DUT Arnold Arborctum Libraru THE GIFT OF FRANCIS SKINNER OF DEDHAM IN MEMORY OF FRANCIS SKINNER (H. C. 1862) Received Digitized by the Internet Archive in 2015 https://archive.org/details/archivesdumuseum1i0muse ARCHIVES DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE TOME X PARIS. — IMPRIMERIE DE J. CLAYE RUE SAINT-BENOIT, 1? ARCHIVES DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE PUBLIÉES PAR LES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS DE CET ÉTABLISSEMENT PARIS GIDE, LIBRAIRE-ÉDITEUR 5, RUE BONAPARTE 1858-1861 = 4 340 m4 Li AA be 1 Ni D DESCRIPTION DES MAMMIFEÈRES NOUVEAUX OÙ IMPARFAITEMENT CONNUS DE LA COLLECTION DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE ET REMARQUES SUR LA CLASSIFICATION ET LES CARACTÈRES DES MAMMIFÈRES. QUATRIÈME MÉMOIRE FAMILLE DES SINGES SECOND SUPPLÉMENT Par M. Isinore GEOFFROY SAINT-HILAIRE Les trois Mémoires que J'ai successivement publiés sous ce même titre et dans ce même recueil, en 18431, 1845 ? et 18525, compren- 4. Dans le tome II, p. 485 à 592. Ce Mémoire comprend les généralités sur la famille des Singes, et traite spécialement des Singes de l’ancien continent. 2. Dans le tome IV, p.5 à 42. Ce Mémoire est entièrement relatif aux Singes américains. 3. Dans le tome V, p. 529 à 584. Ce Mémoire, supplémentaire aux deux premiers, comprend des espèces des quatre tribus de la famille des Singes, mais surtout des deux tribus américaines que venait d'enrichir considérablement le voyage de MM. de Castelnau, Weddell et Deville. Je dois avertir, dès le commencement de ce travail, que le mot Simrens y est partout substitué au mot PITRÉCIENS, souvent employé dans les divers Mémoires qui viennent d’être cités, pour la première des quatre grandes tribus des Singes. J'avais cru devoir conserver pour le genre Orang, comme le faisaient généralement les zoolozistes, le nom latin de Pithecus ; d’où dérivait, pour la tribu à laquelle il appartient, le nom de Pithéciens, Pithecina. Mais les auteurs, par une juste application de l’une ARCHIVES DU Muséum, T. X. . 1 2 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. nent, avec des considérations générales sur les Primates, la descrip- tion de trente-neuf espèces de Singes, savoir : vingt-deux de l’ancien monde, appartenant aux genres Simia, Hylobates, Semnopithecus, Miopithecus, Cercopithecus, Macacus, Cynopithecus, Theropithecus et Cynocephalus, et dix-sept américaines, faisant partie des genres La- gothriæ, Cebus, Saimuris, Callithrix, Nyctipithecus, Prthecia, Brachyurus et Midas. J’ai résumé les caractères de toutes ces espèces et de celles que J'avais antérieurement décrites, dans la première partie du Cataloque méthodique des Mammifères du Muséum d'histoire naturelle, que j'ai publiée il y a quelques années, et qui comprend, avec les Singes, les trois autres familles de l’ordre des Primates ?. Dans le présent Mémoire, je m’occuperai spécialement du Singe gigantesque et à quelques égards si voisin de l’homme, le Gorille Gina (Gorilla Gina), dont la découverte a produit, il y a quelques années, une si vive sensation parmi les naturalistes, et même en dehors de la science. L'intérêt hors ligne qui s’attachait, sous divers points de vue, à la découverte du Gorille, me faisait un devoir de me livrer à l’étude de ce Primate, dès le jour où J'en avais les moyens.-C’est dans les der- niers Jours de 1851 que la frégate à vapeur l’Eldorado, commandée par M. l'amiral Penaud (alors capitaine de vaisseau}, apportait à Lorient les deux premiers individus, l’un adulte, l’autre jeune, qu’on eût vus en Europe ÿ; Le 16 janvier 1852, ils arrivaient au Mu- des règles principales de la nomenclature zoologique, ont successivement repris pour le genre Orang, ot ils emploient aujourd'hui presque unanimement l’ancien nom Smra ; et à celui-ci doit nécessaire- ment correspondre pour la tribu le nom de SImIENxs, Simiina. ai déjà adopté ce nom dans le Ca- talogue des Primates du Muséum, ainsi que dans mes travaux ultérieurs, et dans les divers cours que j’ai faits depuis au Muséum et à la Faculté des sciences. 1. Paris, in-8°; 1854. 2. Et de plus, une introduction générale sur les collections mammalogiques et ornithologiques du Muséum d'histoire naturelle, sur leur origine et leurs principaux progrès, sur les développements nouveaux qu’elles doivent recevoir, et sur la nomenclature qui y est adoptée. 3. Ils étaient conservés dans l'esprit de vin. Mais les viscères avaient été enlevés, Il existait déjà depuis quelques années en Europe, comme on le verra bientôt, outre une peau mu- SINGES. — GORILLE. 3 séum; et dès le 19, je communiquais à l'Académie des Sciences les résultats de mes prémières observations, dans une note que repro- duisaient aussitôt, en entier où par extrait, non-seulement tous les recueils qui rendent habituellement compte des séances de l’Acadé- mie, mais les journaux eux-mêmes les plus étrangers à la science. On s’étonnera peut-être qu'après avoir mis tant d’empressement à commencer l’étude du Gorille, j'aie tant tardé à publier sur ce remarquable Primate un travail plus étendu : cinq ans, en effet, se sont écoulés depuis ma première communication à l’Académie jusqu’au jour où je rédige ce nouveau travail. Un motif de conve- nance et de justice scientifique m'avait décidé à suspendre, non mes études sur le Gorille, mais la publication de leurs résultats. Des deux Gorilles arrivés au Muséum, le plus précieux, l'adulte, était un don de M. le docteur Franquet, chirurgien de la marine impé- riale;-et je pensais qu’à son retour, annoncé comme prochain, ce voyageur, aussi instruit que Zzélé, voudrait décrire lui-même l'espèce dont il venait d’enrichir nos collections #. Mes prévisions ne se sont pas justifiées. M. Franquet a eu le regret de ne pouvoir pas séjourner assez longtemps à Paris pour exécuter sur le Gorille un travail complet et digne de l'importance du sujet; et lui-même témoigna le désir que les naturalistes du Muséum mis- sent à profit, comme ils le jugéraient convenable, les matériaux qu'ils venaient de recevoir de M. Penaud et de lui, comme ceux qu'ils avaient antérieurement recus de M. Gautier. C’est alors que M. Duvernoy, qui venait de remplacer M. de Blainville dans la chaire d'anatomie comparée, entreprit sur le Gorille et les autres Singes voisins de l’homme par leur organisation, ces longues et ülée de Gorille, des crànes et un squelette entier : celui-ci avait été envoyé au Muséum de Paris, par M. Gautier-Laboullay, chirurgien de la Marine impériale ; voy. p. 9. 1. « Je crois remplir un double devoir, » disais-je à la fin de ma première communication à l’Aca- démie, « en annonçant, dès cette séance, l’arrivée d’un objet aussi précieux, et en réservant à M. le « docteur Franquet, qui est attendu à Paris, le soin de le décrire, et de faire connaître lui-même à « l’Académie les résultats des observations et des recherches dont le Gorille va devenir le sujet. » (Comptes rendus de V Académie des Sciences, t. XXXIV, p. 84.) 4 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. consciencieuses recherches dont il s’occupait encore sur son lit de mort, et dont les résultats, successivement présentés à l’Académie des Sciences, en mai et décembre 1853, ont été depuis, dans les Archives du Muséum *, développés et illustrés par de nombreuses figures. Je m'étais mis aussi à l’œuvre; mais Jai bientôt inter- rompu mon travail pour laisser les matériaux que j'avais déjà réunis, à la disposition du savant collègue et ami que je voyais poursuivre avec une louable ardeur, dans un âge si avancé, un tra- vail, sinon très-difficile, du moins très-complexe et d’une étendue considérable?. Je devais cette explication aux zoologistes qui liront ce Mémoire, afin qu'ils sachent comment, ayant commencé mes études sur le Gorille en janvier 1852, je n’en ai donné les résultats, durant cinq années, que dans mes cours au Muséum et à la Faculté des sciences; comment, ayant pu faire ici, le premier, de riches moissons, Je viens tardivement glaner dans un champ presque partout exploité, et où Je ne serais même Jamais rentré après M. Duvernoy, s’il lui eût été donné de remplir jusqu’au bout la tâche qu’il s'était imposée. Naturalisie autant qu’anatomiste, mon vénérable collègue n’eût pas manqué de donner lui-même à ses Mémoires le complément zoologique dont je m'étais plu à lui abandonner le soin, et que sa mort si regrettable m’impose le devoir de reprendre. Je commencerai ce Mémoire par un exposé historique de la dé- couverte du Gorille (sans examiner d’abord s’il a été trouvé pour la première fois ou seulement retrouvé de nos jours), et par Pindica- tion des divers envois, qui ont été successivement faits au Mu- séum, et auxquels je dois les matériaux de ce travail. Je traiterai ensuite des caractères distinctifs du Gorille, de sa détermination soit générique soit spécifique, de ses rapports natu- rels, de ses mœurs et de son habitat. 4. Voy. la note 4 de la page 18. 2. Pour les divers travaux de M. Duvernoy sur le Gorille, voy. plus bas Section I, 8 3, p.16 et suiv. SINGES, — GORILLE. 5 Enfin, dans une dernière section, je rechercherai quelles indica- tions relatives au Gorille existent dans les auteurs antérieurs à l’époque actuelle. SECTION I. HISTORIQUE. 8 r. Découverte du Gorille Gina en 18/47, et premiers travaux publiés sur lui en Amérique et en Angleterre. L'existence dans l'Afrique occidentale, de Singes à stature humaine, ou même plus haute encore, avait été depuis longtemps indiquée par les voya- geurs !; et la peau, malheureusement très-mutilée d’un de ces animaux, avait même été rapportée du Gabon, en 1836, et donnée au Musée du Havre, où chacun a pu la voir et l’étudier ?. Mais ces témoignages des voyageurs étaient restés, ou plutôt, comme on le verra, étaient tombés dans l'oubli; et la peau mutilée du Musée du Havre, à une époque où l’on ne connaissait pas encore le Chimpanzé à l’état adulte, était elle-même une indication plutôt qu'une preuve de l'existence d’une autre espèce africaine, à formes plus ou moins humaines, et de taille gigantesque. C’est à l’année 1847 que remonte la connaissance exacte et certaine, par conséquent, la véritable découverte du Gorille : elle est due à M. le doc- teur Savage, missionnaire de l’établissement protestant épiscopal de New York, membre correspondant de la Société d'histoire naturelle de Boston. Une circonstance heureuse pour la science l'ayant conduit, en avril 1847, sur les bords de la rivière du Gabon par 15’ lat. N., il y rencontra M. Wilson, chef de la mission protestante américaine, qui, résidant depuis plusieurs années dans le pays, avait recueilli quelques objets rares ou curieux, et parmi eux le crane d’un Singe « remarquable par sa taille, sa férocité et ses habitudes. » D'après les formes de ce crâne, et d’après les renseignements qu’il put ob- tenir de quelques-uns des indigènes, M. Savage fut conduit à penser que ce 1. Voyez la cinquième,Section de ce Mémoire. 2, On a ajouté à cette peau une tête (la partie postérieure seule existait), des mains, des jambes et des pieds, et on l’a montée dans une attitude humaine. Cette peau est celle d’une femelle. Elle a ‘été rapportée et donnée au Musée du Havre par M. Thouret, capitaine au long cours. 6 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. crâne appartenait à une « nouvelle espèce d'Orang »: opinion qu'il exprima aussitôt à M. Wilson, en lui demandant son concours pour résoudre la ques- tion, s’il était possible, par l'examen d’un individu vivant ou mort. Mais ni les efforts de M. Wilson, malgré les relations qu'il avait nouées dans le pays, ni ceux que fit de son côté M. Savage, n’obtinrent le succes qu’il en espé- rait : non-seulement il ne réussit pas à se procurer, vivant ou mort, un individu entier; mais il ne put même obtenir des naturels la dépouille d’un de ces Singes dont il désirait tant compléter l'étude. Il parvint, au contraire, à se mettre en possession de crânes des deux sexes et de différents âges, et de quelques autres parties du squelette ; et c’est d'apres ces précieux matériaux, décrits avec soin par lui et le docteur Jeffries Wyman!, que M. Savage annonça et établit, bientôt après, existence d’une seconde espèce africaine de Singe à formes humaines (species of an- thropoid Simiæ). M. Savage a cru devoir rapporter ce Singe anthropoïde, l’Engé-ena des Nègres, au genre Troglodytes créé par mon pèreen 1812 pour le Chimpanzé ?; et il lui a donné le nom spécifique de Gorilla, emprunté à la célebre relation du navigateur carthaginois Hannon, qui avait appli- qué ce nom, dit M. Savage, «à des hommes sauvages trouvés sur la côte « d'Afrique, vraisemblablement une des espèces d’Orang 5. » Il était impossible que la publicité donnée par M. Savage à la découverte d'un animal aussi remarquable, ne suscität pas de nombreuses recherches 4. Voy. 4 Description of the external characters and habits of Troglodytes Gorilla, par Thomas S. SAVAGE, and of the osteology of the same, par Jeffries Wyman; dans le Journal of natural history de Boston, t. V, p. #17, pl. x£ à xzur; 4847. Le travail de MM. Savage et Boston a été publié à part, in-4£°, Boston, 1847. On le trouve traduit en partie par M. Jules HAIME, dans les Annales des sciences naturelles, 3° série, Zoologie, t. XVI, p. 476. Voyez aussi une lettre adressée du Gabon à M. Owen par M. Savage, lettre datée du 24 avril, et que l’illustre zootomiste anglais a insérée en très-grande partie dans son Mémoire sur les Chimpanzés (cité ci-après). — On la trouve aussi dans l'extrait de ce Mémoire, publié dans les Proceedings of the zoological Society de Londres, année 1848, p. 27, et (traduite par M. J. HaimE) dans les 4nn. des sc. nat., loc. cit., p. 163. 2. Le Chimpanzé avait été placé jusque-là dans le genre Orang (Sèmia), sous le nom d’Orang Chimpanzé, Orang noir, Orang d'Afrique, etc. 3. « Probably one of the species of the Orang. » SAVAGE, Journ. nat. hist., p. 420; et tirage à part, p. 6. Comme on le voit, M. Savage n’afñrme nullement l'identité de‘son Troglodytes Gorilla avec le cgia d'Hannon. SINGES. — GORILLE. 7 sur la côte occidentale d'Afrique. C’est aux officiers de la marine anglaise que les naturalistes européens durent d’abord l'avantage de pouvoir vérifier par eux-mêmes et compléter les observations de MM. Savage et Wyman. Dès 18/7, M. Samuel Stutchbury, de Bristol, recommandait aux marins des navires en partance pour la côte occidentale d'Afrique, la recherche du Singe gigan- tesque de M. Savage. Le capitaine George Wagstaff fut celui des officiers de la marine anglaise qui fit le plus d'efforts pour répondre à cet appel, et ils furent promptement couronnés d’un succès, moins complet, il est vrai, qu’on ne l’avait espéré. Dès le mois de décembre 1847 ?, M. Wagstaff se procura au Gabon, et envoya à M. Stutchbury, des matériaux que celui-ci mit aus- sitôt à la disposition du savant qui, en Angleterre, pouvait le mieux en tirer parti pour la science, M. Owen. Malheureusement, ces matériaux n'étaient encore que des cränes, au nombre de trois. Ce sont ces cràänes que M. Owen a mis sous les yeux de la Société zoologique de Londres, en février 1848, en faisant connaitre les résultats principaux de ses observations sur la tête osseuse du Gorille comparée avec celle du Chimpanzé, Troglodytes niger; sujet que l’auteur a traité depuis plus complétement dans un de ces Mémoires, aussi remarquables par la beauté des planches que par le mérite scientifique, dont il enrichit chaque année les 7ransactions de la Société zoologique ?. Dans cet important travail, les caractères craniens et dentaires qui distin- guent le Gorille du Chimpanzé, sont très-nettement posés, et surtout ils sont beaucoup plus complétement donnés et mieux appréciés que dans le Mémoire de MM. Savage et Wyman; mais la conclusion de l’illustre zooto— miste anglais est identique avec celle de ses deux devanciers américains. Selon lui aussi, le nouveau Singe du Gabon devrait être placé à côté du Chimpanzé, dans le genre 7roglodytes ; ce serait, selon ses expressions, une grande espèce de Chimpanzé : Troglodytes Savagei $, comme il se propo- sait de l’appeler, avant de savoir que M. Savage l’avait déjà dénommée : 1. Voy. les Proceed. of the zool. Society de Londres, 1848, p. 30 et suiv. 2. Osteological Contributions to the Natural History of the Chimpanzees (Troglodytes, Grorrr.), including the description of the Skull of a large species (Troglodytes Gorilla, SAVAGE ); dans les Transactions of the zoological Society, t. IL, part. vi, p. 381; 1849; traduit en partie par M. J. Hame, dans les 4nn. des sc. nat., loc. cit., 161 à 171. — On trouve à la suite de cette tra- duction, p. 471 et 173, des extraits de deux numéros de la Literary Gazette de Londres (septembre et novembre 4851), où se trouvent résumés quelques observations complémentaires de M. Owen. 3. Proceed., loc. cit. 8 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. Tr. Gorilla, comme il a dit, à l'exemple du zoologiste américain, dans la rédaction définitive de son Mémoire de 1848 ! et dans ses travaux ulté- rieurs ?. $ 2. Envois faits au Muséum d'histoire naturelle. Les officiers, et surtout les médecins de la marine française, avaient essayé, de leur côté, et un d’eux même avant M. Savage, de se procurer et de pro- curer à leur pays le grand Singe du Gabon. On sait que ce pays, autrefois un des foyers principaux de la traite des Nègres, est aujourd’hui sous l’au- torité et le protectorat de la France qui y entretient depuis quinze ans un poste militaire ( blockhaus) et une station navale. C’est un des médecins de cette station, M. Gautier-Laboullay, qui a, le premier, fait pour le Muséum d'histoire naturelle, mais bien plus complétement, ce que venait de faire M. Wagstaff pour les établissements scientifiques de Londres. Chirurgien de la corvette-hôpital l'Aube, M. Gautier avait eu, dès 1846, « connaissance « d’une espèce de Singe fort redoutable, et dont le voisinage inspirait la plus « grande terreur aux Noirs, vivant aux habitations $#; » mais il dontait en- core qu'il s’agit d'une espèce nouvelle pour la science, lorsqu'il rencontra, dans une habitation, un crâne qu’il s'empressa d'acquérir. Frappé du « type féroce et formidable » qu'il avait sous les yeux, M. Gautier résolut dès lors de ne rien négliger, pour enrichir sa collection de squelettes, d’un représen- tant d’une espèce aussi remarquable. Il réclama le concours des missionnaires américains, MM. Walker et Wilson, qui avaient de nombreuses relations dans le pays, et qui, de leur côté, s’occupaient déjà de la même recherche, dans l'intérêt du Musée d'histoire naturelle de Boston. Après plus de deux ans d’une attente et d'efforts qui n'avaient abouti qu’à la possession de trois crânes, M. Gautier était sur le point de partir pour l'Europe, et il désespé- 1. Et déjà même, dans le même volume des Proceedings, p. 53. 2. J'aurai à revenir plus loin sur un second Mémoire de M. Owen, dont il me suffira de citer ici le titre : Description of the Cranium of an Adult Male Gorilla from the River Danger, indicative of a variety of the Great Chimpanzee (Troglodytes Gorilla); dans les Transact. 3ool. Soc., t. IV, part. 11, p. 75; 1853. Ce Mémoire a été communiqué à la Société zoologique le 41 novembre 1851. 3. Extrait, ainsi que les passages qui suivent, d’une Notice rédigée par M. Gautier-Laboulay en avril 4849; Notice qu’on trouvera, en grande partie, reproduite à la suite de ce Mémoire. SINGES. — GORILLE. 9 rait d’avoir jamais en sa possession le squelette si désiré de lui, lorsque d’heu- reuses circonstances procurèrent presque simultanément à MM. Walker et Wilson les corps de deux Gorilles adultes. M. Walker destina le sien à Bos- ton; mais l'autre ! fut généreusement donné par M. Wilson à M. Gautier. L'état de putréfaction déjà avancé de ce second Gorille, et l’impossibilité de se procurer au Gabon la quantité considérable d'alcool qui eut été né- cessaire à la conservation d’un animal d'une aussi grande taille, ne per- mirent pas à M. Gautier, quelque désir qu’il en eüt, de rapporter en Europe l'animal entier : il dut se borner, après l'avoir décrit avec soin, à préparer le squelette qui est aujourd’hui un des ornements de nos collections d’anato- mie comparée. M. Gautier voulut bien, aussitôt après son retour en France, le donner au Muséum, avec deux cranes provenant l’un d’une femelle, l’autre d'un mâle, tous deux adultes, et celui-ci d’une taille et d’une force considéra- bles. Le squelette était celui d’une femelle également adulte. Ces objets, d’un si grand prix pour la science et pour nos collections, arrivèrent au Muséum dans les premiers jours d’avril 1849; et leur étude fut aussitôt commencée, avec le soin dont elle était digne, par tous les naturalistes de l’établissement, et particulièrement par l’illustre savant qui y occupait alors la chaire d’anato- mie comparée !. M. de Blainville annonça l'intention de décrire et de figurer le squelette et les crânes donnés par M. Gautier, dans un travail spécial, des- tiné à être publié comme supplément au second fascicule de l’Ostéographie. Déjà, en effet, les descriptions étaient faites , et le squelette était, non-seule- ment dessiné, mais gravé, lorsque M. de Blainville fut enlevé à la science par une mort subite. Espérons qu’une main pieuse à laquelle nous devons déjà la publication de plusieurs des travaux laissés par M. de Blainville, pourra restituer aussi à la science ces derniers fruits d’une vie si pleine ! Le don de M. Gautier nous avait mis à même d’étudier par nous-mêmes, outre la tête du male adulte, déjà décrite et figurée en Amérique et en Angle- terre, le squelette entier, encore inconnu, de la femelle adulte. La recherche du squelette d'un mâle adulte et du squelette ou du crâne d’un jeune sujet, A. Dans l’organisation actuelle de notre établissement, les squelettes et les crânes des animaux font partie des collections dépendant de la chaire d'anatomie comparée, et non de celle de zoologie. Je n’ai pas à examiner ici si ce partage d'attributions est le plus rationnel et le plus favorable à la science; il me suffit de l'indiquer pour l'explication de quelques-unes des circonstances que j'ai dû rappeler ici. : ARCHIVES DU MusÉuM. T. X. 2 10 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. devint alors l’objet de nos pressantes recommandations adressées aux offi- ciers et aux médecins résidant ou de passage au Gabon; car, d’après les ren- seignements qui nous étaient parvenus, nous ne croyions pas pouvoir de longtemps prétendre aude là. Notre étonnement fut donc aussi grand que notre satisfaction, lorsque nous apprîmes, à la fin de 1851, l’arrivée à Lorient, des deux Gorilles mâles, lun adulte, l’autre jeune, dont les figures sont jointes à ce travail; tous deux conservés dans l'alcool, et par conséquent ou- vrant un large champ à nos explorations anatomiques, en même temps qu’ils nous faisaient enfin connaître les formes extérieures de l’animal. Et même, il s’en était fallu de peu que nous ne fussions plus heureux encore : un des Gorilles, le plus jeune, nous était ramené vivant, avec un jeune Chimpanzé : tous deux par les soins de M. l'amiral Charles Penaud qui avait voulu réunir à la Ménagerie, pour faciliter nos comparaisons, le Troglodytes niger et le Troglodytes Gorilla. Tous deux, malheureusement, périrent dans la tra- versée qui eut lieu dans les dernières semaines de 1851. Nous ne devons pas seulement à M. Penaud le don du jeune Gorille mâle; nous lui devons la conservation du mâle adulte, donné à notre établissement par M. le docteur Franquet. M. Franquet avait acquis ce gigantesque animal des Nègres qui, selon toute apparence, l'avaient trouvé mort; car il portait les traces de plusieurs anciennes blessures, quelques-unes très-graves !, mais toutes cicatrisées, et sans aucune trace de lésion récente. Le cadavre fut suc- cessivement offert à plusieurs Européens qui refusèrent de l'acheter, à cause du prix élevé qu'on en exigeait d’abord; mais la putréfaction rendit bientôt urgente la conclusion du marché; les vendeurs devinrent plus traitables, et M. Franquet put acquérir l'animal qu’il voulut bien des lors destiner au Muséum d'histoire naturelle. Mais comment conserver cet énorme cada- vre ? Où trouver l'immense quantité d'alcool qui était nécessaire? Heureuse- ment la frégate à vapeur l’£{dorado se trouvait alors en station au Gabon, et elle avait pour commandant M. l'amiral Penaud (alors capitaine de vaisseau), animé, pour notre établissement, d’une bienveillance qui ne s'est jamais démentie. M. Penaud voulut bien pourvoir à tout; il mit à la disposition de M. Franquet un tonneau de 367 litres de jauge pour recevoir le Gorille, et 4. La mâchoire supérieure avait été horriblement mutilée : la portion qui porte la canine, et la seconde incisive gauche, avaient été brisées, et manquaient, SINGES. — GORILLE. it la quantité d'alcool nécessaire pour remplir cet immense récipient, et il vou- lut bien le recevoir à son bord et le ramener en France; en sorte que nous avons reçu, tout à la fois, de ses mains, en janvier 1852, le jeune Gorille et le jeune Chimpanzé dont il enrichissait personnellement nos collections, et le Gorille adulte, bien plus précieux encore, que nous donnait M. Franquet. Ce sont ces deux individus que tout Paris, et nous pourrions presque dire toute l’Europe, a vus avec un si grand intérêt soit dans nos Galeries zoolo- giques, soit à l'Exposition universelle de 1855, où nous avions été invités à faire transporter nos deux Gorilles, montés avec le plus grand soin et avec un plein succès 1, par l’habile préparateur du Muséum, M. Poortmann. M. Franquet ne s’en est pas tenu à l’envoi du grand Gorille qui, à lui seul, assurerait à ce médecin une place parmi les plus généreux donateurs dont nous ayons à garder le souvenir. Il a enrichi aussi le Muséum d’une tête et de plusieurs os d’une jeune femelle qu'il avait possédée quelque temps vivante, et aussi du squelette d’un Singe, nommé W’tchégo par les Nègres du Gabon, et dans lequel il avait cru reconnaitre une troisième espèce africaine de singe anthropomorphe; opinion qu’a pleinement adoptée, mais incomplé- tement justifiée, mon savant collègue, M. Duvernoy ?. Les années 1853, 1857 et 1855 n'ont rien procuré au Muséum qui puisse être cité après les dons de M. le docteur Franquet et de M. l'amiral Penaud ; mais, en 1856, nous avons reçu presque simultanément trois autres Gorilles; ceux-ci en peau. Le premier nous a été rapporté par M. Aubry-Lecomiteÿ, à son retour du Gabon où il avait rempli, durant plusieurs années, les fonc- tions d’aide-commissaire de la Marine; ce même voyageur a aussi enrichi nos collections de trois Chimpanzés, un mâle et une femelle, les premiers adultes que nous ayons possédés, et un très-jeune individu; nous lui devons aussi plusieurs squelettes. Les deux autres Gorilles, l’un adulte et femelle, l'autre femelle aussi et très-jeune (la mère et l'enfant, ce qui ajoute beaucoup à leur intérêt), et de plus, un squelette, celui de la mère, sont les dons très-précieux de M. Gaillard, commissaire de la Marine au Gabon, où il a succédé à 1. Malgré l’état très-défectueux de la peau de l'adulte. 2. Voyez plus bas, p. 47. 3. Au mois d'avril, avec une multitude d’autres objets du plus grand prix, qu'il n'y a pas lieu de mentionner ici. 12 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. M. Aubry-Lecomte, et où il se montre, comme lui, très-désireux de contri- buer aux progrès de la science et d'enrichir nos collections nationales 1, 8 3. Travaux auxquels ont donné lieu les divers envois faits au Muséum. Le travail que M. de Blainville s'était empressé d'entreprendre sur le pre- mier squelette et le premier crâne envoyés au Muséum ?, et qu’allait bientôt interrompre une mort si regrettable pour la science, est resté si compléte- ment inédit, que j'ignore même l'opinion de l’auteur sur les rapports natu- rels du Gorille avec les autres Singes africains de la première tribu. J'ai lieu de croire cependant que M. de Blainville adoptait la détermina- tion de MM. Savage et Owen; car c'est sous le nom de 7roglodytes Gorilla qu’il avait fait inscrire le squelette et le crane envoyés par M. Gautier- Laboullay. J'aurais pu trouver dès lors, etmême a priori, en m’'appuyantsur les résul- tats de quelques-unes de mes premières recherches sur la zoologie générale, des motifs de révoquer en doute cette détermination. Le Gorille est de taille gigantesque; le Chimpanzé est seulement de dimensions moyennes : l'identité générique de ces deux singes serait donc en contradiction avec un fait général que j'ai établi il y a un quart de siecle #, et qui, à l’égard des mammifères terrestres, n’a pas rencontré depuis lors une seule exception #, savoir : la con- formité de la taille chez les espèces, assez voisines, par leurs caractères orga- niques, pour être placées dans les mêmes genres véritablement naturels. Mais le Gorille ne m'était pas alors connu par un de ses plus grands individus; car le squelette dû à M.Gautier est celui d’une femelle ; et d’une autre part, nous étions loin de posséder alors sur le Chimpanzé les notions nécessaires ñ. Le précieux envoi de M. Gaillard nous est parvenu en décembre 1856, par les soins de M. le capitaine Bouet, commandant supérieur au Gabon. 2, Outre les Gorilles et les pièces ostéologiques qu'a reçus le Muséum, des squelettes et surtout des crânes ont été envoyés du Gabon à diverses maisons de commerce de Paris, notamment à celles de MM. Verreaux frères et Vasseur. MM. Verreaux sont parvenus à se procurer aussi la dépouille d’un adulte, qu'ils ont fait monter, et qu’on voit aujourd’hui dans le Musée d’histoire naturelle de Vienne. 3. Recherches zoologiques et physiologiques sur les variations de la taille chez les animaux sauvages et domestiques, et dans les races humaines (1831 et 1832), dans le recueil de l’Académie des Sciences, Mémoires des savants étrangers, t. II, p. 503 et suiv., et dans mes Essais de z00lo- gie générale, p. 331 et suiv. £. A part les Marsupiaux, exception très-remarquable sur laquelle j'avais appelé l'attention dès 1831. SINGES. — GORILLE. 13 pour fixer avec une entière certitude la limite supérieure de sa taille à l’état adulte. C’est donc sans idée préconçue que je procédai à étude du Gorille, aussitôt après l’arrivée des individus de MM. Penaud et Franquet, auxquels nous devions enfin, et pour la premiere fois en Europe, le moyen de joindre l’observation des caractères extérieurs à l’examen du squelette. Cette obser- vation extérieure me conduisit aussitôt à une conclusion différente de celle qu’avaient admise, d’après les caractères craniens, MM. Savage, Wyman et Owen; je vis dans le grand Singe du Gabon, non une seconde espèce de Tro- glodyte, mais le type d’un second genre africain de Singes anthropomor- phes. L'étude des mains, celle des organes des sens, me firent, en effet, apercevoir chez le Gorille, comparé au Chimpanzé, des différences de valeur plus que spécifique, et en indiquant dès lors le nouveau genre sous le nom de GORILLA, je le présentai comme « intermédiaire, à quelques « égards, aux genres Troglodytes et Simia ; à d’autres, et notamment par la « conformation des mains antérieures, plus voisin de notre espèce que ceux-ci « eux-mêmes. » Cette conclusion, énoncée après quelques jours d'étude, est encore aujourd'hui la mienne, et une grande partie de ce Mémoire sera con- sacrée à la justifier. Ma première communication à l’Académie ?, faite trois jours après l’arrivée des deux Gorilles à Paris, n’était qu'une simple note de quelques pages. 4. Dans une note intitulée : Sur le Gorille, insérée dans les Comptes rendus des séances de l’Académie des Sciences, t. XXXIV, p. 81 (séance du 19 janvier 1852). Cette note (sans parler ici des diverses reproductions partielles, ou extraits donnés par les journaux), a été réimprimée dans la Revue et magasin de Zoologie, année 1852, p. 37, et daus les Annales des sciences naturelles, 3° série, Zoologie, t. XVI. (Il est à peine besoin de faire remarquer que ce volume, quoique daté de 4851, appartient à l’année 4852). Ma note est suivie dans les 4nnales des sciences naturelles de quelques extraits et traductions partielles des Mémoires de MM. Owen et SavaGE sur le Gorille, dus à M. Jules HAIME, et de trois figures indiquées, dans l'explication des planches, comme des reproductions des daguerréotypes que j'avais fait faire pour le Muséum aussitôt après l’arrivée des Gorilles (voy. p. 14). Je dois faire remarquer que cette indication n’est vraie que pour la figure 4 (buste du grand Gorille), et la fig. 2 (jeune Gorille entier) : la fig. 3 est la copie très-réduite d’un dessin de M. Werner, fait aussi à ma demande pour le Muséum. 2. Le passage que je viens de citer n’est pas extrait du texte même de cette communication, mais d’une note que j’y ajoutai lorsqu'elle parut, le dimanche suivant, dans les Comptes rendus de l Aca- démie. 3. J'ai dit (p. 3, note) quels motifs de convenance, bien plus que le défaut de temps, m'avaient im- posé cette extrème concision. 14 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. Mais elle était déjà accompagnée d’une série de figures que j'ai fait compléter depuis par plusieurs autres, et qui seront toujours des documents très-pré- cieux pour les naturalistes. Avant de toucher aux deux Gorilles pour les préparer zoologiquement et anatomiquement, avant d’altérer des objets aussi rares et d’un aussi grand intérêt pour la science, il était indispen- sable, malgré l’habileté si éprouvée de nos taxidermistes, et quelque assurés que nous pussions être d’une restitution très-exacte des deux animaux, de conserver leurs caractères, leurs formes, leur physionomie; de les reproduire tels qu'ils nous avaient apparu à l'ouverture des tonneaux qui les contenaient. Je jugeai même utile, pourobtenir plus complétement cette reproduction, de la demander à trois arts différents, la photographie, le dessin et le moulage. M. Terreil, préparateur de chimie au Muséum, voulut bien se mettre aussitôt à l'œuvre, et faire les daguerréotypes de face et de profil du grand Gorille, dans sa moitié supérieure, et du petit tout entier. Ces daguerréotypes, mis sous les yeux de l’Académie en janvier 1852, ont été dès le lendemain exposés dans nos galeries zoologiques, où ils sont restés depuis, et où ils ont été consultés tres-souvent et très-utilement par les naturalistes, et parfois copiés par les artistes en tout ou en partie, Après M. Terreil, j'ai recouru à notre habile peintre d'histoire naturelle, M. Werner, et à M. Stah]l, chef des tra- vaux de moulage au Muséum, qui n’ont pas moins heureusement répondu à mon attente : le premier a fait de la face, du profil, de la main et du pied du Gorille adulte, des dessins de grandeur naturelle que je reproduis à la suite de ce Mémoire ?; et nous devons au second des moules des mains et de tout le buste, dignes à tous égards du talent si apprécié de cet artiste, J’ajouterai que nous possédons aussi au Muséum une statuette du Gorille adulte, réduite au quart en diamètre, et qui a été exécutée avec beaucoup de soin et d’exactitude par M. Poortmann, le même auquel nos Galeries de zoologie doivent la difficile préparation taxidermique des deux premiers Gorilles 5. 1. Deux d’entre eux, comme on l’a vu, p. 3, note 4, ont été reproduits dans les 4nn. des sc. nat., à la suite de ma première note sur le Gorille. 2. L'auteur de ces dessins a été malheureusement enlevé par la mort, il y a quelques mois, aux arts et à la science à laquelle il a rendu de nombreux services. M. Bocourt, jeune peintre d’un très- grand mérite, s’est chargé de suppléer M. Werner, de lithographier les dessins de Gorille qu'il avait laissés, et de les compléter par des figures d'ensemble de l'adulte et du jeune. 3. Voy. p.44. SINGES. — GORILLE. 15 C'est à l’aide de ces divers matériaux que j'ai pu faire connaître exactement à plusieurs reprises, devant les auditeurs de mes lecons à la Faculté des sciences, et surtout du Muséum, les caractères zoologiques du Gorille soit adulte, soit jeune, et déterminer les rapports naturels de ce Singe et sa place dans la classification. L'intérêt de la nouveauté se joignant à celui du sujet, je traitai surtout avec détail du Gorille, dans le cours qui suivit l’arrivée de ce Singe au Muséum, celui de 1852-1853; j y développai, dans deux leçons spéciales, les vues que j'avais seulement indiquées dans ma première com- munication à l’Académie; donnant à l'animal, comme dans celle-ci, le nom générique de GORILLA, et mettant sous les yeux de mes auditeurs le tableau synoptique suivant, qui résume les caractères indicateurs du nouveau genre, en même temps que ceux des autres Simiens ! : « SIMIENS (PREMIÈRE TRIBU DES SINGES ). « 1° Division en genres. de proportions presque humaines. ............. ... Genre I. TRoGLopyTe, Troglodytes. beaucoup plus longs que chez l'homme..... SLocoos II. GoriLre, Gorilla. Bras : : - . _…. très-longs (les doigts atteignant | Point de callosités. TT. OnranG, Simia. les malléoles externes). Des callosités..... IV. GigBo, Hylobates. Dans le genre Gorille : Cinquième molaire inférieure, à cinq tubercules. — Les trois orteils inter- médiaires en partie réunis. « Il Distribution géographique. « Genres I etIl............ Afrique. THMeLAIVE MR ER een ASIE. Dans ce premier exposé, j'avais désigné le grand Singe du Gabon sous le nom spécifique de Suvager; mais, par des motifs que l'on comprendra facile- ment, je substituai à ce nom (que M. Owen avait aussi employé un instant, mais presque aussitôt rejeté ), celui de Gina sous lequel l’animal est connu au Gabon. Les individus donnés par M. le docteur Franquet et par M. l'amiral 4. Mis sous les yeux de mes auditeurs, le 44 décembre 1852. 2. Gina ou N'Gina. D’autres, comme on le verra plus loin, écrivent En-Gina ou En-Gena ; d’autres encore D'jina. 16 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. Penaud n'ont jamais porté, sur les étiquettes de nos galeries, d'autre déno- mination que celle de Gorilla Gina; le nom de G. Savagei dont je m'étais seulement servi devant mes auditeurs pour la clarté de mon exposition, n'avait pas même été indiqué en synonymie sur ces étiquettes, et Je ne l’au- rais pas davantage rappelé ici, s’il n'eüt reçu, d’un des zoologistes qui avaient assisté à mes lecons, une publicité à laquelle il n’était pas destiné. M. Henri Aucapilaine crut devoir le citer dans une notice publiée par lui sur le genre Gorille en février et mars 1853; notice qui est présentée comme une reproduction de mon cours !, mais où l’auteur a ajouté à l'extrait qu'il a fait de mes leçons, divers développements empruntés aux écrits de MM. Savage et Owen, et quelques vues qui lui sont propres. A cette notice est jointe une figure de Gorille, représentant le grand individu monté de nos galeries, et la première, à part la reproduction des daguerréo- types du Muséum, qui ait été publiée dans un recueil scientifique ?. La seconde est celle plus exacte, et beaucoup plus intéressante au point de vue de l’art, qu'ont fait paraître, aussi en 1853, MM. Louis Rousseau et Dévéria. Le Gorille Gina, Gorilla Gina, ainsi qu’il est ici appelé, est le sujet de deux des planches du remarquable recueil de gravures photographiques publiées par ces auteurs?. Aucun texte n’accompagne ces planches, mais une légende très-détaillée est au bas de chacune d’elles, et donne les indications les plus nécessaires sur les objets figurés et sur leur origine. La planche xur représente le grand Gorille des galeries; la planche x, le crâne de ce même individu et celui du jeune sujet donné par M. Penaud. C'est encore à l’année 1853 que se rapportent les premières publications de M. Duvernoy sur le Gorille, et aussi sur les autres Simiens, où, selon l’expression dont il se sert, sur les autres singes pseudo-anthropomorphes. 1. Cette Notice a pour titre : Études sur les primates du genre Gorize (Cours de M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, 1853), dans la Revue de zoologie, année 41853, n° IL, p. 49, et n° III, p. 98. Mes leçons sur le Gorille avaient eu lieu les 41 et 14 décembre 4852 (et non en 4853). La petite inexactitude qui échappe à M. Aucapitaine sur ce point dénué de toute importance, n’est mal- heureusement pas la seule qui se trouve dans la Notice, d’ailleurs très-intéressante, de M. Aucapitaine. 2. Des gravures sur bois, faites d’après les daguerréotypes du Muséum, avaient paru, aussitôt après ma communication à l'Académie, dans quelques journaux illustrés. 3. Photographie zoologique ou représentation (par des gravures photographiques) des animaux rares du Muséum d'histoire naturelle, gr. in-4, livr. II et IE, Paris 4852. SINGES. — GORILLE. 17 Les questions traitées par mon savant confrère, dans deux Mémoires succes- sivement lus à l’Académie des Sciences aux mois de mai et de décembre f, sont les suivantes : 1° Le Tchégo, Singe rapporté du Gabon par M. Franquet, et considéré par lui comme différent du Chimpanzé, est-il en effet une espèce distincte? M. Duvernoy répond à cette question par l’affirmative, et nomme ce Singe Troglodytes Tschego ?. 2° Le Gorille doit-il former un genre distinct du genre Troglodyte? « Nous «espérons, dit M. Duvernoy, l’avoir démontré : 1° par son système de den- « tition qui a plus de rapports avec celui des Orangs qu'avec celui des Tro- « glodytes »; 2° par la conformation très-différente de plusieurs parties du squelette du Gorille, particulièrement par l'extrème développement des crêtes sagittale et occipitale, par la forme très-caractéristique de lomoplate. M. Duvernoy adopte, en conséquence, le genre Gorilla, tel que je lavais proposé, et donne, comme moi, à l'espèce type le nom de Gorilla Gina; 3° Dans quel ordre «loivent être placés les quatre genres de Simiens? Dans celui que j'avais indiqué. Selon M. Duvernoy aussi, les Troglodytes se pla- cent au premier rang par leur degré de ressemblance avec l'homme, le Go- rille au second, les Orangs au troisième, et les Gibbons au quatrième. La solution de ces trois questions est l’objet du premier Mémoire de 4. Voy. dans les Comptes rendus de l’Acad. des sc. : Mémoire sur les caractères anatomiques que présentent les squelettes du Troglodyte Tschégo, Duv., et du Gorille Gina, Is. GEOFFR., nouvelles espèces de grands singes pseudo-anthropomor- phes de la côte occidentale d'Afrique, t. XXXVI, p. 925. Et Deuxième communication sur l'anatomie du Gorille, Ibid., t. XXXVII, p. 817; décem- bre 1853. 2. Le Troglodytes Tschego a été regardé avec raison par tous les zoologistes comme une espèce au moins très-douteuse. Elle aurait, selon M. Franquet, la face noire et les oreilles petites : ces carac- tères (au sujet desquels on peut consulter la lettre de M. Franquet, reproduite à la suite de ce Mé- moire), sufliraient, sans nul doute, pour la distinction des deux espèces; mais doit-on les tenir pour suffisamment constatés? Et les caractères ostéologiques que donne, à l’appui, M. Duvernoy, sont-ils véritablement spécifiques? Ne peuvent-ils s'expliquer par de simples différences de sexe et d'âge? Nous pouvons espérer une très-prochaine solution de ces doutes, grâce à la générosité de M. le ca- pitaine Bouet, déjà cité, et à l'intérêt qu'il témoigne en toute occasion pour l'extension de la science et l'enrichissement des collections du Muséum. Ainsi que je viens de l'apprendre de M. Aubry-Lecomie, M. Bouet ramène du Gabon, avec l'intention de l’offrir à notre Ménagerie, un Singe vivant qu'on an- nonce comme appartenant à l'espèce ou variété indiquée par M. Franquet. ARCHIVES DU Muséum. T. X. 3 18 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. M. Duvernoy : le second est relatif aux ligaments du Gorille, et surtout à son système musculaire, jusqu'alors inconnu. Ce sont ces mêmes Mémoires, mais enrichis de développements très-éten- dus, d’un grand nombre d’additions entiérement nouvelles, et de seize planches, qui composent le travail définitif de M. Duvernoy sur le Gorille et les autres Simiens ; dernière œuvre de ce vénérable savant, à laquelle même il n’a pas eu le temps de mettre la dernière main. Elle à paru après la mort de son auteur, dans le même recueil où j'essaie aujourd'hui de la compléter. Les courtes indications qui précèdent, montrent que M. Duvernoy avait adopté, dès son premier Mémoire sur les Simiens, toutes les vues que j'avais émises sur le Gorille; mais, comme mon savant collègue le fait justement remarquer ?, et comme je dois le rappeler, il démontrait anatomiquement, en 1853, ce que j'avais seulement, en 1859, « professé dans mes cours, « d’après les caractères extérieurs de l’animal, et sans connaître encore tous « les caractères anatomiques sur lesquels cette opinion « peut être fondée. » C’est dans le désir de rendre cette justice àM. Duvernoy, autant que dans celui de préciser mes propres vues, que j'ai cru devoir, après la première commu- nication de M. Duvernoy à l’Académie, présenter verbalement devant elle quelques remarques qui ont paru à la suite de son travail, dans les Comptes rendus de mes séances à. Mes vues sur le Gorille, ainsi que le nom de Gorilla Gina, ont aussi été adoptés par M. Gervais dans son Histoire naturelle des Mammufères !; ou- 1. M. Duvernoy a été enlevé à la science le 1er mars 1855. C’est quelques semaines après qu'a paru son grand travail sur le Gorille intitulé : Des Caractères anatomiques des grands singes pseudo-anthropomorphes. Ce travail qui fait partie du tome VIIT des .{rchives du Muséum d'Histoire naturelle, p. A à 248, et pl. 1 à xvr, est divisé en trois Mé- moires ; le premier (p: 1 à 64), est la reproduction, avec quelques développements, de la première communication à l'Académie des Sciences (mai 1853), et le second (p. 65 à 440) de la seconde (décem- bre 1853). Le troisième Mémoire, qui est le plus étendu, comprend, avec un Supplément aux deux autres, un résumé des recherches de l’auteur, avec l'indication de celles de ses principaux devanciers. Ce dernier Mémoire a été en partie composé pendant la longue maladie qui a enlevé M. Duvernoy à la science. 2. Comptes rendus de l’Acad. des Sc.,t. XXXVII, p. 817 et 848. — Voy. aussi t. XX XVI, p. 932. 3. Sur les rapports naturels du Gorille; remarques faites à la suite de la lecture de M. Du- vernoy; dans les Compt. rend. de l’Acad. des Sc., t. XXXVI, p. 933. &. Tome I, p. 27, 1854. SINGES. — GORILLE. 19 vrage où l’on trouve un résumé de ce qu'on savait en 1854 sur le Gorille, et une figure représentant à la fois, d’après les individus de nos galeries, l’a- dulte et le jeune. Les Gorilles du Muséum ont encore donné lieu à un autre travail, et même antérieur à toutes les recherches de M. Duvernoy, à ma seconde note et à la notice elle-même de M. Aucapitaine ; mais celui-ci, dü à M. Dureau de la Malle, est d’un tout autre ordre, historique et géographique, et non plus zoologique t; et c'est pourquoi il me suffit ici de le mentionner. On en trou- vera, dans la dernière section de ce Mémoire, le résumé et l'appréciation. Tels sont les divers travaux faits au Muséum sur le Gorille de 1849 à 1855, par M. de Blainville, dont les recherches sont restées (au moins jusqu'à ce Jour ) perdues pour la science; par moi-même, par M. Dureau de la Malle, par M. Aucapitaine, par M. Gervais; et surtout par M. Duvernoy, qui ne m'euüt sans doute rien laissé à faire apres lui, si la mort ne l’eüt frappé, comme son illustre prédécesseur, avant qu'il eùt rempli la tâche qu'il s'était donnée. Heureusement, il l'avait assez avancée pour que son nom reste à jamais attaché à l'histoire anatomique du Gorille, comme celui de M. Savage à sa découverte. $ 4. Travaux récents sur le Gortille en Angleterre et en Amérique. J'ai cru devoir donner un historique très-complet de la découverte du Gorille, des premiers travaux auxquels elle a donné lieu en Amérique et en Angleterre, et de ceux qui en France ont eu pour sujet les individus eux- mêmes dont j'ai à m'occuper à mon tour. Je n'ai pas à m'étendre autant sur les travaux qui, en Amérique et en Angleterre, ont suivi ceux de M. Savage en 1047, et de M. Owen en 1848; et eu renvoyant pour les autres aux cita- tions qui seront successivement faites ou qui l'ont été déjà ?, je me bornerai A. Comme l’indique le titre que M. DurEAU DE LA MALLE a donné à son travail : Mémoire sur le grand Gorille du Gabon, déterminant la limite de la navigation d’Hannon, le long des côtes de l'Afrique occidentale : dans les Ann. des sc. nat., à la suite de la reproduction de ma première noteet des extraits, plus haut cités, des Mémoires de MM. Savage et Owen. Le Mémoire de M. Dureau de la Malle est donc de 1852 et non 4851, malgré la date inscrite en tête du volume qui le renferme, et reproduite dans le tirage à part. 2. Pour deux notes qui résument, dans le Literary Gazette, quelques travaux de M. Owen en 4851, voy. le $ 1, p. 7, note 2. 20 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. àappeler ici l'attention sur un Mémoire lu en novembre 1851 à la Société z00- logique de Londres, par M. Owen !, sur deux communications faites en 1852 aux Sociétés d'histoire naturelle de Philadelphie et de Boston, par MM. les docteurs Henri Ford et Kneeland ?, et sur des descriptions tres-détaillées du squelette du Gorille, insérées en 1853 dans le Catalogue du Musée du Collége des chirurgiens, à Londres ÿ. A l'exception de la note de M. Ford, qui est surtout relative aux mœurs et à l'habitat du Gorille, tous ces travaux sont surtout anatomiques, ou pour mieux dire, ostéologiques : il ont en effet pour sujets, celui de M. Owen, un crane venant de la rivière Danger, à environ 200 milles anglais du Gabon, et présentant, dit l’illustre zootomiste, des différences « indicatives d’une « variété »; celui de M. Kneeland, un squelette récemment envoyé à Boston par les missionnaires américains au Gabon“; et le Catalogue du Musée du Collége des Chirurgiens fait connaître, avec des détails descriptifs très-com- plets, et comparativement présentés, un squelette de mâle adulte, donné par le capitaine Harris, un crâne de la même origine, les moules de trois autres crânes du Gabon et celui du crâne venu de la riviere Danger; crâne qui est présenté ici plus explicitement que dans le Mémoire plus haut cité de M. Owen, comme appartenant à une variété distincte 5. Dans le dernier Mémoire de M. Owen, comme dans le premier, et de même, dans le Catalogue que je viens de citer, et qui a été rédigé, comme chacun le sait, sous la direction de M. Owen, le Gorille continue à être dési- 4. Description of the Cranium of an Adult Male Gorilla from the River Danger, West Coast of Africa, indicative of a V'ariety of the Great Chimpanzee (Troglodytes Gorilla), dans les Tran- sact. of the zool. Society de Londres, t. IV, part. m1; 1853. 2. Fonp, communication adressée du Gabon (Glasstown, Gaboon River) le 10 novembre 1854, à l’Académie des Sciences naturelles de Philadelphie; insérée dans les Proceedings de cette savante Société, t. VI, p. 30-33 (séances de février 1832). — KNEELAND, On the Skeleton of the Great Chim- pan=ee, dans le Journ. of nat. Hist. de Boston, t. VI, n° III, 1853. Ce Mémoire avait été lu à la Société d'histoire naturelle de la même ville en février 41852. 3. Descriplive Catalogue of the osteological Series contained in the Museum of the royal College of Surgeons, t. W, Mammalia placentalia: Londres, in-4°, 1853; n°5 5178 à 5183. #4. Un autre squelette était déjà arrivé en Amérique quelques mois auparavant par les soins de M. Ford. La note tout à l'heure citée, et sur laquelle je reviendrai (Sect. IV), accompagnait l'envoi de ce squelette. 5. La description de ce crâne est d’ailleurs la reproduction de celle qu'avait donnée M. Owen en 1851. Les changements ne consistent guère qu’en quelques suppressions. SINGES. — GORILLE. 21 gné sous le nom de Troglodytes Gorilla. Tes recherches de M. Owen se résument donc zoologiquement dans ces deux conclusions : 1° Le Gorille (conformément à l'opinion de M. Savage, et contrairement à la mienne) serait une seconde espece du genre 7roglodytes. 2° Dans cette espèce, il existerait deux variétés distinctes; l’une, la mieux connue, habitant les bords du Gabon (et surtout, comme on le verra, une de ses rives); l’autre, plus récemment découverte sur un autre point de la côte occidentale d'Afrique, sur les bords de la rivière Danger. Je reviendrai plus loin sur cette seconde conclusion : je dois avant tout mettre le lecteur à même de s’éclairer sur la première, et de prononcer entre mon illustre confrère et moi. SECTION: IT: CARACTÈRES ET RAPPORTS NATURELS DU GENRE GORILLE (GORILLA). Les caractères sur lesquels j'ai fondé d’abord la distinction géné- rique du Gorille, étaient tirés de la conformation de la tête, et parti- culièrement des organes des sens, de celle des mains et des propor- tions des membres. A ces caractères, J'en ai bientôt ajouté un autre tiré du système dentaire : l'existence d’un cinquième tubercule aux dernières molaires inférieures. L'existence de ces caractères a-t-elle été confirmée? S'ils existent, sont-ils de valeur générique? Et sont-ils les seuls que l’on puisse assigner au genre Gorille? C’est à ces questions que je vais consacrer cette seconde section. $ 1. Conformation générale de la téte. Il n’est plus aujourd’hui un seul naturaliste qui ne connaisse et n’ait suivi par lui-même, chez les Orangs, cette série de transformations par lesquelles des Primates, d’abord tres-voisins de l’homme par leur tête globuleuse, leur 1, Souvent aussi en anglais, The Great Chimpanzee. 22 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. face courte et aplatie, leur front élevé et presque humain, finissent par se rapprocher des Cynocéphales eux-mêmes par l’acuité de leur angle facial, la dépression de leur front, le prolongement de leur face en un véritable mu- seau, et l'énorme développement des crêtes craniennes. La métamorphose de la tête est ici tellement complète, que les zoologistes se sont longtemps refusés à la croire possible. C’est ainsi que, dès 1780, la science devait à Wurmb lune bonne description de lOrang adulte; peu d'années après, le squelette de ce même Orang adulte se trouvait placé dans deux grandes collections, en Hollande d’abord, puis à Paris, à côté du squelette et du crane du jeune Orang Outan; et cependant, en 1820, Desmarest, dans son ouvrage classique sur les Mammifères, faisait encore de ces deux âges d’un animal, non pas seulement deux espèces, mais deux genres distincts ?. Bien plus : neuf ans plus tard, Cuvier lui-même indiquait, mais n’osait affirmer la vérité5! Tellement que pour trouver l'identité spécifique du jeune et de l'adulte, complétement démon- trée et acceptée, il faut presque venir jusqu’à l'époque, encore peu éloignée de nous, où les voyageurs et naturalistes hollandais se sont procuré et ont procuré aux principaux Musées de l'Europe ces précieuses séries d'Orangs de différents âges, que chacun de nous y a étudiées avec tant d'intérêt et de soin #. La connaissance exacte des transformations analogues, mais portées moins loin, que subit la tête dans le genre Troglodyte, n’a pas moins longtemps échappé aux naturalistes. Le jeune Chimpanzé a été bien dé- crit dès 1766 sous le nom de Jocko par Buffon et Daubenton 5; et le terme 4. Beschrijving van de groote Borneoosche Orang Outang, dans les ’erhandelingen van het bataviasch Genooschap, t. W, p. 137. — Ce Mémoire a été traduit dans la Décade philosophique, n°19; p..4. 2. Mammalogie de l'Encyclopédie méthodique, p. 52. Cependant, à cette époque, comme Desmarest prend soin de le rappeler, la vérité avait été entrevue par plusieurs zoologistes français, particulièrement par Cuvier dès 4818, et surtout par Blainville qui l'avait même presque démontré. 3. Règne animal, 2° édition, t. I, p. 89. « Malgré la proéminence de son museau, disait Cuvier, on peut le croire (le Pongo), un adulte, sinon de l'espèce de l'Orang-Outang, du moins d’une espèce très-voisine. » k. Voyez surtout Temmixck, Monogr. de Mammalogie, Leyde, in-4°, t. Il, 4835 à 4841; 42° Mo- nographie, p. 113 et suiv., et addition p. 387. 5. Buflon, Hist. nat., t. XIV, p. 60. — DAUBENTON, /bid., p.72. Je dis : bien décrit, mais non : bien figuré. Le dessinateur De Séve à donné au Jocko-une attitude SINGES. — GORILLE. 23 extrême des modifications de ce même animal à l’état adulte n’est exactement connu que depuis 1835, date de la publication d’un Mémoire important de M. Owen sur l’ostéologie comparée du Chimpanzé et de l’Orang Outan t. Le Gorille présente-t-il une semblable série de modifications? Sa tête se transforme-t-elle aussi à mesure qu'il devient adulte? Et si cela est, pré- sente:t-il, à ce point de vue, avec lOrang Outan ou avec le Chimpanzé, une ressemblance aussi marquée que celle qui existe ordinairement entre Îles espèces d'un même genre naturel? La réponse à cette dernière question est très-différente selon que nous con- sidérons le jeune âge ou l’état adulte. Comme les jeunes Orangs et comme le jeune Chimpanzé, le jeune Gorille a la face très-courte, le front bien déve- loppé, la tête globuleuse, et dans son ensemble, de forme presque humaine; caractères auxquels s'ajoute, comme chez l’Orang Outan en particulier, la concavité très-marquée de la ligne faciale (non tout à fait rectiligne chez le Chimpanzé, et encore moins convexe, mais dont la courbure et la rentrée en dedans dans sa partie moyenne sont beaucoup moindres). Si les Orangs, le Chimpanzé, le Gorille n'étaient connus que dans le jeune âge, et seulement par leurs crânes, on pourrait donc être conduit à les rapporter à un seul et même genre naturel, et à admettre le genre S'mia, tel que Cuvier et mon pere le caractérisaient en 1705. Mais c’est sur les caractères des animaux à l’état adulte que se fonde la distinction des genres, et à ce point de vue, ce ne sont pas seulement les Orangs et les Chimpanzés qui se séparent génériquement : le Gorille, à mesure qu'il avance en âge, revêt aussi un type propre, et nous pourrions déjà démontrer, par l'examen de la tête seule, qu’à côté des genres Sénia et Troglodytes, il faut en établir un troisième, intermédiaire entre eux. Le Gorille, en premier lieu, ne peut être placé dans le genre Sinia. Les vrais Orangs, soit à orbites elliptiques comme l’Orang-Outang, soit à orbites quadrangulaires comme lOrang de Wurmb? sont surtout remarquables, tout humaine; Buffon a lui-même reconnu et signalé l’inexactitude de cette figure. Voy. Suppl. t. VII, p. 3. 1. On the osteology of the Chimpanzee and Orang-Utan, dans les Trans. of the zcol. Soc. de Londres, t. I, p. 343 et suiv.; 4853. 2. GEOFFROY SAINT-HiLAIRE, Cours de l'Hist. nat. des Mamm., leçon VII, p. 27-31: 1828. M. de Blainville a admis cette seconde espèce, très-distincte par son crâne, mais en lui attribuant 24 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. quant à la conformation de la tête, par deux caractères signalés et appréciés à leur juste valeur par tous les auteurs récents !; l'énorme développement des crêtes sagittale et occipitale, et l'élévation du crâne, en arrière dela face, ou, selon l'expression de Cuvier et d’un grand nombre d’auteurs, « la forme « pyramidale » de la tête. De ces deux caracteres, le Gorille possède le pre- mier, et même il l’exagère encore : la crête sagittale dans sa partie posté. rieure, et la crête occipitale font, l’une et l’autre, chez les vieux mäles, une saillie de plus de deux centimètres. À ce point de vue, et en tenant compte du prodigieux développement musculaire que ce caractère indique et pour ainsi dire traduit ostéologiquement, on pourrait comparer le Gorille à un Orang, beaucoup plus robuste proportionnellement, en même temps que beaucoup plus grand que les espèces de Bornéo et de Sumatra. Mais, de l’un à l’autre genre, la conformation générale du crâne est tres-différente. Chez les Orangs, comme tout le monde le sait, le crane n’est pas placé en arrière de la face et à la même hauteur qu’elle; il lui est à la fois postérieur et supé- rieur. Chez le Gorille, au contraire, le crane qui, en même temps, est beau- coup plus allongé, ellipsoïdal et non sphéroïdal, est placé en arrière de la face et presque tout entier au même niveau : postérieur, par conséquent, mais non plus supérieur. Ce caractere différentiel est trop important pour que je m'en tienne à cet énoncé général, d’autant que l'inspection extérieure du profil de l'animal tel qu’on le voit dans une des planches de ce Mémoire ? pourrait induire en erreur, à cause de l'énorme hauteur des crêtes sagittale et occipi- à tort un caractère que plusieurs auteurs ont admis d’après lui ; l'absence des lobes cutanés des pom- mettes que tous les zoologistes connaissent chez l'Orang Outan mâle adulte. Si l’on eût pris la peine de remonter aux sources, on y eût vu que l’Orang de Wurmb a aussi, Wurmb le dit expressément (loc. cit.), une large excroissance charnue, s'étendant démesurément sur chaque joue. L’Orang bicolore, Simia bicolor, que j'ai décrit en 1843 (Arch. du Mus., t. W, p. 526), a aussi les orbites quadrangulaires, mais paraît différer par la coloration et par quelques détails de conformation. On ne pourra, du reste, prononcer avec certitude sur cette espèce, tant qu'on ne possédera pas la série de ses âges. 1. Voyez entre autres auteurs : GEOFFROY SAINT-HiLamme, Cours de l'Hist. nal. des Mamm., leçon VIT 4828. — Dumonrier, dans les Bulletins de l'Académie des Sciences de Bruxelles, 1838, p. 756. — TEMMINCK, loc. cit.— BLaiNvize, Ostéographie, 2 Liv. — Owen, loc. cit.— DuvErNoy, locis ci. Les mêmes auteurs ont signalé, en outre, divers caractères ostéologiques qui tendent aussi à sépa- rer génériquement les Oranzs des Chimpanzés, et dont plusieurs ne sont pas sans importance. 2.APLAIT. SINGES. — GORILLE. 25 tale, qui reporte beaucoup au-dessus de Ja voûte du crane le contour extérieur du dessus de la tête. Pour se mettre en garde contre cette cause d’erreur, et contre toute autre, et pour se rendre un comple exact de la con- formation générale et des véritables rapports de la face et du crâne, il suffira de procéder ainsi : placez, sur un support, un crâne d’Oraug adulte, de maniere qu'il soit posé sur les couronnes des molaires supérieures; et faites passer, par les bords supérieurs des crêtes orbitaires, un plan parallèle à la surface du support, et vous verrez ce plan couper la cavité cranienne pres- que exactement par le milieu. Faites de même pour le Gorille, et vous trou- verez que le plan parallele au plan de la couronne des molaires passera au- dessus de la portion antérieure de la cavité cranienne, y pénétrera seulement et très-superficiellement vers le milieu, et sera en arrière tangent à la partie supérieure. On peut encore exprimer les mêmes faits en mesurant, dans les deux genres, la longueur horizontale ? et la hauteur de la tête, et en prenant les rapports de ces deux dimensions : Hauteur. Longueur. Rapport de la hauteur à la longueur. ORANG (adulte).......... 0 OO 2150 M 1 OUTA peus pres M AIME GORE (CT) ere OMS O0 NN UE ME 39 ou at peuvpress:: 1417 La longueur ne surpasse donc la hauteur chez l’Orang, que de ;; elle la surpasse chez le Gorille de + : fraction plus que triple de la premiere. C’est sur ces différences que M. Duvernoy à appelé l'attention, lorsqu'il a dit : « Le Gorille est dolichocéphale, les Orangs sont brachycéphales », ex- pressions empruntées à l'anthropologie, et qu'il eùt peut-être mieux valu Jaisser à cette branche de la science ; car elles tendent à donner des carac- téres différentiels auxquels elles se rapportent, une idée qui n’est pas seu- lement par trop incomplète, mais manque d’exactitude. Les faits principaux et dont il importe le plus de tenir compte, ne sont pas l’allongement relatif 4. Un support est nécessaire, à cause de la saillie des canines. En l'absence de celles-ci, il suffirait de poser le crâne sur la première table venue, et de le mainte- air dans la position indiquée. 2. En d’autres termes, la projection, sur un plan horizon(al, du diamètre antéro-postérieur de la éète. Voici ce diamètre, ou la distance du bord des incisives au point le plus reculé de l’occipital. OBANGEE Er e-e UN 26 GORILLE: 6... Se 0, 30 ArGHives Du Muséum. T. X. — 26 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSEUM. de la tête chez le Gorille et la brièveté proportionnelle chez les Orangs, ou si l’on veut les appeler ainsi, la dolichocéphalie et la brachycéphalie; ce sont bien plutotles rapports de la situation du crâne avec la face chez un et chez l'au- tre; l’obliquité, la proclivité tres-marquée, chez l'Orang, du diamètre antéro- postérieur de la tête, qui, au contraire, s’écarte peu chez le Gorille, de lho- rizontalité. C'est sur ces caractères si importants qu'on passerait si l’on se bornait à dire lOrang brachycéphale et le Gorille dolichocéphale; car la dolichocéphalie n'exclut pas plus que la brachycéphalie, la superposition partielle du crâne, l'élévation considérable du sinciput au-dessus de la face : s'il y a des hommes brachycéphales et d’autres dolichocéphales, il n'y en à point, à part les idiots et les individus à tête artificiellement déformée, qui n'aient un front plus ou moins développé. Et il est même à remarquer que, de toutes les races, celle qui a le plus beau front, c’est-à-dire le plus élevé et le plus droit, se trouve parmi les dolichocéphales : la race cauca- sique est, en effet, dolichocéphale, quoique à un degré moindre que la race éthiopique. Le Chimpanzé est dolichocéphale comme le Gorille, dit M. Duvernoy; et chez lui aussi, comme chez le Gorille, le crâne dépasse peu en arrière le niveau supérieur de la face. 1l y a cependant quelques différences. En pro- cédant pour le crâne du Chimpanzé, comme pour celui des deux Singes que nous venons de comparer, on trouve que le plan supérieur, parallele au plan des couronnes des molaires, traverserait la cavité cranienne, mais de ma- niére à en laisser plus des quatre cinquièmes au-dessous de la section. Et quant aux mesures, elles sont les suivantes : Hauteur. Longueur, Rapport de la hauteur à la longueur. 0,125 0%,21 :: 4 : 1,68 ou à peu près :: 4 : cilen Les différences, bien que très-notables, que ces remarques et ces mesures mettent en lumière, ne seraient pas acceplées comme génériques, par la plu- part des naturalistes, et ils auraient raison. Mais il en est une autre bien plus tranchée et bien plus importante, Le Gorille est de tous les Singes, celui chez lequel les crêtes sagittale et occipitale sont, à l'état adulte, les plus énormes; le Chimpanzé est, au contraire, au nombre de ces Singes chez lesquels elles 4. Le diamètre antéro-postérieur est de 0",225 MD + SINGES. — GORILLE, Par! restent, pendant toute la vie, très-peu développées, et qui, à cet égard, s’éloignent le moins de l'homme, dont le caractère est, comme chacun sait, non pas même le très-faible développement, mais la #ullité absolue des crètes craniennes. En d’autres termes, dans cette suite de transformations par les- quelles, comme je l'ai dit plus haut, la tête passe, chez les Simiens, de formes presque humaines, à des formes de plus en plus dégradées, presque à des formes de Cynocéphales, le genre Troglodyte s'arrête dans une phase que le Gorille présente presque exactement réalisée dans un de ses âges, mais au dela de laquelle il s’avance bientôt et qu’il dépasse de beaucoup; tellement que, dans cette série de transformations, le Chimpanzé représentant un terme moyen, le Gorille représente le terme extrême. Celui-ci est, dans la tribu des Singes, par rapport au genre Troglodyte, ce que sont, dans la tribu suivante, par rapport à plusieurs autres, les Mandrills, les Chacmas et les autres Cynocéphales. Et j'arrive ainsi à étendre à la première tribu des Simiens les vues, déduites de la théorie générale des inégalités de développement, que j'ai appliquées, il y a plus d’un quart de siecle déjà, à la seconde et à la troisième tribus !, et A. Zoologie du Voyage aux Indes de M. Bélanger, 1830-1831, p. 64; Études de zoologie, Are livr., 1832, et Magasin de zoologie, année 1832, article sur les Hurleurs. : J'ai résumé ces vues beaucoup plus récemment (4rchiv. du Mus., t. H, p. 25 et 25), dans un pas- sage dont j’extrairai ici quelques lignes, nécessaires peut-être à l’intellizence de ce que je viens de dire : « En comparant entre eux les différents groupes (de la seconde tribu), et spécialement les Semno- « pithèques (voyez la note ci-après), les Cercopithèques, les Macaques et les Cynocéphales, j'ai fai « voir que le dernier de ces genres par rapport à tous les autres, l’avant-dernier par rapport aux « deux qui le précèdent, enfin le second par rapportau premier, sont essentiellement caractérisés par « des degrés plus avancés dans le développement d’un type cranien qui, au fond, est le même chez « tous. De semblables considérations sont applicables aux Cébiens..… Ici encore, il est vrai de dire « que les divers genres représentent tous un seul et méme type dans des degrés divers de dévelo;- « pement, et que les genres chez lesquels nous observons un degré plus avancé, offrent momenta- « nément avant d'y parvenir, et pour ainsi dire, traversent les degrés moins avancés qui, pour les « autres, constituent les conditions normales et définitives. » D'où résulte (car on aperçoit ici une liaison intime entre la théorie des inégalités du développement et la classification par séries parallèles) la disposition des deux tribus en séries, l'une de l'ancien cor- tinent, l'autre américaine, commençant l’une et l’autre par des Singes à tête arrondie et plus ou moins humaine, et se dégradant successivement et parallèlement par des modifications analogues des deux types caractéristiques de l’une et de l’autre tribu. Je dois faire remarquer que ce genre de considérations n’est pas applicable seulement aux formes cra- niennes, mais à plusieurs autres points de vie, par exemple, au naturel lui-même qui se transforme aussi 28 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. que j'ai depuis développées à plusieurs reprises dans mes cours, en les appuyant de nouvelles preuves, et en les complétant sur plusieurs points 1. Le Gorille se sépare donc déjà, par la conformation de son crâne, soit des Orangs, soit du Chimpanzé; plus voisin d’ailleurs de celui-ci que de ceux-là, puisque ses caractères craniens dérivent de ceux du Chimpanzé, en étant seulement une exagération extrême, et qui ne se produit qu'à l’état adulte. à mesure que l’animal avance en âge. Un jeune Macaque, un très-jeune Cynocéphale, à l’époque où ils ressemblent à un Cercopithèque par leurs formes craniennes, ont bien plutôt, comme je lai fait remarquer, le naturel des Singes de ce dernier genre, que celui qui leur appartiendra à l’état adulte, et qui est caractéristique de leur propre genre. A. Je n’indiquerai ici qu'une seule de ces additions récentes aux vues que je viens de rappeler; et si je le fais, c’est parce que je suis conduit, par ce qui précède, à y rattacher une des différences organiques du Chimpanzé et du Gorille : leur différence de taille. Depuis l'établissement du genre Miopithèque (4rchiv. du Mus., t. IT, p. 65 et suiv.) auquel j'ai donné pour type le plus petit des Singes de l’ancien monde, le Talapoin de Buffon, j'ai été conduit à substituer dans la série des Singes de la seconde tribu, telle que je l'avais indiquée (voyez la note précédente), les Miopithèques aux Semnopithèques, qui doivent être placés à part, avec les Nasiques et les Colobes, en raison de l’extrème complication de leur estomac. Par cette substitution, la série se trouve ainsi établie : 4° Miopithèque; 2° Cercopithèque; 3° Macaque; 4° Cynocéphale; et dès lors, il est facile de voir que la série établie d’après la dépression de plus en plus marquée du cräne et l'ollon- gement toujours croissant du museau, se trouve, par le fait, élablie aussi ex raison de la taille qui va toujours croissant de l'animal à tête plus ronde et plus humaine au Singe à tête plus dégradée et plus bestiale. Ce rapport subsisterait encore si je venais à rétablir quelques termes intermédiaires que j'ai d’abord passés sous silence pour simplifier le problème. Par exemple, le Théropithèque (genre que j'ai créé pour le Gélada) vient pour les formes de son crâne, comme tous les zoologistes le savent, après les Macaques, et avant les Cynocéphales. Mêmes relations pour la taille : les Théropithèques sont plus grands que les Macaques, plus petits que les Cynocéphales. Ils sont donc intermédiaires aussi bien à l’un qu’à l’autre point de vue. Est-ce la une simple rencontre? ou une concordance digne d’altention ? Très-certainement une con- cordance. En effet, elle n'existe pas là seulement. Quels sont, parmi les Singes de la troisième tribu, les Singes dont la tête est le plus arrondie? Les Saïmiris, c’est-à-dire, encore les plus petits ; puis les Callitriches etles Nyctipithèques. Et quels sont ceux dont la tête est le plus allongée, le plus dégradée ? Les Hurleurs, dont la taille est très-grande, relativement au type général des Singes américains. Entre eux sont les Sajous, aussi bien pour la taille que pour la conformation du crâne. Et il est à remarquer que si les déformations de la tête ne vont pas, à beaucoup près, dans la seconde tribu, aussi loin que dans la troisième, la taille des plus grands Cébiens reste aussi de beaucoup en decà de celle des Cyno- céphales et des autres grands Cynopithéciens. Il me serait facile de montrer que cette concordance peut être suivie bien plus loin, par exemple, dans les Cheiroptères, dans les Carnassiers, dans les Ruminants : les genres que l’on peut dire, au point de vue de leur conformation générale, caractérisés par un arrêt de développement, sont presque tous, comparativement à leurs analogues, de petite taille; il y a chez eux arrél d'accroissement comme arrêt proprement dit de développement. SINGES. — GORILLE. 29 Conclusion que je confirmerais par l’examen détaillé des divers os cra- niens, si ce travail n’était déjà fait, et avec le plus grand soin, par mes pré- décesseurs, et particulièrement par celui dont j'ai ici pour devoir de com- pléter le travail, M. Duvernoy. $ 2. Conformation des organes des sens. Les organes des sens présentent, du Gorille au Chimpanzé, des différences très-notables, qui, assurément, ne sauraient, à elles seules, motiver l’éta- blissement d’un genre à part pour le Gorille, mais dont on peut dire cepen- dant qu’elles dépassent la limite des différences de forme ou de disposition, ordinairement observées entre les diverses espèces d’un même genre na- turel. Les oreilles sont, à la vérité, chez l’un et chez l’autre de ces Singes, de forme humaine, et par conséquent, établies sur le même type général; mais les différences de dimensions sont énormes. Le Chimpanzé a, comme chacun sait, les oreilles énormes; le Gorille les a petites, beaucoup plus petites, proportion gardée avec la taille de l'animal, qu'elles ne le sont chez l'Orang Outang. Je me borne à énoncer ce fait pour lequel il me suffit de renvoyer aux planches de ce Mémoire, particulièrement au profil dessiné par M. Werner 1. Les narines sont, des divers organes des sens, les plus remarquables chez le Gorille. On sait que celles du Chimpanzé, et de même celles des Orangs, se réduisent à peu près, comme dans la plupart des Singes de l’ancien monde, à deux trous percés vers le milieu de la face; chez le Chimpanzé surtout, la dépression, l'aplatissement du nez sont extrêmes. Chez le Gorille, les narines sont très-différemment disposées : chacune d'elles est soutenue par un car- tilage qui en relève les parois supérieure et latérale. Elles sont très-larges et A. À tous ces faits, souvent exposés dans mes cours, ne suis-je pas en droit d'en ajouter aujourd’hui un de plus? Le Gorille est gigantesque, le Chimpanzé est de taille moyenne. Le Gorille est donc encore à celui-ci, par sa taille aussi bien que par ses formes craniennes, ce que le genre Cynocéphale est aux Singes qui le précèdent. Ajoutons que de même, parmi les Simiens asiatiques, le genre Gibbon est à la fois celui dont la taille est la plus petite, et celui qui renferme les espèces dont le crâne est le plus arrondi et la face la plus courte. 4-2Pl ur 30 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. trés-rapprochées l'une de l’autre, et ouvertes dans un enfoncement dont la partie supérieure s’avance comme une sorte d'auvent au-dessus des trous nasaux !. La disposition presque tubuleuse des narines du Gorille rappelle celle que tout le monde connait chez le Mandrill et le Drill; ces Singes sont presque aussi voisins à cet égard du Gorille que du Papion, du Chacma et des autres Cynocéphales avec lesquels on les réunit d'ordinaire ?. Les yeux du Gorille sont remarquables par leur situation à fleur de tête, Les cils sont courts, mais épais et résistants. Quant à la langue, je n'ai rien à ajouter à ce qu’en a fait connaitre M. Du- vernoy ÿ. $ 3. Proportion des membres et conformation des mains. Quand j'ai porté de trois à quatre, il y a quelques années #, le nombre des divisions principales ou tribus de la grande famille des Singes, je dus cher- cher pour lanouvelle tribu que je venais d'établir, et qui comprenait alors les trois genres Troglodyte, Orang et Gibbon, un caractère à la fois extérieur et important qui correspondit à toutes les modifications intérieures signalées par les anatomistes. Je trouvai ce caractère dans les proportions des deux paires de membres, Chez les Cynopithéciens, c’est-à-dire chez tous les Singes de l’ancien monde autres que les Troglodytes, Orangs et Gibbons, les membres postérieurs sont plus longs que les antérieurs; caractère que cette tribu par- tage avec les deux suivants, les Cébiens et les Hapaliens, c’est-à-dire avec tous A. Voyez les deux figures, de face et de profil, dessinées par M. Werner. Je dois rappeler que ces figures ont été faites, non d'après l’empaillé, mais d’après un individu conservé dans la liqueur (voy. p. 44). Ces figures sont très-fidèles, et il en est nécessairement de même du moule que j'ai fait faire d'après le même individu; moule avec lequel on ne doit nullement confondre la tête en plâtre du Gorille qu'on trouve dans le commerce : tête modelée et non moulée, et très-inexacte, notamment en ce qui concerne les narines, dont la disposition tubuleuse a été singulièrement exagérée. 2. Chez le Papion, le Chacma et les autres vrais Cynocéphales, les narines sont beaucoup plus tubu- leuses, et par suite deviennent terminales, disposition qui n’est que très-incomplétement réalisée chez le Mandrill et le Drill. Quoique tous ces Singes soient généralement, ou compris dans le même genre, ou séparés seulement en raison de la longueur très-inégale de leur queue, la disposition des narines établit entre les Mandrills et les vrais Cynocéphales une différe ice très-marquée. 3. Archiv. du Mus., loc. cit. pl. xv, fig. A et A’. 4. Archiv. du Mus., 1.1, et Cataloyzue dis Mammifères du Muséum, Prima'es, 1854, p. 3. SINGES. — GORILLE. 31 les Singes américains, Aussi, tous ces animaux sont-ils franchement quadru- pèdes. Dans les genres de la premiere tribu, au contraire, les membres ante- rieurs sont plus longs que les postérieurs; d'où l'attitude oblique, la dé- marche indécise et pour ainsi dire sexi-bipède, des Troglodytes, des Orangs, des Gibbons; et c’est même là un des traits principaux de ce qu’on a appelé leur anthropomorplisme. Cette prédominance des membres antérieurs sur les postérieurs est con- stante dans la première tribu, mais elle n’y est pas partout également mar- quée. Chez les Orangs et surtout chez les Gibbons, elle estextrème : lorsque ces Singes sont debout , leurs bras pendants le long du corps, l'extrémité de leurs doigts atteint les malléoles externes. Dans le genre Troglodyte, les bras conservent, au contraire, à peu de chose près, les proportions hu- maines; et si l'extrémité des doigts ne s'arrête pas, comme chez nous, un peu au-dessus du genou, mais descend un peu au-dessous, c’est surtout en raison des proportions de la cuisse, beaucoup plus courte chez le Troglo- dyte que chez l’homme. Mon père est, de tous les zoologistes, celui qui a le mieux signalé et dé- montré l'importance de ces caractères, et c'est sur eux que, dès 18121,ila fondé le genre Troglodytes que la plupart des zoologistes et Guvier lui-même ont si longtemps refusé d'admettre, mais qui est aujourd'hui universellement adopté. Il n’est plus un seul zoologiste digne de ce nom qui ne reconnaisse aujourd’hui dans ces différences de proportions, entre les Troglodytes et les vrais Orangs, des caractères véritablement génériques, et d’une grande valeur, en raison de leur liaison intime avec les conditions générales de la station et de la progression chez les animaux qui les présentent. Le Gorille a-t-il les proportions caractéristiques du genre Troglodyte ou celles du genre Orang? Ni les unes ni les autres. Il est plus humain, à ce point de vue, que l’Orang, moins que le Troglodyte : l'extrémité de ses doigts des- cend beaucoup au-dessous du genou, mais s'arrête beaucoup au-dessus de la malléole externe, à peu près vers le milieu de la jambe. L’allongement relatif du membre supérieur chez le Gorille comparé au 1. Tableau des Quadrumanes, dans les Annales du Muséum d'histoire naturelle, t, xix. Pour le développement et l'appréciation des caractères des divers genres de Simic ns, VOy. surlout parmi les travaux Ce mon père, son Cours d'Histoire naturelle des Mammifères, cinquième lc- con ; 1828, 32 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. Chimpanzé, n’est pas également réparti entre toutes les parties de ce mem bre. Il porte entièrement sur le bras et l’avant-bras, beaucoup plus longs proportionnellement chez le Gorille que chez le Chimpanzé, tandis que c’est le contraire pour la main, plus courte chez le Gorille, et en revanche plus large; par conséquent, beaucoup plus rapprochée de la forme humaine. Au premier aspect, on croirait voir dans la main du Gorille, la main d'un géant, selon la juste expression de M. Duvernoy !; similitude à l'égard de laquelle il faut faire toutefois quelques réserves, Ce qui est surtout humain, ce sont les portions carpienne et métacarpienne, et par suite, la position du pouce dont l'insertion n’est pas reportée en arrière comme chez le Chimpanzé. Quant aux doigts, le Gorille les a notablement plus courts et plus gros à pro- portion qu'ils ne le sont chez l'Homme, et aussi chez le Chimpanzé. De plus, ils sont moins libres, moins complétement divisés : la partie postérieure des premieres phalanges des trois doigts intermédiaires, et même, un peu, du petit doigt, reste engagée sous les téguments communs : caractère d’autant plus digne d’attention, que nous lui verrons correspondre, aux mains posté- rieures, une disposition très-remarquable des doigts ou orteils. Voici donc dans la conformation de la main deux points de vue sous les- quels le Chimpanzé est plus voisin de l'Homme que le Gorille; mais celui-ci n’en est pas moins le seul qui, par l’ensemble des caractères de sa main, se rapproche de l'Homme. Et si, pour les proportions générales des membres, l'ordre, à partir de notre espèce, est le suivant : Troglodyte, Gorille, Orang, il est celui-ci en ce qui concerne la main: Gorille, Troglodyte, Orang; et dans ce dernier ordre sérial, il n’y a guère moins loin du premier terme au second, que du second au troisième. C’est ce que j'ai fait voir en mettant en regard, en 1853, devant l’Académie des Sciences?, et à plusieurs reprises dans mes cours, les mains des trois genres de Singes les plus rap- prochés de l'homme; et ce dont chacun peut juger en comparant la figure de la main du Gorille, placée à la suite de ce Mémoire, aux préparations ou 4. Ces jours-ci même, et tandis que je rédigeais ce Mémoire, un artiste très-distingué, M. Gé- rante, peintre en vitraux, a bien voulu m'adresser le moule de la main d’un cocher ; main remarqua- ble par son énorme volume, et surtout par le volume relatif de ses doigts : cette main a été prise par plusieurs personnes, pour celle d'un Gorille. 2. Séance du 6 juin 4853; Comptes rendus, t. XXX VI, p. 973; communication faite à l'appui de remarques présentées à la précédente séance de l’Académie; même volume, p. 935. SINGES. — GORILLE. 33 mieux, aux moules des mains de Troglodyte et d’Orang que possèdent pres- que tous les Musées. Voici, du reste, des mesures prises comparativement dans les trois genres, et qui ne sauraient laisser aucun doute sur les diffé- rences qu'ils présentent : Gorille. Troglodyte. Orang (jeune). Longueur de la main antérieure .........,......... 02,25 0®,21 0®,18 Largeur (prise à la paume, et non compris le pouce). 0, 125 0, 075 0, 06 Rapport dela tlarseur la longueur Tr ANA NP LOIS AN 2 OMAN Parmi les autres caractères de la main du Gorille, il en est trois tres-dignes d'attention : deux ostéologiques : les phalanges ne sont pas arquées, con- vexes en dessus, concaves en dessous; et le nombre des os carpiens est de huit seulement; caractères que le Gorille partage avec le Chimpanzé ?, à l’exclu- sion des Orangs et des Gibbons. Un troisième caractère, d'un autre ordre, mais auquel on ne doit pas attacher moins d’intérèt, est la forme aplatie des ongles. J’ai depuis longtemps, et à plusieurs reprises, relevé l'erreur presque partout reproduite, qui attribue à tous les Singes des ongles plats, et j'ai fait voir que, dans cette grande famille, à partir des Orangs, les ongles sont en gouttières ou même comprimés. Chez le Chimpanzé, au contraire, ils sont aplatis; caractère qui lui était propre, mais qui ne l’est plus : le Gorille le partage avec lui, mais à un degré un peu moindre. Les mains postérieures ressemblent aux antérieures pour l’aplatissement de leurs ongles, mais non pour leur forme générale. Elles ne sont proportion- nellement ni moins longues, ni plus larges que chez le Chimpanzé, ainsi qu'on peut le voir par les mesures suivantes : Gorille, Troglodyte. ÉODEUEUAAENAMANNPOSLÉTIBURE NS Ses sie ee ele sie ee eee s selles cie. Sub Don 0e Cu QU AE Largeur (maximum), immédiatement en arrière de l'insertion du pouce...... 0,44 0, M4 Largeur (minimum) à la partie antérieure du métatarse, le pouce non compris. 0,095 0, 065 D'où l’on voit, ces mesures étant comparées à celles qui précèdent, que la main postérieure est plus longue que lantérieure chez le Gorille, de 5 centimètres, ou le cérquième de la longueur de celle-ci. Chez le Chim- panzé, au contraire, l’exces de longueur est de deux centimètres, un peu À. Pour le Chimpanzé, voyez : Vrouik, Recherches d'anatomie comparée sur le Chimpanzé, in-fol, Amsterdam, 1841, p. 143.— Pour le Gorille : Duvernoy, Comptes rendus de l’ Académie des Sciences. t. XXXVI, p. 931, et 4rchiv. du Mus., t. VIII, p. #1 et 54. ARCHIVES DU MusÉuM. T. X. 5 34 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. moins d’un dixième de la longueur de la main antérieure. Et d’où l’on voit aussi que chez l’un comme chez l’autre de ces Singes, la longueur de la main postérieure ou du pied est un peu plus que le double de sa largeur maximum, rapport qui s'éloigne peu de celui qui existe entre la longueur et la largeur du pied humain. La main postérieure du Gorille, mais non plus celle du Chimpanzé, pré- sente avec le pied de l’homme une autre similitude bien plus remarquable ; car celle-ci porte sur un des détails les plus intimes et les plus dignes d’atten- tion (quoique souvent omis dans les descriptions!) que présente la conforma- tion du pied humain. Chez le Gorille, comme dans notre espèce?, les trois doigts ou orteils intermédiaires, peu différents entre eux de longueur, sont unis à leur base par les téguments, et on ne les trouve séparés chez le mâle ÿ qu’à partir de la seconde phalange #. L’extrémité digitée du pied se divise donc chez le Gorille en trois parties comme chez l'Homme, savoir : en dedans, le pouce ou gros orteil; en dehors, le petit orteil; et entre eux, trois doigts partiellement réunis, et par suite (comme par la disposition corrélative des muscles), à mouvements communs, ou du moins étroitement enchainés. J'ai à peine besoin de rappeler que la syndactylie n’était connue, parmi les Singes de la première tribu, que dans une espèce, et précisément une des moins rapprochées de l’homme, l'Hylobates syndactylus ; mais il est bon de rappeler qu'on la trouve ici avec des conditions très-différentes de celles que présentent l'Homme et le Gorille : elle n’existe que pour deux doigts ou orteils (et non trois), le second et le troisième; et pour ces deux doigts, elle est portée plus loin que chez le Gorille et que chez l'Homme : les troisièmes phalanges sont seules complétement libres chez le Gibbon syn- dactyle. Les similitudes que je viens de signaler entre la main postérieure du Go- rille et le pied de l'Homme, et qui s'étendent, comme on le voit, jusqu’à des 1. Le pied humain, à ce point de vue, n’a pas été plus fidèlement représenté par les statuaires, qu'exactement décrit par les naturalistes et les anatomistes. 2. Ou du moins, chez le plus grand nombre de sujets. Il existe, en effet, de nombreuses variétés. 3. Ce caractère, si remarquable chez le mâle, n’existe qu’en partie, et presque seulement comme indication, chez la femelle. Chez l'homme, on trouve dans les deux sexes la même conformation générale et les mêmes variétés. 4. M. Poortmann a aperçu, le premier, ce caractère sur le grand Gorille qu'il a préparé pour les Galeries du Muséum. Voy. p. 44. SINGES. — GORILLE. 35 détails presque minutieux de leur organisation, sont d'autant plus remar- quables, qu’à d’autres égards, il existe entre cette main et ce pied des diffé- rences considérables. Aucune espèce n'est quadrumane à un plus haut degré que le Gorille; aucun Primate n'a les pouces postérieurs plus dé- veloppés, plus écartés, plus opposables et mieux conformés pour la pré- hension. Le Gorille présente, comme on le voit, quant à ses membres, trois ordres de caracteres : Par les uns, la forme des phalanges, celle des ongles, et le nombre des os carpiens, il ressemble au Chimpanzé, celui de tous les Singes avec lequel il a manifestement le plus de rapports. Par ces mêmes caractères, le Gorille ressemble aussi à l'Homme : seconde similitude qui répond suffisamment à ceux qui croiraient pouvoir trouver dans la première un argument en faveur de l’identité générique du Gorille et du Chimpanzé. Par d’autres caractères, ceux qui résultent de la proportion générale des membres , le Gorille se sépare du Troglodyte pour se rapprocher des Orangs. Enfin par d’autres encore, et sinon les plus importants, du moins les plus remarquables, c’est en sens inverse qu'il s’écarte du Chimpanzé : par la con- formation des mains et par quelques détails de celle des pieds, il tend à remonter vers l'Homme. Rapports mixtes qui indiquent encore un type propre, un genre distinct, et nous conduisent, par conséquent, aux conclusions déjà déduites de la com- paraison des crànes. $ 4. Système dentaire. Le premier caractère dentaire qui frappe chez le Gorille, si Pon a sous les yeux un individu entièrement adulte et surtout un mâle, c’est le développe- ment considérable des canines : par ce développement, aussi bien que par celui des crêtes craniennes, le Gorille se rapproche des Orangs, et s’écarte du Chimpanzé. Après ce caractère qui n’a échappé non-seulement à aucun naturaliste, mais à aucune des personnes qui ont vu le Gorille adulte, il en existe un autre moins frappant au premier aspect, mais auquel tous les zoologistes attacheront beaucoup plus d'importance : c'est celui que j'indiquais en 36 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSEUM. partie, dans le tableau plus haut reproduit, par ces mots : cinquième mo- laire inférieure à cinq tubercules. Au lieu que cette molaire soit sensiblement aussi large que longue, ou même plus large que longue ?, et quadri-tuber- culée comme la molaire correspondante de l'Homme et du Chimpanzé, elle a, chez le Gorille, plus d’étendue d’avant en arrière que de droite à gauche; et ce plus détendue tient à l'existence en arrière d’un cinquième tubercule, trés-considérable, et presque de même largeur que le reste de la dent; en un mot, d’un talon, comme chez les Macaques, les Cynocéphales et un grand nombre d’autres Singes de la seconde tribu; talon dont on trouve déjà une indication chez les Orangs. Ce talon est très-développé chez le Gorille; et il porte lui-même deux petites éminences, contiguës à leur partie anté- rieure; j'en ai même vu trois, d’un côté, chez un Gorille. Tel est le remarquable caractère, et manifestement de valeur générique, que j'avais constaté et indiqué dès l’origine. Et il n’est pas le seul. Les troisième et quatrième molaires (première et seconde mächelière) partici- pent à ce caractère; si bien que l’on peut dire avec M. Duvernoy#, des mà- chelières ou grosses molaires inférieures du Gorille, que toutes « ont jusqu’à six pointes ou cinq pointes et un talon»; et par conséquent, du système dentaire de l’animal dans son ensemble, qu’on n’en peut « méconnaitre les « caractères génériques distincts # », et qu'il a même « plus de rapports avec « celui des Orangs qu'avec celui des Troglodytes 5. » La conclusion à laquelle j'étais arrivé, est donc encore ici celle de M. Du- 4. Voy.p. 15. 2. C’est le cas du Chimpanzé. 3. Archiv. du Mus., loc. cit., p.150 et 151. M. Duvernoy a aussi confirmé la distinction générique des genres Troglodytes et Gorilla, par plusieurs détails pour lesquels je renvoie à son travail, et dont plusieurs sont relatifs à la première aussi bien qu'à la seconde dentition. Voyez aussi les divers Mémoires sur le squelette ou sur le cräne du Gorille que j'ai cités plus haut, et particulièrement ceux de M. Owen. &. Ce qu'on pourrait à la rigueur contester, s’il n’existait d'autre caractère distinctif que le éalon de la cinquième molaire. Voyez l'Ostéographie de BLaINviLe, fascic. I, p. 45; et pour d’autres faits, et pour plus de déve- loppements que je ne puis en donner ici, mon travail sur les Semnopithèques dans la Zoologie du Voyage dans l’Inde de JacquEmoNT, Mammifères, p. 27 et suiv., 1843. L'existence d’un talon à la cinquième molaire inférieure n’est pas sans exemple chez l'Homme. 5. Archiv. du Mus., loc. cit., p. 58. SINGES. — GORILLE. 37 vernoy, et avec bien plus d’autorité, puisqu'il la justifie par des caracteres tirés de la conformation, non plus seulement de la dernière molaire, mais de toutes les mâchelières de la mâchoire inférieure 1. Il est remarquable que le Gorille, tout en se rapprochant, par cette con- formation plus complexe de la couronne des molaires inférieures, des der- niers Singes de l’ancien continent, conserve un caractère qu'on a regardé comme appartenant essentiellement aux premiers (qui le partagent avec l'Homme) : les quatre incisives sont, à l’une et à l’autre mâchoires, et plus particulièrement à l’inférieure, rangées, à peu de chose pres, sur le même plan : c’est à peine si la paire interne dépasse en avant la paire externe ?. $ 5. Résumé des caractères du genre GORILLE. L'étude de la conformation générale de la tête chez le Gorille, des propor- tions des membres, et par conséquent des conditions générales de la station et de la progression; celle de la conformation de ses mains et de la forme 1. Ayant souvent examiné pour moi-même et montré à mes auditeurs le système dentaire du Go- rille, et ayant insisté à plusieurs reprises sur les faits propres à justifier mes vues sur la distinction générique de ce Singe, je n'avais pas laissé échapper, il est à peine besoin que je le dise, les carac- tères que je viens d'indiquer en dernier lieu. Si je les donne ici d’après M. Duvernoy, et non d’après moi-même, c’est que j'ai cru devoir m'en tenir, pour ce qui me concerne, à mes publications ; et dans celles que j'avais faites jusqu’à ce jour, le seul caractère que j’eusse donné, est celui que présente la dernière molaire inférieure. La condition la plus essentielle, dans un tableau synoptique tel que celui que j’ai donné (Voy. p. 15), n’est pas d’être complet; c’est d’être concis et clair. 2. Depuis que ce paragraphe a été écrit et même composé, j'ai reçu de M. Lartet la communication d’un fait dont la connaissance est due à ce savant paléontologiste, et d’où résulte une différence très- digne d'intérêt entre le Chimpanzé et le Gorille. Ce fait est consigné dans une note inédite sur le système dentaire des Singes, où, comme dans toutes les œuvres de M. Lartet, des observations pleines de sagacité servent de points de départ à de justes et ingénieuses Inductions. Voici les premières lignes de la note de M. Lartet : «M. Owen a dit dans son Odontographie, et il a répété dans l’article Teeth de l'Encyclopédie de Todd, et en dernier lieu dans ses Principes d'ostéologie, que dans l'Orang et les deux Chimpanzés (c’est- à-dire, selon M. Owen, le vrai Chimpanzé et le Gorille), l’évolution de la dernière molaire, ou dent de sagesse, précède la sortie de la canine de remplacement. Je n’ai pas vu de tête d’Orang dans cette phase de dentition; mais il y a dans la collection du Muséum une tête de Gorille où la dent de sagesse est prête à sortir, tandis que la canine de lait est encore en place. Dans une tête de jeune Chimpanzé femelle, dont le modèle en plâtre m’est communiqué par M. Vasseur, toute la dentition de lait est remplacée, et la dent de sagesse est en retard de faire son apparition. Chez cet individu, les os des membres n'étaient plus épiphysés. » 38 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. et de la structure des mâchelières inférieures, nous ont également conduit à cette conclusion, confirmée en outre par un grand nombre de faits secon- daires : Le Gorille n'appartient point au genre Troglodytes : il constitue un genre distinct : genre auquel restera sans doute appliqué le nom que j'ai pro- posé pour ce Singe quelques jours après son arrivée en France : GORILLE, GORILLA. Les caractères principaux de ce genre peuvent être ainsi résumés !: Tète arrondie dans le jeune âge; téle très-allongée et très-déprimeée, à l'état adulte ; les crêtes craniennes très-saillantes. Conques auriculaires petites et de forme humaine. Membres antérieurs longs ?; leur extrémité atteignant, l’animal étant de- bout, le milieu de la jambe. Mains antérieures larges #: la paume en particulier presque aussi large que longue (de proportion presque exactement humaine ); les doigts courts (relativement à ceux de l'Homme et du Chimpanzé ). Mains postérieures, allongées; les trois doigts intermédiaires (chez le mâle) réunis par les téguments jusqu'à la seconde phalange. Ongles des quatre mains très-aplatis (comme chez l'Homme et le Chim- panzé seuls). Les canines énormes ; les incisives rangées presque en ligne droite. Les trois mächelières inférieures allongées d'avant en arrière, et à talon. $ 5. Rapports naturels du genre Gorille. Le genre Gorille appartient à la tribu des Simiens : première conclusion qui ne peut être et n’a jamais été l'objet du moindre doute. Comme caracteres extérieurs, il présente les divers traits de la conformation humaine qui se conservent encore chez les Singes de ce premier groupe, et en outre {con- trairement à ce qui a lieu chez l'Homme, mais comme chez tous les autres Simiens), les membres antérieurs plus longs que les postérieurs : dispo- 1. Les caractères qui sont indiqués en italiques, sont ceux qui distinguent particulièrement le genre Gorilla du genre Troglodytes. 2. Mais bien moins que chez les Orangs et les Gibbons. 3. Ce caractère sépare bien plus encore le Gorille de l'Orang que du Chimpanzé. SINGES. — GORILLE. 39 sition qui forme le véritable caractère indicateur de cette première tribu. A l'intérieur, le Gorille reproduit de même tous les faits principaux de l’or- ganisation des Singes de la première tribu, comme on l’a vu dans les trois Mémoires anatomiques publiés dans ce même recueil par M. Duvernoy, et auquel le présent travail n’est, comme je lai dit, qu’un simple supplé- ment zoologique. Sans revenir sur tous les faits établis par mon savant col- lègue, et par les autres auteurs qui ont écrit sur l’organisation du ‘Gorille, qu'il me soit seulement permis de remarquer que ce Singe possède tous les caractères ostéologiques sur lesquels M. de Blainville a si justement insisté comme éminemment distinctifs de la tribu des Simiens : le sternum, les omoplates, les iléons larges, et la poitrine, dans son ensemble, large aussi, c'est-à-dire plus étendue transversalement que d'avant en arrière; ensemble de caractères que les Simiens partagent seuls et partagent tous (mais à des degrés inégaux) avec l’Homme. Le Gorille appartient donc à tous égards à la tribu des Simiens; mais quelle place doit-il occuper parmi ces Singes? La première conséquence des faits qui précèdent, et celle-ci encore, per- sonne ne la contestera, est que le genre Gorilla est plus éloigné du genre Simia et surtout du genre Hylobates que du genre Troglodytes. N est le seul, avec celui-ci, qui conserve encore ces trois caractères humains si remarqua- bles: la paume élargie, les ongles aplatis, et huit os seulement au carpe. Il est aussi, après lui, le genre qui s'éloigne le moins de l'Homme par la proportion générale des membres; et si la conformation de la tête est fort différente chez le Gorille, il est cependant à remarquer que les différences résultent toutes d’un développement énorme, excessif, d’un type cranien qui, au fond, est presque exactement le même. Chez les Orangs, au contraire le type cranien est, comme on l’a vu, notablement différent ; les bras sont très-longs, et les mains sont très-allongées et très-étroites; les ongles sont en gouttiere, et le carpe s’écarte, par la présence d’une pièce de plus, des conditions humaines, pour passer à celles des Singes ordinaires. On ne peut non plus méconnaitre que la plupart des caractères qui dis- 1. Sur les caractères communs à l'Homme et aux premiers singes, on peut consulter mon Histoire naturelle générale des Règnes organiques, t. I, première partie, 4856. Voy. particulièrement le chapitre intitulé : Des Caractères qui distinguent l'homme des animaux et du Règne humain , p. 167. — J'ai donné dans ce chapitre plusieurs faits relatifs au Gorille. 40 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. tinguent le genre Gorilla du genre Troglodytes, tendent à le rapprocher des Simia. L/énorme développement des canines, la saillie considérable des crêtes craniennes, l'allongement du museau à l’état adulte, sont autant de carac- tères que le Gorille partage avec ce dernier genre; et pour les caractères très-importants que fournissent les proportions générales des membres, il est exactement intermédiaire entre ceux-ci et les Chimpanzés. La conclusion qui se déduit de ces faits, est naturellement favorable à l'ordre sérial suivant : Homo. Troglodytes. Gorilla. Simia. Hylobates. Cet ordre est, en effet, celui que j'ai proposé dès 1852 1, Tous les auteurs qui ont, comme moi, isolé le Gorille en un genre distinct, m'ont aussi suivi à cet égard, particulièrement M. Duvernoy, qui a justifié nos vues communes par des développements étendus et en grande partie nouveaux ?. Après le travail de mon savant confrère, je maintiens donc plus que jamais l’ordre que j'avais proposé ; mais je le maintiens dans les limites où je l’ai toujours admis; non comme bon, mais comme le moins mauvais qui soit compatible avec l’ordre sérial uni-linéaire. Il s’en faut, en effet, de beaucoup, comme on l’a vu, que le Go- rille soit à tous égards, intermédiaire aux Troglodytes et aux Simia. Il est des caractères par lesquels le Gorille tend à se placer même avant les pre- miers; d’autres par lesqnels il descendrait même au-dessous de ces derniers. C’est ainsi que par la conformation de la main et par quelques détails de celle du pied, nous avons vu le Gorille plus voisin de l’Homme qu'aucun autre animal; ici, par conséquent, l’ordre sérial naturel serait : Æomo, Gorilla, Troglodytes, Sünia. Par d’autres caractères, au contraire, et notamment par les caractères dentaires, par ceux surtout, et ce sont les plus importants, que 4. Voy. p. 45. 2. Dans son premier Mémoire sur le Gorille : Comptes rend. de l'Acad., t. XXXVI, p. 930, et Archiv. du Mus., loc. cit., p. 9. SINGES. — GORILLE. 