) Cette Note a été traduite en anglais dans; The Armais and Magazine of
Natural Rhtory , lie Sér., 18G7, t. XX, p. 149-152, d'où elle a passé sans
changement, mais avec addition d'une ligure du Periphi/llus Testudo A^^&^^i'à-
wicke's Scie?ice-Gossip du mois de septembre de la même année.
2) Voyez: Comptes rendus de V Académie des Sciences, 4 févr. 1867.
DÉVELOPPEMENT DU PER[PHYLLUS TESTUDO V. D. H. 267
de manière à leur faire acquérir, avec les attributs du sexe, la
faculté de se propager directement d'une manière indéfinie ; ces
individus anormaux deviendraient alors à leur tour l'origine d'une
espèce nouvelle, produite par déviation d'un type spécifique antérieur.
Au printemps de 1867, n'ayant pas encore connaissance des
recherches qui viennent d'être résumées, j'avais fait moi-même
quelques observations sur ce sujet. Ce sont les résultats de ces
observations, répétées et complétées en 1869, que je vais faire
connaître.
Dès les premiers jours de février, je remarquai sur un petit
pied à' Acer Pseudo-platanus L. de jeunes larves d'une espèce de
Pucerons, et, en examinant une branche de plus près, je décou-
vris aussi sur l'écorce, principalement à l'aisselle et à la base
des bourgeons, les petits œufs noirs, brillants et de forme ovale ,
d'oii ces larves sortaient.
Ces larves étaient longues d'environ 0.5 mm., et d'une couleur
vert foncé, presque noire. Après avoir mué cinq fois, elles étaient
parvenues dans les derniers jours de mars à l'état de nourrices
non ailées, longues de près de 3 mm., fortement renflées, vert
foncé ou brunes, lesquelles ne tardèrent pas à donner naissance
à des larves vert clair, qui elles-mêmes atteignirent leur déve-
loppement complet dans la seconde moitié d'avril, après avoir
subi quatre mues seulement. Dans cet état, quelques-unes étaient
ailées, d'autres aptères.
Dès la première génération, à l'aide des „ Descriptions of Aphides"
de M. Walker, insérées dans The Annals and Magazine of Na-
tural Historij j 2e Série, t. I et suiv. , j'avais pu déterminer
l'espèce et y reconnaître V Aphis Aceris L., détermination qui se
trouva confirmée par la comparaison des individus ailés de la
seconde génération avec la description que MM. Kaltenbach et
Koch ont donnée de cette espèce.
Après que les nourrices de la seconde génération eurent produit
beaucoup de jeunes qui ressemblaient exactement au premier âge
de leurs mères, je vis naître, conformément aux observations de
MM. Balbiani et Signoret , des individus dans lesquels je reconnus
268 C. RITSEMA CZ. SUR l'oRIGINE ET LE
immédiatement le Periphyllus Testudo. Les larves ordinaires con-
tinuèrent à se développer, et étaient devenues vers la fin de
mai des nourrices, les unes pourvues, les autres privées d'ailes ,
tandis que les Periphyllus n'avaient subi aucun changement.
La troisième génération engendra à son tour, d'abord des
larves ordinaires, et ensuite des Periphyllus, ces derniers toute-
fois en plus grand nombre que dans la génération précédente.
Mais ce qui me surprit particulièrement , ce fut de trouver parmi
ces larves des individus qui établissaient évidemment une transi-
tion entre les deux formes, celle des larves ordinaires et celle
des Periphyllus] chez ces individus, en effet, les appendices foli-
acés étaient moins nombreux, avaient une forme lancéolée plus
étroite, et parfois même constituaient un passage aux poils or-
dinaires. Aucune de ces formes intermédiaires ne montrait les
dessins réguliers qui ornent le dos des Periphyllus, mais toutes
possédaient les deux rangées de tubercules garnis de soies et les
deux tuyaux mellifères, qu'on trouve sur la face dorsale des lar-
ves ordinaires, mais qui manquent chez les Periphyllus. Ces indi-
vidus avancèrent en développement, et après la première mue ils
étaient tout à fait semblables aux larves ordinaires.
Les membres de cette quatrième génération, à l'exception des
Periphyllus , étaient devenus dans les derniers jours de mai des
nourrices adultes , et commencèrent dès lors à se reproduire ; mais ,
à l'inverse des deux générations précédentes, qui avaient fourni
d'abord des larves ordinaires et ensnite des Periphyllus , les mem-
bres de la quatrième génération donnèrent d'abord une multitude
de Periphyllus , puis quelques formes intermédiaires , et finalement
un nombre comparativement petit de larves ordinaires.
Malheureusement, par suite d'une négligence de ma part, ces
larves moururent, de sorte que je ne pus acquérir de certitude
au sujet d'une présomption qui s'était formée dans mon esprit,
savoir, que les nourrices de cette cinquième génération se repro-
duiraient uniquement par des Periphyllus.
Je continuai néanmoins à observer attentivement les Periphyllus
des différentes générations. Jusqu'aux derniers jours d'août je ne
DÉVELOPPEMENT DU PERIPHYLLUS TESTUDO V. D. H. 269
pus remarquer chez eux aucun changement appréciable. Mais, à
ce moment, leur corps devint plus gros et commença à laisser
apercevoir faiblement, aux deux côtés du dos, un contenu opaque.
Un peu plus tard, dans les premiers jours de septembre, je
trouvai des Periphyllus occupés à changer de peau.
Après cette première mue ils ressemblaient déjà parfaitement
au second âge des larves ordinaires, et moins de quinze jours
après ils avaient atteint leur développement complet, état dans
lequel tous étaient aptères. Ces nourrices commencèrent immédiate-
ment à se reproduire par des larves ordinaires d'un jaune pâle,
qui elles-mêmes changèrent de peau pour la dernière fois à la
fin de septembre , et restèrent privées d'ailes comme leurs mères.
Les larves qui provinrent de ces nourrices ressemblaient à peu
près à celles de la génération précédente, et avant même le
milieu d'octobre elles se changèrent en insectes parfaits, ailés,
mâles et femelles ; ceux-ci s'accouplèrent aussitôt , après quoi les
femelles pondirent environ huit œufs d'un jaune brunâtre, qu'elles
fixèrent sur l'écorce du petit Erable. Ces œufs devinrent peu à
peu complètement noirs; au commencement de février 1870 il en
sortira de nouveau la première génération de VAphis Aceris L.
Arrivé à la fin de ma communication ; je résumerai brièvement
les résultats qui se déduisent de mes recherches. Il a été constaté :
P. Que le Periphyllus Tesfiulo v. d. H. n'est pas une espèce
distincte, mais le premier âge d'une forme larvaire spéciale
de VAphis Aceris L.
2°. Que cette forme de larve n'est pas, comme on l'avait cru
jusqu'ici, inapte à tout développement ultérieur, mais qu'elle est
seulement soumise, dans son premier âge, à un arrêt de déve-
loppement prolongé, ce qui restreint considérablement la multi-
plication de l'espèce.
3°. Qu'elle est engendrée seulement par les générations qui
comprennent à la fois des individus ailés et des individus aptères.
4". Qu'elle naît aussi bien des nourrices ailées que de celles
qui n'ont pas d'ailes, conjointement avec les larves ordinaires,
à développement rapide, et avec des individus qui forment le
passage de Tune aux autres.
270 C. RITSEMA CZ. SUR l'oRIGINE ET LE ETC.
5". Que, dans les générations successives, les Periphyllus
deviennent chaque fois plus abondants , tandis que le nombre des
larves ordinaires diminue de plus en plus, de telle sorte que la
quatrième génération (c'est-à-dire la troisième de celles qui
produisent des Periphyllus) ne donne plus que très peu de
larves normales. Je crois pouvoir inférer de là que la cin-
quième génération, qui à mon grand regret a péri dans mes
expériences, engendre seulement des Periphyllus. Si tel est
effectivement le cas, il en résulte uu obstacle puissant à la
multiplication excessive de l'espèce dans le courant de l'été.
EXTRAIT D'UN RAPPORT
SUR LA PURIFICATION DE L'AIR DES HÔPITAUX PAR LA
COMBUSTION DES GERMES ORGANIQUES ,
PAR
J. VAN GEUNS et E. H. VON BAUMHAUER.
M. le Ministre de l'Intérieur du royaume des Pays-Bas ayant
consulté l'Académie des Sciences au sujet d'une communication de
M. C. Woestyn, de Paris, qui proposait de purifier l'air des
salles d'hôpitaux par la combustion des germes organiques avant
de le rejeter dans l'atmosphère, l'Académie avait chargé deux
de ses membres de lui adresser un rapport sur ce projet.
Ce rapport a été présenté à l'Académie dans sa séance du
29 avril 1870; nous en extrayons les passages suivants.
Il y a ici deux choses à distinguer:
V. les questions qui se rattachent immédiatement au principe
en général;
2°. les résultats qu'on peut attendre de l'application.
J. VAN GEUNS ET E. H. VON BAUMHAUER. EXTRAIT d'uN RAPPORT, ETC. 271
P. Quelque plausible que paraisse l'opinion qui voit dans les
germes organiques la cause de Finfection, ce n'est pourtant jus-
qu'ici qu'une hypothèse ; en l'admettant sous cette réserve ,
resterait encore à résoudre la question de savoir si l'appareil de
M. Woestyn détruira complètement les propriétés vitales de
ces germes.
Le passage de l'air dans des cheminées d'appel disposées
comme le recommande M. Woestyn, ne peut être mis, quant à
l'effet produit, sur la même ligne que le passage à travers des
tubes chauffés au rouge , selon la méthode usitée par les chimistes
et les physiologistes. Le fait rapporté par M. Woestyn , que l'air
qui s'échappe de la cheminée d'une lampe en combustion est
privé de particules organiques, peut difficilement être regardé
comme bien concluant en faveur du moyen qu'il propose; il est
permis au contraire de conserver des doutes relativement à
l'efficacité de ce moyen pour la destruction totale des miasmes.
En tout cas, l'auteur n'a pas jugé à propos de fournir la
preuve expérimentale qui pourrait sembler nécessaire.
2°. M. Woestyn paraît attacher une grande importance à ce
que l'air des salles de malades soit purifié avant d'être versé
dans l'atmosphère. Si l'expérience "avait mis hors de doute les
effets nuisibles de ce mélange , il y aurait certainement un grand
intérêt à opérer la purification de l'air vicié. Mais nos connais-
sances positives ne permettent encore de rien affirmer à cet
égard ; il ne serait même pas difficile de citer une série de faits
rendant extrêmement problématique l'existence de cette infection
répandue dans l'air qui émane des hôpitaux et s'étendant avec
lui sur tout ou partie de la ville. C'est ainsi, par exemple,
qu'à Amsterdam, où l'hôpital intérieur est entouré de différents
côtés de maisons particulières, on n'a jamais constaté, que nous
sachions, d'influence fâcheuse exercée sur les habitants de ces
maisons. Nous ne prétendons pas, toutefois, qu'à un point de
vue hygiénique général, il ne soit prudent de débarrasser l'air
des salles de malades des matières nuisibles qu'il peut contenir.
Si l'on croit devoir combattre par la destruction des germes la
272 j. van geuns et e. h. von baumhauer. extrait d'un rapport,etc.
propagation des maladies miasmatiques ou contagieuses, la
première condition est évidemment d'employer des procédés offrant
la garantie que le but sera atteint aussi complètement que
possible. Ce qui se présente alors en premier lieu, c'est la
désinfection à l'intérieur des salles, non-seulement de l'air, mais
de tout ce qui s'y trouve, des objets de pansement, des eifets
d'habillement et, avant tout, des déjections.
On doit donc continuer à attacher une importance prépondé-
rante aux agents de désinfection proprement dits, tels que
l'acide phénique , le chlorure de chaux , le sulfate de protoxyde
de fer, etc.
Accessoirement , on pourra alors s'occuper de la purification de
l'air à sa sortie des salles. Mais, pour cet objet, la méthode
de M. Woestyn se recommande-t-elle bien spécialement?
Il résulte déjà de ce qui précède que cette méthode ne contient
rien de neuf; mais, en outre, nous croyons pouvoir dire que le
système est encore très incomplet et que, comparé à d'autres
dispositions du même genre, il leur est évidemment inférieur. Il
y a environ dix ans, nous avons établi dans une des salles de
l'hôpital intérieur d'Amsterdam un système de chauffage et de
ventilation qui satisfait dans une plus large mesure aux exigences
de la purification de l'air. Non-seulement il y a un appareil de
ventilation pour entraîner l'air par une cheminée d'appel, mais
les poêles à gaz sont construits de telle sorte que l'air frais du
dehors vient d'abord s'échauffer à leur contact avant de se répan-
dre dans la salle. En outre, l'air qui quitte la salle traverse
également le poêle; au moyen d'une disposition particulière, cet
air est d'abord mélangé avec le gaz destiné à la combustion,
lequel s'allume ensuite au-dessus d'une grille de gaze métallique ;
de cette manière, il n'y a aucun danger que quelques-unes des
molécules organiques de l'air vicié échappent à la combustion,
ce qui n'est au contraire que trop à craindre dans le système de
M. Woestyn.
ARCHIVES NÉERLANDAISES
DES
Sciences exactes et naturelles.
SUE LA CONSTITUTION
DE QUELQUES CARBURES D'HYDROGENE,
PAR
P. J. VAN KERCKHOPP.
(lu à l'Académie des sciences d'Amsterdam dans la se'ance du 19 Mars 1870).
Les carbures d'hydrogène que je veux examiner, dans leurs
rapports avec le benzol , sont : le styrol , la naphtaline et Tanthra-
cène. Dans cette étude je partirai de la supposition qu'on regarde
comme fixée la formule du benzol. Il est vrai qu'il règne encore
des divergences à cet égard. Parmi les nombreuses formules de
constitution qui ont été proposées, la formule de M. Kolbe est
celle qui, en apparence, s'écarte le plus des autres; toutefois,
elle peut y être ramenée , attendu que M. Kolbe lui-même attribue
à ses radicaux substituants une valeur de combinaison ou valence.
Bien qu'il s'efforce de repousser à l'arrière-plan la valence des
atomes, il l'admet pourtant en réalité. En effet, lorsque le groupe
CH3 ou C2 H5 etc. entre dans une combinaison en qualité de
substituant, il prend la place de 1 atome H; de même CH^,
C._,H^ etc. prennent la place de 2 atomes H, et C H, C 2 H., etc.
celle de 3 atomes H. Or, la valence de ces groupes ne peut guère
être dérivée que de la quadrivalence de l'atome C et de l'uni-
valence de l'atome H.
En ce sens , la théorie de M. Kolbe ne s'éloigne donc pas autant
qu'on pourrait le croire de la manière de voir qui est le plus
généralement adoptée.
Archives NéerlaiNDaises, T. V. 18
274 p. .T. VAN KERKHOFF. SUR LA CONSTITUTION
M. Kolbe regarde chacun de ces groupes comme un seul tout,
agissant comme tel; mais il ne s'explique pas au sujet de l'origine
de leur valeur de substitution; or, ce n'est sans doute pas dans
les atomes H, mais uniquement dans les atomes C, que cette
origine doit être cherchée. Du reste, la différence d'opinion qui
peut exister à l'égard de la constitution du benzol? n'a aucune
importance dans le cas actuel. De quelque manière qu'on se repré-
sente l'union mutuelle des 6 atomes C et des 6 atomes H du ben-
zol, il n'en reste pas moins certain que c'est une matière dans
laquelle se trouvent 6 atomes H susceptibles de substitution, et
où les atomes C sont unis en une chaîne fermée , dont quelques-
uns des anneaux sont toujours liés entre eux par plus d'une valence.
Après l'explication lumineuse donnée à ce sujet par M. Kekulé
(Ber. Ch. Ges. 1869, p. 362), je crois qu'il est inutile d'entrer
dans plus de développements sur la constitution du benzol, d'autant
plus que c'est un point d'importance secondaire pour la considé-
ration du rapport qui existe entre cette matière et les trois sub-
stances nommées en commençant.
Néanmoins, pour se représenter le choses plus clairement, il
est bon de s'appuyer sur une des formules de constitution qui ont
été proposées pour le benzol; je choisis à cet effet la formule de
M. Kekulé, qui, bien que non démontrée, a en sa faveur une
grande probabilité.
Eig. 1.
H H
C=C
/ \
HC CH
\ /
C — C
H H
Les trois carbures en question, le styrol, la naphtaline et
l'anthracène , se distinguent, par de tout autres propriétés et
une stabilité beaucoup plus grande sous l'action de la chaleur,
de ceux des produits substitués du benzol où l'on trouve une ou
plusieurs chaînes latérales , qui sont bien en rapport par le noyau
DE QUELQUES CARBURES d'hYDROGÈNE. 275
benzolique mais Don liées directement entre elles; tel est par
exemple le phényl-acétylène
CgH, (C^H) ou C,H(C6H,)
Acétényl-beuzol. Phényl-acétylène.
G laser
dont il existe probablement un isomère^ savoir:
Ce H, (C, HO ou C,H, (C,HO
Acétylène-benzol. Phénylène-acétylène.
D'après la considération que le styrol peut être obtenu par
synthèse (sans élimination de quelque autre produit) à l'aide du
benzol et de l'acétylène ^ et aussi par simple condensation de
4 molécules d'acétylène , on serait conduit , si l'on s'en tenait exclu-
sivement à ce point de vue^ à regarder comme la formule de
constitution la plus probable
Fig. 2.
H H
Ci=C
/ \
HC CH
Il II
HC CH
. \ /
c— C
H H
Mais le styrol se forme aussi, avec séparation de 2 atomes
H, par l'action réciproque du benzol et de l'éthylène, et d'après
cela il pourrait être représenté par
Fig. 8.
H
H
c=c
/
\
H
.cîi
c
C-
-C=
\
//
H
c-
-C
H
H
18 =
276 p. J. VAN KERCKIIOFF. SUR LA CONSTITUTION
OU par
Fig. 4.
H H
/
HC CH
\ /
c — c
1 I
HC — CH
H H
On sait déjà aujourd'hui, grâce à M. Berthelot, que lestyrol,
obtenu par des voies différentes, ne possède pas toujours les mêmes
propriétés ; il y a donc au moins deux modifications isomériques ,
et peut-être davantage.
Le styrol , en particulier , qui a été obtenu par M. Berthelot au
moyen du benzol et de Féthylène sous l'influence de la chaleur,
et qui par l'action ultérieure de l'éthylène peut se changer en
naphtaline, ce styrol, précisément parce qu'il se forme de cette
manière et parce qu'il peut donner naissance à la naphtaline, a
pour formule de constitution la plus probable celle qui a été donnée
en dernier lieu.
Dans cette constitution, l'anneau benzolique primitif est conservé,
ce qui est d'accord avec l'apparition de combinaisons du benzol
lorsque le styrol est attaqué par des agents énergiques donnant
lieu à des produits de dédoublement.
A l'égard de la naphtaline, deux principales formules de con-
stitution ont été proposées : la première par M. Erlenmeyer et ensuite
par MM. Graebe et Liebermann, qui regardent cette matière
comme formée de deux molécules de benzol réunies en un seul
tout, avec élimination de C^H^; la seconde par M. Kolbe,qui,
partant de l'hypothèse que le benzol est un tricarbol C3 Hj 2 , dans
lequel le groupe C H s'introduit trois fois à la place de 3 ato-
mes H, fait ensuite dériver la naphtaline du benzol par la sub-
stitution de C4 H5 aux trois autres atomes H.
DE QUELQUES CARBURES d'hYDROGÈNE. 277
A chacune de ces deux manières de voir on peut faire de graves
objections.
Bien que la formule de MM. Graebe et Liebermann soit, en
beaucoup de cas, assez bien d'accord avec les produits d'altération
que la naphtaline fournit par l'oxydation ou par l'action du chlore,
tels, par exemple, que le bichlornaphtaquinone et la pentachlor-
naphtaline , cette formule ne rend pas compte de la manière dont
la naphtaline se déduit expérimentalement d'autres hydrogènes
carbonés.
Elle n'offre d'ailleurs aucun avantage particulier pour expliquer
la formation de l'acide phtalique.
La formule de M. Kolbe a une probabilité encore moindre, vu
qu'elle ne donne pas d'explication simple des produits de dédou-
blement, et qu'elle laisse sans explication aucune la production
de la naphtaline, telle qu'on l'observe expérimentalement.
En proposant ces formules de constitution, on a un peu trop
perdu de vue les importantes recherches de M. Berthelot, dans
lesquelles ce savant a réussi à produire les carbures d'hydrogène
dont il est ici question , ainsi que beaucoup d'autres , au moyen de
composés hydrogénés moins riches en carbone. M. Berthelot donne
à ces actions , qui ont lieu à une température élevée , le nom de
condensation. Toutefois , elles sont de deux genres différents : celles
où un hydrogène carboné est polymérisé, c'est-à-dire où il se
forme, par simple union et sans élimination d'une autre matière ,
un nouveau carbure , dont les atomes sont en nombre absolu plus
grand mais du reste dans le même rapport; et celles où deux
hydrogènes carbonés s'unissent en une combinaison plus élevée,
avec élimination d'hydrogène.
De même qu'on emploie les produits de décomposition des corps
comme données pour parvenir à la connaissance des formules de
constitution, on peut, avec tout autant de droit, prendre la for-
mation synthétique comme critérium propre à fixer cette
constitution. C'est aussi ce qu'a fait M. Berthelot, mais d'une
manière qui lui est propre. En effet, il néglige entièrement la
valence des atomes élémentaires et le mode d'union qu'ils affectent
278 p. J. VAN KERKHOFF. SUR LA CONSTITUTION
entre eux. Ses formules, bien que n'étant pas tout à fait empi-
riques, mais jusqu'à un certain point rationelles, sont pourtant
plutôt synoptiques, et en tout cas elles ne donnent pas la con
stitution dans ses détails. Le plus souvent toutefois elles peuvent
très bien, comme j'espère le montrer, être mises d'accord avec
des formules de constitution.
Si nous fixons maintenant notre attention en premier lieu sur
la manière dont le styrol a été obtenu par M. Berthelot, nous
trouvons que la production la plus abondante de cette matière
se fait aux dépens de molécules égales de benzol et d'éthylène,
avec dégagement d'hydrogène, ce que M. Berthelot exprime par
l'équation
^6^6 -i-CoH4=:C 6 H4 (C2 H^) -hB.^.
Ainsi que je l'ai déjà fait remarquer plus haut , cette équation ,
dans le cas actuel et en tenant compte de la formation de la
naphtaline au moyen du benzol et de l'éthylène , paraît plus pro-
bable que la suivante
Ce He H- C^ H4 =C 6 H., (C2 H3) H- H2,
qui servira peut-être pour un isomère du styrol.
D'une manière graphique, le styrol peut être représenté, en
conformité avec l'opinion de M. Berthelot, par la Fig. 4.
Lorsque la production du styrol résulte de l'action réciproque
du benzol et de l'acétylène , ce qui a aussi été réalisé par M. Ber-
thelot, bien que plus difficilement, on doit admettre que l'acé-
tylène, qui, comme on sait, s'annexe si facilement une molécule
H, s'en empare aux dépens du benzol, et que l'éthylène ainsi
formé sature immédiatement les deux valences devenues libres du
benzol. On arrive alors à la même formule de constitution que
ci-dessus.
Dans cette formule on suppose que l'union des deux molécules,
avec ou sans élimination d'hydrogène, se fait de telle sorte que
deux atomes C d'une des molécules entrent respectivement en
rapport avec deux atomes C de l'autre molécule , et qu'il se forme
par conséquent une double chaîne fermée. Si la combinaison s'effec-
DE QUELQUES CARBURES d'hYDROGÈNE. 279
tuait d'une autre manière, c'est-à-dire, si un atome C de la première
molécule se liait à un atome C de la seconde, avec élimination
d'hydrogène, on obtiendrait une chaîne fermée avec une chaîne laté-
rale , et par conséquent une matière autrement constituée , isomère
mais non identique, savoir CqB.^ (C^Hg).
La manière dont le styrol se comporte sous l'influence des agents
d'oxydation, tels que l'acide nitrique, conduit à regarder cette
dernière constitution comme peu probable.
devenons maintenant à la naphtaline. Elle a été produite par
M. Berthelot en soumettant à l'action d'une température élevée un
mélange, soit de styrol et d'éthylène, soit de benzol et d'éthy-
lène, soit de styrol et d'acétylène:
Ce H, (C, H J + C, H, =Ce H, (C, H, [C, H,]) + 2 H^
CeH,+2C,H, == „ +3H^
2
2
Cg H.i (C^ H4) + C2 H^ = „ + H2.
On peut, d'après cela, admettre pour la naphtaline la consti-
tution suivante
Fig. 5.
H
H
C:
\
c-
1
=C
\
CH
-/
I
1
HC-
1
1
-CH
1
1
HC:
= {)H
Une confirmation de cette manière de voir se trouve dans l'action
de l'acide iodhydrique sur la naphtaline; il en résulte différentes
combinaisons plus hydrogénées, dont la formation se déduit très
simplement de notre formule de constitution.
Un autre fait, qui non-seulement n'est pas en opposition avec
elle, mais lui donne même un plus haut degré de probabilité,
280 p. J. VAN KERKHOFF. SUR LA CONSTITUTION
c'est la présence de l'acide phtalique, à côté de l'acide oxalique ,
parmi les produits d'oxydation de la naphtaline.
Si la vraie formule du styrol était Cg H5 (C2H3), il faudrait
i C H
admettre pour la naphtaline la formule Cg H^ n^ tt% parce que
cette matière prend naissance, avec élimination de 2 atomes H,
par l'action de l'acétylène sur le styrol. — Mais une pareille con-
stitution de la naphtaline offre bien peu de probabilité; elle
représenterait un benzol avec deux chaînes latérales , qui donnerait
des produits tout différents de ceux de la naphtaline, et qui
n'aurait pas, à une température élevée, la stabilité propre, en
général, aux carbures d'hydrogène constitués en chaînes fermées.
En effet, des combinaisons benzoliques de ce genre, qui com-
prennent un ou plusieurs carbures d'hydrogène en chaînes laté-
rales, sont ordinairement transformées par la chaleur en d'au-
tres combinaisons, telles que la naphtaline, l'anthracène et le
chrysène.
L'anthracène a été obtenu par M. Berthelot de différentes ma-
nières, par l'action d'une température élevée, P. sur un mélange
de styrol et de benzol, 2°. sur un mélange de benzol et d'éthylène,
3". sur un mélange de benzol et d'acétylène. L'auteur exprime
ces réactions ]iar les équations suivantes:
1 C6H6 4-CgH4(C2H4)=rCj4H,o-|-2H2,
^CeHg-hC^H^ =C, 4 H, 0 H- 3 H2 ,
Dans tous ces cas nous voyons l'anthracène naître de sub-
stances qui, ensemble, renferment au moins deux restes ben-
zoliques Cg H4. Il y a donc de fortes raisons pour admettre
dans l'anthracène deux de ces restes benzoliques. C'est ce qu'ex-
prime la formule C6H4 (C^H^ [C(jH4]), qu'on peut aussi
Sri "LT
^^. La constitution graphique devient alors
O6H4
DE QUELQUES CARBURES d'hYDROGÈNE. 281
Fig. 6.
H
H
C=
=C
/
HC
CH
C-
1
1
1
HC-
1
1
-CH
1
1
C-
1
-C
h/
\
CH
\
Cz
/
=C
H
H
Cette constitution est en parfaite harmonie avec celles du styrol
et de la naphtaline. Elle indique que la synthèse de Tanthra-
cène , par l'action de la naphtaline sur le benzol , ne peut se faire
sans élimination de carbone ou de carbures d'hydrogène; d'un
autre côté, elle rend très bien compte des modes de production
découverts par M. Berthelot, Elle n'est pas non plus en contra-
diction avec la dérivation de l'anthracéne du chlorure de benzyle.
Elle diffère essentiellement de la constitution qui a été proposée
pour l'anthracéne par MM. Graebe et Liebermann, laquelle part
de l'hypothèse que trois molécules de benzol sont unies en une
chaîne triple, après élimination, non-seulement d'hydrogène, mais
aussi de carbone. Elle ne suppose que deux anneaux benzoliques ,
reliés entre eux par l'intermédiaire du groupe C^H^, mais non
pas directement, comme l'admettent MM. Graebe et Liebermann.
Cette constitution est-elle maintenant la plus probable pour tout
hydrogène carboné de la formule empirique C j ,, H ^ „ ? A cette
question on doit répondre négativement. On connaît en effet , d'après
les recherches de M. Glaser, un phényl-acétylène dont la consti-
tution est très probablement
C 6 H 5 — c — c — H ,
282 p. J. VAN KERKHOFF. SUR LA CONSTITUTION
et un di-acétényl-phényle
C„H,-C EC-C =C-C,H,;
or, le premier de ces composés pourrait, par la substitution de
CgHr, à l'atome H, donner une combinaison
C,H,-C EC-CeH,,
qui aurait par conséquent aussi pour formule empirique C , 4 H ^ ^ ,
mais qui, si la formule que j'ai attribuée à l'anthracène d'après
les expériences de M. Berthelot est exacte, serait isomère mais
non identique avec cette dernière substance. Effectivement, le
tolane, découvert par MM. Limpricht et Scliwanert, qui répond
à la formule C ^ 4 H j 0 et présente des caractères (un point de
fusion par exemple) tout autres que l'anthracène, peut être regardé
comme possédant réellement la constitution écrite en dernier lieu ,
surtout quand on considère qu'il tire son origine du toluylène (stilbène)
et qu'on tient compte de la constitution de ce corps ainsi que de
celle du ditolyle.
Bien que les formules de constitution qui viennent d'être pro-
posées soient fondées sur les importantes recherches de M. Berthelot
et aient par conséquent la probabilité en leur faveur, il ne sera
permis de les tenir pour vraies que lorsqu'une étude plus complète
aura tranché la question. D'autres modes de synthèse devront
être essayés, les produits de substitition et de dédoublement devront
être analysés en détail, et en outre on aura à rechercher s'il
n'existerait pas encore d'autres isomères de ces carbures d'hydrogène.
Si l'on réussit à isoler le carbure C4 H^ , le diacétylène, ce que
les expénences de M. Berthelot et les considérations théoriques
de M. Limpricht donnent lieu d'espérer, il sera possible de trouver
dans les résultats de l'action de C^ H4 sur le benzol, etc., des
arguments pour ou contre la constitution proposée.
En terminant , je ferai remarquer que des carbures des formules
CjoHg, CJ4H10, CjgH^, (chrysène) pourraient consister en
une chaîne fermée unique.
Ces carbures seraient alors dans un rapport intime avec des
polymères plus condensés de l'acétylène, et ils se déduiraient de
DE QUELQUES CARBURES d'hYDROGÈNE. 283
ceux-ci par élimination d'hydrogène et établissement d'une liaison
double entre certains atomes C.
Dans le benzol ^ d'après M. Kekulé, la liaison entre les atomes
C successifs est alternativement double ou simple , et par conséquent
représentée par les chiffres 2. 1. 2. 1. 2. 1. Si la même chose
existait dans les polymères plus élevés de l'acétylène , C i q H ^ o
donnerait naissance à CjoHg par l'élimination de 2 atomes H,
en même temps que deux atomes C , unis jusqu'alors par un lien
simple, contracteraient une liaison double.
La liaison
2. 1. 2. 1. 2. 1. 2. 1. 2. 1. de CjoH^o
deviendrait alors
2. 1. 2. 1. 2. 2. 2. 1. 2. 1
au
lieu de 1.
De la même manière, Cj^ H, 4, venant à perdre deux fois H ^ ,
donnerait naissance à C j 4 H j 0 , où les liaisons mutuelles des
atomes C seraient exprimées par le schéma suivant
2. 1. 2. 1. 2. 2. 2. 1. 2. 1. 2. 2. 2. 1
au au
lieu de 1. lieu de 1.
Ainsi encore , au nonacétylène C j g H ^ g pourrait se rattacher
génétiquement le chrysène C ^ 0 H j ^ ? dont les atomes C seraient
liés entre eux conformément au schéma
2. 1. 2. 2. 2. 1. 2. 1. 2. 2. 2. 1. 2. i. 2. 2. 2. 1.
au au au
lieu de 1. lieu de 1. lieu de 1.
QUELQUES ESSAIS
CONCERNANT LE
TITRAGE DES ALCALOÏDES DU QUINQUINA ,
PAR
P. J. VAN KERCKHOFF.
(lu à l'Académie des Sciences d'Amsterdam dans sa séance du 30 janv. 1869.)
Ce n'est pas mou intention de parler des nombreuses méthodes
qui ont été proposées pour le dosage des alcaloïdes en général
ou pour celui des alcaloïdes des écorces de quinquina en parti-
culier. La plupart de ces méthodes ont leurs avantages et leurs
inconvénients spéciaux. Je ne m'occuperai que d'un seul point,
celui de savoir s'il existe pour les alcaloïdes du quinquina une
bonne méthode de titrage.
C'est à MM. Glénard et Guillermond que nous devons le
premier procédé de détermination, par voie de titrage, de la
quinine de l'écorce de quinquina. La méthode qu'ils ont décrite
est en eiïet très simple ^). Elle consiste à pulvériser l'écorce,
à en peser 10 gr. , à humecter avec de l'eau, mélanger avec du
lait de chaux, sécher, réduire en poudre, faire digérer pendant
I d'heure avec de l'éther exempt d'eau et d'alcool (100 C.C),
décanter l'éther clair, en mêler 20 C.C. avec un volume déter-
miné d'acide sulfurique ou oxalique titrés, et doser, après addi-
tion de teinture de bois de Ste-Marthe, avec de l'ammoniaque titrée.
Dans ce procédé, la quinine seule est déterminée; il n'est
tenu aucun compte de la présence des autres alcaloïdes. En
outre , différentes objections ont été faites à cette méthode par
M. Faget et par MM. Thomas et Taillandier; pour une bonne
partie, on peut remédier aux défauts signalés. Mais la grande
difficulté réside, d'abord dans l'emploi, pour des poudres si
') Répertoire de Chim. appliq. T. 1., p. 132 ; T. 2, p. 61 ; T. 4, p. 58.
p. J. VAN KEKGKHOFF. QUELQUES ESSAIS CONCERNANT ETC. 285
fines et si hygroscopiques ; d'éther qui doit être absolument exempt
d'eau et d'alcool; ensuite, et surtout, dans le mesurage de
volumes exacts d'un liquide aussi volatil et aussi dilatable que
l'éther. L'erreur qui en résulte ne peut être évitée entièrement,
même en faisant usage d'appareils clos , et elle exerce une influence
notable, vu qu'on n'opère que sur une fraction de l'éther employé.
En suite de l'idée émise par MM. Glénard et Guillermond,
mais en m'écartant assez notablement de leur méthode, j'ai
exécuté quelques essais de titrage, dont je prends la liberté de
soumettre à l'Académie la marche et les résultats.
J'ai cru devoir éviter, non pas précisément l'emploi de l'éther,
mais le mesurage de cet éther; en outre, il m'a paru désirable
de doser aussi, au moins approximativement, les autres alca-
loïdes de l'écorce, tout en m'opposant, autant que possible, à
l'entrée en dissolution d'autres principes constituants. A cet effet,
je me suis servi de l'excellent dissolvant de la plupart des
alcaloïdes indiqué par MM. Uslar et Erdmann i), savoir de
l'alcool amylique, sans toutefois m'astreindre à la méthode de
ces savants pour l'extraction des alcaloïdes des matières premières.
J'ai cru surtout devoir éviter l'emploi de l'ammoniaque, qui est
prescrit dans les deux méthodes que je viens de rappeler, dans
la dernière pour la mise en liberté des alcaloïdes, dans l'autre
pour le dosage par reste.
Voici la marche que j'ai suivie dans l'analyse.
MARCHE DE l'aNALYSE.
Piler l'écorce, triturer et bien mélanger la poudre.
Sécher la poudre à 100% la laisser refroidir dans l'exsiccateur ,
puis peser.
Humecter la poudre avec de l'eau, puis la mêler avec un
excès d'eau de chaux récemment préparée.
Sécher le mélange à 100" dans une étuve.
Faire digérer la matière sèche, dans un matras et à chaud,
avec de l'alcool amylique pur.
') Annal, d. Ch. u. Pharm. T. CXX , p. 121.
286 p. J. VAN KERGKHOFF. QUELQUES ESSAIS CONCERNANT LE
Porter la masse sur un filtre, et laver le résidu sur le filtre
avec de Talcool amylique chaud, à différentes reprises.
Ajouter à la dissolution amyl-alcoolique , reçue dans un matras ,
un volume déterminé d'acide chlorhydrique étendu et titré, qui
se rassemble au-dessous de l'alcool amylique; ensuite, chauffer
doucement, boucher le matras et secouer.
Séparer la dissolution chlorhydrique de l'alcool amylique, à
l'aide d'un entonnoir à robinet.
Secouer l'alcool amylique dans l'entonnoir avec un nouveau
volume déterminé d'acide titré, puis séparer les liquides. Répéter
cette opération une troisième fois. — Ensuite, laver l'alcool
amylique dans l'entonnoir avec de l'eau distillée.
Réunir les diverses liqueurs acides et les eaux de lavage,
ajouter un peu de teinture de bois de Ste-Marthe, puis titrer
au violet avec la soude caustique.
Ajouter à la dissolution neutre assez de soude caustique pour
précipiter les alcaloïdes.
Recueillir le précipité sur un filtre, le laver plusieurs fois
avec de l'eau froide et le sécher au-dessous de 100".
Épuiser le contenu du filtre et le filtre lui-même avec de l'éther
anhydre , et répéter cette opération avec de petites quantités d'éther.
Mêler à la dissolution éthérée un volume déterminé d'acide
oxalique titré, ajouter un peu de teinture de bois de Ste-Marthe,
puis titrer en retour par la soude caustique jusqu'au rose faible.
EGLAIRAISSEMENTS SUR QUELQUES POINTS.
L'alcool amylique doit être pur et surtout parfaitement neutre.
Le traitement par ce liquide doit se faire dans une cage bien ven-
tilée , à cause de l'action désagréable et nuisible de l'alcool amylique.
Le titrage de l'acide chlorhydrique se fait avec plus de précision
à une douce chaleur, et, en opérant sur un acide si faible, il
n'y a pas à craindre qu'il s'en volatilise une partie.
La teinture de bois de Ste-Marthe , à raison de la rapidité du passage
d'une teinte à l'autre, est beaucoup plus sensible que celle de cam-
pêche ou de tournesol. Quand on emploie des alcalis caustiques , elle
ne laisse rien à désirer. — Le passage au rose est le point juste.
TITRAGE DES ALCALOÏDES DU QUINQUINA.
287
Dans le dosage de la quinine seule on n'a à se préoccuper
que de la teinte de passage, non de la formation d'un précipité,
dont l'apparition a lieu quelquefois plus tôt, à cause du peu de
solubilité de l'oxalate de quinine.
On ne peut nier qu'une erreur dans le titrage ne se reporte
agrandie sur la richesse en alcaloïdes. Pour ce motif, il est
absolument nécessaire d'employer des liqueurs de titrage étendues
et d'opérer avec tous les soins possibles.
PREMIÈRE ESPÈCE DE QUINQUINA.
I.
IL
m.
Poids de l'écorce pilée et
séchée
8.4108 Gr
7 2961 Gr
!0 5042 Gr
Alcool amylique employé...
120 ce.
12i) ce.
170 ce.
x\cide chlorhyclrique employé.
75 //
75 //
75 /,
Eorce de l'acide chlorhydrique
en ce. de dissolution de
soude caustique
1 ce. de dissolution de soude
75CC=32.5CC.
75Ce = 32.5eC.
75 CCr:r32.5('C.
caustique contient 0,031 Gr.
m, 0. _
Titré au violet.
Dissolution de soude employée.
31.1G ce.
31.204 ce.
30.462 ce.
(en partie décime).
Alcaloïdes exprimés en disso-
lution de soude
1.340 //
1.296 //
2.038 //
Idem idem en Na^ 0. . .
0.04127 Gr.
0.03992 Gr.
0.06277 Gr.
Idem idem en Na^ 0 %
de l'écorce *
0.489
0.549
0.597
Acide oxalique décime employé
21.75 ce.
20.00 ce.
25.00 ce.
Titré par reste avec dissolution
de soude
15.62 //
15.34 //
18.13 //
Equivalent à acide oxalique
décime .
15.93 //
15.65 //
18.49 //
Donc, poids d'acide oxalique
cristallisé pour la quinine.
0.0367 Gr.
0.0274 Gr.
0.0410 Gr.
Comme on a : oxalate de chi-
,
nine = 2C,„H,,N,0,,
C H 0 .. .. . . .
0.1887 '/
0.1409 /'
.2 -^^2 V-r^. .......
il Vient pour la qumme
0.2109 //
ou en % de l'écorce
2.23
1.93
2.01
correspondant à Na^ 0 en % .
0.213
0.185
0.192
Ueste donc pour les autres al-
caloïdes en '/■ Na^ 0
0.276
0.364
0.405
Calculé % cinchonine
2.74
3.61
4.02
Moyenne en %
Quinine
^^"'^97 ~"
Cinchonine
3.81
288 p. J. VAN KERCKIIOFF. QUELQUES ESSAIS CONCERNANT LE
DEUXIÈME ESPÈCE DE QUINQUINA (CaltSCiya).
I.
II.
1
III.
Poids de l'écorce pulvérisée
et séchée à lOQo
12.7399 Gr.
8 6386 Civ
16.1241 Gr.
265 ce.
Alcool araylique employé
185 ce.
D.lJ»J(JvJ VJIl.
185 ce.
Acide chlorliydrique employé.
Iforce de l'acide chlorliydrique
100 //
100 //
100 //
eu ce. de dissolution de
soude caustique
10CCr=4.55eC.
|Ar;r;_4 KKnn
10Cerr4.55CC.
1 ce. de dissolution de soude
-l \J V-V V-/ — ^ 12, tf o KJ KJ ,
caustique contient 0,02619
Gr. Na, 0.
1 ce. de dissolution sodique
décime = 0.00263 Gr.
Na, 0.
Titré au bleu-violet.
Dissolution sodique employée.
39 ce.
40 ce.
39 ce.
Dissolution sodique décime
employée
30.50 //
29.00 //
15.95 //
Alcaloïdes exprimés en Na^ 0.
0.09001 Gr.
0.06776 Gr.
0.12828 Gr.
Idem idem en Na.^ 0 > de
l'écorce
0.741
0.784
0.794
Acide oxalique décime em-
ployé
60 ce.
35 ce.
60 ce.
Force de l'acide oxalique dé-
cime en dissolution sodique
décime
10 = 11.785 ce.
]o = 11.785 ce.
10 = 11.785 ce.
Acide oxalique décime ^ em-
ployé , exprimé en dissol.
sodiqne décime
70.71 ce.
41.25 ce.
70.71 ce.
Titré par reste avec dissol.
sodique décime
57.95
34.20
55.40
Donc, quinine exprimée en
dissol. sodique décime
12.76
7.50
15.31
Quinine exprimée en Na^ 0.
0.0335639 Gr.
0.0185443 Gr.
0.0402714 Gr.
Quinine exprimée en Na, 0 %
de l'écorce
0.276
0.215
0.249
On ajouta ensuite dissol. so-
dique décime
12.76 ce.
7.05 ce.
15.21 ce.
d'oii résulta dans les trois
essais un précipité qui n'aug-
menta pas par une nouvelle
goutte de dissol. sodique
décime .
Pour s'assurer si l'augmenta-
tion de la quantité d'acide
oxalique et de soude dans
la liqueur avait quelque influ-
ence, on ajouta, aux liqueurs
maintenant troubles , acide
oxalique décime
25 ce.
25 ce.
TITRAGE DES ALCALOÏDES DU QUINQUINA.
289
II.
III.
ce qui donna, en chauffant
légèrement , des dissolutions
limpides .
Cet acide oxalique décime
correspond à dissol. sodique
décime
29.46 ce.
29.46 ce.
Titré par reste avec dissol.
sodique décime
16.25
13.70
Donc , quinine exprimée en
dissol. sodique décime. . .
13.21
15.76
Quinine exprimée en Na.. 0.
