolvaient en définitive en spores. Je suis bien con- vaincu qu'il en est ainsi. Le « blastoforme » de NERESHEmER, tel qu'il se détache de la souche ne peut être considéré comme la forme de repro- duction. Ce n'est poit une blastula, ce n'est point une larve, c'est un sporange. Je l'ai montré subissant, en dehors de l'hôte, une série de divi- sions sans croissance, conduisant à des formes de plus en plus petites i. Nul doute que ces divisions n'aboutissent, en définitive, à la dissociation PÊRIDINIENS PARASITES 381 des énergides du plasmode, et que, dans ces éléments individualisés, l'on reconnaisse les spores de quelque Flagellé dont elles fixeront, par leur mor- phologie, la place dans la classification. Je ne serais pas étonné que celle-ci soit parmi les Paradinides, ou tout à leur voisinage. III. Neresheimeria et Am^bophrya. Peut-être me fera-t-on grief de séparer ici Neresheimeria des Amœ- hophrya que Neresheimbr comprenait aussi dans ses Mesozoa Blastu- lo'idea. Je rappelle que ces parasites ont été signalés, tout d'abord, chez les Acanthometrides par R. Hertwig (1879) qui les considérait comme partie intégrante de l'hôte, et qui fit partager son opinion à Bûtschli (1881) et à H^CKEL (1887). Fol (1883) les revit chez Sticholonche zanclea et soupçonna leur nature parasitaire. Celle-ci fut résolument admise par Korotneff (1891) qui rapprocha le parasite des Orthonectides et par Keppène (1894) qui en fit un Acinétien, erreur dont Collest (1912), dans sa belle monographie de ce groupe, vient de faire définitivement justice^ C'est à Borgert (1897) que l'on doit l'étude la plus complète et la plus soignée des Amœbophrya. Je renvoie à cet auteur pour tout ce qui est de l'organisation du parasite et je me borne à reproduire ici sa conclusion : « Da nach Lage der Dinge manches unaufgeklârt bleiben musste, in mehrfacher Beziehung jedoch eigenartige Verhâltnisse vorliegen, so wâre zu wiinschen, dass erneute Untersuchung bald weitere Aufklârung ûber die behandelten interessanten Thierformen bràchte. » DoGiEL (1908) a lui-même fait une critique, d'après quelques obser- vations personnelles, du rapprochement d' Amœbophrya de Neresheimeria. Mais elle se réduit à confirmer que, chez Amœbophrya, la structure est plasmodiale, comme chez Neresheimeria, ce qui pourrait aussi bien s'in- terpréter en faveur d'une parenté. J'ai étudié moi-même quelques exemplaires d' Amœbophrya, chez Sti- cholonche zanclea, à Banyuls. Mes observations, d'ailleurs assez superfi- cielles, ne m'ont rien appris de différent de ce qu'ont dit les auteurs. Mais, de l'ensemble de ce que je sais de ces organismes, je conserve l'impression qu'il n'y a, véritablement, aucune relation de parenté entre Amœbophrya et Neresheimeria. L'interprétation que j'ai proposée de cette dernière forme 1. Neresheimbr mentionne qa' Amœbophrya sticAoUmchm a été trouvé par Dcflein chez Noctiluca miliaris. 282 EDOUARD CHATTON détruirait l'homologie que l'on établissait entre l'étui membraneux (qui appartiendrait à l'hôte) et l'enveloppe d' Amœbophrya aux stades inva- ginés, qui serait partie intégrante du parasite. L'on pourrait être tenté de voir dans la «ciliation» spirale du corps un critérium crucial de distinction. Mais cette ciliation ne doit pas être inter- prétée sans prudence. Je ne pense pas qu'il s'agisse là de véritables cils, comme ceux qui revêtent le corps des Hétérokaryotes. Chez Amœbophrya, les « cila » ou groupes de cils correspondent aux noyaux et j'inclinerais pour cela à les considérer comme des flagelles. Ils me semblent tout à fait comparables aux flagelles d'Orchitosoma parasiticum (Chatton 1913), avec lequel Amœbophrya présente, par ailleurs, quelques ressem blances. Je n'éprouverais pas de surprise à a,ppren6ieque\es Amœbophrya, après leur sortie de l'hôte, se dissocient en autant d'éléments flagellés qu'ils présentent de noyaux, comme semble d'ailleurs le prouver, la condition monoenergide des tous premiers stades. La connaissance de ces éléments révélera, peut-être, les affinités de ce parasite. D'ici là, rien ne permet de le classer à côté des Neresheimeria. Neresheimeria paradoxa Nereisheimer 1904 Lohmanella paradoxa Neresheimer (1904, flg. ii, vi, xiv). Neresheimeria paradoxa Ukbel (1912). Neresheimer ne désigne clairement ni le type de l'espèce, ni ses hôtes. Il la caractérise par la forme digitée, non ramifiée, des pseudopodes, qui peut n'être que l'expression d'un état physiologique du parasite. LES ELLOBIOPSIDAE Coutière, 1911 Sommaire Historique ; compréhension dti groupe, p. 3S2. Genre EUobiopsis, p. 384. Genre Staphylocystis, p. 388. Genre Ellobiocystis, p. 390. Genre ParaUobiopsis, p. 895. Les Ellohiopsidae considérés clans leur euseniblo, p. 397. Historique. Compréhension du groupe. — Coutière (1911) a créé la famille des Ellobiopsidae pour un ensemble de Protistes parasites des Crustacés pélagiques, dont le tjrpe est VEllobiopsis Chattoni Caul- lery (1910 a), que ce savant a considéré comme présentant avec les Péridiniens des affinités probables. Bâte (1888) est, semble-t-il, le premier qui ait fait mention de l'un de PÊRIDINIENS PARASITES 383 ces organismes. C'est un parasite d'une crevette pélagique : Pasiphaea cris- iata Bâte, pêchée par le Challenger aux îles Fidji. C'est, aujourd'hui, le type du genre Staphylocystis Coutière : S. racemosus. Thomas Scott (1896) fit aussi, dans un de ses nombreux mémoires sur la faune du Loch-Fyne (Ecosse), une très brève mention d'un parasite fixé sur les antennes de Calanus finmarchicus. Caullery (1910 a et 6) a retrouvé, à Banyuls-surMer, ce parasite dont il a fait le type du genre Ellohiopsis. C'est à lui que l'on doit la première étude précise d'un de ces organismes. En 1911, Apsteest, ignorant ces travaux, a mentionné et figuré, d'une manière très sommaire, et sans l'interpréter, un ectoparasite de divers Copépodes pélagiques des mers du Nord, qui est certainement un Ellohiopsis. Coutière (1911 a et 6) a étudié toute une série d' EUobiopsidae para- sites des crevettes bathjrpélagiques recueillies à bord de la Princesse- Alice et du Pourquoi-Pas ? Il les répartit en deux genres : Staphylocystis et Ellohiocystis, ce dernier comprenant 7 espèces. Enfin, tout récemment, B. Collin (1913) a décrit, sous le nom de Parallobiopsis Coutieri, un ectoparasite des Nébalies, Nehalia bipes (O. Fabr.), des canaux de Cette. Les quatre genres ont un air de famille manifeste qu'ils tiennent d'un habitus à peu près semblable : corps généralement robuste, segmenté per- pendiculairement à l'axe de fixation, protégé par une membrane lisse et continue; d'une structure partout indivise — plasmodiale — du contenu des articles, de conditions d'existence analogues : parasitisme ou com- mensalisme externe sur les Crustacés, ; mais nous verrons que leur struc- ture, tout en conservant certains traits généraux communs (existence de stades à noyaux mal individuaHsés), offre de très importantes varia- tions. Les rapports réels de ces formes entre elles et leur place définitive dans la systématique des protistes ne pourront être fixés, que lorsque seront connus les stades préparatoires et les éléments de la reproduction dont on doit dire, maintenant, qu'on ignore à peu près tout. Je n'ai pas étudié par moi-même ces organismes et ne les connais que par les préparations que MM. Caullery, Coutière et mon ami B. Collin ont bien voulu me montrer et les descriptions et les figures qu'ils en ont données. De ces documents, je n'extrairai ici que ce qui nous est indispen- sable pour donner une idée de leur structure et de ce que l'on connaît de leur évolution et discuter ensuite de leurs affinités qui sont encore bien obscures. Je résumerai d'abord l'étude objective des genres et des espèces. 384 ÈDOLARL) CHATToX d'après Caullery, Coutière et Collin et je considérerai ensuite l'en- semble de ces formes au point de vue de leur éthologie, de leur cytologie et de leur position systématique. Genre ELLOBIOPSIS Caullery 1910 a Ellobiopsis C'AULLKRY (1910 a, p. 440). Ellobvopsis Caullery (1910 6, p. 201). Non Ellobiopsis Coutière (1911 a, p. 40'J). Espèce type du genre : Ellobiopsis Chattoni Caullery 1910 a Ellobiopsis Chattoni Caullery (1910 a, p. 440). Ellobiopsis Chattoni CAULLERY (1910 b, p. 201-214, fi^'. A, B, C, et pi. V, flg. 3-14). Type de l'espèce parasite externe de Calanus hdgolandicus Cl. ^ à Banyuls-sur-Mer. Avril-mai, HoTES. Stations. — Calanus helgolandicus^ est un Copépode rare à Banyuls-sur-Mer. Caullery ne l'a observé qu'à deux reprises, le 15 avril et le 12 mai 1910. Je ne l'ai trouvé, moi-même, dans mes pêches, que tout à fait exceptionnellement et toujours à l'état d'individus isolés. Par contre, il était fort commun, à Villefranche, à la fin de mars 1911. Ni là, ni à Banyuls, je ne l'ai vu parasité. Caullery a pu, le 12 mai 1910. jour où les Calanus étaient nombreux, recueillir une dizaine d'individus infestés. Mais la Méditerranée ne semble pas être l'habitat de prédilection du Calanus helgolandicus, ni le milieu le plus propre à l'expansion de son parasite. L'un et l'autre paraissent être surtout des formes septentrionales : Au Loch Fyne, Th. Scott (1896) les trouve souvent en abondance. Il a péché des Calanus parasités en plein mois d'août 1910. Dans la mer du Nord, et dans la Baltique, Apstein (1911) les a rencontrés en février, en août et en novembre, non seulement sur Calanus finmarchicus, mais aussi sur Pseudocalanus (sp. ?) et Acartia Clausi. Ces trois auteurs s'accordent à reconnaître que le parasite est fixé le plus souvent sur les antennes ou, tout au moins, sur les appendices cépha- liques. Morphologie. — Décrivons là brièvement, d'après Caullery. Le 1. Certains auteurs (Sars 1903, Van Brembn Haaq 1908) distinguent C. hdgolandicus Cl. de C. finmarchicus GUnner qui serait une forme exclusivement arctique. Giesbrecht au contraire applique le nom de C. finmarchicus aux formes méditerranéennes. PÉRÎDINIEN8 PARASITES 385 stade le plus jeune qui soit connu est un petit corps ellipsoïdal, très sem- blable à un tout jeune Oodinium, dont le pôle fixé, légèrement atténué, se prolonge en un robuste tronc pédonculaire qui pénètre, sans se ramifier, mais en s'efiîlant quelque peu, très profondément, dans la cavité de Fio. CXLV bis. im. Caulleey (1910). EUobiopsis Chattoni Caull. ; a, Calunus hehjulandku .'porteur du parasites à différents états de développement ; h, ces mêmes parasites plus grossis. l'appendice. A un stade plus développé, le parasite est devenu sphérique, puis piriforme. Adulte, il mesure alors jusqu'à 700 /y. de long sur 350 u de large. N'était cette taille considérable et la robustesse du tronc fixateur, il rappellerait de très près Ayodinium mycetoîdes. Et cette ressemblance va s'accuser encore : le parasite complètement accru se scinde, par une cons- triction transversale qui est, ici, beaucoup plus proche du pôle fixé que Arch. de Zool. Exp. et GÉN. — T. 59. — F. 1. 25 386 EDOUARD CHATTON du pôle libre, en deux masses que l'on est tenté, non sans raison, d'homologuer au trophocyte et au gonocyte des Apodiyiium. 0 r %. r j^- ^ ■^SiUilJ^^ \ 1:-::P^^ j^ G J :C"!t^i,, ""^ v' i%..--^.^:^,kJ FlG. CXLVI. iin. C'AULLERY (1910). Erobiopsv: ChaUoni; a, coupe longitiulinalo du stacU' !<■ plus avrtucé, niouirant la, séparatiou dt'S deux parties j«oximak et liiatale et la fixation paj un pédoncule h un appendice de l'hôte coupé transversalement ( x 45) ; h, coupe dr la portion basilairc du parasite précédent ( X 280) ; c, stade trôs'jeune ( x 280) : d, portion basilain^ du même ( x 750) ; e, çtade moyen montrant la tige de fixation engagée dans l'aut 'nnc de l'h'^te ( x 280) ; /, fragments de coupes d'Ellobiopsis à divers stades montrant l'aspect des particules chromatiiiues ( x 1125). A tous ces stades, le parasite est incolore, translucide lorsqu'il est jeune, d'un blanc opaque lorsqu'il est gros, à structvne uniformément et finement granuleuse, sans différenciations nucléaires apparentes. Il PÉRIDINIENS PARASITES 387 est enveloppé d'une membrane continue, lisse, anhiste et résistante. A la jonction du pédicule avec le corps, on distingue, comme chez les Oodi- nimn, une structure fibrillaire très accusée. Ce parasite qui, par son habitus général, son galbe et la structure de son pédoncule, tient à la fois des A'podiniuyn et des, Oodinium s'en montre très différent par sa structure nucléaire. C'est même à peine si, chez lui, l'on peut parler de noyaux, quel que soit le stade du développement. Structure. — Aux stades jeunes, le cytoplasme est finement réti- culé, sidérophile. Dans ses mailles, se voient des sphérules claires, qui paraissent représenter les noyaux. Plus tard, ces sphérules se chargent de matière sidérophile, et paraissent se diviser par étirement. Il est certain qu'elles se multiplient parallèlement à la croissance. A des stades plus avancés encore, ces sphérules qui, jusque-là, étaient à même le cyto- plasme, se montrent entourées d'une auréole claire oblongue. Chez les parasites biloculés, la structure est différente dans les deux loges. Les figures de Caullery reproduites ici (cxlvi F. G. H. I.) représentent ces structures pour l'un des parasites. Dans la loge proximale, le cytoplasme est très sidérophile ; les gra- nules chromatiques sont groupés au sein d'auréoles claires. Dans la loge distale, le cytoplasme est moins chromatique, les auréoles sont plus étendues, mais elles ne contiennent qu'un ou deux granules très petits. La structure du pédoncule est à peu près exactement celle du pédon- cule d'un Oodinium. Elle est fibrillaire, surtout dans la région proche du corps, et dans celui-ci, les fibiilles s'épanouissent en une gerbe qui occupe une bonne part du pôle fixé. La tige interne à l'hôte est d'appa- rence homogène (ce qui tient vraisemblablement au tassement des fibrilles) ; elle se termine en cône mousse. C'est là, en vérité, la seule différence av^ec le pédoncule des Oodinium. Encoren'est-elle pas essentielle, car nous savons combien est variable, chez ces derniers, la manière dont se termine l'appareil fixateur. Le corps et aussi, semble-t-il, le pédoncule, sont complètement enfer- més dans une cuticule. Chez les parasites biloculés, chaque article du corps a sa paroi propre dans la région mitoyenne, où il existe même un vide lenticulaire, les deux segments n'étant au contact que suivant un cercle périphérique. Hypothèse sur l'évolution du parasite. — L'évolution ultérieure du parasite n'a pu être suivie. Caullery suppose que le segment distal peut se détacher du segment proximal, et donner naissance à un grand 388 EDOUAiîD CHATTON nombre de flagellispores, dont l'appareil nucléaire serait déjà représenté par les « chromidies » ou plutôt les « sporéties » dispersées dans le cyto- plasme. En ce qui concerne l'évolution ultérieure du parasite, je partage com- IDlètement, pour les raisons que je donnerai plus loin, les présomptions de Caullery. Je ferai remarquer, dès maintenant, que l'une des figures d'ApsTEiN, qui représente un Ellohiopsis apparemment plus avancé dans son développement que ceux observés par Caullery, semble con- firmer que le segment distal est destiné à se détacher, ou, tout au moins, à évoluer indépen- damment du segment proximal. Ce segment dis- tal, porté sur le segment proximal fortement accru, s'est sécrété une épaisse membrane kystique qui témoigne que sa période de végétation est terminée et qu'il est entré dans une phase de repos plus ou moins prolongée. L'accroissement du segment proximal prouve que celui-ci a, pendant ce temps, continué de végéter, et qu'il va, selon toute probabi- lité, se scinder à nouveau. FiG. CXLVII. im. Apstein (1911). « Parasit 19 » sur les .antennes et le céphalothorax de Calanus, Acartvi etc., correspondant cer- tainement «^ un Ellobiopxis. Genre STAPHYLOCYSTIS Coutjèfe 1911 Ellobiopsis COUTIÈRE (1911 a, p. 409). , Staphylocystis CorirÈEE (1911 6, p. 189). Espèce type du genre : Staphylocystis racemosus Coutière, 1911 Ellobiopsis racemosus Coutière (1911 a, p. 441). Staphylocystis racemosus Coutière (1911 b, p. 189-192, flg. i, et pi. VIII fig. 1-6). Type de l'espèce parasite externe de la crevette abyc^sale Pasi- phaea tarda Krôyer, station 1038, chalut par 3.310 m. Campagne de la Princesse- Alice, N.-E. de l'Islande. HoTES. — Coutière n'a eu à sa disposition qu'un seul exemplaire de cette forme, qui était fixé sous la face ventrale de l'abdomen de l'hôte, au niveau du troisième pléonite. C'est aussi dans cette situation que Bâte (1888) a observé le parasite de sa Pasiphaea cristata des Fidji. PÉRIDINIENS PARASITES 389 L'habitus des deux parasites est d'ailleurs identique. Coutière les iden- tifie spécifiquement. Morphologie. — L'organisme est constitué par une cinquantaine FiG. CXI, VIII. im. Coutière (1911). Staphyîoojstis racemosws CouT. fixé sous l'abdomen de Pasiphœa tarda. de tubes, qui s'insèrent par une extrémité atténuée, sur une tige com- mune. Celle-ci est creuse, perfore le tégument de l'hôte et se termine en cône mousse, dans le tir.su conjonctif sous-jacent. A la base de sa portion externe, la tige porte un an- neau pigmenté ^. Les tubes sont, à une certaine dis- tance de leur base, transformés en cha- pelets par des cons- trictions annulaires auxquelles corres - i'\ i^ pondent des CiOl- Fig. cxlix. u» . COVUEHF. {191i). Stapliylocystis racemostis Covt. DétMs des . 1 figures nucléTEiN pouvait s'interpré- ter dans ce sens. Il me semble que l'exemple de Staphylocystis et d'Ello- biocystis tuberosus, où se voit, au pôle libre de l'article distal, la cicatricule du segment libéré, fournit un nouvel et sérieux appui à cette hypothèse en ce qui concerne EUobiopsis. Chez Parallobiopsis, l'article distal, au lieu de se détacher, se vide de son contenu. De cette constatation faite par Coutière que, chez Staphylocystis, les cloisons sont d'autant plus accusées qu'elles sont plus distales, des figures qu'il nous donne d'^. tuberosus, où l'on voit le segment proximal seulement étranglé en biscuit, tandis que les segments distaus sont déjà séparés les uns des autres, on tirera cette conclusion que la segmentation du corps s'effectue, ici, exactement comme chez Apodinium, Haplozoon, Blastodinium, par scissions répétées de l'article basilaire, dont la crois- sance est, en quelque sorte, indéfinie. Et il en est certainement de même chez Parallobiopsis, comme le prouve l'existence du « méristème » au contact même de l'article basai. Cet article est donc l'homologue du trophocyle des Péridiniens parasites et plus encore du blastode des Para- dinides. Mous l'appellerons trophomère Quant au segment libéré, il est inutile d'insister sur les analogies qu'il 'présente avec les gonosphères de Paradinium Poucheti ou celles d'une Neresheimeria. Nous lui conser- verons donc ce nom. Et nous pouvons qualifier de palisporogenèse le mode de reproduction des Ellobiopsidae polarisés, ceci sans même préjuger de l'évolution ultérieure du contenu des kystes libérés, ni de la nature des germes qui s'y développeront. Au point de vue de leur habitus général, de leur mode de parasitisme, de leur morphologie externe, des premiers stades de leur reproduction, es Ellobiopsidae polarisés rappellent, de très près, des Péridiniens vrais 400 . EDOUARD CHATTON comme les Apodinium. Mais ce ne peut être là que pure convergence. Et, en fait, poursuivant la recherche des affinités, par l'étude des carac- tères plasmatiques, témoins plus fidèles des affinités, nous constatons qu'ils difïèrent d'une manière si considérable de ceux des Péridiniens stricts que, dès maintenant, nous pouvons affirmer qu'on ne peut consi- dérer comme tels, les Ellohiopsidae. Mais nous ne pouvons nous en tenir, à cet égard, à une impression globale. La structure des Ellobiopsidae mérite qu'on s'arrête à l'examiner, non seulement du point de vue spécial qui vient de nous occuper, mais aussi du point de vue de la cytologie géné- rale, point de vue dont Caullery et Coutière ont déjà fait ressortir tout l'intérêt. Noyaux ou chromidies chez Ellobiopsis. — Comme conclusions à l'étude cytologique qu'il a faite d' Ellobiopsis, Caullery s'exprime ainsi : (( Comment faut-il interpréter les faits précédents ? A aucun des stades étudiés, on n'a vu de véritable noyau, ni sur le vivant, ni sur les maté- riaux fixés. L'appareil nucléaire ne peut être représenté que par les grains de chromatine décrits, situés directement au sein du cytoplasme ou dans des vacuoles sans paroi propre ; ces grains se multiplient et sont, finalement, en nombre énorme. « Représentent-ils, dans leur ensemble, un noyau unique et diffus, ou bien, chacun d'eux est-il appelé, après que le parasite (ou tout au moins sa moitié distale), s'est détaché du Copépode, à devenir le noyau d'un germe, d'une flagellispore, par exemple. On ne peut, à ce sujet, faire que des suppositions. Quoi qu'il en soit, V Ellobiopsis se présente à nous, dans les phases où j'ai pu l'observer, avec un appareil nucléaire d'un type abso- lument spécial, et la désignation qui lui conviendrait le mieux serait celle d'appareil chromidial. Si ces chromidies devaient devenir les noyaux des flagellispores, ce seraient des sporéties. L'origine de cet appareil chro- midial serait à rechercher dans des stades tout à fait initiaux. » La première partie de ces conclusions résume les faits ; la seconde les interprète, et celle-ci, seule me semble pouvoir prêter à discussion. Discus- sion toute de vocabulaire, dont le sujet se trouve condensé dans cette phrase : « la désignation qui lui conviendrait le mieux serait celle d'appa- reil chromidial ». Quelle idée ou quelle assimilation Caullery a-t-il voulu exprimer par ce vocable dont les acceptions sont si nombreuses qu'il ne s'en dégage plus, aujourd'hui, aucun sens immédiatement précis? Il ne pouvait s'agir de l'acception originelle, la seule aujourd'hui exacte, du terme de chromidies, que Richard Hertwig (1899) a créé pour désigner PÊEIDINIÊNS PARASITES 401 les émissions nucléaires qui, chez les Héliozoaires, sont la conséquence de l'hypernutrition ou de l'inanition, produits en quelque sorte pathologiques, qui ne jouent aucun rôle dans la reproduction de l'être. S'agit-il du sens dénaturé que Hertwig (1902) lui-même, et Schau- DiNN (1903), ont attribué à ce même terme, en l'appliquant aux amas chromatiques coexistant avec le noyau, situés à son contact, et qu'ils considèrent comme issus de lui, amas desquels, chez les Foraminifères (Polystomella), les monothalames (Arcella, Centropyxis, Chlamydophrys), les Entamibes {E. coli, E. histolytica), surgiraient les noyaux des germes, tandis que le noyau primaire disparaîtrait ? Ce sont ces chromidies, dites caryogènes ou génératives, que Goldschmidt (1904) a proposé d'appeler sporeties. En 1910, Dangeard et Chatton, indépendamment lun de l'autre, ont discuté et critiqué, du point de vue de la cytologie des Rhizopodes, la conception des chromidies caryogènes, qu'ils tiennent comme la conséquence d'erreurs d'observations dues à la méconnaissance de para- sites intracellulaires (Mastigamibes, Goldschmidt 1904), de stades d'épuration (Grégarines, Swarzewsky 1910, Kuschakewitch 1907), de divisions nucléaires, ou de formations mitochondriales. Je ne réédi- terai pas ici ces critiques et me contenterai d'exprimer la satisfaction que j'ai eue, depuis quatre ans, à voir cette conception perdre le plus fort de son crédit, même auprès de ceux qui en furent un temps les protagonistes (Hartmann 1911). Quoi qu'il en soit, d'ailleurs, rien de semblable à cette dégénérescence d'un noyau primaire suivie de la résurrection de noyaux secondaires au sein d'un chromidium n'a été constaté chez EUobiopsis. Il y a même, chez cet organisme, quelque chose qui s'oppose à ce que l'on considère comme sporeties les grains chromatiques, c'est que ces grains commencent par se multiplier, tout comme des noyaux, par bipartitions successives, tandis que le propre des chromidies génératives serait de diffuser de proche en proche dans le cytoplasme, sous une forme pulvérulente. Déjà trop élargie, la compréhension du terme devait bientôt s'étendre sans limites. Il servit alors à désigner toute formation, qu'elle fût, ou non, d'essence nucléaire, qui, dans le c5rtoplasme, se colorait comme la chro- matine, mais n'avait point figure habituelle de noyau (mitochondries, chondriome, ergastoplasme, centrosphères et centrosomes, réseau chro- matique des Cyanophycées, noyau rameux ou fragmenté de certains Ciliés, etc.). Akch. de Zool. Exp. et g en. — X. 59. — F. 1. 26 402 EDOUARD CHATTON C'est sans doute cette dernière acception que Caullery donnait au terme de chromidies, en l'appliquant à l'appareil nucléaire d'Ellobiopsis, qui rappelle, par son extrême dissociation, celui des astomes des Cépha- lopodes, les Opalinopsis et les Chromidina, et dont l'interprétation reste, d'ailleurs, malgré de bons travaux (Dobell 1909), des plus incer- taines. n semble cependant que, chez Ellobwpsis, la structure nucléaire nor- male soit plus approchée que chez les Opalinopsidae. Il y a, au moins, à certains stades, des groupements de granules dans des aires plus ou moins limitées, qui ont, sans doute, une valeur nucléaire. Dans chacun de ces groupements, j 'ai pu voir, sur les préparations de M. Catjllery, un granule de taille sensiblement constante, plus condensé et plus basophile que les autres, représentant peut-être un caryosome ou un centrosome. L'absence de membrane nucléaire s'expliquerait par le fait que tous ces éléments sont, comme les noyaux des Syndinium, en multiplication active et continue. Structure comparée d'Ellobiopsis de Staphylocystis et d'ELLo- BiocYSTis. — Mais la structure d' Eïlohiojjsis n'en reste pas moins des plus déconcertantes. Elle ne rappelle rien de ce que nous connaissons jusqu'ici chez les Péridiniens stricts ou les Paradinides. Elle est, à pre- mière vue, différente de celle que Coutière a mise en évidence chez les autres EUohiopsidae, au moins aux stades avancés de leur dévelop- pement. Cette restriction est nécessaire, car, aux stades initiaux, chez Staphylocystis, Coutière décrit une structure nucléaire dissociée, qui est comparable à celle d'Ellobiopsis. Et il voit, au cours du développement, cette structure passer progressivement à une structure nucléaire absolu- ment normale. On saisit, dès maintenant, tout l'intérêt de cette cons- tatation, qui nous fournit le seul lien qui, cytologiquement, unisse EUobiopsis aux autres Ellobiopsidae, lien qui conserverait sa valeur, même si les recherches ultérieures montraient que l'état nucléaire parfait n'est jamais atteint chez EUobiopsis. Rien, pour l'instant, ne nous autorise à penser qu'il en soit ainsi. Nous ne savons pas quel est l'âge des parasites les plus gros qui ont été observés sur les Calanus. Nous ne connaissons pas la durée de la maturation qu'ils ont à accomplir avant la sporulation dont nous n'avons entrevu aucun signe précurseur. Le gonomère détaché et enkysté mène peut-être une existence pro- longée durant laquelle peuvent s'accomplir d'importants remaniements PÊRIDINIENS PARASITES 403 nucléaires, aboutissant à une structure comparable à celle de Staphy- locystis. Les Ellohiocystis ont une structure nucléaire tout à fait comparable à celle des Staphylocystis, mais ils ne passent point par des stades de début à structure nucléaire dissociée. Les stades initiaux sont au contraire uni- nucléés. La multiplication nucléaire marche de pair avec la croissance. Le parasite sporule tout d'une masse, sans quitter l'hôte. Il n'y a ni phase de quiescence, ni polarité structurale, ni palisporogenèse. Cependant, Sta- phylocystis et Ellohiocystis ne semblent pas pouvoir être séparés. Ils ont une structure remarquablement semblable, caractérisée par les « systèmes binaires », qui n'existent pas chez Ellohiopsis. LES « SYSTÈMES BINAIRES )). — Quelle est la valeur du « système binaire « chez Ellohiocystis et Staphylocystis ? Chez ce dernier genre CouTiÈRE incline à considérer le gros élément comme un caryosome, le petit comme un centrosome intranucléaire. les comparant à ceux que BoTT a décrit dans le noyau de Pelomyxa palustris. En fait les figures de BoTT et celles de Coutière sont superposables. Mais pour Ellohiocystis, se basant sur la taille beaucoup plus élevée des éléments, Coutière, suivant d'aiUeurs en cela une suggestion de Dangeard, interprète tout différemment les choses : « H est une seconde attribution probablement plus soutenable, qui consiste à comparer les deux masses du système aux macro et au micronucléus des Ciliés et des Aciné tiers. Le n serait alors l'équivalent du grand caryosome de ^top%- locystis, dont il a sensiblement les dimensions, et non plus du centrosome dont la taille est toujours très inférieure à celle de ces grains dans tous les cas connus. Ce centrosome manquerait chez Ellohiocystis (au moins en position extra-caryosomique) et, par contre le N de ce dernier gem'e ferait défaut chez Staphylocystis. Les deux systèmes nucléaires seraient construits sur un plan si différent : Ellohiocystis .• N et ?i Staphylocystis : n et centrosome que la distance entre les deux genres serait bien plus grande qu'entre Ellohiopsis et Staphylocystis et qu'il pourrait s'agir de deux groupes d'organismes fort différents ». Je ne reproduis pas ici les réserves très justifiées que fait l'auteur sur cette manière de voir, relatives à l'importance qu'il convient d'accorder à de simples variations de taille. J'en ajouterai une concernant la taille comparée du centrosome, à laquelle Coutière assigne des limites beaucoup trop réduites. Nous avons rencontré chez les Blastodinium des centrosomes mesurant 404 EDOUARD CHATTON jusqu'à 8 \j.. Dans les spermatocytes, et dans les œufs en segmentation d'Ascaris megalocephala. les centrosomes mesurent jusqu'à 3 et 5 \j. de diamètre. La taille du gros élément à! Ellohiocystis ne défend pas de le considérer comme un centrosome. CoTJTiÈRE remarque aussi fort exactement que chez aucun Cilié connu, parmi ceux qui se multiplient sous un kyste, il n'y a de stades plasmodiaux. Mais ce qui, à mon sens, domine tous ces arguments, c'est l'impossibilité de séparer cytologiquement Ellohiocystis de Staphylocystis. Et chez ce dernier l'association du gros élément avec le petit, sous une même membrane nucléaire, interdit absolument tout rapprochement avec les Hétérokaryotes. Ainsi, la seconde interprétation du « système binaire » me paraît inacceptable. La première a pour l'appuyer les exemples de Protistes où coexistent côte à côto dans le noyau caryo- some et centrosome : l'Amoebien Pelomyxa palustris (Bott 1907), les Héliozoaires Acanthocystis aculeata (Schaudlnn 1896 et Schaudinn- Keysselitz 1908) et Wagnerella borealis (Zuelzer 1909), la Coccidie Adelea zonula (Moroff 1907), la Schizogrégarine Ophryocystis Caid- leryi (Léger 1907), la Myxosporidie Myxobolus Pfeifferi (Keysse- LITZ 1908). « Systèmes binaires « et dualisme nucléaire vrai. — La structure de Parallohiopsis éclaire d'une certaine lumière celle des autres Ello- hiopsidœ. Elle offre en commun avec celle d' Ellohiopsis et de Staphylo- cystis l'extrême dissociation de l'appareil nucléaire dans le trophomère et son retour à une structure normale, au fur et à mesure de la matura- tion des gonomères. Avec l'élément kinétiquc (diplosome + axostyle) qui l'accompagne, le noyau ne diffère à ce moment d'un « système binaire » de Staphylo- cystis ou d' Ellobiocystis que par la situation extranucléaire de cet élé- ment. Le diplosome de Parallobiopsis permet de préciser la valeur centro- somienne du petit élément des systèmes binaires et la nature même de ceux-ci : complexe nucléo-centrosomien de la future flagellispore. Parallobiopsis diffère par contre de tous les autres Ellobiopsidaè par son dualisme nucléaire vrai : la différenciation des gros noyaux trophiques ne prenant aucune part à la reproduction et des petits noyaux générateurs passant dans les spores (gamètes). Il se rapproche par là d'une manière troublante des Hétérokaryotes. Il fournit le critérium de ce qu'il faut entendre proprement par dualisme nucléaire. Il interdit manifestement l'assimilation proposée du gros élément d'un « système PÊRIDTNIENS PARASITES 405 binaire » avec le macroniiclcu;'; et du petit clément avec le micronucleus d'un Cilié. DÉTERMINISME ÉTHOLOGIQUE DE LA DISSOCIATION NUCLÉAIRE INITIALE CHEZ Ellobiopsis, Staphylocystis ET Parallabiopsis. — Les raisons éthologiques qui nous ont déjà fait considérer la polarisation génétique comme une conséquence immédiate du mode de fixation et de parasi tisme sur l'hôte, peuvent nous amener à concevoir qu'il tient aussi sous sa dépendance l'évolution nucléaire. La spore uninucléée d' Ellobiopsis ou de Staphylocystis dès qu'elle a poussé à travers la cuticule de l'hôte son tronc absorbant, se trouve dans un état de déséquilibre trophique, du fait d'une nutrition très intense succédant tout à coup à une phase d'inanition, et même de déperdition (travail de perforation). n peut en résulter soit une croissance très rapide du noyau, suivie, la relation caryo-plasmatique étant rompue, d'une brusque pulvérisation qui aurait la signification d'une division multiple, soit une multiplication très active, qui aboutirait à la formation des minuscules noyaux. Je ne puis m'empêcher ici d'avouer une préférence pour la première hypothèse, qui trouve appui par ailleurs dans les nombreux cas de division multiple, connus depuis nombre d'années déjà, chez les Protistes, et dont le sou- venir commence à renaître des brumes de la doctrine chromidiale. Aux premières observations concernant ces phénomènes, sur des groupes variés de Protistes : Foraminifères : Càlcituha Schaudinn (1895); Grégarines : Selenidium Caullery et Mesnil (1900) ; Radio- laires : Thalassicolla Brandt (1902-1905) sont venues s'en ajouter beau- coup d'autres que Hartmann (1909) a colligées dans un mémoire intitulé : « Polyenergide Kerne » qui est une renonciation tacite au dogme chro- midial et un essai d'accommodement de ses restes. La crise d'équilibre trophique qui chez Staphylocystis et Ellobiopsis sévit aux tous premiers stades du développement, n'existe pas ou n'est que très atténuée chez Ellobiocystis, chez ceux du moins dont la nutrition s'opère par la surface générale protégée du corps, d'une manière certai- nement plus ménagée que par le tronc absorbant. Chez ces organismes, les divisions nucléaires suivent, à partir du noyau de la spore, un cours normal, et le plasmode nourri d'une manière égale conserve une structure homogène et sporule en totalité. On conçoit de quel intérêt serait la connaissance de la structure des Ellobiocystis articulés. Les Ellobiocystis nous apparaissent ainsi comme moins strictement 406 EDOUARD CHAT TON adaptés au parasitisme que les Staphylocystis et les Ellobiopsis, mais par leurs formes articulées, et probablement cytologiquement polarisés, ils montrent la première ébauche des caractères distinctifs de ces derniers. Ils sont à ceux-ci mutatis 7nutandis, ce que leS Oodinium et les Chytrio- dinium sont aux Apodinium. Mais c'est uniquement à des caractères de convergence, dont quelques-uns très impressionnants, comme la structure du pédoncule chez Ellobiopsis et chez Oodinium, que ces orga- nismes ■ doivent leur ressemblance. Ici, ici encore, seule la connaissance des spores permettra de dire s'il y a là simplement ressemblance ou parenté réelle. Existence de spores. — Que des spores existent, ce n'est pas douteux. La taille des jeunes stades, chez Ellobiopsis et Ellobiocystis suffit à le prouver. Les figures que Coutière en donne chez ce dernier genre le démontrent aussi pleinement. Elles prouvent aussi que ces spores sont uninucléées, et permettent de penser avec quelque certitude qu'elles sont nues. Chez les Amoebidiun, qui rappellent, par leur habitus général et leur éthologie, mais point par leur cytologie, les Ellobiocystis, les spores se sécrètent de très bonne heure une mem- brane, et laissent après leur libération autant de loges vides dans le tube. La répartition des noyaux à la périphérie de l'article distal chez Parallo- biopsis permet d'affirmer qu'il se produira là une dissociation en très petits éléments, l'existence d'un diplosome et d'un axostyle analogue à celui des « spores à rostre « permet de présumer qu'ils sont du type mastigophore. Je ne me pardonnerais pas d'avoir écrit un aussi un long chapitre sur les Ellobiopsidae, que je n'ai pas moi-même étudiés, s'il m'avait été pos- sible de suppléer à l'argumentation par l'observation. J'aurais vivement désiré me rendre au Loch-Fyne pour étudier les Ellobiopsis, ou tout au moins sur la mer du Nord, si j'avais été sûr de les y rencontrer. Quant aux Staphylocystis et aux Ellobiocystis, il faut attendre, avec Coutière, le jour où une série de hasards heureux procureront à l'observateur un hôte et des parasites dans un état propre à des investigations plus délicates et plus décisives. J'ai cru intéressant, en attendant que ce « double miracle » se réalise, de tenter de coordonner ici des notions qui, bien que fragmentaires et en partie subjectives, ont pu nous faire faire un nouveau pas dans l'approche de la vérité. PÉBIDINIENS PARASITES 401 DEUXIEME PARTIE GENER AU TES A. LE PARASITISME CHEZ LES PÉRIDINIENS et les adaptations qu'il entraîne Sommiire J. — Les divers modes et les degrés du parasitisme. Leur origine, p. 407. Passage du phototrophismc primitif au chylotrophisme cliez les parasites intestinaux, p. 408. — Association possible de l'iiistotrophisme au chylotrophiisnie chez les Haplozoon, p. 409. • — ■ L'iiistotrophisrae des ectoparasites. Le stade phototrophe liypothétique des Péridiniens stricts, p. 409. — Le stade saprotrophe actuel des Ellobiopsidae, p. 410. — Le parasitisme histotrophe ou blastotrophe immédiat. Ses deux origines, p. 411. — Le parasitisme cœlomique lymphotrophe. Ses deux origines possibles, p. 412. — Le passage possible du parasitisme externe histotrophe, au parasitisme intestinal chylotrophe, p. 412. — Le parasitisme des Péridiniens comparé à celui des autres protistes, p. 412. II. — Les caractères ancestraux et les caractères parasitaires, p. 414. a. Caractères morphologiques, p. 414. — Forme, p. 416. — Cuticule ; coque, p. 416. — Flagelles, p. 416. — Appareils de fixation et d'absorption, p. 416. — Morphologie des dinospores, p. 419. 