^^!i;iP»l!«i! Hmi'ih'rf'r ^^^^B "^ HARVARD UNIVERSITY. LIBRARY OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY r/6-y Lyt/LiaA- r (S^dUvL 30 l?^3 A R (] H I V E S DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATUKELLE DE LYON TOME T R O I S 1 E M K l.YOïv. — i»M m 1 ^: EiuK tithat mniI, buk ckm'il, 4 AR(niI\ES DU MISÉUM irillSTOIRE NATl IIELLE T DE LYON TOME TUOISIÊME LYON IIENIU GEORG, ÉDITE II! I.IllItAlliK lil-: I.A KACI I.Tf, IIK MKIH'.CINE ET DU l,A l'Ai 65, m;i. ni. i.a iu p i: iiliqitk, 65 M A 1 K f ) N S A. G K N K ^' E ^V A 1 : A I , K 1883 LTi; \)i: DKOIT A LA .MEMOIRE EUGENE Dl MORTIER MEMBRE 1)K LACADEMIE DES SCIENCES, LETTRES ET UEAUX-ARTS DE l.A SOCIETE D A G B IC U ET U R E , SCIENCES NATURELLES ET ARTS CTILES BIENFAITEUR DU MUSÉUM d'hISTuIRE NATURELLE DE I. V U N NOTES SUR QIELQLES MAMMIFÈRES FOSSILES DE L'ÉPOQUE MIOCÈNE PAR M. H. FIL 110 L OBSERVATIONS RELATIVES A DIVERS MAMMIFÈRES FOSSILES PROVENANT DE SAINT GÉRAND LE PUY (Allier) Durant ces dernières années, mes études m'ont conduit à rechercher les caractères généraux de la faune des mammifères vivant en France pendant le cours de la période miocène inférieure correspondant, dans le bassin de Paris, à la formation (lu calcaire de Beauce. Le gisement de Saint-Gi'-rand le Puy, dans l'Allier, ni a fourni les matériaux nécessaires pour ce travail. Géologiquement les couches de Saint-Gérand le Puy correspondent en Auvergne aux couches moyennes de Gergovia. Elles reposent sur des terrains au milieu desquels existent de nombreux restes à'An/hracolherhcm, de C ainotherium et de [ilus rares débris du Lophio- meryx Chalaniati. Il semble que ce dernier horizon doive être rapporté à l'époque du dépôt des sables de Fontainebleau. Au-dessus des couches à calcaires et à Ancii. Mus. III. * 2 .MAM.MII''KRES FOSSILES DE SAINT-GÉRANI) LE TUY marnes de Saint-Gérand le Puy se sont constitués des terrains renfermant dans leur iijitérieur des débris de squelettes à'Anchllhcrium et de Mastodontes. Cet horizon correspond aux couches de Gergovia supérieur et à celles de la colline de Sansan dans le Gers. L'âge géologique des terrains de Saint-Gérand le Puy peut être ainsi précisé de la manière la plus certaine. Ayant limité mes recherches à un horizon géologique ])ien défini, jVii dû me préoccuper de réunir tous les restes de mammifères fossiles qui lui correspondaient. Une partie d'entre eux avait déjà été utilisée pour d'importants travaux dus à Geoffroy, à Pomel, à P. Gervais, tandis que d'autres n'avaient encore donné lieu à aucune publication. Les plus remarquables de ces derniers font partie des col- lections du Musée de Lyon et ils y avaient été réunis par les soins de Jourdan. Ce savant naturaliste en commença l'étude ; il reconnut que certains pouvaient provenir de formes génériques ou spécifiques nouvelles, et il donna aux mammifères auxquels ils avaient appartenu un nom basé sur les affinités qu'ils semblaient posséder. Les pièces les plus intéressantes avaient déjà été reproduites avec soin par de nombreuses figures lorsque la mort vint le surprendre au milieu de son œuvre. Ce sont les planches préparées par ce regretté naturaliste, qui accompagnent le travail que je publie aujourd'hui. Ce sont les échantillons précieusement et patiem- ment recueillis par lui, qui ont été mis de la manière la plus gracieuse et la plus bienveillante à ma disposition par ]MM. Lortet et Chantre. Je prie ces savants naturalistes de vouloir bien recevoir l'expression de ma reconnaissance pour toutes les facihtés de travail qu'ils m'ont procurées alors que j'étais venu me livrera des recherches paléontologiques dans le beau Musée dont ils ont la direction. AMPHICYON LEMANENSIS, Pomel Cynelos larigensis, Jourdan.^ Amphici/on gracilis, Pomel. — Amphicyon lephorti/nchns, Pomel. Ampjhicyon elacerensis, P. Gervais. Parmi les nomln-eux échantillons recueillis par Jourdan dans le bassin de Saint-Gérand le Puy on doit remarquer une tète de carnassier d'assez grande taille, trouvée à Billy près de Vareniies, avec le maxillaire inférieur en place. Jourdan, en déposant ces pièces dans le Musée de Lyon, les avait inscrites comme provenant d'un genre de carnassier encore inconnu qu'il désignait par le nom de Cynelos lan- [jensis. Ehes sont reproduites par les figures 3, 4, 5 de la planche I de ce travail. MAMMIKKHKS I'"C)SSI LIOS DH SAI XT-(.ÎHH.VN D LK P L' V 3 Le corps du maxillaifo inférieur est relativement assez allongé par rapport à la hauteur de l.i bi'.uiclu' uKiiilaule. Sa longueur depuis l'espace iutei'iiicisifjustp'à la portion l;i l'ins rcculoc du condylc est (h^ 0'",'i20. Sa hauteur au niveau de la première prémolaire est de 0'",2C) ; elle est de 0'",037 sous la carnassière et de 0'",081 entre le sommet de l'apophyse coronoide et le bord inférieur de l'os. Les incisives paraissent, comme celles de tous les carnassiers vivant à la même époque, avoir été très réduites. Elles étaient serrées les unes contre les autres et se trouvaient insérées sur deux: plans différents. La première et la troisième corres- pondaient au bord iilvéolaire, alors que la deuxième était implantée en arrière d'elles et venait engager le sommet de sa couronne entre leurs faces internes. L'espace occupé transversalement par ces petites dents était de 0'",004. Le bord postérieur de l'alvéole de la deuxième incisive était séparé du bord alvéolaire par un intervalle de 0'%007. Comme on le voit par ces chiifres, les incisives inférieures se trouvaient très considérablement réduites ipar rapport au reste di; la série dentaire. Les canines manquent, et elles paraissent avoir été assez fortes si l'on se reporte aux dimensions des alvéoles qui les renfermaient. En effet, chacune de ces cavités mesure 0'",021 de longueur et 0'",012 de largeur. L'espace occupé par les prémolaires et les molaires en arrière de la série dentaire était 0"", 105. Ce chiffre doit être décomposé de la manière suivante : espace cor- respondant aux prémolaires 0'",063; espace correspondant à la carnassière et aux deux tuberculeuses : 0"',042. La première prémolaire manque ; elle était uniradiculée, et les différents diamètres de son alvéole atteignent en longueur 0'" ,005 et en largeur 0'%003. D'après l'axe de la cavité qui la renfermait, cette dent devait avoir sa couronne dirigée un peu en avant. Elle se trouvait être insérée à 12 millimètres en arrière de la canine, et elle était séparée de la deuxième prémolaire par un intervalle de 0'%00i. Entre cette dernière dent et la troisième prémolaire existait un espace vide ayant 0'",005 d'étendue. Enfin la troisième prémolaire était distante de la quatrième de 0'",003. Cette dent et la carnassière se touchaient. La deuxième prémolaire était biradiculée et sa couronne ainsi que celle des dents suivantes avaient [)eu d'élévation. Le sommet de la couronne de la deuxième prémolaire correspondait sensible- ment à la portion moyenne de la dent; il était conique et légèrememt émoussé. Le bord postérieur avait une étendue un peu supérieure à celle qu'atteignait le bord antérieur. La forme de la troisième prémolaire se rapprochait beaucoup de celle de la 4 MAMMIFERES FOSSILES DE SAINT-GER AK D LE PUY deuxième ; les seules différences qu'il est possible de noter entre ces deux dents sont relatives au volume supérieur de la dernière, qui présentait d'autre part sur son bord postérieur un petit mamelon n'existant pas sur la première prémolaire. La quatrième prémolaire était beaucoup plus développée que les trois dents dont je viens de parler. Les premières prémolaires paraissent en quelque sorte atrophiées sur la presque totalité des espèces appartenant au genre Ampliicyon^ et je ne connais actuellement que V Amphicyon crucians qui ne présente pas ce caractère. Les diamètres de la quatrième prémolaire étant de beaucoup supérieurs à ceux des autres organites de même ordre qui la précédaient, il est toujours facile de la distinguer et de reconnaître le rang qu'elle occupait dans la série dentaire, si on vient à la rencontrer isolée. Je dois d'autre part faire remarquer que son sommet est plus arrondi et que son bord postérieur supporte un fort tubercule bien détaché, s'élevant au-dessus d'une sorte de talon formé par le bord postérieur, qui à ce niveau s'épaissit beaucoup et tend à se contourner en haut et en avant. Les dimensions des différentes prémolaires sont les suivantes ^ : 1"PRÉM0L. 2' l'RÉ.MOL. 3° PKÉSIOL. 4* rRKMOL. Longueur 0'",00fi() (),"'()()!)() 0™,010U 0'",0140 Longueur du bord antérieur . . ()">,oo:'.o ()'>',00GO 0"',0075 0"%0100 Longueur du bord postérieur . ()'",0()r)(i 0'",0U7O ()"',0075 0"',0100 Hauteur 0'",oo2r) 0"\005() ()"',0055 0"',0080 Epaisseur 0",00:!0 (J'",0045 ()'",(J050 O^.OOGO La carnassière est relativement allongée par rapport au reste de la série den- taire. Elle a lieux racines, comme chez les Canis et (voy. PI. L fig. 1 2); elle se distingue de la carnassière de ces animaux en ce que son lobe antérieur est plus abaissé. Le talon était assez court et très élargi. La portion moyenne de son bord externe s'élève et constitue une sorte de mamelon aigu. I^es bords postérieur et interne sont au contraire très abaissés, et ils présentent une série de petits mame- lons au nombre de quatre, qui. se détachant très près de la couronne, lui donnent un aspect déchiqueté. Le tubercule interne de la carnassière est très développé ; il est plus élevé et plus antérieur que sur les Canis, et il est en même temps plus détaché. Ce caractère est constant sur toutes les espèces d'AmjjhicyoJi de Saint- Gérand. Il résulte de la plus grande élévation en même temps que de la situation plus antérieure occupée par la pointe interne. La carnassière possède dans son aspect 1 Les tiiesures relatives à la jii-emicre prémolaire. celles concernant la carnassière et la première tuberculeuse, ont été (irises sur un deuxième échantillon. MAMMII'KUKS FOSSILKS MF, SAINT riKHAND l.K IMY 5 quelques chose rappclnnt un [hmi K^s lornics itarlicnlièros à la dcnl correspondante de Cynodictis et des Cynodon. Les mesures relatives à cette dent sont les suivantes : Longueur 0"',0-.^00 Hauteur 0"\0110 Hauteur (le la pointe interne (f'.OOSO Épaisseur du talon (i'",(i()95 La première tuberculeuse était forte par rapport à la carnassière; par la di- mension de sa partie antérieure, elle rappelle beaucoup la première tuberculeuse du Loup, mais le talon est plus fort et surtout beaucoup plus arrondi. Les dimensions de cette dent sont les suivantes : Longueur ()"',0140 Hauteur 0"',00(jO Hauteur du talon 0™,0045 Épaisseur 0'",0()S5 Épaisseur du talon O"',0U75 La deuxième tuberculeuse manque sur tous les échantillons. Les diamètres antéro-postérieur et transverse de son alvéole sont de 0'",0u7 et de 0^,00 45. La face externe du maxillaire ne présente rien de particulicM* à signaler. Les trous dentaires antérieurs sont au nombre de deux. li'un correspond à l'espace compris entre la première et la deuxième prémolaire, l'autre est situé au niveau de l'intervalle existant entre cette dernière dent et la troisième. Ces orifices sont situés, le premier à 0'",009 du bord alvéolaire, le second à 0'",011. La fosse massétérine est relativement peu élevée par rapport à sa largeur. L'ansrle de la mâchoire est bien détaché en arrière. Le condyle est développé dans le sens transversal ; il mesure 0'",030 de lon- gueur et 0"',011 de hauteur au niveau de son extrémité interne. Les collectionsdu Musée de Lyon renferment d'autre partune portion de maxillaire inférieur portant les prémolaires et la carnassière. Cet échantillon m'a paru impor- tant à signaler, car il semble provenir d'une variété de l'espèce à'Amphicyon à la- quelle appartenaient les maxillaires dont je viens do donner la description. L'on observe sur lui, que les dents étaient plus serrées et ne se trouvaient pas dès lors séparées les unes des autres, ainsi que je l'ai signalé en parlant des prémolaires. Je me bornerai à donner les diverses mesures relatives à ce fragment fossile. La première prémolaire était séparée de la seconde par un intervalle de 0"',U()2; 6 MAMMIFERES FOSSILES DE SAINT-GÉRAND LE PUY cette dernière dent était distante de 0 ",004 de celle qui la suivait. La troisième, la quatrième prémolaire et la carnassière étaient au contact les unes des autres. La longueur de l'espace qu'occupaient les prémolaires et la carnassière attei- gnait 0%073 au lieu de O^jOSS. Les mesures relatives aux dents sont les suivantes : 1 rRÉMOl.. 2 TRKMOL. 3 PRÉOML. 4PRÉM0L. CABN.ISS. Longueur. . 0'",0060 0'",0100 0^,0110 0™,0150 0»>,0220 Hauteur. 0 ,0030 0"',0050 0"',0060 O^.OIOO O'",0120 Épaisseur. . 0'",oo:30 O'",0045 0'",0050 0'",0065 0"',0100 La liauteur du maxillaire au niveau de la première prémolaire est de 0'",029 ; elle atteint de 0"',036 au niveau de la carnassière. Je crois que cette pièce peut servir à établir qu'il existait une variété à'Amphi- cyon lemanensis, dont le caractère distinctif était d'avoir des prémolaires plus serrées qu'elles ne l'étaient sur les échantillons actuellement connus de ce mam- mifère. J'ai pu d'autre part observer un maxillaire inférieur à'AmphicT/ou Lemanensis dans la colleclion de M. Alphonse Milne Edwards, et je rappellerai brièvement les caractères qu'il présentait, afin de multiplier autant que possible les observations relatives aux mammifères fossiles dont je m'occupe. Les comparaisons nombreuses peuvent seules nous éclairer d'une manière suffisante, pour bien apprécier les carac- tères généraux d'une espèce, et ne pas attribuer de l'importance à des faits dus simplement à la variabilité. La portion correspondant aux incisives et à la canine manque sur la pièce que je décris. L'os est lirisé au niveau de son bord inférieur jusqu'au point correspondant à la troisième prémolaire. Les dents manquent toutes, à l'exception de la pi'emière prémolaire. L'espace qu'occupait la série dentaire est de 0'",103. La première pré- molaire était séparée du bord postérieur de l'alvéole de la canine par un intervalle de O^jlO; la dent qui suivait était distante de 0™,005. Cette dernière dent et la troi- sième prémolaire étaient séparées par un espace vide mesurant 0", 006 d'étendue. Les dents qui suivaient étaient en série continue. Les mesures relatives à la première prémolaire, qui a subsisté, et aux alvéoles des autres dents, sont les suivantes : 1 PRÉMOL. SpHKMor.. 3 PREMnL. 4 PRÈMOI,. CARN'.\SS. 1 TURERC. 2 TUBERC. (alvéoles) (alvéoles) (alvéoles) (alvéoles) (alvéoles) (alvéoles) Longueur. . 0",0060 0'",01()0 0"\0125 0™,0ir.0 0"',0200 0'",0125 0'",00G0 Hauteur. . 0'",0Û3U 0»,OUiO 0™,0045 0'",0050 0">,0065 O">,00G0 0™,0050 MAMMIFHRES FOSSILES DE SAINT-GÉIIAND LK I>UV 7 L'espace occiiin- i^ar Ifs jn-i'inolaircs en arrière de la canine était de 0'" 06G- l'espace correspondant à la carnassière et aux tu])erculeuses était de 0'",037. Ces chiffres sont très peu différents de cenx indiqués plus haut. La hauteur du maxillaire est 0'",032 sous la carnassière et de 0"',Oil en arrière de la seconde tuberculeuse. L'épaisseur du corps de l'os atteignait 0'",011 au niveau de la carnassière. Les caractères présentés par les divers échantillons que je viens successivement de décrire me paraissent correspondre d'une manière indubitable à ceux de VAmjjhi- cyon nommé par Pomel Amjjhicyon Lemane^isis. Le savant paléontologiste que je viens de citer n'a donné de ce mammifère que la description suivante, qui est exces- sivement brève, mais, je crois, parfaitement suffisante pour la diagnose dont il s'agit : « Cette espèce est un peu plus grande que la précédente {Ampliinjon leptorJnjn- chus) et plus robuste dans toutes ses parties. L'os mandibulaire est haut de 0"',038 sous la carnassière et de 0'",031 sous la première molaire. La carnassière est plus épaisse à proportion, ayant 0™,01 de largeur sur une longueur de 0'", 021 à 0'",022. Les avant-molaires, également plus fortes, sont aussi plus persistantes K » Les différentes mesures que je viens de citer correspondent, à quelques millimètres près, à celles indiquées relativement aux maxillaires inférieurs dont je me suis occupé. J'ai noté pour le premier d'entre eux 0"',026 de hauteur au niveau de la pre- mière prémolaire et 0'", 037 de hauteur sous la carnassière. Le maxillaire inférieur faisant partie de la collection de M. Alph. Milne Edwards donne des chiffres un peu moins approchés : 0'",029 sous la première molaire et 0",032 sous la carnassière. Il y a quelques différences en millimètres entre ces nombres; mais des écarts se rapportant à des mesures semblables paraissent pi'ouver seulement que les Amp/ii- cyon de grande taille vivant anciennement sur le bord du bassin de Saint-Gérand le Puy variaient un peu dans leur développement. Ces dissemblances sont aussi peut-être en rapport avec le sexe des animaux dont nous découvrons les débris. Les études comparatives que j'ai faites dans le Musée de Lyon et dans diverses collections d'une grande série de maxillaires inférieurs à! Ampliicyons recueillis à Saint-Gérand le Puy, m'ont conduit à considérer la seconde espèce à' Am2)Jncyon (Amphicyon leptorhynchus) dont parle M. Pomel dans le passage de son travail cité plus haut, comme devant être rattaché à \ Amplùcyon Lemanensis. M. Pomel a donné la description suivante deVAmj^hicyon lepiorhynchxis : « 11 est un peu plus petit que notre Loup. L'os mandibulaire a la même forme ; il est assez grêle, n'ayant que 0™, 025 de hauteur sous la carnassière; les avant-molaires sont ' Pomel, Calai, melh. p. 70. 8 MAMMIFÈRES FOSSILES DE SAKNT- GÉRAND LE PUY très espacées, petites et caduques ; la carnassière inférieure, longue de 0™,020, est épaisse de 0'",008 seulement et plus comprimée que dans les autres espèces. Les canines, assez grêles, laissent entre elles un très petit intervalle pour loger les inci- sives, qui doivent être très entassées et petites ^ » J'ai pu observer divers échantillons offrant des dimensions identiques à celles indiquées par M. Pomel, mais j'en ai rencontré d'autres qui s'en éloignent en consti- tuant une série d'intermédiaires entre Y Amjohicyoii leplorhynchus et V Amjihicyon Lemanensis. Je signalerai tout d'abord un maxillaire inférieur correspondant presque exactement à celui que M. Pomel devait avoir devant lui lorsqu'il a tracé la description de ce carnassier fossile. Il se pourrait que ce fût un de ceux observés par M. Pomel, car ce savant paléontologiste a décrit beaucoup d'échantil- lons recueillis par M. Feignoux, et le Musée de Lyon s'est rendu acquéreur de la collection formée par ce naturaliste. La longueur de la série dentaire en arrière de la canine est de 0"",094 au lieu de 0'",i05 comme sur YAmjphicyon Lemanensis. L'espace occupé par les prémolaires est de 0'" 051 ; celui correspondant à la carnassière et aux tuberculeuses est de 0™ 043. La hauteur du corps maxillaire au niveau de la première prémolaire est de 0'" 024 elle est de 0'",028 sous la carnassière. Ce sont bien là les caractères attribués par M. Pomel à YAmjjhicyon leptorhynchiis. Les dents sont semblables par leur forme à celles des Amj)hicyon Lemanensis ; les mesures seules peuvent servir à les faire distinguer. Les chiffres qui leur cor- respondent sont les suivants : !•• PBÉMOL. 2' PRÉMOL. 3' PBÉMOL. 4' PRÉ-MOL. (Alvéole)- Longueur 0"\0050 0'",0090 0»,0090 0'»,0104 Longueur du bord antérieur. . » 0-,0060 0"\0070 0™,0101 Longueur du bord postérieur . » 0'^0070 0'",0075 0™,0I01 Hauteur » 0™,0045 0"S0050 0™,0075 Épaisseur 0">,0035 0»,0040 0™,0050 0-,0070 ' CARKASSIÈRE. l" TUBERCULEfSE. 2' TUBERCULEUSE. Longueur 0»,0190 0",0120 0'",0070 Hauteur O^.OllO 0'",0075 » Hauteur de la pointe interne .... 0™,0080 » » Hauteur du talon en dehors .... 0'",0070 0™,0040 Épaisseur 0-,0080 0'",0090 0'",0Û40 Épaisseur du talon 0™,0090 0"sOOSO » Si l'on recherche maintenant des formes intermédiaires, on en trouve de nom- 1 Pomel, loc. cit. p. "0. m.\.mmi1''i:kks rossir,KS i>k saint-gkiiaxi» i.i: itv 9 brcuscs et nanni elles j'en signalerai doux (ruiie manière particulière. La première est indiquée par un maxillaire faisant partie des collections de M. Alph. ^lilne Edwards. Les proportions sont un peu supérieures à celles que je viens de men- tionner et tendent dès lors à établir un premier rapprochement centre VAuijihlriina (qjlurhi/ncliiis et Wlmjihicj/on Ijcnudiensis. La longueur de la série dentaire en arrière de la canine est de 0"',1(); au lieu de 0'",09i. L'espace occupé par les prémolaires est de 0'",0G1, celui correspondant à la carnassière et aux deux tuberculeuse est de 0"',039. La hauteur du corps du maxillaire est deO"',02G au niveau de la première pré- molaire et de 0"',032 sous la carnassière. Les mesures relatives aux prémolaires sont les suivantes : 1" PBÉMOl. 2- rRÉuoL. ;i niÉMOL. 4 l'RlhlOL. (MvOolo). Longueur . 0"',0060 O'",00S5 0'",0100 ()'\0{2:^ Hauteur. . « 0"',004."î 0'",0050 0'",(K)80 Épaisseur . . 0'-",oo:!() ()"\(J()-'i() 0"',OO.iO ()"\00(j.j Les mesures relatives à la carnassière et aux tuberculeuses sont les suivantes CAKNASSlftRE. •l- TCEEllC. s- TUEERC. (Alvéole). (Alvéole). (Alvéole). 0"",021 0'",013 0",()0!) 0",008 0"',007 0"',004 Longueur Largeur 0",008 Sur le maxillaire dont je viens de parler, la hauteur du corps de l'os est de 0'",032 sous la carnassière ; elle est un peu plus forte sur un échantillon faisant partie des collections British du îtiuseum, qui par l'étendue de la série dentaire, par le volume des dents, sa forme constitue un dernier passage kV AnqMcyon Leiua- nensis. La pièce dont je vais indiquer les principales dimensions est inscrite sous le numéro 26732 au catalogue du Musée de Londres. La hauteur du maxillaire au niveau de la première prémolaire est de 0'",028. Elle est de 0'",035 au lieu de 0"',032, comme sur le maxillaire dont je viens de parler en dernier lieu, au niveau de la carnassière. L'espace occupé par les prémolaires, la carnassière et les tuberculeuses est de 0"',103. Ce chiffre se décompose de la manière suivante : étendue de la série des prémolaires 0'",066; étendue de l'espace occupé par la carnassière et la première tuberculeuse : 0'",0.37. La hauteur du cjrps du maxillaire étant de 0''',02S sous la première prémo- laire et de 0"',035 sous la carnassière, ces mesures montrent que sur le sujet dont Ancii. Mus. ni. 2 10 MAMMIFÈRES FOSSILES DE SAINT-GKRAND LE PUY provient cette pièce, la mandibule avait une forme semblalile à celle de l'échantillon faisant p;vtie de la collection de M. Alpli. Milne Edwards. Les prémolaires étaient seulement moins serrées et la carnassière et les tuberculeuses un peu moins déve- loppées. Les mesures relatives aux prémolaires sont les suivantes : !•• PSÉMOL. 2- PRÉMOL. 3' PEÉMOL. 4" PBt.MOL. (Aréole). Longueur . . 0"",00o0 O^-.OOSS 0",0100 0"',0120 Hauteur ...» » 0"",0045 0"',Û060 Épaisseur . . O^.OOSO O-.OOSo 0"',0040 0'»,0050 Les dimensions de la carnassière sont . Longueur 0'",U220 Hauteur maximum 0'",0120 Hauteur du bord antérieur O'",0050 Hauteur do la pointe interne 0"',OOS() Hauteur du talon eu dehors 0"',006U Épaisseur 0'",0090 L'épaisseur du corps du maxillaire au niveau de la carnassière est de 0,008. Si Ton réuiiit les observations précédentes, on arrive à constituer un premier tableau relatif à la longueur de la série dentaire en arrière do la canine sur les uimjjhlci/on Irptarlnjachus et Leinanensis. LONGUEUR DE LA SERIE DEST.^IKE ÉTENDUE DE L'ESPACE OCCCPÉ ÉTENDUE DE L'eSPACE OCCUPÉ PAR LA PAR LES PREMOLAIRES CARN.ASSIËBE Ef LES TUBERCULEUSES 0"",105 O-^.OeS 0'",042 O'^.ios o-^.oee 0'",037 o™,ioo o^.oei o^.oso 0'",0U4 0",051 0"',043 D'autre part l'on peut étal)lir un second tableau concernant la hauteur du corps du maxillaire en conservant l'ordre précédent de classification des échantillons. LO.XGUEUR IIE LA SÉRJE IiENTAlBE H.iUTEUR DU MAXILLAIRE SOUS LA PREMIÈRE HAUIEUR DU MAXILLAIRE SOUS LA l'RÉMoLAIRE CARNASSIÈRE o^.ioo 0"',o26 o^.oa? 0'",103 0'°,028 C^.OSS OMOO 0",026 0"',032 0",094 0-",024 G"',028 Si Ton examine les chiffres correspondant à la hauteur du corps du maxillaire sous la première prémolaire, on voit que l'on peut les grouper de manière à former M.V.MMIFKKKS I-'OSSILKS DE SAINT CHUAM) LE PUV li la série suivante : 0" ,028 ; 0 " ,02(3 ; 0 ,025 ; 0 ",02 i, et l'on constat) en mémo temps qu'il n'y a pas de rapport entre l'étendue de la série dentaire et la hauteur du corps du maxillaire sous la première prémolaire. Les mêmes observations peuvent être faitos rolativement aux chiffres correspon- dant à la hauteur du corps du maxillaire sous la carnassière. L'on peut former la série de chiffres suivante : 0'",037 ; 0,"'035;0",032; 0'",02S. Ancun de ces nombres n'est encore en rapport avec l'étendue de la série dentaire. 11 résulte d'une manière bien évidente de l'exposé de ces faits que l'on ne saurait actuellement considérer avec les nombreux matériaux des comparaisons que nous possédons les Amphici/on leptorhynchus et Lemanensis comme constituant deux espèces distinctes. J'ajouterai que relativement aux pièces dont je viens de parler, je serais porté à penser que les différences de force et de taille qu'elles indiquent sont probable- ment dues seulement à l'âge et au sexe. Je dois faire remarquer d'autre part que les chiffres indiqués par ]\I. Pomel pour V Amphicyoii lepiorhijnclms ne donnent pas la limite inférieure de la taille pour cette forme. La collection du Musée de Lyon, celle de [M. Aljih. Milne Edwards, celle de M. Julien, la mienne, renferment des maxillaires fournissant des mesures bien moins élevées. J'appellerai tout d'abord l'attention sur un maxillaire provenant de la collection Feignoux et faisant actuellement partie du ^lusée de Lyon. L'étendue de la série dentaire en arrière de la canine est de 0'",087. Ce chiffre est inférieur seulement de O^jOO? à celui correspondant au maxillaire que j'ai considéré comme devant constituer très probablement le type de la forme nommée par M. Pomel Amphi- cyoïi lepiorlupichus. L'espace occupé par les prémolaires est de 0'",051 ; celui correspondant à la carnassière et aux tuberculeuses est de 0'",036. La hauteur du maxillaire, au niveau de la première prémolaire est de 0",021, et elle est de 0'",027 sous la carnassière. Les mesures relatives aux prémolaires sont les suivantes : Longueur. . Largeur .... Hauteur .... La carnassière et les tuberculeuses mesui*ent 1" PRÉMOL. 2' PRÉMOL. 3' PRÉMOL. V PRKMOL. (alTtole) l(alTéol«) 0™,0040 0",0065 o^-.ooss 0™,0120 O^.OOBO 0'°,0020 0",0043 0'",u;J50 » » 0-",004() 0'",0070 12 MAMMIFERES FOSSILES DE S AINT-GER AND LE PUY CARNASS. !'• TLBllB. 2" TUEER. Longueur 0™.0170 0"\0i-0 0"',0070 Hauteur 0"\0110 0"',00(i0 « Hauteur de la pointe interne. . O^.OOTO » » Épaisseur 0"',0070 0-,0070 0'",0040 Épaisseur du talon .... 0'»,0075 0"',00G5 » Je signalerai comme indiquant une taille encore plus réduite un maxillaire infé- rieur faisant partie de la belle série de fossiles recueillie à Saint-Gérand le Pu}'' par M. Julien. La longueur de la série dentaire de cet échantillon est de 0"\080 au lieu de 0'",0S7 comme sur le maxillaire précédent. Ce chiffre doit être décom- posé de la manière suivante : étendue des prémolaires, 0™,045 ; étendue des molaires 0"',03b. La hauteur du corps du maxillaire sous la première prémolaire était de 0"',022 et elle atteignait 0'^, 026 sous la carnassière. Les mesures relatives aux prémolaires sont les suivantes : 1" mÉM. 2° PBÉM. 3" PRÉM. i' PREM. Longueur . . . 0",0040 0'",0075 0"',0082 0™,0114 Hauteur .... 0"'.0020 0™,0040 0'",0040 0™,00G0 Épaisseur. ... 0™,0025 0'",0032 0"',0032 0'",0045 Les mesures relatives à la carnassière et aux tuberculeuses sont les suivantes : Longueur, CARN.\SS. 1" ' TUBER. 2' TUIÎER, (••avfoio) (;ilvéole) 0™,0170 0" ',0110 0'",007U 0-",0100 » » 0^,0070 » » O^'.OOÔO » » 0"\0070 0'" ,0040 0"',0032 Hauteur maximum Hauteur de la pointe interne. Hauteur du talon (bord externe) Epaisseur du talon. . . , . . Les chiffres précédents sont intéressants à constater parce qu'ils nous montrent que sur un maxillaire à'Amjjhicî/on dont la série des prémolaires et des molaires est longue de 0'",080, l'espace occupé par la carnassière et les tuberculeuses est, à 2 miHmùtres près, le même que sur un maxillaire dont la série des prémolaires et des molaires égale 0'",103. La différence en longueur de la série dentaire est relative aux dimensions un peu plus faibles des prémolaires et surtout à leur plus grand espacement dans le maxillaire le plus fort. La même observation doit être faite pour toutes les mandibules examinées précédemment. Le jilus grand écart existant dans l'étendue de la série de la carnassière et des tuberculeuses atteint seulement 0",008, alors que celui ayant rapport aux étendues relatives des séries des prémolaires s'élève à 0"',021. .M A M M I !•' K, R i; s KOSSILHS 1)K SAINT (H';UAM) L1-; l'UV 13 Sur un maxillaire d'Amphici/on provenant toujours de Saint-Gérand le Puy et faisant partie de mes collections, rétendu(^ de la série dentaire en arrière de la canine est de 0'",071, l'espace occupé par les [)roniolaires est de 0"',034 et celui cor- respondant à la carnassière et aux tuberculeuses de 0"',037. La hauteur du corps de l'os sous la première prémolaire est de 0'",017 ; elle est de 0"',022 sous la carnassière. La taille la plus réduite est indiquée par un maxillaire faisant partie des collec- tions du -Musée de Lyon. La longueur de la série dentaire en arrière do la canine est de 0'",0G1. Ce cliilire doit être ainsi décomposé : étendue de la série des pré- molaires : O'", 030, de la carnassière et des tuberculeuses 0"',031. La hauteur du corps du maxillaire est de 0'",0i6 sous la première prémolaire est de 0"',019 sous la carnassière. J'aurais pu multiplier ces exemples, mais ceux que je viens de signaler me parais- sent bien suffisants pour montrer dans quelles limites la variabilité s'exerçait rela- tivement à VADqihicjjoii Lemanensis. Ils me semblent également démontrer que le caractère de la sc'rio dentaire inférieure consiste dans l'étendue de l'espace occupé par la carnassière et les tuberculeuses, étendue oscillant entre 0^,031 et 0'", 013. Ce sont là des résultats bien positifs devant être utilisés pour la diagnose de ÏAni- phici/o)i Lemanensis. Je terminerai l'étude relative au maxillaire inférieur de l'espèce de carnassier fossile dont je m'occupe en exposant les caractères d'une pièce provenant d'un indi- vidu jeune. Cet échantillon fait partie des collections du Musée de Lyon, et les obser- • valions auxquelles il donne lieu peuvent être employées dans le cas oîi l'on rencon- Irererait une mâchoire inférieure d'Amphicyon Lemanensis non adulte. Sur la pièce dont je parle toutes les dents permanentes avaient fait leur évolu- tion, à l'exception de la canine et de la deuxième tuberculeuse. Les deux incisives internes étaient situées immédiatement l'une au-dessus de l'autre, et étaient à peu près égales en volume. L'incisive externe était beaucoup plus forte, à en juger parle diamètre de son alvéole. Les mesures relatives aux cavités qui logent ces petites dents sont les suivantes: !'• ISCISIVK S' INCISIVE i* IXC SIVE Longueur 0'",0iJ20 0'", 00.^0 0"\0050 Largeur O^-.OOlô U"',0020 O^.OOiO La canine, ainsi que je l'ai indiqué plus haut, n'est point encore sortie de son alvéole, la pointe seule de la couronne fait saillie à l'extérieur. Un espace de 0,003 sépare le bord postérieur de l'alvéole de cette dent du bord antérieur de la première prémolaire. U MAAiJNilFERES FOSSILES DE SAINT-GE RANI) LE PUY Les (lents, dans le jeune âge, étaient serrées, ainsi qu'on peut le constater sur l'échantillon que je décris. L'écartement des prémolaires chez les Aniphicyon me paraît devoir être rapporté dès lors dans certains cas à l'influence de rà,ge. Les pi'émolaires, la carnassière et la première tuberculeuse ont sul)i leur évo- liitiou. La deuxième tuberculeuse est encore eno-ao-ée au niveau du liord antérieur de la ])ranche montante, mais il est facile de voir, en examinant la pièce, qu'un laps de temps très court devait suffire pour que cette dent descendît au niveau de celles qui l'avaient précédée. Les mesures relatives au diamètre antéro-postérieur et transverse des alvéoles sont les suivantes : 1" PRF.MOL. 2" PRÉMOL. S* PRÉMOL. 4" PRRMOL. Alv. aiit. — Alv. posl. Alï. ant. — Alv, post. Alv. .iiiL — Alv, nost. Diamètre autéro-iiostérieur. . U^.OOOO 0'\0030 0'",0045 0"\0040 0™,0050 0'",0050 O'",O0GO — transverse. . . 0™,0025 0'",0030 0"",0Û40 0",0030 O-^.OOiO 0"',0035 0™,0040 CARN.VSSIKRE 1" TUBERCULEUSE £' TfBERCULEUSE Alv. ant. — Alv. post. Alv. ant. — Alv. post. Diamètre antéro-postérieur. . . O^-.OOGS 0-,0090 0"",0050 0'",0U70 0"',0075 ' — transverse U^.OOÔS O'",0065 0"',OOtiO O'",0060 (r,0050 La face externe du maxillaire présente trois orifices. Le premier correspond au bord antérieur de la première prémolaire ; le second , à la partie moyenne de la deuxième prémolaire ; le troisième, au niveau de la lame osseuse séparant l'alvéole postérieur de la deuxième prémolaire et l'alvéole antérieur delà troisième. Ces orifices se rapprochent d'avant en arrière du bord alvéolaire. Il est facile de se rendre compte de cette disposition en examinant les chiffres suivants : Distance séparant le trou mentonuier antérieur du bord alvéolaire; 0'",0075. Distance séparant le trou mentonuier moyen du bord alvéolaire : O'",0000. Distance séparant le trou mentonnier postérieur du bord alvéolaire : 0"',0050. La hauteur du corps de l'os est de 0'",020 au niveau de la portion moyenne de la deuxième prémolaire ; elle est de 0'%019 au niveau de la partie moyenne de la carnassière. La longueur de la mandibule est de 0'",135, mesurée depuis le bord inei- sisif jusqu'à l'extrémilé la plus reculée du condyle. La largeur de la branche montante de la màclioiro, mesurée à partir du bord anté- rieur de la deuxième prémolaire jusqu'à l'extrémité du condyle, est de 0'",0i5. La hauteur du sommet de l'apophyse coronoide, au-dessus du bord alvéolaire, est de 0"',050. La hauteur du bord supérieur du condyle au-dessus de l'angle de la mâ- choire est de 0'", 021. La tète de VAxijjhici/on Lemnnensis n'a point encore été décrite. Elle a été MAMMII-'KKES FOSSILES DE SAI^'T -GEU A NI» LE I' C V 15 représentée sur la plaiiclK' 1, (ig\iresl et 5, sous la direcLion do Jounlan à p('u pivs aux trois ciri(]ui(>nies do la grandeur naturelle I-a longueur de la tète, mesurée depuis le bord incisif jusqu'au sommet de l'ocoi- pital, est de 0'", 323. La largeur mesurée au niveau de la portion la plus convexe des apophyses zygoniatiques, est de O'^jl^O- L'i tète étaitpar conséquent très allon- gée par rapport à la largeur. Si l'on compare V Amphiq/on Lemanensis au Ccphalo(j(dc Gcoffrojj, dont la tète est également dans le ÎNIusée de Lyon, l'on constate au point de vue de la longueur et de la largeur des différences énormes qui séparent de la manière la plus nette ces deux types zoologiques. Si l'on examine tout d'abord la série dentaire supérieure de VA^nplùcyou Lema- nensis, l'on remarque que les incisives étaient très fortes relativement aux dents correspondantes existant à la mâchoii^e inférieure. Les deux premières d'entre elles étaient sensiblement égales en foi'ce, alors que la troisième était d'un volume double suivant ses différents diamètres. L'espace occupé par ces dents est de 0'",013 de chaque côté. Un espace lijjre de 0'",0095 d'étendue sépare la troisième incisive du bord antérieur do la canine ; cette dent, comme celle qui lui correspond inférieurement, est forte par rapport aux pré- molaires. Elle mesure 0™,018 suivant son diamètre antéro-postérieur et 0"',0i3 sui- vant son diamètre transverse. Sur le sujet que j'étudie, la canine est usée à son sommet, d'après un mode seml)lable à celui qu'on observe sur les Ours des caver- nes {Ursus spelœus). Sa longueur est, mesurée à partir (hi boni alvéolaire, de 0"',033 pour lo bord antérieur et de 0'",02.5 pour h Ijord postérieur. Les pi^émolaires, ainsi que je l'indiquais plus liant, sont réduites et en même temps implantées sur le bord alvéolaire à une assez grande distance les unes des autres. La première d'entre elles était uniradiculée et située à 0"',0005 du bord posté- rieur de l'alvéole de la canine ; elle était séparée de la dent suivante par un inter- valle de 0'",007. La couronne présentait un sommet mousse et déprimé. Son bord antérieur était court par rappoi't au bord postérieur. D'autre part l'élargissement de la dent comparé à son peu de hauteur lui donnait un aspect caractéristique. La deuxième prémolaire manque des deux côtés; elle paraît, d'après la portion qui en a subsisté, avoir eu beaucoup de ressemblance avec celle qui venait après elle. La troisième prémolaire, placée à 0",0075 en arrière de la dent précédente, pos- sède un diamèTre antéro-postérieur étendu ; sa couronne abaissée a un som- met conique et mousse à sa terminaison. Par son extrémité postérieure cette dent est en contact avec la carnassière. Les deux bords de la couronne sont sensi- blement égaux et l'on ne trouve sur eux aucune trace de tubereule ou de mamelon. U; MAMMll''K|{l';s I''0SS1I,KS 1)10 SAINT-OÉRANI) LH TUY L;i tMiMiassiôi'o cl la iiri'inii''rt! Luhci'i'iileiise maïuiueiiL sui- cet cchaulilloii. ,T;uu'ai a r(>\ciiii' sui' fivv (li'iils cil [lai-lant d'autres pièces sui* lesquelles j'ai [)u les obscr- VCl'. La (Iciixicinc liihcrciilciisc csl eu place. V'ilc ost tivs forte, et sou talon, par suite ([(> l'usiu'c |n't)lbuile ([u'il a subie, [lai'aîl l'I'liK' eu dedaus. Ce n'est bien evidcni- lueul, la qu'une api^arenoe dui> à Tusurc de la couronne, (jui clicz tous les Amphi- ci/oii lie Saiid.-(u'raud le l*uy est' épaissie sur ses bords de manière à constituer une crcto saillante au-dessus du colle!, (liiez les sujets ùgés, cette partie de la dent disparaît, cl si fou n'clail alors [»révcuu. l'on si'rail aiiieué à considérer les tuberculeuses de certains Ai>ij)ht('i/Oii coiuuu> tbil diUerentcs. ,)'ai eu déjà l'oc- oasion daus des travaux antérieurs do faire remarquer que l'obsei^vation pré- eédonlo doit étro étendue à beaucoup d'autres carnassiers ayant vécu durant ré[)oque inioeène inférieuro. Quelques auteurs, n'ayant pu faire ces remarques, ont cru voir daus la forme plus oflilce do la tuberculeuse un caractère d'espèce, alors (|u"il ne s'agissait cpie d'une sinqdc modilication due à l'Age plus ou moins avance de l'auiuial dont ils (diservaient les débris. La troisième tuberculeuse manque ; mais elle a laissé sur l'os brisé à son niveau des traet>s évidentes de son existence ancienne. Les mesures relatives aux dents qui ont subsisté mi aux alvéoles de celles qui mit disparu, sont les suivantes: Mesures relatives aux prémolaires: l" FBKM. 2* rilKil. S* rRKM. Longueur 0"-,00r.7 0'",0150 0"\0il5 Longuour du boni antérieur. . 0'",0050 >^ 0'",00S0 Longuenr.Ui bord postérieur . (V",OOriO » 0"\OOSO Hauteur ()"', 00-15 » 0"\00Ô5 Épaisseur 0"S0040 0'",0045 0"\0050 C\UN-.VSS. «"TroKU. S'TLBnR. s* Tl'BKR. Longueur. . . . O^.OITO 0'»,0150 0"',0130 « Largear. . . . 0",01'iO 0",0i90 0'",0i77 « 11 est difticilo, on étudiant la face, de se rendre un compte exact dos sutures cor- respondant a runion des ditVérents os qui la composaient. Cela lient à ce que l'animal dont provient la léte que je décris était très avance en fige. Je mention- nerai en particulier comme ayant disparu de la manière la plus complète la ligne de séparation des intermaxillaires et des maxillaires supérieurs. L'oritico antérieur des fosses nasales avait une direction un peu oblique en ar- rière; les os propres ilu nez étaient forts, d'après ce qu'il est possible de voir par mammifi:hi<:s kossilks dI'; sainj' f;i>iiAMj li-: im y n leur i)ortioii bUpL-neiire (lui seule a subsisté. Ils s'effilaient en airière, ne c juser- vant pas la nièiue largeur à leur sommet qu'à leur base. Les traces de leur suture avec les os maxillaires supérieurs sont bien marquées et l'on peut, d'après ces indi- cations, retrouver la longueur de leur bord externe, qui était de O^jOTT. L'écarte- ment existant entre le sommet des sutures naso-maxillaires, au niveau de la partie supérieure de l'orifice des fosses nasales, est de 0"',0275. Le front est fuyant en arrière et légèrement convexe dans tous les sens. Il était un peu élargi au niveau des apophyses postorbitaires, mais il se rétrécis- sait rapidement à partir de ce point. Les crêtes frontales étaient arrondies et il existait une toute petite dépression du front en avant de l'origine de la crête sagit- tale. Cette dernière à sa naissance, fait suite d'une manière insensible à la ligne frontale. L'espace compris entre les apophyses postorbitaires est de 0"',Oli. La hauteur de ces saillies au-dessus du bord alvéolaire est de0'",059, et d'autre part la distance comprise entre elles et le bord postérieur de l'alvéole de la canine est de 0", 120. La voûte palatine est un peu élargie au niveau des canines et elle se rétrécit en arrière de ces dents jusq'au niveau de l'intervalle compris entre la deuxième et la troisième prémolaire. Elle acquiert son maximum de développement transversal au niveau de la portion moyenne de la première tuberculeuse ; puis à partir de ce point elle se rétrécit brusquement jusqu'au niveau de la troisième tuberculeuse. Les me- sures suivantes permettent d'apprécier facilement ces divers caractères : Longueur de la Toûte palatine depuis le bord palatin postérieur jusqu'au bord incisif. 0'°, 144 Largeur de la voûte palatine en arrière des incisives 0'°,034 — du bord postérieur des canines .... O^jOSG au niveau de la deuxième prémolaire 0'",037 — au niveau de la portion moyenne de la l' tuberculeuse 0'°,040 au niveau du bord postérieur de la 3' tuberculeuse. 0™,037 Le crâne a, comme la face, un développement antéro-postérieur assez étendu. La crête sagittale mesure 0"°,li8 de longueur. Elle est très détachée et très élevée au-dessus des saillies des bosses temporo-pariétales. Je ne connais pas de car- nassier présentant un semblable développement de cette partie du squelette. L'occi- pital est très rejeté en arrière dans sa partie supérieure, aiijsi qu'on peut le voir sur la figure 5 de la planche L La hauteur de son sommet est de 0'°,052 au-dessus du bord supérieur du trou occipital; sa largeur maximum est de 0'°,052. Le trou occipital a ses diamètres verticaux et transversaux sensiblement les mêmes, 0'",023. Au niveau de la partie moyenne du bord supérieur et du bord inférieur du trou Ancn. Mes. lU. ' 18 MAMxMIFERES FOSSILES DE SAINT-GBRAND LE PUY occipital existe une profonde échancrure de l'os. I^es condyles sont assez obliques de haut eu bas. d'avant en arrière et de dehors en dedans. Ils mesurent 0",03i de longueur et 0'",012 d'épaisseur maximum. L'étude que j'ai faite de la base du cr;uie m'a fourni des indications absolument identiques à celles que je mentionne plus loin relativement à un échantillon mieux préservé. Les rapports des apophyses jugulaires et mastoïdes avec les bulles tym- paniques sont les mêmes. Les orifices du trou condylien, du trou déchiré postérieur de la trompe d'Eustache, du trou ovale et du canal sphénoïdal, occupent des positions exactement semblables à celles qu'elles possèdent chez les Canidés. J'ai pu compléter les observations précédentes en étudiant une portion de maxil- laire supérieur qui appartient aux collections du British Muséum. Cette pièce est inscrite au catalogue sous le numéro 30975. Elle comprend une portion de la voûte palatine, portant d'un côté les deux dernières prémolaires, la carnassière, et des deux côtés les deux premières tuberculeuses et les alvéoles de la troisième. La longueur de la série dentaire à partir du bord antérieur de l'alvéole de la première prémolaire est de 0'",095. La première prémolaire est séparée de la seconde par un intervalle de 0™,007 ; cette dernière de la troisième par un espace de 0'",004, et enfin la quatrième prémolaire est distante du bord antérieur de la canassière de 0'",002. La deuxième prémolaire est très abaissée et relativement très longue ; il en est de même de la dent qui la suit. La carnassière participe par sa longueur et par son étroitesse des caractères que je viens d'indiquer pour la prémolaire. La forme de ses lobes est semblable à celle des Canis. Sa racine interne est sensiblement sur un même plan transversal que celui de la racine antérieure et externe, et la par- tie de la dent qu'elle supporte s'unit insensiblement à la face interne du premier lobe. Mais ce n'est là qu'une apparence due à l'usure. Sur un sujet plus jeune faisant partie de la collection de British Muséum n° 30S79, on voit que la racine portait un petit mamelon qui semble produit par un épaississement du liourrelet. La première et la deuxième tuberculeuses sont très fortes. Elles sont constituées en dehors par deux tubercules bien séparés sur la première dent, plus unies sur la seconde. Eu dedans existe un fort talon présentant une crête mousse s'arron- dissant en forme de croissant pour venir appuyer par ses extrémités sur la face interne des tubercules externes. La dent est limitée à son extrémité interne par un fort bourrelet retroussé. La longueur du talon n'est pas la même sur les deux tuberculeuses, elle est plus forte sur la seconde que sur la première (diamètre antéro- postérieur). Ainsi elle est au même niveau de 0'",OiO sur la première et de 0™,012 sur la seconde. MAMMIFÈRKS FOSSILES DE SAINT GÉRAND LE PUY 19 La troisième tuberculeuse manque ; elle était supportée par trois racines. Los mesures relatives aux deux prémolaires subsistant sont less uivantes: 2* rHKM. 3' PRKM. Longueur (»-,0ll0 0'".0120 Largeur O'",()040 O'-.OO.jO Les mesures relatives à la carnassière et aux tul)erculcuscs sont : CAKNASS. 1"TUUER. 2" TUBEIl. 3* TfBER (alvoolr) Longueur .... 0"\01U() U'.OIGU O-^.Ui^O 0",0980 Largeur .... O^.OIOS 0'",0190 0",0185 0"',0120 La loii.uueur de la portion de la voûte palatine comprise entre le bord postérieur de l'alvéole de la première prémolaire et le bord palatin postérieur est sur la ligne médiane de 0"',095. Un orifice palatin existe au niveau de la racine antérieure de la troisième prémolaire. La lar-eur de la voûte palatine au niveau du bord interne de la deuxième prémolaire est de 0'",Oil ; elle est de 0",Oir) (3utre les racines internes de la carnas- sière, et de 0",02() entre les racines internes de la troisième tuberculeuse. L'apo- physe zygomatique a son origine antérieure au niveau de la racine antérieure de la deuxième tuberculeuse, et elle est séparée en ce point du l)ord alvéolau-e par un espace de 0'",00S5. Le canal sous-orbitaire, qui s'ouvrait au niveau de la racine antérieure de la canine, était séparé du bord alvéolaire [)ar un intervalle de O^jOii. Durant ces derniers mois j'ai obtenu des gisements fossilifères Saint-Gérand le Puy une portion considérable de tête à'Amphicijon Lemanensis , ce qui me permet de compléter utilement les observations précédentes. Le fragment que je possède comprend toute la face et la portion antérieure du crâne, ce dernier ayant été brisé au niveau du point d'origine de la crête sagittale . La voûte palatine mesure O'", 122 de longueur ; ce chiffre est inférieur de 0-",022 à celui que j'ai noté relativement à la tète découverte par Jourdan. Les mesures relatives à la largeur de la voûte palatine senties suivantes : Largeur de la voûte palatine en arrière des incisives O"',0280 en arriére du bord postérieur des canines 0'",0320 au niveau de la deuxième prémolaire ()™,03i0 — au niveau de la portion interne de la première tubei-culeuse . . . O^.OSTO — au niveau de la pjrtion interne de la troisième tuberculeuse. . . 0'",03SU 20 MAMMIFERES FOSSILES DE SAINT^GERAND LE PUY L'espace occupé par les incisives de chaque côté de la ligne médiane est de 0'",013 ; ce nombre est le môme que celui indiqué relativement à l'échantillon pré- cédent. Les incisives manquent toutes et leurs alvéoles sont assez bien conservés pour qu'on puisse évaluer très exactement leurs dimensions. 1" INCIS. 2* INCIS. 3° INCIS. Diamètre antéro-postérieur. . . . 0™,005 0™,007 0"',009 Diamètre transverse {r,002 0^,004 0">,0U7 Comme on le voit par les nombres précédents, les incisives allaint en croissant de volume de dedans en dehors, et la dernière d'entre elles était remarquablement puissante. Un intervalle de 0'%005 sépare le bord postérieur de l'alvéole de la troisième incisive du bord antérieur de l'alvéole de la canine. Les canines manquent des deux côtés sur la pièce que je décris^, et les cavités qui les renfermaient sont complètement préservées. Elles mesurent 0'",018 d'avant en arrière etO",Oi transversalement. La longueur de la série dentaire en arrière de la canine est de 0'",093. Sur l'é- chantillon du Musée de Lyon la même mesure correspond au chiffre de 0'",099. La première prémolaire manque, elle était située à 0'",004 en arrière de la canine et à 0"',0045 du bord antérieur de la deuxième prémolaire. Ces dents ainsi que les suivantes ne présentant rien de particulier dans leur forme et dans leur struc- ture, je me bornerai à indiquer leurs dimensions : 1" PRÉM. 2" PRÉM. 3'PRÉM. CABNASS. 1" TUBER. 2' TUBIÎR . 3'TUBER. (alvéole) (alvéole) Longueur O'",0()60 0"\()110 0'",0120 0"\021 0'",0180 0™,0120 0™,007 Longueur du bord antérieur. » 0'", 00.50 0"',0055 » « » w Longueur du bord postérieur » 0"\0060 0"\0055 » » » » Hauteur >' 0"',0040 O'.OOSO » » » » Épaisseur ' . » 0"\0040 0'",0050 0'",009 0"\0220 0™,0170 0'",006 La face est très bien conservée, et, contrairement à ce j'ai dit au sujet du premier éshantillon, il est facile de se rendre compte des sutures réunissant entre eux les divers os qui la composent. L'orifice des fosses nasales n'est pas aus.si oblique que sur la pièce ti-ouvée par Jourdan ; il mesure 0'",035 de hauteur et 0'",029 de largueur. Les os propres du nez sont également moins développés ; la suture qui les unit sur la ligne médiane aO™,047 d'étendue, et leur bord externe a 0'" ,055 de longueur. Dans leur portion antérieure les os nasaux s'unissent par leur bord externe au bord \1 \ MMll'i:iîi;s FOSSILKS m; SAI NT-r.KUANlt 1,K PUY 21 supérieur do l'iiitri'inaxilLiifc (longueiu- do la suture : 0"',025); dans leur partie moyenne ils sont en (iontact avec une portion du bord supérieur du maxillaire su- périeur (longueur de la suture : 0™,012), et enfin dans leur portion terminale ils s'unissent au frontal (longueur de la suture 0"',018). Je reviendrai plus loin sur la valeur fournie par ces différentes indications relativement aux nr(uiit('s que possé- daient les Amphicjjon. La longueur de la suture du bord postérieur de la branche montante di; l'inter- maxillaire avec le bord antérieur du maxillaire supérieur est de 0'",050. La Ltngucur du front mesurée à partir du sommet d(! la suture fronto-nasale jusqu'au point d'origine de la crête sagittale est de 0"',103. L'espace compris transversalement entre les sommets de l'apophyse postorbitaire est de 0'",075, mesurée directement, sans suivre le contour du front. La distance comprise entre le sommet des apophyses postorbitaires et le point d'origine de la crête sagittale est de 0'",072. La hauteur de ces saillies au-dessus du bord alvéolaire est de 0'",059, et d'autre part la distance comprise entre elles et le bord postérieur de l'alvéole de la canine est de 0'",108. L'étendue des sutures des différents os constituant la voûte palatine sur la ligne médiane est la suivante : Longueur delà suture des intermaxillaires entre eux. . . 0"',030 Longueur de la suture des maxillaires supérieurs entre eux . 0"',047 Longueur de la suture des palatins entre eux 0"',045 Parmi les mesures précédentes, il en est plusieurs correspondant d'une manière presque exacte à celles que j'ai fait connaître à propos de la tète d'Am2Mcyon Lemanensis appartenant au Musée de Lyon, tandis que d'autres indiquent des différences assez importantes. C'est ainsi que les os du nez ont O^jOSS de longueur suivant leur bord externe, au lieu de 0'",07T, alors que la hauteur du sommet des apophyses postorbitaires au-dessus du bord alvéolaire est de 0 ,059 sur les deux échantillons. En rapport avec la première de ces différences nous trouvons que la voûte palatine est plus courte de 0'",022. Par conséquent la face de V Ampkicijon Lemanoîsis, que j'ai de Saint-Gérand le Puy, était aussi haute que celle trouvée par Jourdan, mais elle était plus courte. C'est là une marque de variation importante à noter, car le raccourcissement de la face poussé plus loin aura pour résultat la simplification du sA-stème dentaire qui devra s'accuser par la disparition de la troisième tuberculeuse. ^L Alph. Milne Edwards a également obtenu des gisements de Saint-Gérand le Puy une portion de tête d'Amphici/on Lemanensis indiquant un anhnal de moins 22 MAMMIFERES FOSSILES DE S AINT-GERAND LE PUY grande taille que ne l'étaient ceux dont j'ai parlé jusqu'ici et devant correspondre à la forme nommée par M. Pomel Amphict/on leptorhynchus . L'on observe sur cet échantillon que l'orifice des fosses nasales est oblique en arrière et qu'il mesure 0'",025 de largeur et 0"\034 de hauteur. La longueur du bord externe des os du nez est de 0"',068 mesiu^ée en ligne droite. Le bord supérieur des mêmes parties est sensiblement rectiligne dans toute son étendue; il se relève un peu vers son extrémité supérieure pour se continuer d'une manière insensible avec le frontal. Cette disposition rappelle celle que l'on peut observer sur l'Ours brun. Chez le Loup, les os nasaux sont creusés dans leur partie médiane et se relèvent ensuite brusquement pour atteindre le frontal. Mais chez l'Ours brun, le frontal se prolonge plus en avant par son extrémité antérieure, de telle manière qu'il vient rejoindre le sommet de l'intermaxillaire. Il résulte de cette disposition que l'union du bord externe des os nasaux ne se fait qu'avec le frontal et l'intermaxillaire. Chez le Loup, au contraire et chez les Amphi/rion, le frontal se prolonge moins en avant, l'inter- maxillaire remonte moins haut, et ces deux os n'arrivent pas à se réunir. Il résulte dès lors de cette disposition que le bord externe des os nasaux s'unit avec l'inter- maxillaire, le maxillaire supérieur et le frontal. Par suite de cette disposition anato- mique la face des Ainphicijon se rapproche de celle des Cnnls et non de celle des UrsHS. Le front est régulièrement convexe dans tous les sens. Cette convexité s'accuse beaucoup plus sur les parties latérales que chez lesUrsidés et les Canidés. Le diamètre antéro-postérieur du front est très considérable ; ainsi mesuré du sommet de la suture fronto-nasale au point le plus reculé sur la ligne médiane de la suture fronto-parié- tale, il atteint 0",07S de longueur. La crête sagittale a son point de départ comnie chez les C((nis, un peu en avant (0"',005) de la dernière suture que je viens de men- tionner. Si l'on compare cette mesure à celles que j'ai données plus haut relative- ment à l'étendue du front comprise entre le sommet de la suture naso-frontale et le point d'origine de la crête sagittale on trouve qu'elle est de beaucoup inférieure. Ainsi sur la pièce du Musée de Lyon et sur la mienne, on note le chiffre de 0"',i05 et 0'M03 au lieu de 0™, 073. Ce fait est important à noter : car, comme on le verra plus loin, l'étendue de le série dentaire en arrière de la canine est la même sur la tète que je possède que sur celle faisant partie de la collection de M. Alph. Milne Edwards. Dès son origine, la crête sagittale se détache et devient fort accusée au niveau des pariétaux, qui sont déprimés, creusés en quelque sorte sur leurs portions laté- rales supérieures. La longueur maximum du frontal est deO",i; elle correspond à l'espace com- MA.MMII'KHi:s KOSSir.KS Dh] SAIiN'l' (ii^KAND LE PUV 23 pris entfo lo soiuinel do la suluiv froulo-nasoniaxillairc et la partie la plus reculée lie la suture froiito-pariétale. Si l'on exauiini^ le fra^inent de tète dont, je douiu; la description par sa partie in- térieure, ou reniar([ue que les caractères de la série dentaire i-ajjpellent exactement ceux que j'ai sii;-nalés plus haut. Les incisives allaient eu croissant de volume de la première (\;\ plus interne) a la troisième qui, comme chez les Canis, était relative- ment beaucoup plus développée que ne l'étaient les dents précédentes. L'es- pace qu'occupaient les incisives mesure de chaque côté 0'",012. L'alvéole correspon- dant à la canine logeait un(î dent assez puissante; ses diamètres antéro-postérieurs et transverses sont de 0'", 01 3 et de 0'",0105. L'étendue delà série dentaire en arrière de la canine est de O^jOOS comme sur le dernier échantillon dont j'ai parlé ; mais la largeur delà voûte palatine est bien dif- férente. Largeur de la voûte palatine en arrière des incisives . . . . C'.OSS — on arrière du bord postérieur des canines 0"',028 — au niveau de la deuxième prémolaire 0"',027 — au niveau du bord interne delà première tuberculeuse . 0"',025 — au niveau du boni interne delà troisième tuberculeuse . 0'",033 Si l'on mesure sur l'écliantillon de M. A. Mibie Edwards et sur le mien l'étendue de l'espace compris entre le bord externe de la première tuberculeuse et le bora ex- terne de la tuberculeuse opposée, l'on trouve les chiffres suivants : 0"',062, 0"',0T8, Ces nombres permettent de se rendre bien compte de la grande différence qui existe dans la largeur de la voûte palatine alors que la longueur de la série dentaire en arrière de la canine est la même. Si l'on recherche les dimensions que possédaient les dents chez les deux animaux que je 'mets en parallèle, l'on note des ressemblances considé- rables : l'M'RKM. 2" rBBM. 3'PRKM. CABNASS. 1"TUBER. 2' ÏLBEU. S'TUDER. (3lv..-olo) (alvi'Ole) (iilv.-olo) (.-lUiSjle) Longueur 0"',0050 0'",009() ()".() 100 0'",0170 0"',0130 0"',0120 0'",0085 Hauteur » » 0'",0050 » 0'",0060 0"',0050 » Épaisseur 0"\0030 0"\0040 0"',0040 0™,0l00 0'",0180 O^.OIGO O^.OIH L'examen des jionibros précédents montre que la pi"emière tuberculeuse est beau- coup plus réduite sur l'échantillon faisant partie des collections de ]\L Alph. Milne Edwards que sur celui que j'ai recueilli, alors que les dimensions de la deuxième tu- berculeuse sont à un millimètre près les mêmes. Durant le cours des descriptions précédentes j'ai insisté sur les particularités que présentaient les débris les plus remarquables à' Amphycion Lemanensisivoxxyé^ jus- 24 MAMMIFÈRES FOSSILES DE S AIMT-GÉRAND LE PUY qu'à ce jour à Saiat-Gérand le Puy. J'ai voulu ainsi faire ressortir la tendance qu'avaient ces animaux à varier, à donner naissance à des races assez différentes entre elles parla taille, la force, la forme de leur tête. Gomme on a pu le voir, il n'y a rien de fixe dans l'étendue relative de la série des prémolaires et de la série de la carnassière et des tuberculeuses. Il n'y a également rien de fixe dans l'étendue de ces diverses parties de la série dentaire et la hauteur du corps du maxillaire inférieur ou lalargeur et la longueur de la voûte palatine, et enfin il n'y a rien de fixe dans le volume relatif des diverses dents entre elles. En présence de ces faits, l'on est ol3li- gé de reconnaître que ha Amphicjjoii ayant vécu sur le pourtour du lac de Saint- Gérand le Puy possédaient une grande tendance vers la variabilité et que, comme nos chiens, ils donnaient naissance continuellement à des formes dissemblaljles. Je résume dans les tableaux suivants les indications fournies par les mesures prises sur les maxillaires inférieur et supérieur dont j'ai successivement parlé : MAXILLAIRE INFERIEUR I.O.NGUKUR DK LA SERIE DENTAIRE EX ARRIÈRE DELA CAMNE 0"\105 0"\103 O'MOO 0"',lt)4 0^,087 0",080 0™,071 0"\OGl ESPACE OrxiPÉ PAR I-ES ESPACE OCCUPE PAR LA CARNASSII;RE PRÉMOLAIRES ET LES TUBERCULEUSES 0'",0G3 0",042 0'",006 0'",037 0"\061 0'",U39 0'",051 0'",043 0°\051 0-",036 0'",045 O^.OSB 0'",034 0'",037 0"\030 0™,03i HAUTEUR DU MAXILLAIRE LONGUEUR DE LA SERIE DENTAIRE EN AHRI.vBEDELA CARNASSIÈRli HAUTEUR DU MAXILLAIRE SOUS LA l'UEMIÈRE PREMOLAIRE HAUTEUR DU MAXILLAIRE SOUS LA CARNASSIÈKE 0™,105 (r,i03 0'",iOO 0'",094 0'",087 0"',080 (r,07i 0",026 0"',028 0'",026 0"',024 0'",021 0"\022 0™,016 0">,037 0",035 0'",032 0"',028 0"",027 0'",026 0'",022 0",019 M A.M Ml fioul; s FOSSILES DE SAINT (U-;KAM) LE l'UV LONOlKim DB L« SERIl! IlRNTAllIK UN «BRIÈnS DB L* CAUNASSIÙIB LONGUEUR DES TREMOLAIRES i"rni:M. S'trkm. 3* phkm. V pbém. 0">,1050 0'",0OG0 0'",0090 0 ',OlU(i U",Ui4U 0-'l030 0'",0050 (aiv.) ()'",0()85 O-.OIOO 0'",0120 0™',1000 0'",00G0 (alv.) 0"\0085 ()'",0100 0-,0125 0"-,0940 0"',0050 (aiv.) 0™,00y0 ()"',0090 (r,0l04 0"\0S70 0"',0040 (alv.) 0'",00G5 ( 'iv.) 0'%OU85 (r,Ul20 0"^0800 0'",()()40 0'^,0075 0'",0082 0'",0140 O-.OTIO 0'",0030 (aiv.) 0'",0075 O^.OOOO 0'",0120 O-'oeiO 0'",0030(aiv.) 0",0075 ir.OOSO 0"',0105 LONGUEUR DE LA CARNASSIERE ET DES TU BERCU LEC SES LONfiUEUR PE LA. SERIE DENTAIRE EN CABNASS. ARRIÈRE DE LA CARNASSIÈRE 1" TUBER. 2* TUEER. 0'»,105 0"',020 O-.OU 0"',007 0"\103 0'",022 » » 0"M00 Û™,021 (aiv.) ()'",013 O'",009 (aiv.) 0"',094 0^,019 0'",012 0"°,007 O^.Og? O-.OIT 0'",012 o-.oo? 0-,080 0^,017 0'%Oll O'",007 (aiv.) 0"',071 0™,020 0'",011(aiv) O'",O0G (aiv.) 0",061 0"',0i6 0'",0Û7 (aiv.) 0'",015(aiv.) MESURES RELATIVES A LA LONGUEUR ET A LA LARGEUR DE LA VOUTE PALATINE .s- 1 (inuséo de Lyon) s" 2 (l'Ol. Filliol) x' 3(™l»''n«-IÎ'l''=''''') Longueur de la série dentaire en arrière de la canine. 0"',099 0'",093 0"',093 Largeur de la voûte palatine au niveau du bordpost. de l'alvéole de la canine 0'",036 0'",032 0",028 Largeur de la voûte palatine au niveau delà deuxième prémolaire 0",037 ()'",034 0"\027 Largeur de la voûte palatine au niveau de l'extrémité interne de la première tuberculeuse 0"',040 ()"\037 0'" ,OoO Largeur de la voûte palatine au niveau de l'extrémité interne de la troisième tuberculeuse 0™ ,037 ()",038 0",033 Arcii. Mus. IIL 26 MAMMIFÈRES FOSSILES DE SAINT-GERAND LE PUY LONGUEUR DES PREMOLAIRES SUPERIEURES N' 1 (Musée de Lyon) N" 2 (col. Filhol) N* 3 (col, A. Milne-Edwards) Première prémolaire. . . . 0"\0057 0'",0060 (aU-) 0™,0500 (alv.) Deuxième — .... 0"\0150 (aiv.) 0'",0110 0"",OnOO (aW ) Troisième — .... 0'",0115 0'",0124 0"',0100 MESURES RELATIVES A LA LONGUEUR ET A LA LARGEUR DE LA CARNASSIERE ET DES TUBERBULEUSES SUPÉRIEURES K* 1 (musée deLyonl N* 2 (col. Filhol) N* 3 (col. A. Milne-Edwards) Longueur Largeur Longueur Largeur Longueur Largeur Carnassière. . . 0'",0170 0™,0120 0-^,0210 0™,0090 0'\0170 0"',0100(aiv.) Première tubercul. 0",0150 0'",0190 0'",0180 0"',0220 0'",0130 0",0180 Deuxième tubercul. O^.OISO 0'",0177 0",0120 0'",0170 0'°,0120 0'^,0160 Troisième tubercul. » « O"',OO70(aiv.)0"',0060(aiv.)0"°,00S5(aiv.)û'%OOS0(alv.) Je compléterai les observations précédentes en donnant la description d'une por- tion de crâne et d'une voûte palatine de carnassier données au Muséum de Lyon par Jourdan et inscrites sous le nom de Cephalogale Geoffroy i. Ces pièces proviennent ^VLVi.Am]]iliicyoyi (peut-être àeVAmphicyon Amhiguiis), et si je les mentionne, c'est parce que l'une d'entre elles est si bien conservée que l'on peut se rendre compte de la manière la plus exacte lorsque l'on vient à l'étudier, de la structure anatomique de la base du crâne de VAmphicyon. Je dis que ces échantillons proviennent d'un Ain- phicyon et non d'un Céjjhalogale, d'abord parce qu'il existe trois tuberculeuses supérieures, ensuite parce que j'ai découvert parmi les échantillons provenant de Saint-Gérand le Puy possédés par le Musée de Lyon une base de crâne à laquelle se trouve jointe une portion de voûte palatine supportant les dernières dents. Ces dents, la carnassière et les deux tuberculeuses, sont identiques à celles qui existent sur la pièce type du Céphalogale de Jourdan. Il n'y a donc pas d'erreur possible. La série dentaire* occupc^it en arrière de la canine un espace de 0'".071. Ce chiffre doit être décomposé de la manière suivante : prémolaires, 0"\030; carnas- sières, O^jOiS ; tuberculeuses, 0'",028. La première prémolaire manque; elle était uniradiculée, et son alvéole mesure 0"',025, suivant ses diamètres transverse et antéro-postérieur. La deuxième prémolaire était séparée de la dent précédente par un espace de 0™, 004. Elle était biradiculée et avait probablement à son collet, d'après lesmesu- ' Voyez pi. II, fip. 7. MA.M.MIFi:;UES FOSSILES DE SAINT -C. ÉKANI) LE PUV 27 res pi'isos sui" ses alvéoles, 0"',008 de longueur et 0'%00i de largeur. Un espace de 0^',003 la séparait de la troisième prémolaire. Cette dernière dent était triangulaire ses bords antérieurs et postérieurs étant sensiblement égaux, ce qui n'existe pas sur la prémolaire correspondante du Cephalogale. C'est là une dent d'Amphici/on vrai pouvant servir à noter avec précision les dirt'érences existant pour les pré- molaires entre les deux genres que je viens de citer. Les ilimensions de cette dent sont les suivantes : Longueur 0",OIl Hauteur O^.OOô Épaisseur 0'",004 La carnassière, par sa forme générale, est semblable à celles des Canis; seule- ment elle peut être facilement distinguée, par son élargissement antérieur plus con- sidérable et par la présence d'un tuliercule saiUant en forme de mamelon, correspon- dant à la racine interne. Sur le Cèphnlogale il existe à ce niveau une surface plane limitée par le bord de la dent fortement épaissi. Les éléments constitutifs de la portion postérieure de la couronne sont semblables à ceux des Chiens. Les dimensions sont les suivantes : Longueur U",016 Hauteur 0^,010 Épaisseur 0'",009 Épaisseur de la tubercule interne 0'°,004 Les tuberculeuses étaient au nombre de trois ; les deux premières avaient trois racines, la dernière deux. La première et la dernière de ces dents manquent sur l'échantillon que je décris. Les mesures prises sur les alvéoles donnent comme longueur et comme largeur : 0™,0i3, 0^,017 pour la première, O^.OOi et 0™,00G pour la dernière. Il résulte de ces chiffres que la largeur de la première tubercu- leuse, 0"',017, est sensiblement égale à la longueur de la carnassière. Chez les Chiens actuels la longueur de la carnassière l'emporta au contraire de beaucoup sur la largeur de la première tuberculeuse, et il y a là un renversement absolu dans les proportions de cette partie de la série dentaire. La deuxième tuberculeuse est fort développée dans le sens transversal. Elle est constituée par deux mamelons externes comme l'est la première tubercu- leuse ; seulement je ferai remarquer que les deux mim3lon5 internes sont plus effacés que sur les Chiens. La dent est par suite plus plate au niveau de son 28 MAMMIFÈRES FOSSILES DE S AIxNT-GÉR AND LE PUY talon. La portion correspondante aux tubercules internes constitue une légère courbe, saillante, à convexité interne, divisant le talon en doux parties sensible- ment égales. Les dimensions de cette dent sont les suivantes : Longueur 0"S0095 Hauteur O'-'.OOoO Épaisseur O'",0[4o La voûte palatine était rétrécie au niveau des deuxième et troisième prémo- laires; sa largeur en ce point, mesurée d'un bord alvéolaire à l'autre, est de 0'",02. Elle se i-enfle brusquement ensuite pour acquérir son maximuiii de largeur, O^yOST, au niveau de la portion moyenne de la première tuberculeuse. Sur le Canis lupus, le maximum de largeur de la voûte palatine est porté plus en avant ; il correspond à l'espace compris entre le bord postérieur de la carnassière et le bord antérieur de la première tuberculeuse. Ce fait montre d'une manière bien évidente le rôle très important que remplissaient les tuberculeuses au point de vue de l'acte de la mastication. La voûte palatine se rétrécit à partir de ce point d'une manière assez brusque, est elle n'a plus que 0"\043 au niveau des dernières dents, La fosse gutturale était resserrée et probablement peu profonde. Le bord palatin postérieur mesure 0™ ,014 de largeur ; la distance comprise entre ce bord et les trous palatins antérieurs est de 0'",055. Ces derniers orifices correspondent à la racine antérieure de la troisième -tuberculeuse et sont continués en avant par une dépression de l'os en forme de gouttière. Les trous palatins postérieurs, excessivement petits, sont au nombre de trois et correspondent à la racine interne de la première tuberculeuse. Le reste de la face appartenant à ce sujet a complètement dispani. On aper- çoit, seulement d'un côté, le trou sous-orbitaire, qui était élargi, mesurant verti- calement 0'",007. Il correspondait au bord antérieur de la racine antérieure et externe delà carnassière et était distant de 0'",0i du bord alvéolaire. J'ai pu observer dans la collection de INI. Alpb. Milne Edwards une portion de maxillaire supérieur provenant probablement de la même espèce. L'espace occupé par les prémolaires, la carnassière et la première tuberculeuse est de O^jOôl. Les dimensions de ces dents et celles des alvéoles sont les suivantes : l'*PBÉM. (alvéole) 2' rKÉM. (alvéole) G* PRÉM. CARNASSe 1" TUBER. (alvéole) Longueur . . 0",0060 O'",0090 0™,0100 0"',01G0 0^,0130 Hauteur. . . » » 0"',0050 0™,0090 » Épaisseur . 0",0040 0",0035 0%0040 0",0090 0^,0150 MA.MMIl'KRKS FOSSILES DE SAINT flKUAM) LE PU V 29 Le trou sous-orbitniro correspond à la racine antérieure de la carnassière. Il mesure 0'",00S de hauteur et est situé à 0"',035 du bord postérieur de l'alvéole de la canine. Le bord antérieur du maxillaire est assez bien conservé sur cet échantillon ; il est très convexe, et cette disposition donne à cette portion de la face un aspect tout à fait caractéristique. Je ne connais qu'une seule espèce (VAmphict/on dont le maxillaire supérieur soit semblable à celui de l'espèce dont je m'occupe, c'est celle dont j'ai donné la description dans mon travail sur les phosphorites du Quercy sous le nom A' Amphicyoïi amhign.ns. Les dimensions de la pièce provenant de Saint-Gérand le Puy concordent bien avec celles de la même partie de la face du carnassier que je viens de citer, et je crois dès lors qu'il peut y avoir identité spécifique entre l'espèce de Saint-Gérand le Puy et celle découverte dans le Quercy. Je rapporterai à la même espèce de mammifère une portion de crâne que j'ai mentionnée plus haut et qui fait partie des collections du Musée de Lyon, où elle est inscrite sous le nom Cephalogale Geoffroyi. Cet échantillon me paraît très important à signaler, car on peut d'après lui connaître très exactement la constitu- tion de la base du crâne des Amphicyon. La crête sagittale, très forte, se détachait rapidement sous la forme d'une lame saillante à partir de son point d'origine. Elle était longue de O^jOSi et avait un boi'd supérieur légèrement convexe. Le crâne est un peu pincé au niveau de son extrémité antérieure ; il se ren- fle ensuite assez rapidement pour atteindre son maximum de largeur au niveau de la portion corrrespondant à la partie écailleuse des temporaux. Le diamètre transversal de la tète mesurée en ce point est de O^jOôS. La hauteur verticale prise au même endroit est de 0"", 066 au-dessus de la face inférieure du sphénoïde. L'oc- cipital est rejeté en arrière dans son extrémité supérieure, et il existe une dé- pression profonde entre son bord supérieur, le bord supérieur do la crête sagittale et les bosses temporo-pariétales. Cette disposition m'a paru constante sur les di- vers Amphicyon que j'ai pu étudier. La hauteur du sommet de la crête sagittale au- dessus du trou occipital est de 0"',042. Le trou occipital est ovale, à grand diamètre transversal ; il mesure 0™,021 de largeur et O^jOlS de hauteur. Les condyles sont dirigés d'avant en arrière, de haut en bas et un peu de dehors en dedans. Ils mesurent 0"',020 de longueur et 0'",009 d'épaisseur maxi- mum ; leurs sommets antérieurs sont distants l'un de l'autre de 0'",033. La base du crâne, ainsi que je le signalais plus haut, est admirablement conser- xi- . :aî- ea*v _ ..e, à i^ârâr inférieiir re du > .?. Iji - ::■ À? «s sîÈrîA^?s jasvja"* 1' - iies ?:- - - "^ e^ de xcres.p.XË£ i - :- !ÉT«$ ^ ^Jue «5 c- - ' v c*? mTeaii» S exàsî* àes ■àata: «ifes - - rv saillie ^^- ^ ^ - ^ - - ~ ^ i ^ - s ^'-jzi ' r>e î^lfôs; >iyv//Ycî/o;i trouvée dans le même gisement indiquent pour un semblable dévelo[)pement du diamètre antéro- postérieur une bien plus grande étendue du diamètre transverse. La longueur de la tuberculeuse est de 0"',012, son épaisseur est de 0"\0i7 au lieu de 0"',01i. La même observation doit être faite au sujet de la seconde tuberculeuse, qui est surtout remarquable par son grand développement transversal. Cette disposition donne à la dent une forme plus arrondie que ne l'est celle de la deuxième tuber- culeuse des Amphicyoïi. Si l'on compare ces deux dents à celles figurées par M. Gervais dans son traité de paléontologie française, comme provenant du Hyœnardos hemicyon, on est frappé de la grande analogie existant entre ces différents organites et si l'on n'avait pas la carnassière en place, l'on serait évidemment conduit à placer ces deux mam- mifères dans un même genre. Je reviendrai sur ce i*approchement en décrivant dans un autre cbapitre de ce mémoire un grand mammifère appelé par Jourdan du nom de Binocyon Thenardi et je discuterai la valeur de l'espèce nommée par Gav- \ais Hyœnarrtos hemicyon. Les dimensions des tuberculeuses sont les suivantes : 1" TCBER. 