.'VV* rr t - ■ -<■' .t „,(" --^';; hâ^' ^■ËéhS ;*- ■ ,^*A m,% ^..^ :^*MPk ^^^^: ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE ARCHIVES ZOOLOGIE EXPERIMENTALE ET GÉNÉRALE HISTOIRE NATURELLE - MORPHOLOGIE HISTOLOGIE ÉVOLUTION DES ANIMAUX FONDÉES PAR HENRI de LACAZE-DUTHIERS PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE G. PRUVOT ET . E.-G. RACOVITZA PROFESSKUK A LA SORBONNE PROFESSEUR A L'UIOVERSITÈ DE CtUJ DIRECTEUR DU LABORATOIRE ARAGO DIRE0TEI7B DE L'INSTITUT DE SPÉOLOQIE TOME 60 -^-^-=»> PARIS LIBRAIRIE H. LE SOUDIER 174, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, I74 Tous droits réservés 1980-1928 TABLE DES MATIÈRES du tome soixantième (668 pages, VII planches, 347 figures) Noies et Revue (2 numéros, 43 pages, 12 figures,) Numéro 1 (Paru le 10 juin 1921, - Prix : 2 francs.) I. _ h.-W.Brolemann — Clef dichotomique des divisions et des espèces de la famille des BtonittJido» (Myriap.) P- 1 II. — H. -M. WOODECOCK. — Notes on coprozoic Flagellâtes {avec 3 fig.) P- H Bibliographie. — C.-C. Nuiting. — Barbados-Antigua expédition P- 19 H.-J. Haxsen. — Studies on Arthropoda. I P- 19 Numéro 2 (Paru le 15 décembre 1921. — Prix : 3 francs.) III. — L. CuÉNOT. - Contribution à la faune du Bassin d'Arcachon. — VIII. Pycnogonides p. 21 IV. - A.-Ch. Hollande. - Culture pure mixte de Levures et d'Amibes cystigènes ((Valkampfia cru- eiata n. sp.) ; obtention expérimentale d'Amibes acystigènes {arec 9 fig.) p. 33 Table spéciale des Notes et Revue du Tome 60 . . . P- *^ Fascicule 1 (Paru le 10 mai 1920. - Prix : 5 francs.) F. Brocher. — Etude expérimentale sur le fonctionnement du vaisseau dorsal et sur la circulation du sang chez les Insectes. III^ partie: Le Sphinx convoi vuli {avec 20 ^g. dans le texte) P- 1 Fascicule 2 (Paru lo 2.5 juin 1920. - Prix : 25 francs.) A. Dehorne. — Contribution à l'étude comparée de l'appareil nucléaire des Infusoires ciliés, [Paramecium caudatum et Colpidium truncatum), i des Euglènes et des Cyanophycées (a(^ec 113 ^g. dansée texte) p. W Fascicule 2^'" (Ce fascicule ne peut être vendu séparément ; il doit être fourni gratuitement aux acheteurs du fascicule 2.) A. Dehorne. — Contribution à l'étude comparée de l'appareil nucléaire des Infusoires ciliés, etc. {planche J_à IV). TABLE DES MATIÈRES Fascicule 3 (Paru le 30 juin 1920. - Prix : 7 francs.) P. DE Beauchamp. Turbellariés et Hirudiués (!''« série) Biospeologica XLin (avec 4 iig. dans le texte et pi. V et VI) p. 177 Fascicule 4 (Paru le 30 novembre 1920. - Prix : 20 francs.) P. WiNTREBERT. La contractioii rythmée aneurale des myotomes chez les embryons de Sélaciens. — L Observation de Scylliorkinus canicula L. Gill. (avec 39 fig. dans le texte et pi. VII.) p. 221 Fascicule 5 (Paru le. 15 décembre 1920. — Prix : 8 francs.) Ch. (^HAMPY. Notes de biologie cytologique. Quelques résultats de la méthode de culture des tissus. — VI. Le testicule [avec 48 iig. dans le texte) p. 461 Fascicule 6 (Pani If 26 février 1921. - Prix : '.i francs.) .\. Popovici-Baznosaisl;. — L'influence de quelques facteurs sur l'accroisse- ment des Gastéropodes d'eau douce (avec 9 fig. dans le texte) p. 501 Fascicule 7 (Paru le 7 février 1922. — Prix : ô francs.) L. Fage et E. Simon. Araneac des Grottes de r.Mrique orientale. Bios- peologica XLIV (avec .■>',) fig. dans le texte) p. 523 Fascicule 8 (Paru le 1.5 mars 1922. - Prix : 6 francs.) R. .Teannel. — Silphidae leptininae (Coléoptères) (l""^ série) et morphologie comparée du Leptinus testaceus Miill. et du Platypsyllus castoris Rits. Biospeologica XLV (avec 36 fig. dans le texte) p. 557 Fascicule 9 (Paru le 15 mai 1922. — Prix : 5 francs.) .T. Lat.arde. — Champignons (3^ série) Biospeologica XLVI (avec 7 fig. dans le texte) p. 593 Fontenay-auz-Roses. — Imp. L. Bkllenand — 30.862. ARCHIVES DE FONDEES PAR H DE LACAZE-DUTHIERS PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE G. PRUVOT ET E. G. RACOVITZA Professeur à la Sorbonne l'iofisseur à l'Université de Cluj, Directeur du Laboratoire Arago Directeur de l'Institut de Spéologio Tome 60. NOTES Eï REVUE Numéro 1. CLEF DICHOTOMIQUE DES DIVISIONS ET DES ESPÈCES DE LA FAMILLE DES BLANIULIDAE (Myriap.) H.-W. BROLEMANN, Pau. Cette clef, que nous publions à titre préliminaire et pour prendre date, résume un des résultats fournis par l'étude des Blaniididae des matériaux de Biospeolocica et par leur comparaison avec les formes de surface qui nous sont connues. Le travail in extenso sera publié sous peu. 1 . Gonopcd.ps constitués par un sternite plus ou moins développé et par des membres dans lesquels le coxite est grand et toujours disliiicl : lors(pie le coxite est réduit, son extrémité est recon- naissable à une crête ciliée existant à la base de l'organe. — Vulves hnbcylindricjues, plus hautes (j[ue longues et que larges, à cimier soit à découvert sur la face postérieure de la bourse, soit dissimulé sur sa face antérieure; dans ce cas, le cimier, médio- crement développé, reste dans la moitié apicale de la bourse Notes et Revue. — T. 60. — N" 1 A. NOTES ET BEVUE et l'exti'émité postérieure de l'apodèmc (cul-de-sac non compris) ne dépasse pas la moitié de la hauteur de la bourse. (Promentum court ou long ; le postmentum est ordinai- rement divisé. Pattes du mâle avec ou sans soles tarsales et généralement sans soies en lancettes. Peltogonopodes pourvus de flagelles, sauf dans un cas. Invaginations vulvaires ordi- rairement courtes ; vulves toujours courtes à la base.) I Subfam. Isobatinae. Gonopodes constitués par un sternite peu développé et par des membres parfois extrêmement allongés dans lesquels on ne trouve jamais trace du coxite. ■ — Vulves subpirif ormes ou aussi longues que hautes, à cimier très fortement déprimé, toujours dissimulé, plar>é généralement à mi-hauteur de la bourse au niveau de l'articulation des fourches ; l'apodème se trouve, par conséquent, dans la moitié proximale de la bourse et son extrémité atteint ou dépasse la base de l'organe. (Promentum toujours long ; le postmentum n'est jamais divisé. Pattes du mâle sans soles tarsales, mais avec des soies en lancettes. Peltogonopodes toujours dépourvus de flagelles. Invaginations vulvaires longues ou très longues ; vulves toujours longues à la base, même lorsqu'elles sont hautes.) II. Subfam. Blaniulinae. I. Subfam. Isobatinae Sternite antérieur de chaque segment plus large au bord anté- rieur qae le sternite postérieur. — Sternites libres ou simple- ment adhérents au bord de l'arc pleuro-tergal et non soudés à lui. — Des yeux. (Promentum allongé en triangle isoscèle. Pilosité des somites limitée à un verticille marginal plus ou moins distinct par segment.). . Trib. ISOBATINI ; subtr. ISOBATINA. Gen. ISOBATES Menge. 1 , Sternites des segments complètement libres. — Deux soies sur le vertex. — Soies des verticillos segmentaires très courtes, parfois indistinctes. — Pas de ventouses sous les fémurs du mâle. — Pas de diverticule apodématiquc aux vulves. — Petites formes vivant sous les écorces (Subgen. ISOBATES, s. str.) I. varicornis, C. Koch. — Sternites des segments simplement adhérents à l'arc pleuro-tergal. — Quatre soies sur le vertex. — Soies des verticillcs segmentaires H.-W. BROLEMANN 3 longues, érigées. — Des ventouses sous les fémurs do certaines pattes du mâle. — Des diverticules à j'apodème des vulves. — Grandes formes des cordons littoraux de varechs. . . (Subgen. THLASS/SOBATES.) 2. 2 . Prolongements coxaux des peltogonopodes, vus par la face anté- rieure, à peu près de même largeur sur la plus grande partie de leur longueur I. Httoralis Silvestri. — Prolongements coxaux des peltogonopodes graduellement atténués de la base à la pointe I. adriaticus Verhoeff. A'. Sternites de chaque segment de largeur égale et soudés à l'arc pleuro-tergal . — Pas d'yeux B- B. Promentum court, en triangle équilatéral. — Quatre soies sur le vertex. — Pas de protubérances aux joues du mâle. (Télo- podite des P. 1. du mâle formé de cinq articles. — Pilosité des métazonites variable.) Trib. TRICHOBLANIULINI- Gen. TEICHOBL.'VNIULUS Verhoefî. Pores répugnatoires s'ouvrant dans le prozonite sous le bord du segment précédent. — Soies disposées en deux verticilles sur chaque segment, l'un en arrière de l'étranglement suturai, l'autre au bord postérieur. — Suture non ponctuée. (Subgen. CRYPTOPOROBATES). T. Cavernicola (Brol.). Pores répugnatoires s'ouvrant normalement dans la métazonite. — Soies très abondantes, disposées sans ordre apparent sur toute la surface du métazonite. — Suture ponctuée (Subgen. TR/CHOBLANfULUS, s. s. T. hirsutus (Brol.). B\ Promentum long, en triangle isoscèle. — Deux soies sur le vertex. — Des protubérances aux joues du mâle. . C. C. Soies des métazonites très nombreuses, distribuées sans ordre apparent sur toute sa surface dorsale. — Une protubérance au stipe mandibulaire seulement chez le mâle. — Télopodite des P. 1 du mâle de trois articles , Trib. ISOBATINI, subtrib. GALLIOBATINA. Gen. GALLIOBATES Verhoeff. G. gracilis (Ribaut). C. Soies des métazonites limitées à un verticille marginal. — Des protubérances a\i cardo aussi bien qu'au stipe mandibu- laire chez le mâle. — Télopodite des P. 1 du mâle de cinq articles Trib. MESOBLANIULINI. Gen. MESOBLANIULUS, nov. M. serrula (Brol.) NOTES ET REVUE II. Subfam. Blaniulinae A. Gonopode en forme de cornet à orifice oblique, dont le bord postérieur peut être le siège de différenciations, mais jamais divisé en feuillets apicaux. — Sternite gonopodial sans corne basale externe. — Peltogonopodes non soudés. Trib. CHONEIULINI . a. Goiiopodes évasés seulement à la pointe, avec un lobe cilié se détachant du fond du cornet. — (Vulves inconnues).. . . Gen. ORPHANOIULUS Silvestri. 0. religiosus Silvestri. a' . Gonopode en forme de cornet évasé depuis la base ou seulement dans son tiers apical, mais sans prolongement se détachant du fond du cornet. — Bourse des vulves tectiforme, environ aussi longue que haute, comprimée latéralement et moins haute que l'opercule b. b. Cornet des gonopodes frangé de lanières c. b' . (]ornet des gonopodes à bord parfois déchiqueté, mais non frangé de la- nières (/. c. Orifice du cornet gonopodial large,;plus ou moins arrondi. — Pattes de la 2e paire de la femelle non atrophiées, de structure normale bien que les hanches soient soudées. — Petites formes de 10 mm. au plus, générale- ment épigées, ayant ordinairement des ocelles apparemment fonction- nels Gen. CHONEIULUS, nov. 1 . Pas d'ocelles C. Verhoeffl (Attems). — Des ocelles apparemment fonctionnels 2. 2. Télopodite des pattes de la 1'^ paire du mâle de trois ou de quatre articles 3. — Télopodite des pattes de la f^ paire du mâle de cinq articles 4 0. Article apical de la l''^ paire de pattes du mâle sans vestiges de division C. palmalus (Ncmec). — Article apical avec des restes de division. C. palraatus seclusus, nov. subsp. 'i . Pattes de la P^® paire du mâle fortement arquées en tenailles ; qua- trième article du télopodite plus grand que le précédent ot dilaté à l'extrémité .' C. gallicus, nov. sp. — Pattes de la l'"'' paire du mâle à peine arquées ; ((uatriènic arlicle du télopodite pas plus grand que le précédent, alténué de la base à la pointe C. subterraneus (Silvestri). r'. ()i'i(ic(' (1(1 (■(ii'iH'l gdiiopddial plus ciu moins rtiuil mi sulircclaiigiijaire. — Pattes (le la '1'^ ])airo de la femelle complètement atrophiées, le sler- MJte subsistant seul. Grandes formes d'au moins 20 mni., générale- nienl hypogées et n'ayant (|ue des ocelles en voie d'alrniihie Gen. ARCHICHCNEIULUS, nov. 1. Sillons longitudinaux des segments peu nombreux, 8 à Jl. — Ocel- les tous groupés sur deux rangs. (Une protubérance au carde mandi- H.-W. BROLEMANN 5 biliaire du mâle. — Cinq soies sur chacune des valves anales.) A. brevicornis, nov. sp. — Sillons longitudinaux des segments nombreux, 12 à 16. — Ocelles en partie égrenés en arrière sur un rang 2. 2. Deux soies sur chacune des valves anales. — Une protubérance au cardo-mandibulaire du mâle A. crebresulcatus, nov. sp. — Cinq soies sur chacune des valves anales. — Pas de protubérance au cardo-mandibulaire du mâle 3. 3. Protubérance du stipe mandibulaire du mâle très développée. — Prolongements des peltogonopodes larges dans leur moitié proxi- male A. Drahoni (Giard). — Protubérance du stipe mandibulaire du mâle réduite. — Prolongements des peltogonopodes étroits dans leur moitié proximale 4. 4. Un renflement en arrière du cornet apical des gonopodes A. Drahoni Maareb, nov. subsp. — Pas de renflement en arrière du cornet apical des gonopodes ' A. Drahoni Bouarab, nov. subsp. d . Gonopode à cornet graduellement évasé depuis la base, à orifice apical et largement ouvert. — Pattes de la l^e paire du mâle à télopodite de deux articles dont le second est boursouflé. — Femelles inconnues. — Forme continentale, alpine Gen. ALPIOBATES Verhoefl". A. Peyerimhoffi (Brol.) d' . Gonopode étroit à la base, globuleux à l'extrémité, à orifice préapical, étroit, transversal. — Pattes de la fe paire du mâle d'au moins quatre articles, en tenailles. — Pattes îde la 2^ paire de la femelle atrophiées. — Formes algériennes Gen. MICROCHONEIULUS, nov. gen. 1. 10 à 12 sillons longitudinaux ; le pore est à égale distance du sillon supérieur et du bord postérieur du segment. Pas d'arêtes longitu- dinales écourtées sur le prozonite entre le sillon supérieur et le niveau du pore. — Bords ventraux du 2^ segment de la femelle médiocrement évasés ; bords ventraux du S*' segment réfléchis, en saillie M. gracilis, nov. sp. — 5 à 7 sillons longitudinaux ; distance du sillon supérieur au pore au moins double de celle du pore au bord postérieur du segment. Deux arêtes longitudinales écourtées sur le prozonite entre le sillon supérieur et le niveau du pore. — Bords ventraux du 2^ segment de la femelle très évasés ; bords ventraux du 3" segment au même niveau que ceux du 4^, (par conséquent non saillants) M. baboricola, nov. sp. A' . Gonopode en forme de tigelle très longue, différenciée à l'ex- trémité, mais jamais sur plus du dixième de sa longueur. Les différenciations consistent en lanières longues, libres ou agglo- mérées à la base, se détachant d'un repli apical non isolé de la NOTES ET BEVUE tigelle. — Rternite gonopodial sans corne basale externe. — Les peltogonopodes et leurs prolongements sont souciés. — Une protubérance au cardo mandibulaire. — Vulves plus hautes que longues; bourse approximativement conique, surmontée d'expansions lamellaires Trib. BLANIUUNI. Peltogonopodes à prolongement long, avec des épanouissements postérieurs à la base, mais sans expansions latérales réfléchies vers l'avant. — Pattes de la 1''® paire du mâle en tenailles. — Pattes de la 2"^ paire de la femelle généralement montées sur un dôme sternal très bombé. — Vulve à cul- de-sac et diverticule courts, généralement globuleux, ou sans diverti- cule. — Formes ordinairement cavernicoles. Gen. TYPHLOBLANILLUS (Verhoefî). 1 . Prolongement coxal des peltogonopodes égal à 2 fois la longueur des télopodites 2. — Prolongement coxal égal au moins à 2 fois et demie la longueur des télopodites 'i. 2 . Prolongement coxal des peltogonopodes, vu par la face antérieure, à silhouette élargie par des développements lamellaires et à bords nullement parallèles. — Quatre lanières en tout aux gonopodes. — Forme lucicole des Pyrénées-Orientales T. Mayeti (Brol.) — Prolongement coxal des peltogonopodes à silhouette très étroite et à bords parfaitement parallèles. — Jusqu'à neuf lanières aux gonopodes 3. 3. Pas d'ocelles. Forme cavernicole des Basses-Pyrénées. T. troglodites (Brol.). — Des ocelles. Forme terricole de Sardaigne. T. troglodites eulophus (Silvestri). 4 . Col présentant des gibbosités latérales plus ou moins accentuées. — Longueur du fémur des pattes ambulatoires plus de deux fois celle du trochanter et au moins trois fois celle du tibia. — Prolongement coxal des peltogonopodes près de quatre fois la longueur des télo-" podites, à profil régulièrement arqué de la base à la pointe. — Groupe cavernicole du troglobius 5. — Col sans gibbosités latérales. — Longueur du fémur des pattes moins de deux fois celle du trochanter et à peine deux fois et demie celle du tibia. — Prolongement des peltogonopodes environ deux fois et demie la longueur des télopodites, à profil rectiligne dans sa région moyenne. — Pas de lanières entre le rameau apical et l'apex des g )nopodps. — Groupe cavernicole du lorifer 9. 5. Gibbosités du col faibles ou médiocres G. — Gibbosités du col très développées 8. T). Deux lanières entre le rameau et l'apex des gonopodes. Le rameau lui-même est formé de trois lanières. (Grottes de l'Hérault.) T. Virei (Brol.). — Une lanière entre le rameau et l'apex des gonopodes. Le rameau est formé d'au moins cinq lanières 7. H..W. BROLEMANN 7 I . Rameau préapical des gonopodes formé de cinq lanières. — Généra- lement deux ou trois soies sur les valves anales. — (Grottes de Bétliarrâm et du Bigorrois.) T. troglobius [typique] (Latzel). — Rameau préapical des gonopodes formé de sept ou l.uit lanières. — Trois ou plus généralement quatre soies sur les valves anales. — (Groupe d'Arudy.) T. troglobius beneharnensis, nov. subsp. 8. Rameau préapical des gonopodes formé de cinq lanières, plus une lanière entre le rameau et l'apex. — Apodème vulvaire sans cul-de- sac ni diverticule. (Haute-Garonne). T. troglobius gibbicoUis, nov. subsp. — Rameau préapical des gonopodes formé de deux à quatre lanières, sans lanière entre le rameau et l'apex. — Apodème vulvaire avec un cul-de-sac. (Haute-Garonne) T. troglobius gibbicoUis, var. paupercula, n. var. 9. Rameau des gonopodes formé de huit à dix lanières 10. — Rameau des gonopodes généralement de moins de sept lanières 11. 10. Peltogonopodes à prolongement épais, à télopodite représentant 37,5 0/0 de la longueur du prolongement. (Haute-Garonne) T. lorifer garumnicus, nov. subsp. — Peltogonopodes à prolongement étroit, à télopodite représentant 29,2 0/0 de la longueur du prolongement (Espagne) T. lorifer hueseanus, nov. subsp. II. Rameau des gonopodes formé de trois à quatre lanières, {lorifer typique) 12. — Rameau des gonopodes formé de cinq à six lanières (exceptionnelle- ment sept), [lorifer-consoranensis] 13. 12. Cul-de-sac de l'apodème vulvaire placé dans l'axe de la gouttière, d'où une seule saillie apicale T. lorifer [typique], nov. sp. — Cul-de-sac de l'apodème placé en avant de l'extrémité de la gout- tière, d'où deux saillies apicales T. lorifer (s. str.), var. apicalis, nov. 13. Cul-de-sac de l'apodème vulvaire placé dans l'axe de la gouttière, d'où une seule saillie apicale. Un diverticule en massue. — Géné- ralement cinq lanières au rameau des gonopodes T. lorifer consoranensis, nov. suLsp. — Gul-de-sac de l'apodème vulvaire placé en avant de l'extrémité de la gouttière, d'où deux saillies apicales. — Généralement six lanières au rameau des gonopodes 14. l 'i . Un diverticule en massue à l'apodème vulvaire T. lorifer consoranensis, var. apicalis, nov. — Pas de diverticule à l'apodème vulvaire T. lorifer consoranensis, var. aberrans, nov. Peltogonopodes à prolongement médiocre, sans épanouissements posté- rieurs à la base, mais avec des expansions latérales réfléchis vers l'avant. — Pattes de la l'^ paire du mâle en tenailles. — Pas de dôme bombé à la base des pattes de la 2*^ paire de la femelle. — Vulve à cul-de-sac et 8 NOTES ET REVUE diverticule apodématique on tubes très allongés. — Formos cpigées ou jiypogées Gen. BLANIULUS Gervais. 1. Face antérieure du prolongement peltogonopodial non élargie à la base par des épanouissements lamellaires, graduellement atténuée de la base à la pointe. Expansions latérales réfléchies peu développées ne formant pas d'angle inférieur. — (Cavernicole de l'Hérault.) B. Lichtensteini, nov. sp. — Base des prolongements peltogonopodiaux élargie sur la face anté- rieure par des épanouissements lamellaires. Expansions latérales réfléchies très développées, mais courtes et formant un angle infé- rieur 2. 2. Prolongement syncoxal dos pultogonopodes une fois et demie la lon- gueur des télopodites. — Hanches des pattes de la 2<= i)aire de la femelle ni fusionnées ni soudées au sternite. — Lucicolo dispersé en Europe et importé au Canada ' B. guttulatus (Bosc). — Prolongement des peltogonopodes égal à plus de deux fois la lon- gueur des télopodites. — Hanches des pattes de la 2^ paire de la femelle soudées entre elles et avec le sternite. ., 3. 3. Prolongement peltogonopodial à épanouissements lamellaires de la base antérieure très graduellement atténués et se perdant entre les expansions latérales réfléchies. Troncature inférieure des expan- sions latérales droite à angle arrondi. — Sillons longitudinaux des segments au nombre de 9 à 10. — Grande espèce torricole des Basses-Pyrénées et d'Espagne B, Dollfusi (Brol.) — Prolongement peltogonopodial à épanouissements lamellaires do la base brusquement atténués et disparaissant avant de s'engager entre les expansions latérales. Troncature inférieure des expansions latérales fortement concave, à angles aigus. — Six sillons longi- tudinaux complets sur les segments, suivis de tronçons de sillons généralement limités au pro?.onite. — Petite forme lucicolo des Pyrénées-Orientales B. orientalis, nov. sp. a" . Peltogonopodes à prolongement médiocre, avec des expansions laté- rales. — Pattes de la f^ paire du mâle constituées par un énorme article soudé au coxito et surmonté de vestiges d'articles (Femelle inconnue) Gen. MONACOBATES Verhoeff. M. monoecensis (Brol.). * A". Gonopode formé d'une tigelle allongée, divisée à l'extrémité en deux feuillets, l'un enveloppant, concave, l'autre enveloppé, plus étroit, parfois en partie soudé au précédent et paré de lanières. — Sternite gonopodial avec une corne basale externe. — Les hanches de» "eltogonopodes sont soudées ; les prolon- gements sont soudés ou séparés. — Pattes de la première paire H.-W. BROLEMANN 9 du mâle en crochets d'un ou de deux articles soudés ou non au coxosternjte. — Cardo mandibulaire du mâle avec ou sans protubérance. — Pas de dôme sternal aux pattes de la 2^ paire de la femelle. — Vulves petites, globuleuses, plus longues que hautes Trib. BOREOIULINI. a. Le feuillet enveloppé du gonopode est allongé et découpé en lanières nombreuses sur un de ses bords seulement. — Prolongements des pelto- gonopodes soudés entre eux. — Pattes de la l^e paire du mâle d'un seul article soudé au coxosternite. — Une protubérance au cardo mandibu- laire du mâle. — Gouttière apodématique de la vulve sans diverticnle. — Formes cavernicoles ou lucicoles Gen. ARCHIBOREOIULUS, nov. A. Sollaudi, nov. sp. a' . Le feuillet enveloppé des gonopodes est rudimentaire et presque entiè- rement découpé en lanières peu nombreuses (4). — Une protubérance au cardo mandibulaire du mâle. — Pattes de la l^e paire du mâle comme Anhiboreoiulus. — Gouttière apodématique de la vulve à diverticule globuleux, pétiole ou non. — Formes hypogées ou épigées Gen. BOREOIULUS, nov. 1. Protubérances des joues du mâle normales. — Prolongement des peltogonopodes court, sa largeur est à sa longueur dans le rapport de 3 à 10. — Apex des gonopodes tronqué et kcinié. — Hanches des pattes de la 2^ paire de la femelle très étranglées au milieu et très évasées à la base B. tenuis (Bigler). — Protubérances des joues du mâle réduites. — Prolongement des pelto- gonopodes long, sa largeur est à sa longueur dans le rapport de 1,93 à 10. — Apex des gonopodes acuminé, avec un seul prolon- gement épineux. — Hanches des pattes de la 2^ paire de la femelle moins étranglées au milieu et moins évasées à la base. B. simplex, nov. sp. n" . Feuillet enveloppé des gonopodes comme chez Boreoiulm, mais adhé- rent au feuillet enveloppant par un de ses bords. — Prolongements des peltogonopodes libres, bien que les coxites soient soudés. — Pas de pro- tubérance au cardo mandibulaire du mâle. — Pattes de la l''^ paire du mâle à télopodite indépendant, de deux articles. — Gouttière apodéma- tique de la vulve à diverticule conique, non pétiole. — Forme de sur- face Gen. PROTEROIULUS, Silvestri. P. fuscus (Am-Stein). A"' . Gonopode court et proportionnellement épais, divisé sur son tiers apical en deux feuillets subégaux dont l'un est frangé de lanières nombreuses. — Sternite gonopodj^l -sans corne basale externe. — Peltogonopodes à hanches et pioiongements séparés. 10 NOTES ET REVUE — Pattes de la pe paire du mâle en tenailles. — Une protubé- lance au cardo mandibulaire du mâle. — Pas de dôme sternal aux pattes de la 2^ paire de la femelle. — Vulves rappelant celles des Blaniulini. — Formes épigées ou hjrpogces facul- tatives Trib. NOPOIULINI. Geii. NOPOIULUS Menge. 1 . Télopodite des pattes de la l*"^ paire du mâle de trois articles N. Phlepsi Verhoeff. — Télopodite de ces pattes de cinq articles 2. 2. Profil du prolongement coxal des peltogonopodes de même largeur dans les trois premiers quarts de sa longueur. — (Au moins 12 sillons longitudinaux de chaque côté des somites.) E. Breuili, nov. sp. — Profil du prolongement coxal des peltogonopodes' plus étroit à la base que dans le troisième quart de sa longueur 3. 3. Pas de diverticule apodématique dans la vulve. — Largeur de l'étran- glement du syncoxosternite de la 2"^ paire de pattes de la femelle égale aux deux tiers de sa largeur à la base. — 7 à 10 sillons lon- gitudinaux de chaque côté des somites N. pulchellus (C. Koch). — Un diverticule apodématique globuleux aux vulves. — Largeur de l'étranglement syncoxosternal des P. 2 Ç égale aux trois septièmes de sa largeur à la base. — 10 à 13 sillons longitudinaux de chaque côté des somites N. subtilis, nov. sp. H. -M. WOODCOCK 11 II NOTES ON COPROZOIC FLAC4ELLATES H. M. WOODCOCK, D. Se. Fellow of University Collège. 1. On the présence of an accessory flagellum in the genus Helkesimastix, Woodcock and Lapage. In 1915, in collaboration with Dr. Lapage, I described^ the life-cycle of a new type of coprozoic Flagellate, Helkesimastix faecicola, n. g., n. sp. This remarkable form is characterized by tlie possession of a long, trailing flagellum, in contact with the body of the Flagellate for part of its lengtli. This disposition resembles that of the posterior flagellum of Cercomonas, and differs from that of the trailing flagellum of Bodo (syn. Prowazekia) and of Heteroynita. Unlike thèse forms, however, Helkesimastix possesses no anterior, well-developed, vibratile flagellum, which, by its vigorous' movement, causes the progression of the créa- ture. We looked carefully and oftenfor another flagellum, because, as stated in our paper, it was very difîicult to explain satisfactorily one variety of movement shown by this i'IageUate. We were unable, however, to détermine the existence of any additional flagellum and in our account, therefore, we considered that there was only a single flagellum, namely, the long, traiHng, one. This conclusion, I am sorry to say, was incorrect, or perhaps I may put it, rather, incomplète. Helkesmastix inay possess, also. a very short., accessory flagellum, comparable with that showni by certain Moiias. 1. Woodcock and Lapage. Proc. Roy. Soc. 88 B, p. 353. 12 NOTES ET NEVUE Tu view of this necessary addition to our original description, I shoiild like to point out'that I liave a dcfinite recollection of observing occasionally — by no means often — a slight but distinct fiickering, of a spasmodic character, at the right side of the body, near to the anterior end ; and in regard to this. Di-. Lapage concurs. But so frequently, when we had a promising individual before our eyes, gliding along quietly but stead^ly, we hâve not detected the slightest sign of movenient at the anterior end, that we came to the conclusion that the impression W3 sometimes obtained was but the expression of a slight metabolic movenient of the protoplasm in this région, similar to those commonly occurring in this Flagellate, as we hâve already described. Recently, I happened to be watching an individual of H. major (the larger type, which we distinguished as a separate species), which had croppcd up sparingly in an original culture, made for other purposes, when I caught sight clearly of a délicate, very short, curved flagellum- like process, projecting on the right side of the body, at the anterior end (text-fig. 1). It was most difïicult to keep tlus in focus as the Flagel- late travelled, even though it was gently gliding in one plane. Folio w- ing this individual closely, I observed that the minute flagellum would be kept rigid and immovable for aperiod, and then would wave stilfly and somewhat slowly to the side of the body and back to its former position. Its behaviour is thus very différent from that of the ordinary bending, vibratory motion of the anterior flagellum of Bodo or Cerco- monas. Having once detected this délicate accessory flagellum, I Imew exactly what to look for — a point which is of considérable assistance in the discernment of such mnute orgainellae — .and was able to see it in other individuals also ; but in spite of niy efforts, I could not detect it in by any means ail. I next obtained a culture of the original (smaller) form, H. faecicola, and succeeded in observing this flagellum in a pro- portion of the individuals in the case of this species also. Fortunately, Dr. Lapage happened to be in London at the time and he fully confir- med the discovery. This much can certainly be said, in part exténuation of our failure to observe this accessory flagellum before. It is not of constant occur- i-ence ; not présent, that is, in ail individuals. Its absence in some cases prevented us from verifying our tentative suspicions and led us to con- clude there was only the long, trading flagellum. Even when présent, this second flagellum is most difïicult to see. I hâve had this fact corro- H..M. WOODCOCK 13 M. borated by noting the efforts of friends, experienced microscopists, to detect it when I hâve pointed it ont to them. Text-figs. 1-3 are from fixed and stained préparations. Figs. 1-2 Avere fixed by a spécial modification of Schaudinn's fluid, which I hâve used for several years and hâve found excellent for Protozoa generally. Tliis modification was first described by me in 1916^, and may be known as Woodcock's S. A. A. mixture. It consists of 2 parts of satu- rated aqueous solution of corrosive sublimate and one part of absolute alcohol (or rectified spirit), to which is added 5 p. 100 of glacial acetic acid. The stain used -was Heidenhain's iron- ^ '' haematoxylin (the long method). Try as one will, it is often most difiîcult to obtain préparations of thèse small, coprozoic Fla- gellâtes, in which the délicate flagella arc:> well - stained. Some - times, I hâve used an alcoholic solution of Eosin or Fuchsin, as a counter-stain. I hâve ound this method to give,the best results, but even so, success is notf invariably attained. If, however, my figures of Spiromonas (pi. 28, Pliil. Trans., 1. c.) be compared with those of Alphamonas, recently described by Alexeieff, which I propose to consider in the following note, it will be seen that mine show the two flagella clearly, whereas in no case does Alexeieff figure both — sometimes, indeed, not even one. Text-fig. 1 represents Helkesirnastix major ; fig. 2, H. faecicola ; and fig. 3, the same form stained by Giemsa (after osmic vapour). The accessory flagelliim cannot be detected in a large number of the individuals on the same films from wliicli thèse figures were drawn. While it is probably présent in some, nevertheless, I do not tliink that it is présent in all,because of the fact that in fresh observation-préparations, -rO - / 3 -S - io -itS Fia. 1. Helkesimastix major. — PlG. 2. H. faecicola. — Fio. 3. H. faeci- cola stained by Giemsa (after osmic vapour). x 2250. 1. Phil. Traiis. Roy. Soc, vol. 207 B, p. 379. U NOTES ET REVUE Ihis second flagellum caiiuot be seen in the case of many individuals. Not only tliat, but I hâve a few heavily stained préparations, in which the long flagellum happens to be much more intensely stained than in either of the préparations from which figs. 1 and 2 were draAvn, and yet in not a single individual can the accessory flagellum be seen. As stated above, therefore, this second flagellum is not constantly présent, and in some races or strains appears to be altogether absent. The accessory flagellum lias a very definite orientation with regard to the body. When the Flagellate is gliding, the trailling flagellum aiways lies uppermost, and we may adopt the convention that, in this position, it is dorsal to the body. The small flagellum has its origin very clos? to that of the long one ; there is a well-marked blepharoplastic thickening at the point of origin, but it is difficult to be certain whether there is a single large blepharoplast, or two in contact with each other. The accessory flagellum aiways projects slightly upwards (dorsally) and somewhat to the right side, ne ver to the left. In life, it is best caught sight of as the créât are swings slightly to and fro, about the axis of the trailing flagellum. As the Flagellate swings to the left, and the long flagellum passes a little to the right, the accessory flagellum projects outwards on that side, from the anterior end. In this position, its slow, waving motion can be observed. The fact that it is curved and not altogether in one plane adds to the difiîculty of detecting it. Owing to its delicacy, at one focus its distal extremity only may be seen, appear- ing as a short rod or dot, travelling parallel to, but separate from the body. When at rest, this short flagellum is usually directed somewhat backwards, terminating about on a line wdth the middle of the nucleus. Occasionally, however, it projects straight outwards, at right angles to the long flagellum ; in such a case, when the créature is lying in the true dorsi-ventral plane, the small flagellum gives a straighter, hardei- outline to the anterior end of the body (fig. 2). The length of this acces- sory flagellum varies from about lu to 1 1/2 u. The présence of this accessory flagellum does not throw any light upon the peculiar gliding movement of Helkesimastix ; because it is often held stiff and motionless while the créature is gliding forwards. It remaiiis uncertain, in fact, what can be its function. It does not waft food-particles into the mouth, because there is no mouth ; and we hâve never seen any indication of vacuolar ingestion and digestion of food, as occurs, for instance, in Monas. If Helkesimastix does ingest H.-M. WOODCOCK 15 solid particles, it does so at any part of its bocly, more particularly in the posterior région, in the same manner as does Cercomonas. There are frequently prominent, deeply staining, rounded grains in the cyto- plasm (cf. fig. 3), but thèse are unlike the Bacteria, etc., in the surrounding niediam and do not, I consider, represent ingested food. It is only necessary to compare the cytoplasm of, say, Monas, Bodo, or Phyllo- mitus, with its contained Bacteria and other food-particles, to see the différence. Thèse large, round granules, represent, rather, some product of metabohc (probably nuciear) activity. Bat there can be no doubt, I think, that this small accessory flagellum is comparable mth tliat of paramastigote types. The nearest relationships of Helkesimastix are very difficult to déter- mine. It resembles, in one character or another, several of thèse proto- mastigine forms and yet difïers from them ail in some important respect. On the whole, Helkesimastix is probably most nearly allied to Cercomonas, although there is the important différence that it has lest the powerful, long anterior flagellum of the latter type, but on the other hand has de- veloped a short accessory flagellum, which Cercomonas does not possess. 2. Alphamonas Alexeieff a synonym of Spiromonas Perty. Alexieff recently described^ a coprozoic Flagellate, which lie regarded as an entirely new type and named Alphamonas coprocola, n. g., n. sp. The author considered that tliis form had claims to be considered intermediate (« forme de passage )>) between Bacteria and Flagellâtes. In comparing Alphamonas with certain other coprozoic Flagellâtes, Alexeiefï considers — and quite rightly — that his form is not related to Helkesimastix. It is évident, however, that Alexeieff had not then seen my later paper on coprozoic Flagellâtes (réf. above), or he would certainly hâve realized that the form he describes is the same as that of whose life-cycle I there gave a much fuller account, namely Spiromonas angustata (Duj.)^. I made ail my original observations upon material derived from sheep- and goat-dung ; but on noting that Alexeiefï obtained his form from horse-dung, I started cultures of this material, and, as expected, hâve had no difïiculty in obtaining Spiromonas. 1. Arch. Zool. exp., vol. 57, 1918, N. et R. p. 1. 'l. By an oversight, angustata is writtcn angunta iu my paper. 1<) NOTES ET REVUE Alexeieff notes the occurrence of two flagella, although, as above mentioned, he does not figure an individual showing both. The author cvidently had considérable difficulty in seeing the flagella. As I stated in my account, Spiromonas is one of the most active of copro- zoic Flagellâtes, and when in rapid motion, it is impossible to detect the flagella. It is also, however, one of those which require most air, and in an ordinary cover-slip préparation (not an observation-prépara- tion), the Flagellate very soon becomes languid and its movement ceases. As this happens, it is quite easy to observe both flagella ; just as easy as it is to see the anterior, vibratile flagelkim of Bodo and Heteromita, when thèse are at rest. While the two flagella of Spiromonas (or Alpha- monas) are certainly more slender than the powerfal anterior flagellum of Cercomonas, they are not so délicate and difïicult to see as is the pos- terior, trailing flagellum of this type, when the posterior, end of the body is not drawn out along it. And the détection of the short accessory flagellum of Helkesimastix is a far greater test both of the lens and one 's own acu'ty of vision ! The sub-equal flagella of Spiromonas resemble most nearly those of Bodo (cf. caudatus) {vide my figures, pi. 27, 1. c). Alexeieff's description of the mode of movement of the body in Alpha- monas agrées exactly with that of Spiromonas. In regard to the size, the variation in size of the smaller forms, the characteristic spiral shape and gênerai appearance, the remarkable deeply staining mass in the posterior half of the body of the large forms, and the mode of multiplication, Alphamonas agrées completely with Spiromonas, and no more need be said upon thèse points. A comparison of my account ancl figures with those of Alexeieff settles the question- In one or two respects, however, Alexeieff's description is incomplète or at fault. Division is not only quadii-partite. I hâve found that it is much more commonly tri-partite, three daughter-individuals being formed inside the cyst. Moreover, a definite cyst-membrane is présent ; this is very délicate, but unmistakeable {vide my fig. 65. pi. 28, 1. c). As mentioned in my account, somet'imes the daughter-individuals, at th(; time of libeiation. scpiinii out of the cyst successively, at the point whei'e tins is luptiircd. In my own account l also pointcd out that Martin ajid Lewin's fig. ;j7 jclated in ail ))rol)ality to Spiroftionas ajid not. to Bodo caudatus ; and in their figure also, wliat appears to bc the empty cyst is shown. As regards the peculiar inclusion, wliich in staincd préparations is H.-M. WOODCOCK 17 seen to consist of a mass of granules, I do not consider that this is in any sensé a store of reserve food-materïal. It is not made use of in any way by the daughter-individuals. I think it is purely an adaptation to mul- tiplication witLin a cyst. It must be remembered that thèse cysts are not resting, résistant cysts, but for multiplication in the same médium and under the same conditions in which the Flagellate at the moment happens to be. There is no altération in the toxicity of the environ- ment, no development of fresh ferments to dissolve the cyst-membrane. as when résistant cysts are placed in fresh médium (or become moistened with fresh water). There must be some other means of causing the rup- ture of the cyst-membrane. As indicated in my paper, I consider that when the formation of the daughter-individuals is completed and the granular mass eut off from the living protoplasm, it is able suddenly to absorb water from the surrounding médium, a large proportion of the mass being at the same time dissolved, and the expansion produced by this intake of water bursts the cyst. I generally noted that, immedia- tely before libération, the whole contents of the cyst seem to swell up and the outlines of the individuals become momentarily indistinct. I am quite unable to agrée with Alexeiefï's suggestion that Spiro- monas may perhaps be regarded as an intermediate or transitional form between the Bacteria and the Flagellâtes. In my opinion it is a true Flagellate and has no doser relationship to Bacteria than has any other Protomastigine Flagellate. In the first place — and, perhaps, the most important point — the flagella are typical Flagellate flagella, and not in the least comparable with bacterial flagella (or cilia). They are long, conspicuous in life, and stamable by the usual cytological methods : moreover, they do originate from a blepharoplast (cf, my figs. 20-25, pi. 27, 1. c. from Giemsa stained sniears). (In préparations st'ici. VII. D'après une préparation microscopique. Tr.•^oh(^p i nvorsC'o, dans un des sacs aériens de la tOU\ rax et Tabdomen (voir 12, fig. xvi), ainsi que le schéma B, fig. VI). En outre, par le fait de cette position, elle communique avec lextériein", non seulement par les s tig- mates mésothoraci fjues, mais aussi par ceux du premier segment abdominal. On observe, dans cette chambre aérienne métathoracique 12, une bizarre conformation anatomique qui, à ma connaissance, n'a, jusqu'à présent, été signalée que par Janet (1911), chez la fourmi. Entre la paroi antérieure et la paroi postérieure de cette chambre aérienne, on constate la présence d'une quantité de petites colonnettes creuses, tendues d'une des j)arois à l'autre. Or, si l'on examine la cons- titution de ces colonnettes, on constate qu'elles sont formées des mêmes CIRCULATION CHEZ LES INSECTES 9 éléments histologiqnes que les trachées ; inais ils sont disposés en sens inverse (fig. vu et viii). L'épithélium de grandes cellules plates r^ui constitue la membrane '/lu TTi/rri f^? Fifî. VIII. D'après une préparation microscopiiiuo. Trachée inversée, dans la chambre aérienne métathoraciqne. Celte trachée i nv;rsée entoure un nerf 15. Les anneaux chitineux sont transformés en mamelons isolés. externe de la trachée est ici à l'intérieur ; tandis que la couche d'épais- sissement chitineux qui forme le fil spiral h l'intérieur de la trachée se trouve ici à l'extérie^ur. D'où le nom de trachées inversées, que Janet a donné à ces formations. Les sacs aériens (-5, fig. ix A) n'étant pour ainsi dire que des trachées 13 â Tu;. IX. Schéma mon'ran; la formation d'nne trachée inversée. distendues et transformées, leurs parois sont constituées par les mêmes couches histologiqnes — plus ou moins modifiées — que celles des trachées. On y retrouve, comme chez ces dernières, une membrane externe formée de grandes^^cellules aplaties et une couche interne, presque atrophiée, 10 FRANCK nnOCHER où le fil chitiiiciix n'est pins représenté qne par de petites crêtes inter- rompues (Voir le schéma, fig. x, et les figures données i^ar Mac Leod.) Admettons maintenant que, lorsqu'il se constitue, par distension de ses parois (fig. ix), le sac aérien J rencontre un nerf 7-5. Les parois du sac s'appliquent contre celui-ci et, peu à peu, l'entourent (fig. ix B, C, D) ; puis, l'ayant dépassé, et le sac continuant à se développer, elles s'accollent l'une à l'autre (fig. ix E, F). Le sac aérien continuant à s'étendre, la cloison formée par les deux membranes accolées s'atroj^liie et disparaît (fig. IX G) ; mais ce qui entoure le nerf persiste. On a alors un sac aérien 5, traversé de part en part par un nerf 15 (fig. IX A et G), qui se trouve logé dans un tube 11 dont les parois ont la même structure que celles des parois du sac aérien, mais dont les couches sont inversées. Celle qui est à l'intérieur du tube, correspondant à la couche externe du sac, est constituée par des cellules pavi menteuses ; tandis que la couche externe est pourvue de crêtes chitineuses irré- gulières. Or, phénomène bizarre, ces formations chitineuses prennent, souvent, un grand développement et la paroi de ces trachées inversées paraît, parfois, comme hérissée de rugosités (fig. viii). Ces formations que, comme Janet, j'appelerai des trachées inversées, ont des dimensions extrêmement variables ; elles peuvent être très étroites filiformes, ou, au contraire, elles peuvent avoir un diamètre assez large. Elles sont toujours à Fintérieur d'un sac ou cVun espace aérien ; elles sont donc entourées d'air de tous côtés. En revanche, leur lumen communique avec la cavité du corps ; il s'y trouve souvent un filet nerveux {15, fig. viii ; 11, fig. v) et, quelquefois, du sang. On observe ces trachées inversées dans différentes régions du corps ; je signalerai entre autres : la chambre aérienne métathoracique {12, fig. xvi), la chambre aérienne sous-mésotergale (en 16, fig. xi) et aussi les espaces aériens du fémur et surtout ceux du tibia des pattes posté- rieures (5, fig. v). Dans ce chapitre, j'ai été amené à employer différents termes qu'on ne trouve pas dans les livres ; aussi, pour faciliter leur compréhension, je vais brièvement les explique)- et compléter mon explication par quelques figures schématiques. Trachée proprement dite ou tuhulaire (A, fig. x). — C'est la trachée classique. Un tube qui reste toujoui-s béant B parce que sa paroi interne CIRCULATION CHEZ LES INSECTES 11 A est rendue rigide par un épaississeraent chitineux ; la paroi externe est constituée par un épithélium pavimenteux. Trachée flasqfe. — C'est une trachée dont le fil chitineux tend à s'atropliier C ; ce dernier a tellement perdu sa rigidité que les parois de la trachée s'affaissent, lorsque celle-ci ne contient pas d'air (D, fig. x). Entre ces deux types, il y a des formes intermédiaires. Trachée inver- sée. — A été décrite plus haut. VÉSICULE AÉ- BIENNNE. — Pe- tite dilatation trachéenne commu- niquant avec la tra- chée par un pédon- cule. Elle peut être gonflée d'air ou, au contraire, être com- plètement aplatie . Ses parois n'adhè- rent pas aux organes voisins et elles ne fournissent que peu ou pas de tra- chéoles. Vessies aé- riennes. — Mêmes caractères que pour la vésicule, sauf que les dimensions sont beaucoup plus grandes. Entre ces deux types, il y a des formes intermédiaires. Espace aérien. — C'est une vessie aérienne qui n'est pas Hbre ; ses parois adhèrent intimement aux organes (muscles, glandes, ganglions, etc.) voisins ; parce qu'elles fournissent une quantité de trachéoles qui pénètrent dans ces organes. Par le fait de leur situation — entre deux muscles ou enveloppaiit un organe — ils sont en général aplatis et, sou- vent, leur cavité peut, par moments, n'être que virtuelle. (Voir fig ii 5; fig. xviii 29 ; fig. XX 29, et fig. xix). Chambre aérienne. — Mêmes caractères que ci-dessus, sauf que, par Fig. X. Schénica. Trachée t-ubulaire : A, en coupe longitudinale ; B, en conpc transversale. — Trachée flasque : C, en conpo longitudinale ; les an- neaux chitineux sont plus espacés, moins épais et moins rigide.- ; aussi, quand elle ne contient pas d'air, la trachée s'aplatit D. — En E. tians- formation progressive de la trachée en un sac aérien : les anneaux chiti- neux s'espacent et, en outre, ils présentent des solutions de continuité. En F, ces solutions de continuité sont devenues si nombreuses que les anneaux ne sont plus représentés que par de courtes crêtes ou même par de petits n.amelons isolés. — En G, coupe transversale de la paroi d'un sac aérien : une très mince membrane sur laquelle on aperçoit, par-ci par-là, une petite crête chitineuse. 12 FRANCK BROCHER le fait de leur i-ituation, leurs parois ne peuvent jamais s'appliquer com- plètement Tune contre l'autre. La chambre aérienne est toujours béante. C'est surtout dans les chambres aériennes cpi'on observe les trachées n versées. Sac aériex est un terme vague, qui se rapporte indifféremment à ces trois dernières formations. Chapitre II Expériences relatives au fonctionnement du vaisseau dorsal et à la circulation du sang dans les pattes et dans l'abdomen. — Fonction de la Chorde de Leydig. Expérience I. — Après avoir anesthésié (avec de l'éther) un Spliinx covrohmli, on enlève les poils qui revêtent la face dorsale et la face ven- trale de Tabdomen et du thorax ainsi que ceux qui garnissent les fémurs et les tibias. Au moyen de deux bandes de papier, cpii maintiennent les ailes, on fixe l'insecte sur un cadre de liège — la face dorsale étant tournée en haut — et l'on dispose le tout sous la loupe montée. D'un conp de ciseaux, on fait alors une incision {17, fig. xi) au bord postérieur du deuxième segment abdominal, à mi-distance entre le vaisseau dorsal t? et le bord latéral de l'abdomen. Pour que la plaie reste un peu béante, il est bon d'enlever un petit morceau 17 du tégument. On dépose ensuite sur la plaie une goutte d'encre de Chine, diluée dans la solution physiologique de chlorure de sodium. Prescjue immédiatement, on voit le liquide noir j)énétrer dans le corps et se diriger {18) vers le vaisseau dorsal v, dans lequel il est aspiré, à chaque diastole, pour ensuite être propulsé en avant, à chaque systole. Si l'on lie dépose sur la plaie qu'une seule goutte de liquide noir, celui-ci disparaît dans le corps, en quelques secondes, et le phénomène décrit ci-dessus est momentané. Mais si, au fur et à mesure que le liquide noir est absorbé, on en remet une nouvelle goutte, on peut ainsi faire pénétrer dans le corps de l'insecte une assez grande quantité d'encre. Dans ce cas, voici ce que l'on observe : Au bout d'un certain temps, on voit tout le réseau des espaces inter- musculaires sous-mésotergaux c, d, e, f, g, se remplir de liquide noir, en commençant par la région antérieure ; le liquide noir finit par arriver à l'organe pulsatile mésotergal 2^, qu'il encrasse complètement. CIRCULATION CHEZ LES INSECTES 13 Expérience II. — Cette expérience est semblable à la précédente ; seulement, à la place d'examiner la face dorsa,le du Sphinx, on observe la face ventrale (fig. xii). Pour faire pénétrer la solution d'encre dans le corps, on dispose celui- Fio. XI. Face dorsale d'un Sphinx convolvuli, auquel on a enlevé les poils et les écailles. — A droite, on a enJevé, en outre, le ptérygote Pt. (PO = endroit où il s'insère. 14 FRANCK BROCHER Cl de façon que la face dorsale repose sur uiie lame de verre sur laquelle on met une goutte de la solution salée d'encre, et l'on 's'ar- range de manière que la plaie {17, fig. xi) faite au tégument dorsal, y Fia. XII. Fac. v.utralc d'uu ^pldnx convolndl, auqud on a culevé les poils et le., éeuilks. En /, Chonle de Lrydic puisant. CIRCULATION CHEZ LES INSECTES 15 trempe continuellement ; on rajoute du liquide quand cela est néces- saire. Les clioses étant ainsi disposées — et avant qu'on fasse bai- gner la plaie dans la solution salée d'encre — examinons Tinsecte (fîg. xii). La première chose qui attire le regard c'est un organe l qui puise avec énergie sur la ligne médiane et qu^on aperçoit surtout aux premiers seg- ments de l'abdomen. Ces pulsations n'ont aucune ressemblance, ni avec celles du vaisseau dorsal, ni avec celles des organes pulsatiles thoraciques. Ce que l'on voit se rapproche plus des mouvements ondulatoires d'une corde qui repose sur terre et qu'on met en mouvement en en secouant l'extrémité qu'à de véritables pulsations ; c'est un mouvement de godille, une oscillation ondulatoire de droite à gauche. Ceci étant constaté, déposons sur la lame de verre une goutte de la solution salée d'encre de façon que la plaie y trempe. Assez rapidement — souvent en moins d'une minute — on voit le liquide noir apparaître à la base de l'abdomen et s'avancer, d'avant en arrière, sur la ligne médiane ventrale, en étant brassé et remué par les mouvements de l'organe en question. Si l'on rajoute de la solution salée d'encre, au fur et à mesure qu'elle est absorbée, on peut faire durer cette expérience près d'mie heure. Et, pendant tout ce temps, l'organe continue à onduler et à faire avancer le sang dans l'abdomen, d'avant en arrière. Peu à peu, le corps entier du Sphinx prend une teinte grise ou noirâtre parce que les particules d'encre de Chine finissent par se répandre partout. Si l'on concentre son attention sur les fémurs, surtout sur ceux des pattes médianes et des pattes postérieures, on voit, parfois, à un moment donné, la région postérieiu'e du fémm' se colorer lentement en gris. Cette teinte grise apparaît d'abord sous la peau molle qui unit le coxa au tro- chanter ; elle traverse obhquement celui-ci i, entre dans le fémur et s'étend lentement jusqu'à l'extrémité tibiale. Lorsque l'expérience réussit tout à fait bien, on voit, au bout d'un certain temps, cette coloration grise apparaître au bord antériem' du fémur et progresser en sens inverse, c'est-à-dire de l'extrémité tibiale vers le trochanter. 1. Suivant la ligiiu poiiitilliie, iuJiquéu au troL-huutLr du membre médian, sur la gaudiu de la fi;airc xil< 16 FRANCK BROCHER Piiis, parfois, dans les cas tout à fait favorables, elle continue à s'étendre sous le tégument coxal, sur les côtés du thorax. J"ai observé ces faits plusieurs fois, soit sur le Sphinx convolvuli, soit sur le Macroglosse. Ce phénomène survient toujours tardivement ; ([uek|uefois, seulement au bout d'une heure ; en outre, il ne frappe pas par sa netteté. Aussi, cela serait un peu téméraire de ne se baser que sin- lui pour étal)lir une théorie de la circulation du sang dans les pattes. Il existe heureusement un procédé qui permet de rendre ce phéno- mène si net et si apparent qu'aucun doute ne j)eut subsister ; c'est ce que nous allons exposer dans l'expérience suivante. Expérience III. - — - Un Splùnx étant anesthésié et dépouillé de ses poils, on découpe (fig. xii) une boutonnière 19 dans le tégu- ment de la face postéro -ventrale du fémur, en arrière de la ligne argentée 7^ et l'on dépose sur la plaie une goutte de la solution salée d'encre. Celle-ci pénètre dans le fémur et toute la région comprise entre le trait argenté 7 et le bord postérieur du fémur se colore en noir ; en outre, l'encre gagne le tibia et colore vivement le bord de flexion de celui-ci (fig. xii) ; puis elle continue à s'étendre jusqu'à l'extrémité des tarses, toujours le long du bord de flexion. Dans les cas favorables, on voit, parfois, comme dans l'expérience précédente, une teinte grise apparaître au bord d'extension des tarses, puis à celui du tibia et du fémur et s'étendre jusqu'au trochanter. Expérience IV. — Cette expérience est semblable à la précédente ; seulement, au lieu de blesser le fémur en arrière de la ligne argentée 7, on le blesse en avant de cette ligne, soit sitr son bord antériem' (en 20, fig. XII). Lorsqu'on dépose l'encre sur la plaie, elle se répand sous le tégument du bord antérieur et s'étend vers le trochanter ; très souvent, elle continue à se répandre sous le tégument des coxa 21 et sur les parties latérales du mésothorax, en suivant, surtout, les intervalles intermusculaires ; elle arrive, parfois, jusqu'à l'organe pulsatile mésotergal {p, fig. xi). Jamais elle ne se dirige du côté du tibia. Ces deux expériences montrent donc clairement que le courant san- guin qui parcourt le fémur (et, d'une manière générale, le membre entier) 1. Nous savons que cette ligne correspond à l'insertion au tégument de l'espace aérien iutermusculaire S Voir flg. II.) CIRCULATION CHEZ LES INSECTES 17 a une direction : centrifuge, dans la loge postérieure ; et centripète, dans la loge antérieure. Avant de passer à de nouvelles expériences, je dois donner quelques ren^seignements sur l'organe l que l'on voit onduler sur la ligne médiane de la face ventrale de l'abdomen. Cet organe est connu ; il porte le nom de Chorde de Leydig ; mais il n'a guère été étudié qu'au point de vue anatomique. A ma connaissance, aucun naturaliste ne l'a vu en action ou, tout au moins, aucun n'en a décrit le fonctionnement. Les traités d'entomologie, en général, ne le signalent même pas. Treviranus, en 1831, puis ensuite Newport {en 1834 et surtout en 1839) constatèrent qu'un cordon {l, fig. xvi), pourvu de muscles^ alif ormes k semblables à ceux du vaisseau dorsal, est accolé à la chaîne nerveuse abdominale des Lépidoiîtèi'cs ; ils en conclurent que ce devait être un vaisseau sanguin. Les Lépidoptères, selon eux, auraient donc deux vais- seaux sanguins : un doj'sal et un ventral. Mais, en 1847. Leukart déclare qu'il n'y a là aucim vaisseau sanguin ; d'autre part, il avoue ignorer complètement quelle peut bien être la fonction de cette bizarre organisation. En 1859, Geoenbaur admet de nouveau la présence d'un vaisseau sangnin ventral. Leydig, en 1862, reconnaît qu'il s'agit là d'un diaphragme ventral, pourvu de muscles aHformes, et adhérant à la chaîne nerveuse ; mais il n'y constate aucun vaisseau sanguin. Leybtg en conclut que ce dia- phragme est destiné à protéger la chaîne nerveuse contre les mouvenaeiits des viscères. Cette exi^lication fut admise et, depuis lors, l'organe porta le nom de C'horde de Leydig. En 1876, Graber confirme les données de Leydïo ; il reconnaît qu'il n'y a aucun vaisseau ventral, qu'il s'agit simplement d'iui dia- phragme transversal, pourvu de muscles aliformes et adhérant a la chaîne nei-veuse. Mais, constatant l'analogie qu'il y a entre cette forn^ition et colle du diaphragme transversal dorsal (qui est aussi pourvu de muscles aliformes et qui adhère au vaisseau dorsal), il en conclut qu'il doit y avoir analogie de fonction entre ces deux organisations. Il admet donc que le diaphragme ventral (Chorde de Leydig) se meut rx^hmiquement de haut en bas et qne, i)ar ce fait, il agit comme un aspirateur et contribue à faire circuler le sang. Arch. de Zool. Exp. et Gén. — T. 60. — p. 1. 2 18 FRANCK BROCHER Graber dit avoir constaté « de %âsu » que cet organe fonctionne de cette manière, chez les Libellules et chez les Orthoptères... mais il ne l'a pas étudié, chez les Lépidoptères. En 1876, BuRGER publia sur le « prétendu vaisseau ventral » des Lépidoptères, un travail que je n'ai, malheureusement, pas pu me pro- curer. En 1881, Cattie étudia la Chorde de Leydig au point de vue pure- ment anatomiquc ; il constate qu'elle n'existe pas chez la chenille. Enfin, en 1884-, Nusbaum décrivit le dévcloj^pement et la morpho- logie de cet organe. Il constate qu'il est composé d'un cordon, de nature plus ou moins gélatineuse, dans lequel est logée la chaîne nerveuse. Ce cordon adhère à un diaphragme transversal, pourvu de muscles aliformes. Suivant lui, on doit considérer cette organisation comme étant une sorte de mésosquelette destiné à j^rotéger la chaîne ner- veuse. Il résulte de tout cela : P Qu'actuellement, les naturalistes n'admettent pas l'existence d'un vaisseau ventral, chez les Lépidoj)tères. 2° Graber, seul, pense que ce diaphragme doit avoir une fonction poiu" la circulation du sang ; mais il ne l'a pas vu fonctionner (chez les Lépidoptères) et il ne fait, à ce sujet, que des suppositions. 3° Actuellement, l'idée la plus généralement acceptée est que ce dia- phragme est un organe de protection pour la chaîne nerveuse. Nous allons maintenant exposer ce que l'on peut observer chez le Sphinx vivant, et faire quelques expériences pour étudier le fonctionne- ment de cet organe. Expérience V. — Un Sphinx étant disposé comme pour l'expé- rience II, on perce un trou, au tégument d'un des premiers segments de l'abdomen, un peu à côté de l'oi-gane de Leydig, et l'on met sur la plaie une goutte de la solution salée d'encre de Chine. L'encre pénètre dans le corps ; elle subit l'action des mouvements de godiUe de Toigane de Leydig et elle s'étend lentement le long de celui-ci, d'avant en arrière, tout en projettant de temps en temps dans les régions latérales de l'abdomen quelques bouffées de liquide gris. Expérience VI. — Un Sphinx étant anesthésié, on le fixe au fond d'un petit cristallisoir ; on fend le tégument de la face dorsale de l'ab- domen et l'on ouvre celui-ci dans toute sa longueur. On enlève tous les CIRCULATION CHEZ LES INSECTES 19. organes qu'il contient (système digestif, trachées, graisse, etc.) de façon à mettre à découvert la Chorde de Leydig, qui continue à se mouvoir. Ensuite, on dépose, à la région antérieure de celle-ci, entre les muscles aliformes k, une minuscule goutte de la solution salée d'encre de Chine. Cette expérience est donc à peu près semblable à celle que nous avons faite sur le vaisseau dorsal du Dyticus marginalis (1917 A) ; mais, dans le cas actuel, il ne s'agit plus du vaisseau dorsal, mais bien de la Chorde de Leydig. Le liquide noir s'engage, peu à peu, sous la Chorde de Leydig et suit celle-ci, en jDi'Ogressant d'avant en arrière, avec assez de lenteur et avec des alternances de va-et-vient. On ne peut pas comparer ce phéno- mène à celui que l'on observe sur le vaisseau dorsal où l'aspiration du liquide se fait rapidement et où sa propulsion en avant est très éner- gique. Il arrive même, parfois, qu'au premier moment, l'encre pénètre d'arrière en avant dans le thorax ; mais elle ne tarde pas à en ressortir et elle suit alors lentement la Chorde de Leydig, en allant d'avant en arrière. Ce résultat m'a amené à penser que les mouvements de cet organe n'ont, probablement, qu'une minime action aspiratrice et qu'ils ont, surtout, une action directrice. Le sang qui vient du thorax, en suivant le système nerveux, se déverse dans l'abdomen parce que celui-ci tend à être continuellement asséché par suite de l'action aspirante du vaisseau dorsal. Mais, pour que le sang ne se dirige pas d'emblée vers les premiers ostioles du vaisseau dorsal, il est conduit en arrière par les ondulations de la Chorde de Leydig, qui le brasse et le répartit dans tout l'abdomen. Cet organe sert donc, effectivement, comme Graber l'a pensé, à faciliter la circulation du sang. Mais, d'après ce que j'ai observé, il sert plus à diriger le cours du sang qu'à propulser (ou aspirer) celui-ci ; en outre, il ne se meut pas de haut en bas, mais, alternativement, de droite à gauche. La Chorde de Leydig n'est pas en activité d'une façon continue. Lorsque le Sphinx est en somnolence, elle reste immobile ; elle se meut d'autant plus énergiquement que Tinsecte est excité. Au lieu de servir d'organe de protection pour la chaîne nerveuse, comme on l'admet, elle fait, au contraire, exécuter à cette dernière des mouvements désordonnés. 20 FRANCK BROCHER Chapitre III Expériences relatives à la circulation du sang dans la tête et dans les antennes. — Les vésicules, signalées par différents auteurs, à la base des antennes et dans la tête, sont-elles réellement pulsatiles ? Quelle est leur fonction probable. Expérience VII. — Lorsqu'on garde, pendant quelque temps, un Splu'nx en captivité, on constate que, le jour, il reste immobile — en état de somnolence — et que, la nuit seulement, il s'agite. Si, lorsqu'un Sphinx est en état de somnolence, on lui ampute brus- quement une antenne, au tiers basai, l'insecte, le plus souvent, se contente de sursauter, mais il reste en état de somnolence. Il ne se produit pas d'hémorragie par la plaie du moignon et, si Ton dépose sur celle-ci une goutte de solution salée d'encre de Cliinc, ce liquide pénètre lentement dans l'antenne. On peut déposer ime deuxième goutte, une troisième, cpielquefois une quatrième et toutes pénètrent dans l'antenne. Mais, souvent alors, le Sphinx sent qu'il se passe quelque chose d'anormal, il devient inquiet et commence à bouger. Si on le laisse tranquille, en général, il retombe en état de somnolence ; si, au contraire, on continue à déposer du liquide sur la plaie du moignon, le Sphinx se réveille tout à fait et cherche à fuir. Dans ce cas, le liquide ne pénètre plus dans le moignon de l'antenne et même, quelquefois, il se produit mie hémorragie par celui-ci. Si l'on s'est contenté de faire absorber par la i)laie une ou deux gouttes de la solution salée d'encre, sans que le Sphinx soit sorti de son état de somnolence et que, le lendemain, on le tue et qu'on le dissèque, on cons- tate la présence de dépôts noirs dans la tête, le cou, et jusque dans les espaces intermusculaires du mésothorax, du côté où l'antenne a été opérée. Il faut donc admettre que, chez les Spliinx en état de somnolence, le sang est, dans l'antenne, sous une pression négative ; il tend à être aspiré à l'intérieur du corps. Nous avons déjà, à plusieurs reprises signalé ce fait ; mais c'était toujours chez des insectes anesthésiés. Oi^ dans cette expérience -ci, le Sphinx n'est pas anesthésié; il se trouve dans un état d'assoupissement, c'est vrai ; mais d'assoupissement tout à fait normal et physiologique. Expérience VIII. — Un Sphinx étant arrangé comme nous l'avons décrit pour l'expérience I, on enlève le tégument de la partie supérieure CIRCULATION CHEZ LES INSECTES 21 de la tête et l'on pousse en avant (ou l'on coupe) les muscles dilatateurs du pharynx (D, fig. xiii) qui s'y insèrent ; l'on met ainsi à découvert le ganglion sus-œsophagien 22. Si l'opération a été proprement exécutée, on aperçoit, en avant du ganglion, l'extrémité dilatée i de l'aorte h, qui puise. Ces pulsations ne résultent pas de contractions de cet oi'gane ; ce sont les pulsations du vaisseau dorsal qui sont transmises à l'aorte par le sang qui y est propulsé. D L m ..^ 5 mm- h- rj FiQ. XIII. Face dorsale de la tête d'un S-phinx eonvolvuli, auquel on a enlevé les poils, les écailles et une partie du tégument, de façon à découvrir le ganglion sus-cesophagien 22, la dilatation de l'aorte î et les deux artères ti et o qui en partent. Le muscle 1) s'insèro contre le tégument enlevé ; à droite, ce muscle est en partie coupé. — Je n'ai pas représenté les sacs aériens ; il aurait fallu en mettre partout 1 Ils enveloppent tous les organes. L'aorte h passe sous le ganglion 22 et ac relève contre sa face antérieure. Ceci étant constaté, faisons absorber une goutte de solution salée d'encre de Chine, par le vaisseau dorsal — comme cela a été décrit à l'expérience I — et observons ce qui se passe dans la tête. A peine l'encre a-t-elle pénétré dans le vaisseau dorsal qu'on la voit arriver à la tête. Brusquement, l'extrémité dilatée de l'aorte i se remplit de liquide noir et celui-ci, en outre, injecte deux vaisseaux qui en partent :' l'un n, le plus mince, pénètre dans l'antenne ; l'autre o, d'un diamètre supérieur au précédent et placé im peu en arrière de lui, se dirige vers la l'ace postérieure de l'œil. Il ne s'écoule rien en avant de l'aorte ; tout le sang passe par ces deux vaisseaux, principalement par le second. 22 FRANCK BROCHER Quand on fait absorber au Sphinx une certaine quantité d'encre, ces vaisseaux restent plus ou moins encrassés ; on peut alors les disséquer et les isoler des tissus voisins. Lorsque, de cette manière, on a appris à les connaître, il est facile de les retrouver sur des sujets normaux (non injectés) et d'en étudier la structure et la conformation. Ces vaisseaux présentent plusieurs particularités : 10 D'abord ils sont entourés d'une membrane très mince, dont on a beaucoup de peine à les détacher. Cette membrane recouvre aussi les ganghons nerveux ; c'est la paroi de divers sacs aériens qui s'insinuent entre tous les organes contenus dans la tête et qui enveloppent ceux-ci comme le péritoine le fait pour les organes contenus dans l'abdomen des mammifères. 20 Le vaisseau antennaire n, à l'endroit 'ou il se détache de l'aorte i, présente une dilatation fusiforme. jCette dilatation est peu apparente chez le Sphinx du Liseron ; en revanche, elle est bien distincte chez le Macroglosse — insecte, chez lequel Selvatico l'a découverte, l'a décrite et l'a figurée. Nous y re^dendrons dans la suite. 30 Quant au vaisseau o qui se dirige vers l'œil, je ne suis jamais arrivé à constater avec certitude la manière dont il se termine. Mais voici ce que je crois avoir compris : le vaisseau finit en s'évasant contre la paroi postérieure de l'œil 36 et déverse le sang dans l'interstice comjDris entre cet organe et la paroi d'un sac aérien qui occupe l'espace 23, situé der- rière l'œil. Expérience IX, — Pour cette expérience, il est préférable de prendre le Pyraynidea, parce que les antennes de ce papillon sont filiformes et assez transparentes. On peut aussi utiliser le Macroglosse ; mais les antennes de cet insecte étant assez épaisses, les résultats sont plus diffi- ciles à constater. On anesthésie un Pyramidea et on lui dénude la région antérieure de la face dorsale du thorax et de l'abdomen ; puis on lui ampute l'antenne droite et on la met dans l'alcool. On fait alors absorber par le vaisseau dorsal le plus possible de solu- tion salée d'encre de Chine, en procédant comme nous l'avons indiqué à l'expérience I, Lorsque le système circulatoire est bien encrassé — ce que l'on voit aisément au mésotergum — on ampute l'antenne gauche et on la met dans l'alcool. On fait ensuite, avec ces deux antennes, une préparation microsco- CIRCULATION CHEZ LES INSECTES 23 pique au baume du Canada et on les étudie au microscope (fig. xiv). L'antenne droite (A, fig. xiv), qui a été enlevée avant le début de l'expérience, sert d'objet de comparaison ; elle est en entier transparente. Sur l'antenne gauche (B, fig. xiv), au contraire, l'artère antennaire remplie d'encre de Chine a l'aspect d'un petit cordonnet noir, bien appa- rent, qui va en s'amincissant de la base de l'antenne à l'extrémité de celle-ci, qu'il n'atteint pas complètement. Si l'on emploie un grossissement plus puissant (C, fig. xiv), on observe, A '/lo mm FlG. XIV. Antennes d'un Pyramidea. A, Antenne normale. B, antenne dont l'artère[antennaire est encrassée d'encre de Chine. C, la même, étudiée avec un objectif beaucoup plus puissant, n, artère antennaire, pleine d'encre de Chine ; g, excroissances « en champignon .) (voir le texte) ; r, particules d'encre de Chine libres dans la cavité de l'antenne. par-ci par-là, sur ce cordonnet n, des excroissances q, en forme de minus- cules champignons. Plusieurs naturalistes ^ ayant constaté, dans la paroi des vaisseaux sanguins, la présence de petites ouvertures par lesquelles les globules sanguins sortent du vaisseau pour gagner la cavité générale du corps (ou de l'organe), il est logique d'admettre que ces excroissances corres- pondent à ces ouvertures, obstruées par les particules noires qui s'y sont agglomérées en les franchissant. Quelques particules noires ont réussi à arriver dans la cavité de l'an- tenne où on les observe par-ci par-là (r, fig. xiv). 1. Entre autres Zimmermakn, chez les Ephéméiidés ; Paulowa, chez la Blatte : et noua-même, chez les larves des Aeschna (1917 B). 24 FRANCK BliOrriER Lorsqu'on sectionne l'antenne d'un Sphinx au tiers basai (cxp.VII), il no survient pas d'hémorragie par la plaie de section ; nous en avions conclu que — dans les conditions données — le sang doit se trouver dans l'antenne sous une pression négative. D'ftutre part, les expériences VIII et IX montrent qu'il y a une artère antennaire et c^[\o lo sang y est propulsé par les pulsations du vaisseau dorsal. Ces résultats, qui paraissent contradictoires, sont cependant faciles à comprendre ; une nouvelle expérience va le montrer. Expérience X. — On prend un Pyramîdea, on l'anesthésie et on lui dénude la face dorsale de l'abdomen. Ensuite, on sectionne une des antennes au tiers médian et on place la base de cette antenne entre un porte-objet et un couvre-objet, entre lesquels or dépose un peu de la solution salée physiologicpie, de façon que la plaie de section du moignon soit immergée dans ce liquide. L'insecte étant ainsi arrangé, on fait absorber par le vaisseau dorsal le plus possible de la solution salée d'encre de Chine (ainsi que nous l'avons décrit à l'expérience I) et l'on observe, à l'aide du microscoiDe, ce qui se passe vers la plaie de section du moignon. Lorsque les circonstances sont favorables et cj^ue l'expérience réussit, on voit, de temps en temps, sortir par la plaie du moignon quelques par- ticules noires d'encre de Chine. Elles sont peu nombreuses ; elles ne sont pas propulsées au loin ; elles restent tout près de la plaie et, parfois, on en voit quelques-unes rentrer lentement dans le moignon de l'antemie. Il faut donc admettre : 10 Que le sang progresse dans l'artère antennaire, parce qu'il y est propulsé par une « vis à tergo » — les pulsations du vaisseau dorsal ; — mais que, dans l'antenne, cette force propulsive n'est plus qu'extrême- ment faible. 20 II existe aussi une force aspiratrice, j)uisqu'on voit, parfois, des particules noires, stagnantes, devant la plaie, rentrer dans le cou- rant centripète (dans la cavité de l'antenne), sans que rien ne les y pousse. 11 est probable que, dans les conditions normales, cette force aspira- trice (dans la ca\dté de l'antemie) est un peu supérieure à la force pro- pulsive (dans l'artère de l'antenne). Je siîis amené à discuter ici une opinion qu'on trouve énoncée dans CIRCULATION CHEZ LES INSECTES 25 plusieurs gros traités d'entomologie, en particulier dans ceux d'HENNE- GUY et de Berlesb. Voici ce qu'on lit dans Hbnneguy, page 87 : « Vayssières, en 1882, chez les Ephéméridés; Burgess, en 1881, et SELVATico,en 1887, chez les Lépidoptères, et Paulowa, en 1895, chez les Orthoptères... ont décrit des ampoules pulsatile^ à la base des antennes. » Berlese s'exprime dans des termes à peu près semblables. Aussi, se fondant sur l'autorité de ces auteurs, les naturalistes, pour la plupart, ont admis, comme un fait prouvé, la présence de vésicules « pulsatiles » à la base des antennes ou, tout au moins, la présence d'une vésicule pulsatile dans la tête. Les faits que j'ai observés m'ont amené à douter du bien fondé de cette opinion ; et cela d'autant jAns que Vayssières et Selvatico ne se sont pas exprimés d'une façon aussi catégorique qu'on le leur prête. Voici ce qu'a écrit Vayssières (1882, p. 102) : « Dans les antennes, il existe aussi des vaisseaux sanguins... Il est à peu 'près certain que ces vaisseaux ne sont pas en continuité avec l'aorte antérieure ; je n'ai du moins rien vu qui puisse me faire croire qu'il existe une communica- tion directe entre eux ; il est alors à supposer que le sang qui s'engage dans ces vaisseaux, y est poussé par des organes pulsatiles particuliers, situés à la base des antennes. » Vayssières donc n'a rien vu ; il suppose. Selvatico, lui, décrit et figure (1887, fîg. 14 et 15) la dilatation qui se trouve à la base, non pas de l'antenne, mais de l'artère antennaire chez le Bombyx mori et chez le Macroglosse. Je puis confirmer tout ce que Selvatico avance. Ce que j'ai vu chez le Macroglosse concorde absolument avec ce que cet auteur a décrit et figuré. Et, si les faits ne sont pas absolument identiques, chez le Sphinx convolvuli, ils sont cependant presque semblables — la dilatation à la base de l'artère antennaire est toutefois peu apparente chez ce dernier insecte Or, que dit Selvatico ? Il signale la présence d'une dilatation à la base de l'artère antennaire ; mais il n'énonce nulle part l'idée que cette dilatation soit « pulsatile » ; au contraire, constatant que cette dilatation est occupée par un tissu aréolaire (il en est de même chez le Sphinx convolvuli), il suppose qu'il s'agit là, peut-être, d'un organe qui fonctionnerait comme une sorte de valvule. 26 FRANCK BROCHER N'ayant trouvé dans Burgess (1881) aucune mention de la présence d'organe pulsatile dans la tête des Lépidoptères, il ne m'est pas possible de discuter l'opinion qu'on lui prête. D'autre part, n'ayant jamais eu l'occasion d'étudier la circulation du sang, chez la Blatte, je ne puis ni confirmer, ni infirmer, ce que Paulowa dit avoir observé chez cet insecte. Voici, à présent, quelle est mon opinion personnelle. Chez le Sphinx convolvuli et chez le Macroglosse, il n'y a pas, dans la tête, de vésicule spéciale qui, par sa contraction, chasse le sang dans les antennes. Ce que l'on voit puiser, c'est l'extrémité dilatée de l'aorte et celle-ci puise, non pas activement, mais passivement. La dilatation à la base de l'artère antennaire, décrite par Selvatico, existe. D'accord a^vec ce naturaliste, je crois qu'il s'agit là d'une sorte de valvule ; en tous cas rien n'engage à croire que ce soit une vésicule « pulsatile ». Au contraire, à mon idée, cette conformation anatomique a peut-être pour fonction de ralentir la circulation du sang dans l'artère antennaire, on empêchant que les pulsations du vaisseau dorsal ne s'y propagent... ce qui pourrait, peut-être, avoir des inconvénients. L'expérience X montre que, dr^ns cette artère, le sang circule lente- ment, sous une pression très faible ; cela ne serait pas le cas s'il y était propulsé par un organe spécial. Chapitre IV Synthèse. — Comment, à mon idée, on peut expliquer le mécanisme de la circulation du sang, chez le Sphinx. — Circulation dans le corps ; circulation intramusculaire (dans les muscles thoraciques), — Importance des organes pulsatiles mésotergaux. Grâce aux faits anatomiques que nous avons constatés et à ceux qui résultent des expériences cpie nous avons relatées dans les pages C[ui précèdent, nous pouvons maintenant exposer cpiel est, à notre idée, le mécanisme de la circulation générale du sang chez les Sphinx. Le sang, pompé dans l'abdomen par le vaisseau dorsal, est propulsé par ce dernier jusque dans la tête ; dans son parcours aortique, il reçoit, en outre, celui que lui envoie l'organe pulsatile mésoteigal {p, fig. xvi) qu'on pom-rait appeler le cœur thoracique. Le sang arrive sous une certaine pression dans la dilatation aortique i CIRCULATION CHEZ LES INSECTES 27 (fîg. xiii), qui est en avant du ganglion nerveux sus-œsophagien 22 ; de là il s'engage dans l'artère antennaire n et dans l'artère ophthalmique o. Il sort de l'artère antennaire — soit à l'extrémité de celle-ci, soit par les ouvertures de ses parois — et arrive dans la cavité de l'antenne, d'oii il par ic^eyrvt I ^ Fia. XV. Faec antérieure du mésothorax (le prothorax étant enlevé) d'un Sphinx, convolridi. Le plan de dissection que représente cette figure passe par les points désignés par les lettres J et R sur la figure xvi. Les glandes salivaires, les trachées et les sacs aériens sont enlevés. Le sang des courants t et ti est supposé couler du lecteur vers la figure. — A gauche, la partie antérieure du ptérygote Vt est enlevée, es qui permet de voir le pédicule Ptp, par lequel la cavité Vtc du ptérygote communique avec la cavité du corps. Le stigmate pro-mésothoracique S est en place, ainsi que la dilatation trachéenne 27 qui y aboutit. Celle-ci se résout presque tout de suite en trachées (non figurées) qui vont à la tête et au mésothorax. — A droite, le stigmate S, la trachée 27 et le ptérygote Vt sont enlevés, ainsi que la peau molle blanche (m, ftg. xi) à laquelle ce dernier s'insère ; la nervure antérieure N de l'aile AA est aussi enlevée. — Le sinus «, par lequel passe le courant sanguin latéral se trouve ainsi découvert Ce courant u suit le même trajet que le nerf 28, jusqu'à la base de l'aile antérieure AA. \T.ent dans les espaces lacunaires, qui sont entre les différents organes de la tête. L'artère opthalmique, comme nous l'avons indiqué plus haut, déverse le sang qui y circule dans l'espace compris entre l'œil et la paroi d'un sac aérien qui est apphqué contre ce dernier. Nous savons, d'autre part, que les espaces entre les différents organes 28 FRANCK BROCHER de la tête sont occupés par des sacs aériens. Le sang — soit celui que déverse rartère>phtalmique, soit celui qui re^âent de l'antenne — doit a g" lu, a fi g< p -a lia. Ifs i-* .'Z i§ s g^ C/J -«u ,3 O H 2 «* *^ 5: Cl donc circuler entre la paroi de ces sacs et les organes que celle recouvre. Ces sacs étant des expansions des tra(;hées, il en résulte, qu'en suivant CIRCULATION CHE^ LES INSECTES 29 leur paroi, le sang trouve un chemin qui le ramène naturellement au cou, vers les troncs trachéens. Or, plusieurs causes contribuent à faire circuler le sang dans cette direction. D'abord, il ne faut pas oublier que, soit le vaisseau dorsal, soit l'or- gane palsatile mésotergal exercent une aspiration continue sur le sang; nous avons constaté (1919) que cette action se fait sentir jusque dans la tête. Ensuite, chaque mouvement inspirateur produit un appel du sang dans le thorax et dans l'abdomen — par suite de l'augmentation de la capacité de ces parties du corps — et, en outre, il facilite directement la circulation parce que, au début de chaque inspiration, les sacs aériens, en s'affaissant partiellement, laissent le passage libre au sang. Celui-ci quitte donc la tête et — le prothorax étant fort réduit, chez les Lépidoptères (voir fig. xvi) -^ il arrive presque tout de suite cà la région antérieure du mésothorax (fig. xv). Pour effectuer ce court trajet, le courant sanguin utilise les espaces qui sont entre les différents organes qui vont de la tête au thorax ; mais la plus grande partie du courant occupe la face ventrale du cou, de chaque côté de la chaîne nerveuse {25, fig. XV ; 26, fig. x\^). Arrivé à la partie antérieure du mésothorax (fig, xvi), le sang continue son cours en arrière, en suivant surtout la chaîne nerveuse 26 ; il constitue ce que nous appellerons le courant ventral {f, fig. xv, xviii et xx). Dans l'abdomen, ce courant est sous la dépendance de la Chorde de Le3'dig ; nous avons reconnu, en faisant l'expérience VI, quelle action cet organe a sur lui. Mais le com'ant ventral ne représente pas la totalité du sang qui arrive par le cou. Vers le stigmate pro-mésothoracique (S, fig. xv), une partie du sang suit le trajet du nerf 28 de l'aile antérieure AA et s'engage dans l'espace sous-tégumentaire u compris entre les muscles sternali-dorsaux H et les muscles latéraux du mésothorax I (fig. xvii et xx). Ce courant sanguin — que nous appellerons courant latéral u — passe sous la peau molle, blanche, qui est à la base des ailes {u, fig. xi) et arrive à la face latéro-dorsale de l'abdomen ; là, une partie du sang suit le tronc trachéen latéral de l'abdomen, l'autre partie se rUrige vers le sinus péricardiaque. Il y a donc, dans le méso et dans le métathorax, trois courants san- guins principaux : un ventral t, deux latéraux u. Ces courants aboutissant à l'abdomen, nous pouvons admettre qu'ils résultent - — au moins en 30 FliANCK BROCHER partie — de l'état de dépression qui règne dans cette partie du corps. Le sang des différentes régions de celui-ci venant remplacer dans la cavité abdominale celui que le vaisseau dorsal y enlève continuellement. pt 1c£/nt . 13. U-. X VII. Coupi' transversale du mésothorax d'un Sphinx convolvuli. Cette coupe passe par la ligne j3 8 de la figure xvj ; elle représente le mésothorax, en coupe transversale un peu en arrière de sa face anté- rieure (flg. XV). La tranche est vue d'arrière, ce qui fait qu'on y voit les mêmes organes que sur la figure XV, mais vus de l'autre extrémité (par ex. le ganglion 25). Sur cette figure, le sang des cou- rants t et 11 est supposé couler du dessin vers le lecteur. — Pour des raisons de clarté, je n'ai représenté ni les espaces aériens intermusculaires (voir le schéma xx), ni les glandes salivaires qui occupent tout l'espace t, compris entre les muscles longitudinaux dorsaux L et le tégument ventral, contre lequel est le système nerveux 2.5. A gauche, on a enlevé une partie de l'apophyse mésosternale Q, afin qu'on puisse voir, à partir de son origine, le nerf fémoral 2. Il doit nécessairement y avoir une certaine relation d'équilibre entre ces ti'ois courants. Si, par exemple, pour une raison quelconque, le courant ven- tral t est gêné, les courants latéraux u doivent augmenter — et vice-versa. CIRCULATION CHEZ LES INSECTES 31 Nous avons con,staté (1917 B) que, chez les larves des Aeschna, il y a un système de diaphragmes tho- raciques qui permet de régler l'intensité du courant sanguin ventral. Lorsque le spliincter dont est pourvu Forifice de chacun de ces diaphragmes se contracte, le courant ventral est arrêté et le sang passe par les courants latéraux, ce qui facilite la circulation dans les pattes et dans les fourreaux des ailes. Il est probable que, chez les Lépidoptères, un l)hénomène semblable existe... quoique dû à des causes un peu différentes. Nous n'avons pas constaté chez eux de dia- phragmes thoraciques ; mais, sous le bord ventral du mésophragma K (fig. xvi), le sang qm constitue le courant ventral t passe par un véi'i table défilé et, pour peu que le Sphinx aplatisse son thorax dorso- ventialement, la circulation doit y être foi't gênée. C'est peut-être pour cela que c'est à. cet endroit là que commence la Chorde de Leydig l, dont les ondu- lations facilitent le cours du sang. J'ai donc été amené à penser que, chez le Sphinx, le fait seul d'aplatir le thorax dorso-ventralement ou de ralentir les mouvements de la Chorde de Leydig suffit pour provoquer une gêne dans le courant sanguin ven- tral et, par conséquent, une augmentation des deux courants sanguins latéraux et aussi... de tous les cou- rants qui résultent de l'action de l'organe pulsatile mésotergal. En effet, pendant leur trajet dans le méso et dans le métathorax, le courant ventral et les courants laté- raux subissent l'influence des organes pulsatiles tho- racic[ues, particulièrement celle de l'organe mésotergal. Les expériences que nous avons relatées dans ce travail et dans le précédent (1919) nous ont aj^piis que l'action aspiratrice de cet organe se fait sentir dans tout le thorax, y compris les ailes et les pattes. Nous avons constaté que, de toutes ces parties du corps, le sang (chargé d'encre de Chine) gagne l'or- M .^Yfii^n) _rT5ï' ,73 "— r^ Ws^-i"^ Fig. XVIII. Cette figure re- préseuto la moitié supé- rieure de respacc aérien intermusculaire gauche 29 de la figure précé- dente — avec plus do détails ; mais un peu schématisé. C'est, pour ainsi dire, une coupe transversale schémati- que d'un espace aérien intermusculaire . Pour l'explication, voir le texte. 32 FRANCK BROCHER gane pulsatile méeotergal, en suivant surtout les espaces intermuscu- laires. Nous allons maintenant étudier comment s'effectue ce trajet. La chose, au premier abord, paraît simple ; en réalité, elle est assez com- pliquée. Les intervalles entre les muscles ne sont pas, comme on le croit géné- ralement, des espaces libres que le sang remplit en entier. Ces intervalles sont occupés par des sacs aériens aplatis, que nous avons appelés des « espaces aériens », Une multitude de trachéoles, partant des parois de ceux-ci, pénètrent entre les fibres des muscles contigus et fixent à ces derniers les parois de ces espaces aériens^. Le sang circule entre la paroi de l'espace aérien et le muscle contre lequel elle est appliquée et, quand une trachéole s'en détache et s'engage entre les fibres du muscle, le sang pénètre avec elle et circule entre cette trachéole et les fibres musculaires. Les figures xviii et xix et l'explication qui les accompagne rendront ma description plus facile à comprendre. Ces sacs ou, plus exactement, ces espaces aériens intermusculaires présentent de nombreuses lacunes {x, fig. xix), par lesquelles le sang peut circuler et passer d'un des côtés du sac à l'autre. Il résulte de cette disjjosition que, pour aller, par exemple, du courant ventral t à l'organe pulsatile mésotergal p, qui l'aspire, le sang peut s'en- gager dans l'espace SI (fig. xvii et xx) qui sépare les deux muscles longi- tudinaux dorsaux L ou — pour pouvoir plus facilement suivre sur les figures — disons dans l'espace 29, qui sépare ces derniers L des sternali- dorsaux H. Mais le sang ne circulera qu'entre les muscles et les parois im de l'espace aérien 29 (soit, en 2, de la fig. xvin). Ce dernier n'arrivant pas jusqu'au tégument chitineux du mésotergum M, il en résulte que, sous'j* celui-ci, l'espace intermusculaire est réellement libre et constitue luie sorte de sinus collecteur {y, fig. xviii), qui recueille le sang qui lui arrive 1. Pour constater la présence et la conformation de ces espaces aériens et, d"une manière générale, pour pouvoir contrôler les faits que je relate, il est indispensable de s'adresser h des Sphinx frais, ou — et c'est encore préférable — à des Sphinx fixés depuis quelques jours, mais qui n'ont séjourné que dans du formol (à 1 1/2 ou 2 p. 100 ). Dans ces conditions, l'air reste — au moins en partie — dans les trachées et dans les espaces aériens, ce qui fait que, lorsqu'on dissèque, dans l'eau, le corps de l'insecte, ces organes sont rendus apparents par l'air qui y adhère. La constatation de ces organes est, au contraire, à peu près impossible, si l'insecte a trempé — ne f ftt-cc que momentanément — dans de l'alcool. Les parois des espaces aériens sont, en effet, si minces et si transparentes qu'elles deviennent presque inNisiblcs, lorsqu'il n'y a plus d'air qui y adhère et, lorsqu'on dissèque l'insecte, ou les détruit sans s'en douter ; les trachées seules, qui sont plus résistantes, persistent. Or, l'alcool, pénétrant facilement dans le système trachéen, en chasse l'air ; tandis que les liquides aqueux ne pénètrent que très lentement dans les trachées et les sacs aériens. CIRCULATION CHEZ LES INSECTES 33 de tout l'espace intermusculaire et le conduit à l'organe mésotergal p. (Voir les fig. xi et xx. Sur ces figures, y correspond au sinus g). Une disposition semblable existe dans l'espace 37 (fig. xvii et xx), qui se trouve entre les muscles] sternali -dorsaux H et^[les muscles laté- 3o-4>^7 ' ' '^ .. Fig. XIX. D'après une préparation microscopique. Espace aérien intermusculaire, disséqué, vu de plan. Cette figure montre les rapports entre les trachées et les espaces aériens et comment ces derniers font communiquer les unes avec les autres les différentes trachées. On y voit, en outre, les séries parallèles de trachéoles 6, qui prennent naissance sur la paroi m de l'espace aérien 29 et qui s'insinuent ensuite entre les iibres des muscles contigus. L'espace compris entre deux lignes de trachéoles correspond à l'épaisseur d'une fibre musculaire. — Le sang circule dans les lacunes x, surtout dans celles qui sont autour des trachées ; c'est là, principalement, que se font les dépôts d'encre de Chine. Mais il circule aussi entre la paroi m et les fibres musculaires (enlevées), par conséquent entre les petites trachéoles 6. raux du mésothorax I ; son sinus collecteur est ti (fig. xvn, xx, xi). Ces sinus se déversent dans le sinus médian c (fig. xi) par des sinus transversaux sous-tégumentaires d, e, f, et aussi par quelques espaces interfasciculaires transversaux {s, fig. xvii). Mais il y a encore autre chose. Aech. db Zool. Exp. et Gén. — T. 60, — F. 1. 3 34 FRANCK BROCHER L'action aspiratrice de l'organe mésotergal se fait sentir non seulement dans les espaces intermusculaires et interfasciculaires, mais aussi entre les fibres, dans l'intérieur des muscles eux-mêmes. En efifet, si l'organe mésotergal f produit dans l'espace intermuscu- \ FiB. xs. Schéma destiné à montrer comment le sang circule dans le mésothorax et dans les membres. — Le courant ventral * et le courant latéral u (flèches en traits interrompus) sont perpendiculaires au plan du papie (ils vont du lecteur au papier) ; ils se dirigent vers l'abdomen. — Tous les autres courants (flèches en traits pleins) sont, pour ainsi dire, parallèles au plan du papier ; ils vont des courants précédents t «, à l'organe pulsatile p, qui les produit par ses coups de pompe aspirateurs. lair^ médian {31, fig. xvn et xx), — qui est celui sur lequel il agit le plus directement — une action aspiratrice d'une force que nous estimons valoir 5. On peut admettre que la force de cette aspiration n'a plus qu'une valeur de 3 dans l'espace 29, plus éloigné, qui est entre le muscle- longi- CIRCULATION CHEZ LES INSECTES 35 tiidmal dorsal L et les muscles sternali-dorsaux H ; et qu'une force de I à l'égard du courant sanguin latéral ii, qui passe à la base des ailes. Il résulte de cette différence dans l'intensité de la force aspiratrice, suivant les espaces intermusculaires, qu'un certain déplacement du sang — celui-ci allant de l'espace oii l'aspiration est ïa moins forte à celui où l'aspiration est la plus forte — doit s'effectuer à travers le muscle. Pour cela le sang s'insinue et circule autour des trachées (30', fig. xviii) et des trachéoles 6, qui forment des réseaux entre les fibres du muscle et qui constituent même, entre certains plans des fibres de celui-ci, de véri- tables espaces aériens « interfasciculaires » {s, fig. xvii) semblables à ceux « intermusculaires » {31, 29, 37, fig. xvii) que nous venons de décrire — mais, naturellement, moins importants. Ceci n'est pas mie simple hypothèse physiologique, basée sur des constatations anatomiques. En disséquant des Sphinx, dont le système sanguin était encrassé d'encre de Chine, j'ai plusieurs fois trouvé ïe muscle longitudinal dorsal L dans un état semblable à celui qui est représenté, en partie, à la figure xvt. Là où les trachées sont vues de plan (sous l'organe mésotergal jj) les dépôts d'encre de Chine les accompagnent sous forme de traînées, en chapelet, accolés contre leur paroi. Là où les trachées se présentent en coupe transversale (sous la boucle de l'aorte h, par exemple), on remarque que la plupart d'entre elles ont, de chaque côté, un petit amas noir. Avant de continuer mon exposé sur la manière dont le sang circule, je suis obligé d& signaler quelques faits qui ont été décrits par différents auteurs et qui se rapportent plus ou moins directement à ceux que j'ai exposés dans les pages qui précèdent. J'intercalle donc ici un petit chapitre de digression. CHAPITRE V Digression. — Là eîrculatîoii péri trachéenne de Blancharî». — Goncordancê entre les faits que j'ai observés, la manière dont je les interprète et les idée^ que Janet a exposées dans divers de ses travaux. Je dois d'abord dire quelques mots au sujet d'une vieille liistoire qui, il y a trois quarts de siècle, a passablement intrigué les naturahstes. Je veux parler de la circulation péritrachéenne de Blanchard. En 1848, ayant injecté de l'indigo dans le vaisseau dorsal de divers 36 FRANCK BROCHER Insectes, Blanchard constate que cette manière colorante s'est fixée « dans l'épaisseur » des parois des trachées ; il en conclut qu'il devait y avoir une véritable circulation sanguine entre les deux membranes qui constituent la paroi de la trachée. Immédiatement, Joly, Nicolet, puis d'autres naturalistes encore, déclarèrent que les faits relatés par Blanchard étaient mal observés ou mal interprétés, que, du reste, la structure anatomique des trachées rend impossible une telle circulation. Cependant, en 1851, Agassiz d'abord, puis ensuite Bassi et Filippt refirent les expériences de Blanchard ; ils obtinrert des résultats sem- blables à ceux que celui-ci avait annoncés et ils admirent l'hypothèse qu'il avait énoncée « d'mie circulation sanguine péritrachéenne ». De son côté, après de nouvelles recherches, Joly, en 1852, maintint sa manière de voir. La question resta en suspens. En 1880, Mac Leod revient sur ce sujet. Après avoir fait une étude de l'histologie du système trachéen, il déclare que les idées de .Blanchard sont inadmissibles : « la circulation péritrachéenne, dit-il, n'existe pas et, vu la structure histologique des trachées, elle ne peut, du reste, pas exister ». Cette oj)inion est actuellement admise ; je la partage entièrement. Toutefois, si nous admettons qu'il n'y a pas de circulation sanguine entre les deux membranes qui constitueiit la paroi des trachées, comme le prétend Blanchard, nous devons cependant reconnaître que les expé- riences que nous avons faites sur le Sphinx indiquent qu'il y a, cepen- dant, quelque chose de vrai dans les phénomènes observés par Blan- chard ; mais, à mon idée, ceux-ci peuvent être interprétés d'une toute autre manière que ce naturaliste l'a fait. Le sang ne circule pas dans l'épaisseur de la paroi des trachées ; il circule surtout autour de celles-ci. Ces dernières sont donc constamment Ijaignées par le sang, dont le courant suit leur trajet. Il en résulte que, si le sang contient une matière colorante qui a plus d'affinité chimique pour les tissus chitineux des trachées que pour les autres tissus (musculaire, conjonctif , graisseux, etc.), il est tout naturel que celle-ci soit fixée d'abord par les trachées, dont elle imprègne les parois. Je dois, ensuite, faire remarquer que si les faits anatomîques que j'ai constatés (présence d'espaces aériens intermusculaires et interfascîcu'- CIRCULATION CHEZ LES INSECTES 37 laires, dans les lacunes desquelles circule le sang, sacs aériens s'insinuant entre les organes et formant à ceux-ci une enveloppe, etc., etc.) paraissent nouveaux, plusieurs d'entre eux ont, cependant, déjà été vus par Janet, qui les a décrit et figurés. Mais, ne travaillant que sur des insectes de très petite dimension (fourmis) et toujours traités par des réactifs, Janet n'a pu que faire des hypothèses pour interpréter ce qu'il constatait sur des coupes. Si plusieurs de ces hypothèses se sont trouvées remarquablement exactes (par exemple, celle qui concerne la fonction des diaphragmes notaux), d'autres doivent être un peu modifiées ou peuvent être com- plétées. C'est surtout dans son « Anatomie du Corselet et Histolyse des muscles vibrateurs (1907) » que Janet relate différents faits qui correspondent à ceux que j'ai constatés chez le Sphinx. Si l'on compare la figure xx du présent travail, ainsi que la figure xviii qui la complète, aux figures 5 et 6 du travail susindiqué (1907) et aussi aux figures 17 et 21 de son « Anatomie du Corselet de Myrmica (1898) '\ on sera fra,ppé de la similitude des dessins par lesquels nous nous sommes efforcés de représenter ce que nous avons observé. Chez la fourmi, d'après Janet, c'est la trachée longitudinale dorsale dilatée qui serait l'homologue de ce que, chez le Sphinx, j'appelle l'es- pace aérien intermusculaire — qui, dans le fait, est une sorte d'expan- sion des trachées. Tous deux nous avons constaté, et figuré, que cette formation occupe l'espace situé entre les muscles longitudinaux dorsaux L et les sternali- dorsaux H et que des trachéoles 6 partent de ses parois m et pénètrent entre les fibres des muscles auxquels elles font adhérer celles-ci (voir fig. XVIII et xx). D'autre part (1907, p. 63), en décrivant la figure 24, Janet s'exprime ainsi : « Chacun des faisceaux est entouré d'une enveloppe bien nette, formée de dettx membranes superposées » ; puis, plus loin (p. 95), il donne une figure (fig. 37) représentant « les faisceaux vibrateurs longitudinaux et leurs enveloppes ; à droite, coupe de deux lambeaux d'enveloppe détachés », Sur cette figure, Janet signale, à plusieurs endroits, sur ce qu'il appelle l'enveloppe du faisceau musculaire, des « noyaux trachéens » et il les indique aussi sur les lambeaux d'enveloppe détachés. Or, ces lambeaux d'enveloppes détachés, vus en coupe transversale, ressemblent à s'y méprendre à la coupe de la paroi d'un sac aérien du Sphinx convolvuli. Je suis arrivé à penser que la double membrane, que Janet (1907) a 38 FRANCK BROCHER décrit comme étant une enveloppe de faisceaux de fibres musculaii-es, correspond aux deux parois d'un espace aérien interfasciculaire. Et cette opinion me paraît d'autant plus probable que Janet, lui-même, semble avoir eu, dans la suite, la même idé#. C'est du moins ce qui semble résulter du passage siuvant d'un do ses derniers travaux (1911) sur Tanatomie de l'Abeille : « Certaines glandes, écrit-il, sont entourées d'une fine enve- loppe membraneuse, dont la signification ne paraît pas avoir été élucidée jusqu'ici... je suis arrivé à cette conclusion... que la pseudo -membrane en question est toujours une portion de la paroi d'une expansion trachéenne coiffant la glande. C'est l'enlèvement de la paroi trachéenne opposée, qui tout d'iui coup, laisse apercevoir les cellules glandulaires, tandis c^ue la paroi trachéenne qui est au contact de la glande reste solidement attachée à cette dernière par les nombreuses ramifications trachéolaires qu'elle lui envoie. » On voit que, si, dans cette citation, on remplace le mot « glande » par ceux de « faisceaux de fibres «, nos opinions sont identiques. Je terminerai cette digression en rappelant ce c^ue j'ai dit, plus haut, des « trachées inversées » qui, à ma connaissance, n'ont, jusqu'à présent, été observées et comprises que par Janet. Chapitre VI Suite du chapitre IV. — La circulation du sang dans les ailes et dans les pattes. — Encore quelques mots sur la fonction et l'importance de l'organe pulsatile mésotergal. — Cas des Insectes qui n'ont pas d'organes pulsatiles thoraciques. — Conclusion. Je vais maintenant exposer comment, à mon idée, se fait la circula- tion sanguine dans les ailes et dans les pattes (fig. xx). Je serai fort bref en ce qui concerne la circulation du sang dans les 9,iles ; parce que j'ai déjà traité ce sujet dans trois publications anté- rieures (1916 A ; 1917 B, 1919). Le principe de la circulation du sang clans les ailes est celui-ci (fig. xx). L'aile est pourvue d'un réseau de canaux c a qui occupent les nervures ; ce réseau communique : en avant, par la base de la nervure antérieure N, avec l'espace sous-tégumentaire u, dans lequel circule le courant sanguin latéral — et, en arrière, il est en relation directe avec l'organe pulsatile p (raésote)'gal, pour les ailes antérieures ; métatergal, pour les ailes posté- CIRCULATION CHEZ LES INSECTES ^9 rieures), par un vaisseau spécial va, qui constitue le bord postérieur de l'aile. Ces organes p, aspirant continuellement le sang, forcent celui-ci à circuler dans tout le réseau, à partir de la nervure antérieure, par la base de laquelle se fait la. prise sur le courant latéral du thorax. Les résultats des différentes expériences que j'ai faites pour étudier la circulation du sang dans les pattes et la structure anatomique de celles- ci permettent, je crois, d'admettre que, dans ces membres, la circulation du sang se fait d'une manière à peu près semblable. Résumons brièvement les faits constatés. Le fémur et le tibia sont divisés en deux loges, dans lesquelles le sang circule ; elles sont séparées l'une de l'autre par un espace aérien, pourvu d'une paroi propre, qui adhère au tégument des deux faces opposées du membre. Le nerf est dans la loge postérieure. Le courant centrifuge, venant de la région médiane du thorax, occupe la loge postérieure (bord de flexion) du fémur et du tibia. Dans le trochanter, on constate — sur les Sphinx, dont le système circulatoire est encrassé d'encre de Chine — que ce courant suit le même trajet que le nerf. Le courant centrijîète occupe la loge antérieure (bord d'extension) du tibia et du fémur ; quand il quitte le membre, il se répand dans les espaces intermusculaires latéraux du thorax et finit par arriver à l'or- gane pulsatile mésotergal. Nous savons que l'influence aspiratrice de ce dernier organe se fait sentir dans tout le thorax, particulièrement dans les espaces intermusculaires. Puisque la loge antérieure du fémur est en relation avec ces espaces intermusculaires, il est assez logique d'admettre que l'action aspiratrice de l'organe mé^otergal se propage jusque dans la loge antérieure du fémur ; puis, de celle-ci, dans celle du tibia et, en remontant toujours le cours du sang, dans les tarses ; puis dans la loge postérieure du tibia ; puis dans celle du fémur et enfin jusque dans la cavité splanchnique du thorax, oii le com-ant sanguin ventral f longe la chaîne nerveuse 26 ^voir fig. xx). Par suite de l'action aspiratrice de l'organe mésotergal p, mie partie du sang serait donc aspirée dans le courant ventral t et pénétrerait dans la loge postérieure du fémur, en suivant le même trajet que le nerf 2. Cela correspond à ce que nous avons constaté, puisque le courant cen- trifuge et le nerf sont tous deux dans la loge postérieure du fémur et du tibia (fig. n, iv et xx). 40 FRANCK BROCHER Dans le membre, le courant centrifuge est séparé du courant centri- pète par l'espace aérien intermusculaire {5, fîg. ii, m, iv, vet xx); dans le thorax, ce sont les muscles sternali-dorsaux H qui séparent l'un de l'autre ces deux courants (fig. xx). Dans un précédent travail (1919), j'ai signalé que, lorsqu'on sectionne transversalement le fémur et qu'on met de l'encre sur la plaie, une partie de l'encre se dirige vers l'organe pulsatile mésotergal, tandis qu'une autre partie gagne l'abdomen, où elle apparaît sur la ligne médiane. Ce résultat, qui paraît opposé à ceux des expériences m et iv, est cependant aisé à comprendre. Lorsqu'on sectionne le fémur, l'action aspiratrice de l'organe méso- tergal ne peut se faire sentir que sur le sang qui se trouve dans la loge antérieure a (fig. xx) ; ce sang se dirige donc vers l'organe mésotergal. En revanche, celui qui est dans la loge postérieure b n'est plus du tout aspiré par l'organe mésotergal (puisque la voie de communication a b entre ces deux loges ■- — qui est à l'extrémité du membre — est enlevée), il subit donc l'aspiration abdominale, à laquelle est soumis le courant ventral t, dont il provient ; et il rentre dans le corps. Ayant consacré un article spécial (1919) à l'étude anatomique et phy- siologique des organes pulsatiles thoraciques des Lépidoptères, je ne devrais pas y revenir ici. Mais, depuis que le travail en question a paru, j'ai pu faire quelques nouvelles expériences qui me iDcrmettent de con- firmer l'hypothèse que j'ai énoncée au sujet du fonctionnement de l'organe pulsatile métotergal (placé en W, fig. xvi et xi). Ce dernier, comme je l'ai signalé, est si rudimentaire qu'il est fort difficile à observer. Il ne communique, effectivement, ni avec le vaisseau dorsal, ni avec l'aorte. Il déverse, simplement, dans la cavité du corps, le sang qui lui arrive des ailes postérieures. Ce fait est intéressant à constater, car il peut faire présumer que, chez d'autres Insectes (fourmis ?), les organes pulsatiles thoraciques sont, peut-être, tous deux indépendants du vaisseau dorsal ou de l'aorte. En outre, j'ai fait quelques observations au sujet de la fréquence des pulsations de l'organe pulsatile mésotergal du Macroglosse. Lorsque cet insecte est en somnolence et qu'on l'observe sans qu'il s'en doute, l'organe puise environ 10 à 12 fois en une minute ; souvent il y a des arrêts, des pauses momentanées. Si le Macroglosse est dérangé, l'organe se met à puiser beaucoup plus CIRCULATION CHEZ LES INSECTES 41 rapidement — environ 75 t'ois à la minute. Enfin, quand l'insecte est tout à fait réveillé et qu'il cherche à fuir, les pulsations sont si rapides qu'il n'est plus possible de les compter. Nous sommes donc arrivés à proposer une hypothèse, qui paraît plausible, pour expliquer la manière dont le sang circule chez le Sphinx Convolvuli. Nous avons constaté que, chez cet insecte (et chez d'autres Lépidop- tères, ainsi que chez les Dytiques et chez les larves des Odonates) le sang circule dans le corps par suite de l'action de deux forces aspira- trices : l'une, celle du vaisseau dorsal, l'attire dans l'abdomen ; l'autre, celle des organes pulsatiles thoraciques, le pompe dans les courants produits par la force précédente et le fait circuler dans les ailes, les pattes et les muscles du thorax. Il est probable que les choses se passent d'une façon semblable, chez beaucoup d'Insectes. Nous devons cependant reconnaître que, chez les représentants de diverses espèces (Hydrophile, Hanneton, Hémiptères), nous n'avons pas réussi à constater la présence d'organes pulsatiles tho- raciques. Il faut admettre que, dans ce cas, la circulation du sang dans les pattes et dans les ailes se fait, peut-être d'une autre manière. Toutefois, je dois faire observer que le sang peut circuler dans les pattes, d'une façon semblable à celle que nous avons constatée chez le Sphinx, même dans le cas où il n'y aurait pas d'organe pulsatile. En effet, \m coup d'œil sur la fig. xx fait tout (de suite comprendre que si, pour une cause C[uelconque, le courant ventral t est gêné, le sang' tout naturellement, se dirige vers le courant latéral u, en passant par le chemin détourné du membre. Enfin, je ferai encore remarquer que, si j'ai trouvé des organes pulsa- tiles thoraciques chez des représentants de tous les ordres d'Insectes, sauf chez les Hémiptères, ces derniers sont, en revanche, les seuls dskis les pattes desquels on ait observé — chez plusieurs de leurs représentants — des organes pulsatiles spéciaux, qui activent la circulation du sang dans ces membres (Behn, Locy, Berlese, Brocher (1909). Il est possible qu'il y ait une certaine connexité entre ces faits. Vandœuvres, juillet 1919^ 42 FRANCK BROCHER P. -S. — Depuis que cet article est écrit, j'ai observé, chez le Frelon, des phénomènes semblables à ceux que je signale dans ce travail-ci, chez le Sphinx. Particulièrement, ceux qui concernent les espaces aériens, les trachées inversées, leurs rapports avec la circulation sanguine inter et intramusculaire et ceux qui se rapportent à la circulation du sang dans la tête et dans les antennes (toutefois, chez le Frelon, l'origine du vaisseau antennaire est différente) . Le Frelon a un organe j^ulsatile mésotergal ; celui-ci est rudimentaire et sans relation avec l'aorte. BIBLIOGRAPHIE 1851. Agassiz. Note sur la circulation des fluides, chez les Insectes. {Annales des Sciences naturelles. Zoologie. Tome XV p. 358-62.) 1851. Bassi et Filippi. Rapport relatif au passage des substances introduites dans le système trachéen des Insectes. {Annales des Sciences naturelles. Zoo- logie, Tome XV. p. 362-71.) 1835. Behn. Découverte d'une circulation de fluide nutritif dans les pattes de plu- sieurs Insectes hémiptères. {Annales des Sciences naturelles. Zoologie, 2 e série. Tome IV.) 1909. Berlese. Gli Insetti. Milano. 1848. Blanchaed (Emile). 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Tome LV, p. 347-73 ; 11 fig.) 1916 B. Brocher. La Nèpe cendrée, étude anatomique et physiologique du système respiratoire, chez l'imago et chez la larve. {Archives de Zoologie expérimen- tale et générale. Paris. Tome LV, p. 483-514 ; 20 fig.) 1917 A. Brocher. Etude expérimentale sur le fonctionnement du vaisseau dorsal et sur la circulation du sang, chez les Insectes, l''^ Partie Le Dyticus marginalis. {Archives de Zoologie expérimentale et générale. Paris. Tome LVI, p. 347-358 ; 3. fig) CIRCULATION CHEZ LES INSECTES 4^ 1917 B. Brocher. Etude expérimentale sur le fonctionnement du vaisseau dorsal et sur la circulation du sang chez les Insectes. 2" Partie: Les larves des Odonates. {Archives de Zoologie expérimentale et générale. Paris. Tome LVI. p. 445-490. 21 lig.) 1919. Brocher. Les Organes pulsatiles méso et métatergaux des Lépidop ères. [Archives de Zoologie expérimentale et générale. Paris. Tome LVIII, p. 149- 171 ; 8 fig.) 1876. Buroer, (D.) 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Le reste est indiqué par des chiffres italiques. Lorsque la lettre ou le chiffre sont placés entre parenthèses, ils désignent non l'organe lui-même, mais son emplacement. A — Abdomen ; A', l""' segment ; A", 2' segment. A A — Aile antérieure. B — Fémur. C — Tendon du muscle fléchisseur des griffes. D — Muscle dilatateur du pharynx. E — Extenseur du tibia (muscle et tendon). F — Long fléchisse\ir du tibia (muscle et tendon), 0 — Court fléchisseur du tilna (muscle et tendon). H — Muscles sternali-dorsaux. I — .Muscles latéraux du mésothorax. J — Prophragma. K — Mésophragma. L — Muscles longitudinaux dorsaux. M — Jlésotcrgum. Ms — Mésothorax. Mt — Métathorax. N — Ner^^^re antérieure de l'aile antérieure, O — Muscle fléchisseur des tarses, P — Prothorax. Pt — Ptérygote ou Tegula. (Pt) — Endroit où s'insère le ptérygote. Ptc — Cavité du ptérygote. Ptp — Pédicule du ptérygote. Q — Apophyse (furca) mésosternale. R — • Apophyse (furca) pro-mésosternale. S — Stigmate pro-mésothoracique. T — Tête. U — Apophyse (furca) métasternale. V — Mésoscutellum. W — MétascuUeum (contenant l'organe pulsatile métatergal). X — Muscle constricteur du pharynx. Y — Palpe. Z — Trompe. . fl — Dépôt sanguin dans la loge antérieure du fémur et du tibia (éventuellement cette loge elle-même). b — Dépôt sanguin dans la loge postérieure du fémur et du tibia (éventuellement cette loge elle-même). CIRCULATION CHEZ LES INSECTES 45 ab — Communication entre la loge a et la loge b. ca — Eéseau de canaux sanguins de l'aile, c, d, e, f, g. — Réseau sous-mésotergal de sinus san- guins. h ■ — Aorte. i — Extrémité dilatée de l'aorte. k — Muscles aliformes de la Chorde de Leydig. l — Chorde de Leydig. m — Membrane formant la paroi d'un espace aérien. n — Artère de l'antenne. 0 — Artère ophthalmique. p — Organe puisât ile mésotergal. q — Excroissances sur l'artère antennaire^exp. IX). r — Particules d'encre de Chine. s — Espace aérien interfasciculaire. t — Courant sanguin ventral ; région qu'occupe ce courant. M — Courant sanguin latéral ; région qu'occupe ce courant. V — Vaisseau dorsal. va — Vaisseau postérieur de l'aile. w — Muscles aliformes du vaisseau dorsal. X — Lacunes dans un espace aérien. y — Sinus sanguin collecteur. z — Endroit où circule le sang, entre le muscle et la paroi de l'espace aérien. 1 — Trachée fémorale. 2 — Nerf fémoral. — 2' nerfs tibiaux. 3 — Cire molle (flg. i). 4 — Section du fémur (fig. I). 5 — • Espaces aériens intermusculaires du fémur et du tibia. 6 — Trachéoles interfibraires. 7 — Endroit où l'espace aérien adhère au tégument ventral du fémur. 8 — Endroit où l'espace aérien adhère au tégument dorsal du fémur. 9 — Nerf inclus dans la trachée fémorale. 10 — Œsophage. 11 12 13 14 15 (16) 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 30' Trachée éversée. Chambre aérienne métathoracique. Trachée fiasque. Chambre aérienne scutellairc. Nerf dans une trachée éversée (flg. VIII). Emplacement de la chambre aérienne sous- raésotergale. Plaie opératoire (exp. I). Encre de Chine se dirigeant vers le vaisseau dorsal (exp. I). Plaie opératoire (exp. III). Plaie opératoire (exp. IV). Voir expérience IV. Ganglion sus-œsophagien. Espace, derrière l'œil, occupé par un sac aérien. Ganglion sous-œsophagien. Ganglion thoracique. Chaîne nerveuse. Dilatation trachéenne contiguë au stigmate pro-raésothoraciquc. Nerf de l'aile antérieure. Espace aérien compris entre le muscle longi- tudinal dor.«al et les muscles sternali-dorsaux. Trachée tubulaire proprement dite. Représente la môme trachée sur les flgures xvii et XVIII. Espace aérien médian, compris entre les deux muscles longitudinaux dorsaux. Pharynx. Jabot. Gésier. Intestin. (Eil. Espace aérien compris entre les muscles sternali-dorsaux et les muscles latéiaux du mésothorax. Ganglion nerveux sympathique du vaisseau dorsal. ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE Tome 60, page 47 à 176, pi. I à IV. 25 juin 1920 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE COMPARÉE DE L'APPAREIL NUCLÉAIRE DES INFUSOIRES CILIÉS (PARAMECIUM CAUDATUM et COLPIDIUM TRUNCATUM) DES EUG-LÈNES ET DES CYANOPHYOÉES ARMAND DEHORNE Institut de Zoologie de la Faculté des Sciences de Lille. SOMMAIRE Pages Introduction 48 Matériel et technique 50 Ch. Premier. — Première division du micronucléus de Paeamecium caudatum. a. Morphologie du micronucléus au repos (p. 52). — 6. Préparation du micronucléus à la première division (p. 54). — c. Stade du croissant (p. 58). — d. Stade de la plaque nucléaire (p. 63). — c. La première division d'après Calkins et Cull (p. 67) C'H. II. — Deuxième division df micronucléus de Paramecium. a. Structure du micronucléus au début de la prophase (p. 70). — 6. Structure du micronucléus pendant la propliasp (p. 72). — c. Discussion de la deuxième division (p. 76). Cii. III. — • Troisième division du micronucléus de Paramecium. a. Structure des trois nucronucléi qui vont disparaître et de celui qui va fournir la troisième division (p. 79). — b. Formation hétéropolaire (p. 82). — c. Division transversale du peloton (p. 84). — d. Cri- tique et interprétation (p. 85). — e. Copulation et première division post-copulatoire (p. 86). Ch. IV. — Reconstitution de l'appareil nucléaire de Paramecium. a. Autres divisions nucléaires post-copulatoires (p. 88). — 6. Différenciation des nouveaux macronucléi (p. 90). — c. Le pseudospirème (p. 96). (ju. V. — Structure du macronucléus de Paramecium. a. Quelques tj-pes de groupement des microsomes (p. 99). — h. Observations de Fauré-Frémiet et de B. Collin (p. 104). — c. Formations cristalloïdcs de Kudelski (p. 106). — d. Formations chromosomiques (?) de Slitrophanow (p. 112). — e . Division du macronucléus (p. 116). — / Quelques mots sur la structure de l'cndoplasme (p. 118). Ch. VI. — Les phénomènes nucléaires pendant la conjugaison chez Colpidium Iruncatum. Première division ; deuxième et troisième divisions ; copulation ; divisions consécutives à la division ; comparaison avec Boveria subcylindrica var. concfiarum 119 Ch. VII. — La méiose chez les Infusoires ciliés 134 AiiCH. de Zool. Exp. et Gén. — T. 60. — F. 2. 4 48 ARMAND DEHORNE Pagea CH. VIII. — L'APPAREIL NUCLÉAIRE DES EUQLÈNKS. I. Le noyau au repos et sa division, d'après Danqeard 138 II. La structure au repos et pendant la division dans les noyaux du tyi)c A : a, structure au repos ; h, pendant la division 140 III. La structure au repos et pendant la division dans les noyaux du type B : (/, structure au repos ; b, pendant la division 148 IV. Le chondriome et la nutrition des Euglôniens 152 Ch. IX. Comparaison du notau des eugléniens avec le mcRONUCLÉus des paramécies . 156 Ch. X. L'APPAREIL NUCLÉAIRE DES Cyanophycées. Espèce A ; espèce 13 ; espèce C ; Cyanophycinkôrper ; discussion 157 Ch. XI. — Conclusion 168 Index bibliographique 173 Explication des Planches 175 INTRODUCTION Le point de départ de ce travail a été uniquement l'étude des divisions du micronucléus chez Paramecium caiidatum, pendant la conju- gaison. Parmi les trois divisions qui précèdent la copulation, les deux pre- mières sont considérées depuis assez longtemps comme équivalentes des deux mitoses de maturation des métazoaires. Par leur intermédiaire, se réaliseraient chez les Ciliés des phénomènes .réductionnels comparables à ceux qu'on trouve chez les Métazoaires. Il y aurait aussi une véritable méiose, et il ne s'agirait plus que d'établir laquelle entre la première et la deuxième division qui précèdent la copulation, présente le mécanisme méiotique qui fait tomber le nombre normal des chromosomes au nombre réduit. Le micronucléus étant ici de plus grande taille que dans les autres infusoires, j'avais espéré mener à bien, pour cette espèce, une étude du genre de celles qu'on a faites en si grand nombre chez les Métazoaires, pour l'ovogénèse ou la spermatogénèse. Au début, je ne doutais pas de retrouver, dans les divisions qui précèdent la copulation, les mêmes phénomènes nucléaires que ceux que l'on a signalés chez les animaux plus élevés ; je trouvais même alors fort naturel que les paramécies fournissent une démonstration de plus de la vérité du schéma hétéro- homéotypique. Chez P. caudatum, en particulier, le mémoire de Calkins et Cull (1907), qui donne des renseignements très détaillés, incline dans un tel sens. D'après ce travail, la première division serait absolument identique à celle qu'on décrit chez les Métazoaires et les Végétaux inférieurs sous le NOYAUX DES INFUSOIRES 49 nom de mitose hétérotypiquo. Or, celle-ci se fait partout sur le nombre réduit des chromosomes, nombre qui apparaît dès le début de sa pro- pliase. Il s'ensuivrait donc que, chez Paramecium, le nombre réduit apparaîtra dès la première des divisions qui précèdent la copulation. Mais chez d'autres ciliés, d'autres auteurs montrent, au contraire, que la première division présente le même nombre de chromosomes que les divisions qui suivent la copulation ; elle n'est donc pas réductrice. Et ils admettent, sans toutefois le prouver, que le nombre réduit apparaît à la seconde division, et que c'est elle la réductionnelle. Une telle divergence dans les résultats est bien singulière pour un groupe aussi restreint, aussi homogène que les infusoires ciliés : surtout qu'il est maintenant prouvé, depuis l'hydre jusqu'à l'homme, que la méiose apparaît toujours à la prophase de la première mitose. N'est-il pas vraisemblable d'admettre que des erreurs d'observation, d'un côté ou de l'autre, sont la cause d'un tel écart entre les diverses descriptions chez des espèces différentes. Cela est d'autant plus possible que deux causes d'erreur accompagnent constamment l'observateur, dans cette matière chez les infusoires : l'une tient d'abord à la petitesse de l'objet et surtout, comme nous le verrons, à son manque de définition ; l'autre vient de ce qu'en travaillant, on ne cesse peut-être pas assez de penser aux mitoses de maturation des êtres plus élevés et qu'on ne quitte pas facilement l'espoir de retrouver ici les principaux stades de ces mitoses. Cette dernière impression m'a surtout été causée par la lecture du mémoire de Calkins et de Cull ; et c'est une des raisons pour lesquelles j'ai repris d'une façon détaillée l'observation des divisions précopulatoires de Paramecium. J'ai pris l'attitude la plus objective possible, en me défen- dant de vouloir à tout prix armexer la maturation chez les infusoires à la question des chromosomes chez les animaux élevés. Ceci étant acquis, je fus entraîné, par l'étude des divisions consécu- tives à la copulation, à suivre de près la différenciation des futurs macro- nucléi, à partir de la forme micronucléus. Ensuite, mes préparations m'en faisant l'invitation, j'ai décrit dans des macronucléi de paramécies, qui provenaient de la première ou de la seconde division de scissiparité, une formation spirémateuse, à ma connaissance, pas encore signalée ; cela constitue la matière de mon chapitre IV. Enfin, j'ai consacré plusieurs pages à la description de quelques types de structure des macronucléi en plein fonctionnement ; puis, à des formations macronucléaires, aussi ÔO ARMAND DEHORNE intéressantes que peu expliquées, déjà signalées par Mitrophanow et par son élève Kudelski. Tandis que je poursuivais Tétude de l'appareil nucléaire des para- mécies, une culture de Colpidiuîn truncatum que j'avais vint à conju- guer. J'étendis alors mes recherches aux noyaux de cet autre cilié. Si Paramecium doit être considéré comme un tjrpe où |_le micronucléus ne montre pas de formations chromosomiques, C. truncatum est au contraire un type à chromosomes. J'avais beaucoup compté sur cet infu- soire conjugué pour élucider quelques points intéressants, en particulier celui de savoir si la méiose des ciliés est un phénomène vraiment numé- rable ; malheureusement, je n'ai pu réunir assez de stades pour faire une étude complète et je n'ai pu tirer avantage que de la première division. Le reste du mémoire est consacré à l'étude du noyau des Euglènes au repos et en division, et à celle de l'appareil chromatique qui semble tenir lieu de noyau chez les Cyanophycées. Cette deuxième partie surprendra peut-être par les rapprochements qu'on y trouve ; on se demandera comment j'arrive à allier des recherches sur le micro- nucléus des infusoires à des observations cytologiques sur les algues bleues. Mais la réunion des cihés, des euglènes et des cyanophycées dans mi même titre est justifiée par le fait que, sous toutes les formes nucléaires rencontrées chez ces trois groupes, on peut retrouver le même type mor- phologique au moment de la division. Ce type est d'ailleurs très simple ; plus voisin, certes, de la division directe que de la mitose. MATÉRIEL ET TECHNIQUE Les paramécies en conjugaison proviennent d'un lot récolté dans les eaux vaseuses, si richement peuplées, du bois de la Deûle, et conservé dans un bac de verre au laboratoire. Après une quinzaine de jours, elles s'étaient multipHées en si grand nombre qu'elles formaient une bande blanchâtre, juste sous le niveau de l'eau et sur une longueur de cinquante centimètres. Prises à la pipette et transportées dans un petit cristallisoir contenant un peu d'infusion de foin, elles se sont conjuguées pour la plu- part le lendemain ou le surlendemain. C'est alors qu'elles ont été tuées au hquide de Tellyesnicszky. Une partie a été colorée à l'hémalun NOYAUX DES INFUSOIRES 51 et montée au baume, mais dans une petite quantité de baume, d'ailleurs assez liquide. C'est un procédé très ancien qui a été critiqué par Calkxns et CuLL (1907) et qui mérite en partie leurs critiques. Mais on aurait le plus grand tort de le rejeter et même son emploi doit encore être vivement conseillé. Si on a soin de bien laisser mûrir les préparations, il fournit des résultats précieux, et, employé comme il a été dit plus haut, permet l'usage des plus puissants objectifs. Lorsqu'il s'agit de voir le micro- nucléus dans sa totalité, il estfle seul'^à donner des renseignements cer- tains ; il m'a rendu de 'grands services dans l'étude de l'élément chro- matique du micronucléus considéré dans son ensemble. Une autre partie des paramécies fixées a servi à la confection des coupes qui furent colorées à l'hématoxyline ferrique-éosine ou au Magenta-licht- griin ; les coupes ont surtout été utiles pour l'analyse de détails struc- turaux. Les couples de Coîpidium truncatum, obtenus par surprise, proviennent d'une infusion de cresson qui, n'ayant pas 'donné ce 'qu'on en atten- dait, avait été abandonnée. Ces infusoires furent également fixés au Tellyesnicszky ; 'puis, tous 'colorés à l'hémalun et montés dans le moins de baume possible, et très liquide, de façon à permettre l'emploi de l'ob- jectif Apochrom. 1,5 mm. de Zeiss. Les Euglènes furent recueillis, à plusieurs reprises, dans certains endroits des fortifications et dans un ruisseau fangeux qui traverse une partie du champ de manœuvres de Ronchin et où pullule aussi Tuhifex rividorum. Ceux qui furent fixés au sublimé acétique, ou à l'alcool à 90*', furent colorés à l'hémalun ou au carmin alunique, et montés in to^o^dans le baume. Ceux qui furent fixés au Flemming furent débités en coupes de 2 à 4 p., après enrobage au coUodion-parafïine et colorés à l'héma- toxyline ferrique. Quant à la fixation, elle fut faite de 10 heures à 11 heures du soir, ainsi que le recommande Dangeard, car c'est à ce moment qu'a lieu la division. Les Cyanophycées se développèrent au laboratoire même où elles avaient été apportées avec un fond boueux, riche en Chromatium, pro- venant de l'installation pour l'épuration des eaux d'égout à la Madeleine. Différents lots furent fixés au sublimé acétique, à l'alcool à 90° ; d'autres furent traités par le Flemming. La plupart des coupes furent faites à 2 et à 3 jW.. 62 ARMAND DEHORNE Chapitre Premier PREMIÈRE DIVISION DU MICRONUCLÉUS DE PARAMECIUM CAUDATUM a. Morphologie du micronucléus au repos Le micronucléus, à l'état de repos, est un petit globule de forme ovoïde et dont la substance paraît être très dense. On l'oriente facilement, si l'on tient compte que l'une de ses extrémités représente nécessai- rement l'un des pôles de la figure de division. Cette extrémité sera appelée l'extrémité polaire ; c'est en général la plus arrondie ; l'autre s'appellera antipolaire, elle est plus pointue ; c'est elle qui était en continuité avec le boyau connectif de la figure de division. Les préparations d'individus montés en entier, même les mieux colorées, ne donnent pas une idée suffisante de la structure fine du micronucléus au repos. Même pas celles FlG. I. Micromi- ^ ciéus résultant d'iudividus cu train de scissiparer ; la figure i montre ce d'une divi- . , t-. • s ion végéta- que 1 OU pcut voir, daus ces conditions, sur un Paramecium cent! (X 1100). ^n train de se diviser. La séparation des deux micronucléi n'est pas achevée ; un long boyau grêle les réunit encore, cependant que le macronucléus commence seulement à s'étirer. Chaque micronucléus montre alors, à son extrémité polaire, une petite masse réfrin- gente, hémisphérique et qui peut être aussi conique et allongée ; elle ne prend pas l'hémalun ; c'est le division center de Calkins et Cull (1907). Le reste du futur micronucléus est constitué par une substance fondamentale, ayant les mêmes réactions colorantes que le centre de di^nsion, et dans laquelle sont disposés parallèlement les uns aux autres un grand nombre de filaments chromatiques, étroitement serrés en un faisceau conique qui se continue plus ou moins loin dans le boyau connectif. Ces filaments semblent tous se terminer, du côté polaire, à peu près au même niveau, sous la masse homogène du centre de division ; et leurs terminaisons paraissent libres, c'est-à-dire qu'elles ne se recourbent pas, ni ne se fusionnent. Voilà ce que montre un micronucléus à la fin de la division ordinaire ; mais on peut étudier la structure du micronucléus dans des conditions NOYAUX DES INFUS0IRE8 53 FiG. II. Micronudéi au repos ( x 2400). meilleures ; il suffit d'avoir recours aux coupes pratiquées dans des individus qui proviennent des divisions postérieures à tous les phénomènes de conjugaison. Les figures ii et m montrent les aspects très voisins sous lesquels le noyau se présente au repos. Dans la figure ii, le premier dessin représente un noyau examiné d'en haut, avec l'élément chroma- tique vu à travers le centre polaire. Dans les autres dessins, le centre polaire est visi- ble sous la forme d'une calotte hé- misphérique, plus ou moins élevée, qui se colore en rose par l'éosine, en vert par le lichtgriin.^'Puis, en descendant vers la région antipolaire conique, on trouve autour du noyau une auréole vivement colorée par l'hématoxyline et qui est composée de terminaisons en boucles. Dans le troisième dessin, il sem- blerait que l'on ait affaire à de véritables chromosomes bien individua- lisés, ayant la forme de bâtonnets, un peu recourbés ou d'anses régulières pourvues d'un fort calibre ; d'autant plus que les terminaisons libres de ces formations chromatiques apparaissent nettement sur le flanc du noyau et qu'elles ne se continuent, vers l'extré- mité polaire, que par de très minces filaments fort res- semblants à ce que seraient des fibres de linine, et prenant comme elles la coloration de l'éosine. Mais dans d'autres noyaux, comme celui du deuxième dessin, l'aspect est déjà différent ; on trouve encore des parties plus forte- ment colorées, immédiatement sous le centre polaire, mais les anses trapues de plus haut sont fragmentées en plu- sieurs tronçons, et, s'il persiste des anses complètes, elles sont plus rares. Par contre, ce qui semblait être des fibres achromatiques, dans le troisième dessin, se trouve ici sous l'aspect d'éléments granuleux, fortement colorables par l'hématoxyline, qui forment des séries linéaires moniliformes descendant jusqu'à l'extrémité antipolaire. Autrement dit, on trouve ici la preuve qu'il n'existe pas de chromosomes indépendants, mais qu'il y a une continuité morphologique indiscutable entre les parties filamenteuses épaissies et celles qui sont amincies comme de véritables Flii. III. .Microimcléiii à structure pseuilo- granuli'use(,- 2001)). 54 ARMAND DEHORNE fibres achromatiques. D'autre part, en dehors de la couronne plus colorée de la région polaire, il n'est pas rare de voir des anses largement étalées dans la région moyenne et tournées du côté de l'extrémité antipolaire. Tout cela fait que, dans un micronucléus au repos, on se trouve plutôt en présence d'un fijament continu, d'une sorte de peloton unique, pourvu de boucles régulièrement ordonnées par rapport aux deux pôles, et non d'un certain nombre de chromosomes indépendants. Parfois encore (fîg. m), dans des micronucléi moins colorables que les précédents, on trouve, sous la calotte polaire, beaucoup de grains très colorés, tandis que le reste du micronucléus est constitué de légères traces filamenteuses et de très fins granules. J'ai pu reconnaître que les grains très colorés sont simplement les tronçons de coudes, comme on en voit dans la figure ii et qui se seraient frag- mentés ; chaque courbure polaire com- prend quatre ou cinq de ces grains. Il ne faut donc pas croire que chacun représente une extrémité polaire épais- sie de chromosome individualisé. Il semble pourtant que cette opinion a FiQ. IV. Micronucléus au début de la première ',> i -j^i i ' ji i x- division de conjugaison ( x 800). ©te Ic poiut dc départ dcs observations de Calkins et Cull (1907), au moins si l'on s'en rapporte à leur figure 35, j Il était important d'établir de la façon la plus approfondie possil^le la structure du micronucléus au repos. Car, si l'on n'a pas vu de boucles dans un tel noyau, mais au contraire des filaments indépendants et régu- lièrement parallèles, on n'aura guère l'idée de s'arrêter aux boucles visibles dans les stades ultérieurs, et les filaments paraîtront toujours sous la forme de bâtonnets plus ou moins longs, et indépendants les uns des autres. b. Préparation du micronucléus à la première division Ainsi constitué, voyons ce que le micronucléus devient dès le début de la conjugaison. Il commence à gonfler et se transforme en une petite sphère régulière qui s'écarte légèrement du macronucléus. Avec la colo- ration à l'hémalun, le centre polaire n'est guère visible et l'ensemble du noyau prend une coloration assez terne ; mais il existe toujours, circulant tantôt à la surface, tantôt en profondeur, des filaments granuleux con- NOYAUX DES INFUSOIBES 55 tournés qui décrivent des' boucles arrondies dans'la substance fondamen- tale du noyau, très finement grenue ; on a l'impression d'un peloton très replié sur lui-même, très'allongé,ret dont certaines parties du parcours, seules, présentent un calibre assez fort pour être révélées par la coloration. Les figures rv et v correspondent à ce stade ; elles - - , _ paraissent un peu schématisées du fait que les par- ties les mieux visibles ont été seules représentées. Comme le peloton est très dense, il est d'ailleurs impossible d'en donner une image complète. Le noyau continue à grossir, sans doute par acquisition d'une plus grande quantité de subs- tance achromatique qui correspondj peut-être à une hydratation progressive. Quoi qu'il en soit, les différentes spires du filament s'écartent peu à peu et {deviennent plus visibles. En même temps, l'extrémité conique antipolaire devient plus pointue (fig. vu et viii), et le filament se colore maintenant plus uniformément ; il présente un vague aspect d'alvéolisation et circule encore en décrivant beaucoup de détours dans la masse nucléaire ; mais il y a tendance à une régularisation de son par- cours et ses nombreuses branches recommencent à être tendues d'un Fig. V. Micronucléus au début de l'accroissement ( x 1500). Fig. VI. Figure d'eusemble moutrautla position du luicronu- cléus par rapport ;\ celle du macronucléua au début du gonflement ( x 400). Fig. VII. IVIicronucléus en marche vers le stade du croissant ( x 1800). pôle à l'autre. C'est dans cet état qu'il va fournir l'allongement si carac- téristique de la préparation à la première division. Au cours de l'accroissement, on rencontre un stade très particulier auquel se rapporte la figure viii. Le noyau a la forme conique légèrement incurvée. Sur les flancs, on trouve sept ou huit bandes très épaisses circulant d'une façon irrégulière 56 ARMAND DEHORNE \iii II' micronucléus corn- iiniicc il se courber en s'al- longeant ( x 1500). et donnant aussi des boucles. Elles décolorent fortement par l'hématoxy- line en fer et ont un aspect déchiqueté, granuleux. En dehors de ces bandes épaisses et à parcours peu étendu, le noyau comprend encore une partie filamenteuse où le filament est très grêle et très contourné de façon à simuler un grand nombre d'anastomoses. Mais, l'attention est surtout retenue par les quelques grosses bandes irrégulières. Comment les inter- préter? Sont-ce des épaississements du filament localisés dans une région donnée, des sortes de chromoplastes allongés dûs à l'accolement de plu- sieurs branches ou à l'accumulation d^ la subs- tance chromatique dans certaines régions au détriment du reste du filament. Ceci est très pos- sible et ne serait qu'une répétition de ce que l'on a dans un micronu- cléus au repos, comme on l'a vu plus haut, quand la substance chromatique reflue vers la région polaire. L'accroissement du micronucléus se fait, semble-t-il, exclusivement par l'extrémité antipolaire. En tous cas, la région polaire subit peu de transfor- mation pendant longtemps, tandis que la région opposée ne cesse d'avancer et de s'enfoncer dans le cytoplasme. Dans les colorations à l'hémalun, le centre polaire n'étant pas visible. on obtient des aspects singuliers dont quel- ques-uns ont été représentés dans les figures x et XI. Dans la figure xi en particulier, nous voyons une large encoche qui correspond à l'emplacement du centre de division : l'aspect déchiqueté de cette encoche est dû à ce que les parties filamenteuses sont écartées les unes des autres et que leurs terminaisons du côté polaire siègent à des niveaux différents. Je signale aussi dans ces stades le nombre relativement peu élevé des filaments et leur épaisseur. Le stade de la figure xiii est aussi très intéressant. On y voit un micro- no. IX. T, 'appareil nucléaire au ilébut de l'ac- croissement ( X 400). FiG. X. Deux inicronucléi en train do se recourber; la ]iointe recourbée recouvre le centre de division, déjà volumineux, qui n'est pas repré- senté ( X SOO). NOYAUX DES IN FU SOI RE S 57 nucléus en pleine croissance affectant la forme d'une flèche. La partie chromatique est séparée de la membrane nucléaire qui est fort nette et d'une épaisseur relativement considérable. La substance achromatique est déjà fort abondante ; quant à la substance qui se colore, elle se montre, sous l'aspect de branches filamenteuses orientées parallèlement et dans le sens de la longueur du micronucléus. Dans l'extrémité pointue, on trouve un certain nombre de boucles fermées et d'an- gles très aigus formés par le reploiement du filament, les deux branches de ces boucles sont extrêmement rapprochées et les boucles elles-mêmes sont fortement serrées les unes contre les autres ; d'où une coloration plus vive de cette partie du noyau. Dans le milieu, on rencontre une ou deux boucles mollement étalées sur les autres branches filamenteuses très tendues. Puis, en se rapprochant de l'extrémité antipolaire, on trouve toute une rangée de coudes plus ou moins aigus situés sensi- blement au même niveau. Enfin, tout à fait dans le fond de la région polaire, s'insérant même sur la paroi nucléaire, il y a quelques autres cou- des très aigus, dont les branches sont fortement étirées, donc très minces. En somme, malgré la tension considérable exercée sur la partie filamen- teuse d'un tel noyau, on reconnaît partout des terminaisons en boucle. Fia. XI. Deux autres micronucléi scnsi- ))lim nt au même stade ( x 800). FlG. XII et XIII. Deux micromicléi pomiant rallongement ; leur positiomoiitrc le maiTonuiU us ( X 1200). c'est-à-dire qu'il ne semble pas y avoir d'extrémités libres et que le fila- ment est probablement un dans toute sa longueur. Ce qui caractérise encore ce stade, c'est que dans la région moyenne du noyau les filaments parallèles sont souvent groupés en deux (faisceaux, entre lesquels règne une bande de substance achromatique. La figure xi (dessin de droite) se rapporte à une pareille disposition, mais ici le noyau 58 ARMAND DEHORNE a été vu et dessiné par la région antipolaire. La substance filamenteuse chromatique est séparée en deux groupements latéraux, tout comme si, dans la réalité, le micronncléus était de nature double, ou plutôt comme s'il était en train de s'inciser et de s'ouvrir (voir aussi fig. xni). Dans une note à l'Académie des Sciences, datée de 1911, j'avais décrit le micronucléus comme s'entrouvrant ainsi réellement, après s'être incisé ; et j'avais considéré que les deux branches obtenues, en s'écartant progres- sivement et en se recourbant, finissent par donner cette forme énigmatique du croissant dont je vais bientôt parler. Cette explication hypothétique de la formation en croissant était intéressante et j'avais cru, un moment, pouvoir, grâce à elle, fournir une interprétation plus satisfaisante de la structure du noyau de Paramecium, mais un examen plus judicieux l'a condamnée. 'c. Stade du croissant Le micronucléus poursuit son développement dans le sens de jla longueur et en même temps il s'incurve peu à peu, comme s'il allait contourner le macronucléus tout proche (fig. xrv). Sa structure ne change pas, si ce n'est que la partie filamen- teuse s'étire de plus en plus ; en outre. Fig. XIV. Mlcronucléi en forme de corne ( x 400). Fig. XV. Micronncléus sur le point de donner le croissant (X 1200). le parallélisme des branches commence à s'altérer, elles s'entre-croisent et ceci est dû sans doute au mouvement particulier qu'opère alors le noyau (fig. xv). Calkins et Cull (1907) ont donné de bons dessins et des photographies de ces transformations, il est inutile d'en reprendre la description. Un fait important, bien mis en évidence par ces ,auteurs, est le déplacement de la masse du centre de division le long du micronucléus en forme de corne. Il est d'ailleurs difficile de dire s'il s'agit réellement d'un déplacement de ce centre polaire, ou bien de la croissance soudaine de la région polaire qui répète, pour son compte, ce qu'a fait auparavant l'extrémité antipolaire ; elle devient à son tour une sorte de NOYAUX DES INFUSOIRES )tj lia. XVI. MicroiiiR-ieus cii croissant; le centre de division, très gonflé, sur sa partie convexe ( X 1500). corne fine recourbée du même côté que cette dernière. Et le centre polaire reste localisé sur son dos, où il s'élargit. Bref, on aboutit rapidement à une forme très caractéristique en croissant, telle qu'on peut la voir dans la figure xvi. Les deux extrémités renferment la substance chromatique filamenteuse, dont l'aspect est maintenant celui d'une sorte de réseau, dû à Fentre-croisement des filaments plus qu'au développement d'anastomoses compliquées comme le pensent Calkins et Cull (voir leurs figures 38 et 39). Dans la région moyenne, on ne trouve guère que la substance achro- matique, encore renforcée par la masse du centre de division, qui occupe maintenant la partie convexe du croissant ; cependant, la concavité est occupée par le même feutrage filamenteux que les deux cornes terminales. Le plus souvent, un' tel croissant se développe tout contre le macronucléus, dont il circonvient parfois une extrémité. Mais dans un cas, celui de la figure xvii, les deux croissants du couple siégeaient dans le cytoplasme, à une distance appré- ciable des macronucléi. La formation en croissant n'a lieu que chez un nombre restreint d'infusoires, elle ne peut donc être considérée comme étant d'un grand intérêt. Cependant, elle n'en est pas moins très singulière ; elle ne paraît pas devoir trouver son explication dans la division du noyau elle-même ; bien qu'il soit difficile de l'envisager comme tout à fait contingente, on est malgré soi porté à en faire une complication très secon- daire, provoquée non par les causes intrin- sèques de la division nucléaire, mais par d'autres causes qui survien draient à ce moment et qui peut-être paralysent les premières. Peut- être bien que la production du croissant est un retard apporté à la FlG. XVII. Couple montrant les deux niicro- niicléis en croissant, éloignés du macro- nucléus (x 350). «0 ARMAND DEHORNE division dont il paraît enrayer raccomplissement pendant un certain temps. Pour ma part, j'attribuerai ce stade à des actions c£ui siègent dans le cytoplasme et qui sont conduites dans chaque infusoire par des formes venues de son conjugué. Peut-être même n'y a-t-il là qu'un chan- gement survenu dans les seules conditions physiques. Au reste, il ne semble pas qu'il se fasse de grandes transformations dans la substance chromatique pendant le stade du croissant ; j'y vois surtout une aug- mentation considérable de substance achromatique. La durée du croissant est indéterminée, mais au bout d'un certain temps, il perd peu à peu sa forme de double corne amincie. De proche en proche, il devient ovoïde et on peut r^ • - • " "^ obtenir tous les stades de cette sorte de transformation régressive du micronu- cléus, jusqu'à ce qu'il devienne une masse encore incurvée sur le pourtour du macro- nucléus, avec une extrémité plus étroite et recourbée et une autre, volumineuse et arrondie. Calkins et Cull, qui ont bien étudié l'évolution du croissant, admettent qu'il se produit alors un chan- gement dans l'orientation des parties du micronucléus. Ainsi, la partie convexe du croissant gonflerait, et elle s'étale- rait, non dans le plan qui contient les deux cornes, mais dans un plan perpendiculaire à ce dernier. En sorte qu'il se produirait un change- ment d'axe de 90*^. Voyons maintenant quelle est la structure du contenu du micronucléus à la suite de la formation en croissant, quand le micronucléus redevient un ovoïde. Le noyau de la figure xviii, volumineux au point d'égaler presque le tiers du macronucléus, renferme un élément filamenteux dont le parcours est très irrégulier ; il représente une suite de boucles capri- cieuses décrivant elles-mêmes de nombreux zigzags difficiles à suivre. Cet élément filamenteux est loin de remplir toute la cavité nucléaire et de grands espaces y restent incolores. D'autre part, une observation plus appliquée montre qu'il n'est pas uniformément réparti ; en un certain nombre d'endroits, il se pelotonne, s'embrouille et détermine ainsi autant de groupements, de nœuds compliqués où il se croise soi-même plusieurs ' fois et fournit des boucles de plus en plus serrées. En même temps, dans l'iu. xviii. Micronucléus à la fui do l'accrois- sonicnt. Peloton noué formant de pscudo dyadcs ( x 1800). NOYAUX DES IN FU SOI RE S FiG. XIX et FiG. XX. Deux micromicléi d'un mémo couple à la fin de l'accroissement ( x 800). ces endroits, le calibre du filament s'épaissit et donne des parties plus colo- rées. Il arrive même que deux parties plus colorées se croisent l'une Tautre ; on a alors l'impression d'être en présence de dyades hétéroty- piques de Métazoaires. En un endroit, en particulier, on voit une for- mation trapue simulant une croix, qui a été décrite un grand nombre de fois à la fin de la prophase liétérot}^ique de certains animaux ; mais cette croix n'est pas isolée et se trouve rattachée par plusieurs endroits à l'ensemble filamenteux. En d'autres, une partie du filament donne l'im- pression la plus nette d'une dyade, telle que j'en ai décrit et représenté chez une annélide tubicole, SabeUaria spinulosa. Les deux branches croisées semblent correspondre à des dyades strepsitcnes en train de se raccourcir. Mais l'observation détaillée montre que ces branches sont en continuité avec celles d'autres formations identiques ; et, en effet, toujours on voit un ou deux longs filaments colorés, traverser la cavité nucléaire et se rendre de groupement en groupement. Les deux figures xix et xx se rap- portent à des micronucléi sensible- ment au même stade et où il est impossible de douter de la continuité du filament chromatique. Celui- ci est encore très contourné et décrit de grands angles dans la cavité du noyau. Son calibre est égal partout, sauf dans une extrémité du noyau, où il s'épaissit et devient épineux. Sa structure est la même que dans le cas de la figure xviii, il paraît alvéolisé sur toute sa longueur. Calkins et CuLL (1907) ayant signalé à ce stade la présence de chro- mosomes courts et bivalents à l'intérieur du micronucléus gonflé, j'ai recherché soigneusement de pareilles formations sur cinq couples, c'est- à-dire dix noyaux ; et les figures précédentes montrent le résultat de mon étude. En somme, en aucun cas, je n'ai vu que la substance chromatique, réticulaire ou filamenteuse, donnait naissance, à un certain moment, à de pareils chromosomes. Des trois figures xviii-xx, la première semble, au premier abord, être favorable à la description des auteurs américains. En effet, il n'y manque pas de traces chromosomiques rap- pelant les formes connues des chromosomes de la période d'accroissement des métazoaires. Quand j'observai pour la première fois le noyau qui correspond à cette figure, je ne manquai pas d'être frappé par la ressem- ARMAND DEHORNÊ Fio. XXI. Même stade que dans les figures précédentes ( x 1200). blance ; en mettant au point de certaine façon, je rencontrai dans chaque coupe optique deux ou trois aspects de telles dyades. Et pendant long- temps, imbu que j'étais de la nécessité de leur existence à ce stade, j'admis que j'avais affaire à de véritables chromosomes bivalents. Mais un examen plus serré me fit apercevoir les faits de la façon décrite plus haut. Les pseudo-dyades correspondent à des coudes d'un filament sans doute unique, qui se croise un certain nombre de fois et parfois s'épaissit au niveau des croise- ments. Nous n'avons donc pas devant nous de véri- tables dyades, mais seulement des nœuds plus ou moins compliqués du filament pelotonné. Le stade qui fait suite à celui-ci montre mieux encore que le contenu chromatique du micronucléus est un filament unique et non pas un nombre élevé de chromosomes indépendants. Les figures xxi, xxii et xxiii repré- sentent un tel stade ; le filament se tortille considérablement, il est très étiré et moniliforme. Le micronucléus a alors acquis une très grande taille et, comme je l'ai dit déjà, il est égal au tiers du macronucléus ^ Une fois, il m'est arrivé de distinguer dans de tels noyaux les indices, d'ailleurs légers, d'un clivage longitudinal du filament (fig. xxtti). Celui-ci paraissait double, en effet, sur une bonne partie de son parcours ; et, dans certains endroits, les deux filaments obtenus, quoique parallèles, étaient déjà fort écartés. S'il existe réellement une division longitudinale dans la première division, elle est ici localisée. Mais je ne puis affirmer quelle existe^. Elle aurait lieu quand le micronu- cléus a atteint son plus haut degré de crois- sance, de telle sorte que le clivage se ferait sur un filament déjà très aminci, et les deux moitiés longitudinales obte nues seraient extrêmement ténues. FiG. XXII et XXIII. Deux auti\s micronucléi cappartcnant à un même couple à la fin de l'accrois- seinent ; dans la figure xxiii, peu de temps avant la formation d'une plaque nucléaire ( x SOO). 1. Maui'AS (1889) s'était vivement intéressé à la croissance considérable du micronucléus de P. caudatum et aussi à sa surprenante rapidité. Il calculait que le micronucléus est devenu environ huit fois plus volumineux . cet accroissement se ferait, d'après lui, aux dépens du cytoplasme, par endosmose de substances à l'état de disse . lution. 2. Après avoir été un moment favorable à l'existence d'une telle fissuration longitudinale, je le suis beaucoup moins. J'ai en effet revu la préparatiou qui était intéressante il cet égard. A la vérité, les indices que j'avais cru trouver sont bien vagues et r.e permettent pas d'interpréter les faits comme je l'avais fait tout d'abord. NOYAUX DES INFUS0IRE8 63 FiG. XXIV. Micronucléus pendant la formation de la plaque nucléaire de la première divisiou ( X 800). A partir de ce stade, le noyau devient de plus en plus ovoïde et il décroît légèrement en volume. Parfois, la masse filamenteuse s'accumule dans la région moyenne de l'ovoïde nucléaire (fig. xxiv), mais des boucles et des sommets en V siègent encore aux extrémités. Puis, on assiste à un allongement des boucles dans un sens donné et le nombre de celles-ci est considérable ; les angles dis- paraissent et les boucles sont toutes arrondies. Il semble aussi que le calibre du filament s'épaississe. L'aspect général de tels noyaux a été reproduit dans la figure xxv qui correspond sans doute aux photo- graphies 7 et 8 de Cai^kins et Cull. D'après ces auteurs, ce stade comporterait des chromosomes individualisés ; j'y ai toujours vu, au contraire, un peloton unique, ne montrant pas de solution de continuité. D'ail- leurs, dans leur photographie 7, il semble bien que l'existence d'un tel écheveau ne peut faire de doute. L'étude de tels stades sur des coupes minces, et non sur des individus montés en entier, est certainement cause de la diver- gence entre leur opinion et la mienne. Mais je me suis assuré dans des coupes, où l'élément filamenteux se colore très vivement par Thématoxyline , que le peloton est unique ; les tronçons chro- matiques qu'on trouve doivent leur ori- gine à la rencontre du peloton par le rasoir. Le passage du stade précédent à celui de la plaque nucléaire n'a pas été observé. Mais la constitution de celle- ci permet de reconstituer avec quelque certitude cette partie de la prophase. riQ. XXV. rormation de la plaque nucléaire ; peloton continu ( x 1800). d. Stade de la plaque nucléaire H existe une sorte de plaque équatoriale, mais elle est très différente de celle qui s'organise à la métaphase des mitoses véritables. Aussi est-il préférable de l'appeler ^plaque nucléaire. Ce qui frappe tout d'abord, c'est la diminution de taille du noyau, lequel devient en outre plus réguliè- ARCH. D l'évolution du mieronucléus pendant la pivmiirrt- division. Cliaiigemcut d'axe de 90" (schématique). médiaire, la jjlaque nucléaire semble très régulière et on a l'impression qu'elle est formée de bâtonnets parallèles. Mais lorsqu'on l'examine à un très fort grossissement, on y découvre des aspects beaucoup moins simples ; on acquiert surtout la conviction qu'il n'y existe .lucun bâtonnet libre. 