6. Caractères cytologiques, p. 420. — Structure monoénergide des formes libres. Exceptions, p. 420. — • Tendance à la structure polyénergide chez les parasites, p. 421. — Causes de l'inhibition des scissions cytoplasmiqucs, origine de la structre polyénergide, la dystomie parasitaire, p. 422. — La structure polyénergide des Ellobiopsidae, son origine particulière, p. 424. — Structure du noyau et caryodiérèse chez les formes libres, p. 424. — Structure du noyau chez les parasites, p. 427. — Noyau et caryodiérèse des Oodinium, p. 42S. — • Noyau et caryodiérèse des Blastodinium, p. 429. c. Caractères génétiques, p. 430. — La scissiparité simple et l'ébauche d'une sporulation chez les formes libres, p. 430. — Les parasites à scissiparité simple ou à sporogenèse ébauchée, p. 431. — La palisporoge- nèse, p. 432. — Le fait essentiel : l'hétérodjaiamie des produits de la division ; son déterminisme, p. 432. — Le facteur ancestral : la scission transversale des Péridiniens, p. 433. — Les facteurs actuels : orientation du parasite par rapport à l'hôte ; polarité trophique, p. 434. — Palisporogenèse des Ellobiopsidae et des Bhistuloidœ, p. 436. — Sporogenèse hétérogène et homogène des Paradinidae p. 43S. — La sporogenèse des Péridiniens parasites comparée à la reproduction des autres protistes, p. 439. I. Les divers modes et les degrés du parasitisme. Leur origine Il existe dans les deux règnes des groupes entièrement constitués d'organismes parasites, organismes détachés depuis si longtemps du groupe libre qui fut leur souche, que les liens [qui les unissaient à lui ne peuvent plus être décelés qu'avec peine, le plus souvent sans certitude. Parmi les Protozoaires, tous les Sporozoaires (sensu lato) sont dans ce cas. Dans les autres classes : Rhizopodes, Flagellés, Ciliés, il existe un petit nombre de formes parasites, généralement peu modifiées, et que l'on classe sans grandes difficultés dans les différents ordres, ou même dans les différentes familles. 408 EDOUARD CTIATTON Mais dans aucun do ces groupes on ne trouve à partir des formes libres, une gradation dans les modes du parasitisme et dans les adapta- tions qui en sont la conséquence, aussi complète que chez le Dinofla- gellés. Nous savons déjà que les Péridiniens parasites peuvent occuper chez leurs hôtes les situations les plus variées. Parasites externes, intestinaux, cœlomiques et intracellulaires constituent la belle série œcologique, suivant laquelle nous avons, dans la première partie de ce travail, ordonné l'étude des genres et des espèces. Nous allons trouver une série non moins belle dans les modes du parasitisme. Par modes du parasitisme nous entendons, non seulement, la situation des parasites dans l'hôte, mais encore et surtout la façon dont le parasite se nourrit aux dépens de ce dernier. C'est à ce point de vue plus spécialement éthologique que nous allons nous placer ici. Passage du phototrophisme primitif ait chylotrophisme chez LES parasites INTESTINAUX. — -S'il était démontré que les Prorocentrnm, dont l'existence à l'état libre ne fait point de doute, sont vraiment capables de vivre dans l'intestin des Echinodermes, ils offriraient le premier degré dans l'adaptation au parasitisme. Cette adaptation que ne trahit encore aucun caractère morphologique, ne se manifesterait chez eux que par l'aptitude à résister à l'action des sécrétions intestinales de l'hôte, qui est la condition première de l'éta- blissement de tout parasite intestinal. Les mêmes réflexions s'appliquent au Gymnodinium. {Oxyrrhis) parasiticuni (Poche) parasite de la cavité gastrovasculaire des Sipho- nophores. Parmi les Péridiniens parasites avérés, ceux dont la nutrition offre avec celle des formes libres le plus d'analogies, ne sont pas, comme l'on pourrait s'y attendre, les parasites à siège externe. Ce sont des formes intestinales : Schizodinium syarsum et les foi mes pigmentées du genre Blastodinium. ' D'abord, ce sont celles qui sont le moins directement en rapport avec l'hôte. Elles ne tirent rien immédiatement de sa substance, étant dépourvues d'organes d'absorption. Elles ne vivent que des matières dissoutes dans le chyle intestinal. De plus, elles ont conservé ce caractère très important de leur ancêtre libre : l'existence de pigment assimilateur, et les signes certains d'une nutrition phototroplie. Mais cette nutrition PÉBIDINIENS PARASITES 409 pliototrophe est devenue facultative, comme le démontre l'existence, dans une même espèce d'individus, et l'existence, dans un même individu, d'éléments pigmentés et d'éléments dépigmentés. Certains Blastodinium comme B. hyaliîmm, ne sont jamais pig- mentés ; leur nutrition est exclusivement parasitaire. Les Blastodinium nous font donc saisir sur le vif la substitution de ce dernier mode à la nutrition holophytique des formes primitives. Ils nous montrent qu'il ne faut pas exclure de l'ascendance des parasites incolores des formes libres pigmentées, Association possible de l'histotrophisme au chylotrophisme CHEZ LES Haplozoon. — Lcs Haplozoofi paraissent être à la fois des parasites chylotroplies et histotrophes. Le trophocyte puise, au moyen de ses rhizoïdes, dans l'épithélium intestinal ou même à travers lui. Mais l'accroissement notable de la masse des sporDcytes au cours de la sporogenèse doit être attribuée soit à la diffusion des nutriments dans la lame cellulaire continue, qu'est le parasite, soit à une nutrition osmo- tique aux dépens du chyle. Il semble que le stade histotrophe ait été précédé ici d'un stade chylotrophe. L'histotrophisme des ectoparasites. Le stade phototrophe HYPOTHÉTIQUE DES PÉRIDINIENS STRICTS. — Les parasites externes, les Oodinium, Apodinium, Parapodinium et aussi les Chytriodinium, parmi les Péridiniens, Ellohiopsis et Staphylocystis parmi les Ello- biopsidae, ont atteint un degré de parasitisme certainement plus élevé que les intestinaux. Ce sont des parasites histotrophes, tous munis d'organes d'absorption, tous incolores. Ce n'est pas sans étapes qu'ils en sont arrivés là. Mais ces étapes, chez les Péridiniens stricts, font actuellement défaut. On peut se représenter un Péridinien libre, pigmenté, capable comme plusieurs que l'on connaît maintenant : Gymnodinium rotundatum Klebs (1912), Tetradinium javanicum Klebs (1912), Stylodiîiium glohosum Klebs (1912), de fixation et de vie séden- taires, s'attachant aux Appendiculaires, menant d'abord sur elles une existence phorétique et purement phototrophe, la seule possible en milieu pélagique, puis transformant progressivement son organe fixateur, simple sécrétion mucilagineus(s en un tronc cytoplasmique absorbant et devenant de ce fait parasite histotrophe incolore. Mais il est possible que cette évolution se soit effectuée plus directement à partir d'une forme libre qui, Gormuele^Podolampas, développait des pseudopodes devenus d'emblée des rhizoïdes au contact de l'hôte. Quoi qu'il en soit, 410 EDOUARD CHAT TON le phototrophisme de la souche de ces parasites paraît certain — au moins pour les Chytriodinium — dont la dinospore libérée présente encore des traces de pigment (Dogiel 1906). Le stade saprotrophe actuel des Ellobiopsidae. — Chez les Ellobiopsidae, chez ceux au moins qui sont parasites d'organismes benthiques, la condition parasitaire histotrophe semble procéder direc- tement d'un stade phorétique saprotrophe, stade dont l'existence dans l'ascendance des trois Péridiniens précédents paraît très improbable étant donnée la vie pélagique certainement très ancienne de leurs hôtes. Ce stade phorétique saprotrophe est représenté par les espèces des genres Ellohiocystis et Parallohiopsis qui sont dépourvues d'organes différenciés d'absorption, qui sont parasites d'organismes vivant sur le fond, et même comme les Nébalies, en milieu pollué, et qui sont de plus localisés sur la face ventrale, ou sur l'aire buccale de leurs hôtes. Ce stade paraît d'ailleurs avoir été dépassé, chez les formes palis- porogénétiques d^ Ellohiocystis et chez Parallohiopsis, dont la polarité génétique peut être considérée comme une preuve de polarité trophique. Ces formes emprunteraient, par leur pied largement étalé sur l'hôte, une part de leurs nutriments à celui-ci. Inversement, les Staphylocystis, parasites histotrophes, à tronc absor- bant, ont pu conserver en partie leur nutrition saprophy tique primitive. Il est délicat d'essayer de reconstituer l'histoire d'Ellobiopsis. Il est possible, malgré l'existence p:^lagique du Calanus finmarchicus, que le stade phorétique saprotrophe ait pu exister ici grâce à une localisation du parasite, beaucoup plus étroite que l'actuelle, tout au voisinage de la, bouche. On peut supposer ainsi que h parasite s'est établi sur le Calanus alors que celui-ci menait encore, à l'instar de tous les Copépodes primitifs, une existence benthique limicole ou phycicole. Mais on doit également se demander si chez Ellohiopsis, le stade histotrophe n'a pas été directement précédé, comme il semble que ce soit le cas pour les Apodinium et les Oodinium, d'un stade phorétique phototrophe qui, chez les autres Ellobiopsidae, se plicerait avant le stade saprotrophe ? Autant de questions d'autant plus insolubles que nous ne savons rien actuellement de l'origine des Ellobiopsidae. Le stade saprotrophe des Ellobiopsidae, dont l'existence ne paraît pas douteuse, est dans leur histoire ce que le stade chylotrophe est dans celle des Haplozoon, qui sont aussi actuellement, nous l'avons vu, des parasites histotrophes. PÉRIDINIENS PABASITES 411 Le parasitisme histotrophe ou blastotrophe immédiat. Ses DEUX ORIGINES. — Le cas des Chytriodinium, chez lesquels le premier stade du développement serait, d'après Dogiel, intracellulaire, et dont le corps cytoplasmique est immédiatement au contact du cytoplasme de l'œuf parasité, à tel point que l'on ne sait où sont leurs limites, ce cas nous conduit directement à celui de Trypanodinium et en éclaire suffisamment l'histoire pour qu'il soit inutile d'y insister. Nous sommes arrivés ici au degré le plus évolué du parasitisme histotrophe : le para- sitisme histotrophe ou cytotrophe immédiat. ' Malgré l'analogie d'habitat et de nutrition qu'offrent Trypanodinium et Duboscquella tintinnicola, on ne peut guère, au point de vue de leur histoire, assimiler le cas du premier à celui du second. Alors que l'infes- tation des œufs par les Péridiniens implique de la part de ceux-ci une attaque de l'œuf, l'infestation du Tintinnide paraît être plutôt, originel- lement, tout au moins, le résultat de l'ingestion par l'Infusoire du Péridinien passif. Le cas de Duboscquella tintinnicola confinerait ainsi de très près à celui des Péridiniens intestinaux. Et l'analogie serait encore plus étroite s'il était établi que les taches de pigment jaunes vues par Laackmann (1906) dans les « sporocystes » de Titinnopsis Campanula sont bien du pigment xantho-chlorophyllien. Nous n'abandonnerons pas les parasites intracellulaires, sans parler des Neresheimeria. Je rappelle l'hypothèse selon laquelle la région anté- rieure porteuse de rhizoïdes et l'étui avec ses rhizoïdes postérieurs, seraient propres à l'hôte, et représenteraient la plaque syncytiale du testicule, hypertrophiée. Le parasite serait représenté seulement par le plasmode articulé à noyaux ovoïdes nucléoles. Ici, le blastotrophisme revêtirait un caractère spécial. La cellule infestée ne serait pas détruite. Au contraire, elle se développerait et parasiterait elle-même les tissus voisins : glandes génitales, estomac, et servirait ainsi d'intermédiaire entre le parasite et l'hôte, comme c'est le cas pour les Myxocystis des Annélides (Mrazek 1910) et les Gastro- cystidae des Vertébrés (Chatton 1911, Gilruth 1912). Le parasitisme cœlomique lymphotrophe. Ses deux origines POSSIBLES. — Le degré d'évolution atteint par les parasites intracel- lulaires l'a été aussi par les parasites cœlomiques. Les uns puisent à même le cytoplasme, les autres à même le -milieu intérieur, vecteur de tous les nutriments, tous par leur surface entière. Comment a pu s'effectuer l'entrée des parasites cœlomiques dans la cavité générale de leurs hôtes ? 412 EDOUARD C H ATT ON On ne peut guère supposer qu'elle se soit produite d'emblée, sans le secours de conditions favorisantes : l'existence d'un stade parasite externe, ou d'un stade parasite intestinal. Dans le premier cas, le Péridinien, d'abord fixé sur la cuticule, l'avirait digérée comme fait un Ellobiopsis, et au lieu de se nourrir à travers l'orifice, y serait passé tout entier. Je rappelle à ce sujet la constatation que j'ai faite de spores de Syndinium parfaitement identifiées, fixées par un pédicule mucilagineux sur la cuticule d'un Corycœus. (fig. 147, pi. XV). Mais ce n'était peut-être là qu'un stade de repos. Il paraît plus vraisemblable d'admettre l'existence d'une forme intestinale passée secondairement dans la cavité générale. Je n'ai pas de raisons de consi- dérer comme telle l'un des Blastodinium que nous connaissons, même parmi les incolores. Mais l'existence de ce stade intestinal est rendue très vraisemblable par les rapports étroits qu'affecte le parasite jeune avec la paroi digestive. Je ne voudrais cependant pas les donner comme preuve. Il faut toujours compter avec des cas inattendus et paradoxaux comme ceux de la Sacculine et des Ankylotosmes. La connaissance du mode d'infestation des Copépodes par les Syndinium et les Paradinium nous fixera sur ce point de leur histoire. Le passage possible du parasitisme externe histotrophe, AU parasitisme intestinal chylotrophe. — Il faut signaler ici comme l'exemple d'un passage possible du parasitisme externe au parasitisme intestinal, le cas d'Apodinium mycetoïdes qui, entraîné par le courant respiratoire dans le pharynx des Fritillaires, continue à y sporuler, et dont les spores sont évacuées indemnes par la voie intestinale, condition essentielle de l'adaptation du parasite au milieu digestif. Il est à remarquer que les éléments reproducteurs des Ellohiopsidae localisés sur l'aire péribuccale de leurs hôtes, doivent se trouver aussi fréquemment exposés à passer par le tube digestif. Mais, en règle générale, les parasites intestinaux ne dérivent pas de parasites externes. Ce sont des formes libres ingérées qui s'adaptent aux conditions d'existence du milieu intestinal. Le parasitisme des Péridiniens comparé a celui des autres Protistes. — L-ïs d'fforents modes de parasitisme que nous venons de passer en revue, sont plus ou moins répandus chez les Protozaires. Le parasitisme intestinal chylotrophe est la condition essentielle de tous les protistes de la faune intestinale, sessiles ou vagiles. Beaucoup plus rare est l'association à ce dernier du parasitisme histotrophe. Celui-ci semble PÉRWINIENS PARASITES 413 bien exister chez les Grégarines à suçoirs, chez celles au moins qui altèrent la cellule hôte, et chez de rares Coccidies extracellulaires {Cryptosp - ridium mûris). Les parasites coelomiques, toujours histotrophes ou lymphotrophes, sont nombreux dans tous les groupes, sauf chez les Rhizopodes : Hémo- flagellés, Coccidies et Grégarines coelomiques. Ciliés astomes {Anoplo- phrya branchiarum). Le mode le moins répandu chez les Protozoaires est celui que présentent nos parasites externes. On connaît beaucoup de formes phorétiques phototrophes, chez les Diatomées, les Phytoflagellés, et les Eugleniens. L'existence de formes phorétiques saprotrophes est moins fréquente. Ce sont pour la plupart des Protophytes : Oscillariées incolores, Bactériacées filamenteuses. Champignons. Parmi ceux-ci, et de position systématique d'ailleurs indécise, les Amoebidium présentent, avec les Ellobiocystis non articulés, une remarquable convergence morphologique et éthologique. Rares sont les Protistes, et surtout les Protozoaires ectoparasites histotrophes ou blastotrophes. On les trouve à peu près exclusivement parmi les Chytridiacées. Nous avons déjà signalé la convergence qu'offrent les Chytridium et les Chytriodiiiiuin. Les parasites intracellulaires, tous blastotrophes, sont très répandus chez les Sporozoaires. Ce sont : presque toutes les Coccidies et les groupes dérivés (Hemogrégarines, Hémosporidies et les Sarcosporidies), beaucoup de Grégarines, de Cnidosporidies, d'Haplosporidies, et parmi les Proto- phytes des Chytridinées, Mycetozoaires, levures, etc. Relevons l'analogie de s stades végétatifs de Duboscquella tintinnicola a^vec ceux des Coccidies, et la convergence entre Trypanodinium etles Chytridinées du genre Olpidium. Chez les Flagellés le parasitisme intracellulaite n'existe que chez les Leishmania. Il fait entièrement défaut chez les Ciliés. Il se trouve cependant très approché dans le cas de CepedeUa, Cepède et Poyaekoff (1909) astome intratissulaire. On voit que tous les Péridiniens parasites sont des formes à nutrition osmotique. Nous ne connaissons actuellement aucune espèce parasite ou commensale, fixée ou mobile, qui se nourrisse par ingestion. Rien chez les Péridiniens qui corresponde aux Trichonymphines ou aux Balantidium, rien qui corresponde aux Choanoflagellés phorétiques, aux Trichodines, aux Péritriches fixés, ou aux Acinétiens. Et cependant il existe, et particulièrmeent chez les Gymnodiniacées, des formes à nutrition animale Dangeard (1892). N'ont-elles pas fait 414 EDOUARD CHAT TON souche de parasites ou la vie parasitaire entraîne-t-elle toujours la substi- tution de la nutrition osmotique à la nutrition animale ? Les caractères ancestraux et les caractères parasitaires Maintenant que nous connaissons les divers modes et degrés du parasitisme, nous allons essayer de distinguer parmi les caractères des parasites ceux qui sont la conséquence de leur condition, de ceux qu'ils tiennent de leurs ancêtres libres. Nous envisagerons successivement les caractères d'ordre morpho- / m- ■ ^^A^^ ^ FiG. CLIII. im. Klebs (1912). Hypnodinium sphœncum Klebs, stades de la division. A coniiiarer avec le tropho- cyte à sillons des Blastodinium (fig. 43), pour mettre en lumière la signification de ceux-ci. logique, d'ordre cytologique, d'ordre physiologique et d'ordre génétique. a) Caractères morphologiques. Forme. — Il est difficile d'apprécier dans quelle mesure le parasitisme a modifié la forme générale des Péridiniens externes et des Péridiniens intestinaux (les Haplozoon exceptés). Chez les Oodinium et les Apodinimn, et même les Chytriodinium, les caractères péridiniens sont, aux stades végétatifs, complètement effacés. Mais on connaît actuellement plusieurs Péridiniens libres qui sont dans ce cas : Diplodinium (Pyrocystis) lunula Schûtt en est le meil- leur exemple. Klebs, dans son mémoire de 1912, a fait une catégorie spéciale de ces Péridiniens, flottants ou fixés mais non parasites, (( immo- biles et sans sillons », catégorie qui comprend le Pyrocystis noctiluca MuRRAY et les genres nouveaux, Phytodinium Klebs, Stylodinium Klebs et Glœodinium Klebs. PÉRIDINIENS PARASITES 415 Ces formes ne montrent de sillons à aucun stade connu de leur évo- lution et leur nature péridinienne ne s'affirme que par leurs caractères cytologiques. Chez Hypnodinium sphaericum, les sillons n'apparaissent que d'une manière éphémère, au moment de la division : La forme de ces Péridiniens libres n'est pas plus parfaite que celle des ectoparasites. Elle l'est moins que celle des Blastodinium du groupe spi- nulosutn, chez lesquels les sillons sont toujours apparents. Le galbe même des Blastodinium ne peut être considéré comme un caractère d'adaptation. La forme en fuseau incurvé se retrouve chez Diplodiîiimn lunula Schûtt, et chez Cystodinium Steini Klebs. Elle se retrouve dans les « kystes cornus » des Péridiniens d'eau douce. ^:i. il'' k Fia. CLiv. im. Klebs (1912) ; a (.-t b Cystodinium buXaviense Klebs ; c et d, C. Steini Klebs montrant l'analogie de structure qu'ils offrent avec les Blastodinium (coque, spinules, sillons et état biénergide). Cependant, si l'on considère les Blastodinium dans leur ensemble, on voit s'exercer sur eux l'action morphogène de l'hôte : c'est, par exemple, le redressement du galbe qui fait d'un B. spinulosum un B. Pruvoti, ou d'un B. contortum, un B. hyalinum. L'effacement plus ou moins complet des sillons et la disparition concomitante de la crête héUcoïdale chez les formes les plus évoluées du groupe spinidosum est aussi conséquence du parasitisme. Chez les Haplozoon par contre, la régression de la forme péridinienne est poussée beaucoup plus loin, et son adaptation à la surface épithéliale très manifeste. Même dans les sporocytes, la forme péridinienne reste méconnaissable jusqu'à leur libération.- Les Péridiniens intracellulaires ont la forme sphérique ou ellipsoïdale normale chez les organismes de cette condition (Coccidies). Chez les Péridiniens cœlomiques la régression morphologique est 416 EDOUARDl CHATTON poussée jusqu'à la disparition de toute forme définie, et cela indépen- damment, semble-t-il, de leur état plasmodial. La forme subsphérique du plasmode encapsulé des Sy7idinium n'est pas la forme du parasite, mais celle du kyste de réaction de l'hôte. Cuticule. Coque. — ^Sauf chez les parasites intracellulaires et les parasites cœlomiques, il existe une cuticule périplastique analogue à celle de tous les Gymnodiniens. Comme chez beaucoup de ceux-ci, surtout lorsqu'ils sont aux stades latents, cette cuticule se décolle et forme une coque : les coques des Blastodinium, des Apodinium, corres- pondent exactement aux « kystes » de Diplodinium lumda Schutt, de Cystodinium Steini, de Gyrnmodinium rotundatum, des Glenodinium, etc., etc. Chez les Gleiiodiniutn, les sillons sont marqués sur la coque. Ils le sont aussi, nous le savons, chez les Blastodinium par l'existence de la crête hélicoïdale des spinules qui a pour matrice la lèvre antérieure du sillon hélicoïdal. Parce qu'ils sont dirigés d'avant en arrière, on pour- rait croire que ces spinules fonctionnent comme des retinacles servant à empêcher l'expulsion du parasite et qu'ils constituent par conséquent un caractère d'ordre adaptatif . Nous avons déjà fait justice de cette inter- prétation (p. 236). Au surplus, des productions cuticulaires tout à fait semblables existent chez Cystodinium Steini Klebs (1912), sur la pointe postérieure de la coque, où elles sont groupées en pinceau. Chez tous les autres Péridiniens parasites, la cuticule est lisse. Partout elle est continue. Flagelles. — Gymnodinium, parasiticum (Poche) est seul de tous les parasites, à avoir conservé ses flagelles à l'état végétatif. Partout ailleurs, ces organes ont disparu. Les Péridiniens se comportent à cet égard autrement que les Eufla- gellés, chez lesquels le parasitisme, loin d'entraîner la disparition de l'appareil flagellaire, semble en provoquer le développement ; c'est chez les Trypanosomes, les Trypanoplasmes, les Trichomonas, la formation d'une membrane ondulante, chez les Polymastigines et les Trichonym- phines la multiplicité des flagelles. La disparition de l'appareil flage'laire, même chez les formes libres, semble d'ailleurs beaucoup plus fréquente chez les Dinoflagellés que dans les autres groupes. Outre que chez les formes qui les possèdent normalement à l'état végétatif, les flagelles sont très caducs, il y a toute une série de Péridiniens qui paraissent n'en présenter jamais : ce sont toutes les formes que Klebs (1912) range dans sa nouvelle famille des Phytodiniaceae. Appareils de fixation et d'absorption. — Ces appareils existent PÉRWINIENiS PARASITES 417 chez tous les ectoparasites, saprotrophes ou histotrophes, et chez les Haplozoon. C'est en eux que nous relèverons les caractères adaptatifs -M ^v FiG. CLV. im. PouCHET (1885). Diplopsalis letitiai'a Bergh. L'individu dont il reste le test vide (t) a mué, s'est divisé et chacune des moitiés s'est enkystée (k) après avoir sécrété à partir du test un pédoncule mucilagineux à bracelets saillants (marquant sans doute différents temps de la sécrétion). A comparer au pédoncule des Apodinium, '1 FiG. CL VI. im. Klebs (1912). Gymnodinium rotii da- tum Klebs. Individu au repos qui a sécrété une goutte de mucilage au moyen de laquelle il se fixe ( X 570). ï d'ordre morphologique les plus importants. Ce n'est pas que nous ne trouvions chez les formes libres l'ébauche d'appareils semblables. Je rappelle que Pouchet (1885) a vu Pericli- nium divergens, et Diplopsalis lenticula s'atta- cher à un substratum solide par un pied muqueux, qui peut s'accroître en une colonne ou un cordon très allongé (fig. CLV). Mais ce ne paraît être ici qu'un phénomène patholo- gique. Il en est peut-être de même du pied muqueux que sécrète Gymnodinium rotun- datum Klebs (1912). Par contre, le style de Stylodinium glohoswn Klebs (1912) est cer- tainement un organe normal, à structure assez différenciée et constante. Mais il ne semble pas que chez cette espèce, il soit encore autre chose qu'un produit de sécrétion. C'est en cela que s'en distinguent tous les appareils fixateurs des parasites, qui tous sont consti- tués par un ou plusieurs prolongements nus ou protégés du cytoplasme. Lorsqu'ils sont ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — T. 59. — F. 1 . FiG. CLVii. im. Klebs (i9i2j. bvjiodi- nium globosum Klebs. Individus fixés sur des poils radicaux à'Ajolla ; b, en mue. A comparer à Parapodi- nium stylipes Ch. (fig. 35). 27 418 EDOUARD C H ATT ON nus, ces prolongements sont rétractiles à la manière de pseudopodes {OocU- r.ium, Haplozoon). Ces appareils ne se présentent d'ailleurs pas partout de la même façon : chez les Apodinium, l'axe cytoplasmique du pédoncule semble bien, autant qu'on en peut juger, d'une texture homogène; il se ramifie en deux ou trois rhizoïdes. Ailleurs, il en est autrement. Chez les Oodinium, le tronc est formé par la juxtaposition en faisceau d'un très grand nombre de fibrilles qui conservent leur individualité, cheminent côte à côte dans les troncs secondaires et tertiaires de l'arborisation et forment en se séparant, mais sans se ramifier, toutes les branches ultérieures jusqu'aux plus ténues. On sait que chez 0. fritillariœ le disque adhésif dérive de l'arborisation des rhizoïdes par contraction des fibrilles. Chez les Haplozoon, ce sont également des filaments non ramifiés surgissant côte à côte, mais non accolés qui constituent les rhizoïdes. Ceux-ci sont non seulement contractiles, mais parfois vibratiles comme des flagelles. Chez H. obscurum ils se prolongent dans le trophocyte et même dans le gonocji:ie par des racines filamenteuses, Dogiel fait dériver toutes ces formations de pseudopodes comme ceux des Podolampas. Ce sont là à vrai dire des pseudopodes si particuliers, que cette appellation ne leur convient guère. Je crois qu'on ne peut pas les assimiler aux pseudopodes réticulés, comme ceux des Foraminifères, constatés par ScHÛTT (1895) chez les Podolampas. Ils rappelleraient plutôt des flagelles, peu modifiés chez Haplozoon, beaucoup plus transformés chez les Oodinium. Mais leur nombre extrêmement élevé chez ces derniers permet-il semblable homologation ? Je croirais plutôt que nous sommes là, en présence d'organes néoformés comparables morphologiquement aux appendices préhenseurs des Acinétiens de la famille des Ephelotidae (voir B. CoLLiN 1912), ou aux axopodes des Héliozoàires. Que chez les Apodi7iium au moins le pédoncule soit une néoformation, ce n'est guère douteux. Le cas de l'individu que représente la figure 26, pi. II, montre que le point d'insertion du pédoncule est au pôle du corps, tandis que l'insertion flagellaire est équatoriale. Il n'y a pas là d'assimilation possible entre flagelles et rhizoïdes . Caullery (1911) a déjà insisté sur la structure identique du pédoncule diEllohiopsis et de celui des Oodinium. Il n'y a de différence que dans ce fait que, chez le premier, les fibrilles restent unies et tassées en un seul faisceau. On ne sait rien de la structure intime de l'appareil fixateur d3 Staphylocystis. Chez les autres Ellobiojisidae, le corps est simplement PÉEIDINIENS PARASITE 8 419 fixé par un disque étalé sur le tégument de l'hôte et qui paraît anliiste, très semblable, par conséquent, à celui des Amoebidium et des Eccrinides. Un appareil fixateur de tout autre ordre se trouve encore chez les Haplozoon. C'est le stylet : s'il n'y en a jamais qu'un fonctionnel, il peut s'en trouver d'autres semblables dans le cytoplasme du trophocyte (stylets de remplacement). La valeur morphologique de ces organites est difficile à établir. Nous ne savons rien de leur mode de formation ou de multiplication. Sont-ils comme semblent l'être les aiguillons fascicules signalés par Schûtt (1895) chez les Podolamjxis ou les trichites des dinospores syndiniennes, de simples produits de sécrétions ou bien des éléments de structure plus complexes, à reproduction autogénétique, comme les cnidocystes de Polykrikus Schwartzi, et les trichocystes de Gymnodiniuîïi. Ils ont la forme et la grande taille de ces derniers. Mais DoGiEL n'a vu chez les Haplozoon aucun indice de cette évolution cyclique, autogénétique que les cnidocystes, et aussi les trichocystes — quoique à un degré de complexité moindre — effectuent chez les Péridiniens qui en sont armés (Chatton 1914). On sait que les dinospores des Syndinium en sont souvent chargées. Le mécanisme par lequel un de ces stylets arrive à se mettre, chez les Haplozoon, au service de la fonction fixatrice, est totalement inconnu. La fixation au moyen de stylets est une adaptation qui se retrouve chez certains Ciliés parasites, astomes ou non : SchultzellÎTia mucronata (Cepède 1910), Maupasella nova (Cepède 1910) et Perikaryon cesticola (Chatton (1911). Morphologie des dinospores. — Les caractères péridiniens plus ou moins complètement effacés aux stades végétatifs réapparaissent dans les éléments de reproduction, où ils sont nettement exprimés, ce qui nous a fait désigner les spores mûres sous le nom de dinospores. Ces éléments sont encore inconnus chez les Parapodinium, les Paulsenella, les Haplozoon. Us sont bien connus chez les autres péridiniens parasites. Tous ces germes sont nus. Ce n'est pas là un caractère propre aux éléments de reproduction des formes parasites. Ceux des Péridiniens libres cuirassés qui se reproduisent par spores — si tant est que l'on puisse désigner ainsi les produits d'une, deux ou trois divisions successives du corps — {Peridinium, Pyrojûacus, etc.) le sont aussi. De même ceux des Péridiniens à coque {Diplodinium lumda, Cystodinimn Steini). Ceci montre qu'il ne faudrait nécessairement pas chercher les ancêtres des Péridiniens parasites parmi les Péridiniens nus. 420 EDOUARD C H ATT ON Les dinospores des parasites appartiennent à deux types bien tranchés. Les unes ont un sillon hélicoïdal à pas très court, comme celui de la plupart des genres de Péridiniacées et les Gymnodinium proprement dits, les autres un sillon hélicoïdal à pas très long comme celui des Spiro- dinium, sillon qui peut même chez certaines spores de Syndinium se prolonger au delà d'un tour et entraîner la torsion du sillon longitudinal, comme chez les Cochlodinium. C'est aussi à ce dernier type que se ratta- chent les dinospores des Atdodinium et les spores à rostre, dont le sillon hélicoïdal, quoique incomplet, est à pas très long. Ce type à sillon héli- coïdal incomplet se trouve chez les Gymnodiniens libres dans le genre Hemidinium. La dinospore des Try^janodinium est aussi du type hélicoïdal. Mais sa forme propre n'est à rapprocher d'aucun Péridinien libre connu. Ainsi, rien dans la morphogielo des spores des Péridiniens parasites ne reflète la condition des stades végétatifs. Ceci est un nouvel exemple — et l'on en pourrait citer bien d'autres — à l'appui de cette idée émise par LÉGER et Duboscq (1911), que les éléments reproducteurs échappent aux déformations adaptatives et conservent le mieux la morphologie ancestrale. On peut voir dès maintenant que ce sont leurs caractères qui guideront le plus sûrement dans la recherche des affinités des parasites. Malheureusement, leur étude est difficile et celle que nous en avons faite est encore bien insuffisante pour plusieurs d'entr'eux, notamment pour les Apodinium et les divers Blastodinium. La morphologie des spores des Paradinides nous donnera matière à une discussion des affinités et de la signification phylogénique de ces organismes qui trouvera sa place dans notre essai systématique. b) Caractères cytologiques. Structure monoénergide des formes libres. Exceptions. — Les Péridiniens libres sont des êtres essentiellement monoénergides. Les seuls exemples que l'on puisse trouver chez eux d'une structure polyénergide sont fournis d'abord par les espèces du genre Polyhrikos, chez lesquelles, le corps renferme deux, quatre, ou huit noyaux correspondant à quatre ou huit individus soudés, munis chacun de ses deux sillons et de ses deux flagelles. Ce Péridinien polyzoïque se comporte comme un individu monozoïque et se reproduit par scissiparité simple, chaque moitié reconstituant ses parties manquantes. Le second exemple de structure polyénergide est du même ordre. Il PÉRIDINIENS PARASITES 421 nous est fourni par ces curieuses chaînes de Gonyaulax séries, découvertes par KoFOÏD et Rigden 1912, dans lesquelles les individus au lieu d'être soudés par leurs cuirasses comme c'était le cas pour toutes les chaînes de Péridiniens, sont soudés par leur cytoplasme, de sorte que la chaîne est un plasmode continu, dans lequel il y a" autant de noyaux que d'individus >tj;,. .