0.0347476 Gr.
0.0414551 Gr.
Quinine exprimée en N a. ^ 0 %
de l'écorce
0.286
0.257
Comme 62 parties Na^ 0
équivalent à 618 parties de
quinine, on a quinine en % de
l'écorce d'après le 1er dosage
2.881
2.217
2.602
// // 2e //
2.989
2.686
En retrancliant des alcaloïdes
exprimés en dissol. sodique
0.711 y^
0.784 %
0.794 %
décime la quantité de qui-
nine du premier dosage
exprimée en dissol. sodique
décime, il reste pour les
0.276
0.215
0.249
autres alcoloïdes exprimés
en dissol. sodique décime.
0.465
0.569
0.585
Dans la supposition que tout
le reste fût de la cinchonine ,
on calculerait pour
Cinchonine en % de l'écorce.
4.62 %
5.65 %
5.85 %
EXAMEN COMPARATIF DE DEUX ESPECES DE QUINQUINA,
A
B
Calisaya.
Huanuco.
I. 1
II.
Poids de l'écorce pulvérisée
et séchée à 100^
7.3683 Gr.
15.9552 Gr.
8.0181 Gr.
Alcool amylique employé
170 ce.
210 ce.
145 ce.
Acide chlorhydrique employé
100 //
103 //
100 »
Force de l'acide chlorhydrique
en ce. de dissol. de soude.
ioee.=:4.55ec.
ioee=4.55ee.
ioee.==4.55ce.
1 ce. de dissol. de soude con-
tient 0,02619 Na'O.
1 ce. de dissol. sod. décime
contient 0.00263 Na3 0.
Titré au violet.
Dissolution de soude employée.
40 ce.
40 ce.
40 ce.
Archives Néerlandaises, T. V.
19
290 p. .T. VAN KERCKHOFF. QUELQUES ESSAIS CONCERNANT LE
B
Huanuco.
II.
Dissol. sodique décime em-
ployée
Alcaloïdes exprimés en Na^ O.
Idem idem en Na^ O % de
l'écorce
Acide oxaliq^^e décime em-
ployé
qui exigeraient en dissol.
sodique décime
Titré par reste avec dissol.
sodique décime
Donc, quinine exprimée en
dissol. sodique décime. . . .
Quinine exprimée en Na^ O.
Idem idem en Na.^ 0 %
de l'écorce
Quinine en % de l'écorce. . .
31.60 ce.
0.060924 Gr.
0.820
35 ce.
41.25 //
35.85
5.40 ce.
0.0142092 Gr,
0.193
2.017
1.30 ce.
0.176375 Gr.
1.105
25 ce.
29.46 //
26.50.
2.96 ce.
0.007786 Gr.
0.048
0.501
15.65 ce.
0.102870 Gr,
1.283
25 ce.
29.46 //
26.60
2.86 ce.
0.007523 Gr,
0.093
0.972
Le précipité produit par un excès de dissolution de soude
n'était pas floconneux. Celui de A donnait une forte réaction de
quinine , celui de B n'en donnait qu'une faible. La petite quantité
de matière que le Huanuco abandonne à l'éther consiste donc
essentiellement en cinchonicine , et peut-être aussi en quinidine,
substances qui sont un peu solubles dans l'éther. En effet , d'après
les expériences de MM. Thomas et Taillandier, 100 CC. d'éther
dissoudraient 0,244 gr. de quinidine et 0,040 gr. de cinchouicine.
RÉSUMÉ.
Première espèce de quinquina.
Deuxième // // //
Troisième // // '/
Quatrième f » "
2.23%
2.88
2.99
2.02
0.50
Richesse en quinine.
II.
1.93%
2.25
0.97
III.
2.01%
2.60
2.69
TITRAGE DRS ALCALOÏDES DU QUINQUINA. 291
Il résulte de ce qui précède:
P. que l'emploi de Téther comme liquide volumétro-analytique
(proposé par MM. Grlénard et Guillerraond) peut être
entièrement évité;
2^ que le dosage proposé^ exécuté avec soin, donne des
résultats très satisfaisants;
^^. qu'en faisant par cette méthode des essais comparatifs sur le
même quinquina , on obtient des chiffres bien concordants ;
4". que la méthode se recommande par la facilité avec
laquelle ou se débarrasse des autres matières contenues
dans l'écorce et on obtient une dissolution incolore;
5". que d'un côté, il est vrai, elle tend à donner une
proportion de quinine un peu trop forte , parce que la
quinidine (si celle-ci existe réellement dans l'écorce) et la
cinchonine ne sont pas tout à fait insolubles dans l'éther;
mais que cette erreur est contre-balancée par une autre agis-
sant en sens contraire , qui provient de ce que la quinine
n'est pas absolument insoluble dans l'eau;
G^. que la méthode ne devient propre à faire connaître la
proportion de quinidine et de cinchonine, que si la partie
insoluble dans l'éther est soumise à un traitement ultérieur,
traitement auquel la méthode de M. De Vrij paraît pouvoir
s'appliquer avec succès. Dans les essais dont je viens de
rendre compte, je n'ai pas effectué cette séparation.
19*
SUR LA DUREE ET LA MARCHE
COURANTS GALVANIQUES D'INDUCTION,
A. NYLAND.
Des expériences, faites il y a quelques années, avaient appris
à M. le professeur Donders que l'électricité , qui jaillit entre les
extrémités de l'hélice secondaire lors de l'ouverture du courant
primaire, se compose de plus d'une étincelle. Ce savant s'était
servi , selon la méthode qui a été suivie également par M. Fedder-
sen dans ses observations sur la décharge de la bouteille de Leyde
(Pogg. Ann.j CXIII et CXIV), d'un miroir tournant à rotation
relativement lente. Ce n'est que lorsque les extrémités de l'hélice
secondaire étaient à peu près éloignées l'une de l'autre à la limite
de la distance explosive, qu'on voyait dans le miroir une étincelle
unique (Voir Nederl. Archief voor Genees- en Natuurkunde , 1865,
II, p. 332).
L'emploi fréquent des étincelles d'induction, pour la détermina-
tion du temps physiologique, fit naître chez M. Donders le désir
d'étudier ces étincelles avec plus de soin. Dans le courant de l'année
1868 il exécuta différentes expériences d'après une méthode de
beaucoup supérieure à la première et que je ferai connaître plus
loin. Ses résultats ont été communiqués à l'Académie royale des
Sciences, et on en trouve un résumé dans les Onderzoelanqen
A. NYLAND. SUR LA DUREE ET LA MARCHE ETC. 293
gedaan in fiel Physiologisc/i Laboratoriwn der iJtrechtsche Hooge-
school, II, 1868 — 69, p. 316 — 318. M. Donders fit observer à
bon droit que les résultats déjà obtenus étaient d'un grand intérêt
pour la théorie de Télectricité d'induction, et que la méthode
employée promettait de donner encore beaucoup plus si l'on avait
le temps de l'appliquer d'une manière suivie et complète.
Grâce à l'entremise de M. le professeur Grinwis, M. Donders
a bien voulu m'autoriser à continuer les recherches commencées
par lui , et il a même eu la bienveillance de mettre à cet effet à
ma disposition une des salles du Laboratoire physiologique de
l'université. De son côté, M. le professeur Buijs Ballot m'a permis
de faire usage de tous les instruments du Cabinet de physique
dont je pouvais avoir besoin.
C'est d'après leurs conseils que j'ai entrepris ce travail, et si
je n'ai épargné ni temps ni peine pour multiplier les expériences
et leur donner le degré de précision nécessaire, je me plais à
reconnaître que mon zèle a été animé et soutenu par l'appui
qu'ils ont bien voulu me prêter.
§ 1. MÉTHODE.
La plupart de mes expériences ont été faites avec le grand
i n d u c t e u r de Ruhmkorff du Cabinet de physique de l'Université.
Avec cet appareil, en employant comme batterie inductrice 6 à
10 éléments de Grove, on obtenait il y a quelques années des
étincelles de 25 centimètres de longueur. Depuis lors, par une
cause inconnue, il a perdu de son énergie, et, pendant toute la
durée de mes recherches, sa force, maintenant constante, s'est
traduite par des étincelles de 8 à 10 centimètres. Je ne me suis
toutefois pas servi de l'inducteur complet dans toutes les expé-
riences , car une étude rationnelle des courants galvaniques induits
doit partir de la disposition la plus simple, composée uniquement
d'une hélice inductrice et d'une hélice induite. Pour obtenir dans
cette expérience délicate une action assez intense pour pouvoir
être mesurée par la méthode employée, ou a besoin d'une hélice
secondaire très longue, et c'est aussi ce que je trouvais dans mon
294 A. NYLAND. SUR LA DUREE ET LA MARCHE
appareil de Rulimkorff lorsque T hélice primaire intérieure et le
noyau eu étaient enlevés.
11 ne sera donc pas inutile de donner d'abord la description
de cet inducteur^ qu'on voit iiguré dans la planche I.
Au centre se trouve un faisceau de quelques centaines de fils
de fer mou, chassés dans un cylindre mince de bois. C'est ce
qu'on appelle le noyau magnétique. Ce noyau est recouvert de
300 tours d'un fil de cuivre de 2 mm. d'épaisseur, entouré de
soie; le fil est enroulé avec assez de force pour serrer le bois,
de sorte que le faisceau et l'hélice forment une masse unique,
qu'on peut retirer de l'appareil après avoir enlevé les deux dis-
ques épais de gutta-percha qui se trouvent aux extrémités et dont
l'un est visible dans la figure. Cette hélice primaire, que
traverse le courant de la pile, constitue avec le noyau magné-
tique la partie inductrice de l'appareil. Les extrémités de l'hélice
primaire aboutissent en B et C.
Autour de cette hélice se trouve un cylindre de caoutchouc durci,
sur lequel est enroulé le fil induit. Celui-ci est un fil de cuivre
entouré de soie , beaucoup plus mince que le précédent , épais de
% mm. et long de 100,000 mètres. Dans notre inducteur les tours
de spire ne sont pas encore partagés en groupes, comme dans
les „machines cloisonnées" construites d'après les indications de
M. Poggendorft', mais ils s'étendent sur toute la longueur, en
formant plusieurs couches séparées entre elles par des couches
minces de caoutchouc. Les extrémités de cette hélice secon-
daire se trouvent en a et h.
Dans le support de l'appareil est logé le condensateur, qui
consiste en deux feuilles d'étain d'une grande surface, pliées et
séparées par un morceau plié de taffetas. Avec ces feuilles d'étain
communiquent les boutons A et D.
Sur ces feuilles métalliques peut se répandre le courant primaire
lorsque son circuit est ouvert. L'extra-courant de riiélice primaire,
le courant induit de l'hélice secondaire et les courants magnéti-
ques induits du noyau contrecarrent le courant primaire lors de
la fermeture, et à l'ouverture ils accélèrent par conséquent le cou-
DES GOURANTS GALVANIQUES d'iNDUCTIOIV. 295
rant primaire, qui trouve alors une issue dans le condensateur.
L'étincelle d'ouverture du courant primaire est en effet beaucoup
plus faible quand on fait usage du condensateur.
L'inducteur complet comprend encore un iuterrujDteur de Foucault ,
mais je ne me suis jamais servi de cette partie de l'appareil, vu
que mon étude exigeait de tenir les courants d'ouverture et de
fermeture séparés les uns des autres et de pouvoir déterminer
exactement le temps du renversement du courant. C'est pourquoi
je ne ferai pas autrement mention de cet interrupteur.
Pour étudier maintenant le courant induit obtenu à Taide de
cet inducteur, on laisse s'enregistrer son action sur un cylindre
qui tourne rapidement.
Ce cylindre (v. planche I) est en laiton, et a un diamètre de
19 cm. et une longueur de 25 cm. L'axe est pourvu à l'une de
ses extrémités de pas de vis qui s'engagent dans un écrou fixe,
de sorte que le cylindre prend un mouvement progressif lorsqu'on
fait tourner la manivelle adaptée à l'autre extrémité de l'axe. Ce
cylindre est recouvert bien uniformément de papier noirci à la
fumée d'une lampe à pétrole. En avant du cylindre , sur un pied
isolant, se trouve un diapason, dont l'une des branches porte une
pointe d'acier qui s'applique avec une légère pression contre le
papier du cylindre, tandis que l'autre branche est garnie , comme
contre-poids , d'une petite pièce métallique équivalente. Si l'on relie
maintenant une des extrémités a de l'hélice secondaire avec le
cylindre en G , et l'autre b avec le diapason S , le courant induit
trouve un passage qui n'est interrompu qu'entre la pointe d'acier
et le cylindre, c'est-à-dire sur l'épaisseur du papier. En ce point
le courant, sous forme d'étincelle, percera donc le papier et laissera
une trace.
Sur du papier ordinaire on voit les ouvertures percées; sur du
papier enfumé on voit des ouvertures entourées d'un espace blanc,
qui est dû à la dispersion de la suie. En imprimant au cylindre
un mouvement de rotation rapide, après avoir mis le diapason
en vibration , les marques des étincelles se trouveront sur la sinusoïde
296 A. INYLAND. SUR LA DUREE ET LA iMARGHE
chronoscopique que la pointe du diapason trace sur le cylindre.
Le grand avantage de cette méthode consiste en ce qu'on peut
faire tourner le cylindre librement, à la main, attendu que les
vibrations du diapason fournissent des unités chronoscopiques , qui
mesurent exactement la durée de chaque rotation ainsi que celle
de deux étincelles successives.
Pendant une rotation, le courant primaire est deux fois fermé
et deux fois ouvert. A cet effet, le courant primaire va du pôle
zinc de la pile au bouton B, traverse ensuite l'hélice primaire
et ressort de nouveau en C, puis passe au bouton F et de là
dans la petite tige de cuivre qui est en rapport avec lui. Le
pôle platine de la pile communique avec le bouton E et
par conséquent avec l'autre tige de cuivre. Les deux tiges
de cuivre s'appuient fortement, par ressort, sur un anneau,
qui est isolé du cylindre par des lames de caoutchouc
durci, mais qui y est fixé solidement et tourne par
conséquent autour du même axe. Cet anneau est divisé
en quatre parties et formé moitié de cuivre, moitié d'ivoire.
Pendant une révolution du cylindre , le courant primaire est donc
fermé quand les deux tiges appuient sur le cuivre, ouvert quand
elles passent sur Tivoire, puis de nouveau fermé et ouvert suc-
cessivement dans le passage sur le second quadrant de cuivre
et sur le second quadrant d'ivoire. Les tiges de cuivre sont
d'ailleurs supportées par un pied isolant, fixé à une planche qui
partage le mouvement progressif du cylindre, de sorte que les
tiges ne cessent pas de glisser sur l'anneau. Pour que l'ouver-
ture et la fermeture du courant se fassent régulièrement et in
stantanément , il est nécessaire que la séparation du cuivre et de
l'ivoire reste bien nette et, pour cela, que l'anneau entier soit
fréquemment frotté avec du papier à Fémeri fin et essuyé avec
un linge. Mais, en outre, une disposition essentielle est que les tiges
de cuivre ne frottent pas sur l'anneau directement, mais par
l'intermédiaire de petits couteaux tranchants d'argent, vissés à
l'extrémité des tiges et perpendiculaires à la surface de l'anneau ;
ces couteaux interrompent le courant primaire au moment où ils
DES COURANTS GALVANIQUES d'iNDUCTION. 297
glissent sur la fine ligne de séparation du cuivre et de l'ivoire.
Les pointes de platine, dont M. Donders s'était servi antérieure-
ment^ donnaient un résultat moins satisfaisant, parce que leur
forme s'altérait par l'usure due au frottement et aux nettoyages,
et parce que le platine est moins bon conducteur que l'argent.
Avec ces couteaux, on peut ouvrir et fermer le circuit des cen-
taines de fois de suite, sans que la moindre irrégularité se fasse
remarquer. Je crois pouvoir affirmer, d'après mon expérience
personnelle, que cette manière de fermer et d'ouvrir le courant
mérite la préférence sur toutes les méthodes connues jusqu'à présent.
Lorsque le cylindre a été tourné une fois, de sorte que la
manivelle se retrouve au même point, on a donc obtenu, sur
cette sinusoïde unique, deux décharges à la fermeture du courant
et deux à l'ouverture. Sur le même rouleau de papier on peut
enregistrer ainsi plus de 20 expériences.
Le diapason employé faisait 246 vibrations par seconde, et,
à l'aide de l'instrument de mesure que M. le Dr. Engelmann
mit à ma disposition, il était facile d'évaluer sur le papier les
vingtièmes parties de chaque vibration , de sorte que cette méthode
permettait de déterminer les cinq-millièmes de seconde. Le nombre
des vibrations du diapason fut trouvé en enregistrant simultané-
ment, et ces vibrations, et les indications d'une horloge, intro
duite dans le circuit primaire de façon que son pendule, qui
battait les secondes, ouvrît et fermât le courant primaire. La
faible influence de la température avait été déterminée par M.
Donders, au moyen du changement du nombre des battements
obtenus avec un autre diapason maintenu à une température
invariable. A la fin de l'expérience, la pointe du diapason et
les deux tiges de cuivre E et F étaient détachées du cylindre et
de l'anneau, à l'aide de petits leviers que la figure ne montre
pas; on enlevait alors le papier du cylindre, on numérotait les
expériences, on inscrivait auprès de chacune d'elles les observations
nécessaires, et enfin on passait le papier dans une dissolution
alcoolique de vernis , pour fixer le noir de fumée.
La seule résistance que les courants galvaniques induits aient
298 A. NYLAND. SUR LA DUREE ET LA MARCHE
à vaincre dans ces expériences est, outre celle du circuit, la
résistance d'un papier fin. Selon que les expériences l'exigeaient,
j'ai fait usage de différentes espèces de papier: pour les courants
très faibles, de papier brouillard très mince, appelé papier à
fleurs, dont la résistance peut bien être regardée comme un
minimum; pour des courants plus forts, de papier de poste très
fin, dit m ail papier, et de papier vélin lustré d'un côté. Le
papier préparé chimiquement, par imbibition avec du prussiate
jaune de potasse et du nitrate d'ammoniaque (ce dernier sel
ayant pour but de maintenir le papier humide), tel qu'on l'emploie
pour les télégraphes écrivants, donne aussi un tracé net du
courant, mais satisfait moins bien que le mailpapier ou le papier
à fleurs. Le Dr. Hoorweg et M. Donders ont expérimenté avec ce
papier. Tout courant induit, qui est physiologiquement percevable,
peut aussi être enregistré sur le papier à fleurs; c'est là, ce me
semble, une preuve de la sensibilité du procédé.
Par cette méthode le courant induit est donc enregistré; il ne
reste plus qu'un problème à résoudre, celui d'enregistrer avec
une exactitude égale, à côté de chaque expérience, l'instant de
l'ouverture et de la fermeture du courant primaire.
Il faut quelque habitude de l'expérimentation pour apprécier
convenablement la difficulté de ce problème et par conséquent
la valeur de la solution, car une exactitude poussée jusqu'aux
millièmes de seconde est une condition nécessaire. Aussi ne pourrai-je
faire connaître de quelle manière je suis parvenu à atteindre
complètement le but, qu'après avoir communiqué un certain nombre
de résultats. Un point qui doit encore être pris en sérieuse con-
sidération dans ces recherches, est le suivant. Si l'on veut
recueillir en totalité des courants induits énergiques, il est
nécessaire que les divers conducteurs de ces courants soient isolés
aussi parfaitement que possible; tous les fils conducteurs doivent
être en fil de cuivre épais, recouvert d'une couche de gutta-
percha, et l'appareil entier qui sert aux mesures doit reposer
sur une table bien isolée, soit par des pieds de verre, soit d'une
DES COURANTS GALVANIQUES d'iNDUCTION. 299
autre manière. Un isolement absolu, pendant une longue durée,
est impossible 5 mais aussi cette condition ne peut-elle être exigée
que lorsqu'on cherche à déterminer des chiffres absolus. Bien
que j'aie procédé comme s'il s'agissait d'obtenir ce degré
d'exactitude, je n'entends pourtant faire valoir mes résultats que
comme des grandeurs relatives, et si je cite quelques chiffres
absolus, par exemple pour la vitesse de l'électricité induite,
cela n'a lieu qu' afin de faire apprécier la méthode.
Quant à savoir si ces chiffres peuvent être mis à côté ou au-
dessus de ceux d'autres observateurs, c'est un point que j'aban-
donne au jugement du lecteur.
Pour avoir une idée claire de l'enregistrement du moment de
l'ouverture et de la fermeture du courant primaire, on peut con-
sulter, comme type de mes expériences, une série de décharges
d'ouverture et de fermeture du Ruhmkorff complet, figurée sur
les planches II et III. Le courant inducteur était fourni par une
pile de 10 éléments de Grove, et le cylindre était recouvert de
mailpapier. D'après la méthode décrite, nous obtenons sur la sinu-
soïde ; après une rotation du cylindre, deux expériences d'ouver-
ture et deux de fermeture. La décharge de fermeture, aussi bien
que celle d'ouverture, donne une série de plus décent étincelles,
qui, d'abord assez éloignées entre elles, se rapprochent ensuite
très près l'une de l'autre, et dont l'ensemble dure pendant 12,
13 ou 14 vibrations. Plus tard nous reviendrons avec détail sur
ces décharges; occupons-nous maintenant de l'enregistration du
courant primaire.
A quel instant le courant primaire est -il ouvert
ou fermé ?
Naturellement, à l'instant où les couteaux des tiges E et F
(v. PI. I) glissent sur la séparation de l'ivoire et du cuivre. Rien
ne serait donc plus simple que de détacher du cylindre et de
l'anneau la pointe du diapason et les tiges E et F , de faire rétro-
grader le cylindre jusqu'à ce que les couteaux , passant de nouveau
sur la séparation, reproduisent l'étincelle, puis d'abaisser la pointe
du diapason et de lui donner un petit choc, de manière à impri-
300 A. I\YLAi>D. SUR LA DUREE ET LA MARCHE
mer sur le cylindre le point marqué. Le point ainsi obtenu,
immédiatement avant la première étincelle des décharges ou pres-
que en coïncidence avec elle, indiquerait alors le moment de
l'ouverture ou de la fermeture. Mais il est facile de voir que ce
mode d'enregistration n'est pas le meilleur dont on puisse faire
choix. Même en employant une forte loupe pour reconnaître la
position des couteaux, et en opérant avec toute la précision possible, le
résultat reste dépendant du degré d'exercice de la main et de l'œil, et
c'est ce que montrent en effet les expériences exécutées de cette manière.
Il vaut infiniment mieux laisser l'électricité s'enre-
gistrer elle-même. Mais on ne peut demander aucun effet
mécanique à Tétincelle de fermeture du courant primaire , car elle
est trop faible; et quant à l'étincelle d'ouverture, bien qu'elle
soit plus forte, on ne peut pas davantage la charger de percer
du papier, attendu que la moindre résistance empêche la ferme-
ture, qui pourtant doit nécessairement précéder la rupture du
courant. Pour ce motif, j'ai enregistré de la manière suivante.
Après achèvement de l'expérience, dans laquelle le cylindre a
été tourné à la main aussi rapidement que possible , par exemple
en % de seconde, on interrompt pour un instant le contact de
la pointe du diapason et des couteaux avec le cylindre et l'an-
neau , on fait rebrousser le cylindre jusqu'au point d'où l'on était
parti, puis on laisse retomber la pointe et les couteaux dans la
position d'appui. On recommence alors, sans passer préalablement
l'archet sur le diapason, le mouvement direct du cylindre, en
tournant très lentement, surtout aux points de séparation entre
l'ivoire et le cuivre ; la pointe du diapason trace alors une ligne
droite s' étendant sur le milieu de la sinusoïde. A l'instant de
l'ouverture et de la fermeture du courant primaire il passe de
nouveau des étincelles entre la pointe du diapason et le cylindre ,
mais toute la série de ces étincelles , au nombre de plusieurs cen-
taines, coïncide en apparence et forme sur la ligne droite un seul
trou, qui maintenant indique le moment précis de l'ouverture et
de la fermeture (v. PL II). Quand on tourne avec beaucoup de
lenteur, la coïncidence s'obtient très nettement.
DES GOURANTS GALVANIQUES d'iNDUGTION. 301
Dans cette manière de procéder; voici , évidemment, comment
les choses se passent.
Supposons que la première étincelle de la décharge arrive x
vibrations après Tinstant où le courant primaire a été fermé (ou
ouvert), de sorte que tout le courant d'étincelles ait été déplacé
de X vibrations. Si alors on tourne assez lentement pour que le
courant soit réduit à une seule étincelle, il s'agit de savoir de
combien cette étincelle arrive en retard.
D'autres expériences, que j'ai faites, il résulte que la rapidité
d'ouverture et de fermeture est sans influence sur la durée de la
décharge du courant induit. Mais la décharge entière est main-
tenant, par suite de la lenteur de la rotation, réduite à une étin-
celle unique ; désignant donc par v la vitesse de rotation dans la
première expérience, par / la durée totale du courant induit et
par /' le retard; de même par v' la vitesse de rotation de la
seconde expérience, dans laquelle la durée du courant induit est
restée la même et où le retard sur le papier est de :r' vibrations,
nous avons:
dans la le expérience une durée de décharge z=z 14 vibrations = v t.
et un retard x :=zvl',
dans la 2e expérience une durée de décharge =: 1 étincelle =: v' t.
et un retard x' z=v' l'.
Comme 14 vibrations sont maintenant réduites à 1 étincelle ou
à moins de ^-o ^^ vibration, on a v' <2èô^ ^^ par conséquent
aussi x' < y|^ X ; en mesurant donc la distance entre l'étincelle
unique de l'enregistration du courant primaire et la première
étincelle de la décharge, l'erreur ne peut dans ce cas atteindre
.jijf de la valeur. Si cette distance est, par exemple, de 3*^ de
vibration, le retard est 3V X 0 le^ sec. = 0,000136 seconde, valeur
qui ne peut être en défaut de ^ millionième. Il va sans dire que
la mesure des trentièmes de vibration offre des difficultés entraînant
des erreurs plus grandes que celle qui vient d'être évaluée ; mais ,
ici, il ne s'agit que d'apprécier l'exactitude de la méthode.
Le lecteur attentif aura remarqué que, dans la pratique, cette
méthode revient simplement à faire chaque expérience deux fois:
302 " A. NYLAND. SUR TA DUREE ET LA MARCHE
d'abord très rapidement et ensuite très lentement,
ce qui a pour résultat d'éliminer le temps.
Cette méthode m'a servi à étudier différents points^ dont je
traiterai dans l'ordre suivant. En premier lieU; l'induction
volt aï que pure, ou l'action de deux spirales Tune sur l'autre;
ensuite l'induction due à une spirale dans laquelle on introduit
différents noyaux de fer, et celle de l'inducteur de Ruhm -
korff. Puis: l'influence qu'une résistance et une bouteille
de L e y d e ont sur le courant induit ; l'influence que les courants
d'ouverture et de fermeture exercent les uns sur les
autres en cas d'ouverture et de fermeture rapides ; enfin , l'induc-
tion unipolaire. Une modification de la méthode nous donnera
les images de la décharge.
§ 2. INDUCTION VOLTAÏQUE PURE.
Le cas le plus simple qui se présente dans l'induction, est
l'action produite sur une spirale secondaire par une spirale
primaire qu'on y introduit.
Pour faire cette expérience, rien n'eût été plus facile que de
retirer le noyau de fils de fer de l'inducteur de Ruhmkorff, et
d'expérimenter ensuite avec les deux spirales restantes; mais,
dans l'inducteur que j'avais à ma disposition, ce noyau était
fixé si solidement à l'intérieur de la spirale primaire , que je
dus les enlever ensemble et introduire à leur place une autre
spirale primaire. Celle-ci consistait en une seule couche de circon-
volutions, formées par un fil de cuivre, recouvert de soie, long
de 30 mètres et épais de 21 millimètres. A priori, avec une
spirale primaire de ces dimensions, une spirale secondaire telle
que celle qui enveloppait l'inducteur, de 100,000 mètres de
longueur, et 10 bons éléments de Grove comme batterie induc-
trice, on s'attendrait à obtenir une action passablement énergique.
Mais cette action est au contraire extrêmement faible et, physio-
logiquement, à peine sensible. Malgré cela, j'ai parfaitement
réussi à enregistrer les décharges de ces courants induits sur le
DES COURANTS GALVANIQUES d'iNDUCTION. 303
papier à fleurs et sur le mailpapier. Je donne ici les résultats
moyens de plusieurs centaines d'expériences.
Sur le papier à fleurs on obtient une décharge de ferme-
ture qui dure \ vibration et se compose de 10 à 12 étincelles
distinctes. La première étincelle est faible, la deuxième et la
troisième sont bien visibles , les suivantes vont de nouveau en
décroissant. Sur le mailpapier on obtient une décharge qui
consiste en 2 , 3 ou 4 étincelles bien visibles et qui dure environ
\ de vibration. La décharge d'ouverture a une durée plus
courte: sur le papier à fleurs, -\ de vibration, partagé en 7 ou
8 étincelles, dont la première est la plus forte; sur le mail-
papier, l de vibration, avec 3 ou 4 étincelles parfaitement
visibles à l'œil nu.
Si l'on enregistre aussi le courant primaire , on voit que chaque
décharge est un peu retardée, celle d'ouverture de 2V ^ 2V de
vibration. Ce retard correspond au temps que l'électricité emploie
à parcourir tout le circuit secondaire et à accroître sa force
jusqu'au point où elle est capable de percer le papier. Sur du
papier plus épais le retard est toujours un peu plus long, et à
la décharge de fermeture il est aussi un peu plus grand qu'à la
décharge d'ouvertuie. La première étincelle de fermeture étant
faible, et la distance à l'étincelle d'enregistration du courant
primaire devenant par suite incertaine, je me borne à donner
le retard constaté lors de l'ouverture.
Des données qui précèdent il résulte donc que, sur le papier
à fleurs, la décharge de fermeture dure presque 0,002
seconde (1 vibration ■= ^{jr 8ec.)'^\si décharge d'ouverture
est plus courte et ne persiste que pendant environ 0,0013 seconde;
l'une et l'autre sont composées d'étincelles distinctes, qui sont
plus fortes pour la décharge d'ouverture. M. Beetz a obtenu une
décharge de fermeture de 0,012 sec. et une décharge d'ouverture
de 0,003 seconde.
Il en résulte encore que le courant d'induction, qui, selon
tous les physiciens, prend naissance en même temps que le
courant primaire, met -j'o X 24-6 sec. rzr^g'^y sec. à parcourir les
304 A. NYLAiND. SUR LA DUREE ET LA MARCHE
50,000 mètres du circuit secondaire , et à s'élever à une intensité
suffisante pour pouvoir percer du papier à fleurs : cela équivau
drait à une vitesse de 246,000 kilomètres par seconde.
Nous reviendrons plus tard sur ce dernier point.
§ 3. SPIRALE PRIMAIRE RENFORCEE
PAR DES NOYAUX DE FER.
Le premier noyau essayé était un barreau de fer mou de
82 centimètres de longueur et 22 millimètres d'épaisseur. En
employant comme batterie inductrice, de même que dans les
expériences précédentes, 10 éléments de Grove, on obtint les
résultats suivants, qui, comparés à ceux du paragraphe 2,
montrent l'influence considérable qu'un noyau exerce sur le
courant induit.
La décharge de fermeture dure sur le papier à fleurs 10 vibrations.
„ „ mailpapîer 2^ „
„ „ papier vélin 2% „
La décharge d'ouverture dure „ „ papier à fleurs lOj^ „
„ „ mailpapier 4c „
„ „ papier vélin 3 ,,
La décharge de fermeture commence par une étincelle faible,
qui est en retard d'environ y'^ de vibration.
La décharge d'ouverture commence par une étincelle forte
en retard de .y'o ^^ vibration. Ainsi qu'il résulte des chiffres
ci-dessus, cette décharge dure un peu plus longtemps que celle
de fermeture; ses étincelles, à en juger par l'aspect, sont aussi
plus fortes. Nous verrons d'ailleurs plus tard que la décharge
d'ouverture est capable de vaincre la résistance d'une couche
d'air de 14 mm. d'épaisseur, ou, eu d'autres termes, de donner
des étincelles de cette longueur, tandis que la décharge de
fermeture ne peut donner d'étincelles dépassant 6 mm.
La décharge d'ouverture présente donc à la fois une durée
plus longue et une action mécanique plus forte.
Les étincelles obtenues sur mailpapier ont les mêmes caractères
que celles sur papier vélin de la PI. II, mais elles ne montrent
DES COURANTS GALVANIQUES d'iNRUCTION. 305
pas d'interruptions; on en compte environ 20 par vibration. Les
étincelles sur papier à fleurs ne diffèrent que très peu des
précédentes.
D'autres expériences furent faites avec un noyau composé d'un
faisceau de 45 fils de fer mou, longs de 53'^ cm. et épais
de 1 mm., de sorte que la faisceau avait une épaisseur totale
d'environ 11 mm. Ces fils avaient été rougis, et se trouvaient
par suite recouverts d'une couche d'oxyde, qui les isolait suffi-
samment.
En comparant la masse de fer de ce faisceau à celle du barreau ,
on voit qu'elle est beaucoup moins considérable. Aussi les courants
d'induction obtenus eurent-ils une durée beaucoup plus courte.
La décharge de fermeture dura sur le papier à fleurs 1% vibrations.
„ „ mail papier M „
„ „ papier vélin ^L „
La décharge d'ouverture dura „ „ papier à fleurs l'i „
„ „ mailpapier % „
„ „ papier vélin Va v
Les décharges ressemblent beaucoup à celles du barreau , à cela
près qu'elles s'achèvent en un temps beaucoup plus court. Les
étincelles de fermeture s'accusent presque avec la même force que
les étincelles d'ouverture, mais le retard est un peu plus grand
pour les premières.
Des données qui précèdent , et qui sont de nouveau les moyennes
d'un grand nombre d'expériences, il résulte donc que la décharge
d'ouverture, sauf sur le papier vélin, dure aussi longtemps
que la décharge de fermeture, mais que son retard est moindre.
Des expériences ultérieures, avec éléments de résistance, nous
apprendrons que les décharges peuvent donner, à l'ouverture, des
étincelles de 6 mm., et, à la fermeture, des étincelles de 5 mm.
Au sujet de ces résultats il convient encore de faire la remar-
que suivante.
L'assertion ordinaire, que la décharge d'ouverture donnerait des
étincelles plus fortes parce qu'elle a une duréepluscourte que
la décharge de fermeture, ne paraît pas se vérifier ici. Je
Archives Néerlandaises, T. V. 20
306 A. NYLANI). SUR LA DUREE ET LA MARCHE
regarde comme beaucoup plus probable que la cause doit être
clierchée dans l'acroissemeut plus rapide du courant
j u s q u' à un maximum d' i u t e n s i t é ^ car la durée totale a
peu ou point d'influence: les résultats obtenus avec le barreau
conduiraient même à la conséquence que la cause réside dans la
durée plus longue. La durée totale a peu d'influence^ mais
la faiblesse du retard et la vivacité de la première
étincelle sont en rapport, je pense, avec l'énergie de l'action.
A ce cas d'induction se rapporte aussi l'effet de notre inducteur
complet de Ruhmkorff, où le faisceau se compose de plusieurs
centaines de fils minces de fer mou, tandis que la spirale pri-
maire, beaucoup plus longue que celle employée d'abord, forme
trois couches de circonvolutions.
Nous allons étudier avec soin ces courants d'induction énergiques ,
parce que beaucoup des particularités qu'ils offrent se rencontrent
aussi dans les autres cas.
Commençons par enregistrer sur mailpapier l'induction produite
par une batterie de 10 éléments de Grove. Dans ces expériences
nous n'employons pas de condensateur et nous relions le bouton
a au diapason et b au cylindre.
La décharge de fermeture commence par quelques étin-
celles faibles , mais , après 4 de vibration environ , se montrent
déjà des étincelles mieux accusées. La décharge se transforme alors
complètement: il vient de fortes étincelles, qui se suivent avec
des interruptions de une vibration environ; quelques unes
d'entre elles ne sont pas entourées d'un espace blanc; mais , en regar-
dant contre le jour, on voit, à des distances régulières , les ouver-
tures passablement grandes. Après 6, 7 ou 8 de ces étincelles,
apparaît , sur une longueur de 4 , 5 , 6 ou 7 vibrations , une série
d'étincelles se succédant rapidement, d'abord au nombre de 12
environ par vibration, ensuite plus nombreuses et, dans quelques
expériences, montant jusqu'à 30 par vibration. Ces étincelles décrois-
sent régulièrement en intensité vers la fin et se suivent de plus
en plus rapidement. La durée totale de la décharge est de 13 à
DES COURANTS GALVAiMQUES d'iNDUCTION. 307
14 vibrations ou de ^W ^ ivtï ^^ seconde. On distingue ici claire-
ment trois périodes: la première , s'étendant sur \ de vibration
et composée de petites étincelles accroissantes; la seconde, com-
prenant 6^ 7 ou 8 vibrations et dans laquelle les étincelles se
suivent avec des interruptions d'environ 1 vibration, enfin la
troisième, d'une longueur de 4 à 7 vibrations et qui consiste en
une succession rapide d'étincelles décroissantes. Le courant d'in-
duction correspondant à la fermeture s'élève donc en i de vibration
jusqu'à une certaine intensité, la conserve pendant 6 à 8 vibra-
tions, puis va de nouveau en s'affaiblissant.
Il faut noter ici que , dans la seconde période , parmi les étin-
celles séparées, il peut s'en rencontrer quelques-unes qui 'soient
remplacées par 3 ou 4 petites étincelles.
Le retard s'élève à j'q de vibration environ.
La décharge d'ouverture, qui succède à celle que nous
venons d'étudier, montre un autre caractère, car elle n'a que deux
périodes; en outre, toutes les étincelles sont plus vigoureusement
marquées que celles de la décharge de fermeture. La première
étincelle est ici la plus forte, la seconde ne vient qu'après
une interruption de plus d'une vibration, la troisième après une
interruption un peu plus courte, et à la quatrième ou cinquième
commence la décharge régulière. Celle-ci donne d'abord 6 ou 7
étincelles par vibration, puis environ 12, et, vers la fin, jusqu'à
30. Tout le courant d'étincelles, depuis la première jusqu'à la
dernière, est décroissant, quant à la grandeur des étincelles et
quant à la durée des interruptions. On pourrait admettre ici, presque
à tout aussi bon droit, une période unique, car la période d'in-
terruptions n'est pas limitée nettement.
Le décharge totale dure 14 à 15 vibrations et donne une figure
élégante, — semblable à un collier de perles ondulé.
Le retard , dans cette décharge , est plus petit , mais susceptible
d'une détermination plus rigoureuse , parce que la première étincelle
est forte ; il s'élève , dans la plupart des expériences , à ^V ^^ vibration.
La seconde décharge de fermeture est de tout point semblable
20*
308 A. NYLANI). SUR LA DUREE ET LA MARCHE
à la première, et il en est de même quant aux décharges d'ou-
verture successives.
La description qui précède est applicable à 25 expériences,
exécutées, dans l'espace d'une heure environ, sur une même feuille
de papier. La registration du courant primaire, destinée à déter-
miner le retard, a eu lieu directement après chaque expérience.
Sur cliaque feuille d'expériences ces étincelles de repère sont situées
exactement sur une même ligne droite, ainsi qu'il convient. Les
Planches II et III rendent fidèlement toutes ces particularités,
mais les interruptions, qui sont si nombreuses et si bien
dessinées sur la PI. III, semblent contredire ce que j'ai dit ci-des-
sus de celles des décharges de fermeture. Cela tient à ce
que, dans l'une comme dans l'autre série d'expériences que
reproduisent les deux planches, la communication a été établie
entre a et le cylindre et entre b et le diapason. J'avertirai,
par anticipation, que les interruptions ne caractérisent pas les
décharges d'ouverture ou de fermeture, mais qu'elles sont mo-
difiées par le mode de liaison. Ce fait ressortirait avec
évidence de la comparaison d'un plus grand nombre de figures
de décharges, relatives tant à l'un qu'à l'autre mode de
liaison.
Après avoir communiqué cette expérience sur mailpapier y qui
a déjà servi de type antérieurement, nous allons rechercher quelles
sont, parmi les particularités citées, celles qui peuvent être
regardées comme constantes. A cet effet, nous nous appuierons
sur différentes expériences faites d'une autre manière et dans d'au-
tres conditions.
a. Examinons d'abord ce qui a rapport à la durée. Il ne faut
pas perdre de vue que le papier qui enveloppe le cylindre agit
comme résistance, et qu'il y a par conséquent à tenir grand compte
de la nature du papier employé. Plus celui-ci est mince , plus les
décharges du courant induit persistent longtemps, et cela pour
deux raisons: d'abord, avec du papier plus mince, les dernières
petites étincelles de la décharge seront encore visibles; ensuite,
et surtout, la résistance moindre du papier mince prolongera la
DES COURAiNTS GALVAMQUES d'iISDUCTIOxN. 309
durée du courant, ce dont on donnera plus loin des preuves
frappantes.
C'est p:râce à ces deux circonstances que , sur le papier à fleurs,
toutes les autres conditions restant les mêmes , on obtient un courant
de fermeture qui se prolonge pendant 1 7 vibrations et un courant
d'ouverture d'une durée de 18 vibrations.
Sur le papier vélin glacé, qui est plus épah que le mai (papier ,
la décharge de fermeture dure pendant 5 vibrations et la décharge
d'ouverture pendant 8 vibrations. Mais il ne faut pas croire que ,
sur ce papier plus épais , la queue tout entière des décharges fasse
défaut parce que les dernières étincelles , qui sont toujours les plus
faibles, n'ont pas eu assez d'intensité pour percer le papier. La
durée totale a été raccourcie par suite de la résistance ,
comme nous le verrons plus tard.
L'emploi du condensateur n'a pas d'influence sur la
durée des décharges. Comme il était facile d'opérer alternativement
avec ou sans condensateur, j'ai chaque fois examiné l'effet qui
en résultait sur la durée, mais sans jamais trouver une action
appréciable.
La rapidité d'ouverture et de fermeture n'apporte
pas non plus de changement dans la durée, pourvu que cette
rapidité ne soit pas assez grande pour que les décharges de fermeture
et d'ouverture réagissent l'une sur l'autre. Je pouvais faire tourner
le cylindre 1 ou 4 fois par seconde : le nombre de vibrations qui
exprimait la durée des décharges n'en restait pas moins le même
dans les deux cas.
Il va sans dire que la force de la batterie a de l'influ-
ence , mais la durée des décharges ne croît pas proportionnellement
au nombre des éléments.
Il est aussi très important de remarquer que la durée de la
décharge de fermeture est presque toujours plus petite que celle
de la décharge d'ouverture; avec une batterie énergique , les deux
décharges sont pareilles sous ce rapport. A l'appui de ces deux
faits je citerai quelques observations comparatives faites avec une
batterie de 1 — 10 éléments de Grove.
310 A. NYLAND. SUR LA DUREE ET LA MARCHE
Durée de la décliarge de fermeture. Durée de la décharge d'ouverture.
Nombre
Papier à
Papier
Papier à
Papier
d'élémentj
i. Heurs.
Mailpapicr.
véliu.
fleurs.
MailpaiÀer.
. vélin.
1
3 vibr.
0 vibr.
0 vibr.
6 vibr.
2% vibr.
1 % vibr,
2
6 //
21/4 "
0 //
9 //
6% /'
4 //
3
9 //
5 //
0 //
11 //
7% //
5 //
4
10 //
7 //
2 //
12 //
8% //
5% //
5
13 ./
81/2 //
214//
14 //
10 //
6% //
6
14 //
10 //
3 //
14 //
11 //
7 //
7
14 //
11 //
3 //
13 //
11% //
7 //
8
14%.
121/2 "
31/2//
15 //
12% //
7% //
9
15 //
131/2 //
31/2'/
16 „
13 // -
8 //
10
16%.
14 //
41/2//
17%//
15 //
8% //
Je n'ai jamais employé plus de 10 éléments, et dans les expé-
riences avec résistance jamais plus de 4, parce que je craignais
de surcharger l'inducteur. Les chiffres rapportés n'indiquent d'ail-
leurs pas la nécessité d'aller plus loin.