2' TL'DER. Longueur 0"\0120 O^.OOSO Hauteur 0"\0050 0™,()030 Largeur 0"',0140 0™,0015 L'espace occupé sur le bord alvéolaire par les dents dont je viens de donner la description est de 0'",060. Ce chiffre doit être décomposé de la manière suivante : 0'",025 pour les prémolaires, 0"',035 pour la carnassière et les tuberculeuses. La voûte palatine a été détruite, et l'on a dû, au Musée de Lyon, pour rappro- cher les divers fragments, faire une restauration complète de cette portion de la tête. C'est sous la direction de Jourdan que cet assemblage a été fait. JMais malgré tout le soin apporté dans cette opération délicate, on ne saurait affirmer que les mesures pouvant actuellement être prises soient exactes. Je crois, d'après l'étude que j'ai pu faire d'une portion postérieure de voûte palatine appartenant également au Musée de Lyon, que l'élargissement est trop considérable. Les deux portions de la face d<'- vaientêtre plus rapprochées l'une de l'autre. La portion antérieure des intermaxillaires correspondant aux incisives manque. Le bord antérieur de l'intermaxillaire, limitant en bas l'orifice des fosses nasales 38 MAMMIFÈRES FOSSILES DE SAINT-CtÉRAND LE PUY et se soudant dans le reste de son étendue avec les os propres du nez, a une forme curviliirne donnant à la face un aspect tout à fait caractéristique rappelant un peu celui de la Belette. Les os propres du nez n'existent pas ; mais si l'on examine le bord supérieur de l'intermaxillaire et du maxillaire, on voit qu'ils devaient être assez forts et qu'ils ne s'effilaient pas en arrière pour s'articuler avec le frontal, comme cela a lieu sur le Chien. I^ur disposition devait rappeler beaucoup plus ce que l'on observe sur cer- tains Ours {Ursics arctos), chez lesquels les os propres du nez ont sensiblement la même lou'Tueur à leur bord antérieur qu'à leur bord postérieur. L'ouverture des fosses nasales devait être un peu oblique en arrière et pas très élargie. Le front était évidemment très étendu entre les apophj'ses postorbitaires, cette largeur devait former un contraste remarquable avec la brièveté de la face. Il y avait là, comme Jourdan l'avait parfaitement observé, une construction anatomique rappelant beaucoup celle des Belettes, des Putois plus particulièrement. La face était en même temps relati- vement élevée, cai- la hauteur de l'apophyse postorbitaire au-dessus du bord posté- rieur de l'alvéole de la canine est de 0"\OGS. Ces chiffres, joints à ceux que j'ai men- tionnés relativement à l'étendue de la série dentaire, constituent des points de repère très sûrs pour la détermination de la face, lorsque l'on viendra à retrouver isolées des portions de tète appartenant à des individus de cette espèce. Le trou sous-oi'bitaire correspond au bord antérieur de la carnassière. Les dis- tances qui le séparent du bord alvéolaire, du bord postérieur de l'alvéole de la canine et delà partie du bord supérieur du maxillaire située immédiatement au-dessus de lui sont : l°0"',OiO; 2- 0™,025T; 3»0™,035. L'écartement qui existe entre les apophyses postorbitaires est sur l'échantillon que je décris, de 0" ,056; mais, ainsi que je l'ai indiqué plus haut, ce chiffre ne doit pas être considéré comme exact par suite de la restauration qu'a subie la pièce, restaura- tion ayant eu, je crois, pour effet d'élargir un peu trop la face. L'orbite était grand, et l'apophyse postorbitaire inférieure était placé suivant un plan vertical, un peu en arrière de l'apophyse postorbitaire supérieure: la distance qui sépare ces deux points est de 0™, 021. L'écartement des apophyses zygomatiques paraît avoir été en rapport avec Félar- o-issement de la face en arrière. Il est de OMIS, mesuré d'un côté à l'autre au niveau du maximum de convexité. La distance séparant Textréraité antérieure des apophyses du point le plus reculé de leur origine temporale est de 0"",095 ; la largeur de l'apophyse zygomatique à son point d'origine temporale est de 0"',0275. J'ai retrouvé d'autre part dans les collections du Musée de Lyon une portion de tète de Cephalogale Geoffroi/i. Les caractères généraux de la base du crâne rap- MAMMIFKKES FOSSILKS DE SAINT 0 KRAM» LH PUV 39 pellent beau(X)uppar leur ensemble ceux que l'on observe sur les Amphicyons et sur les CiDiis. Mais il existe quelques caractères distiuctifs très faciles à apprécier'. Je dirai tout d'abord que la détermination que j'ai faite ne peut donner lieu à aucun doute, car une portion de la voùto palatine a été préservée, et l'on note sur elle la présence de la carnassière et des deux tuberculeuses. A ce niveau, l'échantillon est dans un magnifique état de conservation, et l'on peut affirmer que le CepJvilognle Geoffroiji n'avait que deux tuberculeuses supé- rieures, et non trois qovuxaqXq?, Aniphicyon. La surface basilaire de l'occipital est proportionnellement beaucoup moins élar"-ie (jii'elle ne l'est sur les A,nphicyou, et l'on remarque en même temps que la face inférieure du sphénoïde teiul beaucoup plus à se rétrécir en avant ; d'autre part, on note sur la ligne médiane, chez les Amphicyon. une voussure au niveau de l'arti- culation de l'occipital avec le sphénoïde postérieur. Sur le Cephalogale Geoffroyi, il n'existe rien de semblable, au contraire ces mêmes parties osseuses sont creusées en gouttière. L'apophyse jugulaire est moins détachée qu'elle ne l'est sur les Amphicyon et les Canis ; elle est abaissée et son sommet se trouve élargi. Le trou condylien ne correspond pas, comme sur ces derniers animaux, à sa sur- face interne ; il est porté plus haut en arrière et se trouve compris dans la gouttière séparant le bord interne de l'apophyse jugulaire des condyles de l'occipital. Par conséquent U est beaucoup plus éloigné du trou déchiré postérieur. Ce dernier cor- respond à la portion postérieure et interne des bulles tympaniques. 11 est divisé en deux parties par une forte lame osseuse. La distance séparant l'un de l'autre les trous condyliens postérieurs est de 0'",020 ; celle comprise entre chacun d'entre eux et la portion médiane du bord inférieur du trou occipital est de 0™,012 ; l'espace qui sé- pare l'un de l'autre les trous déchirés est de 0'",023. Les bulles tympaniques sont allongées d'avant en arrière et très détachées de la base du crâne. Leur paroi interne est verticale; par leur forme générale, par la dis- position de leur grand axe, dirigé d'une manière presque absolue d'avant en arrière, ces parties osseuses s'éloignent des portions qui leur correspondent sur les Canis pour se rapprocher davantage de celles des Viverrides. La distance comprise entre leurs extrémités postérieures est de 0'°,0325; celle séparant leurs sommets est de 0",025. Leur grand diamètre antéro - postérieur mesure 0% 025, leur diamètre transverse 0'",015. En avant de leurs sommets existent les ouvertures de la trompe d'Eustache et antérieurement à ce dernier orifice, correspondant à la surface glé- ' V. Ann.,Soc. Gêolog.X., \, 1879, [l. 17. 40 MAMMIFÈRES FOSSILES DE S AINT-GÉR AND LE PUY noïdale du temporal, ou voitrouverture du trou ovale et celle du canal sphénoïdal. Les apophyses ptérigoïdes sout très détachées et donnent une grande profondeur à la cavité gutturale qui atteint 0'",Oil au niveau des orifices postérieurs du canal sphénoïdal. Cette ca^'ité se rétrécit un peu vers sa partie moyenne pour acquérir la même étendue au niveau du bord palatin postérieur. En rapprochant la pièce dont je viens de donner la description de celle dont j'ai parlé en premier lieu, on obtient tous les éléments nécessaires pour la restauration de la face inférieure de la tète du Cephalogale Geoffroy IK Divers os du squelette ont été trouvés dans le même gisement au sein duquel étaient enfouis les fragments du crâne dont je viens de donner la description. Ils indiquent un animal de forme assez grêle et élancée. L'humérus (voy. }il. II, fîg. 6) rappelle un peu par sa forme celui des Amjjhi- cyoji, mais comme ou peut le voir facilement en comparant la figure que j'en donne à celle de l'humérus de YAmphlcyon leptorhynchiis représenté sur la planche I, fig. 6 de ce travail, il existe de grandes différences dans l'étendue et dans la force delà crête deltoïdéale, qui est beaucoup moins accusé sur le Cephalogale Geoffroy!. En même temps sur ce dernier animal, le diamètre antéro-postérieur des surfaces arti- culaires est plus grand, et il m'a paru, d'après l'examen que j'ai fait de tous les os des membres que les mouvements avaient, chez les Cephalogale^ plus d'étendue que chez les Amplùcyon. La longueur de l'humérus est de 0'",i71 ; les diamètres antéro- postérieur et transverse de la tête sont de 0'",038 et 0™,031. L'extrémité inférieure mesurée de l'épicondyle à l'épitrochlée a O^'jOiO de largeur. L'étendue de la surface articulaire est de 0'",028. La hauteur et l'épaisseur du corps de l'os au niveau de sa portion moyenne sont de 0", 014 et de (3'", 013. La hauteur du trou condylien est de G™, 013, sa largeur de O^jOl 4 Cet orifice est beaucoup plus rapproché du bord supé- rieur de la surface articulaire inférieure qu'il ne l'est sur les Amp)hicyon, Enfin je ferai remarquer que l'épicondyle est beaucouj) plus développé et se projette davan- tage en dedans sur ces derniers animaux. La forme du jjord inférieur de la surface articulaire inférieure est également dissemblable chez ces carnassiers, les parties correspondant à l'épicondyle et à l'épitrochlée étant presque sur un même plan horizontal sur l'humérus du Cephalogale Geoffroy i, ce qui est bien loin d'exister sur les Amphicyo/i. La partie inférieure du bord externe de l'humérus ne présente pas lamême forme chez les deux mammifères que je mets en parallèle. Sur VAmphicyon lemanent qui fi)nt partie aujourd'hui de la collection paléontologique du Musée de Lyon, il faut citer quelques débris d'un grand carnassier trouvé à la Grive Saint-Alban par Jourdan, Ce savant naturaliste considéra comme appartenant à un genre de mammifère encore inconnu les pièces qu'il avait recueillies, et, en les plaçant dans le Musée Saint-Pierre, il nomma l'animal dont elles provenaient Dtnoc}joii Theaardi . Gomme pour les différents échantillons provenant de Saint-Gérand le Puy, dont j'ai donné la description, il eut l'intention d'en faire une étude détaillée, et la planche accompagnant C3 mé- moire fut dessinée sous sa direction. Malheureusement, il n'a été laissé aucime note relative aux comparaisons qu'il avait dû taire de ce carnassier fossile avec les espèces éteintes et vivantes, et nous ne possédons de lui que quelques brèves observations consignées dans les Combles rendus de l'Institut (vol. LUI) et dans le Bidletin des Sociétés savantes (1862). 44 MAMMIFÈRES FOSSILES DE LA GRI VE SAINT-ALBAN Sur une épreuve de planche retrouvée dans ses papiers il existe tracées au crayon quelques notes. Ainsi il avait songé à faire représenter une canine de Loup à côté de la canine du Dinocyon ; de même il avait pensé à mettre en regard du méta- carpe du carnassier fossile un métacarpe de Ccmis lupus pour montrer les diffé- rences existant dans le développement de ces parties. Quant aux dents, les seules indications leur étant relatives se rapportent à la première et à la deuxième tuberculeuse supérieures. Le liord antérieur de la première de ces dents, d'après Jourdan, « descend en avant comme dans les Genettes, disposition qui est inverse chez les Chiens». Le bord antérieur de la deuxième tuberculeuse porte l'indica- tion suivante : « Comme dans les Genettes. » Ce sont là les seuls renseignements que l'on a pu recueillir relativement au travail entrepris par Jourdan. Les pièces que nous possédons du I)y}iocj/on Thenarcli sont : une deuxième incisive supérieure gauche (fig. 7, 8), une canine supérieure gauche (fîg. 1), deux tuberculeuses gauches (fig. 11, 12). une troisième incisive inférieure droite (fig. 9, 10), une portion inférieure de maxillaire portant en place la carnassière et deux tuberculeuses (fig. 4, 5); enfin un métacarpe gauche (fig. 11). La canine supérieure (fig. 1) est très forte et rappelle beaucoup par la forme de sa racine la dent correspondante de certains Ours fossiles. La couronne est plus allongée, plus effilée à son sommet qu'elle ne l'est sur YUrsus spelceiis. J'ai dû comparer cette dent à celle des Amphicyon de grande taille, en particulier à celle de Y Amphicyon major de Sansan, et j'ai remarqué qu'elle est absolument différente. Il est facile de se rendre compte des caractères distinctifs en se rappe- lant que les canines de Y Amphicyon major étaient, ainsi que l'a dit de Blainville, « extrêmement fortes, un peu aplaties en dedans, plus convexes en dehors et fortement canelées dans leur longueur, surtout en avant'. » Les sections de cette dent, représentées au niveau du collet par la fig. 2 et au niveau de la réunion des deux tiers terminaux de la couronne avec le tiers supérieur par la fig. 3, montrent que la canine du Dinocyon Thenardi était aussi convexe en dehors qu'en dedans. D'autre part la fig. 1 permet d'observer l'absence complète de fortes cane- lures sur la partie antérieure de la couronne. Les mesures relatives à cette dent sont les suivantes : Longueur totale O'MIO Longueur de la racine (bord externe, eu ligne droite) . 0",079 Longueur de la couronne en ligne droite (bord antérieur) 0™,059 — — (bord postérieur) 0'",052 ^ BlainviUf. Ostéor/raphie : Sulmrsus. ma.m.miki;ki:s fossiles dk la (HUVk saint aliîa.n 45 Diamètre antéro-postériour maximum de la racine 0"',031 — au niveau du collet U"',028 Diamètre transverse au niveau du collet 0'",021 La première tiiberculeuso supérieure (fig. 6 et 11 ) est composée de deux mame- lons externes très saillants et d'un large talon interne. Cette dent possède donc les mêmes cléments que celle des Chiens, des Amphicyon, des Cephalorjale, des Hyienarctos. Je vais successivement étal)lir un parallèle entre la première tuber- culeuse de ces différents animaux et celles de VAinphicyon Thenardi. La première tuberculeuse supérieure de VAmphicyon major de Sansan se ditierencie très ncîttement de celle de notre fossile par le plus grand développe- ment transversal de la couronne. Les chiffres suivants, relatifs aux diamètres de la couronne dans les deux genres, permettent de se rendre compte des propor- tions tout à fait dissemblables de ces dents : I>INOCYON THENARUl AMI'IIICTDX JIAJOR Longueur antéro-postérieure maximum. . . O^.OSS 0"',027 Longueur transversale maximum 0"',034 0"',034 La longueur anlér(j-postérieure maximum correspond dans les deux genres à une ligne passant par le sommet des tubercules externes. La largeur maximum se trouve sur une ligne qui, partant du bord externe de la couronne, passe dans le milieu de Tintervalle compris entre les pointes externes pour aller atteindre la portion Ja plus saillante du bord interne du talon. Les chiffres pris suivant ces deux axes montrent que lorsque le diamètre trans- verse de la première tuberculeuse est le même sur le Dinocyon Thenardi que sur VAmphicyon major, le diamètre antéro-postérieur dans ce dernier genre est de beaucoup inférieur. Je dois d'autre part faire remarquer que la forme du talon n'est pas la même dans ces deux carnassiers. La portion interne de la couronne de VAmphicyon major se rétrécit rapidement et d'une manière progressive à partir de son origine. L'on retrouve bien la même disposition sur le Dinocyon, mais elle y est beau- coup moins accusée. Il en résulte que le sommet du talon est plus large dans cette dernière espèce, ce qui donne à la couronne un aspect plus quadrilatère, disposi- tion ayant une analogie lointaine avec celle existant chez les Byxnarctos. Les mêmes remarques doivent être faites au sujet d'une première tubercu- leuse de grand carnassier trouvée à Avaray et décrite par Cuvier. La force, le développement de cette dent m'ont amené à la comparer à celle de notre fossile. Cuvier a exposé dans les termes suivants les caractères de deux dents qu'il 46 MAMMIFÈRES FOSSILES DE LA GRIVE SAINT-ALBAN avait pu examiner et qui annonçaient un animal du genre Canis, mais d'une taille gigantesque : « Elles ont été recueillies à Avaray près de Beaugency, avec les os de Mastodontes et de Tapirs gigantesques {Dinotherium) dont nous avons déjà parlé plusieurs fois : T. II, p. 331, T. III, p. 96 et 315. « La première est une mâchelière tuberculeuse, PL cxcxiii, fîg. 20, qui ressemble complètement quant à la forme, à l'avant-dernière molaire supérieure gauche d'un Loup. Elle a de même une base transversalement oblongue plus large au bord externe, lequel est divisé en deux cônes, dont l'extérieur est le plus élevé, et sa partie interne, plus basse, offre deux crêtes demi-elliptiques, presque con- centriques, dont la plus voisine du bord interne est moins élevée et l'autre plus saillante et plus inégale. Il n'y a de différence, toujours quant à la forme, qu'en ce que le diamètre antéro-postérieur est un peu plus grand relativement au trans- verse que dans le Loup; mais une différence autrement marquée est celle de la grandeur. « Dans notre plus grand squelette de Loup cette dent a de droite à gauche 0'",02, et d'avant en arrière au bord externe, 0",015-, la dent fossile a ces deux dimen- sions de 0™,043 et 0'" ,032. Ainsi l'on voit qu'elle suppose un animal d'une taille plus que double de celle du Loup, qui aujourd'hui est, comme on sait, le plus grand des Canis. « Il n'y a aucun moyen de rapporter cette dent ni à un carnassier plus grand que le Loup, tel que seraient des Ours, des Lions, des Tigres ou des Hyènes, lesquels n'ont point de pareille tuberculeuse, ni à aucun animal connu. Aussi me croi- rai-ie en droit, sur cette seule et unique dent, d'affirmer l'ancienne existence d'un Canis de taille gigantesque, et qui ne devait pas avoir moins de S pieds, depuis le bord du museau jusqu'à la racine de la queue, sur au moins ."> pieds de hauteur au train de devant, si toutefois il avait les proportions du Loup'. » Les mesures données par Guvier relativement à la tuberculeuse trouvée à Avaray rapprochent le carnassier dentelle provenait des Awjjhicgonei l'éloignent complètement du Diaocgon. Le diamètre antéro-postéri<^iu' de la couronne est de 0™ 032 au lieu de 0™,033, comme sur notre fossile, ce qui indique une différence d'un miUimètre seulement, alors que le diamètre transverse est de 0'",0i3 au lieu de 0'",03i, comme sur le Dlnocgon. L'on peut dire relativement à ces chiffres que la dent du carnassier fossile trouvée près de Beaugency présentait à un degré exagéré les caractères génériques des tuberculeuses des Aniphicyon. La deuxième tuberculeuse supérieure du Dinocijon ThenanU diffère de la < Recherches sur les ossements fossiles, t. VU, p. 4SI, 183j. M \m.mii'î;ki:s fossilks dk i;a (MUVI'. saint-aliîax 47 deuxième tuberculouse de F Aniphicyo7i major \vàv le faible (K'velonnement de son bord extonn', par la tonne ovalaire (h; sa coui'hiiih'. par la disposition de ses l)onls antérieurs et pcslcMieurs. Si Ton compare entre elles siu' le Dinocyon Tlirnurdi, les longueurs antero-posté- rieuiv niaxiMinni de la première et de la deuxième tuberculeuse, Ton A-oit que colle; relative à la ds de rAmphicyon major montre que le diamètre antéro-postérieur maxinuun de la deuxième tuberculeuse était iiife'riiur de 0'", 008 à celui de la première tuberculeuse. La couronne de la deuxième tuberculeuse de V Amjjhicyon )ii(ijor a une Ibrme r)valaire. et sa laievur au niveau de son bord externe est égale à celle du talon. La deuxièmi' tuberculeuse de Dinocyon Thenarâi tend à posséder une forme encore plus (juadrilatère que celle do la dent située en avant d'elle; pourtant l'épais- seur de son talon dans sa partie terminale est encore inférieure à l'épaisseur do la dent mesurée suivant son bord externe. Je ferai remarquer en dernier lieu la fornu; ditierente des bords externes, anlé- tieur et postérieur de la couronne chez ces carnassiers. Le bord externe de la deuxième tuberculeuse est convexe sur VAinpIiicyon major, tandis que sur le Dinocyon Thenardi, il présente une dépression au niveau de l'intervalle compris entre les deux pointes externes. Le bord antérieur de la dent est également convexe su'- le mammifère de Sansan et il est sinueux sur celui de la Grive Saint-Alban. Le bord postérieur est fortement ondulé sur ce dernier carnassier, tandis qu'il est à peine déprimé dans sa portion moyenne sur le premier. Tous ces caractères réunis montrent de la manière la plus nette que le Dinocyon Thenardi s'éloignait beaucoup dos Avqj/ucyon par les tuberculeuses supérieures, et l'on ne saurait évidemment songer à placer ces animaux dans un même genre en présence de ces grandes diflCérences jointes à celle que j'ai signalés relativement à la canine. Il me reste à mettre le Dinocyon Thenardi en i)arallèle avec les Hymiarclos. Nous connaissons actuellement quatre espèces rapportées à ce genre. La première est V Jîy:i'narclos siraJensis, ([ui a servi do tjjie pour l'établissement de la coupe générique. Elle a été trouvée dans les régions sous-himalayennes par MM. Cau- tley et Falconer. La deuxième a été recueillie dans les sables pliocènes de Montpellier par M. Hervais, (pu l'a décrite sous le nom de Jlyxnarctos insignis. La tr(jisième a été signalée j)ar le même savant paléontologiste, d'après l'étude d'une portion de maxillaire supé-rieur recueillie en Espagne aux environs d'Aleoï par ^L de Bo- 48 .MAMMIFÈRES FOSSILES DE LA GRIVE SAINT-ALBAN tella. La carnassière supérieure était seule en place, mais cette dent est tellement semblable à celle de l'espèce trouvée dans l'Inde que la détermination générique ne saurait être mise en doute. La quatrième, Hyœnarctos hnnicyo)i, provient de Sansan. Les tuberculeuses supérieures du Dinocyoïi Thcnardi ne sauraient être confon- dues avec celle des Hyœaarctos Sicaleasis et insignis. De Blainville décrit ces dents ainsi qu'il suit : « Des deux arrières-molaires supérieures, la première, un peu plus grande que la seconde et carrée, c'est-à-dire aussi épaisse que large, était au côté externe, comme dans les autres espèces d'Ours, pourvue de deux tuber- cules; le côté interne un peu plus court, ayant l'apparence de n'en avoir qu'un gros, tant le sillon qui le partage en deux était peu marqué. Quant à la seconde ou dernière, MM. Cautley et Falconer, qui voient déjà dans la pre- mière une analogie éloignée avec ce qui existe dans les Chiens, et une dévia- tion du type ordinaire des Ours, y trouvent encore une plus grande différence avec ce qui a lieu dans ces animaux ; en effet sa couronne, plus petite qu'à la première, était encore carrée, bitulierculée au bord externe, et à peine trisillon- née irrégulièrement à l'interne, sans talon, mais pourvue en dedans d'un disque aplati, alternant avec le tubercule postérieur externe et en partie opposé à sa portion postéreure ; tandis que, comme le font justement observer ces messieurs, aucune espèce d'Ours n'a cette dent carrée et sans l'addition d'un talon crénelé sur ses bords ^ » Il est évident, d'après cette description et d'après la comparaison que l'on peut faire des tuberculeuses du Dinocyoïi Thenardl avec celles des Hysenarctos insignis et Sicalensis figurées par Gervais sur la planche lxxxi de sa Paléon tulog ic française , que le carnassier fossile de la Grive Saint- Alban appar- tient a un tout autre genre que ceux découverts au pied de l'Himalaya ou dans les sables des environs de Montpellier. Mais il n'en est pas de même pour la quatrième espèce cVIIyœnarctos avec laquelle notre fossile me paraît offrir les plus grandes analogies. Cette espèce a été décrite par M. Gervais sous le nom d'Hyœnarctos hemicyon, et Lartet, qui l'avait le premier signalée, l'avait nettement distinguée des Amjihicyon et l'avait placée dans un genre spé- cial, le genre Hemicyon. Toutes les pièces qu'on en connaît proviennent de la colline de Sansan; elles comprenent seulement les deux tuberculeuses su- périeures, la carnassière si caractéristique des Hycenarctos faisant malheureuse- ment défaut. Voici la description donnée par Gervais, et l'on verra en la lisant que les grandes différences existant entre le carnassier de Sansan et celui des ' Blainville, Osti'ographie, Subursus, p. 9S. M A M M I F K W !•: S F O S S I L !•: S 1) !•: I . A C'WW Iv S A 1 N T - A\Ai\ iN W Sivalik n'avaient pas écliapi».'^ a cl habil.! paléontologiste : « Le fragment appar- tenant à cette espèce qiu- i'ai t'ait figurer dans la planche lxxxi de cet ouvrage est très caractéristique. 11 montre non i)as une identité absolue, mais une analogie telle dans ses caractères génériques avec les Hi/ienarctos Sivahmsis et insignis, qu'on ne saurait en rapporter l'espèce à un autre genre que ce dernier : on y voit les deux arrière-molaires tuberculeuses. Quoique provenant d'un sujet tout à fait adulte, comme le montre l'usure de leur bord postérieur, elles Pont moins grandes que dans les Jli/œnarctos de l'Inde et de Montpellier, et un peu diffé- rentes dans leur forme. La deuxième, un peu plus large que longue, porte bien les deux tubercules externes que nous avons signalés comme étant l'un des caractères du genre auquel nous l'attribuons, et deux fausses crêtes sur la partie interne qui répond aux deux autres tubercules. La première arrière-molaire est également moins carrée que dans le fossile indien, et son bord antéro-interne plus oblique. La grandeur de ce fossile le distingue aussi bien que sa forme de l'espèce type du genre, et le premier de ces deux caractères peut également servir à démontrer qu'il n'appartient pas davantage à l'espèce que nous avons signa- lée en Espagne. En avant des deux molaires tuberculeuses, le fossile de Sansan qui est sous nos yeux porte les trois racines de la carnassière ; mais la couronne de cette dent n'a pas été conservée, et il nous est impossible de dire jusqu'à quel point elle ressemblait à la carnassière des autres Hyienarctos ; la disposition des racines ne paraît pas différente. Ce fragment a été recueilli par Laurillard. Il appartient à la collection du ^luséum de Paris. « Un second morceau qui nous a été communiqué par M. Lartet, et que nous donnons sur la même planche, fig. 9, paraît être d'un animal de la même espèce. Il ne présente aussi que les deux arrière-molaires supérieures ; elles y sont entières, et leurs saillies tuberculeuses sont plus apparentes que dans les fragments de la figure 8 V » Si l'on compare la tuberculeuse représentée par la figure 1 1 sur la planche accompagnant ce mémoire à la dent correspondante de la figure 9 de la planche LXXXI du Traité de Paléontologie française, de Gervais, l'on reconnaîtra que, sauf la taille, il existe une très grande ressemblance entre ces deux dents. Quel- ques chiffres relatifs à la longueur du ])ord externe, mesuré suivant une hgne passant par les deux mamelons et au diamètre antéro-pos té rieur du bord interne du talon, permettront de faire plus facilement apprécier les analogies existant entre le fossile de la Grive Saint -Alban et celui de Sansan, et elles mettront en Uervais, /^ool. et Palcont. franc., i' êJ., p. 209. Ancn. Mus. \l\. 50 MAMMIFÈRES FOSSILES DE LA GRIVK SAINT-ALBAN évidence les particularités qui distinguent la première tuberculeuse de ces carnas- siers de celle des Hyxnarctos Sivalensis et insignis. La longueur du bord externe de la première tul)erculeuse de V Hyœnarctos Sivalensis est de 0™,030. Le diamètre antéro-postérieur maximum du talon est de 0"',025. Le rapport existant entre ces chiffres, le dernier étant pris comme diviseur, est 1,20. La longueur du liord externe de la première tuberculeuse de YHyœnarctos insir/nis est de 0'",02S. Le diamètre antéro-postérieur maximum du talon est de 0"\023. Le rapport existant entre ces chiffres est 1,2173. Ce nombre et celui relatif au Hyeenarctos Sivalensis sont très rapprochés, et, comme on va le voir, ils sont fort différents de ceux offerts par le Hyu^narctos hcmicyon et le Dino- cyon Thennrât . La longueur du bord externe de la première tuberculeuse de V Hysenarctos hemicyon est de 0™,027. Le diamètre antéro-postérieur maximum du talon est de 0™,025. Le rapport entre ces cbiffres est de 1,4210. La longueur du bord externe de la première tuberculeuse du Dinocyon ThenarcU est de 0™,032. Le diamètre antéro-postérieur maximum du talon est de 0'",023. Le rapport entre ces cbiffres est 1,3903. Gomme on le voit, les proportions en longueur du bord externe et du talon sont très voisines sur le Dinocyon ThenarcU et le Hyxnarctos hemicyon, et elles sont en même temps fort ditll^- rentes de celles des Hyœnarctos Sivalensis et insignis qui se ressemblent au con- traire beaucoup. D'autre part, si Ton rechercbe le rapport entre la longueur maximum et la largeur maximum de la couronne, l'on arrive à des résultats identiques. Les Hyœ- narctos Sivalensis et insignis se rapprochent l'un de l'autre et ils s'éloignent du Hyœnarctos hemicyon et du Dinocyon ThenarcU, qui offrent entre eux les plus grandes analogies. Les chiffres suivants permettront de se rendre compte de ces ressemblances et de ces différences. La longueur maximum du bord externe de la première tuberculeuse du Hyœnarctos Sivalensis est de 0'%030 ; la largeur maximum est de 0™, 027. Le rapport existant entre ces deux cbiffres est 1,1111. La longueur maximum du bord externe de la première tuberculeuse du Hyœnarctos insignis est de 0"\02S. La largeur maximum est de 0'",025. Le rap- port entre ces chiffres est 1,1200. La longueur maximum du bord externe de la première tuberculeuse du Hyœnarctos hemicyon est de 0'",027 ; la largeur maximum est de 0'",02S. Le rapport entre ces chiffres est 0,9643. N[AMNriI''KKKS KOSSir.llS 1) H I,A OUI VI', SAINT AI, l',|AN 51 La lonj^iuMU' inaxiiimiii du bord cxterno de la première tuberculeuse du Diiiocyon Tlwnardi est de 0"',032; l'épaisseur est de 0",03i. Le rapport existant entre ces chiiri'cs est 0,*.)ili. Il résulte de ces chiffres que chez le Hyxnarctus hemicyon et le Dinocyoïi Thcnardi le diamètre transverse de la couronne l'emporte sur le diamètre longitudinal, ce qui est l'opposé sur les Hyvenarctos Sicalcnsis et insignis. Vax joignant ces caractères différentiels à ceux signalés par Oervais, l'on est conduit à se demander si l'animal de Sansan qu'il a con- sidère' comme étant un Hyienarctos en était bien un, et s'il n'appartiendrait pas plu- tôt au même genre que le fossile découvert par Jourdan. C'est cette dernière opinion que je crois vraie, pour ma part, et l'étude de la deuxième tuberculeuse vient encore apporter de nouvelles preuves à Tappui de cette manière de voir. La forme de' la deuxième tuberculeuse est tout à fait caractéristique sur les Hyaiiiarctos Sivaloisis et insignis. Cette dent chez ces carnassiers est sensible- ment quadrilatère, et elle offre la particularité d'avoir uu bord interne plus étendu que ne l'est le bord interne de la première tuberculeuse. Nous retrouvons cette disposition mais a lui moins haut degré sur le Dinocyon Thenardi, alors qu'elle n'existe pas sur le Hyœnarctos heynicyon. Si le caractère relatif à l'étendue du bord interne de la deuxième tuberculeuse se retrouve sur les Hyxnnrclos Si- valensis et insignis et sur le Dinocyon Thenardi, il n'eu existe pas moins de grandes différences dans la forme de cette partie de la dent. Le bord interne de la deuxième tuberculeuse des Hyœnarctos insignis et Sivalensis est droit- tandis qu'il est arrondi sur le Dinocyon Thenardi et le Ilyxnarctos hemicyon. D'autre part, si l'on recherche le rapport pouvant exister entre la longueur et la largeur de la deuxième tuberculeuse, on ol)serve que le Hyœnarctos des Sivalik et celui de Montpellier se placent à côlé l'un de l'autre, alors que les carnassiers de Sansan et de la Grive Saint-Alban s'en éloignent d'une manière graduelle. Ainsi la longueur maximum du bord externe de la deuxième tuberculeuse du Hyœnarctos Sivalensis de est 0",028 ; la largeur maximum de la couronne est de 0'",03i. Le rapport existant entre ces chiffres est 0,9032. La longueur du bord externe de la deuxième tuberculeuse du Hyœnarctos insignis est de 0'",025. La largeur maximum de la couronne est de 0'",02T. Le rapport entre ces deux chiffres est 0,9259. La longueur maximum du bord externe de la deuxième tuberculeuse du Hyœnarctos hemicyon est de 0'",021 ; la largeur maximum de la couronne est de 0™,02S. Le rapport entre ces deux chiffres est 0"',lô. La longueur maximum du bori externe de la deuxième tuberculeuse du Di- nocyon 77ienardi est 0'",029; la largeur maximum de la couronne est de 0"',033. 52 MAMMIFÈRES FOSSILES DE LA GRIVE SAINT-ALBAN Le rapport entre ces chiffres est 0,8787. Ce nombre tendrait à rapprocher le BmocyoH Thenardi des Hysenarctos Sivalensis et insignis alors que le Hyse- narctos hemicyon s'en écarterait considérablement. Si l'on résume les caractères des deux tuberculeuses du Binocyon Thetiardi, l'on voit que ces dents étaient absolument difféi*entes de celles qui leur correspondent sur V Amphicyon major, Y Ampliicyon à'Avaray, les Hysenarctos Sivalensis et insignis. L'on observe, d'autre part, que la première d'entre elles offrait de très remarquables analogies avec la première tuberculeuse du carnassier décrit par Gervais sous le nom ^Hysenarctos hemicyon, mais que la deuxième était assez différente sur ces deux animaux. Pourtant la forme générale de cette dent rap- proche plus le carnassier de la Grive Saint- Alban de celui de Sansan, qu'elle ne le fait des Hysenarctos de l'Hymalaya et de Montpellier. Si l'on compare en dernier lieu les tuberculeuses du Binocyon Thenardi à celles du carnassier nommé par Jourdan Ccphalogale, on est frappé de l'extrême ressemblance existant par ces dents entre les deux mammifères. Lorsque j'ai tracé la description du Cephalogale Geoffroyl, j'ai fait remarquer que si l'on avait trouvé isolées les tuberculeuses supérieures de ce carnassier, on les eût certaine- ment rapportées à un animal très voisin du Hysenarctos hemicyon, mais qu'en présence de la carnassière, on ne pouvait songer ù placer dans le genre Hysenarctos le carnassier découvert à Saint-Gérand-le-Puy *. Ce fait montre une fois de plus combien on doit être prudent dans les diagnoses que l'on établit d'après l'étude d'une ou de deux dents. Ainsi en présence de l'exis- tence d'un animal ayant des tuberculeuses semblables à celles de Y Hysenarctos Hemicyon et alors qu'il n'appartient sûrement pas à ce genre, on peut se demander si M.Gervais a eu raison de \\2iQ,(ivX Hemicyon de Lartet dans le genre Hysenarctos. d'après la seule découverte de deux tuberculeuses. D'autre part, les analogies si remarquables existant entre les tuberculeuses du Binocyon Thenardi et celles du fossile de Sansan viennent encore rendre plus douteux ce rapprochement, car nous savons sûrement par l'étude du maxillaire inférieur que le Binocyon Thenardi n'était pas un Hysenarctos. On pourrait dès lors se demander si le Binocyon Thenardi, le Hysenarctos hemicyon, le Cephalogale Geoffroyi n'appartenaient pas à un même genre et non à trois genres séparés. On peut aftirmer que le Cephalogale Geoffroyi était distinct génériquement des carnassiers trouvés par Lartet et Jourdan, car le développe- ment des tuberculeuses supérieures, celui de la carnassière et des deux tuber- * Mammifcres fossiles de V Allier, iS~9, p. IIS. MAMMIFÈRES FOSSILKS HK l,A GHIVK SAINT \I,15AN 53 culeuses inférieures n'est pas le même et ne permet aucun rapprochement. Reste il savoir si 1<^ Ifija'narctos hemicyon et le I)inoct/on T/ienardi doivent ôtic rap- portés à deux irenres différents ; je ne le pense pas, et je croirais volontiers que lorsqu'on connaîtra plus complètement le carnassier fossile de Sansan, ou l'enlèvera du genre Hi/œnarctos, où l'on n'a aucune bonne raison de le placer maintenant, pour le mettre à côté du Diiiori/on Thenardi , dont il constituera une espèce assez voisine. Les dents inférieures du Dinocyon Thenardi nous sont moins imparfaitement connues que ne le sont les supérieures, car nous possédons la troisième incisive droite, la carnassière et les deux tuberculeuses. Les insisives inférieures avaient une couronne assez petite supportée par une très longue racine. Go faible développement de la partie supérieure de la dent est remarquable, si l'on vient à comparer les incisives inférieures aux incisives supé- rieures. Les premières, ainsi qu'on peut le voir par les figures 7 et 8 de la planche jointe à ce travail, avaient une couronne très forte supportée par une racine courte, très développée suivant le diamètre antéro-postérieur. L'incisive inférieure qui a été représentée est la deuxième gauche ; elle est vue de face dans la figure 9 et par derrière dans la figure 10. Sa forme est fort différente do celle de la dent correspondante des Amphicyon, des Canis, et elle indiquerait plus d'analogie avec les Hyeenarctos. Les mesures relatives à la deuxième incisive supérieure et à la troisième incisive sont les suivantes : Longueur totale Longueur de la racine (bord antérieur). . Longueur de la couronne (bord antérieur) . Largeur raaxinium de la racine .... Largeur du bord libre de la couronne . La carnassière du Dinocyon Thenardi présente des proportions dépassant de beaucoup en force celles de la carnassière de tous les mammifères fossiles et vivants connus. Cette dent est constituée comme l'est celle des Canis et des Amphicyons. Sa pointe interne est très réduite, et elle est plus portée en arrière que dans le ilernier genre dont je viens de parler. Je n'ai pas besoin de rappeler que la carnas- sière inférieure des Hyœnarctos est absolument différente. « Cette dent, ditM. Owen, a une couronne simple comprimée, avec un lobe moyen conique et un talon à la base des bords antérieur et postérieur; mais il n'existe pas de tubercule interne '.» ' Ovven, Odontologie. 2' I.NCIS. SUPÉRIEURK 3' I.NCIS. INFÉRIEURI 0"',0270 0"',0390 0"',0140 0'-,0270 o^o^30 0™,0120 O'",0060 0"',0040 0"',0085 O'-.OOTO 54 MAMiMIFERES FOSSILES DE LA GRIVE SAINT-ALBAN Les mesures relatives à la carnassière du Dinocyon Thenardi sont les suivantes : Longueur 0"',045i) Hauteur maximum (la pointe est un peu usée). . . 0"',0230 Hauteur de la pointe interne 0", (31(10 Hauteur du talon 0'",014U Largeur maximum 0"',0220 Largeur du talon O'",01!J5 Longueur du talon 0"',0130 La deuxième tuberculeuse est constituée comme celle des Canis. Seulement la pointe antérieure manque, et les deux pointes internes se réunissent Tune a l'autre par une petite crête transversale. Le talon a, par rapport au reste de la dent, le même développement que sur les Amphicyou ; il en constitue à peu près le tiers. Les mesures relatives à (îette dent sont les suivantes : Longueui' 0™,0320 Hauteur de la partie antérieure O^.OIOO Hauteur du talon 0'",0120 Longueur du talon 0"',0120 Largeur maximum 0"',0022 Largeur du talon 0'",()1S0 La deuxième tuberculeuse est implantée sur le bord antérieur de la Ijranclie montante, de telle manière que sa surface constitue un plan incliné de haut en ].)as et d'arrière en avant. La couronne présente deux pointes dans sa partie antérieure, reliées entre elles par un léger pli de l'émail; son talon constitue une surface dé- primée, limitée par des bords épaissis et relevés. Les dimensions de celte dent sont les suivantes : Longueur 0"',019 Hauteur 0"',007 Largeur maximum 0",015 Les seules parties du squelette qui nous sont parvenues du Dinocyoïi Tlicnat-dl sont les cinq métacarpiens du côté gauche. Ces différents os sont reproduits [lar la figure 14. La figure 13 correspond au quatrième métacarpien gauche vue pnr dessous. J'ai comparé ces diverses pièces aux métacarpiens des Amphicyoït et des Caais et j'ai constaté que par leur réunion elles constituaient une patte antérieure ne ressemblant nullement à celles des animaux appartenant aux deux genres que je viens de citer. Pour rendre plus faciles à saisir les caractères distinetifs du MAMMIFKRKS FOSSILES DK LA (IIUVL SAINT ALliAN m motacarpo du Dinocyon Thcnnrdi et dn métacarpe de V Amphicyon major de Saiisan, ji> rapporterai la description qu'a donnée do Blainville du carpe de ce carnassier : « Nous avons pu examiner plusieurs os du métacarpe, les uns du côté gauclic. les autres du côté droit, et dont une partie provient du squelette presque entier. Leur grosseur, proportionnellement à leur longueur, et leur brièveté lèvent toute espèce de doute, s'il pouvait y en avoir encore sur les affinités de VAm23hicyon. En effet, quoique ceux du squelette presque entier soient un peu plus courts et plus robustes que d'autres évidemment plus grêles, il n'en est aucun qui soit jamais dans des proportions assez allongées pour être comparé aux métacarpiens de Felis ou de Cmiis, et ce n'est qu'avec ceux des Ours, des Blaireaux , que la comparaison peut s'établir. On peut même à peu près assurer que, comme dans ces animaux, c'était le cinquième qui était le plus gros et le premier le plus petit ' . » Si l'on veut bien se rapporter à la figure 14 de notre plancbe, on verra que les os de la patte antérieure du Dinocyon Thenardi n'avaient pas entre eux les rapports de taille que de Blainville supposait devoir exister chez VAmphicyou. Le premier métacarpien était bien le plus petit, mais c'était le quatrième et non le cinquième qui avait un développement supérieur à celui des autres os. D'autre part, si l'on compirela patte de notre fossile à celle des Ours, on voit qu'elle est absolument différente. Dans la plupart des espèces de ces carnassiers, les doigts sont égaux, et lorsqu'il existe quelque différence de longueur entre eux, c'est le premier qui devient plus petit, alors que le cinquième est toujours le plus fort. h' Ursus americaniif! nous olfre un exemple de cette dernière disposition. Les métacarpiens des Subursidés, tels que ceux du Blaireau, du Mydaus, sont égaux entre eux, et quant à ceux des Chiens, ils ne pourraient être mis non plus en parallèle avec ceux du Dinocyon Thenardi. Leur forme et leur développement sont tout à fait différents ^ Le Glouton seul m"a paru avoir des métacarpiens ayant entre eux des rapports de volume se rapprochant assez de ceux de notre fossile. I-.es mesures relatives aux différents métacarpiens sont les suivantes: !•' JïbT.VCVH. 2*.MKT\CVK. 3' MKTACAH. ■'.' MKTACAK. 5' MKTACAH Longueur O^.OS? » ^".lOO 0"',iOG 0'",Oyi Larj^eur (le l'extrémité art. sup. . 0"\0H O^.Oi.'î 0"\()18 0'",021 0",022 Largeur derextrémité art. inf. . 0"',OUS » » 0",021 û"'.015 « De Blainville, Ostéologie : Subursus, p. 87. « Voy. pi. V, fi-. 1, 21), 22 de ce travail. OBSERVATIONS RELATIVES A DIVERS CARNASSIERS FOSSILES PROVENANT DE LA GRIVE SAINT- ALBAN (isére) Les collections du Muséum d'histoire naturelle de Lyon comprennent de nombreux ossements de mammitères fossiles trouvés à la Grive Saint-Alban. La plus grande partie d'entre eux ont été recueillis par Jourdau qui, lorsqu'il en faisait don au Muséum, comptait en tracer une description détaillée. Mais malheureusement il est mort sans laisser les documents relatifs à ce travail et la planche accompagnant ce mémoire, composée et dessinée sous sa direction, constitue, avec une très courte note parue dans la Revue des Sociétés savantes de 1852, le seul indice du désir qu'il avait éprouvé de faire connaître les caractères particuliers aux nouvelles formes animales dont ou lui devait la découverte. Les gisements de la Grrive Saint-Alban semblent être contemporains do ceux de Sansan, dans le Gers. Les travaux d'exploitation qui les avaient fait découvrir ont cessé depuis longtemps, et, à l'heure actuelle, on ne pourrait exécuter des fouilles fruc- tueuses qu'en dépensant des sommes considérables. Aussi il est très probable que nos connaissances relatives à la riche faune qu'ils semblent renfermer ne s'accroîtront jamais. Je rappellerai que c'est de la Grive Saint-Alban que proviennent les débris du Dinoci/onThenardi auxquels j'ai consacré dans ces archives une étude spéciale. C'est également dans cette localité qu'ont été rencontrés les magnifiques restes C.VRNASSIKllS F()SSI[,KS DE LA (IIUVK SAINT-ALBAN r>7 (VAnchilthcrium aurelianense faisant aujourd'hui partie des collections paléonto- logiques du Muséum d'histoire naturelle de Lyon. Le niémoiro que je i)ublie comprend seulement l'élude des carnassiers fossiles dont Jourdan avait fait figurer les restes. Je me suis efforcé de mettre en relief leurs carac- tores anatomiques distinctifs. D'autre part j'ai constamment établi un parallèle entre les espèces nouvelles et les espèces fossiles et vivantes s'en rapprochant le plus. MACIIAIRODUS JOriîDANI, spec nov. (PI. IV. fig. 3, 4, 5.) Les seuls débris de squelette de Machairodiis trouvés à la Grive Saint-Alban consistent en une canine supérieure et en une portion de maxillaire inférieur sup- portant la carnassière et la dernière prémolaire. Ces restes permettent de reconnaître que l'animal auquel ils ont appartenu avait une taille considérable, inférieure à celle du Machairodiis cultndens,s\x^év\Q\xvQ à celle des Machairodus découverts dans les dépôts lacustres de Sansans ou dans les alluvions ponceuses de la montagne de Perier. La canine est brisée au niveau de ses extrémités supérieure et inférieure. La lar- geur totale de ce fragment, mesuré en ligne droite, est de 0"Sl20. L'émail remonte beaucoup i)lus haut sur la face externe que sur la face interne de la couronne, et cotte disposition est bien nette sur les figures accompagnant notre travail. Le fragment du maxillaire inférieur est surtout intéressant à étudier, car il présente des caractères spéciaux qui me paraissent n'avoir point encore été signalés par les paléontologistes. La dernière prémolaire est munie à la portion antérieure de sa couronne d'un lobe aigu, peu large à sa base, bien détaché. Le bord postérieur de la dent a un aspect dentelé par suite de l'existence au niveau de sa portion moyenne d'une sorte de lobe accessoire à bords tranchants. Il semblei^ait, en examinant la dernière prémolaire par sa face (îxlerne qu'elle ait ('té primitivement composée d'une pointe antérieure, d'un lobe moyen, d'une pointe postérieure semblable à la pointe antérieure et enfin d'un t lion, et qu'à la longue, la pointe postérieure se soit soudée par ses bords au bord antérieur du talon et au bord postérieur du lobe moyen, alors que la pointe antérieure conservait son indépendance. Si cette supposition est exacte, nous devrions retrouver une espèce de Machairodus chez laquelle la dernière prémolaire possédait une forme semblable à celle queje viens de signaler. Or, cette forme type existe, elle correspond au Machairodus découvert à Sansan et nommé Machairodus palmidens. Dans cette espèce, les prémolaires avaient les bords de leur couronne profondément Ancii. Mus. ni. s 58 CARNASSIERS FOSSILES DE LA GRIVE SAINT-ALBAN découpés *. La dernière d'entre elles était constituée par un lobe principal, précédée d'une pointe isolée, semblable à celle que j'ai mentionnée sur la dent correspondante du carnassier fossile de la Grive Saint-Alban. En arrière du lobe principal existait un lobe accessoire dont le bord antérieur était libre dans toute son étendue et dont le bord postérieur se trouvait être soudé seulement dans sa partie inférieure à un troisième lobe formant un talon. Sur les autres espèces de Machairodus actuellement décrites, on observe une disposition fort différente de celles sur lesquelles je viens successivement d'appeler l'attention. La dernière prémolaire présente un lobe central et deux lobes acces- soires, l'un antérieur, l'autre postérieur plus abaissés. A la portion terminale de la dent on remarque un bourrelet d'émail, assez détaché, représentant le talon. Les différents lobes sont moins élevés, plus arrondis sur leurs bords et à leur sommet qu'ils ne le sont sur la dent correspondante des Machairodits de Sansan et de la Grive Saint-Alban. Si l'on rapproche les unes des autres les trois formes propres aux dernières prémolaires des diverses espèces àe Machairodus que je viens de mettre en parallèle, l'on peut constituer une série dont le premier terme correspondra au félin de Sansan, le second au félin de la Grive Saint-Alban, et le troisième aux Machairodus ordinaires. L'on voit alors que la forme des prémolaires était primitivement bien différente de ce qu'elle est devenue plus tard. Ces dents étaient constituées d'abord par trois lobes élevés, abords presque droits, à sommet aigu et par un talon indépendant. Peu à peu, par suite d'adaptation, le ti^oisième lobe s'est réuni au lobe principal et au talon ; alors les prémolaires ont revêtu les caractères existant sur le Machai- rodus de la Grive Saint-Alban. Plus tard le lobe postérieur et le talon se sont presque complètement réunis et ils se sont abaissés, le lobe antérieur restant libre. Cet état correspond à la forme existant sur les Machairodus de la montagne de Perrier. Les mesures relatives à la carnassière et à la prémolaire existant sur l'échan- tillon que je décris sont les suivantes ; Longueur Hauteur de la pointe antérieure . Hauteur de la pointe moj-enne . Hauteur de la pointe postérieure . Hauteur du talon Hauteur du bord antérieur . . . Hauteur au niveau de la portion moyenne Hauteur au niveau du bord postérieur 2' PREM. C\KNASS. 0"' ,0100 O'",0250 0" ,0100 » 0'" ,0127 » 0" ,0100 )> Qm ,0070 » » 0"',0120 » 0"\0100 » 0"',0125 ' Blaiiiv. Oiteogr. G. Fclis, p. 1j5, p!. IT CARXAF^SIEKS KOSSII.KS DE I.A nRIVH SAINT AI/iiAN 59 Les caractères que je viens de signaler me paraissent avoir une valeur suffisante pour que l'on attribue au carnassier qui les présente un nom spécial. Je proposerai (l'appoler cet animal nouveau Machairodus Jourdcuii, en souvenir du savant naturaliste qui on avait fait la découverte. yELUROGALE INTERMKDIA? Fii.iioi. G. PRIONODES (JouHu.) (PI. IV. flg. 2.) Je rapporterai avec réserve à WElarogale intermedia une canine supérieure représentée par la ûg. 2 de la planche jointe à ce mémoire. Cette dent rap- prochée de celles existant sur les échantillons à'^Elurogale que j'ai trouvés dans les phosphorites du Quercy m'a paru leur être identique. C'est d'après cette unique dent que Jourdan avait proposé la création du genre Prionodes. MUSTELA. ... ? (l'I. IV. lig. s, 9.) Un fragment de maxillaire inférieur semble indiquer la présence, au milieu des carnassiers enfouis dans les dépôts de la Grive Saint-Alban, d'une toute petite espèce de Mustellidées. Les alvéoles correspondant aux quatre prémolaires sont préservés, et ils occupent sur le bord alvéolaire une étendue de 0"',0i6. La hauteur du corps du maxillaire, au niveau de la partie moyenne de l'alvéole de la quatrième prémolaire, est de 0"',00G, Sur la face externe du corps de l'os, l'on constate l'existence de deux orifices destinés à livrer passage aux vaisseaux et aux nerfs dentaires. L(^- premier d'entre eux correspond à la racine antérieure de la deuxième prémolaire, et le second à la racine antérieure de la dent suivante. Ils sont distants de 0"',0025 et de 0"',003 bord alvéolaire. LUTRA LOP.TETI, spec. nov. (PI. IV. (îg. 20, 22.) Je considérerai C3name provenant d'une Loutre une portion du maxillaire inférieur représenté parles fig. 2i et 22 de la planche jointe à ce mémoire. 60 CARNASSIERS FOSSILES DE LA GRIVE SAINT-ALBAN Sur cet échantillon, les trois dernières prémolaires et la carnassière sont en place. La première prémolaire manque et son alvéole un peu comprimé latéralement renfermait une dent à une seule racine. La dent suivante était biradiculée ; sa couronne un peu épaissie avait un bord antérieur très court, dirigé verticalement et un bord postérieur très étendu et très oblique. Autour du collet régnait un épaississementbien accusé de l'émail, rappelant, par sa forme et sa disposition, celui que l'on observe sur la deuxième prémolaire du Lutra Valetoni. La troisième prémolaire était identique à celle de l'espèce fossile dont je viens de rappeler le nom. Quant à la quatrième prémolaire, elle était fort différente sur l'espèce de la Grive Saint-Alban de celle qui lui correspond sur l'espèce de Saint-Gérand- le-Puy, son bord postérieur étant lisse au lieu de présenter à sa partie moyenne un fort tubercule. La carnassière était remarquable par suite de son grand allongement, en même temps que par son peu de hauteur. Le bord postérieur du lobe moyen était convexe et oblique en arrière, dispositions fort différentes de celles que l'on observe sur le Lutra Valetoni, oîi il est absolument droit et vertical. A la face externe de la cou- ronne, il existait un tubercule bien détaché, semblable par son volume, sa forme et sa position à celui que l'on remarque sur la carnassière des Loutres. La tuberculeuse, à en juger par l'alvéole qui la renfermait, devait être petite, arrondie, et elle ne possédait qu'une seule racine. Les mesures relatives aux dents qui ont subsisté sur cet échantillon ainsi que celles se rapportant aux alvéoles de la première prémolaire et de la tuberculeuse sont les suivantes: 1" PRIÎM. (alvéole) 2" PRlijl. 3* TRÉM. 4' PKÉM. CVBNISS. ït'BERC. (alvéole) Longueur . . Largeur . . Hauteur . . 0'",0U30 0"',0025 » 0"\0040 0"\0030 0"\003() 0"\0053 0™,0032 O'",0040 0"",0080 0"\0040 0"',0060 o;,oi20 0"',0047 U'",0Û40 0'",0002 0'",0002 » Sur la face externe du corps du maxillaire, on observe un orifice correspondant au point de contact do la deuxième avec la troisième prémolaire. Il est situé à O'",00^ au-dessous du bord alvéolaire. La hauteur du corps du maxillaire sous la carnassière est de 0"',013. Cette espèce fossile ne saurait être confondue avec le Li'.tra Valetoni, par suite des formes fort différentes de la quatrième prémolaire et de la carnassière. On la distingue très facilement aussi de VHydrocyon Sansaniensis, que Lartet consi- CARNASSIERS FOSSILES DE LA GUIVE SAIN T ALI3AN 61 démit comme étant u peut-être le même animal que celui désio-né par Blainville dan son Ostcographic, fasc. 10, par lo nom de T.iitra dnhid ' ». Gervais a donné de V lliidrocyon Sansaniensis {Mustela hydrocyon, Gervais) la description suivante : « Il n'y a sur la pièce que deux molaires entières et en place, savoir la principale et la carnassière; mais on reconnaît, par les racines ou les alvéoles, qu'il y avait six molaires comme dans l'espèce précédente. La première des dents molaires n'avait qu'une racine; la deuxième, qui en avait deux, était oblique, ce que démontre son alvéole antérieur situé en dehors de la série, à peu près comme dans le Glouton. La troisième des dents molaires avait aussi deux racines; la quatrième, qui est dans le même cas, a sa couronne en pointe triangu- laire peu élevée, à sommet sub-médian et à bord postérieur plus sensiblement pro- longé en talon que l'antérieur et plus épais vers le collet. La carnassière, qui vient ensuite, a trois pointes, comme celle du Mustela taxodon et de la plupart des mus- télins. Les deux externes sont également aliformes, et l'interne est de même placée au bord postéro-interne de la seconde, plus petite qu'elle et coniforme. Sur le sujet représenté, l'aile interne est fortement usée. Le talon, de la même dent est fort élargi. La sixième et dernière molaire paraît avoir été une tuberculeuse arrondie, à une seule racine. On voit encore une partie de son alvéole. Longueur occupée par les six molaires, 0"',045 ; longueur de la carnassière, 0'",011 ; hauteur de la mandibule sous la quatrième dent, 0'",014^. » Le mammifère fossile de la Grive Saint-Alban diffère de celui de Sansan par sa taille, qui est inférieure, par la forme de sa quatrième prémolaire sans tubercule au bord postérieur, par la carnassière dont le bord postérieur du lobe médian est droit au lieu d'être convexe, et dont le talon, arrondi sur tout le pourtour, ne présente pas de fort mamelon à son côté externe. Une deuxième espèce de carnassiers, le Mustela taxodon {Taxodon San- saniensis, Lartet), doit être mise en parallèle avec le fossile dont je donne la des- cription. La portion de maxillaire inférieur découverte indique l'existence de six molaires inférieures, la première et la dernière ne possédant qu'une seule racine. Cinq dents sont en place : les deuxième, troisième, quatrième prémolaires et la carnassière. Les prémolaires n'ont qu'une pointe à leur couronne modérément élevée et elles présentent dans leur portion postérieure un épaississement de l'émail constituant un talon rudimentaire. La carnassière est constituée, comme dans la plupart des MustelUdées. par deux ailes, une pointe interne et un fort talon. Ce dernier élément « Lartet, Notice sur la colline de Sansan, p. i7. 185t. 8 Gervais. Zool. et Paleont. franc., p. 248.2"' édit. 02 CARNASSIERS FOSSILES DE LA GRIVE SAINT-ALBAN a sur le Muslela taxodon une disposition spéciale. Indépendamment de son allon- gement, qui est très remarquable, son bord est garni, dans toute son étendue, de forts tubercules bien détachés. La carnassière de notre fossile est construite d'après un plan différent, le talon étant beaucoup moins développé et ne présentant pas de saillie sur son pourtour supérieur. Le Liitra duhia de de Blainville était un animal beaucoup plus fort que celui dont je discute les caractères. L3 talon de la carnassière étant plus allongé, par rapport aux lobes antérieurs, que sur le Mustela taxodon. Les proportions du Lutra vidgaris sont également supérieures à celles de notre fossile. Les prémolaires indiquent d'assez grandes analogies, mais les carnassières sont différentes ; le talon de celles de l'espèce actuelle est plus tranchant et surtout beaucoup plus relevé. Si l'on résume les observations que je viens successivement de présenter relative- ment au maxillaire fossile trouvé à la Grive Saint-Alban, l'on voit que ce débris provient évidemment d'un animal appartenant à la famille des Mustellidées et que ce n'était n un Glouton, ni un Blaireau, ni un Zorille, ni un Putois. Faut-il le faire rentrer dans le genre Mustela ou de préférence dans le genre Lutra? Telle est la question fort délicate qu'il nous reste à résoudre. Aucune Mustela fossile ne ressemble à notre carnassier, et j'ai fait ressortir les grandes différences qui existaient lorsque l'on mettait en parallèle les espèces s'en rapprochant le plus. La même observation doit être faite pour les Loutres. Les LiUra Valeloni, a/finis, vulgaris, possèdent des caractères distinctifs bien accusés. Mais pourtant il me semble que c'est avec des animaux appartenant à ce groupe que notre mammifère possède le plus d'analogie. Ses prémolaires sont fortes, trapues comme dans les Loutres, la carnassière étant un peu plus abaissée et ayant un talon moins tranchant. En tenant compte des faits connus, l'on est obligé de reconnaître qu'il a existé anciennement un groupe de mammifères dont faisait partie VHydrocyon Sansa- niensis, le Lutra dubia ayant, comme Lartet l'a dit avec beaucoup de raison, quelque chose d'intermédiaire dans leur dentition au Chien et à la Loutre. C'est près de ce groupe que doit, je crois, prendre place le fossile de la Grive Saint-Alban con- stituant en quelque sorte une forme intermédiaire aux Ili/droci/on et aux Lutra. Comme les caractères propres à ce dernier genre sont même plus accusés que ceux particuliers au mammifère de Sansan, je considérerai notre carnassier comme une Loutre, et je le désignerai par le nom de Lutra Lorteli. CARNASSIERS FOSSILHS I)K I..V C.KIVK SAl NI- A r,R A N 03 IIERPESTES CRASSUS, spec. nov. 0. UY r'f)LEURUS (Jovnn.) (l'I. IV. fig. in, 11.) Les Herpestcs me paraiss(nit avoir été représentés au milieu do la faune de la Grive Saint-Alban par une espèce très voisine do V Hm-pestes au/i'/i'i's (Pom.) de Saint -Gérand-le-Puy *. La seule différence que l'on puisse noter consiste dans un i)lus grand développe- ment des prémolaires inférieures sur le fragment dont je vais donner la description. Le seul échantillon retrouvé de ce mammifère consiste dans la partie antérieure de la branche droite du maxillaire inférieur brisé au niveau de l'alvéole postérieur de la troisième prémolaire. La canine, la deuxième et la troisième prémolaires sont en place. La première de ces dents est assez forte, elle mesure O^jOSO de longueur. Ce chiffre doit être décomposé de la manière suivante : longueur de la racine, O^jOlô ; longueur de la couronne, 0'",0i4. Ces dernières mesures ont été prises suivant la face externe de la dent ; à la face interne elles s'accusent par les nombres 0"',01C pour la longueur de la racine, et 0™,01 i pour la longueur de la couronne. Les diamètres transverse et antéro-postérieur au niveau du collet sont 0"',0047 et 0"',006. La première tuberculeuse étant uniradiculée et insérée à un millimètre environ du bord postérieur de l'alvéole de la canine, l'alvéole qui la renfermait mesure un millimètre et demi dans tous les sens. La deuxième prémolaire est remarquable par son grand développement comparé à celui très réduit que possédait la dent située en avant d'elle. Dans YHevpestes antiquus l'on ne note pas une disproportion semblable. La couronne est triangu- laire à bords antérieur et postérieur sensiblement égaux. Au niveau de la base du bord antérieur, l'émail est épaissi et constitue un bourrelet bien accusé. Une disposi- tion semblable se remarque à la base du bord postérieur ; mais, en ce point, le talon ainsi constitué est surmonté par un petit mamelon peu détaché de la couronne. La face externe de la deuxième prémolaire est un peu convexe, tandis que sa face interne est plane. La troisième prémolaire a une structure générale semblable à celle que je viens d'indiquer. Seulement le pli antérieur d'émail est plus fort, le tubercule postérieur 1 Dans mon travail sur les Mammifères fossiles de Saiiit-G^ranJ-le-Puy, par suite d'une erreur, la description relative à VSerpestes antiguus porte le litre : IJerpesles pi-iscus. L'explication des figures est correcte. UERPESTES CRASSL'S HERPESTES ANIIQUUS o-^.oooo 0'",0100 0"\0050 0™,0070 U'",0050 0"',0060 0"\0030 0"",0045 ()'",0070 0"\0075 0"\0035 0'",0050 ()"',0070 0'",U075 0"\0042 0™,0075 G', CARNASSIERS FOSSILES DE LA GRIVE SAINT-ALBAN plus accusé et plus détaché, alors que la portion du bord postérieur de la dent située au-dessus de lui est plus convexe. La deuxième et la troisième prémolaires de Y lier pestes antiqiius' rappellent beaucoup, ainsi que je l'ai dit antérieurement, les dents de notre fossile. Elles en diffèrent pourtant par leur allongement moindre, par Tinégalité des bords antérieur et postérieur de la couronne, par la direction plus ascendante du bord antérieur. Les mesures suivantes permettront de saisir ces caractères distinctifs : Longueur Hauteur Longueur du bord antérieur . Longueur du bord postérieur. La hauteur du corps du maxillaire de VHerpestes antiquus est de 0".0i sous la première prémolaire. A la face externe du maxillaire de VHer/jestes antiquus, on observe dans la partie antérieure deux orifices dentaires : le premier correspondant à la racine antérieure de la deuxième prémolaire ; le deuxième à la partie mo3-enne de la troisième. Ces trous sont situés à 0"\00r) du bord alvéolaire. Sur le fossile de la Grive Saint- Alban, on note l'existence à la face externe du maxillaire de trois orifices groupés les uns à côté des autres. Deux situés l'un au-dessus de l'autre correspondent à la pre- mière prémolaire; le troisième, plus postérieur, est sous la portion moyenne de la deuxième prémolaire. Il résulte de la discussion précédente que \ Herpestes trouvée à la Grive Saint- Alban constitue une forme spécifique nouvelle que l'on doit inscrire à côté de VHerpestes antiquus fossile dans les calcaires à phrjganes de Saint-Gérand- le-Puy. Je proposerai de la nommer Herjiiestes crassus. C'est pour désigner ce carnassier que Jourdan avait créé le genre Hijjioleunis. PLESICTIS MUTATUS, spec. nov. G. DIPLOTIIERIVU (Jourd.) (PI. IV. flg. 12. 15.) Parmi les pièces recueillies à la Grive Saint-Alban, il en est deux qui me pa- raissent provenir d'une nouvelle espèce de Plesictis. Ce sont deux portions de i Ann. Se. fféol. 1879. PI. 14, fig. 5 9. IIARNASSIKRS FOSSILHS DH LA (iUlVK S A 1 NT- A I.I! A N 05 maxillaires inférieurs représentés par les figures 12 à lij de ce raënioire. Ces deux échantillons sont niilln'iueusement brisés dafts leur portion antérieure et postérieure, de telle manière que la formule dentaire et la détermination générique ne peuvent être établies que par suite de déductions faites après l'étude des parties ayant subsisté. Sur l'un des maxillaires, on observe en avant de la carnassière deux prémolaires et les racines d'une troisième. Si l'on tient compte du volume relativement asst^z fort que paraît avoir eu cette dent, on est conduit à pouvoir affirmer, qu'il devait exister en avant d'elle une prémolaire plus réduite à une seule racine, et l'on peut dès lors établir, ainsi qu'il suit, la formule dentaire inférieure de notre arnassicr fossile: Inc., 3; can., 1; Prém.,4; carn., 1; tuberc. , 1. L'espace occupé en arrière de la canine par les trois dernières prémolaires, la carnassière et la tuberculeuse est de 0'",035. La troisième prémolaire, qui est la première des dents, ayant subsisté sur les échantillons, est assez allongée. Son bord antérieur commence au-dessus d'un épaississement de l'émail formant, en quelque sorte, un bourrelet retroussé. Le bord postérieur est assez oblique en arrière et il présente, vers sa partie terminale, un petit mamelon arrondi surmontant un talon peu accusé. La quatrième prémolaire est assez différente de la dent précédente. Le petit pli d'émail que j'ai signalé à la base du bord antérieur de la couronne prend un dévelop- pement très considérable, comme on peut le voir sur la figure 14. Le lobe principal est, d'autre part, plus élargi, moins aigu. Le mamelon situé sur le bord postérieur est plus important alors que le talon qui le supporte est un peu plus épaissi, La carnassière (voy. fig. 12) est admirablement conservée sur le deuxième échantillon, alors que sur le premier elle a été assez profondément altérée })ar l'usure. Elle présente deux lobes externes ayant la même forme et le môme déve- loppement proportionnel que sur les Plesicles. A la faqo interne du deuxième lobe existe une pointe bien détachée un peu moins élevée que ne l'est celle existant sur le genre que je viens de citer. A ces éléments antérieurs de la carnassière fait suiLe un talon très remarquable par son excessive brièveté. Sur l'échantillon correspondant à la figure 11, il a presque complètement disparu, par suite de l'usure subie par la dent. En arrière de la carnassière, on voit l'alvéole d'une tuberculeuse très petite et uniradiculée. En présence de ces caractères, on éprouve un certain embarras à classer géné- riquement le petit carnassier dont j'étudie les restes. Ne possédant pas d'indications sur la formule dentaire supérieure, on hésite d'abord pour savoir si l'on doit le placer dans le groupe des !Mustellidées ou dans celui des Viverridées. Il me semble Ancn. Mus. HI. D C6 CARNASSIERS FOSSILES DE LA (iRIVE SAIXT^ALBAN que la constitution du système dentaire inférieur peut fournir quelques indications utiles à ce sujet. Chez les Mustellidées comme chez les Viverridées, il n'existe qu'une tuberculeuse inférieure, alors que dans le dernier de ces groupes on en observe deux à la mâchoire supérieure. Il résulte de cette dernière disposition que le talon de la carnassière inférieure, ainsi que la tuberculeuse, prennent chez les Viverra un grand développement afin de pouvoir correspondi'e au système dentaire supérieur. Chez les Mustellidées, au contraire, qui ne possèdent qu'nedent en arrière de la carnassière supérieure la tuberculeuse d'en bas devient très réduite, et sa cou- ronne presque circulaire n'est supportée que par une seule racine comme sur notre fossile. Dès lors, si l'on tient compte du talon très réduit de la carnassière existant sur nos maxillaires fossiles et en même temps du volume très petit que devait posséder la tuberculeuse uniradieulée lui faisant suite, on est conduit à penser qu'il ne devait y avoir au maxillaire supérieur qu'une tuberculeuse comme chez les Mtistela, et non deux comme chez les Viverra. Ayant ainsi placé parmi les Mcstrla le carnassier de la Grive Saint-Alban, il reste à établir ses affinités avec les animaux de ce groupe. Parmi toutes les Mustellidées fossiles connues, les Plesictis ont seuls à leur carnassière une pointe interne aussi développée que l'est celle de la carnassière de notre fossile. Les espèces de Plesictis qui se rapprocheraient le plus par la taille seraient les Plesîcds rohiistus et gracilis de Pomel que, dans mon travail sur les mammifères fossiles de Saint-Gérand-le-Pny. j'ai proposé de réunir sous un même nom spéci- fique. Mais notre fossile se distingue des formes précédentes par le faible volume de sa tuberculeuse, qui était uniradieulée et non biradiculée comme sur le Plesictis rohustus. Nous sommes dès lors amené à considérer notre carnassier fossile comme étant un Plesictis à tuberculeuse inférieure excessivement réduite. Si cette déter- mination est exacte, nous aurions sous les yeux la preuve d'un changement produit par l'influence d'adaptations nouvelles dans la forme du système dentaire des animaux constituant le genre Plesictis. Les mesures prises sur les dents ou sur le.< alvéoles vides des deux maxillaires m'ont fourni les chiffres suivants. MAXILLAIRE X" 1 MAXILLAIRE N« 2 2* PBBM. 3* PRÈM. 4* PaiiM. CARNASS. TUBER. £" PRÉM. S'PBliM. 4" PRÉM. CAUNASS. TURKR. (alvéole) (alïOule) (alvcolc-) (alvcol,') (ali-éolt) (alvOoli) Longueur. O'n.OOôO 0:n,0070 0 n,0080 0m,0080 0"i,0002 0i>i,0050 Oui,007U 0",0070 0m,0Û80 Oni,0002 Épaisseur » O-n.OOSO Om,0034 Om,0045 0n,0002 01,0015 On,oi)17 Oa>,0020 Om,OÛ42 0,n,0020 Hauteur . » Om,0040 0,n.0032 Om,00U6 « » ,, » 0'",000G » CAKXASSIKl^S FOSSII,!;s DI'; [,A ••uni: SAINT AI, HAX 07 Je proposerai de (lésiLi'iicrceltv loniii' nouvelli' ilc l'/rsidis jiar le nom de Plesiclis nmtatus, afin d'iiidi([iuM' la luoilificaliou survenue dans le volume de la tuberculeuse inférieure. Jourdan. dans la w^W dont, j'ai l'ait mMition, avait placé ce carnassier dans un genre nouveau, le genre Diplulherium. \l\i:HlîA Li:i*TOUlIYXClIA, si'EC. Nov. G. IC IISEUG.XLE (Joumi.) (PI. IV. tig. 10-19 ) Je pense qu'on peut considérer comme provenant d'une Vlven-a un maxillaire inférieur et uni carnassière supérieure trouvés à la Grive Saint-Alban. D'après le nombre des alvéoles ayant subsisté sur le maxillaire, on peut établir ainsi ([u'il suit la formule dentaire inférieure: Inc., 3; can., 1 ; prém., 1; tub..l. L'espace occupé par les prémolaires, la carnassière et la tuberculeuse en arrière de la canine est de 0'",03S. Les prémolaires manquent toutes; la première d'entre elles était à une seule racine. L'étendue qu'elles occupaient sur le bord alvéolaire est de 0",020. Les mesures relatives à la longueur des différents alvéoles sont les suivantes : Longueur. 1" PBÉM. £" PRKM. 3" PRÉ.M. 4* PRKM. 0",oui:j O'-,0030 0",0050 O'",0068 La carnassière rappelle beaucoup par sa forme celle du Vlccrra Zibelha; mais la tuberculeuse est fort ditî'érente dans les deux espèces. Galle de notre fossile pré- sente une partie antérieure munie de trois mamelons : un externe, un interne, un antérieur, et une portion postérieure constituant un talou fort développé. Il \\'>- sulte de cette disposition que le diamètre antéro-postérieur de la couronne est très étendu. Sur le Viverra Zibetha. la tuberculeuse ne présente pas de talon et la couronne est formée par la l'éunion des quatre mamelons très serrés les uns contre les autres. Chez les Cijnodictis, les trois éléments constituant la partie antérieure de la car- nassière sont plus confondus par leur base qu'ils ne le sont sur le fossile de la Grive Saint-Alban. Chez les Cyaodon, les lobes sont [)lus disjoints que sur les Cynodictis et plus abaissés, et les animaux appartenant à ce genre ne laissent d'offrir de remarquables affinités avec notre fossile. J'ajouterai que s'il eût existé une tuber- culeuse de plus à la mâchoire inférieure et que je n'aie pas connu la carnassière supérieure, j'aurais certainement placé notre petit carnassier fossile dans ce genre. (J.S CARNASSIERS FOSSILES DE LA CJRIVE SAINT-ALBAN Mais Tabsence de la deuxième tiiborculeuse et la forme tout à fait particulière de la carnassière sur la description de laquelle j'insisterai plus loin s'opposent à toute espèce de rapprochement de cette sorte. Le talon de la carnassière et la couronne de la tuberculeuse sont beaucoup trn[) développés pour qu'on puisse réunir le carnassier de la Grive Saint-Alban aux Plesictis. Dans ce genre on observe, en outre, une disposition fort différente de la carnassière supérieure. Si l'on se rapporte à la figure 19 de la planche jointe à ce mémoire, on remarque la position toute particulière qu'occupe la racine interne de la carnassière. Au lieu de se trouver placée sur une même ligne transversale avec la racine antérieure externe comme cela a lieu chez les Plesictis, le Vivenvt antiqun, les Cijnodictis, les Ci/nodon, elle occupe une position tout à fait antérieure l)ar rapport au reste de la dent. Je i)c connais aucun carnassier fossile dont la carnassière supérieure soit ainsi constituée. Le développement considérable de la portion terminale du système dentaire inférieur me fait supposer qu'il devait exister deux tuberculeuses supérieures, et c'est par suite de cette probabihté que je me décide à considérer notre petit carnas- sier fossile comme appartenant au genre Virerra. Cette forme est nouvelle, et ce qui doit la faire remarquer c'est l'abaissement de sa carnassière et le grand déve- loppement que prennent le talon de cette dent et la couronne de la tuberculeuse. Les mesures relatives à la carnassière et à la tuberculeuse inférieure sont les suivantes : GARNASS. TllBKR. Longueur O^.OIOO 0'",0070 Hauteur 0™,0050 0"',on20 Hauteur du bord antérieur . 