■•■;-:■; -j "1^.-^^^ Â^, i> Fia. CLVIII. if». ISHiKA'iVA (1899). Nodilucd muiaris. Métaphaso caryodiérétique au cours de la sporogonèse (A comparer aux figures des planches X-XI, représentant la caryodièrèsc des Blastodinmm). On remarquera dans la fig. B la succession rapide îles di\isions marquée par la scissiqn précoce des centrosphères (Cf. fig. 74-77.) constituants. Ces chaînes qui n'ont qu'une existence éphémère, permettent de concevoir comment s'est réalisée l'organisation polyzoïque permanente des Polykrikos. C'est à ce dernier stade que s'est arrêtée chez les formes libres la tendance à la structure polyénergide. Tendance a la structure polyénergide chez les parasites. — • L'existence parasitaire favorise l'établissement de la structure polyé- nergide. Chez la plupart des parasites, nous trouvons des stades polyé- 422 EDOUARD CHATTON nergides plus ou moins durables, qui résultent de l'avance que prennent les divisions nucléaires sur les divisions cjrtoplasmiques, plus ou moins inhibées. Chez les Oodinium qui sont, aux stades végétatifs, toujours monoéner- gides, la structure biénergide apparaît au cours des scissions sporogé- nétiques, du fait que la division cytoplasmique ne s'effectue pas en même temps que la division nucléaire. Mais cette structure est toute transitoire. Cette structure biénergide est absolument constante dans 'es sporocytes de Schizodinium spirsum, des AjJodiniîim et des Blastodinium. Dans ces deux derniers genres, la forme végétative, le trophocyte, la possède aussi. Le cas du trophocyte des Blastodinium est particulièrement intéressant, parce que la très longue durée de l'état biénergide prouve qu'il n'est pas dû seulement à un léger retard de la scission cytoplasmique, comme on pourrait le croire lorsqu'on est en présence de divisions sporogenétiques se succédant très rapidement, mais bien d'une véritable inhibition. Nous savons d'ailleurs que, dans ce cas, la caryodiérèse n'est même pas terminée, et qu'elle est figée en télophase. Chez les Haplozoon les sporocytes sont constamment biénergides^ fréquemment tetraénergides dans les files postérieures. Il y a là un état plasmodial transitoire. Chez les Péridiniens coelomiques, la division cjrtoplasmique est complètement suspendue pendant toute la période végétative. L'état plasmodial est réalisé d'emblée et persiste jusqu'à la sporulation. Il en est de même probablement chez Trypanodinium. Les Paradinides ont tous une structure plasmodiale. Acquise dès les stades les plus précoces chez les plus évolués, Atelodinium, elle ne se réalise que plus tardivement et moins complètement chez Paradinium Poucheti. Elle est parfaite chez Neresheimeria et les Ellohiopsidae. Mais il faut faire de suite, de ces derniers, une catégorie à part, car il nous apparaîtra plus loin que, chez eux, l'état plasmodial n'a ni la même origine, ni la même signification que chez les Péridiniens stricts, les Para- dinides et Neresheimeria. Causes de l'inhibition des scissions cytoplasmiques, origine DE LA STRUCTURE POLYÉNERGIDE. La DYhTOMIE PARASITAIRE. Il CSt manifeste que chez les Péridiniens stricts, l'état plasmodial est secon- daire : il est beaucoup plus développé chez 1er; formes parasites que chez les formes libres, et il l'est d'autant plus chez les premières que PËRIDINIENS PARASITES 453 leur parasitisme est plus accentué. Il atteint à un degré, qui n'est dépassé nulle part, chez les parasites lymphotrophes et les blastotrophes immédiats. Il est donc naturel de penser que chez les Péridiniens l'état plasmodial, et sa cause première, l'inhibition des scissions cyto- pasmiques, est la conséquence de l'hypernutrition parasitaire. Nous n'avons, en ce qui concerne les Péridiniens, aucune observation ou expérience qui vienne appuyer cette opinion. Mais on connaît des faits d'ordre très voisin, concernant d'autres organismes, plus faciles à manier que les Péridiniens. Je rappellerai d'abord le résultat d'expériences que j'ai faites en 1906 sur Amoebidium parasiticum. Ces organismes qui sont norma- lement polyénergides à l'état végétatif ont des spores uninucléées Lorsqu'on les cultive avec les Cladocères qui les portent dans des milieux très chargés en matières organiques, les tubes s'accroissent bien au delà de la taille, à laquelle arrivés, les tubes normaux sporulent. Déplus, la multipKcation nucléaire a produit beaucoup plus de noyaux que ne le comporte la masse c3rtoplasmique du tube normal. Il en résultera que les spores, au lieu d'être uninucléées, contiendront jusqu'à quatre ou cinq noyaux. Il y a donc ici, d'une part, retard de la scission sporogénétique, d'autre part, inhibition des scissions qui eussent dû ramener les spores à l'état monoénergide normal. Il faut rappeler surtout l'étude expérimentale de la croissance hyper- trophique chez les Acinetiens, faite récemment par B. Colltn (1911). On sait que chez la plupart des Acinetiens, et en particulier chez ceux sur lesquels Collest expérimentait, il n'y a pas de reproduction scissipare. Elle a été remplacée chez eux par le bourgeonnement d'embryons ciliés. Or, ce phénomène, quelque soit son degré de perfection par rapport à la simple scissiparité, est aussi sensible qu'elle à l'hypernutrition. Il est toujours plus ou moins complètement inhibé. Souvent, les bourgeons ne peuvent se libérer et, après avoir perdu leur ciliature, se développent sur place, toujours retenus au parent, avec lequel ils restent en continuité par un isthme cytoplasmique. Le macronucleus très hyper- trophié se ramifie à l'infini, et l'on peut se demander si les branches ne représentent pas autant de bourgeons nucléaires non séparés de leur souche, mais qui, néanmoins, auraient évolué en formant chacun un des nombreux faisceaux de tentacules épars sur tout le corps. Celui-ci est aussi modifié par rapport à la forme type que l'est un plasmode de Syndiniwn par rapport à sa dinospore. 424 EDOUARD CHAT TON Enfin, comme phénomènes de même ordre, on peut encore citer la multiplication des noyaux non suivie de scissions cytoplasmiques dans les cellules parasitées qui servent de nourrice au parasite : cellules géantes, cellules pariétales de Gastrocystis Robini, leucocjrtes d'annélides hyper- trophiés parasités par les Myxocystis, etc., ou dans certains phagocytes que leur rôle transforme en parasites de l'organisme auquel ils appar- tiennent : ostéoclastes destructeurs de cartilage. On pourrait grouper tous les faits de cet ordre sous le vocable : dyslomie parasitaire ou plus géné- ralement dystomie hypertrophique. La structure polyénergide des Ellobiopsidae. Son origine PARTICULIÈRE. — Chcz Ics SyndiniuTïi et les Paradinides, et aussi chez les Neresheimeria, autant qu'on en peut juger d'après nos renseignements, la structure polyénergide s'acquiert par divisions nucléaires normales répétées, qui selon toute vraisemblance ne sont que la suite d'une pre- mière division du noyau de la spore, normale elle aussi. H ne semble pas qu'il en soit ainsi chez les Ellobiopsidae. Chez eux, d'une manière générale, aux stades les plus jeunes du développement, l'appareil nucléaire est à un état de diffusion tel qu'on ne peut guère appliquer aux particules qui le constituent le nom de noyaux. Au cours du développe- ment, ces particules augmentent de volume et s'organisent en noyaux, pas très différents de noyaux normaux et qui passent dans les spores. Il faut donc admettre qu'entre le moment de la libération des spores et les stades précoces de leur développement sur l'hôte, le noyau sporal subit une pulvérisation assez brusque que l'on ne peut guère attribuer à une série de divisions normales. Je pense que c'est cette pulvérisation qui est l'origine de l'état plasmodial ; les particules nucléaires ainsi produites s'accroissent dans la suite, peut-être même dans certains cas, sans se diviser. Nous aurons à rechercher quel peut-être le déterminisme de cette pulvérisation nucléaire, ce qui sera en même temps un essai d'interprétation de la structure si particulière des Ellobiopsidae. Ceci nous amène à examiner les modifications que subit chez certains parasites le type nucléaire normal des Dinoflagellés, le dino^aryon. Structure du noyau et caryodiérèse chez les formes libres. — La structure du noyau est chez les Péridiniens assez uniforme, et assez caractéristique du groupe, pour qu'on puisse la résumer en un type moyen : le dinokaryon. A vrai dire, cette impression d'uniformité n'est pas celle qui résulte à première vue de la lecture des auteurs. Mais, aies analyser d'un peu près, PËRIDINIENS PARASITES 425 il apparaît sans difficulté que les divergences sont beaucoup plutôt d'ordre théorique que d'ordre objectif. Elles résultent aussi de ce que la série des transformations que subit le noyau au cours de la division n'a été suivie, et qu'elle ne Ta été que d'une manière incomplète — que chez très peu d'espèces. L'historique détaillé de la cytologie des Péridiniens n'entre pas dans le cadre de ce mémoire. Je me contenterai d'exposer brièvement les conceptions que se sont faites les auteurs de la structure du noyau. On peut les grouper sous trois chefs principaux : 1° Structure filamenteuse. C'est celle que décrivent les premiers observateurs : Allmann (1855), Pouchet (1883, 1885), parce que c'est celle qui apparaît le plus souvent à l'examen in vivo des Péridiniens. ScHÛTT (1895), d'après ses observations sur les Péridiniens de la Plankton Expsdition, et V. Dogiel, (1906 h), d'après son étude in vivo de Dijjlo- dinium lunula et des Chytriodinium, la considèrent comme fondamentale. Klebs (1912) reconnaît chez les Péridiniens d'eau douce deux types structuraux différents : le type filamenteux {Cystodinium Steini) et le type granuleux : [Hypnodinium sphaericum). Les noyaux du type filamenteux se composeraient d'une pelote ou d'un écheveau de fila- ments plus ou moins robustes, quelquefoistubuleux (Schûtt). Les auteurs divergent sur la question de savoir s'il s'agit de segments isolés ou d'un filament continu pelotonné. La disposition parallèle de ces filaments est très fréquente. Dans beaucoup de cas, ils paraissent striés transver- salement, et se décomposer en microsomes (Allmann 1855, Klebs 1912). Dans aucun, il ne sont anastomosés les uns avec les autres ; et c'est ceci qui distingue la conception du noyau à structure filamenteuse, de la conception du noyau à structure réticulée-alvéolaire. 2o Structure réticulée-alvéolaire : Il est à remarquer que tous les auteurs (Bûtschli 1886, Lauterborn 1895, BoRGERT 1910, JoLLOS 1910) qui ont constaté la structure réticulée du noyau ont eu comme principal matériel d'études des espèces du genre Ceratium, chez lesquelles cette structure est indéniable dans le noyau au repos ; je l'ai moi-même observée chez les divers Ceratium du plankton de Banyuls, fixés au Bouin ou au Flemming et colorés au fer in toto. Les figures que j'ai observées sont tout à fait conformes à celles de Lauterborn, Borgert et Jollos. Elles montrent un réticulum dense, à points nodaux renforcés, ou bien, ce qui revient au même, des micro- somes unis entre eux, par des trabécules. Il est difficile de savoir si ces 426 EDOUARD C H ATT ON images réticulaires du noyau des Geratium, sont, comme le veut Bûtschli, l'expression de cette structure alvéolaire qu'il pense retrouver dans toute matière vivante. 3*^ Structure granulaire ; Klebs 1912 a constaté que chez Hypnodinium sphaericum, la chro- matine était représentée par une masse très finement granuleuse, à la phéripérie de laquelle se trouvent enclavés de gros nucléoles plus chro- matiques que la masse elle-même, et creusés de vacuoles. Semblable structure chez Cystodinium bataviense (Klebs 1912). L'existence de nucléoles, mais beaucoup plus petits et généralement uniques, a été constatée chez certain un nombre de Péridiniens : chez les Ceratiwn marins et d'eau douce par Bûtschli (1884), Lauterborn (1895), Borgert (1910), Jollos (1910). Ce dernier auteur a observé aussi chez Gymnodinium fucorum un nucléole ou caryosome, au centre duquel il voit un grain sidérophile qui s'étire à la division et qui, au moment de la pousse des flagelles, fournirait à ceux-ci, par division, le blépha- roplaste auquel il reste uni par un rhizoplaste. V. Dogiel 1906, chez Gymnodinium cœruleum, Keysselitz 1908, et Senn 1911, chez Oxyrrhis marina ont aussi observé des nucléoles. Le noyau se compose donc d'une masse de chromatine, toujours très importante — Klebs (1912) insiste sur ce caractère — qui se présente soit sous forme de grains très fins, séparés, soit sous forme de grains plus gros unis par des trabécules formant réseau, soit sous forme de grains ali- gnés en files et qui, juxtaposés, constituent des filaments monilif ormes ou d'apparence striée, soit enfin sous forme de filaments homogènes, disposés en pelote ou en écheveau. Il y a en plus un ou plusieurs nucléoles générale- ment basophiles, La membrane nucléaire est le plus souvent peu marquée. Il est à remarquer que les descriptions des auteurs n'ont pas été faites sur des noyaux tous au même stade de leur évolution. Alors que Lauterborn, Borgert, Jollos, Senn ont très bien fait le départ entre les stades de repos et les stades de division, les images données par ScHÛTT et par Dogiel coi-respondent à des stades de division. Ceci déjà permet d'entrevoir les raisons de certaines divergences d'observation : la chromatine des noyaux au repos a généralement une structure réticulaire, celle des noyaux en division une structure filamenteuse. C'est là une règle très générale qui se vérifie en particulier chez les Péridiniens. C'est chez les Geratium que les différentes phases de la division ont été le mieux suivies, par Lauterborn, Borgert, 'Jollos. PÉRIDINIENS PARASITES 427 On voit d'abord, les microsomes qui sont aux nœuds du réseau s'orienter en files qui deviennent de véritables filaments striés. Ceux-ci s'ordonnent parallèlement les uns aux autres, Lauterborn vot persister à ce stade les trabécules du réseau, qui unissent les uns aux autres les filaments chromatiques, formant l'image d'un filet à mailles rectangu- laires ; BoRGERT et JoLLOS nient au contraire l'existence de ces anas- tomoses. Mes propres observations sont pleinement d'accord avec celles de ces derniers auteurs. Les filaments chromatiques convergent aux pôles vers un centre d'attraction où seul Borgert a pu déceler l'existence d'un centrosome figuré. Pour Jollos, ce centre est contenu au début de la caryo- diérése dans le nucléole, qui aurait ainsi la valeur d'un vrai caryosome. Lauterborn et Borgert voient simplement les nucléoles s'étirer entre les deux pôles. La mitose s'achève par scission des filaments en leur milieu, et reconstitution de la structure réticulée des noyaux fils. On voit ainsi au cours de la caryodiérèse la structure réticulaire passer à la structure filamenteuse, suivant le mécanisme même, par lequel dans les noyaux de métazoaires et de métaphytes, le spirème se constitue aux dépens du réseau chromatique. On remarquera ici cette structure en file de microsomes des filaments chromatiques, que plusieurs auteurs ont observéa sur les organismes vivants, structure qui n'est pas d'ailleurs propre aujf Péridiniens, et que l'on retrouve en particulier chez quelques Coccidies et chez les Radiolaires. Chez les Péridiniens même elle ne paraît pas constante. J'ai de nombreuses figures de division de Peridinium dans lesquelles les chromosomes sont des filaments homogènes. Ce rapide résumé de nos connaissances essentielles sur la structure nucléaire des formes libres, va nous permettre de lui comparer celle des parasites. Structure du noyau chez les parasites. — Chez plusieurs d'entre eux la structure nucléaire ne nous est connue que par des images observées in vivo. C'est le cas des Apodinium, des Chytriodinium et de Schizodinium sparsum. Pour hs Chytriodinium, ce sont des figures en peloton ou en écheveaude filaments lisses que donne V. Dogiel (1906). Chez les Apo- dinium et chez Schizodinium sparsum on ne distingue que des files plus ou moins parallèles de microsomes. Dans ces trois cas, la structure est incontestablement du type filamenteux, ce qui n'est pas pour nous 428 EDOUARD Cil AT TON étonner, puisque nous savons que tous ces noyaux sont en travail continu de caryodiérèse. Chez les Oodinium, les Blastodinium, les Haplozoon et les Syndinîum, le noyau et sa division ont pu être étudiés cylologiquement. Noyau et caryodiérèse des Oodlnium. — Le noyau des Oodinium aux stades végétatifs a été étudié par Bargoni (1894) chez Oodinium mnylaceum, par Dogiel (1909) chez VOodinium des Alciope, et par moi- même chez Oodiniutn fritillariœ. Comme on l'a vu, les figures que j'ai données, diffèrent considérablement de celles des deux auteurs précédents, Bargoni et Dogiel figurent d'après leurs coupes une structure finement et uniformément granuleuse, tandis que celles que j'ai faites d'' Oodinium fritillariœ montrent la chromatine sous forme d'un spirème très lâche constitué dans un cas par des microsomes juxtaposés, comme chez un grand nombre de Péridiniens, et dans l'autre par une sorte de tube cretix à paroi rugueuse. Nous retrouvons dans ces observations les divergences que nous avons relevées dans celles des auteurs qui ont étudié les formes libres. D'une part, structure granulaire, d'autre part, structure filamenteuse. Ces observations ont porté sur des formes différentes, mais si peu différentes, que ce fait ne p3ut expliquer les divergences qu'elles contiennent. Il est beaucoup plus vraisemblable de les attribuer à ce que les parasites étudiés n'étaient point à des stades comparables. De ceci, nous trouvons d'ailleurs la preuve dans notre étude d'O. fritillariœ. Nous avons vu que, chez des parasites moins développés, qui malheureusement n'ont pu être étudiés sur coupes, l'aspect du noyau in vivo est celui d'une vésicule uniformément remplie de grains non orientés, d'autant plus fins que le parasite est plus jeune. Le noyau de la dinospore mûre se présente exactement sous le même aspect. Par contre, les noyaux des sporocytes sont tous du type filamenteux, avec orientation très nette des filaments — qui ici sont lisses — vers les pôles cellulaires. Ce sont des noyaux en division. H devient ainsi certain que, chez les Oodinium, le noyau au repos, soit de la forme végétative parasite, soit de la dinospore libre a une structure granulaire (qui pourrait être en même temps réticulaire), structure qui passe, dès le début de la sporogenèse, à la structure filamenteuse. Les deux stades que j'ai pu étudier sur coupes doivent être interprétés comme des spirèmes prépa- ratoires de la première scission sporogenétique. Des spirèmes aussi déve- loppés et aussi nets, qui rappellent étonnamment ceux des divisions de PÊRIDINIENS PARASITES é'29 maturation dans les œufs de Métazoaires, n'ont pas été observés jusqu'ici chez les Péridiniens. Leur développement est en rapport avec le volume considérable du noyau, et de l'individu végétatif des Oodinium, qui sont eux-mêmes conséquences de l'existence parasitaire de ces organismes. On peut également considérer comme telle l'existence de centres caryo- diérétiques beaucoup plus marqués que chez les formes libres. Noyau et caryodérièse des Blastodinium. — Les Blastodinium nous ont d'ailleurs offert des caractères analogues, et le même passage de la structure granulaire du noyau végétatif à la structure filamenteuse du noyau en division. Il nous permettent de suivre, dans les poussées sporogenétiques, la série complète des transformations du noyau très modifié de la forme parasite au noyau péridinien normal des sporocytes les plus proches de la dinospore Ubre. Le trophocyte des Blastodinium déjà remarquable par sa structure biénergide, l'est aussi par la masse considérable de ses noyaux, vascu- larisée par le cytoplasme, par la structure et l'acidophilie de leur chro- matine, par le grand développement de leurs nucléoles basophiles et de leur appareil kinétrique, tous caractères qui d'emblée les différencient profondément des dinokaryon tj^iques. L'hj'pertrophie nucléaire, la densité et l'homogénéité de la substance chromatique rendraient les échanges superficiels insuffisants à assurer la nutrition du noyau si les plasmodendrites, qui cytologiquement représentent des vestiges fusc- riaux, ne réalisaient pas comme une sorte de vascularisation trophique de sa masse. C'est plus simplement d'ordinaire, par augmentation de la surface d'échanges : noyaux rameux des glandes séricigènes des lépidop- tères, en fer à cheval (Péiitriches, Acinétiens), moniliformes (beaucoup de Ciliés) qu'est compensée la rupture de l'équilibre caryoplasmatiquc. C'est un mode nouveau de cette compensation que nous offrent les Blastodinium, et particulièrement intéressant parce que nous voyons l'appareil Idnétique, qui ailleurs peut former des organes de soutien (axostyle des Trichomonas) se mettre ici au service de la nutrition nucléau'e. Par sa structure finement granuleuse, presque homogène chez certaines espèces {B. spinulosum, B. crassum) et par son acidophilie la masse chromatique du noyau trophôcytaire des Blastodinium rappelle celle que Klebs (1912) a fait connaître d' Hypnodiniutn sphaericum et de Cysto- dinium bataviense. On peut se demander si, dans ces trois cas, la structure granuleuse et l'acidophihe ne sont pas en rapport avec une activité 430 EDOUARD CHAT TON caryodiérétique réduite. Les Cystodinium et les Hypnodinium sont des formes enkystées, le trophocyte des Blastodinium passe par de longues périodes de repos. Constatation suggestive : Chez Bl. spinulosum et B. crassum espèces monoblastiques à longue période, la chromatine est plus finement granuleuse et son acidophilie plus accentuée que chez B. Pruvoti et B. contortum, espèces' polyblastiques, à courte période sporogenétique. Chez ces dernières, la chromatine du noyau au repos n'est jamais homogène. Elle se présente sous forme de grains floconneux, orientés en files parallèles. C'est, avec des dimensions plus fortes des éléments, la structure dont nous avons déjà trouvé de nombreux exemples chez les formes libres et aussi chez les parasites. c) Caractères génétiques. L'influence de la vie parasitaire des Péridiniens retentit sur leur reproduction plus encore que sur leur morphologie. C'est d'ailleurs au mode de multiplication, plutôt plus qu'à la forme des éléments qui y prennent part, qu'est lié l'aspect si singulier de toutes les espèces palisporogenétiques. Ma:'s ici encore nous constaterons d'intéressantes gradations qui nous conduiront du mode de reproduction très simple des espèces libres aux modes les plus complexes que l'on puisse trouver chez les parasites. La scissiparité simple et l'ébauche d'une sporulation chez les FORMES libres. — On sait que chez les Péridiniens libres, il n'y a pas, en règle générale, dans le cycle évolutif, une phase de végétation distincte d'une phase de reproduction. La reproduction s'effectue par scissiparité simple du corps et chaque division sc'ssipare s'intercale entre deux périodes de végétation pendant laquelle l'organisme récupère la moitié de sa masse primitive. C'est l'exception que ces bipartitions se succèdent sans délai, produisant des éléments beaucoup plus petits que l'individu initial et méritant le nom de spores. Ceci se produit parfois chez les Peridiîimm où l'individu se divise sous sa cuirasse par deux bipartitions en quatre éléments, chez Pyrophacus horologium, où trois bipartitions produisent huit spores gymnodiniennes. Le cas le plus important d'une sporulation chez un Péridinien libre est celui du Diplodinium lunula, que nous avons déjà eu à citer à d'autres égards. Là, il se forme d'abord des sporocytes fusiformes, puis de chacun d'eux 2 sporocytes lunulaires, et dans ceux-ci 8 spores gymnodiniennes, c'est-à-dire, en tout, 64 spores. Il est certain PÉRIDIN1EN8 PARASITES 431 qu'une véritable sporulation existe chez d'autres Péridiniens, comme le montre l'existence dans le plancton de kystes à nombreuses spores gymmodinieimes ; Schûtt en a figuré un dans ses Péridiniens de la Plankton Expédition et j'en ai observé deux, moi-même, dans le plankton de la baie de Banyuls. (Fig. clix, clx.) Dans tous ces cas, il s'agit d'une série de bipartitions suivant une progression rigoureusement géométrique qui partagent le corps en un nombre pair d'éléments tous égaux et homodynames. Il y a parmi les parasites u-.V. Sp^. f ..-,.f' V.;,, Fig. clix. Kyste pélagique d'im Péridi .iea d'identité inconnue en sporogénèse (incolore) x 850 ; sp. sporocytes. ( x 1200). Fiu. CLX. Kyste pélagique d'un Péridi- ni:>i d'identité inconnue renfer- mant de nombreuses dinospores (bien pigmentées en vert jaunâtre). La tache sombre du centre repr- ésente l'emplacement d'une tache rougeâtre i (x 550). des formes dont le processus reproducteur ne semble pas différer de la simple scis- siparité des formes libres. Les parasites a scissiparité simple ou a SPOROGJÎiNÈiE ÉBAUCHÉE. — D'après les renseignements que Poche (1904) nou-5 fournit sur Gynmc- dlnium parasiticmn , il n'y aurait chez cette espèce qu'une reproduction par divisions binaires, intercalées entre de courtes périodes de croissance. Chez Schizodinium sparsum le processus se complique par la différenciation de la période de croissance et de la période de reproduction, différenciation qui s'affirme par ce fait que les éléments sont d'autant plus petits qu'ils sont plus nombreux. Il en est de même chez Duhoscquella tintinnicola, où l'élément 432 EDULAUlJ CllATTON initial coccidiforme se divise brusquement par scissions répétées en spores qui sont des gamètes. Chez ces formes, il n'y a ni polarité morpho- logique ni polarité génétique, rien qui dfïère, en somme, de la repro- duction d'un Pyrophacus ou de Gymnodinium lunula, rien non plus qui indique le mode de sporulation très évolué des Blastodinium, qui sont cependant, comme /Sc^rcx^mmm, des parasites intestinaux photo-chylo- trophes. C'est ici que se pose le problème du déterminisme de la sporoge- nèse itérative ou palisporogenèf.e. La palisporogenèse. — Ce mode de sporulation qui n'a point son équivalent chez les autres Protistes et dont aucun Péridinien libre ne montre l'indication, s'observe chez les parasites intestinaux : Blastodinium, Haplozoon et chez les ectoparasites : Apodinium, Chy- triodinium. Il fait défaut chez les Oodinium. Ce que l'on connaît des premiers stades de la sporulation chez les Neresheimeria et les Ellobio- psidés articulés permet de considérer celle-ci comme une palisporo- genèse. Le fait essentiel : l'hétérodynamie des produits de la division. Son déterminisme. — La palisporogenèse a naturellement le caractère fondamental de toute sporogénèse, c'est d'être la dissociation en éléments reproducteurs d'un individu végétatif qui s'est nourri et accru pendant un temps plus ou moins long. Comme Tétymologie du vocable l'indique (-a),tv, de nouveau), la palisporogenèse est le fait de la réitération, par un même ndividu de la dissociation sporogénétique. Mais le fait essentiel de la palisporogenèse n'est pas, quoiqu'il soit constant, la répétition. Ce fait essentiel est l'hétérodynamie des cellules résultant de la première divi- sion. L'itération n'en est qu'une conséquence. Expliquer l'hétérody- namie serait expliquer toute la palisporogenèse. L'explication devra rendre compte de ce que ce mode de reproduction est propre aux Péridiniens. Deux cellules issues d'une même cellule initiale peuvent se comporter différemment pour deux raisons différentes : soit qu'elles aient une structure différente, soit qu'elles se trouvent dans des conditions d'exis- tence différentes. Dans le premier cas, l'origine de l'hétérodynamie est à rechercher en remontant de proche en proche la lignée des cellules dans l'espoir de découvrir l'origine de leur hétérogénéité structurale. C'est par exemple le problème du déterminisme de la différenciation des blastomères, chez les Métazoares, de la différenciation des individus dans les colonies des PÉRIDINIENS PARASITES 433 Volvocinées, de la différenciation des cellules somatiques et germinales chez les Cnidosporidies, c'est d'une manière générale tout le problème de la forme et de la structure organiques, dans lequel interviennent beaucoup plus les facteurs ancestraux que les facteurs actuels. Si le problème de la palisporogenèse était de cet ordre, je n'essaierais pas d'en poursuivre ici la solution. Mais les données du problème me paraissent plutôt relever du second cas : elles mettent en cause plus de facteurs actuels et elles prêtent ainsi à une discussion plus objective. Le facteur ancestral : la scission transversale des Péri- DINIENS. — Nous avons dit qu'il n'y avait rien dans l'histoire des Péri- diniens libres qui eût pu faire prévoir la palisporogenèse des parasites en tant que phénomène global. Est-ce à dire que, connaissant maintenant celle-ci, et son fait essentiel, l'hétérodynamie des produits de la division, nous ne puissions en trouver aucune indication ou aucune raison dans l'organisation et la reproduction des formes libres ? Le fait même que la palisporogenèse est un mode propre aux parasites péridiniens doit y trouver son expression ! Or il est un caractère par lequel les Péridiniens se distinguent de tous les autres flagellés : c'est leur mode de division transversal, ce par quoi il faut entendre, indépendamment de toute conception théorique, une division dont le plan est normal ou subnormal à l'axe de jocomotion^. Cette division transversale doit-elle être considérée comme la cause de l'hétérodynamie ? Il est certain qu'elle partage le corps en deux moitiés qui sont beaucoup plus dissemblables que ne le seraient deux moitiés 1. La désignation classique A\i plan de scission des Péridiniens comme transversal, résulte de ce que la défi- nition dos pôles repose sur le critérium physiologique du sens le plus fréquent de la progression. Cette définition mène à considérer les Péridiniens, avec quelques rares autres flagellés {Costia), comme faisant exception à la loi, générale pour les Mastigophores, de la scission longitudinale. Cette définition a sa valeur. Ce qui le prouve, c'est q\ie l'axe de locomotion devient, chez la plupart des parasites fixés, l'axe de fixation. Mais il convient de faire remarquer que le terme de « scission transversale » évoque pour un flagellé, dont le » type morphologique » est un ellipsoïde à flagelles insérés à l'un des pôles, l'idée d'une scission suivant l'équateur de l'elUpsoïdo, c'est à dire sans rapports avec le point d'origine des flagelles. Cette idée vient d'autant plus natu- rellement à l'esprit que l'on oppose à la scission longitudinale normale des flagellés la scission transversale nor- male des Ciliés, dont le type morphologique est aussi un ellipsoïde à bouche polaire, et où la nouvelle bouche se forme indépendamment de l'ancienne. Or, la scission transversale ainsi comprise, la scission transversale vraie, n'existe point chez les Dinoflagellés. Chez tous, comme chez tous les flagellés le plan de scission passe par le point d'origine des flagelles. Les rares flagellés qui, par contre, font exception à cette règle sont les Chlamydomonadines, et seulement pour leurs scissions gamétogénétiques. 11 faut considérer les Péridiniens, non comme des flagellés à scission transversale, mais comme des flagellés chez lesquels, par suite de la disposition des flagelles et de leur jeu, l'axe de la locomotion a dévié de 45° par rapport à la direction qu'il a chez le flagellé type. On pourrait dire de celui-ci qu'il est à locomotion euaxiale, de celui-là qu'il est à locomotion pleuraxiale ou pseudaxiale. Arch. de Zool. Exp. et Gén. — T. 59. — F. 1. 