66 ARMAND DEHORNE J'ai décrit le plus fidèlement possible ce que l'on voit ; que faut-il penser des figures obtenues ? Tl semble bien que les plaques nucléaires sont constituées d'un fila- ment unique. En effet, j'ai pu suivre ce dernier sur une certaine longueur, j'ai surtout vu qu'il passe sans s'interrompre de l'une à l'autre boucle. Bref, il donne l'impression de bien correspondre à la figure xxx, où la variété des branches a été rapportée avec assez de fidélité. Mais, il faut bien le dire, l'analyse ne peut être poussée plus loin, à cause du très grand nombre de boucles et à cause de l'épaisseur considérable de la plaque nucléaire. Voici|rinterprétation que je puis donner : 1° Ou bien, la plaque nu- cléaire est formée d'un filament unique et la division du noyau le coupe tout entier en le fauchant par le travers. Un tel partage serait le plus simple pos- sible ; alors, les boucles détachées remonteraient au pôle comme si elles étaient de vrais chromosomes indépendants en forme d'anses. Il faudrait encore admettre, qu'une fois la division achevée, les extré- mités libres de ces sortes d'anses se soudent bout à bout pour reconstituer le filament unique ; 20 Ou bien la plaque nucléaire possède une cons- titution plus compliquée. Si on se rappelle la figure xxni marquant l'un des stades qui suivent la formation en croissant, on pourra peut-être admettre qu'un véritable clivage longitudinal entre en jeu dans la première division. La plaque nucléaire serait dans ce cas l'expression d'une division longitudinale. En effet, le clivage ayant eu lieu de bonne heure, à partir de ce moment, les deux filaments-fils n'auraient pas cessé de se séparer, en se désintri- quant peu à peu l'un de l'autre. Le résultat de ce mouvement progressif serait réahsé dans la plaque nucléaire tassée, où l'on aurait deux fila- ments complètement individualisés et possédant un nombre égal de bou- cles. La chose ne serait pas apparente, à cause du nombre élevé de ces boucles, de la longueur de chaque filament et de l'épaisseur de la plaque. Mais les boucles mélangées, peut-être retenues les unes aux autres, ne tarderaient pas à glisser et à s'échapper à la faveur de l'allongement du micronuqléus en un boyau de division. Un filament- fils remonterait entier, avec ses boucles plus ou moins allongées, simplifiées, vers un pôle ; l'autre filament irait dans les mêmes conditions vers l'autre pôle. Fia. xxx. Figure mon- trant la constitution de la plaque nucléaire (X 1200). NOYAUX DES INFUSOIBES 67 e. La première division d'après Calkins et Cull Les auteurs américains ne paraissent pas avoir étudié spécialement la structure du noyau au repos. Ils écrivent ceci : « Peu de temps après que les deux individus se sont accolés, le micronucléus sort de sa niche et commence à gonfler. La cliromatine s'accumule en une bande de gros grains autour du centre de division, tandis qu'à l'extrémité opposée le noyau paraît vide. Ensuite, les gros grains de cliromatine se désagrègent et donnent de plus petits granulés qui rayonnent en séries linéaires autour du centre. Puis, le noyau s'allonge et les lignes de chro mâtine subissent la même croissance, en devenant de plus en plus minces. Le centre de divi- sion accroît alors sa taille, mais il est toujours distinct de la cliroma- tine et de la membrane du noyau. Celle-ci a un pouvoir de distension considérable et passe de 8 à 65 ;x. L'augmeptation de taille du micro- nucléus continue jusqu'à ce qu'il devienne aussi long que le macronu- cléus et la chromatine se présente bientôt sous forme d'un réticulum » . Comme on voit, ils ne décrivent pas de boucles dans le filament con- tracté du micronucléus au repos. Ils n'en ont pas remarqué non plus dans les stades de croissance. Ils ont commencé leurs observations avec des notions toutes différentes de celles qui ont fait le point de départ de mon étude. Ils donnent une description assez complète du centre de division et de son évolution, et ils essaient d'expliquer le stade très curieux du crois- sant. Ce dernier est dû au reploiement du noyau sur lui-même, mais le mécanisme de sa formation est difficile à saisir : en tous cas, il ne semble pas être en relation avec la division du centre, car celui-ci, au moment de la genèse du croissant, est encore petit, à l'une des extrémités du noyau. Le croissant serait dû à la résistance de la membrane nucléaire, au moment où les lignes chromatiques s'allongent considérablement. Pour ces deux auteurs, le stade de croissant est le plus important de tout le processus de maturation ; car, c'est à la fin de ce stade que le centre se divise et qu'il donne les fibres du fuseau. BûTSCHlil admettait qu'il cor* FiG. XXXI. Anaphase de la première division ( x 400). 68 ABMAND DEHORNE respoiid au spirème des métazoaires, et C. Hamburcer (1904) partage cette opinion. Quant à Calkins et Cull, ils y voient l'équivalent du Synapsis. Que faut-il penser de^ cette opinion ? Sans doute, il y a une grande ten- tation à retrouver chez les infusoires tous les stades maintenant si bien connus de la longue prophase hétérotjrpique des métazoaires. Et l'on comprend que le besoin d'unité, Cjui nous pousse dans les recherches, essaie de trouver ici sa satisfaction. Mais ayant soumis les faits au plus strict examen, il ne m'a pas été permis de conclure à la façon de Calkins et de Cttll. H se peut que la première division des infusoires corresponde vraiment à la mitose hétérotypique, mais cela n'est pas prouvé. Aussi me semble-t-il très aventureux de reconnaître ici un synapsis par accolement latéral ou parasynapsis et un spirème, ainsi que le font les deux précédents auteurs. La substance du centre de division augmente et il quitte l'extrémité du noyau, ainsi que je l'ai décrit plus haut. Les cornes du croissant ne forment pas les pôles du fuseau, mais les points opposés de la plaque nu- cléaire. Ces données sont exactes, j'ai pu m'en assurer; on les trouve exprimées dans les schémas de ma figure xxix. C'est pendant la croissance du centre de division et pendant le changement d'axe, dont j'ai parlé dans ma description, que les deux zoologistes américains localisent l'apparition de vrais chromosomes. Pour eux, en effet, il s'en formerait d'authentiques aux dépens d'un fin réti- culum chromatique contenu dans le croissant. Cela aurait lieu grâce à une di\nsion transversale des fines lignes de chromatine caractéristiques du noyau allongé. Puis, ces chromosomes se diviseraient longitudinale- ment ; mais, tout ceci aurait lieu longtemps avant que le fuseau soit constitué ; et on trouverait tous les stades, depuis la première apparition d'un clivage à l'extrémité des chromosomes, ce qui donne des Y et des V, jusqu'à la séparation complète. D'autre part, ces chromosomes représen- teraient des éléments bivalents formés par la conjugaison parallèle des lignes chromatiques au début du croissant. Malgré mon désir de rapprocher à mon tour cette première division de la mitose hétérotjq^ique, je n'ai pu reconnaître la présence d'un véritable spirème, et, d'ailleurs, je n'ai observé aucun indice de con- jugaison latérale. Je n'ai pas vu non plus la formation de chromosomes courts pourvus d'un clivage longitudinal ; je crois que les Y, les V, les 8 représentés par Calktns et Cx^ll, comme des chromosonies bivalentfi NOYAUX DES IN F U SOI RE S 69 individualisés, doivent, ainsi que je l'ai dit déjà, leur existence au rasoir qui a traversé le noyau. Ce dernier à ce stade est volumineux et on y peut pratiquer un nombre assez élevé de coupes minces ; le rasoir sectionne forcément vn grand nombre de fois le fHantent chromatique entorlillé qui se trouve en suspension dans le noyau. Dans les individus étudiés en entier, on ne trouve pas ces chromosomes courts, et j'ai dit. jdIus haut, ce qu'il faut penser des apparences de dyades hétérotypiques que j'ai observées. Encore, les pseudo-dyades de ma figm'e xvni sont-elles bien différentes des petits chromosomes des figures 42 et 46 de Calktns et de Cull. Je pense, contrairement à ces auteurs, que le filament reste continu et que, s'il se dédouble, fait très improbable, il le fait sans se segmenter transver- salement en un nombre élevé de chromosomes. J'aborde maintenant la question de la plaque nucléaire. Pour Calkests et Cull, elle représente en réalité l'anaphase d'une mitose ordinaire ; et elle est constituée par les moitiés longitudinales des chromosomes courts, qui se sont détachées et opposées. Seulement, les chromosomes courts se seraient considérablement allongés, en sorte que, maintenant, leurs moitiés se présentent sous l'aspect de longues anses grêles. Pour moi, on ne trouve pas de chromosomes individualisés dans la plaque nucléaire, mais seu- lement un filament très long (ou deux filaments très longs, si l'on admet la division longitudinale que j'ai proposée un peu plus haut), très contourné, pourvu de nombreuses boucles. Ce qui me ferait encore admettre la présence de deux filaments-fils dans cette plaque nucléaire, c'est le nombre considérable de boucles à ce stade ; alors, une moitié du nombre des boucles dépendrait de l'un des filaments, l'autre moitié du second filament. Mais il n'est pas possible de le montrer. J'ai déjà parlé de la figure 50 de ces auteurs, j'ai fait remarquer sa fidélité ; mais elle ne me paraît pas favorable à leur explication. Les boucles qu'on y distingue, dans le milieu de la plaque, ne sont nullement des chromosomes en voie de dédoublement, dont la division serait en retard sur celle des autres, déjà orientées vers les pôles. En effet, un très grand nombre d'observations de pareils stades, sur des noyaux entiers, me permet d'affirmer qu'il n'y a pas trace de solution de continuité entre les boucles de la région moyenne et les branches des boucles polaires ; l'existence de chromosomes indépendants n'est donc pas possible ici ; tout cela appartient à un même système pelotonné qui ordonne et oriente peu à peu ses courbures et ses angles dans le sens bipolaire. En somme, malgré les difficultés d'observation, on peut conclure que 70 ARMAND DEHORNE l'interprétation de Calkins et Cull est forcée, et q«e leur tentative de ramener la première division de Paramecium à la mitose hétérotypique ne peut réussir. D'ailleurs, l'examen des figures du début de la deuxième division va le montrer d'une façon plus probante encore. Chapitre II DEUXIÈME DIVISION DU MICRONUCLÉUS DE PARAMECIUM a. Structure du micronucléus au début de la prophase Dès que le boyau connectif de la première division se rompt, les deux noyaux obtenus présentent la physionomie suivante : ils sont aplatis du côté du pôle (fig. xxxn), d'une façon qu'on ne rencontre pas à un égal degré, m'a-t-il semblé, dans les autres divisions ; sur les flancs, ils sont rebondis, de telle sorte qu'ils paraissent beaucoup plus larges que les noyaux correspondants des autres • divisions. Leur extrémité antipolaire se termine par une pointe courte arrondie à son sommet. A ce stade, le noyau est peu avide de colorant et rappelle à ce point de vue un stade décrit plus haut, au début de la préparation à la première division (fig. v). En effet, on trouve ici également un fond homogène, parfois très finement granuleux et un élément filamenteux un peu plus vigoureusement coloré ; l'en- semble du noyau est aussi très pâle et sa coloration est comme diffuse, non violette, mais plutôt rosée et un peu grisâtre. Par- fois, tout le noyau paraît formé d'une sorte de précipité granuleux extrê- mement fin, où l'on ne distingue aucun arrangement particulaire ; en somme, on croit alors avoir affaire à de la chromatine très diffuse dans la substance fondamentale nucléaire. Dans d'autres noyaux, sensible- ment au même stade, on reconnaît une structure plus différenciée, malgré la faiblesse de la coloration ; de la région polaire aplatie jusqu'à la région Fio. XXXII. Télophase ( x 400). m Y AUX DES INFUSOIRES 71 mm FIF. XXXIII. Jeune micronucléus tout au début de la deuxième di\isiou ( X 1400). opposée descendent des bandes méridiennes (fig. xxxn), assez régulières, qui sont un peu plus colorées que le fond du noyau. Dans la région polaire, elles sont écartées à égale distance les unes des autres; et dans la région antipolaire, elles convergent en obliquant et en se croisant. De plus, observées de plus près, ces bandes se révèlent quelquefois comme étant doubles ; chaque moitié apparaît comme un mince tracé plus ou moins rectiligne ou un filet tremblé. L'observation n'ayant été faite que sur des noyaux vus de profil, il n'a pas été possible de reconnaître comment ces bandes doubles se comportent dans le champ polaire, ni dans celui de la région opposée. Mais il est à prévoir que, ici comme ailleurs, ces régions sont occupées par des cour- bures réunissant les bandes méridiennes. Le jour où il serait prouvé que la deuxième division de Paramecium correspond à la deuxième mitose de maturation des métazoaires, il faudrait peut-être alors homologuer le duplicisme de ces bandes à la division longitudinale anaphasique i des auteurs. Peut-être bien aussi cjue le duplicisme est ici produit par le rapprochement des deux branches de chaque boucle du filament ? Il n'est guère possible de dire combien de temps les micronucléi gardent cette forme élargie caractéristique. Mais on voit la région polaire s'arrondir et même s'étirer en pointe ; de sorte que, maintenant, les deux extrémités sont pointues, et l'ensemble du noyau prend la forme fuselée. Alors, déjà, on constate le gonflement progressif des micro- nucléi. En gonflant, ils passent peu à peu à la forme d'un ovoïde régulier (fig. xxxni et xxxiv) ; la coloration devient plus vive et les parties colorées sont plus nettes ; on ne trouve plus cet aspect diffus du stade précédent et il n'est plus possible de retrouver les bandes qui paraissent doubles. La substance chromatique se présente sous l'aspect fila- menteux qu'ont les noyaux lorsqu'ils entrent au repos ou bien qu'ils vont dégénérer. D'un pôle à l'autre, courent de nombreuses branches filamenteuses plus ou moins parallèles, très serrées les unes contre les autres ; à chaque pôle, les extrémités sont des boucles aiguës, parfois si fermées qu'elles donnent l'impression de terminaisons libres. La cause de cet état est en rapport avec le degré de contraction encore Fig. XXXIV. Mémo stade ; denii- schématique {y. 600). 72 ABMAND DEHORNE très grand que subissent les éléments nucléaires à ce moment. D'ail- leurs, même à ce stade, on peut aussi rencontrer quelques rares boucles sur le côté du noyau, dans la région moyenne. Le stade qui fait suite à celui-ci montTe un noyau plus enflé, avec un élément filamenteux plus lâche (fig. xxxv). Dans la région polaire, on voit maintenant un grand nombre de boucles déjà arrondies, uniformé- ment rangées autour du centre ; toute cette région est vivement colorée parce que la substance filamenteuse y est plus abondante et que le calibre des filaments est plus fort que dans le reste du noyau. La région moyenne est au contraire peu colorable et n'est traversée que par de longs tractus amincis allant de l'une à l'autre extrémité du noyau. Entre la région polaire et la région moyenne , sont encore rangées un certain nom- bre de boucles, ce qui prouve bien que l'on peut trouver des boucles à tous les niveaux du micronu- cléus, en dehors des stades qui correspondent à l'ana- phase. Enfin, dans la ré- gion antipolaire, on trouve des boucles assez amincies, et à ce niveau, les longs tractus filamenteux signalés dans la région moyenne, pos- sèdent un calibre assez fort et se colorent très vivement. Cela fait que les noyaux, à ce stade, présentent deux zones plus colorées, séparées par une zone intermédiaire qui demeure très pâle. Flf>. xxxv et Fig. xxxvi. Deux coupes optiques du micronucléus au début de la deuxième division ; boucles et filament pelotonné ( x 2000). b. Structure du micronucléus pendant la prophase Puis, le micronucléus grossit encore, mais surtout sa forme s'arrondit. Les branches filamenteuses parcourant le noyau, de bout en bout, s'é- cartent en s'épaisissant ; la coloration devient donc régulière sur tout lem* trajet. La figure xxxvi se rapporte à un tel stade ; les deux conjugués renfermaient chacun deux micronucléi ; sur les quatre, deux avaient encore la forme fuselée; le troisième est celui que je vais décrire; le qua- trième était à un stade plus avancé et dont il sera question un peu plus NOYAUX DES IN FU SOI RE S 73 loin. Il n'y a donc pas de doute possible siu* l'âge d'un tel noyau, il cor- respond au début de la deuxième division. Comme il se laissait particulièrement bien voir dans son entier, j'ai pu (^n faire partager robsorvation à ])lusieurs personnes non prévenues, elles y ont reconnu d'elles-mêmes ce que je venais d'y lire. Ce qui fra])pait surtout, c'était la beauté des boucles largement développées aux deux extrémités du noyau arrondi. Dans le centre, les branches filamenteuses étaient serrées et leurs boucles se faisaient à angle aigu, de telle sorte que ces branches dessinaient des V aigus. Mais, sur le pourtour du noyau, les boucles étaient largement ouvertes, et quelques-unes, en particulier, plus longues que les autres, apparaissaient dans toute leur simplicité. Impossible de douter en présence d'un pareil fait : aucune extrémité libre, aucune coupure transversale dans le filament chro- matique ; rien qu'un peloton unique étirant ses boucles d'un pôle à l'autre. Cette constatation est très importante dans un tel endroit ; car notis ne sommes ici que tout au début de la pcéparation à la deuxième division, et, d'autre jjart, la description que je vie7is de donner pourrait valoir, à peu de chose près, pour une figure de plaque nucléaire ! Faut-il déjà conclure que, quel que soit le stade observé, le micronucléus présente très sensiblement la même structure ? Toujours est-il qu'un noyau, pareil à celui de la figure xxxvi, ressemble étonnamment à celui des figures de plaque nucléaire (comparer avec la fig, xxvi) : même forme générale, même colorabilité, même disposition du filament. La seule différence, c'est qu'ici les boucles s'étendent presque jusqu'aux sommets de la figure nucléaire, tandis que dans les francs aspects de plaque nucléaire, les boucles sont plus rapprochées, d'un côté comme de l'autre, du plan équatorial. Cette grande ressemblance de la prophase II avec l'anaphase I ou II a été signalée par Calkins et Cîjll qui en ont été justement frappés. Pendant longtemps, ils avaient pris ce stade prophasique pour une anaphase, mais ils se sont aperçus à temps de leur méprise. Le gonflement du noyau ne s'arrête pas à ce stade ; on peut même dire que le noyau commence seulement à entrer dans la j)réparation d'une seconde division. Il devient peu à peu tout à fait sphérique ; son contenu en suc nucléaire s'accroît beaucoup. En tous cas, les micronucléus dans cette phase sont très clairs, comme si la substance chromatique ne s'était p:is augmentée pendant la croissance du noyau ; leur aspect rappelle 74 ARMAND DEHORNE d'assez près certains stades correspondants de la première division (fig. xxxwi). Au milieu du suc nucléaire, ou de la substance rebelle à l'iiémalun qui lui correspond, baigne le filament chromatique qui devient de plus en plus visible. Il a perdu sa disposition sous forme de branches parallèles terminées par des boucles assez généralement situées au même niveau. Il apparaît alors comme un cordon mince à contours légèrement épineux et dont l'intérieur présente une sorte d'alvéolisation sur la nature de la- quelle il n'est pas possible de se déclarer. Ce qui frappe le plus, ce sont les nombreuses irrégularités de son parcours. Toute sa longueur est pliée, coudée un grand nombre de fois, les sinuosités font suite aux angles, et, bien souvent, il se croise lui-même en déterminant, en apparence, la plus grande confusion. Si je fais varier la mise au point pour découvrir aussi loin que possible le trajet du filament, je ne puis le suivre bien longtemps ; mais sur tout le trajet que j'ai exploré, je ne rencontre pas de solution de conti- nuité, jamais de terminaisons libres. Le filament semble donc être un, ou bien le nombre des tron- Fifl. xxxvrr. Fin delapro- j. x ^ m ' nr • • i ? „ phason;micronuciéus ÇOHS cst trcs pcu clcvc. Mon opmion est quon a sphérique avec spirème affaire à un filament d'une seule venue ; cepen- très contourné (x 1800). ' ^ dant, à cause de la difficulté de l'observation, il n'est pas permis d'être catégorique. J'ai dit plus haut que le filament ne présentait plus de branches paral- lèles ; mais, il s'en faut pourtant que, malgré tous ses angles, ses coudes, ses croisements, il n'offre aucune orientation. Au contraire, à travers l'apparente confusion du tracé filamenteux, plus le stade avance et mieux l'on découvre les indices d'une direction générale dans le peloton. A un moment d'indétermination, succède une période où le noyau rentre sous l'influence des forces de polarisation. En effet, on voit s'arranger avec un commencement de parallélisme des parties irrégulières de cordon ; il semble alors que de courtes boucles, que de nouveaux coudes viennent de se former, en rapport avec l'étirement du cordon dans un certain sens. Un peu plus tard, les boucles s'allongent et les branches de ces boucles présentent beaucoup de parallélismes. Bientôt, le milieu du noyau est occupé par une masse filamenteuse ayant la forme d'une large bande encore peu nettement délimitée. Et il se trouve qu'à droite et à gauche de cette masse équatoriale, on découvre un grand nombre de boucles NOYAUX DES INFU80IRES 75 bien dégagées. On est bien près alors de la plaque nucléaire définiti- vement organisée. Autant qu'on peut voir, il semble que les boucles qui constituent cette plaque s'étirent dans un plan perpendiculaire au plan qui renfermait le grand axe du micronucléus, alors qu'il avait la forme d'un fuseau. Calkins et Cull] avaient déjà signalé un tel changement de 90O. J'ai rencontré une fois un noyau, au stade de la fin de la jjrophase II, qui présentait une particularité intéressante. L'élément filamenteux s'y trouvait fort relâché, avec de grandes boucles largement développées dans l'espace nucléaire. Ce qui retenait surtout l'attention, c'était la pré- sence de paraUélismes assez bien marqués entre les diverses parties du filament. La figure xxxviii rappelle ce détail, mais un nombre restreint de boucles a été indiqué ; on n'a retenu que ce qui s'y montrait parallèle, le reste était composé par l'élément filamenteux relâché et dépourvu de ce caractère. Pour la partie représentée, tout'se passait comme si on assistait à l'accomplisse- ment d'un clivage longitudinal du filament, mieux à phase ii. Apparencerdo ijr, ,1 •,./ -, t Ti division longitudinale 1 ecartement des moitiés encore rapprochées. Je le du spirèmc. L'autre mi- répète, je n'ai rencontré ce stade qu'une seule fois ; -Z^f est'L "tZ mais, comme il correspond bien certainement à la f'^ l'''-.^'f'^"'^ nucléaire ■*■ (X loOO). fin de la prophase, je crois qu'il faut en faire cas. Un pareil indice de clivage longitudinal a été aussi remarqué pour la première division et il le fut à un stade semblable à celui-ci. C'est assez pour admettre, comme probable, la possibilité d'une fissuration longitudinale du filament unique dans les deux premières divisions précopulatoires. D'autre part, il faut noter que ce stade correspond exactement à celui qui précède le changement d'axe. Ne se peut-il faire que le changement d'axe soit précisément Hé à l'écartement des moitiés filamenteuses obtenues et à l'étirement progressif des boucles dans les deux sens opposés ? Cette solution cadrerait à merveiUe avec l'aspect de la plaque nucléaire, si riche en boucles. Elle s'accorderait aussi avec la notion d'un filament unique dans le micronucléus, notion qui paraît de plus en plus certaine à mesure que l'on avance dan l'étude des divisions qui précèdent la copulation^. La plaque nucléaire de la deuxième division présente la même struc- 1. Je ferai la même remarque que pour la première division (page 02 note 2). Si bien venu que serait le clivage ea long à ce moment de la division, je ne crois plus guère à son existence. 7G ABMAyn DEHÔJiNJ!) ture que celle de la première, peut-être renferme-t-elle moins de boucles et montre-t-elle des dimensions iin peu réduites-. Mais il n'y a aucune raison apparente de l'interpréter d'une façon particulière. L'allongement du noyau a pour résultat d'entraîner à chaque pôle, soit un peloton unique dans le cas d'une division longitudinale totale du filament (peu probable), soit une moitié de ce peloton dont les parties se coupent en travers, tout comme dans la première division. Néanmoins, je dois ajouter (|ue je n'ai pu étudier d'une manière satisfaisante les stades qui corres- pondent à l'anaphase de la mitose typique. La chose ne me paraît pas, d'ailleurs, possible ; le résultat qu'on peut obtenir est surtout un résultat l'iii. XXXIX. KoiuodiKtiun ilrs Hgures 53 ot 54 (PJ. 17) de CALKINS et CXJi.h (190Î), qui corrcsiioutkiit k la figure XXXV prccédcute ( x 2000). d'interprétation basé sur quelques aspects, sur de légères particularités. Les faits ne se laissent guère appréhender et une démonstration objective est impossible. Le résultat de la deuxième division est de fournir quatre micronucléi à chaque conjugué ; mais ce stade à quatre noyaux est de courte durée, trois d'entre eux ne tardent pas à dégénérer. c. Discussion de la deuxième division Les figures du début de la préparation à la seconde division, que donnent Calkins et Cull, sont constituées par des faisceaux de bâton- nets chromatiques indépendants (fig. xxxix). Ces bâtonnets sont orientés dans la même direction, plus ou moins parallèles entre eux et leurs termi- 2. L; 750). 78 ARMAND DEHORNE D'ailleurs, le moment est mal choisi pour la possibilité d'un tel processus ; on effet, le micronucléus est encore d'assez petite taille et il ne commence à accroître beaucoup son volume qu'au moment où ces auteurs admettent que la division des chromosomes a déjà eu lieu. Bien plus, non seulement il y aurait eu cHvage, mais les moitiés seraient déjà complètement écartées. Ceci paraît tout à fait impossible et personne ne voudra croire que la télo- phase I, chez un infusoire, présente déjà tous les caractères de l'anaphase II. \^ \W^' FlO. XLI. et FiG. XLU. Prophase III ( x 400). Tout au plus pourrait-il s'agir à ce moment des traces d'un clivage longi- tudinal précoce, analogue à celui qu'on voit à l'anaphase de la mitose I des Métazoaires, et connu sous le nom de division longitudinale ana- phasique. D'ailleurs, si Calkins et Cull avaient raison en ce point, il faudrait reconnaître la même particularité dans les micronucléi issus de la deuxième division ; car, eux aussi, ainsi que je le montrerai bientôt, possèdent la même disposition en boucles, aussitôt qu'ils sont constitués. Tout s'explique autrement et de la façon indiquée plus haut. Si les noyaux, au stade correspondant à la télophase'^ I, ressemblent tant à des noyaux pourvus d'une plaque nucléaire, c'est simplement NOYAUX DES INFUSOIEES 79 parce que, dans tous les stades, on a toujours affaire à un long filament bouclé. Telle est, en effet, la structure du micronucléus de Paramecium que sa partie chromatique s'y montre constaminent sous la forme d'un filameîit pelotonné, très probablement unique. Chapitre III TROISIÈME DIVISION DU MICRONUCLÉUS DE PARAMECIUM a. Structure des trois micronucléi qui vont disparaître et de celui qui va fournir la troisième division Sur les quatre micronucléi obtenus à la suite de la seconde jdi vision, trois dégénèrent presque aussitôt formés ; ils se contractent, reviennent transitoirement à la forme du repos, mais ils se recourbent en corne, et ils / FiG. xi.in et FIG. Xiiv. Prophase ITI plus avancée ( x 400). sont de plus en plus vivement colorés à mesure qu'ils deviennent plus petits. Parfois, l'un d'eux est en retard dans cette voie, et sur celui-là on peut aussi très bien observer la constitution ordinaire de tout micro- nucléus. Les filaments sont nettement indiqués, d'un égal calibre et un peu alvéolisés ; on n'en compte guère plus d'une dizaine, allant d'un pôle à l'autre. L'un des pôles est plus coloré en général ; on y trouve des boucles qui sont plus colorées que le reste du filament. Dans le milieu du noyau, les filaments se croisent et paraissent relâ- chés. Parfois, on trouve des boucles bien visibles à tous les niveaux, particulièrement à l'équateur du fuseau. Souvent aussi, quand le noyau qui va dégénérer est encore fuselé, on voit deux niveaux où la colora- AaOH. DE ZOOL. EXP. El GÉN. — T. 60. — F. 2. 6 80 ARMAND DEHORNE tion cvst plus vive que dans le reste ; ils siègent dans le voisinage des extrémités^. Quant au quatrième noyau, celui qui doit fournir la troisième division, il ne diffère en rien des autres noyaux qui vont dégénérer, et, n'était sa position, il serait impossible de le distinguer des autres (fig. xli). Il se trouve en arrière du macronucléus et il est dirigé normalement à la surface libre par où se fait l'accolement. De sorte que, de part et d'autre de la ligne d'accolement, on trouve un fuseau, dans une grande vacuole claire. Ce noyau est légèrement recourbé et il contient des filaments plus ou moins parallèles, assez vivement colorés. On trouve une pointe de subs- tance achromatique à chaque bout, et dans les extrémités les filaments Fio. XLV - XhWL. Le micronucléus qui doit fournir la troisième division, vu sous trois états de gonllenient diffé- rents. Dans les denx dernières figures, le spirème pelotonné avec ses boucles ( x 1800). se poursuivent par des boucles très fermées, parfois anguleuses ; ceci contribue à faire croire qu'on a affaire à un faisceau de filaments parallèles libres à leurs bouts. Puis, un tel noyau gonfle légèrement et les boucles, plus rondes, apparaissent mieux. En même temps, on le voit changer de position et se tourner obliquement, par rapport à la surface d'accolement. L'extré- mité la plus interne est celle qui remonte vers l'avant. Alors, c'est la région antérieure qui est la plus colorée ; le nombre des filaments est toujours assez peu élevé ; on peut parfois reconnaître une ou deux boucles dans le milieu du noyau. Tout en tournant sur place, il s'allonge et prend une forme toute dif- 1. 11 in'i-t arrivé plusieurs fois de noter au cours do la prophase III, la ))icsence de (luntre » corps de rebut '. J'avais tout d'abord interprété le i|uatriénie eonirue représentant le noyau sexuel stationnairc en train de dispa- raître. Mais c'était une erreur ; sans aucuu doute, ou se trouve eu présence d'un petit fragment qui s'est détaclié dn macronucléus et qui subit le même sort que les trois micronudéi condamnés. Maupas (1889) avait signalé de tels corps nucléaires au cours de la preuiièrc divisiou et il les considérait iléjà comme de petits Iraguicnts isolés du macronucléus. NOYAUX DES IN FU BOIRES $1 férente. Les deux extrémités, l'antérieure et la postérieure, sont très pointues, tandis que la région moyenne s'élargit en se développant dans la direction de la ligne d'accolement (fig. xlii-xlvii). Bientôt, par suite de cet élargissement, la pointe postérieure, qui est aussi la plus externe, disparaît. Le noyau est alors fortement gonflé, les boucles et les parties du filament sont éloignées les unes des autres, et il est alors plus visible que jamais que la substance chromatique est formée d'un peloton unique. Il faut ajouter que la forme d'en- semble du noyau est maintenant ovoïde (fig. XLVi, XLvn). En somme, nous ne trouvons pas autre chose que dans le début de la deuxième division. Ici comme là, on rencontre deux stades prin- cipaux : 1° un noyau encore con- densé en forme de fuseau ; 2° le gonflement de ce noyau, faisant apparaître plus nettement la dis- position bouclée du filament intra- nucléaire. Que va-t-il advenir de ce noyau, maintenant en pleine pro- phase ? S'il se comporte comme ceux delà deuxième division, il doit s'arrondir tout à fait, le filament doit se relâcher bien plus encore, et présenter peut-être les traces d'un clivage longitudinal. Or, on ren- contre en ce point de sérieuses diffi- cultés, car le noyau se comporte d'une façon inattendue ; et, on se Fic). XI VIII. Coupe transversale, légèrement oblique de demande si l'on a bien conduit son deux conjugués au stade di- la troisième division. . . , ^ Deux micronucléi fuselés, fragments des macronu- observation, si l'on n'a pas laissé de clél, ectoplasme, clls vlbratiles, trlchocystes, mlto- ^ , , . , . chondries, vacuoles à paroi encroûtée (coloration cote plusieurs stades importants. hématoxyUneferrlqueXx eoo). 82 A B 31 AND DE H ORNE Voici ce qui arrive : après être resté un certain temps dans cet état de gonflement, le noyau, désormais très riche en substance achromatique, se contracte rapidement et en même temps il s'allonge (j&g. XLix). Bientôt, il se transforme en un gros boudin incurvé, qui croît considérablement du côté externe, en même temps qu'il se développe le long de la paroi d'acco- lement. D'abord, court et trapu, il prend peu à peu une forme plus élancée et recourbée, du fait qu'il croît par ses deux exirémités à la fois. Ce boudin n'est autre que le futur boyau copulateur (fig. l). Je ne crois pas que pendant le stade de gonflement, le filament se soit clivé longitudinalement ; j'ai simplement vu qu'il était assez fort et alvéolisé, ce dernier caractère étant sans doute en rapport avec l'accroissement du suc nucléaire. D'autre part, les boucles étaient, à un moment donné, très écartées les unes des autres ; mais je n'ai pas observé le moindre indice d'une division. En outre, il est certain qu'il n'y a pas ici de formation équatoriale, compa- rable à la plaque nucléaire des deux précédentes divisions. Fia. XLIX. Troisième division. Micronucléi en train de disparaître { X 400). b. Formation hétéropolaire On a vu comment le quatrième noyau se transforme peu à peu en un boyau courbe, volumineux et très trapu, formé d'une quantité consi- dérable de substance achromatique. Pendant un certain temps, les deux extrémités sont arrondies et identiques ; mais l'extrémité distale, c'est- à-dire celle qui commence à pénétrer dans le cytoplasme du conjugué devient pointue et prend une physionomie très différente de celle qui reste dans le cjrtoplasme (fig. li). Autrement dit, la figure obtenue mérite le nom de hétéropolaire. Mais ce dimorphisme des extrémités n'a pas de signification profonde et n'est pas en rapport avec le sexe, comme semblent le croire Calkins et Cull. La forme pointue de l'extré- mité, considérée comme cr, est due à ce que le protoplasme de cette partie s'insinue dans l'épaisseur du conjugué et elle est plus vivement colorée, parce que les filaments chi-omatiques qu'elle renferme sont res- NOYAUX DES INFUS0IRE8 83 serrés ; non parce que la substance chromatique y est d'une autre qualité. L'extrémité du boyau qui reste dans le cytoplasme s'arrondit de plus en plus et ne tarde guère à devenir subglobuleuse. Je n'ai pas observé comment peut se faire la séparation des parties chromatiques qui vont respectivement à l'un et l'autre pôle. A ce sujet, il convient de rappeler combien il est également difficile de décrire le début de l'anaphase dans la première et la deuxième divisions. Les pre- miers stades de division que j'ai observés montraient déjà la partie moyenne du boyau sous l'aspect d'un cylindre achromatique où l'on ne distinguait plus que quelques rares traces filamenteuses colorées. Bref, les faits en étaient déjà au point montré par la figure Li. Toute la matière chromatique se trouvait répar- tie aux pôles ; à ce moment, l'ana- phase est terminée et la séparation définitive des noyaux-fils sera une affaire de peu de temps. La disposition de la substance chromatique n'est pas indifférente et il est intéressant d'en pousser le plus loin possible l'observation. Les coupes m'ont rendu quelque service en ce point. Par une observation minutieuse, j'ai reconnu la présence de boucles à ce stade tout comme aux autres. Ainsi que cela est indiqué dans la figure l et dans la figure ii, pi. I, on distingue un filament apparemment unique, grêle, sinueux, et toujours à l'état relâché. Une dizaine de boucles étaient bien visibles dans la région antipolaire de chaque extrémité du boyau ; quelques-unes se montraient aussi dans la région moyenne, et, enfin, il paraissait y en avoir aussi dans la région polaire, mais ici plus fermées. La figure ii, en particulier, donne une idée assez exacte de la disposition du filament chromatique dans une extrémité qui demeure dans le cytoplasme, c'est-à-dire celle qui est considérée comme 9. Bien entendu, dans l'extrémité o" du boyau copu- lateur, les boucles sont plus serrées, ce qui, ainsi que je l'ai dit plus haut, confère à cette partie une coloration plus vive. Le fait que le filament est unique et que ses boucles se montrent disposées en un peloton est très intéressant. Cela montre que la coupure du filament, contenu dans le noyau subissant la troisième division, se réalise par le même procédé que dans les deux premières divisions. FiG. L. Troisième division ; les deux boyaux de copulation croisés en pleine turgescence ( X 1500). 84 ABMAND DFJJOÏÏNE c. Division transversale du peloton En 7-ésunié, lorsque l'anaphase va commencer, le noyau renferme un peloton lâche dont les boucles se sont étirées dans le sens de la division. Les parties rectilignes, tendues du filament ont un aspect granuleux ; parfois mémo, elles ressemblent à de simples traînées granuleuses avec, de-ci de-là, des tronçons en forme de bâtonnet sur le trajet filamenteux. Dans les coupes colorées à l'héma- toxyline au fer-éosine, on remarque l'absence de fibres achromatiques : le filament se teint en noir, la subs- tance fondamentale qui le baigne prend légèrement le rose. Puis, le noyau s'allonge et la rupture com- mence dans le peloton. D'après Cal- KiNS et CuLL, il y aurait ici une véritable division transversale, par coupure de toutes les parties recti- lignes filamenteuses tendues d'un pôle à l'autre. Bien que n'ayant pu m'assurer de la réalité d'un pareil mode de division, je me range à l'interprétation de ces auteurs. Il est certain qu'aucun autre mode de division n'est possible ici, et qu'on n'est nullement en présence d'une forme mitotique, même très simpli- fiée. ^ Mais, si les parties rectilignes du filament sont coupées transversa- lement, comment se peut-il que, dès la fin de la division, les futurs noyaux- fils renferment un peloton continu ? Je me suis posé pareille question à propos de la division du noyau des Euglènes et, ainsi qu'on le verra plus loin, il m'a été difficile d'y répondre. Il faut admettre simple- ment que le peloton continu se reforme, à la télophase, par soudure bout à bout des tronçons du filament ; et, bien que cela ne soit pas une explication, conclure que la forme peloton est la seule forme d'équilibre de la substance chromatique, dans le noyau au repos de Paramecium. FlO. LI. Troisième division, figure d'ensemble. Dans l'infusoiro do gauche, un des micronucléi a déjà disparu complètement ( -, 400). NOYAUX DES INFUSOIRES 85 d. Critique et interprétation Pour Calkins et Cull, la troisième division est une sorte de division directe du noyau. Il n'y a aucun changement d'axe comparable à ce que l'on a vu pour les deux premières. Il n'y a pas division longitudinale des chi'omosomes, pas de fibres achromatiques, donc pas de fuseau à propre- ment parler. Les chromosomes résultant de la deuxième division se résolvent en granules disposés en séries linéaires, mais surtout localisés en deux points opposés du micronu- cléus fuselé. La division consiste sim- plement dans la séparation d'un groupe de granules de l'autre groupe dérivant du même cliromosome, c'est- à-dire qu'elle est transvet'sale pour chaque chromosome qui s'est déjà divisé deux fois longitudinalement. Je suis aussi d'avis qu'il n'y a pas de changement d'axe et qu'on ne voit pas de fibres achromatiques. Mais il n'y a certainement pas de chromo- somes, c'est-à-dire de filaments indé- pendants pourvus de deux extrémités Ubres. D'autre part, bien que j'aie parfois vu les deux zones plus chro- matiques du micronucléus fuselé, je ne crois pas que cet aspect soit parti- cuHer à la troisième division, ni que ces zones annoncent le caractère hétéropolaire de la division qui va avoir Ueu. En effet, j'ai remarqué de semblables zones dans les micronucléi provenant de la première division, au cours du gonflement qui précède la deuxième. De plus, les trois micro- nucléi qui doivent dégénérer les présentent également ; enfin, ne trouve- t-on pas aussi ce caractère très superficiel dans les noyaux copulateurs au moment où ils s'accolent ? Calkins et Cull ont décrit la troisième division dans leur texte, en termes peut-être trop brefs. En particulier, ils ne disent rien de la pro- phase, dont ils ont pourtant photographié divers aspects (voir leurs photos 16 et 17). Or, à ce stade de la conjugaison la longueur du filament FiG. LU. Copulation, figure d'ensemble ( x 400). 86 ARMAND DEHORXE chromatique a beaucoup diminué, le nombre des boucles est réduit, l'obser- vation du micronucléus en est rendue plus facile. Cependant, ces auteurs ne parlent pas des aspects que j'ai reproduits dans les figures XLVi et XLVii et qui montrent la présence d'un filament unique pelotonné. Il est pourtant certain que leurs photos 16 et 17 correspondent à des noyaux parcourus par un long filament, plus ou moins alvéolisé, replié un assez grand nombre de fois sur lui-même. Et les faits se présentent là comme dans leur phoco 7 relative à la prophase delà j)remière division. ^^^^-==^- FiG. Lni et liv. Deux phases de la copulation des pronucléi ( x 1800). Il est regrettable que Calkins et Cull aient traité aussi rapidement un stade susceptible d'élucider définitivement la structure du micronucléus de Paramecium. e. Copulation et première division post-copulatoire Les figures lii-liv montrent diverses phases de la rencontre des pro- nucléi et de leur mise en contact. Ainsi que l'a décrit Maupas (1889), ils s'unissent par le côté, leurs extrémités postérieures se fusionnant d'abord, tandis que les extrémités antérieures, ou polaires, sont encore Libres. Contrairement à ce que j'ai pensé un moment (1911 a), les aspects comme celui de la figure lui, correspondent à deux pronucléi en train de s'accoler ; et non à un noyau qui serait en train de se fendre et de s'ouvrir en deux, en donnant une sorte de croissant comme au début de la première division. Le noyau mixte qui résulte de la copulation offre les mêmes parti- cularités que ceux que j'ai étudiés auparavant. Un stade assez fréquent dans les préparations est celui de la figure lv ; pendant que l'un des noyaux NOYAUX DES INFUSOIRES 87 FiG. LV. Début de la tironiière division post- copulatoire. A droite fin de la prophase ; à gauche plaque nucléaire ( x 400). de fécondation est au stade de la plaque nucléaire, l'autre en est encore à la prophase (fig. lvi). Ce dernier est beaucoup plus grand, le mou- vement de contraction caractéristique de la formation d'une plaque nucléaire (qu'il ne faut nullement con- fondre avec une plaque équatoriale) n'a pas encore eu lieu. Mais les deux noyaux occupent la même position et se trouvent encore sur les lieux où la copulation s'est effectuée. La disposition du filament est dans le premier noyau absolument iden- tique à ce qu'elle est dans le stade corres- pondant de la première et de la deuxième division. On reconnaît assez facilement que la partie colorée de chaque moitié de ce noyau est un long filament pelotonné. Au plus fort grossissement, on découvre qu'il n'est pas seule- ment formé de filaments tendus d'une extrémité à l'autre, sa structure est un peu moins schématique. Des boucles se trouvent aux deux extré- mités et des branches s'étendent de l'une à l'autre ; mais il existe d'autres boucles, un peu à tous les niveaux, particulièrement dans l'une des moi- tiés du noyau. Là, en effet, le peloton forme une sorte de bouquet d'anses aux branches plus trapues et plus colorées, bouquet qui paraît parfois n'être pas sur le même plan que ;l le reste du noyau (fig. liv). f- riG. LM. Le noyau mixte de droite de la figure précédente ( X 1800). FIG. LVII. Anaphasc de cette première division ( x 1500). Dans le second noyau (fig. lv), je veux dire celui qui est au stade de la plaque nucléaire, le filament est longuement développé dans l'espace nucléaire où il décrit de nombreux zigzags plus ou moins aigus. Fait remarquable, la prophase de cette division est extrêmement courte ; il n'existe pas de stade où le noyau est sphérique et où le filament 88 ARMAND DEHORNE se montre comme une sorte de spirème très sinueux ; on passe direete- ment du noyau fibreux (fig. lw), tel qu'il se présente pendant la copu- lation, à la figure de plaque nucléaire. Comment se réalise le partage du filament chromatique ? Je n'ai pu l'observer comme il faudrait, mais j'incline à croire qu'il ressemble de tous points à celui des deux premières divisions précopulatoires^. Il se ferait donc par coupure transversale de tout le peloton (fig. Lvn). On ne découvre en tous cas aucun indice de division longitudinale ; et il est remarquable qu'ici Calkins et Cull n'ont pas essayé d'étendi'e leur interprétation de la première division. Chapitre IV RECONSTITUTION DE L'APPAREIL NUCLÉAIRE DE PARAMECIUM a. Autres divisions nucléaires post-eopulatoires Le nouveau noyau mixte se divise donc rapidement, et cette première division est encore suivie de deux autres qui sont aussi rapides. Aucune période de repos n'est intercalée entre ces divisions post-copulatoires, et, à cet égard au moins, elles sont à rapprocher des trois qui précèdent la copulation. Je n'ai pas, à mon grand regret, pu étudier comme je l'aurais voulu le mode de ces divisions ; mais tous les auteurs disent qu'elles ressemblent aux divisions précopulatoires, et, je crois que Calkests et Cull en font des mitoses avec division longitudinale des chromosomes. Dans ce cas, nous devrions au cantraire les interpréter comme comportant le partage transversal d'un filament pelotonné. Mais, je le répète, je ne puis pas prendre parti en cet endroit. Les plus jeunes stades que j'ai pu étudier se rapportent aux dernières phases de la troisième division (fig. lviii). Cette division est particulière à plus d'un égard et rappelle parfois la troisième division précopulatoire. Elle présente de très longs boyaux connectifs étendus d'un bout à l'autre des ex-conjugués. D'autre part, elle produit deux lots bien différenciés de quatre noyaux qui n'auront pas les mêmes destinées ; il se peut qu'elle 1. Et l'on peut ajouter qu'il s'agit encore ici de la coupure transversale d'un peloton unique. Toutes ces divisions roinportcnt, en somme, le même processus essentiel, sans excepter la troisième division qui précède immédiate- ment la copulation. C'était ce que pensaient les anciens auteurs, mais sans en avoir fourni de preuve suffisante. NOYAUX DES IN FU BOIRES 89 ne soit pas hétéropolaire au sens morphologique, mais il faut convenir qu'elle est hétéropolaire de quelque manière, puisque l'un des lots de noyaux fournira quatre macronucléi et que l'autre lot donne quatre micro- nucléi. Au moment où la troi- sième division s'achève, les huit noyaux obtenus ont alors tous la même physionomie (fig. lx). Ils sont de très petite taille et sphériques, ils ressemblent étonnam- ment à des noyaux ordi- naires de métazoaires au stade post-télophasique. La substance chroma- tique s'y présente sous la forme de grosses anses ou de tronçons épais ratta- chés par des anastomoses de la même substance. Elle diffère donc main- tenant complètement de ce qu'elle était dans les divisions qui précèdent la conjugaison. Autre fait remarquable, le nombre des boucles, des bran- ches est peu élevé, tout comme si le noyau entier renfermait huit ou dix chromosomes. Il faut admettre que le filament chro- matique a d'abord perdu beaucoup de sa longueur, puis, qu'il s'est considé- rablement épaissi. On n'échappe pas à l'idée qu'il vient de subir une véritable réduction. Le filament peut aussi présenter une fragmentation plus poussée, marquant, semble-t-il, un progrès dans le sens de l'état quiescent. Dans la Fig. LVIII et lix. Après la troisième division nucléaire postérieure à la copulation. En LVIII, les huit niicronucléi sont encore pres- cxue identiques; en LIX, quatre ont déjà subi une différencia- tion considérable, tandis que les quatre autres sont restés stationnaires ( x 400). Fig. lx et lxi. Micronucléi de la figure LVIII ( x 2000). 90 ARMAND DEHORNE figure LXi, les branches chromatiques montrent une alvéohsation abso- himent comparable à celle qu'on rencontre dans la télophase des méta- zoaires à chromosomes épais. b. Différenciation des nouveaux macronucléi Fio. Lxn rt LXIII. Aspect de l'élément figuré chromatique tout au début do la différenciation des futurs macronucléi (en LXII : X 1600 ; en LXIII : x 1200). A vm moment donné, on voit apparaître une différence importante entre les noyaux d'un lot et ceux de l'autre lot. Au début, les huit noyaux sont de taille égale ; mais, par la suite, tandis que quatre d'entre eux demeurent petits, condensés, les quatre autres acquièrent peu à peu de plus grandes dimensions, bien que possédant toujours la même structure : branches et boucles épaisses, continues ou moniliformes, remplissant la cavité nu- cléaire. Puis, dans ces quatre derniers noyaux, la subs- tance chromatique se con- dense soudain énergique- ment et donne des aspects imprévus comme ceux de la figure Lxn. Étudiés dans des coupes, ces noyaux se montrent constitués d'un nombre peu élevé de tronçons très épais, rayonnant vaguement du centre à la périphérie, qui sont garnis de formations épineuses très nombreuses et trapues. L'héma- toxyline teint tout cela de façon vigoureuse. H n'est pas toujours commode de se rendre compte si l'on a affaire à de simples bâtonnets ou à des anses dont le sommet siège au centre de la masse nucléaire ; mais on reconnaît parfois des extrémités libres qui s'élargissent de la façon représentée dans le dessin. Le reste du noyau est formé d'une substance incolore décollée de la membrane nucléaire. De tels noyaux ne sont pas rares dans les préparations et pourtant je dois cons- tater que les auteurs n'en ont jamais parlé. La figure lxiii montre deux noyaux, à ce stade des formations chro- matiques épaisses et épineuses ; mais ici, il est très visible que le filament chromatique avait conservé son unité ; la cavité nucléaire renfermait alors un singulier spirème, d'une grande épaisseur et assez court, si, tou- tefois, le rasoir n'avait pas entamé les noyaux qui les présentaient. Cet NOYAUX DES INFUS0IRE8 91 FiG. LXIV et liXV. Différenciation des micronucléi eu futurs macronucléi ; en LXV, pseudo-gemini ( x 1600). exemple est intéressant, car il nous montre que, même à ce moment où les noyaux subissent de grandes transformations, la réalité d'un peloton chromatique peut encore être démontrée. Cependant, je pense que les noyaux qui le présentaient étaient moins évolués que ceux qui sont décrits plus haut et à qui se rapporte la figure Lxn. Puis, du stade de ces figures, on passe à celui de la figure lxiv (voir aussi fig. Lix). Le noyau est constitué d'une masse pro- toplasmique bien délimitée dans les préparations, mais qui paraît avoir été décollée de la membrane nucléaire. Cette masse est finement granuleuse, mais elle est aussi traversée par un grand nombre de grêles et courts filaments qui rattachent entre elles les parties chromatiques. Celles-ci ne ressemblent en rien à celles du stade précédent ; ce sont de gros grains plus ou moins vivement colorables au nombre de dix, parfois d'une quinzaine ; tantôt, ils sont rapprochés par deux ou par trois, et tantôt ils sont isolés. Quel rapport ces quelques gros grains ont-ils avec le filament nucléaire ? Il est difficile de répondre à cette question, car ce dernier n'est plus visible et semble d'ailleurs avoir dis- paru. Peut-être les grains ont-ils la valeur de nucléoles constitués sur le parcours du filament et aux dépens de lui, de telle sorte que sa substance est retenue en eux. Un peu avant ou un peu après le stade que je viens de décrire, les futiu-s macronucléi se présentent aussi, sous la forme représentée dans les figures LXV et lxvi. Ici, les gros grains se sont comme liquéfiés intérieure- ment ; les uns ressemblent à des anneaux épais, les autres paraissent s'être clivés longitudinalement ; l'on croirait avoir affaire à certaines dyades hétérotypiques d'Arthropodes. Leur nombre va de dix à vingt ; de nombreuses formations épineuses les revêtent sur toute leur surface ; quelques-unes de ces épines se prolongent dans la masse protoplasmique Fig. lxvi. Même stade que dans la figure LXV. Quelques balles chromatiques provenant de la destruction de l'ancien macronucléus (X 1100). Ô2 ARMAND DEHORKE du noyau jusqu'à sa périphérie, sous la forme de minces filaments ou de fibrilles granuleuses^. J'ai l'impression qu'au fur et à mesure de la transformation du micro- nucléus en macronucléus, la substance chromatique subit une sorte de dissolution dans le suc nucléaire. U ancienne formation figurée disparaît ainsi peu à peu et rentre ait sein de la substance fondamentale du nayau, dont elle n'était sans doute 'N, quhin produit dérivé. Tous les stades que je viens de décrire montre- raient les phases progres- sives de ce processus de réin- tégration plasmique. Mais, ce processus s'étend plus loin, car les futurs macro- nucléi, en continuant de grossir, ne tardent pas à perdre leur propriété de fixer riiémalun. L'hématoxyline au fer les colore, il est vrai, mais d'une façon particu- lière, comme elle colore les enclaves de certaines va- cuoles du cytoplasme. On arrive ainsi à la notion de noyaux sans chromatine, comme on peut arriver, mal- gré qu'on en ait dit, à celle de chromosmes qui ne sont pas colorables par les colorants nucléaires basiques. Alors, chaque futur macronucléus est devenu une balle beaucoup plus homogène que j)récédemment. Sans doute, à l'aide du plus fort grossisse- ment, on peut encore reconnaître que l'homogénéité n'en est j^as complète ; mais il est certain que la substance d'un tel noyau est extrêmement fine et, sur le vivant, son homogénéité est sûrement absolue. Maupas trouve que cette substance remplit alors presque toute la cavité de la membrane riG. LXAII et LXVIII. Ex-conjugu&i. En LXA'II, quatre jtuius macronucK'i ot encore quatre luicronucléi. Eu LXVIII. trois micronucléi ont disparu. Balles clirouiatiques coiiinie dans la figure LXVI, vaeuoles ( x 400). 1. La transformation du micron udéus en jeune macronucléus, étudiée par lî. Coi.LIN, chez Ephelota (jemmivapa montre à un moment donné riipi>arition de pseurto-gemini, sortes de chronioiiomes doubles incurvés, qui corres- pondent peut-être aux éléments chromatiques des figures lxv et lxm. NOYAUX DES INFUSOIRES 9â périphérique ; ce n'est pas ce que j'ai vu, du moins sur des individus tués et éclaircis. Au contraire, ainsi qu'en témoignent les figures Lxvn-Lxx, un ei^pace aussi grand que dans le stade précédent règne autour de la masse centrale, à l'intérieur de la membrane nucléaire. Au centre, on reconnaît, pour la première fois, la présence d'une petite vacuole que ces noyaux conserveront d'ailleurs pendant longtemps. Je dis plus haut que l'hémalun ne se fixe plus sur la masse centrale ; cepen- dant, dans certains cas, il arrive qu'on peut recon- naître sur le pourtour de la vacuole quelques traces chromatiques qui sont peut- être les vestiges des gros grains du stade précédent. La figure lxvii monti-e encore les quatre micronu- cléi dans l'état où ils se présentent immédiatement après la troisième division qui suit la copulation. La figure Lxviii, au contraire, n'en montre plus qu'un seul. C'est que dans l'intervalle des deux stades qui corres- pondent à ces figures, trois micronucléi ont disparu. Us commencent par offrir moins d'avidité pour le colorant, ils « pâlissent », gonflent à l'intérieur de leur vacuole respective et commencent à se désorganiser ; ils sont bientôt digérés ; en tout cas, il est impossible de les reconnaître parmi les nombreux débris de l'ancien macronucléus. Les quatre futurs macronucléi grossissent encore, ainsi que lem* va- cuole centrale, entourée ou non de quelques points faiblement colorables. Puis ils deviennent plus anguleux, la vacuole est parfois excentrique, la nature finement granuleuse de leur substance devient plus visible fig. LXix. Quant au micronucléus unique, il est sur le point de se diviser pour la première fois ; en effet, la première bipartition fissipare des ex- FiG. LXix et liXX. En LXIX, encore quatre jeunes macronucléi. La figure LXX représente un infusoire après la première scissiparité : deux jeunes macronucléi, un micronucléus. Balles chromatiques, vacuoles ( x 400). 94 ARMAND DEIIORNE conjugués est imminente. D'après Maupas, celle-ci, à la température de 25°, a lieu entre vingt-quatre et trente heures après la disjonction. « Dans cette première bipartition, le micronucléus unique se divise en deux, et chacun des rejetons emporte avec lui deux des gros corps nu- cléaires. A la bipartition suivante, nouvelle division du micronucléus et attribution d'un des corps nucléaires à chaque rejeton, » Maupas (1889). La figure lxx montre un stade qui prend place entre la première et la deuxième bipartition ; les deux jeunes macronucléi ont acquis des dimen- sions déjà considérables ; la substance qui les forme est pourvue d'une texture très fine qui les fait paraître presque homogène. On trouve encore une vacuole au centre et le pourtour est assez irrégulier, parfois assez pro- fondément incisé. Le micronucléus gonflé est sur le point de se diviser. Le nombre des balles chromatiques provenant de la destruction de l'an- cien macronuciéus diminue, mais chacune garde encore la structure gra- nulo-fîlamenteuse de ce dernier ; un grand nombre de vacuoles renferment quelques débris de cet ancien macronuciéus, en train d'être digérés. Comment s'effectue la disparition des fragments de ce noyau ? D'après Maupas, lorsque les Paramécies sont abondamment pourvues de nour- riture, les fragments nucléaires disparaissent par résorption et peut-être aussi par élimination avec les fèces. D'autre part, lorsque les aUments sont épuisés, Maupas admet que de nombreux fragments macronucléaires viennent s'incorporer aux nouveaux macronucléi. Les fragments s'accolent à ces derniers et s'enfoncent tout d'une pièce dans leur substance, mais ils ne fusionnent avec elle qu'après quelque temps. Je me sens peu disposé à partager ce dernier avis ; toutefois, il est possible qu'il faudrait corriger une fois de plus la notion qu'on se fait habituellement du macronuciéus, lui enlever encore de sa dignité morphologique et le considérer peut-être comme tout autre chose qu'un véritable noyau. Je n'ai pas observé la seconde bipartition fissipare de l'ex-conjugué, et je n'ai pu me procurer les stades qui la suivent immédiatement. Je n'ai pu acquérir non plus de renseignement sur la suite de la croissance des jeunes macronucléi. Cette croissance est cependant très importante à connaître, en raison du caractère biodyname qu'y prend le macronuciéus. La binucléarité des infusoires est un phénomène singulier, qui n'a trouvé encore nulle ombre d'explication. Peut-être l'observation serrée des transformations que subit le micronucléus gamodyname, au cours de cette croissance pour devenir un jeune macronuciéus, apporterait-elle quelque lumière à ce problème. NOYAUX DES INFUSOIRES 95 Le macronucléus est considéré comme jouant un rôle très actif dans la vie végétative de l'infusoire, et ses relations avec le cytoplasme sont certainement très étroites. A plus d'un point de vue même, ne faudrait-il pas considérer les changements qui font, peu à peu, d'un micronucléus un macronucléus, comme une sorte de cytoplasmisation du noyau ? Il est certain que le macronucléus, quand il est complètement différencié, ne peut plus être maintenu au même rang que les noyaux proprement dits. Il est alors, si on peut dire, à mi-chemin du noyau et du cytoplasme ; il devient sans doute une sorte d'appareil glandulaire, capable peut-être de déverser des diastases dans le cytoplasme. De récentes recherches de Khainsky (1910) sont intéressantes à cet égard. D'après cet auteur, le macronucléus prend une structure finement vacuolaire pendant l'inanition ; sa chromatine se transforme progressi- vement en suc nucléaire ; enfin, il éclate et disparaît quand l'inanition se prolonge. On peut alors admettre que normalement le suc nucléaire sécrété par le macronucléus est employé à la digestion : c'est pourquoi il s'accu- mule dans le noyau pendant l'inanition. Lorsque commence la division, le corps de l'infusoire est toujours bourré de vacuoles nutritives. Alors, il y a grande dépense de suc nucléaire, ce qui se traduit par une dimi- nution de volume du macronucléus. Ensuite, il cesse de se former des vacuoles et le noyau se met à gonfler par suite d'accumulation de suc nucléaire. Les résultats de Kjeainsky sont sans doute loin d'être définitifs, mais la voie où il s'est engagé sera probablement féconde. Il paraît bien certain que le macronucléus est au service des fonctions de nutrition. Le micronucléus et lui, réalisent un couple physiologique très curieux qui évoque aussi, quoique de loin, cet autre couple de l'ovocyte dHOphryo- trocha, avec sa cellule nourricière^. 1. Un mot en passant sur les théories de la binucléarité ; il y en a trois. 1" Celle de Lauterborn : son point de départ est la condition réalisée chez Amœba binucleata, qui renferme deux noyaux exactement semblables ; chez les infusoires, ces deux noyaux sont représentés par le micro et le macronucléus ; chez les métazoaires, par le noyau d'une part, par le centrosome + le fuseau central de l'autre; 2" celle de Schaudinn, Hartmann etPRO- WAZEK : toute cellule renferme un kinétonucléus et im trophonucléus ; à certaines périodes du cycle biologique ils peuvent être réunis en un seul noyau, le synkaryon. Le kinétonucléus est représenté par le micronucléus chez les infusoires, par le nucléole chez les euglèniena, par le centrosome chez les métazoaires; 3" celle de Goldschmidt, POPOFF : chaque cellule est par nature binucléée, elle contient un noyau somatique et un noyau reproducteur ; les deux sont le plus souvent réunis en un seul ; mais, quand U existe un appareil chromidial dans le cytoplasme, c'est lui qui représente le noyau somatique. D'après cela, le macronucléus des infusoires et le chromidium des Arcelles ont la même valeur, et représentent le noyau somatique. Ces théories sont avant tout des combinaisons de l'esprit dont le jeu paraît épuisé pour le moment ; il est permis de ne prendre parti pour aucune, d'autant plus que chacune présente des lacunes considérables impossibles à combler. Arcu. de Zool. Ex*, et Gén. — T. 60. — F. 2. ' 96 ARMAND DEHORNE c. Le Pseudospirème Le macronucléus le plus jciiiic que j'aie ensuite étudié est celui qui est caractérisé par ce que j'ai api^elé le pseudospirème. Les figures lxxi et Lxxn montrent un tel stade ; le macronucléus est de forme très allongée, quoique d'assez petite taille. On a tout à fait l'impression que le noyau renferme un gros peloton, très chromatique, baignant dans le suc nucléaire incolore. Celui de la figure Lxxni est le mieux dégagé que j'aie rencontré ; on y reconnaissait une orien- tation parallèle, très ma- nifeste, que le dessin n'a pas exagéré. Serions-nous en présence d'un spirème nettement individualisé ? Je ne le crois pas. Sans doute, on trouve ici une tendance très accentuée vers l'indivi- dualisation, presque aussi nette que dans un noyau au stade pachytène. Mais il me semble que, par endroits, il existe des tra- vées transversales aussi puissantes que les parties en spirale, sans compter les travées secondaires qui constituent un système anastomotique non négligeable. Il est d'ailleurs très difficile de se rendre exactement compte de la structure de cette forma- tion, tant à cause de son épaisseur que du grand nombre de ses boucles. Il se pourrait ([ue les travées, transversales par rapport à l'orientation générale, n'eussent pas de réalité et correspondissent à des parties du peloton croisant les autres parties et s'enlaçant à elles. Faut -il admettre que nous sommes en présence d'un filament pelo- tonné analogue à celui du micronucléus et dont la richesse en chromatine Fio. LXXI et LXXII. Stade du pseudospirème macronucléaire. Vacuoles avec contenu réfringent particulier à ce stade ; toutes les balles chromatiques ont disparu (Eu LXXI : x 400 ; en LXXn : X 500). NOYAUX DES INFUS0IRE8 97 est proportionnelle à la taille du macronucléus ? La forme peloton serait alors décidément une propriété générale très curieuse des noyaux de Paramecium. Dans un paramecium de petite taille, trouvé parmi d'autres ex-conju- gués, ce qui semble indiquer que lui-même appartient à la même catégorie, je rencontre aussi une telle formation spirémateuse (fig. lxxii). Celle-ci baigne dans une substance amorphe que l'hémalun ne colore pas ; le peloton ne paraît pas complètement dégagé. Sa surface est couverte de nombreuses aspérités, on trouve beaucoup de travées transversales qui, peut-être, sont en train de se libérer de leurs attaches pour donner des portions de spires chromatiques. Mais ce qui est plus intéressant ici, c'est que le macronucléus se continue d'un côté par une sorte de queue pointue renfermant aussi un peu de la formation spiréma- teuse. Cette particularité montre que ce noyau vient de se diviser ; ou, mieux, que l'infusoire a été tué au moment où s'achevait ^^^ r^-mr Macronudêus avec un pseudospirème l'étranglement de fissiparité. Il ^^ ^°°^' s'ensuit donc que le pseudospi- rème : 1° se montre dans des macronucléi encore jeunes, puisque l'on a affaire ici à des ex-conjugués ; 2» qu'il a^pparaît à l'issue d'une division et est probablement déterminé par les suites de cette division. A la suite d'une division, le noyau étant diminué de moitié, il faut considérer le pseudospirème comme correspondant au début d'une pé- riode de croissance de la substance du noyau. Il marque aussi certaine- ment une rupture de l'équilibre entre le suc nucléaire et la substance chromatique, rupture sans doute provoquée par une modification dans les rapports entre noyau et cytoplasme. Seule, une étude dans le genre de celles de Khainsky apporterait un peu de précision dans la compréhension de ce phénomène. Les raisons physico-chimiques de cette condensation de la chromatine seraient égale- ment très intéressantes à débrouiller. Et il serait curieux de savoir si, ainsi qu'il est probable, la genèse du pseudospirème, envisagée en tant que précipitation de colloïde, est due à l'acidité temporaire du macronucléus. 98 ARMAND DEHORXE Je dois noter encore que, chaque fois que le macronucléus présente le pseudospirème, le cytoplasme renferme une espèce d'enclaves parti- culière. Ainsi que le montre la figure lxxi, on trouve de cinq à six va- cuoles, contenant chacune une substance homogène qui, par la fixation, devient un corps réfringent d'un aspect spécial. On ne trouve jamais ceci dans les autres paramécies, ce qui paraît révéler un état chimique exceptionnel du cytoplasme. Étant donné les liaisons physiologiques étabhes entre ce dernier et le macronucléus, peut-être trouvera-t-on en cela un renseignement utile pour exphquer le stade du pseudo-spirème. Dans les coupes colorées à l'hématoxyline-éosine, le peloton montre une grande épaisseur et se montre formé d'une substance tout à fait homogène (fig. 4, pi. I) ; le suc nucléaire est très pur et se colore en rose uniformément ; quelques grains de chromatine se trouvent en suspension dans ce suc, qui frappe par sa pureté, et montre ainsi qu'une séparation radicale s'est faite entre lui et la substance chro- matique. Je crois qu'il arrive un moment où toute trace d'anastomosomes disparaît, alors le noyau renferme un ruban spirale très large et à contours plus ou moins raboteux. Mais, de toute façon, cette sorte de spirème ne prépare Uucune division nucléaire et ne peut être rapproché des forma- tions chromosomiques. J'ai essayé de me rendre compte par quels pas- sages le macronucléus à pseudo-spirème revient à sa structure normale, je n'ai pu recueillir de renseignements bien nombreux. Parfois, on ren- contre des Paramécies de rnême taille que celles qui présentent le pseudospirème ; leur macronucléus est également petit, contracté, allongé. Alors, la substance chromatique est formée de grains assez volumineux, mélangés à d'autres de plus petite taille. C'est en somme l'aspect représenté dans la figure 3 (pi. I), où il semble bien qu'on assiste à l'effritement et à la pulvérisation d'un ancien pseudo- spirème ^ 1 Uno semblable formation sp'rémateuse dans le macronucléus ne paraît avoir été signalée que chez Onycho- iromtu grandi*. Maupas (1889) y a vu, à la suite de la disjonction, que le jeune macronucléus subit « une élaboration particulière dans sa structure intime. Tout d'abord, il avait eut aspect finement granuleux, expression du pclotonne- ment serré et de l'enchevêtrement de filaments d'une extrême finesse et à contours et replis tassés les uns contre les autres. En cet état, il se colorait légèrement et d'une façon diffuse. Plus tard et jusque peu de temps avant la transformation accompagnant la reconstitution de la bouche, ces filaments pelotonnés se sont fortement épaissis, et alors on les distingue très nettement dans leurs sinuosités et leurs replis, même avec un grossissement de moyenne force. t NOYAUX DES INFUSOIRES 99 Chapitre V STRUCTURE DU MACRONUCLÉUS DE PARAMECIUM a. Quelques types de groupement des microsomes^ L'étude de cette structure chez Paramecium a déjà fait l'objet de nombreuses publications. En particulier, elle a été pratiquée d'une façon systématique par les travailleurs de l'école de Varsovie : Mitrophanow, Petschenko, Khaïnsky. J'aurais dû lire leurs travaux parus de 1905 à 1910 ; mais, à mon grand regret, je n'ai pu me les procurer, et je ne les connais guère que par de courtes analyses parues dans certains recueils. Le chapitre que je vais traiter est probablement inutile, du fait que mes observations ont peut-être déjà été faites par ces zoologistes ; néanmoins, je n'ai pas cru devoir le supprimer. Je m'excuse d'avance si, par endroits, je décris des faits depuis longtemps signalés. Je n'ai pas pratiqué l'étude du macronucléus sur le vivant, je ne pré- tends donc pas avoir reconnu sa véritable structure, en tant que solution colloïdale de chromatine. Je ne connais que la structure post mortem, la mort ayant été déterminée par l'action du Tellyenicszky. Souvent, la structure obtenue par la fixation diffère considérablement de celle que l'on observerait in vivo ; mais il est prouvé aussi que, parfois, l'une et l'autre se correspondent assez bien ; et, dans ce cas, l'étude qu'on peut faire sur des tissus fixés et colorés n'est pas complètement à rejeter. A première vue, surtout si l'on examine des individus montés en entier, le macronucléus paraît avoir une structure presque identique d'un exemplaire à un autre. Mais, dans les coupes, sous un fort grossissement, des différences considérables se révèlent. Je décrirai quelques-unes des structures les plus fréquentes. On rencontre souvent celle qui est indiquée dans la figure 1 1 (pi. II) ; le fond du noyau est une substance achromatique qu'on peut appeler le suc nucléaire ; dans ce suc, baigne tout un système de bandes sinueuses, à contours très irréguHers, qui se croisent en tous sens. Ces bandes, parfois granuleuses, ont généralement l'aspect alvéolisé ; en certains endroits, elles donnent l'impression d'être doubles. Sont-elles indépendantes 1. B. COLLIN (191?) appelle microsomes tous les granules, tous les sphériUes, plus ou moins volumineux, quelles que soient leurs dimensions; ainsi, certains^microsomes peuvent atteindre 5 „. il réserve !e nom de ma^-ror sennes aus nucléoles viais. 100 ARMAND DEHORNE les unes des autres, ou bien constitut^it -elles un réticulum ? Parfois, on croit tenir la preuve qu'elles correspondent à des portions filamenteuses d'un écheveau ténu, excessivement compliqué. INIais, le plus souvent, il semble qu'on ait un réseau dans les mailles duquel circule le suc nucléaire. Sur ce réseau, véritable ou apparent, on trouve des grains qui se colorent vivement ; comme les bandes du réseau sont faites de substance chroma- tique, il est permis de supposer que les grains résultent de la condensation locale de la substance des bandes. Dans certains macronucléi, où la décoloration (dans le procédé de Heidenhain) a été plus poussée, la structure des bandes est moins visible ; elles forment des sortes de tortillons enchevêtrés (fig. 12) sur le trajet desquels on trouve des grains de chromatine de taille variable ; parfois aussi, les grains ne paraissent pas s'être formés au travers d'une bande, mais dans l'intérieur des mailles. Il arrive souvent que les bandes sont orientées dans une direction commune pour une région domiée ; surtout lorsqu'on examine ces noyaux à un grossissement moyen, on est frappé par la régularité avec laquelle elles traversent la largeur du noyau ou s'enfoncent dans son épaisseur.. Une telle orientation est encore bien marquée dans la figure 9 (pi. II) ; mais ici, les bandes présentent un aspect différent. Elles sont formées de suc- cessions de granules, donnant de longues chaînettes hélicoïdales^, souvent disposées parallèlement. Il se peut que ces granules ne soient pas naturels et qu'ils doivent leur origine à une sorte de précipitation par le fixateur acide, mais cela n'est pas prouvé pour le cas présent. On sait, à l'heure actuelle, que le protoplasme, au sens général, est une substance colloïdale, très souvent homogène, qui, examinée vivante, apparaît comme un gel se troublant quand on y fait pénétrer des acides. Les acides, les sels des métaux lourds, toutes les substances employées comme fixateurs, agissent sur lui en y faisant apparaître des grains qui se précipitent. Peut-être les granules alignés que montre la figure 9 sont-ils de semblables artefacts ? La chose est possible, étant donné que Fischer 1. p. Bklla Valle (1912) a beaucoup insisté sur la nature granuleuse de la chromatine et sur sa tendance à donner des séries d'agrégation particulaire. Les cliromosomes sont, d'après lui, le résultat de l'association do par- ticules chromatiques en séries linéaires de forme hélicoïd»; ; d'où la forme de torsion qu'ils présentent à la prophasc. Cette propriété d'association granulaire est considérée comme fondamentale et générale à la cellule tout en- tiére ; car elle appartient aussi bien au cytoplasme ((u'au noyau. Il cite de nombreux exemples ; la formation de ehondrioinites hélicoïdaux, par assoei.ition de granules, est un des plus typiques. Comme cette même i)ropriété 'c retrouve dans l'étude des cristaux liquides de LEHMANN, il y voit une raison de plus pour assimiler les chromosomes i"i des sortes (Je cristaux fluides. NOYAUX DES INFUSOIEES 101 (1899) a obtenu de semblables formes d'association, granuleuses, tordues, en précipitant une solution d'albumine par un fixateur histologique. Mais tout cela est surtout vrai pour le cytoplasme; des granules associés peuvent exister à l'état vivant dans le noyau, et c'est ce que Fauré- Frémiet a montré à plusieurs reprises, ainsi que nous le verrons plus loin. En dehors de ces séries granulées, plus faciles à décolorer dans la méthode régressive, on trouve encore des fragments chromatiques de beaucoup plus grande taille et qui retiennent plus longtemps l'iiématoxy- line. Au premier abord, on serait tenté de croire qu'ils représentent à eux seuls toute la chromatine ; tandis que le fond granuleux, retenant moins longtemps l'hématoxyline et prenant l'éosine ensuite, devrait être consi- déré comme faisant partie de la substance achromatique. Mais il n'en est rien ; les fragments plus gros et les granules sont tous des microsomes de nature chromatique. D'ailleurs, les fragments sont orientés comme les granules et disposés avec eux en chaînettes d'association ; sans doute, se trouvent-ils intercalés sur le trajet des séries granuleuses et représentent- ils une forme de condensation de celles-ci^. Dans la figure 8, on trouve une structure voisine de la précédente ; le fond du noyau est constitué par une masse finement granuleuse dont les granules paraissent encore disposés en séries plus ou moins héHcoï- dales. Dans la décoloration, il arrive un moment où le colorant les aban- donne ; alors, on aperçoit que le macronucléus renferme, en outre, un nombre élevé de formations pseudochromosomiques, à contours très déchiquetés et telles enfin qu'on les voit dans le dessin. Elles sont très avides de colorant, et comme les fragments chromatiques de la figure 9, on les prendrait à tort, pour les seules parties de la chromatine. En réalité, elles n'en représentent qu'une certaine quantité. On remar- quera encore que ces formations chromatiques se présentent constamment sous l'aspect de longues hélices ; les unes sont vues selon la longueur, dans la figure ; mais la plupart ne sont représentées que par leur section trans- versale. La figure 7 offre un cas un peu différent. Dans la substance fondamen- tale incolore sont suspendues des séries linéaires granuleuses dont les 1. MiTïOPHàNow (1903) a reconnu, dans des fragments sphériques de macronudéus de Paramecium, des figures chromatiques très ressemblantes à celles que présente le micronucléus. La chromatine s'y dispose en flles de granules ou en bandes homogènes ; parfois même, -l a vu (flg. 38, d de MITROPHANOW) un véritabfp peloton tout à fait identique à un aspect de synapsia. Ceci corrobore ce que j'écris concernant l'orientation des microsomes dans le macronucléus. 102 ARMAND DE H ORNE grains sont tous sensiblement de même grosseur, et leur taille est assez élevée, on ne trouve plus, comme plus haut, à la fois de très fins granules et des fragments volumineux ; de plus, tous les grains, ou presque tous, fixent l'hématoxyline avec la même intensité et moins énergi- quement que les fragments chromatiques de la figure précédente. Par contre, les différentes séries sont mieux indiquées et leur parallélisme plus visible. Tout le noyau paraît constitué, non d'un réseau, mais d'un peloton infiniment long qui serait le résultat d'addition de ces formes d'association granuleuses. Est-ce que de telles séries d'association sont produites grâce à une tendance des microsomes, envisagée comme une propriété générale de la substance chromatique ?. Ou bien, les chaînettes de granules sont-elles dues à l'influence de courants liquides intranucléaires ? Il est d'autant moins possible de prendre parti, que, souvent, les granules sont à la limite de la visibilité. La figure 10, dessinée à un moins fort grossissement, donne la structure d'un noyau particulièrement clair dans la préparation. Le fond est cons- titué d'une substance finement granuleuse, identique à celle des figures 8 et 9. Le nombre des masses chromatiques plus volumineuses est relati- vement peu élevé, mais quelques-unes atteignent de grandes dimensions et elles se trouvent localisées dans la région centrale du macronucléus^. Quelques noyaux fournissent des aspects curieux, témoin celui de la figure 13. Les fragments plus volumineux ne se présentent plus sous une forme massive, mais bien comme s'ils étaient de véritables chromosomes fissurés. Ainsi la masse fondamentale granuleuse est parsemée, avec une certaine régularité, de sortes de chromosomes bivalents, de gémini. Les bâtonnets qui les composent sont si rapprochés, si identiques pour chaque couple, qu'il n'est guère possible d'expliquer leur formation autrement que par l'intervention d'une division de fragments massifs indivis, comme ceux de la précédente figure. On est vraiment ici en pré- sence d'un clivage longitudinal ; et bien que cela ne paraisse pas avoir autrement d'importance en ce qui concerne l'évolution du macronucléus, c'est un fait qu'il convient de retenir. H montre tout au moins (ce qu'on savait déjà) que le clivage des masses de chromatine est absolument indépendante de la division cellulaire et même de la division du noyau. 1. En ce qiii concerne la membrane du macronucléus, Mitrophanow (1903) écrit : « On décrit en général à la surface du macronucléus une membrane n\icléaire, et, quelquefois, elle apparaît bien distincte, mais je ne trouve pas qu'on la puisse considérer comme une formation morphologiquement distincte des autres parties du noyau. • NOYAUX DES INFUSOIRES 103 B. CoLLiN (1912) trouve dans un stade de croissance de jeunes macro- nucléi de Ephelota gemmipara, après conjugaison, de remarquables bâtonnets doubles incurvés, groupés par paires, qu'il nomme des pseudo- gémini. Tantôt, il en compte dix ou douze couples, tantôt une cinquan- taine. Ils ressemblent étonnamment à des chromosomes fissurés. Mais ce sont des formations transitoires ; ils redeviennent fluides, perdent leur ordonnance deux par deux et subissent finalement la chromatolyse. Sans doute, suis-je tombé sur des formations similaires dans le macro- nucléus de Parameciwïïi. Si j'essaie maintenant de rassembler mes impressions sur la structure fine du macronucléus, il semble que cette structure est filo-granulaire, soit que des traînées filamenteuses semées de granules s'y montrent par- fois avec une évidence indiscutable, soit que la chromatine se présente sous l'aspect de granules de même grosseur ou de taille variable, sériés selon des directions reconnaissables. Et tout ce système est d'ailleurs compatible avec une disposition vacuolaire, de plus ou moins longue durée, en rapport avec l'état physiologique du noyau. La façon dont se comporte le macronucléus de quelques genres avant la division parle peut-être en faveur de cette interprétation. Ainsi, chez Urostyla grandis, après que les fragments du macronucléus se sont ras- semblés, la masse qui résulte de la condensation des segments montre une structure filaire curieuse ; la substance chromatique se présente sous l'aspect d'un véritable peloton de faisceaux fibrillaires entremêlés (Bal- BiANi, Henneguy, Fauré-Frémiet). Sans doute, ce peloton peut n'être qu'une formation tout à fait nouvelle, une sorte de cristallisation brusque sans relation génétique avec la structure figurée des stades antérieurs. Je suis cependant porté à croire qu'il représente seulement la forme con- densée, contractée d'un peloton filo-granulaire, beaucoup plus grêle, beaucoup plus sinueux, préexistant dans le noyau au repos. Un cas analogue est fourni par Stentor cœruleus. Alors que, dans les grains du chapelet macronucléaire au repos, la chromatine n'est visible que sous la forme de traînées floconneuses et plus ou moins granuleuses, très serrées, il en va tout autrement lors de la préparation à la division. Le noyau ramassé est alors constitué par un élément filamenteux bien différencié. Mais il convient de dire que ce filament n'est pas également chromatique dans toute sa longueur ; il donne au contraire l'impression d'une sorte de pointillé, et paraît être la somme d'un très grand nombre de fragments les uns très chromatiques, les autres peu ou point. On 104 ARMAND DEHORNE peut admettre que le filament tout entier est formé de chromatine ; mais que, pendant un certain temps, pour des raisons inconnues, de place en place, sa substance est absolument rebelle au colorant. A la fin du processus de tassement sur lui-même, quand le noyau est devenu glo- buleux, le filament prend tout entier l'hématoxyline^. b. Observations de Fauré-Frémiet et de B. Collin B. Collin, qui a observé des phénomènes très ressemblants à ceux-ci chez les Acinétiens, les décrit d'une façon différente, qui est très suggestive. « Dès que les courants de brassage ont acquis une certaine intensité, on voit, par pression réciproque, les microsomes s'étirer, puis s'orienter en piles parallèles aux courants, enfin (plus ou moins tôt, plus ou moins tard), se souder bout à bout entre eux, dans une même file, donnant ainsi naissance à des fibres continues où leur individualité semble en entier s'évanouir. On pourrait nommer ces stades, d'après l'analogie frappante que présentent les microsomes avec des bactéries diversement logées au sein d'un mucilage : stade en zooglée non orientée, puis en zooglée orientée, et enfin en zooglée pelotonnée ou filamenteuse. » Mais que les granules chromatiques, les microsomes, soient alignés au repos, ou qu'ils soient librement en suspension dans le suc nucléaire, la question est peu importante. Le fait essentiel est que, d'accord avec les auteurs qui ont pratiqué l'observation sur le vivant, j'aie reconnu sur des individus tués la nature granuleuse du macronucléus de Para- mecium.. Il semble, en effet, de plus en plus certain que les structures granulaires sont les seules qui soient objectives. C'est le mérite de Fauré-Frémiet d'avoir insisté sur ce point et d'avoir montré que ce qu'on peut décrire à la place des structures granu- laires est presque toujours dû à des productions artificielles. Il n'existe sûrement pas, contrairement à ce que l'on a cru longtemps, de substra- tum indépendant de la chromatine, ni aucune trace de réseau lininien. En 1905, lorsqu'il décrivait la structure fine du macronucléus des Vorticellides, cet auteur admettait encore que le noyau est constitué par un fin réseau (linine) sur lequel sont disposés les microsomes (chromatine), 1. Il np faudrait copondant pas trop insister sur la réalité d'un tel i)eloton ; il est même au contraire extrême- ment douteux qu'il puisse exister. C'est surtout lorsqu'on sonçe au pelotoa filamenteux du micronucléus des l'araméeies, ee dernier authentique, ((u'on admettrait à la rigueui' l'existence dans certainâ cas d'un peloton granuleux, d'ailleurs assez dissimulé. Ne retenons donc que rorientation, souvent manifeste, des microsomes. NOYAUX DES IN FU SOI RE S 105 qui sont sphérulaires. Mais, par la suite, il est arrivé à considérer la subs- tance contenue à l'intérieur de la membrane nucléaire comme une solution colloïdale de chromatine, tenant en suspension un ou plusieurs nucléoles, et que les réactifs fixateurs précipitent. Cette solution renferme des granules de taille variable, et Fauré-Frémiet a montré, sur le vivant, que la taille des granules varie suivant l'alcalinité du milieu. Chez certains noyaux de métazoaires à rôle exclusivement trophique, il retrouve la même structure granulaire que dans les macronucléi des In- fusoires. Ainsi, dès 1905, il admettait l'analogie des noyaux polysphé- rulaires des infusoires ciliés avec les noyaux des glandes salivaires de Notonecfa (Rhynchotes) ; mais, c'est en 1910 qu'il a fait l'étude physico- chimique de ces noyaux du type granuleux chez les Rhynchotes. La chromatine y est à l'état de solution colloïdale que les réactifs fixateurs précipitent. Les alcahs et les acides peuvent faire passer, in vivo, cette substance par tous les intermédiaires entre un gel homogène et un sol avec granulins animés de mouvements browniens. Si ces réactifs sont employés à dose faible, ces états sont réversibles. Les alcalis font de plus subir à la chromatine une transformation chimique irréversible qui en fait un composé insoluble visqueux. Tout dernièrement, j'ai pu observer sur le vivant les deux macronucléi d'une espèce qui vit normalemert sur les hydres d'eau douce, Kerona pediculus, et je me suis rendu compte qu'ils présentent aussi une struc- ture granuleuse. Un bon exemple de noyau de métazoaire à structure granuleuse est encore celui de la cellule annexe nourricière que présente l'ovocyte de Ophryotrocha puerilis pendant la plus grande partie de sa période d'accroissement ; le rôle trophique de cette cellule est bien connu et la structure de son noyau le fait ressembler de très près à un macro- nucléus. Chez les Acinétiens, B. Collin nie aussi l'existence d'un réseau chro- matique nucléaire distinct ; le fait, dit-il, est indubitable « pour les noyaux pourvus d'énormes microsomes, comme ceux des Tokophrya et de quelques genres voisins ; le contour des sphérules est absolument net in vivo et sur coupes, et l'on ne saisit dans les espaces interposés, nul indice de l'existence d'un substratum. capable de représenter la linine. » Chez d'autres Acinètes, ceux à granules de moyenne dimension, les coupes montrent un substratum alvéolaire à réaction acidophile ; mais Collin « est tenté d'y voir une simple figure de coagulation donnée par un suc nucléaire plus riche en albumine que dans le cas précédent. » 106 ARMAND DEHORNE Dans les noyaux à microsomes très fins, l'impression est plus confuse ; on aurait une substance intercalaire amorphe qui se prendrait en bloc sous l'influence des réactifs. Enfin, pour terminer cette courte revue, je rappellerai les résultats du dernier travail de Fauré-Frémiet (1911). Il étudie la structure intime du macronucléus d'infusoires vivant dans les marais salants du Croisic. Il trouve une relation assez nette, et vraiment intéressante, entre le milieu et cette structure. A l'état normal, le noyau est dépourvu de granules, malgré l'acidité manifeste de son contenu,^ révélée par la sensibilité au rouge de toluène. Car, on sait que les nucléines, qui cons- tituent vraisemblablement la partie chromatique de ces noyaux, sont peu solubles dans l'eau pure et sont précipitées en milieu acide ^, c'est ce qui explique la présence de granules colloïdaux dans les noyaux tels que le macronucléus des infusoires d'eau douce. Mais on sait aussi que les nucléines se gonflent ou se dissolvent en présence de NaCl ; ce serait donc uniquement à la forte salure de l'eau des marais salants que l'on doit l'absence des granules, la vacuité optique des macronucléi. c. Formations cristalloïdes de Kudelski Parmi les lots d'infusoires qui proviennent des divisions post-copu- latoires, je rencontre un certain nombre d'individus qui méritent une étude particulière. Chez eux, le macronucléus est très volumineux, tur- gescent : sa surface est bombée et sa section est presque circulaire. Il n'existe pas d'espace lacunaire entre ce contour et le cytoplasme ambiant, comme cela arrive dans les autres individus après la fixation ; il semble- rait même, au contraire, que la fixation n'a fait que le gonfler. Le micro- nucléus, lui aussi, paraît avoir gonflé ; mais, surtout, il est rejeté sur le côté du macronucléus, fait corrélatif de la turgescence de ce dernier et de la disparition de l'anfractuosité où il se loge à l'ordinaire. D'autre part, le cytoplasme renferme une quantité considérable de vacuoles, qui sont sans doute alimentaires. Un certain nombre de ces vacuoles se trouvent en contact immédiat avec le bord du macronucléus. Leur présence est certainement liée à l'état très particulier du macronu- cléus, état qui est révélé par la structure que je vais maintenant décrire. 1. Il serait intéressant d'appliquer cette notion au pseudospirômo précédemment décrit ; peut-être, en effet cette formation est-elle en rapport avec une acidité plus grande que la normale et due à l'inutilisation du suc macro- nucléaire. NOYAUX DES'INFUSOIRES 107 Un coup d'œil sur la figure Lxxiv montrera en quoi le noyau diffère de ce qu'il est dans les conditions normales. Dans les paramécies [montées in toto dans le baume, après coloration à l'hémalun, un tel macronucléus se colore peu et sa teinte n'est guère plus vigoureuse que celle que prend le cytoplasme. Ce caractère est invariable ; aussi, lorsqu'on examine, à un faible grossissement, un lot de paramécies provenant des divisions post-copulatoires, est-il, grâce à lui, très facile de distinguer, du premier coup, les individus qui présentent la particularité en question. A un plus fort grossissement (400 envi- ron), on reconnaît déjà dans le macronu- cléus : 1° une sorte de réseau à grandes mailles, dont la charpente est formée d'une substance chromatique ; 2^ un nombre élevé de formations en bâtonnets, qui se trouvent logées dans les mailles et qui prennent très peu l'hémalun. Le réseau peut être plus ou moins important ; les travées, amincies par endroits, sont plus épaisses en d'autres. Il paraît correspondi*e à une sorte de résidu chromatique, com- primé par tout un système de vacuoles pressées les unes contre les autres, plutôt qu'à un appareil structural nucléaire, nor- mal et défini 1. A la périphérie, il est toujours plus épais, mais il faut tenir compte de ce que l'œil aperçoit ici la projection d'une surface courbe. Dans certaines paramécies, le macronucléus est moins différencié. Il a déjà beaucoup perdu de sa colorabilité, mais il ne renferme encore que peu de bâtonnets allongés ; il est d'ailleurs moins volumineux et il semble bien qu'on ait alors affaire à un stade intermédiaire, dans la voie de différenciation qui conduit à la perte de colorabilité signalée plus haut. Des vacuoles allongées apparaissent à l'intérieur et entre elles FiG. LXXiv. Macronucléus avec formations do KUDELSKI ; micronucléus rejeté dans le cytoplasme ; nombreuses va- cuoles ( X 500). 1. On trouve des transformations nucléaires très ressemblantes dans ce que Dangeard (1901) a appelé le cary 0 pli usème des eugléniens. Le noyau subit une hypertrophie considérable et devient réticulé, son intérieur étant divisé en compartiments irréguliers par des trabécules de substance chromatique. Les compartiments sont occupés par une agglomération de corpuscules sphériques, bactéries parasites dénommées Caryococcus hypertrophicus. 108 ARMAND DEHORNE on reconnaît de minceB cloisons prenant encore vivement l'hémalun, tandis que le contenu des vacuoles ne le prend presque plus, parfois même plus du tout. Déjà, à l'intérieur des vacuoles, on distingue quelques bâton- nets ; mais leur nombre est encore restreint. Une large bande périphé- rique est intacte, ce qui tend à faire croire que la production des bâtonnets se fait avec une certaine lenteur et qu'à cet égard le macronucléus se décompose en régions dont l'état physiologique est légèrement différent. Dans les coupes, on retrouve toutes ces formations. J'ai rencontré ainsi toute une série de macronucléi montrant tous les stades entre l'ap- parition de quelques bâtonnets et le remplissage complet du noyau par ces éléments. Cependant, ces conditions ne m'ont pas été d'un grand secours dans la recherche de leur origine, ni pour préciser leur nature. Les bâtonnets eux-mêmes ont déjà été décrits un assez grand nombre de fois, et il existe toute une littérature en ce qui les concerne. Je revien- drai d'ailleurs sur ce point à la fin de cet article. J'ai fait agir sur eux le Magenta et aussi l'hématoxyline ferrique ; ils sont avides de ces colo- rants. Avec l'hématoxyline, ils se colorent le plus souvent en entier et ressemblent alors à des sortes de chromosomes allongés (fig. 14, 15) ; mais des chromosomes dont la forme serait beaucoup plus rigide, les bords plus réguliers, plus tranchés. Tous ne prennent pas uniformément une teinte noire ; les uns montrent dans le milieu une région incolore complètement, ou parsemée de quelques granules noirs. Parfois, si on pousse la décoloration, ils ne gardent que quelques traces d'hématoxyline le long des bords ; et même complètement décolorés, ces traces demeurent encore visibles. Leur section transversale est circulaire ; quand ils sont décolorés, cette section paraît limitée par un cercle un peu sombre, tandis que son miheu paraît vide ; aussi, garde-t-on souvent l'impression que cette section est une sorte d'anneau et que les bâtonnets sont peut-être en réalité de petits tubes. Mais il est difficile de faire la part de la vérité et celle de l'illusion. En général, ils se trouvent répartis par faisceaux de 20 à 25 ; et, au sein de chaque faisceau, les éléments sont assez rigoureusement parallèles et de même longueur. Quant aux faisceaux mêmes, ils sont parfois paral- lèles entre eux, mais plus souvent légèrement obliques ; il arrive même qu'un faisceau soit perpendiculaire à un autre, ou à d'autres. L'impres- sion dominante est qu'il existe une orientation commune ; peu précise, il est vrai, mais certaine. NOYAUX DES INFUS0IRE8 lOÔ Dans deux ou trois cas, j'ai pu reconnaître que le centre du macro- nucléus n'était pas toujours nécessairement occupé par les bâtonnets. Il y persistait une masse protoplasmique ovoïde, très finement granuleuse et presque homogène, qui se colorait vivement par l'éosine. Autour d'elle, étaient répartis les différents faisceaux, d'une façon trop variable, d'un noyau à l'autre, oour qu'on en puisse tenir compte ici. Et, à la périj^hérie, iô^;iiait une mince couche de nucléoplasme peu différente de ce qu'elle est dans un macronucléus normal. Si l'on compare un macronucléus pourvu d'une telle disposition intérieure, avec un autre au stade du pseudospirème, on constate qu'à peu de chose près, les faisceaux de bâtonnets se trouvent sur l'emplacement de ce dernier. Là, où circulent les gros cordons tordus spirémateux, s'al- longent les bottes de cristalloïdes ; il est donc possible que les branches principales de pseudospirème et les faisceaux de bâtonnets soient des formes différentes de la chromatine dans les mêmes endroits du noyau. Les unes et les autres seraient en rapport avec un même système de centres de concentration chromatiques. Mais pour cela, il faudrait avant tout montrer en quoi les bâtonnets peuvent être apparentés à la chromatine, et je reviendrai bientôt sur ce point. Dans cette hypothèse, il y aurait donc des centres plus ou moins fixes, autour desquels la substance du noyau se concentrerait sous des formes variées, à certaines dates de l'évolution de cette substance remarquable par son métabolisme. Peut-être alors, ces centres sont-ils liés, d'une façon ou d'une autre, à la production si caractéristique des boudins chroma- tiques, par où passe le macronucléus avant de disparaître à la suite d'une conjugaison. Il n'est pas possible de démontrer pareille proposition ; et c'est regret- table, car la question est importante. Il ne s'agit d'ailleurs que du vieux problème de la fixité du nombre des unités chromatiques dans les noyaux d'une espèce donnée. Sans doute, il n'est pas permis de parler ici de persis- tance chromosomique ; mais une explication vraiment scientifique de la propriété qu'ont les noyaux de se résoudre en un nombre égal de frag- ments clu-omatiques est toujours vivement attendue. Une autre remarque intéressante est la suivante. Plus d'une fois, j'ai pu observer que les bâtonnets ne sont pas toujours rectilignes, mais qu'ils se courbent tantôt dans leur milieu (assez rarement), tantôt à l'une de leurs extrémités. Alors, la partie courbée semblait être en continuité avec une de ces bandes sinueuses, dont j'ai parlé plus haut à propos des 110 ARMAND DEHORNE figures 8-12, Tout se présentait, comme si des bâtomiebs n'étaient pas encore complètement constitués, et comme si, d'autre part, ils se formaient de la substance des bandes sinueuses, par condensation de celle-ci. Une partie d'une bande, par exemple, serait déjà condensée, tandis que le reste se présenterait encore à l'état filamenteux. Tandis que la partie condensée en bâtonnet se colore très vivement par l'hématoxyline, l'autre partie se colore très peu. Comme l'intensité de la coloration est en raison de la concentration de la substance chromatique, il paraît très possible que les bâtonnets se forment aux dépens des bandes sinueuses, des traî- nées floconneuses de certains noyaux au repos, et représentent un état second de celles-ci. Or, les bâtonnets sont certainement des cristalloïdes, des sortes d'ai- guilles, semblables aux formes cristallines de beaucoup de corps orga- niques. Ce sont certainement tout autre chose que des fibres ; cela peut être d'autant plus facilement accepté qu'on a signalé, depuis longtemps, la présence de cristalloïdes, non seulement dans le cytoplasme de certaines cellules, mais encore dans le noyau (travaux de List et surtout ceux de Zevimerman). Etant donné que les filaments et les bandes de la trame du macro- nucléus représentent une partie de sa substance chromatique, c'est-à-dire, en somme, quelque chose qui se rapproche beaucoup des chromosomes, le problème qui se pose est particulièrement intéressant. Serions-nous en présence d'une forme cristalline de la chromatine ? Les bâtonnets sont-ils, oui ou non, des sortes de chromosomes à forme plus définie, plus géométrique que les chromosomes ordinaires ? Si on pouvait prouver que les bâtonnets représentent bien de la sub- stance chromosomique, on ferait faire un réel progrès à la notion du chro- mosome. Car on montrerait : d'abord, que les chromosomes sont réelle- ment des sortes de cristaux fluides ; ensuite, que la chromatine peut revêtir, au moins dans un cas, celui qui nous occupe, une forme cristalline plus élevée que celle de chromosome. Mais il faut ajouter que le problème peut être examiné sous un jour différent. Par exemple on peut fort bien néghger les rapports que j'ai cru trouver entre les filaments de la trame antériem"e et les bâtonnets cris- tallins, considérer les filaments comme répondant à la structure à un moment donné et les bâtonnets à une autre structure à un autre moment, n'étabhr aucun lien génétique entre les premiers et les seconds. Les bâtonnets succèdent aux bandes granuleuses, mais ils n'ont aucune rela- NOYAUX DES INFU80IRE8 111 tioii morphologique avec elles. Cette façon d'envisager la question est même plus libre, plus scientifique ; mais il faut alors supposer que la sub- stance chromatique, décrite comme il a été fait plus haut, s'est liquéfiée à partir d'un moment. Le produit de la dissolution a dû occuper des va- cuoles creusées dans le macronucléus. Puis, il s'est cristallisé sous la forme des bâtonnets. Il est très possible que la genèse de ces derniers ait eu lieu en effet à la suite d'une liquéfaction préalable. Cependant, je n'ai pas rencontré de noyaux présentant de telles vacuoles, à l'intérieur desquelles la subs- tance serait homogène. Au contraire, il semble que le nombre des bâton- nets commence par être peu élevé, puis ce nombre croît peu à peu, comme si de nouveaux filaments de la trame, en se contractant et se condensant, ajoutaient des bâtonnets aux faisceaux déjà eu partie constitués. Quoi qu'il en soit, il est probable qu'au bout d'un temps très court, les formations cristalloïdes disparaissent et le macronucléus reprend son aspect habituel. Je n'ai pas observé ce retour, et, sans doute, pour l'observer, il faudiait faire, de cette partie de l'évolution du macronu- cléus, le sujet de recherches tout à fait spéciales. Si les bâtonnets repré- sentent des filaments chromatiques très condensés, on peut admettre qu'en se gonflant et en s'allongeant ils réoccupent entièrement jla région du noyau où ils s'étaient formés. Tout se passerait, alors, comme à la télophase, quand les chromosomes grossissent et s'alvéohsent en s'allon- geant considérablement. Dans sa note de 1908, Kudelski considérait les bâtonnets comme les derniers stades de la métamorphose de la substance nucléaire ; leur apparition est subite, ils manifestent une grande variabilité vis-à-vis de la lumière et se comportent différemment à l'égard des réactifs colorants. Tantôt ils ressemblent à des aiguilles de verre et ne se colorent pas ; tantôt, ils se colorent énergiquement. Ils grandissent aux dépens de la substance nucléaire qui subit alors une certaine modification, une sorte de destruction. Kudelski voit dans leur formation un processus de cristalli- sation dans le noyau ; Hafkine voyait au contraire dans ces bâtonnets trois gem'es de parasites, et même, il en a représenté en voie de division ! ^ 1. B. CoLLiN (1912) a rencontré aussi de ces formations de Kudelski, mais il paraît ignorer les rectiertnes de cet auteur et en être reste, en ce qui les concerne, à l'opinion de Hafkine (1890) qui en fait des bactéries endopa- rasites. Pourtant, dans le travail de Mitrophanow (1903) que Collin a certainement lu, les prétendues bactéries sont considérées comme des cristalloïdes et les élèves de Mitrophanow ont encore, plus récemment et à plusieurs reprises, affirmé cette opinion. Collin a trouvé de semblables formations chez une Ephelota commensale des Pyro- somes et chez Ephelota sessilis ; il en fait toujours des bactériacées parasites filamenteuses disposées en faisceaux. ARCH. DE ZOOL. Exp. El GÉN. — X. 60. — F. 2. 8 112 ARMAND DEHORNE d. Formations chromosomiques de Mitrophanow Je dois dire maintenant quelques mots sur d'autres particularités que m'ont montré quelques macronucléi. La figure lxxv représente l'appareil nucléaire d'une paramécie, où le macronucléus était curieux à plusieurs égards. D'un côté, se trouvait une grande dépression qui ne paraissait pas résulter de l'action déformante du fixateur. Elle ne renfer- mait aucune esclave et sans doute contenait-elle un liquide très peu riche en albumine, car on n'y trouvait aucune trace de précipité. De l'autre côté, le noyau était gonflé et fortement convexe. La plus grande partie avait la structure filo-granulaire habituelle ; mais, dans la région avoisinant la dépression, se trouvaient des formations très curieuses. Elles sont assez exactement reproduites dans le dessin ; la subs- tance chromatique semble s'être concentrée selon des bandes régulières, dis- posées par paires. Le con- tour de ces bandes est l'iii. i.xxv et Lxxvi. Formations de Mitrophanow dans le macro- , . i / i • t miciéus (En LXXV : X 600 ; en Lxxvi : X 800). epmcux, dechiqucte; et les épines, les aspérités sont en continuité directe avec la trame chromatique ambiante. Entre les deux bandes, dans chaque paire, se trouve resserré un espace clair qui semble ne renfermer que du suc nucléaire, incolore. En faisant varier la mise au point, on voit qu'en réalité les bandes doubles correspondent à la coupe optique de sortes de vaisseaux ou de matichons de substance chromatique et on leur trouve une section cir- culaire. Leur relation avec la bordure du macronucléus n'est pas nette, mais peut-être sont-elles en continuité avec la membrane nucléaire. Ce qui frappe le plus, c'est d'abord leur structure tubulaire ; c'est ensuite les relations étroites de la chromatine qui les limite avec la substance chro- matique du reste du lîoyau. Quelle est la signification de ces tubes à paroi de chromatine ; que représentent-ils dans l'activité physiologique du mac roiiuchMis ? L'examen des figures suivantes permettra de mieux com- prendre le processus de leur formation. Dans la figure lxxvi est représentée une moitié seulement du macro- nucléus. A l'extrémité, on trouve une grande lacune renfermant dans son milieu une formation très curieuse. L'axe de celle-ci est occupé par un NOYAUX DES INFUJSOIEES 113 bâtonnet de substance réfringente que l'hémalun ne colore pas ; autour de cette baguette axiale, légèrement courbée, à un de ces bouts, se trouve un feutrage très épais et fortement colorable qui a l'aspect d'une brosse d'écouvillon. Les relations qui existent encore, entre la substance velue de cet écouvillon et le reste du macronucléus, montrent qu'elle représente simplement la trame chromatique qui remplissait auparavant l'espace maintenant lacunaire de cette extrémité du macronucléus. La formation du cristalloïde, c'est-à-dire de la baguette axiale brillante, a sans doute été cause du transport de la substance chromatique vers la baguette. Peut- être même y a-t-il eu un véritable arrachement de la trame dans tout le voisinage de ce cristalloïde. Entre la formation et la 2)aroi du noyau, il existe d'ailleUrs de minces traces chromatiques démontrant à l'évidence la réalité d'un transport centripète de la chromatine autour du cristal- loïde. Quant à ce dernier, que signifie-t-il ? Provient-il directement du suc nucléaire, ou bien est-ce de la chromatine transformée en un produit cris- tallisable, comment pourrait-on répondre ? La figure 5, pi. I, montre une formation très différente au premier regard, mais qui se rapporte au même processus fondamental. Il s'agit encore d'une extrémité de macronucléus comme dans le cas précédent. Au sommet de cette extrémité, on peut voir une sorte de petit aiguillon trapu, formé d'une substance éosinophile qui paraît provenir du suc nu- cléaire. Il est situé d'une façon très curieuse, entre la limite du macro- nucléus et la bordure de la vacuole cytoplasmique qui renferme ce dernier. La région du macronucléus où s'implante cet aiguillon forme une sorte de calotte chromatique, où les granules chromatiques se sont accumulés en telle abondance qu'elle paraît presque homogèttè. Sur le pourtour de la calotte, vivement colorée en noir par l'hématoxyline, nous retrouvons la trame chromatique fondamentale du macronucléus ; immédiatement à la périphérie de la calotte, elle est assez peu dense et montre beaucoup de traînées filamenteuses ; dans cet endroit au moins, lia substance chro^ matique du macronucléus était tout autre chose qu'un semis de granules et la structure y était bien réellement ïilo-granulaire. Le reste du noyau était, comme le plus souvent, constitué par un mélange de traînées filo- granuleuses et de grains libres dans le suc nucléaire. Sans aucun doute possible, les trois eas que je viens de décrire relèvent d'une explication commune et celle-ci doit être cherchée dans les rapports qui existent entre les divers éléments structuraux du macronucléus, ou mieux, dans une rupture d'équilibre entre ces éléments. D'une part 114 ARiMAXD DEHORXE nous voyons la substance chromatique se condenser en certains points, et même, nous assistons à son transport particulaire vers des centres nettement indiqués. De l'autre, nous voyons ces centres de condensa- tion de la cliromatinc occupés par des formations d'apparence cristalline et qui, cependant, semblent montrer de grandes analogies avec le suc nucléaire. Si, comme il est probable, les formations cristallines sont du suc nu- cléaire condensé, il faut admettre qu'une séparation morphologique très nette s'est faite, dans les endroits étudiés, entre les deux substances prin- cipales du noyau. Un travail très intéressant de Mitrophanow (1903) a précisément été consacré à cette question. Dans ses préparations et dans celles de ses élèves (Petchenko, Khainsky, Kudelski) il a trouvé toute une série de changements intérieurs qui s'accomplissent dans le macronucléus des Paramécies et qu'on peut caractériser comme produites par le « dépla- cement de la Substance chromatophile ». Les premiers changements intérieurs consistent dans l'accumulation des granulations chromatophiles vers la surface ; ou bien, ils quittent la périphérie et s'accumulent vers le centre. Quoi qu'il en soit, dans les régions où s'accumule la chromatine, on ne tarde pas à voir se former des corpuscules et des sortes de bâtonnets prenant vivement l'ématoxyline. Puis, se montrent enfin des bâtonnets à double contour, d'abord un, puis deux ; et leur nombre peut varier beaucoup par la suite, aller de six à vingt-deux et même à vingt-cinq. Ils apparaissent surtout à la périphérie du noyau ou du moins la touchent-ils par une de leurs extrémités. Sur les coupes fines, on reconnaît que ces bâtonnets à double contour repré- sentent de petits tubes. Pour MiTROPHANOW, CCS formations rappellent les chromosomes de la métaphase, et c'est pourquoi il les a nommé chromosomes du macronucléus, sans penser toutefois identifier la substance chromatophile du macro- nucléus avec la substance chromosomique des cellules supérieures. Il croit que ces chromosomes ne présentent pas une formation accidentelle et transitoire provoquée par les changements expérimentaux, mais qu'ils apparaissent dans des conditions naturelles comme un phénomène normal. D'après lui, le fait important est le déplacement ou la dislocation de deux parties, constitutives du macronucléus, l'une colorable et l'autre formée par une substance achromatique. Les dislocations représentent des phénomènes normaux, mais on peut les reproduire et même les rendre plus NOYAUX DES INFUSOIRES 115 profondes par l'expérimentation. En particulier, en soumettant les paramécies à de grandes variations de température, il est arrivé à provo- quer une séparation presque radicale des deux substances. Personnellement, je ne crois pas du tout que les formations en tube puissent être en rien comparées à des chromosomes véritables. Si les tubes de la figure lxxv rappellent un peu les dessins que certains auteurs ont donné pour des chromosomes qu'ils considéraient comme tubuleux, par contre, la formation de la figure lxxvi est déjà bien différente ; que dire après de celle de la figure 5 ? Rien n'y peut être comparé à une formation chromosomique. On fait fausse route, si on considère la chro- matine comme jouant ici le premier rôle. Je préfère accorder, au contraire, au suc nucléaire, une action capitale dans les transformations internes que je viens de décrire. Ainsi, d'après moi, il y aurait d'abord pour une raison inconnue, condensation, en des endroits donnés, du suc nucléaire, devenu plus épais, plus facilement coagulable. La condensation ayant commencé, se poursuivrait lentement et il y aurait un appel du suc péri- phérique vers ces centres de concentration. Toute une zone subirait ainsi une attraction spéciale à direction centripète ; le suc nucléaire, en marche vers chaque centre, entraînerait avec lui les granules chroma- tiques en suspensions qui s'accumuleraient peu à peu autour du centre ; d'où ces aspects de la substance chromatophile indiquant si nettement un apport venu de la périphérie de la zone d'attraction. Dans le cas de la dernière figure, le suc nucléaire aurait fait issue à l'extrémité du noyau sous forme d'une goutte visqueuse solidifiée par le fixateur. Pendant la sortie de la gouttelette, la substance chromatophile entraînée dans le même mouvement aurait été arrêtée à la limite du noyau s'y serait accumulée si fortement qu'elle paraît homogène. Peut-être cela, loin d'être exceptionnel, doit-il être considéré comme un exemple d'émis- sion courante du suc nucléaire dans le cytoplasme ; après l'émission, le noyau diminue de volume et paraît plus riche en substance chromato- phile ; c'est-à-dire que l'équilibre normal est rompu entre le suc nucléaire et l'ensemble des granules chromatiques. Ici, le suc nucléaire diminue parce qu'une partie sort du noyau. Dans le cas des deux figures lxxv et LXXVI, il diminue parce qu'une partie s'est condensée sous forme de bâtonnet rigide. En ce qui concerne le cas de la figure 5, pi. I, ajoutons que cette émission de suc nucléaire dans le cytoplasme accompagnée de diminution de volume du noyau s'accorderait très bien avec les idées de Khalnsky (1910) exposées plus haut. 116 ABMAND DEHORNE Quoi qu'il en soit, voici toute une catégorie de faits bien établis et nombreux (en tenant compte de tous ceux signalés par les zoologistes de Varsovie) qui concordent tous entre eux. Il ne leur manque plus qu'une explication générale. Mitrophanow a bien montré qu'au point de vue morphologique ils consistaient dans un© séparation, une dislocation des parties constitutives du macronucléus intimement reliées l'une à l'autre et qui se trouvent à l'état normal distribuées également dans tout le noyau. Il faudrait reprendre toutes ces observations à un point de vue physico-chimique ; et peut-être arriverait-on à mieux saisir les rapports de ces changements nucléaires avec l'état du cytoplasme et les conditions d'existence, avec la physiologie de la paramécie. e. Division du macronucléus Je passerai rapidement sur cette question, je n'ai rien de nouveau à ajouter aux connaissances sur la façon dont se partage ce noyau. Sa divi- sion est une amitose au premier chef, la plus simple qu'on puisse imaginer. ^ Le macronucléus s'allonge, quoique en se contractant et en paraissant par là même, deve- nir plus chromatopliile. Puis, il prend la forme d'une double massue ; la région intermédiaire s'amincit peu à peu, tandis que les deux parties massuées grossissent. Sur des individus exami- nés en entier, ces deux parties sont formées d'une substance extrêmement dense et il est à peu près impossible de reconnaître comment la chromatine s'y dispose ; par contre, dans la région rétrécie qui va s'étrangler, on distingue : une substance fondamentale incolore, et des granules de chromatine assez distants les uns des autres et assez peu nombreux, parfois alignés, comme dans la figure Lxxvii, selon des rangées fîlo-granulaires ; mais plus souvent, ils sont répartis sans ordre. Puis l'étranglement a lieu et chacun des deux noyaux-fils est, pendant un certain temps, pourvu d'un court pédoncule granuleux. J'ai observé aussi la division du macronucléus chez un autre inf usoire, Euplotes patella. A l'état normal, le noyau de cette espèce possède une forme rubanaire très caractéristique, assez ressemblante à celle du maoro- . l.xxvil. Ktraniili'iiicnt du ma- cronucléus dans la scissiparité ; 11' mie -onncléus comme dans la ftsîurs; 1 ( X 800). NOYAUX DES IN FU SOI RE S 117 nucléus, de certaines vorticelles ; alors, fixé et coloré, il renferme un grand nombre de blocs de chromatine plus ou moins anguleux et de taille variable, tenus en suspension dans une substance incolore ; quelquefois, ces blocs paraissent orientés comme s'ils constituaient de longues bandes moniliformes disposées en hélice, mais cet aspect n'est pas générale Lorsque le macronucléus de Euplotes se divise, il quitte la forme ru- banée et prend l'aspect reproduit dans la figure Lxxviii. Alors, il est manifeste que les grains de chromatine sont orientés et disposés sur des rangées parallèles bien indiquées. Je n'ai pas étudié suffisamment ce point pour avoir une opinion ferme, mais il semble possible que les rangées de blocs corres- pondent au filament pelotonné que l'on trouve, par exemple, dans le micronucléus de Paramecium. La division de ce noyau serait alors un peu plus que l'étranglement d'une masse visqueuse à l'état de solu- tion colloïdale ; elle serait encore la division transver- sale d'une sorte de peloton granuleux dont les branches sont à un moment donné orientées, tendues entre deux pôles opposés. Cette division rappelle celle du macro- nucléus des Acinètes étudiés par B. Collin et que j'ai décrite par ailleurs ; mais, ici, la concentration des particules chromatiques n'irait pas jusqu'à la soudure bout à bout et ne donnerait pas naissance à des fibres chromatiques continues. Retenons seulement l'orientation des particules en files parallèles. Si la division du macronucléus est assez facile à suivre, il serait par contre plus délicat d'établir les circonstances qui le déterminent à se diviser. Il est presque certain, en tous cas, qu'il est tout à fait passif et très peu sensible, pour son compte personnel, au mouvement. Sans doute, le cytoplasme, seul, par suite d'un déséquihbre momentané entre son état physico-chimique et le milieu, joue un rôle important dans l'incident de la scissiparité. D'autre part, que le micronucléus subisse la division le premier, ne signifie pas qu'il possède des propriétés dynamiques, excep- 1. p. Deila Valle trouve en étudiant la multiplication des érythrocytes de la Salamandre tous les passages entre l'amitose et la mitose. L'abandon de la forme mitotique ou mieux l'altération du processus mitotique est en rapport avec une élévation du nombre des éléments chromatiques. Il ramène les formes de passage h quatre types : pleiomère, pleistomère, miriomère, afanimère ; la mitose est appelée division Homère. Les trois premiers types com- prennent une pulvérisation de plus en plus grande des éléments cliromatiques ; le type afanimère correspond à l'amitose proprement dite. La division du macronucléus de Euplotes patdla telle que je l'ai décrite serait une sorte de division pleistomère. FiG. Lxxvm. Division du macronucléus chez Eu- plotes patella (x iOO). lis AR3ÎAXI> DEHOBNE tionnolles comme le pensent ceux qui lui attribuent la direction de la division de l'infusoire. Il réagit plus vite aux conditions déterminantes de la division que le cjrtoplasme et que le macronucléus, mais dans la même mesure que, dans une épibolie, les microblastes par rapport aux gros blastomères. f. Quelques mots sur la structure de l'endoplasme Ce sera surtout pour rappeler où en sont les recherches à ce sujet. Sur les préparations au Tellyesnicszky, la substance fondamentale du cytoplasme prend souvent la structure alvéolaire. J'ai reproduit plus ou moins heureusement quelques aspects de cette structure dans les figures 1 et 5 ; en particulier, la figure 5 montre un endoplasme où la struc- ture alvéolaire était très fine et régulière. En l'analysant de près, on reconnaît qu'elle consiste en un arrangement de granules extrêmement petits juxtaposés; les parois des alvéoles ont donc aussi une structure filo-granulaire. Ces granules retiennent parfois l'hématoxyline avec une certaine énergie, signe que leur substance est assez concentrée. Comment sont-ils réunis les uns aux autres, existe-t-il une substance albuminoïde précipitée qui les cimente en se coagulant ? Il serait difficile de répondre à une telle demande^. Dans la figure 2 pi. I„ j'ai représenté un fragment de cytoplasme qui, même fixé, montrait une structure granuleuse fondamentale ; peu ou point d'alvéoles, mais un semis de granules serrés les uns contre les autres; peut-être, sont-ils des formations naturelles et non nécessairement des précipités d'une substance plus homogène ? Pour Fauré-Frémiet (1910), dont la compétence est bien connue dans cette matière, la substance fondamentale à l'état vivant apparaît chez les infusoires ciliés, à peu près telle que Dxjjardin l'a décrite sous le nom de sarcode. Elle est homogène ; les liquides fixateurs la préci- pitent, en fixant dans leur forme les détails qui existent, mais en créant en même temps des structures qui n'existaient pas ; granulins, granules et réseaux sont chez un grand nombre d'infusoires de simples artefacts. 1. T;0 cytoplasme présente toujours dos vacuoles, plus ou moins nombreuses, dispersées ou contiguës, comme on les volt dans les figures 1 et 5 pi. I. Après coloration à l'hématoxyline ferrique, elles sont pourvues d'une membrane chromatique, parfois fort épaisse; d'ailleurs, l'épaisseur est, po\ir une même vacuole, variable d'un point à un autre. S'agit-il d'une véritable membrane formée par précipitation à la limite entre deu.x liquides de propriétés différentes ? ou bien d'un produit de sé(!rétion encroûtant la bordure nue du cytoplasme ? Prowazek (1910) a vu chez Colpidium colpoda de pareilles vacuoles, entourées d'une telle membrane, persister {ivec elle pendant la diffluence du cytoplasme. NOYAlfX DES INFUSOIRES 110 Il décrit deux types différents de structure : le type homogène et le type filaire. Paramecium, Glaucoma font partie du type homogène. Pour le second type {Loxodes, Stentor, Urostyla), il existerait deux substances fluides dans l'endoplasme : l'une dense et visqueuse formant un large réseau ou une masse filaire ; l'autre plus fluide, miscible avec l'eau et qui baigne la première. Les réactifs fixateurs ont pour effet immédiat de détruire le réseau ou les filaments de la masse filaire et de précipiter l'en- doplasme en petites boulettes granuleuses. Dans son travail de 1911, Fauré-Frémiet décrit une troisième caté- gorie de cytoplasme : le cytoplasme hétérogène, formé tantôt par un réseau, par une masse filaire ou par une émulsion typique. Ainsi, chez Fahrea salina, le cytoplasme présente la structure alvéolaire de Butschli. L'une des deux parties du système cytoplasmique est plus visqueuse que l'autre et renferme toutes les inclusions : mitochondries, pigment, graisse ; elle forme le réseau à mailles régulières, c'est le hyaloplasme. La deuxième partie, très fhiide et riche en eau est formée de globules ou vacuoles para- plasmiques. Comme on voit, tous les types classiques de structure peuvent se rencontrer chez les infusoires, en passant d'une espèce à une autre. Aussi, convient-il d'être très prudent dans ces sortes d'observations et éviter de généraliser ; peut-être que, dans certains cas non étudiés, un même infusoire présente successivement deux types de structure. La position adoptée par Prowazek (1910) à cet égard, n'est pas mauvaise ; car il admet pour l'endoplasme un état polymorphe et changeant, tantôt alvéo- laire et tantôt homogène. De toute façon, il paraît un peu prématuré d'enterrer les alvéoles de Butschli et de les considérer comme de purs artefacts, ainsi que le fait B. Collin (1912). Chapitre VI LES PHÉNOMÈNES NUCLÉAIRES PENDANT LA CONJUGAISON CHEZ COLPÏDIUM TRUNCATUM J'ai pu suivre auss', d'une manière assez satisfaisante, les phases de la conjugaison d'un petit infusoire du genre Colpidium. Je l'ai long- temps considéré comme étant l'espèce C. colpoda, mais il me paraît main- tenant devoir être rapporté à l'espèce voisine C. truncatum. 120 AEMAND DEHORNE FIQ. IXMX. i'ragiiient de Colpùlium trvncatum ; débu t de la conjugaison, micronucléus entaillé (X 1200). C. colpoda a été étudiée par IMaupas (1889) et plus tard par Hoyer (1899) ; G. truncatum a été aussi étudiée par Maupas (1889), mais de façon incomplète. Première division. — Le micronucléus au repos se jirésente sous la forme d'une boulette plus ou moins homogène, où il n'est guère possible de reconnaître une structure définie. Très peu de temps après que les individus se sont accolés, le micronucléus com- mence à gonfler et il apparaît bientôt comme échancré sur le côté (fig. Lxxix). Le gonflement se poursuit et nous trouvons des aspects comme ceux des figures Lxxx-Lxxxn. Dans la figure lxxx, les micronucléi ont acquis déjà une grande taille et se sont un peu éloignés du macronucléus ; ils apparaissent comme constitués d'un élément filamenteux chromatique serré qui, en quelques endroits, supporte des empâtements de coagulation qui prennent énergi- quement le colorant. Ce qui frappe tout d'abord, c'est la forme fuselée des micronucléi, et c'est encore l'entaille profonde qui les parcourt dans le sens de la longueur. Tout se passe comme si le noyau était composé de deux faisceaux filamenteux entièrement ou presque entiè- rement séparés l'un de l'autre. Cette particularité est fort curieuse ; nous la retrouve- rons dans des stades ulté- rieurs, ce qui prouve bien que c'est là une propriété générale du micronucléus de cette espèce et non un caractère propre à la première division seulement. Les dimensions de ces noyaux étant, même à ce stade, fort petites, il est impos- sible d'apporter plus de précision dans la description de leur structure. Ainsi, on ne pourrait dire si l'élément filamenteux qui le constitue, e.st un filament continu et bouclé comme chez Paramecium, ou bien s'il comprend des fibres chromatiques indépendantes. Fig. ixxx. Délut de la conjugaison ; entaille profonde du micronucléus le partageant en deux moitiés longitudi- nales (x 1200). NOYAUX DES IN FU SOI RE 8 121 I Au stade suivant, quelques filaments tendus d'une extrémité à l'autre se sont épaissis, et l'on obtient bientôt dans le centre du noyau des for- mations en bâtonnets qui ressemblent beaucoup, en effet, à de véritables chromosomes. La figure Lxxxni représente les micronucléi de deux individus du même couple. Ils sont à peu près au même degré de différenciation ; l'un est toutefois un peu en avance sur l'autre. Dans le premier, les bâtonnets paraissent clivés selon toute leur longueur. Dans l'autre, au contraire, ils ont encore l'aspect moniliforme qui caractérise les cliromosomes au repos, ou à l'état leptotène. Il semble bien que l'on ait, dans chaque noyau, quatre chromosomes, lesquels sont certainement répartis en deux groupes de deux. La figure lxxxi se rapporte à un stade intermédiaire entre celui de la figure lxxix et celui de la figure lxxx. Dans la figure Lxxxn on trouve encore les deux micronucléi d'un même couple ; l'un est vu dans le sens de la longueur et il est tout à fait ressemblant aux noyaux de la figure LXXX ; l'autre est vu d'en haut et obliquement, il montre déjà les for- mations en bâtonnets chi'omosomiques. Il faut noter que, dans tous les stades précédents, la partie chroma- Fia. LXXXI. Comme pour la figure prêté- dente, deux micronucléi provenant d'u Q même couple ( X 2400). ^.ïcjÈJi^ FiG. LXXxn. Deux micronucléi au début de la conjugai- son ( X 1800). Fia. Lxxxiii. Les deux Smicronucléi d'un même couple montrant l'apparition des formations chromosomiques. ( x 1800). tique occupe seulement la région centrale du noyau, tout comme si elle n'en représentait que la masse nucléolaire ; le reste est incolore et l'on croirait même qu'un décollement a eu lieu entre cette partie chroma- tique et la membrane nucléaire éloignée. Mais, bientôt, la substance non 122 ARMAND DE H OR NE Fie. i.xxxiv. A franche début do la division I, h droito, après la division I ( x 1800). colorée (à rhémalun) fournit un grand nombre de fibres achromatiques (lesquelles se laissent d'ailleurs colorer assez intensément par l'hémalun), et l'ensemble du noyau qui continue à gonfler devient un gros fuseau (fîg. Lxxxvi). Le noyau tout entier entre dans la constitution de ce fuseau qui est limité par la mem- brane nucléaire. Comme le nombre des bâtonnets chro- mosomiques est peu élevé, beaucoup de fibres achro- matiques ne s'attachent pas à ceux-ci et n'ont aucun rapport avec eux. Le nombre des chromosomes représenté dans la précédente figure paraît supérieur à 4 ; mais il se pourrait aussi que ce nombre ne dépassât pas 4, car les chromosomes étaient encore à ce stade contournés, avec une allure spiré- mateuse, et il n'était pas commode de reconnaître les extrémités de chacun. Quoi qu'il en soit, ils étaient disposés dans le fuseau de telle façon que celui-ci s'étirant, ils devaient se couper transversalement. J'en conclus que cette première division ne comporte pas autre chose qu'une division transversale. La figure lxxxvii représente un stade de l'anaphase et elle confirme cette opinion. A coup sûr, nous avons ici affaire à l'étire- ment progressif de gros filaments chromosomiques qui finissent par se rompre dans le milieu, au niveau de l'équateur du fuseau. Quant à l'individualité des chro- mosomes, cette dernière figure n'en donne pas une idée bien favorable ; car, il est difficile d'y faire la diffé- rence entre la substance de chaque chromosome et celle de la fibre qui est dans son prolongements La substance chromatique elle-même est fra FiG. LXXXV. Aspects de la première division ( x 1800). 1. Chez les Acinôtiens, on ne trouve pas trace de chromosomes distincts dans les divisions micronucléaires ; p.irfols inCme le noyau, de structure fibreuse, ne présente aucun élément chromatique colorable électivement par riiéniatoxyline U'TTUine. Chez Tokophrya cyclopinn, B. Coli.in (1912) décrit ainsi la structure des micronucléi pen- dant la division : le noyau gonfle d'abord énormément et ou voit apparaître un réseau alvéolaire pourvu de granules oxychromatiques aux points nodaux ; jamais on n'y observe le moindre élément basophile. Puis, ce réseau s'étire, biconique ne montrant pas la moindre trace de granule ; ce fuseau est tout entier oxychromatique. Après la télo- phase, les mailles reparaissent dans les noyaux frères. Chez Ephelota gemmipaca (divisions de conjugaison) il existe à la prophase des granules basi-chromatiques uniformément répartis sur un réseau ; à la métaphase. les granules s'ordonnent en files moniliformes vers la région équatorialc, mais sans jamais se fusionner en chromosome? compacts. NOYAUX DES IN FU SOI RE S 123 mentée, comme si elle s'était disloquée en lambeaux indifférents. On saisit ici sur le vif l'inconstance des formes chromosomiques que montrent les infusoires de ce groupe (j'entends le groupe des infusoires à chromo- somes) ; leur durée est le plus souvent extrêmement éphémère et il est très difficile à cause de cela de définir le mode de division du noyau ; dans une même division, on rencontre à la fois des caractères de mitose et d^ami- tose fibrillaire^. Dans la figm-e Lxxxvm, on voit la fin de la première division ; le nombre des chromosomes semble toujours être de 4, quoique ici les Fia. ixxxn. Métaphase I ( x 1600). FiG. ixxxvii. Anaphase I ( x 1600). résultats soient un peu contradictoires. En effet, si, dans un conjugué, le nombre 4 paraît facile à retrouver, dans l'autre, il n'en est pas de même ; et pom- y arriver, il faut admettre qu'aussitôt arrivés aux sommets du fuseau, les chromosomes (6) mordliformes se sont ployés de façon à donner des anses à deux branches. Tout ceci n'est pas net. Les figures Lxxxrv et lxxxv se rapportent aussi à la fin de la première 1. Dans la première division cliez Anojdophrya branchiarum (Stein), B. Collin (1909) décrit à la prophase six formations chromatiques, qui sont l'équivalent de chromosomes. A la métaphase, les six chromosomes ne sont guère reconnaissables ; car ils « se désagrègent à un stade extraordinairement précoce et dès après la prophase. Si l'on arrive à distinguer parfois, en plaque équatoriale, six masses chromatiques principales, cela semble dû surtout au nombre même des fibres du fuseau sur lesquelles est répandue cette cliromatine imprécise dont les éléments épars s'anastomosent au contact ». En ce qui concerne le mode de division, Collin écrit : « Si l'on peut comparer de plus ou moins loin ce processus peu défini à une division des chromosomes, elle est sûrement transversale. » On voit par ces quelques lignes combien la ressemblance est grande entre la division du uiicronucléus chez A. branchiarum et chez C. tnincatum. 124 ARMAND DEHORNÈ division. Dans la première figure, l'un des conjugués est en retard sur l'autre et son microcnucléus commence seulement à dégager ses chromo- somes. Dans la seconde, on trouve un pareil retard, mais moins accentué ; d'un côté, on voit quatre longs chromosomes moniliformes nettement répartis etl deux groupes de deux. De l'autre côté, il ne peut s'agir selon moi que d'un stade de la télophase, où les deux groupes de chro- mosomes-frères sont vus en superposition et néanmoins dessinés comme s'ils s'étaient [trouvés sur le même plan. Comme on voit, bien que le nombre 4 soit assez souvent indiqué, il n'est pas tout à fait certain que 4 soit le nombre exact des bâtonnets chromosomiques. La taille des conjugués est si petite, les dimensions des micronucléi sont si restreintes, qu'il n'est guère moyen de préciser davan- tage ce résultat. vr '^:^- *^!' riG. LXXXVlll. i'in de la première division ( x 1200}. À Deuxième et troisième divisions. — Je n'ai pu trouver dans mes préparations d'indications assez sûres sur la deuxième division pour en parler. Mais j'ai rencontré de nom- breux stades de la troisième, lesquels me permettent au moins d'en esquis- ser la description. La figure Lxxxix montre comment chaque conjugué renferme 4 micronucléi au début de la troisième division. L'un, plus volu- mineux, siège dans la région anté- rieure, au voisinage de la surface d'accolement. Il est formé de deux faisceaux fibrillaires rapprochés, ou parfois croisés comme des palmes ; en général, les deux faisceaux sont accolés contre l'un des côtés de la vacuole nucléaire et ils s'incurvent selon la convexité de celle-ci. La figure xc a été dessinée sur un couple vu par la partie postérieure ; on se rend bien compte de la position réciproque des noyaux qui vont Fiu. LXXXlx. Après la deuxième division précopula- toire ( X 1200). NOYAUX DES INFUSOIBES 125 fournir la troisième division : quoique tous deux très rapprochés de la région frontale soudée des conjugués, ils sont pour ainsi dire situés au maximum de distance Fia. XC. Preparaciuii a ia tfoisième divisioû ; ics lunjuguc la partie postérieure ( x 1600). suiit vus par l'un de l'autre. Les trois autres mi- cronucléi, provenant de la deuxième division, se trouvent dans le voisi- nage des macronucléi ; ils sont condamnés à disparaître et au fur et à mesure qu'ils dégénè- rent, ils s'éloignent encore plus vers la région postérieure i. Remarquons qu'avant de dégénérer, ils présentent la forme entaillée si fréquente au cours de ces divisions. La figure xci correspond à un stade souvent rencontré. La troisième division vient de s'achever en donnant deux noyaux à l'état fibreux, ayant encore la forme d'ovoïdes ; trois micronucléi dégénèrent dans la région postérieure de chaque conjugué. Comment s'est effectuée la troi- sième division ? je n'ai pu m'en rendre compte ; je doute d'ailleurs, au cas où de nombreux stades auraient été à ma disposition, si je serais arrivé à définir le mécanisme exact de cette division, car le matériel n'est pas favorable pour ce genre de recherche. Donc, nous avons ici un stade à cinq micronucléi ; dans la figure xcii, on trouve encore cinq micronucléi, mais il n'y est pas commode de dis- tinguer ceux qui proviennent de la troisième division de ceux qui datent de la seconde ; sans doute, les pre- miers sont-ils les deux noyaux dont la chromatine prend l'aspect de deux masses pointues complètement sépa- rées. La figure xciii est plus intéressante : les deux noyaux de copulation sont en train de passer d'un infusoire à l'autre. Contrairement à ce que FiG. xci. Troisièiiif di\ ision ( x IGOO). 1. Est-il besoin de dire qu'un tel langage ne correspond en rien à la réalité ? Il est trop évident que les micro- nucléi ne se déplacent pas d'eux-mêmes, mais qu'ils sont déplacés par l'endoplasme, si mobile chez les infusoires. 126 ARMAND DEHORNE l'on voit chez Paramecium, ces noyaux ne sont pas en forme de fuseau fibreux ; mais ils paraissent constitués d'un peloton serré, tout à fait comparable à un micronucléus au repos qui aurait un peu gonflé. Sur les quatre micronucléi qui siègent plus bas, trois sont manifestement en train de dégénérer ; le quatrième, plus volumineux et moins colorable que les précédents, siège tout contre le macronucleus : c'est le noyau femelle. Il persiste, alors que les trois autres disparaissent et il attend que le noyau mâle ait pénétré dans le c37toplasme^. Copulation. — Lorsqu'on trouve les cinq noyaux au complet dans des conjugués à ce stade, il n'est pas trop difficile de s'assurer de la persistance du noyau femelle. Mais, (piand l'un des micronucléi Jcondam- FiG. xcii. Troisième division, cinq microoucléi (X 1200). Fia. xcui. Échange des pronucléi ; le noyau qui siège contre le macronucleus est le pronucléus femelle ou stationnaire ( x 1200). nés à disparaître s'est déjà complètement évanoui, la difficulté devient très grande. H est même alors impossible d'affirmer qu'il a persisté. C'est ce qui est arrivé à Maupas, au début de ses recherches chez Colpidium col- 2)oda ; puis à Hoyer et j'ai, à mon tour, cru un certain temps que ce noyau, dit stationnaire, ne persistait pas. Rappellerai- je la note (1911 6) où je 1. Chez Anoplophryum branchianim, B. COLLIN (1909) compte six chromosomes au début de la deuxième divi- sion (le même nombre qu'au début de la première.) Mais, à l'anaphase, il n'en retrouve plus que trois à chaque pôle et il croit qu'ils se sont répartis sans s'être divisés. Toutefois, B. Collin ne présente ses numérations que comme approximatives. Pour ma part, je n'apporte pas grand intérêt à ces chiffres, car ils correspondent à des formations dépourvues de toute fixité, et, comme le dit Collin lui-même, à des chromosomes simulés. Je ne serais nullement étonné que l'on rencontrât aussi, quelquefois, 4, 6 et même 6 de ces prétendus chro- mosomes, à l'anaphase II. Dans les divisions qui suivent la fécondation, B. Collin retrouve le nombre 6. Pour lui, la réduction chroma- tique n'a pas lieu lors de la première division (contre Calkins et Ccll) ; mais le nombre réduit se montre à la fin de la deuxième mitose. Si cela est vrai, il faut donc admettre que le processus réductlonnel des Infusoires est entièrement différent de celui des Métazoaires ; car, il est absolument certain aujourd'hui que, chez ces derniers, le nombre réduit apparaît dès la prophaae de la première division de maturation. NOYAUX DES INFUSOIRES 127 soutenais la possibilité d'un pareil fait ? J'écrivais alors : « La permuta- tion nucléaire dans la conjugaison de Golpidium colpoda. Dans une note récente sur la conjugaison des infusoires, j'ai montré chez Paramecium caudatum, que le noyau échangé ne se fusionne pas avec le noyau station- naire et que celui-ci disparaît, La conjugaison de cette espèce aboutit donc aux mêmes résultats nucléaires que celles de Colpidium colpoda, telle qu'elle a été décrite par Hoyer (1899). M. Dangeard (1911) ayant tout dernièrement contredit ces résultats et affirmé que chez Colpoda cucullus, espèce voisine de celle étudiée par Hoyer, la conjugaison com- porte une véritable fécondation, j'ai été heureux de pouvoir obtenir le ?T' \ ^ Fia. xoiv. Copulation ( x 1600). Fia. xov. Ck>pu]ation ( X 1600). C. colpoda en syzygie. Cet holotriche est aussi l'un des infusoires qui ont été le plus souvent étudiés par les auteurs. Pour Maupas, la copulation du noyau migrateur et du noyau stationnaire n'est pas douteuse, mais il n'a jamais rencontré de stade qui la montre. Mes observations confirment les résultats généraux obtenus par Hoyer. Cependant, ses dessins ne sont pas toujours conformes à la réalité et cela est dû au fait qu'il n'a pas saisi la nature morphologique du micronucléus. Pourtant dans sa division, le micronucléus se comporte ici essentiellement de la même façon que chez Paramecium... Lorsque le micronucléus migrateur est en train d'effectuer son parcom-s, le noyau stationnaire, refoulé loin en aiTière, siège contre le macronucléus, au sein d'une vacuole où il ne tarde pas à dégénérer. Après l'échange, le ?îiicroiiucléus, qui vient de pénétrer avec une structure voi- sine du repos, .s'eiitr'ouvi'e pr; 1600), Fio. 20. Coupe optique d'un noyau en forme de rosette, au niveau du nucléole ; quelques parties du peloton sont homogènes, les autres sont moniliforraes ( x 2500). FIO. 21. Cytoplasme et noyau en rosette d'un Euglène (Flemmiag-Heidcnhain ( X 1600). Fio. 22. Division du noyau à la fin de la prophase. L'axe nucléolaire, est entaillé à l'une de ses extrémités, le spirème est découpé en des sortes de chromosomes qui présentent l'indice d'un clivage longitudinal (X 2500). Fio. 2J. Division d\i noyau, à la prophase. l>a membrane nucléaire a persisté — fait exceptionnel — ; axe nucléo- laire, peloton grêle avec boucles plus ou moins fermées ( x 1600). FiG. 24. Prophase. Mlament pelotonné très visible ; beaucoup de boucles dirigées normalement à la direction de l'axe nucléolaire, quelques-unes se disposent déjà paralèlement ( x 1600). 1"IG. 25. Prophase. Bel exemple de la continuité du spirème ; boucles bien \'isibles ( x 2500). Fin. 26. Mn de prophase. .\xe nucléolaire volumineux ; boucles aiguës et à tous les niveaux ( x 2500). FiG. 27. Début de l'anaphase. Axe nucléolaire aminci et près de se rompre. Le peloton s'est considérablement allongé et devenu très grêle, moniliforme. Véritable amitose fibrillaire ( x 2500). FiG. 28. Anaphase ; coupure transversale du peloton étiré ( x 2500). Fio. 20. Anaphase plus avancée, dans une autre espèce. Boucles aux pôles, extrémités libres vers le plan équa- torial ( X 2500). Fig. 30. Élément chromatique d'un noyau-flls, immédiatement après l'anaphase. Boucles et terminaisons libres comme précédemment ( x 1600). Fig. 31. Noyau-flls avant le partage du cytoplasme ; le peloton filamenteux est déjà reconstitué ( x 2500). Vn\. 32. Section transversale d'un Euglène montrant le cytoplasme avec ses vacuoles et son chondriome, le noyau au début de la prophase avec un fragment du nucléole en train de s'allonger et avec le peloton clivé dans toute sa longueur ( x 2500) Fia. 33. Noyau au repos d'une espèce du type jB. de«es ( X 2500). l'iG. 34. Autre noyau au repos dans la mêrai; espèce ( X 2500). Fig. 35. Noy;iii au repos à forme entaillée d'une espèce du tjTJC E. viridis ; structure pseudo-granuleuse (1600). BlG. 36. Prophase dans un noyau du type E. deses. Peloton très dense , boucles aux extrémités ( x 1400). ViG. 37. Pro]ihase avancée du même tj-pe que précédemment ; jx^loton continu avec boucles, structure du cj^io- plasme, vacuole antérieure et son canal ( x 1400). Fig. 38. Prophase avancée dans une autre espèce du type E. deses; boucles, formations nucléolaires (?) aux pôles (x 2500). Ficv. 39. Début de l'anaphase du type £.dese.,-( x 1400). PLANCHE IV Appareil nucléaire des Cyanophycées. (Toutes les figures proviennent de préi)arations colorées à l'hématoxyline ferrique, avec ou sans éosine.) Fig. 40. f'oupe longitudinale dans l'extrémité d'un trichome de l'espèce C (non déterminée) Fixation au sublimé- acétique. Les noyaux sont sur le point de se diviser ( x 2500). l'n;. 41. Coupe longitudinale dans le trichome de la même espèce C. Fixation au Flemming. Granules dans la zone corticale ( x 2500). Fie. 42. Deux sections transversales de l'espèce C. Flemming. Granules dans la zone corticale. En a, on croit voir le passage des grains nucléaires aux granules corticaux ( x 2500). Mt; . 43. Coupe longitudinale de la même espèce, fixation au subUmé acétique. Peu de temps après la division ; ninarquer la disposition en spirème moniliforme de l'élément chromatique ( x 2500). l'i:; U. Sections transversales de resi)èce A (non déterminée) ; trois aspects de l'élément nucléaire. Fixation au Flemming ( x 2500). Fn; 45. Section longitudinale de la même espèce A, à trichomes moins volumineux. Plusieurs stades de la divi- sion. Fixation au sublimé acétique ( x 2500). Fir,. tli. Autres aspects du noyau de l'espèce A : une section obUque ; une section transversale, normale au grand axe ; une section longitudinale. Celle-ci montre les éléments nucléaires peu de temps avant la di\n- sion. Fixation au Flemming ( x 2500). Fi.;. 47. Section longitudinale d'un trichome de l'espèce A, montrant l'achèvement de la division de deux cellules Fixation au Flemming ( x 2500). Fkï 48. Coupe longitudinale dans un trichome de l'espèce B (probablement Calothrir. pulvinafa). Les deux cellules du haut de la figure proviennent d'une division récente, les deux suivantes sont en division. Fixation au sublimé acétique ( x 2000). [•"lu. 49. Section longitudinale dans trois éléments de l'espèce B. Structure spiralée de l'élément chromatique. Fixation comme précédemment. ( x 2500). Fig . 50. (Juatre sections transversjiles de l'espèce B montrant différents aspects du peloton nucléaire ; subUmé acétique (x 2500). Les planches I à IV appartenant à ce mémoire seront fournies ultérieurement aux abonnés. I Arcli.de Zool. Exp^^et Gén tricJu: ADehorne cLcL. PARA]\1ECIUM CAUDATUM ZiÛi Ansti--E.A Fuiik&.LtUp^igr i .^le, Arcti.de Zool. Exp et Gén ,1e Tome 60. PI II. ^^m # A.Befiorne, deL PARAMECIUM CAUDATUM Lith.ÂnsLvrEA.FunhcZeip^ig' Arch de Zool. Exp'^et Gén'* LahAnst-vZ-A FvuiJu. leip£i^ EUGLENES ArcTn.de Zool Exp^^et Gén^ le Tome 60. PI IV. A-Dehome dcL. CYANOPHYCEES ■Liih.AnstvE.AFtLnk^,Lcip^i^ V.- ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE Tome 60, p. 177 à 219, pL V et VI. 30 Juin 1920 BIOSPEOLOGICA XLIII' TURBELLARIÉS et HIRUDINÉES (PREMIÈRE SÉRIE) PAR P. DE BEAUCHAMP ChiirgO du Cours à la l'acuité des Scicnci-'s de Dijou. TABLE DES MATIÈRES Introduction. 1° Coup d'œil sur les Planaires obscuricolcs connues jusqu'à ce jour 177 2« Remarques sur la systématique des Triclades Paludicoles 185 3° Quelques indications techniques 188 Turbellariés Triclades. Genre Tlanaria O. F. Mullcr 190 P/. £m»ertSENT qui m'ont commimiqué qucUiuus fascicules récents de cet ouvrage ai)i)arteuaiit à l'Institut Zoologique de l'Université de Strasbourg. TURBELLARIÉS ET HIRUDINÉE8 179 1. — Coup d'œil sur les Planaires obseuricoles connues jusqu'à ce jour L'absence totale d'yeux est un caractère rare dans l'ensemble des Triclades, et s 'observant dans des espèces sans rapports immédiats les unes avec les autres, ce qui porterait à croire qu'il est lié au genre de vie. Pourtant la première espèce dont nous ayons à tenir compte, la Pla- naria cœca de Dugès (1830) a été rencontrée par lui dans un ruisseau ordi- naire des environs de Montpellier, à un seul exemplaire d'ailleurs, et Vejdovsky (1883) qui seul l'a retrouvée, ou a cru la retrouver, la signale également dans une rivière de Bohême. Entre temps Stimpson (1858), avait créé pour elle un genre Anocdis dont elle reste l'unique représen- tant car il serait déplorable d'\7^ réunir, comme l'ont voulu certains auteurs, toutes les formes aveugles. Du reste, la description primitive, fondée sur la forme élargie de la tête, est fort insuffisante pour assurer l'identification ultérieure. Vejdovsky, qui n'a. point étudié les organes génitaux, ce qui nous aurait fixé sur ses affinités, a du moins indiqué une particularité de l'appareil excréteur (limité à la partie supérieure et «'ouvrant par deux pores seulement) qui permettra de retrouver la forme vue par lui et de lui conserver le nom de Dugès. Une autre Planaire sans yeux a été décrite par Leidy en 1851 dans un ruisseau du New-Jersey, PI. fuliginosa qu'il rapporte avec doute à un g. Typhlolepta d'Oersted (comprenant d'ailleurs des Polyclades marins). Cette forme est pigmentée, à l'inverse de la précédente, et le pigment formerait des amas à l'emplacement habituel des yeux, ce qui fait douter de leur absence complète. EUe n'a d'ailleurs jamais été revue et n'est guère à considérer comme valable. Avant de quitter le continent américain, mentionnons un véritable cavernicole, le Dendrocœlum per- cœcum signalé par Packard (1879 et 1888) dans la célèbre grotte du Mammouth et une autre voisine (Diamant Cave). Lui aussi ne peut être identifié par le peu qu'il en a dit et n'a point été signalé à nouveau. Cette observation prouve du moins l'existence en Amérique de formes aveugles à aspect de Dendrocœlum comme celles que nous allons à présent rencontrer. Leur étude ne manquera pas d'intérêt en y joignant celle de leurs congénères épigées ; car l'espèce mentionnée comme Dendrocœlum lacteum Millier par Woodworth en 1897 n'a, comme le montre sa descrip- tion de l'appareil copulateur, rien de commun avec la forme européenne. WiLHELMi (1909) a créé pour elle le nom de D. Grafji, mais elle devra 180 P. DE BEAUCHAMP plutôt reprendre un des anciens vocables de Leidy ou de Girard ^. Venons à la première espèce aveugle qui soit aujourd'hui bien connue. Signalée par Wiedersheim et Fries dès 1873 et 1874 dans la grotte de Falkenstein (bassin de l'Elzach, Jura souabe), puis nommée par ce dernier en 1879 Planaria cavatica avec une diagnose fort insuffisante, elle a été heureusement retrouvée souvent au même endroit, notamment par Enslin qui en a donné (1906 a) une bonne description, la faisant entrer dans le g. Dendrocœlum et la signalant dans d'autres grottes et de nom- breuses sources de l'Alb souabe. Entre temps Vejdvosky (1895) qui la rencontrait auprès de Prague et dans le Tatra, dans des puits ou sources, avait le premier contribué à faire connaître ses caractères. D'après Steinmann (1911) et Bornhauser (1913) elle a été aussi rencontrée sur la rive droite du Rhin, en amont de Bâle (Haslerhôhle), ce qui en fait jus- qu'à présent l'espèce obscuricole dont la répartition (fixée avec certitude) est le plus étendue. Vejdovsky qui ne reconnaît pas le g. Dendrocœlum, la laisse dans Planaria, exemple suivi par Steinmann et Bohmig qui pourtant l'admettent. Nous verrons la cause de ces divergences et les raisons de la faire entrer dans notre genre Dendrocœlides. Il est, par contre, très douteux que la forme observée par Moniez (1888) dans un puits à Lille et rapportée à cette espèce par H allez qui l'a étudiée en 1890-92, sans autre raison que sa cécité, lui appartienne réellement. Le distingué spécialiste n'en avait eu. malheureusement qu'un individu en fort mauvais état, où il n'a pu que signaler la présence d'un organe musculo-glandulaire, commune à toutes les formes dont nous allons parler (sauf PL Bre^nenti et anophthalma). Les autres caractères sur lesquels il se fonde néanmoins pour la ranger dans Planaria plutôt que dans Dendrocœlum sont trop succinctement évoqués. L'observation a un grand intérêt parce qu'elle montre que les Planaires obscuricoles (de même du reste que les Niphargus) peuvent s'observer à distance des massifs calcaires superficiels percés de grottes accessibles. La même remarque et les mêmes réserves sont à faire sur le seul autre Triclade des eaux souterraines signalé avant moi en France, celui qu'a recueilli Xavier Raspail (1893 et 1902) dans un puits à Gouvieux (Oise) et qu'il a mentionné la seconde fois sous le nom superflu de PL ignorata. Cet auteur a conservé dix ans en bocal cette espèce, donc moins déhcate 1. Je meutionne Ici la Planaria Rothi décrite par M. Braun (1884) dans l'eau saumatre de la Baltique parce que VON Grakf dans son relevé bibliographique (1904-08 p. 1804) la signale îi tort comme aveugle. L'auteur luj attribue formellement deux yeux. TUEBELLARIÊ8 ET H I RU DÎNÉ ES 181 que ses congénères, mais n'a pu malheureusement réussir à en retrouver quand je l'ai prié de m'en procurer. La Planaria Mrazeki de Vejdovsky (1895), étudiée depuis par Wenig (1902), aujourd'hui rangée dans le g. Dendrocœlum par Bôhmig, etc., a été trouvée dans des ruisseaux épigés aux environs de Pribram (Bohême), il est vrai près des sources et dans des parties ombragées. Elle est fort voisine du Dendrocœlum lacteum, ainsi que le Dendrocœlum infernale de Steinmann (1907 et 1.909), que cet auteur après avoir nié la vaUdité du genre s'est décidé (1911) à y placer. Il a signalé cette espèce dans plusieurs grottes des cantons de Schwyz, Berne, Saint-Gall, et Bornhauser, son élève, la retrouve (1913) aux environs de Bâle. Enfin il existe une autre Planaire aveugle européenne appartenant à un groupe tout différent, c'est la, Planaria anophthalma MnAZi^KtTouvée (1906, 1914) dans une source du Monténégro et qui forme, avec PI. mon- tenigrina Mr. et PI. teratophila St., toutes deux oculées, l'ensemble des espèces polypharyngiennes extrêmement voisines de la PI. alpina Dana, dont elles ne diffèrent presque que par cette multiplication des pharynx qui semble apparue par mutation brusque. Je renvoie à la nombreuse littérature déjà relative à cette intéressante question. Il est en tous cas important de constater l'absence des yeux simultanément à un carac- tère de ce genre, soit qu'il faille la rapporter à l'influence du miheu (Mrazek est d'avis que la vie souterraine a pu contribuer aussi à la muta- tion polypharyngienne, il n'indique pas par quel mécanisme), soit qu'elle ait apparu brusquement en même temps, à l'inverse des deux autres espèces. Du reste, et ceci nous fournit une transition naturelle vers les autres aspects de la question, PL alpina, l'espèce sténotherme bien connue des sources froides, montre souvent une tendance à l'atrophie des yeux quand elle se trouve dans les milieux obscurs. La chose a été prouvée expérimen- talement par Chichkoff (1892) et l'espèce a été rencontrée dépourvue d'yeux dans des sources, notamment par Bornhauser. De même dans la profondeur des lacs alpins (Haute-Engadine, Léman), on sait depuis quelques années qu'elle existe à l'état de forme aveugle et rapetissée (Var. bathycola Steinmann 1911). Le même phénomène est connu depuis plus longtemps du Dendro- cœlum lacteum dont Forel, d'après Duplessis, a signalé en 1876 des individus de profondeur aveugles rattachés par des intermédiaires aux individus oculés du bord : c'est cette forme que Zschokke a désignée 182 P. DE BEAU CHAMP clans le lac des Quatre-Cantons sous le nom deZ). cavaiicum Fries. Stetn- MANN (1S07; voir aussi 1911, et pour la littérature von Hofsten et St., 1912) en fait aussi une variété bathycola caractérisée en outre par la taille plus petite et la réduction des ramifications digestives et de la « ventouse » ; il remarque que ces caractères ne peuvent être expliqués par une alimentation insuffisante (qui à elle seule provoque la dissociation du pigment des yeux, Berningee, 1911), puisque les proies ne manquent pas au même niveau et que les organes génitaux, les premiers atteints par le jeûne, sont bien développés. Il s'agit donc ici d'influence directe du milieu ^. On ne semble pas avoir signalé de D. lacteum aveugle dans les eaux souterraines ^ ; seul Enslin (1906 a) a trouvé chez des individus des sources de la Lauter des yeux en voie de dissociation (encore n'est -il pas sûr qu'il n'ait pas vu une autre espèce telle qu'infernale). Il en existe pourtant certainement, et même dans les eaux épigées : j'ai moi-même recueilli dans un bras de l'Aujon, à Château villain (Haute-Marne), un individu sans yeux dont l'anatomie était par ailleurs tout à fait normale. Nous avons à présent à citer les Planaires oculées signalées dans des grottes ou tout au moins dans des eaux souterraines. On peut s'attendre à ce qu'elles soient nombreuses, car toutes les espèces, même eurythermes et Umnadoi^hiles sont franchement lucifuges et a fortiori les formes sténo- thermes des sources froides y trouveront-elles un milieu favorable. Si l'on n'a pas cité plus de Triclades dans les grottes" proprement dites, c'est sans doute faute d'y avoir porté attention. Mentionnons en première hgne la Pl.vitta Dugès (1830), intéressante espèce dont nous aurons à discuter les rajjports avec l'une des nôtres, citée jusqu'à présent par de nombreux auteurs dont on trouvera la liste à peu près complète dans Bornhauser. Malheureusement elle se repro- duit d'habitude par division et son appareil génital n'a été vu (sommaire- ment) que par Vejdovsky {in Bôhmig 1909) de sorte qu'il n'est pas sûr que tous aient vu la même, et qu'elle réponde bien à l'espèce de Dugès. Elle a été signalée dans une grotte du Jura franconien (Sophienhôhle) par Enslin (1906 b) et Lampert (1910) qui la considère comme en voie d'adap- tation à la vie cavernicole (c'est, on le sait depuis Hesse, l'espèce qui 1. La fauiii* si l'Xtraordiiiaircmriit riche et variée des Triclades du lac Baillai renferme aussi des formes aveugles telles que les PI. Dyhowstkyi et Grubei de Sabussow et divers Monocotylus, Procotylus et Sorocelis de KOKOTNEKP dont je n'ai p\i me procurer le grand travail. Il serait intéressant de préciser leur répartition en profondeur dans ce lac, seul à posséder une véritable zone abyssale. Mais je suis obligé de laisser de côté ici des formes très spéciales et dont la littérature récente est ditficilement accessible en France à l'heure actuelle. 