0'",()030 )) Hauteur de la poiute interr.e . . 0'",0034 » A la face externe du corps du maxillaire, il existe deux orifices dentaires; l'un correspond à la première prémolaire, le deuxième à la raein(î postérieure de la troisième prémolaire. Ils sont distants de 0"',00G du bord alvéolaire. La hauteur du corps du maxillaire est de 0"',O0S0 au niveau de la première prémolaire; elle est de 0"',0130 et de ()'",011 au-dessous de la carnassière et en arrière de la tuberculeuse. [.es mesiu^es relatives à la carnassière supérieure sont les suivantes : Longueur 0'%OOUU Hauteur de la pointe interne . . . 0™,0020 Hauteur de la pointe prluci^iale . . . 0"-,0050 Hauteur du talon 0",001S CARNASSIERS FOSSILKS I)K LA GUIVK SAINT ALBAN (i!) Li> trou sous-orbitairo assez largo surmontait la racine antérieure et externe de la carnassière. Il est situé à 0"',00G du bord alvéolaire. Jourdan avait proposé de placer ce carnassier fossile dans un genre nouveau, le genre Ichncvgale. Il résulte des observations pi'écédentes que la faune des carnassiers de la Grive Saint- Alban est absolument nouvelle. Certains échantillons sont, il est vrai, incomplets, et les déterminations n'ont pu être établies que i)ar une série de déduc- t'ons basées sur les caractères qu'ils présentaient. Mais malgré cela il n'en est pas moins certain que toutes ces formes nous étaient encore inconnues. Aucune d'entre elles ne pouvait être assimilée à celles retrouvées jusqu'à ce jour. 11 faut espérer que de nouveaux travaux entrepris à la Grive Saint-Alban permettront d'at- teindre la couche fossilifère dont proviennent les débris recueillis avec tant de soin par Jourdan et que nos connaissances sur la faune ensevelie en ce point pourront être précisées et accrues. OBSERVATIONS RELATIVES AUX CHIENS ACTUELS ET AUX CARNASSIERS FOSSILES S'EN RAPPROCHANT LE PLUS Les naturalistes ont depuis fort longtemps fixé leur attention sur les variations dont était susceptible la formule dentaire du Chien. MM. de Blainville \ Geoffroy Saint-Hilaire", (servais ^ Magitof mentionnent dans leurs différents ouvrages de fort remarquables anomalies. Plus récemment, M. Toussaint a, dans nu mémoire communiqué à l'Académie des sciences, étudié les rapports existant chez le Chien entre le nombre des dents molaires et les dimensions des os de la face"'. Ce savant observateur a fait remarquer avec juste raison que les change- ments que l'on constatait dans la fonnule dentaire du Chien étaient de deux ordres. Les uns doivent être considérés comme purement accidentels, alors que les autres siMnblent constituer un caractère constant dans les animaux d'une même race. 1 De Blainville. Des anomalies dentaires. - I. Geoffroy Saiut-Hilaire. Anotnalies de l'organisation. 3 P. Gervais. Histoire naturelle des Mammifères et Dictionnaire enryc. des sciences méd., article Chiens. ^ Mngitot. Journal de l'anatomie et de la j^hysiologie. 1875. '•' Toussaiat. Comptes rendus de V.icadi-mie des sciences de Paris. ISSô, t. LXXXIÎ, p. 754. OHSERVATIONS UEt.ATIVHS AUX CIIIF.XS ACTI'KLS 71 Conimo iait tératologique, je rappellerai l'aui^nientalioii du nombre des incisives. I. Geoffroy Saint-llilaire, dans son remarquable ouvrage sur les anomalies de Vor- qanisntion '. dil avoir observt' un (lliicu dogniu présentant cinq incisives supé- rieures surnuméraires d'où la formule : 6-5 ^ 1—1 -, , fi— (5 ,_ Inc. 3-3 Cnn.---^ Mol. ^_ = 47 Ce nombre est fort ditférent de celui qui correspond à la formule dentaire normale du Chien : 3—3 ^ 1—1 ;, , 6-6 .^ Inc. 75 — 7, Can. -. — r Mol. = — = = 42 3 — 3 1 — 1 t — 7 Un fait tératologique de même ordre est représenté sur la planche V qui fait suite à ce mémoire. Les figures 4 et 5 donnent la formule dentaire normale du Chien matin, et la figure 13 correspond à la mâchoire inférieure d'un animal de même race, chez lequel les deux premières prémolaires sont excessivement réduites, la deuxième n'ayant plus qu'une racine. Les exemples de variation paraissant devenir un caractère constant de race nous sont offerts par le bouledogue. Chez les animaux appartenant à cette race, la for- mule des dents molaires, qui est normalement ?E?, devient -;E-?, S» et enfin dans quelques cas elle se simplifie encore davantage, et l'on n'observe plus que *E| et g. Si Ton cherche à savoir de quelle manière s'accomplissent ces changements con- sidérables de la formule dentaire, on voit que la première dent qui disparaît est la dernière dent supérieure, la deuxième tuberculeuse. Cette modification peut se faire sans qu'il se produise de simplification dans le nombre correspondant des dents inférieures. Mais il est évident qu'alors il ne saurait exister une juxtaposition exacte entre la série dentaire supérieure ayant perdu nu de ses éléments et la série den- taire inférieure, ([ui est restée normale. La [ircmière tendance do la nature est pour rétabhr l'équilibre détruit de resserrer les premières prémolaires les unes contre les autres, de les tasser de manière à ce qu'elles occupent le plus petit espace possible, et, si cela ne suffit pas, de les faire chevaucher légèrement les unes sur les autres. Mais malgré tous ces efforts, la série dentaire inférieure n'en continue \^^& moins à être plus étendue que ne l'est la série dentaire supérieure, et les incisives infé- rieures proéminent en donnant à la face de nos bouledogues cet aspect si cai'ac- téristique que tout lo monde connaît. Celte disposition est tout à fait l'opposé de * I. Geoffroy Saint-Uilaire. I.oc. cil., p. 659. 72 OBSERYATIOKS RELATIVES AUX CHIENS ACTUELS celles existant sur les Chiens a face normale, où les incisives supérieures recouvrent un peu les inférieures. Si la tendance au raccourcissement de la face qui a eu pour conséquence la dispa- rition de la dernière tuberculeuse d'en haut continue à exister, l'on voit se produire une modification dans la disposition occupée par l'une des prémolaires supérieures, la troisième. Cette dent, dont le grand axe est dirigé normalement (voy. pi. V, fig. 4 et 14) d'avant en arrière et de dehors en dedans, devient absolument trans- versale. Dans les cas semblables, le maxilldire inférieur proémine comme lorsque la tuberculeuse a seulement disparu; c'est ce qui a lieu le plus fréquemment chez les bouledogues, ou bien le nombre des dents qu'il supporte diminue. D'après les observations de j\I. Toussaint, ce serait alors la première prémolaire à une racine qui disparaîtrait, puis la petite tuberculeuse; a enfin celle qui a la plus grande tendance a se tourner en travers est la quatrième prémolaire (prin- cipale inférieure de De Blainville) ; souvent même elle a disparu avant la tuber- culeuse postérieure. » Le plus souvent les modifications s'accomplissent dans l'ordre indiqué par M. Toussaint, mais il est quelques cas oii les changements se pro- duisent d'une manière fort diiïérente de celle qu'il signale. Ainsi il existe dans les collections du Muséum de hyoa une tête de Chien recueillie par Jourdan (marquée par lui comme venant d'un carlin) sur laquelle, ainsi qu'on peut le voir par la fig. 8 de la planche V jointe à ce mémoire, la deuxième tuberculeuse supé- rieure avait disparu, alors que la troisème prémolaire avait son grand axe dirigé transversalement. A la mâchoire inférieure (voy. fig. 0), on constate l'exis- tence de toutes les prémolaires, les premières d'entre ces dents ayant un volume très réduit, et en arrière de la carnassière il n'existe qu'une tuberculeuse. 11 est ainsi bien évident que la simplification du système dentaire inférieur ne commence pas toujours par la disparition de la première prémolaire. La pièce que je signale mérite, d'autre part, de fixer l'attention par suite de la forme et du volume de la tubercu- leuse inférieure ayant subsisté. 11 est Ijien évident que le premier changement sur- venu dans la race à laquelle appartenait le Chien dont Jourdan avait conservé la tête a été la disparition de la deuxième tuberculeuse. Normalement chez les Chiens (voy. pi. V, fig. 5 et 15), la deuxième tuberculeuse est allongée et sa couronne est supporLée par deux fortes racines. Sur le maxillaire dont je parle, il n'en est plus ainsi, et la dent correspondant, à la première tuberculeuse possède une seule racine surmontée par une couronne arrondie. Pour comprendre une semblable forme, rappelant tout à fait celle de la deuxième tuberculeuse, il faut admettre ou bien que la dont que nous observons n'est autre chose que la deuxième tuberculeuse ou bien que c'est la première lal)ercaleuse tellement modifiée qu'elle a revêtu les HT MX CAKNASSIKUS FOSSILES 7;{ caractères lic la dont ([ni la siiil. (;• .inc l'on (il)serve sur d'autres inaxillairos de Chiens permet, je crois, de répondre à cette question avec certitude. Pour (pie l'ou eût affaire, dans le cas qui nous occupe, à la deuxième tul)erculeuse,il faudrait que la dent placée en avant d'elle ait disparu, et cola ne saurait avoir lieu sans que ce dernier organite eàt pris sur le bord alv(''olair(? une position transversale semblable à celle obcupée par les prémolaires avant loin- disparition. Or, on n'observe jamais rien de semblable chez les Chiens, les tu1)erculeuse3 restant toujours placées dans le sens de la long'ucur du maxillaire; tandis qu'au contraire on constate, alors qu'une simplification du système dentaire tend à se produire, la disparition brusque de la dernière tuberculeuse. Il me paraît ainsi bien démontré que dans la race de Chiens dont provient la tète que j'étudie, les modifications sur- venues dans le nombre et dans la position des dents supérieures ont eu pour résultat d'amener la disparition de la dernière dent inférieure en série. Mais ce changement n'a pas suffi pour rétablir l'équilibre, et alors la première tuberculeuse s'est réduite de plus en plus, et à la fin elle a revêtu les caractères de la dent qui d'habitude est insérée en arrière d'elle. Il est fort probable que si la face avait continué à se rac- courcir, quasi la troisième prémoljtire supérieure avait disparu, la première tuber- culeuse inférieure aurait éiiialement cessé d'exister. Nous aurions eu dès lors une race de Chiens ayant deux prémolaires, une carnassière, une tuberculeuse à la mâchoire supérieure, et toutes les prémolaires, les carnassières au maxillaire inférieur. Mais en écartant ces suppositions et en restant dans la limite des faits observés, nous voyons que le sj^stôme dentaire inférieur des Chiens peut se simplifier sans que le nombre des prémolaires diminue. Je ferai remarquer, d'autre part, relativement à la longueur du maxillaire infé- rieur, qu'elle a diminué d'une manière notable. Nous avons la preuve de ce fait dans le ra[)port existant entre la tuberculeuse et le bord antérieur de la ])ranche montante. Si la deuxième tuberculeuse avait disparu, alors que la première se rédui- sait sans que la longueur du maxillaire inférieur se fût modifiée nous trouverions un espace libre entre la première de ces dents et la bratielie montante. Mais, comme cela n'a pas lieu, nous sommes amené à reconnaître que le maxillaire inférieur a dû sid)ir nn raccourcissement notable. M. Toussaint a observé que dans les phénomènes du raccourcissement de la face des Chiens tous les os ne concouraient pas dans la même proportion à la diminution de la longueur, cette diminution s'accomplissant surtout aux dépens des parties anté- rieure et postérieure du maxillaire supérieur. Chez les ])ouledogues, qu'il a plus spécialement étudiés, les fosses temporales s'agrandissent pour loger des crotaphites très puissants, et il résulte de cette disposition que la partie antérieure de l'arcade Aiu:m. Mi:s. IU. Il) 74 OBSERVATIONS RELATIVES AUX CHIENS ACTUELS zyg'omatique se trouve être portée en avant. A mesure que cette modification s'ac- complit le point d'appui delà dernière tuberculeuse supérieure diminue de plus en plus, et à la fin les racines de cette dent perforent la lame osseuse au milieu de laquelle elles sont implantées. « Cette lame devient ensuite de plus en plus fragile, et la dent disparaît pour ainsi dire d'un seul coup avec la portion d'os qui la portait \ » Les observations précédentes permettent de prévoir en partie ce qui doit se passer dans les races de Chiens dont la face s'est allongée au lieu de se raccourcir. Il est évident que dans ce dernier cas les apophyses zjgomatiques tendront à se rapprocher du crâne et que les portions antérieure et postérieure du maxillaire su- périeur prendront plus de développement. Quant aux dents, elles s'écarteront les unes des autres et leur grand diamètre antéro-postérieur, au lieu de diminuer, aug- mentera. La constitution de la face et du système dentaire du lévrier montrent que les modifications s'accomplissent de cette manière. Mais chez quelques-uns de ces animaux la face prend un développement énorme eu longueur, et alors on A'oit se produire une modification fort curieuse du système dentaire. Le nombre des dents, auquel on serait porté à attribuer une grande fixité, varie, et l'on voit apparaître alors au maxillaire supérieur une dent de plus, une troisième tuber- culeuse. La fig'ure 10 de notre planche V correspond à un cas de ce genre. De nom- breux exemples de ce fait ont été mentionnés antérieurement par divers auteurs. Je ferai observer en outre que cet accroissemement de la formule dentaire n'a pas lieu seulement pour le maxillaire supérieur, car on l'observe également sur le maxillaire inférieur. Ainsi de Blainville et Geoffroy Saint-Hilaire parlent de deux lévriers ayant une molaire supplémentaire inférieure. Cette augmentation du nombre des dents dont les Chiens sont susceptibles con- stitue un fait fort intéressant à constater; car il permet, je crois, de se rendre compte (le la formule dentaire assez compliquée de certains carnassiers. Ainsi, chez les Canis nicr/alotis, la formule dentaire est la suivante : 3— :j ^ 1_1 ^ , 3—3 ^ 1—1 ^, , 3—3 Inc. - — r- Can. -■ Prem. -, — - Carn. , -, Tub. r, — -, .> — à 1 — 1 4 — 4 1 — 1 3 — o. Chez cet animal dont la face est excessivement allongée, les dents sont très espacées (voy. pi. V, fig. 11, 12); il existe, ainsi que chez les lévriers dont je viens de parler, une dent supplémentaire en haut et en bas. Il semble qu'en se basant sur ce que nous observons chez nos Chiens, on puisse admettre que le Canis megalotis ne re- présente qu'une race issue d'une forme animale, dont la face, primitivement développée ' Toussaint. Loc.cit., p. 'ji. KT AUX CAKNASSIllUS I-'(1S S S I IJ'ÎS 75 d'uno manière nm'inale, s'est allongée peu à [icn, changement qui a eu pnur con- séquence, comme pour iiosl(>vrici's, iramcnei' ui\ accroissement du nombre des dents. En opposition de ce tait rclalifa une augmentation de la formule dentaire d'un animal appartenant à la famille des (kinis, on peut i)lacer celui qui nous est offert par les Cuon. Chez ces animaux (vo\-. pi. V,fig. 10,17) qui primitivement devaient posséder la formule dentaire des Chiens, il n'existe qu'une tuberculeuse inférieure. A la mâchoire supérieure, on observe encore deux tuberculeuses; mais la dernière, comme on peut le voir par la ligure 17 de la planche V, est excessivement réduite. Je rappelais plus haut que ]\I. Toussaint avait remarqué que lorsque chez le bouledogue le système dentaire inférieur venait à se simplifier, c'était la première prémolaire qui disparaissait. Un fait de même ordre a dû s'accomplir [lour les Canis à trois prémolaires inférieures que M. Bourguignat a découverts dans la caverne de Vence et qu'il a fait connaître dans ses intéressantes recherches sur les ossements de Canidx sous le nom Li/curusK J'ai été, do mon côté, appelé à constater chez un mammifère fossile de l'éocène supérieur, voisin des Amphiojon, une modifi- cation de même nature du système dentaire inférieur. Sur l'animal que j'ai nommé Brachycyon, carnassier à formes massives, àmuseau écourté, il n'existe que trois prémolaires inférieures, tandis que chez les AmjMcyon, à la famille desquels ap- partenait évidemment notre fossile, il y eu avait quatre. Je suis convaincu dès lors que le Brachijcjjon Gaudryi n'était qu'une race issue d'une forme animale à museau plus allongé possédant quatre prémolaires inférieures. L'existence de trois tuberculeuses supérieures se montrant chez nos Chiens à la suite d'un allongement extrême de la face a pour conséquence d'identifier la formule dentaire de ces animaux à celle des Ampliicyon. On peut se demander dès lors si l'apparition d'une dent supplémentaire n'est pas, dans les cas que nous observons chez nos Chiens, autre chose qu'un retour très limité vers une forme ancestrale qui serait celle des carnassiers fossiles appartenant au genre que je viens de mentionner. L'origine des Canis actuels est encore assez obscure, malgré les nombreuses découvertes paléontologiques accomplies durant ces dernières années. Aussi se trouve-t-on placé dans un assez grand embarras lorsqu'on veut résoudre cette question: les chiens constituent-ils une race descendant des Anijjhicyon ou bien correspondent-ils aune forme animale spéciale ? Je vais, à ce sujet, en me rappor- tant à des observations personnelles récentes exposer l'état de nos connaissances, indiquer les faits qui semblent devoir conduire à rapprocher les Canis des * Recherches sur les ossements de Canidie constatés en France à rétat fossile pendant la période quaternaire. Pari?, 1875. 76 OBSERVATIONS RELATIVES AUX CHIENS ACTUELS Aynjyhicyon, et signaler ceux qui font que l'on ne saurait actuellement, en restant dans le domaine absolu des faits, affirmer que la première de ces formes animales descend de la seconde. Si l'on étudie les différentes pièces du squelette d'AmjJhicyon, ayant vécu à une même époque, trouvés dans une même localité, comme celle de Saint-Gérand-le-Puy, on constate immédiatement un premier fait. La taille de ces animaux était essen- tiellement variable et l'on peut, ainsi que je l'ai dit dans un mémoire publié dans ces Annales, mémoire relatif à Y Amjihicyon Lemanensis, constituer avec une pièce du squelette (le maxillaire inférieur, par exemple) une série d'échantillons de grandeur régulièrement décroissante. Il semblerait, par suite de ce fait, exister une première analogie entre les Amphicyon et les Caïu'.s. Cette première analogie se rapporterait à la taille de ces carnassiers susceptible de se modifier dans de très grandes limites. Si l'on passe maintenant à l'examen des caractères anatomiques, on voit d'abord que la formule dentaire ne différait que par la présence d'une tuberculeuse supérieure en plus sur les mammifères fossiles. Le volume de cette dent chez les Amphicyon était variable et ses proportions se trouvaient être évidemment en rapport direct avec le plus ou moins grand allongement de la face. Cette dernière partie ne possède pas, en effet, le même développement sur tous les sujets qu'on observe. Chez cer- tains, elle s'allonge considérablement (.4 w/;/<«cî/on/é?;)/or/i?/«c7«z«.s de Pomel); tandis que, chez d'autres, elle tend à se raccourcir. Si l'on examine une troisième tuberculeuse cVAmphicyon Lemanensis, variété leptorJiyncluts, on voit que cette dent est bien développée, que sa couronne, très élendue transversalement, est supportée par trois racines, pénétrant dans trois alvéoles distincts. Sur un individu appartenant à la même espèce, mais dont la face terni à se raccourcir, on constate que la troisième tu- berculeuse est plus réduite, que son bord externe qui. dans le cas précédent, était étendu, a presque complètement disparu, et enfin que les racines se sont rapprochées les unes des autres, qu'elles se sont soudées dans leur portion supérieure et qu'elles pénètrent dans une cavité unique. Sur la forme d'Ainphicyon. que j'ai nommée (imbigmcs, parce qu'elle m'a paru se rapprocher plus des Cliiens que ne le font les AmpMcyon de la Limagne, on voit que la face étant assez écourtée, la troisième tidjerculeuse est toute petite et que ses trois racines se sont soudées dans toute leur étendue. Lorsqu'on constate des faits semblables, on prévoit la disparition très prochaine de cette petite dent, et, en efiet, elle manque sur certains échantillons. Par conséquent, chez les Amphicyon comme chez les Chiens, suivant le plus ou moins "rand allongement de la face, la formule dentaii^e variait. Si maintenant nous abordons l'étude des différents éléments constituant la série KT Al'X CAUNASSIERS FOSSILES 77 dentaires de ces carnassiers, nous voyons d'abord ([iic les incisives et les canines ont des formes semblables et qu'elles ne peuvent doiiiK r lieu ù aucune discussion importante. Relativement aux prémolaires, on note, ce qu'il était facile de supposer d'après ce que j'ai dit plus haut, qu<' ces dents sont d'autant plus allongées, plus abaissées, plus éloignées les unes des autres que l'animal aurpiel elles appartiennent a une face plus développée. Sur Y AmpJUcyon lemanensis, véritable leptorhynchus, ces organites sont séparés les uns des autres par des intervalles de quatre à cinq millimètres ; sur d'autres variétés- de la même espèce, les dents arrivent presque à se toucher. Sur V Amphicyon amhifjuus qui, comme nous l'avons vu, perd sa tu- berculeuse supérieure, les prémolaires inférieures sont très serrées les unes contre les autres, et, fait remarquable, le tassement de ses dents semble se produire d'arrière en avant, c'cst-à-dirc dans une direction correspondante à celle suivant laquelle s'ac- complit le raccourcissement de la face. Ainsi on constate que la troisième prémo- laire est venue se mettre au contact de la quatrième avant que l'étendue de l'espace compris entre elle et la dent qui la précède se soit modifié. Lorsque la tendance au raccourcissement de la face continue à s'exercer, la deuxième prémolaire inférieure se rapproche de la troisième, et enfin , en dernier lieu, la première dent en série en arrière de la canine vient se mettre au contact de la seconde. Sur un des maxillaires à'Amjihicyoti ambiffims' îaisRui partie de mes collecticms. on observe que la ten- dance au raccourcissement de l'espace occupé par les prémolaires a eu pour résidtat de faire chevaucher la troisième dent en série, dont le grand axe, au lieu d'être antéro- postérieur, se trouve être dirigé horizontalement d'avant en arrière et de dedans en dehors. Sur le carnassier décrit par Gervais sous le nom de Ca)i?.s amphicyon palœoJycos, forme animale qui marque pour moi mie période plus avancée des modi- fications tendant à rapprocher les ^î)7^:(7^?"c^o» des Chiens, toutes les dents inférieures occupent, par rapport les unes aux autres, des positions identiques à celles qui existent sur les Canis. Ces faits établis sur de nombreux échantillons montrent évidemment, que [)armi les Amphicyon, il a apparu des races chez lesquelles la face s'est raccourcie de plus en plus et qu'alors il s'est passé chez ces animaux des modifications dans la disposition du système dentaire de même nature que celles dont nos races de Chiens offrent aujourd'hui l'exemple. J'appellerai l'attention sur un autre fait qu'on observe sur les différents échan- tillons dont je viens de parler. Lorsque l'on compare le système des prémolaires de V Amjj/iicyon Lemanensis ,\Av\é\é Leptoryn chus, à celui des Canis, du Loup, par exemple, on vf>it qu'il existe de très grandes dissemblances relatives au plus grand allongement des dents et à leur moindre élévation sur l'animal fossile. Si l'on ob- serve des prémolaires A' Amphicyon dont la face se raccourcit, on constate que plus 78 OBSERVATIONS RELATIVES AUX CHIENS ACTUELS le raccourcissement s'accentue, plus la deut devient élevée et tend, par conséquent, à se rapprocher de celle du carnassier actuel que nous avons pris pour terme de comparaison. J'ajouterai relativement à ce sujet que j'ai obtenu des gisements de phospliorite du Quercy un maxillaire de Canis AmijJucjjonpalœolucos dont les pré- molaires sont absolument identiques à celles du Loup. Sur les maxillaires inférieures ayant appartenu à des variétés d'Amphicyon à face très allongée, on voit que par suite du développemtnit considérable qu'a pris le diamètre antéro-postérieur des prémolaires, la constitution anatomique du bord postérieur des dents s'est profondément modifiée. Il existe, en effet, des différences très considérables dans la forme des prémolaires inférieures des Amphici/o/i, et l'on n'arrive à les apprécier, à se rendre compte de leur valeur et de la manière dont elles se sont produites que lorsqu'on est parvenu à constituer une assez grande série de maxillaires. Si on examine des mandibules inférieures à' Amphicyon à face courte, on remarque que les prémolaires sont très élevées et que la troisième d'entre elles porte dans certains cas un fort mamelon sur son bord postérieur. Quel- quefois ce tubercule manque absolument, et le bord postérieur de la couronne, comme sur VAmphicyon crucians et le Canis ampliicyon ]jahcolycos, est alors complè- tement lisse dans toute son étendue. Il semble assez difficile, au premier abord, de se rendre compte de cette disposition différente d'un des éléments du système dentaire chez des animaux excessivement voisins. Mais je crois que si on suit avec attention les changements qui se produisent dans la forme des prémolaires chez les Amplii- cyoïi dont la face tend à s'allonger, on peut arriver à comprendre ces structures dis- semblables offertes par des animaux à tête également raccourcie. En effet, lorsqu'on considère des maxillaires inférieurs à' Amphicyon tendant à s'allonger, on voit que les prémolaires se séparent les unes des autres, que leur couronne s'abaisse et s'accroît en étendue et qu'alors, à mesure que le bord postérieur de la deuxième dent se développe, le tubercule qui lui est annexé diminue de plus en plus. On suit très facilement l'eff'acement graduel de cet élément s. La carnassière inférieure des Amphicyon est construite comme l'est celle des Canis, et si on se bornait à examiner cette dent par sa face externe on n'hésiterait pas à déclarer qu'elle est seml)lahle dans les deux groupes. Mais si on vient à étudier sa face externe, on voit que le troisième lobe, s'accusant sous la forme d'une pointe détachée, est assez différent. Sur les formes les plus accusées du type Ampliicyon, cet élément est remarquable par son élévation considérable au-dessus du collet de la couronne, son grand axe étant disposé verticalement. Par sa forme, sa direction, on lui reconnaît des analogies avec la pointe interne de la carnassière des Cynodyctis ; mais il est moins élevé, plus reporté en arrière, et il occupe moins la partie interne du lobe moyen. Il diffère de celui de la carnassière des Chiens en ce qu'il est plus élevé et moins rejeté en arrière que sur ces derniei's animaux. En présence de ces ca- ractères, on est obligé de reconnaître, que les carnassières intérieui'es provenant des formes types à' Amphicyon possèdent des formes intermédiaires à celles des Canis et à celles des Cynodictis. Si, au lieu d'examiner des maxillaires d'animaux présentant à un haut degré les caractères particuliers aux Amphicyon, on en observe provenant d'individus faisant sûrement partie du même genre, mais à formes un peu modifiées, on constate, comme sur VAmphicyon amhiguus, que les caractères de la carnassière deviennent moins accusés. Mais ces caractères ne se modifient jamais assez pour qu'on puisse confondre une des carnassières infé- rieures de ces animaux avec une carnassière inféi'ieure de Chien. Au moyen des pièces actuellement recueillies, il est impossible d'établir un passage. Les différences ne sont pas bien considérables, maison ne doit pas moins en tenir compte. Il est fort probable que lorsqu'on aura mieux exploré les gisements du miocène moyen, on découvrira des restes de carnassiers permettant d'effectuer ce rapprochement. La carnassière supérieure présente des caractères de même ordre que ceux dont je viens de parler. Cette dent, chez les Amphicyon, diffère de la dent correspon- dante des Canis en ce qu'elle est plus développée transversalement dans sa partie antérieure. Cette largeur plus grande tient à ce que la racine antérieure et interne supporte une sorte de petit talon. Chez les Cynodictis, on trouve à ce niveau une pointe bien développée, complètement détachée. Dans les Amphicyon, cet élément fait d.'faut. et il est remplacé par une surface plane. Par conséquent, comme je l'ai dit pour la dent correspondante d'en bas, la carnassière des Amphicyon est intermédiaire conmie forme à celle des Chiens et à celle des Cynodictis. 80 OBSERVATIONS RELATIVES AUX CHIENS ACTUELS Les tuberculeuses inférieures des AnvpJiicyon sont fort développées, et par la forme de leur couronne elles sont identiques à celles des Caiiis. Il n'en est pas de même des premières tuberculeuses supérieures qui, sur les Amphicyon, sont remarquables par leur grand développement transversal. Si on compare ces dents à celles de certains Loups, ou remarque que le talon est beau- coup moins large chez les carnassiers fossiles et que les pointes externes diffèrent par leur position, fait sur lequel je vais appeler plus loin l'attention. Mais sur d'autres maxillaires supérieurs de Loup, tel que celui qui vit dans les Pyrénées, on voit que la.première tuberculeuse se distingue de celle des AmjMciJon par sa plus grande largeur et en même temps par la disposition de son talon. Le som- met de ce dernier correspond à une ligne transversale qui passerait par l'intervalle des deux pointes externes que la dent porte sur son bord. Sur certains Canis Lupus des Pyrénées, le talon de la tuberculeuse semble en quelque sorte avoir été plié, et il résulte de cette disposition que la dent étant moins large, il se trouve corres- pondre transversalement non à l'intervalle des deux racines externes, mais au der- nier de ces éléments comme sur les Cyiwdictis. J'insiste sur ce fait parce qu'il montre qu'actuellement dans une même espèce, à l'état naturel, la forme des dents peut se modifier profondément. Au sujet des deux pointes externes de la première tuberculeuse, je ferai remar- quer que, sur le Loup, leur face externe se continue directement jusqu'au collet de la couronne. Sur les Amj^hicyon, au contraire, comme sur les CynocUctis, ces deux parties sont situées plus en dedans, et il résulte de cette disposition qu'elles sont complètement isolées du bord externe de la dent. Elles s'enlèvent comme deux pyramides de la surface de la couronne. Cette disposition se retrouve sur les Cyno- dictis. ]\Lais la tuberculeuse des Amphicyon se différencie de celle des animaux appartenant à ce dernier genre en ce qu'elle présente sur son bord antérieur, en dedans de la pointe externe un petit tubercule assez aigu. La deuxième tuberculeuse de certains Amphicyon (Amphicyon Icmcmensis), est beaucoup plus développée que celle des Canis, carnassiers offrant au point de vue de la forme de cette dent les plus grandes ressemblances avec les Cynodictis; seulement si on étudie les mêmes dents sur V Amphicyon ambignus, animal à museau raccourci, chez lequel la troisième tuberculeuse est très réduite et supportée par une racine unique, on note que les proportions de la tulierculeuse se réduisent beaucoup alors que sa forme se modifie de manière à devenir absolument semblable à celle particu- lière aux Chiens. Les mesures suivantes permettront deliien apprécier ces différences. i:r \i:x CAUXAssii:i{s F(issilks si AMP. 1.KMAM08IS I.ONT I.\ li' Tl'll AMI'. AMBlOUfS DONT LA V Tfn. l'OSSKDK THOIS HACIM:s MSÏINCTKS POSStDK LNB 8KILB UACI.NK Longueur O^.OISO 0"",0009 Épaisseur O'",0150 O'.OOIS Diamètre antoro-poslérieur au niveau lie la [lortiou moyenne de la dent . 0"',U()11 U"',0UU7 Chez ces deux animaux, la longueur de la première tuberculeuse est la même, 0'",0i2, ainsi que l'épaisseur, qui atteint 0'",01S0. Le diamètre antéro-postérieur de la dent mesuré à sa partie moyenne est d'un niilliniètre inférieui' swv VA iiqj/iicj/on ((Dibiguas. Ces exemples montrent d'um' manière très nette que lorsque chez les Ai)ij)hicijon la face s'est raccourcie, les dendères dents se sont modifiées dans leur forme et qu'elles ont tendu à revêtir les caractères de celles des Canis. Sur 1'. 1 m- p?iici/o)i Lemanensis qui vient de servir à mes observations, l'étendue de la série dentaire supérieure mesure 0"\002, alors qu'elle n'est que de 0"',082 sur VAmphi- ci/on ambir/ififs. La longueur de la carnassière, ainsi que celle de la deuxième tuberculeuse, est la môme sur les deux sujets. Si après avoir étudié chacun des organites composant la série dentaire des Amphi- cyon, on examim; la forme et les rapports qu'affectent entre eux les os consti- tuant la voûte palatine, ou remarque que ces carnassiers avaient cette portion de la face construite anatomiquement connne celle des Canis. Le sommet de la suture des palatins avec le maxillaire supérieur et le sommet de la suture des inter-maxil- laires avec le maxillaire supérieur existent chez ces mammifères au même niveau. Quant à la forme du bord alvéolaire, elle est également semblable. Chez les Ainjjhici/on comme chez les Canis, le maxillaire supérieur (voy. PI. V, fîg. 14 et 4) s'élargit au niveau de la carnassière et de la première tuberculeuse supérieure, tandis qu'il se creuse au niveau des prémolaires. 11 résulte de cette disposition que le Inird alvéo- laire supérieur compris entre la dernière tuberculeuse et l'alvéole de la canine a la la forme d'un S italique. Je ferai remarquer à ce sujet combien la voûte palatine du Gynhyenne (Hyenoïdes jncta) diffère de celle du Loup et de celle du Chien domestique, alors qu'elle oHre les plus grandes analogies avec celles du Protele (voy. fig. G et 18). Dans mon travail sur les mammifères fossiles de l'Allier, j'ai décrit le mode de constitution de la face des Amphici/on, j'ai fait remarquer que le bord supérieur des os du nez de ces carnassiers était sensiblement rectilignc dans toute sou étendue et qu'il se relevait un peu vers son extrémité supérieure pour se continuer avec le frontal, disposition rappelant celli- qui existe sur Yl'rsiis arclos. Chez le Canis lupus, les os sont ])\\x% excavés dans leur partie moyenne et se relèvent brusque- ment pour atteindre le frontal. Chez l'Ours brun, le frontal se prolonge davantage Arch. Mus. Ul. 11 82 OBSERVATIONS RELATIVES AUX CHIENS ACTUELS en avant, de telle manière que, s'introduisant entre les os nasaux et le maxillaire supérieur, il vient rejoindre le sommet de l'inter-maxillaire. Il résulte de cette dis- position que le bord externe des os nasaux s'articule seulement avec le frontal et et l'inter-maxillaire. Chez le Loup, au contraire, et chez les Amphicyon, le frontal se prolonge moins en avant. Tinter-maxillaire remonte moins haut, et ces deux os n'arrivent pas à se réunir. 11 résulte dès lors de cette disposition que le bord externe des os nasaux s'unit avec l'inter-maxillaire supérieur, le maxillaire et le frontal. Par cette disposition, la face des Amphicyu)i se rapproche de celle des Canis et de celle des Cynodictis. La distance comprise entre le trou sous-orbitaire et le bord antérieur de l'orbite diffère suivant que l'on observe un animal à face courte ou allongée. Cette modifi- cation se fait de la même manière que chez nos Chiens domestiques dont le museau tend à prendre un ]ilus ou moins grand développement. Un des points les [ilus importants à connaître, relativement à la structure de la tète des Ani^ihicyon, est celui qui correspond à la structure de la base du crâne. Pour bien faire saisir la ressemblance absolue qui existe à ce point de vue entre ces carnassiers et les Catiis,ie vais rappeler d'abord la disposition de la face inférieure du crâne chez ces derniers animaux. « Le canal carotidien chez les Canis, dit M. Flower, est complet et de propor- tions suffisantes ; mais son ouverture externe n'est pas apparente au niveau de la bulle auditive, car elle se trouve dans la profondeur du trou déchiré postérieur ; le trajet de l'artère est identique à celui qu'elle parcourt chez les (Jurs. Le processus paro-occipital est long et proéminent ; sa surface antérieure est appliquée étroi- tement contre la portion postérieure de la Imlle, mais sur une moins grande étendue que sur les Chats, car le processus est plus comprimé. Le trou condylien très apparent est situé sur une crête s'étendant du paro-occipital au condyle, et il est bien distinct du trou déchiré postérieur. Le trou glénoïdien est très large. Le canal alisphénoïdal existe '. » Le canal caratodien des Amphicyon est complet comme l'est celui des Canis, et son ouverture extérieure occupe une position identique dans l'intérieur du trou déchiré postérieur ; son parcours est le même. Le processus paro-occipital est long, proé- minent, mais sa face antérieure est plus oblique en avant que chez les Chiens. D'autre part, sa face postérieure est plus concave. Le trou condylien est placé de la même manière sur une crête allant du paro-occipital au trou déchiré. Il est peut-être un peu plus rapproché du trou déchiré que sur le Loup, mais il n'existe là qu'une difïê- ' H. Flower. Proceedhigs of tlic Zool. Soc. of London. 18(31). On the value of the characters of the base of the cranium in the classification of the order of the carnivora. ET AfX C'AR.XASSIKHS FOSSILHS 8:i rence de bien [icii de valiur. I.c Irmi glénoïdien est très Largo. L'orifice antérieur de la trompe d'Eiistache occupe par rapimii an Iimu ovale la inèinr; sitiialioii, et ce der- nier se trouve senililal)lement placé au fond d'une dépression à la partie antérieure di^ laquelle s'observe l'ouviM-tun- du canal alispluMioïilal. Cette disposition identique des orifices de la base du crâne danslesdeux genres de carnassiers étant constatée, on n'est plus surpris lorsqu'on examine le développement et le mode d'union des os constituant le plancher de la chambre crânienne, de trouv(n' iju'ils sont seml.)lables dans les deux genres que je compare l'un à l'autre. Dans un travail paru au commencement de l'année dernière, l'attention a été appelée par M. Coope sur les orifices perforant la portion postérieure du squamosal chez les mammifères. Ce savant paléontologiste a recherclié la valeur que leur existence plus ou moins simultanée pouvait avoir au point de vue des diagnoses. « L'un de ces orifices, dit j\L Coope, le post-glénoïde, a été mentionné par j\L Flower (Ostèologle des niam.- mifères)QommQ se montrant chez le Chien et l'Ours alors qu'il fait défaut chez le Chat. J'ai trouvé cinq autres orifices qui généralement servent à la sortie des canaux en connexion avec le sinus veineux latéral. Le canal principal s'étend de l'orifice post- glénoïde en arrière et en dedans entre l'os pétreux et le squamosal et pénètre dans la cavité crânienne au niveau du bord supérieur du premier de ces os. Sur un point de l'os pariétal souvent très près de la suture squamoso-pariétale, ce canal débouche encore à la surfjice du crâne [)ar un orifice que nous ap[)ellerons post-pariétal. Une branche du môme canal se dirige en arrière et à sou orifice à la face posté- rieure, occipitale du crâne, sur la suture existant entre l'os pétreux et l'os occipital. Cet orifice doit porter le nom de trou mastoïdien. Une autre branche postérieure a son orifice sur la partie postérieure du squamosal, et ce trou de sortie sera désigné par le nom de post-squamosal. Sur certains mammifères un canal ayant son orifice à la base de l'apophyse zygomatique rejoint le sinus veineux après un court trajet. L'orifice de sortie de ce conduit sera désigné par le mot de supra-gUnoïde. Sur certains mammifères, on trouve unautre conduit communiquant avec le sinus veineux. Il perfore le squamosal et occupe une position postérieure et extérieure â celle de l'orifice post-glénoïde. Son orifice, que je nommerai sub-squamosal, regarde plus en bas qu'en dehors. Ces orifices peuvent être divisés en quatre séries : 1" Orifices regardant en bas : Post-glénoïde; Sub-squamosal . 2° Orifices regardant en didiors : Post-squamosal ; Post-pariétal. 84 OBSERVATIONS RELATIVES AUX CHIENS ACTUELS 3" Orifice res'ardant en haut : Supra-glénoïde. 4° Orifice rearardant en arrière : Mastoïde ' . Sur les carnassiers qu'il a étudies, M. Goope a remarqué que les orifices précé dents peuvent quelquefois faire absolument défaut ou bien qu'on en retrouvait un, deux ou un plus yrand nombre, suivant le groupe que l'on étudiait. Ainsi les Tri- cher]! us et les A rctoccplioUff^ ne possèdent aucun de ces orifices. Chez les PJwca, l'ori- fice post-glénoïde est rudimentaire. Chez les Ours, VA rcfotherium et les Hi/iowdon, les orifices post-glénoïde, mastoïde et post-pariétal existent simultanément. ^jEnhy- (Irocijon et les Toiuwcj/on ne possèdent que les foramens post-glénoïde et post- pariétal. Les Ai'chxluriis, les Dinictis, les Pogonodon, les Hoplophoneus et les Macliierodiis (cerehralis) sont dans le même cas. Les Prucion, les Nasua et les Bassaris n'ont que l'orifice post-glénoïde ainsi que les Canis, les V'idpcs et les Urocyon. La même disposition se retrouve sur les Viverra, les Mustda, les Pulor/'us et les Mejdùtis. Chez les Chats, on rencontre quelquefois un orifice post- glénoïdien. Sur les Hyxiia, les Uncia, les Cy)iœluri's, il n'existe pas de foramen. D'après ces observations, les Chiens ont seulement un orifice post-glénoïdien. j'ai déjà dit ({ue chez les Anipliicyon ce foramen était très développé. Mais ces car- nassiers possèdent en outre, ainsi que les Ursiis, les Arrlotlicriuni et les Hyxnodo)i, des orifices mastoïdes et post-pariétaux. Je reviendrai plus loin sur la valeur que peut avoir cette dernière observation. Si l'on continue l'examen de la base du crâne en portant son attention sur les ca- vités auditives, l'on voit que « dans le genre Canis la bulle auditive est extérieure- ment simi)le, unie et également ai'rondie Le méat a une lèvre inférieure \\\i peu proéminente mais à un moindre degré que sur les Ours. A l'intérieur un septum très incomplet naît de la paroi antérieure dans un point correspondant exactement à celui des Felis et divise la partie antérieure de la chambre en une portion antérieure oti se trouve l'orifice de la trompe d'Eustache et en une portion postérieure dont l'extré- mité antérieure est un cul-de-sac comme chez les Chats'. » Les bulles auditives des Amphicyon que j'ai pu étudier m'ont paru, d'après les débris qui les représentaient avoir été arrondies d'une manière uniforme transver- salement alors que leur diamètre antéro-postérieur était, proportionnellement à la largeur, un peu plus allongé que sur les Chiens. Le bord inférieur du canal auditif 1 On the foramina perforatinr/ the poslerior pirt of thi squamosa! bons of the mammalia, by J. E. I). Coope. 1880. American Plujlosujiliical Society. • n. Flower. Loc. cit. KT Al'X CAlîNASSlI'lKS F ( tSS I I. i:s 85 externe était modëréiuont iléveloppé. Au sujet de l'oxistence ou ilo la non-existence (.l'un se[)tum divisant inconinléteinenl la bulle auditive, je ne saurais formuler une (){)ini()n définitive. Seulement je puis aflirnier ([ue si cette elnison se retrouvait chez les Am2)hici/o)i, co dont je doute, elle devait être, d'après les pièces que j'ai sous les yeux, absolument rudimchtaire. J'ajouterai que sur les Cynodictia, dont la base ilu crAne est constituée comme l'est celle des Aivjrjhicyov , alors que les bulles auditives ont la même forme, le même développement, il n'existe pas de septum. Il résulte de ees diverses observations que. si par le développement et l'union des différents 03 coiistituint le cràue ainsi que par la forme et les rapports des orifices situés à la face inférieure de la boîte crânienne, les Amplncyon se rapprochent com- plètement des Chiens, ils s'en éloignent par suite d(^ l'existence d'orifices post-parié- taux et mastoïdiens, en même temps que par le bien moindre développement et même probablement l'absence de septum servant à diviser la bulle auditive. Je ferai remarquer que chez les Ursus qui possèdent des foramen post-pariétaux et mas- toïdiens comme les Amphicyon , il n'existe pas de cloison dans l'intérieur de la bulle auditive. Seulement chez ces animaux, contrairement à ce que nous observons sur les Anijikicyon, le bord inférieur du canal auditif est très peu développé et les bulles tympaniques sont Ijeaucoup moins saillantes. Les os qui constituent la voûte du crâne en même temps que sa paroi postérieure s'articulent chez les AmpIncyo)i delà même manière que chez les Chiens. Seulement chez ces derniers animaux la tète ne présente pas une crête sagitale développée à un point extrême comme sur les carnassiers fossiles dont je rappelle les caractères ana- tomiques. l'oui' terminer l'exposé des faits relatifs au crâne desAniphycion, il me reste à in- diquer la forme des centres nerveux qu'il abritait. M. Gervais* avait pu étudier un moulage de cavité cérébrale pris sur un fragment de tète faisant partie des collections du Muséum de Lyon. Il avait, d'après l'indication inscrite sur cette pièce, pensé qu'il avait entre les mains un moulage dtî la cavité cérébrale d'un ("cjilnilngdle. Mais les recherches que j'ai faites depuis m'ont montré de la manière la plus précise qu'il y avait là une erreur et que la description donnée par le savant professeur du Muséum de Paris se rapportait à un AoyjJn'cyon. M. Gervais avait tout d'abord supposé ([u'un cerveau provenant d'un carnassier ayant vécu durant les temps miocènes devait indiquer par la disposition des circon- volutions cérébrales une inf('riorité animale marquée. Ces prévisions furent déçues en partie, car le moulage indi([ue des analogies fort remarquables avec les espèces actuelles de la famille des Canidés. Le cervelet était, comme chez tous les animaux ' p. Gervais. Journal de Zooloyie, 1872. 86 OBSERVATIONS RELTIVES AUX CHIENS ACTUELS de l'éocène supérieur et du miocène inférieur, peu couvert. Les circonvolutions étaient celles des Canis, seulement elles possédaient un peu plus de largeur. L'aire frontale n'avait pas non plus les mêmes contours que chez le Louj), et le sillon crucial y était moins apparent que sur ce dernier animal. M. Gervaisa signalé d'autre part le raccourcissement de la pointe antérieure des hé- misphères AeVAmphicyon; en résumé, il a fait remarquer que, malgré des diffé- rences le cerveau de ce carnassier [lossédait les caractères essentiellement propres aux Canis. En effet, chez lui comme chez ces derniers animaux, l'on constate la présence de quatre circonvolutions sur chacun des hémisphères, avec dédoublement delà cir- convolution intermédiaire supérieure dans sa partie postérieure. « Il y a même, a ajouté le savant professeur du Muséum de Paris, comme cela se voit dans quelques-unes des plus grosses espèces de cette division, un commencement de dédoublement de la circonvolution qui longe la faux. Elle se remarque en arrière. » Je n'ai pas besoin de faire observer combien les caractères, que je viens de rappeler sont d'accord avec ceux que nous a révélés la structure de la tête des Am2:ihicyon. Aussi est-on profondément surpris, lorsqu'ofi aborde l'étude du restant du squelette de ces carnassiers, de trouver non plus des analogies mais des différences énormes avec les Chiens. Pour abréger, autant que possible, le parallèle que je vais tracer, entre les formes anatomiques des memln-es antérieurs et postérieurs des Amphicyon et celles des Canis, j'appellerai seulement l'attention sur les dispositions anatomiques spéciales laissant de côté celles qui sont fatalement la conséquence de ces premières. C'est ainsi que relativement à l'humérus, dont je vais parler en premier lieu, je décrirai l'extrémité inférieure en même temps que je mentionnerai les proportions relatives aux divei^ses parties de cet os en laissant de côté tout ce qui concerne son extrémité supérieure L'extrémité inférieure de l'iiumérus des Anrphicyon diffère de celle des Canis par son élargissement beaucoup jdus considérable. Ainsi j"ai pu observer un humérus A'Amphicyon Lcnwnensis et un humérus de Canis lupus possédant la même lon- gueur ((}'", 196), et j'ai trouvé que sur le premier la largeur de l'extrémité inférieure était de 0"',056 alors qu'elle n'atteignait que 0'",OiO sur le second. J'ai recherché alors quels étaient sur ces deux os le développement des surfaces articulaires et j'ai trouvé que les diamètres transverses et verticaux maximum de la poulie étaient les suivants. Longueur de riiumèrus. Largeur de l'extrémité inférieure. AMl'HICVON LEMANENSIS CANIS LUPUS 0"',i96 0'M96 0'%0oG O-'.OiO KT AU.V CARNASSIERS FOSSILES S7 Diamètre trausverse maximum de la poulie humérale 0^042 0",028 Hauteur maximum (le la poulie liuuié- rale O-^.OIS O^-.OSS Un voit par ces chilfrcs ijuc sur un liumérus d'Aiiij)/iici/on Lemanensis, dont la longueur est égale à celle de riiumérus d'un Canis lujm.s, la largeur de la poulie articulaire est plus grande^ d'un tiers, alors que la hauteur maximum de la même partie est inférieure d'un sixième sur l'espèce fossile. Si on recherche le rapport existant «Mitre la longueur de l'humérus et la lar- geur de la poulie humérale, U chiifre correspondant à cette dernière mesure ser- vant d(^ diviseur, on trouve les nomhres suivants : Amphici/on Lemanensis. , 4, 019 Canis lupus 7 J'ai recherché le même rapport sur l'humérus du Cynodidis Boriei^ dont je possède diverses pièces trouvées en même temps qu'une partie du système dentaire, et j'ai ohtenu le nombre 5,120. Pour compléter ces observations, je devais me préoccuper de savoir quel était, chez ces trois animaux, le rapport existant entre la largeur de la poulie humérale et sa hauteur maximum. J'ai trouvé les nombres suivants : Amphicyon Lemanensis 2,322 Canis lupus 1,217 Cynodiclis Boriei 2,000 Ainsi l'on voit par ces dirierents chilfres que la portion articulaire inférieure de l'humérus de VAmphici/o/i Lemanensis a plus de rapport avec celle du Ci/zw- dictis Boriei qu'avec celle du Canis lupus. Si on observe maintenant la forme de l'extrémité inférieure de l'humérus dans les trois genres dont je viens de parler, on remarque que, sur les Cjjnodictis comme sur les Amp?iici/on, l'épicondyle se dé- veloppe considérablement et qu'il est surmonté par une arcade osseuse très élevée devant livrer passage à l'artère cubitale. On ne voit rien de semblable sur les Chiens dont l'épicondjde est tout à fait rudimentaire ; d'autre part, je ferai observer que sur ces derniers animaux, il existe une large perforation oléo- craniène ([ue Ton ne rencontre jamais sur les A mp/u'ci/o/i ci snv les Ci/nodictis. Je ferai remarquer en dernier lieu que chez ces derniers carnassiers la crête devant donner insertion au deltoïde descend beaucoup plus bas que sur les Canis et qu'enfin le bord externe du corps de l'humérus ne se détache pas sur ces carnassiers sous 88 OUSKRVATIONS RELATIVES AUX CHIENS ACTUELS la forme d'une lame osseuse assez étendue, comme sur les deux formes de mam- mifères fossiles dont je viens de parler. Il m'a paru important, après avoir constaté ces différences offertes par les formes les plus accusées du type Amphicyon, de rechercher si, chez les animaux du même groupe dont le système dentaire tend comme sur VAniphici/on auihignusk se rapprocher (ki système dentaire des Chiens, l'humérus ne suhit pas de modifications de forme. Malheureusement je ne connais aucun humérus entier cV Anijihici/oii ambiguus et mes observations ont du porter dès lors seulement sur des extrémités inférieures. J'ai trouvé les nombres suivants sur deux échantillons. tCH. N' 1 ÉCH. >^ 2 Largeur de la poulie humérale 0'",030 0'",033 Hauteur de la poulie humérale 0'",024 0'",023 Rapport entre ces deux mesures (la deuxième servant de diviseur) 1"\500 l'",434 Je n'ai pas besoin de faire ressortir l'importance de cette dernière obser- vation montrant qu'il a existé une forme àWiupldcj/on qui, par les proportions relatives de sa poulie humérale était absolument intermédiaire aux Canis, d'une part, aux Amp ht Cl/ on et aux C}/nodict.{s,d'àvûvei)av\. Mais,f^uvVAiiipIi/cijon nnihi- guus, comme sur VAniphicyon Lemanensis, il existait un épicondyle très saillant surmonté par un canal artériel, et la fosse oléo-cranienne n'était pas perforée. Lorsqu'on compare un cubitus A\A.m2ohicijon à un cubitus de Loup, on est frappé par le développement fort différent que prend chez ces deux carnassiers toute la portion inférieure du corps de l'os, située au-dessous de la surface articulaire supérieure destinée à la tête du radius. Si on recherche chez ces animaux le rap- port existant entre la portion du cubitus comprise entre le bord inférieur de la cupule radiale et le sommet de l'extrémité inférieure de l'os, on trouve, pour Y A7nphicyon Lemanensis, le nombre 3,75, et, pour le Loup, le nombre 5. J'ai recherché quel était le même rapport sur le Cynodictis, et j'ai trouvé le chiffre 3,927. Par conséquent, pour le cubitus comme pour l'humérus, il existe plus d'analogie entre les formes types à'Aniphicyon et les Cynodictis qu'avec les Chiens. Je n'ai malheureusement pas de cubitus entier à'Amphicyon ambiguvs; la pièce la plus complète que je possède était brisée un peu au niveau de la portion inférieure du corps. Je n'essaierai pas, d'après ce qui subsiste de cette pièce, d'évaluer ses proportions totales, car dans des discussions semblables à celles à laquelle je me livre, on ne doit fournir que des nombres dont l'exactitude soit absolue. Indépendamment de sa longueur, qui est fort différente, le radius des Amphicyon K r .\i:\ c \ K.NASSIKUS I''OSSIM';s 89 dillLTcde celui ilii T^^y^/.v A/'yy/'.s- [lar b' développomcMit beaucoup plus considérable de l'empivinti' hiripilalc ([iii. l'iionnc dans le pifinici' de ce i^'enre, esta peine mar- quée sur le second. D'autre pai't, la eu [iule radiale est.. vu r IM /y7-'///r//6)/<,supp()il('c par une portion rétrecie, une sorlc de cnl osseux, qui est très légèrement indiquée sur le Loup. Si on cxaunne rexlrcniiti' inlerieiu'c du radius, dii note(|ue sur 1". 1 ///y;///(?yo?i elle est construilc' d'après nu mode absolunient semblable à celui (pie l'ini trouve sur les ( )urs, et dès lors il n'y pas la moindre analogie entre cotte portion du squelette et celle des Canis, Ce mode de constitution de la surface articulaire, destin'' à s'uinr au carpe, montre de la manière la [dus évidente que les Amphirijon étaient plan- tigrades et non digitigrades comme le sont les Cliiens. Je reviendrai plus loin sur ce fait nié par certains auteurs, lorsque je traiterai du moile de structure de la patte. L'examen des os constituant le membre inférieur fait découvrir des différences de même ordre entre les Atuphicyon et les Canis que celles sur lesquelles je viens d'appeler l'attenliou ndativement au membre supérieur. Lorsqu'on étudie un fémur d'Aiit/j/tiri/an, on est frappé de la très grande ressemblance qu'il présente avec l'os correspondant des Ursus. Le corps de cet os chez le carnassier fossile n'est pas courbé en avant comme chez le Loup. Le bord supérieur du col fémoral estilroit chez \'/iiiip/iirj/07i et oblique transversalement, du haut en bas et du dedans en dehors, chez le Loup; celte disposition donne une direction tout a fait différente à la tète du fémur chez les deux carnassiers. D'autre part, chez le Lou]), le grand trochanter s'élève beaucou[) au-dessus du col du fémur limitant une fosse excessivement pro- fonde. Sur VArnjj/iici/oji, le bord supérieur du col du ft'mur et le sommet du grand trochanter sont placés presque sur une même ligne transversale. La fosse trochan- térienne est fort réduite. Entin, chez le carnassier fossile, le petit trochanter est très rap[)roché du col du fénuu' alors qu'il en est très éloigné sur le carnassier vivant. L'extrémité inférieure du fémur est aussi dissembla])le sur ces deux carnassiers que l'est rextrémité supérieure; les différences portent sur le bien plus grand développement antéro-postérieur des condyles chez les Loups que chez les Aijijj/nci/oit. Les chiffres suivants permettront de se rendre compte de ces caractères distinctifs d'une manière très nette, car j'ai pu mettre en parallèle des fémurs lie la même longueur. Longueur du fémur Diamètre antéro-postérieur du condyle interne. Rapport entre ces deux cliillVes AMPHICVON- AMKIGLUR provenant fies jdiOîiiilioritcs CAX1S I.IPLS U.'S l'yreilt'es 0",21() 0"-,210 0"',037 0™,046 5, 075 4, 5(iô Le tibia des Ain.pkicijuii diffère de celui des f.oups parle développement antéro- Achu Mus.. UI. 12 UO OBSERVATIONS RELATIVES AUX CHIENS ACTUELS postérieur moins grand des surfaces articulaires supérieures, par la plus grande brièveté de son corps, par l'absence de crête antérieure fortement saillante, s'ar- rêtant un peu au-dessous du tiers de l'os, enfin par la disposition de l'extrémité articulaire inférieure. J'appellerai particulièrement l'attention sur les formes présentées par cette dernière partie. M. Pomel, en parlant des A-inp/u'ci/on, dans son catalogue méthodique des Vertébrés fossiles du bassin supérieur de la Loire, a supposé que c'étaient « proba- blement des animaux aquatiques, mais non plantigrades, ainsi qu'on l'avait avancé, les membres antérieurs étant proportionnellement plus robustes ». Dans Farticle consacré par Laurillard dans le Dictionnaire universel (Vhistoire naturelle aux Chiens fossiles, on trouve formulée la même opinion, mais avec beaucoup plus de réserves : « M. de Blainville, dans son Ostèo graphie, se fondant sur la proportion des doigts, des tarses et de la queue, laquelle est fort grande a compris les Amphicyon dans sou genre ou son groupe des petits Ours, quoique la taille de son Amjihicyon major égale celle de nos plus grands Ours, et que la dent d'Avaray, décrite par Cuvier, annonce un animal plus grand encore d'un cinquième. Mais comme chez les espèces d'un même genre et de grandeur différente, la largeur des os aug- mente dans une proportion plus forte que leur longueur ; comme l'astragale et le calcanéum de V Arnpliiei/nji se rapprochent beaucoup par leurs formes de ceux du Loup, et parleurs proportions de ceux du Lion, la poulie de l'astragale étant aussi profonde et même davantage que dans le Lion et le Loup; conrnie cette structure n'existe pas chez les plantigrades parce qu'un léger mouvement lùlatéral du pied sur leur jambe est nécessaire pour que la face plantaire puisse s'adapter aux inégalités du sol, tandis qu'au contraire la marche digitigrade exige de la fixité dans l'articu- lation du pied avec la jambe, et par conséquent une poulie astragalo-tibiale à gorge profonde, nous pensons, malgréla brièveté des métacarpiens et des métatarsiens, qu'il y a encore de fortes raisons de douter que VAtupJn'cj/on. eût été un animal planti- grade, et nous sommes tentés de lui conserver la place que M. Lartet lui a assi- gnée dans sa pensée en le nommant Amjjhici/on, c'est-à-dire voisin ou près des Chiens * . » Les observations précédentes relatives à la surface articulaire du tibia destiné à se mettre en contact avec l'astragale sont exactes. En effet, chez les Chats comme chez les Amphici/oji, on observe une profondeur à i)eu près semblable de cette partie osseuse. Mais je crois que les déductions qu'en a tirées Laurillard ne sont pas justes et il me suffira pour le démontrer de faire voir combien sont différentes chez les ' Laiiiillard. Bict. univ. d'hist. nat.2'^' edit., t. lU, p. 668. irr ATX- ('.au.\assii-:ks i-dssii.ios 91 Chiens cl los Cliats la surface artieulairc du lil)ia, l'aslraiialc et, le calcaiiéum. D'ailleurs, sans quitter le i^-roupe des Chais, nous voyons ({iie <;hez le ('rijpto- proiic, qui est un plantigrade, la porliDii interne de l'articulation tibiale inférieure est aussi creuse iiu'cllc l'est sur le restant des Felis. Quant à la surface externe de l'artitadatiiin, elle est chez le carnassier de Madagascar un peu plus horizontale et plus arrondie suivant son bord. Ce sont ces caractères ([uo l'on retrouve sur les Ampliicyon, caractères qui n'existent pas chez les Felis digitigrades. Aussi, en ne tenant compte que de la forme de la surfîice articulaire du tibia pour l'astragale, on peut dire que les Anijjhicyon devaient être plantigrades au même degré que les Cryptoproctes. L'extrémité articulaire inférieure du tibia des Aniphici/on diffore de celle du Cnnis bqnis par le creusement beaucoup moins considérable de sa partie interne, par la moindre saillie de la crête médiane, correspondant à la gorge astragalienne. Cette arête est directement antéro-postériaure chez les Chiens et elle est oblique horizonta- lement, il'avaul en arrière et de dehors en dedans chez les Amphici/on. La portion de surface articulaire située en dehors de cette crête est très peu creusée sur ces der- niers animaux et elle ne présente pas comme chez les Canis une partie antérieure large, à laquelle succède brusquement une portion beaucoup plus rétrécie. On ne trouve pas non plus sur les Amphlcijon le relèvement du bord externe de l'ar- ticulation, disposition ayant pour résultat d'augmenter chez les Chiens la profondeur de la surface articulaire. Comme on le voit par ces détails, il est absolument impos- sible de confondre un tibia à'Aniiihicyon avec un tibia de (\itiis. L'astragale des Amphicyon diffère de celle des Canis, lorsqu'on étudie sa face supérieure, parle moindre creusement de la poulie ; les chiffres suivants, relatifs àdes astragales iV Auiphicyon Lemanensis et de Canis lupus de même dimension, comme longueur et comme largeur, permettront d'appn'cier cette dissemblance do la manière la plus nette. CANIS Lurus AMPHICYON LEMANENSIS Diamètre maximum antéro-postérieur 0™,033 O^.OSS Diamètre traiisverse maximum 0"',021 0"",021 Hauteur du bord interne de la poulie à sa partie moyenne . 0™,0i5 0"',012 Hauteur du bord externe de la poulie à sa partie moyenne . 0"',tJ08 O^.OOS La longueur du col de l'astragale, mesurée sur ces deux échanlillniis de l'extrémité antérieure du bord interne de la poulie au point correspondant du bord supérieur de la surface articulaire supportée par le corps, est de 0"', 008 sur Y A inphicyon Lema- nensis, et également de 0'",008 siu" \o ( 'unis Jnpns. Le développement et la direction de la surface destinée à s'articuler avec le sca- 02 OBSERVATIONS RELATIVES AUX CHIENS Ai'.TLELS plioïde sont absolument différents chez ces deux carnassiers. Ainsi sur le Canis l;/pvs, la facette scaphoïdienne mesure 0 ,01(3 de largeur, alors que la même mesure j)rise sur V Amphicyon Lemanciisis ïonvnxilc nombre 0'", 019. Sur le Loup, le grand axe de la facette est oblique transversalement de haut en bas, de dehors en dedans; f^iwV Amphicyon Lenifincnsis. il est absolument transversal. Je n'ai pas besoin, en présence de ce caractère et des proportions d'étendue de la surface scaphoïdienne, ({"établir un parallèle entre l'astragale des Ampldcyon et celle des Felis, mais je rappellerai que le diamètre transversal de la tète de l'astragale est énorme sur le Cryptoprocta et qu'il a la même direction que sur les Ampfiicyon. L'examen de la face inférieure de l'astragale f;iit voir que la surface articulaire pos- térieure destinée à s'unir avec le calcanéum est ])eaucoup plus profonde et moins obli- quement taillée de haut en bas et de dehors en dedans sur les Canis que sur les Amphicyon. La surface articulaire antérieure est séparée de la précédente par un sillon profond beaucoup plus court sur les ( 'anis que sur les Amphicyoji. Sa longueur, mesuréesurlesdeux astragales donlj'ai indiqué précédemment quelques-unes des di- mensions, est de 0'",018 pour Y Amphicyon Lemanejisis, cl de (»"',0i2 pour le Canis hipvs. La surface articulaire placée en avant de ce sillon est plus développée trans- versalement smA'Ainphio/on que sur le Loup (0"',00U au lieu de 0"\007).et elleest en même temps sur le premier de ces carnassiers plus convexe au niveau de saportion movenne. Cette dernière disposition a pour eflet de lui donner une direction tout à fait différente dans sa partie antérieure. Sur le Loup, la surface articulaire se con- tinue horizontalement à partir de sa partie movenne pour rejoindre le bord inférieur de la facette scaphoïdienne, tandis que sur Y Amphicyon elle se relève fortement avant de rejoindre le même point. Tous ces caractères sont ceux qui existent chez les plantigrades et ce sont ceux que l'on retrouve chez le Cryplocropta dont la poulie tibiale est creusée comme celle des Amphicyon. L'étude du calcanéum confirme de la manière la plus absolue ces premières ob- servations. J'ai fait représenter dans mon travail sur les mammifères fossiles de l'Allier un calcanéum àWmplucyon de grande taille (probablement à' Amphicyon major) offrant les plus grandes analogies avec l'os correspondant de la patte des Ours et la plus grande dissemblance avec celui de la patte des digitigrades. Des deux facettes articulaires que présente la face supérieure du calcanéum, la postérieure chez YAmpiiicyoji est excessivement allongée d'avant en arrière et rèyulièrcmcnt convexe d'avant en arrière dans toute son étendue. Chez les digiti- «rrades. tels (lueles Canis, les FcJis. la môme surface osseuse semble avoir été pliéo au niveau de sa partie moyenne, de telle manière qu'elle offre un coude dans son milieu. Il résulte de cette disposition que chez les carnassiers, dont je viens de KT AIX CAU.N ASSIICHS F i i.SS I I.MS U3 parli'i-, la l'acotte calcanéenne postérieure coiupri'iul nue p.nlio aiit<''ri(Muv verticale cl une [)arli(> postérieure (iiri_i:;'('c on bu'ii liorizonlalcincnL m arrière (Fclisj. on l/icn de haut en bas et d'avant m arrière f( 'x/n's Inpns). La facile arlii'ulairc autérienrc du calcaïu'iim avec l'astragale est arrondie chez VAiiiphicj/",/ au lien d'avoir, comme sur le Chien, un grand diamètre antéro- |)Ostérieur el un pidit diamètre transverse. Citte disposition correspond évidemment a un hii'u [ilus grand (dargissemenl de la [)atte. D'autre pari, sur les Anijj/u'ri/tjn. le hiird anl-'ricur (II' celle facette, qui se projette forlemenl eu dedans, n'est séi)aré ({uo [>ar uu intervalle de ileu\ ou trois nnUiiuètres de la [lorlion correspondante du pour- tour de la facette cnboïdienne. Ainsi sur le calcan('nni Amphicyon major de Saint- Gérand-le-Fny. dont j'ai parlé plus haut, cette distance atteint seulement 0"',003, l'os avant 0"',(3(ji) de longueiu'. Elle est de 0'", 000, c'esl-à-dire !(> doul)le sur un calcanéuni de Loup dont la longueur est de 0", 003 seulement. Cette oijservation montre que clicz les Aiiijjhici/nn la partie antérieure du calcanéum. comprise entre l'extrémité antérieure de la facette astragaliene postérieure et le bord de la surface cuboïdienne, est excessivement raccourcie, disposition tout à fait ()})posée à celle que Ton observe sur les digitigrades. D'autre part, celte même partie osseuse prend un grand développement transversal chez les carnassiers fossiles dont je recherche les caractères. La face supérieure du calcanéum du Crvptoprocte comparée à celle des Ainphici/oji montre une structure générale sendjlable à celle de ces derniers animaux. l/i facette cuboidiene du calcanéum est sensiblement plane dans toute son étendue sur les Canis et concave dans tous les sens sur les Amp)hicifon ; elle est enfin proportionnellement au corps de l'os plus développée transversalement chez ces derniers animaux. Lu présence des caractères si nets présentés par l'astragale elle calcanéum, on. ne peut douter de l'allure plantigrade des ADiphicyon, L'étude des métatarsiens et des métacarpiens servirait au besoin à éclaircir cette question si le moindre doute était encore possible. Mais avant de présenter quelques brèves considérations relatives à ces os, j'appellerai l'attention sur la disposition présentée par le calcanéum de Y Aniphicyon ambiguus. J'ai déjà fait remarquer que d'après le [)eu ([ue nous connaissons de ce carnassier il semblait indiqué que les caractères profjres aux Arnphici/o}i fussent atténués chez lui. J'ai fait observer que l'on notait une tendance vers des modifications devant avoir pour résultat, poussées à uu plus haut degré, de rapprocher ces animaux des Canis. L'étude du calcanéum vient corroborer ces premières observations et permet de constater un indice de modification anatomique très important. J'ai dit plus haut 94 OBSERVATIONS RELATIVES AUX CHIENS ACTUELS que ce qui distinguait d'une manière absolue le calcanéum des Amphicyon de celui des Canis, c'était déposséder une facette postérieure pour l'astragale régulièrement convexe d'avant en arrière, au lieu d'être fortement coudée en son milieu comme sur ces derniers carnassiers. Sur le calcanéum de V Amplucyon anibiginis cette facette est plus pliée dans son milieu que sur V Amphicyon Lemanensis. D'autre part, la partie articulaire antérieure du calcanéum pour l'astragale est beaucoup plus éloignée du pourtour de la surface cuboidienne. Ainsi, pour le calcanéum comme pour l'humérus, nous notons une modification excessivement importante des formes types de VAmphicyon. Le calcanéum de V Amphicyon ambiguus possède encore les caractères propres aux plantigrades, mais ces caractères sont atténués de la ma- nière la plus singulière, et l'on se trouve obligé de reconnaître, qu'à un moment donné, une tendance à des adaptations nouvelles s'est manifestée chez les Amphi- cyon, et que sous son influence, il s'est produit dans la forme de la patte des chan- o-ements assez importants pour que nous puissions aujourd'hui en retrouver l'indi- cation très nette . Mes observations relativement au nombre et à la forme des doigts sont confirmées de la manière la plus absolue par les conclusions que de Blainville avait tirées de l'examen de différents métacarpiens et métatarsiens des A7npjhicyon major et minor trouvés à Sansan. Les doigts tant à la patte de devant qu'à la patte de derrière étaient au nombre de cinq. De Blainville avait prévu le nombre des métacarpiens d'après l'étude qu'il avait faite de deux scaphoïdes à' Ampihicyon major. « La forme de cet os, disait dans son Ostèograpkie le savant professeur du INIuséum de Paris, nous est donnée par deux scaphoïdes du squelette presque entier. Cet os est absolument de la même grandeur que celui d'un Ours médiocre, ayant même beaucoup de sa forme ; seulement il est ' un peu plus court transversalement, et par conséquent plus large et plus ovale. Quant à sesquatre facettes pour le trapèze, le trapézoïde, le grand os et l'onciforme, elles sont à peu près les mêmes que dans les grands F dis, avec lesquels j'établis la com- paraison; en effet, elle est un peu moins complète avec l'Ours. On peut donc assurer que V Amphicyon avait cinq doigts aux membres de devant; à quoi on peut ajouter que probablement leurs mouvements étaient moins serrés que dans les Felis, parce que les crêtes des facettes articulaires sont aiTondies et plus effacées. » Relativement au pisiforme de Blainville disait : « Cet os qui nous est connu d'après un échantillon bien entier du côté droit, offre, au contraire, plus de ressemblance avec son analogue dans l'Ours que dans le Lion; mais il est encore plus robuste, c'est-à-dire plus épais, proportionnellement à sa longueur, que dans le premier de ces animaux. La facette articulaire pour le cubitus indique aussi une articulation KT ATX OARNASSIKHS FOSSILES 95 plus iiivdtauti- cl plus HKilnlr (juc dans le Mniicl, a peu près cuminc ilaiis l'Ours. » OiiauL aux nR-tararpiL-us, i< leur yi'osscui' |)i'iip()i'lionni'lli' à leur loiii^MU'ur et leur brièveUUovcnt toute espèce de doute, s'il [louvail}- eu avoir encore sur les affinités de VAiiiphir 1/0)1. lui ellVl. ([uoii[ue ceux de squelette presque entier soient un peu plus courts, et un peu [iliis robustes ([ue d'autres évidemment plus i'rèles, il n'en est aucun ({ui soit jamais dans des proportions assez allongées pour être comparé aux métacarpiens des Felis ou des Canis, et ce n'est qu'avec ceux des Ours ou des lUaircaux ([ue la comparaison peut s'établir. On peut même à peu près assurer que. eonunc dans ces animaux, c'était le cinquièmo ipd était le plus gros et le jiremier le plus petit. » Les métatarsiens étaient au nombre de cinq et, comme les métacarpiens, ils indiquent de la manière lapins nette l'allure plantigrade de VAniijhici/nn. Quant aux phalanges, elles sont, ainsiquel'avait signalé de Blainville, remarquables par leur brièveté, leur aplatissement en dessous, et une certaine courbure assez marquée, surtout dans les plus petites. Elles s'éloignent beaucoup de celles des Felis, moins de celles des Ours, et encore moins do celles du Blaireau, sauf la taille. Il résulte des différentes observations que je viens de présenter, relativement à chacun des os du squelette, que les Amphict/on , comme de ISlainville l'avait dit, étaient des animaux plantigrades et non digitigrades, ainsi que le pensait M. Pomel. Quant à la place que doivent occuper ces carnassiers dans nos classifications, de Blainville disait : « Jugeant par la brièveté et la force des os des membres antérieurs et postérieurs, et par la forme de presque toutes leurs parties, on peut aisément voir que la comparaison s'établit avec une espèce du genre des petits Ours mieux qu'avec aucune autre espèce, eimoiita avec les Canis et les Hi/ejuws qi\'a.