28 434 EDOUARD CHATTON longitudinales, d'autant plus dis, emblables que la plupart des espèces, surtout les cuirassées présentent une polarisé morphologique très accentuée. (Cornes chez les Ceratnnn et les Peridinium, insertion flagellaire antérieure chez les Spirodinium, etc.) Mais cette dissemblance est toute passagère, chaque moitié reconstituant exactement ce qui lui fait défaut. Il est cependant des cas, qui ne manquent pas d'intérêt pour nous, où la recons- titution n'est pas parfaite, de sorte que les individus issus de la division ne sont pas rigoureusement superposables. Kofoid a donné de ce fait un exemp'e saisissant dans ses chaînes de Ceratium où les individus terminaux arrivent à différer notablement, par suite de la reconstitution infidèle, lors de chaque scission, des moitiés manquantes de la cuirasse. Il y a là un hétéromorphisme marqué, qui existe peut-être chez beaucoup d'autres formes libres, mais que l'on ignore faute de pouvoir suivre, comme dans une chaîne, la lignée d'une cellule. Mais il n'y a point là d'hété- rodynamie. L'hétérodynamie n'est point un caractère fondamental des Péridiniens, c'est un caractère acquis par les parasites et dont nous devons rechercher l'origine dans un des facteurs qui régissent l'existence de ces organismes. Les facteurs actuels. Orientation du parasite par rapport A l'hote. Polarité trophique. — Examinons successivement le cas des divers parasites qui présentent cette hétérodynamie : le plus typique est celui des Apodiîiium. Nous savons que chez ces organismes la fixation est polaire, ce qui s'accorde avec le fait que le plan de scission est normal à l'axe de fixation. Ceci suffit à expliquer l'hétérodynamie : l'une des cellules reste adhérente au pédoncule, organe d'absorption et continue de se nourrir et de s'accroître ; l'autre privée de nutriments — le para- sitisme étant exclusivement histotrophe, ne peut que se diviser, s'enkyster, ou dégénérer. C'est e prem er phénomène qui se produit, sans croissance concomitante. L'hétérodynamie est réalisée ; elle est l'effet de trois causes distinctes et nécessaires : l'^ le mode de scission transversal qui est un caractère ancestral de Péridinien, 2° la fixation du parasite normalement à l'hôte, qui est un caractère tout contingent, propre aux Apodinium (et à quelques autres péridiniens parasites), 3*^ le parasitisme histotrophe exclusif qui, étant données la structure et la situation du parasite, est pour lui le seul mode de vie possible. L'hétérodynamie ébauchée des Chytriodinium s'explique exactement de la même façon que celle des Apodinium. Les scissions précoces de la cellule proximale sont provoquées jjar l'épuisement rapide de l'œuf. PÊRIDÏNIEN8 PARASITES 435 Cette cellule lîe diffère en rien de la distale. Soumise à l'inanition, elle se comporte comme elle : elle se divise. Réservons, pour l'instant, les cas des autres ectoparasites, les Ello- hiopsidae, pour nous occuper d'abord des Péridiniens intestinaux palisporogénétiques. Les Haplozoon se comportent, nous l'avons vu à bien des égards, comme les Apodiiiium. Nous ne savons pas malheureusment quelle est l'orientation du trophocyte par rapport à l'épithélium intestinal. Si nous admettons qu'il est, lui aussi, fixé par l'un de ses pôles, et qu'il se nourrit par ses'rhizoïdes, son hétérodynamie se trouvera expliquée comme celle des Apodinium. Mais il faut ici expliquer en outre, que contrairement à ce qui se passe chez ces derniers, il y ait un accroissement notable de la masse des sporocytes au cours de la sporogenèse. Cet accroissement peut être attribué à un chylotrophisme osmotique des sporocytes, chylotrophisme insuffisant toutefois à soustraire ceux-ci aux conséquences qu'a pour eux la séparation du trophocjrte. Le cas des Blastodinvmn qui est la forme à palisporogenèse le plus développée, nous paraît, au premier abord, peu réductible aux précédents. Nous avons affaire ici à un parasite non histotrophe, mais chylo-phototrophe et dont la nutrition ne semble pas plus polarisée que ne l'est celle des Schizodinium qui vivent exactement dans les mêmes conditions. Mais il faut considérer ici la situation du parasite dans l'hôte, engagé dans l'intestin, un peu comme celle d'un projectile dans l'âme d'un canon. De cette situation, il résulte que le trophocyte, qui est toujours antérieur, est dans des conditions de nutrition beaucoup plus favorables que le gonocyte placé derrière lui. J'ai déjà exposé et discuté les faits et les arguments qui tendent à prouver que l'activité chylotrophique du parasite est plus intense au pôle antérieur qu'au pôle postérieur : existence d'une polarité morphologique, dépigmentation du pôle antérieur. Il ne faut naturellement point envisager ici les choses du point de vue absolu, mais du point de vue différentiel. Je ne prétends pas que le gonocyte et les sporocytes soient en inanition, comme ils le sont chez les Apodinium. Leur masse s'accroît au cours de la sporogenèse, ce qui suffit à prouver qu'ils se nourrissent. Dans les cas de scissiparité simple du trophocj^e, le trophocj^te fils postérieur qui devrait se diviser, continue lui aussi à s'accroître. N'est-ce point déjà remarquable de constater que la scissiparité simple, ou homodynamie des deux trophocytes, ne se présente que chez les espèces les plus grêles, tandis que les formes trapues 436 EDOUARD CHATTON qui encombrent la lumière intestinale ne la montrent que dune manière tout à fait exceptionnelle ? Ce que je crois, c'est qu'il suffit chez tous ces parasites d'une modification infinitésimale de l'équilibre nutritif, entre le trophocyte et le gonocyte pour déclancher la série des scissions du gonocyte, comme il suffit d'un trouble très réduit de l'équilibre de l'œuf non fécondé pour déterminer sa segmentation parthénogénétique (Voir en particulier Bataillon 1910). On ne manquera pas d'objecter à cette explication de la palisporogenèse le cas des Oodinium qui, se trouvant exactement dans les mêmes con- ditions topographiques et trophiques que les Apodinium, ne montrent pas de palisporogenèse, et point d'iiétérodynamie des cellules- filles. Je répondrai que le cas des Oodinium ne peut être opposé à la théorie, pour cette raison qu'il n'y a pas chez ces organismes de divisions à l'état végétatif. Il est remarquable au contraire qu'ils se divisent, quelque soit leur taille, dès qu'ils se réparent de leur substratum nourricier, tout comme font les gonocytes dans les formes palisporogénétiques. h' Oodinium tout entier est comparable à un gonocyte. On voit là que c'est bien la rupture brusque de l'équilibre nutritif qui est le primum movens de la division. Je ferai remarquer au surplus que la première scission s'effectue, à en juger d'après les observations les plus sûres, suivant l'axe de fixation, ce qui porterait à croire qu'ici le parasite n'est pas fixé par l'un de ses pôles mais par son équateur. Ceci pourra être vérifié objectivement par l'observation des stades très jeunes. Mais il se peut aussi que l'axe de division primitivement transversal ait tourné de 90 degrés, sous l'action des forces qui régissent la division cellulaire normale et qu'exprime la loi d'Oscar Hertvig. On voit qu'en aucune façon le défaut de palisporogenèse et d'hétérodynamie chez les Oodinium ne peut être opposé à la conception que nous nous sommes faite de ces phénomènes. Palisporogenèse des Ellobiopsidae et des Blastuloid.e. — Il nous reste à examiner la palisporogenèse des Ellobiopsidae et des Neresheimeria. Je ferai remarquer d'abord que je n'ai nullement fait intervenir dans l'essai d'explication de la palisporogenèse des Péridiniens, l'état mono- ou polyénergide des parasites. Si donc on considère comme vraisemblable la conception que j'ai proposée de la pa'isporogenèse des Apodinium, on l'étendra sans peine à EUohiopsis Chattoni et à Staphylocystis racemosus, ectoparasites histo- trophes, et aussi à Parallohiopsis Coutieri et aux Ellohiocystis articulés, PÉRIDINIENS ARAPSITES 437 à condition toutefois d'admettre qu'ils sont histotrophes, en même temps que saprotrophes. Nous concluons ainsi par analogie, mais je reconnais qu'en présence des EUobiopsidae seuls, nous aurions eu quelque peine à édifier notre théorie de la palisporogenèse. Il y a, en effet, un facteur dont le rôle dans le phénomène nous paraît très clair chez les Apodinium : l'orientation du parasite et de son plan de division par rapport à l'hôte, facteur dont la connaissance nous échappe complètement en ce qui concerne les EUobiopsidae. Il semble même que, quelle que soit l'orientation primitive du germe, celle-ci ne puisse plus, chez le parasite transformé en un volumineux plasmode, exercer aucune influence sur le sens de la fragmen- tation de cette masse. Mais, bien que nous ne nous l'expliquions pas, cette division transversale existe ; elle est, de plus, dans tous les cas, localisée au pôle distal de l'article proximal (trophomère), où elle se répète. Ce sont là autant de caractères qui nous permettent de la considérer comme explicable de la même façon que celle des Péridi- niens. Chez les EUobiopsidae, le contenu des articles distaux (gonomères), au lieu de se segmenter en spores par divisions répétées, se résout en spores, d'un seul coup, après une phase de maturation plus ou moins longue, qui commence à partir du moment où le gouomère est séparé du trophomère. La sporulation brusque est une conséquence de l'état plasmo- dial. Elle se retrouve chez les Péridiniens plasmodiaux. Le cas des Neresheimeria paraîtra plus difficile à rapporter aux précédents, surtout si l'on admettait que ce sont des parasites intra- cellulaires, blastotrophes, condition qui exclut en général toute polarité trophique. Mais il s'agirait ici d'un blastotrophisme bien particulier. La cellule hôte ne serait pas détruite par le parasite. Elle s'associerait à lui, et s'orienterait par rapport aux organes dont elle devient elle-même parasite. Le complexe parasitaire ainsi réalisé est nettement polarisé. De la cellule hôte, la partie antérieure nucléée et porteuse de rhizoïdes joue seule un rôle dans la nutrition du parasite. L'étui n'est pas en contact avec lui. Le premier article se trouve donc être l'équivalent physiologique du trophomère des EUobiopsidae. Le reste de la sporogenèse ne diffère de celle de ces organismes que par une segmentation des articles, qui n'existait pas chez eux. Ce serait là un processus intermédiaire entre la sporogenèse en progression géométrique des Péridiniens polarisés et la sporulation brusque des EUobiopsidae. 438 EDOTJABD CE AT TDK Sporogenèse des paradinidae. — Le cas des Neresheimeria nous amène à celui des Paradinides desquels nous avons rapproché le parasite des Fritillaires, et en particulier au cas de Paradinium Poucheti dont la croissance plasmodiale hétérogène et la sporulation par gono- sphères constituent une reproduction d'allure palisporogenétique. Nous avons déjà comparé les blastodes des Paradinides au trophomère des Ellohiopsidae et des Neresheimeria, le plasmode quiescent et les gono- sphères aux gonomères de ces organismes. Cette comparaison, soutenable au point de vue de la marche de la sporogenèse et de son résultat, l'est- elle encore au point de vue de son déterminisme ? En d'autres termes, la structure hétérogène du plasmode de Paradinium Poucheti est-elle explicable de la même manière que l'hétérodynamie du trophocyte et du gonocyte des Péridiniens, du trophomère et des gonomères des Ell^biosjndae ? Il est bien difficile, à première vue, de concevoir qu'un plasmode qui se développe dans un milieu homogène, comme la lymphe d'un Copépode, puisse ne pas s'accroître d'une manière homogène, d'autant que nous avons précisément sous les yeux, dans les Syndinium et Atelodinium parasiticufn, des exemples de croissance homogène. La comparaison même du mode de croissance des Syndinium et du mode de croissance des Paradinium va nous faire entrevoir la raison des différences qu'ils présentent. Le plasmode des Syndinium se continue d'emblée d'une manière ma-ssive et continue. Le plasmode de Paradinium Poucheti est un plasmode par aggrégation. Dans le premier, pourvu qu'il soit doué d'une conductibilité trophique suffisante, toutes les régions s'accroissent d'une manière égale. Dans le second, la diffusion des nutriments se fait également dans chaque lobe, mais, d'un lobe à un autre, elle se trouve réduite du fait de la discontinuité. Les lobes profonds seront donc dans des conditions de nutrition d'autant plus défavorables que les lobes superficiels seront plus nombreux et plus étendus. En fait, on remarque que la plupart des blastodes ont une situation superficielle, ou qu'ils sont tous, par leurs faces, directement au contact de la lymphe de l'hôte. Le fait que les blastodes forment, en général, des lobes moins volumineux que le plasmode quiescent, est dû à ce qu'il continuent à se scinder par plasmotomie tout en s'accroissant. Nous reconnaissons encore, dans cette croissance et cette sporo- genèse des Paradinium, l'action d'un facteur ancestral : persistance d'une tendance à la division, caractère de forme libre qui s'affirme particulièrement au début du cycle, et d'où résulte la discontinuité PÉEIDINIENS PARASITES 430 du plasmode, et l'action de facteurs actuels : la disposition des lobes du plasmode, qui détermine pour eux des conditions inégales d'absorp- tion. On voit en somme que la sporogenèse hétérogène de Paradinium Poucheti, quoique assez comparable dans ses grandes lignes à la palis- porogenèse des Péridiniens et des Ellobiopsidae, relève de facteurs assez différents. Il est évident en particulier que l'orientation et le sens des divisions du parasite n'y jouent plus aucun rôle. Ceci suffit à montrer que le caractère de la palisporogenèse est un caractère tout contingent, et de nulle valeur phylogénique et par conséquent inutilisable en systé- matique. La sporogenèse des Péridiniens parasites comparée a celle DES autres protistes. . — Nous savons maintenant, que si la palispo- rogenèse typique est liée à la nature péridinienne des parasites, c'est à cause du mode de division transversal spécial aux flagellés de ce groupe. Il n'y a pas lieu de s'étonner de ne pas la trouver réalisée dans d'autres ordres de la classe, ni chez les Sporozoaires exosporés dont la souche paraît bien être parmi les Euflagellés (voir en particulier Léger et Duboscq 1909 et 1910) \ Mais on peut être surpris de n'en trouver aucun exemple chez les Ciliés qui sont essentiellement des Protistes à scission transversale. Il y a bien chez ceux-ci des chaînes résultant de divisions inachevées : Anoplophrya, Haptophrya, Polyspira, chaînes dans lesquelles les individus postérieurs restent un temps incomplets. Mais il n'y a pas là d'hété- rodynamie véritable. Toutes ces formes sont, en effet, des parasites exclusivement chylotrophes. Aucune de celles qui sont fixées aux tissiis ne développe d'organes absorbants. La ventouse des Haptophrya, les stylets fixateurs (Schultzellina mucronata Cepède, Maupasella nova Cepède, Perikaryon Cesticola Chatton) ne jouent en aucune façon ce rôle. V. DoGiEL, 1909, s'est étendu, sur les analogies qu'il a cru trouver entre le bourgeonnement des Cestodes et la palisporogenèse àHIaplozoon. Une analyse plus approfondie de ce dernier phénomène lui aurait montré que ces analogies sont toutes superficielles, et je ne crois pas devoir m'y attarder ici. 1. N'est-il pas intéressant de rencontrer chez une des formes dont l'appareil de fixation — et probablement aussi d'absorption — est le plus développé Nina (Pterocerphalus) gracilis, la différenciation, très rare dans le groupe, d'un énergide protomérifique complet, comparable physiologiquement an trophocyte de nos Périlinicns, et au « méristème » de Parallobiopsis ? Le noyau protoméritiquc est un noyau purement végétatif qui ne prend pas part à la gamogonie. V. Dogiel (1919) a déjà i isisté sur cette analogie, mais il est allé plus loin dans la voie des homologies. 440 EDOUARD CHAT TON B. ESSAI DE CLASSIFICATION DES PÉRIDINIENS PARASITES ET DES FLAGELLÉS AFFINS Sommaire Viil(mr ( t subordination des caractères, p. 440. — Distinction entre les Péridiniens stricts et les flagellés préscn. tant avec eux des affinités probables ou possibles, p. 441. — Tableau systématique provisoire des rériiliiiiens parasites, p. 442. — l'osition systématique des Paradinides, des Blastuloïdes et des Ellobiopsides. p. 444. Valeur et subordination des caractères. — Notre analyse des caractères ancestraux et des caractères adaptatifs des Péridiniens para- sites nous a appris que, seules, la forme des dinospores et leur structure nucléaire, pouvaient être considérées à coup sûr comme héritées des souches libres. C'est donc elles seules qui, en systématique, devi'aient servir de guide pour l'attribution des parasites à telle ou telle famille de Péridiniens libres. Car rien ne permet de considérer les Péridiniens, para- sites comme formant un groupe systématique homogène, monophylétique. Lorsque nous avons montré quApodinium mycetoides, parasite externe,- se trouvait dans de bonnes conditions pour s'adapter au para- sitisme intestinal chez Fritillaria pellucida et que cette adaptation conduisait à une structure analogue à celle des Blastodinium, il ne nous est pas venu à l'esprit de voir dans le genre Apodinmm des Fritillaires un des stades qui ont conduit au genre Blastodiniu7n des Copépodes. Et quoique la localisation des stades jeunes des Syndini-mn au contact de l'intestin permette de concevoir que ces Péridiniens sont passés au cours de leur évolution par un stade intestinal, nous ne prétendons pas que ce stade soit l'un quelconque des Blastodinium que nous connaissons chez les Copépodes mêmes qui hébergent les Syndinium. L'exemple des Para- dinium qui ne sont manifestement pas des Péridiniens montre que des flagellés divers sont susceptibles d'infecter des Copépodes très voisins et d'y acquérir par convergence des caractères très semblables. Inversement, si l'on s'en réfère à la structure des spores on concevra que des Péridiniens, morphologiquement et éthologiquement aussi différents que les Blastodinium et les Chytriodinium, ont pu tirer leur origine de Gymnodiniens libres non éloignés. Il ne peut donc s'agir de grouper les Péridiniens parasites ; il faut au contraire tenter de les répartir entre les différents groupements de Péri- diniens libres. Or, ceci même ne peut être qu'un essai tout à fait provi- soire, pour les raisons suivantes : 1° La forme parfaite des dinospores est insuffisamment connue pour plusieurs genres et totalement inconnue pour d'autres. PËRIDINIENS PARASITES 441 2° Cette forme est elle-même assez variable pour des parasites mani- festement apparentés (Macrospores et microspores a et p des Syndinium). 3° La systématique des Péridiniens est encore très rudimentaire. D'après la structure des spores, c'est au genre Gymnodinium que nous rapporterions l'origine de la plupart de nos parasites. C'est d'ailleurs ce qu'avaient fait Pouchet, Dogiel, Lohmann pour ceux qui constituent nos genres Oodinium, Chyfriodinium, Duboscquella. Le genre Gymno- dinium est lui-même, nous l'avons déjà dit, un complexe de formes dis- parates parmi lesquelles se trouvent certainement des stades nus de Péridi- niens cuirassés ou des formes de reproduction de parasites insoupçonnés. Dans mes trois premières notes préliminaires, j'ai cru pouvoir grouper sous le nom de Blastodinidœ, les Blastodiniu7n et les Apodinium, à cause des caractères communs de leur sporogénèse. L'étude que nous avons faite du mécanisme et du déterminisme de la sporogénèse itérative montre que si ce mode de reproduction est. par sa cause, la scission transversale, liée à la nature péridinienne de ces orga- nismes, il a pu s'établir chez n'importe quel Dinoflagellé, sans distinc- tion de pliylum, et en quelque sorte au hasard de la situation du para- site par rapport à l'hôte. Nous dirons la même chose des autres caractères adaptatifs tels que ceux que l'on voudrait tirer, par exemple, des organes de fîaxtion. Ces réserves étant faites, nous proposerons par simple mesure d'ordi'e l'essai taxonomique suivant : Nous commencerons par séparer les Péridiniens stricts des Flagellés que nous avons étudiés avec eux dans ce mémoire. Distinction entre les Péridiniens stricts et les Flagellés présentant avec eux des affinités probables ou possibles. A. Noyaux du type dinokaryon, sinon aux stades végétatifs, tout au moins dans les éléments sporogénétiques et les spores. Celles-ci ont les deux sillons en croix et les deux flagelles, dont l'un ondulant, caracté- ristique des dinoflagellés : DinoflagelUs stricts. B. Noyaux du type protokaryon ou mesoJcaryon, même dans les spores. Celles-ci sont du type Bodo, mais avec indication très nette chez certaines formes (Atelodinium) d'une structure péridinienne (flagelle récurrent ondulant contenu dans un sillon hélicoïdal) : Flagellés présentant avec les Dinoffagellés des affinités probables ou possibles. Je résume dans le tableau ci-après l'essai de classification des Dinoflagellés stricts. 442 EDOUARD CHATTON TABLEAU SYSTÉMATIQUE PROVISOIEE DES PÉRIDINIENS PAEASITE3 'Dinospores du type nymnodinbim, à sillon transverse contenu dans un plan, ou fi ptu près. * ' .1 hémisphère antérieur et hémisphère postérieur subégaux. dépourvues de lipochrome. ••♦Pas de formes végétativ3s morphologiquement différenciées des formes mobiles ( = dinospores) f». Gymnodinlum Stein 1878. Uuo espèce ; dans la cavité gastro-vascu- lalre des siphoncphores. *** Formes végétatives immobiles, fixées ou non, mais tou- jours différenciées des formes mobiles (= dinospores). •••* Formes végétatives non fixées, plus ou moins chargées de chloro-xanthophylle à parasitisme chylotroplio encore mitigé de phototiophisme, ayant conservé la multiplication binaire des formes libres. Sporo- géri^se intervenant aux stades parasites. — Pas de polarité trophique et génétique. Produits des scissions homodynames, donc pas de palis- porogénèse G. Schizodinium Chatt. 1912. Une espèce ; dans l'estomac des Copé- podes pélagiques (Corv- cœus). — Polarité trophique et génétique. Produits des scissions tantôt homodynames (scissiparité binaire), tantôt hétérodynames (palisporogénèse). Chez les espèces les plus adaptées au parasitisme, dis- parition du pigment et suppression de la scis- siparité C(. Blâsiodlnlum Chatt. 1906. Huit espèces, trois variétés et quatre for- mes d'identité douteuse dans l'estomac des Co- pépodes pélagiques. ••♦•Formes végétatives fixées, jamais pigmentées, à parasi- tisme exclusivement blastotrophe, ou chylotrophc. Scissiparité simple disparue. Sporogénèse simple ou itérative (palisporogénèse) intervenant chez les formes fixées. — Siège externe, tégumentaire ou épicellulairc ; para- sitisme exclusivement blastotrophe. Membrane bien individualisée constituant chez les formes palisporogénétiques des coques emboîtées. + Tronc fixateur et absorbant. e- Tronc fixateur souple prolongé pn rhljioldes. Palisporogénèse manifeste g. Apodinlum CHATT. 1907. Deux espèces ; sur les appendiciilaires. = Tronc fixateur rigide, non prolongé en rhizoïdes. Sporogénèse inconnue G- Pirapodinlum, n. gen. Une espèce ; sur les appendiculaires. PÉBIDINIENS PARASITES 443 TABLEAU SYSTÉMATIQUE PROVISOIRE DES PÉRIDINIENS PARASITES (sutc) + Formes sessiles, parasites sur les œufs et les diato- mies. Dinospores présontant rtei traces de pigment xantho-chlorophyllien. = à pali-,porogén^se ébauch(''o G. Chytriodinium Chatt. 1912. Trois espèces sur les œufs des Copépodes pélagiques. = Sans palisporoeénèsp. G. Paulsenella n. gen. Une espèce, sur les diatomées pélagiques. — Siège intestinal. Parasjt'sme à la fois blastotrophe et chylotrophe. Pas de membrane individualisée re formant pas de coques entre les poussées sporogénétique? G. Haplozoon V. BooiEL 1906. Sis espèces; dans l'intestin des Annélides lienthiques. ** Dinospores à hémisphère antérieur beaucoup plus développé que le postérieur. Pas de pigment xantho-chlorophyllien, mais un lipochrome. Formes végétatives fixées par un tronc absorbant fibrillaire. Parasitisme blastotrophe. Pas de scissiparité simple. Sporogénèse intervenant après libé- ration du parasite h produits, homodynames épars G. Oodinlum Ch4TT. 1912. Trois espèces et trois formes d' a u t o n o m i e douteuse ; sur les ani- maux pélagiques : Tuni- ciers, Pteroxjodes, Sipho- nophores, Annélides. Dinospores du type Spirodinium, h sillon transverse nettement hélicoïdal, dépourvues de pigment assimilateiir et de lipo- chrome. Formes végétatives plasmodialcs (multiplication des noyaux parallèle à la croissance) à parasitisme lympho- trophe ou endoblastotrophe. Sporogénèse mult synchronique. ** Dinospores à sillon transverse peu profond et bit n délimité. * * Dinospores à sillon transverse profond, très large, mal délimité. G. Syndlnlum Chatt.1910: Une espèce et deux formes d'autonomie douteu e ; dans la ca- vité générale de- Copé- podes pélagiques. For- mes appartenant pro- bablement à ce genre, certainement à la fa- mille, parasites dans le noyau et le cytoplasme des Radiolaires. G. Trypanodinium Chatt. 1912. Une espèce ; dans les œufs des copépodes pélagiques. ^> »K 2 tu I -. S ^ p" *> •" i H 0 d J'ai dit, page 324, qu'après l'examen des documents inédits de Duboscq et COLLIN, je serais tenté de classer Duboscquella en dehors des Péridiniens stricts, dans les Paradinidae à côté des Atelodinium, et que j'y adjoindrais le parasite du Phœocvstis Poveheti : Oxyrrhis -phœeocysticola SCHERFTEii, 444 EDOUARD CHAT TON Flagellés présentant avec les Dinoflagellés des affinités probables ou possibles. Position systématique des flagellés affins. — La classification des Flagellés présentant avec les Péridiniens des affinités probables ou possibles n'est pas encore réalisable. Les Paradinidœ nov. fam. constituent un groupement homogène et dont les affinités avec les Péridiniens sont bien exprimées dans la forme des spores, particulièrement chez les Atelodinium. Pour un traité de Protistologie, nous classerions dans un tableau systématique linéaire les Paradinidœ, tout à côté des Cryptomona- didœ, mais en faisant remarquer leurs affinités avec les Dinofla- gellés. Dans un tableau phylogénique nous mettrions les deux groupes en relation par le genre Atelodinium. Ce n'est pas que nous considérions celui-ci comme un jalon de l'évolution qui a effectivement conduit des Cryptomonadidœ aux Dinoflagellés. Les Atelodinium sont des parasites qui ne peuvent être qu'en cul-de-sac latéral par rapport à une telle filiation. Mais nous voyons dans leurs spores, qui ont échappé à l'action morpho- gène du parasitisme, la forme représentative d'un flagellé libre, peut- être disparu, qui a été ce jalon. Le passage des Cryptomonadidœ aux Dinoflagellés a pu s'effec- tuer, comme celui des Prowazekia aux Trypano plasma, comme celui des Trichomastix aux Trichomonas, par la différenciation du flagelle récurrent en membrane ondulante qui a tendance à s'enfoncer dans le corps creusé en sillon à son niveau. Dans ces formes le pôle morphologique, défini par le point d'insertion des flagelles, qui n'est d'ailleurs déjà plus rigoureusement terminal, coïncide encore avec le pôle physiologique défini par le sens de la locomotion. (Voir p. 433.) La migration de l'insertion flagellaire, et par conséquent du pôle mor- phologique, d'avant en arrière jusqu'à l'équateur du corps, réalise le type Dinoflagellé proprement dit. L'idée de l'origine euflagellée des Dinoflagellés n'est pas nouvelle. Ehrenberg (1873) comprenait Exuviella dans le genre Cryptomonas et classait Prorocentrum dans les Cryptomonadines. Klebs (1884), reconnais- sait les affinités des Prorocentracées et des Cryptomonadines et Bûtschli PÉRIDINIENS PARASITES 445 (1885) considérait VOxyrrhis marina qu'il classait dansles Cryptomo- nadines comme la souche des Péridiniens, dont les Hemidinium seraient la forme la plus primitive. Mais l'opinion de Senn (1911), qui est aussi celle d'OLTMANS (1904), est que cette souche doit être recherchée non dans des formes aussi diffé- renciées qu' Hemidinium et Oxyrrhis, mais dans les Prorocentracées qui, malgré de notables différences, confinent aux Cryptomonadines. ri-:^. OLXI. Figures deiui-scliéniatique.i des différentes spores montrant le passage du type cryptomonadine au type dinoflagellé. A. Cryptnmonas Schaudinni ; B. Paradinium ; C. Duboscquella vue de profil et vue do face (d'après Duboscq et Collin). C'est aussi le type OxyrrMs pMeociitticoln ; D. Atelodi- nium microsporum ; E. spores à rostre {Si/miinium ou Atelodinium), vue de profil, de face et de bout ; F. Syndinium h, différents degrés de torsion. Le genre Oxyrrhis, avant que Senn (1911) lui eût assuré une place qui paraît définitive dans les Péridiniens avait été classé par Bïjtschli (1885) dans les Cryptomonadines, par Delage et Hérouard (1895) dans les Héteromastigines, à côté des Bodo, et par Senn lui-même {Flagellata des natûrlichen Pflanzenfamilien 1900) dans les Bodo- nacées. L'intéressante série de formes sporales que nous ont offert les Para- dinium, les Atelodinium (y compris nos « spores à rostre »), les Duboscquella et les Syndinium (fig. clxi) évoque l'idée d'une filiation conduisant des Cryptomonadines aux Péridiniens. Les a spores à rostre » et les spores 446 EDOUARD Cil ATT ON de Duhoscqueïla marquent dans cette série le point où il devient difficile de dire si Ton a affaire à l'un ou l'autre groupe, du moins au point de vue des caractères morphologiques. Nous reconnais- sons que les caractères cytologiques, spécialement les caractères nucléaires, si importants, sont «encore insuffisamment connus chez ces deux formes, de même d'ailleurs que dans les spores des Paradinium, où ils peuvent être différents de ceux du plasmode. Ils permettront cer- tainement de préciser la nature et la position systématique de ces organismes. Blastuloïdœ. — S'il ne nous paraît nullement douteux que les gonos- phères de Neresheimeria sont des sporanges et non pas des larves, nous ne savons pas quelle est la morphologie des spores. C'est à cause des caractères du plasmode et de sa sporogénèse qui peuvent, nous le reconnaissons, n'être que le fait de convergences, que nous avons étudié Neresheimeria auprès des Paradinides. Nous sommes convaincus qu'en ce faisant nous sommes en progrès sur ceux qui classent Neresheimeria dans les Mésozoaires. Dans notre classification elle prendrait place provisoirement, comme type d'une famille, en incertae sedis à la suite des Cryptomona- dines. Ellobiopsidœ. — La question de leurs affinités est aussi obscure que celle de Neresheimeria. Nous nous trouvons chez ces organismes en présence de structures qui sont tellement aberrantes qu'elles paraissent mettre en défaut le dogme cellulaire lui-même. Nous avons tenté d'interpréter ces structures et acquis pour le moins cette notion qu'elles sont propres aux formes végétatives, aux stades trophiques et qu'elles sont vraisem- blablement en rapport avec l'éthologie parasitaire de ces stades. Nous les avons vues, en effet, à l'exemple de ce que nous connaissons chez les Oodinium et les Blastodinium,, récupérer dans les éléments qui se prépa- rent à la sporogénèse, une structure plus normale. Et dans certains de ces éléments (Parallobiopsis) la nature flagellée des spores, peut se déduire de l'existence d'un appareil kinétique comme seuls les mastigophores en possèdent. Nous ne pouvons naturellement pas présumer la structure de ces flagellispores qui nous fixera sur les affinités précises des Ellohiopsidce. C'est parce que nous étions bien convaincus avoir affaire à des Flagellés, et que ceux-ci présentaient avec certains de nos Péridiniens stricts {Oodi- nium, Apodinium) des caractères frappants de convergence, dans leur éthologie et leur reproduction, que nous avons cru pouvoir les passer en PÉRWINIENS PARASITES 447 revue dans ce mémoire, à la lumière des notions que nous fournissait l'étude de ces Péridiniens. La place provi; oire des Ellohiopsidœ nous paraît être aussi en incertae sf.dis à la suite des Cryptomonadines. Documents Annexes Faits originaux essentiels et principales notions nouvelles contenus dans ce mémoire Ce mémoire est non seulement l'exposé de faits originaux, dont une partie, sous une forme très condensée et souvent très incomplète, se trouve déjà publiée dans mes notes préliminaires, mais encore une mise au point d'ensemble, la première qui pouvait être tentée, de la question toute neuve du parasitisme des Péridiniens et de quelques Flagellés plus ou moins afïins. Dans cette mise au point, j'ai rappelé et critiqué, souvent complété par les miennes, des observations, des études faites par un certain nombre d'auteurs : G. Pouchet qui fut notre prédécesseur, V. Dogiel, Caullery, Coutièee, Duboscq et Collust, Collin, Paulsen, Nereshei- MER, etc., dont les travaux sont contemporains des miens, ou postérieurs à mes premières notes préliminaires. J'ai eu le souci constant, dans le cours de ce mémoire, de bien faire le départ de ce qui m'appartient et de ce que j'emprunte aux auteurs. Mais je crois utile de refaire ici en un tableau très condensé le bilan de ce partage. Ceci d'autant plus que j'ai dû créer pour un certain nombre de formes bien étudiées par d'autres (G. Pouchet, V. Dogiel, Duboscq et CoLLiN, Paulsen) des genres nouveaux auxquels, de par nos règles de nomenclature, mon nom se trouve accolé ^. Cette disposition a permis trop souvent aux naturalistes de certain acabit de tirer un bénéfice immérité, et d'ailleurs illusoire des travaux d'autrui, pour que je ne cherche point ici à en atténuer l'effet. Il ne s'agit point de faire un résumé méthodique de ce travail. Sa structure, ses nombreux sommaires hiérarchisés, ses documents annexes m'en dispensent. 1; Les raisons qui justifient la création de ces genres sont déveloiipées p. 23. 448 EDOUARD CHAT TON I. Monographies des genres et des espèces. Sont entièrement originales les monographies des genres : Apodinium, Parapodiniwn, parasites externes ; Blastodinium, Schizodinium, parasites intestinaux ; Syndinium, Atelodinium, parasites cœlomiques ; Trypanodinium, parasite intracellulaire, qui constituent, comme Ton voit, une série complète des différentes caté- gories parasitaires topographiques, et aussi des différents modes étho- logiques, série dont les premiers termes furent mis au jour à une époque oii un seul cas certain de parasitisme, encore que contesté et non admis par les classiques, était connu chez les Péridiniens. (V. page 4.) Ces monographies comprennent non seulement la description mor- phologique et cytologique des organismes, celle de leur cycle évolutif, mais leur étude éthologique. De l'étude des Genres Apodinium et Blasto- dinium est dégagée la connaissance d'un mode nouveau de sporulation : la sporogénèse itérative ou palisporogénèse, dont le déterminisme et la signification sont analysés dans la partie générale. Le genre Blastodinium, nombreux en espèces, a fourni une série de formes dont la comparaison fait saisir sur le vif une adaptation proges- sive au parasitisme strict à partir d'organismes à nutrition primitivement holophytique avec retentissements sur les caractères morphologiques, cytologique'^ et génétique : dépigmentation, passage de la scissiparité à la palisporogénèse, etc. Une étude des relations des espèces entre elles met en lumière la continuité de cette série adaptative. Passage du parasitisme externe au parasitisme intes inal chez les Apodinium. Analyse expérimentale de ce phénomène. Avec les Syndinium j 'ai fait connaître pour la première fois chez les Péridiniens l'existence de formes végétatives plasmodiales. Le déter- minisme du passage de la condition monoénergide à la condition polyéner- gide (ou plasmodiale) est analysé aussi dans la partie générale. Dans les chapitres consacrés aux genres suivants, la part des mes prédécesseurs ou contemporains est à distinguer de la mienne : Genre Oodinium. — Les résultats de l'étude de l'espèce type par PoucHET sont confirmés avec détails originaux complémentaires, notam- ment cytologiques. Confirmation nécessaire puisque ce cas de parasi- tisme, le seul anciennement connu chez les Péridiniens, avait été contesté par BÛTSCHLi et depuis complètement méconnu. PÉRIDINIENS PARASITES 449 Rappel et critique des observations de Bargoni et de Brooks et Kellner qui avaient étudié des Oodinmm, mais les avaient rapportés aux Foraminifères ou en avaient fait des larves d'Appendiculaires. Rappel d'observation de Dogiel, relation d'obervations inédites de Caullery, Description d'une forme nouvelle, O. Fritillariae, et étude des varia- tions de structure de son a23pareil fixateur. Considérations sur le parasitisme des Oodinmm. Relation des espèces entre elles. Genre Gymnodiniuîn. — Rappel des observations de Poche sur G. parasiticum. Genre Haplozoon. — La découverte de ces parasites, les faits très intéressants et fort bien observés qui concernent leur morphologie, leur reproduction, sont dus entièrement à V. Dogiel. Mais je puis m'attri- buer sans réserve l'origine de la notion que les Haplozoon ne sont point des Mésozoaires {Catenata de V. Dogiel), mais des Péridiniens stricts. Quoique Neresheimer eiït défendu mes vues à ce sujet et que Dogiel s'y soit en partie rallié, les Catenata continuaient à être incor- porés aux Mésozoaires. Poche cependant en a fait un ordre spécial de Plasmodromes équivalent aux Flagellés et aux Sporozoaires. Les Haplo- zoon prennent ici la place qui leur revient : celle d'une famille dans le Bous-ordre des Gymnodinidés. Leur reproduction est une palisporogénèse tout à fait comparable à celle des Apodinium et des Blastodinium. Leur connaissance reste cependant encore incomplète, parce qu'on ignore la forme de leurs spores. Genre Chytriodinium. C'est également à V. Dogiel que l'on doit la découverte de ces parasites. Il a reconnu d'emblée leur nature péri- dinienne. Son travail est contemporain et indépendant de mes premières notes préliminaires sur les Blastodinnim et les Apodinium. La connais- sance de ces derniers me suggère de certains faits de la morphologie et de l'évolution de" Chytriodinium (stades initiaux, appareil absorbant) des interprétations différentes de celles de Dogiel. Je montre, en outre, que ces parasites offrent une palisporogénèse rudimentaire. Genre Paulsenella. — Découverte et description dues à Paulsen. Ce parasite ne peut être maintenu dans le genre Apodinium, où l'avait placé cet auteur. Spores inconnues. Genre Duboscquella. — Rappel des observations de Laackmann, Arch. de Zool. Exp. et Gén. — T. 59. — F. 1. '.9 450 EDOUARD CHATTON GEZAENTzy'îtw.jLoHMANN, et surtout celles de très précises de Duboscq et CoLLiN qui font connaître la reproduction sexuée. Connaissance prise des documents inédits de Duboscq et Collin, je fais des réserves sur l'attribution de ce genre aux Dino flagellés stricts. PÉRIDINIENS PARASITES DES RADIOLAIRES. — La connaissanco des Syndinium me permet d'affirmer d'après les travaux de Brandt,BoRGERt, W. HuTH, sur la reproduction des Thalassicolles, que les phénomènes décrits par ces auteurs sous le nom d'anisosporogénèse « Schlauchkern- genese » ou gametogenèse, sont le fait de la présence dans le noyau et dans le cytoplasme de ces Radiolaires, de Péridiniens parasites qui ont les caractères végétatifs, cytologiques, et les spores gymnodiniformes des Syndinium. * * * Les genres suivants qui ne sont pas des Péridiniens stricts sont passés en revue dans une section spéciale du mémoire. Genre Paradinium. — Rappel d'une étude sommaire de Pouchet sans figures, confirmée, et en plus largement complétée ici ; mise en évidence des stades du début de l'évolution, croissance hétérogène du plasmode par foyers de prolifération ou blastodes, plasmode en attente de sporulation (plasmode quiescent). Caractères cytologiques qui dis- tinguent ce plasmode du plasmode homogène des Syndinium. Existence d'un filoplasmode et de stades amiboïdes avant la sporulation. Morpho- logie des spores (type Cryptomonas) . Cette étude complétée par celle du genre voisin Atelodinium, qui constitue avec Paradinium la famille des Paradinides, montre le passage très ménagé par la morphologie des spores, du type Cryptomonadine (Chrysomonas) au tj^e Dinoflagellé. Genre Neresheimeria, découvert par Lohmann, bien étudié par Neresheimer, et considéré par lui comme le type de l'ordre des Blas- tuloidea dans les Mésozoaires. M'appuyanfc tant sur la description de l'au- teur, que sur mes propres observations, j'aboutis à cette hypothèse que Nersheimeria tel qu'il est compris par Neresheimer serait un complexe formé par un organe de l'hôte (la plaque syncytiale de Fritillaria 'pellucida, signalé ici pour la première fois) et le parasite lui-même. Celui-ci n'est point constitué par un feuillet cellulaire, mais par un plasmode et ses articles creux ne sont pas des larves, mais des éléments présporaux PÉRIDINIENS PARASITES 451 qui doivent se résoudre en flagellispores. Tous ces caractères rapprochent Neresheimeria des Paradinides. Amœbophrya sticholonche dont Neresheimer fait aussi un Méso- zoaire Blastuloïde est d'un t3;^e structural très différent. Les Ellobiopsidés : Genres EHobiopsis Caullery, Staphylocystis CouTiÈRE, Ellohiocystis Coutière, Parallohiopsis B. Collin, sont passés en revue dans ce mémoire à cause de ceux de leurs caractères (appareil de fixation, palisporogénèse) qui rappellent certains Péridiniens para- sites, mais qui ne sont en réalité, ces auteurs l'ont reconnu eux-mêmes, que de convergence. Résumé des observations des auteurs nommés ci-dessus et discussions relatives à certaines interprétations cytologiques. IL Partie générale. Un essai de synthèse où entrent en jeu les faits originaux ou d'em- prunt qui constituent la substance des monographies, et nombre d'autres tirés de nos connaissances sur les protistes, de la cytologie générale, de l'éthologie, et où sont mises en cause des théories, des hypothèses et des spéculations, ne peut être résumé ici, car cet essai est proprement le développement des conclusions de ce mémoire. Le plan du début et les sommaires des chapitre» indiquent au lecteur la nature des questions traitées et le sens des conclusions. J'attirerai cependant l'attention sur les paragraphes relatifs aux modes du parasitisme, aux adaptations, à la palisporogénèse et à la dystomie hypertrophique. 