41 fournissent la forme et la structure des molaires inférieures, l’ordre sérial devrait être ainsi établi : Homo, Troglodytes, Simia, Gorilla, et celui-ci, en raison de ses molaires longues et à fort talon, aussi descendu pour le moins au-dessous des Orangs que ceux-ci au-dessous des Troglodytes. L’arrangement qui fait du genre Troglodytes le premier échelon du règne animal, du genre Gorilla le second, du genre S#mia Je troisième, ne doit donc être considéré que comme une approximation, d’après l’ensemble des rap- ports naturels, et non comme l'expression de tous ces rapports ; en d’autres termes, comme une sorte de moyenne; comme la résultante de tous les arran- gements qui pourraient être faits aux points de vue où le Gorille peut ètre considéré. C’est la seule approximation à laquelle on puisse arriver en s’en tenant aux ressources, si limitées, que nous offre pour l'expression des rapports naturels la classification ordinaire ou uni-sériale; et dans les collections et dans les livres, où il faut bien que tous les êtres viennent, un par un, à la suite les uns des autres, le Gorille devra manifestement continuer à être placé après le Chimpanzé et avant les Orangs. Pour faire quelques pas de plus vers la véritable expression des rapports naturels, il faut recourir à la méthode parallélique, et, par exemple, adopter l'arrangement suivant : A Troglodytes B Gorilla B' Sémia. Cet arrangement exprime nettement, pour qui s’est quelque peu familiarisé avec les applications de cette méthode, plusieurs notions dont ne tient aucun compte la classification ordinaire, et il rectifie plusieurs idées fausses que celle-ci tend à consacrer. En faisant de Zroglodytes, de Gorilla et de Sinia, trois termes consécutifs d’une même série, n’exprime-t-on pas, ou du moins ne donne-t-on pas à entendre, qu’il y a la même distance du premier au second, que du second au troisième? ce qui n'est pas; que Zroglodytes dif- fère autant de Gorilla, et surtout qu'il en differe de la même manière et dans le même sens, que celui-ci de Sénia? ce qui n’est pas non plus. N’exprime- A. Sur la Méthode parallélique, voy. Histoire naturelle générale des Règnes organiques, t.1, p. #16. La méthode parallélique, qui est présentée, dans ce volume, à un point de vue général, sera spécialement appliquée, dans le t. III du même ouvrage, à la classification du Régne animal. ARCHIVES DU Muséum. T. X. 6 42 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. t-on pas, en un mot, ce que nous ne saurions admettre, que ce sont là trois échelons consécutifs par lesquels on descend semblablement de l'Homme vers les Singes inférieurs? L’arrangement parallélique qui précède, indique, contrairement à ces indications faussement données par la méthode ordinaire : 1° Que Gorilla est plus voisin de 7roglodytes, où mieux, plus intimement uni à celui-ci qu’il ne l’est avec le genre Simia. Troglodytes est un terme de la méme petite série que Gortlla, un antécédent. Simia, au contraire, est le terme correspondant d’une autre série; 2° Qu'il ne diffère pas, de la même manière, de Troglodytes et de Simia. Il résulte, en effet, de tout ce qui précède que le genre Gorille, comparé au Troglodyte, présente presque à tous égards le mêrhe type essentiel, modifié secondairement par un excès de développement : dans le Troglodyte et dans l’Orang, nous trouvons, au contraire, deux genres caractérisés par des types, au fond plus différents, mais qui chez l’un et l’autre, présentent de semblables modifications. D'une part, autre degré, autre forme d’un méme type; de l’autre, méme degré, forme similaire d’un type différent. Deux modes de ressemblance que la classification uni-linéaire n’a aucun moyen de distinguer; dont la classification parallélique, au contraire, peut tenir compte, et de la manière la plus simple; elle exprime un de ces modes de ressemblance par la superposition et V’autre par la juxtaposition. 3° Enfin, que ce sont là bien moins troës échelons consécutifs pour des- cendre de l'Homme aux Singes ordinaires, que deux séries d'échelons : une échelle double, et non une échelle simple ; d’une part, le Chimpanzé et le Gorille, et de l’autre, les Orangs qui, en effet, ne sauraient plus être consi- dérés , dans l’état de la science, comme un degré d’organisation par lequel on passe pour descendre, du Chimpanzé, aux Singes de la seconde tribu. On ne saurait contester sérieusement, pas plus ici que dans tant d’autres cas, les avantages de la méthode parallélique pour l'expression des rapports naturels des êtres. Cette méthode ne nous donne pas, il est vrai, elle ne peut elle-même nous donner l'expression exacte des rapports des êtres ; problème trop complexe, dans la plupart des cas, pour que nous nous en rendions Jamais complétement maîtres ; mais elle nous permet d'obtenir une approxi- mation beaucoup plus avancée. Elle n'atteint pas absolument le but; mais elle nous en fait approcher, et souvent nous le fait presque toucher. SINGES. —— GORILLE. 43 SECTION IIl. CARACTÈRES SPÉCIFIQUES ET VARIÉTÉS DU GORILLE GINA, On a généralement décrit Le Gorille Gina comme un singe gigan- tesque, revêtu de longs poils, de couleur noire ou noirätre, sur la presque totalité du corps. Tel il s’est présenté, en effet, à nos yeux à l’ouverture du tonneau qui renfermait l'individu envoyé par M. Franquet; et tel on l’a vu une seconde fois, lorsque MM. Ver- reaux se sont procuré, deux ans plus tard, un autre individu, qui est aujourd’hui l’objet le plus précieux des collections zoologiques du Musée impérial de Vienne. Dans cet état, le Gorille Gina est tellement distinct de tous les autres Singes, qu'aucune confusion n’est possible entre lui et quel- que autre espèce que ce soit. Parmi les autres Singes, les Orangs et quelques Cynopithéciens, notamment le Chacma, approchent de la taille du Gorille; mais qui pourrait confondre avec lui, n’eût-on que des peaux mal préparées ou même incomplètes, des animaux différents par des caractères génériques aussi tranchés? Aucun de ces animaux n’a d’ailleurs le pelage noir. Cette couleur, au contraire, se retrouve chez beaucoup d’autres Singes; mais tous ceux-ci restent tellement en decà de la taille du Gorille, qu'ici encore, pour le mâle adulte, aucune confusion n’est possible, même avec le Tchego, cette seconde et plus grande espèce, tres-douteuse encore, qu'ont admise, dans le genre Troglodyte, MM. Franquet et Duvernoy. Mais le Gorille Gina diffère considérablement de [lui-même selon les individus. Je ne connais même, chez aucun Singe, des différences plus marquées et plus considérables que celles qu’on observe chez le Gina; et ces différences sont telles que si Je n'avais pas sous les yeux une série presque complète d'individus des deux sexes et de 44 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. différents âges, je douterais que tous pussent appartenir à la même espèce. Ces différences sont relatives : 1° à la conformation du crane, 2° à la taille, 3° à l’état plus ou moins velu de la peau, et à la couleur du pelage. $ 1. Différences relatives à la conformation du cräne. Les plus remarquables sont celles qui dépendent des différences d’äge, et dont je me suis déjà occupé en traitant des caractères génériques. Il me suffit de rappeler ici qu’elles sont énormes: la tête d’abord courte et arrondie, finit par devenir très-longue, avec le crâne très-déprimé, et le museau très-proéminent. Aux différences d'âge s'ajoutent les différences de sexe. La métamorphose de la tête n’est jamais aussi complète chez la femelle que chez le mâle : dif- férences qui rentrent dans le cercle des faits déjà connus à l’égard des autres grands Singes, et qui, comme les précédentes, sont purement individuelles. En existerait-il, au delà de celles-ci, d’autres, non plus seulement passa- gères ou individuelles, mais constantes, locales, et telles qu'on dût admettre une variété permanente dans l’espèce? C’est une opinion émise, mais avec beaucoup de doute et de réserve, par M. Duvernoy, qui a signalé quelques différences de proportions entre plusieurs crânes de femelles, mesurés par luit; et c’est aussi la conclusion de M. Owen, et ici, d’une manière beau- coup plus affirmative, d’après les résultats de l’examen d’un crâne très- adulte ?. Ce crâne, que M. Owen a fait figurer de grandeur naturelle, en dessous, en dessus, et selon une coupe verticale et longitudinale, venait, non du Gabon, mais de la rivière Danger #, et d’un point distant du Gabon, dit M. Owen, d'environ deux cents milles (320 kilomètres), et il était prin- cipalement remarquable par ses dimensions plus considérables encore que celles des crânes envoyés du Gabon #, et en même temps par le développe- ment plus énorme des crêtes craniennes. Nous devons d’abord rayer le 4. Archiv. du Mus., loc. cit., p. 167. 2. Voyez p. 20 et 24. 3. La même que le Money. 4. « Larger thanthe largest crania hitherto received », OWEN, loc. cit., p.75. SINGES. — GORILLE. 45 premier de ces deux caractères du nombre de ceux sur lesquels reposerait la distinction de la prétendue variété de la rivière Danger. On trouve, sur la rivière du Gabon, de vieux mâles, aussi grands que sur la rivière Danger. Je citerai entre autres un des premiers Gorilles que l’on ait vus, un de ceux dont le crâne nous a été envoyé en 18/9 par M. Gautier-Laboullay : ce crâne, ayant été, lui aussi, scié longitudinalement et verticalement, j'ai pu le super- poser sur la coupe donnée par M. Owen, et la coïncidence s’est trouvée presque exacte : ce crâne ne vient pas cependant, comme on le verra, (et il s’en faut de beaucoup) du plus grand des individus tués au Gabon. Ce même individu a aussi les crêtes craniennes énormes, sans cependant qu'elles égalent tout à fait celles de l'individu de la rivière Danger; mais un zootomiste et physiologiste aussi éminent que M. Owen sait mieux que per- sonne qu’une légère différence, à ce point de vue, est d’une importance très- faible, et peut s'expliquer par des circonstances tout individuelles, même à égalité d'âge; et il faudrait posséder des faits plus nombreux pour établir avec certitude lexistence, sur la rivière Danger, d'une variété constante, encore plus gigantesque et plus vigoureuse, même proportion gardée avec sa taille, que ne le sont les Gorilles du Gabon. $ 2. Différences relatives à la taille. Le Gorille est le plus grand des Primates connus. S’il n'a pas la taille d'un homme, c’est-à-dire s’il est inférieur en hauteur à un homme ordi- naire, il lui est très-supérieur par les dimensions de la tête, du col et du corps. La différence de la taille résulte de la brièveté relative des mem- bres inférieurs que l’animal, en outre, tient habituellement plus ou moins fléchis. Voici les principales dimensions de l'individu envoyé au Muséum par M. Franquet ; dimensions prises par M. Franquet en Afrique sur le cadavre encore entier de l’animal ? : Hauteuratotales rentrer ss tas state ADD OST OO TOUES hrs 47, 67 Distance du sinciput au coccyx......... DD AOCHIODOE 0000 DODONDE BLOC ne 08 Girconiérencetautcal Re mles ele celte e Sri odociocoécodue sers 0070 Id. à la poitrine..... DO OU DD GC NASA 000 C0 ic audonnb ont 004038 4. Ces mesures font partie d’une note qui a été insérée dans le journal le Constitutionnel, n° du 9 janvier 1852. 46 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. Circonférencerauhniveau des lomhes-23,% 2 -Rete ce -ecesceerece-un.let.. 04 Distance de l’acromion à l’extrémité du doigt médius.....,.,..,.,............ 0 Circonférence de l’avant-bras dans son tiers supérieur. ..,....,..,..,........ 0 ETIVOREUTOS sec see siolsileler sels ossi erecieeelelelseieeislelele cle il oc teelais ecieleeisiee 2) 10 Distance de la symphise du pubis au talon...,....,............,............ 0 Circonférence de la cuisse au-dessus du genou...........s...os.e.osesese © Id. do la jamheausmollet st teteeec deteste. 0 Nous avons aussi des mesures prises au Gabon sur un autre individu entier, par un missionnaire américain déjà cité M. Walker; et ce second individu, d’après ces mesures, n'aurait pas eu, quoique femelle, moins de « 5 pieds 8 pouces de hauteur ». Il s'agit manifestement ici de mesures anglaises, et la taille de l'animal (le pied anglais ne valant que 0", 30479) devrait déjà être réduite à 1*,73: ce qui donnerait 6 centimètres seule- ment de plus que Pindividu de M. Franquet. Mais il est certain que cette femelle avait été mesurée la tête élevée et les jambes étendues outre me- sure; car son squelette qui est au Muséum, prouve que cette femelle était un peu moins grande que le vieux mâle envoyé par M. Franquet. Des réductions analogues doivent être faites sur les dimensions de plu- sieurs individus successivement tués au Gabon, et qui, d’après les témoi- gnages de plusieurs voyageurs, auraient eu jusqu'à 6 pieds et même 6 pieds 3 pouces ?; nombres résultant non d'évaluations plus ou moins arbi- trairement faites, mais de mesures prises. Il y a lieu de croire qu'ici encore, le Gorille avait été mesuré dans une attitude forcée, et qu'il y a exagé- ration, Toutefois, ces mesures, si elles ont besoin d’être rectifiées, ne doi- vent pas non plus être comptées pour rien; et d’après les renseignements que j'ai recueillis, je regarde comme certain que le vieux mäle, envoyé par M. Franquet, ne représente pas encore le ##7axtmum de la taille du Gorille. Je tiens aussi pour certain, malgré la taille si considérable attribuée à une femelle par MM. Walker et Gautier-Laboullay, que ce #7axinum ne 4. Ces mesures se trouvent dans une notice de M. Gautier-Laboullay, encore inédite dans son en- semble (voyez à la fin de ce Mémoire), mais dont quelques passages ont déjà été cités par M. Dureau de la Malle et par d’autres auteurs. 2. Un des chefs du Gabon, le roi Louis, « un des Nègres les plus dignes de confiance », dit M. Fran- quet, a parlé à ce voyageur de Singes noirs encore plus grands, qui existeraient dans le haut de la rivière Como. Ceux-ci auraient « de 6 à 7 pieds ». SINGES. — GORILLE. 47 se rencontre que parmi les mâles; la femelle est généralement, chez le Gorille, comme dans notre espèce, plus petite que le mâle, et aussi moins remarquable par le développement de son squelette et de son système mus- culaire. La femelle adulte dont le Muséum possède la peau (et cette femelle est très-certainement adulte, car elle a été tuée avec son petit qu’elle allai- tait), est haute d’environ 1 mètre : : mesure que je ne saurais d’ailleurs ren- dre plus précise, à cause du mauvais état dans lequel nous est malheureu- sement parvenu ce précieux individu f. $ 3. Différences relatives au pelage. Des différences de pelage que présente le Gorille, les unes tiennent très- certainement à l’âge; je ne saurais encore rendre raison des autres. Les premieres sont celles qui se rapportent à l’état plus ou moins velu du corps. Notre vieux mâle, dont les poils sont tres-longs sur une partie du corps, et ont jusqu'à un décimètre et plus sur quelques portions des membres, est dénudé, outre la face et les paumes, sous le col, autour des mamelons, à la partie supérieure et latérale de la poitrine, aux aisselles, et surtout sur le dos, dans la portion médiane où une vaste nudité s’étend depuis le niveau inférieur des omoplates jusque dans la région lombaire. Sur la partie cor- respondante du dos, notre femelle adulte a les poils usés, comme ràpés, sans que l’usure aille jusqu’à la nudité. Les jeunes sont velus sur le dos aussi bien qu'ailleurs ?. Le Gorille Gina, comme coloration, ressemble au Chimpanzé , non-seule- ment par sa teinte générale noire ou noirätre, mais par un détail trés-carac- téristique. On retrouve chez lui, à la région anale, et même tout autour de l'anus, les petits poils blancs dont M. Lesson avait fait un instant le trait 4. Selon M. Gautier-Laboullay, le mâle aurait jusqu'à 8, 10 et même 12 pouces de plus que la femelle, 2. Le grand Singe du Musée du Havre (mentionné p. 5) a aussi le dos velu, comme me l’a fait remarquer M. Lennier, conservateur de ce Musée, qui considère le Singe rapporté par M. Thouret comme appartenant à une espèce distincte. Cet animal, dont la dépouille est malheureusement très- incomplète, comme je l’ai dit, venait du Gabon comme les Gorilles du Musée de Paris. Il y a aussi au Musée du Havre un jeune Gorille, rapporté du Gabon par feu le capitaine Cousin, qui a fait de nombreux voyages dans ce pays, et l’a habité durant plusieurs années. M. Cousin a assuré à M. Lennier qu'il avait vu lui-même des individus hauts de deux mètres. Il croyait à l'existence de plusieurs espèces. 48 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. distinctif d’une seconde espèce de Troglodyte, mais qui existent chez tous les Chimpanzés en bon état de pelage. Chez le Gorille, ces poils plus clairs ne sont pas les seuls qui s’écartent de la teinte générale. Il y a toujours sur la tête assez de poils roux, mé- langés avec les noirs, pour donner à cette région une teinte roussàtre, et celle-ci peut même étre tres-marquée. Ces poils roux sont surtout abon- dants sur le dessus de la tête; mais on en retrouve aussi sur le pourtour de la face qui, lui aussi, présente parfois une teinte rousse. En outre, des poils gris ! sont ordinairement disséminés parmi les autres, principalement dans la région dorsale, et notre grand individu a une portion de la face antérieure et externe de la cuisse d’un gris blanchâtre, sans qu'il y ait passage entre cette couleur claire et la couleur foncée des parties voisines. Malgré la présence de ces poils blanchâtres , roux et gris, le Gorille, dans cet état qui est le plus ordinaire, peut être dit généralement noir, ou mieux noirâtre ; car il est d’une nuance sensiblement moins foncée que le Chim- panzé, ayant d’ailleurs, comme celui-ci, le visage ridé, mais noir ou noirûtre, couleur qui est aussi celle des autres parties nues. Le Chimpanzé a au con- traire, comme chacun sait, la plus grande partie du visage d'une couleur beaucoup plus claire, intermédiaire entre ce qu’on appelle la couleur de chair et celle du tan, d’où les Nègres disent qu'il a la figure d’un blanc ?. Cette couleur générale noirâtre est, sauf quelques légères différences, celle de quatre des individus que possède aujourd’hui le Muséum, et par les- quels se trouvent précisément représentés les quatre états principaux de l'animal comme sexe et comme âge. De ces quatre individus à pelage noi- râtre, deux, les premiers arrivés au Muséum, sont, en effet, deux mâles, un adulte et un jeune; et les deux autres, ceux que nous avons reçus il ya A. J'ai parlé précédemment (p. 5 et 47), du grand Singe du Musée du Havre; chez lui aussi, des poils gris sont mêlés au pelage généralement noirâtre. Les caractères de la coloration concordent donc avec les dimensions véritablement humaines du corps, pour faire rapporter au Gorille ce Singe, considéré par la plupart des naturalistes qui l'ont vu, comme l'adulte ou du Chimpanzé ou d’une espèce nouvelle, voisine et du même genre. 2. Depuis que ceci est écrit et même composé, le Singe destiné au Muséum par M. le capitaine Bouet, et dont j'ai fait mention p. 47, note 2, est arrivé à la Ménagerie. Ce Singe a l’ensemble des caractères, et notamment les grandes oreilles du Chimpanzé (et non les petites oreilles attribuées au Tr. Tschégo); mais il à la figure foncée. Je reviendrai sur ce curieux animal à la fin de l'explication des planches, à l’occasion de la pl. VIIT représentant le Chimpanzé adulte. SINGES. — GORILLE. 49 quelques mois de M. Gaillard, sont des femelles, l’une adulte, et son enfant, femelle comme elle. Celui-ci, très-jeune encore, a le poil beaucoup plus court, encore laineux, beaucoup plus clair à la base? que dans sa seconde portion ; mais celle-ci, et par conséquent l'ensemble du pelage, est d’un brun noirâtre, sensiblement le même que dans le pelage de la mere. Le Gorille, s’il ne naït pas noirâire, ce que nous ignorons, le devient donc au moins très-promptement, et cette même couleur se conserve jusque chez les individus les plus adultes. N'y a-t-il cependant que des Gorilles noirs, noirâtres ou brun foncé? Sur ce point, une premiere réponse négative a été faite depuis plusieurs années par M. Gautier-Laboullay, dans le travail inédit que j'ai déjà cité. La femelle adulte qu’il a décrite, et dont il a envoyé le squelette au Muséum, avait, dit-il, «le poil grés de fer en avant et plus foncé au dos ; » et c’est aussi une « couleur sombre ou gris de fer » que M. Ford attribue au Go- rille, dans la note qu'il a adressée sur ce singe à l’Académie des sciences naturelles de Philadelphie ÿ, Ces mots gris de fer pourraient toutefois être considérés comme expri- mant un gris tres-foncé ; couleur qui tiendrait de près au noirâtre un peu nuancé de gris que présentent, sur diverses parties de leur pelage, quel- ques-uns de nos Gorilles, et qui est surtout celle de l'individu adulte qu'ont possédé MM. Verreaux, le mème qu'on voit maintenant au Musée de Vienne. Mais il y a des variétés beaucoup plus prononcées. Outre ses quatre indi- vidus noiratres, avec quelques parties teintées de roux et d’autres gris, le Muséum en possède un cinquième qui est tres-décidément et franchement gris, et d’un gris assez éclairci; il ny a pas bien loin de la couleur de ce Gorille à celle de l’Aylobutes leuciscus (dont il diffère d’ailleurs considéra- blement par la nature des poils, secs, un peu durs, nullement laineux). C'est à M. Aubry-Lecomte que nous devons ce dernier individu, dont la taille est d'environ 9 décimetres, et qui, par conséquent, n’est pas adulte 4. 4. Voy. p. 411. 2. Caractère dont on ne retrouve ordinairement qu'une indication chez l'adulte. 3. Rev. zool., loc. cit., p. 505. 4#. Aussi n'est-1l dénudé sur aucune partie du corps. La teinte grise résulte du mélange, parmi des poils bruns, de poils d’un gris très-clair ou même blancs. Le dessus de la tête et de la nuque est ARCHIVES DU MusÉUM, T. X. 7 50 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM-. Il y aurait même, selon M. Ford, des Gorilles blancs; et M. l'amiral Penaud m'a donné quelques détails sur un individu à « cheveux et barbe blanche, « comme chez un vieillard », qui aurait été tué il y a quelques années, et dont le squelette aurait été envoyé en Angleterre. Toutefois, ces Gorilles blancs ou à barbe blanche, n’ont été vus ni par M. Ford ni par M. Penaud : ces voyageurs en ont seulement entendu parler par des personnes qu'ils croient dignes de confiance, et qui ont assuré à M. Ford que l'animal blan- chit en vieillissant. Faits qui peuvent se résumer ainsi : La couleur normale est un noir-brunâtre ou brun-noirâtre plus ou moins foncé, teinté sur quelques parties, et notamment sur la tête, de roux, et pouvant l'être aussi sur d’autres parties de gris. Il existe des variétés grises, et il paraît en exister aussi de plus ou moins blanches, celles-ci par albinisme sénile ou accidentel. SECGEIONPRTE HABITAT, NOMS DE PAYS ET MOEURS DU GORILLE GINA. $ 1. IJabitat. Le Gorille habite la côte occidentale d’Afrique, au nord et au sud de l'Équateur. Au nord, on la trouvé à peu de distance de la rivière Money ou Danger; c’est de cette localité que venait, comme on l’a vu?, le crâne si remarquable par ses dimensions et par ses proportions robustes, qu'a décrits en dernier lieu M. Owen. Il existerait dans les deux chaines de montagnes entre lesquelles couvert de poils, les uns en totalité roux, les autres roux à la base et ensuite noirs, d’autres encore roux avec la pointe d’un gris clair. Le ventre et la plus grande partie des membres sont bruns, tandis que les parties supérieures sont grises. La peau de cet individu ne porte aucune trace de sexe. 4. On parle aussi au Gabon de grands Singes à pelage roux. Mais nous n'avons sur eux que des notions extièmement vagues et douteuses. 2. P. 20 et 44. M. Owen ne précise pas la localité, sans doute parce que lui-même manquait de renseignements précis. SINGES. — GORILLE. 51 coule cette rivière , et encore, plus au nord, d’après les renseignements puisés par M. Ford à des sources qu'il regarde comme sûres. Au sud de l'équateur, le Gorille existe au Gabon, et c'est de ce pays que sont venus, grâce à MM. Savage, Walker, Wilson, Gautier, le doc- teur Franquet, l'amiral Penaud, Aubry-Lecomte, Gaillard et plusieurs autres voyageurs , presque tous les individus, les squelettes ou les crânes, possédés aujourd'hui par divers musées d'Amérique et d'Europe. Au Ga- bon, on rencontre surtout le Gorille sur la rive gauche du cours d’eau de ce nom, à trente kilomètres environ au-dessus du village de Denis, ainsi ap- pelé du nom d’un des chefs indigènes, le 707 Denis, comme l’appellent les Européens établis dans le pays. Parmi les points où des Gorilles ont été tués, on cite Abatta, habitation de ce chef, et le voisinage du cap Lopez. Le Gorille se trouve plus au sud encore, selon le docteur Ford, et jus- qu'au Congo, si l’on doit en croire quelques renseignements recueillis par ce voyageur, qui résume ainsi son opinion sur l'habitat du Gorille 2 : « Cet « animal habite la chaîne des montagnes qui s'étend, à cent milles environ « dans l'intérieur de la Guinée, du Caméron au nord, à Angola au sud, « appelée par les géographes Montagnes de Cristal ». Cette assertion ne doit être acceptée, pour le moment, qu'avec beaucoup de doute : les bords des rivières du Money et du Gabon restent les seules localités où l’exis- tence du Gorille soit présentement démontrée. $ 2. Noms de pays. Nous ignorons comment on appelle le Gorille sur le Money, et, si tant est qu'il existe jusque-là, vers le Congo; mais son nom, dans la région intermédiaire, est bien connu ; c'est celui même que nous avons érigé pour lui en nom spécifique ; et tous les voyageurs s'accordent sur ce point, sauf des différences tenant, les unes à ce que les indigènes ne prononcent pas tous de même, les autres à ce que les mêmes sons ont été différemment exprimés par les auteurs anglais el français, sans peut-être qu'aucun ait réussi à les rendre tels qu'ils sortent de la bouche des Mpongués à, tribu 1. Loc. cit., Rev. zoo!., p. 504. 2. Ibid. 3. Nom très-diversement prononcé et écrit par les divers voyageurs, Ainsi, parmi ceux qui sont le 52 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. indigène à laquelle on doit à peu pres tout ce qu'on sait des mœurs du Gorille, Cette tribu du nom de laquelle le mot Pongo serait un dérivé ou une cor- ruption, selon M. Savage !, appelle, d'après ce voyageur, le Gorille Ængé- ena, et le Chimpanzé Ænche-eko ; d'où, en Europe, par contraction, le nom si connu de Jocho?. Les mots Ængc-ena et Enché-eko se composent, comme on le voit, d'une portion qui differe de Pun à l’autre, et d’une por- tion commune à tous deux, et ils donnent lieu de penser que les Mpongués, peuplade tres-grossière, mais fort au courant de tout ce qui concerne les animaux du Gabon, ont reconnu dans les deux Singes anthropomorphes des espèces distinctes, mais analogues entre elles. Il n’y a pas loin de tels noms à la nomenclature binaire des naturalistes. M. Ford s'éloigne peu de la forme adoptée par M. Savage : Engc-ena devient pour Jui venu. Parmi les auteurs français, les uns ont puisé à la même source que M. Savage, et par suite donnent les mêmes noms à peine modifiés. C’est ainsi que M. Gautier, qui comme on l’a vu #, tenait ses renseignements des missionnaires américains, écrit aussi Ærgc-ena, quelquefois /ngé-ena, et Engé-eko. Mais ces mots sont rejetés, comme très-éloignés de la véritable prononciation, par les voyageurs français qui ont pu obtenir, par eux- mêmes, et à plusieurs reprises, des renseignements sur les grands Singes du Gabon. Aux noms Ængé-ena et Enché-eko, il faut substituer N’gina ou Gina, selon M. l'amiral Penaud, et N'tchégo, selon M. Franquet; et D’yina et Tchego, selon M. Aubry-Lecomte, qui a fait un long séjour au Gabon, et qui s'y est tenu constamment en relation avec les indigenes, dans l'intérêt de ses beaux travaux d’acclimatation et de culture, et de ses collections d'histoire naturelle 4, plus souvent cités dans ce travail, M. Savage écrit Mpongwe, M. Franquet N'pongués, M. Gautier- Laboullay Mpingués. A. Ann. des sc. nat., loc. cit., p. 178. D'autres voyageurs expliquent autrement ce mot. Selon DEGRANDPRÉ. J’oyage à la côte occiden- tale d'Afrique, in-8", 4804, t. 1, p. 26, le mot Pongo « signifie le grand être, le fétiche par excel- lence » el n'a « aucun rapport avec l'animal » auquel on l’a appliqué. 2. Selon DrGnanpPrE, loc. cil., Jocko « est l'impératif du verbe se taire. On dit Jocko pour imposer silence », et ce mot n’est nullement le nom du Chimpanzé, comme, selon le même voyageur, « le véritable nom Congo » du Troglodytes niger est Kimpézey. 3. P. 81et9: 4. Tchégo est, d'apres les renseignements très-précis que je dois à M. Aubry, le nom donné par SINGES. — GORILLE. #3 8 3. Moœurs et habitudes. Le Gorille est un habitant des forêts : au Gabon, il est surtout connu sur un monticule boisé, qui fait partie d’une des plus vastes forêts du pays. Le Gorille se tient le plus souvent sur les arbres, où on nous le représente tantôt assis, tantôt grimpant, parfois suspendu par les bras. Comme presque tous les Singes, il vit en troupes ou par bandes. On s'accorde très-généralement à dire qu'il n’y a, dans chaque troupe, qu'un seul mâle adulte. « Quand les jeunes mâles grandissent, dit M. Savage, ils « se disputent le commandement, et le plus fort, en tuant et chassant les « autres, s'établit lui-même chef de la communauté. » Les troupes de Gorilles changent parfois de lieu d'habitation. Leurs déplacements se renferment-ils dans un cercle plus où moins limité? Ou arrive-t-il parfois qu'ils constituent de véritables émigrations? On a quelque raison d'admettre cette derniere supposition. Selon plusieurs des Européens qui ont résidé au Gabon, il y aurait lieu de croire que le Gorille n'occupe pas depuis longtemps le mamelon boisé, peu distant du village de Denis, où il est aujourd’hui si abondant. Il y serait arrivé de l’intérieur à une date qu'il est impossible de préciser, mais qui parait très-récente ! : com- ment expliquer autrement que le Gorille ait pu rester si longtemps ignoré, sur une côte si souvent visitée par les Européens, et dont il est assurément une des espèces les plus remarquables par ses caractères aussi bien que par sa taille gigantesque ? Le régime du Gorille, comme celui de tous les grands Singes, est essen- tiellement végétal. Les Æ4momum y tiennent la plus grande place, selon M. Savage, qui cite aussi la canne à sucre, le fruit du palmier à huile, le bananier-figuier et le papayer, comme plus ou moins recherchés par le les Mpongués à tous les vrais Troglodytes: qu’il n’en existe qu'une espèce, le Chimpanzé, ou deux, le T. Tsch: go de MM. Franquet et Duvernoy, et le véritable Chimpanzé. Les Nègres ne distinguent pas ces deux espèces. A. C’est l'opinion de M. le docteur Franquet qui me l’a communiquée peu de temps après son retour en France. Je retrouve cette même opinion énoncée par un autre médecin de la Marine impériale, M. le Cocteur Ricard, dans le préambule de sa traduction de la notice de M. Ford (4an. des sc. nat., ann. 4855, p- 503). M. Ford avait émis lui-même des vues analogues. 54 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. Gorille. Selon M. Ford, à l’usage des fruits et des racines et aussi du miel, le Gorille joindrait, a l'occasion, celui de la chair. « S'il prend un homme, dit M. Ford, il le dévore comme les animaux qu'i/ chasse. » Ces dernières assertions sont contraires à tous les faits connus à l'égard des autres grands Singes; et elles ont contre elles, à part l’analogie, les ren- seignements fournis par les autres voyageurs. En comparant le Gorille avec le Chimpanzé, on trouve que s’il Pem- porte sur celui-ci en taille et en force, il le cède en intelligence. Son infé- riorité, à ce point de vue, a été déjà indiquée par M. Savage dans le travail où il a fait connaître ce Singe, et elle a été depuis confirmée par presque tous les voyageurs. Le Gorille, d’après l’ensemble des faits connus, diffère du Chimpanzé par le degré de son intelligence, dans le même sens que par son organisation; il est le second et à distance. La différence la plus caractérique est celle qui est relative aux habitations de ces deux Singes, où comme on les désigne souvent, à leurs zids. Ceux des Chimpanzés sont des aires formées de branches entrelacées, et que recouvre « un toit de feuilles impénétrable à l’eau, » expression que j’emprunte textuellement à une lettre écrite en 1854 par M. Aubry-Lecomte !. Les Gorilles sont loin d’avoir la même industrie. D'apres divers témoignages d’abord recueillis par M. Aubry, le Gorille, quand il pleut, se laisserait mouiller, restant immobile et la tête courbée. Selon d’autres renseignements, obtenus depuis par le mème voyageur, et qu'il y a tout lieu de croire plus exacts que les premiers ; ce Singe se fait, comme le Chimpanzé, « une «sorte de nid recouvert d'un toit; mais ce nid et ce toit sont faits beaucoup à plus grossièrement, et l’eau passe assez facilement à travers les menues « branches et les fenillages qui composent le toit. » « Les habitations des « Gorilles rappellent celles des Chintpanzés, avait déjà dit M. Savage, et « consistent, seulement en quelques bâtons où rameaux garnis de feuilles, 2 À soutenus par les fourches et les branches des arbres: elles ne les abritent A À pas, et leur servent pour la nuit ». Quelle que soit celle de ces deux ver- sions qu'il y ait lieu d'adopter à cet égard ?, il n’en est pas moins hors de 4. Lettre (inédite) à MM. les Professeurs-administrateurs du Muséum, écrite du Gabon en jan- vier 4854. 2. Il y a même une troisième version. Les Gorilles « dorment sur les arbres quand il fait beau, SINGES. — GORILLE. 55 doute que les Gorilles ne savent pas ou ne savent que mal s’abriter. Les voyageurs auxquels nous devons des renseignements sur l'attitude du Gorille et son mode habituel de progression, nous le représentent aussi à ce point de vue, comme plus éloigné de l'Homme que ne lest le Chim- panzé 1, Celui-ci, disent les Nègres, marche debout et droit comme un homme ; le Gorille marche comme un animal. Nous ne saurions accep- ter sans réserve, ni l’une ni l’autre de ces assertions; mais elles sont, sans nul doute, fondées sur quelque chose de réel; c'est-à-dire, sur la station plus fréquemment verticale du Chimpanzé, plus habituellement quadrupede du Gorille; l’une et l’autre en rapport avec la conformation de ces animaux, et particulièrement avec le degré, très-différent chez l’un et chez l’autre, de la proéminence de Ja face. Dans son allure ordinaire, le Gorille nous est dépeint par M. Savage comme courbé en avant, « avançant « les bras, posant les mains à terre, et imprimant à son corps un mouve- « ment moitié de saut, moitié de balancement; » allure qui se rapproche beaucoup, comme on pouvait le prévoir, de celle des autres Simiens. Et M. Ford qui ne parle pas seulement d’après des renseignements recueillis auprès des Nègres, mais qui a vu lui-même un jeune Gorille vivant, en décrit ainsi la station et la démarche : « Le Vcera va généralement à quatre « pattes, les pieds appuyés à plat comme l’homme, les cuisses pliées à angle « aigu sur la jambe. Les mains ouvertes appuient à terre en arrière et en « dehors des pieds, les bras presque parallèles à l'axe du corps qu’ils sup- « portent en arrière des pieds et non pas en avant. Sa démarche est un mou- « vement oscillatoire causé par le port en avant de tout un côté qui tourne « autour du côté opposé; celui-ci se meut à son tour de la même manière?. » Le Chimpanzé et les Gorilles vivent au Gabon dans le voisinage les uns des autres, mais sans se méler. 11 n'arrive pas, où il n'arrive guères, que l’une des espèces sorte de ses limites pour aller faire la guerre à l’autre: on « dit M. Gautier, ils s’abritent sous des huttes informes construites avec des piquets, des branches « couvertes de feuilles et des écorces d'arbre. » 4. Extrait des notes qu'a bien voulu me remettre M. Aubry-Lecomie, 2. « Tel est le mouvement que j'ai observé, » dit M. Foro, 4nn. des sc. nat., loc. cit., p.509. Et il ajoute, mais ceci n’est plus qu’une conjecture : « Outre celte démarche, je suis porté à admettre « que dans les bois il est dans une demi-rectitude, qu'il aide sa marche en s’accrochant aux branches « d'arbres. Parfois il marche debout, » 56 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. ne cite pas, au Gabon, un seul exemple d'un combat entre les deux espèces d'animaux. Les Gorilles ne vont non plus attaquer, en dehors et à distance de leur zone d'habitation , ni les hommes, ni les autres animaux; mais, si lon y pénètre ou si l’on en approche trop, ils deviennent terribles. Les luttes du Gorille avec divers animaux ne paraissent pas rares, et il en sort presque toujours vainqueur, même quand il combat la panthère, qu'on représente comme habituellement en guerre avec lui. Les Gorilles passent aussi pour mettre en fuite les éléphants ; mais ce sont là, disent plusieurs voyageurs, des contes qui ne reposent sur rien de sérieux. Les mâles seuls, dit-on, prennent part au combat. Les femelles et les jeunes nous sont représentés comme fuyant à l’approche du danger. Le mâle, au contraire, non-seulement ne fuit pas; mais une fois que ses femelles et ses petits sont en sureté, il se précipite sur son ennemi, les poils du col hérissés, les narines dilatées, la lèvre supérieure tombante. Les voyageurs qui rapportent ces faits, s'accordent aussi sur ce que quel- ques-uns d'entre eux appellent le cri de guerre du Gorille, « hurlement « terrible et qui résonne au loin dans la forêt, dit M. Savage, quelque chose « comme un XA-ahl Kh-ahl prolongé et aigut. » M. Ford dit que ce cri res- semble à celui du Chimpanzé en colère et s'entend à grande distance. Les rencontres du Gorille avec l'Homme sont très-rares, à cause de la terreur qu'inspire ce gigantesque Singe. Les individus qu'on s’est procurés viennent presque tous de chasseurs d’éléphants et de marchands conduits par lappât du gain dans les forêts où se trouvent les Gorilles?. Quant aux Nègres, il est à peu près impossible de les déterminer à attaquer le Goriile pour en obtenir la dépouille, à plus forte raison pour le prendre vivant. « Quand tu me donnerais aussi gros d’or que cette montagne, je n’essaierais « pas, » répondaient les indigènes à toutes les demandes, à toutes les offres de M. l'amiral Penaud. 1] y a cependant des exemples d'individus pris ou tués par les Nègres : mais ce sont des faits rares, et qui élèvent leurs auteurs presque au rang des héros. M. Savage cite un esclave qui fut, il y a quelques années, rendu à la liberté et proclamé le prince des chasseurs, 4. SAVAGE, loc. cit., trad. dans les Ann. des sc. nat., p.184. 2. Des chasseurs se sont vantés d’avoir tué des Gorilles, en faisant feu au moment où ils venaient de saisir ainsi leurs fusils. Ce sont là de ces contes de chasseurs dont chacun connait la valeur. SINGES. — GORILLE. 57 pour une deces rares victoires!. Les armes européennes elles-mêmes ne triom- phent pas toujours du Gorille. « S'il n’est pas tué raide, dit M. Aubry, iltord « les canons de fusil comme des pailles, et broie son ennemi entre ses dents. » « À moins qu'il ne soit empêché par un coup de feu bien dirigé, dit aussi « M. Ford, il saute sur son adversaire, l’étreint dans ses bras, ou, le saisis- « sant avec les mains de façon qu'il ne puisse échapper, il le déchire à « belles dents. On prétend qu'il saisit le canon de fusil et l'écrase immédia- = « tement entre ses formidables màchoires. » Il y a sans nul doute de l’exa- gération dans ces expressions; mais on ne peut guère douter, d’après les divers témoignages recueillis, qu'un canon de fusil ait été arraché, au moins une fois, des mains qui le tenaient, et tordu par un Gorille?; et il est absolument hors de doute que la chasse de cet animal expose l’homme le mieux armé aux plus redoutables périls. Les Gorilles passent pour très-dangereux aussi, à un autre point de vue, pour les populations des pays qu'ils habitent. On les représente comme enlevant des Négresses quand ils en trouvent l'occasion; et tous les voya- geurs ont pu recueillir, à l'appui de ces croyances populaires, des récits très-variés dans leurs détails, mais très-semblables au fond. Il y en a même d’une date ancienne. Déjà en 1738 (sans compter deux vagues indica- tions données par quelques auteurs du xvri° siècle), le voyageur La Brosse consignait, dans une relation communiquée par extrait à Buffon, un 1. M. Franquet (note inédite) dit qu'on ne trouve que chez les Boulous, des hommes assez hardis pour attaquer les Gorilles. Les Mpongués obligent parfois leurs esclaves à les guetter. 2. Dans cette rencontre, l’adversaire du Gorille était un Nègre auquel l'animal, après l'enlèvement de son fusil, brisa l'épaule d’un coup de dent. Le chasseur fut heureusement secouru à temps; il a survécu. 3. Voy. Histoire naturelle, t. XIV, p. 51. Buffon rappelle aussi, p. 49, un fait dont BaTTEL (sur la relation duquel je reviendrai plus loin) aurait fait le récit à Purchas : un petit Nègre aurait été enlevé par de grands Singes, et serait revenu après une année passée dans la société de ces animaux qui, dit-on, « ne lui avaient fait aucun mal ». Buffon est revenu dans ses Suppléments (t. VII, p. 4) sur ces mêmes faits, non pour les démentir, mais au contraire pour les confirmer : « C’est à ce grand Orang-Outang, dit-il, qu’on doit rapporter «les combats contre les Nègres, l'enlèvement et le viol des Négresses, et les autres actes de force et « de violence, cités par les voyageurs. » Malgré cette assertion de Buffon, on peut tenir pour certain que le Grand Orang-Outang, c'est-à- dire le Gorille, n’est pas le seul Singe qui passe en Afrique pour enlever des femmes. Outre divers documents déjà publiés, je puis m'appuyer ici d’une communication intéressante qu'a bien ARCHIVES DU Muséum. T. X. 8 58 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. témoignage que notre grand naturaliste jugeait assez digne de foi pour le reproduire. Non-seulement La Brosse avait entendu dire que les Orangs- Outangs d’Angole ou Quimpézés (nom sous lequel le Gorille paraît com- pris dans ce passage) « tâchent de surprendre les Négresses 1; » mais il avait lui-même « connu à Lowango une Négresse qui était restée trois ans « avec ces animaux, » hauts « de six à sept pieds, et d’une force sans égale. » De tels récits se reproduisent sans cesse sur divers points de Afrique, et particulièrement au Gabon; mais aucun fait authentique n’est venu, de nos jours, ni les justifier, ni même les rendre vraisemblables, « Les a anciens du pays, » dit M. Aubry-Lecomte?, si digne de foi et par son ca- ractère et par ses fréquentes relations avec les indigènes, « m'ont parlé de « femmes enlevées ; ils y croient ; mais quand je les ai pressés de questions, « ils n’ont pu citer aucun fait précis, aucun nom. Je considère donc, ajoute- « t-il, comme une fable, ce fait dont on s’est tant occupé. » M. Savage est plus ferme encore dans ses convictions négatives. « Nous démentons formel- « lement, dit-il, les softes histoires de femmes enlevées5. » Quant aux pré- tendues naissances de métis dont parlent Bory de Saint-Vincent et quelques autres auteurs, il ne parait même pas qu’il en soit question au Gabon : des voyageurs récents dont j'ai consulté les relations publiées ou inédites, pas un seul ne fait la moindre allusion à ces prétendus métis d’après lesquels auraient été inventés, selon le naturaliste trop peu scrupuleux que je viens de citer, les satyres, les faunes et «autres monstres composés d'homme et d'animal. » voulu me faire en 4832 un officier distingué de notre armée, M. Hecquard, capitaine de spahis, et an- cien commandant du fort de Backal. Dans un voyage à l’intérieur qu'il a poussé jusqu’à 60 myriamè- tres de Tombouctou, M. Hecquard a vu et chassé, à plusieurs reprises, sur le plateau supérieur du Fouta-Djallon, par 40° de lat. N., des Chimpanzés, ou du moins, pour reproduire les propres expres- sions de cet officier, des Singes noirs sans queue, hauts d'un mètre (taille d’une femelle qui fut tuée dans une des chasses). Ces Jommes sauvages (Guerko Mahoudo), ainsi que les appellent les Nègres, vivent en grand nombre sur des rochers où on les attaque tous les ans, après avoir cerné la troupe. a On en tue beaucoup pour les détruire »; ce qu’on fait, en partie, parce que ces Hommes sauvages « passent pour enlever les femmes qui n’osent pas s’aventurer de leur côté. Toutefois, on ne cite aucun « fait ayant quelque authenticité. » 1. «Ils les gardent avec eux pour en jouir, dit La Brosse, et les nourrissent très-bien. » 2. Dans les notes qu'il a bien voulu me communiquer, 3. Trad. dans les Ann. des sc. nat., loc. cit., p. 180, &. Art. Orang du Dictionnaire classique d'histoire naturelle, t. XII, p. 271. SINGES. — GORILLE. 59 Si les histoires de Négresses enlevées sont des contes, ce ne sont ni les seuls ni les plus absurdes qui aient cours au Gabon. Les Gorilles, aussi bien que les Chimpanzés, dit M. Savage !, sont regardés par les naturels « comme « des êtres humains, membres de leur propre race, mais dégénérés. Quel- « ques-uns n’avoueront pas cette manière de voir, et chez eux prévaut l’idée « de l’émigration des âmes. Ils disent que l’£Znché-eko ou Chimpanzé possède « l’esprit d’un homme de la côte, qui est moins violent et plus intelligent, et « l’£ngé-ena (Gorille), celui d’un habitant des bois. La majorité cependant « est convaincue que ce sont de vrais hommes. » M. Ford ne s’est adressé, à ce qu'il paraît, qu'à des Nègres plus éclairés; car il n’a pas trouvé, dit-il?, un seul indigène croyant à la ressemblance « de l'homme avec cet « animal, quoiqu'on l'ait prétendu; une pareille supposition est pour eux une « insulte, » Ce démenti donné par M. Ford à son compatriote, prouve seu- lement que tous les Nègres ne partagent pas la même croyance ; il y a par- tout, même parmi les Mpongués, des esprits forts, comme il y a partout des gens prêts à accepter toutes les absurdités. Il est hors de doute que l'hono- rable missionnaire a rencontré plusieurs de ces derniers parmi les naturels du Gabon ÿ. M. Savage a même combattu, à diverses reprises, mais sans pouvoir en triompher, cette singulière croyance à la fraternité des Neègres et des Hommes des bois. Il est un autre point sur lequel MM. Savage et Ford sont mieux d'accord. Que les Nègres voient ou ne voient pas dans les Gorilles des êtres humains, ils en mangent volontiers la chair quand ils peuvent se la procurer. M. Gau- tier confirme ce fait; et il ajoute qu’on fume la viande de Gorille comme celle des autres Singes et de l'Eléphant, et qu’elle devient ainsi « une partie « principale et délicieuse des repas #. » Le Gorille serait aussi utile aux Nègres d’une autre manière. A leur exemple, il fait, dit-on, des fagots, mais tellement lourds, qu’il ne peut ensuite les emporter. Les Nègres, quand ii les à abandonnés, s’en empa- rent et en font leur profit. Ce même Gorille, qui est, pour les populations noires, tantôt un frère A. Loc. cit., p. 182. 2. Loc. cit., p. 510. 3. Et il n'est pas le seul. Voyez, à la fin de ce Mémoire, la Notice de M. Gautier-Laboullay. 4. Ibid. 60 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. dégénéré, tantôt un ennemi féroce et redouté, tantôt une proie et presque un gibier, tantôt encore un auxiliaire involontaire, est parfois aussi, pour elles, un Dieu. M. Owen nous apprend, d’après le capitaine Wagstaff, que les Nègres conservent des crânes de Gorille, et en font des fétiches 1; « et la vénération superstitieuse qu'ils ont, dit l’illustre zootomiste anglais, pour ces restes hideux de leur formidable ennemi, ajoute encore aux difficultés qu’on a à se procurer des crânes pour les collections. » Sur quelques points de la Guinée où l’espèce n'existe pas ou n'existe plus, le Gorille, ou plutôt le Sammantam, c'est le nom qu’on lui donne, est le sujet de fables, de légendes recueillies par M. Pel, et consignées par M. Temminck dans son savant et intéressant ouvrage sur la Guinée ?. Le Sammantam, haut de sept pieds, selon les Negres, et « plus fort et plus « grand que l’homme, est, pour ces peuples, dit M. Temminck, un être fan- « tastique, un esprit dont les apparitions nocturnes ont souvent lieu sur le « bord des rivières où il se rend de temps en temps pour pécher ; il utilise- « rait les longs poils bruns dont son cräne est revêtu, en guise de nasse ou « d'appàt, pour se rendre maitre du poisson dont ces peuples prétendent « qu'il se nourrit. » D’autres légendes, au rapport de M. Ford à, font du Gorille le héros de récits guerriers où ce Singe joue le rôle d’un roi et d’un conquérant. Telles sont les notions que j'ai pu extraire des divers travaux publiés jus- qu'à ce jour, et des renseignements que j'ai puisés à diverses sources. Elles se réduisent, comme on le voit, à quelques faits autour desquels viennent se grouper des récits, les uns très-douteux, les autres manifestement fabu- leux ; contes de chasseurs et contes de traitants, aussi peu dignes les uns que les autres, de la crédule attention qu’on leur a quelquefois accordée. 4. Owen, premier Mémoire sur le Gorille, p. 394. 2. Esquisses zoologiques sur la côte de Guinée, Mammifères, Leyde, in-8°, 4853, p. 4. 3. Loc. cit. — Trad. dansles Ann. des sc. nat., p. 509. SINGES. — GORILLE. 61 SECTION V. INDICATIONS RELATIVES AU GORILLE, DONNÉES PAR DES AUTEURS PLUS OU MOINS ANCIENS. Le Gorille ne date pour la science, comme on l’a vu, que du Mémoire de M. Savage, c’est-à-dire de l’année 1847. C’est ce savant missionnaire qui a le premier nettement distingué cette espèce, qui en a mis l’existence hors de doute, qui lui a donné une place dans nos cadres de classification; et c’est de ses travaux que sont partis tous les zoologistes qui sont venus s’occuper après lui du Gorille. Mais M. Savage n’a-t-il eu ici aucun devancier? Le plus remar- quable et le plus gigantesque des Primates africains était-il reste, jusqu’à ces derniers temps, complétement ignoré de tous les voya- geurs, de tous les naturalistes? A ces questions, les zoologistes ont déjà répondu négativement ; et 1l était impossible qu'ils fissent une autre réponse; car nous allons voir le Gorille mentionné dès le xvni° siècle, connu et déjà même dénommé par Buffon; signalé aussi, d’après lui, par plusieurs au- teurs plus ou moins récents; retrouvé de nos jours et indiqué de la manière la plus nette, et en dernier lieu, représenté dans un de nos Musées, par une peau, 1l est vrai, mutilée et en très-mauvais état, arrivée en France plusieurs années avant que lespèce füt retrouvée par M. Savage. Selon quelques auteurs, et particulièrement, selon M. Dureau de la Malle, la connaissance du Gorille remonterait même à une époque tres-reculée : plusieurs siècles avant notre ère, le Gorille aurait été non-seulement vu, mais rapporté à Carthage par le navigateur Hannon. Jusqu'à quel point devons-nous accepter cette consé- quence, savamment et ingénieusement déduite de divers textes 62 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. par mon savant confrère? C’est ce que je vais chercher à déter- miner, en me renfermant toutefois dans les limites où il appar- tient à l’histoire naturelle de considérer une question qui intéresse surtout l’histoire de la géographie et de la navigation dans les temps anciens. J'aurai aussi quelques mots à dire de la prétendue identité, quel- quefois admise, des Gorilles d'Afrique avec les Saiyres des anciens, comme des Chimpanzés avec leurs Pygmées. Question dont la solu- tion est en partie subordonnée à celle qui précède; aussi commen- cerai-je par celle-ci. $ 1. Passage du Périple d’Hannon, relatif aux Gorilles ou Gorgones. Un des monuments les plus remarquables que nous ait laissés l'antiquité, est sans nul doute la relation de l'expédition maritime que commanda, au vi ou au v° siècle avant notre ère !, l'amiral et suffete carthaginois, Hannon. Le gouvernement de Carthage, alors dans toute sa puissance, punicis rebus florentissimis ?, avait conçu la pensée de faire explorer à la fois, par ses na- vires, les régions les plus reculées du Nord et du Sud : Himilcon et Han- non furent choisis pour l'exécution de ce grand projet. Le premier mit à la voile pour l’Europe, et en contourna le continent; il parait être parvenu jusqu'aux Iles britanniques. Hannon, à la tête d'une escadre de soixante bâti- ments %, se dirigea vers l'Afrique qu'il devait de même contourner, pour instituer, au delà des Colonnes d'Hercule, des colonies /byphéniciennes. Selon Pline, Hannon devait poursuivre sa route jusqu’à ce qu'il arrivat (comme le fit vingt siècles après lui Vasco de Gama) du détroit des Gades au Golfe arabique; immense voyage que l'auteur latin attribue même à Hannon l’'hon- neur d’avoir accompli : Cércumvectus a Gadibus ad finem Arabiæ #. Mais Pline est ici démenti, non-seulement par tous les auteurs venus après lui, A. Plusieurs auteurs rapportent même l'expédition d'Hannon à une époque bien plus reculée. Voy. GosseLiN, Recherches sur la géographie des anciens, t. 1. 2. PLINE, Historiæ naturalis, lib. V, x. 3. Trente mille hommes et femmes étaient portés par ces soixante bâtiments. 4. 1bid., lib. IX, vxvir, Pline n'avait donc pas Connaissance de la relation d'Hannon. SINGES. — GORILLE. 63 mais par Hannon lui-même , qui, de retour à Carthage, déposait dans le temple de Saturne, une relation rédigée ou revue par lui-même, dont on pos- sède, au défaut du texte original, une version grecque! : véritable traduction selon les uns; extrait plus ou moins altéré et infidèle, selon les autres. Dans ce document, très-précieux, quelque hypothèse qu’on adopte à son égard, on voit qu'après 26 jours de navigation, les vivres se trouvant épuisés, l’escadre reprit la route de Carthage, où elle revint heureusement, après avoir accompli sa mission et fondé plusieurs villes, dont la première était située à deux journées au delà des Colonnes d’Hercule. Mais quel fut le terme de la navigation d'Hannon? Le récit d'Hannon, son journal de voyage, comme nous dirions aujourd'hui, prête ici aux interprétations les plus contraires. La plupart des auteurs ont admis que l'amiral carthaginois n'avait pas dépassé le Cap-Blanc; plusieurs qu’il s'était arrêté même fort en deçà, au Cap Bojador, situé, comme chacun sait, vers 25° de lat. N., en face des îles Canaries. D’autres, comme Bochart et Campo- manes, auteurs de dissertations spéciales sur le Périple, croient au con- traire et cherchent à établir qu'Hannon a atteint les côtes du Sénégal ou même celles de la Guinée; et M. Dureau de la Malle le fait arriver jusqu’à l'embouchure du Gabon, c’est-à-dire jusqu’à l'Équateur. Cette dernière opinion a trouvé de nombreux et surtout d’ardents contra- dicteurs. Cest pour la justifier que M. Dureau de la Malle a recouru à l’histoire naturelle. La découverte du Gorille au Gabon lui a paru une preuve décisive en faveur de l’extension de la navigation des Carthagi- nois jusqu’à l'Équateur; car, selon M. Dureau, Hannon aurait connu le Gorille, par conséquent, le Gabon. Le passage sur lequel se fonde mon savant confrère est celui qui termine le Périple, et dont voici la traduction, telle qu’il la donne ? : Après avoir navigué trois jours le long de ces ruisseaux enflammés, nous arrivames dans le golfe appelé la Corne du Sud. Dans le fond de ce golfe était une île semblable à la première, qui avait un lac, et dans ce lac était une autre île remplie d'Aommes sauvages . En beaucoup plus grand nombre étaient les femmes velues sur tout le corps * que nos interprètes appelaient Gorilles . Nous les À. Awovos Tepimkcus, dans les Geographiæ veteres scriptores græci minores, t. 1, Oxoniæ, 1698. 2. Mémoire sur le grand Gorille, dans les Ann. des sc. nat., loc. cit., p. 186. 3. Dans le texte : Avboorct dyoter. 4, TIod de mheicus ou YUVaxEG J'acsiar rois cuuaor. 5. Topihac. 64 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. poursuivimes, mais nous ne pümes prendre les hommes; tous nous échappaient par leur grande agilité, étant cremnobates ‘ (c'est-à-dire grimpant sur les rocs les plus escarpés et les troncs d’arbres les plus droits), et se défendant en nous lançant des pierres. Nous ne primes que trois femmes qui, mordant et déchirant ceux qui les emmenaient, ne voulaient pas les suivre. On fut forcé de les tuer. Nous les écorchâmes et nous portâmes leurs peaux à Carthage; car nous ne naviguàmes pas plus avant, les vivres nous avant manqué. Que devinrent ces peaux de Gorilles femelles, rapportées à Carthage, du point extrême de la navigation d'Hannon? Elles furent déposées par lui et conservées dans le temple de Junon, comme nous Papprend Pline qui, au nom de Gorilles, substitue celui de Gorgones ; et deux, du moins, sur trois, se voyaient encore, dans ce temple, lors de la prise de Carthage. Voici un passage où ce fait est attesté; ce passage est de Pline, qui revient ici, pour la troisième fois, sur le voyage d'Hannon : « Penetravit in eas ( Gorgades insulas) Hanno Pænorum imperator, prodiditque hirta femina- rum corpora, viros pernicilale evasisse : duarumque Gorgonum cules argumenti et miraculi gratia in Junonis templo posuil, spectatas usque ad Carthaginem captam. » C’est là tout ce que nous savons des Gorilles où Gorgones. Est-ce assez pour les rapporter avec certitude, comme croit pouvoir le faire M. Dureau de la Malle, où même avec quelque vraisemblance, à l'espèce à laquelle les modernes donnent le nom de Gorille ? L'opinion de M. Dureau de la Malle est aussi celle de M. Haimeÿ, de M. Temminck *, et de plusieurs autres naturalistes 5; et au premier aspect, elle peut sembler tres-spécieuse. Je ne saurais cependant la partager. J'admets bien que les Âvbooru dyeuu, vus par Hannon, que les Foie rapportées par lui à Carthage, étaient de grands Singes : car ces hommes étaient cremnobates, A. Koeuvobdrou Ôvtes. D. T0: NI XXXNI 3. Ann. des sc. nat., loc. cit., p. 158. 4. Esquisses zoologiques sur la côte de Guinée, Mammifères, Leyde, in-8°, 4853, p. 2. M. Temminck n’énonce toutefois son opinion qu'avec des réserves. 5. Je ne crois pas devoir comprendre parmi eux M. Savaces, qui s’est borné à dire, en proposant le nom spécifique de Gorilla : « The name Gorilla has been adopted, a term usited by Hanno in describing the «Wild mens » found on the coast of Africa, probably one of Lhe species of the Orang. » On voit que M. Savage s’abstient ici de toute affirmation, Il en est de mème de M. Duverwoy, Archiv. du Mus, loc. cit., p. 242. Je ne vois pas non plus que M. Owen, dont M. Dureau de la fMalle invoque l'autorité en faveur de son opinion, se soil jamais prononcé sur l'identité du Gorilla Gina avec le Gorille d'Hannon. SINGES. — GORILLE. 65 pour employer le mot francisé par M. Dureau de la Malle !, c'est-à-dire très- agiles et grimpeurs; et ces femmes avaient le corps velu : duseiar 70 couact , selon le texte grec; Arrta corpora, selon Pline. Je regarde encore, sinon comme certain, du moins comme tres-vraisem- blable, que ces Singes n'étaient ni des Papions, ni des Cynocéphales voisins du Papion. Les Carthaginoïs connaissaient sans nul doute des Singes de ce groupe : ils n'eussent pas qualifié d'hommes et de femmes sauvages des animaux qui lui eussent appartenu; ils n’en eussent pas si précieuse- ment conservé les dépouilles dans le temple d'une de leurs principales divinités. Le Gorille d'Hannon parait donc être un Simien, un Singe anthropomor- phe : mais entre les espèces que nous connaissons sur la côte occidentale d'Afrique, quelle raison avons-nous de le rapporter au Gorille Gina plutôt qu'au Chimpanzé? Aucune, et je vois au contraire quelques motifs à faire valoir en faveur de l'opinion inverse. Le premier, c’est la différence d'habitat attribuée par les voyageurs au Gorille Gina et au Chimpanzé; celui-là plus caché dans l’intérieur des terres; celui-ci plus voisin de la mer ?, et c'est pourquoi il est le mieux et le plus anciennement connu. Le second est l'impossibilité où furent les marins carthaginois d’at- teindre les Gorilles mâles : on n’en put saisir un seul, dit Hannon; tous s’enfuirent. Or, les récits que nous possédons, sont tous d'accord sur ce point : quand on attaque le Chimpanzé, il fuit; quand on attaque le 1. Cremnobates, Konuv@drns Où Konuvnédrne; à proprement parler, d’après les deux racines de ce mot : qui marche sur les précipices, sur les lieux escarpés. Par extension, ce mot signifiait aussi : ’oltigeur. 2. Tous les témoignages sont ici d'accord : « L’Engé-ena habite l'intérieur de la Basse-Guinée ; l'Enché-eko ou Chimpanzé se rapproche davantage du bord de la mer. » SAVAGE, loc. cit. « On n'était pas encore parvenu à faire connaitre cet animal à la science zoologique. Cela résulte de ce que cet Orang habite l'intérieur des bois.., et qu'il se tient à une certaine distance des côtes. » GaAuTIER-LaBouLLay, Lettre déjà citée. « Les Gorilles restent d'habitude dans les lieux où ils ont établi leur demeure. Les N'’tchégos s’ap- prochent fréquemment des habitations. » FRANQUET, lettre déjà citée. « Le plus souvent, on n’a guère rencontré cet animal qu’à une certaine distance de la mer... Primi- tivement, il habitait la chaine de montagnes fréquentée seulement par les Bushkmen (Hommes des bois, c’est-à-dire, de l'intérieur). Forp, loc. cit. ARGuIVES DU Muséum. T. X. 9 66 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. Gorille, et souvent avant qu'on l'attaque, il se jette sur son adversaire, Enfin, comment nous expliquer, dans l'opinion de M. Dureau de la Malle, qu'Hannon r’ait rien dit de la taille des Singes qu'il avait fait poursuivre ? S'il se fût agi de Gorilles, il n'eût pas parlé d’ommes sauvages, mais de géants. Le voyageur, le chasseur amplifie volontiers ses récits ; il va sou- vent un peu, quelquefois beaucoup au delà de la vérité : il ne lui arrive guère de rester en decà. Le Gorille d'Hannon, la Gorgone de Pline me paraissent donc pouvoir être rapportés avec beaucoup plus de vraisemblance au Chimpanzé qu'au Gina. De cette rectification purement zoologique de l’opinion de M. Dureau de la Malle sur le rogia d'Hannon, il ne résulte d’ailleurs nullement que l’on doive rejeter les vues de mon savant confrère sur les limites du Périple. La détermination que je crois devoir adopter, tend plutôt à modifier qu’à réfu- ter l'argument que M. Dureau avait cru pouvoir emprunter à l’histoire natu- relle : le Chimpanzé habite, en effet, exclusivement, aussi bien que le Gorille, les régions équatoriales de l'Afrique ?. 6 >. Prétendues indications du Gorille chez divers auteurs grecs et latins. Tout le monde connaît les fables grecques et latines sur les Satyres, ces êtres demi-hommes et demi-bétes, Capripedes Satyri?, dont les anciens ont fait des dieux. Ruricolæ, Sylvarum numina, Fauni Et Satyri fratres. . . . . 120080 0 0 ..... In Venerem Satyrorum prona juventus #. N'y aurait-il pas lieu de rapporter les Satyres au Gorille? Question que se 4. «Ces animaux sont excessivement féroces, et ont des habitudes constamment offensives ; ils ne fuient jamais devant l’homme, comme le fait le Chimpanzé. » SAvAGE, loc. cit. « Jamais ils ne fuient l'approche de l’homme, comme le Chimpanzé. » GauTIER-LABOULLAY, loc. cit. « Au premier cri d'alarme, le mâle se dirige, ivre de fureur, vers son ennemi. » Le même, Jbid. « Quoiqu'il ne cherche pas l’homme, dès qu'il en reconnait un par l’ouïe, la vue ou l’odorat, il pousse son cri, se prépare à l’attaque qu’il commence toujours. » Forp, loc. cit. 2. Je laisse ce passage tel qu’il a été écrit il y a quelques mois. Rien ne me faisait alors pressentir que M. Dureau de la Malle allait être enlevé à la science qu'il cultivait encore, dans un âge avancé, avec une ardeur toute juvénile. 3. Expressions de Lucrèce, qu’on trouve aussi dans Horace. &. Ovine, Melamorphoseon lib. VI et Lib. I. SINGES. — GORILLE. 67 sont posée quelques voyageurs, et qui leur a paru pouvoir se résoudre par l’affirmative. Aucun, toutefois, n’a entrepris de le prouver, et c’est, en pas- sant, et sans y attacher la moindre importance, qu'on a émis cette opinion, ou plutôt cette conjecture; car elle ne repose sur rien de sérieux, et je ne perdrai pas mon temps à la réfuter. Ce qui précède, éclaire d’ailleurs cette question, et fait disparaitre le seul argument par lequel on eùût pu essayer d’en justifier la solution affirmative. Si des Gorilles eussent été apportés à Carthage et exposés publiquement, durant des siècles, dans cette capitale visitée par des étrangers de tous les pays, un Singe aussi gigantesque et aussi remarquable, un animal à tant d’égards humain, n’eüt pu manquer d’agir vivement sur l'imagination des peuples, et il eüt donné lieu à des récits, à des légendes, à des fables sans nom- bre. On ne saurait guère, dans cette supposition, se refuser à voir, au moins en partie, dans les Satyres des anciens, des Gorilles transformés par la cré- dulité populaire. Si, au contraire, tout nous autorise à croire que le Gorille n’a été dans l’an- tiquité, ni vu dans son pays natal, ni à plus forte raison transporté hors de celui-ci, il n’est et ne peut être pour rien dans les fables relatives aux Satyres; et la découverte du grand Singe du Gabon n’ajoute rien aux divers éléments à l’aide desquels les auteurs ont cherché à expliquer ces bizarres concep- tions de l'esprit humain. Nous n'avons donc pas à nous arrêter ici sur elles, et il nous suffit de renvoyer aux ouvrages qui en traitent, et particulière- ment au curieux Mémoire de Tyson sur les Pygmées, les Cynocéphales, les Satyres et les Sphinx des anciens !, $ 3. Indications données par les voyageurs antérieurs à Buffon, et principalement par Battell. Quand on ne connaissait en Afrique qu’un seul Singe anthropomorphe, on croyait reconnaître le même Singe dans toutes les relations des voyageurs; et les contradictions qu'on y apercevait étaient attribuées à l'insuffisance des renseignements recueillis, et à la tendance, trop habituelle aux voyageurs, non-seulement à accepter, sans un contrôle assez sévère, les récits des 1. À philological Essay concerning the Pygmies, he Cynocephali, éke Satyrs and Sphinses of the Ancients; ouvrage ordinairement annexé à l’Anatomy of a Pygmie, Londres, in-4°, 1699. 68 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. peuples qu'ils visitent, mais aussi, et comme si ce n’était pas assez, à les rendre encore plus piquants ou plus merveilleux, c’est-à-dire plus faux. Aujourd’hui, il est clair qu’une partie des contradictions n'étaient qu’ap- parentes. Plusieurs voyageurs avaient au moins entendu parler des deux espèces que nous connaissons aujourd'hui; et s'ils ont mêlé les récits relatifs à l’une et à l’autre, à ce point qu'il soit impossible d’y faire, même aujour- d’hui, le départ entre elles, il est cependant quelques traits qu’on peut rapporter , ou avec une grande probabilité, ou même avec certitude, soit au Chimpanzé, soit au Gorille. Le premier voyageur qui ait nettement signalé l'existence en Afrique du Singe que nous appelons aujourd'hui Gorille, est André Battell, dont les « Étranges aventures », C’est le titre de sa relation, ont été publiées par son ami Purchas dans ses Pilgrimages or Relations 1. Battell, après un voyage difficile et périlleux dans l'Amérique méridionale, et après une première cap- tivité chez les Indiens du Brésil, avait été envoyé vers 1590 sur la côte occidentale d'Afrique : tour à tour prisonnier des Portugais à Angola et à Massangano dans l’intérieur, otage des Nègres sur un autre point de linté- rieur, errant dans les bois, puis libre parmi les Nègres, il ne revint dans l'Angleterre, sa patrie, qu'après avoir passé dix-huit ans dans l’Afrique occi- dentale, et particulièrement au Congo : contrée qu’il a ainsi conriue mieux qu'aucun Européen de son temps, et qu'aucun autre voyageur longtemps aprèslui. Tel est l’auteur qui a, le premier, nettementindiqué le Gorille, dans un passage que l’abbé Prévost traduit et résume ainsi dans son Histoire géné- rale des Voyages?, et que dès 1852, je n’hésitais pas à rapporter au Gorille: « Dans les forêts de Mayomba, au royaume de Loango, on voit deux sortes de monstres *, dont les plus grands se nomment Pongos * et les autres Enjokos (ou plutôt ÆEugécos®). Les premiers ont 1. Pilgrimages or Relations of the World and the Religion, in-fol., part. I, p. 981 et 982, 1625. 2, T. V, 1748, p. 87. — Voyez aussi les autres collections de voyages publiées depuis. 3. Dans les leçons dont M. AucaPiTAINE a bien voulu rendre compte dans la Rev. zool., loc. cit., 8, p. 53.— L'identité du Pongo de Battell avec le Gorille a été de même signalée par plusieurs autres zoologistes : elle est trop manifeste pour échapper à quiconque lira avec altention le passage du célèbre voyageur anglais. 4. « Two kinds of Monsters ». 5 « Ou Pangos », est-il ajouté en note. Dans le texte anglais, on trouve toujours Pongo. 6. Dans le texte anglais, le plus petit des 4pe-Monster est appelé Engeco, et non Enjoko. I] paraît y avoir eu ici erreur de copiste. Le mot Pango, cité dans la note précédente, a sans doute une semblable origine. SINGES. — GORILLE. 69 une ressemblance exacte avec l'Homme, mais ils sont beaucoup plus gros et de fort haute taille. Avec un visage humain, ils ont les yeux fort enfoncés. Leurs mains, leurs joues et leurs oreilles sont sans poil, à l'exception des sourcils qu’ils ont fort longs. Quoiqu'ils aient le reste du corps assez velu, le poil n’en est pas fort épais, et sa couleur est brune. Enfin la seule partie qui les distin- gue des hommes, est la jambe qu'ils ont sans mollet ‘. » Cette dernière phrase prouve qu’il s’agit bien ici d’un Singe sans queue ; l’auteur n’eùt pas oublié de mentionner l'existence de l’appendice caudal comine un second caractère distinctif. Le Porgo n’est donc ni le Mandrill, comme l’ont supposé quelques zoologistes, ni aucune autre grande espèce de Cynocéphale. Etcomme, d’un autre côté, il n’y a aucune équivoque sur latres- grande taille du Pongo; comme Battell ne le représente pas seulement comme très-Laut et très-fort, ce qui pourrait, à la rigueur, comparativement aux au- tres Singes, s'appliquer au Chimpanzé; comme l’auteur le dit, et très- expressément, beaucoup plus gros que l'Homme, il est clair que le Pongo n’est pas plus le Chimpanzé qu’il n’est le Mandril] ; c’est donc bien le Gorille, à moins qu'on ne veuille faire la supposition, toute gratuite, de l'existence d'une seconde espèce, gigantesque, à pelage brun et à formes humaines. Ajoutons que le pays où Battell place l’Engéco et le Pongo est précisé- ment un de ceux où est le mieux constatée l'existence du Chimpanzé et du Gorille : car ce pays est le royaume de Loango, particulièrement les forêts de Mayomba; et la rivière Mayomba, Majomba, ou Majumbo, qui donne son nom au petit royaume du même nom, a son embouchure par 3° 45" de latitude nord, c’est-à-dire, à 3° 15’ de celle du Gabon?. Et Battell ne nous donnerait pas l’indication géographique que je viens de relever, que nous pourrions y suppléer, à l’aide des noms qu’il donne. ÆEngéco est manifeste- ment le même mot qu’Ængé-eko, Enché-eko et autres formes déjà citées ; il indique, par conséquent, une similitude géographique très-prochaine. Quant au nom de Pongo, il est trop voisin de celui de la tribu près de laquelle le Gorille vit au Gabon, Mpongué ou Pongué, pour qu’on n'y voie pas, ou deux variantes d’un seul même mot diversement prononcé, ou deux dérivés d’une même racine; par conséquent encore, et dans les 4. On trouve ensuite divers détails sur les mœurs. Selon Battell, les Pongos « marchent droits .…; « dorment sur les arbres, et s’y font une espèce de toit qui les met à couvert de la pluie. » L'histoire du Pongo s’enrichit manifestement ici de traits qu'il faut reporter dans celle de l'Engéco. 2. Celle-ci est à 0° 30’ N. 70 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. deux hypotheses, l’indice d’une origine géographique très-peu différente 1. Le témoignage, si explicite, de Battell, est confirmé par quelques autres auteurs du xvn‘ siècle; mais ceux-ci n'ont pas les mêmes droits que Battell à notre confiance; ils n'avaient pas séjourné dix-huit ans en Afrique, comme Battel], et ils ne passent pas pour avoir les mêmes /umières et la mème bonne foi?. Leurs indications sont extrêmement vagues, et s’il est bien certain qu'ils ont entendu parler de grands Singes autres que le Chimpanzé, et plus grands que lui, il est le plus souvent impossible de savoir si ces Singes sont des Gorilles, des Mandrills, ou même encore d'autres espèces voisines de celui-ci. « Z must confess, there is so great Confusion in the Description of this sort of Creature », disait avec juste raison Tyson en 1699 *; et il renon- çait à distinguer une seconde espèce de Singe africain anthropomorphe, qu'il supposait confondue avec son Pygmée (le Chimpanzé) sous les noms d’Homme sauvage, d'Orang- Outang, d'Homme des bois, de Sauvage {, de Quoias où Quojas-Morrou, de Baris ou Barris 5. . Sur le mot Pongo, voyez plus haut, p. 52, texte et note 1. . Voyez sur Battell, Purouas, loc. cit. . Anatomy of a Pygmie, in-4°, Londres, 1699, p. 1. Il est remarquable que Tyson, qui cite Tulpius et Bontius (dont les relations sont étrangères au sujet qui l’occupe spécialement) et le compilateur hollandais Dapper, ne mentionne pas son compatriote Battell ; il parait avoir ignoré le passage, si intéressant pour lui, que j’ai en partie transcrit plus haut. 4. Salvage, by the Portugese, dit Tyson. Quelques auteurs ont reproduit le mot Salvage en français, apparemmentsans le comprendre. Salvage est ici la traduction anglaise du nom (prétendu portugais, mais en réalité espagnol) El Selvago, qu'on trouve rapporté dans plusieurs ouvrages, et notamment dans l’Hist. gén. des Voyages, t. XII, p. 294. C’est vraisemblablement par erreur, et non d’après une variante locale, qu'on a écrit dans ce dernier ouvrage, Quoja-Vorau, au lieu de Quojas ou Quoias-Morrou. Quoi qu'il en soit, voici comment le Sauvage est décrit dans l’Hist. gén. des Voyages : « Il a cinq pieds de longueur ; sa figure est hideuse. Il a la tête, le corps et les bras de grosseur extraordinaire. Mais il est docile. On lui fait apprendre à marcher droit sur ses pieds, à porter l’eau dans un bassin sur la tête, etc... Ils ont la face et les oreilles de l’homme; mais le nez fort plat... Ils marchent souvent droit sans avoir été instruits, et portent d’un lieu à un autre des fardeaux fort pesants (d’après Barbot) ». Cette histoire du Sauvage (que j'abrége ici) parait être composée d’un mélange de fables et de faits vrais, relatifs, les uns au Chimpanzé, les autres au Gorille. D 19 5. Parmi ces noms, les premiers se rapportent particulièrement aux Orangs d'Asie, et c'est par extension qu'on les a plus tard appliqués aux grands Singes d’Afrique. A ceux-ci, au contraire, appar- tiennent les trois derniers. Mais à quelle espèce en propre? Il est difficile de le dire; et il serait assurément très-téméraire d'affirmer que ces noms doivent être rapportés au Gorille. Quoias-Morrou et Sauvage ont été tirés par les naturalistes de l'ouvrage de Dapper, Naukeurigæ SINGES. — GORILLE. 214. M. Temminck, dans ses Æsquisses zoologiques sur la côte de Guinée, à appelé l'attention sur un passage de Bosman ?, qui serait relatif, selon mon savant confrère, non pas au Chimpanzé seul, mais à la fois, comme celui de Battell, au Chimpanzé et au Gorille. Voici le passage de Bosmaun : « Disons présentement quelque chose des Singes. Ils sont dans ce pays à milliers. Les premiers et les plus communs sont ceux que nos gens appellent Smitten (forgerons) en flamand; ils sont de couleur fauve et deviennent extrémement grands; j'en ai vu un de mes propres yeux qui avait cinq pieds de haut et qui était tant soit peu plus petit qu’un homme. Ils sont très-méchants et très-hardis, et ce qu’un marchand anglais m’a raconté comme une chose véritable, paraît incroyable; savoir, qu'il y a, derrière le fort que les Anglais ont à Wimba, une horrible quantité de ces Singes, qui sont si hardis qu’ils osent bien attaquer les hommes... » « 11 y a des Nègres qui croient fermement que les Singes peuvent fort bien parler, mais qu’ils n’en veulent rien faire pour ne pas être obligés de travailler. Ces Singes ont une assez vilaine figure, aussi bien que cette seconde espèce, qui leur ressemble en tout, si ce n’est qu’à peine quatre de ceux-ci sont aussi gros qu'un de ceux de la première espèce. La meilleure chose qu'on trouve dans cette sorte de Singes, c’est qu'on peut leur apprendre presque tout ce que l'on veut. Selon M. Temminck, la première partie du récit de Bosman « a rapport au « Gorille », et dans la seconde, « il est évidemment question du très-jeune « Chimpanzé ». Cette double détermination est loin de me paraïître aussi évi- dente qu'à mon savant confrère. S'il s'agissait ici du Gorille et du Chimpanzé, Beschrijvinge der Africaensche, in-fol., Amsterdam, 1676, 2° partie, p. 22 et p. 230; ouvrage où l’auteur a réuni tout ce qu'on savait ou plutôt ce qu'on croyait savoir de son temps sur l'Afrique. Voici le premier des passages auxquels je viens de renvoyer, tel qu’on le trouve dans la traduction française, in-fol., Amsterdam, 1686 : « On trouve dansles bois (du royaume de Quoja) une espèce de Satyre, que les Nègres appellent « Quojas-Morrou et les Portugais Salvage (Sauvage). Ils ont la tête grosse, le corps gros et pesant, « les bras nerveux; t{s n’ont point de queue, et marchent tantôt tout droits et tantôt à quatre pieds. « Ces animaux se nourrissent de fruits et de miel sauvage, et se battent à tout moment les uns contre « les autres. Ils sont issus des hommes, à ce que disent les Nègres, mais ils sont devenus ainsi demi- « bêtes en se tenant toujours dans les forêts. On dit qu’ils forcent les femmes et les filles, et qu'ils ont « le courage d'attaquer les hommes armés. » Le second passage nous apprend que le Quojas-Morrou se trouve aussi dans le royaume d’Angole. et qu'un individu a été amené vivant en Europe. Cet individu était une femelle adulte de Chimpanzé, à en juger par sa taille, le développement de ses mamelles et la couleur noire de son pelage. Le Baris avait été indiqué antérieurement par NiEREMBERG, Historia naturæ maximè peregrinæ, in-fol., Anvers, 1635, lib.IX, cap. x1v. Le Baris nous est représenté, dans ce passage, comme un ani- mal qu’on dresse en Guinée à certains services domestiques. Mais quel est cet animal? L’auteur, après avoir énuméré ces services, se borne à ajouter : « Dicuntur hi Simii Baris. Torosi sunt et robusti. » 1. Leyde, 1853. — Voy. p. 5. 2. Voyages de Guinée 14° lettre; trad. franc., Utrecht, 1705, p. 259. 72 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. l'auteur i’aurait-il pas mentionné l'absence de la queue? Et surtout aurait-il dit que la seconde espèce, à la taille près, ressemble en tout à la première, qui est de couleur fauve? Ces derniers mots paraissent avoir échappé à l'attention de M. Temminck; car il ne les reproduit pas dans la citation, un peu abrégée, qu’il fait du passage de Bosman !. Le Barris de Noel, de Peiresc et de Gassendi ? est aussi le Gorille, selon M. Temminck#; mais comment prouver la justesse de cette détermination ? Comment savoir ce qu’est ce vérérable Singe, à longue barbe blanche (barba procera Canaque et pexa propemodum venerabilis); ce Singe plein de juge- ment et musicien... Buffon a fait, ce me semble, trop d'honneur à Noel en reproduisant un passage aussi peu scientifique. Je n’y vois qu'un seul trait qui puisse se rapporter au Gorille : le Barris est très-grand ; #aximus, dit Pau- teur; et encore des mots aussi vagues pourraient être appliqués, et ils l'ont été par une foule d'auteurs, au Chimpanzé, au Mandrill et aux Cynocéphales, très-grands en effet relativement aux autres Singes. Il se peut que Noel ait connu le Gorille, mais, assurément, un tel passage ne suffit pas pour le prouver, et je ne puis voir dans l'opinion de M. Tem- minck qu’une conjecture des plus hasardées 4. J'aurais été plus porté, au premier abord, à rapporter au Gorille, le grand Singe que décrit un autre voyageur en Guinée, Smith”, sous ces deux noms, Mandrill et Boogoe 5, donnés à l'animal, l’un par les Européens, l’autre par les Nègres ; et celui-ci très-voisin du mot Pongo que Battell dit être le nom du Gorille chez les Négres du Mayomba 7. C'est de la relation de Smith que Buffon a tiré ce nom de Mandrill, appliqué aujourd'hui, d’après lui, par tous les zoologistes au Cyrnocephalus mormon, et qui restera toujours à cette espèce; mais est-ce bien à elle qu'il a été donné 4. Les Smitten de Bosman étaient vraisemblablement des Cynocéphales. 2. Voy. Gassenpi, De Vita Peireskii, Lib. V; dans les Miscellanea, t. V, Lyon, in-fol., 1758, p. 343. 3. Loc. Cit., p.71. 4. C’est, au contraire, avec toute raison que M. TEMMINGK raye de la synonymie du Gorille, le grand Singe de Schouten et quelques autres Primates asiatiques qui avaient été confondus avec le Gorille. 5. Nouveau voyage en Guinée, 1"* partie, trad, franç., in-42, 4751, 47° partie, p. 404 et suiv. 6. Boggo, selon d’autres auteurs, 7. Voy. page 68. SINGES. — GORILLE. 73 primitivement? La premiere phrase de Smith suffit presque, à elle seule, pour justifier une réponse négative : « Je ne saurais rien dire de l’origine de ce nom (Mandril) que je n'avais jamais entendu aupara- vant; ceux même qui le nomment ainsi n’en sauraient indiquer la raison ‘; à moins que ce ne soit à cause de la ressemblance que cet animal a avec l'Homme (Man), pendant qu'il n’en a point du tout avec le Singe ‘. » € L’auteur décrit ensuite l’animal : son corps est « aussi gros en circonférence « que celui d’un homme ordinaire »; ses jambes sont beaucoup plus courtes, ses pieds plus longs, ses mains dans la même proportion; il a la tête d’une grosseur monstrueuse, avec une face large et plate, un nez fort petit, une bouche large, des lèvres tres-minces, et la face couverte d’une peau blanche, d’une laideur affreuse, et toute ridée. Ni le Mandrill, ni le Gorille n’ont la face blanche, mais le Chimpanzé l’a, sinon blanche, du moins de couleur claire et voisine de la couleur de chair. Ce passage est d’ailleurs expliqué par la suite du récit de Smith ?. L'auteur ajoute ensuite que le reste du corps, à l'exception du visage et des mains, est couvert de poëls longs et noirs comme celui de l'ours; et il continue ainsi : « Ces animaux ne marchent jamais sur les quatre pattes comme les Singes ; quand on les tour- mente, ils courent précisément comme les enfants. On prétend que les mâles cherchent souvent à violer les femmes blanches quand ils les rencontrent dans les bois. « Dans le temps que j'étais à Skerbro, le sieur Cummerbo me fit présent d’un de ces étranges ani- maux. C'était une femelle qui n’avait que six mois; mais elle élait déjà plus grosse qu'un Babouin. » L'auteur ne mentionne pas expressément l’absence de la queue. Mais sa description est trop détaillée pour qu'on puisse supposer qu'il eût passé sous silence cet appendice, s’il eüt existé. Ce Singe noir qui ressemblait à l'Homme et aux autres Singes, et ne 72ar- chait jamais sur quatre pattes comme ceux-ci, n'était certainement pas un Mandrill ( dans le sens que nous donnons aujourd'hui à ce mot), mais bien un des grands Singes anthropomorphes à pelage noir. Mais parmi ceux-ci, est-ce au Gorille que nous le rapporterons? Non; car le Gorille a la face noire, et le Handril de Smith avait, selon cet auteur, la face blanche, c’est- 1. Elle est cependant fort simple. Mandrill signifie Homme libertin (Voy. BurFon, Hist. nat., t. XIV, p.157): nom manifestement donné à l'animal d’après les nombreux récits qui le représentent comme recherchant les femmes, et violant celles dont il peut se rendre maitre. 2. Voyez la note suivante. ARCHIVES DU MUSEUM. T. X. 10 74 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. à-dire, presque couleur de chair; interprétation sur laquelle une anecdote, rapportée par Smith dans la suite de son récit, ne peut laisser aucun doute, Il faut donc rayer le Mandril de Smith de la synonymie de l'espèce à laquelle on donne aujourd'hui généralement ce nom; mais on ne doit pas l’inscrire dans celle du Gorille. Le Mandril, dans le sens premier de ce mot, était le Chrmpanzé?. Le Quimpézé de La Brosse #, nom manifestement le même que Chimpanze, pourrait être, avec plus de raison, rapporté au Gorille; car on nous le représente comme ayant « 6 à 7 pieds de haut, et une force sans égale ». Ces deux traits sont manifestement empruntés à l’histoire du Gorille; mais les jeunes Quinpezés qu'a possédés La Brosse, étaient très-vraisemblablement des Chimpanzés. Les deux espèces paraissent avoir été confondues par La Brosse sous le nom de Quimpézeé. $ 4. Déterminations successivement admises par Buffon. Entre toutes ces relations confuses, souvent contradictoires, et presque toujours mêlées de fables, qui se succédaient dans la science depuis un siècle demi, Buffon a eu le bon esprit de se rattacher surtout au témoignage de Battell. C’est sur la foi de cet auteur qu'il n’a pas hésité, n'ayant jamais vu par lui-même qu'un jeune Chimpanzé, à admettre l'existence en Afrique de deux Singes anthropomorphes ; de deux Orangs-Outangs, comme on disait alors, l’un plus grand, l’autre plus petit; et c’est aussi, d’après Battell, 4. Un matelot européen s’amusait à plaisanter un Nègre sur ses atlentions pour une femelle de cette espèce que s'était procurée M. Smith. « Tu devrais épouser ta compatriote », disait le Blanc au Nègre. Celui-ci répondit : « Non, ce n’est pas une femme pour moi; elle est blanche et de votre race ; c'est à vous qu'elle convient pour femme. » 2. Cuvier a déjà fait cette rectification de la synonymie. Voy. Ménagerie du Muséum, article Mandrill. A l'inverse, il faut rapporter à l’animal que nous appelons aujourd'hui Mandrill (C. mormon), le Grand Singe de Guinée dont parle ALLAMAND, dans ses suppléments à l'Histoire naturelle. L’au- teur le dit sans queue; mais, très-certainement, parce que la queue avait été coupée; car l’auteur ajoute, etces caractères ne peuvent laisser aucun doute : «Son nez était d’un très-beau bleu, ses joues « étaient sillonnées de rouge sur un fond noirâtre. Il avait les parties de la génération d’un rouge éclatant. » C’est donc à tort qu’on a fait de ce Singe un Pongo ou grand Orang-Outang, et qu’on en voudrait faire aujourd'hui un Gorille. 3: VOYy. p.07. SINGES. — GORILLE. 75 Buffon le dit expressément, qu'il a appliqué, dans le premier de ses volumes sur les Singes! le nom de Pongo au grand Orang-Outang, et celui d’Enjocko ou par abréviation, Jocko, au petit ?. Malheureusement, Buffon s’est écarté, sur deux points, de la relation de Battell, et, sur tous deux, il s’est en même temps écarté de la vérité. Battell fait du Pongo et de l’'Engeco ou Enjoko deux espèces distinctes, et il ne les place qu'en Guinée : Buffon veut que ce soient seulement deux variétés con- stantes, deux races distinctes par « un seul caractère bien marqué », celui de la grandeur. En outre, Buffon étend, jusqu'en Asie, la patrie de ces deux vartélés, et il croit retrouver le Pongo, encore inconnu, de Battell, dans le grand Singe de Bornéo, dans le véritable Orang Outan. Buffon, ayant connu plus tard l'Orang Outan, a rectifié la première de ces erreurs; mais il n’a pas été heureux dans ses efforts pour corriger la seconde. Dans ses Suppléments #, lOrang Outan que Buffon suppose tou- jours africain en même temps qu'asiatique, devient le Jocko, et le Chim- panzé prend le nom de Pongo, parce que l’auteur croit retrouver, d'après des documents mal interprétés, dans le premier, le petit, et dans le second, le grand Orang Outan. Comme on le voit, c’est le désir, toujours subsistant chez lui, de suivre la nomenclature de Battell, qui conduit finalement Buffon à transposer les noms de l’Zngéco ou Enjoko et du Pcngo. Cette regrettable confusion s’est perpétuée dans la science jusqu’à la fin du xvur' siècie ; et de là, l'application, si longtemps faite, du nom africain de Pongo, à l'Orang de W'urmb, le premier Singe asiatique qui ait été connu à l'état adulte, Et quand l'erreur a été apercçue, la confusion était si ancienne, et elle semblait si inextricable, que les naturalistes ont cru nécessaire de rejeter à la fois dela science le nom de Jocko et celui de Pongo #. 4. T. XIV, 1766, p. 43 et 49. 2. «En, dit Buffon, est l’article que nous avons retranché ». — Buflon n'avait pas pris la peine de remonter au texte anglais : Purchas, comme on l’a vu (p. 68, note 6), a écrit, d'après Battell, £n- geco, et non Enjoko où Enjocko. 3. T. VIE, p. 1 et suiv. (volume publié en 1789, après la mort de Buffon). 4. Le nom de Chimpanzé, adopté aujourd’hui, d’un accord unanime, pour le Singe tour à tour appelé Jocko et Pongo par Buffon, est celui sous lequel on amena d’Angola, en 4738, un individu qui fut mon- tré à Londres, et qui y excita une vive curiosité (très-peu de temps avant l'arrivée en Europe de l'indi- vidu que vit et fit dessiner Butfon, et qu’il acquit pour le Cabinet d'histoire naturelle; individu qui figure encore aujourd’hui dans nos collections). Un portrait du Singe d’Angola fut dessiné par Grave- 76 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. Par là même, le passage de Battell et son assertion si nette, relative à l'existence en 4frique, et dans la même contrée, de deux espèces de taille iné- gale, étaient de plus en plus tombés dans l'oubli; et si complétement qu'un passage, plus explicite encore que celui de Battell, a pu se produire dans la science, en 1819, sans que personne füt frappé, entre l’un et l’autre, d’une concordance qui était cependant du plus grand intérêt; car, se vérifiant l’un par l’autre, l’ancien et le nouveau témoignage devenaient des preuves irrécusables de l'existence en Afrique, d’une seconde espèce anthropomorphe. $ 5. Zndications données par Bowdich. L'auteur qui, dans notre siècle, a retrouvé ce Pongo si oublié des zoolo- gistes, est Bowdich, chef, en 1817, d’une ambassade envoyée par le gou- vernement anglais dans le pays des Achantis, et auteur d’une relation pleine d'intérêt sous plusieurs points de vue 1. Voici le passage de la relation de Bowdich, qui a trait à l'objet de ce travail : « On trouve dans ce pays (le Gabon) l’Orang-Outan d'Afrique. Le seul que j'y vis avait deux pieds et demi de hauteur; on me dit qu’il grandirait encore. J'en offris un prix qui me parut raisonnable, Ces animaux n'étaient pas rares, et je n’en voulus pas donner davantage, lorsque j'appris qu’il y en avait un en Angleterre. Les Nègres l’appellent Zntchego ?. Celui que je vis avait le cri, le visage et les gestes d’un vieillard ; il obéissait à_la voix de son maitre. » « Il y a dans cette contrée une grande variété de Singes. L’Zngena dont je ne parle ici que pour engager à faire des recherches à ce sujet, en est le plus extraordinaire 5. Les naturels le comparent à l’Orang-Outan, mais disent qu’il est beaucoup plus grand, sa taille ordinaire étant de cinq pieds, lot, et gravé et publié par Scotin (gravure publiée à part); et c’est de cette gravure, reproduite l’année suivante dans les Nova acta Eruditorum, pl. v (p. 564), et très-souvent citée par les auteurs du milieu du xvri siècle (très-rarement par les auteurs récents), que date le nom de Chimpanzee, ou, comme on l'écrit plus habituellement dans notre langue, Chimpanzé. Telle est l’origine, très-oubliée aujourd'hui, da nom que l’usage a consacré. 4. Elle a paru sous ce titre : Mission from Cape Coast Castle to Ashantee, Lond., in-4°, 4819, et a été, la même année, traduite en français, sous ce titre : J’oyage dans le pays d'Aschantie, 4 vol. in-5°. Voy. le chap. x (Sketch of Gaboon and its interior), p. 440, et trad. franç., p. 506. 2. Dans le texte anglais : « The native name is Inchego ». — Le traducteur a cru devoir modifier ce nom, pour tenir compte de la différence de prononciation. 3. La traduction (dont l’auteur a gardé l’anonyme) est ici singulièrement bre. Il est dit dans le texte : a The farourite and most extraordinary subject of our conversations on natural history, «was the Ingèna, compared whit a Ourang-Outan, but much exceeding it in size. SINGES. — GORILLE, 77 et la largeur de son corps, d’une épaule à l’autre, de quatre. Il se nourrit de miel sauvage. Les voya- geurs qui vont dans le Kaylie prétendent en avoir vu qui se cachent pour attaquer les passants... Parmi d’autres traits que les Nègres rapportent à l'égard de ces Singes, et sur lesquels ils ne varient pas, ils disent qu’ils se bâtissent des maisons qui sont une imitation grossière de celles du pays, et qu’ils se couchent en dehors, à terre ou sur le toit. Quand un de leurs petits vient à mourir, ils le portent pressé contre leur sein, jusqu’à ce qu’il tombe en putréfaction. » Ilest manifeste que cet /nchego ou Intchego, de taille moyenne, et ce gigan- tesque /nrgena ne sont autres que l’Zngeco et le Pongo de Battell, lEnché-éko ou V'ichéso et l’Engé-éna, N'gina, Gina ou D'jina des auteurs modernes : mêmes noms, parce que ce sont les mêmes espèces, et dans le même pays. Voilà donc encore les deux Singes anthropomorphes d'Afrique distingués et caractérisés par l'inégalité très-marquée de leur taille; et ils le sont si net- tement ici que Bowdich eût presque été en droit d'introduire dans la clas- sification et de dénommer le grand Singe du Gabon comme une espèce désormais acquise à la science. Nous ne pouvons, du reste, que louer ce savant voyageur de s'être abstenu ; de n’avoir parlé qu'avec réserve et doute d’un animal qu’il n'avait pas vu lui-même, et de s'être borné à appeler l'attention des naturalistes et des voyageurs sur un sujet si digne de leurs recherches. Peut-être cet appel n’a-t-il pas été étranger à la découverte que M. Savage devait faire vingt ans après dans le même pays 1? SECTION VI. SYNONYMIE DU GORILLE ET DU CHIMPANZÉ, Je terminerai en réunissant ici les indications relatives à la syno- nymie du Gorille, qui ont été données dans le cours de ce long travail; et en les complétant par quelques autres, qui n’ont pas trouvé place dans ce qui précède, 1. M. Savage n’a pas ignoré que Bowdich avait été son devancier dans la découverte du Gorille, et il s’est fait un devoir de le rappeler. Toutefois, dans le passage où il cite Bowdich (mais où il omet de citer Battell), il ne se montre pas assez affirmatif sur l'identité de son Enge-ena avec l’Ingena de Bowdich : « The Ingena, dit M. Savage, referred to by Bowdich is probably the Enge-ena; » Le lecteur pensera comme moi, qu'au mot probably, M. Savage eût pu, sans crainte d’erreur, substi- tuer certainly. 78 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. Je ferai suivre la synonymie du Gorille de celle du Chimpanzé, si souvent mêlée avec celle du Gorille, et je puis ajouter, si entièrement mêlée avec elle qu’on ne saurait faire un départ exact de ce qui appartient à l’une et à l’autre. Cette double synonymie sera, à la fin de ce Mémoire, et sous la forme la plus abrégée, le résumé d’une grande partie des notions que j'ai précédemment données. SYNONYMIE DU GORILLE GINA (Gorilla Gina). NOMS VULGAIRES. Pongo. ............s.... See ose see (?) Salvage (Sauvage). (?) Quojas- Morrou. Pango. (?} El Selvago (le Sauvage). } ........... (?) Quoja-F'orau. OUMNPERE PRET eh eee ne ae eielse ete rere Pongo ou Grand Orang-Outang........ Ingena...... Sono nue Din ete ee ce erojesisrieetes ENQE-ENR GS eee soislao ie 0 20 ee letete « Engé-éna ou Ingé-éna........... SOLE D INQENG Re ee rer hisser e see Simia satyrus.........., . ss... CCC BaTTELL, Pilgr. de PurcHas, 4625. Dapper, Afr., 1676. (Autres formes des mots précédents ; Pango et Quoja-Vorau, par erreur de copiste); Hist. gén. des V’oy., t. WT. LA Brosse, 1738; en partie (v. p. 74). Burron, Hist. nat., t. XIV; 1766 (en partie. Con- fondue avec le véritable Orang Outan ). Bowopicu, Mission Lo Ashantee, 1819. SAYAGE, Journ. of nat. Hist. de Boston, 4847. GAUTIER - LABOULLAY, travail manuscrit sur le Gabon, 1849. For, Proceed. of the Acad. of nat. Sciences of Philadelphia, 1852. Amiral PENAUD et FRANQUET, notes manuscrites sur les grands Singes du Gabon, 1852. PEL (voy. p. 60). — Ce nom ne parait figurer que dans les légendes. AUBRY-LECOMTE, notes manuscrites sur le Gorille et le Chimpanzé, 1854 et 1857. NOMS ZOOLOGIQUES,. Hoppius (en partie ‘); Thèse sous la présid. de Linné, 1760. 4, Cette indication, rapportée par les auteurs en partie à l’Orang Outan, en partie au Chimpanzé, doit l'être aussi, en partie, an Gorille : « Æqual nos magniludine vel quinque est pedes longa », dit l’auteur. Je ne cite celte courte indication que parce qu’elle se frouve dans une thèse faite sous la direction de Linné, et antérieure aux travaux de Buffon sur les Singes. SINGES, Troglodytes Gorilla.n......,s......... Troglodytes Savagei............. ootdete FERRÉ TUUTE SR dr ronostoubetabtoee Chimpanza Gorilla........... DEEE Grand Gorille du Gabon, Trogl. Gorilla... Gorilla Savagei....... tente Meet ie cie. Gorilla Gina........, D Poelerece HORDE Simia Gorilla..... sondage he tb Pilhècus Gorilla............ ODA SE Satyrus Gorilla ou adrotes............... — GORILLE. 79 SAvAGE, loc. cit., 1847. — Wyman, Jbid. — Owen, Transact. zool. Societ., t. III, 1849, et mémoires ultérieurs. — KNEELAND, Journ. of nat. hist. de Boston, t. VI, n°11, 1883. — TEm- MINCK, Esq. zoo. de la côte de Guinée, 1853. Owen, Proceed. zool. Soc., 1848 (l’auteur a abandonné presque aussitôt que proposé ce nom ; voy. p. 7et 8). Is. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, Compl. rend. de l’Ac. des Sc.; janvier 1852. HAIME, Ann. sc. nat., 3° série, Zool., t. XVI, p. 460; 1852 (quoique daté de 4851). DurEAU DE LA MALLE, Zbid., 1852. Is. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, Leçons orales, faites en déc. 1852 (nom employé seulement à titre provisoire, VOy. p. 45). — AUCAPITAINE, Revue zool., mars 1853. Is. GEorr. S.-H., Compt. rend. de l’ Acad. des sc., mai 4853; et Hist. nat. génér.,t. II, 1556. — DuverNoy, Compt. rend. de l’Acad. des se., mai 1853, et travaux ultérieurs dans le même recueil et dans les 4rchiv. du Mus., 1853-1855. — L. Rousseau et DÉVÉRIA, Pho- tog. zo0ol., Liv. IT, 4852. — Gervais, Hist. nat. des Mamm., t. 1, 1854. — DanLBom, Zoologiska Studier, t. Y, p. 63, pl. 11; Lund, 1857. WAGNER, Suppl. à Schreber, 1855. Gie8eL, Die Sœugethiere, Leipzig, 1855, p. 1083. Mayer, Archiv für Naturgeschichte, 1856, 3° cahier, p. p. 282. SYNONYMIE DU TROGLODYTE CHIMPANZÉ (Troglodytes niger). (?) Apres dyouos (Homme sauvage), | (?) Tœüaa (Gorille). (?) Gorgon (Gorgone)......, DO DL Dee ENMECO SR IN eee eiseiiiote 0 Ho (MEBaris ee DOC TTONCDO O0 UE ue (?) Salvage (Sauvage). | (?) Quojas-Morrou. NOMS VULGAIRES. HANNON, Périple. PLINE, Hist. nat., VI, XXXvI. BarTTELL, Pilgr. de Purcuas, 4625. N1EREMBERG, Hist. nat. per., IX, xLv, 1635, DapPer, Afr., 1676. 80 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. (?) El Selvago (le Sauvage). PO Loan AE ES (Voy. la synonymie du Gorille). (ARS MERE Se oo oococopevvoroure NoEz dans GASSENDI. Orang Outang ou Pygmée (Pygmie)...... Tyson, Anat. of a Pygm., 1699. Baris ou Barris (Pygmeus Guinensis).... Description of some curious creatures, Lond., in-8°, 4719. Chimpanzee.. SOU oToTbmooee GrAvELoT et Scorin, 4738 (voy. p.75 et 76, notes). OMMPELE RE Eee Eee cet PEL La Brosse, 1738, en partie (voy. p. 74). ENjORO EE CCE CEECE CELL eee Prévosr, Hist. nat. des Voy., t. V, 1748 (vrai- semblablement, par erreur de copiste, pour Engeco). Mrandril (Lomme Den LT tant que, Suiru, Nouv. voy. en Guinée (voy. p.73). Bogoe. Jocko ou Petit Orang-Outang.......... se Burrow, Hist. nat., XIV, 1766. — DAUBENTON, Ibid. — Et, d’après eux, un grand nombre d’au- teurs. PONGO EEE Sete ter -ce LEE see eiele Burrox, Suppl., VIT (1786; publié en 4789, après la mort de Buffon); (en partie confondu avec le Gorille Gina). — AuDEeBErT, Hist. des Singes, 1800. RAMVDÉZE Yes SSD D POP 0 UE . DEGRANPRÉ, Voyage, t. 1, p. 26, 1801. InCheGOE EEE Coupe Jane Sono 000 Bowpicx, Mission Lo Ashantee, 1819. ENCRE-CRO Er eee eee LE SAVAGE, Journ. of nat. hist. de Boston, 1847. Engé-ékio ou Enché-éko........ see e GaurTier-LABouLLAY, notes, et notice manuscrite sur le Gabon, 1849 ( voy. ci-après, p. 83). N'tchego....... serrer CRE CE CE FRANQUET, notes manuscrites sur les grands Singes du Gabon, 1852 (voy. ci-après, p. 92). Guerko-mahoudo (Homme sauvage)...... HEcquarD, notes manuscrites, 4852 (voy. p. 58, note). ARUDDIC RE R EEE ser. TEMMINCK, d’après PEL, Æsq. zool. sur la Guinée, 1853. MORÉJO RES ere eee Ceeel- AuBry-LECOMTE, notes inédites sur le Gorille et le Chimpanzé, 1854 et 1857. NOMS ZOOLOGIQUES. SUMIL" SAVYTUS ES ne seteesie sieste cesser TT Hoppius, 4760; en partie (voy. ci-dessus, p. 78. — SCHREBER, Sæuglh., pl. I, 4775. Simia troglodytes ds... :#5..Re0. Û GMELuiN, 1788. — Et d'après lui, un grand nombre d'auteurs linnéens. 4. Mais non Homo troglodytes, comme je l'ai fait voir dans le Catalogue des Mammifères du Muséum, 1851, p. 4, et daus mon Histoire naturelle générale, t. I1, 4856, p. 181. SINGES. Troglodyte Chimpanzé, Troglodytes niger.…. AND CHMPANSÉ. see à «+ 5 Eee Orang noir, Pithecus troglodytes......... Genre Anthropopithecus................ Chimpanza troglodytes................. Satyrus Chimpanse ou lagaros........... — GORILLE. 81 GEorFRoY SAINT-Hicaire, Tabl. des Quadr., 1812, et travaux ultérieurs. — DESMAREST, Mammal., 1820.—GrirritTu, Animal. Kingd. — Owen, loc. cit. — TemmixcKk, Esq. de la zool. de Guinée. — Et un grand nombre d’au- tres auteurs. F. Cuvier, Dict. sc. nat., art. Orang, 1825. Bory DE SaintT-VixcenrT, Dict. class. d'hist. nat., art. Orang, 1827. BcainviLce, Leçons orales, 4839. — SENÉCHAI, Dict. piltor. d'hist. nat., art. Quadrumanes, 4839. — Hozcarp, Élém. de zool., 1839. — Poucet, Zool!. class., 1841. HAIME, Ann. sc. nat., loc. cit., 1852. Mayer, Archiv für Naturgesch., 1856, 3° cabier, p. 282. NOMS A RAYER à la fois de la synonymie du Gorilla Gina et de celle du Troglodyles niger. ENS édaocedocadosab édennocctec ere SLA (LONBETON} eee esse ia Grand Singe..... EN e nt em a ere HOMLOETTONLOUMESS En aerere ter F£ ARCHIVES DU Muséum T. X. NoEL et PEIRESC, dans GassEeNDI (voy. p. 72). Bosman, Foy. de Guinée, 14° lettre (voy. p. 71). ALLAMAND (voy. p. 74, notes). (C’est un Mandrill dont on avait coupé la queue). Lin. (voy. p. 80, note). 41 APPENDICE LETTRES SUR LE GORILLE GINA LES AUTRES SINGES ANTHROPOMORPHES ET LE GABON PAR MM. GAUTIER-LABOULLAY ET FRANQUET MÉDECINS DE LA MARINE IMPÉRIALE Les lettres que MM. Gautier-Laboullay et Franquet ont bien voulu adresser à administration du Muséum, et m'adresser à moi-même, sur les Singes anthropomorphes d’Afrique, et particulièrement sur le Gorille, ont été mises à profit, à plusieurs reprises, par M. Duver- noy et moi, et aussi par M. Dureau de la Malle auquel je m’é- tais empressé de communiquer les lettres de ces deux médecins. Mais nos extraits, nos courtes citations sont loin d’avoir épuisé tout ce que contiennent d’intéressant pour la science des documents qui résument tant d'observations faites, tant de renseignements recueillis sur les lieux. Les zoologistes me sauront gré, sans nul doute, de reproduire, comme complément de mon Mémoire, les lettres elles- mêmes de MM. Gautier et Franquet; lettres dont Je me suis borné à supprimer quelques passages trop étrangers au sujet de mon Mé- moire. SINGES, — GORILLE. 83 Je n’ai pas besoin de faire remarquer que les auteurs de ces lettres ne sont pas toujours d’accord avec les opinions que j'ai cru devoir adopter d’après d’autres renseignements ou d’après mes propres observations. C’est une raison de plus pour que j'aie cru devoir mettre sous les yeux des lecteurs des Archives le texte même des docu- ments qui vontsuivre. Il SUR LE GABON ET SUR L’ENGÉ-ENA LETTRE ADRESSÉE A MM. LES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE PAR M. GAUTIER-LABOU LLAY. Paris, 6 avril 4849. MESSIEURS , Je m'empresse de remplir la promesse que j'ai eu l'honneur de vous faire relativement aux mœurs, usages et habitudes de l'Orang Troglodyte (Gorille), que je viens d'offrir au Muséum d'histoire naturelle *. Permettez-moi d'entrer dans quelques détails sur le pays dont cet animal gigantesque est originaire, et que, dans mes rares loisirs, j'ai pu étudier. Le Gabon, un des principaux foyers de traite, était depuis fort longtemps fréquenté par les négriers; et maintenant, depuis que la traite est défendue, il se trouve sous le protectorat de la France, qui y entretient un poste mililaire depuis six ans. Ce blockhaus est situé sur l’estuaire du même nom. C’est un vaste golfe de 40 milles de profondeur, de trois à huit milles de largeur dans ses plus grands diamètres. Son embouchure, large, et hérissée de bancs à fleurs d’eau, rend l’entrée dangereuse aux navires d’un certain tonnage. Cependant, la fré- gate la Belle-Poule, sous les ordres du prince de Joinville, y est entrée à la sonde, et a découvert une passe qui porte le nom de passe de la Belle-Poule. Ce golfe, alimenté par des rivières, encore inconnues, mais nombreuses (car au jugé, le courant est de trois nœuds passés), déverse ses eaux dans la mer à 0° 6’ nord de l’équateur. Plusieurs iles habi- tées surgissent, couronnées de verdure, du sein de ses eaux. Cette vaste nappe d’eau, environnée de toutes parts par une ceinture de feuillage, toujours verte, se trouve emprisonnée entre deux presqu'iles, dont les contours ne sont pas encore connus des géo- graphes, ni mis sur les cartes. De nombreux cours d’eau qu'alimentent d'immenses marigots, viennent gonfler ses eaux. Leurs cours nous sont inconnus, excepté l’affluent principal Le Cômo, exploré jusqu'aux dernières limites qu'un canot puisse atteindre (c’est-à-dire 98 milles), par MM. Pijeard et Méquet, lieutenants de vaisseau, en 1847 et 48. 4. Voy.p. 8 et 9. 