Pour maintenir la batterie autant que possible constante, les
lames de zinc doivent être bien amalgamées, de manière que
lorsqu'on démonte les éléments, ces lames sortent de l'acide sul-
furique étendu avec une surface métallique parfaitement nette;
dans ce cas, la batterie reste suffisamment constante pendant plu-
sieurs heures.
Le mode d'union des éléments n'est pas indifférent. Pour
vaincre une forte résistance extérieure à la batterie, il faut dis-
poser les éléments à la suite les uns des autres, le zinc du
2e élément relié au platine du 1er, le zinc du 3e au platine du
2e, etc. Ce mode d'union était celui qui convenait le mieux pom-
mes expériences, car en plaçant les éléments à côté l'un de
l'autre, de manière à combiner entre eux tous les pôles zinc et
de même tous les pôles platine, l'action obtenue était moins
énergique.
Dans les expériences relatives à l'induction voltaïque, où la
spirale primaire était plus courte, les deux modes d'union produi-
saient le même effet.
Le mode de liaison {a avec le diapason et b avec le cylin-
DES COL'BAMS GALVAMQCES d'lNDUCTIO.N. 311
dre, ou a avec le cylindre et h avec le diapason) n'a d'influence
que sur les interruptions ^ comme on le verra plus loin.
h. Les interruptions, dont il a déjà été dit quelques mots
ci-dessus, méritent bien de faire l'objet d'un examen spécial.
Ainsi que nous l'avons indiqué, elles sont surtout nombreuses
dans la 2c^t- période de la décharge de fermeture, lorsque
b est relié au cylindre et a au diapason. Quand on se sert de
papier vélin , sur lequel les interruptions sont très longues (quel-
ques-unes de 3 vibrations) , on voit distinctement , pendant l'expé-
rience, de la lumière électrique voltiger à la surface du papier,
ce qui ne serait pas possible si l'électricité choisissait le chemin
le plus court entre la pointe du diapason et le cylindre. De plus, —
et ce fait est en relation évidente avec le premier, — il n'est pas
rare de trouver en pareil cas-, sur le noir de fumée, une ligne
ou trace granuleuse et mate , visible sous une incidence oblique
de la lumière, et s'étendant sur une partie plus ou moins consi-
dérable de riuterruptiou, jusqu'à l'endroit de l'étincelle précédente,
surtout lorsque celle-ci a percé dans le papier un trou relativement
grand. La trace mate a le même aspect que si, jusqu'à une cer-
taine distance, de l'électricité avait afflué de chaque point de la
sinusoïde vers le trou : partout elle part manifestement , en se diri-
geant à peu près par le chemin le plus court , du côté des vibra-
tions tourné vers le trou.
Quand on renverse le courant induit, en reliant le bouton
h au diapason et a au cylindre, ce sont les décharges d'ou-
verture qui offrent le plus d'interruptions {v. PI. III), tandis
que dans le cas précédent elles se montraient surtout dans la
décharge de fermeture. La décharge figurée sur la PI. III peut
donc , en ce qui concerne les interruptions, passer aussi
bien pour une décharge d'ouverture que pour une décharge de
fermeture. Or on sait, d'autre source, que le courant d'induction
auquel donne lieu la fermeture a une direction opposée à celle du
courant induit à l'ouverture du circuit primaire, de sorte qu'il est
certain que la décharge présente d'autres interruptions lorsque
Télectricité se rend de a, à travers le cylindre, vers le diapason ,
312 A. NYLAND. SUR LA DUREE ET LA MARCHE
que lorsqu'elle prend le chemin opposé. Il est d'ailleurs aisé de
comprendre que le cylindre , vu la grande étendue de sa surface ,
doit exercer une certaine influence. Après avoir façonné en pointe
aiguë les extrémités G et S des deux conducteurs d'égale lon-
gueur a G et h S, je les mis en contact avec le cylindre entier.
En d'autres termes: je laissai enregistrer les deux élec-
trodes a et b. A la fermeture du courant primaire, on obtient
alors deux tracés à côté l'un de l'autre, et de même à l'ouver-
ture (v. PL IV). Or, entre le tracé de a et celui de hj on ne
distingue, quant à l'aspect des étincelles, absolument aucune
difîerence; les interruptions seules sont dissemblables. L'électrode
a donne lors de la fermeture moins d'interruptions que h , mais
elle en donne plus que b lors de l'ouverture. La différence de
chemin et par conséquent l'influence du cylindre se manifestent
ici avec pleine évidence. Du reste , le fait qu'il se produit de très
belles interruptions, d'aussi longue durée que dans la méthode
ordinaire , — mais un peu moins nombreuses, parce que la décharge
entière, à cause de la double résistance du papier , est plus courte
(à côté on enregistrait par la méthode ordinaire) , — ce fait prouve
que le cylindre, qui n'est ici traversé que sur une très petite
partie, n'est pas la cause unique des interruptions. C'est ce que
confirment des expériences postérieures (v. § 8).
L'épaisseur du papier, ainsi que nous l'avons déjà dit, a une
grande influence sur la durée des interruptions , celles ci étant plus
longues sur le papier vélin que sur le mailpapier, tandis que sur
le papier à fleurs elles sont encore plus courtes que sur le tnail-
papier. Dans quelques expériences même , je n'ai pas obtenu une
seule interruption sur le papier à fleurs ; mais alors on voit , à des
distances d'une vibration entière ou d'une demi- vibration, des étin-
celles plus fortes, tranchant sur les étincelles plus faibles qui
les précèdent et les suivent , de sorte que les espaces vides sont
ici remplis par de petites étincelles, ce qui est également une
preuve de périodicité.
L'influence de la force de la batterie ressort des chiffres sui-
vants , relatifs à la durée de la première interruption
DES COURANTS GALV4IVIQUES D INDUCTION.
313
lors de la décharge d'ouverture, dans 4 expériences sur
papier vélin, où l'on employait 1 à 10 éléments de Grove comme
batterie inductrice (v. PI. V, sur laquelle sont figurées deux de
ces expériences).
Durée de la première interruption à l'ouverture,
lèie expér. 2e expér, 3^ expér. 4e expér.
1 élément 0 vibr. 0 vibr. 0 vibr. 0 vibr.
2
4
5
6
7
8
9
10
U
11
2
2îi
2V4.
2V4.
211
1
H
11
m
ii
3
li „
1^4
3/4 „
l'A
l'A "
2^
2 //
2î^
2 //
21
2 //
234
2 //
2%
2è '^
2J
3 //
3
On voit clairement que la durée de la première inter-
ruption est plus grande à mesure que la batterie est
plus forte.
Ces quatre expériences ont été exécutées (deux à deux) direc-
tement l'une après l'autre.
Si les chiffres obtenus dans ces quatre expériences ne sont pas
exactement les mêmes, il faut en accuser probablement le défaut
d'homogénéité du papier ; mais la régularité de leur accroissement ,
à une exception près, démontre complètement le fait avancé.
A la fermeture, l'interruption est, dans ces mêmes expériences ,
plus grande avec 10 éléments qu'avec tout autre nombre plus
faible , mais l'accroissement n'est pas aussi régulier. On doit aussi
tenir compte ici de ce que la décharge de fermeture ne devient
bien visible sur ce papier qu'avec une batterie de 5 éléments, et
de ce que les premières et faibles étincelles (i'. plus haut) ne
limitent pas nettement les interruptions.
c. L'étude des étincelles, à part les interruptions, ne nous
apprend pas grand'chose.
Le nombre des étincelles à la fin de la décharge, sur papier
vélin, est ordinairement de 16 par vibration, tant à l'ouverture
qu'à la fermeture ; sur mailpapier il est de 25 à 30 , et sur papier
314 A. NYLAND. SUR LA DUREE ET LA MARCHE
à fleurs encore plus grand. Au milieu, ce nombre est plus petit,
de sorte qu'il est parfois impossible de savoir où les interruptions
cessent. Dans la plupart des expériences toutefois , après la décharge
en étincelles éloignées l'une de l'autre de 3, 2 ou 1 vibrations,
commence brusquement la décharge en étincelles de 20 par vibration.
L'examen microscopique des différentes étincelles montre que
l'ouverture percée dans le papier est assez grande pour les premières
étincelles de la décharge, plus petite pour les suivantes, surtout
pour celles de la dernière période. Quelquefois les trous sont per-
cés obliquement , quelquefois des fibres du papier ou des particu-
les charbonneuses sont restées adhérer à l'intérieur ; dans les der-
nières étincelles les trous sont douteux , mais on continue à obser-
ver les espaces blancs qui se voient aussi autour des ouvertures ,
grandes ou petites, et qui sont dus à ce que les particules de
noir de fumée ont été projetées et réunies en particules plus gros-
ses , de sorte que la surface blanche du papier est devenue appa-
rente. Le bord des ouvertures est roussi par combustion; cette
partie roussie est visible à l'envers du papier, et toujours la décharge
transporte à travers le papier des particules charbonneuses, qu'on
retrouve sur le cylindre après en avoir enlevé le papier. Contre
la luQiière les ouvertures se voient facilement. Entre deux étincelles
voisines on ne peut observer aucune différence de forme; il est
aussi impossible de distinguer dans quelle direction l'électricité
a traversé le papier. Si l'on retourne le papier sur le cylindre,
de ffiçon que la pointe du diapason écrive sur la face blanche,
il n'en vient pas moins des ouvertures entourées d'une zone blanche
sur la face noircie.
§ 4. IiN'FLUEIS'CE d'une RESISTANCE.
La méthode que nous suivons dans notre étude expérimentale
consiste, au fond, à offrir au courant induit la résistance d'un
papier mince et à conclure, de l'action produite sur celui-ci, la
durée et la marche du courant. Pour savoir quelle est cette durée
lorsqu'il n'y a aucune résistance autre que celle des conduc-
teurs, il faudrait employer une méthode n'apportant absolument
DES COURANTS GALVANIQUES d'iNDUCTION. 315
aucun obstacle à la propagation du courant. M. le professeur
Donders a pu réaliser cette condition à l'aide d'un artifice que
j'ai appliqué également, avec une légère modification. M. Donders
dit (Onderzoekitigen gedaan op het Physiol. Labor. te Utrecht, II,
1868—69, p. 317): ,,Lorsque, la pointe du diapason vibrant
étant en contact avec du métal, l'électricité d'induction peut s'écou-
ler immédiatement et d'une manière continue, la décharge dure
beaucoup plus longtemps , et, 0,1 sec. (24 vibrations) après l'ouver-
ture, il se décharge encore des étincelles lorsque la pointe vient
à passer du métal sur le papier."
Les expériences de M. Donders furent effectuées en enveloppant
le cylindre d'une feuille de tain, recouvrant celui-ci de papier,
et découpant dans le papier, à l'endroit où devaient se faire les
décharges d'ouverture et de fermeture, un triangle rectangle, de
manière à fournir à la pointe traçante un contact métallique.
Dans tous les tours, les premières étincelles des décharges
d'ouverture et de fermeture se trouvaient, sur une ligne parallèle
à l'un des côtés de l'angle droit, à une petite distance en avant
ou à l'intérieur des triangles respectifs^ et la pointe quittait le
triangle du côté de l'hypothénuse, après un contact métallique
dont l'étendue augmentait successivement, depuis le premier
tour, qui correspondait au sommet de l'angle aigu, jusqu'au
dernier.
Afin de pouvoir faire photographier l'expérience, j'ai supprimé
le tain , qui devait servir à rendre les vibrations visibles , et je
me suis borné à découper, à l'aide d'un couteau bien tranchant ;
des triangles dans le papier enfumé, aux endroits indiqués
ci-dessus. La pointe aiguë du diapason, tout eu continuant
d'appuyer, passait alors du papier sur le cuivre et repassait ensuite
sur le papier, sans déchirer celui-ci. Même sur le papier à fleurs
l'expérience réussissait toujours très bien.
Le résultat de cette trouée faite dans le papier est donc que,
lors de la décharge et pendant un temps plus ou moins long , le
courant n'éprouve aucune résistance. Le plus sûr est de laisser
tomber sur le papier au moins les premières et les dernières étin-
316 A. IVYLAND. SUR LA DUREE ET LA MARCHE
celles; alors il n'y a pas de doute relativement à la durée ^ car^
à Taide des vibrations qui précèdent et qui suivent , on peut déter-
miner, avec un degré suffisant de précision, le nombre des vibra-
tions invisibles que la pointe du diapason a exécutées sur le cuivre.
L'expérience est figurée, avec ses résultats, sur la PI. VI.
Dans le cas du courant induit de 4 bons éléments de Grove,
lequel, sur papier vélin, à l'ouverture du circuit primaire, dure
pendant 6^ vibrations, le contact métallique produit l'effet suivant:
Décharges d'ouverture.
vibr. sui' métal 4 y2 vibr. sur papier, ensemble 7 vibr.
H II II 4 ^l<^ Il II II II 8 ^l'z II
Il II II 3 ^4 " " " " 12 "
Il II II 3 // // // // 12 //
// // // 3 // // // // 13 //
// // // 2% // // // // 14 //
// // // 11^ // // // // 21 !4 //
// // // 1 // // // // 24 //
// // // y^ " " " " 29'/^ //
// // // 1/2 // // // // 26% '/
%
vibr.
sur
papier
2
%
Il
//
'/
31/2
%
II
//
II
8
%
II
//
II
8%
%
"
'/
II
9 14
%
II
//
II
11
%
r
//
II
19
1
II
//.
II
22
1
II
//
II
28
1
II
//
II
25
1
II
//
II
27
28%
11 résulte de ces expériences, surtout des dernières, que le
courant, là où il est sans résistance, dure presque 5 lois
aussi longtemps.
Sur papier à fleurs, où l'expérience fut appliquée tant aux
décharges d'ouverture que de fermeture, la durée de la décharge
était, dans les deux cas, de 16 vibrations, et le contact métallique
avait l'effet suivant:
Décharges de fermeture. Décharges d'ouverture.
Siu- papier. Sur métal. Sm- papier. Ensemble. Sur papier. Siu- métal. Siu' papier. Ensemble.
1 vibr. 2 Va vibr. 13 vibr. 16 1/2 vibr, 1 vibr. 1 vibr. 1 1 Ya vibr. 1 6 y^ vibr.
Va
// 6
//
12 /
18%
//
%
II
3%
//
12
Il m^
y2
// 10
'/
10 /
' 20%
//
%
II
7
//
10
" im
%
// 10%
II
10
/ 21
II
%
II
9
//
9
Il 18%
%
// 12
II
7
' 19%
II
%
II
14
//
6
// 203^
¥2
» 15
II
6 /
21%
II
%
II
17%
//
5
// 2314
%
// 16
II
5 /
/ 21%
II
%
II
18
'/
5
// 2334
DES COURANTS GALVANIQUES D INDUCTION.
317
Une autre série crexpérieiices sur papier vélin, où le triangle
était coupé de telle sorte que , dans les premières expériences , la
1ère étincelle tombait sur cuivre, et dans les suivantes sur papier ,
me donna les résultats suivants:
Décharges d'ouverture.
Sur papier.
Siu-
métal.
Sur
papier.
Ensemble.
0 vibrations.
r4 vibrations.
51/2 vibrations.
5%
vibrations,
0
1%
If
51/4
Il
^^3/i
■
0
2%
II
5
II
7y2
II
0
3'/3
II
4
II
7X
»
0
4y2
II
4
II
8%
II
0
7
II
31/2
II
ioy2
II
0
8
II
3%
II
11%
II
Sur le bord.
9%
II
3
II
121/2
,1
% vibrations.
91/2
II
2%
II
1214
„
Va
18
i>
2
II
20%
II
%
151/2
il
2
II
18
II
1 //
15
II
2
II
18
II
1 //
17
II
2
II
20
II
11^
20
II
2
II
2314
II
114
21%
//
1%
II
2414
II
1%
25
1'
%
II
27
II
Ces expériences nous apprennent deux faits:
P. Lorsque la résistance esti=0 le courant
dure plus longtemps: 5 fois aussi longtemps qu'avec la
résistance du papier vélin, et au moins 1% fois aussi longtemps
qu'avec la résistance du papier à fleurs. Ce fait pouvait être prévu ,
car nous savions déjà que le même courant de 4 éléments dure
6^^ vibrations sur papier vélin et 16 vibrations sur papier à fleurs.
2". Le courant d'ouverture et celui de ferme-
ture ont la même durée. C'est ce qu'indiquaient déjà toutes
les décharges, mais l'expérience actuelle sur papier à fleurs , avec
résistance nulle, le démontre de nouveau.
Ces deux faits soulèvent naturellement les questions suivantes :
Quelle idée doit-on se faire de la décharge pour expliquer le
premier fait et , en même temps , cet autre , trouvé précédemment ,
318 A. NYLAND. SUR LA DUREE ET LA MARCHE
que la première interruption est plus longue à mesure que la bat-
terie devient plus forte?
Comment le second fait peut-il s'accorder avec la théorie ordi-
naire^ d'après laquelle toute Faction du courant induit à l'ouver-
ture est plus énergique que celle du courant de fermeture ^ p a r c e
que la durée est plus courte?
Je ne hasarderai pas d'hypothèses relativement à la première
question ; attendu que cela a été fait avant moi par d'autres;
c'est un point sur lequel nous reviendrons dans nos conclusions.
La réponse à la seconde question a déjà été donnée ci-dessus.
(v, p, 306.)
A côté de ces expériences se place la suivante de M. Donders ,
dans laquelle la résistance zéro est remplacée par celle du mica.
Quand on colle sur le papier des triangles de mica, de manière
que la pointe du diapason glisse sur le mica pendant une fraction
de plus en plus grande de la décharge, le courant s'abrège à
mesure que la résistance du mica dure plus longtemps. Dans une
expérience sur papier vélin, où la décharge d'ouverture de 4 élé-
ments de Grove durait pendant 7 vibrations , 3 vibrations sur mica
étaient suffisantes pour supprimer le reste de la décharge.
La résistance ordinaire dont j'ai fait usage est la r é s i s t a n c e
de l'air entre les deux pointes d'un micromètre à étincelles,
introduit dans le fil conducteur qui relie a ou b au diapason. Avec
cette résistance il a été fait un grand nombre d'expériences, qui
ont fait ressortir clairement trois faits principaux, savoir:
Inaction mécanique plus intense de la décharge
d'ouverture;2"un retard qui croît avecla résistance;
3** l'influence du condensateur.
On a employé ici le Euhmkorff complet, quoique d'abord sans
condensateur, et 4 éléments de Grove. Le micromètre à
étincelles était introduit dans le fil conducteur allant de b au
diapason. L'instant de l'ouverture ou de la fermeture du cou-
rant primaire était toujours enregistré avec une distance micromé-
trique = zéro.
DES COURANTS GALVANIQUES F) L\I>U(yriOIV.
319
Pour les décharges d'ouvert u r e on obtint sur papier vélin
les chiffres suivants:
Distance des pohites. Durée de la décharge. Retard.
6.4 vibrations. 0,05 vibrations.
4.8 // 0,05
4.5 // 0,05 //
4 /' 0,05 //
4,3 // 0,05
3.2 // 0,05
3,2 // 0,06 //
2 // 0,06
2,5 " 0,12
2,5 " 0,15 ff
1.5 // 0.32 //
1.9 // 0,33
1,8 // 0,35
1.6 // 0,44
1,5 // 0,51
1,2 /' 0,60
0,5 // 0,72
0,25 // 0,68
0,50 // 0,74 //
1 étincelle. 0,74 //
0,2 vibration. 0,74 //
1 étincelle. 0,70 //
1 // 0,70
rien. — //
0
millim
1
//
2
II
3
II
4
II
5
If
6
II
7
>'
8
1'
9
II
10
»
11
II
12
II
13
II
14
II
15
II
16
II
17
II
18
II
19
II
20
II
21
II
22
II
23
II
La durée des décharges croît donc à mesure que
la résistance augmente, mais non pas dans le même rap-
port. Si l'on prend les résistances pour abscisses et les durées
pour ordonnées, on obtient une ligne de forme parabolique.
Le retard croît avec la résistance jusqu'à un maximum
d'environ ^ de vibration, après quoi il ne paraît pas augmenter
davantage , comme on peut le voir plus haut et comme il résulte
d'ailleurs de toutes les autres expériences. On pourrait croire qu'il
s'agit ici, au lieu d'un retard, de la non-observation de la première
étincelle; mais, pour la décharge d'ouverture, cela n'est pas pos-
sible, vu qu'ici la première étincelle est la plus forte et la seule
320 A. NYLAIVn. SUR LA DUREE ET LA MARCHE
qui passe jusqu'à ce que la résistance atteigne 23 millimètres d'air.
Kelativement à ces résultats^ on ne doit pas oublier que la
résistance se compose ici d'une partie croissante, due à l'air, et
d'une partie constante, due au papier (en négligeant la résistance
habituelle, celle du fil conducteur).
Les décharges qu'on obtient en introduisant cette résistance res-
semblent parfaitement aux décharges ordinaires, pour ce qui con-
cerne les interruptions, le nombre des étincelles, etc.
Lorsque le micromètre à étincelles est placé entre b et le cylin-
dre, on n'observe d'abord aucune différence , mais , avec une résis-
tance plus grande, on conserve la décharge unipolaire constante
de a (v. plus loin), ce qui était à prévoir.
La décharge de fermeture, qui, sur ce papier vélin,
avec une distance microraétrique = 0, dure pendant trois vibra-
tions, est déjà entièrement supprimée par une résistance de
2 millimètres. Avec 1 millimètre de résistance j'obtenais encore,
parfois, une étincelle unique. C'est là une différence capitale avec
la décharge d'ouverture, qui est en état de vaincre une résistance
d'air de 22 millimètres.
Mais il ne suffit pas d'avoir reconnu le fait de la prompte
cessation des décharges de fermeture, il faut encore voir quelles
sont les étincelles qui disparaissent les premières, afin d'en tirer
des conclusions relativement à la marche du phénomène.
A cet effet, portons le micromètre à étincelles à des distances
plus petites que 1 et expérimentons sur le papier à fleurs. Avec
3 éléments de Grove on obtient alors les résultats suivants:
Décharges d'ouverture. Décharges de fermeture.
Distance
des pointes. Durée. ^ Retard.
0 millim. 8 Va vibrât. 1/20 vibrât.
14. // 41/2 " 1/20 "
2/4 // 4 // 1/20 /'
^ I ', " 4' // 1/20 " " —
'^ / 4 // 3 // ^ 1 2 0 " "
De ces expériences et de beaucoup d'autres il résulte donc
que la décharge de fermeture, longue de une vibration, qui se
Durée.
Retard.
8 f,i vibrât.
1/20 vibrât.
1
rien.
1/3 „
nES COURANTS GALVANIQUES d'iNDUCTION. 321
produit encore avec %, de millim. de résistance d'air, est répartie
sur la première et sur le commencement de la seconde vibration,
d'où Ton peut conclure que la décharge ordinaire de S% vibra-
tions a atteint son maximum après une demi-vibration environ,
ainsi que nous l'avons déjà avancé précédemment, (v. p. 307.)
Les décharges d'ouverture commencent ici, comme partout,
par une forte étincelle.
Ces expériences avec 3 éléments de Grove montrent les décharges
d'ouverture comme très faibles, mais, quant à la durée, en
cas de distance micrométrique zéro, comme aussi
longues que les décharges d'ouverture.
Avec 10 éléments de Grove elles sont plus intenses et peuvent
déjà vaincre une résistance d'air de 5 millimètres.
Voici les résultats sur papier à fleurs:
Décharg
es d'ouverture.
Décharges c
le fermeture.
Distance
des pointes.
Durée.
Retard.
Durée.
Retard.
1 milliin.
15
vibrât.
W20
vibrât.
13 vibrât.
1/20 vibrât.
2 //
10
Il
'/20
Il
71/2 /'
2/2 0 "
3 //
10
II
^' 2 0
II
7 "
3/20 "
4 /'
9
it
M20
>'
7 "
*/2 0 "
5 f
6 /'
8
8
II
^/20
II
0% //
rien
V20 "
II
*/io
II
1 " 1 " ^1 10 " " ■ ~
On voit que la décharge de fermeture, qui avec 5 millim. de
résistance d'air s'étend encore sur Q% vibrations, s'arrête brus-
quement pour une résistance plus grande; c'est là un fait très
caractéristique.
En outre, cette décharge, qui, étudiée sans résistance d'air,
ne montre pas d'interruptions proprement dites , mais des étincelles
périodiquement plus fortes, commence, en cas de résistance de
1, 2, 3, 4 et 5 millim. d'air, par 5^ vibration d'étincelles faibles et
croissantes, et offre alors, pendant 4 vibrations, des interruptions
telles qu'on ne trouve qu'une couple d'étincelles par vibration ;
ensuite, il vient encore, sur une longueur de 2 à 2% vibrations,
des étincelles serrées les unes contre les autres, d'environ 20 par
Archives Néerlandaises. ï. V. 21
322
NYLAND. SUR LA DUREE ET LA MARCHE
vibration. Ces deux faits corroborent ce que nous avons dit antérieure-
ment de la division du courant de fermeture en 3 périodes.
Lorsqu'on exécute les mêmes expériences avec le conden
sateur^ on observe deux grandes différences. D'abord on peut
pousser la résistance beaucoup plus loin lors de la décharge
d'ouverture, et ensuite le retard est beaucoup plus petit.
Pour introduire le condensateur dans le circuit primaire, on a
relié le bouton de cuivre C avec D, et B avec A.
Avec une batterie de 4 éléments de Grove j'ai fait, à une demi -
heure d'intervalle, les deux expériences suivantes sur papier à
fleurs; à ce moment, la batterie était déjà en action depuis 5
heures, de sorte que sa force ne peut avoir varié beaucoup pen-
dant ces deux expériences.
Décharges d'ouverture.
Sans condensateur.
Avec (
îonden
Lsateur.
Distance
des pointes.
0 millim.
Durée.
13 vibr.
Retard.
0,05 vibr.
Distance
des pointes.
0 millim.
Durée,
13 vibr.
Retard.
0,05 vibr.
2
Il
5%
Il
0,05
II
2
II
5%
II
// //
4
II
4
II
0,07
'1
4
II
4%
II
// //
6
II
31/2
II
0,10
II
6
II
31/2
II
// //
8
II
3
II
0,14
II
8
II
3
II
// //
10
ti
2%
II
0,10
II
10
II
22/.
"
// //
12
II
2
II
—
II
12
II
2
II
//
14
II
1%
II
0,13
II
14
"
1%
II
// //
16
II
1
II
0,!2
II
16
II
1%
II
// //
18
II
1
II
0,20
II
18
II
1%
II
// //
20
II
%
II
0,27
H
20
"
1%
II
// //
22
II
'/«
II
0,42
II
22
II
Mi
II
// //
21
II
une étinc.
0,48
II
24
II
1^/4
II
// //
26
II
rien.
II
26
28
30
32
34
36
38
40
II
II
II
II
II
II
1
1
%
%
%
y^
Va
'/s
II
II
II
II
II
II
II
// //
0,09 //
— Il
0,09 //
0,10 //
0,10 II
0,10 //
42
II
une étinc.
0,10 //
44
II
Il
— //
DES COURANTS GALVÂ.MQUES I) INDUCTION.
823
Le condensateur accélère donc le courant
d'ouverture, prolonge sa durée et lui fait vaincre
une plus grande résistance.
Les décharges de fermeture cessèrent complètement, dans les
deux cas, pour une résistance de 2 millimètres.
Sur papier vélin, avec 4 éléments plus forts, j'obtins les
nombres suivants :
Décharfres d'ouverture.
Sans condensateur.
A^
rec
condensateur.
Distance
Distance
des pointes.
Durée.
Retard.
des
pointes.
Durée.
Retard.
25 millim.
une étinc.
0.62 ribr.
25
millim.
1
vibr.
0,17 vibr.
30 //
rien.
— //
30
Il
2
étinc.
0,14 1'
35 /'
Il
— //
35
II
Il
— //
40
II
II
0,20 //
45
II
II
0,22 /'
50
„
II
0,20 /'
55
II
II
0,21 1'
60
II
II
0,20 //
65
II
,1
0,25 /'
nombres d'où les conclusions tirées plus haut ressortant avec
encore plus de force.
§ 5. COURANTS d'induction RENFORCES
PAR UNE BOUTEILLE DE LEYDE (voir PI. YIII).
Le renforcement des décharges des courants d'induction par
une bouteille de Leyde est un fait connu.
Dans mes expériences, la bouteille était placée entre a et h
{y. PI. I), de telle sorte que (/ communiquait avec l'armature
extérieure de la bouteille et h avec l'armature intérieure, ou
vice-versâ, ce qui n'amène aucune différence.
L'électricité induite qui vient des extrémités a et h de la spirale
secondaire se répand alors sur les armatures de la bouteille, —
celle de a sur l'armature extérieure, celle de h sur l'armature
intérieure , — où elle se condense : mais immédiatement après
elle se décharge , par les conducteurs a G et /^ S , entre la pointe
du diapason et le cylindre. Elle ne retourne pas dans la
spirale secondaire; c'est ce qu'établissent les expériences.
21*
324 A. NYLANI). SUR LA DUREE ET LA MARCHE
Ces décharges sont beaucoup plus fortes que les décharges
ordinaires^ bien qu'elles aient une durée au moins égale. Les
étincelles individuelles ont un autre aspect: elles sont plus
irrégulières, et les espaces blancs autour des ouvertures sont
beaucoup plus larges et se confondent entre eux. Les ouvertures
ont aussi un tout autre caractère : si , précédemment , elles
paraissaient comme brûlées , maintenant elles ressemblent à des
trous percés dans le papier au moyen d'une pointe aiguë, et
autour desquels le papier montrerait un bord relevé; ce bord est
relevé aussi bien à l'ouverture qu'à la fermeture du courant
primaire et soit que a ou h communique avec le diapason , de
sorte qu'on serait conduit à penser que l'électricité a toujours
marché du cylindre, à travers le papier, vers la pointe du
diapason , ce qui pourtant ne peut avoir été le cas. Mais on doit
être prudent dans les inductions sur la direction, car il y a ici
encore autre chose à voir. Les étincelles sont liées entre elles;
on dirait que chaque étincelle a une queue qui l'unit à la suivante,
parfois à une suivante qui n'a pas percé de trou; de sorte qu'il
semblerait que l'électricité qui arrive perce une ouverture et que celle
qui marche en sens opposé prend son chemin par cette même
ouverture.
Le nombre des étincelles est, sur papier vélin, plus petit que
dans les décharges sans bouteille de Leyde, mais nous avons
ici une autre distribution. D'abord, il n'y a pas d'interrup-
tions, de sorte que la décharge sur mailpapier, par exemple,
commence immédiatement par des étincelles au nombre d'une
vingtaine sur chaque vibration ; ce nombre devient plus petit
vers la fin de la décharge, et les dernières vibrations ne comptent
que 6 ou 8 étincelles, ou moins encore. Au contraire, sans
bouteille dans le circuit, les décharges montrent, dans le même
cas, beaucoup d'interruptions et un nombre d'étincelles qui croît
vers la fin.
Le papier à fleurs, sur lequel j'enregistrai avec et sans bouteille
de Leyde, au moyen de 5 éléments de Grove, accusait aussi
cette différence très-distinctement:
DES COURANTS GALVA.MQUES d'iNDUCTION. 325
Décharges d'ouverture.
Avec bouteille de Leyde. Sans bouteille de Leyde.
Durée totale. Nombre d'étincelles. Durée totale. Nombre d'étincelles.
14 Va vibr. sur la 1^ vibr. 24i 18 vibr. sur la le vibr. 10
// // 3e // 21 // // 3e ,/ 12
// // 7e // 20 // // 7e ,/ 20
// // 12e „ 12 ,/ „ 12e „ 24-
// // dernière // 8
Décharges de fermeture.
Avec bouteille de Leyde. Sans bouteille de Leyde.
Durée totale. Nombre d'étincelles. Durée totale. Nombre d'étincelles.
13 vibr. sur la le vibr. 30 environ. 12^^ vibr. sur la le vibr. 30 environ.
3e ,/ 30
7e // 30
12e . 12
3e // 30
7e // 30
12e „ 40
Dans les décharges d'ouverture sans bouteille de Leyde ou
voit en outre quelques étincelles plus grandes que les autres,
mais dans celles avec bouteille de Leyde les étincelles décroissent
régulièrement en grandeur et en nombre.
Le retard est à peu près le même dans les deux cas.
La durée totale des décharges est, avec bouteille de Leyde,
un peu plus longue, ainsi qu'il ressort des chiffres ci-dessus.
Lorsqu'on introduit un micromètre à étincelles dans la partie b S
du circuit, les décharges de fermeture s'arrêtent. La décharge
d'ouverture donne un coup intense et marque sur le papier un
petit nombre d'étincelles, entourées de larges espaces d'un blanc
mat; avec 25 millimètres de distance des pointes et sans con-
densateur, il ne passe plus qu'une seule de ces étincelles, qui
est en retard de ^ . de vibration. Cette décharge est incapable
de vaincre une résistance plus grande, tandis que la décharge
sans bouteille de Leyde pouvait surmonter , dans ce cas , une
résistance de 40 mm. d'air et avait alors le même retard.
En résumant les résultats , nous voyons que les décharges avec
bouteille de Leyde dans le circuit sont plus intenses, qu'elles
n'ont pas d'interruptions, qu'elles sont un peu plus
longues que les décharges ordinaires , que le nombre d'étincelles
326 A. NYLANU. SUH LA DUHÉK ET LA MARCHE
est plus petit et diminue vers la fin de la décharge, et que
celle-ci est moins apte à vaincre la résistance de l'air.
11 n'y a d'ailleurs rien d'étonnant à ce que ces décharges s'éloignent
tant des décharges ordinaires, car nous avons affaire ici à un phéno-
mène tout différent : l'électricité s'accumule d'abord sur les armatures
de la bouteille de Leyde, et ce n'est qu'ensuite qu'elle se décharge.
§6. influence reciproque des courants
d'ouverture et de fermeture.
La méthode suivie dans nos recherches est combinée de manière
à maintenir toujours séparées les décharges d'ouverture et de
fermeture, afin de pouvoir les étudier chacune à part. Quant à
ce qui doit arriver lorsque les deux courants peuvent agir l'un
sur l'autre, il est possible de le prévoir jusqu'à un certain point ;
car, de quelque manière qu'on se représente les actions d'induc-
tion, celles qui se manifestent à l'ouverture du courant primaire
doivent toujours être en sens contraire de celles auxquelles
donne lieu la fermeture de ce courant, de sorte qu'on peut
s'attendre, dans ces expériences, à une neutralisation ou un
renversement réciproque. Lorsqu'on ferme par exemple le circuit
primaire, le noyau devient magnétique et induit un courant dans
la spirale secondaire; si alors on ouvre le circuit avant que le
noyau ait pris le maximum de magnétisme, il se produit un
renversement on une destruction totale ou partielle du magnétisme
et par conséquent aussi du courant induit. La question est seule-
ment de savoir avec quelle rapidité ce renversement ou cette
destruction de courants peut se faire.
En collant des bandelettes de papier sur le cuivre , ou de tain
sur l'ivoire de l'anneau du cylindre, je réussis aisément à faire se
succéder l'ouverture et la fermeture en un temps moindre que celui
qui est nécessaire aux courants pour s'écouler. La décharge
ordinaire d'ouverture de 10 éléments de Grove, de force médiocre ,
durait sur mailpapier 8 vibrations, et la décharge de fermeture
6 vibrations, tandis que l'ouverture avait lieu parfois moins d'une
vibration après la fermeture.
DES COURANTS GALVANIQUES u'iNDUCTION. 327
Lorsque la rupture du circuit primaire s'effectuait y^ vibration
après la fermeture, la fin de la décharge de fermeture et toute
la décharge d'ouverture étaient perdues; lorsque la rupture s'opérait
après ^ de vibration, j'obtenais pendant^ vibration des étincelles
d'ouverture. Il en était de même dans le cas opposé: en fermant
de nouveau, 2 vibrations après l'ouverture du circuit primaire,
rien ne se produisait sur le papier; en fermant après 3 vibra-
tions, j'obtenais pendant 2 vibrations des étincelles de fermeture,
qui apparaissaient très rapidement. Les étincelles d'ouverture
décroissent rapidement par le renversement, et V20 ^^ vibra
tion après la dernière et très petite étincelle
d'ouverture se montre déjà la première étincelle de ferme-
ture, de sorte que le passage d'une décharge à l'autre a lieu
en V20 cle vibration.
Le tableau suivant présente une série passablement régulière
(ce qui du reste ne s'obtient pas à volonté par cette méthode) :
ï'ermer après une dccLarge d'ouverture de 2 vibr. donne rien.
// // // // // // 3 // // 2 vibr. de déch. de ferm.
// // // // // // 3 y
8
II
'A
II
1^/20 "
10
II
% //
1 1/20
II
10
II
'k
II
1^/20 "
12
Il une
étincelle
1-^/2 0
II
12
II
'A
II
1^/20 "
14
// //
II
13/20
II
11
Il une
étincelle
lij.^Q II
16
// //
II
13/20
II
16
// //
II
15/20 »
18
II
rien
18
//
rien
La décharge de r/fait, entre 4 et 6 millimètres de distance des
pointes , un saut en durée et en retard , ce qui est dû à ce que
la 1ère partie (voir ci-dessus) disparaît à ce moment, après avoir
déjà subi une rédaction dans les décharges précédentes. La même
chose a lieu pour la décharge de b lorsque la distance des pointes
passe de 6 à 8 millimètres.
330 A. NYLAIND. SUR LA DUREE ET LA MARCHE
Avec le condensateur, l'induction unipolaire est capable
de vaincre une résistance de 38 millimètres. On voit alors se
reproduire les propriétés du condensateur dont il a été parlé p. 322.
§8. IMAGES UES ÉÏIJNCELLES DE DECHARGE.
(Voir PI. IX et X).
Par une légère modification de la méthode habituelle, je suis
parvenu à obtenir sur le papier de très belles images des diffé-
rentes étincelles de la décharge des courants d'induction, images
qui offrent de l'intérêt, comme formant la contre-partie de celles
de Feddersen.
Lorsqu'on laisse écrire sur le cylindre, ainsi que nous l'avons
déjà fait au §36, les deux extrémités , terminées en pointe aiguë ,
de la spirale induite, le courant est enregistré par une double
série d'étincelles. Le courant passe alors d'une des électrodes, par
le papier, par une partie du cylindre et de nouveau par le papier ,
dans l'autre électrode, ou vice-versâ.
Mais lorsque les extrémités sont assez rap-
prochées pour que l'électricité préfère cheminer
au-dessus du papier plutôt que de le traverser deux
fois, alors , surtout si les électrodes ont leurs pointes tournées l'une
vers l'autre, l'électricité s'écoule entre elles en rasant la surface
du papier, et elle est forcée d'imprimer sa route dans le noir
de fumée. Chaque étincelle marque ainsi sa trace, et la décharge
entière se traduit par une série d'images.
Cette trace est composée de trois parties. La partie moyenne
figure une ligue noire très fine, formée par de la suie restée en
place, ainsi qu'on le reconnaît facilement au microscope; départ
et d'autre de cette ligne, et perpendiculairement à sa direction,
la suie a été chassée, de sorte que deux bords blancs limitent
la ligne noire. On dirait, d'après cet aspect, que l'étincelle elle-
même est sans action mécanique, mais que celle-ci est due à
l'air échauffé, qui s'échappe des deux côtés, en enlevant la suie.
Quand on tourne très rapidement, chaque décharge d'ouverture
et de fermeture est analysée en une série de ces images d'étincelles.
Les décharges, qui se font sans bouteille de Leyde dans le
DES COURANTS GALVANIQUES d'iNDUCTION. 331
circuit induit^ commencent par une étincelle unique; vient alors
une interruption de quelques vibrations , puis une série de plusieurs
étincelles très rapprochées. Ces longues interruptions doivent être
attribuées en partie à des étincelles qu'on voit jaillir à une certaine
distance du papier, entre d'autres points que les extrémités des
électrodes, en dépit de ce que celles-ci offrent à l'électricité le
chemin le plus court.
Lorsqu'on place les électrodes écrivantes à une distance telle
que la résistance à travers le papier et le cylindre soit égale à
la résistance à travers la suie qui recouvre le papier, on obtient
des décharges alternatives. Celles qui traversent le papier sont
marquées, de même que plus haut au §36, par de petits trous,
entourés chacun d'un espace blanc et disposés sur les lignes
droites que tracent les électrodes; les décharges qui rasent le
papier sont indiquées par les trois parties décrites ci-dessus. On
peut de cette manière obtenir des alternatives dans une seule et
même décharge, et alors on reconnaît bientôt que la ligne noire
remplace le trou , tandis que les bords blancs représentent la zone
blanche circulaire qui entoure le trou.
Quand on introduit une bouteille de Leyde dans le circuit
induit, les étincelles deviennent beaucoup plus fortes, mais elles
donnent du reste les mêmes images. Ces décharges consistent en
étincelles sans interruptions (Voir p. 324) , de sorte qu'elles se
montrent très régulières, sous forme d'une série de figures ellip-
tiques, qui se dessinent surtout nettement lorsque les pointes
écrivantes ne font que toucher légèrement le papier. Quand les
pointes n'écrivent pas, mais sont à une très petite distance de la
surface enfumée qui tourne au-dessous d'elles, on obtient, au lieu
d'ellipses, des bandes d'un blanc mat, qui ressemblent parfaite
ment aux figures données par M. Feddersen de la décharge d'une
bouteille de Leyde chargée d'électricité statique (Voir PL VII,
fig. 20, dans Poqg. Ann. CXIII). Si l'on place les pointes très
près l'une de l'autre sur le cylindre , on obtient , en tournant très
rapidement , des figures plus circulaires , parce que la ligne noire
et les bords blancs s'élargissent.
332 A. NYLAiND. SUR LA DUREE ET LA MARCHE
Pour avoir des images bien belles et bien grandes, je fis par-
courir à rélectricité des chemins plus longs. A cet effet , je recou-
vris le cylindre de papier épais, de façon que, même en écartant
beaucoup plus les électrodes entre elles (à 1 centimètre), l'élec-
tricité n'en passât pas moins à la surface du papier, au lieu
de le traverser. La durée des décharges diminue dans ce cas,
et de même le nombre des étincelles , mais celles-ci sont beaucoup
plus longues et plus larges. Tantôt l'image de chaque étincelle
composée de trois parties parallèles, reste entière et forme
une ligne en zigzag, une ligne ramifiée ou une ligne courbe;
tantôt elle se résout en deux portions symétriques, ou parfois
non symétriques, qui représentent deux flammes dirigées l'une
vers l'autre.
Quelque belles et détaillées que soient ces figures, il m'est
impossible d'indiquer, dès à présent, les faits qui peuvent être
regardés comme constants. La forme des électrodes , leur distance
mutuelle, leur pression plus ou moins forte sur le papier, etc.
ont une trop grande influence , pour qu'on puisse esquisser l'image
dans ses traits généraux. Les figures des PI. IX et X ne font
connaître que quelques formes particulières.
Il est certain que ces images ne le cèdent en rien à celles de
Feddersen en finesse de détails, de sorte que j'ai l'intention
d'exécuter par la même méthode, mais avec des appareils per-
fectionnés, toute une nouvelle série d'expériences.
Observation générale. Le lecteur pourrait objecter que
tous les faits énumérés jusqu'ici traduisent peut-être très exactement
les propriétés du grand inducteur de Ruhmkorff dont j'ai fait
usage, mais non les propriétés des courants galvaniques induits
en général. Pour le tranquilliser, je dirai que j'ai aussi expéri-
menté avec un plus petit inducteur de Ruhmkorff et avec l'appa-
reil à traîneau de du Bois-Reymond , et que ces expériences ont
fourni des résultats analogues; mais ces inducteurs avaient une
action trop faible pour que les courants pussent être étudiés
convenablement dans toutes les circonstances.
DES COURANTS GALVANIQUES d'iNDUCTION. 333
RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS.
En renvoyant pour les nombreux détails aux pages précédentes ,
je rappellerai ici brièvement les faits principaux qui ont été mis
au jour.
l'^. Les courants dus à l'induction voltaïque pure
sont très faibles (à peine sensibles pbysiologiquement) , et durent ,
sur papier à fleurs, 0,002 seconde à la fermeture et 0,0013 seconde
à l'ouverture. Dans ces expériences, la batterie inductrice se
composait de 10 éléments de Orove, la spirale primaire de 30
mètres de fil de cuivre épais de 2\ millim. et recouvert de soie;
la spirale secondaire était celle du grand inducteur de Rubmkorff.