2. C'est 'X tort que VON Gr.^K!- dans son n^evé bibliographique (1904-03 p. 1793) indique FRIES (1879) comme ayant trouvé avec PI. camtka un Dendrocœlum Utcteum a veuille ; il n'y a rien de semblable dans le travail en cjuestion. TUBBELLARIÉ8 ET HJRUDINÉE8 183 possède les yeux les plus simples), opinion partagée par ceux qui l'ont retrouvée dans la faune des sources froides dont elle paraît un élément fréquent, Thienemann, Borkhactser, etc. Elle y apparaît et disparaît, subitement, souvent en même temps que d'autres cavernicoles, et vit avec prédilection dans la vase. D'autre part, Sekera et Mrazek la ren- contrent aussi dans de petites mares facilement assèchables, et le premier a même décrit l'enkystement grâce auquel elle y subsiste : antinomie apparente résolue par le second (1900) qui a montré que certaines de ces mares temporaires sont en rapport avec les eaux souterraines dont l'abais- sement les met à sec et renferment toujours une faune caractéristique. C'est à la même raison qu'il faut rapporter la présence de Niphargus constatée par divers auteurs et moi-même dans des flaques n'ayant que quelques centimètres d'eau, parmi des feuilles mortes. PI. macrocephala Fries (1879 6) de la Bielshôhle (Harz) est mise par Enslin en synonymie avec la précédente. Planaria alpina déjà citée a été également rencontrée sous sa forme normale sinon dans de véritables grottes, du moins dans des eaux souter- raines : Thienemann (1906 et 1912) la recueille dans des ruisseaux ne cou- lant à la surface qu'une partie de l'année et, rappelant des observations analogues de Zsciiokke et Steinmann, la considère comme un membre habituel de la faune hypogée. A rechercher aussi dans les grottes PL aïbissima Vejdovsky, PI. vruticiana du même auteur disparue de sa station primitive d'où elle aurait été, ainsi que la précédente, « refoulée » par D. lacteum, et imparfaitement connue, Polycladodes alba Steinmann, tjrpe d'un genre spécial et forme très curieuse localisée jusqu'à présent dans quelques sources de Haute-Alsace, etc. Quant aux espèces banales que j'ai trouvées dans les matériaux de Biospeologica, PI. gonocephala, Polycelis felina, elles seront certainement rencontrées partout quand on se donnera la peine de les chercher. L'exposé que nous venons de faire nous amène à poser une question importante, qui se pose également pour beaucoup d'autres groupes de cavernicoles, celle des rapports généraux de la faune des grottes avec celle des sources et des ruisseaux. Nous rencontrons dans des eaux confi- nant immédiatement aux domaines souterrains, sources proprement dites, partie supérieiu-e des cours d'eaux, des espèces aveugles et décolo- rées (Planaires citées plus haut, Niphargus, Lartetia), qui pourtant s'obser- vent parfois fort loin des griffons, et des espèces oculées, d'asi)ect épigée, dont certaines pourtant ne s'écartent guère de ceux-ci et sont rencontrées 184 P. DE BEAUCHAMP assez souvent dans les cavernes. Pour ces dernières, leur caractère de sténothermes d'eau froide est déjà une explication suffisante. Les pre- mières prêtent à des discussions que je me bornerai pour l'instant à expo- ser impartialement. Une école très répandue en Allemagne et en Suisse s'est efforcée comme on le sait, à la suite de Zsciiokke et de Voigt, d'expliquer la répartition actuelle des Planaires et de beaucoup d'autres formes par la considération des périodes glaciaires ; il est inutile que je rappelle ici la vaste littérature de cette question, dont on trouvera un bon résumé dans von Graff. L'un de ses membres les plus éminents, Thiene- MANN a émis, en 1809, une hypothèse ingénieuse sur laquelle il est revenu en détail dans son travail de 1912 : pendant une période où la tempéra- ture moyenne de l'Eui'ope était plus élevée qu'elle ne l'est actuellement (époque de la mer à Littorines dans l'histoire de la Baltique, époque du Chêne dans la flore des tourbières), un certain nombre de formes d'eau froide ont dû pour s'en préserver se réfugier dans les eaux souterraines où elles ont acquis les caractères dus à la privation de lumière. Ensuite un refroidissement s'étant produit (époque de la mer kMija ou du Bouleau), elles ont pu en sortir et reparaître dans les plus froides des eaux épigées, où nous les rencontrons actuellement malgré un nouveau réchauffement général qui a commencé depuis lors à se produire. Les Planaires aveugles et les autres obscuricoles représenteraient donc une « couche profonde » de la faune des ruisseaux (Steinmann 1911) à laquelle serait venue de superposer d'abord la PI. aljnna qui répandue partout dans la période froide se confine à présent dans les sources, puis les récents envahisseurs montés de la plaine et qui l'ont refoulée, Polycelis felina et enfin PI. gono- cephala. Conception d'ensemble fort séduisante, un peu trop schématique à mon sens d'après ce que j'ai observé en France de la répartition des trois dernières espèces. Mais il y a une autre façon d'expliquer les choses, c'est celle qu'on appelle théorie de la « préadaptation » et dont le champion est Cuénot : des espèces aveugles et décolorées ont pu prendre naissance dans le milieu épigée par des mutations de causes mal connues, possédant ou acquérant d'ailleurs en même temps le caractère sténotherme d'eau froide ; habi- tuées à se passer de la vue, elles se sont trouvées ensuite tout naturelle- ment portées à prospérer dans le miheu souterrain, où d'ailleurs d'autres ont pénétré en même temps qu'elles. Cette conception expliquerait la présence de Planaires aveugles loin des sources (à vérifier et à préciser d'ailleurs ; dans une région calcaire on peut toujours incriminer des TURBELLARIÉS ET HIRUDINÉES 185 résurgences d'eaux souterraines au milieu du lit d'une rivière), et le fait indéniable de Faction de l'obscurité sur les yeux et le pigment ne suffit pas à la détruire. Une longue série d'observations et d'expériences est nécessaire pour trancher la question. 2. — Remarques sur la systématique des Triclades paludicoles Avant de passer à la description des espèces, il est utile de dire dans quel esprit elle sera faite et sur quels caractères j'ai jugé nécessaire de baser celles-ci : la systématique des Triclades, et des Paludicoles en par- ticulier, est loin d'être une chose arrêtée. L'on s'accorde aujourd'hui à fonder la distinction des espèces presqu'uniquement sur l'appareil copu- lateur, c'est-à-dire l'ensemble de l'atrium génital avec ses subdivisions éventuelles — du pénis et de ses annexes du côté mâle — des oviductes, de l'utérus ou jDrétendu tel et de l'organe musculo-glandulaire éventuelle- ment du côté femelle. La variabilité considérable de ces parties dans leur développement, leur forme et leurs rapports fournit en effet des combinai- sons inépuisables de caractères et se concilie avec une fixité semble-t-il très suffisante à l'intérieur de la même espèce. L'inconvénient est qu'on ne peut l'étudier que sur des individus mûrs, et presqu'exclusivement à l'aide de coupes en série, d'orientations variées de préférence. Décrire une espèce sur des individus immatures, comme continuent à le faire certains auteurs, est toujours dangereux à moins qu'elle n'ait à d'autres points de vue des particularités exceptionnelles ; pourtant beaucoup se multiplient uniquement par voie asexuée pendant de longues périodes, et certaines dont il faut bien reconnaître la validité n'ont jamais été rencontrées sexuées depuis leur découverte. O vitre la topogi-aphie générale de l'appareil copulateur, il n'est pas superflu d'entrer dans le détail de son histologie qui pourra contribuer à préciser certains rapports. Ainsi la distinction de la vésicule séminale et du canal éjaculateur, le point précis d'abouchement des oviductes dans l'atrium mâle ou dans l'atrium commun, caractères d'une grande utilité, peuvent être en apparence modiiiés par l'état de contraction ou de dis- tension des parties. La limite entre deux épithéHumsde nature différente permettra toujours de retrouver la hmite véritable des deux cavités distinctes. Le développement et la disposition de la musculature, ceux des glandes extrinsèques ou intrinsèques doivent aussi être indiqués avec minutie. 186 - P. DE BEAU CHAMP Les caractères du reste de l'organisme ont moins d'importance dans l'état actuel de nos connaissances. On sait combien il est imprudent de se fier à la forme extérieure chez des animaux aussi contractiles et qu'on reçoit le plus souvent à l'état de fixation imparfaite. Je reviendrai plus loin sur l'extrémité céphalique. La distance des orifices buccal et génital aux deux extrémités est sujette à être modifiée par l'état de contraction, l'âge et la maturité sexuelle ; le nombre des caecums sur les trois branches de l'intestin dépend beaucoup de la taille et des facteurs qui la font varier, ce qui modifie secondairement la position des ovaires par rapport aux premiers d'entre eux (Steinmann chez Dendrocœlum lacteum bathycola). Les anastomoses entre les deux branches inférieures, spécialement l'anas- tomose terminale qui peut les fusionner plus ou moins en un cul -de-sac impair (on en trouve souvent d'autres dans les espaces fibres entre le pharynx, l'utérus, le pénis), sont constantes chez certaines espèces mais paraissent exister chez d'autres, qui passent pour en être dépourvues, beaucoup i^lus fréquemment que ne le laisse croire la littérature, sans doute suivant les stations : Hallez considère la fusion comme très rare chez Dendrocœlum lacteum, tandis qu'ENSLiN et moi-même la trouvons plus fréquente que le cas « normal » chez cette espèce. Une nutrition abon- dante en développant les caecums jusqu'à rencontre contribue vraisem- blablement à faire apparaître les anastomoses, mais il peut y avoir aussi persistance partielle de l'état incHvis chez l'embryon. Chez Planaria elles sont certainement plus rares, mais loin d'être exceptionnelles chez les espèces communes d'après mon expérience. D'autres caractères sans doute plus constants et qui pourraient suppléer utilement ceux de l'appareil génital, s'ils avaient été étudiés en détail dans toutes les espèces, sont la structure histologique des yeux chez celles qui en possèdent, la disposition des commissures du cerveau et des nerfs qui en partent, celle de la musculature sous-cutanée, celle enfin des couches musculaires et glandulaires dans le pharynx. En parti- cuUer il paraît y avoir un véritable caractère générique comme l'a montré Enslin et comme nous y reviendrons, dans les rapports des fibres cir- culaires et longitudinales à la partie interne de cet organe. Il me paraît par contre tout à fait inutile d'entreprendre, comme le font beaucoup d'auteurs, sur chaque forme nouvelle (et d'après des matériaux générale- ment mal conservés) une description minutieuse de l'épiderme, du paren- chyme, de l'épithélium intestinal. Je tiens encore à préciser, pour l'intelhgence de ce qui va suivre, les TURBELLARIÉS ET H I RU BINÉES 187 particularités cle l'extrémité céphaliqiie, sur lesquelles règne une grande confusion dans la littérature ancienne, d'une façon plus concise que ne l'a fait VON Graff qui en éparpille l'étude en plusieurs chapitres. L'emploi du terme « ventouse » pour les Dendrocœlum en particulier a déterminé de longues controverses ; les uns en faisant un caractère générique absolu, les autres niant qu'il existât rien de semblable, ou au contraire la retrou- vant chez des Planaria typiques. Quoique l'extrémité supérieure soit toujours plus ou moins adaptée à l'adhésion par sa face ventrale, il n'existe de véritable ventouse, formant un disque individualisé avec couches musculaires distinctes et séparées du parenchyme adjacent, chez aucune des Planaires indigènes. On en trouve, au contraire, chez certaines des formes du Baïkal ; encore n'est-il pas sûr qu'elles soient aussi différenciées que chez les Platodes parasites par exemple. Au contraire chez toutes nos espèces on trouve ventralement au-dessous du bord supérieur ce qu'on peut appeler un coussinet adhésif : c'est une aire elHptique à parenchyme un peu épaissi où viennent s'ouvrir d'innom- brables glaiides tant cyanophiles qu'ér3rbhropliiles, et en même temps des « glandes à rhabdites », de sorte que l'épiderme, dépourvu de cils, paraît complètement strié par ces produits de sécrétion. Dans certaines espèces ses corps cellulaires sont rejetés dans la prof ondeur (épithéliumeingesenkt). Les fibres de la musculature générale deviennent dans le coussinet mi peu plus nombreuses et s'entrelacent en plexus sans former des systèmes isolés : l'adhésion est due presque exclusivement aux glandes. Le coussinet peut se déprimer en fossette, se creuser de cryptes où s'ouvrent celles-ci. De part et d'autre de l'aire adhésive on trouve au contraire deux zones marginales sensorielles plus ou moins en saillie où l'épithélium plus élevé en général porte des cils longs et entremêlés de soies sensitives, mais où les rhabdites et les glandes manquent totalement. Ce sont les tentacules, à l'état d'ébauche chez notre PI. Brementi (pi. V, fig. 4), allongés comme on le sait chez PI. alpiria, Polycelis felina, etc. Au contraire les espèces à tête ronde {PI. polychroa, torva, etc.) ou triangulaire {PI. gonocephala, maculata) paraissent localiser leur épithélium sensoriel dans les deux fossettes ou « organes auriculaires », multiples chez les formes austra-^ liennes étudiées par Annie Weiss, qui existent à la jjartie inféro -externe de la tête. On distinguera toujours cle cette façon les auricules formées par les angles inférieurs du triangle, fussent-elles aussi effilées que chez PL dorotocephala Woodworth, des véritables tentacules dont elles ne sont pas homologues. 188 P. DE BEAUCHAMP Chez Dendrocœlum, Bdellocephala et, nous allons le voir, Dendrocœ- lides, la différenciation du coussinet est poussée un peu plus loin : son bord supérieur se détache et s'individualise en forme de croissant à concavité inférieure, formant le i< bourrelet adhésif •). La répartition des glandes s'y précise, celle des fibres musculaires devient aussi plus régulière (voir l'étude de Ude sur Bd. punrMta), et la même chose s'applique à celles, dorso-ventrales et longitudinales, qui viennent y aboutir. Physiologique- ment c'est déjà une ventouse, bien qu'anatomiquement elle ne soit pas encore isolée, et on la voit fonctionner comme telle sur le vivant entre les deux lobes tentaculaires larges, plus ou moins pointus suivant les espèces, mais sensoriels sur toute leur étendue. Ce bourrelet qu'on retrouve tou- jours avec un peu d'attention, peut donner lieu aux aspects les plus variés tant sur le vivant qu'après fixation, et on pourrait au premier abord les croire spécifiques. (Voir ce que nous en dirons dans les différentes espèces, et les figures pi. V, 9 à 12 ; pi. VI, 15 et 18). 3. — Quelques indications techniques Chez des animaux aussi contractiles et aussi facilement difïluents que les Planaires, la technique de fixation a une grande importance. Une simple conservation à l'alcool ou au formol rend malheureusement les caractères extérieurs peu nets, et souvent les animaux se désagrègent au bout de quelque temps, sans parler des détériorations histologiqu s dont nous avons vu l'inconvénient. Les fixateurs recommandés par les auteurs jusqu'à ce jour sont à base de sublimé plus ou moins acétique. Ils conservent bien les tissus, fort mal la forme générale du corps car ils occasionnent un ratatinement et une contraction (sauf peut-être employés chauds) encore pis qu'avec l'alcool simple. Pour bien conserver l'aspect extérieur, on préconise habituellement des solutions aqueuses fortes d'acide nitrique (jusquà 50 %). Mais comme celles-ci occasionnent un gonflement considérable du tissu conjonctif (l'extension qu'elles provo- quent n'a d'ailleurs pas d'autres cause) on conseille de ne les faire agir que pendant quelques secondes et de placer aussitôt Tanimal soit dans le sublimé, soit, pour la simple conservation, dans l'alcool. De toutes façons l'intégrité histologique en souffre ; le combinaison du sublimé et de l'acide nitrique ne donne que des résultats passables. En somme, il s'agit de réac- tifs dangereux, délicats à employer, fort peu désirables en voyage. Pour des animaux étroitement sténothermes comme les Planaires, en parti- TURBELLARIÉS ET HIRV BINÉES 189 culier cavernicoles, la fixation sui" place est pourtant indispensable. J'ai déjà indiqué à propos du voyage d'ALLUAUD et Jeannel (1913) que le Bouin alcoolique (formule de Brasil) donnait de bons résultats aussi bien pour la forme extérieure que pour l'histologie, et la plupart des matériaux de Biospeologica ont été fixés de cette façon. Mais l'acide picrique que renferme ce réactif offre de gros inconvénients : il fausse la couleur originale des échantillons, et de façon définitive, car il se fixe avec élection sur les différentes glandes du corps et suivant leur abondance dans chaque partie produit des aires plus ou moins foncées qu'on peut croire naturelles ; de plus, il salit indéfiniment l'alcool des bocaux et les autres pièces qu'on y conserve. Je me suis demandé s'il était bien indis- pensable, et après quelques tâtonnements je suis arrivé à une formule aussi satisfaisante oii n'entrent que les réactifs existant dans le bagage de tout naturaliste voyageur, celle que j'ai publiée en 1919 : Alcool à 90° 6 parties Formol du commerce 3 parties Acide acétique glacial 1 partie Il est bon de ne pas préparer ce fixateur longtemps à l'avance, pour que l'éthérification ne lui fasse pas perdre ses propriétés, et de ne pas pro- longer l'action jusqu'à vingt-quatre heures, pour ne pas trop durcir les organes musculeux. Les résultats sont fort bons : l'animal même contracté plongé dans le réactif s'étale brusquement et reste toujours beaucoup plus aj)lati qu'avec les réactifs nitriques ; les bords ne se crispent que dans une faible mesure, chez les Dendrocœlum et formes voisines. Il y a, il est vrai, en général tendance à l'enroulement dans le plan sagittal, mais outre qu'on peut la combattre en comprimant aussitôt l'animal si on en a le loisir, sur un lot de quelques individus il en est toujours de peu courbés et, comme l'enroulement est bien symétrique, les autres sont utilisables pour les coupes sagittales qui sont les plus précieuses. Je dois dire que les résultats, excellents pour Planaria, Dendrocœlum, Bdellocephala, sont plus médiocres pour les espèces indigènes de Polycelis qui montrent une certaine tendance à enrouler leurs bords latéraux. La conservation histo- logique est peut-être un peu moins bonne qu'avec le réactif picrique, mais ce n'est qu'une nuance. Tel quel, c'est certainement le réactif de choix en voyage et pour le travail courant. La technique ultérieure n'a rien de particulier. Pour les formes pig- 190 P. DE BEAU CHAMP mentécs, j'ai déjà indiqué (1913) le l)lanc'himcnt par l'eau de brome en vue de préparations intofo, retrouvé depui.s par Mawas (1918) pour d'autre objets ; elle n'attaque pas, au moins rapidement, le pigment des yeux. J'ai mentionné aussi la coloration en masse par la quinone, qui donne d'excellents résultats. Une autre technique pour l'étude par transparence, encore supérieure au moins pour les animaux minces, est Thématoxyline ferrique de Heidenhain employée suivant les principes ordinaires (en acidulant la solution d"alun), mais avec une différenciation très prolongée dans celle-ci suivie encore d'un séjour dans l'alcool additionné d'acide chlorhydiique. Les tissus gardent une teinte générale brunâtre qui met bien en évidence le tube digestif, les glandes génitales et les différentes parties de l'appareil copulateur, surtout les canaux remplis de sperme. Pour les coupes, l'iiémalun ou l'hématoxyline ferrique suivie d'éosine, d'orange G ou de vert lumière, répondent à tous les besoins. Il est bon de faire remarquer que la réaction histologique des glandes, sur laquelle est basée leur classification en érythrophiles et cyanophiles, varie dans une certaine mesure suivant les colorants et aussi suivant le procédé de fixation. Turbellariés triclades Genre PLANARIA O.-F. Mûller 1776 Le genre Planaria, qui comj)te actuellement environ 120 espèces décrites dans toutes les parties du monde, nécessiterait évidemment une subdivision (de même que le genre Sorocelis qui, bien que limité à l'Asie du Nord, a seulement moitié moins d'espèces et se montre anatomique- ment presque aussi varié). Par malheiu' ce travail ne pourra être fait utilement qu'après de longues études sur les espèces décrites et à décrire qui permettront seules de les classer en groupes ta j^eu près naturels en tenant compte de l'ensemble de l'organisation. L'appareil copulateur, en effet, qui fournit d'excellents caractères spécifiques paraît, chose assez bizajrre, beaucoup moins apte à fournir des coupures d'ordre supérieur. Le fait que des différenciations analogues en ce qui le concerne s'observent dans les trois sous-ordres des Maricoles, Paludicoles et Terricoles (qu'il est d'ailleurs impossible de séparer par des caractères anatomiques çonst^^nts), et que néanmoins rien ne permet de soupçonner une filiation TUBBElLARIÉS ET HIRUDINÉES 191 directe entre formes de sous-ordres différents, suffit à lui seul à le prouver : les mêmes séries caractérisées par l'évolution progressive d'une de ses parties se sont reproduites indépendamment en des lieux et à des époques distinctes. Nous ne pouvons pour l'instant que chercher à définir ces prin- cipales séries, en tenant grand compte de la répartition géographique, par malheur fort peu connue. Planaria Brementi de Beauchamp 1919 (Planche V, flg. 1 a 4). Type de l'espèce. — Cueva de Bujaruelo, term. munie. Torla, partido de Boltana, provincia de Huesca, Espagne (17. VII. 14), n» 711. Un seul individu, sexué. L'exemplaire unique fixé au Bouin alcoolique était bien étalé, mais un peu enroulé sur la face ventrale, ce qui m'a gêné pour l'étude in Mo mais m'a permis d'obtenir une bonne série de coupes sagittales. Autant que j'ai pu l'apprécier dans ces conditions, la forme est elliptique allongée, la longueur de 6 à 7 mm., la largeur 2 mm. 1/4. La couleur jaune brunâtre est évidemment due à l'acide picrique du fixateur, Jeannel et Racovitza (1918) ayant noté sur le vivant sa teinte blanche. Une bande plus foncée suit les bords, c'est la zone glandulaire marginale habituelle dans le groupe et qui fixe l'acide picrique avec une intensité spéciale. L'extrémité supérieure (pi. V, fig. 4) montre, de part et d'autre d'une pointe très obtuse, l'ébauche de deux tentacules contrastant par leur transparei\pe avec cette zone glandulaire ; il est peu probable qu'ils soient sur le vivant aussi allongés que ceux de PI. alpina, ils sont en tout cas moins écartés. Leur épithéliiim, comme nous l'avons indiqué d'autre part, est élevé et longuement cilié mais sans glandes. Entre eux le coussinet adhésif, nettement déprimé en fossette, avec ses nombreuses glandes et son plexus musculaire peu différencié. Il n'y a aucune trace d'yeux. La bouche se trouve un peu au-dessous du deuxième tiers du corps, l'ori- fice génital à peu près équidistant d'elle et de l'extrémité caudale. Les coupes frappent au premiei- coup d'œil (fig. 1) par le faible dévelop- pement de la musculature sous-cutanée (qui paraît ne comporter qu'une couche circulaire et une longitudinale), la réduction aussi du parenchyme qui forme un réseau d'alvéoles presque égales avec des rares noyaux aux nœuds, entre les divers organes eux-mêmes très régulièrement disposés. En effet les caecums digestifs, au nombre d'une trentaine en tout de 192 P. DE BEAU CHAMP chaque côté, sont peu ramifiés et les testicules, gros et arrondis, alter- nent avec eux d'une façon presque parfaite, occupant plutôt la partie dorsale de leurs intervalles. Un ou deux seulement de ceux-ci renferment deux glandes mâles (fig. 1, t). Elles ne sont pas plus de quinze de chaque côté, commençant à la fin du premier tiers du corps pour ne pas dépasser en bas l'orifice génital; c'est, je crois, le nombre le plus réduit qu'on con- naisse chez les Paludicoles, à la seule réserve de Curtisia Forcmani (Girard) ^, où il n'y en a que quatre ou cinq. Leur alternance régulière avec les caecums est également tout à fait exceptionnelle dans ce sous- ordre, tandis qu'elle a fait la célé- brité du Maricole Procerodes lobata 0. ScHMiDT [Gunda seqmentala LangJ. Les glandes femelles montrent des particularités non moins intéres- santes : comme chez C. Foremani toujours, l'oviducte, immédiatement accolé au tronc nerveux ventral cor- respondant (fig. 1, od et n), est un simple cordon cellulaire sans muscu- lature creusé d'un canal cilié et dont les vitellogènes apparaissent comme de simples ramifications, qui pénè- trent entre les autres organes et ne diffèrent histologiquement de lui que par les inclusions de leurs éléments {vi). Aux points de jonction leur cellules s'écartent pour former l'entonnoir habituel en continuité avec la lumière. Je n'ai point vu, il est vrai, d'ovules parfaitement nets mêlés aux cellules vitellines comme dans Curtisia, mais les ovaires, situés au- dessous du deuxième csecum digestif, sont flanqués sur leur face externe d'un gros follicule lécithique à peine ramifié, qui correspond peut-être au parovarium décrit dans d'autres espèces et les oviductes prennent naissance au point de jonction. Les vitellogènes ne montent pas plus haut ; au contraire, à la partie inférieure du corps ils se prolongent à Fio. I. Phtmirin Brementi de Beauchamp. Schéma (le l'aijparcil copnlatfur vu par la face flor- salo. (Voir page 218 l'explication des lettres communes à toutes les figures). 1. Planaria simplicisnima Ci'RTis, pour laquelle un genre nouveau Curtisia est créé dans le traité de voN Oraff, mais quj Caroline Steinger (1918) a inoutrée identique à la Dugesia Foremanii Gieard (1852). TVRBELLARIÉS et HIRUDINÉES 193 partir du coude des oviductes par deux cordons purement vitellins à peine ramifiés. En somme, il y a là une disposition moins primitive que celle de Curtisia, mais nettement intermédiaire entre elle et l'état de choses plus évolué des Planaria proprement dites. Les canaux déférents renflés forment les sinuosités habituelles sur les côtés du pharynx ^ ; ils débouchent de part et d'autre {cd fig. 3, pi. V, et fig. i) dans mie vésicule séminale spacieuse et arrondie {vs) remplis- sant la base du pénis {p) et se continuant sans limite nette avec le canal éjaculateur qui le traverse. Son épithélium est bas et caduc dans la partie supérieure, élevé et glandulaire au-dessous de l'abouchement des con- duits. Peu ou pas de glandes extrinsèques. La musculature est formée de fibres tassées sur le fond de la vésicule, surtout développées au-dessus et en avant, mais qui dans le pénis proprement dit se portent en dehors pour s'attacher à sa surface externe, et affectent par conséquent une dis- jjosition radiaire. Des fibres circulaires irrégulièrement tassées autour de la lumière se mêlent à elles, ainsi que des fibres longitudinales plus fines et qui se prolongent dans la partie distale du pénis avec une mince couche annulaire entourant le canal. Cette partie, véritable gland que sépare un sillon dû à la présence d'un sphincter bien développé (fig. 2 et 3), se compose donc de parenchyme homogène traversé par ces fibres et recouvert comme le reste d'mi épithélium cilié, à peine plus, bas. Dans le gland le canal éjaculateur se renfle légèrement et son revêtement, plus nettement sécréteur, devient très basophile. L'atrium lui-même (a) qu'il est impossible de décomposer en plusieurs parties, offre du côté ventral un épithélium bas et presque sans muscula- ture, dorsalement au contraire un épithélium très élevé et glandulaire entouré de fibres transversales, et de longitudinales provenant pour une partie de la périphérie de la vésicule. A ce niveau s'ouvre le canal utérin {eu), dont l'épithéUum est également glandulaire à ce niveau et devient cilié plus haut ; sa musculature est circulaire en dedans et longitudinale en dehors. Juste au-dessus vient s'aboucher le canal commun des oviductes {od) très court, qui se détache presque horizontalement de leur point de jonction et présente un épithéhum élevé et cilié avec une couche de muscles circulaires. Les oviductes pairs dont nous avons décrit la partie supérieure se coudent brusquement pour rejoindre l'oviducte commim, et c'est près de ce coude qu'ils reçoivent les glandes érythrophiles ordinaires (glandes 1. Sans avoir fait l'étude détaillée do eut organe, je puis indiquer qu'il présente dans sa musculature interne des couches circulaire et longitudinale Wen distinctes disposées comme chez les Planaria en général. Akch. de Zool. Exp. et GÉn. — T. 60. — F. a. 1* 104 P. DE BEAVGHAMP coquillières), pas très développées. Le canal utérin remonte à peu près dans le plan médian jusqu'à l'utérus, peu développé dans mon échan- tillon et presque complètement obstrué par les cellules qui devraient limiter sa cavité ; je lui conserve provisoirement ce nom, bien qu'il soit aujourd'hui prouvé que dans la plupart des espèces il ne sert qu'à rece- voir le sperme dans l'accouplement, parce que celui de bourse copulatrice a été employé dans d'autres sens. On pourrait se demander si cette espèce n'est pas identique à VAno- celis caeca Dugès dont nous savons si peu de choses. Sans avoir pu étudier l'appareil excréteur qui permettrait l'identification avec la forme vu par Vejdovsky, je ne le crois nullement : Anocelis a, sur le vivant, une tête très élargie et sans trace des deux petits tentacules que montre nette- ment notre espèce. PL Brementi paraît par l'absence des yeux un véri- table cavernicole ; mais rien ne s'oppose à ce qu'elle ne soit une simple variété d'une forme oculée vivant à la surface du sol dans la même région, dont les Turbellariés sont parfaitement inconnus. Quant à ses affinités, il serait prématuré de chercher à les préciser ; au point de vue de la diffé- renciation du pénis et de sa vésicule, elle occupe une position un peu plus élevée que la PI. Jeanneli de B. (voir ma discussion de 1913) à propos de cette espèce). Il est en tous cas intéressant d'indiquer que c'est en ce sens de beaucoup la moins évoluée des Planaria actuellement coim.ues en Europe, et que la disposition des glandes génitales montre également des caractères plus simples, sinon plus primitifs, que ceux d'aucune autre espèce de nos régions. Planaria gonoeephala Ant. Dugès 1830 Massif des Beni-Snassen {Maroc). — If ri el Kef, environs d'Aïn Sfa (27-28. XI. 09), nO 332. Deux exemplaires dont mi seul sexué. Distribution géographique : la plus ubiquiste sans doute des Planaria. Répandue dans toute l'Europe et dans l'Amérique du Nord, commune au Japon d'après Ijima et Kaburaki (1916), déjà signalée par moi (1913) en Afrique (Tunisie et torrents du Kenya). Fréquente partout les eaux courantes de la plaine et souvent des montagnes. Les deux exemplaires d'If ri el Kef étaient de petite taille (4 à 6 mm.) et de couleur claire, aisément reconnaissables iii toto à la forme de la tête suffisamment conservée. L'un d'eux, dont l'appareil mâle était suffi- samment différencié, m'a montré en coupe le pénis typique avec son dia- TUBBELLABIÉS ET HIRUDINÉES 195 phragnie séparant la vésicule séminale du canal éjaculateur. Les yeux ne présentent pas trace de régression. D'ailleurs, Jbannel ayant indiqué la même espèce en dehors de la grotte dans l'Aïn-Cefrou, sa présence dans celle-ci est certainement contingente. Planaria sp. Département de Constantine {Algérie). — Grotte du Lac souterrain, commune de Clauzel (21. X, 06), n" 182. 3 individus immatures. Département d'Oran {Algérie). — Grotte de la quatrième source du ravin de Misserghin, commune de Misserghin (17. X. 09), n» 329. 14 indi- vidus immatures. Petites Planaires (2 à 3 mm. pour la première station, quelques-unes un peu plus grandes dans la seconde), à tête un peu élargie par deux ébauches d'oreillettes, très probablement identiques spécifiquement entre elles et avec l'espèce précédente. Le fait que PI. gonocephala aurait été ainsi trouvé dans trois grottes de T Afrique du Nord et non ailleurs est probablement une simple coïncidence. Genre DENDROCŒLIDES de Beatjchamp 1919, p. 245 Type : Dendrocœlides Regnardi de B. 1919. C'est ici le moment de justifier la création de ce genre plus complète- ment que je n'ai pu le faire en 1919. La diagnose que j'en ai donnée peut se résumer ainsi : aspect extérieur de Dendrocœlum, appareil copulateur de Planaria, du moins en ce qui concerne l'absence de flagellum. Il est certain d'mie part que les vrais Dendrocœlum bien étudiés {lacteum, infernale, Mrazeki) forment un groupe très naturel ; il ne l'est pas moins qu'mi des meilleures caractères de ce groupe est la présence du flagellum, qui m'a permis d'y adjoindre le D. tulmliferum dont nous allons parler, bien qu'il ait déjà des caractères un peu spéciaux, et qu'y ranger des formes qui en sont dépourvues serait en rompre l'unité. D'autre part, bien que les caractères extérieurs soient plus flous et puissent présenter des intermédiaires ^, il serait paradoxal de ranger des formes comme notre 1. Je rappelle ici ces caractères : taille souvent grande ; forme très plate ; absence de pigment propre même chez les formes non obscuricoles. Bords (zone glandulaire) presque toujours rabattus en dessous et plus ou moins ondulés après la fixation, aspect qu'ils présentent aussi quand l'animal, vivant, est au repos. Tentacules larges, sensoriels par toute leur surface, rarement pointus. Coussinet adhésif très différencié, son bord supérieur décollé en un bourrelet très contractile (caractère commun avec Bdellocephala, tout différent par l'appareil copulateur), donnant lieu aux apparences décrites d'autre part. 196 P- DE BEAUCHAMF Dendrocœlides Regnardi aux côtés de la Planaria torva qui possède comme elles un organe musculo-glandulaire, mais est une forme de petite taille, à bords épais, tentacules nuls, fossette adhcsive peu différenciée, à peine distincte extérieurement de PL polychroa et de ses similaires (qui ne possèdent £)as cet organe, quoiqu'on en ait dit). Sans doute faudra-t-il ultérieurement séparer ces deux derniers groupes d'espèces, en reprenant le genre Euplanaria créé par Hesse pour le dernier, laissant Planaria sensu stricto au premier, distinction que justifie toute une série de carac- tères anatomiques. Raison de plus pour ne I3as adjoindre aux Planaria de formes qui en sont plus éloignées. Rappelons encore le caractère ana- tomique important invoqué par Ensltn (1906 a et b) : les fibres muscu- laires internes, circulaires et longitudinales, du pharynx, alternant plus ou moins régulièrement chez Dendrocœlides comme chez Dendrocœlum, tandis qu'elles forment deux couches épaisses et séparées, la circulaire en dedans, chez toutes les Planaria où l'on y a porté attention. Il suffit d'ailleurs pour expliquer cette création de rappeler les ava- tars subis par l'espèce de Fries (voir plus haut). Décrite comme Planaria cavatica et laissée dans ce genre par Vejdovsky qui sappi'ime d'ailleurs Dendrocœlum, elle est placée dans ce dernier par Ensltn bien qu'il eût reconnu l'absence de flagellum. Au contraire Steinmann et Bôhmig tout en admettant Dendrocœlum la font repasser dans Planaria en raison de ce caractère... Bref la seule solution dans ce cas et dans tous les simi- laires est de sectionner peu à peu les Paludicolcs en petits groupes d'es- pèces ayant en commun quelques caractères de l'extérieur et de l'appareil copulateur (ainsi que des autres organes bien entendu), bien qu'ils puis- sent partager soit les uns soit les autres plus ou moins comj)lètement avec des groupes voisins. Quant aux rapports de mes deux espèces avec Dendrocœlides cavatica Fries je ne pourrai, bien entendu, les préciser qu'après avoir étudié moi-même cette espèce : elle est bien distincte par ses tentacules pointus et dirigés en avant, ses canaux déférents se réunissant à l'intérieur du pénis en un court canal éjaculateur cilié comme eux, sans vésicule sémi- nale, les nombreuses glandes extrinsèques s'ouvrant dans ces partieS; etc. On peut donc, d'après la différenciation de la vésicule séminale, ranger les trois espèces en une série linéaire parallèle à celles que j'ai essayé de former dans Planaria (1913), sans la croire unique : D. cavatica où les canaux déférents traversent presque tout le pénis sans former de vésicules, — D. Collini où ils ne traversent que la moitié supérieuie du bulbe pour TUEBELLARIÉS ET HIRUDINÉES 197 aborder par en haut une simple dilatation du canal éjaculateur — D. Re- gnardi où ils pénètrent latéralement dans une vésicule séminale bien diffé- renciée. Ce rapprochement prend un grand intérêt quand on remarque que l'ordre géographique des trois espèces : Allemagne du Sud jusque vers Bâle, Côte-d'Or, Tarn-et-Garonne, est précisément le même. Mais il faut attendre la découverte d'autres stations, et éventuellement d'autres espèces affines, pour pouvoir discuter ce qui n'est peut-être qu'une coïn- cidence. Enfin il n'est nullement improbable de voir se ranger dans Dendro- cœlides des espèces oculées, si la perte des yeux n'est qu'un caractère adaptif. En particulier le Dendrocœlum Nausicaœ d'O. Schmidt (1862), qui n'a jamais été retrouvé mais paraît une bonne espèce, pourrait bien y prendre place un jour ou l'autre. Dendrocœlides Regnardi de Beauchamp 1919 (PI. VI, flg. 9 à 15). Type de l'espèce. — Grotte de Saint-Géry, commune de Loze, dépar- tement du Tarn-et-Garonne, France. Département du Tarn-et- Garonne {France). — Grotte de Saint-Géry, commune de Loze, canton de Caylus (4, I. 13), n9 611. 7 individus dont 2 immatures. — Grotte de Gourgue Saint-Aiitonin, commune et canton de Saint-Antonin (4. I. 13), n» 610. 4 individus immatures. Cette superbe espèce est l'une des plus grandes parmi les Paludicoles indigènes, probablement même la plus grande car Bdellocephala ]}unctata Pallas ne dépasse pas 40 mm. et l'un de mes échantillons avait davan- tage à l'état fixé (on peut encore compter un tiers ou un quart en plus sur le vivant). Les plus petits indi^ndus sexués, même imparfaitement, ont au moins 25 ou 30 mm. Par contre la largeur est faible (6 à 7 mm.), l'épaisseur très réduite, bref la forme franchement rubanée avec atténua- tion aux deux bouts (fig. 15). Après fixation au Bouin alcoolique, elle est plus ou moins contournée, les bords rabattus et assez régulièrement fes- tonnés, plus même que chez Dendroeœlum lacteum dans les mêmes condi- tions. Même à l'œil nu on distingue les zones glandulaires de ces bords qui fixent avec intensité l'acide picrique et la quinone. L'extrémité supé- rieure est atténuée comme l'inférieure et se termine en apparence par une petite pointe formée par le bourrelet adhésif replié sur lui-même ; elle paraît donc beaucoup moins large q^ue le corps, à l'inverse de l'espèce 108 P. DE BEAU Cil AMP suivante et de D. larteum et il est probable que les deux aires tentaculaires étroites, reconnaissables à l'interruption des glandes h, leur niveau, qui la flanquent sont beaucoup moins protaetiles sur le ^^vant. Le corps est dépourvu de toute espèce de pigment et les yeux manquent totalement. La bouche n'est pas beaucoup plus bas que le milieu du corps, et le pore génital au premier tiers environ entre elle et l'ex- trémité inférieure. Mais la longueur du pharynx ne dépasse par le 1/10 de celle du corps et d'une façon générale la taille des divers organes est jjetite par raj)port à la sienne, le paren- chyme très développé. Les ramifications du tube di- gestif ne sont point aisées à étu- dier, car elles étaient complète- ment vides sur mes animaux qui ne paraissent pas trouver dans leurs grottes une nourriture abon- dante. J'en ai pu compter sur un échantillon monté une trentaine de chaque côté de la branche supé- rieure, divisées et anastomosées dès leur base, une vingtaine sur chacune des latérales, une dou- zaine enfin de part et d'autre du cul-de-sac inférieur qu'elles forment en se réunissant. On distingue par contre très bien par transpa- rence les troncs nerveux longitudinaux. Les ovaires sont au-dessous des quatrième ou cinquième caecums, les testicules petits, globuleux, très nombreux, répandus dans tout le corps mais limités à sa partie dorsale. Le pénis (p) est situé nettement au-dessus de l'organe musculo-glan- dulaire au lieu de se superposer plus ou moins à lui sur une vue de face ou FlO. II. Dendroccelides Tteqnardi DE Beauchamp. Schéma (le l'appareil copulatcur vu par la face dorsale. TURBELLABIÉS ET HIRUDINÉES 199 de côté comme il est habituel (fig. n et pi. VI, fig. 14). Il est court, tronco- uique, sa partie libre à peu près égale au bulbe qui est d'ailleurs peu in- dividualisé vu le très faible développement de la musculature : la couche de fibrilles en calotte qui le coifEe se prolonge longitudinalement autour de l'atrium mâle et du mince revêtement de fibres circulaires entourant son épithéUum, très mince aussi à ce niveau. Sur la partie libre, petit épithéUum cubique qui devient plus haut dans les culs-de-sac supérieurs ; couche de fibres circulaires sous-jacente, bien développée à ce niveau seulement, fibres longitudinales et radiaires très fines éparses dans un parenchyme compact et homogène, semblable à celui du reste du corps. La vésicule séminale (vs) est bien individualisée, arrondie sauf deux dé- pressions postérolatérales que créent les renflements terminaux des deux canaux déférents s'ouvrant à ce niveau (fig. 9, cd). Son épithélium est bas dans la partie supérieure, papilleux et vacuolaire dans l'inférieure où il se continue avec celui du canal éjaculateur qui forme une douzaine de plis radiaires (fig. 10 et 14 ce). Au fond de ces plis il est bourré de petifs grains prenant Féosine et l'hématoxyline au fer avec intensité. Aucune glande extrinsèque. L'atrium mâle, vu la situation du pénis, se prolonge en bas en un long canal relativement étroit qui contourne à droite l'organe musculo-glandulaire (fig. 11, a cf) et vient déboucher dans l'atrium commun un peu au-dessus de l'orifice extérieur (fig. 12). Son épithélium est élevé et glandulaire (il paraît ne porter de cils dans aucune de ses parties), entouré d'une musculature circulaire puis longitudinale puissante. L'organe musculo-glandulaire, au moins aussi long que le pénis, a une cavité bien nette que tapisse un épithélium cilié bourré de granula- tions basophiles apportées par les glandes qui remplissent le parenchyme intérieur, mais ne franchissent pas la couche musculaire (fig. 11, mg). L'épithélium de l'atrium commun {a) où sa pointe proémine est papilleux et cilié au niveau du cul-de-sac, très plat sur tout le reste. Dorsalement à lui descend le canal utérin, sur la ligne médiane après avoir été légèrement dévié à gauche par le pénis, partant de l'utérus extrême- ment lobé. Il est remarquable par sa largeur exceptionnelle qui lui fait déborder l'organe musculo-glandulaire sur lequel il se moule en croissant (fig. 9 à 13, eu). Epithélium bas, cilié, musculature longitudinale, puis circulaire plus forte. Comme le montre la coupe 14 et le schéma II, il se prolonge vers le bas bien au-dessous de l'atrium en un caecum dont le rôle n'est pas aisé à concevoir, mais lui est rattaché en face l'orifice génital externe par un orifice en boutonnière {v, fig. 13 et fig. 14 où il est effleuré 200 P. DE BEAUCHAMP seulement par le plan de la coupe) dont l'épithélium est papillenx et la musculature puissante, formée de fibres circulaires et longitudinales entre-croisées^. La pointe de l'organe musculo-glandulaire {mg) vient faire saillie à l'orifice génital. Enfin l'oviducte commun est un canal très mince qui vient déboucher au même niveau à droite, dans une gouttière prolon- geant vers le bas l'orifice de l'atiium mâle (fig. 13 et 14 od), descend asymétriqucment le long du cul-de-sac du canal utérin et se bifurque au- dessous en recevant les deux oviductes pairs ; à ce niveau s'insèrent les glandes crythrophiles habituelles, pqu développées, comme toutes celles de l'appareil copulateur. Dendrocœlides Collini de Beauchamp 1919 (PI. VI, flg. 16-18). Type de l'espèce. — Puits du presbytère et de la gendarmerie à Saint- Seine-l' Abbaye (Côte-d'Or, France). Départememt de la Côte-d'Or {France). — Puits à Sainte-Sabine, commune de Sainte-Sabine, canton de Pouilly-en-Auxois (18.V. 18), n» 1009. Une dizaine d'individus, la plupart immatures. Fontaine -abreuvoir à Oestres, commune et canton de Saint-Seine- l'Abbaye (14.V. 19). Un individu sexué. . Puits de la gendarmerie, à Saint-Seine-1 'Abbaye, commune et canton de^Saint-Seine (2. III. 18), n° 1004. Une douzaine d'individus adultes. (14.V. 19), no 1005. Un individu non complètement mûr, un autre très jeune. Puits du presbytère, même localité (fi. III. 18), n" 1003. Une demi- douzaine d'animaux adultes. Puits au Charmoy, commune de Blaisy-Haut, canton de Sombernon (27.V. 18, n^ 1011). Une demi-douzaine d'animaux adultes. Source à Lamargelle, commune de Lamargelle, canton de Saint-Seine- l'Abbaye (10. VIII. 19). 3 individus dont un immature. ? Puits à la gare de Gevrey-Chambertin, commune et canton de Gevrey (21.V. 18), n^ 1010, 2 individus immatures. ? Puits à Laignes, commune et canton de Laignes (13. IV. 18), n° 1007. Un individu immature. 1. Jo désigne ce conduit d'al)()iiclniui'nt du canal uti-rin dans l'atrium, distinct dans toutes les espaces et très individualisé ici, sous le nom de vagin indiquant son rôle, car c'est pres(ine sûrement lui qui reçoit la pointe du pénis dans l'accouplemont. Sans doute on a désigné sons ce nom chez les Tcrricoles un conduit qui reçoit l'abouche- lent des oviductes; mais presque toujours ce, conduit mf'Ue en même temps dans l'utérus (bien que celui-ci puisse j)rési'nter un second orifice) de sorte que les rapports sont au fond les mômes. (Voir schémas de VOîïGr.\ff. TUBBELLARIÉS ET HIRUDINÊE8 201 Tons les individus de 1918 ont été récoltés à l'aide de pièges dans les différents puits en question par M, Martenot, de Saint-Scine-l'Abbaye, à l'instigation de M. Paris qui a bien voulu ensuite me les communiquer. Bien que simplement conservés dans l'alcool, ils m'ont permis l'étude générale de l'espèce. Après mon affectation à Dijon, je me suis rendu avec ce dernier dans la localité principale pour chercher à m'en procurer d'autres. Des pièges posés quelques heures dans les deux puits, celui du presbytère ne fournit rien, celui de la gendarmerie ne fournit que deux individus immatures parmi de nombreux Niphargus. Par contre, près du hameau de Oestres, à deux kilomètres de Saint-Seine, dans la vasque d'un abreuvoir oii une fontaine coule avec violence, il nous fut donné de recueillir un individu bien développé qu'accompagnaient des Bithynelles, autres animaux de sources, et toute une faune aquatique de caractère épigée parmi le sable et les algues. A noter que ces trois stations, bien que voisines, sont à des niveaux très différents et ne peuvent être ahmentées par la même nappe d'eau. D'après les autres stations citées, l'animal doit être répandu dans tout le massif calcaire de la Côte-d'Or. Dendrocœlides Collini est beaucoup plus petit que l'autre espèce, mon plus grand individu n'atteint que 15 X 5 mm. Les bords sont moins plissés, la tête paraît sur l'animal fixée beaucoup plus large, les lobes tentaculaires étant bien nets de part et d'autre du bourrelet adhésif (fig. 18 a). En somme son aspect à cet état ne diffère en rien de celui de Dendrocœhun lacteum dans les mêmes conditions. Sur le vivant, au con- traire, une comparaison attentive avec cette dernière espèce montre quelques différences : les tentacules du Dendrocœlides sont moins sail- lants et moins détachés du coussinet adhésif qu'on aperçoit entre eux ; leur bord supérieur, au lieu de s'élever légèrement de dedans en dehors pour former avec le bord latéral un angle aigu est presque horizontal et s'arrondit régulièrement pour rejoindre celui-ci. Enfin le coussinet adhésif lui-même se termine par un bord à peine concave, et non pas fortement déprimé, séparé des tentacules par deux échancrures profondes, comme dans Dendrocœlum (pi. VI, fig. 18 B). Ce dernier à l'état de repos, comme beaucoup de Triclades, projette par endroits les marges du corps en petites pointes irrégulières dont l'extrémité adhère plus fortement au substra- tum ; cette apparence ne s'observe pas chez Dendrocœlides Collini. eu égard probablement à l'épaisseur plus grande de ces bords. Enfin l'absence d'yeux est, bien entendu, le principal caractère distinctif . C'ouleur blanc de lait. 202 P. DE BEAU CHAMP La bouche est à peine au-dessous du milieu du corps, rorificc génital un peu plus rapproché d'elle que de l'extrémité. Le pharynx atteint cette fois le sixième de la longueur totale. Les caecums digestifs sont de chaque côté une vingtaine sur la branche supérieure, autant ou un peu plus sur l'inférieure, quatre ou cinq sur le tronc de réunion. L'ovaire est au-dessous du troisième ou du quatrième. Les testicules sont là aussi petits et nom- breux dans tout le corps, mais ventraux aussi bien que dorsaux. Le pénis {p) est plus allongé que dans l'autre espèce, franche- ment tubuleux à l'extrémité et descend dans l'atrium mâle pres- que jusqu'à son orifice. Bien que plus dorsal et plus à droite, il apparaît en partie superposé à l'organe musculo-glandulaire sur la vue de face (fig. m). La partie libre est au moins double du bulbe. Dans celui-ci la vésicule séminale {vs, fig. 17) comprimée dorso-ventralement, occupe une place relativement restreinte ; toute la partie supérieure, entou- rée d'une musculature très faible, est occupée par du parenchyme et traversée de haut en bas par les deux canaux déférents, presque parallèles, qui s'ouvrent côte à côte dans le fond de la vésicule. Ils présentent là aussi des dilatations, bien visibles sur l'animal entier, et leur épithélium assez épais est cilié. Celui de la vésicule est bas, à peine papilleux (mais on trouve dans la lumière chez ces individus mal fixés un coagulum auquel il a dû participer), et se continue avec celui du canal éjaculateur qu'aucune démarcation nette ne sépare de la vésicule. Sa portion distale forme aussi des phs radiaires (fig. 16, ce) mais au nombre de cinq ou six seulement. De très petites glandes formant des traînées de grains érythrophiles viennent s'y ouvrir, tra- versant la masse du pénis, mais n'en sortant pas. La couche musculaire FlO. m. Dendrocoelides VoHini PE ISkauchamp. Schéma (le l'appareil copulatour vu par la face dorsale. TURBELLABIÉS ET HIRUDINÉES 203 circulaire est très développée sur le tiers supérieur de l'organe seulement et se réfracte sur les culs -de-sac de l'atrium mâle, au niveau où se prolongent autour de celui-ci les fibres de la calotte, et où passe la coupe de la figure 16. La musculature longitudinale est diffuse. L'épithélium est tout à fait bas sur le pénis, un peu plus haut et cilié sur l'atrium (a cf fig. 17) où s'ouvrent de petites glandes granuleuses, comme celles que nous venons de décrire. L'organe musculo-glandulaire est plus globuleux que dans D. Regnardi, mais analogue par sa cavité très développée et l'absence de glandes extrinsèques. L'épithélium de l'atrium commun, non distinct comme dans les espèces voisines de l'atrium femelle, est plat dans le haut, papilleux près des orifices. Le canal utérin est moins large que chez D. Regnardi, tapissé d'un épithélium cubique qu'entoure une musculature circulaire et longitudinale, et forme à peine cul de sa,c à son extrémité inférieure. Il se réunit à l'atrium par un vagin perpendiculaire, très court mais entouré d'une musculature circulaire extrêmement puissante, très caractéris- tique de l'espèce (fig. m et 17, v). Dans tous mes échantillons, j'ai trouvé la pointe de l'organe musculo-glandulaire engagée dans ce canal, comme le montre cette dernière figure. Ceci vient à l'appui de l'hypothèse d'après laquelle cet organe aurait pour rôle d'aller puiser le sperme dans l'appareil mâle du copulant et de l'injecter ensuite dans la bourse copulatrice, « utérus », de son porteur, suppléant ainsi le pénis de celui-là. Cette théorie s'applique encore mieux à D. Regnardi : on comprend, en effet, difficile- ment comment chez cette espèce le pénis massif que nous avons décrit pourrait s'allonger assez pour traverser tout le conduit étroit qui repré- sente l'atrium mâle, puis les deux atriums communs, et pénétrer encore profondément dans le canal utérin du conjoint. L'atrium mâle débouche dans l'atrium commun au niveau de Torifice génital externe, sans différenciation autre qu'une musculature peu dévelo})- pée. C'est tout près de son embouchure, mais nettement encore sur son domaine, que débouche l'oviducte commun (fig. m et 17, od), contrai- rement à ce qui existe chez D. Regnardi, mais en conformité avec ce que nous allons trouver chez les Dendrocœlum. Il se bifurque un peu plus bas comme dans l'autre espèce. J'ai exposé plus haut les rapports des trois espèces connues de Den- drocœlides et le rapprochement qu'on peut faire entre leur répartition géographique et l'évolution de leur appareil copulateur. :04 P. J^£^ BEAUCHAMP Genre DENDROCŒLUM Oersted 1844 Dendrocœlum lacteum (O.-F. Mûller 1773) (PI. V. fig. 12). Provinz Krain {Autriche). — Crna jama, commune d'Adelsberg (Pos- tojna), Bezirk Adelsberg (27.IV. 14), no 774. Quatre individus, mêlés à ceux de l'espèce suivante. Répartition géograpliique. — Répandu dans toute l'Europe, mais ne semble pas avoir été signalé ailleurs avec certitude. J'ai dit plus haut que sa présence en Amérique du Nord n'était pas établie par les documents publiés. Fréquente aussi bien les eaux stagnantes et chaudes que les ruis- seaux où on le rencontre parfois mêlé aux espèces stcnothermes, et la profondeur des lacs (voir plus haut). Se reproduit en toutes saisons. Les quatre individus dont il s'agit se confondaient par leur taiUe et leur forme à l'état fixé à peu près parfaitement avec les échantillons de D. tubuliferum, dont la présence des yeux seule permettait de les distin- guer, d'autant plus que deux d'entre eux, faisant partie d'un lot simple- ment fixé à l'alcool, se trouvaient en fort jnauvais état. La tête est pour- tant nettement plus large que dans l'autre espèce et sur un individu monté (fig. 12) s'arrondissait presque réguHèrement en arc de cercle, au milieu duquel se détachait le croissant formé par le bourrelet adhésif, plus grand que chez D. tubuliferum et nettement godronné. L'aspect est donc très différent de celui du vivant, ce qui tient surtout à la rétraction des tentacules et à l'étalement du bourrelet. J'ai eu, d'ailleurs, des aspects absolument semblables en fixant au Bouin alcoolique des échantillons de Paris, et l'ana- tomie d'un individu mis en coupes ne différait en rien de la leur. Il n'est pas utile que j'en rappelle ici les détails classiques, d'autant plus que je serai obhgé de les citer par comparaison pour étabhr les caractères de l'espèce suivante. Il n'est point étonnant de rencontrer dans une grotte D. lacteum, vu la grande tolérance vis-à-vis des conditions d'existence que nous rappe- lions plus haut et qui n'est guère dépassée que par celle de Polycélis nigra. Il est curieux de constater que le séjour dans le milieu souterrain n'a pas entraîné, comme celui de la profondeur des lacs, la perte des yeux, d'au- tant plus qu'il vivait avec une espèce franchement obscuricole et aveugle. Sans doute s'agit-il d'individus entraînés. Jeannel et Racovitza (1918) TUEBELLARIÉS ET HIRUDINÊES 205 ont noté que leur récolte comprenait des Planaires blanches et d'autres colorées. Cette différence est certainement due à la nourriture, car D. lac- teum et D. tubuUferam sont l'un et l'autre sans pigment propre ^. Dendrocœlum tubuliferum de Beauchamp 1919 (PI. V, flg. 5 a 11). Type de l'espèce. — Crna jama, commune d'Adelsberg (Postojna), Bezirk Adelsberg, Provinz Krain, Autriche (27. IV. 14), n» 774. Vingt- cinq individus dont quatre non sexués. Les individus de cette récolte sont longs en moyenne de 7 ou 8 mm. sur une largeur de 2,5 à 3. L'extrémité inférieure est effilée, la tête est plutôt arrondie mais très polymorphe grâce aux aspects variés du bourre- let adhésif. Tantôt celui-ci est étalé en un simple croissant plus mince que chez D. lacteum et non godronné, soit qu'il occupe directement le bord frontal (fig. 10), soit qu'il se trouve au fond d'une dépression créée par les muscles longitudinaux (fig. 11). Tantôt il est replié en formant une pointe qui peut elle-même être saillante ou dans une semblable dépression (fig. 9) ou même mieux refermé, simidant une ventouse arrondie ou une fente longitudinale. Les tentacules, reconnaissables seulement à l'absence de glandes à leur niveau, paraissent moins protractiles que chez lacteum et ses congénères cavernicoles déjà connus. La tendance au rabattement et au festonnement des bords est moins accusée aussi, quoiqu'encore nette. L'orifice buccal est situé vers le début du tiers inférieur, l'orifice génital au miheu de celui-ci. Le nombre de caecums est 10 à 14 (de chaque côté), sur la branche supérieure, 13 à 18 sur les latérales. La réunion de celles-ci paraît constante, mais se fait de façon très variable : tantôt par anasto- mose simple ou multiple, les extrémités restant distinctes, tantôt par inosculation en un arc de cercle réguh'er, tantôt par fusion en un véritable cul-de-sac impair, portant une ou deux paires de csecums, jamais aussi développé que chez Dendrocœhmi Mrazeki d'après Vejdovsky ou nos deux espèces de Dendrocœlides. On sait que Steinmann trouve la réunion exceptionnelle chez D. infernale. J'ai déjà dit que ce caractère me paraît très fréquent chez D. lacteum. Des anastomoses supplémentaires existent souvent entre le pharynx et l'utérus et au-dessus de l'orifice génital. 1. Il y avait peut-ôtro dans cette station une troisième espèce. Dans une ancienne série de coupes fort ineoni plète et dont le sujet n'avait pas été étudié in tolo, je constate un pénis cylindrique traversé par un nùnce cunal et qui n'appartient certainement pas à tiu Dendrocœlum, nwis suggère PL ulbinsima Vejiiovsky. Je ne puis rien préciser dans ces conditions. 200 l\ DE BEAVCHAMP Les ovaires sont au-dessous des deuxième ou troisième eaicums, les testi- cules dorsaux et ventraux. La longueur du pénis et l'individualisation de la vésicule séminale (fig. IV et pi. V, fig. 7 et 8), distinguent nettement D. tubuliferaui des autres espèces du genre. L'organe se divise en trois parties : bulbe, pénis proprement dit, flagel- lum. Au début de la seconde on observe souvent une constric- tion, encore plus mar^ quée que sur la figure IV, qui l'individualise tout à fait nettement. A l'intérieur du bulbe, peu musculeux, les canaux déférents {cd) débou- chent de part et d'autre dans la vésicule {vs) qu'ils rétré- cissent; leur épithélium est élevé et cilié, celui de la vési- cule papilleux et vacuolaire sauf en arrière (comme dans D. lacteum, et à l'inverse de D. infernale). De plus elle reçoit de très nombreuses glandes extrinsèques sidéro- philes, très serrées dans le bulbe, éparses en dehors. Au- dessous commence le pénis proprement dit, cylindrique et formé d'un parenchyme clair, mais compact, que traversent des fibrilles radiaires et surtout longitudinales. A la périphérie, ces dernières se condensent en une couche mieux définie, en continuité avec certaines de celles qui entourent le bulbe ; elle est elle-même entourée d'une couche circulaire épaisse et très régulière, et celle-ci d'un épithélium cylindrique, élevé, portant de longs cils dont les bâtonnets et les racines sont parfaitement nets. L'épi - théfium du canal éjaculateur est, au contraire, très plat et difficile à dis- Dendroceelum tubuliferum DE Beauchamf. Schôiua de rapparcil copulateur vu par la face dorsale. Pour ne pas surcharger la figure, l'oviducte gauche a été réduit à son point d'abouchement. TURBELLAIUÉS ET H I RU BINÉES 207 tinguer du parenchyme, lequel forme à rintérieur quelques plis longitu- dinaux sans régularité (fig. 6). En descendant vers le bas, on voit le pénis se rétrécir et la muscula- ture circulaire s'amincir. Le point où elle disparaît complètement marque la limite de la partie invaginable qu'on pourrait à la rigueur regarder tout entière comme représentant le flagellum. Celui-ci, beaucoup plus simple que dans les autres espèces du genre, est en efïet un prolongement tubuleux du pénis qui se présente habituellement retourné à l'intérieur de sa cavité (fig. iv, /). La base montre encore le parenchyme et les fibrilles longitudinales compris entre l'épit hélium externe (avant invagination) élevé, l'épithélium interne bas ; l'extrémité, le flagellum sensu stricto n'est plus qu'un simple tube membraneux dont la paroi, mince et très difficile à étudier, paraît d'abord réduite à une double cuticule très chif- fonnée, mais renferme encore des noyaux et des fibres musculaires, grâce auxquelles elle est sujette aux variations de forme et de position les plus déconcertantes. Quand elle est dévaginée, elle peut prolonger le pénis ou se replier simplement à son côté (fig. 5, /), elle peut aussi se dilater en une sorte de vésicule membraneuse. Sur d'autres individus le flagellum est invaginé à partir d'un point quelconque et se présente au milieu de la coupe transversale du pénis (fig. 6) ; mais la contraction due à la fixation est telle qu'il se produit souvent des accidents : chez l'individu de la figure 7 l'extrémité tubuleuse brusquement retournée (/) a crevé la paroi du pénis et fait hernie dans l'atrium mâle, rompue d'ailleurs à sa base. Chez un autre, elle est remontée dans la vésicule, offrant le rapport normal chez D. ladeum et similaires que j 'ai schématisé dans la figure iv, mais de la même façon elle en a effondré la paroi, sa pointe pénétrant dans le parenchyme. Enfin sur un autre, je n'ai pu retrouver ce processus tu- bulaire évidemment amputé par la contraction, soit lors de la fixation, soit peut-être dans un accouplement antérieur. Tout cela montre qu'il faut y regarder à deux fois avant de décrire un aspect du flagellum comme caractère spécifique. En particuher, je l'ai vu souvent chez Dendrocœlum lacteum se présenter invaginé sur les coupes longitudinales avec l'aspect « en tulipe » que Steinmann a donné comme caractéristique de D. infernale (heureusement reconnaissable à d'autres caractères) et non les bords évasés que lui attribuent d'habitude les autem-s dans cette espèce. Sa manière d'être chez D. tubuliferum nous fixe aussi sur ses homologies et montre, contrairement à von Grajff (p. 3055), qu'il représente bien l'extrémité invaginée du pénis et non un diaphragme 208 P. DE BEAUCHAMP existant à son intérieur et devenu tubuleux. En faveur de cette dernière hypothèse on pouvait faire valoir deux arguments : d'abord le fiagellum des Deiulrocœlum connus antérieurement s'insère au col de la vésicule, dans laquelle il proémine, non à la pointe du pénis dont il est séparé par un canal fort court. Mais le fiagellum épais une fois dévaginé, le pénis devient absolument semblable à un pénis séparé en deux i^arties par un étranglement comme celui de PI. Brementi, et il est clair que les parois de ce canal sont simplement les lèvres protractées de l'orifice d'invagina- tion, grâce auxquelles l'extrémité morphologique paraît devenue interne. On peut dire aussi, et c'est l'argument de von Graff, que dans un pénis invaginé (il cite celui de Sorocelis tigrina d'après Sabussow) on retrouve à l'intérieur l'épithélium externe tandis que les vrais fiagellums sont tapissés sur leurs deux faces par l'épithélium interne. Ceci prouve sim- plement que, une fois l'invagination devenue durable, l'extrémité s'est adaptée aux nouvelles conditions dans lesquelles elle se trouvait, de même qu'elle a différencié chez D. lacteum et infernale des bourrelets circulaires saillants qui n'existent pas encore dans notre espèce ; du reste le tube terminal de notre espèce est semblable sur les deux faces. Enfin physio- logiquement, comme Ta montré Burr. le fiagellum sert à prolonger le pénis pendant l'accouplement, pour pénétrer jusque dans le canal utérin et r « utérus « lui-même du conjoint. On conçoit très bien que le pénis se soit allongé dans ce but, jniis que la pointe soit revenue à Tintérieur pour se loger (et remplir secondairement le rôle de valvule), beaucoup moins qu'un diaphragme intérieur se soit adapté à cette fonction. L'atrium mâle a un épithéUum cilié, bas dans la partie supérieure et surtout en arrière, élevé et glandulaire dans l'inférieure oii les fibres circulaires qui l'entourent (doublées elles-mêmes de muscles longitudi- naux éparpillés), se condensent en un véritable sphincter autour du point de jonction avec l'atrium commun. Cet orifice (fig. 7) a des bords légè- rement éversés mais ne forme pas une papille saillante dans celui-ci, presque un second pénis, comme dans D. lacfeum. L'oviducte commun vient s'y ouvrir, au beau milieu du sphincter (od). Ce rapport est le même dans D. lacieKm, où l'a bien vu Ijima (la figure et la description de Hallez dans la Zoologie descriptive de Boutan sont inexactes à ce point de vue) ; mais tandis que dans cette espèce l'oviducte commun descend à partir de son point d'abouchement jusqu'au point de réunion des oviductes pairs situés au-dessous de l'atrium commun, dans la nôtre il remonte légère- ment, ce point de réunion étant dorsal par rapport à l'atrium mâle. Toutes TURBELLARIÉS ET H I RU BINÉES 209 ces parties sont entourées d'une couche épaisse de glandes érythropliiles (go), plus développées que dans toutes les espèces que nous avons vues. L'organe musculo-glandulaire {ing fig. 5 et 7) est peu caractéris- tique : il est relativement petit, son bulbe presque globuleux entouré de nombreuses glandes extrinsèques qui traversent la musculature pour s'ouvrir dans la lumière, très étroite et peu visible. Elle ne devient nette que dans la pointe dont l'épit hélium cilié a ses corps cellulaires émigrés dans le parenchyme (« eingesenkt ») ainsi que les culs -de-sac adjacents de l'atrium. Le reste de celui-ci présente, au contraire, un bel épithélium cubique à noyaux alignés, également cilié. Il est analogue dans le canal utérin qui vient s'y réunir à ce niveau par un vagin bien différencié là encore (fig. 8, v), à musculature circulaire et radiaire puissante. Plus haut ce canal est étroit et suit le bord gauche de l'atrium mâle (fig. 5, eu). L'utérus apparaît tantôt arrondi, tantôt lobé suivant son état de disten- sion antérieur sans doute, ce caractère n'a pour moi pas de valeur. Il nous reste une question h, discuter, celle des rapports de notre forme avec la seule Planaire antérieurement connue dont on puisse la rappro- cher, Planaria vitta Dugès. Cette espèce comme nous l'avons dit plus haut, a été vue par de nombreux auteurs, surtout en Allemagne et en Bohême, et sa répartition s'étend depuis l'île de Riigen jusqu'au Léman et à Montpellier où se trouvait la station originale qui n'a point été revue. Tous l'ont identifiée uniquement d'après ses caractères extérieurs : taille petite, couleur blanche, bords Hnéaires, tête arrondie formant au milieu une dépression avec une petite pointe saillante (à peu près l'aspect de notre figure 9 avec l'étalement plus grand des lobes sensoriels sui' le vivant), yeux très rapprochés de la Hgne médiane. Eneffet, on ne la rencontre presque jamais à l'état sexué, et le seul qui ait vu ses organes copulateurs est Vejdovsky qui en a fourni à Bôhmig un schéma pour la Sûsswasser- fauna Deutschlands (1909, p. 158, fig. 263). Or. ce schéma montre le pénis prolongé par im long tube membraneux ^ et Bôhmig émet l'idée que ce peut être un flagellum dévaginé, auquel cas il faudrait placer l'espèce dans le g. Dendrocœlum (ce qui montre d'ailleurs qu'il partage les idées émises plus haut sur les homologies du flagellum). Du reste l'espèce a déjà été rangée dans ce genre, pour son seul aspect extérieur, par Stimpson et 1. SABtJSSOW (1903) figure aussi chez sa. Pîcmaria Dybowskyi duBalkal, espèce aveugle, un pénis terminé par un tube assez analogue à celui que nous avons décrit. Mais il ne dit pas (même dans le texte russe in-extenso) qu'elle soit invaginablc, et cette espèce se place tout ;\ fait à part par la réduction de la partie libre du pénis ut l'énorme développement du bulbe musculaire cylindrique, traversé par les canaux déférents, qui la précède. C'est d'ailleurs une Planaria sans organe musculo-glandulaire. ARCH. DE ZOOL. EXP. ET GÉN. — ï. 60. — F. 3. 16 210 P. DE BEAU G H AMP par Hallez notamment. Sur la vue de cette figure, j'avais d'abord con- sidéré mon espèce comme une simple race aveugle de la PI. vitta ; sans doute elle indique un oviducte commun qui remonte au lieu de descendre pour s'ouvrir dans l'atrium commun et non dans l'atrium mâle ; mais ce sont des détails pour lesquels on peut difficilement se fier à un schéma fait par transparence, comme paraît l'avoir été celui-là. D'autre, part PL vitta étant, comme on sait, le Triclade dont les yeux sont le plus simples, leur atrophie dans le milieu hypogée est aisée à concevoir (Bornhauser les a déjà trouvés très peu visibles dans certains échantillons, provenant d'un ruisseau bien éclairé d'ailleurs), et l'espèce a été signalée avec prédi- lection dans des sources et même dans des grottes. Le mémoire d'ENSLiN (1906 b) m'a forcé à abandonner cette identi- fication. Ayant coupé des individus asexués de la Sophienhôhle, cet auteur trouve en effet que les couches longitudinale et circulaire internes de la musculature pharyngienne sont bien distinctes, et insiste sur le fait que c'est là un caractère de Planaria. Or, dans mes individus fibres cir- culaires et longitudinales s'entre-croisent, comme dans les Dendrocœlum. Ce caractère, certainement spécifique en admettant même qu'il ne soit pas générique, m'a forcé à créer un nom nouveau. Je ne puis toutefois me défendre d'un doute : tous les auteurs qui ont cité la PL vitta d'après des caractères extérieurs qu'ils reconnaissent eux-mêmes assez variables, ont-ils bien vu la même espèce ? Et en particulier celle dont Enslin décrit le pharynx est-elle celle dont Vejdovsky figure l'appareil copu- lateur ? En admettant qu'il y en ait deux, laquelle doit garder le nom de DdGÈs ? Autant de questions qui ne peuvent être tranchées que par l'étude d'un vaste matériel de provenance variée. J'espère le faire en un temps plus favorable aux rapports internationaux ^. Genre POLYCELIS Ehrenberg 1831 Polycelis felina (Dalyell 1814) Département de VAriège (France). — Ruisseau souterrain d'Aulot, commune et canton de Saint-Girons (14. IX. 09), n^ 293. Une quinzaine 1. Au niomont de donner ce travail à l'impression, jo reçois, grâce à l'obligeance do M. P. Steinmann d'Aarau un précieux matériel do comparaison, notamment des Pi. vitta non sexuées provenant de la fontaine de l'Univer- sité, à Bâle. Ces animaux, probablement identi. biol. N. de la France, II, IV et V. Egalement 2^ éd., Lille 1894.) 1912. HoFSTEN (N. von) et Steinmann (P.). Die schweizerische Turbellarienlite- ratur. {Rev. Suisse Zool., XX, p. 689-723.) 1916. Ijima (J.). et Kaburakt (T.). Preliminary descriptions of some Japanese Tri- clads (Annot. Zoolog. Japon., IX, p. 153-71.) 1910. Jeannel (R.). et Racovitza (E. G.). Biospeologica XVI. Enumération des grottes visitées, 1908-1909 [3^ série] (.irc/i. Zool. Expérim. [5], V, p. 67-185.) 1914. — Biospeologica XXXIII. Enumération des grottes visitées, 1911-1913 [5^ série]. {Ibid. LUI, p. 325-558.) 1918. — BiospeologicaXXXIX. Enumération des grottes visitées, 1913-1917 [6« série]. {Ibid. LVII, p. 203-470.) 1909. JoHANSSON (L.). Hirudinea, Egel {SiisswasserfaunaDeutschlands, XIII, p. 67-84.) 1910. — Zur kenntniss der Herpobdelliden Deutschiands. (Zoo/, ^nz., XXXV, p. 705- 14, et XXXVI, p. 367-79.) 1913. — Ueber eine neue von D'' K. Absolon in der Herzegowina entdeckte Hôhlen- bewohnende HerpobdeUide. {Ibid. XLII, p. 77-80.) 1910. Lampert (K.). Das Leben der Binnengewasser (2® Aufl. 1 vol in-4*', 856 p., 5 pi., Leipzig.) 1851. Leidy (J.). Helminthological contributions. II. {Proc. Acad. nat. Se. Phila- delphia, V, p. 224-227.) 1918. Mawas (J.). Du brome en technique histologique comme dépigmentant. {C. R. Soc. Biol. LXXX,p. 767-69.) TURBELLARIÊS ET HlRUDlNÈES 217 1888. MoNiEZ (R.). Faune des eaux souterraines du département du Nord et en par- ticulier de la ville de Lille. {Rev. biol. N. de la France, I, p. 142-146.) 1900. Mrazek (A.).Ueber das Vorkommen einer Sûsswassernemertine. {Stichostemma grœcense Bôhmig) in Bôhmen. {Sitzungsber. kôn. bôhm. Ges. Wissensch. /. 1899.) 1906. — EinezweitepolypharyngealePlanarienform aus Monténégro. (/6jVZ. /. 1905, 18 p., 1 pi.) 1913. — Einige Bemerkungen ùber Dina AbsoloniJoh. {Zool. Anz. XLIII,p. 239-40.) 1914. — Regenerationsversuche an der tripharyngealen Planaria anophthalma. {Arch. f. Entwicklungsmech., XXXVIII, p. 252-276.) 1912. Oetcke (E.). Histologische Beitrâge zur Kenntniss der Verdauungsvorgânge bei den Araneiden. (Zool. Jahrb., Abt. f. Physiol., XXXI, p. 245-83, pi. III.) 1879. Packard (A. S. jun.). Zoology for students and gênerai readers. New- York. 1883. — A Cave inhabiting flat worm. [Americ. Natur. 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Beitrago ziir Anatomio einiger Organe der Susswasserplanarien. {Sitzungsb. kôn. bôhm. Ges. WisN. /. 1901, 23 p., 2 pi.) 1908. WiLHEi.Mi. Tricladen {Fauna u. Flora Neapel, XXXII, XII-405 p., 16 pi.) 1897. WoODWORTH (W. M'c M.). Contribulions to the morphology of the Turbellaria II. On some Turbellaria from Illinois. {Bull. Mus. Zool. Harvard Coll., XXXI, p. 1-16, 1 pi.) Liste des numéros de matériel avec énumération des espèces récoltées. TURBELLARIÉS 182. — Plantiria sp. 221. — Triclaiic indéterminable. 293. — Polycelis felina (Dalytll). 329. — Planaria sp. 332. — Planaria gonocephala Dugès. 610. — Dendrocœlidcs Ecgnardi de Beauchamp. 611. ■ — Dendrocœlides Regnardi de Beauchamp. 648. — Tricladc indéterminable. 774. — Dendrocœlum lacteum (Miillcr). 774. — Dendrocœlum tubulifcrum de Beauchamp. 779. — Ehabdocœle Dalyelliidé. 781. — Planaria Bremcnti de Beauchamp. 800. — Triclade indéterminable. 1003. — Dendrocoelidos CoUini de Beauchamp. 1004. — Dendrocœlides Collini de Beauchamp. 100.5. — Dendrocœlides Collini de Beauchamp. 1007. — Dendrocœlides Collini de Beanchamp. 1009. — Dendrocœlides Collini de Beauchamp. 1010. — Dendrocœlides Collini de Beauchamp. 1011. — Dendrocœlides Collini de Beauchamp. 245. — Herpobdella octoculata (L.). 611. — Herpobdella tcstacea (Sa^^gny). 617. — Herpobdella testacea (Savigny). 774. — - Herpobdella octoculata (L.;. 779. — Herpobdella octoculata (L.;. HIRUDINÉS 800. — Herpobdella octoculata (L.). 811. • — Hcalum tuhulifnum. — Fig. 12 : Demhocalum Uideum. Imp. CauU fr.ics, P-, Arch. de Zool. Exp'« et Gén>' Tome 60. PL VI Inip Cnlali frcri». P.ir Fig. 9-15 : Dcndma'Udes ««'""'''■ - Fig. ig-ls ; Daniro ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE Tome 60, p. 221 à 460, pi. VIL 20 Novembre 1920. LA CONTRACTION RyTHiiÉK mmm bes myotomes CHEZ LES ElIBRYONS DE SÉLACIENS I. Observation de Scylliorhinus canicu/a L GUI PAR le Docteur P. WINTREBERT Ancien Interne des Hôpitaux de Paris, Chef des travaux d'Anatomle comparée à la Sorbonne, Membre de la Société do Biologie, TABLE DES MAT/ÈRES Pagea INTRODUCTION 222 Chap. I. Technique 241 Procédé d'élevage. — Modes et conditions d'examen. Chap. II. Le stade G 251 I. Description des embryons : 1» Caractères anatomiques 252 2° Observation du mouvement 266 II. Vue d'ensemble : 1» Anatomie 284 2» Physiologie 285 A. Phénomènes généraux de l'activité musculaire. — 1» Le rythme (p. 286); 2° L'am- plitude égale de tous les déplacements libres de même sens, à une époque donnée (p. 291); 3" La propagation de l'onde (p. 292); 4" L'autonomie de chaque bande myotomique (p. 293); B» L'irritabiUté (p. 294). B. Conditions actuelles du mouvement. — 1» L'apparition du mouvement (p. 294) ; 2» Le siège du mouvement (p. 295) ; 3" La figuration maximale du mouvement (p. 299) ; 4» La durée de la mobilité au stade G (p. 303). Chap. in. Le stade H 305 I Description dei embryon» : 1" Caractères anatomiques 305 2» Analyse du mouvement 323 II. Vue d'ensemble : 1» Anatomie 337 2» Physiologie 339 A Phénomènes généraux del'acti vite musculaire. — l°Le rythme (p. 339); Z» L'am- plitude semblable de tous les déplacements libres de même sens, à une époque donnée (p. 345) ; 3» La propagation de l'onde (p. 345); 4» L'autonomie de chaque bande myotomique (p. 346); B» L'irritabilité (p. 347). Arch. de Zool. Exp. et Gén. — I. 60, — F. 4. 1* 222 /'. WINTREÈERT PagfS B. Conditions actuelles du ittou vfefildnt : 1° Le territoire de contraction (p. 350); 2" Le riTul du centre initiateur (p. 351); 3° La flguratlon maximale du mouvement (p. 331); 4" Les conditions ni6caiii(nics du iiiouvt ment normal (p. 352) ; 5" Les variétés de mouvement et leurs causes (p. 353) ; 0° La durée du stade H (p. 354). Chap. IV. Le ftade 1 356 I Description des embryons : 1° Caractères auatoniinuee 356 A. La gradation des caractères d'après leur valeur pour la sériation (p. 356); B. Etude jiartieu- lièrc des embryons (ji. 359); C. Comparaison avec le type I i\eliALV0VR{Prisliuru.s){\). 374). 2° Analyse du mouvement , 374 3" L'Irritabilité aux agents mécaniques 387 A Technique (p. 387) ; B. Observations (p. 387). II. Vue d'ensemble : 1° Anatomie. — I, Aspect général de l'embryon (p. 395) ; IL Caractères spéciaux (p. 397). 2° Physiologie 399 A) Phénomènes généraux de l'activité musculaire : 1" Le rythme (p. 399) ; 2° L'am- plitude égale des contractions libres du même ciHé, en milieu constant (p. 403; ; 3" La propa- gation de l'onde (p. 403) ; i" L'autonomie de chaque bande nmscuîaire (p. 404) ; 5° L'irritabi- lité : exploration directe de l'embryon par les agents mécaniques (p. 404). B)Conditions actuelles du mouvement: Aspect général derembryoïi au repos (p. 410); 2'' Le territoire de contraction (p. 410) ; 3° L'attitude de contraction maximale et le recul du centre initiateur (p. 411) ; 4° Le déterminisme du mouvement (p. 413). C) L'apparition et lo mode primitif des mouvements du cœur 414 D)La durée du stade I ot l'estimation de l'âge des embryons examinés 416 Chap. V. Discussion des résuttats 421 CUAP. VI. Comparaison avec le cœur embryonnaire ^ 426 Chap. VII. Tm valeur comparée et le déterminisme des deur caract-res principaux d'une contrartiun r:i'Jtmee aneurale, observée sur le vv.anl 435 Conclusion 444 INTRODUCTION I. Ex-poRé sommaire des faits. — II. Comparaison des contractions rythmées myotomique et cardiaque. — m. Les diverses acceptions du terme automatisme. — IV. Les conditions d'esanien do là contraction rythmée myotomique. 1° Points de repère auatomiques : nécessité d'une sériation précise, intérêt de l'examen morphologique externe; 2° Conditions éthologiques : leufs dans la JMaiicIle et danâ la Médi- terranée; 3° Conditions d'examen au laboratoire. — V. .Méthode de recherche. — VI. Les fonctions spéciales des appareils de relation i liez li s embryons des Vertébrés anaminotes. — VII. l'IaU du mémoire Lés premiers mouvements des muscles dn squelette , chez Scyîliorhinus canicula, 8ont rythmés et s'exécutent par \d seul jeu des myotomes, san^. l'intervention du système nerveux. J'ai obtenu la preuve de cette indé- iKiidance fonctionnelle (1917 h) par Tablation du bulbe et de la moelle sur la plus grande partie du tronc et spécialement sur ses parties antérieure et moyenne, point de départ de la contraction : au bout de quelques heures, le mouvement reparaît et présente les mêmes caractères qu'avant l'intervention. Los coupes histologiques des embryons opérés, faites en série, ont permis de vérifier l'ablation complète des centres nerveux. CONTRACTION ANEURALE 223 Cependant, pour reconnaître Tindépendance do la coiiti'd,ction muscu- laire, la preuve expérimentale n'est pas nécessaire, l'observation suffit ; les caractères des battements sont suffisamment tranchés pour déceler l'isolement fonctionnel du muscle, au milieu des divers processus de croissance qui s'accomplissent dans les autres organes. Je compte eu faire la démonstration dans ce mémoire, en décrivant le mouvement depuis son apparition jusqu'au moment où les centres nerveux viennent le diriger. Les principaux phénomènes sont les suivants : 10 La contraction myotomique est rythmée dès le début ; le rythme est absolument régulier ; la durée des révolutions est égale et ne comporte ni variation, ni arrêt, en milieu constant. 20 L'amplitude des déplacements est en relation avec l'âge, c'est- à-dire avec le nombre et la puissance des muscles mis en jeu ; elle varie aussi avec la température ; mais dans un milieu constant et pour une époque déterminée de Vontogenèse, elle garde la 7nême valeur. La région d'oii part le mouvement, d'abord antérieure, recule au fm' et à mesure de la croissance ; à partir d'elle, la vague de contraction se propage de proche eïi proche à tous les myotomes contractiles. 3" Le muscle est ifritable; il l'est surtout par les différences de tempé- rature ; cette particularité, chez un animal stéilotherme, et pour des œufs déposés à une profondeur qui les met généralement à Tabri des variations de la chaleur, ne peut étonner. Le mu>^cle est peu excitable par les agents mécaniques ; cependant, il répond à la piqûre des myotomes fonctionnels, même les derniers nés à l'activité et les plus postérieurs, par une réaction généralisée de toute la bande musculaire correspondante ; la conduction de V excitation est indépendante de la contraction et la précède. La contraction rythmée aneUrale des myotomes commence à la fui du stade G de Balfour et dure jusqu'au stade K. On assiste alors à un changement qui révèle l'entrée en scène du système nerveux (1918 h, c). Les modifications du mouvement s'accomplissent progressivement, mais elles sont intermittentes. L'action nerveuse est dominatrice d'emblée, mais elle s'exerce d'abord par à-coup ; elle devient graduellement plus durable et finit par se subîi>tituer à Faction propre des muscles. Le rythme muscuhiire, invariable en milieu constant, fait place alors à une cddence bilatérale coordonnée, susceptible de variation et d'arrêt. Ce chan- gement du mode de la contraction sous l'influence nerveuse démontre, au même titre que l'ablation médullaire et que les caractère^ particu- 224 P. WINTREBERT liers du mouvement primitif, la nature musculaire indépendante des premiers déplacements. Un quatrième argument vient confirmer leur origine aneurale ; il est tiré de la persistance latente, pendant la jiériode nerveuse, de la proiH'iété de se contracter rythmiquement, que le muscle manifestait avant la liaison neuro-musculaire : en effet, le rythme primitif réappa- raît si on enlève les centres nerveux pendant les stades K, L, M, N. Cette extirpation des centres cérébro-médullaires n'est pas le seul moyen de i^rovoquer le retour de la contraction aiieurale ; ou pont l'obtenir (1918 (1) grâce à l'empoisonnement par le ciu'are ou encore par mie élévation de la température au-dessus de 23° C. qui paralyse les nerfs avant les muscles ; le retour au type musculaire se voit aussi pendant la période agonique, quand les centres nerveux, plus vulnérables que la substance musculaire, ont cessé de fonctionner. Enfin il est une autre preuve de l'indépendance fonctionnelle du système musculaire, qui montre en même temps la cause pour laquelle, malgré ses caractères si nets, la contraction rythmée aneurale des myo- tomes a passé jusqu'ici inaperçue. Car l'œuf de ScylUorhinus canicula n'est pas, d'un objet rare; on le rencontre communément sur les côtes et les pêcheurs le trouvent fréquemment dans leurs filets ; tous les zoologistes le connaissent et ont regardé se mouvoir l'embryon. Si les phénomènes caractéristiques, que nous avons énumérés, n'ont pas jusqu'ici éveillé l'attention, c'est que les mouvements des deux moitiés droite et gauche de Vappareil locomoteur ne sojit pas synchrones et se contrarient mutuelle- ment. Les deux bandes myotomiques ne battent pas à l'unisson ; sans doute, elles ont à peu près le même rythme, la même vitesse de renouvel- lement des contractions ; mais cet « à peu près » est la cause d'une multiplicité d'attitudes qui, malgré le retour cyclique de leurs combi- naisons, a caché jusqu'à présent la constance et la régularité de chaque révolution latérale. Paton (1907), qui a observé de près les réactions de ces animaux, en vue d'établir leur correspondance avec les états successifs de structure des appareils musculaire et nerveux, n'a pas découvert la clef des phénomènes. J'ai moi-même regardé longtemps sans remarquer la répétition cyclique des diverses combinaisons de mouvements opposés et ce n'est qu'après avoir pratiqué l'enregistrement séparé des con- tractions de chaque bande musculaire latérale que j'ai reconnu son rythme particulier. Cet isolement fonctionnel de chacune des bandes myotomiques est confirmé parie mode spécial des réactions qu'elle mani- CONTRACTION AN EU RALE 225 feste aux excitations générales du milieu, aux changements de la tem- pérature par exemple, et se trouve plus spécialement mis en lumière, dans l'exploration faite au moyen des agents mécaniques, par la localisa- tion des réponses à la bande touchée. II Les phénomènes observés rapprochent la fonction primitive des muscles du squelette de la fonction cardiaque embryonnaire de tous les Métazoaires ; les premiers battements du cœur sont, en effet, unanime- ment considérés comme le fait d'une contraction rythmée aneurale. Les Sélaciens sont ainsi les seuls animaux connus pour posséder au début de la vie deux mécanismes musculaires rjd^hmés, indépendants du sys- tème nerveux, appartenant l'un aux muscles de la vie organique, l'autre aux muscles de la vie de relation. Il est vrai que certains partisans de la théorie neurogène ont objecté (de Cyon, 1899) que la contraction cardiaque n'était pas de nature musculaire parce que le cœur commence à battre avant que l'on puisse histologiquement déceler dans sa paroi des fibrilles musculaires ; ainsi le cœur du poulet bat à la 36^ heure de l'incubation, alors qu'il ne contient que des cellules contractiles non différenciées ; mais les fibrilles striées se déve- loppent rapidement et un tissu musculaire caractérisé est constitué avant l'arrivée des fibres nerveuses, émigrées tardivement dans le tube car- diaque (6^ jour de l'incubation) à partir des centres cérébro-spinaux (W. His jun., 1891). De même, chez les Sélaciens, les recherches de Balfour (1876) et de Paton (1907) ont prouvé que la fibrillation muscu- laire des myotomes s'établit au moment des premiers mouvements du corps et se développe dans les stades suivants. C'est donc bien au muscle lui-même, à tous les degrés de sa différenciation que nous devons rap- porter le fonctionnement primitif des myotomes et du cœur. III Les premiers battements cardiaques ont été classés parmi les phéno- mènes « automatiques » ; par comparaison avec eux, les premiers mouve- ments des myotomes, chez les Sélaciens, méritent la même dénomination et j'ai été tenté de désigner sous le nom d'automatisme le mode rythmé du fonctionnement myotomique aneural. J'ai dû renoncer à mettre ce 226 r. WINTREBEÏÏT terme en vedotto en raison de son inij)ré(ision. Des îvcccptions inullij)les, en effet, lui ont été données, qui rendent nécessaire une explication préala])le. 11 n'ajtnite rien au fait précis que je décris et, d'auti'e part, il p3ut créer quelque confusion par les interprétations diverses dont il a été l'objet, tant au point psychologique que physiologique. Créé par JoHANNES MuLLER (1845) pour les seules cellules nerveuses, il a été utilisé aussi bien par kvs niyogénistes que par les neui-ogénistes pour caractériser la contraction du cœur adulte. La fonction bulbaire respiratoire, dont les manifestations sont beaucoup plus variables, a été cpialifiée aussi d'au- loiuatique. Ou dit également que les centres nerveux sont automatiques, parce qu'ils semblent capables de fonctionner indépendamment des excitations venues du dehors. Certains même ont tendance à considérer toute cellule vivante comme douée d'automatisme par le seul fait qu'elle vit (RiCHET, 1895). Il ne s'agit plus dès lors de savoir si l'acte se renouvelle périodiquement, mais seulement s'il paraît spontané, c'est-à- dire si l'excitation qui le détermine est ((interne)) (Frédéricq, 1907). Prise dans cette acception, la notion d'automatisme n'éclaire nullement le fait précis du fonctionnement myotomique aneural qui, bien analysé, peut au contraire jeter quelque lumière sur sa signification ; celle-oi a évolué avec le progrès de nos connaissances sur le déterminisme des divers fonctionnements, mais sans prendre une orientation précise et en comprenant toujours des phénomènes disparates. Ne pouvant effacer les réceptions multiples données précédemment au terme « automatisme » et désirant éviter toute équivoque, je m'abstiendrai, autant que possible, de l'employer. IV L'expérimentation sur le vivant, pour être conduite avec succès, exige des recherches préalables. L'étude préliminaire approfondie de l'organisation structurale et la connaissance aussi parfaite que possible de l'éthologie sont nécessaires à l'établissement d'un déterminisme rigoureux. Ces conditions indispensables sont, en grande partie déjà, réunies chez Scylliorhinus canicula. Au poi7it de vue anatomique, les embryons de Sélaciens constituent un matériel de choix pour l'étude des manifestations neuro-musculaires ; l'évolution du système nerveux en particulier a été mise à jour par une multitude de recherches et le développement des muscles a fa^it l'objet de quelques travaux. Grâce aux résultats acquis, il devient possible, CONTRACTION ANEUEALE 337 après la constatation des faits, de tenter leur explication et d'établir leur relation avec les dififérents degrés d'organisation reconnus dans le cours du développement. Cependant, les transformations ontogéniqucs viennent à chaque pas modifier la structure et cette instabilité comporte, vis-à-vis de l'état adulte, une complication surajoutée, qui rend plus difficile l'interprétation des phénomènes. Aussi est-il nécessaire d'établir, pour chaque moment de l'ontogenèse, la correspondance exacte entre les manifestations fonctionnelles et l'évolution organique. C'est seule- ment par l'examen morphologique externe d'embryons vivants, observés et suivis dans leurs réactions, que peut être fixée cette concordance, à la condition toutefois qu'aux divers aspects extérieurs reconnus répondent les étapes repérées des structures internes. La description des formes externes apparaît donc comme Vinterméâinire obligé entre les recherches sur le vivant et les études anatomiques. Cependant, depuis longtemps, dans le champ des travaux effectués sur les Sélaciens, la technique des coupes est devenue l'unique procédé de recherche. L'abandon de l'observation morphologique externe a été presque complet depuis Balfour (1876), et, malgré les tentatives de Van Wyhe (1882) et des Ziegler (1892)^ la sériation des embryons n'a fait aucun progrès. Les auteurs négligent même, pour la plupart, de signaler les stades reconnus par Balfour et se contentent d'indications illusoires sur la taille, le nombre des myotomes, caractères éminemment variables suivant les espèces, différant même chez les individus, sui- vant les conditions de milieu. Ils n'ont pas pris garde que pour coordonner leurs propres résultats et les mettre en valeur, pour établir la compa- raison entre les divers types, pour faciliter le travail ultérieur, la recherche et l'application d'un bon classement étaient indispensables. Sans une chronologie exacte, toute synthèse de l'évolution embryonnaire devient impossible. Frappé de ce desideratum, j'ai préconisé l'emploi d'une méthode pratique (1917 a) et j'en appliquerai les principes à la sériation des embryons étudiés. Je respecte autant que possible l'ancienne divi- sion de Balfour ; elle est excellente pour les stades G, H, I, dont je m'occupe dans ce mémoire, et ce n'est qu'au stade K, celui de la liaison neuro -musculaire, que j'introduirai, dans la série de Balfour, quelques modifications. L'étude systématique des formes extérieures, dont j'ai senti plus que tout autre la nécessité pour la reconnaissance des étapes fonction- nelles, ne m'a pas seulement servi à sérier les embryons, elle m'a conduit 228 P. WINTBEBERT à cette conclusion intéressante et inattendue qu'avec le perfectionne- ment actuel des procédés d'examen, éclairage et vision binoculaire d'une part, variété des liquides fixateurs, colorants et éclaircissants, d'autre part, la plus grande partie des dispositions internes peut être distinguée sans le secours des coupes sur V embryon jeune et transparent. Sans doute, sans les résultats du-; à la technique microscopique, il n'eût pas été possible de donner à tous les détails des organes une signification précise et l'on doit spécifier qu'en général l'examen externe permet de retrouver, sur l'embryon entier, des formations déjà repérées grâce aux coupes ; néanmoins, la netteté habituelle des reconnaissances fait regretter que les deux procédés d'examen externe et interne n'aient pas été, dès le début des recherches, employés simultanément. Chacun a son impor- tance et son intérêt propres. Les coupes et leurs combinaisons, utilisées pour la reconstruction, sont certainement nécessaires à l'étude des organes profonds et permettent d'atteindre à une exactitude de détails que la vue en surface ne saurait donner ; mais d'un autre côté, les résultats ainsi obtenus sont fragmentaires ; la reconstitution des appa- reils sur une grande étendue laisse souvent à désirer, en raison des soins minutieux qu'elle réclame, et si les structures spéciales qui font l'objet particulier de la recherche sont ' tracées avec beaucoup de précision, les rapports avec les organes voisins sont trop souvent négligés. L'ins- pection extérieure de l'animal in toto met, au contraire, les appareils en place avec une incomparable facilité et elle fournit de leur topo- graphie une vue très exacte. Elle permet de résoudre des problèmes qui, jusqu'ici, ne paraissaient point de son ressort, et grâce aux aperçus d'en- semble qu'elle révèle, elle indique les points intéressants qui doivent faire l'objet de l'étude histologique. Elle a, de plus, ce gros avantage de pouvoir être employée sur le vivant ; elle permet, ainsi, de suivre les phases des transformations anatomiques, et facilite leur compréhension. A ces divers titres, elle mérite d'être employée avant la confection des coupes. Au point de vue éthologique, les informations que nous possédons sont peu nombreuses ; elles suffisent pourtant à fixer les conditions du développement normal qui nous intéressent particulièrement. J'ai utilisé des œufs de Scylliorhinus canicula provenant des Laboratoires maritimes de Roscoff et de Ban>n.ils. Qu'ils soient pondus dans la Manche ou dans le golfe du Lion, ils sont déposés le plus" souvent dans la région côtière (Pruvot, 1897) ; ils se trouvent à 50 ou 80 mètres de la surface en Méditerranée, à une moindre profondeur dans la Manche, et généra- CONTRACTION AN EU RALE 229 lement attachés par leurs vrilles à des touffes d'algues ou de bryozoaires. L'agitation superficielle de la mer ne leur parvient généralement pas ; les courants autour d'eux sont légers ; le milieu est obscur, ou à peine lumineux, la température presque constante. Nous devons à M, le professeur Pruvot quelques renseignements inédits sur la température des fonds de la région de Banyuls : une moyenne de température prise en 1893, pendant l'été, du 14 août au 6 septembre, donne 14^4 C. à 50 mètres ; en hiver, le 5 février 1903, à la même profondeur, le thermomètre marquait 13^8. La plus haute température enregistrée à 50 mètres fut 15^8, le 28 août 1900. Nous pouvons donc prendre comme moyenne normale, dans la Méditerranée, la température de 14^5 C. Dans la Manche, les œufs ont été rencontrés à toutes les distances de la côte, retenus à des Algues par leurs filaments ; on en a récolté même à la limite des plus basses mers ; mais la grande majorité se trouve dans la profondeur. Les eaux sont plus froides ; on peut estimer leur tem- pérature moyenne à 12° ; le 4 novembre 1919, la température prise au moyen du thermomètre à renversement de Richard était de \2^4: à 40 mètres de profondeur, et 12^2 à 2 mètres de la surface; elle était de 9^ le 2 février 1920 (Delage). Ces quelques données éthologiques sont précieuses, car elles nous permettent d'apprécier la nature du traitement que nous faisons subir aux embryons en les étudiant au laboratoire. Pour établir le type du mouvement et connaître les limites du fonctionnement normal, je me suis d'abord rapproché autant que possible des conditions naturelles, puis, en les modifiant, j'ai exploré l'irritabilité des animaux. J'ai reconnu que la lumière, la diminution de pression, le déplacement modéré de la coque, sont bien supportés. Par contre, les changements de température sont très vivement ressentis. Ainsi, au-dessous de 10<^C,,les mouvements s'af- faiblissent et se renouvellent moins fréquemment ; à 8", ils deviennent rares, inconstants, irréguliers ; vers 4o-5o, ils cessent. Si la chaleur monte au-dessus de 10°, la force et la rapidité des contractions augmentent ; 20° est un point critique au delà duquel les battements, répétés de plus en plus vite, diminuent d'amplitude et perdent leur rj^hme ; à 23^, ils s'arrêtent. La régularité des révolutions musculaires n'existe que dans un milieu constant ; tout changement rapide de température affole le mouvement ; mais, entre 8° et 20», la stabilité du milieu fait naître et persister, à une vitesse proportionnée à la chaleur ambiante, la 'périodicité caractéristique des contractioas. 230 P. WINTBEBERT L'activité embryonnaire est favorisée par une eau de mer bien aérée, mais les embryons ne sont pas très sensibles à la quantité d'oxygène et il suffit, tous les deux ou trois jours, de filtrer, puis d'agiter l'eau qui a déjà servi, pour garder les embryons en bonne santé. Avec de telles faci- lités de culture, l'œuf de Scylliorhinus canicula peut être dans tous les laboratoires à la disposition des expérimentateurs. C'est ainsi que, grâce à l'obligeance des Directeurs des stations maritimes de Roscofif et de Banyuls, j'ai reçu, au Laboratoire d'Anatomie comparée de la Sorbonne. à Paris, des œufs que j'ai élevés jusqu'à l'éclosion. Il est probable que tous les embryons des Sélaciens ovipares se com- portent, dans ces conditions, également bien. Cependant, pour Tobser^ vateur, une difficulté se présente : VopacHé de la coque. Elle a été résolue, pour Scylliorhinus canicula, par suite de cette circonstance, déjà remarquée par His (1897) et que j'avais cru trouver le pre- mier, que seule la pellicule superficielle de l'enveloppe est opaque ; en l'enlevant, on suit tout le développement à travers une paroi translucide sans danger pour l'animal. Jusqu'au stade 0, on ne peut, en effet, cultiver les embryons de Sélaciens en eau libre. J'ai, dans cette première étude sur les caractères du mouvement, écarté délibérément toutes les occasions de modifier le milieu ; mais, tout en cherchant à respecter le plus possible les conditions naturelles du mouvement, je n'ai pu éviter les fluctuations saisonnières, ni les variations quotidiennes de la température. Les observations rappor- tées témoignent donc de ces vicissitudes et notent les perturbations motrices correspondantes. Les variations observées sont utiles à con- naître ; elles donnent un aperçu de l'irritabilité très grande du muscle aneural et reproduisent des changements que tout observateur est exposé à rencontrer dans ses examens, V Le courant d'études qui a porté les embryologistes depuis un demi- siècle vers les recherches purement anatomiques, les a éloignés en même temps de l'observation du vivant. La tendance à ne s'occuper que d'ani- maux morts est encore très générale en zoologie. En ce qui concerne le développement des vertébrés inférieurs, je ne vois que Paton (1907) et GoGHiLL (1910) qui aient étudié, chez les Amphibiens et les Séla- ciens, le mouvement des embryons. La méthode qui consiste à élevey CONTBACTION ANEURÂLE 291 d'abord les embryons, puis à suivre pas à pas les étapes du dévelop- pement avant de pratiquer les coupes, paraît cependant logique et naturelle et l'observation préalable s'affirme encore comme le meilleur procédé d'orienter les recherches et de découvrir les problèmes inté- ressants. His (1897) l'avaitbien compris et recommandait, par exemple, l'examen de ScylliorhiiiKS canicula à travers la coque rendue transpa- rente, mais il parla dans le désert et ne fut pas écouté ; grâce à cette observation pratiquée sur le vivant, il fut le premier à entrevoir la cavité gastrulaire des Sélaciens, que j'ai nommée péridiscoïdale ou périblasfo- dermique (1917 c) et dont l'évolution entière resta ignorée des embryo- logistes trop confiants en la seule technique microscopique. Lacaze-Duthiers préconisait l'expérience (1889) ; il associait tou- jours l'observation aux moyens différents, suivant la taille des animaux et l'objet de la recherche, qui permettent de pénétrer leur structure ; il s'exprimait ainsi en 1897 : « Faire des coupes est une excellente chose ; « ce n'est pas une méthode, c'est un procédé ; d'ailleurs, c'est étudier un « être à un moment donné de son existence, c'est juger de ce qui a dû « être par ce qui est à ce moment. On n'arrive pas toujours ainsi à la « vérité ; quand la chose est possible, il est bien préférable de mettre « en pratique ce précepte, bien ancien, conseillé par Aristote : «Voir venir « les choses est le meilleur moyen de les connaître. » (p. 9), Le professeur Delage s'efforçait, en 1895, de diriger les zoologistes vers les études de Biologie générale, c'est-à-dire vers « la recherche des conditions et des causes des grandes manifestations de la vie «. Il disait (p. 10) : « Toute recherche pour avoir un réel intérêt doit aujourd'hui viser la solution d'une question théorique. Il ne faut plus se contenter, comme presque tous font aujourd'hui, de disséquer, couper, colorer, dessiner, ce qui n'avait pas encore été disséqué, coupé, coloré ou dessiné. H faut faire tout cela, non plus pour combler une'minime lacune dans nos connaissances anatomiques ou histologiques, mais pour résoudre un problème biologique si petit qu'il soit. « VI Dans le domaine de la physiologie embryonnaire, encore si peu exploré, j'ai cherché, depuis près de vingt ans, à mettre au service d'une idée direc- trice les divers procédés connus d'observation, d'expérimentation et de contrôle histologique. Les vertébrés anamniotes les plus communs, mais 232 P. WINTREBEBT aussi les plus fouillés dans leurs mœurs et leur organisation, m'ont servi. Les résultats ont été parfois tout à fait inattendus ; certains phéno- mènes embryonnaires ne cadrent nullement avec ceux que l'on a coutume de décrire chez les adultes ; ils déconcertent ; ils s'opposent aux théories classiques ; ils se révèlent d'une allure si particulière que leur enregistrement semble le résultat d'une erreur, et qu'il est besoin d'ob- server leur répétition constante, dans des conditions éprouvées, pour être convaincu de leur réalité. La contraction rythmée aneurale des myotomes chez les Sélaciens est un de ces phénomènes, mais il n'est pas isolé. J'en ai découvert un autre chez les Amphibiens (1904 &, 1905 a) ; il consiste dans la récep- tion et la conduction cVune excitation par V ectoderme, sans le secours du sys- tème nerveux. Cette irritabilité n'est révélée par une réaction musculpire qu'après les premières jïhases du mouvement ; brusquement étendue à la surface du corps, elle permet à l'embryon de ressentir une stimulation en tout endroit de son revêtement cutané et de la conduire à la partie antérieure du tronc. La pénétration des voies conductrices de l'ectoderme vers la profondeur se fait au niveau des premières proto vertèbres. C'est là que se place la liaison neuro-épidermique, point de départ du réflexe qui fait mouvoir le corps ; du moins, tout se passe comme si cette liaison existait, car je n'ai pas réussi à préciser histologiquement le mode de raccord des nerfs et du tégument. La méthode expérimentale m'a permis d'établir la preuve de cette conduction ectodermique aneurale ; le passage de Vexcitation, de la queue vers la tète, n'est pas interrompu par Vahlation de la moelle sur toute la longueur du corps, sauf, bien entendu, au niveau des premiers myotomes du tronc qui donnent la réponse ; et même s'il ne reste entre la partie anté- rieure et la partie postérieure de l'animal qu'un qmnt ventral d'ectoderme intact, la réponse est donnée. Il s'agit d'une fonction transitoire, mais elle caractérise, d'une manière constante, un moment très précis de l'on- togenèse. Elle s'installe chez l'Axolotl au stade de la contraction en boucle et cesse à l'apparition des oscillations bilatérales rapides (1914 c). L'ignorance de cette projH'iété, qu'on ne pouvait s'attendre à rencon- trer chez un Vertébré, peut causer des méprises. Elle conduit à consi- dérer, en cas de greffes réussies de moitiés antérieure et postérieure d'em- bryons, les relations nouvclk^s d'irritabilité, établies en quelques heures entre les fragments, comme la preuve d'une réunion per primam des siu'faces médullaii'es et des fibres nerveuses, alors (qu'elles résultent seule- CONTRACTION ANEURALE 233 ment de La cicatrisation rapide des bords de ] 'ectoderme. Hooker (1911), n'admet pas l'existence de cette irritabilité spéciale de l'ectoderme et met, à tort (1920 c), les réactions constatées sm' le compte soit d'un ébran- lement général, soit de la tension de la peau, provoqués par l'excitant. CoGHiLL(1914)et Herrick (HERRiCKet CoGHiLL, 1915) la méconnaissent et attribuent, en conséquence, à la moelle (ÏAmblystoma, dès la première étape du mouvement, une voie longue de conduction sensible, constituée par les axones des cellules ganglionnaires géantes de Rohon-Beard, voie ascendante qui serait développée bien avant la colonne motrice descen- dante. Mais des expériences multipliées, sur la i)lu})art des Anoures et des Urodèles de nos régions et sur Aviblystoina (1920 e-^), m'ont permis de confirmer son existence et de préciser ses caractères. Cette fonction d'irritabilité n'existe pas chez tous les Amphibiens ; seuls les œufs pondus dès la segmentation, et abandonnés dans la 7iature, la 'présentent ; on ne la rencontre pas chez les embryons développés dans l'oviducte maternel {Salainandra maculosa Laur), ni chez ceux qui sont portés par Tun des parents {Alytes ohstetricans Wagler, dont le mâle traîne le paquet d'œufs attaché à ses pattes postérieures). Tout se passe comme si l'effet utile de cette irritabilité était d'augmenter la fréquence des mouvements dans les œufs abandonnés à eux-mêmes et comme si d'autre part, les déplacements, les pressions, les changements de position imprimés aux œufs par les parents pouvaient suppléer aux contractions propres de l'embryon. A côté des deux fonctions embryonnaires précédentes, relatives aux myotomes des Sélaciens et à l'ectoderme des Amphibiens, il convient d'en placer une troisième, un peu plus tardive, dans l'ontogénie et dont le substratum anatomique est constitué par les cellules ganglionnaires géantes dorsales de la moelle. Présentes chez l'embryon de la plupart des Vertébrés aquatiques, elles persistent parfois jusque dans l'âge adulte, mais ont généralement une existence passagère. Dans la sous-classe des Plagiostomes, elles constituent « V appareil nerveux transitoire « de Beard (1889-1896) ; elles y sont très développées chez les ovipares, mais elles n'existent qu'en petit nombre ou même font défaut chez les ovovivipares et leur décroissance se montre parallèle à la dégradation de la coque qui entoure les œufs (Beard). Il paraît donc justifié de dire que leur fonction dinfiinue d'importance avec le degré d' endotokie. En cherchant par l'expéri- mentation à définir le rôle que jouent ces cellules dans la seconde moitié de la vie ovulaire, je suis parvenu à démontrer (1920 a, b) : 1° que la conti- 234 P. W INTREBËk'V Imité de la moelle n'est pas nécessaire à la iiropagatiou du mouvement 20 que la conduction médullaire ne dépasse pas 15 métamères ; 3° que la propagation du mouvement ondulatoire d'un bout à l'autre de l'embryon exige la participation active des myotomes. Leur resserrement provoque une excitation ; celle-ci, enregistrée par les prolongements périphériques des cellules ganglionnaires géantes, est conduite i)ar leiu* axone funi- culaire aux neurones moteurs postérieurs du même côté. La transmis- sion de l'onde est ainsi le résultat d'une suite d'arcs réflexes qui se commandent les uns les autres. Les fonctions primitives spéciales de l'embryon ne se limitent sans doute pas à des manifestations de mouvement ; celles-ci, d'un abord relativement facile, attirent l'attention ; mais leur étude fait soup- çonner l'existence de bien d'autres phénomènes, ignorés jusqu'ici en raison de la difficulté de leur observation et de leur mesure. On peut estimer que chaque période embryonnaire a sa j)hysiologie spéciale, en rapport avec les conditions de milieu dans lesquelles le développement s'effectue. Je puis appuyer ce point de vue par un autre exemple; en étu- diant l'éclosion des Vertébrés anamniotes, j'ai découvert que la sortie des larves de la plupart des Amphibiens et des Poissons Téléostéens est indépendante des mouvements du corps (1912 a, b, c). Chez la Truite et le Cyprin doré, je suis parvenu à préciser le déterminisme de l'éclosion et à montrer que la eoque est digérée par une aécrétioit particulière du revêtement cutané. Cette fonction sécrétoire, malgré son apparition tardive à la fin de la période embryonnaire, présente, au même titre que les manifestations du mouvement précédemment citées, le caractère d'une manifestation fonctionnelle spéciale à l'embryon. L'examen physiologique des embryons ne fait donc j^as assistei* uniquement au développement graduel des fonctions définitives ; il n'offre pas seulement l'intérêt de mieux analyser les éléments de celles- ci, grâce à leur api^arition isolé3 ; il permet encore de reconnaître des fonctionnements nouveaux. Il aboutit à constater que certains tissus ou organes, sous l'influence d'excitations dérivées des conditions ambiantes, peuvent manifester, dès le début de réi:)oque embryonnaire et par- fois indépendamment de toute réaction j)roi)re des autres orgaties, des proj)riétés pliiiiitives. Bans doute, la relation de celles-ci avec l'ensemble des processus généraux de la croissance est évidente, m;ds là liaison avec eux ne se fait, dans certains cas, que d'une manière indirecte ; ainsi la contraction aneurale rythmée se trouve fonctionnellement isolée CO^fRACTîON ÀNEÏJRALE n^ de toute autre manifestation de l'organisme, sauf en ce qui concerne lëë rapports de voisinage des myotomes et les corrélations humorales. Le caractère transitoire des manifestations physiologiques embryon- naires doit, tout d'abord, être mis en relief. La durée de leur existence varie pour chacune d'elles : elle est courte pour l'irritabilité ectodermique aneurale des Amphibiens (3 jours environ à 15° C.) ; moins brève, pour la contraction aneurale rythmée des Sélaciens (4 jours à I70-I80 C, 8 jours à 150 C.) ; longue pour le fonctionnement nerveux des cellules géantes dorsales des Sélaciens (2^ moitié de la vie ovulaire, c'est-à-dire 4 à 5 mois à lé^Cchez Scylliorhinus canicula). Ces manifestations, bien que passagères, se produisent à une période précise de V ontogenèse ; leur apparition et leur disparition s'effectuent à un Moment défini de la croissance ; elles peuvent donc servir, au même titre que les caractères morphologiques, à fixer le stade du développe- ment. L'évolution des fonctions embryonnaires prouve cwxun organe petit présenter, au cours de son développement, des propriétés successives, suivant Vétât plus ou moins avancé de sa différenciatioîi. En admettant que la per- ception et la conduction des excitations par la voie des celhdes médullaires géantes de Beard, et que la contraction rythmée aneurale puissent être considérées comme de simples modes particuliers des manifestations nêïveuse et musculaire, l 'irritabilité ectodermique aneurale constitue, par contre, une fonction essentiellement différente de la fonction glandulaire et de revêtement qui sera plus tard dévolue au tégument ; il y a lieU peut- être de remarquer, pour expliquer son origine, qu'elle a pour substratum le feuillet ectodermique d'où nait le système nerveux. La sécrétion cutanée capable de dissoudre la coque, à l'époque de l'éclosion, chez les Poissons Téléostéens paraît aussi de toute autre nature que la sécrétion muqueuse persistante de l'animal adulte. Le changement de fonction d'un organe, au cours même de Tonto- génie, n'a rien de comm^u,n avec le changement de fonction dont Dohrn (1875) a émis le principe au début des recherches sur le transformisme, en cxi)liquant celui-ci par la substitution d'une fonction accessoire ou secondaire à la fonction principale qui se dégrade. L'apparition de propriétés spéciales de l'embryon 71e peut être considérée comme un rappel de fonctions ancestrales, acquises pendant l'évolution phylogénique. Il est absolument vain, à propos des manifestations les plus précoces, celles qui sont aneurales, de chercher à établir un lien généalogique entre les Ver- 23C P. WINTREBERT tébrés actuels et les animaux dépourvus de système nerveux ; mais il peut être intéressant de remarquer que l'apparition de la contraction myotomique aneurale, avant la fonction nerveuse, chez les Sélaciens, appuie la conception de Parker (1910-1918) sur le développement phylogénique du mécanisme neuro-musculaire ; cet auteur, en effet, constatant l'absence de nerfs et la présence d'un tissu contractile chez les Eponges, admet cpie le premier pas dans la différenciation neuro- musculaire consiste dans la formation des « effecteurs », c'est-à-dire des muscles ; dans Tontogénie des Sélaciens, nous trouvons aussi, pour les muscles du squelette, le fait, connu déjà j)0ur le cœur des Métazoaires, que le fonctionnement du muscle devance l'action nerveuse. En ce qui concerne la valeur fonctionnelle du mouvement réalisé et sa signification phj'logénique, il est mdéniable d'autre part que la contraction myotomique rythmée ne conduit pas à la progression ; car la neutralisation latérale des mouvements qui résidte de la dualité de l'appareil musculaire, et qui se produit à la phase de conjonction des deux contractions, jDrovoque, à des moments variables, une immobili- sation presque complète. Un tel mécanisme ne se conçoit que sur un animal fixé, comme est attaché par son pédicule vitellin l'embryon des Sélaciens ovipares. L'irritabilité ectodermique aneurale des Amjjliibiens ne permet pas d'évoquer non jjlus une forme ancestrale ; car elle manque chez les Pois- sons {Scylliorhinus, Cyprinus, Truita, Perça, Carassius) (1920 e) ; elle paraît dériver de la propriété générale d'excitabilité présentée par toute' cellule, et répartie à la surface entière du revêtement cutané par la réiniion syncytiale de ses éléments ; mais elle se relie, d'autre part, chez le même embryon, à la fonction nerveuse beaucoup plus compliquée et spécialisée, distribuée déjà à la région antérieure du tronc. La coexis- tence, dans le même organisme, de structures aussi disparates et de capa- cités fonctionnelles généralement aussi étrangères l'une à l'autre dans la phylogénie, compose un ensemble hétérogène qui ne peut être ratta- ché à aucune forme adulte connue. L'irritabilité spéciale de l'ectoderme n'est, du reste, pas inscrite dans la lignée héréditaire de tous les Amphi- biens et j'ai souligné plus haut son caractère occasionnel. Les cellules géantes ganglionnaires dorsales de la moelle représentent pour CoGHiLL (1914, p. 204) l'élément nerveux afférent des Chordés les plus primitifs, et, de fait, elles se rencontrent chez la plupart des Vertébrés inférieurs ; mais elles n'ont pas toujuurt; la inême situation, CONTRACTION ANEUh'ALE 2'M ni les mêmes rapports et il est, par conséquent, difficile d'attribuer à toutes la même signification physiologique (Van Gehuchten 1897). A elles seules, du reste, elles ne peuvent constituer un système nerveux complet et Ton n'aperçoit pas d'autres éléments qui dégénèrent en même temps qu'elles au sortir de la phase embryonnaire. De plus, elles sont, comme nous l'avons vu, peu dévelopjjées, ou même font défaut, chez les Sélaciens ovovivipares ; cette constatation montre combien les circons- tances de milieu ont d'influence sur lem- apparition. Il semble donc légi- time d'admettre que leiu- différenciation, dans tout le groupe des Verté- brés inférieurs, provient de la similitude des conditions subies par des embryons dont la croissance a lieu sans l'aide des parents. Les phénomènes do digestion des membranes d'enveloppe chez des Poissons, présentent un certain caractère de généralité ; elles ne se ren- contrent pas seulement chez les Téléostéens; en effet, dans l'œuf des Sélaciens, on assiste à une dissolution progressive des glaires et du gluten autour de l'embryon, tandis que la coque extériem-e, dans ses parties dures et cornées, reste intacte. Le mécanisme d'éclosion présente dans chaque classe de Vertébrés, et pour chaque espèce, suivant ses conditions éthologiques spéciales, des particularités qui tiennent au nombre, à la forme et à la constitution des membranes d'enveloppe ; l'origine variée de celles-ci, ovarienne, tubaire, utérine, d'oii dépend leur struc- ture, peut expliquer, jusqu'à un certain point, la manière dont elles se comportent vis-à-vis des excréta déversés dans le milieu ovulaire. Les réactions de l'ectoderme se montrent aussi fort différentes; elles varient, non seulement dans les différents groupes d'animaux, mais chez le même embryon, suivant l'époque du développement ; cependant, quelles qu'elles soient, elles peuvent être considérées comme une réponse de l'organisme aux excitations venues du milieu ambiant. Toutes les fonctions embryonnaires étudiées doivent donc être rap- portées à des « causes actuelles », suivant la conception de Delage (1895). Les diverses parties du germe se développent en fonction du milieu oii elles se trouvent placées, mais il paraît naturel que certains organes reçoivent et manifestent, d'une façon plus marquée que d'autres, l'in- flence des conditions externes. Le caractère occasionnel de l'Irritabilité ectodermique aneurale des Ampliibiens et de la fonction des cellules géantes de Beard chez les Sélaciens est, ainsi que nous l'avons vu plus haut, nettement établi. Il est probable que les recherches entreprises sur la distribution, parmi les Sélaciens, de la « Contraction aneurale ARCH. d&Zool. Kxp. et GéN. — T. 60. — F. 4. ' 17 ââè p. WINTREBERT rythmée des myotomes, aboutiront à constater que, de même que les fonctions précédentes, celle-ci est liée à la vie intra-ovulaire des embryons développés en dehors des parents. Le milieu dans lequel s'effectue, depuis de nombreuses générations, la croissance des œufs pondus et dans la nature, ne montre guère do changement; les variations des conditions externes, abandonnés pen- dant la saison du frai, sont très faibles d'une année à l'autre; aussi l'oiDpo- sition entre le caractère transitoire des fonctions embryonnaires et la constance du milieu est-elle à souligner. Toutefois les phénomènes de mouvement, auxquels se rapportent la plupart des fonctions signalées, ne cessent pas de se produire parce qu'une de ces fonctions disparaît ; les mouvements changent d'as- pect, prennent ime allure différente, en rapport avec les nouvelles influences qui les dirigent, mais ils n'en continuent j)as moins d'exister. Le caractère actuel des manifestations embryonnaires se précise encore si l'on aborde le problème de leiu- utilité. La sécrétion du revête- ment cutané chez les Téléostéens vient sans nul doute faciliter leur cclosion. L'effet utile des premiers mouvements du corps, dans les différentes classes de vertébrés anamniotes, est 2>lus délicat à aj^précicr ; il est cependant aisé de constater qu'ils n'ont qu'un rapport fort éloigné avec les progrès de la locomotion. Les mouvements sont naturellement sous la dépendance des conditions mécaniques qui résul- tent de la forme de l'œuf (1914 b), mais, ni chez les Sélaciens, ni chez les Téléostéens {Trntla), ni chez les Ami^liibiens, leur évolution ne j)eut être envisagée comme un acheminement graduel vers le mode de la progression défuiitive. Leur signification, chez des embryons pourvus d'un vitellus abondant, enfermés dans une coque épaisse, et qui n'ont pas à « chercher » leur nourriture, n'est pas la même que chez une larve libre ; ils contribuent certes à l'entretien de la vie, mais d'une manière différente. Ils agissent ici en favorisant la nutrition des tissus; qu'ils soient exécutés d'une façon aneurale rythmée chez les Sélaciens, et plus tard entretenus chez eux i)ar une organisation nerveuse primitive, qu'ils soient rendus plus fréquents chez les Amphi biens par l'extension à toute la surface du corps du territoire excitable, ils paraissent avoir poiu' effet de faciliter la circulation du liquide intérieur, d'aider à l'élimination des déchets dans la cavité cœiomique et au dehors, et de favoriser la respiration. Ils ne déterminent pas seulement une succession de pressions et de relâchements dans la zone de flexion du corps, mais un CONTRACTION ANEURALE 239 brassage du liquide j^ériembryonnaire, intermédiaire entre l'embryon et l'ambiance externe. Etablis à un moment où le battement cardiaque n'existe pas encore (Sélaciens lOl* a), ou vient seulement de se produire (Amphibiens 1914 c), chez des embryons déjà avancés dans leui* crois- sance, les mouvements du corps contribuent sm'tout à la répartition des matériaux nutritifs et d'échange. J'ai montré que chez la Truite (1914 b) les contractions, dans un miheu carboné, devenaient plus fréquentes et plus vives que dans un milieu oxygéné ; mais, d'autre part, il est certain, comme Harrison (1904) l'a signalé le premier, chez les têtards de Rana 'paluatris et de Rana vires- cens, que le dévelojDpement des Vertébrés inférieurs peut être mené à bien, dans un milieu aéré, malgré lïmmobihsation prolongée des embryons par le clilorétone ; j'ai pu vérifier le fait chez beaucoup d' Amphibiens et de Poissons. Si donc il est indéniable que les mouvements primitifs concourent à la respiration, à l'excrétion, à la circulation, leur jeu n'est pas indispensable à la continuation du dévelopj)ement ; l'efficacité recon- nue de leur intervention se montre intermittente et subordonnée aux circonstances ; cependant leur exécution donne, sans doute, aux pro- cessus de la croissance une allure plus régulière. Il est intéressant de constater queBALFOUR (1876, M. E., t. I,p. 324), sans avoir remarqué l'automatisme des premiers mouvements chez les Sélaciens, a pourtant saisi le caractère embryonnaire spécial de la fonction motrice : « Il j^eut être bien de dire tout do suite que ces muscles ne forment (( qu'une très petite partie des muscles cjui apparaissent définitivement, « lesquels sont développés à une période beaucoup plus tardive grâce aux « cellules restantes des protovertèbres. La bande développée à ce stade « paraît être une formation spéciale qui est née par l'action d'une sélec- « tion naturelle, pour rendre l'embryon capable de trouver les conditions « nécessaires à sa respiration, par un mouvement continuel, et ainsi de a soumettre son corps aux influences d'une oxydation renouvelée ; et, « comme telle, elle fournit un exemple intéressant d'une structure « importante, acquise pendant et pour la vie embryonnaire. » La disparition des fonctions embryonnaires est le résultat d'une véritable métamorphose ; car, en admett?int que le changement soit limité à un appareil spécialisé, ou même réduit à un simple rema- niement cellulaire à l'intérieur d'un organe, il n'en est pas moins condi- tionné par une modification générale de l'être vivant. Dans le cas de l'irritabilité ectodermique aneurale des Amphibiens, le changement est 240 P. WINTREBERT brusque ; chez les Sélaciens, la disparition de la contraction rj^hmée aneurale et celle des cellules dorsales géantes de la moelle se font graduellement; mais la vitesse des transformations ne modifie pas leur nature. Si les fonctions embryonnaires résultent des interactions actuelles qui se passent entre le germe et le milieu ambiant, leur dispa- lition prouve, en raison de la constance des conditions externes, que le changement provient de modifications du milieu intérieur, c'est-à-dire qu'il s'est institué, entre les tissus plus évolués, des corrélations orga- niques nouvelles qui ne permettent pas la conservation des structures primitives, devenues inadéquates à l'ensemble de l'activité embryonnaire. Si donc Tavènement d'une fonction embryonnaire se présente comme l'effet d'interactions entre un état structural peu différencié et les condi- tions ambiantes, sa déchéance, à un stade ultérieur du développement, s'explique comme le résultat d'une tliscordance entre la structure spécialisée, précocement acquise, et les conditions nouvelles du milieu intérieur, sans qu'il soit encore possible de préciser le changement de conditions survenu. VII Le plan du mémoire est très simple ; après un chapitre de technique où le mode d'élevage et les procédés d'examen sont donnés, j'étudie successivement les stades G, H, I, pendant lesquels se manifeste la con- traction rythmée aneurale des myotomes. Chacun d'eux comporte une description anatomique et physiologique, suivie d'une vue d'ensemble des résultats acquis. L'étude de morphologie topograpliique qui, à chaque étape, précède l'examen du mouvement et de l'irritabilité, permet de rapporter à des moments précis de l'ontogenèse les modifications gra- duelles des déplacements. Dans chaque étude physiologique de syn- thèse, les phénomènes généraux de l'activité musculaire ont été séparés des faits particuliers relatifs à la croissance. Après l'exposé des observa- tions personnelles, je discute les opinions des auteurs sur le même sujet et je compare la contraction rythmée des muscles du squelette à celle du cœur embryonnaire. Le dernier chapitre résume les données acquises et les rassemble autour de deux signes principaux, le rythme et l'allure invariable du mouvement, dont la valeur comparée et le déterminisme sont examinés. Je suis heureux d'avoir l'occasion de témoigner ma gratitude aux Maîtres qui ont guidé mes efforts. Je garde fidèlement le souvenir du très CONTRACTION AN EU RALE 211 regretté professeur Alfred Giard, qui m'initia aux études biologiques et me les fit aimer. Le professeur Houssay dirigea mes premiers travaux sur le déterminisme du développement et de la régénération et m'accueillit avec la plus grande bienveillance dans son Laboratoire de l'Ecole Nor- male Supérieure ; il n'a cessé de s'intéresser à mes recherches et j'ai plaisir à lui renouveler l'expression de mon affectueuse reconnaissance. Depuis 1904, je suis attaché à la chaire d'anatomie comparée de la Sorboune. J^ prie mon éminent Maître, M. le professeur Pruvot, directeur du Laboratoire Arago de Banyuls-sur-Mer, et M. Racovitza, directeur-adjoint de cette Station, d'agréer mes remerciements pour leurs conseils éclairés et les grandes facilités de travail qu'ils m'ont accordées. CHAPITRE PREMIER TECHNIQUE I . Procédé d'élevage. — II. Modes et conditions d'examen : 1» Recherche de l'embryon ; 2» Préparation de la coque transparente ; 3° Eclairage ; 4° Température ; 5" Ouverture de la coqxie ; 6° Inspection physiolo- gique ; 7° Enregistrement ; 8" Examen anatomique. I. Procédé d'élevage Les œufs de ScylUorlihuis canicida peuvent être récoltés en mer, où on les trouve attachés parleurs vrilles à des touffes d'Algues et de Bryozoaires, mais il est plus simple, quand on étudie la première moitié de la vie ovu- laire et que l'on ne doit pas attendre longtemps le stade d'examen, de prendre les œufs dans l'oviducte des femelles apportées par les pêoheurs ; ils sont immédiatement plongés dans l'eau de mer, emportés au Laboratoire et placés, autant que possible, à une température constante, entre 12» et 150 c. L'élevage est facile à réaliser au bord de la mer, oii l'eau est renouvelée à volonté ; mais il est possible de suivre tout le déve- loppement dans les laboratoires terrestres. J'ai reçu, en bon état, à Paris, du Laboratoire maritime Lacaze- Duthiers de Roscoff, des œufs à tous les stades, depuis le début de la segmentation. Au début du développement, ils voyagent mieux que plus tard aux stades J, K, L, M ; à cette époque l'embryon est plus grand, plus exigeant sur le degré d'oxygénation du milieu, plus délicat aux heurts parce qu'il est plus mobile dans une chambre périembryonnaire plus spacieuse. Des œufs, au stade F, ont pu, sans souffrir, mettre huit jours 242 P- WINTBEBEBT à parv^^nir à destination à nno température de Ifio environ. A partir du stade O, quand la communication existe entre l'intéiieur de la coque et le milieu ambiant, par les boutonnières des extrémités, la mort d'un embryon entraîne celle de tous les voisins du même récipient. Les pré- cautions à recommander pour l'envoi sont celles-ci : ne mettre que trois œufs par bocal de deux litres ; les suspendre en pleine eau par un de leurs filaments fixé au bouchon ; remplir complètement le bocal ; marc^uer le dessus du colis. A la réception, on verse les œufs et l'eau de mer d^ns un grand cristallisoir plat, de façon que la hauteur d'eau au-dessus des œufs ne dépasse pas 4 à 5 cm., on note la température pour avoir un élément d'information sur les conditions du voyage, on nettoie la sur- face des coques, on recouvie le cristallisoir et on le place dans une salle retirée et fraîche, où le soleil ne pénètre pas et où la température soit, autant que possible, constante et voisine de \4P. Si ces conditions sont remplies, il suffit tous les deux ou trois jours d'aérer l'eau par un secouage prolongé, puis de la filtrer ; cependant, tous les quinze jours environ, il vaut mieux mettre les œufs dans une eau de mer nouvelle, reçue récemment. A moins d'avoir à sa disposition une chambre à température constante, ce sont les mois d'automne et surtout ceux de printemps, oii la ponte est abondante, qui sont les plus favorables à une étude suivie. II. Modes et Conditions d'examen P Recherche de l'embryon. — L'examen des œufs doit être pra- tiqué dès l'arrivée. On commence par différencier les coques les unes des autres par le nombre et la longueur des vrilles d'attache qu'on leur laisse. On cherche ensuite à préciser l'âge des embryons. Mais il faut d'abord les trouver dans l'enveloppe opaque. La manière dont ils sont disposés dans le bocal d'envoi a pour cela quelque importance ; en effet, en raison de la densité moindre du pôle animal, l'équUibre du vitellus est tel que l'embryon, sauf tout au début, est toujours tourné vers le haut. Si donc on a la précaution de noter la position de la coque, à l'arrivée, la zone de recherche est déjà circonscrite. L'opacité de l'enve- loppe n'est pas toujours la même ; il est des enveloppes claires, d'autres foncées ; chez les premières, en interposant la coque entre l'œil et une source de vive lumière, on arrive vite et facilement à découvrir l'em- bryon, surtout à jour frisant ; chez les secondes, cette manœuvre ne CONTRACTION ANEUBALE 243 donne rion. C'est alors qu'il est intéressant de savoir à peu près où se trouve l'animal, grâce à la notation préalable de l'attitude dans le bocal d'envoi, car il n'est plus qu'une ressource pour l'apercevoir, c'est d'exfolier l'enveloppe, c'est-à-dire de lui enlever sa pellicule opaque. Dans l'ignorance de la situation approximative de l'embryon, il est préférable, plutôt que d'amincir toute la coque, de la placer pendant une journée, dans une position repérée, de la déposer au fond sur l'une des faces par exemple, ou encore de la suspendre par une extrémité, pour n'avoir à enlever de lamelle opaque que dans la région la plus élevée. 20 Préparation de la coque transparente. — Que les enveloppes soient claires ou foncées, il y a toujours intérêt à regarder les embryons à travers une membrane transparente ; aussi faut-il toujours préparer les œufs. On pourrait ouvrir la coque et voir l'embryon à nu ; mais celui- ci ne résiste à l'eau de mer que quelques heures ; il est donc sacrifié par cette manœuvre et d'une façon inutile, puisqu'on le voit presque aussi bien dans l'œuf quand l'enveloppe a été amincie ; la préparation de la coque donne donc le grand avantage de suivre l'évolution du même embryon tout le temps désirable. H s'agit d'enlever la pellicule superficielle, ainsi que His le pratiquait déjà en 1897. Voici le procédé qui m'a paru le plus commode. Je me sers d'une lame très mince de rasoir mécanique. Tenant l'œuf de la main gauche, j'enlève parallèlement à la surface, avec la main droite, des copeaux d'enveloppe au-dessus de l'endroit où se trouve l'embryon, en ayant grand soin de ne faire aucune perforation. L'amincissement doit être assez étendu et il y a intérêt à le prolonger du côté où la lumière pénètre. On aplanit la surface éclaircie en enlevant les arêtes qui séparent les facettes d'ablation. Les œufs étant déposés à plat dans le cristallisoir d'élevage, l'embryon jeune ne tourne que très lentement vers le pôle dorsal de la boule vitelline ; on agrandit la fenêtre claire en sui- vant sa piste; quand il s'arrête, il se trouve placé sous l'une des faces de la coque dans la meilleure situation pour être observé et pour se mouvoir librement. On voit combien il importe de conserver aux œufs la même attitude qui permet de retrouver le germe au même endroit dans les observations suivantes. La constance d'une position procure à l'embryon l'avantage de con- server autour de lui l'atmosphère liquide favorable à ses déplacements, tandis qu'à tourner en divers sens, avec le gâteau vitellin, il rencontre de 244 I\ WINTUEmUT noviveaux filaments glaireux qui le gênent, le tiennent renversé sur le flanc et restreignent sa mobilité. 30 Eclairage. — L'examen extemporané de l'allure générale des battements et du rythme, à l'œil nu ou à faible grossissement, n'exige que la lumière ordinaire du jour ou des lampes ; mais dès que le travail demande de la précision, la lumière diffuse est insuffisante ; elle ne ménage pas assez d'ombre et sépare mal l'animal de son support. On se sert alors d'une source lumineuse puissante, lampe à arc ou lampe Nernst, dont on n'utilise qu'un pinceau très étroit. Il est important de maintenir des conditions de température qui assurent la sécurité de l'em- bryon et garantissent la valeur des observations; on empêche l'éléva- tion de la chaleur par l'interposition, sur le trajet des rayons, d'une cuve d'eau à faces parallèles ; d'autre part, le récipient, qui porte l'œuf, contient une large quantité d'eau de mer, qui contribue à empêcher réchauffement. L'irritabilité des embryons par les changements de température est telle qu'il semble préférable de pratiquer les examens dans la salle même de l'élevage, oîi tout peut être rassemblé pour éviter les modifications de milieu c£ui dérèglent les mouvements. La direction des rayons lumineux doit être rapprochée de l'horizontale, afin de ne pas éclairer en même temps le fond et l'animal ; quand celui-ci est soulevé légèrement i)ar le pédicule sur le support vitellin, il est facile de l'isoler; quand le germe est plus jeune, l'éclairage frisant per- met encore d'exagérer les creux et les saillies de sa surface. On a tou- jours intérêt à varier l'éclairement pour préciser un caractère. On peut, soit illuminer l'embryon sur fond sombre, soit rendre lumineuse, au contraire, la boule vitelUne et apercevoir l'embryon en ombre portée, ou Inen encore regarder celui-ci par transparence en portant la lumière sur un côté pendant qu'on examine le côté opjîosé. H y a lieu parfois de combiner une position spéciale de l'embryon avec un éclairage parti- culier, d'employer par exemple la lumière diffuse du jour avec la clarté plus précise de la lampe, de pi'atiquer en même temps l'examen par transparence et l'examen par réflexion ; nous ne pouvons insister davan- tage sur les éventvialités particulières. 40 Température. — Le degré de chaleur est un élément si important de l'activité des embryons qu'il est indispensable de le noter à chaque examen. Les sautes de température occasionnent une arythmie prolon- gée, mais, en milieu constant et quelque soit la température de ce milieu, entre 8° et 20^, les associations du double mouvement rythmé (JONTHACTION ANEURALE 245 suivent leur cours habituel; elles se succèdent seulement à une vitesse d'autant plus rapide que la chaleur est plus élevée. Au delà ou en deçà de ces chiffres, la contraction devient anormale. Cependant on constate une certaine accoutumance aux températures extrêmes, quand elles sont persistantes, accoutumance qui se manifeste par une tendance à la régulation des mouvements. Je n'ai point cherché, dans le présent mémoire, à provoquer les fluc- tuations du rythme ; j'expose les faits tels qu'ils se sont présentés, sans excepter les dérèglements occasionnels inhérents à un travail de laboratoire effectué en toutes saisons. La température ambiante fut, à peu près, la seule condition influente que je n'aie pu conduire à ma guise ; j 'ai dû composer avec elle et noter les variations du mouvement consécutives à ses changements. J'ai retiré de cette étude le bénéfice de voir la contraction rythmée prendre, sous l'influence de ce facteur, des aspects divers qui m'ont fourni d'utiles renseignements. 50 Ouverture de la coque. — Il est fort instructif de suivre l'évo- lution du mouvement le plus longtemps possible sur le même embryon, à travers l'enveloppe. Cependant, quand on veut fixer, d'une façon absolument précise, l'instant anatomique d'un fonctionnement, ou pra- tiquer une expérience directe, il faut ouvrir la coque. Cette inter- vention détermine deux résultats différents, suivant l'époque de l'onto genèse où elle est pratiquée. Avant le percement naturel des fentes placées aux extrémités des contreforts latéraux, c'est-à-dire avant le stade O de Balfour, l'embryon, prématurément plongé dans l'eau de mer, meurt au bout de quelques heures ; mais au stade O, quand les boutonnières perforées de la coque ont établi une communication nor- male entre les milieux intra-ovulaire et externe, l'embryon peut vivre au contact direct de l'eau de mer, en dehors de son envelop^De, à condi- tion qu'aucune érosion de la boule vitelline ne donne une porte d'en- trée à l'infection. Voici le procédé d'ouverture qui semble préférable : il s'agit d'en- lever largement la face dorsale de l'enveloppe, de façon à laisser l'em- bryon couché sur le vitellus au fond de celle-ci. Tandis que la coque sortie de l'eau est tenue horizontalement de la main gauche, on perce sa paroi près d'une extrémité avec la pointe de forts ciseaux tenus de la main droite ; on sectionne ensuite la face dorsale de la coque autour de l'embryon, d'abord le long des contreforts latéraux, puis transversale- ment, de façon à découper et à libérer un clapet dorsal. On saisit celui-ci 246 P. WINTBEBEÏÏT avec une pince et on le soulève directement en haut; des glaires sont attirées qui adhèrent à sa face profonde ; dans l'arrachement, elles peuvent faire tourner d'un côté ou de l'autre le gâteau vitellin ; on surveille donc la position de celui-ci, tirant le clapet de-ci de-là pour empêcher le retournement du vitellus ; avec les doigts on sectionne au besoin les glaires sur le bord tranchant de l'orifice qui vient d'être pratiqué. Le clapet enlevé, on remet à l'eau la coque, qui a l'aspect d'un bateau, d'une nacelle, où l'embryon se trouve dorsal et médian par rapport au vitellus, si la manœuvre est bien exécutée. L'œuf une fois remis dans l'eau, l'embryon reprend ses mouvements ; mais il est parfois besoin d'écarter les glaires qui le gênent encore, en passant le long de son corps un instrument mousse. L'embryon des stades G, H, I, ne vit, en dehors du milieu ovulaire, que six à huit heures, à une température de 15°, Le mouvement présente parfois, au contact de l'eau de mer, un surcroît d'activité et ne retrouve sa régularité qu'au bout de quelques minutes. Après trois et quatre heures, l'embryon montre souvent des signes de faiblesse; on observe d'ailleurs, dans la résistance offerte et la longueur de la survie, des diffé- rences considérables, qui tiennent à l'état antérieur des embryons, à leur âge et à la façon dont ils ont été traités pendant l'éclosion arti- ficielle. 60 Inspection physiologique. — La plupart dos examens ont été pratiqués à l'aide du microscope binoculaire. L'ensemble du mouvement s'aperçoit bien, sous l'oculaire I, avec l'objectif de 55 mm., ou Va^, de Zeiss. Quand on veut saisir la contraction des myotomes, il est nécessaire de grossir davantage et d'employer par exemple l'oculaire II, avec les objectifs a" ou a' ; l'oculaire IV est trop sombre. La répétition fidèle du même mouvement rend possible d'en fixer les caractères avec sûreté et m'a permis de reproduire quelques tracés linéaires des flexuosites axiales qui schématisent l'allure des déplace- ments. Le dessin anatomique détaillé a toujours été fait sur l'animal immobile, frais ou fixé. La contraction se répète, pour une température de 16», à la vitesse moyenne d'une toutes les deux secondes ; cette rapidité n'est pas telle qu'on ne puisse estimer, à une simple iii'ipection, la valeur de la flexion pour tous les territoires, ainsi que le mode de l'onde propagée, et, en général, tous les phénomènes qui ont trait à la position du corps dans l'espace. Il en est autrement des événements qui se succèdent dans le CONTBACTION ANEURALE 247 tem/ps, et qui se rapportent aux combinaisons diverses et successives des mouvements ; l'obligation s'impose alors de séparer la constatation des faits, de la réflexion qui étudie leurs rapports et discute leur coordina- tion. L'essai d'isoler mentalement, dans l'ensemble des mouvements, certaines particularités du rythme, en portant sur elles, à travers les renouvellements successifs, une attention exclusive, augmente le pouvoir d'analyse, mais n'aboutit pas à découvrir le mécanisme intime des phénomènes. Un enregistrement des associations bilatérales de mouve- ments apparaît comme nécessaire pour comprendre leur succession, 70 Enregistrement, — I. Procédés. Deux procédés de précision pouvaient être employés : l'inscription graphique et la clu'onophoto- graphie. Ils ont tous deux leurs mérites et leurs difficultés; j'appré- cierai plus tard les uns et les antres au moment de publier les résul- tats qu'ils m'ont donnés. Dans le courant de ce travail, je n'ai fait usage que de procédés simples et facilement accessibles. C'est uniquement en notant les atti- tudes successives des embryons que j'ai compris l'indépendance de chaque bande myotomique et que j 'ai pu élucider le problème des com- binaisons motiices. Les temps de chaque révolution furent mesurés grâce à un procédé d'analyse mentale que nous exposons plus loin. Ces moyens simples sont immédiatement à la portée de l'observateur, dans toutes les circonstances, II, Enregislremejit des combinaisons motrices. On sépare la désignation des attitudes de leur mode de succession en inscrivant, à la suite les unes des autres, par des abréviations ou des signes conventionnels, et dans l'ordre où elles se présentent, les diverses combinaisons des deux mou- vements opposés, les égalisations, les claudications, les conjonctions, ainsi que la durée des temps de pause qui les séparent. On s'attache surtout à marquer exactement la direction du premier mouvement. Les notations sont poursuivies pendant plusieurs minutes ; puis, à tête reposée, la succession des faits recueillis est analysée pendant que l'esprit garde encore le souvenir des aspects divers que présentait chacun d'eux. LTne remarque générale s'impose, c'est que la combinaison des mouvements droit et gauche formée d'après l'intervalle qui sépare chacun d'eux (claudication, égalisation, rencontre) est purement sub- jective. Les mouvements sont indépendants et ne se combinent pas ; c'est notre esprit qui les associe, d'après le moment oii ils se produisent, en réunissant les plus proches. Nous utilisons avec soin ces associations ■MU r. WINTREBEJiT visuelles ; nous en réglementons l'emploi (Voir Embryon S Ba^, n^ 10 du stade G), mais nous savons aussi qu'elles ne sont qu'un moyen de suivre les événements. III. Mesure du temps des révolutions. 1° La durée totale des périodes est donnée avec une suffisante exactitude par un chronomètre ou mieux par un métronome dont on accorde les battements aux oscillations motri- ces ; le métronome est précieux en ce qu'il indique le temps à l'oreille pendant que les yeux sont occupés à suivre les mouvements. 2° Mais si le métronome mesure bien la durée complète des révolu- tions, il saisit plus difficilement les temps particuliers de chaque phénomène. Aussi, dans l'analyse intérieure des périodes, avons nous constamment fait usage d'une division chronologique qui est basée sur les particularités du mouvement lui-même et prend comme unité de temps la durée de la flexion céphalique. La tête rigide se déplace à droite, à gauche, et sert d'indice. On compte de 0 à 1 l'intervalle qu'elle met à parcourir la dis- tance de la ligne médiane au point maximum d'écart. En procédant ain"^], je n'entreprends pas de mesurer la durée de la contraction musculaire elle-même ; en effet, le déplacement de la tête résulte du resserrement d'un grand nombre de myotomes dont la contraction, par suite de la propagation, n'est pas simultanée. Je m'en tiens seulement au phéno- mène visible d'abduction céphalique ; une fois le temps du phénomène évalué mentalement, je continue à compter 2, 3. 4..., suivant la cadence donnée par lui. Le déj)lacement passif, ou de retour de la tête à la ligne médiane, se trouve aux stades G et H de durée sensiblement égale à celle de la flexion active, de sorte qu'on a, pendant cette période du développe- ment, un moyen de contrôler si le premier temps a été établi correc- tement ; on est, en effet, quelquefois surpris par le départ du mou- vement, et le premier temps peut être difficile à évaluer. Le second temps est toujours facile à mesurer parce que l'attention est attirée sur lui et que ses limites sont nettes : il commence au point mort de l'écart céphalique maximum et finit au retour de la tête à la ligne médiane. Dans l'évaluation des temps, certaines erreurs sont à éviter. II est nécessaire que la tête soit libre dans son déplacement, c'est-à-dire qu'elle ne soit pas gênée par le mouvement opposé et qu'aucun obstacle méca- nique extérieur ne limite son transport. Il faut aussi prendre garde, au seuil du stade I, que le retour passif est plus lent à sa terminaison qu'à CONTRACTION ANEURALE 249 son début ; car, à mesure que la courbe active se prononce, le redresse- ment élastique du corps devient plus difficile; il est toujours complet, mais la vitesse de son parcours varie; elle est maximum au plus fort de la flexion, minimum près de la ligne axiale. Suivant la rapidité de renouvellement des contractions, on obtient pour une révolution, avec la cadence basée sur la durée de la flexion céplialique prise comme unité, un nombre de temps plus ou moins grand, par lequel il suffit de diviser le chiffre de la durée totale, marqué en secondes par le métronome, pour connaître assez exactement la valeur réelle des temps que mettent à s'accomplir les principaux phénomènes : la flexion, le retour, la pause. H n'est pas difficile de compter menta- lement 10 à 20 temps avec une cadence régulière et il est rare qu'on soit obligé de compter davantage. A une température basse (8^), la révolution devient plus longue, mais alors le renouvellement de la contraction n'est plus rythmé. Dans l'analyse des phénomènes, il est aussi utile de co7inaître le rap- port qui lie le temps de la contraction à celui de la détente, que de mesurer la durée entière des révolutions. Le procédé de numération employé donne à la fois les deux renseignements. Ainsi, en comparant le nombre des temps que dure une révolution musculaire, à des températures différentes, on voit le cliiffre monter quand l'activité est amoindrie et diminuer quand elle est plus vive. A une température élevée, le premier mouve- ment est accéléré et il s'ensuit une rapidité de numération plus grande, mais la période de relâchement du muscle aussi est écourtée et, fait intéressant, la durée de cette détente diminue plus vite que celle de la période de contraction. C'est pourquoi quand la chaleur monte (jus- qu'à 20°), le nombre des temps comptés dans une révolution muscu- laire diminue rapidement; ainsi de 12 temps à 14^, il passe à 4 temps à 18°. Ces changements dans le nombre des temps suivant les tempéra- tures, constatés au moment même de l'observation, sans qu'un instru- ment de contrôle soit nécessaire pour les établir, sont très précieux pour la comparaison des réactions, dans les conditions variables d'un examen ; et quand le milieu est constant, la fixité reconnue du nombre des temps dans les périodes successives, garantit leur régularité. Le rythme des contractions est en effet le caractère capital de la fonction musculaire aneurale ; le temps réel que durent les révolutions est d'im- portance secondaire; tout l'intérêt se concentre sur la comparaison des 250 P. WINTREBEm^ temps que durent les révolutions successives et sur les événements jîar- ticuliers qui se passent à chacun d'eux. La comparaison des résultats de l'enregistrement mental doit être limitée à un seul stade ; car à mesure que plus de myotomes participent à la flexion et que la courbe devient plus prononcée, le premier temps devient plus long et, par conséquent, pour une durée égale, le nombre des temps comptés diminue. Le premier temps auijmenfc de durée avec la croissance (voir stade I). Un même nombre de temps, constaté à deux moments différents du développement, signifie donc une durée plus longue au stade le plus avancé, et une durée j^lus courte au stade le plus précoce. S'^ Examen anatomiqupj. — a) A travers la coque. Sur le vivant, pendant les stades G, H, I, il est difficile d'apprécier exactement l'âge de Fembrj^on; celui-ci n'est pas en position de bien montrer tous ses caractères ; i)lacéau dessus de la boule vitelline il présente, en général, le dos à lobservateur. En faisant voyager le vitelhis, par des inclinai- sons diverses do l'enveloppe, on arrive à le renverser légèrement, mais comme il est transparent et de même couleur que le fond, on n'obtient guère, par ce procédé, de renseignements décisifs : on ne constate, par exemple, le nombre exact des fentes branchiales que lorsqu'elles sont déjà bien formées. Les caractères les plus accessibles sont ceux de la face dorsale ; elle montre l'aspect du rhombencéphalè, la disposition de la cuvette auriculaire, la longueur et la proportion des trois segments du corps, pédiculaire, antérieur, post-pédiculaire, soulignés par les mouve- ments. Au stade I, quand la queue s'enroule en crosse ventrale, sa véritable longueur échappe. On n'arrive donc sui* le vivant qu'à suivre difficilement le stade à tra- vers l'enveloppe; pour fixer exactement les caractères anatomiques, un examen direct de l'embryon, hors de l'enveloppe, s'impose. h) La coque ouverte. La vue de l'animal en position dorsale sur le haut du vitellus et simplement débarrassé des glaires qui l'entourent, ne suffit pas encore pour déterminer l'époque précise du développe- ment. Il est nécessaire de le mettre de profil, d'examiner ses faces latéralt?s, à la fois en lumière transmise et par réflexion ; on précise ainsi l'état des fentes branchiales et on observe le cœur ; il y a même intérêt i)our cette observation à interposer derrière la région cardiaque et branchiale un écran foncé. Mais du moment que la coque est ouverte, l'embryon des stades CONTRACTION ANEURALE 251 de contraction aneurale est destiné à périr. 11 est dès lors préférable d'attendre la fin de l'observation ou de l'expérience pour saisir ses caractères. On peut estimer utile de le détacher avec son plateau vitellin de sustentation et, par cette manœuvre, de le conserver à l'état de vie atténuée pendant une heure environ ; mais nous avons reconnu que pour être certain de l'étudier dans son attitude normale et ses rapports naturels, il valait mieux le fixer en place, au sommet de la boule vitel- line, et effectuer ensuite, après coup, les constatations morphologiques. Ces précautions sont même absolument nécessaires si l'on veut préciser les relations mécaniques qui lient l'animal à son milieu dans la chambi'e embryonnaire. La connaissance de ces rapports est très importante et sans elle il est vain de chercher le déterminisme rigoureux des mouve- ments. Par la fixation au formol neutre, à 10-20 p. 100, les tissus restent suffisamment transparents pour que l'étude con?;écutive, en lumière transmise, apporte presque autant de renseignements que l'examen sur le vivant. Nous avons varié les fixateurs, mais employé surtout le formol picrique, diverses liqueurs chromo-osmiques, le sublimé ; la diversité des fixations permet d'obtenir des opacités différentes et des variations d'aspect, utiles à l'examen topographique. Les dessins, silhouettés à la chambre claire d'Abbe, sont accom- pagnés d'une échelle de dimensions, graduée en millimètres. CHAPITRE II Le stade G. La première contraction apparaît tout à la fin du stade G. Le début de la fonction musculaire se fait aussi exactement au cours du développement que l'apparition d'un caractère anatomique, que la formation des fentes bi'anchiales, des saillies oculaires, des fossettes olfactives. Il est l'expression d'un état structural de la fibre muscu- laire, qui entraîne son activité. Le fonctionnement paraît d'abord dans les m}'otomes antérieurs, les premiers nés' dans l'ontogenèse, puis envahit successivement les myotomes postérieurs, dont l'aptitude à la contraction marque une étape ultérieure du développement. Le passage de l'inertie à la mobilité, pour les premiers myotomes, est un événement 252 P. WINTREBERT considérable et soudain, qui attire l'attention plus qu'aucun phénomène morphologique, dont la naissance se montre toujours lente et progressive. Les embryons vivants, étudiés en vue de l'apparition des mouvements, ont été répartis en deux groupes suivant les conditions biologiques où ils étaient placés. La plupart furent examiné=; pendant Vété, à la Sorbonne, à une température de 18^ environ, supérieure d'environ 4^ à la normale. Cette élévation de température accélère le développement et augmente la fréquence des contractions, mais ne les altère pas. Elle donne l'avan- tage de prévoir et permet d'attendre, à quelques heures près, la première oscillation ; elle aide par conséquent à en fixer les caractères. Les trois derniers embryons examinés ont été suivis e)i hiver au Laboratoire Arago de Banyuls-sur-Mer, à une température plus basse, soit voisine de la normale (14"), soit légèrement inférieure à celle-ci (12o). Les premiers mouvements sont alors ralentis, peu étendus, longs à venir, difficiles à prévoir dans leur apparition ; mais en revanche l'analyse des flexions est plus aisée et conduit à des résultats plus importants. § I. DESCRIPTION DES EMBRYONS I. Caractères anatomiques 1" Aspect d'un embryon vivant (I), au début du stade (flg. I) (p. 252); 2° Aspect d'un embryon vivant, encore inerto (II), à la fin du stade (fig. Ii) (p. 254) ; 3" Etude d'un embryon fixé, encore inerte (III), à la fin du stade (flg. ril-vi) (p. 255) ; 4° Les caractères des embryons vivants à l'apparition du mouvement (flg. vii-xiii) (p. 263) ; 5° Comparaison avec les types classiques su stade G : 1» Type de Balfour ; 2» Type de H.