452 EDOUARD CHAT TON Liste des hôtes des Péridiniens parasites et organismes affins Les parasites 3igail63 par une astérisque sont Ica Péridiniens stricts. Les autres paras't s appartie luciit à la catégorie des flagellés présentant avec les Péridiniens des affinités probables ou possibles. PROTISTES riatoméss I Chaetoceras sp ExtcTiciir * Paulseiidla (nov. gen.) chaelocet aiis (^PAU^SEN) (p. 320). Radiolaires Thalassipolliiise TAo^assicoKa >iucZe«<(i JoH MtîLLER Noyau rt cytoplasme iiitracapbulairc *.Sy>!rfi«ii/m (?) Chatton (p. 327 et siiiv.). — spiimida — ■ . . . . — — ■ — Sphairoïolda. . . Sphœrozoum sp Cytoplasmi' extracapsul . * Gen? sp ? (p. 327 et suiv.). Flagellés Chrysomonadiacs. Phœocystis Poucheli (Hariot) Cavité de la colonie Genf {non OxyrrhU) phœocysticola scherffel (p. 0). Ciliés Hn^'iinides . .. Cyttaroeylis Ehrenbergi Cl. ci 1, Cytoplasme Dubosc'iiiella{iO\'.gv-)fitUinnicola(LoHyixT. — Biologische Studie liber Ceratium tripos var. subsalsa Ostf. (M'/sif. Meeresunters. Kiel Abt, Kiel, N. F. XII, p. 135-162.) *1894. Bargoni (E.). Di un Foraminifero parassita nelle salpe (Salpicola amylacea n. g., n. sp.)e considerazioni sui corpusculi amilacei dei Protozoi superiori. {Ricerche faite nel laboratorio di anatomia normala délia R. 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Divisions des sporocytes au cours de la sporogénèse. pl.éq., plaquo équatorialo; fus, fuseau o'uo n chromosomes ; cenlr, centrosomcs. FiG. 7. Dinospore parfaite, fl. 7i^.> flagelle hélicoïdal ; fl. ax.\ flagelle axial ; n., noyau. FlG. 8. Oodinium sp. Sporocyte en division, n, noyau. FiQ" 9-16. Oodinium fritUlariae. x 380, sauf 9 x 42. FiG. 9. Fritillaria pellucida portant sur le côté droit im Oodinium fritUlariae (Ood.) et sur sou champ interbran- chial sept Apodinium mycetoides {Apod.) ; lev. dors, lev. venir., lèvres dorsale et ventrale du la bouche ; par. phar., paroi pharyngienne ; c. s. phar., cul-de-sac pharyngien ; gl. phar., glande pharyngienne end., endostyle ; spir. d., spiraculum droit ; z. oik., zone des oikoplastes (dorsale) ; œs., œsophage ; cœur ; p. st., poclie stomacale ; p. int., poche intestinale ; a, anus ; test., testicule ; ov., ovaire ; yl. glande ; queue. FiG. 10. Jeune individu à rhizoïdes, fixé dans la région intestinale, tég., tégument de la Fritillairc ; par. in paroi intestinale de l'hôte ; rh., rliizoïdes du parasite ; n, noyau du parasite. FiG. 11. Parasite plus développé (lett. du 10 et dis., disque). FiG. 12. Parasite subadulte, mais vacuolisé, fixé sur la queue (lett. ci-dessus). FiG. 13, Parasite adulte, en place dans la région intestinale (lett. ci-dessus) et fib. péd. .silliouettc du faisceau de fibrilles pédieux. FiG. 14. Articulation du corps sur le coudyle (cond.) du disque chez un Oodinium près de se libérer (lett. ci-dessus) Fio. 15. Coupe sagittale d'un Oodinium en place dans la région intestinale de l'hôte (lett. ci-dessus et cell. int . cellules intestinales de l'hôte ; plat, sir., plateau strié du disque ; zon. mue., zone de décollement de la cuticule se préparant à la mue qui suivra la libération du parasite). FiG. 16. Coupe obUque-transversale d'im Oodinium en place (lett. ci-dessus). Le faisceau des flbriUi-s est coupé presque transversalement. Il n'y a du disque qu'un segment marginal. PLANCHE II , Genre Apodinium, A. mycetoides x 670, sauf 27.x 1300, 2U x 500, tt 30 x 950. Fio. 17. Jeune individu sphérique encore enveloppé de son kyste, k, et porté sur son pédoncule dont on voit la gaine, g, et l'axe cytoplasmique, a. c, prolongé par les rhizoïdes, r., au delà du ijoiut de pénétration, p. p., dans l'hôte, x 950. FiG. 18. Quatre individus à différents degrés de la croissance : lac, lacune aqueuse ; n., masse nucléaire scindée en deux ou quatre lobes. On voit l'amincissement progressif de la membrane kysticiue. FiG. 19. Individu prêt à subir la première scission montrant la position des noyaux. La cuticule, c, commence à se décoller du corps pour former la première coque. ]'"IG. 20. Individu après la première scission : Ir., trophocyte ; gn., gonocyte ; c, coque (prématurément déhiscente). l'iG. 21. Deux individus en sporogénèse, le gauche au stade 1-2. le droit au stade 1-2-2. (trophocyte, 0. Fki. 56. Individu grCle, grégaire d'Oif/ioiin simiiiti, .an stade 1-2, faisant partie du même groupement que l'individu représenté par la figure 5. Fio. 57. Individu grêle Rrégaire, du mCme groupement que le précédent, au stade 1-4. Bans les deux individus la frange des spinules (/.) est réduite ù. l'hélice antérieure. Fir.. 53. Indiviihi grPIe solitaire iX'Oithona nana au stade 1-32, sans trace de spinules. l'in. 59. Individu moyen grégaire iVUithona nana au stade I-IO, à frange (/.) à peu près complète. Fki. 00. Individu moyen solitaire, trapu, scissipare, iX'Oithona ximilin, au stade I-I-64. 1. 1., trophocj'tes. Flo. 01. Indix idu trajiu, solitaire, d'OUIiona ximiiis, au stade I-lO, à frange à peu près complète. FiG. 6'2. Individu ovoïde, solitaire A'OUhona natia au stade 1-32, présentant des vestiges de frange Fio. 63. Individu ovoïde solitaire, d'Oithonu similis, nionobl astique, au stade 1-128, sans frange. Fia. 64. Individu ovoïde solitaire û'Oithona similis diblastique, au stade 1-16-256. t. trophocyte ; sp'., sporocytes de première poussée ; sp'-., sporocytes de seconde poussée. Pas de frange. FiG. 65. Individu ovoïde solitaire A'Oithona similis triblastique, au stade 1-1-16-512. Pas de frange, g., gono- cjie. PLANCHE VIT Blastodinium Pruvoti FiG. 66. Individu diblastique au stade 1-2-512. Remarquer, comme dans l'individu suivant, la faible pigmentation du trophocyte, t., et des deux sporocytes de deuxième poussée (sp-.). Sporocytes de première poussée sp\, (grégaire), x 290. Fio. 67. Sporocytes de l'individu précédent montrant ce qui est apparent de la structure nucléaire (w.), et les plastes équatoriaux (pi.), x 1300. Fia. 68. Individu triblastique, au stade 1-4-32-512. (., trophocyte ; sp\, sp-., sp'., sporocytes de première deuxième et troisième poussées (grégaire), x 290. Fia. 69. Individu diblastique au stade 1-32-512 (grégaire), x 450. FlO. 70. Individu monoblastique au stade 1-16 d'un Clansoralnnus (grégaire). Remarquer le bec antérieur et l'absence de spinules. x 280. Fia. 71. Individu monoblastique scissipare, au stade I-I-C4, d'un Olausomlanus k trois pléonites (grégaire), x 280. Fl(t. 72. Individu monoblastique scissipare, au stade I-I-I-n, d'un Claasocalauus à trois pléonites. La coque est déchirée, les sporocytes sont en voie d'élimination ; il restera trois trophocytes contstituant trois individus nouveaux. Les deux trophocytes antérieurs résultent d'une division consécutive à celle qui a séparé leur trophocyte mère du trophocyte postérieur, x 280. Fin. 73. Individu très jeune, constitué seulement par un trophocyte solitaire dans un C7a((soc«/rt««.', sporocytes de première poussée ; s-p- sporo- cytes de deuxième poussée. I PÊnWJNTENS PARASITES 471 FiQ. 80. Individu réduit au trophocytc. n., uoyau ; l., lacune aqueuse ; sph., controsphèrc. Fia. 80 bis. Sporocytcs évacués poussant leurs flagelles, x 1300. Fin. 81-82. Blastodiniuw^ Mangini, var. oncnae. x 450. FlG. 81. Individu au stade I-l. Remarquer la petite taille du trophocyte (t.) par rapport à celle du gono- cyte (g.). Fia. 82. Individu au stade 1-128. Fia. 83-87. Blastodinium navicula. x 450. Fia. 83. Individu au stade 1-8. Fio. 84. Individu au stade 1-32. Fia. 85. Individu au stade 1-64. FIG. 86. Individu au stade 1-128. Fia. 87. Individu réduit au trophocyte en division longitudinale, pyr., pyrénoïdes. FiG. 88-90. Blastodinium elon/jalum. x 4.')(). FiG. 88. Individu réduit au trophocyte. n., noyau ; L, lacune aqueuse ; pyr., pyrénoïdes sil., sillon héli- coïdal. Fio. 89. Individu au stade 1-128. FiG. 90. Individu scissipare au stade I-I-128. Fia. 91. Schizodiniumsparsum. x 4â0. Eléments isolés biénergides tels qu'on les trouve dans le tube digestif de Corycœus rostnittis, PLANCHE IX Genre Blastodinium (suite). FlG. 92-99. Blastodinium contortum. x 280 sauf 99 et Q9bis x 950. FiQ. 92. Jeune individu monoblastique d'un Paracalanus à deux plêonitcs, au stade 1-8. T.. trophocyte ; sp. sporocyte. Fio. 93. Jeune individu diblastique d'un Paracalanus à trois pléonites au stade 1-8-64. Fia. 94. Individu diblastique d'un Paracalanus Ç à quatre pléonites, au stade, {Contortum type moyen). Fia. 95. Individu triblastique (type très tordu). FiG. 96. Individu triblastique (type très tordu). Fia. 97. Individu trétrablastique (type détordu). FiG. 98. Individu à huit feuillets de sporocytes, (type détordu). FiG. 99. Sporocyte isolé, n., noyau. Fio. 996m. Dinospore mûre, et deux stades d'altération de celle-ci provoquée par le confinement entre lame et lamelle. FiG. 100-104. Blastodinium contortum, var. hyalinum. x 280. Fia. 100. Individu triblastique au stade à torsion rudimentaire. FiG. 101. Individu triblastique au stade à peu près complètement redressé. FiG. 102. Individu à quatre feuillets de sporocytes incomplètement détordu. FIG. 103. Individu triblastique à très faible torsion. Fia. 104. Jeune individu monoblastique au stade 1-1-8, à très faible torsion. PLANCHE X [Genre Blastodinium. Cytologie (Fixations au liquide de Bouin, sauf l'individu 113 fixé au Flemming). Fio. 105-113. B. spinulosum. Fio. 105. Individu entier coupé sagittalcment (col. hém. ferr.). T., trophocyte avec ses deux noyaux, n. ; leurs nucléoles, nucl., et les centrosphères, sph.; cyt. éq., le cytoplasme équatorial ; S., sporocyte avec ses deux noyaux, a., et le réseau chromoplasMque, ehrjd., très sidérophile. x 500. FiG. 106-107. Coupes tangentielles de trophocytes (col. hém. ferr.) montrant deux aspects du réseau chromo- plastique, chrpl.; sph., centrosphère ; n., noyau, x 500. Fio. 108. Portion antérieure d'ime coupe d'un trophocyte (col. hém. ferr.) montrant la structure nucléaire : chromatine filamenteuse (vhrt.) indice d'une prochaine caryodièrèse, et plasmodendrites intra- nucléaires (pld.) ; nucléoles, nucl. On y voit aussi la centrosphère, sph., son archoplasme, archpl. et des fragments du réseau chromoplastique, chrmpl. x 960. FiG. 109. Portion d'un trophocyte mal fixé (col. hém. ferr.) où par suite de la contraction de la masse chromatique chrt., les plasmodendrites (pld.) et leurs rapports avec le cytoplasme sont bien mis en évidence ; nucl., nucléole, x 960. Fio. 110. Coupe transversale d'un trophocyte (col. hém. ferr.). chrt., chromatine; pld., plasmodendrites; nucl., nucléole ; chrpl., réseau chromoplastique, x 960, 472 EDOUARD CnATTOX Fio. 11 1-112. Dniix sporocj'toR, l'un coupé transvi^lsalpiiiont, rniifrr lonâitinlinaloiYirnt pour montror la ) on voit le fuseau de séparation des centrosphères (/ms). Orientation des chromosomes (chrs). Dans le trophocj'te, T., les fibres du fuseau se sont écartées et constituent les plasmodendrites (pld.) dont quelques-uns sont déjà coupés par la lame cytoplasmique équatorialc {ryl. éq.). Orientation des chromosomes (chrs.). x 2300. Fio. 120. Trophocyte très jeune en mésophase caryodiérétique, montrant la transformation des fibres fusoriale résiduelles en plasmodendrites (pW.) et la migration des grains nucléolaires (r» Fia. 134. Copf'podft dont. In ravitô géilôralp est complôtcmcnt onvahio par le plasmode, dont un lobe pénètre dans l'antenne. Le tube digestif (t. d.) est comprimé, mais l'aorte (ao.) et le cœur (cœ.) sont respectés. Le plasmode est chargé de grosses concrétions (concr.). Il ne présente encore aucun indice de la résolution en spores. Ce dernier stade est représenté par la flg. 41, pi. LIV. Fio. 135. C'iausocalaniis arcuicomis dont la cavité générale est à moitié envahie par un plasmode massif crcusJ d'une grande lacune, et chargé de fines concrétions (Syndinium canim, n. sp:). PL.\NCHE XIII Genre Sijndinmm. Plasmode et dinospores (in vivo), x 1300, sauf 136, 137 et 144 x 9.^0. Fia. 136. Très jeune plasmode (Synd.) encapsulé (raps.), situé dans la paroi intestinale, dont il distend la basale, bas. Sur celle-ci se fixent des cellules migratrices (leuc.) ; le plasmode renferme des concrétions {coticr.) , ép. int., épithélium intestinal ; br., sa brosse ; gland., cellules zymogènes. Fi«. 137. Portion périphérique d'un plasmode (Synd.) en voie d'extension dans les faisceaux musculaires, m., du thorax ; concr., concrétions ; lob., lobe d'infiltration. Fin. 138. Aspect d'un plasmode sans concrétions, à un fort grossissement. On distinguo à peine les noyaux et leur structure. Le cytoplasme est absolument homogène. Fin. 139. Aspect d'un plasmode altéré par compression à l'intérieur du Copépode. Les noyaux sont devenus réfrin- gents et le cytoplasme granuleux. FiG. 140. Aspect d'un plasmode altéré et diffluent au contact de l'eau de mer. FiG. 141. Aspect d'un plasmode à concrétions. FiG. 142. Aspect d'un plasmode à concrétions, au moment du clivage. Au-dessous, clivage d'une concrétion. FiG. 143. Masse résiUtant d'une première fragmentation du plasmode, montrant les noyaux et dans le cytoplasme les trichites résultant du clivage des concrétions. FiG. 144. Futures dinospores dans l'antermule. FiG. 145. Masse polyénergide (les noyaux ne sont pas visibles) à la surface de laquelle se dessinent les sillons (siZ.) des futures dinospores. Les flagelles (/?.) ont déjà poussé et les trichites (trich.) ont pris la disposition régulière qii'ils montrent dans la dinospore mfiro (flg. 146) le long du sillon longitudinal. (Corycœus renvutus). Fio. 146. Dinospores mûres (macrospores) ;\ im seul tour de spire, h trichites locaUsés le long du sillon longitudinal qui est rcctiligne. sil. long., sillon longitudinal ; sil. h., sillon hélicoïdal ; 11. a., flagelle axial ; f,. h., flagelle hélicoïdal ; trich., trichites. {Corycœus venustus). Fia. 147. Dinospore fixée par un pédicule mucilagineux sur la cuticule d'un Corycœus venuatus. trich., tnchito'i FlQ. 148. Dinospores mûres (macrospores) à un tour et demi de spire, à sillon longitudinal légèrement spi- ral, et à trichites uniformément répartis. {Paraeidanus parvus). FiG. 149. Dinospores mûres (macrospores) à deux tours de spire, siUon longitudinal très spiral, trichites >miforraément répartis. Inversion des pôles. (Corycœus venustus). FiG. 150. Dinospores mûres (microspores «) trapues sans pyrénoïde (Paracalanus -parvus) FiG. 151. Dinospores mûres (microspores j?) élancées, à pyrénoïde postérieur, dont deux non encore complète- lent individualisées. (Paracalanus parvus.). Fio. 1516i.ç, Dinospores de Syndinium ? d'ime carapace viAa A'Oïthonn similis, x 130. PLANCHE XIV Sijndinium turbo. Cytologie (Bouin-Duboscq, sauf 155 au Flemming, Hematoxylinc ferrique). x 130 sauf 152 x 180. Fio. 152. Coupe sagittale d'un Paracalanus parvus Ç adulte dont là cavité générale est remplie du plasmode parasite, int., intestin ; œs., œsophage; nerv., système nerveux ; ao., aorte ; n., noyaux du plasmode. FiG. 153. Portion d'une coupe subsagittale d'un Paracalanus parvus à trois pléonites, montrant à côté du rudiment génital (gon.), un jeune plasmode encapsidé accolé à l'épithélium digestif, eut., cuticule du copépode ; hyp., hypodcrme ; gland., cellule glandulaire stomacale ; muscl. cire, muscle circulaire de l'intestin ; membr. membrane d'enveloppe de l'intestin; caps., capsule fibreuse autour du parasite; nud., nucléole ; ehrom., chromosome. On remarquera ici comine dans les autres figures de noyaux en activité la fixité du nombre des chromosomes (10). Fia. 154. Portion d'une coupe de Paracalanus parvus, montrant le plasmode en pleine prolifération. (Mêmes lettres qu'en 153.) Fia. 155. Noyau.x en mitose d'un plasmode comme celui de la figure 154, mais fixé au Flemming fort. FiG. 150. Portion d'mie coupe de plasmode de Syndinium qui coexistait dans l'hôte avec un plasmode A'Aleln- dinium microsporum. Le ralentissement des divisions a permis de saisir la structure du noyau syu- dinien au repos, n. synd., noyau syndinien ; n. at., noyau atelodinien. 474 EDOUARD CHATTON Fin. 157. Coupe d'iino portion do i)la.siiiO(lo avoc noyaux au tlornior stade do la pycnose. l'io. l.'iS. Portion do frottis effectué avec un plasmode en voie de résolution. Ou y voit des masses présporale.s de diverse importance dont les noyaux sont ;\ un stade rappelant les sta' ) 0. 10. 1^. /2. bâtonnet intranncléaire ». On aperçoit bientôt une accumulation de chro- niatine dans la partie postérieure de la vésicule nucléaire ; elle s'étend p3U à peu à sa partie antérieure. Du suc nucléaire il ne reste alors qu'une gouttelette au pôle antérieur qui dispa- raît à son tour aux stades plus avancés (fig. IV, 9 ; II, 2). Ainsi, toute la tête du spermatozoïde, sauf dans son mi- lieu, devient chro- matique ; son évolu- tion ultérieure n'est qu'un accroisse- ment et qu'un éti- rement progressifs. Le bâtonnet intra- nucléaire reste très net pendant tous ces changements (fig. IV, 10-13). Sur des préparations colorées par l'héma- toxyline ferrique il apparaît comme un véritable canal, lemph d'ime subs- tance incolore (fig. IV, 12), et comme une ba- guette sur des pré- parations colorées par Benda (fig. iv, 11, 13). La dernière méthode nous révèle des détails qui échappent si l'on emploie une autre coloration. On- trouve notamment que le bâton- net se compose de deux parties : l'une, inférieure, basale, plus épaisse, toujours très nette ; l'autre, supérieure, très mince, parfois à peine Fifi. IV. Murex irunculus. Spcriuiogénèsc dans la lignée typique ; 1-4 : divi- sion du spermatocyte de II" ordre ; 5, jeune sperniatide ; 6, 7, sper- luatides plus gagées ; 8, couronne de mitochondries, vue du pôle postérieur d\i noyau ; 9-13, stades successifs de la formation du spermatozoïde ; 7-/, spermatocyte di; I*^' ordre en division montrant les mitochondries (fix. Benda). x 2400. 8PERMAT0GÉNÈSE 485 perceptible, qui lie la partie basale avec le sommet de la tête (fig. IV, 11). Cette dernière est surmontée d'un acrosome ayant la forme d'un mince bâtonnet. Son origine est la même que chez d'autres Proso- branches : il naît, avec la participation de l'idiozome, aux dépens! du bâton- net intranucléaire. En effet, en examinant les stades qui précèdent immé- diatement la formation de l'acrosome on se rend compte que le bâton- net intranucléaire perce le sommet de la tête du spermatozoïde et forme ainsi une petite saillie ; l'idiozome s'approche d'elle et s'accolle à cette petite baguette (j&g. iv, 10). Peu après, l'idiozome s'éloigne, et le petit prolongement du bâtonnet intranucléaire dcA/ient, en se développant, l'acrosome définitif. Ainsi, mes observations confirment les données de Stephan (1903, d) qui dit que « chez Murex trunculus le noyau est traversé dans sa hauteur par un véritable canal ; dans les phases du début, le noyau, vu par son pôle postérieur, présente en son miheu une ouverture circulaire, sem- blant faite à l'emporte-pièce. Une baguette centrosomatique passe dans ce canal dans toute sa longueur pendant les premières phases de l'allon- gement de la tête ; je ne puis pas dire si elle persiste longtemps. » De mon côté j'ai réussi à constater la présence du bâtonnet intranucléaire aux stades beaucoup plus avancés que ceux décrits par Stephan, et à le suivre jusque dans le spermatozoïde adulte. Les mitochondries participent à la formation de la pièce moyenne du spermatozoïde en passant par tous les changements caractéristiques constatés par moi chez GolumbeUa (1916), Cerithium, Bittium et Turi- tella (1920). L'évolution du filament axil et le sort des corpuscules centraux ne diffère non plus de ce que nous avons vu chez ces Mollusques. Spermatozoïde. — Le spermatozoïde adulte de Murex trunculus (fig. V, 2, 3) se compose d'une longue tête, coiffée d'un mince acrosome, d'une pièce intermédiaire ou moyenne, d'une longueur à peu près égale à celle de la tête, et d'un mince filament caudal. La tête est attachée à la pièce moyenne par un anneau centrosomique dérivé du corpuscule central proximal ; le corpuscule distal, sous forme d'un grain minuscide, marque l'extrémité postérieure de la pièce moyenne ^. Le spermatozoïde d'Apor- 1. Après la macération on peut se rendre compte, comme l'a déjà signalé Retzius (1906), que la tête du sper- matozoïde contient en son milieu le bâtonnet intranucléaire. Sous l'action des agents de macération ce dernier prend une forme spiralée et se détache très bien, coloré en rose par Biondi, du vert de la substance de la tête légè- rement contractée. 486 VICTOR SGHITZ rhais pes pelicani possède une structure identique, mais sa tête est plus courte et les dimensions générales sont moindi'es que chez Murex (fig. v, 7). Fia. V. Spermatozoïdes typiqncs mûrs ; 1, Aporrhais pes peli- cani ; 2, 3, Murex truncidus ; 4, Fusus sp. ; 5, Nassa reticv- lata ; 3, la tête du spermato- zoïde légèrement macérée ; nu aperçoit le bâtonnet intranu- cléaire sous forme d'une spi- rale. X 2400. Retzius (1906, 1912) donne mie description pareille des spermies adultes chez Murex et Aporrhais, 8PERMAT0GÊNÈSE 487 b. — Lignée atypique L'étude de l'évolution des éléments de la lignée atypique de Murex démontre, peut-être mieux que chez les autres Prosobranches, que la dénomination des stades jeunes du développement de l'élément séminal comme « spermatogonies atypiques » n'est pas tout-à-fait appropriée. En effet, les divisions spermatogoniales, intercalées ordinairement entre les deux générations des cellules séminales, spermatogonies et spermato- cytes, font complètement défaut. Ainsi manque le seul critérium indis- cutable de leur distinction, et il serait peut-être préférable de nommer les cellules-souches des spermatozoïdes atypiques « spermatoblastes », comme le fait Reinkb (1914), ou choisir un autre terme quelconque. Néanmoins, pour cette note, je maintiens l'ancien terme « spermatogonies atypiques » que j'avais déjà employé dans mes travaux précédents. Je désignerai sous ce nom les plus jeunes stades du développement de l'élé- ment typique à partir du noyau nu, plongé dans le plasma syncytial, jus- qu'à la formation du corps cytoplasmique distinct et l'apparition de l'idiozome. A partir de ce stade j'appellerai l'élément séminal atjrpique (( spermatocyte atypique » et aux stades plus avancés, lorsque commence la période du grand accroissement aboutissant à la formation du sperma^ tozoïde, « spermatides atypiques », Spermatogonies. — Mes prédécesseurs, Stephan (1903, b) et Lams (1910), n'ont pu trouver les cellules -souches des spermatogonies typiques et atypiques. Le premier auteur dit que « les éléments qui doivent donner naissance aux spermies apjn^ênes de Murex brandaris se différencient de ceux de la série séminale ordinaire pendant le cours delà période d'accroissement. » Mais il est très difficile de se rendre exactement compte de quelle façon se déroule cette différenciation et par quelles étapes elle passe, car tout le processus est décrit par Stephan trop sommairement : « Leur différencia- tion ne consiste pas seulement dans le développement plus grand que prend leur corps cellulaire ; elle est remarquable aussi par la structure que le cytoplasme acquiert de bonne heure ; il se produit une vacuolisation considérable. On voit d'abord apparaître mie vacuole volumineuse en rapport intime avec l'idiozome ; cette vacuole grandit et d'autres appa- raissent ; bientôt le processus a envahi toute la cellule qui prend un aspect spumeux. » 488 VICTOR SCHITZ Le second auteur n'a pu établir la différence entre les spermatogonies typiques et atypiques : « Les spermatogonies sont souvent difficilement reconnaissables, et je ne puis pas encore établir des caractères différen- tiels certains entre les cellules-mères des spermatozoïdes filiformes et celles des spermatozoïdes vermif ormes. Par contre, chaque espèce de spermatocjrtes se laisse distinguer sans peine. » Or, j 'ai réussi chez Murex à établir cette différence dont parle Lams ^. Dans mes préparations, je trouvais constamment les jeunes spermato- gonies atypiques dans la partie basale de l'épithélium germinatif, tou- jours groupées en amas, au voisinage immédiat des noyaux indifférents- Elles sont alors complètement dépourvues du revêtement cytoplasmique, étant réduites aux noyaux nus, plongés dans le plasma commun (fig. i, 2 ; II, 2 ; m). Peu à peu le plasma environnant se condense autour des noyaux en formant finalement le corps de la cellule. Les noyaux des spermato- gonies sont généralement réniformes ou bien ovales ou elliptiques ; ils sont munis d'une épaisse membrane et d'un ou de deux nucléoles. Dans leur intérieur on trouve des blocs ou des grumeaux chromatiques d'une forme irrégulière, épars dans le suc nucléaire. Par l'ensemble de ces carac- tères on parvient à distinguer les spermatogonies atypiques de celles de la hgnée typique encore aux stades, quand les unes et les autres sont représentées par leurs noyaux nus, dépourvus du revêtement cytoplas- mique (fig. I, 1, 2). A peu près à la même conclusion est arrivé Relnke (1914) à propos de Strombus : « In Strombus the large nucleated cell which becomes differentiated into the apyrene spermatosome can be traced back through a period of ujiinterrupted growth to a small cell, the apyrene spermato- blast, which is distinct from either the eupyrene spermatocytes or sper-. matogonia. This cell lies close to the walls of the lobules of the testis and may be surrounded by older cells of the same nature or by the gênerai syncytium of the testis or partially by both. Two or three of thèse cells, lying in the syncytium and isolated from others of their kind, are fre- quently in close proximity to a nest of eupyrene spermatogonia and would be taken at first glance to belong to that nest. Gloser and more careful examination, however, reveals certain distinct, if minute, différences between them and spermatogonia. » Ensuite, comme moyen de distinction des spermatogonies des deux 1. Chez Aporrhais il est presque impossible de distinguer, aux stades jeunes, les éléments de la lignée atypique de ceux de la lignée typique. SPERMATOGÉNËSE 489 séricwS, l'auteur indique leur situation respective dans le tube séminifère ainsi que l'aspect du noyau. Il fait remarquer que le fait de la transfor- mation successive du noyau du spermatocyte typique pendant la période de son accroissement peut nous servir comme critérium sûr de son origine, car le noyau de l'élément séminal atypique conserve son aspect primor- dial, caractéristique pendant la période initiale d'accroissement, jusqu'au commencement de la dégénération du noyau. Ces données peuvent, d'après mes observations, être appliquées au Murex. Seulement je ne suis pas d'accord avec Reinke que « the cyto- plasmic bodies of even the youngest spermatoblasts are inclosed by defînite membranes ». Il me semble que le spermatoblaste figui'é par l'auteur sur son dessin 8 (pi. II) ne soit pas le plus jeune stade du développement de l'élément atypique mâle ; du moins, je trouvais souvent des noyaux atypiques nus, comme je l'avais déjà dit plus haut, sans aucune trace du revêtement cyloplasmique particulier, plongés dans la partie basale de l'épithéhum germinatif ^. Par conséquent, l'absence du revêtement cytoplasmique ne peut être regardée comme moyen de distinction des éléments des deux types : les spermatogonies de la lignée atypique, ainsi que celles de la hgnée typique n'acquièrent leur corps cytoplasmique que peu à peu, au fur et à mesure de la conden- sation du protoplasme autour de leurs noyaux. Ce fait rend encore plus vraisemblable la supposition que les noyaux « indifférents » donnent naissance aux éléments séminaux des deux séries d'autant plus que les noyaux nus se rencontrent toujours au voisinage d'eux. Spermatocytes. — Stephan et Lams prétendent, tous deux, avoir trouvé dans la Kgnée atypique de Murex brandaris et M. trunculus ^ les deux divisions de maturation. Malheureusement ni l'un ni l'autre n'accom- pagnent leurs descriptions des dessins qui pourraient éclaircir ce phéno- mène compliqué. Ainsi Stephan (1903 b) le décrit de la façon suivante : « A une faible distance du noyau, primitivement dans l'idiozome et, plus tard, dans une des travées protoplasmiques qui séparent les vacuoles les unes des autres, on distingue deux corpuscules centraux. Lorsque la période d'accroissement a pris fin, ces corpuscules centraux se divisent 1. Pour l'étude des relations qui existent entre les noyaux spermatogoniales et le plasma sjTicytial, il faut recou- rir ;\ la fixation d'après Bknda, Meves ou Champy, seuls mélanges assurant une conservation plus ou moins par. faite du cytoplasme. 2. Ces deux auteurs so basent principalement sur la première espèc« ; ils ne donnent que peu de détails sur la seconde. 490 VICTOR SGHITZ un certain nombre de fois, de façon à former deux petits amas de granu- lations ; en même temj)s se produisent dans le noyau les processus qui amènent l'apparition des chromosomes. Les deux groupes de corpuscules centraux se portent vers deux pôles opposés de l'élément ; les chromosomes se dispersent, sans passer par une phase d'aster bien marquée, entre les différentes vacuoles, contenues dans les travées j)rotop]asmiques ; puis ils se rassemblent aux deux pôles, et la division cellulaire s'achève par étranglement. Les spermatocytes de second ordre ainsi formés renferment plusieurs petits noyaux inégaux, provenant à la fois de ce que les chromosomes ne sont pas tous réunis en un seul noyau, et de ce que les noyaux formés peuvent se diviser directement ou bourgeonner. Ces spermatocytes vont se diviser une nouvelle fois, répartissant entre les deux nouveaux groupes de corpuscules centraux de petits noyaux peu modifiés. » Lams (1910), de son côté, décrit les deux divisions de maturation du spermatocyte atypique. Contrairement à l'observation de Stephan (1903 6), la première division n'aurait rien d'anormal, tandis que la seconde présenterait quelques particularités. A propos de cette dernière, l'auteur dit : « A leur tour, les spermatocytes de second ordre subissent la mitose ; mais celle-ci s'écarte d'une division indirecte ordinaire en ce sens qu'elle est pluripolaire : les filaments astériens traversent le cytoplasme en tous sens, en convergeant vers divers points de la péri- phérie de la cellule ; les amas chromatiques sont irrégulièrement répartis dans tout le cytoplasme. » Or, mes observations sont en complète contradiction avec les données de Stephan et Lams. Non seulement je n'ai pas pu trouver les deux divi- sions de maturation, mais même les « tentatives de division )), c'est-à-dire les processus dont parle Stephan et « qui amènent l'apparition de chro- mosomes », se rencontrent rarement chez Murex ^. Plus d'une fois je ine suis demandé, au cours de l'examen de mes préparations, quelles divi- sions prennent ces deux auteurs povir divisions de maturation de l'élé- ment séminal atypique, et je n'ai pas pu résoudre cette question, malgré mes efforts assidus et quantité de préparations effectuées d'après les diverses méthodes. Les seuls stades de division, qu'on pourrait à prime abord attribuer aux spermatocytes atypiques, appartiennent en réaHté aux spermatocytes typiques, car leur évolution en donne des preuves 1. Cliez Aporrhais elies paraissent être plus tréqucuèeâ. I 8PERMAT0GÊNÈ8E 491 irréfutables. En effet, on peut facilement grouper tous les stades succes- sifs du développement du spermatocyte typique aboutissant à la première division de maturation ; parfois on les trouve sur les coupes, placés l'un à côté de l'autre comme, par exemple, sur la figure il, 1 ; très souvent les figures caryocinétiques se rencontrent même par amas (fig. m). En les examinant, on s'aperçoit que, même sans tenir compte de leur situation habituelle parmi les spermatocytes typiques de I^^ ordre, elles présentent quelques traits caractéristiques qui les distinguent des autres cinèses : les dimensions de la cellule, l'aspect des chromosomes plus ou moins allongés, placés « verticalement » dans le fuseau, enfin, la présence des mitochondries sous forme de filaments (visibles seulement sur les pré- parations appropriées, comme par exemple celles fixées par Benda) (fig. IV, 14). On n'observe pas, non plus dans ces cellules d'amas de corpuscules centraux dont parle Stephan". Les figures de la seconde division de maturation dans la hgnée typique, ainsi que les divisions spermatogoniales, sont également très caractéris- tiques, et par conséquent elles ne peuvent être confondues avec d'autres cellules en division. Or, à part ces divisions, on ne trouve plus d'autres cinèses, excepté celles de cellules nutritives. Mais l'aspect, ainsi que la situation de ces dernières, sont tellement particuliers, qu'il est absolument impossible de les confondre avec d'autres éléments. Alors, qu'est-ce qu'ont vu Stephaît et Lams ? Etaient-ce des sper- matocj^es atypiques pendant la période de la désagrégation de leurs noyaux, lorsque les fragments de ces derniers commencent à se répandre dans toute la cellule, simulant le début d'une division ? Ou bien l'aspect singulier des spermatocytes bi-et plurinucléaires ^, ainsi que la position de leurs idiozomes respectifs, les a induit en erreur, en leur faisant prendre ces images pour l'annonce d'une division imminente ? Ont-ils confondu, enfin, leurs « groupes de corpuscules centraux », en leur attribuant im rôle 1. En plus des spermatocytes atypiques normaux on trouve souvent chez Murex des éléments bt- et pluriva- lents (fig. VI, 3 ; vin, 7, S ; ix. 4). Leur présence a été déjà signalée par Stkphan (1903 &). Cet auteur suppose qu'ils proviennent de la division ou du bourgeonnement du noyau du spermatocyte, non suivis de cytodiérèae. D'après mes observations, par contre, leur origine est due à ce que deux ou plusieurs noyaux spermatogoniaux (j'en ai observé jusqu'à huit), encore nus, s'entourent d'un champ protoplasmique commun, et ils continuent indépen- damment leur évolution. Tous les organites caractéristiques qui apparaissent successivement — idiozomes, mitochondries, corpuscules centraux, cils vibratils, faisceaux de flbriUes intracellulaires, — gardent leur indépen- dance jusqu'aux stades très avancés de la sp^rmatogénèse. Les observations in vivo démontrent qu'ils se compor- tent comme des éléments normaux et présentent les mouvements caractéristiques, propres aux spermatidcs nor- males. Je ne suis pas sûr que ces éléments se transforment en spermatozoïdes atypiques normaux, n'ayant paa observé des spennies adultes multivalentes. 