Ces décharges se composent , de même que toutes les suivantes ,
d'étincelles séparées; le retard de la décharge, c'est-à-dire le
temps qui s'écoule entre l'ouverture ou la fermeture du courant
primaire et la première étincelle du courant d'induction, est un
peu moindre à l'ouverture qu'a la fermeture, — inférieur , dans les
deux cas, à ^V ^® vibration (1 vibration = ^iu ^e seconde).
2°. Lorsqu'on introduit des noyaux de fer dans cette
spirale primaire, les courants induits deviennent beaucoup
plus énergiques et de plus longue durée. Un barreau de 82
centim. de longueur et 2,2 centim. d'épaisseur donne, avec la
même batterie inductrice, des courants qui, sur papier à fleurs,
durent 10 vibrations à la fermeture et 10^ vibrations à l'ouverture.
Le retard de la décharge est de nouveau plus court lors de l'ou-
verture que lors de la fermeture. Les courants d'ouverture peuvent
traverser une couche d'air de 14 millim., ceux de fermeture une
couche de 6 millim. seulement. Si, à la place du barreau, on
introduit dans la spirale primaire un faisceau de 45 fils de fer
longs de 53 .V centim. et épais de 1 millim. , on obtient des courants
induits de plus courte durée qu'avec le barreau, mais qui repro-
duisent, du reste, les mêmes particularités.
3^ Le Ruhmkorff complet donne les courants les plus éner-
giques et nous apprend les faits suivants:
334 A. NYLAND. SUR LA DUREE ET LA MARCHE
a. Les décbarges se composent de centaines d'étincelles
distinctes, qui , d'abord séparées par des interruptions , se suivent
ensuite régulièrement, en augmentant en nombre et dimi-
nuant en g r a n d e u r. Dans les décbarges d'ouverture c'est
la première étincelle qui est la plus forte, dans les
décharges de fermeture ce sont les étincelles de la 2t'me
vibration.
h, La durée des décbarges d'ouverture et de fermeture est la
même, au moins quand la résistance est faible; sur papier à
fleurs, par exemple, elles durent l'une et l'autre 17 à 18 vibra-
tions. Une plus grande rapidité d'ouverture ou de fermeture n'a
pas d'influence appréciable sur la durée. La durée des décbarges
croît avec le nombre des éléments de la batterie , mais non dans
le même rapport.
c. Les interruptions entre les étincelles sont tantôt plus nom-
breuses dans les décharges de fermeture et tantôt dans les dé-
charges d'ouverture, suivant que l'électrode r/ communique avec le
diapason ou avec le cylindre. Toutefois, quand on laisse les
deux électrodes écrire sur le cylindre, on n'en trouve
pas moins des interruptions dans le tracé double de chacune
des décharges, de sorte que ces interruptions doivent être une
conséquence du mouvement de l'électricité dans les conducteurs.
La première interruption des décharges d'ouverture
croît régulièrement avec la force de la batterie,
celle des décharges de fermeture croît aussi, mais moins régu-
lièrement.
d. Le retard des décharges d'ouverture est de ^^y de vibration
ou moindre ; celui des décharges de fermeture est de J^ de vibration
ou moindre.
e. Les expériences sans résistance (les extrémités de la
spirale secondaire étant en contact métallique) apprennent que,
dans ce cas , toutes les décharges durent beaucoup plus long-
temps; réciproquement , une grande résistance , par exemple celle
du mica, raccourcit la durée.
/. Lorsque les décharges ont à vaincre une couche
DES COURANTS GALVANIQUES d'iNDUCTION. 335
d'air entre les pointes d'un micromètre à étincelles,
les décharges de fermeture disparaissent déjà entièrement,
même avec les courants les plus énergiques, pour une distance
de 5 millim. entre les pointes. A mesure que la résistance de
l'air augmente, la décharge d'ouverture décroît régu-
lièrement en durée et montre un retard croissant.
L'influence du condensateur est ici très appréciable:
des courants d'ouverture qui , pour une distance des pointes égale
à 24 mm., sont réduits à une seule étincelle et ont un retard
de 0,48 vibration, peuvent, avec le secours du condensateur,
franchir une distance de 42 mm. entre les pointes, en n'accusant
qu'un retard de 0,1 vibration.
çj. Une bouteille de Leyde, introduite dans le
circuit secondaire, renforce en apparence les décharges , qui
alors font plus de bruit et impriment leurs étincelles plus forte-
ment sur le papier; mais ces décharges ne peuvent vaincre une
aussi grande résistance que les décharges ordinaires. Les
étincelles diminuent en nombre vers la fin des déchar-
ges et elles se succèdent sans interruptions.
h. Si la succession des ouvertures et des ferme-
tures est assez rapide pour que les courants d'induction
n'aient pas le temps de s'écouler régulièrement, on obtient une
destruction totale ou partielle de l'action , et un passage brusque
(en 2^0 ^^ vibration) d'une des décharges à l'autre.
i. Les décharges unipolaires sont de courte durée
{1% vibration), se composent aussi d'étincelles séparées et peuvent
vaincre des résistances presque aussi grandes que les décharges
ordinaires. Les deux extrémités de la spirale secondaire donnent
les mêmes décharges. On peut prolonger la durée de la décharge
à l'une des deux extrémités en faisant communiquer l'autre avec
la terre.
k. Les images des décharges, qui peuvent être regar-
dées comme une analyse ultérieure des étincelles, ne nous ont
appris jusqu'ici, outre les choses déjà trouvées, qu'un seul fait
nouveau concernant le mode de décharge, savoir, que ce n'est
336 A. NYLAND. SUR LA DUREE ET LA MARCHE
pas Tétin celle elle-même, mais l'air qu'elle traverse, qui
paraît exercer l'action mécanique.
Quelques-uns des faits que nous avons constatés tendent à
confirmer la théorie mathématique par laquelle on a cherché à relier
entre eux les phénomènes de l'induction voltaïque pure. Les résultats
relatifs à cette induction s'accordent assez bien avec ceux qui
ont été obtenus par M. Beetz, bien que notre méthode ne soit
pas la meilleure pour l'observation de ces courants faibles. Les calculs
de M. du Bois-Reymond sont aussi confirmés par nos expériences.
Plusieurs faits nouveaux se trouvent toutefois complètement
isolés et pourront servir à l'édification d'une théorie des décharges
électriques, pour laquelle d'autres matériaux ont déjà été fournis.
Parmi ces faits nouveaux je citerai:
P. La décharge en étincelles distinctes, qui se montre aussi
dans les images du § 8.
2". L'accroissement du nombre de ces étincelles vers la fin des
décharges.
3". L'égalité de durée des décharges d'ouverture et de ferme-
ture , en cas de résistance nulle ou faible , bien que les décharges
d'ouverture puissent vaincre une résistance beaucoup plus grande.
4". Les interruptions, — et spécialement l'accroissement de la
première interruption à mesure que la force de la batterie augmente.
5". La prolongation des décharges par le contact métallique
des électrodes, et leur raccourcissement par une résistance, telle
que celle du mica par exemple.
6". L'accroissement du retard à mesure que la résistance augmente.
Au sujet de ces faits je présenterai encore les observations
suivantes.
Isious apprenons à connaître les courants d'induction par leurs
effets. Parmi ceux-ci, les phénomènes de lumière et de chaleur,
les actions physiologiques et magnétiques ont déjà été bien étudiés.
Je me suis servi exclusivement d'une méthode propre surtout à
faire connaître les actions mécaniques, et il n'est donc pas étonnant
que nous ayons trouvé des faits donnant de la décharge mécanique
DES COURANTS GALVANIQUES d'iNPUCTIOjN. 337
une notion à laquelle la plupart des autres méthodes ne pouvaient
conduire.
Cette notion est celle de la décharge oscillante.
Ce caractère d'oscillation se trouve aussi dans la décharge d'une
bouteille de Leyde chargée d'électricité statique, ainsi qu'il a été
prouvé par M. Feddersen (Poyg. Ann., CXIII et CXVI), qui, à
l'aide d'un miroir animé d'une rotation rapide, a projeté l'image
de l'étincelle sur une plaque préparée photographiquement et a
obtenu ainsi une représentation qui indiquait des mouvements de
va-et-vient de l'électricité.
Pour les décharges des courants galvaniques induits je rappellerai,
comme ayant montré des faits analogues , les expériences récentes
de M. Helmholtz, dont on trouve un résumé, sous le titre de
„Ueber die electrische Oscillationen", dans les Verhandlungen des
nalurhisiorischenmedizinischen Vereinszu Heidelberg^ 1869. M. Helm-
holtz a pu observer sur un nerf de grenouille 45 maxima et
minima de la décharge entre les armatures d'une bouteille de
Leyde, et les mêmes oscillations se sont manifestées dans les
décharges unipolaires sans bouteille de Leyde.
Les indications qui précèdent ont uniquement pour but de pro-
voquer un examen approfondi des faits que j'ai observés, car je
sais parfaitement qu'il appartient à des juges plus compétents de
décider si mes expériences peuvent réellement contribuer en quelque
chose à la connaissance des phénomènes encore si énigmatiques
de l'électricité.
Archives Néerlandaises, T. V. 22
338 A. NYLAND. SUR LA DURÉK ET LA iMARCHE
REMARQUES
CONCERNANT LES PHOTOGRAPHIES.
Neuf expériences , choisies dans ma riche collection , seront suffi-
santes pour rendre intelligible le langage des vibrations et faire
connaître en même temps quelques-unes des principales décharges ,
telles qu'elles se montrent en réalité. Dans ce choix j'ai été guidé
par les considérations suivantes:
1". Le papier vélin et le mailpapier étaient les seuls qui se
prêtassent aux manipulations photographiques, de sorte qu'on n'a
pu reproduire aucune des expériences délicates sur papier à fleurs.
2^ Certains courants s'enregistraient si faiblement , par exemple
ceux de l'induction voltaïque pure et de l'induction unipolaire,
que la description satisfaisait mieux que la représentation.
3". Quelques faits se montraient uniquement sous le microscope
et disparaissaient dans la photographie.
4^^. D'autres faits ne ressortaient qu'après élimination des cir-
constances accessoires, par la comparaison d'expériences variées,
qui, chacune séparément, n'apprenaient rien.
Pour la parfaite intelligence de la méthode, il ne faut pas
perdre de vue que les photographies sont des images négatives,
car les expériences originales forment des dessins blancs sur fond
noir. Dans ces photographies toutes les décharges vont de gauche
à droite.
Les décharges déréglées ou intempestives, qui se trouvent sur
la Planche II en bas et dans la sixième registration à partir du
bas , sur la Planche IV en bas à gauche , et sur la Planche VIII
au milieu, proviennent de légères traces d'impuretés qui se for-
maient de temps en temps sur l'anneau du cylindre.
Au sujet de chaque planche en particulier, j'ai à faire les
remarques suivantes:
Les Planches II et III donnent les décharges ordinaires sur
mailpapier quand h communique avec le diapason et a avec le
cylindre (voir § 36). L'étincelle sur la ligne droite indique l'instant
de l'ouverture ou de la fermeture du courant primaire. Avec ce
DES COURANTS GALVANIQUES u'iNDUGTION. 339
mode de communication , les interruptions les plus nombreuses se
tiouveut dans les décharges de fermeture ; si a avait été relié au
diapason et b au cylindre ^ ce seraient les décharges d'ouverture
qui montreraient ces interruptions multipliées.
La Planche IV donne les décharges à l'ouverture; les petits
arcs de cercle unissent les décharges qui sonrt en rapport entre elles
(voir § 36).
La Planche V reproduit deux des quatre expériences décrites.
Les chiffres renversés indiquent le nombre d'éléments de la batterie.
Il faut fixer son attention sur la première étincelle à gauche et
mesurer la distance qui la sépare de la seconde étincelle vers
la droite.
Sur la Planche VI le triangle noir est le cuivre du cylindre,
avec lequel la pointe du diapason vient en contact.
Sur la Planche VII les chiffres renversés indiquent la distance
des pointes en millimètres. La ligne droite verticale, menée par
toutes les étincelles de registration du courant primaire, m'a
servi, conjointement avec les petites lignes passant par la première
étincelle du courant secondaire, à mesurer le retard.
Sur la Planche VIII le courant primaire n'a pas été enregistré ,
afin de conserver aux figures toute leur pureté.
Les Planches IX et X donnent des images des étincelles de
décharge, pour le cas d'une faible distance des électrodes écri-
vantes. Beaucoup d'autres figures, relatives aussi au cas d'une
distance plus grande des électrodes , ont dû être omises ; en outre ,
ces deux planches ne reproduisent pas les détails délicats.
Comme, sur la Planche II ainsi que sur les Planches
III , IV VIII , la même expérience se répète un grand nombre de
fois, le lecteur peut juger de l'exactitude de la méthode, qui
nous rend les mêmes courants sous une forme toujours la même.
En terminant, je me plais à reconnaître que les photographies
ont été exécutées avec beaucoup de soin par M. W. C. van Dijk,
d'Utrecht.
22'
ÉTUDES SUR LE
PHOLCUS ()P[L[ONOri)ES SCHRANK
PAR
A. W. M. VAN HASSELT.
Lorsqu'un entomologiste, dans une période d'explorations d'en-
viron 15 années, ne rencontre aucune trace d'un insecte qui est
commun ailleurs , qui n'appartient nullement aux espèces de petite
taille, mais qui se reconnaît au contraire facilement par des traits
caractéristiques, il est assez naturellement tenté de conclure que
ce résultat négatif fournit la preuve de la non-existence de l'ani-
mal dans l'étendue du champ d'exploration.
C'est là du moins ce qui m'était arrivé par rapport à l'araignée
dont il est ici question; j'avais renoncé à l'espoir de l'inscrire
dans notre Faune, même après que, il y a six ans, un exem-
plaire unique d'une espèce très voisine, plus méridionale, eut fixé
de nouveau mon attention sur ce sujet.
Ce n'est que l'année passée que J'ai appris à la connaître comme
très probablement indigène. En effet, de 18G8 jusque dans l'été
de 1869, je reçus, en quelque sorte coup sur coup, plusieurs
individus vivants, trouvés en différentes occasions et sur différents
points de notre pays.
Cette dernière particularité, en contraste avec l'absence antéri-
eure de l'espèce, est elle-même des plus remarquables, car il
est certain que le Pholcus doit continuer à être regardé comme
„rare" chez nous, ce qu'on peut inférer, entre autres, de la circon-
A. W. M. VAN HASSELT. ÉTUDES SUR LE, ETC. 341
stance que dans mes innombrables excursions, tant au loin que
dans mon voisinage immédiat, je ne l'ai jamais rencontré moi-
même. Sous ce rapport, le proverbe „ qui cherche, trouve" ne s'est
pas encore vérifié en ma faveur.
Le premier Pholcus vivant que j'eus l'occasion de voir, me
fut donné en 1863 par M. van den Brink, jardinier en chef du
jardin botanique de l'Université d'Utrecht. Il avait été trouvé dans
une grande caisse en bois, qui avait servi au transport de „ plan-
tes des ludes." C'était un beau c/' , parfaitement conservé, mais
beaucoup plus petit que le Pholcus ordinaire ou commun de l'Eu-
rope, que j'appris à connaître plus tard; il était aussi marqué
d'un dessin beaucoup plus élégant, très analogue, ainsi que je le
constatai postérieurement, à celui des Pholcus méridionaux ou
tropicaux, surtout du rivulalus et de Velongatus. Vu les conditions
dans lesquelles il avait été trouvé, je ne crus pas devoir le regar-
der comme indigène, et aujourd'hui encore je persiste dans cette
idée, au moins pour l'individu en question. Mon opinion se forti-
fiait d'un doute exprimé par un savant suédois, M. Westring,
quL avait aussi trouvé à Gothembourg une espèce de Pholcus (recon-
nue toutefois, depuis^ identique à notre espèce „ ordinaire") , mais
seulement „un petit nombre de fois" et dans ^certaines années,"
une fois sur un montant de porte de la „ maison des Indes orien-
tales" (Osl hidiska huset) , une autre fois dans le bâtiment de la
douane du port (Curia Portorii). En décrivant cette espèce dans
les Araneae Suecicaej p. 297, M. Westring se demandait à cette
époque (1861) : „An re verd ad Faunam Sueciae perlinens" ? Je con-
tinuai à me poser la même question, — avec raison, à ce que je
crois , — pour mon exemplaire , le regardant comme une rareté
étrangère ou comme un voyageur égaré loin de son pays.
Cinq ans après, au commencement de 1868, ma fille k. me
rapporta un second individu mâle vivant de Pholcus , qu'elle avait
aperçu dans un magasin de quincaillerie, à Utrecht, au moment où
il descendait du plafond au milieu de quelques articles de luxe.
Cette araignée toutefois différait considérablement de la précédente ,
tant par la taille que par les ornements, et je m'assurai que
342 A. W. M. VAPJ HASSELT. ÉTUDES SUR LE
c'était le vrai Pholcus opilionoïdes de l'Europe centrale et méridi-
onale. Mais, ici encore, l'endroit où la découverte avait eu lieu
n'était-il pas suspect ? Avait-on bien affaire à un animal indigène ?
Ne pouvait-il avoir été apporté simplement de France ou de quelque
autre contrée du sud de l'Europe, caché dans l'emballage d'ar-
ticles de mode? Le doute concernant ^l'indigénat" subsistait donc
toujours dans mon esprit, d'autant plus que l'animal construisit
bien à deux reprises un cocon, mais composé d'œufs stériles , qui
se desséchaient et que la mère détruisait elle-même.
Je ne dois pas oublier de faire remarquer que ce doute puisait
une grande force dans la circonstance, que jamais , à ma connais-
sance, un individu de ce genre ne s'était présenté à aucun des
autres entomologistes de notre pays , pas même à notre compatriote
M. G. A. Six, qui, après s'être distingué jadis comme aranéolo-
gue des plus zélés, n'a pas fait figurer le P/io/a/^ sur les „Listes
d'araignées" qu'il a insérées dans les Bouwsto/fen voor de Fauna
van Nederland j tome II, et dans le Nederl. Tijdschr. voor Ent.,
tome VI.
Ce fut seulement au printemps de 1868 que j'acquis la connais-
sance que le Ph. opilionoïdes fait partie de la Faune des Pays-
Bas, ou que du moins il peut, dans certaines circonstances , vivre
et se reproduire chez nous. Ma respectable amie, Mn^e. y. V. d'Am-
sterdam , me communiqua à cette époque , en une seule fois , plu-
sieurs individus (/ et ?, les uns encore très jeunes, les autres
adultes, tous provenant d'un réduit à tourbes ^) situé au rez-de-
chaussée de sa maison.
Ces individus appartenaient tous, incontestablement, à l'espèce
ordinaire de l'Europe centrale.
Par un hasard des plus singuliers, la même dame, ayant fait
dans l'été de la même année une visite à sa famille , à Dordrecht ,
*) Au sujet de la possibilité d'une origine étrangère pour cette colonie amster-
dammoise de Pholcus, je ne dois pas laisser ignorer que le même endroit servait
aussi de décharge pour des kranjangs , nattes des Indes orientales employées à
emballer le sucre. On n'a d'ailleurs plus trouvé d'autres Pholcus en cet endroit ,
postérieurement à la première découverte.
PHOLCUS OPILIONOÏDES SCHRANK. 343
me rapporta de cette localité deux nouveaux exemplaires vivants ,
dont un cT extrêmement grand ^ exemplaires qui avaient été cap-
turés dans un angle obscur d'un corridor , au second étage d'une
maison de rentier touchant immédiatement, d'un côté à la „rivière" ,
et de l'autre au „port" '). U y avait en cet endroit un grand
nombre de ces araignées , — selon qu'il me fut rapporté , „ au moins
quarante, grandes et petites", — au moment où Mme. y. V. les décou-
vrit, mais la propreté hollandaise, représentée par le balai de la
servante, avait pris les devants et avait anéanti tout espoir d'une
capture plus importante.
Un peu plus tard, toujours dans l'été de la même année, je
reçus encore, de Delft, avec d'autres araignées très communes,
que feu notre bibliologue entomologiste , M. Hartog He js van de
Lier , avait eu la bonté de recueillir pour moi , un individu conservé
dans l'alcool, qui avait été pris sur le plafond d'un „cabinet
d'aisances", à l'intérieur de la maison-).
Enfin, au mois de Septembre de cette année, étant occupé,
avec mon savant, ami M. van Vollenhoven, à examiner la collection
d'Arachnides du Musée de Leyde, je remarquai, parmi quelques
autres araignées non déterminées , un flacon sans date , mais por-
tant l'étiquette: Ex horlo holanico ^) Lugduno Batavo ,à2i\i^\Qqwç\
se trouvait un Pholcus ordinaire cT , qui avait sans doute été pris
jadis par notre confrère M. Herklots, ou reçu par lui de quelque
autre personne.
De ces diverses observations il résulte avec certitude , que l'araig-
née en question peut vivre dans notre pays (Utrecht , Delft , Leyde)
et s'y reproduire (Amsterdam, Dordrecht) , bien que peut-être
seulement à l'état d'exception ou sous forme de colonie. La haute
^) On remarquera de nouveau que cette trouvaille a été faite près d'un endroit
ou sont amarrés ordinairement plusieurs bâtiments des Indes orientales.
*) Se pourrait-il, vu que mon ami recevait fréquemment des caisses ou des
paquets de livres de l'étranger, que cet individu, analogue à l'individu unique
de la boutique de quincaillerie d' Utrecht, eût été un voyageur français ou allemand?
^) Je dois rappeler toutefois, à cette occasion, ce qui a été dit ci-dessus con-
cernant les doutes attachés à une découverte faite, dans un lieu analogue, à Utrecht.
344 A. W. M. VAN HASSELT. ÉTUDES SUR LE
température qui a caractérisé^ comme l'on sait, l'été de 1868,
a-t-elle contribué à rendre possibles l'existence et surtout la repro-
duction de l'espèce? Ou bien celle-ci, tout en étant extrêmement
rare, appartient-elle, re verà, à la Faune de la Néerlande ? Je
crois que cette dernière hypothèse est conforme à la vérité ; mais ,
pour obtenir une certitude absolue, il faudra de nouvelles obser-
vations, que la connaissance des lieux où la découverte a déjà
été faite, rendra plus facile. ( Voir la Note à la fin de ce Mémoire).
Quoi qu'il en soit, la possession répétée d'exemplaires de cette
araignée, — que je maintins en vie pendant des semaines et des
mois entiers, de la manière ordinaire, en les plaçant dans de
grands bocaux de verre à plafond de bois et en les nourrissant
de mouches, — m'a permis de soumettre le Pholcus ^) à une
étude dont je vais faire connaître quelques-uns des résultats.
Le Pholcus opilionoïdes Schrank ou phalanqoïdes Walck. , —
ainsi appelé à cause d'une vague ressemblance extérieure avec
certaines espèces du genre bien connu des „ Faucheurs" , — ap-
partient à une „ Famille" .extrêmement restreinte, celle des Phol-
cides Koch, qui mérite à peine le nom de famille , vu qu'elle n'est
représentée que par le seul genre désigné ci-dessus, lequel com-
prend huit espèces nominales, réductibles, à mon avis, à cinq
ou, tout au plus, à six.
Ces araignées sont très facilement reconnaissables , non-seulement
à la disposition caractéristique de leurs yeux latéraux, réunis de
chaque côté au nombre de trois en un petit groupe, — ce qui
M L'étymologie de ce nom donne lieu de relever un singulier lapsus graecus ,
commis par M. Vinson dans ses: Aranéides de Madagascar , etc. Cet auteur
dit avec raison que le nom Pholcus dérive du grec cpoXy.o; , mais il traduit ce
mot à tort par nu, et met cette étymologie en connexion „évidente" avec les ovules
nus {Voir plus loin) de cette araignée. Mon vieux Hedericus m'a de nouveau
appris qu'il est toujours prudent de contrôler, en remontant aux sources, ces
assertions philologico-entomologiques ; en effet, (foly.oz ne signifie pas «?<6??^5 (nu) ,
mais strahus (louche). Cette dernière significaton trouve d'ailleurs ici une appli-
cation beaucoup plus juste, à cause de l'obliquité caractéristique de la position
des yeux dans ce genre.
PHOLCUS OPILIONOÏDES SCHRANK. 345
ne se voit chez aucune autre Aranéide, — mais i)lus encore , et
au premier coup-d'œil, à leurs pâlies, qui sont très longues et
minces, chez quelques espèces même filiformes, garnies de poils
très réguliers et excessivement fins, et pourvues aux fémurs et
aux tibias de jolis anneaux blancs et noirs. La longueur des pattes
est telle, que la paire la plus longue (la première) est environ
6 fois plus longue que le corps ^ ) ; on cite même une espèce de
Pholcus de la Grèce, chez qui les pattes dépasseraient 8 ou 9
fois la longueur du corps!
A Texception de deux espèces, — le Ph. caudalus Dufour,
d'Espagne, dont l'abdomen se termine en pointe conique, comme
chez notre Epeira conica ; et le Pli, sisyphoïdes Doleschall , d' Am-
boine, qui possède (de même que le Ph. Borbonicus Vinson, de
l'île Bourbon, lequel me paraît n'en différer que peu ou point) un
abdomen sphérique, comme celui des Therididae; — les autres,
aussi bien les espèces tropicales que celles d'Europe, tout en
offrant quelques différences de grandeur, se ressemblent parfaite-
ment par leur corps plus allongé et de forme cylindrique, sem-
blable à celui des Tétragnathes ordinaires.
Ces espèces sont: le Ph. rivulatus Savigny, d'Egypte et d'Ita-
lie, — le Ph. elongalus Vinson, de Maurice, — \e Ph. inipressus
Schuch, le Ph. nemaslomoïdes Schuch , tous deux de la Grèce, —
et le Ph. opilioîioides , du sud, du centre et, passim, du nord ^)
de l'Europe, mais qui prospère aussi parfaitement dans nos colo-
nies des Indes orientales.
') Le plus grand individu de ma collection possède, avec une longueur de
corps de 1 centimètre, des pattes antérieures longues d'environ 6 centimètres.
*) Je regarde tous les individus trouvés dans le nord de notre continent (à
l'exception d'un des miens , capturé dans une caisse de plantes des Indes orien-
tales) comme appartenant au Ph. opiliono'ides ou à ses variétés. La différence
que M. Siemaschko croit avoir constatée sur son exemplaire trouvé à St. Péters-
bourg, ne me paraît pas assez importante pour qu'on doive le rapporter à une
autre espèce, ce que du reste M. S. lui-même ne propose pas. Voir son Mémoire ,
Ferzeichniss der in der Umgegend von St. Petersburg vorkommenden Arachniden ,
publié dans les Horae Societatis Entomologicae Rossicae , Eascic. I, 1861,
p. 129 , mémoire sui- lequel mon attention a été attirée par notre confrère M. Ritsema.
346 A. W. M. VAN HASSELT. ÉTUDES SUR LE
Parmi ces espèces, il me semble toutefois, après une compa-
raison attentive des descriptions et de quelques figures, que le
rivulatus , Veloiufalus et même Vimpressus ne s'éloignent que très
peu l'un de l'autre, — Qt qn^Quire le nemaslomoïdes etVopilionoïdes
il n'existe pas non plus de différence bien caractéristique.
Leur dessin présente , — sauf quelques diversités dans la couleur
du fond (blanchâtre, grisâtre ou gris de souris, brunâtre) et dans
les taches accessoires ^ ) , — une grande uniformité. Ordinairement
il se compose d'une ligne longitudinale, simple, bifurquée ou
double, brune ou noire, sur le milieu du céphalothorax: d'une
ligne , également brune ou noire , ramiforme ou même foliiforme , —
ayant, chez les plus belles espèces, l'aspect d'une feuille com-
posée, — sur la face dorsale de V abdomen: enfin, de quelques
petites taches foncées le long des côtés. J'ai reconnu toutefois
que ce dessin, qui est le plus élégant chez le rivulatus QiVelon-
gatus , mais beaucoup moins beau et moins fin chez les autres,
peut varier considérablement dans la même espèce , à tel point que
chez certains individus il ne reste plus qu'une ligne médiane,
entière ou interrompue, sur le dos', et que chez d'autres même
on ne distingue presque plus aucune trace de dessin, au moins
sur l'abdomen. Koch ne paraît pas avoir observé ce changement
ou cette perte de coloration chez certaines variétés, et dans sa
description du phalangioïdes avec dessin dorsal, il manifeste quelque
surprise au sujet de la figure de cette même espèce donnée par
son collaborateur et prédécesseur Hahn, laquelle est sans aucune
sorte de dessin. M. Vinson, au contraire, a fait la même ob-
servation que moi -), car il dit: „Si le Pholcus a séjourné long-
temps dans un lieu très obscur, il est très brun, et les dessins
décrits se confondent dans la couleur générale," pag. 137.
*) Par ex.: un sternum noir ou rayé de noir, une tache ««r^^/e ovale et jaunâtre
au-dessus des filières , un abdomen à face ventrale noire ou rayée de noir , etc.
2) Voyez, sur la variation de couleur chez une même espèce, mon observation
relative au Latrodectiis {Necl. Tyds. v. Entom., t. III, p. 56), ainsi qae celle de
M. Six {Ibid., t. I, p. 186), exemples auxquels il ne serait pas difficile d'en
ajouter encore d'autres.
PHOLCUS OPILIONOÏDES SCHRANK. 347
Par là s'explique aussi comment il se fait que quelques aranéologues
figurent ces araignées autrement qu'ils ne les décrivent, ce qui arrive,
par exemple, à Blackwall et aussi, dans une certaine mesure, à
Walckenaar ^ ), pour V opilionoïdes, à Koch pour le nemastomoides, etc.
Les Pholcus en général, et Vopilionoïdes en particulier, mènent
un genre de vie assez uniforme. Ils habitent volontiers des maisons
solitaires, des caves et des réduits, et préfèrent les recoins les
plus écartés, à la partie supérieure des murs, sous les toits ou
sous les plafonds, dans des endroits où la lumière du jour ne
pénètre que peu ou point. C'est là sans doute une des raisons pour
lesquelles cette araignée est restée si longtemps inaperçue chez
nous. En ce qui me concerne, il est aussi très possible que ma
vue basse m'ait empêché , çà et là , de la découvrir dans ses retraites
élevées et obscures, ou qu'elle m'ait échappé à cause de sa res-
semblance avec les ^faucheurs," dont je ne fais pas une étude
spéciale.
Elle ne construit d'ailleurs pas de toiles remarquables par leurs
dimensions ou par quelque autre particularité. Se contentant d'un
petit nombre de fils lâchement tendus, disposés irrégulièrement,
mais très gluants, elle s'y tient au centre de la face inférieure,
dans une situation renversée, à la manière des Linyphies. Des
qu'on touche à sa toile, l'animal, à ce qu'on raconte générale-
ment, commence à sautiller ou à se trémousser, comme le font
certains Cousins, et comme on peut le voir journellement chez
notre Epéire diadème ; de là le nom de Zitterspinnen que les
aranéologues allemands donnent à ces araignées.
Bien qu'il me soit arrivé maintes fois d'observer pendant long-
temps un ou plusieurs individus dans mes bocaux, je n'ai jamais
vu un seul d'entre eux exécuter ces mouvements si caractéristi-
ques. Je n'ai pu constater non plus ce que M. Simon et d'autres
ont dit du Ph. opilionoïdes , à savoir, qu'après avoir sucé sa proie
il la rejette immédiatement de sa toile; mes individus ne s'occu-
*) Comparez, entre autres, la „description" dans ses ^/j^tVe^avecla ,, planche"
dans son Hist. nat. d. araignées.
348 A. W. M. VAN HASSELT. ÉTUDES SUR LE
paient pas de ce soin , mais laissaient pendre les mouches à l'en-
droit où ils les avaient tuées, tout autour de leur siège habituel.
Par contre, j'ai bien vu qu'au moyen des crochets tarsaux de
leurs pattes antérieures, ils savaient attirer à eux, de la péri-
phérie de la toile jusqu'au centre où ils se tiennent ordinairement,
les mouches capturées et enveloppées; une fois même, j'ai observé
l'usage très remarquable que, dans cette manœuvre , mon araignée
faisait de ses mandibules , s'en servant en guise de ciseaux, pour
détacher ses premiers lacs, placés à une distance trop grande ').
J'ai aussi été plus d'une fois témoin de l'adresse vraiment mer-
veilleuse, et que M. Simon nous a si bien fait connaître, avec
laquelle elle enveloppe une mouche prise dans ses filets. Il est
bien connu qu'elle enlace sa proie uniquement à l'aide de ses
deux pattes postérieures, qu'elle passe alternativement le long
des filières; mais, ce qu'on doit voir pour y croire, c'est que ces
pattes, il est vrai très minces, exécutent leurs mouvements avec
tant d'agililéj que l'œil ne peut souvent suivre leurs déplacements
rapides, et que même, par moments, on ne distingue plus rien
ni des pattes ni des fils, rien, si ce n'est leur effet sur la mouche.
Comme le Pholcus J montre à découvert un appareil génital
remarquablement bien développé, j'avais nourri l'espoir d'ajouter
une observation intéressante au grand nombre de celles que j'ai
déjà faites concernant la manière dont les parties des palpes
agissent dans l'accouplement des araignées. Mais, à cet égard,
j'ai été extrêmement malheureux. Je suis bien parvenu deux fois ,
avec grand'peine, à réunir un couple de Pholcus, mais, dans
les deux cas, l'aventure a pris une fin tragique!
La première fois, je gardais déjà depuis un mois dans un de
mes bocaux une $ entièrement développée et assez grande , lorsque
je devins maître d'un c/ également adulte. Celui-ci, introduit
dans le même verre, essaya, avec un empressement extraordinaire
(comme je l'ai observé dans une infinité d'autres expériences du
') On trouvera, à ce sujet, une description un peu plus détaillée dans le
Tijdsvhr. v. Eniom., t. lY, p. 27.
PHOLCUS OPILIONOIDES SCHRANK. 349
même gem*e); à se rapprocher de la femelle; mais, dès ses pre-
mières tentatives; il fut repoussé avec fureur , de sorte qu'il alla
se réfugier au fond du bocal , où il tissa une petite toile , tandis
que la i^ resta fixée au plafond artificiel du bocal , sa place ha-
bituelle. Le second jour, je vis le d" risquer de nouveau, à diffé-
rentes reprises, quelques tentatives très prudentes, mais chaque
fois en vain; le soir, les deux adversaires se tenaient parfaitement
tranquilles à leurs places respectives. Comme j'avais eu soin,
pendant ces deux jours, de leur fournir une abondante provision
de mouches vivantes, dont je les avais vus se nourrir tous les
deux, la faim ne pouvait les avoir armés l'un contre l'autre; et
pourtant .... le troisième matin, — le mâle s'étant sans doute ,
pendant la nuit, approché trop témérairement, — je trouvai son
corps épuisé de sucs suspendu par ses longues pattes , rassemblées
en faisceau, au centre de la partie supérieure du bocal, à côté
du siège de la femelle i). Ce jour-là, la femelle ne s'empara
d'aucune mouche, et le matin du cinquième jour de cette union
forcée, je la trouvai elle-même morte dans sa toile, accrochée
par l'une des pattes de derrière.
Peu de temps après, je me vis de nouveau en possession d'un
'Pholcus vivant, mais cette fois d'un beau cT de forte taille , qui,
en sa qualité de premier occupant, alla s'établir à l'étage supé-
rieur de mon bocal. Après qu'il y fut resté plusieurs jours dans
la solitude, le hasard me fournit l'occasion de lui adjoindre
une $, qui, bien qu'à peine adulte, ne lui cédait que peu ou
point en taille et en développement. Cela se fit le soir , et , après
une heure d'observation, durant laquelle il ne se passa rien de
particulier, si ce n'est que ce fut maintenant la $ qui se con-
struisit une retraite au fond du verre, — je quittai mon nouveau
couple sans appréhension, convaincu que ce r^ ne courait aucun
danger d'être accablé par sa jeune et évidemment plus faible
') M. Simon dit doue à tort: „elle ne lui fait point de mal" , mais il ajoute
avec plus de vérité: „cependant il n'ose s'approcher d'elle et semble la redouter
beaucoup."
350 A. W. M. VAN IIASSELT. ÉTUDKS SUR LE
compagne, et rempli d'ailleurs de confiance dans la galanterie
éprouvée des araignées mâles, en général, à l'égard de leurs
femelles. Jamais, en effet, je n'avais eu d'exemple d'une ? nu-
bile tuée par un r^ de la même espèce, même en cas de jeûne
prolongé et d'une grande supériorité de force chez ce dernier ^).
Grande fut donc ma déception, ma stupéfaction même, en
reconnaissant, le lendemain matin, qu'il fallait renoncer, non-
seulement à mon nouvel espoir d'observer les amours d'un couple
de Pholcus, mais aussi à mes illusions au sujet de la courtoisie
des araignées mâles. Le Pholcus mâle, sans motif apparent (car
lui aussi avait eu de la nourriture en abondance) , avait tué sa
femelle ! Mais , chose singulière , ici comme dans le cas du couple
précédent, le meurtrier ne survécut pas longtemps à son crime;
je soir même, je trouvai le cf privé de vie.
D'où vient que, dans les deux cas , la veuve du premier mariage
et le veuf du second aient succombé si peu de temps après la
mort de leurs conjoints respectifs ? Je présume que dans la lutte ,
soutenue avec des armes suffisamment égales chez les deux sexes ,
le vainqueur aura aussi reçu , chaque fois , une blessure mortelle.
J'ai , en effet , souvent remarqué combien les araignées en général
supportent mal les morsures qu'elles se font mutuellement. Il est
très probable que l'humeur venimeuse de leurs crochets mandi-
bul aires joue ici un rôle. Maintes fois j'ai vu l'Epéire diadème
f/, blessé très légèrement à l'abdomen par la femelle, puis
aussitôt soustrait , avant tout enlacement , aux étreintes mortelles de
cette dernière , n'en succomber pas moins au bout de peu de minutes.
Depuis les essais dont je viens de rendre compte, je n'ai plus
eu l'occasion de mettre en présence l'un de l'autre des Pholcus
vivants des deux sexes, ce qui m'aurait pourtant intéressé encore
sous un autre rapport , savoir , pour la continuation des mes études
sur le développpement du cocon des Pholcus. J'ai bien eu trois
fois en ma possession, à diverses époques, une ? avec cocon,
') Voyez, eutre autres, ma communication relative à V Argyroneta aquatica
{Ned. Tijdschr. v. Entom., t. II, p. 20).
PHOLCUS OPILIONOÏDES SCHRANK. 351
mais dans aucun de ces cas les jeunes ne sont éclos. Chez une
de ces araignées ^ le cocon a disparu après 14 jours au moins,
sans laisser aucune trace, et cela jusqu'à deux fois de suite.
Quant au cocon de l'autre araignée, après l'avoir observé pendant
un mois, je l'ai mis en temps opportun dans l'alcool, pour
compléter ma collection. Il est généralement connu, et les /'/m/? /a
et autres Icbneumonides nous en offrent de fréquents exemples ,
que certains insectes font servir les cocons d'araignées à l'ali-
mentation de leurs larves. Mais que des araignées elles-mêmes
dévorent les œufs des cocons d'autres espèces d'araignées, c'est
là un fait rapporté seulement , à ma connaissance , par Walckenaer,
qui déclare l'avoir observé chez le Cluhiona holosericea et qui
ajoute, comme son opinion personnelle: „que beaucoup d'autres
araignées font la même chose." Quant à moi, je ne l'ai jamais
constaté; mais, par contre, j'ai bien vu quelquefois , tout comme
M. Menge, que des araignées tenues en captivité et à jeun suçaient
de petits morceaux de viande crue qu'on leur jetait. Quoi qu'il
en soit, à deux reprises différentes, un de mescocons de Pholcus,
au lieu d'être seulement sucé, disparut complètement; je suis
donc obligé d'admettre que la mère elle-même a mangé ses
propres cocons '). L'appétit ne devait d'ailleurs pas lui manquer
pour cela, à en juger par la circonstance que, en quatorze jours,
je ne l'avais pas vue lâcher une seule fois son cocon. Néanmoins,
elle n'a pu être contrainte par la faim seule , car je ne cessai
pas de lui fournir de temps en temps une mouche vivante, à
laquelle toutefois elle paraissait ne faire aucune attention. Il est
possible que la mère se soit aperçue que ses œufs étaient stériles ;
ceux-ci, en effet, restaient toujours également petits, tandis que
mon troisième cocon de Pholcus, que la mère avait épargné pen-
dant près d'un mois, laissait voir clairement l'augmentation de
volume et le changement de couleur des œufis. Pour la parfaite
') Peut-être cela n'arrive-l-il que clans l'état de captivité, tout comme chez
certains vertébrés, entre autres chez la souris ordinaire, que j'ai vue plus d'une
fois dévorer tous ses petits.
352 A. W. M. VAN HASSELT. ÉTUDES SUR LE
intelligence de ce qui précède , je rappellerai que les Pholcus , —
de même que les Dolo^nedes , les Ocyale, les Scy Iodes et quelques
autres , — ne déposent pas librement leur cocon globuleux, ou ne le
traînent pas après eux fixé à l'abdomen, à la manière des L?/co5a,
mais que , pendant plusieurs semaines , ils le portent constamment
près de la bouche, maintenu entre les mandibules ^ ) et en partie sou-
tenu par les palpes. Je n'ai pu m'assurer si , comme quelques auteurs
l'ajoutent, le cocon est en même temps „collé plus ou moins sternum."
Une autre observation relative à l'ovulation des Pholcides con-
cerne la question de savoir s'il est bien exact de dire, avec
plusieurs aranéologues , „que le Pholcus ne fait pas de cocow pro-
prement dit, mais laisse la masse de ses œufs entièrement
à nu." On sait que non-seulement ces œufs sont assez grands,
comparés à ceux d'autres espèces, mais qu'ils se voient aussi
parfaitement chacun à part, ce dont M. Claparède a si bien
profité pour ses célèbres observations microscopiques Sur révolu-
tion des araignées; les Pholcus, en effet , sont , à ma connaissance ,
le seul genre d'araignées qui construise un cocon dans lequel
les œufs, au lieu d'être complètement recouverts de fils, comme
c'est le cas ordinaire, restent en apparence tout à fait nus et sont
directement observables. Mais une autre question est de savoir,
si l'assertion de Walckenaer, — adoptée sans réserves par son
compatriote M. Simon, ainsi que par M. Vinson, — ^qu'elle
agglutine ses œufs en une masse ronde (sic) et niiCj qu'aucun
tissu ne recouvre j" si cette assertion est bien conforme à la vérité.
Bien que je n'aie eu que trois fois l'occasion d'examiner avec
soin un cocon de Pholcus, et bien que je n'en possède qu'un
seul dans ma collection, cela m'a suffi pour reconnaître claire-
ment que les œufs sont non-seulement „agglutinés" entre eux,
mais recouverts en outre d'un tissu ^ qui, il est vrai, est extrê-
») M. Siemascliko paraît avoir ignoré cette circonstance. Du moins il écrit,
à l'occasion de la capture d'une $, qu'elle ,,n abandonna pas son cocon, mais
l'emporta entre ses mandibules." On peut inférer en outre de sa relation que,
tout comme nous à Utreclit, il n'a rencontré que rarement le Pholcus à
St. Pétersbourg.
PHOLCUS OPILIONOÏDES SCHRANK. 353
mement lâche et mince. La chose devint surtout bien évidente
lorsque j'eus laissé le cocon immergé pendant quelque temps dans
une dissolution de carmin. Du reste, le fait que j'annonce n'a
absolument rien de nouveau, car d'autres aranéologues l'avaient
observé avant moi, Koch, Blackwall et surtout M. Claparède,
juge si compétent en cette matière, disent en termes presque
identiques: „que les œufs de Pholcus sont recouverts d'une en-
veloppe de fils très mince, transparente (d'un tissu extrême-
ment délicat, Blakw.)". Cela s'accorde d'ailleurs très bien avec
le fait, que cette araignée ne construit qu'une petite toile insi-
gnifiante et que ses fils sont en général excessivement minces , de
sorte que la première couche dont elle enveloppe sa proie se
distingue à peine et que la mouche, quelle que soit la rapidité
de l'opération, reste longtemps visible en entier, à travers son
linceul transparent.