84 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. Ce qui frappe le plus, c’est la richesse inouïe de la végétation, qui vient mourir jusque dans les eaux de l'estuaire. La nature est tellement active et féconde, que ces bois, formés d’arbres gigantesques, sont impénétrables au chasseur, tant les lianes et autres plantes sarmenteuses ou volubiles s'entrelacent en lacis inextricables autour des rois de la végétation (désignés sous le nom de dragonnier ou arbre faux cotonnier, nom vulgaire). Les Noirs font sécher ces feuilles, et après les avoir réduites en poudre fine, ilsla mêlent avec le couscousse. Les Européens traitants ne connaissent que les côtes; je suis un des premiers à avoir pénétré le plus loin dans les terres, à 68 milles; tant j'aimais à arpenter, le fusil sur l'épaule, ces silencieuses et vastes forêts, encore vierges de la rapacité humaine. Nous avons vu de ces géants de la végétation servir à faire des chaloupes, d’une seule pièce, de 25 mètres de long sur 2 et demi de largeur, et portant 460 hommes. Le sol est peu élevé, ondulé, assez inégal. On ne voit qu’un seul mamelon quand on vient du large; il n’est pas à 100 mètres au-dessus de la mer, et à 2 milles et demi dans les terres. Il porte le nom de mont Ænabey (nom d’un chef de village). Les couches qui supportent ces forêts vierges sont formées d'assises horizontales de carbonate calcaire, recouvertes de conglomérats arrondis de roches ferrugineuses, à cristallisation amorphe. Les plus grosses roches, d’un aspect grenu, ne dé- passent pas un mètre et demi en diamètre; elles sont groupées irrégulièrement, çà et là, comme si elles avaient été entrainées par les eaux diluviennes et déposées au hasard en plus ou moins grand nombre. Les assises régulières de carbonate calcaire qui sont la base du sol, renferment beaucoup de fossiles coquilliers, appartenant aux bivalves et aux spirées. Une terre argileuse, mais peu liante, mêlée de beaucoup de silice, recouvre ces roches et supporte une couche, assez mince, de terre végé- tale, provenant des détritus végétaux. Ce n’est qu’à 30 lieues dans les terres qu’apparaissent (au dire des Noirs chasseurs), des terrains élevés (4 journées de marche). L'abondance et la fréquence des pluies sous la ligne explique ce luxe de végétation. La saison plu- vieuse dure 8 mois. Elle commence vers la mi-septembre pour finir à la fin de mai. C’est alors que règnent, surtout en janvier, février et mars, les orages les plus épouvantables et les terribles tornados, si redoulés des navigateurs, surtout à cause de l’énorme production d'électricité, et du voisinage de la foudre, qui menace à chaque instant votre navire. Malgré nos trois paratonnerres, deux fois la foudre est tombée sur le pont. Le thermomètre marque en moyenne 28° à l’ombre, et 45° au soleil, à 4 heure du soir. Fin mai, juin, juillet et août forment la saison sèche ou belle saison. Tout travail végétal cesse. Cette saison si agréable pour l'Européen est fatale au Noir, c’est son hivernage; alors les variations de température sont tellement brusques et variables, les brises constantes du sud et du nord-ouest sont si fraîches et si vives, que l’indigène est foudroyé par les pleuro-pneumo- nies, les rhumatismes, les bronchites aiguës; aussi abandonnent-ils, tous, les villages de la côte pour se retirer à leurs habitations, situées à plusieurs milles dans les bois, où un épais et impéné- trable rideau de verdure les protége contre le piquant des brises régnantes. Plusieurs peuplades habitent cette contrée. Les Mpongués ou Gabonais peuplent les deux rives de l'estuaire jusqu'à 20 milles en remontant, et leur tribu s'étend à 20 milles nord et sud de l'embouchure. A deux milles derrière eux viennent les habitants des bois ou Boulous; enfin les redoutables Paouïns ou montagnards, que l’on n'avait jamais visités avant M. Méquet. Les tribus pélagiennes, Cégrossies par le contact de la civilisation européenne, sont généralement belles, robustes et bien proportionnées. La moyenne de la taille est de cinq pieds cinq pouces. Les peu- plades nomades des bois sont chétives, osseuses, maladives, et se ressentent du dénûment absolu où ellesvivent. Les Paouïns montagnards (d’après le rapport de mon second chirurgien, qui était chirur- gien de l’expédition), sont des hommes d’une beauté remarquable, d’une stature colossale, et doués SINGES. — GORILLE. 8 d’une intelligence active; car ils fondent et forgent le fer de leurs montagnes, et se fabriquent des armes de guerre, remarquables par leurs dessins bizarres et réguliers. Ils sont très-conrageux; ce sont des chasseurs d’éléphants. Les riverains et les habitants des bois ne parlent pas le même langage; peu se comprennent, excepté ceux qui font le commerce intermédiaire des tribus. Leur nourriture est pres- que composée de fruits, bananes, manioc, ignames, papayes et citrons. Cependant ils sèchent le poisson et fument la chair des Éléphants, des Singes et même celle du redoutable Gorille. Ils sont friands de la canne à sucre, des arachides et du maïs. Les Gabonais habitent des cases en pailles et en bambous, élégamment disposées; elles sont grandes et symétriquement distribuées. Le toit est formé des feuilles de l’Elaïs guineensis, artistement pliées en deux et juxtaposées autour d’une gaule flexible et mince, maintenues les unes sur les autres par des morceaux de bois blancs et cassants. Les plaques de verdure desséchées au soleil, sont couchées sur les toits, et viennent, comme les ardoises, s’imbriquer les unes sur les autres. On entretient du feu dans la case pour bien les fumer et les dessécher (sans cela elles pourriraient). et une semblable toi- ture dure dix ans. Pour que le vent ne les soulève pas, elles sont pressées par de fortes perches qui viennent du toit à la gouttière. Les habitations des Boulous sont plus grossières : ils se contentent d’écorces d’arbres, qu'ils dresent en plaques en marchant dessus, et dont ils forment la muraille; ils font le toit avec de larges feuilles simples ou bifurquées et plissées dans le sens de leur longueur. Ces cases n’ont qu’une entrée, elles sont basses et enfumées. Leur industrie est peu avancée. Le Paouïn furge le fer et l'extrait; il en fabrique ses armes, poignards, lances, casse-têtes, et d’autres armes plus ou moins bizarres. Les femmes obtiennent des feuilles de l’ananas un fil blanc qui sert à faire des filets. Les esclaves font des nattes en paille, quelques-unes fort jolies et de dessins variés; d'autres coupent les bois dans la saison sèche, les brülent, plantent, émondent, arrachent le manioc, récoltent et plantent le bananier, l'igname, l’arachide, le maïs. Les hommes chassent ou pé- chent. Quelques-uns s’adonnent au charpentage. Enfin, ils ont des luthiers, car j'ai vu des harpes fort curieuses, enrichies de sculptures assez originales, et ayant de 3 à 6 cordes, en racines très-fortes et dé- liées. L'âme de l'instrument est recouverte d’une peau de serpent. Les sons en sont fort harmonieux. Is sont intelligents, mais paresseux. Le portugais, l'anglais, l'espagnol et le français sont enten- dus assez bien par beaucoup d’entre eux. Leurs mœurs sont douces et paisibles. L’esclavage existe, et du nombre d'esclaves des deux sexes dépend la richesse du maître. Ils nomment leur médecin Ogança ou féticheur. Leur religion est un mélange de théisme et de superstitions grossières. Ils croient à la mélempsycose. Les produits du pays sont : l’ivoire, la cire, un peu d’arachides, du bois noir et rouge et quelques pelle eries. Leur gouvernement est patriarcal et héréditaire. La succession a lieu non de père en fils, mais de frère à frère, issus de la même mère. Les chefs sont élus par le suffrage des tribus, mais toujours dans la même fimille. Les affaires se traitent dans un conseil des anciens, sous la présidence du roi. Ils sont (ivisés par villages, obéissant à des chefs, relevant des grands chefs. La polygamie existe, et le nombre de femmes indique la richesse du maître. “Deux ou plusieurs d’entre elles sont investies de la police des esclaves et de la culture des terres, et sont l’objet d’une profonde vénération. Le moral des tribus pélagiennes s’est amélioré sous les influences philanthropiques des missions religieuses françaises et américaines, qui sont établies au Gabon depuis plusieurs années. Il y a des écoles dans plusieurs villages. 86 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. Leurs funérailles sont singulières : les cadavres sont portés religieusement dans un bois sacré, et auprès sont disposés les ustensiles de chaque homme libre. Personne ne met les pieds dans le séjour des morts que pour y conduire une nouvelle victime. A certaines époques ils viennent y célébrer la fête des mânes errants. Les esclaves morts sont tout bonnement mis sur la lisière déserte des bois, où blanchissent leurs ossements épars. Quand une personne notable tombe malade, on lui construit une case en feuillage dans le milieu du village; le prêtre fétiche et médecin, vient la visiter et ordonne des cérémonies plus ou moins bizarres, qu’il serait trop lonz de citer ici. J'entre maintenant dans les richesses naturelles ou zoologiques de ces contrées. Je ne ferai qu’indi- quer rapidement chaque classe. (Suit une liste des végétaux principaux du Gabon.) SUR L’'ENGÉ-ÉNA. Je passe maintenant à l’histoire de l'Engé-éna, Troglodyte de ces contrées. Le 28 mai 1846, / Aube (corvette) fut envoyée au Gabon pour y faire le service d'hôpital station- naire. Par mes relations de voyage, j'ai eu de nombreux rapports avec tous les traitants, les mission- naires et les chefs du pays. J'ai vécu trente mois parmi eux, j'ai donc pu me mettre au courant de ce qu’il y avait de plus remarquable. Bientôt j’eus connaissance (octobre 1846) d'une espèce de Singe fort redoutable dont le voisinage inspirait la plus grande terreur aux Noirs, vivant aux habitations. Les faits extraordinaires qu’on leur imputait ne me faisaient accepter qu'avec réserve leurs récits merveilleux, lorsque dans une excursion sur la rive gauche de l’estuaire, étant en chasse, je trouvai dans une habi- tation éloignée une tête appartenant à ce géant des forêts. Je la payai 40 francs. Le type féroce et for- midable que j'avais sous les yeux, excita au plus haut degré ma curiosité, et comme la squeletto- logie était ma passion dominante en histoire naturelle, je fis tous mes efforts pour me procurer un de ces individus. J'en parlai à M. Walker, qui me dit qu’il faisait des tentatives de son côté, mais qu’elles étaient jusqu'alors sans succès. J'avais déjà amassé quelques têtes, quelques os; j'offris 400 francs à celui qui m'en apporterait un en peau. Ce fut en vain. Désespéré, j'allais partir dans vingt jours, quand M. Walker, missionnaire, m'écrivit pour me faire part qu'il s’en était enfin procuré un après deux ans d'attente; il me demandait des conseils pour le préparer et l'envoyer à Boston. Ayant beaucoup d'occupation et de malades, je ne pus me rendre auprès de lui; mais je lui donnai le conseil de mettre l'animal dans un baril d'alcool, ou d’eau-de-vie, tenant du sublimé en dissolution. Ce qu'il fit. J'allais partir avec mes quelques échantillons, déjà mes visites élaient faites, quand M. Wilson, revenu d'Amérique et chef de la mission américaine, me fit don d’un Engé-éna, dont la putréfaction était avancée, et que par mesure sanitaire on avait cru prudent d’enfouir avec le baril dans le sol. Me voyant possesseur d’un trésor si ardemment désiré, je cherchai à le conserver en chair; mais il me fallait de l'eau-de-vie, et le prix exorbitant où on la vendait sur les lieux, me mit dans l'impossibilité de faire ce sacrifice, n’ayant pas reçu de solde depuis cinq mois. Je le mis en squelette, et pendant qu'on le nettoyait, je pris rapidement des notes sur ses caractères extérieurs, puis j'opérai la sec- tion des appendices abdominaux et thoraciques, et je commençai la préparation. Je fus saisi d'étonnement à la vue de cette masse de chair, aux riches proportions musculaires. de reçus de l'obligeance de M. Walker les mesures suivantes, que je transcris fidèlement, après les avoir moi-même vérifiées. Pieds. Pouces. Hauteur de l'animal assise." eee tree er 2e RO: 0. Hauteur debout;(de l’occiput au talon}... ... 0... 000) 8. SINGES. — GORILLE. 87 Pieds. Pouces. Diamètre transverse, bras étendus, d’un médius à l’autre........ 6, 8. De la tête du troisième métacarpien à l'extrémité du médius...... 0, 1e La main à plat, doigls écartés, du pouce au petit doigt.......... 0, 9e Du cubitus (en arrière) à l’articulation radio-carpienne. ..... SEULE. 1e 2 D'un acromion à l’autre, diamètre transverse............ ose eine À, 6. Circonférence du thorax, au-dessus des mamelles........... RS, 8. Diamètre à la base du thorax (ouvert)........... FROUOBS eo 0 not Ml 4. Longueur du pied, du bord postérieur du calcanéum à l’extrémité phalangienne du pouce....... 20000 ee D CCE 0, 40 4/2. Diamètre transverse du pied (gros orteil en adduction forcée)..... 0, 8. De la rotule (bord supérieur ou base) au bord supérieur de l’as- tragale........ PLÉCTI SA nostoe abeccocoveor asc ob oo 3. CGrconténencelduMpolene tre ere enter pere cie oelers 0, 9. ne de l’avant-bras à son tiers supérieur... ........ San 0. — du bras à l'insertion delloïdienne................ 0, A0. — de la jambe au-dessus des malléoles.....,........,. 0, 11. — au tiers supérieur de la cuisse.......,.......:.... A, 140 1/2 Largeur du premier espace inter-osseux du pied...... SÉTUASRE 0 3 4/2. Longueur des phalanges du pouce, réunies...... SE COR LBbE BTE 0, 2 472. — dudoigt médius, main..........,...... oct e 0, 4. — de l'index, main........ oooe Demo om ube Pococe 0, 3 4/2. — du cinquième doigt (petit) MTaine RE dou doc EC 0, 24/2. Largeur de la main (au niveau des premières phalanges, le premier espace inter-0sseux non COMPrIS............. dépot M0, p. Gircontérence dusmédius main) Here EN Obiacs AU 4 3/8. — düupoute (main) ere Joabosoeët Dé duo oc N AU) 3 3/4. Longueur du gros orteil........... DOE 00 4 400 nul A TRE DE 0, 2 A/2. Premier espace inter-osseux du pied (de dedans en dehors)..... DLL 5 4/2. Longueur du second orteil........... dodo E adoc D add Foot vit) 2 3/4. — MU ÉTUISIeMENONElL ES 2 PRE RE EN ARUNANLS GC 0, 2 1/4. — du cinquième orteil........ Danone o ann AB OÉ BC Li AU 4 3/8. Circonférence du gros orteil............ Joe oo 0 0000 Enac bo deals 4 1/2. — du troisième orteil......... dou ec DPI PNR SM 0! 3 7/8. Largeur du bassin (d’une épine iliaque supérieure à l’autre). ..... 1, 1. Circonférence des mamelles ...... TOO Cr LAS OO Co occ) s L 0. Longueur de la mamelle pendante, prise de la demi-circonférence INÉTIEULE SE -..E PCovce he HOT nn Dern PORT AN O} k Cœur. Circonférence, à la base... ...... PAPA AUS D Enr a NA ASPECT EXTÉRIEUR DE L'ANIMAL. Tête volumineuse, couverte de poils châtains, mélangés de noir, peu touffus; un pouce et demi de long. — Poil du corps gris de fer en avant, plus abondant sur le dos qu’au-devant du thorax, et plus foncé au dos. — Mamelles presque glabres, flasques, pendantes. — Mamelon assez développé, noir. 88 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. — Pas de callosités, pas d’appendice caudal. — Face repoussante, abrutie. — Front bas, profondé- ment sillonné de rides transversales. — Yeux grands, volumineux, légèrement saillants, bien fen- dus. — Face dépourvue de poils, excepté au menton, au-dessus de la lèvre supérieure et au bas des joues ; nez aplati; narines profondément échancrées. — Lèvres épaisses, surtout inférieure, pen- dantes. — Oreilles développées et collées le long de la tête. — Dents blanches et saillantes, surtout les canines; au nombre de 32. — Menton court; joues aplaties et larges. — Cou penché en avant, enfoncé entre les épaules, court et très-musculeux. — Thorax bombé, bien développé, large en haut, donnant attache à de larges et formidables épaules. — Cœur plus volumineux que celui de l'homme !. — Hanches peu saillantes comparativement. — Dos voûté, robuste, large, dessinant forte- ment la gouttière cervico-dorsale et les reliefs musculaires des gouttières. — Bassin allongé verticale- ment. — Région fessière peu bombée, couverte de poils, moins fournis et offrant une petite toufle au bout du coccyx. — Anus assez large. — Lèvres génitales bien développées, ombragées de poils peu nombreux et gris de fer. — Cuisses rondes, robustes, paraissant plus courtes comparativement aux bras. — Téguments arqués en dedans. Jambe forte, dépourvue de mollet. — Coude-pied robuste. — Paumes des mains et plantes des pieds d’un blanc sale, et profondément sillonnées. — Dos de la main fortement bombé, couvert de poils, moins bombé au pied. Le pied parait comparativement plus court que la main allongée. — Doigts grands, forts et très-longs. — Ongles bien développés, bruns. — En désarticulant les appendices abdominaux et thoraciques, le scalpel disparaissait au milieu de fais- ccaux Charnus, très-beaux, exsangues, pales. — Les nerfs axillaires bien développés. Cet animal fut tué le 20 septembre 1848. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. Le mâle est d’une plus haute stature que la femelle, qu’il dépasse de 8 à 42 pouces. Les dimen- sions de sa charpente osseuse et de ses organes locomoteurs sont d’une puissance de structure et d'énergie incroyable. Comme on peut le vérifier par le crâne et plusieurs autres ossements, 1l présente des caractères tranchés qui le différencient de la femelle. Il est assez extraordinaire que depuis si longtemps que les négriers et les traitants fréquentent cette contrée, on ne fût pas encore parvenu à faire connaître cet animal à la science zoologique. Cela résulte : 1° de ce que cet Orang habite l’intérieur des bois, et qu’il recherche les lieux les plus solitaires et les plus inaccessibles, et qu'il se tient à une certaine distance des côtes ; 2° que les traitants n’ont que des rapports peu étendus et seulement avec les noirs riverains; 3° les habitudes féroces et redoutables de cet hôte des forêts sonttelles, que les naturels se tiennnent le plus éloignés possible de ses retraites, et ne cherchent jamais à le tuer qu’en cas de légitime défense. Les Pinguais ou Pengués (Gabonais) le désignent sous le nom d'Engé-éna (prolonger le son de la première syllabe et passer rapidement sur la deuxième). Le Chimpanzé se nomme Ængé-éko. Celui-ci habite les côtes, et son adversaire l’intérieur. La taille de l'Engé-éna dépasse 5 pieds et demi. Il est disproportionnément large entre les épaules, qu'ombragent des poils assez fournis, plus noirs que dans les autres régions, et plus rudes. Ils grison- nent avec l’âge, ce qui fait croire à beaucoup de naturels qu'il y a plusieurs espèces. La tête du mâle est fort remarquable. La face est très-large, férocement énergique; ses diamètres transverses et verticaux sont développés. Les branches des maxillaires inférieurs, très-épaisses, robustes, reçoivent les insertions de muscles puissants, qui servent à mouvoir sa terrible mâchoire. Le 4. Les viscères abdominaux avaient été enlevés. APPENDICE. 89 crâne, peu développé, fuit en arrière. Ses yeux sont grands et terribles, d'un brillant verdâtre. Le nez fort, surtout à sa racine, aplati à sa base. Bouche large, armée de dents puissantes et fortes ; les canines sont démesurément développées; les molaires sont surmontées de trois à cinq tubercules coniques. Lèvres mobiles, ombragées de poils; l’inférieure peut descendre jusqu’à la houppe du menton, lorsque la colère contracte ses muscles orbiculaires et abaisseurs. Peau de la face et des oreilles nue, d’un brun foncé. Oreilles bien faites, mais grandes. Chez le mâle adulte, le point le plus remarquable de la tête, et ce qui le distingue des femelles, c’est une crête touffue, disposée en cimier de casque, dirigée dans le sens de la suture inter-pariétale, et ve- nant rencontrer en arrière une saillie transversale, moins proéminente, mais de même aspect, qui donne attache aux puissants muscles de la région postérieure du cou, et s'étendant d’une oreille à l’autre. Cet animal meut son péricrâne d’arrière en avant avec la plus grande facilité; surtout quand la colère l'agite, il lui imprime des mouvements brusques d’arrière en avant tels qu'il peut faire descendre à volonté jusqu’aux arcades surcilières cette crinière hérissée de poils noirs; sa figure prend alors l’as- pect le plus effrayant et le plus féroce qu'on puisse imaginer, surtout quand les lèvres contractées lais- sent voir en même temps ses redoutables mâchoires. La tête de la femelle ne présente pas cette crinière. Sa superficie est lisse, et sa physionomie moins féroce. Le cou est fort, court, épais et très-velu. La poitrine et les épaules très-larges. Les bras fort longs et dépassant les articulations du genou dans la station. L’avant-bras, quoique plus charnu que le bras, parait comparativement moins long; à son extrémité se voit une main herculéenne, large, forte et redoutable. Le pouce beaucoup plus fort que les autres doigts. Abdomen large, proéminent (au dire des Noirs), recouvert de poils assez clair-semés. Les jambes arquées en dedans, puissamment muscu- leuses, et cependant moins robustes, en comparaison de l'énergie musculaire des bras. Ni queue, ni cailosités. Organes sexuels assez développés. Vagin et grandes lèvres bien formées chez la femelle observée (le reste du bassin était trop macéré pour être examiné). On dit que chez le mâle, l'organe générateur est aussi développé que celui d’un adolescent nègre de douze ans. Leur démarche est lourde, gauche; ils progressent légèrement inclinés en avant, en se roulant d’une hanche sur l’autre. Vu la longueur de ses bras, il n’a pas besoin de se pencher en avant comme le Chim- panzé, quand il se met en marche. Il porte alors ses longs bras derrière la nuque ou il s’appuie seule- ment sur l’extrémité unguéale des doigts, et non comme le Chimpanzé, sur la face dorsale des secondes phalanges fléchies. En marchant, il imprime un balancement marqué à sa massive charpente, surtout quand il porte ses bras derrière la nuque pour contre-balancer le poids de son énorme tronc qui tend de sa nature à tomber en avant; vu la position du crâne, le centre de gravité de l’occipital se trouve en avant de ses condyles. Ils vivent en troupe. Les femelles sont plus nombreuses que les mâles. Les Noirs du pays prétendent qu’il n’y a qu'un mâle par bande, et que lorsqu'un jeune Orang mâle grandit, un combat s'engage alors pour la présidence, et le plus fort, après avoir tué ou expulsé ses rivaux, reste despote de la communauté. Leur force est si prodigieuse, qu’ils chassent à coups de poing ou de bâton l’Éléphant imprudent qui vient troubler leur domaine. On dit qu’ils ravissent parfois les malheureuses négresses qui tombent imprudemment dans leurs parages. Ils dorment sur les arbres quand il fait beau; s’il pleut, ils s’abri- tent sous des huttes informes, construites avec des piquets, des branches couvertes de feuilles et des écorces d’arbre. Ils enlèvent celles-ci en frappant violemment avec les éminences thénar et hypothénar de la main, puis déchirent avec les dents l'écorce rendue ainsi moins adhérente à l'arbre. Ils se nour- rissent de fruits qu'ils trouvent dans les bois, et de fourmis. Ils mangent principalement le fruit de ARCHIVES DU Muséum. T. X. 12 90 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. l’amomus, arbre assez commun en rivière (au dire de M. Wilson, et dont il existe plusieurs variétés au Gabon). Ils savourent avec délices les fruits acides et pulpeux de cet arbre. Cependant ils mangent indifféremment tous les fruits qui ont une pulpe ou une moelle acide ou douce. Ils sont friands de bananes et de canne à sucre; ils recherchent avec soin le fruit du palmier et du papayer, etc. Quand ils tombent sur un champ de cannes à sucre coupées par les Noirs, ils veulent en faire des paquets et les enlever dans leur repaire; mais ils ont la simplicité de lier ensemble et l’arbre et les tiges de cannes coupées, de sorte qu'ils sont obligés de les abandonner, et les Noirs les retrouvent le lendemain liées à l'arbre. Quand les naturels voyagent la nuit dans les forêts, ils ont soin d’allumer un grand feu pour écarter les ennemis redoutables qui peuplent ces bois ; après leur départ, l'Engé-éna vient se chauffer auprès du feu, mais il le laisse s’éteindre, n'ayant pas l'intelligence de l’entretenir. Jamais on n’a pu les prendre vivants, surtout les mâles; ceux-ci sont si forts que dix Nègres ne pour- raient en contenir un seul. Quelquefois les chasseurs d’Éléphants ont pu, en tuant la mère, avoir le petit qui se cramponne fortement à ses flancs, mais les jeunes, pris ainsi, ne tardent pas à mourir. Quand un de la troupe meurt, les autres cachent le cadavre avec des branches et des feuilles. Ils marchent toujours en troupe, le mâle en éclaireur, et tuent le Nègre égaré qui tombe parmi eux. Leur excessive férocité, leur force prodigieuse, leur aspect effroyable les rend redoutables et ter- ribles aux indigènes. Les mâles surtout. Jamais ils ne fuient l’approche de l’homme, comme le Chim- panzé, et malheur au chasseur imprudent tombé au milieu d'eux; car s’il ne tue pas son adversaire, c'est fait de lui. Lorsqu'un mâle, chef de la communauté, s'aperçoit d’un danger quelconque qui s’approche, il pousse dans la forêt un cri perçant et terrible qui retentit et se prolonge au loin dans ces vastes solitudes. Ce cri ressemble à quelque chose comme Xck-ah! Kch-ah!!!— prolongé, lugubre et perçant. A chaque mouvement expiratoire, ses énormes mâchoires s’écartent, la lèvre inférieure descend et se replie sur la houppe du menton; ses fortes dents à découvert et menaçantes se choquent avec bruit et violence: sa noire crinière se dresse et se hérisse; il la ramène fortement en avant; ses yeux verts largement dilatés lancent des éclairs, et toute sa figure offre les indices de la plus violente colère et un aspect d'une effroyable énergie. Au premier cri d'alarme, les femelles fuient sur les cimes des arbres avec une vitesse incroyable. Le mâle, alors resté seul, se dirige, ivre de fureur, vers son ennemi, poussant à intervalles égaux son terrible cri de guerre. Le chasseur surpris attend ordinairement son approche, le fusil en joue; si sa main tremble, si son coup d'œil n’est pas sûr, s’il manque son adversaire, celui-ci, en un bond gigan- tesque, saisit l’arme à feu, la brise comme verre entre ses puissantes mâchoires, et le noir n’a plus qu'à mourir, s’il n’est secouru. Les indigènes lui accordent généralement une intelligence inférieure à celle du Chimpanzé. Ils l’ap- pellent homme-fou, parce qu’il se fait des cabanes sans toit, dans un pays si pluvieux. Ils sont regardés comme des êtres humains dégénérés par les uns; par les autres, comme des hommes d’une race parti- culière. Beaucoup d’entre les naturels, qui croient à la métempsycose des âmes, les disent formés par les esprits de leurs compatriotes décédés. Ils disent que le Chimpanzé est vivifié par les intelligences des hommes du bord de la mer, tandis que les âmes des habitants des bois vont dans l’Engé-éna. Bien qu’envisagés par les Boulous comme infiniment inférieurs à eux, cependant il est difficile de leur persuader que ce ne sont pas des hommes dégénérés, des hommes des bois, comme ils les désignent dans leur propre langue. Cependant, quand dans leurs grandes chasses, les Nègres parviennent à en tuer quelques-uns (des APPENDICE. 91 femelles principalement), ils fament leur chair, ainsi que celle de l'Éléphant et des autres Singes, et en font ensuite une partie principale et délicieuse de leurs repas. Un esclave chasseur et adroit tireur, revenait un jour de la chasse de l'Éléphant, et en avait tué un, quandil rencontra en retournant à la case, un Engé-éna femelle; doué de sang-froid et d'adresse, il tua son ennemi de trois chevrotines, et l’emporta en trophée. Cet acte, inouï jusqu'alors de la part d’un seul individu, lui valut sa liberté, la main de la fille d’un chef, et le titre de grand chasseur. Ici, se terminent les notions que je possède relatives à cet intéressant animal, que le Muséum pos- sède maintenant. N'ayant pas l'intention d’en faire l’histoire anatomique, j’abandonne ce sujet intéres- sant entre les mains de personnes plus compétentes en semblable matière. Puissent ces notions abrégées vous satisfaire, c’est mon plus vif désir. Daignez pardonner au cur- rente calamo l'irrégularité du style et de bien des expressions; mais l’impatience de remplir ma promesse, et surtout mes nombreuses occupations, m'empêchent de donner à la rédaction de ces notes tout le soin que j’eusse désiré y apporter. Si de nouveaux renseignements vous deviennent nécessaires, je suis à la disposition de Messieurs les professeurs du Muséum. J'ai l'honneur d’être, Messieurs, avec respect, votre très-humble serviteur, L. GAUTIER, Chirurgien de la Marine. Il SUR LE GABON ET SUR LES DIVERSES ESPÈCES DE SINGES ANTHROPOMORPHES D'ORIGINE AFRICAINE LETTRE ADRESSÉE A M. IS. GEOFFROY SAINT-HILAIRE PAR M. LE DOCTEUR E. FRANQUET Hôpital civil de Brest, le 4er décembre 4852. MonsIEUR , A l’occasion d’un ouvrage intitulé : Encyclopédie d'Histoire naturelle, qui m'est tombé par hasard dans les mains, il m'est venu à l’idée de vous adresser les quelques pages qui suivent : Je pense qu'il serait très-important de connaître d’une manière précise la contrée et le lieu d’où proviennent les diverses espèces de Singes anthropomorphes d’origine africaine. C’est un point dont peu de voyageurs se sont occupés. Voici les seuls renseignements que je puis vous donner à ce sujet. En 1838-39, étant chirurgien major de la Malouine, j'ai pu visiter un grand nombre de points de la 92 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. côte occidentale d'Afrique, depuis Gorée jusqu’au Gabon. Je n'ai rencontré qu’un seul Chimpanzé. C'était à Libéria (cap Mésurade). Ce Singe appartenait à un homme de couleur. Celui-ci se l’était-il procuré dans le pays, ou bien le tenait-il de quelque navire négrier qui l’aurait pris sur un autre point de la côte d'Afrique? Je ne saurais le dire. En 1850 et 54, j'ai vu à la côte d'Afrique huit Chimpanzés appartenant : 2, à M. Vivien, chirurgien de la Marine, qui les avait achetés au Gabon à des Boulous de la rive droite du fleuve. 4, à M. Chevrier, chirurgien de la Marine, qui l’avait acheté à un navire venant de Sierra Leone. 41, à M. Laprade, capitaine du génie. Ce Singe, acheté au Gabon, provenait du cap Esterdas. 4, à M. Fonsagrives, chirurgien de la Marine. Ce Singe, acheté au Gabon, provenait du cap Esterdas. 1, à M. Penaud, capitaine de vaisseau. Ce Singe, acheté au Gabon, provenait du cap Esterdas. 2, à M. Lacant, négociant à Gorée. Ces 2 Singes ont été achetés à des navires du commerce venant de Gambie ou de Sierra Leone. Tous ces Chimpanzés avaient entre eux la plus grande ressemblance et étaient tous très-jeunes (4 à 4 ans). Pendant les dix-huit mois que j’ai passés au Gabon (1851-52) : Un jeune Gorille femelle vivant, de cinq ans environ, a été acheté par moi (squelette donné au Muséum ). Un Gorille mâle, adulte ayant acquis son complet développement, a été acheté par moi (donné au Muséum). Un squelette de mâle adulte (Gorille}, a été acheté par un capitaine anglais (prix 1,000 fr.) Un squelette de femelle adulte, avec la peau (le tout incomplet), a été acheté par M. Fonsagrives. Un Gorille vivant très-jeune (de 2 à 3 ans), a été acheté par M. Penaud (donné au Muséum ). Une tête de Gorille mâle adulte, a été achetée par M. Davion, garde du génie. 4 N’tchégo entier, adulte, mort, a été acheté par moi (squelette donné au Muséum ). 2 N'’tchégos entiers, adultes, morts, ont été achetés par moi (laissés au Gabon). 4 N’ichégo entier, adulte, mort, acheté par M. Marec, chirurgien de la Marine. 4 N'tché2o entier, adulte, mort, acheté par M. Laprade. Tous ces Gorilles et ces N’tchégos provenaient de la rive gauche du Gabon ou du côté de Denis. Le crâne du Gorille, acheté par M. Davion, venait seul des environs du cap Lopez. Tous les Noirs du village de Denis s'accordent à dire qu’on trouve le Gorille à six à huit lieues de leur village, dans de grands bois, sur un mamelon qu'on aperçoit de la rive gauche du fleuve, depuis la pointe Clava jusqu’à la pointe Obindo. Les Noirs de Denis s'accordent également à dire qu’on trouve le Gorille au cap Lopez, qui est situé à quinze ou vingt lieues dans le sud du Gabon. Un enseigne de vaisseau, M. Martin, m'a montré un magnifique crâne de Gorille adulte qu’il s’était procuré à Saugetan ou à Cebinda, c’est-à-dire au sud de la Ligne. Les Gorilles restent d'habitude dans les lieux où ils ont établi leurs demeures. Les N'’tchégos s’approchent fréquemment des habitations, et c’est générale- ment dans les plantations de bananiers qu'ils viennent se faire tuer. Trouve-t-on les Chimpanzés au delà de l'Équateur? Je n’ai jamais ouï dire qu'on en ait rapporté de cette partie de la côte, ni qu’on y en ait vu. Je n’ai point visité cette partie de l'Afrique, mais je sais d'une manière certaine que la température est moins élevée dans l'hémisphère sud que dans l’hémi- sphère nord. La nature du sol et la végétation different dans ces deux parties du continent africain. Les maladies sont très-rares dans le sud. Les Noirs du Gabon ne mangent point les Singes. Les Noirs que nous avions à bord de l’Adour, et qui tous étaient de la côte de Crew, on les appelle Crowniens, étaient très-friands du Gorille et du APPENDICE. 93 N'tchégo, D’après eux, on ne trouve pas ces deux espèces de Singe dans leur pays; mais il y a une autre espèce de grand Singe qu'ils mangent. Je suppose que ce doit être le Chimpanzé, le seul des grands Singes dont je n’aie pas eu occasion de les régaler. Un chirurgien de mes amis, M. Lehire, qui est resté trois ans à la côte d'Afrique, m’a affirmé (se basant bien entendu sur ce qu'il a entendu dire) que sur la côte nord on ne commençait à trouver le Chimpanzé que sur la rivière Cappatchez, c’est- à-dire un peu au nord de Sierra Leone. Étant au Gabon, j'ai vu, comme je l'ai dit, un certain nombre de Chimpanzés. Tous provenaient de la presqu'ile bornée au nord par la rivière Moudabh, et au sud par la rivière du Gabon; pas un seul Chimpanzé n'a été apporté de la rive gauche du Gabon c’est-à-dire du lieu où proviennent exclusivement les Gorilles et les N’tchégos que j'ai pu voir. Les renseignements donnés au sujet du Gorille par un de mes amis, M. Gautier, chirurgien de la Marine, qui est resté au Gabon peut-être plus longtemps que moi, sont peu exacts. Il est vrai que de son temps l’hydrographie de la rivière du Gabon n'avait pas encore été faite avec tout le soin qu'y a mis (en 1849) M. Ploix, ingénieur hydrographe de la Marine. Du reste, jamais aucun voyageur n’a écrit que la rivière du Gabon fût couverte d’un nombre con- sidérable d'îles. Il n’y en a que deux : Coniquet et l’île aux Perroquets. J'aurais voulu pouvoir donner ici un aperçu du pays d’après les plans de MM. Pigeard et Ploix, que j’ai toujours trouvés exacts. Ces plans doivent se trouver à Paris, au dépôt des cartes et plans. Mais il m'a été impossible de me les procurer à Brest, où il n’existe pour le Gabon qu’une seule carte de l'entrée de la rivière; carte très- incorrecte , fourmillant d’erreurs. Je crois que cette carte est d’un lieutenant de vaisseau, qui appelle l’île Coniquet, île d'Orléans, et l’île aux Perroquets, île Adélaïde, dénominations nouvelles qui ne seront jamais connues des Noirs du Gabon. Bosman (souvenir de mes lectures de Walckenaer) qui donne au Rio-Gabon les noms de Gaba, Ga- bana ou Gabam, désigne les deux îles dont je viens de parler sous le nom d'îles de Pongo. Ceci peut déjà nous faire supposer que le fleuve que nous appelons Gabon doit avoir été anciennement désigné par les naturels sous le nom de Pongo. Je reviendrai un peu plus loin sur le fait de sa déno- mination actuelle. Des deux îles de l'embouchure ou estuaire du Gabon, la plus petite, couverte de grands arbres, est basse et presque entièrement noyée à marée haute; elle a (toujours été inhabitée. À mer basse, on ne peut guère s’exposer à y descendre sans risquer d’enfoncer dans la vase au moins jusqu'aux genoux. C’est l’ile aux Perroquets. La plus grande de ces îles est haute, découpée en trois mamelons. Les Anglais l'ont appelée ile du Prince, et les Hollandais île du Roi. Nous l’appelons, nous, du nom que lui donnent les naturels, c’est- à-dire Coniquet. Elle a toujours été habitée. Le chef de cette île, qui est un grand fétiche, prend le titre d’Oga ou roi. Il est indépendant comme tous les chefs qui commandent aux dix ou quinze villages qu'on trouve sur les bords de l’estuaire da Gabon, et dont la population totale (esclaves et hommes libres, ou N’pingoués) ne s'élève pas au delà de deux mille âmes. Autrefois, le chef de Coniquet prenait le titre de Meni-Pongo, ce qui veut dire : seigneur du Pongo. Les Noirs qui habitent les deux rives du Gabon (à son embouchure ou dans ce qu'on appelle l’es- tuaire), sont les seuls avec lesquels nous ayons des relations directes. Ils se donnent le nom de N’Pon- goués, et se croient infiniment supérieurs aux autres Noirs leurs voisins, qu’on appelle les Boulous ou Sequiani, les Bakalais et les Pavoins. Tous les N'Pongoués désignent la rivière du Gabon (l'estuaire seulement) par le nom de N’Pongo, tandis qu’il donnent à divers affluents les noms de Coïc, Como, Ramboué, Mafougam, etc., noms conservés dans les cartes de MM. Pigeard et Ploix. Ces renseignements étant donnés, doit-on s'étonner que les voyageurs et les naturalistes ensuite 94 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. aient désigné une espèce de Singe par le nom de Pongo, qu’on prononce au Gabon N’Pongo? Les Singes dont on a parlé sous ce nom peuvent-ils être rapportés au Gorille, au Chimpanzé ou à la nouvelle espèce à laquelle je donnerai le nom qu'on voudra, et que je désignerai provisoirement “par celui de N’tchéz0? C'est ce qu'il m'est impossible de déterminer, manquant complétement à ce sujet de renseignements détaillés puisés dans les auteurs. Je n’ai pu que lire à la hâte les Annales des Sciences naturelles il y a environ deux mois. (La livraison dans laquelle est consigné le rapport de M. Is. Geoffroy Saint- Hilaire, m'a été prêtée à Paris par M. Duvernoy ). Je vais néanmoins formuler mon opinion d’après ce que je sais. Les N'Pongoués, c’est-à-dire les habitants du Gabon, appellent le Gorille N’géna (et non Engé-éna), tandis qu’ils donnent le nom de N’tchéso (et non Engé-éko) à un Singe de taille plus petite dont j'ai envoyé le squelette d’adulte au Muséum. Comment désignent-ils le Chimpanzé? Je l’ignore, parce que je n’ai pas pensé à le leur demander. Admettons, ce qui est peu probable, qu'ils appellent aussi le Chimpanzé N’tchégo. Cela prouverait-il qu'ils confondent ces deux espèces de Singes? J'affirme que non. Pour moi, il y a trois espèces de Singes anthropomorphes bien distinctes à la côte d'Afrique : 1° Le Chimpanzé ( Troglodytes niger de Geoffroy Saint-Hilaire); il a le visage nu couleur de chair ; les oreilles rouges et grandes, le pelage noir et peu fourni, ete., etc. 2° Le Gorille (Troglodytes Gorilla, Sav.). Son visage est noir, ridé; ses oreilles petites, noires, bien faites. Son pelage d'un brun marron, dont la teinte n’est pas uniforme sur tout le corps. Les poils des membres très-longs, etc. Comme caractère du genre, il existe toujours une ligne ou raie de poils rous. sâtres partant du milieu du front, contournant la suture sagittale et descendant jusqu’au bas du cou. Cette raie existe toujours chez le mâle et la femelle; chez l'adulte comme chez le jeune; seulement elle est moins prononcée chez ce dernier. Le crâne du mâle adulte présente une crête antéro-posté- rieure très-saillante, etc., etc. 3° Le N’tchégo. Il a le visage noir et les oreilles petites comme le Gorille. Ses poils sont moins longs et plus foncés en couleur. Il n’atteint jamais à la taille du Gorille. Il ne présente jamais cette raie roussâtre dont nous avons parlé. La crête antéro-supérieure du crâne adulte est peu marquée, si toutefois elle existe. Le mufle est moins saillant que chez le Gorille, ce qui fait que sa face se rap- proche davantage de celle de l'Homme avec lequel il a plus de ressemblance qu'aucun autre Singe. Je ne me rappelle pas bien toutes les petites différences, les caractères anatomiques de détail. Je ne me souviens que des caractères apparents, saillants, qu’il est impossible à l’observateur le moins attentif de ne pas saisir tout d’abord. Le N’tchégo n’est pas plus le Gorille que le Gorille ne peut être le Chimpanzé. J'insiste sur ce point, car je ne sache pas que personne ait encore dit ce que j’avance et affirme : c’est qu'il existe à la côte d'Afrique trois espèces de Singes anthropomorphes. Cependant, rendons à chacun la part de justice qui lui revient. En 1847, M. Savage a découvert le Gorille au Gabon, et moi, je déclare aujourd’hui que nous avons une espèce de Singe nouvelle. Est-ce à dire pour cela que ces deux espèces ne sont connues que de- puis peu? Je laisse aux savants le soin de décider. M. Lesson pense que les Gorilles ou femmes sauvages que les Carthaginois, sous les ordres d'Han- non, tuèrent dans une ile de la côte d'Afrique devaient être des Chimpanzés. M. Dureau de la Malle, au contraire, pense que ces Gorilles tués par les Carthaginois, devaient être les mêmes que ceux que possède le Muséum depuis l’année dernière, et il en conclut que les Carthaginois ont dû étendre leur navigation jusqu'au Gabon. Ce dernier point pourrait encore être douteux, car rien ne prouve que le APPENDICE. 95 Gorille d’aujourd’hui soit le même que le Gorille des Carthaginois, et d’ailleurs, l’île de Fernando Po qui appartient aux Espagnols, les îles du Prince et de Saint-Thomas qui appartiennent aux Portu- gais, pourraient avoir été habitées par des Gorilles. Ce sont des îles montagneuses et boisées, comme Corisco, qui est une île plus petite, etc. Si les Gorilles des Carthaginois n’étaient que des Chimpanzés, ne serait-il pas plus vraisemblable de supposer qu'Hannon aurait seulement abordé aux Bissagos ou aux îles de Los ? D’après ce que j'ai vu dans les Annales des Sciences naturelles, en 1625, Andrew Battell a décrit une espèce de Singe qu'il appelle Pongo et qu'il distingue d’une espèce plus petite qu’il nomme Engéco. J'ai peine à croire que le Pongo de Battell ne soit pas le Gorille, et son Engéco l'espèce nouvelle que je propose de reconnaître. Je déclare toutefois que la description d’Andrew Battell est très-mauvaise, si elle a rapport au Gorille, comme je le pense. M. Richard Owen croit que l’Engéco d’Andrew Bat- tell n’est pas autre chose que le Troglodytes niger de Geoffroy Saint-Hilaire. Il est facile de voir par tout ce que j’ai dit précédemment, que M. Richard Owen pourrait bien être dans l'erreur comme je le crois. J'espère que les quelques détails dans lesquels je suis entré, suffiront pour faire comprendre com- ment on a pu donner à des Singes jusqu’à ce jour mal définis, les noms divers de Pongo, Enjoko, Jocko. Ces deux derniers noms, ainsi que l’Engéco d’Andrew Battell et l'Enché-éko de M. Savage, ne sont que des corruptions du mot N’Pongoué, N’tchégo, nom donné à la troisième espèce de grand Singe qu'on trouve au Gabon. Les mœurs des Singes anthropomorphes d'Afrique (à l’exceplion du Chimpanzé en bas âge et réduit à l’état domestique) sont peu connues. Voilà ce que l'on peut dire de plus vrai. Les renseignements donnés à ce sujet ont été, pour la plupart, pris à des sources peu dignes de foi ou empruntés à ce qui a été dit des Orangs-Outangs. C’est ce dont j'ai pu me convaincre étant au Gabon, et aussi par quelques lectures qui me reviennent en souvenir. Répéter tout ce qui a été dit serait perdre son temps sans profit pour la science, qui ne doit jamais accepter les renseignements des voyageurs sur ce point qu'avec la plus grande défiance. Il est vrai qu’il est bien difficile de pouvoir, même sur les lieux, ar- river à la connaissance de la vérité. Il faut, pour se convaincre de ce fait, connaître l’apathie et le caractère des Noirs. Quand on leur demande des renseignements, ils vous répondent presque toujours dans le sens où vous les questionnez. On peut leur faire dire à peu près ce que l’on veut; ce que l’on peut attribuer en partie à leur ignorance des choses que vous désirez connaître, et à leur ignorance de notre langue, ainsi qu’à la paresse naturelle à leur race. Ils évitent comme par instinct tout ce qui est peine et fatigue. Se rappeler et faire part de ses souvenirs est pour eux une peine. On trouve chez eux des orateurs à l’occasion ; mais je crois qu'il serait difficile d’y trouver des historiens ou des conteurs. Les Noirs Dangon, Banibé, Jumeau, Thiangoué (tous de Denis), qui se donnent pour chasseurs de Gorilles, m'ont donné des renseignements dans lesquels je n’ai aueure confiance. Du reste, la généra- lité des Noirs N’Pongoués déclarent qu'il n’y a que les Boulous qui osent se mesurer avec les Gorilles, et il n’y a que les esclaves des N’Pongoués qui chassent ou plutôt guettent le N’tchégo. Ces animaux nous sont toujours apportés par les N’Pongoués, qui servent en toute circonstance de courtiers entre les Blancs et les Boulous, de même que ceux-ci servent de courtiers entre les N'Pongoués et les Baka- lais, J'ai dû plusieurs fois aller chasser les Gorilles. Il y a toujours eu des obstacles de la part des Noirs. Je ne sais ce que j'aurais pu opposer à leur force d'inertie. Je n'avais pas à ma disposition des cargai- sons de marchandises. Le roi Louis, un des Noirs dans lequel j'aurais le plus de confiance, m'a affirmé qu'il existe dans le 96 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. haut de la rivière de Como une espèce de Singe encore bien plus grand que le Gorille. D’après lui, sa taille serait de 6 à 7 pieds; son pelage serait plus noir que celui du Gorille. Seraient-ce des Chim- panzés adultes? Je n’en ai jamais vu. Richard Jobson a dit, je crois, qu’on pouvait dresser les Gorilles et les rendre dociles. N’a-t-il pas pris le Chimpanzé pour le Gorille? J'ai observé pendant un mois la petite femelle de Gorille dont j'ai parlé; il n’y avait dans cet animal ni douceur ni docilité. — Les Gorilles ne vivent pas en domesticité, au dire des Noirs. E. FRANQUET. Je terminerai en donnant les dimensions du grand Gorille que j'ai offert au Muséum. Ces sions, prises avec une minutieuse exactitude, sont les suivantes : Taille. ......... Envergure... .. De l’appendice xiphoïde à la symphise du pubiss.....2...4."cLe.rere Diamètre transversal de la poitrine au- dessus des fausses côtes.......... Diamètre du corps au-dessus des os ilia- nn GHÉBeoooomoononcdionoecooe Soc Du opate AUTCOCCYX Eee eeEceLe ë Du bord postérieur de l’aisselle au Cl postérieur de l’autre aisselle..... : Entre les apophysesiliaques antéro-supé- TOUTES. es retire cte sie ice ets eieteelelrie Circonférence du corps au niveau des lombes "0" ee -crecee To Circonférence de la poitrine au-dessous desmaisselles. 2.2". ë Circonférence de la poitrine à sa base... D'un mamelon à l’autre.......... 5Uo8e Du mamelon à la pointe 1 anotiie xiphoïde...... DDovspoDaot 60e De l'extrémité antérieure de la troisième fausse côte au creux de l’aisselle. .… Du moignon de l'épaule à l’appendice xi- DROITE erreur Co-bce Du moignon de l’épaule à la Durciete du SUCLQUIN ES Sete etes sie cie cles ses MEMBRES SUPÉRIEURS. De l'acromion à l'extrémité du doigt mé- Du coude l'extrémité du doigt A mètres. 1,67 2,18 0,90 0,53 Du poignet à l’extrémité du doigt médius. Longueur de la paume de la main... Largeur de la paume de la main à la ra- cine des doigts...... DRÉ000Gn000 Largeur de la paume de la main à sa par- tie moyenne... ... DO UA 00-000 Du sillon de flexion de la base du pouce à l’'éminence hypothénar.......... Circonférence du poignet... Circonférence de l’avant-bras dans son " tiers supérieur... Circonférence du bras au-dessus du coude. Circonférence du bras à sa partie moyenne. Circonférence du moignon de l'épaule. .… ss... ss... MEMBRES INFÉRIEURS. Du grand trochanter d’un côté à celui du COLÉ OPPOSÉ -e--e-reckec--rec-e De la symphise du pubis au talon...... De la symphise au genou............. Du genou au coude-pied..... So oooove Du talon à l’extrémité antérieure du troi- sième orteil, qui est le plus long... Du talon à l’extrémité unguéale du gros orteil. SOA BUE Deco Souaves Largeur de : Met du pied à la ue 4 petits orteils........ Du bord externe du pied à l'extrémité du gros orteil étendu... Largeur de la base du gros orteil....... Mesure de l’écartement entre les deux premiers orteils, à leur extrémité... CPC CC dimen- mètres. 0,25 0,165 Largeur de la plante du pied à la partie moyenne du calcanéum.........., Circonférence de la jambe au-dessus des MAIN eccouec coccooneodoe Circonférence de la jambe au mollet. Circonférence de la cuisse au-dessus du SONOU.25 1.1 ue Circonférence de la cuisse à sa partie moyenne. Soécoscote dot Circonférence de la cuisse à la racine... Circonférence du cou................. Distance du menton au cou... TÊTE ET FACE. Circonférence oblique passant par le sin- ciput et le menton................ Circonférence verticale de la tête et de la face passant devant les oreilles... .. Circonférence horizontale de la tête, prise au-dessus des sourcils et des oreilles. Largeur du front au-dessus des arcades sourcilières. Cocodoe De la racine du nez au sinciput......... De la partie externe de l’arcade sourci- lière à l’angle de la mâchoire infé- PIGUTO..--... De l’arcade sourcilière à la base du men- ss... TON eme. s ess ee ne ee 0 Au niveau des sourcils, longueur....... À la base des orbites................. D'une pommette à l’autre,...,,.,,.,,. ARCHIVES DU Muséum. T. X. APPENDICE. mètres. 0,10 Hauteur de Loreille....1.....6..... Largeur de l'oreille. . HHOCHOUOTÉ Du lobule de l'oreille au menton...,... Du lobule de l'oreille à la commissure des lèvres. re. Le De la partie supérieure de l’hélix au sin- CIpUL- .. oc D'une oreille à l’autre en passant par le SOMMELIe lAMÉÉtE eee sers Du tragus à l’angle extérieur de l'œil... à sa pointe...... Gone ASAPASC eee De la pointe du nez à la lèvre supérieure. De la racine du nez à la lèvre supérieure, Écartement des commissures des lèvres. Circonférence du mufle ........ ss... ss... sn Largeur du nez DOIGTS ET ORTEILS. Écartement entre le gros orteil et le second OPtEILe eee. Soucococ anne Écartement entre le pouce et l'index. Longueur du gros orteil............e. ÉONÉUEUR AUIPOUCO M ele sisete sie » + Largeur de l’ongle du gros orteil........ Largeur de l’ongle du pouce.......,..... Longueur de l’ongle du premier orteil... Longueur de l’ongle du pouce... Longueur du doigt médius............. Circonférence du même doigt, au en de la deuxième phalange.... .….. 43 97 mètres. 1,067 0,042 0,26 EXPLICATION DES PLANCHES PLANGHES I, IL, III, IV, V et VI. Le GonriLze Gina, Gorilla Gina, Is. Geoffr. (Troglodytes Gorilla, Sav.); individu mâle et adulte, donné au Muséum d'histoire naturelle, en janvier 4852, par M. le docteur Franquet, médecin de la Marine (voy. p. 2, 3, 10 et 11). PI. J. — L'animal entier ; 1/7 de grandeur naturelle. Dessiné par M. Bocourt, d’après l'individu monté des Galeries et d’après les moules du buste et des mains, exécutés d’après l'individu encore entier, par M. Stahl (voy. p. 14). PI. II. — La tête vue de face; 2/3 de grandeur naturelle. PI. III. — La tête vue de profil, id. Ces deux planches sont des fac-simile des dessins faits par feu M. Werner, d’après l’animal encore entier, et avant toute préparation (voy. p. 14). L'animal avait perdu la plus grande partie de son pelage. PI. IV. — La main antérieure; de grandeur naturelle. PI. V. — La main postérieure, éd. Ces deux figures sont, comme les deux précédentes, des fac-simile des dessins de M. Werner, d’a- près l’animal conservé dans la liqueur. PI. VI. — Le buste, de face et de profil; environ 1/7 de grandeur naturelle. Fac-simile des daguerréotypes faits par M. Terreil, d’après l'animal entier, et avant toute prépara- tion (voy. p. 44). PLANONE VII, fig. 4 et 2. Le GoriLze GixA; jeune mâle, donné au Muséum, en janvier 1852, par M. l'amiral Charles Penaud, alors capitaine de vaisseau (voy. p. 2 et 40). Fig. 4. — L'animal entier, de face; environ 1/5 de grandeur naturelle. Fig. 2. — L'animal entier, de profil; éd. Fac-simile des daguerréotypes faits par M. Terreil, d’après l'animal entier, et avant toute prépara- tion (voy. p. 14). PLancHE VII, fig. 2 et 3. Le TROGLODYTE Cnimpanzé, Troglodytes niger, Geoffr. S.-H.; Simia troglodytes, Gm.; jeune mâle, donné vivant, par M. le colonel Bertin-Duchâteau, à la Ménagerie du Muséum, où il a vécu en 1848 et 1849 (voy. le Catal. des Mammifères du Muséum, Primates, p. 5). EXPLICATION DES PLANCHES. 99 Fac-simile de daguerréotypes faits en 1848, d’après le vivant, par M. Malacrida, avec le concours de M. le docteur Jacquart, aide-naturaliste d'anthropologie au Muséum. Ces daguerréotypes offrent un intérêt particulier, en raison de l’époque où ils ont été exécutés. Parmi les épreuves photographiques présentées à diverses reprises à l’Académie de 1839 à 1848, il s'était trouvé quelques figures d'animaux vivants, entre autres celles très-bien réussies d’un chien de chasse, faisant partie d’une belle série exécutée par M. Thiesson, et présentée à l’Académie par M. Arago. Ces animaux avaient été habitués par leurs maîtres à se tenir quelque temps immobiles, à poser. Les progrès de l’art photographique ayant permis d'obtenir des images satisfaisantes en un espace de temps très-court, il m'a paru, en 1848, qu’il était devenu possible de saisir, pour ainsi dire, à la volée, la pose et la physionomie d’un animal vivant, et d'obtenir ainsi, pour l'Histoire naturelle, des figures dont nul dessin ne saurait tenir lieu. C’est afin de le montrer, et d'appeler l'attention et les essais des photographes sur cette nouvelle application possible de leur art à notre science, que j'ai fait faire divers daguerréotypes d’après les animaux de la Ménagerie. J'ai pu bientôt présenter à l’Académie des résultats qui, sans être encore parfaitement satisfaisants, ne laissaient aucun doute sur la possibilité et les avantages de la reproduction photographique des animaux vivants. Les deux daguerréotypes dont je donne ici les fac-simile ont été présentés à l’Académie des Sciences dans sa séance du 30 octobre 1848 (voy. les Comptes rendus des séances de l’Académie, t. XXVII, p. 436). Depuis, la photographie a fait encore de nouveaux progrès, et on a fait souvent, et sans de très-grandes difficultés, des daguerréotypes ou des clichés d’après des animaux vivants. La série pho- tographique des espèces les plus remarquables de notre Ménagerie a été souvent exécutée par les pho- tographes, et notamment par M. Dubosc et M. Turgard pour le stéréoscope. PLANCHE VIIL. Le TroGLoDYTE CHIMPANZÉ, individu presque complétement adulte. Ce Chimpanzé, très-jeune alors, a été donné en novembre 1852, par M. Lacan, à la Ménagerie, où il est mort en janvier 1857, âgé de près de six ans. C’est le premier individu de son espèce qui soit parvenu en Europe presque à l’état adulte. La planche VIII, due à M. Bocourt, représente sa tête de face et de grandeur naturelle. Cette figure et les précédentes permettront de saisir les différences considérables de traits et de physionomie qui existent entre les genres Troglodyte et Gorille, soit à l’état adulte, soit dans le jeune âge. Jai cru d’ailleurs utile de publier une bonne figure coloriée de la face du Troglodytes niger, comme terme de comparaison avec les caractères attribués par M. Franquet et par M. Duvernoy à la seconde espèce de Troglodyte admise par ces auteurs sous le nom de 7schego; espèce qui aurait, selon ces auteurs, la face noire et les oreilles petites (voy. p. 17, note 2, et p. 94). En rappelant plus haut (ébid.) les caractères assignés à cette très-douteuse espèce, j’annonçais la prochaine arrivée à la Ménagerie d’un Singe ramené du Gabon par M. le capitaine Bouet, sous le même nom de Zschego, et j'espérais pouvoir éclaircir, à la fin de ce Mémoire, une question encore aussi obscure qu'’intéressante pour la zoologie. L'animal attendu est, en effet, arrivé, et il se trouve qu'il n’est identique ni avec le Chimpanzé ni avec le Troglodyte tschégo tel que le décrivent MM. Duvernoy et Franquet. Il a bien, comme celui-ci, la face foncée, non pas noire cependant, mais d’une couleur noirâtre-vineuse ou violacée ‘, mais il a les oreilles au moins aussi grandes que le 4. Cette couleur a pâli depuis l’arrivée de l'animal, que le Muséum a reçu en avril 1857. Le véritable caractère de la coloration de la face chez ce Troglodyte, par rapport aux Chimpanzés ordinaires, est moins encore le foncé que l’uniformité de la teinte. 100 DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES DU MUSÉUM. Chimpanzé. Est-ce néanmoins le 7. Tschego, dans la description duquel M. Franquet aurait, trompé par ses souvenirs, introduit un caractère emprunté à l’histoire du Gorille? Ou bien doit-on admettre qu'il y a trois espèces de Troglodytes : une à visage clair et inégalement coloré et à grandes oreilles , celle-ci est le vrai Chimpanzé; une autre à visage foncé et à petites oreilles, tel serait le T. Tschego; enfin une autre encore, à visage foncé et uniformément coloré, comme celui-ci, mais à grandes oreilles, comme le premier, et d’une espèce intermédiaire ? Cette espèce serait singulière- ment voisine du Chimpanzé ; car le nouveau Singe a toutes les formes de celui-ci, comme il en a le pelage généralement noir, sauf les poils de l'anus, qui sont blancs. Je ne dois aujourd’hui que poser ces questions. Il serait prématuré d'essayer de les résoudre, tant qu'il ne sera pas possible de comparer au squelette du Troglodytes Tschego celui de l'animal donné à la Ménagerie par M. Bouet, et de vérifier s’il a ou non les caractères ostéologiques assignés par M. Duvernoy à l'espèce que mon savant confrère a cru pouvoir établir. Je dois faire remarquer que le Singe de M. Bouet vient du Gabon, comme le T. Tschego de MM. Franquet et Duvernoy. C’est, au contraire, par erreur qu’on avait dit originaire de cette même contrée le Chimpanzé figuré dans la planche VIIT. D’après des renseignements très-précis que j'ai reçus sur cet animal depuis sa mort, et que je dois à M. Ferdinand Denis, cet individu venait de Rio-Nunez, point plus rapproché de Gorée. Il y a donc, entre le Chimpanzé qui a vécu quatre ans à la Ménagerie, et le Singe qui l'y a rem- placé, grâce à M. Bouet, une différence de patrie en même temps que de coloration. INDEX INTRODUCTION... cesse ses eeee sc SECTION." I. HISTORIQUE. ..- 50... 20 1 . $ 1. $ 2. $ 3. 8 4. Découverte du Gorille Gina en 1847, et premiers travaux publiés sur lui en Amérique et en Angle- Envois faits au Muséum d'histoire naturelle...... coocousnc Dobobon Travaux auxquels ont donné lieu CESENUOLS etre set niele ele eielelelaleis ie Travaux récents sur le Gorille en Angleterre eten Amérique...... SECTION II. CARACTÈRES ET RAPPORTS NATU- RELS DU GENRE GORILLE (GORILLA).. . Conformation générale de la tête. . Conformation des organes des . Proportions des membres et con- formation des mains............ = SYSTÈME TENLATE eee ee sels eieiete . Résumé des caractères du genre GORE roses OT OD BTE . Rapports naturels du genre Go- SECTION III. CARACTÈRES SPÉCIFIQUES ET VARIÉTÉS DU GORILLE GINA....... Pages. $ 1. Différences relatives à la confor- mation du crâne....... SOUPE $ 2. Différences relatives à la taille.. $ 3. Différences relatives au pelage... SECTION IV. HABITAT, NOMS DE PAYS ET MOEURS DU GORILLE GINA...... oc $ 1. Habitat....... Sbobco Doeobobobo SR ENOMATEIDAUS As rec eeeecseles eee $ 3. Mœurs et habitudes............, SECTION V. INDICATIONS RELATIVES AU Go- RILLE DONNÉES PAR DES AUTEURS PLUS OU MOINS ANCIENS. coco ee $ 1. Passage du Périple d’'Hannon rela- tif aux Gorilles ox Gorgones...... $ 2. Prétendues indications du Gorille chez divers auteurs grecs et latins. $ 3. Indications données par les voya- geurs antérieurs à Buffon, et principalement par Battell...... $ 4. Déterminations successivement ad- MUISES DU BUJION sean $ 5. Indications données par Bowdich. SECTION VI. SYNONYMIE DU GORILLE ET DU CHIMPANZÉ Res oseeccer tente Synonymie du Gorille Gina... ... bovac Synonymie du Troglodyte Chimpanszé. 44 45 47 50 50 51 03 61 62 79 APPENDICE Pages. LETTRES SUR LE GORILLE GINA, LES AUTRES SINGES ANTHROPOMORPHES ET LE GA- BON, par MM. GAUTIER - LABOUL- LAY et FRANQUET, médecins de la Marine impériale..........10.%1: 82 I. Sur le Gabon et sur l’Engé-éna, par M. GAUTIER-LABOULLAY....... Oo Ji CE) Pages. Il. Sur le Gabon et les diverses espèces de Singes anthropomorphes d’ori- gine africaine, par M. le docteur E:FRANOGET:. 26:00 eee 94 Mesures du grand Gorille, par M. FRan- QUETL. eme ect 96 FIN DU MÉMOIRE SUR LE GORILLE. ” DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE PUBLIÉES PAR-LES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS DE CET ÉTABLISSEMENT EXTRAIT & che 2H . CE | PARIS LIBRAIRIE J.-B. BAILLIÈRE er FILS 19, RUE HAUTEFEUILLE, 19 DOCUMENTS RELATIFS MAMMALOGIE DU GABON PAR M. LE DOCTEUR PUCHERAN L'étude des diverses Faunes qui composent le domaine de la Zoologie actuelle offre, même dégagée de toute idée d'ensemble, un degré d'utilité que les modernes ne nous semblent pas avoir convenablement apprécié. En fixant, d'une manière complète, le nombre et la caractéristique des espèces et des genres qui se trouvent habiter une localité bien déterminée, le Zoolo- giste rend à la science un véritable service, car il constate et il affirme la série des progrès accomplis, sous le point de vue de la Géographie zoologique, par les observateurs qui l’ont précédé. Les recherches ultérieures devien- nent dès lors plus faciles et moins susceptibles d'erreur, si l’œuvre qui leur sert de base a été exécutée avec conscience, et porte en elle l'empreinte de la vérité, seule condition qui soit de nature à donner de la valeur aux tra- vaux. Sans nul doute, on ne trouve pas toujours dans cette voie des faits nouveaux à signaler, des espèces nouvelles à décrire, mais les esprits sérieux sauront toujours rendre justice aux tentatives faites dans un but d'utilité, Ces tentatives acquièrent encore plus d'importance lorsqu'une œuvre de cette nature est complétée, soit par l’énonciation des limites des espèces, et surtout des genres, soit par la comparaison des diverses Faunes entre elles. 104 DOCUMENTS RELATIFS Les conclusions d’un travail entrepris dans de semblables vues cessent dès lors d’être de la même nature que celles qui, dans les monographies, sont relatives à l'indication d'habitat des divers types. La substitution d’un genre à un autre genre, d’une espèce à une autre espèce, est toujours un fait d’une importance réelle; ce fait constitue un grand progrès lorsqu'il est possible d'expliquer par une cause, même médiatement active, sa manifestation. La comparaison des diverses Faunes doit donner lieu à l'examen, seulement plus complet et plus multiple, de semblables questions ; l’interprétation des caractères, soit qu'ils offrent de l’analogie, soit qu’ils présentent des diffé rences, doit toujours être le but de l'observation ; elle doit surtout le devenir lorsqu'elle a pour base initiale la comparaison. Or, en examinant avec persévérance et attention les rapports qui peuvent exister entre les diverses Faunes, il est possible de concevoir que les analo- gies, aussi bien que les différences qu’elles présentent, doivent avoir leur cause d'existence dans les états divers du milieu ambiant, soit atmosphériques, soit terrestres ou plutôt géologiques. Dans cette dernière influence surtout doit résider une action uniforme, que les Zoologistes modernes, trop occupés jusqu'ici des modifications offertes par la température, ont de nouveau besoin de scruter plus attentivement. En émettant cette assertion, nous n’avons point l’intention de blämer la tendance qu'ont eue jusqu'ici les observateurs de porter principalement leur attention sur les rapports qui peuvent exister, qui existent même entre les modifications organiques et les divers états atmo- sphériques qui leur sont concomitants. A l’aide de ces rapports, bien des faits trouvent, il faut en convenir, leur mode d'explication : il en est ainsi, par exemple, des divers états des téguments et des organes, qui, sous un cer- tain point de vue, peuvent être considérés comme étant sous leur dépen- dance. Il faut cependant, même à ce point de vue, ne conclure qu'avec une certaine réserve, car le mode d'existence d’un animal peut quelquefois dé- terminer chez lui la manifestation de certains caractères qui lui sont des lors communs avec d’autres êtres dont l'habitat est restreint à des lieux offrant des températures totalement différentes. Mais, dans l’état actuel de nos con- naissances, je ne pense pas que l’on puisse, par un semblable mode de cau- salité, expliquer ni même essayer d'expliquer les différences qui existent dans la forme générale, et par suite les habitudes ; ces différences me sem- blent inhérentes à des causes fixes, plus permanentes que ne le sont celles A LA MAMMALOGIE DU GABON. 105 qui sont du domaine des faits météorologiques. Nous pouvons déjà constater un rapport semblable dans les observations déjà faites par MM. de Blainville et Geoffroy Saint-Hilaire fils, et qui sont relatives à la forme élancée et à la grande taille des Mammifères aquatiques. Les différences de température moyenne des régions habitées par ces espèces sont, dans cette circonstance, sans influence aucune sur les deux faits généraux signalés par ces deux grands maîtres, car on les voit se manifester dans les zones froides et dans celles dont la température est élevée. Pour expliquer le rapport de causalité, on se trouve dès lors forcé d’invoquer la nature même du milieu zoologique. Ce fut sous l'influence de réflexions suivies dans cet ordre d’idées qu’à la fin de l’année 1850 je rédigeai le Mémoire sur la Mammalogie du continent africain qui a été imprimé plus tard dans la Revue de Zoologie (1855 et 1856). Des cette époque, à la suite des comparaisons multipliées que j'avais faites entre les divers genres de Mammifères africains, j'avais fini par con- stater qu'il existait entre tous ces types, principalement sous le point de vue du système locomoteur, une certaine uniformité. Il en est de même pour certains organes extérieurs (conque auditive, pelage). C’est à cet ensem- ble de particularités zoologiques propres aux animaux d’une région que j'ai donné, dans mes travaux plus récents !, le nom de Caractères fauniques, me servant, dans cette circonstance, d’une désinence semblable à celle qui est usitée pour la désignation des caracteres propres aux genres et aux espèces. Je crois, en cette occasion, avoir été assez heureusement inspiré dans la synthèse que j'ai formulée; car les nouveaux genres dont j'ai pu avoir connaissance, depuis la rédaction de mon travail, concordent presque tous, surtout en ce qui concerne la disposition des membres et la formule digitale, avec les principes que j'ai établis. Les Zoologistes ont déjà deviné que nous voulons parler des découvertes si intéressantes dont la science est redevable au voyage de M. Péters à Mozambique. J'ai eu dès lors plus de confiance dans mes tentatives de généralisation, et, si je les ai poursuivies plus tard pour la Mammalogie de la Nouvelle-Hollande ?, pour celle de Madagascar *, pour celle des régions situées au nord de l’Équateur zoologique #, c’est par suite 1. Comptes rendus de l’Académie des Sciences, vol. XXXIX, page 631. Doc. cil. 10, 1d. 3. Loc. cit., vol. XL, p. 192. 4. Bulletin de la Sociélé philomathique de Paris, 1856, p. 46. ARCHIVES DU MusÉUM. T. X. [ = 106 DOCUMENTS RELATIFS de la conviction que j'ai acquise qu’en abordant cette série d’études j'opérais une éclaircie dans la voie du progrès. Si maintenant, pour se rendre compte de l'existence d'un ensemble de caractères propres à une Faune, on porte son attention sur les circonstances ambiantes qui leur sont concomitantes, il devient impossible d’en trouver une explication satisfaisante dans les phénomènes qui se trouvent sous la dépendance des faits météorologiques. Les conditions différentielles offertes par la chaleur, par la position géographique, soit par rapport à l’'Équateur, soit par rapport aux pôles, sont insuffisantes pour rendre compte de la dis- position des membres dans les Mammiferes africains. Cette insuffisance est plus manifeste encore lorsqu'il s’agit d'expliquer les analogies nombreuses qui existent, sous le même point de vue, entre la Mammalogie de l’Afrique et celle du nord de l'Asie. Il devient dès lors nécessaire de porter son atten- tion sur la structure géologique des régions habitées par ces divers types. C'est, sans nul doute, par une cause de même nature que peut s’expliquer la présence, sur le continent de la Nouvelle-Hollande et dans les archipels qui l’avoisinent, de tant de Mammifères doués d’une organisation moins par- faite. Dans tous ces Marsupiaux et Monotrêmes, le caractère faunique est, en effet, anatomique, de même nature, par conséquent, que les différences qui les séparent des vertébrés à génération placentaire. La Mammalogie de Madagascar se spécialise, au contraire, par une modification générale dans le mode d'existence; mais, quoique cette modification n’entraïine pas à sa suite les arrêts organiques que nous offre la Faune de l'Australie, il nous semble impossible de pouvoir nous en rendre compte par la Météorologie ou la position géographique. Le mode de constitution du sol, à Madagascar, nous donnera-t-il lieu de concevoir un rapport plus intime entre le fait géo- logique qu'il doit résumer et la synthèse zoologique que nous avons exposée plus haut? Il nous est permis, sans nul doute, de l’espérer; mais nous devons avouer que, jusqu'ici, nos tentatives, dans le but de saisir un tel rap- port, n’ont point été couronnées du plus léger succès. La connaissance de ces rapports entre l’organisation générale des êtres qui habitent une région déterminée du globe et la structure intime de cette même région exercera, sans nul doute, lorsque ces rapports seront bien établis et convenablement appréciés, une heureuse et légitime influence sur nos classifications. Quelque parfaites que puissent être ces dernières, il leur A LA MAMMALOGIE DU GABON. 107 manque toujours le degré de fixité destiné à les faire considérer comme étant désormais à l'abri, non point des perfectionnements, mais des variations qu'elles peuvent être exposées à subir sous l'influence de principes trop arbitraires. Remarquons, à ce sujet, que, dans celles des classifications mam- malogiques qui séparent les Didelphes des Monodelphes, la division initiale, quoique groupant ensemble des genres américains et des genres de l'Océanie, reflète cependant dans ses résultats les indices de caractères essentiellement comparables à ceux dont nous nous occupons ; de sorte que, dans cette cir- constance, les Mammifères qui se trouvent les derniers ou à peu près, par cela même les plus inférieurs par leur organisation, se trouvent signalés, dans l'indication de leur habitat, comme originaires du nouveau continent et des parties les plus australes de l’ancien. Or, adopter cette disposition sériale, n'est-ce point constater que ces contrées exercent une influence dégradante sur leurs types les plus spéciaux? Une fois ce fait général établi, n'est-il pas possible d'émettre l’idée que, dans toutes les autres classifications du règne animal, le même principe doit présider à la disposition sériale des familles, des tribus, des genres et des espèces, et que les animaux particu- liers à l'Amérique doivent suivre ceux de l’ancien continent, et être suivis à leur tour par ceux de l'Australie et des Archipels qui l’avoisinent? Un essai de cette nature, surtout en Ornithologie, serait, nous le croyons, couronné de succes, et, s’il est possible de voir se réaliser une semblable espérance, nous serions fort heureux de penser que, par les phrases qui précèdent, nous avons pu contribuer à ce progrès. Nous pourrions, au reste, multiplier les exemples, même en les choisis- sant dans les méthodes les plus approuvées, à l'appui de notre opinion, que les recherches sur les Caractères fauniques sont vraiment aptes à influencer heureusement l’ordre et la disposition de nos classifications. C’est un privi- lége inhérent à tous les principes, même lorsqu'ils ne sont pas absolument vrais, tantôt de contribuer à la découverte de nouveaux faits, tantôt de mieux éclairer la raison d’être de ceux qui sont déjà connus. Nous avons pu de nouveau nous en convaincre en réfléchissant à la manière dont peut être plus scientifiquement dirigée la caractéristique des espèces, en se basant sur les indications fournies par l'examen des diverses zones que peut offrir, sous le point de vue spécifique, une région suffisamment explorée dans toute son étendue. Grâce au même moyen, les doubles emplois peuvent être évités, et 108 DOCUMENTS RELATIFS la science moins exposée à l'adoption possible de faits erronés. Si, par exem- ple, il est prouvé et bien constaté, ainsi que nous pensons l'avoir fait dans notre Mémoire sur la Mammalogie du continent africain, que des espèces semblables se trouvent au Cap de Bonne-Espérance, d’une part, en Abys- sinie, d'autre part, quel est le Zoologiste connaissant le fait qui, ayant à sa disposition des Mammiféres du Cap qu'il croit inédits, ne pensera pas qu’il doit consulter les diagnoses de ceux de ses prédécesseurs qui ont étu- dié la Faune d’Abyssinie, afin d’être bien sûr que l'espèce n’est pas déjà dé- crite? Nous pourrions facilement multiplier les preuves à ce sujet; qu'il nous suffise, en ce moment, de faire observer que, même dans cette cir- constance de la détermination des espèces, qui paraît reposer sur des données empiriques, les principes deviennent pour l’observateur des guides pleins de sureté, à la direction desquels il peut se livrer avec confiance. Ainsi nous avons procédé dans les recherches qui ont donné lieu aux descriptions qui vont suivre. Dans le Mémoire que nous avons cité plus haut, nous avions, mais avec une certaine hésitation, considéré la partie de la côte occidentale du continent africain qui se trouve située au sud du Sénégal comme constituant une zone zoologique bien distincte et bien isolée. Nous avions trouvé le motif de cette assertion dans les découvertes faites par les Zoologistes anglais à Fernando-Po et à Sierra-Leone. Notre hésitation était, à son tour, justifiée par cette circonstance que, le Musée de Paris étant peu riche en espèces de ces contrées, il nous devenait à peu près impossible de baser notre opinion sur des observations personnelles, condition qui nous devenait indispensable pour formuler plus sûrement notre opinion. Mais, depuis 1851, la science a été mise en possession d’une multitude de docu- ments nouveaux sur la Zoologie de cette partie de l'Afrique. Ainsi, lhono- rable Directeur du Musée de Leyde, M. Temminck, a publié ! un travail étendu sur les Mammifères de la côte de Guinée, et dans ce travail se trouve résumé l’état actuel de nos connaissances sur la Faune de ces régions. Le Musée de Paris, de son côté, grâce au zèle et aux bons offices de M. Aubry-Le- comte, s’est enrichi, depuis 1853, d’un certain nombre de Mammifères origi- naires du Gabon, et, presque tous, nouveaux pour ses collections. On conce- vra facilement avec quelle ardeur nous nous sommes livré à leur étude, 1. Esquisses zoologiques sur la côte de Guinée; 1° partie, Mammifères. Leyde, 1853. À LA MAMMALOGIE DU GABON. 109 désireux que nous étions de pouvoir nous assurer de l'exactitude de nos pre- miers aperçus. C’est avec une satisfaction bien vive que nous avons constaté que presque toutes ces espèces étaient nouvelles pour la science. Nous en avons déjà publié! les diagnoses; mais il nous a paru utile d’en donner des descriptions plus complètes; aussi tous les détails qui vont suivre leur seront- ils consacrés. $ 2. 1° CIVETTE DE POORTMANN. — ’werra Poortmanni. (PI. IX.) Simillima Viverræ Civettæ, sed major, vittaque oculari nigra nasum non transeunte. Synon. VIVERRA PooRTMANNI, Pchr., Revue et Magasin de Zoologie, 1855, p. 304. Le seul individu de cette espèce qu’il nous soit possible de décrire est un jeune; l’adulte est vivant à la Ménagerie depuis 1851. Ce dernier a été figuré pour la collection des vélins de la Bibliothèque du Muséum, et c’est cette figure, présentant tous les caractères attribués par nous à l’espèce en question, que nous avons fait reproduire pour l’annexer à notre travail actuel. Notre exemplaire est noir sur les pattes, le thorax et l'abdomen, mais un peu mélangé de gris blanc jaunâtre ? dans cette dernière région; la ligne mé- dio-dorsale, plus étalée au niveau des épaules, les trois bandes latérales du 1. Revue et Magasin de Zoologie, 1855, p. 111, 154, 206, 304. Nous devons maintenant ajouter que nos conclusions relatives à l'existence d’une zone zoologique spéciale, dans la partie du continent africain située au sud du Sénégal, sont également vraies quand on les applique aux Oiseaux. Nous avions déja signalé, dans notre Mémoire (Revue et Magasin de Zoologie, 1855, p. 551), combien s'étaient trouvées particularisées les espèces rapportées autrefois de la côte d’Angole par Perrein et décrites par Vieillot. Or, après avoir lu le beau travail récemment publié par M. Hartlaub (System. der Or- nithologie West Africa’s, Bremen, 1857) sur l'Ornithologie de l'Afrique occidentale, travail dans lequel cet habile observateur a résumé, avec la science qui lui est habituelle, non-seulement ses pro- pres recherches, mais encore celles de tous les Zoologistes modernes, nous avons de nouveau acquis la conviction pleine et entière de l'exactitude de nos conclusions initiales. 2. Nous devons signaler, à propos de cette espèce, que toutes les peaux que nous avons reçues de M. Aubry-Lecomte avaient été renfermées dans des bocaux contenant de l’alcool saturé de deuto- chlorure de mercure. Sans nul doute ce contact prolongé a dù modifier les teintes; si nos appréciations n’en sont point absolument exactes, l'erreur ne doit pas, par conséquent, nous être tout à fait imputée. 110 DOCUMENTS RELATIFS cou, et celle qui, partant des côtés du chanfrein, vient se réunir sous le menton à celle du côté opposé, après avoir transversalement occupé la région oculaire, présentent la même couleur, de même que la partie infé- rieure de la région cervicale antérieure. Les deux taches situées en arrière des ouvertures nasales sont blanc jaunâtre; cette teinte occupe égale- ment, mais en devenant plus obscure, le dessus de la tête, le devant de l'oreille, ainsi que les espaces qui séparent les diverses parties noires des régions latérales et antérieures du cou. Le chanfrein est blanc jaunâtre aussi; mais à sa partie antérieure, en arrière du museau, il se nuance de roussitre. Les flancs sont, au niveau des épaules, noirâtres, tiquetés de gris blanc roussâtre; mais, à partir des épaules jusqu’à la base de la queue, ils présen- tent des taches noires et blanc roussâtre ; les unes et les autres sont de largeur à peu près égale et disposées de telle façon que, soit dans le sens vertical, soit dans le sens antéro-postérieur, celles de même couleur forment de véritables bandes, non point droites ni vraiment régulières, mais ondulées; dans le premier sens, la bande parait concave en avant; dans le second, elle le parait en dessous. Ajoutons que cet espace quadrangulaire, à sa partie la plus postérieure, sur les côtés de la ligne médio-dorsale, est bordé par une bande noire parfaitement limitée, séparée dans toute son étendue de la ligne médio-dorsale par une bande blanc roussätre. Cette même bande borde en dedans et plus en avant, mais en étant plus interrompue, tout le quadrilatère des taches des flancs. Le prolongement caudal, assez velu dans ses deux tiers antérieurs, est presque en entier noir; on aperçoit seulement, dans le tiers antérieur, trois bandes latérales d’un blanc roussâtre; en dessous, dans le même espace, existent, au niveau de ces bandes, des poils de même couleur, ce qui indi- que la présence d’un même nombre d’anneaux dont la formation complète a été interrompue. Dans cet individu, les poils laineux, à peu près absents sur la queue, sont de couleur de suie très-foncée sur la ligne médiane du dos; partout ailleurs, surtout sur les flancs, leur teinte est plus éclaircie, plus blanchätre. Les poils soyeux sont uniformément noirs dans les parties noires; dans les régions où cette teinte se grisonne, ils présentent un anneau blanc jaunâtre avant leur extrême pointe noire. Cet anneau blanc occupe à son tour un tres-grand espace sur le dessus de Ja tête et sur les bandes blanches de la région cervicale; A LA MAMMALOGIE DU GABON. dat il est moins étendu, le noir de la pointe occupant plus d'espace, sur les taches blanches des côtés du corps. Les dimensions de cet individu sont les suivantes : depuis le bout du museau jusqu'à l’extrémité de la queue (direc- Longueur tement prise, tête tournée à gauche). .............:....... spots Es du tronçon de la queue (mesurée en dessous)................ dé 30, 6. Distance du bout | à l’angle interne de Poreille............... HRRCETENS 9) 4: du museau à l'angle interne de l'œil. .…........ FCO TD RP OT ee 4, 5. en ayant.:....... do dar even neue once SbDro ee FCHod DO ae 23, 6. Hauteur Et CNRAPN EC REe eeLecioc lee cronosrhbeboon et nos 25. Il nous a été impossible de comparer le crâne de ce Carnassier, de sexe femelle, avec celui d'un exemplaire de même âge et de l'espèce commune. Sa dentition, au reste, indique le jeune àge; il n'existe aux deux màchoires et_ de chaque côté que quatre molaires hors des alvéoles; à la mâchoire infé- | rieure, la dernière tuberculeuse parait de chaque côté, au fond de son alvéole. Cette espèce de Carnassier, que nous dédions à M. Théodore Poortmann, l'un des plus habiles préparateurs du Muséum, dont les indications nous ont conduit à mieux étudier ce type, nous semble se distinguer de l'espèce commune par la couleur blanchâtre de son chanfrein et la forme plus effilée de sa tête, dont un dessin fait au trait est reproduit sur notre planche. Nous avons pu constater ces faits par la comparaison des deux individus que pos- sède actuellement la Ménagerie du Muséum. En comparant, en outre, l’exem- plaire que nous avons décrit plus haut avec un individu monté de la Civette proprement dite, qui ne mesure en longueur totale que soixante et un centi- mètres, nous avons pu nous convaincre que les différences que nous avons signalées sont douées d’une certaine fixité. Chez ce dernier, en effet, la bande noire oculaire traverse tout le chanfrein. L’interruption de cette bande est fort visible, au contraire, dans notre jeune du Gabon, quoiqu'il présente, sur la ligne médiane du nez, une teinte plus roussâtre qu'on ne l’apercoit sur son congénère de la Ménagerie. Chez les trois adultes, de taille plus ou moins grande, qui se trouvent dans nos Galeries, la bande oculaire noire traverse, au contraire, le chanfrein, de même que chez celui de nos jeunes dont il vient d’être question. Le caractere sur lequel nous insistons est celui qui nous parait le plus facile à 112 DOCUMENTS RELATIFS constater, ainsi que nous l’ont prouvé les études comparatives auxquelles nous venons de nous livrer. Les différences fournies par la taille, par le mode de coloration des parties latérales du corps, par l'intensité des teintes, par les proportions respectives de longueur que présente le prolongement caudal, offrent, en effet, dans ce genre, un certain degré de variabilité qui nous semble de nature à attirer l'attention des Zoologistes. C’est ainsi qu'un de nos exemplaires, le plus grand de tous, dont la taille atteint presque cent onze centimètres de longueur totale, la mesure étant directement prise, se caractérise bien nettement par la coloration, à peu près uniformément noire, de toutes ses parties inférieures. La bande blanche du devant du cou se trouve chez lui tout à fait absente. L'espace quadrangulaire, compris entre les oreilles et les yeux, est noirâtre tiqueté de blanc; les teintes noires des flancs sont presque dépourvues de gris; les taches blanches de cette même région, les bandes de même couleur qui se trouvent sur la face externe des cuisses, deviennent, dès lors, plus saillantes et mieux dessinées. L’oreille, enfin, parait plus étalée. : Chez un second individu, les teintes blanches sont prédominantes, et l'abdomen est presque entièrement blanc. La taille est moindre, mais, sur les flancs, il existe en arrière un certain nombre de taches annelées. Chez ce dernier, la queue est en outre plus courte. C’est à cette variété, probable- ment même à cette espèce, que nous parait devoir se rattacher le jeune Carnassier dont nous avons dit plus haut quelques mots, et que nous avons comparé à notre exemplaire du Gabon. Chez un troisieme, dont les dimensions indiquent sûrement l’âge adulte, et qui mesure près de soixante-quinze centimètres en longueur directe, les taches des flancs paraissent plus multipliées et plus jaunätres; sous ce point de vue, le seul type auquel nous puissions le comparer est notre jeune du Gabon. Mais, quoique moins adulte, ce dernier a la queue aussi longue, et présente, d’une manière très-saillante, la bande blanche du devant du cou, presque effacée chez le premier, qui, par cela mème, se rapproche de l’indi- vidu dont nous avons initialement esquissé l’état général. Ainsi, sur les cinq exemplaires montés de nos Galeries, deux seulement concordent jusqu'à un certain point par leurs caractères extérieurs; les autres présentent des dissemblances dont les états divers d'importance et de fixité sont de nature à donner lieu à de nouvelles investigations. Malheureusement, A LA MAMMALOGIE DU GABON. 113 excepté pour celui du Gabon, les lieux de provenance de nos individus nous sont inconnus, la plupart ayant, sans nul doute, été acquis, par la voie du commerce, pour la Ménagerie. Nousnous permettrons, par conséquent, d’at- tirer sur les différences que nous venons de signaler l’attention des Zoolo- gistes, Car nous pouvons assurer que ces différences ont du se présenter à eux. Nous en avons pour témoignage les renseignements qui nous ont été donnés, lan dernier, par le savant Zoologiste du Musée de Leyde, M. Schlégel, dans une lettre qu’il voulut bien nous faire l'honneur de nous écrire, à l'occasion des indications que nous l’avions prié de nous fournir, relativement aux Civettes faisant partie de la collection zoologique à laquelle il est attaché. Dans sa réponse, M. Schlégel nous informait qu'il se pourrait bien qu'il existät plusieurs races de Civettes; il nous donnait, entre autres, quelques détails sur un exemplaire du Musée de Leyde, dont le lieu d’origine était inconnu, mais qui, semblable à la Civette de Poortmann par l'absence du bandeau noir sur le chanfrein, en différait, cependant, par une queue plus courte. De nouvelles recherches sont évidemment désirables pour l’élucidation d’un tel sujet, dont nous regrettons vivement de délaisser l’étude par suite de l’ab- sence des documents nécessaires. Présentement, s’il existe des différences entre les divers animaux rappor- tés à la Civette commune, à laquelle des variations de pelage que nous avons signalées plus haut doit-on rapporter la description initiale de Buffon et de Daubenton 1? À peine avons-nous eu jeté les yeux sur la planche de Buffon que nous avons été surpris de voir que, d’après sa figure, le bandeau ocu- laire était limité, dans son trajet, aux parties latérales du chanfrein. La même observation est applicable à la planche de Schréber ?, si semblable à celle de Buffon. Mais les descriptions des deux auteurs réparent heureusement cette double omission. Daubenton à dit, en effet, que le chanfrein est de la même couleur que le tour des yeux; Schréber #, à son tour, nous apprend que le museau, dans sa partie médiane en avant de l’œil, est brun clair. Dauben- ton, en ce qui concerne l'abdomen 5, lui donne la coloration du front (gris 1. Histoire naturelle, vol. IX, p. 333, pl. xxxiv. 2. Die Saugethiere, taf, CXI. 3-."Loc. cit. p. 333. 4. Die Saugethiere, vol. HI, p. 419. 5."Loccit., p. 334. ARCHIVES DU MusÉUM, T. X. 45 114 DOCUMENTS RELATIFS mêlé de noträtre et d'une légère teinte de jaunâtre). Schréber, à son tour, quoique signalant quelques différences entre son exemplaire et celui de Dau- benton, Schréber ! indique, pour la même région, la couleur blanc sale, allant fortement au jaunätre, renseignement d’autant plus précieux que, d’après la figure qu’il donne, cette région semble noire. Malgré les légères dissemblances existant dans les deux diagnoses qu’ils ont données, nous pen- sons que c'est bien le même type qu'ont décrit ces deux Zoologistes, et la dénomination de /’iverra civetta doit uniquement être donnée aux indi- vidus qui lui ressemblent. Cette même concordance, sous le point de vue du mode de coloration de la face et des parties inférieures, se retrouve dans la planche de Civette donnée (mai 1821) par M. Frédéric Cuvier, dans son grand travail consacré aux Mammifères de la Ménagerie du Muséum. La figure de M. Frédéric Cu- vier est tellement semblable au second individu que nous avons décrit plus haut qu’il n’y aurait rien d'étonnant à ce que ce dernier eùt servi de modèle. Mais la maculature des parties latérales du corps est totalement dissemblable dans cet animal comparé à celui de Daubenton et de Schré- ber. Ce dernier, par le nombre et la forme de ses taches, ressemble plus à notre troisième individu. Si maintenant nous comparons à toutes ces figures celle de la Ména- gerie du Muséum, par Lacépède et Cuvier, nous la voyons bien diffé- renciée par la manifestation du caractère qui est spécial à notre Civette de Poortmann. L’exactitude du dessin de la tête, annexé à cette planche, est, suivant nous, à l'abri de toute contestation, car nous avons pu la confirmer par l’examen du vélin de Maréchal, qui se trouve dans la col- lection du Musée de Paris. Ce même caractère est fort saisissable dans la figure donnée autrefois par Perrault ?, et que MM. Lacépède et Cuvier regardaient comme supérieure à celle de Buffon. La description qui ac- compagne cette figure ne laisse rien à désirer pour la constatation du fait qui nous occupe; elle indique aussi que les quatre pieds étaient noirs, de méme que le ventre et le dessous de la gorge, contre l'ordinaire des autres animaux, qui ont toujours le ventre et le dessous de la gorge d’une couleur 4. Loc. cit., p.419. 2. Mémoires pour servir à l'histoire des animaux. A LA MAMMALOGIE DU GABON. 115 moins brune que le reste du corps, quand tout le poil n'est pas d’une méme couleur 1. Ces diverses citations nous semblent de nature à prouver que les varia- tions de coloration que nous avons déjà signalées dans les divers individus que nous avons observés se sont présentées, d’une manière plus ou moins complète, aux Zoologistes qui nous ont précédé. L'avenir seul est apte à nous faire connaitre le degré de fixité de ces différences, que nous nous bornons pour le moment à constater, les indications relatives aux lieux de provenance, qui seraient si nécessaires pour l’élucidation de ces difficultés, étant, malheureusement, ou omises par les auteurs, ou relatives aux mêmes localités. Ainsi il n’est rien écrit à ce sujet, ni dans les Mémoires pour servir a l'histoire naturelle des animaux, ni dans Particle de la Ménagerie du Muséum, de M. Frédéric Cuvier. Buffon dit que son exemplaire était venu de Guinée ?, et MM. Lacépède et Cuvier nous apprennent que celui que leur planche représente avait été acheté à Nantes à un capitaine qui revenait de la traite des Nègres ÿ. 5, Signalons, en terminant, comme renseignement pré- cieux et digne d’ être noté, l’assertion récente de M. Temminck “ , que les dépouilles des Civettes reçues de la Guinée sont remarquables par leur taille. Quoique M. Temminck attribue la présence de ce caractère à leur âge plus avancé, cette observation n’en est pas moins importante, et mérite, à tous égards, de ne pas tomber dans l’oubli. 2. GENETTE SERVALINE. — Genetta servalina. (PI. X.) Læte rufa; maculis colli, dorsi, lateralibus, nigris, numerosissimis; artubus fere ex toto nigris; cauda longa, annulis latis nigris, strictis, albescentibus, prædita. Synon. GENETTA SERVALINA, Pchr., Revue et Magasin de Zoologie, 1855, p. 154. Notre type, à peu près de la taille de la Genette panthérine (Genetta par- dina, 1s. Geoffr.), est d’un roux sombre et foncé sur le dessus de la tête, d’un roux plus clair sur le dessus et les côtés du cou, le dos, les flancs et la région = . Loc: cit., p. 78. Loc. cit., p. 309. . Loc. cit., p. 5 de la livraison. . Esquisses zoologiques sur la côte de Guinée, Mammifères, p. 88. 19 # 116 DOCUMENTS RELATIFS externe de la partie la plus supérieure des membres. De nombreuses macu- latures noires, de forme allongée, occupent le dessus du cou; d'autant plus larges qu’elles se rapprochent de la ligne médiane, elles sont très-multipliées dans cette région, car nous comptons près de dix rangées de taches d’un côté à l’autre, en prenant pour limites latérales la partie située au-dessous de l'oreille. Dans l’espace inter-auriculaire, il n existe que deux séries de taches, l’une à droite, l’autre à gauche de la ligne médiane. Le dos ne présente pas de raie noire continue; seulement, dans l’espace inter-scapulaire, nous observons deux lignes étroites de cette couleur, peu étendues en arrière de la région indiquée ci-dessus. Elles sont remplacées ensuite, jusqu'à la racine de la queue, par des taches allongées, quelquefois séparées de celles des parties latérales par la teinte rousse qui forme le fond de coloration du pelage, quelquefois se confondant avec elles. Ces dernières sont tres-multipliées, petites sur les côtés de la ligne médiane, de forme quadrangulaire, présentant leur plus grand diamètre dans le sens vertical, n’ayant de tendance à se réunir, et en- core tres-faiblement, qu'au niveau de l'épaule. Leur disposition est, par conséquent, fort irréguliere ; elles sont plus larges dans la région voisine de l'abdomen et sur la partie externe du membre antérieur. Le menton, la mà- choire inférieure, le devant du cou sont d’un roux tres-clair; les côtés de cette dernière région et sa partie médiane la plus voisine du thorax sont couverts de taches noires ayant de la tendance à se réunir en bandes. Les joues sont roux foncé et offrent quelques maculatures noires ; les taches latérales des narines et celles qui sont au-dessous de l'œil sont d’un roux blanchètre ; celle qui longe l’œil en dedans est plus rousse. La ligne du chan- frein et la bande transversale qui borde en arrière les naseaux sont d’un noirâtre tiqueté de roux. L’oreille présente à sa face antérieure des poils blanc roussâtre ; elle est, à sa face postérieure, couverte de poils noirâtres. Le thorax et l'abdomen sont gris cendré noirätre, devenant plus blanchà- tre dans la région ano-génitale. Les pattes postérieures sont en entier noires, sauf une tache rousse, de forme triangulaire à base antérieure, qui se trouve en occuper le dessus : au membre antérieur, le noir occupe plus d’éten- due ; la tache rousse de la patte ne s’y trouve qu'en vestige. Les ongles sont blanchûtres. La queue, bien développée, est annelée de noir et de blanc sale; excepté celui de la base, qui forme le dixième, les anneaux noirs sont larges, bien A LA MAMMALOGIE DU GABON. 117 formés et complets ; les autres, au nombre de neuf, sont plus étroits, ayant à peine, en dessus, la moitié de l'étendue de ceux à couleur noire ; en dessous, ils sont plus développés, à teinte plus blanche, mais offrent toujours de moindres dimensions. L’extrémité du prolongement caudal est noirâtre; cette couleur se fond en dessus avec celle du dernier anneau ; en dessous, elle en est séparée par une tache blanchätre, vestige d’un anneau incomplet : un peu plus en arrière, au centre du dernier anneau noir, se trouve une tache de même couleur, se confondant presque avec l’anneau blanc superposé qui, dans ce sens, se trouve, dans ses dimensions antéro-postérieures, le plus dé- veloppé de tous ceux qui offrent sa coloration. Le pelage est peu allongé. Les poils laineux sont d’un cendré noirâtre; les soyeux, dans les parties rousses, sont cendrés dans une grande partie de leur étendue ; cette teinte est séparée de l'extrémité noire par un large anneau roux. Ceux qui composent les taches noires sont de cette couleur dans les deux tiers terminaux de leur étendue. Il en est de même sur les annelures noires de la queue. Dans les anneaux blancs, indépendamment des poils qui offrent en entier cette couleur, il en existe un certain nombre chez les- quels le noir est tres-visible, et occupe un espace plus ou moins développé. Les dimensions de l'individu type sont les suivantes : ‘ du bout du museau à la racine de la queue (le lien passant sur le Longueur dessusidutouretlendos) "tr met mere SOHocoecranobc 0® 54. | de la queue (mesurée en dessous)............ EN COS Es 0, 46. Distance du bout ( à l’angle interne de l’æil........... PCR RE ep M0 21088; du museau | à l’angle interne de l'oreille... CCE SPORTS TT OL 0, 074. De toutes les espèces africaines de ce genre auxquelles nous pouvons com- parer la Genette servaline, une seule peut en être rapprochée; c’est la Genette de Fernando Po, Genetta Poensis, Waterhouse. Les Genetta Afra, Senegalen- sis, Richardsonii, rubiginosa, pardina, n’offrent point, dans le mode de colo- ration de leurs membres, la teinte noire, à peu près uniforme, que présente notre type. Il en est encore ainsi des Viverra Abyssinica, Rüppel !, et J’iverra genettoides, Temminck ?. Cette couleur n’est dominante qu'au membre pos- térieur, dans les premiers types que nous avons cités : il en est de même dans les Genetta tigrina et Genetta felina. Dans aucun de ces Carnassiers on n’ob- 4. Rüppel, Neue Wirbelthiere von Abyss., Säugethiere, p. 33, pl. xr. 2. Temminck, loc. cit., p. 89. 118 DOCUMENTS RELATIFS serve, comme dans la G. servalina, une teinte rousse aussi manifeste, ni des taches aussi multipliées et si disposées à se joindre et à se réunir. Dans la Genette de Fernando Po (Genetta Poensis, Waterhouse 1), au con- traire, certains de ces caractères sont bien signalés, mais la queue est indiquée comme plus courte (elle est, en effet, de huit pouces plus courte que le corps). En outre, les quatre anneaux brunâtres de la moitié terminale du même organe sont décrits comme étant à peine distincts; dans la Genette servaline, au contraire, la queue est très-régulièrement annelée depuis sa base jusqu’à son extrémité. 3. GENETTA D'AuBRy. — Genetla Aubryana. (PI. XL.) Albescens, fulvo lavata ; cauda longissima, nigro et albescenti fulxo annulata ; artubus fere ex toto nigris. Synon. GENETTA AUBRYANA, Pchr., Revue et Magasin de Zoologie, 1855, p. 154. Cette Genette, de taille supérieure à celle que nous venons de décrire, est d'un blanchître lavé de fauve sur le dos, les flancs et la face externe de la partie la plus supérieure des membres. Dans ces deux dernières régions, la teinte fauve est plus saillante. Le dessus de la tête est roux sombre, tiqueté de noirâtre : ce noirâtre est plus effacé dans l’espace limité par les deux oreilles. Le dessus du cou présente la même couleur et est sillonné, à sa partie la plus supérieure, par six raies noires longitudinales ; les deux plus internes sont linéaires, celles qui les bornent en dehors plus larges; les deux externes ne consistent qu'en une série de taches isolées. Ces deux bandes plus externes sont continuées par des rangées de taches noires, dont les plus antérieures, de petite dimension, sillonnent les côtés du cou; les autres, plus larges, cou- vrent la face externe et antérieure des épaules. La partie médiane du dos est occupée par des taches d’un noir profond, de forme allongée, surtout dans l’espace inter-scapulaire, où elles sont linéaires. Ces taches ne sont point assez réunies pour former une véritable bande. De semblables maculatures assez larges, de forme quadrangulaire, formant assez exactement des lignes courbes, à concavité inférieure, occupent les parties latérales du corps. En À. Proceed. of the zool. Soc. of Lond., 1838, p. 59. A LA MAMMALOGIE DU GABON. 119 arrière, sur la partie externe et supérieure des membres, ces bandes ainsi for- mées sont plutôt obliques de haut en bas, et d’arrière en avant, tout en of- frant cependant, dans les dessins qu’elles produisent, une certaine concavité antérieure. Le menton, le devant du cou sont fauve clair ; à la partie infé- rieure de cette dernière région s’observent, sur le milieu, quelques petites taches noires. Le thorax est noirâtre; la partie de l'abdomen qui l’avoisine présente la même couleur, mais beaucoup plus lavée de roux; la région ano- génitale, au contraire, est d’un blanc légèrement fauve. Les membres sont à peu près en entier de couleur noire ; en arrière, on observe seulement, au- dessus de la patte, une tache fauve, de forme triangulaire et à base infé- rieure. Les ongles sont blanchatres. La queue est très-allongée, très-régulièrement annelée de noir et de blanc jaunûtre : ces derniers sont moins larges, au nombre de onze, y compris l'extrême pointe ; les premiers sont au nombre de dix, même au nombre de onze, si nous comptons, comme en faisant partie, une petite tache transversale, qui se trouve occuper le dessus de la partie médiane de l’annelure blanche la plus postérieure. Ajoutons que le dixième anneau noir est incomplet en dessous ; tous présentent, au reste, dans cette direction et dans leur centre, plus ou moins de blanchätre. Les parties latérales de la tête, les taches situées sur les côtés des ouvertures nasales, celles en avant et en dedans des yeux sont d’un fauve clair. La ligne du chanfrein, la bande terminale du museau sont d’un noirâtre tiqueté de roux. L'oreille, noirätre en dehors, présente en dedans des poils blanc jaunâtre. Le pelage, sous le point de vue de sa longueur, ne présente rien de parti- culier. Les poils laineux sont d’un cendré foncé ; les soyeux, dans les parties blanches, sont blanc jaunâtre dans la majeure partie de leur étendue, mais ils offrent du noir à leur extrême pointe: ils sont d’un noir uniforme dans les parties ainsi colorées. Les anneaux de la queue offrent de semblables caracteres dans la coloration de leurs poils; mais le feutre s’y trouve peut-être plus roussâtre. L'individu que nous venons de décrire nous a présenté les dimensions suivantes : directement prise...... 0" 482. le lien passant sur le dos. 0, 574. dolaqueuer(mesuréeléntdessous )}.20R 00.0 SX ON re m0 1560! du bout du museau à la racine de la queue Longueur 120 DOCUMENTS RELATIFS Distance duvbout "(#aà l'angleïinternesded'œil een 22222 220 ee. 010002 du museau a l’angleunternerde l'oreille. FC EEteee ee -rerLre ca D, 078: en AVANT Lee Ceres Hépooibonesgudes on 03000 6 eee OU: AE Hauteur | hs Ag | Det OT odhnnboonatado tags pAc daonobnodSdomndonuan et Lie Cette Genette, que nous dédions à M. Aubry-Lecomte, comme souvenir des services éminents qu'il a rendus au Musée de Paris par ses précieux en- vois du Gabon, a beaucoup de rapports, par la coloration noire de ses pattes, avec la Genette servaline et la Genette de Fernando Po. Elle se distingue de l’une et l’autre espèces par le fond plus blanchâtre de sa coloration, et surtout par la grande longueur de son prolongement caudal. Ajoutons que, dans la Genette d’Aubry, il n'existe point, dans ce dernier organe, la disproportion qui existe chez la Genette servaline entre le développement des anneaux noirs et celui des anneaux de couleur blanche ; ces derniers s’y trouvent plus développés. Mais chez un jeune, qui se trouve dans nos Galeries, les anne- lures, douées de cette teinte, sont plus étroites. La queue présente, sans les poils de l'extrême pointe, dix-neuf centimètres de longueur; la mesure lon- gitudinale du corps, le lien passant sur le dessus du cou et le dos, est égale à vingt-deux centimètres et demi. Les proportions de longueur de ces deux parties sont donc assez concordantes chez le jeune et chez l'adulte. Chez le dernier de nos deux individus, les pattes sont déjà noires, les taches de même couleur déjà saillantes et multipliées ; le fond du pelage enfin est déjà blanchâtre. Par suite des divers détails dans lesquels nous venons d'entrer, on ne s’étonnera donc point de nous voir conclure que ce type nous paraît spécifiquement bien distinct de tous ceux de ce genre que la science moderne a déjà inscrits dans le Catalogue des êtres créés. 4. BDÉOGALE NIGRIPÈDE. — Bdeogale nigripes. Corpore albescente; cauda candidissima; artubus nigris. Synon. BDEOGALE NIGRIPES, Pchr., Revue et Magasin de Zoologie, 1855, p. 4411. Cet individu, le seul de cette espèce et même de ce genre que nous ayons eu occasion d'observer, est blanchâtre sur la tête, le dessus et les côtés du cou, le dos, les flancs et la face externe de la partie la plus supérieure des membres. Le menton est de la même teinte, mais, à la partie la plus postérieure À LA MAMMALOGIE DU GABON. 