492 VICTOR SCHITZ actif dans le cytodicrèsc, avec les accumulations mitochondriales qui ont l'aspect, pendant certains stades, de champs protoplasmiques parse- més de grains fortement colorables, comme par exemple celle de la figure VI, 7 ? Je l'ignore ^... Quoiqu'il en soit, je répète que je n'ai pas trouvé, ni dans les coupes ni sur les frottis, de divisions de maturation semblables à celles observées par Stephan et Lams. Je dois remarquer d'ailleurs, qu'il est très difficile de se rendre exactement compte de ce qui se passe d'après une seule description, non accompagnée de dessins. Les figures, aussi nombreuses que possible, sont tout à fait indispensables pour per- mettre de s'orienter dans le développement compliqué des éléments sémi- naux de deux séries. En plus, ni Stephan ni Lams n'indiquent f)as la technique employée par eux ; pourtant c'est de cette dernière que dépend, comme nous allons voir, l'aspect de certains organoïdes. Si nous confrontons maintenant les données de Stephan et Lams avec les résultats auxquels sont arrivés les autres auteurs pour les divers Prosobranches, nous voyons que, sauf chez Paludina d'après Meves (1903) et Bythinia d'après Kemnitz (1914) ^, tous les deux mollusques d'eau douce, les divisions des spermatocytes atypiques manquent dans toute la série des Prosobranches, présentant le phénomène du dimor- phisme des éléments sexuels mâles. Ainsi, KuscHAKEWiTCH (1913) dit que chez Vermetus « die Sperma- tocyten erster Ordnung verwandeln sich unmittelber in die Spermatozoen, ohne-eine Teilmig durchzumachen. » Il est vrai, qu'à propos de Conus cet auteur prétend avoir trouvé une division de maturation dans la lignée atypique. Mais celle-ci évidemment n'a rien de commun avec les divisions de Stephan et Lams, car elle a lieu lorsque les éléments séminaux sont déjà complètement dépourvus des noyaux (... « in den Spermatocyten keine Spur von Chromatin mehr enthalten ist. ») D'ailleurs, cette division est tellement singulière que l'auteur lui-même hésitait longtemps à la considérer comme telle. Tout d'abord il a cru se trouver en présence de deux spermatocytes accolés l'un à l'autre, ce qui a amené un aplatisse- 1. Il me reste encore \me supposition, du reste peu probable, que dans le riche matériel que j'ai recueilli aux printemps (mars-juin) 1916 et 1918, les individus présentant les divisions spermatocytaires atypiques faisaient défaut, et que, par conséquent, les divisions de maturation, décrites par Stephan et Lams, ont lieu pendant une autre saison de l'année. 2. Je ne cite que pour mémoire le travail de Kemnitz (1914') qui, après avoir étudié la spcrmatogénèse de Bythinia tentaculata L, a admis, en suivant MEVES, l'existence de deux divisions de maturation dans la lignée atypique de ce mollusque. Mais, étant donné que Kemnitz n'a jws su démontrer avec suffisamment de clarté la présence de deux lignées chez Jiylhinia, ses résultats sont contestables ou au moins Us doivent êlri' vérifiés par de nouvelles rccherelies. SPERMA TO GENÈSE 493 ment de leurs parois de contact. Il n'a changé d'opinion qu'après avoir « eu- la chance » de trouver deux fois des groupes de spermatocyies u welche ganz frei lagen und ohne allen Zweifel in der Teilung begriffc:! 3. , P»^" ■**• »«- »>] a «' o. ^^ * ' ' 3 / *> „__~. \ -r * Il r / rs. ) r'vili'/y- .'i^ •V.. v*^**#v«» .-> O .5 ^ \ ':^r 't .«•.5. ) • ■ J / "■■4-^^ Fio. VI. Murex truncutus \S(:nc atypique ; 1, 2 spermatonytes atypiques (flx. Flemming) ; 3,'élément bivalent (frottis, BorriN) ; 4-6, spermatocytes (coupes ; Benda). On aperçoit l'idiozorac avec ses bâtonnets et mitociiondries sous forme de fllaments (5) ou de grains (4, 6) ; 7-9, dégénération du noyau, formation des cils vibratils et des fibrilles intracellulaires. Mitochondries en un amas unique (7) ou formant deux accumulations au pôle antérieur (9). x 2400. waren ». Mais comme, dans cette division, Kuschakewitsch n'a pu constater la présence d'aucun des organites caractéristiques pour la division (« Wàhrend derselben kann man weder Centriole, noch eine ARCH. HK ZOOL. EXP. ET ( Ê <'. — T. 59. — F. 2. 32 494 VICTOR HCHIT7j archoplasmatisclie Strahlung, noch eine achromatische Spindel entdecken) ni même de la chromatine, son existence est au moins douteuse. Les figures sur lesquelles s'appuie l'auteur ne la prouvent nullement, et l)ar conséquent elle doit être vérifiée par de nouvelles recherches. De son côté Reinke (1914) dénie catégoriquement l'existence de divi- sions de maturation dans la lignée atypique de 8lromhns : « No division of any kind take place during the development of the spermatoblast. « Enfin, mes propres recherches ont démontré l'absence de divisions de maturation dans la Hgnée atypique de Columbella (1916), Gerithium, Biflium et Turitella (1920). Je n'ai pas observé, non plus, la vacuolisation du protoplasme au cours de l'accroissement du spermatocjrte aty|)ique dont parle Stephan, excepté dans les stades très avancés qui précèdent immédiatement la formation définitive du spermatozoïde. Sauf ces stades, pendant lesquels on aperçoit quelques vacuoles dans la petite parcelle de protoplasme en train de se résorber au bout du corj)s de spermatozoïde, on n'en trouve pas de traces. Il est vrai que chez Murex, ainsi que chez Aporrhais, on observe des corps vacuoliformes épars dans le cytoplasme ; cependant ce ne sont pas de vraies vacuoles protoplasmatiques, mais simiDlement des fragments du noyau en dégénérescence (fig. vr, 7-9; vu; vni, 3-6 ; ix). Leur genèse, suivie pas à pas à partir du début de la désagrégation du noyau jusqu'aux stades très avancés de la spermiogénèse, en donne des preuves certaines, surtout si l'on a recours aux frottis qui permettent de grouper les stades successifs de développement l'mi à côté de l'autre. Enfin , la manière dont se colorent « les vacuoles » en question prouve aussi leur origine nucléaire : elles prennent avec élection la substance verte du mélange de Biondi et se distinguent ainsi très bien des autres corps d'une forme et taille semblables, mais colorées en rose-rougeâtre par ce réactif. Dans le jeune spermatocyte de Murex, on aperçoit, à côté du noyau, 1 idiozome sous l'aspect d'une agglomération protoplasmique un peu plus foncée que le reste; chez Aporrhais, cet organite a une forme plus ou moins sphérique aux contours nets et fortement colorables. Selon la tech- nique employée l'idiozome montre différents détails de sa structure. Ainsi sur les préparations fixées par Flemming on trouve dans cette for- mation un ou plusieurs grains fortement colorables ; par contre, si l'on a recours à la technique de Benda ou de Champy, on observe de minces tiPERMA TO GENESE 495 bâtonnets, droits ou recourbés, disposés autour de ce champ cytoplac- mique, mais on ne constate pas la présence des graiiis. Il est intéressant de comparer ces résultats avec les données de Kuschakewitsch (1913), Reinke (1914), Meves (1903) et Perroncito (1910). Le premier auteur s'est servi, entre autres, des liquides de Hermann, Flemming et Benda, FiG. VII. Murex trunculus. Spermatides de la série atypique (l'rottis, Bocin, Biondi). Los gros corps noirs débris du noyau ; les petits corps gris — inclusions protoplasmiques. x 2400. le second du Flemming, le troisième principalement du Hermann et le quatrième du mélange de Golgi. Or, Reinke a observé (ses dessins 8-14) ce que j'ai pu constater sur mes préparations fixées par Flemming (fig. vi, 1, 2) ; l'analogie est vraiment frappante. Par contre, les détails révélés par l'emploi du liquide de Benda, suivi de la coloration au violet-crystal ou simplement à l'hematoxyline ferrique (fig. vi, 4-6), rappellent vivement les images de Kuschakewitsch (ses dessins 176-179)avec cette seule diffé- 496 VICTOR SCHITZ w . vin. Série .■ityrirme ; 1-fi, Aporrhais (frottis, BoCTN, BlONDI); 7, 8, .1j'h/«.i- (coupes, Benda) ; /, 2, jounos sprrm.-itocyti's avon le corps iidemeiit que la cellule ; droit au début, il se recourbe ensuite en spirale (fig. vn, 1-2). Mais la force d'accroissement redi'esse cette spirale qui, comme un ressort déclenché, distend le cji;oplasme (fig. ytl, 3). Au fur et à mesure de l'évolution du spermatozoïde, les fibrilles intra- cellulaires, groupées en faisceau, s'écartent les unes des autres et viennent s'appliquer aux parois du spermatozoïde. Les observations in vivo démontrent que non seulement les cils extra- cellulaires, mais même les fibrilles intracellulaires, produisent des mou- 1. Il est très difficile d'établir leur sort ultérieur ; probablement ils se résorbent simplcmeni dans le cyto- plasme. 8PERMA TO GENÈSE 501 vements rythmiques. Quand on examine dans l'eau de mer les sper- matides vivantes, on est frappé par les contractions régulières que subit le faisceau de fibrilles intracellulaires ; on a l'impresssion de se trouver en présence d'un parasite mobile enfermé dans la cellule ^ Fio. XI Fusus ; série typique ; 1-3, deuxième divi sion de maturation; 4, deux jeunes sperraatides; 5-7, évolution du noyau ; 8-15, spermiogénèse. Les niitochondries sous forme de filaments (/- 4), de grains (5-7), de vésicules (8-9) ; l'idio- zome sous forme d'un petit champ cj^plas- mique délimité par le bâtonnet perlidiozomique. X 2400. La forme de la spermatide subit également des changements impor- tants au cours de la spermiogénèse. Plus ou moins arrondie au début de la formation des cils, la spermatide acquiert ensuite un aspect pyriforme ; puis, étant étirée par le filament axil, elle devient allongée. 1. Un mouvement pareil du faisceau des cils intracellulaires a été observé, chez la Paludine, encore par VON liBUNB (1884) et ensuite confirmé par DCBOSCQ (1907). 502 VICTOR SCHITZ Spermatozoïdes. — Les spermatozoïdes vermif ormes de Murex et à' Aporrhais atteignent, lorsqu'ils sont complètement adultes, des dimensions vraiment gigantesques : jusqu'aux 200 ;j. pour le premier ot .300 [xpour le dernier (fig. xiii, 1-4). Ils sont capables de se dé|)]acer dans le liquide ambiant grâce à leurs mouvements qui sont de deux sortes : les uns vermoïdes, plus lents, les autres beaucoup plus rapides consistant dans l'ondulation de tout le corps ^. Les spermatozoïdes chez AporrhaiM sont littéralement bourrés des inclusions qui apparaissent sur le -^vant comme des boules claires et se colorent en rose -rouge âtre d'après Biondi. Je ne suis pas fixé sur la nature de ces inclusions ; leur présence peut être constatée dès le début de la désagrégation du noyau. Au fur et à mesure de l'accroissement de la spermatide, leur nombre augmente considéra- blement. Si l'on fait pénétrer une goutte d'acide acétique sous le couvre- objet d'une préparation in vivo, on observe la dissolution presque immé- diate de ces inclusions. Pareilles formations ont été décrites aussi chez d'autres Proso branches : chez Vermetus par Kuschakevs^itsch (1913) et chez Strombua pir Reinke (1914). Elles sont présentes également chez Murex. Le spermatozoïde mûr de Murex, ainsi que celui cVAporrhais, est dépourvu de toutes traces de chromatine ; il est réellement apyrène. Stephan (1903 a) le regarde également comme tel, tandis que Lams (1910) lui attribue un certain degré de chromaticité. Retzifs (1912) dessine quelques spermatozoïdes atypiques d'AporrMis qu'il considère comme apyrènes. Mais à côté de ceux-ci il figure des spermies contenant dans leur région caudale des globules colorés en vert d'après Biondi. Malgré cette coloration élective, l'auteur hésite d'attribuer à ces inclusions une origine nucléaire : « Ob nun dièse sich griin f ârbenden Korner wirklich aus Nuklein bestehen und den iibrigens in diesen Spermien vollstândig fehlenden Chromatinkôrner, d. h. der sonst mangelnden Kernsubstanz, entsprechen, lâsst sich nicht ohne eingehende Verfolgung der Entwic- kelung dieser Spermien entscheiden. )> Ayant suivi pas à pas l'évolution des spermatozoïdes atypiques, je puis affirmer que les spermies figurées par Retzius n'ont pas encore atteint leur maturité définitive. Quant aux inclusions «vertes», eUes représentent sans doute les débris du noyau non encore résorbés. 1. On trouve chez Kuschakewitsch (1910) une description détaillée de tous les mouvemcuts dont sont capables les spermatozoïdes atypiques à'Aparrhais. Ceux de 3Iurex se meuvent, d'après mes observations, d'une manière analogue, SPEUMA TO GtmÊSE 503 II. Fusus sp. et Nassa reticulata L. Afin d'éviter les répétitions, je décrirai très brièvement la spermato- génèse chez ces deux mollusques qui ne présentent que peu de particu- larités. a. — Lignée typique D'une taille plus considérable que chez Murex et Aporrhais, le sper- 2. _- 5. -V- \ ^4 • ^ ^% «i » 4il- ^ ■ i FiG. XII. Fusus ; série atypique. Spermatocyte (i) et son évolution (2-9) ; 2-5, divers aspects de la dégénération __ du noyau ; 6-9, apparition et développement des cils vibratils et des fibrilles intracellulaires ; résorp- tion graduelle des caryoméritea ; changement de forme de la spcrmatlde. x 2400. matocyte de Fusus possède un noyau arrondi avec un fin réseau nucléaire et un ou deux nucléoles (fig. x, 1, 2). Le même aspect présente aussi le spermatoc3i;e de Nassa, quoiqu'il soit de dimensions un peu plus petites. Les mitochondries sont très nettes chez Fusus ; sous forme de grains ou de petits anneaux, elles se groupent en un amas à côté du noyau 504 VICTOR SCHITZ (fig. X, 2-5). A partir du stade leptotène, elles se partagent en deux ou plusieurs groupes qui se placent à la périphérie du noyau. Pendant les divisions de maturation les grains mitocliondiiaux isolés se fusionnent en plusieurs filaments sinueux et rugueux qui sont distribués entre les cellules -filles (fig. x, 6-7). Leur sort ultérieur est le même que chez d'autres Proso branches, c'est-à-dire que les filaments mitochondriaux de la jeune spermatide se désagrègent en petits grains qui ne cessent de s'accroître, en devenant moins nombreux, jusqu'au début de la formation de la tête du spermatozoïde. A partir de ce stade, les mitochondiies, sous forme de quatre vésicules, se soudent et entourent le filament axil. En s'allon- geant considérablement ces vésicules se transforment en sacs qui consti- tuent finalement la partie intermédiaire (pièce moyenne) de la queue du, spermatozoïde (fig. xi). Quant à Vidiozome, on le trouve toujours à côté du noyau, sous forme d'un 2)etit champ protoplasmique entouré par le ou les bâtonnets periidio- zomiques (fig. x, -5 ; xi, 5, 6, S-14). Au cours de la spermiogénèse, Tidio- zome s'approche du pôle antérieur du noyau de la spermatide, en train de se transformer en tête du spermatozoïde, et s'accole à la membrane nucléaire. En même temps le bâtonnet intranucléaire, dérivé du corpus- cule central proximal, perce le sommet de la tête du spermatozoïde et forme Vacrosome, avec la participation de l'idiozome. La tête du sperma- tozoïde s'accroît rapidement et atteint une longueur très considérable dans le spermatozoïde mûr (fig. v, 4, 5). On constate clans ce dernier toutes les parties caractéristiques que nous avons trouvées chez d'autres Prosobranches. b. — Lignée atypique Tout ce qui a été dit à propos du début du développement des élé- ments séminaux atypiques chez Murex et Ajjorrhms peut être intégrale- ment appliqué à Fusus et probablement à Nassa ^. Le spermatocyte, d'une taille un peu moindre que chez les deux premiers mollusques, subit les mêmes changements au cours de son évolution. Le noyau du sperma- tocyte ou se fragmente en morceaux (parmi lesquels un persiste à conser- ver les caractères du noyau principal), ou se dissout en gouttelettes chro- matiques qui se répandent dans le cytoplasme (fig. xiij 2-5). 1. Sur les coupes de quelques testicules de Nansa que j'ai eus à ma disposition, les stades appartenant i la lignée atypique étaient excessi^■enlent rares, tout* la glande étant remplie par des éléments typiques (les mollusques ont été sacrifiés au mois iXi- mai). 8PERMA TO GENÈSE 505 On rencontre assez souvent, au cours de ces transformations, des stades qu'on pourrait interpréter comme « tentatives de division », mais 2.. f. Fio. xm. Spermatozoïdes atypiques mûrs (frottis, Boms. Biondi) ; 1, 2, Murex; 3, 4, AporrhaU ; 5, Fusu»; 6, Nassa. x ;50. je n'ai jamais observé une division réeUe. Les caryomérites subissent une résorption gradueUe au fur et à mesure de l'accroissement du spermato. 506 VICTOR .SCllITZ cyte. On assiste en même temps à la formation de cils vibratils et des fibrilles intracellulaires qui se développent d'une manière habituelle, c'est-à-dire ([u'ils prennent naissance des corpuscules centraux placés à la i^ériphérie de la spermatide. Tandis que les cils vibratiles finalement disparaissent, les fibrilles intracellulaires s'accroissent rapidement en formant un faisceau. Ce dernier, dans son accroissement rapide, entraîne le protoplasme et l'étiré considérablement. Finalement il se forme le spermatozoïde qui, tout en ressemblant à ceux de Murex et Aporrhais, en diffère par ses dimensions beaucoup plus petites. Il atteint chezFusus à peine 50 -j. et encore moins chez Nassa — 35 ;j. (fîg. xiii, -5, 6). Conclusions générales De ce bref exposé de la spermatogénèse chez Murex, Aporrhais, Fusus et Nassa, ainsi que de mes notes procédentes (1916, 1920)conce)-- nant Columbella, Gerithium, Bittium et Turitella, on peut tirer, entre autres, Is conclusions suivantes : 1) Le cycle évolutif atypique diffère de celui de la lignée typique pai Vabsence des divisions de maturation et par la dégénération •progressive du noyau des spermatocytes. 2) Les spermatozoïdes atypiques sont dépourvus, à l'état adulte, de toutes traces de chromatine ; ils' sont complètement apij- rcnes. 3) La présence des cils vibratils et des fibrilles intraceUidaires est très caractéristique pour les spermatides atypiques des Prosobran- ches. Tandis que chez les uns, les cils vibratiles persistent dans les spermatozoïdes mûrs [Gerithium, Bittium, Turitella), chez les autres ils se rétrécissent et finalement disparaissent [Golum- bella, Murex, Aporrhais, Fusus, Nassa). 4) Les spermatozoïdes atypiques de toutes les espèces énumérées sont mobiles ; ils se déplacent dans le Hquide ambiant, grâce à l'ondulation de lem-s corps et au battement des cils cau- daux. 5) La taille des spermatozoïdes atypiques varie dans des larges limites chez les diverses espèces : très petite chez Gerithium et Bittium^ elle est énorme chez Murex et surtout chez Apor- rhais. SPERMATOGÉNÈSE 507 6) La présence du bâtonnet intranucléaire et la participation de Vidiozome à la formation de Vacrosome est très caractéristique pour la lignée typique de tous ces Prosobranches. 7) Dans toute la série, les mitochondries participent à la formation de la pièce moyenne du spermatozoïde typique. Station Zoologiqiie Russe, Villefr anche- sur -Mer, le 1^^ août 1919. AUTEURS CITES 1884 a. Bbtjnn (M. von). Untersuchungen iiber die doppelte Form der Samenkôper von Paludina vivipara. {Arch. f. mikr. Anat. Bd. XXIII.) 1884 b. — Weitere Funde von zweierlei Samenkôrper in demselben Tier. {ZooJ. Anz. Bd. VII.) 1907. DuBOscQ (0.). Sur la motilité des filaments axils dans les spermatozoïdes géants de la Paludine. (C. R. Ass. Anat. T. IX.) 1912. DuESBERG (J.). Plastosomen, « Apparato reticolare interno » und Chromidia- lapparat. {Erg. Anat. u. Etwicklg. Bd. XX.) 1888. KoEHLEB (R.). Recherches sur la double forme des spermatozoïdes chez le Murex. (Rec. Zool. Suisse. T. V.) 1914. Kemnitz (G. von). Beitràge zur Kenntnis der Spermatozoen. Dimorphis- mus. {Arch. f. Zellf. Bd. XII.) 1910. KuscHAKEwiTscH (S.). Zur Kenntnis der sogennanten « wurmfôrmigen » Spermien der Prosobranchier. {Anat. Anz. Bd. XXXVII.) 1912. — Recherches sur le dimorphisme des éléments génitaux mâles chez les Mollusques Prosobranches. I. {Mém. Soc. Nat. Kieff. T. XXII.) 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(p. 529). — Buvalius Raymondi Delar. (p. 532). — Duvalites eonvexicollis Peyer. (p. 533). — DuvaliUs dinîensis Peyer. (p. 533). — Duvalites Brujasi Dcr. (p. 534). — Duvalites Lespesi Fairm. (p. 53i). -^ Anophthalmus caussicola Jeann. (p. 536). — Neaphaenops Tellkampfi Er. (p. 537). IV. Essai de systématique ; 538 Diagnosc du type larvaire des Trechini (p. 538). — Tableau synoptique des larves décrites (p. 539). V. Auteurs cités 541 INTRODUCTION Les collections Biospeologica renferment un certain nombre de larves de Trechini appartenant soit à des espèces oculées troglophiles, soit à de véritables troglobies. Or les métamorphoses des Trechini sont peu connues et malgré quelques bonnes descriptions, le type larvaire 1. Voir pour Biospeologica I à XLI, ces ARomvES tomes VI, VII, VIII et IX, de la i" série, tomes I, IT, IV, V, VI, VIII, IX et X de la S» série, et tomes 52, 53, 54, 55, 56, 57 et 58. AROa. DE 7ooii. EXP, ET GÉN. — T. 69. — F. 3. 33 510 R. JEANNEL assez particulier de la tribu n'a jamais encore été défini. Le but de ce Mémoire est de synthétiser nos connaissances sur les larves des Trechini et d'adapter à leur étude la terminologie et la méthode développées par A. BôviNG (1910-11) dans son excellent travail sur les larves des Carabidae. Les premières larves de Trechini connues furent celles des Aepus Sam. Leur habitat spécial dans la zone intercotydale des rivages de l'Océan attira sur elles l'attention des naturalistes. Ch. Coqxjerbl (1850), E. Perris (1862), A. Laboulbène (1858, 1862) successivement s'occu- pèrent d'elles, mais les descriptions et les dessins qu'ils ont donnés laissent encore obscurs bien des points importants de la morphologie. De nouvelles recherches seraient à faire. La première en date des descriptions utilisables est celle d'une larve trouvée à dix kilomètres de profondeur dans Mammoth cave, Kentucky, larve que A. S. Packard (1874), puis H. G. Hubbard (1886) ont attribué avec doute à V Anophthalmus TeUkampfi Er. Cette attribution semble cependant parfaitement légitime et la plupart des caractères importants des larves de Trechini se laissent deviner autant dans la description de Hubbard que sur les dessins qui l'accompagnent. Il n'y a guère lieu d'insister sur les travaux de V. Xambeu qui natu- rellement a cru décrire des larves de Trechus. On trouve dans son 6^ mémoire (1894) une description d'une larve rapportée au T. pyrenaeus'D'Eh., dans le 9^ mémoire (1901) une autre qui serait celle du T. obtusus Er. ; mais la fausseté de ces identifications apparaît clairement quand l'auteur assigne à ces prétendues larves de Trechini une « lisière frontale simple » ou un tarse bifide I Plus tard Xambeu (1904) décrit, par contre, de façon inexacte une larve qu'il attribue cette fois légitimement à V Anophthalmus Brujasi Dev. Les deux travaux dont il reste à parler pour avoir fait l'historique complet de nos connaissances sur les larves de Trechini, ont une tout autre importance et méritent de retenir l'attention ; ce sont ceux de P. de Peyerimhoff et d'A. Bôving. P. DE Peyerimhoff (1906) décrit trois lai-ves d'Anophthalmes recueil- lies par lui dans les Basses-Alpes et les Alpes -Maritimes. Avec sa sagacité coutumière, il est le premier à reconnaître dans la denticulation de l'épis- tome l'existence de caractères propres à l'identification des larves des Trechini. De plus ses descriptions donnent les caractères exacts des LARVES DES TKECHINI 511 palpes maxillaires, caractères spéciaux à la tribu, mais la conformation du palpe labial lui reste malheureusement inaperçue. Le travail de A. Bôving (1911 et 1912) n'est pas spécialement consacré aux Trechini ; c'est, au contraire, une étude fondamentale d'mi certain nombre de types divers de larves de Carabidae en vue de faire la Mor- phologie comparée de ces larves. Dans ce travail A. Bôving, digne conti- nuateur de l'œuvre de J. G, Schiôdte, étabUt une terminologie précise de toutes les pièces du crâne, des sutures et aussi des aires d'insertions musculaires sur les divers sclérites et proj)ose une méthode de mensura- tions précises de toutes les parties de la larve en les rapportant à une mesure étalon, la largeur de la base de la mandibule. Une larve de Tr échus, celle du T. quadristnatiis Schr. est décrite de la sorte avec détails par A. Bôving (1911).. Dans les descriptions qui vont suivre, j'ai employé littéralement la terminologie élaborée par A. Bôving ; elle est en tous points excellente et tous les auteurs qui décriront des larves de Coléoptères devront à coup sûr s'y conformer. A cause de cela, j'ai cru faire œuvre utile en pro- fitant de ce travail pour donner, par des figures accompagnées de lettres exphcatives, une véritable transcription française de la nomenclature d'A. Bôving exprimée en danois. Mais il est un point sur lequel je ne suis pas de l'avis de BôviNG, c'est sur l'opportimité de sa méthode de mensuration. En présence de mesures aussi nombreuses de tous les points du corps, faites relativement à une seule partie, on peut se demander si les variations individuelles des divers organes se font avec une corrélation assez parfaite pour que les résultats de ces mesures soient superposables d'un individu à un autre de la même espèce. Je crois qu'ime mensuration relative n'a des chances de donner des résultats que si on l'opère sur des parties d'un même organe ou appendice et non pas sur des parties d'organes différents. Bien plus, l'examen de fériés de larves d'âges différents de la même espèce m'a montré que des mesures relatives, même faites dans le même appen- dice, peuvent donner des résultats variables et ne sont pas superposables d'un indi\ddu jeune à un individu âgé. Les mensurations très précises de Bôving ne peuvent à mon avis que caractériser exactement l'individu et non l'espèce et je persiste à croire qu'aucune mensuration précise ne vaut un bon dessin exécuté convenablement à la chambre claire et à un grossissement suffisant. 512 R. JEANNEL CARACTÈRES DES LARVES DES TRECHINI Larves grêles, très allongées, convexes, d'un blanc laiteux, sauf la tête, le pronotum, le prosternum, la partie antérieure du méso et du méta- notum, les ongles, les soies et les cerques qui sont roux testacé brillant, parfois ferrugineux. Téguments très peu chitinisés, sauf sur la tête et le prothorax ; la tête est fortement alutacée chez les formes troglobies. 5c/- ml). FlQ. 1. Face supérieure du crâne de la larve du Trechus rufulus Dej. — £s.,Epistome;n., nasal; w»., manubrium ; sel. mb, sclérite mandibulaire ; s. n.-mb, sillon naso-mandi- bulaire ; s. -ph., sillon pharyngien ; a. ph., aire pharyn- gienne ; a, en«., aire ensiforme ; c. t., côte tentoriale ; cond. d., condyle du tentorium. — Fr., Frontal ; a. a. aire antennaire ; a. cér., aire cérébrale ; a, fp., aire frontale postérieure ; s^^t. /., suture frontale. — Ec, Epi crâne ; sel. a., sclérite antennaire ; a. mb., aire mandibulaire ; v., vertex ; c, cou ; s. c, sillon cervi- cal ; «u<. ^., suture épicraniale. (cnd mx. me. I 'CL. icL.mx. FiG. 2. Face inférieure du o râne de la larve du Trechus rufulus Dej. — Ey., Hypos- tome; sel. mx., sclérite maxillaire ; cmul mx., condyle maxillaire ; /. mb. fosse man- dibulaire ; pi., pleurostome ; sut. h., su- ture hypostomiale ; p. t., pilier du tento- rium. — Ee., Epicrâne; j., joue; sut g., suture gulaire. — me., mentum et sub- mentum. TÊTE (fig. 1 et 2) nettement plus longue que large, un peu aplatie; le cou est long, mais à peine plus étroit que le crâne. Sutures crâniennes. — Les côtes du tentorium sont sensiblement rectilignes, plus obliques en arrière que chez la plupart des autres larves de Garabidae ; leur trace se perd insensiblement sur les limites de l'aire ensiforme. Sutures frontales longues, bisinuées, à courbures faibles. Suture épicraniale relativement longue, puisqu'elle occupe environ le sixième de la Ugne naso -cervicale (hgne longitudinale et médiane allant de la pointe du nasal au fond de l'échancrure cervicale). Suture hypos- tomiale relativement courte ; sa longueur égale les deux tiers de la longueur de la suture gulaire ; les piHers du tentorium s'insèrent donc assez en avant à la face ventrale du crâne. LARVES DES TBECHINI 513 Epistome (fig. 1, Es.). — Sa forme est irrégulièrement pentagonale; le nasal est saillant, trilobé, avec le lobe médian, aigu, avançant au delà du niveau des lobes latéraux ; le bord libre des lobes est finement crénelé ou denticulé de façons diverses suivant les espèces ; ces dents aiguës et acérées chez le pullus s'émoussent et s'arrondissent chez les larves âgées. La face ventrale ou buccale du nasal est hérissée de très nombreux cils* Sclérite mandibulaire séparé du nasal par un profond sillon naso-mandi- biilaire aboutissant en avant à une profonde échancrure du bord libre de l'épistome ; une soie sur l'angle antérieur du sclérite mandibulaire. Sillon pharyngien peu marqué. Aires pharyngiennes larges, indiquées par trois voussures bien nettes ; l'aire ensiforme est longue et étroite ; elle porte deux soies à la terminaison des côtes du tentorium. Le manubrium est court. Frontal (fig. 1, Fr.). — Par suite de la direction oblique des côtes du tentorium et de la longueur des sutures frontales, le frontal est étroit, en forme de V assez fermé. Les aires antennaires sont étroites, allongées et portent une grande soie vers leur milieu ; les aires cérébrales sont peu développées, l'aire frontale postérieure est anguleuse. Epicrane (fig. 1 et 2, Ec). — L'épicrâne forme la moitié de la face dorsale de la tête, ses faces latérales et la plus grande pa.rtie de sa face ventrale ; il ne présente pas de régions bien Hmitées. Le sillon cervical est obsolet et par suite le cou et le vertex sont peu distincts ; ce dernier porte une grande soie sur son milieu. En avant l'épicrâne forme le pleurostome et le sclérite antennaire, large, annulaire, plus ou moins dorsalement placé. Les aires ocellaires ne sont guère délimitées. Un certain nombre de grandes soies, constantes, se voient sur l'épicrâne : 2 sur le sclérite antennaire, 1 susocellaire, 1 verticale, 1 antéro-interne et 1 postéro -externe sur l'aire mandibulaire, 1 latérale, enfin deux rangées obliques de 4 à 5 soies chacune (une rangée externe et une rangée interne), à la face ventrale de l'épicrâne. Hypostome (fig. 2, Hy.). — Il est petit, triangulaire ; son bord antérieur, s'étendant d'mie fosse mandibulaire à l'autre, forme un condyle articulaire pour le cardo de la maxille et un sclérite maxillaire bien développé. A l'angle postérieur de l'hypostome se voit l'insertion des piliers du tentorium avec deux soies en avant d'eux. Ocelles. — Chez les espèces dont les yeux sont le mieux développés, comme /. Bolivari, T. quadristriatus, T. distigina, il existe deux petites taches pigmentaires sur l'aire ocellaire, la tache antérieure irréguhère- 514 7?. JE AN N EL ment trilobée, transverse, plus développée que la tache postérieure qui est petite, ponctiforme. Cette tache postérieure correspond au deuxième rang d'ocelles dont la régression est plus avancée que celle du rang anté- rieur. C'est un fait d'observation répétée (Jeannel 1907, p. 51 ; 1911, p. 58) que toujours chez les Cavernicoles l'appareil visuel externe s'atro- phie d'arrière en avant. Antennes (fig. 3). — Elles s'articulent au centre d'mie large membrane articulaire qui occulte l'intérieur du sclérite antennaire. Les antennes sont assez grêles et allongées, atteignant à peu près les quatre-cinquièmes des mandibules. Chez le pullus les deux articles de la base sont beaucoup plus courts et ramassés que chez la larve âgée (voy. fig. 32 et 44). L'ar- ticle II porte ime soie au bord interne de son sommet. L'article III, allongé et renflé, est en quelque sorte bifurqué ou plutôt bilobé. Le lobe externe s'articule avec un très petit sclérite annulaire surmonté d'une grosse vésicule hyaline piriforme. Le lobe interne continue à peu près la direction générale de l'antenne et s'articule avec l'article IV ou apical. L'article III porte une longue soie dorsale près de sa base, une soie interne et une soie externe. L'article apical est cylindro-oonique et porte aussi trois longues soies divergentes ; il se termine par un cône membra- neux sur lequel se dressent des organes sensoriels, un style et des organes renflés. Ces organes se présentent comme des évaginations de la paroi chitineuse de l'article, renfermant les terminaisons sensitives des grosses cellules nerveuses qui occupent l'intérieur de l'article. La vésicule hyaline est aussi un organe sensoriel constitué par une petite masse granuleuse centrale, entourée d'une épaisse couche externe anhiste, striée parallè- lement à la surface de l'organe. Deux petites épines sur le lobe externe de l'article III et une petite digitation dans la région externe de sa mem- brane articulaire ont encore certainement une fonction sensorielle. Toutes ces phanères des antennes, soies et évaginations, sont constantes, tant par le nombre que par la position chez toutes les larves de Carabiclae ; elles sont cependant particulièrement développées chez les Tréchides. Mandibules (fig. 4). — Elles sont grêles, aiguës, falcif ormes. Leur lon- gueur (ligne allant de la pointe à l'insertion du pénicille) est trois à quatre fois plus grande que leur largeur à la base (ligne allant de l'insertion du pénicille au condyle dorsal. L'apex est aigu, sinîple ; le bord concave est tranchant, non crénelé et porte un fort rétinacle avant le milieu. L'angle basai interne porte un pénicille formé de quelques longues soies rigides à sommet barbelé. Des poils semblables s'insèrent sur le pourtour LARVES DES TRECHINI 515 de l'orifice buccal. Le bord externe, convexe et épais, régulier, porte une soie dressée au tiers basai. La coupe de la base de la mandibule est ti-iangulaire ; le condyle dorsal s'articule avec l'extrémité de la côte du tentorium, le condyle ventral dans une fosse spéciale de l'hypostome. Les muscles rétracteurs de la mandibule insérés entre les condyles et sur la base de la face externe se portent dans la région externe de l'aire mandibulaire de l'épicrâne ; les muscles adducteurs bien plus puissants, se fixent d'une part à toute la base de la mandibule et d'autre part s'in- Fio 3. Sommet de l'antenne droite de la larve du Tre- chus rufulus Dej., x 160. — sel. L, sclérite annu- laire ; V, vésicule hyaline ; 0. r., organe renflé ; sty., style. Fio. 4. Mandibule gauehe de la larve du Trechus rufu- lus Dcj., X 80. — cond. d., condyle dorsal ; cond. V., condyle ventral ; pe., pénicille ; r., rétinacle ; a., apex. Fio. 5. Face ventrale du lablum et de la maxille gauche de la larve du Trechus rufulus Dej., x 80. — Hy., hypostome ; sel. mx., sclérite maxillaire ; ca., cardo de la maxille ; stî., stipe ; c. v., cils mas- ticateurs ; l. %., soie représentant le lobe interne ; Z. e., lobe externe ; P., palpe ; b., basai ; pb., prébasal. — Sm., sub- mentum ; m., mentum ; s. l. stipes'des palpes labiaux soudés pour former une pièce impaire ; l., article basai du palpe labial. sèrent sur toute la partie centrale et interne de l'aire mandibulaire. MAXiLLES{fig. 5). — Les maxiUes sont très longues, très grêles et dépassent en avant amplement le niveau de la pointe des mandibules. Le cardo est très petit, mais distinct. Le stipe de la maxille est très long, grêle, aplati, parallèle, environ cinq à six fois aussi long que large chez les larves âgées, bien plus épais relativement à sa longueur chez le puUus. La face ventrale ne porte pas de soies ; à la face dorsale se trouve un rang d'une dizaine de petites soies dirigées en dedans ; le bord externe porte trois ou quatre longues soies, le bord interne en porte deux, dont une, située à l'extré- 516 /?. JEANNEL mité apicale, représente le lobe interne on lacinia de la maxille. Au sommet du stipe s'articule, en dedans, le lobe externe ou galea, formé de deux articles dont l'apical est styliforme, bien plus long que le basai; une petite soie s'implante sur la membrane articulaire entre les deux articles. En dehors du lobe externe enfin et continuant la direction géné- rale du stipe, s'articule le palpe maxillaire qui présente chez les Tréchides cette particularité exceptionnelle d'être formé de cinq articles au lieu de quatre (de trois lorsqu'on compte le basai comme pièce palpigère). Chez les Trechus le palpe maxillaire comporte : un basai (pièce palpigère de Schiôdte), court, armé d'une soie ventrale, un prébasal épais, environ trois fois aussi long que large chez la larve âgée, bien plus épais chez le pullus, puis trois articles apicaux, grêles, allongés, sensiblement de même longueur, mais d'épaisseur décroissante. Ces trois articles apicaux se comj)tent parfaitement et leurs articulations sont nettement visibles aussi bien sur des sujets conservés en alcool que sur ceux traités par la potasse ou par le chloralphénol de Amann et montés à la glycérine gélatinée. Grâce à la libéralité de mon ami P. de Peyerïmhoff j'ai pu disposer pour ce travail d'une larve du T. quadristriatus envoyée de Copenhague par M. K. Henriksen, et j'ai pu constater que les trois articles apicaux des palpes étaient parfaitement distincts aussi chez cet exemplaire, un de ceux ayant ser\d à A. Bôving pour son remar- quable travail sur les larves de Carabidae. Je ne puis m'expliquer comment cette structure si caractéristique des palpes a pu rester inaperçue sous les yeux d'A. Bô^aNG. Labium (fig. 5). — Comme chez tous les Carabidae il est formé d'une pièce impaire portant deux palpes labiaux. La pièce impaire est le stipe des palpes labiaux ; elle est trapézoïde, constituée par la fusion médiane de deux pièces paires ; sa base plus fortement chitinisée correspond au mentum qui s'articule avec un submentum très faiblement chitinisé, porté en avant du bord antérieur des hypostomes entre les deux sclérites maxillaires. Sur le stipe des palpes labiaux se voient des soies latérales au nombre de trois ou quatre, la soie apicale se trouvant reportée à la face ventrale ; le bord apical du stipe porte entre les palpes une petite ligulaciUée ; toute la face dorsale ou buccale du stipe enfin est hérissée de longs cils. Tandis que chez toutes les larves connues de Carabidae les palpes labiaux sont bi-articulés, chez les larves des Tréchides ces palpes labiaux sont formés de quatre articles : un basai allongé, robuste, quatre à cinq fois aussi long que large, et trois petits articles apicaux absolument sem- LARVES DES TRECHINI 517 blables aux articles apicauxdu palpe maxillaire, mais un peu plus grêles. Aux palpes labiaux la différence avec les autres tjrpes larvaires de Carabîdae est donc plus grande encore qu'aux palpes maxillaires ; les palpes labiaux des larves de Trechus ont deux articles de plus que d'habitude et il en résulte que chez eux le nombre des articles est le même aux palpes labiaux qu'aux palpes maxillaires, puisque le stipe des palpes labiaux est homologue M t. ^■LLL Ù-VJL-L-V ' st. 4_v-i:A7^ Jt.. FiG. 6. Thorax et premier segment do l'abdomen de la larve du Trechus Bretdli Jeann., x 32. — Pr., prono- ■ tum ; ms., mésonotum ; mt., métano- tum ; \A., premier segment abdomi- nal. Ste., pièce sternale semilunaire ; ps., préscutum ; se, scutum, st. r., sto- mate rudimentaire du métasternum ; gt., stomates des segments abdomi- naux ; eppl., épipleures. . 