Pour terminer, je dirai encore un mot de la distribution géo-
graphique de cette remarquable araignée, ne fût-ce qu'en souvenir
d'une visite que j'eus l'honneur de recevoir, il y a quelques an-
nées, à Utrecht, de la part de M. A. E. Griibe, professeur de
zoologie à Breslau , visite dans laquelle ce savant parut s'intéresser
tout spécialement , et jusque dans les détails , à notre faune arach-
nologique; ces remarques pourront servir d'ailleurs à rectifier
une conclusion légèrement inexacte que M. Griibe a formulée au
sujet de la distribution de ces Aranéides, dans son Verzeichniss
der Arachnoïden Liv- , Kur- und Estlilands (Arc/i. f. d. Naturkunde ,
2e Sér. t. I, Dorpat, 1859), dont il eut la bonté de m'envoyer
un exemplaire au moment de la publication.
A la page 19 de son Mémoire, M. Griibe dit: „ Puisque les
genres U, L, E, Pholcus ^ S, A '), — dont on ne rencontre
•) Je me suis borné à indiquer par leur initiale, comme n'ayant aucun rapport
à la question qui nous occupe, les autres genres d'araignées mentionnés par M.
Gr. A l'égard du dernier seulement, A {Ati/jjus) , je rappellerai ici que ce genre
habite également notre pays, un bel exemplaire ^ de AUjpus Sidzeri ayant été
trouvé par ma femme dans le bois de Zeist près d' Utrecht {Ned. Tydaohr. v.
Entom., 1869, t. XII. p. 25).
Archives Néerlandaises, T. V. 23
354 A. W. M. VAN HASSELT. ETUDES SUR LE
ordinairement que des représentants isolée dans l'Allemagne du
sud et en Angleterre, — ne se montrent même plus dans les
environs si favorisés de Dantzig, on doit en conclure qu'il n'y
a aucun espoir de les trouver dans la Livonie etc."
A l'époque où il écrivait (1859), M. Grlibe était parfaitement
autorisé à admettre l'absence des Pbolcides dans la région septen-
trionale en question 5 mais , depuis lors , nos connaissances ont
de nouveau fait un pas en avant.
Ce qui m'est connu jusqu'à ce jour au sujet des rapports géo-
graphiques du genre Pholcus en général et de notre opilioiwïdes
ou phalangoides en particulier , revient essentiellement à ce qui suit :
Ce genre d'araignées paraît vivre de préférence dans les pays
chauds, ou du moins dans des contrées plus méridionales que
celles qui appartiennent à notre climat. Dans la zone tropicale
(surtout en Asie et en Afrique), la famille qu'il constitue est
représentée, en effet, par des espèces, peu nombreuses il est
vrai, qui se distinguent plus ou moins nettement entre elles
(Borboniciis , sisyphoïdes, elongatus , rivulaius); la même chose
s'observe dans les parties méridionales ou chaudes de l'Europe,
telles que l'Espagne, l'Italie, la Grèce (caudatiis , nemaslomoïdes ,
impressus). Aussi, rien qu'à cause de ce fait général, je
ne fus pas peu surpris de voir émettre par un aranéologue
expérimenté, le regrettable Doleschall, la conjecture: „que le
Ph. phalangoides aurait probablement été transporté de l'Europe
dans ce pays-ci, — c. à. d. aux Indes orientales, — avec des
meubles, etc." (Doleschall , 2tle Bijdrage toi de kennis der Arach-
niden van den Indischen Archipel). En effet, de ce que la famille
en général prospère mieux dans les climats chauds , et de ce que
le nombre des espèces, même celui des individus, diminue à
mesure qu'on approche de pays plus froids , on est plutôt en droit
de conclure précisément l'inverse de la ^conjecture" précitée,
c'est-à-dire, d'admettre que notre Pholcus a été transporté des
contrées tropicales en Europe. C'est d'ailleurs à quoi j'ai déjà
fait plusieurs fois allusion dans l'introduction de ce travail. La
grande majorité des lieux de découverte, à moi connus, dans la
PHOLCUS OPILIONOÏDES SCHRANK. 355
partie septentrionale de l'Europe , témoigne aussi en faveur
de cette opinion : ce sont en effet , ou bien des poris de mer , en
relation avec les Indes orientales^ ou bien des endroits où une
introduction accidentelle des pays tropicaux ou sud-européens est
facilement admissible (jardins botaniques , magasin de quincaillerie ,
dépôt de nattes à sucre ou „kranjangs" etc.) En outre, lorsque
les auteurs indiquent , dans les zones chaudes ci-dessus désignées ,
l'existence de Pholcides, soit d'espèces différentes de la nôtre,
soit surtout de celle-ci, ils ajoutent fréquemment qu'elles y sont
„ abondantes," ou „ universellement répandues," ou „très communes"
(voy . entre autres , pour Java , Doleschall ; pour l'Afrique , Vinson ,
etc.). 11 en est tout à fait de même pour l'Europe méridionale
et centrale jusque vers 50'^ de latitude. (Voy. entre autres: Cla-
parède pour la Suisse, 46°; Doleschall pour la Hongrie, 47^;
idem pour les environs de Vienne , 48° ; même Walckenaer pour
Paris, 49°, et Hahn et Koch pour Nuremberg et Ratisbonne,
49° à 50°). Par contre, il est très remarquable que, dès qu'on
s'avance un peu plus vers le nord, au-delà de 50° L. N. , la
présence du Pholcus dans notre continent, — ainsi que M. Grtibe
l'avait déjà déduit des données alors connues, — commence à
devenir très rare; que même, jusqu'à ce jour, notre araignée n'a
pas encore été trouvée partout à cette latitude , et que là où son
existence a été constatée, on ne l'a rencontrée ordinairement
qu'en un petit nombre d'exemplaires et dans quelques localités
isolées.
Pour les localités qui me sont actuellement connues dans l'Europe
septentrionale, entre les longitudes 5° 0. et 30° E., le rayon
géographique est, en allant du sud au nord:
Ile de Wight Blackwall (1861) .... environ 50° L. N.
Pays-Bas (Amsterdam, IJtrecht, Dor-
drecht) van Hasselt (1868—69). . . „ 52° „ „
Angleterre (Liverpool) Blackwall (1861) „ 53° „ „
Suède (Gothembourg) Westring (1861) „ 55° „ „
Russie (St.-Pétersbourg) Siemaschko
(1861) „ 60° „ „
23*
356 A. W. M. VAN HASSELT. ETUDES.
La dernière de ces localités constitue la limite septentrionale
de l'aire du Pholcus, telle que je la connais aujourd'hui.
Comme preuve toutefois de ce qui a été dit ci-dessus concernant
la rareté du Pholcus entre 50" et 60% je donnerai la liste sui-
vante d aranéologues qui paraissent ne pas l'avoir rencontré
jusqu'ici: Reuss pour Francfort s.lM. (50'), Griibe pour Breslau
(51°), Ohlert pour Konigsbergen (53°j , Menge pour Dantzig
(54°), Grube pour la Livonie etc. (58° à 59°), Thorell pour
Upsal (60°).
Amsterdam, décembre 1869.
N.B. Pendant l'impression de ce travail , mes présomptions con-
cernant l'indig-énat reçoivent un très fort soutien, vu que j'ai
trouvé ce matin (14 avril 1870), dans une chambre de ma maison
(Amsterdam, Prinsengracht), qui communique avec le jardin, un
nouvel exemplaire vivant (? pulliis) de Pholcus, bien que je sois
certain qu'aucun de mes hôtes de l'année dernière ne s'est échappé.
V. H.
SUR LA VARIATION DIURNE
DE L'INCLINAISON MAGNÉTIQUE À BATAVIA,
PAR
P. A. BERGSMA.
Les observations dont les résultats seront communiqués dans ce
Mémoire ont toutes été faites au même endroit, à l'Observatoire
magnétique de Batavia. Cet observatoire est un bâtiment en bois ,
dans la construction duquel il n'est entré aucune pièce de fer;
il est situé dans un jardin privé , à une distance d'environ quarante
mètres du plus rapproché des édifices environnants. La position
géographique de cet observatoire est: Latitude 6^ IT 0'^ sud,
Longitude 7^ 7"^ 19s est de Greenwich.
L'instrument avec lequel les observations ont été faites est un
cercle d'inclinaison de Barrow, de 3 pouces de diamètre; pour
toutes les observations on s'est servi de la même aiguille. Chaque
observation d'inclinaison au moyen de cet instrument demande
environ quarante minutes. L'observation commençait à vingt minutes
avant l'heure entière et finissait à environ vingt minutes
après l'heure entière ; le résultat donné par cette observation était
alors accepté pour valeur de l'inclinaison à l'heure entière exacte.
Trois séries différentes d'observations ont été exécutées.
La première série s'étend du 29 mai LS68 au 22 août 1868;
elle comprend des observations faites à douze jours différents,
d'heure en heure, depuis 7 h. avant midi jusqu'à 5 h. après
midi; dans ces observations on a donc obtenu pour chaque jour
onze valeurs de l'inclinaison. En commençant cette série, je m'étais
proposé de la continuer au moins pendant un an ; mais au bout
de trois mois je fus obligé de m'arrêter, l'observation devenant
trop fatigante pour la vue.
358
p. A. BERGSMA. SUR LA VARIATION DIURNE
La seconde série comprend des observations faites à 10 heures
du matin et à 4 et 10 heures du soir, pendant 21 jours, distri-
bués entre le 26 août 1868 et le 3 novembre 1868. Au com-
mencement de novembre je tombai sérieusement malade, de sorte
qu'il me fut impossible de me livrer à aucune observation ; ce ne
fut qu'au mois de décembre que je me trouvai assez bien rétabli
pour pouvoir me remettre à la besogne.
La troisième série est composée d'observations faites à 10 heures
du matin et à 4 heures du soir, pendant 103 jours, répartis entre
le 1er décembre 1868 et le 30 novembre 1869; ces observations
eurent lieu autant que possible deux jours par semaine, de manière
à obtenir 8 ou 9 jours d'observation dans chaque mois.
La table I renferme la première série d'observations. L'inclinaison
est: sud 21° -h les nombres de la table; ces nombres indiquent
des minutes.
TABLE L
Batavia
Temps moyen.
7 h.
mat.
8 h.
mat.
9 h.
mat.
lot,
mat.
Uh
mat.
Midi.
h. I
2 h. 3 h.
soir. soir. | soir.
I I
4 h.
soir.
5 h.
soir.
Mai 29
Juin 4
Juin 12
Juin 19
Juin 25
Juillet 2
Juillet 9
Juillet 16
Juillet 23
Juillet 30
Août 13
Août 22
Moyen, horair.
22'.o4
20.05
19.58
19.16
19.04
17.58
20.32
21.72
20.37
17.88
20,73
22.04
20.08
20/.56
20.23
19.82
17.31
19.58
19.67
18.94
20.30
18.42
18.64
22.03
20 58
19.67
.17
18M;3
19'.94
2r.5l
19^94
53
19.20
18.37
18 68
18.84
79
18.55
17.71
19.12
19.25
33
18.81
19.37
20.04
20.25
78
18.84
18.93
19.44
18.82
04
17.73
16.97
18.42
19.82
71
20.27
19.03
19.97
22.19
17
18.03
20.41
20.34
20.99
93
19.03
19.80
21 . 08
20,74
19
19.00
19.07
18.97
18.93
10
21.67
20.67
20.14
22.01
49
19.06
18 42
19.92
19.36
60
19.07
19.06
19.80
20.10
22.05
20.48
23.64
20.60
20.29
19.29
24.89
20.88
23.42
21.48
21.76
20.84
21.64
Les moyennes horaires déduites de ces observations montrent
que l'inclinaison sud à Batavia décroît depuis 7 h. du matin
jusqu'à 10 h. du matin, où elle est un minimum, et qu'ensuite
elle croît depuis 10 h. du matin jusqu'à 5 h. du soir.
DE l'inclinaison MAGNETIQUE à BATAVIA.
359
La table II donne les différences qu'on trouve en retranchant
la valeur de l'inclinaison à 10 h. du matin de la valeur de
l'inclinaison aux autres heures.
TABLE IL
Batavia
Temps moyen.
7 h. 8 h. 9 h.
mat. mat. i mat.
lOli. 11 h. 1 h.
mat. mat. ^^^- soir.
2 h.
soir.
3 h. 4 h. I 5 h.
soir. soir, soir
Différences.. . .
1' .48 1' .07 0' .57 0' .00 0' .47 0' .46 1' .20 1 .50 2' .03 2' .56'3'.04
' i
Le décroissement de l'inclinaison de 7 h. du matin à 10 h. du
matin et l'accroissement de 10 h. du matin à 5 h. du soir sont
assez réguliers ; la seule irrégularité est celle que montre la diffé-
rence obtenue pour l'heure de midi.
La table III comprend la deuxième série d'observations.
TABLE m.
Batavia
Temps moyen
10 h. matin,
4 h. soir.
10 h. soir.
Août 26
Août 29
Septembre 1
Septembre 4
Septembre 8
Septembre 12
Septembre 15
Septembre 18
Septembre 21
Septembre 25
Septembre 29
Octobre 7
Octobre 9
Octobre 11
Octobre 20
Octobre 22
Octobre 23
Octobre 27
Octobre 29
Octobre 30
Novembre 3
Moyennes lioraires
27°
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
18^39
18.65
22 24
19.52
1 9 . 82
18.14
20.44
21.12
23.21
19.98
20.43
21.25
21.98
20.33
22.33
18.04
23.18
20.08
18.01
14.41
18.88
20.02
27*
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
20'.04
21.24
23.18
22.78
22.55
21.56
19.18
22.73
27.22
22.21
25.67
23.98
24.^)5
24.47
25.07
21.76
27.24
27.1:3
19.62
22.10
23 . 39
23.19
27°
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
27
21 '.76
21.02
22.96
22.39
23.48
22.24
25.20
22.94
27.39
22.14
24.74
23.93
24.19
26 . 20
22.17
24.73
25.10
20.68
21.22
23.04
19.11
23.17
360
p. A. BERGSMA. SUR LA VARIATION DIURNE
Les moyennes horaires déduites de ces observations apprennent
que l'inclinaison a la même valeur à 4 h. du soir qu'à 10 h. du
soir. Ce résultat, combiné avec l'accroissement régulier de l'incli-
naison de 10 h. du matin à 5 h. du soir, tel qu'il résulte de la
première série d'observations, indique que l'inclinaison est un
maximum vers 7 h. du soir.
La table IV fait connaître les résultats de la troisième série
d'observations. Il serait trop long de donner toutes les observations
particulières ; pour ce motif, je ne communique que les moyennes
horaires pour chaque mois et pour l'année entière. La cinquième colonne
de cette table IV renferme les différences qu'on obtient en retran-
chant la valeur de l'inclinaison à 10 h. du matin de celle à 4 h.
du soir.
TABLE IV.
Nombre des
1
jours
10 h. matin.
4 h. soir.
Diôerences.
d'observation.
Décembre 1868.
9
27-^
19'.49
27°
22^52
3'.03
Janvier 1869.
9
27
18.82
27
22.59
3.77
Février //
8
27
19.00
27
22.50
3.50
Mars //
9
27
20.76
27
24.56
3.80
Avril //
8
27
22.23
27
25.18
2.95
Mai //
9
27
21.61
27
24.06
2.45
Juin //
9
27
22.08
27
25.32
3.24
Juillet //
9
27
21.51
27
25.27
3.76
Août //
9
27
23.19
27
25.58
2.39
Septembre //
8
27
22.68
27
25.69
3.01
Octobre //
8
27
23.02
27
25.02
2.00
Novembre '/
8
27
23.53
27
24.90
1.37
Moyennes annuelles.
27
21.46
27
24.42
2.96
Ces observations montrent que pendant toute l'année l'inclinaison
sud à Batavia est plus grande à 4 h. du soir qu'à 10 h. du matin.
Sur les 103 jours où l'inclinaison a été observée à 10 h. du matin
et à 4 h. du soir, il y en a eu 96 où elle était plus grande au
second de ces instants qu'au premier.
DE l'inclinaison MAGNETIQUE A BATAVIA. 361
La différence moyenne entre l'inclinaison à 10 h. du matin et
celle à 4 h. du soir, dans l'année commençant le 1er décembre
1868 et finissant le 30 novembre 1869, est de 2',96. La table
IV indique que cette différence varie dans les différents mois ; des
observations continuées pendant plus longtemps montreront peut-
être que cette différence est assujétie à une variation annuelle
régulière.
La variation diurne de l'inclinaison dans l'hémisphère sud n'a,
pour autant que je sache, jamais été déduite d'observations faites
au cercle d'inclinaison. Le général Sabine a déduit la variation
diurne de l'inclinaison à Ste. -Hélène (latitude 15^ 56' 41",2 sud,
longitude 0^ 22m 41s,9 ouest de Greenwich) des variations diurnes
de la force horizontale et de la force verticale, observées depuis
le 1er janvier 1843 jusqu'au 31 décembre 1846. Comme Ste.-
Hélène est, de tous les points de l'hémisphère sud où la variation
diurne de l'inclinaison est connue, celui dont la latitude se rap-
proche le plus de celle de Batavia, je transcris dans la table V
( Voir à la page suivante) les résultats du général Sabine (E. Sabine ,
Observations al St. ffelena, t. II, p. LXI).
Ces résultats présentent un accord remarquable avec ceux qui
se déduisent de mes observations. Dans la demi-année d'avril à
septembre, qui est celle où fut faite la plus grande partie de ma
première et de ma seconde série d'observations, l'inclinaison dé-
croît de 7 h. du matin à 10 h. du matin, est un minimum à
10 h. du matin, croît de 10 h. du matin à 7 h. du soir, est un
maximum à 7 h. du soir, et atteint à 10 h. du soir à peu près
la même valeur qu'à 4 h. du soir.
La différence entre les moyennes annuelles pour 10 h. du matin
et 4 h. du soir est , à Ste. -Hélène , de 2',05 ; la différence entre
les moyennes annuelles pour ces mêmes heures, à Batavia, est
de 2', 96. D'après cela, il est probable que l'amplitude de la va-
riation diurne, dans les moyennes annuelles, est plus grande
à Batavia qu'à Ste. -Hélène. Ce fait serait d'accord avec les
résultats déduits par le général Sabine des variations de la force
horizontale et de la force verticale à Ste. -Hélène, au Cap de
362
p. A. BERGSMA. SUR LA VARIATION DIURNE
TABLE V.
INCLINAISON SUD à
STE.
-HÉLÈNE.
Ste.-Hélène
Moyennes semi-annuelles. j
Temps moyen.
Avril à
Septembre.
Octobre à
Mars.
annuelles.
Minuit.
22^
0'.38
22^
0'.52
22"
0'.45
1 h. du mat.
22
0.28
22
0.38
22
0.33
2 h. du mat.
22
0.17
22
0.25
22
0.20
3 h. du naat.
22
0.03
22
0.17
22
0.10
4 h. du mat.
21
59.98
22
0.05
22
0.02
5 h. du mat.
21
59.85
21
59.98
21
59.92
G 11. du mat.
21
59.68
21
59.92
21
59.80
7 11. du mat.
21
59.52
21
59.63
21
59.58
8 h. du mat.
21
59.17
21
59.17
21
59.17
9 h. du mat.
21
58.88
21
58.85
21
58.87
10 11. du mat.
21
58.48
21
58.62
21
58.55
11 h. du mat.
21
58.57
21
58.53
21
58.55
Midi.
21
58.75
21
58.62
21
58.G8
1 h. du soir
21
59.38
21
59.02
21
59.20
2 h. du soir
21
59.98
21
59.62
21
59.80
3 h. du soir
22
0.42
22
0.12
22
0.27
4 h. du soir
22
0.58
22
0.62
22
0.60
5 h. du soir
22
0.78
22
0.85
22
0.82
G 11. du soir
22
1.02
22
1.05
22
].03
7 h. du soir
22
1.13
22
1.10
22
1.12
8 h, du soir
22
0.92
22
0.88
22
0.90
9 h. du soir
22
0.82
22
0.90
22
0.87
10 h. du soir
22
0.70
22
0.73
22
0.72
11 h. du soir
22
0.52
22
0.68
22
0.60
Bonne-Espérance (Voir: E. Sabine, Observations at Si. Helena^
t. II, p. C.) et à Hobarton (Voir: E. Sabine, Observations at Ho-
barlon , t. II, p. XLV.); la table suivante fait connaître ces
résultats :
DE L INCLINAISON MAGNETIQUE A BATAVIA.
363
TABLE VI.
Latitude sud.
! Différences entre les
_ valeurs des moyennes
annuelles de l'inclinai-
son sud aux lieures du
maximum et du
minimum.
Ste.-Hélèue
Cap de Bonne-Espérance.
Hobarton
15^56'
83 56
42 48
2^57
1.50
1.26
Ces résultats indiquent un décroissement de l'amplitude de la va-
riation diurne de l'inclinaison, dans les moyennes annuelles, à
mesure que la latitude s'élève.
Je me propose de continuer mes observations d'inclinaison
à 10 h. du matin et à 4 h. du soir deux fois par semaine. L'objet
principal que j'ai en vue par là, est d'acquérir une connaissance
parfaite de la différence entre les inclinaisons à deux heures diffé-
rentes du jour. J'espère trouver ainsi un moyen de contrôler les
résultats que je serai peut-être un jour à même d'obtenir, au
moyen des magnétograplies , pour chacune des vingt-quatre heures
de la journée. Jusqu'à présent il a été impossible de faire fonctionner
les magnétographes , faute d'un local approprié.
Batavia, 24 décembre 1869.
NOTES POUR SERVIR A LA CONNAISSANCE
DU PRESBYTES ALBIGEKA, GRAY,
W. MARSHALL.
Dans le courant de l'année 1869, le Musée d'histoire naturelle
de Leyde reçut du Jardin zoologique de Rotterdam deux indi-
vidus morts d'un singe rare, le Presbytes alhigena Gray. Le ssiYs.nt
chef du Musée, M. le Directeur Schlegel, m'invita à faire l'étude
anatomique de ces animaux ; cette étude a conduit à quelques
résultats que je crois devoir faire connaître, en les comparant
successivement avec ce qui a été observé chez les singes des
genres les plus voisins, les Semnopithèques et les Cercopithèques.
Chez les Semnopithèques, — groupe dans lequel je comprends
les genres : Semnopiihecus F. Cuv. avec ses sous-genres , Nasalis
E. Geoffr. , Vetulus Rchb. et Colohiis Illig. , — la partie neurale
du crâne est arrondie, brachycéphale , et la partie viscérale est
peu saillante. L'angle facial s'élevait, en moyenne, chez les in-
dividus jeunes (3 crânes) à 78° 55', chez les vieux (9 crânes) à
50° 38'; un crâne très jeune de Nasalis y dont les fontanelles
n'étaient pas encore fermées, mesurait 83° 30' ; un très vieux, 45°.
Chez les Colohus la mesure de 5 crânes adultes donna pour
l'angle facial une valeur moyenne de 46" 24'.
Dans le genre Cercopithecus et ses sous-genres, où le crâne
est beaucoup plus allongé ^) et où sa partie faciale fait une
^) Il n'est pas sans intérêt de remarquer que le crâne des Semnopithèques,
groupe essentiellement asiatique , est brachycépliale , celui des Cercopithèques ,
qui appartiennent à l'Afrique, dolichocéphale; uii phénomène pareil est offert,
comme l'on sait, par les Anthropomorphes dasypyges , car l'Orang-outan . espèce
asiatique, est brachycéphale, tandis que le Chimpansé et le Gorille, propres à
l'Afrique, sont dolichocéphales.
W. MARSHALL. NOTES POUR SERVIR A LA, ETC. 365
saillie bien plus forte, je trouvai, après mensuration de 12 crânes,
un angle moyen de 30° 45'; le crâne du Presb. albigena avait
exactement 39°.
Un examen superficiel des crânes suffit déjà à faire reconnaître
que chez les Semnopitbèques les yeux sont beaucoup plus écartés
entre eux que chez les Cercopithèques. Chez les premiers , d'après
des mesures prises sur 19 crânes, le plus grand diamètre des
orbites était de 21,5 mm. et leur distance mutuelle de 9 mm.;
chez les Cercopithèques je trouvai, d'après 12 crânes, un diamètre
maximum de 21,7 mm. et une distance de 3,7 mm.; chez le
Pr. albigena enûn, le diamètre mesurait 21mm., la distance 4 mm.
Chez les Semnopitbèques et les Cercopithèques les fosses maxillaires
sont en général peu développées, ce n'est que chez les Cerc.
aethiops et fuliyinosus , singes appartenant au sous-genre Cerco-
cebus , qu'elles forment une impression profonde; la même chose
s'observe, à un degré encore beaucoup plus prononcé, chez le
Pr. albigena y en sorte que le bord infra-orbitaire y fait une
forte saillie. Je n'ai pas remarqué que le muscle canin fût par-
ticulièrement développé, ce qui toutefois peut devoir être attribué
à ce que cette région avait été plus ou moins endommagée
pendant la préparation de la peau.
Les facettes articulaires de la mâchoire inférieure sont, chez
les Semnopitbèques, longues et étroites, les diamètres transver-
saux n'ayant que le tiers de la longueur des diamètres longitu-
dinaux ; ceux-ci convergent fortement en arrière ; le bord posté-
rieur de l'apophyse condyloïde est légèrement concave, le bord
antérieur est convexe. Chez les Cercopithèques, les diamètres
diffèrent peu entre eux, de sorte que la facette articulaire est
presque arrondie; j'ai trouvé qu'il en est de même chez le
Presbytes albigena.
Il y a encore d'autres différences ostéologiques , qui concernent
surtout les proportions relatives du tronc et des extrémités , celles
des extrémités entre elles et celles des divers doigts. Le tableau
suivant résume les résultats des mesures que j'ai effectuées sur
5 squelettes:
366
W. MARSHALL. NOTES POUR SERVIR A LA
Tableau des dimensions des différentes parties du squelette
en millimètres.
Semno-
pithecus
en tell us ,
Wagn.
Nasalis
larvatus ,
Geoflfr.
Colobus
pcrsonatus
Temiu.
Cerco-
pitbecus
r liber ,
liinné.
Presbytes
albigena,
Gray.
Tronc
310
589
117
132
76
31
157
143
92
47
470
550
181
209
122
47
216
185
136
72
445
850
153
163
107
6
198
180
129
55
295
510
108
116
61
26
120
116
76
42
305
540
Bras
112
Avant- bras
127
Doigt médian
Pouce
85
42
Cuisse
Jambe
145
140^
Orteil médian
Gros orteil
92
51
Je ne puis malheureusement donner aucun renseignement sur
la dernière molaire, cette dent n'ayant encore percé dans aucun
de nos deux individus ').
Tous les os creux du Fr. albigena avaient la forme ramassée
de ceux des Cercopithèques.
En ce qui concerne le système viscéral, on sait, — et cette
particularité constitue même un des caractères génériques du
groupe, — que les Cercopithèques sont toujours pourvus d'aba-
joues; ces poches sont aussi très apparentes chez le Pr. albigena.
') On a souvent attribué une valeur exagérée aux caractères des dents, ainsi
que devront l'avouer tous ceux qui connaissent les nombreuses variations que ces
organes présentent, sous le rapport du nombre des tubercules, etc., chez l'être
le mieux connu, savoir chez l'homme. La môme chose peut arriver chez les
singes en question ; c'est ce que montre , entre autres , un crâne de Colobm ou
de Semnopithecus , récemment acquis par notre Musée, qui présente la formule
dentaire suivante;
2.1.3.4.
2 n . 3 . 4^
par conséquent, un excès de 8 dents.
CON>AISS\NCE DU PRESBYTES ALBIGENA , GRAY. 367
La langue montre , à la partie antérieure , de nombreuses papilles
fongiformeS; de couleur blanche; les papilles caliciformes sont au
nombre de 3 et, de même que chez plusieurs Cercopithèques,
elles sont placées en triangle à la base de la langue ; leur diamètre
est de plus de 2 mm. L'œsophage n'offre rien de bien caractéristique.
L'estomac , qu'avant la dissection je m'étais attendu à trouver
composé comme chez les Semnopithèques, et que je me proposais
d'étudier sous le microscope, était simple comme chez les
Cercopithèques. Sa forme était arrondie, le fond à peine
développé; le cardia et le pylore étaient très rapprochés, de
sorte que la grande courbure mesurait 202 mm. , la petite seule-
ment 60 mm. L'intestin grêle était peu distinct au pylore; son
calibre intérieur était faible, sa longueur égale à 1,13 mètre. Le
cœcum était fortement développé , avait la forme d'un cône tronqué et
une longueur de 35 mm. Le gros intestin était long de 5,8 déci-
mètres ; les ligaments du côlon étaient fortement prononcés , solides ,
et larges de 5 mm.; les appendices épiploïques , que je n'ai encore
trouvés chez aucun singe , manquaient également dans le cas actuel.
La disposition du côlon était très remarquable: en effet, il
n'y avait pas de côlon ascendant, le cœcum était situé dans
l'hypochondre droit, sous le bord du foie, et de là le côlon se
dirigeait; en pente assez rapide, vers le côté gauche du bassin,
de sorte qu'il n'était pas question non plus d'un côlon transverse
proprement dit. A l'S du côlon et au rectum il n'y avait rien
de particulier à observer.
Le foie avait 3 divisions antérieures, plus grandes, et trois postéri-
eures , plus petites ; la plus volumineuse de ces dernières était située
au côté gauche et faisait partie du lobe gauche, les deux autres
étaient des lobules de Spiegel. La vésicule du fiel avait la même
forme que chez l'homme, et il en était de même du pancréas et de
la rate; seulement, cette dernière était relativement plus petite.
Au larynx je ne pus rien découvrir d'analogue aux poches laryn-
giennes des Semnopithèques. Le poumon droit était 3-lobé, le
gauche 2-lobé.
Le système utogénital ne montrait rien de particulier.
368 W. M/VRSFIALL. NOTES POUR SERVIR A LA, ETC.
D'après ce qui précède , il me semble qu'il ne peut guère rester de
doute que le singe en question n'appartient ni au genre Presbytes,
comme le veut Gray, ni au groupe des vrais Semnopithèques , à
la tête desquels le place Reichenbach. A mon avis, c'est un
véritable Cercopithèque, qui, il est vrai , par son aspect extérieur ,
rappelle fortement les Semnopithèques.
Il ne me Paraît pas inutile d'en donner encore une fois une
courte diagnose.
Cercopilhecus albigena.
Presbytes albigena Grray, Proc. zool. Soc. Lond. 1850, p. 77.
Semnopithecus alb. Reichenbach, Vollstànd. Naturg. der
A/feu, p. 93, n. 226.
Couleur générale d'un noir mat ; à la gorge , aux côtés du cou
et surtout aux joues, des poils plus longs et grisâtres; au-dessus
de chaque œil une touffe dirigée en avant; sur le sommet de la
tête une touffe semblable , plus grande , qui se perd vers la nuque ;
aux côtés du tronc une crinière, dont les poils sont légèrement
teintés de roux à l'extrémité.
Face et mains noires, à poils très fins; callosités ischiatiques
petites, jaunâtres; yeux d'un brun clair. Les dimensions des diffé-
rentes parties se déduisent du tableau ci-dessus.
Trois individus au Musée de Leyde, deux adultes (qui ont servi pour
la présente étude), etuu jeune, sans lieu d'origine, reçu de M. Schaufuss.
Par une communication verbale de mon ami M. van Bemmelen ,
directeur du Jardin zoologique de Rotterdam, j'ai appris que ce
singe, dont l'établissement en question a reçu successivement
5 exemplaires, provient du royaume de Loango, sur la côte
occidentale de l'Afrique.
Dans l'établissement ils étaient nourris avec du maïs, du pain
et des choux blancs; ils recevaient en outre, chaque jour, un
peu de viande crue et quelques œufs. Malheureusement on n'a
pas réussi jusqu'ici à conserver ces animaux longtemps en vie.
Dans les individus que j'ai étudiés les poumons étaient tuber-
culeux à un haut degré.
Leyde, Septembre 1870.
PJ I
INDUCTEURdeRUHMKORFF avecAPPAREIL d'enrégistration,
PI. II*.
Grand Ruhmkorff, sans condensateur; 10 éléments de Grove.
Décharges de fermeture. (Mailpapier).
Peu d'interruptions , parce que b communiquait avec le diapason et a avec le cylindre.
PI. m*.
*
«
v^î^v/^
/^A/wv
Grand Kuhmkorff, sans condensateur; 10 éléments de Grove.
Décharches d'ouverture. {Papier vélin}.
Beaucoup d'interruptions , parce que b communiquait avec le diapason et
a avec le cylindre.
PI. IV*.
iW/KÈH,
v^ yy ^^
/ \/ ^/: V V ^-.i.^./».
émàtmiémirieit:
^ — — ; •<-♦- *h-« — tw mimoiiwni-- '
jT"~ :zz:
— r->
17Z
"««^IsS"-
■> — »»«■*«■"*—«'*
Grand Ruhmkorff, sans condensateur; 10 éléments de Grove.
Les deux électrodes écrivant à la lois. [Maiipapier).
PI. Y'
xV.A.^.,A/
A^'V--.
A.''^'V^y^•..y'\/%/^
Grand Ruhmkorfî , sans condensateur; 1 — 10 éléments de Grove.
Durée de la première interruption à l'ouverture. {Papier vélin).
Grand Ruhmkorff, sans condensateur; 8 éléments de Grove.
Durée de la décharge d'ouverture, croissant avec l'étendue du
contact métallique. (Papier vélin).
PI. VIP.
V \
Grand Ruhmkorff, sans condensateur; 4 éléments de Grove.
Décharges d'ouverture avec micromètre à étincelles. (Papier vélin),
PI. VIII*.
|VV\/\yWVV^/v\A;A^i^
Wi#V%^-
,A
y\
-^V/^v.'^^.^^
^%^\
•y V
Grand Ruhmkorff, 10 éléments de Grove.
Décharges d'ouverture avec bouteille de Leyde. {Papier vélin).
PI. IX*.
ï^^.
^»
MRfîr:
Tsm
im-
^W
^
^ir
3«fe
Grand Ruhmkorff, 10 éléments de Grove.
Images des étincelles de la décharge de fermeture, avec bouteille
de Leyde. {Papier vélin).
ARCHIVES NÉERLANDAISES
DES
Sciences exactes et naturelles,
MATÉRIAUX POUR LA COINNAISSANCE DU BASALTE
F. SEELHEIM.
Les recherches dont je vais rendre compte doivent leur origine
première à une question purement pratique^ dont la solution
toutefois entraînait nécessairement dans des considérations intimement
liées à la composition et au mode de formation du basalte. Comme,
sur ces deux points, il règne encore toujours des incertitudes et
des divergences d'opinion, je crois devoir communiquer les résultats
obtenus, d'autant plus qu'ils ont conduit à une vue bien déter-
minée relativement à la genèse de la roche en question.
Parmi les prismes de basalte employés, à Middelbourg, dans
la construction d'un quai de déchargement, au port du nouveau
canal, il s'en trouvait un grand nombre qui donnaient lieu
d'observer un phénomène particulier : les prismes bien constitués ,
à cinq ou à six pans, parfaitement intacts, éclataient d'eux-
mêmes, comme on disait, en une foule de petits fragments. Après
être restés exposés quelque temps à l'influence des agents atmos-
phériques, les prismes montraient un grand nombre de fentes
longitudinales et transversales , qui les divisaient en parties irré-
gulières, de la grandeur de la main; dans quelques-uns même
la désagrégation était poussée si loin, qu'on pouvait les réduire
Archives Néerlandaises, T. V. 24
370 F. SEELÏIEIiM. MATÉRIAUX POUR LA
SOUS les doigts en grains de la grosseur d'un pois. Comme ce
phénomène n'était pas borné à quelques cas isolés, mais se
manifestait sur des centaines de prismes , je fus prié de chercher
un caractère qui permît de distinguer ces pierres, impropres à
tout service , de celles qui avaient la solidité requise.
Les prismes où la décrépitation se prononçait le plus fortement
provenaient de la carrière du Romerichkopf; près de Linz, sur
la rive droite du Rhin. Dans cette carrière même je reconnus
également le fait dont il s'agit, tant sur des fragments détachés ,
éparpillés sur le sol, que, çà et là, sur les prismes en place,
surtout sur ceux qui étaient rapprochés des pentes, tandis que,
plus vers le centre de la montagne , la roche , dressée en colonnes
élancées , à angles obtus , reliées entre elles par de minces couches
d'argile , paraissait de qualité irréprochable. A la surface les prismes
montraient, sur l'épaisseur d'une feuille de papier, la couche altérée
bien connue , de couleur grise; à l'intérieur ils étaient noirs, à cassure
inégale et très grenue , parsemés de grains d'olivine, et sans autre
trace d'altération qu'une teinte rougeâtre répandue quelquefois sur
ces grains d'olivine jusqu'à une profondeur de 1 centimètre.
Poids spécifique =: 3,006.
Mon premier soin fut maintenant de chercher la cause de la
rupture. Il ne fallait pas songer ici à un effet de dessiccation , vu que
des petits fragments de basalte frais, laissés pendant plusieurs
semaines dans l'exsiccatenr, en présence de l'acide sulfurique, ne
perdaient rien de leur poids ; il ne pouvait être question davan
tage d'une pénétration d'humidité, car lorsque les fragments,
immergés dans l'eau , étaient portés sous le récipient de la
machine pneumatique et maintenus pendant longtemps dans le
vide, il ne s'en séparait d'autres bulles que celles qui provenaient de
la couche d'air adhérente à la surface, tandis que le poids des
fragments , essuyés à la surface , ne dénotait aucune variation ,
et que l'intérieur ne laissait voir aucune trace de pénétration
d'humidité.
Lorsqu'au contraire on exposait les fragments, dans une étuve
à air ou à eau chaude, à une température de 50*^ seulement.
CONNAISSANCE DU BASALTE. 371
ils ne tardaient pas à se remplir de fissures , devenaient friables ,
et montraient à la surface, ainsi que dans toute la masse, une
quantité de points étoiles, d'un gris clair , particularité qui s'obser-
vait aussi sur les fragments éclatés spontanément et dans beaucoup
de morceaux encore compactes, à la surface de la cassure.
Le même phénomène ne se produisait pas quand les fragments
étaient introduits dans un mélange réfrigérant de sel de Glauber
et d'acide chlorbydrique , et qu'ils restaient pendant douze heures
dans ce mélange plusieurs fois renouvelé et donnant lieu à un
froid d'au moins lé''.
D'après cela, le signe auquel on pouvait reconnaître la propriété
d'éclater, savoir, l'effet d'un échauffement modéré, était trouvé:
car toutes les autres variétés de basalte , à cassure unie ou moins
grenue, traitées de la même manière, ou même chauffées jusqu'à
100° et au-delà, gardaient leur cohérence.
Une autre question était de savoir de quelle manière réchauffe-
ment occasionnait la rupture. En cherchant la réponse à cette
question , je songeai d'abord à l'assertion de M. Mohr ' ) , d'après
laquelle le basalte renfermerait une petite quantité d'eau , contenue
dans des cellules capillaires closes de toutes parts: dans le cas
où cette eau remplirait toute la capacité des cellules, sa
dilatation par la chaleur pouvait donner l'explication du
phénomène.
Mais , en admettant même la réalité de l'existence de ces cellules ,
on devrait s'attendre à voir la dilatation due à la congélation de
l'eau produire le même effet que réchauffement; or, comme cela
n'avait pas lieu, je renonçai à cette explication, bien qu'il ne
soit pas impossible que la cause indiquée contribue au résultat.
J'instituai maintenant une expérience à l'effet de constater si
l'un ou l'autre gaz à l'état libre, par exemple de l'acide carboni-
que , pouvait se trouver emprisonné dans de semblables pores du
basalte. Un grand morceau de basalte ayant été placé dans un
vase de cuivre susceptible d'être fermé hermétiquement, on fit le
') F. Mohr, GescUchte der Erde.
24*
372 F. SEELHEIM. MATÉRIAUX POUR LA
vide dans ce vase au moyen de la pompe pneumatique à mercure
de Geissler. Après que le mercure du manomètre se fut maintenu
pendant un demi-jour au même niveau dans les deux branches ^
on chauffa le vase à une température de 100^. La rupture eut
lieu successivement, avec un bruit de crépitation , et il se forma
un enduit d'humidité dans le tube qui reliait le vase à la pompe
pneumatique; mais, lorsque cette humidité eut été absorbée
par le chlorure de calcium de l'appareil de dessiccation , le mercure
du manomètre ne montra qu'une différence de niveau très insi-
gnifiante y et bien que , en faisant fonctionner de nouveau la pompe ,
de l'eau de baryte interposée se troubla légèrement, ce trouble
était trop faible pour qu'il y eût lieu d'en tenir compte. Il n'y
avait donc pas non plus de gaz emprisonné dans le basalte.
Le poids spécifique n'est pas changé après la décrépitation.
C'est donc la dilatation passagère, due à réchauffement, qui
produit la rupture. Or, lorsqu'un corps solide homogène est soumis
à un échauffement uniforme, son volume total peut bien aug-
menter, mais il est tout à fait impossible qu'il se brise. Par
conséquent il faut, ou bien que réchauffement ne soit pas uni-
forme, ou bien que la masse ne soit pas homogène. Si c'était le
défaut d'égalité dans réchauffement qui occasionnait la rupture,
le phénomène devrait s'observer également dans les autres sortes
de basalte; comme il ne se manifeste toutefois, même après
une application prolongée de la chaleur , que chez la seule variété
dont il est ici question, il ne reste d'autre alternative que de
l'attribuer à une inégalité de dilatation due à l'inégalité de structure
de l'agrégat minéral, et par suite de laquelle les points où la
tension est la plus forte se réunissent par des fissures. Ainsi
s'explique aussi pourquoi la dislocation atteint tout spécialement
les basaltes qui présentent une cassure à gros grains, car il est
probable que chez ceux-là l'hétérogénéité de structure est plus
grande que chez les basaltes à cassure unie, lesquels, toutefois,
ne sont pas entièrement à l'abri du phénomène. Au Domkopf près
d'Unkelbach sur le Rhin, au Meissner en Hesse, et dans d'autres
localités, j'ai vu de ces masses réduites en fragments , — souvent
CONNAISSANCE DU BASALTE. 373
cimentés de nouveau par de l'oxyde de fer et du carbonate de
chaux, — parmi les prismes détachés et épars sur le sol; à
l'intérieur des montagnes basaltiques, là où la roche en place
est préservée de l'influence des rayons solaires, je n'ai jamais
rien remarqué de semblable. Les petites taches étoilées, d'un gris
clair, que montre le basalte éclaté, sont les particules de la
pâte qui ont été rompues violemment lors de la division de la
masse, et qui paraissent plus claires parce qu'elles réfléchissent
plus de lumière.
Le phénomène dont il s'agit ici est donc entièrement différent
de celui de la division du basalte en prismes, lequel, comme
M. Mohr l'a prouvé clairement, est dû au retrait occasionné par
la transformation du carbonate de fer en oxyde magnétique.
Pour contribuer à la connaissance de la nature du basalte , sur
laquelle on ne possède pas encore des recherches suffisamment
complètes, je donne ici les résultats de l'analyse détaillée que
j'ai faite d'un échantillon.
Le basalte réduit en poudre extrêmement fine , privée de toute
humidité dans l'exsiccateur, fut digéré pendant longtemps avec
un grand excès d'acide chlorhydrique pur et concentré ; on évapora
alors à siccité, on procéda comme pour les silicates solubles
ordinaires, et on s'empara de l'acide silicique soluble par une ébulli-
tion prolongée et répétée avec du carbonate de soude. La masse qui
avait résisté à l'action de ces agents fut fondue avec du bisulfate
de potasse; à ce sujet, je remarquerai que le traitement par
l'acide sulfurique concentré suffit également, lorsqu'on le continue
pendant longtemps. L'acide silicique fut extrait par une dissolution
faible de soude. Enfin le résidu insoluble fut attaqué et analysé
ultérieurement par les méthodes connues. L'acide carbonique fut
déterminé, sur 50 grammes de matière, en faisant absorber le
gaz par l'eau de baryte; le dosage de l'oxyde de fer eut lieu
par la méthode iodoraétrique de M. Mohr.