121 du devant du cou, se manifeste une teinte noirâtre, qui, devenant de plus en plus prononcée, occupe le thorax et la région voisine de l'abdomen; le reste des parties inférieures est du blanchâtre des flancs, mais plus nuancé de gri- sâtre. Les pattes sont d’un noir uniforme en dehors comme en dedans; sur le membre antérieur, cette couleur occupe bien plus d'espace que sur le pos- térieur. Les ongles sont d’un brun corné. Les oreilles sont, sur leurs deux faces, couvertes de poils semblables par leur couleur à ceux du reste du corps ; ceux de la queue sont d’un blanc un peu jaunûtre. Le pelage est ras sur le chanfrein et les côtés du museau, où il est plus terne ; à peine plus allongé sur le devant du cou, il le devient plus sur le dessus de la tête et du cou, sur les autres parties du corps et surtout sur le prolongement caudal. Sur les flancs, le milieu du dos, les poils laineux sont d’un cendré jaunâtre; les soyeux, d’un blanc un peu roussâtre à leur base, présentent ensuite un anneau noir, mais ils deviennnent blanchätres dans le reste de leur étendue. Sur ceux de la queue, doués de la même structure, règne sans mélange la couleur blanche. Les dimensions de notre type sont les suivantes : { du bout du museau à la racine de la queue (le lien passant sur le Longueur { dos). ...... AR TOOCO OL DÉC UDE COUDE Écocooeceoocoovs SObÉCO 0® 500. (MderqueuC (MeESURCENEN TESSOUS) ses atee esse ses sectes: (0, 310! Distance du bout | à l’angle interne de l’œil...,......... BododocAtT ou so. 0, OA du museau à l’angle interne de l'oreille... .............,..... res 0087. ED AVAN TS des eee is lee che ici re CUOo bee NO IS Hauteur ë ) CHNANNICRO NE este secs ee ee TTo0pe rer Cle eieletelote oi 10203: Ainsi qu'on peut le voir par les mesures que nous venons de donner, cette espèce est caractérisée par une assez grande taille, et cependant, ce n’est que d’un jeune qu’il s’agit dans les détails qui précédent. Le crâne de l’in- dividu auquel ils s'appliquent indique en effet le jeune âge, car les sutures de sa face supérieure sont bien loin d’être effacées. Il est à peu près inutile d'ajouter, par conséquent, qu’il y a absence complète de crêtes osseuses, L'état du système dentaire démontre également cet état de jeunesse. Ainsi, à la mâchoire supérieure, les deux paires d’incisives latérales sont les seules sorties de leurs alvéoles; la paire médiane montre encore une de ses dents dans la loge osseuse qui lui est destinée. Quatre molaires sont seulement saillantes ; la dernière ne montre que sa couronne. La premiere fausse mo— ARCHIVES DU Muséum, T. X. 16 122 DOCUMENTS RELATIFS laire est, de chaque côté, simple, et, pour nous servir d'une expression quel- quefois usitée, vraiment gemmiforme ; la seconde, avec une tubérosité mé- diane, émoussée à son sommet, est munie de deux tubercules, l’un antérieur, l'autre postérieur; la troisième, plus compliquée, présente à son bord interne un large talon, surmonté d’un tubercule, et à son bord externe, trois tubercules, l’antérieur et le postérieur d’élévation à peu près égale, le mé- dian, au contraire, plus élevé, mais moins cependant que celui de la seconde molaire. Nous pensons que c’est cette dent qui constitue la carnassière. La quatrième molaire est plus large et plus aplatie; elle offre en dedans un large talon bien développé et surmonté d’un tubercule émoussé; en dehors, il existe deux tubercules, émoussés aussi, Pun antérieur, l’autre postérieur ; ils sont séparés l’un de l’autre, et collectivement, du talon interne, par de petites cavités. La cinquième dent, enfin, enfoncée encore dans l’alvéole, ainsi que nous l’avons déjà dit, présente une couronne plus large et plus aplatie. Nous devons signaler, comme particularité intéressante, l’existence d’une petite dent gemmiforme, faisant saillie au bord externe, sur le côté gauche de la mâchoire supérieure, entre la dernière molaire, encore dans son alvéole, et la quatrième tout à fait dégagée. Cette petite dent est tout à fait isolée et de celle qui la suit et de celle qui la précède. A la mâchoire inférieure, la formule des incisives est normale et complète; elles vont en augmentant d’étendue des deux médianes qui sont plus petites aux deux plus externes, les plus larges et les plus étalées. Les molaires qui se sont dégagées de leurs alvéoles sont au nombre de quatre. La premiere est gemmiforme; la seconde porte un tubercule pointu à son milieu, un autre trés-petit, antérieur à ce dernier et qui lui est inférieur; un talon émoussé et comprimé en occupe le bord postérieur. Chez la troisième, ce talon existe encore; le tubercule médian est bien formé, et bordé, en avant de même qu’en arrière, d’un tubercule. Chez la quatrième enfin, plus large que celle dont nous venons de donner une description, il existe, en avant, un large talon bordé de pointes, avec enfonceinent au milieu; un semblable existe en arriere, et entre les deux talons de cette même dent, existent deux tubercules, l’un interne, l’autre externe, avec un sillon médian qui les sépare. La molaire enfoncée encore dans son alvéole, présente une large couronne, hérissée de tubercules, larges aussi; sa moitié antérieure est munie de quatre tuber- cules pointus, deux en avant, deux en arrière, les deux plus externes moins À LA MAMMALOGIE DU GABON. 123 élevés que les autres ; la moitié postérieure présente, en dedans, une sur- face un peu concave, et en dehors, un large tubercule naissant à la réu- nion médiane des deux tubercules postérieurs, et dirigé obliquement de de- dans en dehors. Entre ce tubercule et celui qui, en avant, en est séparé par un sillon, s’en trouve, au bord externe, un troisième très-rudimentaire. Cette disposition dentaire est, sans nul doute, celle offerte par le jeune âge. Quand on la compare à celles des diverses figures données par M. Péters!, on s'aperçoit que dans les mâchoires que ce dernier Zoologiste a observées, les tubercules des molaires ont été usés par la mastication. Notre individu, étant plus jeune, nous a présenté une dentition plus normale, et c’est le motif qui nous a déterminé à donner une certaine étendue aux détails la con- cernant, Maintenant, si nous comparons le Bdéogale nigripède aux deux espèces découvertes par M. Péters à Mozambique, décrites et figurées par lui ?, nous constatons que les types du sud-est de l'Afrique offrent des teintes plus fon- cées et plus noires. Rien de plus facile que de constater ces différences, soit par la comparaison des figures, soit par celle des descriptions. Les membres sont, il est vrai, de couleur noire dans les trois espèces connues du genre Bdéogale; mais, dans celui du Gabon, les poils de la queue sont uniformé- ment blancs, tandis que dans le Bdeogale crassicauda et dans le £deogale puisa, cet organe est indiqué comme doué d’une coloration semblable à celle des membres. La teinte générale des autres parties du corps est tout aussi dis- semblable; elle est zoir blanchätre, les poils présentant des anneaux noirs et blanchätres dans le Bdeogale crassicauda#; brune, les poils présentant des anneaux noirs et jaunes, dans le Zdeogale puisa #. Ta coloration des mêmes parties, dans le Bdeogale nigripes, est, au contraire, d’un blanchâtre à peu près pur. La découverte du genre Bdéogale est une des plus intéressantes de la Mam- malogie moderne, soit qu'on la considère au point de vue des classifications paralléliques, soit qu’on examine les détails de forme qui sont particuliers aux espèces qui en font partie, dans leurs rapports avec les caractères généraux 1. Reise nach Mossambique, Saugethiere, pl. xxvun, fig. c, d, e, f, pl. xxvin, fig. €, d. 2. Loc. cit., p. 120 et 124, pl. xxvir et Xxvur. 3. Loc.cit., p. 120. 4. Loc, cit., p. 124. 124 DOCUMENTS RELATIFS d'organisation, qui sont spéciaux aux Mammiferes Africains. Sous le premier point de vue, il est évident que, dans la double série parallélique des Viver- riens, telle que M. le professeur Geoffroy Saint-Hilaire fils l'a établie il y a plus de vingt ans!, le Genre Bdéogale, parmi les Genres à pieds velus en arriére, constitue, grâce à sa formule digitale, le terme correspondantau Genre Suricate, parmi les Genres dont les pieds postérieurs sont dénudés. Dans l’un et l’au- tre Genre, en effet, il n'existe que quatre doigts, soit en avant, soit en arriere. Il est évident, en second lieu, que le même Genre réalise les caractères zoologiques que, dans notre Mémoire sur la Mammalogie du Continent Afri- cain ?, nous avons regardés comme étant plus spécialement l'apanage des Mammifères de cette partie de l’ancien Monde. Il arrive très-rarement, en effet, de trouver parmi les Carnassiers Africains des espèces dont la formule digitale soit complete, et présente, par celamême, cinq doigts aux deux mem- bres. Il y a quelques années, les Mammalogistes ne connaissaient, parmi les Viverriens, qu'un seul genre tétradactyle, et ce genre est d’origine Africaine; présentement, un second est venu en augmenter le nombre, et, comme le Suricate, le dernier connu fait partie de Ia même Faune. La découverte, dans l’ouest de l'Afrique, d’une troisième espèce du genre Bdéogale, donne une entiere sanction au principe, que nous avons le pre- mier formulé #, de la grande extension spécifique des Genres composant la Mammalogie Africaine. Tous les Zoologistes savent, en effet, que les deux pre- mières espèces connues avaient été trouvées à Mozambique. Il est probable que les autres régions du même Continent nous en fourniront encore; mais, quel que soit notre désir de voir la réalisation de cette conjecture, nous devons avouer que jusqu'ici aucune observation n’est encore venue la confirmer. 5. CROCIDURE OCCIDENTALE, — Crocidura occidentalis. (PI XII, fig. 1 ; fig. 2, le crâne et le système dentaire.) Suprà rufescens, infra dilutior ; caudà, basi crassä, tertiam corporis partem tantüm superante. Synon. PACHYURA OCciDENTALIS, Pchr., Revue et Magasin de Zoologie, 1855, p. 454. L'individu qui nous a servi pour établir cette espèce, est roussâtre sur le Classification parallélique des Mammifères, etc., par M. Payer. ie 2. Revue et Magasin de Zoologie, 1855, p. 209 (en note). 3. Revue et Magasin de Zoologie, 1855, p. 209 (en note). À LA MAMMALOGIE DU GABON. 125 dessus et les côtés de la tête, le dessus du cou, le dos et l'extérieur des mem- bres. Les poils sont, dans toutes ces parties, d’un cendré clair dans presque toute leur étendue, et roussâtres à leurs pointes. Le museau presque en entier est noirâtre. Sur les flancs et en dessous, depuis le menton jusqu’à la région anale, de même qu'à l’intérieur des membres, le fond de couleur, indi- qué plus haut, devient plus terne et plus blanchâtre, par suite de l’affaiblis- sement des teintes dans le mode de coloration du poil. Les pattes sont un peu plus sombres et les doigts, au nombre de cinq, en avant comme en arriere, sont terminés par de petits ongles jaunâtres, à extrémités plus foncées, La queue est épaisse, de forme ronde à sa base, et clair-semée dans toute son étendue de poils jaunâtres; assez allongés à la base de cet organe, ils diminuent de longueur à mesure que l’on se rapproche de la pointe. Les dimensions de l’exemplaire que nous venons de décrire, sont les sui- vantes : . à £a le lien passant sur le dos. 0® 134. depuis le bout du museau jusqu’à la base de la queue À …. à Longueur directement prise...... 0, 082. de la queue (mesurée en dessus)........ obodoëlc SE fe DCR Ar 0, 050 Distancendu bout alæle. 2.2... Sabtobcee IST ÉD C ROCCO CE LC CON 0, 013. du museau { à l’angle interne de l’oreille..…........ ÉRETEEE E DÉS ENT OT 0, 027. Un second individu, venant des mêmes régions, et donné par le même Ex- plorateur, est de taille un peu plus grande. Il paraît plus gros et plus fort, différence qui doit, sans nul doute, être attribuée au mode de montage qui lui est particulier. La queue est également grosse à sa base, et ses propor- tions de longueur, par rapport aux dimensions du tronc, sont sûrement les mêmes. Nous en dirons autant des formes de l'oreille et des pattes. La colora- tion en est, au contraire, plus foncée, soit en dessus, soit en dessous; mais, dans tous les deux, la couleur noire du museau est parfaitement saisissable. Ajoutons que, dans le premier de nos exemplaires qui m'est donné comme mâle, les flancs présentent une dénudation bien évidente, ce qui indique la présence d’une glande. Cet organe paraît absent dans le second, circonstance qui dépend peut-être de l'influence sexuelle, peut-être d’un peu moins de soin dans la manière dont la préparation a été faite. Le crâne de notre type présente, à la mächoire supérieure, deux dents mé- dianes bien incurvées, bien séparées l’une de l’autre, et pourvues à leur base d'un fort talon postérieur. Ce talon est suivi d’une petite dent qui légale 126 DOCUMENTS RELATIFS presque en grosseur ; cette dent est séparée de la première molaire par deux autres peu développées, la postérieure étant plus petite. La première molaire, déclive sur son bord interne, offre sur l’externe un petit tubercule médian avec deux talons, l’un en avant, l’autre en arrière; ce dernier est le plus allongé. La seconde présente trois tubercules sur son bord externe et deux plus en dedans, dont l’antérieur est le moins saillant; cet appareil de broie- ment est complété par un cinquième tubercule interne et antérieur. La troi- sième, semblable à la seconde par sa forme plus large de dehors en dedans que d'avant en arriere, est trituberculée en dehors et quadrituberculée sur la cou- ronne ; ces quatre éminences sont à peu près disposées en carré, À l'arrière de cette dernière dent, enfin, se trouve, presque en entier détaché d’elle, un talon transversal, fort étroit de dehors en dedans, et offrant deux petits tubercules bien alignés dans cette dernière direction. Sur un côté de cette mächoire, la troisième dent intermédiaire n’est point encore sortie de l’alvéole ; on l'aper- çoit au fond de cette dernière cavité. Dans cette espèce, le nombre des dents, à la mâchoire supérieure, est donc de sept de chaque côté, et de huit, si nous considérons, comme une dent particulière, le talon transversal du bord postérieur de la troisième molaire. A la mâchoire inférieure, nous trouvons, de même qu’à la supérieure, les deux grandes dents médianes ; elles sont déjetées en avant, et leur concavité supérieure est peu saillante. Elles sont séparées de la première molaire par deux petites dents, dont la plus postérieure est plus développée que celle qui la précède. Les trois molaires sont de grandeur et d'élévation inégale, et l’or- dre de décroissance s'établit d'avant en arriere. Les deux plus antérieures offrent cinq tubercules; deux en arrière plus petits, et trois en avant, ados- sés, et formant un triangle, à sommet antérieur. Ces deux dents sont dès lors étroites en avant, larges en arrière. La molaire la plus postérieure présente bien en avant les trois tubercules des deux autres ; mais, à son bord posté- rieur, elle roffre plus qu'un simple talon. A la mâchoire inférieure, le nom bre des dents est donc de six. La formule dentaire, dans cette espèce, peut dès lors être résumée de la façon suivante : quatorze dents en haut (sept de chaque côté), et douze en bas (six de chaque côté) : nous avons, ainsi, un total de vingt-six dents. Ajoutons que toutes sont parfaitement blanches, sans aucun indice, par con- séquent, de coloration brune ou rougeûtre à leurs pointes. A LA MAMMALOGIE DU GABON. 127 Je ne puis comparer cette espèce qu’au Sorex (Crocidura) Poensis, décrit en 1842! par M. Fraser, mais elle me paraît en être bien différente. M. Fraser, en effet, dit que les pieds de cet Insectivore sont de couleur noirâtre, mais il garde le silence sur la manifestation de cette nuance, dans la région du museau. Or, dans nos exemplaires, ce dernier caractère existe, et les pattes ne diffèrent pas du reste du corps par leur coloration. Les proportions de longueur de la queue et du corps sont également différentes, car, quoique le premier or- gane atteigne presque deux pouces ? dans le plus petit de nos exemplaires, le corps, mesuré directement, atteint trois pouces, longueur qui serait dépassée facilement, si la mesure était portée le long de la partie médiane du dos. Il devient dès lors évident que la Musaraigne occidentale diffère de la Musa- raigne de Fernando Po, non-seulement par son mode de coloration dans la région nasale et dans les pattes, mais encore par sa taille plus grande et sa queue plus courte proportionnellement. 6. CROCIDURE ÉQUATORIALE. — Crocidura æquatorialis. PI. XII, fig. 3; fig. 4, le crâne et le système dentaire. 5 3: #) \ Supra nigricans, infrà dilutior; caudà, ad basin parum crassa, dimidiam corporis partem superante. Synon. PAcHYURA ÆQUATORIALIS, Pchr., Revue et Magasin de Zoologie, 1855, p. 154. Notre type, de taille inférieure aux individus de espèce que nous venons de décrire, est noirâtre sur le dessus et les côtés de la tête, ainsi que sur la partie supérieure du dos; cette teinte s’éclaircit sur les flancs, de même que sur le devant du cou, le thorax et l'abdomen. Les pattes sont de la couleur du dos, les ongles de couleur cornée. La queue, de forme arrondie, peu épaisse à sa base, va en s’effilant jusqu’à son extrémité, et est couverte de poils clair-semés. Les poils du corps sont de couleur cendrée dans presque toute leur étendue; c'est à peine si l’on aperçoit un peu de brun roux à l'extrémité, Ajoutons 1. Proceed. of the zooloaical Society of London, 1842, p. 200. 2. Voici les dimensions données par M. Fraser : ab apice rostri ad caudæ basin........... SRB Too ene ce ere Longitudo 9 CAUG EP ALU ARE ER à 128 DOCUMENTS RELATIFS que, sur les flancs, il existe des indices de la présence d’un appareil glandu- laire. Les dimensions de l’exemplaire que nous venons de décrire sont les sui- vantes : depuis le bout du museau jusqu’à la base de la queue (le lien pas- Longueur | sant sur le dos).......... oo da ob 7 0 hb dans 0" 093. | de Tafqueue (mesurée en dessus)....: 410.000 2e 110 MO5T7E Distance du bout | al'œil. smash On MAS EC ÉEPELE MOULE: du museau | à l'angle interne de l’oreille........... 35900000 ce -c 0, (022 Un second individu est de taille moindre; son prolongement caudal est plus grêle et moins allongé, mais les nuances de coloration sont absolument semblables. Le crâne de cette espèce est excessivement semblable à celui de notre Cro- cidura occidentalis. Dans ce dernier type, cependant, il est un peu plus allongé, et la partie bombée, située en arrière de l’espace inter-orbitaire, présente des dimensions plus grandes, soit d'avant en arrière, soit de droite à gauche. L'espace inter-orbitaire, au contraire, est plus comprimé de droite à gauche, et plus allongé d'avant en arrière. Le nombre des dents est le même dans les deux types, à l’une et à l’autre mâchoire. Semblable uniformité nous est offerte par notre tête osseuse, d’individu plus jeune, chez laquelle la région inter-orbitaire offre plus de largeur et moins d’allongement, ainsi que nous l'avons déjà signalé chez l'adulte. Ce type spécifique ne nous semble pouvoir être comparé qu’à celui que nous avons nommé Crocidura occidentalis. 11 s'en distingue de prime abord par ses teintes plus foncées, sa taille moindre et sa queue plus allongée. Or, ce dernier caractère doit être considéré comme étant d’une cer- taine importance, car nous avons vu qu'il se présente également chez notre jeune. Les différences de forme qui se manifestent dans la comparaison des crânes et que nous avons exposées plus haut, ne doivent pas non plus être négligées; aussi, croyons-nous être dans le vrai en distinguant ces deux especes. Or, la découverte de ces deux types d’Insectivores par M. Aubry- Lecomte, dans cette partie de l'Afrique, est un fait d'autant plus intéressant pour la science, que, récemment encore, M. Temminck a émis l'opinion que l'existence des Carnassiers insectivores sur la Côte de Guinée ne À LA MAMMALOGIE DU GABON: 129 constituait point à ses yeux un fait démontré !, M. Pel n'ayant fourni aucun animal de cet ordre dans ses envois au Musée de Leyde. M. Aubry-Lecomte a été plus heureux que M. Pel; ses tentatives, pleinement couronnées de succès, ont définitivement élucidé le problème de Géographie zoologique, dont la solution était encore douteuse pour M. Temminck. Signalons, en outre, à propos des espèces de Soricidés originaires du Con- tinent Africain, que toutes celles récemment figurées ou décrites par MM. Smith ?, Sundeval $, Peters 4, sont bien caractérisées par le développe- ment de leurs conques auditives, et ne présentent point l’atrophie de cet or- gane, si particulier à nos Sorex fodiens et remifer, du Continent Européen. Tous ces faits sont évidemment confirmatifs de ceux que nous avons déjà cités dans notre Mémoire sur la Mammalogie du Continent Africain , travail dans lequel nous avons considéré, d'une part, le développement de la conque auditive comme étant un des caractères distinctifs des Mammifères Africains, et énoncé, d’autre part, le principe que, parmi eux, se trouvaient fort peu de Genres doués d’habitudes et de mœurs aquatiques. 7. RAT HYPOXANTHE. — ÂMus hypoxanthus. Capite suprà, dorso ex magnä parte brunneo rufis ; rhinario vivide rufo, dorso posticè cruri- busque dilutioribus; infrà omnino fulvus; pedibus fuscis; caudä, corpore longiore, supra nigricante, infrà grisea. Synon. Mus HypoxanTaus, Pchr., Revue et Magasin de Zoologie, 1855, p. 206. Ce Rat, inférieur en taille au Mus rattus, est brun roux sur les côtés et le dessus de la tête, la plus grande partie du dos, les flancs et la face externe des membres, soit en avant, soit en arrière. Dans toutes ces régions, les poils sont doux au toucher, et allongés à des degrés divers : les poils laineux sont de couleur ardoisée, les soyeux, doués de cette teinte à leur racine, sont en- suite couverts d’anneaux bruns et roux; ces derniers sont surtout bien déve- A. Esquisses zoologiques sur la côte de Guinée, Mamm, p. 86. 2. Illustrat. of Zool. of South Africa, Mamim., pl. XLIV, XLv. 3. Kongs. Velenskaps Handlingar, etc., 1842, p. 171 et 529. &. Reise nach Mossambique, Säugethiere, pl. xvi, fig. 2, 3, #4, 5. 5. Revue el Magasin de Zoologie, 1855, p. 209 (en note). Ancuives pu Muséum. T. X. 47 130 DOCUMENTS RELATIFS loppés, et occupent l'extrême pointe. La partie du museau située en avant des yeux, et le pourtour des narines sont d’un roux plus vif : cette même nuance, quoique plus affaiblie, est également fort perceptible sur la face postérieure du membre postérieur et sur la partie la plus postérieure de la région dorsale. Cette modification de coloration est principalement le résultat de la teinte plus vive des anneaux de couleur rousse, Toutes les parties inférieures, depuis le menton jusqu’à la région ano-géni- tale, sont d’un roux jaunätre à peu près uniforme; les pattes postérieures d’un brun roux, les antérieures d’un brun noirâtre, les ongles brun de corne. La queue, plus longue que le corps, est occupée, dans toute son étendue, par des anneaux formés par une succession de petites écailles noirûtres, des intervalles desquelles s’échappent de petits poils raides de couleur jaunâtre. En ce qui concerne le système dentaire, nous n’avons à signaler que la couleur orange des canines. Les dimensions de notre type sont les suivantes : depuis le bout du museau jusqu'à la racine de la queue (le lien pas- Longueur SARCSUNIONTS) "rm. mineccheerrebeeretie-lse---es 07 DE: de la queue (mesurée en dessous)...............,........ Jon oou Hc Distance duxbhout al Rail RARE ere erensatakecpeomece-cnee nt: cn 0 ONE. du museau à l'angle interne de l'oreille. ..…....,..... sucre -ape re i0 1036. Cette espèce a beaucoup de rapports avec celle que M. Temminck a récem- ment décrite ! sous le nom de Mus rufinus. M. Temminck signale, en effet, dans son type, la teinte rousse rougeätre de la croupe, de la base de la queue et de la partie postérieure des cuisses. Mais les différences se manifestent déjà par le mode de coloration du ventre et de la gorge, indiqués comme gris dans le Mus rufinus. En outre, les proportions de longueur du corps et de la queue sont dissemblables dans les deux types ; dans le nôtre, elle est plus longue que le corps; dans celui de M. Temminck, elle n’a que cinq pouces d'étendue sur une longueur totale de onze pouces, ce qui indique qu'elle est plus courte que le corps. Le fait contraire constituant un des caracteres du Mus hypoxanthus, nous pensons que, jusqu’à plus ample informé, la distinction que nous établissons est bien réelle. 1. Esquisses zoologiques sur la côle de Guinée, Mammifères, p. 163. A LA MAMMALOGIE DU GABON, 131 8. RAT HYPOLEUQUE, — us hypoleucus. Suprà brunneo nigricans, parëm rufescenti tinctus, infra albus; pedibus fuscis; caudä, corpore longiore, omnino grisea. Synon. Mus nypoLeucus, Pchr., Revue et Magasin de Zoologie, 1855, p. 206. Ce Muridé, à peu près de la taille du Aus rattus, est brun noirâtre nuancé de roussätre sur le dos et l'extérieur des membres postérieurs; cette dernière teinte est plus affaiblie sur le dessus de la tête, de même que sur le museau ; elle se mélange de blanchätre sur les flancs. Les poils de la région dorsale sont noirs dans la plus grande partie de leur étendue et à leur pointe, qui est précédée d’un anneau de couleur blanc roussâtre, Toutes les parties inférieures, depuis le menton jusqu’à la région ano-géni- tale, sont d’un blanc un peu jaunâtre; les pattes brunes, les ongles brun de corne. La queue est occupée par des anneaux formés d’écailles brunes, séparées par des espaces gris, dont la couleur, devenue prédominante, donne à cet organe, dans toute son étendue, la teinte que nous avons signalée dans notre diagnose, Les dimensions de notre type sont les suivantes : depuis le bout du museau jusqu’à la base de la queue (le lien pas- Longueur Santourirerdos)- nr L tee ets oblemieenteere dette UREINTSe de la queue (mesurée en dessous)... .. nc -Gebie scie. 10, M. Distance duibout (Pal ŒiRe ER ee. nn ocre bebe 0, 010 du museau à l’angle interne de loreille.......,.,.... recthare Job AE. Cette espèce a beaucoup de rapports avec celle que nous avons décrite en dernier lieu : elle s’en isole par l'absence à peu près complète des teintes rousses dans la coloration du pelage, surtout dans les parties inférieures. Sous ce dernier point de vue, elle se rapproche, par conséquent, des Mus erythro- leucus, musculoides et rufinus, de M. Temminck!, mais elle se distingue des deux premiers par une taille plus grande, du troisième par des caractères de la nature de ceux qui empêchent de la confondre avec le Hus hypoxanthus. 4. Esquisses zoologiques sur la côte de Guinée, Mammifères, p. 160, 461, 163. 132 DOCUMENTS RELATIFS 9. ATHÉRURE ARMÉ. — Atherura armata, Gerv. Sous cette dénomination spécifique, M. Gervais a décrit, il y a quelques années !, un individu que nous avons recu du Gabon, toujours par les soins de M. Aubry-Lecomte. Les poils du dessus de la tête et de l'intervalle inter- auriculaire sont noiràtres, rudes au toucher, mais bien flexibles; ceux du dessus du cou, dont la longueur va en augmentant, depuis l’arriére de la tête jusqu’au miheu de la région dorsale, sont, au contraire, de véritables piquants. Leur pointe est bien acérée, leur face antérieure un peu concave au milieu, avec les bords relevés, ciliés de blanc dans presque toute leur étendue, et se réunissant, pour s’aplatir, à quelques lignes de leur extrême pointe. La couleur de ces piquants est d'un blanc un peu jaunâtre à la racine et dans une moitié de leur étendue, le reste est noirâtre, avec la pointe plus claire ; les mêmes teintes existent à Ja face postérieure; le noi- râtre s’y trouve seulement plus effacé. A la partie postérieure du dos, les piquants deviennent plus allongés, certains d’entre eux ayant plus de dix centimètres; leur forme est également différente, ceux qui sont doués d’une plus grande longueur étant plus carrés à leur base et arrondis dans la partie de leur trajet qui dépasse le niveau des autres piquants. Leur couleur, à la base, est toujours d’un blanc un peu jaunatre; ils sont plus nettement et plus uniformément noirs dans le reste de leur étendue. Dans cette partie du dos, on aperçoit entre les épines quelques poils raides, plus allongés, parfois, que les plus longs piquants, ayant de -la tendance à se courber dans les directions qu'ils suivent; leur coloration est d’un noiï- râtre presque uniforme, car c’est à peine si, avant leur extrême pointe, dont la teinte est moins foncée, ils présentent un anneau roussätre. Les piquants, situés plus en arrière, dans l'intervalle de séparation des mem- bres postérieurs, sont moins allongés que les précédents; mais ils l'empor- tent toujours en longueur sur ceux qui occupent la partie antérieure du dos. Certains d'entre eux, principalement sur les côtés, et plus profondément situés, ont leurs pointes blanc jaunâtre, et ce mode de coloration est d’au- tant plus perceptible qu’ils se rapprochent plus des parties latérales de la 1. Hisloire naturelle des Mammifères, vel, |. p. 334. A LA MAMMALOGIE DU GABON. 133 base de la queue. Cette même région offre, surtout sur ses côtés, ces poils risides dont nous avons déjà dit quelques mots; moins allongés, ils s’y trouvent colorés de même, mais, l'anneau blanc roussâtre, qui précède la pointe, présente des dimensions plus étendues. Sur les parties latérales du corps, les piquants sont plus développés dans la région correspondante à la portion du dos, qui nous présente les épines les plus allongées. Plus grêles et plus noirâtres au niveau des membres, soit en avant, soit en arrière, ils sont, au contraire, plus blanchâtres sur les côtés de la tête; dans cette dernière région, cette couleur occupe une grande partie des piquants, et surtout leur pointe. Ce grand développement de la coloration blanc jaunâtre est également fort saisissable dans l’inter- valle de séparation des membres. Toutes les parties inférieures sont occupées par des piquants plus flexibles que ne le sont ceux des parties supérieures ; ils sont également plus grèles et de longueur plus uniforme. Dans leur intervalle, on aperçoit çà et là des poils allongés de couleur plus foncée. Tout le dessous est blanc jau- nâtre, mais la région thoracique, dans l’intervalle des membres antérieurs, est occupée par une large bande d'un gris cendré. Les pattes et les doigts sont couverts de poils un peu rigides, mais cepen- dant flexibles ; leur couleur est partout noirâtre. Les ongles sont brun corné. La queue est, dans le premier quart de son étendue, entourée de piquants; ils sont plus forts et noirs en dessus, plus grêles et blanc jaunâtre sur les côtés et en dessous. Vient ensuite un espace jaunâtre couvert d’écailles, dont les intervalles donnent naissance à de petits poils, presque tous de couleur noire. En arrière de cet espace, ces poils se multiplient, deviennent blanc jaunâtre, s’allongent, et cet organe se trouve terminé par une touffe de poils, ainsi colorés, terminés par un renflement aplati, de même couleur, précédé d’un certain nombre d’autres, tout à fait semblables, occupant d'espace en espace toute l'étendue de la touffe terminale. Notre type est une femelle. Ses dimensions sont les suivantes : Loneueur (otale, depuis le bout du museau jusqu’à l'extrémité des poils dela queue (mesurée en dessus, le lien passant sur le dos)......... ner ome cet 0" 575 Longueur de la queue, jusqu’à l’extrémité des renflements { mesurée en dessous). 0, 022. Dis'ance du bout 7(# à loreille,.s.2......,,...... Pons HOMO ED cC 0004 074 du mu eau a ere De de drone anne oi eee Naale res 0200 134 DOCUMENTS RELATIFS Cette espèce est-elle vraiment distincte, ainsi que le pense M. Gervais, de l'Atherura africana, de M. Gray !? La description de M. Gray est malheu— reusement beaucoup trop concise; mais, celle de M. Bennett?, citée par M. Gray, est presque en entier applicable à notre individu. La seule diffé- rence nous est présentée par le mode de coloration des parties inférieures, que M. Bennett dit blanc grisätre, tandis que ces régions sont blanc jaunätre dans notre type. La macération de notre exemplaire dans l'alcool saturé de deutochlorure de mercure a-t-elle apporté quelque modification dans les teintes du devant du cou et de l'abdomen? Le fait est fort possible, mais il n’a point encore été constaté. La question de l'identité possible de l’4/herura armata avec l’Atherura africana est donc encore litigieuse. Espérons qu’elle sera résolue par les Zoologistes Anglais, dont la position est plus favorable que la nôtre, pour l'étude des Mammiferes de Sierra Leone, lieu de prove- nance de |’ {therura africana. Quoi qu’il en soit, la présence, dans cette partie du Continent Africain, d’in- dividus du Genre Athérure, Genre d’origine Indienne, confirme et justifie les rapports déjà établis par nous, dans un travail antérieur, entre la Faune de l’Inde et celle de la zone méridionale du centre de l’Afrique. Les faits observés en Ornithologie sont tout aussi confirmatifs de ces analogies. Qu'il nous suffise, en terminant ce Mémoire, de citer, à ce sujet, les opinions émises par M. Hartlaub. « L’intime conformité des Mammifères de ces régions avec ceux des terres « indiennes, signalée par M. Pucheran, ne nous paraît pas, dit l’illustre Orni- « thologiste, entièrement démentie dans la série ornithologique. La présence « d’une espèce de Pitta; la création du nouveau genre Ærythrocercus, con- « fondu jusqu'ici avec Pycnosphrys; la découverte d’une espèce de Mapo- « thera, désignée par M. Cassin comme un type aberrant; l'existence du genre « Arctomyas, rappelant, par sa forme, celui créé par M. Hodgson sous le nom « d’/Zemichelidon ; la ressemblance, sous le point. de vue de la couleur, des « deux espèces d’Indicateurs, particulières à l'Inde, avec celles d'Afrique; « la présence, dans ce dernier pays, du genre Ferreauxia, confondu avec « les Sasia et F’ivia, de l'Inde; la découverte du nouveau genre Phasidus, 4. Annals of natural history, vol. X, p. 261. 2. Gardens and Menagerie of the zoological Society, vol. 1, Quadrupeds, p. 175. 3. Revue et Magasin de Zoologie, 1855, p. 550, 551. À À A LA MAMMALOGIE DU GABON. 135 intermédiaire entre les VNumida et le Gallophasis; la présence commune du genre Podica; la découverte du Coturnix Adansont, du Gabon, repré- sentant le Coturnix excalfactoria, forme de Coturnidé, regardée jusqu'ici comme exclusivement Indienne, enfin, l'existence tout à fait spéciale d’es- pèces appartenant à des Familles ou à des Genres nombreux et bien carac- térisés dans l'Inde, des Bucconidés, par exemple, ou du genre 7richophorus, dont les espèces Indiennes et celles d'Afrique se confondent génériquement, par suite de leurs ressemblances; tous ces faits sont bien propres à montrer que l’Ornithologie confirme entièrement une semblable affinité, etc.,etc.! » 1. System der Ornithologie West Africa’s, p. xiv. L sde (re - «d vote © 42 Fore > SANTO sh Al AA LEA mon Peu MIRE of AUS nt ‘NN 4Y W AA 1e ŒR fume S201#01 ADHETOTON Tai To} Maté lite FR à 1008 CTENIPONUUN ( ALL IR INT HE! HA a T3%2 if Hey Vo 4 LS ub uo an NUE LUE SAC 08 | RONDE RITULT Eve üh shtnA4 astra ps ITEs Fr UE rSNTé ot At ReReNeA eg | | Ltée Hydro vif JON | F Ligésbine Fig De id w vnil de was CLOUS “ Ÿ à - | & " L œù on : : À LE TPS MEN busifens EN VENTE A LA MÊME LIBRAIRIE : AUDOUIN (A.) et BRULLÉ. Description des es- èces nouvelles ou peu connues de la famille des Giemdeletor: par Victor AUDOUIN, professeur au Muséum, et BRULLÉ. Paris, 1839, in-4°, 28 pages avec 3 planches colo- TIÉES. AR ANS A M A ee PR sabre) 3 fr. 50 AUDOUIN (V.) et MILNE EDWARDS. Description des Crustacés nouveaux ou peu connus. 1841, in-4, 40 p. 4 fr. BRONGNIART (Ad.) Observations sur la struc- ture intérieure du Sigillaria elegans, comparée à celle des Lepidodendron et des Stigmaria et à celle des végétaux vi- vants, par Ad. BRONGNIART, membre de l’Institut. Paris, 1839, in-4°, 58 p.0avec 110pl.MCOlOrIÉÉS, 0.0 0 MR 10 fr. — Examen de quelques cas de monstruosités Vépe- tales, propres à éclairer la structure du pistil et l’origine des ovules. Paris, 1844, in-4°, 22 p. avec 2 pl.......... 2 fr. 90 BRONGNIART (Alex.). Mémoires sur les Kaolins ou Argiles à porcelaine, sur la nature, le gisement, l’origine et l'emploi de cette sorte d’argile, par Alex. BRONGNIART, membre del’Institut. Paris, 1839-1841, 2 parties, in-4°, 100 p. avec 6 pl. coloriées.:...-. 20... Me 10 fr. Séparément, premier Mémoire, 1839, in-4, 60 p. avec 6 pl. GOlOTIÉeSR ee MANN PPT RE EL TER Re 6 fr. COSSON, BORY DE SAINT-VINCENT et DURIEU DE MAISONNEUVE. Exploration scientifique de l’Algérie, botanique. Paris, 1846-67, ouvrage complet, publié en 20 livraisons, iu-4°, avec planches coloriées. 300 fr. DECAISNE (J.). Plantes de l'Arabie Heureuse, par J. DECAISNE, professeur au Muséum, précédé d’une notice sur un voyage de l'Arabie Heureuse, entrepris par P.-E. Botta. Paris, 4841, 1n-49,198:p avec SDL ere 10 fr. — Mémoire sur la famille des Lardizabalées. Paris, 1859 Hu-4, 121p avec A DL Re en croit 4 fr. — Botanique du voyage autour du monde de la fré- pee la Vénus. Paris, 1841-1844, 1 vol. in-8 avec atlas in-folio de AS DL RER SEE RSR AE de ER PEAR PE TE MERE 50 fr. DUMERIL (Aug.). Reptiles et Poissons de l'Afrique occidentale. Paris, 1861, in-4, 132 p. (sans pl)... Sfr. — Lettres relatives au Catalogue des Poissons et au Cata- logue de la Ménagerie desReptiles. Paris, 1861,in-4°,32p. 1 fr. 2 — Notice historique sur la Ménagerie des Reptiles du Muséum d'Histoire naturelle. In-4, 125 p. 3 fr. 50 DUMERIL (CG. et A.). Catalogue méthodique de la collection des Reptiles du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, par C. DUMERIL, membre de l’Institut, professeur au Mu- séum, et Aug. DUMERIL, professeur au Muséum. Patis, 1851. 2'parbes sgrandin-82%%in ee EEE ER Mr ne es o fr. DUVERNOY. Des Caractères anatomiques des grands singes pseudo-anthropomorphes, par M.DUVER- NOY. Paris, 1856, in-4°, 248 p. avec KO J ERNST 25 .fr. — Le même, sans planches........: ÉAse SE POSER de 8 fr. EDWARDS (Alph.) Études ‘z0ologiques $ur les |,. Crustacés récents de la fa e des Portuniens. Paris, 1861, in-4, 110 p. avec 11 pl............ 10 fr- EDWARDS (H. Milne). Catalogue de la collection - entomologique du Muséum d'Histoire naturelle de Paris. Coléoptères, par MILNE Ebwaros, membre de l’Institut, doyen de la Faculté des Sciences; Emile BLANCHARD, professeur au Mu- séum, et H. LuCAS, aide-naturaliste. 1850, grand in-8, 240 p. 6 fr. — Note sur quelques crustacés nouveaux ou peu connus. Paris, 1854-55, in-4°, 48 p. avec 8 pl 8 fr. EDWARDS ST Milne) et HAIME, Monographie des Polypiers fossiles des terrains palæozoïques. Paris, 1851, in-4°, 505 p. avec 20 pl. photographiées.....,....... 30 fr, EDWARDS (H. Milne) et LUGAS (H.). — Description des Crustacés nouveaux ou peu connus. Paris, 1841, in-4° avec DADL ACDLOTIÉ ES EURE D Le ne MN ne die cie EME, 6 fr. FLOURENS. Recherches sur le développement des os et des dents. 1841, in-4°, 146 p. avec 12 pl. coloriées ÉAPT M A4 EE ed NP OP PAR EL 10 fr. — Anatomie générale de la Peau et des Membranes mu- queuses, 1843, in-4°, 104 p. avec 6 pl. coloriées (20 fr.).. 6 fr. l’ordre des Balanophorées. 1861, in-4, 40 p. avec 4 pl. col. _ 6 fr. | GAUDICHAUD. Botanique du voyage autour du monde, exécuté sur la corvette la Bonile (Amérique méridio- nale, Océanie, Chine) : 1° Cryptogames cellulaires etvasculaires, par MONTAGNE, LÉVEILLÉ et SpRING. 1846, 1 vol. in-8, 356 pages: — 2° Botanique, par GAupicHAuD, 1851, 2 vol. in-8; — 3° Atlas de 150 planches in-folio ; — 4° £xplication et description des planches de l'Allas, par Ch. d’ALLEIZETSE. Paris, 1866, in-8, 186 pages ben A ee DO RD ER dore à 29 UBOREE GEOFFROY SAINT-HILAIRE (Isid.). Catalogue méthodique de la collection des mammifères du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, par Isidore GEOFFROY SAINT- HILAIRE, membre de l’Institut. 1851, grand in-8,96 p.... 2 fr. 00 - Description des mammifères. 2°, 3° et 4° Mémoire, fa- mille des singes. Paris, 1844, in-4° avec 17 pl. coloriées. 20 fr. Séparément : 3° Mémoire, Famille des Singes. Paris, 184 , in-4° 99 p. avec 6 pl. coloriées. 4° Mémoire. Paris, 1861, in-4°, 102 p. avec:8 pl. :coldriées #20" MN ENS PCT RENE 14 fr. — Zoologie du Voyage autour du monde de la fré- gate la. Venus, par Isid. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, PREVOSÿ et DES Murs. Paris, 1841-44, 1 vol. in-8 et atlas in-fol de 78 pl. Col (206 fr.) RER RCE MIA APE ENTRE PAPE 120 fr. GERVAIS (Paul). Remarques sur la famille des: Scorpions, et description de plusieurs espèces nouvelles. Paris, 4844, in-4°,"A0)p.ayect2ipl TER ere 2 fr. 50 HUMBOLDT. Distribution méthodique de la fa- mille des Graminées, par Alex. de HUMBOLDT et K. S. KuNTH. Paris, 1835, 2 vol. in-ful. avec 220 pl......... 300 fr. JUSSIEU (Adrien). Monographie de la famille des Malpighiacées, par Adrien de JUSSIEU, membre de l’Institut, professeur au Muséum. Paris, 1843, 1 vol. in-4 de 400 p. avec 23\plinoirestet cOlONIéeS rene ror Errre ee 30 fr. MIRBEL. Notes sur le cambium. Paris, 1839, in4, HA D, AVECNS Dress: ceeeratemieeee ee Ro on A 3 fr. NICOLET. Histoire naturelle des Acariens qui se trouvent aux environs de Paris, par H. NicoLEr. Paris, 1854-55, in-4°, 100 p. avec 10 pl. noires et coloriées............ 1208 PUCHERAN. Considérations générales sur les oi- seaux de proie nocturnes, par M. le docteur PUCHERAN. Paris, 1844, in-4°, 32 p. avec 3 pl. coloriées.:......... 5 fr. — Monographie des espèces du genre cerf. Paris, 1852, in-4, 297 p. avec 8 pl. coloriées................ 20 fr. — Mémoire sur les types peu connus de passereaux dentirostres. 1854-55, in-4°, 60 p. avec 7 pl. coloriées. 10 fr. — Documents relatifs à la mammalogie du Gabon. Paris, 1861, in-4°, 34 p. avec 4 pl. coloriées...........,.* 5 fr. SERRES. Des lois de l’embryogénie ou des règles de formation des animaux et de l’homme. 1844, in-4°, 172 p. avec 9iplanches = 2:02. CPE EN ONE EC PRET EEE 12 fr: ‘TULASNE. Légumineuses arborescentes de l'A- mérique du Sud, décrites par L.-R. TULASNE. Paris, 1844, Er AS ET en 0 benne SARL ERA BAS RQ Lo TE __ Podostemacearum monographia. Paris, 1852, in-4, 208 ‘p.tavec L9pl Pen Lee eee 15 fr. — Monographia Monimiacearum. Paris, 1856, in-4, 264 p. avec MUAPLIE ET MERE CARRE PIPNS EURE 15 fr. VALENCIENNES, Description de l’animal de la Panopée australe, et recherches sur les autres espèces vi- vantes ou fossiles de ce genre, par M. A. VALENCIENNES, profes- seur au Muséum. Paris, 1839, in-4, 38 p, avec 6 pl...... 5 fr. — Recherches sur le Nautile flambé. Paris, 1841, in-4, 58 p. avec A pl.......…..:......- CAF NE NRA STE 4 fr. — Recherches sur l'organe électrique du Malapte- rure électrique. Paris, 1841, in-4, 20 p. avec 1 pl. 1 fr. 50 __ Recherches sur la structure du tissu élémentaire des certeses des poissons et des mou 9 È 1851, in-4, 24 p. avec 5 pl. coloriées.................. fr. WEDDELL. Monographie de la famille des Urticées. Paris. 1857, in-4, 592 p. avec 19 ple......... 0. 30 fr. — Mémoire sur le Cynomorium coccineum, parasite de PARIS. — IMPRIMERIE ÉMILE MARTINRT, RUE MIGNON, 2 PB UE UT TT Se vh ne. ge _ ë D ARCHIVES U MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE PUBLIÉES PAR LES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS DE CET ÉTABLISSEMENT TOME X. — LIV° IT | PARIS _GIDE, LIBRAIRE-ÉDITEUR 5, RUE BONAPARTE 1861 matin ares, = 4 me RE EE RE Éer- ein neo de etes — 0 td ep ir-reess en FHEAX ft MOITER GATE LÉ AUTO TUE ” { ET ER % REPTILES ET POISSONS DE L’'AFRIQUE OCCIDENTALE ÉTUDE PRÉCÉDÉE DE CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LEUR DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE PAR M. LE Proressseur AUG. DUMÉRIL INTRODUCTION Parmi les questions générales que soulève l’étude des animaux, l'une des plus intéressantes est celle qui a pour objet la zoologie géo- graphique, science encore assez nouvelle, dont Buffon jeta les pre- miers fondements. Chercher à tracer la zone d’habitation de chaque espèce et à bien constater si chacune d’elles y est retenue par des limites fixes et inva- riables, puis grouper ensuite les espèces suivant les régions qu’elles occupent, ou, en d’autres termes, dresser ce que l’on est convenu, à l'exemple de Linné, de nommer la Faune d’un pays, c’est apporter les plus utiles matériaux pour l'avancement de cette science. Plus ARCHIVES pu Muséum. T. X. 18 138 ARCHIVES DU MUSÉUM. on s’attachera à explorer avec soin, dans des localités exactement circonscrites, leurs productions naturelles, et plus les faunes par- tielles se multiplieront, moins on éprouvera de difficultés pour essayer de connaître les lois de la répartition des êtres qui vivent à la surface de la terre et dans le sein des eaux. Ce n’est pas ici le lieu de rappeler tout ce que la zoologie géogra- phique doit à Buffon. Dans l’exposé de ses grandes vues sur la diver- sité des animaux selon les pays qu'ils habitent, n’a-t-1l pas donné, comme le fait remarquer M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, « Les preuves les plus éclatantes de la puissance d’invention, et l’on dirait volontiers de divination, que la nature lui avait accordée? ! » La plupart des idées émises par Buffon sur ce sujet, que nul n’avait abordé avant lui, sont universellement admises. Quelques autres cependant ne se sont point trouvées justifiées par les observations ultérieures, qui, de plus, ont appris bien des faits ignorés à l’époque où l’illustre naturaliste cherchait à démontrer cette vérité, si bien établie maintenant, que « chaque animal a son pays, sa patrie natu- relle, dans laquelle il est retenu par nécessité physique. » « Chacun, ajoute-t-il, est fils de la terre qu’il habite, et c’est dans ce sens qu’on doit dire que tel ou tel animal est originaire de tel ou tel climat, » {Hist. du Lion, OŒEuvres, t. 11, p. 1, édit. de M. Flourens.) Il revient encore sur cette même idée dans son Discours sur les animaux communs aux deux continents : « L'homme est le seul des êtres vivants dont la nature soit assez forte, assez étendue, assez flexible, pour pouvoir subsister, se multiplier partout, et se prêter aux influences de tous les climats de la terre; nous verrons évidemment qu’au- cun des animaux n’a obtenu ce grand privilége; que, loin de pou- voir se multiplier partout, la plupart sont bornés et confinés dans de certains climats et même dans des contrées particulières. » « Ceux 4. Essais de zoologie générale, 1841, p. 428. Toutes les propositions du grand naturaliste ont été exposées avec soin par M. Flourens‘dans sa savante Hist. des travaux et des idées de Buffon, chap. vur. REPTILES ET POISSONS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 139 d’un continent, dit-il encore, ne se trouvent pas dans l’autre, » (/d., 1. in, p. 53.)1 Les premiers documents sur la patrie d’un assez grand nombre d'animaux ont été fournis par des voyageurs qui, ne pouvant pas apporter dans leurs déterminations spécifiques une expérience suf- fisante, se sont souvent bornés à consigner dans leurs récits quel- ques noms vulgaires ? ou scientifiques, mais souvent peu exacts Ces faunes si incomplètes ont été peu à peu perfectionnées. Depuis celle de la Suède (Fauna suecica sistens animalia Sueciæ regni, 1746), dans laquelle immortel auteur du Systema naturæ a laissé Le mo- dele le plus parfait, un assez grand nombre de zoologistes se sont appliqués à décrire les animaux d’une même contrée. Tantôt alors, leurs études ont embrassé toutes les classes du règne animal, tantôt, au contraire, ils ne se sont occupés que de quelques-unes ou même d’une seule de ces classes. On a dressé les faunes particulières de presque toutes les grandes divisions territoriales, mais en outre, dans celles qui ont une vaste étendue, des faunes spéciales à des contrées plus limitées. De toutes les parties du monde, c’est l'Europe dont la zoologie a été le plus étudiée, et en France, on doit au zèle des naturalistes des explorations minutieuses et pleines d'intérêt de plusieurs pro- vinces ou départements. 1. Les animaux acclimatés dans des pays autres que ceux d’où ils tirent leur origine sont cependant une preuve des changements auxquels ont pu être soumises des espèces encore trop peu nombreuses. Voyez, à ce sujet, dans le Bullet. de la Soc. impér. z0ol. d’acclimatation (1854, t. I, p. vu), le Discours d'ouverture de M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire président, et (/d., p. 1) un Rapport de M. le D' Richard (du Cantal). Buffon, au reste, dans le Discours sur les animaux de l’ancien continent et à la fin de celui qui est relatif aux animaux du Nouveau-Monde (Z., p. 37), revient à plusieurs reprises sur la possibilité de ces introductions. 2. Buffon, en indiquant les différences qui distinguent les animaux du Nouveau-Monde et ceux de l’ancien, fait très-bien sentir les inconvénients de l'emploi des noms vulgaires pour des animaux nouveaux qui n'ont le plus ordinairement qu’une vague ressemblance avec ceux dont on les rapproche ainsi. « La pente naturelle que nous avons à comparer les choses que nous voyons pour la première fois à celles qui nous sont déjà connues, jointe à la difficulté presque invincible qu’il y avait de pro- noncer les noms donnés aux choses par les Américains, sont les deux causes de cette mauvaise appli- cation des dénominations, qui depuis a produit tant d'erreurs. » (1d., t. If, p. 28.) 140 ARCHIVES DU MUSÉUM. Pour les deux Amériques en général, et pour un certain nombre soit des États de l'Union, soit des divers pays du continent aus- tral, il a été publié des catalogues descriptifs des animaux qui s’y rencontrent. Il en a été de même pour des régions plus ou moins étendues de l'Asie, depuis la Sibérie jusqu'a l’extrémité la plus méridionale de la presqu'ile de Malacca et jusqu'à l'ile de Ceylan; puis, en outre, de l’ouest à l’est, de l'Arabie au Japon. Quant à l'Afrique, dont un des points doit spécialement m’oc- cuper ici, J'ai des travaux nombreux et intéressants à citer !. Ainsi, on trouve beaucoup de renseignements sur les animaux du territoire de notre vaste colonie septentrionale dans les publi- cations encore inachevées de la Commission scientifique francaise de l’Algérie, ? qui a été également bien étudiée par MM. Moritz Wagner # et Eichwald 4, Quant à l'Egypte, il est à peine nécessaire de rappeler, tant il est devenu célèbre, le splendide ouvrage édité par le gouvernement, à la suite de la grande et mémorable expédition. francaises. La côte occidentale de la mer Rouge, et particulière- ment l’Abyssinie, ont été très-utilement explorées par MM. Ehren- 4. Quand on étudie la faune d'Afrique, on trouve un grand intérêt à suivre dans leurs explorations difficiles et dangereuses les voyageurs qui nous ont appris à connaitre cette contrée. On est alors plus frappé de la justesse des belles considérations que, dans ses célèbres Tableaux de la nature, illustre de Humboldt a présentées sur les steppes de ce vaste continent (Traduct. de Eyriès, t. 1, p. 9-14 et 28-30). Elles restent vraies, quoique les grands lacs intérieurs récemment découverts ne fussent pas connus à l’époque où l'ouvrage fut écrit (1808). 2. Les Reptiles et les Poissons ont été décrits par M. Guichenot, aide-naturaliste au Muséum et membre de la commission. 3. Reisen in der Regentschaft Algier in 4836-1838. Parmi les habiles collaborateurs que M. Wa- gner s’est adjoints, je dois citer M. Schlegel, à qui il a confié le soin de faire connaître les Reptiles qu’il avait rapportés. 4. Naturhistorische Bemerkungen über Algier und den Atlas,, 1846, in Nouv. Mém. de la Soc. impér. des natur. de Moscou, 4851, 1. IX, p. 331. 5. Beaucoup de faits relatifs à l'histoire des Reptiles et des Poissons de ce pays ont été consignés dans la description de l'Égypte par Ét. Geoffroy Saint-Hilaire, qui s'était associé pour l'achèvement de son travail la savante collaboration de son fils, et avait confié à Audouin le soin de terminer que Savigny avait laissé interrompu. REPTILES ET POISSONS DE L AFRIQUE OCCIDENTALE. 141 berg et Hemprichi, par M. Rüppell? et par MM. Lefebvre, Quar- tin-Dillon et Ant. Petils. M. Heckel a décrit un assez grand nombre de poissons dans la relation des voyages de M. Russegser“. M. Louis Rousseau, aide- paturaliste au Muséum, à qui l’on doit d’intéressants échantillons de la faune madécasse, a recueilli des animaux sur quelques points circonscrits de la côte du Zanguebar. MM. les professeurs Peters 5 et J. Bianconi $ ont fourni d'importantes notions sur ceux du Mozambique. Enfin, pour l’Afrique australe, visitée avec fruit dans le siècle dernier par Kolbe7 et par le naturaliste Sparmans, il suflit de citer les noms de Levaillant®, de Delalande, de MM. Ver- reaux et de Delgorgue!®, pour rappeler les enrichissements que notre établissement national a dus aux pénibles recherches de ces courageux explorateurs d’un pays dont les animaux jusqu’alors étaient à peine connus. Il faut surtout mentionner le magnifique recueil publié par M. le docteur André Smith, après un long et fructueux séjour dans la colonie du cap de Bonne-Espérance 1. 1. La relation de leur expédition se compose de plusieurs parties, au nombre de cinq, et relatives aux différentes régions de l'Afrique orientale qu'ils ont visitées. 2. Allas zu der Reise im nordlichen Afrika, 1827, et Neue IWirbethiere zu der Fauna von Abyssinien gelôrig, 1835. 3. Voyage en Abyssinie exécuté pendant les années 1839-43. Le t. VI de cet ouvrage renferme l’histoire des Reptiles et des Poissons par M. Guichenot. 4. Reisen in Europa, Asien und Afrika, 1835-1841; dans le t, I, 3° livr. 4846-49, M. Heckel a joint à son travail des renseignements sur les poissons fossiles. 5. Reise nach Mossambique, grand ouvrage en voie de publication commencé en 1852. Beaucoup d'animaux ont été décrits par ce zoologiste ën Monatsbericht der Kœn. Preuss. Wissenschaften. Les Reptiles se trouvent dans le volume de l’année 1854. 6. Specimina zoologica Mosambicana. Ouvrage en voie de publication, commencé en 1850. 7. Reise an das Cap de Bonne-Espérance, 1719. 8. Reisen in Afrika, etc., 1783, trad. franc. par Letourneur, 4787. 9. Voyages, 1790, et nouv. éd., 1798 et 1819. 40. Joyage dans l'Afrique australe, 1847. 2 vol. in-8°. 11. Illustrations of the zool. of S. Africa, en particulier, Reptiles, 48 , et Poissons, 1849, planches avec un texte explicatif, Tout récemment, M. le comte Francis de Castelnau, consul de France au Cap, y a formé des col- 142 ARCHIVES DU MUSÉUM. On n’a cependant parcouru qu’une petite partie de ce pays, dont d'immenses étendues sont encore inconnues aujourd'hui, surtout dans sa région centrale. Tant de difficultés s’opposent aux courses lointaines dans ces contrées presque inaccessibles, qu’on ne saurait trop admirer les entreprises récentes et hardies de certains voyageurs. Je n'ai point à tracer leur itinéraire, car si la courageuse persé- vérance qui soutenait leur ardeur a rendu les plus utiles services à la science des géographes, elle n’a fourni qu’un assez faible con- tingent à la zoologie, comme il est facile de le concevoir, en raison des obstacles de tout genre dont ils étaient entourés. Plus heureux que ceux-ci, d’autres, au milieu de circonstances moins défavorables, visiteront de nouveau la mer intérieure du Soudan oriental : le lac Tchad ou Tsad. (Voyez sur la carte géographique annexée à ce tra- vail la route suivie par M. le D' Barth.) lections de Reptiles et de Poissons remarquables par le nombre des échant'llons recueillis dans un court espace de temps. Je ne cite ici que les voyages récents sur le continent africain et qui ont le plus servi les progrès de la zoologie. Beaucoup d’autres, mais moins importants à notre point de vue, sont mentionnés par M. A. Lasègue dans le livre où, tout en s’occupant plus spécialement des végétaux, puisque c’est une description et une histoire du Musée botanique de M. Delessert, 1845, il a cependant parlé de bien des voyageurs qui ont récolté des animaux en même temps que des plantes (p. 160-185 et 504). Une grande partie du 4° volume (p.1-367) de la Bibliothèque universelle des voyages de Boucher de la Richarderie, 4808, est consacrée à l'analyse des voyages en Afrique, ils sont groupés dans cing Sections suivant les divisions géographiques de ce vaste pays, 1. Des trois compagnons de route, les docteurs Barth et Overweg et M. James Richardson, les deux derniers ont succombé. — Le docteur Barth, aprèss’être dirigé seul du Grard Lac vers Tim- bouktou en traversant des contrées jusqu'alors inconnues, est revenu à cette mer intérieure. De là, il a poursuivi, avec le docteur Vægel, qui l'y a rejoint, son projet de gagner le Zanguebar. Le grand ouvrage de M. Barth fournit les renseignements les plus complets sur les résultats de ses voyages, qui auront si bien fait connaître des pays jusqu'alors complétement ignorés des Euro- péens. Il est publié en allemand ainsi qu’en anglais, et son titre, dans cette dernière langue, est : Travels and discoveries in north and central Africa, 5 vol. in-8°, fig., 1857-58. Voyez sur l'exploration du lac Tchad par le docteur Overweg (Revue coloniale, t. XIV, 2% série, p. 294). On sait par lui que cette vaste nappe d’eau nommée aussi Tsäd, Grand Lac, qui s'étend du 42° au 15° degré de latitude boréale, a une cinquantaine de lieues de longueur; elle est peu profonde même dans ses parties centrales. Ses bords, couverts de roseaux où s’abritent les Crocodiles et les Hippopotames, se prolongent en terrains marécageux. Il s'y trouve également des Tortues (Barth, Travels, 1. 1, p.542, et t. IL, p. 74. REPTILES ET POISSONS DE LAFRIQUE OCCIDENTALE. 143 |? On viendra à mieux connaître et lon connait déjà moins impar- faitement, comme le prouvent en particulier les collections récentes de M. le comte de Castelnau, le lac N’gami de l'Afrique australe, découvert en 1849 par le révérend David Livingstone, médecin et missionnaire protestant, avec qui MM. Oswell et Murray, en lui prélant le secours de leur fortune, partagérent l'honneur et les dangers de l'expédition, (Voyez sa route sur la carte ci-jointe.) Les explorations deviendront plus fréquentes entre la côte du Zanguebar et l’immense mer intérieure dite mer d'Uniamési ou de 4. Le trajet se fit dans la direction du sud au nord. Pendant 300 milles, en traversant le vaste désert du Kalahari, qui s’étend entre les 20° et 26° degrés de longitude et les 24° et 27e de latitude, les voyageurs eurent beaucoup à souffrir du manque d’eau. « On peut se représenter leur joie, dit M. le pasteur H. Paumier dans un récit abrégé, mais très-exact, des découvertes du docteur Livingstone (lafrique ouverte, 1858, p. 37), lorsque après tant de jours du plus pénible voyage, ils virent cesser ces régions désolées et se trouvèrent sur les bords d’un cours d’eau large et profond, le Zouga, tout ombragé d’arbres magnifiques dont quelques-uns leur étaient inconnus. Accueillis avec l’hospi- talité la plus cordiale par les habitants disséminés sur ses rives, ils apprirent que le Zouga sortait d’un lac, le lac N’gami, situé à 300 milles plus au nord. Ils atteignirent cette vaste nappe d’eau longue d'environ vingt lieues, et que nul Européen n'avait encore visitée. » Plus tard, en 14853, un jeune Suédois, M. Andersson, fut le premier qui, de la côte occidentale de l'Afrique, pénétra jusqu’au lac (Nouv. Ann. des voyages, 1854, t. TITI, p. 416). Un nouveau voyage du docteur Livingstone, en 1853, a conduit cet intrépide explorateur bien au delà de celac. Il est allé jusqu’au Zambeze, dont il a remonté le cours, puis il a atteint les confins du territoire d’Angola, et il est arrivé à Saint-Paul de Loanda, sur la côte occidentale d'Afrique, parcou- rant ainsi, depuis le cap de Bonne-Espérance, une distance de 2,500 milles, après avoir traversé de vastes contrées inconnues, au milieu de fatigues et de périls sans nombre. Il est revenu ensuite, non sans de nouveaux dangers, vers les régions centrales. Durant ce voyage, il a découvert le lac Dilolo, situé vers le 11° degré de latitude sud à 14,350 mètres environ au-dessus du niveau de la mer, mais à 350 mètres plus bas que la chaine de montagnes qui entoure le bassin central de l’Afrique, ancienne mer intérieure sans doute desséchée par suite de soulèvements volca- niques. Nous verrons plus loin l’influence remarquable que ces conditions géologiques des régions centrales généralement admises aujourd’hui paraissent avoir exercée sur la distribution des Reptiles à la surface de ce vaste continent. Rentré à Lynianti, Livingstone entreprend un nouveau voyage de l’ouest à Zambèze, qui l’a amené à ses embouchures, sur la côte de Mozambique, à Quillimane, d’où il a fait voile pour l'Angleterre, à la fin de 1856. On peut consulter sur le lac N’gami, l'extrait des voyages de M. Livingstone, par M. Paumier, ou mieux encore l'ouvrage que ce courageux missionnaire a lui-même publié (Missionary travels and researches in south Afrika, 1857), et qui a été récemment traduit en français, ainsi que la Revue coloniale, t. XV, 2° série, p. 198. l'est, en suivant le 144 ARCHIVES DU MUSÉUM. Njassa, ou bien encore Ukérewé, que l’on suppose être large de 2 à 300 kilomètres, dans sa région septentrionale, et qui s’étend du 12: degré de latitude méridionale jusque vers l'équateur, c’est-à-dire sur une longueur de plus de 1,200 kilomètres!, Outre les voyages accomplis dans le but de visiter les régions australes et le centre de l’Afrique encore si peu connu malgré ces hardies et périlleuses tentatives dont Je viens de rappeler, d’une facon très-sommaire, quelques-uns des principaux résultats, d’autres entreprises doivent être mentionnées. Je veux parler des efforts faits à différentes époques pour arriver à connaître les sources du Nil, ainsi quele cours et les bouches du Niger. Le premier de ces fleuves résulte, on le sait maintenant, de la Jonction du fleuve Blanc, que l’on suppose venir des montagnes de la Lune, et du fleuve Bleu, dont la source est plus à l’est en Abys- sinie, mais le Nil n’est pas encore suflisamment connu dans les régions où ses deux principales branches prennent leur origine. Les vice-rois d'Egypte, dans les vingt dernières années, n’ont rien 4. Dès 1835, l'attention avait été appelée sur ce grand lac d’eau douce qu’on dit être abondant en poissons qui nous sont encore inconnus, et dont les géographes anciens et du moyen àge n'avaient parlé qu’en termes vagues. Cependant il ne fut signalé d’une manière précise qu’en 1843, grâce aux renseignements fournis à MM. Rebmann et Erhardt par les hommes faisant partie des caravanes, puis aux actives investigations de ces deux pasteurs. Les caravanes, pour les besoins du commerce entretenu avec les navires européens qui fréquentent la côte du Zanguebar, gagnent les régions cen- trales par trois ou quatre routes tracées de l’est à l’ouest. Elles se dirigent ainsi vers cette mer inté- rieure, dont la distance, en partant de la côte, ne peut pas être franchie en moins de quatre-vingts jours, la journée étant de six à huit heures de marche. Trente jours suffisent pour les caravanes qui partent de Quilloa, port situé un peu au-dessus du 9° degré de latitude sud. Les Nouvelles annales des voyages (6° série, 2° année, t. If, 4856, p. 257 et 272) renferment deux articles très-intéressants sur plusieurs des explorations entreprises depuis une vingtaine d’an- nées dans les régions centrales de l'Afrique. L’un, dû à M. V. A. Malte-Brun, est une Notice sur les découvertes récentes des missionnaires dans l'Afrique équatoriale et sur l'existence de plusieurs grands lacs dans l'intérieur de ce continent. L'autre travail est un Mémoire de M. J. Erhardt, pour l'explication de la carte de l’Afrique orientale et centrale composée par lui et par M. J. Rebmann. On trouve de bons résumés des voyages à travers l'Afrique intérieure dans l’excellent recueil qui se publie depuis 4833 sous le titre de Magasin pittoresque. Ve”'ez, en particulier, 4851, p. 30 et 46; 1855, p. 321; 4856, p. 327 et 384. REPTILES ET POISSONS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 145 épargné pour faire explorer les contrées que baigne le Nil Blanc. Un des voyages les plus récents sur ce grand cours d’eau est celui de M. Vaudey, que la mort accidentelle et tragique de cet intrépide voya- geur est venue interrompre à la fin de 1853, ou vers le commence- ment de 1854, au moment où il allait adresser de nouvelles richesses au musée de Turin, qui avait déjà recu de lui un premier et important envoi (Nouv. Ann. des Voy., 5’ série 1854, t. I, p. 117). Quant au Niger, ce fleuve mystérieux, comme on le désigne quel- quefois avec raison, à cause des hypothèses nombreuses et variées auxquelles a donné lieu son cours, qui décrit sur le sol de l’Afrique centrale un grand arc irrégulier de 900 lieues au moins de déve- loppement, on est bien loin encore d’en posséder une connaissance parfaite?. On manque particulièrement de notions sur la faune de 4. L'illustre Méhémet-Ali ordonna une première expédition en 4839 et 1840, commandée par le capitaine Selim, puis une seconde, qui fut exécutée de 1840 à 1842, et enfin une troisième, La direc- tion scientifique des deux dernières fut confiée à un Français, M. d’Arnaud. Elles eurent les plus heureux résultats pour la zoclogie, car nos collections renferment un assez grand nombre d'animaux intéressants recueillis par les soins de cet habile ingénieur. — Tout récemment, une nouvelle explo- ration devait être entreprise et dirigée par M. le comte d'Escayrac de Lauture qui, Gans l'ouvrage qu'il a publié en 1853 : Le désert et le Soudan, a signalé les incertitudes des géographes touchant l’origine du Nil Blinc. Sans oser se prononcer, comme il le fait remarquer, sur une question si diffi- cile et qui divise tant d'hommes éminents, il pense qu’on peut regarder aujourd’hui comme probable que ce fleuve prend sa source au sud de l’Équateur, vers le 6° degré environ et sort d’un grand lac, dont il a lui-même entendu parler à Zanzibar (p.63). — Voyez, à ce sujet, (Bull. Soc. Géogr. Paris, 1859), les résultats de l'expédition de MM. Burton et Speke. 2. A l’occasion du vovage déjà mentionné plus haut et accompli par le docteur Barth qui, du lac Tchad, s’est dirigé à l’ouest vers Timbouktou, en remontant le cours du Niger dans la zone comprise entre les 10° et 20° degrés de latitude nord, l’illustre professeur Carl Ritter, de Berlin, a publié un important travail. Ce morceau, habilement annoté par M. Gumprecht, a été traduit en français dans les Nouv. Ann. des voyages, 5° série, 10° année, 4854, t. IT, p. 257-297, sous ce titre : Les explo- Tateurs du Soudan occidental et du cours du Niger depuis le xvi° siècle jusqu'à nos jours. Là, se trouvent de nombreux et intéressants détails sur cette question ardue de géographie. Elle avait été, au reste, savamment étudiée déjà par un lieutenant de la marine anglaise, M. Becher, dans une intro- duction historique au Journal d'une expédition entreprise par les frères Richard et John Lander dans le but d'explorer le cours ainsi que les embouchures du Niger, et traduit dans notre langue par M® Louise Sw. Belloc, en 1832. — Je dois, en outre, signaler un livre très-riche de faits dù à M. F. de Lanoye : Le Niger et les explorations de l'Afrique centrale depuis Mungo-Park, jus- qu'au docteur Barth, 1858. ARCHIVES DU MusÉUM, T. X. 19 146 ARCHIVES DU MUSÉUM. ses eaux et des pays qu’il traverse. Nous devons le regretter, car il est compris en partie dans les régions du continent africam dont Je me propose de décrire dans ce mémoire les reptiles et les poissons. Appelé à déterminer et à classer une assez riche collection rapportée du Gabon par lhabile aide-commissaire de marine, M. Aubry-Lecomte, et offerte par lui au Muséum, qui déjà possé- dait, par les soins de M. Bouët, commantlant supérieur du Gabon et de MM. les docteurs Franquet et Petit chirurgiens de la marine, un certain nombre d'espèces de la même contrée, J'ai pensé devoir étendre le cadre de cette étude. Il m'a semblé que je répandrais peut-être sur mon travail plus d’intérêt, en élargissant la zone un peu circonscrite dans laquelle je devrais me renfermer si Je ne parlais que des animaux du Gabon. J'ai donc rassemblé, pour les soumettre à un nouvel examen comparalif, toutes les espèces de reptiles et de poissons que le Musée de Paris a recues soit anciennement, soit depuis peu, d’une portion assez étendue de Afrique occidentale. Laissant de côté le grand désert du Sahara, dont les animaux nous sont encore presque complétemeut inconnus, J'ai pris pour limite supérieure les confins du Sénégal, un peu au dessus de Saint-Louis, c’est-à- dire le 17° degré de latitude nord. L’équateur, ou plutôt le Gabon, qui s'étend à peine au delà, établit la limite méridionale de cette région, dont la côte et quelques-unes des iles voisines (Gorée, les Bissagos, celles de Fernando-Po, du Prince et de San-Thomé), sont jusqu’à présent les parties les moins incomplétement explorées. Aussi, est-1l à peine nécessaire d’ajouter que cette zone, qui com- prend ainsi la Sénégambie et la Guinée, est presque exclusivement celle du littoral de ces vastes régions. (Voy. la earte ci-jointe.) Sur ce littoral, je dois citer en particulier l'État de Liberia, car sa faune a été l’objet d’études déjà nombreuses de la part des 4. L'État de Liberia, dont la capitale est Monrovia, a été fondé à la Côte des graines en 1820, sur les bords et à l'embouchure du Mesurado, vers le 7° degré de latitude nord par la Socéété de coloni- REPTILES ET POISSONS DE LAFRIQUE OCCIDENTALE. 147 Américains, et le Gabon. A peine connu jusqu’à présent des naturalistes, ce petit territoire, dont le nom est celui du fleuve qui le parcourt, resta pendant longtemps sans importance pour les Européens. C’est, en effet, dans l’année 1842 seulement, que fut décidée la fondation d’un établissement francais sur les bords du golfe formé par l'embouchure du Gabon. En 1845, des mis- sionnaires français y abordèrent, mais déjà depuis un an, le missionnaire américain Wilson cherchait à répandre la parole de Dieu parmi les populations riveraines 1, sation des hommes de couleur libres des États-Unis siégeant à Washington. Ses commencements furent difficiles à cause des attaques dirigées contre les nouveaux colons par les tribus environnantes. Aujourd’hui cependant, sa prospérité s’est beaucoup accrue, et autour du Liberia proprement dit, il y a une population indigène, de 3 à 400,000 ämes, qui subit, d’une facon plus ou moins directe, l'influence de cet état républicain. — Plus au sud, également en Guinée, et sur la même côte, près du cap des Palmes, la Société de colonisation particulière de Baltimore a fondé, en 4831, une colonie analogue, sorte de satellite de la précédente : « Maryland in Liberia. » A l’occasion de ces nouveaux établissements, dont l’importance pourra s’accroître beaucoup, l’An- nuaire des Deux Mondes, 1857-58, p. 882, a présenté des considérations très-intéressantes relatives aux changements survenus depuis quarante ans sur la côte de Guinée. Ainsi, des ports y ouvrent aujourd’hui leur refuge; la traite y a presque entièrement disparu; des villes se dressent avec leurs mazasins, leurs hôpitaux et leurs autres établissements d'utilité publique ; nombre de petits bâtiments entretiennent entre elles un commerce actif et leur portent les produits mutuels de leurs industries. 4. En 1819, Edw. Bowdich, dans la relation d’une mission au royaume d’Achanti accompagnée de notices géographiques sur d’autres parties de l’Afrique intérieure (Mission from cape Coast castle to Ashantee, etc.), a consacré le chap. xux de la 2e partie de son ouvrage au Gabon, dont il trace une esquisse détaillée (p. 422-452). Il y traite non-seulement de la situation géographique du fleuve et du pays que baignent ses eaux, mais des particularités relatives aux usages et aux mœurs de ses habitants. Depuis lors et assez récemment, on a eu, par différents voyageurs, de nouveaux détails instructifs et pleins d'intérêt sur ce pays maintenant ouvert à notre civilisation et à notre commerce. Je citerai, en particulier, M. Hecquard, officier supérieur de nos armées et ancien commandant du du fort de Backal ( Foy. sur La côte et dans l'intér. de l’Afr. occident., 1853); M. Léop. de Folin (extraits dans le Magas. pittor., 1853, p. 13 et 345); M. de Keralhet (extr. Zd., 1856, p. 201); M. le capitaine Vignon, commandant militaire du comptoir français au Gabon ( Nouv. Ann. des voy., 6° série, 2° année, 4856, t. IV, p. 281); M. L. Gautier-Laboullay, et M. le docteur E. Franquet, chi- rurgiens de la marine (Lettres adressées par le premier à l'administration du Muséum d'histoire natu- relle de Paris, et par le second, à M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, et insérées l’une et l’autre par ce professeur à la suite de son Mémoire, dans le présent volume des Archives, p. 83-96). Ces indications bibliographiques peuvent être complétées par d’autres relatives aux mêmes points de la côte occidentale, et qui sont consignées par M. V. A. Malte-Brun dans des notes ajoutées au tra- vail de M. Vignon cité plus haut. 118 ARCHIVES DU MUSÉUM. Cette colonie naissante, où les principaux articles de commerce sont l’ivoire et le caoutchouc, semble appelée à acquérir une grande importance, non sur la rive gauche du fleuve, qui est marécageuse et malsaine, mais sur la rive droite, à cause de la fertilité du pays. C’est ce que prouvent les heureux résultats des efforts tentés par M. Aubry-Lecomte pour ÿ introduire des cultures nouvelles". On possède aussi des documents sur les îles Fernando-Po, San-Thomé et du Prince, voisines de la côte. Cette dernière île, qui appartient aux Portugais, est d’une richesse et d’une fécondité de végétation admirables, dit M. Hecquard, et il ajoute que le Gabon est situé dans des conditions tout aussi favorables. A notre point de vue, il offre cet intérêt particulier qu'il a procuré aux zoologistes, dans ces dernières années, des matériaux précieux. On en a la preuve par les résultats importants auxquels M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire a élé conduit dans ses études sur le grand singe nommé Gorille Gina (Archives du Muséum, t. X, p- 1-81, pl. vu), et qui sont complétées par les savantes recherches 4. Le nom de notre compatriote reviendra souvent dans la suite de ce travail, à cause des richesses que lui doivent les collections zoologiques du Muséum. Ce n’est cependant pas sous ce rapport seule- ment qu'il convient de rappeler ses titres à la gratitude publique. La Société imprriale zoologique d'acclimatalion en a jugé ainsi, lorsque, dans sa séance solennelle du 410 février 4857, elle lui décer- nait sa seconde médaille d'or Lors classe, en accompagnant cette flatteuse distinction du compte rendu suivant : «De nombreuses considérations, de l’ordre le plus élevé, désignaient M. Aub-ry Lecomte aux suffrages de la Société. En effet, notre honorable confrère a enrichi par d'incessan's travaux, au risque de sa santé et de sa vie, un pays qui n’offrait naguère à ses habitants et aux voya- geurs amenés à sa côte par le sort ou par le devoir qu'une retraite inhospitalière et privée des choses les plus nécessaires à la vie; je veux parler du Gabon. Ce pays doit à M. Aubry-Lecomte de nom- breuses introductions et acclimatations : la création d’un troupeau de bœufs qu'il s’est procuré dans le royaume de Benin, et un grand nombre de plantes alimentaires. Les services qu'il a rendus au Gabon peuvent se diviser en deux classes. Dans la première, nous rangerons les cultures destinées au bien- être de la Colonie : telles sont celles du Café, du Cacao, dela Vanille, de la Cannelle, de l’Arbre à pain et de beaucoup d’autres végétaux. Dans la seconde, nous placerons les cultures affectées pour ainsi dire aux étrangers, celles des légumes d'Europe, qui ont tous réussi, hormis la Pomme de terre. Dans les deux classes, une égale reconnaisance est acquise de la part des in ligènes et de la part des voyageurs à M. Aubry-Lecomte, au bienfaiteur de cette contrée maintenant, grâce à lui, riche et hospitalière. » (Rapport au nom de la Commission des récompenses par M. le comte d'Eprémesnil, secrétaire-géné- ral, Bullet. de la Soc. d’acclimat., 1857, p. xvin). REPTILES ET POISSONS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 149 anatomiques de M. Richard Owen, et de Duvernoy (Arch. du Mus., t. VII, p. 1-248, pl. rxvr). Dans ce même recueil, M. le docteur Pu- cheran (t. X, p. 103-135, pl. ix-x11) a fourmi, tout en poursuivant ses investigations sur la géographie zoologique, de nombreux Docu- ments relatifs à la mammalogie du Gabon. Par la publication de ses Esquisses zoologiques sur la côle de Guinée, 1857, Temminck a fait connaître, en ce qui concerne les mammi- fères, les heureuses conséquences des efforts tentés par son com- patriote, M. Pel, pour l’accroissement des collections de la Hollande. M. Hartlaub a donné, en 1857, un travail ayant pour titre : Sys- tem der Ornithologie West-Africa’s, et M. John Cassin a dressé un catalogue descripuf des oiseaux recueillis par M. P. B. Du Chaillu, en 1856, sur les bords de la rivière Muni {Proc. Acad. nat. sc. Pllad., 1857, p. 33 et suiv.). Un certain nombre d’insectes de cette région spéciale du conti- nent africain viennent d’être récemment décrits !. Pour les poissons, je dois surtout citer MM. Cuvier et Valenciennes, Des reptiles recueillis dans les mêmes parages ont été examinés dans divers musées par M. Jan; à Londres, par M. Gray, ainsi que par M. Günther; à Hambourg, par M. Fischer, et à Philadelphie, par M. Hallowell. En réunissant les documents dont on doit la possession à ces erpétologistes et ceux que le Musée de Paris a fournis, on peut dresser une liste déjà assez considérable des reptiles de l'Afrique occidentale?. Je le montrerai à la fin de ce travail dans lequel je 4. Les collaborateurs de la faune entomologique du Gabon, publiée dans les Archives de M. Thom- son, sont : 4° M. Thomson lui-même, pour les Coléoptères; 2° M. Fairmaire, pour les Orthoptères et les Hyménoptères; 3° M. Signoret, pour les Hémipteres; 4° M. Bigot, pour les Diptères, et 5° M, H. Lucas, pour les Arachnides et les Myriapodes. De plus, M. Chevrolat a fait connaître un assez grand nombre de Coléoptères longicornes de l’Afrique occidentale (Rev. 2001., 4855-1858.) 2. Une semblable énumération, mais où se trouvent des lacunes, a été faite par M. Gray (Proceea. zool. Soc. Lond., 4858, p.154 et suiv.). M. Hallowel a signalé tous les reptiles trouvés jusqu'en 1857 dans le Liberia et dans le Gabon (Proc. Ac. nat. sc. Philad., 1857, t. IX, p.71). 150 ARCHIVES DU MUSÉUM. veux reprendre et surtout compléter les éléments que, dès 1856 1, je m'étais efforcé de fournir pour la faune erpétologique du Gabon, qui n’est encore que bien imparfaitement connue. Aujourd'hui, ne me bornant plus à cette contrée, J’agrandis, comme je lai dit plus haut, le cercle où Je m'étais d’abord renfermé. Je voudrais ainsi étendre un peu, s’il m'est possible, le domaine encore si restreint de la zoologie sur ce vaste continent, dont les faunes partielles, que je viens de mentionner, permettent de pré- voir combien serait précieux le butin que des explorations moins circonscrites fourniraient à la science. Nous connaissons cependant un nombre d’espèces africaines assez considérable déjà pour avoir la preuve que l’étude des Poissons, mais surtout des Reptiles de la côte occidentale soulève une question intéressante de géographie zoologique. Je veux parler de celle qui a trait à la délimitation de leurs zones d'habitation. En d’autres termes, y a-t-il une faune spéciale pour chacune des régions de .ce vaste continent? Et d’abord, si nous nous appuyons sur les données encore bien incerlaines fournies par nos connaissances zoologiques, quelles seront ces régions ? Conviendra-t-il, par exemple, de diviser en trois portions très-inégales, 1l est vrai, le continent africain : la zone torride, puis les zones placées, l’une au-dessus du tropique du Cancer et l’autre au-dessous du tropique du Capricorne? Ou bien va-t-il, au contraire, quatre régions : une pour le nord, étendue jusqu'aux sommets les plus reculés de l'Atlas; une autre pour le sud, depuis le cap de Bonne-Espérance jusqu’au lac N’gami, ou jusqu'au Zambèze?, c’est-à-dire occupant les espaces compris entre les 35° et 20° degrés de latitude australe; une troisième pour l’est, depuis le Caire jusqu’à ce 20° degré, qui est un peu inférieur à la limite méridionale de la côte de Mozambique, ou jusqu’au Zam- 4. Notes sur les Reptiles du Gabon. (Revue de zo0l., t. VIII, 2° série, 1856, p. 373 et suiv., pl. xx et xxr.) 2. Je prends ce lac et ce fleuve comme bornant au nord cette région, parce que ce sont, dans l'Afrique australe, les points-extrèmes des explorations faites du Cap vers le centre. REPTILES ET POISSONS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 151 bèze, dont le cours vers ses embouchures semble suivre cette limite ; une dermière enfin, pour l’ouest, commencant au sud de PAtlas et prolongée jusqu’à la même latitude équatoriale que la précédente!? Dans ces termes, la question, ni d’une facon, ni de l’autre, n’est posée comme elle doit l’être. Il ne faut pas, en effet, dans la recherche des lois dela distribution des animaux à la surface du globe, s'attacher trop servilement aux divisions établies par les géogra- phes. Ce serait s’exposer à méconnaître des influences très-manifestes : savoir celles des températures en grande partie indiquées par les latitudes?, mais surtout celles plus importantes des conditions météorologiques. La composition du sol; sa disposition, suivant qu'il est plat ou montagneux: la richesse de sa végétation ou son aridité; sa sécheresse ou l’abondance de ses eaux, jouent un rôle considérable dans la répartition des espèces. On peut même dire que cette répartition, bien qu'il n’en soit pas toujours ainsi, est le plus habituellement sous la dépendance des températures et des conditions géologiques propres aux contrées dont on compare les populations animales. Quelques faits relatifs à Perpétologie et à l’ichthyologie africaines témoignent de la réalité de cette assertion#. Ainsi, sur divers points du Sahara fort éloignés cependant les uns des autres, tels que la portion égyptienne de ce désert et la limite la plus méridionale du territoire algérien, on rencontre certaines espèces identiques : Varanus arenarius, Dum. 1. L'Afrique, selon la division du globe en six vastes parties proposée par M. Sclater dans son Essai sur la distribution géographique des oiseaux (Proc. Linn. Soc. Lond. février 1858), appar- tient, pour les contrées situées au nord de l'Atlas, à ce qu’il nomme regio palæarctica, et, pour le reste du continent, à la région dite par lui palæotropicale de l’ouest ou regio æthiopica. Cette division a servi de guide à M. Günther pour sa Distribution géograph. des Rept. (Serp. et Batr.) in Proc. zool. Soc. Lond., 1858, p. 373-398, travail intéressant que j'aurai plus d’une fois occasion de citer dans cette Éfude sur la faune erpétologique de l'Afrique occidentale. 2. Dans la division en zones torride , septentrionale et méridionale, on semble tenir compte des latitudes ; on est bien loin, cependant, d’avoir affaire dans une même zone à des climats identiques: 3. Je ne dois pas omettre de mentionner ici, d’une manière toute spéciale, les belles considérations que M. Schlegel a présentées sur la remarquable influence exercée par la constitution physique du continent africain sur sa population animale | Essai phys. Serp.; Distr. géogr. 4" part , p.242-218). 152 ARCHIVES DU MUSÉUM. Bib., Uromastix acanthinurus, Bell, Gongylus ocellatus, Wagl., reptiles des sables qu’on trouvera sans doute dans toute l’étendue du désert, quand on le connaîtra mieux. A ces faits, il convient d’en Joindre d’autres, qui se rapportent à une dispersion encore plus remarquable d’espèces non identiques, mais appartenant à un même genre très-bien caractérisé. Au Sénégal, par exemple, il y a un Geckotien du genre Sténodactyle, dont les espèces, comme on pouvait le supposer d’après la con- formation de leurs doigts à bords dentelés, et comme on le sait par l’observation directe, vivent dans le sable et s’y creusent des retraites. J’ai nomme ce reptile sénégalien Stenodactylus caudicinctus. Or, dans diverses régions sablonneuses d'Afrique, en Égypte, au sud de l'Algérie et jusque dans le voisinage du Cap, on trouve d’autres Sténodactyles : S£. quttalus, Cuv., St. maurilanicus, Guich., St. garrulus, À. Smith. Parmi les Lacertiens pristidactyles, c’est-à-dire à doigts dentelés sur les bords et carénés en dessous, vivant dans les lieux secs ou dans le sable et que M. Fitzinger a réunis dans un genre auquel il a donné le nom significatif de Acanthodactyle, 11 y a des espèces du nord et de l’est, ainsi que du sud de l'Afrique. Il suflit d’en citer trois seulement, une pour chacun de ces points : À. lineo- maculatus, Dum. Bib., À. scutellatus, Id. Id., A. capensis, A. Smith. Ici donc, la conformité de composition du sol explique la distri- bution géographique des espèces que je viens de nommer. Si, à l’est et à l’ouest, nous trouvons des reptiles semblables, ne sera-ce pas à la présence des grands cours d’eau qui parcourent ces régions que pourra être attribuée cette dispersion singulière? La pré- sence des mêmes espèces dans le Sénégal et dans le Nil semblent le prouver. Par son bras le plus méridional ou Fleuve Blanc, le Nil, qui commence vers le 1“ degré de latitude sous-équatoriale ou même plus au sud (p. 145, note 1), s’étend Jusque vers le 33°. Le Sénégal, au contraire, dont la source est voisine du 10° degré, ne dépasse REPTILES ET POISSONS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 153 guère Le 17°. C’est donc seulement dans une petite partie de son éten- due que l’immense fleuve qui baigne l'Abyssinie, la Nubieet l'Égypte occupe une position correspondante à celle du Sénégal. Or, sur ce dernier fleuve, comme sur les différents points du Nil, on rencontre le Crocodile vulgaire et le Saurien connu sous le nom de Tupi- nambis (Varanus niloticus). La grande tortue molle, Gymnopus (Trionyx) æqyptiacus, Geoffr., vitau milieu des eaux, non-seulement du Nil Blanc et de la partie du fleuve qui arrose la basse Égypte, mais aussi à l’ouest, et beaucoup plus au sud près de l’Équateur, puisque nous l’avons recue de l'embouchure du Gabon“. Au reste, le fait de la ressemblance entre les populations du Sénégal et du Nil n’a pas échappé à M. Valenciennes qui, dans ses descriptions des Silures (His. poiss., t. XIV, p. 378), insiste sur cette particularité à l’occasion d’espèces appartenant aux genres Schilbe et Bagre, dont les unes sont très-analogues entre elles, et dont les autres ne présentent même pas la moindre différence spécifique, Le Nil n’est pas le seul fleuve où se trouve un Silure électrique. Une espèce de ce groupe de poissons douée des mêmes propriétés (Malapterurus Beninensis, Murray), a été rapportée du vieux Calabar où M. Thomson a été témoin des effets remarquables qu’elle peut produire en déchargeant son électricité ?. Voila sur l'extension géographique des genres et des espèces un certain nombre de faits sur lesquels je reviendrai nécessairement plus tard. Il me suflit d’avoir montré par ces exemples que les conditions de température résultant de la similitude de situation de certains pays, suivant qu'ils sont également éloignés ou rappro- chés de l'équateur, ne suflisent pas toujours pour expliquer comment des animaux semblables occupent, sur un même continent, des 4. Je cherche plus loin à expliquer l’influence que semble avoir dù exercer sur la dissémination des Reptiles la disposition du sol africain, dont j'ai déjà parlé précédemment à l’occasion des voyages du docteur Livingstone dans le centre du continent {Note de la page 143). 2. Je donnerai dans la partie descriptive des détails empruntés à M. Murray {Report of the 25tk meeting of the Brilish Association held at Glasgow in 1855; 1856, p. 4114). AnCuives pu Muséum. T, X. 20 154 ARCHIVES DU MUSÉUM. localités fort distantes les unes des autres. Il résulte, en effet de ce qui précède que les régions arides et sablonneuses, partout où elles se rencontrent sur le territoire africain, servent d'habitation à des espèces qui peuvent par conséquent se retrouver à dés distances très-considérables. De même, on voit par là que les grands fleuves fournisssant les conditions les plus favorables pour certaines espèces sont habités par elles, quelle que soit leur situation géographique sur cette vaste partie du monde. Enfin, si dans certaines régions de l'Afrique, on trouvait, comme cela a lieu au Sénégal et sur certains points de la côte de Guinée, ainsi qu'au Gabon, une végélation abondante, on ÿ rencontrerait sans doute des serpents très-analogues, sinon identiques à ceux qui vivent dans ces contrées'. On y verrait ces remarquables espèces arboricoles qui, telles que les Cladophides, les Dendrophides, les Dendraspides, etc., ont été désignées par des dénominations pro- pres à rappeler leur genre de vie. On observe encore en Afrique d’autres particularités relatives à V’extension des limites d’habitation des reptiles. Elles surprennent, en ce qu’elles contrastent avec ce que l’on sait, pour d’autres régions du globe, de la fixité du séjour des animaux dans des zones géné- ralement bien circonscrites. Le premier fait que j'aie à signaler sous ce rapport est la présence d’un certain nombre d'espèces semblables, sur la côte occidentale et au sud. Telles, sont, comme nous en avons la preuve dans le musée de Paris, les suivantes : Testudo sulcata Miller*; Pento- nyx capensis, Duim., Bib., (Test. galeata, Shaw.); Chamæleo dilepis, 4. M. Gautier-Laboullay, dans sa lettre déjà citée, donne d'intéressants détails sur les magnifiques forêts vierges du Gabon, qui sont presque impénétrables (voyez, p. 84 du présent volume). 2. C’est par erreur que dans l’Erpét. génér., t. Il, p. 79, il est dit que cette espèce vit également dans l'Amérique du sud. Elle est exclusivement africaine. (Voyez, p. 164, ce qui concerne cette Tortue de terre.) En outre, elle offre des différences spécifiques bien manifestes, quand on la compare à la T. panthère { Test. pardalis, Bell), du Cap, dont elle ne serait, selon M. Schlegel (Essai sur la phy- sion. des Serpents, p. 216), qu’une simple variété locale. Malgré toute l'autorité qui, à si juste ütre, s'attache aux travaux de l’habile zoologiste de Leyde, il est impossible d'accepter cette assimilation. REPTILES ET POISSONS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 155 Leach; Varanus niloticus, Fitz.'; Agama colonorum, Daud.; Zonurus griseus, var. a. Dum. Bib. {Cordylus griseus, Cuv,}; Lycodon quitatus, Smith; Lyc. capense, Sim. (Lyc. Horstokn, Schlegel);, Causus rhom- beatus, Wagl.; Naja haje, Geolfr.; Dendraspis anqusticeps, A. Dum. (Naja angust., Smith); Echidna arietans, Merrem; Bufo pantherinus, Boie, lequel, de même que l’Agame des colons cité plus haut, vit aussi eu Algérie et en Égypte. Dans ce dernier pays, et dans l’Abyssinie, il y a d’autres espèces encore que l’on retrouve à l’ouest, au Sénégal, ou sur différents points de la Guinée et au Gabon. Telles sont celles qui ont été nommées : (rymnopus ægyphacus, Dum. Bib. (Trionyx œgypt., Geoffr.); Crocodilus vulqaris, Cuv.; Varanus niloticus, Fitz.; Var, ocellatus, Rüpp.; Acanthodactylus Savigny, Dum., Bib. (deux variétés différant uniquement par le système de coloration); Scincus offici- nalhs, Laurenti, (deux variétés pour les couleurs); Sphenops capis- tratus, Wagl.; Eryx thebaicus, Et. et Isid, Goofir.; Psammophis monmliger, Boie; Naja haje, Et. Geoffr, Enfin, beaucoup plus au sud, l'Afrique orientale possède sur la côte de Mozambique, comme on en a la preuve par les publications de M. Peters et de M. Bianconi, certaines espèces des régions de l'occident voisines de l'équateur ?. Le Musée de Paris ne renferme qu’un très-petit nombre de reptiles de la côte de Mozambique. Il ne se trouve donc dans nos collections aucun spécimen mozambien de l’une des espèces communes à cette J'en dirai autant de plusieurs autres rapprochements proposés dans le même passage et de ceux qu'on rencontre dans la partie descriptive de son ouvrage. Ils fournissent de nouvelles preuves des difficultés nécessairement inhérentes à l'emploi d’une classification où l’on fait un usage en quelque sorte exclusif des caractères naturels extérieurs et souvent un peu vagues tirés de la ressemblance plus apparente que réelle des animaux soumis à l’étude. C’est là, s’il est permis de s'exprimer ainsi, l'exagération de l'emploi de la méthode naturelle. A. J'ai déjà cité ce Saurien comme témoignant de la dispersion de certaines espèces sur les diffé- rents points de l'Afrique où se trouvent les conditions favorables à leur genre de vie : il habite, en effet, les rives des grands cours d’eau, tels, par exemple, que le Sénégal, le Nil et le fleuve Orange. 2. Plusieurs espèces mozambiennes appartiennent également à la faune de l’Afrique australe. 156 ARCHIVES DU MUSÉUM. contrée, ainsi qu'à l'Afrique occidentale, et dont je donne la liste dans la note ci-dessous!, mais J'ai pu retrouver dans un batracien du genre Dactylèthre pris au Gabon par M, Aubry-Lecomte, l’espèce du sud-est dite D. Mülleri, Peters. Que faut-il donc conclure de cette remarquable dispersion sur des points si divers de l'Afrique du grand nombre d’espèces que je viens d'énumérer, et auxquelles beaucoup d’autres sans doute devront être ajoutées quand nous connaïîtrons mieux la faune de ce vaste continent? On doit en déduire cette conséquence qu'il est presque 1mpos- sible d’y tracer des zones bien circonscrites et, par suite, de diviser les reptiles africains en un certain nombre de groupes suivant les régions où chacun de ces groupes se rencontrerait plus spécialement. L'Afrique septentrionale, c’est-à-dire l’étendue de pays située au nord de lPAtlas, semble faire seule exception, et l’on peut considérer comme assez nettement limitée la zone méditerranéenne, dont la faune, d’ailleurs, offre des points de contact avec celle des con- trées de l'Europe méridionale qui s’avancent jusqu’à cette mer ?. À l'occident, ou, en termes plus précis, au Sénégal, sur la côte de 4. Pentonyx capensis, Dum., Bib. (Test. galeata, Shæpf); Crocodilus vulgaris, Cuv.; Chamaæleo dilepis, Leach; Faranus niloticus, Fitz.; Gerrhosaurus flavigularis, Wiegm.; Lycophidion ca- pense, Smith (Zycodon Horstokii, Schl.); Cladophis Kirtlandii (Ox. Lecomtei), À. Dum., Psam- mophis moniliger, Boie; Naja haje, Geoffr.; Dendraspis angusticeps, À. Dum. (Naja angust., Smith); Echidna arietans, Merr.; Bufo pantherinus, Boie; Dactylethra Mülleri, Peters. Ces espèces ont été décrites par M. Peters dans son travail sur les Reptiles de Mozambique (Mo- natsber. der kœn. Preuss. Akad., 1854, p. 215 et 614-629, et Æ'iegm. Arch., 1855, p. 43). 2. Cette communauté de population sur les différents points du bassin de la Méditerranée, déjà signalée pour les animaux vertébrés supérieurs est démontrée pour les Reptiles, par les espèces sui- vantes : Cistudo europæa; Chamæleo vulgaris, qui vit dans l'Espagne méridionale; Tropidosaura algira ; Lacerla viridis, (Var. concolor); Acanthodactylus vulgaris; Gongylus ocellatus; Seps chalcides ; Periops hippocrepis ; Tropidonotus natrix; Tropid. viperinus ; Coronella giron- dica; Cœlopellis insignitus; Rana viridis ; Hyla viridis ; Bufo vulgaris; Salamandra ma- culosa ; Salam. corsica. Je pourrais citer également un grand nombre de poissons méditerranéens, qui fréquentent les rivages de l'Europe méridionale et ceux de l'Afrique, mais la liste en serait trop longue si je n’en voulais omettre aucun. Je me borne donc à l'indication de quelques-uns appartenant aux principales REPTILES ET POISSONS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 157 Guinée et au Gabon, c’est-à-dire jusqu’à l'équateur, limite méri- dionale des pays de Pouest, dont nous connaissions un peu la faune erpétologique, nous trouvons des genres et des espèces que possèdent l’Egypte, la Nubie, l’Abyssinie la côte de Mozambique et même l'Afrique australe. Ce qui rend plus remarquable encore cette extension, c’est qu’elle a lieu pour des genres d’une organisation toute spéciale qui, par conséquent, se trouvent répandus sur des régions très-diverses du continent. Ainsi, pour ne citer que les Reptiles les plus dispa- rates, les tortues d’eau à cinq ongles à tous les membres (Pentonyx), qui forment une exception! et les singuliers serpents à saillies émail- lées de la face antérieure des vertèbres constituant une sorte d’appa- reil dentaire cœsophagien (Rachiodon), vivent au Cap, en Abyssinie et au Gabon. Les serpents cornus ou Cérastes sont originaires du Cap et de l'Égypte. Enfin, les Dactylèthres, si distincts de tous les autres batraciens par leurs ongles, appartiennent au Gabon, à la côte de Mozambique et au cap de Bonne-Espérance*. ( Si nous faisons porter ensuite notre examen non plus sur les familles : Serranus scriba, cabrilla; Trachinus draco, araneus, vipera, radiatus; Sphyræna vulgaris; Trigla lineata, hirundo, lyra ; Scorpæna scrofa, porcus; Sargus Rondeletii, Salviani, annularis; Pagellus vulgaris, centrodontus, acarne; Scomber vulgaris, pneumatophorus; Thynnus vulgaris, thunnina; Mugil cephalus, capilo; Julis vulgaris, æstivus; Muræna helena ; Syngnathus Rondeletii, rubescens ; Scyllium canicula, catulus; Zygæna mallus, tudes; Torpedo narce, marmorala; Myliobates aquila, et bien d’autres encore que je passe sous silence. Je ferai observer que, parmi ces espèces, il y en a beaucoup qui habitent l'Océan et se pêchent sur les côtes d'Europe. 1. Peut-être trouvera-t-on ailleurs que sur le territoire de l'Afrique australe, les Tortues qui, par la présence de quatre doigts seulement aux pattes de devant comme aux postérieures (/{omopodes), for- ment une exception non moins singulière, dont, jusqu'ici, on a rencontré des exemples uniquement dans le voisinage du Cap et à Madagascar (Æomopus areolatus et H. signatus). 2. Je devrais mentionner encore ici un genre d’une organisation spéciale et qui est devenu, par cela même, le type d’une famille particulière. C’est le 7aran, dont on a recueilli des espèces très- distinctes, mais toutes absolument congénères : en Égypte ( Varanus arenarius); dans cette même contrée, puis au Sénégal, au Gabon, à Mozambique et dans l’Afrique australe (Y. niloticus); dans les régions traversées par le Nil Blanc ou le Sénégal (7°. ocellatus). Je laisse cependant ce groupe de côté, parce que la présence de certaines espèces dans l’Inde (7. bengalensis, nebulosus, Picquolii, Dumerilii, bivittatus) et de quelques autres en Australie (/”. cklorostigma, varius, Bellii, Gouldii, 158 ARCHIVES DU MUSÉUM. genres, mais sur les espèces, nous en trouvons, il est vrai, un certain nombre parmi celles recueillies jusqu’à ce Jour dans l’Afrique ocei- dentale, qui n'avaient jamais été rapportées des autres points du continent, et J'en donne plus loin l’énumération détaillée*, Il n’y a là rien cependant qui doive étonner, ni qui soit de nature à modifier la proposition énoncée plus haut: savoir que, dans l’état actuel de nos connaissances sur les Reptiles et les Poissons de l'Afri- que occidentale, on ne peut pas admettre pour cette région, ni même plus particulièrement pour la partie située au-dessous du Sénégal, une faune particuhère?. Ces espèces, en effet, bien que très-distinctes, appartiennent, prasinus, punctatus, inornatus) m'amènerait à soulever une question générale de géographie z00- logique, dont l'étude, étrangère au but que je me propose dans cette revue des Reptiles et des Pois- sons de l'Afrique occidentale, doit être, en ce moment, laissée de côté. J'en ferai plus tard l’objet d’un travail particulier. Je me borne donc à une simple observation. Elle est relative à une assertion de M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire exprimée ainsi, dans ses intéressantes remarques sur la distribution des mammifères {Voy. de Bélanger aux Indes or., p. 10, 1824) : « Presque tous les genres africains ont des repré- sentants dans l'Inde. » Elle a élé confirmée par les travaux de différents zoologistes, en particulier par ceux de M. Pucheran (Rev. z001., 1855, p. 403), et il faut noter, dès à présent, que si elle n’est pas entièrement applicable à la classe des Reptiles, elle est vraie néanmoins pour un certain nombre de genres. Ne voulant pas faire une énumération complète de ceux qui vivent dans ces deux parties du monde, je ne nomme ici que les genres très-nettement caractérisés, dont on trouve des espèces en Afrique, sur la côte occidentale, et sur le continent ou l'archipel indiens : Cycloderma (Tryonyæ Cryptopus), Chamaæleo, Python, Eryæ, Naja. A peine est-il nécessaire d’ajouter que, conformément à une autre indication concernant les ani- maux vertébrés supérieurs et donnée (loc. cit., p. 44) par M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, on peut dire avec lui, même à l’occasion des Reptiles : « L'Inde, qui possède des représentants de presque toutes les familles, possède en outre, en propre, un très-grand nombre de genres qui ne se retrou- vent dans aucune autre contrée. » Maintenant, pour en revenir aux genres africains auxquels on doit rapporter des espèces austra- liennes, il n’y en a pas qui ne soient, en même temps, asiatiques. Tels sont, par exemple, les suivants : Varanus, Uromastix, Lymnodytes, etc. Ce sont des genres presque cosmopolites, dont on pourrait rapprocher les Elaps et les Batraciens anoures raniformes nommés Cystignathes, qui offrent cette anomalie singulière qu'on les trouve jusque sur le continent américain. 1. Elle est consignée dans la seconde partie de ce travail qui, de plus, renferme une liste métho- dique de tous les Reptiles et de tous les Poissons pris sur le sol ou dans les eaux de l’ouest. 2. Si je spécialise ainsi, c'est que je ne puis pas appliquer aux deux dernières classes des apin aux vertébrés les conclusions tirées par M. Pucheran de ses études sur les mammifères de l'Afrique. Dans REPTILES ET POISSONS DE L'AFRIQUE OCCID ENTALE. 159 pour le plus grand nombre, à des genres établis pour d’autres formes spécifiques, mais qui sont unies à celles-ci par un ou plu- sieurs Caractères communs à toutes et d’un ordre plus élevé, qu’on est convenu de nommer caractères génériques. Quant aux genres nouveaux, il n’y en a pas qui offrent ces parti- cularités si frappantes dont on trouve des exemples remarquables, quand on étudie, comparativement aux Reptiles de l'Afrique, les Reptiles de l'Amérique, de l’Australie et même de l’Asie ou de Ma- dagascar, malgré certains points de contact de la faune erpétologique de ces deux derniers pays avec celle du continent africain 1. Si maintenant, en présence des faits qui démontrent la dispersion des genres et même de certaines espèces sur presque toute l’étendue de Afrique, on en cherche la cause, on est porté à l’attribuer à la constitution géologique de ce vaste continent, Les connaissances récemment acquises grâce aux intrépides explorations des régions centrales, dont J'ai déjà indiqué quelques uns des principaux ré- sultats ont jeté la plus vive lumière sur des questions jusqu'alors très-obscures. Ainsi, la presque totalité du sol de l'Afrique n’est qu’une succes- sion de hautes terrasses étagées les unes au-dessus des autres, c’est- le travail, riche d’un grand nombre d'observations (Æsquisse sur la mammalogie du continent afri- cain) que ce zoologiste a publié (Revue de zool., 1855, p. 209, 257, 401, 449, 497, 545; 1856, p. 49), et dont il avait énoncé, en 4854, les résultats principaux (Comptes rendus de l’Ac. des sciences, t. XXXII, p. 718), reproduits en partie dans le présent volume des 4#rch. du Muséum, p. 109, ila insisté sur la division de l'Afrique en quatre zones. Ce sont les suivantes : « 4° La zone méditerra- néenne étendue depuis le rivage marocain de l'Atlantique jusqu’à la frontière égyptienne de l’Abyssi- nie; 2° la zone septentrionale du centre de l'Afrique comprenant le Sénégal, la Nubie, et, pour cer- tains types, l’Abyssinie ; 3° la zone méridionale du centre de l’Afrique située au sud du Sénégal, et dont les limites, dans l'état actuel de la science, ne peuvent encore être nettement déterminées; 4° la zone orientale occupant toute la côte Est de l'Afrique, depuis le cap de Bonne-Éspérance jusqu’au rivage abyssinien de la mer Rouge. » 4. Ainsi, les nouveaux genres Anisoterme, Anelytrops, à conformation anormale et décrits dans la seconde partie de ce travail, ont, pour me servir d’une expression heureuse de M. Pucheran (Rev. Z00l., 855, p. 497), leurs homologues en Afrique ou en Asie; de même, le genre Ho/uropholis. A. Dum., ne représente qu’une modification du genre Boædon, dont il est l’homologue, etc. 160 ARCHIVES DU MUSÉUM. à-dire un ensemble de plateaux superposés et plus ou moins vastes. Le plus remarquable est celui qui semble s'étendre depuis le cin- quième parallèle nord jusque vers le quinzième au dessous de l'équateur. On peut, à l'exemple de M. Balbi, (Abrégé de géogr., p. 827), le nommer plateau austral, par opposition à celui de l'Atlas et des montagnes qui en dépendent, auquel ce même géogra- phe impose la dénomination de plateau boréal. Or, n'est-il pas permis de supposer que, des différents étages du plateau austral, qui occupe de si vastes étendues au centre même de l'Afrique, des espèces ont pu se répandre dans toutes les directions et se trouver, par cela même, dispersées dans les diverses régions du continent? Les chaines de montagnes, d’ailleurs, n’ont pas opposé d'obstacles à ces déplacements, puisque, à l'exception de l’Atlas, leur direction est généralement du nord au sud ou, au contraire, du sud au nord, Je termine ici les considérations générales sur la distribution géographique des Reptiles et des Poissons du continent et des eaux de l’Afrique, dont il n’a semblé utile de faire précéder leur histoire particulière. J’ai voulu montrer ainsi l'intérêt que présentent, relativement à leur répartition sur cette vaste partie du monde, les animaux qu'il s’agit maintenant de faire connaître. À. Je dois rappeler ici que M. Pucheran, dans son Esquisse sur la mammalogie du continent afri- cain ( Rev. zool., 1855, p. 451), a émis une opinion semblable relativement à la cause de la diffusion d’un certain nombre de genres de mammiferes dans les diverses régions de l’Afrique. Mes études sur les Reptiles de cette vaste partie du monde fournissent donc des résultats tout à fait conformes à ceux que ce zoologiste a obtenus. Il convient cependant de faire observer qu'il y a, dans la distribu- tion géographique des Reptiles, des singularités encore plus frappantes que dans celle des mammi- fêres. [ hi (sa h Qu hi | 1 AFRIQUE D? Bart} voyage/1850 1075. — D'Linnastone/de 1843-1856 Prés. Prp. Lenercier r de Seine #7 FA de Lg “ce ds £ 1, L Ê n À di É Là D 2. ve à n- è L Nes ot “We - RS wi rod ee. Get EU PARTIE DESCRIPTIVE. REPTILES DE LA COTE OCCIDENTALE D'AFRIQUE. CHÉLONIENS. Dans le petit nombre de Tortues rapportées du Gabon, il s’est trouvé deux espèces nouvelles que je décris plus loin sous les noms de Pentonyx du Gabon et de Cycloderme d’Aubry 1. I. TORTUES DE TERRE OU CHERSITES. Avant de faire connaître les deux Chéloniens dont je viens de parler, je dois signaler les renseignements précieux que les collections rapportées de la côte occidentale d'Afrique nous ont fournis sur l’origine de la Tortue sillonnée (T. sulcata, Miller), et sur le genre que M. Th. Bell à établi et nommé Cinixys, en raison de la mobilité du disque dans sa région postérieure ?. 