7. Derniers segments abdo- minaux de la larve du Tre- chns Breuili Jeann., x 32. — St., stomate du huitième segment abdominal ; ?., tel- son ; c, cerques ; t, a., tube anal. FiG. 8. Face ventrale de la patte postérieure gauche de la larve du Trechus Breuili Jeann., x 45. — h., hanche ; tr., trochan- . tar ; /., fémur ; ti., tibia ; ta., tarse ; o., ongle. de l'article basai des palpes maxillaires. Prothorax (fig. 6). — Une vaste pièce sternale semi-lunaire, chitinisée et colorée comme la tête, s'articule à la face ventrale avec le bord libre du crâne. Le pronotum est constitué par deux larges sclérites pairs, dont la suture médiane est visible. Ce pro- notum est trapézoïde, transverse, un peu plus large en arrière qu'en avant ; il porte trois rangs trans verses de macrochètes. MÉSOTHORAX et MÉTATHORAX (fig. 6). — Chacun d'cux cst plus court que le prothorax. A la face dorsale les praescuta seulement sont sclérifiés t les mésonotum et métanotum portent chacim deux rangs trans verses de macrochètes. 518 7?. JEANNEL Segments abdominaux (fig. 6). — Leur coloration est blanc laiteux. Les scuta sont à peine sclérifiés et portent chacun un rang transverse de macro- chètes. Latéralement se voient les épi pleures, séparés des scuta par une zone membraneuse portant les stigmates ; les épipleures sont hérissés de grandes soies divergentes. Dernier segment abdominal ou telson (fig. 7). — Il porte deux cerques, assez courts et arqués et le tube anal. Les cerques sont hérissés d'un petit nombre (six à sept) de grandes soies divergentes. Le tube anal est grêle, cylindrique, h peine plus long que les cerques. Toute la surface du telson, des cerques et du tube anal est finement pubescente. même chez les espèces dont les sclérites thoraciques et abdominaux sont glabres entre les macrochètes. Pattes (fig. 8). — Elles sont toutes semblables, celles de la paire antérieure étant seulement un peu plus courtes. Dans leur ensemble, les pattes sont courtes, ne dépassant guère que par le tarse les côtés du corps chez l'animal vivant. Les hanches sont coniques, à peu près aussi longues que le trochanter et le fémur ensemble. La face ven- trale du trochanter et du fémur porte un double rang d'épines ; l'extré- mité apicale et ventrale du trochanter est armée d'une longue soie contournée à son extrémité. Le tibia est court, presque cubique, sa couronne apicale est formée de six épines symétriquement placées par rapport au plan sagittal du membre. Tarse long et grêle, terminé par un gros ongle unique ; le bord dorsal du tarse se termine par deux petites épines. Soies. — La position des grandes soies ou macrochètes a été indiquée dans le cours de la description ci-dessus. En plus des grandes soies, il existe sur les sclérites un revêtement de petites soies de position et de nombre variables. Ces petites soies manquent toujours chez les pulli ; elles apparaissent seulement chez les larves âgées plus ou moins nom- breuses, suivant les espèces. LES LARVES DE TRECHINI CONNUES Les 9 larves nouvelles décrites ici portent à 16 le nombre des espèces dont les premiers états sont connus. Ces 16 espèces se répartissent dans les genres Aepus Sam. (2 esp.), Iberotrechus Jeann. (l), Trechus Clairv. (5), Trechopsis Peyer. (1), Duvalius Del. (l), Duvalites Jeann. (i), Anophthalmus St. (1), Neaphaennps Jeann. (1). Ce nombre est LARVES DES TRECHINI 519 très faible si l'on pense au grand nombre des espèces de Trechini connues^ ! Si on ne connaît pas davantage de larves de Trechinae luoicoles, c'est bien sûr parce que les entomologistes ne portent pas assez d'attention aux larves qu'ils rencontrent. I^es larves des Trechus paraissent vivre avec l'adulte, dans les mêmes habitats. Il est vrai qu'elles doivent être toujours difficiles à découvrir, comme semble le prouver l'observation suivante : En triant des détritus tamisés provenant de l'aven de Compagnaga lecia (Basses-Pyi'énées), où abondaient les Trechus disiigma KiESW adultes, il m'était impossible de trouver une seule larve par les procédés de triage habituels, même en opérant au laboratoire. L'examen direct, le triage par la lumière, l'inondation artificielle ne donnèrent aucun résultat; seul le procédé de dessiccation complète des tamisages dans un crible ouvert, posé au-dessus d'une nappe d'eau, a fait sortir en nombre les larves du Trechus. C'est dans l'intérieur des petits débris ligneux, dans les petites mottes de terre agglomérée que les larves se cachent, au point d'échapper facilement à l'examen direct, même sous le binoculaire; elles se laissent noyer plutôt que de sortir de leur cachette si on traite le matériel par les procédés d'inondation ; mais les méthodes de dessiccation, judicieusement appliquées, permet- tront certainement de découvrir les larves de nombreuses espèces lucicoles. Quant aux espèces cavernicoles, ce n'est certainement que par hasard que leurs larves se présentent ; toutes celles connues ont été trouvées isolément et rarement. De plus, on peut remarquer que toutes les espèces cavernicoles dont on connaît les larves sont des lapidicoles et qu'on ne sait rien sur les premiei's états des espèces troglobies bien plus strictement adaptées, comme par exemple les Geotrechus endogés ou les Aphaenops des parois stalagmitées. Ces derniers abondent parfois à l'état adulte d'une façon incroyable, mais jamais, même par hasard, une de leurs larves n'a été rencontrée. Je reviendrai avec détail sur ce fait dans une étude de l'écologie des Coléop- tères des cavernes ; disons ici seulement que les larves des Aphaenops, comme d'ailleurs celles de la plupart des Bathyscinae troglobies sont 1. A CCS IC espèces dont les mctamori'.hoscs sont connues, il faut ajouter Paruphaenops Breiiili'irms Jeann., dont j'ai pu recueillir tout récemment des larves, qui seront décrites ultérieurement. L'intérêt de ce nouveau type larvaire est important, car il s'agit ici d'une espèce aphénopsienne, troglobic très modifiée. A première \Tie la larve du Pdraphaenops entre parfaitement dans le cadre des larves de Trechini, défini ci-dessus; clic pos-sède les mémos caractères et particulièrement la même formule paljiaire. Elle se fiit remarquer par la grande lon^iunir djs app^îudicss et des pattjs et surtout par la forme rigoureusement parallèle de sa tête, comme celle du Duvalius Rnymandi. 520 B. JE ANNE L encore plus strictement adaptées que les imagos ; les grandes cavités des grottes leur offrent des conditions d'humidité, de température, d'état physique de l'air trop variables et elles restent confinées dans les fentes où les conditions d'existence sont plus rigoureusement constantes. Gen. AEPUS Samouelle La larve de V Aepiis Bobini Lab. fut décrite pour la première fois par Ch. CoQUEKÉL (1850, p. 529, et pi. XVI, fig. 3) ; ses caractères généraux, forme de la tête, longueur des pièces buccales, etc., sont ceux des larves de Trechus. Malheureusement des erreurs graves et multiples se sont glissées dans la description et sur les dessins de Coquerel ; en ce qui concerne les palpes, il les dit tous de 3 articles. Mais l'examen de la figure (pi. XVI, fig. 3, b) montre clairement que l'article basai des palpes maxillaires a été méconnu et que la formule palpaire doit être : 4 articles maxillaires, 3 labiaux. A. Laboulbène (1858, p. 82) décrivant la larve du Micralymma hrevipenne Gyll., petit StaphyHnide marin, ayant les mêmes mœurs que les Aepus, fournit la preuve qu'une larve décrite et figurée par J. O. Westwood (1838, p. 131, et pi. IV, fig. 2; 1839, I, p. 169 et fig. 16-15) comme larve du Micralymma n'est pas autre chose qu'une larve d' Aepus, très semblable à celle décrite par Coquerel et devant vraisemblable- ment être rapportée à 1'^. 7narinus Strôm. Laboulbène reproduit (pi. II, fig. 1, 3 et 4) les dessins de Westwood, d'où il appert que cet 'auteur avait comj)té 4 articles aux palpes maxillaires, 3 aux palpes labiaux, for- mule identique à celle donnée par Coquerel. Plus tard, E. Perris (1862, p. 177) relève les nombreuses erreurs de la description de Coquerel et ce faisant il s'étonne du nombre insoKte des articles des palpes, qu'il met en doute, en supposant que des recherches ultérieures ramèneront la formule à 4 articles maxillaires et 2 labiaux, ccmme chez toutes les autres larves de Carabiques. E. Perkls ne fait d'ailleurs aucune allusion au mémoire de Laboulbène sur le Micralymma, ni aux descrij)tions de Westwood. Peut-être est-ce un peu suggestionné par la haute autorité de l'ento- mologiste landais que Laboulbène (1862, p. 564) apporte peu après une vérification faite par lui-même sur de nouveaux matériaux et donne raison à Perris contre Coquerel et Westwood, En réalité, il faut reconnaître que les articles apicaux des palpes LARVES DES T BEC H IN L 521 doivent être bien difficiles à compter chez des larves minuscules comme celles des Aepus et je conclus que la formule établie par Westwood et CoQUEREL, c'est-à-dire 4 articles maxillaires, 3 labiaux, doit se rapprocher de la réalité. Pour ces auteurs le palpe maxillaire comprend un basai, un prébasal, deux apicaux, le palpe labial, un basai et deux apicaux, La question de savoir s'il existe Ai'aiment à chaque palpe deux articles api- caux ou trois comme chez les Tr échus est secondaire ; l'essentiel est qu'il semble bien que chez les larves à^ Aepus comme chez celles de Trechus le nombre des articles du palpe labial, si on y comprend le stipe, est le même que celui des articles du palpe maxillaire. D'après les figures des auteurs le nasal des larves à' Aepus ne paraît pas être saillant et crénelé en avant. Mais ce caractère différentiel mérite- rait confirmation. Iberotrechus Bolivari Jeannel (Fig. 9 à 12). Matériel. — Un exemplaire jeune recueilli par C. Bolivar dans la cueva del Pis, term. mun. de El Soto, partido de Villacarriedo, provin- cia de Santander, Espagne. Iberotrechus Bolimri Jeann., larve jeune. FiG. 9. Face dorsale de la tête x 45. — Fia. 10. Face latérale de la tête et du prothorax, x 45. — FiG. 11. Bord antérieur du nasal, x 160. — FiQ. 12. Sommet de la maxille droite, face dorsale, x 80. Tête relativement peu allongée. Ocelles développés ; le groupe anté- rieur est nettement trilobé et pourvu de cornéules ; le groupe postérieur est représenté par une petite masse de pigment. Bord antérieur du nasal 622 R. JEANNEL non trilobé, mais arqué, peu saillant, crénelé surtout latéralement. Cette fo]'me du nasal distingue la larve de VI. Bolivari de toutes les autres larves de Trechus connues. Chez l'exemplaire examiné, les antennes sont épaisses, avec l'article II à peine plus long que large, l'article terminal ovoïde, le basai des palpes est épais, le basai de la galea est grand, aussi long que les deux tiers de l'article apical ; les téguments et particulièrement le telson et les cerques sont glabres entre les macrochètes. Mais tous ces derniers caractères ne doivent pas être retenus, car il s'agit d'mie larve jeune. Longueur de l'exemplaire décrit : 4 mm. Trechus quadristriatus Scbrank (Fig. 13 à 17). Matériel. — Un exemplaire provenant de Copejihague. Cet exem- plaire est un co-type d'A. Bôving ; il a été donné par M. K. Henrirseist Trechus quadristriatus Schrank, larvo âgée. Fia. 13. Antunnc droite, face dorsale, x 80. — Fia. 14. Bord antérit-ur du nasal, x ICO. — Fia. 15. Sommet du palpe labial gauche, face ventrale, x ICO. — FiG. 16. Sommet de la maxille gauche, face dor- sale, X ICO. — FiG. 17. Labium et maxillu gauche, face ventrale, x 80. du Kjobeiihavn zoologiske Universitetsmuseum, à P. de Peyerimhoff qui l'a obligeamment mis à ma disposition. A part les observations faites ci-dessus à propos des palpes labiaux et maxillaires, il n'y a rien à ajoutera l'excellente description de A. Bôving. LARVES DES TEECHINf 523 FiG. 18. Larve âgée du Trechus rufif lus Dej., X 17. — FiG. 19. Face ven- trale de la tête et des premiers segments thora- ciques de la même, x 17. Chez la larve de T. quadristriatus âgée, le nasal est fortement trilobé, assez régulière- ment crénelé ; les créneliires sont arrondies, semblables sur les trois lobes ; le bord anté- rieur du sclérite mandibulaire ne porte pas de crénelures dans l'échancrure naso-mandi- bulaire. Les ocelles sont représentés par trois taches pigmentaires, deux antérieures et une j)ostérieure. Les appendices buccaux sont grêles r le stij^e de la maxille est envi- ron six fois aussi long que large. Les scié- rites thoraciques et abdominaux sont cou- verts de petites soies entre les macrochètes. Les téguments de la tête sont peu distinc- tement réticulés. Long, de l'exemplaire décrit : 7 mm. env. ' "'^"^ Trechus rufulus Dejean (Fig. 1 à 5 et 18 à 25). Matériel. — Cinq individus âgés, provenant de la grotte des Beni-Add, douar d'Aïn-.Fezza, comm. de Tlemcen, dépar- tement d'Oran, Algérie (2 XII-09), Biospeologica n^ 334. Ces exemplaires ont été recueillis dans les débris végé- taux très humides du fond du vestibule faiblement éclairé, en com- pagnie des imagos et de nombreuses autres espèces à tous les stades de leur développement. Larve grêle et allongée ayant tout à fait l'asjDect exté- rieur de celle du T. quadris- triatus. Tête faiblement rétré- cie en arrière au niveau du cou. Nasal nettement trilobé et crénelé ; les crénelures sont irrégulières, celles des lobes externes sont plus fortes et plus épaisses que celles du lobe médian ; latéralement le bord antérieur du sclérite mandibulaire et le fond de l'échancrure naso-mandibulaire sont crénelés comme les lobes du nasal. Ocelles iden- Fi(t. 20. Bord antérieur du nasal de la larve du Trechus rujulus Dej., >; IGO. 524 R. JEANNEL tiques à ceux du T. quadristriatus. Stipe des maxilles six fois aussi long que large. Téguments céphaliques réticulés. Sclérites du thorax et de l'ab- Trecktis rufulus Bvj., larve âgée. FiG. 21. Face dorsale de la tête, x 45. — FiG. 22. Face ventrale de la tête, avec les maxilles et le labiuni, x 45. domen couverts de petites soies assez clairsemées entre les macrochètes. Long, des exemplaires décrits : 7 à 9 mm. env. Trechus rufulus Dej., larve âgée. Fio. 23. Antenne droite, face dorsale, x 112. — FiG. 24. Labium et inaxillc gauche, face ventrale, x 112. FiG. 25. Patte intermédiaire gauche, face ventrale, x 112. LARVES DES TRECHINI 525 Trechus distigma Kiesenwetter (Fi g. 26 il 30). Matériel. — Un individu jeune provenant de la grotte d'Istaurdy, comm. d'Aussurucq, canton de Mauléon, département des Basses- Pyi'énées, France (5 IX- 13), Biospeologica n» 686 A. Cet exemplaire a été recueilli en criblant les feuilles mortes du cône d'éboulis de l'aven qui forme l'entrée de la caverne ; avec lui se tenaient de nombreux imagos et une très riche faune lemnophile. Trechus distigma Kiesenw., larve jeune. FiG. 26. Extrémité antérieure du corps, face dorsale, x 45. — Fio. 27. Antenne droite, face dorsale, x 112. — FiG. 28. Bord antérieur du nasal, face dorsale, x 160. — Fia. 29. Labium et maxille gauche, face ventrale, x 112. — FiG. 30. Telson, face dorsale, x 80. Larve de coloration pâle, avec la tête testacée, moins chitinisée que les précédentes. Tête parallèle, non rétrécie à la base. Nasal très saillant, distinctement trilobé et bordé de denticules aigus semblables sur les trois lobes ; le lobe médian est assez saillant ; il existe quelques crénelures dans l'écliancrui'e naso-mandibulaire. Ocelles très développés : le rang antérieur est représenté par une large tache pigmentaire très apparente et pourvue de cornéules ; le rang postérieur est indiqué par une cornéule et des traces de pigment. Antennes et pièces buccales relativement courtes, mais il faut tenir compte de ce que l'exemplaire décrit est jeune. L'article II des antennes est à peu près cubique ; l'article III est court et épais, Arch. de Zool. Exp. et Gén. — T. 59. — F. 3. 34 526 n. JEAXNEL l'article IV presque aussi long que le II. Maxilles courtes et épaisses ; le stipe n'est guère plus de trois fois aussi long que large ; les palpes sont épais : le basai du palpe maxillaire est transverse, le prébasal à peine plus long que large. L'article basai du palpe labial est à peine trois fois aussi long que large ; les trois articles apicaux sont nettement discernables à tous les palpes. Tête indistinctement réticulée. Sciérites thoraciques et abdominaux avec de rares petites soies disséminées entre les macrochètes ; les cerques et le tube anal sont nettement pubescents. Long, de l'exemplaire décrit : 4 mm. Trechus Pieltaini Jeannel (Fi g. 31 à 35). Matériel. — Un individu jeune recueilli par C. Bolivar dans la cueva de Mairuelegorreta, tcrm. mun. de Cegoitia, partido de Amurrio, provin- Jj. 'Trechus Pieltaini Jeannel, larve jaune. l''l«. 31. Extrémité ;miiïïm(§îh Trechus Breuili Jcannol, larve ilgéc. Fui. 40. Face dorsale de la tCtc, x 45. — Fio. 41. Labium et nuixille gauche, face ventrale, x 80. LABVES DES THECHINI 529 basai du palpe labial est cinq fois aussi long que large. Sclérites thora- ciques et abdominaux présentant tous les macrochètes normaux et de plus une véritable pubescence de petites soies intermédiaires très nom- breuses ; les cerques et le tube anal sont aussi pubescents. Longueur de l'exemplaire décrit : 9 mm. Cette larve est intéressante, car elle appartient à une forme faisant partie du petit groupe très homogène du T. fulvus Dej, Il sera intéressant de savoir si l'œil fait défaut chez les larves de toutes les espèces dont les imagos sont oculés ; en particulier T. Breuili est oculé. De plus, il est possible que la forme spéciale du nasal et la pubescence très dense des sclérites soient des caractères propres au groupe du T. fulvus. Trechopsis Lapiei Peyerimhoff (Fig. 42 à 47). Matériel. — Une larve recueillie par P. de Peyerimhoff dans le passage couvert du tessereft Guiril, crête du dj. Haïzer, comm. de Dra- el-Mizan, département d'Alger, Algérie. Cette larve se trouvait en compa- gnie d'imagos et de larves de VAlpaeus exul Peyer. Une larve très jeune (pullus), recueillie par P. de Peyerimhoff dans le tessereft Tabort Boufrichen, crête du dj. Haïzer, comm. de Dra-el- Mizan, département d'Alger, Algérie (31 X-13), Biospeologica n» 713. Exemplaire recueilli dans la pénombre, sous les pierres, avec l'imago et diverses autres espèces. La larve âgée provenant du tessereft Guiril mesure 8 mm. de long. Elle est fortement chitinisée, avec la tête et les sclérites prothoraciques ferrugineux. La tête est nettement rétrécie en arrière au niveau du sUlon cervical ; ses téguments sont distinctement alutacés. Le, nasal est très saillant, son lobe médian formant un angle aigu ; les crénelures sont arrondies, toutes égales, et elles s'empilent sur la pointe du lobe médian qui apparaît ainsi multituberculé ; pas de crénelures dans l'échancrure naso-mandibulaire. Antennes et pièces buccales gTêles et longues. L'in- sertion des antennes est légèrement reportée sur la face dorsale. Le stipe des maxilles est sept fois aussi long que large ; l'article, basai de la galea est allongé ; le palpe maxillaire est très développé, avec un pré- basal volumineux, deux fois plus épais que les articles apicaux. Palpe 530 B. JEANNEL labial à basai quatre fois aussi long f{\\o large. Ocelles réduits, mais l)icn visibles, .sous la forme de trois petites taches pigmentai res. Sclérites du thorax et de l'abdomen, ainsi que le crâne, couverts de petites soies assez nombreuses, disséminées entre les macrochètes. Cerques et tube anal pubescents ; l'orifice anal est encadré par deux grandes évaginations donnant à l'extrémité du tube anal la forme d'un Y. La larve jeune du tessereft Tabort Boufrichen n'a guère que 4 mm. de long. Elle est pâle, peu cliitinisée et, comme on le verra, assez difïé- '//'i : 1 c^ Trechopsis Lnpiei Peyer-, larve âgée. FlG. 42. race dorsale de la tête, x 45. — FiG. 43. Telson, face dorsale, x 45. rente de la larve âgée décrite ci-dessus. Chez cette larve jeune, la tête est plus courte, plus arrondie. Le nasal présente la même forme trilobée et le même lobe médian multituberculé, mais les tubercules sont plus saillants, plus aigus et le bord libre des lobes est denté plutôt que crénelé. Pas traces d'ocelles. Les antennes sont beaucoup moins développées, surtout les articles de la base. Les maxilles sont plus courtes et plus larges, le stipe n'étant guère que quatre fois aussi long que large au lieu de sept fois. Le basai des palpes labiaux est également beaucoup plus épais. Les sclérites du corps sont glabres entre les macrochètes, de même les cer(|ues et le tube anal ; l'extrémité de ce dernier porte une évagination on Y. LARVES DES TJRECHINI 531 En présence de ces deux larves si différentes, la question se pose natu- rellement de savoir si leur identification à l'espèce Trechopsis Lapiei est exacte. La première, en raison de ses caractères, de sa taille, de l'exis- tence d'ocelles, est certainement la larve du Trechopsis, seule espèce de Carabique d'ailleiu's, avec Alpaeus exul, que l'on rencontre dans le tesse- reft Guiril. Mais on pourrait se demander à première vue si la jeune larve du tessereft Tabort Boufrichen est bien aussi une larve de Trechopsis. Je ne crois pas qu'on puisse la rapporter à VOreocys Bedeli Peyer* Trechopsis Lapiei Peyer., larve jeune. FIG. 44. Face dorsale de la tête, x 45. — Fio. 46. Bord antérieur du nasal, face dorsale, x 160. — Fia. 46. Labium et maxille gauche, face ventrale, x 80. — Fia. 47. Patte postérieure droite, face ventrale, x 80. Bembidiide microphthalme vivant dans le même tessereft, car la larve de VOreocys doit être coulée. A cause de l'absence d'ocelles, on pourrait peut-être supposer qu'elle appartinsse à quelque espèce encore inconnue de Duvalius, mais il me semble plus rationnel d'admettre qu'il s'agit simplement d'un jeune Trechopsis et cela en raison de certaines similitudes de structure comme principalement ceUe du nasal ou encore celle de la galea de la maxiUe ou du tube anal. Toutes les différences que l'on observe entre les deux larves doivent être attribuées à la différence d'âge. En effet chez toutes les larves jeunes décrites dans ce travail, le nasal est armé de denticules aigus tandis que ces denticules sont toujours remplacés par des crénelures obtuses chez les larves de grande taille ; tous les appen- dices et les membres sont relativement beaucoup plus épais chez les jeunes, 532 /?. JEANXEL ia pubescence fait défaut sur les sclérites, les cerques et le tube anal entre les macrochètes. Quant aux ocelles, très réduits chez la larve âgée de Trechopsis, ils feraient défaut chez la larve jeune, à moins que sur l'exem- plaire décrit ici le pigment ocellaire n'ait été détruit par une action trop intense de la potasse. Duvalius Raymond! Delarouzée (Fig. 48 il 51). Matériel. — Un exemplaire recueilli avec des imagos par Ch. Fagniez, dans la grotte des Fées, comm. et canton d'Hyères, département du Var, France. Duvalius Baymondi Dolar., larve âgée. Fkj. 48. Face dorsale de la tête, x 45. — FiG. 49. Bord antérieur du nasal, face dorsale, x 160. — FlG. 50. Labium et maxille gauche, face ventrale, x 80. — FiG. 51. Tibia et tarse de la patte intermédiaire gauche X 80. La tête est remarquable par la forme parallèle de ses côtés, sans trace de rétrécissement cervical. Pas trace d'ocelles. Le nasal est modé- rément saillant ; le lobe médian forme un angle obtus, les lobes latéraux sont à peine distincts, le bord libre des trois lobes est garni de dents régulières, saillantes, toutes à peu près semblables. Antennes à article III relativement très long. Stipe des maxilles six fois aussi long que large ; article basai de la galea allongé, prébasal du palpe environ deux fois aussi long que large. Basai des palpes labiaux très long et grêle, cinq à six fois LABVES DES TRECHINI 533 aussi long que large, bien plus long que les trois articles apicaux réunis. Sclérites pubescents entre les macrochètes ; les petites soies qui forment cette pubescence sont assez clairsemées. Cerques pubescents, très longs, presque deux fois aussi longs que le tube anal. Longueur de l'exemplaire décrit : 7 mm. Cette larve est remarquable par la forme parallèle de sa tête, l'arma- ture régulière du nasal et surtout par la longueur des cerques. Duvalites convexicollis Peyerimhofï Larve décrite et figurée par P. de Peyerimhoff (1906, p. 109, fig 1-2). Recueillie avec l'imago dans la grotte dite Pertuis de Méailles, comm. de Méailles, canton d'Annot, département des Basses-Alpes, France. Sclérites céphaliques et prothoraciques bien chitinisés chez la larve âgée. La tête est notablement rétrécie au niveau du sillon cervical. Nasal saillant, fortement trilobé ; les lobes latéraux sont anguleux, le lobe médial est aigu ; d'après la figure 2 de Peyerimhoff, les crénelures sont plus saillantes et plus grandes sur les lobes latéraux que sur le lobe médian. Antennes et pièces buccales longues et grêles. Le stipe des maxilles est six fois aussi long que large ; le basai de la galea est allongé, le palpe maxillaire (« apparemment composé de cinq articles w, dit Peyerimhoff qui a donc bien compté les trois articles apicaux) montre un prébasal allongé, trois fois aussi long que large. Pas d'ocelles. Sclérites pubescents entre les macrochètes. Cerques de même longueur que le tube anal. La description de P. de Peyerimhoff, très complète, indique que cette larve doit être très semblable d'aspect à la larve du D. Lespesi décrite plus loin, dont elle ne paraît guère différer que par la forme du nasal. Duvalites diniensis Peyerimhofï Larve décrite et figurée par P. de Peyerimhoff (1906, p. 111, fig. 3-4). Provenant de la grotte de Cousson, comm. et canton de Digne, départe- ment des Basses- Alpes, France. D'après Peyerimhoff, cette larve est en tous points semblable à la précédente et ne s'en distingue que par la tête plus large en avant, moins rétrécie en arrière et par le nasal dont les lobes latéraux sont moins 634 R. JEANNEL saillants et portent des créneliires plus petites et plus nombreuses, six au Keu de trois ; les erénelures latérales sont cependant plus grandes que celles du lobe médian ; ce dernier est saillant, en angle aigu. Les appendices seraient plus grêles que chez la larve du D. convexicollis Pey. Duvalites Brujasi Sainte-Claire Deville Larve décrite d'abord par V. Xambeu (1904, p. 106), puis par P. de Peyerimhoff (1906, p. 111, fig. 5). Les deux descriptions concernent des exemplaires recueillis dans la Baume Granet, comm. de Roquefort, canton de Bar, [département des Alpes -Maritimes, France. h]/lf Fin. 52. Larve âgée du Diiviilitef! Lespesi Fairiii. X 17. La description de Xambetj paraît bien devoir se rapporter à une larve du D. Brujasi Dev., malgré les erreurs flagrantes qui s'y trouvent accumulées ; les mandibules pubescentes, les mâchoires à tige très courtes, les ocelles rougeâtres en arrière des man- dibules sont autant d'invraisemblances. Peyerimhoff qui a repris cette larve dans la baume Granet indique qu'elle est identique à celle du D. diniensis Peyer., présentant la même forme de la tête, mais que chez elle les lobes latéraux du nasal sont peu saillants et les erénelures du bord libre très effacées. Duvalites Lespesi Fairmaire (Fig. 52 à 57). Matériel. — Un individu recueilli dans la grotte des Trois Cloches, comm. de Penne-du-Tarn, canton de Vaour, département du Tarn, France (30 XII- 12), BiosPEOLOGiCA no 598. Il a été trouvé dans la salle des Trois Cloches, avec des imagos, sous des pierres enfouies dans l'argile détrempée. Larve grêle, à appendices et membres grêles et très allongés, à macrochètes très longs. Tête et scié- rites prothoraciques testacés pâles, peu cliitinisés, LARVES DES TRECHINI 535 Tête fortement rétrécie en arrière dans la région cervicale, présentant sa plus grande largeur au niveau des sclérites antennaires. Pas d'ocelles. Nasal saillant, à lobes laté- , raux effacés, à lobe médian formant un angle aigu ; les crénelures des lobes laté- raux, au nombre de cinq à ^ six, sont bien plus larges et moins saillantes que celles du lobe médian. Pas de crénelures dans l'échan- crure naso-mandibulaire. Antennes grêles, à article II nettement plus long que large. Stipe de la maxille sept fois aussi long que large ; le basai de la galea est allongé, le prébasal du palpe est trois à quatre fois aussi long que large. Basai du palpe labial cinq fois aussi long que large, à peine plus long que les FiG. 53. Face dorsale de la tête de la larve âgée du Duvalîtes Les- pesi Fairiu., x 45. Dumlites Lfspesi Fuirm., lurve âgéo. Fui. 54. Antuniui droite, face dorsale, x 80. — FiG. 55. Sommet de la même, x ICO. — Fio. 56. Bord antfrieiiv du nasal, face dorsale, x 160. — Fio. 57. Labium et maxille gauche, face ventrale, x 80. 536 n. JEANNEL trois articles apicaux réunis. Sclérites couverts de petites soies très fines entre les macrocliètes. Cerques et tube anal pubescents, de même longueur, mais très longs ; le tube anal est environ six fois aussi long que large. Longueur de l'exemplaire décrit : 8 mm. Cette larve est remarquable par ses caractères d'adaptation troglobie et particulièrement par la longueur de ses appendices. Anophthalmus Mayeti subsp. caussicola Jeannel (Fig. 58 à 61). Matériel. — Un individu jeune, recueilli dans la grotte de la Pou- jade, comm. et canton de Millau, département de l'Aveyron, France Anophthalmus Mayeti Ab., larve jeune. Fio. 58. Face dorsale de la tête, x 45. — Fio. 59. Bord antérieur du nasal, face dorsale, x 160. — FiQ. 60. Labium et maxillc gauche, face ventrale, x 80. — Fig. 61. Tibia et tarse de la patte intermédiaire gauche, X 80. ( 1 8 IV-09), BioSPEOLOGiCA, no 257. Cet exemplaire a été rencontré dans des débris végétaux, débris de paille moisie et très humide, amassés au pied des bornes stalagmitiques et dans lesquels les imagos n'étaient pas rares. Cette larve est assez différente des précédentes. Sa tête est parallèle, sans trace de rétrécissement dans la région cervicale. Pas d'ocelles. L'épistome est relativement étroit et allongé ; le nasal est très saillant LARVES DES TEECHINI 537 en avant, étroit, trilobé, son lobe médian formant ini angle aigu assez fermé ; les lobes latéraux portent chacun trois grandes dents, le lobe médian est pourvu de crénelures arrondies, plus petites. Antennes à base ramassée, à article III très grand (larve jeune). Maxilles à stipe cinq à six fois aussi long que large (il doit être bien plus long et par conséquent très grêle chez la larve âgée). Basai des palpes labiaux relativement épais. Scié- rites couverts de petites soies entre les macrochètes. Cerques et tube anal très longs, de même longueur. Ongles des tarses très grands, falciformes. Longueur de l'exemplaire décrit : 8 mm. Cette larve est très reconnaissable au premier coup d'œil jîar la forme allongée de l'épistome et le nasal étroit. Neaphaenops Tellkampfi Erichson (Fig. 62). La larve de cette espèce a été décrite d'abord par A. S. Packard (1874, p. 562), puis avec plus de détails par H. G. Hubbard (1886, p. 77, fig. XVIII et pi. XX, fig. 6), d'après un seul exemplaire recueilli au « Hebe spring », c'est-à-dire à une dizaine de kilomètres de l'entrée de Mammoth cave, dans le Ken- tucky, Etats-Unis d'Amérique. Packard et Hubbard faisaient quelques réserves sur l'attribution de cette larve à un Anophthalmus. En réalité il n'y a aucun doute à avoir. Il est même infiniment pro- bable que c'est au N. Tellkampfi Er. que cette larve doit être rapportée. Elle se fait remarquer en effet sur- tout par la brièveté de ses mandi- bules à côté de maxilles démesuré- ment allongées. Or, parmi les espèces de Tréchides qui peuplent Mammoth cave, N. Tellkampfi est précisément la seule qui présente à l'état adulte des mâchoires et palpes maxillaires très grêles et très longs. De plus N. Tell- FlO. 62. Face dorsale de la tête du Neaphaenops Tellkampfi Er., d'après la description et les figures de Hubbard (1886, p. 77). 