374 F. SEELHEIM. MATÉRIAUX POUR LA
L'analyse donna en 100 parties:
En équivalents.
/ Acide silicique 25,72 0,838 i
l Alumine 4,20 0,0819
Partie insoluble \ Chaux 4,01 0,1432
40,64 j Magnésie 2,18 0,1090
Soude et un peu de potasse 1.82 0,0587
Oxydule de fer 2,71 0,0753
Partie attaquable Acide silicique 1,89 0,0613
par le bisulfate \ Alumine . . 1.72 0,0335
de potasse j (renfermant une très petite
3,61 \ quantité de fer).
Partie attaquable
par l'acide
chlorhydrique
55,47
Acide silicique 20,43 0,6630
Alumine 11,80 0,2302
Chaux 5,32 (— 0,44) 0,1743
Magnésie 2,00 0,1000
Potassse 0,36 0,0076
Soude 2,50 0,0806
Oxyde de fer 3,49 0,0436
Oxydule de fer 6,67 0,1853
Acide carbonique 0,12
Acide phosphorique 0,25
Eau 2,53
99,72
Des résultats de cette analyse on peut déduire , avec un degré
suffisant de certitude, la composition minéralogique du basalte.
0,4914 SiO, -4- 0,0819 AI2O3 H- 0;Ô587NaO"-H~0^2 Ca 0
donnent le rapport 6:1:1, ou la formule
RO, AI2O3, esio^,
c'est-à-dire du feldspath normal, dans lequel RO est représenté
par de la soude, de la chaux et très peu de potasse.
0,3434 Si 0 , + 0,Ï200CaO -f"^Î090MiO~H- 0,Ô753FeO
donnent approximativement le rapport 1:1, ou la formule
RO, SiO^,
qui est celle du pyroxène, RO comprenant, comme éléments
vicariants , les monoxydes chaux , magnésie et oxydule de fer.
Le silicate d'alumine, la partie attaquable par le bisulfate de
potasse, présente le rapport 1:2, c'est-à-dire la formule
Al,03,2SiO,.
CONNAISSANCE DU BASALTE. 375
Pour ce qui regarde la partie soluble^ il est probable que les
petites quantités d'acide carbonique et d'acide phosphorique sont
unies à de la cbaux. On obtient ensuite:
0,0436 Fe^Og + 0,0436 FeO = FeO ; Fe.Og ,
ou du fer oxydé magnétique ; puis
0j417F?O-r^Î000 MgO -h 0,1208 SiO^ ,
ou le rapport 2 : 1 z= 2 RO , SiO^ ,
c'est-à-dire la composition de l'olivine. Comme les analyses de
l'olivine montrent toujours très exactement le rapport 1 : 1 entre
les quantités d'oxygène, on peut faire ce calcul avec une entière
certitude.
Vient alors un silicate d'alumine et de chaux, savoir
0,1743 CaO + 0,1743 AUO. + 0,3486 SiO., ,
donnant le rapport 1:1:2, ou la formule
CaO, AI2O3 , 2810^ ,
qui est celle de l'anortbite;
0,1677 SiO, + 0,0559 AI2O3 + 0,0559 NaO,
correspondant à la formule
AUO3, 2SiO, +^^^jSiO,,
qui représente la natrolite; enfin,
0,0259 SiOo + 0,0247 NaO -f- 0,0076 KO,
fournissant un résidu de silicate alcalin.
D'après cela, la composition minéralogique du basalte analysé
peut être exprimée de la manière suivante:
NaJ
Eeldspath K O, Al,03,6 SiO, 2], 82 p%.
Ca'
CaJ
Pyroxène Mg 0, SiO, 18,83
Argile AUO3, 2 SiO, 3,62
Auorthite Ca O, Al^Og, 2 SiO, 24,56
Natrolite Na 0, A\^0„ 3 SiO, 9,76
Olivine 2 ^^^ j O, SiO, 10,83
M Fev oxydé magnétique 5,06
Carbonate de chaux 0,27
Phosphate de chaux CasPhOg 0,54
Silicate alcalin (Résidu) 1,90
Eau 2,53
~99;r2"
376 F. SEELHEIM. MATERIAUX POUR LA
Ce qu'il y a de plus remarquable dans cette composition , c'est
la présence d'un élément argileux. Est-ce de l'argile véritable ^ —
auquel cas il faudrait lui rapporter aussi une partie de l'eau , —
ou bien quelque autre silicate alumineux ? J'opine pour la première
hypothèse, attendu que la présence de cet élément se laisse aussi
constater par simple lévigation : il suffit même de concasser en
gros grains, sous l'eau, quelques petits morceaux de basalte, pour
que l'eau se trouble fortement par de l'argile mise en suspension
et qui ne se dépose qu'après un repos prolongé. Cette argile ne
peut d'ailleurs être regardée comme un produit de décomposition
du basalte, car la roche analysée était parfaitement intacte et
inaltérée. Nous verrons plus bas quelle est la signification qu'on
doit y attacher.
Le silicate alcalin figure ici naturellement comme simple résultat
de calcul, comme reste, dans lequel se concentrent les erreurs
de détermination des autres éléments. Néanmoins , il paraît exister
réellement un peu de silicate alcalin libre dans le basalte: en
effet, quand on fait bouillir dans l'eau la matière pulvérisée, on
obtient une solution à réaction fortement alcaline et qui renferme
une petite quantité de silicate alcalin.
Je m'abstiens de tout calcul ultérieur relativement à la distribution
de l'eau, afin de n'obscurcir l'analyse par aucune interprétation
arbitraire.
J'aborde maintenant la question de la formation du basalte par
la voie humide , — car , après les arguments et les preuves que
M. Mohr a fait valoir contre l'admission d'une origine ignée,
celle-ci ne peut plus guère se soutenir. Il est vrai que , en dépit
de cette démonstration, les partisans de l'hypothèse plutoniste
continuent à prétendre que certains basaltes, tels par exemple
que celui du Meissner, dans la Hesse, ont produit sur les roches
avoisinantes des métamorphoses qui ne peuvent s'expliquer que
par une température élevée; mais, au moins en ce qui concerne
le basalte qui vient d'être cité, je suis en mesure de contester
cette assertion. Le lignite bacillaire noir qu'on trouve au Meissner
I
CONNAISSANCE DU BASALTE. 377
n'est pas du lignite brun altéré par la chaleur; c'est ce que
M. Bischof avait déjà remarqué et ce dont il est facile de s'assurer,
sur les lieux , par la simple inspection. Le lignite bacillaire noir
étant situé en couches au-dessus du lignite conchoïde brun, il
serait impossible qu'il eût été modifié par une action calorifique,
émanant du basalte, sans que la masse ligniteuse sous-jacente
eût éprouvé un effet analogue, puisqu'elle se trouve également
en contact avec la roche basaltique. Le fait seul, que les deux
variétés sont fortement bitumineuses, prouve qu'elles n'ont pas
été exposées à une haute température. Entre le basalte et le
lignite, s'interpose une couche mince d'argile, qui, là où elle
arrive au jour, montre une structure bacillaire et feuilletée et
une couleur rouge. L'argile offre souvent une cassure lisse, ainsi
qu'une cohérence et une imperméabilité remarquables. En ce qui
concerne cette matière, M. Bischof lui-même paraît porté à croire
qu'elle a dû sa structure bacillaire à l'influence d'une forte chaleur.
D'autres, à cause de sa couleur rouge et de sa grande cohérence , —
que du reste elle n'acquiert que lorsqu'elle est restée pendant
longtemps dans un lieu sec, — la regardent comme de l'argile
calcinée ou du jaspe-porcelaine. Mais d'abord, d'une manière
générale, ce que l'on appelle jaspe-porcelaine est le plus souvent,
non de l'argile calcinée, mais de l'argile qui a été pénétrée par
de l'acide silicique et des silicates, et dont le poids spécifique,
ordinairement égal à 2,5 — 2,6, ne s'accorde pas avec l'hypothèse
qui attribue à la calcination l'aspect de la masse. Ensuite, dans le
cas actuel, on voit très clairement que la matière n'est pas autre
chose qu'un produit de décomposition du basalte; car, lorsqu'on
casse de gros morceaux, il n'est pas rare d'y trouver un noyau
de basalte à gros grain, montrant, de dedans en dehors, des
traces de plus en plus prononcées d'altération et de transforma-
tion en argile rouge , de sorte que le passage insensible du basalte
au jaspe-porcelaine est incontestable. Il faut ajouter que l'argile
renferme de l'eau, qu'elle abandonne par la calcination. La couleur
rouge, qui s'observe surtout aux surfaces exposées à l'air, n'a
besoin d'aucune explication , attendu que le peroxyde de fer doit
378 F. SEELHEIM. MATERIAUX POUR LA
nécessairement faire partie des produits de la décomposition du
basalte; d'un autre côté, la décoloration, qui se voit ailleurs,
est un effet de réduction dû au lignite. Il résulte donc de ce qui
précède, que le basalte n'a joué, par rapport au lignite, qu'un
rôle purement passif, et que c'est plutôt ce dernier qui, avec le
concours de l'atmosphère , a déterminé la métamorphose du basalte
en argile.
Si l'hypothèse de l'origine ignée du basalte peut être considérée
aujourd'hui comme appartenant à l'histoire de la géologie, on
doit reconnaître pourtant que la simple affirmation de la production
par la voie humide ne constitue pas une explication suffisante,
et que la nature mystérieuse du phénomène demande encore à
être èclaircie. M. Mohr dit à ce sujet: „Nous restons dans le
doute , si le basalte doit être regardé simplement comme le résultat
de l'infiltration, dans des terrains calcaires, de liquides chargés
de silice et d'alumine, ou si, dans certains cas, tous les éléments
de la roche ont pu se trouver en dissolution et se déposer simul-
tanément." En supposant l'infiltration dans une roche calcaire, il
faudrait, pour donner naissance à du basalte, qu'environ 90 pour
cent du calcaire eussent été emportés et remplacés par une quantité
équivalente d'autres éléments basaltiques, de sorte que, au fond,
il n'y aurait pas grande différence entre une infiltration de ce
genre et une formation de toutes pièces au sein d'une dissolution.
Une pareille formation par cristallisation, au milieu des terrains
stratifiés, auxquels le basalte appartient exclusivement, consti-
tuerait toutefois une énigme beaucoup plus obscure que celle
qu'elle serait destinée à expliquer.
Au sujet des vues de MM. Grandjean et Bischof, qui font
dériver le basalte de l'argile, — vues qui ont été développées,
mais non établies avec évidence , dans le Traité de M. Bischof, —
M. Mohr fait la remarque suivante: „L'argile est un produit de
la décomposition du basalte, elle n'est pas sa matière première.
Nulle part on ne trouve des masses d'argile telles qu'elles seraient
nécessaires pour rendre compte des prodigieux dépôts de basalte
qui existent dans la nature. Les vues de M. Bischof ou de M.
CONNAISSANCE DU BASALTE. 379
Grandjean ne reposent par conséquent sur aucune base scientifique
ou positive."
De pareilles masses d'argile sont toutefois beaucoup plus faciles
à trouver que les matériaux qu'exigerait la production du basalte
au sein d'une dissolution. C'est ainsi qu'à peu de distance d'ici , dans
la cour de la prison de Goes (île de Sud-Béveland) , on fore un puits
artésien, qui a déjà pénétré à une profondeur de 170 mètres
dans une couche d'argile, — que j'ai suivie de pied en pied et
sur laquelle je communiquerai peut-être plus tard quelques
détails, — sans l'avoir traversée. Si cette argile était employée
à former du basalte , elle pourrait donner naissance à une montagne
qui n'aurait pas trop à rougir devant ses sœurs plus anciennes.
D'ailleurs, les schistes argileux anciens, dont les dépôts sont
beaucoup plus puissants, ne doivent-ils pas aussi, incontestable-
ment, leur origine à des argiles? L'objection tirée de la masse
du basalte ne semble donc pas avoir un bien grand poids.
Une autre question est de savoir si la formation du basalte aux
dépens de l'argile rentre dans les possibilités chimiques et géolo-
giques. Pour décider cette question , il est nécessaire de comparer
la composition des argiles avec celle du basalte, et, à ceteifet,
je prendrai pour exemple le résultat d'une analyse d'argile,
que j'ai exécutée il y a quelque temps:
Argile diluvienne de Westervreyhe.
Acide carbonique 12,37
Chaux 11,03
Partie l Acide silicique 2,26
soluble dans I Alumine 3,42
l'acide i Oxyde de fer 3,55
chlorhydrique. f Magnésie 2,01
' Potasse 0,50
\ Soude 3,39
Eau 5,70
Matière organique 0,77
( Alumine 6,39
f Acide silicique 12,51
Partie insoluble,
essentiellement: Acide silicique 33,01
100,06
380 F. SEELHEIM. MATERIAUX POUR LA
On voit que l'argile renferme tous les éléments nécessaires
pour la formation du basalte, et qu'on n'a pas besoin de recourir
à une infiltration préalable de principes étrangers ; la seule réaction
mutuelle des matières en présence, principalement celle du car-
bonate de cbaux et du silicate alcalin sur l'argile et sur la partie
insoluble, ainsi que la réduction de l'oxyde de fer par la matière
organique, suffisent pour faire concevoir la possibilité de la
transformation en basalte.
Mais, j'ai aussi à donner un argument chimique positif en
faveur de cette origine du basalte , savoir la production artificielle ,
au moyen de l'argile, par la voie humide, de silicates, et
précisément de silicates qui se trouvent réellement dans le basalte.
Je me suis servi d'un kaolin pur, qui fut d'abord mis en digestion
dans l'acide chlorhydrique , ramené à siccité, humecté avec de
l'acide chlorhydrique concentré, puis lavé; l'acide silicique mis
en liberté fut alors extrait au moyen de l'ébullition avec du
carbonate de soude. L'argile purifiée fut soumise une seconde
fois à la même série d'opérations, de sorte qu'elle ne pouvait
plus rien contenir de soluble. Cette argile fut alors mélangée
avec une dissolution de silicate de soude, et le mélange liquide
fut introduit dans un tube de cuivre forgé, qui se fermait à l'aide
d'un bouton à vis et qui était capable de supporter une très
forte pression. Le tube ainsi rempli fut chauffé pendant huit
heures, dans un bain d'air, à une température de 200 — 300^.
Après le refroidissement, le tube ayant été ouvert, le contenu
se présenta sous forme d'un liquide clair, tenant en mélange
une poudre grenue , cristalline , qui se laissait facilement séparer
par lévigation et qui se déposait immédiatement au fond du vase.
Examinée sous le microscope, cette poudre se montra composée
de magnifiques groupes cristallins, d'une forme sphéroïdale et
d'une structure bacillaire-radiée et concentrique, exactement
comme ou le voit dans la wavellite et la natrolite. Les grains
cristallins furent lavés par le procédé de Bunsen, puis sèches
en les pressant d'abord entre du papier brouillard et les laissant
ensuite séjourner quelque temps dans l'exsiccateur. Leur analyse, —
CONNAISSANCE DU BASALTE. 381
ils formaient un silicate attaquable par l'acide chlorhydriqiie ^ —
donna ^ après déduction d'un reste d'argile non transformée, les
résultats suivants :
Acide silicique 47,68
Alumine 24,11
Soude 18,86
Eau 9,35
~ 100.00
résultats qui permettent d'établir, avec une assurance suffisante,
la formule
AI2O3, 2810^ 4-NaO, SiO, + 2H0,
montrant que le corps cristallin qui a pris naissance est de la
natrolite.
Or l'analyse du basalte a conduit, de la manière la plus
naturelle, à y reconnaître la présence de la natrolite, de sorte
qu'on peut regarder comme démontrée , analytiquement et synthéti-
quement, la formation de la natrolite basaltique au moyen de
l'argile, par la voie humide. L'existence, dans le basalte, d'une
certaine quantité d'argile non altérée et ayant échappé jusqu'ici
à la transformation, fournit un nouvel appui à l'opinion qui fait
dériver le basalte de l'argile. En renfermant dans mon tube de
cuivre de la chaux carbonatée cristallisée , du kaolin et de l'eau ,
j'ai également obtenu un silicate alumino-calcique attaquable par
l'acide chlorhydrique , sur lequel je me propose de revenir ulté-
rieurement, de même que sur l'action que l'argile éprouve, par
la méthode indiquée, de divers autres agents. Dès à présent
toutefois, je crois pouvoir regarder comme prouvée , sous le rapport
chimique, la transformation de l'argile en basalte.
Les considérations géologiques, de leur côté, ne contredisent
pas cette opinion, mais tendent plutôt à la confirmer. Le
basalte se présente dans la nature sous forme de nappes, de
dômes et de filons. Les nappes se reconnaissent pour des
couches soulevées: tel est, par exemple, le Meissner, qui a
un versant rapide et un autre moins incliné, et qui est placé
entre des couches également soulevées de muschelkalk , de keuper
et de grès bigarré. Les dômes et les cônes montrent ordinairement
382 F. SEELHEIM. MATERIAUX POUR LA
le mieux la division prismatique, dans le sens vertical et à
partir des surfaces de contact. Or, comme la division pris-
matique est due à la résistance que le basalte a éprouvée dans
son retrait, par suite du frottement sur les faces de contact, il
a dû arriver que là où ce frottement était le plus considérable,
c'est-à-dire sur la base horizontale , les vides ont été plus grands
qu'à la partie supérieure; il a pu en résulter dans les prismes
une tendance à l'obliquité vers un axe central, et ainsi
s'expliquerait, jusqu'à un certain point, la structure voûtée
des cônes basaltiques. Je n'attache toutefois qu'une médiocre
importance à cette remarque, attendu que c'est certainement la
désagrégation par les agents atmosphériques qui a le plus contribué
à produire la forme en dôme. Aux surfaces de contact la roche
est ordinairement altérée. J'ai observé un très beau contact,
presque vertical, entre le basalte et le schiste argileux , à l'entrée
de la carrière de basalte d'Unkelbach: les prismes étaient dirigés
perpendiculairement aux joints du schiste, et j'en remarquai
quelques-uns, en place dans leur position naturelle, qui étaient
tout à fait intacts à une de leurs extrémités, tandis qu'à l'autre
ils montraient un passage insensible à une argile schistoïde
renfermant des paillettes de mica; ces prismes consistaient donc
à un de leurs bouts en schiste altéré, lequel passait successive-
ment au basalte. En général, beaucoup de basaltes, lorsqu'ils
sont en voie de décomposition, offrent clairement une division
par joints parallèles, de sorte que les prismes se transforment
plus ou moins en plaques. J'en ai vu un bel exemple au Meissner.
Quant à la question de savoir pourquoi une argile se métamorphose ,
totalement ou partiellement , tantôt en basalte , tantôt en schiste ar-
gileux, je ne hasarderai aucune explication à ce sujet; peut-être
le phénomène est-il en connexion avec la formation du mica sous
haute pression (voyez Mohr, Geschichte der Erde).
La forme de filon , que le basalte affecte souvent , est tout
à fait analogue à celle des filons d'argile. J'ai eu l'occasion
d'observer, entre autres, un très beau filon d'argile dans la tourbe
de l'île de Walcheren, près de Middelbourg.
CONNAISSANCE DU BASALTE. 383
Les matières étrangères que le basalte renferme quelquefois
fournissent une nouvelle preuve de l'origine que nous lui attri-
buons. J'ai trouvé un prisme de basalte, provenant du Romerich ,
qui contient j enclavé dans la pâte, un fragment irrégulièrement
arrondi de schiste siliceux à veines noires. Le prisme ayant été
cassé en trois morceaux, le fragment étranger peut être extrait
de sa cavité, ou y être replacé, à volonté. La masse basaltique
s'est adaptée exactement à chaque inégalité du fragment ; dans
les joints on trouve un peu de carbonate de chaux. On ne peut
expliquer ce fait, qu'en admettant que le fragment a pénétré
dans la masse argileuse, qui plus tard a donné naissance au
basalte, à l'époque où elle était encore molle ; pendant la transfor-
mation, le fragment lui même a d'ailleurs dû rester intact, car,
autrement, il aurait contracté une adhérence plus intime avec la
pâte basaltique.
On peut maintenant se représenter à peu près de la manière
suivante la formation du basalte et les changements successifs
qu'il subit. Dans la première période on a une masse argileuse
plus ou moins plastique , dans laquelle l'eau peut se diffuser
suivant toutes les directions. Les divers éléments en présence com-
mencent à agir les uns sur les autres. Le peroxyde de fer est
réduit par les matières organiques. Les carbonates de fer, de
chaux et de magnésie, les silicates alcalins, etc. réagissent sur
l'acide silicique et sur l'argile. La masse commence à se remplir de
productions cristallines, qui se groupent autour de centres distincts
et donnent naissance à la structure grenue. L'acide carbonique
mis en liberté peut s'échapper lentement, avec l'eau, entre les
particules argileuses qui ne sont pas encore entièrement décom-
posées. La matière prenant une dureté cristalline, tout en étant
encore pénétrée de particules argileuses non attaquées, il s'établit
nécessairement à l'intérieur un état de cohérence très inégale. La
masse montre, au moindre changement de température, le phéno-
mène de la décrépitation, ou est sujette à éclater , sous l'influence
d'un pareil changement, en grains anguleux marqués de points
étoiles. Si , dans ce stade de durcissement progressif, il se fait un
384 p. SEELFIEIM. MATÉRIAUX POUR LA
échange d'acide carbonique contre de l'oxygène , on une formation
de fer oxydé magnétique, d'après la théorie de Mohr , la division
prismatique s'opère dans la masse parvenue au degré extrême
de fragilité. Enfin, il vient un moment où, la transformation
étant achevée , il s'établit un état de stabilité , dans lequel la
masse est devenue partout compacte et imperméable et où les
communications entre les éléments ont cessé. C'est là la seconde
période , de laquelle le basalte passe , quand les circonstances sont
favorables ; dans un troisième stade. Les parties de fer oxydé
magnétique qui, étant rapprochées de la surface des prismes,
sont exposées à l'influence de l'air, commencent à s'oxyder.
L'oxyde de fer, qui sert, comme l'on sait, de véhicule à l'oxygène ,
transmet cet élément, d'atome en atome, aux parties intérieures ,
et les prismes s'entourent, de dehors en dedans, d'une couche
colorée en rouge , qu'on trouve, par exemple, très bien caractérisée
dans les prismes du Minderberg. Comme l'oxydation, dans sa
marche progressive vers l'intérieur, est directement proportionnelle
à la surface de la partie attaquée et inversement proportionnelle
à son volume, elle avancera plus rapidement à partir des angles ,
où le quotient de la surface par le volume est plus grand, et
la limite d'oxydation se rapprochera de la forme sphéroïdale ou
ellipsoïdale. Simultanément, la modification chimique détermine
un changement de structure et^ par suite, une tendance à la
formation de sphéroïdes, ou même une division formelle des
prismes en sphéroïdes. Lorsque enfin, — et c'est là la
quatrième et dernière période, — l'oxyde de fer est réduit et
entraîné par les agents extérieurs, la roche devient poreuse, l'eau
s'y infiltre, l'altération commence, et, dans la dernière phase
de cette période, le basalte retombe à l'état d'argile; d'autres
fois, peut-être, il-subit une transformation en trachyte.
En terminant ces considérations, j'ai à peine besoin de dire
que je ne les donne que comme une simple tentative pour approcher
peu à peu de la connaissance de la nature du basalte.
MiDDELBouRG, juillet 1870.
MATERIAUX
POUR LA CONNAISSANCE DE l'iNFLUENCE
DE LA
TEMPËRATUKE SUR LES PLANTES,')
PAR
HUGO DE VRIES.
Le but de ia physiologie est d'expliquer les phénomènes de la
vie par des lois physiques et chimiques. La conviction de la
vérité de cette proposition a conduit à une méthode d'investigation
qui est déjà depuis longtemps généralement adoptée dans la
physiologie du corps humain, où elle donne journellement d'im-
portants résultats. Dans la physiologie végétale, au contraire,
elle n'a pas encore été suivie d'une manière aussi complète, et
cela par suite de l'extrême imperfection de notre connaissance
des lois physiques et chimiques qui devraient servir à rendre
compte des phénomènes vitaux des plantes.
Dans le Mémoire dont le titre est cité ci-dessous, en note, j'ai essayé
de faire à une partie de la physiologie végétale , pour autant que le
permettaient les observations déjà recueillies, l'application de cette
méthode. Le résultat aurait été plus satisfaisant si un plus grand
nombre de faits avaient pu être traités de la même manière.
Mais mon travail m'a donné l'occasion de constater que notre
connaissance des faits, en ce qui concerne l'influence de la
1) Extrait d'un Mémoire ])ublié sous le titre de: De invloecl der iemjperatnnr
cp de leven.sverschijitsele/i der plant en, par Hugo de Yries , La Haye. Nijhoff, 1870.
Archives Néerlandaises, T. V. 25
386 HUGO DE VRIES. MATERIAUX POUR LA CON?^AISSAISCE
température sur les plantes, laisse encore beaucoup à désirer.
J'ai donc entrepris quelques recberches pour contribuer à combler
cette lacune, et ce sont les résultats de ces recbercbes que je
vais faire connaître.
I. Limite supérieure de température pour la
vie végétale.
Relativement à cette limite, M. Sacbs *) a trouvé qu'elle est
située dans l'air vers 50 — 52^, et dans l'eau vers 45 — 47"", mais
qu'elle est susceptible de varier légèrement suivant l'âge de la
partie étudiée. D'après cela, et aussi d'après le fait que beaucoup
d'algues vivent, dans des sources thermales, à une température
beaucoup plus élevée , il était permis de supposer qu'en étendant
davantage les expériences on trouverait des écarts plus ou moins
considérables des limites assignées.
Mes recherches ont confirmé cette présomption. Renvoyant à
mon Mémoire original pour la méthode d'exécution , qui ne
diffère que dans les détails de celle suivie par M. Sachs, je me
contenterai ici d'en communiquer, sous forme de tableaux, les
principaux résultats. Les colonnes A donnent les plus hautes
températures ^) inoffensives qui ont été observées ; les colonnes B ,
les plus basses températures mortelles observées; la température-
limite est donc située entre ces deux; la durée du séjour dans
l'enceinte à température constante était de 15 à 30 minutes.
Les expériences du premier tableau ont eu lieu sur des plantes
cultivées en pots.
Pour celles des expériences du tableau II qui ont été
faites dans l'air, j'ai pris des plantes en pots; pour celles qui
ont eu lieu dans l'eau, je me suis servi de feuilles radicales ou de
branches feuillées coupées.
1) Sachs, Ueher die obère Temperaturgrenze der Végétation , < Flora,
1864, p. 5.
2) La température sera constamment donnée en degrés centigrades.
DE L INFLUENCE DE LA TEMPERATURE SUR LES PLANTES.
387
I. Phanérogames.
ESPECES.
K a c i n e s
I Dans l'eau.
I A. B.
Dans la terre
sèche.
A. B.
Tig
feuil
dans
A.
es
lées
'eau.
B.
Zea Maïs
Tropaeolum majus
Citrus Auraiitium
Phaseolus vulgaris
Calendula officiualis
Cannabis sativa
Aquilegia vulgaris
Petroselinum sativum , . . .
Campanula latifolia
Rosa sp
Brassica Napus
Cytisus Laburnum
Lupinus luteus
Secale Céréale
Agrostemma Githago . , , .
Lupinus albus
Phaseolus haematocarpus .
Helianthus annuus
Convolvulus tricolor
Polygonum Eagopyrura. . .
45,5"
45,5
47,8
45,5
45,5
45,0
45,0
45.0
45,0
45,5
47,0'
47,0
50,5
47,0
47.0
47.5
47.5
47,5
47,5
47,0
50,1'
50,5
50,0
46,2
52,0
47,9
48,0
50,5
52,2°
52,0
51,5
50.3
52,8
51,0
51,8
46,0°
44,1
50,3
44,1
46,5
44,1
44,1
44,1
44,1
44,1
44,1
46,8°
45,8
52,5
45,^
48,5
45,8
45,8
45,8
45,8
45,8
45,8
IL Phanérogames.
ESPÈCES.
Partie étudiée.
Daus l'eau.
A. B.
Daus l'air.
A. B.
Lis florentiua
// //
Iris sambucina. . . .
Antheric. ramosum .
// //
Viuca minor
// //
Erica carnea
// //
Taxus baccata
// //
Funkia japonica. . ,
Saxifraga umbrosa,
Salisburia acliantif. ,
Hedera Hélix
SoDimet de la feuille radicale
Base de la môme
Sommet de la feuille radicale
Base de la même
Sommet de la feuille radicale
Base de la même
Jeunes feuilles
Vieilles feuilles
Jeunes feuilles
Vieilles feuilles
Jeunes feuilles
Bases de vieilles feuilles. . .
Feuille radicale
Vieille feuille
Feuille adulte
Feuille adulte
49,0o
49,7
50,1
52,1
50,1
51,5
46,2
47,8
48,5
52,0
50,6
52,0
48,2
50,6
48,5
48,5
49,7^^
53,2-
51,5
55,0
52,1
53,0
55,0
51,5
51,7
53,0
47,8
50,1
53,3
50,6
52,0
50,1
52,0—
52,0
55,0
50,6
52,0
55,0°
57,3(?)
55,0
57,0
53,0
54,0
53,3
17,2
2b'-^-
388
HUGO DE VRIES. MATERIAUX POUR LA CONNAISSANCE
III. Cryptogames.
(Plantes entières dans l'eau).
ESPÈCES.
A.
B.
ESPÈCES.
A.
B.
Physcoinitriuni pyrifornie .
46,4'
47,50
Hydrodictyon utriculatum .
44,2'^
46,0^^
Fimaria hygrometrica. . . .
40,2
43,4
Nostoc rufescens
30,2
42,2
Dicranum scoparium
43,4
Oscillaria Frohlichii
43,4
45,1
Marchantia polymorplia. . ,
44,9
46,4
auguina
43,4
45,1
Lunularia vulgaris
43,4
46,4
" chlorina
43,4
45,1
Oedogonium sp
42,2
44,2
Spiruliiia .Teitiieri
43,4
45,1
40,5
44,2
Il résulte de ces tableaux que, pour la majorité des espèces
observées, la température-limite de la vie se trouve, dans l'eau,
entre 45 et 47°, et dans l'air (ou dans la terre sèche), entre
50 et 52°; mais que, pour certaines espèces, cette limite est
située plus haut , et pour d'autres plus bas. Si l'on tient compte ,
en outre, des algues qui végètent dans les sources thermales,
on voit qu'il n'est pas encore possible d'indiquer une température-
limite absolue pour la vie végétale en général. Mes expériences
confirment d'ailleurs que, dans les cas étudiés, la limite est
située plus bas pour les feuilles jeunes que pour les feuilles plus
âgées , et plus bas aussi pour le sommet des feuilles allongées
que pour leur extrémité inférieure. Les expériences relatives au
Citrus Aurantium prouvent, en outre, que la température-limite
peut aussi être différente pour des organes différents de la même
plante.
II. Refroidissement des plantes jusqu'à 0''.
L'observation de M. Bierkander '), que les Cucumis salivas ^
C. Melo j Cxicurhita Pepo , Impatiens Balsamina, Ocymum basilicum,
Portulaca oleracea et Solaniim tuberosum ont péri dans des nuits
de septembre, à une température de 1 — 2' au-dessus du point
de congélation de l'eau, a donné lieu de supposer que ce degré
de température serait directement nuisible aux plantes en question.
Pour décider si cette conjecture est fondée, j'ai pris des pieds
1) Voyez: Goppert, Die JVàrme-Enfwickelung , 1830, p. 124.
DE l'influence DE LA TEMPERATURE SUR LES PLANTES. 389
vigoureux, cultivés en pots, de ces plantes (sauf du 6'. Melo , de
nnipaliens et du Solanum , que je n'avais pas sous la main),
et je les ai plongés, avec leurs tiges et leurs feuilles, dans un
mélange d'eau et de glace, où ils ont été maintenus pendant un
quart d'heure. Comme tous les organes de ces plantes sont suffi-
samment minces, ils avaient eu tout le temps de s'abaisser
exactement jusqu'à la température de 0". Or, ni immédiatement après
l'expérience, ni pendant les trois semaines qui la suivirent, on ne put
constater aucun effet nuisible. L'observation de M. Bierkander ne
prouve donc rien pour la nocuité de températures entre 0^ et 2°.
Le seul autre fait qui semble plaider en faveur d'une influence
nuisible directe, exercée sur les plantes par de basses tempéra-
tures au-dessus de 0"", est celui rapporté par M. Hardy. ') Cet
observateur a vu, en Algérie, un grand nombre de jeunes
arbres des pays tropicaux périr, en automne, à des températures
de H- 1 à -h 5 degrés. Je n'ai pu soumettre à l'expérience que
deux des espèces mentionnées par M. Hardy, savoir, le Bixa
Orellana , qui, d'après lui, était mort à -f- 3^, et le Crescentia
Cujete , qui était mort à -4- 5". De ces deux espèces , des feuilles
ayant tout leur développement ont été immergées pendant 15
minutes dans la glace fondante. Ni dans les premiers instants
après l'expérience, ni pendant tout le mois suivant, on n'a pu
reconnaître que les feuilles eussent souffert de ce traitement.
Des essais tout semblables, exécutés sur quantité d'autres
végétaux tropicaux, m'ont donné le même résultat.
Pour les plantes de M. Bierkander il est donc prouvé , et pour
celles de M. Hardy il est très probable qu'elles rentrent dans
cette règle générale: que les plantes peuvent, sans inconvénient
pour leur vie, être refroidies pendant peu de temps jusqu'à 0^.
IIL Innocuité, pour la vie végétale, de
changements brusques de température.
C'est un fait universellement connu que le dégel rapide d'organes
végétaux gelés , c'est-à-dire un changement brusque de température
J) Voyez: Bot. Zeitung , 1854, p. 202.
390 HUGO DE VRIES. iMATÉRIAUX TOUR LA CONNAISSANCE
aux environs de 0°, entraîne ordinairement la mort de ces parties. M.
Karsten , se fondant sur ce fait , a énoncé la proposition suivante ^ ) :
„Les variations de température subites et fortes sont nuisibles aux
plantes et peuvent les rendre malades ou les tuer, même à des
degrés de réclielle qui, en eux-mêmes, ne font courir aucun
danger à la santé ou à la vie des plantes."
La loi générale ainsi formulée, bien que n'ayant reçu aucune
démonstration , a trouvé accès dans plusieurs Traités élémentaires ,
et la mort par congélation se trouve toujours citée pour exemple.
Mais il est évidemment illogique de vouloir tirer, des phénomènes
observés lors du dégel rapide, des conclusions relativement à
l'influence des changements brusques de température en général.
Il m'a donc paru utile d'éclaircir ce point expérimentalement.
Le plus grand changement de température qu'une plante puisse
subir, entre la limite supérieure de sa vie et le point de congé-
lation de ses sucs, est, pour la plupart des Phanérogames, de
de 0 — 50° dans l'air et de 0 — 44° dans l'eau, puisque, le plus
souvent, la limite de la vie n'est elle-même située qu'un
peu plus haut. Par conséquent, si l'on maintient une plante
à 0° jusqu'à ce qu'elle ait pris cette température, et qu'on la
transporte ensuite dans de l'eau à 44° ou de l'air à 50°, le
résultat de cette expérience décidera si les changements brusques
de température sont nuisibles ou non. Dans l'air, le changement
sera plus grand , mais moins rapide , vu que , au moment de
l'introduction de la plante dans l'enceinte chauffée, celle ci se
refroidit, par suite de l'air chaud qui s'en échappe et de l'air
froid qui y pénètre. En outre, l'air n'ayant qu'une très faible
capacité calorifique, il se refroidira d'une manière appréciable en
cédant de la chaleur à la plante. Dans l'eau, la variation est
plus petite, mais plus brusque, parce que l'immersion de la
plante froide n'abaisse pas sensiblement la température du bain
chaud , quand celui-ci présente un volume un peu considérable. Pour
ce motif, j'ai donné la préférence à la seconde méthode, par
1) Bot. Zeitung, 1861, p. 289; Pogg. Amalen, t. 115, p. 159.
DE l'iINFLUEiNCE DE LA TEiMPEKATURE SUR LES PLANTES. 391
laquelle j'ai étudié plusieurs espèces. Pour que l'influence
morbifique supposée par M. Karsteu pût mieux s'accuser,
le changement brusque de température a toujours été répété
plusieurs fois.
I. Des plantes croissant depuis longtemps en pots furent soumises
à l'expérience suivante — après que les pots, qui devaient rester
retournés durant Texpérience, eurent été pourvus d'un couvercle
composé de deux moitiés et solidement fixé: Les tiges feuillées
des plantes annuelles ou les feuilles radicales des espèces vivaces
étaient d'abord maintenues pendant 4 minutes dans de l'eau à
43 — 44^, et ensuite plongées subitement dans de l'eau ramenée à
0° par de la glace fondante. Après y être restées pendant 4
minutes et avoir pris par conséquent la température 0°, elles
étaient de nouveau immergées subitement dans l'eau à 43 — 44"^,
puis l'opération tout entière était répétée une seconde fois ; la tempé-
rature de l'air était de IQ"". Les variations successives étaient
donc: 1^, 19—44°, 2^. 44—0^, 3^.0—44°, 4^. 44— 0% 5e. 0—44°,
()C. 44 — 19^. Les plantes ainsi étudiées étaient les suivantes:
A. Tiges feuillées: Iberis wuhellaia , Agrostemma Githago ,
Phaseokis vulqaris , Ph. haematocarpiis , Pisum sadvum, Laihyrus
odorafus, Cylisiis Laburnum , Lamiiim purpureum (enûenr) , Vinca
minor , Cannabis saliva, Secale Céréale, Zea Maïs.
B. Feuilles radicales: Aquilegia vulgaris, Fragariasp., Funkia
japonica, Iris sambucina, 1. /lorentina, Anthericum ramosum.
Pendant l'expérience, immédiatement après, et dans les semaines
suivantes, jusqu'au moment où les observations furent arrêtées,
les plantes restèrent vigoureuses et bien portantes. Aucune action
nuisible n'a donc pu être constatée.
IL Les racines des plantes terrestres suivantes , cultivées dans
l'eau, avec exclusion de terre, furent soumises à la même
expérience que ci-dessus, sous le numéro I:
Phascolus vulgaris, Aijroslemma Gilhago, Secale Céréale.
Il ne se manifesta de nouveau aucun changement dans la
croissance normale des plantes, ni dans les premiers moments
après l'opération, ni dans les deux semaines qui suivirent.
892 HUGO DE VRIES. MATÉHIAUX l'OUIl LA COiN NAlSSAiNCK
III. Des branches des plantes aquatiques suivantes furent
traitées de la môme manière:
Myriophyllum spicatinn , Ceralophyllum submersum, Volaitwfjelon
crispus y P. perfolialus.
Plus d'une semaine après, elles étaient parfaitement saines , et
l'examen microscopique lui-même n'y dévoilait aucune moditication.
IV. Hydrodiclyon ulricukUum (exemplaires jeunes), Oedogoniiun
et Spirocjyra subirent le même traitement, avec cette différence,
que la température de l'eau chaude n'était plus que de 40° chaque
fois. Quatre jours après l'expérience, les plantes ayant été exposées
à la lumière solaire, l' Hydrodiclyon et l' Oedogonium , dégagèrent
de l'oxygène en abondance. Pour le Spirogym le fait ne put être
constaté, attendu que ses filaments étaient relativement peu nom-
breux et entremêlés avec les autres; toutefois, même au bout
d'une semaine, ils se montraient, sous le microscope, frais et
turgescents, de même que ceux des deux autres espèces.
Ces recherches conduisent toutes à la conclusion, que
les changements de température, quelque grands et rapides qu'ils
soient, pourvu qu'ils restent en dessous de la limite supérieure
trouvée pour les vie, et au-dessus du point de congélation,
n'ont directement pas d'influence nuisible sur la vie des plantes.
La loi de M. Karsten, rappelée ci-dessus, se trouve donc réfutée
par mes recherches.
IV. Influence des changements rapides de
température sur les mouvements du proto plasma.
Il résulte des recherches de M. Hofmeister i ) que réchauffement
ou le refroidissement rapides de cellules végétales dont le
protoplasma est en mouvement , peut occasionner la cessation
de ce mouvement, même dans le cas où réchauffement ou le
refroidissement lents, jusqu'aux mêmes degrés, ne produiraient
pas un pareil arrêt. Ce résultat rend probable que des
variations de température moins rapides donneront lieu, non à
un arrêt, mais à un ralentissement des mouvements protoplas-
matiques. La grande irrégularité du mouvement dans les poils
1) Hofineister , Die Lehre von cler Pjianzenzelle , 1867, p. 53— 35.
DE l'lNFLUëNCE de LA TEMPERATURE SUR LES PLANTES. 393
des plantes terrestres empêchait de chercher chez celles-ci la
solution expérimentale du problème ; mais y avec les poils radicaux
de njydrocharis Morsus Raitae, je réussis à mettre le ralentisse-
ment du mouvement en évidence. Un fragment de racine étant
placé dans Teau, entre la lame porte-objet et un autre verre
luté sur le premier , on nota un de ses poils, et on s'arrangea
de manière à pouvoir retrouver promptement ce poil sous le
microscope, à l'aide d'une position déterminée donnée à la coulisse
de la platine; après quoi on mesura la vitesse du mouvement à
la température de Tappartement. L'objet, toujours placé entre les
deux lames de verre, fut ensuite porté dans de l'eau chaude,
où on le tint tout près du réservoir d'un thermomètre qui indiquait
la température de l'eau. Au bout de quelques minutes, le porte-
objet fut rapidement essuyé, puis on détermina de nouveau la
vitesse du mouvement. Lorsque la préparation eut pris la tempé-
rature de l'appartement et que la vitesse initiale se fut rétablie ,
on effectua un second échauffement, puis encore un troisième. ')
Je trouvai ainsi:
Dans un premier poil:
à la température de 21°, 7 — 1 mm. était parcouru en 205 sec.
après échauff'. à 28^,2 — „ „ ,, „ „ 226 „
Dans un second poil:
à la température de 20", 8 — 1 mm. était parcouru en 164 „
après échauff. à 27°, 1 — „ „ „ „ „ 203 „
„ „ „ 34°,0 — le mouvement s'arrêtait.
Dans un troisième poil:
à la température de 20°,8 — 1 mm. était parcouru en 99 „
après échauff. à 24'',3 — ,, „ „ „ „ 126 ,,
„ „ „ 33°, 1 — le mouvement s'arrêtait.
i ) Les nombres donnés sont des moyennes ; ils ont été calculés d'après
l'observation du temps que des granulations , situées tout près des parois du
protoplasma, mettaient a parcourir 1 division d'un micromètre oculaire
( = gi- mm. de l'objet) sous un grossissement de 320 fois.
394 HUGO DE VRIES. MATERIAUX POUR LA GONNAISSA.NGE
On voit que le mouvement éprouve un ralentissement d'autant
plus considérable, que la variation de température comprend un
plus grand nombre de degrés.
J'ai aussi constaté un pareil ralentissement lorsque les poils
radicaux sont refroidis rapidement. Des poils , dans lesquels le
mouvement avait à la température de 22^,0 une vitesse moyenne
de 1 mm. en 174 sec, ayant été portés lentement à 28°,4, —
ce qui avait accru la vitesse , — puis refroidis rapidement à 22^,0,
ne montrèrent plus qu'une vitesse de 1 mm. en 198 sec. Après
échauifement lent à 40^^ et refroidissement brusque à 22",0, on
trouva: 1 mm. en 230 sec; après refroidissement de 42',ô à
22°,0, le mouvement s'arrêta.
V. Influence de la température sur
l'imbibition des parois des cellules vivantes.
A peu d'exceptions près, le mouvement des sucs dans les
plantes se fait toujours par osmose et imbibition. La vitesse de ce
mouvement doit donc augmenter avec Taccroissement de la tem-
pérature, si cet accroissement favorise les deux phénomènes en
question. Pour l'imbibition , le fait, bien que très probable, n'était
pas encore prouvé, ce qui m'a engagé à faire quelques expériences
concernant l'influence de la température sur l'imbibition des parois
des cellules vivantes. Les questions que je me suis surtout proposé
de résoudre étaient les deux suivantes : 1 ". comment le maximum
de la proportion d'eau dans les parois cellulaires dépend-il de
la température ? 2^ les mouvements d'imbibition augmentent-ils de
vitesse lorsque la température s'élève ?