1. J'explique page 465, pourquoi je ne laisse pas cette espèce dans le genre Cryptopode, ains; que je l’avais fait dans un premier travail (Revue de zool., 1856, p. 374, Note sur les Reptiles du Gabon). 2. De xvéo, je remue, et de &ù:, lombes. Cette mobilité n’est pas absolument comparable à celle du sternum, qui se remarque chez plusieurs espèces, et dont les Cistudes ou Tortues à boite offrent un exemple remarquable. Ici, il n’y a pas de charnière aussi complète : au niveau de la colonne vertébrale, et il ne peut pas en être autrement à cause de la moelle épinière, les pièces sont solidement réunies. De chaque côté, cependant, la ligne suivant laquelle le mouvement s'exécute est indiquée par l'écar- tement que laissent entre elles les 2° et 3° plaques costales et les 7° et 8* plaques marginales. Cette ARCHIVES DU MUSÉUM. T. x. 21 462 ARCHIVES DU MUSÉUM. Nous avons, en effet, acquis la certitude que la Tortue sillonnée vit au Sénégal. Elle se trouve aussi dans les différentes parties de l'Afrique australe, (A. Smith, /lustrations of the zool. of South Africa, append., p. 1). Ce n’est donc ni de la Guadeloupe, ni du Démérari, que des échantillons envoyés aux Musées de Paris et de Londres étaient originaires, Les trois espèces du genre Cinixys, on le sait positivement aujourd’hui, vivent en Afrique et, en particulier, à l’ouest. Outre les renseignements donnés sur ce sujet par M. Th. Bell dans le t. XV des Trans. of the Linn. Soc., où il a décrit et représenté (p. 398-401, pl. 17) les C. Homeana et casteana seu erosa, qui provenaient, l’une de l'Afrique sans désignation plus spéciale, l’autre de la côte occidentale, on trouve des témoi- gnages à cet égard dans les écrits de différents zoologistes. Ainsi, l’on doit à M. Hallowell la figure et la description d’une C. rongée, apportée vivante de Liberia (Journ. Acad. nat. se. Philad, 1839, t. VIT, part. 1, p. 161), fig. pl. 8 et 9, sous le nom de C. denticulata, (Test. denticul., Shaw); M. Berthold ( Nova acta Acad. Cœs. Léop. nat. cur., t. XXII, 2° partie, p. 421, 1850 [1845], pl. 13-15) a représenté une C. de Home recueillie sur la côte ouest d'Afrique. De cette côte, provient également un exemplaire acquis, en 1854, par le Musée de Paris en même temps qu'une carapace de lPespèce précédente et que d’autres reptiles, qui ont été pris au Gabon commme ces tortues. Enfin, le Musée britannique a reçu des mêmes régions ces deux espèces ainsi que Ja Cinixys de Bell. disposition remarquable du squelette est représentée sur la fig. 4 de la pl. XHI, qui montre la face interne de la carapace où l’on voit en a la ligne suivant laquelle le mouvement s'exécute. La substance fibro-cartilagineuse interposée aux pièces mobiles permet le mouvement; il est dù à l’action des faisceaux musculaires insérés à la voûte osseuse. Ces muscles, remplissant l'intervalle postérieur du sternum et de la carapace, tiennent lieu des grand oblique et transverse des autres animaux, et ont pour principal usage, chez tous les Chéloniens, ainsi que Duvernoy l’a démontré, de contribuer à l’accomplissement des phénomènes d'expiration (Bullet. de la Soc. philomat., an xmi, no 97, p. 279, et Leçons d'anat. comp. de Cuvier, 2° édit., t, VII, p. 216). Lorsque, chez ces Tortues d’une structure exceptionnelle, les muscles dont je viens de parler se contractent en prenant leur point d'appui fixe sur le sternum, les pièces osseuses de la carapace s’infléchissent et s’abaissent vers le plastron. Le lieutenant Friend, cité par M. Th. Bell, a vu vivante la Cinixys de Home, et il a été témoin des mouvements de flexion de la boîte osseuse. Plusieurs Cénixys rongées, que M. Aubry-Lecomte espérait pouvoir déposer dans notre Ménagerie, ont succombé pendant la traversée, et nous nous sommes trouvés ainsi privés de l’occasion d'étudier ce singulier mécanisme. REPTILES DE L AFRIQUE OCCIDENTALE. 163 Celle-ci ne se trouve pas dans notre collection; M. Peters en a rapporté à Berlin un individu pris sur la côte de Mozambique ( Wonatsber. der Kœæn. Preuss. Akad., 1854, p. 215), et M. Gray a décrit et fait figurer cette dernière espèce (Cat. of Tortoises, in-4°, 1855, p. 13, pl. 2). II. TORTUES PALUDINES OU ELODITES. Dans le groupe des Cryptodères caractérisés par la rétractilité du cou en arrière entre le disque et le plastron, le grand genre Emyde, dont la plupart des espèces sont américaines et quelques-unes indiennes, n’en a pendant long- temps renfermé qu'une seule africaine (£. Spengleri). Encore, reste-t-il du doute sur sa véritable patrie, car elle ne se voit pas au Musée de Paris, et en outre, dans celui de Londres, où se trouve, sans renseignements positifs, une carapace signalée comme recueillie en Afrique, on tient un échantillon de l'espèce des mains de M. Reeves, qui l’a rapporté de Chine. Une autre Emyde cependant vit dans les eaux africaines. Elle a été nommée Emys laticeps par M. Gray, qui l’a décrite (Annals and Magaz. nat. hist., 1855, t. XV, p. 63; Catal. Test. of Br. Mus., p. 23, pl. 9, où, par inadvertance du dessinateur, une des figures montre cinq ongles en arrière). Elle a été prise sur les bords de la Gambie. Elle manque dans nos collections. Le genre Pentonyx, dont le nom rappelle le caractère remarquable tiré de la présence de cinq ongles aux membres postérieurs comme aux antérieurs, vit dans l'Afrique du sud et de plus, à l’ouest et à l’est de ce mème continent. Ainsi, une espèce, qui, avant de devenir le type de ce genre particulier, avait reçu différents noms, le Pentonyx du Cap, Dum. Bib., a été trouvée non-seule- ment au cap de Bonne-Espérance et par M. Peters sur la côte de Mozambique, mais, en outre, sur les rives du Sénégal par Adanson, et même à Madagascar. Outre ce Pentonyx, on ne connaissait, jusqu’à ces derniers temps, que celui d’Abyssinie nommé par M. Rüppell P. Gehafie. Vers la fin de 1856 (Revue de zool., p. 373) j'ai décrit une troisième espèce tout à fait distincte des deux précédentes. La diagnose suivante peut en être donnée : 164 ARCHIVES DU MUSÉUM. I. PENTONYX DU GABON, Penlonyæ Gabonensis, À. Dum. (PI. XIII, fig. 2 et 2 a). Carapace d'un brun noirâtre, presque régulièrement ovalaire, à carène médiane assez sail- lante, surtout en arrière, à bord mince et tranchant dans tout son pourtour ; plaques du disque bordées par des stries concentriques, et rugueuses dans le reste de leur étendue; plastron uni formément noir, à ailes courtes, aussi prolongé en avant que le limbe, très-long également en arrière, où il présente une pelile échancrure sous-caudale, et à peine rétréci au delà des ailes, Comparée aux deux autres espèces dont elle se rapproche par l'ensemble de ses caractères, et spécialement par la présence de 5 ongles aux deux paires de pattes, cette Tortue se distingue de ses congénères par certaines particularités faciles a saisir, quand on étudie sur la planche XUI, les fig. 2, 2 a, 3 et 4 représentant les Pentonyx du Gabon, du Cap et Gehafie vues en dessous. Ainsi, chez l’espèce nouvelle, le plastron est un peu plus long et moins étroit dans sa portion postérieure ; les ailes sternales n’ont pas autant de hauteur et montent moins obliquement vers le limbe qui, au niveau de cette jonction avec le sternum, est à peine rétréci et se termine là, comme dans tout le reste de son pourtour, par un bord mince et tranchant. Chez les deux autres espèces, au contraire, le limbe se rétrécit, de chaque côté, dans toute l'étendue de sa jonction avec le sternum, et de plus, son bord, dans cette région, devient mousse. Les plaques sternales de la troisième paire se touchent, chez le P. du Gabon, contrairement à ce qui s’observe chez le P. Gehafie. Chaque pièce du plastron porte, sur ses bords, des lignes longitudinales coupées par un très-grand nombre de stries fines et régulières. Je ne m'étendrai pas davantage sur la description de cette Tortue, car les détails qui précèdent démontrent qu’elle diffère notablement des autres espèces du même genre. J'ajoute cependant qu'elle s'en distingue aussi par sa petite taille, qui est indiquée par les dimen- sions suivantes : Longueur de la carapace, 0"660 ; largeur, au-devant de sa jonction avec le sternum, 0°047; au delà de cette jonction, 0051 ; longueur du sternum, 0"056 ; largeur au-devant de sa jonc- tion avec le disque, 0"033; derrière cette jonction, 0"030; au-devant de son échancrure terminale, 0015. L'aspect de la carapace et sa solidité comparée à celle de la boîte osseuse de jeunes Pentonyx du Cap semblent prouver que notre individu est adulte. Il est unique dans la collection, et a été rapporté du Gabon par M. Aubry-Lecomte. L'espèce dite par M. Gray Sternotherus Derbianus (Cat. Tort., 184%, p. 37, puis Cat., in-4°, 1855, p. 52, pl. xxu), et provenant de la Gambie, manque à notre Musée. REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 165 III TORTUES DE FLEUVE OU POTAMITES. Plusieurs individus de ce groupe des Tortues molles ou Trionyx ont été rapportés de l’Afrique occidentale au Muséum. L'un de ces Chéloniens appartient à l'espèce qui a été nommée par Et. Geof- froy-Saint-Hilaire Gymnopode d'Égypte; d’autres sont les types du Cryptopode du Sénégal, Dum. Bibr.! Un dernier, enfin, était inconnu des naturalistes quand je l'ai décrit sous le nom de Cryptopus Aubryi. Aujourd'hui, mieux informé, grâce à l’obligeance de M. Peters, que je ne l’étais alors, je place cette espèce nouvelle dans le genre CYCLODERME établi par le savant directeur du Musée de Berlin pour un Trionyx qu'il a trouvé sur la côte de Mozambique ?. Les caractères du genre CYCLODERME obligent à le placer entre les Gymno- podes, Dum. Bib. (Trionyx, Geoffr.) et les Cryptopodes, Dum. Bib. (Emyda, Gr.) Il ressemble, en effet, aux premiers par son aplatissement et par l'absence de pièces osseuses dans l'épaisseur du limbe qui est uniquement formé par une peau épaisse. Comme chez les Cryptopodes cependant, il y a des prolongements cutanés au plastron augmentant son étendue et protégeant la queue et les membres postérieurs, quand l’animal les rentre sous la carapace 5. 41. Voyez p. 168, ce que je dis sur la nécessité de sortir cette espèce du genre Cryptopode, et de la rapporter à celui que M. Peters a nommé Cycloderme. 2. Avant toute publication, M. Peters, à ce qu’il paraît, avait nommé ce genre Cyclanosteus, car M. Gray indique comme M.S.S. 1848, ce nom, qu'il emploie (Caé. of shield Rept. in the Brit. Mus.,in-4°, 4855, p.64) en rapportant au genre ainsi désigné deux espèces. 3. Dans cette diagnose, qui est la traduction de ce que M. Peters a dit du genre, dont il ne donne pas une plus longue description (Wonatsber. der Kœn. Preuss. Akad., 1854, p. 216), il n’est pas fait mention du nombre des pièces osseuses du plastron; seulement, en parlant de son Cycloderma frenatum, il signale sept protubérances rugueuses au sternum. Dans le passage consacré au Cyclanosteus, M. Gray ne décrit ce genre que d’après une espèce de l'Afrique occidentale nommée par lui Cycl. Petersii (Cat., 1855, p. 64, pl. xxix), car il ne connait pas le Cycl. frenatum, que le Musée de Londres ne possède point. Dans cette description, il dit qu’il y a 9 pièces osseuses au plastron. Or, il paraît résulter de cette dissemblance remarquable, que le genre Cyclanosteus est, par cela même, malgré les analogies tirées de l’absence des pièces osseuses du limbe et de la présence des prolongements cutanés du plastron, différent du genre Cycloderme, auquel il ne faut, par conséquent, rapporter que les espèces de ce groupe, munies de sept plaques au sternum. Ainsi, c’est ce qui doit être fait pour l'espèce du Gabon que j'ai dédiée à M. Aubry, et dès 166 ARCHIVES DU MUSÉUM. IT. CycropeRME D’Ausry, Cycloderma Aubryi, A. Dum. Cryplopus Aubryi, Rev. de 200l., 1856, p. 374, pl. XX. Carapace ovale, peu bombée; disque osseux très-grand ; bord cutané peu développé en ar- rière, mais surtout en avant, ainsi que sur les régions latérales, où il ne dépasse pas les bords du plastron, et ne contenant dans son épaisseur aucun os limbaire ; plastron à prolongements cutanés; presque entièrement osseux en raison de l'étendue considérable de ses callosités osseuses, qui sont au nombre de sept; tête longue et étroite ornée de raies brunes se continuant sur la région cervicale. Les grandes dimensions du disque osseux comparées à celles du limbe cutané, qui a très-peu d’étendue, constituent un des caractères importants de cette espèce. Elle estégalement remarquable par le volume des pièces osseuses du plastron. Les quatre dernières sont très-larges, fort longues et se touchent sur la ligne médiane; elles couvrent ainsi complétement plus des deux tiers postérieurs de la région ster- nale. L’os impair, aussi large que haut, est presque contigu, en arrière et en avant, aux plaques entre lesquelles il est placé. Les deux callosités antérieures, fort grandes et ovalaires, sont obliquement situées, de telle sorte qu’elles se rejoignent à leur extrémité antérieure, et s’écartent l’une de l’autre à l'extrémité opposée, Les seules régions tégumentaires sont celles qui correspondent aux membres et complètent ce vaste plastron; elles forment, particulièrement au niveau des pattes postérieures, des opereules mobiles destinés à rendre moins imparfaite l’occlusion de la carapace , et ces opercules se prolongent un peu en arrière, sur la région médiane postérieure, dont le bord est à peine dépassé par la queue, tant elle est courte et obtuse. Les membres sont robustes, et les ongles, au nombre de trois, sont pointus et un peu concaves à leur face inférieure. Les pattes antérieures portent, en dessus, dans leur région digitale, six replis cutanés semi-lunaires, à bord libre antérieur concave, mince et résistant ; les trois externes sont les plus considérables. En arrière, au talon, il n’y a qu'un seul de ces replis. La tête est très-longue : elle mesure 0"12 depuis le bord libre de la lèvre jusqu’à l'extrémité pos- térieure de la mächoire inférieure, où elle n'offre qu’une largeur de 0w07, qui paraît d’autant moins considérable que les proéminences labiales sont fort développées et donnent à la région antérieure du museau une étendue transversale de 0"06. Ces proéminences des deux lèvres sont au nombre de quatre; elles ont chacune la forme d’un triangle scalène, dont le plus grand côté est le bord adhérent; le plus petit est tourné en avant et constitue, avec celui du côté opposé, le bord labial antérieur, tandis que le bord latéral externe est formé par le troisième côté du triangle. Les mâchoires sont nues et tranchantes, sans crochet, ni échancrure. La petite trompe nasale, longue de 0"008 environ, est obliquement dirigée en haut et en avant. Les yeux, dont la direction en haut et l’obliquité sont les mêmes que chez les autres Tortues Pota- mon premier travail, comme je l’ai dit (Rev. de z001., 1856, p. 375), elle aurait été placée dans ce genre, si, croyant alors à son: identité avec celui dont M. Gray donne la description sous le nom de Cyclanosteus, je n’en avais été détourné par cette circonstance que ce nouveau Trionyx n’a pas neut pièces sternales. REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE, 167 mites, ne sont séparés du bord libre de la lèvre que par un espace à peine plus considérable que ne l'est leur diamètre longitudinal. Le cou n’est pas plus volumineux que la portion postérieure de la tête; depuis ce dernier point jusqu'à son origine, il est long de 016, ce qui donne à la région comprise entre l'extrémité antérieure du museau et le bord limbaire cutané une longueur de 0" 28. Le disque est large de 0“31, et long de 033. Le rebord cutané au-dessus du cou, au milieu, a 0° 065, et en arrière, au-dessus de la queue, 0060 ; la carapace a donc, en totalité, une longueur de 045. Le limbe est plus large en arrière qu’en avant : il a 0" 022 seulement au-dessus des pattes de devant, et 0" 050 au-dessus des postérieures. La couleur générale est un brun marron uniforme, plus clair en dessous. De petites taches foncées irrégulières se voient sur le plastron et sur le cou, dont la région supérieure porte trois grandes raies longitudinales brunes : il en part une de l'angle postérieur de chaque œil, et la médiane, moins lon- gue, commence à l'occiput, mais se prolonge, comme les précédentes, jusqu’à la base de la région cervicale ; deux petites raies, de la même nuance et parallèles entre elles, parcourent le dessus de la tête, et cessent où commence la médiane, dont l’origine se voit dans l'intervalle qu’elles laissent entre elles en arrière. L'espèce que je viens de faire connaître, d’après un individu unique et en parfait état de conservation, rapporté du Gabon par M. Aubry-Lecomte, n’est pas la seule dans le genre Cycloderme. Il y a de plus, en effet, l'espèce type nommée par M. Peters Cycloderma frena- tum, qu'il a décrite comme je l’ai déjà dit (1854, Monatsber. der Kæn. Preuss. Akad., p. 216) et qu'il a fait représenter (pl. 1 et 2, Amphibien in Naturw., Reise nach Mossambique ). La description que je viens de donner et la comparaison entre la pl. 20 de la Rev. de z0ol., 1856 (Cyclod. | Cryptopus], Aubryi) et les deux planches de M. Peters, où se trouvent des détails anatomiques de la carapace et du plastron, outre une représentation en dessus et en dessous de l'animal entier, ne laissent pas de doutes sur les différences spécifiques propres à distinguer ces deux Trionyx. Elles se tirent surtout de la structure du plastron, dont les pièces osseuses, chez le €. frenatum, sont beaucoup moins considérables et plus éloignées les unes des autres que dans le C. Aubryi qui, bien qu'il soit adulte comme le C. de Mozambique, a cependant de moins grandes dimen- sions. Chez celui du Gabon, je l’ai déjà dit, le sternum est presque complé- tement ossifié; tandis que chez l’autre, de grands espaces cutanés séparent les plaques rugueuses, dont la forme, d’ailleurs, n’est pas semblable à celle des plaques du C. d’Aubry. — 1] y a, de plus, quelques dissemblances dans la forme générale du disque dont le bord antérieur, dans l'espèce du Musée de 168 ARCHIVES DU MUSÉUM. Paris, est plus échancré en même temps qu'il est moins étroit en arrière, eten outre, les lèvres sont plus épaisses. Enfin, ilme semble indispensable de placer dans le genre Cycloderme l'espèce nommée Cryptopus senegalensis, Dum. Bib., et qui a été établie d’après un très- jeune individu rapporté du Sénégal par M. Delcambre. Deux autres exemplaires, l'un de très-petite taille également, l’autre plus grand, quoique non encore adulte, et recueillis dans le Nil blanc par M. d’Arnaud, ont été considérés avec raison par les auteurs de l'Erpétologie générale comme identiques à leur type. Chez ces trois Trionyx cependant, le limbe cutané du disque ne porte aucune pièce osseuse. Or, sur celui des Cryplopodes chagrinés du même âge, ces os cutanés sont très-apparents. Il existe donc là une différence importante qui, selon la division très-convenable proposée par M. Peters, oblige à nommer maintenant cette espèce Cycl. senegalense. D'ailleurs, par tout l’ensemble de se scaractères et spécialement par la forme aplatie de sa carapace, elle s’éloi- gne un peu des Cryptopodes parmi lesquels elle avait été naturellement rangée d'abord, à cause des prolongements cutanés du plastron des'inés à protéger le cou, la queue et les membres postérieurs, Il y a donc maintenant trois espèces de Cyclodermes. Ce sont : les C. frenatum, Peters; C. Aubryi, A. Dum.; C. senegalense, A. Dum. (Crypt. senegq., Dum. Bib.). Quant au Cyclanosteus Petersii, Gr. de l'Afrique occidentale, il doit, selon toute probabilité, devenir le type d'un genre distinct, en raison de ses neuf callosités sternales (voir plus haut, p. 165, note 3). Le Gymnopode d'Égypte, Dum. Bib. (Trionyx Ægyptiacus, Geoffr.), a été rapporté du Gabon à notre Musée !. Sa présence sur cette côte est une nouvelle preuve à joindre à celles que l’on avait déjà, de sa dispersion dans les eaux de différentes régions de l'Afrique, car on l’a trouvé, comme je l'ai déjà dit (p. 153), dans des fleuves séparés par des distances considérables. On pos- A. Cette Tortue, si bien construite pour la natation, ne craint pas de descendre à la mer. C’est à trois ou quatre kilomètres de l'embouchure du Gabon, que les matelots de la frégate l'£/dorado ont pris l’animal qui figure maintenant dans nos collections, et sur lequel nous avons recu des notes inté- ressantes rédigées par M. le docteur L. A. Petit, dont j'avais omis le nom, auquel s’est trouvé substi- tué, par erreur, dans ma Note sur les Reptiles du Gabon, Rex. de z0o!., 4856, le nom de M. le docteur Franquet. « L’embouchure de ce petit fleuve, dit notre correspondant, n’est qu’un golfe pro- fond, sorte d'estuaire auquel aboutissent plusieurs rivières et de nombreux marigols, où la marée se fait ressentir assez haut et y rend les eaux saumâtres. Que cette espèce ge tienne plus babituellement REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 169 sède, en effet, à Londres des exemplaires de l’ouest de l'Afrique (Gray, Ca- tal., in-4°, p. 68, c. f.), et dans le Musée britannique, comme dans le nôtre, on rapporte à ce Trionyx celui que M. Th. Bell a reçu de Sierra-Leone et qu'il a décrit et figuré (Wonograph of the Testudinata) sous le nom de 7r. labiatus, 3 pl. sans n°, texte sans pagination. Comparé avec soin à l'espèce dont les types égyptiens, dus à Et. Geoffroy Saint-Hilaire, ont motivé la dénomination spécifique proposée par cet illustre naturaliste, notre spécimen s’y rapporte par tous ses caractères. Les couleurs se sont altérées par la dessiccation. La teinte générale est un vert noirâtre foncé uniforme, mais il n’en était pas de même pendant la vie. On en a la preuve par les détails suivants que j'emprunte à M. le docteur Petit : « En dessus, la couleur est un vert olive foncé. La carapace est semée de points et de lignes jaunâtres, étroites, ondulées et disposées sans régularité. Sur le cou et sur la tête, la coloration jaune augmente ; on y voit des stries vermicu- culées d’un jaune vif, séparées par des lignes verdâtres de dimensions à peu près égales. Le dessous est d'un blanc sale, jaunâtre et rosé par places. » J'insiste sur ces détails, parce qu'ils établissent une analogie frappante entre cet individu et un très-bel exemplaire rapporté d’Abyssinie par M. Sabatier, et dont le disque est ainsi recouvert de gouttelettes jaunes, qu'on voit égale- ment sur un sujet demi-adulte envoyé de l'Afrique occidentale au Musée de Londres. Notre Gymnopode est certainement adulte. Nous n’en connaissons pas de plus grand : sa longueur totale est de 1",33; le bouclier seul a 0”,95. Son poids, au moment de la mort, approchait de 30 kil. (29,700 grammes ). D’après les notes de M. Petit, qui renferment une description abrégée des viscères, cette Tortue n’est pas rare dans les marigots, et les nègres en man- gent volontiers la chair. M. Aubry-Lecomte dit qu'elle constitue un aliment très-délicat réservé pour les chefs des tribus !. Il paraît, au reste, qu’il est difficite dans les affluents du Gabon, c’est ce dont nous ne doutons pas, » ajoute M. Petit. « Nous ne pouvons croire, dit-il encore, qu’elle ait été entraînée dans l’eau salée par la violence du jusant, lorsque nous considérons la puissance de ses moyens de natation. Elle nous a semblé, d’ailleurs, jouir de toute ex force, et ellea opposé une vigoureuse résistance aux pêcheurs. Il devient donc évident pour nous que cette Tortue s’aventure dans l’eau de la mer, et qu’elle peut y vivre aussi bien que dans l’eau douce. » 1. Voyez un travail intéressant de M. le docteur Rufz intitulé : Des Tortues au point de vue de l'alimentation et de l'acclimatation. (Bullet. de la Soc. d’acclimatation, 1859.) ARCHIVES DU MusÉUM. T. X. 22 170 ARCHIVES DU MUSÉUM. de se procurer les Trionyx, parce qu'ils se cachent volontiers dans la vase au fond des eaux. Cette habitude a été constatée à la ménagerie des Reptiles du Muséum où l’on a longtemps conservé des Gymnopodes de l'Amérique du Nord. Deux autres Trionyx africains sont signalés, l’un par M. Gray, qui le nomme Tr. argus (Cat. of Tort., 1844, p. 48, puis Cat. in-4°, 1855, p. 68) ; l’autre par M. Hallowell, et l’on en trouve une courte indication (Proceed. acad. sc. Phil., 1. Il, 1844, p. 120), où elle porte la dénomination de Tr. Mortoni. Ces deux espèces nous sont inconnues. IV. TORTUES DE MER OU THALASSITES. Dans cette division des Chéloniens, je n’ai à mentionner que trois individus très-jeunes pris sur la côte du Gabon par M. Aubry-Lecomte et parfaitement semblables entre eux. Par tous leurs caractères, ils appartiennent à l'espèce dite Chélonée de Dussumier (Ch. olivacea, Eschscholtz) décrite avec détail (Erpét. génér., t. IL, p. 557, pl. xxiv, fig. 1). Elles ont 27 pièces au limbe et le disque en porte quinze; la quatrième vertébrale est divisée en deux portions inégales sur nos trois tortues, de même que les 4° et 5° costales sur l’une d'elles; tandis que chez les deux autres, la 5° seule offre cette division anor- male. Ainsi que cela a lieu d'ordinaire dans le jeune âge, le disque et le plastron sont surmontés chacun de deux carènes longitudinales. Si, comme tous les caractères semblent le démontrer, il y a identité entre ces Chélonées et celle de Dussumier, qui avait été trouvée jusqu'à ce jour uniquement dans la mer des Indes, il faut voir ici une nouvelle preuve de ce fait que les Tortues de mer sont cosmopolites. SAURIENS. I. CROCODILIENS. Le Muséum possède plusieurs Crocodiles originaires de la région dont je décris ici les Reptiles. Tel est d’abord le Crocodile vulgaire, Cuv., proprement dit. Sa présence dans les eaux du Sénégal d’où il a été rapporté par plusieurs voyageurs, et dans celles du Gabon, comme nous l’ont appris les présents de M. Anbry-Lecomte, donnent la preuve qu'il ne vit pas seulement à l’est. Il REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 171 en est de même pour le Crocodilus suchus de Geoffroy (var. D du Cr. vulgaire, Dum. Bib.), puisqu'il faut rapporter à cette variété le Cr. vert. d'Adanson pris par ce célèbre naturaliste sur les bords du Niger, et puisque des individus sénégaliens ont été déposés dans nos collections par MM. Banon, Heudelot et Delcambre. La zone géographique de ces deux Crocodiles a donc des limites aussi étendues que celle des Trionyx mentionnés dans les pages qui précèdent. Le Cr. à nuque cuirassée (Cr. cataphractus), connu dans la science seu- lement par la description de Cuvier (Oss. foss., t. V, 2° partie, p. 58, pl. v, fig. 1 et 2) vit-il à l’ouest de l'Afrique? On semblerait autorisé à le supposer d’après les indications contenues dans l’£rpét. génér. On y trouve, en effet, rapportés à cette espèce : 1° un très-jeune individu donné à notre Musée par M. Sandré, de Bordeaux, et pris dans le grand Galbar, rivière qui arrose le territoire de Sierra-Leone; 2° un autre Crocodilien de petite taille, vu par Bibron dans le Musée de la Société zoologique de Londres et envoyé de Fernando-Po. Cependant, on ne peut pas considérer l’origine africaine du Cr. à nuque cuirassée comme parfaitement démontrée, Cuvier n'ayant pas connu celle du type; en outre, il reste quelques doutes sur l'identité de ce type et du Jeune animal que le Musée de Paris possède !. Le Cr. à nuque cuirassée serait-il simplement une variété, comme M. Gray le suppose (Cat. of Tort. Croc., etc, p. 58), de l'espèce africaine dite Cr. lepto- rhynchus, Bennett? Il est très-difficile d'admettre cette supposition, quand on compare les figures ci-jointes (pl. XIV, fig. 4, 1 a, Cr. lept., et fig. 2, Cr. cataphr., d'après Cuvier, loc. cit.); elles montrent des différences notables dans le nombre, ainsi que dans larrangement des plaques nuchales et cervicales. Chez le Cr. lept. d'ailleurs, et cette remarque a déjà été faite par Bennett (Proc. of z0ol. Soc, 1835, p. 129), le museau est plus étroit, plus efilé, et le rapport de la 1. Je trouve inutile, en raison des détails que le t. II de l'Erpét. génér., p. 127, renferme sur ce sujet, de signaler ici les différences qui distinguent ce petit Crocodile de l'animal conservé au Musée du Colléze des chirurgiens, à Londres, décrit par Cuvier (Oss. foss., t. V, 2° partie, p. 58, pl. v, £g. 4, 2), et dont tous les naturalistes, même M. Gray, ne parlent que d’après cet ouvrage. Même, en tenant compte des difficultés que présente la comparaison d’un spécimen long de 0®44, avec un au're de 4*50, notre jeune Crocodilien, sans qu’on puisse trouver cependant une identité parfaite a ec le Cr. leptorhynque, paraît lui ressembler plus qu'il ne ressemble au Cr. à nuque cuirassée. 172 ARCHIVES DU MUSÉUM. plus grande largeur de la tête à sa longueur est de 1 à 3, au lieu d'être de 1 à 2 1/2, comme dans l’autre espèce. Ces deux figures et les observations qui précèdent me dispensent donc de tout autre détail relatif au Cr. leptorhynque. J'ajouterai seulement que nos collec- tions en renferment deux exemplaires longs de 4" 50 environ. L'un des deux, donné par la Société zoologique de Londres, vient de Fernando-Po, et le second a été acquis avec quelques autres animaux originaires du Gabon. Trois autres espèces de Crocodiles ont la tête très-longue proportionnel- lement à sa largeur : 1° le Cr. à museau effilé (Cr. acutus, Geoffroy). (Ann. du Mus., t. X, p. 79), et sous le nom de Cr. de Saint-Domingue (1d., t. I, pl. 37, fig. 1); voyez aussi dans l’atlas des Rept. (Hist. de l’île de Cuba, par R. de la Sagra, pl. 5); 2° le Cr. de Morelet (Cr. Moreletiüi, A. Dum.), que j'ai décrit et fait figurer (Arch. du Mus., t. VE. p. 255, pl. xx). Je n’ai pas à comparer ces deux espèces au Cr. leptorhynque, puisqu'elles sont l'une et l’autre propres au continent américain; 3° enfin, il faut citer le Cr. de Journu, Bory de Saint- Vincent (Cr. inlermedius, Graves), dont l’origine est inconnue, et qui, très- remarquable par la forme effilée de ses mâchoires, offre, par cela même, une certaine ressemblance avec le Cr. leptor., mais il y a dans le nombre et dans la disposition des plaques nuchales et cervicales des différences très-notables ; aussi m’a-t-il paru utile de le faire représenter sur la pl. xiv, fig. 31. IT. CAMÉLÉONIENS. Parmi les espèces de l'Afrique occidentale, il y en a cinq que le Musée de Paris ne possède pas : 1° Chamæleo cristatus, Stutchbury (Tr. of the Linn. Soc., t. XVII, p. 361, et Remarques de M. Martin, Proceed. z0ol. Soc., 1838, p. 63), de l’ile Fernando-Po ; 2 Ch. tricornis, vel Owentii, Gray ? (Zool. miscell., p. 7, A. Les analogies remarquables entre les Cr. leptor., cataphractus et Journei, ont été signalées par M. Gray (Cat. Tort., Croc. and Amph., 1844, p. 57), où, sous la dénomination vulgaire de Faux Gavials, il forment un genre particulier : Mecistops, Gr. L'espèce dite Cr. acutus aurait pu également y prendre place, et si ce genre était adopté, j'y ferais entrer le Cr. de Morelet, mais, en raison du défaut de limites précises et bien tranchées, cette coupe générique n’est pas nécessaire. 2. Voyez, fig. 40, de la pl. XXII (4rch. du Mus.,t. VI), où j'ai fait représenter, en outre (1® Mém. sur les Rept. nouveaux ou imparfaitement connus de la collect. du Mus. d'hist. nat. de Paris), quatorze autres têtes de Caméléons; ce qui, avec les deux fig. de la pl. XXI du même recueil (CA. calyptratus, A. Dum., et Ch. balleatus, Id.), permet de saisir facilement les différences caractéristiques les plus importantes de 47 espèces de ce genre, où l’on en compte environ 22. REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 173 pl. 4), de Fernando-Po; 3° Ch. Bibronti , Martin, (Proceed. zool. Soc., 1838, p- 65) de même origine. Variété du précédent? 4# Ch. Burchelli, Hallowell (Proceed. Acad. nat. sci., Philadelphia, 1856, p. 147), de Fernando -Po; 5° Ch. granulosus, Hallow. (/d., p. 147) où le zoologiste américain émet l’opi- nion que ce Caméléon n’est peut-être qu'une variété ou simplement un individu mâle de Pespèce dite Ch. Senegalensis, de l'Afrique occidentale 1. On en a trouvé, en outre, trois autres à l’ouest, qui font partie de nos col- lections. On les a nommés : 1° Ch. Senegalensis, Cuv.; 2° Ch. dilepis, Leach; et 3° Ch. gracilis, Hallowell. Ils appartiennent au groupe caractérisé par un casque plat, non terminé en pointe en arrière. 1° La finesse des granulations de la peau ainsi que les fortes dentelures du ventre distinguent nettement le €. du Sénégal. 2° Les appendices cutanés de la région postérieure de la tête éloignent le C. bilobé de tous ses congénères. Ces deux derniers fournissent un nouveau témoignage de la dispersion remarquable des Reptiles d'Afrique sur les divers points de ce continent. On les trouve sur la côte occidentale, au Sénégal et au Gabon, d’où M. Aubry- Lecomte a rapporté le €. bilobé, qui avait été pris déjà sur la côte, et un peu plus au Nord, dans le royaume d’Achanti, par M. Bowdich. Ils vivent aussi dans les régions australes : nous en avons eu la preuve par les collections de Delgorgue. En outre, le C. bilobé a été pris dans le Mozambique par M. Bian- coni (Specim. zool. Mozamb., fase. 1, p. 7) et par M. Peters (Monatsber. der Kæn. Preuss. Akad., 1854, p. 614). 3° Enfin, le Ch. gracilis décrit et figuré par M. Hallowell (Journ. Acad. nat. sciences of Philad., t. VII, part. 1, p. 324, pl. 18, 1812) représente une espèce distincte ?. Il diffère du €. du Sénégal par le volume proportionnel des 1. Nous n'avons jamais reçu de l'Ouest le C. vulgaire porté sur la liste de M. Gray. 2. M. Hallowell dit, à ce sujet, que d'après un dessin envoyé par lui à Bibron, cet habile natura- liste avait considéré le C. gréle comme nouveau. — A la suite de sa description, le zoologiste amé- ricain donne des détails intéressants sur les remarquables changements de couleur qu'il eut occasion d'observer chez un individu femelle, rapporté du Liberia, et qui, au bout d'un mois environ de eap- tivité, succomba après avoir pondu vingt œufs à la suite des manœuvres si bien décrites par Valis- nieri (/s{oria del Camaleonte, $ 46, p. 49), et qui précèdent la sortie des œufs pour lesquels la mère cherche à creuser une fosse qu’elle recouvre ensuite de sable. J’ai donné des détails sur cet instinct singulier dans ma Mofice sur la Ménagerie des Reptiles ( 4rch. du Mus., t. VII, p. 210 , où nous avons plusieurs fois assisté, mon père et moi, à cette ponte laborieuse. 174 ARCHIVES DU MUSÉUM. granulations de la peau et par le peu de longueur des dentelures du ventre et du dos. C'est au C. bilobé qu'il ressemblerait le plus, si l’on ne s’attachait qu’à la comparaison de ces granulations et de ces dentelures, mais l'absence des lobes de peau à l'arrière du crâne, chez le C. grêle, en est le trait essentiellement distinctif. Notons d’ailleurs, avec M. Hallowell (Proceed. Acad. of nat. se. Philad. 1854, p. 99), qui d'abord avait cru le contraire, que les prolongements cutanés ne constituent pas un caractère propre seulement aux femelles du Caméléon bilobé. Les analogies et les différences que je viens de signaler entre les C. gréle et bilobé sont donc suflisantes avec l'indication des dissemblances qui les éloignent ud C. du Sénégal, pour éviter toute confusion. Parmi les espèces à casque plat, il s’en trouve une qui n’a encore été vue, il est vrai, que dans l’île de Madagascar (Ch. balteatus, À. Dum., Arch. du Mus., t. VI, p. 260, pl. xxi, fig. 2), mais dont la ressemblance avec le C. gréle est assez marquée. La distinction cependant est très-facile : la région médiane du ventre, chez le Ch. balleatus ne porte ni carène dentelée, ni même d’écailles d’une forme spéciale ou plus grandes que les granulations environnantes. IT, GECKOTIENS. Les Reptiles de cette famille sont peu nombreux sur la côte occidentale d'Afrique, et mème certains genres ne paraissent pas, jusqu'à présent du moins, y être représentés. Ainsi, sans parler du genre Sphériodactyle, qu'on a lieu de croire propre aux Antilles, on n'a encore trouvé dans les contrées dont j'étudie la faune ni Phyllodactyles, ni Ptyodactyles, ni Gymnodactyles. Au fénégal, vitun Platydactyle hétérolépidote (Plat. Delalandii, Dum. Bib.) 1. Le Muséum a reçu du Liberia un Hémidactyle (4. formosus, Hall., Proc. 1856, p. 156), dont un spécimen a été donné par l’Acad. de Philadelphie. L'examen attentif de cette dernière espèce ne laisse aucun doute sur son identité avec celle de l'Afrique occidentale, qui est pour M. Gray le type du genre Leiurus et 4. Le Platydactyle dit Pachydactylus tristis, Hallowell (Proceed. Ac. Philad., 1854, p. 98) doit être rayé de la liste des Reptiles de l'Afrique occidentale (Id., Idem, 1857, p. 66). REPTILES DE LAFRIQUE OCCIDENTALE. 175 qu’il à fait connaître (Cat. of Liz., 1845, p. 157) sous le nom de L. ornatus 1. Un deuxième Hémidactyle de la côte occidentale d'Afrique (4. angulatus, Hall.) a été décrit ( Proceed. Acad. nat. sc. Philad., 1852, t. VI, p. 63, avec une représentation de la lèvre inférieure). Il ne fait pas partie de nos collec- tions, mais on en voit plusieurs exemplaires dans celles de l'Académie de Phi- ladelphie (/d., 1857, p. 48). : À ces Hémidactyles il faut joindre celui que Cuvier a nommé /1. verrucula- tus (voy. Erpét, génér., t. IF, p. 359), et dont nous avons des exemplaires provenant du Sénégal. C’est du même pays qu’on a rapporté un autre Geckotien que j'ai mentionné (Catal. des Rept. du Muséum, p. 48, et Revue de zool., 1851, p. 479, pl. 43) sous la dénomination de Stenodactylus caudicinctus ?. IV. VARANIENS. Deux espèces de ce groupe vivent sur les bords ou dans les eaux du Nil: elles ont été nommées l’une, par Hasselquist, Lacerta nilotica (V. Niloticus, Dam. Bib.); l’autre, par M. Rüppell, V. ocellatus. Elles ont, au reste, comme les Reptiles de ce fleuve déjà mentionnés : le Gymnopode d'Égypte et le Crocodile 1. Les preuves de cette identité se tirent d’abord du système de coloration, qui consiste en une large tache sur la nuque, ayant la forme d’un fer à cheval, dont les pointes s'étendent, de chaque côté, jusqu'à l'œil; en 3 bandes dorsales et 6 ou 7 caudales. Les taches, il est vrai, sont noires, selon M. Gray, et M. Hallowell les dit brunes, bordées de blanc, comme cela se voit, en effet, sur notre exemplaire, mais c’est un détail secondaire. De plus, chez les deux espèces, le dos est semé de tuber- cules arrondis, qui manquent sur la queue, dont la surface est lisse. Enfin, deux caractères signalés par M. Gray, mais non par M. Hallowell, bien qu’ils se remarquent sur l'individu reçu de Philadel- phie, confirment l'identité dont il s’agit. Je veux parler des palmures des pattes, fort peu considéra- bles, au reste, et des pores qui, placés au devant du cloaque, prolongent jusque sur la ligne médiane chaque série de pores fémoraux. 2. Ce Sténodactyle est remarquable par des tubercules nombreux et ovalaires, semés sur ses tégu- ments, avec régularité, au milieu de la granulation générale des parties supérieures. Sur les côtés du dos et du cou, ils sont réunis 3 à 3 : 4 gros et 2 plus petits, sur la ligne médiane, au contraire, ils sont isolés. La queue est robuste, entourée dans toute sa longueur, de larges anneaux très-réguliers, sur la face supérieure desquels les tubercules, augmentant de volume, prennent la forme de petits cônes obus. Cette armature, qui rappelle un peu celle des Fouette-queues, est surtout apparente dans le tiers moyen de l’appendice caudal. Enfin, les parties supérieures du tronc, d’un brun grisâtre, portent trois bandes transversales foncées, dont la première est en fer à cheval. 176 ARCHIVES DU MUSÉUM. vulgaire, une zone d'habitation très-étendue sur le continent africain. Nous avons reçu, en effet, ces Varans non-seulement des contrées que le Nil baigne de ses eaux, mais de différents autres points. C’est ainsi que le V. du Nil a été rapporté du cap de Bonne-Espérance et de la côte occidentale, soit de Sierra- Leone, ou de l’île du Prince, soit du Gabon, soit enfin du Sénégal, d’où le V. ocellé nous est également parvenu. V. IGUANIENS. Tous les Sauriens de cette famille, qui appartiennent à la division des Pleurodontes, sont propres aux deux Amériques !; nous n’avons donc à nous occuper ici que des espèces Acrodontes, constituant le groupe des Agamiens. Or, le Musée de Paris n’en possède qu'une seule de l'Afrique occidentale : l'Agame des colons (Agama colonorum, Daudin), qui se trouve depuis les régions australes, comme on en a la preuve par les assertions de M. le docteur A. Smith (/llustr. zool. S. Africa, App., p. 13), jusqu’au sud de l'Algérie. A l’ouest, l'espèce a été recueillie sur la côte de Guinée, au Sénégal et dans le Liberia, car l'Académie de Philadelphie nous en a adressé deux indi- vidus provenant de cette dernière contrée 2. VI. LACERTIENS. De même que les Iguaniens Pleurodontes, tous les Lacertiens dits Pléo- dontes, c’est-à-dire à dents pleines à leur base et obliquement dirigées en dehors, sont américains. En Afrique, on ne trouve donc que des espèces Cælodontes, ou à dents creuses à leur base et verticales. A l’ouest en parti- culier, elles sont peu nombreuses. Je citerai d'abord le Tachydrome du Gabon que M. Hallowell a nommé T. Fordii (Proc. Ac. nat. se. Philad., 1857, p. 48), puis l’Acanthodactyle de 4. Le Brachylophe fascié, Guv., semble faire seul exception, car on ne l’a reçu au Musée de Paris que de l'Océanie, et à celui de Londres que de l'Amérique méridionale (Gray, Cat. of. Liz., p. 181). à. M. Gray a séparé de cette espèce, bien qu'il paraisse ten être seulement une variété, l’4gama occipitalis (Philos. magaz., 1827, p. M4, et Cat. of Liz., p. 256), dont les différences sont tirées des particularités du système de coloration. On ne connait pas d’autre Agamien d’origine africaine. REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 1717 Savigny, Dum. Bib., qui a été rapporté du Sénégal d’où l’on ne nous a jamais envoyé le Lézard ocellé, propre aux côtes de la Méditerranée. Suivant M. Gray cependant, ce dernier doit figurer sur la liste des Rep- tiles de l'Afrique occidentale qu’il a récemment dressée (Proc. zool. Soc., 1858, p. 159) où il porte le n° 3 1. VIT. CHALCIDIENS?. Dans les deux genres essentiellement africains de cette famille : Zonure, Merr. (Cordylus, Merr. Pseudo-Cordylus, Smith, Hemi-Cordylus, Id.) et Gerrho- saure, Wiegm., il y a des espèces qui se trouvent à l'occident de l'Afrique. Tels sont : le Zonure gris (Lacerta cordylus, Linn.), qui vit aussi au Cap et dont un spécimen, provenant de Sierra-Leone, a été offert au Muséum par M. Hope; puis, un Gerrhosaure nouveau décrit par M. Hallowell (Proc. Ac. nat. sc. Phalad., 1857, p. 49): G. nigrolineatus, que M. Aubry-Lecomte a rapporté du Gabon. J'ai pu vérifier ainsi, par l'exactitude de la description et en comparant ce Chalcidien, soit aux espèces que le Musée de Paris possède, soit aux figures excellentes de l’ouvrage de M. Smith (/llustr. zool. S. Afr., pl. xLu), qu'il est différent de tous ses congénères #. 1. Je ferai remarquer, au reste, que le Sénégal est indiqué avec un point de doute (Cat. of Liz., p. 30) dans l’énumération des localités où ont été pris les individus conservés au Musée britannique. 2. Dans l’£rpét. génér., cette famille est divisée en deux grands groupes, les Ptychopleures (les vrais Chalcidiens où Cyclosaures) et les Glyptodermes où Amphisbéniens. Les caractères qui distinguent ces deux divisions, sont assez tranchés, pour qu'il soit indispensable de considérer les Amphisbéniens comme formant une famille tout à fait distincte. Mon père et Bibron l'avaient laissé pressentir dans le 5° volume de leur ouvrage, mais j’ai cherché à rassembler toutes les preuves de la nécessité d’une semblable division { Revue de zool., 1882, p. 401 et suiv.). 3. On lit dans l’£rpét. génér., que le Z. microlépidote, Gray, se rencontre à Sierra-Leone, mais il n’y a aucun individu de cette partie de Ja Guinée, ui au Musée de Paris, ni à celui de Londres. Il est probable, au reste, que si l’on trouvait ce Zonure sur la côte occidentale, on aurait affaire à une variété distincte, car M. A. Smith, qui en forme quatre pour les nombreux animaux de cette espèce qu'il a vus dans le sud { Z/{lustr. zool. S. Afr., pl. xxiv, xxv, xxvI), dit que jamais, il n’a constaté la présence de deux de ces variétés dans une même localité. 4. C’est par erreur (Revue de zool., 1856, p. 418), que j'ai compté le Gerrh. flavigularis parmi les Reptiles de l’Afrique occidentale : on ne l’a reçu de cette région ni au Musée de Paris, ni à Lon- dres, ni à Philadelphie. ARCHIVES DU MusÉUM. T. X. 23 178 ARCHIVES DU MUSÉUM. VIII. SCINCOÏDIENS. Plusieurs de ces Sauriens à membres bien développés vivent dans les régions occidentales de l'Afrique. Je dois citer d’abord lespèce type (Scincus offici- nalis, Laurenti), qui a été donnée au Musée de Paris avec d’autres animaux du Sénégal, par un ancien gouverneur de cette colonie, le baron Heudelot. On y a trouvé également un Scincoïdien qui, rapporté plus anciennement d'Égypte par Savigny, est devenu, pour Wagler, le type du genre Sphenops, (Sph. capistratus). Les Æuprepes, parmi les Gongyles, y sont nombreux !. Nous en possédons quelques-uns : 1° £. Perrotielii, Dum. Bib. ( Erpét. génér., t. V, p. 669 ); il a été pris au Sénégal et à Kakondy sur le Rio-Nunez ( côte de Guinée); 2° £. striatus, Hall. (Proceed. Ac. nat. se. Philad., 1854, p. 98 et Trans. philos. Soc. Philad., 1857 [1856], t. XI, new series, part. 1, p. 74, pl.in, fig. 1), que j'ai fait repré- senter (pl. xv, fig. 1, 1 a, 1 b, 1 c\, élégante espèce très-distincte ; 3° £. Blan- dingii, Hall. (Proc., 1844, p. 58, et 1857, p. 50; puis, Trans. id., p. 76); il ne peut pas être confondu avec le précédent ( voy. le dessin de la tête sur la même pl xy, noie ae J'ai à signaler dans ce même groupe de Scincoïdiens à pattes normales, un Lygosome inconnu dans nos collections : Mocoa africana, Gray (Cat. Liz., p. 83). 1. Dans l’énumération des £wprepes, je n’ose pas comprendre l’espèce dite £. Coctei, Dum., Bib. (Erpét. génér., t. V, p. 666). Il est probable que cette espèce, remarquable par sa grande taille, et qui semble n’avoir encore été vue que dans notre Musée, a été rapportée de l’Afrique occidentale; cependant il reste des doutes à cet égard. 2. Ces dessins, qui complètent des descriptions qu’il est, par cela même, inutile de reproduire ici, ont été faits d’après des exemplaires donnés par l’Académie de Philadelphie. M. Aubry-Lecomte a rapporté du Gabon un autre £. strié, semblable en tout point au spécimen nommé par M. Hallowell, et qui provient de la même localité, d’où nous avons reçu, par les soins de notre compatriote, deux Euprepes de Blanding. Je laisse provisoirement, avec ces derniers, un individu qui leur ressemble beaucoup, mais qui est d’une teinte brun-olive uniforme, et ne porte pas sur les régions latérales les mêmes bandes longitudinales jaunes et noires. Il diffère, d’ailleurs, par son système de coloration des autres espèces de la côte occidentale inconnues au Musée de Paris, et dont les descriptions sont dues soit à M. Hallowell, soit à M. Gray. Peut-être, pourra-t-il devenir plus tard, s’il cesse d’être unique dans notre collection, le type d’une espèce particulière; mais dans un genre où les distinctions spéci- fiques ont été déjà si multipliées, il faudrait trouver des caractères plus tranchés pour qu’une nou- velle division fût vraiment motivée. Je me borne ici, pour les espèces de ce genre, trouvées sur différents points de l’Afrique occiden- REPTILES DE LAFRIQUE OCCIDENTALE. 179 Parmi les espèces, dont les membres subissent des modifications dans le nombre des doigts, il s’en trouve une originaire du Sénégal, qui a dù devenir le type d’un genre nouveau. Elle diffère de toutes celles que les zoologistes Si l’on suit, dans cette famille de Sauriens, la dégradation du nombre des doigts, on peut en dresser le tableau suivant. Il renferme les combinaisons diverses offertes par les genres où, contrairement à la disposition la plus ordi- dinaire, il y a moins de cinq doigts en avant et en arrière. DOIGTS. Membres antér. Membres postér. Bimiasent. des A, pates Campsodactyle, Dum., Bib. LOC S 5]. conte rE Hétcrope, Fitz. Éé. Pere Le Qu SAP Tétradactyle, Péron. Sù Mrs ME Sr ANR Seps, Daud.; Hemiergis, Wagl.; Nessie, Gray. dE Ar Anais Anomalope, A. Dum. *. Das ls L'TTARC DORE Anisoterme, À. Dum. ?. Anleises as 3 stsehrie Hétéromèle, Dum., Bib. Dre: Sete Diarçer as Chélomèle, Dum., Bib. assis lai." Brachymèle, Dum., Bib. Massa. D dass Brachystope, Dum., Bib. DE SENTE A TER TI PAE Evésie, Gray. On conçoit qu’il puisse y avoir encore d’autres combinaisons. Ainsi, il n’est tale, et qui manquent dans notre Musée, à l’'énumération suivante : 1° Æ. Harlani, Hall. (Proceed. Acad. nat. sc. Philad., 1854, p. 100, et Trans. philos. Soc. Philad., A857 [1856], t. XI, new series, part. 1, p. 75, pl. ut, fig. 2), décrit d’abord, par le même zoologiste, sous le nom de Ples- tiodon Hart. (Proc., 1844, p. 470); 2 E. frenatus, Id. (1d., 1857, p. 50); 3° £. albilabris, I. (1d., 1857, p. 51); 4° E. Raddoni, Gray (Cat. of Liz., p. 112); 5° E. Stangeri, X.-(1d., p. 112); 60 E. venustus, Gir. (Proceed. Acad. nat. sc. Philad., 1857, p. 195), des iles du Cap vert. De plus, il y a, dans le Catalogue de Londres, Æ. maculabris, Gray (p. 114), et Tiliqua (Eu- prepes) Fernandi, Gray (1d., p. 110), qui ne figurent pas sur la liste des Reptiles de l'Afrique occi- . dentale, dressée récemment par M. Gray (Proceed. zoolog. Soc., 1858, p. 156). J'ajoute enfin, que l’espèce dite £. quinguetæniatus, Lichtenst. (£. Savignyi, Dum., Bib.), portée sur cette liste, n’a jamais été reçue de cette région, contrairement à ce qui a eu lieu pour le Musée britannique (Cat. of Liz.. p. 112). Elle ne nous est parvenue que de l'Égypte et du sud de l'Algérie. Je ne puis pas terminer cette note relative aux Æ£uprepes, sans rappeler que le travail intéressant de M. Peters, sur les animaux de Mozambique, fournit une nouvelle preuve de la multiplicité des espèces dans -ce genre, car il en a décrit cinq nouvelles (Monatsber., etc., 41854, p. 618). A. Cat. Rept. Mus. Paris, 1851, p. 185 : Anomalopus Ferreauxii, A. Dum., de la Tasmanie. 2. Revue de z0ol., 1856, p. 422. Voyez plus loin la description que j'en donne. 1380 ARCHIVES DU MUSÉUM. pas impossible qu’on vienne à trouver des Scincoïdiens offrant les nombres suivants : Host 2 HAE oc HA 00 000 oo 1 rénbtec o Ge do dad doc LT IE Dao LIT GS MAS : A GRomocon AID rt Es noob set Bl. DUHOUSC 0e Messe D Coootouo PA 56 die dtao M OUT USE HAGobosare IS ES0ase DM PC Do 0 ls so%oocs lhécuocosvue Po 0 ae SCIE dc Le genre suivant appartient à l'Afrique occidentale. ANISOTERME, Anisoterma, À. Dum. ‘. Membres antérieurs courts et qréles, terminés par deux doigts, les posterieurs par quatre doigts; museau cunéiforme, arrondi, à bord mince et tranchant ; flancs anguleux à leur ré- gion inférieure. Cette diagnose suffit pour distinguer ce Scincoïdien de toutes les autres espèces rapportées à la même famille, puisqu'il ne s’en trouve aucune qui présente une pareille anomalie dans le nombre des doigts. Si, abstraction faite de cette remarquable particularité, on étudie ses affinités naturelles, on voit que, par l’ensemble de ses caractères extérieurs, il a beaucoup de rapports avec le Scinque con- sidéré, à juste raison, par Wagler, comme le type d’un genre nouveau, qu’il a nommé Sphenops, à cause de la forme en coin du museau, et dont une seule espèce (Sph. capistratum) est, jusqu’à présent, connue. 1. De œoce, inégal, et de réoux, fin, extrémité, employé par Hesychius dans le sens de membre. Cette dénomination, comme celles de Hétérope, Hétéromèle, Hétérodactyle données à d’autres genres des familles des Scincoïdiens et des Chalcidiens, sert à rappeler les différences notables qui se remar- quent dans la longueur des pattes et dans le nombre des doigts. Jai fait connaître, pour la première fois, ce genre dans la Revue de z0ol. (1856, p. 421). J'ajoute ici à la description nouvelle que je donne de l’espèce unique, des dessins (pl. XV, fig. 3, 3a, 3b, 3c, 3 d, et fig. 4, et 4 a), qui montrent bien les analogies et les différences avec le Sphenops capistratus, dont la tête grossie est vue, comme celle de l’Anisoterme, en dessus et de profil. Ces figures me dispensent d'entrer dans les détails d’une comparaison minutieuse entre ces deux espèces. REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 181 HT. ANISOTERME SPHÉNOPSIFORME, Anisoterma sphenopsiforme, A. Dum. (PLeX Vis. 3, 3a, 3b, 3c, 3d.) Régions supérieures brunes, parcourues, depuis la nuque jusqu'à l'origine de la queue, par huit raies d'un brun jaunâtre clair, pointillées de brun noirätre, et diminuant en nombre sur la queue ; régions inférieures d’un jaune pale. La rostrale est grande, et comme elle se replie fortement en dessous, elle emboîte toute l'extrémité du museau, dont le bord est tranchant; elle est entaillée en dessus, mais vers son contour, par l’ou- verture des narines, que complètent les nasales, qui viennent se placer dans ces échancrures. Les plaques nasales sont très-petites; il n’y a pas de supéro-nasales, mais l’inter-nasale est double; la fronto-nasale est grande, régulièrement pentagone, à bord postérieur légèrement concave, rece- vant le bord antérieur un peu arrondi de la frontale moyenne; celle-ci est très-rétrécie en arrière, et ses dimensions l’emportent peu sur celles de la fronto-nasale, dont elle est précédée; l’inter-pariétale est petite, en forme de triangle à base antérieure; elle sépare deux grandes pariétales, au delà des- quelles il n’y a pas d’occipitales. Entre la narine et l’œil, on voit deux frénales et une fréno-orbitaire de même grandeur, L’œil a deux post-oculaires et quatre sus-orbitaires, dont les trois premières l’emportent par leurs dimensions sur la quatrième. Les labiales sont au nombre de sept en haut, de six en bas; leur bord libre est mince. La mentonnière est suivie d’une grande inter-sous-maxillaire, qui rejoint par chacune de ses extrémités la première et la deuxième inféro-labiales. On compte, sur le tronc, vingt-cinq rangées longitudinales d’écailles lisses et imbriquées, toutes semblables en dessus et en dessous. Sur la paupière inférieure, on remarque un disque transparent. L'ouverture auriculaire, non pro- tégée par un rebord squammeux, se présente sous la forme d’une petite fente obliquement dirigée de haut en bas, et d’arrière en avant. Les membres antérieurs sont très-grêles, et leur longueur est égale à la distance qui sépare l’œil de l'extrémité du museau; les postérieurs, moins grêles, ont une longueur presque triple; tous les doigts sont terminés par des ongles. La queue, confondue à sa base avec le tronc, est robuste; elle est reproduite sur les quatre indivi- dus parfaitement semblables, qui ont servi pour cette description. Chez l’un d’eux, cependant, elle n’a été brisée qu’à son extrémité, et l’on voit ainsi qu’elle a une longueur égale environ aux deux tiers de celle du tronc qui, mesurée sur le plus grand exemplaire, est de 0"10; la tête de ce dernier porte 0012; les membres antérieurs, 0"006; les postérieurs, 0"016. Ces Scincoïdiens ont été recueillis au Sénégal. Outre ces genres caractérisés par le peu de développement des membres et par la diminution singulière du nombre des doigts, l'Afrique occidentale en possède d’autres qui, analogues en cela à l'Orvet (Anguis fragilis, Linn.), à VAcontias (Ang. meleagris, Id.), à l'Ophiomore (Ang. miliaris, Pallas), et à la 182 ARCHIVES DU MUSÉUM. Typhline (Acontias eœwcus, Cuv.) sont complétement privés de pattes et par con- séquent serpentiformes 1, Un de ces Scincoïdiens rapporté du Gabon représente, parmi les Typhloph- thalmes, un genre nouveau. C’est celui que M. Hallowell a décrit d’abord sous le nom de Acontias elegans (Proceed. Acad. nat. sciences, Philad. 1852, p.64), et plus tard (44. 1857, p. 52) sous celui de Sphenorhina elegans, mais pour lequel j'avais proposé, dès 1856 (Aev. de z0ol., p.420), la dénomination de Anelytrops ? que je conserve ici uniquement parce qu’elle a l’antériorité 3. ANÉLyTRoPs, Anelylrops, À. Dum. Pas de membres; yeux sans paupières, recouverts chacun par une plaque transparente: narines latérales, percées dans la rostrale, à sillon postérieur, courbe et à concavité dirigée en bas et en avant; palais non denté, à rainure longitudinale; dents coniques ; langue en fer de flèche, squammeuse, faiblement échancrée à sa pointe ; écailles lisses ; pas de pores pré-anaux. IV. ANÉLYTROPS ÉLÉGANT, Anelytrops elegans, À. Dum. Régions supérieures brunes ; bord postérieur de chaque écaille d'une couleur plus claire, d'où résulte l'apparence d'une sorte de marqueterie; en dessous, la teinte générale est uniforme et moins foncée, mais particulièrement sous la tête. De plus amples détails se trouvent dans les descriptions déjà citées de M. Hallowell. J’y renvoie donc, ainsi qu'aux figures très-exactes que j'ai données dans la Aevue de zoologie, 1856, pl. XXI, fig. 4,1a,1b,etlc. On y trouvera toutes les particularités relatives aux plaques de la tête * et aux écailles dont je A. Je n'ai point à m'occuper ici d'une autre anomalie singulière, parce qu’on n’en trouve pas d'exemples chez les Reptiles de l'Afrique occidentale. Je veux parler de l'absence des pattes anté- rieures, comme cela se voit, parmi les Scincoïdiens, chez le Scélote (4nguis bipes, Linn.), le Prépédite (Soridia lineata, Gray), lOphiode (Ophiodes striatus, Wagl.), l’'Hystérope (Bipes lepidopus, La- cépède), le Lialis (L. Burtonii, Gray), etle Dibame (D. Noræ Guineæ, Dum., Bib.). 2. De #wrocv, enveloppe (paupière) ; &, œil, et « privatif : à cause de l'absence des paupières. 3. Je dois signaler l'espèce de la côte d’Afrique (d’Angola), dite par M. Gray (Catal. of Lizards, p. 129), Feylinia Currori. C'est un Scincoïdien également sans membres, mais complétement aveugle, tandis que chez l’Anélytrops, les yeux sont très-visibles sous les plaques transparentes dont ils sont recouverts. C’est là une différence essentielle, bien que le nombre et la forme des plaques de la tête, ainsi que la présence d’un sillon nasal courbe, à concavité dirigée en bas et en avant, semblent établir une certaine analogie. Le Feylinia, d'ailleurs, a la queue proportionnellement plus longue. Entre les individus de l’espèce nommée ici 4nelytrops elegans, qui ont été observés par M. Hallowell, et le spécimen, rapporté au Musée de Paris par M. Aubry-Lecomte, l'identité est presque absolue. 4. Les fig. 2 et 3 de cette mème planche représentant la tête de la Typhline Cuvieri, Wiegm., REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 183 compte vingt-trois rangs longitudinaux, tandis que M. Hallowell en indique seulement vingt, mais leur disposition, comme on peut le voir sur les fig. 4 & et Ac, implique nécessairement la présence d’un nombre impair. Je trouve, en outre, deux plaques anales. Je dois, enfin, signaler le sillon longi- tudinal du palais non mentionné par le naturaliste américain, et cette autre particularité, que c’est la troisième plaque labiale et non la deuxième, qui monte jusqu’à l'œil. Le spécimen, dù à M. Aubry-Lecomte, est unique. Ses dimensions sont les suivantes : tête ct tronc, 0"155; queue, 0" 070; long. totale, 0223. IX. AMPHISBÉNIENS. Des caractères si remarquables éloignent les Amphisbéniens de tous les autres Sauriens, qu'ils doivent être considérés comme constituant, dans cet ordre de la classe des Reptiles une famille parfaitement distincte 1. Elle ne renferme qu’un très-petit nombre d'espèces africaines, parmi les- quelles je dois en citer d'abord trois, dont je n'ai point à m'occuper. Ce sont les suivantes : Trogonophis Wiegmanni, Kaup, de l'Algérie ?; Amphisbæna vio- lacea, Peters, de Mosambique (Honatsber., etc., 1854, p. 620), et Monopeltis capensis , Smith (/{!. zool. S. Afr., pl. 67), qui représente une division dans le genre Lépidosterne. Sur la côte de Guinée, on a trouvé l'espèce dite Amph. leucura, Dum. Bib. (Cynisca leucura, Gray). M. Hallowell a décrit, sous le nom de Phractogonus galeatus, un Lépidosterne de Liberia; on pourrait le considérer comme type d’un sous-genre, malgré l’ana- logie que semble établir entre l'espèce dont il s’agit et le Lépidost. scutigère du Cap, et celle de la T. aurantiaca, Peters, de Mozambique, vues en dessus, montrent, par la dis- position du revêtement squammeux de la tête, les différences qui distinguent l’un de l’autre les genres Anelytrops et Typhline. 4. J'ai cherché à préciser nettement le rang que les Amphisbéniens doivent occuper parmi les Sauriens dans un travail inséré en 1852, dans la Revue de zool., p. 401 et suivantes. (Voyez plus haut, p. 177, note 2.) 2. Une autre espèce (4mph. cinerea, Vandelli) se rencontre également dans le nord de l’Afrique à Tanger; mais elle a aussi pour patrie certaines contrées du midi de l’Europe : le Portugal et l’'Espa- gne. Toutes les autres Amphisbènes et les Lépidosternes proprement dits, vivent dans l'Amérique du sud, et la singulière espèce, nommée par Cuvier, Chirotes canaliculatus, la seule qui ne soit pas apode, mais qui n’a que des membres antérieurs, a été trouvée au Mexique. 3. vpaxrés, munitus, et yove, angulus, étymologie donnée par M. Hallowell (Proceed. Acad. nat. sc. Philad., 1852, p. 62, fig. dans le texte, et 4857, p. 50). 184 ARCHIVES DU MUSÉUM. (Cephalopeltis Cuvieri, J. Müller), la présence de deux plaques sus-céphaliques seulement. Si l’on néglige dans la diagnose du genre Lepidosterne proprement dit le nombre de ces plaques de la tête, variable, selon les espèces, depuis un jusqu’à seize, et si l’on s'attache plus spécialement à ces deux faits que, dans ce genre, 1° les narines sont percées dans la rostrale, et 2° les pores pré-anaux manquent, il est évident que le Phractogone, qui porte, au milieu de chacune des extré- mités du cloaque, un pore pré-anal, et dont les narines sont ouvertes non dans la rostrale, mais dans des nasales bien distinctes, diffère, par deux points assez essentiels, des Lépidosternes proprement dits 1. Veut-on, au contraire, n’attacher que peu d'importance à ces particularités, il faut alors comprendre, parmi ces derniers, tous les Amphisbéniens à grandes plaques pectorales, quel que soit le nombre des pièces dont se compose le revê- tement sus-cranien ?, et sans tenir compte, autrement que comme caractères spécifiques, de la situation des narines et de la présence ou de l'absence des pores au-devant de l’anus. Quoi qu'il en soit, je laisse ici, sous le nom de Phractogonus galeatus, Yespèce que M. Hallowell a, le premier, fait connaître dans une description détaillée, dont j'ai retrouvé tous les principaux traits sur trois individus parfaitement sem- blables entre eux et rapportés du Gabon par M. Aubry-Lecomte. Je ne constate que de petites différences qui ne sufliraient pas pour motiver une distinction spécifique. Aïnsi, 1° et c’est la dissemblance la plus importante, au lieu de Dents inter-maxillaires : 1—1; maxillaires : 2, je compte, comme sur tous les Amphisbéniens dont a pu étudier le système dentaire, un nombre impair de 1. Peut-être pourrait-on également, comme l’a fait M. A. Smith, établir un autre sous-genre pour l'espèce du Cap, qu'il a décrite sous le nom de Monopeltis capensis (Illustr. zool. S. Afr., pl. 67), retrouvée par M. Peters sur la côte de Mozambique (Loc. cit., p. 620), et dont la plaque sus-cranienne est unique. Les motifs de cette nouvelle division seraient que les narines s'ouvrent chacune dans une plaque nasale, mais que, comme chez les Lépidosternes proprements dits, il n°y a pas de pores pré-anaux. 2. Voici ces nombres : LZ. (Monopellis) capense, Smith (loc. cit., pl. 67), 1 plaque; L. scutige- rum, Dum., Bib. (Cephalopeltis Cuvieri, J. Müll.), (£rpét. génér., t. V, p. 509), et L. (Phracto- gonus) galeatum, Hall. (Proceed., 1852, p. 62, et 1857, p. 50), 2 plaques; L. octostegum, À. Dum. (Cat. Rept. Mus. Par., p. 150), 8 plaques; L. microcephalum, Wagl., Serp. Bras. (Erpét. gé- nér.,t. V, p.505), 40 plaques; L. phocæna, Dum., Bib. (/d., p. 507), 12 plaques; L. polystequm, A. Dum. (Cat. Rept., p. 149), 16 plaques. REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 185 dents inter-maxillaires ; la médiane est la plus forte et la plus longue. I yena7, et maxillaires : =. 2° Parmi les quatre scutelles placées le long du bord de la rostrale, ce sont les externes et non les médianes, fort petites au reste, qui sont percées par les narines. 3° Quoique le nombre et la disposition des plaques du sternum soient sem- blables, il y a de légères différences dans leur forme. 4° Enfin, on compte, sur le tronc, 226 anneaux, et 20 à la queue; M. Hallo- well en indique 214 et 18. OPHIDIENS. I. OPOTÉRODONTES OU SERPENTS VERMIFORMES. ÉPANODONTIENS OU TYPHLOPIENS. Je n'ai à m'occuper ici que des deux genres, Cphthalmidion, Dum. Bib. et Onychocéphale, I., Id. Le premier renferme les Typhlops à narines inférieures, à museau arrondi et à plaques pré-oculaires, particularités qui, lorsque l’on compare les espèces où elles se remarquentaux autres serpents de cette même famille, y permettent une coupe utile pour l’étudet. On ne connaît encore qu’un seul Ophthalmidion dans l’ouest de l'Afrique : 1° Ophth. Eschrichtii, Dum. Bib. (Acontias punctatus, Leach? in Bowdich’s Hission in Ashantee, p. 493), décrit d’abord par M. Schlegel comme Typhlops (Abbild., p. 37, pl. 32, fig. 13-16). Les Onychocéphales? ontété nommés ainsi par mon père et par Bibron, à cause d'une sorte d’analogie qui se remarque entre la conformation de leur plaque rostrale et celle des ongles de l’homme. Il importe cependant de faire observer que cette ressemblance disparait en partie, dans les espèces où le bord libre de 1. C’est en me conformant à ce système de classification, que j'ai pu rapporter au genre dont il s’agit deux espèces nouvelles (Cat. Rept. Mus. Par., 1851, p.202 et 203) : Ophth. crassum, d’origine inconnue, et Ophth. fuscum, de Java. Deux autres étaient déjà décrites (Erpét. génér., t. NI, p. 263 et 265), ce sont les Ophth. longissimum, Dum., Bib., de l'Amérique septentrionale, et Ophth. Eschrichtii, W., Id. (Typhl. Eschr., Schl.), de la côte de Guinée. 2. M. Jan a inscrit dans le manuscrit de son JZconogr, descript. des Ophidiens, deux espèces nouvelles : Onych., Kraussi, de l’Afr. occid, (Musées de Milan, Stuttgart, Bâle), et O0. Hallowelli de la Côte d’Or (M. de Bâle). — Voy. une Note relative à cette Zconogr., p. 490 et notre pl. x1x. T. X. ARCHIVES DU MuséuM. 24 186 ARCHIVES DU MUSÉUM. la plaque est moins aminci et où, par conséquent, le bord antérieur du museau est plus mousse et plus épais. Malgré cela, la différence reste bien tranchée entre les Typhlopiens dont il s’agit et ceux qui appartiennent à d’autres genres également caractérisés par la situation en dessous des ouvertures nasales : ils sont les seuls, en effet, où le plan inférieur du museau dirigé presque horizon- talement en arrière, soit nettement séparé du plan supérieur. Dans les autres genres, au contraire, ces deux plans se continuent, sans ligne de démarcation, par la courbe plus ou moins ouverte que suit la plaque rostrale pour atteindre en arrière et en bas l’orifice de la bouche. J'insiste sur ce point, parce que l’une des espèces de l'Afrique occidentale a précisément le pour- tour du museau mousse en avant, tout en présentant la disposition que je viens de signaler, et qu’elle appartient au genre Onychocéphale, malgré cette petite modification du caractère essentiel de ces Typhlopiens. Elle a reçu, de M. Hallowell, le nom de Onychocephalus liberiensis ; elle a été décrite‘ par ce zoologiste, qui en a obtenu un exemplaire de l’Académie de Philadelphie pour le Musée de Paris, où M. Aubry-Lecomte en a déposé un autre spécimen parfaitement semblable au précédent. En comparant les caractères de ces deux Serpents à ceux dont la description se trouve (£rpét. génér., t. VI, p. 333), dans l’article concernant l’espèce désignée par la dénomination de Onych. con- gestus, je suis frappé de la ressemblance qui parait exister entre cette dernière espèce, que le Musée de Paris ne possède pas, et celle de M. Hallowell ?. La similitude porte spécialement sur les parti- cularités de conformation qui rendent ce Typhlopien trapu (congestus), malgré la taille assez grande de nos individus, laquelle dépasse très-notablement les 0" 266 que porte le Serpent envoyé en communi- cation, il y a maintenant plus de quinze ans, au Musée de Paris, par M. Smith, car le spécimen dû à M. Aubry-Lecomte, a 0m880. Cette conformation est telle, que le volume du tronc est beaucoup plus considérable proportionnellement à sa longueur qu'il ne l’est dans tous les autres Onychocéphales, qui sont plus eflilés, et dont les écailles forment un plus grand nombre de rangs transversaux. En outre, le zoologiste américain, dans sa description, et les auteurs de l’Erpét. génér., en par- lant de l'On. trapu, mentionnent la différence qu’on remarque dans la forme du museau des Serpents 1. Proceed. Acad. nat. se. Philad., 1848, t. IV, p. 59, pl. sans n°, fig. À et 2. M. Hallowell, à la suite de la description de cette espèce, en mentionne une autre (Zd., p. 60, même pl., fig. 3), qui est inconnue au Musée de Paris : Onychocephalus nigrolineatus, également originaire de l'Afrique occidentale. 2. Je m'explique le double emploi dont il s’agit, par ce fait que, M. Hallowell, qui ne compare son Onychocéphale qu'à trois des espèces décrites dans le t. V de l'Erpét. génér., n’a pas connu celle qui y est nommée ©. congestus, et dont l’histoire se lit dans une autre partie de ce même volume. C’est, en effet, sous forme de supplément aux Typhlopiens, que se trouve consigné, non à la p. 279, où aurait été sa place naturelle, mais à la p. 333, l'exposé des caractères des ©. acutus, Dum., Bib., et O. congestus, Id., Id., venues à la connaissance des auteurs de cet ouvrage, seulement après l'impression de la feuille consacrée au genre dont elles font partie. La table des matières, au reste, rétablit l'ordre ainsi troublé dans le texte. REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 187 qui leur ont servi de types, comparativement à celle du museau des autres espèces du même genre, chez lesquelles le bord, en étant plus mince, est, par cela même, comme tranchant. Les détails relatifs au système de coloration tendent également à confirmer l'identité. Nous trou- vons, en effet, sur nos individus, comme le disent les deux descriptions, les régions supérieures noires, tachetées, çà et là, d’un jaune semblable à celui qui revêt d’une teinte uniforme les régions inférieures, où l’on rencontre, seulement vers les flancs, quelques maculatures noires. On ignore la patrie de l'O. trapu. Conservé au Musée du fort Pitt, à Chatham, où sont renfermées les collections formées dans les colonies anglaises par les chirurgiens de la marine, ce Serpent pro- vient peut-être de l’un des points de la côte ouest de l'Afrique. En résumé, je suis donc porté à conclure que l’'Onychocéph. de Liberia (On. liberiensis, Hall.) est le même que l'O. frapu (On. congestus, Dum. Bib.), dont le nom a pour lui le droit de l’anté- riorité 1. Une espèce bien distincte, à bord du museau plus tranchant, et que l’Acadé- mie de Philadelphie a reçue, comme la précédente, du Liberia, est nommée par M. Hallowell Onychocephalus nigrolineatus. Le Musée de Paris ne la possède pas ?. Il s’y trouve, au contraire, une espèce du Gabon, à plaque rostrale terminée au niveau du museau par un bord tranchant, et que les zoologistes n'avaient point encore décrite quand je l'ai fait connaître. Elle offre une particularité tout à fait notable dans ce genre : tandis que toutes les autres espèces ont les yeux visibles sous les plaques transparentes qui les recouvrent, celle-ci semble complétement privée des organes de la vue, dont on ne trouve aucune trace. On pourrait donc former dans ce groupe deux sous-genres renfermant, l’un, les espèces à yeux apparents, et l’autre, dont l'espèce nouvelle est jusqu’à ce jour un type unique, celles où ces organes sont tout à fait cachés sous les tégu- ments *. — Je l'ai nommée : 1. J'ajoute, afin de ne rien omettre de ce qui concerne l’On. de Liberia, que M. Peters (Monatsber. K@œn.Preuss. Akad., 1854, p. 620) dit, en parlant de l'espèce originaire de la côte de Mozambique, nommée par lui On. dinga : On. Liberiensi Hallowellii similis, sed scuto rostrali anqgustiore, naribus magis approximatis. 2. Proceed. Acad. nat. sc. Philad., 1848, t. IV, p. 60, et Journ. Ac., 2° série, 1854, t. II, P. 301, pl. xxvunr, fig. 4. — Cet Onychocéphale est remarquable par son système de coloration con- sistant en de nombreuses lignes noires, longitudinales, sur un fond gris d'argent. 3. Au premier sous-genre (yeux apparents), il faudrait rapporter d’abord les cinq espèces décrites dans l’Erpét. génér. : (1° On. Delalandii, Dum., Bib., du Cap; ? On. multilineatus, I4., Id., de la Nouv.-Guinée ; 3° On. unilineatus, Id., !d., de Cayenne ; 4° On. acutus, Id., Id.; et 5° On. con- gestus, Id., Id., ces deux derniers d’origine inconnue ); puis trois espèces de l'Afrique australe, décrites et figurées par M. A. Smith ({Uust., pl. Lr et Erv), et qu'il a nommées On. Bibronii, capensis et 188 ARCHIVES DU MUSÉUM. V. ONYCHOCÉPHALE AVEUGLE, Onychocephalus cæcus, À. Dum. Idem., \., Revue de zool., 1856, p. 462, pl. xxi, fig. 4, 4a, 4b, kc.. Plaque rostrale à bord antérieur mince et tranchant, à portion sus-céphalique très-grande el irrégulièrement ovalaire; yeux invisibles; queue conique, courbée, d'une longueur à peine égale à la largeur de la tête et armee d'une petite épine; teinte d’un brun clair uniforme. La forme générale de cet Onychocéphale est analogue à celle des autres Serpents de la même famille, mais il se rapproche surtout des espèces les plus effilées. De chaque côté de la rostrale, qui est très-grande, il y a une fronto-nasale prolongée en arrière, aussi loin que cette plaque médiane, et repliée sous le museau, où l’on voit, entre elle et la portion inférieure de la rostrale, une très-petite nasale commençant en pointe au niveau de la lèvre supé- rieure, et se terminant à la narine. Quant aux autres plaques de la tête, la détermination de celles que l'on pourrait considérer comme oculaires, pré-oculaires et sur-oculaires, est rendue impossible par le fait même de l'absence des yeux, et il n’y en a véritablement qu’une seule à signaler de chaque côté : elle est plus petite que la fronto-nasale, dont elle suit le bord postérieur. Enfin, derrière la rostrale, on en voit une plus large que longue : c’est une frontale; toutes les autres pièces squam- meuses, qui entourent ces dernières, ne sont pas plus grandes que les écailles du tronc °. On compte quatre paires de sus-labiales séparées, sur la ligne médiane, par un petit prolongement de la rostrale, qui complète le revêtement squammeux de la lèvre. La queue est extrèmement courte: elle porte 0005, et ne représente ainsi que la soixante-seizième partie de la longueur totale; celle-ci est de 0®,38 sur le plus grand de nos deux exemplaires, à peine plus long que l’autre. Le système dentaire est semblable à celui des autres Typhlops formant la famille des Épanodon- tiens, c’est-à-dire que la mâchoire inférieure manque de dents, et qu'il y en a seulement trois ou quatre sur chacun des deux petits os sus-maxillaires 5. verticalis ; enfin, les quatre espèces du Mozambique, dont on doit la connaissance à M. Peters (Monatsber. Kœn. Preuss. Akad., 1854, p. 620) : On. mucruso, mossambicus, trilobus et dinga. Quant aux Typhlopiens que M. Gray (Catalogue of Liz., p. 132 et suiv.) place dans son genre Onychophis, un seul : (On. punctata), de Fantin, sur la Côte d'Or (Guinée), devrait, en raison de cette origine, être signalé ici, mais ce n’est qu’un synonyme de l’'Ophthalmidion Eschrichtii, Dum., Bib., décrit d’abord par M. Schlegel ( 4bbild., p. 37, pl. xxxu, fig. 43-16) comme Typhlops Eschr. 1. La liste des Reptiles de l'Afrique occidentale dressée par M. Gray (Proceedings z0ological Soc. Lond., 1858, p. 155-167), et dont j'ai déjà parlé plusieurs fois, ne mentionne pas cette espèce, ni celles dites 4nisoterme sphénopsiforme, À. Dum., et Stenodactylus caudicinctus, Id.; les deux premières ont été décrites dans les n° de la Revue de zoologie, 1856, où sont signalés d’autres Reptiles du Gabon que j'ai fait connaître, et qui figurent cependant sur cette liste. J'ai signalé la troisième en 1854 (/d., p. 479, pl. x). Outre ces oublis et plusieurs autres, relatifs à des espèces anciennement connues, il y aurait à relever quelques erreurs de dénominations ou de citations qu’on remarque dans ce Catalogue nominal, rédigé sans doute un peu hâtivement. 2. Il est à observer, au reste, que les dénominations employées pour les plaques sus-céphaliques dans les Serpents ordinaires sont souvent d’une application difficile chez la plupart des Typhlopiens, dont la région postérieure de la tête est revêtue de pièces très-peu différentes du reste de l’écaillure. 3. Ce système dentaire si remarquable et celui des Catodoniens, qui n’ont des dents qu’à la mà- REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE: 189 En terminant, je mentionne Typhlops maculatus, Sch]., de Guinée (Womencel. mus. Berolin, 1856, p. 21 ;) T. Troscheli, Jan de la même contrée, que pos- sède le Musée de Milan; puis T. cœcatus, Jan, de la Côte-d'Or (Musée de Bâle). — Enfin, il y a, à Milan et à Stuttgart, un Catodonien : Stenostoma Sundevalli, Jan (Afr. occid.). — Voy. pour les Typhl., la pl. xix, d’après M. Jan. IL AGLYPHODONTES OU SERPENTS COLUBRIFORMES NON VENIMEUX!. HOLODONTIENS. Cette famille, divisée comme elle l’a été dans le 7° volume de l'£rpét. génér., p. 26-29, comprend deux groupes : les Pythonides et les Tortricides?. Aucun de ces derniers, qui sont des Serpents fouisseurs, n’a été, Jusqu'ici, trouvé dans l'Afrique occidentale où vivent, au contraire, plusieurs espèces de Pythons. L'une, figurée par Séba sur plusieurs de ses planches, a conservé, au Musée de Paris, le nom de ce célèbre collecteur : Python Sebæ, parce qu’elle a été introduite par Gmelin sous cette dénomination spécifique dans la 13° édition du Systema nature de Linné. La Ménagerie du Muséum l’a reçue du Sénégal, à plusieurs reprises. choire inférieure, ont été représentés avec une exactitude parfaite sur les fig. 4 et 2, plus grandes que nature, de la pl. Lxxv de l’4élas annexé à l’Erpét. génér. Elles sont dues au crayon facile, élégant et très-fidèle, de M. F. Bocourt, qui a également dessiné la pl. xx1 de la Rev. de z00/., 4856, planche à laquelle je renvoie comme pouvant servir de complément à la description ci-dessus. C’est ce même artiste qui, avec M. Oudart, dont les zoologistes connaissent aussi le talent, a exécuté les dessins joints au présent Mémoire. 4. Parmi les douze familles rapportées à ce sous-ordre, par mon père, par Bibron et par moi (voy. le résumé de la classification des Aglyphodontes, Erpét. génér., t. NII, p. 49-25), il en est plusieurs, dont aucune espèce n’a encore été trouvée dans l'Afrique occidentale. Je les cite ici pour n’avoir plus à y revenir. Ce sont les familles des AÆcrochordiens, des Upérolissiens et des Plagiodontiens. 2. Quoique l’histoire détaillée des espèces appartenant à ces deux sous-familles soit consignée dans le t. VI, je cite le VII*, parce que c’est là seulement que les auteurs, se conformant d'une maniere plus absolue aux exigences de leur classification, fondée sur les différences du système dentaire, ont mis, à la suite des Pythoniens, les Tortricides, qui en avaient été d'abord éloignés. 3. J'ai donné quelques détails sur les différents Pythons de Séba, reçus jusqu’à ce jour à la Ména- gerie du Muséum, où, pendant un an, l’on en a possédé un, qui était fort remarquable par ses très-grandes dimensions (5",25) et par son volume, car dans sa plus grande épaisseur, il présen- tait un diamètre de 0",18. Nous y conservons aussi plusieurs individus de l’espèce nommée Python royal, (Voir ma Motice historique sur la Ménagerie des Reptiles, Arch. du Mus., t. VII, p. 225. 190 ARCHIVES DU MUSÉUM. Une seconde espèce, Python regius, D. B. (Shaw), dont les dimensions ne sont probablement pas aussi considérables, à en juger d’après nos exemplaires, habite, comme le précédent, le Sénégal, et sans doute, d’autres points de la côte océanienne de l'Afrique. Nous l’avons reçu vivant de la côte des Mandingues. M. Jan, dans son /conographie des Ophidiens, encore manuscrite!, mentionne une espèce particulière de la Côte d'Or (Guinée) et inédite, Python hiero- glyphicus Schlegel. Elle nous est inconnue ?. APROTÉRODONTIENS. Des deux sous-familles comprises dans cette division (£rpét. génér., t. VII, p. 29-32), la seconde, celle des Boæides, dont le plus grand nombre des espèces se trouve en Amérique et quelques-unes à Madagascar, ne paraît pas, jusqu'ici, être représentée sur le continent africain. — A la première, au contraire, celle des £rycides, il faut rapporter deux espèces : L'une est l'Eryx de la Thébaïde (£. thebaicus, Ét. et Isid. Geoffr.); recueillie d’abord dans le pays dont elle porte le nom, elle a été adressée du Sénégal au Musée de Paris, qui possède plusieurs échantillons de cette provenance. . A l’occasion des Serpents, j'aurai souvent à citer ce remarquable travail qui, basé sur l'examen comparé des espèces de la plupart des Musées de l'Europe, contiendra près de deux mille dessins, dont souvent plusieurs sont consacrés à une seule espèce. Chaque figure portant tous les détails de l’écaillure nécessaires à noter, nul ouvrage, jusqu’à ce jour, n’aura offert des matériaux aussi abon- dants et aussi utiles pour les déterminations spécifiques. J'ai vu, dans l’automne de 1858, 1,300 dessins déjà achevés, et auxquels beaucoup d’autres ont été ajoutés depuis ce moment. J'ai cherché alors à appeler l'attention sur l'importance extrême de cette œuvre immense dans une lettre annexée (Revue de zool., 1858, p. 439) à l'exposé du plan de cette Iconographie inséré dans ce Recueil par M. Jan lui-même, qui, ultérieurement, y a donné, avec des planches , le prodrome de sa classification des espèces venimeuses (/d., 1858 et 1859). Les zoolo- gistes doivent très-vivement désirer l’apparition de cet ouvrage appelé à rendre les plus précieux services à l’Erpétologie. On peut en juger, dès à présent, pour les serpents de l’Afr. occidentale, par les nombreuses et utiles indications extraites de ce grand travail et que je dois à l’obligeance de ce savant naturaliste. J'aurais voulu pouvoir insérer ici les diagnoses des espèces nouvelles qu’il a nom- mées, et y joindre les figures qui les accompagneront dans son texte, mais retenu par l'obligation de ne pas dépasser les limites imposées à cette Æfude, je ne donne que quelques-unes de ces fig. pl. x1x. 2. D'après une indication fournie par M. Hallowell lui-même (Proc. Ac. Phil., 1857, p. 66), iln°v a pas lieu de considérer comme distinet du Python de Séba, celui qu’il a nommé P. liberiensis, (Id., A8%4, p. 249), puis, plus tard, par mégarde, {/d., 1854, p. 100), Boa liberiensis. REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. Lo L'autre espèce, originaire de la Côte d'Or, est nommée par M. Schlegel £ryx Reinhardtii (Bijdragen, etc., Recueil de la Société Natura artis magistra, 1848- 1854, t. TI, pl. sans n° et texte explicatif). Considérant les £ryx proprement dits et le Platygastre multicaréné, Dum. Bib. (£ryx multocarinatus, Péron) comme de véritables £ryæ, ce zoologiste admet que les premiers forment dans ce genre une subdivision, et qu’il faut établir pour le second une subdivision différente 1. Néanmoins, de même que l'espèce décrite par Péron a dù devenir le type d’un genre particulier, il semble qu’il convienne de séparer des véritables £ryx, au moins comme type d’un sous-genre particulier, l'espèce nouvelle. Ainsi que le Platygastre, elle a la tête garnie de plaques, mais conformément à ce qui se remarque chez les £ryx, elle a les gastrostéges fort étroites et la queue courte. Ces deux derniers caractères montrent que, si une nouvelle coupe générique n’est peut-être pas absolument nécessaire pour le classement de ce Serpent, sa place est à la suite des vrais £ryæ, dont il diffère, on doit bien le noter, par la présence de plusieurs plaques disposées avec symétrie sur la région sus-cépha- lique. Peut-être, comme le fait observer M. Günther (Cat., p. 280, Appendix), faut-il rapporter à cet Eryx de Reinhardt le Serpent du Vieux Calabar et de Fernando-Po, nommé par M. Gray Calabaria fusca (Proceed., zool. Soc., 1858, p. 154, pl. xiv). On remarque, en effet, de grandes analogies entre eux. Les us remar- quables consistent en ce que ce sont des £ryx à plaques régulières sur la tête et dont la queue, malgré sa brièveté, montre cependant une certaine tendance à s’enrouler un peu en dessous. 1. M. Schlegel caractérise ainsi ces deux groupes : I. Tête revêtue en grande partie d’écailles; narines s’ouvrant entre trois plaques ; queue très-courte (Eryx jaculus, (hebaicus, conicus, Johnii). II. Tête revêtue de plaques, excepté sur l’occiput, les joues et la gorge; narines s’ouvrant au milieu d'une plaque nasale; queue courte ou de moyenne longueur (Æryx Reinhardti, multicarinatus, [ Platygaster multicarinatus, Dum., Bib.)). 192 ARCHIVES DU MUSÉUM. CALAMARIENS. Dans cette famille, on a décrit, comme originaire de la Guinée, une espèce, Calamaria meleagris, Reinh. (loc. cit. t. X, p. 238, pl. 1, fig. 4-6), dont le mu- seau offre, à ce qu'il paraît, quelque analogie avec celui des Hétérodontes. Elle est, pour M. Gray (Cat. snakes, 1849, p. 80), le type de son genre Prosymna. Elle a été vue par M. Jan, qui la tient de la Côte d’Or, mais elle ne fait pas partie des collections du Musée de Paris où l’on ne connaît pas non plus un Calamarien, de l'Afrique occidentale, à urostéges non divisées, à écailles lisses formant quinze rangées longitudinales, et sans plaque frénale : £lapops modestus, Günth. (Ann. and Mag. nat. hist., sept. 1859, pl. 1v, fig. C). Il offre, dans ses caractères génériques, la plus grande analogie avec le genre Aspidura, Wagler. (Erin. gén. NI p.427); CORYPHODONTIENS. Sous le nom de Heizodon (de ue£ev, plus grand, et de 6)0ùe, dent), M. Fischer (Abhandl. Gebiete Naturw. Hamburg, 1856, t. III, p. 112, pl. 3, fig. 3a, bet c) fait connaître, comme type de ce genre, une espèce de Péki (Afr. occident.): Meizodon regularis, qui manque au Musée de Paris. En raison de l’accroissement progressif en longueur des dents de la mâchoire supérieure d'avant en arrière, d’où est tirée la dénomination générique, ce zoologiste place ce serpent parmi les Coryphodontiens, Dum, mais par sa confor- mation générale, il est analogue aux Ablabes, Dum. (fam. des /sodontiens). De la réunion de ces deux ordres de caractères est née la nécessité d’une nouvelle coupe générique. Il semble cependant que ce soit une vraie Coronelle. ISODONTIENS. Le Musée de Paris ne possède pas un seul Ophidien de l’Af. occid., apparte- nant à cette famille à laquelle M. Jan (/conogr, M. S.) rapporte huit espèces : Dendrophis inornatus, Jan, D. scandens, d., Elmina (Hamb.), D. melanostigma, Id., Afr. occ. (Milan); Elaphis tetragrammicus, 14., Côte d'Or (Bâle), £. pic- turatus, Id., Peki (Hamb.); Ablabes tigrinus, 14., Côte d'Or (Bâle), A. elegans, Id., Afr. occid. (Hamb.), A. albo-reticulatus, Id., Sierra Leone (Stuttgart). J'ajoute Graya silurophaga, Günth., Afr. occid. (Londres) Cat., p. 51. REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 193 LYCODONTIENS. Plusieurs espèces colubriformes des mêmes régions ont, en raison des inégalités de leurs dents soit de la mâchoire supérieure, soit de l’inférieure, leur place marquée dans la famille dont le nom indique cette particularité remarquable. Quelques-unes doivent prendre rang dans la sous-famille des Boædoniens, Dum. Bib.! et particulièrement dans le genre Boædon. La première, déjà indiquée dans lÆrpét. génér., t. VI, p. 359 : Boædon unicolor, Dum. Bib. (Lycodon unicolor, Boïe) est originaire de Cap-Lahou (Guinée supérieure) et de la Côte d'Or. (Voir pour les détails de la tête pl. xvnr, fig. 4 et la, et fig. 5 pour la tête osseuse, ainsi que pour la disposition du système dentaire). C'est de la même côte et de l’île Bissao, située à une petite distance de l’em- bouchure du Rio-Grande, que le Muséum en a reçu une autre, décrite pour la première fois dans l’£rpét. génér., : Boædon quadri-lineatum. Elle est bien carac- térisée : 1° par les deux lignes claires que l’on voit de chaque côté du tronc, mais qui sont moins apparentes sur les régions postérieures que sur les anté- rieures; 2° par d’autres particularités. (Voy. les détails de la tête sur les fig. 4 et 4 a, de la pl. xvir) ?. On trouve encore dans cet ouvrage, p. 364, une espèce inconnue jusqu'alors des zoologistes; malheureusement, elle y a été considérée, par erreur, non comme inédite, mais comme identique à celle que M. Smith, dès 1831, avait nommée Zycodon capensis (Illustr. zool. S. Afr., pl. v), et dont M. Schlegel a fait, en 1836, son Lycodon Horstockii, seconde dénomination qui, comme on le voit par les dates, ne peut pas être conservéeÿ. A. Une erreur s’est glissée dans la rédaction du tableau synoptique des genres (Erpét. génér., t. VII, p. 357), car, ainsi que cela est dit dans la diagnose du genre Boædon, et contrairement à ce que porte le tableau, jes premières dents sus-maxillaires, plus longues que les suivantes, en sont séparées par un intervalle libre. Voyez la fig. 5 de la pl. xvir de ce Mémoire. 2. In'y a pas lieu, contrairement à ce que M. Günther suppose (Cat., p. 199), de réunir en une seule espèce le B. capense et le B. quatre-raies, qui est nommé (Ærp. génér.) B. lineatum. 3. Le Lycophidion Horstockii de l'Erpét. génér. (t. VII, p. 12) doit donc prendre désormais, à cause des droits d’antériorité acquis à M. Smith, le nom de Zycophidion capense, et il faut lui appli- quer la synonymie attribuée (Zd., p. 364) à l'espèce qui, bien que nouvelle, y a été signalée, à tort, comme semblable au Lycodon capense, Smith. ARCHIVES DU MusÉuM. T, X, +2 Ge 194 ARCHIVES DU MUSÉUM. Quant à la nouvelle espèce de l’£rpét. génér., p. 364(Boædon capense, pl. xvu de ce Mémoire, fig. 3 el 34, représentant les détails de la tête), il est bien difficile de n’y pas rapporter le serpent de l'archipel de Los (Afr. occid.) dont M. Hallowell (Proceed. Ac. nat. se. Philad., 1857, p.54) a fait le type du Boædon quadrivittahum, qui devrait être rayé des catalogues erpétologiques, si cette identité, comme j'ai tout lieu de le croire, est réelle, Faut-il y laisser une espèce du Gabon nommée par M. Hallowell (/d., 1857, p. 59-56) Boædon quadrivirgatum ?? J'hésite à le croire lorsque, m’aidant de la description détaillée donnée par ce naturaliste, j’étudie un jeune individu qu'il a obtenu de l’Académie de Philadelphie pour le Musée de Paris, ainsi qu'une autre Couleuvre de plus grande taille, mais semblable, recueillie au Gabon par M. Aus bry-Lecomte, et quand je les compare à la description et à la figure du Boædon nigrum de Fischer (Abhandl. Gebiele Naturw., Hamb., 1856, t. IN, p. 91, pl. 11, fig. 24, 2b, 2c), espèce vue et admise par M. Jan. Cette dernière déno- mination devrait donc, par droit d’antériorité, être adoptée de préférence à la première. En raison de cette incertitude, j'ai cru utile de faire représenter sur les fig. 2 et 2a de la pl. xvn jointe à ce Mémoire les détails de la tête du B. noir à. 4. N'ayant pas vu la Couleuvre décrite par M. Hallowell, je ne puis pas me prononcer d’une ma- nière absolue sur cette identité; mais je ne trouve d’autres différences que celles-ci : notre individu a 2 plaques pré-oculaires au lieu d’une seule, et le nombre déjà considérable de ses rangées longitu- dinales d’écailles est de 27, et non pas de 29. L’antériorité des noms doit toujours être respectée. Il conviendrait donc d'accepter, et pour le Serpent du Musée de Paris, et pour celui du Musée de Philadelphie, la dénomination de Boædon ca- pense, bien que l’espèce ainsi désignée semble avoir pour patrie, non pas seulement le sud, mais aussi l’ouest de l'Afrique. 2. Elle avait recu d’abord de ce zoologiste (Proceed. Ac. nat. sc. Philad., 1854, p. 98)le nom de Caœlopeltis virgata, abandonné depuis avec raison, car elle manque des caractères tirés de la con- formation de la tête et tout à fait propres à ce genre nécessairement classé, d’ailleurs, parmi les Opisthoglyphes, à cause du sillon des dents postérieures plus longues que celles qui les précèdent. J'avais déjà signalé (Rev. de zo0l., 4856, p. 464) ces différences remarquables, qui ne permettent pas de rapprocher le Serpent dont il s’agit du Cælopeltis de Wagler, mais je l'y avais, à tort, assi- milé au Boædon capense, qui en est distinct. 3. La seule différence offerte par ces figures (et pour l'espèce de M. Fischer il n’y a pas d’autres éléments de comparaison puisqu'elle manque au Musée de Paris) consiste en ce que les plaques du dessus de la tête, sur notre dessin, d’ailleurs très-exact, sont proportionnellement plus courtes. Suivant M. Günther, ce B. nigrum, Fischer, pourrait bien être identique à l'espèce qu'il a inscrite en 1858 dans son Catal., p. 199, sous le nom de B. infernalis, criginaire de l'Afrique australe. En raison des caractères tirés de l’écaillure, on serait porté à considérer ces Serpents comme semblables, REPTILES DE L’AFRIQUE OCCIDENTALE. 195 Le genre Boædon, essentiellement africain, serait donc, d’aprèsles détails qui précèdent, composé, quant à présent, des espèces dites, 4° B. unicolor, Dum. Bib., Afr. occid.; 2° B. quadrilineatum, KW. Id., de même origine ; 3° B. capense, Id. Id., et non Smith(Z2. quadrivittatum Hall.), Afr. oceid. et mérid. ; 4° B, ni- grum, Fischer (B. quadrivirgatum, Hall., B. infernalis, Günther), du Gabon. Il faut y joindre 5° B. lemniscatum, Dum. Bib., d’Abyssinie. Je ne parle pas ici du B. geometricum, Günther, car ce n’estqu'un changement de nom pour l'espèce classée dans l’£rpét. génér. comme Æ£ugnathus geome- tricus. Le Musée de Paris, d’ailleurs, ne l’a jamais reçu de la côte ouest, qui en a fourni, au contraire, plusieurs individus à celui de Londres. J'ai rangé près du genre Boæwdon un serpent qui ressemble beaucoup aux espèces qu'on y a rapportées, mais il offre cependant des particularités assez notables pour qu'il ait dù devenir le type d’un genre spécial : HoruroPHoLine, Holuropholis, À. Dum. Idem, d., Revue de zoologie, 1856, p. 465. Les cinq ou six premières dents sus-mazillaires plus longues que les autres, dont elles sont séparées par un petit intervalle; les premières dents palatines et sous-maæillaires également! plus lonques que celles qui les suivent; plaque nasale unique; écailles lisses; scutelles sous- caudales ou urostéges non divisées. — De &;, entier, non divisé; cèpx, queue, et goxis, écaille f, Ces caractères essentiels montrent les aralogies de ce genre et du genre Zoædon relativement à la disposition du système dentaire, mais aussi la différence importante, qui se remarque dans l’arrange- ment des urostéges, dont il y a, ici, un seul rang, tandis qu’elles sont divisées chez toutes les es- pèces de la famille des Lycodontiens. De plus, la narine s’ouvre au milieu d’une plaque nasale unique, contrairement à ce qu'on voit chez les Boædons, qui ont deux nasales. Je mentionne, comme caractères secondaires, les particularités suivantes, qui confirment ce fait, qu'il y a des analogies entre le nouveau genre et le précédent : une frénale ; une pré-oculaire ; deux post-oculaires; quatrième et cinquième sous-labiales bordant l'œil en dessous ?; gastro- stéges à peine relevées vers les flancs. mais cependant, il n’est pas dit que l'espèce du Muste de Londres soit ornée, de chaque côté de la tête, de deux lignes blanches. — Une anomalie assez singulière, signalée par M. Hallowell, se re- marque sur notre exemplaire du Gabon : les inter-nasales sont, en partie, soudées aux pré- frontales. 1. L'ordre des Ophidiens ne comprend que 22 genres à urostéges non divisées. Cinq de ces genres appartiennent à la Faune de l’Afrique occidentale : 4e Holuropholis, A. Dum.; 2 Dipsadoboa, Güntb. (1 espèce); Polemon, Jan; 4° Elapops, Günth.; 5° Atractaspis, À. Smith. 2. Dans la Rev. de zool. (loc. cit.), j'ai omis de signaler la cinquième plaque de la lèvre supérieure 196 ARCHIVES DU MUSÉUM. VI. HOLUROPHOLIDE OLIVATRE, Holuropholis olivaceus, A. Dum. PI. XVI, fig. 1a, 1b, 1c, 1d. Régions supérieures d'une teinte olivätre et uniforme; régions inférieures plus claires, irré- gulièremeni nuancées de brun obscur. Ce Serpent a beaucoup de rapports dans sa conformation générale avec le Boædon du Cap; il est même plus trapu que ce dernier; sa queue, sans être plus courte, est plus confondue à sa base avec le tronc. La tête, peu élargie en arrière, est recouverte de neuf plaques régulières, qui n’offrent rien de spé- cial à noter. Les pariétales sont courtes, et ne dépassent pas le niveau de l'articulation de la mâchoire inférieure. La plaque nasale unique est allongée et percée par l’orifice de la narine, qui est irréguliè- rement triangulaire et un peu dirigé en haut. La plaque frénale a la forme d’un triangle à sommet supérieur. Les écailles du tronc, losangiques et de médiocres dimensions, sont disposées sur 27 rangées longitudinales. Longueur totale, 0"65 ainsi répartis : tête et tronc, 0"54; queue, 0"44. Aucun détail sur le système de coloration n’est à ajouter à ceux que contient la diagnose. Un spécimen unique a été rapporté du Gabon par M. Aubry-Lecomte. Je dois encore énumérer quelques serpents de la famille des Lycodontiens : Ainsi, dans le genre Lycodonte, de la sous-famille des Lycodoniens, l'espèce nommée par M. Smith (/lustr. zool. S. Afr., pl. 23) L. quitatum, et que M. Jan considère comme appartenant réellement à ce genre tel qu'il est compris dans l'Erpét. génér., a été trouvée par ce dernier aux Musées de Stuttgart et de Bâle, parmi des serpents de Sierra-Leone et la Côte d'Or. Elle nous est inconnue. I ya, dans le Musée de Berlin, un genre nouveau : Bothrophthalmus, Schl. (B. lineatus, Id., in Nomenclator, p. 27, sans description). Ce Serpent, origi- naire de la Côte d'Or, est placé entre les genres Ophites, Wagl., et Eugnathus, Dum., Bib. C’est ici le lieu d'indiquer, en suivant l’ordre de la classification qui nous amène à la sous-famille des £ugnathiens, que l'£ugnathe géométrique, Dum. Bib. (Lycodon geometr., Boie), a été envoyé de l’Afr. occident. au Musée de Londres où, comme je l’ai dit plus haut (p. 195), il porte le nom de Boædon geo- metricum. Peut-être, nos exemplaires dus à Péron et à Lesueur, proviennent-ils du Cap, mais aucune note ne nous le dit. Nous en devons, au reste, un autre, comme touchant l'œil. J'y ai indiqué la troisième et la quatrième, mais sur l'individu unique de la collection, c’est d’un côté seulement, et par le sommet de son angle supérieur et antérieur, que la troi- sième arrive jusqu’au globe oculaire, Il y a donc là une anomalie, et il ne faut parler que des qua- trième et cinquième sus-labiales. REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 197 de Magadascar, à la générosité de M. le docteur Ch. Coquerel, chirurgien de la marine impériale, et bien connu des zoologistes par ses intéressantes publications entomologiques. La Couleuvre décrite d’abord par M. Smith, en 1831, et qu'il a décrite et figurée de nouveau {/{lustr. zoo!. S. Afr., pl. 5) sous le nom de Lycodon capense, laquelle, dans la classification adoptée par les auteurs de l’£rpél: génér., devient Lycophidion capense}, nous a été dernièrement envoyée de l’île Bissao (Arch. des Bissagos). Divers Musées, du reste, l'avaient déjà reçue de l'Afrique occidentale où vivent deux autres Lycophidions. M. Hallowell en a fait connaître un (Proc. Ac. nat. sc. Philad., 1857, p. 58) : c’est le Lycophidion laterale du Gabon. Cet Ophidien nous manque. Il en est de même pour deux autres Eugnathiens, dont l'un, signalé plutôt que décrit par Leach, comme Coluber irroratus, est devenu pour M. Gün- ther (Catal., 1858, p. 197) le type du genre nouveau Wetoporhina, Günth. : (Metop. irrorala), et dont l’autre, rangé par ce même zoologiste dans le genre Alopecion, D. B., est désigné ainsi : Alopecion fasciatum, Günth. (Cat., p. 196). C’est dans cette sous-famille des £ugnathiens qu'il faut placer, comme la fait M. Hallowell, la Couleuvre du Gabon, Hormonotus audaæ, Hall. (Proc. Phi- lad., 1857, p. 56). Elle appartient au groupe des espèces à écailles médianes du dos plus grandes que les autres. Nos collections ne la possèdent pas. Ellesne renferment pasnon plus un Serpent de la Guinée, communiqué à notre Musée par celui de Leyde et qui y était désigné sous le nom de Dipsas modestus, Schlegel. Il est devenu dans l'Erpét. génér. (t. VIT, p. 429) Lamprophis modestus?. Les espèces dites Æeterolepis glaber, Jan, de la Côte d'Or (Mus. de Milan et de Bâle), et Æ. bicarinatus, Dum. Bib. (Lycodon bicarinatus, Schl.) manquent 4. Et non Lycoph. Horstockii, ce dernier nom étant plus récent. Voyez ci-dessus, p. 193, la note 3 relative à la synonymie de cette espèce, dont la description se lit (Erpét. génér., t. VII, p. 412), sous la dénomination de Lycoph. Horstockii. - 2, Est-ce un Serpent d'arbre? La description, il est vrai, ne contient rien qui en donne absolument la preuve. On serait cependant tenté de le croire d’après certains caractères énoncés (Ærpét. gé- nér., t. VII, p. 427) dans la diagnose du genre Lamprophis, et qui conviennent peu à la Couleu- vre aurore de Linné, prise par M. Fitzinger pour type de son genre Lamprophis en 1843, puis dont M. Schlegel, en raison de l’ensemble de sa physionomie, a fait une Coronelle. Aussi, le Zam- prophis modestus devrait-il, peut-être, donner lieu à une coupe générique particulière, distincte des vrais Lamprophis. Elle serait motivée sur l’aspect général de cet Ophidien et sur le genre de vie arboricole que tout l’ensembie de sa conformation paraît indiquer, 198 ARCHIVES DU MUSÉUM. également au Musée de Paris. La seconde est peut-être identique, comme le sup- pose M. Jan, à A. capensis, Smith, qu'il a vue de Sierra-Leone à Milan et à Stuttgart. Quant à celle de Fernando-Po, 4. Poensis, À. Smith, je renvoie, pour la discussion relative à son identité avec la précédente, à la note détaillée dont les auteurs de l’£rpét. génér. ont fait suivre la description de l'A. bi-caréné (t. VIL p. 425). LEPTOGNATHIENS. Quatre espèces seulement, dans cette famille, vivent en Afrique. Elles offrent l’anomalie remarquable que M. Jourdan, de Lyon, qui a particulièrement étudié le genre auquel elles appartiennnent, à voulu rappeler en créant la déno- mination générique et très-expressive de Aachiodon. Voyez pour les dents œso- phagiennes ou vertébrales, pl. Lxxxr, fig. 3 (Atl. £rp. gén.) et pl. Lxxm1 (Smith. I, zool. S. Afr.). L'espèce type (À. scaber, Jourdan, Coluber scaber, Linn.) ne nous est connue que par des individus provenant du Cap; mais aux Musées de Milan et de Londres, on en a reçu de l'Afrique occidentale. Là, également, vit l'espèce d’abord trouvée au sud et nommée par M. Smith Dasypeltis inornata (Coluber palmarum, Leach), dont le type, rapporté à la suite de l'exploration du Zaïre ou Congo entreprise par Tuckey, est conservé dans ce Musée (Catal., p. 142). On y possède, en outre, un individu originaire du Vieux-Cababar, et M. Jan en a vu un, qui avait été recueilli à la Côte d'Or où l’on a trouvé une Var. dite subfasciatus, Jan (Bâle). C’est de Sierra-Leone que vient D. (Rach.) fasciatus Smith (loc. cit., pl. 73, addition au texte explicatif de cette pl.), mais qui nous est inconnu !. SYNCRANTÉRIENS. Le genre Leplophide, ainsi nommé par M. le docteur Th. Bell, mais autrement délimité dans l’£rpét. génér., en raison des différences remarquables du sys- tème dentaire, qu'ilne l’est par cet habile naturaliste (Zoo!. Journ.,t. IT, p.322), comprend plusieurs espèces, dont cinq vivent sur la côte ouest d'Afrique. A. La 4° espèce (R. abyssinus, D., B.) n’a encore été reçue que du pays dont elle porte le nom. REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 199 L'une (L. smaragdinus, Dum. Bib., Dendrophis smaragd., Boie), qui semble propre à cette région et que le Muséum avait déjà reçue de la côte de Guinée, vient d’être placée plus récemment dans nos galeries, par les soins de M. Aubry- Lecomte (Voy. pour les détails de la tête de ce Serpent, pl. xvn, fig. 6 et 6a1). Une autre (Leptophis Chenonii, Dum. Bib., Dendrophis Chen., Boie) y est con- nue d’après différents individus, et, dans le nombre, il s'en trouve un prove- nant des collections rapportées par M. d’Arnaud de l'expédition au Nil Blanc ?. Il me semble difficile d’éloigner de la variété du Lept. de Chénon, signalée D pl D dans l’£rpét. génér. et caractérisée par un semis très-régulier de petites taches pets £ Ï jaunes, la Couleuvre que M. Hallowell (Proceed., 1857, p. 54) compare à cette espèce et dont il fait le type de son Chlorophis heterodermus. Deux autres espèces, recueillies d’abord dans l'Afrique australe, décrites par M. Smith (/{l. zool. S. Afr.) et nommées par lui Dendrophis albo-variata (pl. 65 et pl. 64, fig. 3, 3a, 3b) et D. semi-variegata (pl. 59, 60, 64, fig. 4, la, 1b), ont 4. 