-E et F. Ziegler. (p. 265). Voici d'abord l'aspect de deux embryons vivants, immobiles, appar- tenant l'un au début, l'autre à la fin du stade ; nous examinons ensuite un embryon fixé, alors qu'il était encore inerte mais sur le point de se mouvoir; nous passons finalement en revue les embryons mobiles et vivants dont l'observation physiologique est donnée plus loin. 1° Aspect d'un embryon vivant (I) vu à travers la coque au début du stade (fig. i). Les premiers mouvements de cet embryon ont été observés (Embryon d, n» 7, fig. xii) vingt-deux heures après l'exécution de la figure I ; le second dessin (fig. xii), fait à l'apparition du mouvement, montre les changements très rapides effectués en ce laps de temps, à une température de 1 8", La comparaison des deux images et la connais- sance des transformations qui se sont produites entre elles fournit, pour CONTRACTION ANEURALE 253 toute figure d'embryon intermédiaii-e, des éléments précieux d'infor- mation sur le moment d'apparition de la mobilité. Pendant la plus grande partie du stade, l'embryon, vu par la face dorsale, a l'aspect d'une petite baguette rigide, opaque et blanche, longue de 2 mm. 8 à 3 mm. 5, portée par la partie postérieure d'un blastoderme plat, déjà très étalé. La gouttière nerveuse vient de se fermer par la réunion de ses bords, mais la trace de cette jonction persiste sous l'aspect de deux fissures médianes, pla- cées l'une en avant, au niveau d'un renflement qui se r(' vêle comme le neuromère de la VII® paire crânienne, l 'autre à la partie la plus reculée du tube nerveux, au- dessus du canal neurentérique. Les deux extrémités du corps sont très élargies. Les lobes caudaux font une forte saillie latérale. Le cerveau est à son maximum d'expansion transversale, après fermeture de sa cavité. La région commune encore à la V® paire et au cerveau moyen est la plus étalée ; la membrane mince, semi- transparente qui constitue le toit de sa partie centrale est grisâtre et voile imparfaitement l'ombre dense très visible de la cavité nerveuse sous-jacente. Les trois vési- cules cérébrales primitives ne sont pas distinctes ; leur emplacement ultérieur peut à peine être soupçonné. Il est bien certain qu'aucune limite ne s'aperçoit entre le rhombencéphale et le mésencéphale dans la partie la plus large de l'ampoule cérébrale et, d'autre part, aucune indication n'est encore fournie extérieurement d'une frontière entre le mésencéphale et le prosencé- phale. Si l'on se reporte du reste au travail de Kupffer (1905), p. 69, on voit, à la figure 83, qu'un embryon d'Acanthias de 4 mm. de long et d'environ 30 métamères, donc plus âgé, montre les deux vésicules anté- rieures confondues en un archencéphale. Sur notre embryon, l'échancrure neuroporale est bien visible. Le canal neuroporique est-U ouvert? Nous verrons plus loin, sur l'embryon fixé, qu'on peut affirmer sa perméabilité. De chaque côté de l'archentéron et au-dessous de lui, font saUlie les deux vésicules optiques, qui dépassent à peine en dehors l'alignement latéral du cerveau. En arrière de la vési- cule encéphalique, large, discoïdale, le renflement beaucoup moins ample du Facial est flanqué latéralement, à distance de la paroi nerveuse, de ABOH. DB ZOOL. EZF. ET G£n. — I. 60. — 1<\ i, IS Fia. I. Embryon «f (N<>1, Anatomie ; N" 7, Phy- siologie da stade O) aperçu à travers la coque rendue transpa- rente, 22 heures avant le mouvement : tem- pérature d'élevage : 180 0. 254 P. WINTREBERT deux croissants brillants, à concavité interne, qui encadrent la convexité de ce neuromère et constituent la partie dorsale des placodes acoustiques ; la naissance de ces derniers se révèle donc beaucoup plus précoce qu'on ne l'avait signalé jusqu'à présent. Le tube nerveux est continué, plus loin, par une nouvelle dilatation, plus petite que la précédente, ayant l'aspect d'un cône tronqué à base antérieure, où prendront plus tard leur origine les IX^ et Xe paires. Le tronc est la partie la plus étroite de la tige embryonnaire ; on peut y compter 17 métamères grâce aux traînées transversales plus foncées qui marquent les espaces intermétaméiiques ; la longueur totale est d'environ 2 mm. 5. 2° Aspect d'un embryon vivant et inerte (II) vu à travers la coque à la fin du stade G (lig. ii). Il mesure près de 3 mm. ; il commence ses mouvements six heures après cet examen, à une température de 18°. Nous le retrouverons au stade H (Embryon z., nP 4, fig. xx). Les modifications morphologiques qui le distinguent du précédent sont les suivantes : le corps, plus étroit dans toutes ses parties, s'est développé dans le sens de la hauteur, au- dessus du vitellus ; les extrémités sont encore les parties les plus larges, mais elles s'étendent moins en dehors et la région cardiaque, dont le volume augmente, commence à être aperçue. La crête dorsale est bien constituée, la réunion des parois de la gouttière nerveuse est complète. La tête présente une saillie antérieure médiane, arrondie, constituée par la partie la plus basse de l'archentéron ; mais, par suite du rccourbcment ventral de l'extrémité antérieure, qui va de pair avec la voussure en dôme de la région rhombencé- j)halique, il devient difficile sur une vue dorsale d'apprécier exactement la croissance du cerveau. Les deux vésicules oculaires ont grandi et saillent latéi'alement jjendant que la légion commune aux cervaux moyen et postérieur se déve- loi)pe dans le sens de la hauteur, en perdant sa largeur pri- mitive. L'archentéron est réuni à la région du facial par ini talus nerveux médian. En avant du neuromèi-e de la VI l^ paire une diffé- renciation neuromérique s'accomplit, qui n'est pas celle du tiijumeau, mais celle du renflement intermédiaire aux deux paires nerveuses d'oii ne in;. 11. ICuiliryon z (.N" n, Aiia- toniie du stade O) vil à tia- Vrls la CdlHll-, 6 licurts a\aiit l'aiiiiaritioii du njouvi'jiunt. aONTRACTION ANEVRALE 26â mût aucune racine dorsale (Locy 1895, Néal 1898). La tranche supé- rieure, scintillante à la lumière, des plaques auditives, présente avec plus de netteté l'aspect arciforme. La région renflée, tronconique des IX^ et X^ paires continue d'opérer la transition entre la partie antérieure et large du rhombencéphale et le tube médullaire plus étroit. La distinc- tion des myotomes est plus aisée qu'auparavant ; la lumière réfléchie les montre comme des territoires blanchâtres délimités par des intervalles plus foncés ; on en compte dix-neuf entre les placodes auditifs et les ren- flements caudaux. ^^ 30 Etude d'un embryon encore inerte (III) et fixé à la fin du stade G (fig. III-VI). Après la fixation au formol neutre à 10 p. 100, sur place, pendant une heure, nous avons sectionné, au plus près de l'embryon, la paroi vitel- line environnante, de.façon à conserver la forme du pédi- ^""^^ cule vitellin. Nous examinerons cet embryon sous les 9 quatre aspects suivants, qui ont été dessinés : 1°) Vu en lumière réfléchie par la face dorsale, comme les deux embryons vivants précédemment étudiés ; 2^) vu par la face dorsale, en transparence; 3°) regardé en transparence par la face latérale gauche ; 4°) observé par la face ventrale sous le jet d'une lumière horizontale. L'ensemble des caractères indique qu'il est parvenu à la fin du stade G, et sa comparaison avec les silhouettes des embryons mobiles et vivants donnés plus loin (fig. vir à xi) prouve qu'il est au seuil du mouvement. Son appa- rence un peu trapue et ramassée peut être attribuée à la rétraction du liquide fixateur. Sa longueur est de 2 mm. 8 après la formolisation, mais l'on doit estimer qu'il pos- sédait un peu plus de 3 mm. avant elle. La figure m, où nous le voyons de dos en lumière réfléchie, ressemble à la figure 11. Cependant, certaines particularités désignent l'embryon III comme plus avancé que le II. Proportionnellement à la largeur du tronc, les renflements latéraux de l'extrémité caudale sont moins saillants et plus arrondis ; la crête dorsale, qui fait suite à la réunion des bords de la gouttière médullaire, s'étale moins à sa termi- naison postérieure et se trouve encadrée dans la queue au lieu de faire % ;a. m. Embryon N» III (Anatomie du stade G) non mobile et fixé. Ré- gion dorsale vue en lumière réfléchi''. 256 P. WINTEEBERT saillie en arrière d'elle. La région du neuromère préfacia], ou post-trigé- minal, est mieux circonscrite, plus développée en hauteur ; elle se dis- tingue plus complètement de la région cérébrale antérieure, elle-même plus ramassée et plus élevée dans le plan sagittal. En arrière d'elle se trouve le neuromère facial, plus bombé, flanqué latéralement des placodes acoustiqiies, concaves en dedans ; le raccord avec le tube médullaire se fait toujours par une région allongée, tronconique, où l'on ne distingue encore aucune spécification neuromérique. Les faces latérales de la tête sont plus dégagées. Le cerveau antérieur ne montre à une vue dorsale, comme chez l'embryon II, qu'une petite proéminence médiane ; la diminution de sa saillie résulte d'un recourbement ven- tral plus prononcé. Certains détails impossibles à déceler sur le vivant, sont visibles à un fort grossissement. Le plafond épendymaire, très mince, laisse transparaître la disposition intérieure des parois nerveuses et des cavités ; on voit en particulier l'ouverture plus sombre du mésen- céphale déboucher, à plein canal, dans le rhombencé- phale ; la partie antéro -supérieure de celui-ci n'est pas encore délimitée, mais son plancher, mieux formé que le toit, constitue déjà la partie basse de la fissure qui sépa- rera, au stade suivant, les vésicules moyenne et posté- rieure. Superficiellement, le dos de l'embryon est parcouru, d'une extrémité à l'autre, par une crête ectodermique médiane d'oii descendent latéralement deux plans incli- nés, comme les versants d'un toit. Sous le tronc, on voit dépasser de chaque côté les bords latéraux du blasto- derme vitellin, sectionnés longitudinalement. Le nombre des protovertèbres est de vingt. La figure IV représente l'aspect dorsal de l'embryon en lumière trans- mise ; elle nous dévoile les dilatations successives du tube nerveux en rapport avec les renflements extérieurs signalés. Cependant la partie claire centrale n'épouse pas absolument la forme des contours extérieurs ; en passant à travers le plancher nerveux, elle signale surtout l'épaisseur et la densité des parois latérales, plus développées à leur base qu'à leur sommet. On aperçoit d'abord, tout à fait en avant, la proéminence de la région 'prosencépîialique, dans laquelle on distingue trois teintes Fia. IV. Aspect dorsal, en lumière trans- mise, de l'embryon N» in (Ânatomie du stade G) non mobile et fixé. CONTRACTION ANEURALE 257 différentes, et on localise cinq territoires : un médian longitudinal, le canal clair et très reconnaissable du neuro'pore, deux bandes sombres qui bordent celui-ci de chaque côté et qui correspondent à l'épaississement des parois neuroporiquos et deux territoires externes, en demi-teinte, qui constituent les parois normales du cerveau. Derrière le bouton saillant du prosencéphale se place la cavité mésencéphalique très ample, qui ressemble au large ventre d'une fiole pansue, dont le fond serait dirigé en avant, tandis que le goulot étroit et annulaire s'allongerait dans le rhombencéphale. Deux ampoules seulement au lieu des trois renflements extej-nes (fig. m) constituent les dilatations visibles de celui-ci ; elles correspondent en grande partie aux renflements extérieurs reconnus comme territoires facial et préfacial, mais elles les dépassent en avant et en arrière. L'ampoule postérieure, allongée jusqu'à la lumière plus étroite du tube médullaire comprend non seulement les origines dorsales de la VII^ paire mais aussi, dans sa région effilée, celles des IX^ et X^ paires à peine ébauchées et sans trace de spécialisation. De même, l'ampoule antérieure ne comprend pas seulement la partie large qui constitue le neuromère intermédiaire au trijumeau et au facial, mais encore une petite région antérieure en forme d'anneau, placée à l'entrée du goulot rhombencéphalique, où les origines du trijumeau sont en for- mation. A ce niveau les parois latérales sont plus sombres et la clarté qui vient du fond est légèrement assombrie. Les parois latérales de la dilatation faciale sont renforcées par les épaississements des placodes acoustiques. En arrière, la lumière très étroite du tube médullaire aboutit au canal neurentérique dont on ne peut que deviner l'entrée, au milieu de la tache dense et foncée que forme l'extrémité caudale. En avant, les vésicules oculaires montrent leurs saillies très obscures où Ton n'aperçoit aucune luminosité. La figure v, qui présente en transparence la face latérale gauche, montre des détails suggestifs. Dans l'ensemble, l'embryon est cambré dorsalement ; la région ventrale de la tête est horizontale, mais sa région supérieure est très bombée ; le sommet de la convexité est situé au niveau de l'entrée du rhombencéphale tandis cpie la région auditive se trouve placée légèrement en contre-bas sur le versant ])ostérieur du dôme cépha- lique. Cfe versant de la tête est de beaucoup le plus long ; il se poursuit jusqu'à plus de moitié de la longueur de l'animal ; car le fond de l'ensel- lure dorsale se place au sixième myotome post-auriculaire, compté en prenant pour points de repère les travées claires verticales qui seg- 258 P. WINTREBERT mentent la masse musculo-branchiale en voie de développement. La partie postérieure du tronc n'est pas absolument horizontale, mais se relève d'une façon très légère vers la queue. Dans le corps de l'embryon la particularité la plus frappante est le trajet de la chorde dorsale ; elle apparaît comme un ruban clair, étendu depuis l'œil jusqu'à la queue ; les parties supérieures des myotomes qui, sur une vue exactement latérale, la dépasseraient un peu vers le haut, dans les parties moyennes et antérievn-cs du tronc tout an moins, se pro- jettent à cause du relèvement du dos, plus bas que sa tranche dorsale, qui apparaît ininterrompue. On constate en avant, sur son parcours, quelques flexuosités. Le premier angle à sommet dorsal se place à la limite postérieure de l'archencéphale, au niveau oîi se formera plus tard la fissure rhombo-mésencépha- iiqvie; la partie légè- rement ascendante qui le suit corres- pond, en avant, à une région cérébrale, mi-foncée, qui est celle de l'origine du trijumeau et, en arrière, à une région claire qui est celle du neuromère intermédiaire ; puis, sous les VII^, IX^ et X^ paires crâniennes, une nouvelle inflexion borde la partie inférieure du placode acoustique. Plus loin, se voient, transversalement placés les uns derrière les autres, les espaces clairs intermyotomiques dont la partie dorsale ne peut être distinguée de la région brillante ds la chorde ; au-dessus des premiers intervalles, la chorde présente un léger sillon et, entre les sillons, une légère convexité. Le dénombrement exact des premiers myotomes post-auriculaires par les contours extérieurs est toujours aléatoire ; au stade G, la dis- tinction avec les arcs branchiavix en formation est difficile ; plus tard, le remaniement prolongé des myotomes sus-branchiaux, pendant le développement de la tête et des branchies, introduit, dans la région, des changements que l'attention la plus vive, aidée des meilleurs modes d'éclairement, ne parvient guère à débrouiller. Le long du corps, au con- traire, les myotomes s'inscrivent nettement comme de petits rectangles sombres allongés verticalement et partout encadrés de clair, sauf à leur face ventrale; pourtant, même de ce côté, ils sont souvent bordés d'une FlQ. V, Face latérale gauche, vxie un peu dorsalomcnt, en transparence, de l'embryon N" III (Anatomie du stade G) non mobile et fixé, déjà représenté flg. m et iv. CONTRACTION ANEURALE 259 ligne brillante ; au delà de celle-ci, pour les dix premiers myotomes, on aperçoit encore un petit prolongement ventral et grisâtre, effilé vers le bas, qui correspond, à n'en pas douter, à une épaisseur plus grande de la plaque pariétale. En admettant que la bande obscure placée derrière le placode auriculaire et devant le premier feston ventral de la cliorde, représente le premier segment occipital, je compte en tout 20 myotomes. Le dernier se voit un peu en avant du niveau trans- versal de l'attache pédiculaire porstérieure ; il est à peine visible, et ce peu de visibilité vient accroître l'incertitude d'un dénombrement con^ forme à la réalité. Cette incertitude s'accroît encore en raison des traces de subdivision que nous offrent les deux segments antérieurs qui, sous certaines incidences, paraissent : le premier, double, le second, triple. La partie antérieure de la chorde semble se prolonger jusqu'au-dessous et en arrière de l'œil et d'autre part un ruban clair, partant de ce point, se dirige horizontalement en arrière en suivant, jusqu'au cœur, le plan ventral de la tête. Il existe à ce niveau une continuité apparente d'or- ganes transparents, que la comiaissance, poussée très loin, de l'anatomie dans cette région et un examen attentif permettent d'analyser exacte'- ment. La chorde se termine en réalité au-dessus du niveau transversal des vésicules oculaires et le tissu clair qui semble la prolonger vers le bas est celui de l'intestin préoral. La tige horizontale ventrale est une illusion provoquée par l'opacité plus grande du raphé médian bucco-pharyngien, représenté par la ligne foncée supérieure, tandis que l'espace clair soua- jacent est dessiné par les bords latéraux du plancher buccal qui des. cendent un peu plus bas. Le tube nerveux nous présente successivement ses différentes parties. En avant, un grand espace clair signale le ventricule archencépha- lique, au bas duquel, au niveau de la marge inférieure de la tête, se place l'opacité du globe oculaire ; au milieu de celui-ci se dessine une tache claire, premier indice du cristallin. En tournant l'embryon, sous le même éclairage, de la position de la figure iv à celle de la figure v, on constate que la délimitation des deux vésicules antérieure et moj^enne, ébauchée sur la vue dorsale, correspond à la ligne sombre sus-oculaire de la vue latérale. La région dorsale de l'archencéphale est limitée, comme nous l'avons dit, par une paroi sombre qui part du premier angle de la chorde. Le rhombencéphale présente des différences de lumière dont nous connaissons déjà la signification ; une première bande sombre, verticale, 260 P. WINTREBEET correspond à l'origine dorsale postérieure de la V^ paire : peut-être doit- on voir dans la partie sombre placée en avant de l'angle chordal l'origine antérieure, thalamique du même nerf, La bande claire qui suit est la partie latérale du neuromère sans origine nerveuse spéciale. Puis vient le monticule sombre discoïdal, où se trouvent confondues les opacités résultant de l'origine des VII® et IX^ paires et du placode acoustique : la VII^ paire correspond à l'avant et la IX® à l'arrière de la tache senso- rielle ; la bande obscure qui prolonge en arrière la crête neurale fait soup- çonner la possibilité d'une ébauche de la X® paire. Plus loin, le tube médul laire se devine assez mal, comme un mince ruban clair suschordal dont l'extrémité postérieure disparaît dans le tissu compact de la queue. Au-dessous de la chorde,nous apercevons, en avant, un premier terri- toire sombre triangulaire à base inférieure qui correspond à la région maxillaire ; en son milieu s'inscrit, en clair, un petit espace semblable- ment triangulaire qui montre avec beaucoup de netteté la « cavité mandi- bulaire » ; la bordure postérieure de celle-ci se trouve plus spécialement au-dessous de l'origine de la V^ paire. Derrière elle, la première fente branchiale est manifeste ; on sait qu'elle ne s'ouvre à l'extérieur qu'à une époque beaucoup plus reculée (stade K) ; elle a actuellement l'aspect d'une large tache brillante, plus étendue dans sa partie dorsale qui pré- sente un maximum de clarté, qu'à sa partie inférieure ; sa base dorsale est placée au-dessous de la région transparente du rhombencéphale, intermédiaire aux V^ et VII^ paires nerveuses ; son sommet descend devant le péricarde. L'opacité de l'arc hyoïdien qui la borde en arrière se prolonge en bas jusqu'au point culminant de la région cardiaque et en haut, au-dessus de la chorde, sur la lisière antérieure du renflement acoustique. La densité plus grande du territoire du nerf facial vis-à-vis de celui du trijumeau est en rapport avec la précocité de sa formation. Sous les régions moyenne et postérieure du placode acoustique, on aperçoit une région demi éclairée où la lueur centrale, encore indécise, marque la place où se formera la deuxième fente branchiale. L'apparition des fentes se révèle ainsi d'uyie façon progressive, dans les conditions excellentes des moyens d'études actuels. Les signes caractéristiques donnés par Balfour aux stades G, H, I, relatifs au nombre des fentes, et qui méri- tent d'être considérés comme le moyen le plus simple et le plus sûr de les reconnaître, ne conservent la valeur exacte que le grand embryo- logiste leur avait attribuée qu'à la condition que les embryons soient CONTRACTION AN EU RALE 261 examinés à un faible grossissement. En effet, il faut faire la part des moyens techniques plus perfectionnés que nous possédons, vis-à-vis de ceux que possédait Balfour et ne considérer comme « apparues » que les poches nettement visibles. La traînée d'ombre qui fait suite à la deuxième fente branchiale, dont nous avons pu deviner la place, s'étend en arrière et en bas jusqu'à près de la moitié de la longueur du corps ; sa lisière antérieure se trouve sous le pourtour postérieur du placode acoustique à l'endroit de l'origine probable de la IX<^ paire. Dans le haut de la région branchiale postérieure, la traînée d'ombre commence à être segmentée par les festons brillants des lignes inter- métamériques. Le péricarde, visible en clair, a des limites peu précises et le cœur apparaît comme un canal horizontal et demi-transparent, plus large en arrière qu'en avant, qui traverse la cavité péricardique. Les formations pharyngo-branchiales peuvent aussi être repérées sur les figures précédentes ; ainsi, en transparence, sur la figure iv, la cavité mandibulaire est facile à reconnaître comme un espace trian- gulaire bien encadré de parois plus foncées ; la lumière qui passe par la première fente branchiale est moins vive et moins bien délimitée ; le trait sinueux, que l'on voit border longitudinalement la paroi encéph?.- lique ventrale gauche, est tracé par le bord dorso-latéral de la chorde. En lumière réfléchie, sur la figure m, la place des deux cavités antérieures mandibulaire et branchiale se révèle par une clarté plus grande ; on voit particulièrement bien le soulèvement de leur paroi externe ; la saillie mandibulaire, la plus éclairée, est aussi la plus forte. Au-dessous et en arrière du placode acoustique, on aperçoit un renflement plus étalé, au niveau duquel la deuxième poche branchiale est en formation ; plus bas et en avant, entre celle-ci et la première poche, transparaît la région cardiaque. Si nous examinons maintenant le profil inférieur de la face latérale (fig. v), nous voyons que le pédicule vitellin est à peine formé ; il ne soulève pas l'embryon au-dessus du vitellus et ce sont les parois même du corps, développées en hauteur, qui dressent l'animal au-dessus du jaune. Le pédicule ne constitue donc pas encore un véritable socle, mais seulement une base rigide qui soutient l'embryon, en ne laissant dégagées que ses extrémités ; en avant, son point d'attache est au bas de la paroi péri- cardique antérieure ; en arrière, il se trouve au-devant de l'ouverture endodermique ventrale. H importe de préciser maintenant la signification de celle-ci. La 262 P. WINTREBERT disposition des organes dans la région ventrale postérieure est montrée svH" une figure spéciale (fig. vi). En raison de la position horizontale du rais lumineux venant frapper l'animal renversé sur le flanc, la chorde, flanquée des derniers niyotomes, s'inscrit comme une tige rigide et obscure, amincie en arrière ; elle finit par un crochet recourbé qui passe très près de la paroi caudale ])ostérieure. Le tube médullaire se trouve au- dessus d'elle, mais ne montre pas son contour. L'intérêt se concentre sur la face ventrale ; nous voyons, sur toute la longueur du renflement terminal, un sillon médian très net, qui est la trace de la séparation pri- mitive des bourrelets caudaux et qui signale leur réunion récente. L'in- testin caudal est donc fermé par dessous ; mais il s'ouvre, en avant des renflements caudaux, dans le prolongement de la rainure médiane qui les sépare, et le raphé qui provient de leur jonction forme même une petite languette saillante au bord postérieur de l'ou- verture. Ce foisonnement cellulaire médian n'est Fio. VI. Embryon S" iH (Ana- que la partie la plus antérieure de la cloison du toniîo du stado G) àO'ik ro- , i>r6sent6 figures m, iv, v. caual neurenteriquc, résultat de la suture des Aspect latôro-ventral gau- , , , ^^ tt ^nr^n mr^r, che de l'extrémité posté- masses caudalcs (O. Hertwig 1906, p. 796, nX^vitemuT'''^ '" '"" fig- 374-379). L'orifice endodermique se trouve-t-il à l'endroit ois l'anus futur se formera ? Cer- tainement non ; j'en donnerai la preuve aux stades suivants. Il n'est définitivement circonscrit que sur les jDarties postérieure et latérales ; en avant, les parois du corps laissent entre elles une jente, médio-ven- trale qui se prolonge, d'un calibre presque égal au diamètre de l'ori- fice terminal, jusqu'au péric^irde. C'est en débarrassant toute la surface inférieure du pétUcule de ses grains vitellins (fig. vi) qu'on découvre cet hiatus de la cavité splanchnique ; cependant l'ablation du vitellus laisse adhérente au bord de la fente une membrane transparente qui obture la cavité en passant d'une paroi à l'autre ; il s'agit probable ' ment de la membrane endodermo-vitelline, que l'on reconnaît déjà présente sur les coupes au stade de la gastrula (1917 c). EUe est réduite à un mince feuillet transparent sous la fente ; mais, sur les parties latérales, elles est renforcée par les feuillets blastodermiques qui tombent des flancs de l'embryon sur le jaune et qui la doublent déjà, en cet endroit, depuis le stade C. En arrière, cette membrane s'arrête à l'orifice de l'intestin caudal et, se réfléchissant sur le jaune, où elle se continue avec la membrane vitelline, laisse libre l'ouverture de la cavité CONTRACTION AN EU RALE 263 digestive abdominale. Quelle est la signification de cet orifice ? Elle peut eti'o déduite des caractères anatomiques signalés, et spécialement de la persistance, à la partie antérieure de l'orifice, du plancher endodermo- vitellin, comme au temps du blastopore. Il semble donc légitime de le considérer comme une continuation de celui-ci. On ne peut, en tout cas, le désigner comme l'anus, ou du moins comme rorlfice extérieur du cloaque, dont la formation est beaucoup) plus tardive. En suivant son évolution, nous verrons qu'il disparaît au stade H ; la cavité endodermique ou digestive devient alors ahsolu7nent close avant que la papille anale, qui marque la place de Vanus et de V orifice chacal futur, soit formée. En avant, la membrane endodermo-vitelline passe transversale- ment au-dessous de la région cardiaque et, dans la manœuvre d'abla- tion des couches vitellines au-dessous d'elle, on ne remarque aucune adhérence spéciale pouvant faire croire au début d'une formation cardio- vasculaire. Les feuillets blastodermiques se réfléchissent sur la boule vitelline au devant du cœur, comme sur les parties latérales. Ainsi que nous l'avons vu, cette réflexion n'existe pas encore en arrière. La figure 106 de H. E. Ziegler (1902) qui représente une section trans- versale du stade H de Torpédo, passant immédiatement derrière le pédicule, signale le manque de l'éunion des feuillets à ce niveau. Il est infiniment probable que la descente des feuillets blastodermiques sur le vitellus, derrière le pédicule, marque l'instant où le blastopore est défi- nitivement fermé. La queue, en l'absence de la papille anale, n'est pas encore consti- tuée; le centre formateur d'où elle tirera son origine se trouve dans le bourgeon terminal. Celui-ci, situé en arrière de l'orifice blastoporique, est de forme convexe dans ses parties dorsale et postérieurej concave et bifide à sa région ventrale ; sa largeur est un peu plus grande que celle du tronc. En transparence, il se montre très obscur dans la région postérieure (fig. iv); il y est même si dense qu'on ne peut, avec l'éclai- rage le plus vif, apercevoir aucune trace du canal neurentérique et de ses communications. 40 Les caractères des embryons vivants, à Vapparition du mouvement. Les jfigures vu à xiii montrent l'aspect des embryons dont l'obser- vation physiologique est exposée plus loin. J'ai cherché à établir, pour ces embryons, une concordance étroite entre les caractères habituels qu'ils présentent en vue dorsale et ceux qui se trouvent sur les faces 264 P. WINTIiEBEIiT latérales ; la comparaison des figures viii, x, xii, xiit, avec la figure de l'embryon N^ m est, à ce point de vue, fort instructive. Chez les embryons vivants, les trois vésicules cérébrales, dites primitives, ne sont pas encore distinctes ; on aperçoit cependant la frontière enti-e le prosencéphale et le mésencéphale mieux que sur l'embryon III ; la première vésicule constitue toujours la saillie antérieure de la tête. Quant à la limite entre le mésencéphale et le rhombencéphale, elle n'est pas tracée ; le pli dorsal qui signalera plus tard leur séparation n'est pas visible, la fissure rhombo-mésencéphalique n'est pas formée. Le mésen- céphale reste large et déborde latéralement la base des vésicules oculai- res, dont la saillie s'accuse. En arrière de lui, le neuromère du trijumeau n'est pas délimité et l'on n'aperçoit encore, en avant du renflement facial, le premier en date, facile à repérer grâce à la présence des plaques audi- tives sur ses parties latérales, que le neuromère intermédiaire sans racine nerveuse dorsale. Plus loin, la région de la IX^ paire fusiforme, se continue avec le tube médullaire plus étroit. Les bords dorsaux des placodes auditifs débordent légèrement en arrière le fond des échancrures séparant les neuromères du facial et du glosso-phai-yngien ; ih ont donc reculé. De plus, leur orientation s'est modifiée ; au lieu de se montrer concaves en dedans, ils sont devenus rectiliijnes (fig. viii, xii) ; même, parfois, leur extrémité postérieure, passant dans la rainure située entre les neuromères des VII^ et IX'' paires, se tourne en dehors (fig. viii et xiii). Sijl'on suit, sur le vivant, l'évolution des neuromères rhombencépha- liques, le premier formé est celui du facial: c'est à partir de lui que la différenciation des autres s'effectue, soit en avant soit en arrière, mais plus rapidement dans la première direction que dans la seconde. Les caractères de la face dorsale indiquent que l'embryon mobile est un peu plus avancé que le N» III fixé (fig. iii-vi). Le stade H, carac- térisé par la présence de deux fentes branchiales, est tout près d? la période que nous étudions ; à la température élevée de 18°, il n'en est même éloigné que de quelques heures. Comme nous le verrons plus loin (fig. xvii), les caractères de la face dorsale changent rapidement et l'embryon possède bientôt trois vésicules cérébrales distinctes. La phase d'apparition du mouvement est très fugitive ; cependant il est facile de prévoir sa venue par la succession des caractèies de la face dorsale que nous avons exposée. H est bien évident qu'il existe entre les embryons des variations chronologiques légères; peut-être même CONTRACTION ANEVRALE 265 sont-elles augmentées par les circonstances d'un élevage artificiel et d'un examen réitéré. Toutefois, malgré la proximité du stade H, nous n'avons pas vu la naissance du mouvement reculer jusqu'à lui. 5° Comparaison avec les types classiques du stade G. Les deux formes les plus comiues sont des embryons de Torpédo. 10 Celui de Fr. M. Balfour (1874 et 1876-78, pi. 3 et 8) possède dix- sept protovertèbres ; dans les deux mémoires publiés successivement, il s'agit bien du même embryon figuré, vu en transparence, par la face latérale gauche. Il est moins avancé que nos embryons II et III, mais nette- ment plus âgé que l'embryon I, sur lequel cependant nous avons compté déjà dix-sept proto vertèbres. Une seule fente branchiale est dessinée ; le cristallin n'est pas apparu ; le cœur n'est pas figuré. Les extrémités cépha- lique et caudale sont beaucoup plus courbées vers le bas que chez l'em- bryon III (fig. v) ; elles descendent très au-dessous de l'attache au vitellus et déjà le pédicule est figuré comme une région définie qui montre une certaine hauteur verticale. Ces différences tiennent à ce que les précautions pour une fixation sur place n'ont pas été employées par Balfour. Aucune différenciation d'ombre et de lumière n'est faite dans le corps en dehors de l'œil, de la chorde, des myotomes et de la première fente branchiale. La queue est du double plus longue que chez Tembryon HT (fig. v), mais ceci paraît une question d'espèce, car chez l'embryon figuré par Balfour, au stade H, et qui est un Pristiurus, la longueur de la queue est à peine plus grande qu'au stade précédent. Les « lobes caudaux » sont encore \'isibles sur la face dorsale, séparés par un large sillon, tandis qu'au contraire celui-ci est déjà fermé chez nos embryons de Scylliorhinus. 20 L'embryon de H.-E. Ziegler et F. Ziegler (1892, pi. IV, fig. 22) a 3 mm. de long. Il possède 20 segments primitifs, comme notre embryon III ; il montre aussi la première fente branchiale et l'indication de la seconde ; par ce caractère on peut juger qu'il se trouve, comme celui-ci, tout à fait à la fin du stade G. Les bourgeons latéraux de la queue sont soudés, sauf à la partie ventrale oii l'intestin reste ouvert. La fissure neuroporique est perméable, à la partie ventrale du cerveau. Ces détails sont donnés dans le texte. La figure 22 est bien insuffisante ; ce n'est qu'une silhouette sans détail et sans intérêt ; la forme du pédicule est certainement inexacte ; il est trop haut et insuffisamment étalé. Il n'est pas fait mention des plaques auditives. 260 P. WINTMBERT II. Observation du mouvement N» 1. Embryon S III (fig. TIJ) (p. 266) ; N» 2, Embryon I' (fig. vin) (p. 267) ; N» 3, Embryon 1' (flg. IX) (p. 2fl«) ; N" 4. Embryon II' (p. 269); N^ :., Embryon A (p. 270) ; N" 6, Embryon e (fig. x; (p. 271) ; N» 7, Embryon d (p. 272) ; N» 8, Embryon / (p. 272) ; N" 9, Embryon V«' (p. 273) ; N» 10, Embryon SBa'. Le cycle des combinions motrices. Tableaux de marche des contractions (p. 273) ; K" 11. Embryon SBa' (p. 282) N» 12, Embryon SBa' (p. 283). No 1. Embryon S III (fig. vii; 18 juin 1008) ; œuf intact, tempéra- ture 1 GO- 180 Q Au moment où on aperçoit le mouvement pour la première fois il est déjà bilatéral et rythmé ; il peut dater de deux heures environ. La tête se porte à droite et à gauche sur le mode suivant : contraction du côté gauche, retour élastique à la ligne médiane ; contraction droite, retour élastique, pause. Parfois les deux con- tractions se suivent, parfois la première contraction est inverse, gauche-droite ; il survient exception- nellement avant la pause une troisième contraction ; la cause de ce trouble n'a pas été notée. La pause est plus longue quand les deux contrac- tions se succèdent rapidement ; mais si le rythme s'égalise, c'est-à-dire si les contractions sont, dans le temps, également distantes l'une de l'autre, chacune des deux pauses, après chaque mouvement, dure moins longtemps que la pause unique. On compte souvent 10 à 20 balancements réguliers ayant une cadence inégale. La valeur du déi3lacement est d'environ IS". Le mouvement est dû à la contraction des myotomes du versant postérieur de la tête ; le fond de l'incurvation se produit juste au bas du versant (fig. vu). A une inspection dorsale, la tête portée de côté n'est pas raccordée au tronc par un angle net, mais par une courbe de petit rayon, placée au fond de l'ensellure dorsale; sa convexité se porte au delà de la ligne médiane du côté opposé à la contraction (Voir le diagramme de la figure vu). Le raccord de cette courbe avec le reste du tronc, immobile et médian, se fait, au tiers moyen du corps, par une courbe inverse de compensation que l'attache serrée du pédicule rétrécit, tandis que la tête, libre, suit la direction de la partie antérieure de la courbe. Quand la tête se déplace d'un côté, à gauche par exemple, l'extrémité céphalique ne fait pas que l'Ki. Vil. Embryon vivant .S' /// (N" 1, Pliyslo- logio du stade O). Aspect général et dia- gramme de la con- traction gauche, 2 heures après l'appa- rition du mouvement, à 18» C. CONTRACTION ANEURALË ^67 se poi'ter latéralement, elle incline, en même temps, à gauche, sa région dorsale, de sorte qu 'à la fin de la contraction toute la face latérale gauche est cachée, tandis que la droite devient plus apparente. H semble que le prosencéphale frotte légèrement sur le vitellus. Le cœur est distincte- ment visible si l'on renverse complètement l'animal sur le côté, en tournant la coque ; il ne bat pas. L'embryon fut fixé au formol à 10 p. 100, plus tard, au stade H, douze heures après la première observation du mouvement, c'est-à-dire quatorze heures environ après son début. Dessiné figures xvi, xvir, xviii, il nous servira de type pour la description du stade H. N» 2. Embryon 1^ (fig. viii, 11 juin 1917). Œuf intact, température 17o. A 10 heures. L'embryon, remarquablement droit, est immobile ; à 1 1 heures, il bouge ; sa première contraction est u/iilafé- raie gauche et se renouvelle rythmiquement sur le mode suivant : l^'' temps, contraction ; 2^ temps, retour ; 3^ et 4e temps, pause. Le fond de la courbure se trouve en arrière de la région péricardique, au niveau de la zone pédiculaire antérieure. A 11 /i. 5'. On aperçoit que le retour de gauche à la ligne médiane se fait en deux étapes séparées par un léger arrêt. Le bout de la tête touche le vitellus et c'est le con- tact avec celui-ci qui empêche le retour élastique en un temps ; la seconde étape est mise sur le compte de la contraction droite à son début. A 11^,10', celle-ci s'accentue; à 11^. 15, dans le mouvement droit, la tête dépasse d'emblée et nettement la ligne médiane; dès lors le balancement s'établit de façon bilatéi-ale et s'exécute d'une manièi'e assez régulière, avec une pause légère entre chaque mouvement. A 11 h. 30'. On compte en tout 23 métamères (fig. viii); les premiers sont assez visibles derrière l'oreille ; le fond de la courbure se place entre le 5^ et le 6^ métamère, inter- valle qui correspond au bas de la région cervicale. Le 6e métamère est placé, derrière le bord antérieur de l'attache vitelline, en un endroit du tronc qui, vu de haut, se montre un peu rétréci^ peut-être en raison des coudures latérales qu'il supporte (Voir fig, viii). Certainement les cinq myotomes antérieurs se contractent. Les segments Fio. ^lll. Em- bryon vivant 1' (N° 2, Physiolo- gie du stade G) va à travers la coque au mo- ment de l'appa- rition du mou- vement. 268 P. WINTREBERT 6^ et 7^ se resserrent aussi, mais moins fortement. Les métamères les plus nets sont, dans l'orcîre de leur visibilité, les 6<^, 1^, 8^, puis les 5^, 4^, 3<^, 2^ ; le premier est deviné plutôt que vu. A \\ h. 45'. Les mouvements deviennent plus variables, par phases ; ce sont tantôt deux mouvements opposés se succédant rapidement en deux temps, suivis d'un repos de quatre temps, c'est-à-dire double de la durée totale des contractions; ou bien, pour un intervalle compté six temps, un déplacement bilatéral et très régulier s'inscrit : contraction gauche, l^r temps ; retour, 2" t. ; pause, 3^ t. ; contraction droite, 4^ t. ; retour, 5^ t.; pause, 6'- t.; ou encore il s'établit des alternatives rapide- ment changeantes entre ces deux modes de mouvement. No 3. Embryon P (fig. ix, 11 juin 1917). Œuf intact, température 17o. A 9 heures. H présente des mouvements d'un seul côté, le gauche, avec retour passif à la ligne médiane ; l'embryon est légè- rement incliné sur le côté droit et peut-être y a-t-il, de ce côté, impossibilité mécanique de la contraction qui est incapable de vaincre à son début l'obstacle d'un léger appui vitellin. Le rythme de l'unique con- traction gauche présente une très grande régularité ; la pause dure toujours deux fois autant que le mou- vement, aller et retour compris, ce qui fait un total de six temps pour la révolution complète. La partie du corps située en arrière du bord antérieur de l'attache vitelline ne bouge pas. A 10 h. 30'. Les déplacements sont devenus bila- téraux. Ils se font, la plupart du temps, sur le mode irrégulier d'une rapide succession de deux déplace- ments opposés, suivie d'une pause plus longue ; mais celle-ci n'arrive jamais au double de la durée des deux contractions. La figure ix montre la silhouette de l'embryon, qui s'est redressé presque complètement. La courbe de contraction est devenue pareille à celle du N** 1 (fîg. vu) ; le fond se trouve au bas de la rampe cervicale, en arrière du bord antérieur du pédicule, au niveau de la ligne c-c, sur le dessin ; les deux traits antérieur et postérieur marquent les limites de la zone contractée. Après une observation persistante à la lumière artificielle, l'eau de riG.IX.Eiiibiyoïi vi Vil lit 1' (X° 3, Pliysiolojçie da Btade G) vu à travers la coque; c...c,lieudu fond de la courbe au maximum de flexion ; a, p, limites antérieure et postérieure de la contraction. CONTRACTION AN EU RALE 269 mer s'échauffe à 21° ; les mouvements se précipitent et deviennent comme affolés. Quand la chaleur extérieure atteint 23^, les mouvements cessent ; l'œuf est alors reporté dans de l'eau fraîche à 15°; mais il y reste encore trois minutes avant de reprendre ses mouvements. No 4, Embryon" II^ (11 juin 1917). Œuf intact, température 16^^. Les premiers déplacements observés se localisent étroitement à la région myotomique, siège de la contraction ; la fixation de l'extrémité céphalique dans une encoche vitelline en est la cause. La tête, jusqu'à la région du facial, ne présente en effet aucun déplacement. Le tronc est, d'autre part,mainteim, par les parois abdominales, étroitement apphqué contre le vitellus. La contraction a lieu pour ainsi dire sur place. Le déplace- ment très réduit permet un examen plus approfondi du territoire fonc- tionnel. Les segments musculaires sont très recomiaissables ; ils ont une teinte blanchâtre et sont encadrés de lignes larges et foncées ; le premier après l'oreille est cependant peu distinct ; et c'est l'espace suffisant à loger un myotome, plutôt qu'un myotome observé réellement, qui est compté comme premier segment. Les contractions sont bilatérales et s'effectuent sur un rythme variable comme chez l'embryon N^ 2 (I^), une heure après leur apparition. La courbure très restreinte qu'elles déterminent comprend le fond de la courbe habituelle, sans le prolongement céphalique de sa partie anté- rieure. Le tracé de cette courbe ressemble à celui du déplacement observé plus loin et figuré chez l'embryon e(No 6), fig. xi. Comme chez celui-ci, la tête, rigide en avant, commence à se dévier légèrement au niveau du neuromère sans racine dorsale, intermédiaire au trijumeau et au facial ; cet endroit, placé au-dessus de la première poche bran- chiale, est un lieu de moindre résistance à la flexion. Le sommet de la déviation se trouve au niveau de l'intervalle séparant les 4^ et 5^ myotomes et placé au bas de la rampe cervicale. La contraction des premiers métamères, 4^, 3^, 2^, est indubitable ; de plus, grâce à l'absence de déviation latérale de la tête, le cJieminement de la con- traction devient déjà visible; on voit onduler la région métotique dans le sens cranio-caudal et l'onde se poursuit jusqu'au 8^ métamère. Les territoires myotomiques 5, 6, 7, forment la partie postérieure de la courbe. Cette observation, jointe à celle du N^ 6, semble démontrer que d'une façon précoce la contractilité s'étend jusqu'au 8^ myotome. H se pro- AliCH. DE ZOOL. EXP. Eï GÉN. — T. 00. — F. 4. 19 270 P. WINTBEBERt duirait donc une mise en activité très rapide de tous les myotomes métotiques ; l'initiative viendrait cependant de la partie antérieure. N" 5. Embryon A (21 juin 1914). Coque ouverte, température IT^S C. 9 heures. Vu de dos, le tronc est bien rectiligne, mais l'extrémité céphalique est tournée en haut et vers la gauche, tandis que le reste de la tête, convexe à droite, s'incline vers le vitellus. Il présente, d'abord, une suite de contractions linilatérales droites, déterminant une déviation de la tête à 10° environ de la ligne médiane. On assiste à une quarantaine de mouvements, dont l'aller et le retour prennent environ une demi- seconde, et qui sont espacés les uns des autres par un intervalle de repos qui dure trois fois autant que la phase de déplacement. A la fin, la tête, toujours entraînée vers la droite, paraît, dans le relâchement, un peu tordue de ce côté et ne revient plus exactement au plan médian. 11 est bien probable que la tête frôle le vitellus et que le retour passif seul en est gêné ; il se pourrait aussi cependant que ce fût le premier effet d'une courbure passive, déterminée par la persistance de la même contraction latérale. La déviation du déplacement, avec retour incom^Dlet, s'accentue jusqu'à former un angle de 15 à 20». Api"ès deux minutes seulement de ce régime, on voit survenir, par intermède d'abord, puis d'une façon de plus en plus régulière, la con- traction gauche ; faible au début, elle ne parvient d'abord qu'à redresser la tête, elle la transporte ensuite à quelques degrés au delà de la ligne médiane. Au bout d'une heure, à 10 heures, le mouvement a acquis défi- nitivement le caractère bilatéral. Les deux contractions montrent encore, à 11 heures, un effet inégal; le mouvement gaache, le plus tardif, est aussi le plus faible. A ce moment, chacune des contractions, aller et retour, dure une demi-seconde environ; la pause varie de longueur suivant qu'elle succède à un ensemble de deux contractions subintrantes, ou à chacune d'elles survenue isolément; dans ce dernier cas, elle dure environ le même temps c[ue le mouvement, et dans le premier, un peu moins que le temps des deux mouvements laté- raux consécutifs. Le rythme est de 8 temps qui durent deux secondes, comme au début. Tandis que, chez les embryons N" 2 et N^ 3, on pouvait incri- miner jusqu'à un certain point la résistance du vitellus à l'un des mouvements pour expliquer son absence, la même raison ne peut valoir ici, puisque le mouvement unilatéral est apparu justement du côté CONTRACTION ANEUEALE 271 qui s'inclinait vers le vitellus et n'est venu que secondairevient du côté libre. Une autre rema,i'qtie est faite pour la preniièro fois chez cet emb]yon : il semble se produire, après une série de combinaisons bilatérales div^erses, des « iMUses j^'^olongées » ; à leur suite le premier mouve- ment oscillatoire du mouvement bilatéral change de sens. Il s'agit, comme il a été reconnu plus tard (N° 10), non d'une pause, mais d'une immobilisation causée par la rencontre des mouvements opposés. No 6. Embryon e (fig. x-xr, 28 juillet 1917). Œuf intact, température 18^ C. Les premiers myotomes se contractent de chaque côté ; on les aperçoit tels qu'ils sont dessinés, c'est-à- dire d'une façon très nette. C'est sur le 4^ myoto^ne que se trouve le fond de la courbe ; celle-ci est spéciale et ressemble à celle de l'embryon 11^; son aspect résulte de la même cause : la fixation de la tête par le contact de sou extrémité avec le plancher vitellin. On a tracé le diagramme des courbes latérales du mouvement D et du mouve- ment G (fig. xj). La ligne médiane, L M, donne l'orien- tation axiale au rejios ; sur elle, est inscrite la place des origines nerveuses ganglionnaires des V^, VII^^, IX.^ nerfs et, par un pointillé, les limites des segments musculaires. Des flèches marquent le siège du maximum des courbes. On voit ainsi que le fond de celles- ci se trouve au ni- veau du 4*^ myo- tome; de là, la ligne antérieure rejoint-^l'axe nor- mal de repos ( figuré par un pointillé) vei's le renflement de la V^ paire. La par- liG. XI. Eiiil)ryoii vivmit <: (X" 0, Pliysiolu^ic i(u bt;iJf (J). Diugrumiut: dcb luou- vcmonts D et G dans un cas où rextrémité céphalique reste immobilisée tic antérieure de par son contact avec le vitellus. Les ligues représentent la crête dorsale, r, i au repos (L.M.) ou en contraction. On a figuré sur la ligne de repos les la COUrDC CSt ion- paires crâniennes ébauchées et les premiers myotomes ; les flèches mon- • • i 4. trent le fond des courbes de flexion. S^IG, IlglCle et FKi. X. Embryon vi- vant c (N" 6, Phy- siologie du stade G). Région dorsale an- térieure vue à tra- vers l'enveloppe. î 272 P. WINTREBERT presque rectiligne ; la région où elle se raccorde à la ligne axiale, entre les V*^ et VII^ paires, constitue, comme nous l'avoi^s déjà vu pour le N" 4, un territoire flexible qui correspond à la première fente bran- chiale et au neuromère sans racine dorsale. La partie postérieure de la courbe, de plus court rayon, rejoint Taxe vers le 7^ ou le 8^ myo- tome. La déviation n'est pas seulement latérale ; le creusement du côté contracté, marqué sur la figure, s'accompagne encore, comme toujours (voir fig. vu), d'une inclinaison de la crête dorsale vers le bas, dirigée du même côté que la flexion. Le rythme le plus habituel se fait sur quatre temps ; l'allure ordinaire est celle d'une succession rapide et boiteuse des deux mouvements, qui occupent les deux premiers temps, suivis, au 3^ temps, du retour passif de la dernière contraction et, au 4<^ temps, d'une pause. No 7. Embryon d (fig. xii, 27 juillet 1917). Œuf intact, température 18^ C. Cet embryon nous a servi à définir le début ana- tomique .du stade G (fig. i), vingt-deux heures aupa- ravant. Il est très droit et ressemble beaucoup au précédent, à la fois pour les caractères morpholo- giques et pour les mouvements. En effet, la tête gênée dans son transport latéral par le vitellus, s'in- cline seulement à droite et à gauche. Cependant, ■malgré Vohsfacle vitellin, c'est le balancement régulier qui domine ; il se fait sur le mode : 1^^ temps, mou- vement gauche; 2^ t.. retour; 3^ t., mouvement droit; 46 t., retour. Il fait place de temps en temps au mode irrégulier de la succession boiteuse, qui est plu- tôt l'apanage de l'embryon e. L'angle de coudure est au niveau du 4^ métamère post -auriculaire ; mais les premiers méta- mères se contractent. Fig. XII. Embryon vi- vant d (N° 1, Ana- tomie ; N° 7, Phy- siologie du stade G), déjà figuré (fig. i), 22 heures avant le mouvement, à 18"C. Région dorsale delà tête, vue à travers l'enveloppe ; les flè- ches indiquent le fond de la courbe de flexion au niveau du 4" myotome vi- sible. No 8. Embryon / (fig. Xtir, 27 juillet 1917). Œuf intact, tempéra- ture 180 C. L'animal, couché sur le côté droit, se présente en bonne position pour l'examen direct, à fort grossissement, des segments fonctionnels du côté gauche. Sans aucun doute, les premiers muscles figurés derrière le pla- code auditif, se resserrent. La contraction la plus forte s'aperçoit sur le CONTRACTION ANEURALE 273 myotome métotique n^ 4, placé derrière le bord antérieur de l'attache vitelline, devant le bas de la rampe cervicale située plus loin entre le 5^ et le 6^ segment -, la 1^ myotome est immobile. Malgré la position renversée, les contractions sont bilaté- rales. La contraction droite porte la tête dans le vitellus. Je n'ai pas assisté au passage même de l'immo- bilité au mouvement, mais l'aspect général de l'em- bryon figuré, le nombre restreint de ses métamères, qui est de 22, l'élargissement caudal du tube médul- laire, montrent qu'il est à la fin du stade G et au seuil au mouvement. No 9. Embryon Vt2 (1er août 1917). Œuf intact, température 18^0. 9 heures. Balancement bilatéral céphalique très faible (10° environ), sur un mode très régulier ; on compte : 1^^ temps, mouvement D ; 2® t., retour ; 3^ t., pause; 4^ t., mouvement G; 5^ t., retour; 6^ t., pause. Parfois les 4^, 5®, 6^ temps sont des temps de repos, parce qu'il ne se produit qu'un seul mouvement latéral ; cette unilatéralité du mou- vement est tout à fait exceptionnelle ; peut-être l'embryon a-t-il subi, précédemment et incidem- ment, une température trop élevée ? En tout cas, la durée de la révolution unilatérale reste la même, que la contraction inverse existe ou non ; elle est d'environ une seconde et demie. /_ 4f.//i. ^- Fia. XIII. Embryon vi- vant / (N» 8, Physio- logie du stade G) légè- rement renversé du côté D, ^^l à travers la coque . Les sept pre- miers myotomes se contractent et le fond «le la courbe est au niveau du 4». N» 10. Embryon SBa^ (6 décembre 1917). Œuf intact, temp. 12^. Il est remarquablement rectiligne et bien placé au pôle dorsal du gâteau vitellin ; la veille sans mouvement, il présente aujourd'hui à 9 heures, des mouvements si faibles qu'on peut les considérer comme représentant le tout premier début des contractions. 9 heures. Déviation unilatérale droite, à peine sen,?ible de 2» à 3° seule- ment, régulièrement périodique, sur le rythme : 1, mouvement ; 2, retour ; 3 à 8, pause. La partie antérieure au pédicule vasculaire se 274 P' WINTREBERT déplace seule et le dos de la tête s'incline en même temps vers le bas à chaque contraction. 9 h. 15. On commence à apercevoir de temps en temps, pendant la pause du mouvement droit, un très léger remuement vers la gauche. 10 heures. Les mouvements bilatéraux sont établis. On inscrit sépa- rément les mouvements de chaque côté : lo à (hoife : F^ temps, abduction; 2^ temps, retour; 3^. 4^, ,5«, C?, 7'\ 8^ temps, pause ; l'^'' temps, abduction, etc. Quoiqu'il arrive à gauche, toujours le mouvement droit reprend sur ce rythme. 20 à gaucJie : le rythme est à peu près le même ; cependant on cons- tate nettement, au métronome, que la déviation se renouvelle un peu qdus tôt qu'à droite. La différence entre les durées des deux révolutions est minime ; elle n'est que d'une fraction de temps ; mais elle suffit à expliquer la sviccession des diverses combinaisons motrices, qui sem- blait jusqu'ici fantaisiste et compliquée. Cette succession peut être ramenée, si la différence chronologique entre les rythmes est constante, à un cycle d'attitudes définies, dont chacune se reproduit à son tour, à échéance fixe. On peut prédire d'avance les phénomènes, comme on prévoit les attitudes, de même sens ou d'éloignement, des balanciers de deux pendules dont le tic-tac n'est pas tout à fait sjmchrone. Le cycle des combinaisons motrices. Explications et défini- tions DES abréviations ET DES TERMES EiMPLOYÉs. — Nous désignerons les contractions droite et gauche par les lettres D et G. Les mouve- ments opposés D et G s'exécutent à des intervalles différents l'un de l'autre ; cette distance, variable, provoque des combinaisons multiples de mouvements qui peuvent être ramenées à quatre principales ; ce sont : 1° et 2°, les mouvements boiteux I) G et G D; 3^, le balancement égal; 40, la conjonction. ire et 2© attitudes. Nous voyons par exemple le mouvement G com- mencer, suivi aussitôt de D, puis d'une pause ; il s'agit d'un dopinement, d'une hoiterie, d'une claudication. Ces termes seront employés indistinc- tement pour désigner la succession rapide de deux contractions, quelle que soit celle qui débute. La formule qui la signalera sera composée des lettres G et D ou D et G, rapprochées en couples, sans intermédiaire entre elles : OD, DO. ~' 3® attitude. A la forme claudicante du double mouvement peut CONTRACTION ANEURALE 275 faire suite un redressement de la boiterie, quand la seconde contraction s'éloigne de la première d'une façon progressive ; mais elle se rapproche en même temps de plus en plus de la contraction opposée suivante ; par exemple, si nous avons remarqué un GD, D en s'éloignant de G, vient plus près du prochain renouvellement de celui-ci. Il en résulte qu'à un moment donné, D se trouve à égalité d'intervalle entre les deux G, celui qui précède et celui qui suit. Nous sommes en période d'égalisation et nous traduisons ce balancement égal par la formule G et Z>, ou D et G, suivant qu'il succède à une boiterie G D ou D G. L'égalisation renouvelée ne se fait pas qu'entre deux termes, mais entre tous les termes qui se succèdent dans la même série, de sorte que la formule doit être comprise comme signifiant D et G et T> ef G, etc. Cependant, si l'une des contractions retarde régulièrement, bien que de très peu sur l'autre, si par exemple D retarde sur G, comme chez notre embryon S Ba^, l'égalisation se transforme progressivement en une boiterie dont le sens est inverse de celui de la boiterie précédente et qui s'inscrit D G au heu de G D. Le mouvement D prend alors les devants malgré son retard continu, ou plutôt en raison même de ce retard ; il s'éloigne en effet du mouvement G avec lequel il était primitivement associé, et il trouve, en retardant, une répétition de G au-devant de laquelle il s'installe à une distance d'elle de plus en plus rapprochée. Cependant, en retardant toujours, il laisse encore passer devant lui la contraction G plus rapide, et ce passage provoque la 4^ attitude. 4^ attitude. Au milieu de l'étape qui mène D de D G à GD, existe une phase intermédiaire constituée par la rencontre des deux contractions ou leur conjonction. C'est bien l'un des phénomènes les plus curieux et les plus féconds en enseignement de l'automatisme locomoteur des Sélaciens. Nous le représenterons par la formule G-Dou D-G, dans laquelle chacune des lettres est liée à l'autre par un trait d'union. La conjonction s'établit progressivement ; elle est d'abord partielle puis complète ; elle cesse par le déhement progressif des contractions opposées. Les moments des deux fonctionnements se rapprochent, se confondent et s'éloignent. Si l'on inscrit schématiquement sur une seule Hgne chacune des contractions, par un trait dont la longueur est appropriée à sa durée, on voit les traits des contractions D et G, d'abord séparés, se joindre, se mêler; leur partie commune grandit, arrive à un maximum et diminue ensuite jusqu'à la séparation définitive. La comparaison des positions relatives de ces traits avec les positions respectives de deux astres qui passent en con- 276 P. WINTBEBEET jonction vient naturellement à l'esprit. Mais dans Vautomatisme, il n'y a pas seulement passage en conjonction ; il existe mie véritable opposition des forces muscidaires en frésence. Quand l'allure régulière des révolutions laisse persister, avec cons- tance, une même différence d'intervalle entre le renouvellement des contractions, il devient possible d'établir un sens déterminé à la succes- sion des attitudes ; nous pouvons alors ajouter aux formules d'abrévia- tion adoptées précédemment, D, G, un indice, un chiffre, 1, 2, 3, 4,... qui signale le nombre des répétitions pour chaque combinaison. Natu- rellement, -une combinaison n'a pas la même allure à chacun de ses renouvellements. Pendant la période de transition avec les combinaisons voisines, elle partiel j)e de l'attitude de celles-ci et c'est au milieu de sa durée qu'elle est le plus piu-e ; les chiffres, qui indiquent le temps de son évolution, deviennent ainsi un élément de précision surajoutée. Dans l'exposé des quatre combinaisons principales des mouvements D et G, nous avons admis la circonstance, la plus sim^^le, d'une différence légère et continue dans la durée des deux révolutions latérales. L'obser- vation de SBa^, une heure et demie après que nous avons perçu le premier mouvement, nous donne un exemple concret d'une succession de mouvements réglés par cette circonstance : 10 heures 1/2. La suite des formules suivantes fut inscrite pendant une observation; à ce moment, la déviation céphalique latérale avait légèrement augmenté de chaque côté et l'angle que faisait la tête avec la ligne médiane était passé de 3 à 5 degrés. DG3 DG^ DG3 D-G2 D-G^ D-G^ GD3 GD^ G et DS G et D^ " Nous notons dans cette série (lire les colonnes de gauche à droite) : 1° que la succession n'est pas fantaisiste comme il pouvait sembler au premier abord. Elle n'est pas livrée au hasard d'une impulsion inté- rieure impossible à déterminer, mais elle suit un ordre défini ; 2» qu'elle se présente telle qu'on pouvait la prévoir, après avoir cons- taté que D retardait légèrement sur G ; elle est la même que dans l'exposé théorique oii nous avons supposé la même variation ; ainsi, à une con- CONTRACTION ANEURALE 277 jonction D-G fait toujours suite une boiterie G D, suivie elle-même d'une phase d'égalisatioiij après laquelle s'installe la boiterie inverse DG. Ces combinaisons n'ont pas toutes le même nombre et l'on pourrait croire qu'elles n'ont pas la même durée. Celle qui semble persister le plus longtemps est le balancement égal ; la plus courte est la conjonc- tion ; mais ces différences ne tiennent pas à un stationnement plus long ou à un passage plus rapide des attitudes en cause, elles reflètent seule- ment l'impression que l'observateur reçoit des événements. Dans l'en- registrement extemporané par l'écriture, il n'y a pas qu'une inscription à prendre, il a aussi la description du phénomène à donner et, dans l'obli- gation d'inscrire les observations à temps, la décision peut n'être pas toujours exacte. Cependant l'imprécision du nombre des attitudes n'enlève rien à l'ordre de leur succession et celui-ci est le fait important. D'autre part, les différences de numération s'expliquent par la difficulté de trouver, dans la limitation de chaque étape, des points de repère d'égale valeur ; ainsi il est facile de mesurer nettement l'instant de la conjonction parfaite par l'immobilisation qui en est la conséquence ; mais, quand une conjonction partielle se produit, on est entraîné par la moindre flexion latérale à gauche ou à droite, à l'inscrire comme mou- vement boiteux. Bien plus, à l'opposé de la conjonction, l'apprécia- tion exacte de l'intervalle égal entre les contractions est parfois difficile; on a tendance à accepter entre deux boiteries comme balancement égal, des égalisations approchées et c'est probablement pour cette raison que le nombre inscrit des égalisations dépasse souvent celui des autres attitudes. Les chiffres indiqués n'ont donc qu'une valeur approximative ; ils notent seulement l'évolution générale du mouvement, et permettent de contrôler la durée relative, parfois variable, des révo- lutions opposées. Tableaux de marche des contractions du N^ 10. — Deux tableaux ont été dressés pour flxer les idées sur la façon dont s'établissent les combinaisons motrices. Le cas particulier de SBa' nous a servi de type dans leur construction. I. Représentation linéaire des deux rythmes. — Dans un premier tableau (fig. XIV) nous avons figui'é deux colonnes parallèles D et G, sectionnées, à cause de leur longueur, en 2 parties I et II ; elles contiennent chacune, de haut en bas, sous forme de traits placés à des distances repérées, l'inscription des moments où. se produisent les contractions de même 278 / D s - ^ I- i% '- 1C r Su^ G. ,s^ / ^ y x>c CrD' G h' &:>' OD» GD^ GD' GcxD* CttD^ CdD' u WINTBEBERT IJ. G. \ "n. -^ ex. DG D6 ne' X>C t^' 6-D^ G D G D sens ; les contractions voya- gent le long des colonnes avec la vitesse particulière de leur renouvellement. Nous les suivrons pas à pas. La contraction D se re- nouvelle tous les huit temps ; la contraction G, dont la reproduction est un peu plus rapide, revient tous les sept temps et demi, c'est-à-dire un demi temps avant la D, Nous avons, en conséquence, divisé l'intervalle entre deux contractions D en 1 6 parties qui représentent des demi- temps, et posé les traits de la contraction G, dans sa colonne particulière, à une distance de 15 divisions seu- lement. Le départ des deux contractions se fait sur la même ligne, en haut de la double colonne I; en effet, nous avons choisi, pour le début de l'observation, le moment oii les mouvements se rencontrent en conjonc- tion complète (ce). Au re- nouvellement suivant , la dénivellation des deux traits indique la répétition plus rapide de G et, théorique- ment, nous aurions dû mar- quer tout de suite une clau- FlG. XIV. Embryon S Ba' (N° 10, Physiologie du stade G). Représentation linéaire de la durée inégale des deux révolutions D et G sur une même colonne (II est la Buite de I> pour démontrer la loi des com- binaisons motrices. La révolution G est de 1/16 plus rapide que la D ; G-D, D-G, conjonction soit complète (c. c.) soit partielle (c. p.); QD, DQ, claudication ; G et D, D et G, balancement égal (E). CONTRACTION ANEURALE 279 dication G D ; mais comme nous l'avons déjà remarqué, les mouvements ne sont pas instantanés, les déplacements offrent une certaine durée, et, dans la réalité, si G commence très peu avant D, il n'est pas encore terminé quand ce dernier survient ; nous sommes donc en présence d'une conjonction partielle et non devant une boiterie ; c'est ce que nous avons voulu indiquer par la réunion des deux traits G et D, ainsi que par les lettres cp. A droite de la colonne nous avons marqué les formules d'impression visuelle adoptées précédemment pour l'enregistrement extemporané. Le premier D-G du haut (conjonction complète : ce) porte le nP 2 parce qu'il a été précédé, comme le montre la suite des combi- naisons (voir colonne II), d'un D-Gl de conjonction partielle : cp. La conjonction partielle qui suit et qui a le n" 3 change de premier terme puisque G précède maintenant D de 1/16 de révolution. Nous voyons ensuite, apprécié par des flèches de plus en plus obliques vers le bas, l'éloignement progressif des deux contractions, dont les combinaisons sont renouvelées cinq fois en boiterie G D. Peu à peu, l'égalisation des distances se produit entre les mouvements ; elle n'est parfaite qu'à G et D^, mais nous avons, en raison de la durée particulière de chaque mouvement, comrne pour la conjonction, marqué, en deçà et au delà du balancement absolument égal, une égalisation approchée. Par sa défi- nition même, l'égalisation, tant qu'elle dure, existe non seulement entre G et D, mais encore entre cq dernier et le G suivant, c'est-à-dire entre tous les termes de la série. Sur le vif, et par le fait qu'on sort d'une boi- terie, on a tendance à ne considérer dans le balancement égal que les contractions déjà associées; cette façon de désigner le mouvement est fautive, mais elle a l'avantage de faire mieux ressortir le change- ment du premier terme lors du prochain mouvement boiteux. Les con- tractions G et D, effectuées à égale distance, ont été réunies sur le tableau, entre leurs colonnes spéciales, par une ligne de traits espacés. Nous constatons que le dernier G reste isolé; en effet, lorsque l'associa- tion d'égalisation G et D se termine, le recul permanent de D le rap- proche assez près de la contraction G suivante pour qu'il se lie avec elle en un mouvement claudicant D G inverse de celui qui précédait l'éga- lisation et, dans ce changement d'allure, la contraction G de la com- binaison précédente est abandonnée. Pendant l'examen sur le vivant, l'attention est particulièrement attirée par la nouvelle combinaison où D devient le premier terme, et les événements se passent trop vite pour qu'on prenne le soin de considérer que, dans la succession des 280 P. WINTREBERT doubles mouvements, la reprise de D en première ligne laisse une contraction G sans accompagnement ; mais l'inscription des phéno- mènes sur le tableau montre manifestement que la contraction G, dont le renouvellement s'était jusqu'à présent combiné avec celui cùi IS 7e^i/<4 dt4 -t e\''^zr^i-i /iD' 5 G- )D' j G G- >D' 7 G — — — — — D' — — — — — — — — S G — — — — — — D' — — — — — — — 9 G — — — — — — — D' — — — — — — 10 G - — — — — — - — V — — — — — 71 G D- n >G' D- n < D- /^ ^C D- — > is ^G' . ]> ïù <; Fio. XV. Embryon S Ba' (N» 10, Physiologie du stade G). Tableau des intervalles qui séparent les renouvellements des contractions D et G. Celle-ci, supposée immobile, a une révolution de 1/10 plus rapide que celle de D. Les lettres réunies par deux traits signifient la phase de conjonction ; les flèches désignent le sens des claudications ; les traits espacés unissent les contractions effectuées à intervalles égaux ou presque égaux. La contraction G de la case 11 n'est plus a.ssociée avec la contraction D ; celle-ci, par suite de son retard, se rapproche de la contraction G suivante et forme avec elle une nouvelle combinaison. de D, reste isolée, tandis que le mouvement D s'accorde avec le G suivant. La ligne et la lettre G pointillées, en haut de la colonne II, sont un report du dernier événement de la colonne I. Nous passons à la boiterie D G ; elle se renouvelle quatre fois seulement alors que la boiterie G D s'était produite cinq fois ; cette absence de symétrie tient à la précession CONTRACTION ANEURALE 281 de la contraction G. Nous aboutissons plus loin à la rencontre des deux mouvements, dont nous sommes partis. II. Représentation des différences entre les rythmes. — Le second tableau (fig. XV) présente sous un aspect différent, plus condensé et peut-être plus suggestif, la route suivie par les deux contractions. La G, dont la révolution est plus rapide et qui comprend 15 temps (en réalité 7 temps 1/2 ou 15 demi-temps, dans l'observation faite sur SBa^), est supposée immobile tandis que la contraction D, dont la révolution est plus longue d'un demi-temps, voyage autour d'elle. Les 15 temps de G sont alignés horizontalement de gauche à droite dans les 15 compartiments que contient la ligne des abscisses. La contrac- tion D recule d'une case vers la droite à chacun de ces renouvellements, puisque sa révolution dure les 15 temps de celle de G, plus 1. Le cycle des combinaisons motrices que D fait avec G comprend par conséquent 16 étapes, pendant la durée desquelles le mouvement G se reproduit une fois de plus que le mouvement D; celui-ci s'associe sur le tableau pen- dant le cycle entier des combinaisons, avec deux renouvellements diffé- rents du mouvement G, mais en supposant que le cycle commence à la IP case, on suit toutes les associations d'un même mouvement G avec le D. Sur ce tableau, comme sur le précédent, les distances tiennent lieu des intervalles de temps et ce sont les distances les plus rapprochées entre les contractions D G, qui commandent les accords entre les mou- vements latéraux, La lecture des signes de la figure XV n'offre aucune difficulté : les conjonctions correspondent aux lettres D=G réunies par deux traits appuyés ; les boiteries sont signalées par des flèches dont la pointe est tournée vers le deuxième terme du mouvement ; les balancements égaux sont reUés par des lignes de traits espacés. Nous observons la même suite de combinaisons que sur le tableau I : D-G, G D, G et D, D G. Deux événements se manifestent ici avec une grande clarté ; ce sont : 1° L'abandon par D du premier mouvement G à sa 11® répétition ; 20 la combinaison de plus en plus serrée de D avec le G suivant ; qui a pour résultat sa conjonction avec lui, au bas du tableau. 12 heures. Les mouvements sont un peu plus amples (angle de 5 à 6°). La courbure latérale s'affirme au niveau de la partie antérieure du pédicule vitellin ; elle est semblable à celle du n" I (fig. vu), mais moins prononcée. A un grossissement de 20 fois, on aperçoit, lors de la conjonction, un mouvement de cahrement, c'est-à-dire un relèvement de â8â p. WINTREÈERT la tête avec approfondissement de la cambrure dorsale ; il se précise de plus en i)lus. 16 heures. Le bord dorsal de la tache acoustique, eu preiuiut une forme concave en dehors, signale que le stade H est atteint. No 11. Embryon SBa^ (10 janvier 1918). Œuf intact, température 140-150 C. 10 janvier, 15 heures (15o). On assiste au début des mouvements. La contraction est bilatérale dès sa naissance ; elle est beaucoup moins une déviation latérale de la tête qu'une inclinaison de la région dorsale vers le bas, à G ou à D ; on peut dire qu'il s'agit d'une rotation, à G ou à D, de la partie dorsale de l 'avant-tronc ou mieux de la région cervicale relevée de 30° environ sur Taxe du tronc ; celui-ci se dévie à peine de quelques degrés dans le sens latéral, à D ou à G, en prenant comme charnière le niveau transversal du bord pédiculaire antérieur. Le déplacement est très faible et ne peut même être décelé avec certitude qu'avec le concours de l'oculaire I et de l'objectif «'- (Zeiss), c'est-à-dire à un grossissement de 20 fois ; la valeur de la déviation latérale, presque linéaire, est de l'épaisseur du rebord dorsal du placode auriculaire ; elle vaut à peine la moitié de saillie oculaire. Le rythme est de 10 temps ; il dure 4 secondes. Le renouvellement de la contraction G s'établit un peu plus vite que celui de la contrac- tion D, comme dans l'embryon SBct^, de sorte qu'on observe la même suite de figurations ordonnées que chez celui-ci : GD, G et D, DG, D-G. Seulement la différence de vitesse entre les rythmes est moindre ; il en résulte cj^ue chacune des combinaisons se répète 15 fois environ, et que, pendant la conjonction, malgré l'examen à fort grossissement, il est impossible, en Vespace de six révolutions, c est-à-dire de six fois 10 temps, d'apercevoir le moindre déplacement latéral ; la neutralisation est complète. C'est dans des circonstances semblables qu'au début de mes obser- vations j'avais été tenté de croire à une immobilisation prolongée, c'est-à-dire à un arrêt du mouvement rythmique {nP 5). 11 janvier, 8 heures (14o). Le déplacement est devenu iDie dévia* lion latérale autant qu'une torsion longitudinale, mais il n'a pas beaucoup augmenté d'ampleur ; la tête se déplace, de chacpie côté, de 1/4 de sa largeur au niveau du 5^ nerf, ou, pour prendre un autre point de repère, de l'étendue transversale de la saillie oculaire. Le rythme est de 12 temps. CONTRACTION AN EU RALE 28â No 12. Embryon SBa^ (10 janvier 1918). Œuf intact, température 14o. 15 heures. On assiste au début des mouvements. La contraction est bilatérale d'emblée et très régulièrement rythmée sur 12 temps et 5 secondes environ, un peu plus lente par conséquent dans sa reproduc- tion que chez SBa^, probablement en raison de la température plus basse de P que pour ce dernier. Le mouvement, par son aspect et son peu d'ampleur, ressemble à celui de cet embryon ; mais la différence entre les durées des révolutions G et D est plus faible ; on compte les séries sui- vantes : DG, 30 fois. D et G, 40 fois. GD, 30 fois. G-D, conjonction 8 fois complète, 10 fois partielle en G-D et 10 fois en D-G. Bans un intervalle de 40 secondes (8x5), on n'a pu saisir aucun mouvement latéral en raison du synchronisme des contractions opposées. Ce phénomène de neutralisation complète est précédé et suivi des ren- contres partielles qui démontrent la précession progressive d'une contrac- tion sur l'autre. Contrairement à ce qui se passe chez S Ba^ et S B«", cesl la coïitractioii D qui ici se renouvelle le plus rapidement ; la sériation est la même, mais se produit en sens inverse ; les termes qui re]5résentent les mouvements latéraux dans les formules des combinaisons sont intervertis. 15 h. 30. La température est montée à 15°. L'élévation lente d'un degré a pour résultat de diminuer la durée de la pause pour les deux bandes musculaires ; le rj^hme s'inscrit maintement en 10 temps et 4 secondes, sans que change l'aspect général des mouvements. De plus, la vitesse relative des révolutions G et D n'est pas modifiée, de sorte que le changement de milieu dans un sens favorable à l'activité musculaire, accompli lentement, excite au même degré chacun des muscles et laisse persister entre eux la minime différence qui existait auparavant entre les temps de leurs révolutions; la répétition de chaque combinaison se chiffre toujours par une trentaine d'oscillations bilatérales. Cette dernière constatation a une grande importance. Elle indique que, dès l'avènement de la contractilité, il y a deux manières pour le muscle dj se comporter ; il réagit : 1° sous l'influence des conditions générales qui actionnent l'ensemble de l'organisme ; 2° sous l'influence de condi- tions particulières qui tiennent à sa structure, au degré de développement 284 P. WINTREBERT auquel il est parvenu, à la plus ou moins grande facilité de ses échanges, etc. Quand les premières l'entraînent à plus d'activité, il conserve encore, grâce aux secondes, les caractères propres de son fonctionne- ment. Nous verrons plus tard que de brusques changements peuvent retentir sur les fonctionnements particuliers de chaque bande mus- culaire, et déterminer soit des inversions dans la longueur relative des révolutions, soit même des troubles rythmiques allant jusqu'à un véri- table affolement. Nous avons déjà noté celui-ci chez le N» 3 (I^) à la suite d'une élévation rapide de 16° à 23» ; mais dans les cas oii, comme chez SBa^, les modifications du milieu sont légères et progressives on peut admettre que la différence relative entre les deux rythmes, dont dépendent à la fois le sens et la rapidité des chevauchements, est indé- pendante de l'activité générale, qui règle la vitesse des renouvellements. 11 janvier, 8 heures (14o). Les caractères du déplacement sont semblables à ceux du N^ 11, effectués à la même heure et dans les mêmes conditions. § II. VUE D*ENSEMBLE. I. — Anatomie 10 Au début du stade, on note l'apparition précoce (fig. i) des placodes acoustiques. Vus d'en haut, sur la face dorsale, ils ont l'aspect de deux croissants brillants, qui encadrent dans leur concavité le neuromère du facial, le premier constitué. Les dernières traces de fermeture de la gouttière médullaire s'aperçoivent encore dans la région du facial et au- dessus du canal neurentérique. 2° A la -fin du stade, quand le mouvement commence, les trois vési- cules cérébrales ne sont pas encore délimitées ; l'archencéphale commence cependant à se diviser en prosencéphale et en mésencéphale (fig. m, iv, V, vin, X, XII, xin) mais le pli rhombo-mésencéphalique n'est pas formé. Le neuromère du trijumeau n'est pas distinct de la vésicule moyenne et l'on n'aperçoit, en avant du renflement de la VII^ paire, que le neuro- mère sans racine dorsale, intermédiaire au trijumeau et au facial, qui surplombe la première fente branchiale. Nous coi^statons aussi que cette région inter-facio-trigéminale est la plus souple et la moins résistante de la tête ; car, chez les embryons mobiles où l'extrémité céphaliquese trouve fixée dans une encoche vitelline, elle forme le début de la courbe de contraction (fig. xi). L'évolution des neuromères du rhombcncéphale CONTRACTION ANEURALE 285 peut donc s'inscrire ainsi : le neuromère facial est le premier formé ; encadré latéralement par les placodes acoustiques, il est prolongé en arrière, vers la moelle, par une région tronconique, tandis que se forme au-devant de lui le neuromère intermédiaire (fig. i, ii, x, xn, in et rv). La région postérieure, celle des IX^ et X® paires, reste encore, à la fin du stade, sans dilatation ampullaire propre. Le neuropore est ouvert à l'extrémité du prosencéphale (fig. iv). Au bout opposé, le renflement médullaire est encadré dans le contour de la queue (fig. m, xni) et ne fait plus saillie en arrière d'elle (fig. i), A l'apparition du mouvement, les bords dorsaux des placodes auditifs, précédemment concaves en dedans (fig. i, n, in), deviennent recti- lignes (fig. X, xiii), et même parfois leur partie postérieure esquisse une concavité externe dans le sillon qui sépare les VII^ et IX*^ paires crânieimes (fig. viii, xni). Ces caractères de la face dorsale peuvent être observés à travers l'enveloppe sur les embryons vivants placés au sommet de la boule vitel- line ; ils sont contemporains du phénomène principal du stade, vu sur la face latérale, et qui est l'apparition de la première poche branchiale (fig. v). A l'inspection latérale, l'embryon montre plusieurs faits impor- tants pour le déterminisme du mouvement actuel. à) La rampe occipitale descend jusqu'à moitié du corps. h) Le profil ventral de la tête est horizontal. c) Le prosencéphale est la partie la plus saillante en avant. d) L'embryon est sessUe sur le vitellus. L'examen de la face ventrale, sur l'embryon fixé no 3 (fig. vi), montre qu'il existe un orifice ventral de la cavité endodermique, placé derrière le pédicule, qui n'est pas l'anus (beaucoup plus tardif), mais le reste du hlasiopore. Sa lèvre antérieure est constituée par la région postérieure de l'endoderme vitellin lequel ferme en bas la fente médio -ventrale de l'abdomen; l'orifice n'est, si l'on veut, que la région la plus reculée de cette fente, libre derrière le plancher endodermo-vitellin. Les parois latérales de l'abdomen s'étalent en dehors sur la boule vitelline, mais le bord postérieur du pédicule n'est pas encore constitué. IL — Physiologie L'attache serrée de la région moyenne de l'embryon au vitellus et la détente élastique du corps sont les causes déterminantes du ARCH. UB ZoOIi. KiT. ET liEN. — T. 60. — k. 4. 20 L)8é ^'"P. WlSTÈEBERT retour passif de l'embryon à sa position de départ, après chaque mouvement. Sans ce retour, l'amplitude constamment égale du dépla- cement eut été difficile à déceler à la seule observation : mais, grâce à lui, celle-ci donne des résultats toujours précis. Le pédicule, dont nous verrons évoluer la conformation, garde, jusqu'à la fin de la période musculaire aneurale, une rigidité qui oblige le corps à récupérer la ligne axiale pendant les pauses. Nous distinguons les caractères généraux de la contraction, qui expriment les propriétés du muscle considéré en lui-même, des manifes- tations passagères qui tiennent au jeu de la croissance et aux conditions mécaniques actuelles du mouvement. A. Phénomènes généraux de l'activité musculaire. Les propriétés caractéristiques des muscles sont apparentes dès le début des contractions et se manifestent, sans exception, chez tous les embryons. La fonction prend, dans la suite, un développement plus g -and chez les animaux plus âgés, mais les qualités restent les mêmes. Nous passerons en revue : l^le rythme; 2» la valeur égale des flexions libres du même côté ; 3» la propagation de l'onde ; 4P l'indépendcince du mouvement de chaque bande myotomique ; 5° les manifestations de l'irritabilité. 1" Le rythme. I, Déflnitiou (p. 280). — II. Influence de la température (p. 287). — III. lufluonce de la croissance (p. 288). — IV. Les modes individuels de contraction : influence des antéccdeuts (p. 288). — V. L'inégalité des deux rythmes latéraux et la loi dos combinaisons motrices (p. 289). — VI. L'arrêt fictif de la conjonc- tion (p. 290). — VU. La conservation de la différence entre les rythmes particuliers au cours des modi- fications générales d'activité (p. 2P0). — VIII. L'indépendance du rythme vis-à-vis des obstacles méca- niques qui s'opposent au déplacenwnt (p. 291). — IX. La vitesse égale do reproduction des mouvemeiits dans uu milieu constant (p. 291). I. Définition. — C'est la propriété que possède la substance muscu- laire de se contracter à intervalles égaux, dans des conditions constantes de milieu. L'ensemble de la période musculaire, ou révolution, comprend : a) la contraction ; elle provoque, au stade G, une déviation latérale et une inclinaison dorsale de la région céphalic|ae ; b) la détente; elle présente deux phases, le retour élastique de la tête à sa position de départ et la pause sur la ligne médiane. La durée de la révolution peut différer dans un même milieu pour chaque embryon; elle n'est pas tout à fait semblable non plus pour les deux bandes myotomiques d'un même embryon. Elle change surtout avec les conditions extérieures. Le r}^hmc, considéré chez un embryon déter- bo'NTBACTION AN Et J RALE 28t miné, pour chacune des chaînes myotomiques, est caractérisé par sa régularité et sa permanence dans un milieu constant, quand la tempéra- ture se maintient entre 8» et 20». Le facteur température a une grande influence. II. Influence de la température. — La durée des révolutions nluscu- laires dépend de la température ambiante, ainsi le N" 12, à 14", bat à 12 temps, à 5 secondes d'intervalle, tandis qu'à IS", il bat à 10 temps seulement et toutes les 4 secondes. D'une façon générale, Za chaleur raccour- cit le temps de la révolution tandis que le froid l'allonge. Les révolutions de mouvement, observées en été, à une température haute de 16° à 18", durent habituellement 1 seconde 1/2 (N" 9) ou 2 secondes (N" 5) ; à une température de 15», elles sont de 4 secondes (N^^ 11, 12), et à une tempé- rature de 140, elles s'allongent à 5 secondes (N*^ 12). La variation de durée des révolutions sous l'influence des changements de température peut être facilement appréciée par l'adoption d'une cadence (Voir chapitre de Technique : enregistrement) basée sur le temps d'exécution du mouvement abducteur. Nous comptons des rythmes de 4 temps, de 6, de 8, de 10, de 12 temps. Les rythmes rapides sont ceux des températures élevées (18°) les rythmes lents, ceux des températures basses (12" à 15"). Nous n'avons pas noté au stade G de températures extrêmes, sauf dans un cas (N" 3, 23"), et les températures inférieures d'élevage ont été soit normales (14°), soit très voisines de la normale. Le mouvement réglé sur un rythme de 12 temps et 5 secondes de durée (N^ 12) peut donc être considéré comme régulier et proche des conditions naturelles. On doit remarquer que la chaleur accélère à la fois la rapidité d'exécution du mouvement et son renouvellement ; ainsi un rythme de 6 temps dure 2 secondes (N^^ 5 et 9, à I705 et_18o C.) et comprend (N» 5) un aller et retour du déplacement pendant une demi-seconde environ, plus un intervalle de repos d'une seconde et demie ; un rythme de 10 temps (N" 11, à 15» C.) dure 4 secondes, pendant lesquelles les 2 temps du déplacement aller et retour ne comptent que pour 0,8 seconde de seconde (4 : 10 et X 2) alors que la pause s'allonge à plus de 3 secondes. L'élévation de la température diminue donc le temjJS de pause beaucoup plus vite qu'elle n'accélère le înouvement lui-même; la baisse de température amjuiente la pause plus vile qu'elle ne ralentit le mouvement. D'autres exemjDles peuvent être donnés. Sur 12 temps (N" 12), la pause (immobUité) s'étend sur 10 temps, c'est-à-dire qu'elle équivaut à 5 fois 288 P. WINTBEBERT la durée du déplacement complet, et la détente totale compte pour 11 temps. Quand il s'agit d'une révolution de 6 temps (N"^ 2, 3, 5, 9), rythme très habituel entre 16° et 18°, la pause se raccourcit à deux fois la durée du déjjlacement total et le relâchement musculaire total avant la reprise n'est plus que de 5 fois le temps du raccourcissement ; bien 2)lus, un rythme de 4 temps (N^^Get?) égalise la pause au mouvement d'aller et retour et la durée de la détente complète est de 3 fois seule- ment le temps de la contraction. III. Influence de la croissance. — A l'apparition du mouvement, la durée de la contraction et celle de la révolution ne diffèrent guère des intervalles de temps constatés plus tard, pour les mêmes manifestations, quand la déviation est plus forte. Cependant par exception, chez le N^ 3, le renouvellement des premières contractions unilatérales a été compté sur 4 temps, tandis que le déplacement bilatéral observé 15 et 45 minutes plus tard, à la même température (17° C), a marqué pour chaque révo- lution un rythme de 6 temps. Le plus souvent, en miheu constant, le rythme d'apparition des contractions unilatérales isolées est maintenu au moment de l'établissement des contractions bilatérales; cela se passe ainsi chez le N° 5,- où la révolution dure 2 secondes, sur 8 temps, à la fois pour le seul mouvement D et pour le double mouvement consécutif. On peut dire qu'à une même température, le rythme du muscle d'un même embryon reste le même, quelle que soit la quantité de substance musculaire mise en J3u; Ventrée en fonction de nouvelles fibres ou de nouveaux myotomes n'ap'porte pas de changement dans la durée des révolutions. IV. Les modes individuels de contraclion : influoice des antécédents. — Les embryons n'agissent pas tous de la même façon. Il est facile de s'en rendre compte. Voici S Ba^ (N° 10), placé à 12» de température, qui renouvelle ses contractions sur 8 temps, tandis que SBa^ (N^ 11) et SBa^ (N^ 12), à 15^, c'est-à-dire à une température de 3 degrés plus haute, ont un rythme plus lent, compté sur 10 temps. Pour ces deux catégories d'embryons la relation des phénomènes de durée est inverse de la normale. L'anomalie tient à un mécanisme particulier des réactions intérieures qu'il nous est impossible de définir, mais dont nous pouvons rechercher la cause générale. Les antécédents des animaux éclairent la question. Les trois embryons ont été élevés, depuis leur sortie del'ovi- ducte maternel, au laboratoire de Banynls ; mais SBa^, dont les mou- vements sont plus vifs malgré une température plus basse, s'est CONTRACTION ANEURALE 289 constamment trouvé dans im milieu favorable, tandis que SBa^ et SBa^ ont subi, huit jours avant l'apparition du mouvement et pendant 48 heures environ, une élévation anormale de la température (entre 21» et 230) ; leur croissance en parut, d'abord, accélérée, mais il est po-- sible que cette chaleur anormale ait retenti sur leur constitution, et déterminé des réactions consécutives plus lentes et amoindries. Ainsi le problème des comportements divers des embryons, dans un milieu donné, peut être résolu par la connaissance des antécédents. Les meilleures conditions d'élevage et d'examen des œufs de Sélaciens ne rappellent que de loin le milieu naturel ; les embryons étudiés n'ont pas été élevés ensemble ; ils ont subi, chacun, des circonstances particulières, parfois voisines, rarement identiques ; aussi ne doit-on pas s'étonner des divergences légères que présentent actuellement leurs mouvements dans un même milieu. Ainsi, les N^^ 6 et 7 ont un rythme de 4 temps vers 180 ; le N<^ 5, un rythme de 8 temps à I705 ; leN^O, de 6 temps à 18»; les No^ 2 et 3, de 6 temps à IT». Cependant il est légitime de penser que, dans la nature, les embryons de Scylliorhinus, soumis aux mêmes conditions favorables, ont des réactions semblables. La manière égale dont se comportent les N^'^ 11 et 12, élevés côte à côte dans le même cristallisoir, depuis l'oviducte maternel, après avoir subi ensemble la hausse de température dont j'ai parlé, peut constituer la preuve de ces assertions ; tous deux ont été impressionnés au même degré par les événements et leur développement s'est efiPectué de concert ; à la même heure (15 h.), le 10 janvier 1918, ils ont tous deux remué pour la première fois ; puis à 15"^, le N^ 11 (SBa^) montra un rythme de 10 temps, en 4 secondes ; tandis qu'à 14», le N^ 12 (SBa^) montrait un rji:hme de 12 temps en 5 secondes, mais quand la température du milieu fut montée pour celui- ci d'un degré, il réagit aussi en 4 secondes et 10 temps, comme son compagnon. V. L'inégalité des deux rythmes latéraux et la loi des combinaisons motrices. — L'inégalité des révolutions de chaque bande myotomique devient évidente à une température légèrement inférieure à la normale (120 chez le N^ 10) qui, en ralentissant l'activité musculaire, prolonge le temps des périodes et rend plus apparente la différence de leur durée. Elle fait comprendre la suite ordonnée des combinaisons motrices bilatérales dont nous avons exposé le cycle à l'occasion des phénomènes observés chez le No 10. On voudra bien se reporter à cette observation pour con- 290 P. WTNTIÎEBÈRT naître la série des attitudes, reproduites constamment dans le même ordre, si la même inégalité de durée persiste entre les révolutions latérales. Nous avons noté que le nombre des attitudes présentes dans chaque combinaison motrice d'un cycle est d'autant plus petit que l'inégalité rj'thmique entre les révolutions opposées est plus grande. La loi des combinaisons introduit, dans la connaissance des mou- vements, cette notion capitale que le changement cV attitudes, pris d' abord pour une manifestation imprévisible, exprime au contraire Vactivité régulière et coiifiriue, c'est-à-dire rythmée, de deux muscles distincts. Il constitue Tune des preuves de !'« isolement fonctionnel « de chaque bande myotomique sur lequel nous revenons plus loin (au paragraphe 4). VI. U arrêt fictif du mouvement pendayit la conjonction. — Autant les mouvements opposés sont faciles à apprécier tant qu'ils se produisent à distance les uns des autres, autant leur jeu devient confus quand ils chevauchent l'un sur l'autre. Cependant, la longueur des révolutions pour chaque contraction latérale reste constante. On s'en rend compte en les suivant à travers toutes les combinaisons du double mouvement. En période de conjonction les révolutions des fonctionnements opposés confondent leurs temps, mais chacune d'elles reste invariable. On avait d'abord pris la neutralisation des déplacements pour un arrêt (N*' 5) ; mais on s'est rendu compte ensuite qu'i7 n'y a jamais d'arrêt : la contraction rythmée est constante dans sa reproduction (N^HO, 11, 12). Faute d'avoir saisi le jeu des conjonctions, l'observateur pourrait être surpris par la durée de l'immobilisation, quand la différence extrême- ment légère des rythmes prolonge la période des rencontres. Ainsi on ne remarque aucun mouvement du N^ 11 pendant 24 secondes, ni aucune appa- rence de contraction chez le N^ \2 pendant 40 secondes La durée des autres attitudes de mouvement est du reste tout aussi longue chez ces embryons, La neutralisation complète des mouvements n'existe en réalité cpie tout au début des contractions. Quand celles-ci deviennent plus fortes et plus étendues, un mouvement de cabrement vertical se manifeste, comme le résidtat commun des contractions coïncidentes. Il est déjà perceptible chez le N» 10 à un fort grossissement, trois heures après raï)parition de la motilité. VII. La conservation de la di^érence entre les rythmes particuliers, au cours des modifications générales d'activité. — Pendant les variations générales légères de l'activité musculaire, provoquées par un changement de température, la différence des intervalles entre les renouvellements CONTRACTION ANEURALE 201 des deux rythmes latéraux, qui règle le cycle des combinaisons motrices, peut rester sans changement (N*' 12). VIIT. U indépendance dii rythme vis-à-vis des obstacles mécaniques qui s'opposent au déplacement. — Dans les cas où le mouvement est gêné (N° 2) ou très réduit (N^ 4, 6, fig. ix) par le '"intact de la tête avec le vitellus, ou amoindri d'un seul côté par un ren ra^ï'sement latéral (N^ 8), on observe dans son renouvellement une période régulière et constante, d'une durée normale pour la température ambiante. Cette constatation établit que le rythne n'est pas influencé par les obstacles naturels qui, dans l'œuf, s'opposent au 7nouvement. Le N° 6, par exemple, dont le diagramme du déj)lacement est donné figure xi, possède un rythme rapide do 4 temps, normal à 18° de température. Le N° 5, dont le mouvement commence du seul côté droit, incliné vers le vitellus, montre une répéti- tion constante et rythmée de ce mouvement qui arrive même à déte<:- miner une courbure passive résiduelle du côté contracté. Le N'' 4, pour les mêmes "raisons, a une figure de contraction semblable à celle du N^ fi (fig. xi) et bat sur 6 temps, à 16°. Le N^ 2, dont le contact avec le vitellus est beaucoup plus léger, présente une déviation céphalique presque normale. IX. La vitesse égale de reproduction des mouvements dans un milieu constant. — Le muscle est toujours adapté aux conditions du milieu qu'il reflète par son activité, mais de lui-même il ne change pas son mode de réagir. Quand, par exemple, on trouve dans des conditions bien établies et constantes, pour la révolution d'un côté, le chiffre de 6 temps, à aucun moment ce nombre n'est modifié. H n'arrive jamais que la durée de la révolution tombe à 8 temps ou monte à 4 temps ; et cependant le muscle est très irritable et très sujet à varier suivant le milieu. 2° L'amplitude égale de tous les déplacements libres de même sens à une époque donnée. Par mouvement Ubre j'entends non seulement l'absence de tout obstacle mécanique sur le trajet du corps fléchi, mais encore l'affran- chissement de toute intervention limitante du déplacement opposé. L'égalité des contractions ne persiste que pendant une époque déterminée de la croissance. Même au cours du stade G, il ne fait pas doute que l'étendue du déplacement augmente rapidement à partir du début de la motilité ; ainsi, chez le N^ 10, l'angle de déviation passe de 2 à 5 degrés en 1 h. 30'. Les obstacles éventuels qui, à l'intérieur de la coque, amoin- drissent le déplacement, tels que le renversement par les glaires, le 292 P. WINTREBEFT frottement contre le vitolhis, peuvent, par leur constance, donner aux manifestations du mouvement l'apparence d'une égale intensité. (^03 2, 4, 6, 8). Aussi n'est-ce que sur les mouvements absolument libres d'entraves qu'est fondée la règle de l'amplitude égale des déplace- ments ; ceux-ci ne doivent être considérés aussi que, dans un seul sens, comme l'effet des contractions de la même bande musculaire et, pendant la comparaison, les conditions d'activité doivent rester absolument les mêmes dans le milieu ambiant. Nous avons vu la vitesse du rji;hme augmenter avec la température (au-dessous de 20») ; mais la valeur du déplacement s'accroît aussi avec la température : ainsi les embryons d'été ont une amplitude de mouvement plus grande que ceux d'hiver (N°' 10, 11, 12), au seuil du stade H. 3° La propagation de l'onde. Elle existe dès que plusieurs myotomes se contractent. Il est possible que cette condition soit réalisée dès le début et qu'à son apparition le mouvement ne soit pas limité à un seul myotome ; c'est un problème très délicat, que nous n'avons pu élucider. H est en tout cas certain que l'onde propagée peut être constatée d'une façon précoce chez certains embryons renversés latéralement, qui présentent, en même temps qu'un champ plus largement visible du territoire myotomique, un déplacement latéral moins prononcé. Ainsi le N^ 8 (fig. xiii), vu à travers la coque à un fort grossissement, nous a montré l'origine de la contraction dans les premiers myotomes placés derrière le placode auditif. Une autre dispo- sition naturelle assez fréquente favorise la démonstration do la propa- gation ; c'est la limitation du déplacement céphalique^ par le frotte- ment de l'extrémité pros encéphalique sur le vitellus ; entre deux parties immobilisées, constituées par l'extrémité antérieure et la région pédi- culaire, l'avant-corps ondule d'une façon plus réduite encore que dans le cas du renversement latéral, et l'on voit nettement la marche cranio- caudale de l'onde. Cette constatation fait l'intérêt de l'embryon N^ 4 et peut aussi être notée sur le N" 6 (fig. ix). Les animaux soulevés au-dessus du vitellus et dont le déplacement est libre sont moins favorables à cette étude ; le battement à droite et à gauche accapare l'attention et empêche de constater le cheminement léger de l'onde, tant à cause de l'amplitude de la déviation latérale que par suite de la rotation de l'extrémité céphalique autour de l'axe longitudinal, qui dérobe aux yeux la région contractée. CONTRACTION ANEURALE 293 4fi L'autonomre de chaque bande myotomique. L'indépendance de chaque bande latérale est prouvée par le rythme spécial qui distingue sa révolution. Nous pouvons l'analyser à Tappa- rition et dans le cours du mouvement. A, Le mode unilatéral d'apparition du mouvement. Le fait que le mouvement est parfois unilatéral à son début suffit pour affirmer qu'aucun lien n'existe entre les muscles des deux côtés. L'uni- latéralité s'observe sur les N°^ 2, 3, 5 et 10. La contraction unilatérale isolée peut être aussi bien la gauche (N^^ 2, 3) que la droite N»' 5, 10). L'intervalle de temps qui sépare la venue des deux contractions est variable, mais toujours peu considérable ; il est de 5 minutes chez le No 2, de 2 minutes chez le N^ 5, de 14 minutes chez le N^ 10, de 1 heure et demie chez le N» 3. Chez le N» 5, h ll°5, le premier mouvement apparu est resté pendant deux heures plus puissant que le mouvement opposé, après l'apparition de celui-ci. B. UaïUonomie, dans le cours des déplacements, se manifeste par le renouvellement particulier de chaque contraction latérale. Nous n'avons, en effet, jamais rencontré la même cadence rythmique pour les deux côtés ; les deux rythmes sont parfois à peine dissemblables, mais toujours différents. La répétition d'une différence, si minime soit-elle, accroît progressivement l'écart de temps qui sépare les moments des contrac- tions opposées et détermine ainsi le cycle des combinaisons motrices (Voir N° 10). Les associations semblables de mouvement se répètent d'autant plus nombreuses que la durée des deux rythmes est plus égale, mais le cycle finit toujours par être parcouru, si la même discordance persiste. Parfois, en cours de chevauchement, il se produit une inversion dans la durée relative des révolutions, en ce sens que la plus longue devient la plus courte ; la marche des combinaisons se fait alors en sens contraire ; mais la durée inégale des rythmes existe toujours. L'absence de liaison fonctionnelle entre les bandes musculaires laté- rales confirme l'automatisme de leiu- contraction ; car si l'on voulait rapporter celle-ci à l'action nerveuse, la constatation de deux rythmes discordants entraînerait à penser que ce n'est pas un, mais deux systèmes nerveux qui fonctionnent et deux systèmes nerveux indépendants. En dehors des faits expérimentaux (ablation de la moelle) qui dé- montrent péremptoirement l'indépendance de la contraction myoto- mique vis-à-vis du système nerveux, les caractères du mouvement, la 294 P. WINTFEBERT constance et la régularité du rj^thme, l'amplitude égale des déplacements le désignent comme de nature musculaire ; nous montrerons dans le chapitre VII la valeur générale de ces caractères. La différence de durée des révolutions latérales continue parfois d'exister malgré de légères variations des conditions de milieu ; mais il arrive aussi, comme nous le verrons aux stades suivants, que le boule- versement des conditions ambiantes est l'occasion de manifestations particulières pour chaque bande latérale. Ces faits concourent à prouver le fonctionnement indépendant des deux muscles. 50 L'irritabilité. Les phénomènes d'irritabilité nous ont servi dans les précédents paragraphes à montrer les variations des caractères essentiels de la contraction ; nous ne ferons que les rappeler très succinctement, 10 Le muscle est surtout irritable par les changements de température : a) l'embryon N^ 3 s'affole vers 21o-220; à 23°, il s'arrête; reporté alors dans un milieu neuf, à une température de 15^, il reste encore immo- bile pendant 3 minutes; b) entre 16» et 18», les mouvements sont plus amples (angle d'abduction de 10° à 15»), plus vite renouvelés (4, 6, 8 temps) et plus vite exécutés qu'entre 12» et 15^ de température ; ils n'ont alors que 2 à 50 d'amplitude et se reproduisent sur un rythme plus lent (10 ou 12 temps). 2° Le muscle est, par contre, peu irritable par les excitants mécaniques, tels que les obstacles naturels (vitellus, tractus glaireux) qui s'opposent à son raccourcissement ; ils provoquent l'immobilisation de l'extrémité céphalique ou le renversement latéral du corps, mais ne déterminent aucmie modification du r3rthme normal. La rencontre même des mouvements, leur opposition complète ou partielle, le secouement des boiteries rapides, n'entraînent aucun désordre rythmique. Ainsi le muscle ne réagit pas aux obstacles ; mais il est irri- table par les frottîbments et surtout par la piqûre, comme nous le verrons aux stades suivants. B. Les conditions actuelles du mouvement P L'apparition du mouvement. I. Mode. — Nous avons vu le mouvement débuter parfois d'un seul côté et la valeur de ce fait pour la démonstration de l'indépen- CONTBACTIOK ANEUFALÊ 295 danee musculaire unilatérale (4^ paragraphe du chapitre précédent). II. Stade anafomique. — Le moment d'apparition est le stade G, ainsi qu'en font foi les silhouettes en vue dorsale prises sur les embryons vivants (fig. viii, ix, x, xii. xiii) ; de plus, les caractères du cerveau et des placodes acoustiques indiquent la fin de ce stade, comme nous l'avons signalé au 4® paragraphe des « Caractères anato- miques » (p. 263). Le nombre visible (fig. viii) des pf otovertèbres, une heure et demie après le début du mouvement à 17°, est déjà de 24 chez l'embryon N° 2 ; quelques instants après le début, chez le N° 8, il est de 22. La longueur des embryons est, à cet instant, de 3 mm. à 3 mm. 5. Avant le mouvement nous avons observé un embryon de 3 mm. (fig. ii) et un second embryon fixé au formol, pris comme type de description, qui a 2 mm. 8 (fig. m à vi); vivant, celui-ci devait avoir 3 mm. 3 environ. On peut donc attribuer une longueur de 3 mm. 3 à 3 mm. 5 aux embryons qui montrent la première contraction; 3 mm. 5 est du reste la longueur que reconnaît S. Paton (1907, p. 537) aux embryons de Pristivrus chez lesquels il a aperçu les premiers mouvements ; mais il n'a pas fixé leur stade ni reconnu leurs caractères anatomiques. F. -M. Balfour (1876, p. 291, M. E.), n'a signalé les mouvements spon- tanés qu'à une époque beaucoup plus tardive, au stade I. 20 Le siège du mouvement. I. Le lien d'' la prcniièrc pontraetion. A) Embryons d'été (p. 206). B) Embryons d'hiver (p. 297). — II. Le ehan- goment de place du bord pédiculaire antérieur (p. 297). — III. L'étendue du territoire contractile au seuil du stade H (p. 298). I. Le lieu de la première contraction. — Sans aucun doute, les myo- tomes métotiques antérieurs se contractent dès le début. On peut laisser la question en suspens pour le premier, placé derrière le placode auditif et dont les limites sont très indistinctes ; mais le resserrement des 2^ et 3*^ segments et celui, plus apparent., des 4^, 5® et 6^ a été constaté sur divers embryons et particulièrement sur les N^* 7 et 8 (fig. xii et xiii) ; ce dernier se présentait couché sur le côté droit, d'une façon très favorable à l'examen sous un fort grossissement ; il permit de saisir sur le vif l'effet localisé de la contraction. Il y a donc lieu de réformer l'opinion que j'avais précédemment formulée (1914 a) que la première contraction siège d'abord à distance de la tête sur le 3^ ou le 4^ myotome du tronc. S. Patox (1907) s'est trompé aussi, en disant que le tiers moyen 29G P. WINTREBERT du corps était probablement le seul à être mobile au début du mou- vement. Il faut, en effet, se garder de confondre le lieu de la première courbure avec le lieu de la première contraction ; le premier dépend des conditions mécaniques qui règlent l'exécution du dé]ilacement et se pro- duit à l'endroit de la moindre résistance, entre la région branchiale et le lien pédiculaire ; le pli de coudure se dirige toujours obliquement en haut et en arrière et vient se présenter, à une vue dorsale, assez loin de la tête. La place de la première contraction importe davan- tage, et pour l'apprécier il est nécessaire de constater, comme nous l'avons fait, le resserrement particulier des my atomes à un fort grossis- sement. La contraction ne revêt pas le même aspect chez les embryons d'été, qui sont plus actifs, et chez les embryons d'hiver. Voyons d'abord les premiers. A. Embryons cVété. Cherchons où se produit le maximum de cour- bure, au début du mouvement. Toutes les constatations s'accordent à le placer à l'endroit du 4^ myotome (N^» 4, 6, 7, 8). Si l'on examine l'embryon qui a été fixé avant l'apparition de la motilité (fig. v), on voit que le 4^ myotome' se trouve en arrière du bord antérieur du pédi- cule et reporté vers le tiers moyen du corps, oii Patox a placé du reste le début de l'activité musculaire. Lorsque l'animal est renversé sur le flanc droit, comme chez le N" 8, nous notons que le ^^ myotome est le siège de la plus forte contraction, que les 5^ et 6<° segments se con- tractent encore, mais que le 7^ est immobile. Ainsi, à un court intervalle du début, chez les embrj^ons d'été (exa- minés entre 16° et 18°), nous voyons déjà 5 ou 6 myotomes fonctionnels ; de plus, pour des causes mécaniques et pour la raison physiologique d'une action musculaire plus puissante, c'est au niveau du 4^ myotome que se fait le maximum de la courbe. A un point de vue plus général , nous constatons que si les tout premiers myotomes se contractent à l'apparition du mouvement, cependant ils ne sont pas les seuls à se contracter. Du moins, nous n'avons pas vu leur contraction isolée. Il ne nous est donc pas permis d'affirmer par l'examen des embryons d'été que l'avènement de la contractilité, dans la région cervicale, s'effectue strictement d'avant en arrière. Le premier déplacement visible résulte de la mise en activité d'au moins 4 myo- tomes. Mais en revanche, on peut certifier que pendant le fonctionnement des myotomes chez les No' 4 et 8 /e point de départ de la contraction se CONTRACTION ANEURALE . 297 produit derrière l'oreille et que V ondulation chemine, à partir, de là, pro- gressivement en arrière. "B. Embryons dliiver. Les embryons d'hiver (N^* 10, 11, 12) ont un mouvement de début beaucoup moins ample que ceux d'été ; le dévelop- pement marche chez eux plus lentement, en raison de la température voisine de la normale oii ils ont été élevés, et peut-être devons-nous accor- der plus de valeur à leurs premières manifestations qu'à celles des embryons d'été pour juger le lieu des premières contractions. Celui-ci est nettement situé à la partie antérieure de la rampe cervicale ; en effet, chez le N^ 10, seule la partie qui précède le pédicule se déplace; de même, chez les N°* 11 et 12, la déviation céphalique est presque linéaire. Sur aucun de ces embryons on ne voit la formation d'un creux dans la région contractée, et cette absence de courbe sur le corps prouve, à notre avis, que la contraction très faible n'est pas encore parvenue dans la région pédiculaire, c'est-à-dira au bas de la rampe occipitale, où la plus grande souplesse des tissus pourrait permettre une déformation loca- lisée. En fin de compte, de tous nos éléments d'information, nous concluons que les myotomes métotiques les plus antérieurs sont bien ceux qui fonctionnent les premiers. Us sont impuissants à exécuter, à l'origine, un déplacement d'ensemble que nous puissions facilement analyser, et nous n'avons pas saisi sur le fait leur resserrement isolé ; mais nous appor- tons deux arguments pour appuyer l'idée de leur naissance à l'acti- vité dans le sens cranio-caudal : 1° l'absence de participation, chez les embryons d'hiver, des myo- tomes placés au bas de la rampe cervicale et dont la contraction se manifeste chez les embryons d'été par une courbe légère ; 20 le sens antéro-postérieur de la propagation observée chez les em- bryons d'été, quand déjà l'onde s'empare des six premiers myotomes (No^ 4, 6 et 8) ; nous avons vu chez eux le départ du mouvement se faire derrière l'oreille et non au 4^ myotome, cependant le plus puissant. Il nous paraît légitime de penser que la fonction a pris naissance dans l'ordre où s'établit plus tard l'ondulation propagée. II. Le changetnent de place du bord pédiculaire antérieur. — Le rapport de [l'embryon avec le pédicule est variable ; à mesure que les mouve- ments se précisent, le bord antérieur de l'attache vitelline recule et passe de la région ventrale (fig. v) à la région postérieure du péricarde fig. xvi). Le volume de ce dernier croît rapidement; la tête saille de 298 P. WINTRËÈERT plus en plus vers Tavant. Les premiers myotomes, jîlacés d'abord en arrière du bord pédiculaire antérieur, s'avancent à son niveau, puis le dépassent pendant la période du développement (stade H) qui voit s'affirmer le mouvement. La comparaison des faces latérales sur les embryons fixés des stades G (fig. v) et H (fig. xvi) est instructive à cet égard. III. L'étendue du territoire contractile au seuil du stade H. — Le fond de la courbure se déplace rapidement en arrière sur la chaîne myoto- mique; après une demi-heure de mouvement, il est, chez le N" 2, entre le 5^ et le 6^ myotome, et l'on voit déjà se resserrer les 7*^ et 8^ seg- ments. A cet instant, le maximum de la courbe se trouve juste en arrière de la région cardiaque, c'est-à-dire derrière le bord antérieur de l'attache vitelline ; mais nous avons vu que celui-ci ne constituait pas à ce stade un point de repère fixe ; il vaut mieux ne pas s'en rapporter à lui et compter le nombre des myotomes fonctionnels. L'extension de la contracfilité jusqu'au 8^ myotome est très rapide, surtout chez les embryons d'été. Ainsi chez le N° 2, à la température de 17°, nous constatons les phénomènes suivants : à 10 heures, immobilité; à 11 heures, apparition de la contraction G ; à 11 h. 5, celle de la con- traction D ; nous sommes donc bien au début du mouvement ; or à 11 h. 30, la contraction s'étend déjà jusqu'au 8^ myotome ; la progres- sion du fonctionnement d'un segment à l'autre à ce stade et à cette température n'est donc pas une affaire d'heures, mais de minutes. Déjà chez l'embryon N" 8, dont les caractères anatomiques sont bien du stade G (fig. xi), le maximum de la courbe est au 4fi myotome et il existe un léger mouvement des 5*^ et 6^ segments ; le 7® est immobile. J'estime c|u'à la température de 18°, où il se trouve, le développement de la contractilité jusqu'au 9^ s'établira en une demi-heure environ. Nous pouvons encore nous faire une idée de la rapidité de la crois- sance et de la mise en fonctionnement des myotomes à haute tempéra- ture par l'exemple du N° 1. Il a été fixé 14 heures environ après le début du mouvement ; il montre alors les caractères du stade H, et nous ser- vira de type pour la description de celui-ci. En comparant les figures III, IV, V, faites d'après un embryon au seuil du mouvement avec les figures XVI, 'syii, xviii, qui représentent le type du stade H, on peut mesurer les changements survenus en 14 heures, à IC-IS» C . CONtÈACTION ANEVRALE 29è 3° La figuration maximale du mouvement. I. Son déterminisme on générul (p. 29'J). — II. L'aspect particulier des attitudes : 1° A l'apparition du mouvement (p. 300) ; 2° au seuil du stade H (p. 300). — III. Les conditions mécaniques du mouvement normal ." 1° Les causes de l'inclinaison dorsale (p. 300) ; 2" Le rejet du fond de la couibe du côté de la ligne médiane opposé à la contraction (flg. vu) (p. 301). — IV. Les variétés de mouvement et leurs causes : 1° La tem- pérature (p. 302) ; 20 Les obstacles mécaniques : le vitellus, les tractus glaireux et les types de mouve- ment qu'ils occasionnent : a) à tête fixée ; 6) à inclinaison dorsale prédominante ; ■;) à corps renversé (p. 302). I. Son déterminisme en général. — Tout déplacement exécuté à un moment donné est la résultante des forces en présence ; ce sont, d'une part, la contraction des myotomes parvenus à l'activité et, d'autre part, les résistances qui s'opposent à la flexion du corps. On peut classer ces dernières en trois groupes : 1° celles qui tiennent au corps lui-même et, par exemple, à la fermeté plus ou moins grande de l'axe chordal ; 2» celles qui tiennent aux annexes pédiculaires, à la forme, aux dimensions de l'attache vitelline ; 3^ celles qui sont extérieures et pour ainsi dire, étrangères à l'animal, tout en faisant partie de l'œuf, telles que la boule vitelline, les tractus glaireux, etc. La résultante varie à chaque moment de l'évolution ontogénique, dans la mesure où les forces opposées se modifient; le mouvement est l'expression de leur équilibre. Nous connaissons les territoires contractiles pour avoir vu se resserrer les myotomes actifs, mais l'étude des résistances est à faire. Elle est très complexe. Nous ne pouvons guère obtenir de résultats que par déduction, en nous figurant ce que serait le mouvement sans leur présence, et en expliquant l'attitude actuelle par leur intervention. Les conclusions que nous apportons dès ce début de la contraction n'ont pas été établies par le seul aspect des premiers déplacements, mais sont le fruit d'une étude d'ensemble faite aux stades G, H, I, et adaptée ensuite aux circonstances particulières du premier mouvement. La suite des événe- ments précise en effet la valeur des conditions mécaniques. L'extension graduelle de la puissance contractile et le dégagement progressif de l'étreinte pédiculaire font ressortir la nature des obstacles primiti- vement rencontrés. La figuration maximale de chaque étape, représente le déplacement arrivé à son maximum, pendant les mouvements libres; nous exami- nerons ses caractères, au stade G, avant de montrer les conditions de sa formation. II. U aspect particulier des attitudes. — La croissance change la fornio' du corps en même temps qu'elle étend l'activité myotomique et l'aspect de la courbe de flexion diffère au début de la motilité et à la fin du stade. 300 P. WINTREBERT \^ A V apparition de la motilité. — L'attitude est caractéristique chez les embryons d'hiver (N<^"* 10, 11, 12). Il s'agit d'une inclinaison dorsale de la tête vers le has, d'un côté ou de l'autre, c'est-à-dire d'une rotation de la partie cervicale ascendante autour de son axe longitudinal. Cependant le mouvement comprend aussi une déviation latérale minime, comme si l'axe longitudinal du cou se ployait sur le côté en même temps qu'il tourne. Le déplacement a pu être décelé dès la première contraction chez les N°* 11 et 12 alors qu'il était linéaire, c'est-à-dire de l'épaisseur du placode auditif, de la moitié de la saillie oculaire. La déviation latérale prend dans la suite une importance plus grande. 20 Au seuil du stade H, le mouvement présente l'aspect de la figure vu, et, à part le degré du déplacement, montre alors les caractères de celui que nous reconnaîtrons à ce stade. Nous voyons l'inclinaison dorsale de rotation se combiner avec une déviation latérale qui porte la tête à 10°- 150 de la ligne médiane ; de plus, au bas de la rampe cervicale, le corps se creuse à l'union de la partie céphalique libre et de la région du corps fixée par l'attache vitelline. La courbe, convexe du côté opposé à la contraction, est en même temps déplacée tout entière de ce côté ; la tête prolonge la partie antérieure de la courbe, sans prendre part au mouvement; la partie postérieure de celle-ci, très courte de rayon, vient rejoindre rapidement la ligne médiane dans le tiers moyen du corps qui est encore inerte et de plus immobilisé par l'amarre serrée du pédicule. L'axe du corps, représenté à gauche sur la figure vu, indique schématiquement la déviation constatée à une inspection dorsale de l'embryon. III. Les conditions mécaniques du mouvement normal. — Nous sup- posons la tête suffisamment dressée au-dessus de la boule vitelline pour n'être pas gênée dans son transport. Deux phénomènes surtout doivent être expliqués : 1° L'inclinaison dorsale ; 2° le rejet de la courbe de con- traction du côté opposé de la ligne médiane. 1° Les causes de l'inclinaison dorsale. Théoriquement, si l'avant de l'animal était dégagé du pédicule, si l'embryon était rectiligne, et si, dans le sens de la hauteur, le milieu des myotomes actifs correspondait au niveau de l'axe chordal, la courbe normale serait figurée par une déviation latérale directe. Les trois conditions principales qui déter- minent la direction du mouvement sont donc : la place des fibres mus- culaires actives par rapport à la chorde, la conformation de l'attache vitelline, la direction ascendante du cou. CONTRACTION ANEURALE 301 a) La striatioii des fibres musculaires apparaît, d'après Balfour (1876), non sur toute la hauteur de la chorde, mais en regard de ses deux tiers dorsaux. La courbe de flexion aurait donc, dès le début, tendance à se serrer davantage du côté dorsal, que du côté ventral; cependant l'influence de la position des fibres musculaires paraît légère, comparée à celle des autres conditions. h) La conformation du pédicule suffit, à elle seule, à expliquer l'effet particulier du déplacement. Les fibres musculaires en se raccourcissant tirent la tête en arrière et latéralement, mais la partie dorsale de l'embryon, étant plus libre que sa partie inférieure, retenue au viteUus, peut effectuer un parcours plus grand; le dos de la tête, en se diri- geant en arrière, bascule ainsi vers le bas. Au début, tous les myotomes sont placés derrière le bord antérieur du pédicule (fig. v) ; le, dé'placement latéral est donc réduit au minimum'jRt V inclinaison dorsale, bien que très légère aussi, est le fait principal ; mais à mesure que la tête se dégage en avant, les myotomes antérieurs déter- minent une oscillation latérale qui se combine avec la rotation autour de l'axe (fig. vii), mais qui dans la suite prend le pas sur elle, c) L'élévation du cou au-dessus du niveau horizontal du tronc n'est pas encore très importante au stade G (fig. v), mais son influence n'est pas négligeable. Les fibres tirent la partie céphalique libre vers la région du tronc fixée par l'amarre pédiculaire. Si la tête était dressée à 90O, les myotomes rabattraient directement la face latérale sur le vitel- lus ; mais l'élévation du cou est minime ; son retentissement sur le mode du mouvement est donc peu marqué ; en tout cas ce n'est pas une torsion qui résulte de cette disposition, mais un pli dont l'orientation est perpendiculaire à l'axe du cou relevé. 2° Le rejet du fond de la courbe du côté de la ligne médiane opposé à la contraction (fig. vu). L'explication de ce phénomène, qui n'existe pas tout au début du mouvement (N^' 10, 11, 12), doit être cherchée dans la situation de la région contractée, entre deux points fixes situés sur la ligne médiane. Le point fixe antérieur est constitué par l'attache cardiaque du ix'-dicide ; c'est autour d'elle que pivote la tête; ceUe-ci se porte du côté contracté, tandis que la région branchiale postérieure se dirige, au contraire, en sens inverse. Le fond de la courbure est placé, suivant le moment de la croissance, au niveau soit du 4^, soit du 5^ myotome. La partie postérieure de la courbe revient vers la ligne médiane plus ou 302 P. WINTREBERT moins vite suivant le degré de laxité de la partie pédiculaire moyenne ; en général elle est de très court rayon au début (fig. vu) et plus allongée ensuite. Chez l'embryon N° 3, à 17°, après une heure et demie de mou- vement, la courbe rejoint la ligne médiane vers le milieu du corps. La déviation de la courbe formée })ar les myotomes contractés prend phis d'ampleur après le stade G, mais c'est toujours la fixation de ses extrémités à la ligue médiane qui oblige la partie moyenne à se rejeter du côté opposé à la contraction. IV. Les variétés de mouvement et leurs causes. — ■ En dehors des change- ments apportés par la croissance, l'aspect du mouvement se modifie sous diverses influences. 1° La température. L'élévation jusqu'à 18-20o détermine une suracti- vité et une augmentation d'amplitude du mouvement. Les embryons d'été ont un déplacement d'abduction céphalique plus grand que les embryons d'hiver ; il atteint un angle de 10*^ chez les N°^ 5 et 1) et va même jusqu'à 15<^ chez le N*' 1 à' une température de 18°, tandis qu'il n'atteint qu'un angle de 0 à 8°, chez le N" lu, au seuil du stade H pour une température de 12^. 2° Les obstacles mécuniques. Ce sont le vitellus et les tractus glaireux. I. Le vitellus. — La tête insuffisamment dressée peut frotter contre la boule vitelline. On croyait, au début des recherches, que le contact vitellin existait toujours et modifiait le mouvement ; on lui attribuait l'inclinaison dorsale de la tête ; on pensait quô le sommet saillant du prosencéphale, touchant le vitellus, était retardé dans son transport, tandis que la région dorsale, libre de contrainte, s'écartait davantage en dehors en s 'inclinant vers le bas. L'abaissement expérimental du gâteau vitellin au-dessous de la tête permit de reconnaître cette erreur. La persistance de l'inclinaison dorsale, malgré l'absence de contact, mit ce dernier hors de cause et montra qu'elle tenait au conflit de l'embryon avec le pédicule. Le fi'ottement vitellin existe souvent, mais, à ce stade de contraction faillie, il arrête plutôt qu'il ne dévie là tête ; il est cepcMidaut une cau<-e adjuvante dv. rotation. a) Le type du mouvement à tête fixée. 11 n'est pas rare que la tête, encastrée dans une encoche de la boule vitelline, soit immobilisée. Dans ces conditions, le mouvement prend un aspc^ot spécial (embryons N"' 4 et 0) qui a été schématiquement représenté sur la figure xi par la ligne de la crête dorsale. Il s'agit encore d'une courbure déviée du côté opposé à la contraction ; le retour à la ligne médiane est semblable à celui de la CONTRACTION ANEUBALÉ 303 (tourbe normale pour la partie postérieure de la flexion ; mais en avant, le pivot se trouve à Vextrémité de la tête au lieu d'être situé au-dessus du bord 2)édiculaire. On constate, au niveau de la tête, la formation d'une eoudure légère, placée sur le plan trans verse delà première fente bran- chiale et du neuromère intermédiaire au trijumeau et au facial. Ce type de contraction entre deux points fixes nous a montré avec netteté le cheminement de l'onde (Voir 3»^ et ■!« § de partia A. Physiologie, p. 292). b) Le type du transport latéral amoindri et de V inclinaison dorsale prédominante. Un contact à peine appuyé, un simple frôlement de la tête sur le vitellus, surtout à l'apparition du mouvement, réduit le déplacement sans l'empêcher et parfois ne gêne que le retour (N^ 2). Il favorise l'inclinaison dorsale par le mécanisme précédemment indiqué, auquel j'avais d'abord rapporté le déterminisme de tous les cas de rotation autour d'un axe longitudinal (N^ 7), II. Les tractas glaireux. Le type de Vembryon renversé. — Les fila- ments glaireux maintiennent parfois l'embryon renversé sur l'un des flancs. Dans ces conditions, le mouvement du côté qui touche le vitellus, ne peut donner toute son ampleur ; et celui de l'autre côté, bien que plus apparent, est aussi limité par la pression de la glaire qui a provoqué le renversement. L'embryon N» 8 (fig. xi) est dans cet état ; la visibilité plus grande des myotomes gauches, tournés vers le haut et la limitation du déplacement céphalique, sont dos circonstances favorables à l'appréciation du siège de la contraction. 4° La durée de la mobilité au stade G, L'estimation exacte de cette durée est difficile. Elle n'offre du reste d'intérêt que pour une température donnée ; car celle-ci est le grand facteur d'accélération ou de ralentissement de la croissance et de l'activité musculaire. La rapidité avec laquelle s'étend le territoire contractile chez les embryons d'été témoigne de la vitesse du développement myotomique. En une demi-heure, nous voyons, à 17°, chez le N'^2, la contractilité par- venir jusqu'au 8^ mj^otome ; et au bout d"une heure à 16", le N^ 4 montre une onde propagée jusqu'au 9^ segment post -auriculaire. Les embryons d'hiver (N^^ 11 et 12), placés à une température voi- sine de la normale (14 et 15^), ont une activité bien plus ralentie; en 17 heures, le transport de la tête u'a encore acquis que la valeur approxi- mative de la saillie oculaire ; il est vrai (Voir rythme : influence des auté- 304 P. WINTREBERT cédents, p. 288) que ces embryons ont été affaiblis pour avoir subi huit jours auparavant Tinfluence prolongée d'une température trop élevée (22°). Nous n'avons pas surpris chez l'embryon N<* 10 la première contraction ; mais la déviation latérale au bout de sept heures seulement d'examen, à 12^ de température, montre un angle de 6 à 8° ; c'est à ce moment que nous constatons la disposition en cupule, concave en dehors, de la plaque auditive, qui dénonce le stade H. L'apparition de la deuxième fente branchiale est le seul caractère qui marque sans conteste le début du stade H. Aucun embryon n'a été fixé juste à ce moment ; mais nous pouvons estimer la date approximative du phénomène par la comparaison de deux embryons étudiés latéralement sur les figures v et xvi. Le premier montre déjà la lueur indécise de la 2^ fente; il est encore inerte, mais au seuil des mouvements. Le second est de la première moitié du stade H, sa 2^ fente est petite, mais très nettement éclairée et délimitée ; nous avons décrit ses premières manifestations, observées deux heures environ après le début du mouvement (Voir N^ 1, S III), et il a été fixé douze heures après elles. Les changements effectués pendant ce laps de temps, à une température de 16-18°, sont considérables. L'aspect des faces dorsales (fig. m et xiii) est aussi différent que celui des faces latérales. La numération des métamères apporte ici quelque précision en raison de la transparence des tissus. L'embryon III (Anatomie), de la fin du stade G, a 20 proto vertèbres ; l'embryon S III (Anatomie) du stade H, en a 29. Nous avons vu le N° 8 (Embryon /, vivant), figuré près du début des mouvements (fig. xiii), posséder 22 segments et le N» 2 (Embryon I^, vivant), après une demi-heure de mobilité, en avoir 23 (fig. viii). Malgré que le nombre de segments puisse subir, pour un même degré de développement général, quelques variations, cependant nous constatons une certaine concordance entre les chiffres énoncés et les intervalles de temps constatés depuis l'apparition de la mobihté. Nous sommes ainsi amenés à considérer qu'à Za température de 16 k 18° C, le temps pendant lequel les mouvements peuvent être considérés comme du stade G, ne dépasse pas 2 heures, et que, par conséquent, l'ob- servation du N*^ 1 concerne le mouvement au seuil du stade H. A une température inférieure à la moyenne, à 12° par exemple, comme chez le N^ 10, la durée de la mobilité au stade G est au moins quatre fois plus longue; mais nous manquons d'informations pour la mesurer c^Laclcmcut. CONTRACTION ANEURALE 305 CHAPITRE III Le stade H. § I. — DESCRIPTION DES EMBRYONS I. — Caractères anatomiques A. l'ombryon S III : 1" La face latérale 'droite (flg. xvi) (p. 305) ; 2° La taee dorsale (flg. xvii) (p. 308) ; S» La face ventrale (flg. xvni) (p. 310). — B. L'embryon F (flg.xixaetft, pi. XX) : 1" Le tube nerveux (p. 312) ; 2" Le bourgeon caudal (p. 316) ; 3° Les myotomes occipitaux et la limite de la tête (p. 317) ; ■ 4° Le pronéphros (p. 320) ; 5" Le pédicule (p. 322). — C. Comparaison de ces embryons avec les types , classiques : 1" Le type de Balfour (Prisihtrm) (p. 322) ; 2° Le type de H.-E. et F. Ziegler {Tor- pédo) (p. 323). Les deux embryons que nous allons examiner appartiennent à la partie moyemie du stade ; étudiés in toto par des méthodes différentes, ils se complètent l'un l'autre. N<^ 1. L'Embryon S III (fig. xvi-xviii). H a fait le sujet de l'observation N'' 1 au stade G et fut fixé au formol neutre à 10 p. 100 12 heures après cet examen, c'est-à-dire 14 heures environ après le début du mouvement, à une température de 16 à 18». Ses caractères morphologiques ont été consignés sur trois dessins qui représentent : 1° la face latérale droite, vue en transparence (fig. xvi) ; 2° la face dorsale observée en lumière réfléchie (fig. xvii) ; 3° la face ventrale regardée en lumière transmise (fig. xviii). \^ La face latérale droite (fig. xvi) est observée presque directement, le ventre à peine soulevé. La face latérale gauche de l'embryon III du stade G (fig. v), à laquelle il est intéressant de la comparer, est au con- traire regardée d'un peu haut. L'embryon S III, dessiné au même grossissement que l'embryon III du stade G, après une fixation semblable, montre par rapport à celui-ci une augmentation notable de volume. Il mesure 3 mm. 9 de long au lieu de 2 mm. 8. La croissance semble avoir été très rapide; cependant, pour apprécier avec exactitude la valeur d'un développement, on ne peut tirer un argument rigoureux de la seule mesure des longueurs et l'aug- mentation de volume doit être corroborée par le développement plus avancé des organes. Nous constatons en effet celui-ci; les change- ments sont particulièrement grands aux deux extrémités du corps. 306 P. WINTREBERT La tôto, plus f'oiii])('o, sV'st ulloiigc'e, et porte plus loin et plus bas l'extrémité antérieure. >Son plan ventral, qui était précédemment hori- zontal, est devenu nettement concave en bas. L'archencéphale montre, au-dessus et en avant de l'œil, une [encoche superficielle, qui est le premier indice, sur le profil, de sa division en prosencéphale et mésen- céphale. La vésicule antérieure reste encore la partie la plus avancée ; elle porte les yeux qui ont subi une légère ascension sur les parties laté- rales par rapport à la limite inférieure de la tête. Au-dessus de la tache sombre de l'œil, percée de la lumière centrale du cristallin, on aperçoit justement l'espace lumineux de la cavité archencéphalique. Le mésen- céphale'a acquis,''dès maintenant, une saillie particulière qui va de vtnir Fia. XVI. Tîmbryon SIII (N° I, Anatomie du starle H, déjà figuré vivant :\ la 2" heure du mouvement, fig. VU) fixé h la 14'' heure du mouvement. Face latérale droite vue en transparenee. de plus en plus grande. La disposition du rhombencéphale reste assez voisine de celle de la figure v; les mêmes éléments s'y rencontrent; mais la tache sombre de la plaque trigéminale s'est étendue vers l'œil et au-devant de la première poche branchiale. Cette première poche est, parmi les trois fenêtres éclairées, situées sur le parcoiu's do la région bucco-pharyngienne, celle du milieu, la plus large, la plus brillante. La cavité mandibulaire ou deuxième somite de Van Wyhe, qui descend dans l'épaisseur du premier arc, est révélée par la fenêtre antérieure ; elle s'est aussi grandement développée et pourrait être confondue, si l'on ne faisait attention, avec une poche branchiale ; on la voit complètement circonscrite dans ses parties dorsale et latérale par la plage nerveuse du trijumeau. Au-dessus de la poche branchiale N" 1 nous ne trouvons, dans le cerveau, comme au stade G, qu'un espace clair d'oii ne dérive actuellement aucune formation spéciale. La poche branchiale N" 2 est étroite, allongée verticalement et cependant moin-î longue que la fente N° 1 ; au-de3sus d'elle, nous voj^ons une large tache CONTRACTION ANEURALE 307 sombre, prolongée en bas dans les arcs qui encadrent la fente, et qui montre la place du placode acoustique ainsi que des épaississe ments nerveux du facial et du glosso -pharyngien. Le développement des plages ganglionnaires trigéminale et faciale peut être heureusement suivi sur les reconstructions de Dohrt^ (1907, pi. XI), malgré que les silhouettes d'ensemble des embryons reconstruits laissent à désirer. L'obscurité se prolonge en arrière de cette deuxième poche jus- cpi'aux myotomes cervicaux et l'on n'aperçoit dans cette plage foncée, à un éclairage très intense, qu'une faible lueur, située au-dessus de la paroi postérieure du cœur, au-dessous et en arrière de la fente N^ 2. Peut-être cette demi-teinte légère indique-t-elle déjà l'ébauche de la troisième fente ? Le large développement de la région pharyngienne antérieure, où les spécialisations sont déjà avancées, et le faible volume, en comparaison, de la région cardiaque sont les causes déterminantes de la situation reculée et basse des 2^ et 3® poches branchiales à leur naissance. Les lieux d'origine de ces poches, vus sur les figures v (pour la 2'^ fente) et xvi (pour la 3^), sont presque identiques, au-dessus de la paroi postérieure du péricarde. Mais à mesure que leurs contours s'affirment et qu'elles deviennent plus apparentes, les poches branchiales se déplacent en haut et en avant ; leur migration est l'effet combiné de leur croissance propre, de l'allongement concomitant de la tête et de la dilatation très impor- tante et très rapide de la région cardiaque. Cette migration s'aperçoit par l'examen des figures v, xvi, xix, xxxviii. On constate sur cette dernière que la 4^ fente apparaît, au contraire des précédentes, au-dessus et au milieu de la face dorsale du péricarde, devenu volumineux. En arrière du placode auditif peuvent se compter les myotomes. Sur le versant descendant de la tête, on aperçoit quati-e territoires mus- culaires du côté droit (fig. xvi). Les deux premiers myotomes sont situés dans un espace obscur placé derrière roreille ; la première ligne intermétamérique est à peine visible; la seconde est déjà très lumi- neuse. Le 4e myotome est de tous le plus large, mais il présente assez nettement une ligne foncée verticale qui semble l'indice d'une sub- division. Le 56 myotome commence la série horizontale du tronc, région où les muscles nettement visibles présentent un volume décrois- sant d'avant en arrière. Le myotome placé au-dessus dû bord postérieur du pédicule est le 22^. On compte sept divisions métamériques dans la moitié antérieure de la région post-pédiculaire ; ce qui donne pour tout le corps un total de 29 myotomes en arrière de l'oreille. nos p. WTNTBEBERT Si l'on retourne l'embryon et qu'on regarde la face latérale gauche en transparence, sous une lumière très oblique, on voit, d'une façon plus nette qu'à droite, les indices d'une subdivision des myotomes de la rampe cervicale ; elle se montrera plus nette encore chez l'embryon F, décrit plus loin; ici, les deux premiers myotomes métotiques sont simples, le 3^ est dédoublé et le 4^ paraît triplé. Une autre remarque peut être faite, c'est qu'à mesure que l'on remonte la rampe cervicale, les myotomes sont moins hauts ; les premiers sont au ras la chorde ; ils sont aussi moins sombres, donc moins épais. Dans la région moyenne, pédiculaire, les muscles encadrent le tiers inférieur du tube nerveux et sont un peu plus élevés en avant qu'en arrière. Une ligne sombre, longitudinale, indique assez nettement la limite qui existe entre la moelle et la chorde et une ligne plus sombre indique le bord inférieur de celle-ci. Les myotomes descendent de plus en plus bas à mesure qu'ils sont plus antérieurs, mais ils ne dépassent pas cependant le 1/3 supérieur de la paroi abdominale. Au'niveau des 4^, 5^ et 6^ myotomes, c'est-à-dire au fond de l'ensellure dorsale, on voit entre les prolongements ventraux des somites, ou plaques latérales, et les plaques vertébrales sus-jacentes, un espace clair, qui " se prolonge dans les intervalles clairs intermé- tamériques plus larges en cet endroit. On aperçoit le cœur, dans le péricarde, comme un tube rectiligne qui s'élève dans la direction de la première poche brancliiale. Le 2^ myotome visible surplombe le coin postérieur de la cavité péricardique. En arrière de celle-ci, monte du pédicule vers les 3^ et 4^ myotomes une large traî- née sombre qui sépare l'abdomen de la région cardio -branchiale. Dans l'extrémité caudale, toujours très obscure, on ne chstingue pas le passage du canal neurentérique ; mais on aperçoit nettement, au- dessus de la chorde, le tube nerveux légèrement dilaté à sa terminaison et, au-dessous, le prolongement, dit caudal, de l'intestin. La ligne infé- rieure de celui-ci est en continuité avec la paroi ventrale abdomino- pédiculaire, sa7is aucune inflexion vers Vectoderme. Le pédicule s'est rétréci dans le sens longitudinal, relativement à la longueur de l'embryon ; en effet, la face inférieure du cœur est déga- gée et l'extrémité postérieure du corps est plus longue que chez l'eçi- bryon III du stade G (fig. v), mais l'embryon est à peiné plus élevé au-dessus du vitellus, bien que les parois vitellines montrent actuelle- ment la forme d'un toit, au sommet duquel l'animal est placé. 2° La face dorsale. La comparaison de la figure xvii avec la figure m CONTRACTION ANEURALE ROO /; ► du stade G révèle de profonds changements. La partie antérieure de la tête montre la succession étagée des trois vésicules cérébrales et, sur les côtés du prosencéphale, la saillie plus accusée des globes oculaires. La région antérieure du rhombencéphale se projette comme une proémi- nence étroite dans le cadre plus large du mesencéphale ; le trait qui la circonscrit en avant répond, dans la pro- fondeur, à l'ébauche delà fissure rhombo-mésencéphalique et, superficiellement, à l'apparition précoce du pli du même nom ; la languette médiane antérieure de la proé- minence occupe la place où se développera plus tard le cervelet. En arrière d'elle, sur la partie médiane, le toit épendymaire est resté assez mince pour qu'on aperçoive, entre les parois latérales épaisses, la partie moyenne de la cavité ; la fenêtre transparente ainsi formée, allongée dans le sens longitudinal, se termine au niveau du tiers antérieur des placodes acoustiques. Les bords du cerveau postérieur présentent trois sillons, qui jalonnent quatre renflements neuromériques. Le ren- flement antérieur correspond à l'origine postérieure du trijumeau, c'est-à-dire à celle du nerf maxillo-mandibu- laire et du ganglion de Gasser ; on voit sur la figure xvi le prolongement nerveux descendre derrière la cavité mandibulaire au-devant de la première poche branchiale, tandis que la portion antérieure ou thalamique de la v^ paire passe en avant de la cavité mandibulaire et se prolonge jusqu'au-dessus de l'œil. Le renflement cérébral qui suit (à droite sur la figure xvii) correspond au 3^ neu- romère de LocY (1894-95) et de H.-V. Nbal (1898), sans nerf dorsal. En arrière de lui sont les neuromères du facial et du glosso-pharyngien. La plaque labyrinthique a changé de forme ; son bord dorsal présente maintenant une concavité externe, pre- mier indice de la disposition en cuvette qu'elle prendra plus tard. Ses rapports aussi sont différents : la figure m montrait le croissant appliqué sur la saillie du facial, actuellement la plaque a reculé et se trouve inter- médiaire entre le neuromère du facial et le suivant, le centre de sa con- vexité nouvelle se place dans le sillon inter-neuromérique. Le fait de ce recul a été signalé par Locy (1894) et confirmé par Kuppfer (1905, p. 163). Fid. XVII. Embryon ,S7/r^(N" I, Ana- tomie du stado H). Face dorsale, en lumière réflé- chie. (Voir flg.xvi et VII). 310 P. WINTREBERT D'après la figure xvii, lo 4'' neiiromoro, visible extérieurement, devrait être considéré comme celui du glosso-pharyngien et l'acoustique n'aurait pas encore dans ce cas de renflement particulier. Locy (1894) rattache la VIII^ paire au neuromère du glosso-pharyngien, tandis que Neal (1898) admet son origine commune avec le facial. Nous prendrons \me détermination à ce sujet après avoir étudié l'embryon suivant. En avant du neuromère trigéminal aucun renflement net n'indique encore l'apparition du premier neuromère trochléaire ou cérébelleux et l'angle latéral antérieur du rhombencéphale n'est pas encore visible. Entre les deux derniers renflements postérieurs, le toit épendj^maire, plus opaque qu'au niveau de la fenêtre antérieure, demeure encore mince ; au-dessus de la ligne médiane, en lumière transmise, le canal épendy- maire s'aperçoit comme nne traînée brillante, dont l'épaisseur égale celle des parois qui le bordent. Un liseré limbique léger s'élève sur la moitié postérieure du tronc, s'accroît au-dessus et en arrière de la queue, puis cesse au-dessous du bourgeon terminal pour reparaître entre lui et le pédicule (fig. xvi et xvii). Le tronc présente dans le sens vertical, de haut en bas, trois étages successifs de plus en plus larges : la région médullaire dorsale, la région chordo-myotomique et la région abdominale. La première, étroite en avant, s'élargit et s'élève en arrière ; la seconde descend comme un toit vers la région abdominale et celle-ci, un peu plus dilatée, s'étend jusqu'au plancher vitellin ; on l'aperçoit sur le côté gauche de la figure xvii. En regardant par transparence la région des myotomes à son union avec la paroi abdominale, quand le même embryon est redressé aux trois quarts, on aperçoit, en regard des 7^, 8^ et 9^ mj^otomes, comptés comme si le segment du bas de la rampe cervicale était le 4^, une traînée plus sombre, signe manifeste d'un épaississement longitudinal ; elle corres- pond aux premiers rudiments du fronéphros , que Burlend (1914) a trouvés chez des embryons de Scylliorhiniis canicula possédant 24 ou 25 proto vertèbres. 3° La face ventrale. La figure xviii a été dessinée, sur l'embryon vu par transparence, pour démontrer qu'il n'existe plus à ce stade d'ouver- ture ventrale de la cavité endodermique et que, d'autre part, aucun épaississement anal n'est encore formé. L'orifice qui existait au stade G a disparu ; la jonction des parois ventrales s'est effectuée d'arrière en avant, sur la région post-pédiculaire, suivant le mode signalé par CONTRACTION ANEURALE 311 ScHWARZ (1889, p. 194, fig. 1 et 2) chez Torpédo. La figure xviii pré- cise le fait que l'anus, ou mieux l'ouverture cJoacale, qui se formera plus tard, ne peut être un reste de la fente primitive et ne tire pas son origine de la lèvre ventrale du blastopore, plus ou moin? modifiée, ainsi que l'admet F. Maurer (1902, p. 212) d'après les travaux de Katschenko (1888) ; le cloaque est une formation nouvelle, secondaire, dont nous verrons apparaître l'ébauche, au niveau du bourgeon terminal, sur l'em- bryon suivant. On aperçoit, par transparence, sur la figure XVII, en arrière de l'attache vitelline, à travers l'ectoderme et l'endoderme non épaissis, l'intestin désigné à tort sous le nom de caudal, puisque la queue n'existe pas encore ; il s'ouvre à plein canal, en avant, dans la cavité digestive sus-pédiculaire. Celle-ci n'est vue dans la boutonnière médiane formée par les parois latérales de l'abdomen qu'à travers la mem- brane endodermo- vitelline. On peut enlever tous les granules de la face inférieure de cette membrane sans la rompre (fig. xvni) ; elle est horizontale, mais placée au sommet d'un petit talus (fig. xvi) formé par le jaune. Les particularités déjà décrites ^i propos de la face latérale de la tête peuvent être reconnues ici, malgré l'orientation différente de l'embryon ; les trois fenêtres mandibulaire et branchiales sont faiblement éclai rées ; on ne peut guère soupçonner le cristallin, mais on distingue la position des trois vésicules cérébrales, et la comparaison avec la figure xvi permet de situer exac- tement les noyaux nerveux. On remarque entre l'ex- trémité dorsale du placode auditif et les origines de la VII^ et de la IX^ paires, au niveau de la crête ganglionnaire, un petit intervalle clair. Derrière la saillie tombante du prosencéphale, entre les deux arceaux mandibulaires, se trouve un enfoncement ; le golfe buccal. Sur notre embryon il est beaucoup plus important que la simple échancrure mar- quée sur la figure H de Balfour (1876, pi. VIII). L'épiderme forme, de chaque côté, un j)li transparent qui approfondit le recessu^. Le fond de celui-ci pré:-;ente trois lignes foncées qui correspondent : les latérales à la partie inférieure de l'arc mandibulaire, la médiane au raphé sagittal. Fig. XVIII. Embryon SIII (N" I, Anatomie du stade H). Face ven- trale regardée en hi- mière transmise. (Voir flg. XVII, XYi, vu). 312 P. WINTREBERT "TTTZ 77t. No 2. L'Embryon F (fig. xix, xix bis et pi. VII). Après l'observation des mouvements faite à une température de 18° environ, la coque fut ouverte et l'embryon fixé sur place, au pôle dorsal de la boule vitelline, avec un mélange à parties égales de liqueur de Zenker et de formol à 20 p. 100. Nous n'avons pas fait état de ses mou- vements dans la partie physiologique ; nous les résumerons ici en quel- ques mots : le déplacement, bilatéral, est d'un type longtemps régulier sur le mode : contraction D, ' pause ; contraction G, pause ; chacun de ces mouve- ments dure un temps à peu près égal, et leur ensemble s'effectue en deux secondes environ. Les caractères ana- tomiques, voisins de ceux de l'embryon S III, le désignent comme un peu plus âgé ; il a été examiné, après sa fixation, à trois moments diffé- rents : 1° Après son passage dans l'alcool à 70°, il possède 3 mm. 3 de longueur et on peut estimer qu'à l'état frais il possédait 1 mm. de plus : 4 mm. 3. Le résultat de cette première inspection est la figure xix a. La liqueur do Zenker rend les tissus opaques et les organes internes sont ici moins faciles à repérer qu'après la seule action du formol. 20 L'inclusion dans le baume du Canada lui donne une grande trans- parence et permet une meilleure définition de ses parties sombres ; d'un autre côté, elle diminue la valeur et le relief des organes superficiels en faisant disparaître les contrastes d'ombre et de lumière qui les soulignent primitivement. La déshydratation complète provoque un rétrécissement considérable de volume et réduit la longueur totale à 2 mjn. 4. La figure XIX h, traitée un peu schématiquement, montre les particularités reconnues au microscope binoculaire par ce procédé. l'io. XIX. Embryon F (N" II, Anatomic du stade H). Face latérale droite viie : a) après la fixation au mélange tormol-zenker et passage dans l'alcool à 70» ; h) après inclusion dans le Baume du Canada. (Voir aussi pi. VII.) CONTRACTION ANEURALE 313 3° Enfin l'embryon est immobilisé entre lame et lamelle dans une cellule pour être observé à de plus forts grossissements et photographié. Nous donnons, planche VII, 5 photographies agrandies 51 fois par rapport à l'objet inclus et 28 fois par rapport aux dimensions de l'em- bryon vivant ; leur mise au point est faite, de 1 à 4, à un dixième de millimètre environ de distance, en procédant de la surface vers la pro- fondeur, et sous un verre jaune ; la 5^ photograpliie, hors série, est obtenue à travers un verre bleu foncé qui donne une définition d'ensemble plus précise. Voyons d'abord les caractères généraux qui fixent le moment de l'onto- genèse. Très nettement, par rapport à l'embryon III du stade G (fig. v), la tête est plus relevée ; le tronc s'est allongé ; la tète et le cou sont maintenant contenus plus de deux fois et demi dans la longueur du corps. En comptant provisoirement quatre myotomes post-auriculaires, jusqu'au bas du versant cervical, ainsi que nous l'avons fait pour l'em- bryon précédent, nous obtenons un total de 30 segments musculaires, au lieu de 29 trouvés chez IS III. L'attitude est plus élancée que chez ce dernier ; la seconde fente branchiale est plus grande et mieux marquée ; le prosencéphale reste la partie proéminente de la tête. La cavité péri- cardique est plus ample. La cavité mandibulaire est légèrement amoin- drie. La 2^ fente s'est avancée, et nous voyons, en arrière d'elle, une lueur indécise qui n'est pas une 3^ fente, mais qui annonce sa venue pro- chaine ; elle surplombe le cœur au lieu d'être réléguée, comme chez S III, en arrière du plan postérieur du péricarde (fig. xvi). Sur les photo- graphies les fentes, comme toutes les régions transparentes de l'embryon, ont perdu de leur éclat et sont moins bien encadrées que sur la figure XIX, en raison de la grande luminosité générale de la préparation. L'attache pédiculaire sur la figure xix a mesure d'avant en arrière 1 mm. 6 pour une longueur de 3 mm. 5, c'est-à-dire qu'elle s'étend, chez l'em- bryon F comme chez l'embryon S III, sur la moitié environ de la longueur totale. Examinons maintenant les régions les plus denses, que l'inclusion dans le baume a éclair cies, et qui sont représentées sur la pi. VII et la fig. XIX bis. 1° Le tube nerveux montre avec une netteté particulière l'épais- seur de ses parois et la forme de ses contours. Les parois se présentent sous l'apect de deux bandes foncées que l'on peut suivre d'un bout à l'autre do l'animal, en remarquant leurs circonvolutions antérieures. 314 P. WlNTIiEBEin* îSiii' le jjroi^eiicépliale, se projettent les deux vésicules oculaii'es ; la tlroite se trouve placée plus bas que la gauclie, à cause d'une légère torsion, vers la gauche, de l'extrémité céplialique ventrale; les lentilles cristalliniennes projettent deux petites lueurs arrondies. On aperçoit en avant de l'œil gauche un croissant clair, qui signale la présence de la chambre prosen- céphalique. Sa paroi antérieure est sombre, sauf devant l'œil droit ; en cette place, elle devient manifestement plus claire et renflée, c'est la région du iieuropore. Aucun canal n'y est visible ; il existe seulement une plaque épaisse, au niveau de laquelle l'ectoderme n'est pas encore dilïé- e ncié et qui montre en son centre, tant du côtéj externe qu'interne, un approfondissement localisé. Au-dessus des yeux, le sillon de séparation des deux premières vésicules cérébrales est profond, de sorte que le pli, l''K.'