Voici la méthode d'après laquelle j'ai opéré.
Dans les entre-nœuds qui croissent vigoureusement, le paren-
chyme possède, comme l'on sait, une tendance à s'allonger,
mais il est empêché d'obéir à cette tendance par l' épidémie. Cette
action réciproque a pour effet que chaque ruban d'épiderme,
garni de parenchyme, qu'on enlève d'un pareil entre-nœud, prend
une courbure dans laquelle le parenchyme occupe le côté convexe.
Ce parenchyme n'est pas saturé d'eau: il peut en absorber une
nouvelle quantité , ce qui augmente sa longueur et , par suite ,
DE l'influence DE LA TEMPERATURE SUR LES PLANTES. 395
la courbure du ruban. Il n'est pas rare de voir de semblables
rubans s'enrouler en hélice^ lorsqu'ils sont plongés dans Feau
ou dans une dissolution saline très étendue. La quantité d'eau
absorbée par l'épiderme lui-même est très faible. Les recherches
de M. Hofmeister ont montré i) que la cause de ce changement
de tension réside exclusivement dans les parois cellulaires , et que
la tension du contenu des cellules est sans influence sur la forme
du tissu considéré dans son entier. L'enroulement en hélice des
rubans est donc le résultat de l'imbibitiou de l'eau dans les parois
des cellules du parenchyme ^ et toute cause qui vient à modifier
cette imbibition , se manifestera par un changement dans les tours
de spire. Cette méthode ne permet pas une détermination absolue
de l'allongement du parenchyme, mais, par contre, elle est
propre à mettre en évidence de très petites différences. Les détails
de la méthode varient suivant la nature du problème qu'il s'agit
de résoudre.
Dans l'examen de la question : si les parois des cellules vivantes
peuvent contenir plus d'eau, ou moins d'eau, à une température
plus élevée qu'à une température plus basse, on est arrêté par
cette circonstance, qu'il est très difficile, et peut-être impossible,
de faire absorber son maximum d'eau à une paroi de cellule
vivante. En effet, lorsqu'un tissu, placé dans de l'eau d'une
température déterminée, a cessé d'en absorber d'une manière
visible à l'œil, il ne s'ensuit pas encore qu'il contienne toute la
proportion d'eau qu'il pourrait contenir à cette température; —
de même qu'une dissolution saline n'est pas saturée, par cela
seul que, se trouvant en contact avec un excès du sel à l'état
solide, elle n'en dissout plus en quantité appréciable. J'ai
donc dû me contenter d'observer les parois cellulaires dans l'état
où elles renferment toute l'eau qu'elles sont capables d'absorber
à la température existante.
L Un ruban de parenchyme, avec épiderme, d'un jeune entre-
nœud de tige de Valeriana officinalis forma en 15 heures, dans
1) Hofmeister,, < Flom , 1862, p. 508.
396 HUGO DE VRIES. MATERIAUX POUR LA CONiXAlSSANCE
l'eau à 15°, trois tours de spire, après quoi il ne changea
plus, pendant 6 heures, dans cette même eau à 15°. Dans l'eau
à 43° sa courbure augmenta, en 1 heure de temps, de manière
que le bout libre (l'autre était fixé) avança de 3 mm. Un séjour
ultérieur de 12 heures dans de l'eau à 15° ne lui fit pas perdre
cet excès de courbure.
II. Un ruban analogue , placé dans de l'eau à 20°, avait cessé
de se contourner au bout de 5 heures; mais ensuite, dans de
l'eau à 44°, il forma encore, en 10 minutes, un demi-tour
supplémentaire ; dans l'eau froide il ne se déroula pas. La même
chose fut observée sur d'autres rubans.
III. Des rubans d'épiderme et de parenchyme de jeunes entre-
nœuds de: Taraxacum officinale, Oenanlhe fistulosa , Silaus
tenuifolius , Sfachys setifera et Veronica Buxbaumii ^ après être
restés pendant 12 heures dans de l'eau à 20°, ne montrèrent
plus aucun accroissement de courbure , à cette température , pendant
les 5 heures suivantes. Tenus pendant 1 heure dans de l'eau à
40'^, ils prirent tous un surcroît d'enroulement; reportés ensuite
dans de l'eau à 20°, ils conservèrent la forme acquise.
On voit que, dans tous ces cas, les parois des cellules
s'imbibent plus à une température élevée qu'à une température
plus basse; mais que l'eau, une fois absorbée , ne se dégage plus
par un refroidissement subséquent.
Pour la solution de la seconde des deux questions que je
m'étais posées, il y avait à tenir compte des résultats suivants
d'une étude préliminaire: P. La rapidité avec laquelle le liquide
s'imbibe est d'autant plus grande que le tissu est plus éloigné
du point de saturation. 2". Plus un ruban est large, moins il
forme , dans les mêmes conditions , de tours de spire : les rubans
comparés étant d'ailleurs supposés de même longueur et pris sur
le même entre-nœud. 3". Sauf dans le cas où l'on opère sur des
parties extrêmement jeunes, le nombre des tours de spire est,
cœteris paribus , d'autant plus petit que la partie étudiée est plus
âgée. 4". Dans les dissolutions salines le parenchyme s'allonge
également, mais d'autant moins que la dissolution est plus
DE l'lNFLUEIVGE DE LA TEMPERATURE SUR LES PLANTES. 397
concentrée. Dans des dissolutions trop concentrées, les parois
cellulaires perdent de nouveau Teau qu'elles avaient d'abord
absorbée.
Les rubans destinés à des expériences comparatives doivent
donc avoir la même largeur, être pris sur le même entre-nœud,
à la même hauteur, et être mis en expérience pendant des
temps égaux. Pour éliminer les différences individuelles, il est
bon aussi d'employer les moyennes ou les sommes; j'ai toujours
donné la préférence à ces dernières, qui, lorsqu'on prend les
précautions nécessaires, méritent le même degré de confiance.
De ce qui précède on peut déduire deux méthodes propres à
faire connaître l'influence de la température sur la rapidité avec
laquelle les parois des cellules s'imbibent dans l'eau ou dans des
dissolutions salines: P. On compare des rubans égaux et pris
sur le même entre-nœud, qui s'imbibent à des températures
différentes. 2". On n'emploie qu'un seul ruban : on le laisse
s'imbiber à une certaine température et, au bout de quelque
temps, on détermine la vitesse d'absorption de l'eau, par exemple,
ia quantité d'allongement en une demi-heure; ensuite on porte
le ruban dans de l'eau d'une température plus élevée ou plus
basse et, après une demi-heure, on constate si l'allongement a
été plus grand que dans la demi-heure précédente. Si tel est le
cas , on peut en conclure avec certitude — vu que la vitesse
à température constante diminue de plus en plus — que la vitesse
a été plus considérable à la température employée en dernier
lieu qu'à celle employée en commençant. J'ai toujours fait usage
des deux méthodes à la fois.
Renvoyant pour l'ensemble des expériences à mon Mémoire
original, j'en communiquerai ici une seule série, afin de faire
connaître plus en détail la manière de procéder.
De jeunes fragments de tiges de différentes espèces furent
étudiés selon les deux méthodes. Les résultats obtenus par la
première sont compris dans le tableau suivant. De chaque espèce de
plantes, cinq jeunes parties de tige furent coupées à une longueur de
100 mm. et fendues chacune eu trois rubans égaux. Les trois
398
HUGO DE VRIES. MATERIAUX POUR LA CONiXAlSSANCE
séries de cinq rubans furent alors immergées, pour s'imbiber, dans
de Feau à trois températures différentes : un des rubans de chaque
entre-nœud fut ainsi étudié à la température de 40^, un autre à
la température de 21° et le troisième à la température de 1°.
Les rubans restaient dans l'eau pendant une heure ; on comptait
les tours de spire, d'abord immédiatement avant l'introduction
dans l'eau, puis après une J^ heure et 1 heure d'immersion.
Dans le tableau , le chiffre placé devant le signe — indique le
nombre de tours de spire entiers , le chiftVe placé après , le nombre
de huitièmes de tour ; c'est ainsi , par exemple , que 1 — 3 signifie
IJ tour de spire.
TexMPÉrature :
Taraxacum officinale. ,
Stachys excelsa
Veronica Buxbaumii . ,
Althsea officinalis ....
Cirsiuin tuberosum . .
Chenopodium Gluinoa
1—0
1—5
0
0-5
1—3
1—5
0
0—3
3—0
1—6
2
1—6^
0
0-3
1—2
1—1
-1 23-1
15-2
18-1
24-7
13-0
17—2
21—6
21—2
27—0
20-5
8-7 j
16-2
10-1|
12—7
16-0
31— 5|26— 2 21-6
16— 2jl4-2 10-1
18— 1 1 17— 7 16— 7
i 21—3
|ll-7
i i21— 4
Pour l'examen par la seconde méthode, des rubans qui étaient
restés pendant une heure dans de l'eau à 21° furent portés
dans de l'eau à 40°, et d'autres qui avaient été tenus pendant
une heure dans de Feau à 1° furent introduits dans de Feau
à 21°. Les chiffres du tableau suivant représentent, comme
ceux du précédent, les sommes des tours de spire de cinq
rubans, longs chacun de 100 mm. La colonne D — C donne
l'allongement dans la deuxième demi-heure, la colonne E — D
celui dans la troisième demi-heure, par conséquent après le
changement de température.
DE L INFLUENCE DE LA TEMPERATURE SUR LES PLANTES.
399
ESPÈCES.
TEMPÉRATURE
1
TOURS DE SPIRE APRÈS: 1
^ . .
y-^- -^
•.^--— — -^\
de la
de la
pre-
mière
dernière
demi-
1 heure .
1 heure.
li heure.
heure .
heure.
A.
B.
C.
i
]).
E.
D -C.
E— D
Cirsium tuberosum. . .
Althsea officinalis
Taraxacum officinale. .
Stachys excelsa
Veronica Buxbaïunii. .
Chenopodiuin Quinoa.
21° !
21 I
21 !
21 I
21 I
21 i
40'
40
40
40
40
40
21—2 ! 22—2 24—7
21-6 I 23—0
23—1 j 26—2
13-0
17-2
27-0
14-2
17-7
30—3
25-7
31-0
16-6
19—2
34—0
1-0
1—2
3—1
1—2
0—5
3—3
2—5
2-7
4-6
2—4
1—3
3—5
Cirsium tuberosum . . .
Althsea officinalis
Taraxacum officinale. .
Stachys excelsa
Veronica Buxbaumii. .
Chenopodium Q,uinoa.
21
! 12—7
14-7
17-0
2--0
21
|19-1
21 3
24 3
: 2—2
21
! 20—5
21—6
26-0
1—1
21
, 8-7
10—1
12—0 j
1—2
21
16-2
16-7
17-7
0—5
21
16-0
21-4
26—1
i 5-4
2—1
3-0
4-2
1-7
1-0
4—5
Les deux tableaux montrent très clairement que, dans toutes
les espèces étudiées , la vitesse d'imbibition est d'autant plus grande
que la température est plus élevée.
Les résultats qui se déduisent des expériences rapportées et
de toutes les autres sont les suivants:
Les parois des cellules (vivantes) renferment, à l'état de
saturation, d'autant plus d'eau que la saturation a eu lieu à
une température plus élevée.
Les parois des cellules absorbent l'eau et les dissolutions salines
étendues avec d'autant plus de rapidité que la température est
plus élevée.
Les parois des cellules cèdent leur eau d'imbibition aux agents
de déshydratation avec d'autant plus de rapidité que la température
est plus élevée.
Une conséquence directe des deux derniers résultats est que:
Les perturbations locales de l'état d'équilibre de l'eau d'imbi-
400
HUGO DE VRIRS. MATERIAUX POUR LA CONNAISSANCE
bitioiî dans un système de parois cellulaires s'effacent d'autant
plus rapidement que la température est plus élevée.
D'après cela^ il est très probable aussi que les perturbations
locales de l'état d'équilibre des matières dissoutes dans le liquide
d'imbibition s'effaceront plus rapidement à une température plus
élevée qu'à une température plus basse.
VI. Influence de la température
sur la rapidité de la germination.
La relation entre la germination et la température a été
étudiée jusqu'ici par trois méthodes différentes : P. On a déterminé
le temps qui est nécessaire à la radicule pour percer l'épisperme.
2". On a mesuré la longueur que la radicule et la plumule
atteignent en un temps fixé. 3". On a observé le temps nécessaire
pour le déploiement complet des parties du germe.
J'ai fait l'application de la seconde de ces méthodes, — que
M. Sachs ^) a employée le premier, — à la germination d'un
certain nombre d'espèces. Les graines étaient placées dans
l'appareil de chauffage décrit par M. Sachs, et y germaient à
une température constante, choisie à volonté. Au bout de 48 heures
elles étaient retirées de l'appareil, et on mesurait la longueur de
leur radicule. Les deux tableaux suivants donnent les moyennes
des valeurs ainsi trouvées ; on a pris pour longueur de la radicule la
distance entre son extrémité et le point où sont insérés les cotylédons.
Longueur (en mm.) atteinte par la radicule en 48 heures
(en 2 X 48 h. pour les tempér. de 15° et de 21", 2) .
15,0'
21,2126,8"
29,0°
31,5^ 34,0"
37,0"' 38,6" 4-2,5^
Phaseolus vulgaris 8,3 31,1
Helianthus annims i 15,6 I 56,6
Brassica Napus
Cannabis sativa.
8,0
4,8
27,0
24,2
21,1
25,3 , 30,3
8,7 11,8
6,0 1 16,2
32,0 22,0 I 17,0 ; 13,5
37,9 ; 34,4 18,0 9,9
16,2 ' 5,3 ^ 0 , 0
25,5 I 15,0 12,5 I 7,5
2,0
0
0
1,5
1) Sachs, Physiol. Unters. uh. die Âhhàngigkeit der Keimung von der Tempe-
rat iir , < Pringsheini's Jahrh., II. 1860, p. 338.
DE L IXFLUKXCE DR LA TEMPERATURE SUR LES PLANTES.
401
Longueur (en mm.) atteinte par la radicule
en 48 heures.
15,1" 21,6^
27,4'
30.6'
33,9'
37,2'
Cucumis Melo
Siuapis alha
Lepidium sativum . .
Liniim usitatissimum
3.8
5,9
1.5
24,9
38,0
20.5
]8,2
5:>,0
71,9
44,8
27,1
44,1
44,6
39,9
38,6
30,2
26,9
28,1
70,3
10,0
0
9,2
Ces deux tableaux confirment le résultat déjà obtenu par M.
Sachs, savoir, qu'il y a pour chaque espèce un point d'élection
(optimum) , où la croissance se fait avec plus de rapidité qu'à toute
autre température , et qu'au-dessous de ce point la longueur atteinte
augmente à mesure que la température s'élève, tandis qu'au-
dessus, elle diminue à mesure que la température monte.
La comparaison du second de ces tableaux avec les résultats
obtenus par M. A. De Candolle '), d'après la première des trois
méthodes rappelées , montre que le point d'élection , pour
le Cucumis Melo y est situé, d'après la méthode de De Candolle ,
à 25°, et, d'après la méthode de Sachs, vers 37°,2 ou même
au-dessus. Chez les trois autres plantes, ce point se trouve à
21° suivant M. De Candolle, et à 27°,4 d'après mes expériences.
Chez toutes, par conséquent, la température qui convient le
mieux dans les conditions choisies par M. Sachs, est plus élevée
que celle qui favorise le plus la première apparition de la radicule
à l'extérieur.
1) A. De Candolle, De la germination etc.. -< Bihl.
XXIV, p. 243.
iv. de Genève , 1865 ,
Archives Néerlandaises, T. V.
26
QUELQUES OBSERVATIONS
SUR LA
SPLANCHNOLOGIE DU RHINOCHAETES JUBATUS, VER. ET DESM.
W. MARSHALL.
Un des oiseaux les plus intéressants qui aient été découverts
dans ces derniers temps est , sans contredit , \q Rhinochaetus jubatiis.
La position systématique de cet oiseau ne semble plus guère
douteuse, surtout depuis que M. Parker nous a fait connaître
son ostéologie dans une superbe monographie ' ) ; mais il ne sera
peut-être pas sans utilité de communiquer quelques détails sur
la structure de ses viscères , en prenant pour terme de comparaison
les données qu'on possède sur les mêmes organes chez d'autres
Echassiers et Cigognes (au sens de L. Bonaparte et de V. Carus).
L'individu dont j'ai eu l'occasion d'examiner le tronc à l'état frais ,
était mort au Jardin zoologique d'Amsterdam , et sa dépouille montée
se voit aujourd'hui dans le musée — peu considérable par l'étendue
mais riche en objets précieux — qui est annexé à cet établissement.
La langue, qui est presque entièrement cornée, diffère par sa
forme de la langue triangulaire — aiguë , propre , en général ,
aux autres Echassiers et Cigognes ; elle est cochléariforme , étranglée
1) W. Parker, Onthe Osteology ofthe Kagîi (Rli. jubatus) , dans: Transactions
of Zool. Soc. 0/ Lonclon, vol. VI, p. 501. 1869.
W. MARSHALL. QUELQUES OBSERVATIONS SUR LA^ ETC. 403
en arrière du milieu , excavée ; il n'y a pas de papilles à son
bord postérieur^ mais seulement^ à peu de distance en avant,
une élévation arrondie, de grandeur médiocre. L'os hyoïde se
compose de six pièces, dont deux forment la partie médiane,
tandis que deux autres, de chaque côté, constituent les cornes
de l'os. La pièce antérieure, impaire, qui est composée des os
entog-losses (counale ceraiohyal , Parker) ici soudés ensemble, est
lancéolée, imitant en petit la forme de la langue , non entièrement
ossifiée, mais cartilagineuse à la partie antérieure. Au milieu
elle est pourvue d'un trou, et dans ce trou joue une apophyse
assez longue, garnie de facettes articulaires sur les côtés de
la seconde pièce impaire, du basi-hyal (Geoffroy), de sorte que
la langue peut se mouvoir avec beaucoup de liberté. Au-dessus
de ce point se trouve l'élévation de la langue dont il a été
parlé plus haut, et cette élévation est creuse à l'intérieur, de
manière que l'apophyse y pénètre quand la langue elle-même se
meut. L'uro-h} al est ici un appendice cartilagineux du basi-hyal.
Les cornes de l'hyoïde, qui s'articulent également, bien qu'avec
peu de mobilité, sur le basi-hyal, se composent chacune de deux
pièces, une antérieure, plus grande, cylindYÏqnQ (proximal thyro-
hyal, Parker), et une postérieure, conique {distal Ihyrohyal,
Parker), qui se courbe en dedans et en dessus: entre les deux
pièces osseuses de chaque corne se trouve une masse cartilagi-
neuse considérable, qui est plus épaisse que les os mêmes.
La longueur de l'os entoglosse est = 15 mm.
\ basi-hyal i ^^
" " " ( uro-hyal \ " — "^^ "
„ „ „ la partie antér. de la corne est = 29 „
,, r J7 >; 71 poster. „ „ „ „ z= 20 „
L'œsophage, qui n'est pas très large et qui est garni à
l'intérieur de plis prononcés, n'a pas de jabot; mais, quand on
le remplit avec de l'eau, il se montre susceptible d'une forte
dilatation, comme dans les genres Haematopus , Ardea et Grus.
Le ventricule succenturié se divise en deux parties; dans
la partie antérieure se trouvent les follicules, qui n'atteignent
26*
404 W. MARSHALL. QUELQUES OBSERVATIONS SUR LA
pas une très grande dimension; tout au plus 2 mm., et qui
ne sont pas divisés. Entre cette région à follicules, large de
30 mm., et le cardia de l'estomac proprement dit, se voit une
zone, large de 15 mm., qui est dépourvue de glandes. C'est là
une particularité que je n'ai jamais observée moi-même chez
d'autres Echassiers ou Cigognes, et dont l'existence dans ces
familles n'est aussi mentionnée par aucun des ouvrages que j'ai
à ma disposition. Le ventricule succenturié n'est pas étranglé du
côté du gésier, mais se continue avec lui en s'élargissant suc-
cessivement; à l'intérieur, le cardia est nettement accusé par
l'épitliélium du gésier.
Tantôt le gésier des Echassiers se présente comme une poche
plus ou moins membraneuse , à parois faiblement développées (le
degré extrême se voit dans l'Otis), et alors les deux puissants
disques tendineux sont situés en avant et eu arrière; tantôt il
montre une structure analogue à celle de l'estomac des Coqs,
des Canards, etc., et dans ce cas les couches musculaires sont
souvent très considérables , et les disques tendineux se rapprochent
plus des côtés de l'estomac (par exemple, chezles Tringa, Grus ,
Gallinula). Chez les Cigognes l'estomac est membraneux , à portion
pylorique souvent distincte du reste. Le Rh.juhalus2i\mQ^iom^Q
membraneux , faiblement développé , presque semblable à celui de
rOutarde , mais pourvu à l'intérieur d'une couche épithéliale beaucoup
plus épaisse, de couleur foncée. La longueur du conduit digestif,
depuis la pointe de la langue jusqu'au pylore, est de 232 mm.
Dans l'intestin grêle se trouvent, comme chez les Tringa , les
Haematopus et d'autres genres, des plis disposés en zigzag, entre
lesquels on voit des villosités extrêmement fines.
Au point où l'intestin grêle s'abouche avec le gros intestin,
il existe deux cœcums terminés en pointe , remarquablement petits
pour un oiseau de cette famille: ils n'ont que 18 mm., c'est-à-dire
une longueur qui est à celle du canal intestinal entier environ
comme 1 : 50 , tandis que chez les Trinqa , par exemple , ce rapport
est de 1:11. Dans les Haemalopus (bien que ces appendices n'y
aient pas 6 pouces de longueur, comme le dit Meckel, mais
SPLAISCHNOLOGIE DU RHINOCHAETES JUBATUS, VER. ET DESM. 405
seulement 3 p. et demi), et surtout dans les Fulica, Gallinula
et Otis, les cœcums se montrent beaucoup plus développés.
Le gros intestin est long de 93 mm. et a un volume quatre
fois plus considérable que celui de l'intestin grêle : sa circonférence
mesure 20 mm. ; à l'intérieur il est lisse , de même que les cœcums.
Le cloaque ne présente rien de remarquable.
La longueur totale du canal intestinal, depuis le pylore jusqu'à
l'anus, est de 660 mnî.
Le diverticulum qui, d'après Stannius ^), se trouve presque
constamment dans les Rallus , ISumenius , Crex , Limosa, Tringa
et Gallinula, — ce que je puis confirmer pour ce qui regarde les
trois derniers de ces genres , — et qui chez les Grus et les Ardea
se rencontre au moins très fréquemment , manque totalement chez
notre oiseau.
Je ne puis rien dire au sujet des glandes de la tête et de la
cavité buccale, attendu que l'animal, comme je l'ai déjà fait
connaître, devait être empaillé.
Les grandes glandes de l'abdomen présentent des particularités
intéressantes.
Le pancréas , de couleur rougeâtre , se compose de deux glandes
entièrement séparées, entre lesquelles il m'a été impossible de
découvrir la moindre connexion. Le lobe supérieur est à peu près
de la longueur de la première anse intestinale, savoir de 51 mm. ,
et montre au côté droit un court conduit pancréatique. Le lobe
inférieur est d'un quart plus long que le supérieur et se continue ,
du côté gauche, avec deux conduits pancréatiques assez longs.
Le premier des trois conduits débouche dans l'intestin à 54 mm.
au dessus du deuxième, et celui-ci à 13 mm. au-dessus du
troisième. Le pancréas est simple, d'après M. Stannius -), chez
les Ciconia: dans le genre Otis il est composé de deux lobes
continus; chez les Grus et les Oedicnemus il est double.
Chez les Echassiers et les Cigognes le foie affecte presque
1) Stannius, Lehrbiich d. vergl. Anai. d. Wirhelth., le éd., 1846, p. 302.
2) /. c, p. 305.
406 W. MARSHALL. QUELQUES OBSERVATIONS SUR LA
toujours la disposition ordinaire aux Oiseaux, c'est-à-dire que le
lobe droit y surpasse d'une manière notable, et souvent même
d'une manière considérable, le lobe gauche; une exception singu-
lière se rencontre toutefois chez le C/cowîa «/6rt et surtout, d'après
Nitsch, chez le Charadrius: chez le premier, les deux lobes
sont d'égale grandeur, et chez le second, c'est même le lobe
gauche qui prédomine. L'oiseau dont nous nous occupons ici m'a
offert le même rapport: le volume du lobe gauche du foie sur-
passait de plus d'un tiers celui du lobe droit.
La vésicule biliaire manquait, ce qui toutefois peut être une
anomalie individuelle , telle qu'on la rencontre assez fréquemment.
C'est ainsi que Collins ^) n'a pas trouvé de vésicule chez une
Grue, Perrault ^) chez deux des six individus à'Anlliropoides
virgo qu'il avait examinés, Blumenbach ") chez un Coq, et moi-
même, différentes fois, chez des Corbeaux et des Geais; du
reste, dans l'Homme lui-même"^), l'autopsie a fait constater plus
d'une fois l'absence de la vésicule. Les conduits hépato-entériques
débouchaient dans l'intestin au côté opposé à celui où arrivaient les
deux derniers conduits pancréatiques, et ils alternaient avec ceux-ci.
La rate , qui dans /' Otls est très petite , a ici une longueur de
25 mm., ce qui est considérable pour un Oiseau; elle est en
forme de fève et de couleur rouge clair.
Les reins sont trilobés de chaque côté ; les testicules sont petits
et d'un noir brillant.
Au larynx supérieur manque complètement l'épiglotte rudimen-
taire, et les papilles de la fente de la glotte ne sont aussi que
peu développées. A la face interne de la pièce antérieure et
principale du cartilage thyréoïde se trouve , de même par exemple
que chez la Grue , une saillie qui avance dans la cavité laryngienne.
La trachée est plus aplatie par devant que par derrière ; ses
anneaux cartilagineux , — qui chez les Otis , par exemple , alter-
1) Collins, A System of anutomy , 1685, t. I, p. 456.
2) Perrault, dans les Mém. de l\ic. des Se. dep. 1666—1699, t. II, p. 323.
3) Blumenbach, Handb. d. vergl. Anat., 1805, p. 182.
4) Meckel, Handb. d. menscM. Anat., t. IV, p. 359.
SPLANCHNOLOGIE DU RHINOCHA ETES JUBATUS, VER. ET DESM. 407
nent sous le rapport de la hauteur, de telle sorte que, si l'un
d'eux est plus haut à droite et plus bas à gauche, c'est le
contraire qu'on observe chez le précédent et le suivant, — sont
partout de même hauteur et fermés sur toute l'étendue de la
trachée. Aux bronches (qui chez les Ciconia par exemple sont
également formées d'anneaux), on trouve au lieu d'anneaux des
tiges, qui sont unies en arrière par une membrane tympaniforme
interne très large; le diamètre intérieur de chacune des bronches
est plus grand que celui de la trachée dans sa partie inférieure.
Au larynx inférieur il n'y a pas de tambour proprement dit, et
la traverse est faiblement cartilagineuse. On trouve ici , comme chez
les Ardea, les Ralliis et la plupart des autres Echassiers et
Cigognes, deux paires de muscles, savoir, les muscles sterno-
trachéaux et broncho-trachéaux ; ces derniers toutefois ne s'insèrent
pas, comme chez les Ardea , à l'extrémité supérieure des bronches,
mais au dernier cartilage de la trachée ; ces muscles sont d'ailleurs
faiblement développés.
En ce qui concerne le système vasculaire, je mentionnerai
seulement que chaque artère innominée donne naissance à une
carotide primitive.
On voit, par les faits qui précèdent, que chez cet oiseau
le système viscéral aussi présente des particularités qui se ren-
contrent , en partie chez les Echassiers , en partie chez les Cigognes :
c'est ainsi, par exemple, que l'estomac, organe dont la forme
et la structure dépendent en première ligne du genre de vie, a
chez le Rh. jubaius la forme de poche et la consistance mem-
braneuse , comme chez les Ardéidés , tandis que chez les Gruidés
il est toujours très musculeux. D'un autre côté, et bien qu'il ne
faille pas attacher trop d'importance à ce fait , il est remarquable
que le caractère particulier du foie ne se retrouve que chez un
seul oiseau de l'ordre des Echassiers, chez le Charadrius.
En tout cas, ces divers faits ne sont nullement contraires à
l'opinion de M. Parker '), fondée sur l'ostéologie de l'oiseau,
1) /. c, p. 502 et 520.
408 W. MARSHALL. QUELQUES OBSERVATIONS SUR LA
savoir; que le Rli. jubatus est en quelque sorte une Grue „géné-
ralisée" et que, avec \ Eurypyffciy il se rapproche plus des
Nycticoracés , qui font j)artie des vrais Hérons ^ que des Grues
typiques ; lesquelles sont déjà des Echassiers ayant avec les
Ardéidés une affinité assez grande. Il paraît convenable de réunir
le Rhinochaetes et V Eurijpjjy a en nu SGul genre , à l'exemple de M.
V. Carus ^), et on peut acquiescer pleinement à l'avis de ce
savant; qui regarde ce genre comme composé de formes inter-
médiaires entre les Raies et les Hérons ^ et comme terminant le
mieux ; conjointement avec les Psopliia, la série des Echassiers
du côté des Cigognes.
J) V. Carus, Bandhuch der Zoologie etc., 1868, t. I., p. 341,
EXPLICATION DES FIGURES.
(Planche X.)
Fig. 1. Rhinochaetus juhatus.
a. Langue ; b. élévation qu'on voit à sa surface ;
c. fente de la glotte avec la saillie; d. papilles;
e, œsophage avec ses plis. — Grandeur naturelle.
Fig. 2. Même oiseau, os hyoïde.
a. os entoglosses soudés entre eux; b. basi-hyal;
c. uro-hyal cartilagineux ; d. grande pièce de la
corne de l'hyoïde ; e. petite pièce de la corne de l'hyoïde ;
/. cartilage intermédiaire entre ces deux pièces.
Les parties cartilagineuses ont reçu une teinte
foncée. — Grandeur nat.
Fig. 3. Même oiseau.
a. basi-hyal; avec son prolongement b (situé sous b
de la Fig. 1) montrant ses deux facettes articulaires ;
c. facette articulaire pour les cornes; d. uro-hyal car-
tilagineux. — Grandeur nat.
SPLANCHiNOLOGIE DU RHIA'OCHA ETES JUBATUS , VER. ET DESM. 409
Fig. 4. Même oiseau, paroi antérieure de restomaC; vue à
l'intérieur.
a. œsophage; h. portion glanclulifère du ventricule
succenturié ; c. zone dépourvue de glandes du même ;
d. gésier; e. sa faible paroi musculaire; /'. son épais
épithélium; g. pylore. — Grandeur nat.
Fig. 5. Gallinula chloropus , estomac.
a. ventricule succenturié ; h. h. muscles latéraux ;
c. c. muscles intermédiaires ; d. pylore. — Grandeur nat.
Fig. 6. Rh. jubatiis.
a. intestin grêle ; b. b. petits cœcums ; c. gros intestin. —
Grandeur nat.
Fig. 7. Tr'uHja arenaria , les mêmes parties, indiquées par les
mêmes lettres. — Grandeur nat.
Fig. 8. Rh. jubalus.
a. ventricule succenturié ; b. gésier ; c. intestin grêle ;
dy d'. les deux lobes séparés du pancréas; e, e', e". les
trois conduits pancréatiques: /'. le petit lobe droit,
et /'. le grand lobe gauche du foie; g , g', les deux
conduits hépato-entériques ; h. rate. — Grandeur réd.
de %.
Fig. 9. Même oiseau, bifurcation de la trachée.
a. muscle sterno-trachéal; b. muscle broncho-trachéal. —
Grandeur nat.
Leyde, octobre 187U.
SUR QUELQUES MONSTRUOSITÉS
OBSEUVEES CHEZ DES CRUSTACES,
J. A. HERKLOTS.
Littérature.
Mart. Bernh. a Beruiz, Chela Asfaci marini monstrosa (Obs. C.) et Chela
Âstaci marini monstrosa alia (Obs. C I.) . dans Miscellmiea curiosa medico-physica
Acad. NaUirae Curiosorum , nve Ephemeridum medico-physicarum germanicarum,
curiosarum Jmms secundus, anni scilicet 1671 , p. 174.
J. E. Valentiui , Chela Astaci fuviatilis tribus apicibus praedita (Obs. CXXVI.) ,
dans Acta Acad. Caes. Leopold. Carol.Natiirae Curiosorum , t. Il, p. 285 ; 1730.
A. J. Roesel von Rosenhoff, MonatlicJie Lisekien-Belustigmigen , t. III.
Der Elijsskrebs hiesigen Landes, pi. LX et LXI; 1755.
F. Tiedemann , Beschreibung einiger seltnen Thier-missgeburten , dans Deutsches
Archiv Jiir Physiologie, t. V, p. 127; 1819.
Dr. G. Jaeger, Zwei Beispiele missgebiideter Krebssclieeren , dans Meckel's
Archiv filr Anatoniie u. Physiologie , Année 1826, p. 95.
H. Lucas, Notice sur quelques monstruosités observées dans les Crustacés
appartenant aux genres Carcinus, Lupa , Homanis et Astaciis , dans A?inales de
la Société entomologiqne de France, 2e Série, t. II, p. 41; 1844.
Dr. G. Jaeger, Vergleicbende Darstellung der missgebildeten Scheere des
gemeinen Flusskrebses (Astac. fiumatilis) und der missgebildeten Scheere einer
Krabbe {Cancer uca L. , Uca ima Latr.) aus Surinam, dans Jahreshefte des
Fereins filr vaterlàndische Naturkiinde in Wiirtemherg , Année VII , p. 33 ; 1851.
J. A. Herklots, Notice carcinologique , dans Dierkundige Bijdragenuitgegeiien
door het L'on. Zool. Genootschap Natura artis magistra te Amsterdam, t. I,
fasc. 5; 1852.
J. A. HERKLOTS. SUR QUELQUES MONSTRUOSITES, ETC. 411
On n'a fait connaître jusqu'ici qu'un nombre relativement
très petit de monstruosités , chez les Crustacés. Von Berniz ouvrit
la liste des descripteurs , il y a près de deux siècles, par ses
observations sur deux pinces monstrueuses du Homard. Valentin ,
Roesel, Tiedemann et M. Jaeger décrivirent tous des anomalies
de l'Ecrevisse commune. Plus tard , M. Jaeger présenta dans les
Wttrtembergische Jahreshefte un résumé des monstruosités qui lui
étaient connues ; aux sept cas recueillis par Roesel et Tiedemann
et aux deux que lui-même avait déjà publiés antérieurement, il
en ajouta encore deux autres; il donna en outre la figure et la
description d'une anomalie très compliquée de V Uca una Latr.
La Notice de M. Lucas , qui renfermait un exemple observé chez
l'Ecrevisse commune, un chez le Homard et deux chez des Crabes,
le Carciniis moenas Bast. et le Lupa f/«'caw //m Latr. , avait échappé
à M. Jaeger.
Dans tous ces cas ^) la monstruosité portait sur une pince de
l'animal. Cette circonstance tient-elle à l'excessive rareté des
anomalies dans d'autres parties des Crustacés, ou bien est-elle
due à ce que le sujet n'a pas suffisamment attiré l'attention des
observateurs ? C'est là une question que je dois laisser indécise.
Pour ce qui me regarde, je n'ai rencontré jusqu'à présent
qu'un seul exemple, offert par le tarse d'une patte de la deuxième
paire du Lilhodes arctica Lam., tandis que je viens d'observer
chez des Crabes deux nouveaux cas de pinces monstrueuses,
dont je vais donner la description. Les figures (PL XI.) qui accom-
pagnent ce travail sont dues à mon ami et collègue M. Snellen
van Vollenhoven, auquel j'adresse ici mes sincères remercîments.
L'anomalie dont je parlerai en premier lieu , parce qu'elle est
la plus simple, se montre chez une espèce du genre Xaniho de
Leach, en donnant à ce genre l'extension que lui attribuait de
Haan, c'est-à-dire en y réunissant les Xantho et les Chlorodius ,
' ) E-oesel parle aussi d'une lésion par suite de laquelle on trouverait au
nez de l'Ecrevisse une excroissance particulière ayant une forme monstrueuse.
Je ne connais toutefois ni figures ni descriptions d'une semblable déformation.
412 J. A. HERKLOTS. SUR QUELQUES MONSTRUOSITES
qui étaient distingués principalement par la conformation des pinces.
Dans les espèces qui composaient le genre 67i/oro6/ù/5 de Leach,
les extrémités des doigts sont élargies et creusées à la pointe,
de manière à former en quelque sorte des cuillers.
C est à ce groupe qu'appartient notre individu, Xaniho
pitnclulatus de Haan, de la Mer Rouge (Voy. PI. XI, fig. 1 — 4).
La main ainsi que le pouce sont constitués d'une manière tout
à fait normale ; la portion digitale de la main , vue du côté externe ,
est plus large que d'ordinaire, et elle est bifurquée dans sa
moitié antérieure.
Au bord supérieur l'index se courbe en dessus et en dehors,
et forme une extrémité moins développée que d'habitude, mais
ayant du reste la conformation normale.
Au bord inférieur le doigt donne naissance à la seconde branche.
A partir du point où celle ci se sépare de l'extrémité supérieure ,
elle se porte en dessous et en dedans , et forme dans cette direction
une extrémité également creusée en cuiller , qui est unie presque à
angle droit avec la première.
Les dents du doigt immobile se continuent sur l'extrémité
supérieure ; l'autre extrémité en est dépourvue. La surface préhensile
de la branche inférieure est tournée obliquement en dedans, et
tout à fait hors de la portée de celle du pouce; quant à la
branche supérieure , sa cuiller n'est que partiellement atteinte par
le pouce , à cause de la direction vers l'extérieur que cette branche
a prise, bien que les deux cuillers soient situées presque dans
le même plan horizontal.
L'impression linéaire inférieure, qui dans la pince normale est
parallèle au bord inférieur, se trouve ici placée plus haut, se
divise à la bifurcation du doigt et se continue sur chacune des
deux branches.
A la face interne de la pince on ne remarque rien d'irrégulier.
Le second exemple de monstruosité (Voy. PI. XI, fig. 5 — 8)
dont je ferai part ici, concerne un individu à! Eriphia spinifrons
Herbst, provenant de la Mer Méditerranée; c'est une femelle,
OBSERVÉES CHEZ DES CRUSTACES. 413
dont la taille ') est au-dessous des dimensions ordinaires, mais
qui du reste dans toutes ses parties, sauf dans la pince gauche,
est conformée absolument selon le type normal.
Chez cette espèce, comme l'on sait, les pinces des deux côtés
ne diffèrent pas seulement par la grandeur, mais aussi par la
forme des parties et par la sculpture. La plus petite des deux
pinces, — qui, sur les huit spécimens de notre Musée, ne se
trouve qu'une seule fois au côté droit, — a les doigts plus faibles ,
plus comprimés latéralement et découpés en dents à leur bord
aigu. Des sillons dirigés longitudinalement permettent d'y distinguer
différentes parties. Le côté externe de la main montre sur toute
sa surface, au lieu des éminences tuberculeuses que la grande
pince possède sur sa moitié supérieure, des saillies spiniformes,
entre lesquelles sont implantés des poils raides.
Dans notre individu la petite pince se trouve également au
côté gauche. Pour ce qui regarde la main et le doigt mobile , la
structure et la sculpture ont gardé tout à fait leurs caractères
ordinaires; mais la partie antérieure de la main, que l'on
désigne sous le nom d'index, présente des anomalies très
remarquables.
Au côté inférieur on voit un index un peu raccourci se courber,
sous un angle presque droit , vers le bas. Vis-à-vis de cet index
se trouve un pouce ayant la conformation habituelle: ces deux
parties constituent donc une pince qui fait un angle droit avec
l'axe normal de la main. Au-dessus du pouce de cette pince
inférieure s'élève un autre pouce, également perpendiculaire à
l'axe de la main, mais dirigé vers le haut, et faisant par consé-
quent un angle droit avec le pouce normal. Entre les deux pouces
désignés en dernier lieu se trouvent deux index, ne consistant
pour ainsi dire que dans leur partie supérieure, dentée, et unis
entre eux par une côte élevée mais étroite, qui résulte de la
soudure des portions moyennes et inférieures des deux doigts,
et qui est placée obliquement, sous un angle d'environ 45"",
1 ) La carapace a 34 mm. de largeur sur 25 mm. de longuem*.
414 J. A. HERKLOTS. SUR OUKI-OnES MONSTRUOSITES
relativement à l'axe de la main. Ces doigts sont d'environ un
tiers plus petits que l'index de la pince inférieure, et aussi d'un
tiers plus petits que ne l'exigerait le rapport avec leurs pouces
respectifs. Ils sont arrondis à la pointe.
La main ou , pour mieux dire , la pièce basilaire de la portion
digitale de la main, est prolongée pour l'insertion de ces doigts
surnuméraires , et la portion médiane de ce prolongement s'étend
jusque devant le pouce. La partie intermédiaire entre les pouces
les plus divergents et la face d'insertion des index soudés, se
dirige obliquement en haut et en arrière jusqu'au-dessous de
l'implantation du pouce normal. Au bord inférieur l'insertion de
l'index se fait sur un prolongement carré.
Toute la partie surajoutée porte des épines, qui ne sont pas
distribuées régulièrement sur la surface, mais entassées sur les
pièces basilaires des différents doigts.
Le côté interne de la main , où ces parties surabondantes se
distinguent encore mieux, est tout à fait lisse.
Tous les pouces paraissent avoir été libres et mobiles : du moins ils
montrent tous les parties articulaires, tubercules et cavités, or-
dinaires et normales. Si tel a été effectivement le cas , ce qu'il
est difficile de décider sur des exemplaires desséchés, le
mouvement des doigts de la pince inférieure a été normal; le
mouvement de la pince moyenne n'a pu produire qu'une action
restreinte , à cause du peu de développement de l'index ; enfin le
pouce supérieur, normal, se mouvait en arrière de son index et
ne formait pas avec lui une pince proprement dite. Par contre,
les pouces des pinces moyenne et supérieure se rencontraient et
se croisaient au bout dans leurs mouvements, et constituaient
ainsi une tenaille qui a pu être d'usage à l'animal.
Après avoir décrit ces monstruosités , il ne sera pas tout à fait
sans intérêt d'examiner quelle place elles doivent prendre dans
la série des formes connues.
M. Jaeger a déjà présenté un aperçu comparatif des anomalies
des pinces de l'Ecrevisse commune et de V Uca una Latr. ,mais.
OBSERVÉES CHEZ DES CRUSTACES. 415
par suite de l'ignorance où il a été au sujet des observations
de M. Lucas ; son travail est resté nécessairement incomplet.
Les deux plus anciens auteurs sur cette matière ne sont pas
nommés par M. Jaeger. L'un deux, Valentin, rapporte simple-
ment qu'il possédait une pince d'Ecrevisse commune munie de
trois extrémités; en l'absence de tout détail descriptif et de toute
figure ; on doit se borner à prendre note du fait.
Von Berniz au contraire a figuré les deux pinces d'Astaciis
marinus sur lesquelles ont porté ses observations.
Dans son Observation C il représente une pince gauche de
Hotnarus vulgaris M. Edw. ^ chargée de différentes productions
étrangères; aussi la désigne-t-il comme chela variis marinis in-
crustaia. Outre ces tubes de Serpules etc., la pince montre, au
bord interne du doigt immobile, deux incisions situées l'une
derrière l'autre et divisant le doigt en trois parties. Le pouce a,
d'après les indications de von Berniz, deux saillies, qui ressem-
blent à un nez et à une lèvre supérieure. Ces saillies sont situées
à la base du pouce, mais, plus en avant, il y a encore un
autre appendice, beaucoup plus grand et plus saillant.
L'impression que donne cet ensemble est, à mon avis, qu'on
a afiaire au produit d'une lésion externe de l'index, et que la
déformation subie par le bord inférieur du pouce résulte de son
adaptation au bord supérieur déformé de l'index.