11 convient de rappeler ici que M. Hallowell a déclaré (Proceed. Ac. nat. sc. Philad., 1854, p. 100) l'identité de son Leplophis gracilis (Id., 1844, p. 60) avec le Lept. smaragdinus. 2. Une mention spéciale doit être faite de ces individus, afin d'appeler l'attention sur un détail de lécaillure de la tête, lequel, en raison de l’identité complète des autres caractères, n’a qu’une impor- tance secondaire. Je veux parler des plaques temporales, c'est-à-dire de celles qui, comprises dans l’in- tervalle des pariétales et des labiales, touchent aux unes et aux autres. Reinhardt, qui ne dit rien de ces plaques, en a représenté cinq (Beskriwelse af nogle nye slan- gearter in Kong. Danskie videnskab., t. X, tab, 1, fig. 44) : en avant, une grande, surmontée de deux petites que, d’après leurs dimensions exiguës et l'irrégularité de leur forme, on peut considérer, à ce qu’il me semble, comme le résultat d’une division anormale de la première; puis derrière, deux autres superposées. Or, sur un spécimen acquis en Hollande par Bibron, il n’y a, devant ces deux dernières temporales, qu’une seule plaque, et par conséquent, à ce que je présume, point d’irrégu- larité. Sur un exemplaire rapporté par M. d’Arnaud de l'expédition au Nil Blanc, sur un autre, origi- naire de Bissao {iles Bissagos, Afrique occidentale) et récemment acquis, puis enfin, sur l’ancien type de la Couleuvre azurée de Lacép. {Hist. quadrup. ovip. et Serp., t. I, p. 276), provenant du Cap Vert et non mentionné daus l’Erpét. génér., il n’y a que deux temporales, l’une devant l’autre. Ces différents Ophidiens appartiennent cependant tous à la même espèce, dont il est convenable d’éloigner le Serpent indiqué dans ce dernier ouvrage comme recueilli au Cap de Bonne-Espérance par M. Ver- reaux, sa détermination spécifique laissant quelques doutes. M. le comte de Castelnau a trouvé au Cap le Dendrophis natalensis, Smith, et de l’examen compa- ratif de cette espèce avec la figure et la description données par le naturaliste anglais {/{{/ustr. 3001. S. Afr., pl. Lxiv, et fig. 2, 2a, 2b), il résulte la preuve que cette espèce est bien distincte, et ne peut pas être considérée, ainsi que le propose M. Günther (Cat. of snalkes, 4858, p. 152), comme une simple variété du Leplophis Chenonii, qu'il décrit, dans ce Cat., sous le nom de 4hætulla irre- 200 ARCHIVES DU MUSÉUM. été retrouvées par M. Jan parmi des serpents de Sierra-Leone et de la Côte d’Or1. On ne connaît pas dans notre Musée les serpents d'arbres recueillis à Elmina, dans les possessions de la Hollande, sur la côte ouest de l'Afrique, et que M. Fischer (Abhandl. Gebiete Naturw., Hambourg, t. HI, 1856, p. 110) a considérés comme les types d’un genre nouveau, Hapsidophrys, assez analogue, dit-il, aux /ferpelodryas. Les caractères fournis par le système dentaire montrent que ce sont des Syn- crantériens. Dans cette famille, c’est auprès des Leplophides, ainsi que cela résulte des fizures et de la description, qu'il convient de ranger les espèces dont il s’agit. Les différences entre elles et les précédents paraissent même bien peu marquées. En employant la dénomination de Hapsidophrys (de &Ÿi:, voûte, et po, sourcil), l’auteur a voulu indiquer la courbure que la tête présente dans la région sus-oculaire, et d’où résulte, pour sa moitié antérieure, une légère incli- naison de haut en bas et d’arrière en avant. Il cite deux espèces : A, lineatus, : Fisch., et 47. cœruleus, 14. (loc. cit..p. 111; pl2, is. Sa, 5htet 6e, (Gp): La seconde, selon M. Jan, qui les à vues, est une Variété de la première. Évidemment, c’est encore très-près des Leptophides, que le genre établi par M. Hallowell sous le nom de Thrasops (foucbs, audacieux, 6%, œil) (Proc. Àc. nat. se. Philad., 1857, p. 67), doit prendre place, comme le démontre ce zoo- logiste en le comparant aux genres dont il est le plus voisin. On ne connait qu'une seule espèce de ce genre arboricole : Thrasops flavigularis, Hall. décrit d'abord comme Dendr. flavigularis, Hall. (1d., 1852, p. 205). Elle manque au Musée de Paris. Le genre Tropidonote doit à peine nous arrêter, car s'il est abondamment représenté sur le continent et l’Archipel indiens?, et surtout dans l'Amérique du gularis, d’après Leach (4ppendix to the Bowdick's Mission to Ashantee, A819). M. Jan à vu, au musée de Stuttgart, un spécimen du Dendr. (Lep!.) natalénsis originaire de Sierra-Leone. 4. Quoique je n’aie pas vu ces deux Ophidiens, il ne me semble pas qu’on puisse, à l'exemple de M. Günther, rapporter le premier au Leptophis Chenonii, car on trouve, dans les caractères décrits et figurés par M.Smith, des motifs suffisants de distinction, ni refuser au second: Dendr.(Leptophis) semi-variegata, Smith, non mentionné par M. Günther, le rang d'espèce. Je suis confirmé dans cette manière de voir par la détermination de M. Jan indiquée ci-dessus. 2. En Asie et sur les îles de l’Archipel, on trouve particulièrement des Ophidiens qui, très-rap- prochés, il est vrai, des Tropidonotes par tout l’ensemble de leur conformation, c’est-à-dire, comme REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 201 Nord, il ne renferme qu’un très-petit nombre d’espèces africaines. J'ai déjà mentionné précédemment, à l’occasion de la faune erpétologique méditerra- néenne, qui comprend des espèces communes à l'Afrique et à l'Europe, la Couleuvre à collier (Tr. natriæ) et la Vipérine (Tr. viperinus); mais pour la côte occidentale, je dois me borner à deux espèces inconnues au Musée de Paris. L'une, nommée par M. Schlegel, d’après Kubl, Tropidonotus mortuarius (Essar, p. 330) et indiquée comme recueillie à Java, a été adressée (je le sais par M. Jan) de la côte de Guinée, aux musées de Milan et de Gœættingue. L'autre, désignée par le zoologiste de Leyde sous la dénomination de Tr. lœris, est-elle bien un vrai Tropidonote, puisqu'elle a les écailles lisses 1? J'ai encore à citer, parmi les serpents de la côte occidentale, et appartenant à la famille des Syncrantériens, celui dont M. Günther a donné une courte des- cription (Cat., p. 39) : Coronella fuliginoides ?, M. Schlegel la si bien exprimé, par leur physionomie, ainsi que par leurs habitudes, ont dû cependant en être éloignés à cause des différences offertes par leur système dentaire. Les premiers sont des Syncrantériens, c’est-à-dire que les deux ou trois dernières dents sus-maxillaires postérieures, les plus longues de toutes, font suite, sans interruption, à celles qui les précèdent. Les autres, nommés Amphiesmes, Dum., Bib., appartiennent à la famille des Diacrantériens, dont les grandes dents situées à l’arrière de la mâchoire supérieure, sont séparées des antérieures par un petit intervalle libre. L'analogie très-grande qui se remarque, pour tout le reste, entre les 4mphiesmes et les Tropi- donotes est un des exemples dont je me suis servi (Revue de 200l., 1854, p. 551) pour montrer l’uti- lité, dans l'étude méthodique des Reptiles, d’une classification par séries parallèles, classification qui, ainsi que j'ai cherché à le prouver, peut être, avec avantage, appliquée à un assez grand nombre des animaux de cette classe. 1. Je suis d'autant moins porté à l’admettre, que M. Jan la considère comme le type d’un genre nouveau : (Leionotus Schlegelii), désignation générique impossible à conserver, car elle a été appliquée par Bibron à un serpent de Cuba (Hist. de Cuba, Ram. de la Sagra, Rept., p. 212, pl. xx1v) : L. ma- culatus, devenu dans l’Erpét. génér., t. VI, p. 494, Tropidophis maculatus, Dum., Bib. Le Leio- nolus Schlegelii, Jan, a été reçu à Milan du royaume d’Achanti. Il se trouve également à Breslau, mais sans indication d’origine. 2. Dans le genre Coronelle, M. Günther, sans tenir compte des différences remarquables fournies par le système dentaire, place (Cat., p. 34) des espèces appartenant aux deux sous-ordres des Agly- phodontes et des Opisthoglyphes. Il s’'énonce, en effet, ainsi, dans l’énumération des caractères : Dents sus-maxillaires postérieures plus longues que les autres, sillonnées ou lisses, formant un rang continu avec les antérieures. Je rapporte cependant l'espèce ci-dessus aux vraies Coronelles, car, malgré l'absence de toute indica- tion relative aux dernières dents de la mâchoire supérieure, M. Günther la signale comme très-voisine ARCHIVES pu Muséum. T. X. 26 202 ARCHIVES DU MUSÉUM. A la suite du genre Coronelle, il faut placer celui que M. Hallowell (Proc. Ac. nat. se. Philad., 1857, p. 67) a établi sous ce nom : Heteronotus, et qui diffère du premier par l'allongement plus considérable de la tête et des écailles sus- céphaliques, par les plus grandes dimensions de la queue et des écailles du tronc (/d., p. 69) !. L'espèce type de ce genre recueillie à Liberia (Jeter. trian- gularis, Id., p. 68) est la mème, comme M. Hallowell le fait observer, que celle dont il avait antérieurement parlé sous les noms de Coluber lœvis (Id., 1844, p. 118) et de Coronella triangularis (Id., p. 100). DIACRANTÉRIENS. On trouve, en Afrique, peu de serpents appartenant à cette famille. La Couleuvre à raies parallèles de Geoffroy, pour laquelle Wagler, en la rap- prochant de la Coul. hippocrepis de Linné, à établi le genre Periops (Per. paral- lelus), a été rapportée au Musée de Londres non-seulement d'Égypte, mais de l'ouest ?. Le nôtre, au contraire, n’a jamais reçu que des individus égyptiens. Un Diacrantérien fort remarquable est celui qui a été décrit pour la première fois dans l’£rpét. génér., t. VII, p. 722 : Uromacer oxyrhynchus, Dum. Bib. $. de celle que M. Peters (Monatsber., 1854, p. 622, et Arch., Wiegm., 4855, p. 52) nomme Coron. oli- vacea, et dont le zoologiste de Berlin dit que ces dents dépassent celles qui les précèdentet sont lisses. 4. Il est évident que ce Serpent n’est point une Coronelle, mais il est difficile de ne pas voir dans ces particularités des analogies avec les Zeptophides à écailles lisses, tels que le Zept. Chenontii. Ce n'est là cependant qu'une simple conjecture, l’espèce dont il s’agit manquant à nos collections. Il faut noter que M. Gray a déjà nommé un Geckotien Heteronotus (Cat. Liz., p. 174). 2. Elle figure sur la liste des Rept. de l’Afr. occid. (Gray, Proc. zool. Soc., 1858, p. 462, n° 81 : Zamenis Cliffordii); mais la désignation spécifique employée par Ét. Geoffroy a la priorité sur celle dont M. Schlegel a fait usage, et la distinction générique proposée par Wagler pour les espèces à pla- dues sous-oculaires est excellente, en ce qu’elle rappelle un caractère rare et facile à saisir. 3. En comparant de nouveau à cette belle Couleuvre africaine, omise dans la liste de M. Gray (loc. cit.), celle de Saint-Domingue, Uromacer Catesbyi, Dum., Bib. (Dendrophis Cat., Schl.), il me semble convenable de les considérer comme les types de deux genres particuliers. Elles ont, il est vrai, la même conformation générale, qui est très-remarquable en ce qu’elles offrent, au plus haut degré, tous les caractères propres aux Serpents d’arbre. Cependant, outre son origine, dont il est essentiel de tenir compte, l'espèce des Antilles, ainsi qu’on le voit très-bien sur les des- sins dont se compose la pl. xxxmr de l'Atlas de l'Erpét. génér., a le museau moins effilé, moins pointu, et, par suite, une rostrale et des inter-nasales de forme différente, puis la tête moins distincte du tronc, qui, dans sa région antérieure, n’est pas aussi grêle. La dénomination de Megalocercus REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 203 Les détails que renferme cet ouvrage, ainsi que la figure jointe à ce Mémoire (pl. xvur, fig. 7 et 7a) et celle de la pl. 83 dans l'Atlas de l’Erpét. génér., me dispensent de revenir ici sur cette description. III. OPISTHOGLYPHES OU SERPENTS COLUBRIFORMES A DENTS SUS-MAXILLAIRES POSTÉRIEURES SILLONNÉES t. OxXYCÉPHALIENS. Je dois m'occuper ici, d’abord, du Serpent qui, décrit dans l’£rpét. génér., t. VII, p. 821, sous le nom d'Oxybelis de Lecomte, était, à cette époque, consi- déré comme type d’une espèce nouvelle. Il est positif cependant, ainsi que je l'ai déclaré plus tard (Rev. de zool., 1856, p. 467), que cette désignation spéci- fique ne peut pas lui être conservée. M. Hallowell l'avait déjà fait connaître sous deux dénominations différentes : Leptophis Kirtlandii (Proc. Ac. nat. se. Plhailad., t. , 1844, p. 62), puis ensuite Dryophis Kirtlandii (Id., t. VIT, 1854, p1002) Or, en soumettant à un nouvel examen cet Ophidien arboricole, il me paraît indispensable de le sortir du genre Orybelis, fondé par Wagler pour le Serpent américain dont l’épithète spécifique œneus a été jointe successivement à plu- sieurs noms de genres auxquels elle ne convient pas. Bien décrite par le prince Maxim. de Wied-Neuwied, qui l’appelait Coluber acuminatus, cette Couleuvre doit rester, sous le nom de Oxybelis æneus, Wagl., l’un des types de ce genre. Quant à l'espèce de l'Afrique occidentale, les différences qu’elle offre sont faciles à saisir. Ainsi, 4° la plaque frénale, loin de manquer, est double; 2° la pupille n’est pas ronde, mais horizontale ÿ ; 3° la (ête et particulièrement le Catesbyi rappellerait, par son sens même (u#y#ss, grand, et xésxes, queue), la ressemblance du Diacrantérien arboricole du Nouveau Monde avec celui dit Uromacer oxyrhynchus de l'Afrique occidentale, d’où l’on a reçu, à Stuttgard et à Hambourg, un Helicops : H. Kraussi, Jan (Icon. M. S.). 1. Une seule des six familles comprises dans ce sous-ordre manque d’espèces africaines. C'est la famille des Platyrhiniens {Erpét. génér., t. VII, p. 941-987), dont une espèce, il est vrai (Erpeton tentaculatum, Lacép.), est d’origine inconnue, mais il y a lieu de supposer que ce singulier Serpent est indien. 2. Au Musée de Leyde, elle porte le nom inédit de Dryophis Pelii, Schlegel, et M. Jan a reconnu l'identité des deux espèces. 3. Il est dit, par erreur, dans la diagnose du genre Oxybèle (Erpét. génér., t. VII, p. 813), que 204 ARCHIVES DU MUSÉUM:. museau sont moins allongés ; 4° les dents, enfin, sont moins longues et plus régu- lières. Ce sont là, outre la diversité d’origine, des particularités suffisantes pour le classement, dans un genre distinct, du Serpent dédié à M. Kirtland. Afin d'éviter toute confusion!, je propose de le nommer Cladophis Kirtlandii, et je caractérise ainsi Ce nouveau genre : CLApopnipe, Cladophis ?, A. Dum. Formes générales des Oxybèles, mais la tête moins allongée, le museau moins acuminé, et, par suile, toutes les plaques sus-céphaliques moins longues; deux frénales * ; pupille horizon- tale; dents sus-maxillaires régulières, croissant progressivement en longueur d'avant en arrière, et séparées par un intervalle des deux longs crochets postérieurs sillonnés, A ces caractères essentiels, qui montrent les analogies et les différences avec les Oxybèles, on peut joindre les caractères naturels suivants : Narines percées dans une seule plaque moins allongée que celle des Oxybèles; pré-oculaire unique; trois post-oculaires ; plaques rostrale et nasale remontant un peu sur le museau et formant une sorte de petit bourrelet autour de son extrémité antérieure ; écailles du tronc longues et étroites, carénées, disposées sur dix-neuf rangées longitudinales ; gastrostéges remontant sur les flancs; urostéges doubles. Le Musée de Paris possède une seule espèce de ce genre. CLapopnipe DE KirTLanp, Cladophis Kirtlandii, À. Dum. — PI. xvu, fig. 8 et 8 a. J'ai indiqué plus haut, déjà, les noms sous lesquels elle a été introduite dans la science par M. Hallowell. Pour la description, je renvoie à l'Erpét. génér., t. VII, p. 821. J'ajoute seulement qu'il y a 42 + 2 dents sus-maxillaires (les 42 premières croissent régulièrement en longueur d’avant en arrière); 15 dents palatines; 12 dents pterygoïdiennes ; 21 sous-maxillaires, Ce n’est pas seulement au Gabon que vit cette Couleuvre arboricole : M. Peters, qui la signale sous la pupille est horizontale; elle est ronde chez les espèces américaines (O0. argenteus, fulgidus, æneus). A. Placer cette espèce parmi les Dryophis, ainsi que M. Hallowell et M. Günther (Cat., p. 156) l’ont fait, ne serait-ce pas augmenter encore la confusion résultant de l'emploi d’une dénomination déjà appliquée à tant d’Ophidiens arboricoles. 2. De xaÿos, branche, et ses, serpent, c’est-à-dire Couleuvre d'arbre. 3. Un seul des six exemplaires de la collection du Musée de Paris porte, d’un côté, une frénale unique, et n’a, également d’un seul côté, que deux post-oculaires. Au reste, ces änomalies ne sont pas très-rares. Une disposition identique à celle que je viens de signaler a été vue par M. Jan sur un spécimen du Musée de Milan, qui en possède deux autres sans irrégularités. De semblables défauts de symétrie dans ces mêmes plaques sont mentionnés (Proceed. Ac. nat. sc. Philad., 1854, t. VII, p.101) par M. Hallowell, et il cite des faits analogues observés sur divers autres Ophidiens. REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 205 le nom inscrit dans l’Erpét. génér. (Ox. Lecomtei), l'a trouvée en Mozambique {Monatsb., etc., Berlin, 1854, p. 623). Je rapporte à cette espèce l'Ox. violacea, Fischer (4bhandl. Gebiete der Naturw., Hamburg, t. IL, p. 94, pl. nr, fig. 7 a, b, e, de Edina (Grand Bassam). La même assimilation a lieu dans l’Zconogr. descr. M. S. de M. Jan et dans le Catal. de M. Günther, p. 156 *. STÉNOCÉPHALIENS. Un seul Serpent appartenant à cette famille a été trouvé dans l'Afrique occi- dentale. Il y représente un genre dont les espèces, jusqu'ici, étaient toutes américaines : je veux parler des Elapomorphes. Comme je l'ai dit (Rev. de zool., 1856, p. 468), en décrivant la Couleuvre à laquelle j'ai donné le nom de Ælapom. gabonensis, ce n’est pas sans hésitation que je place, à la suite d'espèces américaines, un Serpent d'Afrique. Les exemples de semblables associations génériques ne manquent pas, il est vrai, et pour n’en citer qu'un seul, les laps, dont les Æ£lapomorphes rappellent l’ap- parence générale, vivent sur les deux continents. Il faut cependant bien s’as- surer, avant de rapporter des Serpents d'origine si différente à un mème groupe générique, de l'identité des caractères propres à motiver ce rapprochement, et ne pas laisser échapper les différences qui rendraient nécessaires, au point de vue de la méthode naturelle, la formation d’un genre distinct. Or, si, faisant l'application de ces principes à lPOphidien opisthoglyphe dont il s’agit, je le compare aux Æ£lapomorphes décrits pour la première fois dans l’£rpét. génér. et à ceux que M. Schlegel à placés parmi les Calamaires, je trouve d’abord qu'il leur ressemble d’une manière frappante dans sa confor- mation générale. Comme eux, il est analogue aux Ælaps par tout son aspect A. Le texte de M. Fischer dit : une plaque frénale seulement ; mais sur la figure, il y en a deux. Quant à la couleur, elle ne constitue vraiment pas un caractère spécifique différentiel, puisque les téguments, qui sont quelquefois bronzés, paraissent toujours violacés quand ils sont dépouillés de leur épiderme. La pupille est représentée ronde sur les figures, mais M. Jan, ayant eu entre les mains le type de M. Fischer, l’a vue distinctement horizontale, et il considère l'espèce dont il s’agit comme identique en tout point à celle qui porte ici le nom de Cladophis Kirtlandii. J'ajoute que M. Jan, comme je propose de le faire, sépare ce Serpent des Oxybèles, mais il le nomme Dryophis (Cenni sul Mus. Mil. ed indice sistemat. Rettili, 1857, p. 48, et Icon. descr. M.S.5.) J'ai dit plus haut pourquoi, dans l'espoir d'éviter la confusion que produit l'emploi de cette dénomi- nation, je la rejette et en propose une nouvelle. 206 ARCHIVES DU MUSÉUM. extérieur ; ainsi, il a les yeux petits, la bouche peu fendue, la tête courte, confondue avecle tronc, qui est cylindrique, couvert d’écailles lisses et terminé par une queue épaisse, de petites dimensions. D'un autre côté, voici quelques dissemblances : 1° Les mâchoires, qui sont courtes dans les Elapomorphes, le sont encore plus dans l’espèce africaine : au lieu de cinq dents simples au-devant des crochets postérieurs sillonnés, elle n'en a que deux; 2° elle porte une plaque sus-labiale de plus, c’est-à-dire sept, dont la troisième et la quatrième bordent l'œil en dessous; 3° enfin, les narines s'ouvrent dans deux plaques et non pas dans une seule. Ces particularités très-importantes à noter comme différences spécifiques ne me semblent pas de nature à justifier, quant à présent, l'établissement d’un genre nouveau. Si, plus tard, on les rencontre encore chez d’autres Serpents africains, du même groupe, on pourrait peut-être, à cause de la brièveté remarquable des maxil- laires supérieures et du petit nombre de dents qu’ils supportent, réunir sous une dénomination générique nouvelle, celle de Miodon! par exemple, les Opisthoglyphes qui présenteraient ces caractères, VIT. Ecapouorpne DU GABON, Elapomorphus gabonensis, A. Dum. (Pl. XVI, fg. 2, 2a, 2b, 2c.) Idem, 1d., Rev. de zool., 1856, p. 468. Idem, Gray, Proc. zool. Soc. Lond., 1858, p. 463, Liste, no 83. Régions supérieures d’un vert olive, pointillées de blanc, et parcourues, dans toute leur lon- gueur, par trois raies parallèles d'un vert plus foncé; un collier de celte dernière nuance; régions inférieures d'une teinte jaunätre claire et uniforme. Neuf plaques sus-céphaliques ; pré-oculaire unique; deux post-oculaires; sus-labiales au nombre de sept de chaque côté; deux temporales entre les pariélales et les sus-labiales postérieures; queue courte, terminée par une squamme pointue. Le tronc est arrondi, de la même grosseur dans toute sa longueur, et confondu, en arrière, avec la base de la queue, dont les dimensions sont peu considérables, car elle ne représente guère que le treizième de l'étendue totale, et elle se termine en pointe. La tête est plate à sa région postérieure, 4. De usïev, moins, et édcbs, dent. Aux motifs ci-dessus énoncés de ne pas distraire l’espèce gabonaise du genre auquel je lai primi- tivement rapportée, vient se joindre le désir de ne pas introduire dans la science, et sans nécessité absolue, un nom nouveau pour une espèce déjà connue sous une dénomination différente. REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 207 et ne se distingue pas du tronc. Le museau est large et arrondi. Les veux, dirigés obliquement en dehors et en haut, sont très-petits et à pupille circulaire. Les narines sont ouvertes, à la région supé- rieure du museau, dans le point de réunion des plaques nasale et post-nasale. La plaque rostrale, large et basse, se replie à peine sur le museau; son angle supérieur, très-obtus, touche à l'extrémité antérieure de la ligne médiane de jonction des plaques fronto-nasales ou inter- nasales, qui sont à peu près carrées. — Les frontales antérieures, un peu plus grendes, présentent chacune, en arrière, deux pans, dont l’un est en contact avec l'extrémité antérieure de la sus-oculair?, et dont l’autre longe un des deux bords antérieurs de la frontale moyenne. Celle-ci, qui a six côtés, est courte; elle dépasse à peine, en arrière, les sus-oculaires. — Les pariétales sont grandes et bordées chacune par deux temporales occupant l’espace qui sépare ces pariétales des cinquième, sixième et septième ou dernières sus-labiales. — La post-oculaire inférieure touche, en bas et en arrière, les quatrième et cinquième sus-labiales, ainsi que la première temporale, dont l’angle inférieur pénètre entre les cinquième et sixième plaques de la lèvre supérieure. On compte sept plaques inféro-labiales, Les écailles du tronc, comme chez les autres Elapomorphes, sont lisses, quadrilatérales et également disposées sur quinze rangées longitudinales; celles de la queue forment huit rangs. Les plaques ventrales ou gastrostéges sont étroites et ne remontent pas sur les flancs. — La plaque anale est double, ainsi que les sous-caudales ou urostéges. Les os maxillaires supérieurs, comme je l’ai dit plus haut, en discutant le rang que cette espèce doit occuper, sont très-courts et ne portent que deux dents au-devant des crochets sillonnés. Coloration. — Toutes les écailles des régions supérieures et latérales sont d’un vert olive assez foncé; elles portent chacune, et particulièrement vers leur extrémité antérieure, un pointillé clair, à l'exception de celles qui forment la région médiane et de celles qui occupent, de chaque côté, le cin- quième rang longitudinal, à partir des gastrostéges. De cette uniformité de teintes des trois rangées que je viens de signaler, il résulte une apparence trifasciée. Par suite de l'absence du pointillé sur les écailles qui suivent la tête, il y a une sorte de demi-collier, de la même nuance que les bandes longitudinales du tronc. Les lèvres supérieure et inférieure sont, comme le dessous du ventre et de la queue, d’un jaune verdâtre clair, sans aucune tache. Long. : 0®55 (tête et tronc, 0" 51 ; queue, 004). Un seul sujet, en parfait état de conservation , du Gabon, par M. Aubry-Lecomte. Au genre Amblyodipsas , Peters { Monatsber., Dec. 1856), M. Jan rapporte, avec raison, Cala- maria unicolor, Reinh., de la Guinée (Loc. cit., p. 236, pl. 1, fig. 1-3), espèc: reçue de ja Côte-d'Or à Milan. ANISODONTIENS. Le Bucéphale du Cap (Bucephalus typus, Smith), si remarquable par les nombreuses variétés qu’il présente, et dont on a de magnifiques dessins (/{lustr. zool. S. Afr., pl. 11, X, XI, xt et xit), vit également à l’ouest, à ce qu'il paraît (Günth., Catal., p. 143); mais le Musée de Paris ne l’a reçu que des régions australes. Quant au genre Psammophis, H. Boie, il doit être mentionné ici. Notons d'abord que ce genre n’a été bien caractérisé d’après la disposition remar- 208 ARCHIVES DU MUSÉUM. quable du système dentaire, que par Wagler d'abord ( Syst., p. 188, n° 75), puis dans l'Erpét. génér., où il a pris la place définitive qu’il doit occuper, en entrant dans la famille des Anisodontiens, parmi les Opisthoglyphes. L'espèce type, la Couleuvre chapelet {Ps. moniliger, Boie), ne vit pas seule- ment en Égypte et en Algérie, car nous possédons des exemplaires du Sénégal 4, Nous avons reçu de ce pays et de la côte de Guinée le Serpent dont le bel aspect justifie bien le nom de Coluber elegans que Shaw a employé pour le dé- signer, mais dont la dénomination générique a dù être remplacée, d’après les indications de Boie, par celle de Psammophis (Ps. elegans). Yen ai fait dessiner la tête sur la pl. xvu, fig. 10, 10 a, afin d'en bien préciser les caractères et de fournir un bon moyen de comparaison avec l'espèce décrite en 1856 par M. Fischer: Psammoplhis irreqularis (Neue Schlang des Hamb. naturhstor. Mus., Abhandl. Geb. der Naturwiss. Hamb., t. TE, p. 92, pl. n, fig. 4 a, 4 b), et dont la tête est représentée ici sous les mêmes aspects que celle du Ps. élégant, pl. xvui, fig. 9, 9 a. Ces dessins sont faits d’après un individu recueilli dans le grand Bassam par M. Bouët, qui l’a donné au Muséum avec d’autres Reptiles de la même contrée. On y retrouve toutes les particularités signalées dans la description détaillée du zoologiste de Hambourg ?. A ces espèces, 1l convient de joindre le Serpent de l’Afrique occidentale, que M. Hallowell a d’abord décrit comme Coluber Phillipsii (Proc. Ac. nat. sc. Philad., 184%, 1 1, p. 169) et qu'il a, plus tard (/d., 185%, t. VII, p. 100, rap- porté au genre Psammophis. Sa place s’y trouvait, en effet, naturellement marquée par la disposition du système dentaire que ce naturaliste a bien fait connaître dans sa seconde description. Il en à enfin complété l’histoire (/d., t. IX, 1857, p. 69), en énumérant toutes les particularités de la coloration. Inconnu à Paris, 4. Parmi les nombreux individus de l'espèce dite Ps, crucifer, Fitz., que possède le Musée de Londres, il s’en trouve un seul de Afrique occidentale (Günther, Catal., p. 135); les autres sont originaires des régions australes de ce continent, comme tous ceux qui font partie de nos collections. 2. I n'y a pas identité parfaite entre les figures ci-jointes et celles qui accompagnent le travail de M. Fischer, sans qu’on puisse, au reste, y constater des différences réelles, mais je crois devoir rap- peler ici, comme je l'ai déjà fait plus haut, le soin extrême et l’exactitude parfaite de l’artiste, M. F. Bocourt, à qui sont dus les dessins de Reptiles annexés à ce Mémoire. 3. On doit sans doute considérer, avec M. Hallowell, comme étant un jeune individu de l'espèce ci-dessus (Ps. Phill.), le petit Ophidien dont il indique les caractères (Zd., 1857, t. IX, p. 69). Il faut donc rayer ce dernier de la liste des espèces dressée par M. Gray, où il porte le n° 55. REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 209 Cuvier a désigné sous le nom de Dipsas cynodon une Couleuvre déjà figurée par Séba, puis indiquée par Klein, et qui est devenue, dans la famille des Anisodontiens (Æ£rpét. génér., t. VIT, p. 907), le type du genre Opéliodonte (0. cynodon, D. B.). Elle a été trouvée en Asie, à Bornéo et à Java, d’où le Muséum en a reçu deux exemplaires par les soins de M. Diard. Je n'aurais pas à parler de cette Couleuvre, si M. Aubry-Lecomte n'avait rapporté du Gabon un Serpent qui offre une si extrème analogie avec ceux de Java, que je trouve très-difficile de ne pas admettre leur identité. Telle est également la manière de voir de M. Jan, qui a étudié notre exemplaire africain et a pu le comparer à un autre spécimen de la côte de Guinée. Et même, sui- vant lui, trois Dipsadiens de l'Afrique occidentale décrits par M. Fischer (2. va- hda, faseiata, globiceps), et qu’il a examinés, ne seraient que des variétés de l’Opétiodonte. (Noy., p. 211, à l’article concernant la famille des Dipsadiens, les détails dans lesquels je suis entré à cet égard). Il est fort remarquable, en effet, et c’est le point sur lequel il importe d’in- sister, qu'il y ait impossibilité presque complète de trouver des caractères spécifiques vraiment distinctifs entre des Serpents d’origine si différente. Ils nous fourniraient, par conséquent, un nouvel exemple de ces singulières dis- persions d'espèces qui n’ont été, il est vrai, que très-rarement constatées 1. Dans de telles circonstances, au reste, il faut s'attacher à bien s'assurer s’il n'y à pas certaines dissemblances suffisantes pour motiver la séparation. Or, relativement au Dipsas dont il s’agit, la comparaison montre de très-grands rapports et cependant aussi de légères différences ?, Ainsi, il subsiste un peu d'incertitude sur la convenance du rapprochement 1. C’est ainsi, par exemple, que la Vipère nommée par Merrem Echis carinata et le Chamæleo vulgaris ont été recueillis aux Grandes-Indes et en Égypte,etc. 2. Ces différences sont les suivantes : Individus de Java : une seule plaque pré-oculaire remontant jusqu’à l’angle antérieur de la frontale moyenne ; huit temporales ; anale simple. Individu originaire du Gabon : deux plaques pré-oculaires (trois d’un côté), la supérieure n’allant pas rejoindre l’angle antérieur de la frontale moyenne; six temporales d’un côté, quatre de l’autre; anale double. Je suppose, d’après la lecture attentive de la description donnée par M. Hallowell de son Toxico- dryas Blandingii, du Liberia et du Gabon (Proc. Acad. Phil., 1857, t. IX, p. 60), et précédem- ment inscrit sous le nom de Dipsas Bland. (Id., 1844, t. II, p. 170, et 1854, t. VIT, p. 100), qu'il n'y a point de différences entre notre spécimen gabonais et les deux Couleuvres qui ont servi de type à l’erpétologiste de Philadelphie. ARCHIVES DU MuséUM, T. X. 27 210 ARCHIVES DU MUSÉUM, proposé pour les exemplaires indiens de l'Opétiodonte et pour la Couleuvre africaine que je leur compare. On serait encore fortifié dans ce doute si l'on venait à s'assurer de l'identité de cette dernière avec celles de même origine que M. Hallowell à décrites et dont il est question dans la note 2, p. 209. Si donc il n'y avait pas lieu d'accepter l’assimilation spécifique de ces Ophi- diens recueillis en Asie et en Afrique, il faudrait réunir sous une seule et même désignation : Dipsas Fischeri, Jan, ou plutôt Dipsas (Toxicodryas) Blan- dingü, notre spécimen du Gabon, ceux qui ont été rapportés de la côte occi- dentale à Philadelphie et les trois Dipsas identiques de M. Fischer (D. valida, fasciata, globiceps), qui proviennent de la même côte. De cette façon, on ne considérerait comme Opetiodon cynodon que les exemplaires indiens et, de plus, on effacerait des catalogues de la science des espèces purement nominales. Je mentionne Lycognathus inconstans, Jan; de la Côte d'Or et de l’île San- Thomé (musées de Milan et de Bonn). SCYTALIENS. Une seule espèce de cette famille a été trouvée sur la côte occidentale d'Afrique. Elle appartient au groupe des Serpents d'arbre, dont on connaît, comme nous l'avons déjà vu, un certain nombre dans cette partie du continent, qui offre, par sa végétation abondante, un contraste frappant avec les régions sablonneuses. C’est ce genre de vie que M. Schlegel a voulu rappeler en plaçant l’Ophidien dont il s'agit (Oxyrhopus præornatus, Dum., Bib.) dans son vaste genre hétérogène des Dendrophides?. Cette jolie espèce (Ærpét. génér., t. VIE, 1. C’est dès 1844, que M. Hallowell avait signalé aux zoologistes l'espèce qu'il a nommée ainsi. 2, Cette hétérogénéité est due à ce que les dix espèces arboricoles rapprochées ainsi par M. Schle- gel comme constituant le genre Dendrophide (Essai, p. 224-240) offrent les différences les plus remar- quables dans leur système dentaire. Ainsi, dans ce groupe, tel qu'il est conçu par le zoologiste de Leyde, il y a : 4° cinq Aglyphodontes appartenant aux familles des Isodontiens ( Dendrophis picta, Boie, et D. formosa, Schl.); des Syncrantériens ( Leptophis liocercus, Dum., Bib. [Neuw.], L. sma- ragdinus, Dum., Bib.); des Diacrantériens (Uromacer Catesbyi, Dum. Bib.); 2° cinq Opisthoglyphes qu'il faut rapporter aux familles des Oxycéphaliens (Oxybelis æneus, Wagl.); des Anisodontiens (Bucephalus typus, À. Smith) et des Scytaliens (Oxyrhopus præornatus, Dum. Bib., Chrysopelea ornata, Boie, et Chrysopelea rhodopleuron, \d.) Déjà, à l’occasion des Coronelles du Catal. de M. Günther (voir p. 201, note 2), j'ai insisié sur les défauts d'une classification qui, fondée uniquement sur l’apparence extérieure des Serpents, néglige les caractères anatomiques si importants que fourmt 1e systeme dentaire et dont on se sert REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 24 p. 1039), dont M. Jan a vu un spécimen de la Côte d'Or, est représentée dans notre Musée par ceux individus pris, l’un dans le royaume de Wallo, sur le bord septentrional de la Gambie, et l’autre aux environs de Cap-Lahou sur la Côte d'Ivoire. A Londres, deux sujets de la même espèce et d’origine semblable, sont inscrits (Günth., Cat., p. 147) sous le nom de Chrysopelea præornata. DIPSADIENS, Diverses espèces de cette famille appartenant à des genres différents doivent être signalées, mais une seule nous est connue. C’est le Tryglhyphodon fuscum, Dum., Bib., du Grand-Bassam (Côte d'Ivoire), pris au Gabon par M. Aubry- Lecomte. Il est étiqueté, à ce qu’il paraît, au Musée britannique, par M. Gray : Dipsas regalis (Proceed. z0ol. Soc. Lond., 1858, p. 162, n° 73 de sa liste des Rept. de l’Afr. occid. !). Est-ce le même que le D. regalis, Schl. (Nom. Mus. Berol., p. 32)? Au Musée de Bâle, il y a une variélé de la Côte d'Or : Tr. fuscum, Var. obscurum, Jan. Contrairement à l'indication portée sur cette liste (n° 70 et 60), et sur le Cat. de M. Günther (p. 138 et 165), nous n'avons jamais reçu de la côte Est de l'Afrique les espèces dites Cœlopeltis lacertinus, Wagl. et Heterurus rufescens, Dum., Bib.?. Quant aux trois Dipsas de ces contrées que j'ai déjà signalés comme décrits par M. Fischer (Veue Schlangen des Hamb. Naturhist. Mus. in Abhandl. Gebiete der Naturwiss., 1856, t. IT, p. 84-90), et dont les têtes sont représentées par ce zoologiste (pl. ut, fig. 5a, b, c; fig. 4a, b, c; fig. Ga, b, c), je dois rappeler les observations que M. Jan a faites sur les types mêmes du Musée de Ham- maintenant comme base de la distribution méthodique de ces animaux dans la plupart des Musées d'Europe. Voyez, à ce sujet, le Plan d’une Iconographie des Ophidiens, par M. Jan, et la lettre que j'ai écrite à l’occasion de ce grand travail (Rev. de zool., 4858, p. 439). A 4. Ce Tr. fuscum prend ensuite au n° 97 (p. 464) le rang d'espèce distincte, qui lui a été refusé quelques lignes plus haut, où il n’est cité (n° 73, p. 162) que comme simple synonyme du Dipsas regalis, Gray, lequel serait, d'après les indications fournies par cette liste, Dipsas valida, Fischer. (Voy. p. 209, et dans cette page-ci, ce que je dis de cette dernière espèce, qui n’est que nominale.) 2. Je dois mentionner ici une espèce de la côte de Guinée : Dipsas hippocrepis, Reinh (Beskri- velse af nogle nye Slangearter in Kong. Danske Videnskabernes Naturvid. Afhandl., 1843, t. X, p. 251, pl. I, fig. 48-20), qui n’est peut-être qu’une variété de l’Hétérure roussätre (Erpét. génér., t. VII, p. 4177.) C’est le Leptodeira hippocrepis, Günth. (Proc. zool. Soc. Lond., 1858 P+ 161, n° 69 de la liste donnée par M. Gray.) 242 ARCHIVES DU MUSÉUM. bourg, qui lui ont été adressés en communication. Selon cet habile erpétolo- giste, les trois espèces : Dipsas valida, fasciata, globiceps, Fischer, ne sont pas différentes entre ellest. De plus, elles sont identiques à un autre Serpent de la Côte d'Or, nommé par M. Schlegel au Musée de Leyde, mais non encore décrit : Dipsas purpurascens, et qui représente seulement une Variété de coloration. M. Jan, d’abord disposé à remplacer ces dénominations diverses par la sui- vante : Dipsas Fischeri, rapporte définitivement ces quatre espèces nominales à celle que Cuvier avait étiquetée dans notre Musée : Dipsas cynodon (Opetiodon cynodon, Dum. Bib.), seule variété que nous connaissions ?. D'après les observations qui précèdent, il ne devrait donc rester des quatre Dipsades de l’Afrique occidentale décrits par M. Fischer que l’espèce de Edina nommée par lui Dipsas pulverulenta (loc. cit., p. 81, pl. mi, fig. fa, b,c), qui, vue et dessinée par M. Jan, a été reçue de l’Afrique occidentale aux Musées de Milan, et de Stuttgart; dans cette dernière ville, il y a un jeune individu prove- nant de Sierra-Leone. Il faut rapprocher des Dipsadiens trois Serpents inconnus dans notre Musée : Dipsadoboa unicolor, Günth. (Catal., p.183), Dipsas variegata, Reïinh. (loc. cit., p- 249, pl. 1, fig. 15-17 5). et D. spilogastra, Schl. (Nom. Mus. Berol., p. 32.) IV. PROTÉROGLYPHES # OU SERPENTS COLUBRIFORMES VENIMEUX. Des deux familles dont se compose ce quatrième sous-ordre des Ophidiens, il en est une, celle des Serpents de mer ou Platycerques, dont il ne doit point être A. Les figures, ajoute M. Jan, dans la lettre où il me transmet ces détails, n’ont pas une exactitude suffisante, comme il en a acquis la preuve par l'étude des animaux eux-mêmes. 2. Voyez plus haut, p. 209, ce qu'il est dit de l'Opétiodonte (O. cynodon.) 3. Il ne peut pas être fait ici mention d'un Serpent de Liberia, qui, inscrit par M. Hallowell (Proc. Ac. Phil., 1844, t. WI, p. 119) comme Dipsas carinatus, nom déjà donné par Reinwardt à une espèce javanaise du même groupe (Pareas carinatus, Wag]., Erpét. genér., t. VII, p. 439), a été ensuite décrit de nouveau par le zoologiste américain (/d., 4857, p. 69) sans dénomination générique. Toutes les dents manquant sur le seul spécimen qu'il ait eu à sa disposition, il ne lui a pas été possible d’assigner un rang déterminé à cet Ophidien. Il porte sur la liste de M. Gray le n° 63, mais il ne figure pas sur la nôtre par les motifs qui viennent d’être indiqués. 4. Quelles que puissent être les divergences d'opinion entre les zoologistes sur l'exactitude de cette dénomination (Fischer, Seescklangen, Hamb., 1856, p. 49et 20; Jan, Correspondance particulière), ja réunion des espèces qui forment le groupe dont il s’agit, n’en est pas moins très-naturelle. Chez un certain nombre de ces Ophidiens, les dents antérieures sont, il est vrai, parcourues par un canal véné- nifere, au lieu d'être simplement munies d’un sillon sur leur face convexe, contrairement à ce que le REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 213 question dans ce travail. Jusqu'à présent, en effet, on n’a trouvé ces singuliers Reptiles que dans l'Océan indien. L'autre famille, au contraire, celle des Ser- pents de terre et d'arbre ou Conocerques, est représentée dans l'Afrique occi- dentale par des espèces fort intéressantes. _ CONOCERQUES. Deux sous-divisions peuvent être établies, suivant que les crochets vénéui- fères sont, ou non, suivis de dents simples. Première Sous-division. — Conocerques à crochets à venin, sans autres dents solides, lisses ou sillonnées sur l'os sus-maxillaire *. Le principal genre dans ce groupe est celui des Ælaps, dont M. Jan à rap- proché deux Serpents qui sont devenus, à juste ütre, dans son Prodrome d'une Iconogr. descript. des Ophid. (Rev. z001., 1858, p. 519 et 520), les types de deux genres nouveaux comprenant chacun une espèce : 1° Wicrosoma Neuwiedi, Jan (/d., 1859, pl. 1v), de Christiansbourg (côte de Guinée), dont le seul exem- plaire connu jusqu’à ce jour a été placé dans la riche collection de M. Westphal- Castelnau par le savant prince auquel M, Jan l’a dédiée; 2 Polemon Barth, Id. (44., 1859, pl. v). Le Serpent unique, décrit sous ce nom, appartient au Musée de Munich, et a été recueilli en Guinée par le célèbre voyageur allemand Barth, dont j'ai rappelé plus haut les hardies explorations dans le centre de l'Afrique (p. 142). nom proposé par les auteurs de l’Erpét. génér. est destiné à rappeler. Cependant, il y a toujours assez de caractères importants et tranchés pour conserver et aux Ophidiens colubriformes à mâchoires ar- mées en avant de crochets venimeux, et aux Serpents de mer le rang si nettement délimité, qui leur a été assigné dans cet ouvrage. Les noms de Serpents fallaciformes où Apistophides également proposés (t. VI, p. 74), ont d’ailleurs pour but d'appeler l'attention sur l’apparence trompeuse de ces espèces. Malgré leur confurmation générale, fort analogue à celle des Couleuvres, elles sont, en effet, munies d'armes très-redoutables. Seulement, leurs crochets vénénifères se distinguent de ceux des Solénoglyphes, en ce qu'ils ont de plus petites dimensions et sont moins mobiles à cause de la lon- gueur plus considérable des os sus-maxillaires, qui, par cela même, ont plus de fixité dans leurs arti- culations avec les autres os du crâne, A. Cette première Sous-division comprend jes sept genres suivants : * Microsoma, Jan; * Pole- mon, Id.; Elaps, Wagl. (Schn.); * Atractaspis, Smith; * Dendraspis, Schleg.; * Sepedon, Mer- rem; * Causus, Wagl]. Les * signalent les genres dont on a, jusqu’à ce jour, rencontré des espèces dans l'Afrique occidentale. Voyez plus loin la deuxième Sous-division, p. 217. 214 ARCHIVES DU MUSÉUM. Quant aux Ælaps, dont deux espèces anciennement connues (Æ. hygiæ, Merr., et lubricus, Laur.) vivent au cap de Bonne-Espérance, on ne parait pas en avoir encore trouvé à l'ouest 1. Le genre Afractaspis a été établi par M. A. Smith à l’occasion d’un Serpent du Cap, recueilli plus tard sur la côte de Mozambique par M. Peters (WMonats- ber., 185%, p. 625). Le zoologiste anglais, le croyant nouveau, s’est plu (/llustr. zoo! S. Afr., pl. Lxx1) à rappeler, par la dénomination spécifique dont il s’est servi pour le désigner, l’amitié et l'estime qu’il portait à Bibron : il l’a dédié à notre savant compatriote. — Ge n’est pas seulement dans le sud et à l’est que l’on trouve ce Serpent; il vit aussi à l’ouest, et avait été déjà décrit par Rein- hardt, sous ce nom : Zlaps irregularis (loc. cit., p. 264, pl. ur, fig. 1-3). M. Jan, de son côté, d’après un exemplaire du Musée de Stuttgart, provenant de Sierra-Leone, a reconnu l'identité de ces deux Serpents, et nous, du nôtre, nous avons fait récemment la même remarque depuis qu'un individu originaire du Cap, acquis par notre Musée, a pu être comparé à la description donnée par le zoologiste danois. Le Serpent dont il s’agit y devient donc, comme dans ceux de Stuttgart, de Milan et de Londres : Atractaspis trrequlanis. M. Hallowell inscrit (Proc. Ac. nat. se. Ph., 1857,t.1X, p. 70), sous le nom de Atractaspis corpulentum, un serpent du Liberia qu'il avait d’abord considéré (/d., 1854, t. VII, p.99) comme le type d’un genre particulier : Brachycranion cor- pulentum ?. Il se distingue surtout de l’Atr. irrégulier, en ce qu'il porte 25 ran- 1. L'histoire intéressante des Elaps a été présentée avec beaucoup de détails dans l’Erpét. genér., t. VII, p. 1191-1243. Les comparaisons auxquelles M. Jan a pu soumettre presque tous les Serpents de ce groupe conservés en grand nombre dans la plupart des Musées de l’Europe, lui ont permis des vérifications utiles pour les déterminations spécifiques. Elles ont donné lieu à des additions impor- tantes, consignées dans le mémoire cité, auquel, outre les trois planches insérées dans la Revue de zoologie, 1859, sous les n°5 4, 5 et 9, il a ajouté, dans un tirage à part, la représentation coloriée de qualorze espèces nouvelles, dont douze sont originaires de l'Amérique du Sud, une de l'Australie et une autre de l'Asie. De plus, M. Günther a repris dernièrement l'étude de ces Ophidiens, et il a fourni quelques nou- veaux matériaux utiles à joindre à ceux que la science possédait déjà. (Proceed. 2001. Soc. Lond., 1859, p. 79-89, pl. XVI-XVIIL), Enfin, par un examen attentif et tout récent des richesses du Musée de Paris, j'ai vu que d’autres espèces nouvelles doivent prendre rang dans ce genre où elles sont déjà si nombreuses. J'espère pou voir en donner la preuve par une publication prochaine accompagnée de dessins coloriés, qui sont déjà exécutés par les soins de M. Bocourt. 2, Le motif de cette coupe générique était que les plaques sus-céphaliques sont seulement au nombre REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE, 215 gées longitudinales d’écailles au lieu de 20. I! y a, d’ailleurs, de grandes ana- logies, tant pour le système de coloration que pour les autres caractères, et peut-être ne sont-ce pas des espèces différentes, Enfin, la sous-division des Conocerques sans dents derrière les crochets antérieurs renferme deux espèces arboricoles très-remarquables, qui peuvent être considérées comme les types d’une SOUS-FAMILLE, LES DENDRASPIDIENS. Corps allongé et mince; téle étroite, plus ou moins distincte du tronc; queue effilée et trés- longue ; écailles du tronc lisses, grandes, obliques ; gastrostéges remontant sur les flancs. La teinte générale de ces Serpents d’arbre est verte et favorise leurs instincts destructeurs en lais- sant à l’oiseau qu'ils guettent une sécurité trompeuse, car leurs contours se perdent au milieu du feuillage qui les abrite. Il n’y a, dans cette sous-famille, qu'un seul genre : DENDRASPIDE, Dendraspis, Schlegel. Aux caractères tirés de la conformation générale, et qui sont ceux que je viens d’énumérer en par- lant de la sous-famille à laquelle il appartient, on peut joindre les suivants : Neuf plaques sus-céphaliques régulières; frontale moyenne large et courte; plaque frénale nulle, et dont la place est occupée par une portion repliée de la frontale antérieure; narines percées chacune entre deux plaques; anale et gastrostéges divisées. I. Treize séries longitudinales d'écailles sur le tronc. DENDRASPIDE DE JAMESON, Dendraspis Jamesonii, Schlegel. PI. XVII, fig. 44, Aa, 110. 1843. Elaps Jamesontüi, Trail, traduction angl. de Sch]l. PAys. Serp., p. 179, pl. 11, fig. 19, 20. 1848. Dendraspis Jamesonii, Schl., Ferslag der werkzaamheden van het zool. genotschape Amsterdam ". 1852. Dinophis Hammondii, Proc. Ac. nat. sc. Phil., t. VI, p. 203, et 1854, Journ. Ac. nat. de sept au lieu de neuf, le sommet de la rostrale et le bord antérieur de la frontale moyenne étant séparés par une paire unique de plaques, tandis que d'ordinaire il y a, dans ce point, les fronto- nasales et les frontales antérieures. On peut supposer, avec M. Hallowell, au reste, que cette dispo- sition est anormale. Aussi, paraît-il convenable, comme il l’a fait en second lieu, de rapporter son espèce au genre A{ractaspis. 1. M. Schlegel avait, à ce qu’il paraît, donné d’abord à ce Serpent le nom générique de Dendroe- chis cité par le prince Ch. Bonaparte dans un exposé sommaire des richesses du Musée de Leyde (Proc. 200. Soc. Lond., 4849, p. 145). 216 ARCHIVES DU MUSÉUM. se. Phil., 2th series, t. If, p. 304, pl. xxix. — ( Leptophis viridis, d., Pr. Ac., 1844, t. II, p. 472, n’est qu'un jeune individu de la même espèce; ce zoologiste l’a déclaré plus tard, Proc. Ac. 1854, t. VIL p. 100.) 1855. Dendroechis reticulata, Fischer, Michaëlis Progr. der Hamb. Realschule, p.20. 1856. Dendraspis Jamesonü, Id. Neue Schlangen des Hamb. Naturhist. Mus. in Abhand- lung. Gebicte Naturwiss. Hamb., p. 115, à l'explication des fig., pl. I. 1856. Dendraspis Jamesonii, À. Dum., Rev. de zool., 1856, p. 557. 1858. Idem, Günther, Cal. of colubrine Snakes, p. 238. 1858, Idem, Jan, Prodrome d'une Iconogr. descript. des Oph., p. 8 (Rev. de zool., 1858, p. 519.) Téte longue, plate, effilée; trois pré-oculaires ; trois post-oculaires ; huit sus-labiales, dont la septième l'emporte de beaucoup sur les autres par ses dimensions, et dont la quatrième seule touche l'œil; neuf sous-labiales; écailles du tronc fort allongées el très-obliques; celles de la ligne médiane plus grandes, formant une série droite distincte; leinte verte uniforme sur le tronc, qui est jaunätre à sa région inférieure; toutes les écailles de la queue, en dessus et en dessous, bordées de noir ; la dernière est une squamme conique et pointue. Cette diagnose est celle d’un magnifique individu de l'Afrique occidentale offert à notre Musée par l’Académie de Philadelphie, et qui est un des exemplaires d’après lesquels M. Hallowell a décrit le Dinophis Hammondii, et à fait faire la belle pl. in-4°, n° XXIX du t. II de la 2° série du Journ. Acad., in-4°, cité dans la synonymie qui précède. Notre spécimen a une longueur totale de 1"80, ainsi répartis : Tête et tronc, 1" 33 ; queue, 0" 47. Cette espèce n’a encore été trouvée qu’à l’ouest de l’Afrique. Le Musée de Milan la possède. Il. Diæ-sept à dix-neuf séries longitudinales d’écailles sur le tronc. DENDRASPIDE TÊTE ÉTROITE, Dendraspis angusticeps. PI. XVII, fig. 12, 12a, 126. 1849. Naja angusticeps, À. Smith, !lust. zool. S. Afr., pl. Lxx. 4854. Idem, Dum., Bib., Erpét. génér., t. VIE, p. 4304. 1854. Chloroechis angusticeps, Peters, Monatsber. Kœn. Preuss. Akad. Berlin, p. 625. 1855. Idem, Id. Archiv Wiegmann, & 1, p. 55. 1856. Dendraspis angusticeps, À. Dum., Rev. de zool., p. 558. 1858. Idem, Günther, Cat. of colubrine Snakes, p. 238. 1858. Idem, Jan, Prodr. Iconogr. descript. Oph., p. 8, et Rev. de zool., 1858, p. 519. Téte aussi allongée que celle du précédent, mais plus épaisse et quadrangulaire; trois pré- oculaires; quatre post-oculaires ‘ ; huit sus-labiales, dont la septième est quelquefois divisée anormalement ; neuf sous-labiales ; écailles du tronc beaucoup moins obliques et moins grandes que dans l’autre espèce, les médianes, presque égales aux autres, formant cependant une série 4. M. Smith en indique et en figure trois seulement, pl. Lxx. On voit sur cette même planche les différences offertes par le système de coloration. REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 217 droile distincte; teinte verte uniforme, tirant quelquefois sur le brun plus ou moins foncé; écailles caudales toutes bordées de noir, et dont la dernière est une squamme conique et pointue. Cette espèce, recueillie d’abord dans le Natal et aux environs de la Baie de Lagoa, fait partie des collections formées sur la côte de Mozambique par M. Peters. Elle a été reçue du centre et de l'ouest de l'Afrique au Musée de Londres, et Le nôtre en doit un très-beau spécimen à M. Aubry-Lecomte, qui l’a pris au Gabon. Longueur totale, 2"02, ainsi répartis : Tête et tronc, 1" 51 ; queue, 0"54 !. Le genre Sepedon, Merr., doit prendre rang ici, car la seule espèce qu'il comprenne, $. hæmachates, Merr. , ne se trouve pas seulement dans l'Afrique australe, mais aussi à l’ouest. M. Jan signale, au Musée de Milan, un individu de la Côte d'Or (Prodr. iconogr. descer. Oph., p. 16; Rev. zool., 1859, p. 123). J'en dois dire autant du genre Causus, Wagl. L'espèce unique, le plus ordi- nairement trouvée dans l'Afrique du sud, et signalée d’abord par Lichtenstein sous le nom de Sepedon rhombeatus, a été décrite par M. Hallowell d’après un jeune exemplaire recueilli dans l’ouest, comme type d’un genre nouveau : Distichurus maculatus (Journ. Acad. nat. se. Philad., in-8, 1842, t. VIT, part. 2, p. 337, pl. 19. La rectification que j'indique ici a été faite par M. Hal- lowell, en 1854, (Proc. Ac. nat. se. Phil., t. VIT, p. 101.) — Ce Causus rhom- beatus a été adressé de la Côte d'Or à Bâle et à Milan. Ce dernier Musée a reçu de la même côte une espèce nouvelle à urostéges simples et à quinze rangées longitudinales d’écailles : Causus Lichtenstein, Jan. Deuxième Sous-division.— Conocerques à crochets venimeux, suivis de dents sus-maxillaires lisses et solides ?. Le genre Vaja renferme plusieurs espèces, dont l’une (W. tripudians, Laur.), qui est indienne, offre, dans son système de coloration, des variations remar- quables. On trouve, en effet, des individus sans le dessin en forme de lunettes, 4. Il m'a semblé important, en raison des caractères remarquables de ces deux espèces encore peu connues, d’en donner des diaznoses avec figures, sans qu’il soit nécessaire d’entrer dans de plus longs détails que peuvent d’ailleurs fournir quelques-uns des ouvrages cités dans les synonymies. 2. Cette seconde Sous-division comprend les sept gerres suivants : Furina, Dum., Bib.; Pseudoe- laps, Fitz.; Aleclo, Wagl.; Bungarus, Daud.; Trimeresurus, Lacép.; * Naja, Laur.; Cyrtophis, Sundevall. — Presque tous ces genres sont propres à l’Australie; quelques espèces néanmoins se trou- vent sur le continent et sur l’archipel indiens. Le genre Naja marqué d’une * est le seul qu'on ait encore rencontré dans l'Afrique occidentale où sont représentés, au contraire, tous les genres de la première Sous-division, excepté les Elaps. (Voyez la note de la p. 213). ARCHIVES DU Muséum. T. X. é 28 218 ARCHIVES DU MUSÉUM. et d’une teinte foncée, qui pourraient être confondus, au premier abord, avec deux des espèces africaines, si la disposition des plaques de la tête, et, en par- ticulier des lèvres, ne constituait, outre la diversité d'origine, des différences spécifiques très-réelles. Ainsi, 1° chez le Naja de l'Inde (NW. tripudians), la sixième ou avant-der- nière plaque sus-labiale est beaucoup plus basse que chez l’espèce africaine (N. haje), et touche l’une des temporales, mais non les post-oculaires. 2 Chez ce dernier, cette même sus-labiale, qui est également la pénul- tième, a plus de hauteur que chez le NW. tripudians, et se dirige, par son ex- trémité supérieure, en haut et en avant, vers les post-oculaires avec lesquelles elle se trouve en contact. 3° L'espèce dite N. nigricollis, Reinh. (Beskr. af nogle nye Slangearter in kongel. Danske videnskabernes naturvidensk. 1843, 1. X, p. 269, pl. UE, fig. 5-7), contrairement à ce qui à lieu dans les deux précédentes, ne porte que six pla- ques à la lèvre supérieure, et la sixième ou dernière est très-basse ; il y a deux pré-oculaires. Décrite d’après un spécimen de la côte de Guinée, elle à été reçue de la Côte d'Or au Musée de Milan et de Sierra-Leone dans celui de Stuttgart où M. Jan la vue et examinée. Elle manque à nos collections et à celles de Londres, dont le Catalogue ne la mentionne pas. Je dois citer : le V. atropos, Schl. (Nom. Mus Berl., p. 33, sans description). Le Vaja haje n'est pas seulement égyptien; M. Smith en a donné de très- belles figures ({lustr. zool. S. Afr., pl. 18, 19, 20, 21), d'après des exemplaires de l'Afrique du sud. De plus, on l’a trouvé à l’ouest, car selon toute apparence, il convient de classer comme simple variété de ce Naja, ainsi que Pa fait M. Hallowell (Proc. Ac. nat. se. Philad. 1857, t. IX, p. 61) les trois individus recueillis au Gabon par M. H. Ford, auxquels il a donné le nom de Vaja haje var. melanoleuca et dont la diagnose (loc. cit.) est la suivante : « Noir en dessus et en dessous dans presque toute la longueur ; menton et cou blancs, ainsi que la partie antérieure de l'abdomen, qui porte des bandes noires de diverses lar- geurs, séparées par des espaces blancs inégaux; côtés de la tête blancs ou jaunes ; plaques labiales bordées de noir; 19 rangées longitudinales d’écailles.» J'ai appelé l'attention (Rev. z00o!. 1856, p. 554) sur une différence que pré- sentent les exemplaires des régions occidentales et qui a été également con- statée sur ceux du Cap par M. Jan (Plan d'une Iconogr. descr., in Rev. zoo. 1858, p. 447 et Prodr. in 1d., 1859, p. 129). Ils ont, en effet, l'œil bordé imfé- REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 219 rieurement par les plaques de la lèvre supérieure. Chez les individus égyptiens ou du Maroc, on trouve, au contraire, de petites plaques sous-oculaires placées au-dessus des labiales. Cette disposition rappelle celle qui se remarque chez les couleuvres types du genre Periops de Wagler. En outre, les plaques tem- porales sont plus grandes et plus régulières. Cette dernière particularité, au reste, n’est peut-être pas aussi constante que la précédente. V. SOLÉNOGLYPHES OU SERPENTS VENIMEUX PROPREMENT DITS ‘. VIPÉRIENS (SERPENTS VENIMEUX SANS FOSSETTES NASALES.) Les serpents de cette première famille recueillis dans l'Afrique occidentale sont très-remarquables par l’ensemble de leurs caractères et aussi par leur système de coloration. Ils appartiennent au genre Échidnée de Merrem , surtout distinet par l’extrème aplatissement de la tête, par sa largeur en arrière et par la direction des narines, qui sont ouvertes, non sur les côtés, mais en dessus. Trois espèces, dans ce groupe, doivent être mentionnées. La plus ancienne- ment connue est la Couleuvre hébraïque de Lacépède, qui, déjà figurée dans Séba, est devenue, pour Cuvier, la Vipère à courte queue, et plus tard pour Merrem, Echidna arietans, dénomination qu’elle doit désormais conserver. Elle a été représentée par Wagler (/cones amphib., pl. x1, avec texte explicatif) et dans lAfas de l£rpét. génér., pl. Lxxix bis, très-bonne figure. Elle est assez connue pour qu'il soit inutile d'en donner une description dont tous les détails d'ailleurs se trouvent dans l'ouvrage que je viens de citer (t. VIT, p. 1426). Nous l'avons reçue du Cap et de l'Ouest. Plusieurs individus originaires du Sénégal ont vécu à la ménagerie du Muséum? Nous y avons également conservé pendant un temps assez long un exemplaire d’une très-belle espèce du Gabon. C’est la suivante : 1. Des deux familles que comprend ce Sous-ordre, les J’ipériens et les Crotaliens où Bothro- -phides , la première doit seule nous occuper, car toutes les espèces du second groupe sont améri- Caines ou asiatiques. 2. Une autre espèce de l'Afrique occidentale, qui nous est inconnue, a été nommée par M. Gray Clotho lateristriga (Zool. miscell., 1842, p. 69, et Cat. of Snakes, 1849, p. 26). 220 ARCHIVES DU MUSÉUM. ÉCHIDNÉE RHINOCÉROS, Echidna rhinoceros (Vipera rhin.), Schlegel, (Mus. de Leyde) 1, Echidna gabonica, D., B., Erpét., t. VIE, p. 1428, pl. Lxxx bis. On croyait l'espèce nouvelle. Elle avait été cependant déjà décrite et figurée par M. Hallowell, sous la dénomination impropre de : Cerastes nasicornis, Wagl., Proc. Ac. nat. sc. Philad., 1847, t. II, p. 349, avec fig. ?. Museau court et obtus, portant entre les narines, qui sont très-rapprochées et dirigées en dessus, deux grandes écailles fortement carénées et comme épineuses ; treize à quinze plaques sus-labiales *; teinte générale, d'un brun rougeätre velouté, formant : A° sur les flancs, de grandes taches circonscrites par du brun verdätre, bordé de blanc; 2 sur le milieu du dos, des parallélogranmmes réguliers. Le système de taches dorsales est complété par d’autres taches triangulaires, d’un brun verdàtre, appuyées par leur base sur les extrémités de chacun des parallélogrammes, qui se trouvent, par cela même, séparés entre eux, en avant comme en arrière, par deux de ces taches en triangle, dont l’ados- sement, sommet à sommet, rappelle la figure d’un sablier. Ce remarquable ensemble de figures géo- métriques sur la ligne médiane constitue un caractère tout à fait tranché “.— Du Gabon. ÉCHIDNÉE NASICORNE, Echidna nasicornis, Merrem. 1790. Coluber nasicornis, Shaw, Natur. miscell., t. WI, pl. Xctv. 1802. Zdem, Id., Gener. zool., t. LI, part. 11, p. 397, pl. civ. 4803. J’ipera nasicornis, Daud., Rept., t. VILL, p. 322; et 1843, Reinhardt, Nogle nye Slangear- ter in Xongel. Danske vidensk.,t. X, p. 273, pl. in, fig. 8 et 9. 1830. Cerastes nasicornis, Wagler, Syst., p. 178. 4. Je donne ici la synonymie de cette espèce et celle de la suivante, E. nasicornis, parce qu'il règne quelque confusion sur ce sujet dans des écrits récents, où la distinction spécifique entre ces deux Vipériens n’est pas suffisamment indiquée. 2. 1] est convenable d'employer ce nom de Céraste uniquement pour les Serpents venimeux, dont le bord sus-oculaire est revêtu d’écailles plus ou moins saillantes. Les espèces rapprochées par ce caractère remarquable d’une saillie surciliaire doivent former un genre. Elles ne constituent cependant, avec les vraies f’ipères, les Échidnées et les Échides, que de simples groupes dans le Prodrome de M. Jan, qui éloigne seulement du grand genre Vipère l'4canthophis cerastinus, Daud. 3. Pour cette espèce, comme pour les deux autres Échidnées de l'Afrique occidentale (£. arietans et E. nasicornis), il n’y a pas identité absolue entre les nombres offerts par les exemplaires du Musée de Paris, et ceux que M. Jan a indiqués dans son Prodrome (Ret. de zool., 1859, p. 152). Ces nom- bres ne constituent peut-être donc pas de vrais caractères spécifiques. 4. On trouve de très-intéressantes indications sur les mœurs et sur les effets terribles du venin de cette redoutable Échidnée in Proc. Ac. nat. sc. Phil., A848, t. IV, p. 37. Elles sont dues au Révér. docteur Savage, missionnaire dans l’Afr. occid., où il a recueilli de nombreux et importants documents sur l’histoire naturelle de ces contrées. Ainsi, sur les 4mphisbéniens dont j'ai parlé plus haut (p. 183), il a donné de curieux détails relatifs à la crainte inspirée aux nègres par ces animaux qu'on rencontre, d’ordinaire, dans les nids de Termites, et auxquels ils attribuent la plus funeste influence. (/d., p. 37.) REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. D | 1842 et 1849. Clotho nasicornis, Gray. Zoolog. miscell., p. 69, et Cat. snakes, p. 25. 1854. Vipera hexacera Dum., Bib., Erpét. génér., t. VII, p.146 et Atlas, pl. Lxxvut bis, fig. 2, la tête vue de profil. 4857. Echidna nasicornis, Hallow., Proceed. Ac. nat. sc. Philad., t. IX, p. 62. Museau obtus, portant, entre les narines, qui sont très-rapprochées et s'ouvrent, non pas di- rectement en haut, mais en dehors et en dessus, trois paires d'écailles, dont la troisième ou la postérieure est la plus longue, et simule une sorte de petite conque triangulaire, à concavité dirigée en dehors; dix-sept à dix-huit plaques sus-labiales; sur le dos, de grandes taches en parallélogrammes, angulairement échancrées à chacune de leurs extrémités. La teinte générale est un brun verdätre plus foncé sur la rézion médiane que partout ailleurs, et formant, sur cette région, une grande lache sus-céphalique triangulaire, bordée de jaune, dont le som- met antérieur très-aigu, vient se perdre entre les narines. Cette teinte foncée est relevée tout le long du dos, par des taches allongées, à bords parallèles, verdâtres, entourées de jaune et traversées dans leur milieu, d'avant en arrière, par une ligne également jaune. Ces taches représenteraient des paral- lélogrammes, si elles ne se terminaient, à chacune de leurs extrémités, par deux prolongements an- gulaires, de façon qu’elles sont comme bifurquées en avant et en arrière. Ce système de coloration, non moins remarquable que celui de l'espèce précédente, dont il se dis- tingue et par la teinte générale et par la forme des grandes taches dorsales, suflirait pour éloigner Fune de l’autre ces Échidnées. Elles différent, en outre, par l'aspect et le nombre des prolongements écailleux de l’espace inter-nasal. Reçue primitivement de la Guinée, cette Échidnée a été prise au Gabon par M. Aubry-Lecomte. Les Musées de Milan et de Bâle ont des exemplaires de la Guinée et de la Côte d'Or. BATRACIENS. J. CÉCILOÏDES OU OPHIOSOMES. PÉROMÈLES. Le genre Cécilie se trouve dans l'Afrique occidentale. M. Aubry-Lecomte à rapporté du Gabon plusieurs de ces singuliers Batraciens apodes, qui appartien- nent à deux espèces distinctes. Ces individus ne peuvent pas être rapprochés, comme je l'avais cru d'abord (Rev. zool., 1856, p. 560), de la Cécilie museau-étroit (Cæc. rostrata, Guy. ). Il s'en trouve deux qui, tout à fait semblables l’un à l’autre, ont beaucoup de rapports avec l’espèce du Gabon que M. Stutchbury a nommée Ceæc. squa- lostoma. Aussi, malgré quelques différences, mais assez peu importantes, me paraît-il convenable de les rapporter à cette division. La diagnose suivante en présente les principaux caractères : D) ARCHIVES DU MUSÉUM. CÉCILIE A MUSEAU DE SQUALE, Cæcilia squalostoma, Stutchbury. Museau proéminent au-devant de la fente de la bouche, mais plus plat et moins étroit que celui de l'espèce dite C. ROSTRATA ; yeux complétement cachés sous la peau, à 0"002 en arrière et un peu au-dessous de la narine; près du bord de la lèvre supérieure, un petit tubercule peu saillant ; cent quarante-cing à cent cinquante-cing plis circulaires depuis la tête jusqu'à l’ex- trémité du petit appendice caudal, et tous complétement circulaires ; teinte générale, d’un vert olive, offrant, çà et la, et particulièrement chez un des individus, de petites taches jaunes irrégulières. Longueur totale du plus grand de nos deux exemplaires, qui dépasse à peine l’autre, 0"35 ; circon- férence vers le milieu du tronc, 0" 030. Si l’on compare cette description à celle que M. Stutchbury a donnée (Trans. Linn. Soc. Lond., 1836,t. XVII, part. 111, p. 362), et qui se trouve reproduite dans l'Erpét. génér., t. VIE, p. 274, on est frappé des ressemblances. Quant aux différences, elles consistent en ce que, contrairement aux indications fournies par le zoologiste anglais : 4° les douze derniers plis ne sont pas incomplets; et 2° qu'il n'y a pas de nombreuses petites taches jaunes confluentes !, La forme non conique et plus déprimée du museau, la présence des tentacules fort courts, au reste, des fausses narines, le nombre considérable des plis cutanés, sont autant de particularités propres à permettre la distinction entre cette Cécilie et celle que Cuvier a le premier désignée sous la déno- mination de C. rostrata. Je dois ajouter que chez cette dernière, malgré l'indication contraire, donnée dans Y’Erpét. génér., les yeux se voient sous l'apparence de points blanchâtres, tandis qu’ils man- quent complétement dans les deux individus qui me semblent appartenir à la C. squalostome. Cinq autres Batraciens du même genre, rapportés du Gabon avec les précé- dents, appartiennent à une espèce particulière et nouvelle. VII. CÉcicre DE SÉrAPHIN, Cæcilia Seraphini *, A. Dum. Museau déprimé, un peu proéminent au devant de la fente de la bouche; yeux visibles sous les téguments ; presque directement au-dessous de la narine, et à une très-petite distance de son orifice, près du bord de la lèvre, un petit tentacule qui, chez deux de nos exemplaires, se présente sous l'apparence d'une pointe fort courte, très-fine et très-acérée; 125 à 130 plis cir- culaires depuis la tête jusqu'à l'extrémité de la queue; teinte générale, d'un brun foncé, relevée, de chaque côté et surtout en dessous, au niveau de chaque pli, par un filet jaune. Le spécimen le plus long mesure 0” 028, et sa circonférence est de 0" 008. 4. La destruction de l'épiderme , comme je l'ai constaté sur plusieurs Cécilies, peut faire supposer l'absence des plis. Quant aux taches, il est possible qu’elles soient plus ou moins nombreuses et appa- rentes suivant les individus. 2. Je saisis avec plaisir l’occasion qui m’est offerte de rappeler dans ce travail le nom de M. Séra- phin Braconnier, attaché aux laboratoires du Muséum d'histoire naturelle. En étudiant ces Reptiles, il a constaté les différences qui nécessitent leur classement en un groupe distinct. REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 223 II. ANOURES. I. RANIFORMES. Certaines espèces de l'Afrique occidentale appartiennent au genre Grenouille. Telle est d’abord celle du Sénégal qui a été nommée Rana Galamensis, Dum. Bib. (Erpét. génér., t. VIIL, p. 367). Une autre ( ana Bibronii, Hallowell) nous été donnée par l’Académie de Philadelphie. On en trouve (Proceed., 1845, t. If, p. 249) une description dont j'ai pu vérifier chaque détail sur nos exemplaires. Ils portent tous le pli cutané au-dessus du sourcil qui, avec quelques autres particularités du système de coloration, a été, pour M. Günther, un motif de considérer un exemplaire en- voyé de Sierra-Leone au Musée de Londres comme le type d’une espèce dis- tincte. Il l’a nommée Rana superciliaris (Cat. Batr. salientia, 1858, p. 17, pl. 1, fig. b); mais il a reconnu, avec raison, dans l’Appendice à ce Cat., p. 132, qu'elle est identique à l’espèce précédente, dont on a, en réalité, une très- bonne représentation dans la figure que je viens de citer. Une autre Grenouille africaine , reçue en particulier de la Gambie (R. occipi- talis, Günth.), et très-bien caractérisée, est décrite dans cet App. (p.130, pl. x1). Au Musée de Berlin (de Martens, Nomenclator Reptilium et Amphib. Musei zool. Berolin., 1856, p. 39), on désigne, sous les noms de Rana gracilis, Schl]., et À. irrorata, Id., deux espèces nouvelles de la Côte d'Or. Nous ne les con- naissons pas; il en est de même pour celle qui, trouvée d’abord dans l’Afrique australe et dite À. oxyrhyncha, Sundevall (Smith, /llustr., pl. Lxxvu, fig. 2, 2a, 2b, 2c), a eté reçue à Berlin de la Côte d'Or (Nomenclator, p. 39). Un Raniforme originaire du Gabon a été déjà signalé dans ma ofe sur les Reptiles de ce pays. C’est le suivant : 1. Au Musée de Londres, mais non dans celui de Paris, on a reçu de l'Afrique occidentale et spé- cialement de Sierra-Leone, l'espèce dite Rana fuscigula, Dum., Bib., qui, jusqu’à ce jour, ne nous a été rapportée que de l’Afrique australe. 224 ARCHIVES DU MUSÉUM. IX. GRENOUILLE TACHETÉE EN DESSOUS, ana subsigillata, À. Dum. ‘. PI: XVIII, fig. 4. Rana subsigillata, À. Dum., Revue de zool., 1856, p. 560. Dents vomériennes très-développées, formant deux rangs obliques en chevron; sur la mà- choire inférieure, de chaque côté de la saillie médiane, deux apophyses dentiformes, auxquelles correspondent, sur l’arcade maxillaire supérieure, des enfoncements destinés à les recevoir; langue allongée, ovalaire, un peu échancrée à son extrémité libre et adhérente dans ses deux tiers antérieurs; yeux très-protubérants et peu distants l'un de l’autre; narines ouvertes presque en dessus; doigts complétement libres; orteils à demi palmés; régions supérieures d'un brun noirätre, les inférieures plus claires, parsemées de taches rondes et jaunes. L'un des caractères remarquables de cette Grenouille consiste dans la présence d’apophyses denti- formes de la mâchoire inférieure et dans le volume de la saillie médiane de cet os. Cette particularité du squelette est rare. Elle est très-évidente dans les espèces dites Aana macrodon, Kulhl, et R. Kuhlii, Schleg.; dans deux autres ( À. grunniens, Daud., et R. tigrina, Id.), ces petites protu- bérances osseuses sont beaucoup moins marquées. C'est à la première de ces quatre Grenouilles qu’on pourrait être tenté de comparer l'espèce nou- velle, mais, outre la différence d’origine, puisque la macrodonte est indienne, il y a, dans la confor- mation générale, des dissemblances notables. Ainsi, chez l'espèce africaine, la tête est moins large et le museau plus allongé; les narines sont plus rapprochées l’une de l’autre, et, par conséquent, leur orifice est moins latéral; la paupière supérieure n’est pas tuberculeuse; enfin, les palmures des pieds, qui n'occupent pas plus de la moitié de l'étendue des espaces inter-digitaux, sont moins considérables que dans la Grenouille de l'Inde. J'ajoute, pour compléter la description de la Gr. tachetée en dessous, les indications suivantes : Les dents vomériennes, au nombre de trois, de chaque côté, assez longues et fortes, forment deux 4. Aucun rapport, ni pour la conformation générale, ni pour les détails de l’organisation, ne se remarque entre la Grenouille dont il s’agit et les Batraciens d'Afrique à formes de Crapaud et à tuber- cule saillant du métatarse, nommés par M. Tschudi Pyxicephalus adspersus et Delalandii. I n’y a donc pas de motifs, contrairement à ce que suppose M. Günther (Caf., p. 7}, pour la rapprocher de ces Raniformes qu'il désigne sous le nom générique de Tomopterna, et particulièrement de l'espèce de Mozambique : Pyx. marmoratus, Peters, (Monatsber. 185%, p. 626). Je rappelle, en passant, que cette dénomination fort expressive (reuès, qui coupe, et #regvts, talon), restée longtemps manuscrite dans notre Musée, a dû être abandonnée à l’époque de la publication du t. VII de l’Erpét. gén., à cause du droit de priorité du terme Pyricéphale proposé par M. Tschudi. Ce n’est pas ici le lieu de discuter la division proposée par M. Günther pour ce petit groupe très- naturel, tel qu'ilest délimité dans cet ouvrage, puisqu'il ne renferme pas d'espèces de l'Afrique occi- dentale. Je me borne done à dire que celle d'Amérique conserve seule, dans le Musée de Londres {(Cat., p. 24), le nom de Pyxicéphale remplacé par celui de Tomopterna pour les individus de la côte de Mozambique et du Cap de Bonne-Espérance. REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 225 petites rangées obliques situées sur le bord interne des ouvertures nasales postérieures, qui sont grandes, ainsi que les orifices des trompes d'Eustachi. Le canthus rostralis est à peine marqué; il en résulte que le museau est assez régulièrement voté ; sa longueur est assez considérable : de son extrémité antérieure jusqu’à l’œil, il mesure 0013, la tête ayant 0"031; les narines qui, comme je l'ai dit, s'ouvrent presque directement en dessus, sont un peu plus rapprochées du bout du museau que des yeux. Le tympan, sans être très-apparent, est cependant bien visible; la peau qui le recouvre ne porte aucune tache; il en est de même pour toutes les régions supérieures, dont les téguments sont presque complétement lisses; il y a un pli pectoral assez marque, et dont la forme est très-exactement indi- quée sur la planche ci-jointe, où l’on voit aussi le pore cutané de la face interne de la cuisse. La longueur totale du seul individu que nous possédions est de 0"18, ainsi répartis : tête, 0m034; tronc, 0® 040; membres postérieurs, 04109. Les indications données plus haut sur le système decoloration qui a motivé le nom spécifique dont j'ai fait usage, me dispensent d’entrer dans de plus longs détails sur ce sujet. Le genre Cystignathe est représenté à l’ouest, et également au sud de l'Afrique, par l’espèce dite €. senegalensis, Dum., Bib. Parmi les Batraciens raniformes très-peu nombreux qui n’ont pas de dents au palais (Oxyglossus, Tschudi, Leiuperus, Dum., Bib., Arthroleptis, A. Smith}, aucun ne présente la singulière disposition de la langue que M. Hallowell a constatée sur une Grenouille du Gabon, et qui est devenue pour lui le type d'un genre nouveau : Heteroglossa. Ici, en effet, comme chez les Batraciens urodèles dits Géotriton , Gene, Bolitoglosse, Tschudi?, et Heredia, Girard, la langue, jusqu'à un certain point semblable à un champignon, se compose d'une sorte de disque et d’un pédicule qui le supporte. Contrairement à ce qu'on observe chez ces Tritons, le disque n’est tout à fait libre que dans sa moitié postérieure, où il présente une profonde échancrure. En avant, la langue est retenue, le long de la ligne médiane, par du tissu cellulaire; enfin, ses bords sont libres, si ce n’est à la région antérieure. La très-petite Grenouille étudiée par le zoologiste de Philadelphie (sa lon- gueur totale n’est que de 29 lignes anglaises : 0",06 environ) a été nommée par lui Aeteroglossa africana. Elle est inconnue dans les Musées de Paris et de Londres. A. Voyez la représention de la langue du Géotriton, Atlas de l'Erpét. génér., pl. xour, fig. 2, 2a, sous le nom erroné de Pseudotriton, et pl. ax, ig. 4, pour le système dentaire. 2. Id., pour les dents, pl. cr, fig. 4. 3. Proceed. Ac. nat. se. Philad., 1856, t. VII, p. 140. Une description plus détaillée de l'espèce dite Æ. oregonensis, Gir., a été donnée par M. Hallowell (Zd., p. 235 ). ARCHIVES Du Mus£uM. T. X. 29 226 ARCHIVES DU MUSÉUM. IT. HyLzÆrorMes. Un Batracien de cette famille, qui vit dans l’Afrique occidentale, et que M. Hallowell a nommé Rana albolabris (Pr. Ac. nat. se. Phil., 1856, t. VI, p- 153), offre tous les caractères sur lesquels M. Tschudi s’est appuyé pour former le genre Æylarana. Cette dénomination a, en effet, pour but de rap- peler que les Anoures ainsi désignés sont des Rainettes, dont la conformation générale est très-analogue à celle des Grenouilles. Le nom de Limnodyte, qui est plus en rapport avec les principes de nomenclature posés par Linné, a été créé par les auteurs de l’£rpét. génér. (t. VIII, p. 510). La Rainette dont il s’agit est donc devenue, dans ma Vote sur les Rept. du Gabon (Rev. zool., 1856, p. 561), Limnodytes albolabris, dénomination que M. Hallowell a lui-même adoptée (Proc., 1857, t. IX, p. 72) dans sa liste des Reptiles du Gabon. Elle figure également dans celle de M. Gray (Proc. zool. Soc. Lond., 1858, p. 165, n° 103) et dans le Catal. de M. Günther, p. 73, où les Batraciens de ce groupe portent le nom générique de Æylarana. L'Académie de Philadelphie nous a adressé un des types de cette espèce ,ret nous avons reçu du Gabon, par les soins de M. Aubry-Lecomte, des individus parfaitement identiques au précédent. La représention que je donne de cette belle espèce, pl. xvur, fig. 2 et 24, me dispense d'ajouter aucun détail à la description de M. Hallowell. On voit par ce dessin que la forme générale, la conformation et les grandes dimensions de la langue , la présence des dents vomériennes, puis le développement mé- diocre des disques digitaux, attestent de la convenance du classement de ce Batracien dans le genre Limnodyte. Le même zoologiste a décrit ( Proceed., 1844, t. I, p. 60) une Rainette du Liberia qui nous est inconnue, et dont ïes caractères bien tranchés sont ceux du genre /rale, Dum., Bib. (Erpét. génér., t. VII, p.523). Il l’a nommée /. con color. Elle est, jusqu’à ce jour, la seule espèce africaine que renferme ce groupe : tous les autres Ixales sont indiens. Elle n’est pas mentionnée dans le Cal. de M. Günther, mais elle est portée sur la liste de M. Gray, n° 105. Le genre Æucnemis, Tschudi, qu'il est plus convenable de nommer ypero- REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 227 lius ?, se trouve abondamment dans les différentes régions de l'Afrique. Notre Musée ne possède cependant pas une seule espèce de la côte occidentale. Celle qui est inscrite dans l’£rpét. génér., t. VII, p. 528, (Æ. viridiflavus, Dum., Bib.), et dont le type est originaire d’Abyssinie, a été rencontrée, depuis cette époque, au Sénégal (Günther, Catal., p. 85 )?. Le genre Rainette proprement dit (Æyla), tel qu’il est conçu maintenant par les erpétologistes, qui y ont laissé seulement les Hylæformes, dont nul carac- tère particulier ne permet le classement dans une autre coupe générique de ce vaste groupe *, comprend-il des espèces de l'Afrique occidentale? M. Hallowell le pensait lorsque, en 1854 (Proc. Act. nat. se. Phil., t. VI, p. 193), il décrivait celle qu’il a nommée Æyla punctata #, et sur laquelle il a 4. De repos palais et 2e, lisse, substitution de nor proposée par M. Rapp (iegm. Erichs., Arch., 1842, t. 1, p. 290), à cause de l'emploi fait par Ahrens de la première dénomination, qui signifie bien membré | =ôxvme), pour un genre d'insectes coléoptères. Ce double emploi, signalé par mon père (Erpét. génér.,t. NIIT, p. 825), a cependant été conservé dans son ouvrage. 2. Ce Catalogue indique la présence au Musée de Londres des espèces suivantes, qui ont été re- cueillies à l'Ouest, et en particulier dans le royaume d’Angola, sur la Côte d'Or et à Fernando-Po : HA. parallelus, Günth., Catal., p. 86, pl. vus, fig. A ; H. ocellatus, Id., H. plicatus, Id., p. 88, pl. vu, fig. A, Bet C; H. marmoratus, Rapp., loc. cit., p.289, du Natal (Catal., p. 85); H. mo- destus, Sch]l. (Idem, p. 88). Il y a, en outre, une espèce de la Côte d’Or que possède le Musée de Berlin : Æ. (£ucn.) bucephalus, Schl. ( Nomenclator Rept. et Amph. Mus. Berolin., 1856, p. 36, sans description). Ce même Musée, qui a reçu de si nombreuses richesses de la côte de Mozambique par les soins de M. Peters, possède cinq espèces nouvelles décrites par cet habile zoologiste (4/0- natsber. der Kœn. Preuss. 4kad., 1854, p. 627, et Wiegm. Arch., 1855, t.1, p. 56). M. Bianconi, dans son bel ouvrage (Specim. z00ol. Mozamb., p.16, Rept., pl. v, fig. 4 et 2), a fait connaître deux espèces également distinctes. En ajoutant à ces espèces les trois de l’Afrique australe nommées par M. Tschudi Æ. Horstockii, et par Sundevall Z. verrucosus, et H. tuberilinguis, (A. Smith, {Uustr. 001. S. Afr., Appendix , p. 26), puis celle que M. Günther appelle A. quttulatus (d'Afrique, sans indication plus précise), etenfin, les Æ. seychellensis, Tsch., madagascariensis, Dum., Bib., le genre essentiellement africain, dont on ne connaissait que quatre espèces à l’époque de la publication du t. VIII de l’Erpét. génér., 1841, en renferme aujourd'hui dix-neuf, et même vingt, si 4. bicolor, Günth., appartient réellement à ce groupe. 3. J'ai cherché, en 1854, à bien préciser les caractères du genre Rainette, et à lever quelques-unes - des difficultés que présente l’étude comparative de ses nombreuses espèces, dans un travail ayant pour titre : Mémoire sur les Batraciens anoures de la famille des Hylæformes ou Rainettes (Ann. des sc. nat. Zoo! , 3° série, t. XIX, p. 167). 4. Cette dénomination spécifique ne peut pas être acceptée, Daudin, dès 1803 { Hist. Rain. Gren. Crap., p. M), l'ayant appliquée à la Rainette dite par Schneider { Hist. Amph. Fasce., 1, p. 470) Calamila punctata. 228 ARCHIVES DU MUSÉUM. fourni ultérieurement des détails très-précis relatifs au système de colora- tion (/d., 1857, t. IX, p. 65). Je le croyais également en 1856, car dans ma /Vole sur les Reptiles du Gabon (/ev. zool., p. 561), j'ai signalé, en la dé- diant à M. Aubry-Lecomte (Hyla Aubry), une espèce que je supposais nouvelle ; mais plus tard, en 1857, par suite de la seconde description de M. Hallowell, j'ai reconnu l’identité avec la R. ponctuée ( H. punctata) de ce zoologiste. I n’est cependant pas possible, comme le démontre une observation faite par M. Günther, de laisser ce Batracien hylæforme dans le genre Rainette, dont l’un des caractères se tire de l'élargissement en palette triangulaire des apophyses transverses de la vertèbre sacrée. Ces apophyses, en effet, sont cylindriques 1c1, selon la remarque consignée dans le Cat. of the Batr. salientia (p. 89), et un peu renflées à leur extrémité externe ou articulaire. Sous tous les autres rapports, cette espèce ressemble tellement aux véri- tables Rainettes qu’on ne peut pas supposer avec M. Günther (Cat., p. 144) qu'elle soit identique à celle dite par M. A. Smith (ZUl. zool. S. Afr., Appendix, p. 25) Polypedates nalalensis. Rien, en effet, dans les détails, et spécialement parmi ceux qui concernent les couleurs, ne motive cette assimilation à un Hylæforme inconnu dans les Musées de Londres et de Paris, mais qui doit offrir, on n’en saurait douter, d’après la détermination de l’auteur des //lustr., les caractères propres au genre Polypédate, et dont le principal consiste dans la forme et les srandes dimensions de la langue. Il est également impossible de considérer la Rainette d’Aubry comme iden- tique à l'espèce que j'ai nommée Hylambates maculatus (Ann. des se. nat. Zool., 3° série, t. XIX, p. 162, pl. vu, fig. 1, 1a, 10 et 4). Ce rapprochement que M. Günther propose (Cat., p. 144) n’est fondé sur aucun des caractères spéci- fiques propres à l’une et à l’autre espèce, Ainsi, celle de l'Afrique occidentale, dont on doit la première indication à M. Hallowell, se distingue de l’Ayl tacheté, 1° en ce qu’elle a le museau plus court, moins plat; 2° parce que l'arc décrit par les mâchoires appartient à une courbe d’un plus petit diamètre. Le système de coloration, d’ailleurs, est fort différent. Ces dissemblances sont très-bien exprimées sur les figures que j'ai données de ces Batraciens dans les Ann. des se. nat., loc. eit., pl. VI, 1. L'Hylambate tacheté est compris au nombre des animaux que M. Peters a rapportés de la côte de Mozambique. Il le signale {Monatsb. Kœn. Preuss. Akad., 1854, p. 626, n° 77). REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 229 et sur la pl. xvii ci-jointe, où les fig. 3 et 3a représentent, sous le nom de Rainette d'Aubry, l'Hylæforme de la côte occidentale. Ces réserves faites quant à la réunion proposée par M. Günther, mais com- plétement inadmissible, des trois Batraciens dont il s’agit (Æyla Aubryi, A. Dum. [H. punctata, Hall. |, Polypedates natalensis, À. Smith, Hylambates maculatus, A. Dum.), sous une même dénomination spécifique, je reconnais, avec l’auteur du Catal. des Anoures du Musée de Londres, la nécessité, comme je le dis plus haut, de détacher l'espèce de M. Hallowell du genre Rainette, dont l’éloigne la forme des apophyses transverses de la vertèbre sacrée. Le nom générique de Leptopelis (errès, mince, re, bassin)serait conve- nable à cause de l'indication qu’il fournit du caractère anatomique essentiel. Il n’était cependant pas nécessaire d'établir un nouveau genre, car la diagnose que j'ai présentée du genre Hylambate est tout à fait applicable à l’espèce dont je m'occupe en ce moment. Elle devient donc dans nos collections : X. HyLamBaTEe D'Augry, Hylambates Aubryi, À. Dum. PI. XVIIT, fig. 3, 3. Tronc court et ramassé; tête large, épaisse, à museau court, arrondi, à peine proéminent ; yeux volumineux et saillants ; deux petits groupes de dents vomériennes ne touchant pas aux arrière-narines; région supérieure à granulations nombreuses, petites et inégales; celles des régions inférieures beaucoup plus prononcées sous le ventre et sous les cuisses que partout ailleurs; teinte générale d’un brun jaunâtre ou d’une nuance lie de vin, irrégulièrement mar- brée de noir. Les particularités suivantes indiquées par M. Hallowell se remarquent sur tous nos exemplaires et constituent de bons caractères distinctifs : « Immédiatement au-dessus de l'anus, on voit une ligne jaune, un peu ondulée, commençant, de chaque côté, sur la région postérieure de la cuisse ; une sem- blable ligne longe le bord postérieur des avant-bras et se continue sur les mains », 1. Voici cette diagnose telle que je l’ai donnée (4nn. sc. nat., loc. cit., p. 164) : « Langue cordi- forme , médiocre , libre en arrière; deux groupes de dents vomériennes au niveau du bord postérieur des arrière-narines ; tympan peu distinct ; orifices des trompes d'Eustachi médiocres; doigts compléte- ment libres; orteils palmés dans la moitié de leur longueur ; saillie du premier os cunéiforme peu appa- rente; disques digitaux bien développés; un sac vocal chez les mâles; apophyses transverses de la vertèbre sacrée non dilatées en palettes triangulaires. » M. Hallowell dit que les doigts sont légèrement palmés chez sa Rainette; mais, par le fait, cette palmure est si peu considérable qu'il n’en faut pas tenir compte. Il n’y a pas de sac vocal sur nos trois individus, qui sont peut-être des femelles. — Le genre Æylambate comprend done deux espèces, 230 ARCHIVES DU MUSÉUM. (IL. BUFONIFORMES. Quatre espèces de cette famille, et qui appartiennent au genre Crapaud, doivent être citées ici : Il en est une que j'ai déjà mentionnée (p. 155) comme offrant un remarquable exemple de la dispersion de certains Reptiles sur presque tous les points du continent africain. Elle a été nommée par Boie Bu/o pantherinus. Elle vit non- seulement en Égypte, d'où Ét. Geoffroy Saint-Hilaire, qui lui avait imposé la dénomination de Grenouille ponctuée, Va rapportée pour notre Musée, mais aussi en Algérie, dans les régions australes, dans le Mozambique, et sur la côte occidentale, au Sénégal en particulier 1. Le Musée de Leyde en possède une autre, qui y est nommée Bufo quineensis, et dont les différences, quand on la compare à la précédente, consistent dans les dimensions plus considérables du troisième doigt relativement au quatrième. La forme des parotides n’est pas la même : ici, au lieu d’être elliptiques, elles sont très-allongées et étroites. Le système de coloration paraît être semblable. Il est, d’ailleurs, à peine nécessaire de rappeler combien celui-ci est variable chez le Crapaud panthérin où, souvent, la ligne dorsale médiane et les grandes taches manquent. On possède à Londres plusieurs exemplaires de cette espèce nouvelle, mais elle ne se trouve pas dans notre Musée. Il en est de même pour un Bufoniforme du Liberia, également inconnu à Londres, et nommé par M. Hallowell d’abord Bufo cinereus (Proc. Ac. nat. sc. Phil., 1844, &, I, p. 169), puis plus tard, en raison de limpropriété de cette dénomination spécifique déjà employée par Daudin, B. maculatus (Id., 1854, VIE bA40T): Les caractères sur lesquels est fondée la distinction entre ce Crapaud et le panihérin sont que le tympan du premier est plus grand, et que son système de coloration offre certaines différences dans la disposition des taches dorsales. Une espèce recueillie à Fernando-Po, et d’un aspect tout à fait bizarre, est 1. Comme d’autres animaux d'Afrique, ce Batracien se rencontre également en Asie ( voy. plus haut, p. 158, note) ; nous en possédons des exemplaires recueillis en Arabie par M. Rüppell. REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 231 celle que M. Günther a décrite et figurée (Cat., p. 60, pl. m1, fig. C) sous le nom de Bufo tuberosus. C’est un Crapaud épineux, car sur les régions supérieures, A les tubercules cutanés, entourés à leur base par de petites pointes cornées, en portent une plus considérable à leur centre. Dans le genre Ængystome, fondé par M. Fitzinger, pour le Batracien dit Rana ovalis, Schn., M. Schlegel a rangé une espèce de la Côte d'Or : £. vermi- culatum (Nomencl. Mus. Berolin., 1856, p. 43, sans description). Il faut laisse: très-près de cette espèce un Bufoniforme du sud et de l’ouest de l'Afrique, décrit et figuré par M. Rapp (Archiv, Erichs., 1842, 1. I, p. 290, pl. vi, fig. 8 et 4): Engystoma maculatum. Si, par sa conformation extérieure, il ressemble beaucoup à l£ngystome vermiculé, bien qu'il ait des caractères spécifiques tranchés, il s’en distingue cependant par une très-étrange anomalie que M. Günther a signalée. Non-seulement, la membrane du tympan est invi- sible, comme M. Rapp l'avait indiqué, mais il n’y a ni oreilles moyennes, ni trompes d’Eustachi. Devenu nécessairement le type d’un genre particulier, ce Batracien est nommé, dans le Catal. Batr. salientia, (Br. Mus., p. 47 et 137), Hemisus qut- tatum, Günther (#yuovs moitié et os oreille). — Nous ne le connaissons pas. IV. PHRYNAGLOSSES OU AGLOSSES. Un des caractères les plus remarquables de cette singulière famille est exprimé par les dénominations qui servent à la désigner. Elle comprend deux sous-familles composées chacune d’un genre : 1° celle des Pipas, confinée dans certaines régions de l'Amérique du Sud, et 2° celle des Puctylèthres, propre au continent africain !. Cette seconde sous-famille, très-distincte de la première, ne renferme encore que deux espèces : Dactylethra capensis, Cuvier, (Bufo lœvis, Daud.), qui se rencontre dans l'Afrique du Sud, et D. Mülleri, Peters, dont la zone 1. Je ne parle point ici du genre Myobatrachus, Schl. ( Proceed. zool. Soc. Lond., 1850, p. 9), originaire d'Australie, et que M. Günther (Cat., p. 3) range dans cette famille, car l’épithète de para- doæus employée par le zoologiste hollandais pour l'espèce type, la seule connue jusqu’à ce jour, di assez qu'il est encore difficile d’assigner à ce Batracien son véritable rang parmi les Anoures. 232 ARCHIVES DU MUSÉUM. d'habitation est beaucoup plus étendue. Ce Batracien, en effet, ne vit pas seu- lement dans le Mozambique ; M. Aubry-Lecomte en a rapporté du Gabon deux beaux exemplaires, et l'Académie de Philadelphie en a reçu, de cette contrée, un spécimen d’après lequel M. Hallowell a présenté (Proc. Acad. nat. sc. Philad. 1857, t. IX, p. 65) une bonne description, qui, avec celle que M. Peters a donnée (Wonalsber. Kæn. Preuss. Akad., 1844, p. 37), énumère toutes les particularités distinctives de ce Dactylèthre. Il diffère très-notablement de l’autre espèce par une petite pointe saillante au bord externe du talon et par un tentacule au-dessous de l'œil. Nos deux exemplaires ont une teinte foncée uniforme. M. Peters a constaté cette altération des couleurs, due à l’action de l’al- cool; mais pendant la vie, dit-il, on voit sur les régions supérieures, qui sont brunes, de grandes taches claires à leur centre, et la teinte générale, en dessous, est un brun jaunâtre. J'ai cru utile de donner une représentation très-exacte de ce Batracien encore peu connu et de montrer la tête et l’un des pieds de derrière du Dact. du Cap. On peut saisir ainsi (pl. xvin, fig. 5, 6 et 6 a) les dissemblances fort évidentes des deux espèces. Ici se termine l’histoire des Reptiles de l'Afrique occidentale, car, jusqu’à ce jour, on n’y a rencontré aucune espèce du groupe des Batraciens Urodèlesf. Je la complète en y joignant, comme une sorte de résumé des détails qu’elle renferme, la liste ci-contre. Dans ce catalogue méthodique, je me suis efforcé de n’omettre aucune des espèces connues, sans être cerlain cependant d’avoir pu réussir à présenter un bilan exact de nos connaissances actuelles sur l’er- pétologie de cette portion du continent africain. 1. Ces Reptiles, au reste, manquent également dans les autres parties de ce continent, où l’on ne connaît qu'un seul Triton ({ Euproctus Poireli, Dum., Bib. [Gervais] ou Glossoliga Poireti, Charles Bonaparte), propre à la région septentrionale. REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 233 REPTILES DE L’AFRIQUE OCCIDENTALE !. L CHÉLONIENS. II. SAURIENS. A. TORTUES DE TERRE OU CHERSITES. I. CROCODILIENS. I. Tesruno, Brongn. IX. CrocopiLus, Cuv. 47. Cr. vulgaris, Cuv. Var. A, Dum., Bib. Var. D, Id., Id. (Gr. suchus, Ét. Geoffr., et Cr. vert, Adans.) 18. Cr. cataphractus, Cuv. ? (PI. x1v, fig. 2). 49. Cr. leptorhynchus, Bennett. (PI. x1v, fig. 4, 4 4). 4. T. sulcala, Miller. II. Cinixys, Bell. Fe C. Homeona, Bell. C. erosa, Gray. (PI. x111, fig. 1). 4. * C. Belliana, Gray. Lo II. CAMÉLÉONIENS. X. CHAMÆLEO auctorum. 20. ? Ch. vulgaris, Cuvier. Ch. senegalensis, Cuvier. 22, Ch. dilepis, Leach. B. TORTUES PALUDINES OU ÉLODITES. I. CRYPTODÈRES. II. Euys, Dum., Bib. ses REP 23. Ch. gracilis, Hallowell. IL. PLEURODÈRES. 2%. * Ch. cristatus, Stutchbury. 25. * Ch. tricornis, vel Owenii, Gray. IV. PEnronYx, Dum., Bib. 26. * Ch. Bibrouii, Martin. (Var. præcedentis?). el * 6. P. capensis, Dum., Bib. (PI. x11, fig. 3). Ch. Burchelli, Hallow. 7. P. gabonensis, A. Dum. (Id. fig. 2, 24). 28. * Ch. granulosns, Id. {Var. vel mas Ch. senegal.?). III. GECKOTIENS. XI. PLATYDACTYLUS, Cuvier. 29. P. Delalandiüi, Dam., Bib. V. STERNOTHERUS, Bell. 8. * S. Derbianus, Gray. c. TORTUES DE FLEUVE OU POTAMITES, XII. HemipacryrLius, Cuvier. VI. Gymopus, Dum., Bib. | 6 30. H. ornatus, A. Dum. (Leiurus ornatus, Gray). 9. G. ægynptiacus, Dum., Bib. [Et. Geoffr.] 34. * H. angulatus, Hallow. 40.* G. (Tyrse) argus, Gr. 32. H. verruculatus, Cuv. 44.* G. (Trionyx) Mortoni, Hall. NL Sean D EI VII. CycLopERMA, Peters. 33. S. caudicinctus, A. Dum. 42. C. Aubryi, A. Dum. IV. VARANIENS. 43. * C. frenalum, Peters. 44. C. senegalense, A. Dum. (Cryptopus seneg., Dam. XIV. Varaxus, Merrem, | Bib.) 34 V. viloticus, Dum., Bib. VII Dis. CYCLANOSTEUS, Gray. | 35. V. ocellatus, Rüppell. 45, * C. Petersii, Gray. V. IGUANIENS. D. TORTUES DE MER OU THALASSITES. IG. ACRODONTES OU AGAMIENS. VIII. CHELONIA, Brongn. XV. AGama, Daudin. 46. Ch. Dussumieri, Dum., Bib. 36. Ag. colonorum, Daud. (Ag. occipitalis, Gray, Var? ). 1. Les noms inarqués d'une * sont ceux des espèces que le Musée de Paris ne possède pas, — J'ai fait précéder d'un ? celles que no: collections renferment, mais que, contrairement à ce qui a eu lieu dans d’autres Musées, elles n’ont jamais recues de l'Afrique occiden- tale, — Placé à la suite du nom le ? fait connaître qu'il reste de l'incertitude soit sur la syronymie ou sur l'espèce elle-même, soit sur la Patrie, — La liste porte l'indication de toutes les gures anne xées à ce travail. ARCHIVES DU MusÉUM. T. X. 30 40. 44. 43. ARCHIVES VI. LACERTIENS. COELODONTES. XVI. Tacaypromus, Daudin. . * T. Fordi, Hallow. XVII. LacerTa, Dum., Bib. [ Cuv.] . ? L. ocellata, Daud. XVII. ACANTHODACTYLUS, Fitz. . À, Savignyi, Dum., Bib. VII. CHALCIDIENS. XIX. Zoxunus, Merrem. Z. griseus, Dam., Bib. ? Z. microlepidotus, Gray. XX. GERRHOSAURUS, Wiegm. G. nigro-lineatas, Hallow. VIS SCINCOIDIENS. XXI. Scncus, Fitzinger. S. officinalis, Laurenti. XXII Spnexors, Wagjler. un . capistralus, Wagl. XXIII. Euvreres, Wagler. . Coctei, Dum., Bib.? . Perrottetii, Id., 1d. . Striatus, Hallow. (PI. xv, fig. 4, &, b, c). . Blandingii, Hallow. (14. fig. 2, 2 a). . Harlani, Id. (Plestiodon Harl., 1d.) . frenatus, Id. . albilabris, Id. . Raddoni, Gray. . Stangeri, Id. . venustas, Girard. . maculabris, Gray. . (Tiliqua) Fernandi, Id. . Saviguyi, Dum., Bib. (E, quinquetæniatus, Licht.). GRISES) mm EC] % ans Es XXIV. Lycosoma, Dum., Bib. (Mocoa, Gray, part.). 56. * L. (Moc.) africana, Gray. XXV. ANISOTERMA, A. Dum. A. sphénopsiforme, A. Dum. (PI. xv, fig. 3, a, b, c, d). XXVI. AxecyrRors, A. Dum. (SPHENORHINA, Hallow.) 60. 61. 62. A. cegans, A. Dum. (Acontias elegans, Hallow.) XXVIT. Fevcinia, Gray. * F. Currori, Gray. IX. AMPHISBÉNIENS. XXVIIL. AmPHiSBÆNa, Linn. A. leucura, Dum. Bib. XXIX. PHRACTOGONUS, Hallow. 3. * P. galeatus, Hallow.? DU MUSÉUM. HI OPHIDIENS. A. OPOTÉRODONTES OU VERMIFORMES, 1. ÉPANODONTIENS OU TYPHLOPIENS. XXX. TypxLops, Schneider. 64. * T. maculatus, Schl. 65. * T. Troscheli, Jan. (PI. xix). 66. * T. cæcatus, Id. (Id.). XXX£L OPputaaLmibion, Dum., Bib. 67. * O0. Eschrichtii, D., B. (Onychophis panctata, Gray). XXXIL OxvcHocerazus, Dum, Bib. 68. O. liberiensis, Hall. (O0. congestus, Dum., Bib. ?). 69. O0. cæcus, A. Dum. 70. * O. nigro-lineatus, Hall. : . Kraussi, Jin. (PI. x1x). 72. * O0. Hallowelli, Id. (1d.). =1 * e © II. CATODONTIENS. XXXIII STenostToma, Dum., B:ib. 73. * S. Sundevalli, Jan. (PI. x1x). B. AGLYPHODONTES OU SERPENTS COLUBRIFORMES NON VENIMEUX. HOLODONTIENS. XXXIV,. Pyrnon, Dum., Bib. 74. D. Sebæ, Dum., Bib. 75. P. regius, Id., Id. 76. * P. hieroglyphicus, Jan. APROTÉRODONTIENS. XXXV. Ervx, Oppell. 77. E. thebaicus, Ét. et Isid. Geoffr. 78. * E. Reinhardtii, Schl. (Calabaria fusea, Gray ? Rhoptrura Reiuh., Peters.) CALAMARIENS. XXXVI. Raspion. Dum. Bib. R. (Calamaria) Petersi, Schl. XXXVIT. PRosymNA, Gray. + 72. 80. * P. meleagris, Gr. (Calamaria meleagr., Reiub.). XXXVIII. Ecarors, Günther. E. modestus, Günth. co + CORYPHODONTIENS. XXXIX. Meizopon, Fischer. M. regularis, Fisch. ISODONTIENS. XL. Dexproruis, Boie. œ 1 * D. ivornatus, Jan. D. scandens, I, D. melanostigma, Id. œ œ oo GE © SEAT 86 REPTILES DE L'AFRIQUE XLI, Ecarnis, Dum. Bib. * E. tetragrammicus, Jan. XLII. ABLaBes, Dum., Bib. . * A.tigrinus, Jan. 88. * À elegans, Id. * A. albo-reticulatus, Id. 91. 92. 93. 94. 95. 96. 97. 98. 99: XLIIT. Graya, Günther. * G. silurophaga, Günth. * 400. 101. 102. 103. 404. 4105. 106. 107. 108. 409. 110. ÉSEUS LYCODONTIENS. TRIB. I. BOÆDONIENS. XLIV. Bozænon, Dum., Bib. . unicolor, Dum., Bib. (PI. xvur, fig. 4,1 a et fig. 5). . quadrilireatum, Id., Id. (Id. fig. 4, 4 «). Hall.?). (Id. fig. 3, 3 a). .nigrum, Fischer, B. infernalis, Günth. ?) (Id. fig. 2, 2 4). XLV. Hozurorrozis, A. Dam. . olivaceus, A. Dum. {PL xvi, fig. 4, &, D, c, d). TRIB. II. LYCODONIENS. XLVI. Lrycorox, Boie. . gultatum, A. Smith. . nigromaculatum, Schl. . tenue, Id. . adspersum, Id. TRIB. III. EUGNATHIENS. XLVIT. Eucxaraus, Dum., Bib. E. geometricus, Dum., Bib. XLVIIL. BorTaRopHTHALMUS, Schl. . lineatus, Schl. B. melanozostus, Id. L. capense, D., B. [Smith] (Lycod. Horstockii. Schl.) XLIX. Lycopxipion, Fitz. L. laterale, Hall. L. MeroporuiNa, Günther. . irrorata, Günth. LI. ALOPECION, Dum.. Bib. A. fasciatum, Günth. LIT. Horwoxorus, Hallowell. H. audax, Hall. LIT. Lamprorais, Fitzinger. L. modestus, Dum., Bib. LIV. HETEROLEPIS, A. Smith. H. glaber, Jan. a 1. bicarinatus, A. Dum. (H. poersis, Smith. ?) capense, Id., Id. (non Smith) (B. quadrivittatum. (B. quadrivirgatum, Hall.; ? 421. 126. OCCIDENTALE. CHR: + DR PRE: . Smaragdinus, Dum., Bib. [Boie] 235 LEPTOGNATHIENS. LV. Raciopon, Jourdan. scaber, Jourd. [Linn.] R. inornatum, Smith. Id, id., Id. Var. subfasciatum, Jan. fasciatum, Smith. SYNCRANTÉRIENS. LVI. Lepropxis, Dum., Bib.[Bell.] L gracilis, (L. Hall.). (PL. xvir, fig. 6, 6 a). .. Chenonii, Dum., Bib. (Chlorophis heterodermus, Hallowell ? ). - albo-variatus, Dum , Bib. [Smith. . semivariegata, Id., Id. [Id.]. . natalensis, Id., Id. [Id.]. LVII. Hapsinorxrys, Fischer. . lineatus, Fisch. .cœruleus, Id. LVIII. Tarasors, Hallowell. . flavigularis, Hall. LIX. Tropipoxotus, Kuhl. . mortuarius, Schl. (Kuhl). . lævis. Schl. (Leionotus Schlegelii, Jan). LX. CoroNELLA, Laurenti. . fuliginoïdes. Günth. LXI. HETERONOTUS, Hall. . triangularis, Hall. (Leptophis Ghenonii, D., B. ?) DIACPRANTÉRIENS. LXII. Periops, Wagler. parallelus, Wagl. LXITI. Uromacer, Dum., Bib. 127. U. oxyrhynchus, D., B. (PL. xvir, fig. 7, 7 4). C. OPISTHOGLYPHES OU SERPENTS COLUBRIFORMHES A DENTS SUS-MAXILLAIRES POSTÉRIEURES 128. 129. C. E. SILLONNÉES. OXYCÉPHALIENS. LXIV Kirtlandii, A. Dam. [Hall.] (Oxybelis Lecomtei, Dum. Bib.; Ox. violacea, Fisch.). (PL xvu, fig. 8, 8 a). STÉNOCÉPHALIENS. LXV. ELapomorpuus, Wiegm. CLapopuis, A. Dum. gabonensis, A. Dam. (PL. xvi, fig. LXVI 2, a, b,c). AmBLyopiPsas, Peters. 430. * A. unicolor, Jan { Calamaria unicolor, Reinh.) 236 131. 432. 433. 434. 435. 156. 437 138. D. PROTÉROGLYPHES OU SERPENTS COLUBRIFORMES 447. * M. Neuwiedi, Jan. ? ? * ARCHIVES DU MUSÉUM. AINSODONTIENS. LXVII. BucEpHALUSs, A. Smith. B. typus, Id. LXVIIT. Psammornis, Boie. P. moniliger, Boie. P. elegans, Id. (PI. xvir, fig. 40, 40 4). P. irregularis, Fischer, (Id., fig. 9, 9 a). P. crucifer, Fitz. P. Phillipsii, Hall. LXIX. OpPEriopon, Dum., Bb. ? O. cynodon, Dum., Bib. (Dipsas valida, D. fasciata, * | Que . D. globiceps, Fisch. ? — D. purpurascens , Schl. ? — Toxicodryas Blandingii, Hall.?) LXX. Lycocnataus, Dum., Bib. L. inconstans, Jan. | SCYTALIENS. LXXI. OxyrHopus, Wagler. 