538 i?. JEANNEL kamjjfl est l'espèce réiDandue, commune, dans la gi*ande caverne améri- caine ; elle y vit à la façon des Duvalites dans les grottes d'Europe ; sa larve a donc beaucoup i^lus de chance d'être rencontrée que celle des autres espèces, Menetriesi Motsch., inierstitialis Hubb., espèces rares, endogées, dont le genre de vie doit être plutôt celui de nos Geotre- chus pyrénéens ou des Orotrechus du Carso et par conséquent dont les larves doivent passer leur existence dans les régions phréatiques des massifs calcaires. Larve grêle avec les sclérites céphaliques et prothoraciques bien chi- tinisés. Tête relativement petite et surtout peu allongée. Pas d'ocelles. Nasal saillant, trilobé, à bord libre paraissant régulièrement crénelé ; le lobe médian forme un angle droit. Antennes courtes, de même longueur que les mandibules ; celles-ci ramassées, peu aiguës à l'extrémité ; leur pointe ne dépasse pas le sommet du stipe de la maxille. Maxilles très déve- loi^pées ; le palpe est aussi long que le stipe. La figure de Hubbard indique deux articles apicaux dont le second est très grêle, deux fois plus long que le premier ; nul doute que, convenablement examiné, ce second article apparaîtra comme formé lui-même de deux articles. Même observation pour le palpe labial dont les articles apicaux sont aussi longs ensemble que le basai, lui-même très allongé. Sclérites pubescents entre les macrochètes. Cerques peu allongés, aussi longs que le tube anal. Longueur de l'exemplaire décrit : 8 mm. ESSAI DE SYSTÉMATIQUE DiAGNOSÊ DU TYPE LARVAIRE DES TrecMm. — Larvcs grêles, peu chitinisées, les sclérites hérissés de macrochètes bien développés, pubes- cents entre les macrochètes, à partir d'un certain âge. Tête plus longue que large, avec l'épistome non déprimé, les côtes du tentorium très obliques et par suite les aires antennaires étroites et la zone ensiforme allongée, les sillons cervicaux peu marqués, la suture épier âniale occupant le sixième de la longueur de la tête ; les sutures frontales à double courbure peu accentuée. Nasal très saillant, en général trilobé ou anguleux, crénelé ou denticulé. Ocelles absents ou représentés seulement par 2 ou 3 taches pigmentaires, sans cornéules. Antennes à article III bilobé, l'apex pourvu d'organes sensoriels bien développés. Mandibules grêles et falcif ormes. Maxilles et labium particulièrement grêles et allongés, les maxilles LARVES DES T BEC H IN L 530 toujours bien plus longues que les mandibules. Palpes maxillaires de 5 articles, palpes labiaux de 4 articles ; donc ces derniers, avec leur stipe, homologues des premiers. Pattes à hanches aussi longues que le trochanter et le fémur ensemble, peu épineuses ; le tarse terminé par un seul ongle. Tube anal grêle et long, aussi long que les cerques qui portent un petit nombre de macrochètes. TABLEAU SYNOPTIQUE DES LARVES DÉCRITES 1 . Larves vivant au bord de la mer, dans la zone intercotydale, paraissant être aveugles et présenter un nasal à bord anté- rieur tronqué, concave Gen. Aepus Sam. - — Larves terrestre, à nasal saillant et crénelé 2 2. Nasal arrondi, crénelé, nullement anguleux. Des ocelles bien développés Iberoir échus Bolivari Jeann. — Nasal plus ou moins trilobé, crénelé ou denticulé, son lobe médian formant un angle saillant en avant 3 3 . Des ocelles pigmentés 4 — Pas d'ocelles 8 4. Lobe médian du nasal très saillant et hérissé de denticules s 'em- pilant sur la face dorsale Trechopsis Lapiei Peyer. — Lobe médian du nasal seulement crénelé ou denticulé sur ses bords. 5 5. Denticulation du nasal régulière, les dents toutes semblables sur les trois lobes 6 — Denticulation du nasal irréguliêre, les dents latérales plus grandes que les dents médianes 7 6. Pas de crénelures dans l'échancrure naso-mandibulaire de l'épistome Trechus Pieltaini Jeank. — Des crénelures dans l'échancrure naso-mandibulaire de l'épis- tome Trechus distigma Kiesw. 7. Pas de crénelures dans l'échancrm'e naso-mandibulaire de l'épistome Trechus quadristriatus Schek. — Des crénelures dans l'échancrure naso-mandibulaire de l'épis- tome Trechus rufidus Dej. 8. Mandibules courtes j leur apex atteignant à peine le sommet des stipes des maxilles Neaphaenops Tellkampfi Er. — Mandibules longues et grêles, leur apex dépassant le sommet des stipes des maxilles , 9 .j40 /.'. JEANNEL !). Denticulation du nasal régulière, les dents toutes semblables sous les trois lobes 10 — Denticulation du nasal irrégulière, les dents latérales plus grandes que les dents médianes 11 10. Denticules du nasal très saillants ; tête à côtés parallèles. Duvalius Raymondi Del. — Denticules du nasal très effacés, obsolets, tête à côtés rétrécis dans la région cervicale Duvalites Brujasi Dev. 1 1 . Tête à côtés parallèles, l'épistome étroit et très saillant ; créne- lures externes du nasal très grandes et en petit nombre (3), le nasal étroit Anophthalmus Mayeti Ab. — Tête à côtés rétrécis en arrière dans la région cervicale ; épis- tome de forme normale 12 12. Dents externes du nasal très larges, mais très peu saillants, au nombre de 4 ou 5 Duvalites Lespesi Fairm. — Dents externes du nasal très saillantes 13 13 . Dents externes du nasal au nombre de 3 Duvalites convexicollis Peyer. — Dents externes du nasal au nombre de 6. Duvalites diniensis Peyer. * Il est à remarquer qu'il n'existe pas une corrélation absolue entre la disparition de l'œil et l'allongement des appendices. La larve oculée du Trechopsis possède des pièces buccales au moins aussi grêles et longues que celles des Duvalites aveugles et d'autre part parmi les larves aveugles, il en est dont les appendices sont plus ou moins allongés. De toutes les larves décrites ci-dessus, celle dont les appendices sont les plus longs est celle du D. Lespesi et cette espèce ne se fait certes pas remarquer à l'état adulte par une somme de caractères adaptatifs plus grande que chez ses congénères. Les larves ont des ocelles chez les espèces dont l'imago est oculé, elles n'en ont point chez les espèces aveugles des cavernes ; mais il faut observer que chez un Trechus microphthalnie, comme le T. Breuili (qui ■ n'est qu'une adaptation troglobie du T. fulvus Dej.), la régression de l'œil a marché plus vite chez la larve que chez l'adulte, puisque la larve est aveugle, tandis que l'adulte a encore des yeux fonctionnels, quoique petits. On pouvait d'ailleurs s^attendre à voir des ocelles larvaires dispa- LARVES DES TRECHINI 541 raître avec plus de facilité dans les cavernes que des yeux composés de Coléoptère adulte, car on sait que l'atrophie régressive d'im organe se fait avec d'autant plus de facilité que cet organe est plus simple. AUTEURS CITES 1910. BôviNG (A.)- Nye Bidrag til Garabernes Udviklingshistorie. I. Larver til Calathus Olisthopiis, Oodes, og Blethisa. {Entomol. Meddelelser, Kjôbenhavn, I, p. 319-364, pi. VI.) 1911. BôviNG (A.). Nye Bidrag til Garabernes Udviklingshistorie. II. Larver af Slaegterne Tachypus, Cillenus, Trechus, Clivina, Zabrus, Anisodactylus. (Entomol. Meddelelser, Kjôbenhavn, II, p. 129-180, fig. pi. V-IX.) 1850. CoQUEREL (Ch.). 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SOMMAIRE : Introduction 543 Description du parasite 544 Répartition des kystes le loua du tube digestif de l'iuseete 545 Mode de pénétration de la larve du Distonie dans le corps du Dytique 546 Mode de fixation des kystes à l'intestin 547 a) le rôle des leucocytes (p. 548). — h) fibres musculaires périkystigues (p. 551). — c) trachées (p. 554). — ■ d) membrane périkystique (p. 555). — - é) action mécani(iue des cryptes de régénéra- tion et des tubes de Malpighi (p. 556). Les toxines sécrétées par les larves du Distome enkystées ont-elles une action nocive sur les cellules de l'organisme de l'insecte, en dehors des éléments au contact des kj'stes 557 1" action sur les cellules digestives et muscles (p. 557). — 2" cellules adipeuses (p. 557). — 3° néoténie et métathélie (p. 558). — 4' action sur les tubes de Malpighi (p. 558). — 5° action sur les testicules (p. 560). Conclusions 500 Index bibliographique 501 INTRODUCTION L'action nocive des parasites sur les cellules de l'hôte, chez les Insectes, a été souvent signalée par les auteurs. D'une manière générale, les effets dus aux protozoaires, bactéries pathogènes, levures, etc., vivant à l'intérieur des cellules de l'Insecte parasité se traduisent par l'hypertrophie, parfois considérable, de la cellule hôte ; cette hypertrophie porte aussi bien sur le noyau de la cellule que sur son cytoplasme (Léger, 1907 ; Mrazek, 1910 ; Brindley et AKCH. PB ZOOI. £XP. £1 GÉN. — I. 59. — F. 4. 36 544 A.-CH. HOLLANDE POTT, 1910; K. SuLC, 1910; O. Duboscq, 1918; Bebaisieux, 1919); fréquemment on observe également une action spéciale sur le noyau, aboutissant à la formation de mitoses suivies ou non de la division du protoplasme de la cellule (De Sinéty, 190Î ; Mercier, 1908, etc.). La présence de métazoaires endoparasites {Mermis, Nématodes, larves entomobies de Diptères, d'Hyménoptères, etc.) chez les Insectes déter- mine des dégâts considérables à l'organisme de l'hôte. Ces dégâts sont de deux sortes : les uns sont dus aux actions mécaniques provoquées par la présence de l'hôte (déplacement du parasite, compression des tissus de l'hôte, action destructive directe des tissus par les pinces buccales du para- site, etc.) ; les autres résultent des toxines re jetées par le parasite dans le sang de l'Insecte parasité ; les actions nocives de ces toxines sont les moins connues. En général, la présence de tels parasites dans le corps de l'Insecte détermine la castration parasitaire indirecte de l'hôte (Leucart, 1857; A. GiARD et J.BoNNiER, 1869 ; Schneider, 1885; J. Pérez, 1886). Cette castration serait le résultat, au cours de l'évolution des gonades, du manque d'apport des substances nutritives nécessaires au développement des cellules sexuelles (ovocytes surtout) ; les substances nutritives nécessaires à ce développement étant prélevées par le parasite au détriment de l'or- ganisme de l'Insecte (Wheeler, 1910 ; J. Pantel, 1898, 1910, 1913). Aj^ant eu l'occasion de capturer un imago de Dytiscus margiyialis L. dont le tube digestif présentait, fixés à ses parois internes, un très grand nombre (j'ai pu en compter au moins 65) de kystes renfermant la larve tl'un Distome, je me propose, dans le présent Mémoire, d'étudier ce para- site, et surtout son mode de fixation et les réactions que sa présence a déterminé sur les cellules de l'organisme du coléoptère. Description du parasite. Le Dyiisciis mar92 Fio. VI. Coupe transvorsalo montrant le début de la fixation d'un kyste k logé entre des tuhes de Malplghi t. m. et accolé à l'intestin postérieur ; c. i, rectum ; m. p, mem- brane péritonéale entourant les tubes de Malpighi ; m. Â.', cellules multinucléées périmusculaires ; x, cellules uninu- cléées périmusculaires; /. m\ fibres musculaires circulaires périintestinales ; m. k, membrane périkystiquc très visi- ble ; Oroas. Leitz 6x3; c. cl, coloration au carmino-for (HOLLANBE 1916) ; mêmeflxation que figure V. 1. Les leucocytes périkystiques ne se transforment donc pas ici en une enveloppe oonjonctivoïde, comme cela aurait été vu dans certains cas par quelques auteurs. (Gaines des larves cntomobies fixées selon Pantel, 1910). 2. On pourrait admettre k la rigueur que le manteau formé par les leucocytes autour du kyste est de date récente — ce que je ne pense pas — et que c'est pour cette raison que ces leucocytes ne se sont pas encore trans- formés en « cellules coiijonctivoïdes », selon l'expression employée par PANTEr,, pour les leucocytes qui entourent certaines Larves entomobies fixées. Si cola était, il n'en serait pas moins vrai que, tant que cette transformation n'a pas été obteinie, la couche des h-ucocytcs, dciiieurés vivants, foncfloime lonuiie un filtre vis-.'i-\ls clés toxine.s rejetées par la larve enkystée, RÉACTIONS DES TISSUS 551 Les leucocytes que l'on observe autour des kystes appartiennent au groupe des leucocytes-phagocytes ^ tels que je les ai décrits en 1909- 1911 dans une étude sur le sang des Insectes. Dans le protoplasme de ces cellules sanguines, on observe quelquefois de grosses inclusions basopliiles qui sont en même temps hématoxylino- et carmino-sidérophiles ; je n'y ai pas constaté la présence d'inclusions acidophiles et en particulier de granulations éosinophiles ^ ; en présence des kystes de ce Distome, il ne se produit donc pas d'éosinophilie ^, à l'inverse de ce qui existe le plus souvent chez les animaux supérieurs para- sités par les Plathelminthes. Sur les pièces fixées au picro-cupro-formol, je n'ai vu dans les leuco- cytes périkystiques aucune vacuole que l'on puisse interpréter comme vacuole de graisse. Il n'y a donc pas de dégénérescence graisseuse des leucocytes. Enfin, je n'ai pas observé de proleucocytes et d'oenocytoïdes parmi les cellules sanguines situées autour du kyste. h) Fibres musculaires périkystiques. A la partie supérieure de la couche des leucocytes qui se moulent sur le kyste, on remarque assez fréquemment, mais non pas d'une façon constante, quelques fibres musculaires striées qui entourent plus ou moins complètement le kyste. Ces fibres musculaires périkystiques proviennent des fibres musculaires péri-intestinales qui sont disposées ainsi qu'on le sait * autour de l'intestin du Dytique en trois groupes diversement répartis. Les fibres des deux premiers groupes sont adhérentes à l'intestin, les unes longent le tube digestif {m. l. fig. iv et viii), les autres sont disposées en couronne tout autour de lui (m. c. fig. iv et viii) ; le troisième groupe est constitué par des fibres groupées par paquets de trois à cinq (/. m. fig. iv et viii), leur diamètre est plus grand que celui des fibres musculaires des deux premiers grou- pements ; elles ne sont pas, comme ces dernières, adhérentes à l'intes- 1. Les leucocytes appliqués contre la paroi du kyste sont souvent très étirés dans le sens de la longueur et leur étirement est parfois tel que leur noyau est à peine visible, une telle déformation ne permet naturellement pas de reconnaître les caractères histologiques de ces cellules ; les caractères propres aux leucocytes-phagocytes sont au contraire bien visibles chez les leucocytes non aplatis, et à l'observation, on constate qu'ils sont entièrement com- parables aux leucocytes-phagocytes libres dans le sang de l'Insecte. 2. Paillot (1918-1919) vient de signaler chez les chQmWç&à'Evproetes chriiKorrhen, infestées expérimentale- ment par lui au moyen du Bacillus melolontliae li/juefacietis ■/, l'apparition dans le sang de ces chenilles de leu- cocytes éosinophiles. Pour l'auteur, ce serait là, un résultat dû à la toxine sécrétée par le bacille. 3. Il n'y avait pas non phis de leucocytes éosinophiles dans le sang du Dytique. 4. K.-S. Schneider (1907), fig. 126, p. 16^ ; Berlese (1909), flg. 929, p. 743 ; Portier (1911-1912) BOTJNOURK (1919). 552 A.-CH. HOLLANDE tin ; d'une manière générale, elles longent le tube digestif de l'Insecte. La figure VIII montre un faisceau de fibres musculaires (m, et m',) qui contourne le kyste ; ces fibres émanent de petites fibres péri -intestinales circulaires et longitudinales (m. c. et m. l. fig. viii) ; en examinant les coupes suivantes, on voit que la partie tn' du faisceau musculaire se con- tinue avec d'autres fibres musculaires qui rejoignent celles de l'intestin ; trip- le kyste est donc dans ce cas nettement main- tenu en place par les fibres musculaires péri- intestinales qui ten- dent ainsi à le rappro- cher des parois intesti- nales. Sur la figure vu, qui, comme la précé- dente, est dessinée à la chambre claire (ocu- laire 6, objectif 3, Leitz), on voit un kyste (k) coupé à sa partie supérieure, entouré d'une abondante cou- che de leucocytes ; entre la couche leuco- cytaire et les cellules intestinales (rectum), existe un grand nom- bre de fibres muscu- laires périintestinales (m) qui relient la masse leucocji;aire périkystique à l'intestin ; de ces fibres (m), partent deux faisceaux m^ et m^ qui contournent la couche des leuco- cytes et s'enfoncent de chaque côté à leur intérieur en déterminant sous leur pression un tassement des leucocytes proches ; il en résulte une sorte d'étranglement de la masse leucocytaire {a, fig. vri). En examinant les coupes postérieures à celle représentée ici, on constate qu'à un moment donné les faisceaux tn} et m^ se rejoignent comme dans le cas précédent ; le kyste se trouve donc, ici aussi, enchâssé par les fibres musculaires. Fig. VII. Kyste Je adhérent à la paroi rectale ; coupe transversale n'inté- ressant le kyste qu'à sa partie supérieure. Cette coupe est desti- née à montrer la multiplication des flhres musculaires périintes- tinales m, au contact du kyste ; on voit en m^ et nr deux faisceaux musculaires qui s'enfoncent de chaque côté du kyste et dépriment la masse des leucocytes l entourant le kyste; a, leucocytes com- primés. Autour des cellules intestinales c. î, en dehors du paquet de fibres musculaires m qui fixent le kyste à l'intestin, on ne voit que de rares fibres musculaires circulaires m.c ; en b, quelques éléments cellulaires rattachent la masse kystique à un tube do Malpijîhi t. m; en a', on remarque, au niveau de l'insertion du kyste à l'intestin, des fibres musculaires qui pénètrent dans un repli interne de cellules intestinales et A-ont prendre point d'apjuii contre ces cellules. Grosn. Leitz Cx 3, r. cl, coloration au carmino- fer; fixation : cupro-picro-formol acétiiiue. RÉACTIONS DES TISSUS 553 H est à remarquer qu'en dehors du point d'attache du kyste à lïntestin, il n'existe autour de cette partie de l'intestin que de très rares fibres musculaires circulaires {m. c. fig. vn) ; en outre, on peut remarquer sur cette figure que les fibres musculaires (w) s'infiltrent («') entre les cellules d'une -, circonvolution ilitestinale et semblent prendre point d'appui sur la basale de ces cellules, renforçant encore, ainsi en quelque sorte, la fixation du kyste à la paroi externe du rectum. La constatation de telles fibres musculaires autour des kystes pourrait faire supposer, à juste titre, que quelques larves de Distome avant de s'enkyster, sont parvenues à se placer entre les fibres muscu- laires périintestinales et l'intes- tin, écartant ainsi ces dernières du tube digestif ; on pour- rait à la rigueur interpréter de la sorte la présence des fibres musculaires périkystiques re- présentées dans la figure \t:ii. L'examen de la coupe montre qu'il ne peut en être ainsi ; on y voit, en effet, très nette- ment qu'il y a eu hyperforma- tion de fibres musculaires au contact du kyste ; ces fibres musculaires étant très abon- dantes au point de contact du kyste avec l'intestin, alors qu'elles sont, au contraire, très rares autour du reste de cette portion de l'intestin. Le néoformation des fibres musculaires périkystiques résulte de la présence du kyste même et semble due à une action spéciale des Fig. vm. Kyste adhérent à la paroi du ventricule chyliflqiie ; coupe transversale montrant un faisceau de fibres musculaires striées m et m' entourant le kyste ; l, leu- cocj'tes tassés autour de la membrane du kyste k ; m. p, membrane péritonéale périintestinale. On peut constater sur cette coupe que la larve du Distome avant de s'enkyster est venue se loger entre les cryptes de régénération i' qui, en plus des fibres musculaires et des leucocytes, la maintiennent appli- quée contre l'intestin.. Cette coupe montre également avec netteté la dis- position des fibres musculaires périintestinales répar- ties en trois groupes : 1° m. e, fibres musculaires striées circidaires ; 2° m. l, fibres musculaires longitudinales ; 3° /. m, paquets de grosses fibres musculaires longitu- dinales non adhérentes à l'intestin et situées en dehors des précédentes, c. cl. JSIéme grons. et mêims méthodes de fixation et de coloration que pour la figure ni. 554 A.CH. HOLLANDE toxines ' rejetées par la larve du Distome enkystée. Les fibres néoforraées paraissent se former et s'accroître par simple division des noyaux mus- culaires ; je n'ai jamais observé de mitose dans les noyaux de ces fibres. C) TfiACHÉËg. Lorsque le kyste s'est formé non loin de trachées, cellés-cî, réparties tout autour de lui, l'immobilisent plus ou moins. Mais on observe, dans certains cas, que les cellules trachéennes peuvent alors devenir le siège d'une multiplication nucléaire inten- sive. Une telle modification paraît ton- FiG. IX. Kyste k placé à l'embranchomrnt d'un tronc trachéen tr. Coupe transversale; mul- tiplication active des noyaux des cellules traciiéennes c, t, au contact du kyste ; m, p, membrane péritonéale périintestinale ; / m, fibres musculaires. Fibres musculaires périintestinales comme dans la fisaire viii. c. cl. Gross. et méthode de coloration comme -pour la figure Vil. FiG. X. Cette fltrure représente fi un grossissement plus fort la calotte des cellules trachéennes e. t, qui, dans la coupe'ix, se voit à la partie supérieure du kyste. Entre les troncs trachéens tr et tr' et la membrane du kyste h, on remarque un très grand nombre de noyaux qui, par place n, se montrent entassés les uns sur les au- tres. Ces noyaux proviennent de la multiplication dcM noyaux des cellules trachéennes dont il est impossible de distinguer les membranes propres. Gross. ocul. 6. ob). 7 Leitz. c. cl. ; coloration au car- mino-fer, fixation au eupro-picro-formol acétique. tefois ne devoir se manifester que rarement, car je ne l'ai rencontré très nettement qu'une seule fois. On peut ainsi voir, dans la figure ix, à la partie supérieure d'un kyste logé entre deux cryptes de régénération du ventricule chylifique, un amas de noyaux de cellules trachéennes, entou- rant d'une calotte sphérique la membrane du kyste. A l'examen à l'im- mersion, il est impossible de reconnaître les limites protoplasmiques propres à chaque cellule trachéenne ; les noyaux, souvent entassés les uns sur les autres {n, fig. x), sont uniformément répartis dans une masse 1. En admettant que l'infestion du Dytique ait eu lieu pendant la vie larvaire de l'Insecte, ainsi que je le crois, on s'explique très bien qiie les fibres musculain-s périkystiqucs se soient formées durant la période nymphaie au moment même de l'histogenèse des tissus de l'imago. RÉACTIONS DES TISSUS 555 cytoplasmique commune renfermant quelques inclusions se colorant en gris par le carminofer, ainsi que de fines travées à peine visibles (/, fig. x) qui rappellent plus ou moins l'aspect de fines trachéoles dépourvues de chitine. Je n'ai pas observé de caryocinèses, et je pense que la multi- plication des noyaux doit s 'effectuer uniquement par division directe. Le tout apparaît comme formé par la fusion du protoplasme des cellules trachéennes en un syncitium oii les noyaux de ces cellules se seraient mul- tipliés activement. On assisterait ainsi secondairement à la formation d'une sorte de cellule géante dont les noyaux seraient répartis sans aucun ordre dans le protoplasme. Les contours externes de cette masse ne sont pas représentés sur la figure x,qui n'est que l'agrandissement d'une portion de la figure ix. On peut voir toutefois sur le côté droit de la figure x que la masse syncitiale peut être traversée par des trachées assez volumi- neuses (t). De telles formations anormales au contact de kystes ne peuvent s'expliquer que par l'action des toxines re jetées par les larves enkystées. d) Membrane pérlkystique. A la partie supérieure de la masse leucocytaire pérlkystique, et en dehors des fibrilles musculaii'es striées qui maintiennent le kyste fixé aux parois de l'intestin de l'Insecte, j'ai pu remarquer, assez fréquemment, une membrane très fine, formée généralement d'une seule assise de cellules ; cette membrane limite extérieurement les éléments qui ratta- chent le kyste à l'intestin, et se trouve ainsi en contact direct avec le sang de l'Lisecte. Je désigne cette limitante externe du nom de membrane périkystique (m. k. fig. iv et vi, m. k^. fig. v) ; elle peut présenter parfois plu- sieurs cellules plurinucléées (fig. iv et v), et il m'a été possible de compter daiLS une de ces cellules jusqu'à 14 noyaux. Après la méthode de colora- tion au carminofer, les parois des cellules de la membrane périkystique se colorent en gris plus foncé que le protoplasme des leucocytes qui sont accolés au kyste et se différencient ainsi nettement des amas leucocji}aires périkystiques ; par la méthode des quatre colorants électifs ^, la mem- brane périkystique se teint fortement en vert, par le vert lumière ; mais c'est après la méthode de coloration trichromique - de P. IMasson qu'elle apparaît le mieux. Dans cette méthode, les membranes des cellules qui la constituent 1. HoliANDE (1Ô12). 2. Bleu d'aniline, fuchsine S., hématoxylinc au fer. 656 A.-CH. HOLLANDE sont colorées fortement en bleu par le bleu d'aniline i, tandis que le pro- toplasme de ces cellules se teint légèrement en rouge par la fuchsine. Il est assez difficile de reconnaître l'origine d'une telle membrane ; jfe pense qu'elle se forme aux dépens des cellules qui constituent la mem- brane péritonéale ^ que l'on voit très nettement autour de l'intestin, et plus particulièrement autour des cryptes de régénération (fig. viii et ix, m. f.) et des tubes de Malpiglii. Par les méthodes trichromiques de P. Masson, et des quatre colorants électifs, les cellules de la membrane péritonéale ont, en effet, leur? propres membranes colorées respectivement en bleu et en vert, comme celles des cellules de la membrane périkystique. De plus, au niveau de l'intestin, en dehors de certaines fibres mus- culaires péri-intestinales (petites fibres circulaires et longitudinales), on peut également différencier par les deux méthodes précédentes les cellules de la membrane péritonéale. J'ai pu contater que, non loin des kystes, ces cellules renfermaient parfois plusieurs noyaux (fig. vi m. k^.), ainsi que cela s'observe pour les cellules de la membrane périkystique. Je pense donc, pour ces différentes raisons, que la membrane périkystique doit se former aux dépens des cellules de la membrane péritonéale. La membrane périkystique que je viens de décrire n'existe pas d'une façon constante autour de chaque kyste ; il semble que les kystes les plus récemment formés, c'est-à-dire ceux autour desquels on ne voit que des amas de leucocytes sans fibres musculaires, en soient seuls dépourvus. La présence d'une membrane périkystique et de fibres musculaires striées tout autour du kyste, apparaît ainsi comme l'indication d'un processus de réaction lent à se manifester et tendant à isoler de plus en plus le parasite du reste de l'organisme de l'insecte. c) Cryptes de régénération et Tubes de ]VLu:.pigiii. Au niveau du ventricule chylifique, les kystes sont enfouis sous les cœcunis périphériques formés par les cryptes de régénération et sont ainsi maintenus en plaipe d'une façon passive (fig. viii). Le long de l'intestin postérieur, les kystes sont également maintenus plus ou moins appliqués contre les parois de l'intestin par les tubes de Malpighi. De telles actions 1. Par le trichromiciuc de P. Masson, les membranes de sarcolemme des muscles se colorent également en bleu Intense, le miisclc étant coloré en rouge ; avec la méthode des quatre colorants électifs, la membrane du sar' colommî apparaît on vert très vif, los muscles étant colorés en jaune ou en gris. ^. EndothOlium jHritonOal de l'OliXlliU (loc. cit. p. 111). RÉACTIONS DES TISSUS 557 mécaniques ne peuvent naturellement résulter que de l'emplacement choisi par la larve, avant son enkystement. Ce n'est donc que très secondairement, comme on le voit, que les cryptes de régénération et les tubes de Malpighi participent à la fixation des kystes aux parois de l'intestin du Dytique. Aucun processus morbide ne paraît être exercé par les sécrétions des larves de Distome sur les cryptes de régénération. Nous allons voir qu'il en est peut-être autrement vis-à-vis des cellules malpighiennes. B, Les toxines sécrétées par les larves du Distome enkystées ont-elles une action nocive sur les cellules de l'organisme de l'Insecte, en dehors des éléments au contact direct des kystes? En dehors des réactions pathologiques qui siègent autour des kystes (néoformation des fibres musculaires, présence de cellules plurinucléées de la membrane périkystique, multiplication des noyaux des cellules trachéennes), la présence des larves de Distome, chez l'individu mâle de Dytiscus margiyialis parasité, ne paraît pas avoir occasionné d'actions nocives importantes sur les divers tissus de l'organisme de l'Insecte. Cer- taines anomalies constatées chez quelques cellules adipeuses et malpi- ghiennes semblent néanmoins dues à leurs toxines. P Cellules digestives et muscles. — L3s cellules digestives de l'œsophage, du ventricule chylifique, de l'intestin postérieur, du rectum en particulier, si riche en kystes, ne présentent aucune dégénérescence pathologique. A l'examen histologique, les muscles du corps de l'Insecte paraissent normaux, ce qui correspond à l'agilité de l'insecte au moment de sa cap- ture ;' cette agilité, de même que son vol rapide avant sa capture, indi- quent nettement qu'il n'existait aucune apténie, contrairement à ce que l'on observe chez certains Insectes parasités (Kunckel d'Herculais, 1894 ; Hollande, 1919). 20 Cellules adipeuses. — Les réserves de gtaisse des cellules adi- peuses paraissent légèrement diminuées ; on ne constate aucune caryo- cinèse des noyaux de ces cellules, comme cela se voit chez les cellules adipeuses des Insectes envahies par divers endoparasites (microsporidies, bacilles, etc.) (de Sinéty, 1901 ; Mercier, 1907 ; Mrazek, 1910 ; Debai- SIEUX, 1919). 558 A. -CIL HOLLANDE Néanmoins certaines cellules présentent des noyaux ^ en voie de divi- sion amitosique (fig. XI c, d, e), et on rencontre, — rarement cependant — des cellules renfermant plusieurs noyaux (deux à quatre) {b, fig. xi). Plus fréquemment, on remarque des cellules adipeuses ayant un noyau hjrpertropliié et très riche en chromatine (a, fig. xi) ; dans ce cas, le volume du protoplasme de la cellule peut être alors augmenté. Les noyaux hyper- trophiés peuvent atteindre 24 \jl et plus, tandis que les dimensions des noyaux normaux ont en moyenne 8 à 12 [jl. Il semble rationnel d'admettre que de telles modifications nucléaires résultent de l'action des toxines du parasite rejet ées dans le sang de l'Insecte. 30 NÉOTÉNIE ET MÉTHA- THÉLIE. — Si l'on suppose, comme cela semble probable, que l'infestion du Dytique par les Distomes a dû s'effectuer durant la vie larvaire du coléop- tère, il semble qu'il n'y ait pas eu de retard du fait de la pré- sence des parasites, dans le dé- veloppement des divers organes de l'insecte ; en d'autres termes, il n'y a pas eu néoténie " au sens de Giard (1887). L'infestion du Dj^ique à l'état larvaire indiquerait également, du fait que la larve a pu par- venir à l'état d'imago, que les toxines des Distomes n'ont pas eu d'action destructive sur les liistoblastes de la nymphe du Dytique ; en d'autres termes, qu'il n'y a pas eu métathélie, contrairement à ce qu'ont observé Schneider (1885) chez les larves de Culicides parasitées par les Mermis et plus spécialement Strickland (1911) chez les larves de simulies éga- lement parasitées par des Mermis. 40 Tubes de Malpigiu, — Chez le Dytique parasité, les tubes de Fl«. X!. a, une wUulu adipeuse avec son noyau hypertro- phié ; b, une cellule adipeuse renfermant quatre noyaux c, noyau normal d'une cellule adipeuse ; d et e, noyaux de cellules adipeuses en voie de divi- sion amitosique ; c. cl. gross. 6 x 1.40 Zeiss. Colora- tion de Mann. 1. Pantel (1913) a signalé déjà chez des Leptijnia hébergeant des Thrixùm des cellules adipeuses ayant trois noyaux à chromatine en mouvement. 2. Pour Pantel (1913), la présence de noyaux en caryocinèse dans les cellules adipeuses des Insectes imagos parasités pourraient s'expliquer par le fait d'un retard apporté dans le développement de leur tissu adipeux lar- vaire, ce tissu présentant des figures caryocinétiques seulement chez les larves et non chez les adultes. Cette opi- nion qui peut Être vraie lorsque l'Insecte est infesté par des parasites n'attaquant pas directement les cellules adi- peuses, ne paraît pas se justifier, d'après les observations de Mrazek (1910) et d'autres auteurs, lorsqu'il s'agit d'endoparasites cellulaires, tels que les niicrosporidies. BÊACTIONS DES TISSUS 559 Malpighi montraient une suractivité fonctionnelle se traduisant par la formation abondante de jeunes éléments cellulaires ; les petites cellules sécrétrices en voie de formation étaient reconnaissables à leurs noyaux (fig. xii) très petits (6 (x environ) ^ situés non loin de la membrane basale - (tunique propria des auteurs) des tubes de Malpighi, à l'intersection même de deux cellules excrétrices entièrement développées. Normalement, les cellules des tubes de Malpiglii de l'imago du Dytique marginé ne paraissent avoir, comme chez la majorité des Insectes, qu'un seul noyau ; chez le Dytique infesté, j'ai sou- vent pu observer des cellules malpigliiennes ayant deux et même trois noyaux (fig. xii) ; ces cellules à deux et trois noyaux se retrouvent aussi bien chez les cellules jeunes que chez les cellules âgées. Peut-être ne faut-il considérer la production de telles cellules multinucléées " que comme due unique- ment, en dehors de toute action pathologique, à une hyper-activité fonctionnelle de certains tubes de Malpighi, où s'effectuerait une trop rapide produc- tion d'éléments jeunes. Mais ne se peut-il pas égale- ment que les toxines re jetées par les larves enkys- tées du Distome et éliminées par les tubes de Malpighi puissent avoir une action sur l'apparition de cellules malpighiennes à plusieurs noyaux, si toutefois encore de telles cellules multinucléées ne peuvent se rencon- trer à l'état normal chez l'insecte considéré. Cela paraît d'autant plus possible que nous avons déjà vu que les toxines sécrétées par les larves de Distomes étaient capables do déterminer l'apparition de cellules multinucléées lors de l'étude de la Fig. XII. Une cellule d'un tube de Malpighi à trois noyaux; h', jeune cellule malpighienne dont le noyau seul est bien visible ; 6, basale (membrane propria) un tube de Malpighi ; ni. p. membrane péri- tonéale ; cm. p. une cellule do la mem- brane péritonéale. CJrosg. 360. r. cl. Colo- ration au carinino-jer. 1. Les noyaux des cellules normales et entièrement développées des tubes de Malpighi atteignent jusqu'à 24 ot 2r. icrique par addi- tion d'acétate neutre de cuivre. (C. R. Soc. Biologie, T. LXXXl, janvier.) 1894. IvuNCKEL d'Herculais. Les diptères parasites des Acridiens; les muscides vivipares à larves sarcophages. Apténie et castration parasitaire. (C R. Ac. Se. Paris, T. CXVIII.) 1907. LÉGER (L.). Les schizogrégarines des Trachéates. I. — Le genre Opliyocystis {Arch. fur. Protistenkunde Bd VIII, p. 159.) 1857. Leukart (R.). Neue Beitrâge sur Kenntniss des Baues und der I.ebensges- chichte der Nematodèn. {Abhandl. d. Kônig. Sichs. Gesellsch. d. Wiss Mathem. Phys. 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