. xix bis, l'iiîiiiv riproaiiisaiit les principaux traits d'organisation de rtiubryon F, nprésontés sur les pliotofiraphios de la PI. VII, et conceriiaut les neuromèrus cérébranx, le bourgeon caudal, les myotomcs métotiqucs, le pronépliros. de chaque côté duquel se formeront plus tard, répiphyse en aviint, la commissure postérieure en arrière, est déjà bien marqué ; il Test bien davantage que ne le montre la coupe médiane d'un Acanihias de 7-8 mm. et de 50 proto vertèbres, donnée par Kupffer (1905, p. 72, fig. 86). Le même auteur ne figure du reste sur un Acanthias de 4 mm. de long et de 30 pro- tovertèbres (p. 09, fig, 83), c'est-à-dire de même stade que l'embryon do Scylliorhinus actuellement décrit, aucun indice de division de l'archen- céphale. Le mésencéphale présente une lumière très nette ; sa limite postérieure dorsale est bien indiquée par un sillon rhombo-mésencéphalique plus net encore que chez l'embryon S III ; aucune division neuromérique n'est visible sur son parcours. Le rhombencéphale, au contraire, montre dans sa partie antérieure, une série de dilatations ampullaires très nettes qu'il importe de définir. Les lignes sinueuses représentent sans aucun doute la partie dorsale et la partie ventrale du tube, car la torsion légère de l'extrémité prosencé- phalique vers la gauche se limite à la partie descendante do la tête. I>e \ CO:STilACTION ANEUHALE 315 toit et le plancher nerveux sont figurés par un trait sombre, car ils interceptent la lumière sur toute l'épaisseur du cerveau, tandis que les parois latérales sont relativement plus claires, parce qu'elles sont exa- minées de face et que leur pi'ojection se fait dans la direction de la cavité centrale ; mais ces parois même présentent en leur milieu une tache plus foncée, qui intliquo une augmentation latérale d'épaisseur et de densité. Nous trouvons 4 vésicules rhombomériques, dont la longueur va en dimi- nuant d'avant en arrière. La première commence au niveau de l'échan- crure dorsale superficielle qui limite en arrière le mésencéphale. L'ecto- derme qui était appliqué jusque-là à la paroi nerveuse mésencéphaliquo s'en détache, au-dessus du toit rhombencéphalique, et suit son chemin à distance des ondulations sous-jacentes du cerveau. Très nettement les origines postérieures du trijumeau se font au niveau du premier neuromère visible, sur toute sa longueur ; la compacité des tissus est plus grande sur la paroi inférieure du cerveau qu'au niveau de ses parois latérales, ce qui peut signifier qu'un épaississement placodique est déjà constitué. On voit aussi nii voile sombre monter jusqu'à la crête nerveuse, siège de l'origine ganglionnaire de la V^ pa'rc ; ce voile obscurcit la région du 1^^ neuromère, mais il dépasse, en avant, le pli rhombo-mésencéphalique et côifïe le tiers supérieur du mésencéphale ; il marque l'origine ganglionnaire antérieure ou Ihalamique de la V*^ paire, à l'extrémité la plus avancée de la crête neurale. La portion thalamique est loin de couvrir à ce stade tout le mésencéphale, jusqu'à l'œil, comme il est indiqué chez Acanthias (Neumayer, 1906, p. 589), mais il est pos- sible d'affirmer la présence du nerf ophtalmique profond, (racine nerveuse du premier segment de Van Wyhe [1882]), qui se montre sous l'aspect d'un trait foncé se dirigeant au-dessus de l'œil. En arrière de celui-ci, les deux traînées sombres des nerfs maxillaire supérieur et mandibulaire s'aperçoivent à cheval sur la cavité mandibulaire. On ne trouve, à la limite antérieure du neuromère trigéminal, aucune trace d'un autre neuromère, ni sous l'apparence d'une dilatation spéciale, ni sous forme d'un épaississement quelconque. En arrière de lui une seconde dilatation s'aperçoit au-dessus de la première poche bran- chiale ; elle n'est obscurcie par aucune expansion nerveuse. Nous arrivons maintenant à un large massif tout à fait sombre, où néanmoins se distinguent deux neuromères ; le premier appartient sans conteste au facial, car le long de sa paroi ventrale se détache un ruban, très foncé, qui descend en diminuant de largeur dans l'arc hyoïdien jusqu'à 316 P. WINTREBERT mi-hauteur de celui-ci. Le deuxième se trouve au-dessus de la 2^ poche branchiale. Est-il acoustique, ou appartient-il au glosso-pharyngien ? telle est la question. Sans l'aide des coupes, on ne peut se prononcer avec certitude ; cependant nous avons des éléments intéressants d'infor- mation. L'examen de la préparation, sous diverses incidences de lumière, prouve que le placode auditif est situé, comme chez l'embryon précédent (fig. xvii), entre les deux neuromères signalés. Le bord postérieur du massif sombre a une direction très nette ; il part de la limite postérieure du dernier neuromère en haut, s'en éloigne et se dirige, en arrière de la 26 fente, à l'entrée de l'arc premier branchial ; cette partie postérieure représente donc, de manière indubitable, l'origine ganglionnaire du glosso- pharjmgien. Le bord inférieur du massif nous montre, d'autre part, trois échelons : l'antérieur le plus bas, correspond au facial ; le posté- rieur le plus haut, correspond à la IX® paire ; le moyen appartient au placode de l'acoustique. Nous n'avons donc que deux neuromères pour trois nerfs. Si l'on se base sur le seul aspect topograpliique révélé actuellement par l'examen externe, on a tendance à considérer le dernier neuromère comme acoustique; car la IX^ paire déborde nettement ce neuromère en arrière, tandis que le placode acoustique lui correspond plus directement. Mais si l'on suit l'évolution des neuromères depuis le stade G, on voit le renflement postérieur de la IX<5 paire commencer avant que le placode ait quitté la région du facial (fig. m) et l'on pense que l'acous- tique vient s'interposer secondairement entre les VII et IX® paires. H paraît donc légitime de penser que la VIII^ paire n'est encore représentée que par sa plaque ectodermique, et n'a point de neuromère particulier. Derrière le 4® neuromère, les parois dorsale et ventrale du tube ner- veux ne sont plus sinueuses ; la lumière qu'elles encadrent diminue pro- gressivement de diamètre, jusqu'au niveau de la partie postérieure du tronc ; cependant elle est encore large et presque cylindrique sur tout le parcours de la région métotique. C'est la région postérieure du tronc qui a la lumière la plus étroite, sauf à sa terminaison, où le tube s'élargit et forme une cavité un peu plus spacieuse. 2° Le bourgeon caudal permet d'apercevoir le canal neurentérique dont la courbe, très régulière, présente un long détroit en arrière de la chorde. La chorde elle-même a l'aspect d'une baguette rigide, mais la paroi médullaire ventrale qui la surmonte présente, à sa terminaison, mi épaississement qui cause le relèvement dorsal de la lumière du tube ner- veux avant sa jonction au canal neurentérique. Celui-ci débouche dans CONTRACTION ANEURALE 317 un intestin post-pédiculaire très ample, dont la cavité se développe en avant par la descente graduelle de sa paroi postérieure vers l'ectoderme. Ces détails, déjà bien visibles sur les photographies, sont d'une plus grande netteté encore sur la j^réparation elle-même. On y voit la paroi endodçr- mique inférieure en continuité directe avec la paroi abdominale de la zone pédiculaire ; les quelques sinuosités que montre la photographie N" 1 ne sont qu'un cas particulier ; elles sont presque effacées sur la photographie N" 2 ; la préparation prouve qu'en aucune partie de son trajet l'endoderme ne forme une papillle avec l'ectoderme. Cependant, au-dessous de la masse cellulaire commune du bourgeon terminal, qui constitue le centre de croissance où vont s'élaborer les tissus de la queue, on aperçoit mie saillie, dont le sommet interrompt la partie ventrale du limbe. Cette saillie représente V ébauche de la 'papille cloacale encore incluse dans le bourgeon terminal. Le fait de cette origine, qui peut être seulement soupçonné, grâce aux constatations actuelles, se trouve confirmé par les observations ultérieures, faites au cours du stade I, qui montrent l'avancée graduelle de la proéminence signalée et sa trans- formation progressive en papille, puis en poche cloacale. La queue n'est donc pas constituée au stade H et le segment post -pédiculaire représente alors uniquement la région postérieure du tronc. 3° Les mijotomes de la région métotique {ou occipitale) montrent des indices non douteux de division ; leur multiplication semble en rapport avec l'allongement du cou. Nous avions déjà noté, sur l'embryon S III, que le côté gauche de la rampe cervicale, vu par transparence, présentait dans ses deux myotomes inférieurs les ébauches foncées d'une subdivi- sion en deux ou même en trois parties, et que le côté di'oit de cette rampe montrait aussi les indices d'une division du 4^ segment postauriculaire (fig. xiv). Nous arrivons ici à nous convaincre de la présence de 7 somites, dans la partie cervicale ascendante. Qu'il y ait multiplication des segments musculaires, cela ressort avec évidence de l'examen des quatre photo- graphies de l'embryon F. D'abord nous apercevons que, par rapport à l'embryon S III (fig. xvi), la région cervicale de F est plus longue ; prenons, en effet, comme point de repère, l'angle qui sépare la partie horizontale du tronc de sa partie ascendante, chez les deux embrj^ons, et comptons comme dernier myotome de la rampe celui qui est antérieur à cet angle; c'est le plus volumineux des segments qui remontent vers l'oreille ; nous voyons chez S III qu'il est contenu quatre fois dans l'es- pace situé entre l'angle dorsal du tronc et le placode acoustique, tandis Akoh. de Zool. Exp. et Gén. — T. 60. — F. 4. 22 M8 1\ WINTBEBEBT que chez Fiions trouvons, dans le même intervalle, la place de 5 somites semblables au dernier de la série cervicale. Nous constatons la présence de ces 5 somites, dont le premier est difficile à délimiter. De plus nous distin- guons principalement dans la i")hotographie N" 5, que les segments N^ 3 et 4, qui précèdent le dernier, offrent une division en deux parties et, si nous examinons les autres j)liotographies, nous retrouvons les mêmes traces de division. Au lieu de 5 segments, nous pouvons donc estimer qu'il existe dans la ramjje cervicale 7 somites dont 4 résultent du dédoublement des 3® et 46 segments primitifs. Nous observons que ce sont les myotomes intermédiaires aux extrêmes de la rampe qui subissent le dédoublement, tandis que les premier et dernier somites de cette région ne paraissent pas riiodifîés. Le résultat de cette multiplication est de reculer le numéro du premier myotome horizontal placé en arrière de la région cervicale a.scendante : il se classe dès lors comme S^ somife 'postauriculaire. Au j)oint de vue de la constitution définitive de la région occipitale et du mode de formation de la tête, ces faits de dédoublement précoce ont une grande importance ; ils permettent d'expliquer l'augmentation de nombre des somites occipitaux, sans imaginer comme Fa fait Braus (1899), un glissement en avant des somites postérieurs. L'examen externe nous permettra plus tard d'observer, jusqu'à la fin du stade K, c'est-à- dire jusqu'à l'apparition du membre antérieur, l'évolution anatomique des somites intercalés ; parallèlement à celle-ci, nous suivrons l'allon- gement du cou, la diminution de l'ensellure dorsale, l'agrandissement de la cavité péricardique, le recul du bord pédictilaire antérieur, la for- mation du membre antérieur. Les travaux précédents (Braus, 1899) ont montré, que chez 8cyl- liorhiiius, la limite entre la tête et le tronc se produisait entre les 7*^ et 8^ somites métotiques. L'angle qui, dès la fin du stade H, marque le fond de Venséllure dorsale, fixe donc approximativement la limite postérieure de la région occipitale. L'un des principaux résultats auquel nous aboutissons, par la constatation précoce des dédoublements dans les myotomes occipitaux, est de montrer que les modifications de la région méto- tiqùe ne retentissent pas sur le tronc. Les premiers segments de celui-ci ont une position stable ; les transformations tic la région occijiitab se produisent sans leur participation. Van Wyhe (1889, p. 473), qui n'a passoupyumié TintercaJation subsé- quente des myotomes ocôij)itaux;a déterminé avec exactitude' leur nombre, ail iîiiliéu du stade H de Balfour, avant leur nuiltiplication. Il compte, CONTRACTION ANEURALE 310 en effet, derrière roj'eille, comme chez l'embryon F, cinq «omites céphali- ques; les trois postérieurs sont bien délimités, tandis cpie les deux anté- rieurs ne seront que plus tard mieux circonscrits. En les ajoutant aux quatre somites préauriculaires, qu'il a d'autre part signalés, il reconnaît à l'ensemble de la tête neuf somites. Pour lui, le 10^ est le 'premier du tronc. D'après lui, sur un embryon inclus in toto dans l'huile de cèdre, ce 10^ somitc correspond au 4^' myotome nettement visible à cette époque derrière l'oreille ; car, par l'examen externe, les deux premiers somites métotiques ne sont pas visibles par ce'procédé : « Die drei vordersten, wohlbegrenzten Somite gehôren also dem Kopfe an (vgl. V. Vyhe, p. 46, 1882) und erst das vierte ist das vorderste ^Rumpfsomit ». Nous devons, pour la clarté de l'exposé, anticiper sur les événements et diie comment l'auteur a établi que ce 10<^ somite était le premier du tronc. Ce somite doit sa qualification à la présence à son niveau, au stade K, du premier nerf spinal, distinct du vague, ayant une racine dorsale et une racine ventrale (1882, p. 17). Mais ce point de repèie a été recomiu erroné dans la suite ; en effet, Van Wyhe ne suivit pas assez loin le développement du crâne pour remarquer l'incorpora- tion à celui-ci (Furbringee, 1897) des premiers nerfs spinaux, dits spino-occipitaux. Braijs (1899), étudiant à la fois les myotomes et les nerfs de la région métotique, montra (p. 440) l'erreur de VAisr Vyhe et établit que la tête des Scyllidés comprenait dans la région ^^ostauri- culaire 7 somites au lieu de 5. C'est donc grâce à des circonstances for- tuites que Van Wyhe est arrivé à situer, au stade H, la limite du tronc au point même oti nous la plaçons, en nous fondant sur les travaux des auteurs qui l'ont suivi, et en montrant que l'aspect extérieur permet d'apercevoir déjà à cette époque dans la rampe cervicale l'ébauche de 7 somites métotiques. Mais plus récemment Goodrich (1918) reprenant l'étude de la région occipitale chez Scyïliorhinus canicula n'y reconnaît la présence que de 4 somites. Pour lui (p. 17) : « La série des somites métaotiques est en relation régulière avec les fentes branchiales, chacun originairement placé au-dessus de chaque fente branchiale, de la F*^ à la 5*^, et en connexion avec l'arc branchial suivant. » Il y a donc 5 somites dans la région brancliiale ; mais le dernier placé au-dessus de la 5*^ fente bran- chiale (6® fente viscérale) et en rapport avec le 5^ arc branchial (6® arc viscéral) a un myotome innervé par ]e 'P*" nerf spinal ; en conséquence, il appartient au tronc. 320 P. W'I NT HEBERT Au sujet de raccroissemeiit du nombre des segments occipitaux, il est intéressant de rappeler que, pour Severtzoff (1898 a et 6), la formation de ces segments, à un stade plus jeune il est vrai, se poursuit, chez Tor- pedo, en deux directions, caudale et rostrale. De même, chez le Poulet, Patterson (1907) et Hubbard (1908) sont d'avis que 2 somites naissent au-devant des 3 premiers somites apparus. Mais cette appa- rition rostrale de nouveaux somites ne doit pas être confondue avec le processus de division sur place de somites déjà formés, que semble démon- trer l'examen externe de Scylliorliinus, au stade H. Cette multiplication est peut-être la cause des oi^inions diverses émises sur la constitution de la région occipitale ; ainsi, chez Torpédo, le nombre des segments métao- tiques est de 10 jDour Severtzoff, de 11 iDour Dohrn, de 13 pour Fro- RiEPet Goodrich lui-même qui souligne ces cUvergences ajoute (p. 12) : « Nous croyons que ces résidtats discordants sont dus à une rui^ture secon- daire des somites en pièces qui ont été comi^tées comme segmentaires. » 40 Le pronéphros. Si Ton regarde attentivement les photograpliies de l'embryon F (pi. VII) on notera que toutes indiquent à l'endroit des 3®, 46 et 5" somites du tronc, numérotés selon la règle précédente, une hande sombre placée sur la ligne des « mésomères » de V. Wyhe, c'est- à-dire à la hauteur des népln"otomes situés entre les plaques vertébrales ou protovertèbres et la région cœlomique abdominale. Cette bande correspond indubitablement au rudiment du pronéplu-os dont le foison- nement cellulaire très intense intercepte la lumière. Nous l'avons dessi- née sur la figure xix a; elle ne fait pas saillie à l'extérieur et c'est par l'ombre portée que nous avons pu limiter son territoire avant l'inclusion dans le baume. Rappelons que sur l'embryon S III, plus jeune, la face latérale, vue directement en transparence, ne la montrait pas mais que nous avons cependant reconnu sa présence en regardant obliquement la face dorsale ; en comptant chez lui 4 myotomes dans la rampe occi- pito-cervicale, il commence au 7^ myotome et finit au 9^. L'aspect continu de la bande confirme la découverte de Burlend (1914) que l'organe n'a pas une origine segmentaJe ; il se développe tout autant dans l'intervalle des somites qu'à leur niveau. QueFcst, dans la rangée des somites, le numéro à attribuer au l^^ seg- ment pronéphrétique ? Tout dépend du nombre de myotomes comptés dans la rampe cervicale. Burlend (p. 246) le désigne, d'après, ses propres recherches sur Scylliorhinus canicula, comme le 7^ ; il signale que les auteurs précédents ont marqué ce segment soit comme le 7*^ (Rabl, CONTRACTION ANEURALE 321 Laguesse), soit comme le C^ (Ruckert, Van Wyhe i). Il ajoute que plus tard, chez un embryon I possédant 07 à G8 proto vertèbres, il trouve encore le pronéplu'os au 7^ segment. Il semble évident qu'aucun de ces savants n'a trouvé au-devant du pronéphros définitivement constitué le nombre exact des somites, ni tenu compte de leur augmentation de nombre au cours du développement. En effet, Buaus (1899, p. 458) trouve déjà, chez un Sjnnax niger de 33 proto vertèbres, 7 myotomes métotiques, désignés par les lettres t jusqu'à z; or, Balfour assigne 38 protovertèbres au stade H chez Pristiurus; sans faire état des dédoublements ébauchés, j'en trouve moi-même 29 à 30 au même stade, chez Scylliorhinus. Il est donc possible de compter exactement les 7 sotnites occipitaux dès la fin du stade H. D'autre part, je suis d'accord avec Van Wyhe pour fixer au 3^ myotome du tronc le début du pronéphros. C'est donc, en réalité, au 10^ somite après F oreille que commence le rein primitif. En admettant qu'à son début " l'organe ne puisse être définitivement placé, il convient de le situer à son rang dès que le développement plus avancé permet de dénombrer exactement tous les somites apparus. Nous concluons donc que, chez Scylliorhinus , le pronéphi'os est situé au niveau des 10'^, 11<^ et 12*^ myotomes post-auriculaires, en comptant avec Braus 7 somites occipitaux, c'est-à-dire au niveau des 3^, 4^ et 5" myotomes du tronc, et, en adoptant la nomenclature de Van Wyhe pour les somites préotiques, nous fixerons sa place au niveau des 14^, 15^ et 166- segments de l'embryon entier. L'étude du pronéphros chez les diverses expèces de Sélaciens démontre la stahilifé remarquable de cet organe vis-à-vis des somites où il a pris nais- sance ; en effet, quand il commence à dégénérer au stade Kcliez Scylliorhinus à l'éjîoque où l'animal possède entre 68 et 70 protovertèbres (Burlend, 1914, p. 255). son raccourcissement s'opère d'arrière en avant. Des trois tubules qui s'étaient constitués, c'est toujours le premier, le plus large- ment ouvert en tout temps, au niveau du somite pronéphrotique antérieur, qui persiste et 'devient l'ouverture cœlomique du canal de Muller. De ces constatations découle la conclusion, fort importante au point de vue 1. Kabl (1896) et Burlend (1914) ont aperçu entre le teste et les figures de Van Wyhe une divergence le texte attribuant au premier myotome du tronc le chiffre 4 tandis que la figure 13, pi. XXI, désigne ce myotome comme le cinquième ; mais le texte et la figure ne correspondent pas au même stade, le premier concerne un embryon de 27 somites et la figure représente un embryon de 48 somites, arrivé au début du stade K. Il existe à ce moment un plus grand nombre de segments occipitaux visibles que n'en a signalé V. Wyhe. 2. Nous devons faire remarquer que BURLEND (p. 244) en attribuant ce début au stade II de Balfoub} n'indique en même temps qu'une poche branchiale; c'est donc au ftade G qu'il a voulu dire. 322 P. wiNTnJtiBEnr topographique, que le segment pronéphroiique antérieur est un point de repère aussi fixe que l'oreille, qui, comme celle-ci, peut aider à la mimé- ration des somites occipitaux, dans la période des transformations qui aboutissent à l'organisation crânienne. 50 La position du pédicule doit être précisée en ce qui concerne son attache antérieure; chez l'embryon F, comme chez S III, le péricarde est dégagé, mais il reste étroit ; nous voyons le plan vertical de sa région posté- rieure passer en avant du 4^ somite occipital dédoublé (PI . I et fig. xix a et h). C. Comparaison des emhryons S III et F avec les types classiques. 10 Le type de Balfour(1876, fig. H, pi. VIII, et p. 290, ME), est un embryon de Pristiurus qui montre dans l'ensemble une conformation semblable à celle des Scylliorliinus canicula ici décrits. Il a deux fentes branchiales non ouvertes ; mais il présente, d'autre part, un nombre beau- coup plus considérable de protovertèbres, 38 au lieu de 29 et 30. E est vrai que l'addition des petits segments métotiques de dédoublement porte ce dernier chiffre à 32 chez notre embryon F ; mais Balfour ne tient pas compte, dans sa numération, des segments occipitaux, qui ne pou- vaient être distingués extérieurement à son époque par les moyens tech- niques dont il disposait ; l'examen de sa figure H, pi. VIII, indique que le premier myotome est le 4^ segment de l'embryon S III, c'est-à-dire le dernier et le seul très apparent de la rampe cervicale, et qu'il corres- pond au 7^ segment de notre embryon F, compté en tenant compte des apparences de division myotomique, marquées sur les photographies. Si l'on veut donc attacher quelque importance au nombre total des proto- vertèbres , si difficile à apprécier exactement de l 'extérieur , on doit admettre que l'embryon do Pristiurus possède, pour un développement de tête semblable, un nombre beaucoup plus grand de segments du corps. Balfotjr, en effet, figure jusqu'au bout de lachorde, c'est-à-dire plus loin que nous, le processus de division métamérique. Dans la figure H, le corps dessine une courbe concave vers le vitellus ; l'extrémité postérieure, en particulier, se dirige vers le bas; nos deux embryons ont, au contraire, un tronc rectiligne et l'ensellure dorsale provoquée par le relèvement de la tête les rend, dans l'ensemble, concaves en haut. Nous tenons l'attitude du type Balfour pour inexacte et causée probablement par une fixation isolée de l'animal, après son détachement du vitellus. Il importe, pour la bonne inter- prétation des mouvements, de considérer comme seule exacte l'attitude naturelle de l'embryon que nous reproduisons, CONTRACTION AN EU RALE 323. Le procédé qui consiste à fixer l'embryon après son isolement, c'est-à- clii-e eu dehors' de ses rapj^orts naturels avec la boule vitelline, entraîne d'autres modifications visibles sur l'embryon type de Balfour ; le pédicule est trop ramassé, car il a, sur la figure, 17 mm. de long pour une longueur totale de 54 mm., c'est-à-dire qu'il est contenu plus de trois fois dans celle-ci ; de plus, le texte indique que le soulèvement au-dessus du vitellus a beaucoup progressé, mais nos dessins et photograpliios montrent au contraire, que l'embryon est encore sessile. Le siUon buccal est moins prononcé que chez Scyïliorhinus. La pla.ce du futur anus est, au contraire, précisée par un léger diverticule de l'in- testin, que nous n'avons pas trouvé, 20 Le type de H.-E. et F. Ziegler (1892, p. 88, fig. 23 et fig. 24 I-V, pi. IV) est un embryon de Torpédo, long de 3 mm. 8, possédant trois fentes branchiales no7i ouvertes ; la 3^, courte et petite, s'est avancée déjà dans la moitié antérieure de la région sus-péricardique ; le péricarde est beaucoup plus dilaté que chez l'embryon de Balfour et les nôtres. L'arc mandibulaire, plus étroit, montre la cavité du même nom, très diminuée d'ampleur. La saiUie du mésencéphale est très marquée et dépasse nettement en avant celle du prosencéphale, dirigée directe- ment vers le bas. L'anus est désigné par un contact de la paroi intestinale et de l'ectodcrme. Ces caractères désignent un âge plus avancé que celui marqué par l'embryon de Balfour. Si l'on considère surtout que Balfour attribuait à l'apparition des fentes une importance majeure pour le classement (p. 291), on ne peut qu'être surpris de voir ceb embryon placé au stade H ; il appartient au début du stade I. L'animal est figuré en place et son attitude sur le viteUus est cor- recte . Le tronc se montre rectUigne dans son ensemble ; la queue tombe légèrement, comme il advient au stade I; l'ensemble du dos est concave vers le haut. Le pédicule, maintenu par son attache vitelline, a juste la moitié de la longueur totale, et, les parois cardio-abdominales, malgré l'âge avancé, sont encore situées au ras du vitellus. IL — Analyse du mouvement N» 1, Embryon II' (p. 323) ; N» 2, Embryon e (p. 324) ; N» 3, Embryon r (p. 325) ; N» 4, Embryon e (fig. xx) (p. 326) ; N» 5, Embryon V (p. 328) ; K" 6, Embryon K' (p. 328) ; N» 7, Embryon SBa' (flg. xxi-xxni) (p. 330). No 1, EMBRYON II* (No 4, au stade G). Œuf intact. Température : 17° C. 12 juin, 16 heures (24 heures environ après le début du mouvement). 324 P. WINTREBERT L'embrj^on est resté très étroitement appliqué sur le vitelliis ; il est légèrement incliné sur le côté droit ; le museau n'a pas plus qu'avant la liberté de se mouvoir, et la tête s'incline seulement à D et à G. On voit nettement la vague de contraction se poursuivre, en arrière, jusqu'au 13^ myotome. Les mouvements, rythmés sur quatre temps, sont très réguliers et chaque combinaison est répétée un grand nombre de fois. 13 juin, 17 heures (49 heures après le début). L'embryon est toujours très serré contre le vitellus ; le mouvement, vermiforme, montre l'ondula- tion jusqu'au 1/3 postérieur du corps, c'est-à-dire jusqu'au 16^ myotome environ. NO 2, EMBRYON e (No 6, au stade G). Œuf intact. Temp. : 180-20» C. 30 juillet, 9 heures (46 heures après le début du mouvement). Le contact de l'extrémité céphalique avec le vitellus a cessé et l'embryon, redressé, a des mouvements faciles à analyser. Le déplacement cépha- lique est de 250 environ, des deux côtés ; la contraction détermine un rejet du fond de la courbure du côté opposé, comme chez tous les embryons qui ont dépassé, à cette température, la première heure du mouvement (fig. vu) ; cette courbure de contraction est de plus en plus prononcée ; elle tient vraisemblablement à l'augmentation de la puis- sance musculaire et à la retenue persistante des parties antérieure et pos- térieure du corps par le pédicule ; en effet, le lien pédiculaire reste serré en avant, malgré les sollicitations du mouvement céphalique, et, en arrière, le tronc se tient presque immobile. L'onde propagée est très nette ; elle s'étend environ jusqu'au tiers postérieur de l'embryon. 14^. 30' (51 h. 30' après le début). Le mouvement est lent, sur 8 temps, en 2 secondes ; de plus, pendant plusieurs minutes,, seul, le côté G fonc- tionne. Supposant que ces symptômes révèlent une mauvaise oxygénation, je change le milieu. Après quelques minutes de séjour dans l'eau de mer aérée à la tempéra- ture de 180^ l'embryon reprend ses mouvements bilatéraux, les contractions deviennent plus fortes et le rythme s'établit sur 4 temps. H y a toujours inclinaison du dos de la tête vers le côté contracté ; la courbure est plus large, de rayon plus grand; sa concavité s'étend en arrière, comme chez SBa^ (fig. xxiTi) ; l'angle de déviation de la tête est de 35» environ par rapport à la ligne médiane. Un déplacement du segment post-pédiculaire, à la fin de l'ondulation, indique que la contraction îfboutit près du bord pédiculaire postérieur ; en effet, ce segment, sans mouvement propre CONTRACTION ANEURALE 325 est entraîné de quelques degrés à la fin de chaque contraction, du même côté que la tête ; il tourne autour d'un pivot constitué par le bord du pédicule (fig. xxi, xxii). No 3, EMBRYON 1^ (No 2, au stade G). Œuf intact. Température 18o. 11 juin, 18 heures (7 heures après le début du mouvement). L'embryon est bien vertical. Le fond do la courbure a reculé ; il est maintenant entre le 1^ et le 8^ myotome. L'aspect du mouvement est celui du N^ 1 à la fin du stade G (fig. vu), avec un fond de courbure porté plus loin du côté opposé de la ligne médiane ; la déviation céphalique est plus ample et la tête se déplace de 25° environ à D et à G. L'embryon bat très réguliè- rement sur un rythme de 4 temps ; la différence des deux rythmes laté- raux est très faible, car on constate une remarquable suite d'égalisations sur le mode : 1, contr. G. ; 2, r. ; 3, contr. D. ; 4, r. Le bord dorsal de la plaque auditive, nettement concave en dehors dans son milieu, a ses extrémités recourbées en dedans, en silhouette d'oiseau planeur, comme sur la figure xvii. 12 juin, 16 heures (29 heures après le début du mouvement). Les déplacements présentent une succession très régulière de combinaisons motrices, sur un rythme de 4 temps, à raison de 10 à 15 oscillations doubles par attitude (Voir tableau, fig. xv) ; dans la phase d'égalisation, on ne coiLsitate aucun arrêt du corps à la ligne médiane ; le mouvement d'aller et retour, à G ou à D, est rapide et se fait en une demi-seconde. Les révo- lutions ne durent, en tout qu'une seconde. Sans qu'il y ait le moindre frottement vitellin, il existe cependant une inclinaison normale de la crête céphalique dorsale vers le centre de cour- bure. Le segment post-pédiculaire fait un léger mouvement du même côté que la tête, à chaque contraction; c'est la preuve d'une propagation étendue en arrière jusqu'à une faible distance du bord postérieur du pédi- cule. Le mouvement de l'extrémité caudale se fait avec un léger retard sur la fin du battement de la tête du même côté. Il s'agit encore pour elle d'un entraînement passif. En déplaçant le vitellus dans la coque, on provoque de fréquents change- ments des combinaisons motrices, dues à des inversions dans la vitesse relative de chaque rythme. On détermine ainsi un fonctionnement plus vif, et quelques troubles rythmiques, mis en évidence par des changements imprévus dans la relation chronologique des mouvements. 326 P. WINTREBERT L'embryon, maintenant couché sur un côté, présente son autre côté à l'observateur, qui peut apprécier sur lui la vague contractile, à un grossis- sement de 20 fois. Les premiers m>^otomes de la rampe cervicale, en se contractant, commencent V ondulation ; celle-ci n'a qu'un effet médiocre sur l'embryon, fixé très court au vitellus dans la région moyeime ; cepen- dant on la suit jusque vers le 15e myotome, c'est-à-dire le 1/3 postérieur du corps ; on note aussi le volume et le resserrement successif des segments dont l'aspect est brillant, blanchâtre ; on voit, au même instant, courir le long du tronc la concavité légère de la courbe de contraction. On ne peut compter à travers la coque toutes les protovertèbres. On arrive à en dénombrer cinq sur la rampe cervicale, qui vont en décrois- sant de hauteur vers l'avant, mais elles ne sont pas très distinctes; au contraire, les premiers myotomes de la région horizontale du tronc sont très apparents ; la numération redevient indécise pour les derniers du corps. L'embryon est à la fin du stade H ; il n'a que deux fentes bran- chiales, mais à un très fort éclairage, on devine une légère lueur en arrière de la seconde, sans caractère précis. 15 j; '^^ m^Tïî]^ No 4, EMBRYONS, fig. XX. (Voir fig. ii, Anatomie du stade G, le même embryon, 6 heures avant le mouvement). Œuf in- tact. Température : 18° C. 14 juillet, 16 heures (48 heures environ après le début de la motilité). L'embryon est à la fin du stade H. Légèrement ren- versé sur le côté D, il dé- couvre le côté G (fig. XX) qui présente deux fentes branchiales, la première plus nette et plus grande que la seconde. H a encore changé de place dans la coque et s'est rendu tout à fait au centre, c'est-à-dire au pôle dorsal du gâteau vitellin. Il est retenu serré contre le vitellus par un pédicule très court. La pente cervicale est longue et montre un plus grand nombre de segments qu'on n'en voyait à Fia. XX. Embryon vivant z (N» 4, Physiologie du stade H) déjà figuré 6 heures avant l'apparition de la motilité (N" II, Anatomie du stade Or, flg. ii). Face latérale gauche vue à travers la coque, 48 heures environ environ après le début du mouve- ment, à la température de 18°. Diagramme des contractions chez an embryon à partie postérieure du tronc immobile, serrée contre le vitellus. Les chiffres désignent le rang dea myotomes et leur place. CONTBACTJON AN EU RALE ' 327 travers la coque sur les embryons précédents, particulièrement chez le N*' 3, plus jeune (29 heures de mouvement) ; en effet, le 7^ myotome visible (fig. XX ) est à l'angle que fait la partie cervicale ascendante avec la région horizontale du tronc. Les myotomes les plus larges sont les 6^, 7^, S^, 9^, lOe, IIP, 126; les 6^, 5^, 4©, sont très distincts, les 3^, 2^, le--, plus flous, mais encore reconnaissables au moment des pauses. On compte en tout 38 métamères, ce qui indique la fin du stade H. Le 15^ est au delà de la moitié du corps, à l'union des 3/5 antérieurs et des 2/5 postérieurs ; le seg- ment post-pédiculaire s'allonge. Les mouvements se font sur un rythme de quatre temps, très régulier, d'une durée de 2 secondes environ. Quand le balancement est égal, les temps 1 et 3 représentent le maximum des déviations G et T>, tandis que les temps 2 et 4 marquent les retours passifs de la tête à la ligne médiane. Le cycle des combinaisons motrices (fig. xiv-xv), parcouru très réguliè- rement, est facile à suivi'e, comme chez tous les embryons élevés en milieu constant. Le bord antérieur du pédicule est encore placé au-dessous du 5^ myotome. Le fond de la courbure, qui représente la partie du terri- toire contractile la plus mobile et la plus puissante, se trouve au niveau des 7^, 8^, 9®, myotomes ; le 8<^ forme la région culminante de la convexité portée de l'autre côté de la ligne médiane. Le diagramme, annexé à la figure xx, montre schématiquement, à une vue dorsale, et avec un peu d'exagération pour la courbure centrale, le déplacement de l'axe longitudinal de chaque côté de la ligne médiane. Le bord antérieur du pédicule est le pivot autour duquel la tête oscille ; les premiers myotomes jusqu'au 7^ semblent agir directement sur elle, en la tirant sur le côté et en arrière ; mais c'est au delà du bord antérieur du pédicule que se produit la courbure la plus prononcée, dans la région des 76, 86, 96 myotomes, ces segments montrent parleur contraction que, sans l'attache vitelline, ils pourraient communiquer à la tête un dépla- cement presque double de celui qu'elle exécute. L'onde se propage jus- qu'au 156 métamère. L'embryon étant très serré contre le vitellus, la rentrée à la ligne médiane, de la partie postérieure de la courbe, est rapide ; cependant cette partie se rapporte à un cercle de plus grand rayon que l'antérieure. Les trois derm'ers myotomes, de 13 à 15, déplacent bien peu la crête dorsale visible, et l'on ne voit, en arrière, aucun entraîne- ment mécanique de la région postérieure du tronc et de la queue. L'em- bryon exécute donc un tjrpe réduit de mouvement, à tête libre, mais retenue par le pédicule, et à segment postérieur complètement immobilisé, 328 P. WINTREBEET No 5, EMBRYON T''- (No 9, aiistado C). Œuf intact. Température : 18° C. 2 août, 11 //. 30 (20 h. 30 après le début tlu mouvement). L'em- bryon, en grandissant, acquiert un déplacement plus ample ; la courbe sus-pédiculaire s'arrête cependant à mi-corps et la partie postérieure du tronc est encore immobile. Les combinaisons motrices se dérou- lent régulièrement sur un rythme de 4 temps, en 2 secondes, c'est- à-dire 1/2 seconde par temps ; ce qui est un mode relativement lent à la température de 18° C. No 6, EMBRYON BZ^. Œuf intact. Température : 19-20o C. 12 août, 9 heures (25 heures environ après le début du mouvement). L'estimation du début du mouvement est faite indirectement d'après l'embryon d (No 7, stade G), dont la figure i représente l'arpect 22 heures avant l'apparition de la motilité ; un dessin fait de B/^ le 10 août, à 12 heures, montre un état semblable à celui de la figure i, avec une proéminence plus accusée de l'archencéphale et une fermeture plus complète de la gouttière médullaire dans la régioa acoustique. Actuellement, la courbe de contraction dépasse la moitié du corps au-dessus du pédicule et déjà le reste du tronc est mobilisé légèrement du même côté que la tête. La déviation céphalique est de 25o environ. Les mouvements sont lents pour la température à laquelle l'animal est soumis ; les révolutions ont 2 secondes de durée comme celles de V'-. Le rythme est de 6 temps; le balancement, égal, s'inscrit : 1, G; 2, retour ; 3, pause ; 4, D ; 5, r; 6, p. Les boiteries accentuées s'ins- crivent : 1, G ; 2, D ; 3, r ; 4, 5, 6, p. Les conditions d'aération de l'eau pouvant être mauvaises je transporte l'embryon dans de l'eau de mer battue et filtrée, à la même température. 11 h. 30; mais après 2 heures d'immersion dans ce nouveau miheu, l'embryon a conservé le même rythme sur 6 temps, il a acquis de j)lus une remarquable uniformité de durée des deux révolutions latérales, avec un retard très léger de D, ce qui détermine la série des combinai- sons décrites chez le No 10, stade G (fig. xiv" et xv) ; chacune des quatre attitudes décrites, DG, D-G, GD, G et D, se reproduit une quinzaine de fois avant de faire place à la suivante. La période de conjonction montre nettement, avec la neutralisation des déplacements latéraux, une élévation de la tête accompagnée d'une ensellure dorsale accusée (cabrement). La périodicité très semblable des deux rythmes qui permet de suivre CONTRAUTION ANEURALE 329 pas à pas le chevauchement des contractions met en reUef un trouble particulier qui se produit au moment où,, dans son retard, D empiète sur G, en conjonction partielle, pour aboutir à la conjonction totale. Au moment oii va se produire la coïncidence complète des contrac- tions, G recule, par une inversion brusque, vers la combinaison antécé- dente DG. Suivons les événements d'un peu plus près et examinons les temps de pause. La pause est déjà longue quand, en attitude de boiterie, G succède immédiatement à D ; elle prend 3 temps sur 6 et dure 1 seconde, mais à mesure que D empiète sur G, elle devient plus longue, et, pendant la rencontre complète D-G, les temps des contractions se confondant et le retour du mouvement d'élévation de la tête cabrée étant fini plus tôt, par rapport au retour du déplacement latéral habi- tuel, l'immobilité de la pause augmente et dure 4 à 5 fois le temps du mouvement. Ce phénomène d'allongement do la pause est tout à fait normal; il reste en effet dans les limites d'une révolution régu- lière. Le trouble rythmique marqué par l'hésitation du passage do G devant T>, est constitué par la reprise de V attitude antérieure DG, avec une diminution nouvelle de la pause. Mais ensuite le retard de D sur G recommence ; faible et progressif, il aboutit encore à la conjonction partielle. Cependant celle-ci s'efface de nouveau par un recul soudain à la précédente combinaison DG. Au troisième essai, G passe enfin devant D assez brusquement, après avoir franchi rapidement la série des atti- tudes de rencontre. 12 heures (28 heures après le début de la motilité). Par suite de Fexamen prolongé sous la lampe électrique, la température du milieu est portée à 20^5 ; les mouvements sont plus vifs, les révolutions passent à 4 temps, et la différence dans la durée des deux rythmes devient plus accentuée ; D, dont le retard est plus grand, brûle les étapes de ses combinaisons avec G, au point que les 4 attitudes caractéristiques ne sont plus toujours présentes ; la conjonction en particulier se fait rare et, de plus, le passage de G devant D, par l'intermédiaire de la phase de rencontre, ne montre aucune hésitation. 19 heures (35 heures après le début du mouvement). Dans un milieu nouveau, bien aéré, à 18^, le rythme est revenu à G temps et les dépla- cements sont semblables à ce qu'ils étaient à 11 heures 1/2. En redres- sant la coque, on manœuvre le vitellus et on parvient à coucher l'embryon sur le côté D ; il ne présente plus alors qu'un déplacement latéral G qui s'exécute de façon absolument régulière, sans aucun arrêt, sur le mode : ^30 P. iVI]<:TREBErxT 1, G ; 2, r ; 3, 4, 5, G, p. Pendant 15 niinulcs (robscrvalion. dans ces conditions, aucun changement no se produit. Le déplacement à D est annihilé par un obstacle mécanique ; la contraction myotomique existe sans doute, bien que son effet ne soit jxas visible; cependant la preuve directe de son existence ne peut être donnée. N» 7, EMBRYON SB«\ fig. XXI, xxii et XXIII (No 10, au stade G). Œuf intact, Température 12o C, puis variable. i/\ 6 décembre, 16 heures il heures après le début du mou- vement). Température 12°. Le mouvement dévie la tête de 7 à 8» (fig. xxi), sur un rythme de 8 temps. Le pli de flexion, placé entre le 5^ et le 6^ segments, se trouve rejeté de l'autre côté de la ligne médiane. Le pivot autour duquel oscille le segment céphalique est situé au niveau du 4^ seg- ment. Comme pour l'embryon N^ 4 (fig. xx), d'un âge plus avancé, l'axe de la tête ne suit pas complètement la direc- tion de la partie antérieure de la courbe et s'écarte moins de la ligne médiane ; l'obstacle pédiculaire modère Tabduc- tion cëphahcj[ue. Sous le microscope, on constate encore que la région postérieure de la courbe fait partie d'un cercle plus grand que l'antérieure et ne retrouve la ligne médiane cpie vers le 1/3 postérieur du corps. Sur son trajet on remarque que seuls les 6 segments antérieurs se contractent (de 6 à 12), et encore les 3 derniers myotomes n'ont-ils qu'un resser- rement bien léger. En arrière d'eux, la partie i^ostérieurc de la courbe est presque rectiligne et on n'y décèle aucune j)ropagation de l'onde ; elle bouge 'passivement. En exami- nant le 1/3 postérieur du corps, on le voit aussi animé d'un très petit déplacement de va-et-vient à peine perceptible, mais réel et constant, qui s'effectue du même côté que la déviation céphalique et se trouve légèrement en retard sur celle-ci, comme chez les embryons n»' 2, 3, G. 7 décembre, 10 heures (25 heures après le début). Température 11» C. Le lythme des mouvements est de 12 temps, sur 5 secondes environ; il est absolument constant et régulier ; la contraction G met, comme au stade G, un intervalle un peu moins long à revenir que la D ; la diffé- rence cnt'c les deux rythmes est cependant faible et chacjue combinai- FiG. XXI. Em- bryon vivant SB«' (N'^ T, Physiologie du stade H). Uia- graminc do la contraction D, 7 heures après le début de la niotilité, à la température de lii"; les chiffres désignent lu rang et la place des myotomes ; L. M., ligne mé- diane. CONTRA CTION A NE URA LE 33 i son se reproduit 15 à 20 fois. Nous avons cotruit un tableau résumé de leur succession (fîg. xxii). Nous avons supposé dans ce tableau que la différence des rythmes était égale à un temps de la révolution D ( 1 2 temps ) ; le cycle n'est ainsi composé que de 11 attitudes G, tandis qu'en réalité, il en compre- nait 80 environ. A l'inverse du tableau de la figure XV, nous avons immobi- lisé ici la con- traction ralen- tie D, et fait avancer la con- traction G ; elle avance d'une case à chacune de ses repro- ductions. La lec- ture des com- binaisons se fait du coin supé- rieur droit à l'angle inférieur gauche ; les temps de cha- que révolution se comptent de gauche à droite de 1 vers 12. La première con- traction s'exé- cute à D et le double mouvement est d'abord un DG, en haut du tableau ; nous notons trois boiteries, à claudication de plus en plus vive, avant la conjonction partielle D-G; puis vient la rencontre complète et ensuite la conjonction partielle inversée, G-D. La boiterie GD s'installe alors. En continuant d'avancer, G s'éloigne de plus en plus de D ; le mouvement arrive, xyi D | / 2 3 ^ 5 é ? ? 9 ro // n 1 1 y D G y % D -> G î D -> ô ^ > •G S CG G 6- -D f G — » D ê & — -^ D 9 G D ^ io Ct D 71 — 0 .... — D — n 'm - — — --- --- IX G Ï2 Da -^ G ^t rs Da -> G Ds •G FlG. XXII. Embryon vivant SBa' (N" 7, Physiologie du stade H) 25 lieures après le début da mouvement. Tableau de succession des combinaisons motrices, dans lequel G qui avance de liaut en bas et de droite à gauclie se reproduit après 11 temps, taudis que D revient après 12 temps. Le G pointillé de la case 12 est le même que celui de la case 1 (en ligue horizontale) puisque la révolution de G ne dure que 11 temps ; c'est le moment oii il abandonne la série des D, avec lesquels il vient de s'associer, pour se combiner avec les renouvellements D précédents ; ceux-ci ont été simplement désignés comme Da, sur la ligne des D, afin de marquer sur le même tableau la suite des combinaisons. 332 1\ WJNTREBERT au bout de trois claudications G D, à une égalisation approchée, qui se transforme bientôt en balancement égal (case 11). A la case 12, G s'est avancé suffisamment près du renouvellement précédent de la contraction D pour se combiner avec lui. En effet, nous avons dit que la révolution G n'est que de 11 temps ; le G pointillé de la case 12 est le même que le G de la case I qui a commencé le cycle ; mais, dans son avance, il s'accorde cette fois avec le renouvellement antérieur de D. On a ramené celui-ci, sur la figure, à l'alignement des D précédents, en le désignant par la lettre a pom* ne pas élargir inutilement le tableau. La contraction G a gagné, pendant le cycle des combinaisons motrices, le temps d'une révolution D. 10 7i. 15. Sous rinfluence d'un échauffement graduel et rapide provo- qué par une lampe d'examen, employée sans interposition d'une cuve d'eau, la température monte en 10 minutes de 11 à IS» et des modifica- tions soudaines se produisent qui dénotent un véritable bouleversement de l'activité musculaire. On voit d'abord trois contractions se suivre, B, G, D, puis la contraction D se renouvelle deux fois de suite, sans con- traction G intermédiaire, sur un rythme de 4 temps : 1, D ; 2, r ; 3 et 4, p. ; le mouvement- reparaît ensuite en boiterie GD. Le trio des con- tractions D, G, D, se reproduit une deuxième fois, sans qu'il y ait entre elles le temps d'un retour passif ; il est encore suivi de la répétition isolée du mouvement D, puis, de la boiterie G D ; le groupe des phénomènes reparaît de nouveau une troisième fois. En dépit de cet affolement des rythmes on retrouve donc encore une certaine périodicité dans le retour des mêmes attitudes; cette constata- tion prouve que les modifications introduites dans le fonctionnement de chaque bande musculaire par un brusque changement de températm-e sont particulières à chacune d'elles ; elles révèlent un mode spécial et indépendant de leurs réactions. \0h. 30. Température 16^ C. Après éloignement de la source de chaleur, la phase d'affolement va en s'apaisant ; elle dure environ 10 minutes. La succession des deux contractions redevient régulière sur un rythme de 0 temps environ; mais la différence entre les rythmes latéraux s'est accrue ; G va toujours de Tavant, mais beaucoup plus vite. On enre- gistre, par exemple, sur les 12 attitudes précédentes des révolutions D (fig. xxii) celles qui correspondent à la case 6, puis à la case 2, puis successivement aux cases 9, 5, 1, 8, 4, etc. Si l'on n'avait pas observé d'abord la série totale et progressive des combinaisons, on serait ÙONTRACTION ANÊURALÉ 333 bien empêché de comprendre maintenant leur ordre de succession. 10^. 35. Température 16° C. Eau de mer nouvelle. La période troublée a cessé ; le rythme est d'environ 8 temps pour D, de 7 temps 1/2 pour G, comme il était à l'apparition du mouvement (fig. xiv-xv). Il faut remarquer que le même rythme se produisait hier à une température de 120. Nous observons donc, après une phase d'affolement, en même temj)s c|u'une régulation des rythmes, une réelle diminution d'activité. 10 h. 50. Depuis 10 minutes on a rapproché la lampe électrique et la température est remontée progressivement de 160 jusqu'à 20° ; la rapidité du rythme s'est accrue pour chaque bande musculaire ; on compte des révolutions de 6 temps, effectuées en 1 seconde 1/2 environ. H n'y a pas seulement diminution de la pause, mais augmentation de vitesse dans l'exécution des mouvements, de sorte que les 6 temps actuels sont de durée bien inférieure à la moitié des 12 temps qui formaient la cadence des révolutions, il y a seulement 1 heure, à la température de 11°. On constate quelques troubles du rythme ; le sens des combinaisons a changé ; c'est maintenant le mouvement D qui se repro- duit le plus vite. Attitude de flexion maximale (fig. xxiii). La déviation céphalique est de 25° environ. Le pli de flexion, plus arrondi, se produit à un métamère en arrière de l'endroit où il exis- tait le 6 décembre, à 16 heures (fig. xx), entre le 6^ et le 7^ segment. La courbe de contraction est devenue plus pro- fonde et plus ample, la tête ne suit pas tout à fait la direc- tion de la courbe antérieure, mais est moins retenue que chez le N^ 4 (fig. xx). C'est toujours vers le 15<^ méta- mère post-otique, c'est-à-dire à peu près à l'union du tiers moyen et du tiers postérieur du corps que la courbe du corps recoupe, en arrière, la ligne médiane de repos ; mais tous les seg- ments, jusqu'au 15^, paraissent maintenant en activité. Le tiers postérieur du corps est davantage entraîné du côté contracté, mais il l'est encore d'une manière passive, à la fin de l'ondulation. Il est possible que le bord posté- rieur du pédicule, qui semble le pivot ^de rotation de ce segment, réfrène en même temps son déplacement. Du fait de l'incurvation du tiers moyen, l'extrémité postérieure remonte légèrement en avant à chaque contraction. riG. XXIU. EtU- bryon vivant SB a' (N° 7, rhysiologio du stade H ) 26 heures environ après le début do la motilité. Diagramme de la flexion maxi- male D. Les cliiffres indi - quent la place des myotomes correspon- dants. II. M., ligne médiane. Akcu. ve Zool. Kxp. eï g es. X. 60. ]■. 4.. 334 P. WINTREBERT 8 décembre, 9 heures (48 heures après le début). Température 10° C. Remarquable régularité du mouvement, sur le mode primitif des combi- naisons motrices des tableaux xv et xxn, c'est-à-dire avec mouve- ment G un peu plus rapide que le D ; le premier revient après 9 temps, tandis que le D se répète après 10 temps. Après 5 minutes d'examen sous la lampe, la température monte de un degré (à IP) et] le rythme est un peu plus coui't sur 8 et 9 temps. Après 10 minutes, le thermomètre indique 12° ; les révolutions sont encore un peu plus brèves sur 7 et 8 temps environ. Nous constatons donc que, malgré les bouleversements du rythme provoqués hier à 10 h. 15 et à 10 h. 50 par les montées rapides de 11 à 18» et de 16 à 20^, l'embryon présente aujourd'hui, à 12», un rythme sensiblement égal à celui du 6 décembre, pour le même milieu ; les changements même rapides de température, entre 10 et 20°, sont donc beaucoup moins nocifs que les montées au-dessus de 20°. Attitude de flexion maximale. L'angle de déviation de la tête est de 30°. Le déplacement D est plus grand que le G ; celui-ci est toujours de renou- vellement un peu plus rapide. Peut-être y a-t-il un rapport entre la durée de la révolution et l'ampleur du mouvement ? le déplacement un peu plus intense à D s'accompagne, en effet, d'un rythme un peu plus lent. Le maximum de la courbe sus-pédiculaire, est maintenant au niveau du 7<^ segment. 9 h. 20. Après 20 minutes d'examen à la lampe, sans interposition d'une cuve réfrigérante, l'élévation rapide de la température, à 19", pro- voque encore une période d'affolement. La rapidité du rythme est de 4 temps, parfois de 6, autant qu'on j)eut l'afïirmer ; car il existe beaucoup d'irrégularités; ainsi, les contractions G se répètent en plus grand nombre que les contractions D et le plus ordinairement en nombre double ; on compte : 1, G; 2, r ; 3, G; 4, r; 5, D; 6, r; ou 1, G; 2, r; 3, G; 4, D; 5, r; 6, p; en réalité, avec la répétition de G au 3^ temps, il s'agit d'un rythmé de 4 temps, qui parfois, mais rarement, s'exécute |en balan- cement égal : 1, G; 2, r; 3, D; 4, r; car D, plus irrégulier que G, manque de se produire au moment attendu. 9 h. 30. La lampe éloignée, le thermomètre marquant depuis 5 minutes 18° 5 environ, on constate, malgré cette température élevée, et parce qu'elle se maintient quelque temps, une régularisation tout à fait remar- quable des deux rythmes. De plus, le déplacement G prend plus d'am- pleur et devient égal au mouvement D. CONTRACTION ANEVRALE 335 Les rythmes sont de 6 temps ; on compte 49 battements doubles GD (1, G ; 2, r ; 3, D ; 4, r ; 5 et 6, p) qui durent chacun deux secondes. Les révolutions sont relativement longues pour la température du milieu où elles s'accomplissent ; peut-être l'activité musculaire subit-elle le contre- coup du bouleversement précédent ? La symétrie presque parfaite des deux rj'thmes latéraux fait que pendant longtemps, près d'une minute, on ne peut percevoir aucun changement dans l'attitude G D ; enfin G prend un peu d'avance, et s'éloignant graduellement de D, égalise le balancement. On compte 40 balancements égaux G et D. La pause augmente ensuite après le mou- vement G et diminue par conséquent de plus en plus entre lui et le renou- vellement précédent de la contraction D, dont il se rapproche et avec laquelle il se combine bientôt en un mouvement D G ; celui-ci se repro- duit 40 fois. Au delà, la rencontre des deux mouvements s'étabht progres- sivement en D-G puis en G-D ; on assiste d'abord à l'empiétement de G sur D pendant 20 rjiihmes consécutifs, mais la phase de neutralisation complète, qui suit, est plus courte qu'on n'aurait pensé et comprend seulement 2 ou 3 attitudes. Pendant l'opposition des contractions, le mouvement de relèvement céphaHque et d'approfondissement dorsal s'exécute avec mie grande netteté et il n'est plus possible, comme au stade G, de confondre cette phase avec un arrêt des contractions ; le cabre - ment remplace les abductions neutralisées. Le rythme est visiblement continu ; le mouvement, à des yeux non prévenus, jDaraît seulement diffé- rent et transformé. Après la période de conjonction totale, G prend les devants, en conjonction partielle, G-D ; ceUe-ci dure encore une vingtaine de battements, puis un nouveau cycle de combinaisons commence en G D. 9 h. 40. A l'occasion de la rencontre des contractions et pour une nouvelle hausse de température de un degré et demi, qui aboutit à la température nocive de 20°, on assiste à la reprise des mouvements désor- donnés. Comme à 9 h. 20, mais, contrairement à ce qui se passait hier à 10 h. 15, au moment de la première élévation de température, c'est le mouvement G qui est le plus actif ; sa contraction se reproduit deux et trois fois pendant la durée d'une révolution D ; ceUe-ci, bien que deve- nue un peu plus courte (1 seconde et demie), se renouvelle d'une façon presque régulière. On ne peut, dans ce nouveau bouleversement, discerner un ordonnancement précis ; mais les deux bandes musculaires réagissent encore chacune suivant un mode particuher, qui souligne leur indépen- dance mutuelle. 330 P. WINTKEBEHT Après plusieurs cycles cVattitudes déréglées, pendant lesquelles G bat deux ou trois fois plus vite que D, on reconnaît la formation d'une con- jonction complète caractérisée par le relèvement céphalique. Son avène- ment est fortuit mais normal ; elle est intéressante comme point do repère précis au delà duquel nous pouvons apprécier avec exactitude la relation des mouvements latéraux. C'est la combinaison DG qui lui succède ; en suivant le cycle sur les tableaux (fig. xv et xxii), nous cons- tatons une inversion de vitesse entre les rythmes ; c'est maintenant le mouvement G qui retarde sur le B ; peut-être la fatigue de l'excitation désordonnée précédente est-elle la cause de son ralentissement actuel ? Cependant la suite inversée DG, D et G, GD, G-D ne dure que quelques minutes ; elle s'efface bientôt devant la série qui est normale pour l'embryon depuis le début de la motilité : GD, G et D, DG, D-G. 10 heures. Température 18°. Nous assistons à « une j^hase critique » de la conjonction, semblable à celle que nous avons observée chez le N^ G, lo 12 août, à 11 h. 30'. Au moment où l'on pense que la neutralisation des mouvements va s'établir, l'attitude revient en D G. La (Hfférence actuelle entre les rythmes est extrêmement faible et chaque combinaison se reproduit généralement 25 à 30 fois. L'inversion du rythme, qui l'amène la boiterie précédante, se répète trois fois ; chaque fois, elle est brusque ; à sa suite, G s'achemine de nouveau progressivement vers D. A la troi- sième reprise, la conjonction complète est obtenue ; elle n'est totale qu'une fois; après elle, D passe définitivement derrière G, en G D. Le rythme est de 6 temps et dure 2 secondes en\iron. La « phase critique '- du chevauchement des contractions étant franchie, la durée des deux rythmes s'affirme plus égale encore qu'auparavant, car le balancement en GD se reproduit maintenant 40 fois, comme à 9 h. 30. 12 heures. La température est montée très lentement à 20°. Le ty^x? de chaque combinaison ne se reproduit plus que 15 fois environ, mais le rythme est toujours de 6 temps, en 1 seconde 1/2. En suivant le sens du chevauchement, on observe que, de GD, l'attitude passe régulièrement en G et D, mais au heu de continuer son avance (Voir tableau figure xxii) pour rejoindre en DG le D précédent, G recule vers le D, qu'il avait tendance à quitter et, reprenant avec lui son mouvement de claudication GD, il re\àent à la conjonction G-D, laquelle s'exécute cette fois sans nouvelle aryt-hmie ; la boiterie DG s'installe ensuite et Ton voit survenir toutes les combinaisons marquées sur- le tableau de la figure xxii, en ei\ faisant la lecture de bas en haut au lieu de le lire de haut en bas. U e CONTRACTION ANEVBALE 337 inversion dans la durée relative des deux rythmes s'est produite ; la révolution G, auparavant plus courte, est devenue plus longue que la D. 12 h. 30. Température 20o. On assiste à la reproduction de plusieurs inversions qui se produisent dans les deux sens, presque toujours à l'occa- sion du passage en conjonction, mais aussi en dehors de lui. Grâce à la connaissance des modifications qui se produisent dans la vitesse des deux rythmes, on arrive à comprendre maintenant comment se produisent toutes les sautes d'attitude qui, avant l'étude attentive des phénomènes, pouvaient paraître le résultat d'une simple fantaisie. Il s'agit soit d'une différence accusée et persistante dans la durée des deux révolutions musculaires latérales (7 décembre, 10 h. 30), soit d'un change- ment inopiné dans la durée presque égale des révolutions en cours. L'inversion dénote un changement dans le fonctionnement du muscle, mais la persistance du cycle inversé montre qu'elle correspond à une modification durable des échanges et de l'activité musculaire. II. — Vue d'ensemble I. Anatomie. L'examen des embrj^ons in toto par différentes méthodes (fig. xvi à XX et pi. VII) permet de voir et de préciser beaucoup de caractères mor- phologiques, non seulement de la surface externe, mais aussi d'organes internes tels que le sji^stème nerveux, l'appareil digestif, les myotomes, le cœur, le pronéphros, etc. Les trois vésicules cérébrales sont nettement délimitées. Le rhomben- céphale présente une suite de 4 neuromères, très apparents en lumière transmise sur les photographies de l'embryon F (pi. VII). Ce sont, d'avant en arrière, les neuromères trigéminal, intermédiaire, facial, glosso-pharyn- gien. Le placode acoustique, qui a émigré du neuromère facial vers le renflement de la IX^ paire, ne paraît correspondre encore à aucun neu- romère déterminé. L'absence de racine nerveuse, au niveau du neuro- mère intermédiaire aux V^ et VII^ paires, se constate aisément. Le premier neuromère tfochléaire, ou cérébelleux, n'est pas encore constitué ; cependant l'aspect de la languette antérieure médiane du rhombencé- phale, sur la figure xvii, et l'étirement du détroit situé entre les deux vésicules cérébrales moyemie et postérieure, indiquent déjà la place 338 P. WIXTBEBEBT réservée à son développement ultérieur. Le pneumogastrique ne présente pas encore de condensation nerveuse visible. La placj[ue auditive a reculé ; son bord doi-sal, concave en dehors, suit maintenant la courbe du sillon situé entre les deux derniers neuro- mères, contre lesquels elle est appliquée ; on n'observe pas encore au centre de la plaque auditive de dépression manifeste. Sur les photographies de la face latérale J), chez l'embryon F, le bord inférieur de la plaque se dessine entre la traînée antérieure du nerf facial, plus longue et plus foncée, et l'origine du glosso-pharyngien, moins étendue en hauteur, de sorte que, d'avant en arrière, le massif des VII», VIII* et IX^ nerfs présente une diminution d'opacité et une montée graduelle de son bord inférieur. La position relative de la 2^ fente branchiale et plus tard de la 3^, à leur naissance et pendant leur accroissement, révèle qu'elles se forment dans la région postérieure sus-péricardique et s'avancent ensuite de plus en plus à mesure qu'elles se développent. La région cardiaque grandit de son côté vers l'arrière. La comparaison des figures v et xix est très suggestive ; elle souligne les changements dé l'aspect général, survenus du stade G au stade H. La région occipitale a augmenté de longueur ; en effet, l'attache antérieure du pédicule a reculé avec la paroi postérieure du péricarde ; l'angle dorsal qui marque la limite de la tête et du tronc ne se trouve plus au milieu de la longueur de Tanimal, comme au stade G (fig. v); il est maintenant situé presque à l'union du 1/3 antérieur et du 1/3 moyen du corps. La tête est plus relevée et sa face inférieure, devenue concave, montre en bas et en avant la saillie très accusée du prosencéphale. Le territoire métotique, autrefois compris dans la région pédiculaire (fig. v), est maintenant dégagé du pédicule dans sa moitié antérieure. Si la plaque auditive forme un excellent point de repère pour la mise en place des premiers myotomes occipitaux, le j^ronépJiros, absolument fixe dans sa partie antérieure, en forme un second, très précieux, qui permet de marquer la limite du tronc, et de reconnaître ainsi les change- ments qui s'effectuent dans le nombre des myotomes de la région occi- pitale. Le pronéphros, non segmentaire, ainsi que Ta montré Burlend, reste l'apanage des 3^, 4^ et 5^ segments du tronc. H est visible sous forme d'une traînée foncée sur les photographies de l'embryon F (pi. VII). L'examen en lumière transmise des myotomes moyens de cette CONTRACTION ANEURALE 339 région montre leur cUvîsîon (pi. VII). L'augmentation du nombre des segments occipitaux se produit donc sur place et non par adjonction de myo tomes postérieurs. Les modifications de la région métotique ne reten- tissent pas sur le tronc. Dès la fin du stade H, il est possible de compter exactement du dehors les 7 somites occipitaux; ils constituent, chez Scylliorhimcs canicula,\a, rampe cervicale. La Umife de la tête et du tronc cdincide, dès le stade H, avec Vangle d'uiiion de la partie ascendante antérieure et de la région moyenne horizontale du corps. H n'existe, au stade H, aucune ouverture de la cavité endoder- tnique. L'orifice postérieur que l'on pouvait considérer, au stade G, comme le reste du blastopore, a disparu; et l'on ne voit encore aucune indication d'une descente de Vendoderme au contact de l'ectoderme, consti- tuant la papille dite anale, ou mieux cloacale. Mais V ébauche du cloaque est visible à la partie ventrale du bourgeon terminal, sous V aspect d'une légère saillie, qui interrompt le liseré limbique. II. Physiologie A. Phénomènes généraux de l'activité musculaire. Les propriétés fondamentales du muscle sont les mêmes qu'au stade G, où leur définitition a été donnée. Nous avons poursuivi leur étude au stade H en examinant particulièrement les modalités qui surviennent dans un milieu légèrement instable. Les modifications sont de nature expé- rimenta.le, car les milieux naturels d'élevage sont presque constants; mais nous avons obtenu de cet examen des renseignements fort utiles sur le comportement du muscle. 1° ie rythme J.. Influence de la température (p. 3:39). — I. L'augmentation de ractivité jusqu'à 20° (p. 330). — II. La tempéra- ture critique de 20" (p. 340). — III. L'affolement : 1° L'efîet des températures élevées entre 20» et 23° (p. 341) ; 2° La montée rapide de la température entre 10° et 20" (p. 341). — IV. La cessation du mouve- ment à 23° et au-dessus (p. 341). — V. L'égalisation éventuelle des rythmes aux températures élevées mais inférieures à 20° (p. 342). — VI. La fatigue ; la part des antécédents dans la vitesse du rythme à une température donnée (p. 342). B. Influence des excitations mécaniques consécutives à un déplacement dans la coque (p. 344). C. L'inversion passagère des rythmes au passage de la conjonction (p. 344). A. Influence de la température. I. L'augmentation de l'activité jusqu'à 20°. L'influence de la chaleur est toujours considérable : ainsi le rythme, chez le N° 7, est de 12 temps à 11°, de 8 temps à 12°, de 6 et de 4 temps à 18° et 20o. Chez le N» 6 il 340 P. WINTREBEBT est aussi de 0 temps à 18° et de 4 temps à 20°. Les No'' 3, 4, 5 battent à 4 temps à 18", La durée réelle peut varier chez divers embryons pour une même température ; ainsi à 18°, la révolution du N<^ 3 dure 1 seconde, celle des No^4, 5, 6, 7 (8 décembre, 10 heures), 2 secondes. Mais ce ne sont point seulement des embryons différents qui ont une durée de période rythmée variable aux mêmes températures ; le même embryon peut ne pas reproduire le même rythme, quand on le replace dans un milieu identique, à des moments différents du stade H ; il importe de tenir compte des incidents survenus entre deux examens (Voir § VI, p. 342). Une augmentation lente de la chaleur, de quelques degrés, à une température déjà élevée, comme de 18° à 20°, peut ne provoquer aucune perturbation durable. Ainsi le N" 6, qui passe (à 12 heures) de 18 à 20", renouvelle ses contractions sur 4 temps, au lieu de 6, et l'on remarque à ce moment que la différence de vitesse entre les rythmes latéraux s'est accrue; mais à 19 heures, l'embiyon, revenu à 18», reprend sonr3rthme de 6 temps. Cependant c'est seulement autour de la température habituelle d'élevage dans le milieu naturel que des écarts lents et légers déterminent, sans dommage ultérieur, une accélération des battements; l'effet des élé- vations graduelles de- la chaleur, les 7 et 8 décembre, sur le N*'7 (SBa-^) le prouve. II. La iempérature critique de 20". Elle est le point limite auquel on voit apparaître les premiers troubles rythmiques. Quelque lente que soit la montée de la chaleur à son niveau (N" 7, le 7 décembre, 12 heures), et même si la température de 20" reste constante, on constate des inver- sions dans la vitesse relative des rythmes latéraux. Nous ne voyons pas, cependant, d'arythmie caractérisée, de mouvements ataxiques, d'arrêts ou de crises de répétition inattendues ; les irrégularités sont faibles ; elles ne durent qu'une fraction de temps et ne seraient probablement pas perceptibles par l'observation d'un seul rythme latéral ; mais la position réciproque des deux contractions, au moment de leur renou- vellement, nous permet de les constater, surtout si nous nous servons, pour prévoir le jeu normal des combinaisons dans un sens déterminé, des tableaux de marche donnée aux figures xv et xxii. Le changement brusque d'une combinaison dont on suit l'évolution graduelle, le manque d'une combinaison prévue par le tableau, indiquent une variation des processus musculaires; la suite des attitudes montre si la modifica- tion est instable ou persistante. Il suffit d'uiie montée de quelques degrés, quand la température est CONTRACTION ANEUEALE 341 déjà haute, pour déterminer des troubles ; ainsi le N^ 7, le 8 décembre, à 9 h. 40, après une phase de régulation remarquable à 18o5, est affolé par une montée de la chaleur à 20°, c'est-à-dire pour une simple élévation de l^S. III. L'affolement : 1^ L'effet des teynpératures élevées, entre 20 et 23°. Au-dessus de 20°, les mouvements se précipitent ; les périodes très écourtées deviennent iiTégulières,les déplacements, plus vite renouvelés, diminuent d'ampleur ; entre 22 et 23°, il n'y a plus aucun rythme recon- naissable ; à 23°, souvent le mouvement s'arrête. Nous avons vu un exemple de cet affolement des contractions au stade G (N^ 3). 2° La montée rapide de la température entre 10 et 20<*. On provoque encore l'affolement du rythme, par un rapide chan- gement de température, dans les limites où celle-ci permet un fonctionnement régulier, c'est-à-dire entre 10 et 20°. Ainsi, chez le N^ 7, une première crise d'affolement a été obtenue par une hausse, en 15 minutes, de 11 à 18° (7 décembre, 10 h. 15) et, le lendemain, un second dérèglement fut provoqué, après retour intermédiaire à la normale, par une montée de chaleur de 10° à 19° en 20 minutes (8 décembre, 9 h. 20). Dans ces cas, les différences de température ont été respectivement de 7° et de 9°, la gradation de montée a été régulière et l'élévation rapide, mais sans brusquerie. Il est probable que plus le changement est soudain, plus l'effet de désordre est violent et vite obtenu. Lorsque le milieu est redevenu constant, à une température élevée supérieure à la nor- male, 16° par exemple, et qu'une régulation de l'arythmie précé- dente est intervenue, il suffit d'une nouvelle hausse de 4° seulement pour déterminer un nouveau dérèglement; mais, malgré la hauteur de la température, la dénivellation étant moindre, les désordres sont aussi plus limités. Par exemple, le 7 décembre à 10 h. 50, le N^ 7 présente cette élévation de 4° en 10 minutes ; elle ne provoque, avec un accroissement notable de l'activité, qu'une inversion dans la durée res- pective des rythmes, entraînant une succession inverse des combinaisons motrices. IV. La cessation du mouvement à 23° et au-dessus. Nous avons noté déjà que porté à 23° l'embryon perd toute activité et cesse ses mouve- ments (N° 3, au stade G) ; transporté dans un milieu neuf et moins chaud, à 15*^, il ne reprend ses contractions qu'au bout de 3 minutes. Ces phé- nomènes sont communs à tous les embryons. Cependant le jeu de trop élever la température, influant sur l'activité ultérieure et pou- 342 P. WINTBEBERT vant faiispcr robscrvalion snbséqiioiito du mouvement normal, doit être soigneusement é\dté, si l'on veut cf)nservcr les embryons en bon état, V. U égalisation presque complète des deux rythmes aux températures élevées, inférieures à 20''. Il arrive souvent qu'à une température élevée, devenue constante les révolutions, de courte durée, se régularisent de façon remarquable et très rapidement, après une période d'affolement. Chaque combinaison motrice peut se répéter 40 fois par exemple, avant de céder la place à la suivante. Cette uniformisation des rythmes survient chez le N'' 7, le 8 décembre, à 9 h. 20, à quelques minutes d'une crise d'affolement provoquée par la montée de la température de 11" à 19° en 20 minutes et pour une stabilisation de la température à un demi- degré seulement (IS^S) au-dessous du maximum atteint. U est vrai qu'à ces hautes températures, qui excitent beaucoup l'activité musculaire, la moindre variation de milieu est une cause d'agitation désordonnée ; ainsi à 9 h. 40, le même N^ 7 est affolé de nouveau par une simple élévation d'un degré et demi, de IS^S à 20^». En résumé, l'influence de la température varie suivant le mode de son application. On remarque : 1^ V augmentation simple de Vactivité musculaire, déterminée par une élévation graduelle de quelques degrés, à condition qu'elle se produise entre 10 et 20° ; il est possible qu'une élévation plus étendue puisse ne provoquer qu'un accroissement régulier de vitesse et d'intensité, si elle est extrêmement lente ; 2° l'excitation désordonnée de la fonction, Vajolemeyit, produit soit par de hautes températures entre 20 et 23°, soit par l'élévation rapide du degré ther- mique, entre 10 et 20°. La température de 20° est le point critique qui marque, en l'absence de variation, la frontière entre la périodicité rjrthmique et l'arythmie ; 3° la cessation d'activité, à 23° environ ; le mouvement peut reprendre, à condition que ce degré de température ne soit pas longtemps maintenu, VI. La fatigue; la part des antécédents dans la vitesse du rythme à une température donnée. Nous avons vu, au stade 0, que les mauvaises conditions d'élevage et particulièrement une montée anormale de la température, avant l'apparition du mouvement, avaient leur répercus- sion sur le compoi'tement des embryons. Nous pouvons, au stade H, pousser plus loin l'analyse des influences nocives qui s'exercent sur le fonctionnement musculaire. Nous observons que l'excitation prolongée d'une chaleur, voisine de 20», est suivie d'une dépression, dont la durée CONTRACTION ANEURALE 343 varie suiv.ant le degré d'accélération antérieure dn mouvement et le temps pendant lequel elle a été maintenue. Si l'affolement a été provoqué par un changement brusque de température, ou par une élévation entre 20 et 23°, le retentissement des troubles peut avoir une certaine durée. Ainsi, le rythme du N» 7 (S Ba^) est de 8 temps le 7 décembre, à 10 h. 35, à une température de 16*^, et l'on remarque qu'il était déjà de 8 temps, à 12», le jour précédent. La raison de ce changement d'excitabilité se trouve dans les événements qui se sont passés le 7 décembre, vingt minutes avant l'observation, et qui consistent en un affolement des contractions sous la montée rapide de la chaleur, entre IP et 18o. Le même embryon a subi, le 7 décembre, d'autres élévations transitoires de température à 20» ; mais ces modifications passagères de milieu ne furent pas assez nocives pom* laisser sur lui une empreinte durable et le lendemain 8 décembre, après 22 h. de température constante et basse (10° environ), il présentait de nouveau, à 9 heures, un rythme de 8 temps pour une température de \2P. Ce même jour, à 9 h. 30, après avoir subi une nouvelle montée brusque de température, il montrait encore une diminution d'activité, car la régularisation de ses battements, à IS^S, se faisait à une vitesse de 6 temps , au lieu que le renouvellement des con- tractions se produisait à 4 temps, pour la même température, avant le dérèglement. Il existe donc un maximum de vitesse que les mouvements ne peuvent dépasser, sans qu'une dépression consécutive survienne, et il n'est pas nécessaire qu'un affolement ait été provoqué pour que celle-ci devieime apparente. Les contractions très accélérées dans leur reproduction, occa- sionnent après elles, malgré la conservation du rythme, une diminution de l'irritabilité. Elles s'accompagnent peut-être d'une dépense excessive des matériaux d'échange et d'un encombrement passager des déchets à éliminer, qui déterminent la fatigue. La précipitation arythmique au-dessus de 20^, provoque un épuisement rapide' et des désordres qui diminuent l'activité musculaire pendant le temps de leur répa- ration. Mais dans les conditions normales d'une température voisine de H^, on ne remarque jamais de fatigue; le renouvellement plus ou moins rapide de la contraction est, dans ces conditions, toujours jonction des circonstances du milieu, et la vitesse de reproduction des battements reste toujours la même, pour la même température. 344 P. WINTREBERT B. Influence des excitations mécaniques de jrottement provoquées par un déplacement dans la coque. Le N<* 3 montre que les excitations mécaniques légères des tractus glaireux, consécutives à un déplacement artificiel dans la coque, déter- minent une vivacité plus grande des mouvements, une durée plus courte des révolutions et quelques troubles légers du r3rthme. Cette influence du frottement est différente de celle de l'obstacle ; le premier est excitant, le second ne fait que s'opposer au déplacement, sans le stimuler. C. L'inversion passagère des rythmes au moment de la conjonction. Quand la différence entre les deux rythmes est grande et qu'en consé- quence le chevauchement des mouvements est rapide et le cycle des combinaisons réduit à quelques attitudes, on ne remarque aucune influence d'un battement sur l'autre ; si, par hasard, une conjonction a lieu, elle ne modifie pas Tallure de chaque rythme particulier. Mais quand les révolutions sont de durée si semblable que chaque combinaison du cycle se répète longtemps, 40 fois par exemple, avec une progression très lente d'un mouvement sur l'autre, alors, à la phase de conjonction, l'opposition prolongée des contractions, qui va en s'affirmant, cesse parfois brusquement par suite d'un recul soudain et imprévu de la contraction la plus rapide, et la boiterie antécédente reprend ; à partir de celle-ci, le double mouvement s'achemine de nouveau vers la conjonc- tion ; mais le battement, qui devance l'autre, peut encore rebrousser chemin plusieurs fois avant de parvenir à la conjonction complète ; quand il y est parvenu, il ne revient généralement plus en arrière. Nous avons constaté ce phénomène sur le N° 6 et sur le N<^ 7. Il existait, chez le premier, quand chaque combinaison motrice se répétait 15 fois, à 180, sur ^^i rythme de 6 temps et à 2 secondes environ d'intervalle; mais à 20^, quand les mouvements étaient encore plus vifs et le chevau- chement plus rapide, il avait disparu. Chez le second, nous le trou- vons le 8 décembre à 10 heures, à 18o C, pour une répétition de chaque attitude portée à 30 fois, sur un rythme de C temps et 2 secondes de durée. Les circonstances dans lesquelles apparaît cette hésitation dans le chevauchement des contractions peuvent éclairer son déterminisme : l^la température est élevée (18°) et, en conséquence, Virritahïlité muscu- laire est portée à son maximum ; 2'' les rythmes sont de durée presque CONTRACTION AN EU RALE 345 égale; les contractions s'opposent longuement et progressivement; 3» La dui'ée des révolutions est longue (2 secondes), relativement à la tempé- rature élevée; et elle peut être mesurée sur 6 temps ; les mouvements, relativement lents, révèlent un fonctionnement moins franc, une allure moins décidée que d'habitude, pour le milieu donné. Nous renvoyons au chapitre V, traitant de V irritabilité, la discussion des causes possibles de cette inversion r3i:hmique, en période de conjonction. 20 Umnplitude semblable des dp/placements libres de même sens, à un moment déterminé du développement. L'intensité des oontractioixs libres se montre toujours égale, dans les mêmes conditions de milieu, pour un même côté; mais d'un côté à l'autre elle peut différer. Nous voyons, chez le N» 7, un exemple d'une diffé- rence dans la valeur du déplacement des deux côtés ; la contraction D (8 décembre, 9 heures) dévie la tête un peu plus que la contraction G ; celle-ci paraît à la fois plus courte et plus rapide, de sorte qu'on est en droit de se demander s'il n'y aurait pas une relation entre son intensité et sa durée. Cette différence révèle en tout cas un état du fonctionne- ment dissemblable dans les deux chaînes myotomiques et montre que colles -ci possèdent chacune leur activité propre. Cette activité peut, du reste, varier suivant le moment de la croissance, et l'influence spé- ciale des circonstances ; c'est ainsi que chez le même embryon N" 7, après une phase de dérèglement causée par une montée rapide de la température, les deux mouvements deviennent d'égale ampleur (8 dé- cembre, 9 h. 30). 30 La propagation de Vonde. Elle existe chez tous, mais se voit mieux chez certains. Le N'' 3, couché sur le vitellus après un déplacement forcé dans la coque, la présente très nettement et le N^ 1, à tête fixée clans une encoche vitelline, la laisse apparaître mieux encore, comme une sorte de mouvement de reptation. La vague de contraction s'étend, à la fin du stade, jusqu'au 15^ myo- tome environ. Il faut distinguer, dans le déplacement de la partie posté- rieure du corps, ce qui appartient à l'entraînement passif, de ce qui est le résultat de la contraction elle-même ; il n'est possible d'affirmer celle- ci que par l'inspection des myotomes, à fort grossissement. Mais l'aspect général du déplacement fournit sur le modo de la pro- gagation des données nouvelles ; il révèle le recul du lieu de la jjre- înière contraction et montre que la propagation marche, à partir de lui, en 34G P. WINTREBERT deux sens différents, vers l'avant et vers Tarrière (Voir plus loin : Con- ditions actuelles du mouvement, 'p. 351). 4P Uautonomie de chaque bande myofomique. Toutes les observations concordent à montrer que chaque bande musculaire a ses réactions propres. Sans doute, les myotomes corres- pondants se développent d'une façon symétrique, de chaque côté, et se contractent à peu près de la même manière; cependant, il n^y a jamais égalisatiori de durée entre les révolutions normales des con- iractio7is opposées. L'inversion dans le jeu des combinaisons motrices, qui révèle une modification dans la vitesse relative des rjd^hmes, ne doit pas êti-e consi- dérée en soi comme un phénomène dépendant toujours des circonstances extérieures ; elle peut se présenter dans un milieu qui paraît constant et témoigner d'un fonctionnement indépendant des deux bandes muscu- laires ; seule, sa répétition fréquente signifie un désordre fonctionnel. H suffit, en effet, d'une différence si petite dans le temps des révolutions pour déterminer une variation dans les combinaisons prévues, qu'on ne peut s'étonner de voir parfois le cycle inversé, en l'absence d'une cause extérieure apparente ; et puisque les deux fonctiomiements musculaires, ne se montrent pas reliés l'un à l'autre par une force régulatrice il serait au contraire surprenant de voir les mouvements se produire toujours de manière régulièrement alternante, ou encore l'un toujours plus tôt que l'autre ; car, si les muscles dépendent des conditions générales du milieu, l'équilibre de leurs manifestations correspond aussi à des con- ditions locales, dérivées de leur structure particulière, et leurs réac- tions propres ne peuvent avoir un synchronisme parfait. Avec la gamme des températures nous pouvons augmenter et troubler l'activité mus- culaire générale, mais notre intervention se borne à une action globale d'excitation et nous ne saurions prévoir les réponses particulières de chaque ynuscle ; nous ne pouvons absolument pas dire si la bande G ou D réagira, à une température trop élevée ou variable, par un arrêt prématuré, par une crise de répétitions irrégulières, ou même par un simple accroissement d'activité rythmique. Les réactions de chaque bande musculaire aux conditions anormales sont différentes et imprévisibles ; cependant, une fois déclanchées, elles pré- sentent ime allure propre assez caractéristique. Jusque dans l'arythmie, on observe un ordonnancement évident dans le retour des phéno- CONTRACTION ANEURALE 347 mènes, par lequel chaque muscle manifeste son autonomie. On trouvera chez le N^ 7, 7 décembre, à 10 h. 15, et le 8 décembre, à 9 h, 20 et à 9^ h. 40, des exemples de cette spécialisation unilatérale des désordres fonctionnels . 5° L'irritabilité. I. Les infliionces thermiques et mécaniques (p. 347). II. Le déterminisme des inversions passagères il-on D (flg. xxv) (p. 361); No 3, Embryon SI (fis. xxvi) (p. 362) ; N» 4, Embryon H (flg. xxvii) (p. 364) ; N» 5, Embryon I' (flg. xxviii-xxxi) ip. 365) ; N» 6, Embryon lia;" (flg. xxxii) ( p. 372) ; N" 7, Embryon Hz' (p. 373). 3° Comparaison des embryons décrits avec le type l de Balfotjr (Pristiurus) (p. 374). Nous examinerons successivement sept embryons de ce stade en allant du plus jeune au plus âgé. Us ont été étudiés à la fois sur le vivant et après fixation. Nous avons condensé sur quelques figures les détails de leur organisation. Ce sont les embryons E, D, S^, H, I^. IIx^ et IIx^. Leurs mouvements et leurs réactions aux stimulants mécaniques sont consignés plus loin. Avant d'étudier chacun de ces embryons en parti- culier nous exposerons les principes qui nous ont guidé dans leur clas- sement. 10 La gradation des caractères d'après leur valeur pour la sériation H importe de ne pas classer à la légère les embryons, d'après des caractères sujets à variation. D'une manière générale, la taille des embrj^ons, même à l'intérieur d'une espèce, est une notion absolument insufïisaDte pour fixer leur âge. Le nombre des myotomes sur lesquels beaucoup d'auteurs s'appuient est incertain et ne donne qu'une fausse apparence d'exactitude; on en compte un nombre différent suivant les procédés d'éclairage, de fixation, d'enrobage, et il n'est jamais abso- lument sûr. Chez un Torpédo, Ruckert (1906, fig. 782, p. 1098) trouve deux fentes branchiales contemporaines de 17 protovertèbres, tandis que l CONTRACTION ANEUEALE 357 le type G des Ziegler, pris chez Torpédo, possède déjà 20 proto vertèbres quand il montre la première indication de la 2^ fente. On pourrait multiplier les exemples. La numération est particulièrement difficile dans la région cervicale, où les myotomes sont susceptibles de multipli- cation (Voir stade H), et dans la région caudale, où ils naissent. Suivant les principes émis dans une étude précédente (1917 a) nous considérons les points de repère d'un classement rapide, au stade I, comme étant au nombre de 2. I. Le caractère principal est la présence de trois fentes branchiales A la suite de Balfour nous tenons ce caractère pour fondamental. Une 4e fente classe l'embryon au début du stade K. Les embryons E et D ont une 3^ fente déjà large, peu haute, mais déjà bien encadrée de bords sombres, placée au-dessus de la partie moyenne du péricarde ; les autres embryons, plus âgés, ont une fente plus élevée, plus étroite et portée plus avant au-dessus du cœur. Aucune des fentes n'est percéo ; le terme fente est donc impropre ; il a prévalu, mais il vaut mieux dire poche branchiale, jusqu'à leur ouverture. Les poches ont une paroi externe saillante en dehors ; cette particularité est bien visible sur les embryons qui ont subi un léger commencement de dessiccation. n devient difficile, au stade I, de confondre la première fente avec la cavité du premier arc mandibulaire, car cet arc, en devenant plus dense, laisse moins transparaître la cavité mésodermique qu'il renferme ; à une forte lumière elle apparaît cependant, enVue latérale, sous l'aspect d'une poire à queue effilée vers l'extrémité inférieure de l'arc et à grosse extrémité ampullaire dorsale ; celle-ci s'étend un peu plus haut que la ligne prolongée du toit pharyngo-branchial, si du moins la tête n'est pas trop courbée, et elle s'élève ainsi au-dessus du bord inférieur de la chorde dorsale dont on peut voir passer l'extrémité, recourbée en crochet, dans son territoire transparent. La poche branchiale N° I, en montant im peu sur les côtés de la chorde, permet aussi de distinguer le bord inférieur de celle-ci (fîg. xxv et xxtx). IL Le rapport de la longueur du segment post-pédiculaire à la longueur totale, ^ ' ' , vient, en second lieu, classer les embryons à l'intérieur L. pp. du stade. Les longueurs totales, isolées, sont insuffisantes; elles sont variables, au même âge, suivant les individus et les circonstances du développement ; on n'obtient quelque précision qu'en recherchant les dimensions relatives des divers segments. Nous avons trouvé que le rap- 358 P. WINTREBERT port entre la longueur du segment postérieur à l'attache vitelline et la longueur totale, fixait une étape anatomique précise et constituait un moyen commode et sûr de sériation ; en effet, d'un côté, le centre caudal d'accroissement entre à ce moment en grande activité, de l'autre, le segment s'allonge par le rétrécissement longitudinal du pédicule; ces deux phénomènes concourent au même but, l'augmentation du segment post-pédiculaire, et sont des facteurs importants de l'équilibre des mouve- ments. Les autres régions grandissent aussi ; la tête, par exemple, est portée en avant, mais, proportionnellement, leur extension longitudinale est moindre. La relation du segment post-pédiculaire à la longueur totale apporte donc un renseignement intéressant sur la croissance graduelle et générale du corps. Au point de vue pratique, la mesure du segment postérieur est presque aussi facile à ce stade que celle de la longueur totale ; car le pédicule fait, avec l'arrière -tronc, un angle qui ne laisse aucune incertitude sur le point de son insertion. Le rapport indique combien de fois le segment post-pédiculaire est contenu dans l'axe longitudinal, et il garde sa valeur sur les animaux fixés, comme sur les vivants, parce que l'action des solu- tions fixatrices peut être considérée comme s 'exerçant également sur chaque région de l'embryon. Nous constatons la valeur régulièrement décroissante de ce rapport sur les embryons étudiés anatomiquement des stades H et I. Au stade H le rapport donne le chiffre 4, à la fois pour l'embryon S III t ) et pour l'em- bryoni^l -^). Au stade I, nous voyons, sur les 7 embyons décrits, le chiffre baisser à mesure que la queue grandit. L'embryon E donne le 3 5 3 5 4 40 rapport suivant : ^ = 3,88 ; le Z), -^ = 3,5 ; le 8^, ~- = 3,4 ; le 4 4 25 4 25 ^,-^=. 3,07; le P, redressé, -^ - 2,03 ; le // x^, -V = 2,83'; le 1,6 1,45 1,5 4 '^5 IIx^ -—— = 2,65. On peut estimer que, chez Scylliorhinus canicula, le ^' Lt stade I contient les rapports , de la valeur de 4 à 2,5 et l'on peut ^'^ L.j)p. sérier, à l'intérieur de ce stade, les embryons en trois groupes, suivant le degré de leur croissance souligné parle rapport :1e P^ groupe a un rapport qui va de 4 à 3,5 ; le 2^ groupe, un rapport de 3,5 à 3; le 3<^ groupe, un rapport de 3 à 2,50. Tous les embryons ont été fixés en place, sur le vitellus, quand ils CONTRACTION ANEURALE 359 étaient vivants, afin d'obtenir, dans les relations de l'animal avec le pédicule, une attitude aussi voisine que possible de la réalité. L'estimation des longueurs totales a été faite sur le vivant, à travers la coque, chez deux embryons observés seulement au point de vue physiolo- gique; le No 10 {SBa^) a 5 mm. 5; le N» 11 (SBa^), 6 mm. ; ils appar- tiennent probablement au 3^ groupe du stade I, car le N^ 5 (I^) qui a un rapport -, = 2,93, avait, à l'état frais, un peu plus de 5 mm. ; ^^ L.pp. mais, en raison de leur élevage différent, rien ne peut être affirmé. 20 Etude particulière des embryons N' o 1, embryon E, fig. XXIV, — 1j L.t. pp. -3,{ /' Fixé pendant 20 minutes dans un mélange à parties égales de liqueur de Zenker et de formol à 20 p. 100, il est examiné dans l'alcool à 960. La 3^ fente n'est pas aussi nette que les deux autres, elle est large, peu haute, à bords encore un peu flous, et placée sur le milieu du toit péricardique. En considérant comme 7^ myotome le seg- ment placé au bas de la rampe cervicale, on compte 26 myotomes jusqu'au bord postérieur du pédicule et 11 myotomes vi- sibles au delà, ce qui donne un total de 37 proioverlèhres . Sauf dans les régions extrê- mes, le bord dorsal des myotomes dépasse le bord dorsal de la chorde et monte sur le quart environ de la hauteur de la moelle, dans toute son étendue ; en raison de la plus grande épaisseur de celle-ci, en avant, les myotomes sont aussi plus étendus en hauteur de ce côté. La plaque auditive est large et présente nettement une cuvette cen- trale et des bords étalés ; elle est située au-dessus de la 2^ fente, mais elle déborde par ses parties antérieure et postérieure sur les arcs voisins. L'œil, plus saillant, est muni d'une lentille bien visible. La courbure de la tête s'accentue de telle sorte que les saillies du mésencéphale et du L.t. : 3,88. FiG. XXIV. Embryon fixé E (N» 1, Anatomie et mouvement du stade I) — Face latérale droite vue en lumière réfléchie : 3 poches branchiales ; plaque auditive en cuvette ; Pronéphros visible, j^apille cloacale en formation devant le bouton terminal. 360 P. WINTREBERT prosencéphale se trouvent maintenant presque sur le même plan vertical. Un sillon assez net accentue, du côté du mésoblaste préchordal, la divi- sion de l'archencéphale, visible sur le devant de la tête dès le stade précédent (fig. xvi, xvii, xviii) ; la fissure rhombo-mésencéphalique devient aussi plus marquée à l'extérieur. Le 4^ ventricule s'est beaucoup dilaté et élargi transversalement ; on y aperçoit déjà les modifications importantes que nous décrirons plus loin sur l'embryon I', parce qu'elles y sont plus prononcées ; on y constate l'apparition de deux renfle- ments nouveaux de la paroi latérale : l'un, placé au-devant du seul neuromère du trijumeau présent au stade H, et que l'on peut nommer neuromère trochléaire, l'autre, intermédiaire aux VII® et IX® nerfs et que Ton peut appeler neuromère acoustique. En cherchant à dénombrer les divisions myotomiques de la région occipitale, on compte un premier myotome bien visible au-dessus et un peu en arrière de la 3^ fente, puis deux petits segments séparés par un intervalle clair, puis un 'myotome plus long mais coupé d'une traînée foncée qui le partage verticalement, enfin au bas de la rampe un gros myotome 'qui commence la série des protovertèbres les plus puissantes du corps ; il semble justifié de penser qu'un myotome doit se trouver dans le territoire sombre immédiatement post-auriculaire de la IX® paire, myotome que] nous n'avons pu distinguer ; aussi comptons-nous comme 7^, le segment placé à la jonction du cou et du tronc, au bas de la rampe. Nous estimons donc, qu'au début du stade I, comme au stade H, l'angle qui sépare la partie antérieure ascendante de la partie horizontale du tronc, correspond approximativement à la limite de la tête et du tronc. Le tube cardiaque commence à présenter quelques sinuosités; il est large en arrière, au coin postéro-inférieur du péricarde où il naît, puis, après avoir pris d'abord une direction presque verticale, il se coude net- tement en avant et aboutit en diminuant de calibre sous le territoire de la 2® fente. Le pédicule a été coupé presque au ras de la paroi cardiaque et du limbe caudal, et n'indique pas l'élargissement des cavités cœlc- miques que nous reconnaîtrons plus ta éd. Son territoire est assez étendu, car il a 1 mm. 5 de longueur, pour une longueur totale de 3 mm. 5 ; il tient donc 2 fois 33 dans celle-ci ; il est relativement plus court qu'au stade H, chez SIII{ûg. xv). où il n'est contenu que deux fois dans la longueur de l'embryon. Deux caractères importants doivent encore retenir l'attention : 1° la OCSTRACTION AN EU RALE tîOl présente d'une saillie longitudinale, ayant laspect d'un bâtonnet, placée au dôme de la cavité abdominale, de chaque côté de la chorde, le long des myotomes 10, 11, 12, et qui se montre en transparence, comme une zone sombre, placée en dehors et un peu au-dessous du bord ventral de la chotde. Elle répond au pronéphros dont nous avons aperçu l'origine au stade H (embryons SIII et F). Le pronéphros n'a pas changé de place, il n'a pas reculé ; si l'on considère sa situation, vis-à-vis du dernier myo- tome bien visible de la rampe cervicale, classé 4^ chez SIII, 7^ ici, c'est toujours 3 myotomes plus loin qu'il débute ; seulement les myotomes situés en avant du dernier cervical ont augmenté de nombre (Voir Embryon F, stade H). 2o Le 2e point d'organisation qui nous paraît important est la naissance de Vamjjoule doacale. Au-devant du bourgeon terminal à l'endroit où précédemment, au stade H (fig. xvi et xviii), les parois ectodermique et endodermique étaient indépendantes, nous voyons maintenant leur fusion (fig. xxiv) ; sur le reste du segment post-pédiculaire, aucune nouvelle rencontre de ces feuillets n'existe. Cette union marque l'origine de ce qu'on appelle communément et improprement « l'anus », et qui est le cloaque. En arrière de lui nous voyons, sur les embryons suivants, Tiaitre la queue ; toute la partie du segment post-pédiculaire située en avant du point de jonction des feuillets appartient au tronc. No 2, EMBRYON D, fîg. XXVI, L.t. L.pp. 3,5. Fixé pendant un^^ demi-heure dans un mélange formol-Zenker, il Fig. XXV. Embryon D fixé (N" 2, Auatoniic et mouvement du stade I) ^ " ' ■ = 3,5. Face latérale G, vue en lumière L.pp. refléchie la papille cloacale se détache du bouton terminal et situe en arrière d'elle la naissance de la queue. Les sacs cœlomiques se dilatent ; on voit la somatopleure soulevée, à distance des 2 feuillets endodermiques recouverts de la sphanchnopleure. est à peine différent du précédent ; la 3^ fente branchiale est au même point. Nous n'indiquerons que les particularités qui rendent sa figuration intéressante. Le mamelon cloacal est placé un peu en avant du bourgeon No 3, EMBRYON SI, fig. XXVI et XXXIII- "' = 3,4. L.pp. 3G2 !"■ WINTREÈERT terminal do la queue ; il est séparé de celui-ci par une légère encoche endodermique, ornée d'un limbe ectodermique. On peut constater net- tement les deux neuromères antérieurs du rhombencéphale, trochléaire et trigéminal ; le neuromère du facial est tout contre le bord de la plaque auditive et séparé du trijumeau par le neuromère intermédiaire, sans racine dorsale, situé au-dessus de la 1^*6 fente branchiale. A travers le haut de l'ampoule mandibulaire semble se montrer le crochet antérieur de la chorde dorsale. Le pédicule, coupé au ras de ranimai, montre à la fois (fig. xxv) la paroi somato -pleurale externe et une double coupe plus interne, représentant l'endoderme recouvert de la splanchnopleure. Si l'on examine la terminaison antérieure de la cavité intestinale ouverte, on voit qu'elle est fermée, du côté du péricarde, par une cloison de sépa- ration. On compte 38 protovert èhr es, dont la 26^' est placée au-dessus du bord pédiculaire postérieur. I^t. .pp. Fixé au formol neutre à 10 p. 100 et conservé dans ce liquide, il est moins rétracté, moins cassant et beaucoup plus transparent que les pré- cédents. La figure xxxiii, dessinée sur le vivant, montre la tête et la queue un peu plus relevées au-dessus du vitellus que la figure xxvi, faite après la fixation. La 3^ fente, haute et étroite, est portée au-dessus du tiers antérieur du péricarde. La conservation du pédicule permet de décrire exactement sa constitution. De chaque côté de l'abdomen, si l'on regarde dorsalement, on aperçoit une éminence demi-transparente. Sa partie la plus élevée (fig. xxvi) se trouve derrière la région cardiaque; elle atteint à ce niveau la hauteur de la région abdominale ; de là, elle dimiime en descendant vers l'arrière et finit avant d'atteindre le bord postérieur du pédicule; sur le côté, elle forme im plan incliné qui rejoint la sur- face de la boule vitelline à un millimètre et demi environ de la ligne médiane. Sous le binoculaire, nous l'avons sectionnée parallèlement à l'axe longitudinal du corps, à 1 mm. enAàron de celui-ci ; nous péné- trons ainsi dans sa cavité et nous la reconnaissons comme celle du coelome extra -embryonnaire dont l'aspect dorsal à un âge plus avancé a été présenté par Ruckert (1906) sur plusieurs figures (fig. 785, 786, 792, 793). C'est donc la somatopleure qui a été sectionnée et Ir. cavité ouverte se trouve être un diverticulum de la cavité péritoné^le ; elle s'étale en avant dans la région pédiculaire à la surface de la boule CONTUA CTl ON ANE UlîALË 303 vitelline et se rétrécit en arrière autour de Tintestin. On aperçoit, par l'ouverture, la splanchnopleure ; elle saille à l'intérieur du cœlome dit « extra-embryonnaire » et en forme la paroi interne. Il se forme donc, en avant de l'abdomen deux culs-de-sae coelomiques distincts, séparés par la cavité intestinale médiane. La paroi ventrale de celle-ci n'est encore formée que par l'endoderme vitellin, et il n'existe pas d'espace sous-intestinal par lequel les cavités cœlomiques puissent se rejoindre en avant, sur la ligne médiane. Le nombre des protovertèbres est de 40, en comptant comme 7^ celle qui est placée au bas de la rampe cervicale, et qui se trouve maintenant occuper la seconde place au-dessus du pédicule vitellin, derrière le FlG. XXVI. Embryon fixé SI( N» 3, Anatomie et niouvcnuut du stade I) = 3,4. Face latérale gauche. Le coelome L.pp. extra-embryonnaire est ouvert. Baguette du pronéphros. Le cœur constitué de deux chambres auri- culaire et ventriculaire séparées par un orifice, n'a pas encore battu. (Voir iig. xxxiii la même face dessinée sur le ^^vant.) cœur. Le myotome, placé au-dessus du bord postérieur du pédicule, est le 24e ; les plus larges segments sont les 6^, 7^, 8^, 9^ et 10^ ; en avant d'eux, les myotomes décroissent rapidement de volume. Entre les myotomes les plus larges, l'intervalle clair de séparation est plus net ; il s'élargit en forme d'ampoule au niveau et au-dessous du bord inférieur de la chorde ; on voit, par transparence, un large hiatus lumineux en forme de crois- sant, concave en haut, entre la chorde qui se redresse pour devenir occi- pitale et la paroi endodermique pharyngo-intestinale sous-jacente. Ces détails d'organisation existent au stade H, mais ils se précisent au stade I. Nous retrouvons vis-à-vis des 10^, lie^ 12e myotomes, au-des- sous de la chorde, la baguette saillante et dense du pronéphros. L'ampoule cloacale est plus apparente et se dégage nettement du bourgeon caudal. Le canal neurentérique est visible, sauf dans la conti- nuité postérieure de la chorde, au milieu du centre d'accroissement ter- minal, où la compacité des tissus est très grande. Le cœur présente manifestement deux parties, une oreillette posté- 3C4 P. WI NT HEBERT rieure plus volumineuse et un tube ventriculo-bulbaire antérieur, moins large ; les deux parties communiquent par une région orificielle, vue très nettement sur le vivant, comme il est marqué sur la figure; le cœur ne bat pas. Le 4^ ventricule est très étalé, on voit les origines des V^, VII^ et IX^ paires telles qu'elles sont figurées ; le territoire de la V^ forme une large saillie qui s'étend de la première fente branchiale au mésencéphale ; on peut y distinguer facilement deux zones, l'une postérieure, l'autre antérieure, séparées en bas par la proéminence extérieure de la cavité mandibulaire ; la première constitue le nerf mandibulaire qui descend direc- tement dans l'arc de ce nom ; la saillie longitudinale antérieure corres- pond à la zone du nerf trochléaire, telle qu'elle a été désignée sur Acan- thias par J. B. Platt (1891), elle passe entre la cavité mandibulaire et la base du mésencéphale pour aboutir au-dessus de l'œil. N^ 4, EMBRYON H, fig. XXVII ; L,t. L.pp. 3,07. Fixé à la liqueur de Zenker pendant 15 minutes, il est moins trans- parent que les embryons précédents ; il est un peu plus âgé. En fait de particularités intéressantes, nous signalerons la netteté de deux renfle- Fio. xxvn. Embryon fixé H (N* 4, Anatomic et mouvcmeut du stade I). L.pp. 3,07. Face latûralc droite. Coelome ouvert. Baguette du pronéphros. Début des battements du cœur ments situés derrière celui de la IX^ paire, la baguette saillante du pro- néphros qui reste placée sous les plaques vertébrales des 10^, lie, 12e myo- tomes, mais s'effile en arrière sur la longueur de quatre autres segments. La dissection de la cavité cœlomique droite permet de montrer sa dis- position et ses dimensions ; elle est plus étendue que celle de l'embryon N" 3, en avant, en arrière et sur les côtés ; on voit, par son ouverture, le rideau interne de la splanchnopleure qui tombe sur le vi tell us. CONTRACTION AN EU RALE 30,". Le cœur présente en arrière une oreillette arrondie sépai'éc, par un étranglement, d'un ventj-icule antérieur fusiformc, dirigé vers la partie inférieure de la 2^ fente branchiale. Il a commencé de battre ; ses contrac- tions sont faibles, rares et vermif ormes ; elles cheminent d'arrière en avant et ne charrient aucun globule. La figuration latéro-dorsale de la queue ne permet pas de voir l'am- poule cloacale. A vi'ai dire, il n'existe pas d'entonnoir endodermique étroit et localisé, venant par sa pointe au contact de l'ectoderme; c'est tout une région de l'endoderme qui s'abaisse vers l'ectoderme comme chez l'embryon N^ 6 (llx^), fig. xxxii ; cette région « cloacale » représente à peu près le c/uart du seijment j)ost-pédiculaire, qui est situé derrière sa moitié antérieure ; elle est séparée du bourgeon terminal par une petite encoche pouvue d'un limbe transparent. Le nombre de segments, depuis l'oreille, est de 43 ; les derniers sont comme de petits grains ; on compte comme 7^, le pretnier placé derrière le cœur ; c'est le 24^ qui se trouve au-dessus du bord pédiculaire posté- rieur. N" 5, EMBRYON P, fig. XXVIII, XXIX, XXX. XXXI •' = 2.93. ® L.pp. .pp. Fixé au formol neutre à 20 p. 100; il est resté transparent comme le N'^S; il est très favorable à une étude d'ensemble. Il fut d'abord enlevé vivant avec son support pédiculo-vitellin, et déposé daiLS un petit cris- tallisoir où, sous le microscope, on interrompit la conduction médullaire en réséquant complètement la moelle sur quatre métamères, les 9^, 10®, lie, 12e. La figure xxviiii repiésente l'aspect de l'animal vivant vu de haut sur son support vitellin, avant l'opération. Le dessin combine les résul- tats de plusieurs examens, faits en transparence et par réflexion. La longueur, à l'état frais, était de 5 mm. L'embryon est coudé vers la gauche dans son 1/5 postérieur inerte. Le limbe, du segment postérieur au pédicule, est plus élevé que chez les autres embryons décrits. On voit nettement une ampoule endoder- mique cloacale s'abaisser en s'amincissant vers l'ectoderme à l'union ('os 2/3 antérieurs et du 1/3 postérieur du segment post-pédiciilaire. L'animal est porté au-dessus de la surface vitelline par trois proémi- iicnces, une médiane et deux latérales, qui lui forment un coussin ; elles sont trarisparentes et formées d'organes cavitaires gonflés de liquide ; la médiane qui représente l'intestin n'est généralement pr.i AiiCU. DE ZooL. Kxi>. lii' (jIé.n. — T. GO. — F. 4. 25 366 P. WINTREBEBT aussi largement dilatée; les latérales sont constituées par les cœlomes, dont nous avons déjà montré l'origine et la disposition sur les embryons No^ 3 et 4 (fig. XXVI et xxvii). L'intestin et les cœlomes en place se pré- sentent d'une manière plus habituelle, f-ur la plupart des embryons, tels qu'ils sont indiqués sur la figure XXXV. La lumière, transmise, passe à travers la tête en ne mon- trant, dans le plancher du rhombencéphalo qu'une lueur médiane très étroite encadrée par des renflements latéraux très importants. Une lumière réfléchie très vive tombant dans le 4^ ventricule, à travers son toit presque transparent, h) montre évasé ; il présente l'aspect d'un cerf -volant très allongé, dont les coins latéraux, rapprochés de l'extrémité anté- rieure, se trouvent placés au- devant des neuromères de la V^ paire. Les plaques auditives, d'origine ectodermique , pa - raissent simplement appliquées sur la paroi de l'encéphale, dont elles restent séparées par un sillon. Le nerf facial, saillant à leur partie antérieure, semble plonger sous elles. La forme en cuvette de ces plaques est très caractéristique ; elle se remarque chez tous les embryons du stade I, On peut délimiter déjà les neuromères nerveux ; mais ils seront plus appa- rents après la fixation (fig. xxxi). La région cardiaque dont on aperçoit de chaque côté la saillie laté- rale est maintenant enfouie au fond d'un golfe formé par les expansions des deux cavités cœlomiques, (jui dépassent en avant l'attache pédi- culaire. Fig. XXVlii. Embryon vivant I^ (N" 5, Anatomie et mouve- ment du stade I) — '— "" 2,93 : vue dorsale. Les sacs L.pp. coelomiques sont particulièrement gonflés; la dilata- tion intestinale est exceptionnelle. (Voir flg. xxxv l'aspect le plus habituel des coelomes et de l'intestin.) CONTRACTION ANEURALE 367 Les figures xxix et xxx montrent les faces latérales par transparence après fixation ; celle-ci a réduit la longueur à près de 4 mm., mais l'em- bryon présente une crosse ventrale et une coudure gauche du segment postérieur ; Tembryon redressé peut avoir environ 4 mm. 25. I^ rapport des longueurs, devenu inférieur à 3, indique que la croissance est par- venue au 3^ tiers du stade. La place de l'ablation médullaire est nette- ment marquée. Sur la figure xxix, on a disséqué et ouvert le cœlome extra-embryomiaire droit et montré son prolongement antérieur qui cache la partie postérieure du cœur; le fond est formé par la splanchno- pleure intacte. Sur la figure xxx, on a enlevé tout le cœlome gauche, Fia. XXIX. Embryon 1- fixé (N° 5, Auatomie et mouvement du stade I) '""" = 2,93. Face latérale droite en trans- L.pp. parence. Sac coelomiquc extra-embryonnaire ouvert. La région sus-chordale a été enlevée au niveau des 9^ 10", 11", 12» myotomes. et effondré la cavité intestinale ; l'attache de la paroi somatopleurale se voit comme un simple liseré au-dessus de la brèche intestinale. Le nombre des myotomes est de 48 à 50, en comptant comme 7^ le pre- mier myotome pédiculaire ; dans ces conditions, c "est le 23^ myotome qui marque la limite postérieure du pédicule. La région postérieure est plus détaillée sur la ligure xxx ; on peut y apercevoir encore le canal neurentérique ; il fait suite à une dilatation terminale du canal épendymaire, que l'on a déjà remarquée au stade H et qui se retrouve sur tous les embryons du stade I ; on voit le canal de communication tourner autour delà chorde dorsale, enfouie, à sa ter- minaison, dans un tissu dense, et se raccordant à l'intestin caudal par un i^assage étroit, ou tout au moins très aplati dans le sons dorso- ventral. L'ampoule cloacale vient nettement, sous forme dune papille au contact de Fectoderme, interrompant ainsi le limbe ventral du segment post-pédiculaire. La région antéro-latérale gauche de la figure xxx, vue pluj dorsale- 368 P. WIXTUKBKRT ment que celle de la figure xxix, donne mieux l'idée de la saillie très forte que fait la partie dorsale du premier arc. On peut distinguer encore à son intérieur, la lueur plus claire do l'ampoule maridibulaire, cavité du 2e somite de Van Vyhe (1882), dont la figure xxix montre davantage l'ensemble piriforme. Les deux figures signalent qu'on a trouvé à l'angle postérieur de l'arc mandibulaire, des deux côtés, une tache plus foncée presque circulaire, qui j-eprésente probablement le 2^ jilacode cpibran- chial du tjijumeau. Le l^^ placode est rophthalmit[ue ou mésocé- phalique, d'où dérive le ganglion ciliaire ; il a été figuré par Goette fl914, j)l. m, fîg. 57) sur une coujDe transversale de Torpédo ocellala, long de l'Ki. XXX. Embryon 1" fixé (X" 5, Auatoiuic tt niouvcnunt du stadi' I). Vue latéro-ilorsalc B, en transparence. Cavité intestinale effondrée ; canal iieurentériquo visible. Papille cloacale. Ablation médullaire pratiqué? au niveau des 9«, 10", 11«, 12» myotomes. 4 mm. 5; do la région présumée de ce placode on voit se détacher, sui- la figure xxx, dessinée d'un peu haut, une ligne foncée qui descend vers l'œil, le long du plafond de la cavité mandibulaire et qu'on peut homo- loguer au nerf ophthalmique. Le cœur présente nettement les deux régions déjà difterenciées chez leg embryons précédents : Toreillette plus hxrge, le ventricule fusiforme, continué par un bulbe de calibre plus étroit, qui s'insère sous la 2^^ fente branchiale. Le pronéphi'os comprend une traînée cellulaire saillante au sommet delà cavité abdominale, plus lai-ge en avant cnregaixldes 10<^, 11*^, 12eniéta- nières (fig. xxix), qu'en arrière, où elle se rétrécit de plus en plus, en lon- geant ];•. ba-o dts }>laques vertébrales 12 à 17; elle se contijuie encore au delà par un très fin conduit, visible jusqu'au 20'' métamère du tronc ; mais les figures faitos en transparence ne portent, pour l'indiquer, qu'un Irait plus foncé. A gPjUche, fait exceptionnel, le pronéphios part du O'' mvotome. CONTRACTION ANEURALE 369 La figure xxxi, exécutée à un grossissement plus fort et sous une lumière réfléchie très intense, vient compléter nos informations sur la région céphalique. On y observe, en passant, combien l'arc mandibu- laire forme un contrefort épais et saillant ; mais c'est surtout l'orga- nisation actuelle du cerveau qui requiert l'attention. Les deux figures précédentes montraient que le mésencéphale était devenu la région la plus avancée de la tête, par suite de la flexion progressive de celle-ci au cours des stades H et I. Cependant nous devons faire remarquer que cet embryon N^ 5 marque une élévation du cou moins prononcée qu'il n'existe en général et la situation, plus avancée encore du mésencé- phale sur l'embryon N'^ 4 de la figure xxvir, tient de même à la posi- tion dans laquelle l'embryon a été dessiné. On peut donc considérer qu'au milieu du stade les saillies du mésencéphale et du prosencéphale se trouvent sur le même plan vertical (fjg. xxvi) ; au début du stade, il existe encore une légère avance du prosencéphale (fig. xxiv et xxv), tandis qu'à la fin, nous constatons une proéminence légère de la région mésencéphalique. Au stade K, le prosencéphale de plus en plus fléchi S3 dirige nettement vers l'arrière. L'accroissement de cette flexion, qui peut être facilement mesuré à première vue, est un moyen d'apprécier le degré du développement. Avant toute description du rhombcncéphalo ; nous ferons une remarque générale, valable pour toute la péi'iode oii les neuromères sont visibles in toto, à l'intérieur du 4^ ventricule. Sur les photographies du stade H (pi. VII), nous avions vu nettement les neuromères former, dans le sens vertical, une succession de cavités ampullaires. Au stade I, vus par la face dorsale, ils ne semblent plus répondre à la définitition de Orr (1887) ; ils ne sont plus séparés en dedans psur une crête ; mais leur succession forme d'avant en arrière, sur le mur latéral de la cavité, une série de gonfle- ments particuliers et non une suite de cUlatations, continuant celles des cerveaux antérieur et moyeu. Comment expliquer la chfférence d'aspect qu'ont pris les « neuromères » rhombencéphaliques à leur face interne ? Peut-être tient-elle simplement à ce que nous voyons la cavité dans le sens de la largeui-, au lieu qu'elle se présente sur les photographies de l'embryon F (pi. VII) dans le sens de la hauteur ? Cependant, d'autre part, la cavité rhombencéphalique est étroite ; elle est divisée en un plus grand nombre de chambres successives que les vésicules antérieure et moyenne, et les noyaux nerveux de sa paroi se développent d'une manière précoce. (*e ront probablement les ra.isons pour lesquelles nous 370 P. WISTREBERT voyons apparaître très rapidement, dans chaque neuromère, une convexité latérale à la place d'une concavité primitive. Dans les coupes sagittales exécutées par Dohrn (1907) chez Raja bâtis (fig. 6, 7 c, 7 d, Sa, 8 6 de la planche XXII) on aperçoit encore la concavité interne des neuromères et il est possible que les Raies aient conservé le type classique de la neuromérisation dans le cerveau postérieur. Mais chez les Scyllidae il n'en est pas de même ; les figures 3 6 et surtout 4 de la planche XX du même auteur, concernant Mustelus vul- (/aris, montrent C[u\à des sillons externes correspondent des rainures internes, et qu'entre les zones rétrécies sont situés, comme sur nos dessins, les gonflements neuro- mériques. Les figures et descriptions de Grapïjr (1913) chez les Mammifères (fig. 7-9, Mouton ; 10-11, Porc) signalent, au contraire, dans un ventricule (j[ui paraît plus large, de véritables dilatations ampullaires rhombo- mériques. L'embryon de la figure xxxi a été dessiné la tête un pou redressée, ce qui fait saillir anormalement le prosen- céphalc, de plus le côté droit du corps est légèrement incliné vers le bas. On voit à travers le toit du 4'^ ventri- cule, d(nit la crête médiane est figurée par un simple trait, les renflements internes de la paroi nerveuse. La fosse est profonde, laige dans sa partie antérieure, se rétrécissant progressivement en arrière jusqu'au canal médullaire, qui ne présente pas trace de renflement ni de sinuosité. Le ventricule, dès son entrée, derrière la fissure rhombo-mésencéphalique, se dilate au maximum ; ses angles latéraux se trouvent situés au-devant du neuro- mère de la V'' paire, d"où part le nerf mandibulaire. Xous avons reconnu ce neuromère sur la figure xvii de l'embryon SIII, au stade H, et la comparaison très suggestive des deux figures x^^:] et xxxi permet de mesurer les progrès du développement. Le neuromère antérieur, séparé de son congénère par l'incisure médiane, a été désigné comme trocliléaire et cérébelleux ; il est généralement considéré comme s'étendant jusqu'à l'angle latéral de la fosse rhom- boïdale, mais actuellement on distingue, au-devant de cet angle, un autre territoire nerveux, qui se montre plus spécialement en rapport avec la racine dorsale dite « thalamique )> du trijumeau ou nerf « tro- Fio. XXXI. Embryon]-' fixé (N» 5, Anato- niie et mouvement dii stade I) déjà représenté figures XXVIII à XXXI. Face dorsale de la tête montrant à travers le voile épendy - maire et cutané l'intérieur du ven- tricula rhombencé- phalique. (Descrip- tion dans le texte.) CONTRACTION ANEURALE 371 chléaire primaire » de Platt (1891) [voir aussi Dohrn (1907) et Gast (1909)]. DoRHN" désigne le double neuromère antérieur comme tro- chléaire (1 et 2, pi. II, fîg. 7 et suiv.); il signale, en effet, (figure Ifi, pi. X, et p, 170), chez Torpédo ocellata et chez Raja bâtis, un sillon sem- blable à celui de ScylUorliinus, qui divise en deux le long neuromère anté- rieur. Nos figures xxvi, xxvii et xxx indiquent que, de cette subdivi- sion du PJ* neuromère du rhombencéphale, part un l'uban nerveux, qui descend vers l'œil en passant derrière le mésencéphale et au-dessus de la cavité mandibulaire ; il correspond au nerf trochléaire primaire. Notons tout de suite qu'au stade K nous ne verrons phis cette division, dite trochléaire, du neuromère cérébelleux. Derrière l'angle latéral antérieur de la fosse, le neuromère de la V'' paire forme dans l'intérieur du ventricule une très forte saillie. Au- dessus de la première fente et du récessus latéi'o-chordal qui la prolonge en haut, se voit le neuromère sans racine dorsale, déjà apparent au stade G ; il ne correspond encore à aucune formation déterminée. DoRiiN (1907) le considère, à un âge plus avancé, comme le 2^ neuromère de la V^ paire et figure, chez Raja bâtis, (fig. 9 a, pi. XXII) la naissance à cet endroit d'une 2® racine du trijumeau. Nous rappellerons que, pour Van Wyhe (1882), la première poche branchiale a pris la place de la 2^, avortée; le neuromère intermédiaire représenterait ainsi la trace d'un segment primitif disparu. Dans la région couverte par le placode auditif nous trouvons mainte- nant trois divisions du rhombencéphale. Entre^le neuromère du facial et celui du glosso -pharyngien, déjà présents aux stades G et H, vient s'intercaler un neuromère que nous désignerons comme celui de la VIII^ paire, sans pouvoir, en dehors des coupes, donner à cette désignation une base anatomique précise. Ce renflement est, chez I*, tout à fait distinct et les sillons qui le déterminent en dedans se continuent sur la face dorsale jusque sous la languette d'ectoderme, anormalement soulevée, autour de la cuvette labyrinthique (fig. xxxi). Au début du stade, il est moins apparent, et l'on remarque seulement un allongement considé- rable de la région intermédiaire aux neuromères des VII® et IX® paires. Le nerf facial forme un ruban épais qui se dégage sous le bord antérieur de l'oreille et descend dans le deuxième arc. Le renflement de la IX® paire est situé à la partie postérieure du placode acoustique et le nerf qui en part se montre, sur les figures xxvi, xxvii, xxxi, souligné en arrière par un sillon profond, en coup de hache. Dorhn (1907, pi. XX, 'M 2 P. WINTREBEBT fîg. 4) donne une coupe frontale d'un Mustelus Vulgaris de 6 mm., passant par l'oreille, et nous ne voyons, en dedans de celle-ci, que deux neuromères ; mais la coupe passe trop bas, dans sa partie antérieure, pour montrer le neuromère du facial. U examen externe permet de prendre du 4^ ventricule, une vue générale plus complète que n'en peut donner la technique des coupes. lie neuromère de la X^ paire apparaît à la fin du stade (fig. xxxi) et Ton voit môme, chez l'embryon H (fig. xxvii), l'indication d'un second renflement de la X^ paire. Plus loin, du côté du canal médullaire, il n'existe pas de division segmentaire visible. On aperçoit seulement à la face externe de la moelle, entre les plaques vertébrales, des sillons qui parais- sent être le résultat d'une pression externe exercée sur la moelle par les tissus mésenchymateux du sclérotome. L.t. 2,83. N" 6, EMBRYON IIxO, fig. XXXII. y" L.pp. Observé vivant, il présente un tronc presque rectiligne jusqu'au bord postérieur du pédicule, et un segment post-pédicu- laire tourné vers le bas, dont la pointe, balayant le vi tell us, se déplace à peine. La propagation des mou- vements s'étend jusqu'au bord postérieur du pédicule. Le cœur effectue, toutes les 3 secondes environ, à 17°, un léger mouvement vermiforme, localisé au sinus et à l'oreillette ; la large cavité de celle-ci est visiblement distincte du ventricule inerte. Après la fixation dans une solution formolée à 20 p. 100, la longueur totale est de 4 mm, 25, celle du segment post-pédiculaire de 1 mm. 5, de sorte que le rapport de la première à la seconde est de 2,83. L'em- bryon, pourvu de trois fentes branchiales nettes, est dans le troisième tiers du stade I. Le l^r myotome bien visible est placé au-dessus et en arrière de la 3^ fente ; entre lui et la partie postérieure de l'oreille, il y a largement place pour deux myotomes de même volume ; nous admettons qu'il a le N" 3, mais les deux segments antérieurs supposé? ne sont pas reconnaissables extérieurement ; on comptant ainsi, le segment placé juste derrièi'e le cœur est le 8^ et c'est le 20^" segment qui se trouve Fig. XXXII. Embryon IJx* fixé (N" 6, Anatoniic ; N» 3, Irritabilité, du stado I) -i^ = 2,83. L.pp. Face latérale gaucho du segment poat - pédic\i - laire montrant la lar- geur do l'anipoulo doa- calc qui .s'étend sur le troisième (|uart du seg- ment. CONTRACTION AN EU RALE 373 au-dessus du bord postérieur du pédicule. Il existe en tout 44 myo- tomes. La plupart des myotomes du tronc montent presque à mi-hauteur de la moelle ; mais, à partir du 39^, ils baissent rapidement jusqu'au ras de la chorde. On voit le canal neurentérique mieux qu'aux stades précédents et il n'y a qu'un détroit léger à son débouché dans le canal caudal ; celui- ci est encore très (lourt. C'est surtout pour montrer la forme large de V ampoule cloacale que la figure xxxii a été dessinée ; en effet, le contact de l'endoderme et de l'ectoderme s'établit sur la longueur des neuf der- niers myotomes, tenant plus du troisième quart du segment post- pédiculaire ; il y a un approfondissement en cuvette de l'intestin qui descend au contact de l'ectoderme ; celui-ci ne semble pas modifier cepen- dant sa direction linéaire, et conserve sa paroi transparente en passant au-dessous de l'endoderme. No 7, EMBRYON Ilt^ r^*^^ = 2.65 L.pp. Examiné vivant, il montre très nettement trois fentes branchiales fermées. On cherche à définir le nombre des myotomes occipitaux ; vus dorsalement et un peu de côté, sous un éclairage oblique, deux sont vi- sibles entre l'oreille et la ?>^ fente ; on les retrouve à l'examen latéral en transparence. Derrière la 3^ fente, un 3^ segment musculaire peut être délimité; il est suivi, sur la rampe cervicale descendante, de 4 segments très apparents, dont les cloison^; intermétamériques sont parfaitement dessinées. On peut donc considérer comme 8<^ myotome le l*"^ post-car- diaque, sus-pédiculaire. Le pronéphros naît exceptionnellement un myo- tome plus avant, à gauche (9^) qu'à droite (lO»), comme chez I^, fig. XXX. L'oreille est toujours en forme de large cuvette. Les sacs oœlomiques extra-embrj'-onnaires sont bien apparents ; ils dépassent en avant, le bord antérieur du pédicule, de chaque côté du cœur, comme chez le N^ 5 (fig. xxix). En arrière du pédicule, la cavité cœlomique, tubulaire, est gonflée; cela semble naturel puisqu'elle est en communication avec les sacs extra-embryonnaires distendus (Balfour, M. E., vol. IV, pi. II, fig. 8). Le cœur présente trois cavités distinctes : le sinus et l'oreillette, larges, l'entonnoir ventriculo-bulbaire plus étroit et allongé. Il bat toutes les 5 à 6 secondes à 16^; l'oreillette se contracte, 1/6 de seconde environ après le sinus, mais l'onde ne se propage pas sur toute la longueur de la région vontriculo-bulbaire et s'arrête à son premier tiers. Aprè-i fixation au liquide de Bouin pendant 3 heures, on constate que 374 P. WIXTIiEJîKliT le conduit pronéphrétique, ou tube archinéphrétique, se prolonge au delà du pronéphros jusqu'au tiers postérieur du pédicule. A la tête, on aperçoit le nerf trochléaire ou pathétique, qui va rejoindre le nerf ophthal- mique profond du trijumeau. On ne voit pas la III*^ paire et on ne dis- tingue pas encore la fossette nasale. Le segment post-pédiculaire mesure 1 mm. OG, le pédicule a une lon- gueur de 1 mm. 20 et la tête une longueur de 1 mm. 45. Ces indications classent l'embryon à la fin du stade I. 2>^ Comparaison avec les types ct-assiqtjes. I. Le type de Balfour. C'est l'embryon N» 3, S^, qui ressemble le plus à celui de la figure de Balfour (1876, M. E., pi. VIII, fîg. 1), mais la fixation que nous avons faite sur place le montre plus droit et natu- rellement placé entre les sacs cœlomiques latéraux. Le type de Balfour présente une courbure, à concavité ventrale, qui est une véritable défor- mation. D'après les longueurs relatives des segments, mesurés sur la figure qui le représente, le type Balfourien ne serait pas encore arrivé à la moitié du parcours de l'étape I. Cependant rien ne peut être affirmé puisqu'il s'agit d'une autre espèce, Pristiurus. Nous sommes entièrement d'accord avec Balfour pour tous les caractères anatomiques qu'il attribue au stade. Par contre, au point de vue physiologique, il n'aperçoit que très tard, au stade I (M. E. p. 291), le début des mouvements que nous avons trouvés chez ScylliorMnus canicula, dès la fin du stade G. II. L'embryon des Ziegler, dit « intermédiaire )) aux stades I et K, étant parvenu, en réalité, à la^S*^ étape du stade K, comme nous le verrons dans un prochain mémoire, nous n'en parlerons pas ici. II. — Analyse du mouvement N» 1 et 2, Embryons D et E (fig. xxiv et xxv) (p. 375) ; N° 3, Embryon SI (fig. xxvi et xxxiii) (p. 376) ; N" 4, Embryon H (flg. xxvii et xxxiv) (p. 377) ; N" 5, Embryon I' (flg. xxviii et xxxi) (p. 378) ; N" 6, Em- bryon h (flg. XXXV) (p. 378) ; N" 7, Embryon TiV (flg. xxxvi) (p. 380) ; N" 8, Embryon z (p. 382) ; N» 9, Embryon SB«' (p. 383); N" 10, Embryon SBa' (flg. xxxvii) (p. 384); N° 11 .Embryon SB«' (flg. xxxviu (p. 385). Nous décrivons d'abord les mouvements des 5 premiers embryons qui viennent d'être étudiés anatomiquement. Nous donnons ensuite l'observation de (î embryons, dont les trois premiers ont été élevés à pins haute température qiie les trois suivants. Le degré de leur crois- sance est marqué par le rapport L.+ . : L.pp. dont la valeur décroît de 4 à 2, 50, pendant le stade I. à mesure que s'avance le développement. CONTRACTION ANEURALE 375 N^^ 1 et 2. EMBRYONS E et D, fig. xxiv et xxv. Coque ouverte. Tem- L.t. pérature 20°.- = 3.88 et 3.5. L.pp. Ces deux embryons, d'âge très voisin, présentent les mêmes réac- tions. 29 juin 1914, 12 heiires. Rythme. On observe plusieurs attitudes suc- cessives, qui durent, chacune, plusieurs minutes; c'est la preuve d'une égalisation remarquable des deux rythmes latéraux, malgré la tempéra- ture élevée. Chaque révolution comprend 6 temps. Les combinaisons suivantes sont notées : a) La tête, déplacée par la contraction, revient en détente passive à la ligne médiane; à ce moment, survient la contraction opposée qui emporte tout de suite la tête en sens inverse ; elle est suivie d'un retour passif, puis d'une pause qui égale la durée d'un déplacement unilatéral complet, La formule du rythme est : 1, D ; 2, r ; 3, C4 ; 4, r ; 5. 6, P. h) Un temps de pause s'intercale entre chaque mouvement d'aller et retour, au 3^ et au 6^ temps. c) Les deux contractions se suivent immédiatement, sans interposition d'une détente ; mais la pause, après le retour passif du 2^ mouvement, s'allonge à 3 temps. d) Parfois, d'une manière anormale, surviennent trois contractions consécutives : mais la température dépasse alors 20°. Attitude de flexion maximale. La déviation céphalique est de 40° environ ; le segment post-pédiculaire est entraîné mécaniquement ; la courbe sus-pédiculaire se prolonge jusqu'au 18^ métamère du tronc. Il existe, avec le déplacement latéral, une i^iclinaison dorsale céphalique très prononcée, et un commencement d'inclinaison dorsale du segment pos- térieur, vers le centre de courbure. IQ h. 30. Les perturbations du l'yt-hme sont plus fréquentes et les séries de chaque combinaison moins longues ; on assiste à quelques répé- titions de la contraction précédente, aussitôt après le retour passif ; ces troubles coïncident encore avec une élévation légère de la température au-dessus de 20°. 17 h. 30. Fixation de l'embryon D, pendant 30 minutes, au mélange de Formol à 20 p. 100 et de liqueur de Zenker ; il se produit avant la mort une dizaine de mouvements très vifs et subintrants, exécutés d'un côté à l'autre, sans aucune pause intermédiaire (fîg. xxv). 19 heures. Fixation de E, 20 minutes au F-Z (fig. xxiv). 376 P- WINTREBERT No 3, Embryon SI fig. xxvi et xxxiii. Coque ouverte. Température L.t 180 C J..pp. = 3,4. 10 juin, 16 heures. Reçu de RoscofE à 15 h. 30, il est aussitôt examiné. En prenant pour 7^ myotome la seconde proto vertèbre placée au-dessus du pédicule et qui marque le bas de la rampe cervicale, on compte 40 myo- tomes. La silhouette a été dessinée sur le vivant (fig. xxxiii) ; on y voit que la tête et la queue sont relevées nettement au-dessus du vitellus, un peu plus que ne le montre, pour l'étude anatomique, la figure xxvi, faite après la fixation. Attitude (h flexion 7naximale. On a indiqué par un pointillé l'aspect Fig. xxxin. Embryon vivant SI (N" 3, Anatomic et mouvement stade I) = 3,4. Face latérale gauche, vue L.pp. après ouverture de la coque. En pointillé, l'indication du mouvement droit. (Voir fig. xxvi le dessin de la même face sur l'embryon fixé.) de l'embryon en contraction D ; on voit ainsi que le fond de la courbe est reporté sur le tronc un peu en arrière du bord antérieur du pédicule au niveau de la 7^- proto vertèbre ; les contractions les plus fortes se passent au niveau des myotomes les plus larges, 6^, 7^, 8^, 9^, 10®. Le segment postpédiculaire se déplace légèrement vers la tête fléchie. L? seg- ment postérieur de la courbe semble se prolonger jusqu'au 18*^ myotome ; cependant, sous un grossissement de 35 fois {a^ -\- Oc. II) du binoculaire de Zeiss, on n'a pu suivre le resserrement musculaire que jusqu'au 16*^ segment post-auriculaire. Au delà, le corps rectiligne, ou même concr.ve en sens inverse, est entraîné mécaniquement. Rythme. Les modes habituels des combinaisons motrices se succèdent régulièrement ; le cabre ment caractéristique de la conjonction alterne, au moment voulu, avec les mouvements de va-et-vient. Le cœur, dont on voit très bien l'oreillette, le ventricule et l'orifice auriculo-ventriculaire, ne montre aucun battement. CONTRACTION A N EU RALE 377 fl/.C. No 4, Embryon H, fig. xxvii et xxxiv. Coque ouverte. Température 20O C. L.t. : L.pp. = 3,07. 30 juin 1914, 11 heures. Immédiatement après l'ablation de la glaire qui entoure l'embryon, on remarque quelques troubles du rythme, comme par exemple, des reprises de la contraction G avant la contraction D ; ils peuvent être mis sur le compte d'une excitation anormale provoquée parles manœuvres de déblayement. Le mouvement se régularise ensuite; chaque combinaison bilatérale persiste alors plusieurs minutes et ne passe à la suivante qu'après une longue suite de mouvements transitionnels. La courbe du segment postérieur s'étend ; elle va presque jusqu'au 1/3 postérieur du corps, c'est-à-dire jus- qu'au bord postérieur de l'attache vitel- line ; la course passive du segment post- pédiculaire, entraîné dans la flexion, est plus grande qu'au stade H. Le fond même de la courbure a reculé ; il n'est plus au sommet du pli de coudure céphalique, mais reporté en arrière dans le 2^ quart de l'embryon, vers les 9^ et 10'' métamères, de sorte que le diagramme de l'axe du corps, au maximum de flexion, devient celui de la figure xxxiv ; on voit, en pi. c, la place de la coudure céphalique et, en /. c, le maximum de la courbe ; la ligne pointillée transversale ajoutée en arrière, v. m., représente la ligne jaune rougeâtre de la veine vitel- line circulaire (Randsinus) dont les deux parties latérales rejoignent au niveau du bord postérieur du pédicule, les veines sous-intestinales. Il n'existe pas de torsion axiale du segment post-pédiculaire pendant le mouvement. Le cœur bat ; mais on n'aperçoit que des ondes assez irrégulières de rythme et faibles d'ampleur, à direction antérieure, sans propulsion d'éléments figurés ; pour mieux l'examiner, on i.sole une petite plage quadrilatère de blastoderme contenant l'embryon en son centre, puis on la porte au fond d'une cuvette ; on tourne ensuite l'embryon sur le flanc gauche pour l'examiner par transparence. Le tube cardiaque, contourné, présente deux parties : l'atrium en arrière, le ventricule fusi- forme en avant. V. 7n. Fia. XXXIV. Embryouj vivant H (N°4, Ana- tomie et mouvement du stade I) ^ L.pp. = 3,07. Diagramme de l'attitude do flexion maximale G ; pi. c., pli cépha- lique; f. c, fond de la courbe; v. m., place de la veine margiaale sur le vitel- lus sous-jacent ; L, M., ligne médiane dans l'attitude de repos. 378 P. WIXTREBERT No 5, Embryon I^, fig. xxviii à xxxi. (N» 2 stade G et N" 3 stade H). Coque fermée, puis ouverte. Température 18^ C. L.t. : L.pp. == 2,93. 13 juin, 17 heures. U est maintenant à 45 heures du début des mou- vements. Le corps, dans son quart postérieur, est tordu vers la gauche. Il n'y a pas seulement torsion à gauche du segment post-pédiculaire, mais formation d'une crosse ventrale qui abaisse l'extrémité au contact du vitellus, l'y laisse traîner et cause des retours incomplets de la queue à la ligne médiane. Les battements sont rapides, sur un rythme de 0 temps, et chacune des combinaisons motrices comprend 4 à 5 oscilla- tions bilatérales. 14 juin, 11 heures (72 heures après la première contraction). On sort l'animal de la coque et on le dessine vivant (fig. xxvin. Voir Anatomie). On observe que la contraction se propage jusqu'au bord pédiculaire posté- rieur, c'est-à-dire jusqu'au 20^ métamère environ. Le début de la contrac- tion se fait derrière les premiers myotomes sus-pédiculaires et le pli de flexion de la tête (fig. xxxiv, p. l. c), comme chez l'embryon précé- dent, ne forme pas le fond de la courbe ; l'initiative du mouvement, comme nous l'avons déjà remarqué au stade H, appartient à des myo- tomes d'autant plus postérieurs que l'âge est plus avancé. On enlève l'embrj^on avec une plage de vitellus. on le renverse sur le côté et on lui extirpe la moelle sur l'espace de 4 protovertèbres 9®, 10^, 11^ et 12^; on constate, et nous en verrons les conséquences dans la partie expérimentale, que cette ablation n'empêche pas le mouvement de se propager des myotomes antérieurs aux myotomes postérieurs, par delà la brèche nerveuse ; mais au bout de 3 minutes, l'embryon ne bouge plus. Cet effet de la blessure sera expliqué au chapitre de l'Irritabilité, On le fixe aussitôt au formol à 20 p. 100. Cet embryon est parvenu à la 2e moitié du stade I et voici seulement 3 jours, à 18°, qu'il est mobile ; il nous sera fort utile pour déterminer plus loin la durée du stade. N^ 6, Embryon h, fig. xxxv. Coque ouverte. Température 18^ à 190 C. =i^- = 2,8. L.pp. l^r août, 9 h. 30. L'embryon est à GO heures environ du début des mouvements. Après ouverture dorsale de la coque et ablation des glaires qui le recouvrent, il apparaît très transparent, comme soulevé sur un remblai fusiforme, entre deux fosses plus sombres, bordées elles-mêmes d\ni petit talus blajichâtre. La disposition est à peu près la même que CONTRACTÎON AN EU RALE 379 I celle de l'embryon I^, figure xxviii, dont le support pédiculaire est devenu plus dilaté et plus saillant après son isolement du vitellus. Les sacs coelomiques extra-embryonnaires, gonflés de liquide, sont aussi développés ; mais ils dépriment le vitellus sous-jacent ; leur paroi, restée en place, est transparente, pj-escpie invisible, et l'on aperçoit, à tra- vers la cavité cœlomique remplie d'un clair exsudât, l'ombre portée dans la fosse qu'elle s'est creusée sur la boule \'itelline. Derrière le bord posté- rieur du pédicule, en arrière de l'approfondissement vi- tellin d'origine cœlomique, on constate une suréléva- tion transversale légère du blastoderme sous l'aspect d'une bande de couleur blan- che, perpendiculaire au seg- ment postérieur de l'animal qui la surplombe ; elle pré- sente, au moment où elle passe sous le segment pos- térieur de l'embryon, une avancée vers le pédicule. Cette bande surélevée, appuyée de deux petits rem- blais jaunâtres , constitue l'ébauche postérieure du si- nus veineux circulaire de la région vitelline (Ruckert, 1906, p. 1114, fig. 785 et 792). Le mouvement du corps est très régulier et très vif, il s'exécute sur un rythme de 4 temps et les combinaisons motrices sont réglées par un retard faible et constant de G sur D ; chacune des combinaisons se répète .5 fois environ avec les transitions habituelles ; la conjonction complète n'est jamais que passagère, et le cabrement sans déviation latérale, qui la caractérise, se produit rarement dans le tour du cycle; il est presque tou- jours accompagné d'oscillation latérale. Nous observons, en conséquence. Fig. XXXV. Kmbryon vivante (N" 6, Mouvement du stade I)' — '-^ = 2,8. Aspect de la face dorsale regardée à jour L.pp. frisant, après ouverture de la coque. Les sacs coelo - miques transparents et gonflés de liquide, creusent deu x fosses latérales sur la boule vitelline, où la lumière pres- que horizontale ne pénètre pas. La veine marginale posté- rieure est indiquée sur le vitellus. 380 P. WINTREBERT la suite habituelle DG, D et G, GD puis G-D. Au moment de la eoïiicidencc des contractionSj on ne constate ni hésitation, ni recul vers la combinai- son antécédente. No 7, EMBRYON B/^, fig. XXXVI (N» 6 au stade H). Coque fermée, puis ouverte. Température 20° C. ^ — '-^ — 3,15. L.pp. 13 août, 9 heures (49^ heure du mouvement). Le mouvement bila- téral s'effectue suivant un rythme précis, en ce sens que l'orientation des changements, dans la série des combinaisons motrices, révèle encore une révolution D un peu plus longue que la révolution G ; le retard de D e^t même aujourd'hui plus accentué, car au lieu de compter 10 à 15 mou- vements oscillants par attitude définie, on n'en constate le plus souvent que 2 ou 3 ; la transformation des combinaisons est donc rapide et les oscil- lation'^, qui se succèdent, diffèrent toutes visiblement entre elles; néan- moins, la régularité des changements est telle que leur prévision est des plus aisées ; voici la succession enregistrée à deux reprises, a et h; chaque tour de cycle est inscrit sur une ligne horizontale, qui doit être lue de gauche à droite : Boiterie Conjonction Boiterie inverse Egalisation a) D G, 3 ; D-G, 2 ; G D, 3 ; G et D, 2 ; D G, 3 ; D-G, 2 ; G D, 3 ; G et D, 2 ; D G, 2 ; D-G, 2 ; h) D G, 3 ; D-G, 2 ; G D, 2 ; G et D, 4 ; D G, 3 ; D-G, 2 ; G D, 3 ; G et D, 2 ; D G, 3 ; On ne constate aucune hésitation dans le passage de la conjonction comjjlète ; celle-ci manque parfois ; dans ce cas, on passe d'emblée d'une boiterie DG caractérisée, à une conjonction incomplète, voisine de la. boiterie inverse GD, et dans laquelle D se trouve déjà en arrière de G. Los nombres donnés dans les séries inscrites sont approximatifs ; ainsi toutes les rencontres D-G sont marquées du chiffre 2 ; ces 2 combinaisons peuvent être soit une immobilisation complète, soit seulement une annihi- lation partielle ; le chiffre 2 indique donc seulement que, pendant le temps de deux révolutions bilatérales coïncidentes, le déplacement latéral a été extrêmement réduit ou tout à fait nul, relativement aux mouvements précédent et sui\ant. CONTRACTION AN EU RALE 381 a . Chaque révolution dure une seconde environ. Le diagramme de la figure XXXVI indique l'aspect de la contraction D; la déviation de la tête est de 40" : la contraction peut être suivie jusqu'au 1/3 postérieur de l'animal, c'est-à-dire jusqu'au segment post-pédiculaire. La queue ne suit pas tout entière l'orientation de la moitié postérieure de la courbe, car son extrémité reste en arrière ; mais le bord postérieur du pédicule ne fait pas frein sur elle. L'embryon montre une crosse caudale fortement inclinée vers le bas ; c'est qu'il n'a pas été fixé en place, mais sur une simple plage isolée de blastoderme vitellin ; on voit les inconvénients d'une telle fixation : le bout caudal a été porté plus bas que dans la réa- lité ; cependant la forme même du diagramme ré- vèle qu'il se produit sur le vitellus un léger frot- tement, Cj[ui limite le transport de l'extrémité. La déviation de la tête n'est pas inférieure à celle de la partie anté- rieure de la courbe sus- pédiculaire, comme au stade H (Embryon z, N" 4, fig. xx); la raison en est que le lien pédiculaire est plus relâché. 13 août, 11 heures (51^ heure de la motilité). Après ouverture de la coque et ablation de la glaire, on étale l'œuf sur le fond de la cuvette et on retourne le gâteau vitellin jusqu'à ce que l'embryon se présente latéra- lement ; on l'examine alors par transparence. Le cœur ne bat pas ; cependant les manœuvres de dégagement de l'embryon n'ont duré que 3 minutes et il y a une minute seulement que l'animal, sorti de la glaire, est au contact de l'eau de mer. Peut-on soup- çonner celle-ci d'avoir agi déjà sur le cœur, à travers la paroi du corps et d'être nocive aussi rapidement à son fonctionnement, alors que, sous la même influence, les contractions myotomiques continuent de se produire avec leur cadence r>i:hmique, et sont même plus fortes et plus rapides qu'auparavant. Les battements cardiaques, s'ils avaient existé, auraient Fig. XXXVI. Eiubryou Bl' (N" 7, Mouvement du stade I) L.pp. = 3,15. a) diagramme de la courbe de flexion maximale D ; L. M. ligne médiane ; b) face latérale gauche après la fixation. AUt'H, llE Zoiii,. Exp. ET GÉN. — T. 60. — F. -t. 382 P. WINTREBERT subi probablement la même amplification. Nous jugeons donc que la contraction cardiaque n'a pas encore paru. L'aspect du cœur est celui d'un tube légèrement contourné, à extrémité postérieure auriculaire élargie. Caractères anatomiques. L'embryon (fig. xxxvi), fixé 20 minutes à la solution J. de Laguesse, montre nettement 3 fentes. La silhouette, dessinée après fixation, permet de voir la longueur relative du segment postpédiculaire ; redressé, il a 1 mra. 20 ; la longueur totale est de 3 mm. 78. Le rapport L.t. : L.pp. = 3,15; d'après ce chiffre, l'embryon doit être classé dans le second tiers du stade I, entre le N^ 3 (fig. xxvi) et le N<* 4 (fig. xxviii). H a effectué sa croissance plus vite que les autres embr37ons décrits, en raison de la température très élevée (20^) à laquelle il a été soumis. N^ 8, EMBRYON z (N^ 4 au stade H). Coque fermée. Température : 16-180 C. 15 juillet, 10 heures (66 heures après le début de la motilité). Les mouvements de flexion latérale se transmettent à peine à la région postérieure du corps, en raison de l'amarre serrée du pédicule ; cependant, on commence à apercevoir une légère déviation de la crête dorsale du côté contracté, dans la région située au-dessus du bord postérieur du pédicule. Les mouvements céphaliques sont très vigoureux ; ils s'exécutent sur un rythme de 4 et de 6 temps et comprennent toutes les combinaisons déjà citées. On ne remarque aucune irrégularité, mais la différence des rythmes opposés est d'abord assez grande pour ne donner que deux ou trois attitudes semblables par combinaison. Le déplacement latéral de la tête s'accompagne toujours d'une forte inclinaison du bord doi'sal, du côté oii se produit la contraction. La variété de mouvement la plus curieuse apparaît un peu plus tard, dans les claudications rapprochées de la conjonction ou, pour mieux dire, dans les premières conjonctions incomplètes ; c'est un déplacement de circumduction céphalique,où le mouvement latéral se combine avec le cabrement ; par exemple, dans la combinaison DG, la tête s'élève d'abord, en même temps qu'elle se dévie à D, puis elle se transporte très vite à G, l'ctombe alois sur le vitellus et revient à la ligne médiane ; après la conjonc- tion, la circumduction se fait en sens inverse. Elle se reproduit 5 à 6 fois avant que le simple mouvement latéral de claudication ne réapparaisse. La propagation de la contraction est très visible ici parce que la déviatioii postérieure est réduite par une attache pédiculaire serrée; on CONTRACTION ANEURALË 383 peut la suivre jusqu'au 1/3 postérieur du corps, c'est-à-dire jusqu'au bord postérieur de l'attache vitelline. 16 juillet, 12 heures (92^ heure du mouvement). I^es contractions ont présenté, durant les dernières 24 heures, une très grande régularité, sur un rythme de 4 temps. Le passage à la conjonction s'accompagne encore de mouvements de circumduction, avant et après la rencontre complète ; celle-ci provoque un cabrement directement vertical. 15 heures (956 heure du mouvement). L'embryon se tient légèrement incliné sur le côté gauche. La valeur angulaire de la courbe que fait la tête fléchie avec le reste du corps est d'environ 90^ ; la moitié postérieure est cependant très retenue encore par le pédicule, dans la région contrac- tile et ne présente qu'une oscillation légère, de même sens que la tête, à chaque contraction. L'onde propagée s'aperyoit jusqu'au 1/4 postérieur du corps, c'est-à-dire jusqu'au 24^ métamère environ. A ce moment l'embryon est passé au stade K. No 9, EMBRYON SBai (No 10 au stade G ; N» 7 au stade H). Coque fermée, températvire moyenne 12^ C. 11 décembre, 11 heures (5 jours 2 heures après le début du mouvement). Il bat d'une façon rythmique des deux côtés, à 12^ C., sur 10 temps environ. 1° On provoque un refroidissement de 4 degrés (de 12» à 8°), en une demi-heure, en chambre froide. Les phénomènes consécutifs peuvent se résumer ainsi : 1° Pendant la période de transition, les battements deviennent moins fréquents, se ralentissent et se reproduisent différemment pour chaque côté. La contraction G revient plus souvent que la D, à des intervalles inégaux, comprenant de 15 à 40 temps, l'unité de temps étant, comme d'ordinaire, mesurée par la durée de la contraction elle-même. La bande musculaire D a une révolution plus lente ; elle ne bat pas toujours une fois dans l'intervalle de deux battements G ; son indépendance se révèle encore par la survenance de sa contraction à n'importe quel moment de la révolution G. 2o Le maintien de la température à 8^ détermine une régulation progressive des battements de chaque rangée myotomique, qui ne par- vient cependant pas à égaliser complètement les rythmes ; la contraction G se renouvelle un peu plus vite que la D, et l'on compte maintenant 30 temps environ pour chaque révolution. 384 P. WINTREBERT N" 10,. EMBRYON SBflS. fig. XXXVII (N» 12 au stade G). Coque fermée. Température : 16*^ C. 16 janvier, 9 heures (5 jours, 18 heures, depuis le début des mouve- ments). La température moyemie, depuis le 11 janvier, a été de 15». L'examen actuel est fait à 16». Le rythme a lieu sur 6 temps ; chaque révolution dure deux secondes environ ; la vitesse réciproque des r_\i:hmes change souvent au moment des conjonctions, de telle sorte que la succes- sion des combinaisons motrices se fait à ce moment suivant un ordre différent ; la suite des attitudes est renversée ; à une série DG, D et G, GD, caractéristique d'un retard de G sur D succède une série GD, G et D, Fig. XXXVII. Embryon vivant SBa' (N» 10, Mouve- ment du stade I) 5 jours 18 heures après le début du mouvement, à 15°. DG, indiquant un retard de D sm" G. Fie. XXXVIII. Embryon vivant SB«- (N°ll, Mouvement du stade 1) 5 jours 19 heures après l'apparition du mouvement, à 15°. Diagrammes des attitudes de repos (au centre) et de contractions (sur les côtés). Au repos la ligne axiale est tenue par la tête et la partie pédiculaire du tronc; le segment post-pédi- culaire est dévié sur la droite ; B. a. p., bord anté- rieur du pédicule ; B. p. p., bord postérieur du pédicule. Au repos, l'embryon, bien dressé sur le vitellus, ne se montre pas complètement rectiligne (fîg. xxxvii) ; en effet, le segment post-pédiculaire reste passivement dévié sur la droite. Il ne donne pas non plus toute sa longueur en projection verticale ; car il commence à se recourber en crosse à son extré- mité ; le crochet terminal s'aperçoit dans l'attitude de repos et dans la courbe D, mais il n'est pas apparent dans la courbe G. En contraction maximale, la tête se dévie latéralement, de 40^ environ, par rapport à la position axiale de repos. La courbe n'est pas régulière (fig. xxxvii) ; il se produit un angle très net à la partie postérieure du segment cépha- lique et cet angle est reporté, en deçà de la ligne axiale, du côté opposé à la région contractée, avec tout le fond de la courbe. Ce fond est aplati et correspond à toute l'étendue de la région pédiculaire. La courbe vient CONTRACTION ANEURALE 385 rejoindre la ligne axiale au niveau du 1/3 postérieur du corps. La dispo- sition des diagrammes de contraction et leur comparaison avec les figures xxvii et xxix, qui représentent des embryons de même âge, montre nettement que la partie moyenne du corps, placée à l'intérieur de la courbe, donne la longueur de l'attache vitelline. La région post-pédiculaire ne prend pas, des deux côtés, la même attitude dans la contraction. Elle est entraînée passivement dans les deux cas, mais à D son déplacement accentue une déviation qui existe déjà au repos, tandis qu'à G la déviation tend à être redressée. De ce côté, l'extrémité n'est même pas transportée jusqu'à l'axe médian; le bouton terminal, pointant dans le vitellus, est immobilisé; la crosse se dresse alors dans un plan vertical, mais la contraction est insuffisante à la rabattre à G. Pendant la flexion D, il n'y a pas qu'un transport latéral ; le frottement du bout caudal sur le vittelus entraîne une rotation lono'i- tudinale du segment postérieur qui a pour résultat d'incliner son bord dorsal vers le centre de la courbe : cette rotation fait paraître davantage le crochet terminal de la crosse. Au bout d'une heure de va-et-vient en même place, l'extrémité caudale a creusé sur le vitellus une rainure, dans laquelle elle joue librement et l'on observe alors une déviation laté- rale égale des deux côtés. 10 heures. Par suite d'examens répétés la température est montée lentement à 20o, sans provoquer d'autre changement, dans le rythme, qu'une plus grande rapidité d'allure (4 temps au lieu de 6). A un grossis- sement de 20 diamètres, on peryoit Tondulation qui se propage jusqu'au seuil du segment post-pédiculaire. Dans la flexion G, le changement d'orientation de la courbe, au niveau du bord pédiculaire postérieur (diagramme de fig. xxxvii), délimite assez nettement les territoires de contraction et d'inertie. Du côté D on observe que la dernière partie du segment pédiculaire en se contractant courbe davantage le segment pos- térieur inerte et libre que le segment pédiculaire ; nous a-percevons ai7isi, pour la j^reînière fois, un avigle de flexion à la partie postérieure du pédicule. L'essai de mesurer les dimensions de l'embryon enfermé dans la coque, au moyen d'une règle de verre placée à l'extérieur, donne une longueur approximative de 5 mm. 5. No 11, EMBRYON SBa^ fig. xxxviiF. (N^ 11 au stade G). Coque fermée. Température : 16oC. 386 P. WINTREBERT 16 janvier, 10 heures (5 jours, 19 heures, après le début du mouvement, à une température moyenne de lô^). Attitude de contraction maximale. Le diagramme de la figure xxxviii indique une courbe de contraction plus forte que celle de l'embryon SBa^. Les deux diagrammes de SBa^ et SBa^se ressemblent et méritent d'être comparés ; les types de déplacement qu'ils représentent se succèdent dans le développement. La longueur approximative de SBa^ vivant est de 6 mm. ; elle est donc un peu plus longue que celle de SBa^ (5 mm. 5), La tête se dévie d'un angle de 45° au lieu de 40°. Le segment post-pédi- culaire se déplace davantage ; à D, il arrive à former, avec l'axe longitu- dinal prolongé, un arigle de 30 à 350, de sorte que les deux parties antérieure et postérieure du territoire contracté forment, entre elles, un angle de 80'^ environ. Le déplacement de la queue à G est moins prononcé ; son abduc- tion moins grande tient à ce que l'immobilisation laisse le segment post- pédiculaire tourné à D, dans une attitude semblable à la position de repos de SBa^ ; mais nous constatons aussi que la force d'entraînement latéral est plus grande chez SBa,^ que chez celui-ci, puisque, d'une part, la déviation à D est plus étendue et que, d'autre part, à G la queue passe la ligne axiale, en se rapprochant de la tête. Les flexions latérales du segment postérieur s'accompagnent aussi d'une torsion longitudinale due au frottement de l'extrémité sur le vitellus. Nous observons encore que le pédicule est devenu plus lâche ; car ni en avant ni en arrière, sur la courbe de flexion, on ne trouve d'angle vif, et le fond de la courbe se montre plus régulier que chez SBa^. Le rythme. Les révolutions ont une durée presque constante; c'est la contraction D qui généralement avance sur la G. On compte 6 temps pour chacune d'elles, en l'espace de 2 secondes environ. Il existe 4 à 5 oscilla- tions bilatérales par attitude. On remarque parfois un stationnement autour de la conjonction, avec quelques inversions de vitesse dans le re- nouvellement des contractions, mais le changement d'attitudes, dans le cycle des combinaisons, est toujours momentané. La phase d'égalisation des battements s'inscrit volontiers en 4 temps, sans pause intermédiaire, tandis que les boiteries, par l'indication des pauses qui leur succèdent, rétablissent l'obligation de compter 6 temps. La température s'élève à 21° et l'on voit apparaître des phases d'arythmie transitoire; la contraction G se reproduit 2 et 3 fois, avant que ne reprenne la contraction D, et cette répétition s'effectue avant le retour complet de la tête à la ligne médiane. CONTRACTION ANEURALE 387 III. — L'Irritabilité aux agents mécaniques A. Technique. B. Observations. — N» 1, Embryon SI (flg. xxvi et xxxm) (p. 388) ; N" 2, Embryon II*- (p. 388) ; N" 3, Embryon llx" (flg. xxxn) (p. 391) ; N» 4, Embryon IIx' (p. 392). A. Technique. On pratique, aux ciseaux, une large ouverture de la coque au-dessus du pôle animal de l'œuf, en tenant horizontalement celui-ci dans la main; on enlève avec une pince la rondelle découpée, sans la faire basculer à l'intérieur, afin d'éviter de contusionner l'embryon ; puis, autour de celui- ci, on enlève les glaires qui peuvent gêner la liberté des mouvements et le passage des instruments. On dépose doucement la coque, en nacelle contenant l'embryon, dans une petite cuvette remplie d'eau de mer. En fait d'instruments, on se sert de plusieurs porte-aiguilles montés, d'une pince à mors très étroits et de petites spatules droites ou légè- rement coudées à leur extrémité. Les stimulations ont été faites par deux procédés différents, celui d'une piqûre plus ou moiiLS profonde et celui d'une commotion plus ou moins forte. Nous pouvons les énumérer ainsi, dans l'ordre croissant de leur force. I. Avec la pointe de Vaiguille : contact, frôlement, raclage, pression, écorchure, piqûre cutanée, piqûi-e profonde. II. Avec le plat de Vaiguille; intercalation de l'aiguille sur le trajet du corps au moment du battement, quand il est à son début ou en son plein ; choc plus vif exercé par l'instrument allant à la rencontre de l'embryon ; ébranlement violent par détente brusque du plat de l'aiguille, courbée au préalable. Les piqûres appuyées et pénétrantes ont été pratiquées en soutenant le côté opposé au moyen d'une large spatule ; en effet l'aiguille, si fine soit- elle, repousse l'embryon non adossé et ne perce pas. A chaque manœuvre d'exploration, a succédé une période de repos suffisante pour que l'effet de l'excitation précédente ait cessé avant l'intervention suivante. B. Observations. L'irritabilité a été étudiée chez de nombreux embryons ; nous expo,- sons seulement les observations recueillies chez les embryons N"^ 3 (SI), 6 {IIx^), 7 [IIx^) de l'étude anatomique et un 4^ embryon, {IIx^) ; les trois 388 P- WINTREBERT derniers nommés font pai'tie d'une même série mise en élevage en mai 1919, et sur laquelle nous avons confirmé les données précédem- ment acquises. L'ordre de description est celai de l'âge, souligné par le rapport No 1, EMBRYON ^1 Œ^ ?