\ec tout autre carnassier; en sorte qu'en joignant à cette considération l'observation que l'Amphi' Ci/on était pourvu d'une queue longue et robuste, on est pour ainsi dire conduit à cette conclusion que c'était une forme animale du groupe des petits Ours à longue queue, rappelant en Europe les espèces qui existent encore en Amérique et en Asie, mais bien plus carnassière et surtout bien plus grande qu'elle, du moins pour une espèce dont la taille égalait celle de nos grands Ours d'Europe \ » Ce que j'ai dit relativement a la iêie des Amphiq/on ne permet pas d'accepter l'opinion de de Blainville sur le grand éloignement qui existerait entre ces animaux et les Canis. Car si l'on veut résumer dans une seule phrase toute la longue discus- sion précédente, on peut dire ^[ue les Ampliici/o/i étaient des carnassiers ayant une tête de Chien et des membres d'Ours. En présence de ces caractères mixtes, on ' De Blainville Osteol. subursus, p. 66. 90 OBSERVATIONS RELATIVES AUX CHIENS ACTUELS peut se demander, en raisonnant suivant l'iiypothèse del'ëvolution des U'pes animaux si les Amphicyon. n'auraient pas donné naissance à deux formes animales, l'une se constituant après des modifications de la tête, l'autre après des modifications du squelette. La première correspondrait aux Ours, la deuxième aux Canis. Je ne connais actuellement, au point de vue paléontologique, en restant dans le domaine des faits, rien qui permette d'accepter la première de ces suppositions. Quant à ce qui est de la seconde, les quelques changements que j'ai signalés peuvent permettre de dire avec certitude que les Amphicyon, à un moment donné, ont eu une tendance à varier et que cette tendance s'est accusée par une modification du squelette. Les formes massives ont fait place à des formes plus élancées, la patte s'est également modifiée et faite pour la marche plantigrade, elle a revêtu un peu de la structure propre à celle des carnassiers digitigrades. Mais il faut reconnaître que des trans- formations importantes doivent encore s'effectuer pour que les membres d'un Amphicyon. deviennent ceux d'un Chien. J'ai cherché dans ce travail à bien mettre en lumière tout ce que nous savons sur la structure squeléttologique des Aviphicyu/i, sur les caractères des races auxquelles ils avaient donné naissance durant la période miocène inférieure. Ces races présentent, évidemment très modifiés, les caractères de la forme type dont elles descendaient. Que sont devenues ces races? Ont-elles continué à se transformer en s'adaplant à de nouvelles conditions biologiques, ou bien ont -elles disparu ? Ce sont là deux questions auxquelles il nous est difficile de répondre actuellement. Les découvertes qui résulteront des recherches que les paléontologistes ne manqueront pas de faire au sein des couches appartenant au miocène moyen supérieur et à la partie inférieure du miocène supérieur permettront certainement de savoir ce qui s'est passé. Il est à souhaiter surtout que nous soyons bien fixés sur le carnassier de Sansans, que Lartet a nommé, d'après quelques débris, Pseudoryoji. Nous pouvons dire seulement aujourd'hui que si la théorie de l'évolution est exacte, les Chiens ont eu sûrement les Anipliieyo/i comme ancêtres. D'où descendraient eux-mêmes les Amphicyon '^ certainement de la même forme anceslrale qui a donné naissance aux Cynodictis. En effet, la dHférence que nous observons entre ces animaux est bien moins grande que celle qui existe entre les formes les jilus dérivées des Amphicyo/t et les Coiiis. Les Cynodictis ont leur face, leur crâne, leurs bulles tympaniques constituées exactement comme celles des Amphicyon. J'ai, à diverses reprises, montré, durant l'exposé de ce travail les grandes analogies, les ressemblances presque absolues que l'on trouve entre les diftérentes pièces du squelette de ces carnassiers. Les Cynodictis, comme les Amphicyon, se rapprocliaient beaucoup des Ours par la forme de leurs membres KT AUX <;aUNASS1KRS fossiles mr;ci/ow Thenardi. 43 Observations relatives à divers carnassiers fossiles provenant de la Grive-Saiat-Alban (Isère). 06 Observations relatives aux Chiens actuels et aux carnassiers fossiUs s'en approchant le plus. 70 ÉTUDES Z()()l.()(iI()lJKS FAINE Di; I.AC DE TJBÉRIADE SlIIVIKS DMTN AI'KRi'U STH I,,\. FAIXE DES LACS 1) AXTIOCHE ET DE IIOMS P0I8S0NS W\: REPTILES 1)1' EAi; DE TIHERIADE TS DE QUKLUliKS AUTRES l'AKTIKS DE LA SYRIE LE D" L. LORTET IHRECTETR DU MUSEUM t> IIISTOIUU N A. T tJ R K L L S D li LYON CHARGE d'une mission S C I K N T 1 F r Q U K tau m. l.K M I M S T R E D lî L ' I N S T K U C T I O N l'I'BI, l^^E AVANT-PROPOS Toutes les eaux permanentes de la Syrie et do la Palestine, les mares les moins étendues, les plus petites fontaines et les sources ehaudes, souvent fortement salines, fourmillent de i»:)iss()ns variés. Pendant les il 'ux longs vo^-ages exécutés en 1875 et en 1880, j'ai récolté la plupart des formes décrites et figurées dans ce travail. Quelques personnes, cepi-ndanl, m'ont procuré plusieurs espèces prises dans certaines localités on je n'ai pu suffisaminc-nt séjourner. M. .Linowski m'a envoyé celles d ■ Litlakièh, d'Alep et des principaux torrents Ann. Mls., ni. «3 100 AVANT-PROPOS (lu [ràvs «les Ansarlés. Les ivcherches de ce zélé et couraj?eux naturaliste devaient malheunnisenicut ètn- brusquement interrompues par la morl. Au milieu de ses travaux, il a succombé seul, loin de tout se(;ours, foudroyé en quelques heures par les miasmes redoutables du lac et des marécages, inexplorés avant lui, de la grande plaine d'Antioche. M. Blanche, consul de France à Tripoli, botaniste d'un rare mérite, a fait pêcher les nombreuses espèces des cours d'eau de la région du Tilian située entre Tripoli ■ et les montagnes des Ansariés. M. Savoye, aujourd'hui consul de France à Hamah et à Homs, a récolté les poissons des lacs de Damas, et les frères Liévin d<' Hamme, ceux de ([uelques sources des environs de Jéricho, du rivage occidental de la mer Morte et de la vallée inférieure du Jourdain. Mon ami, M. A. Locard. a joint à ce ti'avail une hionograpliie détaillée des mollusques aquidiques des lacs de Tibériade. de lloms, d'Antioche; MM. Petit, Brun et Schlumberger ont bien voulu étudier avec soin les diatomées et les desmidiées (U's vases profonde* rapportées par no> dragn(>s. Les planches ann(^xées à ce Mémoire représentent quelques espèces nouvelles et d'autres Inen cunnues qui n'avaient point été figurées d'une façon suffisannuent exacte pour permettre d'apprécier la valeur des caractères qui les différencient des formes voisines. Ces dessins ont été complétés par mes esquisses coloriées, faites sur le vivant, d'après les milliers (rindividus pris journellement dans les lacs de Tibériade, de; lioulèh, de Damas, ou les sources et les l'uisseaux que nous rencontrions chemin faisant. Je crois avoir pu fixerainsi, peut-être [)lus complètement que mes devanciers, les limites des variations de quelques espèces. Cependant, malgré les savantes et persévérantes recherches du R'^ Tristram, qui a rapporté de Syrie des collections zoologiqu(!s remarquables, je suis persuadé ([ue bien des découvertes restent encore à faire dans certaines parties peu exploréi^s où les naturalistes auront la joie de récolter les plus riclies moissons. INTRODUCTION Le lac de Tibériade était appelé, dans les anciens livres de la Bible, Kiimereth ou mer de Kinaroth ; plus tard, dans le Nouveau Testament, mer de Galilée, lac de Gennézaretb, lac de; Tibériade. Aujourd'bui les Arabes le désignent sous le nom de Bahr Tabariyàh. Cette magniaque nappe d'eau est située dans la faille profonde, continuation de celle ([ui fornu" le (lliùr et la mer Morte. Son niveau, malgré la rapidité du cours du Jourdain inférieur, est encore de -212 mètres au-dessous de la surface de la Méditerranée. Les savants qui accompagnaient, en 1864, M. le duc de Luynes n'ont trouvé pour cette dépression que 189 mètres. Mais pendant les séjours prolongés qu'à deux reprises différentes nous avons fait au bord du lac, l'obser- vation attentive des excellents et nombreux instruments dont nous étions munis nous a démontré que la cote donnée par :^I. le lieutenant ^' ignés était probablement trop faible de plusieurs mètres. Le lac forme aujourd'hui un ovale presque régulier dont le grand axe est directement nord-sud. Sa longueur est de 21 kilomètres, et sa largeur maxima de 9 kilomètres 1/2. La fonte des neiges et les pluies souvent très abondantes pendant la saison hivernale doivent faire considérablement varier son étendue ; mais ces dénivellations, dues aux périodes de sécheresse et (riiumidité, sont infini- ment moins' accusées qu'à la mer Morte dont la surface peut s'élever de plus de •i mètres au moment des grosses eaux. L'extrémité nord du lie de Tibériade est un peu plus large que celle du sud. Le rivage est parfois taillé à pic, ailleurs û est presque plat et forme des plaines basses et marécageuses c >mnie celle de Genné- zaretb, au nord-ouest, et celle de el-Batihah, au nord-est. Au nord, à l'endroit 102 INTRODUCTION OÙ le Jourdain se jette dans le lac, ainsi qu'au point où le fleuve émerge pour parcourir la grande vallée du Ghôr, se trouvent des estuaires et des lagunes vaseuses. A l'ouest, les collines d'el-Hamma et de Ilattin séparent le lac des hauteurs de Nazareth et de la vaste plaine d'Esdrelon ; il est borné par les montagnes de Safed, au nord; à l'est, par les escarpements et le plateau volcanique du Jaulan, encore inexploré, dominé par de grands volcans éteints et par la cime majestueuse du gi^and Hermon, dont la blanche coupole de neige, lorsqu'elle est enflammée par les rayons du soleil couchant, se réfléchit admirablement dans ce miroir azuré. Les eaux proviennent presque toutes du Jourdain, qui se jette directement à l'extré- mité nord ; à l'ouest, des wadys er-Rubudièh et el-Amoîid, ainsi que des sources nombreuses de la plaine de Gennézareth. A l'est, la côte est beaucoup plus sèche et plus aride : les ruisseaux qui coulent dans les wadys Semâk et Rouzzaniyèh ont seuls une certaine importance. En été, la plupart de ces tori'ents sont presque taris, tandis qu'en hiver et an printemps, ils sont gonflés par les pluies et charrient, ainsi que le Jourdain, une énorme masse liquide. Le niveau du lac s'élève alors quelquefois de plus de 2 mètres, les eaux deviennent troubles et envahissent toutes les parties basses du rivage. Les grèves sont recouvertes d'un gravier fin, formé de petits fragments de calcaire, de basalte et de silex roulés, pohs par le mouvement incessant des vagues, et mêlés à d'innombrables coquilles mortes appartenant aux genres Neritma, Melania, Melanopsis, Cyrena et Unio. Le bassin du lac n'-est point dû aux érosions du fleuve, mais a été très certai- nement formé par la rupture nord-sud qui s'est produite dans les couches crétacées formant les montagnes environnantes, au moment où se sont soulevées les puissantes masses volcaniques du Jaulan et les nombreux filons de basalte de la rive occidentale. Ces volcans admirablement conservés datent de la fin de la période tertiaire, peut-être même quelques-uns d'entre eux étaient -ils encore en activité pendant la période quaternaire. Une étude géologique attentive du Jaulan donnerait très certainement à ce point de vue les résultats les plus intéressants. Sur les collines placées au sud-ouest de Safed, juste à l'altitude de 0 mètre, à une pression barométrique de 76 centimètres, se trouve un plateau couvert de galets et de cailloux roulés indiquant qu'à une époque reculée le lac devait avoir le même niveau que la Méditerranée. Sur le rivage oriental, près du wady Semcàk, on voit des escarpements formés par de grands bancs de poudingues pétris de galets, de rognons de silex et de calcédoine veinée. Beaucoup de ces cailloux ont éclaté par suite des brusques changements de température pendant les périodes diurnes et nocturnes, tandis que d'autres, plus compactes et plus résistants, sont restés à peu près régulièrement arrondis. A la base des collines abruptes, nous avons trouvé des l'OISSONS VVV UKI'TII.KS 1>II I-A<' DK 1' I B KU 1 A 1» K 103 silex qui ont élu évidcmim'iit taillés par une main humaint!, c[ qui doivent dater d'une période préhistorique, ('e fait prouve donc le dépôt relativement récent des coni^lomérats, et récouloment, à une époque peu éloignée de nous de la mer intérieure profonde que formait alors le lac de Tihériade. I.es éruptions volcaniques ont dû faire affaisser ou briser le seuil placé au sud du lac, vers le pont de SemAk, et la rupture de cette digue naturelle a précipité dans la grande vallée du Ohôr une énorme masse d'eau, un tleuve puissant (jui a raviiu' profondément les anciens dépôts de la mer .Morte et donné à cette grande faille terrestre sa configuration actuelle. Ainsi s'expliquent tout naturellement les hautes terrasses escarpées qui s'élèvent de chaque côt(' du Jourdain, dans le bas de la vallée du Ohôr, notamment au bord de Jériolio et on face d'es-Salt. Peu de jours après notre arrivée, nous nous sommes assurés des services de l'une des trois barques qui se trouvent à Tibériade, et d'un équipage d'élite cajjable de m'aider à exécuter .les sondages et les dragages dans le fond du lac ; j'espérais trouver dans ce milieu spécial une faune profonde particulière, ayant peut-être encore conservé quelques-uns des caractères de celle des eaux .salées, si le lac avait jadis été en communication directe avec la Méditerranée. Les barques, très primiti- vement installées, malgré leur peu d'apparence, sont solides, tiennent bien la mer et filent assez rapidement, grâce à leur large voile latine. Il faut toujours néanmoins prendre les plus grandes précautions lorsqu'on navigue sur ce lac perfide, où les tourbillons, d'une rapidité excessive, succèdent tout à coup à un calme plat, et sou- lèvent, dans l'espace de quelques minutes, des vagues monstrueuses. Les vents redoutables sont surtout ceux du nord-ouest qui se précipitent des hauteurs de Safed, et celui du sud, le Khamsin, qui i)arcourt avec une violence inouïe la grande vallée du Ghôr, pour déboucher sur le lac au pont deSemâkavec une force d'autant plus grande que la vallée est ici très resserrée entre les montagnes élevées qui la bornent à l'est et à l'ouest. Deux fois, pendant nos séjours, nous avons éprouvé les plus vives inquiétudes en nous sentant secoués sans trêve ni merci sur les vagues furieuses, dans ces coquilles de noix qui ne nous inspiraient qu'une médiocre con- fiance, et dont les mâts et les voiles n'étaient fixés qu'avec des cordes en filasse de palmier. Heureusement que nos marins arabes étaient des plus habiles, car la moindre fausse manoeuvre pouvait nous faire chavirer en i)lein lac. Nous embarquions une telle quantité d'eau que deux hommes suffisaient à peine à l'épuiser avec des sceaux en fer. De gros nuages noirs remplis d'électricité s'amoncelaient à l'horizon, lèvent qui descendait de la montagne soufflait en tempête, la surface du lac, blanche d'écume, devenait livide dans les parties plus calmes. En fuyant rapidement devant 104 INTRODUCTION les lames, nous pûmes, après plusiem^s hernies d'efForts pénibles, regagner sains et saufs les criques abritées de la côte occidentale. L'eau du lac, ordinairement d'un très beau bleu, est cependant d'une teinte légèrement opalescente, qui fait rapidement perdre de vue la sonde ou la drague, et qui, sous quelques mètres d'eau, permet à peine d'apercevoir les galets du fond. Pendant les orages, j'ai vu souvent ces eaux devenir d'un vert émeraude ou d'un violet foncé. Le soir, elles reflètent admirablement le ciel et sont d'un bleu saphir étincelant. Pendant le jour, on remarque fréquemment des zones diversement colorées qui forment de grandes bandes rectilignes ou courbes dues à des courants ou à des vents légers qui rident la surface et lui font réfracter la lumière d'une façon spéciale. Entre Tibériade et Magdala, j'ai constaté la présence d'un courant très violent qui fait remonter les eaux du lac vers le nord-est. Sa vitesse est telle que, dans l'espace do quelques minutes, les objets flottants sont emportés en plein lac. Un de nos muletiers, excellent nageur, étant allé, à quelques mètres du rivage, chercher une mouette que nous venions de tuer, fut entraîné audoin malgré les plus vigoureux efforts, et ne dut son salut qu'à un rocher sur lequel il parvint à prendre pied, ce qui lui permit d'attendre, à moitié évanoui, les secours que nous pûmes lui porter heureusement à temps. La profondeur du lac, peu considérable, n'est guère en moyenne que de 50 à 60 mètres ; cependant vers le milieu du grand bassin du nord, en face de l'em- bouchure du Jourdain, j'ai dragué plusieurs fois par des profondeurs de 250 mètres sans que la ligne ait éprouvé une dérive sensible. Ces dépressions du sol, très limitées, pai-aisseat avoir échappé au lieutenant Lynch, lorsqu'il exécuta, en 1848, ses célèbres sondages dans le lac de Tibériade et la mer Morte. Dès qu'on s'est éloigné du rivage de quelques centaines de mètres, le fond est uniformément recou- vert d'une couche épaisse d'une vase grisâtre, très fine, due à la désagrégation des roches calcaires, volcaniques et aux dépôts limoneux charriés par le fleuve. Ce sédiment constitue une terre à poterie excellente, ainsi que nous avons pu nous en assurer. Les indigènes ne savent malheureusement pas l'employer, et font venir leurs ustensiles en terre des poteries de Rascheya situées à la base de l'Hermon. La vase du fond renferme un assez grand nombre de mollusques gastéropodes et bivalves, quelquefois de petits vers rougeâtres qui sont très probablement les larves de quelque diptère, un grand nombre de diatomées et de desmidiées microsco- piques, mais point d'algues ni de conferves, ce qui m'a vivement surpris. Les dragues dont nous nous servions étaient des engins exécutés sur le modèle de ceux qu'avaient employés Wy ville Thomson pendantles expéditions àaPorcuiiine, du Ld(jhlni)ig et du Challenger. Nos recherches se faisaient surtout le matin, lors- POISSONS KT u i; r TH. i:s du i,a('- dm 'niîisuiADK 105 que la toniix'-raturc n'i'-lait |>(iiiil imic ti'i' li'rs (Mi-vc' •. I iic l('U'("'i'i' l>i'i>i' nous |)eruu'tlait onlinaircnuMil de Iraîm-r IcntenuMiL la ilrai^uc |)af l'arlioii scuIimIcmioIi-c voile latine. Le lond paraît être unirorménient vaseux, car jamais nous n'avons accroché nos appareils à des roches dont on ne pont constater la présence que le long du rivage. Cra\ê par F.i hard. Pendant plusieurs jr)urs. nous avons opéré devant la ville, a peu de distance des remparts, espérant que le lilet nous ramènerait quelque antiquité. Notre espoir a malheureusement été déçu; dans cet endroit, nous n'avons jamais retiré que des graviers, des fragments de charlion et des myriades de coquilles de pistaches dont les habitants paraissent faire une consommation extraordinaire. Les poissons doiit le lac fourmille, et qui entrent pour une large part dans l'alimentation de Tibériade, sont pèches par une compagnie de mariniers qui possèdent trois barques dont deux seulement ont le droit de sortir chaque jour à tour de rôle. Le seul filet employé est l'épervier ; il est lancé du ])ateau dans les endroits 100 INTRODUCTION peu profonds, ou bien le pêcheur descend sur le rivage, entre dans l'eau jusqu'à mi-jambes et jette alors le filet sur les bandes de poissons qui se trouvent autour de lui. Le lac est si peuplé que dans l'espace de quelques minutes, nous avons vu chaque jour notre barque remplie jusqu'au bord; la pèche miraculeuse se renouvelait sans cesse pour nous. Au milieu de ces monceaux de poissons se traînait, comme un véri- table serpent, le célèbre Clarias macracanthus , que l'historien Flavius Josèphe avait déjà sii^nalé sous le nom de Coracinus^ et qu'il croyait venir du Nil, grâce à des communications souterraines. Ce silure remarquable atteint souvent plus de 1 mètre de longueur, et lorsqu'on le prend pour le jetter sur le sable, il se met à pousser des cris rauques qui ressemblent aux miaulements d'un chat en colère. Les espèces du genre Chroniis sont nombreuses; la plupart incubent leurs oeufs gros et verdàtres, et élèvent leurs petits dans l'intérieur de la bouche. On trouve souvent dans la gueule d'un poisson, long de 20 centimètres à peine, plus de deux cents petits d'une couleur argentée qui tombent sur le sable comme des gouttelettes de mercure. Ge^ alevins restent pendant quelques semaines dans cette singuHère demeure protectrice, et \\q.\\ sortent que lorsqu'ils sont assez vigoureux pour subvenir à leur nourriture et échapper à leurs nombreux ennemie. Une de ces espèces, le Chroniis Si moni s, aune gueule énorme comparée aux dimensions de son corps, et, au printemps, les joues du mâle sont gonflées parles œufs ou le fretin qu'il transporte toujours avec lui. On ne s'explique pas comment ce tendre père peut saisir une proie quelcon(|ue sans avaler quelqu es-uns de ses enfants. Les poissons du lac de Tibériade, tous très bons à manger, servent de pâture à des myriades de grèbes huppés (Podiceps cristaUts) et à des pélicans. Fréquem- ment, les grèbes mangent les yeux des chromis, et d'un seul coup de leur bec long et acéré enlèvent, aussi proprement que le ferait un chirurgien habile, les deux globes oculaires avec la paroi interorbitaire. Ces malheureux poissons aveugles, dont nous avons pris de nombreux exemplaires, ont ainsi la face entièrement perforée par un canal sanglant qui se cicatrise rapidement, (^e ne sont que les plus gros individus qui sont ainsi opérés par les grèbes; ne pouvant pas les avaler tout entiers, ces oiseaux voraces ont la précaution de ne prendre qu'un morceau de choix. A\i milieu des roseaux du rivage, on trouve des quantités de gros cra])es (Telephusa fiuviatilis) qui mordent avec une grande vigueur, lorsqu'on les prend sans précau- tions. Sur le gravier, des myriades de crevettes Orchesties (Orchestia Tiheriadis) sautent connue des puces et disparaissent ensuite rapidement entre les cailloux. Des bandes de grèbes nagent à la surface du lac ; ces superbes palmipèdes, aux plumes argentées et brillantes, ont une ilouble huppe très gracieuse placée au POISSONS KT HKPllI.KS DU LAC UV. TllîKHlADH 107 sommet du cn\n.«. Ils ont le cou long, mince, et un -■oq.s allouée -lui disparaît presque eutièremenl sous l'eau comme la coque d'un monitor cuirassé. La tête et le cou restent à peine visibles ce qui rend leur capture extrêmement difticile. Ils ne sont vulnérables qu'à la tête, aussi nous faut-il tirer des centaines de coups de fusils pour en abattre quelques-uns seulement. Notre lourde barque ne nous permet pas de les approcher à une distance convenable. Dès que ces o'rseaux sauvages s'aperçoivent que nous sommes à portée de fusil, ils plongent rapidement, nagent entre deux eaux avec une vitesse excessive et ne reviennent à la surface que -2()0 mètres plus loin. Ils parviennent ainsi à nous distancer avec la plus grande facilité. Les seuls dont nous ayons pu nous rendre maîtres sont ceux que nous avons surpris dans quelque crique de rochers nu au milieu des roseaux. Nous n'avons jamais vu ces beaux oiseaux voler à la surface du lac, ils échappent toujours aux poursuites en nageant avec une grande vitesse, grâce à leurs longs doigts palmés isolément et non rt'unis par une même membrane comme chez la plupart des palmipèdes. Les grèbes n'apparaissent à Tibériade qu'à la fin de mai et en juin. Pendant l'hiver et au printemps, on n'en trouve que très exceptionnellement. En juin, ils sont évidemment appareillés car on les voit presque toujours nager par couples. Il est probable qu'ils nichent dans les roseaux du rivage, mais malgré nos recherches, nous n'avons pu nous procurer des œuis ou des nids. Les Arabes de Tibériade croient qu'ils nichent et qu'ils pondent au fond de l'eau ! Une autre espèce intéressante, que l'on voit fréquemment sur le lac. est le pélican (Pelecanus onocrotalus) qui se tient ordinairement en troupes nombreuses de plusieurs milliers d'individus au nord du lac, près du point où le Jourdain se termine par un estuaire. Ces gros oiseaux forment un (iercle de 200 à 300 mètres de diamètre, sur un seul rang d'épaisseur, et ainsi régulièrement disposés et très rapproches les uns des autres, la tète toujours dirigée vers le centre, se livrent à une pêche active sur les bandes de chromis qui nagent habituellement a peu de profondeur. Ils sont trop sauvages pour s(! laisser approcher, mais avec la longue- vue nous avons pu souvent examiner leurs manoeuvres singulières. Lorsque la pèche a été fructueuse et leur poche cervicale convenablement remplie de poissons. ils se retirent au milieu des roseaux, dans quelque golfe désert, et se livrent alors en paix au travail de la digestion. Sur les bords, près des ruisseaux, les racines et les pierres sont couvertes de petites tortues (Enii/s Cnspica) qui plongent comme des grenouilles au moindre bruit. J'ai aperçu plusieurs fois dans les eaux du la<^ uvu'.^liaut rapidement sur la vase du fond, des emys ou de grandes cistudes, longues de près de 40 à 50 centimètres, mais dont je n'ai pu déterminer l'espèce n'ayant jamais pu parvenir à m'en emparer. Ans. Mis., III. 1(:8 INTRODUCTION Celte tortue atteint probablement une taille considérable, car elle a été prise pour un dauphin jiar un voyageur anglais'. Si nous avions eu à notre disposition de longs filets agencés pour pêcher dans les grands fonds, je suis certain que nous aurions pu faire des captures intéressantes. Les pierres de la rive sont entièrement couvertes de neritines (Neritina Jor- (lani), de mélanopsides (Mdanopsis prœmorsa et costata). Les mélanies (^il/(?/am"a tubercnlata), les cyrènes et les unios ne se trouvent, au contraire, que dans les eaux du fond. Les mollusques du lac ont été régulièrement péchés aux profondeurs suivantes: Nerilijitt Jordanl, Butter, sur la plage, sur les graviers et les rochers, jusqu'à une profondeur de 50 mètres. Melania tiiberculata. Millier, toujours dans les eaux profondes, de 100 mètres à 250 mètres. Melanopsis j-jnemorsa, Linné, sur les pierres, le bois, les feuilles, au bord du rivage dans les sources et ruisseaux des environs du lac. Melanopsis costata, Olivier, sur la plage, jusqu'à 50 mètres de profondeur. Cette espèce est la plus abondante. A certains endroits, les coquilles vides sont aussi nombreuses que les grains de sable de la grève. Ci/rena fluminalis,, Millier, ne se trouve pas sur les bords, mais seulement de 50 à 100 mètres de profondeur. Unio termhialis, Bourguignat, de 50 à 100 mètres de profondeur. Unio Tirjridis, Bourguignat, de 50 à 100 mètres de profondeur. Unio Lortcti, Locard, de 50 à 100 mètres de profondeur. Unio Firtri, Locard, de 50 a 100 mètres de profondeur. Unio maris-Galilxi, Locard, de 50 à 100 mètres de profondeur. Dans les grands tonds, c'est-à-dire de 100 mètres à 250 mètres, les Unio n'étaient plus vivants; maisjfles coquilles ayant perdu leur épidémie, étaient ramollies, friables, converties en craie blanchâtre et semblables aux fossiles de certains gîtes tertiaires du midi de la France. Ce changement moléculaire remarquable me paraît dû surtout aux effets délia pression, car je ne l'ai jamais remarqué sur les spécimens morts, dragués à une petite profondeur. Presque partout, on voit sur la côte, principalement le long de la plaine de ' WeM, Sacred Palnihind.-; Lomioii 18S]. |i. 205. POISSONS Kl i;i:i>Tll,KS Di; lac UK TIBIOUIADK 109 (icnnozarctli, do iiiauriitiiiue.s louircs de lauriers roses qui poussent entièrement dans l'eau et qui forment d'énormes buissons couverts de myriades de fleurs. Rien n'est beau comme cette ceinture rose qui se reflète sur les eaux IjIcucs, transpa- rentes, et se projette harmonieusement dans l'azin- de ce beau ciel. Dans quelques endroits, on trouve de grands papyrus (Cijperus Papyrus), hauts de plusieurs mètres, paraissant différer un peu de celui d'Egypte. A Tell-IIoùm (Gapernaluun) et au wady Se;nàk. on aperçoit de distance en distance de hauts palmiers qui poussent dans une eau profonde de plusieurs pieds ; il est donc positif que cette rive a dû s'affaisser considérablement depuis quelques années, car il n'est pas admissible que ces arbres aient été plantés dans le lac à 8 ou 10 mètres au moins du rivage actuel. Pendant notre séjour, la températur(î de l'eau était de 24° au-dessus de zéro, ce qui se comprend facilement à cause de la clialeur intense concentrée dans ce bassin situé à 212 mètres au-dessous du niveau de la Méditerranée. Dans la journée, la température, à l'ombre et au nord, ou celle prise avec le thermomètre tourné en fronde, était presque toujours de 35°. Deux ou trois jours seulement, le Khamsin, ou vent du sud, nous a amené une température de 43°, 5 très pénible à supporter à cause de la sécheresse et de i'ctat électrique do l'air. Les rayons du soleil étaient brûlants sur le lac ; aussi, pendant nos pêches et nos draga^-es, devions-nous toujours prendre les plus grandes précautions pour éviter les insolations très dangereuses. La température excessive de cette chaudière, ainsi que les vapeurs qui s'élèvent sans cesse au-dessus du lac, développent sur l'eau les effets do mirage les plus singuliers. Nous apercevions souvent les grèbes doubles, le supérieur, la tète en bas, nageant les pieds en l'air dans un lac ftintastique. Quelquefois de grands escar- pements nous paraissaient tcrininer un rivage qui n'avait en rëaltié que 2 ou 3 mètres de hauteur. L'eau du lac de Tibériade est désagréable à boire, à cause de son odeur maréca- geuse et de son goût fade, quoiqu'elle laisse cependant dans la gorge une saveur légèrement saumâtre. Si le bassin avait communiqué, à une époque géologique récente, avec la Méditerranée, je pouvais espérer rencontrer dans les grandes profondeurs une eau peut-être encore un peu salée, habitée par une faune à faciès marin, en voie de se transformer en faune d'eau douce. Mais l'étude des faits m'a montré ([ue mes suppositions n'étaient point exactes. Des grands fonds, nous n'avons jamais retiré qu'une eau parfaitement identique a celle de la surface, et les animaux que nous avons dragués, sont bien des typ3s semblables à ceux que l'on rencontre dans toutes les eaux douces de la région. 110 INTRODUCTION Les dépôts laissés par le lac, lorsque son niveau «Hait infiniment supérieur à ce qu'il est à présent, confirment entièrement cette manière de voir puisqu'ils ne renferment ni coquilles ni restes d'animaux marins, mais seulement les dél)ris de ceux qui vivent actuellement dans les eaux non salées. Les rivages ont dû être habités dès l'antiquité la plus reculée. Nous avons ti-ouvé, en efiét, dans les conglomérats du wady Semàk de nombreux silex, grattoirs, couteaux, hachettes grossièrement taillés, seniblables à ceux auxquels on a donné le nom de tyjies du Moustier . Les instruments en pierre polie paraissent être fort rares dans la contrée. Malgré toutes nos recherches, nous n'avons pu nous en procurer que quelques exemplaires. Ce sont simplement de petites haches ou des herminettes en roches amphiboliques très dures, et semblables, quant à la forme, à celles qui sont si communes dans le Péloponèse et dans l'Attique. Nous n'avons vu aucun instrument de l'âge du bronze. Je crois que cette période de l'industrie humaine manque absolument a la S.yrie proprement dite. Dès qu'ils ont connu le bi'onze, les Phéniciens lui ont donné une forme artistique plus ou moms grossière, comme en témoignent les statuettes nombreuses trouvées à Beyrouth, à Aradus, à Rhodes et a Chypre. Mais il n'ont point fait de ce métal des instruments de travail comme cela se voit en Asie Mineure et dans l'Europe entière. En Asie Mineure, en effet, à Smyrne, par exemple, on trouve fréquemment des haches en bi-onze que, malgré nos recherches les plus attentives, nous n'avons jamais rencon- trées dans nos longues pérégrinations à travers la Syrie, la Phénicie et la Palestine, depuis Alex andrette jusqu'en Egypte. Il en est de même des palafittes ou villages construits sur pilotis dont je n'ai pu trouver de traces dans mes minutieuses explorations des rivages du lac de Tibériade. Dans plusieurs localités, à Hammam, à Ain et-Tàbigah, des sources sulfureuses chaudes jaillissent à la base des basaltes. Les plus importantes sont celles de Ham- mam ou d'Emmaûs situées à une demi-lieue de la ville. Deux bâtiments recouverts de coupoles, aujourd'hui fort délabrés, reçoivent les eaux thermales qui se réunissent dans les piscines destinées aux baigneurs. L'une de ces constructions est entièrement ruinée, la voilte est eflfondrée, et ce n'est qu'en se traînant au milieu des éboulements intérieurs qu'on arrive à une petite (;avité à demi comblée par les décombres, i*emplie d'eau, et servant de bains gratuits pour les pauvres. Là, quelques malheureux, hommes et femmes, font tremper leurs membres couverts d'ulcères ou de tumeurs blanches, afin de chercher unsoulagement à leurs souffrances. Un peu plus au nord, à quelques mètres de distance, se trouve un autre établisse- ment élevé en 1833 par Ibrahim-Pacha. Un vestiljule obscur conduit dans une POISSONS Kl' UKl'TUiKS DU LAC HK T I H K K 1 A 1) K m salle voûtée, éclairée par en haut, oi dont le plafond, soutenu par de petites colonnes en marbre rougeâtre, recouvrit un l)assin circulaire en marbre blanc dans lequel arrivent les eaux très chaudes. Tout autour, se trouvent des cellules obscures à l'usage dos baigneurs; une vapeur épaisse s'élève du réservoir central, obscurcit l'air et permet à peine de respirer. Les eaux, à l'endroit où elles jaillissent de terre, ont une température de 62°, et ne permettent pas de s'y plonger sans les laisser refroidir pendant plusieurs heures. Sulfureuses et magnésiennes chlorurées, elles sont considérées avec juste raison comme très utiles dans les rhumatismes articulaires chroniques, la lèpre, les diffé- rentes manifestations de la syphilis et la plupart des affections cutanées si com- munes en Orient. Elles jouissent d'une grande réputation en Syrie: aussi, aux mois de juin et de juillet, y vient-on de fort loin pour y faire des cures. Quant à nous, nous ne pûmes rester que quelques minutes à peine dans cette bouilloire où nous manquions étouffer. Les bombonnes remplies d'eau n'ayant pas supporté le transport à dos de mulets, de Tibériade à Damas, je n'ai pu en faire l'analyse exacte. Mais, d'après les recherches déjà anciennes d'Anderson attaché à l'expédition américaine com- mandée par le lieutenant Lynch, on peut croire que ces eaux sont très fortement sulfatées, sodiques et magnésiennes. Elles doivent évidemment jouir de propriétés thérapeutiques énergiques, et, bien administrées, elles pourraient rendre les plus grands services aux habitants de la Syrie et des régions voisines. Les sources sortent à la base du calcaire dolomitique qui forme de hauts escar- pements, au milieu des énormes blocs de basalte que l'on rencontre partout à l'entour. Elles sont très mal captées ; aussi de véritables torrents d'eau chaude s'échappent- ils des rochers, tout près de l'établissement pour s'écouler dans le lac, sur les graviers du rivage où elles laissent des dépôts blanchâtres et jaunâtres. Dans l'antiquité, au dire de Josèphe, ces bains attiraient déjà de nombreux malades. C'est non loin de là que campait l'empereur Vespasien, lorsqu'il préparait ses expéditions contre les habitants de Gamala et de Tarichée, qu'il parvint à massacrer sur le lac en faisant poursuivre les barques de ces raalheiu'eux par des radeaux chargés de soldats romains impitoyables. En continuant à snivi*e le sentier qui côtoie au sud le rivage du lac, on passe devant les ruines informes de Kedôs, l'ancienne Sennabris; une demi-lieue plus loin, sur le monticule couvert de quelques masures appelées Kérak, et qui paraît marquer l'emplacement de l'ancienne Tarichée détruite par Vespasien et Titus. Du sommet de cette colline, la vue est fort l^elle ; on domine l'extrémité sud du bassin avec l'ouverture de sortie du Jourdain qui est ici large de 30 à 10 mètres. Le sentier 112 INTRODUCTION coutourne un marécage et conduit en quelques minutes au bord du fleuve, à djesr um-Kanâtir ou pont de Semâk. De l'autre côté, s'élève le misérable village de ce nom, formé d'une trentaine de cabanes très basses, recouvertes de joncs et de roseaux. Au milieu du Jourdain, on voit les ruines d'un pont romain de huit arches, construites en petit appareil et en gros massifs de béton. Ce travail delà décadence doit certainement dater du bas empire. De nombreuses cigognes qui ont élu domi- cile sur ces piliers sont évidemment très décontenancées de nous voir approcher. Cependant, bientôt rassurées par nos allures pacifiques, elles se perchent immobiles sur ces vieilles piles, et, en signe de satisfaction, font claquer rapidement leurs fortes mandibules l'une contre l'autre. A l'ouest, de hauts escarpements entourent le wady Besoùm, tandis qu'au sud s'ouvre la large vallée du Ghor, en partie cultivée, marécageuse par places, s'étendant à perte de vue dans la direction delà mer Morte. Le Jourdain a ici quatre ou cinq pieds de profondeur; claires et limpides, ses eaux coulent rapidement au milieu des ruines du pont. Entre les pierres, on apei-çoit de gros poissons qui sont les mêmes que ceux du lac. Dans les escarpements qui s'élèvent non loin du rivage occidental, se voient les ouvertures de grottes nombreuses. Quelques personnes ont prétendu que ces cavités servaient de sépulture, mais nous ne le pensons pas. L'une d'elles que nous examinions depuis plusieurs jours à l'aide d'une longue vue, aune entrée très basse placée à l'extrémité d'une petite corniche vertigineuse. Lorsque nous j péné- trons, nous sommes fort désappointés d'arriver contre une muraille qui ferme l'étroit passage. Parnos cris répétés, nous attirons l'attention de nos moukres qui accourent bientôt avec des pioches et nous aident à abattre l'obstacle. Lorsque la brèche est suffisante, nous pouvons av^ancer dans un sombre corridor, puis dans une grotte immense qui se prolonge à 250 mètres dans le flanc de la montagne en donnant naissance, à droite et à gauche, à des galeries latérales nombreuses. Le sol est couvert d'un amoncellement d'ossements de chameaux, d'ànes, do chevaux, de chèvres, de moutons, de chiens, de porcs-épics, etc. Il y a là des milliers de crânes, d'os des membres, et des sequelettes presque entiers de gros animaux. Nous sommes au milieu d'un charnier des plus fantastiques, et il est difficile de comprendre comment les hôtes féroces ont pu Irauier ces restes à une pareille hauteur, au milieu des rochers et des précipices. Ce spectacle nous explique parfaitement comment se sont formés, daas certains cis, les dépôts à ossements dans les brèches et les cavernes des époques géologiques plus anciennes. Nous pouvons faire, sans aucune peine, une récolte superbe pour la galerie d'anatomie comparée de Lyon. Le sol est couvert d'excréments des chacals et des hyènes (jui out rempli cette vaste POISSONS v.'V i; i-'.i' I 1 i,i;:'. in' lac i>i', ti I!i;i!1 adi", 113 demoiii'i' lin produit di' liMirs i;i[iincs. Les excréments des hyènes formés surtout par du phosphate et (hi carbonate de chaux sont très résistants, d'une nature presque pierreuse et pourroid (Mrr transformés par suite de l'influence des années en véri- tables coprolitos fossiles. Les hyènes doivent être très nombreuses dans ce repaire ; sur les rochers en saillie, on voit très distinctement les traces de leurs griffes qu'elles ont l'habitude d'aiguiser fréquemment. Nous ne jiouvons arrivera l'extré- mité de la grotte, car à une certaine profondeur, mille galeries fort basses, entre-croi- sées dans tous les seiis ne permettent plus d'avancer. Il est probable que cette vaste caverne communique avec le sommet de la montagne par quelques fentes de rochers servant de passage aux fauves qui viennenty traîner les carcasses des animaux morts. Le sol est form('> par un terreau rougeàtre dans lequel nous espérions rencontrer des ossements de races éteiulos et des vestiges de l'homme préhistorique. Malheu- reusement toutes nos recherches et nos fouilles ont été infructueuses. Au fond des galeries surbaissées dans lesquelles nous no pouvions pénétrer qu'en rampant, nous avons trouvé seulement de nombreux débris de poteries modernes, apportées là on ne sait dans quel but ni à quelle époque. L'ouverture de cette grotte est placée à 50 mètres de hauteur au-dessus du lac. Les habitants de la contrée nous ont appris plus tard que le couloir en avait été muré pour empêcher les loups de s'y établir et de ravager les troupeaux des environs. Plusieurs autres grottes voisines, beaucoup meins vastes, ne nous ont l'ien offert d'intéressant. Toutes renferment des squelettes d'animaux, mais aucune ne nous a paru avoir servi aux ensevelissements humains. Elles sont creusées dans les couches à peu près horizontales du calcaire crétacé. Quelques jours plus tard, nous partions poiu- explorer les grottes d'Arbèle, situées entre le plateau de Hattin et le misérable hameau de Magdala, près des bords du lac. La plaine de Hattin, très élevée au-dessus de la ville de Tibériade, n'est cepen- dant ([u'a 10 mètres au-dessus de la Méditerranée. Elle est aride, sans arbres, mais couverte de chardons et de hautes herbes. Des myriades d'ombellifères, de composées à fleurs blanches, de centaurées couvrent la plaine et sont habitées par des insectes superbes. Ce plateau, formé par une terre basaltique d'un rouge noirâtre, est dominé au nord par les Cornes de Hattin. à la base desquelles se trouve le petit village du même nom entouré d'une forêt de gros oliviers. On redescend ensuite, au nord-est, au fond duwady Hamraàm ou vallon des pigeons, dans lequel coule un petit ruisseau couvert d'un fourré impénétrabl(^ do lauriers roses et d'agnus-castus, A chaque pas, le sentier disparaît au milieu des rochers éboulés et nous o])lige à passer dans le lit même du torrent, oii les pas de nos chevaux font fuir des multitudes de petites tortues aquatiques CErni/s Cnspim). I>e ravin devient de plus en plus étroit, et dans 114 I.XTKODUC'l'lON celte faille profonde, le soleil bi-ùle péniblement le visage et les mains. A droite et à gauche, les montagnes dominées par de hauts escarpements ont leurs sommets de niveau avec la plaine de Hattin. quoiqu'ils aient près de 400 mètres d'élé- vation. Ces abruptes calcaires sont percés de milliers de grottes servant de repaires à des quantités prodigieuses d'oiseaux de proie, d'aigles, de vautours dont nous parvenons a tuer quelques-uns à force de coups de fusils et de carabine. A chaque détonation, des bandes de [ngeonafCohcDiba Schimjjeri) s'échappent en tourbillon- nant des cavités du rocher. Un aigle superbe se tenait immobile à l'entrée d'une caveime à plus de 800 mètres de distance. Il avait une taille énorme et nous regardait dédaigneusement sans paraître s'émouvoir de notre fusillade. Cependant, lorsque les balles de la carabine JNIartini eurent fait voler les éclats du rocher à quelques centimètres de lui, le noble animal, déployant tout à coup ses ailes gigantesques, s'éleva majestueusement dans les airs en décrivant de grandes courbes au-dessus de nos tètes. En bas du wady, on aperçoit sur la paroi de droite les vastes grottes fermées par des murailles, et connues sous le nom de Kalàat Ibn-Maàn. On escalade avec peine le talus rapide formé par les éboulements de la montagne ; il est haut de 250 mètres environ, très raide, formé de débris roulants sur lesquels on se tient difficilement en équilibre, et recouvert de gigantesques chardons et de plantes de fenouil qui ont au moins dix pieds de hauteur. 11 faut faire les plus violents efforts pour se frayer un passage au milieu de cette forêt herbacée, et l'escalade de- vient d'autant plus pénible que le soleil est impitoyable sur ce plan incliné. Après trois quarts d'heure d'une gymnastique difricile, ou arrive au niveau des grottes. A la plus grande d'entre elles, aboutit une rampe d'escaliers en partie construite, à moitié creusée dans le roclier. Une porte basse taillée dans une épaisse muraille, et un long couloir de vingt mètres au moins, ogival, voûté en pierres appareillées avec beaucoup de soin, conduit à l'ouverLure de la grotte principale. L'entrée en est protégée par un véritable rempart très épais, très solide, formée de belles assises alternativement ])lancaes et noires. Les pierres blanches sont calcaires, les noires ont été prises dans les couches basaltiques. Au milieu de celte muraille, deux lions sans crinières sont tournés face à face et posent une de leurs pattes de devant sur une sphère. Cette vaste grotte, rendue artificiellement presque carrée, a 40 mètres dans tous les sens et au moins 20 mètres de hauteur. Dans un des angles, une ouverture livre passage à un petit escalier construit en colimaçon, écroulé à la base, mais dont une partie, restée suspendue à la voûte est exécutée avec beaucoup d'élégance et de hardiesse. Cet escalier conduit aux chambres supérieures. En escaladant le rempart à moitié éboulé POISSONS ET REPTILES DU I,A<; HE TIBERIADE 115 qui ferme la cavité du côté du ravin, on arrive à un premier étage formé par toute une série de cavernes communiquant les unes avec les autres par des ouvertures, des corridors, des galeries tantôt bâties sur les corniches, tantôt creusées en pleine montagne. De vastes citernes, encore admirablement cimentées recevaient les eaux nécessaires à la garnison. Un couloir incliné, ogival, pourvu de portes dont les chambranles sont encore visibles, admirablement voûté, conduit à un second et à un troisième étage présentant aussi toute une enfilade de vastes cavités ouvrant les unes dans les autres. A la partie supérieure, tout cet ensemble de constructions est terminé par un rempart fortifié de tours arrondies, bâties contre le rocher en belles pierres alternativement blanches et noires, et terminées par des terrasses qui devaient être garnies de parapets crénelés. De ce point très élevé, la vue est splendide sur l'extrémité nord du lac de Tibériade, sur les montagnes de Safed et sur la plaine de Gennézareth admirablement découpée par de petits golfes où les vagues bleues viennent déposer leur écume blanche. En face, sur la paroi nord de la vallée, dans le flanc d'une autre montagne, semblable à celle sur laquelle nous nous trouvons, on voit d'autres grottes que nous avons également explorées avec soin ; elles sont moins profondes et n'ont pas dû être habitées. Ce sont tout simplement des excavations qui se sont produites natui-ellement à la suite d'une rupture spéciale des couches crétacées en une multitude de petits polyèdres irréguliers se détachant avec facilité les uns des autres. Ces cavernes, ainsi que celles de la paroi sud, sont habitées parles vautours et les pigeons qui viennent y nicher en toute sécurité. Les grottes construites dont nous venons de parler plus haut, sont évidemment celles que mentionne l'historien Josèphe dans plusieurs passages de ses Histoires, de SQz Antiquités judaïques ei àe %on Autobiographie. Habitées probablement dès la plus haute antiquité, elles ont joué un rôle important pendant les guerres conti- nuelles qui ravagèrent ce 'beau pays, depuis les époques le's plus reculées jusqu'aux Croisades. Ces cavernes sont célèbres par le siège remarqualîle que des bandes de brigands y soutinrent contre les armées d'Hérode qui, après plusieurs tentatives infructueuses, ne savait comment mener à bonne fin son entreprise. Enfin, le roi imagina un plan dont l'exécution présentait beaucouji de dangers. Au moyen de fortes chaînes de fer on fit descendre jusqu'à l'entrée des cavernes, dans des coffres solides, les plus valeureux des soldats. Ceux-ci tuaient les brigands et lançaient des fascines enflammées dans les parties où les traits ne pouvaient pénétrer. Le roi qui désirait cependant sauver quelques-uns de ces malheureux fit annoncer que ceux qui voudraient avoir la vie sauve pouvaient venir le trouver sans crainte. Nul d'entre eux ne voulut s'y résoudre, la mort leur paraissant plus douce que l'esclavage, Ann. Mus., UI. 15 116 INTRODUCTION aussi tous ceux qui furent pris se tuèrent-ils de leurs propres mains. Un vieillard, que sa femme et ses enfants priaient de leur permettre d'échapper à cette boucherie, se mit à l'entrée de la grotte, ordonna aux siens de sortir et les tuait à mesure qu'ils s'avançaient. Hérode, touché de ce spectacle, faisait des signes au père barbare afin de l'engager à avoir compassion de ses propres enfants; mais le vieillard, au lieu de s'attendrir, accabla le roi d'injures, tua sa femme après avoir massacré tous ses fils, jeta leur corps en bas du rocher et se précipita ensuite dans l'abîme. Plus tard, Josèphe lui-môme, au moment de l'invasion romaine, fortifia ces repaires et les fit occuper par une garnison. La coupe ogivale de certaines portes et de quelques couloirs, ainsi que les lions qui surmontent une des entrées, prouvent que cette forteresse, peut-être unique en son genre, a été restaui^ée à l'époque des Croi- sades probablement par Saladin. Ce point stratégique était important puisque le sauvage ravin de Hammam servait et sert encore aujourd'hui de grande route pour le transit qui se fait entre Haifa, Nazareth et Damas, Les cavernes d'Arbèle, à présent inhabitées, sont le rendez-vous de tous les pigeons et de tous les oiseaux de proie de la contrée. Les coups de fusils que les échos répètent comme des détonations d'artillerie font partir des cavités profondes aigles et vautours qui se laissent tomber comme des flèches dans le fond de la vallée pour s'élever bientôt à une. grande hauteur en décrivant des cercles immenses au-dessus de nos têtes. Dans quelques-unes de ces grottes les oiseaux sont si nombreux que leur fiente forme des masses de plusieurs mètres de hauteur. La grande chambre inférieure est à moitié remplie du fumier que les chèvres et les moutons y laissent à certaines époques de l'année. Lorsqu'on redescend directement dans le ravin, il faut se débattre péniblement au milieu des rochers, des férules gigantesques et des grands alceas (Alcea fici- folia) dont les tiges élancées sont couvertes de grandes fleurs roses. Sur ces herbes se tiennent cramponnés d'énormes caméléons que je n'ai vus nulle part ailleurs atteindre une taille aussi considérable. En traversant rapidement l'extrémité de la plaine de Gennézareth, des champs de blé et d'immenses espaces abandonnés sans culture, couverts de Zizyplnis Spi7ia-Christi et d'autres plantes épineuses, en moins d'une heure, on atteint le village de Megdel, le Magdala des Évangiles. C'est aujourd'hui une misérable petite bourgade de quelques maisons seulement, protégée par des haies d'épines sèches, et disparaissant presque entièrement au milieu des chardons de la plaine. Quelques jardins potagers entourent le hameau, et sur les bords du lac, un grand ziziphus qui ombrage la tombe d'un saint musulman porte, suspendues à ses branches garnies d'aiguillons acérés, une quantité de guenilles de toutes les couleurs, signe POISSONS KT UKI'TILIJS DU LAC DE TIUKRIADE 117 de sainteté et do vénératiou. La tciupératurc est toujours très élevée à Magdala; aussi les maisons sont-elles surmontées de huttes en roseaux disposées à claires- voies, destinées à servir de refuge pendant les nuits étouffantes de l'été. Un unique dattier se dresse fièrement au milieu du village, et on ne peut se demander sans tristesse pourquoi il est seul aujourd'hui, dans cette contrée presque déserte, une des plus fertiles cependant de la Syrie. De Megdel à Tihériade, le sentier passe dans les rochers et les broussailles, à une certaine hauteur au-dessus du lac dont le rivage décrit ici les courbes les plus élégantes. De distance en distance, de gros blocs de basalte forment des rochers rouges qui tranchent vivement sur les eaux bleues. Au nord de Magdala, dans la plaine de Gennézareth, à la base des premiers contre-forts des montagnes, se trouve un superbe bassin antique dans le fond duquel jaillit une puissante source d'eau vive. C'est Ain-el-Mounda\varah, la fontaine ronde, qui a été le sujet de controverses entre plusieurs archéologues et voyageurs, et qui a été regardée par de Saulcy comme la source de Capérnahum. Elle est entourée d'un mur circulaire de 35 mètres de diamètre et sa profondeur est de 3 à 5 pieds. L'eau claire, très agréable au goût, jaillit entre les blocs éboulés à l'ouest du bassin et s'écoule par une ouverture pour former bientôt un petit torrent qui arrose la plaine environnante. D'épaisses toufies de lauriers roses, de zizyphus , d'agnus-castus entourent ce réservoir où l'on voit nager de nom- breux poissons dont nous avons eu beaucoup de peine à nous emparer ; ce sont les mêmes espèces que l'on trouve dans le lac: Chromis microstomus, Chromis Flavii-Josephi , Hemichroniis sacra , Barbus canis , et le fameux Cfarias macracanthus, ou Coracinus de Flavius Josèphe d'une taille considérable, dépas- sant souvent 1 mètre, et qui se cache au milieu des herbes, dans la vase et entre les pierres. Les murs du bassin sont chargés des coquilles de mélanopsides ; dans les hautes herbes lleuries, chantent des myriades de cailles, de perdrix (Perdrix Chiikkar) et des francolins. A l'extrémité nord de la plaine de Gennézareth, se voient les ruines de Khan ^linyèh ne consistant plus qu'en murailles écroulées formées d'assises blanches et noires. Des champs de blé s'étendent tout autour, et de distance en distance, s'élèvent des groupes arrondis de zizyphus épineux. Le sentier qui ramène à Tibériade suit parfois le sable du rivage ou s'enfonce au milieu des broussailles de la plaine. Ce sont partout d'énormes fourrés d'oléander, formant des touffes gigantesques d'un rose admirable; des zizyphus, des agnus- castus (Vilex agnus-castus)^ des joncs, des roseaux (Arundo donax), un fouillis lis INTRODUCTION indescriptible d'arbrisseaux, d'épines et de fleurs de toute beauté. Du milieu de cette forêt vierge en miniature s'échappent sans cesse des milliers de perdrix rouges, de tourterelles, de hérons et d'oiseaux d'eau. De jolis petits échassiers au plumage argenté (Tringoïdes hypoleucos et Totanus stagnalis) courent sur le sable du rivage après les crabes et les crevettes. Les tourterelles (Turtur Senegalensis) se trouvent là en nombre réellement prodigieux. A chaque pas, elles se lèvent par centaines et quelquefois se touchent toutes sur les arbres où elles vont se percher. Mais toujours craintives et farouches, elles ne se laissent approcher qu'avec les plus grandes difficultés. La plaine de Gennézareth est formée par des alluvions d'un noir rougeàtre, très profondes et très riches en humus ; aussi, dans l'antiquité, était-elle couverte d'arbres et de cultures variées. Cette magnifique contrée, connue jadis sous le nom de pays de Gennésar, et aujourd'hui sous celui d'el-Gbouweir, le petit Ghôr, était un véritable paradis terrestre à cause de la fertilité du sol et de la douceur du climat. A présent, quelques parties seulement sont cultivées en blé par les arabes Ghawarinèhs qui campent sous des tentes tissées en poils de chèvres, et qui font paître leurs nombreux moutons et leurs petites vaches maigres au milieu des brous- sailles et des rochers. Les moutons, à large queue, sont ordinairement noirs et blancs, les chèvres (Capra membrica) noires avec de larges et longues oreilles jaunes, tigrées de taches blanches. Les bœufs, noirs aussi, très petits, à cornes peu développées sont évidemment les descendants directs de l'antique race nommée Bos hracliyceros par M. Rutimeyer. Ces animaux très peu musclés servent néanmoins à labourer superficiellement le sol. Leur lait, toujours en très petite quantité, est fort recherché par les Arabes qui n'utilisent cependant jamais leur viande, car ils se nourrissent exclusivement de la chair des moutons et d'aliments végétaux. La plaine d'el-Gliouweir s'étend depuis Magdala jusqu'à Khan Minyèh, et depuis le lac jusqu'aux montagnes d'el-Mughar, de Mansourah et de Safed. Elle est tra- versée par de nombreux cours d'eau qui lui conservent en été une humidité conve- nable, et qui permettraient les cultures les plus variées et les plus productives. En deux heures et demie, lorsque le vent est favorable, on peut traverser le lac et atteindre, juste en face de Tibériade, le profond wady Semâk. Près du rivage, se trouvent quelques ruines et un très beau térébinthe (Pistacia Palestina) dont le tronc a près de i mètre de diamètre. Entre le lac et les escarpements qui forment les parois du wady, s'étend une plaine inculte, couverte de graminées, d'une multi- tude de belles fleurs, d'asperges épineuses et d'innombrables chardons. De gros zizyphus, portant tous beaucoup de nids de tourterelles, élèvent de tous les côtés leurs têtes sphériques d'un beau vert. A l'est, cette région est bornée par des mon- POISSONS KT UKPTILKS DU LAG DK 'l'IUKllIADE Hy tagnes dont la h.isn est fonnéa de conglomérats ([ui paraissent assez récents et qui renferment un grand nombre de silex très bien taillés en couteaux et en grattoirs. Ces conglomérats prouvent que, pendant les époques géologiques passées, le lac avait un niveau infiniment plus élevé. Dans la petite plaine qui s'étend entre le rivage et les escarpements, on trouve des quantités de galets roulés souvent de la grosseur de la tête, formés par une calcédoine rougeâtre élégamment veinée et d'une très grande dureté. Les sommets des premiers contreforts de ces collines servent de campements aux nomades appelés Manadri ou Dia, qui jouissent d'une mauvaise réputation. Aussi n'est-il pas prudent de s'éloigner de la barque sans se faire accompagner par une partie de l'équipage. Au bord du ruisseau, on trouve des râles de genêts ('Cr^a? ^ra- tensis) absolument semblables à ceux de nos pays. De splendides buprestes, les uns d'un vert émeraude (Psiloptera catenuîata), les autres d'un gris argenté (Capnodis porosa) voltigent aussi en grande quantité autour des buissons. Du wady Scmâk, on peut suivre en barque la côte boisée, couverte de hautes herbes, mais presque déserte à cette époque de l'année. De temps en temps seu- lement on aperçoit de rares Bédouins qui semblent se cacher dans les fourrés ; ou bien quelquefois, derrière les replis du terrain, de légers nuages d'une fumée bleuâtre indiquent la présence des campements de nomades. Tout le long de cette rive, do gros palmiers plantés loin du bord poussent dans une eau souvent pro- fonde de plus de 1 mètre. Il est donc positif que depuis peu d'années le terrain a dû s'affaisser considérablement, car il n'est pas admissible que ces dattiers aient été plantés dans le lac. A l'endroit appelé Kefr Aheb, on voit sur un petit monticule quelques misérables cabanes en pierres, habitées, l'hiver seulement, par les nomades du voisinage. Ces pauvres huttes sont actuellement ensevelies sous une forêt de chardons qui rend la marche absolument impossible. Lorsqu'on persiste à passer dans de pareils fourrés, après quelques minutes, lesjambesetles cuisses sont douloureusement ensanglantées. Cette localité est nommée Doukàh sur certaines cartes ; on y voit des colonnes de basalte encore ornées de leurs chapiteaux doriques. La plaine ondulée qui s'étend jusqu'aux'escarpements est des plus agréables à la vue ; elle est verdoyante, cou- verte de fleurs et de zizyphus qui atteignent sur cette côte orientale une grosseur énorme. Plus au nord, le rivage devient marécageux et ressemble à une prairie couverte de joncs et de roseaux. La végétation arborescente, toujours très belle, est formée surtout de palmiers, de térébinthes, de gros chênes verts, et tout à fait sur le bord de l'eau, d'énormes touffes de lauriers roses couverts de myriades de fleurs qui rappellent que l'on est en Orient et non au bord d'un lac de la Savoie. Cette 120 INTRODUCTION plaine, connue sous le nom d'el-Batihàh, ressemble beaucoup à celle de G-ennéza- reth ; elle est occupée par les Ghawarinèhs qui y cultivent le blé, l'orge, le millet, le maïs et le riz. Ces Arabes possèdent de grands troupeaux du petit bétail noir commun dans toute la Syrie, et beaucoup de buffles qui passent une partie de la journée à se vautrer dans la fange des ruisseaux et des mares. Sur le lac, des troupes de pélicans sont occupées à pêcher leur pâture journalière. A l'extrémité nord, l'embouchure du Jourdain forme un estuaire rempli de vase et de roseaux au milieu desquels se promènent des buffles et des myriades d'oiseaux aquatiques variables suivant les saisons. Lorsqu'on se dirige vers l'ouest, on suit la côte rocailleuse, accidentée, découpée par mille baies élégantes. Les rochers sont couverts d'une riche végétation de zizyphus, de vitex agnus-castus, de lauriers roses, au milieu desquels se dressent çà et là quelques gros dattiers. A Tell-Houm, qui est regardé par certains voyageurs comme l'emplacement de Gapernahum, on voit les restes d'une synagogue et d'autres constructions antiques en grosses pierres noires ensevelies sous une végé- tation herbacée luxuriante. Il est quelquefois impossible d'explorer ces ruines inté- ressantes à cause des chardons qui sont, au printemps, tout à fait impénétrables. Des lauriers roses, des palmiers croissent sur la rive; de grandes tortues nagent au fond des eaux limpides et transparentes. Dans les champs, de nombreux Bédouins qui viennent de moissonner sont très affairés à transporter les blés auprès de leurs tentes ou de leurs huttes de branchages . Après une demi-heure de navigation, en suivant toujours de très près cette côte charmante, on arrive à Ain et-Tabigàh, véritable torrent d'une eau chaude et sulfureuse, à 32°, qui s'échappe d'une tour arrondie pour se précipiter en bouillonnant dans le lac. Un système d'aqueducs amenait ce ruisseau à trois mouhns dont un seul fonctionne actuellement. Les sources sont d'abord recueillies dans un grand bassin circulaire, de près de 10 mètres de profondeur, dans lequel aujourd'hui, à cause des crevasses qui laissent échapper l'eau de toute part, il n'y a guère que 2 mètres de liquide. Dans ce réservoir, jouent une multitude de poissons appar- tenant tous aux espèces de Chromis que l'on trouve dans le lac. Le rivage est aussi des plus peuplés, principalement par le Chromis Simonis dont les mâles sont tous occupés, à cette époque de l'année, à incuber les oeufs et le fretin. Autour de la source, au milieu des ruines, croissent de grands roseaux, des câpriers chargés de fleurs, des solidages roses (Comjza Dloscoridis). Les pierres sont chargées de coquilles nacrées du Melanopsis prxmorsa, et des crabes énormes (Telephusa fiuviatilis) courent entre les pierres et les toufles des joncs. Une demi-heure api-ès, en continuant à naviguer au sud, on contourne un pro- POISSONS ET RKPTILES DU L.VC DE TinKRIADH 121 inontoire rocheux escarpé, derrière le {uel sa voit la belle fontaine, Ain et-Tin, la source du liguicr, qui est très certainement la Bethsaida des Evangiles. T/eau lim- pide, fraîche et douce jaillit au i)icd d'un rocher à pic contre lequel poussent plusieurs grands (iguiers sauvages. Dans la colline, au-dessus d'Ain et-Tin, on a creusé un canal large de 1 mètre, profond de 50 centimètres, qui devait amener à la plaine de Gennézarelh une partie des eaux de la source Ain et-Tabigàh. Le bassin d'Ain et-Tin est entouré d'une impénétrable prairie d'agnus-castus et de hauts papyrus (Cyverns jmpyrus) dont les ombelles élégantes et fines forment le plus beau rideau de verdure qu'il soit possible de voir. La source n'est séparée du lac que par un petit monticule de sable haut de quelques pouces à peine. Au moment des grandes eaux, le lac communique facilement avec le réservoir de la source dans lequel on peut pêcher les Chromis, les Barbus et surtout le Clarias macracanlhus qui aime à se cacher au milieu des racines enchevêtrées des papyrus. La vallée du Jourdain possède un troisième lac, le Bahr el-Houlèh, appelé ancien- nement Eaux de Mérom, placé dans la vallée du Ghôr, à 18 kilomètres environ de l'extrémité nord du lac de Tibériade. En été et à la fin du printemps, la tempé- rature est toujours très élevée dans cette profonde fissure terrestre; aussi, au lieu de suivre le cours du fleuve pour se rendre au lac Houlèh, on préfère généralement y descendre de Safed ou de Hoûnin. De cette dernière localité, un sentier qui se dirige au sud-est permet d'atteindre rapidement le bas de l'escarpement sur lequel se dressent les ruines pittoresques d'un ancien château fort des Croisades. On arrive bientôt au fond de la vallée du Ghôr divisée par d'innombrables champs de blé séparés par des espaces en friche qui lui donnent, de loin, l'apparence d'un gigan- tesque damier. La terre, d'un noir rougeâtre, estprofonde et très fertile. De nombreux campements d'arabes Ghawarinèhs s'élèvent çà et là entourés de bandes de chameaux, de moutons et de buffles. Les troupeaux de moutons ont ordinairement à leur tête un grand bélier plus robuste que les autres, harnaché comme un chameau et servant de monture au berger. La plaine est rendue très humide par des sources nombreuses qui jaillissent par- tout à la surface du sol. De gros térébinthes (Pistacia Palestina) sont couverts d'oiseaux de toutes sortes parmi lesquels dominent les Euspiza melanocephala dont le chant est des plus agréables, les colombes, les tourterelles (Turtur auritus et Ihirtur Senegalensis). Les tentes des Ghawarinèhs sont quelquefois remplacées par des huttes allongées couvertes en chaumes de joncées et servant d'habitations à quelques familles séden- taires. Près du lac, la végétation devient merveilleuse, les chardons gigantesques 122 INTRODUCTION (Notobasis Sijriaca) sont saperbas, et au milieu de leurs grosses fleurs violettes, les cétoines étincelantes (CeLonia floricola) forment de véritables grappes de pierreries. Plus au sud, on rencontre une jolie source, Ain-Mellâhah, qui remplit un grand bassin circulaire où nagent des poissons argentés (Capœta Damascina) et de gracieux et minuscules cyprinodontes (Cynrinodon dispar). Ce ruisseau fait tourner, un peu plus bas, une roue d'un moulin renfermée dans une vieille ruine de forme cubique. En escaladant un monticule, au-dessus des grottes sépulcrales qui se montrent dans le flanc de la montagne, on jouit d'une vue superbe sur le lac Houlèh, que l'on domine d'une extrémité à l'autre. A une petite distance, commence un véritable marécage entrecoupé de ruisseaux remplis d'une eau profonde et courante. Des Bédouins campent néanmoins sur ce sol humide et noirâtre. Le rivage, dont il est difficile de s'approcher, est formé par un grand nombre de petits îlots couverts de roseaux très élevés et de magnifiques touffes de papyrus hautes de 3 à 4 mètres. Il est dangereux de s'aventurer, sans prendre les plus grandes précautions, sur ces bords perfides soutenus au-dessus d'une eau profonde par les rhizomes des papyrus qui s'étendent horizontalement à une o-rande distance. Sur ces prairies mobiles, on est exposé à prendre un bain toujours fort désagréable au milieu de ces racines qui vous enlacent de mille liens. Les papyrus, ici encore plus beaux que ceux de l'embouchure du Jourdain et de la fontaine Ain et-Tin, forment d'admirables groupes couronnées de gracieuses ombelles que la moindre brise met en mouvement. GejoUlac Houlèh est la limite orientale de l'aire de dispersion de cette remar- quable cypéracée africaine qui se trouve encore en Syrie dans les environs de Jaff'a, en Sicile, à Syracuse et à Palerme où cette plante a été très probablement importée par les Grecs ou les Romains. En Asie, elle ne se voit nulle part ailleurs au delà du lac Houlèh. Ce fait de géographie botanique est intéressant à signaler, car il concorde en tous points avec ceux que fournit la zoologie. La faune de la Syrie méridionale est bien plutôt africaine qu'asiatique. Les Chromis, si nombreux dans les lacs de Houlèh et de Tibériade sont des poissons africains qui paraissent avoir accompagné dans leurs migrations vers l'est les papyrus de la vallée du Nil, ainsi que les crocodiles que l'on trouve dans le fleuve Zerka, près de Gésarée, au pied du montCarmel. Les Chromis se rencontrent encore dans le bassin de Damas ; mais, ainsi que les papyrus, ils font absolument défaut à celui de l'Oronte, du Tigre et de l'Euphrate, qui présentent cependant des conditions cli- matériques presque semblables. Sur les bords du lac Houlèh, l'eau est très transparente ; aussi voit-on admira- POISSONS KT KKPTILKS KU LA.G I)K TIBIÎRIADR lo;; bleinent bien les niilliors de poissons qui s'a^-itcnt presque à la surface, outre les larges feuilles des nénuphars (Xi'j,Ii K TIUKIUADE 127 dans un bassin aussi élevé quo celui du Yaniniouui^ Kt pdiirquoi le lac Legnia, si voisin du pn^nier, ne roufiM-Mic-t-il ni P/ioxinclliis ni aulres espèces de poissons? Ce sont là di's ({U(>slionsque je me suis posées bien souvent sans pouvoir les résoudre. Ce qu'il y a de plus probable cependant, c'est que les Phoxinell«s ne sont que les descendants directs, laodiliés ou non, des types ancestraux qui vivaient lorsque se sont déposées les couches tertiaires dont M. Ijlanche et moi avons constaté la présence. Toutes les eaux de la région tle Damas se réunissent à l'est de la ville en une rivière assez considérable, le Barada, qui, à une J nuriire de marche, donne naissance à un lac in;irécageux appelé Haliret Ateibéh, pei'sistant toute l'année, très étendu au moment de la fonte des neiges, diminuant ensuite rapidement pendant les chaleurs de l'été, sans écoulement, l'évaporation seule enlevant les eaux que le Barada lui amène. Ce lac considérable a près de 25 kilomètres de long, sui- i ou 5 de large ; il est divisé en deux parties par un étranglement médian. L'extrémité nord s'appelle Bahret el-Schourkyèh ; le bassin sud forme le Bahret Atcibèh proprement dit. En général })eu profond, il présente l'aspect d'un vaste marécnge entrecoupé de prairies inondées, de flaques boueuses et de larges fossés. Au printem[)S et en hiver seulement, l'eau recouvi'e entièrement le sol. Plus au sud, à quelques kilomètres de distance, un deuxième lac. un peu moins grand que le précédent, le Bahret el-Hidjanèh. reçoit les eaux du torrent Pharphar dont la source principale est le Nahr Arny. ([ui prend naissance dans l'Hermon. Un autre étang, le Bahret Bala communique avec le précédent à certaines époques de l'année. Plus au sud encore, un quatrième lac, le Matk Brâk, reçoit à la fois les eaux venant du Jebel Abayèh, montagnes volcaniques du Jedour, et au sud, celles du Ilauran, qui lui sont amenées par le Nahr Lououa. Tous ces marécages sont entourés de formidables foréls de hauts roseaux (Anindo doxax) et de joncées qui eu rendent l'approche fort difficile. Plusieurs ont été cependant explorés avec soin par M. Mac Gregor qui les a parcourus dans une barque légère. Les roseaux servent de retraite à des bandes d'oiseaux aquati(jues qui y tro uvent une pâture abondante. Les poissons très nombreux appartiennent aux genres Cyprinodon, Leuciscus, Rhodeus, Capoeta et Albirruits, On y rencontre aussi beaucoup de reptiles et des tortues d'eau (Emys ('<(,siiica). Dans les prairies de la plaine, les tortues terrestres (Tes/udo Maurilanica) atteignent souvent de grandes dimensions. Les crajjes à!ea.\x(Telephusa fluvialilia) se cachent par myriades au milieu des plantes aqua- tiques. Les plus gros sont péchés et vi'n{his au marché de Damas. On voit partout 128 INTRODUCTION des bandes de cigognes, de pélicans, de bécassines, de canards, de hérons bihoreaux et en hiver des cygnes venant du Nord. Les arbres manquent presque entièrement à cette , contrée ; on ne trouve çà et là que de grandes touffes de beaux tamarix à fleurs blanches légèrement rosées. Getle essence atteint ici unetaille quelquefois as^ez considérable tout en présentant un tronc toujours bas et tortueux. Ces prairies inondées qui se dessèchent en été sont des plus malsaines en automne; elles donnent naissance à des miasmes paludéens redoutables qui font sentir leurs funestes effets jusqu'à Damas, et déciment, chaque année, la population des nombreux villages de la plaine dans laquelle, à cette époque, il n'est guère prudent de se promener et encore moins de séjourner. POISSONS I OIIDIIE DES ACANÏIIOPTÉRYGIENS fa:\iille des blennid^e Genre BLENNIUS 1" IILENNIUS VARUS, Risso PI. XVllI, lig. .'!. Uleii'iius varus,B.iaso, Ichtyologie de Nice, \). d3t et Histoire naturelle de V Europe méridionale, vol. III. p. 237. Bonaparte, Fa !ma Italica, vol. III etfip:uro.