0. præornatus, Dum.. Bib. DIPSADIENS. LXXII. TriGLypHonon, Dum., Bib. T. fuscum, Dum., Bib. (Dipsas regalis, Gray; Dipsas regalis, Schl. ? ). * Id. id., Id. id. Var. obscurum, Jan. LXXIII. CoLopecTis, Wagl. C. insignitus, Wagl. LXXIV. HeTERURUS, Dum., Bib. ?H. rufescens, Dum., Bib. (Crotaphopeltisrufescens, Fitz.). *H. id., 1d., Id. Var. (Dipsas hippocreypis, Reinh, ?) LXXV. Drpsas, Boie, D. pulverulenta, Fisch. D. variegata, Reinh. | D. spilogastra, Schl. ! LXXVI. DipsapoBoa, Günth. D. unicolor, Günth. VENIMEUX. | SUB-DIVIS. I. | CONOCERQUES. LXXVIT. Microsoms, Jan. | LXXVIIL POLEMON, Jan. 448. P. Barthii, Jan. | | | | | il | | } 149. 150. 154. 152. 453. 454. . * C. Lichtenstenii, Jan. 159. 460. 461. 462. 463. 164. 465. 166. LXXIX. ATRACTASPIS, Smith. * A.irregalaris, Jan (Elaps irr. Reinh.). A. Bibroni, Smith (A. corpulentum, Hall. ?). LXXX. Dexprasris, Schl. Jamesonii, Schl. (PI. xvu, fig. 44, a, D). D. angusticeps, A. Dum. [Smith]. (Id. fig. 42, a, b). LXXXI. SErenon, Merr. ? S. hæmachates, Merr. LXXXII. Causus, Wagl. ? C. rhomheatus, Wagl. SUB-D1VIS. II. LXXXIIL. Nasa, Laurenti. N. haje, Linn. . * N. nigricollis, Reinh. (N. mossambica, Peters?) . * N. atropos, Schl. . SOLÉNOGLYPHES OU SERPENTS VENIMEUX PROPREMENT DITS. VIPÉRIENS. LXXXIV. Ecuinna, Merrem. K. arietans, Merr. - E. lateristriga, Gr. E. rhinoceros, Schl, E. nasicornis, Merr, LXXXV. Ecuis, Merrem, * E. squamigera, Hall. * E. chloroechis, Schl. IV. BATRACIENS. A. CÉCILOÏDES OU OPHIOSOMES. LXXXVI CæciLia, Wagler. C. squalostoma, Stutchbury. C. Seraphini, A. Dum. B. ANOURES. I. RANIFORMES. LXXXVII. Raxa, Linn. R. Galamensis, Dum., Bib. R. Bibronii, Hallow. (R. superciliaris, Günth.) . occipitalis, Günth. . gracilis, Schl. . irrorata, Schl. . oxyryncha, Sund., Smith. . fuscigula, Dum., Bib. R. subsigillata, A. Dum. (PI. xvn1, fig. 4). LXXXVII. CysricnarTaus, Wagl. . senegalensis, Dum., Bib. LXXXIX. HETEROGLOSSA, Hall. . africana, Hall. Q REPTILES DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 237 11. HYLÆFORMES. HT. BUFONIFORMES. XC. Limovytes, Dum., Bib. XCIV. Buro, Laurenti. 477. L. albolabris, A. Dum. [Hall]. ( PI. xvu, fig. 2, 20). s ) : I ( Po 5 487. B. pantherinus, Boie. XCI. Ixazus, Dum., Bib. 188. * B. guineensis, Schl. 489. * B. maculatus, Hall. ME concolor Hall, 490. * B. tuberosus, Günth. XCIT/H , Rapp. (Eucnemis, Tsch. L : OST RER ASIE EUGENE sn) XCV. ExGysToma, Fitz. 479. ? H, viridiflavus, Dum., Bib. 480. * H. parallelus, Güuth. 491. * E. vermiculatum, Schl. 181. * H. ocellatus, Id. 2e 2 : 182. * H. plicatus, Wu. XCVI. Hemisus, Günth. 483. * H. marmoratus, Rapp. 492. * H. guttatum, Günth. (Engyst. gutt., Rapp.). 484. * H. modestus, Schl. 485. * H. bucephalus, Id. IV. PHRYNAGLOSSES. XCIIT. HyLamBates, A. Dam. XCVII, DAcTYLETHRA, Cuv. 486. H, Aubryi, Id. (Hyla punctata, Hall.).(PL. xvurt, fig. 3, 4). 493. D. Mülleri, Peters. (PI. xvurr, fig. 3). Peut-être, n'est-il pas sans intérêt, à la suite de ce dénombrement métho- dique, de considérer maintenant, dans son ensemble, la population animale que nous avons passée en revue dans Ja première partie de cette Étude. Notons d’abord qu'elle est nombreuse, relativement à l'étendue peu consi- dérable des contrées visitées, jusqu'à ce jour, dans les régions cependant si vastes de l'Afrique occidentale 1. Elle se compose de 193 espèces de Reptiles appartenant à 97 genres, et dans un court espace de temps les zoologistes verront s'étendre encore le ca- talogue des espèces ?. On n’en saurait douter, quand on compare nos connais- sances actuelles sur la Faune de cette partie du continent à celles que nous possédions il y a quelques années. Il importe donc de s'abstenir ici de géné- A. Voyez plus haut (p. 446) l’indication des limites de la zone ouest du continent africain dont les Reptiles et les Poissons font le sujet de ce mémoire. 2. M. Günther, dans son travail sur la distribution géographique des serpents (Proc. zool. Soc. Lond., 1858, p. 379), et que j'ai eu précédemment occasion de citer (p. 451, note 1), a appelé l'at- tention sur la multiplicité des espèces propres au sous-ordre des Ophidiens dans la vaste étendue de pays qu'il nomme, à l'exemple de M. Sclater, Région éthiopienne ou paléotropicale de l’ouest, laquelle comprend toute l'Afrique au sud de l’Atlas, Madagascar et les autres îles voisines des côtes, puis, en outre, l'Arabie, jusqu'au golfe Persique. Or, dans la portion occidentale de cette région, et qui est la seule dont je m'occupe ici, il y a plus de Reptiles, et en particulier plus de serpents, que M. Gün- ther ne le supposait. La liste dressée par M. Gray (Proc., 4858, p. 155-167) et à laquelle ce natura- liste renvoie, ne porte, en effet, que 434 espèces au lieu de 193, et même, en réalité, 427 seulement, par suite de doubles emplois aux n°5 23, 26, 55, 63, 94, 98 et 111 de cette liste. 238 ARCHIVES DU MUSÉUM. ralisations qui, à peine permises pour certaines zones, pour l'Europe, pour les États-Unis d'Amérique ou l’Asie méridionale, seraient évidemment préma- turées, quand il s’agit de pays dont les explorations sont encore si incom- plètes. J'ai, d'ailleurs, indiqué (p. 151-159) les particularités les plus importantes à signaler relativement à la distribution géographique des Reptiles et des Poissons sur le sol et dans les eaux de l'Afrique. De plus, j'ai insisté sur la dispersion des genres et même des espèces des régions occidentales, dont il est difficile de délimiter, d’une façon précise, les zones d'habitation. Le fait le plus remarquable sous ce rapport est fourni, comme M. Peters l’avait déjà noté, par la similitude que l’on a si souvent occasion de constater entre les espèces de l’ouest et celles de la côte de Mozambique. Des différents ordres que la classe des Reptiles comprend, ceux des Chélo- niens et des Sauriens paraissent être moins abondamment répandus dans l'Afrique occidentale que les Batraciens et surtout que les Ophidiens!. Ainsi, nous ne comptons que seize espèces de Tortues. Quatre, parmi lesquelles il s’en (rouve trois (2-4) ? propres au singulier genre Cinixys, Bell. (p. 161-163), appartiennent au sous-ordre des Ter- restres ou Chersites. Quatre, dont deux (6 et 7) offrent le caractère tout à fait exceptionnel que rap- pelle la dénomination générique de Pentonyæ Dum. Bib. (p. 163-164), sont des Paludines ou Élodites. Une seule (16) fait partie du groupe des Thalassites ou Marines. Les septautres, enfin, (9-15) rentrent dans la division des Fluviales ou Potamites, et trois de ces Trionyx présentent la particularité remarquable, qu’elles ont dù devenir, parmi les Cryptopodes, les types d’un genre nouveau : Cyclo- derma, Peters, (p. 165-168). Les neuf familles comprises dans l’ordre des Sauriens sont représentées, dans cette Faune, par quarante-sept espèces (17-63). Plusieurs de ces Reptiles avaient été déjà recueillis au sud et à l’est ; quelques-uns cependant n'ont encore été vus que dans les régions occidentales. Pour parler seulement des plus remarquables, je 4. Il faut, au reste, tenir compte, dans cette évaluation comparative, des recherches spéciales de M. Jan. Ce zoologiste ayant pu soumettre à son examen tous les serpents d’un grand nombre de musées, a étudié non-seulement ceux qui, sans être décrits jusqu'à ce jour, y sont déjà nommés, mais, en outre, ceux dont le classement n’avait pas encore eu lieu, et dont on lui doit maintenant la détermination spécifique. Les uns et les autres, quand ils appartiennent à la faune de l'Afrique occi- dentale, figurent sur ma liste. 2. Ces numéros, et tous ceux qui sont indiqués dans la suite de ce résumé, se rapportent à la liste méthodique. De plus, je renvoie souvent, pour les détails, aux pages des feuilles qui précèdent. ‘ REPTILES DE L AFRIQUE OCCIDENTALE. 239 citerai les suivants : d’abord le singulier Crocodile (Cr. leptorhynchus, n° 19, p. 471 et 472), dont la longueur et l'étroitesse du museau motivent le nom de Faux-Gavial qui lui a été donné; puis, parmi neuf espèces de Caméléons, celui à trois cornes (CA. tricornis, n° 25). Il faut ensuite signaler dans cet ordre, et comme un nouvel exemple des dégradations bizarres qu'on observe dans le nombre, soit des pattes, soit des doigts, chez les Chalcidiens et chez les Scin- coïdiens, le genre Ænisoterme (59). Il fait partie de cette dernière famille, dans laquelle les genres Anelytrops (60 )et Feylinia (61) viennent augmenter le petit groupe des Sauriens serpentiformes, qui, dans l’Afrique occidentale, sont au nombre de quatre : les deux Scincoïdiens que je viens de nommer, puis deux Amphisbéniens (4mphisbæna leucura et Phractogonus galeatus, 62 et 63, p. 183-185). Je dois enfin, à l'occasion de la première de ces deux familles, appeler l'attention sur l’étonnante multiplicité dans le continent africain des espèces du genre £uprepes, car à l’ouest seulement, on en compte douze ou treize (45-57). Les Ophidiens, comme je l’ai déjà dit, y sont abondants, puisqu'on a pu, dès à présent, en distinguer cent et une espèces (64-164). Il y en a d'abord dix du groupe des Typhlopiens (64-73). Les serpents vermiformes occupent donc dans cet ordre, toute proportion gardée, un rang qui n’est pas sans importance. Sur ce nombre, et c’est un fait bien digne d'observation, il y en a cinq (68-72, p. 185-188) à plaque rostrale unguiforme. Leur place, par cela même, se trouve naturellement marquée dans le genre très-particulier des Ony- chocéphales. On compte cinquante-quatre colubriformes Aglyphodontes (74-127). Trois familles de ce sous- ordre (Acrochordiens, Upérolissiens et Plagiodontiens), exclusivement asiatiques, ne sont pas représentées sur notre zone africaine, et cinq autres, les Holodontiens, les Aprotérodontiens, les Calamariens, les Coryphodontiens et les Diacrantériens ne le sont chacune que par deux ou trois espèces ou même par une seule. Il en est de même pour la famille des Leptognathiens, mais elle mérite une mention spéciale, car les trois seules espèces inscrites sur notre catalogue (111-113) font partie du genre Rachiodon (p. 198) si remarquable par son système dentaire vertébral. Par opposition à ces différents petits groupes, il convient de citer l’abondance relative des Cou- leuvres à dents irrégulières. On en connaît, jusqu'à ce jour, vingt (91-110) rapportées, en raison de ces irrégularités, à la famille des Lycodontiens. Elle doit, par conséquent, occuper le premier rang dans ce sous-ordre, où le second appartient aux Syncrantériens, dont on a décrit douze espèces (114- 125), parmi lesquelles il y en a sept ou huit, et, entre autres, cinq Leptophides (A14-118, p. 198-199 essentiellement arboricoles. { Je me hâte d’ajouter, parce que c’est une des particularités distinctives de cette Faune, qu'elle ren- ferme un assez grand nombre de serpents d'arbre. Ainsi, outre ceux que je viens de signaler, on connait, dans la famille des Isodontiens, trois Dendrophides (83-85), ct dans les familles énumérées plus haut, cinq espèces, qui ont un genre de vie semblable *. 1. 82, Meizodon regularis (Coryphodontien), 408, Lamprophis modestus, 109, Heterolepis gla- ber et 110, Æ. bicarinatus (Lycodontiens) ; 427, Uromacer oxyrhynchus (Diacrantérien) 240 ARCHIVES DU MUSÉUM. La même observation est applicable aux Opisthoglyphes, dont neuf espèces, sur dix-neuf de la côte ouest (128-146) que ce sous-ordre comprend, sont arboricoles ‘. | Parmi les Protéroglyphes, dont on a déjà trouvé douze espèces (147-158) appartenant toutes à la division des Conocerques, il y a deux magnifiques serpents d'arbre (Dendraspis angusticeps et D. Jamesonit 151 et 152, p. 215-217)?. Enfin, le cinquième et dernier sous-ordre, celui des Solénoglyphes, n’est représenté que par six espèces (159-164), deux Echides et quatre Echidnées, mais deux de ces dernières. (£. rhinoceros et nasicornis p. 220-221), dont le museau porte des protubérances cutanées, nous offrent des exemples très-rares de serpents venimeux ornés de belles couleurs 5. On compte vingt-neuf Batraciens (165-193) : deux Cécilies; dix Raniformes, dont huit font partie du genre Grenouille; dix Hylæformes où se trouvent surtout des espèces du genre Hyperolius (Eucnemis) essentiellement africain ; six Bufoniformes et un Dactylèthre, de la famille des Phrynaglosses. Dans ce nombre, les espèces les plus remarquables sont : 10 Heteroglossa africana. Hall. (176), à cause de la structure de sa langue (p. 225); 2° Bufo tuberosus (190), Günther (p. 231); 3° He- misus quttatum, Id. (192, p. 231); 4 Dactylethra Mülleri, Peters (193, p. 234). 1. Ce sont les suivantes : quatre Anisodontiens (131 Bucephalus typus, trois Psammophides, 133, 434, 136); quatre Dipsadiens (trois Dipsas [143-145] et 146, Dipsadoboa\; un Oxycéphalien (128, Cladophis Kirtlandii). 2. M. Günther (loc. cit.) a mentionné la remarquable abondance des serpents d’arbre sur toute l'étendue de la région paléotropicale de l’ouest (Voyez, page 237 note 2, les limites de cette région). Il résulte des détails dans lesquels je viens d’entrer que cette remarque peut être également faite pour les espèces de la côte occidentale. J'ai appelé déjà l’attention (p. 454) sur ce caractère remarquable de la faune qui nous oceupe. 3. La liste ne comprend aucune espèce du groupe des Solénoglyphes Bothrophides, mais il n’y a pas lieu d’en être surpris, car ces serpents munis de fossettes lacrymales ou labiales n’ont encore jamais été vus en Afrique. Parmi les genres sans fossettes, constituant le groupe des Vipériens, il en est un qu'on peut s'attendre à rencontrer sur les terrains arides et sablonneux de la région occidentale. C’est celui des Cérastes, qui habite, dans le continent africain, des contrées fort différentes, non-seulement au nord- est, en Égypte, mais les régions australes { Cerastes ægyptiacus, C. lophophrys et C. caudalis ). Il y a même une espèce asiatique (C. persicus). De semblables points de contact entre les faunes de l’Afrique et de l'Asie ne sont pas très-rares. J'en ai parlé plus haut (p. 157, note 2). POISSONS DE LA COTE OCCIDENTALE D’AFRIQUE CHONDRICHTHES OU POISSONS CARTILAGINEUX. PLAGIOSTOMES HYPOTRÊMES OU RAIES. MYLIOBATIDES. Le genre MYLIOBATE a été établi par mon père pour les Mourines ou Aigles de mer à grandes dents en pavé des anciens ichthyologistes (Cuvier, À. anim., 1" édit., t. II, p. 137). Depuis cette époque, ce genre si naturel a subi suc- cessivement des divisions, et les différentes espèces font aujourd’hui partie d’un groupe constituant, dans l’histoire des Poissons plagiostomes de MM.J. Müller et Henle, la famille des Wyliobatides (p. 176). Celle-ci a pour caractères essen- tiels : 1° la conformation bizarre du système dentaire, dont les larges plaques sont destinées à agir l’une sur l’autre comme les deux pierres d’une meule; 2° la proéminence médiane antérieure résultant de ce que la racine des pleuropes ou nageoires pectorales perd ses rayons sur les côtés de la tête qui, les conservant en avant, se trouve ainsi munie d’une sorte de nageoire céphalique; 3° la grande étendue transversale des pleuropes comparés, en raison même de cette conformation, à des ailes d'oiseau de proie. Comme les Pastenagues, d’ailleurs, toutes les espèces de Myliobatides ont une longue queue en fouet munie d’un ou de plusieurs aiguillons. Ce groupe comprend trois genres, dont l’un, celui des Rhinoptères, pour en citer seulement le caractère le plus remarquable, offre cette particularité que le museau est profondément divisé par une échancrure médiane. Dans les deux autres genres (Myliobate et Aétobate), l'appendice céphalique est entier. ARCHIVES DU MUSEUM. T. X. 31 242 ARCHIVES DU MUSÉUM. Chez les espèces rapportées au premier de ces deux genres, le bord anté- rieur des valvules nasales réunies est droit, et il en est de même de celui des mâchoires, dont les dents occupent toute la largeur, les grandes plaques hexa- gonales ayant à leurs extrémités de petites pièces quadrangulaires en pavé. Chez les Aétobales, au contraire, le bord commun des valvules nasales est profondément échancré et les dents n’occupent pas toute l'étendue transver- sale des mâchoires, dont l’inférieure se prolonge un peu en pointe au-devant de la supérieure. C'est à ce dernier genre qu’appartient une espèce rapportée par M. Aubry- Lecomte, des eaux qui baignent les côtes du Gabon, et dont la description ne paraît pas avoir encore été donnée. Elle prend, dans nos collections, en raison de la forme de son appendice céphalique, le nom de : XI. AËTOBATE LARGE-MUSEAU, Aelobatis latirostris, À. Dum. PI. XX, fig. 1. Museau arrondi, dont la longueur, égale aux deux tiers de sa largeur, est presque le triple de la longueur des valvules nasales; catopes allongés, dépassant des deux tiers de leur éten- due l'extrémité terminale des pleuropes; sur un fond brun-noirätre, des taches blanches ar- rondies, irrégulièrement dispersées et occupant toute la région supérieure de l'animal. Ce dernier caractère et tout l’ensemble de la conformation de ce Poisson le rapprochent de l’4éto- bate narinari. 1 est cependant facile de l'en distinguer. Ainsi, dans l’espèce nouvelle, le museau est plus long, mais il est en même temps plus large dans toute son étendue, et, par suite, il est plus arrondi à son bord antérieur, qui est à peine saillant dans sa région moyenne. Le bord antérieur des pleuropes s’écarte moins de la direction horizontale que chez l’4.narinari, où ces nageoires se portent plus brusquement en bas et en arrière ; les catopes de l'espèce nouvelle sont notablement plus longs, car leur extrémité est beaucoup plus éloignée de l’angle postérieur des pleu- ropes. L'épiptère, touten conservant les mêmes dimensions proportionnelles relativement aux catopes, a plus de longueur. Enfin, les taches blanches sont bien plus grandes et plus espacées, et il en résulte que leur nombre est moins considérable !. La teinte générale d’ailleurs est plus foncée. Quant aux autres caractères fournis par le système dentaire et par la forme ou les dimensions de la queue, ils n’offrent pas de particularités importantes à noter. Je ne compare point l’Aétobate fouet (4. flagellum, Müll., Henle [Bloch]) à l’4. {arge-museau : 1. Sur l’une des ailes de | 4é/. large-museau, je compte à peine cinquante taches blanches d’un diamètre de 0®008 à 0"009, tandis qu'il y en a au delà de cent, d’un diamètre de 0°004 à 0006, sur l’une des ailes d’un 4. narinari de taille un peu inférieure. POISSONS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 243 la forme même de son appendice céphalique l’éloigne tout autant de la nouvelle espèce que de l'A. narinari. Dimensions : de l’extrémité du museau au bord postérieur de la base des catopes, 0"26; longueur de la queue, à partir de cette base jusqu’à l’extrémité du fouet, 1" 05; largeur : de l’angle externe de l’un des pleuropes à l’angle externe opposé de l’autre nageoire, 0" 51. Cette espèce est fondée sur l'examen d’un individu unique rapporté des côtes du Gabon par M. Au- bry-Lecomte. CHONDROSTICHTHES OÙ POISSONS FIBRO-CARTILAGINEUX. LOPHOBRANCHES. Le genre Hippocampe renferme une remarquable espèce de Gorée que notre Musée possède seul, et que M. Kaup a décrite (Catal. of Lophobr. fish in Coll. Brit. Mus., 1856, p. 13) sous le nom de /. bicuspis, à cause de la bifurcation non-seulement de l’épine située devant la protubérance qu'on nomme la cou- ronne, mais de l’épine qui surmonte la narine. Depuis la publication de ce Catalogue, le Muséum a reçu de Sierra-Leone, par les soins de M. le docteur H. Deane, une belle espèce dont il a fait présent, et dont les caractères sont bien distincts de ceux des espèces déjà connues. Elle prend dans nos collections le nom de : XII. HippocAMPE DE DEANE, Hippocampus Deanei, A. Dum. Museau court, ayant deux fois el demie la longueur du diamètre de l'œil, ne dépassant pas celle de la région post-oculaire de la téte, dont la couronne, plane en dessus, se termine en ar- rière par trois dentelures arrondies, et porte à sa base, en avant, quatre petits tubercules mousses ; entre la couronne et la saillie sus-orbitaire, de chaque côté, une protubérance; sous la tête, trois épines, une médiane et deux latérales. R. B. 3; D. 47; P. 16; À. 3. La largeur du tronc mesurant 0" 045, sa plus grande hauteur, 0"0314, en est le double, et cette hauteur est contenue un peu au delà de huit fois dans la longueur totale, qui est de 0" 254, laquelle comprend six fois et un cinquième celle de la tête dont les dimensions sont de 0"041; le diamètre de l'œil (0m007) est sensiblement le sixième de la longueur de la tête; l'étendue du museau (0017) n’est que le triple de la hauteur qu’il présente dans sa portion la plus grêle. Il y a onze anneaux au tronc, trente-quatre à la queue, tous plus ou moins striés; les angles for- mant les carènes qui séparent les sept plans, sont surmontés de tubercules mousses; l’épiptère com- mence au niveau du neuvième anneau du tronc, et cesse après le premier de la queue. 244 ARCHIVES DU MUSÉUM. Chaque œil est surmonté d’une protubérance plus large que haute et plus élevée en arrière qu’en avant ; la tête, un peu concave derrière les yeux, porte, outre la couronne : 4° entre celle-ci et les saillies orbitaires, et de chaque côté, une petite élévation à base large, dont la pointe mousse se dirige en dehors; 2° en dessous, trois proéminences, une antérieure, médiane et pointue inclinée en avant, et deux latérales, postérieures, un peu écartées l’une de l’autre, moins saillantes, mousses et inclinées en arrière; chacune de ces dernières est surmontée d’un autre tubercule de même forme situé au-devant de la racine de la nageoire pectorale. Le sommet de tous ces tubercules est comme chagriné; l’opercule est strié. Le système de coloration est d’un brun uniforme, sans aucune marque distinctive. L'espèce ne nous est connue que par un seul spécimen mâle en parfait état de conservation. OSTICHTHES OÙ POISSONS OSSEUX. PERCOÏDES. Au genre Serran, et plus particulièrement au groupe des Mérous caractérisés par la présence de petites écailles à la mâchoire inférieure, il faut rapporter une espèce. XIII. SERRAN LINÉO-OCELLE, Serranus lineo-ocellatus, Guich. Pré-opercule très-finement dentelé en arrière, et sans dentelures à son bord inférieur qui est arrondi; au bord postérieur de l’opercule, trois pointes, dont la médiane est la plus forte; hypoptère se terminant un peu en avant de l'extrémité postérieure de la base de l'épi- ptére, et débutant au-dessous de l'origine du pfemier rayon mou de celle-ci, qui commence au méme niveau que les pleuropes ; espace entre le premier rayon de l'épiptère et le bout du mu- seau compris un peu plus de trois fois dans la longueur totale du Poisson mesurée jusqu'à l'extrémité de l'uroptère; dans cette dernière longueur, se trouve comprise trois fois et demie la plus grande hauteur du tronc; sur un fond brun jaunätre, de chaque côté, six bandes ver- ticales foncées, laissant entre elles des espaces de méme largeur; sur ces bandes et dans les intervalles qui les séparent, de petites taches annulaires claires. D. 9-44; À. 3-85 C. 19; P. A7; V. 1-5. Les dents sus-maxillaires forment quatre rangées; celles de la dernière sont les plus longues; à la mâchoire inférieure, elles sont placées sur trois rangs, et ce sont également les plus reculées qui sont les plus fortes; tout à fait en avant, à cette mâchoire, il y a deux dents plus proéminentes et plus robustes, simulant des canines; à la voûte palatine, les dents sont assez nombreuses et peu fortes. L'espace qui sépare en arrière la base de l’épiptère de l’origine de l’uroptère, est un peu moindre que la hauteur de la queue au niveau de cette base, tandis que cette hauteur est égale à l’espace qui sépare l’origine de l’uroptère de la base de l’hypoptère. Les pleuropes se terminent au niveau de la base du troisième avant-dernier rayon épineux de l’épiptère. POISSONS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 245 Le Muséum possède deux individus, l’un rapporté du Gabon par M. Aubry-Lecomte, l’autre de Gorée par M. Lennier fils; celui-ci, plus grand que l’autre, mesure 0"20. Le Muséum a reçu de Gorée, par les soins de M. Rang, un Wésoprion qui offre de grands rapports de conformation avec l’espèce envoyée antérieure- ment de la même localité, et décrite par MM. Cuvier et Valenciennes sous le le nom de M. goreensis (t. VI, p. 540). Malgré ces analogies qui tiennent surtout à la conformation et à la longueur de la tête, il y a cependant des différences très-évidentes signalées dans la dia- gnose suivante que je donne sous une forme comparative, parce que c’est à l’espèce dont je viens de parler que la nouvelle ressemble le plus. XIV. MÉSOPRION A LONGUES DENTS, Mesoprion dentatus, A. Dum. Corps plus allongé ; tête plus longue et plus haute; dents plus fortes; œil proportionnelle- ment plus petit; pectorales plus effilées ; rayons épineux de l'épiptère plus gréles ; extrémité libre de la nageoire caudale plus droite. D. 10-14; À. 3-8; C. 20; P. 46; V. 1-5. La tête longue, depuis le bout du museau jusqu’à l'extrémité de la pointe de l’opercule, de 0" 235, est comprise un peu plus de trois fois dans la longueur totale de l’animal qui mesure 0732. La hau- teur de la tête (0°165) est comprise environ une fois et un tiers dans sa longueur. La plus grande hauteur du Poisson, étant de 0"4190, elle représente presque le quart de sa longueur. Le diamètre longitudinal de l'œil (0032), sensiblement plus considérable que le diamètre vertical, est compris sept fois et un tiers dans la longueur de la tête. Le corps est quatre fois et demie plus long que la nageoire pectorale qui mesure 0"162. A la mâchoire supérieure, il y a deux fortes canines, et à l'inférieure, de chaque côté, quatre dents presque aussi longues que ces canines qui, lorsque la bouche est fermée, se placent dans l'intervalle que laissent entre elles les deux premières grandes dents du bas; au delà de celles-ci, et avant les deux dents plus reculées, on en voit deux robustes, mais beaucoup plus courtes; toutes les dents sus- maxillaires sont également assez fortes; en résumé, le système dentaire est moins développé dans le M. goreensis qu’il ne l’est chez celui-ci. Aucune particularité du système de coloration n’est à signaler. L'exemplaire unique type de cette espèce est dû à M. Rang. Les indications suivantes montrent les différences qui, outre celles du système dentaire, en éloi- gnent le M. goreensis. Ainsi, chez ce dernier, la tête longue, depuis le bout du museau jusqu’à l’ex- trémité de la pointe de l’opercule, de 0459, est comprise trois fois et un cinquième dans la longueur totale de l’animal qui mesure 0m 5410; mais bien que ce rapport semble être à peu près le même, il faut cependant noter que cette longueur totale est proportionnellement moins considérable que dans l’autre espèce, car elle représente seulement trois fois et un tiers la hauteur de l’animal, et non pas quatre fois comme dans le M. dentatus. 246 ARCHIVES DU MUSEUM. En outre, dans le M. goreensis, la tête est plus courte : ici, en effet, au lieu d’en représenter une fois et un tiers la hauteur, elle ne la représente guère que une tois et un cinquième. L’œil presque aussi grand (0028 dans son diamètre transversal) n’est compris que cinq fois et demie environ dans la longueur de la tête. Enfin, les rayons de l’épiptère, malgré la différence de grandeur des animaux, sont plus épais et plus robustes que dans la nouvelle espèce, qui dépasse l’autre de 0"222. — Les nombres des rayons des nageoires du M. goreensis sont les suivants : D. 40-18; A. 3-9; C. 20; P. 46; V. 1-5. Les dimensions de l'individu unique nommé par M. Valenciennes M. goreensis (Var. du M. jocu?) sont, en réalité, plus considérables qu’il n’est dit dans le texte(t. VI, 541). SCOMBÉROIDES. Parmi les poissons du genre Trachinote que le Musée de Paris a reçus de l'Afrique occidentale, et qui représentent des espèces bien distinctes, désignées par M. Cuvier (Hist. des Poiss., t. VIT, p. 418-422) sous les noms de T. teraia, goreensis, maæillosus et myrias, il s'en trouve un, dont la forme générale est telle qu'il ne peut être considéré comme appartenant à aucune de ces espèces, mais il a une certaine ressemblance avec celle dite T. teraia. XV. TRACHINOTE TÉRAIOÏDE, Zrachinotus teraioides, Guich. Corps presque rhomboïdal, dont la longueur, depuis l'extrémité du museau jusqu'au point où la queue devient subitement très-distincte du tronc, est, a la plus grande hauteur de l'animal, dans le rapport de six à quatre et demi; à l'origine de la seconde dorsale et de l’anale, les lignes supérieure et inférieure s'infléchissent brusquement, la première de haut en bas, etla seconde de bas en haut; au niveau des yeux, la ligne supérieure, jusqu'au bout du museau, change un peu de direction et devient plus verticale; préopercule tout à fait arrondi à son bord inférieur ; même système de coloration que chez le Tr. teraia, et identité presque absolue dans le nombre des rayons. D. 6-1-21 ; A. 2-4-17; C. 26; P. 17; V. 1-5. Le spécimen unique de cette espèce a une longueur totale de 0*188. | a été rapporté du Sénégal par M. Jubelin. La forme générale du Tr. teraia est moins rhomboïdale, et, par conséquent, plus allongée, car sa longueur, mesurée de l’extrémité du museau à l’origine de la queue présente une différence plus con- sidérable relativement à la hauteur, puisque ces deux dimensions sont dans le rapport de six à quatre; l’obliquité des lignes supérieure et inférieure, à partir de l’origine de la seconde dorsale et de l'anale, est beaucoup moins prononcée; il n’y a pas au-dessus des yeux, qui sont plus rapprochés de la région sus-céphalique, le changement de direction de la ligne supérieure signalé chez l’espèce nouvelle; le pré-opereule forme, à son bord inférieur, un angle mousse. La comparaison de ce 7rachinote avec ses congénères africains est inutile; c'est du 77. feraia qu'il s'éloigne le moins, et je viens de montrer les dissemblanses frappantes de ces deux Poissons. POISSONS DE LAFRIQUE OCCIDENTALE. 2h7 GOBIOÏDES. Dans le grand genre Gobie si abondant en espèces, une des bonnes divisions à établir pour en faciliter l’étude est celle qui consiste, comme M. Valenciennes l’a proposé (t. XII, p. 97), à rapprocher du Gobius ocellaris, Broussonnet, les individus à face allongée. La distance entre l’œil et le bout du museau étant plus considérable qu’à l'ordinaire, il en résulte un aspect tout particulier de la physionomie. Or, deux Gobies rapportés du Gabon par M. Aubry-Lecomte font partie de ce petit groupe et y représentent une espèce nouvelle. XVI. GoBIE A FLANCS RAYÉS, Gobius lateristriga, A. Dum. PI. XXI, fig. 4, da. Téle faiblement comprimée, plus haute que large; yeux dont le diamètre est le cinquième de sa longueur, silués un peu au-devant du milieu de l’espace qui sépare le bout du museau de l'extrémité de l’opercule, regardant presque directement en dessus, et laissant entre eux un intervalle qui est compris plus de deux fois dans la région antéoculaire; cloaque s’ou- vrant immédiatement au-dessous de l’origine de la seconde épiptère. Sur un fond brunätre. de petites marbrures noires, et des maculatures également noires sur les nageoires impaires. qui semblent ainsi porter des lignes ponctuées; à partir du milieu de la hauteur des flancs, des stries blanchätres, au nombre de huit ou neuf, obliquement dirigées de haut en bas, d'avant en arrière, parallèles entre elles, commençant derrière les opercules et cessant à l'union des deux tiers antérieurs du tronc avec le tiers postérieur. D. 6-1-10; À. 1-9; C. 23; P. 15: V. 3-5. C'est au G. ocellé que celui-ci ressemble le plus, mais il en diffère par plusieurs particularités importantes : 1° les yeux sont moins latéraux, ils sont même portés presque directement en haut: 2° l'intervalle qui les sépare est plus petit, car ce mème intervalle chez le G. ocellaris n’est compris que deux fois entre leur bord antérieur et l'extrémité du museau; 3° la saillie osseuse du bord anté- rieur de l'orbite est beaucoup moins forte; 4° l’orifice du cloaque est plus reculé, puisque dans le G. ocellaris, la position relative des épiptères étant la même, le cloaque s'ouvre notablement au- devant de l’origine de la seconde; 5° le sillon sus-operculaire est plus étroit et moins profond; 6° point de tache ronde à la première épiptère simulant une sorte d’ocelle, et, de plus, des stries latérales qui manquent à l’autre espèce. Le Musée possède deux exemplaires dont le moins petit mesure 0142; l’autre, bien qu'il porte 089 seulement, a les ventrales presque aussi longues que celles du plus grand. Dans la division des Gobies étrangers se rapprochant du G. vulgaire (G. niger, Linn.) et dont les premiers rayons des pleuropes sont presque complétement 248 ARCHIVES DU MUSÉUM. dégagés de la membrane qui unit les autres rayons, il faut placer une espèce nouvelle du Gabon. XVII. GOBIE À TACHES HUMÉRALES, Gobius humeralis, À. Dum. PI. XXI, fig. 2, 2a. Téte déprimée, plus large que haute; yeux dirigés obliquement en dehors et en haut, dont Le diamètre, qui est le cinquième de la longueur de la téte, est égal : 1° à l’espace compris entre leur bord antérieur et le bout du museau, et 2 à la moitié de l'intervalle qui sépare leur bord postérieur de l'extrémité de l'opercule; orifice du cloaque très-rapproché de la fin des catopes, et s'ouvrant au-devant de l'origine de la seconde épiptère ; point de canines, mais les dents du premier rang, surtout celles de la mâchoire supérieure très-fortes ; sur un fond brunâtre, des taches noires formant, dans la hauteur de chaque flanc, trois bandes verticales ; des lignes ponc- tuées noires sur les nageoires impaires; à la base de chaque pectorale, deux petites taches noires bien apparentes. D. 6-40; A. 4-7; C. 19; P. 45; V. 5-5. Le système de coloration, outre quelques caractères particuliers qui n’ont d'importance que par la comparaison avec les autres espèces du même groupe, montrent que celle-ci en est bien distincte. Le Muséum doit à M. Aubry-Lecomte l’unique spécimen qui en est le type. Nous trouvons encore, parmi les Poissons dont cet habile Commissaire de la marine a enrichi les collections du Muséum, à son retour du Gabon, deux nou- veaux Gobioïdes. En raison de la séparation de leurs catopes, qui ne forment plus ventouse, et de l'absence de dents au palais, ils appartiennent au genre Eléotris, dont la délimitation précise a été établie par M. Valenciennes (t. XII, P216et217) XVII. ELÉOTRIS TACHETÉE, Eleotris maculata, A. Dum. PIXXT "0330: Œil dont le diamètre presque égal à la distance qui sépare son bord antérieur du milieu de La lèvre supérieure, est compris trois fois et demie dans l'intervalle mesuré entre son bord posté- rieur et l'extrémité de l'opercule; longueur totale du Poisson, six fois et demie aussi considé- 1. Déjà, l'on connaît, au Musée de Paris, un de ces Gobioïdes de l'Afrique occidentale. Adanson, qui l’a trouvé dans la vase du Sénégal, nous apprend qu'il est nommé par les Nègres Baudé. La pièce faisant partie de la collection en herbier formée par ce savant voyageur, ne peut pas fournir les éléments d'une détermination exacte, car il est impossible d'apprécier le volume et les dimensions proportion- nelles de la tête en grande partie détruite. Il reste donc beaucoup d'incertitude sur le véritable rang à assigner à ce poisson. Doit-il être rapporté, comme le suppose M. Valenciennes, à l’Eleotris guavina, qui se rencontre aux Antilles et dans l'Amérique du Sud? Appartient-il, au contraire, à l'une des deux espèces que je fais connaître ici? Je ne saurais l’affirmer. POISSONS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 219 rable que la largeur de la téte; mächoire inférieure très-longue ; sur un fond brun que l’action de l'alcool a assombri, des taches blanchätres irrégulières et assez grandes, de chaque côté du corps ; des bandes sur les nageoires, et particulièrement sur l’uroptère, formées par de petites maculatures noires. D: 6-1-9; A: 1-9; CG. 25; P. 46; V. 1-5. Les dimensions de la mâchoire inférieure sont telles que, lorsque la bouche est ouverte, elle dé- passe de la moitié de sa longueur le bord de la supérieure; la plus grande hauteur du tronc est com- prise plus de cinq fois dans la longueur totale, à partir de l’opercule jusqu’à l’origine de l’uroptère , il y a soixante-cinq à soixante-dix rangées verticales d’écailles. Un spécimen unique long de 0146. XIX. ELEOTRIS A BANDE LATÉRALE, Æleotris vittata, A. Dum. RIEXX Ie 4 a: Œil dont le diamètre, égal aux deux tiers de la distance qui sépare son bord antérieur du milieu de la lèvre supérieure, est compris quatre fois dans l'intervalle mesuré entre son bord postérieur et l'extrémité de l'opercule; longueur totale du Poisson cinq fois et demie aussi considérable que la largeur de La tête; mächoire inférieure ne dépassant que du tiers de sa lon- gueur à peine le bord de la supérieure; sur chaque flanc, depuis l’opercule jusqu'à l'uroptére, une large bande noire ; nageoires ornées de petites taches noires disposées avec régularitéet for- mant des bandes surtout apparentes à l’uroptère. Les formes sont plus lourdes que celles de lespèce précédente; la tête est plus large, puisque ses dimensions transversales ne sont guère que le cinquième de la longueur totale au lieu d’en être le sixième environ, comme chez l’E. {achetée ; le corps est également plus élevé : sa hauteur, en effet, n’est comprise que quatre fois et un tiers dans la longueur, et non pas au delà de cinq fois; le museau au-devant de l’œil est plus long, et la mâchoire inférieure notablement plus courte; la portion écail- leuse de la base des pleuropes est un peu moins large ; le nombre des rangées verticales est sensible- ment le même; le système de coloration, comme je viens de l'indiquer, est différent. L’exemplaire unique, type de cette espèce, a une longueur de 0"150. Des PÉRIOPHTHALMES nouveaux de la côte occidentale d'Afrique font partie des collections du Muséum. Ils se rattachent à la première division établie dans ce genre par M. Valenciennes, et qui est caractérisée par la séparation presque complète du disque des catopes en deux portions. Leur conformation générale et tous les détails de leur organisation singulière les rapprochent beaucoup des autres Périophthalmes, mais ils présentent cependant certains caractères parti- culiers qui les en éloignent, et permettent de distinguer l’une de l’autre les deux espèces qu’ils représentent. ARCHIVES Du MusEuu. T. X. 32 250 ARCHIVES DU MUSÉUM. XX. PÉRIOPHTHALME DU GABON, Periophthalmus gabonicus, À. Dum. PI. XXII, fig. 4. En avant des yeux, ligne de profil presque verticale; bouche petite, fendue jusque sous l'aplomb du milieu de l'œil qui est très-avancé ; vingt dents à la mâchoire supérieure et vingt- quatre à l'inférieure, petites, coniques et d'inégales dimensions, les médianes les plus longues; bords des lèvres et des appendices labiaux finement dentelés; région operculaire marquée de points blancs ; seconde épiptère parcourue dans toute sa longueur par une ligne de couleur foncée qui est lisérée d'une nuance claire à ses bords supérieur et inférieur. D. 11-14; A. 411; C. 24; P. 43; V. 6-6. Comparé au P. papillon, dont un exemplaire a été pris à Gorée par M. Rang, et deux autres, l’un (en très-mauvais état) au Sénégal, par Adanson, et le second, dans le même pays, par Delcambre, le P. du Gabon se distingue par la verticalité plus prononcée de la ligne du profil et par la situation plus antérieure par conséquent des yeux, différences très-appréciables sur nos individus, et dont on juge bien par la comparaison de la fig. # de notre pl. xxrr et de la pl. coczut du t. XI de l’Hüst. des Poiss., par MM. Cuvier et Valenciennes. De plus, la bouche du 2. du Gabon est moins largement ouverte, et les dents sont proportionnel- lement moins fortes. La forme des nageoires n’est pas non plus la même; la seconde épiptère porte seule une bande colorée. M. Aubry-Lecomte à recueilli trois individus parfaitement semblables entre eux, et dont la teinte générale est sombre. Le moins petit est représenté de grandeur naturelle; la différence de taille avec les deux autres est peu considérable. XXI. PÉRIOPHTHALME A RAYONS ROUGES, Periophthalmus erythronemus, Guich. PI. XXII, fig. 5. En avant des yeux, ligne du profil un peu oblique ; bouche assez grande, fendue jusque sous l’aplomb du milieu de l'œil, qui est un peu rejeté en arrière; vingt dents environ à chaque mä- choire, petites, coniques et d'inégales dimensions ; médianes plus longues que toutes les autres ; bords des lèvres et des appendices labiaux finement dentelés ; teinte générale assez claire; nageoires sans bandes colorées, à rayons rouges (couleur qui a disparu par suite de la prolon- gation du séjour dans l'alcool). D. 11-13; À. 10; C. 24; P. 19; V. 6-6. De Goree, un exemplaire unique dû à M. G. Lennier. La forme même de la tête, ainsi que l’absence de bandes colorées sur les nageoires, distinguent ce Périophthalme du P. papillon. L'’amplitude plus considérable de la bouche, la verticalité moins prononcée du profil au-devant des yeux ; l'absence de taches blanches à la région operculaire, le défaut de bandes sur l'épiptère, la couleur rouge des rayons des nageoires; la teinte générale plus claire, sont des différences spécifi- ques bien évidentes quand on compare ce Poisson au P. du Gabon. POISSONS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 251 CHROMIDES. Cette famille, formée aux dépens du genre Chromis, Cuv., renferme deux groupes fort semblables par les caractères extérieurs, mais très-différents par la disposition du système dentaire. L'un de ces groupes auquel il convient de laisser la dénomination de Chromis proposée par notre grand naturaliste a pour caractères essentiels « des dents en cardes aux mâchoires et au pharynx, et en avant, une rangée de coniques » (2. anim. 2° édit., t. I, p. 263). Le type de cette division est le petit Castagneau (Sparus chromis, Linn. 1). Dans le second groupe, dont le type est le Bolti (Labrus niloticus, Has- selq.), rapporté comme espèce au genre Chromis, par Cuvier, les dents sont un peu élargies vers leur extrémité libre, et elles sont bifides ou trifides. Ce Poisson, si distinct par cela même des précédents, appartient à une autre coupe générique. Celle que M. A. Smith a proposée sous le nom de Tilapia (/{lustr. zool. S. Afr., Pisces, pl. v), doit comprendre le Bolti. Jean Müller (Honatsber. der Kænigl. Preuss. Akad., 1844, p. 32), a même supposé qu'il y a iden- tité entre ce Poisson du Nil et le type du genre Tilapia : T. Sparmanni, groupe dans lequel il place également un Chromide pris par M. Peters en Mozambique. Sans me prononcer ici sur ces assimilations, puisque le Musée de Paris ne possède que le Bolti, je constate que ce dernier offre tous les caractères assignés par M. A. Smith à son genre Tilapie. Or, trouvant parmi des Poissons de l'Afrique occidentale rassemblés dans notre Musée, et non décrits jusqu’à ce Jour, des espèces très-comparables à ce Bolt, je suis naturellement amené à les rapporter au genre fondé par le zoologiste anglais. Tizapie, Télapia*, À. Smith. Forme générale des Chromis ; toutes les dents un peu élargies vers leur extrémité libre, qui est bifide ou incomplétement trifide; disposées avec un peu d'irrégularité, celles de la mächoire 1. Les nombreux Poissons de ce groupe péchés dans les fleuves du Brésil par Natterer, ont fourni à Heckel les éléments d’un grand travail où les espèces sont rapportées à quatre genres particuliers (J. Natterer’s neue Flussfische Brasilien's in Annalen (es Wiener Museums, 1840, t. II, p. 337- 407, tab. xxIx). 2. L'étymologie de ce nom n’est pas donnée. 259 | ARCHIVES DU MUSÉUM. supérieure sur trois rangs, celles de la mâchoire inférieure sur deux rangs; points de dents palatines; de chaque côté, immédiatement au-dessus de l'extrémité supérieure des branchies. une fosse rudimentaire avec laquelle elles communiquent * ; ligne latérale interrompue; na- geoires impaires supérieure ct inférieure à rayons mous plus longs que les rayons épineux, qui sont surmontés de petits prolongements membraneux; pectorales et vent: ales longues et effilées ; base de l'uroptère recouverte d'écailles ?. Notre Musée possède cinq espèces de l'Afrique occidentale appartenant à ce genre, et non encore decrites. Par tout leur ensemble, elles ont entre elles de grands rapports, mais elles offrent des diffé- rences spécifiques faciles à saisir. XXII. TiLAPIE À FLANCS Noirs, T'ilapia melanopleura, À. Dum. PI. XXII, fig. 4,1. Région dorsale assez fortement relevée au niveau de l'origine de l’épintère où se mesure la plus grande hauteur du tronc, et brusquement inclinée en bas au-devant de ce point ; l'œil atteint presque le plan supérieur de la tête; plusieurs rangées d'écailles à la région sous-orbitaire ; teinte générale brune; une grande tache noire sur chaque flanc. D. 15-12; A. 3-9; C. 17; P, 13; V. 1-6. La plus grande hauteur du tronc, 0"058, est contenue à peine plus de deux fois dans la longueur mesurée depuis le museau jusqu’à l’origine de l’uroptère, et qui est de 0425; la hauteur de la tête au niveau de l'œil est de 0036; il y a donc 0*022 de moins qu’au niveau du premier rayon de lépiptère. Un exemplaire unique a été envoyé du Sénégal sous le nom de Wasse, par M. Jubelin qui, pen- dant qu'il était gouverneur de cette colonie, a beaucoup enrichi le Muséum d'histoire naturelle. 1. Ce ne sont point des branchies labyrinthiformes, car il n’y a qu'une très-petite cavité dans laquelle le stylet pénètre, mais ne rencontre aucune pièce osseuse. Quel que soitle rôle de ce petit sinus dans les phénomènes de la respiration, il importe de signaler sa constance dans les espèces du genre Tilapie. D'autres CAromides, au reste, offrent une disposition analogue, puisque l’un des caractères assignés par Heckel à son genre Geophagus, des eaux douces du Brésil, formé aux dépens des Ckro- mis (Natlerer’s Brasil. Flussfische in Ann. Wien. Mus., t. II, 1840, p. 383), se tire de la présence au-dessus des branchies, d’un lobe sacciforme comprimé (tab. xxix, fig. 23). 2. Le genre Coptodus, établi par M. P. Gervais pour des espèces de l’Algérie (Bull. de la Soc. centr. d'agric. de l'Hérault, 1853, p. 80, pl. iv, fig. 5-8), offre de grandes analogies avec le genre Tilapie créé dès 1849; cependant il en diffère en ce que, en arrière des dents antérieures et bifides, «on en voit une autre rangée composée de dents obtuses, petites, et qui percent à peine la peau au- dessus de laquelle elles ne s'élèvent pas sensiblement. » Nous ne connaissons pas les types de M. Gervais, mais les dents des rangées postérieures sont bifides de même que les antérieures chez des Poissons donnés par M. le docteur Guyon, à notre Musée, comme représentant le Coptodus Zillii, P. Gerv., et que M. Valenciennes (C. rendus Ac. des sciences, 1858, t. XLVI, p. 711) place parmi le Glyphisodontes, dont ils s’éloignent cependant, en ce que ceux-ci ne portent qu'une rangée de dents en haut et en bas nm POISSONS DE L' AFRIQUE OCCIDENTALE. 503 XXII. TILAPIE A FLANCS SOMBRES, T'ilapia pleuromelas, A. Dum. Région dorsale fortement relevée au niveau de l'origine de l'épiptère, où se mesure la plus grande hauteur du tronc, et inclinée obliquement en bas, au-devant de ce point; l'œil reste à une certaine distance du plan supérieur de la tête; deux rangées d'écailles à la région sous-orbi- taire ; teinte générale brune; une grande tache noire sur chaque flanc. D. 44-14 ; À. 3-40; C. 48; P. 43; V. 1-6. La plus grande hauteur du tronc, 0"083, est contenue à peine plus de deux fois dans la longueur mesurée depuis le museau jusqu’à Forigine de l’uroptère, et qui est de 0176. Ce rapport établit une analogie entre cette Tilapie et la 7. mélanopleure, mais chez celle-ci, l’'obliquité de la tête est un peu plus brusque. Dans la T. pleurcmèle, il y a une différence plus grande entre la hauteur de la tête prise au niveau de l'œil, où elle est de 0049, et celle qui, mesurée au niveau du premier rayon de l’épiptère, est de 0"083, car dans la T. mélanopleure, ces chiffres sont 0"036 et 0° 058, dont la différence est de 0®022, tandis qu’elle est, dans l’espèce dont il s’agit maintenant, de 0034. Cette dernière, d’ailleurs, n’a que deux rangées d’écailles sous-orbitaires, et il y en a plusieurs chez la T. mélanopleure. Elle est désignée au Sénégal sous le nom de Wasse, et a été donnée par M. Jubelin. XXIV. TILAPIE A TACHE LATÉRALE, T'lapia lateralis, À. Dum. Région dorsale très-fortement relevée au niveau de l'origine de l'épiptère, où se mesure la plus grande hauteur du tronc, et très-brusquement inclinée en bas au-devant de ce point ; la tête est donc plus déclive que chez les espèces précédentes, et le museau «a un peu moins de hauteur ; l'œil reste à une pelite distance du plan supérieur de la tête; deux rangées d’écailles seulement à la région sous-orbitaire; teinte générale brune ; une grande tache noire sur chaque flanc. D. 14-12; À. 3-10; C. 47; P. 43; V. 1-6. La plus grande hauteur du tronc, 0"068, n’est pas contenue tout à fait deux fois dans la longueur mesurée depuis le museau jusqu’à l’origine de l’uroptère, et qui est de 0"4128. En comparant ces chiffres à ceux qui sont indiqués pour les 7. mnelanopleura et T. pleuromelas, on voit aussitôt une différence importante entre ces espèces, puisque la T. lateralis a le tronc proportionnellement plus haut. La hauteur de la tête, au niveau de l'œil, est de 0" 036, et la plus grande hauteur du tronc, au niveau du premier rayon de l’épiptère, étant de 0"068, il y a une différence de 0"032. Ce caractère éloigne encore cette espèce de la 7. mélanopleure, mais la rapproche de la T. pleuromèle, qui, comme celle-ci, a deux rangées d’écailles sous-orbitaires. 1] y a cependant des différences très-tran- chées : 1° chez la T. à taches latérales, la région antérieure descend plus brusquement en bas; il résulte de cette conformation la brièveté proportionnelle plus considérable du tronc que j'ai déjà signalée; 2° la tache noire latérale est beaucoup plus étendue : elle occupe presque les trois quarts de la longueur du corps; 3° enfin, la forme des écailles frontales médianes n’est pas tout à fait la même : elles ne portent pas, à leur bord supérieur, une petite échancrure comme chez la 7. pleuromèle. Un seul exemplaire du Sénégal reçu sous le nom de Wasse comme les précédents, et adressé par M. Jubelin. [A SA _ ARCHIVES DU MUSÉUM. XXV. Ticapie b£ HEUDELOT, Tilapia Heudelotii, A. Dum. Région dorsale assez relevée au niveau de l'origine de l’épiptère ; l'œil atteint presque le plan supérieur de la tête; trois rangées d’écailles à la région sous-orbitaire ; teinte générale bru- nâtre ; portion molle de l'épiptère à bandes irrégulières alternes, formées, les unes, de macula- tures foncées, les autres, de maculatures claires. D. 44-10 ; A. 3-7; C. 48; P. 12; V. 1-6, La plus grande hauteur du tronc, 0"044, est contenue un peu plus de deux fois dans la longueur mesurée depuis le museau jusqu’à l’origine de l’uroptère, et qui est de 0098. La hauteur de la tête, au niveau de l’œil, est de 0" 026; il y a donc, dans ce point, par suite de l’obliquité de la région an- térieure, 0"018 de moins qu’au niveau du premier rayon de l’épiptère. Le type de cette espèce est un Poisson rapporté du Sénégal par M. Heudelot. XXVI. TILAPIE À NAGEOIRES NOIRES, T'ilapia nigripinnis, Guich. PI. XXII, fig. 2, 2a. Région dorsale faiblement relevée au niveau de l'origine de l'épiptère; l'œil, placé très-haut, atteint le plan supérieur de la tête; deux rangées d’écailles à la région sous-orbitaire ; teinte générale brune; toutes les nageoires d’un brun noirâtre foncé. D. 16-10; A. 3-9: C. 49: P. 44; V. 4-5. La plus grande hauteur du tronc, 0"028, est contenue deux fois et demie dans la longueur me- surée depuis le museau jusqu'à l’origine de l’uroptère, et qui est de 0"071 ; la hauteur de la tête, au niveau de l'œil, est de 0”019; par suite du peu d’obliquité de la région céphalique, il y a donc seulement 0009 de moins qu’au niveau du premier rayon de l’épiptère. Cette espèce commence la série de celles où l’obliquité de cette région est peu prononcée. La figure indique, à tort, plusieurs rangées d’écailles sous l’orbite. Deux individus parfaitement semblables et de mêmes dimensions, recueillis au Gabon par M. Au- bry-Lecomte. XXVII. TILAPIE A ÉPINES NOMBREUSES, T'ülapia polycentra, À. Dum. Région dorsale faiblement relevée au niveau de l'origine de l’épiptère, où se mesure la plus grande hauteur du tronc, dont la ligne supérieure ne commence à s’incliner en bas qu'au niveau de la région postérieure de la tête à la partie supérieure de laquelle l'œil est situé; trois ran- gées d'écailles à la région sous-orbitaire ; catopes insérés presque au niveau de la racine des pleuropes ! ; rayons épineux de l'épiptère (18) plus nombreux que chez aucune autre Tilapie ; portion molle de l’épiptère à bandes ponctuées claires et foncées, alternes et portant, près de son 1. Dans toutes les autres espèces, l’insertion des ventrales est plus reculée, il y a donc dans la situation particulière de ces nageoires, chez la T. polycentra, un caractère distinctif. POISSONS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 255 bord adhérent, une tache noire assez considérable, quelques maculatures sur l'hypoptèére ; toutes les écailles finement piquetées de petits points noirs, surtout apparents sous la gorge et à la région thoracique inférieure. D UI8-8:PA3-7F IC 118 PUS: V0MES: La plus grande hauteur du tronc, 0"031, est contenue plus de deux fois et demie dans la longueur qui, mesurée de l’extrémité du museau à l’origine de l’uroptère, est de 0"086. La hauteur de la tête, au niveau de l’œil, est de 0"021 ; il y a donc dans ce point seulement 0040 de moins qu’au niveau du premier rayon de l’épiptère. - Pour cette espèce, et pour les deux suivantes qui, par leur conformation générale, se ressemblent plus entre elles qu’elles ne ressemblent aux précédentes, on tire de bons caractères distinctifs des dimensions de l’espace inter-orbitaire. Ainsi, dans la T. polycentra, cet espace est égal au diamètre antéro-postérieur de l'œil et un peu plus petit que celui qui sépare le bord antérieur de l'œil du bout du museau. — Nos collections possèdent un seul individu pris à Gorée par M. Rang; il portait sur une ancienne étiquette le nom de Chromis. XX VIII. Ticapie DE RANG, Tilapia Rangii, A. Dum. Région dorsale faiblement relevée au niveau de l'origine de l'épiptère, où se mesure la plus grande hauteur du tronc, dont la ligne supérieure forme, depuis l'extrémité du museau jusqu'à l’origine de la queue, une courbe plus régulière que dans l'espèce précédente : d’où il résulte que l'animal, quoique de méme longueur, semble plus ramassé ; trois rangées d’écailles à la région sous-orbitaire; une tache noire au bord libre de l'opercule, mais pas de piqueté noir sur les régions inférieures. Sur la portion molle de l’épiptère, des maculatures et point de tache plus volumineuse vers son bord adhérent. D. 45-40; A. 3-8; C. 20; P. 42; V. 1-6. La plus grande hauteur du tronc, 0®034, est contenue plus de deux fois et demie dans la longueur qui, mesurée du bout du museau à l’origine de l’uroptère, est de 0"087. La hauteur de la tête, au niveau de l'œil, est de 0*022; il y a donc, dans ce point, seulement 0®012.de moins qu'au niveau du premier rayon de l’épiptère. La courbe régulière du dos sépare cette Tilapie de toutes les précédentes, mais, en outre, elle s'éloigne de la T. polycentra, avec laquelle elle a le plus de rapports par certains caractères autres que ceux qui sont déjà signalés dans la diagnose. Ainsi, chez la T. de Rang : 1° il y a moins de rayons épineux à l’épiptère; 2° la région sous-orbitaire est moins haute, mais, par suite, le préopercule a plus de hauteur; 3° la région supérieure de la tête est notablement plus large, l’espace inter-oculaire étant une fois et demie aussi grand que le diamètre antéro-postérieur de l'œil, et un peu plus grand que la distance qui en sépare le bord antérieur de l'extrémité du museau, lequel est, par cela même, plus court que dans les 7°. polycentra et affinis. Cette espèce nous est connue par un spécimen de Gorée, dû à M. Rang. XXIX. TILAPIE VOISINE, Tilapia afjfinis, A. Dum. Région dorsale très-faiblement relevée au niveau de l'origine de l'épiptère, où se mesure la 256 ARCHIVES DU MUSÉUM. plus grande hauteur du tronc, qui est assez allongé ; l'orbite est presque de niveau avec le plan supérieur de la tête; trois rangées d'écailles à la région sous-orbitaire; sur la portion molle de l’épiptère, des maculatures claires et foncées, alternes, en forme de bandes, et dont la première représente une tache noire assez volumineuse. D 15-125 0403-90 M8 P M2 Ve 176 La plus grande hauteur du tronc, 0043, est contenue environ deux fois et deux tiers dans la lon- gueur qui, mesurée du bout du museau à l’origine de l’uroptère, est de 0418. La hauteur de la tête, au niveau de l'œil, est de 0"028 ; il y a donc, dans ce point, seulement 0°045 de moins qu’au niveau du premier rayon de l'épiptère. Malgré ses rapports avec les espèces précédentes, ce qui a motivé la dénomination de 7. affinis, il est cependant facile de la distinguer : 1° elle est, de toutes les Tilapies, la moins haute relativement à sa longueur ; 2° elle a moins de rayons épineux à l'épiptère que la T. polycentra; 3° la ligne du dos, à partir du commencement de l’épiptère jusqu’à l’origine de la queue, est beaucoup plus droite que chez la T. de Rang; 4° elle diffère encore de cette dernière, en ce que l’espace inter-oculaire, bien qu’il soit également une fois et demie aussi grand que le diamètre antéro-postérieur de l'œil, est cependant plus petit que l’espace qui sépare le bord antérieur de l'orbite du bout du museau, dont la longueur proportionnelle est, par cela même, un peu plus considérable. | Deux individus parfaitement semblables et de même taille ont été rapportés du Sénégal par M. Heudelot. XXX. TILAPIE A GRANDES ÉPINES, 7’apia macrocentra. A. Dum. Région dorsale assez fortement relevée au niveau de l’origine de l'épiptère, où se mesure la plus grande hauteur du tronc, et obliquement inclinée en bas au-devant de ce point; l'orbite est presque de niveau avec le plan supérieur de la téte; trois rangées d'écailles à la région sous- orbitaire ; rayons épineux de l’épiptère, de l’hypoptère et des catopes volumineux, très-robustes et triangulaires; teinte générale brune. D. 14-43; À. 3-10; C. 18; P. 10; V. 1-6. La plus grande hauteur du tronc, 0"419, est contenue plus de deux fois dans la longueur qui, me- surée du bout du museau à l'origine de l’uroptère, est de 0"260. La hauteur de la tête, au niveau de l'œil, est de 0* 071 ; il y a donc, dans ce point, 0"048 de moins qu’au niveau du premier rayon de l’épiptère. Ce Poisson se distingue très-facilement de tous ceux qui précèdent par le volume considérable des rayons épineux de ses nageoires, dont la force et l’épaisseur offrent le contraste le plus frappant avec ce qui se remarque dans les autres espèces. De plus, les écailles sont très-grandes. Cette Tilapie provient du Sénégal. L’exemplaire est unique. Parmi les Chronudes à dents simples, non bifides, mais coniques et dispo- sées sur un seul rang à l’une et à l’autre mâchoires, il y a un poisson de l’Afrique occidentale qui offre, dans la conformation générale du corps et dans la diffé- rence de longueur des dents, des caractères assez tranchés pour motiver une coupe générique distincte. POISSONS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 2 CuRoMIGHTHE, Chromichthys ‘, Guich. Conformation générale des Labres; museau protractile; à la mâchoire supérieure, une seule rangée de dents coniques, à peu près d'égale longueur, à l'exception des deux médianes qui sont plus lonques et plus fortes; rangée de la mâchoire inférieure composée de dents un peu plus courtes et laissant un espace libre au niveau de la symphyse ; point de dents au palais: ligne latérale interrompue ; tout le corps, à l'exception de la région sus-céphalique, qui est nue, recou- vert d'écailles cycloïdes, s'avancant sur la base de l’uroptère; point de dentelures, ni d'épines aux pièces operculaires. La ressemblance avec les Labres se tire de la forme oblongue du corps; de la disposition du mu- seau et des lèvres qui sont, il est vrai, peu développées ; de la conformation de la nageoire unique du dos et de l’anale prolongées assez loin en arrière; de la présence des lambeaux membraneux de la portion épineuse de l’épiptère , et enfin de l’écaillure. Les différences sont fondées sur l'interruption de la ligne latérale, avec celte conformation générale du corps, qui n’est pas celle des Labroïdes à ligne latérale interrompue. C’est cette interruption sur- tout qui, éloignant le nouveau Poisson des Labroïdes, permet de le rapprocher des Chromides, où il devient, en raison même de la forme plus oblongue du corps, de la brièveté proportionnelle des pleu- ropes et de l'inégalité des dents sus-maxillaires, le type d’un genre spécial, qui tient des vrais Chro- mides par la forme conique des dents. XXXI. CHROMICHTHE ALLONGÉ, Chromichthys elongatus, Guich. PI. XXII. fig. 3. Ligne latérale commençant au-dessus et en arrière de l'opercule, se continuant jusqu'à l'ex- {rémité de l'épiptère, et reprenant, au niveau de ce point, sur la ligne médiane du corps; cinq rangées d'écailles à La région sous-orbitaire; quatre lignes verticales noires occupant presque toute la hauteur de chaque flanc ; une cinquième à la base de l’uroptère et se détachant sur un fond brunätre. Longueur totale, 0" 088 ; plus grande hauteur, 0" 027. D:243-9;/A%%3-8; 10.18 :9P..13;: V.11-6: L'exemplaire unique et en bon état de conservation sur lequel est fondée cette espèce a été rap- porté du Gabon par M. Aubry-Lecomte. CYPRINOÏDES. XXXII. PÉCILIE A DOS PLAT, Pœcilia omalonota, A. Dum. PL XXE, fige97,07 ab: Région supérieure, depuis le bout du museau jusqu'à l'origine de l'épiptère, présentant une 4. De yeoux, nom grec d’un Poisson indéterminé pris par Cuvier, et de ix8ù:, poisson. M. Guiche- not, qui avait bien étudié celui dont il s’agit à l’époque où le Muséum l’a reçu, a voulu, par cette dé- nomination, rappeler ses rapports et en même temps ses différences avec les Chromis. ARCHIVES DU Muséum. T. X. 33 258 ARCHIVES DU MUSÉUM. large surface plane; origine de l'épiptère correspondant à peu près au milieu de l'hypoptere, qui est plus longue; œil plus petit que l’espace qui sépare le bord antérieur de l'orbite de l’ex- trémité du museau où la mâchoire inférieure dépasse notablement la supérieure; teinte géné- rale d'un brun rougeätre uniforme. D'AAA A4: NC 024: P. 44: N.46, Le remarquable aplatissement de la région dorsale et l'allongement de la mâchoire inférieure dis- tinguent cette Pécilie de toutes ses congénères. La plus grande largeur du dos, au-dessus de la base des pleuropes, est presque égale à la hauteur du corps dans ce point. Comme dans les autres espèces du même genre, et ainsi que le montre la fig. 7b dela pl. xxn, les dents coniques et un peu recourbées en arrière forment, à chaque mâchoire, une rangée régulière der- rière laquelle il y a d’autres dents plus petites, plus nombreuses et moins régulièrement disposées. De nombreux individus de cette Pécilie, dont la plus grande est représentée dans ses dimensions naturelles, pl. xx11, fig. 7, ont été adressés de Noss-Bé (Madagascar), par M. Boivin. Ses caractères remarquables ont motivé sa description dans ce travail, où j'ai à faire connaître en outre deux espèces de l’Afrique occidentale. XXXIIL. PÉGILIE A NUQUE TACHETÉE, Pœcilia spilauchena, À. Dum. PI. XXII, fig. 6, 6 a. Région sus-céphalique plane, mais ligne médiane du dos relevée, immédiatement derrière la téte, en petite carène surmontée d'une série d’écailles impaires ; origine de l’épiptère correspon- dant au niveau du tiers antérieur de l'hypoptère ; catopes insérés au-dessous du milieu des pleu- ropes ; museau très-court et œil fort grand, de sorte que son diamètre est d’un tiers plus consi- dérable que l’espace qui sépare le bord antérieur de l'orbite de l'extrémité du museau, où la mächoire inférieure dépasse à peine la supérieure ; sur la tête, quatre taches noires; teinte gé- nérale uniforme. DOTE MA MENT 26 EPA AMEN: Les caractères tirés de la forme du dos, de la position relative des nageoires, du nombre moindre des rayons, et le système de coloration distinguent suffisamment cette espèce de la précédente ; elle s'éloigne également de toutes les autres par cette dernière particularité dont voici le détail : des quatre taches de l’occiput et de la nuque, l’antérieure occupe la moitié postérieure de l’espace inter- orbitaire; elle est presque le double de chacune des trois autres, qui sont égales entre elles; elles sont très-rapprochées de la précédente et la bordent en arrière. Entre les yeux, en avant, il y a des plis cutanés longitudinaux. Trois individus ont été rapportés du Gabon par M. Aubry-Lecomte; ils sont absolument semblables entre eux, et c’est le moins petit des trois qui est représenté de grandeur naturelle. XXXIV. PÉGILIE A TACHES ARGENTÉES, Pœcilia spilargyreia, À. Dum. Tête et dos plats jusqu'au delà des épiptères, où la ligne médiane commence à former une carène obtuse, surmontée d'une série d'écailles impaires; origine de l'épiptère au-dessus du POISSONS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 259 milieu de l'hypoptère ; catopes insérés en arrière, car leur racine est à peine antérieure à l'ex- trémité libre des pleuropes; œil grand, dont le diamètre égale l'espace situé entre le bord antérieur de l'orbite et l'extrémité du museau qui est court et arrondi à son extrémilé, où la mâchoire inférieure ne dépasse pas la supérieure; à la région sus-céphalique, des taches noires et des taches argentées. D. 40: A. 44; C. 26; P. 44; V. 6. Quoique l’aplatissement de la région dorsale soit plus prononcé que dans l'espèce précédente, 1! l’est cependant bien moins que chez la P. omalonota, dont la P. spilargyreia se distingue en outre, par la brièveté et la rondeur du museau, le peu de longueur de la mâchoire inférieure, le diamètre plus considérable de l'œil, ainsi que par le système de coloration. Ce dernier caractère sert également, avec tous ceux que signale la diagnose, à l’éloigner de la P. spilauchena. Si elle est, comme cette dernière, tachetée à la nuque, on trouve encore, sous ce rapport, des différences nota- bles, car chez la P. spilargyreia, cette région porte une assez grande maculature noire irrégulière. relevée de chaque côté, entre les yeux, par une tache argentée; une autre tache semblable, mais ronde, est située vers la limite postérieure de la maculature noire qui est bordée par une ligne demi- circulaire, à même reflet métallique et à concavité antérieure. Derrière la lèvre supérieure, on voit un petit trait noir en fer à cheval, à convexité postérieure et placé entre deux lignes de même teinte longitudinales, occupant chacune l'extrémité antérieure de la région sus-orbitaire. Cette espèce a pour types deux individus parfaitement identiques, plus petits encore que les Péci- lies précédentes, et dont le moins court ne mesure que 0%045. Ils ont été pris dans les eaux douces de la côte des Mandingues (Afrique occidentale) par M. Schill, capitaine de la marine marchande de Russie, qui en a fait présent au Muséum. Déjà, il avait donné à la Ménagerie un Python royal. CLUPÉOÏDES. Les collections formées au Gabon par M. Aubry-Lecomte renferment une petite Clupée qui rentre dans le genre Pellone, Val. (Hist. des Poiss., t. XX, p. 300), dont elle présente tous les caractères. Tels sont : 4° la longueur remarquable de l'hypoptère ou nageoire anale étendue sous toute la queue, depuis l’anus jusque près de l’origine de l’uroptère ou caudale ; 2° la saillie considérable de la carène des écailles du ventre; 3° l’extrème petitesse des catopes ou ventrales; 4° enfin, l'absence de dents au vomer, tandis que, outre celles des mâchoires et de la langue, il y en a sur les os palatins et pté- rygoïdiens. Cette Pellone n’appartient à aucune des espèces déjà décrites. L'une d'elles, il est vrai, Clupea africana, Bloch (édit. franç., 42° partie, p. 36, pl. ceccvu), Pellone Iserti, Val. (t. XX, p. 307), a été recueillie sur la côte de Guinée, et la similitude d’origine pourrait porter à supposer l'identité spécifique. La comparaison avec l’animal dont nous connaissons seulement la figure que je viens de citer montre les différences suivantes : XXXV. PELLONE Du GABon, Pellona gabonica, À. Dum. PI. XXII, fig. 3, 3a. La ligne du dos est beaucoup moins relevée ; depuis la région postérieure de la tête jusqu’à l’ori- gine de l’uroptère, cette ligne est presque horizontale et offre ainsi un contraste frappant avec la 260 ARCHIVES DU MUSÉUM. ligne ventrale, qui est assez fortement convexe. La ligne latérale n’est point courbe, elle suit une direction droite depuis l’opercule jusqu'au milieu de la queue, et partage la hauteur du tronc en deux portions inégales; la supérieure a partout à peu près la même élévation; l'inférieure, plus considéra- ble, est moins haute en avant et surtout en arrière qu’elle ne l’est au milieu de l'abdomen. DOME MAMA HP MP PE AV) La mâchoire supérieure présente, au milieu, une petite échancrure. Le système dentaire ne diffère pas de celui des autres espèces du même genre. Cette description est faite d'après un exemplaire unique dont la longueur, sans y comprendre la nageoire caudale mutilée à son extrémité, est de 007. Les couleurs sont altérées, mais il y a encore de beaux reflets argentés. Pour les deux ANGUILLOÏDES (xxxv1 et XXXvII) représentés pl. xxm1, Thyrsoidea maculipinnis, Kaup, de Gorée, fig. 1, &, b, ce, d, et Pœcilophis Lecomtei, Yd., du Gabon, fig. 2, a, b, e, d, je ren- voie aux descriptions données par le savant zoologiste de Darmstadt (Uecbersicht der Aale in Archiv für naturgesch., 1856, t. I, p. 61 et 67), et dont ces dessins deviennent un complément utile. Je termine ici l’'énumération des espèces dont il m’a paru important de parler avec quelques détails. Je complète, d’ailleurs, la revue des Poissons trouvés jusqu'à ce jour dans l'Afrique occidentale par la liste suivante, qui en com- prend cent quatre-vingt-cinq. Parmi ceux-ci, il y en a trente-trois, qui n'étaient point encore connus. Dans ce nombre, vingt-cinq sont décrits pour la pre- mière fois; les huit autres qui sont seulement nommés, représentent aussi des espèces nouvelles. Ce sont les suivantes : 72, Cybium altipinne, remarquable par l'élévation très-notable de sa première épiptère ; 89-91, trois espèces ap- partenant au genre si bizarre des Vomers, dans lequel on peut établir, d’après les individus de la collection du Muséum, et originaires de différents pays, huit ou neuf coupes spécifiques fort tranchées; 127, une Fistulaire; 133, un Bagre de Gorée et deux’ Échénéides (176 et 177), déjà signalées dans un Essai de clas- sification des singuliers Poissons de ce groupe que j'ai publié en 1858 (Comptes rendus de l’Acad. des sce., t. XLVIT, p. 374). L’une, Æ£. occidentalis, appartient par ses formes allongées à la division des Vaucrates, et l’autre, plus ramassée, à celle des Rémores. En réunissant les 193 Reptiles, et les 185 Poissons signalés ou décrits dans ce Mémoire, on voit que la science possède déjà des données précieuses sur la faune de la côte et des régions occidentales du continent africain. Bien des découvertes, sans nul doute, y restent encore à faire, et dans peu d'années peut-être, faudra-t-il élargir beaucoup le cadre qu'il m'a semblé utile de tracer dès à présent. en raison des richesses considérables que renferme le Musée de Paris. POISSONS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 261 POISSONS DE L’AFRIQUE OCCIDENTALE 1. LÉPIDOCHONDRES OU ICHTHYOSIRÈNES. 43. B. dicrostigma, Guich. — Gorée. I. LEPIDOSIREN, Fitz. XI. ALUTERUS, Cuv. 1. ? L. annectens, Fitz. — Sénégal. 14. A. Heudelotii, Hollard. — Sénégal. 2. L. Arnaudiü, Cast. (Tobal, Adans.?)— Nil blanc, Niger. 15. A. senegalensis, Id. — Id. PLAGIOSTOMES. GYMNOGNATHES. A. PLEUROTRÉMES XIT. Terraopon, Linn. SCYLLIENS. ANT Bineaton, Id. — Sénégal, GORE IL. Gx\ccrmosroma, Müll., Henle. XIIT. PROMECOCEPHALUS, Bibr. US ; 7. P.argentatns, Id. (Lacép.) — Gorée. 3. G. cirrhatum, Id., Id. — ; e 5 ; DER ne 48. P.lævigatum, Id. (Linn.) — Id. CARCHARIENS. XIV. DicopomycTerus, Bibr HI. Spayrna, Raf. 49. D. maculatus, Id. (Lacép.) — Gorée. 4. S. Lewini, Griff. — Sénégal. XV. EpxiprioN, Bibr. SCYMNIENS. 20. E. maculatum, Id. — Gorée. IV. Scymnus, Cuv. LOPHOBRANCHES. 5. S.torquatus, Val. — San-Iago. (Cap Vert). SURDr AE Cue B. HYPOTRÈMES 21. H. guttulatus, Cuv. — * Gambie. : c 22. H. bicuspis, Kaup. — Gorée. SQUATINORAIES. 23. H. Deanei, A. Dum. — Sierra-Leone. V. Prisris, Lath. PE ER TRS 6. P. antiquorum, Id. — Sénégal. & e GAENS: 7. P. Perrotteti, Val. — Id. PERCOIDES. TORPÉDINIENS. XVII. Laprax, Cuv., Val. VI. TorPeno, CG. Dum. 24. L. lupus, Cuv., Val. — Gorée. 8. T. oculata, Belon (Var. III). — Gorée. XVIII. Lates, Cuv., Val. TRYGONIENS. 25. L. nilotica, Id., Id. — Sénégal. VII. ANacanTaus, Ehrenb. De Re + 2 : dr. 26. S. papilionaceus, Cuv., Val. — Gorée. D ne 27. ? S. alexandrinus, Id., Id. — Guinée. VIII. Arrtogaris, Müll., Henle. 28. S. gorcensis, Id., Id. — Gorée. 10. A. latirostris, A. Dum. — Gabon. (PI. xx, fig. 1.) 29. S.æneus, Et. Geoffroy Saint-Hilaire. — Id. IX. RuiN A Kutil 30. S. cyanostigma, Kubl., Van Hasselt. — Gorée. d'in 31. S. lineo-ocellatus, Guich. — Id., Gabon. A9. R. javanica, Müll., Henle. — Gorée. 32. S.tæniops, Cuv., Val. — San-lago (Cap-Vert). PLECTOGNATHES XX. MEsoprioN, Cuv., Val. 33. M. fulgens, Cuv., Val. — Gorée. BALISTIDES. 34 M. goreensis, Id., Id. (M. jocu ?) — Id. X. BALISTES, Cuv. 35. M. dentatus, A. Dum. — Gorée. 42. B.forcipatus, Linn. — Sénégal. 36. M. retrospinis, Cuv., Val. — Id. 1. Les noms marqués d'une # sont ceux des espèces que le Musée de Paris ne possède pas. — J'ai fait précéder d'un ? celles que no: collections renferment, mais que, contrairement à ce qui a eu lieu dans d’autres Musées, elles n’ont jamais reçues de l'Afrique occiden- tale. — Placé à la suite du nom le ? fait connaître qu’il reste de l'incertitude soit sur la synonymie ou sur l'espèce elle-même, soit sur la Patrie, — La liste porte l'indication de toutes les figures annexées à ce travail. — Deux espèces (2 et 145) très-remarquables par leurs caractères, ne sont pas de l'Afrique occidentale, mais l'une vient du Nil blanc et l’autre de Madagascar, ARCHIVES DU MusEuMm. T. X. 33” 60. 61. v2. 68. 64. a = 10-10, - 1 A. fuseus, Id., Id. — San-lago (Cap Vert). php — Le S. ARCHIVES DU XXI. Apsicus, Cuv., Val. XXII. HoLOCENTRUM, Arleûi. . hastatuim, Cuv., Val. — Cap Vert; Gorée. XXIII. SpHyrÆNA, Lacép. . viridensis, Cuv., Val. — San-lago (Cap Vert). . becuna, Lacép. — Gorée. XXIV. PoLyNEmUSs, Gron. (Artedi.) . quadrifilis, Cuv., Val. — Sénégal, Gorée. . decadactylus, Bloch. — Guinée. . enneadactylus, Cuv., Val. — Gorée. . macronemus, Pel. — Guinée. XXV. UPENEUs, Cuv., Val. . prayensis, Id., Id. — Cap Vert. SCIÉNOÏDES. XXVI. OrociTaus, Cuv. . senegalensis, Val. — Gorée. XXVIT. Corvina, Cuv., Val. . clavigera, Id., Id. — Sénégal. C. nigrita, 1d., Id. — Id. XXVIIT. Joaxius, Bloch. . (Corvina) senegalla, Cuv., Val. — Sénégal. XXIX. Larimus, Cuv., Val. .. aurilus, Id., Id. — Gorée. XXX. PRISTIPOMA, Cuv., Val. . Jubelini, 1d., 1d. — Sénégal. . Suillum, Val. — Gorée. . Rangii, 1d. — Id. . Perrottæi, Cuv., Val. — Sénégal. . Rogeri, Id., Id. — Id. . octolineatum, Val. — Gorce. . viridense, Cuv., Val. — Cap Vert. SPAROÏDES. XXXI. SarGus, Cuv. . annularis, Id, — Gorée. XXXII. Carysopnrys, Cuv. :|. cœruleosticta, Cuv., Va!. — Gorée. XXXIIT, Pacrus, Cuv. . vulgaris, Id, — Gorée. XXXIV. PAGELLUS, Cuv., Val. . goreensis, Id., Id. — Gorée. XXXV. LETHRINUS, Cuv., Val. . atlanticus, Id., Id. — Cap Vert. XXXVE CanTHarus, Cuv., Val. . senegalensis, 1d., Id. — Gorée. XXXVIL Boops, vel Box, Cuv. . goreensis, Cuv., Val. — Gorée. MÉNIDES. XXXVIIL Smaris, Cuv. melanurus, Cuv., Val. — Gorée. MUSÉUM. XXXIX. GERRES, Cuv., Val. 66. G. bilobus, Id., Id. — Sénégal, Gorée. SQUAMMIPENNES. XL. Epnippus, Cu. 67. E. goreensis, Cuv., Val. — Gorée. XLI. Pserrus, Commerson. 68. P.Sebæ, Cuv., Val. — Sénégal. SCOMBÉROÏDES. XLII. ScomBEr, Cuy. 69. S. pneumatophorus, Fr. Delaroche. — Sénégal. XLIII. PELAMYS, Cuv., Val. 70. P. sarda, Cuv., Val. — Iles du Cap Vert. XLIV. CyBium, Cuv., Val. TA. CG. tritor, Id., Id. — Gorée. 72. C.altipinne, Guich. — Id. XLV. TricHiurus, Linn. 73. TT. lepturus; Id. — Sénégal, Gorée. XLVI. Hisriopaorus, Lacép. 74. ? H. americanus, Cuv., Val. — Commendo (Côte-d'Or. XLVII. ELACATE, Cuv. 75. ? E, atlantica, Id. — Côte de Guinée. XLVIIL Licura, Cuv., Val. 76. L. amia, Id., Id. — Gorée, Sénégal. 77. L. glauca, Id., Id. — Gorée (L. tetracantha, Bow- dich.?) 78. ? L. calcar, Id, Id. — Côte de Guinée. XLIX. TRAC&INOTUS, Lacép. 79. T.teraia, Cuv., Val. — Sénégal. 80. T. teraioïdes, Guich. — Sénégal. 81. T.goreensis, Cuv., Val. — Gorée. 82. T. maxillosus, Id., Id. — Id. 83. T. myrias, Id., Id. — Id. L. Caranx, Lacép. 84 C. rhoncus, Ét. Geoffr. S.-Hilaire. — Gorée. 85. CG. Jacobæus, Cuv., Val. — Sau-lago. (Cap Vert.) 86. C. senegallus, Id., Id. — Sénégal, Gorée. 87 C. carangus, Id., Id. — Gorée. LI. Seyris, Cuv., Val. 88. S. alexandrina, Cuv., Val. — Gorée. LIT. VomEr, Cuv. 89. V. goreensis, Guich. — Gorée. 90. V. gabonensis, Id. — Gabon. 9H. V. senegalensis, Id. — Sénégal. LITE. Hynnis, Cuv., Val. 92. H. goreensis, Cuv., Val. — Gorée. LIV. SERIOLA, Cuv. 93. S.cosmopolita, Cuv., Val. — Gorée. LV. Temxopow, Cuv., Val. 94 T.saltator, Cuv., Val. — Sénégal. 96. 97. 98. 99. 100. 104. 102. 103. 104. 105. 106. 107. 108. 109. 110. 414. 112. 143. 447. POISSONS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. 263 LVI. Nomeus, Cuv. N. Mauritii, Cuv. — Ile du Prince (Côte de Guinée). THEUTIES. LVIL. AcanraURUS, BL. A. phlebotomus, Cuv., Val. — Gorée. MUGILOÏDES. LVIIL. Muciz, Lino. M. cephalus, Cuv., Val. — Sénégal. M. saliens, Risso. — Sénégal. M. grandisquamis, Val. — Sénégal. M. falcipinnis, Id. — Gorée, Sénégal. M. breviceps, 1d. — Gorée. M. cryptocheilos, Id. — Id. GOBIOÏDES. LIX. BLENNivs, Lion. B. goreensis, Val. — Gorée. LX. Cuinus Cuv. C. pectinifer, Cuv., Val. — Gorée. LXI. PerioPaTaazuus, BL, Schn. P, papilio, Bl., Schn. — Sénégal, Gorée. P. gabonicus, A. Dum. — Gabon. (PI. xxu1, fig. 4.) P. ersthronemus, Guich. — Gorée. (PI. xx11, fig. 5.) LXII. ELEOTRIS, Gronov E. guavina, Val.? — Sénégal. E. maculata, A. Dum. — Gabon. (PI. xx1, fig. 3, 3 4.) E. vittata, Id. — Id. (PI. xxt, fig. 4, 4 a.) LXIIL. Gogius, Lacép. et Schn. G. lateristriga, A. Dum. — Gabon. (PI. xxi1, fig. 4, 4 a.) G. humeralis, Id. — Id. (PI. xx, fig. 2,2 a.) PTEROPODES (Pectorales pédiculées). LXIV. CHIRONECTES, Cuv. C. pardalis, Val. — Gorée. LXV. Barracaus, BL., Schn. ? B. barbatus, Val. — Côte de Guinée. LABROÏDES. LXVI. LaBrus, Linn. L. scrofa, Val. — Cap Vert. L. jagonensis, Bowd.— Id.; embouch. de la Gambie. CHROMIDES. LXVITI. Ticapra, A. Smith. T. melanopleura, A. Dum. — Sénégal. (PI. xx11, fig. 1, 1 a.) 118. 119. 120. 421. 122. 4923. 424. 125. 136. 137. 138 139. 140 141. 142. 143. 144. T. pleuromelas, Id. — Sénégal. T. lateralis, Id. — Id. T. Heudelotii, Id. — Id. T. nigripinnis, Guich. — Gabon. (PI. xxn, fig. 2. 2 a.) T. polycentra, A. Dum. — Gorée. T. Rangii, Id. — Id. T. affinis, 1d. — Sénégal. T. macrocentra, Id. — Id. LXVIIL. CHromIcHTAYS, Guich. C. elongatus, Id. — Gahon. (PI. xx11, fig. 3. APHYOSTOMES OU FISTULAIRES. LXIX. FisruLaria, Lacép. F. ocellata, A. Dum. — Sénégal, Gorée. MALACOPTÉ2RYGIENS 4BDOMINAUX. SILUROÏDES. LXX. SCHILBE, Cu. S. senegallus, Val. — Sénégal. LXXI. Bacrus, Cuv. Adansonii, Val. — Sénégal. Bayad, Cuv.— Id. nigrita, Val. — Id. .maurus, Id. — Id. . goreensis, Guich. — Gorée. LXXITI. Ariu:, Val. A. Heudelotii, Val. — Id. A. aculivelis, Id. — Id., Gorée. D x 5 ww LXXIII. PrmeLonus, Cuv. P. occidentalis, Val. — Sénégal. LXXIV, SYNoDoNTIs, Cuv. un .macrodon, Isid. Geoffr. Saint-Hil. — Sénégal. S. nigrita, Val. — Id. LXXV. CLarias, Gronov. C. senezalensis, Val. — Sénégal. LXXVI. HETEROBRANCHUS, Ét. Geof. Saint-Hil. H. senegalensis, Val. — Sénégal. LXXVIT. MALAPTERURUS, Lacép. M. electricus, Lacép. — Id. (M. Beninensis, Murray ?. CYPRINOÏDES. LXXVIIL LaBeo, Cuv., Val. L. selti, Val. — Sénégal. L. senegalensis, Id. — Id. LXXIX. PociLi4, Val. P. spilauchena, A. Dum.— Gabon. (PI. xxn, fig. 6, 6 a.) 264 145. 146. 147. 148. 158. 460. 461. 162 163 16% e2 x tm Es æ) P. ARCHIVES DU MUSÉUM. .omalonota, A. Dum. — Noss-Be (Madagascar ). (PL. xx, fig. 7, 7 4,7 b.) Spilargyreia, A. Dum.— Côte des Mandingues (Afr. occidentale.) LUCIOÏDES. LXXX. BELONE, Cuv. . senegalensis, Val. — Sénégal. LXXXI. Hemirampaus, Cuv. . Brownii, Val. — Gorée. LXXXII. ExocoeTus, Lin. . lineatus, Val. — Gorée. . évolans, Lin. — Porto-Praya (Cap Vert). MORMYROÏDES. LXXXII. Mormyrus, Lin. . Rume, Val. — Sénégal. M. Jubelini, Id. — Id. BUTIRINS. LXXXIV. ALBuLA, Gronov. . goreensis, Val. — Gorée. ÉLOPIENS. LXXXV. ELops, Lin. . Saurus, Id. — Sénégal. . lacerta, Val. — Id. HÉTÉROTIDIENS. LXXXVI. HeTEROTIS, Ehr. . Adansonii, Val. — Sénégal. CLUPÉOÏDES LXXXVII. PELLONA, Val. . Iserti, Val. (Clupea africana, BI?) — Côte de Guinée. . gabonica, A. Dum.— Gabon. (PI. xx1r1, fig. 3, 3 a.) LXXXVIIL. MELETTA, Val. . senegalensis, Id. — Sénégal. LXXXIX. ALausa, Cuv. . eba, Val. — Gorée, Sénégal. . dorsalis, Id. — Côte occidentale d'Afrique. . aurea, Spix. — Afr. occidentale ? GANOÏDES OSSEUX. XC. Pozyrterus, Et. Geoffr. Saint-Hil. . senegalus, Cuv. — Sénégal. SALMONOÏDES. XCL CiTHariNus, Cuv. . Geoffræi, Id. — Sénégal. 165. 466. 167. 168. 169. 470. 171. 173. 177. 178. 479. XCII. BryciNus, Val. B. macrolepidotus, Id. — Sénégal. XCIIL. DrsricHopus, J. Müll. D. nefasch, Val. — Sénégal. XCIV. ALEsTEs, J. Müll. A. sethente, Val. — Sénégal. XCV. CHALCEUS, Cuv. C. guile, Val. — Sénégal. XCVI. Hyprocyon, Cu. H. Forskalii, Id. — Sénégal. XCVITL. XIPHORHYNCHUS, Agassiz. X. odûe, Val. — Sénégal. MALACOPTÉRYGIENS SUBRACHIENS. HÉTÉROSOMES OU PLEURONECTES. XCVIIT. HippocLossus, Cuv. H. Erumei, Id. (BI., Schn.). XCIX. Raowgrs, Cuv. R. senegalensis, Kaup. — Sénégal. C. SoLea, Cuv. S. senegalensis, Kaup. — Sénégal. CI. PLaGusia, Cuv. (Brown). P. bilineata, Cav. — Ile du Prince. P. (ARELIA, Kaup) senegalensis, Kaup. — Sénégal. ÉCHÉNÉIDES. CIL. EcneNeis, Linn. E. occidentalis, A. Dum. — Sénégal. E. batrachoïdes, Id. — Praya San-lago (Cap Vert.) MALACOPTÉRYGIENS APODES. OPHISURIDES. CII. Mystriopais, Kaup. M. rostellatus, Id. — Sénégal. CIV. Pisononopxis, Kaup. P. semicinctus, Id. — Gorée. MURÉNOÏDES. CV. THYRSOIDEA, Kaup. Th. lineopinnis, Id. — Praya-San-lago (Cap Vert}. Th. maculipinnis, Id. — Côte-d'Or. (PL. xx111, fig. 4, a, b, ce, d.) Th. marginata, Id. — Afr. occidentale. Th. unicolor, Id. — Gorée. CVI. PorcILopis, Kaup. P. Peli, Id. — Côte-d'Or. P. Lecomtei, Id. — Gabon. (PI. xx1r1, fg.2,4,b,c,d.) EXPLICATION DES PLANCHES XITI-XXIIT PLANCHE XIII. CHÉLONIENS. 4. Cinixys rongée, page 164, note 2, la carapace vue en dessous; a, ligne suivant laquelle s’exé- cute le mouvement de la portion postérieure de la carapace. — 2, 2a. Pentonyx du Gabon, A. Dum., p- 464, vu en dessus et en dessous. — 3. Carapace et plastron du Pentonyx du Cap, D., B., vus en dessous. — 4. Id., de Pentonyx Gehafie, Rüpp., vus également en dessous. PLANCHE XIV. CROCODILIENS. 4,4a. Crocodile leptorhynque, Bennett. — 2. Cr. à nuque cuirassée, Cuv. (copie de la fig. 1 et 2 de la pl. V de l'Histoire des ossements fossiles). — 3. Cr. de Journu, Bory de Saint-Vincent (p. 471 et 172). PLANCHE XV. SCINCOÏDIENS. 4. Euprepes strié, Hallowell, p. 178, 1 a. Tête vue en dessus, et 4 b, écailles du même grossies ; 4 c, œil du même grossi pour montrer la membrane nictitante. — 2. Euprepes de Blanding, p. 178, Hallow. (Tête grossie vue en dessus); 2a, écaille du mème également grossie. — 3. Anisoterme sphé- nopsiforme, A. Dum., p.181 ; 3a, 3b, tète du même grossie vue en dessus et de profil; 3c, 3d, mem- bres antérieur et postérieur du même grossis. — 4a, 4b, tête du Sphénops bridé, Wagl.,, grossie vue en dessus et de profil. PLANCHE XVI. OPHIDIENS. 4a, 1b, Ac. Tête de l’Holuropholide olivâtre, A. Dum., p. 196, vue en dessus, en dessous et de ARCHIVES DU Muséum. T. X. 34 266 REPTILES ET POISSONS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. profil; 4d, queue du même vue en dessous pour montrer que les urostéges ou plaques sous-caudales sont simples et ne forment qu’un seul rang. — 2. Élapomorphe du Gabon, A. Dum., p. 206, 2; 2a, 2b, 2c, tête du même vue en dessus, en dessous et de profil. PLANCHE XVII. OPHIDIENS. Cette planche représente la tête vue en dessus et de profil des espèces suivantes : 1, 1a. Boædon unicolore, Dum., Bib., p. 193. — 2, 2a. Boædon noir, Fischer (B. quadrivirga- tum, Hall.) p. 494. — 3, 3a. Boædon du Cap, Dum., Bib., p.194. — 4, 4a, Boædon quatre lignes (B. quadrilineatum, Dum., Bib.), p. 193. — 5. Tête osseuse vue en dessous du Boædon unicolore, p. 193. — 6, 6a. Leptophide émeraude {Lept. smaragdinus, Dum., Bib. {[Boie]), p. 499. — 7, Ta. Uromacre oxyrhynque, Dum., Bib., p. 202. — 8, 8a. Cladophis de Kirtland, A. Dum. (Hal- low.), p. 204. — 9, Ja. Psammophis irrégulier, Fischer, p. 208. — 10, 10 a. Psammophis élégant, Boie, p. 208. — 11, 11a, Dendraspide de Jameson, Schlegel, 110, écailles du même, p. 215. — 12, 12a. Dendraspis tête étroite, A. Dum. {Smith); 12h, écailles du même, p. 216. PLANCHE XVIII. BATRACIENS ANOURES. 4. Grenouille tachetée en dessous (subsigillata), A. Dum., p. 224. — 2 et 2a. Limnodyte à lèvres blanches, A. Dum. {Rana albolabris, Hallow.), p. 226. — 3, 3a. Hylambate (sous le nom de Rainette) d’Aubry, A. Dum., p. 228. — 4, intérieur de la bouche de la Rainette citropode, Péron et Lesueur. — 5, Dactylèthre de Müller, Peters, p. 232. — 6 et 6a, tête vue en dessus et pied vu en dessous du Dactylèthre du Cap, Cuv., p. 232. PLANCHE XIX. TYPHLOPIENS. Onychocéphale de Krauss, Jan, p. 185, note 2. — O. de Hallowell, Id., p. 185. — Typhlops de Troschel, Id. p. 489. — T. aveugle (cæcatus), Id., p. 489. — Sténostome de Sundevall, Id., p.189. PLANCHE XX. POISSONS CHONDROPTÉRYGIENS. 1, Aétobate large museau (/atirostris), À. Dum., p. 242. — 2, Aétobate narinari, J. Mül]. et Henle. — 3, Aétobate fouet (flagellum), I., Id. PLANCHE XXI. GoOBIOÏDES. 4, 4a, Gobie à flancs rayés (lateristriga), A. Dum., p. 247. — 2, 2a, Gobie à taches humérales (kumeralis), À. Dum., p. 248. — 3, 3a, Eléotris tachetée (maculata), A. Dum., p. 248. — #, 44, Eléotris à bande latérale (vittata), A. Dum., p. 249. EXPLICATION DES PEANCHES ET INDEX. 267 PLANCHE XXII. CHROMIDES, GOBIOÏDES ET POECILOÏDES. 4,1a, Tilapie à flancs noirs (melanopleura), A. Dum., p.252. — 2, 2a, Tilapie à nageoires noires (nigripinnis), Guich., p. 254. — 3, Chromichthys allongé (elongatus), Guich., p. 257. — 4, Périophthalme du Gabon, A. Dum., p. 250. — 5, Périophthalme à rayons rouges (erythronemus). Guich., p. 250. — 6, 6a, Pæcilie à nuque tachetée (spi/auchena), A. Dum., p. 258. — 7, Ta, Pœ- cilie à dos plat (omalonota), À. Dum.; 7 b, système dentaire, p. 257. PLANCHE XXII. CLUPÉOÏDES ET ANGUILLOÏDES. 1, Thyrsoïdée à nageoires tachetées (maculipinnis), Kaup; 1 a, 1b, tête vue en dessus ct en des- sous ; 1 c, 1 d, intérieur de la cavité buccale, en dessus et en dessous, p. 264. — 2, Pæcilophide de Lecomte, Kaup; 2a, b, c, d, les mêmes détails que pour la fig. 4, p. 264. — 3, Pellone du Gabon. A. Dum.; 3a, coupe verticale du tronc dans sa plus grande hauteur, p. 259. INDEX DES ESPÈCES DE REPTILES ET DE POISSONS DÉCRITES OU FIGURÉES DANS CE MÉMOIRE Reptiles. CHÉLONIENS. Pages. Planches. VIL. Elapomorphus ga- : HÉR S ÉeRenc LEMnCRGEe bonensis, A. Dum. 206 xvi, 2,a,b,c. - à + d ’ et dos vubiss Dendraspis Jame- e a Re 7 Fe 2 dre Ne ES sonii, Schl...... 245 xvIr, 14,@,6. Di AMAR, 166 viter. Dendraspis anqus- Li x Ne PR ANS LE ticeps, A. Dum. (ASS I En) EN 216 xvu1, 42,@,6. SAURIENS. viauit. Echidna rhinoce- s 99 ui. Anisoterma sphenop- , Fe SH ci siforme. A. Dum... 181 xv, 3,a,b,c.d vivint. Æchidnanasicornis, . . …. AY, 9,4,7,c,w. ds 99 iv. Anelytrops elegans, METTRE ee ee 220 ADAM EEE re 182 BATRACIENS. OPHIDIENS. virsext. Cæcilia squalosto- ma, Stutchburry. 222 Y. Onychocephalus cæ- vur. Cæcilia Seraphini, CUS "A Dumer- 188 AMRDUDE re ce 222 vi. Holuropholis oliva- IK° Rana subsigillata, ceus, A-Dum...... 196 xvi,1.a,b,c,d. APADUMER eee 224 XNUI, À. vis. Cladophis Kirtlandii, *e Hylambates Aubryi, ANDUMEE racer. 204 xvir, 8,84. ASDUMErEr eee 229) XVnIr, 3,34. 268 REPTILES ET POISSONS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE. PFoissons. CHONDRICHTHES. Pages. Planches. ! xxIv. Tülapia lateralis, | AAIDHMe. 2 re 01208 Pages. Planches, n . ee x. A4etobatis latirostris, aa i ri ES 254 À. DM... suce 22 XX, A. Mi x LA XXVI. Tüilapia nigripinnis, Lo SROBNAN CRE Guidh..2.529040%7 . 254 xx11,2,2a. + s | xxvi. Tüilapia polycentra, j x AMDuM LR 1.66 . 254 x. Hippocampus Deanei, : xxvin. Tilapia Rangii, A. ANDUM Tree . 243 DOM ere .… 255 | | XxIX. Tilapia affinis, Aug. ACANTHOPTÉRYGIENS. | DU er Re Re 955 | xxx. Tüilapia macrocen- xur. Serranus lineo-ocella- tra" A" Dumr.: 9256 lus, \GuICh.. 11e 244 | XXXI, Chromichthys elon- xiv. Mesoprion dentatus, | gatus, Guich...... 257 XXII,3. ACMDUMS Le CeeE CE .. 245 EVE | teraio- de MALACOPTÉRYGIENS ABDOMINAUX ides A NDumM re ù = LL / (y À à NJ Je. Le CRE DE AU RE XxxXII. Pœcilia omalonota, Ë (Aus LP rot A-1Dumi-e 2 251 XXIT T1 0: IE Re humeralis, Din es on xxx. Pœciliaspilauchena, DUME Sc erecre 2 X1,2,2a. RE A £ : | xvir. Eleotris maculata, : 5 < Done ; 288 uit 60 A Dur 248 xx1,3,3a | XXXIV. Pœcilia spilargyreia, : Tee OU DO UE ) 0 || _. xx. ÆEleotris viltata, A.Du- de Bot RE gs e F5 DE méril O9 xx AG xxxv. Pellone gabonica, etre lee ee . HJLONXXI EG. : EPA PI 250 xx m3 20 xx. Periophthalmus gabo- A pu dons | nicus, À. Dum...... 250 xxI1,4. xx. Periophthalmus ery- | MALACOPTÉRYGIENS APODES. thronemus, À. Dum. 250 xx11,5. | xxit. Tilapia melanopleu- | xxxvi. Thyrsoidea maculi- ra, ADuME Re. + 252 xxu,4,1@. | pinnis, Kaup. . . . 260xxr1.1 ,a,b,c,d. xx. Tilapia pleuromelas, | xxxvi. Pœcilophis Lecom- A ,1DUM: 26.177 - 0254 | tei, Kaup... : . . . 260 xxu11,2.a.b,c;d, N. B. Je v’ai pas porté sur cet /ndex les espèces en grand nombre dont j'ai parlé plus ou moins longuement dans ce travail, mais sans °n donner des descriptions, oc ie Tue 2 jp Fa. v a æ * ù 4 % Ce 4.) } LAC SRE CRE nt SA EU Et “ N'a : 4 ri “ e LE F 1 $ ; , Che a 1 , « + % ln Led « LE + ; n LT LAS TPS RASE TER - eee see cesse 324 Cancer /admete-PErE rer eee recer ere 356 C. Calllanassas ss. cerecrececte 382 GC CEUO=NUIIL 2 ere serrer 320 C. CONPULALUS 7. eee 401 C. CrUCIAlUS PE... MER ÆCre. 371 C HeDUTATOL ou cas: certoes 393, 394, 395 ( ÉTANUIAIUS See eo: ce 391 ( DASÉAIUS. SR eecerecacee 327, 339 C. ET boom ondoemaeon 411 C. latipes variegatus....... 2. &1 C lySlanassa es eee mere #1 C. marinus IŒyIs. 2. 2 eecee-cce 371 C NMENESNO. ei seemesee ent 330 { MŒNAS Re. CN PELE rroee 390 ( NARATOT is tas a sors temee see ae 370 pepocesr Page Cancer ocelatns tie . IR re 415 ( OlIVACEUSEL A PE CS 1e ne 349 C. PÉlALICUS: + Eee ce 320 C. petrefactus ann ise Of. PNPRE.E 349 C. PEYRE LE roc ie 360 C. pubor secte Et 398 C. EHCUIAUS A ER. EM ER 320 C. sanguiuolentus.….1. "66 41120" 200219 C. SOLTAUS eee eee CUE 349 C. SERTON AUS, M0 7 ANNEE 372 C. Velutinus as PR ARR e nie 398 CARCGINIENS (groupe des})...........,... 388 Carcinus genre) Tee ee-cee 390, 311 C. MŒNAS. eee Crrrecee 391 C. DENUVIANUS eee cree LUCE 392 Carupatsenre) EEE EUR ec rrecee 386, 311 C. ENUIPES ere ceerrer 386 CARUPIENS (groupe des)................ 386 Charybdistafinis FA. 0; CCC etc CE 384 C. ANISOTON RE cer 381 (02 CruCNerAEECE Mer RCE 371 C. dura 4 ke Etter LEE 369 C. DYANUIAUSE Te Lee eecereer 370 C. NÉS ob 0 0h00 ce 378 C. Natal = CPR ee er LEE 370 C. OrIentales ee. mer-cr-ecce 383 C. sexdentatan. "Le -cecrcc 373 C. Smith semer oece ct 384 C. VARICPATUS. Le ce ercTeEt 382 Enoplonotus (genre)............... 359, 311 APMALUS Rec eeeeeCCLE 393 omosoma (genre)... M re 367, 311 affine cree CEE 384 AMISOON..- ec... -rere 381 annulatume cree 374 antIqua re tr. Pertes 384 callianassa..+ Ace . 382 GTUCIIETUMe eee Ce 371 LISTE DES ESPÈCES CITÉES Pages. Goniosoma erythrodactylum............. 369 G. TAPONICUME Eee 10 G. iiinmaooehonanennnne 377 G. lEo codeur ndndo not 378 G. ml ModaouodiooncLobenbc 370 G. Orientale 222620 Me de - = 383 G. ORMAUME ER RP EPP ee 376 G. paucidentatum. ..... ...... 381 G. quadrimaculatum. .......... 375 G. ROSŒUDE ES 2 tt mir telle eee 378 G. TOSDTADUM Fe 2 Tee 379 G. sexdentatumi.r #2: 122000. 7 372 G. ÉLUNCATUMEMAPEER PE IMNTPNE 380 Mérochilus aMOrrISI ss ENTER eee 40% LissocaRcINIENS (groupe des)........... 417 TASSocarcinus genre). "rer 417, 311 L: OPPICUIANIS 2 27 + MPPONENES. 418 E° polybioides vs." mere, 417 ILE) Los bee outil 351, 31 L. Fo omponb doc ne eido 328 bo Banks items ft ste RER rx 341 L. bellicosas Aa vs INTA. 328 L: CHIDrATAE Eee re -2e 324 E diaCANthA Es = 2: 24 2e MATE, 316 L. DuUfQURILE 22282250 + sos balaeat ee à 18 327 IDE OLCENS eee ie eeelee tele ele ele ce 352 L° Gibhesiités Pate UnNANN Te 326 L. HEGIA TO Tea co ucn 0e Hoi 330 L. HANDIELES p à 0 don concoabo dde 34% L. Halala rene nee. 321, 316 L JODITONSE #22 2 N.. …., 349 L. HOT oobons eo obabo 320, 317 L. PUDESCENS EE ET Te eee ee ee 342 L. DUAL NA AA AINSI ANS SR MN 345 L. SARCUHINOlen ta PIN mie EN mente. 319 L. NT ass cou2obroc oo 25 00t bb 317 L: Sebir ace as joe nee 329 L. SpiniMaANAL EE ce He Le... 341 L. tranquebariCa’. >. 4: 02112000. . 349 L. DISPINOEA 1e A0 retenir ce - 316 LuPÉENS (groupe des)...........4.... 312 LupocycLiens (groupe des).......,...... 387 Dupocyclus (genre)ss....22..000mm" 387, 311 pOfUNdATUS Se 2 RER. 387 Nectocarcinus (genre):..1.n14 MSIE 404, 311 N. AnÉANCIICUS. 12. HR 407 N. IÉESMITONS- cc > 406 N. melanodactylus.......... 406 N. fuUDErCUIOSUS Mr. FEAR 405 Neptunus (genre). ........ SAR EL 31%, 311 AIN ccpodasoc coco doboo con 328 DANS CE MÉMOIRE. 423 Pages. Neptunustareualus 22e teen ie 338 N. argentatus...... FAUNE. 332 N. AFMALUSS AL ER OPEN 322 N. ASE EE Eee eee 325 N. CPIDrATIUS EAN AR ee 324 N. CRUOD AUS 2 EE 326 N. MACANTRUSMERL ET TT TANT" CON 316 N. GiDPESR ENTER LM TANNS 326 N. DA ATOR 330 N. CTACIITMANUS EE mere ne 336 N. DTACHIMUS Eee ele 334 N. DTA Te Re en lee 338 N. hastatoïdes 22:70 > 332 N. RAS AUS PR ARRET NE 327 N. INCOTLUS ANA NANTES ane teens 338 N. AE ODA PI 338 N. 1ÉVIS nee NTM 328 N. lon giSpinosus. AL PMP Et 337 N. MATOTTAUS NES ee ete ta lee ee 348 N. MEIUS:- 2455505 ARMOR... 331 N. Monspeliensis eee. 338 N. peigiCuS Re". 320 N. RULOSUS ANT SAS PAM ERNCR 335 N. Sanguinolentus.:".".##%0240)... 319 N. Salade Na er le 2e ec 317 N. SEDERE TARA AN TENRR…., 329 N. SIEDOIWI SE RAR ANNE... 323 N. ÉONUIPES SNS ANNE 335 N. tuberculosus #74. 333 N. Validus 2244. 321 N. Vicentinuss - «35: + NM 338 N. VISIlAnS. Rata or EL, 0. 336 Oceanusicrucifer.rsr One... 371 Platycarcinus Bervillei..…... R447mn.... 349 Platyonychus (genre). ............ &10, 311 P: afFICANUSe + AMENER 413 P bipustulalus EMPAMERM. …. 413 P. depuratora 4m... 41 P Jatipesrure AIRE. - 411 P MASULUS 5 ere ee à : 419 P ocellatus:sisss:52000. 445 P pulchelluses. Rhum 412 P: purpureusis tr... 413 Podophthalmus (genre). .......... 419, 314 Pr Defrancei same 00, 491 P° SPINOSUS A TEE RARES ei 420 P: VD E SR et EE 420 Podopilumnus Peruvianus............... 392 POLYBIENS (groupe des). .......,....... 408 Bolybius) (genre): rente 409, 311 JE HenSlOWIS re reretee .. 409 h2k ARCHIVES DU MUSÉUM. Pages Pages Portumnus Monodon.. ........ JC re 411 | Portunus sanguinolentus. ..,,...... 208 Pz variegatus........ PSC 00 ADO 414 | P. SOTTAIUS- ct RTL re 339 PORTUNIENS ANORMAUX. ......... ... 419) DPE soxdentaiué. : : :.mmienstr S 379 PORTUNIENS NORMAUX.......... Soc || dr. SpIniMANUus.». 4. JAPer cree 341 Portunites (genre). ........... se 2U0, J11MIES SO Ed AE a 0 do raie 402 P. INCENÉA ES secs oc ecee 40%: | P. SUDCOTTUPAIUS: ee. 102 Pontunus genre)". RLLee 392,131 4 | LP. tranquebariCuS CEE... 34) P. AUMELE..: +... shui. 256% | P: trUNCAÎUS- Epreee ee: 380 P£ anNUlALUS cree Leetuie.r * "9140 PE tuberculatus......... 7e 396 P. ANTANCLICUS. I celte 407» | P: Valentient.... eme. 39% Bb ALCUAIUS Ce ER EE CCC 399% PP vieil ee ep. 420 P DaTDarUS cc eeer ere: 3949) fPosidon yalidus. 2 here: + 391 P CANCINOÏAeS. - ee itmsherces 403 | Psamimocarcinus (genre)...., : 416, 344 PE CatDarUuS. ee. -eeedee Se 19) TPE Hericarti.2.. 22410 2 416 P: CORRUPAIUSS 2 CE CEC ce. L01A|ESeytla (sente) rever 347, 31 PE CrOnatSe Lee ee. -rcEErET ae 365 | $S. CTASSIMANUS rec ELLE 349 P£ CIDEATIUS-e----- 0e pere 324 | S. Michelin. .*Chepecbie.--cce 350 PE CTUCILERS ec Ace. 371 | S. Serrala 2. EECEE Ce. --- 349 P: depurator.... #2" Cre-- 3952 |4S; tranquebarica.. ........../442; 349 P: diacanthus.........cphetr-re 3162 4 Thalamita (genre)-..-...........2 304, 314 pe emMaraiNnaîuS..erRle Tee 3994 |@T admele ec... 356 Pe erythrodactylus.-.s:..;.tes. 369%|0TE ADTUIATA.--.......-.Ler Re 374 PE fOrcepS 0... chcede ce 3528 |0T: ATCUALUS. . ce Le HIER 359 P. gladiator...-xedsbeeidrar.e 330% | OT: CalllanasSA. Pr re 382 P. SUATUIPENSIS 2... ep 396% | ETS Chaptali...6-7.... ent 360 P. hastatoides: 5..." %2 722" 332 | T. CŒrUleipes... def 363 P. hastalus: 2.2. FEES 327, 316%|FT2 CTASSIMAN AE. . se ne: eee 360 P2 holsatus. ..:.....-eritre 3932 | fTS Danæi es Sos s sec PÉELREE 366 P. IDILACIUS he CLR Te e « 400"! T. CLENAA.. 2. see RER 365, 366 P: intesrifrOnS.. 20e: » 406 | T. GRUCHETA- -.-.-L-cc-- pb 371 P. leucodon........#teE LI 5 5 349 | T. erythrodactyla....... sr 369 Ps Lviduss.. are CELL CN 3932 |/RT: INTER A ieieie eee eee ANG ÎTe 358 P longipes.................... 400 | T. AE PHPOPOPONNNN > 1e. 25 370 P MACROPIPUS....... Miele ete &03u| T- PICARD eh 362 P: maculatus..…...…..-#etert.tLécre 3974! (TE POISSODI.......- CEE oEt ee 397 Ps MATAVISNE, .,AEBDS ere... KO34 FES PEYMDA ASC ee PRE 360 P£ marmorens AmmeRetrt-..... 3944| T: FOSBAS ee uo COITE 378 P: MAENAS.. MEL IEIY ce. 390 | T. Sayignyi.. 0... retirer 357 P: pelagicus....2,..,5#9: 320, 347, 344% | (Te SIM: ue eo M CCRCEECe 359 Ps PETUVIANUS 3 ,..e SHARE » + ele se 3920) FTe SpINIMANAL.- Le... ACER 364 P: PICLUS- ue ARRET - ce 415 | T. SUHMPSONL... 6h FC FE 362 P: plicatus. ----eHReRCEEr cc 395 | T. Teschoirel. 2e ecnerst 17000 369 Pe PCYMNA. ….. EMI 36041 ÉTÉ truncata. 2... lets ct 380 P; puber...::..-orceel li 3981 | !T- truncatus... "here 375 P: pusIllus. spé MT rcecho 397 | THALAMITIENS (groupe des).......,.. 100353 P£ Rondeletii. . sssettme eco. . 3994} EFXaiva-pulchellast ARE 0e 412 P£ RUDÉD esse socle creer 345 EXPLICATION DES PLANCHES PL. XXVIII. Lupa rorGEPs. Individu mâle, de grandeur naturelle, rapporté de Haïti. . Région antennaire du même, grossie. . Région faciale du même grossie, de façon à montrer les pattes-màchoires externes qui se pro- longent jusqu’en avant du front. . Plastron sternal du même, l’abdomen enlevé, de façon à montrer la suture médiane qui s'étend sur les quatre derniers articles. . Abdomen du même. Pince d’une femelle de la même espèce vue sur sa face interne. . La même vue en dehors. NePpTuNus SEBÆ. Individu mâle de grandeur naturelle, rapporté du Brésil. . Abdomen du même. PL. XXIX. NEPTUNUS VALIDUS. Individu mâle, réduit d’un tiers de sa grandeur, rapporté de la Côte d'Or (Afrique occidentale). . Plastron sternal et abdomen du même. . Patte-mächoire externe, grossie. Neprunus Sayi. Individu mâle de grandeur naturelle, rapporté des côtes d'Amérique. . Plastron sternal et abdomen du même. . Patte-maächoire externe, grossie. PL. XXX. NEPTUNUS DIACANTAUS. Individu mâle de grandeur naturelle, rapporté des côtes de l'Amé- rique septentrionale. (Variété à front quadrilobé.) . Front et région antennaire du même, grossis et vus de face. . Partie antérieure de la carapace du même, grossie. . Plastron sternal et abdomen du même. 426 la. . Partie antérieure de la carapace d’un N. diacanthus ordinaire, grossie. . Front et région antennaire du même, grossis et vus de face. . Partie antérieure de la carapace du même, grossie. . Plastron sternal et abdomen du même. . Patte-màchoire externe du même, grossie. . Partie antérieure de la carapace du même, grossie. . Plastron sternal du même {l’abdomen manque en partie). . Patte-mächoire externe du même, grossie. . Carapace de grandeur naturelle. . Plastron sternal et abdomen. . Contour du front du mème, grossi. . Contour du front du même, grossi. . Plastron sternal et abdomen du même. . Contour du front du mème, grossi. . Abdomen du même. . Carapace du même de grandeur naturelle. . Plastron sternal et abdomen du même. . Pince du même, vue en dehors et grossie. . Contour du front, grossi. . Pince du même, vue en dehors. :. Abdomen du même. . Plastron sternal et abdomen du même. . Jeune individu de la même espèce. ARCHIVES DU MUSÉUM. Patte-mâächoire d’un W. diacanthus, grossie. NEPTUNUS MARGINATUS. Individu mâle de grandeur naturelle, rapporté des côtes du Gabon. NEPTUNUS ASPER. Individu mäle de grandeur naturelle, rapporté des côtes du Chili. PE XXE NePrTuxus Gi88Esi1. Individu mâle, grossi, rapporté des côtes de la Caroline du Sud. NEPTUNUS CRUENTATUS. Individu mâle de grandeur naturelle, rapporté des Antilles. NePTunus LOEvIs. Individu màle de grandeur naturelle, provenant de l'Océan Indien. NEPTUNUS ARGENTATUS. Individu mäle, un peu grossi, rapporté de Bornéo. Neprunus RuGosus. Individu mâle, grossi, rapporté de l'Australie. AcneLous Wuirei. Individu mâle de grandeur naturelle, rapporté de Bornéo. Pc. XXXII. ACHELOUS SPINIMANUS. Individu mâle de grandeur naturelle, rapporté des côtes du Chili. Pc. XXXIII. ACHELOUS RUBER. Individu mâle de grandeur naturelle, rapporté des côtes du Brésil. Région antennaire du même, grossie. el 1! EXPLICATION DES PLANCIIES. . Abdomen du même. NEPTUNUS ARMATUS. Individu mâle, très-légèrement grossi, rapporté d'Australie. . Abdomen du même. Neprunus RUGosUs. Individu mâle, un peu grossi, rapporté d'Australie. . Carapace de grandeur naturelle. GoniosoMA Axisopon. Individu mâle de grandeur naturelle, rapporté de la Nouvelle-Calédonie. . Pince du même, vue en dehors. Pc. XXXIV. ACHELOUS ELONGATUS. Individu mâle, un peu grossi, rapporté de l'archipel Viti. PLATYONYGHUS AFRICANUS. Individu male, légèrement grossi, rapporté des côtes d'Afrique. . Contour du front du même, grossi. GONIOSOMA QUADRIMACULATUM. Individu mâle de grandeur naturelle, rapporté des côtes du Malabar. . Plastron sternal et abdomen du mème. GoN10SOMA TRUNCATUM. Individu mâle de grandeur naturelle, des mers de l'Inde. . Plastron sternal et abdomen du même. PL EXXX Nr GONI0SOMA LINEATUM. Indiyidu mâle de grandeur naturelle, rapporté de Noukahiva. . Front du même, grossi. . Abdomen du même. GONIOSOMA ROSTRATUM. Individu mâle de grandeur naturelle, rapporté des Bouches du Gange. . Front du même, grossi. . Abdomen du même. GONIOSOMA PAUCIDENTATUM. Individu femelle de grandeur naturelle, rapporté de l’île Maurice. . Région antennaire du même, grossie. : THALAMITA SrimpsonI. Individu femelle de grandeur naturelle, rapporté des mers de l'Inde. . Région antennaire du même, grossie pour montrer l’article basilaire de l’antenne externe garni d’une ligne de granulations. NEPTUNUS SIEBOLDI. Individu mâle de grandeur naturelle, rapporté de l’île Maurice. . Abdomen du même. PL. XXXVI. THALAMITA DAN&. Individu mâle de grandeur naturelle, rapporté des côtes de Chine. . Plastron sternal et abdomen du même. . Patte-mächoire externe, grossie. . Pince de grandeur naturelle, vue en dehors. PORTUNUS SUBCORRUGATUS. Individu femelle de grandeur naturelle, rapporté de la mer Rouze. . Contour du front, grossi. . Patte-mächoire externe, grossie. PORTUNUS CORRUGATUS. Contour du front, grossi. 