> , Anatomie) . .. = 3.4, fig. xxvi et xxxiii. L.pp. Température 18^ C. 10 juin 1914, 17 heures. On recherche, au moment des pauses, l'exci- tabilité de la région postérieure du corps. Tout le segment post-pédiculaire se montre inexcitable et, dans le reste du corps, la piqûre même pénétrante est inefficace, sauf au niveau des territoires myotomiques fonctionnels. En avançant d'arrièi'e en avant vers ceux-ci, on constate qu'au iriveau du 18^ myotome la piqûre détermine une précipitation anormale des mouvements, sans provoquer de réponse tonique ; les déplacements, qui deviennent plus rapides, çont d'ampleur moindre, mais se succèdent d'une façon presque continue. Voici donc un premier point acquis : toute la zone musculaire contractile est irritable; en dehors (F elle, V embryon ne répond pas aux excitaticns. No 2, EMBRYON ITx^ I. Etats anatomiqiie et physiologique. II. Exploration de l'excitabilité (p. 389) : l" à la piqûre (p. 389) ; 2° au choc : A, sur la tête (p. 389)"; B, sur la région myotomique active (p. 390); 3" Effets d'un coup violent sur la tête, avec déchirure de la région cardio-branchiale ; résultats immédiat, consécutif, éloigné; déterminisme des phénomènes (p. 390). 26 juin 1919. 9. h. .30. Température : 16° (montée de !« pendant l'exploration). I. Etats anatomique et physiologique. L'embryon est déréglé pendant trois minutes, après sa mise à nu ; puis les cycles de combinaisons s'éta- blissent, en raison de quatre oscillations bilatérales environ par attitude ; les révolutions sont de 6 temps, en 1 seconde, donc rapides. L'animal est très irritable à toute manœuvre d'attouchement, à tout changement d'orientation ; à leur suite il se dérègle et présente, pendant 5 à 6 minutes, un mouvement unilatéral G ; mais il reprend ses doubles battements cycliques après quelques minutes de tranquillité. Le cœur ne bat pas encore. L.t. : L.pp., après fixation au formol à 20 p. 100, = 4 : 1,33 = 3. H se place donc tout près de l'embryon H (fig. xxvn et xxxiv), c'est-à-dire au seuil du troisième tiers du stade I. Ses sacs cœlomiques extra-embryonnaires sont développés à peu près i CONTRACTION ANEURALE 389 de la même façon que chez celui-ci; cependant, en arrière, la dilatation latérale sacciforme ne va pas tout à fait jusqu'au bord postérieur du pédi- cule et Ton aperçoit son rattachement à la paroi abdominale postérieure, sous la forme d'une ligne inclinée comme chez SI (fig. xxvi). II. Exploration de V excitabilité. 1° A la piqûre. Seul^ le territoire myotomique, tant occipital que sus-pédiculaire, est irritable ; il répond à la piqûre, pénétrant les myotomes, par une suite tumultueuse de contrac- tions rapides de toute la bande musculaire piquée ; les renouvellements commencent avant le retour complet de la tête à la ligne médiane ; il n'y a donc aucune pause entre les déplacements ; ceux-ci de moindre étendue qu'à l'état normal, sont deux à trois fois plus nombreux. Au point piqué survient ou non, en même temps, une contracture localisée, qui cède au bout d'une minute environ, alors que la précipitation des batte- ments, dans le reste de la bande, commence à se calmer. La bande mus- culaire voisine n'est pas entraînée dans le renouvellement précipité des contractions ; elle conserve son rythme ordinaire ; parfois cependant elle paraît accélérer ses battements très légèrement. On remarque qu'aucune onde à rebours, c'est-à-dire courant d'arrière en avant, ne se produit au moment d'une piqûre postérieure et que l'ac- célération des battements n'en commence pas moins à la partie anté- rieure; car la propagation s'effectue toujours d'avant en arrière, à partir du point de départ habituel de la contraction au 10^ myotome. Les attouchements, grattages, pressions légères ou même appuyées, à la surface des territoires contractiles, ne sont pas suivis d'une réponse aussi nette que la piqûre; ces manœuvres déterminent souvent un accroissement léger de l'activité musculaire et parfois une inversion prolongée dans la vitesse relative des deux rythmes. 20 Au choc. A) Sur la tête. On pratique trois interventions successives et de plus en plus violentes, avec le plat de l'aiguille. Voici l'état physio- logique au moment de l'intervention : le rythme est de 6 temps ; G retarde sur D assez vivement puisqu'il n'y a que deux oscillations doubles environ pour chaque attitude du cycle ; celui-ci se déroule en GD, G-D, DG, D et G. a) Après le premier DG, au sortir de la conjonction, on intercale l'aiguille sur la. ligne médiane, et le sommet de la tête vient la frapper en se déplaçant à G. On ne constate aucune réaction : la propagation G s'effectue en arrière malgré l'arrêt et le choc de la tête, et l'oscillation suivante D et G se produit à son tour sans changement. 390 P. WINTBEBERT h) Eu cognant la tête avec l'aiguille, portée à sa rencontre au cours d'un mouvement semblable, on n'obtient encore aucune modification du rythme. c) La tête reçoit le choc violent du plat de l'aiguille, courbée comme un ressort et subitement détendue, sans qu'à la suite de cet ébranle- ment, le moindre dérèglement, la moindre hésitation se manifestent dans l'exécution des contractions suivantes. B) Sur la région myotomique active. La détente de l'aiguille, courbée, reçue par le bord postérieur du pédicule, provoque un affolement général des deux bandes musculaires ; cependant la hande G, directement fouettée, a des mouvements plus fréquents que la D, atteinte probablement d'une manière indirecte à travers la chorde et l'abdomen. On ne constate pas de contracture au point contusionné. Au bout d'une minute environ, la durée des révolutions revient peu à peu à la normale ; les combi- naisons cycliques reprennent ; les mouvements restant un certain temps plus vigoureux et plus vite renouvelés qu'auparavant. 30 Effets d'un coup violent sur la tête avec déchirure de la région cardio- branchiale. L'aiguille, très fortement courbée au préalable, vient frapper la tête du côté G et provoque une déchirure large de la 2^ poche bran- chiale et de la partie antérieure du cœur. On peut classer en deux périodes les phénomènes qui se produisent : 10 Résultat immédiat. Contracture des myotomes placés au niveau du bord antérieur du pédicule, accompagnée de trémulations légères du tronc. Ces phénomènes durent une minute environ. A leur suite on constate une reprise progressive des doubles batte- ments qui, en une minute, reviennent à leur ampleur première. 2° Résultat éloigné. Décroissance progressive de l'activité et cessation des mouvements, en l'espace de 30 secondes environ. Ce n'est qu'une heure et demie après la disparition des battements qu'on les voit réapparaître ; d'abord, les seuls mouvements G reprennent, puis, au bout de 10 minutes, la contraction D survient et les combi- naisons motrices se succèdent suivant un cycle déterminé. Chaque contraction, dès sa reprise, présente en effet une révolution d'une seconde environ, et cette durée est conservée malgré l'intensité graduellement croissante du mouvement. Le déterminisme des phénomènes peut être ainsi établi : 1° La violence du coup sur la tête, en rejetant celle-ci latéralement, détermine un tiraillement forcé des premiers myotomes pédiculaires, les CONTRACTION ANEURALE 391 plus actifs, qui se contracturent ; à cette «époque, ce sont eux qui com- mencent la contraction; le reste des myotomes, en partie touché par l'ébranlement, répond par des trémulations légères et rapides. 2'' La fin de la contracture antérieure est le signal de la reprise des mouvements de balancement. On voit que, loin de provoquer une inhi- bition, le coup a déclenché au contraire la réponse la plus active. 30 L'immobilisation est indirecte et tardive ; l'ébranlement, si violent qu'il soit, n'en peut être la cause, comme le prouve, avec évidence, l'inter- calation d'une reprise d'activité avant elle et après lui. C'est la blessure même qui la détermine'; c'est l'irruption de l'eau de mer à l'in- térieur du corps lésé, le changement de composition du liquide intérieur qu'il faut incriminer. Les tissus voisin_s [de la blessure sont les seuls à se mortifier et à devem'r opaques, mais tout l'embryon subit les effets de la communication des milieux organique et extérieur. D'autre part, une adaptation aux circonstances se fait avec le temps et le mouvement reprend après une heure et demie d'immobihté. Il semble se rétabHr trop vite pour que l'on puisse admettre une cicatrisation complète de la plaie. Toute intervention opératoire est suivie d'une période semblable d'immobilisation tardive avant le retour définitif du mouvement. L'embryon N*' 4, llic^, nous montrera un arrêt de même provenance, intéressant en ce qu'il se localise à la bande musculaire blessée. Nous avons exposé déjà, à l'analyse du mouvement, que le N" 5 (I^) cessa de bouger 3 minutes après l'ablation médullaire des 9^, 10^, 11^ et 12^ métamères post-auriculaires, 15 heures. Fixation au formol à 20 p. 100 ; depuis la 12® heure, aban- donné à lui-même, l'embryon n'a pas cessé ses mouvements, mais ceux- ci n'ont pas repris toute l'étendue qu'ils présentaient avant la blessure. L'opacité des tissus, voisine de celle-ci a envahi progressivement presque toute la tête, au moment de la fixation. No 3, EMBRYON lia:». Fig.'xxxTi (N^QAnatomie). =r-^^^-^ — 2.83. L.p.p. 25 juin 1919, 18 heures. Température : 17°. Les antécédents d'éle- vage ont été normaux, à une température oscillant lentement entre 14 et 200. Excitabilité au choc. Au moment où la tête est entraînée rapidement au delà de la ligne médiane par le second déplacement d'une boiterie, on intercale sur son trajet le plat d'une aiguiUe; l'ébranlement de la tête 392 P. WINTREBERT et de tout l'animal, par l'arrêt subit et imprévu du battement oépha- lique, n'a aucune conséquence arythmique; la propagation de l'onde se poursuit, la révolution suivante arrive à son temps et le renouvellement de la contraction opposée ne subit aucune atteinte, de sorte que le cycle des combinaisons motrices se poursuit comme si rien ne s'était passé Signalons une (;ause d'erreur possible. Si l'on choisit, pour faire l'ex- périence, la boiterie qui précède la conjonction, on doit se rappeler qu'un rapetissement normal de l'amplitude des déplacements va survenir du fait de la rencontre prochaine des contractions et ne pas mettre cette diminution d'ampleur sur le compte de l'ébranlement reçu; il est préfé- rable de choisir, pour opérer le choc, la boiterie qui succède à la conjonc- tion et qui va vers une égalisation plus parfaite du balancement (Voir tableaux des figures xiv, xv, xxji). N^ 4, EMBRYON IIx^ C^^^l A'ïiatom.ie). ■ ^ 2,65. L.p.p. . Etat du mouveinent avant rintervention. II. Irritabilité au choc de la tête (p. 392). III. Irritabilité au plissement de la région pédiculaire postérieure (p. 393). IV .Irritabilité à la piqflre : légère, d'un seul côté; plus profonde, dans la région moyenne sus-pédiculairc, etdans la région postérieure (p. 393). V. Effet tardif des blessures (p. 394). 26 juin, 11 ^. 30. Température : 16° C. I. Etat du mouvement avant V intervention. Le fond de la première courbe ne se trouve pas immédiatement derrière le cœur, au niveau du pli pédiculaire antérieur, mais plus en arrière, comme chez I^ (N° 5) ou SBa^ (N° 11, fig. xxxviii); c'est de là que part maintenant le mouvement, de sorte que la différence entre les moments des déplace- ments maxinmm de la tête et de la queue tend à s'effacer. L' embryon manifeste une jilus grande excitabilité qu'au début du stade I. Même en période tranquille, 15 minutes après l'ouverture de la coque, le cycle des combinaisons est fréquemment inversé; cependant la durée des deux révolutions latérales est presque égale, puisque la répétition de chaque attitude s'opère de 5 à 15 fois. Le nombre des oscillations qui composent les attitudes successives du cycle est assez instable. II. Irritabilité au choc de la tête. Il h. 50. Que l'on procède par la seule intercala ti on de l'aiguille sur le trajet du mouvement, ou qu'on la porte vivement à sa rencontre, on ne détermine aucun changement appréciable dans la suite des combinaisons ; la durée relative des deux rythmes n'est pas changée. CONTRACTION ANEURALE 393 14 'heures. Température : 15^,5 0. On coiiçitate le même état physiolo- gique avant l'exploration et la même absence de réaction au choc de la tête ; une seule fois se produit une inversion; mais, comme elle existe aussi sans motif expérimental, je la considère comme une coïncidence fortuite. III. Irritabilité au plissement de la région pédiculaire postérieure. Avec une spatule, on coude le segment post-pédiculaire, vers la G, à angle droit sur le pédicule, en l'élevant au-dessus de celui-ci. La réponse est positive ; il survient un dérèglement des rythmes et parti- culièrement du D, qui se précipite. Une flexion plus directement latérale, opérée au bout de quelques minutes de répit, détermine encore un accroissement de fréquence, accompagné d'une diminution d'ampleur des mouvements, sans que cette fois la répétition soit plus rapide à D. On remarque que la flexion n'a d'effet que si elle intéresse les myo- tomes du bord pédiculaire et si elle détermine leur tiraillement excessif ; elle ne donne aucun résultat si elle porte en arrière du pédicule, c'est-à-dire sur des myotomes inertes ; elle exerce plus d'action si le segment est tiré vers le haut, en même temps que courbé latéralement. On peut déduire de ces faits que seuls les myotomes déjà fonctionnels sont irritables à la traction et que leurs réactions, communiquées à toute la bande myotomique dont ils font partie, sont d'autant plus vives qu'ils sont plus tiraillés. IV. Irritabilité à la piqûre. 14: h. 30. La piqûi'e profonde de la queue et du tronc dans le segment post-pédiculaire et la piqûre profonde de la tête ne donnent aucune réponse positive ; le raclage, par la pointe de 1 aiguille, de la peau qui couvi'e le territoire musculaire actif n'apporte que le très léger surcroît d'activité générale obtenu par tout attouche- ment de cette zone ; la pression d'une aigmlle peu piquante, assez forte pour déprimer visiblement un myotome contractile, pendant 30 secondes, n'est suivie d'aucune accélération du rythme dans le muscle corres- pondant. Avec une aiguille très fine on arrive à traverser la peau jusqu'au muscle. M§,is l'absence de réponse aux pressions, attouchements, raclages, opérés précédemment, justifie l'emploi d'une spatule large pour ^ outenir le côté opposé à la piqûre et faciliter la pénétration mesurée de l'aiguille ; car elle ne peut causer de troubles. Voici les résultats d'interventions isolées et successives, faites à D par ce procédé : 394 P- WINTREBERT a) Une légère piqûre d'un myotome D du bord pédiculaire postérieur provoque une répétition plus fréquente de la contraction D qui se renou- velle deux fois pendant la révolution G, dont la durée ne change pas. On n'observe, au moment de la piqûre et pendant la phase d'accélé- ration des mouvements, aucune vague de contraction qui remonte à rebours, du point piqué vers le « myotome initiateur» situé dans la région pédiculaire antérieure. h) La piqûre de la région myotomique sus-pédiculaire T>, engendre un rythme très vif de toute la bande piquée, mais entraîne aussi un renouvellement plus rapide de la contraction du côté G, dont le muscle a été irrité peut-être par les battements tumultueux de la bande D. c) Une piqûre plus profonde, dans la région pédiculaire antérieure, provoque, au point lésé, une contracture qui courbe la tête à D et, pendant une minute, la tient couchée de telle sorte qu'on n'aperçoit que la face latérale G de l'extrémité antérieure, recourbée en crochet. Pendant ce temps, aucune ondulation T> ne se produit ; tandis qu'à G, le battement habituel continue, réduit par la déformation, mais survenant en temps nor- mal, sans modification du rythme. La contracture cesse peu à peu à D ; quand le crochet céphalique s'est détendu de moitié environ, les mouve- ments cloniques reprennent de ce côté, régulièrement espacés, avec leur allure ordinaire, d'abord faibles, puis de plus en plus puissants. d) Après trois minutes d'attente, on repique profondément la région moyenne sus-pédiculaire D et on détermine de même une contracture localisée à D, sans que le rythme G soit atteint; les mouvements rythmés D ne reprennent encore qu'au moment où la courbe tonique a déjà commencé à céder. Donc, la contracture provoquée dans les régions pédiculaires antérieure et moyenne interrompt le rythme du battement clonique. e) n n'en est pas de même en cas de contracture des myotomes pédi- culaires postérieurs, déterminée par une piqûre profonde ; car, pen- dant sa durée, les myotomes antérieurs de la même bande se contractent rythmiquement et à une aUure beaucoup plus vive qu'avant l'excitation. V. Effet tardif des blessures ; examen prolongé de Vembryon. 14 h. 50. L'embryon, laissé au repos pendant quelques minutes, après les piqûres profondes effectuées précédemment, cesse ses mouvements D et, pendant 20 minutes, ne montre plus qu'un battement rythmé imila- téral G. Il est probable que les blessures reçues sont la cause de cet arrêt ; mais il est curieux de constater qu'iZ reste limité à la bande lésée. En raison CONTRACTION ANEURALE 3Ô5 des simples piqûres efïectuées qui n'établissent avec l'extérieur que d'étroites communications, l'immobilisation s'est fait attendre plus longtemps que pour une large blessure ÇLlx^). 15 h. 15. Température 18°. Les mouvements sont bilatéraux. La commotion de la tête par la détente de l'aiguille courbée ne provoque aucune stupeur, aucune inhibition, mais, au contraire, une légère augmen- tation de rapidité dans le rythme. 15 h. 30. Le cœur présente, comme au début de l'observation, toutes les 6 secondes environ, une onde vermiforme ; mais la partie antérieure du ventricule ne bat pas. Les mouvements du corps sont réguliers et s'exécutent sur un mode semblable à celui de ce matin (11 h. 30); on constate, de même, une certaine instabilité dans le nombre des oscil- lations qui composent chaque attitude et des inversions assez fré- quentes. Les manœuvres d'exploration ne semblent pas avoir laissé de trace lointaine. § II VUE D'ENSEMBLE I. — Anatomie A. Apect général de l'embryon (p. 395) : 1" La tête ; 2° Enseîluro dorsale ; 3° Crosse caudale ; 4° Pi^idestal ccelo- mique ; 5" Ampoule cloacale. B. Caractères spéciaux (p. 397). — I. Le point de repère principal. — II. Le point de repère secondaire. — III. Les points de repère accessoires : 1° L'aspect en cuvette de la plaque auditive ; 2" La situation respective des cerveaux antérieur et moyen; 3" Le développement plus ou moins grand des cavités cœlomiques ; 4» L'évasement du quatrième ventricule ; 5° La saillie de l'arc mandibulaire ; 6" Le nombre des protover- tèbres; 7° L'accroissement de la région cardiaque; 8° Le pronéphros; 9" L'état du cœur. A. Aspect général de l'embryon, \^ La tète est plus longue qu'au stade H ; en dehors de sa croissance propre, elle s'allonge en arrière par la dilatation de la cavité péri- cardique, dont la paroi postérieure est refoulée de plus en plus sous la rampe occipitale ; le 7^ myotome qui termine ceUe-ci se trouve occu- per la 2®, puis la première place, derrière le cœur et le bord antérieur du pédicule. La limite tracée par Braus (1899) entre la tête et le tronc, passant entre le 7^ et le 8^ myotome, correspond, comme au stade H, à l'angle des régions ascendante antérieure et horizontale du dos. Au début du stade K (fig. xxxix), la limite entre la tête et le tronc se trouve juste au-dessus du bord pédiculaire antérieur. A l'extrémité céphahque, le prosencéphale se fléchit de plus en plus et à la fin du stade le mésencéphale devient la partie la plus saillante. 2o Ensellure dorsale. La première région du tronc, au-dessus du pédi- 39« WINTREBERT cule, présente au repos une ensellure plus profonde qu'?Ai stade H ; mais elle se réduit ensuite (fig. xxiv-xxx) par un abaissement graduel de la tête. Au début du stade K, on constate encore souvent la per- sistance d'une ensellure légère (fig. xxxix); au delà elle disparaît. La région placée au-dessus du bord postérieur du pédicule se hausse, d'autre part, au stade I en une légère saillie (fig. xxx) qui forme le début de la crosse caudale. 3° Crosse caudale. Le segment post-pédiculaire, convexe du côté dorsal, laisse retomber l'extrémité caudale inerte qui s'allonge rapi- dement ; elle traîne sur le vitellus à la fin du stade. 40 Le piédestal coelomique. L'embryon est soulevé au-dessus du gâteau vitellin par une dilata- tion spéciale de la région abdo- minale pédiculaire. Celle-ci com- prend 3 parties : une médiane, la cavité intestinale et deux laté- rales, les cavités cœlomiques ; ces trois cavités, pleines de li- quide, forment un coussin trilobé (fig. XXVIII et XXXV ), au-dessus duquel l'animal exécute ses mou- vements ; le pédicule, ainsi dis- posé, constitue en même temps une amarre solide qui ramène l'embryon, après chaque déplace- ment, à son point de départ. Les somatopleures et les splanchnopleures sont les feuillets qui rattachent la région moyenne du corps au vitellus et assurent sa fixité. Le plancher de la cavité intestinale est toujours constitué par l'endoderme vitellin, mais son territoire diminue à mesure que le pédicule se raccourcit dans le sens cranio-caudal. 50 L'ampoule cloacale, dite anale, née du bourgeon terminal au stade H (PI. et fig. XIX bis), s'en dégage au stade I et s'avance par suite de l'io. xxxix. Embryon fixé lx<> (l''^ étape du stade K, Anatomie). — '-^ = 2,48. Face latérale gauche vue L.pp. de haut, sur fond sombre, en lumière réfléchie : 4 poches branchiales ; oreille cupuliforme ; ébau- che de la fossette nasale ; 7 segments occipitaux au-dessus de la région cardio-branchiale; partie antérieure du pronéphros au 3"" segment du tronc. CONTRACTION AN EU RALE • 397 l'ajd jonction continuelle de nouveaux segments à l'extrémité postérieure du corps. Los figures xxv à xxx démontrent Téloignement progressif de la papille cloacale et l'augmentation de profondeur de la poche enclo- dermique, qui reste toujours au conte,ct de l'ectoderme. Avant le stade I, la queue n'existait pas et l'on ne pouvait parler d'intestin caudal ; tout l'intestin placé devant le bourgeon terminal appartenait au tronc. La queue, née plus tard, au début du stade I, s'allonge peu à peu derrière le cloaque et retombe légèrement vers le vitellus. B. Caractères spéciaux. Nous classerons ici les caractères morphologiques externes, d'après l'importance que nous leur attribuons dans la sériation. I. Le point de repère principal. Le stade est caractérisé par la présence de trois fentes branchiales (Balfour). II. Le point de repère secondaire. Il sert à évaluer le degré de crois- sance pendant le stade. Nous avons précisé l'âge par le cliiffi'e du rapport L.t. : L.pp. qui exprime la longueur totale, divisée par la longueur du segment post-pédiculaire ; sa valeur décroît sans cesse depuis le nombre 4, qui appartient au stade H, jusqu'au chiffre 2,5 obtenu à la fin du stade. Ainsi, chez l'embryon E (N° I, fig. xxiv), le rapport vaut 3,88 ; chez l'em- bryon IIx^ (N^ 7 Anatomie) il vaut 2,65. Entre ces deux extrêmes, l'embryon D (N*^ 2, fig. xxv) commence le deuxième tiers du stade avec un rapj)ort L.t. : L.pp. — 3,5) ; les embryons H (N^ 4, fig. xxvii) et W} (No' 7 Mouvement, fig. xxxvi) sont à l'entrée du 3« tiers du stade avec un rapport de 3,07 et de 3,15. La longueur de la queue, dont la naissance se produit au seuil du stade, et qui augmente progressivement, pourrait être prise aussi comme mesure du développement; mais d'une part, elle est incluse dans la longueur du segment post-pédiculaire, L.p.p., et, d'autre part, celui-ci présente encore une cause d'accroissement à sa partie antérieure, qui est le rétrécissement du pédicule. III. Les points de repère accessoires. Les autres caractères, visibles extérieurement, aident à fixer la phase de la croissance. 10 L'aspect en cuvette de la plaque auditive ; elle devient une cupule, à la fin du stade, par élévation et rapprochement de ses bords. 2° La situation respective, à l'avant de la tête, des saillies du cerveau antérieur et du cerveau moyen ; celui-ci, placé en arrière du premier au stade H et au début de I, devient proéminent à la fin du stade I. AKCH. DK ZOOL. EXP. KT GÉ\. — T. 60. — i'. 4. 27 398' P- WINTBEBERT 30 Le développeînent plus ou moins grand des sacs cœlomiques extra- embryonnaires suivant le mode indiqué par la succession des figures xxvi, xxvn et XXIX. 40 Uévasement de plus en plus prononcé du 4^ ventricule, dont les coins latéraux antérieurs font leur apparition à la fin du stade H. Ses parois latérales développent deux nouveaux renflements neuromériques, classés d'avant en arrière comme 1^^ et 5^ neuromères (fig. xxx et xxxi). Le premier, cérébelleux, comprend tout le bord antéro-latéral du 4e ventricule ; il montre à ce stade une subdivision postérieure, tro- chléaire ; le 5^ est V acoustique qui s'interpose tardivement entre les ren- flements des VII<^ et IX^" paires, A l'intérieur du rhombencéphale, les neuromères se présentent non comme des cavités ampullaires, mais comme des saillies ; leur étude complète a été faite chez le N» 5 (fig. xxxi). 50 Le premier arc, ou arc mandibulaire prend l'aspect d'un contrefort volumineux ; il est déjeté en dehors par sa partie supérieure, large et arrondie ; celle-ci contient l'ampoule dorsale de la cavité mandibulaire et présente par transparence, à sa région postérieure, la trace sombre d'un placode épihranchial appartenant au trijumeau (fig. xxix, xxx et xxxi). 60 Le nombre de protovertèbres, compté chez les cinq embryons décrits en prenant comme 7^ la dernière de la rampe cervicale, va de 37 à 48. En effet, en admettant que l'embryon F, qui a 32 protovertèbres au stade H, ait passé le milieu de celui-ci, on peut admettre la formation de 37 somites au seuil du stade I ; d'autre part, au début du stade K (fig. xxxix), un embryon dont le rapport L.t. :L.p.p. vaut 2,48, présente 50 protovertèbres ; on doit donc estimer à 48 environ le nombre de celles qui sont présentes à la fin du stade I. 70 L'augmentation de volume de la cavité péricardique est pour beaucoup dans le refoulement en arrière du pédicule ; les myotomes mé- totiques postérieurs semblent augmenter la longueur de la tête et s'avancer dans le cou, alors que c'est surtout le fond du péricarde qui recule, avec l'attache vitelline. Au seuil de l'étape K, le 7^ myotome, devenu pre- mier sus-pédiculaire aux deux tiers du stade I (N^ 4, embryon H), passe devant le pédicule et devient sus-cardiaque ; la limite postérieure du cœur, marquée par le bord antérieur de l'attache vitelline, correspond alors exactement à la frontière entre la tête et le tronc. 80 Le pronéphros est bien apparent ; il ne se présente plus seulement BOUS la forme d'une traînée opaque qui ne peut être aperçue qu'en trans- CONTRACTION AN EU RALE 391) parence, comme au stade H, mais sous l'aspect d'une massue allongée, saillante à V extérieur, placée au-dessus de la cavité cœlomique, sous le bord inférieur de la chorde dorsale. Il conserve ses rapports primitifs avec la base des plaques vertébrales 10, 11, 12 ; par exception, il commence au 96 somite post-auriculaire chez le N<^ 5 (fig. xxx), du côté gauche. Mais le cayial 2)T07iéphrétique s'allonge au fur et à mesure du développe- ment ; il va jusqu'aux 14^ et 15^ somites chez les N^ 1, 2, 3 (fig. xxiv, xxvi), jusqu'au 17^ chez le N^ 4 {fig. xxvii) ; il s'étend jusqu'au 20^ seg- ment chez le N^ 5 (fig. xxix et xxx). La saillie se montre en général le plus large en avant, où elle correspond à la fois aux tubules et au conduit, et s'effile en arrière, où elle représente seulement celui-ci. Le premier segment du pronéjDhros, 10^ segment post-auriculaire, 36 du tronc, est, en raison de sa fixité et de sa reconnaissance facile, un jalon très précieux pour l'estimation des changements topogra- phiques qui se passent au-devant de lui. On n'aperçoit pas encore l'ébauche des membres, ni le pli longitu- dinal du tronc dans lequel, d'après la conception de Balfour, ils se développent par l'effet d'une spécialisation localisée. 9<5 L'état du cœur est donné dans un chapitre spécial à la fin du stade I. II. — Physiologie A. Phénomènes généraux de l'activité mijscxjlaîrë. Tous les caractères fondamentaux, reconnus jusqu'ici au mouvement, persistent au stade I; nous n'indiquerons donc que les phénomènes qui peuvent nous apporter un supplément d'information. Le nombre des myotomes fonctionnels a augmenté et, pour ceux qui fonctionnaient déjà, l'intensité des contractions s'est accrue ; à mesm'e cjue l'embryon se développe, les mouvements deviennent plus amples, l'irritabilité plus vive (N° 4, p. 392), et les réactions aux stimulants plus faciles à apprécier. 10 Le rythme 1" Influence de la tempéfatuïe (p. 400). — I. Régularité de chaque rythme latéral dans un mUieu constant (p. 400) — II. Durée variable des révolutions aux mêmes températures, au même stade, chez des embryons diffé- rents (p. 4P0). — III. Effets du refroidissement à 8° C. (p. 400). — IV. Effets de l'augmentation de la chaleur à 20''-21<' (p. 401). 2^ Influence des excitations mécaniques (p. 401). 3" Influence des excitations cliimiques (p. 401). 4° Influence de la croissance sur la durée du mouvemert (p. 402). .".° Indépendance du rythme vis-à-vis d'obstacles qui limitent le mouvement (p. 402). 0° Modiflcations passagères des rythmes particuliers) en phase de conjonction (p. 403). 400 P- WINTREBERT lo Influence de la température. T. Régularité de chaque rythme latéral en milieu constant. La cons- tance du milieu a toujours pour conséquence une régularité invariable de la durée des révolutions et une reproduction régulière du nombre des attitudes qui font partie des cycles de combinaisons motrices. Dans les élevages obtenus, le seul facteur dont les variations bien que très légères aient un grand retentissement est la température. L'activité du muscle croît avec la température ; mais le degré de chaleur importe peu pour la régularité du rythme entre 8° et 20^, car s'il est constant, il permet la régulation jDarfaite des mouvements. Même au point « critique » de 20°, chez le N^ 7, nous observons une régularité étonnante dans le nombre des attitudes qui composent les cycles successifs ; ainsi, tandis qu'une première fois, 10 mouvements bilatéraux sont comptés pour un tour, à un autre moment, nous trouvons 11 oscillations dans un premier cycle, puis 10 dans le suivant. II. Durée variable des révolutions aux mêmes températures et au même stade, chez des embryons différents. — C'est une remarque que nous avons déjà faite ; les observations actuelles viennent la confirmer ; le rythme est de 4 temps chez le N^ 8, à 18°, et, à la même température, il est de 6 temps, chez le N^ 5 ; bien plus, il est encore de 6 temps, à 20", chez les N"^ 1 et 2, tandis qu'il a la même rapidité, à 16», chez lé N'^ 10. Nous ne donnons pas ces résultats comme devant infu'mer la règle posée par LoEB et EwALD (1913) à propos du fonctionnement du cœur chez Fun- didus heteroclitus depuis le début do son mouvement jusqu'à l'éclosion, à savoir que la fréquence des battements cardiaques à la même tempéra- ture, entre 5 et 30°, chez divers embryons, est presque identique ; cette règle ne vaut évidemment que dans la limite où les températures essayées n'altèrent pas le tissu musculaire; or, Fundulus est eury- therme, tandis que Scylliorhinus canicula est sténotherme. La zone des températures normales pour ce dernier est donc plus étroite ; d'autre part, pour vérifier cette règle dans cette espèce, il faudrait n'employer que des embryons développés dans des conditions absolument semblables et normales ; ce n'est pas le cas des nôtres qui ont été observés ici dans un autre but et dont le passé est différent. Ce passé détermine proba- blement la variabilité des réactions de chacun d'eux aux mêmes températures. III. Effet du refroidissement à 8°. a) Période de transition. Le N° 9 CONTRACTION ANEURALE 401 refroidi de 12° à 8° en 30 minutes, montre, en même temps qu'un ralen- tissement, un trouble réel du rythme ; comme dans les montées de tem- pérature, on constate une diversité d'effet sur les deux bandes musculaires ; les deux contractions se renouvellent chacune à des intervalles inégaux, mais la G se reproduit plus souvent et parfois deux fois pendant une révolution D. h) Période du maintien de la température à S». Chez le même embryon, après une demi-heure, les révolutions sont presque égales des deux côtés et durent 30 temps environ, alors qu'à 12° elles ne duraient que 10 temps ; en raison du ralentissement des contractions elles-mêmes, et du mouvement d'abduction, dont la durée est prise comme unité de temps, les temps à 8^ sont plus longs qu'à 12^, de sorte que la longueur réelle des révolutions est plus grande qu'il n'est indiqué par la simple compa- raison des chiffres inscrits. On peut estimer qu'au delà de 8o,le rythme, extrêmement ralenti, perd aussi sa régularité. IV. Effets de V augmentation de chaleur à 20° et 21o. Les résultats sont les mêmes qu'aux stades précédents. Vers 21^, des perturbations plus ou moins grandes du rythme se produisent (N^^ 1, 2 et 11). Mais nous remarquons aussi une accoutumance des embryons à 20^, période critique ; nous la voyons surtout chez Bï^ (N» 7) oii la constance de la température amène une régularité remarquable des deux rythmes. Nous l'observons aussi chez les N°^ 1 et 2. 2P Infl,uence des excitations mécaniques sur le rythme. L'action de débarrasser le N^ 4 des glaires qui l'entourent, les attou- chements légers du corps provoquent des perturbations, qui peuvent être mises sur le compte d'une excitation des myotomes touchés ; le même mouvement, par exemple, se répète avant l'exécution du mouve- ment inverse. Cette influence du frottement contraste avec la tolérance que manifeste l'embryon devant les obstacles qui ne font que s'opposer à ses déplacements (Voir § 5). L'exploration générale de l'embryon par les agents mécaniques est résumée plus loin (Voir : Irritabilité, p. 404). 30 Influence des excitations chimiques. Nous avons signalé, en passant, que la fixation du N° 1 avait déterminé des mouvements subintrants, tellement précipités qu'ils se répétaient avant la fin du retour passif et constituaient une trémulation continue. Nous pouvons ajouter que chez le N^ 7 un essai de diluer Veau de mer avec 402 P- WINTIiEBERT 1/3 d'emi douce a déterminé une irritation très grande, qui s'est manifestée de même par un va-et-vient rapide et continu des deux mouvements latéraux, sans pause intermédiaire. 40 Influence de la croissance sur la durée du mouvement. Nous avons pris comme unité de temps la durée de l'abduction céphalique ; or, celle-ci augmente d'amplitude avec l'âge et, la propaga- tion aidant, l'intervalle entre le départ de la tête sur la ligne de repos et le moment de la figuration maximale devient plus grand ; le battement céphalique s'amplifie, autant par le recul du fond de la courbe, comme nous le montrerons plus loin, que par la plus grande vigueur des myotomos antérieurs. Cependant, jusqu'au stade I, l'accroissement de l'ampleur n'est pas une cause bien sensible de modification dans la durée des temps ; mais à ce moment, et surtout à la fin du stade, on s'aperçoit en « période d'égalisation » que le va-et-vient du corps absorbe le temps de la pause intermédiaire ; la prolongation du retour passif de l'embryon diminue ou même efface le repos à la ligne médiane. On ne note plus, au lieu d'une pause, qu'un ralentissement du retour passif près de l'axe médian et la contraction de la bande opposée entraîne aussitôt le corps en sens in- verse. Nous assistons ainsi à une véritable transformation du rythme pri- mitif de 6 temps (aller, retour, pause, constituant les 3 temps de chaque mouvement latéral) en un rythme de 4 temps. Cet accroissement de durée du 1^^ temps, par suite d'une flexion plus étendue, ne change pas la durée de la contraction elle-même ni de la révolution musculaire ; c'est seulement la valeur de la courbe maxi- male et de notre unité de temps qui varie. On compte plus de temps à une même température, au stade G qu'au stade I ; par exemple, SBa3 (No 10, stade I; N^ 12, stade G) qui bat sur 10 temps, à I50C., au stade G, ne présente le même nombre de temps, au stade I. qu'à 120 0. 50 Indépendance du rythme vis-à-vis cVohstacles qui limitent le mou- vement. Cette indépendance est ici confirmée : a) par la limitation constam- ment égale du déplacement dans la région pédiculaire, aujourd'hui toute entière contractile, et h) par la limitation du déplacement caudal (N^^ 10 et 11) frottant sur le vitellus, sans qu'il survienne aucune réaction, aucune modification du rythme. CONTRACTION ANFAJRALE 403 6° Modifications passagères des rythmes ^particuliers , en phase de conjonction. Il s'agit toujours d'un phénomène d'arythmie légère qui peut être décelé, malgré son peu de valeur, au moment où les deux contractions sont sur le j)oint de se rencontrer. Ainsi nous constatons, chez le N'^ 11, à l'occasion d'une élévation de température graduelle de 16o à 20^, des inversions de rythme qui ne deviennent apparentes qu'au moment des rencontres de mouvement et qm déterminent une sorte de stationnement autour de la conjonction. Mais, chez tous les autres embryons décrits, le changement rapide des combinaisons, qui tient à une différence notable des deux rythmes, ne permet à aucune inversion de se manifester, malgré la température élevée à laquelle se fait l'examen (N"' 6-7). Nous avons, au stade H, au chapitre Irritabilité, donné la clef de ces hésitations ryth- miques qui ne deviennent apparentes qu'au cas oîi les deux révolutions latérales sont de durée jDresque égale, pendant les périodes de grande excitabilité voisines du dérèglement; la précision du point de repère de la rencontre totale permet alors de les mesurer (Voir p. 347). 2° L'amplitude égale des contractions libres, du même coté EN milieu constant. Elle se vérifie, chez tous les embryons, dans tous les mouvements libres, c'est-à-dire en dehors de toute compétition du mouvement inverse et à l'abri de tout obstacle extérieur. Le retour constant à la ligne médiane est la condition, sine qua non, de la mesure visuelle exacte du déjjlacement. L'ampleur peut différer entre les mouvements opposés. 30 La propagation de l'onde. Je montrerai, à l'étude des conditions actuelles du mouvement, le recul du point de déjmrt de la contraction jusqu'au 10^ segment, pendant le stade I. La propagation se fait à partir du myotome initiateur, en deux sens différents ; cependant on ne l'aperçoit nettement qu'en arrière. Elle se voit surtout chez le N*' 8, où la retenue très grande du pédicule causé une déviation moins accentuée du corps. Elle reste nettement can- tonnée, au début du stade, dans la région moyenne du pédicule ; elle s'étend chez le N^ 3 (%. xxvi et xxxiii) jusqu'au 18^ myotome, si l'on apprécie sa limite par la courbe de flexion et jusqu'au 16^ seulement si l'on en juge par l'examen microscopique du resserrement contractile. Chez le N<^ 8, à 16-180, elle s'étend, à la 76^ heure, jusqu'au bord postérieur de 404 P- WINTBEBERT l'attache vitelline, c'est-à-dire jusqu'au 1/3 postérieur du corps et à la 95^ heure, au début du stade K, jusqu'au 1/4 postérieur de l'embryon, en empiétant alors sur le segment libre post-pédiculaire. On peut donc dire cj^ue l'arrivée de l'onde propagée derrière le pédicule marque la fin du stade I, ainsi qu'en témoignent les figures xxxviiet xxxviii, qui donnent pour cette période le maximum de flexion. 40 L'autonomie de chaque bande musculaire. Elle est démontrée, comme auparavant, par la durée légèrement inégale des rythmes de chaque contraction latérale. Cette inégalité se montre assez forte parfois pour déterminer, même en milieu constant, des changements rapides des combinaisons motrices (N° 7). La différence des rythmes peut aller jusqu'cà rendre difficile la reconnaissance du sens dans lequel les attitudes se suivent (voir tableaux XIV, XV, XXIII). Les effets différents de l'élévation et de l 'abaissement de la température sur chacun des muscles latéraux confirment leur isolement physiologique mutuel. 5^ L'iRKITABILITÉ. I. A l'intcrimir de l'œuf. II. Exploration directe de l'embryon, après ouverture de l'œuf, par les agents mécaniques (p. 404) ; 1° L'exci- tabilité à la piqûre (p. 405) et la conduction de l'excitation (p. 406) ; 2° Le plissement forcé du corps (p. 406) ; 3" L'exploration par le choc (p. 407) ; 4° L'effet tardif des blessures (p. 408). III. Résumé des résultats (p. 408). I. A r intérieur de Vœnf intact. L'effet des températures variables et de quelques agents chimiques et mécaniques a été décrit à propos du rythme ; nous n'y reviendrons pas. II. Exploration directe de Vemhryoïi, après ouverture de Vœuf, par les agents mécaniques. Les résultats obtenus prouvent que seule l'excita- tion directe du muscle capable de se contracter produit une réaction. D'autres tissus sont peut-être fonctionnels et irritables dans l'organisme, à la même époque ; peut-être constituent-ils, comme le muscle, des réactifs isolés, mais aucun d'eux en tout cas, ni l'ectoderme, ni les tissus pro- fonds, ne sont capables de donner au muscle une incitation, ni de trans- porter une excitation jusqu'à lui. L'observation des mouvements a démontré, que la contraction garde, au stade I, les caractères qu'elle offrait aux stades précédents ; de même les réactions provoquées sont semblables pendant les 3 stades G, H, I. L'exploration faite actuelle- ment fournit seulement des réponses plus nettes parce que l'animal est plus développé ; mais elle s'adresse à une fonction dont les caractères I CONT FACTION AN EU RALE 405 essentiels n'ont pas changé depuis son avènement. Les différences entre les stades ne concernent pas la qualité des réactions ; elles se rapportent à leur grandeur, à leur intensité et dépendent de la quantité du muscle mise en jeu. L'irritabilité, au stade I, représente donc à juste titre celle de toute V époque OAitomatique. J'ai cherché les zones oxcitables par trois procédés, la piqûre, le choc et la plicature de l'embryon. P Uexcitahilité à la piqûre. J'ai parcouru avec l'aiguille, sans obtenir de réponse, même en traversant les chairs, tout le segment post-pédicu- laire de l'embryon SI (N'' 1, Irritabilité, N*' 3, Anatomie et mouvement) et de l'embryon IIx^ (N° 4, Irritabilité, N*' 7, Anatomie). Sur le reste du corps, les piqûres pénétrantes n'ont été efficaces que sur les terri- toires contractiles ; ainsi, au-dessus du pédicule, la piqûre n'a produit d'effet qu'à partir du point où le muscle était activé par l'onde propagée (166-186 myotomes chez SI, 20e-2ie chez IIxM. Sur les embryons, IIx et principalement chez IIx^ et IIx^ (N^' 4 et 2 Irrit.), la recherche a été poussée plus loin. Les frôlements, frottements, raclages superficiels, écorchures cutanées faites à la pointe de l'aiguille sur la zone musculaire sensible, n'ont provoqué aucune réponse localisée ou générale en rapport bien déterminé avec l'excitation. Ces manœuvres réitérées ont eu pourtant comme résultat d'accroître, comme le fait un voyage forcé de l'embryon dans la coque (N^ 4), l'activité générale du fonctionnement musculaire. Mais même une forte pression de la surface tégumentaire, qui suffit à déprimer et à déplacer visiblement les myotomes sous-jacents, n'obtient qu'un effet d'excitation générale modérée, se traduisant par un renouvellement un peu plus fréquent des mouvements. H n'en est plus ainsi si la pointe pénètre jusqu'au muscle en perçant la peau et l'on obtient, par ce procédé, des résultats précis et constants. Cependant on ne peut toujours graduer exactement la pénétration ; le plus souvent le muscle dilacéré répond par une contraction tonique localisée, pen- dant que le reste de la ba^ide musculaire précipite ses mouvements cloniques ; mais si Ton pénètre moins loin dans le muscle, si l'excitation, tout en étant portée directement sur lui, reste une piqûre et ne va pas jusqu'à la déchi- rure, elle ne provoque alors aucune contracture locale, et la bande muscu- laire correspondante montre, sur tout son territoire fonctionnel, un re- nouvellement de ses contractions 2 à 3 fois plus fréquent que celui de la bande opposée. Celle-ci n'est pas touchée par l'excitation et continue à battre sur le rythme précédent. Il m'a paru que les myotomes antérieurs, qui sont les 406 P. WINTREBERT plus actifs sont aussi les plus excitables ; ils répondent plus tôt et se contracturent plus vite. On obtient, plus aisément, une réponse uni- quement clonique en piquant les myotomes postérieurs. La contracture expérimentale des myotomes sus-pédiculaires antérieurs et moyens d'un côté empêche le battement rythmé de se produire de ce côté, tant que sa détente n'est pas commencée, tandis que la contraction tom'que des myotomes postérieurs s'accompagne très bien d'une répé- tition plus vive des mouvements cloniques dans la partie antérieure de la même bande musculaire (N^ 4, Irrit.). L'explication de cette différence est simple : quand les myotomes initiateurs du mouvement sont contractures, les postérieurs, ne recevant pas d'incitation, n'ont pas de contraction propre ; mais dès que la détente a commencé et qu'un battement clonique, si faible soit-il, réapparaît dans les myotomes anté- rieurs, la transmission de la contraction se propage jusqu'au bout. Chez l'embrj^on IIx^ (N^ 4, L'rit.) de la fin du stade, les myotomes post-pédiculaires, piqués, n'ont pas répondu ; le segment post-pédiculaire reste donc à la fois inactif et inexcitable pendant tout le stade I ; car l'aspect de la courbure de flexion et l'examen direct du resserrement myotomique ont déjà prouvé que l'augmentation graduelle d'ampleur du dépla- cement caudal doit être rapportée à l'action des seuls myotomes pédi- culaires, favorisée par le relâchement progressif de l'attache vitelline. La piqûre des segments du bord postérieur du pédicule est efficace à la fin du stade I, mais ce n'est qu'au stade K que les myotomes post-pédi- culaires se montrent irritables et se contractent. La conduction de V excitation. C'est le muscle qui conduit la stimula- tion et il le fait sens qu'on puisse invoquer, pour cette conduction, une cause mécanique ; les embryons N^* 2 et 4 (Irritabilité) n'ont montré, ni au moment de la piqûre myotomique postérieure qui provoque l'accé- lération des battements, ni pendant tout le temps de celle-ci, aucune onde propagée se dirigeant d'arrière en avant et pourtant c'est toujours le 10® myotome qui est le point de départ de la contraction; la communi- cation physiologique entre les derniers myotomes fonctionnels et le myo- tome « initiateur « fait soupçonner une continuité de substance entre les myotomes; mais celle-ci, au point de vue hisiologique, reste à démontrer. 2^ Le plissement forcé du corps n'a aussi d'action que dans la région des muscles actifs (N^ 4 Irrit., IIx^). H agit par tiraillement des muscles et provoque une réaction plus grande de la part du muscle placé sur la CONTRACTION ANEURALE 407 convexité de la courbe que de celui-ci qui est à l'intérieur de celle-ci. Effectué au niveau du bord postérieur du pédicule, il agit davantage si au lieu de plier le corps dans le sens latéral seulement, on élève en même temps le segment postérieur. Les réponses, toujours doubles dans ces manœuvres, paraissent d'autant plus vives de chaque côté que la bande musculaire correspondante à été plus distendue. Les résultats, acquis par ce procédé, sont moins nets qu'avec l'aiguille ; celle-ci, par son excitation plus précise, entraîne une réaction mieux caractérisée. , C'est à la plicature violente de l'embryon au niveau du bord antérieur du pédicule que l'on doit attribuer la contracture des myotomes de cette région lors du coup suivi de déchirure, asséné par l'aiguille sur la tête de IIx^ (No 2, Irrit.), de sorte que l'on peut, par le procédé de la plicature, et grâce à la traction qui en résulte, obtenir comme avec la piqûre, suivant le degré de l'excitation, soit la simple augmentation de rapidité du rythme, soit une contraction tonique localisée. Chez IIx^, la flexion tonique anté- rieure fut accompagnée de trémulations légères du tronc que l'on peut considérer comme une suite de petites oscillations cloniques précipitées des myotomes automatiques situés au delà de la zone de contrac- ture. 30 L'exploration au choc. Qu'un coup soit appliqué avec le plat de l'aiguille sur la tête ou la queue, qu'il soit modéré, dû par exemple au choc de la tête en mouvement sur l'aiguille ou plus important, du fait du transport de l'instrument à la rencontre de la tête mobile, ou même qu'il soit violent et alors consécutif à la détente sou- daine de l'aiguille préalablement courbée, du moment que, directement ou indirectement, il n'intéresse pas le territoire contractile, il ne produit pas d'effet; le rythme est intégralement conservé; et les combinaisons motrices se déroulent dans l'ordre qui pouvait être prévu avant l'appli- cation de l'excitant. Le choc de l'aiguille bandée sur la zone musculaire active est toujours efficace. H n'a pas seulement pour conséquence, dans la bande frappée, une contracture localisée et au delà, une fréquence plus grande des mou- vements, il cause une précipitation générale des deux contractions. Ce résultat tient à la violence de l'excitation, qui atteint à la fois les deux bandes musculaires, tandis que la simple piqûre ne produit qu'un effet unilatéral, limité à la bande musculaire directement lésée. De cette étude des stimulations mécaniques, résulte la notion générale que l'effet obtenu par des excitations sur le muscle est toujours uns 408 P. WINTBEBEBT augmentation d'activité. Je n'ai jamais observé d'arrêt ou de ralentisse- ment des mouvements après une stimulation. 40 L'effet tardif des blessures. Quand le revêtement est déchiré, la mise en présence directe des cellules et de l'eau de mer détermine des lésions locales qui se manifestent d'une façon apparente, aux alentours delà plaie, par une opacité des tissus ; cette opacité s'étend d'autant plus loin que la porte d'entrée est plus grande ; dans le cas de IIx^ (No|2, Irrit.) elle envahit finalemerit toute la tête. En dehors de cette action locale, due à la pénétration de l'eau de mer dans le corps, la même cause engendre des jihénomhies généraux qu'il faut bien se garder de rapporter à l'inter- vention mécanique. Au bout d'un temps variable, d'autant plus court que la blessure est plus grande, survient une diminution d'ampleur des mouvements qui aboutit rapidement à l'immobilisation (Embryon P, No 5, Mouv. ; et IIx^, No 2, Irritab.). Chez IIx^ (No 4, Irrit.) la locali- sation des piqûres, à la bande musculaire D, détermina la cessation isolée des battements de cette dernière ; mais le plus souvent, quand les blessures sont importantes, l'arrêt est général. Il ne s'agit pas de stupeur due à l'ébranlement mécanique, puisque les animaux continuent leurs mouvements pendant quelques minutes après l'intervention. La mise en communication des milieux intérieur et extérieur paraît être la seule cause de l'arrêt; cependant le mécanisme intime de sa production reste ignoré ; la part des phénomènes d'osmose, d'imbibition, de changements de composition des humeurs au moment de la cessation du mouvement, serait intéressante à rechercher. La reprise des contractions après un temps variable, indique peut-être une adap- tation des tissus à de nouvelles conditions ; pourtant, nous ne savons s'il persiste à ce moment une réelle modification du milieu intérieur, ou si déjà une cicatrisation rapide, en rétablissant la continuité du tégu- ment, permet le retour aux conditions antérieures. Dès sa réapparition, la contraction est rythmée et possède, pour la régularité de son renouvellement, les caractères essentiels qu'elle avait avant la blessure. Elle est manifestement phis faible au début; mais son intensité augmente rapidement. L'autonomie musculaire unilatérale s'affirme, dans certains cas, par la reprise isolée d'une seule contraction myotomique. Résumé des résultats. — Les embryons de Sélaciens, n'offrent pas, comme ceux des Amphibiens (Wintrebert 1904-1905-1920 e-g), une « irritabilité primitive aneurale de Tectoderme », mais ils possèdent, CONTRACTION AN EU RALE 409 comme eux, outre le cœur, un tissu irritable sans le secours du système nerveux : le tissu musculaire squelettique. Nous pouvons résumer ainsi les caractères de Tirritabilité mus- culaire aneurale de l'appareil locomoteur, par les agents méca- niques. I. Seuls les myotomes capables de se contracter sont excitables, II. Le muscle ne répond à une excitation mécanique que si elle porte directement sur lui. L'excitation faite à distance est sans effet ; les attouchements, raclages, pressions légères à travers la peau, augmentent son activité, mais d'une façon imprécise ; les excitations très efficaces sont les blessures profondes provoquées par la piqûre, le choc, la pression violente, la distension (plissement). III. La bande contractile pénétrée par raiguille conduit Vexcitation sans V intermédiaire d'une onde de 'propagation ; la piqûre postérieure d'une bande fonctionnelle actionne en effet le « myotome initiateur » antérieur, sans qu'une onde propagée à rebours, c'est à dire vers l'avant, puisse être décelée. IV. Le muscle directement excité a des modes de réponse variables suivant le degré de l'excitation ; ce sont : l'accroissement de la rapidité du rythme avec diminution de l'amplitude, les trémulations continues, la contracture. Cette dernière n'existe jamais qu'au point blessé et ne se propage pas. V. La contracture des derniers myotomes fonctionnels, consécutive à une piqûi'e, s'accompagne d'un redoublement de vitesse des oscillations antérieures ; mais celle des myotomes, qui sont le point de départ de la contraction dans la région pédiculaire antérieure, n'est jjIus accompagnée d'oscillations cloniques; les mouvements rythmés du même côté cessent et ne reprennent qu'à la détente de la contracture. VI. L'effet d'une piqûre légère reste limité à la bande myotomique piquée ; cette locahsation prouve l'isolement fonctionnel des deux bandes myotomiques latérales. VII. L'effet d'une excitation mécanique est toujom's accélératem*, jamais inhibiteur. VIII. L'immobilisation tardive n'est pas due à la stimulation mécanique, puisque celle-ci est toujours suivie d'une phase de mouve- ments ; elle est probablement le résultat d'une action chimique secondaire consécutive à la pénétration d'eau de mer par la blessure, à l'intérieur du corps. 410 P- WiNTREBERf B. Le mouvement actuel. 1° Aspect général de Vemhryon au repos. La j)osition de l'embryon, soulevé au-dessus du vitellus par le gon- flement de la cavité abdominale et des sacs cœlomiques et la forme des trois segments principaux, céphalique, pédiculaire et post-pédicu- laire, avec leurs longueurs relatives, sont indiquées sur les figures xxiv à XXXI et ont déjà fait le sujet des descriptions anatomiques. Nous ne donnerons ici que quelques détails particuliers. Le segment post-pédi- culaire, complètement inerte, subit, sans pouvoir se redresser, les défor- mations dues aux obstacles éventuels environnants. C'est ainsi que le No 5 présente, en même temps qu'une courbure en crosse, une déviation importante et passive de la région postérieure vers la gauche (fig. xxviii) ; elle résulte probablement d'un tiraillement glaireux, et confère au dépla- cement une allure un peu spéciale. Mais la déviation, souvent plus réduite, peut rester localisée au crochet de la crosse ventrale, et ne tenir qu'à son frottement sur le vitellus (fig. xxxvii et xxxviii). En raison de l'allon- gement rapide de la queue, il y a lieu de considérer comme régulier, à la fin du stade, ce frottement vitellin. Pendant la pause, au début du stade, un embryon, dont aucune extrémité ne touche le vitellus, revient naturellement à la ligne de départ, qui se confond alors avec la ligne médiane du corps. 2° Le territoire de contraction. Au début du stade, il s'étend jusqu'au 16^-186 segment; cette limite est placée au niveau de la jonction du 1/3 postérieur avec les 2/3 antérieurs de l'animal. Ace moment, le segment post-pédiculaire est peu développé, la queue proprement dite est presque absente et le pédicule est très étendu ; c'est pourquoi le domaine contractile se trouve éloigné du bord pédicu- laire postérieur (N^^ 1, 2, 3, fig. xxiv, xxv, xxvi). Vers la fin du stade, la motilité saisit les myotomes situés au-dessus de ce bord, les 20^, 21^ seg- ments (No* 4, 5, fig. xxvi, xxvin, xxix ; mais, en raison de l'allongement caudal concomitant, ceux-ci ne se trouvent encore qu'au début du 1/3 postérieur du corps. Chez le N^ 11 (fig. xxxvn), on a reconnu la fin du territoire contractile à l'entrée du segment post-pédiculaire, c'est-à-dire, après les 5/7 antérieurs du corps. Au début du stade K, la propagation s'étend nettement sur le segment post-pédiculaire, jusqu'au 1/4 postérieur de l'embryon, c'est-à-dire jusqu'au 24^ myotome. CONTRACTION AN EU RALE 411 L'exploration de l'ii-ritabilité par les agents mécaniques (voir Irri- tabilité) a confirmé que les myotomes actifs ne s'étendaient pas au stade I sur le segment post-pédiculaire. 30 U attitude de flexion maximale et le recul du « myotome initiateur » . A. Déplacement latéral : a) le foud delà courbe (p. 411) ; ft) la tête (p. 412) ; c) le segment post-pédiculaire (p. 412 B. Cabremcnt (p. 412). A. Déplacement latéral. L'aspect général du mouvement est le mieux donné par les diagrammes des figures xxxiv (N^ 4), xxxvii et xxxviii (No- 10 et 11). a) Le fond de la courbe. On y voit que le fond de la courbe est toujours rejeté du côté de la ligne médiane, opposé à la contraction ; mais malgré l'augmentation de vigueur des muscles et l'extension de la moti- lité, ce rejet n'est guère plus accentué que dans le stade précédent, sauf tout à la fin de l'étape où la courbe est plus arrondie (fig. xxxviii). Le pli angulaire, qui faisait suite précédemment au segment brancliio- céphalique fléchi, est moins visible. Le fond de la courbe maximale est toujours reporté à quelques myotomes en arrière du premier segment pédiculaire, qui se trouve être d'abord le 6®, puis le 7^. Le sommet de la courbe est déjà chez le N° 3, c'est-à-dire dans la première moitié du stade, entre le 8^ et le 9^ myotomes ; chez le N^ 4, à l'entrée du dernier tiers de l'étape, il se trouve entre le 9^ et le 10^ segments. La détermination du point culminant de la flexion est fort impor- tante, car il nous révèle la place du myotome initiateur, g' est-k-dire du muscle qui commence le mouvement ; sa contraction est la seule qui, théoriquement, se produise entière et complète dans la première courbe de flexion, ou courbe maximale, pendant que, de chaque côté de lui, l'onde propagée s'effectue ; sa détente est le signe de la dé flexion de la courbe maximale, malgré que dans les myotomes voisins le maximum de flexion s'établisse. Le point de départ de la contraction recule avec l'âge et les progrès de la croissance ; mais, en raison des résis- tances que le mouvement rencontre de la part du squelette céphalique et du pédicule dans les premiers stades, ce recul, et les manifestations qui en dérivent, sont peu apparents ; ils sont plus visibles au stade I qu'auparavant. Il est assez facile, sur le trajet de la courbe, en dehors de son sommet, de situer les points d'attache antérieur et postérieur du pédicule ; on le peut d'autant plus facilement que la ligature de l'attache est plus serrée, 412 P. WINTREBERT etj à ce point de vue, nous rencontrons quelques variations dans le comportement des embryons : le N" 10 (fig. xxxvii) les iiidique mieux par exemple que le N^ 11 (fig. xxxviii) chez lequel la courbe du mouvement est plus arrondie. De plus, on constate pour la première fois chez ces embryons, en arrière du pédicule, un pli comparable à celui du segment céphalique, qui indique V arrivée de la contraction dans les myotomes sus-pédiculaires postérieurs. Le segment postérieur ne suit donc plus passivement l'orientation du territoire pédiculaire con- tracté, il commence à se dévier pour son propre compte à la fin du stade. h) La fête fait, avec l'axe longitudinal médian qui représente la ligne de départ, un angle de plus en plus grand ; il est de 40° chez les N^^ 1, 2, 10, de 45° chez le N*' 11, de 60» chez le N" 8. Maintenant que la queue aussi fait avec la ligne médiane un angle mesurable, il est intéressant de noter la position réciproque des deux extrémités dans la flexion maximale. Chez le N° 8, à la fin du stade, l'angle qu'elles forment est proche de l'angle droit ; chez le N<^ 11, un peu plus jeune, il équivaut à 80°. c) Le segment p)Ost-pédiculaire augmente d'abord peu à peu sa dé- viation passive et nous venons de voir (No'* 10 et 11), qu'à partir des trois quarts du stade environ, on surprend parfois un déplacement actif déterminé par les myotomes de la marge pédiculaire. Il est rare cju'à la fin du stade, l'extrémité caudale allongée et re- courbée ne traîne pas légèrement sur le vitellus ; elle subit de ce fait une déformation passive qui la laisse, au repos, déviée d'un côté ou de l'autre de la ligne médiane. La contraction opérée du côté de la dévia- tion passive porte naturellement la queue beaucoup plus en dehors de la ligne médiane que la contraction inverse ; celle-ci ne peut même pas toujours corriger la déformation; et quand l'embryon s'incline de son côté, le contact vitellin est encore accru; c'est ce que nous voyons chez le N^ 10 (fig. xxxvii). Aux 3/4 de l'étape I (N^ 11), l'angle du déplacement caudal, par rapport à la ligne médiane, atteint 30 à 350. B. Cahrement. L'élévation de la tête, avec approfondissement de l'ensellure dorsale, est le résultat ordinaire de la conjonction totale. Mais l'élévation de la tête peut se combiner avec le mouvement latéral dans les conjonctions partielles. Cette variété de déplacement, qu'on peut désigner sous le nom de circumduction céphalique, s'aperçoit aisément quand l'attache pédiculaire est serrée (N^ 8). CONTRACTION ANEURALE 413 40 Le déterminisme des mouvements. a) L'aspect général de la courbe (p. 413). — b) La torsion sur l'axe longitudinal (p. 41:5). — c) Le rejet du fond de la courbe du côté opposé à la contraction (p. 413). — d) Le retour à la ligne médiane (p. 413) e) Le cabrement (p. 414). — /) La circumduction céphaliquc (p. 414). — g) Le frott:ment de l'extrénnité caudale sur le vitellus (p. 414). II impoi-LC, pour évaluer Timportance des conditions mécaniques, de se rappeler les diposition? anatomiques déjà signalées : les longueurs relatives des divers segments du corps, leur forme, leur situation, la constitution du pédicule à sa base et l'élargissement des cœlomes. Le mouvement est évidemment la résultante de l'effort des myotomes actuel- Iment contractiles, luttant contre diverses résistp.nces provenant de l'em- bryon lui-même ou de ses annexes. a) L'aspect général de la courbe. L'augmentation de la puissance con- tractive des myotomes placés derrière le 7^ et le relâchement léger du lien pédiculaire antérieur s'associent dans l'effacement du pli céphaliquc primitif (pi. c. fîg. xxxiv). Le fond de la courbe désigne, comme nous l'avons vu, la place du « myotome im'tiateur ». L'avènement de la con- traction, à la limite du segment postérieur libre, détermine l'apparition d'un pli à son union avec le territoire pédiculaire, immobilisé par l'attache vitelline (fig. xxxviii). b) La torsion sur Vaxe longitudinal accompagne, depuis le début des mouvements (fig. vu), le déplacement céphaliquc ; son déterminisme est ici le même qu'aux stades précédents. Le déplacement postérieur de la courbe est en général trop faible pour laisser voir une torsion semblable ; cependant on a signalé, chez le N" 4, une inclinaison dorsale vers le centre de courbure, alors que le déplacement caudal ne s'accompagnait pas de frottement vitellin ; elle résulte en partie du même mécanisme que la torsion céphaliquc ; il s'agit d'un raccourcissement des fibres musculaires plus étendu dans la partie myotomique sus-chordale que dan-5 la région inférieure fixée par l'attache vitelline. c) Le rejet du fond de la courbe du côté opposé à la contraction tient, comme auparavant, à la fixation de l'embryon, par les bords du pédicule plutôt que par sa partie moyenne, qui se relâche ; un début de relâche- ment des liens pédicu^aires est visible sur la figure xxxviir. d) Le retour à la ligne médiane. L'ensemble du pédicule constitue tou- jours une amarre longitudinale a-ihez ferme pour ramener au repos, dans son axe, la région moyenne de l'embryon, grâce à l'élasticité des tissus et particulièrement de la chorde dorsale. Ce retour constant à la ligne mé- AUC'U. DE ZiiOL. KXI'. ET GÉS. — T. 60. — F. 4. 28 414 P' WINTREBERT diane de départ est une circonstance heureuse ; c'est elle qui permet à l'observateur l'appréciation du rythme et la mesure de l'ampleur des contractions successives ; grâce à elle on peut affirmer que la répétition d'un mêyne déplacement prouve la puissance égale de chaque contraction unilatérale. * e) Le cahrement se rapporte aux mêmes causes qui ont été indiquées au stade H ; il est seulement plus apparent probablement en raison du déve- loppement, plus étendu des fibres musculaires au-dessus de l'axe chordal. /) La circumduction céphalique est une combinaison du cabrement et du déplacement latéral, dans les conjonctions partielles (N^ 8). g) Le frottement de V extrémité caudale sur le vitellus, par suite de l'allon- gement rapide de la queue et de la courbure en crosse du segment post- pédiculaire inactif, est un phénomène constant et régulier à la fin du stade. Il a pour conséquence de gêner le déplacement de l'extrémité, comme il est indiqué sur les figures xxxvn et xxxviii ; la liberté plus grande de mouvement, que jjossède la partie moyenne de la crosse, entraîne l'inclinaison de son bord supérieur du côté contracté, c'est-à- dire une torsion longitudinale d'origine étrangère à la constitution même de l'embryon, distincte de celle qui provient de la contrainte pédiculaire, et qui lui est surajoutée. C. L'apparition et le mode primitif des mouvements du cœur. I. L'apparition tardive de la motilité cardiaque. Embryons SIII, SI, Bl', SU, H (p. 415). II. L'état avancé de la différenciation anatomique au moment de l'apparition de la motilité. Embryons IIxS IIx", IIx' (p. 416). III. L'extension progressive de la contractilité sur le tubo cardiaque (p. 416). Il est fort intéressant de comparer le mode d'apparition des batte- ments locomoteur et cardiaque. Pour reconnaître les premiers batte- ments du cœur, j'ai ouvert l'enveloppe, enlevé rapidement les glaires du pôle dorsal et renversé l'embryon sur le côté; le cœur est alors regardé par transparence, soit sur fond clair, soit sur fond noir. L'ouver- ture de la coque m'a semblé nécessaire, en raison de la nécessité d'exa- miner la face latérale j)ar transparence, car les mouvements sont difficiles à voir si le cœur se projette sur le fond jaunâtre de la boule vitelline. Je ne pense pas que le contact direct de l'eau de mer à la surface de l'em- bryon puisse arrêter les battements en quelques minutes, car les bat- tements du cœur qui ont été notés, n'ont faibli et disparu qu'au bout de plusieurs heures. Le procédé adopté a donc l'avantage de montrer sans conteste les caractères de l'onde, sans être malfaisant. Il ne pro- ) CONTRACTION AN EU RALE 4l5 voque la cessation du mouvement que si l'on a blessé l'embryon, et, dans ce cas, le mouvement locomoteur s'arrête aussi (voir Irritabilité), mais l'arrêt est tardif. Le premier contact de l'eau de mer stimule l'acti- vité des myotomes et l'on peut penser que la même action excitante s'exerce aussi sur la libre cardiaque, I. — Un premier fait intéressant est la naissance tardive de la motilité cardiaque, par rapport à la motilité myotomique. L'apparition des batte- ments du cœur a lieu dans la seconde moitié et parfois au début du troi- sième tiers du stade I, quand le rapport L.t. : L.pp, est de 3 environ. La contraction du cœur survient ainsi trois jours environ après celle des premiers myotomes, à la température de 16 degrés; elle est contempo- raine de la contractilité des 19^ et 20^ myotomes du tronc. Voici le résumé de quelques observations : SIII (N^ 1 stade G, fig. vn). Pas de battement ; le tube cardiaque, presque rectiligne, montre un léger rétrécissement atrio- vent rie ulaire et une dilatation légère de la région auriculaire. SI (No 3, stade I, L.t. : L.pp. = 3,4 ; fig. xxvi et xxxiii). Pas de bat- tement ; l'oreillette et le ventricule sont très distincts ; la première est notamment plus large que le second ; l'orifice auriculo-ventriculaire est étroit. L'embryon, sorti de la coque en très bon état, manifeste, au moment de l'examen, des mouvements locomoteurs très réguliers. Bl^ (N° 7, stade I, 51^ heure du mouvement locomoteur. Temp. d'éle- vage : 2Q0 C. environ, seconde moitié du stade I, L.t. : L.pp. = 3,15). Pas de battement, 3 minutes après l'ouverture de la coque, c'est-à-dire le temps de dégager l'œuf des glaires et de le tourner sur le côté. Les mouvements locomoteurs continuent. Le cœur se présente sous l'as- pect d'un tube légèrement contourné. SU (semblable à P du stade I (fig. xxviii à xxxi), c'est-à-dire appar- tenant au troisième tiers du stade, L.t. : L.j)p. = 2,93. Temp. 16^ C). Contraction lente vermiforme du tube cardiaque, partant, toutes les 5 à 6 secondes, de l'extrémité vitelline de l'oreillette. H(No 4 du stade I, L.t. : L.pp. = 3,07, fig. xxvii et xxxiv). Le cœur bat ; il est contourné et présente une différenciation déjà nette en oreillette et ventricule ; des ondes faibles et de venue irrégulière sem- blent être les premières manifestations fonctionnelles, altérées peut-être dans leur rythme par l'isolement d'une plage blastodermique dorsale, qui a permis le' renversement facile de l'embryon et l'examen du cœur par transparence. 416 P. WINTREBERT II. — L'apparition des battements se produit donc dans la seconde moitié du stade I; mais un second fait découle de ces observations, c'est Vétat avancé de la différenciation anatomique au moment de Vappa- rition de la motilité; non seulement le tube cardiaque est contourné, mais déjà le ventricule et l'oreillette, distincts l'un de l'autre, forment des cavités séparées par un orifice étroit, pendant que le sinus n'est encore qu'une région mal délimitée de l'oreillette. III. — Poursuivons notre enquête. Les embryons IIx, dont l'irrita- bilité myotomique a été explorée par les agents mécaniques, apportent quelques précisions nouvelles. IIx^ (N^ 2, Irritabilité ; L.t. : L.pp. = 3) ne montre pas encore, à 160 C., de battement cardiaque. IIxo (No 6, Anatomie, fig. xxxii; N» 3, Irritabilité; L.t. : L.pp. = 2,83) a un cœur mobile qui, à 17° C, présente toutes les 3 secondes environ, un léger mouvement péristaltique du sinus et de l'oreillette; l'onde ne paraît pas se ^yropager sur le ventricule, plus étroit que la cavité atriale ; le canal bulbaire, qu'on ne distingue du ventricule que par son calibre plus étroit et son orientation différente, ne présente aucune contraction. IIx^ (No 7, Anatomie; No 4, Irritabilité; L.t. : L.pp. = 2,65) montre les trois cavités cardiaques animées d'une onde vermiforme, à point de départ sinusien ; la propagation envahit le ventricule, mais s'arrête au premier tiers du bulbe. Ces dernières constatations montrent que la contractilité n'est pas établie d'emblée jusqu'au bout du tube cardiaque ; elle est limitée d'abord à la moitié postérieure, au sinus et à l'oreillette, puis envahit pro- gressivement le ventricule et le bulbe ; elle avance peu à peu sur celui-ci, comme on voit, sur les bandes myotomiques, l'onde propagée gagner des myotomcs de plus en plus éloignés de la tête A la fin du stade I, le tiers postérieur du bulbe est seul à se contracter. D. La durée du stade I et l'estimation de l'âge des embryons EXAMINÉS. I.(Eufsd'été(p. 417). — Embryons2(p. 417), I'(p. 418), Hx» (p- 418), IIxMIx' (p. 41'J), 131' (p. 41'J), h (p. 419 II. Œufs d'hiver (p. 420). — Embryons SBa', SBa', Slîa' (p. 420). III. Comparaison avec les résultats de Van Wïhe sur Pristvurus (p. 420). Nous avons reconnu que les embryons à trois fentes branchiales pouvaient être sériés par le rapport L.t. /L.pp., dont* la valeur oscille entre 4 (stade H) et 2,5 (stade K). Au premier tiers de l'étape est CONTRACTION ANEVBALE 417 l'embryon E (N» 1, Anat. ; r = 3,88) ; à l'union du premier et du second tiers pe placent les embryons D (N» 2, Anat.; r = 3,5) et SI (N^ 3, Anat.; r = 3,4) ; daiL? le second tiers et près du troisième, est classé l'embryon H (N» 4, Anat. ; r = 3,07; entre les 2e et 3^ tiers, se classe 11x2 (No 2, Irrit. ; r = 3) ; enfin les I^ (N» 7, Anat. ; r = 2,93), IIxo (No 6, Anat. ; r = 2,83) et IIx^ (N» 7, Anat.;r = 2,65) appartiennent au 3e tiers. Mais ce rapport ne sert à classer que les embryons sortis de l'œuf, c'est-à-dire destinés à périr à brève échéance à la suite de leur contact avec l'eau de mer. Au point de vue physiologique, le problème utile, mais en même temps difficile à résoudre, est de mesurer Vâge des embryons dans Vœuf. Pour y parvenir, nous allons examiner certains embryons, pris comme repères, chez lesquels nous avons noté la date d'apparition du mouvement, la température d'élevage et les caractères morphologiques visibles, tant à travers la coque qu'après fixation. Par comparaison, nous pourrons ensuite évaluer approximativement, la marche de la croissance, aux diverses températures, chez tout embryon vivant dont les conditions de culture, et l 'instant du premier mouvement sont connus. La température étant le facteur le plus important de la rapidité du développement, nous séparerons les œufs en deux groupes, suivant qu'ils ont été étudiés à une température élevée, ou à une température voi- sine de la normale, c'est-à-dire en été ou en hiver. I. Œufs d'été. Les embryons dont l'examen est le plus précieux, sont l'embryon z, sacrifié au début du stade K, l'embryon P et les trois embryons IIx. N*^ 8 (Mouv.) Eînbryon z. Il a été fixé à 98 h. 45, c'est-à-dire à 4 jours et près de 3 heures du premier mouvement. A ce moment, il présente l'indication de la 4e fente qui marque le commencement du stade K. L'éle- vage ayant été fait à I6-I80, nous estimons qu'à cette température ( 170 en moyenne) le stade K est atteint vers la fin du 4e jour. Nous avons, d'autre part, fixé à la 48e heure la fin du stade H, dont le début coïn- cidait avec la 3e heure du mouvement ; la durée moyenne do chacun dc3 stades H et I peut donc être évaluée, p?/i' cette seule ob.:ervation, à environ deux jours pour une température moyenne de 17° C, étant entendu que les deux premières heures du mouvement appartiennent à la fin du stade G. 418 P. WINTREBERT No 5 (Anat. et Mouv.) Embryon P. Température moyenne : 18oC. Fixé 72 heures après le début de la motilité, il appartient déjà au 3^ tiers du stade I (fîg. xxviii à xxxi, L.t./L.pp. = 2,93) ; son développement, rapide, aurait certainement atteint le stade K avant la fin du 4^ jour, à la même température. N^^ 2, 3, 4 (Irrit.) Embryons IIx. Ils ont été élevés dans les mêmes conditions ; nous avons, chez eux, fait coïncider autant que possible les observations biologiques et anatomiques. Voici d'abord les conditions de culturelles trois œufs furent reçus de Roscoff le 21 juin, à 15 heures, après un voyage de 4 jours ; à l'arrivée à la Sorbonne la température de l'eau était de 18°; à 19 heures, elle montait à 19» ; les œufs furent déposés à plat, dans un large cristallisoir, sous une couche de 6 cent, d'eau ayant servi au transport ; puis ils furent relégués dans une chambre obscure et close, à l'abri des variations brusques et étendues de la chaleur. Les températures, des jours suivants, prises dans l'eau du cristallisoir, furent : JOURS 9 HEURES 19 HEURES 22 juin 19° 20O 23 juin 180 5 190 5 24 juin 180 170 5 25 juin 170 170 26 juin 160 1505 La chaleur fut donc lentement décroissante depuis le début de l'ob- servation, suivant en cela, mais sans à-coup, la baisse générale extérieure de la température. Le début du mouvement, variable suivant les embrj^ons, commença pour le plus précoce, IIxo, 23 heures après son arrivée au Laboratoire. lixo. Début du mouvement : 22 juin, à 14 heures ; fixation : 25 juin, à 18 h. 30; durée du mouvement : 3 jours 4 h. 30, m. Anatomie : L.t./L.pp. = 2,83 fig. XXXII. Il se place donc après P (L.t./L.pp. = 2,93), dans le 3^ tiers du stade I. ITx^. Début du mouvement : 23 juin, à 9 heures; fixation : 26 juin, à 15 heures ; durée du mouvement 3 jours 6 heures. Anatomie : L.t./L.pp. = 3. Ce rapport le place au seuil du derniei' tiers du stade I; malgré que l'embryon soit d'une heure et demie plus vieux que le précédent, il montre donc une évolution un peu moins avancée ; CONTRACTION ANEURALE 419 la diminution légère de la chaleur est la cause de ce retard. IIx^. Début du mouvement : on constate, le 23 juin à 9 heures, que le mouvement est assez accentué pour se transmettre jusqu'à mi-corps ; l'embryon est alors arrivé au stade H et le début peut être considéré comms ayant eu lieu 2 heures avant, vers 7 heures. Fixation : 26 juin, à 16 h. 20'; durée approximative du mouvement : 3 jours, 18 h. 30. Anatomie : L.t./L.pp. = 2,65. Le rapport, au seuil du stade K étant 2,50, nous constatons, comme pour l'embryon z, que la fin du 4^ jour, à une température moyenne voisine de 17°, marque la terminaison du stade I. Les résultats dans leur ensemble sont donc suffisamment concordants pour nous permettre de conclure qu'à 17^0. de moyenne, l'embryon met deux jours à traverser le stade I, de même qu'il a mis 2 jours, à la même température, à passer tout ensemble la phase mobile des stades G et H. Ces conclusions sont appuyées par l'examen des embryons Ix^ et Ix^, de la même série que les IIx, et qui, fixés à 4 jours 12 heures de la moti- lité, sont au début du stade K; nous les retrouverons dans un autre mémoire, à l'étude de la liaison neuro-musculaire. Les autres embryons d'été du stade I viennent inscrire leurs carac- tères dans des limites de temps voisines des précédentes, en rapport avec la température d'élevage. Le N° 7 (Mouv.) EmhryonW}, élevé à 20^, se place déjà à la 51^ heure delà motilité (fig. xxxvi, L.t./L.pp. = 3,15) à la fin du 2® tiers du stade I; on saisit donc ici l'influence très considérable de la température sur la vitesse du développement. Le No 6 (Mouv.) Embryon h, élevé à 180-19^ et fixé à la 67^ heure du mouvement (fig. xxxv, L.t./L.pp. = 2,8) est plus avancé. Il résulte de ces observations que V apparition des poches branchiales, sur laquelle est fondée la sériation, nest pas notée au même moment par V examen externe et par V étude histologique ; celle-ci la dénonce plus tardivement. La transparence des tissus démontre donc la présence d'une poche sur l'embryon entier, avant que l'étude des dispositions structu- rales permettent son signalement sur les coupes. Nous ne devons pas nous baser sur le seul examen histologique pour définir exactement un stade du développement, mais il y a peut-être avantage à effectuer la sériation par les seuls caractères externes, afin d'obtenir un classe- ment rapide uni vo que et précis. 420 P. WINTREBERT II. Œufs d'hiver. Les indications, recueillies depuis le stade G, montrent que les N^' 10 et 11, SBa^ et SBa^, ont évolué à une température de 15» environ, supé- rieure de 10 à la température moyenne des fonds où les œufs sont dépe- sés dans la Méditerranée ; ils ont subi, côte à côte, les légères fluctua- tions du milieu ambiant, en l'espèce, une chambre fermée et obscure, et quelques montées de chaleur passagères au moment de leur examen jour- nalier. Les renseignements décisifs sur l'état anatomique au stade I font défaut, parce que ces embryons ne furent sacrifiés qu'au stade K ; cependant nous avons, pour nous guider, la vue dorsale de l'embryon dans la coque et particulièrement la longueur relative des divers seg- ments, traduite sur les diagrammes du mouvement (fig. xxxvii et xxxviii) 5 jours 18 et 19 heures après le début des contractions. Nous avons noté que leurs mouvements commencent au même moment, le 10 janvier 1918, à 15 heures. Les caractères présentés pendant le stade K, à l'ouverture de l'œuf, permettent encore d'évaluer a posteriori la date approximative du passage entre K et I. Nous déterminons, par ces moyens, que le N» 10 atteint le début du stade K 8 jours 6 heures après la naissance du mouvement, et nous estimons qu'à la date où son obser- vation est exposée (5 jours et 19 heures), il se trouve aux 2/3 du stade I ; en effet, si l'on prend le rapport L.t. : L.pp. sur son diagramme (fig. xxxvii) on obtient le cliiffre 3. Le No 11, SBa^, a un diagramme (fig. xxxviii) qui le désigne comme un peu plus avancé, car le segment post-pédiculaire n'est pas contenu 3 fois dans la longueur totale. Le No 9, SBa^, cultivé entre 10 et 12°, c'est-à-dire à une température plus basse que les deux précédents, inférieure à celle du milieu naturel, a été observé 5 jours 2 heures après la naissance du mouvement ; à ce moment, il appartient encore au début du stade I. III. Comparaison avec les résultats de Van Wyhe sur Pristiurus. Nous pouvons comparer l'ensemble de ces résultats à ceux de Van Wyhe (1889, p. 140), obtenus sur un Pristiurus qui fut observé, du 27 mars au 23 avril, à une température de 16», probablement à travers une coque exceptionnellement transparente ; l'auteur ne donne aucun repère anatomique, aucune désignation de passage aux stades H et I de Balfour, mais seulement quelques indications de longueur et de mouve- CONTRACTION ANEURALE 421 ment. Les stades H et I paraissent durer chacun 3 jours ; nous avons estimé que le stade H commence quand l'auteur déclare, le 6 avril, que « la tête bouge )), et finit le 8, quand « la queue bouge « ; la longueur pendant le stade oscille entre 4 et 5 mm. Pour nous, le stade I de cet embryon va du 9 au 12 avril; il débute quand l'embryon a «presque 5 mm. » et finit quand il a « plus de 5 mm. » Ces estimations contribuent à souligner Yinfi.uence très considérable de la température sur le développement des Sélaciens : ainsi, à 15°, SBa^ (N^ 10, stade I) met, depuis l'apparition du mouvement, 8 jours 6 heures à atteindre le stade K; à 16°, l'embryon de Van Wyhe met 6 jours à parvenir au même point; à 17o, notre embryon z (N» 8, stade I) met 4 jours à parcourir les mêmes étapes H et I, à raison de 2 jours environ par étape, la motilité pendant le stade G ne durant que 2 heures. Ainsi pour un abaissement de température de 2 degrés, de 17^ à 15^0., la durée des stades serait doublée. Une remarque intéressante, au point de vue des rapports qui lient les constatations recueillies par l'examen externe et les renseignements donnés par les coupes, a été faite à propos duN° 6 (Mouv.). Les coupes ne signalent la 3^ poche branchiale que comme esquissée ; or, les carac- tères extérieurs de l'animal vivant (fig. xxxv) montraient que le segment postérieur au pédicule mesurait plus du tiers de la longueur totale et que par conséquent, l'embryon est à la fin du stade I; la 3^- poche bran- chiale était très visible. Une constatation semblable a été ieite chez l'embryon z (N^ 8, Mouv.) pour l'apparition de la 4*^ poche branchiale ; c'est à peine si, sur les coupes, on voit, à son niveau, l'ébauche d'un recessus de la membrane phar5aigienne vers l'extérieur, alors que l'em- bryon entier montrait nettement, par transparence, sa 4'^ fenêtre bran- chiale. CHAPITRE V Discussion des résultats Les auteurs qui, jusqu'à présent, ont examiné les premiers mouve- ments des Sélaciens n'ont pas reconnu que la contraction était aneurale et rjrthmée ; nous n'avons donc pas à discuter cette question avec eux. Pour n'avoir pas suivi séparément le mouvement de chaque bande musculaire, ils n'ont pas observé son rythme réguher ; pour ne l'avoir 422 P- WINTREBERT pas analysé suivant l'état variable ou constant du milieu, ils n'ont pas constaté son indépendance vis-à-vis de tout autre fonctionnement parti- culier de l'organisme. Le problème de l'origine nerveuse ou musculaire de la contraction domine le débat. Sans entrer dans le vif de la querelle entre myogénistes et neurogénistcs, et sans entamer d'une manière prématurée une discus- sion qui sera mieux placée après l'exposé complet des documents, je puis cependant faire remarquer que la connaissance des mouvements rjrthmés du corps, chez Scylliorhinns canicula, fournit un nouvel argument à ceux qui considèrent la substance musculaire comme capable d'une contrac- tion propre en dehors du système nerveux. L'observation et l'expérience viennent à l'appui de cette assertion et il peut être intéressant de définir la part qui revient à l'observation dans la démonstration de l'origine mus- culaire des premières contractions. On pourrait imaginer qu'il existe, pri- mitivement, deux systèmes nerveux fonctionnels, un droit et un gauche, absolument séparés l'un de l'autre et dirigeant les mouvements indépen- dants de chacune des bandes myotomiques latérales, et on pourrait supposer qu'à l'époque où le balancement égal vient prouver, par sa per- sistance, l'établissement d'une coordination bilatérale, les deux systèmes nerveux, auparavant distincts, se fusionnent. Mais l'examen des faits n'est pas d'accord avec cette hypothèse ; en effet, au début du stade K, quand les modifications du mouvement primitif se produisent, les pre- miers signes de liaison bilatérale des mouvements sont précédés par une phrase brève de troubles rythmiques unilatéraux ; on observe des inversions fréquentes dans le cycle des combinaisons motrices, des répétitions d'une même contraction avant l'exécution de la contraction opposée, des augmentations anormales de la durée des pauses, qui ne dépendent pas d'une cause extérieure, telle qu'un changement de milieu. Il semble dès lors justifié d'attribuer ces troubles à une cause interne, à l'action nerveuse. Nous aboutissons ainsi à découvrir, pendant une courte période, les manifestations de deux actions nerveuses unilatérales ; mais alors, la notation des changements d'allure qu'elles provoquent nous interdit de rapporter au système nerveux le rythme absolument régulier qui caractérise les premiers stades du mouvement. L'analyse détaillée des faits, la succession des phénomènes suivie sur le même embryon, conduisent donc à la preuve de l'origine musculaire des contractions étudiées pendant les stades G, H, I. L'observation est le seul procédé qui permette de suivi'e les événe- CONTRACTION ANEURALE 423 ments de bout en bout et d'en donner une vue d'ensemble. L'expérimen- tation apporte plutôt la solution de problèmes particuliers; elle dégage aussi de toute incertitude la nature musculaire de la contraction primitive, en montrant sa reprise après l'ablation des centres nerveux. A l'époque ou apparaissent les premiers battements du corps, des tract us protoplasmiques radiculaires relient déjà la moelle et les myo- tomes. Il importe de connaître quelle est leur valeur fonctionnelle. Paton (1907, p. 573) est d'avis qu'ils sont susceptibles de transmettre aux muscles les impulsions nerveuses, et Graham Kerr (1919, p. 112) se fonde sur cette opinion pour supposer que le développement des neuro- fibrilles est le résultat du passage habituel et réj)été des impulsions dans ces rudiments de troncs nerveux. Les expériences que j'ai faites sur les Sélaciens et les Amphibiens ne me permettent pas de penser ainsi. Chez les premiers, le fait que la contraction rythmée des myotomes se produit en l'absence des centres nerveux, montre qu'aucune incitation ne provient de cette source. Chez les Amphibiens, j'ai montré qu'un embryon, arrivé au stade de croisement sous-branchial des extrémités (1914' c,) dont toute la surface cutanée est irritable et qui se contracte des premiers myotomes de la moitié postérieure du corps, ne manifeste plus, dans cette moitié postérieure, d'irritabilité tégumentaire, ni de réponse motrice réflexe, quand elle a été isolée, par une section, de la moitié antérieure (1918 b). La théorie des « ponts nerveux protoplas- miques » de Hensen, même modifiée dans le sens de Kerr, doit donc être abandonnée au point de vue fonctionnel. Les auteurs qui m'ont précédé dans l'étude du mouvement chez les embryons de Sélaciens ont donné sur quelques phénomènes connexes et sur certains faits biologiques, dont j'ai fait état, des informations intéressantes à contrôler. Pour la partie anatomique, je renvoie le lec- teur à la comparaison des embryons avec les types classiques, à propos desquels les opinions divergentes ont été exposées. Je rappelle que Bal- four (1876) a, le premier, attiré l'attention, sur le caractère embryon- naire spécial et le rôle respiratoire des premiers mouvements. (Voir Intro- duction.) J'envisagerai d'abord la question de l'apparition des mouvements locomoteur et cardiaque et je critiquerai ensuite le travail de Paton (1907), où les mouvements des embryons de Sélaciens ont été décrits. Baleour signale seulement au stade I les premiers mouvements spontanés, dont nous avons remarqué l'apparition dès la fin du stade G. 424 P- WINTREBERT D'après lui, ils «consistent en quelques excursions rapides de l'embryon d'un côté à l'autre, produites par un mouvement serpentiniforme du corps » (p. 291). Cette description ne peut s'adresser qu'à un mouvement déjà bien développé; car les premiers déplacements ne présentent pas d'ondulation. Cependant l'auteur signale plus loin (p. 322), au stade H, la j)résence de muscles longitudinaux striés des protovertèbres qui (( presque en même temps deviennent fonctionnels ». Van Wyhe (1889, p. 490) note les premiers battements du cœur sur l'embryon de Pristiurus dont j'ai parlé, à propos de la durée du stade I; ils surviennent quand la longueur atteint presque 4 mm. ; la tête bouge ensuite, le lendemain, quand la longueur dépasse 4 mm., et la queue remue 2 jours après, alors que l'embryon a environ 4 mm. 5. Pour cet auteur, la contraction cardiaque précède la contraction myotomique ; j'ai constSité, au contraire, chez Scylliorhinus, qu'elle est beaucoup plus tardive. Paton (1907) se borne aussi, dans le classement des embryons qu'il décrit, à des mesures de longueur, c'est-à-dire à des approximations ; il voit (p. 537) le mouvement locomoteur apparaître occasionnellement chez Pristiurus quand il atteint 3 mm. 5, et se présenter d'une façon régulière, avec des caractères définis à 4 mm. ; il ne semble pas avoir observé le tout premier début, car il signale, à l'apparition du mouve- ment, un déplacement caudal. Pour le cœur, il indique (p. 539) qu'à 4 mm., les battements sont si bien développés qu'ils peuvent être aisément reconnus, mais il ajoute plus loin (p. 543), qu'il n'a noté que deux ou trois fois, à 4 mm., une activité cardiaque indubitable; de plus, il ne commence à compter le nombre des battements, dans son tableau de la page 544, qu'à partir de 5 mm. D'après mes résultats, les premiers mouvements du corps se présentent à la fin du stade G ; l'embryon de Scylliorhinus canicula possède alors 3 mm., 3 à 3 mm, 5; mais ces indications de longueur sont tout à fait secondaires en face des véritables caractères anatomiques que j'ai décrits, les seuls capables de fixer l'étape du développement. La mobilité du cœur est plus tardive que ne le disent les auteurs précédents ; il bat, au plus tôt, dans la seconde moitié du stade I (Voir § C, p. 414), c'est-à-dire 3 jours environ, a,prè3 l'apparition du mou- vement locomoteur, à 17° C; déjà l'organe contourné en S, montre les cavité? auricukirc et ventriculaire ; le sinus commence à se différencier de l'oreillette, mais le bulbe n'est pas encore distinct du ventricule. A ce CONTRACTION ANEURALE 425 moment, lembryon a près de 5 mm. ; ce renseignement de la longueur n'est donné que pour permettre une comparaison avec les indications semblables des auteurs précédents. Paton, pour examiner les caractères du mouvement locomoteur, après un vain essai d'observation à travers l'enveloppe opaque, a sorti les œufs de la coque, et les a plongés dan3 une solution de NaCl normale ou de NaCl à 3 1/2 p. 100. J'ai, au contraire, observé les embryons dans leur enveloppe, grâce au procédé de V ex foliation superficielle qui permet de conserver en vie les embryons examinés. Comme milieu d'examen direct et d'expérience, j'ai pris l'eau de mer, jugeant que, malgré sa nocivité, elle était plus rapprochée encore de la composition du milieu Gvulaire que la solution de NaCl. J'aurais pu me servir d'une solution mixte de NaCl et d'urée, chacun de ces sels en proportion de 2 p. 100, ainsi que le recommande Baglioni pour l'étude du cœur des Sélaciens adultes (1907), ou encore du liquide de Fuhner (1908) dont la formule est plus complexe ; j'ai préféré, dans cette première étude, me servir simplement du milieu ambiant extra-ovulaire, où les mouvements ne présentent, pendant quelques heures, aucune modification appréciable de leurs caractéristiques. Au point de vue physiologique, les renseignements recueillis par Paton sont superficiels et ses conclusions erronées. L'auteur confond les modes musculaire et nerveux. « Savei-al of thèse movements, more or less rjAthmic in character, occur at intervais of one or two seconds, and are folio wed by a pause of several seconds, and then the cycle begins again » (p. 538). La ]Muse de quelques secoïides est caractéris- tique du type nerveux du mouvement, c'est un arrêt; la qualification de (c plus ou moins rythmique » ne peut s'adresser qu'à la relation variable entre les mouvements bilatéraux et ne concerne pas la révolution toujours régulière d'une même contraction latérale. L'auteur prend soin de souligner qu'il n'a aperçu aucune différence fondamentale entre les excursions individuelles du corps aux stades primitif et avancé du mouvement : « The différences are merely those of degree, but not of kind » (p. 538). Paton considère le conflit des deux mouvements latéraux comme la manifestation d'un mouvement iwéagonique, spasmodique (p. 539); cependant il ajoute que ces mouvements spasmodiques no diminuent pas d'intensité avant la mort, et que le moment exact où ils commen- cent varie chez les divort (mb;ycns. Nous savons, au contraire, que la 426 P. WINTREBERT phase de conjonction se produit en pleine activité, et représente une des combinaisons normales et régulières du cycle des mouvements. Au point de vue de l'aspect actuel de la flexion, Paton signale que le pivot du déplacement est au point d'attache de l'embryon à l'œuf ; mais l'attache est très large ; peut être n'entend-il parler que du bord anté- rieur du pédicule ? Celui-ci, par sa fixité, force en effet le corps à se couder dans la contraction ; il ne le fait cependant pas tout au début des mouvements, ainsi que je l'ai montré chez les embryons d'hiver N»^ 10, 11 et 12. (Stade G.) Le degré de la température n'est pas indiqué par Paton pour l'ob- servation du mouvement locomoteur et il n'est pas donné davantage pour la numération des battements du cœur ; les résultats énoncés manquent donc de la garantie qui pouirait leur accorder quelque valeur. Les observations de Pighini (1906), sur les premiers mouvements des Sélaciens, sont assez déconcertantes ; voici ses résultats, basés sur l'étude de Prisfiurus, Scyllium, Mustelus, Torpédo : la coque est transparente ; aucun mouvement n'existe avant les stades M, N, sauf des ondulations rythmiques, synchrones aux pulsations cardiaques et dues à l'onde du sang ; le mouvement est un signe de l'activité nerveuse, qui se manifeste à une époque très précoce du développement, c'est-à-dire lorsque l'ani- mal n'a atteint qu'une longueur de 20 à 30 mm. Ces affirmations ne méritent pas de nous arrêter. CHAPITRE VI Comparaison avec le cœur embryonnaire On connaît un grand nombre de contractions rythmées ; les unes ont été observées sur le vivant, sans intervention exj)érimentale, les autres ont été provoquées par des excitants cliimiques. Une question préju- dicielle se pose pour les premières, celle de savoir si elles sont aneurales. Il est, en effet, nécessaire de résoudre ce problème avant de faire état de leurs caractères et de les comparer aux contractions aneurales des Sélaciens dans le but d'établir le « type musculaire « du mouvement. Ainsi, les déplacements onduleux de l'amnios, dans l'œuf des Oiseaux, sont provoqués par des contractions lentes de fibres musculaires dévelop- pées dans la couche du mésoderme somatique ; mais ces fibres se CÔNTEACTION AN ÉV RALE 427 contractent-ellevS sans le secours du système nerveux ? C'est un point qui doit être élucidé a, vaut de tenter un rapprochement. . Les contractions artificiellement provoquées par des excitations chimiques sont d'un grand intérêt, mais ne rentrent pas dans le cadre de cette étude. Cependant, il me semble utile de répondre, par avance, à une objection touchant la réapparition des contractions rythmées après l'ablation des centres nerveux. Le milieu qui sert à l'opération et dans lequel les contractions rythmées réapparaissent est l'eau de mer ; il est donc différent du milieu ovulaire normal; dès lors, ne doit-on pas attribuer à une excitation artificielle la reprise du mouvement ? Divers faits s'opposent à cette interprétation. La pénétration de l'eau de mer à l'in- térieur du corps par une blessure, loin de provoquer des contractions, a, comme nous l'avons vu, pour effet de les faire cesser et ce n'est qu'au bout d'un long intervalle de temps, qui dure souvent plusieurs heures, que le mouvement recommence (voir stade I : Irritabilité). En second lieu, l'ablation des centres dans l'eau de mer, au stade O de Balfour, n'est plus suivie de la reprise de la contraction. Enfin, pendant les stades K, L, M, N, cette reprise ne s'opère pas sur toute la longueur des bandes myoto- miques ; elle se limite aux myotomes des deux tiers antérieurs du tronc ; les myotomes du tiers postérieur du tronc se contractent, par suite de l'excitation propagée, reçue des myotomes antérieurs, mais ils sont inca- pables d'initiative propre après leur isolement. Le comportement diffé- rent, vis-à-vis du même milieu, des myotomes actifs, suivant la place qu'ils occupent, suivant l'âge de l'embryon et, d'autre part, l'influence manifes- tement nocive de ce milieu sur l'activité du muscle, démontrent avec netteté que l'eau de mer ne peut être considérée comme la cause de la reprise des contractions après les opérations d'ablation nerveuse. Du reste, les caractères du fonctionnement myotomique sont absolument semblables dans l'eau de mer et dans le milieu ovulaire de la coque. Dans ces conditions, on doit attribuer à la qualité même de la substance musculaire les manifestations rythmiques de la contraction. L'étude parallèle de la contraction myotomique aneurale des Sélaciens et de la contraction cardiaque embryonnaire s'impose parce qu'elles sont, toutes deux, des exemples de fonctionnement musculaire indépendant. Chez l'adulte, l'indépendance de la contraction myotomique, vis-à-vis du système nerveux, disparaît et la fonction du cœur, bien que toujours rythmée, présente une dépendance nerveuse sur le degré de laquelle les physiologistes sont loin de s'accorder et que nous n'entreprendrons 428 P- WINTREBERT pas de discuter ici. Nous n'exposerons pas tous les éléments de com- paraison qui peuvent rapprocher les deux automatismes musculaires embryomiaires ; notre étude actuelle reste limitée aux faits d'observation. Les savants sont d'accord pour considérer les premiers battements du cœur, chez les divers animaux, comme de nature exclusivement ~ musculaire. Même chez Limulus, où le myocarde adulte n'est pas auto- matique (Caklson et Meek, 1908), le cœur présente un battement rythmé à une époque où nos méthodes histologiques no permettent d'y déceler aucune fibre ni aucune cellule nerveuses. Les neurogénistes, comme de Cyon (1899, p. 139), disent que si le cœur n'est pas innervé à cette époque, il n'est pas non plus musculairement différencié, parce que on n'y rencon- tre pas tout au début des contractions, de fibrilles striées; mais celles-ci se forment pendant la première phase aneurale de la motilité, et il n'est pas légitime de refuser à la fibre striée la propriété de se contracter isolément. Nous prendrons, comme type du cœur embryonnaire, celui du poulet, qui a été le plus étudié. Fano et Bottazzi (1899) ont fait une revue des principaux traits de son fonctionnement. Chez le poulet (Chiarugi, 1887), la striation transversale commence dans la première moitié du troisième jour, 24 heures après la première con- traction, tandis que les cellules ganglionnaires ne font leur apparition qu'au 6^ jour, par migration du sympatliique (His jun., 1891). Pour ScHOCKAERT (1909) Ics premières ébauches des myofibrilles s'aperçoivent déjà chez l'embryon de 2 jours, mais ne sont bien visibles que chez l'em- bryon de 3 jours. Dans les myotomes des Sélaciens, les fibres musculaires sont consti- tuées avant que l'on puisse déceler la moindre trace de fibrilles nerveuses au sein de la substance musculaire. Balfour (1876) a vu que la naissance de la striation était contemporaine des premiers mouvements ; Paton (1907, p. 550) a constaté la présence des myofibrilles au niveau des connexions intermyotomiques, dès l'apparition de la motilité. A ce moment, l'embryon de Scylliorhinus canicula a 3 mm. 5 environ pour Paton et c'est j)lus tard, dans des embryons de 5 à 6 mm,, qu'il a réussi à imprégner, entre la moelle et les myotomes, des neuro fi briller. A quelle époque peut-on considérer le système nerveux comme fonc- tionnel daiLs le cœur du poulet ? C'est à la 150<^ heure, au plus tôt, que Pickering (1896), par dei £.timulations électriques, obtint un arrêt des battements, au lieu d'une CONTRACTION ANEURALE 429 augmentation de la force des contractions. De même, le nitrate de mus- carine de 50 à 140 heures, n'a pas d'action, mais il déprime et arrête en diastole des cœurs de 9 à 10 jours ; la dose de mu^carine nécessaire pour produire l'arrêt diminue avec l'âge de l'embryon. Donc, sans contesta- tion, jusqu'au 7*^ jour, le cœur du jîoulet garde un mécanisme purement musculaire. Plus tard, à partir du moment oîi les cellules nerveuses font leur apparition, la question se pose de savoir si elles sont ou non fonc- tiomielles. BoTTAZZi (1897), admet que l'autonomie musculaire cardiaque persiste jusqu'à l'éclosion, pour cette raison que, pendant toute la vie embryonnaire, le cœur ne ressent pas l'effet inliibiteur du vague. La muscarine et l'atropine n'agissent pour cet auteur, du 11^ au 20^^ jour d'incubation, que sur la fibre musculaire; cependant ces substances peuvent influencer les cœurs embryonnaires de Mammifères dès les pre- mières périodes de leur développement (Pickering, 1896) ; mais les fibres musculaires du poulet, contrairement à celles des Mammifères, clevi'aient atteindre un certain degré de différenciation pour être irri- tables par ces poisons. Le rythme du cœur serait irrégulier, au début des battements, pour Peeyer (1883), et même des régions ventriciilaires éloignées se contrac- teraient simultanément ; mais ce phénomène n'a pas été observé par Fano (1885), et His (1891) considère le rythme des premiers mouvements comme régulier. Celui de la contraction myotomique aneurale présente une périodi,cité parfaite, en milieu stable, dès son apparition. Preyer dit que les contractions ne sont pas plus fréquentes pendant les premiers jours que par la suite et que, entre le 4^ et le 11*^ jour, il n'existe pas de différence notable. Ces indications sont conformes au résultat noté chez les Sélaciens, que la croissance intervient peu dans le nombre des renouvellements. C'est en effet la qualité du muscle, et non pas la quantité de substance musculaire fonctionnelle, qui détermine le cycle des réactions et commande le retour du mouvement. La crois- sance augmente seulement la durée de la propagation, l'amplitude et la force du déplacement. Ces différentes constations nous mènent à con- clure cjue, dans un milieu constant et à une époque donnée, le rythme du cœur du poidet et celui des myotomes des Sélaciens présentent une régularité parfaite, et une vitesse qui est fonction du degré de la tem- pérature. La forme de la contraction cardiaque reste toujours la même et l'amplitude de chaque mouvement est toujours égale, à une époque A RCH. DE ZOOL . EXP. KT GÉN. — T. 60. — ï. 4. 29 430 ^- WlNTREBËRf donnée. D'après Fano et Badano (1889) la contraction est une onde péris- taltique qui chemine de la région veineuse à la région artérielle ; l'automa- ticité irait en diminuant graduellement dans le même sens, tandis que l'excitabilité, minima à l'extrémité veineuse, irait en augmentant gra- duellement vers l'extrémité artérielle. Sur chacune des bandes muscu- laires myotomiques des Sélaciens, l'onde se propage de mêmr à partir du « myotome initiateur », mais celui-ci n'est pas constamment situé à l'extrémité antérieure de la bande ; il recule avec Vmje, et dans la seconde moitié du stade I, il se trouve placé au niveau du 10'' myotome ; la 'pro- pagation se fait donc, à partir de lui, en deux sens différents, vers l'avant et vers l'arrière. (Voir : Le mouvement actuel, aux stades H et I.) Pour Fano et Badano (1889) l'onde de contraction arrive, à l'extrémité artérielle, plus vite par la petite courbure du cœur que par la grande ; ceci prouve que la vitesse de transmission est la même des deux côtés, car le bord concave est moins long que le bord convexe ; l'auteur trouve dans cette observation un argument contre l'idée d'une trans- mission nerveuse. Chez Scylliorhinus, dans chaque bande latérale rectiligne. la propagation de l'onde est uniforme, la preuve en est dans le cabrement de la conjonction complète, qui s'effectue dans le sens vertical. Les recherches de Fano ont montré qu'il existe, entre le second et le S*^ jour, une différenciation fonctionnelle des divers segments du cœur, déterminant la polarisation du tube cardiaque et la direction constante de l'onde contractile. Chez Scylliorhinus existe aussi, si l'on veut, « une polarisation » ; mais n'est-il pas plus simple de dire que les myotomes parviennent l'un après l'autre à la contractilité, d'avant en arrière, sui- vant l'ordre de leur développement ? Le recul du point de départ de la contraction prouve seulement qu'avec les progi'ès de la chfférenciation, la qualité d'initiative indépendante, acquise par un myotome, après être 2)ar venue à un maxiynurn, subit une décroissance; le myotonfie « initiateur)) est celui qui possède cette qualité au pl\is haut degré, à un moment donné de, la croissance. Les conditions d'activité du cœur et des myotomes sont différentes ; I3 premier est libre dans le péricarde, fixé seulement à ses extrémités veineuse et artérielle; les seconds sont rattachés en dedans h la chorde, qu'ils sont chargés de fléchir. L'un est tubulaire et contourné ; les autres sont des organes pleins et longitudinaux. Les caractères généraux de la contraction les rapprochent, mais l'effet de celle-ci est différent. Il est intéressant de noter que Pickeeing (1893) a observé un tonus CONTRACTION ANEVRALË 431 normal du cœur embryonnaire, indépendant de toute action nerveuse et modifié par Faction des poisons. Carlson (1908 c) d'autre part, sur les courbes de contraction du cœur d'un Limidus adulte, (fig. 1) séparé de son système nerveux, mais rendu automatique par une solution de NaCl isotonique, a observé deux rythmes, un « to7ius rhythmy) et un a fundamental rhyihm » d'origine purement musculaire'; le myocarde normal, non auto- matique ne possède pas de tonus, lorsqu'il est séparé du ganglion nerveux. Les myotomes actifs de Scylliorhinus sont aussi doués de tonus ; la preuve en sera donnée au stade K; en effet, ceux qui naissent à l'activité sur la crosse caudale, redressent peu à peu cette crosse dans la continuité du tronc et, sur la queue qui grandit, le lieu oti commence la courbure passive vers le vitellus, marque toujours la limite entre les myotomes actifs et les myotomes inertes. L'irritabilité du cœur est, dans ses grandes lignes, identique à celle des myotomes. D'après Pickering (1893), le muscle cardiaque embryon- naire réagit spécialement bien aux excitations thermiques, mais il est excitable aussi par toutes les autres classes de stimulants : mécaniques, chimiques, électriques. Cependant une remarque s'impose : il faut tenir compte, dans la comparaison, de la constitution spécifique des embryons et des conditions habituelles de développement. Un animal à sang chaud no peut avoir les mêmes réactions qu'un animal à sang froid ; et parmi les groupes de cette dernière catégorie, les espèces eurythermes ne jpeu- vent se comporter comme les sténothermes, devant le facteur température. Le cœur embryonnaire du poulet, s'il est maintenu dans les conditions voulues, bat avec un rythme constant pour chaque individu : pour chaque cœur, existe une certaine température, à laquelle sa fonction rythmique est développée au plus haut degré ; les températures, supérieures et infé- rieures à ce point, dépriment le rythme cardiaque ; toutefois de petites variations, pendant de longues périodes de temps, n'influent pas sur le rythme (Pickering). Pour PoLiMANTi (1911), un cœur à développement complet (tortue) pourvu de |tous ses mécanismes nerveux et un cœur embryonnaire (Gobius) qui en est dépourvu (d'après Tschermak, 1909), ont les mêmes réactions vis-à-vis du facteur température ; il en conclut que les résultats sont indépendants du système nerveux, car ce ne peut être que la fibre- cellule musculaire qui réagisse ainsi, même dans le cœur à développement complet. L'auteur ajoute que « Loeb, se basant sur les recherches do Snyder (1907) et de Roberston sur le coefficient de la température 432 P. WINTREBERT des pulsations cardiaques, soutient l'origine chimique des contractions du cœur» (p. 808). Le nombre des contractions cardiaques, par minute, est variable suivant les auteurs, probablement parce qu'ils n'ont pas observé dans les mêmes conditions de température. Les expériences précédemment citées de Loeb et Ewai.d (1913) sur Fundulus, démontrent que jusqu'à l'éclosion, c'est-à-dire pendant huit jours, le cœur de chaque embryon bat toujours le même nombre de pulsations entre 30° et 5°. Je n'ai pas compté, à chaque degré de tempé- rature, le nombre de mouvements de Scylliorhinus canicula, mais toutes les observations prouvent l'influence prédominante de la chaleur sur le nombre des battements dans la phase régulière du rythme, c'est-à-dire entre 8° et 20°. Les myotomes de ScyUiorhinus, poisson sténotherme, sont beaucoup plus excitables par les changements de température que le cœur de Fundulus, eurytherme ; de plus, tous les embryons ne donnent pas strictement les mêmes réactions. Il faut tenir compte, dans l'analyse du problème, de Ja notion iînportante des antécédents ; un embryon soumis déjà à une température élevée (21o-23o) ou même ayant subi longtemps l'excita-tion d'une température de 19-20° présente ensuite une phase de dépression, de fatigue, dont la durée varie suivant celle de la période d'affolement ou de précipitation précédente. La réversibilité des réac- tions n'est acquise de nouveau qu'après la réparation des désordres. Les myotomes sont, comme le cœur de Fundulus, un « thermomètre vivant », mais seulement dans les limites étroites des variations de température que l'on peut considérer comme normales (entre 12° et 16° par exemple, en Méditerranée) ; après des variations plus étendues, la réversibilité peut encore exister, mais n'est pas immédiate. Dans l'exploration directe de l'embryon, les excitations mé.cmiiques, portées sur le cœur et les myotomes déterminent une augmentation d'ac- tivité ; cependant l'accélération est plus vive pour les myotomes, du moins si l'on en juge par les constatations de Preyer et Sonnenkalb sur le cœur du poulet oti, seul, un accroissement de 10 battements par minute a été noté. Fano (1885) a montré que l'excitabilité diminue sur un cœur qui fonctionne activement. Il est plus difïicile, par des stimulants méca- niques, de troubler un mouvement myotomique à 19° qu'à 12° ou \4P. Mais l'exploration de l'irritabilité, faite au stade I, montre qu'en général les bandes myotomiques semblent plus irritables que le tube cardiaque par les agents mécaniques. CONTRACTION AN EU RALE 433 PiCKERiNG (1893) observe que le myoplasme cardiaque peut conduire les excitations mécaniques de l'extrémité ventriculaire à l'extrémité auriculaire, c'est-à-dire ew sens inverse des battements. C'est aussi ce c[ue j'ai constaté pour la bande myotomique et j'ai pu m'assurer, de plus, que cette conduction ne s'accompagno pas d'onde propagée; la conduc- tivité de V excitation est distincte de la propriété de propager la contrac- tion. Les recherches de Pkeyer (1885) sur le cœin- embryonnaire ont fait voir que, par un courant induit puissant, on obtient Varrêt du cœur en s'istole et cj[ue le tétanos produit dure quelques secondes encore après que Texcitation a cessé. La pitplre profonde, la déchirure des fibres des myotomes actifs détermine, chez les Sélaciens, une contraction tonique loca- lisée, longtemps maintenue; mais pendant ce temps le reste de la bande musculaire excitée précipite ses mouvements cloniques. Néanmoins, quand la contraction tonique intéresse la partie de la chaîne myotomique qui possède l'initiative, de la contraction rythmée, celle-ci cesse et ne reprend qu'à la détente de la contracture. J'ai dit, au début de ce chapitre, que le cœur embryonnaire, subissant l'excitation d'un courant interrompu, ne pouvait être inhibé avant la 150® heure (Pickering), et que, jusqu'à l'éclosion, les phénomènes d'inhi- bition cardiac|ue étaient rapportés par Bottazzi à l'action du courant sur les fibres musculaires elles-mêmes. Je n'ai jaynais obtenu, de mon côté, par des excitations mécanic/ues (piqûres profondes, choc de la tête), cV inhibition en j)ériode de contraction rythmée aneurale ; je la pro- vofj[ue, au contraire, par les mêmes stimulants, en période de liaison neuro-musculaire, au stade K. Cette constatation ne nous entraîne pas à penser que tout muscle doué d'initiative est, en raison même de cette propriété, incapable d'inhibition; car les fonctions automatiques peuvent différer et il semble bien prouvé que les cœurs embryonnaires de Mammi- fères sont susceptibles d'arrêt à une époque précoce de la période aneurale. Cependant, nous avons vu que l'excitation violente des myotomes initia- teurs déterminait leur contracture et ai'rêtait ainsi la répétition du mou- vement clonique ; on peut se demander si l'inhibition cardiaque embryon- naire n'a pas été confondue avec l'effet d'une contracture de la région d'initiative. D'autre part, les expériences d'automatisme chimique prouvent qu'il suffit d'une modification de milieu pour changer pro- fondément les qualités du protoplasme ; ainsi l'inhibition, pour une cau:e mécanique, des séries de palettes vibratilcs des Cténophores 434 P. WINTREBERT dépend de la présence, dans l'eau de mer, de sels de calcium (LiL- LiE, 1908), Parmi les excitants chimiques, nous avons constaté occasionnellement l'effet d'un milieu carboné ; il déprime le mouvement myotomique, de même que celui du cœur. Pickering note qu'un excès de CO^ dimi- nue le tonus du cœur et par suite la tendance de celui-ci à être arrêté par un acte inhibitoire. Les phénomènes d'arrêt du mouvement, qui surviennent, chez Scyl- liorhinus quelques minutes après les blessures faites à l'embryon (voir stade I), doivent être rapportées à la pénétration d'eau de mer dans les tissus ; ils montrent la stricte nécessité de certaines conditions cliimiques du milieu intérieur pour la continuation des contractions rythmées. La reprise des mouvements, quelques heures après de larges opérations, est l'indice d'une restauration du milieu, devenu de nouveau propice aux processus cycliques de l'activité musculaire. Par quel mécanisme l'eau de mer arrête-t-elle le mouvement ? Nous pouvons émettre une hypo- thèse : il est possible que ce soit la grande quantité de calcium, mise en présence du muscle, qui l'inhibe (Loeb, 1899, Lillte, 1908). Il semble se produire un balancement entre les époques d'apparition, pour chaque espèce, des mouvements du cœur et des mouvements du corps. Chez le poulet, dont le cœur bat très tôt, les mouvements du corps sont lents à apparaître; les mouvements du corps sont, au contraire, très précoces chez les Sélaciens et compensent peut-être en partie le retard des pulsations cardiaques. Un point fort intéressant du fonctionnement cardiaque primitif, chez Scylliorhinus, est que l'onde, qui part de l'extrémité sinusienne, ne se transmet pas d'emblée jusqu'au bout du tube cardiaque ; elle n'intéresse d'abord que l'oreillette, puis se propage au ventricule et n'envahit que progressivement le bulbe. Il se produit donc, comme pour les myotomes, une accession progressive des différentes régions du tube cardiaque à la contractilité dans le sens où s'effectuent les progrès de la différencia- tion du tissu musculaire. L'apparition de la motilité se fait dans le tube cardiaque d'arrière en avant, tandis qu'elle a lieu en sens inverse dans les muscles du corps. I CONTRACTION ANEVRALE 435 CHAPITRE VII La valeur comparée et le déterminisme des deux caractères principaux d 'une contraction rythmée aneur aie , obser - vée sur le vivant. Les observations recueillies, tant sur le cœur des différents animaux que sur les chaînes myotomiques des Sélaciens, mettent en relief deux carac- tères du mouvement qui, en dehors de toute intervention expérimentale, peuvent servir de base et de contrôle à la découverte, dans la nature, de fonctionnements semblables. Je prendrai comme type de description générale la contraction myotomique, dont les signes extérieurs sont particulièrement nets et j'examinerai ses m?nifestations, comme si elles ne se produisaient que d'un seul côté, sans tenir compte des faits parti- culiers qui résultent du double fonctionnement musculaire latéral. Les deux caractères principaux d'une contraction aneurale sont le renouvellement rythmé et l'allure invariable du mouvement. 10 Le renouvellement rythmé doit-être considéré comme la propriété fondamentale d'un fonctionnement aneural. Le mouvement produit par ce fonctionnement se rapporte, en effet, à deux phases successives de la contraction des chaînes myotomiques : a) la contractio7i initiale ; h) la propagation de Vonde à toute l'étendue du muscle actif. La contraction initiale est le phénomène principal ; elle détermine l'onde propagée, par l'effet de son excitation. La conti'action ne naît jamais en bloc dans toute l'étendue du muscle, mais en un seul point et de là se propage dans toutes les directions. Ce fait ne sigm'fie pas que le pouvoir d'initiative se limite à une seule région, mais que, parmi les territoires actifs, l'un d'eux a une révolution plus courte, se contracte plus vite et détermine l'excitation des autres. D'après Loeb (1899) « la coordination des mouvements automatiques a pour cause le fait que l'élément dont la période est la plus rapide force les autres à adopter son propre rythrne ». La section expérimentale d'une chaîne myotomique en plusieurs tronçons dévoUe que plusieurs de ces tronçons sont capables de battre chacun pour son propre compte (1918 c). Le tube cardiaque présente une polarité remarquablement constante ; la contraction part toujours de l'extrémité sinusienne. Les bandes myoto- miques des Sélaciens présentent au contraire un déplacement du terri- 436 P' WINTREBERT toire où naît la contraction. Le myotome « initiateur » n'a pas toujours le même rang ; le point de départ du mouvement, placé d'abord derrière l'oreille à la partie antérieure de la rampe occipitale, se trouve être au niveau du 10^ myotome environ, à la fin du stade I ; il recule donc avec l'âge ; il se déplace dans le sens cranio-caudal, celui où naissent à l'activité les myotomes et où s'opèrent les progrès de leur différenciation. Toute la longueur du muscle actif paraît capable d'initiative indé- pendante jusqu'au stade K de Balfour, mais il y a des degrés dans cet automatisme et l'observation de l'embryon normal, en nous montrant la migration progressive, en arrière, du point de départ du mouvement, prouve qu'il y a, pour chaque myotome, une évolution semblable des réactions qui aboutissent à la contraction. La vitesse des processus croit, avec le développement de chaque segment, jusqu'à un maximum, à partir duquel elle diminue ; c'est au moment où ce maximum est atteint dans un myotome qu'il possède l'initiative du mouvement. Le rythme est, en milieu constant, d'une parfaite régularité. On ne peut mieux le comparer qu'à un rythme musical, dont la mesure, lente ou rapide, aurait une durée invariable tout le long du même morceau ; les temps qui composent la mesure se succèdent plus ou moins vite à la volonté de l'exécutant, mais l'allure d'exécution, une fois établie, est continuée. De même, suivant le degré de la température, le battement des myotomes se reproduit plus ou moins tôt, mais pour le même degré il revient toujours en mesure, après le même intervalle de temps. La reproduction d'un mouvement automatique ne comporte donc, dans des conditions constantes de milieu, ni retard, ni avancement. En conséquence, l'organe qui l'exécute ne s'arrête jamais. Il ne connaît pas la fatigue. Il puise les éléments de son activité à l'intérieur de l'organisme et il en traduit avec exactitude l'état général, par son fonctionnement ; cependant, dans la 2)ériode ontogénétique, en l'absence d'une circulation suffisante et d'une barrière tégumentaire épaisse, il semble plus docile aux sollicitations du milieu externe qu'aux relations internes. Il se montre particulièrement sensible aux conditions qui influent sur les échanges, conime la quantité d'oxygène, la température ; il signale, en particulier, les moindres changements de cette dernière. J'ai longuement décrit, aux stades G, H, I, les réactions de ScyUiorJiitius canicula aux excitations thermiques, et montré la nécessité de tenir compte, dans l'appréciation des faits particuliers, des antécédents d'élevage de chaque embryon. La permanence d'un rythme embryonnaire, dans des conditions do CONTRACTION ANEURALE 437 milieu constantes et favorables au développement, ne signifie pas seulement qu'il s'effectue en fonction du milieu, elle prouve aussi son indépendance vis-à-vis de toute stimulation spéciale, venue des organes voisins. Le renouvellement rythmé traduit expressément la qualité spéciale de la substance musculaire qui la rend capable de prendre l'initiative de la contraction, 20 Le deuxième caractère d'un mouvement automatique est son allure invariahle. Elle n'est invariable que pour une époque donnée de l'ontogenèse et dans un milieu constant. Avant de montrer les circonstances qui la font évoluer, tentons d'élucider le mécanisme de cette amplitude toujours égale pendant une phase déterminée du développement normal. Nous avons dit que chaque déplacement était l'effet de deux pro- cessus d'origine différente, la contraction initiale, phénomèno vraiment fondamental de l'automatisme et l'onde propagée, manifestation secon- daire qui dérive de l'excitation causée par la première. Nous ne connais- sons pas dans la nature de mouvement exclusivement limité à la contrac- tion initiale et cela tient peut-être à ce qu'aucun des muscles doués de la propriété de se contracter en dehors de l'action nerveuse, qui ont été étudié? jusqu'ici, n'est réduit au seul territoire d'initiative ; ils sont plus étendus et l'on peut dire, jusqu'à plus ample informé, que c'est le propre de tels muscles de montrer une vague de contraction. Cependant le début du fonctionnement des myotomes, au stade G, occupe un terri- toire tellement étroit et détermine un déplacement si léger (N"' 10 et 11, stade G) qu'on peut soupçonner la contraction initiale d'entrer seule en jeu, mais ce n'est là qu'une hypothèse, autorisée par la petitesse du mouve- ment et jjar la considération qu'une propagation de la contraction n'ajou- terait rien à l'initiative des premiers myo tomes fonctionnels. En tout cas, très rapidement, à haute température, le cheminement de la con- traction devient apparent (N^' 4 et 8, stade G) sur toute la longueur de la rampe occipitale. Les deux processus se succèdent immédiatement, se combinent, et, dans un mouvement de quelque étendue, il est impossible de séparer nette- ment ce qui appartient à chacun d'eux. J'ai cependant montré, au stade I, que le point culminant de la courbe de flexion, situé au-dessus du pédi- (•x\\e, marque la place du myotome « initiateur '> ; c'est en cet endroit que la première contraction se manifeste et c'est là aussi que se produit la première indication de la détente. Le maximum de flexion est attemt quand ce myotome est parvenu au maximum de sa contraction ; mais 438 P. WINTREBERT la courbe maximale est encore produite par les contractions partielles des myotomes voisins qui, pendant la durée de la contraction initiale, ont été touchés par l'onde propagée. Il importe de distinguer, dans la vague de contraction, a Tonde de propagatio7i)), qyà marque le commencement de la contraction propagée, et ((Vomie de flexion maximale)^ qui traduit l'arrivée successive des myo- tomes au maximum de contraction. Les segments les plus rapprochés du myotome initiateur et qui sont touchés les premiers par l'onde de con- traction arrivent aussi les premiers, après lui, au maximum de flexion, et successivement, vers l'arrière et vers l'avant, d'après la place du myotome initiateur et l'intervalle qui les en sépare, les myotomes actifs parviennent, dans l'ordre oii ils ont été touchés par l'excitation, à leur plus haut degré de raccourcissement. Le fond de la courbure maximale se déplace donc en indiquant toujours la place du myotome le plus fléchi. Quant à l'onde de propagation qui marque le début de la contraction propagée, elle est très légère ; elle se voit d'autant moins facilement, pendant les stades de contraction rythmée aneurale, que la zone musculaire active est au-des- sus du pédicule qui restreint ses déplacements ; à la fin seulement du stade I, on aperçoit (fig. xxxvii et xxxviii) un déplacement actif du segment postérieur ; ce n'est donc, au temps de la contraction rythmée aneurale, que par l'observation du resserrement myotomique, sous le microscope, qu'elle peut être décélée ; elle devient beaucoup plus appa- rente au stade K, en raison de la laxité plus grande du pédicule et par suite de l'extension caudale du territoire fonctionnel ; elle se révèle alors par le cheminement d'vme véritable courbe, séparant la région contractée de la région encore détendue. L'onde de flexion înaximale augmente d'amplitude avec les progrès du développement. Sa propagation est d'autant plus accusée vers l'avant que le myotome initiateur a un rang plus éloigné de la tête. Cette onde modifie beaucoup l'aspect de la flexion, comme le démontre la suite des événements : en effet la courbe initiale s'accuse jusqu'au maximum de contraction du myotome initiateur, pendant que les myo- tomes les plus rapprochés de celui-ci augmentent progressivement leur contraction ; mais quand ces derniers atteignent à leur tour le maximum de flexion, le fond de la courbure, formé du segment initiateur, se trou- vant en état de détente, s'étale et s'élargit. Tout mouvement propagé et ondulant peut attirer l'attention et con- duire à la découverte d'un fonctionnement musculaire automatique, mais CONTRACTION ANEURALE 430 il faut se garder de penser que toutes les propagations sont de cette nature. Certains muscles tubulaires, tels que l'œsoptiage, l'intestin, l'ure- tère présentent une onde de contraction qui suit les différents anneaux musculaires, mais il est actuellement prouvé que des ordres de contrac- tion parviennent par des fibres nerveuses, au moment voulu, à chacune des parties qui se contractent. La stimulation est envoyée soit par le système cérébro-spinal (centre de la déglutition^, soit par des plexus péri- phériques constitués dans l'épaisseur même de l'organe. J'ai pu fournir (1920 a) un exemple nouveau de ce mode de propaga- tion par relais nerveux successifs ; il nous intéresse particulièrement parce qu'il concerne les Sélaciens et qu'il succède à la propagation de la contraction rythmée aneurale. J'avais précédemment signalé (1914 a) que « si l'on coupe en trois ou quatre endroits la moelle d'un embryon de « Scyllium canicuïa, présentant un mouvement nerveux serpentiforme « bien établi, celui-ci reprend après quelques minutes et les ondes con- « tractiles se propagent encore de segment en segment jusqu'à l'ar- « rière. « Pondant les mois qui ont précédé la guerre, j'ai continué d'expé- rimenter sur le même objet et j'ai constaté, aux stades M, N, O, P, de Balfour, que le nombre de métamères médullaires enlevés ou écrasés, sans que l'onde soit interrompue, pouvait aller jusqu'à 6. Ce chiffre correspond au nombre de myotomes touchés par la distribution périphé- rique d'un seul nerf, comme le démontrent les j osultats de Braus (1911) obtenus au moyen de l'électrisation des nerfs moteurs, et les recherches de MÛLLER (1913) sur le développement des plexus nerveux, chez Acan- thias. Ainsi la conduction, dans la moelle des Sélaciens, ne dépend pas d'un faisceau p5n:-amidal d'origine encéphalique (1914 a, 1920 a) et la propagation du mouvement ondulant peut continuer, même après l'ablation d'un ruban de moelle correspondant à 6 myotomes. La trans- mission de l'onde, malgré des interruptions médullaires multiples, résulte d'une succession de réflexes locaux ; la contraction des premiers myo- tomes d'un segment, touché par les nerfs moteurs du segment précédent, fournit l'excitation, point de départ du réflexe ; cette excitation est recueilHe par les prolongements périphériques des cellules géantes dor- sales de Rohon-Beard, dont l'axone funiculaire descendant se rend aux cellules motrices du même côté, à une distance qui ne dépasse pas 15 mj^o- tomes (1920 b). Le mode ondulatoire du mouvement n'est donc pas l'apanage exclusif du muscle qui se contracte de fwprio motu; cependant il ne fait jama? 440 P- WINTREBERT défaut dans la contraction rythmée aneurale, et l'on peut dire que la pro- priété automatique acquise par un muscle, s'accompagne toujoure, de la propriété de conduire l'excitation C[ui suscite la vague de contraction. La proposition inverse n'est pas exacte, car un muscle doué de la pro- priété de conduction peut ne pas fonctionner automatiquement. La preuve de cette assertion, trouvée chez Scylliorhinus canicula, sera déve- loppée dans un autre mémoire, traitant des interventions expérimentales, mais je puis la résumer de la façon suivante : l'automaticité ne se déve- loppe pas dans les myotomes du quart postérieur du tionc qui sont fonc- tionnels pendant le stade K, et néanmoins, la propagation de l'onde, venue de l'avant, a lieu dans cette région, après l'ablation du l'uban médullaire. La conduction cVune excitation à travers un muscle qui fonctionne en dehors des nerfs, diffère de la propagation de Fonde ; nous avons en effet, au stade I, chez Scylliorhinus canicula, déterminé, par une piqûre des myotomes actifs les plus postérieurs, une . précipitation du mouve- ment ; mais le point de départ de celui-ci reste antérieur et nous n'avons jamais aperçu, aux plus forts grossissements, d'onde propagée montant vers la tête. Voici les circonstances de l'expérience : la piqûre est au 20*^ myotome, c'est-à-dire au-dessus du bord pédiculaire postérieur, pourtant la contraction automatique normale commence toujours à la même place, au IC^ myotome. Non sevilement au début de l'accélération, mais pendant tout son cours, il est impossible de surprendre une vague de contraction allant en sens inverse et c'est toujours le même myo- tome, le 10^, celui qui possède régulièrement l'initiative, qui donne le départ de la contraction. Nous devons donc penser que l'excitation pro- voquée par la conti'action initiale est conduite, dan^ le muscle, indé- pendamment de toute action mécanique, telle c][u'elle pourrait résulter d'un tiraillement de chaque myotome par la contraction du myotom(î précédent. Le fait que le myotome « initiateur « répond le premier, montre à la fois qu'il est le jdIus irritable et que l'excitation est conduite beaucoup plus vite c{ue ne se produit la vague de contraction. La conduction de l'excitation, d'après Morat et Doyon (1900), se produit dans les épithéliums vibratiles d'une manière semblable, indé- pendamment de toute action mécanique provoquée par le battement ciliaire. Du reste, on sait que, dans un muscle curarisé, une onde élec- trique négative naît sans aucun retard au point d'une excitation méca- nique et au moment précis de l'excitation. « Elle se produit donc avant I CONTRACTION ANEIJRALE 441 la contraction, pendant la période d'excitation latente ; sa durée est d'environ 0,0004 de seconde^. » Le tissu contractile des Eponges ne possède pour Parker (1910, 1918) aucune trace de nerfs et montre la facidté de conduire une excita- tion à des diotanceR éloignées ; mais la transmission «y est si lente et d'un ordre si faible qu'elle ressemble à la transmission dans les muscles et non dans les nerfs» (p. 39, 1910). Peut-être l'auteur n'entend-il parler que de l'onde musculaire de propagation et non de la conduction de l'exci- tation ? La conduction de V excitation se fait probablement dans tous les sens ; nous voyons, en effet, chez les Sélaciens, quand le lieu de la contraction initiale s'est suffisamment éloigné de la tête, la propagation de l'onde s'effectuer à la fois dans deux directions, en avant et en arrière de son point de départ. Nous pouvons rapprocher de ce phénomène les faits enregistrés dans la conduction ectodermique des Amphibie ns. Cette conduction aussi e^t diffuse. Une expérience simple le démontre (1920 g) : chez l'Axolotl, à l'époque où, la courbure de flexion détermine le croi- sement pré- ou sous-branchial des deux extrémités du corps (1914 c), la réponse à la piqûre de la queue est hétéro-latérale, c'est-à-dire effectué3 du côté opposé à l'excitation. Si on coupe transversalement l'ectoderme, de la crête dorsale à la ligne médio-ventrale, sur une înoitié du corps, au niveau du tiers postérieur du tronc et qu'après cette opération, on inique de nouveau la queue du côté de l'incision, on constate que la réponse est changée ; elle est deveiuie homo -latérale. La voie directe qui conduirait l'excitation vers la partie antérieure de l'animal étant interj'ompue, l'excitation a passé de l'autre côté. Le mode de la réaction nerveuse reste hétérolatéral : c'est le côté par où vient aux centres nerveux la stimulation qui a varié. La propriété de conduction de l'excitation est intimement liée à celle de la propriété d'initiative rythmée ; elle est, de fait, associée avec elle, car on ne connaît pas de muscle automatique qui ne possède une conductivité autonome. Le myocarde embryonnaire de Limultis (Carl- SON et Meeck, 1908) est à la fois conducteur et automatique, tandis que le myocarde adulte de ce Gigantostracé ne possède ni automatisme ni conductivité ; cependant, dans une solution de NaCl (Carlson, 1908 b), il retrouve à la fois ces deux propriétés. 1. ARIHCS. Eléments dv Pliydo'.ogic. p. 034. 442 P. WlNTREBElîf Quel est le substratum anatomique de la conduction ? Cette question ne peut être résolue que par des recherches histologiques. Au point de vue physiologique, la loi du « Tout ou rien », découverte sur le cœur par Ranvier, s'applique à toute cellule musculaire, aussi bien à celle du squelette qu'à la cellule cardiaque (Keith Lucas, 1909). La propagation de la contraction qui suit la conduction de l'excitation atteint, toute l'étendue du muscle actif. Mais peut-on se baser sur cette loi pour conclure a pi'im'i qu'une chaîne latérale de myotomes constitue une cellule uniqiie, un tissu syncytial ? Il est prudent d'attendre la vérification des coupes pour se prononcer; jusqu'à présent nos connaissances sur le mode de dé- veloppement des proto vertèbres ne sont pas favorables à l'existence d'une liaison protoplasmique entre les segments et se bornent à la constatation d'un syncytium des cellules myoblastiques qui composent chacun des seg- ments particuliers, (Godlewsky et Marceau). Dans un autre domaine, celui des nerfs, le contact entre les neurones paraît suffisant pour per- mettre le passage de l'influx nerveux. En tout cas, la structure syncytiale ne saurait être considérée comme la seule condition d'une conduction autonome ; car le myocarde adulte de Limuhis, qui n'est ni conducteur ni automatique, est pourtant cons- titué d'un syncytium ; or, nous venons de le voir il devient à la fois conducteur et automatique dans une solution de NaCl. Ce fait expéri- mental prouve cj^ue la nature même de la constitution protoplasmique, la qualité physico-chimique de la substance musculaire, entre en jeu pour déterminer la conduction et que 1" union anastomique des myoblastes, si elle existe, n'intervient qu'à titre de disposition morphologique capable d'en mieux assurer la réalisation. Grâce à la conduction de l'excitation initiale et à la propagation con- sécutive de l'onde à toute la substance musculaire active, l'invariabilité du mouvement est acquise, à une époque donnée de l'ontogenèse, dans dîs conditions normales et constantes de milieu. C'est toujours le même déplacement qui se reproduit; il a la même orientation; l'onde propagée S3 manifeste de la même façon, l'amplitude des réactions est toujours égale, de sorte que le second caractère du mouvement rythmé aneural p^ut être comparé au premier pour sa régularité. A ce point de vue, Vuni- formité des déplaceirients dans V espace équivaut à la durée égale des révc- lutions dans le temps. Mais la forme même du mouvement varie [avec la croissance; nous avons suivi à travers les stades G, H, I les progrès de la flexion laté- CONTRACTION ANEVRALË 443 raie et l'évolution de la torsion longitudinale. On peut dire, en général, que la valeur d'un déplacement dépend, d'une part, de la quantité de substance musculaire mise en jeu, de] sa forme pleine ou tubulaire, ramassée ou étendue et, d'autre part, des résistances que le tissu con- tractile doit vaincre en se contractant. Le caractère de la contraction intervient aussi dans l'aspect que présente le mouvement. Celui-ci n'est jamais brusque, mais ondulant et dure d'autant plus que l'une des dimen- sions du muscle est plus étendue. Il importe en effet de distinguer dans une chaîne mj'otomique l'augmentation en épaisseur ou en hauteur et l'accroissement en longueur ; la première renforce l'organe sur place par addition de fibres nouvelles aux myotomes déjà fonctionnels et déter- mine une flexion locale plus forte ; le second résulte de la naissance à l'activité, d'avant en arrière, le long du corps, de régions auparavant inertes, qui se trouvent de plus en plus éloignées du myotome « initia- teur» et prolongent ainsi la durée de l'ondulation sans augmenter la pro- fondeur des courbes. Nous avons vu cette adjonction de territoires fonc- tionnels se présenter pour le cœur de Scylliorhinus comme pour les myotomes (stade I). Il importe, au surplus, de considérer, dans une vue générale, que le nombre des myotomes contractés, qui participent à une même ondulation, est d'autant plus élevé que leur contraction est plus durable et que la vitesse de Vonde propagée est plus rapide ; mais la mesure chronologique de ces phénomènes n'est pas du domaine de la simple observation. Le rythme est indépendant de Vétendue et de la puissance du mou- vement ; ainsi, l'âge de l'embryon chez Funduhis a peu d'influence sur la vitesse de renouvellement des contractions du cœur (Loeb et EwALD, 1913); chez Scylliorhinus, le rythme est le même k tous les stades, dans les mêmes conditions ; il ne semble ainsi dépendre que de la qualité de la substance musculaire et nullement de sa quantité ; en revanche, il varie beaucoup, suivant les conditions de milieu et en parti- culier suivant la température. L'ampleur du mouvement est, au contraire, variable avec la quantité de muscle fonctionnel. Mais elle dépend aussi, à chaque phase du déve- loppement, des conditions de milieu, susceptibles d'accroître ou de dimi- nuer l'activité du muscle ; c'est ainsi qu'au stade G, les embryons d'été exécutent des mouvements d'abduction céphalique plus amples que les embryons d'hiver. Cependant, dans certaines limites étroites de tempé- rature favorable, entre 13^ et 16^ C., par exemple, l'observation n'mdi- 444 P. WINTBEBERT que pas de changement apj3réciable dans l'étendue des mouvements ; les modifications d'ampleur sont, en tout cas, beaucoup moins appa- rentes que les variations rjrthmiques, A des températures élevées, vers 20°, dans un milieu constant, l'étendue des déplacements atteint son maximum, malgré la brièveté des révolutions ; mais, la jDrécipitation des mouvements causée par une chaleur qui dépasse 20» C, ou consécu- tive à une excitation mécanique du muscle, s'accompagne toujours d'une diminution d'amplitude. Conclusion L'œuf de ScylliorJiinus canicvla, facile à élever dans les laboratoires, même éloignés de la mer, et rendu transparent par l'exfoliation superfi- cielle de la coque (HIS), montre, jour par jour, les progrès de son dévelop- pement anatomique et les manifestations successives du mouvement, I. ANATOMIE. L'examen, in toto, des embryons transparents des stades G, H, I de Balfour permet la reconnaissance et la mise en place des principaux traits découverts par le procédé des coupes. L'examen continu d'un même embryon vivant donne souvent la clef des transformations ontogéné- tiques, en indiquant comment elles s'opèrent. Les caractères de la face dorsale, les plus apparents sur l'embryon observé en place, et les chan- gements de forme qui règlent les conditions mécaniques du mouvement, ont particulièrement retenu l'attention. Stade G (Caractère principal : une poche branchiale.) L'embryon, arrivé au seuil du mouvement, à la fin du stade G, est sessile sur le vitellus ; la rampe cervico-occipitale descend sur le dos à mi-longueur du corps. La tête, convexe dorsalement, a un profil inférieur horizontal ; le prosencéphale est ,sa partie la plus saillante. Un simple bouton postérieur, dégagé du vitellus, termine le corps ; il montre, à sa face ventrale, un profond sillon qui conduit en avant, près du plancher vitellin, à un orifice qui peut-être considéré comme le reste du blastopore. La face dorsale, au début du stade, ne montre aucun? distinction entre les vésicules cérébrales ; mais le neuromère du facial est déjà présent, flanqué latéralement des placodes acoustiques, dont le bord dorsal se montre concave en dedans. A la fin du stade, quand commence le mouve- ment, la division de l'archencéphale en prosencéphale et mésencéphale CONTRACTION ANEURALE 445 est ébauchée, mais ]e pli rhombo-mésencéphalique n'est pas formé. Les neuromères visibles du rhombencéphale sont alors au nombre de deux : celui du facial et, en avant de lui, le neuromère intermédiaire entre le facial et le trijumeau. Les placodes acoustiques glissent en arrière vers le neuromère du glosso-pharyngien, qui est en formation. Stade H. (Caractère principal : deux poches branchiales.) La tête, plus relevée, montre maintenant une concavité ventrale ; la limite entre la tête et le tronc se trouve reportée en avant, à l'union du tiers antérieur et du tiers moyen du corps et coïncide toujours avec l'angle que fait la rampe cervicale. avec la partie horizontale du dos. Il existe une subdivision apparente des ymjotomes moyens de la région métotique, qui augmente, sur place, le nombre des segments occi- pitaux. Le pronéphros est visible par transparence comme une masse sombre au niveau des 3^, 4^ et 5*^ myotomes du tronc ; il constitue un point de repère fixe aussi important que VoreUle précieux pour localiser les chan- gements de la région occipitale. L'ouverture blastoporique de la cavité endodermique est fermée. La papille cloacale naît du bourgeon terminal, sous l'aspect d'une légère saillie ventrale. Les 2^ et 3^ poches branchiales se forment dans la région sus-péricardique postérieure et par les progrès de la croissance, avec l'augmentation de volump du péricarde, s'avancent au-dessus de celui-ci en éclaircissant leurs parois. La face dorsale présente les trois vésicules cérébrales distinctes. Il existe 4 neuromcres rJiombencéphaliques ; ce sont d'avant en arrière : le trigéminal, l'intermédiaire sans racine nerveuse dorsale, celui du facial et celui du glossopJiaryngien. Par l'inspection externe, on ne peut rattacher le placode acoustique, qui a émigré entre les renflements des VII*^ et IX^ paires, à aucun de ces deux derniers neuromères ; son bord dorsal est devenu concave en dehors. Stade I (Caractère principal : trois poches branchiales.) La tête s'allonge, par sa croissance propre, et par l'effet de la dilatation rapide du péricarde, dont la paroi postérieure refoule en arrière le bord antérieur du pédicule ; il en résulte que la limite entre la tête et le tronc, c'est-à-dire entre le 7e et le 8^ segment post-auriculaire, située à 2 myotomes derrière le cœur à l'orée du stade, se trouve au-dessus du bord pédiculaire vers sa termi- naison et devant lui au seuil du stade K; l'angle, situé à l'union de la l'ampe cervicale et de la partie horizontale du dos, coïncide toujoui's AP.cn. DE ZOOL. EXP. ET GÊN. — T. 60. — F. 4. 30 446 P. WINTIiEBEKT extérieurement à cette limite. L'eiisellure dorsale arrive à son maximum, puis tend à décroître, La 'papille cloacale, née du boulon terminal, s'avance par suite de V adjonction postérieure de nouveaux segments ; derrière elle, la queue, qui n'existait 'pas au stade H, s'allonge et se recourbe en [bas, formant une crosse, dont Vextrémité traîne sur le vitellus à la fin du stade. Le pronéphros est maintenant visible à l'extérieur en lumière réfléchie, à la même place qu'au stade précédent ; il a l'aspect d'une petite baguette saillante, prolongée plus ou moins loin en arrière par le canal pronéphrétique , On assiste à l'accroissement latéral des cavités cœlomiques sus-pé- diculaires, appelées cœlomes extra-embryonnaires, qui maintieinient la- téralement la région moyenne de l'embryon et lui forment un coussinet de plus en plus élevé. Pour suivre les progrès de la croissance pendant le cours du stade, le rapport L. t. : L. p. p. est établi ; il divise la longueur totale par la longueur du segment postpédiculaire et se base sur l'allongement rapide de ce dernier, causé autant par la naissance de la queue que par le raccourcissement du pédicule ; sa valeur décroît avec l'âge ; de 4, au stade H, elle descend h 2,5 au seuil du stade K. Le cœur ne commence à battre que dans la seconde moitié du stade I ; il présente déjà à ce moment une oreillette et un ventricule séparés par un orfice auriculo-ventriculaire étroit, mais le sinus est à peine distinct de l'oreillette et les limites du bulbe se reconnaissent difficilement. La face dorsale de la tête montre, à travers le toit épendymaire et cutané, la fosse du rhombencéphale, dont les angles antéro -latéraux sont nettement accusés ; en avant d'eux, le neuromère dit cérébelleux ou trochléaire présente une division ; de plus un neuromère nouveau, que l'on peut appeler acoustique, vient s'interposer entre les neuromères du facial et du glosso-pliaryngien. Les parois latérales du 4^ ventricule forment, en guise de neuromères, des renflements circonscrits et non des cavités ampuUaires. Les placodes acoustiques se creusent ; ils prennent l'aspect d'une cuvette, puis d'une cupule. II. PHYSIOLOGIE. Nous envisagerons successivement les caractères du mouvement, l'irritabilité et la signification générale de la contraction. A. Mouvement. Le mouvement de l'appareil locomoteur de Scylliorhi- CONTRACTION AN EU RALE 447 nus canicula, examiné eyitre 8» et 20», dans un inilieu constant et bien aéré, présente depuis son début, effectué à la fin du stade G, jusqu'au seuil du stade K, deux caractères principaux : l^ un rythme régulier, dû au retour périodique de la « contraction initiale » ; 2^ une allure invariable du déplacement, pour chaque phase de la croissance. Le rythme est la jn'opriété fondamentale d'une jonction musculaire aneurale, parce que seul, il exprime la qualité qui rend l'organe capable d'initiative propre ; il est indépendant de la puissance du mouvement. Le second caractère, l'aspect invariable des manifestations à une époque donnée, dépend en premier lieu de la propagation de la contraction initiale à tous les myotomes actifs, et cette propagation résulte d'une qualité siDéciale du tissu mus- culaire, la conductivité. L'ampleur du mouvement dépend, en outre, de la quantité de susbtance musculaire mise en jeu. De plus, elle croît ou diminue avec la température, dans les limites oii celle-ci est compatible avec la régularité du rythme, c'est-à-dire entre 8» et 20^ C. ; mais, pour des variations légères de la chaleur, les différences dans l'étendue dts déplacements sont moins apparentes que les changements concomitants dans la vitesse du rythme. La précipitation désordonnée des mouvements qui sm'vient au delà de 20^, ou à la suite de stimidations mécaniques, s'accompagne toujours d'une diminution d'amplitude. Dans les processus qui généralisent la contraction à toute la subs- tance musculaire active, il y a. lieu de distinguer, dans l'ordre de leur succession , : 1*^ la conductioîi de V excitation donnée par la contraction initiale ; 2° Voîide de propagation, qui signale le début de la contraction proi^agée ; 3° Vonde de flexion maximale, dont le fond marque le myotome arrivé au maximum de sa contraction. Ces 3 processus se transmettent successivement le long de la bande musculaire, en avant et en arrière du point de départ du mouvement. Les déplacements de l'embryon sont le fait de deux contractions rythmées, indépendantes l'une de l'autre, appartenant chacune à une des deux chaînes myotomiques latérales. Leur autonomie s'affirme : 1° par le mode unilatéral de leur apparition ; 2" par l'indépendance de leur rythme; l'inégale durée des deux rythmes entraîne une suite de combinaisons bilatérales {loi des combinai- sons motrices) renouvelées de façon cychque tant que la différence entre les temps des deux révolutions reste la même. En suivant le cycle, si nous partons d'un balancement égal, c'est-à-dire d'une combinaison où les con- tractions opposées s'effectuent à intervalles égaux, nous voyons se pro- 448 P- WINTREÊERT (luire «ne boikrle, puis une conjonction, pendant laquelle les contractions s'opposent ; au sortir de cette opposition, nous observons une nouvelle boiterie, inverse de la 'première quant à son lyrewier terme, par exemple droite-gauche au lieu de gauche-droite et qui se régularise peu à peu en se rapprochant du balancement égal. Un cycle entier se compose donc de quatre attitudes 'principales, qui se succèdent et se transforment gra- duellement l'une dans l'autre. Le nombre des déplacements comptés pour chacune d'elles est en rapport avec la grandeur de la chiïérence qui existe entre les tem^^s des deux rythmes ; il est d'autant plus consi- dérable que cette différence est moindre ; 30 par le mode spécial des réactions aux variations communes de milieu. L'onde propagée s'étend à chaque contraction jusqu'au bout du terri- toire actif et le délimite. Il est intéressant de constater que cette exten- sion progressive de la contractilité s'observe sur le cœur de ScylliorJiinus comme sur les chaînes myotomiques. La contraction cardiaque à son début (milieu du stade I) n'existe que sur le sinus et l'oreillette ; elle envahit ensuite le ventricule, mais, à la fin du stade I, la région bulbaire antérieure se montre encore inerte. Les conditions mécaniques du mouvement chajigent au cours des stades ; elles varient suivant l'étendue du territoire contractile, la puissance des myotomes, le lieu de la contraction initiale et les résistances à vaincre. C'est seulement en déterminant, à chaque étape, les conditions particu- lières des déplacements que l'on peut dégager les j)hénomènes généraux de l'activité musculaire. L'intensité d'une contraction ne peut s'apprécier que dans un mouvement libre, c'est-à-dire exécuté en dehors de la contraction opposée et de tout obstacle extérieur. La flexion latérale s'accompagne toujours d'un degré plus ou moins grand de torsion longitudinale, qui incline le dos de la tête, puis le dos du segment postérieur (fin stade I), vers le centre de la courbe. Le fond de celle-ci, placé au-dessus du pédicule, dépasse toujours la ligne médiane, du côté opposé à celui de la contraction ; son point culmi- nant désigne le « myotome initiateur ». Le myotome « initiateur » n'est pas toujours le même ; ainsi, au début du mouvement, la contraction commence à l'avant de la région occipitale, tandis qu'à la fin du stade I, le point de départ du mouve- ment est au 10*-' myotome. Le lieu de la contraction initiale recule donc CONTRACTION ANEURALE 449 avec rage, et l'onde propagée se fait, à partir de lui, en deux sens diffé- rents, en avant et en arrière. La courbe maximale de flexion est exécutée à la fois par la contrac- tion maxima du myotonie « initiateur » et par la contraction partielle des myotomes voisins que touclie successivement l'onde propagée ; au début de la détente, le fond de la courbe s'étale et s'élargit. La propa- gation, en avant et en arrière, du maximum de flexion, est visible pendant les étapes de la contraction rythmée aneurale, malgré la retenue des mouvements par le pédicule. La conjonction des battements opposés donne lieu à un arrêt fictif du mouvement pendant le stade G, mais dès le stade H, elle s'accom- pagne au moment oii les flexions latérales se neutralisent, d'une éléva- tion de la tête, appelée cabrement. La combinaison éventuelle des flexions latérales et du cabreinenf, dans les conjonctions partielles, détermine un mouvement léger de circumduction. B. Irritabilité. En dehors de l'exploration du muscle, faite à l'aide des agents mécaniques au stade I, je n'ai recherché l'action d'aucun facteur spécial ; cependant les embryons ont subi les fluctuations quo- tidiennes de la température et quelques autres variations occasion- nelles du milieu. 1^ Température. Les températures extrêmes entre lesquelles le mouve- ment garde ses caractères normaux, Cjuand le milieu est constant, sont 8" et 20° ; dans ces limites, plus la température est élevée, plus le temps des révolutions est court ; par contre, la croissance n'a pas d'influence sur la vitesse du rythme ; la température agit sur l'activité générale du muscle, tandis que la croissance augmente seulement la quantité de sa substance. Les changements rapides de température affolent le mouvement, provoquent des inversions de rythme et des répétitions inattendues. Entre 20 et 23", les battements deviennent irréguliers et se précipitent ; au-dessus de cette température, le mouvement cesse ; ils reprennent dans un milieu plus frais, si la chaleur n'a pas été trop élevée et n'a pas duré trop longtemps. Au-dessous de 8^, les battements se renouvellent à intervalles très espacés et inégaux. L'élévation de la température diminue le temps de la détente plus vite qu'elle n'accélère le temps de la contraction ; inversement, son abais- sement accroît la durée de la détente plus vite qu'il ne ralentit le mouvement de flexion. 