— Gi'NTHER, Catalogue ofthe Fishes, vol, III, p. 220. D. 30. A. 21. V. 2. P. 13. Tète en apparence plus o-rosse que le corps à cause d'une larj^e protubérance cutanée, triangulaire, placée dans la région occipitale. La longueur de la tète est un peu plus grande que la hauteur du corps ; elle est contenue trois fois et demie dans la longueur totale, sans la caudale. Li lioudie, grande, est armée de deux crochets de chaque côtés ; elle s'étend en arrière du préorbital. Le rebord du préopercule est pourvu de six à sept glandes saillantes et très visibles. L'œil de grandeur médiocre est pourvu d'un petit tentacule sus-orbitaire. La dorsale prend naissance au-dessus de l'opercule et se continue, en formant une concavité sensible au milieu du dos, jusqu'à la racine de la caudale où les deux nageoires paraissent être reliées ensemble par une fine membrane. La ventrale est placée presque à l'extrémité inférieure de l'opercule ; la pectorale est très large, arrondie en éventail, supportée par des rayons assez forts et se prolongeant bien en arrière de la membrane natatoire. L'anale, très longue, s'étend depuis l'extrémité postérieure de la pectorale jusqu'à la racine de la caudale. Le Blemihis varus de Syrie ne dépasse pas une longueur de S centimètres depuis l'extrémité du museau jusqu'à celle de la nageoire caudale. Ce poisson présente une 130 POISSONS ET REPTILES DU LAC DE TIBERIADE couleur jaunâtre assez foncée. Les flancs portent en général de 6 à 8 raies d'un brun très intense. Le front est presque entièrement noir ; les veux sont très saillants. Les nageoires grisâtres présentent, à leur base, la continuation des tâches qui se trouvent sur les flancs. Habitat. — Cette espèce n'est point rare dans le lac de Tibériade; elle habite en général à l'embouchure des petites rivières. Je l'ai pèchée à Ain et-Tin, à Ain et-Tâbigah et au wady Semâk, sur la côte orientale. Nom arabk. — Les pêcheurs de Tibériade connaissent très bien cette espèce qu'ils appelent Barhot es-Rhir, mais qu'ils ne mangent point à cause de sa forme étrange . 2" BLEiNNIUS LUPULUS, Bonaparte Blennius lnjmlus, Bonaparte, Fauna Italica et figuiv. — (junther, Catalogue of the fishes, vol. III, p. 225. — Tristram, Latid of Israrl, p. 99. D. 29. A. 18. La hauteur du corps est à peu près égale à la longueur de la tête et au cinquième de la longueur totale, sans la caudale. Le museau est proéminent. De chaque côté et à chaque mâchoire, une dent recourbée. Tentacule orbitaire très fin. La nageoire dorsale commence verticalement au-dessus de l'opercule, elle est très légèrement dentelée et ne se continue pas avec la caudale. La couleur du corps est d'un brun olivâtre avec des tâches noires irrégulières (Gïinther). Habitat. — M. Tristram a trouvé cette espèce dans le fleuve Kishôn, au pied du mont Carmel, et dans la plaine d'Esdrélon. 3" BLENNIUS VULGARIS, Pollini PI. VIII, lig. 4. Blennius viilqnris, Pollini, Viaiir/io al Lago di Gard i , vol. Vlll, p. 20, fig. I. — Gunther, Catalogue of the Fishes, vol. III, p. 217. Blennius cagnot.i, Cuv[Ea. »^t Valenciennb^, Histoire naturelle des poissons, \o\. XI, p. 249. D. 32. A. 20. V. 3. P. 14. La forme du corps est presque cylindrique avec un léger applatissement de chaque côté de la ligne latéi-ale. La longueur de la tète dépasse la hauteur du corps ; elle est comprise quatre fois dans la longueur totale, sans la caudale. La bouche, très grande, est armée d'une paire de crochets de chaque côté; elle s'étend jusqu'au dessous et en arrière de l'oeil. Celui-ci est grand et ne présente pas de tentacule à son bord supérieur. Les narines sont très près de l'orbite. En arrière de la tête, au-dessus de l'extrémité de l'opercule et en face de la nageoire dorsale, la peau l'OlSSONS ET liKPTlI.KS DU LAO 1)K T 1 li KK lA 1) K 131 tormo une grosse protubérance a double saillie. La dorsale commence au-dessus de la naissance de la pectorale ; elle est très haute et l'extrémité de ses rayons dopasse notablement la membrane interépineuse. Entre le quinzième et le seizième rayon, elle forme une dépression sensible, pour se; relever ensuite fortement à la [)artie pos- térieure. La niembi-ane do la dorsale se prolonge pour se relier à la caudale. Celle-ci est longue, tronquée, son bord postérii-ur forme une ligne droite ; l'extré- mité des rayons dépasse aussi la membrauo interépineuse. La pectorale, large, en éventail, arrondie, atteint l'orifice anal. La nageoire anale, très basse, prend nais- sance en arrière de l'ouverture anale et se continue jusqu'à la caudale. Les rayons font une saillie considérable. Un très petit espace sépare les nageoires anale et caudale. Ce poisson ne dépasse pas 14 centimètres depuis le museau jusqu'à l'extrémité postérieure de la caudale. La tète, de couleur sombre, avec des reflets verdàtres et bleuâtres, est tigrée d'une infinité de points pigmentaires noirs. Il en est de même de la racine de la pectorale et de toute la région dorsale du corps jusqu'à la ligne latérale. L'abdomen est blanc ; le dos gris foncé maculé de taches sombres et irrégulières. Habitat. — Le Nahr el-Bared et le Nahr Raschein près de Tripoli. FAMILLE DES MUGILID.E Genre MUGIL 1° MUGII, CAl'ITO, GuviEu kt Valenciennes PI. X, û-. -i. Mugilcaptlo, ('uvier et Vai-EVCIENNES, Histoire naturelle d->s puissoni, t. XI, 3). — (îu nthe», l'atutor/w of the Fishes, vol. III, p. 439. D. A. — . A. — . V. i-. P. 16. 7 9 5 Ligne latérale, 45. Ligne transversale, 14. La longueur de la tète est moindre que la Inuleur du corps; elle est contenue quatre fois et un tiers dans la longueur totale, sans la caudale. La bouche est petite, l'extrémité du maxillaire supérieur dépasse le sous-orbi- Anh. Mus., UI. H 1S2 POISSONS ET REPTILES DU LAC DE TIBERIADE taire. L'œil, grand, a pour diamètre le tiers de la longueur de la tète; il est légè- rement plus près du rebord du préopercule que de l'extrémité du museau. L'angle supérieur de l'opercule est arrondi. La dorsale osseuse est haute ; le premier rayon un peu plus court que la pectorale. La dorsale a son origine plus près de la cau- dale que de l'extrémité du museau. La dorsale molle, basse et étroite se termine en arrière au niveau de la fin de l'anale. La caudale, plus longue que la tète, est échancrée aux deux tiers de sa longueur. La pectorale est courte, triangulaire insérée en haut au niveau du rebord arrondi de l'opercule. La ventrale est petite, presque carrée ; son rayon épineux, fin et acéré, a les deux tiers environ de la lon- gueur du premier rayon mou. La naissance de l'anale est en avant de celle de la dorsale molle, elle est assez haute, mais étroite. La longueur totale des échantillons que nous avons rapportés de Syrie est de 12 centimètres. Ces poissons sont bruns sur le dos, argentés jaunâtres sur le ventre. Le corps ne présente pas de raies. Les nageoires sont d'un gris jaunâtre. Habitat. — J'ai péché cette espèce en assez grande quantité dans les eaux légè- rement saumâtres des embouchures du Nahr Ibrahim (ancien fleuve Adonis), du Nahr el-Kelb (le Lycus) et du Nahr Beyrouth. Ces poissons se vendent fréquem- ment sur le marché de Bevrouth. 2° MUGIL CURTUS, Yareli. PI. XI, tig. 1. Muffil curlus, Yari.i , Brilh. fishes, vol. I, p. 210. Mugil curtu.s, GuviEa et Yai.en cienneS, Histoire naturelle des poissons, vol. XI, p. 70. — Gunther, Catalogue of the Fishes, vol. III, p. 439. \). 4. ^ . A. — . V. — . p \\ 8 8 5 ^- Ligne latérale, 38 ; ligne transversale, 12. La longueur de la tête égale la hauteur du corps ; elle est comprise quatre fois dans la longueur totale, sans la caudale. La tête est un peu plus large que haute. La bouche, grande, se prolonge au-dessous du préorbital et du bord antérieure de l'orbite. L'œil, assez grand, a j)our diamètre le quart de la longueur de la tète. Il est plus près de l'extrémité du nuiseau (pic du rebord de l'opercule. La joue est grande. La dorsale osseuse est basse, et })lus près du museau que de l'origine de la caudale. La dorsale molle est haute, les rayons en sont étalés et écartés. La caudale est profondément échancrée ; sa base est recouverte par de petites écailles insérées entre les rayons. La pectorale, courte, est terminée en angle très aigu et n'atteint pas le bord postérieur de l'abdominale. La ventrale est forte; l'épine POISSONS ET REPTILES DU LAC DE TlliÉHIADE 133 osseuse mesure les deux tiers de la lonL;uour du premier rayou mou. La naissance de la dorsale épineuse correspond à la fin de la ventrale. L'origine de l'anale est jilacée on avant de la dorsale molle et se termine à peu près au mémo niveau que cette dernière. Le corps du poisson est relativemement court et ramassé. La l()iiL;iieur des plus grands individus pris en Syrie est de 16 centimètres, la caudale comprise. Le dos est brun assez foncé, les flancs jaunâtres, le ventre arj^'cnté. Habitat. — M. Blanche, consul de France à Tripoli (Syrie), m'a envoyé cette espèce qui est fréquemment péchée à l'embouchure du Nahr el-Kadischa, du Nahr el-Bared, et vendue, à certaines époques de l'année, dans le bazar de Tripoli, quoique sa chair soit peu estimée des indigènes. Nom arabe. Les mariniers de Tripoli connaissent ce poisson sous le nom de Bouri oïdjevani (M. Blanche). 3" MUGIL OGTORADIATUS. Gonther PI. XI, tig. 2. Mugil octoradiatus, Gunther, Catalogue of the Fishi-.i, vul. III, |). 437. 1 3 1 D. 4. . A. -^. V. — . P. 18. 8 8 5 Ligne latérale, 42-44; ligne transversale, 14. La longueur de la tête égale la hauteur du corps ; elle est comprise quatre fois dans la longueur totale, sans la caudale. La bouche, grande, s'étend en dessous et en arrière du préorbital. L'œil, qui est relativement grand, mesure le tiers environ de la longueur de la tète. Il est à égale distance de l'extrémité du museau et du rebord du préopercule. Les orifices des narines divisent la distance comprise entre l'œil et le bout du museau en trois parties égales. L'origine de la dorsale osseuse est de quelques millimètres plus près de la caudale que de l'extrémilé du museau. Le premier rayon osseux égale les deux tiers Ai la p3Gtorale. La dorsale molle assez basse se termine un peu en arrière du bord postérieur de l'anale. La caudale, longue, est fortement échancrée ; la pjctorale est large et terminée [)ar un angle beaucoup moins aigu que dans les autres espèces. La ventrale est forte ; le rayon épineux n'a que les deux tiers environ de la longueur du premier rayon mou. L'anale, haute eu avant, est très courte en arrière. La longueur des échantillons de Syrie ne dépasse pas 14 ce.itimJtres. Le dos est teinté en brun clair ; l'abdomen est argenté; les nageoires sont grisâtres. Habitat. — Nahr el-Bahsas, près de Tripoli. Ce poisson m'a été envoyé par M. Blanelie. 134 POISSONS ET REPTILES DU LAC DE TIBEKIADE Observations. — Cette espèce, quoique ayant beaucoup de ressemblance avec le Mugil curtus, en diffère cependant par le nombre constant des rayons de la dorsale et de l'anale. La pectorale est plus large et le^^ foi-mes du corps plus élancées. Ce poisson est vendu assez fréquemment sur le inarehé de Tripoli, et comme le précédent, il est connu des Arabes sous le nom de Bouri endjcrani (Blanche). 4" MUGIL AURATUS, Risso P). XI, fiy. 3. Mugil auratus, Cuvier et Valenciennes, Histoire naturelle des poissons, viil. XI, p. -43. — Gunther, Catalogue ofthe Fishes, vdl. 111, p. -442. D. i. A. i- y.l. p. 17. 9 9 5 Ligne latérale, 43; ligne transversale, 14. La longueur de la tête est plus grande que la hauteur du corps; elle est comprise quatre fois dans la longueur totale, sans la caudale. La hauteur de la tête égale sa largeur. Les yeux, grands, sont placés plus près du bord du préopercule que de l'extrémité du museau. L'ouverture des narines est à la moitié de la distance qui sépare le bord antérieur de l'orbite, de l'extrémité du museau. La première nageoire dorsale a son bord antérieur à égale distance de l'extrémité du museau et de la naissance de la nagoire caudale. La deuxième nageoire dorsale, étroite et haute, ne présente point d'épine osseuse. La caudale, longue et très étalée, est recouverte à la base par des séries régulières d'écaillés qui se continuent r la membrane qui réunit les rayons ; ces écailles se voient jusqu'au tiers de la nageoire. La pectorale haute, trapézoïde, terminée par un angle aigu à sa base, est protégée par plusieurs rangs de petites écailles. La ventrale est armée d'un tort rayon osseux et aigu. Le premier rayon, mou, n'est que d'un tiers plus long que l'épineux. La ventrale naît un peu en avant de la seconde dorsale : (die est large et les rayons en sont très écartés. Les six premiers raj-ons mous présentent entre eux des séries de très petites écailles. Les plus grands exemplaires rapportés de Syrie sont de 22 centimètres de longueur. Habitat. — Cette espèce est assez commune à l'embouchure de la plupart des rivières de la Syrie. Je l'ai pèchée dans ïe Nahr Beyrouth, le Narh Ibrahim (ancien fleuve Adonis) ; M. Janowski mo l'a envoyée d'Antioche et du Narh el-Kara qui se jette à l'extrémité nord du lac d'Antioche. Cette espèce paraît donc, à certaines époques de l'année, s'éloigner considérablement de la mer. Nom arabe. — Ce poisson est connu des pécheurs de Tripoli sous le nom de Bouri (hilinbi, Bouri doré {M. Blanche). II ORDRE ACAi\ïHOPTÉRY(UENS PHARYMiOCiNATlIES FAMJLLE DES GHROMID^ Genre CHROMIS 1" CHROMIS TIBERIADIS, Lortet PI. VI. Chromis Niloticus, Guntheu, pro parte, Procediiu/s in fhe Zoolos quoiqu'on puisse les prclior fréquennnent aussi dans le cours même du fleuve, depuis le lac Houlèh jusqu'à la mer Morte. Ils sont souvent entraînés par le courant jusqu'à l'endroit où la présence des eaux bronuiréos de la mer Morte les empoisonne rapidement. On les voit alors par milliers nayer péniblement à la surface pour éviter les eaux pro- fondes plus salées, puis tourner le ventre en l'air et périr après quelques minutes d'agonie. Leurs cadavres sont journellement rejetés en nombre immense sur les bancs de sable de l'estuaire et servent de nourriture à des corbeaux, à des vautours et à d'autres oiseaux de proie attirés par cette abondante curée. Quelquefois, au moment des chaleurs, ces poissons putréfiés empestent la contrée environnante. Au nord (lu lac deTibériade, cette espèce se rencontre plus rarement dans le cours du Jourdain, mais elle s'est multipliée d'une façon prodigieuse dans le vaste et profond marécage que l'on appelle le lac lloulôh. Là, sous les feuilles des nénuphars et des nymphéas, enlre les énormes toufles de papyrus (Cyperiis jjapyriis), on en voit littéralement fourmiller d'innombi^ables bandes. D'un seul coup d'épervier, on peut toujours en ramener plusieurs centaines sur la rive. Le lac Houlèh, au nord, est le point ultime atteint par cette espèce; elle ne se rencontre ni dans le bassin de Damas, ni dans celui de l'Oronte, ni dans les lac de Homs, d'Antioche, ni à Orfa, ni dans le haut Tigre, ni dans le haut Euphrate ainsi que nous avons pu nous en assurer par les belles collections rapportées en 1881 par M. Ernest Chantre. Nom AR.VBI-: : Moucht-lebet Aq?, kvahe?, àe Tibériade. 2° CHI'.OMIS NILOÏICUS, IIasselcmjist ri. vil. Chromis .Vito^icuf, Gunther, Catalogucof Ihe Fishes in the BritUh Museu n, vol. IV, 2(.7 L'ibrus yHolicut, Hassei-quist, Reisc in Pal:ostina, Rostock, 1762, p. 392. „ 15 3 1 D. . A. — . V. -. P. 14. 12 9 5 Ligne latérale, 34. La longueur de la tète est comprise trois fois et un quart dans la longueur totale du corps, sans la caudale ; la hauteur du corps est contenue deux fois et un tiers dans la même longueur. 138 ]?OISSONS ET REPTILES DU LAC DE TIBERIADE La bouche est assez grande ; les dents antérieures sont légèrement plus fortes que celles des rangées postérieures. La mâchoire infëiieure est projetée en avant de la supérieure. La direction de la bouche est peu inclinée ; elle forme avec le profil du front un angle un peu moindre qu'un angle droit. L'œil égale un sixième de la longueur de la tète ; l'espace interorbi- taire, légèrement convexe, est le double de l'orbite. La joue est recouverte de trois séries d'écaillés dont la direction est presque parallèle à celle de la ligne latérale. Le rebord nu du préopercule est moindre que le diamètre de l'oeil. Ce rebord présente une grande tache noire toujours très accentuée. Les narines sont plus près du bord antérieur de l'orbite que de l'extrémité du museau. La nageoire dorsale commence juste au-dessus de l'origine de la pectorale. L'extrémité antérieure de la ventrale se trouve au niveau du troisième rayon osseux de la dorsale. Les rayons osseux de la dorsale croissent régulièrement du premier au quinzième, qui est le plus long, et qui égale l'épine antérieure de la ventrale. Les languettes interépineuses sont très longues et dépassent de près d'un demi-centimètre l'extrémité des rayons osseux. Les cinquième et sixième rayons mous de la dorsale sont les plus longs ; ils atteignent en arrière le milieu delà caudale. La membrane qui réunit les rayons est d'un gris foncé ; des taches blanchâtres ovalaires sont dessinées régulièrement entre les rayons mous principalement. Entre les rayons osseux, ces taches sont presque triangulaires, surtout à la partie inférieure; en haut de la nageoire, elles reprennent une forme ovalaire. La nageoire caudale est tronquée, mais légèrement convexe à son extrémité. Des taches blanches arrondies divisent la queue en zones régulières alternativement blanches et noires. La pectorale, assez courte et étroite, n'atteint que la troisième série d'écaillés avant l'orifice anal. L'épine osseuse de la ventrale est très forte et atteint les deux tiers de la longueur du premier rayon mou. L'anale présente trois épines très fortes; la deuxième est beaucoup plus épaisse que les deux autres. Des taches blanches y dessinent des lignes semblables à celles de la dorsale. Ce poisson est noirâtre sur le dos ; le plus souvent même, il est presque entiè- rement noir, sauf sur le ventre qui présente des reflets plus clairs. Les nageoires sont d'un gris verdâtre. Le Chromis Nilot.icus, lorsqu'il est adulte, atteint 28 à 30 centimètres de longueur. Les caractères que j'ai signalés sont toujours très constants et j'ai pu les conti-ôler sur les milliers d'individus vivants qui m'ont passé entre les mains. Au premier coup d'oeil, même à une certaine distance, on l'ecconnaît le Chromis Niloticus à sa teinte d'un gris noirâtre, à sa caudale convexe et non concave comme celle du Ch. Tiberiadis, à ses nageoires tachetées de blanc et surtout a son POISSONS ET KKPTILES DU LAC DH Tl BK lU A I) H 139 front fuyant et non toujoui-s fortement convexe et proéminent comme dans l'espèce précédente. IIaiutat. — Le Jourdain, depuis le lac Houlèh jusqu'à la mer Morte. Très abondant dans le lac Iloulèh et dans K' lac de Tibériado. Il est commun aussi en Ég-j-pte. dans le Nil et tous les canaux dérivés du Nil; dans la basse Egypte, où il semultiplio en ([iiantitr's prodigieuses. Le Chromis A'i7o^K TIIiHHIADK 143 temps (le séjour dans l'alcool. \.\ partie molle de la nayoii-o dorsale présente des taches analoi^ncs précédées de deux bandes noirâtres. rualoni,nieur totale, y compris la caudale, est de 20 centimètres. La coloration est d'un gris clair uniforme, avec des reflets argentés à l'alidomen, et dorés en arrière de roperculo. à la naissance de la ligne latérale. Habitat. — Dans le lac de Tibêriadc, où cette espèce est beaucoup plus rare que les précédentes; peut-être ne se tient-elle ordinairement que dans les eaux profondes, où elle peut échapper facilement aux filets. Je ne l'ai rencontrée ni dans lo lac Houlèh, ni dans le Jourdain, ni dans les sources qui se déversent dans le lac de Tibêriadc. Nom arabe. — Sous le nom de Mouc/it, les Arabes de Tibériade confondent cette espèce avec: le Chromis microstonms. O-CHROMIS SIMONIS, Gunther Pl.lX, fu'. 1. Chromis Simonis, Gunther, l'rocedm,js of the Zoolor/icU Sorictij ofLondon, 1864, y\. 492. Ckromis Patcr-ftmilias, liOKTET, Con2)tes rendit': de l' Institut. 1875, cX Lu Nature, 1876, |). 81, avec figures. D. — . A — . V. — . P. 12. 9 8 5 Ligne latérale, 32. La longueur de la tète égale la hauteur du cor[is; elle est comprise deux fois trois quarts dans la longueur totale du corps, sans la caudale. La bouche, grande, s'ouvre largement; elle est armée de quatre rangées de dents à chaque mâchoire: 22 à 32 à la mâchoire supérieure, 19 à 20 à l'inférieure. Ces dents sont jaunâtres à la couronne et irrégulièrement bifides ou trifîdes. L'œil est beaucoup plus près de l'extrémité du museau que du bord de l'opercule. Les narines sont plus près du cercle de l'orbite que du l)nrd antérieur du préorbital. Les joues sont recouvertes de trois séries d'écaillés, et le rebord nu du préopercule est moins large que le diamètre de l'œil. L'origine de la dorsale se trouve au-dessus du bord postérieur de l'opercule et un peu en avant de la pectorale, tandis que celle de la ventrale est en arrière des deux premières. La dorsale est basse en avant, haute en arrière et terminée par un angle aigu. Les languettes interépirieuses, légèrement arrondies, ne dépassent pas l'extrémité des rayons. La partie molle de cette nageoire dépasse un peu l'origine de la (;audale. La pectorale, longue, atteint la première écaille de la deuxième partie de la ligne latérale; elle est égale à la longueur de la tète. L'épine antérieure de la ventrale égale le dernier rayon osseux de la dorsale. Le premier rayon mou de cette 144 POISSONS ET REPTILES DU LAG DE TIBÉRIADE nageoire est environ un tiers plus long que le dernier rayon osseux et se trouve fixé très en arrière de la verticale passant par l'orifice anal. La nageoire anale est forte et large ; les troisième et quatrième rayons mous atteignent l'origne de la caudale. Le bord postérieur de la caudale est presque droit, ne formant au milieu qu'une courbe à peine appréciable. A la partie antérieure de la ligne latérale, on voit l'orifice ovoïde d'une glande considérable dont je n'ai pu découvrir la nature et les usages. Cette ouverture est en partie recouverte par une membrane très fine. CeChromis, lorsqu'il est adulte, ne dépasse jamais 15 à 20 centimètres. Le front est très fuyant, et lorsqu'on le regarde de profil, le rebord antëro-supérieur de l'orbite se trouve très rapproché du front. Ce poisson est d'un vert brunâtre sur le dos, argenté bleuâtre sur le ventre; les nageoires sont bleuâtres argentées ainsi que la tête, qui off're des reflets irisés superbes. Sept bandes régulières d'un brun foncé sont disposées transversalement depuis l'extrémité antérieure du dos jusqu'à l'origine de la caudale. Habitat. — J'ai pàché en grand nombre cette intéressante espèce dans le lac de Tibériade, dans le lac Houlèh, dans la fontaine Ain el-Moundawara. Je ne l'ai point trouvée dans le Jourdain. Elle se trouve aussi à Ain ct-Tin et à Ainet-Tâbigah. Nom arabe. — Les Arabes l'appellent Moucht comme les espèces voisines. Observation. — Les œufs de ce Chromis sont gros comme du plomb de chasse n° 4 et d'un beau vert foncé. J'ai vu plusieurs fois la femelle en pondre une quantité considérable, deux cents environ, entre les joncs et les roseaux dans une petite excavation quelle creuse en se frottant dans la vase. Lorsque la femelle a terminé sa ponte, elle paraît épuisée et reste immobile à une petite distance. Le mâle, au contraire, semble très agité, tourne autour des œufs, nage sans cesse au-dessus, et les féconde très probablement à ce moment-là. Quelques minutes plus tard, il avale les œufs les uns après les autres et les garde dans l'intérieur de la cavité buccale, contre ses joues, qui se gonflent alors d'une manière étrange. Quelques-uns passent cependant au milieu des branchies. Ces œufs, quoiqu'ils ne soient maintenus par aucune membrane, ni par une matière gommeuse ou glaireuse quelconque, tiennent cependant très bien dans la gueule. L'animal ne les lâche jamais lorsqu'il est dans l'intérieur de l'eau. Ce n'est que lorsqu'on jette le poisson sur le sable, que les œufs tombent au dehors à la suite des eflbrts provoqués par l'ao-onie, il en reste toujours néanmoins une grande quantité dans la bouche. Dans cette cavité incubatrice d'un nouveau genre, les œufs subissent en quelques jours toutes leurs métamorphoses. Les petits prennent rapidement un volume consi- dérable et paraissent bien gênés dans leur étroite prison. Ils restent en grand POISSONS KT UEPTII.KS I)(i I,A(^ DK 'l'IIÎKKlADK 145 nombre, pressés les uns contre les autros, comme les crains d'une ji^renade mûre. La bouche du père nourricier est alors tcllomeut disti'inliic pafli |)ivsencc de cette progéniture que les mâchoires ne peuvent absolument plus se rapprocher. L"s joues sont gonflées et l'animal [irésente nii aspect dos plus étranges. Qiiokpies jeunes, ari'ivi's à l'état parlait, continuent à vivre et à se développi-r au milieu des feuillets bi'aui'hianx. Les autres ont tous la tête dirigée vers l'ouverture ])uccale du père et ne quittent cette cavité protectrice que lorsqu'ils sont long de 10 millimètres et alors assez forts et assez agiles pour échapper facilement à Icuu's nombreux ennemis. Je ne puis comprendre comment le mâle, qui porte ainsi pendant plusieurs semaines }iias de deux cents petits, peut se nourrir sans avaler avec sa proie un grand nombre d'alevins. Lorsqu'on pèche un Chromis ,Sitiio)iis qui porte ses [)ctils, ceux-ci, entiè- rement argentés et très brillants, tombent sur le sable et glissent comme des gouttelettes de mercure. J'ai péché pour la première fois cette intéressante espèce le 29 avril 1875, pendant mon premier voyage en Syrie. C'était dans une eau peu profonde, au milieu des joncs, à l'endroit où la source Ain et-Tabigah se jette dans le lac deTibériade. J'ai, dans mes voyages suivants, retrouvé abondamment cette espèce dans plusieurs autres localités que j'ai indiquées plus haut. Pendant le mois de juin, que nous avons employé, en 1880, à pêcher et à draguer dans le lac de 'l'ibériade, tous les Chromis Simonis capturés avaient des œufs nombreux dans la gueule, ou des alevins déjà arrivés à une taille assez considéi^able. Jusqu'à présent, on ne connaît qu'un petit nond)re de poissons incubant leurs œufs ou élevant leurs petits soit dans la cavité buccale, soit au milieu des branchies. Agassiz. [«mdant son voyage sur l'Amazone, en a découvert une espèce. (M. et M'"" Agassiz, Voyage au Brésil, traduction française, Paris 1869, p. 225.) Depuis, on a rapporté de CJiine le Macropode dont les mœurs singulières sont aujonnl lini connues de tout le monde. Cette espèce pourtant, au moins si j'en juge par les observations que j'ai pu faire dans les aquariums du Muséum de Lyon, ne porte point sos œufs d'une façon permanente dans la cavité buccale. Il ne fait que les prendre de temps en temps pour les changer de place et les aérer convena- blement. Le célèbre voyageur Livingstone, dans son Dernier Journal publié après sa mort, décrit ime espèce, très probablement du genre Chromis, qu'il a découverte, le 28 juin, sur les bords du grand lacTanganika. Je transcris ici cette note de l'illustre observateur : « Le Dagala ou Nisi|)é, petit poisson que l'on prend en grand nombre 14G POISSOxNS ET REPTILES DU LXC DE TIBERIADE dans toutes les eaux courantes, et qui ressemble beaucoup à notre Witebait (Clupea), émet dit-on, ses œufs par la gueule ; l'éclosion est immédiate, et les jeunes pourvoient à leurs besoins dès leur naissance. Certaines personnes disent avoir vu des œufs rester dans les côtés de la gueule jusqu'au moment où ils vont éclore. Jamais les Dagalas n'atteignent plus de deux ou trois pouces de longueur. Putréfiés, ils sont d'une amertume à faire croire que la bile est chez eux fort abondante. J'ai mangé de ces poissons dans le Loanda. Ils avaient un goût piquant et amer qu'ils devaient probablement à leur genre de nourriture. » (Livinsgtone, Dernier Joiirnal, éd. française, Paris, 1876, vol. II, p. 10.) Af^assiz croit que les poissons de l'ordre des Labyrinthobranches peuvent aussi incuber leurs œufs d'une façon aussi anormale, grâce aux replis branchiaux per - mettantde les maintenir facilement en place. Les lamelles branchiales des Chromis de l'Orient sont simples, et je n'ai pu constater chez eux la poche formée par les arcs branchiaux que présentent, suivant Agassiz, les Ghromides de l'Amazone. Il est probable que beaucoup d'autres espèces de Chromis ont la même habitude. J'appelle sur ce point l'attention des voyageurs qui explorent actuellement le nord et le centre du continent africain. 7° CHROMIS MAGDALENJ?:, Lortet D. ^. A. ^. V. i. P. 13. 10 7 5 Ligne latérale, 32. La lono'ueur de la tète est égale aux trois quarts de la hauteur du corps ; elle est contenue trois fois dans la longueur totale du corps, sans la caudale. Le corps est beaucoup plus épais que celui des autres espèces, ce qui permet de le reconnaître très facilement. La bouche est grande, fortement inclinée; la mâchoire supérieure fait avec la verticale un angle égal environ à la moitié d'un droit. La mâchoire inférieure dépasse notablement la supérieure. Les dents sont très fines et très serrées, à couronne légèrement colorée en jaune. L'œil est très petit relativement à la o-randeur de l'annnal ; son diamètre égal environ le huitième de la longueur de la tête. 11 est plus rapproché de l'extrémité du museau que de l'angle de l'opercule. Les narines sont plus près de l'orbite que de l'extrémité du museau. Les joues sont recouverles de quatre séries d'écaillés en avant, de trois en arrière. Le bord nu du préopercule est aussi large que le diamètre orbitaire. L'espace interorbitaire est marqué par deux lignes d'écaillés formant un angle aigu à la partie supérieure l'OlSSONS ET KKl'TILKS I»L' I.A ; DE TIHERIADE 1 iT (lu [uV'iubital. L'animal pai-aît avoir ainsi mu- corne naissante de rhinocéros sur lo ne/ Icrniint' mv uno di'pivssion au niveau des orbites. La nageoire dorsale oomnience exactement sur la même ligne verticale que la ventrale. La pectorale a son origine plus en arrière. La partie osseuse de la dorsale est basse. Les lan^i-ueltos interépineuses, arrondies, dépassent légèrement les pointes des rayons. La partie molle de la dorsale se termine par deux lignes formant à peu près un an"'le droit. Les rayons mous de la dorsale sont un tiers plus longs que les derniers osseux. Les plus longs atteignent à peine l'origine de la caudale. Celle-ci est recou- verte ù sa base de plusieurs séries de fines écailles ; son bord terminal est fran- chement convexe. La pectorale est large, mais courte ; elle ne dépasse pas l'orifice anal. L'épine de la ventrale est arqué et mesure environ un deuxième delà longueur du premier rayon mou. La base de l'anale est cachée dans une membranne épaisse ondulée et striée. Les rayons de cette nageoire soat très espacés et atteignent à peine, en arrière, la naissance de la caudale. La longueur maxima de cette espèce est de 15 à 20 centimètres. L'angle operculaire porte une tache noire très marquée. Le front est teinté de noir, et huit raies brunes régulières s'étendent, de haut en bas et d'arrière en avant, sur les flancs et sur la partie postérieure du corps. Au niveau de la deuxième partie de la ligne latérale, les écailles teintées de noire forment une ligne horizon- tale sombre. Ce Chromis est vert brunâtre sur le dos, argenté bleuâtre sur le ventre. Les nageoires sont bleuâtres et argentées. Habitat. — Lac de Houlèli et lac de Tibériade oil cette espèce est assez rare. Elle est, au contraire, très commune dans les lacs marécageux situés à l'est de Damas : le Baret el llijanèh formé par le Nahr Sabirany, l'ancien Pharhpar, et le Baret el Ateibeh formé par h Nahr Barada qui traverse la ville de Damas. Cette espèce, pêchée en grande ipiautilé dans ces lacs, est, à certaines époques de l'année, vendue sur le marché de Damas. Nom ARAiîh-. — ,)e n'ai pu savoir comment les Arabes nomment cette espèce. Observation. — Cette espèce incube aussi ses œufs et ses petits dans la gueule. Les alevins sont à peu près au nombre de deux cents et ressemblent à ceux du Chromis' Simoais. Les œufs sont gros et verdàtres, mais d'un diamètre moins considéral)le que ceux de cette dernière espèce. Ann. Mls. ni. 19 l'iS POISSONS ET REPTILES DU LAC DE TIBEKIADE Genre HEMICHROMIS Chez les Hemichromis, les dents, au lieu d'être pectiniformes, comme chez les vrais Chromis sont coniques, lé,^èrement crochues et teintées de jaune à l'extrémité libre. HEMICHROMIS SACRA, Gunther Hemichromis sacra, Gunther, l'roccdinfis of the Zoohgical Societij of London, 1864, p. 49!i. I). — . A — • V — . P- 13- 9 8 4 Ligne latérale, 32 à 34. La longueur de la tête est d'un huitième plus grande que la hauteur du corps ; elle est contenue trois fois dans la longueur totale, la caudale comprise, ou deux fois et demie, sans la caudale. La bouche est très grande, et la mâchoire, infé- rieure est fortement projetée en avant de la supérieure. Les dents fortes, longues, coniques, courbées en crochets sont au nombre de 36 de chaque côté et à chaque mâchoire. Elles forment à chaque mâchoire trois rangées complètes placées les unes devant les autres, tanchs qu'une quatrième rangée intérieure offre un nombre de dents beaucoup moindre et irrégulièrement espacées. L'extrémité conique de la dent est teintée en jaune foncé. Le front, ti^ès fuyant, forme un angle droit avec la mâchoire supérieure ; l'œil, plutôt petit que grand, est placé plus près de l'extrémité du museau que du bord de l'opercule. La joue, très grande, est recouverte de cinq séries d'écaillés en avant, de quatre seulement en arrière. Le rebord nu du préopei'cule égale le diamètre de l'œil. Les narines sont placées phis près du bord antérieur de l'orbite que de l'extrémité du museau. La naissance de la dorsale est en avant de la pectorale. Elle est assez basse en avant, mais haute en arrière. La partie molle qui forme un angle droit à côtés légèrement convexes, atteint l'origine de la caudale. La nageoire caudale longue, et très étalée, est terminée par un bord fortement convexe. Les rayons en sont très forts, et sa base est cachée sous plusieurs séries de petites écailles. La pectorale est très longue; son quatrième rayon atteint le premier rayon mou de l'anale. Le cinquième rayon est brusquement coupé aux deux tiers de sa longueur et n'atteint que la cinquième série d'écaillés avant l'orifice anal. La nageoire ventrale est courte et n'atteint pas Touverture anale; l'épine antérieure l'UISSONS ET UKl'TILKS iJi: L.\C I)K Tl ItKUIA DK IVJ an-ivc jiHiiu'aux deux tiers du pr(3inier rayon mou qui est le plus long. Cette nageoire a une l'oriiu' presque régtilièrenieut triangulaire. Les rayons osseux de l'anale sont m.'dioereinent forts, La (lactie molle se prolonge jusqu'à la naissance (le la caudale, et les deux bords foriui'ul un angle arrondi et non un angle aigu eomine ehez la plupart des (Irroiuls. La longueur totale, y eonii)ris la caudale, est, de 25 a 30 centimètres. La couleur est uniformément brune sur le dos, argentée sur le ventre ; les nageoires sont d'un vert jaunâtre. Habitat. — Lac; d(; 'ribt'riade, dans les endroits où se trouvent des joncs; à l'embouchure du Jourdain, au pont de Semak, oii le fleuve émerge du lac; à Ain et-.'l'in. Ain et-Tabigali et ;i Ain et-Mouuda\vara. Je ne l'ai point trouvé dans le Jourdain ni au lac lloulèli. Nom arabk. — Les Arabes que j'ai pu consulter ne m'ont point indiqué de nom particulier ].our cette espèce. Observations. — L'Hcmichroini.i sacra, dans le mois de juin, a toujours un grand nombre d'oeufs et d'alevins dans la gueule. Sur les plus gros individus que j'ai péchés, j'en ai compté jusqu'à deux cent cinquante. Labonclic du poisson est telle- ment gontiée par cette abondante progéniture que l'animal ne peut absolument plus la fermer ; il présente alors un aspect des plus bizarres. liCS petits, lorsqu'ils sortent de la cavité buccale, ont à [)eu près 1 centimètre de longueur et sont entièrement argentés. Les œufs de VHeniichroials sont très gros, mais plus bruns que ceux des ('hromis. La femelle, lorsque ses ovaires sont arrivés à maturité, se creuse un petit nid dans la vase ou dans le sable, toujours au milieu des joncs ou des racines de papyrus. Mlle y pond ses œufs que 1(^ mâle ne tarde pas à féconder cm passant et en repassant sur eux et en tournant autour du nid d'une façon très comique. Quelques minutes après, il les engloutit dans sa cavité buccale et part brusquement, abandonnant sa femelle. Au bout de très peu de jours les métamorphoses sont achevées et les alevins sortent de l'œuf. J'ai trouvé souvent chez des Hetnicfiromis une grande partie des petits déjà éclos et encore suspendus à une] énorme vésicule, tandis que l'auti'e moitié des œufs n'avait encore donné aucun signe de développement embryonnaire. Lorsque les petits ont 1 centimètre de longueur ils sortent de la gueule paternelle [)Oni- vivre iTune vie indépendante. Cette espèce, ainsi que le Chromis Simonis, ferait un charmant animal d'aqua- rium. Il serait facile d'en rapporter jusqu'à Haifa, où les bateaux du Lloyd 150 POISSONS ET REPTILES DU LAC DE TIBERIADE autrichien pourraient les transporter rapidement en Europe. J'ai vivement regretté d'être obligé de me rendre directement de Tibériade à Damas ; ce long voyage m'a privé du plaisir d'acclimater en France cette intéressante espèce, La chair de l'Hemichromis est très bonne, aussi ce poisson se trouve-t-il fréquemment sur le marché de Tibériade, cependant en moins grande quantité que les Chromis Tiheriadis, Niloticus et microstomtis , tous d'une grande taille, et qui, par cela même, sont très recherchés des pêcheurs, tandis que bien souvent les bateliers rejettent à l'eau ou ne se donnent pas la peine de ramasser les Hemi- chromis sacra que les filets leur ramènent. III OllDUE DES rilYSOSTOMES FAMITJ.E DES SILURID^E Genre CLARIA.S CLAKIAS MACRACAATHUS, Gunthek PI. XVII. Clarias macracanthus, Gunther, Catalogua of ihe Fishes, vol. V, p. Kl. 1 l D. 73. A. 55. V. — . P. — . Tête plate, cunéiforme, large et lon^me, égalant un tiers environ de la longueur totale du corps, sans la caudale. La partie supérieure de la tète est recouverte de plaques osseuses symétriquement disposées et fortement chagrinées. Ces granulations sont régulièrement radiées sur les plaques a ntéro -latérales; elles sont plus irréguliè- rement disposées sur les parties postéro-supérieurcs de la tête. La bouche, grande, est pourvue de quatre paires de longs barbillons : une paire très grande aux commissures des lèvres; leur extrémité atteint la partie postérieure delà dernière plaque céphalique. Deux autres paires sur les parties latérales de la lèvre inférieure, et enfin une quatrième paire placée immédi atement en avant de l'ouverture des narines, ù égale distance entre l'œil et l'extrémité du museau. L'œil, petit, est situé sur le côté de la tête, très près de la commissure des lèvres- Le corps, nu, est plus large que haut dans dans le premier tier-s, plus haut que large dans les deux tiers postérieurs. La nageoire dorsale est longue et basse, soutenue par soixante- treize rayons, dont cinquante-cinq sont simples et dix-huit bifides. L'anale est plus basse et ne compte que oinquante-cinq rayons dont quarante-cinq sont simples et dix bifides. La caudale est longue et arrondie. La ventrale est étroite et longue. 152 POISSONS ET REPTILES DU LAG DE TIBERIADE pourvue d'un rayon osseux très fort. La pectorale en éventail présente un rayon osseux épais garni eu avant d'une série de dentelures. La (jouleur est d'un noir brun foncé sur le dos, d'un blanc jaunâtre sur le ventr(^ Ce poisson atteint fréquemment i mètre de longaieur, cependant la plupart des échantillons pèches à Tibériade ne dépassent guère 40 à 50 centimètres. Habitat. — Le Clarias macracanthm est très commun dans le lac de Tibériade où il atteint de grandes dimensions. Je l'ai péché aussi à Ain el-Moundawarà, à Ain et-Tin, à Ain et-Tabigah, dans l'estuaire du Jourdain, au nord du lac. Il est encore plus commun dans le lac Houlèh, où il séjourne surtout au milieu des rhizomes de papyrus et des nymphéas. C'est un animal qui vit dans la vase et dont la chair assez bonne se i-approche de celle de l'anguille. Nom arabk. — Ce poisson est appelé Barbour par les pêcheurs de Tibériade et les arabes Ghawarinèhs du lac Houlèh. Observations. — Le Clarias macracanthus est évidemment le poisson que l'historien Flavius Josèphe appelle le Coracinus, et qu'il prétend venir du Nil par des communications souterraines, jusque dans la source de Capharnahum, sur les bords du lac de Tibériade. Le Clarias macracanthus ressemble, en eft'et, beaucoup au Clarias anguillaris d'Egypte. On s'est appuyé sur la présence de ce silure dans la fontaine appelée Ain el-Moundawara, située au milieu de la plaine de Gennézareth, pour affirmer que cette source était bien celle de Capharnahum signalée par Josèphe. Cette pré- tendue preuve ne peut avoir aujourd'hui aucune espèce de valeur, car j'ai pêche le Clarias macracanthus, non . pas seulement à Ain el-Moundawara, mais encore à Ain et-Tin, à Ain et-Tabigah et sur toutes les rives vaseuses et herbeuses du lac de Tibériade, ainsi que dans le lac Houlèh, où cotte espèce excessivement commune devient gigantesque. La fontaine Ain el-Moundawara, qui jaillit au fond d'un bassin circulaire entouré de maçonnerie et qui n'a environ que 30 mètres de diamètre, nourrit cependant d'énormes Clarias qui se cachent entre les herbes, les pierres et sous les racines des arbres qui forment un épais fourré autour du réservoir. Les Arabes de mon escorte en ont pris avec la main, devant moi, plusieurs individus qui avaient plus de 1 mètre de longueur et qui se débattaient avec fureur sur l'herbe en miaulant de la façon la plus étrange. Ce poisson, comme la plupart de ses congénères peut vivre fort longtemps hors de son élément naturel. J'en ai conservé pendant plusieurs jours, dans des caisses, sans eau ni herbes humides. POISSONS ET UKPTILKS Dlî LAC DK TIBKRIADK 15:5 Les Clarias. ainsi quo la plupart des espèces de Siluridées oui la singulière faculté, lorsqu'ils sont hors do l'eau, si on les pi-eiid avec la main mi si on les excite avec un bâton, de pousser des cris qui ressemblent aux miaulements d'un chat en colère. Ces cris très forts, me paraissent provenir de la contraction de la vessie natatoire qui remplit chez ces poissons le rôle des poumons rudimentaires des Dipneustes. Ainsi que j'ai pu m'en assure)' sur le vivant, l'air pénètre faci- lement dans la vessie natatoire qui peut remplir les fonctions d'un véritable poumon et permettre à l'animal de respirer pendant [)lusieurs jours l'air libre. Les Siluridées. comme les Dipneustes, sont exposés à séjourner longtemps dans des vases à moitié desséchées; ainsi peut s'expliquer la modification profonde que subit leur appareil respiratoire, qui s'adapte aux différents milieux qu'habite l'animal. Les cris bizarres des Clarias n'ont pas encore été signalés, que je sache. Toutes les espèces de la famille des Siluridées jouissent très probablement de la faculté singulière de pouvoir émettre des sons. ^L le docteur Tirant, administrateur des affaires indigènes, zoologiste distingué, m'a affirmé qu'en Gochinchine, où les poissons de ce type sont très nombreux, toutes les espèces, même les très petites, poussent des cris très forts lorsqu'on les tire hors de l'eau. FAMH.LE DES CVPHTXID.K Genre DISCOGNATHUS DISCOdXATHCS LA.MTA, G unther l'I. XVI, fi-. 4 et 5. Discognathus lamta, (juntheu, Catalogue of the Fishes, vol. VII, p. 69. 1». 11. A. 8. V. 8. F. 13. Ligne latérale, 35; ligne transversale, 5. La tète est petite, mais épaisse; sa largeur (■gale les trois quarts de sa longueur; elle est comprise quatre fois trois quarts dans la longueur totale, sans la caudale. La hauteur du corps est plus grande que la longueur de la tête. Les lèvres, très épaisses, forment un disque charnu, lorsque la bouche est ouverte; la lèvre inférieure est ondulée; la supérieure porte quatre barbillons. L'œil, petit, a un diamètre égal 154 POISSONS ET REPTILES DU L\C DE TIBERIADB au cinquième environ de la longueur de la tête, il est plus rapproché du bord de l'opercule que de l'extrémité du museau. L'ouverture des narines est en avant de l'œil, un peu plus près de l'orbite que du bout du museau. Celui-ci est pourvu de glandes volumineuses irrégulièrement placées. La dorsale, très haute, est plus près du museau que de la naissance de la caudale. Les cinquième, sixième, septième, huitième et neuvième rayons présentent à leur base un point coloré en noir intense. La caudale, longue, est terminée par une échancrure formant un angle droit ; les rayons sont tachetés de points bruns. La pectorale, large, arrondie à son bord supérieur, anguleuse à son bord inférieur, atteint la huitième série d'écaillés de la ligne latérale et la ligna transversale. La ventrale prend naissance au niveau du cinquième rayon de la dorsale. L'anale, étroite, prend naissance en arrièi'e des deux séries d'écaillés placées après l'ouverture anale.' Les écailles sont grandes et à peu près d'égales dimensions, sauf celles qui sont placées en avant des pectorales. Ce poisson ne dépasse pas 15 à 20 centimètres. Le dos est d'un brun verdâtre, la région abdominale d'un jaune d'or. Les nageoires sont jaunes, sauf la caudale, qui est d'un gris foncé à l'extrémité. Habitat. — L'Oronte,à Hammah,le lac d'Antioche (Janowski); le Nahrel-Kara, près d'Antioche; Alep; le lac de Tibériade ; le Nahr el-Arab, entre Lattaquièh et Tripoli. Observation. — L'aire de dispersion de cette espèce paraît des plus étendues. Le Discogaathus lamta, ou les formes qui peuvent s'y rattacher étroitement, se trouvent depuis la Syrie jusque dans les parties les plus reculées de l'Asie orientale. Genre CAPOETA 1" CAPOETA SAUVAGEI, Lortet PI. xin, fig. 2. D. i'. A. 7. V. 5. P. 15. Ligne latérale, 33. La hauteur de la tète est moindre que celle du corps ; elle est contenue quatre fois dans la longueur totale, sans la caudale. La bouche, petite, est protractyle avec deux barbillons ayant une longueur égale au diamètre de l'œil. Celui-ci, petit, est un peu plus près de l'extrémité du museau que du bord de l'opercule. Les ouver- tures des narines sont au même niveau que le bord supérieur de l'orbite. L'origine de la dorsale est à égale distance de l'extrémité du museau et de la naissance de la POISSONS HT UHI'TILES 1>U LAU 1»H Tl IJKHIAl» K 155 caudale; elle est luiulo.étroiU', lenuiiu-o \>\v lui bord coavexe. La caudale, lonf^ue, étalée, est p 'u |)iMl\iii(l(''!niMil (•cliau t.v. Li pectorale courte n'atteint pas la base de la ventrale. (V-lli'-fi cominence au-dessous du boni antérieur de la dorsale; elle est lony-ue et convexe. L'anale proii 1 naissance deu.v séries d'éeailles après l'ouverture anale ; elle est terininëe par un 1) ord convexe. Les éc:iilles latérales sont "randes et ornées de stries très saillantes, (les écailles présentent des redets forte- ment dorés. Les siphons des écailles do la liii'ue latérale disparaissent, après la septième, au-dessus et e.i arrière de rexlreniiti' do la peetoi'ale. Cette espèce ne dépasse pas 10 centinièlrcs depuis le museau jus({u'a l'extrémité de la caudale. Lorsqu'elle est vivante, elle présente dans la région dorsale une colo- ration d'un bleu vif tout à lait caractéristique; le ventre est d'un jaune doré, les joues sont d'un vert éclatant. Les nageoires sont d'un jaune argenté. IIaiutat. — Je n'ai rencontré cette espèce que dans le lac de Tibériade. Elle est évidemment très rare, et nous n'avons pu l'obtenir que lorsque nos filels ontété plongés a une grande profondeur. Nos pécheurs ne connaissaient point ce poisson. Observation. — Le Capoela Sauoagei présente quelques caractères qui le rap- prochent du Capo'-ta DiVoniu Guv. et Val., originaire d'Abyssinie ; mais la présence des deux barbillons très allongés ne permet cependant pas de la rapporter à cette dernière espèce. 2" CAPOEÏA SYRIACA, (Iunther l'I. XIV. Capoeta Sijriaca, Gnuther, CataloK T115ERIAI)K riens à jambes nues et à burnous blancs, ne me permirent pas d'en prendre pour notre collection. Le vieux cbeik de Deichoun qui fumait sous un figuier, à nos pressantes instances, me répondit avec une gravité imperturbal)le que ces poissons étaient consacré? à Mahomet, et que de leur existence dépendaient la prospérité du village et le bonheur de ses habitants. Ces animaux étaient si peu farouches qu'on aurait pu les prendre avec la main. La i»ersistance de ce fétichisme dans ces montagnes desséchées est un fait extrêmement remarquai )le. Le cuit? du dieu Dagon, très répandu chez les anciens peu|iles delà Syrie, parait avoir été ai)[)nrté de la Mésopotamie par les Assyriens, dont les prêtres, dans certaines cérémonies, se couvraient la tête et le dos d'une espèce de capuchon formé pnr la peau d'un très gros ])arbeau, long de près de 1 m. 50 et que l'on pèche en très grande quantité dans les eaux ilu Tigre et de l'Euphrate. De nos jours encore, quelques peuplades de la Chine se servent de tuniques faites en peaux de poissons encore pourvues de leurs écailles. Le singulier manteau des prêtres du dieu Dagon vient donc peut-être de l'Asie centrale. Nom arabe. Samak nahri, poisson de rivière (M. Blanche.) Observations. — Cette espèce fréquente surtout les eaux fraîches des montagnes. A certaines époques de l'année, comme le font les truites et les saumons, elle remonte les cascades. Quelquefois elle s'élance dans les chutes d'eau de 1 à 2 mètres de hauteur, et M. Blanche a vu les pêcheurs du Liban profiter de ces sauts pour les saisir en quelque sorte au vol avec de petits filets, en forme de poche, et fixés à de longs manches. Sa chair, ferme, est presque aussi délicate que celle des truites des torrents de nos Alpes d'Europe. Dans les hautes vallées du liban, s:i chair prend une teinte saumonée très marquée. 4" CAPOETA AMIR, Guntiier l'I. XV, fig. 2. Capoeta amir, Gunther, Catalogue of tho FtsJies, vol. VII, ]). 79. Scaphiodon amir, Heckel, Fisciie Siji-ieiis, ]) 156, D. 12. A. 8. V. 10 P, 14. Ligne latérale, 72 ; ligne transversale, 13. La tête est petite; sa loiigueur est moindre que la hauteur du corps; elle est comprise presque cinq fois dans la longueur totale, sans la caudale. Les yeux sont grands et ont un diamètre égal à un quart de la longueur de la tète. L'origine POISSONS KT Ui;i'r[[,KS du LXV. DH TIIUIHIADK 150 de la dorsale est en avant de la ventrale; elle est plus près de l'extrémité du museau que (le la racine de la caudale. Cette nageoire est haute, les rayons sont écartés les uns des autres. Le troisièim-. rayon osseux est long, mais faible; il est dentelé en arrière presque jusqu'au S!)mniet. La caudale, longue, très étalée est fortement échancrée ; l'échancrurc forme un angle très obtus. La pectorale, pointue, se termine sur la ligne transversale. L'extrémité antérieure de la ventrale, lorsqu'elle est relevée contre le corps, se trouve à égale distance entre la naissance de cette même ventrale et l'origine de l'anale. Les écailles, très petites en avant, sont légè- rement plus grandes en arrière ; celles de l'abdomen sont très petites. Ce poisson ne dépasse par 15 centimètres depuis le museau jusqu'à l'extrémité il' la caudale; il est d'un gris foncé sur le dos, plus pâle sur les flancs et très argenté dans la région abdominale. Lo.> nageoires sont d'un jaune clair. HABn'AT. — Nahr oI-Knrn ou Kara-soii, rivière qui se jette au minl du lac d'Antiorhc. .5» CAPOETA SOCIAIJS. Hkckel l'I. XV, fi-. 3 Srjip?tiodon Sorialis, Heckel, Fische Syriens, p. 115 et Atlas, pi. XV, fig. 2. Ofiponta damiscina, Gù.ntheu, Calalogu? of ihi Fts!iet, vol. VII, p. 77. I). 12. A. 8-9. A'. 10. P. in Ligne latérale, 67 ; ligne transvei'sale, 14, La tète est très petite, tandis que le corps est, au contraire, très allongé. La longueur de la tète est, comprise cinq fois dans la longueur totale du corps, sans la caudale; l'œil, petit, est situé plus près de l'extrémité du museau que du bord de l'opercule. L'ouverture des ouïes est grande, l'opercule très arrondi. La nageoire dorsale très haute est placée un peu i)lus près de l'extrémité du museau que de la racine de la caudale. Le troi-sième rayon osseux assez faible est dentelé jusqu'aux trois quarts de sa hauteur. La caudale, aussi longue que la tète, présente une échan- crure profonde lormant presque un angle droit. La pectorale, arrondi(^ au bord inférieur, ne dépasse pas la dix-neuvième écaille de la ligne latérale. La ventrale commence au-dessous du premier rayon mou (h; la dorsale, elle est large et angu- leuse. L'anale est longue, les rayons on sont espacés et forts; lorsqu'elle est rabattue contre le corps elle n'atteint pas la racine de la caudale. Les écailles sont petites, surtout celles qui sont placées en avant et au-dessous de la pectorale. Ce poisson atteint une longueur de 2-3 à 30 centimètres. La coloration est 160 .POISSONS ET REPTILES DU LAC DE TIBERIADE verdâtre clair sur le dos et argentée sur la région abdominale. La tête a des reflets fortement dorés. Les nageoires sont d'un gris argenté. Habuat. — Cette espèce est très commune dans le lac de Tibériade et dans le Jourdain, depuis le lac Houlèh jusqu'à l'embouchure du fleuve dans la mer Morte. M. Blanche me l'a aussi envoyée du Nahr Bahsas. 6" CAPOETA DAMASGINA, Gunther PI . XVI, fig. 1. Capoeia Damascina, Gunther, Catalogue of the Fishes, vol. VU, p. 77. Gobio Da,nascitiH% CuviER et Valexciennes, Histoire naturelle des jjoissons, t. XVI, p. 314, et atlas, pi. 482. Scaphiodon Capueta, Heckel, Fisrhe St/rirns, p. 07, et atlas, pi. 5, fig. I. D. H, A. S. V. 12 P. 21 Ligne latérale, 76. La tête est courte, moindre que la hauteur du cor])S ; elle est comprise quatre fois et demie dans la longueur totale, sans la caudale. L'œil est grand; il a un diamètre égal au quart de la longueur de la tète ; il est placé un peu plus près du bout du museau que du ])ord operculaire. Le bord du préopercule est plissé. La ligne dorsale s'élève fortement depuis l'extrémité du museau jusqu'à la naissance de la dorsale et redescend ensuite, selon une pente à peu près égale à la première, jurqu'à la racine de la caudale. La naissance de la dorsale est à égale distance de l'extrémité du museau et de la racine de la caudale. La troisième épine osseuse est forte et dentelée en arrière. Cette dentelure ne commence qu'à 3 ou 4 millimètres de la pointe. Les côtés de cette épine sont lisses. La caudale est très grande, et plus longue que la tête ; son échancrure profonde forme un angle droit. La pectorale, petite, se termine en pointe aiguë. La ventrale disposée en éventail triangulaire atteint, lorsqu'on la relève contre l'abdomen, le milieu de la distance comprise entre la naissance de la ventrale et la fin de l'anale. Celle-ci, étroite et longue, arrive, lorsqu'on la relève, jusqu'aux premiers rayons inférieurs de la caudale. Les écailles sont très petites surtout celles de la région abdominale antérieure. Ce poisson atteint ordinairement une longueur de 30 à 35 centimètres depuis l'extrémité de la caudale jusqu'au bout du museau. La coloration est d'un brun verdâtre assez foncé sur le dos, argentée jaunâtre à l'abdomen, dorée sur les joues. Les barbillons sont en général plus longs que que le diamètre oculaire. HABrrAT. — Ce poisson est excessivement commun en Syrie. On le trouve dans POISSONS ET KKI'TILKS DU I.AC DK TIIîKRIADR 161 le lac d'Antioche, dans rOroiilc ; dans le Xalii' Raschein et le Nain- Kadischa. près de Tripoli ; dans le torrent Barada, à Damas, et dans les lacs situés à l'est de celte ville. Dans le Nahr Ilasbanv. près de Hasbeya. et enfin dans le lac de Tibériade, à Ain ct-Tin, Aini'l-Mnumlawara. etc.; dans lo Jourdain depuis le lac Iloulèh jusqu'à la mer Morte. Le frère Liévin m'en a envoyé de nombreux ('cbnntillons pris dans les ruisseaux, et des sources qui aboutissent au Jourdain, près de J(;richo : Nahr el-Kclt, Ain Douk, Ain Soulthan, Ain Gara. Dans le Jourdain, cette espèce descend jusqu'à l'endroit où les eaux commencent à devenir saumâtres par suite du mélange avec celles de la mer Morte. On trouve encore cette espèce dans le Khison, près du mont Carmel, à Rabbat Ammon et à Kulat el-Kuru (R''Tristram). Genre BARBUS 1" UARHUS ("-ANIS, (Iiivier et Yai,enciennks l'I. XU, lig. 1. Barbus Canis, Cuvier et Valenciennks^ Histoire naturelle des poissons, vol. X\'I, p. 186. GÙNTHER, Catalogue of the Fishes, vol. VII, p. 109. I). i;i. A. 8. V. lu. P. 15 Lignp latérale, 3o La longueur de la tète est comprise trois fois trois quarts, dans la longueur totale du corps, sans la caudale. Un développement considérable de l'abdomen toujours flasque et mou rend la hauteur du corps souvent plus considérable que la longueur de la tète. La bouche grande, s'étend jusqu'au-dessous du préorbital. Les barbillons su[)érieurs sont très courts, presque à l'état rudimentaire. Les inférieurs, peu développés aussi, ont cependant encore 1 centimètre de longueur,- et appa- raissent toujours très distinctement de chaque côté de la bouche. L'œil est petit, plus [)rès de l'extrémité du museau que du rebord operculaire ; son diamètre est environ un sixième de la hjiigueur de la tète. Le rebord droit du préopercule égale le tier.s île la longueur de la tète. Le rebord nu de l'opercule est bordé par une membrane molle qui recouvre les premières grandes écailles latérales. La partie antérieure de la nageoire dorsale est plus rapprochée de la caudale que de l'extrémité du museau. Cette nageoire est haute; son troisième rayon osseux, le plus grand et le plus fort, se termine par une pointe molle. Les bords postérieurs de 162 POISSONS ET REPTILES DU LAC LE TIBERIADB cette épine sont tranchants. La caudale, longue, est très échancrée; les côtés de l'échancrure mesurent environ les deux tiers de la longueur supérieure ou infé- rieure de la nageoire. La pectorale, courte, est terminée par un angle aigu; sa base est arrondie. La ventrale est épaisse, en forme d'éventail, plus longue en avant qu'en arrière. L'anale, très développée, atteint la naissance de la caudale lorsqu'on la replie contre le corps. Cette espèce atteint souvent 40 centimètres de longueur avec la caudale. La flaccidité des parois abdominales, toujours molles et plissées, permet de le reconnaître avec la plus grande facilité. Ce poisson est bleuâlre argenté sur le dos, argenté très clair sur le ventre. Le front est verdâtre, la gorge argentée. Les nageoires sont toutes d'un jaune verdàtre très clair. Dès que ce Barbus a été retiré de l'eau et qu'il est mort, la bouche reste toujours grandement ouverte, ce seul caractère suffit pour le distinguer même de loin de toutes les autres espèces. Habitat. — Le Barbus Caiiis est très commun dans le lac de Tibériade ; on peut en prendr.' un nombre prodigieux en quelques coups de filet. Je l'ai aussi trouvé à Ain el-Moundawara et dans le lac de Houlèb. M. Janowski, de Lattaquièh, me l'a envoyé du lac d'Antioche. Dans le Jourdain, le Barbus Canis descend très bas jusqu'à l'endroit où se fait sentir l'intluence des eaux sahnes de la mer Morte. Au contact des eaux saumâtres, ce poisson périt avec une grande rapi- dité, aussi en voit-on toujours une prodigieuse quantité se putréfiant sur la vase des rives et des ilôts. Nom arabk. — Le voyageur botaniste Bové a entendu les hommes de son escorte le nommer el Kelb,V'd\\en. Mes pêcheurs de Tibériade, qui le connaissent très bien. Font toujours a[)pelé devant moi el Karsin. La ehau- de ce barbeau est inférieure à celb' des autres espèces du lac, elle est molle avec un goût de vase très prononcé; aussi les pêcheurs le rejettent-ils souvent à l'eau. Le nom de Karsin ne doit point faire confondre cette espèce avec une autre qui se trouve à Alep et à Hammah, et que Heckel a nommée Barbus Kersin. POISSONS KT UEPITLES DU LAC UK TIBÉ11IM)R 1()3 2" BARBUS LONGICEPS, CuviKU et V alenciennks n. xui, fig. 1. Barbus longicaps, Covibr et Valbnciennes, Histoire naturelle des poissons, vol. XVI, p. 179 et Atlas, pi. 467. UiJ.NTHER, Catalogue of Fishes, vol. VII, p. 91 . D. V^. A. 8. V. 9. P. 18 Ligne latérale, 54; ligne transversale, 11 La tète est très allongée ; sa loiigueur est plus grande que la hauteur du corps ; elle est comprise trois fois et demie dans la longueur totale, sans la caudale. La bouche, grande, présente quatre barbillons longs et gros fixés à la mâchoire supé- rieure ; les lèvres sont charnues et très développées ; la supérieure dépasse de beaucoup l'inférieure. L'c'il est assez petit, son diamètre est environ le huitième de la longueur de la tète. 11 est placé jilus près de l'extrémilé du museau que de l'angle operculaire, mais il est bien plus près du préopercule que du museau. Les narines sont grandes, en avant de l'œil et plus près de lui que de l'extrémité du museau. L'ouverture des ouïes est très grande. L'origine de la dorsale est juste au-dessus de la naissance de la ventrale et plus près de la racine de la caudale que de l'extrémité du museau. Les deux premiers rayons sonl appliqués contre le troi- sième, très fort dépassant légèrement en hauteur les rayons mous et armé de deux séries de dents qui vont de sa base aux ([uatre cinquièmes de sa hauteur. Les faces latérales de ce rayon sont unies. Les rayons mous de cette nageoire sont très espacés et très résistants. La caudale, longue, est fortement échancrée. La pectorale, courte, n'atteint pas à beaucoup près la base de la ventrale. Celle-ci arrive jusqu'à la troisième série d'écaillés avant l'ouverture anale. La ventrale naît en arrière de la dorsale. L'anale est longue, ses rayons sont très espacés et forts ; son extrémité n'arrive pas. jusqu'à la racine de la caudale. Ce poisson atteint rarement 45 centimètres de longueur, la plupart des échantillons péchés par moi n'avaient que 30 à 35 centimètres. Il est argenté, verdâtre sur le dos et argenté dans la région abdominale; les joues sont argentées bleuâtres. Toutes les nageoires sont d'un gris légèrement verdâtre. Cette espèce, mise dans l'alcool, devient généralement, après un certain temps, d'un noir violacé tout a fait spécial. Les écailles latérales sont grandes ; celles placées entre la pectorale et la ventrale sont petites, et celles placés entre la pecto- rale et les ouïes sont encore beaucoup moindres. Habitat. — Ce poisson est extrêmement abondant dans le lac de Tibériade, où l'on peut en prendre un nombre prodigieux en quelques coups de filets. Ann. Mus. III. ^* 164 POISSONS ET REPTILES DU LAC DE TIBÉRIADE Je ne l'ai pas trouvé dans le lac Iloulèh. Dans le Jourdain, le Barbus longiceps est commun à partir du lac de Tibériade jusqu'à l'embouchure du fleuve près de la mer Morte; mais, dans les eaux courantes, il atteint une taille infiniment moins considérable que dans le lac. Il résiste pendant longtemps aux influences des eaux salées, aussi le rencontre-t-on encore en très grande quantité à l'embouchure du Jourdain à 35° 48' 30 " long. Est, et 31° 46' lat. Nord, dans une- eau fortement sau- mâtre qui fait rapidement périr toutes les autres espèces du fleuve. Les individus de cette dernière localité m'ont été envoyés par le frère Liévin. Nom arabe. — Dans l'histoire naturelle des Poissons, Guvier et Valenciennes disent que Bové a entendu appeler cette espèce Ahou Bousih. Jamais ce nom n'a été prononcé devant moi par les pêcheurs de Tibériade; mais tous, au contraire, se sont accordés à nommer Eseheri ce poisson très remarquable et très facile à reconnaître. La chair en -est bonne, et on en fait un grand usage dans la petite ville de Tibériade et dans les villages voisins. Genre PHOXINELLUS 1" PHOXINELLUS LIBANI, Lortet PI. XI, tig. 'i. D. 4L A. 9. V. 8. P. 14 Ligne latérale, 48. La longueur de la tête égale la hauteur du corps ; elle est contenue quatre fois dans la longueur totale, sans le caudale. La bouche est grande et protractyle. L'œil, petit, est plus près du bout du iuuseau ([ue du rebord de l'opercule ; son diamètre égale le cinquième de la longueur de la tête. Le museau est obtus et arrondi en avant de l'œil. La dorsale est étroite et haute ; elle est plus rapprochée de la naissance de la caudale que de l'extrémité du museau. La caudale est longue ; son bord pos- térieur forme une échancrure concave arrondie. La peclorale est courte et basse, terminée par une pointe peu aiguë*. La ventrale commence au-dessous de la naissance de la dorsale ; elle est arrondie en arrière. L'anale située immédiatement en arrière de l'oritice anal est courte et presque rectangulaire. 1 C'est par uri'eur que le dessinateur a représenté cette nageoire terminée par une extrémité aiguë. l'OlSSO.XS HT UKPriLKS 1)11 LAC DK TI IJIÔRI ADR 163 Ce poisson atteint queiquofois G centimèti'es 1/2 de longueur, mais la plupart des milliers d'échantillons quo j'ai eus entre les m lius ne dépassent pas 4 à 5 centi- mètres, _v compris la caudale. Le dos est d'uu l)run foncé presque bleu, llnn bande d'un bleu ardoisi; prend naissance en arrière de l'opercule, et se continue en ligne droite, au-dessus de la ligne latérale, jusqu'à la naissance de la caudale. la pirtie du c )rp-; plar^ée au- dessous de cette ligue est argentée et rosée. Les nageoires sont jaunes et le front bleuâtre. Les dents pharyngiennes sont au nombre de 9 (5 -h -i). Les narines sont très grandes, placées au sommet de deux mamelons coniques très saillants, chargés de granulations pigmentaires très noires. Habitat. — Cette charmante petite espèce se trouve en quantité innombrable dans le lac alpestre de Yammouni situé à l'altitude de l.OôO mètres, sur le versant sud du Liban, entre Afka et la plaine de Ba'aU)ek. liorsquelo lac Yammouni se vide par un écoulement iulenuitteut qui a lieu chaque année a la même époque, les Phoxinellus Libani se réunissent dans les ruisseaux d'alentour et dans le réservoir central qui reste toujours rempli d'une eau limpide. Là, les habitants du petit hameau de Yammouni les pèchent par milliers de kilogrammes et les vendent dans les villao-es et les couvents du pays de Becharra, dans le Liban, à raison de 0 fr. 40 à 0 fr. 50 le j5a^^/^ (cinq livres). Sa prodigieuse multiphcation, dans l'espace de quelques mois, semblerait indiquer qu'il est le seul habitant des eaux du lac et qu'il n'a d'autres ennemis que l'homme. 2" PHOXINELLUS ZEREGI, iieckel Phoxinellus Zeregi, Heokei,, Fische Syriens, p. 73, et Atlas, VI, fig. 3. Leuciscus Zeregi, Gunthër, Catalogue ofthe Fiskes, vol. VII, p. 220. 1). 10. A. '.). V. 7. Ligne latérale, 57 — 63 Bouche placée très en avant; michoire supérieure recouvrant à peine la mâchoire inférieure; le corps est un peu comprimé, et sa hauteur est presque égale à la longueur de la tète, laquelle est égale à un quart de, la longueur totale du corps, sans la caudale. Les flancs et le ventre sont argentés. Le long des côtés s'étend une bande bleuâtre. Dents des l'ateaux branchiaux très courtes et peu nombreuses. Présence de pseudobranchies. Dents [)haryngiennes 5 — 5, légèrement com- primées, uncinées. 166 POISSONS ET REPTILES DU LAC DE TIHHKIADE Longueur : deux pouces et demi. (Gûnther. Ouvrage cité). Habitat. — Trouvé dans le lac de Tilîériade par M. Tli. \V. Beddome. Je n'ai jamais vu cette espèce dau'^ le lac de Tibériade ou j'ai cependant fait des pêches nombreuses dans deux voyages différents. M. Gûnther la reçue aussi d'Alep. Genre LEUCISCUS 1° LEUCISCUS TRICOLOR, Lortet PI. XII, fi-. 2. D. 10. A. i:^. V. 8. P. 13 Ligne latérale, (ÎO La longueur de la tête égale la hauteur du corps ; elle est comprise trois fois et demie dans la longueur totale, sans la caudale. La bouche, moyenne, a une direction très oblique ; la mâchoire inférieure est projetée en avant de la supérieure. Les dents pharyngiennes sont au nombre de 5 — 5. L'oeil est grand; son diamètre dépasse le quart de la longueur de la tête. Il est placé à une distance égalant son diamètre, en arrière de l'extrémité du museau dont il est plus rapproché que de l'extrémité de l'ojtercule. Les dents pharyngiennes sont placées sur un seul rang; elles sont minces, mais longues. La première est arrondie, et présente un léger crochet; les quatre autres sont plus allongées, armées aussi d'une apophyse. En général, les [iremières ne sont point usées; les deuxième et troisième, à cause de l'usure, ne montrent quelquefois plus leurs dentelures, tandis que les quatrièmes et cinquièmes les possèdent ordinairement intactes. La dorsale, très haute en avant, très basse eu arrière, a son ori^'ine à é^ale distance entre l'extrémité du museau et la racine de \\ caudale. Celle-ci est profondément divisée. La pectorale, étroite et aiguè, atteint à peine la base de la ventrale. L'anale, dont la naissance est un peu en arrière du bord postérieur de la dorsale, est terminée suivant une ligne courbe concave. Les écailles sont pelites ; celles de la ligne latérale et des flancs ont à peu près la même forme, seulement les [iremières sont un peu plus grandes que les secondes et })resque rondes. Les plus grands individus de cette espèce atteignent S centimètres 1/2 de longueur, la caudale comprise. POISSONS v.T ui:i»riiii;s di; l.m: di', ti innu.VDH irt La coloration de ce poisson est livs i-oinarquahlo sur le vivant : le dos est d'un l)run loui'.' tirnul l'ni-tciiicnl sur le rouiie. Une li^nc ardoisée, d'un bleu de ciel chez les jeunes, suit le corps liorizoutalemeut le Inni;- de la Yi'^nc. latérale, de l'opercule à rori"ine de la caudale. Toute la partie du coriis inférieure à cette ligne est d'un blanc rosé et nacré avtv des reflets irisc's superbes. Les nageoires sont d'un jaune argenté. IlAurrAT. — Les lacs à l'est de Damas, le Bahr Ateibèb. le Bahret el Ilijanèh, le Baret B;\la et le Matkli Br;\k. Observations. — Cette espèce est très commune ; on la prend au printemps en grande quantitc' ]iour la vendre an marclié de Damas. Je n'ai pu savoir son nom arabe. 2" LETCISCUS LKIMDI'S, Kunter ri. \iii. 11-. :!. Leuciseus Icpidus, Guntheb, Catalogue nf Fishes, vnl. \II, p. 226. Squalùis Irpùfus, Heckkl Fisclie Si/rims, ]>. 89, iH Allais, |>l, X. fi?. 2. D. 11. A. 13. V. 8. P. 14. Ligne latérale, 48. La longueur de la tète égale la hauteur du i'or[)s; elle est comprise quatre fois dans la longueur totale, sans la caudale. La bouche, très grande, s'étend eu arrière du préorbital ; elle est très protractyle, et lorsqu'elle est ouverte, la mâchoire infé- rieure dépasse notablement la supérieure. L'œil, grand, est plus près de l'extrémité du museau que du bord de l'opercule; le ])f)r(l du préoperculc est plus près de l'œil que celui-ci de l'extrémité du museau. L'opercule est arrondi en arrière ; l'ouverture des ouïes est très grande. L'espace interorbitaire est égal au diamètre de l'œil. Les dents pharyngiennes placées sur deux rangs sont légèrement crochues et dentelées sur les bords; la première ligne en compte cinq; la seconde, un. L'origine de la dorsale est plus près de la racine de la caudale que de l'extrémité du museau. Cette nageoire est très haute en avant, basse en arrière La caudale, courte, étroite, est profondément échancrée. La pectorale, courte et étroite, n'atteint pas la base de la ventrale, La ventrale arrondie arrive jusqu'à l'orifice anal. L'anale, très basse, jirend naissance immédiatement après l'orifice anal et commence un peu en avant du bord postérieur de la dorsale. La ligne latérale, très inclinée au-dessus de la pectorale, remonte ensuite au-dessus de l'anale pour se terminer au milieu de la racine de la caudale. Ce poisson atteint une longueur de 10 à 12 cantiraètres, lorsqu'il est adulte. Il est 168 POISSONS ET REPTILES DU LAC DE TIBERIADE d'un brun bleuâtre sur le dos et argenté jaunâtre sur le ventre. Les nageoires antérieures sont argentées, la caudale d'un gris bleuâtre est terminée par une teinte noirâtre. Habitat. — Ce poisson a été découvert par le botaniste voyageur Kotschy dans le Tigre, près de Mossoul. Je l'ai trouvé dans le Nahr el-Arab, près de Lattakièh, petite rivière qui forme la limite entre les populations turques, au nord, et les Arabes, au sud. Nom arabe. — Les habitants des bords du Tigre le connaissent sous le nom de Baraan. Genre RHODEUS RHODEUS SYRIACUS, Lortet PI. XII, Hg. 3. D. 10. A. 8. V. 7. P. 14. Ligne latérale, 48-49. La tête, petite, n'est égale qu'aux deux tiers de la hauteur du corps; sa longueur est comprise environ quatre fois dans la longueur totale, sans la caudale. La bouche est petite, à direction oblique ; la mâchoire inférieure dépasse légèrement la mâchoire supérieure. L'œil, grand, a un diamètre égal au quart de la longueur de la tête ; il est placé plus près de l'extrémité du museau que du bord de l'opercule. Les narines sont grandes et situées en avant et un peu au-dessus de l'œil. Les dents pharyngiennes sont au nombre de 5-4; elles sont disposées sur une seule rangée, courbées en forme de crochets et légèrement dentelées. La nageoire dorsale est étroite et haute ; sa naissance est placée plus près de la racine de la caudale que de l'extré- mité du museau. La caudale est courte, peu échancrée; son échancrure forme un angle très obtus. L'anal placée immédiatement après l'anus, prend naissance aux deux tiers de la longueur du corps, bien en arrière de la dorsale. Son bord postérieur est légèrement convexe. La ventrale, très étroite, à bord postérieur conve.xe, est placée plus près de l'anale que de la pectorale; sa base se trouve en avant de la dorsale. La pectorale est large, mais courte ; repliée en avant, elle atteint l'angle de lalbouche. Ce poisson ne dépasse pas 9 1/2 centimètres. Il est coloré en jaune brun sur le dos; une bande bleue ardoisée va de la naissance de la ligne latérale à POISSONS KT RKP'l"n,i;S Dtl LAC ])K T 1 1! !