428 — ke. Lb. ARCHIVES DU MUSÉUM. PLATYONYCHUS OCELLATUS. Individu mâle de grandeur naturelle, rapporté des côtes de | Amé- rique septentrionale. Plastron sternal et abdomen du même. Patte-mâchoire externe, grossie. PL. XXXVII. NECTOCARCINUS TUBERCULOSUS. Individu mâle de grandeur naturelle, rapporté de la Tasmanie. . Région antennaire, grossie. . Pince, vue du côté externe. Plastron sternal et abdomen. . Plastron sternal, sans l'abdomen, de façon à montrer la suture médiane qui s'étend sur les deux derniers anneaux. | Patte-mâchoire externe. PL. XXX VIII. NECTOGARCGINUS INTEGRIFRONS. Individu mâle de grandeur naturelle, rapporté des mers de l'Océanie. . Région antennaire, grossie. . Pince, vue du côté externe. Plastron sternal sans l'abdomen, de façon à montrer la suture médiane qui s'étend sur les deux derniers anneaux. . Plastron sternal et abdomen. Patte-mâächoire externe. ADDENDA Depuis l'impression de cette monographie, j'ai reçu d'Amérique un mémoire de M. Stimpson, sur les crustacés du musée de l'institution Smithsonnienne, dans lequel ce savant fait connaître un cer- tain nombre d’espèces nouvelles de Portuniens; et afin de rendre mon travail aussi complet que possible, je pense nécessaire d'indiquer les principaux faits introduits ainsi dans la science. M. Stimpson a cru devoir établir, sous le nom de CALLINECTES, un genre nouveau pour le Neptunus Diacanthus (NVoy. p. 316), se fondant sur ce que l’angle antéro-externe du troisième article de pattes-mâchoires externes, est pointu et recourbé en dehors, et sur la forme particulière de l’abdomen du mâle. Mais, comme le dit lui-même cet habile observateur, le Nept. Diacanthus, par sa forme générale et ses autres caractères, ne diffère en rien des autres Neptunus. Et quant à la valeur que l’on doit assigner à la forme de l'abdomen du mâle, elle ne me paraît pas suflisante pour motiver l’établissement d’une nouvelle coupe générique, puisque chez les jeunes individus elle n’est que très-imparfaitement indiquée. J’ajouterai que les caractères tirés de légères différences dans la forme du troisième article des pattes -mâchoires externes conduirait à faire parmi les Portuniens presque autant de genres qu’il y a d'espèces. Les formes nouvelles que M. Stimpson rapporte au genre Achelous doivent prendre place dans le genre Neptunus, tel que je l’ai délimité ci-dessus. Je me bornerai à indiquer les principaux carac- tères qui permettent de les distinguer des espèces que j'ai déjà décrites. NEPTUNUS XANTUSII (Stimp.) ACHELOUS XANTUSI. Stimpson, op. Cit., p. 9%. Carapace pubescente. Front peu avancé, formant un angle avec les bords latéro-antérieurs, comme chez les autres Neptuniens angulaires, et découpé en six dents dont les quatre médianes également saillantes. Corne latérale presque trois fois aussi longue que la dent précédente. Bras garni antérieu- rement de quatre ou cinq épines et n’en offrant pas à l'extrémité du bord postérieur, ce qui permet de distinguer cette espèce du N. Gracilimanus, du N, Gibbesii et du N. Asper, à côté desquels elle viendrait se placer dans le tableau (p. 339). La forme arrondie des angles postérieurs de la cara- pace et l’absence de tubercules ne permettent pas de la confondre avec le N. Tuberculosus. L'ab- sence d'une épine au bord inférieur de la cuisse des pattes natatoires la distinguent du NW. Sebæ. Habitation. — Cap Saint-Lucas (Californie). ARCHIVES DU MusÉuM. T. X. 54* ARCHIVES DU MUSÉUM. NEPTUNUS TUBERCULATUS (Stimp.) ACHELOUS TUBERCULATUS. Stimpson, 0p. eil., p. 95. Cette espèce paraît être extrêmement voisine de mon W. Tuberculosus. Cependant, d’après la des- cription que M. Stimpson en à donnée, elle s'en distinguerait par la gracilité des pinces et par l’ab- sence d'épine à l'extrémité du bord postérieur du bras; de plus, la disposition des tubercules de la carapace paraît ne pas être tout à fait semblable. Il est aussi à noter que le W. Tubereulosus provient des îles Sandwich, tandis que le NW. Tuberceulatus habite les côtes de la Californie. NEPTUNUS ORDWAYE (Stimp.. ACHELOUS ORDWAYI, Stimpson, op. cil., p. 96. Ce Neptune ne m'aurait paru différer en rien de mon NW. Cruentatus, si M. Stimpson n'avait pas indiqué les granulations de la carapace comme existant seulement près des bords latéro-antérieurs, tandis que chez le N. Cruentatus toutes les parties saillantes qui couvrent les différentes régions en sont hérissées. L'un et l’autre proviennent des Antilles. Le genre EUPHYLAX présente beaucoup d'intérêt : il appartient à l’agèle des PORTUNIENS ANORMAUX qui jusqu'ici ne renfermait que le genre Podophthalme. L'espèce pour laquelle a été établie cette nouvelle coupe générique a reçu le nom de EUPHYLAX DOVIEI (Stimpson, op. cit, p. 98, pl. mm, fig. 5). Carapace ovalaire, moitié plus large que longue, glabre et finement ponctuée. Front étroit entre les yeux et s'élargissant beaucoup vers le bord antérieur. Orbites très-allongées. Pédoncules ocu- laires très-longs et pouvant se replier dans l'espèce de gouttière constituée par les orbites. Bords latéro-antérieurs de la carapace plus courts que les bords latéro-postérieurs, et obscurément divisés en cinq dents, la première, constituant langle orbitaire externe, est beaucoup plus grande et plus saillante que les autres, qui sont spiniformes et peu distinctes. Bras armés antérieurement de trois ou quatre petites épines. Avant-bras portant une épine sur son angle antéro-interne. Main traversée par des carènes faibles, granulées où spinuleuses. On voit deux ou trois tubercules allongés sur la face interne du poignet, derrière la base du pouce. Doigt des pattes ambulatoires large et lancéolé. Cette espèce provient de la côte ouest de l'Amérique centrale. Le genre CRONIUS a été proposé par M. Stimpson pour recevoir l'Achelous Ruber, espèce qui, ainsi que je l'ai dit plus haut, participe des caractères des Thalamitiens et des Lupéens, mais qui cependant ne me parail pas devoir être séparée des autres Achelous. Elle relie ceux-ci aux Goniosomes, comme le genre Achelous, considéré dans son ensemble, relie les Neptunes aux Thala- mitiens. LETTRES DE M. AUGUSTE DUMÉRIL PROFESSEUR D’ERPÉTOLOGIE ET D’ICHTHYOLOGIE RELATIVES AU CATALOGUE DES POISSONS DE LA COLLECTION DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS ET AU CATALOGUE DE LA MÉNAGERIE DES REPTILES LUES DEVANT L'ASSEMBLÉE DE MM. LES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS ! SUIVIES DE NOTES SUR LA MÉNAGERIE DES REPTILES Paris, 4 août 1857. Messieurs et très-honorés Collègues, Lorsque j'ai eu l’honneur de mettre sous vos yeux, au mois de mai dernier, le Catalogue de la collection des Reptiles du Muséum d'histoire naturelle de Paris, j'annonçai, sur la demande qui m'en fut faite, qu’un semblable relevé pour les Poissons vous serait prochainement présenté. Ce travail, qui était alors en voie de préparation, est maintenant terminé et je le dépose aujourd'hui sur le Bureau pour qu’il prenne place, comme le premier, dans notre Bibliothèque publique. De même que le Catalogue des Reptiles, celui-ci donne la preuve de l’état de prospérité dans lequel mon père, au moment de sa retraite, après cinquante- 4. Voyez dans les Archives du Muséum, t. IX, feuille &, une première lettre que j'ai écrite à cette assemblée le 26 mai 1857, en déposant sur le bureau, pour la Bibliothèque, le Catalogue des Reptiles renfermés dans la collection de l’établissement. T. X. Arcuives pu Muséum. 55 130 ARCHIVES DU MUSÉUM. quatre années de professorat, laisse la partie de nos collections dont la direction lui était confiée. De l’étude approfondie à laquelle les Poissons de notre Musée ont été soumis par MM. Cuvier et Valenciennes, il est résulté un classement méthodique dont ce Catalogue présente le résumé, comme il s’en trouve un, non moins complet, de l’Erpétologie générale de mon père et de Bibron, dans le Catalogue des Reptiles. L'une et l’autre collection, beaucoup trop vastes aujourd’hui pour être exposées en totalité dans les Galeries, se sont considérablement accrues depuis 1805, époque à laquelle mon père fut appelé à l'honneur de suppléer M. de Lacépède. L'Histoire des Poissons publiée par ce célèbre naturaliste, de 1798 à 1803, comprenait douze à treize cents espèces, d’après l’estimation faite par Cuvier des doubles emplois contenus dans cet ouvrage. Beaucoup de ces Poissons étaient inconnus à l’auteur, et notre Musée, qui avait fourni les premiers matériaux de cette grande ichthyologie, ne renfermait qu’une partie de ces animaux. Or, par suite des enrichissements successifs de la Collection, elle se compose, au moment actuel, de 4,148 espèces, dont un grand nombre est déjà représenté par de belles séries d'individus de différentes tailles et provenant de localités variées. Voici le résumé du Catalogue : POISSONS: LÉPIDOCHONDRES OU ICHTHYOSIRÈNES. RAIES (3 espèces.) (16 espèces.) Savoir : Lépidosiréniens. ................... 3 Sayoir: Squatinoraies. .. 5er sets 20 — TOTDÉUMIENS Eee eee eretereee 44 PLAGIOSTOMES. Raies. cenreneeesenerees teens 25 — Live OmenS eee ce eceeeer2ece 42 SQUALES. =" Myliopatides mer. 11 = Cephaloptères........ eee Jascisee es 4 (85 espèces.) ELEUTHÉROPOMES. Savoir : Scylliens............. TOC OO est 20 ; — CarChATIENS si. 10,0 0 0.6,0e + e10,0 vj0)01e1 0e 29 (22 espèces.) E ses RS SR HUR M CUN : Savoir : SLUrIONIENS. ............ pee 19 MR ES RE SN : — FOdONtES............, EC LE 3 — Mustéliens:se ere enei-ciies 2 Polyodonte _ LAMNICNS: - efee se se 10e coloris ls iesreie 4 Le Odonlaspides rene. Per certes ere 1 CHONDROSTICHTHES. — AlOpéCiIENS...... soso morsonso. oo e 1 s Ê — Céradlontes SR oi dodo A 2 GYMNOGNATHES. — Rhinodontes,.........:......e...e 1 (87 espèces.) — NotidanienS..s ss. see soototeojos ne se 3 — Spinaciens. ........ reentrele ec 6 Savoir 2 DIOdONLIENS.- eee es senereesneres 45 — SCyMNIENS.......soossres.servrose 8 — Tétrodontiens. :.................2. 67 — Squatines. «es. ses see os voies see ee 2 — Orthragorisciens....,.......... D OF 5 Savoir : Savoir : Savoir : Savoir : MALACOPTÉRYGIENS ABDOMINAUX. Savoir : DEUXIÈME NOTICE SUR LA MÉNAGERIE DES REPTILES, SCLÉRODERMES. (92 espèces.) Balistès..... SAT Oe ÉRr cEe OSMACIONIES eue VÉPTOL LOPHOBRANCHES. (64 espèces.) SOIÉNOSIONMES eee rsesertetreereeet . PÉDASPS RE Ati eee sn eeiaaie Syngnalles=........... orné PTÉROPODES. (66 espèces.) (Cyclopterus, Lepadogaster, Lophius, Chironectes, Malthea, Batrachus)... OSTICHTHES. ACANTHOPTÉRYGIENS. (2,263 espèces.) DES. Éoocodouaomeoonoouoc Maestro eues DACIYIES 2. eee Du abdac dSdoce CÉDHAINÉES ee ere ssecve-see-se GASTÉLUS TES eme en en nt Meier ERIOMITES. SA ere SOA 1e SCIENONES ee rentre sien lee ns sie else SDATOTES peer chelescetecseecerre MN Pevbsenose obtearooeTad oo SAUAMMIPENNES. +... Hydrotamies (branchies labyrinth.).... SCOMPÉrOIes- enr. 21 PIC IEET.. 5 HEMIESS SÉobobce des Mooooonc os MRNIDITOS Rise chelesehtaeetole cioslese : AMNÉTINES ER eh nee ete ele else MHBUOTES ER secs esse: Gobioïdes. ......... Mn ce siseleecs HADTOITES EPP ER. .« DONOTOEEC Er JANRYOSTOMES retirer eee (1,014 espèces.) SUULOÏAES ER Reset serces. 73 49 66 21,0 MALACOPTÉRYGIENS SUBBRACHIENS. Savoir : Savoir : Savoir : Cyprinoïdes......... a et CA TTO Chirocentres. ....... 32084600 500004 Alépocéphales:..-.......4.,..2%. Se Lutodeires....., BU EU SNA LOL MONMYTES nee milieu rebletiesicte HYOUONIES aus Ataetatest: sta eee ele pile BUS ra ere nee ee CEE ELOPES RER ni ee NU AE AMIOS SRE dr sante is int ee à MAS TRS Te ere in eee eee É Hétérofidiens. 1h00, ? CUDÉDITES PAR rer ë SAIMONOILES er ee cercle (434 espèces.) Pleuronectes ou Hétérosomes........ HORONÉIdeS Ne ER de rrcestare: GATONES re nr enr eee ect MALACOPTÉRYGIENS APODES. (486 espèces.) Oplisures...... GE AS DAS SDL DE ; JNANTES Gore ouocane douce odcetos MUrONES MN EEE RAILS. CONTES Eee een ebibeeerce SYNDTANCHOS A reeteeeelelaote eleislsisi es sie CYCLOSTOMES. (44 espèces.) Pétromyzoniens....,........... ER MYXINES Eee ee ee eentiecier LEPTOCARDES. (2 espèces.) AMNNIOYIENS ELA eee sb sie scans 1 CCS 93 19 Il résulte de ces chiffres que notre Musée est un des plus riches de l’Europe, si ce n’est même le plus abondamment pourvu, soit que l’on considère la multiplicité des espèces, soit que l’on tienne compte du nombre même des échantillons. Bien des types spécifiques parmi les poissons connus et décrits dans les pays étrangers nous manquent encore, il est vrai, mais grâce aux dons que notre établissement reçoit de toute part et aux acquisitions, ainsi qu'aux échanges qu'il peut faire quelquefois, des lacunes viennent peu à peu à disparaitre. Me confor- 432 ARCHIVES DU MUSÉUM. mant d’ailleurs à l'exemple qui m'est donné par vous, Messieurs et très-honorés Collègues, et qui m'a été donné par mon père en particulier, je mettrai tous mes soins à justifier la confiance que vous m'avez témoignée lorsque j’ai été appelé, par vos suffrages, à la direction des collections erpétologiques et ichthyologiques, en ne négligeant aucune occasion de contribuer à leur accroissement. Veuillez agréer, Messieurs et très-honorés Collègues, l'hommage de mon res- pect et de mon dévouement. AuG. DuMÉRIL. IT Paris, 6 octobre 1857. Messieurs et très-honorés Collègues, Après vous avoir présenté les Catalogues de nos collections de Reptiles et de Poissons, il m'a semblé convenable et utile de placer, en outre, sous vos yeux la liste des animaux qui, jusqu’à présent, ont vécu dans notre Ménagerie des Rep- iles. Je complète ainsi l’ensemble des documents que j'ai cru devoir réunir dès le jour où votre bienveillance m'a appelé à succéder à mon père dans son enseigne- ment, ainsi que dans la direction et la surveillance des collections dont le soin lui était confié. Il me paraît intéressant de constater le développement remarquable de cette Ménagerie, depuis le jour où, sur la proposition de mon père, vous avez auto- risé l'acquisition des premiers Reptiles vivants que notre établissement ait pos- sédés. C'était en octobre 1838, et jusqu'alors aucun de ces animaux n'avait été offert, dans nos jardins, à la curiosité publique (1). Une première année s’était à peine écoulée, que déjà le Muséum avait acquis ou reçu en don quatre-vingts Reptiles appartenant à vingt-quatre espèces diffé- rentes, originaires non-seulement de notre pays, mais des contrées les plus lointaines. 1. Quelques animaux de cette classe avaient cependant, de loin en loin, été reçus dans la Ména- gerie. Voyez, à ce sujet, la note 4 de la p. 440. DEUXIÈME NOTICE SUR LA MÉNAGERIE DES REPTILES, 133 Depuis cette époque, la nouveile Ménagerie, provisoirement établie dans le bâtiment de l’ancienne singerie, est devenue insuflisante aujourd’hui pour loger d’une façon convenable tous les animaux qu’elle reçoit, car elle s’est constam- ment accrue. On y à vu, pendant les dix-neuf années qui viennent de s’écouler, et l’on a pu, au grand avantage de la science, y observer 174 espèces différentes. En ne comp- tant pas pour les plus communes de notre pays, les nombreux individus par les- quels elles sont presque toujours représentées dans nos salles, je trouve une popu- lation totale de 3,015 Reptiles !. — Voici comment sont réparties les espèces : 1. CHÉLONIENS OU TORTUES. LI. OPHIDIENS OU SERPENTS. (45 espèces.) (59 espèces.) SaYDIT ALERT eSIleS spa es- ee a deectre ce 14 Savoir : O. aglphodontes.................... 40 LATTES 2 12 don free e 2e au co e 26 — 0. opisthoglyphes......... ......... 4 pe Lafinviales tetes. Al. Soc 2 — 0. protéroglyphes. .................. 1 _ TRAINS eue me On en Le 3 — O.’solénoglyphes........%......... 42 Il. SAURIENS OU LÉZARDS. IV. BATRACIENS. (38 espèces.) (32 espèces.) DAYDITÉ- SP ETOCOUIIIENS.. ec eeeere es 4 SAGE PDAs EL 2 MS Mcaméléoniens Ut UN 1e 1 — B. raniformes....................... 12 = RÉ ID n 4 D NTI PIONMES ER SEE encres see 3 IS ATaranens eee RE EnENs 2 —" B:. bufoniformes..................... 4 D DSC UANENS eat 10 — B. pipæformes.. ................ De ÿ TE SIA CET Ten e r R I TEI ENS 10 — B. salamandrides . .................. 8 HS Chalcidienss t-elle 4 — B. protéides......... .............. 2 — DA SCHICOIENNS eos s'est merele nelete eee 5 — S. amphisbéniens...............e... 4 Tel est le résumé du mouvement de la Ménagerie, et le Catalogue méthodique ci- oint, déposé dans notre Bibliothèque, montrera l'extension considérable qu’elle a prise sous la direction active de mon père, de 1838 à 1857. Veuillez agréer, etc. AuG. DUMÉRIL. 1. Depuis le moment où ce relevé a été fait jusqu’à ce jour (45 septembre 1861), le nombre des ani- maux rassemblés dans la Ménagerie a beaucoup augmenté. Il est, en effet, de 3,589 individus. Plusieurs espèces qui n'y avaient point encore été vues sont venues y prendre place. Il résulte de cet accrois- sement qu'il en faut compter maintenant 193 au lieu de 474. J'énonce simplement ces chiffres, renvoyant pour le dénombrement complet de cette population au Catalogue inséré plus loin (p. 435). (Note additionnelle.) 434 ARCHIVES DU MUSÉUM. III Paris, 15 septembre 1861. Frappé des avantages inappréciables offerts au naturaliste par la Ménagerie des Reptiles, je n’ai négligé aucune occasion d’y puiser les enseignements qu’elle peut fournir, et j'en ai consigné les résultats dans un long travail que renferme le t. VII de ces Archives (1851-1855). Présenter le résumé des observations que j'avais pu faire sur la nature vivante et enregistrer le mouvement de la Ménagerie, en mentionnant les acquisitions relatives aux études zoologiques elles-mêmes, tel était le but que je m'étais pro- posé dans cette Mofice historique. V'avais voulu l'indiquer nettement dès le début, en prenant pour épigraphe une belle pensée de M. Flourens, exprimée avec bonheur dans son Éloge de Frédéric Cuvier : « Les anciens, a-t-il dit, n’avaient rassemblé les animaux que pour les donner en spectacle dans les jeux publics; on eut, en créant les ménageries, une idée plus grande, on voulut que les animaux qu’on y réunissait servissent à la science » (1). Un supplément à ce travail est devenu maintenant nécessaire, en raison de l'augmentation toujours croissante du nombre des espèces conservées jusqu’à ce jour dans nos cages. Je ne compte cependant pas présenter ici ces additions avec tous les développe- ments qu’elles comporteraient; il me suflira de signaler les faits les plus impor- tants à ajouter à ceux que renferme la Nofice historique. 1. À la fin du xvi° siècle, Fr. Bacon, dans son utopie philosophique connue sous le titre de Nova Atlantis, énumère les secours que les ménageries peuvent fournir à l’étüde : « Habemus etiam septa, el vivaria, pro bestiis el avibus omnigenis : quibus, non tam propter novitatem et raritatem, quam ad dissectiones et experimenta anatomica utimur, » dit un des Pères de la maison de Salo- mon, en faisant connaître l'institution magnifique établie sous ce titre dans l’île imaginaire de Bensa- lem où s'accomplissent les événements de cette fiction singulière. (Fr. Baconi Verulamii opera phi- losophica omnia, edente N. Bouillet, t. III, p.197, n° 39, 40 et 41.) Dans ce remarquable paragraphe et dans les deux suivants, le célèbre chancelier déroule le tableau des observations physiologiques auxquelles se prêtent les animaux conservés en captivité. On doit également à Maupertuis, que son esprit investigateur a mené vers tant de points différents des sciences, de justes considérations sur les ressources offertes au physiologiste comme au zoologiste par ces collections vivantes sans cesse renouvelées. (Œuvres, 1768, t. IT, p. 417-422, Lettre sur le progrès des sciences.) DEUXIÈME NOTICE SUR LA MÉNAGERIE DES REPTILES. 35 Il me paraît intéressant de donner d’abord le Catalogue complet des Reptiles que la Ménagerie a possédés jusqu’à ce jour (15 septembre 1861), depuis octobre 1838, époque de sa fondation. REPTILES QUI ONT VÉCU A LA MÉNAGERIE DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE DEPUIS L'ÉPOQUE DE SA FONDATION (15 OCTOBRE 1838) JUSQU'AU 15 SEPTEMBRE 1864 !. I. CHÉLONIENS. 49. E. punctularia, Schweigger. — Brésil... 2 20. E. pulchella, Schweïigger. — Etats-Unis. — A. TORTUES DE TERRE OU CHERSITES. Ve RAR EME s: 6 21. E. geographica. SON — États-Unis... 9 I. Tesrupo, Brongn. 22. E. concentrica, Gray. — États-Unis... .... : 30 : Us 23. E. serrata, Schweigzer. "États-Unis... 4 4. T. marginata, SchæpfT. — Algérie........... D 24. E. decussata. Bell. — Antilles.............. 1 2. T. mauritanica, Dum., Bib. — Algérie....... 253 + 25. E. rubriventris, Leconte. — États-Unis... 13 3. T. græca, Linn. — Algérie, Cap Corse ...... 19 26. E. rugosa, Gray. — États-Unis... ...... Es 1 4. T. geometrica, Linn. — Cap Bonne-Espér.….. 5 27. E.i A. D d’après MS 5. T. actinodes, Bell. — Indes-Orientales....... 1 Le } Di tar SneEgPoer. — © et à 6. T. sulcata, Miller. — Sénégal. — V....... . 4 RENE SE AN SR EU TA RES e 7. T. radiata, Shaw. — Madagascar... At 25 Re É Le Se RRer: one AE e 8. T. tabulata, Walbaum. — Amérique méridio- ie EE ÈC ACELOE — Etats-Unis. = V... aù ee MEET RÉEL ée 7 30. E. Muhlenbergü, Schoepff. — Etats-Unis... 2 9. T. carbonaria, Spix. — Brésil. — V..... Pas s de HR 49 40. T. polyphemus, Daudin. — Etats-Unis. ...... 41 Le OCR NEO EUGENE à 41. T. elephantina, Dum., Bib. — Ile Maurice... 6 42. T. nigra, Quoy et Gaim. — Amér. septentr... 3 V. Enuysaurvs, Dum., Bib. 13. T. angulata, Dum., Bib. — Cap Bonne-Espér. 6 Ë k > 33. E. serpentina, Dum., Bib.— Etats-Unis. —V. 7 + 34. E. Temminckii, Troost. — Etats-Unis. — V.. 4 IL. Pyxis, Bell. 44. P. arachnoides, Bell. — Indes-Orientales.….. 3 VI. SrauroTyrus, Wagler. > 35. S. odoratus, Dum., Bib. — Étais-Unis. — V.. 3 B. TORTUES DE MARAIS OU ÉLODITES. DRE dE canine Er D I. CRYPTODÈRES. VIT. CINOSTERNON, Wagl. I. Cistuno, Fleming. 36. C. pensylvanicum, Wagl. — États-Unis... ; 44 k : 2 37. C. leucostomum, Dum., Bib. — Nouvelle-Or- 15. C. carolina, Gray. — Etats-Unis, — V....... 66 léans ; Mexique; Rio-Sumasinta (Amérique C. carolina, à trois ongles, Gray. — Etats-Un. 4 CeNTAle IV MERE Enr 3 16. C. Europæa, Gray. — France, Europe méri- 38. C. crucntatum, Dum., Bib.— N.- Orl.? — V... 1 dionale, AlBÉrIES 2 2 22 1... 49 3 + 47. C. Blandingiüi, Holbr. — Illinois (Ét. Fr }.— Y. 2 IL. PLEURODÈRES. IV. Euys, C. Duméril. VIII. STERNOTHERUS, Bell. 48. E. sigriz, Dum., Bib. — Eur. mérid., Alger.. 481 39. S. nigricans, Dum., Bib. — Madagascar ?... 4 1. Le travail que je donne aujourd'hui constituant un premier Supplément à ma Notice historique publiée en 1854 (Arch. du Mu- séum, t. VI, p. 193-320), j'indique par ce signe H 42 espèces qui n'ont été reçues à la Ménagerie que depuis cette époque, La lettre V, placée à la suite du nom de 81 espèces, fait connaître qu'elles ont été dessinées à l’aquarelle, d'après le vivant, pour la riche collection de peintures sur vélin, entreprise par ordre de Gaston d'Orléans vers le milieu du xvire siècle, continuée depuis ce temps, et qui appartient à la Bibliothèque du Muséum, Parmi les artistes qui ont le plus particulièrement enrichi cette collection par des dessins de Reptiles, je dois citer M. F. Bocourt, dont les zoologistes apprécient et recherchent le talent élégant et correct, puis au nombre de ceux que la mort a frappés, Chazal, Huet, Maréchal, Oudart, Prêtre, Redouté le jeune, Vaillant et Werner, Pour sept espèces de France (noS 71, 75, 161, 163, 175, 176, 185), le nombre des individus n'est pas indiqué sur ce Catalogue en raison de leur abondance à la Ménagerie, où, souvent, quelques-unes servent à l'alimentation des autres Reptiles. h36 ARCHIVES DU MUSÉUM. IX. CneLopiNa, Fitzinger. XVIIL IGuana, Laurenti. 40. C. Novæ-Hollandiæ, Dum., Bib. — Nouvelle- 58. [. tuberculata, Laur. — Amér. mér. — V...., 2 Hollande. — V...... ane ect nee bte 2 59. I. nudicollis, Cuv. — Amér. mérid.......... 2 41. G. Maximiliani, Fitz. — Brésil... DDonboc OÙ 4 XIX. CycLura, Harlan. a: TORTUES DE FLEUVES OU POTAMITES, 60. C. Harlani, Dum., Bib. — Cuba. — V....…. X. Gymopus, Dum., Bip. 1 ç XX. Hozorropis, Dum., Bib. 42. G. spiniferus, Dum., Bib. — États-Unis (États dniSDd) Nec loc Lee 6 64. H. microlophus, Cocteau. — Cuba. — V..... 5 43. G. muticus, Lesueur. — États-Unis (États da SU) == Norris esse Des no6 1 XXI. TROPIDOLEPIS, Cuv. D. TORTUES DE MER OU THALASSITES. + 62. T. undulatus, Cuvier. — Pensylvanie., ...... 4 XI. CHELONIA, Brongn. XXII. Parynosoms, Wiegm. 44. C. midas, Schweigger. — Origine? — V.... 5 63. P. Harlani, Wiegm. — Mexique; Texas. — V. 30 45. C. imbricata, Schweigger. — Origine?....... % 46. C. caouana, Schweigger. — Origine?... ... 4 Il. ACRODONTES OU AGAMIENS. IL. SAURIENS XXII. AGama, Daudin. L. CROCODILIENS. + 64%. À. colonorum, Daud. — Afrique occidentale. SU an D XXIV. STELLI0, Daudin. 47. A. lucius, Cuvier. — États-Unis............ 35 É5 SPP pe ER + 48. À. punctulatus, Spix. — Cayenne. — V..,... # Û ; k : XXV. Urowastix, Merrem. XIII. GroconiLus, Cuvier. 66. U. spinipes, Merrem. — Égypte. — V....... 2 + 49. G rhombifer,.Cuv. — Cuba. — V........... 1 CLAMUÈE LISE LEÈCE EL GO Es Te di 50. C. vulgaris, Cuv. — Sénégal.......,........ 5 : 54, C. acutus, Geoffr. — Nouv.- Grenade. — V.. 2 VI. LACERTIENS. I. PLÉODONTES. I. CAMELEONJENS. ; \ XXVI. Sazvaror, Dum., Bib. XIV. CHAMÆLEO, auctorum. L e . 68. S. Merianæ, Dum., Bib. — Brésil. — V,.... n 52. C. vulgaris, Cuvier. — Espagne; Algérie; Egypte ; Gabon. — V.......,... cesse: 0228 XXVII. AuEIva, Cuv. i .— sors. 4 III. GECKOTIENS. + 69. A.undulatus, Wiegm Cuba XV. PLATYDACTYLUS, Cuv. Il. COELODONTES. 53. P. muralis, Dum., Bib. — Algérie; Sicile... 119 A. LÉIODACTYLES. XVIII. Tropiposaurus, Boie. IV. VARANIENS. ë NUL VaRANS Mere 70. T. algira, Fitzinger. — Algérie... ........... 5 54. V. arenarius, Dum., Bib. — Algérie méridio- XXIX. Lacerra, Cuvier. nale; Egypte. — V...... serersersssssss 17 Frs . 55. V. niloticus, Dam., Bib. — Égypte. — V.... 1 74. L. stirpium, Daud. = ErAnCe ere eat er 72. L. vivipara, Jacquin. — France............. {2 ee 73. L. viridis, Daud.— France; Europe mér.; Alg. 223 V. IGUANIENS. « Var. à cinq raies. — Milan........ ül L. PLEURODONTES a Var. à points blancs. — Milan..... 1 . ‘ « Var. à ventre roux. — Milan..... 4 XVII. Axozis, Daud. a Var. unicolore. — Milan.......... 3 \ a Var. tiquetée. — Milan........... 5 56. À. carolinensis, Cuv. — États-Unis. — V.... 6 74. L. ocellata, Daud. — France; Espagne ; Italie; 52 57. A. Sagræi, Cocteau. — Cuba......,,.., OA 5 AIBEr NV ae. bemienite cle eiieiiere des ++ PE 49. 76. Lits 78. 80. 81. 86. 87. 88. 89. 90. PAIE . T. rugosus, Gray. — Australie . T. asper, Gray. — Australie....,.........., DEUXIÈME NOTICE SUR LA MÉNAGERIE DES REPTILES. L. muralis, Latreille. — France.......... . a ; a — Milan; Flor.; Rome.. Var. D. (L. maculata, Daud.) — Milan. ..... Var. I. (L. à bandes médiane brune ou noire). EN soucouenssrtencasdidntoenmne Var. à ventre rouge. — Milan..........,.. L. Dugesii, Milne Edwards. — Madère. ..... B. PRISTIDACTYLES. XXX. ACcanNTHODACTYLUS, Fitzinger. A. vulgaris, Dum., Bib. — Algérie.......... A. Bosquianus, Fitz. — Egypte........ OJCe# VII. CHALCIDIENS. XXXI. Pseuropus, Merrem. . P. Pallasii vel Sheltopusick, Cuv.— Dalmatie. — Ab onoemiconacc ad ion te VIIL. SCINCOÏDIENS. XXXII. Goncyzus, Wiegmann. G. ocellatus, Wagl. — Algérie. — V XXXIII. Pcesrionon, Dum., Bib. P. Aldrovandii, Dum., Bib. — Algérie. — V. XXXIV. Lycosoïa, Gray. laterale, Holbroock. — États-Unis... ..., [s XXXV. TRACHYSAURUS, Gray. XXXVI. Seprs, Daudin. . S. chalcides, Ch. Bonaparte. — Algérie. — V. XXXVII. ANçuis, Linn. A. fragilis, Linn. (Var. diverses.) — France. IX. AMPHISBÉNIENS. XXXVIIT. Troconopis, Kanp. T. Wiegmanni, Kaup. — Algérie... casa XXXIX. AMPHISBÆNA, Linn. A. cinerea, Vandelli. — Espagne. ..,....,... XL. LEPIDOSTERNON, Wagler. L. microcephalum, Wagl. — Brésil. — V...., L. scutigerum, Wagl. — Brésil... .., ARCHIVES DU MusÉuM. T. X. 12 CO & * 4 51 MN. 94. 95. 96. 97. 98. 99. 400. + 401. 102. + 403. 104. 105. + 106. 407. 108. + 409. 410. III. OPHIDIENS AGLYPHODONTES OU SERPENTS COLUBRIFORMES NON VENIMEUX. HOLODONTIENS. XLI. Prraox, Dum., Bib. P. Sebæ, Dum., Bib. — Sénégal, ou nés à la Menacene Ver rrcbenierte 2. P. regius, Dum., Bib. — Sénégal. — V...... . P. molurus, Gray. — Indes-Orientales, ou nés ANAMÉNASETIC Se rLe ete rave. P. reticulatus, Gray. — Indes-Orientales — V. APROTÉRODONTIENS. XLII. Eryx, Oppel. E. Johnii, Dum., Bib. — Indes-Orientales.…. E. jaculus, Daudin. — Egypte. — V......... XLIIT. Tropipopais, Dum., Bib. T. melanurus, Dum., Bib. — Porto-Rico, dont 5 nés aa Ménagerie. rise. co se e T. maculatus, Dum., Bib. — Cuba.......... XLIV, Boa, Wagl. B. constrictor, Linn. — Brésil; Cayenne; Tri- nidad (Antilles); dont 15 très-jeunes... B. diviniloqua, Dum., Bib. — Sainte-Lucie CATUIIES EAN TE Ce ones XLV. EunecTes, Wagl. E. murinus, Wagl. — Gayenne............. XLVI. EricraTes, Wagl. E. cenchris, Wagl. — Cayenne ; Trinidad (An- CES Re etes vonr XLVII. DENDrROPHILUS, Jan. D. tortilis, Jan. — San-Domingo......,..... CORYPHODONTIENS. XLVIII. Coryrxopon, Dum. C. constrictor, Dum. Bib. — États-Unis. . a C. flaviventris, Dum. Bib. — Etats-Unis... C. vernalis, Dum. — États-Unis... ...,...,.. ; C. Blumeubachii, Dum. Bib. — Indes-Orient. ISODONTIENS. XLIX. Sricotes, Wagler. S. variabilis, Wagl. — Brésil; Cayenne... .. S. melanurus (Var. noire), Dum.. Bib. — Mexique. — V..... Ddsonben on au ae due L, RamNecnis, Michaëlles. R. scolaris, Ch. Bonap. — Montpellier; Italie. 56 437 1 5 438 + 114 112. 413. 114. + M5. 416. + M7. 418. 119. 420. + 121. > La c 2 D D 1 D 19 ++ +++ RER 428. 129 + 130. 131. 432. 433. 4536. + 497. ARCHIVES DU MUSÉUM. LI. Ezarmis, Dum., Bib. E. quater-radiatus, Dum., Bib. — Milan ; Flo- E. quadri-vittatus, Dum., Bib. — États-Unis. — V0 DSoDAADATOUno M0 BIDOU TOC E. guttatus, Dum., Bib. — États-Unis. — V. E. Æsculapii, Dum., Bib. — France; Italie. LIJ. ABLABEs, Dum., Bib. À. quadri-lineatus (variété léopardine), Dum., Bib. — Italie...... ne ee LIT. CaLopisma, Dum., Bib. C. abacurum, Dum., Bib. — États-Unis. — V. SYNCRANTÉRIENS. LIV. Lepropuis, Bell. L. margaritiferus, Dum., Bib. — États-Unis ; MEXIQUE en ee creere ectcmecene LV. TropiponoTus, Kuhl. T. natrix, Schleg. — France; Italie........, T. « Variétés à bandes. — Italie......, T. viperinus, Schleg. — France; Algérie. —V. T. chersoides, Wagl. — Algérie.........,... T. sipedon, Holbr. (Linn.). — États-Unis, ou nés à 12 MÉéNAgerie. ete. . . T. fasciatus, Holbr. (Linn.). — États-Unis, ou nés à la Ménagerie. — V..............., erythrogaster, Holbr. — États-Unis. ..... parietalis, Dum. (Say). — Etats-Unis... radix, Dum, (Baird et Gir.). — États-Unis. cyclopion, Dum. — États-Unis. — V..... rigidus, Holbr. — États-Unis... ....,.... Serie LVI. CononELLaA, Laurenti. C. lævis, seu austriaca, Laurenti. — France. C. girundica, Dum., Bib. — France; Algérie. C. Sayi, Holbr. — Etats-Unis. — V....... DIACRANTÉRIENS. LVII. Drouicus, Dum., Bib. D. antillensis, Dum., Bib. — Porto-Rico..... LVIII. Periors, Wagl. — > . hippocrepis, Linn. — Algérie. — V...... P. parallelus, Wagl. — Egypte. — V....... LIX. Zamenis, Wagler. . Z. viridiflavus, Wagl. — France; ltalie...... Z. « (Var. noire). — Sicile; Egypte. . Z. florulentus, Dum. — Égypte. — V........ LX. Liopnis, Wagl. L. Merremii (Var. meleagris), Wagl. — Brésil. LXI. Hezicors, Wagl. H. angulatus, Wagl. — Cayennec.......... a CES & es LXII. XENODoN, Boie, 438. X. severus, Boie. — Brésil............,., 4 OPISTHOGLYPHES OU SERPENTS COLUBRIFORMES À DENTS SUS-MAXILLAIRES POSTÉRIEURES SILLONNÉES. ANISODONTIENS. LXIII. Psammopuis, Boie. + 139. P. moniliger, Schleg. — Algérie....,....,., & LXIV. TarBopuis, Fleischmaun. + 140. T. vivax, Dum., Bib.— Italie....... Dboo nas 4 LXV. LycocnarTaus, Dum., B. 441. L. cocullatus, Dum., Bib. — Algérie. — V.., 8 DIPSADIENS. LXVI. CoLopeLTis, Wagl. 442. C. insignitus, Wagl. — France méridionale ; Italie; Algérie. — V...,.............. DE 35 PROTÉROGLYPHES OU SERPENTS COLUBRIFORMES VENIMEUX CONOCERQUES. LXVII. Nasa, Laurenti. 443. N. baje, auctorum. — Égypte. — V...…. re SOLÉNOGLYPHES OU SERPENTS VENIMEUX PROPREMENT DITS. VIPÉRIENS. LXVIIT. PELtas, Merrem. 444. P. berus, Merrem. — France. — V...,..... 8 LXIX. Viper, Laurenti. 445. V. aspis, Merrem. — France... Étrenereere 435 + 446. V. ammodytes, Daud. — Milan....... DATE 7) LXX. Ecuipna, Merrem. 447. E. arietans, Merr. — Sénégal. — V......... 9 +- 448. E. gabonica, vel rhinoceros, Schl. — Gabon. NE rrtresesecr rente aeee see L +- 449. E. mauritanica, Guich. (Col. lebetina, Forsk.). = MAÏRÉTIC ee srcrcrereessse Ébduoasnoc 4 LXXLI. CERASTES, Wagl. 350, C. ægyptiacus, Dum. — Égypte; Algérie.— V. 14 LXXII. Ecnis, Merrem. 451. E. carinata, Merrem. — Égypte. — V....... 5 452. E. frenata, Dum. — Egypte.........,...... 2 DEUXIÈME NOTICE SUR LA MÉNAGERIE DES REPTILES. 439 CROTALIENS. II. HYLÆFORMES. LXXIII. Crorazus, Laurenti. LXXXV. Acris, Dum., Bib. 153. C. durissus, Latreille. — États-Unis, — V... 47 472. A. gryllus, Dum., Bib: —/États-Unis........ à + 454 C. rhombifer vel adamanteus, Latr. et Palisot as he 1 de Beauvois. — États-Unis... .... ES 1 LXXXVI. Hyza, Laurenti. 455. C. horridus, Linn. — Brésil, Vénézuéla.….... 4 473. H. cyauea, Daudin. — Nouvelle-Hollande. .… 1 474. H. viridis, Laurenti. — France... ..,.. Droncc 146 LXXIV. TricoNocEPHALUs, Oppel. HT. BUFONIFORMES. 456. T. contortrix, Holbr. — États-Unis... ..... 2 457. T. piscivorus, Holbr. — Etats-Unis....,...... 43 LXXXVII. Buro, Laurenti. , 475. B. vulgaris, Laurenti. — France....,....,.. ; Wagl. garis, 4 Lo ERNS AUE 476. B. viridis, Laurenti. — France............. 158. B.lanceolatus, Wagl. — Sainte-Lucie (Ant.).. 1 477. B. pantherinus, Boie. — Algérie. — V....... 2 478. B. americanus, Leconte. — États-Unis... ... 2 IV. BATRACIENS. IV. PIPÆFORMES. A. PÉROMÈLES, OPHIOSOMES OU CÉCILOIDES. LXXXVIIL PtPa, Laurenti. LXXVI. Cæcicta, Wagler. +- 179. P. americana, Laurenti. — Cayenne. — V... 7 459. C. albiventris, Daud. — Brésil.............. 3 G. URODÈLES. LXXVIT. Srpnoxors, Wagl. I. ATRÉTODÈRES OU SALAMANDRES. 460. S. annulatns, Wagl. — Brésil...,.......... 4 LXXXIX. Sazamavora, Wurfbain. B. ANOURES. 180. S. maculosa, Laurenti. — France............ 20 +- 481. S. atra, Laurenti.— Mont Viso, Alpes (France). I. RANIFORMES. XC. SALAMANDRINA, Fitz. LXXVIIT. Raxa, Linné. + 182. S. perspicillata, Fitz. — Milan.............. 2 461. R. viridis, Rœsel. — France.............., 8 : Ë be 162. R. halecina, Kalm. — États-Unis... ......... 8 XCI- PLEURODELES, Michaëlles. 463. R. temporaria, Linn. — France. — V....... * , ) UNS AE ? . P, Waltlü, Mich. — Es Mt NViectr er clou 1 + 464. R. agilis, Thomas. — Nantes (France). — V. 2 FRE MR PIeE PSRÈRE 465. R. mugiens, Catesby. — Etats-Unis. — V..., 27 XCIL. PLETHODON, Tschudi. LXXIX. Discoccossus, Otth. + 484. P. erythronotum, Tschudi. — États-Unis... 2 466. D. pictus, Otth. — Algérie......... Dodopace 5 XCIIL, TRiToN, Laurenti. LXXX. PELonxTEs, Fitzinger. 185. T. cristatus, Laurenti. — France. — V...... f s, Latreille. — AV 55 167. P. punctatus, Ch. Bonap. — à ee 486. T. marmoratus, Latreille. — France. .… Ê 7 ARTS + 487. T. Blasii, A. de Lisle. — Nantes (France)... 7 NANTES NL retenue pédooc ou dac 29 € : à 7 188. T. palmipes, Latreille. — France. — V...... 22 2 489. T. punctatus, Latreille. — France. — V..... 23 LXXXI, ALYTEs, Wagl. + 490. T. alpestris, Laurenti. — France. V........, 2 168. À. obstetricans, Wagl. — Env. de Paris. — V. 6 XCIV. TRiITOMEGAS. Dum. LXXXIT. Scapxiopus, Holbr. 4- 494. T. Sieboldii, Dum. — Japon. — V.......... i +- 469. S. solitarius, Holb. — États-Unis... ......... 3 II. TRÉMATODÈRES. LXXXIIT. PELOBATES, Wagl. XCV. Proteus, Laurenli. 470. P. fuscus, Wagl. — Environs de Paris. — V. 40 492. P. anguinus, Laurenti. — Eaux souterraines de la Carniole. — V............o...s.e . 3 LXXXIV. BomBinaTor, Wagl. XGVI. SIREN, Linn. 474. B. igncus, Merrem. — France............. . 258 193. S. lacertina, Linn. — États-Unis. — V....... 1 ASIE EurorE. AFRIQUE. N. ÂANMÉR. S. AMÉR. ANTILLES, OCÉANIE. | | ARCHIVES DU MUSÉUM. RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DES REPTILES QUI ONT VÉCU A LA MÉNAGERIE Chaque espèce est indiquée par le numéro qu’elle porte sur le Catalogne — Quand une ivème espèce a élé reçue de pays différents, elle figure dans la colonne de chacun de ces pays. FTAnCe as eee cé IRC SEE cer Sicile: eee SHÉSSSLÉO Cap'Corse. rte DÉNET O0 000n do docoe DAlMAUE. eee nes. Carniole-ctrrt2e- 000 Indes-Orientales......... JAPON. ce. AIDÉTIC rer creer 030€ TUNIS este eee ÉGVDIC ere eee ee SÉNÉGAL E Abe ces Gabon: SR M . Cap de Bonne-Espérance.…. Madagascar. ............ Madère re este MAUrTICO 2... HAS UNIS eee Californie.” -s rentrer Mexique... Donne Cayenne rire MA Ten Nouvelle-Grenade. .. Cuba. ere csreree etre Sainte-Lucie... rt Ge Guadeloupe. ...... ee Trinidad cerrrmieerene Porto-Rico sms Etc San-Domingo. .......... Australie... .s cer Origine douteuse........ 46 — 71 — 72 — 73 — 74 — 75 — 86 — 110 — 414 — 418 — 119 — 428 — 129 — 134 — 142 144 — 145 — 161 — 163 — 164 — 467 — 168 — #70 — 171 — 174 — 175 — 176 — 180 — 481 — 485 — 186 — 187 — 188 — 189 — 190. T3 — Th — 75 — 110 — AAA — 114 — 115 — 418 — 134 — 140 — 142 — 146 — 182. 53 — 134. 3. 52 — 74 — 88 — 183. 79. 492. 5 — 14 — 32 — 93 — 94 — 95 — 407. 491. 1—2— 3 — 16 — 18 — 52 — 53 — 54 — 67 — 70 — 73 — 74 — 77 — 80 — 81 — 85 — 87 — 119 — 420 — 129 — 432 — 139 — 441 — 142 — 149 — 150 — 166 — 177. 67. 52 — 54 — 55 — 65 — 66 — 78 — 96 — 133 — 134 — 135 — 443 — 150 — 151 — 152 6 — 50 — 64 — 91 — 92 — 4147. 52 — 448. 4 — 18. 7 — 39. 76. 41. 10 — 15 — 17 — 20 — 2 — 92 — 93 — 95 — 96 — 98 — 29 — 30 — 31 — 33 — 34 — 39 — 36 — 37 — 38 — 42 — 43 — 47 — 56 — 62 — 82 — 104 — 105 — 106 — 412 — 112 — 446 — 147 — 421 — 122 — 123 — 124 — 425 — 196 — 427 — 130 — 153 — 154 — 456 — 157 — 162 — 165 — 169 — 172 — 178 — 184 — 192. 42. 37 — 63 — 109 — 417. 63. 48 — 99 — 101 — 402 — 108 — 137 — 179. 51. 8 — 9 — 49 — MA — 58 — 59 — 68— B9 — V9 — 99 — 103 — 426 — 128 — 153 — 139 — 1.0. 155. 27 — 49 — 57 — 60 — 61 — 69 - 98. 400 — 158. 24. 99 — 102. 97 — 131. 403. 40 — 83 — S4 — 173. DEUXIÈME NOTICE SUR LA MÉNAGERIE DES REPTILES. LAN Ce catalogue des Reptiles vivants est le plus considérable que je connaisse 1. Pour le Jardin zoologique de Londres, on ne possède pas d’énumération métho- dique et complète des espèces que cet établissement a possédées ?, et c’est unique- ment sur les Reptiles conservés en captivité, au moment où il écrivait, que M. A. Günther a fait porter ses observations dans la Notice intéressante publiée par lui au commencement de 4860 (Skizzen aus dem zoologischen garten in London, 1 Die kaliblütigen Wirbelthiere in Archiv für Naturgesch. xxvi° année, t. I, p. 29-56). Des renseignements plus complets sur les espèces qui ont vécu dans les ménageries impériales d'Autriche sont consignées dans un travail historique de M. L. Fitzinger, sur ces ménageries (Versuch einer Geschichte der Menagerien des osterreichisch — kaiserlichen Hofes, in Sitzungsberichte math. — naturrw. kaiserl. Akad. der wissenschaften, 1853, p. 300-103 et 626-710). Aux lon- gues listes de mammifères et d'oiseaux qui y ont successivement pris place, ce savant zoologiste a joint celles des Reptiles dont on compte quatre-vingt-onze = espèces ?. 4. Il n’est pas sans intérêt de rappeler ici comme fait qui se rattache à l’histoire de la grande ménagerie du Muséum, dont la création dans cet établissement est due à Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, que déjà, avant 1838, année où fut organisée, par les soins de mon père, une division spéciale pour les Reptiles, quelques-uns de ces animaux, reçus de loin en loin, avaient été conservés en captivité. On en trouve la liste dans le t. II, p. 692, de l'ouvrage de Deleuze, ayant pour titre : Histoire et description du Mus. royal d'ist. nat., 1823. Cette liste comprend 23 Reptiles : 1° Chamcæleo vulgaris d'Afrique; 2% Crotalus horridus, de l'Amérique du Sud; 3° Proteus anguinus, des eaux souterraines de la Carniole; 4° 20 Tortues, savoir : 8 Chersites : Testudo græca d'Europe, radiata, de Madagascar, elephantina, de l'île Maurice, angulata et geometrica, de l'Afrique australe; Homopus signatus, 1d.; Cinixys Homeana, d'Afrique, et une espèce du Brésil indiquée comme nouvelle. 9 Élodites : Cistudo europæa, d'Europe, carolina, des États-Unis; Emys picla, quilata, concen- trica, et une espèce indéterminée, toutes les quatre de l'Amérique du Nord; Cinosternon pensylva- nicum, Emysaurus serpentinus, originaires l’une et l’autre des États-Unis; Chelodina longicollis de la Nouvelle-Hollande. Toutes ces espèces sont nommées £rmydes par M. Deleuze. 3 Thalassites : Chelonia midas et ümbricata, de l'océan Atlantique, et une espèce non déterminée de l’île de la Réunion. Sur cette liste figurent l’Anguille électrique, Gymnotus electriceus , et le Silure nommé Cul- lichthys. 2. On trouve, ilest vrai, dans les comptes rendus annuels de la Société zoologique de Londres (Reports of the council and auditors read at the annual general meetings) la liste des Reptiles exposés aux regards du public dans l’année écoulée, mais il n’y a pas de catalogue général. 3. M. Fitzinger a fait précéder son travail d’un curieux relevé bibliographique de toutes les publi- 442 ARCHIVES DU MUSÉUM. Énumération des Reptiles qui ont le plus longtemps vécu à la Ménagerie du Muséum d'histoire naturelle. Parmi les animaux qu’elle renferme, il y en a dont la captivité est déjà ancienne. Ainsi, l’un de nos Trigonocéphales piscivores, donné par M. Nor- mandin en juillet 1842, y vit depuis dix-neuf ans. On a reçu de l’Australie, par les soins de M. Jules Verreaux, il y a quinze ans (octobre 1846), une Tortue d’eau à long cou (Chelodina Novæ Hollandiæ *, et il y a plus de quatorze ans (avril 1847), une grosse Rainette (Hyla cyanea). Complétement abritée contre la lumière au fond d’une retraite ménagée dans sa cage, et dont elle ne cations antérieures auxquelles les animaux de ces ménageries ont donné lieu en Allemagne depuis la fin du xvur siècle. On y trouve l'indication de Notes sur différents Reptiles vivant en captivité et qui sont rédigées par lui, mais publiées dans des Recueils périodiques que je n’ai malheureusement pas eu la possibilité de consulter. Telles sont : Einiges über dem unlängst aus Haytilebend erhal- tenen Krokodil (Wiener Zeitschrift, A821, n° 98); Einiges über gehürnte Schlangen (Hormayr’s Archiv für Geschichte, 1823, n° 59); Der Afrikanische Chameæleon (Wiener Zeitschrift,1828,n°143). Dans ce relevé, le naturaliste de Vienne a mentionné aussi ce qui concerne les grandes ménageries ambulantes exposées dans cette capitale à la curiosité publique. 1. En 1849, à la Société Wernérienne d'Histoire naturelle d'Édimbourg, M. Rob. Neill a montré un spécimen vivant de cette espèce qu'il supposait n'avoir pas encore été vue à l’état de vie en Europe. Dès 1803 cependant, le Muséum d'histoire naturelle l'avait reçue du capitaine Baudin, com- mandant l'expédition dont Péron et Lesueur faisaient partie. (Voyez la liste des Reptiles qui ont vécu dans cet établissement avant l'ouverture d’une ménagerie spéciale, p. 440). Cette Tortue aquatique a été décrite avec soin, pendant sa captivité, par Lacépède, sous le nom de Testudo longicollis, Shaw, dans les Ann. du Mus., 180%, t. IV, p. 189. Elle est très-estimée par les naturels comme aliment, et M. Neill, qui en a mangé, compare sa chair à celle d’un poulet tendre. Pendant les mois d'hiver de ce pays (de juin à août), on ne la voit pas, et il suppose qu’elle s’enfouit dans la vase au pied des roseaux. Vers le commencement de février, c’est-à-dire au milieu de l'été, elle vient pendant la nuit sur le rivage, creuser dans le sable un trou dans lequel elle dépose douze à dix-huit œufs de la gros- seur de ceux des pigeons, et plus oblongs. Elle les recouvre de sable et les abandonne à l’action de la chaleur solaire, mais les gens du pays sachant reconnaitre les endroits où ces œufs ont été déposés s’en emparent pour en faire leur nourriture. M. Neill leur a trouvé une saveur agréable et délicate. Durant les cinq mois de traversée du port du Roi-George à Édimbourg, la Chélodine rapportée par ce voyageur a été soumise à un jeûne qui l’avait beaucoup amaigrie, et elle n'avait pu être plongée dans l’eau que deux fois. Dès son arrivée en Écosse, elle reprit ses habitudes aquatiques dans le jar- din du docteur Neill, et mangea avec avidité de la viande de boucherie coupée par. petits morceaux (Edinburgh Jameson s New Philosoph. Journal, 1849, t. XLVI, p. 371). DEUXIÈME NOTICE SUR LA MÉNAGERIE DES REPTILES. 443 sort que pendant la nuit pour chercher sa nourriture, elle ne paraît nullement souffrir de cette longue privation de la liberté. Depuis neuf et même onze ans, nous possédons des Cistudes d’ Europe qui, comme nos autres Tortues aquatiques, s’enfoncent durant l’hiver dans la vase de leur bassin dont on a soin de briser la glace chaque fois que la surface se congèle. Une grosse Tortue mauritanique, acquise en 1851 et tuée par accident en 1861, s’enfouissait, chaque année, dans la paille ou sous les feuilles sèches dès les premiers froids, et ne sortait de son engourdissement hivernal qu’au printemps. Nous comptons, dès à présent, plus de douze et onze années de séjour pour un Python de Séba du Sénégal (janvier 1849) et pour un Boa constricteur du Brésil (octobre 1850 ). Un Python molure, qui était né à la Ménagerie en juillet 1841, n’est mort qu’au bout de seize ans, en mai 1857. Il faisait partie d’une famille sur l’origine et le développement de laquelle l£rpétologie générale, t. VI, p. 171 et 203, puis ma MVotice historique écrite plusieurs années plus tard (Arch. du Muséum , t. VII, p. 226), donnent de longs détails. Les autres de ces Pythons ont vécu onze, dix, neuf, sept et six ans. Un seul s’est mal développé et a péri dès le huitième mois. Un magnifique Lacertien de très-grande taille, originaire de l'Amérique du Sud, le Sauvegarde (Salvator Merianæ ) a été conservé pendant treize ans, d’août 1845, au même mois de 1858, et un Python de Séba au delà de douze ans, d'avril 1845 à octobre 1857. Une belle Couleuvre de l'Amérique du Nord (Ælaphis quadrivittatus) longue de deux mètres environ et donnée par M. Harper, en juin 1842, alors qu’elle mesurait seulement 0",75, n’a succombé que quatorze ans plus tard (mai 1856). Un curieux Batracien à branchies persistantes (Proteus anguinus) , rapporté des eaux souterraines de la Carniole par M. le docteur L. Mandl, et donné par lui, a pu être observé pendant onze ans (de septembre 18/41, au même mois de 1852). Durant le même espace de temps, de septembre 1846 à mai 1857, nous avons eu une Tortue molle des États-Unis ( Gymnopus spiniferus ). Deux jeunes Crotales durisses, pendant les douze ans qu'ils ont, jusqu’à ce jour, passés dans nos cages (15 août 1849), sont parvenus à leur entier développe- ment; ils ont quatorze à quinze anneaux cornés à la queue dont l'extrémité portait seulement une petite protubérance. Des exemples remarquables de crois- 444 ARCHIVES DU MUSÉUM. sance nous ont été également offerts par un Boa constricteur très-jeune, provenant de la Société zoologique de Londres ; par des Caïmans à museau de brochet que M. Wapler a donnés le 15 mars 1852, dont la longueur était de 0",26 et le poids de 36 grammes, et qui ont aujourd'hui plus d’un mètre ; mais surlout par un Crocodile à museau aigu dont M. B. Lewy, lors de son retour de la Nouvelle- Grenade, en juin 4851, fit présent avec un autre jeune individu de même taille, mort au bout de peu de temps. Ils avaient l’un et l’autre une longueur de 0",30 environ et celui qui nous reste mesure maintenant 1",35. Voilà de tous nos hôtes actuels de la Ménagerie les plus anciens, et parmi ceux qui y ont vécu, les plus remarquables par leur longue captivité. Il me semble inutile d’énumérer ceux qui, y étant entrés en 1852 et dans les années suivantes, y vivent encore. Je dois cependant, pour compléter cette liste des exemples de longévité, men- tionner une Tortue très-carnassière des eaux douces de la Caroline aux États- Unis, l’£mysaure serpentine qui, inscrite par Deleuze (Wist. du Mus. d'hust. natur., p. 692) au nombre des animaux vivants que l'établissement possédait en 1823, époque de la publication de son ouvrage, y était conservée depuis quel- ques années déjà, et n’est morte qu’en 1842 ou 4843. Elle a donc passé vingt-trois ans au moins dans l’un des bassins du Jardin d’où elle n’était retirée que l'hiver. Mon père l’a souvent montrée dans ses cours où ses auditeurs pouvaient voir combien elle était redoutable par la promptitude et l'énergie avec lesquelles elle saisissait entre ses mâchoires armées d’un bec robuste et tranchant tout ce qui se trouvait à sa portée. Revue sommaire des espèces les plus intéressantes qui ont vécu à la Ménagerie, depuis 1854 jusqu'à ce jour !. I. CHÉLONIENS. — J'ai à signaler dans ce groupe trois espèces. C'est d’abord la Cistude de Blanding (17. Cistudo Blandingii, Helbrook de l'Illinois [États-Unis]). Elle représente, jusqu’à un certain point, dans cette partie de l'Amérique du Nord, suivant la judicieuse observation du savant zoolo- 1. La liste générale qui précède (p. #35), comprend non-seulement ces espèces, qui y sont mar- quées de ce signe +, mais toutes celles dont le séjour à la Ménagerie a été antérieur à 1854. DEUXIÈME NOTICE SUR LA MÉNAGERIE DES REPTILES. 445 giste que je viens de nommer, notre Cistude d Europe. Elle lui ressemble en effet par sa conformation générale, et constitue, comme elle, un type intermédiaire entre les Tortues terrestres et les espèces aquatiques du grand groupe des Emydes, Il n’est pas jusqu’au système de coloration remarquable par un élégant piqueté jaune sur un fond verdâtre qui n’ajoute à cette similitude. Cependant l’allonge- ment plus considérable de la carapace de la Cistude de Blanding, la direction plus verticale du limbe en arrière et sur les bords, puis la plus grande longueur du plastron que dépasse à peine le contour du disque établissent des différences très-notables entre notre espèce européenne et celle d'Amérique, dont le Musée de Paris ne possède encore que les deux exemplaires reçus à la ménagerie. Parmi les Émydes de l'Amérique septentrionale, l'espèce dite à ventre rouge (25 Emys rubriventris) a plusieurs fois pris place dans notre pare, où un bassin, traversé par une eau courante et un sol herbeux, offre d'excellentes conditions pour les Chéloniens aquatiques et terrestres. M. F. Poey, qui a étudié avec tant de soin les animaux de Cuba, a récemment trouvé dans les eaux douces de cette île une espèce nouvelle d'Émyde désignée dans le pays sous le nom de Jamao, lequel peut servir de dénomination spéci- fique (27 Emys jamao). Récemment, la ménagerie a fait l'acquisition d’une très-remarquable Élodite jusqu'alors unique au Muséum (34 Emysaurus Temminckü Troost) plus redou- table encore par sa taille et par la force de ses mâchoires que l’£mysaure ser- pentine dont j'ai parlé plus haut (p. 443). C’est une magnifique espèce, qui diffère de cette dernière par des caractères très-tranchés, bien indiqués dans le texte du grand ouvrage de M. Holbrook (North American Herpetology, t. E. p. 147) et sur la pl. xxiv. Sa large tête triangulaire recouverte d’écailles; son bec crochu semblable à celui du vautour, dont la pointe, tombant à angle droit, vient se loger dans une fossette de la mâchoire inférieure ; les protubérances du cou à extrémité cornée ; l’absence de barbillons sous le menton; les trois plaques supplémentaires situées de chaque côté au-dessus du limbe, ce qui porte les pièces marginales au nombre exceptionnel de trente et une; le défaut de crête caudale sont autant de différences qui, en l’éloignant de sa congénère, démontrent que cette Emysaure constitue un type spécifique particulier. — Arrivée à la ménagerie vers la fin de l'hiver de 1859, elle a succombé en novembre 1860. [T. SAURIENS. — Quatre jeunes Caïmans à points noirs (48 Alligator punctula- ARCHIVES DU MusEum. T. X. 57 446 ARCHIVES DU MUSÉUM. tus, Spix) adressés de Cayenne à la Société impériale zoologique d’acclimatation qui en a fait présent au Muséum, il y a trois ans (juillet 1858), n'avaient alors que 0", 30 environ de longueur. Is se nourrissent bien et se jettent avec vora- cité sur des tétards de grenouille ou sur de petits poissons, et, à défaut de proies vivantes, sur des languettes de cœur de bœuf. Ils ne se sont cependant pas tous également développés : il en est un qui, plus habile peut-être à saisir les aliments, a maintenant des dimensions doubles de celles qu'il présentait à son arrivée , tandis que les trois autres, mais l’un d’eux en particulier, ont beaucoup moins grandi. L'animal le plus volumineux de la ménagerie est un Caïman à museau de brochet (Alligator lucius) acquis en janvier 1856, et dont la taille est de 2 mètres. [l a pour habitation une caisse une fois plus longue, haute et large de 0,70 environ, formant deux compartiments, l’un sec, garni de paille, l’autre. plus bas, toujours rempli d’une eau dans laquelle il se tient presque constamment en été. Renouvelée alors trois fois par semaine, cette eau est introduite avee une température au moins égale à celle des salles. La saison de réveil où toutes les fonctions s’exercent avec énergie ne se prolonge guère au delà de trois mois; chaque jour alors, pendant les premières années, contrairement à ce qui a eu lieu durant les étés de 1860 et de 4861, l’animal a mangé un kilogramme ou an kilogramme et demi de viande ou de poisson. Depuis octobre jusqu'à mai, et surtout en plein hiver, il est plongé dans un engourdissement dont il sort à peine par moments; à de rares intervalles, il descend dans son bassin, où il ne reste que peu de temps; son abstinence, qui est complète, ne cesse qu'au mois de juin. La possibilité pour ce Caïman de tomber dans sa torpeur hivernale est une condition très-heureuse, car il a subi déjà un notable accroissement, mais non pas précisément en longueur. I ne paraît pas, en effet, avoir dépassé de plus de 0",30 à 0,40 les dimensions qu’il présentait à l’époque de son arrivée. Sa gros- seur, au contraire, est beaucoup plus considérable qu'elle ne l’était alors et l’on peut dire qu’elle a doubié, I ya, au reste, dans les collections du Muséum d’autres exemples de cette augmentation notable de volume chez des Caïmans qui, arrivés déjà à une grande taille et comparables entre eux pour la longueur, ne le sont plus relativement aux autres dimensions , tant quelques-uns l’emportent par la largeur du corps et de la tête et par l'épaisseur des membres. DEUXIÈME NOTICE SUR LA MÉNAGERIE DES REPTILES. 447 Il me semble donc très-difficile de calculer l’âge de ces Reptiles d’après leur accroissement, et les conclusions de Lacépède (Histoire naturelle des quadrupèdes ovipares et des serpents , t. I, p. 211, édit. in-4°) déduites d'observations trop peu prolongées dues au vicomte de Fontanges, commandant pour le roi à Saint Domingue, sont presque sans valeur. Peut-être faut-il en dire autant de celles d’Audubon. Ce naturaliste suppose qu'un Alligator long de 10 à 11 pieds (mesure anglaise) doit avoir une cinquantaine d’années environ, et que ceux de seize pieds sont au moins centenaires 1. Je suis d'autant moins porté à considérer comme probables ces évaluations. que j'en trouve une tout à fait différente dans le Voyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent. Le savant de Humboldt, qui dans cet ouvrage a consigné tant d'observations de tout genre et du plus haut intérêt, y dit (t. VI, p. 203). à propos d’un Crocodile à museau aigu mâle mesuré par M. de Bonpland sur les bords du Rio-Apure, et long de 22 pieds 3 pouces : « Quand on se rappelle que le mâle n’entre dans l’âge de la puberté qu'à dix ans et que sa longueur est alors de 8 pieds, on peut admettre que celui-ci avait au moins vingt-huit ans. » Et, d’ailleurs, ainsi que je l’ai déjà fait observer, la nécessité de tenir compte du volume comme de la longueur, laissera toujours fort incertaines de semblables appréciations ?. 1. A peine est-il nécessaire de rappeler ici le préjugé des habitants d'Haïti, qui pensent pouvoir déterminer l’âge de leur Crocodile (Cr. américain de Plumier, C. acutus, Êt. Geoffr.), par le nombre de cailloux contenus dans l'estomac, et qui est égal, disent-ils, à celui des années pendant lesquelles l'animal a vécu. ( Alex. Ricord, Notes manuscrites communiquées à son retour de l'ile.) 2. Nous manquons ici, en réalité, des moyens de vérification anatomique indispensables pour juger la question de la longévité : je veux parler du moment où la croissance des os en longueur s'achève. M. Flourens, précisant les époques bien plus que ne l’avait fait Buffon, qui a dit : Chaque animal vi! à peu près six ou sept fois autant de temps qu'il en met à croître, considère la durée de Ja vie comme égale à cinq fois celle de l'accroissement, et donne à cette dernière une limite fixe. « Tant que les os ne sont pas réunis à leurs épiphyses, dit-il (De la Longévilé humaine, 2° édit., p. 50), le corps grandit. Une fois les os et les épiphyses réunis, le corps ne grandit plus. » « Dans l'homme (/d.. p. 9%), cette réunion s'opère à vingt ans: elle se fait dans le cheval à cinq ans, dans le bœuf à quatre. dans le chien à deux, etc. Or, l'homme vit quatre-vingt-dix ou cent ans; le cheval en vit vingt-cinq, le bœuf de quinze à vingt, le chien de dix à douze, etc. » C’est précisément cette mesure qui fait défaut chez les Crocodiles comme chez les Tortues, car dans ces Reptiles, ainsi que Cuvier l’a noté (Ossements fossiles, t. V, 2° partie, p. 8), « les extrémités des os longs et leurs principales émi- nences sont enduites de cartilages plus ou moins épais, qui durcissent et s'ossifient avec l’âge, mais 148 ARCHIVES DU MUSÉUM. On ne possède, en définitive, aucune donnée précise relativement à la durée de l'existence de ces Sauriens. Il en est de même, au reste, pour presque tous les Reptiles et en particulier pour les Tortues, dont le développement, ainsi que M. Agassiz le fait remarquer (Contribut. to the nal. hist. of Un. states, t. T°, part. 11, . Amer. Testudinata, p. 290), est plus lent que celui de tous les autres animaux de la même classe et qui arrivent le plus tard, autant qu'on peut le savoir, à l’âge où la reproduction a lieu. Ainsi, il s’est assuré que l’Émyde peinte (Emys [ Chrysemys] picta) ne pond pas avant la dixième ou la onzième année !. On a d’ailleurs quelques exemples remarquables de longévité chez les Chéloniens ?. Notre hôte de la ménagerie, à la plus légère provocation, exprime sa colère il ne se forme point, comme dans les mammifères, de noyau osseux, séparé pendant quelque temps du corps de l’os ou de la diaphyse par une suture; circonstance d'autant plus singulière que les Sau- riens, spécialement les Monitors, ont à leurs os longs des épiphyses très-marquées. » à 4. Toute -la section x1Iv, à laquelle j’emprunte ce fait, est consacrée à l'énumération d'observations très-détaillées, faites par l'habile zoologiste sur la croissance des Tortues et sur les différences qu’elles présentent à mesure que leur développement s’accomplit. Ces remarques sont plus spécialement rela- tives à l'Émyde peinte, qu'il a observée depuis la seconde année jusqu’à la vingt-cinquième et même au dela. Rien de si précis n’avait encore été publié sur ce sujet. Il n’est pas sans intérêt d’opposer, comme le fait M. Agassiz, la singulière lenteur du développe- ment des Tortues à celui si rapide, au contraire, des Batraciens, à qui une année suffit pour parcou- rir les diverses phases de leur accroissement. 2. Tel est, en particulier, celui qui a été fourni par la Tortue grecque femelle dont Cetti a parlé (Storia natur. di Sardegna, \774-A777, t. IN, p. 9), et qui vivait depuis soixante ans dans une maison où, à cause de cela même, elle était aimée comme un vieux serviteur. D'autres sont rapportés par Murray (Experiment. researches). Dans la Bibliothèque du palais Lambeth, on voit, dit-il, la carapace d’une Tortue de terre, qui’ avait vécu dans ce palais depuis 1623 jusqu'à 1730, c’est-à-dire pendant cent sept ans. Une autre, placée dans le jardin de l'évêché de Fulham par l'évèque Laud en 1625, mourut, au bout de cent vingt-huit ans, en 4753. L'âge qu’elles avaient au moment où l’on commença à les garder en captivité était inconnu. « Murray a donné quelques détails très-intéressants, mais qu’il serait trop long de reproduire ici, sur les habitudes d’une Tortue conservée à Pétersbourg qui, comme on en a la preuve par un docu- ment conservé aux archives de la cathédrale, y était observée depuis environ deux cent vingt ans. Le prédécesseur de l’évêque Marsh se souvenait de l'avoir vue pendant plus de soixante années sans qu'il eût remarqué en elle aucun changement. Il était le septième évêque qui avait porté la mitre durant le séjour de cette Tortue dans le jardin de l'évêché où on la tenait attachée à un arbre au moyen de liens passés dans des trous pratiqués au bord de la carapace, afin d'éviter ses ravages dans les fraisiers. » (Note de W. Jardine, p. 151, dans l'édition de l'ouvrage du Révér. G. White, Natur. hist. of Selborne, publiée en 1851 par les soins de E. Jesse.) On à vu en Angleterre une énorme Tortue (très-probablement T'estudo elephantina) apportée du cap de Bonne-Espérance, qui avait cent soixante-dix-neuf ans. Son âge était constaté par les familles DEUXIÈME NOTICE SUR LA MÉNAGERIE DES REPTILES. 449 en chassant avec un bruit de souffle, souvent considérable, l'air contenu dans ses vastes sacs pulmonaires. Il ne fait cependant pas entendre, contrairement à nos Caïmans de plus petite taille, une sorte d’aboiement signalé par les voyageurs et en particulier par Bosc, d’après ses propres observations dans la Caroline (Dic- tionnaire d'Hist. natur., publié par Déterville, t. VI, p. 344). Il est d’ailleurs redoutable par la violence de ses élans subits contre tout ce qui se trouve à sa portée. Aussi, est-il indispensable, quand le couvercle de sa caisse reste levé, comme cela a lieu pendant l'été, d’exhausser les parois de cette caisse au moyen de solides grillages de fer destinés à préserver les visi- x teurs de ses atteintes et, en même temps, à le soustraire à leurs imprudentes excitations. Malgré la férocité naturelle à ces grands Sauriens, et dont on trouve dans les relations des voyageurs tant de tristes témoignages !, il n’est peut-être pas impos- à qui elle avait appartenu avant qu’on l’envoyât en présent à la reine { Morning-Post, 15 juil- let 1850). De Nore (Les Animaux raisonnent, p. 312, 1844) dit: «Sur la carapace d’une Tortue vivant en 1835 à Springfield (États-Unis) se lisait le millésime de 1717, qui y avait été gravé. » Après avoir parlé de la durée si remarquable de la vie chez les Chéloniens, je ne puis passer sous silence les réflexions très-justes qu’elle a inspirées à White (loc. cit., édit. de Jesse, p. 262) à l'oc- casion d’une Tortue grecque longtemps observée par lui, et dont le sommeil hivernal durait sans interruption depuis le milieu de novembre jusqu’à la mi-avril, qui dormait dans les plus longs jours dès quatre heures de l'après-midi jusqu'au matin, et qui, en outre. restait dans un repos absolu pendant la pluie et durant les journées humides. Quand on réfléchit, dit-il, à cette étrange manière de vivre, on a lieu de s'étonner que la Providence ait accordé une longévité si considérable à un Reptile qui paraît jouir tellement peu de la vie, qu’il en passe les deux tiers environ dans un triste et profond assoupissement pendant lequel il n’éprouve aucune sensation. Cette longévité ne résulte- t-elle pas, comme le fait observer Griffith (Animal Kingdom, Reptilia, part. 1, p. 62), de ce que le capital de la vie, si l'on peut se servir de cette expression, est moins rapidement dépensé qu'il ne l’est chez les animaux vertébrés supérieurs dont toutes les fonctions sont beaucoup plus actives? 1. Je me bornerai à en citer un seul. Il s’agit d’un infortuné naturaliste dont les savantes explora- tions dans l’Abyssinie ont enrichi le Muséum d'histoire naturelle, M. le docteur Petit qui, après avoir survécu à son confrère, M. Quartin-Dillon, mort d’un accès de fièvre pernicieuse dans la profonde vallée du Mareb, a péri dans le Nil. Voici comment M. Lasègue (Wusée botanique de M. B. Deles- sert, 1845, p. 166) raconte ce funeste événement : « En traversant à la nage le Nil, à peu de distance de sa sortie du grand lac de Tana, M. Petit, soutenu par deux hommes qui l’aidaient à nager, dispa- rait subitement sous les eaux. On a supposé, et il paraît hors de doute, qu'il avait été saisi et en- trainé par un Crocodile. Ces animaux sont, en effet, très-communs dans cette partie du Nil, surtout dans les lieux où l’eau est tranquille et profonde, et l'endroit fatalement choisi par M. Petit offrait ce double caractère. Vainement, les gens qui l’accompagnaient l'avaient engagé à en préférer un autre, 450 ARCHIVES DU MUSÉUM. sible de modifier, jusqu'à un certain point, leurs instincts cruels. Quelques exemples d’une sorte de domestication ont été donnés. Il ne faut cependant pas attacher trop d'importance aux détails fournis par Hérodote (Liv. IT, chap. rx, trad. de Miot, t. [*, p. 277) sur les Crocodiles sacrés de Thèbes et de Méroë, qui, les oreilles ornées d’anneaux d’or ou de pierres vitrifiées, et les pieds de devant entourés de bracelets, paraissaient apprivoisés, et se laissaient caresser avec la main, comme l’ajoute Mongez, d’après le texte même de l'historien grec, dans ses curieuses recherches sur les animaux promenés ou tués dans les cirques (Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1833, 1. X, p. 398 ). Voici d’autres récits qui semblent prouver un peu plus. Je les emprunte à ce même savant (/d., p. 399 et suiv.). Dans la ménagerie de Chantilly, il vit un Crocodile long d’un mètre et demi environ, qui accourait à la voix de son gardien et se laissait, dit-il, chatouiller sous la gorge. M. Anderson, envoyé par le gou- vernement anglais à Sumatra , dit avoir vu à l’embouchure d’une rivière de cette ile, un crocodile de six mètres de longueur que des pêcheurs avaient apprivoisé : ils le nourrissaient avec les débris des poissons de leur pêche. Il était si famiier qu'il se laissait approcher par toute sorte de personnes et venait toujours lorsqu'on l’'appelait. A la suite de ces faits plus ou moins authentiques, on peut en rappeler d’au- tres, mais où il y a eu supercherie. Il est remarquable, au reste, que ces animaux , à l’état de liberté, ne soient pas également cruels selon les localités qu’ils habitent. De Humboldt {Voyage aux régions équinoæiales du Nouveau Continent, t. IV, p. 97), après avoir dit que celui-là offrant, à leurs yeux, une sinistre apparence. L'événement n’a que trop justifié la justesse de leurs appréhensions. » 4. « Firmus, l’un des trente tyrans, empereur en Égypte, du temps d’Aurélien, se baignait dans cette contrée au milieu de plusieurs Crocodiles sans doute apprivoisés, après s'être frotté avec la graisse de ces animaux. » {/d., p. 447.) « Si ce récit est fidèle, ajoute Mongez avec raison, nous y voyons une preuve très-remarquable de l'habileté des Hansuetarii où hommes qui apprivoisent les animaux féroces, car on ne peut pas croire que la graisse des Crocodiles avec laquelle se frottait Fir- mus, lorsqu'il voulait se baigner au milieu d’eux, fût autre chose qu'un moyen employé pour en im- poser aux spectateur et augmenter leur surprise. Sans doute les Crocodiles apprivoisés et rassasiés d'avance cessaient d’être carnassiers. » Peut-être, comme Mongez le fait observer judicieusement, est-ce à quelque supercherie semblable qu'il faut attribuer la douceur apparente du Crocodile sacré dont Strabon fait mention en parlant de la ville d'Arsinoé nommée Crocodilopolis, parce que ce Reptile y était en grande vénération. (/d., p- 399.) DEUXIÈME NOTICE SUR LA MÉNAGERIE DES REPTILES. 451 les hommes, à la Guayra, port voisin de Caracas, n’ont rien à craindre des “Requins qui sont si fréquents dans ce port, mais que ces squales sont dangereux et avides de sang aux îles opposées à la côte de Caracas , ajoute : « Ce fait semble se lier à ce que j'ai souvent observé entre les tropiques, relativement à d’autres classes d'animaux qui vivent par bandes , par exemple, les Singes et les Croco- diles..... Les Crocodiles d’une mare des Llanos sont lâches et fuient même dans l’eau, tandis que ceux d’une autre mare attaquent avec une intrépidité extrême. » Cet illustre voyageur dit encore (/d., t. VI, p. 150) : « Le Rio Uritucu est rempli d’une race de Crocodiles très-remarquables par leur férocité. On nous conseïlia d'empêcher nos chiens d'aller boire à la rivière, car il arrive assez souvent que les Grocodiles d'Uritucu sortent de l’eau et poursuivent les chiens jusque sur la plage. Cette intrépidité est d'autant plus frappante qu’à six lieues de là, les Crocodiles du Rio Tisnao sont assez timides et peu dangereux. Les mœurs des animaux varient, dans la même espèce, selon des circonstances locales difficiles à appro- fondir. » C’est peut-être par suite de ces différences singulières dans les mœurs qu’on peut expliquer comment les habitants de Denderah, ville d'Égypte, située sur la rive gauche du Nil, font baigner sans crainte leurs troupeaux dans ce fleuve. malgré la multitude de Crocodiles répandus sur les îles (Bruce, Voyage aux sources du Nil, trad. Henri et Berton, t. I‘, p. 432). Les femmes et les filles qui vont y puiser de l’eau, ajoute ce voyageur, y entrent et y restent assez longtemps sans redouter ces animaux, et il n’a jamais entendu dire qu’une seule eùt été mordue. Depuis janvier 1856, nous possédons le Crocodile de la Havane (49 Cr. rhon:- bifer). Il n'avait point encore figuré sur notre catalogue. Son développement a été assez rapide : il est long maintenant de 4",35 ; il a gagné environ 0",50, et son volume a au moins doublé. Il est renfermé avec un Crocodile vulgaire un peu plus petit dans un compartiment de nos cages muni d’un large bassin et où se trouve logée une nombreuse famille de Caïmans à museau de brochet qui ne leur sont point inférieurs pour la taille. Tous ces animaux , quelquefois empilés les uns sur les autres lorsqu'ils cherchent le soleil, vivent dans une bonne harmonie que trouble à peine leur ardeur à s’emparer des proies qu’on leur jette. Il n’en serait point de même dans l’habitation voisine occupée par un seul Crocodile, celui de l'Amérique du Sud (54 Crocodilus acutus), dont j'ai déjà parlé dans ma Notice (Arch., t. NII, p. 205) 1854. Une tentative qui faillit coûter la vie à un Caïman 452 ARCHIVES DU MUSÉUM. introduit auprès de lui et qu’on dut promptement faire échapper au danger dont il était menacé, donna une nouvelle preuve de ses instincts, sauvages qui se trahis- sent au reste sans cesse par son attitude agressive et l’ardeur de ses attaques contre tout ce qui l'approche. Son aspect devient plus redoutable encore par l'habitude où il est de rester presque constamment la bouche ouverte, montrant ainsi ses nombreuses dents pointues, dressées autour de la large surface du plan- cher de la bouche dont la membrane muqueuse est d’un jaune vif. Chez les deux autres Crocodiles, au contraire, et chez les Caïmans, la bouche est toujours fermée pendant l’état de repos. Ces Crocodiles et ces Caïmans cessent presque complétement de se nourrir, et perdent une partie de leur activité pendant la saison froide, malgré l’invariabilité de la température des cages et de l’eau qu’elles renferment, grâce à l'emploi d’un ingénieux appareil de chauffage dont l’action n’est jamais interrompue 1. Il n’y a donc pas pour eux une véritable hivernation ?. Un exemple intéressant de la léthargie due au refroidissement de l'air a été donné pendant l'hiver de 1858-59 par un petit Iguanien (62 Tropidolepis undu- latus Cuvier ). Rapporté de la Virginie et offert au Muséum, le 25 décembre, par M. de Lentilhac, ce petit Saurien restait dans une immobilité complète. Couché sur le ventre avec les paupières fermées , il était dans un état de mort apparente depuis 4. Cet appareil, dont j'ai donné une description dans ma Volice (Arch. du Mus.,t. VIE, p. 195), est indispensable non-seulement pour échauffer les cages, mais surtout pour éviter aux animaux les graves inconvénients des variations de température. 2. À l'occasion des Crocodiles de notre Ménagerie, il me semble intéressant d'indiquer ici, d’après Mongez (loc. cil., Mém. de l’Acad. des inscr. et belles-lettres, t. X), les exhibitions qui furent faites de ces grands Sauriens dans les cirques de l’ancienne Rome où ils ne parurent jamais en aussi grand nombre que les autres animaux dont un carnage insensé se faisait dans ces jeux cruels si avi- dement suivis par le peuple. Ce fut en l’an 696 de Rome {cinquante-huit ans avant l’ère chrétienne), que, pour la première fois, on vit dans les jeux de Marcus Ænmnilius Scaurus cinq Crocodiles qui excitèrent un grand étonnement (p. 398). Ayant fait entrer l’eau dans le cirque de Flaminius, on y introduisit, par l’ordre d'Auguste, à l’une de ces incroyables fêtes dont l’histoire a conservé le souvenir, trente-six Crocodiles que l’on tailla en pièces (p. 426). Aux jeux célébrés par Antonin Pie, il y en avait avec beaucoup d’autres animaux rares; et du temps de Symmaque, préfet de Rome sous le règne de Théodose, on en aurait amené dans le cirque un nombre plus considérable qu’il n’y en eut, en réalité, si, à l'exception de deux qui furent réservés, malgré la crainte de les voir mourir, avant les jeux, on ne les eût tous Lués parce qu’ils périssaient pour avoir passé cinquante jours sans aucune nourriture (p. 456). Pendant la saison chaude, en effet, une si longue diète ne peut pas être supportée par ces animaux voraces. DEUXIÈME NOTICE SUR LA MÉNAGERIE DES REPTILES. 4 les premiers jours de ce même mois. On ne le sortit point de sa boîte de voyage, et le plaçant dans une pièce sans feu, je le soumis à une surveillance attentive qui me donna la preuve que jusqu’au 30 mars, époque où il reprit son activité, son sommeil n'avait point été interrompu. Après ces quatre mois d’immobilité absolue, il retrouva promptement toute sa vivacité, et introduit dans une des cages de la Ménagerie, toujours pourvue d'insectes, il ne tarda pas à leur faire une chasse acharnée qui lui fournit une pâture abondante. En automne, cepen- dant, il succomba avant de s'être engourdi de nouveau. Un autre lézard de petite taille (69 Ameiva undulatus, Wiegm.), originaire de Cuba, n’a été conservé vivant que pendant un espace de temps assez court. Un remarquable Saurien que nous n'avions jamais reçu avant 1854, le Shel- topusick , décrit pour la première fois par Pallas sous le nom de Lacerta apoda , nous a été adressé de Dalmatie par M. le professeur Jan, à deux reprises diffé- rentes, et par M. Odo Russell, neveu du célèbre ministre d'Angleterre. Type du genre Pseudopus établi par Merrem et dédié par Cuvier à lillustre naturaliste russe sous le nom de Ps. Pallasii, ce grand lézard colubriforme supporte très- bien sa captivité, car pour plusieurs de nos individus qui ont acquis un certain développement, elle date de six années. Ilsne se sont pas reproduits. A ces animaux, qui ont 0",60 à 0",80 de longueur, il faut, comme à beaucoup d’autres Reptiles, des retraites et un sol couvert de mousse. Au moment du repas, leur cage qui, un instant auparavant semblait inhabitée, s’anime tout à coup, et au-dessus de la verdure, on voit surgir des têtes prêtes à s’élancer sur la proie. Celle-ci consiste le plus souvent en colimaçons débarrassés à l’avance de leur coquille et dont ils sont très-avides, comme on pouvait le supposer d’après Pallas, qui dit en avoir trouvé l'estomac rempli. Cette impétuosité des Pseudopes à s'emparer de leur nourriture, et dont les Couleuvres donnent souvent aussi le spectacle, provoque des combats. Non-seulement ils se disputent les mêmes morceaux, mais s’at- taquent les uns les autres sans qu’il en résulte cependant des blessures 1, De grands Scincoïdiens à écailles épaisses et rudes, à tête large en arrière, à col étranglé et à queue courte, volumineuse et déprimée, Scineus pachyurus de Péron qui l’a, le premier, rapporté de la Nouvelle-Hollande (83 Trachysaurus rugosus, Gray), et une espèce plus récemment découverte dans cette même con- A. Au jardin zoologique de Londres, les mêmes luttes ont été observées comme le raconte M. Gün- ther (Skizzen.…., p. #1), et elles doivent y être encore plus acharnées, les repas y étant moins fré- quents que dans notre Ménagerie où, chaque jour, pendant l'été, la nourriture leur est offerte. ARCHIVES DU NUSÉUM. T. X. 58 494 ARCHIVES DU MUSÉUM. trée (84 Trachysaurus asper, Gray) sont entrés à la Ménagerie en juillet 4860 eten février 1864. Nous ne savons rien sur les mœurs de ces singuliers Sauriens, dont la nourriture consiste en morceaux de viande crue et en insectes. IT. Opnipiens. — Aglyphodontes. — Dans ce groupe des espèces non veni- meuses, je dois d’abord mentionner un Python de Séba , originaire du Sénégal et remarquable par sa grande taille. C’est le serpent le plus volumineux que nous ayons Jamais reçu ; il avait une longueur de 5 mètres et sa circonférence était de 0°, 50 environ vers le milieu du corps !. Tourmenté par le Tænia, il n’a malheu- reusement pas vécu plus d’une année. Entré au mois d'août 1858, il n’a commencé à manger qu'au mois de mars, et, depuis ce moment jusqu’à la fin de juin, 1l fit treize repas qui se composaient chacun d’un lapin de forte taille et six semaines après le dernier repas, il succomba. Au Jardin zoologique de Londres, en 1851, j'ai vu un serpent de cette espèce encore plus grand ; c’est une femelle citée par M. Günther ( Skizzen zoolog Gart., p. 35), longue de dix-neuf pieds (mesure anglaise). Dans un seul repas qui fut suivi d’une abstinence prolongée, ce Python mangea neuf canards. En outre, le Jardin de Londres possédait encore tout récemment un Python réticulé de Ceylan long de 24 pieds (mesure anglaise) (Günther, Skizzen, p. 49). Il n'avait que la moitié de cette grande taille à l’époque de son arrivée, mais depuis plusieurs années déjà, il a cessé de grandir ?. 1. M. le capitaine Lemielle, marin fort digne de foi, qui a rapporté de la côte occidentale d'Afrique ce Serpent, m'a assuré avoir vu près de cette côte, sur l’une des petites îles de l'archipel des Bissa- gos, l'ile Galinas, un très-gros Python mesurant au moins 45 mètres de longueur. Ces dimensions d’ailleurs sont celles dont les Nègres ont souvent parlé à Adanson à qui il fut affirmé (Voyage au Sénégal, in-4, 1757, p. 153) qu'un Python de 22 pieds, dont il donne la description, était bien loin d’avoir acquis la taille que ces Reptiles peuvent atteindre, et que dans l'ile Bissao, en particulier (archipel des Bissagos), il s’en trouve d'énormes. Comme c’est toujours à des mâts que les Nègres les comparaient pour la longueur, le savant voyageur en conclut que la taille des plus grands doit être de 40 à 50 pieds. Peut-être alors est-il permis de trouver moins étrange ce fait consigné dans Suétone (In August., cap. x1un), qu'un Serpent long de cinquante coudées (environ 25 mètres) fut montré au peuple, par ordre d’Auguste, dans les Comices près du Forum. Que croire cependant de ce Serpent de 120 pieds qui, dans les guerres puniques, auprès du fleuve Bagrada, fut assiégé comme une cita- delle par Régulus avec des balistes et des machines, et dont la peau, ainsi que les mâchoires, furent conservées à Rome, dans un temple, jusqu’à la guerre de Numance (Pline, livre VIT, chap. x1v, 1)? 2. À l’occasion d'un jeûne de neuf mois que ce Python réticulé a subi : je ne sache pas, dit M. Günther (loc. cit., p. 49), qu’il y ait eu d'exemples d’une abstinence plus prolongée. Dans ma Notice sur la Ménagerie des Reptiles (Arch. du Mus.,t. VII, p. 233), j'ai cité deux Serpents de DEUXIÈME NOTICE SUR LA MÉNAGERIE DES RÉPTILES. 455 Le plus volumineux de nos Pythons de la même espèce ne dépasse pas 3 mètres, mais la Ménagerie a reçu de l’île de la Trinidad (Antilles) par les soins de M. le docteur J. Court, qui lui a souvent fait de beaux présents, un très-gros Boa constricteur, long de 3",50. Pris au sortir d’une pièce de cannes em- brasées, ce serpent porte encore les traces de profondes brülures dont les cica- trices disparaissent avec une grande lenteur. Dans plusieurs points , il n’y a que du tissu inodulaire qui tranche avec le reste des téguments par sa teinte rosée et l’absence complète d’écailles. Sur d’autres points, au contraire, la peau reprend peu à peu son aspect normal, bien que les écailles nouvelles soient moins régu- lières et moins symétriquement disposées 1, Parmi les espèces d’Ophidiens non venimeux reçus depuis 1854, j'en dois mentionner trois de l’Europe méridionale qu'il était fort regrettable de n’avoir point encore vues dans nos cages, et qui nous ont été généreusement envoyées d'Italie par M. le professeur Jan. Telles sont : la Couleuvre à quatre-raies de Lacépède, nommée dès longtemps par Aldrovande ÆElaphis cervone (AAA Elaphis quater-radiatus, Dum. Bib.), et la Couleuvre à quatre-lignes, Pallas (145 Ablabes quadri-lineatus, Dum. Bib., Var. leopardina). Telle est encore, dans le l'Amérique septentrionale qui, l'un (Crotalus durissus) pendant quinze mois, et l’autre (Calopisma abacura) pendant plus de vingt et un mois, n’ont pris aucune nourriture. 1. Ce Boa vient de fournir une preuve singulière de sa voracité. Le 25 août, au matin, on ne trouva plus dans la cage habitée par ce serpent seul une couverture de laine neuve longue de 2,20 et large de 1",50, qui y était encore la veille. D’après l’augmentation de volume de l'animal, on ne put douter qu’il n’eût avalé pendant la nuit cette couverture; cependant trois jours auparavant il avait mangé un lapin. Aucun accident n’était survenu lorsque, le 20 septembre, le gardien s'aperçut que le serpent faisait des efforts de vomissement. Un corps étranger se présentant à Porifice de la bouche, il le saisit, et sans exercer de tractions, se borna à le maintenir solidement entre les doigts. Le Boa ayant pris lui-même un point d'appui par son enroulement sur la branche placée dans le milieu de la cage, il put donner plus d'énergie à ses contractions musculaires, et dans l’espace de sept à huit minutes, il se débarrassa, en ma présence, de la couverture sur laquelle les forces diges- tives restaient sans effet. Elle fut rendue sous la forme d’un volumineux fuseau long de 1,53 et offrant un diamètre de 0,14 dans sa partie la plus renflée. Soumise à la forte pression des parois de l'æsophage et de l'estomac, elle est comme une sorte de moule intérieur de cette portion du tube digestif, dont la longueur doit être de 1",75 au moins, puisque chez un Python de 2",35, conservé dans les galeries d’Anatomie comparée, elle mesure 1,36, et à par conséquent une étendue qui dépasse la moitié des dimensions totales du serpent. On peut done conclure d’après ces données ana- tomiques et d’après la forme actuelle de ce corps étranger que sa portion la plus volumineuse rem- plissait le sac stomacal, tandis que son extrémité terminale, où l’action du sue gastrique paraît avoir commencé à s'exercer, occupait la région pylorique et que l’antérieure était logée dans l’œsophage. 456 ARCHIVES DU MUSÉUM. groupe des serpents dits Opisthoglyphes , à dents venimeuses postérieures , la Cou- leuvre vivace (440 Tarbophis vivax, Dum. Bib.). Des États-Unis, il nous est parvenu plusieurs Couleuvres; trois appartiennent au genre Coryphodon ; l'une toute verte (106 €. vernalis, Dum.) ; les deux autres dites C. constrictor. Dum. Bib., 104, et C. flaviventris, Dum. Bib., 105, puis diverses espèces de Tropidonotes. Nous avions déjà possédé la Couleuvre fasciée de Linné (122 Trop. fasciatus, Holbr.), qui nous a donné, à plusieurs reprises, la preuve de son ovoviviparité; mais maintenant nous connaissons d’autres Tropidonotes de l'Amérique du Nord, qui représentent évidemment des espèces distinctes : ce sont les Trop. sipedon, Holbr., 121, d’après Linné, ovovivipare comme la précédente; 123 erythrogaster, Holbr., d’après Shaw; 124 parietalis, Dum., d'après Say ou ornatus, Baird, Mss.; 125 radix, Dum., d'après Baird et Girard; et enfin le Trop. cyclopion, Dum. 126. Une autre espèce américaine de ce grand genre nous a été également envoyée (127 Trop. rigidus, Holbr.)1. Une belle Couleuvre, originaire aussi des États-Unis, séjourne dans nos s cages depuis le mois de juillet 1858. C’est la Coronelle de Say (130 €. Sayi. 4. Les dénominations employées ici pour désigner quelques-unes des couleuvres de l'Amérique septentrionale, qui appartiennent au genre Tropidonote ne sont pas toutes en rapport avec celles dont il est fait usage dans l’Erpétologie générale, t. VII, p. 549. Ces différences tiennent à ce que nous ne possédions pas, mon père et moi, à l’époque où fut rédigé le tome VII de cet ouvrage, les matériaux nécessaires pour bien juger de la valeur des distinctions spécifiques établies par les natu- ralistes américains. Aujourd'hui, au contraire, l'institution Smithsonienne ayant fait au Muséum de précieux envois, il m'a été possible d'étudier sur les types mêmes un assez bon nombre des espèces nommées par M. le professeur Baird et par son collaborateur M. Girard, ou par M. le professeur Holbrook. C’est ainsi que plusieurs couleuvres reçues à la Ménagerie ont pu être déterminées. Le genre Tropidonote de Kuhl, adopté par M. Holbrook dans son bel et grand ouvrage sur l'Erpétologie de l'Amérique du Nord, ne figure pas sur le catalogue de MM. Baird et Girard, qui répartissent les Syncrantériens que leurs caractères doivent faire rapporter à cette coupe générique dans trois genres dont la distinction est principalement fondée sur les couleurs. Ainsi, les espèces qui ont trois raies longitudinales claires appartiennent à leur genre Eutainia; celles qui en ont cinq ou plus, à leur genre Regina, et enfin les espèces sans raies à leur genre Nerodia. Malgré l'avantage que présente ce mode de division pour le classement des couleuvres en grand nombre que leur conformation générale , leur système dentaire et leurs habitudes aquatiques rapprochent de notre Couleuvre à collier, il me semble préférable, en raison même de leurs ressem- blances, de les considérer toutes comme de vrais Tropidonotes. On peut néanmoins, pour la facilité de l'étude, former dans ce vaste genre naturel trois seclions, en adoptant la coupe systématique pro- posée par MM. Baird et Girard. } DEUXIÈME NOTICE SUR LA MEÉNAGERIE DES REPTILES. 457 Holbr.) ; elle ne se nourrit que de souris et d'oiseaux. Quand elle est irritée. elle agite vivement l'extrémité de la queue et lui imprime, comme le font aussi d’autres serpents, des mouvements semblables à ceux qui, chez le Crotale, déter- minent le choc mutuel des grelots cornés. De Cayenne, par les soins de M. Mélinon, nous avons reçu l’espèce dite Coluber angulatus, Linné, 137, devenue pour Wagler l’un des types de son genre Helicops caractérisé par la situation des yeux et des narines, qui, contraire- ment à la disposition ordinaire, sont obliquement dirigés en haut et plus ou moins rapprochés à la région supérieure de la tête. L'animal, plongé dans l’eau, où il vit presque toujours, reçoit ainsi plus directement l’action de la lumière et il peut, quoique immergé, prendre facilement l’air nécessaire à sa respiration en portant le bout du museau vers la surface du liquide. Opisthoglyphes. — Deux espèces à dents susmaxillaires postérieures sillonnées qui n'avaient point encore été reçues à la Ménagerie, y ont pris place depuis 1854 : 1° 159 Psammophis moniliger, Schlegel, qu’on n’a point reçue de l'Égypte où elle ne paraît cependant pas très-rare, mais de l'Algérie méridionale dont la faune offre beaucoup d’analogie avec celle des contrées traversées par le Nil inférieur ; 2° 140 Tarbophis vivax, envoyé de Milan par M. le professeur Jan, qui l'avait reçue de Dalmatie. Solénoglyphes. — C’est également au savant directeur du Musée de Milan que la Ménagerie est redevable des deux seules Vipères à museau cornu (146 Vipera ammodytes) qu’elle ait jamais reçues. Deux autres espèces du groupe des Vipériens ont été adressées vivantes au Muséum : l’une, qui a vécu pendant plus de quatre ans, est très-remarquable par ses protubérances cutanées au-devant des narines et surtout par ses belles couleurs : c’est J’Échidnée du Gabon (448 Æchidna rhinoceros , Schl. ) 1. La seconde, originaire de notre colonie africaine, est celle que M. Guichenot (Reptiles de l'Algérie, p. 24, pl. 3) a désignée sous le nom d'Echidnée morita- nique, qu'elle portait dans nos collections; mais, selon M. Jan ( Prodrome d'une Iconogr. descrip. des Oph., Rev. de zool., 1859, p. 152), cette espèce serait identique à la vipère décrite par Forskal comme Coluber lebetina (Deser. anima- lium quæ in itinere orientali observavit, ed. Carsten, Niebühr, 1775, p. 13). 41. J'ai donné une histoire abrégée de ce Serpent, à la page 220 de ce tome X des Archives du Muséum, dans un mémoire sur les Reptiles et les Poissons de l'Afrique occidentale. 458 ARCHIVES DU MUSÉUM. ‘ BATRACIENS. — Anoures. — 164 Rana agilis, Thomas (Ann. des Sc. nat. h° série, €. IV, p. 465, pl. 7); longtemps confondue avec À. temporaria, Linn., dont elle est bien distincte, elle a pu être étudiée avec soin à la ménagerie et des- sinée comparativement avec l’espèce ordinaire. Elle est également différente d’une autre espèce déposée dans les galeries du Muséum, par M. le professeur Schiff, de Berne, et dite Rana oxyrhyncha, Steenstrup, dont la grenouille suédoise, nommée par M. le professeur Nilsson Rana arvalis, est la femelle. (Steenstrup, Vortrag in der 24 Versammlung deutscher Naturforscher und Aerzte, in Kiel, 1846.) Le Pipa (179 P. Americana), si singulier par sa conformation générale, par les anomalies de son organisation, et par le mode de développement de ses œufs, qui lui a valu la dénomination de Bufo dorsiger, a été vu à la Ménagerie, où M. Mélinon en avait envoyé de Cayenne plusieurs individus; mais ils n’ont pas vécu au delà de quelques mois. Urodèles. — 187 Triton Blasii, A. de Lisle, nouvelle espèce intéressante de France, non encore décrite, qui me paraît réellement différente des Tritons crété et marbré, malgré certaines analogies avec l’un et l’autre dans le système de coloration. C’est aux environs de Nantes, que ce Triton a été trouvé. Le batracien le plus curieux que la ménagerie possède est la grande Salamandre des montagnes du Japon (191 Tritomegas seu Cryptobranchus Sieboldi). Elle a été donnée par un médecin hollandais , M. Pompe van Meerdervoort, qui en avait confié, en même temps, une seconde à un autre navire; mais cette dernière a péri pendant le voyage, et malheureusement elle n’a pas été conservée. Quand le Muséum a reçu, en novembre 1859 1, ce précieux animal dont il pos- sédait seulement une dépouille, on n’avait encore vu jusqu'alors en Europe que deux individus vivants, l’un qui est à Leyde depuis 1831, l’autre à Amsterdam ; mais il y a quelques mois on en a amené à Londres trois exemplaires dont deux vivent encore; celui qui a succombé vient d'être acheté par M. le professeur Koelliker de Wurtzbourg pour des études anatomiques. Cette Salamandre, inconnue des Européens avant le voyage d'exploration dans l'empire japonais, entrepris par M. Ph. F. de Siebold, vit, ainsi que nous l’a appris ce célèbre voyageur (Faune du Japon, Aperçu historique sur les reptiles A. A l’occasion de cet enrichissement de la Ménagerie, j'ai adressé une note à l’Académie des sciences. (C. rendus, 1859, t. XLIX, p. 750.) DEUXIÈME NOTICE SUR LA MÉNAGERIE DES REPTILES. 459 de ce pays, p. xv), dans les profondes vallées des hautes montagnes de l'ile de Niphon, entre les 34° et 36° degrés de latitude N. « Elle séjourne, dit-il, dans les ruisseaux, dans les bassins et dans les lacs formés par les eaux pluviales au milieu des cratères de volcans éteints, à une hauteur de 4000 à 5000 pieds au- dessus du niveau de la mer. » En raison même des conditions de son genre de vie habituel, on l’a placée dans un bassin dont l’eau venue du dehors se renouvelle sans cesse et la maintient au milieu d’une température constamment fraîche ou même froide. Elle est cou- verte d’un mucus très-abondant qui la protége contre l’action de ce milieu qu’elle ne quitte jamais tout à fait; le soir seulement, elle vient prendre place sur la partie la plus élevé du fond sablé de son bassin, où son immersion est alors incomplète. Sa nourriture se compose de vers de terre, de têtards de grenouilles et de petits poissons. Sous l'influence de ce régime elle est devenue notablement plus volumineuse et a grandi; sa longueur , qui était de 0,79 à son arrivée, est main- tenant de 0",85. Note additionnelle du 30 septembre 1861. Depuis le 15 de ce mois, époque où a été close la liste des animaux reçus jus- qu'alors à la Ménagerie des Reptiles (435-139), de nouveaux envois ont été faits. Deux espèces qui n’y avaient jamais vécu viennent d’être adressées de Cayenne par M. Mélinon. Elles devraient prendre, dans ce catalogue métho- dique, les numéros 136 bis et 178 bis. L'une est la Couleuvre Cobelle de Linné (Liophis cobella, Wagl.). L'autre est le crapaud connu sous la dénomina- tion de Bufo agua. L'individu que nous possédons est bien loin d’avoir atteint la taille à laquelle ce Batracien peut parvenir, et qui est de 0,47 pour le plus grand spécimen renfermé dans les collections du Muséum. Trois nouveaux exemplaires du Boa aquatique (101 Æunectes murinus) longs de 2 mètres environ, font partie de l'envoi de notre zélé correspondant, M. Mé- linon qui, malgré son désir, n’a pas encore pu renouveler l'expédition d’un mdi- vidu de cette espèce arrivé à de très-grandes dimensions et comparable à celui de 5 mètres qu'on eut le regret, il y a près de quinze ans, de trouver mort au mo- ment de l’ouverture de la caisse où il était enfermé. Il s’en était peu fallu qu'il ne 460 ARCHIVES DU MUSÉUM. devint un des hôtes de la Ménagerie, car l'absence complète de toute altération cadavérique, donna la preuve que la vie venait de cesser chez cet animal depuis très-peu de temps. Je dois ajouter que, par suite d’un don tout récent, nous possédons de nouveau le curieux Batracien urodèle, à branchies extérieures persistantes, et aveugle (192 Proteus anquinus). C'est le quatrième à inscrire sur notre liste. Il a été rap- porté des eaux de la grotte souterraine de Sainte-Madeleine près Adelsborg en Ilyrie. LUE Me DmastirErT éras jé ; BTE | MOD = comryu ire UT Dr PR 2e dm Great à | MPa boue on en 22 0 A a de Ave à paré " VE der TS À LS MAUNALAMLE DU Das, 1e CE der Pommes: #05 ” Are D Gé Vo à af FA NSP AXTAUEATÉLR, der 8 ho ces bi grd, ne LL) prulie-de Parts Le ia do | DR DE be + 6e ALT _ : qe Ban dame. RORT AU SS pu his 1# LA ANTE 56e s Buén Lov san. . ER. 2 « = Ave #4 pére ‘ps ave à Prin te” RARE * SAT CAtALNONN va rome Le as has er planes | V4 Là - Me LE ph Dé Un 40 é " : Î Prés ,< ve see 1 NE 4 nu PURE Li L L Dr SE " ya : in Le CRI vVES 40421 E til d pu on def lu Pr . (Fes ré sta}: er. cor Volets démptèté de toits rite ts posais 490 re 4 1 008 É \askdiius tri Ale TABLE DES MATIÈRES DESCRIPTION DES MAMMIFÈRES NOUVEAUX OU IMPARFAITEMENT CONNUS DE LA COLLECTION DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE, et remarques sur la classification et les caractères des Mammifères (quatrième Mémoire), par M. IsIDORE GEOFFROY SAINT- BTENORe 00 TOR O NE 5 22100 do 000 ee NEO DOS El eo OU Avec 8 planches (pl. 1 à vin). DOCUMENTS RELATIFS À LA MAMMALOGIE DU GABON, par M. le docteur PucHERAN.. Avec 4 planches (pl. 1x à xn). REPTILES ET POISSONS DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE, par M. AuGusTE DuMÉRII Avec 11 planches (pl. x à xx) et une Carte d'Afrique (page 160). MÉMOIRE SUR LE CYNOMORIUM COCCINEUM. parasite de l’ordre des Balanophorées, par M. H. A. WEDDELL Avec 4 planches (pl. Xx1V à xxvH1) ÉTUDES ZOOLOGIQUES SUR LES CRUSTACÉS RÉCENTS DE LA FAMILLE DES POR- TUNIENS, par M. AzpHoxse MILNE EpwaRps $ Avec 11 planches (pl. XxXvIT à XXXvIN). LETTRES RELATIVES AU CATALOGUE DES POISSONS ET AU CATALOGUE DE LA MÉNAGERIE DES REPTILES, par M. AuGusre DUMÉRIL FIN DE LA TABLE DU DIXIÈME VOLUME. PARIS. — IMPRIMERIE DE J. CLAYE, RUE SAINT-BENOIT, 7 Pages. 269 309 429 CTX! ct vét “ie . La: [A] 30 21H00 TAmeTLA NRA yo AIAATOON & rollaoiiants M tué soupe de ALLINAUTAR HIOTE veustt oniton anoatel .M 194 ,(ériomditt: ur We ad ae Sal à où f se à a » D ER s050-Re ee VUE 0e ur #1 sam. craint usb d: LET"S AOBAD Le LU ont gs) aride se pps «3. sed enbno't ob tiers M 15000 À | *..… NL VRAI sert ter ep CAR ‘(nv À vs lg) rond à + -AO4 84û ENT LI 80 STAUSÈA SAATAUNO, À panero ts rem ttes mate ne. LA) Je PET IN Pprnnnen aire savaot. auärsre va” bases “à 1 r meusa-rutae sus savent sa. ‘$ ï LT . : ; ja e . E £ sh L) L É Fr À. ù tn LR] PSE 7 2 D PE Archives du Muséum. Jom.X. ÿ4 à / # À GORILLE GINA, GoRILLA GINA. MÂLE ADULTE 2 de grandeur naturelle. Gide , Editeur: éum. lom.X. S Archives du Mu PS F Werner del. GINA. Lou LH SDL ORILI G ôr. nat. ( g Ô de Pa 2 face, 7 A} frere JEcqUueEL 2, 2 ur V/ le , Editeur: L'A0 « 2 «Cr \ « : ’ ‘ £ . e . “ n nas. PONT LIT ‘ | : À rpg ‘10 p. jeu ‘& ep SZ 'TU0u | NIMES ‘IP Je A see > “X'WOT ‘UMASNY] NP SAIT Archives du Muséum. Tom X. CO E roue Lth )OCOurt Bc — eo] TT 1 re) [| [A le: Y eure, de $randeur naturelle . 1 1 in antér: el M: le, Éditeur: Archives du Muséum. Tom. X. Bocourt lith. Werner del. GORILLE GINA. de $randeur naturelle . : erieure, Main post sauf pnENgYRT : [FMI 9J10}STU P uma np sod{ogzonSecr SP AJUUTS- 9€ 7 NO TN VNIO ATIHON ‘ALR EP }M0920 4099127 ‘211 ‘V'UO]I UWUNASNJA ND SAAIUIIT Archives du Muséum. Tom X. Bocourt, del et lith B61 et 2. GORILLE GINA, 5eunE MÂtr Fig. 8 et 4 CHIMPANZÉ , seune MÂLE, d'après le vivant Fac-simile des Daguerréotypes du Muséum d'Histoire naturelle. Gide , Liteur. è9 Lith Becquet frères Free 7. LU h L °hx 0: ur 10 TOunRe” PAR LA » < à < = s du Museum. à ” Archive lith t court, del e Boc urelle. l ha eur I 1d (o] 6 [ e, de = ( a (l tequet JTeTeS th D 7 déteur. 3 rule , À X. Tome uséum. M du Archives Wa 1 Va 17) AR \A NN \ IN POORTM VIVERRA Museum \rchives du du Museum 1 DA one X CRO CIDURA CROCIDURA OCCIDENTAILS, ÆOUATORIALTS, fChr Lehr. vsteme dentaire dentaire 4 De M) ee, TR RL LS E Lr- 1 Museum Il d 6S Archiv ane CUT e\ Et LOI r = L A UIC NX ÿ (FA ] 8 az mn ( 3 ® An) Soudè,p) An9 ‘HASSVHINO HNOON V 4 QU 9 T8p JIEPNO 4 @] fau us de AONXHX )LdUT 471 N7 OAIIOT QD ATIIMITT x Se t. BOT LI EU xs l AVTAErS ENANC e6 1C UN(T V VAT 1O HGITOHdOHN'IOHSL ol al 2 | | HT] PERTE Free | | | | | | | | 14 | ] | | | ur | 1 | | | | HHHLUNDDIE» PS bts NON. À shs sfo dlsÈse 2 LAS du, LL laeh dus VS lrchves du Museum, Tome À. PL, XVI] F.Bocourt del.et lith L1,5,BOÆDON UNICOLORE, Dum.Bib. __2,2*B NOIR, Fisch_ 3,% B.du CAP Dum.Bib.__ 4,44 B QUATRE - LIGNES. Dum Bib. —6,6* LEPTOPHIDE ÉMERAUDE , Dum. Bb (Boie) _ 7,7* UROMACRE OXYRHYNQUE Dum Bib _ 8,8% CLADOPHIDE DE KIRPLAND, À Dum. 9,9% PSAMMOPHIDE IRREGULIER , Fischer. __ 10,104 P ÉLÉGANT, H Boie 11 119110 DENDRASPIDE DE JA- Gide éditeur {mp. Lemercier, Paris mm ar A mm RE Et el —— Ÿs- 1.GRENOUILLE TACHETEE EN DESSOUS. 3. 3% RAINETTE D'AUBRY, A Dum FE Bocourt del et lith.. (SUB-SIG/LLATA ). A Dum 2 FE RAIN. CITROPODE , Per. et Les 6 6° DACTYLETHRE DU CAP 2 LIMNODYTE: A DACTYLETHRE = RE nc ‘NVCN HG ELIMOSNNVI SNHITIHdO SG -LAMIOSEC WIONONLT HA SNISSEG SAT SHIAVA SNHIdO'THALL 2 UNA1QOT F 2)70a 2PUNS ? af » LA: DUOJSOU9)] "N)P90DD !J enere, | AUOT Z sdopydh y XIX ‘Id PP HIPION T : D/2007/77/ar7 2P8ND IQ cstree RS npvydo2oyoh ut EG auoT, HIM9SN np SAIS = L'LE 2 > Archives du Museum. Tome À. JOUA P.Oudart del.et hth 11? GOBIE À FLANCS RAYES , À Dum. __— 9,92 COBIF À TACHES HUMERALES , À. Dum 38 ELEOTRIS TACHETEE, À Dum._ 44° ELEOTRIS À BANDE LATERL Pr os : Gide edriteu Grand. natur IMBU PUIS ‘UN Y HOUMVTI SOQ YV te) 'ael 27 49MO HALAHOVL HANONN V A M9 HONOTIV HHLHOINOMH) $— yomo 'o l'O) Dd +9 9 ‘Wnqy'SHONOM dd S UV NOYVO NC ANTVHLHdOMAd "1 [ON S'AHIOHOVN V HIdvT SION SONV'TA V HIdW'IIL ul] un] 39 JE HJEpn() d SL Dee, PnUr PT RUE / hi W AU] UNASN NP S9ATOI/ PL AAIT 6 TL, lom € [ re) du Mu es rchiv k PIX AV Archives du Museum Tom À A.Riocreux lith HA Wedd.et A Rivcreux del INEUM Linn. ) C COC CYNOMORIUM Inflorescence __Bractées__ Fleurs __ Fruit. PI. XXVI. Te Archwves du Muséum, Tom. À. DD ce Au HT RUE L4E LE EURE LE AUCH] ils eux hfh ï Rioc À {mp.Lemercier, Paris lorale —< Ï de la age À { + LC [es COCCINEUM Linn. OMORIUM (An Anatomie du rhizome adulte Developpement de la fleur © ____ Grame ___ Germination. HA Wedd del. Gide editeur { VII PL. X Archves du Museum, Tom X. Lord SR re orne mur TT PET, ts son 2 = nat re ue 1 1h 1! \! | Ait [e] nl hih 7 A Rigcreux * PK) EE Re 12 VX h É + JEANS ARC EN FOCREUTI 14 ANNEE Ji NAS NAAMASE EDR RU HO ANNEE 1 AR PANNE 1 JE Ne fie \ - fl 0 Ë « Hs] CYNOMORIUM COCCINEUM Linn * Paris. = fnp.Lernercier, ISME lil ras] ar u p anes d &: > it des © me € h1zo 2 jJEunenr L) Anatomie du e Gide édteur . Archives du Museum Tome X. PI,. XXVIII Humbert del et lith. MORÉUPAMEORGEPS OL NP PUNUSNSEBZE, Gide, Editeur. : Imp.Becquet, Paris BARON 19 | 9P } 1e q x EAU ; non | NP S9ATQOIT Archives du Muséum. Tome X. Humbert del etlith 1. NEPTUNUS DIACANTHUS. 2. N. MARGINATUS. 8. N. ASPER. Gide, Editeur. Imp Becquet, Paris. 0 Archives du Muséum. Tome X. DIR a re ee ST PIMIS b 6 DRE ES Humbert del et lith NN ETQUNUDSAGIBBESI. 21" N' CRUENTATUS D UNE LEMTS J 5 LT ARGENTATUS.s 5. N.RUGOSUS. 6 ACHELOUS AWVELT ET. Gide, Editeur CS CTI nr ‘X 9WOT WNeSNY] np SeAOIT Archives du M 7. 1 Y Museum.lome À. Humbert 1. ACHELOUS RUBER. 2. NEPTUNUS SNS RUGOSUS : 4" GONTOSOMA Archives du Muséum;,Tome X. PLIS 1. ACHELOUS ELONGATUS. 9. PLATYONYCHUS AFRICANUS 3. GONIOSOMA QUADRIMACULATUM 4. G. TRUNCATUM Gide, Editeur Imp.Becquet, Paris Archives du Muséum Tome X. DIFeR'e Humbert del et lith. 1. GONIOSOMA LINEATUM. 2. G. ROSTRATUM. 8. G. PAUCIDENTATUM. 4. THALAMITA STIMPSONI. à. NEPTUNUS SIEBOLDI. Gide, Editeur. Imp Becquet, Paris. Archives du Muséum. Tome X. He 26. ENTER ANT ANT CE" D EPORTUNUS. SUBCORRUC CHUSE. OC MIEATRUrS LC ‘es Ü ] Ù À cs >| C2 op des | ès) > F& — ue Gide, Editeur. Imp.Becquet, Paris JIAXXX ‘Id x 200 ] UM9SN}}] np SJATUOJ\7 Jn9)Ip} ‘ 2PIL) "SNOUAIMOHLNI SANIOUVOOLOHN ‘I ‘pe [ep 40 gum FN) ré | HU 0 2] En vente à la méme librairie : ATLAS DU COSMOS, contenant les Cartes astronomiques, physiques, thermiques, magnétiques, géologiques, relatives aux OEuvres de A. de Humboldt et de F. Arago ; publié sous la direction de M. J.-A, BarRAL. — 12 à 45 livraisons in-folio, composées de deux cartes et d’un texte explicatif. — Chaque livraison. 3 fr. » MA. ŒUVRES COMPLÈTES DE FRANÇOIS ARAGO, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, publiées d’après son ordre, sous la direction de M. J:-A. BarraL, ancien élève de l'École polytechnique, ancien répétiteur dans cet établissement. — 16 volumes in-8° de 600 pages environ; savoir : Astronomie populaire, # vol. — Notices biographiques, 3 volumes. — Notices scientifiques, 5 volumes. — Voyages scientifiques ([nstruc- tions, Rapports et Notices sur les questions à résoudre pendant les), 1 volume. — Mémoires scientifiques, 2 volumes. — Mélanges, 4 volume. — Chaque volume se vend séparément. . . , . . . . . 7 fr. 50 L'ensemble des OEuvres sera relié par des Tables générales, analytique, cosmique et de noms d’auteurs. — 1 vol. compacte à deux colonnes, accompagné d’un Portrait de FRANÇOIS Ar4Go ; d’une Notice chronologique | sur ses travaux, par M. Barraz, et du Discours funéraire, prononcé par M. FLOURENS. — Prix. 10 fr." » CoSMOS. — Essai d'une Description physique du monde, par À. DE HuMBOLDT, traduit par M. H. Faye, membre de l'institut, et M. Cu. GALuskY. — #4 volumes in-8°., — Chaque volume se vend séparément... 107 TABLEAUX DE LA NATURE, nouvelle édition avec changements et additions importantes, et accompagnée de notes, par À. DE Humsoror ; traduite sous sa direction par M. Cu. Garuskx. — 2 volumes in-12 avec sept cartes. PhixS 5,2 RTS a de MS CPE CR PS OR 9°fr: AR MÉLANGES DE GÉOLOGIE ET DE PHYSIQUE GÉNÉRALE, par À. De HümBoLoT,; traduits par M. Cu. GaLusKky. — 2 volumes in-8°. — Le tome 4*% est en vente. — Prix . . . . . … . . . . . . . SUITE VOLCANS DES CORDILLÈRES de Quito et du Mexique, par A. De -Humsorpr. — Un volume in-4° oblong | composé de 12 planches gravées en taille-douce. — Prix. . : . . . . . . . +. . . …... 8 fr. » al À ASIE MINEURE.— Description physique, statistique et\archéologiqué de cette contrée, par M. P. DE TOHIHATCHEFF. Première partie. — GÉOGRAPHIE PHYSIQUE COMPARÉE. —1 volume grand in-8° de 600 pages avec 12 planches. — Une grande carte de l'Asie Mineure en deux feuilles in-plano. — Un atlas grand in-4°, composé de'28 planches. PriR ES 2 4 LU n dense due lie doe De CR TREND Dre Deuxième partie. — CLIMATOLOGIE ET Z00LOGIE. — 1 volume grand in-8° de près de 900 pages, “avec plan- Ch, — Prix "Se RE SE. 0.) 00 + le cd 2e MR CURE Sfr. 209) Troisième partie. — BoTANIQUE. — 2 vol. grand in-8° d'environ 600 pages chacun. — Un atlas grand in-4‘, composé de £%"planghes gravées. AP OR CT OCR EN RUE 80 fr. » 1 NE RECHERCHES SUR LES PRINCIPAUX PHÉNOMÈNES DE MÉTÉOROLOGIE ET DE PHYSIQUE-TERRESTRE AUX ANTILLES, par M. CH. SAINTE-CLAIRE DEVILLE. — 2 volumes in-4° avec cartes et planches gravées. —\ be tome 1est'en ventes Pris, Lo. 22 ER OR EEE 15 fr. » DESCRIPTION DES ANIMAUX FOSSILES DU GROUPE NUMMULITIQUE DE L'INDE, précédée d'une Mono- graphie des Nummulites, par MM. A. p'Arcurac et Jules HaIME. Cet ouvrage est publié en deux parties : La première comprend la Monographie des Nummulites, avec la Description des Polypiers et des Échinodermes de l’Inde; la seconde traite des Mollusques bryozoaires, acéphales, gastéropodes et céphalopodes, puis des Annélides et des Crustacés. — Prix de l'ouvrage complet, 2 volumes grand 1n- 4°, accompagnés de Re (EE RAR AR PR AE PRE EE QUE n Cdi ee co à Me à à 60 fr. » publiés énkdeux parbies —="Phixtdetchaquemparte em Cr RU MR TR NT ET 15 fr » ANNUAIRE DES EAUX DE LA FRANCE POUR 1851-1854, publié par ordre du Ministère de l'Agriculture et du Commerce, et rédigé par une commission spéciale.— Un fort vol. in-4°, avec carte, divisé en deux parties. Première partie —'"Baux(dougesl "ait, RATE SR RP AE Ce 45 fr. » Deuxième partie. — Eaux minérales, livraisons 4 et 2. . . . . . . . . . . . : . . 15 fr: >. CATALOGUE DES COLLECTIONS DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE DE PARIS, publié par MM. les pro- MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE, deuxième série, tome IV à VI. — Ces volumes sont | fesseurs-administrateurs de cet établissement. Le catalogue de chaque collection se publie par livraisons. € Prix de. chaque livraison Se MEN RENE ER EN EEE PRE er GEST à DUT 0 C (A EN VENTE : Insectes Coléoptères, livr, 4 et 2. — Reptiles, livr. 4 et 2. — Mamaniféères, {re livr, Fe à Cp PARIS. — IMPRIMERIE DE J,'CLAYE, RUE SAINT-BENOIT, 7 CA F5 @) ï LS 2 _ \ , % - ut. scie Ml Cu LCD