450 P. WINTFEBEBT La suractivité du muscle aux températures élevées, compatibles avec la régularité du rythme (IS^). augmente l'amplitude des déplacements ; celle-ci diminue au contraire quand la température baisse. A 20'' et au- dessus, les mouvements sont à la fois jjIus précipités et moins étendus. Dans certaines conditions de milieu constant (temjiérature élevée atteignant près de 20^, embryon fort irritable, durée presque égale des révolutions opposées), des inversions passagères de r3^hme se manifestent, au moment de la conjonction, qui ramènent brusquement l'association bilatérale des mouvements à la boiterie précédente ; puis celle ci s'achemine peu à peu, de nouveau, vers la conjonction. Ces troubles légers existent probable- ment sur tout le parcours du cycle des combinaisons et sont mis en relief, au moment de l'opposition des mouvements, par le i^oint de repère précis du passage en conjonction. Ils ne tiennent ni à une influence réciproque des mouvements opposés, ni à une menace d'asphyxde causée par une immobilisation prolongée. Les embryons, C[ui ont subi précédemment une chaleur supérieure à 200 C, ne sont plus réglés, pour une température donnée, à la même vitesse de rythme que les embryons normaux ; ceux qui ont été soumis longtemps à une température élevée, compatible avec le rythme (19"), présentent ensuite pour quelques heures, une diminution d'activité que l'on peut met- tre sur le compte de la fatigue. Le rythme des embryons élevés dans des conditions voisines du milieu naturel est au contraire toujours fonction des circonstances ambiantes et, en cas de changement de tem- pérature, la réversibilité des réactions peut être constatée. Dans les conditions instables de température, où les embryons sténothermes de Scylliorhinus canicula sont élevés au Laboratoire, il importe donc pour apprécier exactement leurs réactions, de connaître leurs antécédents. 20 Ayenls chimiques. Le défaut d'oxygène ralentit et déprime le mouvement, qui reprend sa vigueur et sa vitesse en milieu aéré. La dilution de l'eau de mer avec moitié d'eau douce détermine ime trémulation continue. Les échanges entre le milieu intérieur de l'embryon et l'eau de mer ambiante, qui se produisent à la suite de blessures, déterminent, au bout d'un temps d'autant plus court que la blessure est plus large, un arrêt j^rolongé des mouvements, qui peut en imposer pour la mort ; mais au bout d'un intervalle de temps variable, qui peut être de plusieurs heures à la suite d'ablations étendues, le mouvement reprend. 30 Exploration par les agents mécaniques. Les myotomes fonctionnels CONTRACTION ANEURALE 451 sont les seules parties du corps qui se montrent irritables. Leur stimu- lation doit être directe pour être efficace ; aucune réponse motrice n'est obtenue par une action à distance. Les excitations du revêtement cutané n'ont aucim effet si elles n'intéressent en même temps les myotomes sous- jacents. Les raclages superficiels, à l'aiguille, dans la région musculaire fonctionnelle, le frottement général du corps déterminent seulement, de même qu'un déplacement forcé dans la coque, une vivacité générale plus grande du mouvement et quelques troubles rythmiques. Les obstacles situés sur le trajet des extrémités limitent, d'une façon mécanique, leur déplacement, mais n'ont aucun retentissement sur le rythme des contractions. La piqûre légère d'une bande musculaire latérale provoque luie accé- lération des contractions rythmées, limitée à la seule chaîne myotomique excitée. Une piqûre profonde cause une contracture localisée au point déchiré et une accélération du rythme dans le reste de la bande musculaire. Cependant, -si la piqûre profonde est faite à l'endroit de la contraction initiale, la contracture de cette région empêche, jusqu'au moment de sa détente, le renouvellement périodique de la contraction rythmée. Chacune des chaînes myotomiques latérales conduit rapidement une excitation le long de son territoire fonctionnel, depuis sa partie active la plus reculée vers sa partie antérieure, siège du myotome « initiateur », sans le concours d'une onde propagée. La conduction de l'excitation 71 est pas le fait d'une onde de contraction. La contracture ne se propa-je pas ; l'excitation qui l'a provoquée se propage seule. L'effet d'une excitation înécanique est toujours accélérateur, jamais inhibiteur ; on ne peut considérer en effet comme un acte inhibitoire la cessation du renouvellement rythmé consécutive à une contracture de la zone initiatrice de la contraction. Le choc de la tête et son ébranlement, par la détente d'une aiguille courbée, ne changent pas la durée des révolutions. Le plissement forcé, la contusion, l'arrachement des muscles, au niveau des bords antérieur et postérieur du pédicule, déterminent une excitation violente non localisée ; ils ont les mêmes suites qu'une piqûre profonde des deux chaînes myotomiques faites aux mêmes endroits, c'est-à-dire une contrac- ture sur place, accompagnée d'une précipitation des deux rythmes. c. A un point de vue général, la contraction aneurale rythmée des myo- 452 - P. WINTBEBEBT tomes est une manifestation passagère, réalisée à mie époque définie du développement. Elle traduit une phase primitive de la différen- ciation musculaire, acquise sous l'influence des conditions de milieu, et sans rapport avec la phylogénie. Elle démontre qu'au cours de l'onto- genèse, des propriétés successives peuvent se développer dans les tissus, parallèlement aux transformations de la structure et sans modification générale de la forme. Son indépendance vis-à-vis de toute action parti- culière des autres organes n'exclut pourtant pas une étroite corrélation fonctionnelle des myotomes avec l'ensemble de l'organisme par l'inter- médiaire du milieu intérieur. Les contractions aneurales de chaque bande myotomique, ayant un rythme indépendant, ne peuvent être regardées comme une première étape de la fonction locomotrice ; elles déterminent en effet une succession ininterrompue d'attitudes variées, qui, en milieu constant, se repro- duisent de manière cyclique et qui se renouvellent de façon désordonnée sous l'influence des changements de la température. Il est impossible, en particulier, de considérer comme un premier stade d'évolution du mouvement vers la progression, la phase de ". conjonction y>, où les deux contractions latérales, coïncidentes, :se neutralisent. Le développement de la fonction locomotrice ne commence qu'avec l'étabUssement de la coordination bilatérale, au temps de la liaison neuro-musculaire. Le mouvement aneural des myotomes, effectué jiar les mêmes muscles qui, sous l'influence neiveuse, détermineront plus tard la progression, présente une signification bien spéciale : à une époque où la circu- lation n'est pas encore établie, il supplée à l'action du cœur; il aide à la répartition des matériaux de nutrition, facilite l'éUmination des déchets et favorise la respiration. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE DES AUTEURS CITES 1874. Balfour (Fr.-M.). A preliminary account of Lhe development of tho Elasino- branch Fishos. {Quart. Journal nf Micr. Se. 1874. Reprinted in lhe Mémorial Edition of the Works of Francis Mailland Balfour, Vol. I, p. GO- 112, 3 et 4 pi., London,1885.) 1876-78. Balfour (Fr.-M.). A Monograph on the development of Elasmobranch Fishes. {Journal of Anat. and Phijs. Reprinted in the M. E., Vol. I., p. 203 520, pi., 6-21 London, 1885.) 1907. Baglioni (S.). 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ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE Tome 60, p. 461 à 500. 15 Décembre 1920 NOTES M lilÛLOlllE CÏTÛLOtilQUE QUELQUES RÉSULTATS DE LA MÉTHODE DE CULTURE DES TISSUS VI. — LE TESTICULE^ PAR CH. CHAMPY Professeur agrégé à la Faculté de médecine do Paris. SOMMAIRE INTROD0CTIOX. . .' 462 Matériel , 462 Technique et évolution générale 466 l'« Partie. Cultures de testicules aspermatogônes '. 467 Cultures de testicules d'embryons (p. 467) ; cultures de testicules de nouveaux-nés (p. 468) ; Sur la cause de l'évolution oviforme (p. 470). 2« Partie. Cultures de testicule en spermatogénése 471 I. Auto-cultures 471 Etude des tubes sàminifères 471 Dégénérescence des éléments de la spermatognénèse (p. 472) ; Les speriiiatidcs (p. 473). — Les sper- matocytes (p. 475). Evolution des spermatogonies et des cellules de Sertoli (p. 477). — Tubes ouverts par le prélèvement (p. 480). — Phagocytose des éléments dégénérés (p. 481). — Evolution des tubes indifférents (p. 484). — Tentative d'évolution spermatogène (p. 484). — Evolution en grandes cellules germinatives (p. 485). Evolution des tubes ouverts. Epithéliums de cicatrisation 486 La zone d'envaliissement 488 Evolution des éléments interstitiels 489 II. Cultures en plasma étranger (hétéro-cultures) 491 Particularités de diverses autres cultures 494 III. RÉsmiÉ ET Conclusions 496 1. Ce travail avait été rédigé sous un volume quatre (ois plus grand qu'il n'est écrit ici. Les conditions actuelles de la publication scientifique m'ont obligé à le réduire au strict minimum. Arch. de Zoul. EiP. El (jlÉN. — T. 00. — r, B. 31 46i^ CH. CE AMP Y INTRODUCTION L'application au testicule de la méthode des cultures iii vitro semblerait ai)peléc à doimer des résultats particulièrement intéressants si l'on pou- vait obtenir une sjiermatogénèse hors de l'organisme. Malheureusement, nous sommes loin de pouvoir le faire. J'ai indiqué déjà (1913) que le testicule cultivé en dehors de l'organisme retournait à l'état embryonnaire oujdIus exactement à l'état prépubéral. Depuis, j'ai tenté des cultures d'éléments séminaux dans les conditions les plus variées et bien que je n'aie pu réaliser la spermatogénése invitro^ qui évidemment, si elle est possible, constituerait un élément d'expéri- mentation de tout premier ordre que tout biologiste souhaiterait avoir entre les mains, j'ai pu recueillir quelques observations intéressantes concernant la biologie des cellides sexuelles. Les cultures de testicule préscnteul des difficultés tecliuiques jjarliculifiVb qu'on ne pouvait qu'en partie prévoir a priori^, mais qu'on comprendra aisément étant donné ce qu'on sait dj-s autres cultures. Une difficulté facile à prévoir provient de l'inliouio- généité du testicule. Les tubes séminifères se trouvant à des stades diflérents, on ne met jamais en culture les mêmes éléments, si l'on prend de petits fragments, ce qui est ici plus nécessaire encoa'e qu'ailleurs. D'où nécessité de multiplier considérablement les expériences, nécessité accentuée encore par l'évolution variable et souvent rapide des phénomènes qui amène à multiplier les stades pour avoir une idée claire de ce qui se passe. D'autre part, comme nous allons voir, un très grand nombre d'éléments dégé- nèrent et les cadavres cellulaires provenant de cette dégénérescence constituent un ùnpedimentum qui gène les cultures, les arrête parfois.^Ge facteur est d'ailleurs essen- tiellement variable, car la quantité des éléments de la spermatogénése n'est nulle- ment constante d'un individu à l'autre. Les pièces perdues par suite de fixations défectueuses sont enfin assez nombreus3S ici par suite de la délicatesse des éléments. Matériel J'ai employé ôomme objet fondamental le lesticLde de lapin cultivé feur la plasma de l'animal lui-même (auto-ciUture). Pour des raisons sur lesquelles nous reviendrons, j'ai fait aussi un assez grand nombre de 1. On ue peut compter comme t^-lles les essais de GoldscHmIDT qui sont exclusivement étant donnés les conditions où il opère et la très grande lenteur de la spermatogénése, des observations sur la biologie des cellules sexuelles dans des conditions anormales ; même observation pour Lewis et Kobkrtson. 2. C'est la nécessité de compléter la sériation des stades qui m'a cmpôclic de publier l'ensemble des résultats en 1014. LE TESTICULE m cultures hétérospécifiques (cobaye et rat sur plasma de lapin). J'ai aussi cultivé le testicule siu* plasma de femelle, ce qui d'ailleurs m'a paru lui être assez indiJïérent, J'ai aussi établi une série de cultui'es de testicules de coq qui n'a pas été très instructive, une série avec la tortue (T. mau- ritanica) qui m'a donné de bons résultats, et accessoirement quelques cultures de chat, pigeon, triton. La lenteur de l'évolution des phénomènes cytologiques et leur variabilité avec la température chez les animaux à sang fioid fait que ceux-ci sont d'un emploi très peu commode, ce qui l'iu. 1. Images de tubes séiniuilères les plus iréqueutes daua le testicide de lapin normal. .1 : montre Taspuct de la couche à spermatogonies chez uu lapin de petite taille ; B : chez im lapin de grande taille, compense et au delà les avantages qu'ils peuvent présenter d'autre part. Les Mammifères m'ont donné les meillem's résultats. Chez le lapin, j'ai eu une sériation assez complète : fœtus, lapins nou- veau-nés, lajiins déjà pubères et vieux lapins. Si je fais des différences selon l'âge, c'est que cela a bien plus d'importance qu'on ne serait tenté de le croire. En effet, le testicule de ces lapins présente des différences très sensibles, non pas dans la qualité des éléments, les uns et les autres ren- fermant des éléments séminaux à tous les stades et dans les mêmes pro- portions par rapport les uns aux autres, mais dans la quantité globale de ces éléments. Ces différences sont très considérables et se traduisent par des différences de 1 à 2 dans le volume des tubes séminifères selon 464 CH. CHAMPY qu'on s'adresse à un lapin de 2 ou de 4 likos. Ces différences quantitatives ont ici une grande importance. Les tubes séminifères ne présentent pas chez le lapin l'évolution régulière qu'on trouve chez le rat, et qui aurait fait de cet animal un objet de choix s'il avait pu fournir du sang en suffisance. Il n'entre pas dans mes intentions de faire la cytologie topogra- phique du testicule du lapin où les tubes se présentent avec une certaine variabilité. Certains aspects sont notablement plus fréquents (fig. I et II). La variété des aspects résulte des stades spermatocytaires très divers et des stades également divers de Fia. II. Deux aspects fréquents dans le tube séminifère du testicule de lapin. spermatides. Les spermatocytes ne manquent guère, mais les spermatides peuvent manquer, remplacées par des spermies fasciculées. Ce qui retiendra mon attention pour les raisons que l'on comprendra bientôt, ce sont les éléments spermatogoniaux et sertoliens. Ils ne présentent pas ici les différences morphologiques caractéristiques qu'on trouve chez le rat et surtout le cobaye. On distingue bien des noyaux sertoliens à nucléole central assez gros et des noyaux spermatogoniaux plus foncés à chrortiatine périphérique ou en tous cas plus répartie, mais il y a des formes difficiles à classer et qui constituent des intermédiaires. Ces différences morphologiques sont plus accen- tuées à certains stades, surtout à ceux qui comportent des spermatides dont l'achève- ment est proche, moins accusées au contraire lorsque les spermatides sont jeunes, ou lorsque les spermies sont fasciculées. L'aspect de la couche à gonies est assez différent lorsqu'on a affaire à un animal petit ou moyen ou à un très gros lapin ^ 1. Les groslapins que j'ai employés n'étaient pas de race spéciale, je techerchais seulelnetit autant que possible les lapins de très forte taille pour avoir une plus grande quantité de plasma. I LE TESTICULE \ 465 Dans le premier cas, ces éléments sont peu nombreux et semblent isolés, les sper- matocytes étant souvent au contact de la membrane du tube. Les spermatogonies sont alors souvent aplaties et cunéifomres. Chez les très gros animaux, la zone à gonies constitue à certains stades (lorsqu'il y a des spermatocytes au stade dit diplotène) une bande continue séparée par une limite nette des autres éléments. Les noyaux à type sertolien sont alors inclus dans cette bande et leur morphologifi est peu différente de celle des noyaux spermatogoniaux. Cet aspect (fig. I, B) n'a appelé mon attention que parce qu'il s'accentue considérablement dans les cultures et j'avais cru d'abord qu'on ne le trouvait que là. J'ai constaté ensuite qu'il existait très net dans certaines pièces témoins. Je ne m'attarderai pas à rechercher comment ces observations s'ar- rangent avec l'aspect scyncytial des éléments sertoliens dans lesquels sont plongés les éléments s.éminaux proprement dits, aspect d'ailleurs si net chez d'autres espèces qui servent de base à la description classique. Je remarquerai seulement que l'habitude fâcheuse de limiter à une seule espèce les études de spermatogénèse a sans doute ici encore amené à généraliser un peu hâtivement des faits observés sur un type favorable, ce qui est particulièrement dangereux pour un organe où les variations spécifiques et même individuelles sont très considérables. Les testicules d'embryons renfermaient de petites cellules germûiatives seulement, ceux de lapereaux nouveau-nés de grandes et de petites cel- lules conformément aux descriptions classiques. Les particularités des autres espèces que j'ai employées sont essentiellement les siu vantes : chez les chats que j'ai utilisés, spermatogénèse peu active, un certain nombre de tubes sont presque dépeuplés. Les cellules ovif ormes étaient nombreuses (Cf. Regaud 1911 A). Comme chezle lapin, les caractères diffé- rentiels entre gonies et éléments sertoliens sont peu accentués. A l'état normal et surtout dans les tubes peu peuplés, on observe l'évolution des gonies en grandes cellules germinatives bien caractérisées ^. Les testicules de rats étaient conformes à la description de Regaud 1910 avec une évolution spermatogène de régularité parfaite. Chez les cobayes, l'évolution spermatogène ast aussi assez régulière, le dimor- phisme entre les gonies et les noyaux de Sertoli très accentué chez ces deux espèces surtout chez les cobayes (Voir Bofin) atteint son maximum lorsqu'il y a des spermatides proches de la maturité. Les oiseaux : coqs ou pigeons, ont une spermatogénèse irrégulière et confuse. Les tortues étaient, bien entendu, à Paris dans des conditions anor- males. Les expériences ont été faites l'été, alors que la spermatogénèse était active malgré que ces animaux soient dépaysés. Il y a dans les tes- 1. Ceci représente très exactement l'évolution oviforme des gonies que j'ai étudiée chez les Batraciens. Les grandes cellules germinatives des testicules de chat ont des caractères oviformes très nets et ne dégénèrent qu'assez lentement. 460 CH. CHAMPY ticules de nombreuses cellules géantes par agglutination des spermato- cytes. Chez les Sauropsidés, les cellules de Sertoli sont en général mal caractérisées. Les gonies sont mieux arrondies et ne se laissent pas aplatir contre la paroi comme celles des Mammifères. J'ai employé aussi de petites tortues dont les testicules ne renfermaient que de grandes et de petites cellules germinatives. Technique et évolution générale de ces cultures J'ai employé comme toujours la méthode qui consiste à cultiver sépa- rément des fragments d'organes dans du plasma, dans des vases séparés, et à faire des séries par fixation à des temps divers, puis des coupes. Les liquides chromiques, Flemming, Benda, ou celui que j'ai indiqué (1913), donnent les meilleurs résultats, bien que les préparations soient moins agréables comme aspect. Les testicules, même adultes, donnent volon- tiers des cultures par étalement, la zone d'envahissement étant souvent importante ; mais ici, pas plus qu'ailleurs, on ne f)eut comj^rendre de telles préparations sans la connaissance exacte de ce qui se passe dans le frag- ment ensemencé. J'ai observé d'ailleurs très nettement, sur le grand nombre de cultures que j'ai, que la zone d'envaliissement est très fréquem- ment d'autant plus active que les dégénérescences sont plus intenses dans le fragment : les cellules fuient alors ce centre d'intoxication. Ceci montre nettement que dans la zone d'envahissement les phénomènes d'amœ- boïsme sont très souvent dominants. Lorsque les cellules sont dans de bonnes conditions, par exemple dans les cultm'es de testicule embryon- naire, où les dégénérescences sont peu nombreuses, elles n'ont aucune raison d'aller plus loin et l'envahissement est médiocrement actif, bien que la prolifération soit intense. La méthode des coupes seule permet d'étudier la zone que j 'ai appelée fertile où se passent tous les phénomènes intéressants. Remarquons que les cultures de tubes séminifères adultes présentent deux conditions particulières : les éléments de la spermatogénèse, étant peu cohérents, se répandent aisément à la surface du plasma où on les retrouve à l'état isolé dans des conditions particulières et d'ailleurs excel- lentes. Par le fait que certains tubes sont ouverts par le coup de ciseau qui a prélevé le fragment ensemencé, ces tubes se débarrassent aisément des éléments dégénérescents et se trouvent ainsi dans mie situation parti- culièrement favorable par rapport aux autres tubes. LE TESTlOULm 467 PREMIÈRE PARTIE CULTURES ET TESTICULES EMBRYONNAIRES L'exposé gagnera en clarté à commencer par ce cas simple. S'il n'y avait lors de la mise en culture que des petites cellules gevnu" natives l'évolution continue dans la zone fertile sous cet asxDect, Les questions qui se posent sont facilement résolues : Cultures de testicules d'embryons Il y a certainement multiplication des cellules germinatives, les éléments étant constamment plus nombreux dans les tubes de la région fertile que dans le centre dégénéré ; les tubes séminifères se gonflent sensiblement. Comme les éléments con jonc- tifs de la paroi et les éléments interstitiels se multiplient également sans rester orientés en III. Culture do, 24 heures de testicule embryonnaire de lapin. Petites cel- lules germinatives seulement. membranes, il se produit bientôt une tendance à la rupture des tubes séminifères en certains points (fig. vu). Cette multiplication se fait-elle par mitose ou par clivage? Je pense que les deux processus interviennent. Il y a certainement des mitoses (fig. iv) mais elles ne sont pas très nombreuses et ne paraissent pas correspondre à l'accroissement du nombre des éléments. Les images de clivage ne sont pas rares. Au surplus, les cellules -mères se multiplient fréquemment par clivage chez l'adulte. Il n'y a pas ici de confusion rapide entre les éléments de l'intérieur des tubes et les éléments conjonctifs rein embryonnaire par exemple et d'autres organes. ne se produit qu'en des points localisés ^. ^ 1. Il faut remarquer toutefois qu'étant doimée la petite taille des organes et la nécessité d'opérer aseptique- mcut, je n'ai pu les débarrasser de leur albugiuée qui déjà est assez résistante (ce qui maintient une certaine com- pression). Fig. IV. Mitose dans ime cellule sexuelle isolée dans le plas- ma. ( Culture de testicule embryon- naire de 24 heures.) comme dans le Cette confusion 468 CH. CHAMP Y Cela est d'autant plus fraf)pant qu'une fois que les éléments conjonctifs sont un peu dégonflés et décomprimés, ils ne diffèrent par rien d'essentiel des spermatogonies quant à leur morphologie. Dans les cultures âgées, la végétation se fait assez activement et les cellules sexuelles déforment complètement les tubes qui deviennent irréguliers, végétants et prennent l'aspect des boyaux épithéliaux d'une tumeur maligne. Cependant, la distinction entre le conjonctif et les cel- lules sexuelles se maintient encore assez nette au troisième jour, alors que, pour les autres cultures, la confusion est en certains points complète. La membrane des tubes séminifères qui semble de bonne heure assez résis- tante n'a d'ailleurs pas encore disparu. Testicules d'animaux nouveau-nés Les testicules d'animaux nouveau-nés ou impubères, continuent également à végéter en se modifiant assez peu. On retrouve dans la zone fertile les petites et grandes cellules germinatives. Les petites s'y multi- plient et l'évolution dégénérative des grandes cellules y continue. EUe paraît cependant souvent très diminuée par rapport aux pièces témoins, comme si elle était due à une excitation venue de l'or- ganisme qui serait moins intense ici. On trouve fréquemment des mitoses dégéné- ratives dans les grandes cellules germi- natives. On observe le passage des petites cellules aux grandes comme cela est noté dans l'organisme. Les petites cellules ont souvent une disposition vaguement épithéliforme (comme cela est fréquent et net dans les testicules non spermatogènes des Sauropsidés). EUes ont alors diffé- rencié des sortes de fines tono-fibrilles qui donnent à l'ensemble un aspect strié perpendiculairement à la paroi des tubes. Ces fibrilles paraissent partir de la base et passer à côté du noyau. Très souvent une grosse fibrille part du pôle apical du noyau oii se trouve un grain simple ou double exfranucléaire (fig. v). Voici comment on voit le passage des petites cellules aux grandes avec les méthodes employées : un paquet granuleux constitué de quelques chondriocontes courts existe à un pôle du noyau des petites cellules. Ce paquet augmente ; en même riG. V. Grandes c-t petites cellules sexuelles dans une culture de lapin nouveau-né 3 jours, tn : tonoflbrilles. LE TESTICULE .469 FiG. VI. Tube séminifôre d'un lapin nouveau-né (culture [de 3 jours) compris en partie dans la zone fertile (?/) eu partie dans le centre dégénéré (dg). temps apparaît une délimitation circulaire qui sépare une cellule ronde de la masse cytoplasmique générale. Celle-ci est-elle cloisonnée ou non ? Je ne saurais le dire. Il semble qu'elle le soit, à cause de certaines images de contraction dues à la fixation. En tous cas, ce n'est pas alors toute la cellule qui se transforme en grande celule germina- tive, mais seulement l'en- doplasme périnucléaire qui s'isole du reste par un phé- nomène analogue à celui que l'on voit fréquemment dans diverses cultm-es (par exemple muscle lisse) (1914). Ce phénomène n'est pas particulier aux cultures, il se produit aussi Vbns les pièces témoins et je ne l'ai étudié que parce qu'il est inté- ressant à connaître pour ce qui suit. Une fois isolées ainsi, les petites cellules grossissent vite, lem^s mito- chondries deviennent nom- breuses, leur nucléole très gros. Elles subissent des mitoses multipolaires dégé- — . p nératives lorsqu'elles sont de taille moyenne. Lorsqu'elles sont très grosses, elles dégé- nèrent sans mitose par chromatolyse. Fia. VII. Culture de lapin nouveau-né X" jours). Disparition des grandes cellules germinatives.i rupture des tubes sémi- nifères (lettres comme la fig. précédente). Il est de toute évidence que ce.s éléments représentent les cellules oviformes que j'ai étudiées à divers stades de l'évolution des Batraciens et qu'on retrouve dans le testicule du chat par exemple, ou encore dans les testicules des Sauropsidés non sper- matogènes. Ce qu'on sait de ces éléments chez les Batraciens, exemple clair, montre 470 CH, CÉAMPY qu'ils représentent les éléments femelles. Ce n'est pas que je pense exactement comme Pkenant 1885 que dos éléments femelles formés chez l'embryon dégénèrent à un moment donné chez le mâle. Leur dégénérescence, on le voit ici, est extrêmement rapide, ils se produisent et meurent en quelques jours au plus, mais il s'en reproduit constammonf, aux dépens dos petites cellules germinatives que, pour employer une expression de valeur plus générale, nous appellerons les gonocytes (ou encore gonies iadifTérentes.) Pkenant et bien d'autres depuis (Hovex) ont noté déjà cette trans- formation, mais elle est bien plus active qu'on ne s'imaginait à une époque où l'expéri- mentation n'avait pas révélé l'active évolution cellulaire des animaux à sang chaud (très différente comme je l'ai dit et comme nous le reverrons de la lente et irrégulière évolution des poïkilothermes). On ne doit pas, à mon sens, penser que ce sont des éléments fondamentalement femelles qui dégénèrent ici (cela est d'ailleurs en désac- cord avec tout ce qu'on a appris dans ces derniers temps de cytologie sexuelle) mais que les gonocytes indifférents subissent à certains moments une évolution dans le sens féminin, évolution d'ailleurs abortive, sans doute, parce qu'elle ne rencontre pas les conditions nécessaires pour pouvoir se poursuivre. J'ai montré (1913) que chez les Batraciens cette évolution est en général à son maximum lorsque la spermatogénèse diminue ou s'arrête. Chez les Mammifères, nous la trouvons dans le testicule impubère, dans les tubes séminifères plus ou moins dépeuplés de quelques types ; chez les Sauropsidés chaque fois que l'évolution sper- matogène s'arrête ; toute cela est bien conforme à rexjiliralion que j'ai donnée pour les Batraciens et qui somblo devoir être généralisée. Sur la cause de l'évolution oviforme Je voulais en venir à im petit point particulier qui est, je crois, d'un grand intérêt. Si nous prenons la question au point de vue dynamique, nous remarquons, dans l'ensemble, que l'évolution en grandes cellules ou évolution oviforme ne se produit pas dans les gonies au stade d'arrêt com- plet de la spermatogénèse. Exemples : pas d'évolution de ce genre dans le testicule parfaitement aspermatogène de Rana temporaria d'Iiiver, pas non plus dans le testicule des oiseaux au repos hivernal complet. Pas davantage dans le testicule des embryons^. Au contraire, l'évolution ovi- forme apparaît quand la spermatogénèse se prépare ou est peu active pour disparaître quand elle bat son plein : grenouille verte en février-mars ; triton au printemps ; fœtus de mammifère près du terme ou jeimes ani- maux jusqu'au début de la spermatogénèse ; ou animaux adultes lorsque la spermatogénèse diminue (chat) : début et fin de la spermatogénèse lorsqu'elle est temporaire (Sauropsidés). Il semble donc que l'excitant 1. Je fais allusion ici h clos observations qui n'ont pas été publiées, mais qui ont été contrôlées sur une série trft? nonibreuse de préparations de testicules de Vertébrés divers que je possède. LE TESTICULE 471 inconnu qui provoque cette évolution soit de même ordre que celui qui produit l'évolution spermatogène (à moins que ce ne soit le même agis- sant dans des conditions différentes). Or, dans les cultures où toutes les causes d'origine somatique sont, sinon supprimées, du moins très dimi- nuées (on emporte évidemm?nt avec le plasma une partie des excitants somatiques qui sont des substances chimiques), on voit l'évolution ovi- forme diminuer nettement par rapport à ce qu'elle était dans les pièces témoin : ceci est tout à fait d'accord avec l'idée exposée ci-dessus. Il est quelques faits aberrants : ainsi, dans les testicules de jeunes tortues c[ue j"ai cultivés, l'évolution oviforme persiste assez intense, autant que dans la pièce témoin, mais les cultures n'ont pas duré plus de S jours, ce qui, ainsi que je le sais par les autres observations de cultures, correspond comme temps d'évolution à un jour à peine pour les Mam- mifères. La zone d' eîivahissement des cultures de testicule embryonnaire est d'origine conjonctive ou provient de tubes ouverts. Il n'y a j)as lieu d'en faire ici une étude spéciale, puisque les mêmes phénomènes seront étudiés chez l'adulte. En somme et d'mie façon générale, on observe dans les cultures de testicule aspermatogène une multiplication du même type que celle qu'on observait in vivo avec des modifications peu importantes : diminution de l'évolution en grandes cellules germinatives, déformation des tubes sémi- nifères par croissance irrégulière. DEUXIÈME PARTIE CULTURES DE TESTICULES EN SPERMATOGÉNÈSE I. — Auto-cultures. Étude des tubes séminif ères Le testicule de lapin sera ici la base de ma description. Lorsqu'on le met en culture, les transformations sont rapides et sensibles déjà après 2 heures. Elles sont essentiellement caractérisées, ainsi que je l'ai signalé depuis longtemps, par ^lne dégénérescence des éléments delà spermaiogénèse, un regonflement des éléments sertoliens et spermatogoniaux et le retour à Vétut embryo7inaire. Assez vite, les éléments spermatogoniaux phago- cytent les cadavres des spermatocytes et spermatides, et les spermato- 472 CH. CHAMP Y zoïdes. Cette opération est d'autant plus facile que ces cadavres sont moins abondants. Il en résulte des différences notables dans l'évolution des tubes séminifères selon des conditions tout accidentelles. Les tubes ouverts par le prélèvement, pour lesquels les éléments dégénérescents sont aisément entraînés par le lavage des cultures, évo- luent très vite. Il en est de même des tubes ouverts à une extrémité (il est difficile de bien se rendre compte de cette condition, car il faut suivre le tube sur la série des coupes) qui évoluent aussi très vite, mais à un moindre degré car ils se vident plus mal. Chez les lapins de taille moyenne où la sper- matogénèse est moyennement active, l'évolu- tion est assez rapide encore. Elle a été lente et difficile lorsque j'utilisais des lapins de forte taille à spermatogénèse très active. Il n'y a que dans les régions bien net- tement favorables de la zone fertile qu'elle peut alors se produire. Elle est aussi sou- vent ralentie. D'après ce que nous venons de dire, nous aurons à étudier deux séries et même trois, de phénomènes assez distincts : la dégénérescence des éléments de la spermatogénèse, le retour de l'épithélium séminal à l'état embryonnaire ; enfin, un troisième phé- nomène qui, pour être difficile à obtenir, n'en est pas moins fort intéressant par sa portée générale : les efforts de spermatogénèse abortifs produits in vitro. FlG. VIII. Spermatidcs dégénéresccntos dans une culture de testicule de lapin adulte (S heures), cen : centro somes postérieurs, vac : vacuoles périnucléohiires. ac : acrosome se prolongeant par un filament axial, ag : spormatides agglutinées. II cy : spermatocytes de 2e ordre en dégénérescence. DÉGÉNÉRESCENCE DES ÉLÉMENTS DE LA SpERMATOGÈNÉSE Je n'étudie guère dans les cultures les dégénérescences qui se ramènent aux phénomènes d'autolyse déjà connus, mais ici elles présentent un cer- tain intérêt tant par leur modalité que par leur chronologie ; je n'étudie d'ailleurs ici que les phénomènes de dégénérescence de la zone fertile là oii d'autres cellules survivent, négligeant systématiquement les phénomènes d'aUleurs banaux dus à l'asphyxie dans le centre dégénéré. LB TESTICULE 473 Les Spermatides. — La rapidité des dégénérescences varie beaucoup selon les conditions ; mais toujours, les premières cellules atteintes sont les spermatides. Dès 2 à 8 hem-es de culture, eUes présentent des altérations caractérisées. Ce sont d'abord des phénomènes de vacuolisation du noyau accompagnés de densification des amas granuleux du cytoplasme. Ces phénomènes seraient extrêmement intéressants à étudier en détaU plus longuement quo je ne le puis faire ici sans entrer dans cet autre sujet tout spécial de la spermiogénèse. Comme les altérations sont très rapides, les spermatides ■ C/ sont pour ainsi dire saisies par la dégé- nérescence au moment de leur évolution o il eUes étaient lors de la mise en culture. Cette dégéné- rescence et ses modalités à chaque stade est un élé- ment précieux pour l'appréciation de la nature des organites divers de la spermatide et de leur homologie. / "m^ \ Fio. IX. Spermatides dégénérescentes dans une eultiire de lapin adulte de 2 heures. Cp : cor- puscules centraux postérieurs, ca : corps, cent, anté- rieurs. V : vacuole de dégénérescence. Les noyaux se vacuoliseiit très vite. La vacuole nucléaire est périnucléolaire ou juxtanucléolaire, mais elle peut s'observer aussi au contact de l'ébauche de l'acrosome, c'est-à-dire au corpuscule central du groupe antérieur, ou du corpuscule central du groupe caudal lorsqu'il est entré en contact du noyau. D'ailleurs, la vacuolisation ne semble se produire que lorsque le noyau de la spermatide est en voie d'homogénéi- sation, et pas aux stades précoces de la spermiogénèse. Aux stades où existe le bâton- net intranucléaire que j'ai décrit, il s'entoure aussi d'une vacuole. Dans le cytoplasme, même vacuolisation autour des centrosomes tant du groupe que j'ai appelé antérieur que du groupe postérieur. Dans le groupe antérieur, les centro- somes deviennent plus évidents. Dans le groupe postérieur le centrosome ou la vacuole qui l'entoure groupent rapidement autour d'eux un fort amas de mitochondries. Le corps chromatoïde s'entoure souvent aussi d'une vacuole : l'idiozone vient s'accoler à la surface de la vacuole qui entoure les corpuscules centraux. Lorsqu'il était déjà accolé étroitement au noyau, une vacuole apparaît entre lui et le noyau avec, en son centre, un grain chromatique très net. 474 CH. CHAMP Y iiu. X. Ui'gcuOi'c'Scence Je s])eriuutii.U'S (lai^iu adulte, 8 heures, l'orination tle vacuoles: V. autour des nucléoles, des corpuscules centraux et des corps cbromatoides. Le flagelle disparaît très vite, même dans les spermatozoïdes presque achevées, sans qu'on puisse suivre les étapes de cette disparition qui doit être très brusque. A mesure qu'on approche de rachèvemeutduspermalozoïde, la résistanceàla dégé- nérescence parait être de plus en plus grande. De 2 à 8 heures de culture, la dégénérescence est nette dans toutes les spermatides, tandis que les spermatozoïdes ne montrent guère d'altérations avant 24 heures. Alors leur tête devient de moins en moins colorable, le cor- puscule central postérieur y devient très visible, car il reste colorable plus longtemps ainsi que l'acrosome qu'on voit alors nette- ment se poursuivre par un bâtonnet qui atteint la moitié de la tèlo où l'on cesse de pouvoir le suivre. Les spermatozoïdes disparaissent ensuite peu à peu par une sorte de dissolution. Le phénomène est très comparable à celui que j'ai observé chez les tritons (où il est plus facile à suivre) de la phagocytose des sperma- tozoïdes restant dans les ampoules séminifèrcs par le scyncytium sertolieu. Dans quelques cas favorables les spermatides ont pu se con- server en des points localisés de la culture jusqu'à 2 jours dans trop d'altération^. Les spermato- cytes de 2^ ordre et les sperma- tides jeunes dégénèrent par un autre processus : ils s'agglutinent les mis aux autres comme le font un peu plus tardivement les sper- matocytes. Cette agglutination est plus rare dans les spermatides en voie d'évolution où on la re- trouve cependant. Notons bien ce fait que je crois impoitaiit : c"est que les spermatides présentent toutes ces dégénérescences dans les tubes en bonnes conditions, à un moment où 1. l.a persistaucc pendant un temps cxceptiounellement long (5 à 7 jours) des élénients de la spennatogénèse ne s'observe que dans les tubes fermés et près de la surface du grain ensemencé. Ces conditions ne sont d'&illeurs pas toujours suffisantes. En général, les speriuatoc\-tes sont seuls conservés, ils peuvent très esceptionnellemcnt aller jusqu'à la mitose de maturation, mais les cellules dégénèrent au stade Bpermatide. riG. XI. Jlitoses «penuatueytaires dans un tube séiuiui- f ère de la])iu adulte situé dans la zone fertile (2 heures de culture). Dans le même tube, on trouve un peu plus loin les spermatocytes pachytènes agglutinés. LE TESflOULÉ 4:16 Fit;. XII. Jlitoses spermatocytaircs dcgéuéresceutes, culture de testicule de lapiu adulte de 2 heures. les sjoermatocj'teb de l^'^ ordre sont j)eu ou pas altérés et où souvent on observe des mitoses spermatocytaires qui ne présentent rien d'anormal. Il y a donc une Bensibilité spéciale des spermatides aux causes de dégénérescence qui agissent ici. Les Spermatocytes. — Ces éléments dégénèrent comme les sperma- tides, mais bien moins vite et pas d'mie façon brutale. 11 y a d ailleurs des irrégularités très marquées dans la vitesse de cette dégénéres- cence. Quelquefois, elle est complète en 24 à 30 heures; d'autres fois, elle est plus lente et ne s'achève qu'en 3 jom-s et en 7 à 8 jours dans de rares cas. Cette dégénérescence se fait par un mode très différent de celle des spermatides. On voit d'abord les spermatocytes s'aggliUiner par grouj^es de trois ou quatre. Cette agglutination se produit dans quelques éléments alors que les autres s^Dermatocytes intercalés paraissent sains. Ce phénomène ne s'accompagne pas au début d'altérations cytologiques qui n'apparaissent que bien plus tardivement. Il est caractéristique de la zone fertile oii il est régulier. Dans le centre asphyxique, il y a dégénérescence pure et simple de ces éléments, comme des autres, par nécrose de coagulation. Les spermatocytes s'agglutinent en général par le centrosome (fig. xin), les noyaux restant indé^Dendants. Les centrosomes peuvent se rap- procher et rester indépendants ou se fusionner en une seule masse au centre du cytoplasme. C'est seulement dans les cellides ainsi agglutinées qu'apparaît la dégénérescence dont les premiers signes sont l'homogénéisation des amas mito- ehondi'iaux et la p}'cnose de certains des noj'aux (ils ne sont jjas tous également atteints). Peu à peu la dégénérescence atteint même les spermatocytes qui ne sont pas agglutinés et avec les spermatides. ces éléments tendent souvent à se séparer de la couche hasale de spermato- gonies. L'ensemble de ces phénomènes a été de vitesse assez variable dans mes diverses séries sans que j'aie pu saisir jusqu'ici les raisons de ces va- riations ; tantôt on trouve, après 24 heures à 30 heures, tous les sperma- tocytes dégénérés. Dans d'autres cas, après 22 heures, on trouve encore des mitoses spermatocytaires d'apparence normale et la plupart des riG. -KIII. Spermatocytes pachy- tcnes agglutinés à trois (lapiu adulte - heures). 476 m. CHAMP Y FlG. XIV. Jlitoses sperina- tocytaires plus ou moins anormales dans une culture de 2 heu- res ( lapin adulte ). 1 : fuseau dont les ex- trémités semblent s'î- tre dissoutes dans une grande vacuole. spermatocjiies en bon état au moins en apparence, (fig. x). Il y a de très importantes variations locales dans mie même culture. Abstraction faite de l'agglutination constante, mais n'atteignant ja- mais tous les spermatocytes, la dégénérescence semble affecter d'autant plus les spermatocjrtes P /^ih qu'ils sont à un stade plus avancé. Il est rare que] les mitoses sper- matocytaires puissent se continuer in vitro. On en trouve cepen- dant dans quelques cas après 23 hem-es et plus qui sont d'appa- rence normale. Le plus souvent les cellules en mitose sont atteintes de façon très précoce, avant les spermato- cjrtes en accroissement : on voit les centrosomes des pôles du fuseau disparaître et les fuseaux ont un aspect qui évoque l'idée que les deux extrémités se seraient dissoutes, ou que l'action orientante des centres aurait brusquement cessé, puis les chromosomes s'accolent et dégénèrent ^ (fig. xii, xrv). Les spermatocytes au stade pa- chytène sont particulièrement sen- sibles aussi, soit qu'ils s'agglutinent de préférence aux autres, soit qu'ils subissent isolément une pycnose qui semble être précédée d'une déso- rientation du filament chromatique oganisé en bouquet à ce stade. Il semble que toujoiu-s dans ces dégé- nérescences, comme dans celles des spermatides d'aillem's, l'action orientante du centre cellulaire soit la première chose atteinte dans la cellule. Les spermatocytes au stade leptotène se montrent en général 1. Souvent aussi, ou voit le ceutrosomc se multiplier irrégulièrement et le fuseau tendre à devenir pluiipulaire. Fig. XV. Stade avancé de la dégénérescence de spermatocytes en mitose. I». adul. 8 heures. LÉ TESTICULE 477 plus résistants, indépendamment de leur fragilité connue vis-à-vis des réactifs. Ils s'agglutinent cependant quelquefois, mais moins fré- quemment, semble-t-il, et dégénèrent moins vite lorsqu'ils sont isolés. Il faut dire cependant que pendant 24 à 36 heures, au moins, les spermatogonies continuent certainement à se transformer en sperma- tocytes, d'où lignées nouvelles qui viennent se substituer à celles qui ont pu dégénérer et gênent j)om: bien apprécier la rapidité du phénomène. Ces phénomènes de dégénérescence sont très marqués dans la zone fertile. Dans le centre asphyxique, il se produit une nécrose de coagulation rapide, ce qui fait qu'au début les cellules y paraissent plus altérées que dans la partie fertile, mais bientôt c'est dans cette dernière que les trans- formations sont les plus accentuées parce qu'elles continuent à évoluer. Les éléments dégénérés disparaissent d'aiUeurs ici, bien vite phagocytés par ceux qui subsistent, tandis que les cadavres cellulaires persistent dans la zone asphyxique, si bien qu'après 2 jours les deux zones sont d'aspect nettement différent. Evolution des Spermatogonies et des cellules de Sertoli Les spermatogonies ne dégénèrent guère dans la zone véritablement fertile des cultm-es (alors qu'elles sont frappées de la même nécrose que les autres cellules dans le centre asphyxique). Celles qui étaient sur le point de se transformer en spermatocytes (spermatogonies croutelleuses de Regaud) con- tinuent cette évolution et ne disparaissent que sous la forme de spermatocytes vers la fin du stade leptotène. Leur évolution affecte deux modalités différentes et les différences pro- viennent de l'état où se trouvait le tube sémi- nifère lors de la mise en culture. S'il était au stade où la couche pariétale des spermato- gonies tend à s'individualiser comme dans la fîg. I, B, cette individualisation s'accentue rapidement et les éléments de la spermatogénèse, qui d'aillé m's semblent plus fragiles dans ces conditions, se séparent nettement de la couche basale en dégéné- rant pour former au milieu du tube une masse séparée. La couche parié- tale est limitée du côté interne par un trait de plus en plus net de 2 à 8 hernies ; cela est en somme l'exagération du phénomène que j'ai signalé Akch. de Zoot. EXP. ET GÉN. — T. 60. — F. 5. 32 rio. XVI. Spermatocytes do 2« ordre agglutinés (cobaye 2 jours). 478 CH. OH AMP Y chez les animaux de forte taille (fig. xvii), mais en culture il s'accentue beaucoup et apparaît lorsqu'il n'existait pas in vivo. Les différences peu riG. xvu. Multiplicatiou iIl's spia-matogouies dans la couche pariétale nettement séparée des spcrmatocytes (Lap. ad. 8 heures) (au contact direct du plasma). accentuées à ce stade in vivo, mais cependant facilement percejjtibles entre les noyaux sertoliens et ceux des goniçs, s'atténuent rapidement. Bien que je n'attache pas une extrême (é®% importance à l'état syncytial ou cloisonné du protoplasme, j'ai cherché à me rendre compte si le sjaicytium sertolien se cloisonnait ou si les gonies se fusionnaient : la question est difficilement so- luble. Il y a toujours dans la couche pariétale des éléments bien individualisés, mais il semble qu'il y ait une masse fonda- mentale comportant des noyaux qui reste insegmentée au moins au début. Les mitoses spermatogoniales se rencontrent dans le vivant par séries dans un même tube. On les retrouve couramment sous cette forme dans les cultures de 2 à 8 heures, mais elles peuvent se retrouver très tard (7 jours), cela coïncide généralement avec la persistance prolongée des sper- matocytes dans la même culture en d'autres points. Elles paraissent I-'IG. XVIII. Gonflement de 1» couche pariétale dan* une culture de S heures. Lapiu adulte. Sert : noyau sartolien ; ag : spermatidcs agglutinées. LE TESTICULE 470 évoluer normalement, tandis qu'à côté cV elles les mitoses spermato- cytaires dégénèrent, mais elles ne continuent pas longtemps avec cet ensemble, avec ce rythme particulier qu'elles avaient in vivo, car bientôt après, si l'on retrouve encore çà et là des mitoses sper- matogoniales, on ne les trouve plus en groupe. Après 48 heures, on ne distingue plus guère dans la couche pariétale les éléments sertoliens des éléments spermatogoniaux. Les uns et les autres sont r 3 venus à l'état de petites cellules germinatives. Je ne chercherai pas ici les modalités de ce retour à un état commun, elles seront plus faciles à saisir chez les animaux où le dimorphisme entre cellules de Sertoli et gonies est très accentué. Au covirs de cette évolution, le nombre des éléments de la couche ba- sale augmente certainement, mais il n'augmente pas beaucoup. Il y a surtout gonflement des cellules primitivement aplatie.^. Les mitoses, assez rares, suffisent -elles à pour- voir à cette médiocre prolifération ? S'y ajoute -t -il des amitoses dont on admet assez souvent l'existence à la base de la prolifération séminale des Vertébrés? Je pense que les élé- ments sertoliens peuvent au début se diviser par amitose, mais je crois, étant donné ce que je sais de la spermatogénèse, dans divers groupes de Vertébrés, qu'une très grande réserve est nécessaire en ce qui concerne les spermatogonies. Quel que soit le mode de division des cellules goniales, elles restent li- mitées par une ligne nette vers le dégénérât central pendant 24 à 48 heures. Pendant ce temps toutes les spermatogonies de la couche pariétale qui présentaient une structure dite croutelleuse se transforment en spefma- tocytes par formation d'un filament fbi et accroissement de taille. Ce phénomène est des plus nets dans les tubes ayant ce tj^e d'évolution à cause de la limitation tranchée de la zone pariétale et des spermatocjrtes dégénérés des lignées antérieures. Après 48 heures et lorsque la dégénérescence des spermatocytes est avancée, les éléments pariétaux s'allongent vers le centre du tube et FIG. XIX. Gonflement de la conche pariétale et agglutination de spermatocytes dans une culture de 2 heures. Lap. adul. de petite taille. 480 CB. CHAMP Y l^ia. XX. Blultiplication des spermatogonics clans une culture de lapin de 7 jours. Lap. adulte. Cette culture a montré une persistance anormalement longue des spermatocytes sp. qui commencent seulement à dégénérer tentent de phagocyter le dégénérat_central,'ce à quoi ils arrivent plus ou moins bien, selon son volume. Dans une autre série de tubes séminifères, la limitation entre la couche à gonies et les éléments dégénérescents ne se fait pas bien, sans doute parce qu'elle n'était pas préparée au stade où on les mit en cultm-e. Dans ces tubes, on voit aussi les spermatogonics et les cellules de Sertoli se gon- fler, retourner à mi état commun, mais la masse fondamentale de cyto- plasme insegmenté dans laquelle on retrouve çà et là des éléments par- faitement délimités, envoie des prolongements entre les spermatocjrtes dégénérescents et il semble que ceux-ci restent toujours plus ou moins inclus dans les maUles de ce syncytium. La phagocytose des dégénérats commence de bomie heure, sans doute précisé- ment à cause de cette disposition. Ici encore on voit des cellules parié- tales s'accroître et se transformer en spermatocytes leptotènes qui dégénèrent sous cette forme. Vers 48 heures à 3 jours en moyenne, on ne distingue plus les deux sortes de tubes l'une de l'autre et on peut les décrire ensemble. Tubes ouverts par le prélèvement. — Ces tubes présentent l'objet de choix pour étudier l'évolution de la couche pariétale, car dès le début de leur dégénérescence, les éléments de la spermatogénèse n'adhérant plus à la couche pariétale, les lavages entraînent leurs cadavres. Les cellules n'ont ainsi rien à phagocyter et ne sont pas gênées par les cadavres cel- FiG. XXI. Séparation des sperm. dégénérés d'avec la couche pariétale. Culture de 20 heures, lapin de petite taille. Les éléments de la couche pariétale sont revenus à un état commun. LE TESTICULE 481 lulaires situés près d'elles. Ici jamais les spermatocytes ne survivent long- temps. La couche x^ariétale se gonfle considérablement et très vite les cellules reviennent à un état commun rappelant tout à fait le stade des petites cellules germinatives. En général, elles se disposent en une sorte d'épithélium élevé à noyaux basaux comparable à celui qu'on trouve dans certains testicules aspermatogènes (fig. xxxi). Sur eux se disposent souvent une couche d'éléments plus aplatis qui paraissent représenter ceux de la paroi supérieure du tube lorsqu'ils n'ont pas été complètement enlevés comme il est fréquent (fig. xxx). Ces éléments se multiplient bien plus activement que ceux des tubes fermés, étant données probablement les con- ditions bien plus favo- rables. On y voit des mitoses assez fré- quentes (fig. XXXI ) et aussi des images qu'on peut interpréter comme figures de cli- vage. Ces tubes ouverts à la surface du grain de semence donnent lieu ici comme ailleurs à des phénomènes de cicatrisation (fig. xxxi, xxxvi). Ceci est assez remarquable, car les carac- tères épithéliaux des petites cellules sexuelles sont assez peu accentués, il est curieux de les voir se conduire, au début au moins, comme un épithé- lium véritable. Elles végètent donc, en s'aplatissant d'ailleurs beaucoup, à la surface du grain de semence et aussi du plasma. Elles ont sous cette forme d'envahissement un aspect qui ne diffère pas beaucoup de celui des cellules conjonctives qui contribuent à former la zone d'envaliissement et peuvent la former à elles seules. On distingue toujours assez bien cepen- dant les deux catégories sur le grain de semence, mais à la surface du plasma on ne les distingue plus du tout. D'ailleurs, on voit souvent, autour des tubes ouverts, les éléments conjonctifs regonflés se mêler aux éléments épithéliaux, ce qui est bien plus rare et bien plus tardif dans les tubes fermés (voyez fig. xlvii). Phagocytose des Spermatocytes dégénérés. — Du 2e au 4^ jour, les éléments survivants, disons pour être bref l'épithéhum germinatif, phagocyte, les dégénérats cellulaires qui occupent la lumière de ces tubes ria. XXII. Séparation de la couche pariétale : qj d'avec les sperma- tocytes dégénérescents. Lapin de forte taille (2 heures) retour des éléments de la couche pariétale ;\ un état commun. 482 CH. CHAMP Y fermés. Cette phagocytose, ici pas plus qu'ailleurs, ne s'accompagne de phénomènes cytologiques bien remarquables. Les éléments incliis dans le syncytium deviennent de moins en moins colora blés. Ils cessent de prendre l'hématoxj^ine au fer, et tranchent dès lors avec ceux du centre asphyxique. Ils se colorent ensuite par le vert lumière dans la méthode de Prenant, et disparaissent. Il est à remarquer que cette action cytoly- tique s'exerce non seulement sur les cellules incluses dans le protoplasme survivant, mais à une certaine distance d'elles et par exemple on trouve les mêmes transformations dans les éléments isolés dans le plasma, au voi- FlG. XXIII. Phagocytose des éléments dégénéresccnts parles cellules pariétales. Lap. adul. (3 jours). Sert : cellules de sertoli. Gon : gonies ayant toutes deux leurs caractères bien distincts. I)g : dégénérât central ; Vac : tracuoles entourant les débris phagocytés ; Cen : centrosome des cellules de Sertoli qui devient très apparent pendant la phagocytose. sinage de la zone fertile. Cette cytolyse atteint les spermatozoïdes qui ne semblent guère présenter auparavant de lésion bien remarquable, peut- être simplement parce que leurs altérations ne sont pas faciles à déceler. Pendant que les éléments pariétaux sont occupés à la phagocytose, les caractères spéciaux (gros nucléole et aspect syncytial) des éléments ser- toliens sont généralement bien apparents. Certaines images montrent que ces caractères sont liés à la phagocytose (fîg. xxxii). Les cadavres cellulaires et autres dégénérats phagocytés paraissent être toujours dans une vacuole du cytoplasme sertolien. La digestion par l'épithélium séminal des dégénérats s'accompagne de l'élaboration de graisse. En effet, à ce moment, apparaissent dans les tubes fermés des gouttelettes abondantes d'une graisse probablement phos- phorée. En effet, l'acide osmique la colore en giis. Elle se redissout après LE TESTICULE 483 FIG. xxïv.' Tube retoiirné'coraplètemenfc ?i l'état em- bryonnaire. Cuit. test, lapin adulte (3 jours), gcg, pnrj, (rrandes et petites cellules germina- tivea ; mU. cellules en mitose. fixation osmi que à moins que la chromisation n'ait été intense. On arrive facilement alors à la colorer en jaune par l'orange, teinte qui se superpose à la teinte grise osmique. Cette graisse paraît en rapport avec la phago- cytose, car on n'en voit pas dans les cellules des tubes ouverts, même s'ils sont en contact avec le plasma, et par conséquent dans des conditions telles que leur nutrition est la meilleure. Je pense que ces granules graisseux représentent le matériel provenant de la transformation des cadavres cellulaires riches en nu- cléines et, partant, en phosphore. C'est probablement là la forme de mise en réserve du phosphore comme d'autres faits l'indiquent. Une fois la phagocytose terminée, cette graisse va en diminuant, utilisée sans doute pour la multiplication cellulaire. Lorsque la plupart des cadavres ont disparu, l'épithélium séminal prend une forme plus régulière, analogue à celle qu'il a dans les tubes aspermatogènes. La phagocytose n'est d'ailleurs pas totalement terminée, après ce gros effort. On en trouve toujours un peu à cause de la dégénérescence de certains éléments de l'épithélium sérainal. D'ail- leurs, la quantité très va- riable des éléments dégé- nérés fait que la phagocytose marche avec une vitesse trèj variable aussi. Elle peut être terminée en 4 ou 5 jours dans les cas favorables, plus, tôt encore pour les tubes qui sont ouverts et peuvent se vider partielle- ment du dégénérât. Elle n'est pas achevée après H ou 7 jours lorsque le dégénérât est abondant ou la dégénérescence lente. Dans ce cas, beau- FlG. XXV. Tube retourné de façon précoce à l'état embrj'onnaire ^_ parce qu'il était ouvert à la surface du plasma et a pu se ^ vider des éléments dégénérescents. Lap. adul. 20 heures. (L'ouverture du tube est visible dans une des coupes suivantes). 484 CH. CHAMP Y Fia. XXVI. iTube retourné à l'état de petites cellules germinativcs qui restent rangées en un épithélium bien net. Lapin adulte, 7 jours. coup d'éléments de la couche pariétale succombent et les conditions de vie deviennent des j)lus précaires. Ï^VOLUTION DES TUBES INDIFFÉRENTS. — Je ne comprendrai dans cette description que les tubes en bonnes conditions où la phagocytose est achevée ou à peu près. Le plus fréquemment, ils renferment des éléments d'une seule espèce, de petite taille, parmi lesquels on dis- tingue mal ce qui peut ressembler plus à des noyaux sertoliens ou à des spermatogonies. Je pense qu'on doit admettre qu'on est revenu à l'état indifférent de petites cellules germinativcs. Ces éléments se mul- tiplient par karyokinèse, semble-t-il, car les mitoses assez nombreuses qu'on y rencontre semblent pou- voir fournir à l'augmentation de nombre qui est en général peu considérable. Rarement on voit ces éléments se stratifier et occuper tout le tube ; habi- tuellement ils ne constituent qu'une couche pariétale. Le tube a d'ailleurs subi au cours des transformations précédentes une diminution de calibre par ratatinement et plissement de sa paroi propre. Il peut se produire dans les vieilles cultures (de 4 à 10 jours) deux ordres de phénomènes qui méritent une étude séparée. Tentatives d'évolution spermatogène. — On ne peut qualifier autrement le phénomène que voici et qui, _.^ sans être régulièrement observé, n'est pas absolument rare dans les cultures âgées. Certaines des petites cellules jjariétales s'ar- rondissent, leur structure nucléaire change, le nucléole* assez gros est remplacé par une chromatine en petites mottes pariétales qui rappelle tout à fait celle des spermatogonies croutelleuses. Ces cellules grossissent rapidement et il y apparait un filament nucléaire fin qui ne peut laisser de doute : on a affaire à des spermatocytes au stade leptotèiie. Ils paraissent d'ailleurs incapables d'aller plus loin et dégénèrent sous cette forme. Habituellement cette évolution se fait par groupes isolés, de 2 ou 3 cellules et elle est rapi- dement abortive. Dans un cas (fig. xxviii) je l'ai vue se pom-suivre assez régulièrement et atteindre à la' fois un grand nombre de cellules dans un même tube. Peu semblaient dégénérer et on ne peut dire ce Fig. XXVII. aiitose dégénérativo dans une grande cellule ger- minativc. Lap. adul. 11 jours. LE TESTICULE 485 qu'elles seraient devenues si la fixation n'avait interrompu leur carrière. Je n'ai cependant jamais vu dans les vieilles cultures des spermato- C3rtes de nouvelle formation atteindre le stade pachytèno qui jusqu'ici, semble incompa- tible avec les conditions do l'expérience. Il faut bien dis- tinguer ce phénomène de la persistance des spermatocjrtes formés . antérieurement à la mise en culture et qui ont continué leur évolution qu'on sait être très lente ; c'est ici le début sur nouveaux frais d'une nouvelle évolution ^'^^- ^'^' "'' 1^^'»PP-'»i"'"°û '^'^ spermatocytes leptotènes sp. lep. tl une nouvelle evuiULlUil ^^^^^ ^^^ culture de testicule de lapin adulte (0 jours). spermatogène et l'aspect morphologique des deux phénomènes est d'ailleurs très différent. C'est en général dans les même séries (mais pas toujours dans les mêmes cultures) qu'on observe le j)hénomône de persistance des sperma- tocytes et celui de leur reformation, ce qui n'a rien que de très naturel. EvoLTJTioisr Ejst grandes cellules GERMiNATiVES. — Elle Semble peut-être plus fréquente que l'évolution sperma- togène, mais n'est pas absolument de règle comme je l'avais cru tout d'abord. Je ne l'ai jamais trouvée aussi intense que dans une série provenant de lapins de petite taille, probablement peu âgés et dont la spermatogènèse était peu active, encore n'était-elle pas aussi intense dans toutes les cultures. Il est rare cependant que quelques cellules ne se transforment pas, dans les vieilles cultures, en éléments de grande taille qui dégénèrent après avoir présenté un gonflement du noyau qui rappelle le gonflement prophasique, une augmentation considérable du cjrtoplasme et qui, la plupart du temps, meurent à l'occasion d'une mitose pluripolaire dégénérative. Pc y i'iG. XXIX. Télopliase d'une mitose d'appareîice goniale gon. dans une vieille culture de S) jours où se reproduisent dans d'autres points des spermatocytes leptotènes. 48G CH. CHAMPy Etant donné ce que je pense des grandes cellules germinatives, je con- sidère ici comme ailleurs cette évolution comme représentant une évo- lution ovulaire avortée. Il est à noter que les deux types d'évolution spermatogène et en grandes cellules sexuelles ^ ne s'excluent pas, on peut les rencontrer dans la même culture ou dans le même tube séminifère (fig. xxix). On sait au FiG. XXX. Tuba ouvert dans une culture de lap. adul. (3 jours). Petites cellules germinatives redevenue épithiéliformes. reste que chez les Batraciens une évolution oviforme bien caractérisée peut s'observer dans des tubes en prespermatogénèse, mais ici lorsque l'évo- lution spermatogène est très [marquée, l'évolution en grandes cellules est nulle ou très faible, et inversement. Il y a donc antinomie relative entre elles . Je ne suis pas arrivé à saisir jusqu'ici les causes déterminant l'un ou l'autre phénomène, mais on peut dire que la cause n'est pas seulement dans le tissu lui-même, puisque dans une série provenant du même organe on Fio. xxxr. Tubo ouvert dans une culture de lap. ad. (:î jours). Jlultiplicatioa mitotique et cicatrisation latérale. observe des variations très 'grandes, ni dans |les conditions [générales qui ont été les mêmes. Sans doute interviennent de nombreuses varia- tions d'ordre local dont l'analyse est difficile. Evolution des tubes ouverts. Epithéliums de cicatrisation. — Etant donné le peu de phagocytose qu'on trouve dans de tels tubes, le retour à l'état indifférent des éléments n'est gêné par rien. Très vite, les éléments pariétaux reviennent à l'état d'épithélium cylindrique où l'on ne distingue qu'ime seule catégorie d'éléments : les petites cellules germi- X. Pour être bref disons « évolution" oviforme ». LE TESTICULE 487 natives. Elles sont souvent plus hautes ici qu'ailleurs. On ne les voit pas évoluer en spermatogonies croutelleuses et sjoermatocytes, même lorsque cette évolution est marquée dans les tubes adjacents. L'évolution en grandes cellules germinatives est aussi fort rare ; ceci montre l'influence sur ces phénomènes de conditions purement locales et topographiques. Il semble notamment que la disposition en tubes soit nécessaire pour que l'évolution spermatogène puisse se produire. Le fait que le tube est ouvert, que les cellules ont à assumer une fonction épithéliale suffit à modifier considérablement les conditions et par elles la morphologie. Cette fonction épithéliale se caractérise bientôt par un fait que j'ai Fia. XXXII. Bord do la zone d'envahissement dans une culture de 7 jours. Il est la suite à la gauche de I. Cette zono d'envahissement est formée principalement par l'cpithélium d'un tube ouvert : to. .\u point : ph les ceUnles d'envahissement ont rencontré un groupe de spcrmatocytes dégénéréescents qui était :\ la surface du plasma et le phagocytent. déjà signalé maintes fois et dont Oppel(1913) avait commencé l'étude méthodique : la cicatrisation des surfaces conjonctives par cet épithé- lium. Sur les bords du tube ouvert on voit les cellules germinatives s'étaler très rapidement en s'aplatissant beaucoup et donnant ainsi lieu au phéno- mène de cicatrisation épithéliale si caractéristique. Cet épit hélium de cicatrisation est généralement très plat, au début, et les cellules qui le cons- tituent ne se distinguent des cellules conjonctives sous-jacentes qu'au voisinage immédiat du tube ouvert; mais peu à peu, à mesure que les cellules se multiplient, elles rétablissent une sorte d'épithélium cubique, C'est sans doute à cause de cet appel de la cicatrisation que la miUti- 488 GH. CHAMP Y plication est toujours bien plus active dans les tubes ouverts et dans les é]3itliéliums de cicatrisation que dans les tubes fermés, il faut tenir compte aussi de ce que les premiers sont, par leur situation, dans des conditions meilleures. Il n'est pas rare d'ailleurs de trouver des régions où la distinction entre les cellules des tubes ouverts et les cellules conjonctives sous-jacentes n'est pas facile à faire une fois que ces dernières sont regonflées. Lorsqu'il se forme des épithéliums de cicatrisation sur le grain de semence, les deux séries d'éléments restent assez distincts. La zone d'envahissement. — Dans les cultures de testicule adulte. lia. XXXIII. Epithélium de cicatrisation à la surface d'une culture de lapin adulte de 7 jours. I, II, III, sont placés bout à bout, ep : cellules épithéliales dilîérentes des cellules conjonctives ci; ph : débris cellulaires pliagocytés par des cellules épithéliales. elle est abondante, bien plus que dans les cultures de testicules embryon- naires. Il faut distinguer une zone d'envaliissement en surface et une zone d'envaliissement en profondeur que je n'ai jamais rencontrée ail- leurs avec autant de développement. La zone d'envahissement en surface peut être d'origine conjonctive ou épithéliale. Je l'ai vue dans plusieurs cas se former nettement aux dépens de l'épithélium de cicatrisation comme dans les cultures de rein (fig. xxxvi). Elle est ici plus fréquente et plus régulière à cause d'une fîbri- nolyse moins active. Dans d'autres cas, les cellules conjonctives seules forment la zone d'envaliissement, car il n'y a pas toujours d'épithélium de cicatrisation. Dans tous les cas, je n'ai pu distinguer sur la surface du plasma les éléments d'origines diverses : les cellules d'origine épithéliale LÉ TESTICULE 489 restent un peu plus hautes au voisinage du grain de semence, mais un peu plus loin, on ne leur retrouve plus aucun caractère différentiel. FiG. XXXIV. Zone d'envaliisacmeut en profondeur et en surface au bord d'une culture de 7 jours. Lap. ad. to : tubes ouverts ; pi : plasma. La zone d'envahissement en profondeur est habituellement d'origine conjonctive, mais il semble bien que les cellules germinatives de tubes FlH. XXXV. Zone d'envahissement au bord d'une culture de 9 jours. Les cellules indifférentes s'imbriquent et se groupent en boyaux (Lapin adulte). ouverts peuvent participer à sa formation. Elle m'a paru d'autant plus, active que les dégénérescences étaient plus abondantes dans le fragment 490 CH. CHAMPf ensemencé. Il est évident que toutes les cellules, quelle que soit leur origine, fuient cette zone d'autolyse si rien ne s'oppose à leur pas- sage. EUes fuient en direction radiée et d'autant plus activement . qu'on est moins loin de ^ la surface (fig. xxxiv). ■rf xxxvi. Bord d'une culture de test, (lelap. adid. de 4 jours, montraub la formation d'une zoue d'envahis- sement en surface aux dépens de l'épithélium du tube ouvert : to ; PI : plasma ; dg : centre dégénéré. Dans cette zone d'envahissement, la multiplication est active, ce qui montre qu'il y a non seulement migration, mais culture véritable. Cette culture persiste après qu'on a enlevé le fragment ensemencé. Les cellules de cette zone d'envahissement ont l'aspect fusiforme qu'ont toutes les cellules en pareille occurrence, ce qu'il faut bien se garder de considérer comme un signe de leur origine. Très souvent, elles se groupent en réseaii ou en cordons ou boyaux pleins, ou rarement creux, dans lesquels les cellules sont imbriquées exactement comme pour le rein. Je pense que l'activité de l'envahissement en- pro- fondeur est due à l'abondance des dégénéres- cences d'une part, jointe à un besoin moins grand d'oxj^gène qu'on observe toujours dans les cultures de testicule. Evolution des élémeîsTs interstitiels Fia. XXXVII. Ccllnlis iiitcrstiticllos d'une cuit, de S heures. Lup. adul. Groupement des grains de graisse : gr', cliv: image de clivage. Les cellules interstitielles participent dès le début aux phénomènes de cultm-e. Tout d'abord leur cytoplasme se regonfle et les enclaves, (graissseuse en général) se groupent en un amas bien net et localisé. Avec les fixations mitochondriales réapparaissent dans le cytoplasme (de 18 à 20 heures) des chondriocontes longs qu'on ne trouvait pas auparavant, LE TESTICULE 49i puis les graisses changent de colorabilité, elles se teintent en bleuté par l'hématoxyline ferriqiie, coloration qui se superpose à la colora- tion grise de l'acide osmique, le nombre des grains diminue peu à peu, puis elles disparaissent complète- ment. Pendant ce temps, les cellules interstitielles se mitosent activement et, vers 2 jours de culture, on ne les distingue plus du tout des éléments conjonctivo- vasculaires qui se multiplient également très vite. Dans deux cas, le hasard des prélèvements m"a fait mettre en culture des fragments renfermant des canaux du rete testis. L'épithéhum a survécu sans grande modification, montrant une sensibilité moindi'e que les cellules ger- minatives à l'asphyxie lieu à la surface à des phénomènes de cicatrisation. Je n'ai pas eu l'oc- casion de le smvre au delà de trente FlG. XXXIX. Mitosfi dans les cellules iiitei- -, stitielles (Cobaye 3 jours). UCUreS. l'iF. XXXVIII. Cellule interstitielle dans uuc culture de 20 heures. Lap. ad. Réapparition des chondriocoutcs ( Les grains d e graisse dans cette préparation se colo- rent par l'hémato- xyline ferrique). et donnant II. — Cultures de testicules d'animaux divers en plasma étranger La description précédente servant de base me permettra d'être très bref. J'aurai seulement à indiquer les différences. En ce qui concerne les dégénérescences des éléments de la lignée sémi- nale, elles Ont toujours été plus brusques que dans les auto -cultures, les sperma- tocytes semblent surtout dégénérer sensi- blement plus tôt. Jamais leur survie ne se prolonge comme dans les auto-cultures, le mode de dégénérescence n'est pas différent : on trouve les mêmes j^héno- mènes d'agglutination (plus accentués), la même séparation entre la couche pariétale et les éléments dégénérés. Les testicules de cobaye que j'ai employés avaient une spermatogénèse actirCj ceux de rats étaient en spermatogénèse, mais à un degré d'ac- FlO. XL. .Mitose et elivay;es dans les cellules interstitielles Kat (3 jours). 492 CB. CHAMP Y riG. XLI. Culture do tubo séminil'ère de cobaye (2 jours). Noyaux de Sertoli (ser), spermatogonies poussiéreuses : gp et croutelleuses : gcr bien reconnaissables. Couche pariétale : cp, bien séparée du dégénérât central dg. tivité certainement moindre. De cela a résulté une évolution meilleure chez ces derniers, mais la nature du milieu ne peut, je crois, être invoquée pour expliquer ces légères différences. Chez le cobaye, les noyaux de Sertoli ont un aspect bien caractéristique décrit par BouiN, et ils se distin- guent aisément des sperma- togonies. L'aspect scyncytial du cytoplasme sertolien, net dans les premières heures, ne se conserve pas et on trouve après deux jours, les éléments de SertoK épithéliformes et assez bien individualisés. On leur trouve encore leur noyau à nucléole gros et complexe si caractéristique. Leur cytoplasme est fibrillaire. Les élé- ments sont de grande taille et favorables à l'analyse cjto- logique. La fibrillation ne paraît pas être de nature mitochondriale bien que les mitocbonclries soient dès ce moment redevenues filamenteuses et orientées en général comme les fibrilles. C'est une sorte de faisceau de tono- fibrilles qui donne cet aspect aux cellules, fré- quemment on y trouve un diplosome superficiel, souvent aussi unautre basai. Cependant quelquefois le cytoplasme est centré autour d'un point paranu- cléaire. Aux stades jeunes, les spermatogo- nies des deux catégories poussiéreuses et croutelleuses sont bien reconnais- sables. Les poussiéreuses sont en bon état, les croutelleuses dégénèrent fréquemment, elles ne doivent pas aller loin dans leur évolution, car on ne trouvera plus ici de spermatocytes néo formés comme dans les auto-cultures. Plus tard, les spermatogonies FiG. XLII. Sphère géante dans une grande cellule sexuelle (Kab 7 jours). Fia. XLIII. Grandes cellules sexuelles (?) dans une culture de rein (3 jours). LE TESTICULE 493 FiG. XLiv. Clivages dos noyaux des petites cellules sexuelles (Rat 5 jours). poussiéreuses se multiplient, quelquefois par mitose, mais le plus souvent, semble-t-il, par clivage. Les noyaux de Sertoli se multiplient aussi par un clivage décrit par P. Bouin, mais leurs caractères spéciaux s'atténuent au cours de cette multiplication et ils en arrivent après 3 ou 4 jours à n'être plus très différents des noyaux spermatogoniaux dont il devient d'autant plus difficile de les distinguer que les spermatogonies ont aussi pris un aspect épitliéli- forme. Cependant je n'ai pas obtenu (après 4 jours) le retour à un état commun, et on distinguait encore les deux sortes d'éléments bien que leurs caractères propres se soient très atténués. A 3 et 4 jours, on voit des gonies se transformer encore en le type à noyau croutelleux, cette évolu- tion aboutit rapidement à une dégénérescence. Je n'ai pas vu chez le cobaye se former de grandes cellules germinatives, bien qu'il semble y avoir quelquefois une tendance à cette évo- lution. Chez le rat, les dégénérescences sont aussi rapides que chez le cobaye. Le climorphisme entre cellules de Ser- toli et spermatogonies est moins accen- tué, quoique très net. Assez rapide ment, les deux sortes d'éléments re- tournent à un état commun. Les noyaux sertoliens se clivent rapidement tandis que les noyaux sper- matogoniaux se multiplient par des karyokinèses et peut-être aussi par amitose. Tous les noyaux de la couche pariétale reviennent très vite à l'état qu'on peut appeler petites cel- lules germinatives. Il semble y avoir eu assez souvent une tendance à l'évolution en grandes cellules germinatives reconnaissables surtout à des mitoses dégénératives multipolaires. Tou- tefois, il faut bien se garder de prendre le gonflement prophasique pour une augmenta- tion de volume par accroissement du cytoplasme, aussi, en l'absence de caractères sûrs, je ne pourrais affirmer que l'évolution en grandes cellules était ici bien authentique. FlG. XLV. Petites cellules sexuelles dont quel- ques-unes qnt encore l'aspect scrtolien (Cobaye 3 jours). XLVI. Mitoses pluripolaires dans les cellules sexuelles (Rat 3 jours). ARCn. DE ZOOL. EXP. Eï GÉN. — T. 60. — F. 5. 33 494 CH. CHAMP Y Il s'est trouvé que, dans les cultures de rat, les épithéliums, de cicatrisation étaient particulièrement abondants. Ils n'avaient aucun caractère spécial, formés comme chez le lapin de cellules cylindriques toutes sem- blables. Particularités observées dalnts diverses autres cultures FiG. XLVXI. Gon- flement (les cel- lules sexuelles ( évolution en grandes cellules sexuelles (V) dans une cul- ture de rat de 3 jours. Les cultures de testicules de pigeon ont paru se trouver fort mal du plasma étranger (chat) et ont toutes dégénéré rapidement. Celles de coq adulte (auto-culture) ont évolué comme celles de Mammifères, avec une rapidité un ])eu plus grande, semble-t-il. En 24 heures, tous les éléments de la sperraatogénèse ont dégénéré et la couche parié- tale est déjà gonflée et forme un épithéhum cubique. A 48 heures, la phagocytose des dégénérats est déjà fort avancée. Les cultures de chat sont revenues rapidement à l'état embryonnaire. Les cultures de testicules de tortue (auto-cultures) m'ont permis de préciser quelques points. La dégénérescence commence à être sensible de 2 à 4 jours ; à 7 jours, le gonflement de la couche pariétale s'accentue, on y distingue des cellules petites et d'autres plus grandes rappelant les FiG. XL VIII. Evolution d'un tube ouvert à la surface d'une culture de rat de 3 jours. Confusion des cellules sexuelles avec les cellules conjonctives. grandes cellules germinatives du testicule embrj^onna ire. Les petites pré- sentent de fréquentes images de clivage et de rares mitoses tout comme dans le testicule impubère du même animal. Pendant 7 à S jours, l'évolution des gonies en spermatocytes leptotènes continue. Ici, il est certain qu'il s'agit d'une évolution qui s'est produite in vitro, à cause de la séparation précoce du dégénérât antérieurement LE TESTICULE 495 formé d'avec la couche pariétale, où l'on retrouve cependant plus tard, des figures au stade leptotène. Cette évolution ne continue pas vers le 10*^ jour. Il s'agit ici seulement d'un phénomène préalablement amorcé, qui continue quelque temps comme cela se voit, au début, chez le lapin ; il ne faut pas oublier qu'une semaine équivaut ici comme évolution à 24 heures, chez un homéotherme. Du 10^ au 12^ jour, la phagocytose est active. On se rend bien compte ici, à cause de la sériation plus précise, de sa rapidité relative par rapport aux autres phénomènes. Les épithéliums de cicatrisation se forment ici avec une grande lenteur. On y trouve mêlées des cellules grandes et petites, ce qu'on ne voit pas chez les Mammifères. J'ai cultivé quelques fragments de testicule de jeune tortue oii les cellules ont continué à vivre sans dégénérescence aucune. La fixation de ces pièces ayant été excellente, j'ai pu me rendre compte de quelques particularités. Les petites cellules germinatives ont un nucléole latéral bien caractéristique qu'on reconnaît encore chez l'adulte. Elles se multi- plient surtout par clivage. Elles se transforment en grandes Cellules qui, par leur noyau à grand nucléole, leur centrosome entouré d'irradiations et de mitochondries granuleuses, leur dégénérescence en chromatolyse, rap- pellent tout à fait les gonies primitives des Amphibiens lorsqu'elles inclinent vers l'évolution oviforme. On retrouve de semblables éléments dans le testicule en spermatogénèse ; ils y sont rares, mais redeviennent plus nombreux dans les cultures. Les testicules de triton que j'ai cultivés m'ont montré des phénomènes de survie plutôt que de culture pendant les premiers jours. Les spermato- zoïdes des ampoules n'ont pas montré la moindre tendance à dégénérer, les noyaux des cellules basales ont paru seulement se multiplier un peu par clivage. Au delà de quelques jours, il devient difficile de conserver les préparations, une asepsie suffisante n'étant pas commode à obtenir avec ces animaux dont les organes renferment très probablement divers micro- organismes. En somme, dans les hétérocultures : pas d'évolution spermatogène, pas de persistance des spermatocytes comme dans les autocultures. Survie des spermatogonies dans les mêmes conditions que dans les auto- cultures. Lorsque le dimorpliisme entre les cellules de Sertoli et les sper- matogonies est très accentué in vivo, il persiste plus longtemps dans les cultures. 496 GH. G H AMP Y RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS En résumé l'histoire des cultures de testicule confirme la règle générale de la dédifïérenciation. Cette dédifférenciation comporte deux étapes fort nettes : \^ retour des tubes en spermatogénèse à l'état embryonnaire qui s'obseive dans la zone fertile et dans les tubes ouverts. 2° Retour à un état commun, dans la zone d'envahissement des élé- ments d'origines diverses. Il faut cependant remarquer que la persistance des éléments de la spermatogénèse est. au moins dans quelques cas favorables, beaucoup plus longue que la persistance des autres différenciations cellulaires. Il faut retenir ensuite qu'une reprise cVune évolution spertnatogène abortive, il est vrai, mais d'un intérêt capital au point de vue théorique, est possible dans les cultures vieilles, déjà partiellement dé-différenciées. Ces phénomènes s'observent seulement dans les tubes séminifères encore fermés recevant leur nourriture de l'extérieur, jamais dans des tubes ouverts, ni à la surface du plasma. Une certaine disposition topographique des éléments est donc une condition yiécessaire de révolution spermatogène. Ce n'est pas une condition suffisante, car dans bien des cas, malgré qu'elle soit réalisée, il n'y a nulle tendance à l'évolution spermatogène, ce qu'on observe dans quelques auto-cultures et dans toutes les hétéro-cultures. Ce qui frappe dans ces dernières c'est la sensibilité des éléments de la spermatogénèse depuis le stade spermatocyte à V hétéro-spécificité du milieu tandis que les autres éléments, même testiculaires, y sont indifférents. Nous savons, au reste, que ces éléments de la spermatogénèse sont sen- sibles à toutes sortes de conditions soit locales : ectopie (Branca), obser- vations expérimentales d'ANCEL et Bouin; soit générales : captivité (Branca). Ce sont évidemment des conditions locales : compression, déso- rientation, qui déterminent souvent leur disparition dans les auto-cul- tures. Ce ne sont pas des conditions générales puisque, quelquefois, la persistance des spermatocytes et leur reformation est possible. Au contraire, dans les hétéro -cultures, la dégénérescence des éléments de la spermatogénèse est si brusque et si sûre qu'on sent très bien que c'est une question de milieu. Il est impossible de ne pas rapprocher cette sensibilité des éléments de la spermatogénèse à un milieu étranger, du fait' très anciennement connu de la stérilité des hybrides. Il est évident que chez eux les cellules LE TESTICULE 497 sexuelles vivent dans un milieu partiellement étranger, tout au moins dès le moment où tend à s'effectuer selon la règle mendélienne le partage des chromatines paternelle et maternelle. Les recherches de Goldsmith montrent que la sensibilité des éléments de la spermatogénèse chez les hybrides est de même ordre que celle que nous observons ici, les sperma- tides étant plus sensibles, les spermatocytes l'étant moins. Mais pourquoi la sensibilité spéciale à l'hétérogénéité du milieu ? C'est donc qu'à partir du spermatocyi^e jusqu'à la spermatide l'évolution cellulaire est nécessairement en liaison intime avec celle de l'organisme ou bien elle n'est pas. En effet, elle ne peut pas se prolonger bien longtemps séparée de lui dans les auto -cultures oii se trouvent cependant toutes les substances émises par lui . Elle est totalement impossible dans les hétéro- cultures oii ces substances ne sont pas en harmonie avec les cellules cul- tivées. Il est donc probable qu'à cette période de leur évolution les cellules sexuelles reçoivent quelque chose de Vorganisine et quelque chose qui est étroitefnent spécifique (contrairement à ce qui est pour toutes les autres cellules). Ceci doit nécessairement frapper tout biologiste qui a l'attention appelée sur la question de l'hérédité des caractères acquis. A l'encontre de tous les faits cytologiques (grossièrement morphologiques d'ailleurs) qu'on invoque contre leur possibilité, voici des faits d'ordre physiologique parfaitement en accord avec une série de faits biologiques généraux qui indiquent la nécessité d'une collaboration étroite du so7na et du germen pendant cette- période de la genèse des gamètes dont la longueur anormale évoquait déjà une idée de ce genre. Puisqu'à cette période caractéristique de la genèse des gamètes, le germen ne peut (par une exception unique jusqu'ici) se passer de son soma sj)écifique, c'est qu'il lui emprunte quelque chose de spécifique. C'est là un argument important contre les impos- sibilités théoriques qu'on oppose à l'hérédité des caractères acquis. Une autre série de faits intéressants réside dans ceci : que si nous nous plaçons en milieu homospécifique, des conditions venues probable- ment du milieu permettent ou empêchent l'évolution spermatogène ou déterminent l'évolution en grandes cellules germinatives. Les expériences que j 'ai entreprises pour déterminer ces conditions sont loin d'être ache- vées. Cette question mérite d'être reprise sur le terrain des cultures et sur d'autres aussi. J'ai déjà noté (1914-1916) l'importance des phénomènes de phagocy- tose dans les cultures, la faculté de phagocytose des cellules des origines 498 CE. CHAMP Y les plus diverses et ce phénomène curieux : que les cellules qui se trouvent en culture dans de bonnes conditions attaquent et phagocytent celles qui sont en condition médiocre. Nulle part cela n'est plus net qu'ici. La lutte engagée entre les spermatogonies et les éléments de la spermato- génèse se traduit au début par un phénomène des plus caractéristiques : V agglutination suivie de phagocytose. Dans les conditions de ces expériences les deux catégories d'éléments se conduisent comme des organismes étrangers l'un à l'autre. L'agglutination est la première phase de la lutte, la phagocytose la suit. Pendant l'agglutination on observe la séparation nette des éléments agglutineurs et des agglutinés. Ce n'est que quand ces derniers sont à l'état de demi-cadavres que la phagocytose commence. Tout cela est conforme aux données de la pathologie générale, mais ici nous nous rendons compte que ces actions ne sont pas d'origine somatique mais cV ordre local, ce qui est important. Le phénomène général bien connu d'agglutination est la somme algébrique de phénomènes élémentaires comme celui-ci. On voit d'ailleurs très bien ici que les cellules les plus fortes attaquent les autres à distance par des substances émises en dehors d'elles (Dégénérescence et agglutination de cellules isolées près du grain de semence). Les phénomènes observés ici ne sont pas sans analogie dans l'orga- nisme. La lutte entre les cellules pariétales, notamment les éléments ser- toliens et les cellules séminales, s'y traduit fréquemment par la phagocytose- de ces derniers (V. 1913). L'agglutination des spermatocytes s'obseïve souvent lors de la prespermatogénèse (Batraciens), de poussées de sperma- togénèse peu intenses et sans doute en mauvaises conditions (tortue, chat). Elle est alors suivie de dégénérescence. Il n'en est sans doute pas toujours ainsi et il est probable que le phénomène se manifeste souvent à un moindre degré étant donnée l'instabilité de l'équilibre entre les diverses catégories d'éléments du tube séminifère, et on a le droit de penser que les cellules géantes, si souvent observées dans certains testicules, ne sont que le résultat d'une agglutination non suivie de dégénérescence et permettant la continuation de l'évolution. Cette explication des monstres doubles de la spermatogénèse différente de celles données jusqu'ici (Hofer 1909, Broman 1900) me parait assez satisfaisante. Il est probable qu'une telle explication s'appliquerait aux diverses cellules géantes observées in vivo et in vitro (R.-A. Lambert 1912). Un autre fait curieux est celui de la capacité qu'ont les cellules germi- natives d'exercer une jonction épithéliale. Les faits de cicatrisation les LE TESTICULE 499 caractérisent comme telles, permettant de donner au mot épithélial un sens physiologique précis qu'il n'avait pas jusqu'ici. Remarquons que cette fonction de recouvrement et de cicatrisation paraît incompatible avec la fonction spermatogène ; cela nous montre combien peut agir une exci- tation fonctionnelle locale qui nous paraît à première vue minime. Dans la zone d'envahissement, ici comme ailleurs, la distinction entre épithélium et conjontif s'efïace et les formes qu'y prennent les cel- lules : enclothélium (à la surface du plasma), boyaux d'envahissement, réseaux cellulaires, dépend de conditions locales insaisissables et non de l'origine des éléments (fig. xxxiii). Remarquons enfin ce fait que la phagocytose s'accompagne d'élaboration abondante d'une graisse phosphorée ^ qui paraît bien représenter le matériel tiré des nucléines. Cette mise en réserve de substances venant de dégéné- rats nucléaires et propres sans doute à refaire des noyaux explique la mul- tiplication de cellules isolées dans des milieux qui ne peuvent pas être nutritifs (eau salée Locke) (Harrisson 191?, Lewis 1911 et 1916). Ces cellules utilisent probablement pendant un certain temps pour leur multiplication les éléments tirés des cadavres de leurs voisines qu'elles ont phagocytés. Ce phénomène, plus net ici qu'ailleurs, à cause du grand nombre des noyaux, se voit aussi dans bien d'autres cultures. Il existe certainement aussi in vivo. On l'observe lois de la phagocytose des spermatozoïdes par les cellules du cyste chez les tritons (1913). On observe d'ailleurs quel- quefois le phénomène inverse lors de la poussée de spermatogénèse ^. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1892. P. BouiN. (Archives d' Anatomie microscopique.) 1892. Branca. Recherches sur le testicule des Lémuriens en captivité. {Journal de V anatomie). Histologie du testicule ectopique (Ibid.). 1900. Bromax. I. Sur Histogenèse der Riesenspermien des Bombinatnr igneus. 1913. Champy (Ch.). Recherches sur la spermatogénèse des Batraciens. (Arch. de zool. exp.) 1914-1916. Notes de biologie cellulaire, etc. {Archives de zool. expér.) 1. Je n'ai pas figuré le phénomène ici car il nécossitorait, pour être clair, un dessin eu couleurs. 2. J'ai montré (1913) que chez la grenouille verte, au moment de la spermatogénèse, les graisses testiculaircs précédemment phosphorées devenaient des graisses neutres en même temps qu'elles diminuaient de quantité D'une façon générale, les phénomènes d'échanges locaux et d'actions locales si évidents dans les cultures trouvent constamment un symétrique e.xact dans l'organisme vivant, ce qui montre bien qu'ils y jouent un rûle d'une impor- tance extrême. 500 CH. CHAMP Y 1917. GoLDSCîiMiDT (R.). Versuche zur Spermatogenese in vitro. {Archiv. fur zellfors- chung {T. XIV). 1912. Harrissox (R.-G.). Tho cultivalion of tissues in extraneous média as a mo- thod of morphogonetic .study. {Anat. record., T. VI-. 1909. Hœfer. Beitrag zur Histologie der Menschiichen Spermien iind zur Lehre von der Entstehung menschlichor Doppehniszbildungen. {Arche: fiir mikr. Annt., T. LXXIV.) 1912. Lambert (R.-A.) The production of forcing body giant cells in vitro {Journal of cxperim. medizin, T. XV.) 1911. Lewis(R.-M. etW.-A.). Thcgrowth of embryonicchick tissiie in artificial média. {John Hokpins hosp. bull.) 1916. Lewis (M.-R.) Sea water as as médium for tissue cultures. {Annt. record.) 1916. Lewis (M.-R. et W.-B.) Roberstox. The mitochondria and other structures observed by the tissue culture method in the maie germs cells of Chor- tippis curtipennis. {Biol. bull. T. XXX.) 1901. Regaxjd. Quelques données sur la vitesse et la continuité du mouvement sper- matogénétique chez les Mammifères. {C. R. assoc. anat. Paris.) 1901. Regaud. Phagocytose dans l'épithélium séminal de spermatozoïdes d'apparence normale. {Bibliographie antat. T. IX.) 1910. Regaud. Etude sur la spermatogénèse des Mammifères. {Archives d'onat. microsc, T. XI.) 1911 a. Regaud. Sur les cellules oviformes de ré])ithé]ium séminal du chat et du cliien. {C. R. assoc. anat., T. XVI.) 1911 b. Regaud. Quelques données sur la vitesse et la continuité du mouvement spermatogénélique chez les Mammifères. {('. R. as.'^oc. anal. Paris.) ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE Tome 60, p. 501 à 521. M Février 1921. L'INFLUENCE DE OLELOliES FACTEyilS SUR L'ACCROISSEMENT DES GASTÉROPODES D'EAU DOUCE A. POPOVICI-BAZNOSANU Professeur <à la Faculté des Sciences de Bucarest. I. INTRODUCTION Les biologistes avaient observé depuis longtemps que les espèces aquatiques montrent des variations de dimensions considérables. Pour découvrir les causes de ces variations chez les Mollusques pul- monés d'eau douce, Cari Semper^ a expérimenté avec LymnaeMS stagnalis. En une série de cultures, il a étudiéledéveloppement à partir de l'œuf jusqu'à l'adulte et, au mois d'août 1872, il a communiqué les résultats de ses expériences à TAssociation britannique de Brigthon. L'année suivante, il a fait paraître son mémoire détaillé dont voici les conclusions : 1. — Abstraction faite d'autres facteurs (nourriture, aération, tem- pérature) l'accroissement dépend d'une matière inconnue qui se trouve dans l'eau et dont la présence influence beaucoup l'action des autres facteurs. 2. — L'accroissement est proportionnel au volume d'eau; le maxi- mum de volume d'eau nécessaire au développement de chaque individu paraît être de 2 à 4 litres. 3. — Jusqu'à la troisième semaine l'accroissement est lent, ensuite de la 7e à la 8^ semaine l'accroissement s'accélère pour se ralentir ensuite. 1. Cari Semper. Ueber die Wachstums-Bedingungen des iymjzae;(.s .s^oyjwZw {Arheilen aus zoolzootomischen Institut in Wûrzburg, III Heft 1373). Arch. de Zool. Exp. et Oén. — T. CO. — F. C. • 34 Ô02 Â. POPOVICI-BAZNOSANU Dans une publication ultérieure (1880), SemperI insiste davantage sur l'influence du volume d'eau sur l'accroissement du Lymnaeus stagnalis : 1. — Lorsque chaque individu dispose d'un volume d'eau de 100 à 500 cmc. l'accroissement est rapide, il se ralentit si le volume d'eau augmente , et il cesse quand ce volume est de 5. 000 cmc . , cela prouve que toute augmentation de volume d'eau au delà de 5 litres n'a aucune influence sur l'accroissement. Le volume d'eau optimum serait donc pour chaque indi- vidu de 4 à 5 litres. 2. — Dans les volumes d'eau de LOOO à 2.000 cmc. par individu, l'accroissement dans les premiers 21 jours atteint 5 mm. ; dans les 21 jours suivants l'accroissement augmente encore de 10,2 mm. ; entre 42 et 60 jours on constate une nouvelle augmentation de 6 mm. ; enfin dans les 28 jours suivants on observe une nouvelle augmentation de 1,6 mm. seulement. 3. ■ — Toute Lymnée, qui dans la première année se développe dans de mauvaises conditions et n'a pas atteint au moins 20 mm. de longueur de coquille, produit une race naine si les conditions qui ont empêché son accroissement se répètent les années suivantes. 4. — Dans l'eau il existe une substance stimulante qui est absorbée par la peau de l'animal et cette absorption ne se fait suffisamment que lorsque le volume d'eau est assez grand. Varigny (1894) reprend ^ la question de l'accroissement du Lymnaea stagnalis et en éliminant les facteurs nourriture, aération, tempéra- ture, arrive aux conclusions suivantes : 1. — Les dimensions des Lymnées varient avec les volumes d'eau. Plus le volume est grand, et plus l'accroissement s'accentue, mais jus- qu'à une certaine limite seulement. 2. — Les dimensions des Lymnées s'accroissent proportionnellement à la surface de l'eau et ce phénomène se produit même si l'on augmente la surface en diminuant le volume. 3. — Lorsque le nombre des individus augmente, leurs dimensions se réduisent. 4. — Si l'on élève deux individus de Lymnée dans deux vases de volume inégal qui communiquent entre eux, l'exemplaire vivant dans le volume d'eau le plus petit se développe le moins. 1. Cari Semper. Die naturliclien Existembedingungen der Ti're (1888). 2. Henri de Varigny. Rechi-rehcs sur le nanisme expérimental, contribution à l'étude de l'influence du milieu sur les organismes. (Journal d'Anatnmîe et Physiologie, 30'' année 1894). ACCROISSEMENT DES GASTÉROPODES 503 Dans l'interprétation des faits, Varigny rejette l'hypothèse de Semper sur l'existence d'une substance chimique stimulante qui se trou- verait dans l'eau ; il conclut que le nanisme des Lymnées qui se dévelop- pent dans une quantité d'eau plus petite ou dans des vases de dimensions plus réduites, est dû à l'absence d'exercice et de mouvement. Legendre (1907) 1 dans une communication, à l'A. F. A. S., expose les résultats de ses expériences comparatives sur Lyninaeus stagnalis et Planorbis corneus élevés dans l'eau stagnante et l'eau renouvelée et con- clut : « Dans toutes ces expériences l'accroissement de la taille est plus grand dans l'eau renouvelée que dans l'eau stagnante. » Dans d'autres expériences ^ sur Lymnaeus auricularis, Legendre (1908), en renouvelant l'eau tous les deux jours afin d'éviter l'accumula- tion des excréta, et en faisant varier les facteurs volume d'eau, surface et nombre d'individus soumis à l'expérience, obtient, après 51 jours d'ex- périence, la même dimension de coquille quelque soit le volume de l'eau, les dimensions de la surface, le nombre des individus. D'après Legendre, l'accroissement des Lymnées et Planorbes serait dû non à l'influence d'une substance chimique hypothétique (Semper), ni aux mouvements et aux exercices que pouvait faire l'animal (Varigny), mais à l'influence d'un complexe de substances, les excréta, et surtout aux excréta liquides ou solubles qui ralentissent la croissance. II. Expériences et méthodes. Dès le printemps de Tannée 1912, j'ai commencé une série d'expé- riences sur Planorhis corneus et Lymnaea stagnalis ipoiir voir si l'accrois- sement des Gastéroj)odes d'eau douce n'est pas dû à d'autres facteurs que ceux précédemment énumérés. J'exposerai d'abord le résultat des expé- riences et je passerai ensuite à leur interprétation. Dans toutes les expériences, j'ai employé des œufs provenant d'ani- ' maux récoltés dans les environs de Bucarest et qui ont pondu dans les vases de culture du laboratoire de Morphologie. Peu de temps après l'éclosion, les jeunes Mollusques étaient placés dans des conditions iden- tiques (eau de robinet non renouvelée pendant la durée de l'expérience, vases en verre recouverts de plaques en verre, même éclairage). J'ai em- 1. Legendre R. Sur un facteur important du nanisme expérimental : les excrétas. (C. H. Association Frnn taise pour l'avancement des Sciences. Congns de Beim» 1907.) 2. Legendre R. Recherches sur le nani.'ime expérimental. Influence des excréta. ( Archives Zuol. expérimentale 1908, Série IV, tome VIII. Notes et Revue.) 504 A. POPOVICI-BAZNOSANU ployé des vases de culture de différentes formes et dimensions : n» 1, vases cylindriques de 19,5 cm. haut et 8,6 cm. diamètre intérieur ;no 2, vases cylindriques de 22 cm. haut et 13,4 cm. diam. intérieur ; n^ 3, vases cylindriques de 29,5 cm. haut, et 17 cm. diamètre intérieur ; no 4, des tub3s cylindriques ouverts aux deux extrémités ayant 32,5 cm. de haut, et 5,7 cm. diamètre intérieur ; n^ 5, vases bicylindriques (fig. i) dont la partie inférieure a 16 cm. de hauteur et 12 cm. diam. inté- F^— -^ rieur et la partie supérieure 8 cm. de haut, et 9 cm. j L diam. intérieur : n^ 6, vases bicylindriques dont la • • partie basilaire a 19 cm. de hauteur et 13 cm, diam. intérieur et la partie supérieure 8 cm. de haut, et 9 cm. diamètre intérieur ; n° 7, des aquariums rectangulaires de 20 cm. de longueur, 15 cm. largeur et 18 cm. hau- teur ; no 8, des aquariums rectangulaires de 24 cm. de longue vir, 17 cm. de largeur et 21 cm. hauteur ; nP 9, Fig. 1. Vase bicylin- drique. dcs aquarmms rectangulaires de 16 cm. de longueur, 9 cm. largeur et 20 cm. hauteur. Dans les tableaux des j)ages 505, 506 la même lettre indique que les cul- tures font partie de la même ponte, o : signifie vase cylindrique, o : signifie vase bicylindrique, □ : signifie aquarium rectangulaire. Note 1. — Dans les expériences de 1912 eau impure signifie celle dans laquelle les Lymnées âgées ont vécu longtemps en y déposant leur excréments ainsi que les excréta liquides. Les expériences : A^ A2 contiennent chacune cjuelques individus de la riiême ponte A C^ Ca — — _ C G'^C'2etc. — _ _ C A'^ A'a A'3 — — _ A . a — _ _ B ' 7 - ._ _ C Note 2. — Dans les expériences de 1913. j'ai procédé de la manière suivante : le 23 avril 1913, j'ai mis un individu âgé de Lyrmiaea stagnalis dans chacun des vases marqués A, B, C. etc., et qui étaient remplis d'eau et d'Elodea. Les Lymnées ont toutes pondu. Le 14 mai 1913, j'ai retiré les Lymnées âgées des vases A à I, mais j'ai laissé en place les Lymnées âgées des vases J, K, L, M, Q. Les Lymnées âgées de ces derniers vases ont rejeté de grandes quantités d'excréments, plus tard elles ont péri et leurs corps décomposés ont forcé les jeunes Lymnées écloses à se développer ACCROISSEMENT DES GASTÉROPODES 505 EXPÉRIENCES FAITES PENDANT l' ANNÉE 1912 L EXPE- RIENCE DURÉE DE L'expérience SURFACE du vasiî cinq eu VOLUxME d'eau en cmc OBSERVATIONS DIAMÈTRE de la coquille en millimètres I. Planorbis corneus E, E_, 12 mai 1912 10 sept. 1912 121 0 Ô8 0 113 500 .500 Eau de source avec Elodca. 5 mm. 4 mm. F, F. » » 0 113 0 113 500 1.000 » 4 mm. 6 mm. H, H, ,> » □ 275 0 113 1.500 1.500 » 6 mm. 5 mm. 1, ^ » □ 275 0 113 1.500 1.500 > 4 mm. 5 mm. II. Lymnaea stagnalis LONGUEUR de la coquille du plus grand individu de l'expérience. A, A, 8 mai 1912 2 juillet 1912 55 0 58 G 58 500 500 Eau de source avec Elodea. 6 mm. » 11 mm. » B, B3 ' » 0 58 0 113 500 500 ,> 6 mm. •' 6 mm. » C, C,, 14 mii 1912 2 ju ll€t 1912 49 0 113 0 113 1.000 1.000 » 4 mm. » 3 mm. » D, * ^ 0 11:3 0 113 0 113 0 123 500 750 1.000 1.500 » 5 mm. » 7 mm. 0 7 mm. » 6 mm. ■> C, 29 mi! 1912 12 sept. 1912 106 » 0 113 □ 275 C 275 '□ 275 1.000 1.000 2.000 3.000 Eau pure avec Elodea. » 11 mm. 9 mm. » . 10 mm. » 11 mm. » A', A', A', 7 juin 1912 12 sept. 1912 97 0 113 0 113 0 113 1.350 1.350 1.350 Eau imp. avec Elodea. Eau pure avec Elodea. E lu imp. avec Elodea. 25 mm. » 10 mm. » 17 mm. ■> a 8 mai 1912 12 sept. 1912 127 0 113 1 . 200 Eau impure. 18 mm. » V » » 0 113 1.200 Eau impure. 18 mm. >' C's 29 mii 1912 12 sppt. 1912 106 0 113 0 113 1.300 1 . 300 Eau pure avec Elodea. Eau impure. 12 mm. » 15 mm. » ÔOU A. POPOVICI-BAZNOSANU EXPÉRIENCES FAITES PENDANT l' ANNÉE 1913 sur Lymnaea stagnalis l'expé- DURÉE DE L'EXPÉRIENCE SURFACE du vase m cmq VOLUME cVeau on cmc OBSERVATIONS LONGUEUR de la coquille du plus grand individu de l'expérience rience PATE JOTRS A, A, 19 juin 1913 9 mars 1918 263 0 11:: 0 ll:i 1 . :îOO 1 . 300 Beaucoup d'individus dans l'eau impure avec Elodea. 5 individus (les plus grands de la ponte A) dans de l'eau pure avec Elodea. 13 mm. 15 mm. » 0 113 0 llo 1.300 1 . 300 Beaucoup d'individus dans l'eau impure avec Eloiea. ') individus ( les plus grands de la ponte B) dans de l'eau pure avec Elodea. 15 mni. 14 mm. C, » » 0 113 0 113 1 . 300 1.300_ ■ Beaucoup d'individus dans l'eau impure avec Elodea. 5 individus (les plus grands de la ponte C) dans de l'eau pure avec Elodea. 10 mm. 13 mm. D' » » '> 0 113 0 113 1.300 1.300 Beaucoup d'indivjlus dans l'eau impure avec Eloiea. 5 individus (les plus grands de la ponte D) dans de l'eau pure avec Elodea. 17 mm. 16 mm. A avril 191:? 0 mars 1914 0 113 1.300 10 individus dans de l'eau pure avec Elodea. 18 mm. B ■> » » » 13 1/2 mm. C » 0 » '> 18 mm. D ■> » » » 13 mm. E » » » ■> 14 mm. F » » •> 0 18 mm. G « » ■> 10 individus dans de l'eau pare avec Eloiea. 12 mm. H ' •> -> •> 11 mm. I » » » ' 17 mui. J 10 individus dans de l'eau impure. IS mil. K ■^ » •> ■> 1.8 mm. L » » 0 » 22 mm. M ■> >^ •' ■> 20 mm. Q >' » •> » 18 mm. ACCROISSEMENT DES GASTÉROPODES 507 dans une eau encore plus impure. Dans chacun des vases de culture je n'ai laissé que 10 des jeunes Lymnées sorties de la même ponte et autant que possible ayant les mêmes dimensions. A la fin de l'expérience, dans les vases A-I, les plus petites Lymnées avaient de 3 à 6 mm. de longueur, tandis que dans les vases J, K, L, M, Q, les plus petites Lymnées avaient de 7 à 9 mm. de longueur. Nous avons continué nos cultures avec les mêmes vases (A à Q) la seconde année, ne laissant dans chaque vase que trois individus choisis parmi les plus petits. Après 250 jours d'expérience (9 mars 1914 à 14 novembre 1914), nous avons trouvé : Dans le vase A la plus grande Lymnée avait 15 mm. de longueur — B — — 16 mm. — C — — 13 mm. — — D — — 12 mm. — — E — — 23 mm. — — F ' — — 17 mm. — — G — — 17 mm. — - — H — — 15 mm. — — I — — 10 mm. — — J — — 24 mm. — — ' K — — 18 mm. — — L — — 14 mm. — — M — — 13 mm. — — Q ^ — — 21 mm, — Expériences faites pendant l'année 1914. Au mois de mai 1914, nous avons obtenu plusieurs pontes de Lymnaea stagnalis et dans les cultures dont la description va suivre nous avons expérimenté sur des individus provenant de la même ponte et ayant les mêmes dimensions. Première série. — Dans un vase cylindrique n^ 2 (fig. 2) couvert d'un réseau métallique dans lequel nous avons pratiqué un trou circulaire, nous avons introduit un tube en verre n^ 4. Nous avons fermé l'ouverture inférieure du tube avec de la mousseline, nous avons bouché avec du coton ■f^ 508 A. POPOV WI-BAZNOSANU A J''IG. 2. Vase cylindrique (B)ct tnbe(^);c, co- ton ; r, réseau métal- lique ; m, mousseliui;. l'ouverture supérieure pour préserver les cultures contre les poussières. Nous avons couvert également d'une couche de coton le réseau métallique ft du vase B. Dans le vase B nous avons introduit 1.640 cmc. d'eau de source ; la surface d'eau est de 116 cmq. Dans le tube A se trouvent 260 cmc. d'eau avec une surface de 25 cmq. L'eau des deux vases communique à travers le voile de mousseline. Dans les deux vases nous avons mis des touffes à'Elodea. La durée de l'expérience fut d'une année (14 mai 1914 — 14 mai 1915). Expérience 1. — Dans chaque vase A et B, nous introduisons 5 petites Lymnées provenant de la •ponte « Teta ». Après une année d'expérience, la plus grande Lymnée du tube A mesure 16 mm. de lon- gueur, tandis que la plus grande Lymnée du vase B mesure 23 mm. de longueur. Expérience 2. • — Même disposition que dans l'expérience précé- dente. Après une année d'expérience, la plus grande Lymnée du tube A mesure 19 mm. de longueur ; la plus grande Lymnée du vase B mesure 19 mm. de longueur. Expérience 3. — Dans chaque vase A et B, nous introduisons 5 petites Lymnées provenant de la ponte « Oméga ». Après une année d'expérience, la plus grande Lymnée du tube A mesure 10 mm. de longueur, tandis que la plus grande Lymnée du vase B mesure 17 mm. de longueur. Expérience 4. — Dans chaque vase A et B, nous introduisons 5 petites Lymnées provenant de la ponte « Kapa ». Après une année d'expé- rience, la plus grande Lymnée du tube A mesure 7 mm. de longueur, tandis que la plus grande Lymnée du vase B mesure 23 mm. de longueur. Deuxième série. — Même dispositif que dans la série précédente, seulement le vase B contient 4.510 cmc. d'eau et la surface d'eau est de 208 cmq. ;le tube A contient 390 cmc. d'eau et une surface de 25 cmq. La durée de l'expérience est de 140 jours (14 juin 1914-31 octobre 1914). FiOf. 3. lufluf^ncc des excréta [1912 ; a, eau pure avio Elodaa (A',) ; 6, eau impure avec Elodea (A',); c, eau impure avec Elodea (A'j). ACCROISSEMENT DES GASTÉROPODES 509 Expérience 5. — Dans chaque vase A et B, nous introduisons 5 petites Lymnées de la ponte « Teta ». Après 190 jours d'expérience la plus grande Lymnée du tube A mesure 10 mm. de longueur, tandis que la plus grande Lymnée du vase B mesure 18 mm. de longueur. Expérience 6. — Même disposition que dans l'expérience précédente. Après 140 jours la plus grande Lymnée du tub3 A mesure 11 mm. de lon- gueur, la plus grande Lymnée du vase B mesure 17 mm. de longueur. Troisième série. — Dans un vase bicylindrique n^ 5 nous mettons 1.400 cmc. d'eau qui présente une surface de 113 cmq. Une couche d'algues vertes couvre les parois du vase. Le 14 juin 1914, nous introduisons dans ce vase 5 petites Lymnées provenant de la même ponte « Ita )>. Le 12 juillet 1914, nous retirons ces Lymnées et nous les plaçons dans un aquarium rectangulaire n^ 7 contenant 2.500 cmc. d'eau dont la surface est de 275 cmq. Une couche d'algues identique couvre les parois de l'aquarium. La durée de l'expérience est de 143 jours (14 juin 1914-4 novembre 1914). Expérience 7. — Après 143 jours d'expérience la plus grande Lymnée mesure 23 mm. de longueur. Expérience 8. — Après 143 jours la plus grande Lymnée mesure 26 mm. de longueur (fig. 5). Expérience 9. — Après 143 jours la plus grande Lymnée mesure 22 mm. de longueur. Quatrième série. — Même dispositif que dans la série précédente, seulement dans le vase bicylindrique et l'aqua- rium ne se trouve que de l'eau avec Elodea sans la couche d'algues sur les parois. Expérience 10. — Après 143 jours d'expérience les 5 Lymnées mesurent respectivement 7,5 mm., 8 mm., 8 mm., 8 mm., 12,5 mm. de longueur. Cinquième série. — Dans un vase bicylin- drique no 6 nous mettons 1.900 cmc. d'eau qui présentent une surface de 133 cmq. Le 14 juin 1914 nous introduisons dans ce vase 10 petites Lymnées ^ . , „ ^ Fig. 4. Influence des excréta provenant de la même ponte « Delta ». La durée et de? substances en pu- ^ ^ _ _ tréfaction 1913 ; a, eau de l'expérience est de 143 jours (14 juin 1914- pure avec i7o(fea (d,) : &, eau impure avec Elodea 4 novembre 1914). (p,). Expérience 11. — Une couche d'algues couvre les parois du vase. Pas d'Eloclea. Après 143 jours la plus grande Lym- née mesure 16 mm. de longueur. 510 A. POPOVICI-BAZNOSANU Expérience 12. — Le vase contient de l'eau avec Elodea, mais sans couche d "algues. Après 143 jours la plus grande Lymnée mesure 9,5 mm. de longueur. Expérience 13. — Le vase contient de l'eau avec Elodea, sans couche d"algues. On introduit dans l'eau une quantité d'excréments provenant des Lymnées âgées. Après 143 jours la plus grande Lymnée mesure 14 mm. de longueur. Expérience 14. — Le vase contient de l'eau impure (dans laquelle ont vécu pendant une année des Lymnées âgées) avec Elodea et sans couche d'algues. Après 143 jours la plus grande Lymnée mesure 10 mm. de lon- gueur. Sixième série. — Dans des aquariums rectangulaires no 7 nous intro- duisons 2.300 cmc. d'eau ayant une surface de 275 cmq. Quelques touffes d'Elodea s'y trouvent également. La durée de l'expérience est de 144 jours (13 juin 1914-4 novembre 1914). Expérience 15. — L'aquarium contient deTeau de source avec Elodea et 6 petites Lymnées provenant de la même ponte «Gamma ». Après 144 jours la plus grande Lymnée mesure 17 mm. de longueur. Expérience 16. — L'aquarium contient de l'eau de source avec Elodea et 24 petites Lymnées provenant de la même ponte « Gamma ». Après 144 jours la plus grande Lymnée mesure 13 mm. de longueur. Septième série. — Dans un vase bicylindrique n^ 5 nous mettons 1.400 cmc. d'eau qui présente une surface de 113 cmq. Quelques touffes d'J5/Zoc?ea s'y trouvent également. La durée de l'expérience 113 jours (14 juillet 1914-4 novembre 1914). Expérience 17. — Une petite Lymnée de la ponte a Ita ». Après 113 jours de l'expérience elle mesure 16 mm. de longueur. » Expérience 18. ^ — Deux petites Lym- nées de la ponte. « Ita ». Après 113 jours la plus grande mesure 12 mm. de longueur. Expérience 19. — Quatre petites Lym- nées de la ponte «Ita ». Après 113 jours la plus grande mesure 10 mm. de longueur. Expérience 20. — Cinq petites Lym- nées de la ponte «Ita ». Après 113 jours la FiG. 5. Influence de la microflore 1914 ; pluS grande mCSUrC 6 mm. de loUgUCUr. a, eau avec Elodea (Exp. 10) ; b, eau ^ , avec microflore (Exp. 8). HUITIEME SERIE. DaUS un aqua- ACCROISSEMENT DES GASTÉROPODES 511 lium rectangulaire n*^ 7 nous mettons 2.500 cmc. d'eau ayant une surface de 275 cmq. La durée de l'expérience est de 146 jours (14 juin 1914,- 7 novembre 1914). Expérience 21. — L'aquarium contient de l'eau de source avec Elodea et 10 petites Lymnées provenant de la même ponte « Epsilon ». Après 146 jours la plus grande Lymnée mesure 14 mm. de longueur. Expérience 22.^ — ^L'aquarium contient de l'eau de source avec Elodea et 15 petites Lymnées provenant de la même ponte «Epsilon». Après 146 jours la plus grande Lymnée mesure 15 mm. de longueur. Expérience 23. — L'aquarium contient de l'eau impure (dans laquelle ont vécu pendant une année des Lymnées âgées) et 5 petites Lymnées provenant de la même ponte « Epsilon ». Après 146 jours la plus grande Lymnée mesure 16 mm. de longueur. Expériences faites pendant l'année 1915. Première expérience. — Dans les nombreuses cultures faites avec Lymnaea stagnalis pendant l'année 1914 dans des vases contenant de l'eau avec Elodea, nous choisissons un individu qui depuis quelques mois ne montrait aucun accroissement dans sa coquille de 25 mm. et le 7 mai 1915 nous le plaçons avec de l'eau pure dans un vase cylindrique no 2, dont les parois sont couverts d'une couche d'algues. Après 72 jours (le 18 juillet 1915) la coquille mesurait 33 mm. de longueur. Deuxième expérience. — Comme dans l'expérience précédente, je choi- sis une Lymnée longue de 24 mm. et le 7 mai 1915 je l'introduis avec de l'eau pure dans un aquarium rectangulaire n^ 7 dont les parois sont cou- verts d'une couche d'algues. Après 72 jours la coquille mesurait 31 mm. de longueur. Troisième expérience. — Nous choisissons trois Lymnées des cultures faites pendant l'année 1914, et qui depuis quelques mois ne montraient aucun accroissement de la coquille, de 15 mm., 10 mm. et 6 mm. Le l^r juin 1915, nous plaçons ces trois Lymnées dans un aquarium rectangulaire n° 7 dont les parois sont couverts d'une couche d'Algues et qui est remplie avec l'eau croupie dans laquelle les Lymnées avaient vécu pendant l'année précédente. Après 47 jours d'expérience (le 18 juillet 1915), les Lymnées avaient respectivement 17 mm., 12 mm,, et 11 mm., de longueur. Quatrième expérience. — De la même ponte «Alfa » de mai 1915, nous choisissons deux petites Lymnées, ayant chacune 8 mm. de longueur, et 512 A. P0P0VICI-BAZN08ANU le 19 juin 1915, nous introduisons la première Lymnée dans un vase cylindrique n*' 2 contenant 2.200 cmc. d'eau et la seconde Lymnée dans le tube cylindrique n^ 4 contenant 400 cmc. d'eau (dispositif fig. 2). Sur les parois des deux vases se trouve une couche abondante d'algues. Le 14 septembre 1915, après 86 jours d'expérience, la Lymnée du vase B mesure 15 mm. de longueur et celle du tube A également 15 mm. Cinquième expérience. — De la même ponte « Alfa » de mai 1915, nous choii-issons six indi- vidus de Lymnées mesurant chacun 3 mm. de longueur. Le 6 juin 1915, nous plaçons trois de ces Lymnées dans un vase bicylindrique n» 5 contenant 1.500 cmc. d'eau et une couche abon- dante d'algues, et les trois autres Lymnées nous les j^laçons dans un vase cylindrique n^ 3 con- iia. 6. Influence de la micro- tenant 5.500 cmc. d'eau et une couche peu abon- flore 1915 (Exp. 4) : a, 2.200 cmc. d'eau et micro- dantc d'algucs. Le 18 juillet 1915, après 42 jours flore 6, 400 cmc. d'eau et , , microflore. cl expérience, daiis le petit volume d eau les Lymnées mesuraient 22 mm., 22 mm., 24 mm. de longueur, tandis que dans le grand volume d'eau elles mesuraient 17 mm., 17 mm. et 20 mm. de longueur. Sixième expérience. — • De la même ponte «Alfa» de mai 1915, nous choisissons 4 petites Lymnées. Le 17 juin 1915 nous plaçons deux Lym- nées dans un aquarium rectangulaire n^ 7 avec 1.500 cmc. d'eau et une couche abondante d'algues et les autres deux Lymnées dans un aquarium rectangulaire n" 7 avec 1.000 cmc. d'eau et une couche abondante d'algues. Après un mois d'expérience (le 18 juillet 1915) les deux Lymnées du petit volume d'eau mesuraient 22 mm. et 26 mm. de longueur, et les deux Lymnées du grand volume d'eau mesuraient 26 mm. et 26 mm. de lon- gueur. Septième expérience. — De la même ponte «Alfa» de mai 1915, nous choisissons 18 individus de Lymnées mesurant chacun 2 mm. de longueur. Le 31 mai 1915 nous plaçons six de ces Lymnées dans un aquarium rectan- gulaire no 8 contenant 5.000 cmc. d'eau avec touffes d'Elodea et une couche peu abondante d'algues. Un second lot de six Lymnées, nous le plaçons dans un aquarium rectangulaire n^ 8 contenant 5.000 cmc. d'eau sans Elodea et une couche abondante d'algues. Le dernier lot de six Lym- nées, nous le plaçons dans un aquarium rectangulaire n^ 7 contenant 2.500 cmc. d'eau avec Elodea et une couche abondante d'algues. Le 18 juillet ACCROISSEMENT DES GASTÉROPODES 513 1915, après 48 jours d'expérience, nous constatons le résultat suivant : les six premières Lymnées mesuraient respectivement 9, 13, 13, 16, 17, 19 mm. de longueur ; les Lymnées du second lot mesuraient respectivement 13, 14, 15, 16, 17, 19 mm, de longueur ; enfin les Lymnées du troisième lot mesuraient respectivement 10, 12, 16, 17, 18, 20 mm. de longueur. Expériences faites pendant l'année 1919. Après une interruption de trois années due à la guerre mondiale, j'ai repris mes expériences sur les Gastéropodes d'eau douce, cette fois en fai- sant varier les facteurs volume d'eau et surface et en maintenant constant le facteur aliment. Les jeunes Lymnées ont ^^ été nourries de feuilles de salade (laitue). flHRk mÊ^K Dans les vases de culture de la même KBf|| H|^^ expérience, j'ai mis un nombre égal de ^Byr feuilles autant que possible de mêmes I ^ÊF i dimensions. Je remplaçais par de nou- r t ^ velles feuilles celles que les animaux m f consommaient. '' j Expérience 1 . — Dans la même ponte _, 1 • 1 • ^^'^- '^- Influence de la nourriture 1919 « Gamma •» du mois de mai 1919, nous (Exp. l) ; a, 2.000 cmc. d'eau, 266 cmc|. -, . . . T , . , surface, salade ; 6, 2.000 crac, d'eau, clioisissons SIX Lymnées mesurant clia- 157 cmq. surface, salade. cune 5 mm. de longueur. Le 6 juin 1919, nous plaçons trois de ces Lymnées dans un aquarium n^ 7 contenant 2.000 cmc. d'eau avec des feuilles de salade. Un second lot de trois Lymnées nous le plaçons dans un aquarium plus petit r\P 9 contenant également 2.000 cmc. d'eau avec feuilles de salade. Après 46 jours (le 22 juillet 1919) les trois Lymnées de l'aquarium à grande surface mesuraient respectivement 30 mm., 30 mm., 28 mm., de longueur et les trois Lymnées de l'aquarium à petite surface avaient 30 mm,, 30 mm., 29 mm. de longueur. Expérience 2. — Dans la même ponte «Epsilon» du mois de mai 1919, nous choisissons 10 petites Lymnées mesurant chacune 6 mm. de lon- gueur. Le 10 juin 1919, nous plaçons cinq Lymnées dans un aquarium no 7 contenant 2.000 cmc. d'eau et les autres cinq dans un aquarium plus petit no 9 contenant 2.000 cmc. d'eau. Après 42 jours d'expérience (le 22 juillet 1919) les cinq Lymnées de l'aquarium à grande surface mesurent respectivement 28, 28, 26, 26, 26 mm. de longueur et les cinq Lymnées 514 A. POPOVICI-BAZNOSANU de l'aquarium à petite surface avaient 28, 28, 28, 26, 25 mm. de longueur. Expérience 3. — Dans la même ponte « Gamma w du mois de mai 1919, nous choisissons 4 petites Lymnées mesurant chacune 6 mm. de longueur. Le 6 juin 1919, nous plaçons deux individus dans un vase bicylindrique n^ 6 contenant 1.500 cmc. d'eau et les deux autres individus dans un vase bicylindrique n^ 6 contenant 750 cmc. d'eau. Après 46 jours d'expérience (le 22 juillet 1919) les deux Lymnées vivant dans le grand volume d'eau mesuraient 26 mm. et 28 mm. de longueur ; les deux autres Lymnées vivant dans le petit volume d'eau mesuraient 26 mm. et 27 mm. de lon- gueur. Expérience 4. — Dans la même ponte « Delta » du mois de mai 1919, nous choisissons six petites Lymnées mesurant chacune 5 à 6 mm. de lon- gueur. Le 9 juin 1919, nous plaçons trois individus dans un vage bicylin- drique no 6 contenant 1.500 cmc. d'eau et les autres trois individus dans un vase bicylindrique n^ 6 contenant 750 cmc. d'eau. Après 43 jours d'ex- périence (le 22 juillet 1919) les trois Lymnées vivant dans le grand volume d'eau avaient 29, 28, 25 mm. de longueur et les trois autres Lymnées vivant dans le petit volume d'eau mesuraient 28, 26, 25 mm. de lon- gueur. Expérience 5. — Dans la même ponte « Delta )) du mois de mai 1919, nous avons pris six petites Lymnées mesurant chacune 6 mm. de longueur. Le 9 juin 1919, nous plaçons trois individus dans un aquarium rectangulaire n^ 7 contenant 3.000 cmc. d'eau et trois individus dans un aquarium rectangulaire n^ 7 contenant 1,500 cmc. d'eau. Après 43 jours d'expérience (le 22 juillet 1919) les Lymnées vivant dans le grand volume d'eau mesuraient 29, 30, 30 mm, de longueur et les Lymnées vivant dans le petit volume d'eau avaient 29, 29, 31 mm. de longueur. Expérience 6. — Dans la même ponte «Epsilon ) du mois de mai 1919, nous choisissons 8 petites Lymnées mesurant chacune 5 à 6 mm. de lon- gueur. Le 11 juin 1919, nous plaçons (fig. 2) quatre individus dans un vase cylindrique n" 2 contenant 1.800 cmc. d'eau et les quatre autres Lymnées nous les plaçons dans un tube cylindrique n^^ 4 contenant 300 Fig. 8. Infliunce de la nourriture 1919 (Exp. 5); (i, 3.000 cmc. d'e.au, sa- lade ; 6, 1.500 cmc. d'eau, salade. ACCROISSEMENT DES GASTÉROPODES Ôl5 cmc. d'eau. Après 41 jours d'expérience (le 22 juillet 1919) les Lymnées du vase mesuraient 21, 25, 27, 27 mm. de longueur et les Lymnées du tube avaient 23, 23, 25, 25 mm. de longueur. III. Discussion des résultats obtenus. Les facteurs qui déterminent la croissance des Gastéropodes d'eau douce sont nombreux. Comme nous l'avons montré dans l'Introduction, quelques-uns de ces facteurs ont fait l'objet des travaux de plusieurs naturalistes. Dans nos recherches nous avons répété, d'une part, les expé- riences de nos prédécesseurs et, d'autre part, nous avons fait intervenir d'autres facteurs. Voici les résultats obtenus : 1. L'influence df volume d'eau. — Ce facteur, qui semble efficace dans le phénomène d'accroissement des Gastéropodes, n'a pas la valeur absolue que Semper et Varigny lui attribuent. Mes expériences sont loin de confirmer toujours les résultats de ces auteurs. En effet, voici quelques cas où mes résultats concordent avec ceux des auteurs précédemment cités : Dans 500 cmc. d'eau un jeune Planorbe atteint 4 mm. diamètre (Exp. F^, 1912 — 1000 cmc. — — — 6 mm. — (Exp. Fg, 1912 Dans 500 cmc. d'eau une jeune Lymnée atteint 5 mm. longueur (Exp. D^, 1912 — 1000 cmc. — — — 7 mm. — (Exp. 00,1912 Dans 1000 cmc. d'e«u une jeune Lymnée atteint 9 mm. longueur (Exp. C'2,1912 — 2000 cmc. — — — 10 mm. — (Exp. C'3,1912 — 3000 cmc. — — — 11 mm. — (Exp. G',, 1912 Dans 260 cmc. d'eau une jeune Lymnée atteint 16 mm. longueur (Exp. 1, 191^ — 1640 cmc. — — — 23 mm. — (Exp. 1, 1914 Dans 260 cmc. d'eau une jeune Lymnée atteint 10 mm. longueur (Exp. 3, 1914 — 1640 cmc. — — — 17 mm. — (Exp. 3, 1914 Dans 260 cmc. d'eau une jeune Lymnée atteint 7 mm. longueur (Exp. 4, 1914 — 1640 cmc. — _ . _ 23 mm. — (Exp. 4, 1914 Dans 390 cmc. d'eau une jeune Lymnée atteint 10 mm. longueur (Exp. 5, 1914 — 4510 cmc. — — — 18 mm. — (Exp. 5, 1914 Dans 390 cmc. d'eau une jeune Lymnée atteint 11 mm. longueur (Exp. 6, 1914 — 4510 cmc. — , — — 17 mm. — (Exp. 6, 1914 Mais, dans d'autres cas, mes expériences démontrent le contraire : Dans 1000 cmc. d'eau une jeune Lymnée atteint 7 mm. longueur (Exp. D3, 1912) — 1500 cmc. — — — 6 mm. — (Exp. D^,1912) 516 A. POPOVICI-BAZNOSANU Dans 260 cmc. d'eau une jeune Lymnée atteint 19 mm. longueur (Exp. 2, 191'i) — 1640 cmc. — — — 19 mm. — (Exp. 2, 1914) Dans 500 cmc. d'eau une jeune Lymnée atteint 6 mm. longueur (Exp. Ai,1912) — 500 cmc. — — — 11 mm. — (Exp. A.2, 1912) Dans 1500 cmc. d'eau une jeune Lymnée atteint 30 mm. longueur (Exp. 5, 1919) — 3000 cmc. — — — 31 mm. — (Exp. 5, 1919) 2. L'influence de la surface. — On peut soutenir d'une manière générale que, pour un volume d'eau constant mais à surfaces variables, l'accroissement des jeunes Lymnées et des jeunes Planorbes est propor- tionnel à la surface. Beaucoup de mes expériences démontrent que cette règle est loin d'être constante. Ainsi : Avec une surface d'eau de 113 cmq. un petil Planorbe atteint 5 mm. diamètre (Exp. I2, 1912) — — ■ 275 cmq. — — 4 mm. diamètre (Exp. 1,, 1912) Avec une surface d'eau de 58 cmq. un petit Planorbe atteint 5 mm. diamètre (Exp. E,, 1912) — — 113 cmq. — — 4 mm. diamètre (Exp. Eo,1912) Avec une surface d'eau de 58 cmq. une petite Lymnée atteint 6 mm. longueur (Exp. B^,1912) — — 113 cmq. — — 6 mm. longueur (Exp. B2,1912) Avec une surface d'eau de 113 cmq. une petite Lymnée atteint 11 mm. longueur (Exp. C'^,1912) — — 275 cmq. — — 9 mm. longueur (Exp. C'a, 1912) Avec une surface d'eau de 58 cmq. une petite Lymnée atteint 6 mm. longueur (Exp. A^, 1912) ■ — — 58 cmq. — • — 11 mm. longueur (Exp. Ao, 1912) Avec une surface d'eau de 113 cmq. une petite Lymnée atteint 4 mm. longueur (Exp. C„ 1912) — — 113 cmq. — — 3 mm. longueur (Exp. C2, 1912) Avec une surface d'eau de 157 cmq. une petite I^ymnée atteint 30 mm. longueur — — 266 cmq. — — 30 mm. longueur (Exp. 1, 1919) Avec une surface d'eau de 157 cmq. une petite Lymnée atteint 28 mm. longueur — — 266 cmq. — — 28 mm. longueur (Exp. 2, 1919) 3. L'influence du nombre des individus. — H est tout naturel ACCROISSEMENT DES GASTÉROPODES 517 de trouver un rapport inverse entre l'accroissement et le nombre des indi- vidus vivant expérimentalement ensemble dans les mêmes conditions. En efPet : Dans un vase de culture se trouve une seule I;ymnée, elle atteint 16 mm. longueur (Exp. 17, 1914) Dans un vase de culture se trouvent 2 Lymnées, elles atteignent 12 mm. longueur (Exp. 18, 1914) Dans un vase de culture se trouvent 4 Lymnées, elles atteignent 10 mm. longueur (Exp. 19, 1914) Dans \\[\ vase de culture se trouvent 5 Lymnées, elles atteignent G mm. longueur (Exp. 20, 1914) Aux mêmes résultats conduisent les expériences 15 et 16 de l'année 1914. Cependant, dans d'autres expériences, nous constatons que le nombre des individus ne semble pas exercer une influence bien décisive sur les phénomènes d'accroissement. Parmi les 10 petites Lymnées vivant en- semble dans le même vase après 146 jours d'expérience, nous trouvons des dimensions très variables, la plus grande atteint 14 mm. de longueur (Exp. 21, 1914), tandis que parmi les 15 petites Lymnées cultivées dans des conditions identiques, la plus grande mesurait 15 mm. de longueur (Exp. 22, 1914). 4. Influence des excréta et des substances organiques en PUTRÉFACTION. — A la suite des expériences A'^, A'2, A'3 et C'5, C'c de l'année 1912, on voit que les petites Lymnées acquièrent des dimen- sions plus considérables dans l'eau contenant des impuretés que dans l'eau pure. Dans les cultures faites pendant l'année 1913 : A^, A2, Bj, B2, Cj, C2, T>i, C2, nous avons trouvé des variations considérables en ce qui concerne l'accroissement des jeunes Lymnées. Ainsi, tandis que dans les expériences Aj, A2, Cl, C2 l'eau pure paraît favoriser l'accroissement, dans les expé- riences Bj, Bj, Dj. D2 c'est au contraire l'eau impure qui semble favoriser cet accroissement. Les cultures A-I de l'année 1913 nous montrent que les jeunes Lym- nées cultivées dans de l'eau pure ont atteint des dimensions variant entre 11 et 18 mm. de longueur. Les cultures J, K, L, M, Q, de la même année, faites dans l'eau impure, nous ont doim.é des Lymnées dont les dimensions variaient de 18 à 22 mm. de longueur. Des expériences 12 et 13 de l'année 1914, il résulte que dans l'eau pure Arch. de Zool. Exp. et Gén. — T. 60. — F. 6. 35 518 A. POPOVICI-BAZNOSANV les jeunes Lymnées atteignent 9,5 mm. de longueur, tandis que dans l'eau impure elles mesurent 14 mm. de longueur. D'après Legendre, cependant, les excréta que les jeunes Mollusques rejettent dans les vases de culture auraient une influence retardatrice sur les phénomènes d'accroissement. Nous ferons remarquer d'abord que les expériences de cet auteur n'ont pas été faites dans les conditions nécessaires pour que les résultats obtenus soient comparables entre eux. Ainsi, dans sa première expérience, il compare l'accroissement de 51 animaux vivants à la fin de l'expérience dans l'eau stagnante avec l'accroissement de 31 individus vivants dans l'eau renouvelée, et dans une seconde expérience 31 individus vivants dans l'eau stagnante sont comparés avec 12 animaux vivants dans l'eau renou- velée. D'autre part, Legendre ne prend pas en considération l'inégalité de croissance individuelle des animaux mis en expérience, car, au lieu de considérer chaque individu isolément, il ne donne que la moyenne de croissance de tous les individus soumis à l'expérience. De mes expériences, il résulte que l'eau stagnante remplie d'excreta n'a aucune influence nuisible sur l'accroissement des Gastéropodes d'eau douce. En effet, les expériences 12 et 14 de l'année 1914 prouvent que dans l'eau pure les 10 jeunes Lymnées de chaque vase atteignent 9,5 mm. de longueur, tandis que celles qui vivaient dans l'eau impure comptaient 10 mm. de longueur. Voici d'ailleurs une expérience absolument concluante : de nombreuses jeunes Lymnées provenant des pontes ((Delta», ((Teta », ((Kapa » vivaient dans trois vases de cultures identiques comme dimension, volume et surface d'eau, et dans lesquels, par suite du long séjour des animaux, l'eau conte- PONTE SURFACE d'eau in cmf| VOLUME D'EAU eu cmc OBSERVATIONS LONGUEUR lie l.i coquille du plus grand individu Delta 11. _i 13.i 1 . 300 1.900 Eau impure. Eau pure. 19 mm. 9,5 mm. Teta 113 208 1 . 300 4.510 Eau iTiipure. Eau pure. 19 mm. 18 mm. Kapa 113 116 1 . 300 l.fi40 Eau impure. Eau pure. 15 mm. 15 mm. ACCROISSEMENT DES GASTÉROPODES 519 liait des grandes quantités d 'excréta solides et liquides. Nous retirons alors la moitié des individus et nous les plaçons dans des meilleures con- ditions d'existence : vases plus grands, volume et surface d'eau plus con- sidérables et de l'eau pure. La quantité à'Elodea qui servait de nourri- ture reste la même dans toutes ces expériences. Après 168 jours de cul- ture, nous obtenons les résultats indiqués dans le tableau de la page 518. 5. Influence de la nourriture. — Tous les auteurs qui se sont occupés de cette question ont considéré les plantes phanérogames aqua- tiques comme la principale nourriture des Gastéropodes d'eau douce. Varigny (1894) dit : « Pour éliminer l'important facteur dont il s'agit, il existe un moyen très simple : il consiste à assurer l'existence d'un excès d'aliments, et c'est celui que j'ai employé, en donnant toujours aux Ly m - nées en expérience une provision d'herbes plus abondante qu'il n'était nécessaire, et en veillant à ce qu'elle demeurât toujours telle, ce qui est facile. » Legendre (1908) dit : «En mettant dans ce vase les deux moitiés d'une ponte d'un des Pulmonés étudiés et des quantités égales des mêmes plantes aquatiques, on évite les facteurs nombre et nourriture et l'on a ainsi deux milieux aussi identiques que possible. » Sans contester le rôle que les plantes supérieures peuvent jouer dans l'alimentation des Gastéropodes, nos expériences nous ont nettement mon- tré que la microflore, composée surtout d'algues, constitue le principal aliment. On sait, en effet, que dans les eaux stagnantes les plantes supé- rieures, les pierres, les morceaux de bois, etc., sont normalement couverts d'une couche abondante d'algues. Cette couche végétale est continuelle- ment enlevée par la radula des Gastéropodes d'eau douce. En même temps ces animaux utilisent comme nourriture les parties mortes des phanéro- games aquatiques. Ce n'est qu'en défaut des aliments précédents qu'elles attaquent les grandes plantes aquatiques vivantes. Dans les cultures faites au Laboratoire, on observe la même chose : les petites Lymnées, peu de jours après l'éclosion, commencent à ramper sur les parois clés vases de culture et à les nettoyer des algues qui s'y déposent. Ensuite ces Mollusques utilisent les morceaux d'Elodea morti- fiées qui s'accumulent au fond du vase et ce n'est que rarement qu'elles s'attaquent aux parties vivantes de cette plante. Mes recherches montrent nettement que la microflore exerce une influence considérable sur Faccroissement des jeunes Lymnées. En effet, dans les expérience 11 et 12 de l'année 1914, les jeunes Lymnées cultivées 520 A. POPOVICI-BAZNOSANU dans des vases ayant une riche micro flore atteignent, après 29 jours, 13 mm. de longueur et, après 143 jours, 16 mm. de longueur, tandis que l3S animaux des vases sans microflore mesuraient, après 29 jours, 4 mm. de longueur et, après 143 jours, 9,5 mm. de longueur. Dans les expériences 8 et 10 de l'année 1914, les jeunes Lymnées dan>; des vases aj^ant une riche micro flore atteignent, après 29 jours, 19 mm. d3 longueur et après 143 jours, 26 mm. de longueur, tandis que les ani- maux des vases sans microflore mesuraient, après 29 jours, 6 mm. do longueur, et après 143 jours, 12,5 mm. de longueur. Les expériences 1, 2 et 3 de l'année 1915 nous montrent la rapidité de croissance des Lymnées vivant dans des vases à riche micro flore. Des expériences 4, 5, 6 et 7 de la même année, il résulte que la micro flore exerce son action accélératrice dans l'accroissement des Gastéropodes indépendamment du volume et de la surface d'eau, car les animaux les plus développés s'obtiennent dans des vases indistinctement petits ou grands, mais oii la micro flore est la plus riche. Tout aussi concluants sont les résultats de nos expériences de l'année 1919 dans lesquelles les feuilles de salade servaient de nourriture aux jeunes Gastéropodes. Ces animaux ont une préférence bien marquée pour cette espèce d'aliment, ce qui accélère leur croissance. Ainsi, sans être influencés par le volume ou la surface d'eau, toutes les autres conditions restant égales, les jeunes Lymnées atteignent des dimensions semblables oa presque semblables. Conclusions. 1. — Dans toutes les expériences décrites plus haut, je me suis efforcé de réaliser des conditions aussi identiques que possible en ce qui concerne l'eau employée, les vases de culture, la lumière, les aliments, la tem- pérature, etc. Le seul facteur qui, par sa nature même, ne peut offrir de constance appréciable, „ „ , . ,.,. , , c'est l'équation personnelle des animaux proA^^- FlG. 9. Inégalité lie rroissancc chez i r' f Lymnaea litagnaïu. Petites naut de la même poutc, Qui doit forcément abou- formes résultant de la même ponte . Zita . après 24 jours. tir à uue inégalité de croissance individuelle. En effet, les toutes jeunes Lymnées (fig. 9) mises en expérience peu de jours après leur éclosion, et qui paraissent de même taille, ne tardent pas à montrer, dès le début, des différences appréciables et'plus l'expérience dure, plus ces différences s'accentuent. H en résulte ^ ^ > ■') ACCROISSEMENT DES GASTÉROPODES 521 que, sous ce rapport, la comparaison des résultats ne peut fournir des conclusions absolues. 2. — De tous les facteurs qui déterminent le développement des Gastéropodes d'eau douce, la nourriture est celle qui joue le rôle prépondé- rant. Et parmi tous les aliments, c'est la micro flore qui favorise le plus leur accroissement. 3. — ■ Les facteurs volume et surface d'eau n'influencent qu'indirecte- ment l'accroissement ; un plus grand volume d'eau et une surface plus considérable favorisent le développement de la micro flore. 4. — Le facteur nombre d'individus mis en expérience est également subordonné au facteur nourriture, car il n'est pas indifférent si la même quantité d'aliments est disputée par un nombre plus grand ou plus petit d'individus. 5. — Le facteur excréta n'a pas l'importance que Legendre lui attribue. H résulte de mes expériences que l'influence de ces substances n'est pas nocive et que, bien au contraire, dans quelques cultures nous avons constaté que ces matières favorisaient l'accroissement. H n'y a rien de surprenant dans ce fait, étant donné que les déjections offrent un terrain de culture très favorable pour le développenient de la microflore et de la micro faune. ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE Tome 60, p. 523 à 555. 2ei Février 1922. BIOSPEOLOGICA XLIV <" ARANE^ m iiKoms Vi, vmmi mmm Eugène SIMON et Louis FAGE -Muséum d'Histoire naturelle, Paris TABLE DES MATIÈRES Pages Introduction 524 Descriptions et observations 525 Uloborid.e. — Uloborus geniculatus Oliv 525 DictynidjE. — Hœmilla tanganensis, nov. sp 526 Eresid^ . — Dresseras elongatus Tullgr. ? 527 SlCARnD,E. — Loxoseeles sp 528 LEPTONETlDiE. — Apneumonella oculata Fage 528 OONOPID.E. — Blanioonops patellaris nov. gen., nov. sp. (p. 5;U). — Oonops sp. ? (p. 533). — Kijabe paradoxa Berland (p. 534). — Dysderina granulosa, nov. sp. (p. 534). — Ganiasomorpha Berlandi nov. sp. p. 535). — Ganiasomorpha Kulczynskii Berland 536 Palpimanid.-e. — Hybosida scabra, nov. sp 536 ZODARIID.E. — Cydrella albopilosa, nov. sp 538 Pholcid.î:. — Pholcus lucifugus nov. sp. (p. 539). — Psilochorus sp.? (p. 542). — Spermophora minotaura Berland 542 Theridiid.e. — Hexablemnui cataphractum Berland 542 Argiopid.'E. — Asthenargus inermis, nov. gen., nov. sp. (p. 544). — Lepthyphantes perexiguus, nov. sp. (p. 545). — Leptyphantes biseriatus, nov. sp. (p. 547). — Leptyphantes hiseriatus infans, nov. var. . . . 548 Clubionid.e. — Berlandia cavernicola, nov. sp. (p. 549). — Ctenus, sp. ? 551 Agelenid.e. — Malthonica africamt, nov. sp. (p. 551). — Hahnm Rouleli de Lessert 553 Liste des grottes habitées par des Araignées '553 Index bibliographique 554 1. Voir pour Biospeologica I à XLIII ces Archives, tomes VI, VII, VIII et IX de la 4» série, tomes I, II. IV, V. VI, VII, VIII, IX et X de la 5* série et tomes 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59 et 60. ASCff. DB ZOOL. EXP. ET Q&H, — T. 00. — F. 7. 36 524 E. SIMON ET L. F AGE INTRODUCTION « Les Aranéides que MM. Alluaud et Jeannel ont capturés dans les grottes de l'Afrique orientale — ou à leur entrée - — forment une collec- tion intéressante a plusieurs titres. Sur les 20 espèces rapportées^, 13 sont nouvelles et 3 d'entre elles ont nécessité la création de genres nouveaux- On peut même ajouter que, sauf 3 espèces : Uloborus geniculatus Oliv.^ Dresserus elongatus Tijllgren, Hahîiia Bouleti de Lessert, toutes celles que nous citons étaient inconnues avant la remarquable exploration des deux zoologistes français, et se trouvent décrites, pour la première fois, dans les deux mémoires de L. Berland (1914-1920), ou ici même. C'est dire que nous avons retrouvé, dans le matériel qui nous a été confié, quelques espèces qui se rencontrent normalement à l'extérieur et ne peuvent, en aucune façon, être considérées comme cavernicoles. Il ressort d'ailleurs nettement de la description détaillée, donnée par MM. Alluaud et Jeannel (1914), des grottes visitées par eux, que ces dernières n'offi'ent, pour la plupart, que des conditions d'habitat assez défavorables aux vrais troglobies, et sont sm'tout peuplées de trogloxènes, qu'attire et retient l'abondance exceptionnelle du guano de Chauves- Souris. Cependant la grotte A de Shimoni, les grottes du Kulumuzi se terminent par des chambres obscures et humides, où se réfugient les es- pèces les plus franchement lucifuges. Parmi les Aranéides, nous ne pou- vons, à vrai dire, en citer qu'mie qui révèle par ses caractères une pro- fonde adaptation au milieu des cavernes, c'est le Blanioonops patellaris, n. g., n. sp., petit Oonopide aveugle, entièrement décoloré, aux pattes grêles et longues. Dans la même grotte vivent avec lui le Berlandia caver7iicola, n. sp., le Pholcus lucijugus, n. sp., qui sont certainement des espèces lucifuges, mais qui, par leur aspect, diffèrent très peu des formes lucicoles dont elles sont voisines. Quant à V Apneumonella oculata Fage, qui habite également cette grotte C du Kulumuzi, la plus favorable, sem- ble-t-il, aux troglobies, il suffit de le comparer à son proche parent des grottes des Pyrénées, le Telema tenella E. S., complètement aveugle et décoloré, aux appendices démesurément allongés, pour juger tout le tra- jet qui lui reste à parcourir dans la voie des adaptations. La faune de la grotte de Campbell mérite une mention spéciale. Tandis que les grottes de Shimoni, du Kulumuzi et de Zanzibar s'ouvi'ent à quel- 1 . On en trouvera la liste à la fin de ce mémoire. , . ARANEJE 525 qiies mètres à peine au-dessus du niveau de la mer, sont creusées dans les calcaires coralliens ou marneux, ont une température de 24o5 et 26o C. et abritent une faune à affinités nettement tropicales, la grotte de Camp- bell est constituée par une série de crevasses et de failles, formant une sorte de tunnel, qui débouche sur le bord d'une falaise de kényte, à 3.480 mètres d'altitude, au milieu des prairies alpines, à bruyères arbo- rescentes, du Kenya. On ne pouvait espérer rencontrer dans un tel habitat une faune comparable à celle qu'aurait pu fournir une grotte calcaire ; mais les recherches qu'y ont faites MM. Alluaud et Jeannel ont mis au jour une série de formes qui, pour n'être pas strictement cavernicoles, n'en sont pas moins du plus haut intérêt. Ce tunnel, la chambre obscure et humide qui lui fait suite, où la température se maintient à 7°? C, constituent en effet un piège excellent, facilitant la capture des espèces muscicoles et lucifuges de la région. Aussi y trouve-t-on le Spermophora minotaura Berland, des forêts du Kenya, VHahnia Rouleti de Lessert, de la zone forestière du Mérou, et d'autres espèces, nouvelles, à affinités alpines : V Asthenargus inermis, n. g., n. sp., le Leptyphantes biseriatus n. sp. et sa variété infans n. v. qui appartiennent au groupe des Lepty- phantes des hautes montagnes, le Malthonica af ricana, n. sp., dont les deux autres espèces du genre sont seulement connues des montagnes du Portugal, des Pyrénées et de THimalaya. Ces exemples viennent s'ajouter à ceux déjà signalés dans les publica- tions des voyages de MM. Alluaud et Jeannel et de leurs devanciers pour montrer, d'une façon indubitable, l'existence, sous les tropiques, d'une faune d'altitude, comparable à celle des pays tempérés. Ainsi se trouve posé un des problèmes les plus intéressants — et peut-être un des plus délicats à résoudre — parmi ceux que la connaissance de la vie tro- picale dresse devant le biologiste. Descriptions et Observations Familia ULOBORIDJE 1. Uloborus geniculatus Oliv. Grotte de Haitajwa, près Haitajwa-hill, district de Mwéra, île de Zan- zibar (24. IV. 12) nO 537 : 1 c^, 1 9. Cette espèce, qui vit aussi à l'intérieur des habitations, se rencontre dans toutes les régions tropicales du monde. 626 E. SIMON ET L. F AGE Familia DIGTYNIDiE 2. Hœmilla tanganensis, nov. sp. Type de l'espèce. — Grotte du Kuliimuzi o' 9 (Ch. Alluattd, 1909). Matériel étudié. — Echantillons types, et en outre : Grotte A de Shimoni, district de Shimoni, province de Seyidié (Afrique orientale anglaise) (9. XI. 11), no 532 ; Grotte B du Kulumuzi, près Kyomoni, district et province de Tanga, (Afrique orientale) (16. IV. 12), n» 535; Grotte de Haitajwa, près Haitajwa-hill, district de Mwéra (île de Zan- zibar) (24. IV. 12), no 537. Description. — Longueur 6 mm. 5. 9 Coloration : fauve rufescent clair, avec la pièce labiale rembrunie, l'abdomen gris testacé, graduelle- ment plus foncé en arrère et confusément bordé. — Céphalothorax, ovale, lisse. — Yeux antérieurs égaux, également et étroitement séparés, les médians noirs, plus convexes que les latéraux et insérés sur une petite tache noire presque ronde, ces yeux, vus en avant, en ligne à peine pro- curvée ; yeux postérieurs, vus en dessus, en ligne à peine procurvée, les médians à peine plus petits que les latéraux, ovales et étroits ; les quatre yeux médians occupant une aire environ aussi longue que large et plus étroite en avant qu'en arrière, les antérieurs noirs et ronds, les postérieurs blancs et ovales, un peu plus gros. — Abdomen ovale. — Chélicères assez étroites et longues, verticales mais un peu divergentes à l'extrémité, légèrement striées en travers. — Pattes ambulatoires longues, métatarses et tarses très grêles, armés d'épines espacées et faibles. — Epigyne fauve, lisse et glabre, convexe, marqué en arrière, sur la pente, de chaque côté, d'une petite fossette transverse noire, renfermant un très petit tubercule rougeâtre ; ces deux fossettes très largement séparées l'une de l'autre. çf : Métatarses I (fig. I, 1) étroits et cylindriques dans la partie basale, armés à l'angle externe d'une apophyse noire aiguë, grêle et arquée en dedans, ensuite brusquement plus étroits et courbes, sauf dans la partie apicale droite, densément et longuement poilus. — Patte-mâchoire longue : fémur un peu arqué, armé en dessus d'une seule épine subapicale ; patella épaisse, convexe, plus longue que large ; tibia à peine plus long que la patella, mais beaucoup plus étroit, presque droit et un peu comprimé, saillant en dessus à l'extrémité (fig. I, 3) et orné, au bord apical, d'un fais- ceau de poils courts, épais, spiniformes et de deux petites apophyses noires : ARANE^ 527 la supérieure brusquement rétrécie et aiguë à la pointe, l'inférieure obtuse et courte ; tarse médiocre, plus court que tibia + patella, ovale, convexe, garni de longs poils noirs. — Bulbe émettant une pointe fine, dirigée hori- zontalement en arrière, et pouivu en avant d'un conducteur terminé en longue pointe ar- quée, saillante en dessous. Rapports et différences. L'Hœmilla fanga - •nensis, YH. ynirabi- lis (L. KocH) et VH. nebulosa (Tull- gren) sont les seules espèces actuelle- ment connues de ce genre, qui est pro- pre à l'Afrique orientale. L'espèce décrite ci -dessus se distingue de VH. mirabilis par sa taille au moins d'un tiers plus petite, par ses yeux anté- rieurs égaux, et plus gros, par la forme des métatarses antérieurs du o" (fig. I, 3), dont réj)eron est beaucoup plus court que la partie basale, par la forme des apophyses du tibia et du bulbe de la patte-mâchoire (fig. I, 4). Elle se distingue enfin de VH. nebulosa, dont la femelle est seule connue, par ses yeux médians postérieurs, qui sont nettement plus petits que les antérieurs. Fig. I. Hœmilta taiiganensis nov. sp. o" : 1, métatarse I. — 3, extrémité de la patti-iiiâchoire x 18. — Hœmilla mirabilis {L. Koch) cf — 2, méta- tarse I. — 4, extrémité de la patte-mâclioire x 18. Familia ERESIDiE 3. Dresseras elongatus Tullgren... ? Grotte C du Kulumuzi, près Kyomoni, district et province de Tanga (Afrique orientale) : (16. IV. 12),';no 536 : 1 9 adulte, long 9 mm. C'est avec quelques doutes que nous rapportons à l'espèce décî'ite par Tullgren (1910) cet unique individu, auquel correspond cependant assez bien la description de l'auteur. Mais les exemplaires rapportés par 528 E. SIMON ET L. F AGE Sjostedt proviennent du Kilimandjaro et du Méru, et celui que Ber- LAND (1914) a eu entre les mains avait été rapporté des monts Taïta par Ch. Alluaud ; tandis que les grottes du Kulumuzi, d'où provient l'indi- vidu en question, sont situées près de Tanga et presque au niveau de la mer. Familia SIGARIIDiE 4. Loxosceles... sp. Grotte de Haitajwa, près Haitajwa-hill, district de Mwéra (ile de Zanzibar) : un jeune individu indéterminable. Familia LEPTONETIDiE sub .-familia Teleminae APNEUMONELLA Fage (1921) Type du genre. — Apneumonella oculafa Fage. DiAGNOSE. — 9. Caractères de la sous-famille, et en outre : Céphalo- thorax pourvu d'une strie thoracique punctiforme et de stries radiantes faiblement indiquées. — Yeux au nombre de 6, formant un groupe trans- verse. — Pattes I>IV>II>III. — Fémurs antérieurs normaux non fusif ormes. — Pas de ceinture chitineuse en avant de l'abdomen. d" inconnu. 5. Apneumonella oculata Fage Type de l'espèce. — Grotte C du Kulumuzi, près Kyomoni, dis- trict et province de Tanga (Afrique orientale). Matériel étudié. — Une femelle adulte, échantillon-type et unique. Description. — o : Longueur 1 mm. 4. — Coloration : céphalothorax, pièces buccales, appendices fauve testacé rougeâtre ; bandeau, marge du céphalothorax, extrémités des articles légèrement rembrunis ; sternum hanches en dessous, extrémité du tibia et tarse de la patte -mâchoire brun rougeâtre, abdomen blanc testacé en dessus, fortement rembruni sur les côtés et en dessous ; colulus brunâtre. — Céphalothorax (fîg. II, 1) à peine plus long que large, tronqué en arrière, convexe vers le milieu et lentement déclive dans la partie thoracique, pourvu d'une strie médiane ARANEM 529 assez reculée en forme de fossette, et de trois stries radiantes peu sensibles. — Yeux au nombre de six, égaux ou les médians à peine plus gros, formant un groupe traverse composé de deux yeux médians antérieurs, séparés l'un de l'autre par un intervalle égal à leur rayon, et de deux yeux laté- raux, connivents, situés de chaque côté l'un derrière l'autre, les antérieurs séparés des médians par un intervalle égal à leur diamètre, et formant avec ceux-ci une ligne très légèrement récurvée. — Bandeau bien développé, faiblement incliné en avant, sa hau- teur égale à environ deux fois la lon- gueur de l'aire ocu- laire. — Chélicères (fig. II, 2) une fois et demie aussi lon- gue que la hauteur du bandeau ; mar- ges longuement obliques, la supé- rieure armée de six dents inégales et inégalement espa - cées, les deux dis- taies et la proximale les plus fortes, les trois intermédiaires granuliformes ; la marge inférieure ar- Fig. II. Apneumonella oculata Fage, Ç. — 1, face dorsale x 42. - 2, chélicère gauche x 170. — 3, abdomen vu en dessous x 41. — 4, réceptacle mée de cinq dents séminal x i7o. inégales et inégale- ment espacées, les deux proximales plus fortes et plus voisines Tune de l'au- tre ; une rangée de poiJs villeux à la marge supérieure ; pas d'épines mais seulement quelques poils courts à la base de la tige, en dessous ; crochet long, réguHèrement arqué, cylindrique jusqu'à la base. — Pièce labiale et lames maxillaires comme celles de Telema. — Patte-mâchoire : fémur = tibia + patella ; tibia = 2 patella ; tarse = tibia + patella ; tarse dépourvu d'une orrifïe terminale ; tous ces articles munis d'épines plus ou moins nom- 2 530 E. SIMON ET L. PAGE breuses^. — Sternum aemhlshhle à cehu de Telema. mais un peu plus convexe — Pattes-ambulatoires : I> IV> II> III. 1 = 1 mm. ; fémurs = tibias, nul- lement fusiformes ; tarses dépourvus d'onychium, portant trois griffes semblables à celles de Telem^i ; tous les articles miniis d'épines plus ou moins nombreuses^. — Abdome7i court, gloljuleiix, sans arceau chitineux antérieur. — Stigmates chiimïîiés (fig. II, 3). tous trachéens, au nombre de quatre et très largement séparés ; les antérieurs situés de chaque côté et un peu au-dessus de l'épigastre donnent chacmi accès dans un vestibule très court, d'où partent trois à quatre gros troncs trachéens ; des posté- rieurs, également espacés, et situés à égale distance de l'épigastre et des filières, partent des trachées plus fines et beaucoup plus nombreuses. — Région épigastrique convexe ; vagin caché par un bourrelet saillant, don- nant accès à un réceptacle impair, médian (fig. II, 4). extraordinairement volumineux comme celui de Telema, et recourbé en crosse à sa partie terminale. — Filières et Colulus comme chez Telema. Observations. — Cette nouvelle espèce vient se placer, parmi les Leptonétides, dans la sous-famille des Teleminae, telle que l'un de nous l'a définie en 1913, et dont la diagnose qui en a été donnée alors peut être entièrement maintenue, sauf sur un point : les proportions relatives des pattes. La formule I IV>II>IIT. Les caractères si spé- ciaux de cette sous-famille justifieront peut-être un jour la réunion du Telema et de V Apneuînonella en une famille distincte de celle des Lepto- netidœ. JJ Apneumonella oculata a été capturé dans la galerie humide et obscure de la gi'otte C du Kulumuzi, près de Tanga. Cette grotte, dont une partie est éclairée, abrite une faune très nomlireuse, constituée en majorité par des espèces qui sont le plus souvent associées aux Chauves-souris et à leur guano ; on y trouve aussi quelques troglobies véritables, et il est possible que V Apneumonella oculata doive se ranger parmi ces derniers. Il est certain en tout cas que cette espèce, parfaitement ocidée, encore partiellement pigmentée, à pattes relativement courtes (1 = 1 mm.), n'a subi que de légères modifications du fait de son entrée dans les grottes, et se trouve beaucoup plus voisine que le Telema — aveugle, entièrement dépigmenté, aux pattes longues (1 = 3 mm. 7), strictement adapté à la vie cavernicole — du type primitif de la famille à laquelle appartiennent ces deux genres. 1 . Le nombre et la disposition des épines sont impossibles ^ fixer d'une façon précise d'après l'unique individu que nous possédons. ARANEM 631 Dès lors, ce Telema nous apparaît vraiment comme le représentant d'une faune chaude, qui a émigré vers les tropiques, où on la retrouve encore avec ses caractères primitifs, tandis qu'elle n'a laissé en Europe qu'une espèce, témoin de cette époque disparue, et qui n'est parvenue jus- qu'à nous que grâce à l'abri que lui offraient les grottes profondes contre des variations climatiques fatales. Familia OONOPID^ Blanioonops, nov. gen. Type du genre : Blatiionops patellarîs, nov. sp. DiAGNOSE : — 9. Céphalothorax une fois et demie [)lus long que large, faiblement convexe en dessus. — Pas d'yeux. — Bandeau très court et très oblique. — Chélicères verticales. — Pièce labiale et lames- maxillaires aussi larges que hautes. — Sternum convexe, une fois et demie plus long que large, largement tronqué en arrière. — Pattes ambulatoires pourvues d'épines ; patellas, surtout les antérieures, très longues ; fé- murs robustes, subsemblables. cT inconnu. 6. Blanioonops patellaris, n. sp. Type de l'espèce. — Grotte C du Kulumuzi, près Kyomoni, dis- trict et province de Tanga (Afrique orientale) (16. IV. 12) n» 536. Matériel étudié. — Nombreuses femelles adultes, quelques jeunes. Description. — 9. Longueur 1 mm. 5. — Coloration : céphalothorax, sternum et appendices fauve testacé ; abdomen testacé blanchâtre. — Céphalothorax (fig. III, 1 et 2) allongé, une fois et demie plus long que large, très faiblement convexe, brusquement abaissé en arrière ; sur la pente postérieure, une très fi^e strie ^. — Pas d'yeux. — Bamlean étroit, oblique. — iS^enmm convexe, pourvu de poils simples, dressés. — Chélicères {fig.Hl, 3) verticales à marges mutiques, mais ornées en dessus, près de la marge, d'une série de poils simples doublée d'une série de poils plumeux, épais, et, près de la base du crochet, d'un long poil plumeux dirigé parallèle- ment à la marge ; tige à bord interne denticulé ; crochet long, régulière- ment arqué. — Pièce labiale [fig. III, 4) aussi large à la base que haute, trian- (1) C'est par erreur que cette strie n'est pas représentée sur la flg. III. 5;}2 E. smON ET L. F AGE gulaire, à sommet échancré laissant voir ir l'extrémité du rodre (fig. 1II> ^) X 60- -sus X 60 - 2, céphalothorax vu _ 5, extrémité du ro.tro x =^5". -^'^^j y,,e X 170. _- 8, patte II, face externe X 60. - J, epi»» ARANEM 533 garnie de poils courts, épais, fortement plumcux. — Lames- maxillaires aussi larges à la base que hautes. — Patte-mâchoire : tarse = tibia + patella > fémur ; tous les articles armés de crins spiniformes ; pas de griffe à l'extrémité du tarse. — Pattes-ambulatoires IV >I>II>III ; fémurs subsemblables, ceux de la première paire (fig. III, 6) armés d'une épine interne ; patellas aussi longues que les tarses, aussi longues que la moitié des tibias aux paires I et IV (fig. III, 6 et 7), et à peine plus courtes que les tibias aux paires intermédiaires (fig. 16) ; tibia I armé en dessous de 4 paires de longues épines, tibias II et III de 3 paires d'épines semblables et tibia IV d'une seule épine antérieure infère, mais de 3 épines latérales ; métatarses plus courts que les tibias, les métatarses I armés en dessous de 3 paires d'épines, les métatarses II et III de deux paires d'épines semblables et les métatarses IV d'une paire d'épines antérieures, et portant 3 épines latérales ; tarses mutiques, mais prolongés par un onychium bi-segmenté portant une paire de griffes fortement incurvées, à 3 dents obtuses basi- laires et à dents latérales, au moins aux pattes antérieures. — Abdomen allongé, sans scuta, plus de 2 fois plus long que large ; région épigas- trique (fig. III, 9) à peine convexe, laissant voir l'orifice du réceptacle séminal impair, médian, sous la forme d'un point rougeâtre chitinisé. — Filières terminales cylindriques, portées sur un court pédoncule com- mun; les inférieures, à peine plus courtes, à deux articles, le terminal très court ne portant qu'une seule fusule ; les médianes à un seul article portant une seule fusule ; les supérieurs bi-articulées, possédant 5-6 fusules. Rapports et différences. — Il nous a paru indispensable de pro- poser la création d'un genre pour cette espèce, qui est le seul Oono- pide aveugle actuellement connu, et qui est en outre remarquable par son céphalothorax peu convexe et par ses patellas extrêmement allongées. Le céphalothorax rappelle un peu celui des Oonopinus, et mieux encore celui des Stenoonops. Ces derniers possèdent aussi les longues patellas signalées ici, mais ces deux genres ont des pattes mutiques, des lames-maxillaires beaucoup plus longues que larges à la base, et des chélicères fortement obliques. 