•; UI VDF, 100 h rncino do la catulalo. L'abdomeii est jauiiAtrc ai'o;enté. Les nafreoires sont grisâtres. IIaiutat. — FiCS lacs situés à l'est de Damas : Rahret ol-Ateibèh, le Bahret el-llidjaiièh et le Bahret BAla. d'où il m'n ('ti' envoyé par M. Savoye. Je l'ai aussi péché en iirand noinlirc dans la source de Ba'albek dans la Caelesyrie. Genre ALBURNUS 1" ALBURNUS SKLI.AL, Heckei. l'I. XVI, lig. 2. Albumus sellai. Heckbl, Fische Syriens, \i. 'J2, fX Atlas, |)l. XI. (ig. I. — (iu.NTHEit, Catalogue of the Fishes, vol. VII, p. 31G. D. 10. A. 15. V. 9. P. 14. Ligne latérale, 70. La longueur de la tète est légèrement [iliis courte (jue la hauteur du corps; elle est contenue quatre fois et un quart dans la longueur totale, sans- la caudale. La bouche est petite et la mâchoire intérieure se cache sous la supérieure. L'œil est grand, son diamètre mesure un tiers de la longueur de la tète, il est plus près du bord du préopercule que de l'extrémit»' du museau. Les dents pharyngiennes, au nombre de 5-5 placées sur une seule ligne, crochues et légèrement dentelées. L'ouverture des ouïes est très grande. La distance inter-orbitaire égale le diamètre lie l'œil. La naissance de la dorsale se trouve au point le plus élevé de la ligne dorsale ; elle est à égale distance de l'extrémité du museau et de la naissance de la caudale ; le dixième rayon égale le tiers du troisième. La caudale, longue, profondément divisée, est écliancrée à angle aigu. La pecto- rale, assez longue et large, atteint la quatrième série d'écaillés avant la ventrale. Celle-ci est étroite et atteint, lorsqu'elle est relevée, l'orifice de l'anus. L'anale, large, mais très basse en arrière, se termine à égale distance de l'anus et de la racine de la caudale. Le dos, d'un brun rouge, présente une bande ardoisée au-dessus de la ligne latérale. L'abdomen, d'un blanc nacré, est recouvert d'écaillés très petites. Les joues sont argentées, les nageoires d'un verdàtre argenté. Ce poisson atteint en moyenne une longueur de 15 centimètres depuis le museau jusqu'à l'extrémité postérieure de la caudale. Habitat. — Je l'ai péché dans le hv de l'ibériade. mais il est peu conunun. 170 POISSONS ET REPTILES DU LAC DE TIBERIÀDE 2° ALBURNUS VIGNONI, Lortet PI. XVI, flg. 3. D. 9. A. 13. V. 8. P. 14. Ligne latérale, 56'. La longueur de la tète est moindre que la hauteur du corps ; elle est contenue trois fois et demie dans la longueur totale, sans la caudale. La bouche, de grandeur moyenne, a une direction très oblique ; la mcàchoire inférieure est légèrement pro- tractyle. L'oeil, grand, a un diamètre égal. au quart de la longueur de la tête. Le bord de l'opercule est très large. L'ouverture des narines est saillante, placée près de l'œil. L'espace interorbitaire est égal à deux diamètres oculaires. Les dents pharyn- giennes au nombre de 5-5 sont courbes à la pointe et présentent de légères dente- lures. La dorsale, haute, prend naissance un peu en arrière de la ventrale; son origine est plus près de la racine de la caudale que de l'extrémité du^ museau. La caudale est très échancrée; l'échancrure fait un angle très obtus; la racine de la caudale est recouverte de petites écailles disposées au demi-cercle. La pectorale est longue, très arrondie à son bord inférieur. La ventrale est large, son bord postérieur est arrondi ; elle est placée beaucoup plus près de l'anale que de la pectorale ; son extrémité, lorsqu'on la relève, atteint l'orifice anal. L'anale est large et prend naissance en arrière de l'ouverture anale, sa base est d'un rouge très vif, tandis que le reste de sa surface est jaune clair. La pectorale et la ventrale présentent la même coloration. Les écailles des flancs sont larges, celles de l'abdomen très petites. Le dos est bleu violacé à reflets métalliques, les parties latérales sont argentines et passent au jaune sous l'abdomen. Les écailles de la ligne latérale sont tigrées de points violets. Ce poisson, y compris la caudale, a une longueur de 14 centimètres, son corps est haut, proportionnellement à sa longueur ; cette hauteur et sa coloration très belles permettent de le reconnaître très facilement. Habitat. — Cette espèce est commune dans les lacs à l'est de Damas: le Bahret Ateibeh, le Bahret el-Hidjanèh, etc. POISSONS I-:T HKl'TU-KS DU L\n I)K Tl lîKR I.VDE ITt Genre NEMACHILUS 1" NE.MACIIILUS LliONTlN-E, Lortet PI. XVIII, Hg, 1. 1). !i. A. 7. V. :.. P. 11. La tête, arrondie, est forteaient relevée, ce qui donne à ce poisson un i)rofil tout à fait bizarre. La longueur toujours, ainsi (]iie itlusienrs espèces "Voisines, dans les sources fortement salées. Le Révérend Tristram l'aconte qu'à la base (lu ^^ ady Zouweirali. non loin de Jabel Usdouni, la petite plaine située entre les collines et le rivage est couverte do Salicornia fniticosa croissant dans un marécage alimenté par d'innombrables sources salées suintant à travers une vase épaisse et (onnant plusieurs mares peu profondes animées par des myriades de Cyprinodon miimscules. M. Ti'istram put les prendre avec son mouchoir, et pendant cette pêche aucun de ces petits poissons n'essaya de descendre le fil de l'eau jusqu'à la mer. Pendant la nuit, une demi-douzaine furent mis dans un vase rempli de l'eau salée de la source, et un nombre égal, dans nu autre récipient renfermant de l'eau de la mer Morte. Le lendemain, les premiers étaient tous très vivants, tandis que tous ceux qui étaient plongés dans l'eau du lac étaient sans vie, le ventre en l'air. Dans ces mares, il y avait d'innombrables fourmilières de larves de moustiques qui servent de pâture aux Gyprinodons. M. Louis Lartet a remarqué que cette lagune alimentée jiar la source chaude et salée était souvent inondée par l'eau de mer ; aussi, quoique la composition et la densiU; de l'eau de cette lagune se rapprochent beauemip de celles de la mer Morte, les Cyprinodons ne paraissent nullement affectés })ar la grande salure de ces eaux, « Après avoir recueilli des poissons, dit M. Lartet, nous les transportâmes dans une cuvcitte rerapli(î de l'eau do la lagune. Ayant placé ensuite près de cette cuvette un autre vase d'une eau puisée à la surface de la mer ^lorte, nous pûmes ainsi constater qu'en faisant passer successivement chaque poisson de la première cuvette dans la seconde, ils perdaient tous la vie après une immersion de quelques instants. L'eau de la lagune a pu être analysée par M. Terreil; le chlorure de sodium s'y trouve en une proportion [dus considérable, relativement â l'clle du ehlorure de magnésium, que dans les eaux de la mer Morte, et c'est sans doute grâce au peu d'abondance de ce dernier sel dans l'eau de la lagune, que les poissons peuvent \ vivre. En effet, à l'embouchure du Wadi Mojeb, les Cyprinodons s'avancent assez loin dans la nier jusqu'au point où la densité est déjà de 1.1150 et où les eaux renferment une forte proportion de brome, ce qui prouve bien que la mort do ces animaux n'est pas due seulement à la présence de cette substance'. » ' Louis Lartet, Salure de rciiii de la mer Morte, iii liuHiiin de lu Société Géolojique de France, t. XXII, p. 71î». 178 POISSONS ET REPTILES DU LAC DE TIBÉRIADE Des faits analogues se passent au lac Van dans la haute Arménie. Au moment de la fonte des neiges, une nappe d'eau douce, moins dense, s'étend sur une grande partie du lac. Des myriades de poissons nagent alors à la surface jusqu'à ce que les phéno- mènes de la diffusion, ayant rendu ces eaux saumâtres, fassent périr ces animaux par milliers et forcent les survivants à se retirer dans les cours d'eau du rivage. Lorsqu'on voit nager dans les sources salées et chaudes de la Syrie les four- milières serrées des petits f'ijprinodon, on ne peut s'empêcher de penser aux magnifiques plaques du calcaire tertiaire d'Aix en Provence, portant souvent, sur quelques décimètres carrés, des centaines d'empreintes d'une espèce similaire, le Lebias cephalotes d'Agassiz, ou à celles provenant du calcaire crétacé de Hakel, dans le Liban, présentant aussi des myriades du petit Clupea minimo, Agassiz. Ces poissons mimiscules des époques passées ont dû vivre dans des conditions analogues à celles où se trouvent actuellement les Gyprinodons, c'est-à-dire dans des sources, des lagunes fortement chargées de matières salines en dissolution. Les bassins habités par ces espèces ayant été brusquement envahis par des eaux chargées de principes toxiques, ont laissé déposer en immenses quantités les cadavres des poissons qui ont été fossilisés rapidement entre les couches minérales formées dans ces eaux sursaturées. Ainsi peuvent se comprendre l'abondance excessive de ces fossiles et l'admirable conservation qu'ils présentent le plus ordinairement. Je me permettrai de rappeler ici que le Lebias cephalotes d'Aix en Provence est une espèce très voisine du Cyprinodon dispar. Cuvier, peut-être avec raison, avait conservé le nom de Lebias pour les Cyprinodon, actuellement vivants. Le Lebias C(?/)/««fo/t^5', est bien positivement un vrai Cyjjrinodon, très voisins de plusieurs formes actuellement répandues dans les sources chaudes et salées de l'Asie occi- dentale et du nord de l'Afrique. 3' CYPRINODON SOPHLE, Heckel Lebias SophiiV, Hegkei-, Fischr Si/rlr)i<:, p. 16") et Atlas, pi. XXll, iî;,'. 2. Cyprinodon Sophiie, Gunther, '^'it.xloi/ue of t/i.e Fislics, vol. VI, |i. 304. D. 11-12. A. 10-12 V. 6 Ligne latéi-ale, 26; ligne transversale, 7. La hauteur du corps est conUMiue trois fuis et demie, la longueur de la tête est trois fois et un tiers dans la longueur totale, sans la caudale , museau très obtus, tronqué, la mâchoire inférieure étant dirigée verticalement en avant. Le diamètre de l'œil est pins grand que la longueur du museau, et égal à un tiers de POISSONS KT HKI'TII.KS DU LAC DK Tl HKKI A I) K 170 la lonr>uour do la tête, et pas beaucoup moindre quo la largeur de l'espace inter- orbitaire. La dorsale et l'anale, de grandeur moyenne, sont cependant plus hautes chez les mâles que clicz les femelles. Chez les mâles, aussi bien que chez les femelles l'origine de la dorsale est placée au milii'u d(; la distance, qui sépare l'origine de la caudale et l'œil ; elle correspond ;i la onzième écaille de la ligne latérale; elle est immédiatement en arrière de la verticale passant à l'origine de la ventrale, laquelle est légèrement plus rapprochée de l'extrémité du museau que de la base de la caudale. Le premier rayon de l'anal est au-dessous du quatrième de la dorsale. La mâchoire inférieure est à peu i)rès aussi longue que le diamètre de l'œil. Le mâle est d'un l)run verdàtre foncé avec des raies argentées sur la portion caudale du tronc. Les nageoires sont noires, la dorsale et l'anale présentant e séries obliques de points noirs. La femelle et les jeunes sont d'un brun verdàtre plus pâle avec de nombreuses rayures argentées, verticales sur les flancs. Les nageoires sont transparentes et incolores. La longueur des adultes est environ de un ponce et un quart (Giinther, op. cit.). Habitat. — lue source voisine d'Ain Feshkhah, sur la rive nord-ouest de la mer morte ; les petits ruisseaux qui se jettent dans la mer Morte ; les sources chaudes et salées, près de Djebel Usdoum à l'extrémité sud de cette mer. Les échantillons types, décrits pour la première fois par M. Heckel, provenaient d'une source saline située non loin des ruines de Persepolis. FAMILLE DES MURENIDyE Genre ANGUILLA ANCriLLA VrLUARlS, Guntheu AnguiUa vulgarU, GÙUTHE^., Cat.i'ojm of ik^ Fhlics, vol. VIII, p. 28. Anfjuilla microptera, Kaup, Apod., p. 32. — Tmsjn.\yi, Land of Israël, p. '.)9. La longueur de la tête est contenue une fois et demie ou une fois et un tiers dans la distance qui sépare l'ouverture des ouïes de l'origine de la nageoire dorsale, et deux fois et un tiers ou deux fois et deux tiers de ce même point jusqu'à Torifice Ann. Mus. ni. 23 180 POISSONS ET REPTILES DU LAC DE TIBERIADE anal. La distance qui sépare les origines des nageoires dorsale et anale est aussi grande ou un peu plus grande que la longueur de la tête. La mâchoire inférieure est proéminente. L'angle de la bouche est placé au-dessous de l'œil. Celui-ci est peu considérable ; son diamètre est plus petit que la longueur du museau. Les dents maxillaires sont d'égale grandeur et fines. La queue est grande, plus longue que le corps. Habitat. — M. Janowski a trouvé cette espèce dans le Nahr el-Arab, près de Lattaquièh; M. Chantre l'a pêchée dans le lac d'Antioche, où elle est commune. M. Blanche me l'a envoyée du Nahr Bashas, près de Tripoh. Je l'ai prise moi- même dans la partie inférieure du Nahr Ibrahim (Adonis) et du Nahr el Kell) (Lycus). M. Tristram l'a pêchée dans le petit fleuve Kishon, près de Haifa. Nom arabe. — L'anguille se nomme en arabe AnkUs, qui est évidemment le nom français arabisé (M. Blanche). Observations. — L'anguille de Syrie et de la Palestine m'a paru, après l'examen de très nombreux échantillons, être absolument la même que celle de nos pays. La seule différence que je puis signaler est que très souvent la nageoire dorsale pré- sente sur le vivant une coloration jaune très prononcée. Cette espèce atteint dans le lae d'Antioche de très grandes dimensions, il n'est ' point rare d'en pêcher qui ont plus de i m. 50 de longueur. A mon grand étonnement, je n'ai jamais trouvé l'anguille dans le lac de Tibériade ou dans le Jourdain. Les Arabes ne mangent que très rarement ces poissons qui leur répugnent à cause de leurs formes de serpents. POISSONS DR SYRIE RKCUEILLIS Par m. ERNEST CHANTRE K N 1 8 H 1 •K.XDLNT SA MISSION SCIENTIFIQUE EN MÉSOPOTAMIE, DAXS I.'ARMl'lNlK KT LE KIIHIIIST\N Ces espèces ont été déterminés par M. Sauvage qui en a donné la liste suivante dans le Bulletin de la Société 2ihilomaUqiie de Paris, année 1881-1882, vol. VI. p. 163. i^MastaceinbelusAleppenfiis, Bl. — Le Tigre, à Diarbekir. 2° Clarias Ot^ontis, Giinther. — L'Oroiite, à Hammah. 3° Clarias Syriacus, Cuv. et Val. — En Syrie. Sans localité. Rapporté pour la première fois par le botaniste Bové. A° Hi/pselobagri(s Aleppensis,C.Y. — I/J canal de l'Oronlc à Antioche. Lac d'Anioche. 5° Cnpoefa unibla, Ileckel. — L"Euplirato, à Bircdjik. Q° Barbus ccanthopterus, Heckel. — L'Eupbrate, àBiredjik. T Barbus barbulus, Heckel. — L'Oronte, à Hammah ; le canal de l'Oronte à Antioche. S" Barbus Kersin, Heckel. — L'Oronte, à Hammah. 9° Barbus Lorteti, Sauvage. — Lhc d'Antioche; le canal de l'Oronte à Antioche. 10° Barbus grypus, Heckel. — L'Euphrate, à Bircdjik. 182 POISSONS DE SYRIE i[° Labeobarhtis Chantrei, Sauvage. — Hanimah; lac d'Antioche ; canal de rOronte à Antioche. 12° Labeobarb us Orontis, Sauvage. — Le canal de l'Oronte à Antioche. i3° Labeobatims Evjjhrafi, Sauvage. — L'Euphrate. à Biredjik. iA° Barynotus lufcns, Heckel. — Alep ; le canal de l'Oronte à Antioche. i^° Banjnolus (dhns , YiecVeX . — Le lac sacré d'Abraham, à Orfa. 16° BiscognatKS variabilis, Heckel. — L'Oronte, à Hommah ; lac d'Antioche; le Nahr el Kuek à Alep. 17° Cyprin ion macrostomus, Heckel. — Le Nahr el Kuek, à Alep. 18° Squolins iurcicus, Fill — L'Oronte, à Hommah; lac d'Antioche, canal de l'Oronte à Antioche. i^° Albv.rnus Sellai, Heckel. — Le Nahr el Kuek, à Alep ; l'Oronte, à Hammah. 20° Alhurnus 2')aJ!idiis, Heckel. — Le Nahr el Kuek, à Alep. 21° Alburmis Orontis, Sauvage. — L'Oronte, à Hammah. 22° Chondrosfoma reyiimi Heckel. — L'Oronte, à Hammah; lac sacré d'Abraham, à Orfa. 23°Nemachiliis aryyrograrnma, Heckel. — L'Euphrate, à Biredjik. 24l° A^iguilla vulgaris, Turt. — Lac d'Antioche. REPTILES Je donne ici une siinpli; liste de? reptiles rencontrés Dendant mes voyages en Syrie, avec l'indicatioii exacte des localités oii ils ont été trouvés, et quelques observations sur certaines espèces intéressantes. 1. OPIIIDIA 1° T)/phlops Syriacus, Jau. — PL XLX,. fig. 1. — Tète petite, non distincte du corps ; celui-ci cylindrique, la queue (ionique très acuminëe et faiblement recourbée. La pai^tie antérieure du corps a un diamètre moindre que la partie posté- rieure. Flaque rostrale, liaut(^ légèrement infléchie de chaque côté au niveau des narines percées dans la plaque nasale. Œil petit, rond, élevé; la plaque oculaire forme un petit rebord au-d('s>iis de l'oeil. Mâchoire supérieure proéminente; l'extré- mité de la mâchoire inférieunï est au-dessous et en arrière des narines. Les écailles |)etites et lisses, plus largv^s ([ui- longues; celles de la première moitié du corps sont hexagonales, les autres carrées avec le côté postériciu" arrondi. Il va vingt-trois rangées longitudinales et envirau quatre cent vingt transversales. L'extrémité de la queue est enfermée dans une squame terminale et spiniforme. Une teinte fauve recouvre tout le cor[)s, le dos est un peu plus foncé. Habitat. — Cet animal vermiforme n'est point rare en Syrie. Je l'ai trouvé entre Haifa et Nazareth, et à Tibériade. 11 vit le jour sous les pierres, et senilole fuir la lumière. C'est probal)lement un animal nnelure. J'ai [)U m'assurer par l'examen des matières renfermées dans son estomac ([u'il ne se nourrit que de vers et de très petits insectes. M. Chantre l'a rapporté de MerJj Rhian, près d'Orfa. 2" Eryx Jaculus, Daud. — Lattakièh, sous les pierres. Jaunâtre assez clair avec 184 POISSONS DE SYRIE (les taches brunes. Cet animal, rampa avec une gramle rapidité, aussi est-il fort difficile à atteindre; il se nourrit de vers et de coléoptères. 3° Mici-elaps Malleri, Boëttger. — PI. XIX. fig. 2. — Tète à peine distincte du corps, large et plate; bout du museau arrondi, corps cjdindrique, queue courte et conique. La bouche est grande, les narines latérales percées dans la plaque nasale. La plaque rostrale est trapézoïdale ; la première paire internasale presque carrée; la seconde paire rectangulaire. Pas de préoculaires proprement dites, une post-oculaire. Les plaques interoculaires sont carrées et très petites. Les troisième et quatrième sus-labiales limitent le bord inférieur de l'œil qui est très petit et à pupille ronde. Il y a sept sus-labiales et sept sous-labiales. Les écailles sont petites et lisses, les rangées longitudinales sont au nombre de 15. Gastrogènes 256+1 anale (louDle. Ui'ostèges 32 sur 2 rangs. Le corps dans sa longueur est annelé par des taches blanches et noires, ces dernières plus larges. Longueur totale, 408"""; longueur de la tête, 9'"'"; longueur du tronc, 362"""; de la queue, 37'"™. Habitat. — Cette jolie petite espèce se voit assez fréquemment dans les environs de Lattakièb. M. Boëttger la signale à Jérusalem. 4° Rhi/nchocalamus inelanocejjhaliis, Jsiïi. — J'ai trouvé cette charmante espèce au-dessus de Jéricho, sous les pierres où elle est fort commune. Les cigognes en détruisent une grande quantité comme j'ai pu m'en assurer en 1875. Je l'ai rapporté des environs de Lattakièh et des bords du lac de Tibériade, en 1880. Vivant, l'animal est d'iui beau jaune citrin très clair. Dans l'alcool, il prend rapidement la teinte du vieil ivoire. Sur le vivant, la tache n'est point noire, comme l'indique son nom, mais d'un bleu superbe avec un éclat métallique très prononcé. Dans l'alcool, la tète devient noire. 5° Homalosoma coronelUt, Jan. — PI. XIX, fig. 3. — Museau arrondi; tête petite, bordée en arrière par un collier rouge brun entourant complètement le cou; cette tache large en dessus, étroite en dessous, limite les gastrogènes. Tronc subcylin- drique offrant presque le même diamètre dans toute sa longueur. La queue, très courte, petite, est terminée en pointe; narines latérales, petites, percées au miheu de la plaque nasale. Une préoculaire, une post-oculaire. Yeux protégés par les interoculaires formant bourrelet. Ecailles losangiques sur le dos, presque carrées sur les flancs Une coloration brun jaunâtre assez foncée, recouvre le dos. Des taches d'un rouge brun disséminées irrégulièrement sur le dos et sur les lianes. Les plaques abdominales sont toutes marquées par deux ou trois points brun clair. Il y a une large tache sous l'œil. Les écailles sont disposées sur dix-sept rangées longitudinales; 123 gastrogènes, plus une anale double ; 124 urostèges sur deux rangs. La longueur totale est de 238"""; de la tète, 12"^™; du tronc, 29"'"; de la queue, 36 """. l'DlSSO.XS Kl'', SYKIK 1S5 Habitat. — J'ai trouvé cette espèce à IIaslKn"ii. au milieu des ronlici-s du (irand Ilornion et dans les environs de 'l'yr. Cet animal habite sous les pierres et rampe av(>c une très grande agiliU". 6» EireniscoUaris, Jan. — Entre le Nahr el Kebir et la mer, près de Lallakièh; (Var. inornata) entri- Aulidclie d Alep, à Dana (M. Chantre); (Var. (lecemli- neata) au bord (Ui lac de Tibériade ; à Ilanaouèh, près de Tyr. Ce serpent vit au miliiMi des Inutes herbes dans les endroits humides. 7° Eirenis Rot/u'i. ,lan. — Sons les pierres, à Sidon. Ce petit serpent, d'un jaune citron, présente sur le dos des reflets bleuâtres, qui disparaissent rapidement après l'iminersion dans l'alcool. 8° Zamenis viridifiaoïis, Latr. — Cette grande et belle espèce qui atteint une taille considérable est assez commune en Syrie. Je l'ai rapportée de Tibériade, de Ilanaouèh, près de Tyr, et de Beyrouth. Je l'ai vue en grande quantité sur les flancs herbeux du mont Tabor. Elle se nourrit de reptiles, de petits mammifères et d'oiseaux qu'elle sait très bien aller chercher dans les nids comme j'ai pu le voir moi-même au mont Tabor. Sur un Zizyphus spina-Chrisli, j'ai sur[)ris un grand individu de cette espèce en train de dévorer les jeunes Passer Salicicola encore dans les nids. C'est pour se mettre à l'abri de cet ennemi redoutable que cet intelligent moineau se construit une habitation sphérique avec une ouverture inférieure par laquelle les serpents ont beaucoup de difficultés à pénétrer. A Tyr et à Tibériade, j'ai trouvé Ac très gros individus de cette l'spèce qui pré- sentaient une couleur feuille de tabac très prononcée, uniforme, mais légèrement plus pâle dans la région abdominale. 9*^ Zamenis carbonarius , Bonaj). — Cette espèce, très commune en Syrie, atteint aussi des dimensions considérables et fait des morsures profondes, lorsqu'on veut s'en emparer. Je l'ai trouvée aux bords du lac Iloidèb, à Bejrouth et au lac de Tibériade. En Syrie, surtout dans les endroits chauds, sa coloration devient d'un noir intense. 10° Zamenis Dahlii, Fitz. PI. XIX fig. 4. — Tête étroite et longue ; yeux grands, à pupilles rondes. Une bande noire, au-dessus des sus-labiales, entoure le museau et se termine en arrièi'e de la bouche. Un collier noir cerclé d'une bande jaune en arrière de la tète. Corps subcylindrique, légèrement renflé vers le milieu de l'abdomen ; queue longue et fine. Narines latérales percées entre les deux plaques nasales. Deux plaques préoculaircs, la supérieure grande, l'inférieure très petite; deux plaques post-oculaires, l'inférieure très longue; la quatrième et la cinquième sus-labiales forment lo l)ord inférieur de» l'ieil. Il y a huit sus-labiales et 18g POISSONS DE SYRIE dix sous-labiales. Les écailles petites et lisses sont disposées de la manière suivante : 19 séries lono-itudinales ; 211 gastrogènes et anale double ; 107 urostèges sur deux rangs. Le dos est d'un gris fortement bleuté sur le vivant, marqué de taches noires bordées de jaune. Ces taches ne dépassent pas le tiers antérieur du tronc. La longueur du corps est de 805"""; celle de la tète 18'"'"; celle du tronc 546""" de la queue 241 ™"\ Cette jolie espèce habite les endroits humides au milieu des herbes et des brous- sailles. Elle se nourrit de vers et d'insectes. Je l'ai rencontrée à Beyrouth, le long du Nahr Beyrouth, et à Lattakièh, près des cours d'eau. 11» Treindonotus tesselatus, Laur. — Cette espèce qui atteint, en Syrie, une taille considérable est d'un gris verdâtre' maculé de taches noires. Elle vit dans les chardons et les o° Eremias yuttulald, D. et B. — Beyrouth. 9° Pseiidopus Pallasii, Guv. Lattakièh où cette espèce devient én(jrme. Nous en avons qui ont plus de 1 m. 50 de longueur et qui ont la grosseur del'avant-bras. Cet animal déploie une force extraoï'dinaire, lorsqu'on 1(> saisit, et mord avec violence. 10° Euprep.'s Sacignii, D. et B. — Ldfakièli. 11 ■ Euprep'-s septeintceniatus, Reuss. — Sidon, Lattrdvièli. 12° Plestiodon jjavinientatHS, GeofF. — Al'p {M. Chantre). 13° Plestiodon. Aldrorandii. Dum. et 15. — Lattakhièh, Sidon. 14° Seps ocellatus, Forsk. — Sidon, Tyr, Nazareth, Lattakièh, Tiberiade, Safed, Ilounin, Banias. 15" Gymnodach/lus scnher, 1), et P>. — Lattakièh. IG" Hemidacli/lus verruculatus, (^uv. — l^attakièh, Sidon, lîanias, Ain el-Moundawara, près de Tiberiade. 17" Plat}jdactjjlus'$>\\. — Bords du lac de Tiberiade. iS" Againa mutahilis, 1). — Ba'albek, lac Houlèh, Dimas près de Damas; Orfa (M. Chantre). 19" Stellio vzdgnns, Latr. — Partout très abondant, depuis le golfe d'Alexan- drctte jusqu'à Jaffa et sur les bords de li mer Morte. Se tient sur les rochers et fréquemment sur les troncs des gros arbres. 20' Chameleo vulgaris, Daud. — Très cimanui dans toute li Syrie, mais surtout dans la valléj du Jourdain. Dans la pliine de Gennézareth, près de Tiberiade, il atteint une très grande taille. Ann. Mus. HI. l'i 188 POISSONS ])K SYRIE 3" CHELONIA 1" Ti'sfifd'i mnuritanica {Ihera, Palhs). — M. Chantre a rapporté cette espèce de la Crimée et de toutes les régions chaudes du Caucase, de Tiflis, d'Erivan, de Bayazid, des rives du lac Van. Je l'ai trouvée à Smyrne, au cap Chelidonia, à Adalia, à Pompéiopolis, à Mersina et à Alexandrette, en Asie Mineure. Je l'ai vue dans toute la Syrie, depuis Alexandrette jusqu'à Port-Saïd, à Alep, Iloms, Haniah (Chantre), Palmyre; dans toutes les plaines cultivées et dans les déserts des environs de Damas, dans la Cœlesyrie, à Ba'albek, dans le Liban et l'anti-Liban, sur le grand Hermon. dans la vallée du Jourdain, sur les bords du lac de Tibériade dans le Hauran, le Djaulan, le pays de Moab. En Syrie, elle ne dépasse pas ix l'ouest la mer Morto et Hébron; elle ne se voit ni en Egypte, ni dans la Delta, ni dans le petit Désert. Dans ces contrées, elle est remplacée par le Tcstudo Kleinmamii, Lortet, qui en diffère à tousles points de vue. Les Testudo Grivca et T. marf/inala manquent alisolument en Syrie. 2" Testudo Kleiinna/ini, Lortet. — (Monographie inédite des espèces du genre Testudo du bassin de la Méditerranée.) Pas de Tubercules postérieurs aux cuisses. Diamètre traiis verso-postérieur, chez l'adulle, de 7 1/2 cenL; diamètre transverso-antérieur de 6 1/2 cent.; longueur maxima de la carapace de 10 cent. Carapace très bombée surtout à la réunion du tiers postérieur avec les deux tiers antérieurs. Plaques marginales étalées, presque horizontales chez l'adulte, presque verticales dans la jeunesse. Plaque nuchale petite, aiguë. Plaqu(^ sus-caudale rhombuïdale, formant en arrière un angle fortement prononcé dépassant sensildement les plaques marginales. Cette plaque est ordinairement indivise, mais chez un certain nnmlire d'individus elle présente une trace de suture comme chez le T. Grivca. Plaques marginales 11; plaques médianes. 7. en comptant la nuchale et la caudale; plaques latérales, 4 de chaque côté. Surface inférieun^ du corps d'un jamie très clair, citrin verdàtre, ne portant jamais que deux taclies brunâtres sur les deux plaques médianes du sternum. Plastron très épais eu avant, terminée ]iar une pointe écliancrée sur la ligne médiane. Chaque extrémité de cette échancrure est elle-même légèrement bifide. Partie ])0stérieure du plastron fortement échancrée, très mobile chez la femelle, tandis que, chez le mâle, elle est tout à fait appliquée sur les bords de la carapace, tout en jouissant d'une mobilité infiniment moindre. Carapace d'un jaune bistré très clair, verdàtre, ainsi que les ongles ; écailles régulièrement cerclées d'un noir lirunàtre intense. Les pattes sont d'un jaune clair- l'OISSONS DH S Y i;il'; IS'J Les (iMifs ne sont p:is sph''ri([Ui'>, mais alloiiu^t's, l)ilol)os, à exlivinili'-s presque éo-ales, loiiiis (lt> :'0 uiilliin., lari^os do 2:! inilliiii. Ils sont d'nn Manc l'nrtciia'iit rosé. n Aiui'AT. — Dans les vitrines du Muséum de Paiis, cette espèce très caractérisée était l'tiiiuetée T. M(tr;/in((l:(Mnplaire rapporté d'Egypte par Lefebvre. Elle se trouve en iWs grande ([uanlilé dans les sables de la basse Egypte, surtout dans les environs d'Alexandri(\ l^Ue m"a été envoyée en immense quantité par :\I. Kloinmaiin. On la trouve depuis l'Egypte jus([u'on Syrie, entre Ismaïlia et el Ariscli, dans luute la région connue sous le nom de Petit-Désert (M. Barbey). Je l'ai rencontrée aussi dans les environs d'Hébron et à Béerseba, à l'entrée nord du désert Sinaïtique. 2° Emys Caspica, Schweig. — Dans tous les cours d'eau delà Syrie. Très Commune depuis le golfe d'Alexandrettre jusqu'à Ilébron. Elle pullulli! dans toutes les rivières et les mares d(^ la vallée du Jourdain et des rives du lac de Tibériade où elle atteint de grandes dimensions. Je l'ai trouvée aussi a Smyrne, et M. Chantre l'a rencontrée depuis Alep jusqu'au lac Van. 4° CistHclo Earopœa, Gray. — Rare en Syrie. Je ne l'ai aperçue que dans le lac de Tibériade où elle atteint de grandes dimensions. 5" Trionyx ^Egyptiacus, Geoffr. — Abondant à Biredjik, dans l'Euphrate (M. Chantre). Cet animal apparaît surtout en automne; au printemps, au contraire, il est fort rare. 6° Thalassochelys cmcana, Schweig. — Assez fréquent sur les côtes rocheuses delà Syrie oii on les voit arracher an milieu des récifs, les algues marines. J'en ai rapporté de très gros individus de l'emboucliure du Xahr cl Kclb. du cap Ras el Abiad, près de Tyr et de la côte voisine. A la suite .l'un violent orage, j'en ai vu plusieurs centaines échouées sur la plage qui s'etcnd entre Snint-Jean-d'Acre et Haifo. Les plus grands individus que j'ai pris a Tyr étaient accouj^és sur le sable, ils mesurent 1 m. i'il de longueur. 4" A Ml' Il I 11 1 A 1" Bufo pantherinus, Boie. — Par myriades dans un p.-tii misseau entre Safed etDeichoun, au-dessus du lac Ho;ilèh. Très conunun a Anlio<-lK (M. Chantre). 2° Rana escidenla, L. — Beyrouth, près du tleuve; Sidon dans les Jardins. Lac de Tibériade; Antioche (^L Chantre); le lac Birket es Ram (Phiala). 3° Hyla arborea, L. — Très commune dans la plaine d'Esdrelon, sur les grands chardons; au pied du mont Tabor; à Jéricho. CRUSTACÉS 1° Thelephusa fliwiatih's, Lalr. — ■ Tous les cours d'eau de la Syrie depuis Alexandrette jusqu'à JafFa. Atteint de grandes dimensions dans le lac de Tibériade, le lac Iloulèh et les lacs de Damas, d'Homs et d'Antioclie, A Damas, cet animal est vendu sur le marché. Orcheslia Tiherladis, Lortet. — Antennes supérieures très courtes, de moyenne grosseur, non subulées ; pattes de la première paire, petites et non cliélifères ; celles de la seconde paire, au contraire, grandes et terminées par une main dont l'angle antéro-inférieur est ovale, en forme de lobe cliez le niràle. et dont l'ongle est très Oi-clieslia Tiberiarlis. long, très aigu et sans tubercules sur son bord interne. Gliez la femelle, cette seconde paire de pattes est semblable à la troisième paire. Pattes des cinquième, sixième et septième paires assez grandes, pourvues d'un article basilaire formant un très petit éeusson divisé en deux parties par une gorge assez sensible. Le second et le troi- sième anneau de l'abdomen armés de grandes épines ventrales sur leur bord postérieur. Pas de tuljercules sur la région dorsale. Longueur, 9 à 10 millim. lÎABrrAT. — Cette espèce, d'un blanc rosé, se trouve en très grand nombre sur les rivages du lac de Tibériade, au milieu des graviers humides de la grève. Ces petits animaux, très agiles, font des sauts prodigieux, aussi a-t-on les plus grandes difficultés à le prendre, car dès qu'ils sont retombés sur le sol, ils disparais- sent très rapidement entre les pierres . LISTE DIATOMÉES DU LAC DE TIBÉHIADE M. PETIT PLAGOGHROMATIGÉES Cocconeis Pecliciilus, Eh. — PlacenLulu, Eh. Achnanlhidium delicatulum, Ktz. Gomphonema capitatum. Eh. — affine, Ktz. Amphora ovalis, Ktz (abondant). Epilhe7nia Sorex, Ktz. — Avr/us, Ktz. — Muscuhis, Ktz. — Zébra, En. — gibha, Ktz. Cymbella, turgida, Greg. Cocconema lanceolatum. Eh. Nmncula alpestris, Gron. — prma, Ktz, var. Scoliopleuroides , P.-P. — limosa, Gru.n. — menisculus, Schum. — Reinhardti, Grun. (var. Vernalis^ DONK.) — Sculelloïdes, W. Sm. Navicula Trochu6-,En. {\ ar. ^/lummmiana), Grun., Synoj)., Van IlEuncK. — viridis. Eh. Stauroneis dilalata, W. Sm. Pleurosigma allenuatum,W .Su. (abondant). Hantzselna(Nitzschia) ani2)]iioœys (W.Sm.). Grun. Tryblionella angutilalu, \\'..S.m. Surirella biseriata, Bréb. — elegans. An. Sch. (tab. 21, L 18, atlas). — strialula, Tdbp. Campylodiscus Echeneis, Eh. [C. cribrosus W. Sm.). — spiralis, W. Sm. (Jymatopleura Solea, W . Sm. • — eUiiilica, 1>'réb. — Bruni, Nov. Si». Synedra danica, Ktz. (5. ^.ï^io var.). Staurosira construens. Eh. (var. bmotUs). — mulabilis, W. Sji. (J U (iiatopleura Bruni, Sp. Nov. — Gymatopleura largement elliptique, ayant en moyenne 131 p. de longueur sur 105 ^ lUî largeur, à sommets très faiblement 192 DIA.TOMEES DU LAC DE TIBERIADE acuminés. La surface de la valve présente trois oiidulatioas, visibles seulement à la lumière fortement oblique. Le bord est fort étroit et fiaement strié ; la marge est munie de côtes courtes au nombre de 4 dans 10/^. Il n'existe pas de striation régulière, mais la surface de la valve est comme chagrinée et couvertes de petites aspérités irrégulières. (PI. XXIII, 61.) Cette espèce a été trouvée également, il y a peu de temps, dans le lac de Genève par AL le professeur Brun, auquel elle est dédiée. Elle se rapproche du Surirella Crumena, Bréb., et peut-être aussi àwSiirirella ovum, Naeg. Cette dernière espèce, décrite d'une manière imparfaite dans le Species Algarum, Ketz, \). 889, sans figure, diffère beaucoup pour les dimensions ; elle n'a, en effet, que 75 à 90 [j- de longueur. COGGOGHROMATIGEES Fragilaria breoistriata, Grun. (Synopsis Van Heurck) plusieurs formes. Terpsinoe musica, Eh. (trouvé une fois par M. Schlumberger). Gallionelia granulala, Fritch. ^ arenaria, Moore. DESMIDIÉES DES VASES DU LAC DE TIBERIADE l' AH M. BRUN Scenodesmus quadricauda, Ralfs. Desmidium aptogenum, Bréb. Polyedrum trigonum, Naeg . Pediastrum simplex Meyen (fauna) PI. XXIII, fig. 5S, 59, 60. D'après M. Brun, on trouve encore dans les vases profondes du lac des spicules d'épongés, et de nombreux grains de fécules faciles à reconnaître à la lumière polarisée. TAI5LE ANALYTIQUE r \r.ES AVAM'-PRiiPOS 99 Intkijduction 101 Poissons 129 Blennius varus, Risso 129 — lupulus, Bonaparte 130 — vulgaris, Pollini l.SO Mugil eapi'io, Cuvier et Valenciennes 131 — curtus, Yarell 132 — octoradiatus, Gûnther 133 Chromis Tiberiadis, Lortet 135 — Nilotieus, HasseJquist. . . 137 — microstomus, Lortet 130 — Flavii-Josephi, Lortet 1 ', 1 — Andrex, Giinther 142 — Simonis, Guiither 1 'i3 — Magdatenae, Lortet 1 16 Hemichromis sacra, (Vùnihev 148 Clarias mnrracanthux, Giinther l'I iJiscugnathus lamta, Gi'uither l.J3 Capoeia Sauvagei, Lortet 154 — Syriaca, Giintlior 155 — fratercula. Giintlier 156 — Amir, Giinther 15^ — socialis, Neckel 159 — Damascina, Giinther l'iO Barbus canis, Cuvier et Valenciennes l'il — longiceps, Cuvier et Valencienne- 163 î'hoxinellus Libani. Lortet IG'i — Zeregt, Heckel 105 194 TABLE ANALYTIQUE l'Ar.Ks Levr-iscus tricolor, Lortet 1U6 — lepidus, Giinther 107 Rhodeus Si/riacus, Lortet 168 Albiirnns Sellai, Heckel 169 — Vignoni, Lortet 170 Nemacliilua LeorUinœ, Lortet 171 — iigrit, Giinther 172 — Galilieus, Giintlier 173 — maignis, Giinther 173 Ci/prinodon cypris, Giinther 174 — dispar, Rlippel 175 — Sophiœ, Heckel 178 Anguilla oulgaris, Giinther 179 Poissons recueillis en Sjrie par M. Ghanire 181 Reptiles du bassin du lac de Tibériade 183 Ophidia 183 Lacerfilia ^ 187 Chelonia 188 Amphihia 189 Diatomées du lae de Tibériade 191 Desmidiées du lac de Tibériade 192 MALACOLOGIE LACS DE TIRÉIIIADE, DAXTIOnUE ET DHOMS - S Y li 1 E - A K K 0 U L D L 0 GARD Dans ce mémoire, nous nous proposons de donner la description du monde malacologique des eaux des lacs de Tibériade, d'Antioche et d'Homs, en Syrie. Le lac de Tibériade placé au milieu de la grande vallée du bas du Jourdain appelée le Ghôr, est soumis à une température très élevée. Sa surface est à 212 mètres au-dessous de celle de la Méditerranée; il est préservé des vents d'est par le haut plateau volcanique du Jaulan, et de ceux tle l'ouest par les montagnes de Safed et de Hattin, qui le séparent du rivage de Saint- Jean-d' Acre. Dans cette faille, la plus profonde peut-être de la surface terrestre, un climat tropical a développé une faune et une flore qui sont notablement différentes de celles des régions médit(;rranéennes voisines. Les lacs d'Homs et d'Antioche, au contraire, sont placés dans des conditions climatériques très différentes. Le premier, formé par le fleuve Oronte, est situé à l'extrémité nord de l'ancienne Cœlésyrie actuellement appelée plaine de la Bekâa, large vallée circonscrite par le Liban à l'ouest, et l'Anti-Liban à l'est. Ce Bahr-el-Homs ou lac Kadès se trouve a une petite distance seulement de la ville d'Homs élevée sur les confins du grand désert de Syrie. Le lac d'Homs s'étend du sud-ouest au nord-est sur une longueur de près de 12 kilomètres. Sa largeur moyenne est de 4 à 5 kilomètres environ ; Ans. Mua. III 196 MALACOLOGIE DE LACS DE TIBERIADE, D'ANTIOCHE ET D'HOMS son eau est blanchâtre, ses bords sont marécageux jusqu'à une certaine distance; les collines qui l'environnent sont couvertes de taillis de chênes épineux. Une faune riche et variée habite les eaux de ce bassin. Le lac d'A'ntioche appelé Bahr-el-Abiad, la mer Blanche en ara])e, Ak-Deniz en turc, est situé à la base est du mont Amanus qui sépare la Syrie de l'Asie Mineure. De forme à peu près régulièrement triangulaire, il a sept ou huit kilomètres de long sur autant de large. Sa profondeur est peu considérable; ses bords très marécageux sont recouverts d'une forêt de roseaux, et suivant les saisons, il occupe une aire plus ou moins étendue. Il est formé par la rivière Kara-Sou, l'eau noire, qui descend d'une vallée située entre le Jebel-Akrad et l'Amanus. En sortant du lac, le Kara- Sou se jette dans rOronte au-dessus de la ville d'Antioche. En été, les eaux du lac sont bleues et limpides ; au prmtemps, au moment de la fonte des neiges, elles deviennent troubles et laiteuses. Cette belle nappe d'eau nourrit une grande quan- tité de poissons et de nombreuses bandes d'oiseaux aquatiques qui nagent à la surface. Telle est en quelques mots la situation topographique des lacs dont nous allons étudier la faune. Quoique bien distants les uns des autres, et malgré une composition d'eau bien différente, ces lacs renferment, comme nous aurons occasion de le voir, un certain nombre d'espèces communes. Nous devons à M. le docteur Louis Lortet la connaissance d'une grande partie de la faune du lac deT'ibériadedontil a sondé les profondeurs lors de ses différents voyages. La faune des lacs d'Antioche et d'Homs a été rapportée par la mission de M. Ernest Chantre. A ces matériaux déjà bien nombreux nous avons pu joindre ceux de la belle collection de M. Bourguignat, qui venait encore, tout récemment, de s'enrichir des nouvelles découvertes faites en Orient par M. le conseiller Letourneux. Grâce à de telles données, nous espérons pouvoir ainsi décrire et figurer une des faunes les plus importantes de la Syrie, faune qui jusqu'à ce jour était imparfaite- ment connue. MA1.A(;0L()(1[E DU LAC DE TIBÉIllADE La faune malacologique du lacde'ribériadeestplus particulièrement riche en Unies. L'étude de ces Acéphales nous a conduit à admettre dix-huit formes bien distinctes, et que nous nous proposons d'étudier successivement. Plusieurs de ces formes sont très communes et semblent uniformément réparties dans toute l'étendue du lac; d'autres, au contraire, [dus rares, sont localisées sur certains points seulement. Quant aux (Gastéropodes, s'ils sont si (îommunément répandus sur les bords du lac, ils ne présentent, en revanche, qu'un nomlire de formes fort restreint. Mais, avant d'entrer en matière, il importe de dire quelques mots sur la manière d'être générale de ces coquilles et plus particulièrement sur les Unies. D'après les sondages exécutés par }>l. le tloeteur Lortet, la plupart des Acéphales du lac de Tibéi'iade, notamment les l/tiio Luynesi, U. Pietri, U. Lorteti , U. prosa- cnis, etc., vivent à des profondeurs allant jusqu'à 50, 100 et ;^00 mètres. Nous n'avons ])as à interpréter un fait aussi nouveau et aussi curieux. Nous en laissons le soin à M. Lortet qui a pu. mieux que personne, étudier sur place ce phénomène, et se rendre ainsi compte de la distribution biologique des êtres dans un pareil milieu. Bornons-nous donc à constater que le lac de Libériade donne asile à des formes d'Unies très variées et très différentes, mais portant cependant avec elles certains caractères d'analogie basés sur la manière d'être du test lui-même. Dans toutes les bivalves qui; nous avons examinées, nous avons observé qu'elles avaient toujours une taille relativement assez petite; point de grandes formes comme dans certaines de nos eaux profondes d'Europe; d faut alhir dans le Jourdain pour pêcher des formes plus 'grandes, comme celle des Ujùos Simonis 198 MALACOLOGIE et U. Luynesi, ou beaucoup [)lus petites comme celles des Ujho timius et U. Grelloisianus; . En outre, toutes ces coquilles ont en général le test solide, épais, orné à l'intérieur d'une forte couche de matière nacrée, quoique revêtues extérieu- rement d'un épidémie assez mince. L'abondance de la matière testacée nous est encore démontrée par la présence de saillies ondulées ou tuberculeuses développées vers les sommets, comme, par exemple, chez les Unio Jordaniens, U. Raymondi, U. hmulifer, etc. Parfois aussi le test à l'intérieur est perlé ou chagriné comme d'ans V Unio Rothi . L'épiderme est le plus souvent mince, lisse et brillant. Chez les jeunes individus il affecte une coloration un peu claire, jaunâtre, devenant plus foncée chez les sujets adultes ouséniles, et passant ainsi du lirun-jaune au brun-noiiâtre, même très foncé. Souvent vers les sommets, on observe une coloration grisâtre. C'est cette même coloration que revêt l'épiderme des coquilles mortes, draguées à de grandes profon- deurs. M. Lortet a, en effet, observé que les coquilles mortes venant des zones profondes du lac, conservaient leur épidémie sur un test friable, en partie décomposé, et cela, sans doute, par suite de la tranquillité du milieu dans lequel elles reposaient; en même temps, cet épidémie prenait une couleur uniforme d'un gris cendré. A l'intérieur des valves, la nacre est souvent colorée en rose tendre ou orangé sous les crochets; c'est ce que nous observons chez les Unio Simoiiis, U. Rothi, U. Galilœi, U. Raymondi^ etc. Dents et lamelles sont toujours fortes et bien développées, quoique de forme très variable. Les impressions musculaires sont profondes, les ligaments sohdes et résistants. Tout, eu un mot, contribue à constituer un système d'attache puissant et robuste. L'étude des Unies du lac de Tibériade et de son affluent le Jourdain, dans la partie qui avoisine le lac, nous a conduit à établir pour ces coquilles cinq groupes ayant chacun des caractères particuliers bien distincts, basés plus spécialement sur le galbe général de la coquille. 1. — GROUP)-; DE VUNIO ROTHI Unio Siinoins, Tristram. Uniu GaWiei, Locard. Rol/li, BOURGUIGNAT. timiltS, BOURGUIGNAT. — lAlj/nesi, BOURGUIGNAÏ. Les cinq Unios de ce groupe sont caractérisés par leur galbe court, d'un ovale arrondi, tétragonal ou sabtétragonal; ils représentent en Orient nos formes fran- çaises de Y Unio rliomboideiis ; la partie postérieure est courte; le bord palléal presque rectiligneou même subsinueux; le test solide, épais, lourd ; la surface épider- mique, quoique lisse est cependant moins brillanle que dans les autres groupes ; la DMS LACS I)K ■lIBKKlAliK, D' A N I 1 < h ; 1 1 !■: i:r iniOMS 199 nacre à l'intérieur dos valves, sauf chez le petit T/^/'W/zh/k^, est chaudement colorée en rose-chair. La taille est très variable, puis([ue nous y trouvons les deux formes extrêmes de tous nos Unios dans les Inùo Simonis et U. timius (\\\\. tous deux, vivent dans le Jourdain; L-s di'uts eirdinales de toutes ces formes sont solides, épaisses, larges à la base et cunéiformes. o. —GKUll'K 1)K I.T.V/0 RAYMOSDl l'nio Rai/mondi, BovRGUicyAT. Unio Trislrami, Logaru. — Pietri, Locard. Dans ce second groupe, le, galbe des coquilles s'allonge et prend uuprniil subrec- tangulaire plus on nmins allongé; les sommets, quoique rejetés vers la partie anté- rieure, le sont cependant moins (pie dans les groupes suivants ; la partie postérieure est à peine i^ostrée; le bordpalléal est rectiligne et plus ou moins sinueux ; le test est un peu moins épais, parfois même subtransparent; l'êpiderme est lisse, mais moins coloré, même chez les sujets déjà vieux, que dans les autres groupes. La dent cardi- nale, toujours minée, présente \m profil triangulaire. 3. — GROriPK 1)K I/6'.V/O E LL I P SO 1 1> li US. Unio ellipsoideus, BouRouKiNAT. l'nio Genesarethanus, Letourneux. — Jordaniens, BouRianoNAT. — Grelloisianus, Bourguignat. Nous passons avec ce groupe du galbe rectangulaire au galbe elliptique plus ou moins allongé, mais toujours à peine rostre. Ici, plus de profils rectilignes, les lignes s'arrondissent ; la |)artie antérieure est courte, tandis que la partie postérieure s'allonge tout en conservant une forme arrondie ; les ])ords supérieurs et inférieurs sont inversement sjnnétriques et régulièrement infiéchis ; les sommets plus fortement déjetés vers la partie antérieure, sont peu saillants; l'êpiderme devient lisse et brillant ; à l'intérieur, la dent cardinale toujours triangulaire est plus forte et paraît moins déprimée lat(''ralement. 4. — GROUPE UK l.'l'.V/O LORTETl Unio Lo'i'lelt, Ii'; 'l'i liKiu vinc, ica.n riocn k m r u'homs oQi drai-aji'tis ([iie l'on itciit se procurer en abondance et bien vivants. Nous en si. 542. — Ruis-eau delà vallée d'Um- Bag-kek, entre .Sobbeh et .Icbol Usihuii, près de la mer .Morte. 11. — bretix, Parrevss, In Mousson, Coq. Bellnrdi, 1854, p. 51. — Du Léontes (Syrie). 202 MALACOLOGIE Enfin, les trois espèces que nous signalons dans le genre Theodoxia, étaient déjà connues, sinon dans cette même station, du moins dans la faune de l'Asie. En résumé, cette faune du lac de Tibériade est relativement riche, malgré les condi- tions spéciales d'un pareil milieu. Elle se compose de 29 espèces, dont 21 Lamelli- branches et 8 Gastéropodes. Nul doute pour nous que de nouvelles recherches faites à l'aide des appareils de sondage, comme l'a si bien fait M. le docteur Louis Lortet, ne conduisent à la découverte de formes nouvelles localisées sur certains points encore inexplorés. 12. Melanopsis GaUandi, Bourguignat (iaéditc). — Lac Sabandga (Auatolie). 13. — Wagneri, Roth, MoU. spéc, 1839, p. 24, pi. II, fig. 11. — Le type .à Sinyrne. 14. — saharien, Bourguignat, Mulac. Alger., Il, 18G4, p. 260, pi. XVI, fig. 9-14. —De rOrontc. 15 — Ammonis, Tristram, in Proceed. Zool. Soc. Lond., 1S65, p. 542. — Ruis.seaux d'Heshboii et (l"Ammon, à l'est du Jourdaio, et, çà et là, dans l'Anatolie. 16 — Saulci/i, Bourguignat, MoU. Saidci/, 1853, p. 06, pi. II, fig. 52-53, et, Tristram, in Proceed. Zool. Soc. Lond., 1865, ]>. 542. — Artouse, -léricho, etc. — Lac d'Hom.s. Cette espèce sert de passage m\ : GROUPE DES COfTATA. 17. \jelanopsis orum, Bourguignat (inédite). — Lac de Tibériade. 18. — costata, Ferussac, Monog. Mel., in Mem. Soc. d.'Hist. nat, Paris, ï, 1823, p. 156, pi. 1, fig. 14-15 (Melania costata, Olivier, Voy. emp. Ottom., II, 1804, p. 294, pi. XXXI, fig. 3), cl var. obesa, exi- gua, etc. — Le type dans le .lourdain. — Lacs d'Antioche, d'Homs, de Tibériade, etc. 19. — Chanirei, Locard, sp. nov. — Lac d'Antioche, et var. lœvigata. 20. — Tîtrc/ca, Parreyss, m Mousson, Coq. Schlœfli, III, 1874. ji. 29, et var. curta.— Du Karasu, affluent du lac d'Antioche. — Lacs d'Homs et d'Antioche. "Jl. — Lortetiana, Locard, sp. nov. — Lac d'Antioche. 22. — insignis, Parrey8.s, mss., in .Martens, Vorderasiat, Conch., 1874, ]). 67 (Melanopsis Tiu-cica de Mousson, Coq. Schœ/li, III, 18744, p. 44, signalée à Samava). — L'Euphrate et le Tigre. 23. — Kotsclmji (Mel-ania), V. de BuscH, in Phiuppi, Abbild., 1847, p. 175, pi. IV, fig. 2. — De Persépolis (Perse). 24. — nodosa (pars), Feruss.^c, Monogr. Mel., in Mcm. Soc. d'Hist. nat. Paris, l, 1823, p. 158 (excl. fig. 13, qui représente une coquille fossile différente), et, Mousson, Coq. Schlœfli, III, 1874, p. 44, et vah. mode- rata. — Cciui'i de l'Kuphrate et du Tigre depuis Mossoul. 25. — Jordanien, 'RoiB., in Movssoti, Coq. Roth., iSQi. p. W (Melania costata, y A.u. Jordanien, Roth, Moll. Spec., 1839, p. 25, pi. II, fig. 12-13), et, Tristram, in Proceed. Zool. Soc. Lond., 1865, p. 542. — Lac de Tilx'riade. — Le .Jourdain. Var. irrcgularis, Mousson, Coq. Bellardi, p. 59, 1861. — absoleta, Martens, Vorderasiat. Conch., 1874, p. 33, [il. V, fig. 39. —Delà source de Chabur à Ras-ol-Aïn, en Mésopotamie. — minor, Martens (loc. sup. cit.), p. 33, pi. V-, fig. 40. — De la môme localité. 2o. — infracineta (Melania costata), var. infraeincta, Martens, Vorderasiat. Conch., 1874, p. 32, pi. V, fig. 38. — De la source de Chabur, à Ras-cl-.-Vïn (Mésopotamie). i>i:s LACS i»i<] TiiîBHi \i>i';, I)' \.N rii>i;iii'; i:r d'iioms 203 LAMELLIBRANCHES Genre UNIO, Philippsson 1. -GROUPK I)K I.T.V/O KOTIII 1;M0 SIMOA'IS, Tristuam PI. XX, fig. I-(1. Uiiio Simo)iis, TuisrRAM, If^lji"). In l'rotv-tlintj :ool. S>c. Lnndoti, p.ô'i'i. DESf:RiPTio\. — Coquille de forme siil)ol)loiin'ue-ari'oiiiiie, parfois même subqiia- flranii-ulaii-e; valves solides, épaisses, penflees dans leur ensemble, (ît plus particuliè- rement dans la réij:ion des sommets. — Région antérieure courte, un peu relevée et bien arn^ndie; région postérieure peu d(''veloppée, arrondie dans le jeune âge et subangulaire cbez les sujets adultes; ])ord cardinal légèrement convexe; bord pal- léal arrondi chez les jeunes sujets, presque rectiligiie chez les individus adultes, et quelquefois même nn peu subsinueux lorsque la coquille att(unt son maximum de développement. — Sonnnets très forts, tressaillants, très renflés, arrondis, fortement déjetés vers la région antérieure, non errodés, ornés de sillons saillants réguliè- rement ondulés, mais sans nodosité, s'étendant depuis l'extrémité des sommets sur un quart de la hauteur totale de la coquille, se confondant ensuite avec les stries d'ac- croissement. — Epidémie un peu brillant, irrégulièrement sillonné par desstries d'ac- croissement peu sensil)les d'abord, i)uis comme feuilli't('' vers la partie postérieure ; d'un jaune brunâtre avec de rares rayons verdàtr es dans la pai-tie postérieure, passant au ])nin plus ou moins foncé ehez les vieux individus. — 1 11 [('rieur des valves nacré, lisse, ou quilquefois subchagriné, d'un beau rose saumonné. — Dent cardinale forte, robuste, saillante, en coin trigonal, légèrement denticulée au sommet, stiriolée sous la face interne; lamelle lat(!ralc peu arquée, forte, tranchante mais courte et un peu frangée à son extrémité. — Ligament fourt, robuste d'un In-un foncé. I)lmi;nsi(jns : Longueur iiiaxiimiin 60-G4 millimètres. Hauteur maximum 43-47 — Epaisseur maximmn l30-:5:> — A.NN. Mus. ni. 20 204 MALACOLOGIE Observations. — UUju'o Sinwnis dont le Rév. Tristram a donné une courte diagnose latine provenait des eaux du Jourdain ; nous ne pensons pas qu'on l'ait retrouvé dans le lac Tibériade, du moins nous ne l'avons pas reconnu parmi les Nayades récoltées dans ces eaux par M. le docteur Lortet. Il est à craindre que Tris- tram ait confondu sous cette dénomination, avec le véritable Unio Simonis,\es U. Rothi et U. Luijnesi. La description que nous venons de donner a été faite d'après des individus provenant tlu lac d'Antioche où cette coquille paraît beau- coup plus abondante. Quoi qu'il en soit, VUnio Simonis par sa taille, par le galbe tout particulier de ses sommets, par l'épaisseur de ses valves et la force de ses dents, ne pourra être confondu avec aucune forme voisine. Habitat. — Le type, comme nous venons de le dire, provient du Jourdain ; on a retrouvé cette même forme dans l'Oronte et le Lêonte ainsi que dans le lac d'Antioche, UNIO ROTHI, liOURGUlGNAT Unio rhotnhoideus. Mousson, 1862. Coq. ieir. et fluv. rec. par Roth en Palestine, p. 64. — Rothi, BouRGUiGNAT, 1865. Mail. nouv. litig., p. 133, pi. XX, Description. — Coquille de forme oblongue-arrondie, le plus souvent presque ronde, quelquefois présentant vers son bord postérieur une légère inflexion rostrale; valves peu épaisses, parfaitement convexes et renflées dans toutes leurs parties, du sommet au bord palléal. — Région antérieui^e bien arrondie; région postérieure dilatée, presque arrondie, .quelquefois subanguleuse; bord cardinal convexe; bord palléal presque rectiligne ou parfois légèrement sinué. — Sommets moyennement rapprochés de l'extrémité antérieure, à peine proéminents, comme comprimés et écrasés, recour- bés, fortement sillonnés de rayons ondulés. — Epiderme irrégulièrement sillonné de plis concentriques plus ou moins grossiers et saillants, d'une teinte jaunâtre, radiés par des zonules d'un vert obscur, se ti'ansformant, chez les échantillons très adultes, en une nuance marron presque noirâtre. — Intérieur des valves offi'ant une nacre chagrinée d'une belle couleur rose, très rarement d'une teinte blanchâtre. — Dent cardinale forte, saillante, denticulée, de la forme d'un coin trigonal; lamelle latérale légèrement arquée, passablement élevée, un peu frangée à sa partie postérieure. — Ligament court, robuste, d'une teinte marron. — (Rourguignat). Dimensions : Longueur maximum 46-57 millimètres. Hauteur maximum 30-39 — Epaisseur maxi!::am 21-23 — DES I,.\('.S DE TIBKRIAI>K, D'ANTIOCHE ET D'HOMS 205 Rapports et niKi''KRKNCi';s. — LV/z/'v 7>!o//tz avait été [)rimitivemenl confondu par M. A. Mousson avoc Vf'/iio rhomboidéifs de Moquin-'l'andon'. Incontestablement ces deux lormos présontciii dans leurs caractères généraux une certaine analogie, mais elles diffèrent par plu s d'un point. Aussi M. lîourguignat a-(-il cru, àbien juste litre, devoir les séparer en distinguant VUnio Ualhi de VUvio rhomhoideus : à son galbe général plus arrondi, plus régulièrement subtétragone ; à son test plus mince; à la convexité uniforme de ses valves, renflées dans toutes leurs parties ; à ses sommets plus aplatis, plus écrasés, très aigus et en mèine temps plus distants du côté antérieur: à la nacre chagrinée qui tapisse en totalité ou en partie; l'intérieur de ses valves; enfin à la forme en coin trigonalde sa dent cardinale. Ces mêmes carac- tères suffiront également à le difTérencier de VUnio Simonis. Habitat. — Le lac 'rilu'i'iade (Roth). le .Jourdain (L. Lorl(,'t). UNIÔ f,lYNf<:Sl, l'.ouRGiiirrNAT Unio Lui/ncsi, Bourguionat, 1881. Msx. Observations. — Cette forme nouvelle ne nous est malheureusement comme que par une seule valve dont l'état de conservation n'est pas suffisant pour que nous puissions en donner une diagnose définitive; mais il est pourtant assez typique pour que l'on constate dès à présent l'existence d'une espèce nouvelle ; nous nous bornerons donc à en donner une description provisoire. Description. — Coquille solide, épaisse, ovale-ai-rondie. un pou allongée posté- rii,Ui}CK\\\y, I88IJ. Apwl Lnrl.l, Dra;/. prnf. Tihrriade, lu Comptes rendus Acad. Scienres, t. XCl, ]i. 50V. Ukscription. — Coquille solide, épaisse, presque arrondie ou légèrement allongée du côté postérieur, de façon à former un rostre à peine saillant; valves fortement renflées vers les sommets et dans la partie médiane. — Région antérieure courte, régulièrement arrondie dans toute sou étendue; région postérieure un peu élargie à son extrémité, subanguleuse dans le haut au point correspondant avec l'extrémité de la lamelle latérale, légèrement épanouie et a peine subrostrée dans le bas; bord cardinal court, convexe; bord palléal légèrement arrondi dans toute son étendue et jamais subsinueux. — Sommets plus ou moins corrodés, laissant voir la nacre, dejetés latéralement et oliliquement contournés en avant, assez rapprochés du bord antérieur, saillants, arrondis, recourbés, sillonnés par des rugosités ondulées, assez voisines les unes des autres. — Epiderme érodé vers les sommets, irréguliè- rement orné de [dis elliptiques plus ou moins grossiers et saillants, atténués vers le bord palléal, plus sensibles vers les sommets, se terminant dans cette partie par d'élégantes ondulations ; de couleur Ijrune plus ou moins foncée, avec des alternances de zones concentriques plus claires; la coloration passant au brun noirâtre chez les individus très vieux. — Intérieur des valves nacré, de couleur rose tendre sur les bords, passant à la couleur chair sous les sommets. — Dent cardinale forte, saillante, acuminée, un peu infléchie dans le haut, et légèrement denticulée, en forme de coin trigonal ; lamelle latérale courte, arquée, assez élevée, large à sa base, un peu frangée à son extrémité. — Ligament court, robuste, d'une teinte brun fonc('. DES LACS |)K TIIÎÉUIADK, D'ANTIOCHE HT D'Ilo.MS 207 Dimensions : Longueur maxiuuun 35 niilliinMres. Hauteur maximum 28 - Epaisseur maximum 23 — Raitorts kt DiFKKRicNCKs. — Cetl(> jolio co([ailli' iii> peut être i-ai)[)rocliëo que de Vf'nio Rothi : mais elle en dillrre : par sa taille plus petite; par son galbe plus arrondi, plus globuleux ; par sou profil plus renfli- vers les sommets et dans la région médiane, et non ciinvexe-renflédans tdutcs ses parties; par ses sommets plus déjetés vers le eôté auUh'ieur, et surtout bien plus saillants et obliquement con- tournés eu avant; par son test plus épais, plus ecdoréà l'intérieur, mais non chagriné; par ses stries disposées suivant un mode elliptique ; par sa dent cardinale plus acu- minée, tout en ayant cette même forme de coin trigonal; par sa lamelle latérale plus courte encore, plus arquée et plus forte à la base. etc. Habitat. — Rare; les eaux du lac de 'l'ibéi'iade (Lortet, Letourneux). UNIO TIMIUS, HOURGUIGNAT PI. XX. fi-. i:m4. Uuio ^imiKÏ, BOURGUIGNAT, 1881. Mss. Description. — Coquille de petite taille, mais relativement épaisse et solide, d'un galbe subelliptique-arrondi, transversalement oblong, un peu rende vers les sommets. — Région antérieure régulièrement arrondie; région postérieure plus développée, mais également arrondie, sans rostre saillant; bord supérieur un peu convexe; bord inférieur largement convexe, jamais sinueux. — Sommets légère- ment déjetés vers la partie antérieure, assez saillants, un peu proéminents, recourbés et ornés de saillies ondulées et irrégulières. — Épiderme sillonné par des rugosités concentriques inégales, recoupées, vers le corselet, par une série de petits plis transversaux; ondulations s'étageant depuis; la moitié 'environ delà hauteur des valves jusqu'à l'extrémité des sommets; coloration d'un jaune verdàtre, plus clair vers les sommets, et élégamment radiée par des zonules vertes plus ou moins larges et plus ou moins espacées. — Intérieur nacré, lisse et blanchâtre. — Dent cardinale épaisse à la base, pointue au sommet, solide, forte, assez allongée, légèrement denticulée ; lamelle latérale arquée, également forte et allongée, un peu frangée. — Ligament court, d'un jaune clair. Dimensions : Longueur maximum. ... .... 18 millimètres. Hauteur maximum 14 — p]paisseur maximum . . 8 — 208 MALACOLOGIE Rapports et différences. — IJlhtio timius se distinguera toujours des autres formes de ce même groupe : par sa petite taille ; par son galbe déjà un peu plus elliptique, moins arrondi ; par les ondulations qui recouvrent la moitié de la hauteur totale de son test, ondulations recoupées vers le corselet par d'autres petits plis transversaux, etc. Le développement de sa dent cardinale et de sa lamelle laté- rale servira également à le séparer des autres formes prises jeunes, dont la taille serait la même. Habitat. — Rare: les eaux du Jourdain (Letourneux). 2. — GROUPE DE \:UNIO RAYMONDi UNIO RAYMONDI, Bourguignat Vnio Raymondi, Bourguignat, 1881. M^s. Description. — Coquille assez mince, un peu fragile, légère, à valves subtrans- parentes, d'un galbe oblong-allongé, subrectangulaire, un peu comprimé. — Région antérieure courte, arrondie dans son ensemble, parfois un peu dilatée dans le haut ; région postérieure allongée, formant une sorte de rostre largement développé et arrondi à son extrémité ; bord cardinal oblique, faiblement convexe ; bord palléal droit ou un peu sinueux dans sa partie médiane. — Sommets dénudés, laissant voir la nacre sur un quart environ de la hauteur totale de la coquille ; déjetés latérale- ment et très rapprochés de la partie antérieure; peu proéminents, très aigus, aplatis plutôt que recourliés; ornés à leur extrémité de côtes concentrique ondulées, peu saillantes, armées de petites nodulosités irrégulièrement disséminées. — Épidémie érodé vers les sommets, sillonné de plis concentriques et irréguliers, peu saillants, avec quelques lignes d'accroissement plus marquées; de couleur jaune- verdàtre, un peu clair, plus ou moins intense et foncé suivant l'âge, recoupé par des zones brunes assez foncées. — Intérieur nacré, légèrement irisé surtout sur les bords, d'un ensemble rose chair très brillant. — Dent cardinale comprimée, subtrigone, assez développée, légèrement denticulée dans le haut; lamelle latérale allongée, légère- ment arquée, assez élevée, mince et comprimée, striolée sur presque toute sa lon- gueur. — Ligament solide, épais, allongé, d'un jaune roux. Dimensions : Longueur maximum (j5-69 millimètres. Hauteur maximum 32-35 — Epaisseur maximum . 21-24 — DES LACS DK TI liÉKI A D K, D'ANTIOCIIK ET D'IloMS 209 Rapports kt différencias. — Xn'nio Udyinoiidi présente quelque analot^ie avec Vf'nio Rcqiiieni de Michaud*; c'csi du moins la fonno européenne dont il se rap- proche le plus, lien diirèr(> cepiMidant : p.u- sou i^albe plus étroit, plus allongé; par son côté antérieur plus court; par son hord palléal un peu plus droit; par ses sommets moins renflés, plus comprimés à leurs extrémités ; par l'ornementation de ces mêmes sommets; entin, à l'intérieur, par la coloration de la nacre et par la disposition des crochets; etc. De tous les Unios du lac de Tibériade, c'est celui qui, toutes les proportions gardées, a le test le [)lus mince, le plus léger, le plus trans- lucide. 11 fait ainsi exception [lar rapport aux autres Nayades. Nous .ne savons malheureusement pas à quelle profondeur il se plaît à vivre. Habitat. — Les eaux du lac de Tibériade (liourguignal). UNIO TRISTRAMI, Locard PI. XX, fig. 15-lG. Description. — Coquille solide un peu épaisse, assez ventrue, oblongue-allongée, avec un rostre subaigu, renflée vers les sommets. — Région antérieure arrondie, courte ; région postérieure oblongue, descendante, mais non arquée, formant, par son expansion, un rostre peu allongé, arrondi à son extrémité; bords cardinal et palléal sensiblement parallèles; le premier légèrement convexe, le second presque droit avec un sinus marginal large, mais peu profond, et situé dans la partie médiane. — Sommets légèrement dénudés, déjetés vers la région antérieure, larges, recour- bés, aplatis à leurs extrémités. — Epidémie errodévers les sommets, orné de zones irrégulières, concentriques et obsolètes, avec les lignes d'accroissement mieux mar- quées, et se traduisant vers l'extrémité des sommets par des ondulations concen- triques plus accusées ; d'un jaune verdàtre, avec des zones irrégulières d'un brun plus ou moins foncé et une coloration cendrée vers les sommets, — Intérieur nacré, lisse, d'un blanc légèrement irisé. — Dent cardinale épaisse, parfois comme bifide, élargie à sa base, subtriangulaire, finement dentelée au sommet ; lamelle latérale presque droite, allongée, assez élevée, mais un peu comprimée. — Ligament solide, robuste, d'une couleur fauve, presque noire. Dlmensions : Longueur maximum 59 millimètres. Hauteur maximum 31 — Epaisseur maximum 24 — ' Michaud, 1831. Complément de l'Hist. mit. des mdlusqites, p. 100, pi. XVI, fy. 24. 210 MALACOLO(tIE Rapports kt différences. — Par son galbe général subrectaugiilaire, ovale- allongé, avec un sinus palléal, notre rvouvelle forme se rapproche de VUnio Ray- mondi. Elle en diffère cependant : par son test plus épais, plus robuste, plus solide, non subpellucide ; par son galbe notablement plus renflé, plus ventru vers les sommets; i)ar sa région postérieure moins dilatée, moins haute, plus rostrée ; par ses bords supérieur et inférieur plus parallèles; par ses sommets plus saillants, moins aigus à leur extrémité, moins déprimés dans leur ensemble; par son épidémie plus lisse vers les sommets, sans tubercules; enfin par la disposition de ses crochets, avec la lamelle plus droite, etc. En dehors des formes de cette région, on peut encore vii])])YOcheYV Unio Tristrami de VUnio Euphraticus^ des environs de Bagdad, m^is il en diffère : par son galbe moins renflé dans la région des sommets, et plus subquadrangulaire dans son ensemble ; par sa région antérieure moins courte et sa région postérieure moins rostrée ; par son bord palléal subsinueux ; par ses sommets moins antérieurs, plus larges et moins saillants; par sa dent cardinale plus forte et plus robuste; enfin par sa lamelle latérale moins allongée. Habitat. — ■ Vlhiio IVistrami a été rapporté du lac de Tibériade par M. le docteur Lortet; c'est une forme peu commune. UNli) l'IKTKI, LocARi) PI. XX, lig. 17-1'.). Unio l'itlri, Loùaku, 1880. Apail Lurtef , Dnui. prof, tac dr Tibéi-iadc, m Comptes rendus Acad. Sciences, t. XCI, p. .502. Description. — Coquille solide, un peu épaisse, subopaque, d'un galbe oblong- allongé, subtétragone, renflée dans son ensemble et plus particulièrement dans la région des sommets. — Région antérieure courte, arrondie ; région postérieure oblongue, subrostrée, subarrondie ; rostre court, aminci à son extrémité, un peu relevé par suite de la courbure tlu bord palléal, et [lartant submédian; liords supé- rieur et inférieur presque parallèles; bord cardinal à peu près droit, assez court; bord palléal sensiblement rectiligne dans sa partie médiane, mais arrondi et relevé à ses deux extrémités. — Sommets légèrement dénudés, rejetés vers la région anté- rieure, larges, recourbés et déprimés, parfois ornés de légères ondulations avec quelques tubercules saillants vers l'extrémité des natès. — Épiderme érodé vers les sommets, orné de stries concentriques obsolètes; d'un jaune plus ou moins foncé ou 1 Unio Euphidticus, Bouvgm'^iiul, 1852. T.'st. noo. Saulci/, iu Itin. jicr Ûric/ilem,\t. 28, u" 4. — 1853. Cat. rais. moll. recueillis par de Sautcy. p. 75. i>Ks LACS hk tibéhiai»]'], d'antioghk et iriloMS -Jll d'un jauiic-vcrili\tr<'. plus iiarliculiôfciiuMit cIkv. les jeunes individus, avec quelques zones concentriques brunâtres.— Intérieur nacré, blanc ou légèrement rosé. — Dent cardinale comprimée, large à la base, subtrigone; lamelle latérale presque droite, peu ék'vée et comprimée, frangée à ses extrémités. — Ligament solide, assez allongé, d'un Itniii jaunâtre. Dimensions : Longueur maximum 50-57 millimètres. Hauteur maximum 28-31 Épaisseur maximum 20-22 Rapports et différences. — L'Unio /*/V!i;, h' w ri()i:iii-: i-;t irnoAfs yi.'< comme ooni|inniés dans leur ensemble ; ornés (l'oudulatioiis saillantes arnicies de li^y-ères nodosités. — l<]pi(lenni; hrilhiiil silloiiin' de stries conocntriques peu saillantes; d'un jaune fauve, un peu cendre vers les sommets, passant au fauve noirâtre ou au noir verdâtre dans les parties antérieure et postérieure, avec des raies concentriques d'un brun marron. — Intérieur na^Ô6. Ainénitrs malacoloi/>ques,l, p. 165,1)1. XVll. iitc. i-4- Desciuption. — Coquille de petite taille, relativement solide, épaisse, d'un galbe e]li|)li({ue allongé, renflée vers les sommets. — Partie antérieure courte, arrondie, bien développée; partie postérieure allongée, subrostrée, un peu acuminée; bord cardinal un peu arqué, assez court ; bord palléal subrectiligne en son milieu, puis arrondi à ses extrémités. — Sommets corrodés, renflés, proéminents, aigus à leurs extrémités, recourbés et rejetés vers la partie antérieure, ornés de rugosités dis- DES F.ACS Di: l'IBl'lRI MU';, D" A \ IIOCII |.; Kl" D'ITOMS 215 posées en lamelles un peu parallèles. — Kpiderme lisse, brillant, érodé vers les sommets ; d'un jaune (huve, plus foneé sur les bords marginaux, orné de faibles stries concentriques dues ;i Taccroissenient. — Dent cardinale forte, solide, de forme tri jionale ; lamelle latérale assez élevée, allongée. — I.igament de couleur brune, fort et robuste. Dimensions : Longueur maximum 30 millimètres. Hauteur maximum 18 Epaisseur maximum 15 _ Rai-ports et différences. — UUaio Grelloisiamis, par son galbe général elliptique, appartient encore au groupe de l' Unio ellipsoideits; mais c'est la forme la plus petite du groupe. On le distinguera toujours facilement non seulement à l'exiguïté de ses dimensions, mais encore à sa forme renflée, à ses sommets plus saillants, armés d'ondulations presque parallèles, à sa dent cardinale trigone et bien développée. On pourrait encore, comme taille, le rapprocher de VUnio timius dont nous avons déjà parlé, mais le galbe de ces deux formes est suffisamment différent pour écarter toute crainte de confusion. Habitat. — Dans les eaux du Jourdain (de Saulcy). 4. —GROUPE DE l/UNIO LORTETI UNIO LOKTETI, Logard PI. XXI, Ûg. 7-12. Vnio Lorteti, Locard, 18f-0.- Apud Lortet, Drag. prof. Tibériade, ,in Comptes rendus Acad Sciences t. XCXI, p. 502. Description. — Coquille solide, un peu épaisse, d'un galbe ovale-allongé, rostrée renflée dans tout sou ensemble. — Région antérieure courte, arrondie, assez relevée; région postérieure allongée, s'étendant en forme de rostre obtus, arrondi a son extrémité; rostre submédian; bord marginal arqué; bord palléal allono-é, presque rectiligne en son milieu, ou même légèrement subsinueux chez les jeunes individus, arrondi à ses extrémités ; arête apico-rostrale peu saillante, rejetée vers la crête ligamento-rostrale. — Sommets corrodés, fortement rapprochés du côté antérieur, recourbés, un peu proéminents, renflés, ornés à leurs extrémités de stries obsolètes, ou quelquefois plus saillantes, mais très irrégulières et toujours peu nombreuses. — Épiderme brillant sur lequel apparaissent cependant les stries d'accroissement, feuilletées dans la région rostrale; d'un jaune brun à peine verdâtre, plus foncé vers les extrémités antérieure et postérieure, avec des zonules 216 MALAGOLOGIK concentriques d'un brun noirâtre, — Intérieur nacré, blanchâtre, à peine rosé vers les sommets. — Dent cardinale un peu épaisse, élargie à la base, ensuite déprimée et aiguë, trigonale, très légèrement dentelée, quelquefois subbifide; lamelle laté- rale presque droite, assez allongée, déprimée et striolée. — Ligament allongé, solide, de couleur brune. Dimensions : Longueur maximum 58-60 millimètres. Hauteur maximum 30-32 — Épaisseur maximum 23-24 — Observations. — Sans être très polymorphe VUnio Lorfeti présente cependant quelques variations dont il importe de tenir compte ; ces variations portent sur la forme plus ou moins allongée du rostre, et sur le galbe plus ou moins renflé de la coquille. Nous établirons donc d'après cela les variétés suivantes : Coquille plus régulièrement renflée dans tout son ensemble, depuis les sommets jusqu'au bord palléal ; région postérieure plus allongée, avec un rostre plus acuminé, plus aigu; bord palléal subsinueux; sommets plus larges, plus saillants, plus réflécliis. C'est la var. elongata. VUnio Lorteti, si abondamment répandu dans les eaux du lac Tibériade, se retrouve également, comme nous le verrons plus loin, dans le lac d'Antioche. Tout en conservant le même galbe, sa taille devient plus forte; il constitue alors une var. major. Rapports et différences. — Nous plaçons cette forme bien caractérisée en tête de notre quatrième groupe; quoique déjà nettement rostrée, elle sert en quelque sorte de passage entre les formes du groupe précédent et les formes encore plus rostrées qui rentrent dans son groupe, et que nous aurons à comparer ensuite avec elle. Habitat. — Commun: dans les eaux du lac Tibériade (Lortet, Letourneux). UNIO TIBERIADENSIS, Letotirneux PI. XXI, ûg. 13-15. Vnio Tiberiadensis, Letourneux, 1881. Mss. Description. — Coquille solide, un peu épaisse, d'un galbe oblong-allongé, rostrée et renflée dans tout son ensemble. — Région antérieure très courte, peu développée, arrondie, très relevée; région postérieure allongée, rostrée en forme de coin; rostre médian, aminci à son extrémité, se terminant en pointe subaiguë; bord cardinal oblique, court, arqué ; bord palléal allongé, arrondi dans sou ensemble et DKS I,Ai'.S DH TIBÉKIADK, l)' A NT [OC 11 K KT D'IIOMS -217 relevé à ses extrémités; crête apico-mstrale peu saillante, arquée et lorabaiite à son extrémité postérieure. — Sommets corrodés, trôs rapprochés du côté antérieur, recourbés, assez proéminents, un peu distants l'un de; l'autre, couverts à leur extrémité d'ondulations irrégulières, parfois renflées sous forme de petites nodosités. — Epidémie l)rillanl, tiini' de stries d'accroissement concentriques très atténuées ; d'un jaune brun à peine verdàtre, passant au brun plus foncé vers les extrémités anté- rieure et postérieure, pvec une série de zonules concentriques d'un Jjiuii noirâtre ; sommets grisâtres. — Intérieur nacré, blanchâtre sur les bords, rosé vers les sommets. — Dent cardinale épaisse, solide, subtriangulaire, fortement denticulée au sommet; lamelle latérale assez allongée, arquée, peu élevée, à peine striolée à son extrémité. — Ligament allongé, solide, de couleur brune. Dimensions : Longueur maximum 57 millimètres. Hauteur maximum 30 — Epaisseur maximum 23 — Rapports et différences. — Dans le groupe que nous étudions, à mesure que nous nous éloignons de VUnio Lorteti, le galbe de la coquille devient de plus en plus cunéiforme par suite de l'allongement du rostre formé par la partie postérieure de la coquille. Si nous comparons l' Unio Lorteti avec VUnio Tihcriadensis, nous voyons que ce dernier a sa région antérieure plus courte par suite de son moindre déve- loppement, la hauteur de la perpendiculaire abaissée du sommet est plus courte ; la région postérieure est également plus étroite et plus acuminée à son extrémité ; le bord palléal n'est plus droit ou subsinueux, mais bien arrondi dans son ensemble; les sommets sont plus rapprochés du côté antérieur, de telle sorte que, à longueur maximum égale, la corde apico-rostrale est notablement plus grande ; enfin la dent cardinale est plus forte, plus robuste, moins trigone et plus dentelée. IIaiîitat. — Ivare; les eaux du lac Tibériade (Letourneux). UNIU TERMINALIS, Hourgdignat Unio termtnoiîs, BouRGUlGKAT, 1852. 