7. Oonops... sp. ? Deux jeunes Oonops indéterminables spécifiquement ont été pris dans des tamisages exécutés à l'entrée de la grotte A de Shimoni, Prov. de Seyidié, (Afrique orientale anglaise) (9. XI. 11), n» 532 A. 534 E. SIMON ET L. F AGE 8. Kijabe paradoxa Berland Matériel étudié. — Un exemplaire c provenant d'un tamisage fait à l'entrée de la grotte A de Shimoni, prov. de Seyidié (Afrique orientale anglaise) (9. XI. 11), no 532 A. Observations. — ■- Cet individu est conforme à la description de Ber- land (1914) à laquelle nous n'ajouterons que les quelques remarques suivantes. Le bulbe (fig. IV, 1) se termine par un style capillaire, court, légè- rement arqué, et protégé par un conducteur membraneux arrondi en palette (fig. IV, 2). Quelques soies très courtes sont a us.si visibles à l'extré- mité du bidbe, en dessous. Les affinités de ce genre sont très étroites avec le g. Dysderina, dont il a la disposition oculaire, l'armature des pattes et la conformation des pièces buccales, au moins chez la femelle, et dont il paraît surtout se tlis- tinguer par la stiucture des chélicères et d(^s pièces buccales du mâle. 9. Dysderina granulosa, nov. sp. Type de l'espèce. — Grotte A de Shimoni (entrée de la grotte, tamisage), jorov. de Seyidié (Afrique orientale anglaise (9. XI. 11), no 532 A. Matériel étudié. — Un mâle et une femelle adidtes. Description. — Longueur 1 mm. 7. — Coloration : céphalothorax, sternum scuta abdominaux rouge carminé. — Céphalothorax, sternum et hanches postérieures entièrement chagriné granuleux. Scuta lisses, sauf dans la région épigastri que. — Yeux subégaux ; les postérieurs connés, en ligne récurvée, les antérieui's séparés par un intervalle égal à leur rayon. — Pattes fauve-rouge ; tibias antérieurs offrant en dessous de chaque côté 4 épines longues et couchées, 2 épines semblables aux métatarses. — o", tibia de la patte-mâchoire à peine plus long que la patella ; bulbe piriforme ter- miné par un style long et très fin (fig. IV, 3), régulièrement arqué, accompa- gné d'un conducteur membraneux, large à la base, atténué vers l'extré- mité. Rapports et différences. — Espèce voisine de I). capensis E. S. (1907), mais à téguments beaucoup plus granuleux, à yeux beaucoup plus gros, et à style régulièrement ai'qué. Ce dernier caractère permet aussi de distinguer le D. granulosa du D. loricata (E. S.) avec lequel il présente quelques affinités. ARANEM 535 10. Gamasomorpha Berlandi n* sp. Type de l'espèce. — Grotte A de Shimoni (entrée de la grotte, ta- misage), prov. de Seyidié (Afrique orientale anglaise) (9. XT. 11), rfi 532 A. Matériel étudié. — Une femelle, trois mâles. Description. — Longueur 1 mm. 3. — cf 9 : Coloration : céphalothorax Fio. IV. Kijahe juarodoxa Bcriand, o'- — 1, patte-mâchoire x 170. — 2, extrémité du bulbe x 350. — Dysderina granulata nov. sp. o' — 3, extrémité du bulbe x 170. — Gamasomorpha Berlandi nov. sp. cf- — 4, sternum x 60. — 5, patte-mâchoire x 170. — 6, extrémité du bulbe, face interne x 350. sternnm. scnta abdominaux rouge carminé ; pièces buccales et appendices fauve-rouge. — Céphalothorax couvert de fines stries longitudinales on- dulées, très élevé en son milieu, sa hauteur égale à la moitié de sa longueur, horizontal en dessus puis brusquement abaissé dans la partie thoracique et portant une petite pointe, de chaque côté, au sommet postérieur ; son bord postérieur fortement relevé en gouttière au niveau de l'insertion du pédicule. — Yeux gros, les antérieurs séparés par un espace inférieur à 5:î6 E. SIMON ET L. F AGE leur rayon ; ligne postérieure droite ; les latéraux un peu plus petits, contigus aux médians. — Hauteur du bandeau égale au diamètre des yeux antérieui"». — Sternum (fig. IV, 4) peu convexe, marqué de points enfoncés sur sa moitié antérieure, et, en outre, de 2 paires de sigilla marginaux, la postéi'ieure plus grande , d" une pai re de carènes longitudinales submédianes au niveau des hanches de la troisième paire, et enfin, d'un tubercule im- pair, médian situé entre Tinsertion des hanches de la quatrième paire. — Chélicères convexes en dessus à la base, puis fortement atténuées. - — Pattes inermes. — Abdomen à deux scuta complets, normaux, ornés de points enfoncés ; \ni scutum infra-mamillaire. — Région épigastrique semblable à celle du G. /SwiowBerland. — a" : patte-inâchoire (fig. IV, 5) : fémur deux fois plus petit que la patella ; celle-ci énorme, dilatée, deux fois plus longue que large ; tibia court, subsphérique ; tarse plus long que le fémur, à bord interne ondulé ; bulbe inclus dans le tarse, se terminant du côté in- terne par une lame transparente cannelée (fig. IV, 6). Rapports et différences. — Cette espèce est très voisine du G. Si- 7ïioni Berland (1914) de T Afrique orientale anglaise et doit rentrer dans le même g.oupe que celui-ci. Elle s'en distingue principalement par sa taille plus petite, la présence d'une paire de pointes postéiieures au cépha- lothorax, la présence d'une paire de carènes et d'un tubercule postéreiur au sternum, la disposition des sigilla et par l'organe copulateur du mâle. 11. Gamasomorpha Kulczynskii Berland (1914) Grotte A de Shimoni (entrée de la grotte, tamisage). Prov. de Seyidié, (Afrique orientale anglaise) (9. XI. 11), n» 532 A : 1 o\ Les échantillons types ont été capturés à Shimoni, sur la côte et décrits par Berland (1914). Ce sont deux o, dont notre 9 ne diffère par aucun caractère saillant. Ses yeux occupent la même position caractéristique, ses fémurs possèdent aussi un renflement très marqué, à la base, en dessus. Familia PALPIMANIDiE 12. Hybosida scabra, nov. sp. Type de l'espèce. — Grotte A de Shimoni (entrée de la grotte, ta- misage). Prov. de Seyidié (Afrique orientale anglaise) (9. XI. Il),n0 532 A. Matériel étudié. — Trois o' adultes. Description. — cr : Longueur 1 mm. 7. — Coloration : céphalothorax, ARANEM 537 pièces buccales, sternum, scutum abdomin.al brun-iouge uniforme ; pattes et abdomen testacés ; céphalothorax, bandeau, sternum, hanches I en dessus parsemés de saillies très fines et très rapprochés, donnant à l'ensemble un aspect fortement rugueux. — Céphalothorax aussi long que l'abdomen, régulièrement arrondi en avant, très convexe dans la partie céphalique, puis brusquement incliné en arrière ; sur la pente postérieure une petite strie récurvée. — Bandeau vertical au moins trois fois Fio. V. Hi/hosisa scabra nov. sp. d". — 1, patte-mâchoire x 170. — 2, tafse et bulbe vus en dessous x 170. — Cy- drella albopilosa nov. sp. cf. — 3, patte-mâelioire x 27. — 4, extrémité du tarse de la patte-mâclioire vu on dessus x 27. phis haut que le diamètre des yeux médians. — Yeux au nombre de six : deux médians, les plus gros, placés juste en avant du front et séparés par un intervalle inférieur à leur rayon ; de chaque côté, deux latéraux, contigus, punctiformes, difficiles à voir, séparés des mé- dians de leur diamètre environ, et formant avec eux une ligne très légè- rement récurvée. — Chélicères sans saillie antérieure. — Pièx^e labiale échancrée comme celle de 1'^. Lesserfi Berland. — Scutum abdominal occupant le quart antérieur de l'abdomen, ne dépassant pas en dessous le pli épigastrique. — Patte-mâchoire (fig. V, 1 et 2) : fémur cylindrique = tibia + patella = tarse, patella arrondie en dessus ; tibia au moins deux 538 E. SIMON ET L. FA GE fois plus long que la patella et aussi haut que long, brièvement pédicule à la base ; tarse faiblement convexe en dessus, pourvu du côté externe de crins longs et robustes. — Bulbe ovale, portant au sommet un style épais, sinueux et une apophyse large, creusée en gouttière, taillée en biseau à l'extrémité qui est prolongée d'un côté en pointe aiguë. 9 inconnue. Rapports et différences. — Le genre Hyhosida ne comprenait jus- qu'ici que deux espèces : H. lucida E. S. (1897) des Seychelles et H. Les- serti Berland (1921) de l'Afrique orientale anglaise, h' H. scabra, très voisin de cette dernière espèce, s'en distingue par sa petite taille, son scu- tum abdominal mieux développé, la forme de l'apophyse bulbaire, et sur- tout par les aspérités du céphalothorax, du sternum, du bandeau et des hanches. Familia ZODARIIDiE 13. Cydrella albopilosa, nov. sp. Type de l'espèce. — Grotte A de Shimoni, prov. de Seydié (Afrique orientale anglaise) (9. XI. 11), n» 532 : 1 o" adulte. Matériel étudié. — Individu-tjrpe. Description. — Longueur 8 mm. — Céphalothorax noir, densément chagriné, opaque, parsemé de poils blanchâtres courts et fins. — Yeux postérieurs j^etits, égaux, les médians beaucoup plus rapprochés l'un de l'autre que des latéraux, vus en dessus en ligne tiès peu procurvée ; yeux antérieurs en trapèze plus large en avant qu'en arrière, les antérieurs plus gros que les postérieurs. — Bandeau très large, plan, ga.ni, ainsi que la région oculaire, de cils plus blancs que ceux du céphalothorax. — - Abdo- men ovale, noir en dessus, orné en avant d'une très grosse tache obtuse formée de longs poils blancs, vers le tiers postérieur une petite ligne trans- verse procurvée et une tache apicale blanchâtre testacée garnie de poils blancs, en dessous, région épigastrique légèrement indurée brun-rouge foncé, région ventrale de même couleur et glabre, sauf sur les bords garnis de poils blanchâtres peu serrés. — Chélicères et sternum presque noirs, celui-ci très finement chagriné et ponctué. — Pattes-ambulatoires courtes et robustes, brun rouge foncé avec les fémurs presque noirs ; métatarses et tarses éclaircis rougeâtres ; métatarses I et II plus courts que les tarses, au moins les métatarses I, et garnis en dessus de poil très blancs ; patelîas et tibias postérieurs armés d'épines comtes assez nombreuses, métatarses ARANEjE 539 de quelques épines plus fines et plus longues ; tibias et métatarses pourvus en outre, en dessous, de quelques épines plus fines et plus lon- gues. — Patte- mâchoire (fig. V, 3), fémur cylindrique, aussi long que 'e tarse ; patella courte et sphérique, dilatée du côté externe ; tibia, vu en dessus, plus court que la patella, tronqué obliquement de dedans en dehors et pourvu d'une apophyse externe noire, cylindi'ique, épaisse, au moins aussi longue que Tarticle, dirigée en avant, légèrement recourbée en de- dans à la pointe ; tarse (fig. V, 4) ovale, armé en dessus du côté interne de six à sept courtes épines noii'es dirigées en avant, dont une terminale. — Bulbe portant du côté externe une apophyse noire, courte, dirigée en arrière et se terminant par une pointe un peu courbée en crochet. Rapports et différences. — Cette espèce est surtout voisine du Cydrella multi'purictata Berland (1920) de la région du Kenya, mais facile à distinguer de celle-ci par sa coloration. Familia PHOLGIDJE 14. Pholcus lucifugus, nov. sp.- Type de l'espèce. — Grotte C du Kulumuzi, près Kyomoni, district et province de Tanga, (Afrique orientale) (16. IV. 12), n» 536. Matériel étudié. — Echantillons-types (2 cf, 4 9) et en outre : Grotte A du Kulumuzi (16. VT. 12), n» 534 : 3 9 ; Grotte B du Kulumuzi (16. IV. 12), no 535 : 1 0', 3 9 ; G "otte de Haitajwa, près Haitajwa-hill, district de Mwéra (île de Zanzibar) (24. IV, 12), n» 537 : 2 9 ; Grotte de Magap- wani, district de Mkokotoni, île de Zanzibar (25, IV, 12), n» 541. Variété : Grotte A de Shimoni, province de Seyidié (xA.frique orientale anglaise) (9. XI. 11), no 532 : 4 o", 13 9. Description. — Longueur 7 mm. — o' 9 : Céphalothorax fauve, sa partie céphalique brune dessinant inie tache triangulaire obtuse ; sa partie thoracique marquée d'une tache obscure beaucoup plus grosse, arrondie et un peu dentée de chaque côté. — Ba^ideau et yeux comme ceux de Ph. phalangioïdes. sauf les yeux médians antérieurs contigus l'un à l'autre et situés sur une petite tache triangulaire aiguë, moins largement séparés des latéraux. — Chélicères brunes, vues en avant, presque paral- lèles ; celles du o" au milieu largement et confusément déprimées, pour- vues, près l'angle externe de la marge basale de deux petits tubercules coniques subgéminés, au bord interne, près l'extrémité, d'un tubercule A»OH. DB ZOOL. BXP. ET QÉN. — T. 60. - F. 7. 37 540 E. SIMON ET L. F AGE plus petit subanondi. — Abdomen cylindrique et long, blanchâtre tes- tacé, marqué en dessus en avant d'iuie fine ligne médiane abrégée, ensuite de taches allongées disposées par paire, 2, 2, 2, 2, les antérieures droites, les autres obliques noirâtj-es, en dessous d'une bande médiane noire, légè- rement dilatée au milieu et à l'extrémité, et coupée, près du milieu, d'une ligne trans verse testacée et sulciforme. — Sternum fauve; marqué d'une bande médiane brune, tiès la^ge en avant, atténuée en pointe en arrière ; pièces buccales et hanches (excepté celles de la première paire) brunes. — Pattes ambulatoires fauve ^ougeâtre obscur, avec les patellas brunes, les fémurs et les tibias graduellement rembrunis, néanmoins marqués d'un anneau blanchâtre apical. — cf : Patte-mâchoire : trochanter armé d'une apophyse beaucoup plus longue que l'article (fig. VI, 1), assez grêle et sub- aiguë, dirigée en avant, mais arquée en dedans et falciforme ; fémur + pa- tella (fig. VI, 3) environ de même longueur que le tibia, celui-ci fortement convexe et dilaté ; tarse à peine plus long que la patella, pourvu d'un paracymbium très grand, d'abord dirigé en bas, puis brusquement coudé en avant, terminé par deux épines noires inégales ; la supérieure plus grosse, aiguë, l'inférieure grêle et droite, entre ces deux épines un petit processus blanchâtre, membraneux, en forme de bouton. — Bulbe (fig. VI, 4) pourvu d'une apophyse supérieure, lamelleuse, opaque, élargie de la base à l'extrémité, coudée à angle droit et dirigée en dedans dans sa partie terminale et d'une apophyse inférieure noire, chagrinée, ovoïde ; style situé entre les deux apophyses, membraneux, transparent, large, incurvé en haut à l'extrémité. — Q : Epigyne (fig. VI, 5) gros, convexe, blanchâtre, mais pourvu en avant d'une large plagiile noirâtre, semi-cir- culaire, arrondie en arrière et bordée d'un lorum coriace et rouge, étroit, portant au milieu ini petit tubercule, dressé, spiniforme. Rapports et différences. — Le Ph. lucijugus est assez voisin du Ph. phalangioîdes ; il s'en distingue nettement par la disposition des yeux, par la forme de l'apophyse du trochanter de la patte-mâchoire du o- et des apophyses dubulbe (fig. VI, 2et6). La coloration, très particulièredel'abdo- men et du céphalothorax, la forme et l'aspect de l'épigyne permettent de reconnaître facilement les femelles. Le Ph. lucifugus est jusqu'ici la seule espèce" du genre, connue dans l'Afrique tropicale. -Le Ph. Fauroti E. S. forme petite et très grêle, n'a pas été signalée au sud de la mer Rouge. Variations. — Les individus de la grotte A de Shimoni diffèrent des échantillons-types par leur taille un peu plus forte, et surtout par quelques détails du paracymbium et du bulbe. Le paracymbium (fig. VI, 7) porto ARANEM 541 FiG. vr. 1, Pholcus hwifugus nov. sp. o' apophyse du trochanter de la patte-mâchoire. - 2, Pholms phalangioïdes (Fuess.)O". — apophyse du trochanter de la patte-mâchoire. - Ph. lucifugus : 3, patte-mâchoire du d", face externe x 27. — 4, tarse et bulbe, face interne x 42. - 5, épigyne x 27. — Ph. phalan- gioïdes : 6, tarse et bulbe, face interne x 42. — Ph. lucifugus o' , variété : 7, tarse de la patte-mâ- choire, face externe x 42. — 8, extrémité du paracymbium, face interne x 42. — 9, Ph. ludfugu» type : extrémité du paracymbium, face interne x 42. — 10, Ph. lucifugus variété : tarse et bulba, face interne x 42. 542 E. SIMON ET L. F AGE deux pointes terminales siipères, le. processus membraneux est allongé, taillé en biseau à l'extrémité ; il n'y a pas de pointe inférieure. En regar- dant en dessous l'extrémité du paracymbium (fig. VI, 8 et 9) on voit qu'une de ces pointes se divise en deux dès la base. D'autre part, l'apophyse su- périeure du bidbe (fig. VI, 10) n'est pas coudée à l'extrémité, mais simple- ment recourbée en cornet ; l'apophyse inférieure rappelle davantage celle du Ph. phalangioïdes. Quant au style, il est étranglé au tiers terminal et légèrement renflé en bouton à l'extrémité. L'épigyne des femelles est semblable à celui des échantillons-types. Nous ne savons s'il y a lieu de considérer ces individus comme for- mant une espèce particulière, et nous nous contentons, pour l'instant, d'indiquer les points sur lesquels ils diffèrent des échantillons-types. 15. Psilochorus... ? Grotte du Kulumuzi (Ch. Alluaud 1909) : un individu jeune. Ce jeune Pholcide,. rapporté de la grotte du Kulumuzi par M. Ch. Al- luaud, lors de son second voyage en Afrique orientale, appartient au groupe des Blechrosceleœ . Il paraît surtout voisin du genre Psilochorus. Mais son état de conservation est tel qu'il nous est impossible d'être afïiimatif à cet égard. Le genre Psilochorus est le seul de ce groupe repré- senté à la fois en Amérique, en Asie et en Océanie ; tous les autres sont exclusivement américains. 16. Spermophora minotaura Berland Grotte de Campbell, zone alpine du Kenya N. O. district de Nyéré. (Afrique orientale anglaise) (28. I. 12), n^ 542 ; 1 cf 1 9, 1 jeune. Cette très curieuse espèce a été également rencontrée par MM. Allaud et Jeannel dans les forêts infériem'es du Kenya, et jusqu'à 2.800 mètres d'altitude. Les individus décrits par Berland (1920) proviennent de cette localité. Familia THERIDIIDiE 17. Hexablemma cataphractum Berland Matériel édudié. — Grotte A de Shimoni, prov. de Seyidié (Afrique orientale anglaise). (Entrée de la grotte, tamisage) (9. XI. II), n^ 532 : 1 0-. Description. — Semblable à la femelle (voir Berland, 1920) sauf sur ARANEM 543 les points suivants : Longueur 1 mm. —Chélicères vues de pi'ofil (fig. VII, 1), aussi larges que hautes, très proéminentes et arrondies en dessus, armées en avant d'un- fort tubercule dirigé obliquement en bas, taillé en biseau à Textrémité. — Patte-mâchoire (fig. VII, 2), fémur deux fois plus long que la patella, celle-ci s 'insérant au tiers postérieur du tibia qui est aussi long que fémur -f patella, plus épais, à la base, que le fémur, à peine rétréci à Textrémit^, tarse très court (fig. VII, 3), plus court que la patella, brusque- ment tronqué à l'extrémité, appliqué sur un bulbe piriforme, volumi- Fio. VII. Hexahlemma cataphractum Berland, cf. — 1, chélicère gauche vue de profil x 27. X 118. — 3, tarse de la patte-mâchoire vu en dessus X 113. 2, patte-mâchoire neux, terminé par un style plus long que lui, aplati et membraneux à la base, filiforme à l'extrémité. OssERVATroNS. — Ce genre, décrit par Berland, sur une femelle rapportée par MM. Alluaud et Jeannel du pays Kikuyu, a des affi- nités nettement établies avec le g. Paculla. Il est à noter que ses chélicères possèdent, comme chez les Paculla, Hexahlemma et les genres voisins, la lame chitineuse interne, qui caractérise le groupe Sicariides, Ochyrocé- ratides, Pholcides, auquel les Théridiides se trouvent apparentés. Familia ARGIOPIDiE Asthenargus, nov. gen. Type du genre. — Asthenargus paganus (E. S.). Diagnose. — d" 9 : Céphalothorax semblable dans les deux sexes, sans saillies ni impressions. — Yeux (fig. VIII, 1) médians en trapèze un peu plus long que large, les antérieurs beaucoup plus petits que les latéraux et que les médians postérieurs. — Chélicères semblables dans les deux sexes, 544 E. SIMON ET L. PAGE peu et graduellement atténuées, non ou à peine divergentes, sans denti- cule sur leur face antérieuie ; marge supérieure armée de 4 à 5 dents, les distales subcontiguës, fines, longues et très aiguës, l'avant-dernière beau- coup plus longue, la dernière (proximale) très petite et isolée. — Lames - maxillaires sans granulations (celles-ci parfois remplacées par de longs crins sessiles), à côté externe très oblique, environ de même longueur que le bord apical. — Tibias antérieurs sans épines en dessous ; tibias IV n'offrant en dessus qu'un seul crin dressé submédian ; tarses, au moins les antérieurs, aussi longs ou près qu'aussi longs que les métatarses, générale- ment épais et un peu fusiformes. — cf : patella de la patte -ma choife ni épaissie, ni dentée à l'extrémité, sans apophyse apicale infère ; bulbe à style droit, court, dirigé horizontalement en avant. Observations. — Ce genre se place tout à fait la base de la série des Linyphiinœ, et comprend les A. paganus (E. S.), placidus (E. S.) et lon- gespina (E. S.) de la faune française qui rentraient autrefois dans le genre Gongylidiellum. Il convient de lui adjoindre VA. inermis n. sp. dont la description suit. ," 18. Asthenargus inermis, nov. sp. Type de l'espèce. — Grotte de Campbell, zone alpine du Kény» N. O. ; district de Nyéré, prov. du Kenya (Afrique orientale anglaise) (28. I. 12), no 542. Matériel étudié. — Un mâle adidte, échantillon-type, et une femelle jeune. Description. — a : Longueur 1 mm. 2. — Coloration : céphalothorax, pièces buccales, sternum, appendices, fauve testacé ; abdomen blanchâtre. — Céphalothorax fortement convexe en avant ; strie médiane très reculée ; partie thoracique ornée d'une ligne longitudinale médiane de 3-4 crins spinif ormes dressés. — Yeux antérieurs en ligne droite, très resserrés, leurs intervalles plus étroits que leur rayon ; les médians au moins d'un tiers plus petits ; yeux supérieurs en ligne légèrement procur- vée, égaux, les médians un pea plus séparés, leur intervalle néanmoins plus étroit que leur diamètre. — Bandeau ve^'tical, plan, aussi haut que la longueur de l'aire oculaire. — Chélicères, ma :ge inférieure armée de 3 dents ; marge supérieure de 4 dents aiguës, la troisième la plus large ; la quatiième (basale) plus petite et isolée. — Pattes et sternum comme chez ^. paganus. — Patte-mâchoire (fig. VIII, 2) : fémur = tarse > tibia + patella ; tibia non prolongé en dessus par une apophyse en forme de crochet, mais simple- ARANEM 545 ment rebordé à son bord antérieur ; tarse régulièrement convexe en dessus, son bord interne fortement saillant au milieu, son boi'd externe terminé en pointe en arrière ; bulbe (fig. VIII, 3 et 4) muni d^ni style court, émergeant au-dessus d'une apophyse obtuse, brunâtre, de même Fig. VIII. Aslhetuirf/us paganus (E. S.) : 1, chélicères ot face x 42. — Asthenargus inennis nov. sp. cT — 2. patte- mâchoire face externe x 170. — 3, patte-mâchoire face interne x 170. — Asth. paganm (B.-S.) 4, bulbe face interne x 170. longueur et, comme lui, dirigée horizontalement, conducteur membraneux, foliacé. 9 inconnue. Rapports et différences. — h' Asthenargus inermis se distingue de VA. paganus E. S. par sa taille très inférieure, par l'armature de la marge inférieure des chélicères, qui comprend ici trois dents au lieu de cinq et par le bord interne du tarse à contour moins anguleux. Il se distingue aussi de celui-ci et des aut''es espèces du genre par l'absence d'apophyse au tibia de la patte-mâchoire. 19. Leptyphantes perexiguus n. sp. Type de l'espèce. — Grotte A de Shimoni (entrée de la grotte, tami- sage) ; prov. de Seyidié (Afrique orientale anglaise) (9. XI. 11), n^ ô32 A : 1 cT, 5 Q. Description. — ç Longueur 1 mm. 5 à 2 mm. — Coloration : céphalo- 546 E. SIMON ET L. F AGE thorax, sternum, appendices fauve testacé, légèrement rembruni ; abdo- men et ventre brun concolore. — Trapèze des yeux médians à peine plus long que large. — Pattes ambulatoires : fémurs sans épine interne ; tibias sans épine inférieiu'e ; ciin spiniforme des métatarses à peine sensible ; tarses presque aussi longs que les métatarses . — Epigyne ( fig. IX, 1 ) en tuber- cule fortement saillant ; vu en dessus, airondi avec les ailes dessinant un Fig. IX. Leptyphanfhes perexigus nov. sp. : 1, épigyni' vu en dessus x 170. — 2, épigync ou en dessous X 170. — 3, patte-mâchoire du cf x 170. — 4, lamelle caractéristique et style face interne x 170. — Lepty- phantes biserialus nov. sp. — 5, épigyne vu en dessus x 60. — 6, patte-mâchoire duo", bulbe enlavé x 60. — 7, apophyse antérieure du bulbe x 170. — Lept. biseriatus infans nov. var : 8, apophyse antérieure du bulbe x 170. fer à cheval, au centre duquel se voit une avance en triangle allongé ; vu en dessous (fig. 45), les bords latéraux se rejoignant sur la ligne médiane, extrémité de la languette interne bien visible et fortement chitinisée. o\ — Patella (fig. IX, 3) de la patte -mâchoire plus courte que le tibia, son crin plus court que celui du tibia ; tibia aussi haut que long, sans apophyse ; tarse régiUièrement convexe en dessus sans apo- physe, ni saillie, son boi'd externe légèrement caréné ; jiaracymbium à branche descendante sans crin, ni dent, deux branches montantes, l'an- ARANEM 547 térieure arrondie en palette foliacée à Textrémité, la postérieure oblique- ment tronquée et finement cannelée ; bulbe (fig, IX, 4) : lamelle caractéris- tique à deux branches, la branche supérieure bifurquée ; style très court» soudé à la pièce intermédiaire ; apophyse antérieure, difficilement vi- sible, à troncature oblique. Rapports et différences. — Cette espèce appartient au groujK' du Leptyphantes culicinusJ^. S. qui comprend aussi les L. labili.s E. S. et mitis E. S. d'Algérie. Il se distingue de toutes les espèces du groupe par la longueur de ses tarses, par ses épines extrêmement faibles (particu- lièrement celles des métatarses) et par les détails de structure des organes copulateurs. 20. Leptyphantes biseriatus, n. sp. Type de l'espèce. — Grotte de Campbell, zone alpine du Kenya N. O., district de Nyéré, prov. du Kenya (Afrique orientale anglaise) (28. I. 12), no 542: 2 c/, 4 o\ Description. — 9 : Longueur 4 mm. 5. — Colm'ation : céphalothorax fauve, avec une bande marginale et la partie céphalique, en arrière, rem- brunies ; abdomen blanc, testacé, orné en dessus d'une double série de six taches noires irrégulières bien isolées, et de chaque côté de trois à quatre taches semblables sur les flancs ; ventre blanchâtre, rembruni sur les côtés et au-dessus des filières ; sternum brunâtre ; appendices jaune clair, avec l'extrémité des articles marquée d'un très mince anneau noir apical. — Trapèze des yeux médians beaucoup plus long que large. — Pattes ambulatoire^ : fémurs I armés d'une épine interne ; tous les tibias pourvus, en dessous, de plusieurs épines dressées (2-3) et offrant en dessus un verticille subapical d'épines situées presque au même niveau ; tous les métatarses armés de deux épines supères et d'une paire d'épines laté- rales. — Epigyne (fig. IX, 5) relativement peu saillant en dessus, plus large que long, en plaque convexe, régulièrement arrondie et largement pédi- culée à la base, cachant la languette interne et le crochet. o\ — Patte-mâchoire (fig. IX, 6). Tibia deux fois plus long que la patella et muni d'un crin beaucoup plus court que celui de la patella, régulière- ment élargi de la base à l'extrémité et pourvu d'une très petite apophyse membraneuse sur sa face externe ; tarse régulièrement arrondi en dessus, mais armé à la base du côté interne d'une aopphyse dressée, trian- gulaire, à sommet subaigu et légèrement recourbé en dedans ; bord interne du tarse caréné sur toute sa longueur ; paracymbium à branche descen- 548 E. SIMON ET L. F AGE dante épaisse, dépourvue de denticule, mais ornée de crins très courts et robustes, à branche montante bifide. — Bulbe : apophyse antérieure (fig. IX, 7) large, prolongée en crochet, lamelle cractéristique (fig. X, 1) à deux branches ; style court soudé à la pièce intermédiaire pai' sa base. Lepiyphantes biseriaius infans n. var. Dans cette même grotte de Campbell ont été pris 1 cr et 1 9 de Lepty- phantes qui paraissent constituer une simple variété de l'espèce précé- dente. Ces individus sont semblables au type sauf sur les points suivants : 9 Longueur 2 mm. — Coloration : céphalothorax brun olivâtre, un peu plus foncé à la marge ; abdomen olivâtre clair, orné en dessus d'une série de six accents bruns, les deux premiers inter- rompus sur la ligne mé- diane, et de chaque côté, sur les flancs, de trois taches blanches à contour irrégulier ; ventre et ster- num noirâtres. — Pattes- ambulatoires : tous les ti- bias inermes en dessous, verticille sub-apical à épine interne reculée. o\ — Tibias I armés en dessous de trois épines dressés : tibias II pourvus en dessous d'une seule épine sub-apicale ; tibias III inermes en dessous ; tibias IV portant deux épines dressées infères. — Paracyynbium (fig. X, 2), à branche descen- dante pourvue de deux dents et à branche ascendante bifide. — Apophyse antérieure du bulbe (fig. IX, 8) à crochet épais, non recourbé. Observations. — Ces deux Leptyphantes appartiennent au groupe du L. Mughi (Fickert), caractérisé principalement par la présence d'épines infères aux tibias, par la forme du trapèze des yeux médians, plus long que large en arrière, par la patella de la patte -mâchoire du mâle, sur- Fio. X. Lept. biseriaius nov. sp. : 1, lamclk' caractéristique et style X 113. — Lept. biseriatus infans nov. var. 2, patte-mâ- choire du cT, bulbe enlevé x 113. ARANEM 549 montée d'un crin beaucoup plus long que celui du tibia. Ce groupe comprend dans notre faune les L. monachus E. S., frigidus Th., expunctus Cambr. pulcher Kulcz, ignavus E. S. Midas E. S. Il est remarquable que ce soit près de ces espèces, caractéristiques de nos plus hautes altitudes, que vien- nent se placer le L. biseriàtus et sa variété infans, capturés dans la zone alpine du Kenya, de même que le L. tropicalis Tullgr. lapjîorté par Sjôstedl du Kilimandjaro^. Bien que la relation entre les caractères propres à ces différentes espèces et le milieu particulier dans lequel elles vivent ne nous apparaisse pas clairement, on peut néanmoins considérer ces caractères comme la manifestation extérieure de modifications internes profondes, imposées par la vie alpine. Et comme, par leur organe reproducteur notamment, ce groupe a les plus grandes affinités avec le ganre Bolyphantes, on peut se demander s'il ne faut pas voii' dans ces Leptyphantes alpestres des formes, détachées du phylum Bolyphantes, et ayant acquis, par convergence, une série de caractères communs. Familia GLUBIONIDiE 21. Berlandia tenebricola nov. sp. Type de l'espèce. — Grotte C du Kulumuzi, près Kyomoni, district et province de Tanga (Afiique orientale) (16. IV. 12), n» 536. Matériel étudié. — ■ 1 o^ adulte (type), 1 9 jeune de même provenance, 1 9 jeune de la grotte A du Kulumuzi (16. IV. 12), n^ 534. Description. — a' : Longueur 10 mm. — Céphalothorax fauve testacé, bordé d'une fine ligne noire ; sa partie céphalique légèrement rembrunie en avant, la thoracique marquée de lignes brunâtres vagues, radiantes, très abrégées ; densément garni de pubescence blanchâtre sauf dans la région oculaire ornée de quelques poils orangers. — Bandeau pourvu à la marge de poils blancs plus longs. — Yeux (fig. XI, 1) postérieurs, vus en dessus, presque équidistants, les médians deux fois plus petits que les latéraux, les quatre yeux médians presque égaux (les antérieurs à peine plus gros que les postérieurs. — Abdomen \i\\ ])eu plus long que large, arrondi en avant, graduellement dilaté en arrière et obtus de chaque côté, en dessus fauve testacé, parsemé de petits points bruns ou noirs et revêtu 1. Cct.to espèce se distingue nettement du L. hUe.ruttm par 1» plaque de répigyiie plu< étroitement et plus longuement pédiculée, et par la présence d'épines aux fémurs pcetérieurs. 550 E. SIMON ET L. F AGE de crins blanchâtres plus longs en arrière ; ventre et filières blanchâtre testacé, presque glabres. — Chélicères fauves, lisses, en avant parsemées de soies blanchâtres, cylindriques et assez longues ; leur marge inférieure armée de trois dents, aiguës, subégales, suivies de deux dents beaucoup plus petites ; leur marge supérieure armée de trois dents très reculées, les deux premières contiguës l'une à l'autre, et inégales. — Pièces buccales et sternum blanchâtres, sauf la pièce labiale rembrunie. — Pattes ambula- toires blanchâtres testacé avec les fémurs, patellas et tibias tachés de noi- râtre et sub-annelés ; les métatarses et tarses fins rembrunis ;] tibias anté- rieurs armés en dessous de 8-8 épines, métatarses de 4-4 épines semblables, et de chaque côté de quelques épines latérales plus petites. — Pattes- mâchoires (fig. XI, 2) fauve testacé avec le tarse rembruni, presque noir ; fémur presque droit, armé de deux épines su- pères, au côté interne d'une seule épine, au côté externe, un peu avant le milieu, d'une faible saillie, très densément spinuleuse ; patella un peu plus longue que large, convexe, un peu ovale, pourvue d"une fine épine supéro-apicale et d'une épine interne semblable ; tibia environ de même longueur que la patella, mais plus étroit, armé vers la base d'un verticille de quatre épines, et d'une très grosse apophyse externe, rouge, lisse et glabre, légèrement atténuée, très obtuse et un peu arquée en dessous, en dessus creusée en gouttière et bordée de noir ; tarse médiocre, plus court que la patella et le tibia réunis, assez étroit, ovale et obtus, vu en dessus droit au côté externe, un peu dilaté à l'interne. — Bulbe pourvu d'une très grosse apophyse, sur la face externe chitinisée et rouge, sur l'interne fortement excavée et membraneuse, et, près de l'extrémité, d'une seconde apophyse plus petite blanchâtre, di'oite et dirigée en dedans, grêle, mais dilatée à l'extrémité et spatuliforme. Fig. XI. Berhimlia tenebricola nov. sp. : 1, aire oculaire x 11. patte-mâchoire droite du o' x 11. ARANEJS 561 Rapports et différences. — Ce genre, décrit tout récemment par de Lessert (1921) pour une espèce rapportée par Sjôstedt de Mombo {BerlaTidia longipes de Less) ; offre quelque analogie avec le genre Prepotelus, Thomiside aberrant du groupe des Stephanopsis ; mais il est en réalité très voisin du g. Pandercetes, qui occupe lui-même une place un peu à part dans le groupe des Heteropoda. Il s'en distingue principalement par la disposition du groupe oculaire et l'armature des chélicères. 22. Ctenus... sp. ? Grotte A de Shimoni, prov. de Seyidié (Afrique orientale anglaise (9. XI. 11), n" 582 : 2 jeunes individus spécifiquement indéterminables. Familia AGELENIDiE 23. Malthonica africana, n. sp. Type de l'espèce. — Grotte de Campbell, zone alpine du Kenya N. O. ; district de Nvéré, prov. du Kenya (Afrique orientale anglaise) (28. T. 12). no 542 : 2 femelles adultes. — Echantillons -tjqjes. Description. — " Longueur 5 mm. 5. — Coloration semblable à celle de l'espèce-type du genre {M. lusitanica E. S.) sauf : sternum et céphalo- thoiax moins rembrunis dans la partie thoracique, celui-ci dépourvu de la bande fauve longitudinale médiane. — Céphalothorax (fig. XII, 1) graduellement rétréci dans la partie céphalique. et lentement déclive dans la partie thoracique, cette dernière pourvue d'une strie médiane longitudinale se prolongeant presque jusqu'au bord postérieur. — Yeux en deux lignes procurvées, la première plus faiblement que la seconde ; yeux médians antérieurs contigus aux latéraux antérieurs et trois fois plus petits que ces derniers, séparés entre eux par un intervalle pres- que égal à leur diamètre; les latéraux des deux lignes contigus, les anté- rieurs un peu plus gros ; les médians postériem's séparés entre eux par un intervalle presque égal à leur diamètre, et des latéraux postérieurs, à peine plus petits, par un intervalle égal à leur rayon ; groupe des yeux médians un peu plus long que large. — Bandeau de même hauteur c^ue les yeux latéraux antérieurs. — Chélicères armées à la marge inférieure de cinq dents distales contiguës, la deuxième la plus forte, les deux dernières granuliformes ; marge supérieure armée de trois dents proximales con- tiguës, la médiane très forte, la dernière se continuant par une carène \ie\\ 552 E. SIMON ET L. PAGE saillante accompagnant la chélicère jusqu'à la base. — Patte-mâchoire avec seulement deux épines en dessus au fémur. — Pattes-ambulatoires avec le tibia de la première paire muni de 2-2 épines en dessous. — Fi- lières semUaMe?^ à celles du M. lusitanica. — Epigyne (fig. XII, 2) faiblement convexe, laissant voir, par transparence, les réceptacles séminaux sous la forme de deux tubercules arrondis et juxtaposés et en arrière deux traits obliques noirâtres. Rapports et différences. — Espèce assez voisine de l'espèce ^. Fio. xu. Malthonica africana nov. sp. : 1, céphalothorax vu en dessus x 55. — 2, épigyne vu en dessus x 55. Malthonica lusitanica (E. S.) : 3, céphalothorax vu en dessus x 55. — 4, épigyne vu en dessus x 55. type du genre : Mathonica lusitanica E. S. décrite de Portugal et retrouvée depuis en France dans les Basses -Pyrénées. Le M. africana s'en distingue parla forme du céphalothorax qui, chez M. lusitanica, est plus brus- quement rétréci en avant (fig. XII 3,), par la longueur de la strie thoraci que, par les yeux médians plus écartés, par la ligne antérieure moins récur- vée, par le bandeau plus haut, par l'armature des tibias antérieurs qui chez M. lusitanica ne comporte qu'une seule épine médiane en dessous, et par la structure de l'épigyne (fig. XII, 4). Le genre Malthonica comprend, outre ces deux espèces, le M. psechrina (E. S. 1906) des bas plateaux de l'Himalaya. A R ANE M 553 24. Hahnia Rouleti de Lessert (1915) Grotte de Campbell, zone alpine du Kenya N. O., district de Nyéré, prov. dn Kenya (Afrique orientale anglaise, (28. I. 12), n^ 542 : 2 c? et 3 9. Ces individus correspondent à la description de de Lessert, mais sont sensiblement plus gros que les échantillons -tj^es, qui provenaient de la zone forestière des pluies du Mérou ; nous ne pensons pas cependant qu'ils puissent en être séparés spécifiquement. Liste des grottes habitées par des Araignées AFRIQUE ORIENTALE Province du Kenya 1. Grotte de Campbell, zone alpine du Kenya N.-O., district de Nyéré. Biosp. n° 542 : Spermophora minotaura Berland, Asthenargus inermis uov. gen. nov. sp., Leptyphantes biseriatus nov. sp., Leptyphantes biseriatus infans nov., var., Maltho- nica af ricana nov., sp., Hahnia Rouleti de Lessert. Province de Seyidié 2. Grotte A. de Shiinoni, district de Shimoni. Biosp. n» 532: Hœmilla tanganensis nov. sp., Pholcus lucifugus nov. sp. (var.). — Entrée de la grotte, tamisage, n° 532 A : Oonops jeunes, Kijabe paradoxa Berland, Dysderina granulosa nov. sp. Gamaso- morpha Berlandi nov. sp., Gamasomorpha Kulczynskii Berland, Hybosida scabra nov. sp., Cydrella albopilosa nov. sp., Hexablemma cataphractum Berland, Lepty- ptantes perexiguus nov. sp., Ctenus jeune. » " Province de Tanga 3. Grotte A. Biosp. n° 534 : Pholcus lucifugus nov. sp., Berlandia cavernicola nov. sp. 4. Grotte B. Biosp. n" 535 : Hœmilla tangenensis nov. sp., Pholcus lucifugus nov. sp. 5. Grotte C. Biosp. n° 536 : Dresserus elongatus Tullg. ... ? Apnenmonella oculata Fage, Blanionops patellaris nov. gen. nov. sp., Pholcus lucifugus nov. sp., Ber- landia cavernicola nov. sp. Ile de Zanzibar C). Grotte de Haitjwa, district de Mwéra. Biosp. no 537 ; Uloborus geniculatus Oliv., Hœniilla tanganensis nov. sp., Loxosceles jeune, Pholus lucifugus nov. sp. 7 . Grotte de Magapwani, district de Mkokotoni. Biosp., n° 541 : Pholcus lucifugus nov. sp. 554 E. SIMON ET L. PAGE Liste des numéros de matériel avec énumération des espèces récoltées. 532. — Hœmilla tanganensis nov. sp. — — Pholcus lucifugus nov. sp. (var.) 532A. — Oonops jeunes. — — Kijabe paradoxa Berland. — — Dysderina granulosa nov, sp. — — Gamasomorpha Berlandi nov. sp. — — Oamasomorpha Kulczynskii Berland. — — Hybosida scabra nov. sp. — — Cydrella albopUosa nov. sp. — — Hexablemmn cataphractum Berland. — — Leptyphantes perexiguus nov. sp. — — Gtenus jeune. 534. — Pholcus. lucifugus nov. sp. — — Berlandia cavernicola nov. sp, 535. — Hœmilla tanganensis nov. sp. — — Pholcus lucifugus nov. sp 541. 542. — Dresseras elongatus Tullg.? — Apneumonella oculata Page. — Blanionops patellaris nov. gen, nov. sp. — Pholcus lucifugus nov. sp. — Berlandia cavernicola nov. sp. — Uloborus geniculatus Olio. — Hœmilla tanganensis nov, sp. — Loxosceles jeunes. — Pholcus lucifugus nov sp. — Pholcus lucifugus nov, sp. — Spermophora minotaura Berland. — Asthenargus inermis nov. gen. nov. sp. — Leptyphantes biseriatus nov, sp. — Leptyphantes birisetarus infans nov. var. — Malthonica afrieana nov. sp — Hahnia Rouleti de Lessert. Index alphabétique des espèces avec leur numéro de matériel. albopiloaa (Cydrella), n» 532 A 538 afrieana (Malthonica), n" 542 551 Berlandi (Gamasomorpha), n" 532 A 535 biseriatus (Leptyphantes), n" 542 547 cataphractum (Hexablemma), u° 532 A 542 elongatus (Dresserus)? n" 536 527 geniculatus (Uloborus), n" 537 525 granulosa (Dysderina), n» 532 A 534 inermis (Asthenargus), n" 542 544 infans (Leptyphantes biseriatus), n° 542 548 Kulczynskii (Gamasomorpha), n" 532 A 536 lucifugus (Pholcus) u»^ 534, 535, 536, 537 et 541 539 lucifugus (var. Pholius), n" 532 540 minotaura (Spermophora), n° 542 542 oculata (Apneumonella), n° 536 528 paradoxa (Kijabe), n" 532 A 534 patellaris (Blanionops), n" 536 531 perexiguus (Leptyphantes), n" 532 A 545 Rouleti (Hahnia). n° 542 553 .scabra (Hybosida). n" 532 A 536 sp. (Ctenus), n" 532 A 551 sp. (Loxosceles), n° 537 528 sp. (Oonoiis), n° 532 A 533 tanganensis (Hœmilla), n"» 532, 535 et 537... 526 tenebricoia (Berlandia), n°' 534 et 536 54'J /li/DEX BIBLIOGRAPHIQUE 1914. Alluaud (Ch.) et Jeannel (R.). Grottes de l'Afrique orientale. {Arch. Zool., expér. et génér. T. LUI, p. 363 à 385.) 1914. Berland (L.). Araneœ (V^ partie) in Voyage de Ch. Alluaud et R. Jeannel en Afrique orientale (1911-1912). Résultats scientifiques. {Arachnida, III, p. 37-94. Paris, L. Lhomme). 1920. Berland (L.). Araneœ (2^ partie) in Voyage de Ch. Alluaud et R. Jeannel en Afrique orientale (1911-1912). Résultats scientifiques. {Arachnida, IV, p. 95-180. Paris, L. Lhomme). 1913. Fage (Louis). Études sur les Araignées carvernicoles. II. Revision der Leptonetidœ. {Arch. zool. expér. et génér. T. X.) 1921. Fage (L.). Sur quelques Araignées apneumones. {C R. Ac. Se. Paris, T. GLXXII, p, 160.) ARANEM 556 1915. Lessert (R. de). Araignées du Kilimandjaro et du Mérou. [Revue Suisse de Zoologie, Vol. XIII, n» 11.) 1921. Lessert (R. de) id. 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ET GÊN. — T. 60. — F. 7. 3S ARCHIVES DE ZOOLOGIE EXPÉRIMENTALE ET GÉNÉRALE Tome 60, p. 557 à 592. /.J Mars 192:J BIOSPEOLOGICA XLV '" SILPHIDAE LEPÏININAE (COLÉOPTÈRES) 9 (PREMIÈRE SÉRIE) ET Morphologie comparée du Leptinus testaceus Mûll. et du Platypsyllus castor i s Rits. Dr R. JEANNEL Sous-Directeur do l'Institut de Spéologie de OIuj (Roumanie). SOMMAIRE INTROD0OTION 558 I. Les Leptinidbs de la collection Biospeoloqica{ X^" série) 559 Leptinus testaceus Miill. (p. 559). — Ethologie du L. testaceus (p. 560). II. Morphologie comparée du Leptinus testaceus Mûll. et du Platypsyllus casions Rits 562 A. Caractères du Leptinus testaceus Miill. (p. 562). B. Caractères du Platypsyllus castoris Rits. (p. 569). C. Signiflcatiou des caractères du Leptinus et du Platypsyllus (p. 577). — 1» Caractères parasitaires com- muns au Leptinus et au Platypsyllus (p. 577). — 2° Caractères d'adaptation au milieu souterrain chez le Leptinus {p. iSO). — 3» Adaptations au milieu aquatique chez le Ptosy«MS [(p. 580). — i" Carac- tères de filiation du Leptinus et du Platypsyllus (p. 582). [II. Conclusions systématiques 584 Subfam. Leptininae, sensu nov. (p. 585). Gen. Leptinillus Horn(p. 585)^ L. validas Horn (p. 586). — Gcn. Leptinus Miill. (p. 586). ; L. tes- taceus MuU. (p. 586) ; L. seriatus Dod. (p. 587) ; L. Vaulogeri, n. sp. (p. 587). — Gen. Platypsyllus Rits. (p. 589) ; P. castoris Rits. (p. 590). Index Bibliographique 590 1. Voir pour Biospeologica I à XLIV ces Archives, tomes VI, VII, VIII et IX de la 4» série, tomes I, II, IV, V, VI. VII, VIII, IX et X de la 5« série et tomes 52, 53, 54, 55, 56, 57, 6S, 59 et 60. Arch. pk Zool. Exp. et Gên. - T. 60. - P. 8. 39 558 R- JEANNEL AVANT-PROPOS En fait, le présent Mémoire ne traite que d'une seule espèce des col- lections Biospeologica, le Leptinus testaceus Miill. Mais l'intérêt de ce curieux Coléoptère me semble tel qu'il mérite bien cette étude spéciale. Tout d'abord le Leptinus est an Xénophi^e étroitement spécialisé et inféodé à certaines espèces de petits Mammifères ; il est même un Ectopa- rasite à certains moments de son existence. Comme on le trouve assez régulièrement errant en liberté sur le sol des cavernes, d'intéressants problèmes écologiques se trouvent posés de ce fait. D'autre part, malgré les nombreuses études morphologiques dont le Leptinus a été l'objet, il me semble que ses caractères étranges méritent encore un examen critique, surtout si on éclaire cet examen par une étude comparative du Platypsyllus castoris Rits., lui-même ectoparasite des Castors. Les genres Leptinus Miill., Leptinillus Horn et Platypsyllus Rits. sont rangés par les auteurs récents (cf. L. Ganglbauer, 1899, p. 261 et 264) dans deux petites familles distinctes, Leptinidae et Platypsyllidae, qui seraient voisines des Clamhidae. Il n'y a rien en réalité qui justifie cette manière de voir et l'étude comparative du Leptinus avec le Platy- psyllus montre sans aucun doute que tous deux sont des Silphidae et qu'il est même possible de fixer avec assez de précision leur position systéma- tique dans cette famille. Il est certain que si on étudie isolément le Leptinus testaceus ou surtout le Platypsyllus castoris, on reste assez embarrassé pour établir leurs rapports phylogéniques avec tel ou tel groupe des Staphylinoidae. On comprend même à la rigueur que Westwood (1874) ait pu se laisser égarer au point de créer pour le Platypsyllus l'ordre spécial des Achreio- ptera. C'est que chez cet ectoparasite, très ancien comme le prouve sa distribution, et très profondément modifié et spécialisé, les caractères de filiation sont difficiles à reconnaître, par suite de l'atrophie des pièces buccales et même des pattes, ou parce qu'ils sont masqués par les extra- ordinaires caractères néogénétiques résultant de la vie parasitaire menée depuis si longtemps. Mais si l'on pousse parallèlement l'étude du Platypsyllus avec celle du Leptinus, le problème s'éclaire singulièrement. Nous verrons que le Leptinus est aussi un Ectoparasite très ancien, SILPHIDAE LEPTININAE 569 mais beaucoup moins spécialisé, peut-être parce qu'il mène une partie de son existence à l'état libre, alors que le Platypsyllus passe toute sa vie et se reproduit dans la fourrure du Castor. Les caractères adaptatifs du Leptinus sont donc souvent des ébauches des transformations singulières subies par le Platypsyllus. D'autre part, il est possible de découvrir un certain nombre de caractères fondamentaux commims aux deux types et les affinités du Platypsyllus avec les Leptinides ne sauraient faire de doute. Il en résulte que pour être complète et féconde, l'étude du Leptinus doit être accompagnée de celle du Platypsyllus. D'une part, les caractères de filiation encore faciles à apprécier chez le premier éclaireront la phylo- génèse du second, et, d'autre part, les adaptations néogénétiques si pro- noncées du Platypsyllus feront souvent comprendre les caractères ana- logues existant moins développés chez le Leptinus. La mise en évidence des caractères silphidiens de celui-ci aura pour coi'ollaire de bien fixer la position systématique de celui-là. I. Les Leptinus de la collection Biospeologica (pe série) Cette série comprend le matériel recueilli dans les grottes décrites dans les six premières séries d'« Enumérations ». Gen. LEPTINUS P.-W. Millier. Leptinus testaceus P.-W. Millier. Département de l'Aude {France). — Grotte d'Artigues-Vieilles, comm. de Coudons, canton de Quillan (9 IX- 12), n» 546, un mâle et une femelle. Grotte de Limouzis, comm. de Limouzis, canton de Conques (24X1-13), no 724, un mâle. Département de la Drôme {France). — Grotte de Ferrières, comm. et canton de La Chapelle -en- Vercors (2 IV-11), n^ 427, un mâle ; (14 V-12), n^ 569, un individu. Département du Gard {France). — Baume de Gour, comm. de Pompi- gnan, canton de Saint-Hippolyte-du-Fort ( 1 1-14), n^ 744, un mâle. Baume des Italiens, comm. de Méjeannes-lc-Clap, canton de Barjac (5 1-14), no 749, une femelle. 560 R- JEANNEL Département des Hautes-Pyrénées (France). — Grotte du Moumouch, comm. de Nistos, canton de Saint -Laurent -de -Neste (19 IX-12), n» 563, deux mâles. Département des Pyrénées-Orientales (France). — Grotte de Velmanya, comm. de Velmanya, canton de Vinça (10 I-IO), no 339, une femelle. Département du Tarn (France). — Grotte des Trois Cloches, comm. de Penne -du -Tarn, canton de Vaour (30 XII- 12), n» 598, un mâle. Département du Tarn-et- Garonne (France). — Grotte de Paxole, comm. de Bruniquel, canton de Montclar (29 XII- 12), n» 596, un mâle et une femelle. Le Leptinus testaceus se prend parfois dans les feuilles mortes, sous les troncs d'arbres, mais, comme nous le verrons plus loin, plus régulière- ment dans les nids des Rats ou même dans ceux des Hyménoptères. On le rencontre assez souvent, çà et là, dans les grottes par individus isolés. On le trouve toujours errant sur le sol d'une démarche claudicante et ma- ladroite. Nombreuses sont les grottes où il a été recueilli, mais il en est où on le trouve presque régulièrement à chaque visite (grotte de Ferrières) et d'autres même, comme la grotte des Orcières (A. Magnin, 1899, p. 54), dans le département du Doubs, où il est possible de l'attirer en nombre par des appâts (Jeannel et Racovitza, 1918, p. 369). Sa distribution géographique est très vaste. D'après les auteurs, il est répandu dans l'Europe moyenne, au Caucase, dans l'Europe occi- dentale jusqu'aux Pyi'énées, aux Iles Britanniques et en Suède, ainsi que dans l'Amérique du Nord. J'en ai sous les yeux des individus prove- nant des grottes de Carniole et un venant de la Mammoth cave, dans le Kentucky, qiù tous sont identiques à ceux de notre matériel. On peut observer qu'aucun Leptinus n'a été recueilli dans les nom- breuses grottes d'Espagne visitées en toutes saisons par nous-même ou nos collaborateurs. Cela s'explique, sachant, comme nous le verrons plus loin, que le Leptiyius testaceus est inféodé à certains Rongeurs (Evotomys glareolus Schreb., Arvicola terrestris L.) qui font défaut dans la faune ibérique. Mais s'il est exact que le L. testaceus vive également avec le Mulot et la Musaraigne, il pourrait dans ce cas être trouvé dans le nord de. la péninsule. Ethologie du Leptinus testaceus Mûll. — Tout d'abord le Leptinus a été considéré comme un ectoparasite des Musaraignes. En effet Waga (1857, p. 125) rapporte l'avoir observé sur la Musaraigne Carrelet (Sorex 8ILPHIDAE LEPTININAE 561 araneua L.), eu Pologne, fixé profondément entre les poils, près de l'anus. Puis il a été recueilli en nombre dans des nids de Vespides et de Bombus (H. S. Gorham, 1869, p. 89). Eichhoff (1866), explorant 27 nids de Bombus terrestris, y avait trouvé 24 fois des Leptinus et jusqu'à 20 à 30 individus assemblés dans le même nid. Aussi P. Lesne (1896, p. 162), dans une note définissant la « Phorésie », a-t-il pu supposer que le Leptinus doit vivre à tous ses états dans les nids d'Hyménoptères et être trans porté d'un nid à l'autre à certaines époques de l'année, par les petits Mammifères friands du miel et du couvain. E. Olivier (1909, p. 115) confirma l'existence du Leptinus testaceus avec la Musaraigne Carrelet, à Besançon. Il dit bien qu'on le trouve dans la fourrure de la Musaraigne, mais les termes de sa note sont tels qu'il semble bien répéter cette assertion d'après Waga et n'avoir jamais lui-même recueilli le Leptinus ailleurs que dans le nid des Sorex. D'après L. Falcoz (1914, p. 140), le Leptinus est un Pholéophile et aurait été trouvé dans les nids de diverses espèces d'Insectivores ou de Rongeurs : 1^ la Taupe, en France (Mascaraux, Sainte-Claire-D'eville) et en Angleterre (Bedwell, Champion) ; 20 la Musaraigne, en Pologne (Waga) et en France (E. Olivier) ; 3° le Campagnol {Microtus agrestis L.) en Hollande (Heselhaus) et en France (Lé veillé) ; 40 le Mulot {Mus silvaticus L.) en Angleterre (Ellison) et en Hollande (Heselhaus). Il doute que le Leptinus soit, à proprement parler, un Parasite et pense (^uïl est un commensal de ces Animaux. C'est à cette opinion que je m'étais rallié (1918, p. 369), ne pouvant connaître à cette date les observations de' F. Rfschkamp (1914, p. 139) publiées en Allemagne pendant la guerre. Cet auteur a déterré un très grand nombre de nids de Rats dans les environs de Hambourg et y â régulièrement trouvé des Leptinus, souvent même en grand nombre et grouillant littéralement par 50 ou 60 individus dans le même nid. Dans cette localité 011 le Leptinus était si abondant dans les nids des Rats, Ruschkamp a eu l'idée de chercher à les attirer par des appâts appropriés. Il s'est servi pour cela de pièges amorcés avec des Rats soigneusement débarrassés au préalable de tous leurs parasites. Il aurait réussi de la sorte, à attirer le Leptinus avec des cadavres de Rats encore chauds ou même avec un Rat vivant. Mais jamais des cadavres de Rats déjà refroidis n'ont donné le moindre résultat. 562 R- JEANNEL De la longue série de ses observations, Ruschkamp conclut que Leptl- nus est hien un hôte régulier des nids des Rats. L'espèce chez laquelle il se rencontre le plus fréquemment est V Evotomys glareolus Schreb. ; mais le Rat d'eau, Arvicola terrestris am'phihius L., et le Mulot, Mus silvaticus L., sont encore pour lui des hôtes normaux. Quant à la Taupe, Ruschkamp affirme avoir exploré sans succès des centaines de nids de cet Insectivore et il est d'avis que les captures du Leptinus dans ses nids ou ses galeries sont des rencontres accidentelles d'individus égarés. Il est donc acquis que le Leptinus testaceus vit normalement dans les nids des Rongeurs énumérés ci-dessus. Il est probable en outre qu'il vit de même avec la Musaraigne {Sorex araneus L.). Mais après avoir étudié en détaU sa morphologie et constaté la remarquable sj)écialisation de sa bouche, il est difficile de ne pas voir en lui un véritable Ectoparasite ; Ectoparasite temporaire, il est vrai, car il n'est pas douteux qu'il quitte l'hôte pendant la majeure partie de son existence. En tous cas de nouvelles observations seraient à faire. Il sera néces- saire tout d'abord de savoir si le Leptinus des nids de Bombus est bien la même espèce que le L. testaceus Miill. des nids de Rongeurs. Dans l'affir- mative, il serait intéressant de savoir s'il est bien exact que les Leptinus se font « porter » par les Rats, chez les Bourdons. D'autre part, la présence régulière du Leptinus dans les cavernes est encore loin d'être expliquée. Ces Lepti^ius cavernicoles sont-ils des indi- vidus « portés » et perdus accidentellement par leurs hôtes? Des Rats pénètrent fort loin dans les grottes et nous n'avons encore aucune infor- mation sur leur identité. Des recherches spéciales devront être faites en vue d'avoir la solution de c?t intéressant problème. II. Morphologie comparée du Leptinus testaceus Mùll. et du Platypsyllus castor/s Rits. A. Caractères du Leptinus testaceus MuU. Long. 2 à 2,2 mm. L'aplatissement considérable du corps doit être en rapport avec le genre de vie spécial du Leptinus ; certaines des modi- fications particulières des organes, comme la jjetitesse des hanches anté- rieures par exemple, sont en corrélation avec cet aplatissement. Les téguments sont dépigmentés. Toute la face dorsale du corps est SILPUIDAE LEPTININAE 563 couverte de ^Joints portant chacun une petite épine courte et couchée en arrière, absolument appliquée contre le tégument ; ces points sont alignés en travers sur le pronotum, formant presque des strioles tr3,ns- versales, comme celles des Ptomaphagus. Sur les élytres leur disposition est in-égulière. Des rangs longitudinaux de soies dressées hérissent la région apicale. La forme de la tête est très caractéristique (fig. 3). Du côté dorsal il existe une sorte de bouclier semi-circulaire très plat, sur le même Fig. 1 et 2. Leptinus testaceus Mûll. — Fio. 1. Mâlu, de la grotte du Moumouch, face dorsale, x 26. Fig 2. Le même, face ventrale, x 26. plan que le pronotum. Les angles latéraux sont très aigus et ne portent pas d'yeux. Le bord antérieur, tronqué, du bouclier s'articule avec le labre lisse, brillant, en forme de fuseau transverse (fig. 3, a.) entièrement articulé et mobile. Latéralement se voient sur les côtés du front deux traits obliques marquant la place de la soudure de l'épistome. Le bord pos- térieur du bouclier céphalique enfin est échancré sur la ligne médiane et est bordé sur toute son étendue par une frange de poils dirigés à plat en arrière. Du côté ventral la tête forme une saillie cylindrique longitudinale, articulée sur une saillie de forme semblable du prosternum et encastrée dans le bord antérieur du pronotum de façon que la tête est absolu- ment immobilisée (fig. 2). Mentum et submentum sont bien distincts. Les antennes (fig. 4 et 5) s'articulent sous les bords latéraux du front, 664 R. JEANNEL en avant des angles temporaux, comme chez tous les Silpliides. Elles sont longues, grêles, mais absolument bâties sur le type des antennes des Catops. Elles sont formées de 11 articles, dont les articles vii, ix, x et xi sont épaissis et le viii est plus étroit que ses voisins. Les antennes grêles du Leptinus ont donc été primitivement des antennes à massue inter- rompue comme celles d'un Catops et ont subi à peu près les mêmes modi- fications évolutives qu'on observe chez les Bathysciinae cavernicoles. Fig. 3-7 Leptinus testaeeus Mûll. — FiG. 3. Bouclier céphaliquo d'un mâle, do la grotte du Moumouch, x 64 ; a, labre. — Fig. 4. Sommet de l'antenne gauche du même, x 64. — Fio. 5. Antenne gauche d'une femelle de la grotte d'Artigues-Viellles, x 64. — Fig. 6. Tibia et tarse intermédiaires droits, de la même, x 64. — Fia. 7. Tibia et tarse postérieurs droits, de la même, x 64. Comme chez les Catops il existe dans le sommet des articles vu, ix et x deux petites vésicules olfactives ; on sait qu'il n'existe seulement qu'mic vésicule dans le sommet de l'article vu chez les Bathysciinae (Jeannel, 1911, p. 14). Le labre (fig. Set 8), auquel il a déjà été fait allusion ci-dessus, possède une forme très spéciale que nous retrouverons identique chez Platypsyllus. Il est vi'aisemblable que cette forme du labre doit être en rapjjort avec le mode d'alimentation particulier. Les mandibules du Leptinus n'avaient pas encore été décrites. Il est vrai que sans la loupe binoculaiie ni les procédés modernes de dissection fine, il doit être excessivement difficile de les apercevoir ; Ganglbauer SILPIIIDAE LEPTININAE 565 lui-même (1899, p. 202) avoue n'avoir pas pu les découvrir. Elles sont très petites (fig. 10), peu cliitinisées, de forme triangulaire, courtes. Leur bord externe est épaissi et constitue une véritable pièce indépendante ; le bord interne présente à la base une petite mola tuberculée et en avant d'elle une lame masticatrice frangée de cils. Au sommet la lame masti- catrice ciliée s'insinue entre deux apophyses apicales de la pièce externe (fig- 11) ; l'apophyse dorsale porte deux soies, l'apophyse ventrale se pro- Fig. 8-11. Leplinus teslaoeus Mûll. — FiQ. 8. Labre, avec son épipharynx, d'un mâle de la grotte d'Artlgucs- Vieilles, x 75. — Fig. 9. Labium et maxille gauche, face ventrale, du même, x 75 ; mx, maxillc, t., tiges cylindriques du labium. — Fig. 10. Mandibule droite, face dorsale, du même, X 150. — Fig. 11. Sommet de la même mandibule, x 280. longe par une longue dent l'ecourbée en dedans. Les deux mandibules sont semblables. En somme cette mandibule du Leptiims est une mandi- bule typique de Silpliide (cf. Jeannel, 1911, p. 17), dont le sommet est atropliié. Les mandibules du Leptinillus validus G.-H. Horn (1882. p. 113) auraient la même structure. Maxilles assez spécialisées (fig. 9, mx). Le stipe est court et épais ; les lames sont bien développées, la lame externe étant, comme il est de règle, plus longue que la lame interne. La lame externe est portée sur un basai indépendant ; elle est arrondie et entièrement recouverte de cils crochus recourbés en dedans. La lame interne ite possède ni lame masti- catrice, ni dent apicale, ni épines comme chez les autres Silphides sapro- 566 R. JEANNEL phages (cf. Jeannel, 1911, p. 19) ; comme la lame externe, elle est hérissée de cils crochus. Il s'agit évidemment là d'une spécialisation alimen- taire. Le palpe maxillaire du Leptînus enfin est fort intéressant. Il est formé de trois articles, sans compter le palpigère, comme chez tous les SUphides. Le premier article est conique, épaissi, le deuxième presque cylindrique, aussi large que le sommet du premier, le troisième est ovoïde ou plutôt pyriforme, aussi large et aussi long que le deuxième. Nous verrons que ce palpe du Leptînus diffère notablement de celui du Platypsyllus. Il est bien différent aussi du palpe renflé, ce dernier article subulé des Bathys- ciinae (Jeannel, 1911, p. 19) ou des Catops. C'est plutôt avec le palpe des Silphiîiae dont le dernier article est ovalaire et particulièrement avec celui des Agyrtodes et Dasy pelâtes sud-américains, dont le dernier article est égal au précédent, que le palpe du Leptinus présente le plus d'affi- nités. Labium (fig. 9) de forme aberrante. Au lieu d'être trapézoïde, comme chez les Bathysciinae par exemple (Jeannel, 1911, p. 21), il est trans- verse, arrondi en avant, prolongé en arrière à chacun des angles posté- rieurs par une tige cylindrique, un peu aplatie, reposant dans une gouttière du menton. Ces tiges immobilisent le labium et empêchent sa flexion sur le menton ; mais elles permettent des mouvements de glissement antéro-postérieur de tout l'organe. Chez le Platypsyllus semblable résultat est obtenu, comme nous le verrons, d'une façon différente. La forme aberrante du labium est le caractère principal sur lequel s'appuient les auteurs pour isoler Leptinus dans une famille spéciale. Or, si on compare ce labium avec celui des Bathysciinae par exemple (Jean- nel, 1911, p. 21), on peut constater qu'il n'existe aucune différence fonda- mentale et que, bien au contraire, en tenant compte des modifications néogénétiques survenues chez Leptinus, les deux organes sont absolu- ment superposables. La languette du Leptinus et les palpes labiaux sont tout à fait du même type que ceux des Bathysciinae et des Catopinae. La face ventrale du prothorax (fig. 2) présente des caractères spéciaux qui sont des adaptations néogénétiques, comme la forme des hanches et aussi le grand développement de la partie antérieure du prosternum et la saillie hémicylindrique qu'elle fait pour immobiliser la tête. Mais il existe aussi des caractères d'une grande importance phylogénique sur lesquels je ne crois pas qu'on ait encore attiré l'attention. D'abord les SILPHIDAE LEPTININAE 567 PiG. 12. Hanches et patte antérieure droite du Lep- tinus testaceus MùU., vues par la face anté- rieure, X 75. hanches antérieures sont séparées par une apophyse prosternale saillante ; puis les cavités coxales sont ouvertes en arrière et se prolongent en dehors par une large fente entre l'épis- terne et l'épi mère, fente où apparaît un très gros trochantin transverse (fig. 12). Cavités coxales ouvertes et gros trochantin visible sont des ca- ractères propres à la sous -famille des Silphinae ; nous les retrouverons chez le Platypsyllus. A cela s'ajoute enfin une forme particulière des hanches antérieures qui sont petites, très peu saOlantes, globuleuses et non coniques. Le mésosternum est court, ca- léné entre les hanches intermédiaires, sans épisternes distincts ; les épi- mères mésothoraciques sont soudés au mésosternum et la suture qui les unit est à peine visible. Le métasternum est également court, sans épis- ternes distincts ; il forme sur la ligne médiane une petite apophyse saillante entre les hanches postérieures. Le mésosternum et le métas- ternum, de même que les hanches intermédiaires et postérieures ne différent donc fondamentalement pas de ceux des Bathysciinae (Cf. Jeaxxel, 1911, p. 27). Les pattes présentent tous les caractères de celles tles Catopinae et des Sil- phinae : les fémurs sont ren- flés, les tibias portent des éperons simples, tous les tarses sont pentamères dans les deux sexes et chez les mâles les trois premiers articles du tarse antérieur sont dilatés et ciliés sur les bords. Le seul caractère spécial des tarses du Leptinus est que le quatrième article est bilobé dans les deux sexes. Wi'W'-é^> ' Fig. 13. Segment génital mâle du Leptinus testaceas Miill., face dorsale, x 150 ; T., dernier tergite abdominal libre, t., tergite du segment génital, pi. pleurites. 568 R. JEANNEL L'abdomen a six segments ventraux visibles et un seul segment génital rétracté. Chez le mâle, ce segment génital (fig. 13) est conformé comme chez les Silphinae et les Aiiemadus. C'est un urite complet formé par un tergite, des pleurites bien développés, pubescents sur leur bord apical, et un sternite membraneux très peu chitinisé. I "/,"( •»*/ >m FIg. 27-20. Platypsyllus castoris Rits. — FiG. 27. Œdeagus d'un exemplaire' du Rhône, face dorsale, x 150. — Fio. 28. Le même, face latérale gauche x 160. — Fig. 29. Base du 3ac hiterne du même, face dorsale, x 215. n'atteint guère que le quart apical du lobe médian ^(^) ; ils sont très grêles et, comme chez le Leptinus, ne portent que deux soies apicales. Le sac interne ne dépasse pas la partie basale de l'œdeagus, mais est absolument du même type que celui du Leptinus (cf. fig. 16 et 29). Vers le milieu se voit une pièce chitineuse trilobée, en arrière de laquelle se trouvent quelque épines. Le canal éjaculateur s'abouche dans le fond du sac interne par une partie dilatée, à parois épaisses et hyalines. Près de cet abouchement, le 1. D. Sharp et F. Muir(1912, pi. LXXVII, fig. 229) figurentl'œdeagus d'un P/a?i/psi//;us castori» américain. D'après cette figure l'œdeagus serait plus court et les styles latéraux plus lougs. Y aurait-il une différence dans la structure de l'œdeagus entre les Platypsyllus vivant sur le Castor du Canada et ceux du Castor d'Europe? SILPHIDAE LEPTININAE 511 fond du f>a,c interne porte une petite pièce chitine use de foinie vague- ment triangulaire et un long stylet dont la pointe est tournée vers la partie apicale du sac. C. Signification des caractères du Leptinus et du Platypsyllus. Si on veut analyser les caractères adaptatifs du Leptinus et du Pla- typsyllus, il est bon d'observer tout d'abord que si Tun et l'autre sont des Ectoparasites très anciennement spécialisés, le premier est en plus un Cavernicole terrestre, le second un Lucicole aquatique. Il convient donc de rechercher d'abord quelles sont, chez les deux types, les modifications comparables produites par la spécialisation parasitaire, puis d'examiner quelles adaptations au milieu souterrain existent chez le Leptinus, quelles transformations spéciales la vie sous l'eau a entraînées chez le Platy- psyllus. Ainsi s'expliqueront certaines différences et les caractères de filiation des deux types pourront se dégager. 10 Caractères parasitaires communs au Leptimis et au Platypsyllus. Aplatissement du corps. — Tous les Ectoparasites sont plats et cet aplatissement a certainement été produit par la compression du Para- site dans les plis de la peau de l'hôte. Elle s'est exercée dans le sens latéral chez les Pulicides et on la trouve réalisée au plus haut point dans le sens dorso-ventral chez Leptinus et chez Platypsyllus. L'aplatissement du corps a entraîné d'importantes modifications cori'é'atives dans la forme de certains organes. L'aplatissement de la tête a produit ce bouclier céphalique semi- circulaire qui existe chez Leptinus et chez Platypsyllus et qui est assez comparable à celui des Mallophages. Ce bouclier céphalique, chez les Coléoptères qui nous occupent ici, exagère les carènes latérales et frontales qui existent normalement chez les Catopi^me et les Bathys- ciinae. L'aplatissement dorso-ventral du thorax s'est accompagné d'un aplatissement corrélatif des hanches et surtout des hanches antérieures toujours coniques et allongées, donc très saillantes, chez les Silphides, comme chez les Staphylinidae. Peut-on supposer un corps aplati comme celui du Leptinus, avec des énormes hanches antérieures coniques et sail- lantes comme chez les Choleva"^ C'est évidemment à cause de l'aplatisse- ment du corps que les hanches du Leptinus sont devenues petites et glo- 578 R. JEANNEL buleuses et cette forme spéciale des hanches doit être tenue pour inie modification adaptative. D'autre part, la hanche antérieure ronde du Leptinus doit donner à la patte des mouvements bien différents de ceux obtenus avec la hanche conique d'un Choleva. D'ailleurs il est facile de constater par sa démarche claudicante que le Leptinus ne sait plus marcher. La forme globuleuse des hanches antérieures résulte donc peut-être aussi d'une spécialisation de la patte à un autre usage que la marche ; ou, tout au moins, peut-on dire que l'aplatissement corrélatif des hanches a pu se faire parce que l'animal n'était plus un marcheur. Leptinus et Platypsyllus diffèrent des autres Silphides en ce que leurs hanches antérieures sont séparées par une large apophyse prosternale. Il semble bien que ce soit encore là un caractère néogénétique. De grosses hanches coniques sont forcément contiguës ; leurs cavités coxales sont larges et ne sont séparées l'une de l'autre que par une fine crête mécUane. L'abaissement de la saillie des hanches, leur réduction de volume et, par suite, la diminution de surface de la cavité coxale ont tout naturellement pour conséquence l'apparition d'une carène sternale entre les hanches et cette carène sei'a d'autant plus large et plus saillante que les hanches seront pins réduites. C'est l'évolution inverse de celle que j'ai signalée chez les Antroherpon (Jeannel, 1911, pi. XXII, fig. 615 et 611), chez lesquels au contraire le corps se rétrécit et les hanches prennent un grand développement et s'allongent ; le résultat ici est la fusion des cavités coxales et la disparition totale de la crête intercoxale du sternum. L'aplatissement du corps entraîne également une réduction de la sailUe des épipleures de l'élytre chez Leptinus et un aplatissement corré- latif des pattes. L'extrême petitesse de l'œdeagus semble enfin liée à l'aplatissement considérable des segments ventraux dont la cavité ne pourrait plus recevoir un organe volumineux comme il en existe chez la plupart des Silphides. DÉPIGMENTATION. — C'cst uu caractère presque constant chez les Ectoparasites. Il est donc naturel de mettre la dé pigmentation du Lep- tinus sur le compte du parasitisme et non de l'attribuer à l'action du milieu souterrain. Disparition des yeux. — C'est encore ini caractère normal des Ectoparasites. Ni chez Leptinus ni chez Platypsyllus il n'existe la moindre trace, de l'appareil visuel externe et on pourrait se demander si ces Am'- maux ont bien eu autrefois des yeux. En réalité, ils ont perdu leurs yeux. SILPHIDAE LEPTININAE 579 n existe eu efïet sui- les Castors de l'Alaska un auti'e Leptiuide bieu moins spécialisé, Leptinillus validus Horn, chez lequel les yeux sont encore visibles, réduits à Tétat d'une petite tache arrondie. Disparition des ailes. — Elle ré-iulte également de la dégradation parasitaire. Chez le PlatypsyUus l'atrophie a même gagné les élytres. Immobilisation de la tête et spécialisation des pièces buc- cales. — En comparant la face ventrale de la tête chez Leptuius (fig. 2) et chez PlatypsyUus {ûg. 18), on constate que chez l'un et l'autre une même disposition du cou et du prosternum en forme de saillie semi-cyUndrique a pour effet d'immobiliser la tête presque entièrement. L'aplatissement dorsal du bouclier céphaliqiie et l'expansion sur le pronotum de son bord postérieur lamelleux complètent cette immobiUsation. De plus, la bouche est devenue terminale, au lieu d'être ventrale comme chez tous les Sil- phides à tête rétractile. Le labre est devenu une pièce fusiforme transverse, lisse, sans franges saillantes ; il forme comme un butoir au-devant de la bouche. Le labium a 23erdu ses mouvements de flexion, habituels chez les broyeurs. Il est immobilisé par ses apophyses postérieures et peut seulement se mouvoir par glissements antéro-postérieurs. Cette spécialisation du labre et du labium s'accompagne de l'atrophie des mandibules et d'une évolution des maxiPes qui en fait des houppes de poils ou des lamelles souples. La bouche n'est plus broyé use, car les pièces masticatrices ont disparu chez le PlatypsyUus et sont tout au moins très réduites chez le Leptinus ; elle s'est spécialisée pour un mode d'alimentation particulier. L'animal doit en effet se nourrir d'exsudats sébacés ou de desquamations épider- miques ; pour cela il se tient implanté la tête en bas dans la fourrure de son hôte (^) et cette attitude explique pourquoi la bouche est devenue terminale et la tête immobile. On a supposé que le PlatypsyUus devait se nourrir des Acariens {Schizocarpus Mengaudi) qui habitent la fourrure du Castor du Rhône et devait ainsi rendre service au Castor en Umitant la pullulation de l'Acarien. La dégradation des pièces buccales du Platy- psyUus enlève toute vraisemblance à cette hypothèse. Soudure des pièces sternales et disparition de leurs sutures. — Elle est complète chez Leptinus et chez PlatypsyUus ; elle n'est pas réalisée chez le Leptinillus validus Horn qui, d'autre part, a encore des yeux. La disparition des sutures sternales a pour conséquence la fusion 1. C'est ainsi que les PlatypsyUus se tiounout sur le Castor ; c'est égalemeat aiasi que Waoa dit avoir observé le Leptinus dans la fourrme d'une Musaraigne. 580 R. JEANNEL des épimères et des épisternes avec le sternum. C'est une modification certainement néogénétique, qu'on observe chez les espèces très spécia- lisées. On la constate chez certains types de Bathysciinae cavernicoles très évolués. Constitution de rangées transversales d'épines dirigées en ARRIÈRE, SUR LE BORD POSTÉRIEUR DES SEGMENTS. — Des rangées d'épines sur le bord postérieur des segments du corps se développent très souvent chez les Ectoparasites et anivent à former de véritables peignes, comme c'est le cas chez les Aphaniptères, les Nyctéribies. Nous voyons chez le Leptinus les poils se transformer en petites épines et se coucher tous en arrière, ceux du bord postérieur du front constituatit même une véritable frange de spinules. Chez Platypsyllus ce sont de vrais peignes (fig. 19, p ) qui existent sur les angles postérieurs du front et au bord postérieur des segments. Il est probable que ces rangs d'épines concourent à fixer l'Ectoparasite dans la fourrure de son hôte. 20 Caractères d'adaptation au milieu souterrain chez le Leptinus. Le seul caractère du Leptinus qu'on puisse interpréter comme luie adaptation au milieu souterrain est l'allongement des antennes. La dé- pigmentation, la disparition des yeux, l'atrophie des organes du vol s'expliquent naturellement en tant que dégradations parasitaires ; mais des antennes allongées et déliées sont tout à fait exceptionnelles chez un Ectoparasite. Chez le Leptinus, elles atteignent le milieu de la longueur du corps et sont pourvues d'organes olfactifs bien développés dans les articles vu, TX et x ; elles sont tout à fait comparables à celles des Bathysciinae des cavernes. On est donc en droit d'attr buer cet allonge- ment des antennes à l'action du milieu souterrain sur des êtres dont une grande partie de l'existence se passe à l'état libre, dans les terriers ou dans les grottes. 3° Adaptations au milieu aquatique chez le Platyp>syllus. Le Platypsyllus castoris Rits. passe la majeure partie de son existence soiis l'eau ; c'est un être aquatique. On peut se demander si ses ancêtres étaient des Aquatiques libres lorsqu'ils ont parasité le Castor ou bien s'ils sont devenus aquatiques en même temps que ce dernier. Mais les pattes du Platypsyllus ne montrent pas la moindre trace d'adaptations paléogénétiques à la natation et il est vraisemblable que la spécialisation parasitaire du Platypsyllus était faite lorsque le Castor a acquis ses mœurs SILPHWAE LEPTININAE 581 aquatiques actuelles. Comme beaucoup d'autres Parasites, le Platy- psijllus est donc une très ancienne forme, datant d'âges géologiques assez reculés. Il n'est pas étonnant, par conséquent, de le trouver aujourd'hui identique sur les deux espèces de Castors, car il était déjà tout à fait spécialisé sur leur ancêtre commun. Le Platypsyïlus a acquis des caractères d'Aquatique remarc^uablc- ment convergents avec ceux d'autres Coléoptères. Antennes. — Ce sont des antennes respiratoires, coinparables à celles des Gyrinidae et des Parnus, mais bien plus évoluées encore. Comme chez ces derniers l'antenne s'est raccourcie par régression de toute sa partie apicale, les deux articles basaux s 'étant spécialisés dans la fonction respiratoire. L'article n, chez les Oyrinus (fig. 30) et les Parnus (fig. 31), est devenu une sorte de palette velue ou ciliée qui peut recueillir hors de l'eau une petite masse d'air et la pousser sous la surface contre la partie ventrale de la tête du ('oléoptère. Chez le Plafypsyllus (fig. 19 et 20) les neuf articles apicaux de l'antenne sont tout à fait atrophiés et l'article il, en forme de corbeille frangée de longues soies, joue le même rôle que la palette des Gyrinides ou des Parnides. L'antenne du Platypsyllus est toujours rabattue en arrière (fig. 17 et 18) et son mode d'insertion empêche qu'elle puisse être dirigée en avant comme les anterineS sensorielles des autres Coléoptères. Son champ d'action est limité ; les seuls mouvements qu'elle puisse exécuter sont des mouvements d'abduction et de rotation. Les faces latérales du pronotum se sont excavées en gouttières pour recevoir l'antenne rabattue en arrière. Il existe à la face venti-ale des côtés du prosternum une fosse profonde qui se prolong? en avant par une large fossette, occupant la face ventrale des côtés de la tête et limitée en avant par la côte transverse sur laquelle s'insère l'antenne. Cette fosse sert à recevoir l'air que l'antenne peut y accumuler pendant l'acte respiratoire. D'autre part, tout le tégument Fig. 30. Antenne gauche, face antérieure, du Oyrinus urinator III., X 64. — FiG. 31. Antenne gauche, face antérieure, du Parnus prolifericornis F., X 64. 582 . R. JEANNEL parfaitement lisse du Platypsyllus est « non mouillable )> et retient luie mince couche d'air par tension superficielle. Cette couche d'air gagne l'orifice des stigmates et est entretenue pendant l'immersion prolongée par la réserve d'air accumulée sous le sternum, comme chez les Hydro- philides. Les franges de poils des saillies sternales. — Ce sont certaine- ment encore des organes respiratoires, soit que ces franges soient consti- tuées par des poils hydrofuges aidant à contenir la réserve d'air ventrale, soit qu'elles jouent le rôle de véritables branchies externes, comme c'est le cas des poils de beaucoup de larves d'Insectes aquatiques. Le Leptinil- lus validus Horn, vivant sur les Castors de l'Alaska, aurait acquis de semblables franges de poils sur son sternum. DÉVELOPPEMïTNT DES APOPHYSES STERNALES. On est frappé aU premier coup d'œil de l'énorme développement des saillies sternales chez le Platypsyllus (fig. 18). Il est à remarquer que les Coléoptères aquatiques mauvais nageurs et Advant au milieu des herbes et des plantes aquatiques, comme les Hydrophiles, présentent mi développement analogue des saillies du sternum. Chez l'Hydrophile, la carène sternale joue le rôle d'un patin protégeant les parties latérales du sternum recouvertes d'air et permettant à l'Insecte de s'insinuer au milieu des inextricables buissons des plantes immergées sans perdre rien de sa réserve d'air respiratoire. Il me semble qu'il en est de même chez le Platypsyllus et que le large patin ventral constitué par ses apophyses sternales doit lui permettre de s'insinuer ail milieu des poils du Castor, sans dommage pour la provision d'air accumulée dans les profondes fosses latérales de son sternum. RÉGRESSION DES ÉLYTRES. — - Sans vouloir attacher autrement d'im- portance à cette observation, je fais remarquer que non seulement les ailes membraneuses, mais aussi les élytres sont atrophiés chez deux autres Insectes connus comme adaptés à une immersion prolongée : Aepus Rohini Lab. (Coléopt.) et Aepophilus Bonnairei Sign. (Hémipt.). Il est donc possible que l'atrophie des élytres du Platypsyllus ne soit pas le fait de la dégradation parasitaire, comme on le croit. 40 Caractères de filiation du Leptinus et du Platypsyllus. Comme de règle ces caractères de filiation sont masqués par les adap- tations prononcées des deux espèces. Mais il est possible, il me semble, de constater les faits suivants : Antennes. — Les antennes du Leptinus sont absolument semblables SILPHIDAE LEFTININAE 583 à celles des Silphîdae Gatopinae. Ce ne sont pas des antennes filiformes, comme il est dit d'ordinaire, mais bien des antennes en massue très allongée. Comme chez les Catopmae et les Bathyscîinae la massue est « interrom- pue », c'est-à-dire que l'article vni est plus étroit que ses voisins, mais la disposition des organes olfactifs par paires dans le sommet des articles vn, IX et X est identique à ce qu'on observe chez les Catopînae. Chez le Platypsyllus, l'antenne a onze articles comme chez les Sil- phidae et c'est tout ce qu'on- en peut dire. Pièces buccales. — La mandibule du Leptinii.s, malgré son atrophie, apparaît comme étant du tjrpé Silphide. Les maxilles du Leptimis et celles du Platypsyllus sont aussi des maxilles de Silphides et il en est encore de même pour le labium du Leptînus, malgré la transfoi'mation néogé- nétique de ses angles postérieurs en longues tiges cylindriques. On ne peut rien dire du labium du Platypsyllus, trop dégradé. Palpes maxillaires. — Les palpes du Leptinus et ceux du Platypsyllus, (pioique assez différents entre eux, présentent cependant les caractères des palpes des Silphides. Mais ce ne sont pas des palpes de Gatopinae ni de Bathysciinae. C'est aux palpes des Agyrtodes et Dasy pelâtes de l'Amérique du Sud qu'ils sont le plus comparables et par cela même ils marquent d'étroites affinités avec les Silphinae. Forme de la tête. — - Il est facile de reconnaître dans le bouclier céphalique du Leptinus et du Platypsyllus les principales caractéristiques de la tête d'un Gholeva ou d'un Bathysciola. Les carènes latérales et posté- rieures, la place de l'insertion des antennes sur la face antérieure des angles latéraux, l'épistome soudé sont des caractères des Gatopiîiae. Pronotum. — La forme est celle des Gatopinae et de beaucoup de Bathysciinae. Tarses. — Comme chez les Gatopinae, il existe cinq articles à tous les tarses dans les deux sexes ; les tarses antérieurs et intermédiaires, comme chez eux encore, sont dilatés chez les mâles. Les pattes d'ailleurs ont tous les caractères de celles des Gatopinae. Hanches. — - Il a été dit plus haut poui-quoi la forme globuleuse des hanches devait être tenue pour une conformation néogénétique. Cavités coxales. — Chez tous les Silphides, les hanches antérieures sont contiguës, les hanches intermédiaires séparées par une apophyse mésosternale. Nous avons vu que l'appantion d'une apophyse proster- nale séparant les hanches antérieures chez Leptinus et chez Platypsyllus doit être considérée comme corrélative de la réduction des hanches elles- 584 R. JEANNEL mêmes et ne peut pas avoir une grande valem' taxonomique. Mais les cavités coxales antérieures nous montrent d'autres caractères intéressants. C'omme chez les Silphinae, elles sont ouvertes en arrière et prolongées en dehors par une large fente entre l'épimère et l'épisterne prothoracique ; dans cette fente apparaît un gros trochantin saillant. Par cette disposition de leurs cavités coxales, Leptimis et Platypsyllus se rapprochent encore des Agyrtodes sud-américains. Œdeagus. — Non seulement il est du type de l'oedeagus des Sil- phidae par la présence d'une lame ventrale au tegmen, le déveloi^pement du sac interne, mais encore il est absolument semblable à celui des Bathys- ciinae. Cette analogie s'explique par le fait que Leptinus et Platypsyllus sont des types très anciens et que, d'autre part, les Bathysciinae doivent être tenus pour le groupe le plus archaïque des Silphides. Caractères larvaires. — On ne connaît pas la larve du Leptinus, mais celle du Platypsyllus castoris est bien connue depuis longtemps, car elle abonde avec l'adulte dans la fourrure du Castor. C'est une forme larvaire assez curieuse, courte, épaisse, à pièces buccales et membres très courts. Elle a été maintes fois décrite et j'ai pu moi-même en examiner quelques exemplaires récemment recueillis par M. E. Aptel, sur un Castor du Rhône. J'ai pu constater ainsi, après bien d'autres, que ses pièces buccales étaient fort dégradées, mais que toute son organisation générale était parfaitement conforme à celle des larves des Catopiïiae. Il est bien prouvé aujourd'hui (Desneux, 1906, p. 104) que ce qui avait été pris pour une deuxième forme larvaire du Platypsyllus (G. H. Horn, 1890, p. 55) se rapporte à un tout autre Animal. On doit donc tirer de ce qui précède les conclusions suivantes : III. Conclusions systématiques fo Leptinus et Platypsyllus sont deux types très voisins qu'il est tout à fait illogique de placer dans deux familles distinctes. Ce sont deux vieilles lignées, il est vrai, mais deux lignées voisines différant surtout l'une de l'autre par des adaptations diverses acquises depuis longtemps. Tous deux sont des parasites et les différences dans l'éthologie de leurs hôtes les ont conduits à des spécialisations en sens différents et à un degré de dégradation plus avancé chez l'un que chez l'autre. Malgré cela on peut dire que Platypsyllus est bien un Leptinide aquatique. SILPHIDAE LEPTININAE 585 20 Leptinus et Platypsyllus doivent être placés dans la famille Sil- phidae. C'est là que jadis Lacordaire (1854, p. 207) et Jacquelin DuvAL (1857, p. 107) les avaient placés à juste titre. Leurrés par les caractères adaptatifs, les divers auteurs les ont ensuite promenés dans de petites familles spéciales au milieu de tout le groupe des Sta- phylinoidea. En réalité, leurs caractères silphidiens sont des plus nets et E. Reitter (1909, p. 229) avait déjà raison de replacer les Leptinidae près des Sîlphidae. 3° Dans la famille des Silphidae, le petit groupe formé par Leptinus, Leptinillus et Platypsyllus doit prencke rang de sous-famille et se placer' entre les Silphinae et les Catopinae. La position systématique des Leptininae (sensu nov.) peut donc être exprimée de la façon suivante : Fam. SILPHIDAE I . Trochantins antérieures saillants dans une large fente prolongeant la cavité coxale en dehors. A. Hanches antérieures contiguës, non séparées par une apophy«e proster- nale saillante. Subfani. Silphinae. B. Hanches antérieures séparées par une apophyse prosternale saillante. Subfam. Leptininae. II. Trochantins antérieurs petits, à peine visibles. Cavités coxales antérieures fermées en dehors. A. Hanches postérieures contiguës. Tarses antérieurs de cinq articles dans les deux sexes, Subfam. Catopinae. B. Hanches postérieures séparées. Tarses antérieurs de quatre articles seulement chez les femelles. Subfam. Bathysciinae. Subf. Leptininae (Sens, nov.) La sous-famille renferme trois genres (1) qui sont : Gen. LEPTINILLUS G.-H. Honi. G. H. Horn, 1882, p. 113 ; type : L. validus G. H. Horn. — L.' Gangl- bauer, 1899, p. 261. Caractères généraux du genre Leptiiius P. W. Miill. dont il semble (1) Un quatrième genre, Silphopsyllus Desmaniae, ectoparasite du Dcsman [Myogale moschata Pallas) aurait été déc-ouyert récemment en Russie et décrit dans la Reme russe d Entomulogie, en 1920 (cf. Entomol. Mitleil., Berlin, X (li>21). p. 1G7). 586 R. JEANNEL représenter un stade moins évolué. Des yeux encore visibles. Epimères du métasternum libres. Apophyse prosternale frangée de longues soies. Une seule espèce, qui m'est inconnue : Leptinillus validas G. H. Horn, 1882, p. 113, pi. V, fig. 1-6. — Ectopara- site sur les Castors dans l'Alaska (Riley, 1889, p. 306). Gen. LEPTINUS P. W. MiiUer. P. W. Millier, 1817, p. 266 ; type : L. testaceus P. W. Millier. — Lacor- daire, 1854, p. 207. — Jacquelin Duval, 1857, p. 107. — Thomson, 1867, p. 353. — Leconte, 1866, p. 368. — Leconte and G. H. Horn, 1883, p. 76. — G. H. Horn, 1882, p. 113. — L. Ganglbauer, 1899, p. 263. — E. Reitter, 1909, p. 229. Palpes maxillaires à dernier article aussi épais et aussi long que le précédent. Labium immobilisé par deux tiges cylindriques prolongeant en arrière ses angles postérieurs et reposant dans deux gouttières du submentum. Antennes longues, déliées, en massue interrompue. 1 . Pronotum à peine deux fois aussi large que long, à côtés peu arrondis, à angles postérieurs effacés, non saillants en arrière. Pubescence courte et fine. Soies dressées des élytres alignées en quatre séries assez régulières sur chaque élytre. Long. 1,9 mm seriatus Dod. — Pronotum environ deux fois et demie aussi large que long, à côtés bien arron- dis, à angles postérieurs aigus, saillants en arrière. Pubescence longue et forte. Soies dressées des élytres non alignées en séries régulières 2 2 . Labre fusiforme, bien visible à la face dorsale en avant du bord antérieur du front, qui est tronqué. Antennes longues, dépassant nettemant les angles postérieurs du prothoiax, à article vin une fois et demie aussi long que large. Elytres sans côtes lissse saillantes. Pattes grêles. Ponctuation forte- ment râpeuse. Long. 2 à 2,2 mm testaceus MùU. — Labre très mince, en arc, caché sous h bord antérieur du front, qui est régu- lièrement arrondi. Antennes courtes, dépassant à peine les angles posté- rieurs du prothorax, à article vin à peu près aussi long que large. Elytres avec quatre côtes saillantes lisses. Tibias intermédiaires et postérieurs épais, hérissés de longues épines. Ponctuation fine ; pubescence plus longue. Long. 2 mm Vaulogeri, n. sp 1. Lepiinus testaceus P. W. Millier, 1817, p. 268 ; type : Allemagne. — Jacquelin Duval, 1857, pi. 36, fig. 176. — Thomson, 1867, p. 353. — L. Ganglbauer, 1899, p. 263. — E. Reitter, 1909, p. 229. Synonymes. — caucasicus Motschoulsky, 1840, p. 176, pi. TV, fig. A. — americanus Leconte, 1866, p. 367. 8ILPHIDAE LEPTININAE 587 Biologie. — Waga, 1857, p. 225. — Eichhofï, 1866, p. 294. — Gorham. 1869, p. 89. — P. Lesne, 1896, p. 162. — A. Magnin, 1899, p. 54. — G.-C. Champion, 1907, p. 63. — E. Olivier, 1909, p. 115. —J. Sainte-Claire Deville, 1912, p. 204. — F. Heselhaus, 1913, p. 195 ; 1914, p. 62. — L. Falcoz, 1914, p. 16 et 140. — F. Ruschkamp, 1914, p. 139. Pholéophile et ectoparasite temporaire sur certains Rongeurs {Evo- tomys glareolus Schreb., Arvicola terrestrîs amphibius L., Mus silvaticus L.); on le trouverait aussi avec des Insectivores {Sorex araneus L.), d'après DE Waga et E. Olivier. Il existe aussi dans lAmérique du Nord, mais on ne sait pas à quelles espèces il est inféodé dans cette partie de son aire de réparti- tion. Sa présence fréquente dans les cavernes est encore inexpliquée. On est en droit de se demander, d'autre part, si les Leptinus parfois trouvés en nombre dans les nids d'Hyménoptères appartiennent vrai- ment à la même espèce. 2. Lepiinus ser/atus Dodero. 1916, p. 347. — Décrit sur une seule femelle recueillie à 1.250 m. d'altitiule, près d'Alagna, sur le mont Rose, en criblant des débris végétaux. Plus petits que le L. testaceus Miill. (1,9 mm.). Sculpture plus fuie ; piibescence, couchée plus fine. Le pronotum porte des soies dressées qui font défaut chez L. testaceus ; sur les élytres les soies dressées, au lieu d'être disposées sans ordre, sont assez régulièrement alignées en huit séries longitudinales. Prothorax moins large que chez L. testaceus. à côtés moins arrondis et angles postérieurs plus arrondis, bien moins saillants en arrière. Elytres plus courts, pas plus longs que larges ensemble. Pour le reste il paraît semblable au L. testaceus. Est-ce bien une espèce distincte ? Ou bien seulement un individu du L. testaceus anormal? Il faudra attendre de connaître d'autres exem- plaires pour se prononcer. 3. Lept/nus Vaulogeri, n. sp. — Type : une femelle du mont Edough. Long. 2 mm. Testacé uniforme. Même forme déprimée (fig. 32) que chez L. testaceus, mais plus court. Sculpture plus fine, ponctuation non râpeuse. Pubescence couchée bien plus longue que chez L. testaceus ; les poils du bord postérieur de la tête sont plus longs et moins nombreux, ceux des élytres et des pattes sont plus serrés ; les soies dressées de la 588 R. JEANNEL moitié apicale des élytres sont très longues, nombreuses, irrégulièrement placées le long des côtes longitudinales. Bouclier céphalique (fig. 33) bien différent de celui du L. testaceus ; le bord antérieur du front n'est pas tronqué, mais régulièrement arrondi et le labre très réduit apparaît à peine à la face dorsale. Ce labre est mince, en forme d'a'^c, accolé sous le bord antérieur du front ; il est bien différent du labre en fuseau du Leptiîius testaceus. Mandibules, maxilles et labium semblables à ceux du L. testaceus. Antennes relativement courtes (fig. 34) dépassant à peine les angles postérieurs du pronotum. Leurs articles in, iv, v et vi sont bien moins allongés que chez L. testa- ceus, les articles vii, vni, ix et x sont de même à peine plus longs que larges, tandis qu'ils sont bien plus longs que larges chez L. testaceus (fig. 4 et 5). En particulier l'ar- ticle VIII, une fois et demie aussi long que large chez L. testaceus, est à peu près aussi long que large chez L. Vaulogeri. Pronotum trans verse, deux fois et de- mie aussi large que long ; ses côtés sont bien arrondis et rétrécis aux angles pos- térieurs, qui sont aigus, saillants en ar- rière. Elytres courts, à côtés arrondis, rétrécis à la base et présentant leur plus grande largeur vers le milieu. Chaque éljrtre porte 4 côtes saillantes lisses. Le pygi(hum dépasse le sommet des élytres. Face ventrale semblable à celle du L. testaceus,, mais plus finement ponctuée. Epimères et épisternes soudés. Pattes très robustes. Les tibias intermédiaires et postérieurs sont épais (fig. 35 et 36) ; de plus, leurs épines sont longues et dressées. Tarses sans caractères particuliers, sauf que les tarses antérieurs et le premier article des tarses intermédiaires sont plus fortement dilatés chez les mâles. L'oedeagus de L. Vaulogeri diffère de celui du L testaceus. Il est plus allongé, droit ; son extrémité apicale est plus effilée et nettement sinuée sur ses bords. Les styles latéraux sont bien plus courts que le lobe Fia. 32. Leptinus Vaulogeri, n. sp., femelle, du mont Edough (type), X 26. SILPHIDAE LEPTININAE 589 médian ; les deux soies apicales sont grandes, l'ane dirigée en dedans, l'autre en dehors. J'ai sous les yeux un exemplaire femelle de cette intéressante espèce nouvelle, étiqueté «Algérie: mont Edough» (capitaine Vauloger de Beaupré). D'autre part j'ai reçu de M. P. de Peyerimhofp un mâle et une 33. ^^' Fig. 33-36. Leptinus Vaulogeri, n. sp. — Fia. 33. Bouclier céphalique de la femelle (type), x 64. — Fio. 34. Au- teiine gauche de la même, x 64. — FiG. 35. Tibia et tarse intermédiaires droits, face dorsale, x 64. — Fio. 36. Tibia et tarse postérieurs droits, face dorsale, x 64. femelle recueillis par lui dans le massif des Mouzaïa, l'une en mai 1914 dans un nid de Mus silvaticus, l'autre en novembre 1920 en forêt. Ces deux exemplaires sont absolument identiques à celui du mont Edough qui m'a servi de type. Il est bien probable que L. Vaulogeri doit remplacer en Algérie le L. testaceus. Gen. PLATYPSYLLUS Ritsema. Ritsema, 1869, p. 23. — Westwood, 1869, p. 118 ; 1874. p. 194, pi. 37, fig. 1-2. — PlatypsyUa, Leconte. 1872, p. 801, pi. LXVIII. — Leconte et Horn. 1883. p. 75. — Horn, 1882, p. 114, pi. V, fig. 7-12. — Reitter, 1884, p. 19. — Platypsyllus, Bonhoure, 1884, p. 147, pi. VI. — Ritsema, AROH. D« ZOOL. EXP. KT UÉN. - T. 60. - F. 8, 41 690 R. JEANNEL 1884, p. 86. -- Reitter. 1885, p. 274. — Kolbe, 1886, p. 103. — Riley, 1888, p. 302, fig. 68. — L. Ganglbauer, 1899, p. 270. — Desneux, 1906, p. 245 ; 1906 (Wystm. Gen. Ins.). Plaiypsyllus castor/s Ritsema, 1869, p. 23 ; type : sur un Castor du Canada, dans le jardin zoologique de Rotterdam. — Leconte, 1872, p. 804. — Reitter, 1884, p. 20. — Bonhoure, 1884, p. 147. — Riley, 1888, p. 302. — Horn, 1894, p. 141. — L. Ganglbauer, 1899, p. 270. — Chobaut, 1899, p. 197. Synonyme. — castorinus Westwood, 1869. p. 119 ; 1874, p. 195 {Achreio'pterà). Ectoparasite sm" le Castor dans l'Amérique du Nord {Castor cana- densis) et en Europe {Castor flber L.) HUDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1884. Bonhoure (A.). Note sur le Platypsyllus castoris Ritsema et sa capture en France. (Ann. Soc. eut. France, 1884, p. 147-154, pi. VI, fig. 1-8.) 1907. Champion (G.-C). Coleoptera in mole's nest in Surrey {Entom. monthly Magaz., London, 1907, p. 63.) 1899. Chobaut (A.). 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Hypliomycètes 609 a. Mucédiuées (p. 609). b. Dématiécs (p. 611). c. Hyalostilbée» (p. 612). d. Phaeostilbées (p. 616». VI. SCLÊROTES, RHIZOMORPHES ET FEUTRAGES 619 Index bibliographique 623 Liste des espèces par numéros d'échantillon 624 Liste alphabétique des espèces 625 Ce mémoire fait suite à celui qui a paru en 1917 (Biospeologica, XXXVIII). Le matériel étudié provient des grottes explorées de 1913 à 1917 et désignées sous les numéros d'ordre 724 à 925. 1. Voir pour Biospeoiogica I à XLV, ces Archives tomes VI, VII, VIII et IX de la 4= série, tomes I, II, IV , V, VI, Vn, VIII, IX et X de la 5° série, et tomes 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, et 60. AaOH. DE ZOOI. EXP. BT G*N. - T. 60. - F. 9. 42 594 J. LA GARDE I. MYXOMYCÈTES Département de VArdèche {France). — Grotte du Soldat, commune de Labeaume, canton de Joyeuse (9-1-14), n° 758. Petite masse protoplasmique blanc jaunâtre, paraissant appartenir à un plasmode, souillée de divers débris parmi lesquels des spores brunes, en forme de citron, provenant d'un Chaetomûim récolté en même temi)s et inclus dans le même tube. Pas de substratum apparent. Département du Jura {France). — Grotte de Baume-les-Messieurs, commune de Baume-les-Messieurs, canton de Voiteur (25-VIT-16), no 892. Quelques spores rencontrées parmi des filaments de Phycomycète sur du Guano de Chauves -souris. Proviennent probablement d'un Myxomycète voisin dont on ne trouve aucune trace j)armi les échan- tillons récoltés. IL PHYGOMYGÈTES Genre MUCOR Mcheli, 1729. Mucor Mucedo Tjinné. 1762, p. 1655. Département de V Hérault {France). — Baume Cellier, commune de Saint-Guilhem-le-Désert, canton d'Aniane (27-XII-13), n» 736. Sur deux petites crottes qui en sont recouvertes. Sporangiophores flottant dans le liquide conservateur, fixés, en grand nombre, jiar leur base à la surface du substratum. Quelques-uns seulement sont pourvus à leur extrémité d'un sporange de couleur blanc crème ou gris plus ou moins foncé. Ces sporangiophores, non cloisonnés, non ramifiés, à mem- brane hyaline, lisse, et à contenu incoloi'e ou légèrement jaunâtre, mesurent de 1 à 10 mm. de hauteur. Les sj)oranges ont de 50 à 100 (j, de diamètre et présentent une columelle cylindrique ou en pp'amide tron- quée. Les spores sont elliptiques ou subcylindriques, arrondies aux extré- mités ; elles mesurent de 7 à 11 (jl sur 3 à 4 pi. Remarque. — Les échantillons observés diffèrent du type par les dimensions des sporangiophores qui sont ici très courts 1 à 10 mm. au lieu de 2 à 15 cm. et aussi par celles des sporanges qui mesurent de 50 à 100 (X au lieu de 100 à 200 (x. Les spores seules répondent bien à CHAMPIGNONS 595 la description de celles du Mucor Mucedo : « elliptiques ou subcylin- « driques, deux fois plus longues que larges, de grandeurs très différentes « dans le même sporange, 6-12 jx de long sur 3-6 ]x de large, à membranes tt incolores, lisses, contenu légèrement jaune ou incolore. » » (Lendner, 1908, p. 67). C'est sans doute une des nombreuses formes de cette espèce. Mucor sp. Provincia de Alicante (Espagne). — Cueva de las Calaveras à Beni- doleig, part, de Dénia (9 IV-17), n^ 851. Sur petite agglomération de matières organiques parmi lesquelles on distingue des débris de carapace et d'articles d'Insectes, des écailles de Lépidoptère, etc. Les filaments fongiques, hyalins et à structure continue, ne sont pas abondants dans les préparations. Quelques-uns sont terminés par un sporange de 40 à 50 fx de diamètre. Les spores libres, relativement nom- breuses, de forme ovoïde, mesurent 10 à 13 [x de long sur 5 à 8 [a de dia- mètre. Ces échantillons impurs et en mauvais état ne permettent ni identi- fication, ni rapprochement avec aucune espèce connue. Genre SAPROLEGNIA Nées von Esenbeck, 1823. Saprolegnia Thureti de Bary, 1881 (v. A. Fischer, 1892]r. Provincia de Tarragona (Espagne). — Cuova Yerret à Alfara, part, de Tortosa (23-V-14), n» 790. Sur Coléoptère. Les filaments, hyalins, couvrent d'un gazon très dense la face infé- rieure et les flancs de FLisecte. Sar le dos, ils bordent les élytres. Leur extrémité libre est terminé par un sporange faiblement renflé en massue. Échantillons non déterminés. Département de VArdèche (France). — CTrotte de Remène, commune de Rosières, canton de Joyeuse (9-1-14), n^ 759. Les filaments non cloisonnés, de coloration jaunâtre, de 6 à 7 pi de diamètre, sont lâchement enchevêtrés. Dans la masse on observe de nombreux corpuscules à contenu finement granuleux et mesurant environ 50 (x de diamètre. Ces corpuscules sont entourés de rami- fications digitées provenant des filaments avec lesquels ils sont en contact 596 J. LA GARDE (fig. i). Il se produit ici un phénomène analogue à celui qui est décrit et figuré par G. Bainier, 1884, p. 212. et 1903, p. 153, à propos de son Mucor parasitîcus = Parasitella simplex. Provîncîa de Alîcante (Espagne). — Cueva de las Palomas de Calpe à Calpe, part, de Dénia (16-IV-17), n» 854. Enchevêtrement de fins et longs fUaments, non cloisonnés et hyalins, Fig. I. — 6. Enchevêtrement mycélien et corpusculps. Gros?. 90. — a et e. Corpuscules entourés par les ramifica- tions digitées des filaments. Gross. 450. englobant des débris d'Insectes. Aucune indication de Sporangiophore. Département du Jura (Frarice). — Grotte de Baume-les-Messieurs, commune de Baume -les -Messieiu's, canton de Voiteur (25-VII-16), n» 892. Sur crottes de Chauves -souris. Les filaments mycéliens entourent les crottes d'un feutrage lâche, présentant çà et là quelques débris de sporange et quelques spores. III. ASGOMYCÈTES 1. Gymnoascées Genre GYMNOASCUS Baranetzky, 1872. Gymnoascus Reessii Baranetzky (v. G. Winter, 1887). Départemeyit du Douhs {France). — Grotte des Faux-Monnayeurs, commune de Mouthier-Haute-Pierre, canton d'Ornans (27-IV-16), no 818. CHAMPIGNONS 597 Petites masses floconneuses d'un blanc sale, jaunâtre, ayant comme substrat iim une petite crotte. Ces masses sont constituées par des filaments hyalins lâchement enchevêtrés. A la dilacération, sous la loupe, l'enchevêtrement cède facilement et se laisse décomposer en un très grand nombre de petites pelotes sj)hériques dont le diamètre moyen est de 150 [j. environ. Elles sont ePes-mêmes le résultat d'un enchevê- trement beaucoup plus dense, beaucoup plus serré. Elles offrent plus de résistance à la dilacération. Leiu' masse interne est formée d'un nombre considérable de corpuscules parfaitement sphériques. Ce sont des asques ayant 7 fx environ de diamètre et renfermant chacun 8 spores ovoïdes de 2 [X 5 sur 3 (i, en moyenne. Ces spores sont donc un peu plus petites que dans le type où elle s présentent 4 [x 5 de long sur 3 à 3 (j, 5 d'épaisseur (G. Winter, 1887' p. 15). 2. Pyrénomycètes Genre CHAETOMIUM Kunze, 1817. Chaetomium elatum Kunze (v. Bainier, 1919, p. 212). Département du Gard {France). — Grotte du Salpêtre de Corconne, canton de Quissac (2-1-14), n^ 745. Sur des débris de bois. Chaetomium sp. Département de VArdèche (France). — Grotte du Soldat, commune de Labeaume, canton de Joyeuse (9-1-14), n» 758. Une vingtaine de carpophores détachés de leur substratum qui est inconnu. Ces carpophores, de forme ovoïde allongée, mesurent de 400 à ÇOO [x et ont un diamètre de 250 [x environ dans leur région renflée. Leur corps est hérissé de fulcres simples, rigides, bruns, cloisonnés, presque tous tronqués à leur extrémité. Les fulcres qui entourent l'ostiole ont 5 [x environ de diamètre ; ils sont recourbés en crosse ou forment 2 ou 3 tours de spire au voisinage du sommet ; leur surface est, le plus souvent, verruqueuse. Les spores, à membrane brune, ont la forme d'un citron et mesurent de 6 à 7 [x de long sur 4 à 5 [x de diamètre. Cette espèce i^araît devoir être rapprochée du Chaetomium comosum Bainier sans pouvoir lui être identifiée. 598 J. LAGARDE Genre CORDYCEPS Fries, 1818. Cordyceps sp. Provinz Krain {Autriche). — Lucova jama, Ober Skrill, Bezirk Gottschee (l-V-14), n» 777. Sur le corps de gros papillons. Appareils de couleur jaune brunâtre, charnus, di'essés, mesurant de 5 à 8 mm. de hauteur et environ 0 mm. 5 de diamètre. La région termi- nale, irrégulière, est plus épaisse et surmontée souvent d'iuie pointe en forme d'alêne ; sa surface est couverte de protubérances sphériques ou ovoïdes ayant l'apparence de périthèces. La présence d'asques n'a pu y être révélée. Le port et la forme de ce Champignon, autant que son substratum, autorisent son rapprochement du Cordyceps Splimgum déjà rencontré dans des conditions identiques (Lagarde, 1918, p. 282). Genre USTULINA Tulasne, 1863. UstuHna vulgaris ? Tulasne, 1863, p. 23. Département de la Haute- Saôiie {France). • — Grottes de Gonvillars, commune de Gonvillars, canton d'Héricourt (16-V-16), n^ 821. Croûtes charbonneuses, indépendantes de leur substratum qui demeure inconnu. Les coupes se brisent sous le rasoir. Aucune trac(^ d'asques ni de spores. C'est probablement un stroma à'Ustulina vulgaris. 3. Discomycètes Genre OMBROPHILA Fries, 1849. Ombrophila janthina Karstcn, 1871, p. 88. Département de l'Hérault {France). — Baume Celliei', commune de Saint-Guilhem-le-Désert, canton d'Aniane (27-XII-13), n» 736. Siu" petit fragment de bois. Une dizaine d'individus très courtement pédicellés et paraissant appliqués sur le substratum. Disque légèrement convexe, de forme cir- culaire (aj)parence de petits boutons de guêtre). Diamètre variant de 1 mm. 4 à 2 mm. 5. Couleur jaunâtre pâle. Consistance trémelloïde. CHAMPIGNONS 599 Ecrasement facile, par pression, sur Ja lamelle. Asques claviformes, environ 50 jx de longueur sur 6 [x de diamètre. Paraphyses grêles. Spores elliptiques de 6 (x 5 à 7 fx 5 sur 3 [x de diamètre, présentant intérieurement deux fines gouttelettes. Genre HYALINIA Bouclier, 1885. Hyalinia dilutelia (Fries) Bouclier 1907, p. 104. Dépariemenl de VHéraidt {France). — Grotte de Cesteragne, com- nmne de Pégairolles-de-Buèges, canton de Saint -Martin-cle-Londi"es (31X11-13), no 742. Petit Discomycète à marge irrégulièrement dentée, fixé sur de menus débris de bois. Diamètre 1 à 5 mm. Coideur chamois clair. Asques de 50 [X de long sur 6 (x de diamètre environ. Spores allongées, légèrement fusiformes, de G jx de long sur 2 [X de diamètre. Pai'a- physes filiformes . Geme SCLEROTINIA Fuckel, 1869. Déijartement du Gard {France). — Grotte du Sal- pêtre de Corconne, com- mune de Corconne, canton de Quissac (2-1-14), n» 745. Appareil fructifère cons- titué par de longs cordons blancs de 150 à 200 (x de diamètre. Ces cordons pré- sentent deux ou trois rami- fications terminées chacune par un disque de 1 mm. en- viron de diamètre. La partie inférieure de ce disque se montre formée par des filaments de 5 [l de diamètre et a éléments cellulaires à peu près isodiamétriques. La cellule terminale, libre, est légèrement renflée jusqu'à 6 à 7 [x et faiblement allongée en i)oil très JI. — (t. RaiiR'aii terminé par im carpophore. Gross. 15. — h. Rovêtoment du carpophore. Gross. 900. — c et d. Asquc, paraphyses et spores. Gross. 1200. 600 J. LAQARDE court. La partie supérieure, déprimée en cupule, porte l'hyménium. Les asques mesurent de 50 à 60 [x de long sur 3 à 4 pi, de diamètre. Ce diamètre s'atténue insensiblement du sommet vers la base où il a environ 1 [x 5. Les paraphyses sont filiformes et ont 0 (o, 6 de dia- mètre. Les spores, ovoïdes, sont très petites, 4 à 4 [x 5 sur 2 p, 5 (fig. II). Remarque, — Les cordons qui portent les carpophores sont rompus à leur base. C'est donc avec doute que je fais rentrer ces échantillons dans le genre Sclerotinia. Geme DASYSCYPHA Tries, 1823. Dasyscypha virginea (Batsch) Fuckel, 1869, p. 305. Département de VAude {France). — Grotte de Limouzis, commune de Limouzis, canton de Conques (24-XI-13), n^ 724. Petit Discomycète blanc, j)édicellé. Hauteur totale : 1/2 à 1 mm. ; diamètre de la cupule : 0,4 à 0,7 mm. Disque plan ou peu excavé à la partie supérieure, atténué vers la base en un tronc de cône surbaissé, couvert extérieurement de poUs blancs très fins, Hyménium de 50 \l environ d'épaisseur. Les paraphyses, en forme de fuseau effilé à l'extrémité, font saillie au-dessus de l'hyménium de 10 [X environ, Asques en forme de massue, mesurant 3 à 4 [x dans leur plus grand diamètre et ayant 30 (x de longueur. Chaque asque contient 8 spores disposées dans la région supérieure, soit en deux rangs, soit obli- quement en un seul rang. Ces spores ont la forme de petits bâtonnets arrondis aux extrémités et légèrement renflés dans leur région médiane. Elles mesurent 4 à 5 [x de long et 1 [x de diamètre. Les paraphyses ont de 40 à 50 (X de long sur 2 jx de diamètre. Le pédicelle est constitué par un enchevêtrement d'hyphes sensible- ment parallèles à l'axe. Elles mesurent de 2 à 5 [x de diamètre ; leurs élé- ments cellulaires ont de 15 à 20 [x de long. Au sommet du pied, ces hyphes s'étalent en éventail sur la base du disque. Elles se différencient vers l'extérieur en augmentant leur diamètre qui atteint de 5 à 8 [x et en diminuant la longueur de leurs cellules. Elles constituent ainsi un revê- tement différencié. Ce revêtement porte des poils hyalins un peu renflés vers leur extrémité. Ces poils cloisonnés, à contenu granuleux, ont de 1 (X à 1 [X 5 de diamètre et environ 60 (x de longueur. CHAMPIGNONS 601 Genre TRICHOSCYPHA Boudier, 1885. Trichoscypha resinaria ? (Pliillips) Boudier, 1907, p. 125. Département du Doubs {France). — Grotte de Gousans, commune de Gousans, canton de Roulans (7-VI-16), n^ 824. Petit Discomycète, à pédicelle très court. Support inconnu. Marge et revêtement externe couverts de nombreux poils hyalins. Hauteur totale : 1 à 2 mm. ; diamètre du disque : 1 à 3 mm. ; lon- gueur du pédicelle : 1/2 mm. environ. Les asques mesurent 50 [x de long sur 4 {1 de diamètre ; ce diamètre s'atténue insensiblement vers la base. Paraphyses linéaires, bourrées de fines granulations réfringentes. Spores ellipsoïdes, de 3 sur 1 [x, contenant aussi des granulations. Les poils hyalins atteignent et dépassent quelquefois 100 [x de longueur ; leur diamètre varie de 1 à 3 (x ; ils sont cloisonnés, plus ou moins flexueux, et d'apparence rugueuse extérieurement. Remarque. — Par ses réceptacles brièvement pédicellés, par ses paraphyses linéaires, par ses spores ellipsoïdes, ce Discomycète se range dans le genre Trichoscypha de Boudier. Il paraît se rapprocher du Tri- choscypha resinaria sans pouvoir lui être identifié avec certitude. IV. BASIDIOMYGÈTES 1. Hyménogastrées Gem-e HYMENOGASTER Vittadini, 1831. Hymenogaster vulgaris Tulasne, 1862, p. 67. Département de VArdèche {France). — Grotte du Cuivre, commune de Chassagne, canton des Vans (7-1-14), n^ 755. Un seul exemplaire de forme sphérique mesurant 7. mm. de diamètre, présentant de grandes cavités irrégulières. Les spores, de couleur brune, sont fusiformes et mesurent de 18 à 30 [x de long sur 10 à 14 [x dans leur plus grand diamètre. 2. Téléphorées ^ Genre PENIOPHORA Cooke. Peniophora quercina (Fries) Cooke (v. Saccardo, 1888, p. 641). Départeme7it de V Hérault {Fra^ice). — Grotte de la Coquille, commune de Cesseras, canton d'Olonzac (25-XI-13), n^ 730. 1. Nous devons des remerciements à notre ami M. L. Maire, chef des travaux à la Faculté de Pharmacie, qu i a bien voulu rcvoirj avec nous, tous nos échantillons d'Hyménomycètes. 602 J. LAGARDE Département du Gard {France). — Baume de Goiir, commune de Pompigiican, canton de Saint -Hippolyte -du -Fort (1-1-14), n» 744. Genre THELEPHORA Ehrhenberg. Theiephora spiculosa? Pries, 1821, p. 434. Provinz Krain {Autriche). — Grotte de Luegg à Luegg, Bezirk Adels- berg (26 IV- 14), n» 773. Minuscules et nombreuses arborescences buissonnantt>s, abondam- ment ramifiées, à ramuscules enchevêtrés. Couleur brun-rougeâtre foncé. Les sections transversales et longitu- dinales des rameaux montrent, à la périphérie, des filaments abondam- ment cloisonnés, concresceiits en un pseudo-parenchyme. Les membranes des éléments cellulaires sont épaisses et colorées en brun-rougeâtre. La région interne est formée de filaments incolores, lâchement enchevêtrés. Ce n'est qu'avec doute que l'on peut rapporter ces échantillons au Thelepîiora spiculosa. Genre STEREUM Persoon, 1797, p. 30. Département du Gard {France). — Grotte de Trabuc, commune de Mialet, canton de >Saint-Jean-du-Gard (3-1-14), n'J 746. Echantillon fongique isolé de tout substratum, constitué par un disque de 1 cm. de diamètre, épais, légèrement convexe, à bonis involutés et surmontant un pédicelle très court, en forme de cône tronqué renversé. La structiu'e montre une masse dense, ferme, due à une coalescence de filaments à parois épaisses et incolores. Les extrémités forment à la face supérieure du disque des agglomérations qui lui donnent un aspect rugueux ; à la face inférieure, les filaments libres donnejit, par leur en- semble, un revêtement pileux assez rude au toucher. Aucune trace de spores. Cette structure permet de faire entrer cet échantillon fongique dans la série des Stereîom ; il paraît difficile de lui attribuer une place dans cette série. 3. Agaricinées Genre CLITOCYBE Fries, 182L Provinz Krain {Autriche). — Grotte de Luegg à Luegg, Bezirk Adels- berg (26-IV-14), n» 733. CHAMPIGNONS 603 Chapeau iiifuiidibuliforme, très épais, mou, de consistance presque trémelloïde, déformé, de couleur crème clair. Lamelles atrophiées. Forme monstrueuse. Genre MYCENA Fries, 1821. Mycena flavo-alba Fries, Epier., p. 103. Département du Doubs (France). — ^ Grotte des Gavottes, commune de Montfond, canton de Quingey (Hiver 17), n» 880. Quatre échantillons à très long pédicelle (78 mm.). Chapeau de 2 à 6 mm. de diamètre, convexe et glabre. Couleur blanc crème. Lamelles espacées, blanches. Mycena gypsea Fries, Epier., p. 104. Provîncia de Guîpûzcoa {Esimgyie). — Cuevas de Aitzulupe à Lea- buru, part, de Tolosa (7-XI-17), n» 868. Cinq échantillons. Chapeau blanc crème, de 6 à 15 mm. de dia- mètre, campanule, parfois presque plan et à bords redressés, très mince, hyalin. Lamelles libres ou peu adhérentes, d'inégale longueur, nom- breuses. Pied grêle, un peu renflé à la base hérissée de quelques poils. Longueiu' : 3 cm. Sur quelques échantillons le pied est sectionné. Spores incolores, ovoïdes, mesurant 7 (x sur 4 \x environ. Myeena polygramma (Bulhard), Fries, 1821, p. 146. Provinz Kram [Autriche). — Lucova jama, Ober SkriU, Bezirk Gotts- chee (l-V-14), n^ 777. Un exemplaire unique, à chapeau atrophié, mesurant 1/2 cm. envi- ron. Le pédicelle, long de 7 cm., est strié dans toute sa longueur ; il est hérissé et radicant à la base. Mycena vitilis Fries, Epier., p. 113. Provinz Krain {Autriche). — Lucova jama, Ober Skrill, Bezick Gottschee (1 V-14), no 777. Un seul exemplaire. Chapeau très mince, diaphane, de 7 mm. envi- ron de diamètre. Pied filiforme, fiexueux, de 90 mm. de long. Lamelles inégales, adhérentes et même un peu décurrentes. 604 J. LAQARDE Mycena supina Fries, 1821, p. 142. Département de V Hérault {France). — Grotte du Bois Delon, com- mune de Brissac, canton de Ganges (28-XII-13), n^ 737. Exemplaire unique. Chapeau blanc, très mince, diaphane, de 4 mm. de diamètre. Pied filiforme, très long (sur l'échantillon il est incomplet et mesure 80 mm.) ; diamètre 3/10 de mm. Lamelles larges, ventrues, libres ou très faiblement adhérentes. Mycena stylobates (Persoon) Fries, 1821, p. 153. Provinz Krain {Autriche). — Lucova jama, Ober Skrill, Bezick Gottsche (l-V-14), no 777. Chapeau très mince, diaphane, de 3 mm. de diamètre environ, convexe, strié. Pied filiforme ayant environ 40 mm. de long et 0,4 mm. de diamètre, très évasé à la base en ' un tronc de cône surbaissé dont le diamètre basi- laire est de 1 mm. 6. Lamelles libres, ventrues, espacées. Spores ellipsoïdes, de 8 à 10 (JL de long sur 2,5 à 3,5 \i de diamètre (fig. m). Mycena Mucor (Batsch) Fries, 1821, p. 155. Provincia de Navarra {Espagne). — Cueva de Martinchurito I à Lar- raun, part, de Pamplona (9rXÏ-17), no 870. Chapeau convexe, puis plan et à bords relevés, de 1 à 3 mm. de diamètre. Pied capillaire, flexueux, de 40 mm. de long. Lamelles adirées, presque libres, assez larges, nombreuses. Fig. m.'— a. Echantillons grand, nat. Chapeau et base du pied. Oross. 12. Spores. Gross. 900. Mycena capillaris (Schumacher) Fries, 1821, p. 160. Département de l'Hérault {Fra7ice). — Grotte de Cesteragne, commune de PégairoUes-de-Buèges, canton de Saint-Martin-de-Londres (31-XII- 13), no 742. CHAMPIGNONS 605 Chapeau blanc, diaphane. Pied filiforme, de 0,2 à 0,3 mm. de dia- mètre et de 4 à 8 cm. de long. Lamelles adnées. Spores ovoïdes, de 6 à 8 sur 3 à 4 [ji. Myeena sp. Département du Gard {France). — Baume du Gour, commune de Pompignan, canton de Saint-Hippolyte-du-Fort (1-1-14), no 744. Quelques échantillons. Chapeau membraneux, campanule, convexe au sommet ; diamètre 1 mm. 5 environ. Pied filiforme, atteignant 10 mm. sur un échantillon. Lamelles adhérentes. Provînz Krain {Autriche). — Grotte de Luegg à Luegg, Bezirk Adels- berg (26-IV-14), no 773. Un seul exemplaire. Couleur blanc crème. Chapeau convexe, de 1 mm. de diamètre. Pied de 12 mm. de long sur 2/10 de mm. de diamètre, hérissé de quelques poils tout à fait à la base. Lamelles peu nombreuses (une dizaine), peu saillantes, très espacées. Genre OMPHALIA Fiies, 1821. Omphalia scyphoides Fries, 1821, p. 163. Provincîa de Guipûzcoa {Espagne). — Cuevas de Iturmendi à Her- nani, part, de San Sébastian (3-IX-17), n^ 861. Chapeau blanc, soyeux, de 1 cm. de diamètre, ombiliqué, brunâtre au centre. Pied blanc, long de 25 mm. Lamelles blanc crème, faiblement décurrentes, nombreuses et serrées. Un seul exemplaire. Omphalia integrella Persoon. Département de VArdèche {France). — Grotte du château d'Ebbou, commune de Vallon, canton de Vallon (10-1-14), n^ 761. Echantillon unique, fixé sur débris de bois pourri. Chapeau très mince, diaphane, ombiliqué, de 2 mm. 5 de diamètre. Pied filiforme de moins de 2/10 de mm. de diamètre et de 5 cm. de long. Lamelles très espacées, peu saillantes, à peine décurrentes. Omphalia polyadelpha Lasch. Provincîa de Navarra {Espagne). — Cueva Akelar à Larrau.n, part, de Pamplona (9-XI-17), no 869. Champignon de très petite taille. Chapeau blanc, convexe, de 1 mm. 606 .7. LA GARDE de diamètre. Pied filiforme, de 12 mm. de long, villeux à la base. Lamelles espacées, peu saillantes, peu décurrentes. Un exemplaire. Genre MARASMIUS Tries, Epier., p. 372. Marasmius ramealis (Bulliard) Fries, Epier., p. 381. Provîncia de Ouipûzcoa {Espagne). — Cueva de Landarbastro C à Renteria, part, de San Sébastian (28-VII-17), n» 857, Un seul exemplaire. Chapeau convexe, fauve foncé vers le centre, plus clair à la j)ériphérie, de 3 mm. de diamètre. Pédicelle de 40 mm. de long, filiforme. Lamelles adnées, blanc crème. Marasmius epiphyllus Fries, Epier., p. 386. Département de VArdèche {France). — Grotte du Cuivre, commune de Chassagne, canton des Vans (7-1-14), ji» 755. Champignon blanc. Chapeau de 2 à 3 mm. de diamètre. Pied fili- forme, 2/10 de mm. de diamètire et 35 mm, de long, finement pruineux, un peu villeux à la base. Lamelles peu saillantes, espacées, adhérentes ou faiblement décurrentes. Provincia de Ouipûzcoa {Espagne). — Cueva de Oriamendi à Hernani, part, de San Sébastian. (27-VITI-17), n» 860. Trois petits exemplaires présentant les mêmes caractères que le précédent. Genre PANUS Fries, Epier., p. 396. Provînz Krain {Autriche). — Grotte d'Adelsberg à Adelsberg, Bezirk Adelsberg (25 IV- 14), n» 772. Un seul échantillon déformé, classé, avec doute, dans ce genre Panns. Genre SCHÏZOPHYLLUM Fries, 1815. Schizophyllum ^commune Fries, 1821, p. 330. Provincia de Baléares {Espagne). — Cueva argentera à Santa -Eulàlia, part, de Ibiza (15-III-17), n» 847. Un seul exemplaire présentant un pied latéral de 2 cm. 1/2 de long continué par un chapeau étalé en éventail de 1 cm. 5 de lar- geur. CHAMPIGNONS 60': Génie PHOLIOTA Fiks, 1821. Pholiota unicolor Vah] (v. Saccardo, 1887, p. 759). Provincia de Gtdpûzcoa (Espagne), — Grotte del Kursaal à Alza, part, de San Sébastian ( 16- VIII- 17), no 859. Champignon couleur terre d'ombre, de 5 à 6 cm. de haut. Chapeau ayant 1 cm. 1/2 de dia- mètre. Pédicelle fistiûeux, de 3 mm. de diamètre en moyenne, légèrement plus épais à la base et allant en s 'atténuant vers le sommet. Les échantillons pré- sentent, au voisinage du som- met, les traces, très apparentes, d'un anneau disparu. Feuillets nombreux, serrés, adhérents, de couleur cannelle." Spores ocracées, ovoïdes, de 6 à 8 [X de long sur 4 à 5 [x de diamètre. Cystides renflées, de 9 à 10 [i de diamètre, surmontées d'une protubérance conique qui atteint 4 [j. de hauteur (fig, iv). ±ig. IV. — a. Echantillons grand, nat. — 6. Basides, cystides et spores. Qross. 900. Genre NAUCORIA Fries, 1821. Naucoria camerina Fries, Epier., ]). 196. Provincia de Guipôzcoa (Espagne). — Cueva de Austokieta à Lizargua, part, de Tolosa (4-X-17), n» 865. Echantillon unique. Substratum inconnu. Chapeau de 18 mm. daas son plus grand diamètre, à bords relevés, formant mie sorte de coupe à cavité naviculaire. Pied cylindrique, tordu, de 35 mm. de long et un diamètre de 3 mm., lisse, creux dans toute sa lon- gueur. Feuillets à peine adhérents, presque libres, nombreux, ser- rés. Spores ocracées brunâtres, ovoïdes, de 6 sm' 4 (x. Cystides brunes, pjTiformes de 20 [i de long sur 7 à 8 u. dans leur plus gi'and dia- mètre. Le Champignon est de couleur brun roussâtre. 608 J. LAGARDE Genre COPRINUS Peisoon, 1797. Coprinus tomentosus Fries, Epier., p. 246. Provinz Kûstenland (Autriche). — Kromprinz-Rudolf-Grotte à Divaca, Bezirk Sezana (5-V-14), no 780. Deux exemplaires de 6 cm. de hauteur. Chapeau campanule, gris, strié, couvert de petites mèches fibrilleuses sauf sur son sommet qui est de couleur plus claire. Pédicelle fistuleux, velouté. Feuillets libres, violet-noir. Spores noires, ovoïdes, en forme de citron ; dimensions 8 à 9 [i sur 6 à 7 [X, un peu plus petites que dans le type. Coprinus plicatilis (Curt.) Fries, Epier., p. 252, Provinz Krain {Autriche). — Grotte d'Adelsberg à Adelsberg, Bezirk Adelsberg (25-IV-14), no 772. Chapeau très mince, ovoïde, campanule. Sur un échantillon, la trame du chapeau, détruite entre les feuillets, laisse ceux-ci libres au sommet du pédicelle et flottant dans le liquide conservateur. Pédicelle cylindrique, mince et creux. Spores brunes, ovoïdes, de 10 à 13 (x sur 6 à 8 (z. Coprinus sp. Provincia de Huesca (Espagne). — Cueva del Orso de Anso à Anso, part, de Jaca (29-VII-14), n» 876. Deux échantillons de 5 cm. de hauteur. Chapeau blanc, diaphane, avec feuillets transparaissant en noir ; diamètre : 4 à 5 mm. Pédicelle long et grêle, ayant 5 à 6/10 de mm. de diamètre et 5 cm. de longueur. Feuillets noirs, libres, nombreux. Spores noires, ovoïdes, de 7 à 9 [x sur 4 à 6 (X. Fragments d'Agaricinées. Département de la Dordogîie (France). — Grottes du Souci, commune de Cubjac, canton de Savignac-les-Eghses (28-VIII-15), n» 800. Ti"ois fragments d'Agaricinées, de couleur blanche. Chapeaux de 1 mm. de diamètre environ. Pédicelles de 2/10 de mm. de diamètre. Provincia de Navarra (Espagne). — Cueva Akelar à Larraun, part, de Pamplona (9-XI-17), n» 869. Deux cordons cylindriques blancs, l'un de 120 mm. et l'autre de 76 mm. de longueur et ayant environ 1/2 mm. de diamètre. Ce sont des pédicelles ou des fragments de pédicelles d'Agaricinée. Aucune trace de chapeau. CHAMPIGNONS 609 V. FUNGI IMPERFEGTI 1. Sphaeropsidées Genre PIROSTOMA Tries, Sum. Veg. Se, p. 395. Département du Gard (France). — Grotte de Tharaux, commune de Tharaux, canton de Barjac (5-1-14), n» 750. Sur débris de feuilles indéterminables. Quelques pycnides en forme de bouclier, de couleur charbonneuse, avec petit orifice au centre. C'est avec doute que je rapporte au genre Pirostoma cet échantillon sur lequel je ne trouve aucun organe reproducteur. 2. Hyphoinycètes a. MUCÉDINÉES Genre SPOROTRICHUM Link. Sporotrichum polysporum Link (v. Saccardo, 1886, p. 98). Département de VArdèche {France). — Grotte de Banne, commune de Banne, canton des Vans (6-1-14), n^ 752, Petits amas cotonneux, blancs, irréguliers, mesurant environ 2 mm. fixés sur des fragments de vieille écorce. Ces amas sont constitués par un enchevêtrement très lâche de fins filaments hyalins de 1 (x environ de diamètre totalement masqués par une quantité innombrable de conidies globuleuses qui prennent naissance sur toute l'étendue des filaments et sont fixées sur un très grêle et très court stérigmate. Le diamètre de ces conidies varie de 1 à 1 jx 1/2. Sporotrichum sp. Département du Douhs {France). — Grotte Saint-Léonard supé- rieure, commune de Besançon, canton de Besançon-Sud (Eté 1916), no 883. Sur des fragments de vieilles écorces. Petits amas blancs, cotonneux, irréguliers, de 2 mm. environ, constitués par des filaments hyalins de 2 à 3 (x de diamètre. Ces filaments, ramifiés et cloisonnés, portent, pour AbCH. DB ZOOL. BXP. BT GÉN. - T. 60. — F. 9. 43 610 J. LA GARDE la plupart, sur toute leur étendue, des conidies isolées, sphériques ou subsphériques, de 6 [x environ de diamètre, surmontant un très court stérigmate. Remarque. — Cet échantillon, présentant les caractères macros- coj)iques du précédent, s'en distingue par le diamètre, beaucoup plus grand, des filaments et des conidies. Genre BEAUVERIA Vuillemin, 1912. Beauveria globulifera Picard, 1913, p. 160. Département de VAude {France). — Grotte de Gazel, commune de Sallèles Cabardès, canton de Conques (23-XI-13), n» 727. Enchevêtrement cotonneux, blanc, très serré, sur le corps. d'un petit Diptère. La dilacération, sous le microscope, permet de résoudre cet enche- vêtrement en un nombre considérable de glomérules globuleux de 40 à 50 [X de diamètre. Chacun de ces glomérules est constitué par un lacis de filaments très fins et de conidies sphériques ou ovoïdes de très faibles dimensions, 2 (x environ sur leur j)lus gi^and axe. Département du Donhs {France). — Grotte de Gonsans, commune de Gonsans, canton de Roulans (7-VI,-16), n» 824. Enchevêtrement cotonneux, blanc, enveloppant complètement le corps d'Opilionidés et s 'étendant le long des pattes. Département du Donhs {France). — Grotte Saint-Léonard supérieure, commune de Besançon, canton de Besançon-Sud (Eté 16), n^ 883. Sur OpUionides. Corps de l'hôte totalement envahi par un enche- vêtrement dense de filaments. L'ensemble apparaît comme un petit flocon d'ouate. A un grossissement de 30, la masse se montre constituée par de petits amas globuleux. Remarque. — Les trois échantillons figurant sous les n^s 727, 824 et 883 sont identiques à ceux décrits et figurés dans Biospeologica (La- garde, 1913, p. 289, et 1917, p. 294) sous les n^^ 160 et 591. Mucédinée verticilliée. Département du Doubs {France). — Grotte Maillot, commune de Beure, canton de Besançon-Sud (Hiver 17,) n^ 885. Sur petit Diptère. Le corps et les pattes sont recouverts d'un feutrage CHAMPIGNONS 611 très lâche de filaments hyalins ramifiés. Les rameaux terminaux sont souvent verticillés par 3-5. Les filaments mesurent de 3 à 4 jx de diamètre. Filaments de Mucédinée. Département de VHérauU (France). — Grotte de l'Hortus, commune de Valflaunès, canton de Claret (26-XII 13), n^ 734. Au mille a de débris d'Lisectes, tels que fragments de corselet, de XDattes, d'ailes, etc., on trouve des filaments hyaliens, cloisonnés, de faible diamètre. Absence d'appareil reproducteur et de conidies. b. DEMATIEES Genre ÉCHINOBOTRYUM Corda. Echinobotryum parasitans Corda, 1840, p. 17. Département du Doiibs {France). — Grotte Saint-Léonard supé- rieure, commune de Besançon, canton de Besançon-Sud (Eté, 16), no 883. Agglomération de conidies rencontrées au milieu des filaments d'un Sporotrichum. Ces conidies, de couleur roussâtre, tachetées de brun, ont la forme d'une poire et mesurent environ 8 (x de diamètre sur 12 (jl de longueur, y compris le col. Ce col ne dépasse guère 4 (jl de long et est plus réduit que dans le type. Genre CLATEROSPORIUM (Schw.) Saccardo. Claterosporium atrum (Link) Saccardo. Département de VAude {France). — Grotte de Limouzis, commune de Limouzis, canton de Conques (24-XL13), nP 724. Dans le tube n^ 742, contenant quelques échantillons de Dasycypha virginea, se trouvent des débris de filaments bruns, irréguliers, cloi- sonnés, mélangés à des conidies brunes, oblongues, plus ou moins allongées et présentant de 2 à 6 cloisons. Leur longueur varie le plus fréquemment entre 8 et 40 (x, mais peut dépasser cette dernière dimension. Le nombre de cloisons est, le plus souvent, de 2 à 3. L'état de l'échantillon ne permet pas une identification rigoureuse avec le type. 612 J. LAGARDE Dématîée indéterminable. Provinz Krain {Autriche). — Mi'zla jama à Blaska Poliza, Bezirk Loitsch (28-IV-14), no 775. Filaments enchevêtrés en une petite pelote brunâtre, sans support. Ces filaments sont de deux sortes : les uns brans, les autres hyalins ou légèrement jaunâtres. Les filaments bruns, ramifiés, mesurent de 2 à 5 [j. de diamètre. La longueur des articles cellulaires est de 15 à 60 a. Les filaments clairs, font parfois suite aux précédents et paraissent correspondre aux parties jeunes du mycélium ; leur diamètre est plus petit. On rencontre, disséminées dans l'enchevêtrement mycélien, des spores ovoïdes brunes, unicellulaires, mesurant 6à 8 sur 10 à 15 \i. Aucune d'elles n'a pu être vue en rapport avec les filaments fongiques. Ce champignon fait partie de l'ensemble des Dématiées amérosporées, mais ne peut être, avec certitude, incorporé dans aucun genre de ce groupe. c. HYALOSTILBÉES Genre ISARIA Persoon, 1797. Isaria arachnophila Ditmar (v. Saccardo, 1886, p. 587). Département de VAude {France). — Grotte du cimetière de Sallèles, commune de Sallèles-Cabardès, canton de Conques (23-XI-13), n» 726. Sur le corps et les pattes d'une Araignée. Enchevêtrement de fila- ments très fins, de0(i,6à l(x5de diamètre, hyalins, à peu près isodia- métriques sur toute leur longueur. Ces filaments, peu ramifiés, sont irrégulièrement bifurques à leur extrémité. Ils présentent latéralement de nombreux conidiophores qui portent des groupes de conidies ovoïdes, très petites, mesurant de 3 à 4 [i, de long sur 1 à 1 (x 5 de diamètre. Isaria felina (D. C.) Fries, 1829. Provincia de Alîcante {Espagne). — Cueva Tallada à Dénia, part, de Dénia (lO-IV-17), n^ 852. Sur petites agglomérations qui paraissent être des matières sterco- raires. Nombreux appareils conidiophores, blancs, de 1/2 cm. de hauteur en CHAMPIGNONS 613 moyenne. La moitié supérieure de chacun de ces appareils, renflée en fuseau, est conidifère. Elle est supportée par une région stérile, le pédi- celle, dont le diamètre ne dépasse guère 1/10 de mm. Ce pédicelle est constitué par un ensemble de filaments hyalins, cloisonnés, de 3 [x environ de dia- mètre, disposés pa- rallèlement en fais- ceau. La région fertile présente sur sa pé- riphérie, et tout le long des filaments qui la constituent, de courts rameaux renflés en massue, de 3 à 1 2 [X de long sur 2 à 3 [x de plus grand diamètre. Les conidies prennent naissance sur ces rameaux ; elles présentent parfois un très court stérigmate, plus ou moins apparent. Elles sont hyalines, ovoïdes et mesurent de 2,5 à 3 [x 5 de long sur 2 à 2 (x 5 de diamètre (fig. v). Fig. V. — a. Conidiophores. Gross. 12. — b. Filaments conidifères et conidies. Gross. 900. Isaria sp. Département du Doubs (France). — Grotte de la Baume Archée, com- mune de Mouthier-Haute-Pierre, canton d'Ornans (27 IV-16), n^ 819. Sur Trichoptères. Le corps est totalement recouvert par des amas floconneux blanchâtres, plus épais et plus denses au niveau des articu- lations. Ils forment, sous le corselet et sous l'abdomen, des coussinets du milieu desquels s'élèvent de petits organes filiformes, parfois bifurques ou trifurqués au sommet; les extrémités sont, parfois aussi, légèrement renflées. Ces organes, de 1 cm. de long au maximum, mesurent de 3 à 4/10 de mm. de diamètre. Conidies non vues. Département de la Côte-d'Or {France). — Grotte d'Antheuil, commune d'Antheuil, canton de Bligny-sur-Ouche (13-VI-15), n» 838. Touffes buissonnantes s'échappant de chaque côté du corps d'un Dip- 614 J. LAGARDE tère, au niveau des articulations. Ces touffes sont constituées par des troncs basilaires, ijTéguliers, épais de 150 à 300 pi, donnant de nombreuses ramifications de plus en plus fines, à peine 10 [x vers leurs extrémités. Troncs et rameaux sont dus à l'association de filaments incolores de 3 à 4 (ji de diamètre, groupés parallèlement en faisceau. Ces filaments, à .surface irrégulière, présentent de petites protubérances et de fines granulations superficielles. Conidies non vues. Genre TILACHLIDIUM Preuss. Tilachlidium Eleutheratorum (Nées) Vuillemin (in litt.). Syuon. — Isaria Guignardii MAHEtr, 1906, p. 115. Mahevia Guignardii (Mahetj) Lagakde, 1917, p. 292. Département de VArdèche {France). — Grotte nouvelle de Vallon, commune de Vallon, canton de Vallon (8-1-14), n^ 757. Sur Dîaprydius caudatissimus. Département des Hautes-Pyrénées {Frayice). — Grotte de Castel-Mouly, commune de Bagnères-de-Bigorre, canton de Bagnères-de-Bigorre (10- VIII- 17), no 844. Sur ApJiaenops LeschenauUi. Provincia de Guipûzcoa {Espagne). — Cueva de Mendicute à Albistur, part, de Tolosa (9-X-17), n» 8G7. Sur SolpMdés. Remarques. — Aucun des trois échantillons ne porte de conidies. Les cordons corémiens sont courts, en mauvais état, et les rameaux co- nidifères rares. Ces échantillons ne me permettent pas de compléter, ni de mieux préciser mes observations antérieures (Lagarde, 1913, p. 290, et 1917 a, p. 292) relatives à cet organisme. Je crois cependant nécessaire de revenir sur ceUes-ci. En 1917, après avoir pris connaissance de mon mémoire, M. Vuille- min, me communiquait fort obligeamment, les résultats inédits d'obser- vations qu'il avait faites sur un matériel récolté en juin 1913, par M. Mercier, dans une galerie de mine de fer à Maxéville, près de Nancy. Le Champignon étudié était fixé sur Quedîus mesomelmus Marsh, l'hôte de l'espèce de Maheu. Les échantillons avaient permis à M. Vuillemin de relever certains caractères non apparents sur mon matériel conservé depuis plusieurs CHAMPIGNONS 615 années et ayant supporté plusieurs déplacements. Il pouvait observer « l'extension des sporophores jusqu'à la base des rameaux » et l'existence, en place, « de glomérules ovales, de deux ou de trois spores juxtaposées « sous une mince couche hyaline de mucilage qui agglutine les conidies. » Certains glomérules détachés de leur support contenaient jusqu'à six conidies. Ces considérations avaient amené M. Vxjillemin à classer ce Cham- pignon dans le genre Tîlaclilidium et, l'identifiant avec Isaria Eleuihe- ratorum Nées, il l'étiquetait Tilachlidium Eleutheratorum, confirmant ainsi le rapprochement que j'avais déjà fait (Lagarde, 1913,. p. 292) entre l'espèce de INIaheu et celle de Nées. Les suggestions de M. Vuili.emin me déterminèrent à revoir mon matériel et j'arrivai alors à cette conclusion que les conidies, souvent isolées, mais parfois aussi groupées par 2 ou 3, y sont toujours entourées, indépendamment de leur membrane propre, « d'une enveloppe supplé- mentaire » dont la paroi réfringente, nettement délimitée, constitue une sorte de coque distincte des conidies. (Lagarde, 1917 b, p. 130, fig. b, c, d). A cet état, et sous cette forme, la nature de cette enveloppe paraissait plutôt membraneuse que mucUagineuse. M. VuiLLEMiN, que j'informai du résultat de mes investigations en lui communiquant mes dessins, émit l'opinion « que l'enveloppe réfringente, (( indéi)endante de la membrane propre de la conidie, est formée d'une « substance gluante limitée par un contour extérieur net. Le double « contour est un contour artificiel. » Je publiai alors sous le titre : « A propos du Mahevia Guignardii » mes nouvelles observations qui mettaient au point les faits antérieure- ment observés. Je me gardai, toutefois, d'émettre aucune hypothèse, laissant ainsi à M. Vuillemust la possibilité de publier intégralement ses observations et de mettre lui-même l'espèce de Maheu à la place qu'il lui avait attiibuée dans les cadres systématiques. M. Vuillemin ne l'a point fait. Il me prie aujourd'hui, fort aimable- ment, de le faire. Il est possible en effet, et cela me paraît à peu près certain, que l'enveloppe, nettement délimitée sous forme de membrane entourant les conidies isolées ou les petits glomérules conidiens observés sur le matériel fixé que j'ai étudié, soit le résultat artificiel de la contraction, sous l'influence du liquide fixateur, d'un mucilage identique à celui que M. Vuillemin a observé sur ses échantillons frais. 616 J. LAGARDE En admettant cette hjrpothèse, au moins vraisemblable, et devant l'identité reconnue des échantillons de Maheu, de ceux de Vuillemin et des miens, je dois faire entrer mon Mahevia dans le genre Tilachlidium et, avec M. Vuillemin, identifier Isarîa Guignardîi avec Isaria Eleu- theratorum. d. PHACOSTILBÉES Genre SPOROCYBE (Fries) Bonorden. Sporocybe sp. Départements du Gard {France). — Grotte de Tharaux, commune de Tharaux, canton de Barjac (5-1-14), n^ 750. Appareils conidifères isolés au milieu de débris végétaux. Hauteur, 1/2 mm. environ. Le pédicelle a 15 [x de diamètre et est constitué par des filaments brans de 2 (j, de diamètre. Conidies ovoïdes ou sphériques, brunes, de 3 à 4 pi sur 4 à 5 [x. Cette forme paraît se rapprocher beaucoup du Sporocybe byssoides sans pouvoir cependant lui être rigoureusement identifiée. Département de VHérauït (France). — Grotte des Rives, commune de Saint-André-de-Buèges, canton de Saint -Martin-de -Londres (29-XII-13), no 738. Petite agglomération de débris organiques portant de nombreux conidiophores formés chacun d'un faisceau de filaments à membrane brun foncé. Ces conidiophores, qui paraissent noirs, mesurent de 1/2 à 1 cm. de haut. Quelques-uns sont terminés par un léger renflement eUij)6oïde constituant la région conidifère ; la plupart sont décapités. Les filaments du pédicelle mesurent de 3 à 4 [i, de diamètre. Les cloisons, très espacées, délimitent des cellules allongées pouvant atteindre 35 [x. La région terminale, conidifère, est formée de filaments irrégulière- ment ramifiés, portant latéralement, sur un court stérigmate, des co- nidies brunes, unicellulaires, à peu près isodiamétriques, mesurant entre 5 et 8 [x. Leur surface, irrégulière, présente parfois des ornements saillants en forme de réseau à très larges mailles. Provincîa de Navarra (Espagne). — Cueva de Martinchurito I à Larraun, part, de Pamplona (9-XI-17), n^ 870. Agglomération de débris organiques portant cinq conidiophores CHAMPIGNONS 617 de 1/2 cm. environ de hauteur. Région conidifère ovoïde de 120 p, sur 80 \j.. Conidies unicellulaires, à peu près sphériques, brunâtres, plus ou moins claires, agglomérées en grand nombre sur les rameaux conidifères ; eUes mesurent environ 2 [x de diamètre. Genre STYSANUS Corda, 1837. Stysanus typhoïdes Lagarde, 1917, p. 290. Département du Gard {France). — Grotte de la Calmette, commune d'Allègre, canton de Saint-Ambroix (4-1-14), n» 748. Sur crottes de Rongeur. Conidio]3hores en état de vétusté, mais pré- sentant les caractères du type. PHAEOSTILBÉE ? Département de VHérault {France). — Grotte du bois de Madame, commune de Ganges, canton de Ganges (30-XII-13), n» 740. Département du Gard {France). — Grotte de Bégué-Ponchon, com- mune de Pompignan, canton de Saint-Hippolyte-du-Fort (1-1-14), no 743. Département du Gard {France). — Baume des Italiens, commune de Méjeannes-le-Clap, canton de Barjac (5-1-14), n^ 749. Département de VArdèclie {France). - — Grotte du Cuivre, commune de Chassagne, canton des Vans (7-1-14), n" 755. Les échantillons trouvés dans ces différentes gi'ottes sont identiques. Ce sont des agglomérations de débris organiques (crottes de petits Mam- mifères probablement) portant des appareils pédicellés de 8 à 12 mm. de hauteur totale (fig. vi, a). Le tiers supérieur de ces appareils est occupé par un renflement ovoïde bien distinct du pédi celle. Examinée à un grossissement de 10 environ cette région se montre constituée par des corpuscules sphériques écliinés (fig. vi, h). Le corps central de chaque corpuscule mesure 250 (x environ de diamètre et les piquants atteignent jusqu'à 300 [jl (fig. VI, c). L'armature échinée est formée de filaments à membrane brune, rigides, peu et irrégulièrement ramifiés, anastomosés en un réseau imparfait, à mailles très larges, entourant le corps central . Les rameaux libres sont di'essés en piquants aigus (fig. vi, d). 618 J. LAQARDE Lorsqu'on dilacère l'un de ces corpuscules, on constate, indépendam- ment de l'armature écliinée, la présence de deux sortes de filaments : 1° des filaments foncés de 4 à 6 (jt, de diamètre, à membranes latérales et à cloisons transversales brunes et épaisses ; 2» des filaments plus clairs, de 1 à 3 [X de diamètre, à cloisons transversales brunes et épaisses, mais à Fig. VI. — a. Echaiitillou graud. nat. — b. Appareil sporifère. Gross. 10. — c. Corpuscule échiné. Gross. 75. — — d. Armature des corpuscules. Gross. 300. — e. Groupe de petites spores. Gross. 900. — /. Quel- ques grosses spores. Gross. 1200. membranes latérales plus minces et presque hyalines. En même temps la dilacération libère une grande quantité de spores brunes subsphériques ou ovoïdes, isolées ou agglomérées, ou bien encore disposées en chapelet (fig. VI, e). Ces spores mesurent de 3 à 4 tx de diamètre. Il n'a pas été possible d'établir les rapports entre ces spores et les filaments au milieu desquels on les voit sur les préparations. Dans quelques préparations on trouve, indépendamment de ces spores, d'autres spores beaucoup moins nombreuses, plus foncées et CHAMPIGNONS 619 mesurant de 7 à 8 [j, de diamètre. On en voit en place, sur quelques frag- ments des gros filaments (fig. vi, /). Le pédicelle, qui mesure environ 1/2 mm., de diamètre, est formé d'un faisceau de filaments brun foncé, de 4 jx de diamètre, ayant des mem- branes épaisses et des cloisons espacées. ' L'aspect général de ces appareils fongiques complexes, la disposition et le groupement bizarres des corpuscules échinés au sommet du pédi- celle sur lequel ils paraissent simplement accrochés par leurs piquants, la difficulté de reconnaître leur mode de formation et leur structure, l'igno- rance de l'origine et de la disposition des spores ne permettent pas l'iden- tification de cet organisme avec des formes connues. En attendant de pouvoir lui assigner une place précise dans les cadres de la systématique, je le mets provisoirement parmi les Phaeostilbées amérosporées. VI. SGLÉROTES, RHIZOMORPHES, FEUTRAGES MYGÉLIENS Provîncia de Guipûzcoa (Espagne). — Cueva de Landarbasto G à Renteria, part, de San Sébastian (28-7-17), n» 857. Corps massif de couleur noire, fusiforme. Dimensions, 8 cm. de long sur 8 mm. de diamètre dans la région renflée. La sectidn transversale montre une zone périphérique brune et une masse centrale blanc jau- nâtre. Provîncia de Guipûzcoa (Espagne). — Cueva del Kursaal à Alza, part, de San Sébastian (16-VIII-17), n» 859. Deux sclérotes oblongs, de couleur fuligineuse, l'un de 35 mm. sur 9 mm., l'autre de 25 mm. sur 5 mm. Ce sont probablement des sclérotes de Gollybia tuberosa. Provinz Krain (Autriche). — Grotte d'Adelsberg à Adelsberg, Bezirk Adelsberg (25-IV-14), n» 772. Cordons rhizomorphes cylindriques, creux, brmi noir, de 1 à 3 mm. de diamètre, portant des ramifications latérales qui naissent à peu près normalement à l'axe du cordon. Peu nombreuses, ces ramifications sont de plus petit diamètre que l'axe, 1/2 mm. environ. Elles ont une colo- ration plus claire, sui'tout vers les extrémités. v^ j La paroi de ce cordon tubulaire présente trois régions : une région 620 J. LAOARDE externe incolore mesurant de 25 à 100 [x d'épaisseur ; une région médiane colorée en brun foncé de 20 [x environ d'épaisseur ; une région interne dont l'épaisseur est variable entre 20 et 100 a. Cette paroi est formée de filaments disposés à peu près parallèlement à Taxe en un enchevêtre- ment serré jusqu'à la coalescence, ayant dans les coupes l'apparence d'un tissu pseudo-parenchymateux. Provinz Krain {Autriche). — Podpec Hôlile à Podpec, Bezirk Gottschee (3 V-14), n» 779. « L'aspect général de cet organisme est celui d'ini chevelu déracine,... « la j)lante pousse toujours sur le plancher de la grotte. Elle commence « par un mince filament noir fixé au sol jDar des crampons enfoncés dans « le sable. Puis le végétal s'allonge en se ramifiant et en s'épaississant ; « chaque rameau se fixant dans le sol par un crampon. L'extrémité « opposée est formée par plusieurs filaments libres, chaque filament se « terminant par une région végétative de couleur claire. La consistance « de ces ramuscules est ligneuse, mais cassante. La longueur dépasse « souvent 3 mètres. On les trouve seulement sur les sols sableux ou ar- « gileux. Tous ceux que nous avons observés s'irradiaient à partir d'un « centre formé par du bois pourri. (Racovitza, in htt., 17 juin 1914). Ces rhizomorphes sont des cordons cylindriques ramifiés, de 1 à 2 mm. de diamètre, constitués par un axe central blanc -grisâtre entouré d'un gaine peu adhérente et cassante, de coideur brun noirâtre (fig. vii, a et b). Cette coloration passe au brun-rougeâtre dans les jeunes rami- fications et devient plus claire aux extrémités. Une section transversale montre quatre régions nettement distinctes : un revêtement périphérique, une zone corticale, un manchon lacuneux, une région médullaire (fig. vii, c et d). Le revêtement est formé d'un tissu pseudo -cellulaire, à cellules polyé- driques dont la paroi épaisse est colorée en rouge-brnn. Cet ensemble, qui mesure de 15 à 25 [x de largeur, a l'apparence et la consistance d'un tissu sclérifié. La zone corticale, en continuité avec le revêtement, s'en distingue à la fois par l'absence de coloration et par l'aspect du tissu qui la cons- titue. Les pseudo-cellules, variables dans leur forme et dans leurs dimen- sions, présentent des parois très irrégulièrement épaissies et incolores Elles y ont toute l'allure de cellules collenchymateuses. Cette zone, plus étendue que le revêtement, varie entre 70 et 100 (x de largeur. CHAMPIGNONS 621 Le manchon lacuneux est un espace circulaire creux, traversé par des filaments anastomosés ou des faisceaux de filaments qui relient la gaine à l'axe central. Il en résulte une très faible adhérence entre ces deux régions. La gaine externe fragile, cassante, cède facilement à une faible traction laissant à nu l'axe central blanchâtre (fig. vii, 6). Fig. VII. — o. Fragment de rhizomorphe grand, nat. — b. Fragment en partie décortiqué. Gross. 25. — c. Sectioi transversale du cordon. Gross. 45. — d. Section transversale du cortex. Gross. 900. La région médullaire est constituée par un faisceau com^îact de fila- nients plus ou moins enchevêtrés, mais dont l'orientation demeure à peu près parallèle à l'axe du cordon rhizomorphe. Ces filaments hyalins sont de très faible diamètre et mesurent de 2 à 3 (x ; leurs parois fortement épaissies sont réfringentes sous le microscope ; leur cavité très réduite 622 J. LAOARDE apparaît sous l'aspect d'une ligne grisâtre suivant l'axe de chaque fila- ment. Les caractères de ce rhizomorphe correspondent à ceux du RMzo- morpha suhcorticalis Pers, (v. Saccardo, XIV, p. 1180, et Letellier, Figures des Champ, servant de suppl. aux pi. de Bulliard, pi. 680, fig. 3 et 4). Provîncia di Salerno (Italie). . — Grotta di Civale à Ravello, Arr. d'Amalfi (17-V-17), n» 843. Fragments de Rhizomorphes de couleur brune. Département du Jura {France). — Grotte de Baume -les -Messieurs, commune de Baume-les-Messieurs, canton de Voiteur (25-VII-16), no 892. Cordons rhizomorphes (débris). Provinz Krain {Autriche). — Grotte d'Adelsberg à Adelsberg, Bezirk Adelsberg (25-IV-14), n» 772. A la face inférieure du corselet d'un très petit Coléoptère rouge- acajou, on voit quelques minuscules plaques membraneuses blanches, constituées par un feutrage serré de filaments très fins, abondamment cloisonnés. . Département du Doubs {France). — Grotte de Fourbanne, commune de Fourbanne, canton de Baume -les -Dames (2-VI-16), n^ 817. Sur petite crotte de Rongeur, feutrage mycélien blanc, serré en une sorte de membrane. Provîncia de Huesca {Espagne). — Cueva del Cantal à Acumuer, part, de Jaca (21-VII-14), no 783. Enchevêtrement lâche de filaments fongiques englobant des débris d'Insectes. Provincia dé Valencia {Espagne). — Cueva de las Maravillas à Alcira, part. d'Alcina (23-III-17), n» 849. Petites agglomérations d'une substance blanc jaunâtre qui, probable- ment, n'a rien de fongique. Provincia de Huesca {Espagne). — Cueva de las Guixas à Villanùa, part, de Jaca (23- VII- 14), n^ 784. Petite graine à tégument noir, en germination. La radicule blanche simule le pied grêle d'un Champignon et la graine qui la surmonte, représente le chapeau. CHAMPIGNONS 623 /NDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1884. Bainier(G.). Nouvelles observations sur la zygospore des Mucorinées. {Ann.Sc. nat. Bot., 6^ série, t, 19). 1903. Bainier (G.). Sur quelques espèces de Mucorinées nouvelles ou peu connues. (Bull. Soc. myc. Fr., t. 19). 1909. Bainier (G.). Monographie des Chaetomidium et des Chaetomium. [Bull. Soc. myc. Fr., t. 25). 1885. BouDiER (E.). Nouvelle Classification naturelle des Discomycètes charnus (Epinal, V. Collât), 1907. BouDiER (E.). Histoire et Classification des Discomycètes d'Europe {Paris, P. Klincksieck). 1839. Corda (A. C. 1.). Pratchflora europaïscher Schimmelbildung. {Leipzig, G.Fleis- cher) . 1840. Corda (A. C. I.). 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Liste des numéros de matériel avec énumération des espèces récoltées. 724. - Dasyscyha virginea Fuckel. - - Mycena polygramma Frics. - - Claterosporium atrum Saccardo. 779. - Rhizomorpha subcorticalis Persoon. 726. - Isaria arachnophila Ditmar. 780. - Coprinus tomentosus Pries. 727. - Beauveria globulifcra Picard. 784. - Graine en germination. 730. - Peniophora quercina Coolie. 800. - Fragments d'Agaricinée. 734. — Filaments de Mucédinêe. 817. - Feutrage mycélien. 736. - Mucor Mucedo Linné. 818. - Qymnoascua Reessii Baranctzky. - - Ombrophila janthina Karsten. 819. - Isaria sp. 737. - Mycena supina Pries. 821. - Ustulina vulgaris Tulasne. 740. - Phaeostilbée amérosporée. 824. - Trichoseypha. resinaria Phillips. 742. - Hyalinia dilutella Boudier. - - Beauveria. globulitera. Picard. 744. - Mycena sp. 838. - Isaria sp. - - Peniophora querciua Cooke. 843. - Fragments de Rhizomorphe. 745. - Chactomium elatuni Kunzc. 844. - Tilachlidium Eleutheratorum Vuillemin - - Sclerotinia. 847. - Schizophyllum commune Frics. 746. — Stereuiu. 849. — Substance amorphe non fongique. 748. - Stysanus typhoïdes Lagarde. 851. — Mucor sp. 749. - Phaeostilbée amérosporée. 852. - Isaria felina Pries. 750. -Pirostoma. 854. - Phycomycète. — — Sporocybe sp. 857. — Marasmius ramealis Pries. 752. - Sporotrichum polyspermum Link. - - Sclérote. 755. Hymenogaster vulgaris Tulasne. 859. - Pholiota unicolor Vahl. - - Marasmius epiphyllus Pries. - - Sclérote. - - Phaeostilbée amérosporée. 860. - Marasmius epiphyllus Frics. 757. - Tilochladium Eleutheratorum Vuillemin. 861. - Omphalia scyphoides Fies. 758. - Plasmode de Myxomycète, 865. - Naucoria camerina Pries. - - Chaetomium sp. 867. - Tilachlidium Eleutheratorum Vuillemin. 759. - Phycomycète. 869. - Omphalia polyadelpha Lasch. 761. - Omphalia integrella Persoon. - - Pédicelles d'Agaricinées. 772. - Coprinu3 plicatilis Pries. 870. - Mycena Mucor Pries. - - Panus. - - Sporocybe sp. - - Rhizomorphes. 880. - Mycena flavo-alba Pries. — — Feutrages mycéliens. 883. - Beauveria globulifcra Picard. 773. - The'ephora spiculosa Pries - - Echinobotryum paras itans Corda. - - Clitocybe sp. - - Sporotrichum sp. — — Mycena sp. 885. — Mucédinêe verticilliée. 775. - Dématiée amérosporée. 892. - Cordons rhizomorphes. 777. - Cordyceps sp. - - Phycomycète. - Mycena stylobates Pries. - - Spores de Myxomycète. - Mycena vitilis Pries. CHAMPIGNOÈS 625 Index alphabétique des espèces avec leur numéro de matériel. Agaricinécs incomplet es, n"* 800 et 869 608 arachnophila (Isaria), n" 726 612 atrum (Claterosporium), n" 724 611 camerina (Naucoria), n° 865 607 capillaris (Mycena), n" 742 604 Chaetomium sp., n° 758 597 CIitocybesp.,no773 602 commune (Schizophyllum), n" 847 606 Coprinus sp., n° 786 608 Cordyceps sp., n" 777 598 Dématiée, n" 775 612 dilutella (Hyalinia), n» 742 599 elatum (Chaetomium), n° 745 597 Eleutheratorum (Tilachlidium), n»» 757, 844 et 867 614 epiphyllus (Marasmius), n»» 755 et 860) 606 felina (Isaria), n° 852 612 Feutrages mycéliens, n»s 772 et 817 619 Filaments fongiques, n° 783 622 flavo-alba (Mycena), n° 880 603 globulifera (Beauveria), n°^ 727, 824 et 883 610 Graine en germination, n" 784 622 gypsea (Mycena), n° 868 603 integrella (Omphalia), n" 761 605 Isaria sp., n"- 819 et 838 613 janthina (Ombrophila), n° 736 598 Mucédlnées, n"* 734 et 885 610 Mucedo (Mucor), n° 736 594 Mucor (Mycena), n° 870 604 Mucor sp., n" 851 595 Mycena sp., n"^ 744 et 773 605 Myxomycètes, n»-' 758 et892 594 Panus sp., n" 772 606 parasitans (Behinobotryum), u° 883 611 Phaeostilbées, n"* 740, 743, 749 et 755 617 Phycomycêtes, n"" 759, 854 et 892 595 Pirostoma sp., i\° 750 609 plicatilis (Coprinus), n» 772 608 polyadelpha (Omphalia), n" 869 605 polygramraa (Mycena), n° 777 603 polyspermum (Sporotrichum), n" 752 ()09 quercina (Peniophora), n""* 730 et 744 ' 601 ramealis (Marasmius), n° 857 606 Reessii (Gymnoascus), n" 818 59(i resinaria (Trichoscypha), n° 824 601 Sclérotes, n"» 857 et 859 '. 619 Sclerotinia .sp., n° 745 599 scyphoides (Omphalia), n" 861 605 spiculosa (Thelephora), n° 773 602 Sporocybe sp., n°" 750 et 870 616 Sporotrychum sp., n" 883 609 Stereum, n» 746 602 stylobates (Mycena), n" 777 604 subcorticalis (Rhizomorpha), n" 779 622 Substance amorphe, n° 849 622 supina (Mycena), n" 737 604 Thureti (Saprolegnia), n" 790 595 tomentosus (Coprinus), n" 780 608 typhoïdes (Stysanus), n" 784 617 unicolor (Pholiota), n» 859 607 virginea (Dasyscypha), n" 724 600 vitilis (Mycena), n" 777 603 vulgaris (Hymenogaster), n" 755 601 vulgaris (Ustulina), n» 821 598 Arch. de Zool. Exp. et GÉN. - T. 60. - F. 9. MBL WHOI LIBRARY UH 17Rb M Vï '.-^FAf '^/ «> n '*ii # 'X -- 'A ^ 11'" r^ •?■ ■f""^ ■JS^it! }K A-li;