7V*7. nor. Saulcij Orient, p. 31,'n» 9. — — BouRGUiGNAT, 1853. Dcscr. Coq., in Journ. de Conch, t. IV, p. 74, pi. III, fl|j. 7. — — BouRGUiGNAT, 1853. Cot. raxs . moU. Satilci/ Otienf, p. 70, pi. III, fiir. i-6. Description. — Coquille solide, un peu épaisse, d'un galbe presque subtrigone, allongée, rostrée, convexe-renflée. — Région antérieure très courte, peu développée, mais arrondie; région postérieure allongée, rostrée en forme de coin; rostre submi'dian très aigu: bord cardinal, court, oblique; bord palléal très allongé. 218 MALACOLOGIE presque droit, arrondi à ses extrémités. — Sommets corrodés déjetés vers rextrémité antérieure, i^ecourbés, saillants. — Épidémie brillant, noirâtre, devenant plus foncé vers le bord palléal; intérieurnacré, blanchâtre. — Dent cardinale grosse, épaisse, un peu dentelée; lamelle latérale forte, allongée, s'étendant sur toute la longueur du corselet. — Ligament fort, solide, de couleur brune. Dimensions : Longueur maximum 55 millimètres. Hauteur maximum • 27 — Epaisseur maximum 22 — Rai'PORTS et dib'férenges. — UUnio teritiinalis est voisin de VUnio Tiheria- densis; on le distinguera cependant facilement : à sa région postérieure plus allongée, plus rostrée, et partant plus étroite et plus aiguë à son extrémité; au profil du bord palléal, qui est plus droit dans son ensemble, alors que celui de V Unio Tiberiadensis est arrondi et relevé à ses extrémités, de telle sorte que pour une même hauteur maximum, la partie antérieure, chez cette dernière coquille, paraît moins développée, avec un 'profil moins arrondi; en outre, chez VUnio terminalis. les sommets sont plus rapprochés l'un de l'autre; enfin la dent cardinale est moins forte, moins dentelée, et la lamelle latérale plus allongée. Gomme l'a, du reste, fait observer M. Bourguignat, VUnio terminalis présente ceci de remarquable, c'est que sa partie antérieure ressemble à celle des Unios platyrinchus^ et U. platyrinchoideus', tandis que par son rostre il se rapproche de certaines variétés très ventrues et très aiguës de VUnio tumidus--. Enfin, en dehors de la faune du lac de Tibériade, on peut encore comparer VUnio terminalis k VUnio tigridis^ de Bagdad; on distinguera cette dernière forme : à ses valves moins épaisses ; à son galbe un peu plus comprimé; à ses sommets moins rapprochés de la partie antérieure ; à sa partie postérieure moins rostrée ; enfin, et surtout à sa charnière qui possède une dent cardinale plus mince, plus petite et plus allongée. Habitai'. — - Lesoanxdu lac Tibériade (de Sauley). ' Unio plafyrincJius, Rossmas.sle.i, 1837. Iconographie, V et VI, p. 30, fig 383. 2 Unio plati/rinchoideui, Dupuy, 1849. Cat. e.ctramur. GaHiie, n° 33). — 1852. Ilist. ,nol'. France, p. 649, tab. XXVII, fig. 16. 3 Unio lam'idus,Kvrezws, 1788. Nor>. Test, (jeu., p. 17, n" 3. * Unio tiyridis, Bourguignat, 1853. Cat. rais. moll. Saulcij Orient, p. 771. 1»KS LACS \)K T1I!HUIA1»H, I)' A N TIOCIl H HT D'IIOMS 219 UNI'» ri!(>SA(;UUS, Boi'iujiiKiNAT l'i. XXI, lis,'. lO-n. Unio prosacrus, Hourguignat, 1881. Mss. Description. — Coquille solide, assez épaisse, relativement lourde, d'un galbe lia peu allongé, ounéilbrine, ventrue dans la région des sommets, amincie vers le rostre. — Région antérieure très courte, avec un profd presque droit ou subarrondi; région postérieure allongV'C et rostrée ; rostre médian, aigu, aminci à son extrémité, brusquement relevé à l'extrémité du bord palléal ; bord cardinal subarrondi, oblique, court; bord palléal allongé, arrondi dans le jeune âge, puis droit ou même subsinueux cliez les sujets adultes, arrondi à son extrémité antérieure, brusquement relevé vers le rostre ; arête apieo-rostrale saillante, formant une double inflexion, la première vers les sommets, la seconde vers le rostre. — Sommets corrodés, très ra[)prochés de la région antérieure, recourbés, renflés, très saillants, ornés d'ondu- lations tuberculeuses irréguliôres, assez rapprochées. — Epidermo lisse, brillant, orné de stries d'accroissement concentriques, à peine sensibles , d'un jaune cendré devenant d'un fauve verdàtre chez les sujets plus âgés, avec des zones également concentriques d'un l)ruu plus ou moins foncé, passant au fauve cendré vers les sommets. — Intérieur nacré, Idanchàtre, plus rarement un peu rosé chez quelques individus ; dent cardinale solide, épaisse, subtriangulaire, légèrement denticulée ; lamelle latérale allongée, arquée, un peu épaisse. — Ligament solide, allongé, de couleur noirâtre. DlMFXSlONS. Longueur maximum 47-55 millimètres. Hauteur maximum 25-."50 — Epaisseur maximum 18-23 — Rapports kt dikkiïrencks. — Uf'nioprosacrus est la coquillela plus cunéiforme de toutes les Nayades de Syrie ; il est caractérisé : par sa région antérieure extrê- mement courte, un peu arrondie chez les sujets de petite taille, presque droite (diez les vieux individus ; par sa région postérieure extrêmement allongée, se terminant par un rostre pointu; par le renflement de sa partie antérieure qui contribue amsi adonnera la coquille ce galbe cunéiforme; (;tc. Avec de tels caractères ITmo prosnrriis ne saurait être (-(jnfondu avec aucun de ses congénères. Habitat. —Assez abondant dans les eaux du lac Tibériade (Lortet, Lelourncux). Ann. Mus. UI. '^^ 220 MALAC.OLOGIl': GROLPE DK L'Uyin LUSILIFER 4 UNIO LUNULIFER. Kodrguignat Unio hinulifer, BofROUloXAT, 1856. Améniiéx malacologiqucs, I, [i. 166, pi. XN'II, fig. 5-8. Description. — (Coquille solide, épaisse, assez })esante, d'un galbe subtrigone, régulièrement rentiée-convexe vers les sommets. — Région antérieui^e courte, subovale; région postérieure allongée, subrostrée ; bord marginal arqué et court; boi-d palléal presque droit, un peu sinueux dans sa partie médiane, arrondi à ses deux extrémités. — Sommets corrodés, rejetés vers la région antérieure, accompagnés d'une dépression antérieure immédiatement au-dessous de leur partie saillante et qui simule la lunule des Venus: recourbés, saillants, ornés à leur extrémité de petits tubercules et de rugosités lamelliformes irrégulières. — Epidémie lisse, d'un jaune noirâtre plus foncé vers les extrémités, et orné de stries concentriques obsolètes dues à l'accroissement du test. — Dent cardinale épaisse, élevée, trigonale; lamelle latérale épaisse, allongée, un peu arquée. — Ligament fort et solide Dimensions. Longueur maximum ... 49 millimètres. Hauteur maximum 31 — Epaisseur maximum 22 — Rapports et différences. — UUnio lunvlifcr est caractérisé d'abord par la dépression antérieure située immédiatement au-dessous des sommets, dépression que l'on retrouve dans la lunule des coquilles appartenant au genre Venus. !Mais, eu outre, son galbe diffère de celui de toutes les Nayades que nous venons d'exa- miner, par son profil camard dans la parue postérieure; ce profil résulte de l'abaissement du rostre vers le bord palléal; ce bord est presque droit, tandis que la ligne qui part du sommet et s'étend jusqu'à l'extrémité du rostre en longeant extérieurement la coquille est fortement arquée. Habitat. — Les eaux du Jourdain (de Saulcy). UNIO ZABULONICUS, Bourgqignat l'I. XXII, I1-. U-l:^. Un,i) Zahvlonicus, Bourguignat, 18S1. Mss. Description. — Coquille solide, un peu épaisse, assez pesante, d'un galbe subtrigone-allongé. renflée-convexe dans son ensemble. — Région antérieure courte. I>KS I.ACS DK l'IlilMU AIH), H A \ T I O (', Il K |.;'r D'IJOMS T21 arrondie ; iH^j^'iDii liosb'i'iciin' lai'i^v. mi [u'ii rostn'-e à sou o\.li'('iiiiti'' ; rosln- iiili'iicin' aminci, sub:»i,i;ii ; boi-.l canliiial ari[iu'. i)I)liquc; bord j)all(''al i)resquc droit, ou légèreniiMil siilwiiiiicux dans st)n luilii'u. [s'arrondissant à ses extrémités; arêt(> apico-roslralo très voisine de la crête liiiamento-rostrali'. et foitcnu-nt arquée. — Sommets corrodés, déjetés vers la [iirtie antérieure, recourbés, assez |u'(ii'iniiiciits, ornés de nodosités irréu'ulières. omkdées. — Kpiderme brillant, iircsquc lis^c. un du moins orui" de stries concentriques d'accroissement obsolètes: d'iiii jaune a peine cendré, passant au liruu noirâtre vers les extrémités, et au brun cendré vers les sommets, avec des zones alternantes, concentriques, fauves. — Intérieur nacré, bLan- cbàtre sur les bords, rosé dans la ré^-inii d(>s sommets. — l)ent cardinale l'paisse, subtrii>'oue, à peine dentelée, lamelle lati'i'ale c(Huie. Ibrte. arqufV. — Liiiament brunâtre, fort et robuste assez allongé. Dimensions. Lmii(ueui" maximum •"•O millimètres. Hauteur maximum 31 — Hlpaisseur maximum. . . , ~i — llAi'i'dUTs KT WKFÉRENCES. — liluio y^KÙulo/iicK.s r.si tves voisin d(j Vf'/iio /"/ii'/i/r,\- il eu diffère cependant par plusieurs points, (-liez Vf'/n'o Z(if»il(>ninis. nous ne retrouvons plus la lunule caractéristique de Vl'iiiii lnniiUlcr; en (Uilre. son galbe est inoins renflé dans l'ensemlile de la coquille; le profil supérieur de la région postérieure est plus arrondi, plus anpu'; le rostre est eneurc! plus [irès du bord pall('al, ce qui contribue à dnnner à la coquille un L;albe toujours plus caniani ; les sonnnets sont également ondulés, mais ces ondulations sont moins saillantes, moins tuberculeuses ; enfin, à l'intérieur, la lamelle latérale est plus forte, plus courte et plus arquée. Uauitat. — Le r^ae Tibériade (Letourneuxj. Genre CORBICULA. von Muhlfeld CORHICl'l.A SAILCVI, l'ellUGIIIGNAT Ci/rena •Snulri/i, HounuuiGNAT, 1868. MdII. nnitr. lit ij.. \i. 'M'i, \i\. \LV, (i^^. G-'J. Descrution. — « Coquille inéquilatérale, épaisse, ventrue, reafioe surtout vers la région des sommets. — Test grossièrement sillonné par des striations transverses, ^ irrégulières, plus ou moins fortes et saillantes. — Partie antéi-ieure arrondie; partie 222 MALACOiLOGIl-: postérieure peu développée, comme tronquée. — Epidémie d'un fauve-corné, d'une teinte jaunacée vers le bord inférieur. — ■ Nacre intérieure d'un ton violacé. — Sommets proéminents, recourbés, toujours dénudés, à extrémité assez aiguë. — Gbarnière forte et robuste. Deux dents cardinales élevées, subtrigonales, disposées en forme de V renversé. — Dent latéro-antérieure composée de deux lamelles d'inégale grandeur, une externe, peu saillante, qui suit le contour marginal; une seconde, interne fort allongée, légèrement sinueuse, allant en s'amincissant à partir des dents cardinales. Dent latéro-postérieure également composée de deux lamelles dont une fort allongée, comprimée, peu saillante, et l'autre, plus externe, aussi peu saillante que l'autre, mais d'une forme trigonale très allongée. — Ligament très court, robuste, et très proéminent. » (Bourguignat.) Dimensions : Longueur maxiiuum 36 millimètres. Hauteur maximum 35 — Epaisseur maximum 16 1/2 — Rapports i-it différences. — Le Corhicula Saulcjji est surtout caractérisé par le mode d'ornementation de son test, qui paraît terne, rugueux, grâce aux nom- breuses striations concentriques grossières et irrégulières qui sillonnent la surface entière des valves. Chez le Corhicula flmninalis, au contraire, ce même test est brillant et orné d'élégantes côtes concentriques, régulièrement distantes, laissant entre elles un espace lisse, Hap-itat. — Les eaux du Jourdain (de Saulcv). CORlîICUI.A FLUMINALIS, Mui.ler PI. XX/;, liiî. 17-18. Tellinit /l^miiiali^, Muller, 1774. Verni, lerr. et /lue. /lisL, 11, p. 'Mb, iv 39Ù. — flmiatilis, MiJLLER, 1774. Verm. terr. et ftuv. hist., 11, p. 205, no 392. Venus /luminalis, Chemsita, 1782. ConcJi. otb., t. VI, p. 319, U»l). XXX, fiy. 320. — lUivlalilis, Ghemnitz,1782. Conch. cal/., t. VI, p. 320, tab. XXX, fig. 321. Cyyena orienlalis, Lamarck, 1818. Aiiim. sans verl., t. V, p. .552, ii" 2. — cor, Lamarck, 1818. Anhn. sans vert., t. V, p. .552. n" 3. — /'Mi-CKta, Lamarck, 1818. Anim. sans vert., t. V, )). 552, ii» 4. — consobrina. Caii.lauu, 1823. Vu,/, à Mth'oé, Allas, t. il, pi. LXl, fig. 10-11 ; t. IV (1827). p. 263. — fluminalis, Bourguignat, 1853. t'at. rais. moll. Saidcij. Orient, p. 70. Description. — Coquille inéquilatérale, subtiiangulaire, un peu épaisse, ventrue, fortement renflée vers les sommets. — Région antérieure concave dans sa partie antérieure ou presque droite, puis arrondie dans le bas, plus développée que la région postérieure; région postérieure largement convexe, arrondie dans le bas; bord inférieur arrondi. — Sommets très proéminents, recourbés, aigus à leur 1»ES LACS IiK TinKIUADK, I>'.\NT lOl'-II H KT D'IloMS -J^'A exln'MuiU', lén-èrcincnt incliîR's vers la partie aiitérii'uiv. parfois un \u'n dénudés chez les sujets séiiik's.' — Testoriu' d'c'léi^antes costulations concentriques, réguliè- rement et progressivement espacées, Unes, minces, laissant entre elles un espace liln-i' lisse, é^-alà environ une fois et demie l'épaisseur de la côte. — Epidémie brillant, d'un i:\iuic plus ou moins foncé, passant au brun noirâtre sur les côtés et vers les sommets, avec des zones irrégulières, concentriques, de même nuance, — Intérieur nacré blanchâtre vers les bords, un peu violacé sous les sommets. — Charnière forte et robuste; doux dents cardinales subtrigones, un peu acuminées. disposées en forme de V renversé; dont latéro-antérieure composée de deux lamelles subégales, l'une externe ordinairement plus saillante, qui accompagne le bord marginal, l'autre interne plus forte, un peu sinueuse, un peu plus allongée, allant en s'atténuant à partir des sommets, finement striolés sur sa face externe; dent latéro-postérieure éo-alement composée de deux lamelles, celle interne plus forte, plus saillante, plus allono-ée. un peu infléchie en dedans, striolée sur sa face externe. — Ligament très court, saillant, fn. sans vert., vol. VI, 2» part., p. 167. — luberculata, Bourguignat, 1853. Cat. rais. moll. Orient, p. C5. Description. — Coquillo un peu allonii'éc, conique, turriculée; assez solide, subopaque, d'une teinte fauve corné ou fauve clair chez les jeunes sujets, passant au brun foncé chez les individus adultes; l'extrémité de la spiiv et la partie avoi- sinant la suture dans le haut de chaque tour de coloration [ilus claire. — Test élégamment sillonné de stries spirales plus ou moins fortes et régulières, interrompues par des côtes transverses plus fortes, donnant au test un aspect subtuberculeux; ces côtes toujours atténuées a la base du dernier tour.— Spire aiguë, lancéolée, à sommet petit et aigu ; douze à quatorze tours de spire, peu convexes, croissant régulièrement, séparés par une suture bien marquée, un [)eu arrondie dans le bas. — Ouverture elliptique, anguleuse a sa partie supérieure, presque arrondie à sa partie inférieure; bord simple, aigu; columelle violacée, légèrement dilatée et réfléchie vers la base; bord externe arqué en avant ; bonis marginaux n'-unis par une callosité assez forte. Dimensions ; Hauteur totale. . . . , 23-40 millimètres. Diamètre maximum ^' H Rapports et DiKi-iaucNCKS. -LeMelania luberculata du lac de Tibériadc difFèro un peu des nombreuses formes déjà signalées et si bien décrites ou figurées par M. Bourauignat \ Aussi avons-nous tenu .1 en donner la description. Cette nouvelle variété, ou var.^'/o/;^a;«, diffèr." des formes algériennes et égyptiennes : par son galbe plus allongé, plus lancéolé, i)lus acuniin.'- au sommet; par le test plus solide, plus épais; par une coloration épidermiqiio plus foncée, sans flammules ' Bourguignat. im'i.Malacologi-; de CAhjèri; vol. 11, p. 2.5'), pi. XV, fi-. 111. 226 MALACOLOOIK longitudinales; pai- la coloration violacée de la cokiraellc, etc.; ses côtes longitudi- nales sans être aussi accentuées que dans la var. costata des environs de Gonstantine% sont cependant plus régulièrement marquées que dans toutes les autres figu- rations données par M. Bourguignat; elles descendent, en outre, jusque sur le milieu du dernier tour, ce qui donne un cachet de régularité à l'ensemble de l'ornementation. Chez les sujets séniles, ces côtes longitudinales s'atténuent, et les stries transversales paraissent finement subdenticulées sur les sept ou huit premiers tours. Observations. — Le Melania tuberculata est très communément répandu dans tout le nord de l'Afrique ; il vit dans des conditions d'habitat très différentes. On l'a récolté dans des ruisseaux aux eaux pures, fraîches et courantes, dans des sources, des mares et des marécages, et jusque dans les schotts. Au pied du rocher de Gonstantirie, en Algérie, on le trouve dans des sources thermales à 32° centigrades. Nous ne saurions passer sous silence la curieuse observation faite par le docteur Louis Raymond' sur les moeurs de ce mollusque. Comme le Chromis pater- f amili as àalac de Tibériade, le Melania tiibercidat a donne asile à ses petits pendant la nuit. Chaque soir, les jeunes sujets rejoignent la même mère et se cachent dans une poche renflée communiquant avec l'extérieur, située sous le collier, à la partie antérieure et en arrière du cou. La poche ainsi remplie fait saillie et peut recevoir de vingt-cinq à trente individus de différente grosseur. Eclos sous le bénéfice de l'ovoviviparité, ces mollusques participent ainsi à la vie extra-utérine à la façon des jeunes Marsupiaux. Habitat. — Très commun sur les rives du lac de Tibériade. MELANIA ROTHIANA, Mousson Melania lîolhkina, Movss,oy, 1861 .C07. ;vr. liotli, \i. Gl. Observations. — ^L le professeur Mousson et le révérend Tristram ont signalé sur les bords du lac Tibériade un Melania Rhotiana, voisin mais pourtant thfférent du Melania tuberculata. A ce sujet, ils déclarent tous deux n'avoir point rencontré de sujets vivants, et dès lors ils expriment la ])ossibilité de la subfossilisation de cette espèce qui aurait disparu de nos jours. M. le docteur Lortet n'a point, il est vrai, retrouvé le Melania Rothiana, mais il n'admet point cette idée de subfossilisation. Pour lui, cette espèce comme la précédente vit localisée sur un ou plusieurs points ' Slrombus costidus^'S'iXiviAw, Loc. cit. 2 Louis HayiiKHi'l, 185'i. Rccherch(>s aiiatoinu-pliysiulogiques .sur les ukjIIusijuc.s île l'Algérie, iii Jouni. CoikIi., t. m, p. 3i5, ij" 1. I>KS I.ACS \)K 'l'IHKItlAIH';. h ' \ \ l" I OC II i; i:r irnoMS 227 tlomirs ilu lac, l't c'est jiar le drayagc (iiTil laul espérer pouvdir la ivrolln-. C'est ainsi qu'il a liii-iuriuc ranpiuh' un iininhiv cmisidiTahlo de Melania cosiitla, espèce (jui est, du reste, plus almiiilaiili'. Nous croyons mlcrcssanl de reprodiiiic ici la dia^'Hoso de cette Mélanie, telle qu'elle a été donnée pai' M. Mousson. Description. — «^ T. h,ipcrfova1(i, cjjUndmcrd-htrrlId, ^n'iilspiidla, ctdcareo- (ilbn. Sj)/ra rcgularis, Iniie accrescens; sv.nuao drcolhilo : sidurasiiJiiitijirrssui, filnri. Anfractm rcmanentr.s 7 (restiivii V^- II), plano-convexi, s/iprris /iris- .7, rosi (dis validis secatis, circumdafi : ultinuts ad bitsim Jincis spiralihus I. in columellam minorihvs, ornafus. Apertura angusto-ovalis ; margine deœtro rn-l,,^ infra nrrvaliiu sid/produclo, sinistro lamina teniii cnUosa vesfi/o: rohinii'lln (■rnssiiiscii/d^ uiiijidatiiii in Doirr/ineiu husidriii currata . ^) (Mousson.) DiMicxsiONs: Long, (restilula): 'Sy. — Diam. : (>, .5 r,iili. Apert. lonr;.: 6, .">; — Lai.:'.] ,,nll. Kai-i'orts kt Dii'KKRKNCES. — L'cxprcssion du calcareo-alha donnée dans cette diagnose se rapporte évidemment à des inilividns morts. Il faut doue avouer ([uo nous ne connaissons pas eneoi'c la véritable coloration iln Melania Rolltinna. Qi'.oi qu'il en soit, le petit nombre dos lignes spirales des tours supérieurs, leur relief, la grosseur des côtes transverses, augmentant du sommet à la base de (i a 11. la forme plus allongée, la cnlumelle ("paissie descendant plus loin vers l'angle inférieur de l'ouvertui-e, etc., [x-rmettront toujours de distinguer le Mdania Uolhimin du Mclaiiia InlxTcidnia (pii l'accompagne. HABn'AT. — Les boi'ds du la^s de Tibi'riade (Mousson, Tristraiu). Genre MELANOPSIS. Ferussac I. OROL'I'K 1)1- MKr.AXOPSIS I! UCri XO I D K A iMKLA.xoi'sis i;rr,r[\ni!)i.: \. (^mvikh Meîania hw^ciiioidea, OiAViF.n, 1801. Vo;/. e»ii>. Oit., t. I, |i. 2'3~, pi. Wlll, fi:,'- >"'• MeUinopsis hurcinoidea, Ferussac, IS2.3. J1/o;i. Melanopsis, p. 19 (|)ars). DKscRii'riox. — Coquille imperfoi'i'c. d'un ualbe ovoïde-conique, constituée par une spire peu élevée, mais également conique. — Test brillant, presque lisse, solide, opaque ou subopaque, -avec une large bande brune couvrant presf[ue entièrement Ann. Mus. ni. 2d 2:28 MALACOLOGIE chaque tour de spire. — Spire acuminée, convexe-conique, terminée par un sommet petit, aigu chez les jeunes individus, rongé chez les sujets séniles; sept à huit tours de spire presque rectilignes, à croissance régulière mais rapide, séparés par une hgne suturale superficielle, peu apparente ; dernier tour grand, convexe à sa base. — Ouverture ovale-arrondie, se prolongeant à sa partie supérieure sous la forme d'une petite fente étroite plus ou moins allongée; bord extérieur droit, mince, tranchant, largement convexe dans son ensemble; bord inférieur arrondi, un peu descendant; bord columellaire fortement échancré dans le bas. — Columelle légèrement courbée et infléchie en avant vers sa partie basale, brusquement tronquée à son extrémité. — Sinus de la truncature très pi^ononcé, profond, arrondi. — Callum blanchâtre, violacé, épais, s'étendant sur le bord columellaire et formant à la partie supérieure de l'ouverture un renflement parfois très accentué. Dimensions : Hauteur maximum 18-22 millimètres. Diamètre maximum . 8-11 — Hauteur de l'ouverture 10-12 — Largeur de l'ouverture 5-6 1/4 — Rapports et différences. — On a bien souvent confondu les Melanopsis bucci- noidca, M. Maroccana ei M. prxmorsa. Ces trois formes sont cependant parfai- tement distinctes. Elles ont d'abord un habitat différent. Le Melanopsis prsemorsa est une forme africano-européenne qui ne se trouve pas en Asie. Le Melanopsis Ma- r(9cm;m est plus particuhèrement propre à l'Algérie; cependant M. Bourguignat en a reconnu la [)résence dans les eaux chaudes de Brousse, en Anatolie. Quant au Mela- nopsis haccinoidea, c'estla forme essentiellement asiatique. Si nous comparons ces trois formes ensemble, nous voyons que le Melanopsis 6^(cc^;;o^W^« a toujours sa ligne suturale su}:erflcielle, très peu marquée, de telle sorte que les tours se succèdent les uns aux autres sans s'étager, ce qui n'a lieu ni chez le Melanopsis prcemorsa, ni chez le M. Maroccana. Le profil général des Melanopsis Imccinoidea est donc plus droit, plus lisse, plus régulier. Son dernier tour est uniformément convexe, tandis que celui tUi Melanopsis prœmorsa est obtusément anguleux à sa partie supérieure, puis aplati dans la partie médiane, et celui du Melanopsis Maroccana anguleux à sa partie supérienre, puis un peu concave dans sa partie moyenne. Enfin, chez le Melanopsis buccinoidea, l'ouverture est plus arrondie que chez ses congénères, avec sa columelle un peu moins torse; la spire est plus convexe- conique, etc. 11 est à remarquer, relativement aux individus du lac de Tibériade. qu'ils ont ordinràiementle callum violacé, très épais, et toujours accompagné, dans sa partie bHS LACS \)V. TlUKlilAhK, 1)' .V N T lOC 11 H IIT H'IIOMS ','29 supérieure, (ruii l)<)uton saillaul iiui \ iful coiiiiu.' lermiiier la iiartie anguleuse de rduvci-ture. Oii-iiit au polymorphisme ([ue Ton peut observer dans cette coquille, il porte : sur la laill' plus ou moins forte, ainsi que cela ressort des dimensions que nous avons intliquées;sui- le galbe [ilus un moins ventru de la coquille; sur le dévelop- pement plus ou moins considérable du callum : sur l'érosion ou la non-érosion du sommet, etc. Mais, quoi qu'il en soit, la coquille conserve toujours ce même carac- tère bii'U défini. Habitat. — Le Mclanopsis huccinoidra est très commun dans toute la Syrie, la Palestine, etc. 11 a été rapporté en abondance des bords du lac de Tibériade par M. le docteur Lortet. Nous aurons également à eh signaler la présence dans les eaux des lacs d'Antioche et d'IIoms. 2. --GROUPE un MELAN\OPiil s CDSTATA MELAXOPSIS COSTATA, Olivier Melaitia coslata, Olivieu, 1801. Voy. emp. Ott., vol. Il, p. 2'J4, \>\. XXXI, fig. 3. Melanopsis costata, Ferussac, 1823. Moiwr/r. Melan., p. 150, [il. I, (ii;-. l')-15 (pars). Description. — Coquille imperforée, lancéolée, conique-turritellée. — Test solide, à peine subopaque, brillant, lisse, d'un brun-noiràtre ou olivâtre plus ou moins foncé; orné de costulations longitudinales ou un peu obliques, saillantes, en nombre variable, s'étendant sur toute la hauteur de chaque tour de spire et formant un léger rontlement subtuberculeux vers la ligne suturale; espace intercostellaire sensi- blement égal ou à peine plus grand que la costulation. — Spire acuminée, terminée par un sommet petit, un peu aigu; huit à neuf tours de spire étages, terminés à la suture par un méplat correspondant à la ligne subtuberculeuse des costulations, à croissance régulière, mais ra[»ide; le dernier tour plus grand; suture assez profonde, très accentuée. — Ouverture ovale-oblongue toujours plus petite que la moitié de la hauteur totale de la coquille, aiguë dans le haut, se prolongeant à sa partie supé- rieure sous la forme d'une petite fente étroite plus ou moins allongée. — Columelle légèrement courbée et un peu infléchie en avant vers sa partie basale, brusquement tronquée à son extrémité. — Sinus de la troncature très prononcé. — Péristome droit, aigu; bord columcllaire violacé; bords marginaux réunis ].ar un callum violacé épais, Inljeri-iileux dans 1(3 haut. DlMKNSIONS : Longueur totale • 18-23-36 millimètres. Diamètre maxinium. . . . . ■ 8-10-11 Hauteur de l'ouverture. . . • 8-11-1,- Largeur de l'ouverture •5-6-G l/~. •230 MALACOLoi'.Il'; Rapports et DiFFiiRKNCKs. — Le Mrlanojjsis costala avec ses caractères tout particuliers basés plus spécialement sur la disposition de ses costulations ne saurait être confondu avec aucune autre forme. C'est un type qui n'a d'analoi^ie qu'avec l'espèce suivante. Aussi doit-il. à juste titre, être considéré comme le tj'pe de tout le groupe des Melanopsides costulés de l'Orient. C'est, du reste, une fornie assez polymorphe, car on peut observer dans la même station les var. obesa, exigua. elongnta, etc. Les qualificatifs de ces variétés les définissent suffisamment sans qu'il soit besoin d'avoir à y revenir davantage. Habitat. — Le Melanopsis costala et ses variétés est très communément répandu dans les eaux des lacs de Tiliériade. d'Antioche et d'Homs. MKLANOPSIS .lORDAXICA, Rotk ilHmtopsis costald (var. Jordanica), Roth. 1839. Moll. x/.rc., \i. :i5, pi. II, fig. 1.', 13. — Jordanica, Moi'SSon, 1801. Criq.rfc. Kofh, p. 5U. Description. — Coquille imperforée, d'un i^allie ovoïd,', court, renflé, ventru, formé par une s[iire étagée. acuminée à son extrémité. — Test solide, épais, subopaque, lisse, brillant, orné de grosses costulations longitudinales, un peu obliques, et de deux à trois Ijandes transversales d'un noir rougeàtre très foncé, se détachant sur nu fond plus clair; costulations souvent grossières, mais sensible- ment subégales, s'étendant sur toute la hauteur de chaque tour, souvent un peu tuberculeuses vers la ligne suturale. — Spire courte, acuminée à son extrémité, composée de 0 à "tours peu convexes, bien nettement étages les uns au-dessus des autres, à croissance régulière et un peu lente, séparés par une suture très accentuée; dernier tour peu dévelop[)é proportionnellement aux autres. — Ouverture ovale- arrondie. sensiblement égale ou un peu plus grande que la moitié de la hauteur totale de la coquille, terminée à sa pai-tie supérieure par une fente très étroite, un [)eu courte ; bord externe, droit, mince, tranchant, arrondi surtout dans le ])as ; ])ord inférieur, largement arrondi; ])ortl coluinellaire concave surtout à la partie inférieure. — CoUumelle légèrement cmirliée et un peu infléchie en avant vers sa [•artie basale. — ■ Calluni d'un blanc violacé, épais, s'étendant sur tout le bord columellaire. accompagné d'un renflement noduleux vers la iente du sommet de l'ouverture. Dimensions : IjOugiieur totale. . ... .17 millimètres. Diamètre maximum. . ... S 1/2 — Hauteur de l'ouverture. . . . 8 1/4 — Largeur de l'ouverture. ... .à — DKS LACS DK 'l' [ I! K lî I A I) K. I> ' A N 'J' I O Cil K K'I' D'IIOMS y;{| Observations. — I.,' Metdiiojjsis Jordanira a loiir ,i Idiu- ,:t(' r^onsidéré comme variété et comme espèce. Dans le principe, Roth n'en foisait qu'une sira[)le variété, mais très nettement détinie ilu Melanopsis costaUi. C'est ainsi que M. Bourg-uiiirnat l'avait à son tour envisagé', tout en faisant voir ({nrllc (liifércncc il existe entre le type et la variété. M. Mousson a cru devoir l'ériger en espèce, en disant qu'il « existe bien peu de variétés qui jouissent d'un ensemble de caractères aussi prégnants que ceux ([Uf présente la M. Jordanica, reueillie par centaines d'exemplaires dans le lac de Tibérias ». Nous admettons cette dernièn' niani."'i-ede voir qui a été également reconnue par ^I. Bourguignat. îLvppoRTS KT DiFKKRENCi:s. — Le Melanojnis Jordanira diffère d(jnc du Mela- nopsis Costa ta : par sa taille plus petite; par son galbe beaucoup plus court, plus renflé, plus ventru ; par sa spire moins élancée, avec des tours plus étages, séparés par une suture plus profonde, croissant, en outre, plus lentement et plus réguliè- rement; par son ouverture toujours égale ou à peine plus grande que la moitié de la hauteur totale de la coquille, et non jamais ])lus petite ; par ses bandes colorées qui ornent le test; par ses costulations plus grossières, etc. Il existe plusieurs variétés importantes à signaler, M. Mousson a déjà indiqué- une MXY.irregidarisqm habite le lac deTibériade, et qui eât caractérisée par sa taille plus faible que le type, sa forme plus contractée, l'inégalité de ses côtes, qui sont tantôt fortes et distantes, tantôt minces et serrées, tantôt enfin, faibles et à peine accusées. Quant aux var. ohsolHa et ?nmor indiquées par Martens^ elles ne figurent pa> dans la faune du lac de Tibériade. Habitat. — Très commun dans les eaux du Jourdain et du lac de Tibériade. Genre THEODOXÏA. Denys de Montfort THEODOXIA JUKDA.XI, IJuttler t\tirita Jordani, Buitler. Mss. — — SowERBY, 1832. C'o/»c/i. i7/i(4V.,AV« Bourguignat, 1853. Moll. SauUy, \t. (û. = Mousson, 1861. Coq. Roth, p. 60. ' Martens, 1874. Vorderasiat. Cunch., p. 33, |.l. V, fig. 3'.), 40. 232 MALACOLOGIE visibles à la loupe seulement, régulières et régulièrement espacées ; d'une coloration brune ou noirâtre monochrome, ou zébrée de lignes fulgurantes plus claires. — Spire assez élevée, conoïdale, terminée par un sommet petit, obtus, légèrement érodé ; trois à quatre tours peu renflés, à croissance très rapide, le dernier tour très grand, faiblement aiTondi à sa naissance, avec une partie médiane subplate ou même sub- sinueuse chez les sujets séniles. — Ouverture oblique, semi-lunaire, plus haute que large, intérieurement blanchâtre ou un peu violacée; labre columellaire droit, épais. — Péristome droit, aigu ; bord supérieur infléchi ; bord inférieur largement arrondi ; bords marginaux réunis bien en deçà du labre columellaire par une callosité pariétale blanchâtre ou \iolacée, très épaisse, bombée, calleuse. Dimensions : Hauteur totale , . 7-H millimètres. Diamètre maximum 5-8 — Rapports et différences. — Le Theodoxia Jordani est très polymorphe ; son test est tantôt d'une seule teinte brune plus ou moins foncée, tantôt zébré ou flammulé; comme l'a fait observer très judicieusement M. Bourguignat, sa spire quoique toujours ovalaire dans le sens de l'axe, n'en prend pas moins également une apparence ou conique ou plus ou moins pyramidale; un de ses principaux caractères réside dans le profil du dernier tour qui est ou méplan à son extrémité, (juméme un peu subsinueux; enfin, comme chez lesMélanopsides de la même station, le bord columellaire est très épais et même gibbeux en arrière. Cette même forme vit à la fois dans le lac de Tibériade et dans le Jourdain ; malheureusement nous n'avons pu com})arer les échantillons de ces deux habitats, n'ayant eu entre les mains que des individus du lac. Habitat. — Très commun; le lac de Tibériade (de Saulcy, Lortet, etc.); le Jourdain (Buttler). THEODOXIA MIGHONl, Iîourguignat Nerita Michoni, Bourguignat, iS52. Tesl. noc, p. 21, ir> 1. — 1853. MdH. Sautci/, p. 70, pi. II, tî;^-. 48-51. Theodoxia Michoni, Bourguignat, 1S80. ]\Iss. Description. — Coquille imperforée, de petite taille, d'un galbe ovoïde- globuleux. — Test solide, brillant, épais, très légèrement ridé transversalement, t K, I) ' A N T lo i '.II H I-ri' HMIOMS 233 circulaire, avec le boni intornc comprimé cii avant et 1res calleux on arri("'i'o; bord mnriiiiial droit ; Itnid rxiciiii' diMiii-circulaire, fraiiclianl. noirâtre à l'inb^'ienr. — Calluni très épais, d'ini lun violacé ou brunâtre. DlMIlNSIONS: , Hauteur totale 5-7 millimètres. Diamètre maximum 6-9 — Ohskrvations. — M. Bourguignat, ou établissant cette espèce, a signalé une var. minima. dont nou-^ donnons les dimensions, et caractérisée, en outre, par une gibbosité du calluiu plus considérable et plus médiane que dans le type. Cette variété, rencontrée dans les eaux des environs de 'l'yr. paraît également se retrouver chez les individus îles lacs de Tibériade et d'Antioche; mais ici, ces caractères ne sont pas très nettement accusés; c'est une simple tendance. Rapports ET différences. — Par sa taille toujours petite; par sa coloration absolument noire sans aucune variation, par son galbe globuleux avec le dernier tour arrondi et non méplan, il sera toujours facile de distinguer le Theodoxia Mic/ioni <\n Theodoxia Jordani lorsqu'ils seront rencontrés dans les mêmes eaux. IIai'.it.vt. — Le Theoioxia Michoni a été signalé dans plusieurs stations de l'Asie ^Mineure. Le révérend Tristram ne l'a cependant récolte; ni dans le lac de Tibériade. ni dans lo Jourdain. Î\L le docteur Lortet en a i-aiiporté quelques exem- plaii-es du lac, lors de sou itremier voyage. THEoDOXLV IJELL.MîDI, Mousson Neritina Bellardi, Moossox, 1854. Cnq. Rellardi, p. 52, |il. I, fii,'. 11. Observ.vtions. — Nous ne connaissons cette coquille que par la description qu'en a donnée ^L Mousson, Le révérend Tristram l'a signalée dans le .Tabbok. l'un des affluents du lac de Tibériade : nous croyons intéressant d'en rappeler ici la diagnose. Description. — « T. dongato-semiglobosa, lœvmscula, striatula, concolor, riolaceo-niyra; anfr. .3 convexi , summo laterei obtuse, ssepc carioso, ultimiis amnlus, depressiusctdus , ohscurissime siihbiangidatus, ad sutttram appressus, de terlia parte fortiter deviatus ; apertura patula, fauce semicirculari cum lumine angiisto; labium columellare, callosiim, planwn, vix déclive^ lutescenle-album, undato-edentidum:, perist. aciUum, marginibus distantibas, sid^parallelis; oper- culuni albidum. » (Mousson.) DlMINSlOXS . Long : 10-12; — L-al.: 8-'J; — AU. : 5-G mill. Apert: Long. 9-10 ; — Lat. : 8 1/2 mill. 234 MALAGOLO(;iE Rapports ET DIFFÉRENCES. — Dans un autre mémoire', M. Mousson fait observer que dans les environs de Tibériade il existe des échantillons noirs de cette même Théodoxie, mêlés à d'autres à dessins sinueux blancs. Mais on les distinguera du Theodoxi Jordani: à leur forme plus globuleuse, avec le sommet moins élevé, la surface unie et polie ; à l'absence des impressions spirales ; à leur ouverture plus transverse avec un labium moins incliné vers l'intérieur. Habitat. — Le type avait été rapporté par Bellardi, de la vallée de Bka, entre le Liban et l'anti-Liban ; nous avons dit qu'on retrouvait cette même forme tout près (lu lac de Tibériade, dans l'un de ses affluents, < Mousson, 1861. Coq. rec. Roth., p. 62. MALACOLOdIK DU LAC UANTIOCIIIi La faune du lac d'Antioche pai'aît, dans son ensemble, beaucoup plus variée que celle du lac de Tibéi'iade. Nous y rencontrons un plus liranil Uduibre de f)'enres dlHërcuts chez les Gastéropodes. I^es Planorbes et les Linmées qui semblent faire défaut dans les eaux du lac de 'I'il)ériade ne sont point rares dans celles du lac d'Antioche ; en cela, ils(î rapprochedes lacs de la région uri-ntale du sud du système européen, dans lesquels la eomposition cliinuiiue des eaux esl normale. Parmi les Na3'ades, outre les l'iiios, nous rené: )ntrons les genres Lr(p(/,imaia, Pseudodon, Anodonta et Dreissensia, de telle sorte que nous trouvons ensemble dans le même milieu, toute cette curieuse; série (l(>s lamellibranches d'eau douce dont la charnière passe depuis la l'orme la plus simple el la plus rmlimentan-e, comme celle des Anodontes, à celle plus parfaite, mais plus complexe des Unios. Malheureusement, il n'a été fait aucune observation précise sur l'habitat comme siu- la distribution de ces différents Mollus(pies dans le ri'gime des eaux du lac. La mission de M. E. (Ihanti-e n'apu. àcetégartl, nous rournir la moindre indication, l-^t pour- tant l'on comprend tout l'intérêt qu'il y aurait à savoir a quelle profondeur et sous quelle pression d'eau ces différentes formes de Nayades se plaisent à vivre. Toutes ces coquilles habitent-elles à la même profondeur, ou bien peut-'on établir une cor- rélation entre la nature du milieu où se trouvent ces coquilles et la disposition de leur charnière ? 11 y a la une regrettable lacune dans l'histoire de nos Mollus({ues, lacune que nous ne pouvons combler, mais qu'il imporb- de signaler aux futurs observateurs. Mais un fait bien digne de remarque, c'est la présence dans ces eaux de plusieui-s Ann. Mus. IU. •''0 236 MALAGOLOGIE formes que nous avons déjà signalées dans les eaux du lac de Tibériade. c'est-à-dire dans un milieu bien distant, au point de vue géographique, et bien différent comme composition chimique. Qu'un certain nombre d'espèces aussi cosmopolites que le Corhicuhi /Inmina/is, espèce dont la taille est toujours petite, et dont le transport par des agents étrangers est nécessairement plus facile, se retrouvent enmême temps dans ces deux lacs, pareil fait n'a rien de bien surprenant; nous connaissons aujour- d'hui de nombreux exemples de dispersion géographique des Mollusques, non seu- lement terrestres, mais même d'eau douce, dans des bassins souvent fort éloignés. Mais ici, il s'agit de grandes espèces comme les fjjiio Simonin et U. Lortcti, dont on constate la présence dans des eaux chiniiquement différentes, faisant partie de deux ])assins géographiques bien distincts et n'ayant absolument aucun rapport. Le genre Unio nous a présenté onze formes différentes que nous avons réparties en trois groupes. 1. — GROUPE UK L'UNIO SIMOMIS Unio Si))wnis, Tristram. Unio emesaensis, Lea. — fJinmboiiIopsis. Locaru. Ces trois Unios ont un galbe court, d'un ovale-arrondi, tétragonal ou subtétra- gonal; elles représentent dans le bassin du lac d'Antioche l'équivalent du groupe de Vriiio Roihi du bassin du lac de Tibériade, et de V Unio rlioinhoidens de France, etc. Nous y retrouvons une forme fort voisine de VJJnio rhomhoideiis, que nous avons désignée sous le nom A'I'nio i-lionihoidopsia. et qui n'est sans doute que le résultat de modifications suliies par Vf^nio rhnniboidcits transporté dans un milieu nouveau et différent. 2. - gr;oupe de \ru>iio axiacus. Unio axiacus. Letournemx . Uiiio Hueti, Bourguignat. — eucimis. BorRGUiGNAT. , Ce groupe, dont deux espèces seulement étaient déjà connues, correspond au groupe de VCiiio Rai/mondi, de Tibériade. Nous y voyons, en effet, des coquilles dont le galbe est oblong et subquadrangulaire; le rostre est peu saillant, quoique la région postérieure soit, en général, assez développée; toutes proportions gardées, le test est relativonient phis laincc que dans les autres groupes, la coloration plus claire, le bord marginal plus rectiligne, etc. 3. _ GROUPE DE X.'IlNin LORTETI Unio Lorte/i. Locard. Unio Cliantrei, Locard. — subtigridis. Letourneux. — Jauberli. Bourguignat. — nncmprosthiis. liouRGTUGNAT. ItKS LACS IiK niiKUIAlUv I)-.\ NTIOCII F, KT I>-|IOMS '.'37 Co mc\nr ix\-o\\[u' existait déjà dans la raiiiic du lar d.i'rilH'riadc; il rsl i.^i ivpn'scnb' par la iiièmc espèce l\[)ii[iic. mais deveiuu' un [m'u plus lorlc; en niôine temps, ses coii^-énères dans ce {groupe sont également, dans leur ensemble, do laillc plus grande dans le lac d'Antioche que dans celui de 'ril)ériade. La forme type du groupe précédent. IV ,iio nxiaciis, s'allonge, et passe ainsi à VCiio Lor/c//,-prèsdelui, nous plaçons deux autres formes encore plus allongées. plus rostrées, à rostre médian; ce sont les l'uio sublir/ridis ci J\(inomprosthus. Le rostre, devenant plus élroit. moins médian, le galbe perd de sa régularité et nous passons ainsi aux l'nin C/uotlrei el ('. Jduberti. Mais nous n'avons i)as dans le lacd'Antiocbe des ei.([uilles aussi nettement cunéiformes que IT. ;j>-o*«cr«<.s'. de Tibériade ; ici. toutes les Unios sont plus ou moins rostrées, et le rostre est toujours également plus ou moins submédian. 4. — GROUPK DE L'UXIO ANTIOCIUANUS Ce groupe ne renferme qu'une seule espèce, correspondant aux formes du groupe del't^. lunulifer du lac de Tibériade. Dans VUnio Antiochianus , nous voyons, en effet, le rostre s'infléchir inférieurement, et la coquille prendre alors ce même prolil camard que nous avons observé chez les Vnio lunulifer et U. Z ahulonicus . Le genre Lcguniinaia, créé par Conrad ' pour des Margaritanes dont les dents cardinales sont réduites à un tubercule sur (diaque valve, la dent dextre, étant tou- jours antérieure à celle de la valve senestre, nous a présenté quatre espèces dont deux nouvelles et de très grande taille, les Leffuminaia Boiirguignati et L. Chan- trei. Ce genre, qui paraît exclusivement cantonné dans les eaux de la Syrie, de la Mésopotamie et de la Perse, ne figure pas dans la faune du lac de Tibériade. Nous n'avons signalé dans le lac d'Antioche qu'un seul Psendodon, le Pseudodon Chantrei, forme nouvelle pour cette région. Ce genre créé par Gould^ a été sujet à des interprétations bien différentes. Nous l'envisageons ici tel que l'a compris >L lîourguignat ' c'est-à-dire s' appliquant à des espèces caractérisées par une large coquille, comprimée, très inéquilatérale, de forme subtrigone ou subrhomboïde, presque toujours aussi haute que large, sans dents latérales, avec une seule dent cardinale sur chaque valve, venant se placer l'une près de l'autre, la dent de la valve dextre en avant de la valve senestre. Dans de telles conditions, le genre Psemlofhn paraît propre aux eaux de l'Anatolie, de la Syrie et de la Mésopotamie, du mouis pour ce (jui concerne le régime malacologique européen. ' Conrad, 1864, in Amer. Journ. of. Conclu, n" o, p. 2:«, K<>u.. "m the '^^n. Moiioc. a.id l'scu.lod., ol<-. ' Gould, 18i4, in Procced. Bost. Sor., I, p. iOl (pais). 3 BourKuignat, 1R77. Doser, nouv. genres .M :,'i'i-., suivie; (l'iiii ciaxs. faun. syst. cui'op., p. o'i. :i3S MALACOLOOIE Nous signalerons également parmi les Nayades un superbe Anodonte nouveau, V Anodonta jneudodopsis, qui doit prendre rang, par son galbe, près de plusieurs fonues enropéennes déjà connues. Enfin, pour terminer avec les Lamellibranches, la faune du lac d'Antioche com- prend cinq Gorljicules dont trois sont nouvelles, ou du moins n'ont pas encore été décrites, et deux Di^eissensies également nouvelles et toutes deux de petite taille. Parmi les Gastéropodes, la famille des Limnœidœ comprend un Planorbe et deux Limnées. Le Planorhis Antiochianus est très voisin d'une forme européenne bien connue et Itien répandue, le Planorhis tmibilicatus. Quant aux Limnées, comme elles appartiennent à des groupes que nous retrouvons dans le lac d'Homs, nous en reparlerons en étudiant les Limuccidées de ce lac. La famille des Mélanides n'est plus ici l'eprésentée que par le seul genre Mela- nopsis;àa moins jusqu'à présent n'a-t-on signalé aucune Melania dans les eaux du lac d'Antioche ou de ses aftiuents. Nous aurons à signaler sept formes bien distinctes, sans compter un certain nombre de variétés, appartenant au genre Melanopsi.9 : trois se rattachent au groupe du Mplanojjsis bi'ccinoidea et les quatre autres au groupe du Melanopsis costata. iJaus ce nombre, trois espèces sont nouvelles, les Melanopsis prophetarnm, M. Cluintreiet M. Lortetiana . Enfin, nous ne retrouvons plus (ju'une seule Théodoxie. le Thcodoxia Michoni, déjà signalé, dans le lac de Tibérir^de. Si maintenant nous cherchons à comparer cette faune avec- celle du lac de Tibériade, comparaison fort importante puisqu'il s'agit de rapprocher deux faunes vivant non seulement dans deux bassins hydrographiques différents et éloignés, mais encore dans des eaux do composition chimique et de densité différente, nous voyons qu'il existe sept espèces communes à ces deux lacs; ce sont : Unio Simonis Melanopsis buccinoidea. — Lorteti. — costata. Corhivula fluminalis. Theodoxia Mic/toni — Syriaca. Mais, en outre, on remarquera qu'en dehors de ces types communs aux deux lacs, on trouve également un certain nombre de formes affines qui peuvent représenter en quelque sorte la manière d'être' d'un type donné, modifié suivant la nature des milieux. Il est possible, par exemple, que YTiiio r/?o;///>o?V/(^?'N propre auxeaux douces de l'Europe occidentale devienne, par son changement de milieu, et sous l'influence des lois de la sélection et de l'hérédité, Yl'nio rliomboidopsis ou même Vf'nio Simonis. Nous avons vu également que pour les Unios du lac de Tibériade et DKS LACS DM l'I 1{|';KI.\I>K, D'AN'I" IOO II M KT DMIOMS 239 d'Antioclic. il y avait un certain nombre d(> groupes oomiuuns dans la faune de ces deux lacs; nous tronvuns. en effet, de part r\ iPautredes formes différentes, mais ai'tines et venant pn'udre rang dans un même groupe. Toutes ces formes affines dérivent-elles d'un même type, et quel est ce type if Nous ne saurions le dire. Ouoi ([u'il en soit, les formes que nous avons signalées sont bien (■elles aetnelleiuent existantes et qui |taraissent se reproduire 1(^ plus nornialemenl. LAMELLIBRANCHES Genre UNIO. Philippsson 1. — GROUPE UE L'i XIO ^IMOyiH UNIO SIMONIS, TiusTKAM Observations. — I'jU nous dccupant de la faune du lac de Tibériade, nous avons donné une description de Vriuo Simonis, d'après les beaux échantillons du lac d'Antioche. en rappelant que sa présence dans le lac de Tibériade n'avait pas été positivement constatée. Aussi avions-nous cru devoii- prendre pour type du groupe Vihiio Rothi. Dans le lac d'Antioche, VUiiio Simonis acquiei-t le maximum de sa taille; son test devient solide et pesant ; son galbe est large et bien développé, ses crochets puissants et robustes. C'est alors une forme abondamment répandue et bien caracté- risée. En dehors du type on trouve également une var. iiii)ior. UNIO RltoMI'.OlDÔPSIS. LocARn IM. XX. ti-. 7 9. Description. — (/)quille roniboidale. ou suboblongue-arrondie; valves solides, épaisses, un peu renflées dans la région des sommets. — Région antérieure courte, relevée, arrondie; région postérieure plus développée, courte, arrondie; bord cardinallégèrement convexe; bord palléal droit ou légèrement subsinueux dans sa partie médiane, arrondi à ses extrémités ; bortl apico-rostral. largement arrondi, un peu tombant dans le bas. — Sommets forts, saillants, renflés-arrondis, presque jointifs à leurs extrémités, fortement déjotés vers la région antérieure, ornés sur 240 MALACOLOaiE une faillie longueur de lignes ondulées, irrégulières, assez saillantes, se confondant ensuite dans la partie la plus renflée des sommets avec les stries d'accroissement. — Épidémie un peu brillant, irrégulièrement sillonné par des sti'ies d'accroissement de plus en plus rapprochées les unes des autres vers les bords, et devenant comme feuilletées ; d'un brun jaunâtre, passant au marron foncé vers les extrémités. — Intérieur des valves nacré, lisse, brillant, d'un blanc à peine rosé. — Dent cardinale très forte, très robuste, peu saillante, en forme de coin subtrigonal ; lamelle latérale courte, arquée, épaisse, peu élevée, à peine subfrangée à son extrémité. — Liga- ment coui't. robuste, d'un brun jaunâtre. Dimensions : Longueur maximum 90 millimètres. Hauteur maximum 46 — Epaisseur maximum 28 — • Rapports kt différences. — Nous ne saurions mieux définir VUnio rhomboi- dopsis qu'en disant que c'est une forme exactement intermédiaire entre les Unio rhomboideus et U. Simonis. Il participe de VUnio rhomhoideus par sa taille et son galbe, mais il est déjà plus globuleux dans la région des sommets ; ceux-ci sont plus saillants, plus renflés, plus proéminents ; ils sont, en outre, ornés sur une faible longueur il est vrai, de lignes ondulées. Comparé à VTJnîo Siiuonis, VUnio Rhum- hoido-psis en diflere par son galbe moins globuleux, par ses sommets moins forts, moins proéminents, et beaucoup moins ornementés ; à l'intérieur, sa nacre est plus blanche, sa dent cardinale plus épaisse, plus robuste et moins haute, sa lamelle latérale plus courte et moins saillante; etc. Habitat. — Le canal de l'Oronte. UNIO EMESAENSIS, Lea Unio emesaensis, Le\, 1864. lu Proccedinr/. Acad. Se. Philadelphin, \i. 28(1. — In Journ. Acad. Se, Phila- delphiu,\l, 3e pai-t. (new. ser.),p. 254, pi. XXX, fig. 68. Description. — Coquille de petite taille, d'un galbe arrondi ou subovale-arrondi, régulier, renflée dans tout son ensemble depuis les sommets jusqu'à la périphérie. — Test solide et épais. — Région antérieure, courte, régulièrement arrondie, le maximum de convexité e.vactement médian; région postérieure largement développée dans sa largeur, un peu courte, non rostrée, subarrondie à son extrémité; bord cardinal arqué ; bord marginal légèrement subsinueux, puis arrondi à ses deux extrémités ; bord ligamentaire à peu près parallèle avec le bord marginal ; liord ligamento- IiES LACS DE TIBliKIADH, D'ANTIOCHK KT D'IIOMS 241 rostral parfois presque rcctiligno, faisant avec le boni ligamcntaii-e un angle largement obtus. — Sommets souvent corrodés, peu saillants, comme écrasés, assez l'approcbéos du bord antérieur, sillonnés par des ondulations irrégulières peu saillantes. — Kpiderme assez brillant, mais souvent encroûté, orné de stries d'accroissement rapprochées, assez fortes, saillantes, fouill(-tées vers la périphérie, visibles sur toute la coquille jusque vers les sommets; d'un roux fauve plus ou moins foncé, passant au brun marron sur les bords et dans la région postérieure. Chez les jeunes individus, la couleur est plus claire et l'on distingue, en outre, trois ou quatre flammes apico- marginales d'un vert foncé. — Intérieur finement chagriné, brillant, nacré, d'un rose saumoné, surtout dans la région des sommets. — Dent cardinale solide, é'paisse, peu saillante, en forme de coin subtrigonal, fortement denticulée au sommet; lamelle latérale très courte, épaisse, peu saillante, très arquée. — Ligament court, solide, d'un brun foncé. Dimensions : Longueur maximum 43-48 millimètres. Hauteur maximum 34-37 Epaisseur maximum ~.~-~o Observations. — L'examen d'un assez grand nombre d'individus nous permet de constater dans le galbe de Vrnio rmcsaensis. un certain polymorphisme. Chez quelques sujets bien adultes, le profil arrrondi ou subovale- arrondi du contour externe de la coquille devient subrhomboidal ; dans ce cas, la région antérieure reste arrondie, tandis que la région postérieure afi'ecte un profil plus camard, avec une apparence de faux rostre un peu inférieur. De même, le bord palléal est tantôt rectiligne dans sa partie médiane, tantôt subsinueux. Rapports et différences. — On distinguera toujours Vl'nio emesacnsis, des autres Nayades de ce groupe, à sa taille. On ne peut, du reste, le rapprocher que de notre Unio Galilxiàw lac de Tibériade ; mais il en diffère : par son contour général plus arrondi; par ses valves beaucoup moins renflées vers les sommets, mais plus bombées dans tout leur ensemble, de telle sorte qu'à taille égale, la coquille a une épaisseur totale bien moindre; par ses sommets bien moins saillants, comme écrasés; par sa dent cardinale plus forte, moins acuminée et i)lus carrée, et non pas aiguë, etc. Habitat. — X.'l'nio emesaensis n'est point rare ; il semble constituer des colonies assez populeuses ; il a été récolte sur les bords de l'Oronte, dans les lacs d'IIoras et (l'Antioche (E. Chantre). 24-2 MALACOLOGIE 2 -GROUPE DK L'UNIO AXIACUS UNIO AXIACUS, Letourneux PI. XX, tig, 20-23. Uiiio axiacus, Letourneux, 1881. Mss. Description. — Coquille solide, un peu épaisse, d'un galbe ovale-allongé, avec un rostre court, renflée dans la région des sommets. — Région antérieure courte, arrondie, fortement relevée; région postérieure allongée en forme de rostre obtus, arrondie à son extrémité ; rostre court, un peu inférieur, bien arrondi ; bord mar- ginal peu arqué; bord palléal arrondi à ses extrémités, mais presque rectiligne en son milieu ou même légèrement subsinueux ; arête apico-rostrale très peu saillante, se confondant en partie avec la crête ligamento-rostrale . — Sommets légè- rement corrodés, fortement rapprochés de la région antérieure, recourbés, presque jointifs, un peu proéminents, renflés dans leur ensemble, ornés à leur naissance de quelques rides saillantes et tuberculeuses. — Épidémie Ijrillant découpé par des stries d'accroissement peu marquées; d'un jaune cendré, parfois un peu verdàtre, plus cendré et plus clair vers les sommets, plus verdàtre et plus brun vers la périphérie, avec quelques zones concentriques d'un marron plus ou moins foncé. — Intérieur nacré, blanchâtre, parfois un peu rosé sous les sommets. — Dent cardinale triangu- laire, assez forte, à peine denticulée; lamelle latérale allongée, peu courbée, assez haute, frangée à son extrémité. — Ligament fort, robuste, allongé, d'un brun foncé. Dimensions : Longueur maximum 58-67 milUmètres. Hauteur maximum 30-38 — Epaisseur maximum 23-25 — Observations. — On voit, d'après les dimensions que nous indiquons, qu'il existe des différences notables dans la taille de VUnio axiacus; ces dimensions se rapportent cependant à des individus bien adultes. Il existerait une var. minor, caractérisée non seulement par sa taille, mais par son galbe plus large, avec ses bords plus parallèles, son rostre moins développé, son bord palléal plus allongé ; à l'intérieur, le test est nacré et parfois même subchagriné. R.ippoRTSET différences. — 1/Unio axiacus ofl"re quelques rapports avec VUnio Raymondi dont il semble représenter les formes dans le lac d'Antioche; mais il en diffère par son galbe moins rectangulaiï>e, plus renflé, par son test plus épais, etc. Il a peut-être plus de rapports avec VUnio Lorleti avec lequel il vit. On le distin- guera à son galbe général proportionneUement moins allongé, avec un rostre plus l.HS LACS I>K TlliKKIAl»!-;, D'A .\ T 1 « > ( Ml K Kl lill<»MS 2'.3 iiilriiour .'t [Jus 1;u-viii.miI armudi; sa ré-ioii aiilrripurr. est plus n'lr..usséo; l.^honl intV.ii.'ur.'sl (Iroil <.u plus subsimioux sur une plus -ranchs longueur ; sur les sommets ou .lislingue des nodosités plus saiUanl.'s ,4 plus uoinbivus.'s; le test est moins solide, moins épais ; la c(il (le V l'iuosnbtigridisAimVW alfcclc un peu le i^albc général. Mais il sera toujours l'icilo (lo Icdislinj^iUM': à sa taillo plus itelile; à son galbe moins cylindroïde; à sa région ani('rioure presque nulle par suite île la position absolument antérieure des sommets: à l'obliquiti- de son hnnl cardinal (pii n'est dès lors plus parallèL; avec le bord marginal; à son rostr(> inC-rieiu- plus obtus, plus arrondi; à sa crête liga- niento-rostrale moins développée, etc. Observations. — Ces deux formes cylindroïdes auraient pu à la rigueur con- stituer un groupe à part. 0\\ |)eut cependant par plus d'un caractère les rattacher au groupe (\oWnio Zor/c7/ dontilsne sont, en définitive, qu'une exagération. M. Bour- guignat nous écrit ([u'il a retrouvé cette même forme à Bagdad, et que. lout en conservant le même galbe, sa taille devient un peu plus forte. HABrrAT. — Cel ['nio paraît peu commun; lîagdad (Bourguignat) ; lac d'An- tioche (E. Chantre). UNIO CHANTUIÎI, I^ocaki. IM. X\II, lif.'. 1-7. Dkscru'Tion. — (Coquille solide, épaisse, d'un galbe subtrigone allungc'. rostréeà son extrémité, fortement rendée dans tcnit son ensend)le. — Région antérieure très courte, presque droite dans sa [)lus grande hauteur, arrondie vers le bord palléal ; région postérieure allongée, terminée par un rostre assez aigu; rostre suhmédian, un peu inférieur; 1)1 ird cardinal court, un peu arqué ; bord marginal légèrement subsinueux dans sa partie médiane, arrondi vers la région antérieure, assez brusquement retroussé vers le rostre ; arête apico-rostrale à double inflexion, assez marquée chez les jeunes individus. — Sommets corrodés, très fortement rapprochés d(^ la régi(jn antérieure, recourbés, un peu proéminents, renflés, oi'nés à leur extré- mité de grosses rides irréguHères assez nombreuses, en zigzags, se confondant ensuite avec les stries d'accroissement. — Épidémie peu brillant, orné de stries d'accrois- sement fines et rapprochées; d'un jaune grisâtre dans tout son ensemble, pas.sant au marron plus ou m;)iu3 foncé vers les bords, avec des zones colorées de même nuance et concentriques. — Intérieur lisse, nacré. liriUaid, un peu rosé ou orangé dans la région des sommets. — Dent cardinale subtrigone, assez épaisse, peu haute, peu acuminée, finement denticulée; lamelle latérale courte, forte à sa base, peu élevée, frangée à son extrémité. — l^igainent court, solide, robuste, d'un brun foncé . 248 MALACOLOGIE Dimensions : Longueur maximum 58-68 millimètres. Hauteur maximum. 32-38 — Épaisseur maximum 24-28 — ■ Observations. — Il existe un certain polymorphisme chez les Unios Chantrei d'une même colonie. Leur taille d'abord, comme nous venons de le voir, est assez variable; chez les sujets de petite taille, le sinus palléal, sans être marqué sur le bord des valves, se fait néanmoins sentir sur une assez «rande hauteur. Le profil du reste, est assez variable, suivant que l'extrémité du bord palléal est plus ou moins brusquement relevée. La forme de la dent cardinale est aussi variable et peut être plus ou moins épaisse et acuminée. Enfin, chez quelques individus de grande taille, nous observons près des sommets, dans la région antérieure, une sorte de lunule tout à fait analogue à celle de VUnio lunilifer du lac de Tibériade. Rapports et différences. — Comparé à VUnio Lortetl^ VUnio Chantrei a ses sommets plus rapprochés de la région antérieure; celle-ci est plus courte, moins développée ; la région postérieure paraît plus allongée, plus rostrée ; le rostre plus aigu est en général plus relevé ; toutes proportions gardées, l'ensemble des valves est plus renflé, les sommets sont en même temps plus saillants; les stries ondulées qui les recouvrent sont notablement plus fortes et plus nombreuses ; enfin le test est un peu plus strié. Il existe également quelques rapports entre le profil de certains individus de cette espèce et le type de VUnio Tigridis des environs de Bagdag figuré par M. Bourguignat', mais cet Unio a un galbe beaucoup moins renflé, avec ses sommets moins saillants, moins antérieurs et non ornés comme ceux de VUnio Chantrei. Habitat. — Forme commune et très répandue dans les eaux du lac d'Antioche. UNIO JAUBERTI, Bouuguignat PI. XXII, fîg. 8.10. Vnin Jauberli, Boubuuignat, 18S|. Mss. Description. — Coquille solide, un peu mince, d'un galbe subovale-allongé, un peu renflée, notamment dans la région des sommets, terminée par un rostre aigu. — Région antérieure courte, un peu relevée, arrondie; région postérieure allongée et rostrée; rostre sensiblement médian ; bord cardinal un peu allongé, légèrement ' Bourguignat, 1853. Calai, raisonné des molhisques lerr. ci /luv. rcc. par de Saulcij, pi. IV, fig. 7-9. DES L.vc'.s IM-; 'l'i lii'.in Ahi':. i)' x.ntiocii i^; i.:t h'ikims 2V.) arqué ; hn'd imlli'nl ariMiuli. suhi'i'ctiliiiin' (•hc/ Kîs jeunes individus, relevé sur une. assez grande lonj^ueur vers le rostre ; crèlc lif^'ainento-rostralr un peu arrondie; crfMc apico-roslralc a diiuhlf iiitlcxioii. assez saillant(>. — Sommets faiblement corrodés, recourbés, s'élargissaiil l'aiiidciiicnl. assez saillants, lurtemcnl ra[)[)rocliéR de la région anl(''iii'ur(', orni's sur luie faillie loni^ui'iir de (jnelques rides noueuses très irrégulières. — Epidenne brillant, lisse, irnn iaiiiic clair. (•endr(' vers les sommets, quelquefois un peu rougeàtre, passant au marron plus foncé vers les bords. — Intérieur lisse, nacré, d'un rose saumoné, parfois un |icii violacé vers le rostre. — DenI cardinale subtrigone. solide à la base, i)etite, peu élevée, faiblement denti- culée au sommet; lamelle latérale allongée, presque droite, jieu saillante, à peine frangée à son extrémitc". — [ligament l'ort. solide, assez allongé, d'un brun elair. Dimensions: Longueur maximum 70-72 millimèti'es. llauleur maximum ' 37-3S — Kpaisseur maximum 26-21 — RAri'oRTs ET DiFFÉRKNCKs. — De lous les Fuios de ce groupe, c'est VUnio Jauber/i qma le rostre le plus acmuitK' pour une aussi forte liaulenr delacoipiille. On le distinguera donc faeilemenl de ses congénères : à son rostre aigu et retroussé, à son galbe élargi: à son pi'olil inférieur arrondi puis brusquement relevé vers le rostre; à sa dent cardinale peu forte; enfin à son test relativement mince. IIaiutat. — Assez commun dans le lac d'Antioclie (lîourgiiignat. K. Chantn;). 4o_r,uori'K ])]■: i;r. axtidc ii i a \us UNIO ANTKiCIIIANlIS, Lhcaki) PI. \X1I, (!,'. 14.10. Description. — ( lo [uille solide, un peu épaisse, d'un galbe subtrigone -allongé, rostrée, un peu renflée vers les sommets. — Région antérieun^ courte, bien arrondie; région postérieure allongée, terminée par un lostre; rostre inférieur, peu aigu, un peu aminci à son extrémité; bord cardinal arqué; Ixinl palléal à peine aiTondi, quelquefois mémo subsinueux, très légèrement relevé vers le rosli-e ; crête apico-rostrale largement arquée, peu sensible; crête ligamonto-rostrale peu déve- loppée, assez courte par suite de la longueur du ligament. — Sommets légèrement corrodés, fortement déjetés vers la région antérieure, un |)0u saillants, ornés à leui' extrémité de quelques rides assez fortes et assez écartées, quelquefois même tuber- culeuses. — b'piderrae lisse, presque l)ri]!ant, orné de stries concentriques bien 250 MALACOLOGIE marquées vers les sommets, et tendant à donner une structure feuilletée à la coquille vers ses bords; d'un jaune foncé, un peu brunâtre, grisâtre vers les sommets, avec des bandes concentriques d'un marron foncé. — Intérieur lisse, nacré, d'un blanc rosé. — Dent cardinale trigone, forte, solide, assez élevée, parfois très acu- minée, toujours fortement denticulée ; lamelle latérale courte, peu saillante, épaisse à sa base, frangéolée à son extrémité. — Ligament très allongé, assez fort et robuste, d'un brun foncé. Dimensions: Longueur maxinuini .57 -60 niillimèlres. Hauteur maximum 32-37 — Épaisseur maximum • . . 21-24 — Observations. — Ij linio Antiochianus est assez polymorphe ; son galbe lui- même varie ; chez quelques individus d'assez grande taille, le bord palléal se relève un peu vers le rostre, et la coquille présente alors un profil moins camard, par suite de la position moins iut'éi-ieure du rostre. D'autres fois, la région postérieure est plus ou moins large pour une même longueur, et dès lors le rostre paraît plus ou moins obtus. Enfin la dent cardinale est tantôt très acuminée, tantôt émoussée. Rapports et différences. — Par son profil camard avec un rostre tombant chez une forme relativement courte, cet Unio appartient nécessairement au même groupe que les Tlnio lumdifer et U. Zabuloniciis. C'est de cette dernière coquille qu'il se rapproche le plus. ^^lais Y Unio Zabtilonicus est de taille plus petite; il est, en outre, proportionnellement plus large, avec un rostre plus aigu. Ses sommets sont plus antérieurs, et ne sont point accompagnés d'une lunule; il est également plus rentlé ; à l'intérieur, sa coloration est plus i^osée ; la lamelle latérale est plus courte ; enfin les sommets sont ridés sur une plus grande longueur. Habitat. — \îUnio Antiochianus est une des formes les plus communes du lac d'Antioche; on le retrouve également dansl'Oronte (E. Chantre). Genre LEGUMINAIA, Conrad LEGIIMINAIA M ARDINL^NSIS, Lea Unio Mardineitsis, Lea, 1864. Prinrcd. Acnd. mit. Se. PhiUid., p. 2SG. — ISO'.I. .Inuni. A, -ad. nf. iiat. Se. Philad., iifw. ï^er., VI, part. III, p. 2Ô2, pL XXX, t'ig. 07. Leguminaia Mardincnsis, Conrad, L'^dô. Rem. on llic (ji'-i. Monoc. aad Pseudud., in Xuier. .hnirn., ii" 1!, juillet, p. 233. Description. — • Coquille de taille moyenne, au test solide, assez épais, d'un galbe elliptique-allongé assez régulier, un peu renfiée vers les sommets et même dans tout 1>KS LACS DH TIIÎKUIADK, D' A NTlOCll K K'ï D'IKi.MS *J31 son ensemble. — Région antérieure courte, arromlic. un peu rel<;vée vim-s L^ haut; région postérieure très développée, snljangulciisc. eonuui! rostrée; rostre lnut à l'ait inférieur, subaigu; bord cardinal ar(iué; bord marginal sinueux eu sa partie médiane ; arête apico-rostrale assez maivjuée, fortement courbée; crête apico-rostrale assez large, quoique renflée, avec un proiil fortement eamard. — Sommets déjeté.s vers la région antérieure, peu saillants, connue comprimés, se penlant dans le icn- Hement général des valves vers cette région, souvent émoussés a leur cxtréaiité et dénudés sur une assez grande longueur, orn('!S de stries ondulées assez Unes. — Épidémie peu brillant, couvert de stries d'accroissement fines, mais assez saillantes, donnant parfois à la coquille une apparence feuilletée; d'un lirun fauve ou noirâtre, plus foncé sur le. bords. — Intérieur nacré, brillant, lisse ou avec (iuel([ues gra- nulations vers les sommets. — Dents cardinales acuminées, un peu dentelées, celle de la valv(,' inférieure généralement plus forle que celle; de la valve supérieure, assez larges à la base, émoussées vers le sonnnet. — Ligament très allongé, fort, robuste, d'un jaune foncé. Dimensions : Longueur maxiinuin 5S-61 millimètres. Hauteur maximum 34-36 — Epaisseur maximum 27-23 — Observations. — Chez le Li'c/uûiinaia Mardinensis, le polymorphisme porte en général sur le [)lus ou moins de développement des régions antérieure et posté- rieure et sur l'intensité du sinus palléal. Parfois la région antérieure devient très courte et la coquille perd dès lors son caractère (dliptiforme ; nous avons observé ce fait notamment chez certains sujets du lac d'Antioche. Ordinairement, [ilus la région antérieure est courte, plus son profil est retroussé. De même aussi, plus la région postérieure est allongée, [)lus le profil de cette partie de la coquille est brusquement eamard à son extrémité. Enfin, comme on peut le voir par les dimen- sions que nous donnons, tous nos individus, quoique parfaitement adultes, sont plus petits que celui ([ui est représenté dans la figuration de Lea. Cette forme curieuse de Nayade, qui a servi de type à Conrad pour créer son genre Leguminaia, a été trouvée pour la première fois dans les eaux du Tigre. Depuis on l'a recueilli dans les eaux de plusieurs stations de l'Asie Mineure, conservant toujours ses mêmes caractères, quoique vivant dans des milieux parfois bien différents. Habitat. — Aux stations déjà signalées nous ajouterons les bords de l'I^^iphrate, le lac d'IIoms et le lac d'Antioche (Bourguignat, E. Chantre). AsN. Mus. nt. 32 ~'52 MALAOOLOriIE LEGUMINAIA GHANTREI, Locard PI. XIX hi-g. fig. s- 10. Description. — Coquille de taille assez forte, au test solide, épais, d'un galbe elliptique-allongé, peu épaisse, quoique renflée dans son ensemble et surtout vers ses sommets. — Région antérieure courte, subarrondie, un peu relevée; région posté- rieure largement développée sons forme d'un rostre obtus, tout à fait inférieur; bord marginal un peu arqué ; Ijordpalléal largement sinueux dans sa partie médiane, arrondi à ses extrémités, un peu relevé du côté antérieur; arête apieo-rostrale forte- ment arquée dans le bas, par suite de la position inférieure du rostre. — Sommets déjetés vers la région antérieure, saillants dans leur ensemble, obtus et conmie écrasés à leur extrémité, puis ensuite largement épanouis, souvent dénudés, mais ornés de stries ondulées irrégulières et peu nombreuses. — Épidémie un peu brillant, d'un fauve foncé, passant au briui noirâtre vers la [)artie postérieure; orné de stries d'accroissement très irrégulières, peu saillantes, sensiblement feuilletées aux extrémités. — Dents cardinales très émoussées, peu saillantes, subtriangulaires, larges à leur basi'. — Ligament court, peu saillant, d'un bi'un foncé. Dimensions : LongiUHir iiiaxiiiiun: 75 milliiiiètre.s. Hauteur niaxiuuan 47 — Epais.seur maxiniuui 28 — Rapports et différences. — Le Lef/cminoia Chantrei est plus particulièrement caractérisé : par sa grande taille; par sa région antérieure courte et retroussée ; par sa région postérieure développée sous la forme d'un long rostre tout à fait inférieur; par ses dents cardinales émoussées et peu saillantes, comme obsolètes: ete, ; il sera donc toujours facile de le distinguer du Lrguminaia Mardi aensis dont la taille est plus petite, avec la région antérieure proportionnellement plus largement déve- loppée surtout dans le bas, tandis que la région postérieure est, au contraire, moins épanouie dans le baut. Enfin, cbezle Legimùnaia Mnrdbiensis les dents sont tou- jours plus saillantes et surtout plus acuminées ; enfin, les sommets sont moins développés dans leur ensemble et moins saillants à leur extrémité. Habitat. — Le canal de l'Oronte (E. Chantre). LEGUMINAIA liOlI RGU IGN ATI , Logaru PI. XIX ?-/,s-, fiLT. 11-1.3. Description. — Coquille de taille assez foile, au test solide, et résistant d'un galbe elliptique un peu allongé et assez régulier, peu épaisse, quoique un peu renflée DES LACS liK TIliKUlADi:, H' A .\ l' K » C 1 1 I'. i:T |i'lli)\is 253 ilans tout son onseinhlo. — Réi'ion antérieure courte, réyuli(>remcnt aiiondie, à pi'inc relevée; région postérieure laryvuicnl di'veloppéc eu foi'iin' île rostre très obtus, bien arrondi et presque submédian; bord mari^inal j)eu arqué, iircsipic parallèle avec le bord palléul ; boni [lall^'al a [wu près reclilii;uc. allou^V', a peine subsinueux dans sa partie médiane chez les sujets bien adultes. — Sommets déjetés vers la région antérieure, peu saillants, comme comprimes ;i leiu- extrémité, ornés d'ondulations irrégulières peu saillantes. — Kpiderme assez brillant, orné de stries ooncentri(pies d'aeeroissemenl un ]ien maïquéi^s, comme feuilletées vers la pi'ri- phérie; d'un brun loncé, presque noirâtre dans la région postérieure. — lult'rieur nacré, lisse, brillant, d'une teinte orangée vers les sommets. — Dents cardinales subtrigones, fortes, saillantes, larges à la base, un peu émoussées vers les sonnnets. — Ligament peu saillant, assez court, d'un liruii foncé. DlMKNSlONS: Longueur maximum 72 millimètres. Hauteur maximum âG — Epaisseur laaxiiuuni 2C) — Rapports kt wffkrencks. — On peut ra[)procher le Lrrjtonùuiia Iharguii/iKili des Leguniinaia (Itantrei et L. Mardineji.sis^ mais il sera toujours facile de le distinguer do ces deux formes: ])ar son galbe plus régulièrement elliptique; ])ar sa région antérieure proportionnellement ]»lus développée, moins retroussée, plus arrondie; par sa région postérieure plus largement épanouie, plus arrondie, moins rostrée, et avec son rostre plus médian, c(^ (pii lui ote ce profil eamard qui carac- térise les deux autres formes; enfin, par son bord palléal plus droit et surtout beaucoup moins subsinueux. C'est, comme! on le voit, une forme bien distincte et bien typique. Habitat. — Peuconnnun; le la<- d'Antioelie (l'î. Chantre). LE(1UMINA1A VIIi';ATl,KY], Eka Monocondyliea Wheatlei/i, Lev, 1803. ()hs'u-c. on Ihi; ijcn. IJaio, \,\>. ;r>, pi. 'i, li;. 30T Pseudodon Wheatlcyi, Conrad, i865. Iii Americ. Journ., I. p. 238. Leguminaia W/ieatlei/i, Bourguignat, 1878. In xlird. Descuiption. — Coquille de taille moyenne, au test solide et assez fort, d'un galbe elliptique-allongé et irrégulier, [)cu épaisse, quoique assez renflée dans tout son ensemble. — Région antérieure courte, arrondie, pou large; région postérieure assez large, régulièrement arrondie, avec un faux rostre tout à fait intérieur; bord cardinal un peu arqué; bord pallé^al presque di'oit, arrondi à ses extrémiti'S ; arête 254 IMALACOLOGIE apifo-rostralo à peine sensible et presque droite. Sommets fortement déjetés vers la région antérieure, peu développés, infléchis, peu saillants, le plus souvent dénudés et ornés tout à l'ait a leur extrémité de quelques stries ondulées assez fines et irré- gulières. — Epidémie un peu brillant d'un fauve brun ou noirâtre, plus foncé vers les bords, plus clair et plus cendré vers les sommets, orné de stries d'accroissement assez fortes, un peu saillantes, très irrégulières, plus serrées vers la région anté- rieure, parfois obsolète vers les sommets. — Intérieur nacré, brillant, souvent granuleux vers les sommets, d'un ])eau rose violacé. — Dents cardinales relati- vement foites. subtrigones, acuminées, un peu denticulées au sommet, larges à la base. — Ligament très allongé, fort, robuste, d'un jaune foncé. Dimensions : Longvieur maximum 55 millimètres. Hauteur maximuru. 34 — Epaisseur maximum 19 - — Rapiorts et différences. — Par sa taille, sa coloration, son allure générale, le Leginninaia W/watici/i présente une certaine analogie avec le Leguminaia Mar- dinensis, mais il en difl'ère par son galbe moins épais, moins renflé, par son profil inférieur non sinueux, par son rostre moins marqué, par son profil postérieur moins camard. 11 présente, au contraire, comme profil extérieur plus d'analogie avec le LrgmniiKild Boargv'Kjndli dont il semble un diminutif. En effet, sa taille est beaucoup idus petite; mais, en outre, sa région antérieure est moins retroussée et proportionnellement plus développée; ses sommets sont plus obliques, plus com- primés à leur extrémité, moins saillants dans leur ensemble, etc. Habitat. — Aux stations déjà signalées, nous ajouterons les bords de l'Euphrate, le lac d'Antioche et le lac d'IIoms (E. Chant ri'). Genre PSEUDODON, Gould PSIiL'DODON CIIANTRI^:!, Locaud PI. Xl\ hh, t'g. 4-7. Dkscrii tion. — Coquille au test assez mince, subtransparent, d'un galbe elliptique un peu allongé, très régulier, renflée vers les sommets et atténuée vers la périphérie. — Région antérieure bit-n développée, régulièrement arrondie ; région postérieure relativement courte, arrondie ou légèrement subanguleuse, mais non rostrée ; bord cardinal court, un peu arqué ; b')rd palléal presque droit dans sa partie médiane qui OKS L.VC.S OK TIIîHRIADK, 1«' A N l' K^ C H H i;'l' DMKiMs 255 est fort rduiti'. puis larijcmoiit ai'iiiuili a ses deux o\trc5niit(''S ; oivie apico-rostrale pou (lévcloii|>('c'. — Sommets sul)mtklians, un [hmi anlôrieurs. [)eu saillants, déprimés à Unir extiV-miti'. puis jirusquement terminés eu une i)ointe fortement recourbée vers la région antérieure, ornés à leur extrémité de quelques stries d'accroissement peu saillantes, irrégulières et ondulées. — Epidémie brillant, silloiun' par 'des stries d'accroissement (^onccntriqui's. peu saillant(>s. plus fortes dans la région anté- rieure, plus fines et plus aecentuées vers les sommets, il'iiii brun jaunâtre foucé sur les bords, plus clair et i>lus grisâtre vers les sommets. — Inléi'icur nacré, lisse, brillant, d'un blanc bleuâtre. — Dents cardinales très obtuses, peu saillantes, un peu allongées, assez épaisses. — F^igament fort, robuste, mais peu saillant. Dimensions : Longueur maximum. (j'5 milliiurlres. E{>aisseur maximum -^-i — Hauteur maximum 24 — Obskrvations. — Ce nouveau Pscududon, le seul (pie nous connaissions dans le lac d'Antioche, est plus particulièrement caractérisé : par son galbe n^gulièrement elliptique , et peu allongé ; par le renflement des sommets, renflement qui s'atténue progressivement jusqu'à la p('riphérie; i)ar la position subraédiane de ces sommets ; enfin par leur forme aplatie, élargie d'abord, puis brusquement terminée en pointes infléchies, etc. Habitat. — Peu commun; les eaux du lac d'Antioche (E. Chantre). Genre ANODONTA, Cuvier .\NODONïA PSEUDODOPSIS, Locard PI. XIX his. fi..'. 1-3 Aiwdnnii' pscudodopsis, Loc.\rd. 1880. Mss. Description. — Coquille au test minée mais solide, d'un galbe arrondi-sub- oblong, sans parties anguleuses bien appréciables, renflée vers la région des sommets. — Région antérieure bien arrondie dans son profd, un peu amincie à son extrémité ; région postérieure peu développée, à peine subrostrée ; rostre très obtus, arrondi; Imid supérieur court, presque droit, ou faiblement arrondi; bord inférieur un peu descendant et largement arrondi : crête apico-rostrale très peu développée; bord ligamento-rostral pres([ue droit, un peu allonge'. — Sommets à peine saillants à leur naissance, puis ensuite bombés et renflés, un peu 256 MALACOLOGIE inclines, légèrement rapprochés de la région antérieure; ornés à leur extrémité de lignes ondulées assez larges, mais non saillantes. — Epidémie lisse, brillant, d'un jaune grisâtre, plus clair vers les sommets, plus Ibncé vers la périphérie, avec quelques bandes concentriques brunâtres. — Intérieur nacré, lisse, brillant, d'un blanc bleuAlre. — Ligament antéro-interne lamellcux, peu développé, assez allongé; ligament postérieur fort, solide, robuste, très allongé, d'un brun foncé. Dimensions : Longueur maximum. . . 125-130 millimètres. Hauteur maximum 82-84 — Epaisseur maximum 40-41 1/2 — Long, delà crête ligamento-dorsale à l'angle postéro-dor.^al. . 43-45 — Distance de cet angle au rostre 54-57 — Corde apico rostrale 89-92 — Hauteur de la perpendiculaire 74-76 — Distance de cette perpendiculaire au bord antérieur. . . . 34-36 1/2 — — du même point de cette perpeiul. au rostre .... 84-87 — — de la ])a.se delà perp. à l'angle postéro-dorsal. . . . 85-88 — Observations. — (^e magnifique Anodonte paraît i)lus pai^ticulièrement carac- térisé par la régularité de sou galbe sans crête saillante, et par son contour presque circulaire. Il rappelle extérieurement le Pseudodon (Monocondilcea) rhomboidea de Lea. Il appartient au groupe des Milletiana de M. Rourguignat \ et doit prendre rang près des Anodonta sabcirrulnris Clessin, A. interrogationis Colbean, A. MiUetl Raj et l)rouét. ..i . episeuia Rourguignat, et .1 . elachista Rourguignat. Mais on le distinguera toujours de ces différentes formes à sa taille, au renflement de ses sommets, ainsi qu'à leur ornementation, etc. IlABiTAr. — Les premiers échantillons de V Anodonta pseudodoi^sls nous ont été communiqués par M. Gabillot en 1880. C'est une forme qui paraît assez commune dans certaines stations du lacd'Antioche. M. E. Chantre l'a également rapporté de ce même lac. Genre CORBICULA, von muhlfeld CORDICULA FLUMINALIS, Muller Observations. — On retrouve dans le lac d'Antioche ce même Corhicula flumi- nalis qui semble si abondamment répandu dans toute la partie occidentale de l'Orient. Parmi les individus récoltés par la mission de M. E. Chantre, nous ' Bourguigiiat, 1881. Malériaux pour sercir d l'Histoire des mollusques aeèphcdes, 2^ fasc, p. 359. DES LACS TH'. TlIiKHTAriK, |.' A i\'|' K.cii K kt D'IIoNtS 257 observons quelques imlividus ([iii dill'rivnl du fy|i.' jiai' im L;;dl)c plus i-éijnlier; l'axe qui détermine le maximum (rindexioii en parlant des croehets pour aller vers le bord palloal est plus dmii; la partie inférieure de la rôg'um antt'rieun^ est plus arrondie; enfin I(>s siwiiinels sont moin-^ inllecbis. Tout en appaiienant incontesta- blement au ('oiiiiriihi ihfiitlinilis.nxH^ lelle forme sei't de passage entre cette espèce et la suivante. CORBICLLA l'ELIClAAl, JJourgoignat PI. XXn, fig. 19-21. Cyrena orientalis (var, 2), Lamarck, ls:!,j. Bist. nal. oiiiiit. s. ver/., \ I, p. ::?7.'S '. Corbicula Feliciani, BouRiiUUiNAT, 1882. Mss. DESCRIPTION. — Co(inilled'un galbe général subtriangulaire presque équilaléral. renflée vers les sommets, un peu atténuée vers le bord inférieur, au test solide et assez épais. — Régions antéi'ii'iu'e et postérieure ayant sensiblement \c. même déve- loppement et la même courbure ; la région postérieure tendant cependant à être un peu plus haute que l'autre; bord inférieur largement arrondi. — Sommets très proéminents, recourbés, crochus, aigus a leur extrémité, très légèrement inclinés vers la région antérieure, presque médians; le plus souvent dénudés. Test orné d'élégantes costulations concentriques, régulières, et progressivement espacées, fines, minces, laissant entre elles un espace libre égal à environ une fois et trois quarts l'épaisseur de la cote. — l':piderme brillant, d'un jaune plus ou moins foncé avec des zones irrégulières d'un marron foncé un peu verdàtre. — Inférieur nacré, d'un violacé plus ou moins foncé vers les bords et dans la région des sommets. Charnière forte et robuste ; deux dents cardinales subtrigones. un peu minces, disposées en forme de V renversé, assez acuminées; dent latéro-antérieure composée de deux lamelles subégales, celle interne plus saillante, mais assez mince, allant en s'atténuant depuis le sommet, denticulée finement et régulièrement sur toute la longueur, striolée sur sa face interne: dont latéro-postérieure affectant la iiK'me disposition, également denticulée, mais un peu plus comte. — Ligament très court et très saillant, d'un brun foncé. Dimensions: r-onar rapport à la verticale; bord ligamento-rostral également presqne droit, se rac- cordant avec ce dernier par um^ courbe très conrte; rostre tout à fait iuférieui'. bien arrondi ; arête apico-rostrale très saillante, ayant une courbure concave par rapporta la région antérieure, s'atténuant vers le rostre. — Test grisâtre, avec des zones concentriques d'un jaune brun [ilusou moins accentué ; orné de stries d'accrois- sement irrégulières, très sensibles, parfois comme feuilletées dans la région antérieure. — Intérieur lisse, brillant, nacré, avec quelques lignes concentriipies d'un gris- bleuàtre. — Charnière rudimentaire ; cloison apicale assez forte, un peu arquée et Ks LACS IM-: riHiiRi Ai>i:, II' wriocirF, i;t tviioms -jfn Omskrv AXIONS. — (le iiouvciii / >ri'issensia esi siiiiout ('ai'acU'rist' [lar son fiallx; très rtroit. fivs allouLî!'" dans Ir sons do la liantciir. ri rclalivoiiiciit jioii vciitni. Sa taille, coiuiuc on lo voit, est très variablo; los ]tlus f^rands oolianlillons provirnncnl (lu lac d'Antioi'lio; dans rKnpUral", il ost (ilns petit, pins n'-Liuli''!' <'t pins conslanl dans ses dimensions. IIaiutai'. — Ti'Iviphrato cl le lac (l'Anlioclii' (E. Chantre). DREISS1-:XSIA CIIANïRia, ]..m:aui. ri. xxiii, 11-. :!-!. DEScKii'TKtN. — Coquille subtriiione nn peu allnngèc dans le sens d(^ la liautenr, à pen pivs lieux l'ois aussi liante que large, très renflée dans tonte sa région dorsale; test mince, mais assez solide. — Région antérieniv conrli'. très haute; région postérieure [dus large, son milieu correspondant avec l'angle Ibrmé par le bord ligamentairo et lo bord liganiento-rostral: bord antérieur fortement iiu'urvé; bord ligamentaire (eivte apieo-dorsale) rectiligin'. iiudiiu' à 5.")" par ra])poi L a la verticale, arrondi chez les jeunes individus; IkhiI liganuuito-rostral arrondi: rostre tout à t'ait int'i'i-icur. Ijicn ari\»iidi ; arête apico-rostrale tressaillante, avec une fortt' Ci)urbure coneave par ra}tport à la région antérieure, pins saillante vers les sommets que vers le rostr(\ — Test grisâtre, avec des zoiiules concentriques, iirégulièros. d'un brun plus ou moins foncé; orné de stries d'accroissement inégales, très sensibles, plus ou moins feuilletées vers la périphérie. — Intérieur lisse, brillant. nacré, d'un blanc bleuâtre vers les sommets. — Charnière rudiiiicni;iire; (doison apicale forte, très arquée et allongée vers la région postérieure. — Ligament [teu saillant, très allongé, linéain;. Dimensions. Longueur maximum 8-U millimètres. Hauteur maximum 13-20 — Epaisseur maximum 7-10 — Rapports kt dikkkrences, — Le Dreissensia (linulrci. est très tlitierent du Dreissensia Bom-f/uignati et no saurait être confondu avec lui. iinoique vivant dansles mêmes eaux: on le distinguera à son galbe beaucoup plus (;ourt, et en même temps beaucoup plus large, avec la région antérieure bien plus concave; c'est, eu somme, une coquille de petite taille, bien large, bien arquée, tandis que le Dreissensia Botirguigunti tout en étant également nn(> coquille de petite taille, a. au contraire, une forme très étroite, très allongée et beaucoup plus droite. A taille égale, on dans le jeune âge, ces mêmes caractères sont tout aussi marqués. II.vniT.VT. — T;Euphrat(! et le lac .l'Antiocho (E. Chantre). 2R5 MALACOLOGIE GASTÉROPODES Genre PLANORBIS, Guettard PLANORRIS ANTIOCHIANUS, Locard PI. xxiii. fig. n-ci. Description-. — Goquilli' de t:iille moyenne, un peu concave en dessus, presque plane en dessous. — Test assez solide, subtransparent. d'un jaune clair un jieu fauve, orné de stries longitudinales fines, très rapiJroehées subégales, arquées, bien visibles eu dessus comme en dessous. — Spire composée de cinq à six tours convexes en dessus, déprimés en dessous; dernier tour plus saillant, plus renflé surtout en dessus, plus largement dilaté dans la longueur du dernier tiers de l'enrouliMnent vers l'ouverture; suture très accentuée, surtout a l'extrémiti'. — Carène inférieure, subaiguë, formée par un cordon arrondi et strié, se détaeliant nettement sur le dernier tour. — Ouverture médiocre, très ol)lique, largement ('clianerée par l'avant- dernier tour, ovale, arrondie dans le haut, a peine anguleuse. — Péristome non continu, un peu évasé à l'insertion du l)oril su[)érieur, mince, tranchant, sans bourrelet. Dimensions. Hauteur maximum 3-3 1/i millimètres. Diamètre maximum. ...... 12-15 — Observations. — Ce nouveau Planorbe, un des plus grands de l'Asie Mineure, appartient évidemment au groupe du Planorhis ninhiUcatus^ du système européen; mais il en diffère par plusieurs caractères im[)ortants. Chez le Planorhis Antio- chianm. le dessus de la coquille est plus concave pour des individus de même taille; le dernier tour pour une même largeur est plus renflé en dessus, et partant la suture est plus profonde ; en outre, cIk^z cette coquille, l'ouverture est toujours plus oblique, et le péristome un peu évas(' à son point d'insertion supérieur. Mais un des faits le-! plus caractéristiques, c'est que ce [«oint d'insertion de l'ouverture est toujours plus haut; le dernier tour est, par conséquent, plu-^ ascendant. Enfin, l'IaiKirhis umbilicuins. Millier, 177 i. Vavin. Icrr. cl fiuv. hisi , II, [i. lOl). !)1';S LACS I»K 'riHHRIVDH. D' ANTIix'.IIK HT K'lKmS 263 1(' péristomo n'est jamais conliiiu; c'est tout an plus si, cluv ([uchiues sujets, il est snbconliim, mais ciicoi-f ilc faron à l)ieu laisser voir sous le Irg-er callmn les stries i\o l'avaiit-iliM'iiier tmir. IJAi'.rrAr. — Très commun dans les eanx du lac d'Ântioche (E. Chantre). Genre LIMN^EA, Bruguière LIMN^A AXIACA, Lucakd PI. XXIII, fit'. 5ifi-28. Dkscuu'tio.n. — Coquille (Tiui ,i;albe ovoïde-dMimi^, un pou veiilru(', peu allongée. — Test mince, solide, d'un fauve corné clair, onié de stries longitudinales fines, inégales et rapprochées. — S[Hre coiuposëe de ([iiatro à cinq tours, croissant assez régulièrement, faiblement convexes, le dernier tour très grand, très dilaté, ventru. — OmbiHc entièrement recouvert i»ar le développement du bord columellaire. — Ouverture presque droite, oblongue-arrondie, égale en hauteur, aux trois quarts de la hauteur totale de la coqudle; angle apertiiral supérieur à peine aigu ; bords latéraux sensiblement pai-allèles ; bord inférieur arronii. à peine évasé. — Golumelle épaisse, un peu torse, presque rectiligne. — BiM-ds marginaux réunis par un callum large et épais. r)lMi:NSIONS. Hauteur totale -1 millimètres. Diamètre maximum 13 — Hauteur de l'ouverture 15 — Largeur lie l'ouverture ' ^ — Obskuvatioxs. — Cette forme nouvelle a[)partient au même groupe que les Limnœd ('hantrri. I.. [Mf/odeschinn. A. //«»«.v/«»a que nous aurons à examiner avec la faune du lac d'iioms ; elle est caractérisée plus particulièrement : par sou galbe ovoïde-oblong, mais ventru ; par la formc^ do son ouverture dont la largeur est un peu plus grande que la moitié de la hauteur totale, et dont la hauteur totale est à peine moindre que les deux tiers de la hauteur de la coquille; enfin, par le développement de son callum aeeompaguaut une eolumelle forte, épaisse et à peine infléchie. Habitat. — Peu commun : les eaux de l'Oronte (E, Chantre). ' La largeur de l'ouverture est piise envirou à lu moitié de; la liautcMir totale i>kra, en Algérie\ IIaihtat. — 'i'rès coinnnin : le lype et la variéli' dans l'Oroide; le type p;irait habiter senl le lae d'Anlioelie. MELAXOPSIS PROPIIKTAKIM, liounGUitiNAT PI. XXIII, fig. 52-55. Description. — Coquille imperforée, d'un galbe ovoïde, un peu ventru, terminée par une spire subaiguë. — Test solide, opatjue, à peine transparent au dernier tour, presque lisse, d'un brun foncé un peu verdàtre, avec deux bandes très larges, [ilus foncées, à peine, distinctes. — Spire peu élancée, composée de sept tours érodés A'ers le sommet, séparés par une sulure superficielle; tours croissant régulièrement et assez rapidement, le dernier à peu près égal à la moitié de la hauteur totale do la (îoquille. — Ouverture ovale-allongée, régulière, i)ro- longée à sa partie supérieure sous la forme d'une petite fente très étroite, plus ou moins allongée; bord extérieur droit, arrondi, tranchant: l>oi'd intérieur, assez fortement concave dans le bas; bord inférieur aigu [lar suite de la brusque trunca- ture de la columelle. — Columelle courbée et infléchie on avant vers sa partie basale, brusquement tronquée dans le bas, de façon à former un sinus basai ('droit, maisarroiidi. — Callum éiiais. brillant, renflé surtout vers le haut de l'ouverture, devenant mcnie parfois subtuberculeux; d'une teinte un peu plus pAle que \c reste de la coquille. DlMKNSIONS. Longueur totale 16 millirriPlres. Largeur totale S 1/2 — Hauteur de l'ouverture 9 — Largeur de l'ouverture 4 — lÀAi-i'ORTS KT DiFi-"iiRK.\ci:s. — Lcs Caractères ^[\.v^ nous venons d'indiquer sont ceux des échantillons rapportés du lac d'Antioche par la mission de M. E. Chantre. Ces individus diff'ôrent du Mdanopsis huccinoïdea par leur taille, en général, plus ' Houijïui^'iiat, Malaroloijii' ilc l'.\l(/é,if, t. II, p. 2lj-^ pi. XVI, fig. 19-^0. 266 MALACOLOGIK petite, mais surtout par leui' forme plus courte et plus ventrue. Comparé aux formes les plus obèses et de même taille du Melanopsit: huccinoïdea, le Melanopsis prophetaniin se distinguera toujours : par sou ensemble plus ramassé, moins effilé; par son ouverture plus haute; par son dernier tour égalant à peu près la moitié de la hauteur totale de la coquille ; par son ouverturi' plus arrondie ; ])ar sa columelle plus courbée et plus infléchie dans le bas, etc. Ses caractères aperturaux, notamment ceux du ])ord extérieur qui n'est ni cambré ni dilaté vers sa partie infé- rieure, permettront de le séparer des variétés minor et renlricosa du Melanopsis Maroccana. Habitat. — Le type du Melanojnis prophrtarum a été récolté dans les eaux de la fontaine de l'Elysée, à Jéricho ; M. Bourguignat le possède également des environs de Beyrouth; enfin il paraît peu commun dans les eaux du lac d'Antioche. MELANOPSIS SAHARR'.A, P.orRGUioNAT Melanopsis Maroccana (vai-. .S"/ia;-/r((), Bourguignat, 1864. Makic. Alger., 11, ii.SCO.jil. XVI, J;p. 9-14. — Siiharica, Bourguignat, 18S2. Mss. Description. — Coquille iraperforée, d'un galbe ovale un peu ventru, surmontée d'une spir(^ j^eu élancée, souvent corrodée. — Test solide, opaque, à peine subtrans- parent vers l'extrémité du dernier tour, tantôt lisse et brillant, surtout chez les jeunes individus, tantôt terne et très finement strié, d'un lirun noirâtre foncé. — Spire courte, le plus souvent fortement corrodée à son extrémité, et paraissant parfois comme mucronée, composée de six à sept tours plans, séparés par une suture superficielle; tours à croissance rapide, le dernier tour croissant plus rapidement vers l'ouverture ; dernier tour grand, convexe, dilaté, un peu courbé vers sa partie inférieure, légèrement descendant vers l'insertion du bord extérieur et dépassant toujours la moitié de la hauteur. — Ouverture ovale, un peu allongée, terminée à sa partie supérieure par une fente étroite et allongée ;bord inférieur largement arrondi, mais brusquement termim^ par la truncatnre de la columelle ; bord extérieur dr(jit, tranchant, arrondi seulement dans le bas; liord columellaire fortement concave dans le bas. — Columelle courbée et infléchie iiifé'rieurement, nettement tronquée et terminé:' par un sinus l)asal profond et bien arrondi. — Callum épais, surtout dans la partie supérieure de l'ouverture. Dimensions. Longueur totale 10-17 anilimètres. Largeur totale 5-9 — Hauteur de l'ouverture 6 1/2-10 1/2 — Largeur de l'iniverlure 2-4 3/4 — DES I,Ar.S 1»K TiniMUAHK, D' AXTtoC II !•: HP D'IIOMS 207 R APriiRis i:r itii'i'KKKNCKS. — Le Mclanopsis Saharien a j»lus d'aflinités avec le Melanopsis Maroccana, ([ii'.ut'c le Mrlaiioj)sis Itnccinoïdea. Dans Ir [u'iiicipe, M. Rour{,''ui|:,''nat l'avait ciiiisiiK'i'.' c )iiim(' simiilc varititi'' ili'Ia [ii-cmièrede ces coquilles. Mais il ivcunnaît aujour l'hiii ([Ui' la constance de ses caractères si nets et si tranchés permet d'rrii^er en espèce cette simpl(' vai'i(''l(''. On 1(^ distinguera toujours du Me/anojjsis Maroccaiia : à sou y-albe plus court. ]dus renll'K plus ventru, et cela, (pielle qu'en soit la taillf ; à sa s|)ir(' moins élancée, moins acuminée, toujours corrodée et comme nuicronéf à son extrémité, ainsi que l'a très bien (iL»'uré M. Bourru iiiiiat ; à soi ouverlure plus i^rande. plus allongée par ra|)[i(ii-t à la hauteur totale de la coquille ; à sdu h ir.l extérieur de rouverlure moins tombant ilans le bas; à so:i bnrd inférieur de l'ouverture plus arrondi ; enlin, à sa columelle plus courbée, ce qui donne à l'ouverture un jirofil plus concave sur le bord columellaire. ObsI'.uvations. — Le \y[)o [iriniilivement envisagé par ^L Hourguignat était toujours de petite taille; il lui assigne comme dimensions de 6-12 millimètres pour la hauteur totale, et i-G niillimètres pour le diamètre. On trouve ces mêmes formes dans rOronte ; mais en même temps, il existe une autre variété beaucoup [)lus grande, et dont niius donnons [dus haut les dimensions. Ces grands individus oui une Ibrme peut-être encore plus ventrue, plus renfl('(' ([ue le tyiie. Ici ([u'il est repré- senté dans la liguration de M. lî :)iu"guignat (lig. 11), et en même temps rextrémité de la spire est plus corrodée. Habitat. — Le type du Melanopsis Saharira habite l'Algérie et semble propre aux cours d'eaux du Sahara. La variété que nous venons de signaler paraît assez commune dans l'Oronte. 2. — ORorPK nu Mi:/.A XOPSIS COSTAT.l -MEL.VXOi'SlS COSTATA, Ferussac Observations. — Le Melanopsis costala du lac d'Anlioebe parait diffiTcr un pende celui du lac de Tibériade. En général, il est de taille pluspetiti'; quelques échantillons seidenient alteigneni ou dépasseni 2.") millimètres de hauteur totale. l''n même temps, les costulations sont moins saillantes, tout en étantaussi nombreuses, et la ligne suturale plus superficielle. De telles modifications ne constituent qu'un faciès purement local, résultant de la diflertMic ■ du milieu dans lequel ces co([uilles sont appelées à vivre. Mais en dehors du type, nous signalerons une var. eurta caractérisée par sa Ann. Mus. Ut. •''1 2(j,s MALÂGOLOGIK petite taille toujours constante; dans cette variété, la hauteur totale ne dépasse pas 16 millimètres ; en même temps, le diamètre de la coquille conserve des dimensions proportionnelles, mais les côtes sont un peu moins saillantes que dans le type et parfois même un peu obsolètes à la partie inférieure du dernier tour. Quant à la coloration, elle est, dans cette variété, un peu plus pâle et un peu plus cornée que dans le type. Habitat. — Très commun, dans le lacd'Antiochc. MELANOPSIS CHANTREI, Locard PI. XXUI, lig-. 44-49. Description. — Coquille imperforée, d'un galbe ovoïde, constituée par une spire généralement peu acuminée, parfois un peu corrodée à son extrémité. — Test solide, épais, opaque, un peu transparent à l'extrémité du dernier tour, terne, d'un brun noirâtre, avec trois bandes brunes plus foncées, visibles sur le dernier tour, et plus nettement marquées a l'intérieur de l'ouverture — Spire générale- ment courte, |)arfois corroilée à son extrémité, composée de six à se[)t tours plans, costulés, séparés par une ligne suturale bien marquée; tours de spire à croissance rapide, mais assez régulière, le dernier tour très grand, quoique cependant à peine plus grand que la moitié de la hauteur totale de la coquille ; costulations- irrégulières, bien marquées vers la suture, ou elles forment parfois comme des nodosités, puis s'atténuant ensuite, à partir de la moitié de la hauteur de chaque tour, devenant obsolètes à la base sur le dernier tour. — Ouverture ovale, un peu allongée, terminée à sa partie supérieure par une fente étroite ; bord inférieur lar- gement arrondi, mais brusquement limité latéralement par la truncature de la columelle ; bord extérieur droit, mince, tranchant, un peu arrondi vers le dernier tiers ; bord columellaire fortement concave. — Columelle fortement courbée et infléchie inférieurement, nettement tronquée, et comme retroussée à son extrémité, formant un sinus basai profond et arrondi. — Gallum épais, surtout dans la partie supérieure, s'étendant sur tout le bord collumellaire. Dimensions. s Longueur totalt; 17-22 miUimèlres. Largeur totale 8-9 — Hauteur de l'ouverture 9-11 — Largeur de l'ouvertui'e 4-5 — Observations. — D'après les dimensions que nous venons d'indiquer, on peut \o\r qne le Meîanopsis Chantrei est assez polymorphe. En effet, quelques individus DES L.VUS HK TIliKUIAlii;, D" AN TIOCll K KT 1)1U»MS U69 pnMmont uiio fonn.' allniipH-, qui s'rloi.uiio un peu des naractc-res "•('n(''i-au\ du type, Ic(iu<>l l'sl (ilulol nu j)(Mi (ibt'-sc. Nous avims. du l'cstc. lail lii^ui-or C('> doux formes. A mcsuiT que la coquille s'alloii^v. rouvcrtuiv. [inr suitcdii mode d'cnvouleuieut des tours de la spire, devioul plus petite eu liaulnu'; eu uiènic temps, les ci.stulations semblent être moins allonijées sur la hauteur îles tours, LouL eu resLaul, aussi sail- lantes vers la liyin' sulural.'. En dehors de ces formes, nous sii;ualerous é-aleuicut une var. /./'/•//y^'/'-r earacté- risée par un galbe g'énôral encore plus ovoïde, plus eourt. avec nue spire lormanl un anii'le moins aigu, une ligue sulurale moins mariiuée, et tniliii. des eostulatious beaucoup moins saillantes ; elles se réduisent à un léger renflement vers la ligne suturale rapidement alli-nué sur le premier tiers du dernier tour. Rapports et diffkrenci-:s. — Le Melanoixsis (Imntrei diffère du Melanopsis cosfafa: par sa taille plus petite; \)RV son galbe plus ovoïde.- avec une si^re formant toujours, même chez les formes les plus (■lancées, un angle moins aigu; par son ouverture moins haute, plus élargie, plus arrondie, avec le bord extérieui' moins rectihgne; enfin, par ses costulations beaucoup moins allongées, ne s'étendant pas au delà de la moitié de la hauteur du dernier tour, et devenant même obsolètes sur ce m^me toiu'. du moins, dans certaines variétés. De tels caractères nous semblent bien suffisants pour distinguer toujours ces deux formes qui paraissent avoir uu haljitat comunni. \l^,]>,n-\T. — LeMelano23sisChantrri,[\iKi et variétés semble assez répandu dans les eaux du lae d'.Vntioche, d'où il a été rapporté par la mission de M. E. Chantre. MELANOPSIS TUKCICA, I'ahkevss Melnnopuis twrira, l'AnREYSs, 187i. In Mousson, Coq. Schlxf/li, Loc. cit., p. 49. Mclannpsis costata{vav. Turcin), Mousson, 1874. Cnq. Schlxffli, in Jour,,. Cond,.. (. XXll, y. 3:!. Description. — Coquille imperforée, d'un galbe ovoïde-allongé, constituée par une spire un peu élancét', non corrodée ou rarement corrodée à son extrémité. — Test solide, uu peu mince, légèrement transparent, surtout à l'extrémité du dernier tour, terne, d'un briui foncé noirâtre, sans zones ni bandes. — Spire allongée, ayant un profil régulier non dentelé, composée de six à sept tours presque plats ou à peine arrondis dans leur milieu, costulés, séparés par une ligne suturale superficielle ; tours croissant régulièrement et assez rapidement, le dernier un peu plus grand que la moitié de la hauteur totale de la coquille; costulations régulières, de même épaisseur sur toute la hauteur de chaque tour, ne formant point de 270 MALACOLOaiE nodosité vers la ligne suturale, un peu obsolètes à la partie inférieure du dernier tour. — Ouverture ovale-allongée, terminée à la partie supérieure par une fente étroite et longue se prolongeant en descendant suivant un angle assez aigu ; bord inférieur un peu arrondi, assez étroit; bord extérieur droit, mince, tranchant; d'abord avec une direction rectiligne, puis ensuite infléchi vers la base; bord coluraollaire concave vers le second tiers de sa hauteur. — Columelle fortement courbée, infléchie inférieurement, mais ne se relevant pas à son extrémité, terminée brusquement à sa base par une truncature formant un sinus basai arrondi et assez large. — Gallum épais, couvrant l'avant-dernier tour sur tout le bord columellaire, formant au sommet de l'ouverture une gibbosité saillante. Dimensions. Longueur totale 18-21 millimètres. Largeur totale 8 1/2-9 1/2 — Hauteur de l'ouverture 10-12 — Largeur de l'ouverture 4—4 12 — Observations. — Le Melatiopsis Tiircica est assez régulier et assez constant dans son allure ; ses caractères généraux varient peu ; on n'observe dans le type que des variations individuelles portant sur la taille et sur l'intensité des costulations. En dehors du type dont nous venons de donner la description, nous signalerons une var. caria, caractérisée par sa taille plus ]jetite, ne dépassant pas 12 a 15 millimètres au maximum; son galbe général est, en outre, plus grêle, un peu plus élancé, la spire un peu plus acuminée, les costulations un peu plus minces et toujours avec le même caractère de régularité. Enfin on trouve dans les eaux de l'Oronte une autre variété d'une grande taille, chez laquelle les costulations ne conservent leurs caractères bien définis que sur les premiers tours jusqu'à l'avant-dernier ; à partir de l'avant-dernier tour au point d'insertion du bord supérieur de l'ouverture, ces costulations ne sont visibles que près de la ligne suturale; elles deviennent tout à fait obsolètes sur le reste du tour, mais sans cependant former de nodosité vers la suture. Rapports kt différences. — ■ Quelques auteurs ont cru devoir considérer le Melanojms turcica comme une simple variété du Melanopsis costata ; c'est cependant une forme bien distincte et présentant des caractères toujours constants. En effet, chez le Melanopsis turcica, le galbe général de la coquille est plus régulièrement ovoïde; ses tours ne paraissent point étages et superposés pai' suite de la disposition superficieUe de la suture, tandis que chez le Melanopsis costata, les tours s'étagent régulièrement les uns au-dessus des autres, en formant HKS I,A<;s DK TlIiKUIADi:, I) ' A .N TIOC II K KT D'IIOMS 271 un reirait ivgulior cl tivs proiiDiicé à chaque tour. Kn outre, ehez le Mclanupsis turcicii, on n'observe pas sur le milieu du dernier tour cotte dépression si marquée qui caractérise le Mclnnopsis costata, ou, du moins, cette dépression est-elle à jieine sensible chez quelques rares individus, et toujours beaucoup moins laro-e. Les côtes sont beaucoup moins grosses chez le Me/anopsis lurcica, plus rég•uli^res et non tuberculeuses vers la suture ; ce dernier caractère le séparera toujours du yHanopsis Cha,ilrci. Enlin, son ouverture est plus étroile, plus allongée, plus ovoïde. Habitat. — Le type habile les eaux du Karasa, affluent du lac d'Aiitioche; il a été également recueilli dans ce lac, dans l'Oronto. ainsi que dans le lac d'Homs par la mission de M. E. Chantre. La var. ciirta provient du lac d'Antioche. MELANOPSIS LORïETL\NA, Locard PI. XX m. fl-. 50-51. Descriptiox. ^- Coquille imperforée, d'un galbe ovoïde-lancéolé, très allongée, constituée par une spire élancée, aiguë, non corrodée à son extrémité. — Test solide, un peu mince, légèrement transparent, notamment à l'exti'émité du dernier tour, un peu brillant, d'un brun verdâtre, avec deux bandes étroites et plus foncées, logées sur le dernier tour. — Spire allongée, très acuminée, composée de sept à huit tours à ci'oissancc régulière et progressive, le dernier tour toujours plus petit que la moitié de la hauteur totale de la coquille, à profit rectihgne, séparé par une suture superficielle, orné de costulations; costulations peu profondes, régu- lières, s 'étendant sur la hauteur totale de chaque tour, obsolètes seulement à la base du dernier tour, ne formant pas de nodosité vers la ligne suturale. — Ouverture ovale, très allongée, terminée à sa partie supérieure par une fente étroite, assez courte, se prolongeant, suivant un angle très aigu ; bord inférieur court, arrondi ; bord exté- rieur droit, mince, tranchant, à profil légèrement arqué ; bord columellaire fortement concave un peu au-dessous de sa partie médiane. — Columelle fortement courbée, infléchie inférieurement mais non retroussée, terminée à sa base par une trunca- ture formant un sinus basai assez large et arrondi. — Callum épais, s'étendant sur l'avant-dernier tour, sur tout le bord columellaire, et formant au sommet de l'ouver- ture unegibbosité saillante. Dl.MENSIONS. Longueur totale 20 millimètres. Largeur totale 1 \.j2 — Hauteur île l'ouverture 9 — Largeur de l'ouverture 4 — 272 MALACOLOGIE Rapports et différences. — De tons les Mclanopsis que nous avons eu à signaler dans ce groupe, c'est le Melanopsis Lortetl qui a le galbe le plus allongé, le plus lancéolé ; en cela, Usera toujours facile de le distinguer de ses congénères. Gomme mode de costulations, il se rapproche du Melanopsis turcica, en ce sens que chez ces deux coquilles, les côtes sont régulières et sans nodosité vers la ligne suturale; mais alors, on distinguera le Melanopsis Lorteti, à son ouverture plus allongée, et toujours moindre en hauteur que la moitié de la hauteur totale de la coquille. Habitat. — Peu commun, dans les eaux du lac d'Antioche. Genre THEODOXIA. Denys de Montfort THEODOXIA MICHONI, Bodrguignat Observations. — Le Theodoxia Michoni du lac d'Antioche ne nous semble pas différer comme galbe de celui des rives du lac de Tibériade; cependant, dans son ensemble, il nous paraît être de taille un peu plus petite; son test serait également plus lisse et partant encore plus brillant. Il affecte toujours cette belle teinte noire uniforme passant au brun très foncé. Habitat. — Commun, sur les bords du lac d'Antioche. III MALACOLOGTE J)V L.VC D'IFOMS Dans son ensemble, la laïuK' inalacologit[ue du lac d'Homs paraît moins riche que celle du lac d'Antioche. Il est vrai de dire, d'après ce qui nous a été rapporté, que la mission de M. Ernest Ghanlre n'avait pas pu l'étudier avec autant de soin. Lors de leur voyage, M. Chantre et ses compagnons trouvèrent les eaux du lac très grosses, la pèche sur le lac était fort dillicile par suite d'une série persistante de mauvais temps; ils durent bien souvent se contenter de récolter les coquilles éparses sur les rives du lac. De là sans doute la pauvreté des Nayades, qu'il eût fallu pécher dans les eaux plus profondes, comme cela avait été fait pour les lacs d'Antioche et de Tibériade ; mais, en revanche, ils purent recueillir un nombre considérable de Limnées dans les délaissés du lac; et à où point de vue, la récolte a été des plus fructueuses, car elle nous permet de signaler un assez grand nombre de formes nouvelles. Les lamellibranches ne nous ont donné que cinq espèces, deux rnio, deux Legu- tninaia et un Corbicula ; toutes ces formes étaient déjà connues, et les deux Legiiminaia font également partie de la faune du lac d'Antioche. Les Limnées, ainsi que nous l'avons dit, se trouvaient pour la [)lupart en véritables amas accumulés sans doute depuis nombre de siècles sur les bords du lae. Nous les avons divisés en six groupes. I. — oRorPKDi; li.mx.ea coli'Odia Limnuea colpodia, Bourguignat. Limniea calloploura, Locard. Le ty[)e de ce premier groupe, le Limmca colpodia, est bien connu; c'est une 274 MALACOLOGIE forme qui vit aux environs de Bi'ousse, en Anatolie, et de Constantinople. Dans le lac d'Hoins, elle est plus rare et moins typique. Cependant M. Bourguignat lui- même a cru la reconnaître. Quant au Limnsea callopletira qui l'accompagne dans le lac d'Homs, c'est une forme voisine, mais bien distincte, et également rare. 2. — GROUPK 1>U LIMN.EA BENEAXA Dans ce second groupe, nous n'avons signalé qu'une seule espèce le Limnsea Reneana, élégante forme de petite taille dont le mode d'eni^oulement de la spire rappelle un peu le groupe précédent, mais dont le galbe général est tel que nous ne saurions le faire rentrer dans le même groupe. C'est, en quelque sorte, une forme de passage entre les grands groupes des stagnaUs et des ovata. 3. —GROUPE DU LIMX.IJA CHAXTREI Limnsea ChantreL Locaru. Limnœa Homsiana, Locarp. — lagodeschinu, Bourguignat. — axiaca, Locard. A mesure que nous nous écartons du premier groupe, la spire devient moins haute, tandis que le dernier tour devient plus grand ; c'est donc dire que la coquille est moins fusiforme. Déjà dans le X//Hnce(f Chantrei, une des espèces les plus communes et les plus répandues de ce groupe, nous avons la forme de passage, mais les trois autres Limnées ont entre elles encore plus d'affinités, quoique? conservant cependant des caractères bien distincts et lien précis. Les quatre formes de ce groupe sont nouvelles, et l'une d'elles, le L'unnœa axiaca, appartient aux eaux de l'Oronte. 4. —GROUPK UU LIMNMA LAGOTIS IJmnœa lagotis, Schrancic. Limnsea Antiochiana, Locard. — larjotopsis, Locard. — TripoUtana, Letourneux. Ce o'roupe a pour tète une forme déjà connue, le L'unniea lagotis, de Schranck; nous y rattachons trois autres formes nouvelles, dont l'une d'elles le Limnsea Antio- chiana, appartient, comme son nom l'indique, à la faune du lac d'Antioche. Chez toutes ces Limnées, le galbe général s'est considérablement modifié ; la spire est devenue très courte, tandis que le dernier tour, et partant l'ouverture sont, au contraire, très grands. C'est en quelque sorte l'équivalent des formes du groupe du Limnsea ovata de l'Europe occidentale. Le cinquième et le sixième groupe sont représentés par une forme unique, le Limnœa sabpersicaei leLimnœa peregriformis; ces deux formes sont nouvelles. Chez le Limnsea subpersica, la spire est extrêmement courte, et le dernier tour très dévelop|ié. Dans \o Lini)ixa peregriformis, nous retrouvons un équivalent du groupe européen bien connu du Liynnseaperegra. 1»KS L.VC.S DK Tl lîKKI.VltK, I)' \ N l' li x: Il K ET M'IIOMS -Jlb Telle est, dans son ensemble. Li série iltis Limnées du lac iriluuis; conmif un le voit, ce sont des formes très variées, très distinctes, qu'il est cependant encore [tossible de rallacher à nos forme-: eiiro|)éeniies, i[uoi([u'elles en soient tontes ])ien différentes. Enfin, dans la famille des M(''lanidées, nous avons eu à sii^iialer quatre espèces seuleniiîut, ol toutes déjà connues, mais appartenant aux deux i^roupcs si carac- téristiques des Mclanojjsis huccluoldcd et .1/. cuslula. Comme on le voit, il n'y a. dans la laune du lac d'IIoms, aucune des es[)èces du laedeTibériade, à parties Mi'hniops/s, c(;s formes si communément répandues dans tout l'Orient et qui semblent se' plaire dans des milieux i)arfois si dilférents. Mais, par contre, si nous comparons la Ihiuie du lae d'IIoms à celle du lac d'Anlioche, nous voyons une plus grande similitmle. Dans ces deux eaux, vivent des TJnios, desLeguminaia, des Corbicules, desLinuiées et desMelanopsides ; nul doule ({ue des recherches plus suivies n'y fassent également retrouver des Théodoxies. Quant aux espèces communes, nous inili([uerons. Unio Emesaensis . Curhicula ISi/riucu. Leguminaia Mardinensis . Melanojjsis costata. — Weallei. — turica. Mais, comme nous l'avons dit, la taune de cet intéressant lac est incomplètement connue; il est probable que lors([u"il sera [lossible de se procurer uu i)lus grand nombre de sujets des eaux de ce lac, surtout parnù les formes [lèchées à de [)lus grandes profondeurs, on comblera les laclme^ ([ui semblent encore exister entre cette faune et celle du lac d'Aiitioclie. LxVMELLlBRANCHES Genre UNIO, Philippsson IM(| JIOMSEXSIS, l.KA Unio Homsensis, Lea, IbOU.Iii Jourii. Acad. se. PhiUuM., VI, 3' |iait., (iiew scir.), ii. 2i'.l, {A. WXIS., /ig. 03. Obseuv.vtions. — Nous ne connaissons \Tnio /lonisensis que par la description qu'en a donnée M. Lea; il n'a pas été retrouvé par la mission de M. E. Chantre. Nous nous bornerons donc à transcrire ici la diaiinose telle qu'elle a tHé donnée par son auteur. Ann. Ml-;, m. ;*â 27() M\LAGOLO. UNR) EMESAENSIS, Lea Observations. — Nous ne constatons absolument aucune différence entre les Unio Eniesaensis des jjords de l'P^uphrate et ceux du lac d'IIonis; tous ces échantillons ont même o-albe et même faciès. C'est une des formes les plus communes du lac d'Homs (E. Chantre), et qu'il sera toujours facile de distinguer de Vrnio Homsensis . Genre LEGUMINAIA, Conrad LEGUMINAIA .M AKDINENSIS, I.ea Observations. — On ne saurait établir la moindre différence entre les Legu- inhiaia MarcUnensis des bords de l'Euphnite ou du lac d'Antioche et ceux du lac d'Homs. Nous avons dit précédemment que cette coquille était susceptible de pré- senter nn certain polymorphisme dans son galbe général. C'est ainsi que nous voyons quelques individus du lac d'Homs avec le sinus palléol plus profond et la région antérieure plus développép que chez la plupart des sujets récoltés sur les bords du lac d'Antioche. I.EGUMIXAIA WIIEATLb:i, I-ea Obskkvations. — ■ Les Legnuiiitaia Wlicadci du lac d'Homs nous semblent en général (le taille un peu plus forte que ceux del'Euphrate; ils paraissent se mieux complaire dans un pareil milieu : mais il est à remarquer que, chez cette espèce, à mesure que la taille s'accroît, le galbe général est de plus en plus déprimé ; en même temps, les sommets paraissent s'atrophi(n". et l'ensemble de la coquille prend un caractère de plus grande régularité dans tout son contour. Mais quoi qu'il en soit, c'est, du reste, une forme toujours facile à distinguer du Lcr/nniinaia Mnydmpnsis qui vit avec lui dans les mêmes stations. iiKs i,\(:s m; ii i:i;ui \i'i:. i»' wrmciiM v.v irnoMs Genre CORBICULA. von Miihlfeld CORHICUl.A SYHIACA. llouuci uiNAT Observations. — Nousiravons ()lisei'V(' ([iTinu^ seule espèce de Corbicule parmi les échantillons rapportés par M. Chantre, c'est le Corhirnhi S,/rinrn. P.oiirgui.-'uat. Nul doute pour nous que des recherches plus persévérantes ne tassent découvnr dans les mêmes eaux le Corhicula fhmiinalis. ^liiUer. d..nt Taréa <îéo<>rapliique est si (îonsidérable dans toutes ces régions. GASTEROPODES Grenre LIMNiEA, Bruguière 1. — (JROUPE DI" LIMS.KA roLPoliIA I.niN.KA C.ULI'OI)! A, Uoiuguignat Limnasncolpodia, Bourgukinat, 1862. In .S>i -(V. .,iala<:. p. 'M, pi. Kl, li-. IJ-lo. Description. — « Coquille lancéolée, brillante, transparente, d'une teinte coriiéc, et régulièrement striée. — Test présentant v.'rs la suture des stries concaves que viennent couper d'autres stries transversales. — Spire élancée, à sommet aigu et un peu inchné à gauche. — Huit tours s'accroissaut avec assez de rapidité, séparés par une suture marginée et bien prononcée. — Dernier tour très grand, ne; des- cendant point wrs l'ouverture. — Ouv('ftinv(ïl)li)iigue. ].oii olilique; angle apertnrnl supérieur aigu. — Columelle torse, n'atteignant, point la base de l'ouvertun^ — Hord externe simple et aigu, un peu avqu('' en avant. — Cahosité blanchâtre, tics étendue sur la convexité de l'avaut-drinirr tour, et s'arrètant a la torsion de la eolumelle » (Bourg.). Dimensions : Longueur maximum .^0 millimètres. Largeur maximum ~" ILnutcup (le l'uuverture -'• Largeur île l'ouverture '~ 278 MALACOLOaiK Observation'!?. — Cette Limnée. que Parreyss appelait Linmœa turrira^ vit dans les eanx des environs de Constantinople, et notamment en Anatolie, aux environs de Brousse. M. Bourguig-nat l'a reconnue dans une série de Limnées rapportées du lac d'Homs par la mission de M. B. Chantre. Mais, dans cette nouvelle station, c'est une forme de taille |>lus petite, et qui paraît rare. LIMNyEA CALLOPLEUHA, Locari> Descriptiox. — Coquille d'un galbe lancéolé, allongi". — Test l)rillant, mince, fragile, transparent, d'une teinte coi'née, orné de stries longitudinales très fines et très rapprochées les unes des autres. — S[iire élancée à sommet aigu, droit, composée de six tours s'accroissant assez rapidement, séparés par une suture marginale hien prononcée. — • Dernier tour relativement très grand, mais ne des- cendant point vers l'ouverture. — Ouverture ovale-oblongue, un peu étroite, peu oblique, avec l'angle supérieur aigu et le liord inférieur arrondi; bord externe simple et aigu, légèrement arqué en avant. — fïallosité blanchâtre, assez épaisse, s'étendant sur la convexité de l'avant-dernier tour, et accompagnant extérieurement la columelle. — Columelle tordue, infléchie en dehors à son extrémité inférieure. Dimensions : Longueur maxinium 27 millimètres. Largeui- maximum 14 — • Hauteur de l'ouverture. IS — Largeur île l'ouverture '.) — Observations. — Par son galbe général, cette forme nouvelle se rap[)roche du Limnxa colpodia : mais elle en diffère : par sa taille plus petite ; par sa forme pro- portionnellement plus allongée, plus lancéolée; par son ouverture plus étroite, moins développée surtout dans la partie inférieure ; par sa columelle plus torse, plus intléchitî en dehors à son extrémité inférieure, de telle sorte que. vue de profil latéralement, l'ouverture paraît un peu plus oblique dans le bas. Habitat. — Cotte forme paraît rare dans le lac d'Homs. s i. — U R 0 U \'V, I H I /, / M A- . /■; A 1! K S !■: A N . 1 LIMN^A RKXEAXA. Locakd PI. \X11I. ii:4. s-id. Description. — Coquille d(^ petite taille, d'un galbe subovale un peu arrondi. — Test assez solide, brillant, transparent, orné de stries longitudinales assez fines, un DKS r-Acs Di", l'ir. l'iui Ai>i';, ir wriocin-; iir iciioms 279 peu iiT<>gnli(''rt's. plus inan[U(''Os vers la U'j;ni' suinralc — Spire (tourte, a sommet ol)lus, composée de cinq tours de spire, s'accroissant très ra[)ideinciit, les {tremiers piMi di'^veloppi's. le dernier très grand, un peu arrondi, renf1(> et conime subglobuleux, formant à lui seul In plus grande partie de la coquille, mais séparés par une suture Itien marquée. — Ouverture grande, ovale-arrondic. oblique, descendante par rap- port a l'axi^ eolum(dlairc; angle supérieur un peu aigu; bord inférieur largement arrondi dans tout son (ensemble. — Columelle non tordue, mais s'ai'i-ondissant à son point de jonction avec, le bas de l'ouverture; bord columeUairc mi peu i'('ll(''clii et assez épais, accompagné d'iuie callosité blanchâtre s'étendant jus([u'au sommet de l'ouverture, tendant à se détacher de la coquille dans sa partie inféi-ieure. DlMFXSIONS : Longueur maximum 12 millimètres. Largeur maximum S — Hauteur de l'ouverture 8 — Largeur de l'ouverture 6 — Obskrv.vtions. — Le Limnœa Reneana est plus particulièrement caractérisé par sa petite taille avec son galbe globuleux et une spire peu allongée, peu aeu- nHné(^ C/est, en quelque sorte, une forme intermédiaire entre le grand groupe des Star/nalis et celui des Orata, tout en ayant cependant plus d'affinités avec le premi(^r de ces groupes. On le distinguera, en outre, des caractères généraux de sou galbe : à l'obliquité de son ouverture, obliquité visible surtout lorsque l'on regarde la coquille, suivant son profil, l'ouverture étant située latéralement ; à la forme arrondie de cette ouverture, avec son bord inférieur réfléchi extérieurement à son point de jonction avec la colimielle, enfin à sa columelle non tordue, mais arrondie, ce qui donne a l'ouverture cette forme générale (également airondie. Habitat. — Rare; les eaux du lac d'IIoms. 3. — C, H O r l' K DU I.l M .V . /-; A H 0 M SI A \ A LJMX.EA ClIANTRKl, Locard PI. xxm, fig. ii-ii>. Dkscru'tion. — Coquille d'un galbe venti-u, obèse, renflé, avec une spire un peii élancée. — Test solide, assez épais et résistant, transparent, d'une teinte cornée, et orné de stries longitudinales très fines et très rapprochées, présentant parfois dans l'ensemble du dernier tour connue des malléations disposées transversalement. — Spire fortement tordue, élancée, à sommet aigu, quelquefois infléchi, mais le pins 280 MALACOLOaiK souvi'ut droit, composée de sept tours étaj^és, bien distincts, s'accroissant assez rapi- dement ; les premiers tours un peu arrondis, le dernier tour très grand, très développé, ventru, ;ivec un profil ^c'-uch-al subquadrangulaire, séparés par une suture profonde. — Ouverture subquadrangulnire, arrondie dans le bas, et un peu plus large dans le bas que le haut, à peine oblique par rapport à l'axe coluniellaire, — Golumelle épaisse, tordue, laissant voir à travers sa torsion jusqu'à l'extrémité du sommet. — Callosité s'étendant tout le long de la columelle et réunissant les bords marginaux. Dimf;nsioxs : Longueur maximum 32 37 millimètres. Largeui' maximum. ...... 20-21 — Hauteur de l'ouvertuie 21-22 — Largeur de l'ouverture H-12 — Observations. — Le Liniiuea Chantrei est une des formes les plus curieuses des Limnées du lac d'Homs; il est plus spécialement caractérisé par le galbe ventru de sou dernier tour, surmonté par une spire élauc('e et fortement tordue, avec une ligne suturale profonde qui découpe élégamment la spire. Le profil des tours est en (juelque sorte subquadrangulaire, par suite de la forme niéplane que ces tours affectent à leur partie supérieure vers la suture. La coquille est, du reste, assez polymorphe, quoiqu'elle conserve toujours ses mêmes caractères si particuliers. Ce polymorphisme porte sur la taille, et surtout sur le plus ou moins de renflement du dernier tour; lorsque ce dernier tour est plus court et partant plus renflé, l'ouverture s'élargit, tovtt en gardant toujours ce même caractère de l'angle droit de sa partie supérieure. Habh-at. — Cette nouvelle Limnée est très C(mnnune dans les eaux du lac d'Homs. LIMN.K.V LAGODESCHIXA, Bourguignat PI. XXHI, fig. 17-l'.i. Limnifci Lai/odeschui", Bouruiui;nat, 1881. Mss. DESCRIPTION. — Coquille d'un galbe lancéolé assez régulier, brillant, solide, transparent, d'une teinte cornée. — Test orné de stries longitudinales fines et rapprochées, plus marqués vers la suture, irrégulières, et paraissant, chez quelques individus bien adultes, comme découpées transversalement par d'autres lignes plus fines encore. — Spire élancée, régulière dans son profil, à somment aigu, composée de six tours de spire croissant régulièrement, séparés par une ligne suturale peu s DKS LACS ItK 'l'IBI^HlM)!':, D* A .\ T h )(', Il !•', Ml' hMKiMS '.'SI prolbiido ; les |ir(Muii'i-s toiii's avci' nu in'nlil [iiv'sipic rocliligiic, léLiri-cinciil ai'i-oinli vers la siiliifc; \c ilmiii'i' loiii' livs ^•faml, nu |iimi vi'iilru. — ( >iiv('iiui'i' (ivaln alloiii^éc. avec un aiiiilc peu aiuu dans le liaul. et la parlii; inlnricui-c liii'u arromlie. — (li)lnini'lle prescjui' dniiti'. a peine infléeliie iiiférieuremcnt. — Hord cxléricnr arrondi, régulier, simple et aiLiu. un peu arqué en avant. — (Callosité blanchâtre, épaisse, très étendue sur ra\anl-(lernier lour <'l ivaiiiissant les bords marginaux. HlMKNSloNS : Longueur maximuiu. ....... 28v}0 miilimES T.ACS \)i: VinKHWDK, H' A N'I' lOCII K KT D'IluMS 283 Observations. — (Idinia.' nos individus uc sont pas absolunuMil coMlui-mes, soit ail type, soit aux liguratioiis ou descriptions donnc'ics par les différents auteurs qui se sont occupés do cette espace, nous avons cru, au moins à titre de comparaison, devoir en donner ici nw ilcscription nouvelle. Comme on peut le voir, les échantil- lons du lac d'IIoms. lout en conservant les caractères c^énéraux propres à l'espèce, on diffèrent cependant par leur taille, notablement plus petite, par leur galbe un peu plus allongé, moins ventru, quoique la spire ne soit pas plus acuminée; ils ont un ensemble plus régulier. Il est à remarquer que le Lhnnœa lagotis, précisément à cause de son extension géographique, présente un certain polymorphisme dont il importe de bien tenir compte. Habitat. — Cette forme.', souvent mal comprise, a été citée dans un très grand nombre de stations. Mais il y aurait lieu de réviser ces spécifications. Quoi qu'il en soit, la forme typique s'étendrait jusqu'à Tomsk,[dans la Russie d'Asie; [)uis, des- (îendant la chaîne de l'Oural et traversant l'Asie Mineure, elle viendrait jusqu'au lac d'IIoms d'où elle a été rapportée par M. E, Chantre. LIMN^KA LAGOTOFSIS, i.ocari. PI. XXUI, li-. îO-31. Dkscription. — Coquille d'un galbe ventru, obèse, avec une spire courte, peu acuminée. — Test solide, assez épais, transparent, d'une teinte cornée, orné de stries longitudinales très fines, un peu inégales. — Spire courte, acuminée à son extrémité, composée de 4 à ."> tours, croissant très rapidement, les premiers peu développés, avec un profil aircjudi, le dernier très grand, ventru, terminé dans sa région supérieure par une partie méplane sensible surtout, à mesure que l'on approche nsuite rapidement ; la partie inférieure de l'ouverture largement arrondie; bord e.xl.'ricur dn.it, tranchant; bord columcl- laire un peu déjeté en dehors à la base. — Columelle ih- aie, non tordue, se confon- dant à sa base avec le bord columellaire. — Callum épais, s'étendant siu- l'avant- dernier tour entre les deux bords de l'ouverture. DlMKNSIONS : Longueur maximuin 14-17 iiiillimètres. r>argeur niaxiimun 10-12 — Hauteur (le l'ouverlure 101/21-21,2 — Largeur lie l'ouverture 7-8 1 '2 — Rapports kt dutérencks. — \a' Lîmuar M. le conseiller l.flourneux. a été retrouvée dans le lac d'IIoms par la mission de M. E. Chantre. 5. - r.ROUPK DU LIMNyEA SUJlI'FIiSirA LIMN^A SUBPERSICA, lucard PI . xxni, lig. 3S-40. Description. — (Coquille de petite taille, d'un galbe court, renflé, ventru avec une spire très courte, très peu acuminée. — Test solide, épais, transparent, d'une teinte générale cornée, orné de stries longitudinales très fines et très rap- lirochées, parfois un peu irrégulièros. — Spire très courte, pointue à son sommet, composée de quatre tours de spire, les premiers à croissance lente, le dernier très largement et brusquement développé, affectant tous nu profil arrondi, et séparés par une ligne suturale peu profonde; dernier tour arrondi surtout dans le haut. — Ou- verture ovalaire; bord supérieur inséré sur l'avant-dernier sous un angle à peu près droit; bord inférieur et bord extérieur largement arrondis, droits, tranchants ; bord coluraellaire un peu infléchi en dedans par rapjiort à l'axe de la columelle. — Columelle enroulée de façon à laisser voir dans le sens de son axe tout l'intérieur de la coquille, fortement tordue, mais très courte à sa base. --Callum épais et déve- loppé, reliant les deux bords de l'ouverture. Longueur maximum !* 3/4 millimètres. Largeur maxinuuu. . 7 — Hauteur de l'ouverture 71/2 — Largeur de l'ouverture 5 — Observations. — !>(■ Limnœa suhj^ersica est caractérisé : par sa petite taille, son galbe ventru, renflé, surmonté d'une spire très courte, s'étageant sur l'avant-dernier tour bien arrondi; par son ouverture ovalaire non aiguë à la partie supérieure, large- ment arrondie dans les autres parties; par sa columelle assez largement enrouli'-e autour de son axe central pour qu'il soit possible de voir l'intërieni- de cet axe. quand il est placé dans le sens du rayon visuel; enfin par la torsion de cette même colu- melle. Cette forme se rapproche .lu TjimnœaPersica de^M. Bourguignat \ mais elle ' Hourguignat, 1H65. In Jssel, Moll. i'i'rit., \i. M. :^^S3 MALACOLOGIE en diffère par sa columelle tordue et cintrée, alors que celle du Lhnnœn Persica est rectiligno. Habitat. — Rare ; dans les eaux du lac d'Honis. 6. — GROUPE U(J LIMN.EA P E liEG RI FO liMI S hnmMk PEREGRIFORMIS, Locard ri. XXni, Hg. 41-43. Description. — Coquille d'un galbe général à peu près régulièrement ovoïde, un peu allongé, avec une spire peu élevée. — Test solide, épais, orné de stries longitudinales fines et rapprochées, et de malléations plus ou moins profondes, parais- sant s'étager, suivant un régime transversal irrégulier. — Spire peu élevée, composée de 4 à 5 tours, les premiers peu développés, croissant lentement, le dernier et l'avant-dernier beaucoup plus grands, avec un profil arrondi, mais allongé dans le sens de la hauteur; ligne suturale bien marquée. — Ouverture un peu oblique par rapport à l'axe columellaire, ovale-allongée; bord supérieur inséré sur l'avant-dernier tour presque à angle droit, puis ensuite brusquement infléchi; bord inférieur arrondi: bord extérieur, presque rectiligne en son milieu, s'arrondissant à ses deux extrémités; bord columellaire un peu infléchi en dehors de l'axe de la columelle. — Columelle épaisse dans la partie médiane légèrement torse, mais très courte, se confondant aussitôt après sa torsion avec le bord de l'ouverture. — Callum épais, largement développé, reliant les bords de l'ouverture. Dimensions : Longueur maximum.. 17 millimètres. Largeur maximum 11 — Hauteur de l'ouverture. . . 11 1/2 — Largeur de l'ouverture fi — Observations. — Le Limnœa pcregriformis est la seule forme que nous ayons observée dans ce groupe. Tout en se rapprochant du Limnœa feregra, du système européen proprement dit, ou tout au moins des formes affines de ce groupe si riche en espèces et en variétés, on voit qu'il participe des caractères généraux des autres Limnées des groupes précédents. Nous retrouvons là ces formes arrondies, ven- trues, à spire courte, que nous avons eues à signaler. Quoi qu'il en soit, le Limnien peregriformis est toujours une forme bien typique qui ne saurait être confondue avei; aucun de ses autres congénères. Habitat. — Rare; les eaux du lac d'Homs. ' Bucchuun pereyrMi', .Miillei-, 177'i. Verm. terr. flur. hist.. Il, p. i:i(). u DES LACS DM l'I liK iU V DK, 1)' ANTIOCII K KT D'IIdMS 2S7 Genre MELANOPSIS. Ferussac 1. - O.ROUI'E DU MKLAXOPSIS l! UC C I NO I Dh. A MELANOPSIS SAULCYI, liouRGun^NAï Melaiiopsis Sauln/i, HoURGUlONAT, 1853. i/oll. Saule;/. \i. Cifi, pi. Il, (i;r. 52-53. Description. — Coquille impertbrée, d'un i^albe ovoïde-allongé, assez étroit, non ventru, terminée par une spire un peu élevée. — Tost solide, opaque, un peu trans- parent à Textrémité de l'avant-dernier tour, d'un brun foncé, avec deux ou trois bandes assez étroites, plus foncées encore et à peine visibles sur le dernier tour; orné de costulations très courtes, visibles seulement près de la suture. Spire assez tUancée, composée de sept tours plus ou moins érodés vers le sommet, séparés par une suture peu profonde ; tours croissant régulièrement, le dernier tour un peu lus grand que la moitii' de la baiiteur totale de la coquille. — Ouverture ovale, ui peu allongée, terminée à sa partie supérieure par nue petite l'eute extrêmement étroite; bord extérieur droit, tranchant, à peine infléchi dans le bas ; Ijord inférieur arrondi, brusquement interrompu par la truncature de la cohmielle; bord '■olumellaire arrondi. — Columelle arquée, un peu iuHéehie en avant dans sa partie inférieure, formant à sa truncature un sinus étroit, mais arrondi. — Callum épais, Ibrtement renflé à sa partie supérieure près du sommet de l'ouverture. Dimensions : Longueur maximum 15 millimètres. Largeur maximum 6 — Hauteur de l'ouverture 8 — Largeur de l'ouverture 3 1/2 Rapports kt différences. — Le Melanopsis Saidcyi sert de passage entre le groupe du Melanopsis buecinoiden et celui da Melanopsis costata . La disposition de ses costulations, bien nettes et bien marquées près delà ligne suturale seulement, et qui font absolument défaut à partir de la moitié de la hauteur du dernier toui', jointe à la forme élancée de sa spire, sans suture bien profonde, sont autant do caractères distinctifs qui permettront toujours de le séparer de ses congénères. Chez quelques individus même, ces costulations tendent à s'atténuer encore. Telle est la variété ainsi définie: costis in anfr'x, Letourneux 213 — Grclloisianus , Bourguignat 214 •S. — Groupe de VUnio Lorteti. Unio Lorteti, Locard 215 — Tiheriadensis, Letourneux 210 — terminnlis. Bourguignat 217 — proxacrus, Bourguignat 219 •J'M 'l'ABLK ANALYTIQUK s ."). — Groupe de \'Unio luniili fer. Unio iimiclifer, Bourguignat 22') — Ziibulonicus, Bourguignat 2-0 Genre CORBICDLA, von Mdhlfeld Corblcula Saulcyi, Bourguignat 221 — fluminalis, Millier 222 — Syriaca, Bourguignat 221') GASTEROPODES Genre MELANIA, Lamarck Melanin tuherculata, Miiller ■. . . . 225 — Rhotlnana, Mousson 22G Genre MELANOPSIS, Fehd;ssac 1. - Groupe du it'ilanopxi s huccinoiâe a. Melanopsix buccinoidea, Olivier. 227 i. — Groupe du Mnlanopsls rostata. Mflanopsis costata,Fervussac. -'-•* — Jordanien, Roth ~'' ' Genre THEODOXIA, Denys de Montfort Theodoxia Jordani, Buttler 2.^'^ — il//c/iow;", Bourguignat 2.'i2 — Bellardi, Mousson .• '~'^'' II MALAGOLOIHE DU LAC D'ANTIOGHE iNTRiint'CTIllN '-•''■' LAMELLIBRANCHES Genre UNIO, Philippsson I. — Groupe de X'Viuû SImonis. f'nio Sirnonis, Tristram '-''''* — rhojnboidopsis, Locard —^•' — Emcsaensis, Lea -'" l' A I ; I, !•; A N A L V T I O U E -JOl 2. — Groii|ic lie \' Ihiio ax la en s. Unio a.riacits. Lotourneux -^^-j — Ilitrti, Bour^ruifriiat [iV.i — rurirrim. lîoui'iruijrnat 2'i'i •'!. — (iroupe (lel'Un/o I.ortrii. Unio Lorteti, J.ocard •j'tTi — sttblif/ridix, Letoiirneux 2'i5 — ^ axemprostJnts, Bourguisnat 240 — Chantrei, Locard 2'i7 — ./awit'/V/, Bourguip-nat ... 248 4. — Groupe do VUnlo .1 ii t iorn ia nn}< Unio Antiocliinnus, Locard 240 Genre LEGUMINAIA, Conrad Leffuminaia Mardincn^is, Lea 230 — f'hantrei, Locard 252 — Bourguignati, Locard 252 — WheaiJei, Lea 253 G enre PSEUDODON, Gould l'scndodon ('Imûtrei, r>ocard 254 Genre ANODONTA, Cuvier Anodonta pseudodopsis, Loczï'Ci 255 Genre CORBICOLA, von Muiilfeld Corbicula ftuminalis , MuUor. ' 250 — Feliciani, Bourguignat 257 — Syriaca, Bourguignat 258 — crassula. Mousson 258 — Hebraica, Bourguignat 250 Genre DREISSENSIA, van Beneden Breissensia Bourguignali, Locard 200 — Chantrei, Locard 2 U (tAstj-;i;(iim)1)es Genre PLANORBIS, Gdettard Planttrhis Antinnhianus, Locard .... 202 Ann. Mes. III. 3T 2112 TAP.LE VXALYTIOUK Genre HMN^A, Brdgdière Limnxa axiacct, Locard ~6'» — A /ifio'-Jiifoia. I.ocard. . . . '. ~04 Genre MELANOPSIS, Fekdssac 1. — Groupe ilu Melan o pai x bu c o i n o i den. Mclanopsis buccinoidea, Oliviir 264 — proj^hetarum, Bourguignal 265 — Saharica, Boiirauigiiat 266 2. — Groupe du AfelaiiOjixis rosi al a. Melanopsis costata,FeT\issac 267 — • Chantrei, Locard 268 — turcica, Parreyss 269 — Lortdiaiia, Locard 271 Genre THEODOXIA, Denys de Montfort Theodoxia Miclioni, Bourguignat 272 m MALACOLOGIE DU LAC D'HOMS Introductimn 273 LAMELLIBRANCHES Genre DNIO, Philippsson Lnio Homsensi-s, Lca , 275 — E'mr>aensis,\ii:n 270 GenrelEGUMINAlA, Conrad Leguminaia Mardiyiensis, Loa 276 — Wheallci, Loa 276 Genre CORBICULÂ, von Mdhlfeld Corhicula Sijriaca, Bourguignat 277 AI! m: AXALYTIOIIM 293 GASTElinl'oDES Genre L1IIIN£Â, Brdgdiére 1. — Groupe du I.itnnxu col poil ia. iimwa'rt fo/podiff, Bourguignat 277 — eallopleura, Locard 278 2. — Grouiie du Limu.xa Heneana. Limvwa Keneana. Locard 278 3. — Groujn' du Liinn.-ca Chantrei. Limnœa Chantrei. Locard 279 — Lngodesddna, lioiu'guignat 280 — Homsensis, Locard 281 i. — Groupe du Limnxa lagotis. Limnœa lagoiis, Schranek 282 — lagotopsis, Locanl 283 — TriTpolitana, Letourneux 284 .". — Groupe du Limnxa subj)ersici'. LimmPfi xitbper.sica, Locanl 285 6. — (Irdupe du Limnxa pe rer)rifoym h. Limnxa peregriformis, Locard 286 Genre MELANOPSIS Ferussac 1. ^ — Groupe du Mcianopsis bv.ccinoi dca. Melanopsis Saulcyi, Bourguignat 287 '2. — Groupe dn Melanopsis cosiato Melanopsis costata, Ferussac. ... 288 — tureica, Parrey.ss. . . . 288 — .Tordanica, Rotli 288 l-Tox. — IM f II 1Ï1 Kl( 1 1 l'i ru A I AIN i:. I. ù». u i..\ rir., V ÏABLK DES MATIÈRES DU TROISIÈME VOLUME 1" Sole sur quelques Mammifères fossiles de l'époque miocène, par M. H. Fii.hoi.. | 2° Poissons et Reptiles du lac de Tihèrinde et de quelques autres parties de la Syrie, ^àv ^Nl. L. Lortet 9/tj)/rici/o)) L/'inaw'usis aux trois cinquièmes de la gramleur natu- relle. Fi"-. G. Humérus d\\mv/rici/o>i J.crinDwmis aux d.ux tiers de la grandeur naturelle. CAI.CAIUE MIOCÈNE DE l'aLI.IEU MUSKUM L)K LYON ï [ïHij... jq iwobnB'iQ cl ol) ^.'imi z/jof.i zt/jj i'.s?.s\",5un\u')1 ç^o\s•^VAc\î«K'f) •(Wii'io'iiii 'j-tiGifizp.l/' A: .ci')] /ij.,n lU'jfjfiG'ia b1 -'il iii'uiMMii * ''liiij /tii; v.N/.sr^w "1' .JM\*'\A ^u>\^■^^^\k^u^ 1.. J) 9|é r .ij ^1 .yi '1 ■ill'jl .9ll9'iulfia iU'ibniiTg el ab fii^ij xi/yb xi/b i-.'si'.sv'.n^uwt'iA svo\rû'Ai,^\u k'b atjièmuH .0 .gi'-I )i:ai.i.iA .1 aa ;-i/iaDoii/. a /. u Y j :•! a li u M ^ J w iuseiîm '1 f>ip Ip (!«- 'vcn T m PI, ^*^*^-4- ■ j 4 3/, Dr Joupdan direxil- 1863- hormant aaj Araphicjon Lemanensis PLANCHE 11 Fig. 1, ô. Ccplialotjale Geolffoi/i. Fig. 0. IliuiK'rus (lu Cephalogalc Gcoffrni/i, représenté avec une très lécère réduction. Fig. T. Aiiiphicyoïi ai>ifjir/uus. CALCAIRE MIOCÈNE DE L'aLMEH MUSÉUM DE LYON i /Ih;)/./jm .SV>Vs\\» -i'f (Kjil:.'nl-'' IIlLFlli D"" Jo-urdan dipexit.1863 1 a e^Cephalogale Geoffpoyi- 7_Amphicjon ambiguus PLAXC.IIK 111 Fig. 1. Caiiiiie supérieure gauche de Dinocijoa Thenardi. Fie. 2. Section de la ciiuiiu' nrccédente au niveau du collet. Fi"-. 3. Sectiun de la canine précédente au niveau de la réunion des deux tiers infé- rieurs de la couronne avec le tiers supérieur. Fi"-. 4. Portion de maxillaire inférieur de Dinocynn TA^'/irtec/?, C()ni[irfnaiil la caidne et les tuberculeuses vues [lar leur couronne. Fig. 5. Échantillon précédent vu par sa face externe. FiiT. 0. l'rennère et d"Uxièiiii> fubercnleuses supérieures gauches di^ Dinoojon Thenardi, vues de profil. Fig. 7 et 8. Deuxième inoisive supérieure gauche de Zi/^or-yo» Thenardi. Fi"-. 9 et 10. Troisième incisive inférieure droite de I)i)Wci/on Thenardi. Fio-. il. l'remière tuberculeuse supérieure gauche de Z'moct/OH Thenardi. Fi"-, l'^. Deuxième tuberculeuse supérieure gauche d.^ Dinocyon Thenardi, vue par la couronne. Fi"-. 13. Quatrième métacarpien gauche de Dinocyon Thenardi vu en dessous. Fi"-, li. Métacarpe gauclie >h\ J)inoci/on Thenardi, vu par la face dorsale. (iraudeur natuielle — DÉPÔT SlUÉIKil.l 1 HIQUE DE lA GRIVE .•S A 1 N T - A l.B AN (iSÈRE) MUSKIM liK I.VON IJl] Z//0I ■' cl ob 'fino-]! Ai ';1J .r.l ■lU'l 1 1/. Archives du Muséum d'histoire -naturelle de lyon T]]l Formant del. D >" Jo-urda-n direxit.I8S3 Dinocyon Thenardi (Jourdan) ['LANCllE IV Fio-. 1 . Canine très probablement de Miislela. Fi?. 2. Canine sn])érie\iTe(VŒlu7'0ff aie intermedia^ Fi"-. 3, 4, 5. Macliairodus Jourdani. Fi". 6 7. Fragment de maxillaire inférieur de Li(/rrt .<^ Fi°-. 8, 9. Fragment de maxillaire inférieur de Mustela ? Fi-, lu, II. Portion antérieure de maxillaire inférieur et canine supérieure à'IJerpedes crassus. Fie. 12, 15. Maxillaires inférieurs de Ple>^irhs mutatus. Fis-. 10, 19. Maxillaire inférieur et cainassière supéiieure du Vkerra leptorhijncha. Fi". 20, 22. Maxillaire inférieur du Luira I.orteti. — Graiuleui- natuielle — DÉPÔT SIDÉROLITHIQUE 1>E 1 A OKIVK SAINT ALBAN (iSERB) MUSELM LiK LYON 71 yi! ■slli ob JiiyiiiDldi.ido'iq aé'ii aameO ,1- .■^ïi •r.llizr.iii 'if"i lir lii'MVi'T 7 Tl .niTy «sVAb(\'uA\'b &']0ni'i9q;je ôxjjuB'j !io4 Al ,01 .gi'^i .V.MÏ.'ASVtJ . » A-j«\v sV\oNç\"i\ vY\Mvsrl Ot .-.iT ju aijyiirrijonat. ; Formant del Df'Jou.rdan direxil I8G. 'arnassiers de la Grive S*- Alban IM.AXCIIK V Fig. l. Métacarpe de Chien. Fig. 2,3. Dentition supérieure et iiifcM-ieurc de C«/n'.s Viilpes. Fig. 4,5. Dentition supérieure et inférieure de Chien mâtin. Fig. 6,7. Dentition supérieure et inférieure Aq Hyenoides picta. Fig. 8, U. Dentition supérieure et inférieure de Carlin. Fig. 10. (Jarnassicre et tuberculeuses supérieures de Lévrier. Fig. 11, 12. Dentition supérieure et inférieure d"0/or_ï/o>( inegaloiis. Fig. 13. La canine et les tmis premières tuberculeuses d'un Chien mâtin. Fig. 14, 15. Dentition supérieure et inférieure de Canis lupus. Fig. 10, 17. Dentition supérieure et inférieure du Cuoh priinœviim. Fig. 18, ly. Dentition supérieure et uxïi'VMXve Ao P)-oteles Lalandi. Fig. 2U. Métacarpe de Renard. Fig. 21 . Métacarpe de Ihjœnoides picta. Fig. 22. Métacarpe de Canis lupus. / ^ ^1-iJ^ ' '" . uijj.ui iVjLii'j •: .aiuii Ai'Qhives du Muséum d'histoire -naturelle de L)'on TIÏÏPl.V Formant dei. D''Jourdan direxit ,1863 . Système dentaire et mètac de divers carnassiers ^■iii mi§iifii -4-J -4-J o o m ni o • f-l o Archives duA^useum d'histoire naturelle de iyon r III, PI. VIII. J. G.nilhier a?! ScUh Imp l'ecquel, r^ri:;, 1. Chromis microstomus,(Lortet)_2. Chrom.s Flavn-Josephi. ( Lortet 3. Chromis Andreœ, ( GuntKer ) L LoHçl.J)ircz;t Archives du Musemn d'Kirfoirc nah>relle de Lv T. III. PL. IX. O L. Gauthir: ùf\ Se l'.lh. Irap Becijuet r des ■Noyers. 37. llortet Du 1. Chpomis Simoms ( Gu..he. ) 2. Chrorn.s Magdalenae f LoHet X Q) > ^ o o' +-> • l-H P-. d ' > O 0) r^ , 1 O • r-H 0) m:K) K :=! 1 ui 0\| z Oh 'i? >^ Cl O ^ -*-' Fl ri ■3 o ■\ O cd ri f^ ■ 1 — 1 o Ph Cli Oh (/l >^ O GQ 1 ■ .-H g rO O P-. ^ O g (D ^ =r^ ^ f- ' (Û s ■ ■ç 0 o ■ T— 1 P rd ~^ — ' J=> M kA P -hj fn w f^ :3 P ; \ rci (D S • c— " -OC X o S to ^ ^ ^ fj o (^ P w O :=i -M ■ ' rd ■ 1 — 1 n3 00 OJ P P -t— ' O Ph -M p O o o . — 1 ^ , - 1 — 1 'OO'OO p "p s s CM (3 ■-1 1^ o i-1 O I — I O o 00 o P eu CM O pq v^ ■s X . 1 3 u R !h O >-q • I— t O) HDO cti > ^ cd co cti -t-" ^ , 0) ■D o U B^ QJ qi -H O ,, . CSI T3 — pu eu (- , — { CD > m P r^ O O w ^ — ' 'o w CD eu ^ o -oo ^ s o pq 3 nj > >< Ph H 6 > o f-. ,-c; ^ (=; :P O fXJ o IS cd ■ X H :^i .^ S^..J^^^^~ ■b R .-i o P-. • r-4 S fd fd . ^ -M , f CD è- y; CD j o tu O K cri "3 o K) p^ eu -M c6 .U <^ ai H-l © o p^ rd o 1^ H -5^ H H , ^ f5 ■0 -t-j O -H — f^ O H^ 6 ■ r-H nj C O P w 'OO p ^ -M c/o rd a (=! c •OO P^ o =i o ri3 00 1 ( ■ ( — 1 < P K to lO fo j k ^ s 01 -d &- a 0) pq e- ^ <0 pi o -u - — ■ cri K P „ o 00 1 — i nj cti e CD cO 09 P 00 cri ;zl CD O pi &^ r^ O > co ■/) p :3 p; f: C c eu CD pq çQ to ^ 1-^ Jii Oj r:^ 4—' M r; 0 CD •00 _J ■^ C/Q W ^ ;zî — 1 , ( _r^ X. 0 0 < 51! H R - — > S- ! ' ^ 0) (- n! H— • > ra N +:; ■l) ■ 1— ' f: X , o f-. o o 2 ai ctf Ë o O OQ LO O ■r—i Pi (-C5 eu e Ë O cti K N =î> '■: \\ t^ pq o ^ M w o 5 su p^ o >. ■ 1 — 1 H ^ CM 1-^ PLANCHE XIX""'" FiG. 1-3. — Anodonta pseudodopsis, LocviU), du lac d'Antioche. — 4-7. — PseudndonChanlrei,Loc\iU),ihi\àcà\\nl[ochG. ._ 8-10. — Leguminaia Ckanirei, Log.vrd, du lac d'Antioche. _ 11-13. — Leguminaia Bourg uignati, Log\rd, du lac d'Antioche ■ch.ves Su Musdum (l'histoire naturellfe de lyon 1' 'ly T D 1 ■■■ Gauthier del et îilli- A Locard cl:j^ .\.l L ANCHE XX FiG. 1-3. — Unio Simonin, Tristram, du lac d'Aiitiochc. — :i-(i- — Unio Simonis,'rRiii'i:RxM fi-fi/-. //^(/^rjr;, du lac d'Aiitioclio. — î-9. — Unio rlionihoidopsis, Loc.vud, du lac d'Autioche. — 10-12. — Unio Galilœi, Locaud, du lac de Tibôriado. — 1."}-14. — Unio limius, Bourguignat, du Jourdain. — 15 1(3. — U7îio Trisirami, Locaud, du lac de Tibériadc. — 17- lu. — Unio Pieiri, Loc.vrd, du lac de Tibcriadc. — 2U-23. — Unioaxiacus, Letoijeneux, du lac d'Anlioche. Tli: ^-Uir.ie:' ae; ei plai\m;iik XXI FiG. 1-3. — 4-G. — 7-9. — Kl 11. — 12. — 13 -15. — 10 -17. — IS -20. — 21 -23. Unio ellipsoideus, Bourguigxat, du lac de Tibériado. Unio Genezarethanus, Letourneu.\, du lac di' Tibériado. Unio Lorteii, hoc \Ru, du lac- d"Antiocho. UnioLork'ti, l. ocxrd {var.J, du lac de Tibériade. Unio Lorteti, Log.vrd (mr. mino)-), du lac de Tibériado. Unio Tiùenadensix, Letourneux, du lac do Tiboriafl(\ Unioprosaci-us, Buurguignat, du lac de Tibériado. Unio subtiffridis, Letourneux, du lac d'Autiochc. Unio anemprosthm, Bourguign.vï, du lac d'Auliodio. T 111 -PL XXI L Gauthier' del et lit>\ lr::p. A KcMtx, Lyon A- Locard direxil l'LANCIlR XXII FiG. 1-4. — Unio Chanirei, Locard, du lac (rAutioche. — 5-7. — Unio Chanirei, Locard (var. minor), du lac d'.\ntiuclii\ — ,8-10. — Unio Jauberii, Bourguignat, du lac d'Aiitiocbo. — 11-13. — - Unio Zabulonicus, BouRcniGNAT, du lac de Tibênad<'. — 14-lG. — Unio Aniiochianns, Logaru, du lac d'Autioche, _ 17-18. — Corbicula /luminalis, Mùller, du lac de Tibériadc. — lU-21. — Corbicula Feliciaai, Bourguignat, du lac dWntioche — 22-24. — Corbicula Syrwm, Bourguign.vt, du lac d'Autioche. — 25-26. — Corbicula crassula, Mousson, du lac d'Autioche. 27 -2i). — Corbicula Ilebraica, Bourguignat, du lac d'Autioclie. Arçlm'es duMusdum d'KlstoiPe nafunelle <^ 38 26 \i 35 V- \ 4-1 4'£ 10 23 11 13 12 58 59 61 ==^1^ 60 15 L. Gauthier del. et ]ith. . A. Fwux. Lyon A Locard direxit . Date Due .isisiiiiiliiiiiiPiiiiiiJiM