La pince fossile qui fait le sujet de l'Observation C I est
simplement figurée; l'auteur n'ajoute pas un seul mot de descrip-
tion, mais renvoie à la planche pour prendre connaissance de
l'anomalie. L'examen de cette planche ne me semble toutefois
pas suffisant pour donner tous les éclaircissements désirables ; l'étude
de la pièce originale , si celle-ci existe encore , serait absolument
nécessaire. Je me contenterai donc de dire ici que la forme, la
brièveté et la terminaison en pointe effilée de l'index, ainsi que
ses rapports avec la main et avec le pouce, mettent presque
hors de doute qu'il s'agit d'un doigt régénéré, qui à son tour
a modifié également la forme et la courbure du pouce.
Dans l'aperçu qui va suivre, je crois donc qu'il vaudra
416 .T. A. ÏIERKLOTS. SUR QUELQUES MONSTRUOSITES
mieux ne pas tenir compte de ces formes imparfaitement connues.
Il suffit de les avoir mentionnées pour mémoire,
M. Jaeger a coordonné les anomalies dont il avait connaissance
en une série ^ dans laquelle le rang est déterminé par la nature
de la partie affectée et par le degré de la déformation.
Il commence par les anomalies du pouce, dans lesquelles, à
côté du pouce normal, plus ou moins modifié, il existe une
branche accessoire, qui reste simple ou bien se subdivise. Des
exemples appartenant à cette section se voient, sur la planche
de M. Jaeger, dans les figures 1, 2 et 3, cas observés par lui-
même, et dans les figures 4 et 5, cas observés par Roesel; ces
derniers sont représentés sur les planches LX, f. 29, et LXI,
f. 33, des fnsekten Belusligungen.
La seconde section de notre auteur comprend les anomalies de
l'index ou de la partie prolongée de la main , où l'on rencontre ,
d'après les figures et les descriptions , soit des appendices simples ,
pointus, à la partie basilaire de l'index: Jaeger fig. 6 := Roesel
pi. LXI, fig. 31, et Lucas pi. I, fig. 2, — soit aussi la scission
et division de l'index proprement dit: Jaeger, fig. 7, 8 et 9.
A la suite de ces déformations M. Jaeger place celle qui est
représentée par sa fig. lOrzrRoesel pi. LXI, fig. 32, où l'index
se termine par deux extrémités, tandis que vers le milieu du
doigt se détache, en direction oblique, une branche assez sem-
blable à la moitié antérieure d'un doigt normal.
Une troisième section est formée par M. Jaeger des anomalies
qui atteignent la main proprement dite.
Il y rapporte sa figure ll=:Iloesel pi. LX, fig. 28, qui
montre sur la face latérale de la main , avant l'origine du doigt
immobile, une excroissance divisée en trois branches.
Il place dans la même section l'anomalie de VUca una Latr. ,
représentée par ses fig. 12 et 13.
Dans cette dernière anomalie toutefois, il me semble qu'on
doit reconnaître une rubrique entièrement différente, dont nous
avons déjà eu une espèce d'avant-coureur dans le cas des deux
extrémités antérieures de l'index représenté par Roesel, fig. 32.
OBSERVÉRS CHEZ DES CRUSTACES. 417
Dans toutes les formes considérées jusqu'ici '), nous n'avions
affaire, selon ma manière de voir, qu'à de simples appendices,
excroissances ou autres productions accessoires purement acciden-
telles, et il n'y avait pas la moindre apparence d'une multipli-
cation d'organes normaux.
Déjà dans la première anomalie que je viens de décrire, celle
du Xantlio , on voit la manifestation de ce phénomène à un
faible degré. Il se montre à un degré plus prononcé dans
le cas figuré par M. Lucas , fig. 1 ; où il existe également un
doublement latéral de l'index. A ce cas se rattache celui représenté
par la fig. 4 de M. Lucas, où l'un des index ainsi formés se
divise encore une fois en deux parties à la pointe.
Ce même doublement latéral de l'index , je crois le reconnaître
dans la fig. 12 de M. Jaeger, mais ici il y a en outre existence
d'une double pince.
Dans la 2e figure de M. Lucas, où le pouce porte les doigts
surnuméraires, mais où il n'y a pas de véritable doublement de
la pince , attendu que trois des quatre doigts sont unis entre
eux d'une manière immuable, je vois un degré inférieur de ce
développement anormal.
Un degré plus élevé se rencontre dans V Uca de M. Jaeger,
chez lequel chacun des deux index a en face de lui un pouce
mobile , encore que le pouce de la pince inférieure soit uni d'une
manière immuable à l'index de la pince supérieure.
Mais l'anomalie la plus complexe, dans cette direction, nous
est offerte par la pince à! Eriphia décrite ci-dessus, où chacun
des trois pouces peut se mouvoir séparément, et où, par le
renversement d'une couple d'appendices, il se forme trois pinces
complètes.
J ) Il est très possible que quelques-unes des anomalies déjà connues , par
exemple celle de Jaeger fig. 3 , ou celle de Roesel pi, LX , fig. 29 , doivent
être rapportées à cette rubrique. Toutefois, dans aucun de ces cas, il ne saurait
être question de mobilité des parties surnuméraires , et je dois faire remarquer
que l'idée générale de Roesel au sujet des monstruosités observées par lui, les
présente comme un simple résultat de blessures ou de meurtrissures.
Archives Néerlandaises, T. V. 27
418 J. A. HERKLOTS. SUh QUELQUES MONSTRUOSITES
A cette même rubrique de déviations du type par voie de
multiplication d'organes ^ il faut rapporter aussi l'anomalie que
j'ai fait connaître antérieurement dans \q^ Dierkundige Uijdrafjen ,
et dont, pour ne rien omettre , je reproduirai ici la description
et la figure (Voy. pi. XI, fig. 9 et 10).
Cette anomalie a été observée au tarse de la patte gauche de
la deuxième paire, chez un spécimen de Lithodes arctica Lam.,
qui se voit encore dans le Musée de la Société royale zoologique
Nalura artis magistrat à Amsterdam.
La patte droite et tous les articles de la patte gauche, à
l'exception du dernier, ont la conformation normale. Le tarse
gauche n'a qu'environ la moitié de la longueur qu'il devrait
atteindre ; il s'élargit en une espèce de main , qui se termine par
trois doigts, inégaux de grandeur, et non situés dans le même
plan, car celui du milieu se replie en arrière, tandis que
l'antérieur se porte en avant. Les épines manquent au bord
supérieur du tarse; ce n'est qu'au doigt antérieur qu'on voit des
vestiges d'épines.
A la fin de son travail M. Jaeger communique les résultats
auxquels l'a conduit l'étude des anomalies arrivées à sa con-
naissance ; ce sont des considérations sur lesquelles je ne m'étendrai
pas ici. A cette occasion , l'auteur fait ressortir aussi l'intérêt
qu'offrirait l'étude anatomique des parties anomales. En même
temps il indique comment on pourrait décider, par l'observation ,
si ces anomalies persistent sans modification, ou bien si, lors de
la mue des Crustacés, le renouvellement de leur enveloppe
tégumentaire conduit à une atténuation ou à une aggravation de
l'écart existant.
Relativement à ce dernier point , Roesel assure que ces excrois-
sances se maintiennent invariablement dans les mues successives.
Il ne dit pas toutefois jusqu'à quel point cette assertion repose
sur des observations personnelles.
Les phénomènes sont encore compliqués par la faculté de
reproduction de membres perdus ou mutilés que possèdent les
OBSERVEES CHEZ DES CRUSTACES. 419
Crustacés ; et dont l'action mieux connue nous fournirait peut-être
des éclaircissements sous maint rapport. L'intelligence parfaite
de l'ensemble du phénomène ne peut évidemment être attendue
que d'observations heureuses sur des individus anomaux vivants ,
combinées avec l'étude anatomique à l'état frais.
Les Crustacés sont d'ailleurs si généralement et si abondamment
répandus, qu'il ne semble pas que l'espoir d'atteindre un jour à
cette connaissance doive nécessairement être rangé parmi les pi a
vota. Il ne s'agit que de tirer parti des circonstances favorables.
EXPLICATION DES FIGURES.
(Planche XI).
Fig. 1. Pince gauche normale du Xanl/io punctulalus deEsi3in^
I grand, naturelle.
„ 2. Pince gauche anomale de la même espèce, vue d'en
dehors , f grand, nat.
„ 3. La même, vue obliquement d'en bas et d'eu dehors,
^ grand, nat.
„ 4. La même, vue tout à fait d'en bas, ^ grand, nat.
„ 5. Pince gauche normale de V Eriphia spinifrons Herbst,
grand, nat.
„ 6. Pince gauche anomale de la même espèce, vue d'en
dehors, grand, nat.
„ 7. La même retournée, vue du côté interne, grand, nat.
„ 8. Les pinces supérieure et moyenne, vues d'en dehors,
I grand nat.
„ 9. Tarse de la deuxième patte droite du Lithodes arciica
Lam., grand, nat.
„ 10. Tarse de la deuxième patte gauche du même individu,
grand, nat.
27
SUR LA MANIERE DE VIVRE
DE L'EUEYTOMA LOiNGIPENNIS walk.,
PAR
H. WEYENBERGH Jr.
Le genre Eurytoma (Illiger), qui compte environ 60 espèces
européennes^ appartient à la sous-famille des Euryfomidae (Wal-
ker) , famille des Chalcididae (Westwood) , section des Enlophaga
(Westwood) , division des Terebrantia (Linné) , ordre des Hymenop-
lera (Linné) ou Piezala (Fabricius).
Dans presque tous les Traités de zoologie on trouve mentionné,
relativement au genre Eurytoma, que les espèces vivent en
parasites à l'intérieur d'autres insectes, comme cela a lieu pour
les Eurytomides et les Clialcidides en général.
11 paraît toutefois que plusieurs espèces d' Eurytoma font exception
à cette règle générale. C'est ainsi qu'on verra, par les détails
dans lesquels nous allons entrer au sujet de l' Eurytoma longîpennis
(Walker) , que la larve de cette espèce vit dans des excroissances
en forme de galles du Psamma arenaria L. (en lioll. duinhelm). Il
est encore une autre espèce du même genre qui , à ma connaissance ,
a les mêmes habitudes. On trouve en effet, dans les Transactions
of the enlomological Society of London , III^ Série , t. 2 {Proceedings) ,
p. 141, le passage suivant, extrait d'un recueil périodique amé-
ricain, et relatif à V Eurytoma flavipes (Forstev) : „Oftlie Eurytoma
ftavipes for instance we learn that its déprédations hâve been so
great in the central part of the State (New-York) that, unless
H. WEYEiNBEKGH JR. SUR LA MANIERE DE VIVRE ETC. 421
some relief is found, barley will hardly appear in our sensal
reports. It is worth remarking by the way that the New-York
farmers appear from this to hâve no objection to making returns
of the yield of their crops." Il est donc probable que cet Eurytoma
occasionne des déformations aux épis de l'Orge, de même que
l' E. longipennis à ceux du Psamma. Le dommage qui doit en résulter
pour les récoltes de cette céréale est facile à comprendre.
C'est en 1868 que j'eus pour la première fois l'occasion d'étudier
les déformations du Psamma arenaria , sur des échantillons trouvés
à Zandvoort, près de Harlem, par un de mes amis. A l'extrémité
de la tige existe une dilatation qui a l'aspect extérieur d'un bouton
de fleur court et épais. Cette galle se voit représentée dans la
fig. 1 (PI. XII): a est ici la tige, b. b les feuilles externes, c les
feuilles internes soudées avec l'excroissance. Lorsqu'on ouvre une
pareille galle, en enlevant les feuilles une à une, on trouve
entre les feuilles centrales intimement soudées, dans une substance
verte, d'apparence médullaire, une larve d'une couleur jaune clair.
C'est cette larve qui, agissant comme cause d'irritation anomale ,
donne lieu au développement morbide du tissu végétal.
La larve est logée dans un conduit au milieu de la matière
médullaire verte, dont elle paraît faire sa nourriture. Je regarde
cette matière comme un exsudât de la plante, épanché par suite
de l'inflammation que détermine la larve, et solidifié peu à peu.
Au mois d'août Ja larve n'a encore que 2,5 millimètres de
longueur, mais, à cela près, elle ne diffère pas des larves qui
ont atteint toute leur croissance et qu'on trouve depuis la fin de
l'automne jusqu'au printemps. Ces larves adultes sont longues
d'au moins 5 millim.
La forme de la larve est en général assez allongée, et la
couleur, comme nous l'avons dit, d'un jaune clair. Les douze
segments du corps se distinguent facilement. Sur la face dorsale
de plusieurs des anneaux on remarque des saillies en forme de
verrues; ces tubercules se voient nettement depuis le quatrième
jusqu'au dixième anneau, et c'est sur le sixième et le septième
qu'ils sont le plus grands. L'extrémité céphalique est un peu plus
422 H. WEYENBERGH JR. SUR LA MANIERE DE VIVRE
pointue que l'extrémité caudale , et celle ci montre, à sa terminaison
obtuse, une petite impression que je regarde comme l'ouverture
anale. La tête est petite et présente une paire de mâchoires
triangulaires, plus ou moins courbes, au-dessus desquelles on
voit, sur la tête, une impression transversale. Je n'ai pu observer
d'autres particularités à cette larve, dont les divers segments se
ressemblent d'ailleurs parfaitement par la forme et la couleur et
ne diffèrent un peu que par la dimension. A l'aide d'un fort
grossissement on découvre çà et là un petit poil aux segments
postérieurs. La figure 2 montre la larve grossie, et la figure 3
est une représentation très amplifiée de la tête. Un des anneaux
du milieu est représenté fortement grossi dans la figure 4, pour
donner une idée exacte de la forme et de la position des mamelons
verruqueux. A ce grossissement on distingue quelques petits poils
sur ces mamelons. Comme on le reconnaît sur la figure, la saillie
des mamelons s'abaisse plus doucement vers la surface générale
du corps à leur côté antérieur qu'à leur côté postérieur.
Me trouvant il y a quelque temps à Zandvoort, je profitai de
l'occasion pour me faire indiquer l'endroit où les Psamma déformés
avaient été découverts, et j'en recueillis encore de nombreux
exemplaires. Le lieu où ils se trouvaient est une petite dépression
dans les dunes, à quelques pas au sud de l'Hôtel des bains; les
plantes attaquées occupaient surtout la pente intérieure de la
dune qui borde la plage, et il était facile de les distinguer à
distance, une fois qu'on avait appris à en connaître une seule.
Bien qu'on fût déjà au mois de décembre, je ne remarquai encore
aucun changement dans les larves. Jusque tout récemment, Zand-
voort était resté la seule localité de notre pays où l'Hyménoptère
en question eût été observé; antérieurement à cette découverte,
il ne comptait pas parmi les espèces indigènes. Au mois d'août
1870, M. Hugo de Vries l'a retrouvé dans les dunes de la Hollande
méridionale, près de Naaldwijk et de Voorne. — La larve et la
manière de vivre de cette espèce étaient inconnues jusqu'à présent.
Une circonstance qui attira particulièrement mon attention,
c'est que plusieurs des galles du Psamma étaient attaquées et
DE l'eURYTOMA LOA'GIPENNIS walk. 423
montraient un assez grand trou, qui; de l'extérieur, pénétrait
jusqu'à l'endroit où avait résidé la larve; quant à celle-ci, elle
avait toujours disparu des excroissances attaquées. En examinant
ces trous avec plus de soin, j'y reconnus des traces évidentes
de l'action des dents d'un animal rongeur, ce qui me conduit à
supposer que les Campagnols cherchent dans ces larves une nourriture
succulente pendant la saison rigoureuse, alors que leur table
n'est en général pas trop abondamment servie.
Dans les premiers jours du mois de mars de cette année, je
me rendis de nouveau à l'endroit désigné et rassemblai encore
quelques galles; je trouvai les habitants toujours dans le même
état qu'à l'époque de ma première visite, sauf qu'ils avaient
peut être pris un peu d'accroissement. J'ouvris alors aussi une des
excroissances que j'avais rapportées en automne et qui avaient
passé l'hiver dans ma chambre, dans un verre sec; mais je ne
remarquai aucune différence avec celles qui étaient restées en plein
air. A l'une des galles je vis un petit trou, par lequel je supposai
qu'un Ichneumonide avait pu sortir, et dans une couple d'autres
je trouvai une petite coque allongée, à tissu très fin, qui me
parut également provenir d'un Ichueumon. A la fin de juillet
j'obtins de ces coques le parasite Bracon caudiger (Nées ab Es.),
Hyménoptère dont l'existence dans notre pays était également
restée inconnue. Les coques de ce Bracon variaient en couleur
du blanc clair au gris foncé, et les plus foncées fournissaient
toujours des individus mâles. La larve de cette espèce a échappé
à mon observation.
Même au commencement d'avril les larves de l' Eurytoma lotigi-
pennis persistaient encore dans le même état ; mais , vers le milieu
de ce mois, elles étaient changées en nymphes, où l'on ne
distinguait plus que des contours obscurs et dont la couleur était
le jaune clair uniforme. L'abdomen se terminait en une petite
pointe noire, à laquelle pendait encore, sous la forme d'une
membrane blanche, la dépouille ridée de la larve. Peu à peu les
formes devinrent plus distinctes et les linéaments des diverses
parties commencèrent à s'accuser , à partir du dos. Une couple de
424 H. WEYENBERGH JR. SUR LA iMANIERE DE VIVRE
jours avant Téclosion, la couleur était partout d'un noir brillant.
Cette coloration avait commencé par la formation d'un point noir
sur le milieu de l'abdomen et l'apparition d'une teinte foncée
sur les yeux, puis elle s'était étendue successivement à tout
l'abdomen, à la tête et au thorax, et en dernier lieu aux étuis
des ailes et aux pattes. La fig. 5 montre la nymphe telle qu'elle
est au moment où la larve vient de passer à cet état , et la fig. 6
la représente peu de temps avant l'apparition de l'insecte parfait ;
les yeux sont alors bruns, et aux segments de l'abdomen ainsi
qu'aux organes appendiculaires se voient encore les restes de la
couleur jaune. La tête (que la fig. 7 représente de face) offre une
forme triangulaire et des antennes à gaines crénelées et assez
courtes. Les pattes sont de longueur médiocre, les ailes sont
appliquées sur la face antérieure de l'abdomen et un peu plus
longues que celui-ci. Le thorax est très bombé sur le dos, et
l'abdomen assez obtus à l'extrémité.
Les nymphes se transformèrent en insectes parfaits à la fin de
mai et en juin. L'état de nymphe dure donc environ six semaines.
Pendant que j'attendais de jour en jour le développement des
insectes parfaits, j'eus encore la surprise de voir apparaître un
Coléoptère du genre Dasytes Payk. (famille des Dasytidae, des
Malacodermes (Marseul)), sslyoïyIq Dasytes nobilis (IWigQr) , espèce
qui était également nouvelle pour la faune néerlandaise , et dont ,
quelques semaines plus tard (le 9 août) , M. J. Kinker captura un
individu à Bergen dans la Hollande septentrionale. Lorsque ce
Coléoptère se montra pour la première fois, je crus à une méprise;
mais, après que d'autres individus eurent suivi le premier, j'examinai
la chose de plus près, et je me convainquis que ces animaux ve
naient bien réellement de l'intérieur de la galle, à laquelle ils
pratiquaient un trou semblable à celui dont j'ai fait mention plus
haut, en parlant du Bracon caudiger. En tout, je recueillis 4 ou
5 exemplaires de Dasytes, et je reconnus que dans toutes les
galles qui avaient été habitées par ces Coléoptères, les larves
di Eurytoma avaient disparu. Le Dasytes nohilis paraît donc être
aussi un parasite de V Eurytoma long {permis , ce qui est d'ailleurs
DE l'eURYTOMA LONGIPENxMS walk. 425
en parfait accord avec le régime zoophage des larves et des insectes
du genre Dasyles. Les premiers états de ce Coléoptère me sont
toutefois restés inconnus, attendu que rien n'avait pu me faire
deviner sa présence.
Pour éviter les redites , je serai bref dans la description de
V Euryioma longipennis à l'état parfait, dont M. Walker a déjà
fait connaître les caractères dans les Ann. and Magaz. of ISat. hist. ,
1845, t. XV, p. 496.
La nymphe n'est pas entourée d'une coque, mais repose librement
au milieu du conduit, qui passe par Taxe de la galle.
Description de l'insecte parfait (Voyez: fig. 8, l'insecte entier;
fig. 9, une antenne grossie; fig. 10 et 11, les ailes).
La forme générale est allongée, et la couleur générale est le
noir brillant, parfois avec un éclat légèrement métallique. Cette
couleur recouvre les parties suivantes: la tête et les yeux, qui
sont grands, les antennes assez courtes, les mâchoires, le cou,
qui se distingue assez bien, le thorax, qui est allongé et plus ou
moins rude et inégal à la face dorsale, enfin l'abdomen, qui est
piriforme et terminé en pointe. Les hanches , la partie supérieure
des fémurs, surtout au côté interne des pattes de devant, la
partie moyenne des tibias des pattes postérieures et les tarses
sont également noirs ; le reste des pattes a une couleur brunâtre ,
passant du brun clair au brun foncé. Les ailes ne sont pas très
diaphanes, mais plus ou moins troubles et un peu irisées à la
pointe. Les pattes ne sont pas longues; par contre, les ailes
dépassent de beaucoup la pointe de l'abdomen, de sorte que
cette espèce porte à assez bon droit le nom de longipennis.
La nervure primaire des ailes est colorée en brun clair. La lon-
gueur de l'insecte est d'environ 4 millimètres, l'expansion des
ailes mesure 7 à 8 millimètres. Les sexes se distinguent, non-
seulement par la forme plus ou moins aiguë du bout de l'abdomen
et la présence ou l'absence de la tarière, mais aussi par les
antennes, qui sont plus longues chez le mâle, et par les ailes
supérieures, dont la pointe montre chez les femelles une petite
nervure transversale.
426 H. WEYENBERGH JR. SUR LA MANIERE DE VIVRE
L'œuf m'est resté inconnu, et mes petits Hyménoptères captifs
ue s'accouplèrent pas. A l'état de liberté, l'accouplement, la
ponte et l'éclosion des œufs paraissent se suivre à d'assez courts
intervalles, car dès le commencement d'août on trouve de nouveau
de jeunes larves. Il est probable que l'introduction de l'œuf dans
la tige du Psamma se fait de la manière ordinaire.
Ces animaux sont d'un naturel inerte et apathique ; le vol
paraît leur être difficile, et souvent ils restent des journées
entières sans changer de place, et cela soit qu'on les tienne dans
l'obscurité, ou qu'on les expose aux rayons solaires, ou qu'on
leur envoie des bouffées de tabac. Ce défaut de mobilité explique
en partie le peu d'abondance de l'espèce, surtout si l'on tient
compte de ce qu'elle est en butte aux attaques d'Ichneumons, de
Coléoptères et de Campagnols, ennemis auxquels viendront s'ajouter
maintenant les entomologistes.
J'ignore si, outre l'Euryloma ici décrit et F E. flavipes , qui vit
dans l'orge, il y a encore d'autres espèces de ce genre qui aient
les mêmes habitudes phytophages. Par contre , le régime zoophage ,
parasite, est bien constaté pour un grand nombre d'espèces, telles
que: E. ahrotani (Panzer) dans le Bombyx pini L. et le Liparis
dispar L., E. abielicola (Katzeburg) dans \q Curculio violaceusF. ^
E. extiucta (Ratzeb.) dans le Nemafus angiislatmKl.y E. aciciilala
(Ratzeb.) dans le Nematus pedunculi Kl. et dans le Cecidomyia
salicina Low. , E. cosfata (Ratzeb.) dans des cocons de Microgasier
provenus du Pieris crataeLfi L., E. flavovaria (Ratzeb.) dans
l'Hylesinus fraxini F., E. plumata (Illiger) dans le Microqaster
liparidis Ratz. , E. signala (Nées ab Es.) dans des galles de Cynips ,
E. striolata (Ratzeb.) dans r Eccoplogaster intricatusM2i\. , et beau-
coup d'autres. Il y a bien encore une espèce qui a été citée comme
vivant sur une plante, savoir l'E. exilis (J)ViioVix) suyXc Centaiirea
niqra L. ; mais on n'indique pas de quelle façon elle y vit , si
c'est dans une galle ou de toute autre manière.
M. Westwood dans son Introd. to modem classif.y t. II, p. 161
(Note) , et M. Blanchard dans son Hisl. nal. des ins. ne croyaient
pas encore que certains Eurytoma produisissent eux-mêmes des
DE l'eurytoma longipennis walk. 427
galles, mais pensaient que ces insectes ne se trouvent dans ces
excroissances que „pour se nourrir des vrais habitants."
On sait peu de chose concernant la distribution géographique
de V Eurytoïiia longipennis. L'auteur qui l'a décrit le premier l'a
trouvé en i\ngleterre; il a été rencontré ensuite dans la Néer-
lande, aux endroits indiqués ci-dessus, par MM. Hugo de Vries
et Kitsema, ainsi que par moi-même.
Harlem, 1870.
EXPLICATION DES FIGURES.
(PI. XII).
Fig. 1. Galle du Psamma arenaria. L.
„ 2. Larve de l'Eurytoma longipennis Walk. (grossie).
„ 3. Tête de la larve (très grossie).
„ 4. Un des segments moyens (très grossi).
„ 5. La nymphe, peu de temps après sa formation (grossie).
„ 6. La nymphe , peu de temps avant la sortie de l'insecte
parfait (grossie).
„ 7. La tête de la nymphe, de face (grossie).
„ 8. Euryloma longipennis Walk. ? (grossi).
„ 9. L'antenne d'un mâle (grossie).
„ 10. L'aile supérieure d'un mâle (grossie).
„ 11. L'aile inférieure d'un mâle (grossie).
„ 12. Une patte de derrière (grossie).
„ 13. Une partie d'une aile (très grossie).
NB. Les poils nombreux qui couvrent les ailes, comme on le
voit dans les fig. 10 et 11, se trouvent chez les deux
sexes. Dans la fig. 8 , pour plus de clarté , ce caractère
n'a pas été exprimé.
LA PREUVE DIRECTE
QUE LES
GLOBULES DU SANG FOURNISSENT DE LA FIBRINE,
A. HEYNSIUS.
M. van der Horst avait remarqué ') que si le sang d'un
animal est reçu immédiatement, au sortir des vaisseaux, dans
une solution de Cl Na d'une concentration telle que la coagulation
soit empêchée, et si, après que les globules se sont déposés, le
plasma étendu est saturé de ClNa, il apparaît à la surface du
liquide une couche de matière albuminoïde insoluble, semblable
à la fibrine, tandis que, au fond du vase, il se forme un pré-
cipité floconneux de matière albuminoïde soluble dans le chlorure
de sodium étendu et susceptible d'être coagulée dans cette disso-
lution. M. van der Horst avait constaté en outre qu'en ajoutant
aux globules du sang, séparés avec soin, des dissolutions salines
et traitant ensuite le mélange par l'eau, on peut extraire des
globules une matière albuminoïde, qui par ses caractères, ainsi
que l'avait déjà remarqué M. Denis, se rapproche le plus de
la fibrine.
Postérieurement, j'avais trouvé que cette matière s'obtient
aussi, du moins avec du sang d'oiseau, quand le sang défibriné
est mêlé rapidement avec une grande quantité d'eau, et j'avais
) Voyez Arch. néerl., t. IV, p. 97 et suiv.
A. HEYNSIUS. LA PREUVE DIRECTE QUE LES, ETC. 429
moDtré que la matière ainsi séparée renferme au moins 1 "/o de soufre ' ).
J'avais trouvé de plus que lorsque le sang, aussitôt qu'il a
été retiré des vaisseaux, est mêlé avec une certaine quantité de
de phosphate de soude, il fournit, dans la grande majorité des
cas, plus de fibrine que le sang qui n'a pas subi ce mélange,
et j'avais même pu communiquer quelques expériences dans
lesquelles la proportion de fibrine avait été, de cette manière,
plus que doublée -).
J'avais montré enfin que lorsque le sang est reçu dans une
solution faible de sel marin , refroidie à 0°, le plasma ainsi étendu
donne, même après qu'on y a ajouté de la globuline, beaucoup
moins de fibrine qu'on n'en retire du sang lui-même ^•).
Ces résultats m'avaient forcé de renoncer à l'opinion générale-
ment adoptée depuis J. Millier, d'après laquelle la fibrine, —
ou la matière fibrinogène selon l'hypothèse de M. Schmidt, —
proviendrait du plasma; ils m'avaient conduit à indiquer au
contraire le stroma des globules comme la source principale de
la fibrine du sang.
C'était là, en effet, la seule explication que permettaient les
résultats obtenus. L'expérience sur laquelle se fondait J. Millier
pour regarder la fibrine comme partie intégrante du plasma, —
savoir, la coagulation du sang de grenouille après qu'il a été
privé de ses globules par la filtration , — ne constitue évidemment
pas une preuve suffisante; cette manière de voir est, au moins
sous certains rapports, en complète opposition avec les phéno-
mènes observés par moi, tandis que, d'un autre côté, tous les
faits connus se concilient parfaitement avec l'hypothèse que le
plasma du sang vivant ne renferme pas de matière fibrinogène en
1 ) Voyez Jrch. néerl. , t. IV, p. 133.
2) Loc. cit., p. 147. Depuis lors j'ai encore répété cette expérience plusieurs
fois et toujours avec le même succès. Il est inutile de faire connaître ces
nouveaux résultats, attendu que j'ai maintenant des arguments plus décisifs à
produire en faveur de la proposition que les globules du sang renferment de
la fibrine.
3 ) Loc. cil. , p.
430 A. IIEYNSIUS. LA PREUVE DIRECTE QUE LES
quantité notable , mais que c'est seulement après l'extraction du
sang que le stroma des globules cède cette matière au plasma.
Mais, quelque probabilité que mon hypothèse reçût des phéno-
mènes observés, la preuve directe que les globules donnent de
la tibrine manquait encore. Avec les globules isolés je ne parve-
nais plus à produire une coagulation , une séparation de fibrine.
„Ce résultat négatif/' disais-je '), „ne constitue du reste pas
un argument contre l'hypothèse que la fibrine soit fournie en partie
par les corpuscules du sang. Si ces corpuscules ont perdu leur
vitalité et si, par suite, comme dans d'autres organismes élémen-
taires, une partie plus ou moins considérable du contenu albumineux
s'est coagulée, il n'y a rien d'étonnant à ce qu'on ne réussisse
pas à obtenir une seconde coagulation. Nous aurons alors beau
dissoudre cette matière dans des dissolutions salines, nous n'y
verrons pas plus de coagulation que dans les solutions de myosine
ou de quelque autre protoplasma coagulé, — pas plus que dans
les solutions de la fibrine elle-même." Néanmoins, il va sans
dire qu'il me paraissait toujours très désirable de donner la
preuve directe en question, si la chose était possible.
Jusqu'alors j'avais opéré surtout sur du sang de vache, de
veau, de chien, de lapin et de poulet, et, pour faire déposer
les globules et maintenir le plasma liquide, ce sang avait été
mélangé ordinairement, au sortir de la veine, avec une solution
de Cl Na d'environ 3"/o. Or on sait que, pour observer les phé-
nomènes de contraction du protoplasma , il faut éviter l'intervention
de tous les agents énergiques , et employer une dissolution saline
de tout au plus y^ ^ l^/o? si l'on ne veut pas voir ces phéno-
mènes de contraction s'arrêter très promptement par suite de
la coagulation du protoplasma.
Pour cette raison, j'avais déjà essayé antérieurement si des
solutions de sel, moins concentrées que celles dont il avait été
fait usage primitivement, ne seraient pas également capables de
prévenir la coagulation du plasma. J'avais trouvé qu'en refroi-
1) Loc. cit., p. 142.
GLOBULES DU SANG FOURNISSENT DE LA FIBRINE. 431
dissant rapidement à 0°, ou pouvait effectivement se contenter
d'une proportion de sel un peu moindre, mais, même dans ces
conditions, le sang- des animaux précités ne restait liquide que
lorsque la proportion de sel s'élevait au moins à 2,5"/o.
Parmi les différentes sortes de sang , celui de cheval se distingue
par la lenteur de sa coagulation. A la température ordinaire ce
sang reste liquide pendant une heure et plus après l'extraction,
et lorsqu'on prend les soins convenables pour le refroidir rapi-
dement à 0^, on peut, comme Ton sait, lui conserver l'état
liquide pendant beaucoup plus longtemps et même pendant
24 heures.
D'après cela, si les globules du sang fournissent réellement
de la fibrine, je pensai qu'il ne serait peut-être pas impossible
de réaliser avec le sang du cheval ce que j'avais jusqu'alors
vainement tenté d'obtenir avec le sang d'autres animaux. Peu
importe que l'on ignore la raison pour laquelle ce sang se coagule
plus lentement ; le fait seul donnait lieu d'espérer qu'on parvieu-
drait peut-être, avec lui, à fournir la preuve directe désirée. Peut-
être des solutions salines plus faibles suffiraient-elles pour con-
server à ce sang sa liquidité et par conséquent pour maintenir le
protoplasma des globules lui-même à l'état vivant, non coagulé.
Comme, pour obtenir ce résultat, le refroidissement rapide à
0- était certainement une condition nécessaire, je remis l'exécution
de l'expérience jusqu'au moment où je pourrais disposer des grands
froids de l'hiver. Dans mes expériences antérieures la température
de l'air avait été le plus souvent au-dessus de 0^, et, bien que
le sang après son extraction eût toujours été refroidi à 0°, cette
circonstance pouvait bien ne pas être tout à fait étrangère au
fait que la solution saline devait contenir au moins 2% p. c. de
Cl Na pour maintenir le plasma liquide.
Je pris donc, pour commencer, des solutions de chlorure de
sodium à 4 p. c, à 3 p. c. et à 2 p. c, et dans 1000 ce. de ces
solutions je laissai se déposer environ 100 ce. de sang de cheval.
Comme moyen de contrôle je fis, pour chacun de ces degrés de
concentration, deux expériences différentes. Les flacons et les
432 A. HEYNSIUS. LA PREUVE DIRECTE QUE LES
solutions salines étaient pesés d'avance et refroidis à 0°. Le sang ,
reçu dans des verres gradués refroidis à 0"", était versé immé-
diatement dans la solution saline, et le mélange était placé dans une
masse considérable de glace fondante. Après qu'il y était resté
pendant assez longtemps pour que sa température se fût abaissée à
0^, on déterminait par une pesée la quantité de sang ajoutée.
Lorsque les globules du sang étaient entièrement déposés, on
décantait avec précaution et d'une manière aussi complète que
possible le sérum étendu. Le flacon était ensuite pesé de nouveau ,
ce qui donnait le poids des globules déposés plus le plasma
étendu qui leur était resté adhérent. Les globules ainsi obtenus
étaient en partie délayés dans du sérum de vache refroidi à 0^,
en partie dissous dans de l'eau refroidie puis chauffés à 40^.
L'épreuve réussit parfaitement. Dans chacune des six expériences
instituées il y eut coagulation évidente; mais c'est surtout avec
les globules séparés du sang par la solution de chlorure de
sodium à 2 p. c. , que le résultat fut frappant. Avec ceux-là
on obtint une coagulation en caillot bien formé.
La réussite ainsi constatée, j'entrepris naturellement une déter-
mination quantitative, qui me donna les chiffres suivants:
Richesse Quantité Globules Proportion
de la de sansr, déposés, de fibrine , ^^ , •
.1..^;,.,. „., „_"" J „.. ' en r Observations.
0,07 Mélangé avec du sér. de vache.
0,08 „ „ de l'eau.
0,08 „ „ du sér. de vache.
0,11 „ „ de l'eau.
0,14 „ „ du sér. de vache.
0,13 „ „ de l'eau.
Ce résultat est certainement très satisfaisant. Le sang lui-même
ayant fourni 0,6 p. c. de fibrine, on voit que l de cette quantité
peut encore être retiré des globules. Il est impossible de faire dériver
cette fraction du plasma adhérent, car dans cette hypothèse, en
admettant par exemple qu'il faille encore déduire du poids des
globules la moitié pour le plasma qui leur adhère, on arriverait
Apei
solution
de Cl Na.
en gr.
en gr
1.
4%
102
52
2.
4 „
115
58
3.
3 „
104
47
4.
3 „
101
44
5.
2 „
117,5
79
6.
2 „
105
53
GLOBULES DU SA>G FOURNISSENT DE LA FIBRINE. 433
à des chiffres absurdes pour la richesse en fibrine de ce plasma.
Prenons le cas le plus défavorable (expérience 1), celui dans
lequel a été obtenue la plus petite quantité de fibrine. Supposons
que le poids des globules provenant de 102 gr. de sang ne soit
que de 26 gr. , et que le reste des 52 gr. trouvés , c'est-à-dire
26 gr. , doive être attribué au plasma qui mouille les globules.
Le poids total de la solution saline dans laquelle le sang a été
reçu s'élevait à 1120 gr. Dans ce poids total il aurait donc dû
se trouver 3,5 gr. de fibrine, ce qui assignerait au plasma sanguin
lui-même une richesse en fibrine d'environ 4,5 p. c.
Mais la proportion de fibrine du plasma a aussi été déterminée
directement. On prit 200 ce. de plasma soigneusement séparé
des globules, — lequel plasma était parfaitement incolore dans
les expériences 3 — 6, mais d'une teinte rouge clair dans les
expériences 1 et 2, — et on les chauffa à 40°, après les avoir
étendus d'une quantité d'eau telle que la proportion de sel
fût de 2 p. c. dans tous les liquides. Par ce traitement, il ne
se sépara du liquide de 5 et 6 qu'une quantité insignifiante de
matière albuminoïde, du liquide de 3 et 4 un peu plus, et de
celui de 1 et 2 une quantité assez notable. Dans aucune de ces
expériences la coagulation ne donna lieu à un caillot , partout on
n'obtint que des flocons. La détermination quantitative fournit le
résultat suivant:
Fibrine Eibrine
en grammes. du plasma
en %.
1.
0,120
c'est-à-dire 0,68
2.
0,098
0,55
3.
0,020
0,11
4.
0,020
0,11
5.
0,007
0,04
6.
0,001
0,04
Le chiffre plus élevé obtenu dans les expériences 1 et 2, où
le plasma était un peu coloré, faisait naître la présomption que
les liquides abandonneraient plus de fibrine si on les mélangeait
Archives Néerlandaises, T. V. 28
434 A. HEYNvSIUS. LA PREUVE DIRECTE QUE LES
avec du sérum. On ajouta par conséquent à chacun d'eux 25 ce.
de sérum de vache, après quoi on obtint:
ribrine Fibrine
en grammes du plasma
en o/.
1. 0,014 c'est-à-dire 0,08
2. 0,0J2 „ 0,06
3. 0,034 „ 0,19
4. 0,029 „ 0,15
5. 0,045 „ 0,20
6. 0,030 „ 0,16
La quantité totale d'albumine coagulable (fibrine) dans le
plasma s'élevait donc à:
1 0,76 o/o
2 0,61 „
3 0,30 „
4 0,26 „
5 .... , 0,24 „
6 0.20 „
On pourrait penser toutefois que par suite de l'une ou l'autre
circonstance, telle par exemple que la trop forte proportion de
sel dans le liquide, la coagulation du plasma avait été incom-
plète. Pour ce motif je cherchai encore combien de matière al-
buminoïde il était possible de retirer du plasma à l'aide de la
saturation par Cl Na. Je trouvai ainsi dans 200 ce. :
1. 0,175 c'est-à-dire 0,85 "/o
2. 0,183 „ 0,99 „
3. 0,166 „ 0,88 „
4. 0,151 „ 0,89 ,.
5. 0,155 „ 0,70 „
6. 0,117 „ 0,62 „
On voit d'après cela que la quantité de fibrine ou de matière
fibrinogène contenue dans le plasma est absolument incapable de
rendre compte de la quantité de fibrine qui a été retirée des
globules séparés du sang.
GLOBULES DU SANG FOURNISSENT DE LA FIBRINE. 435
Cette conclusion est d'ailleurs en parfait accord avec la pro-
portion de fibrine du sang lui-même. J'ai trouvé en effet:
Sang
Fibrine
Fibrine
en grammes.
en grammes.
en %.
103
0,601
0,59
62,5
0,419
0,67
82
0,513
0,64
Quelque satisfaisant qu'eût été le résultat, je tenais pourtant
à répéter l'expérience encore une fois. Il avait été reconnu qu'une
solution de Cl Na à 2 ^j^ était bien suffisante pour maintenir le
sang à l'état liquide, et c'est précisément avec cette solution
faible qu'on avait extrait le plus de fibrine des globules. Peut-
être était-il possible d'employer des solutions salines encore moins
concentrées. Les expériences communiquées ci-dessus avaient eu
lieu le 3 février dernier , par une température qui , bien que peu
élevée, était pourtant de quelques degrés au-dessus de 0^. Je
voulus donc recommencer l'épreuve à une température encore plus
basse, et recevoir en outre le sang dans des solutions salines
encore plus faibles. En conséquence, le 14 février , la température
de l'air étant de 3 — 4° au-dessous de 0^ , du sang de cheval fut
recueilli, de la manière indiquée précédemment, dans des solu-
tions de Cl Na à 0,5 p. c. et 1 p. c.
Dans la solution à 0,5 p. c. les globules du sang ne se dé-
posèrent qu'imparfaitement ; en outre , la solution se colora for-
tement et après 24 heures elle était partiellement coagulée.
Au contraire, dans la solution à 1 p. c. de ClNa, le dépôt
des globules se fit de la manière la plus nette: le liquide ne
montrait aucune trace de coloration ni de coagulation. Les
globules déposés formaient sur le fond du vase une couche
d'un rouge vif. Ils furent délayés dans du sérum refroidi à 0^,
puis abandonnés à eux-mêmes dans une pièce chauffée. Une
coagulation parfaite , en caillot , s'y produisit , et la détermination
quantitative donna le résultat suivant:
28^*^
436 A. HEYNSTUS. LA PREUVE DIRECTE QUE LES
Richesse de
Quantité
Globules
Proportion
Expérience.
la solution
de sang ,
déposés ,
de librine.
de Cl Na.
en grammes.
en grammes.
en%.
7
1^
112
61
1,1
On prit 630 ce. du plasma étendu et limpide dans lequel les
globules s'étaient déposés, et, après y avoir ajouté 50 c.c. de
sérum de vache, on chauffa à 40". On obtint ainsi 0,067 gr. de
fibrine. Les globules avaient été mélangés avec 1064 gr. de
liquide ; on avait donc trouvé pour la quantité totale de plasma
sanguin 0,114 gr. ou 0,1 p. c. de fibrine; par la saturation avec
Cl Na on en précipita 0,65 p. c. de matière albuminoïde.
On effectua également une détermination quantitative de la
fibrine du sang lui-même, sur une portion de ce liquide recueillie
immédiatement après la première. 290 gr. de sang fournirent
1,21 p. c. de fibrine (déterminée par le lavage du caillot).
Le résultat, comme on voit, ne laisse rien à désirer. Il est
établi que quand du sang de cheval est reçu, sous des condi-
tions favorables, dans une solution de Cl Na à 1 p. c. , le plasma
ne renferme que 9 p. c. de la quantité de fibrine du sang , tandis
que les globules fournissent le reste, c'est-à-dire 91 p. c.
La proposition, que les globules du sang sont
réellement la source principale de la fibrine de ce
liquide, est donc aussi démontrée directement.
Lorsque les globules du sang, déposés, comme on vient de le
dire, dans une solution de chlorure de sodium à 1 p. c. , sont
portés sous le microscope, on ne constate d'abord aucun chan-
gement dans leur forme. Mais, au bout de très peu de temps,
leurs contours deviennent irréguliers. Ils commencent à s'agglu-
tiner entre eux et forment des grumeaux d'une matière gélatineuse,
colorée en rouge. On acquiert donc aussi immédiatement , par la
vue, la preuve de la coagulation des globules du sang.
J'aurais volontiers étudié de plus près, sous le microscope,
ces phénomènes de coagulation , mais je n'ai pas été à même de
le faire, n'ayant plus pu obtenir du sang de cheval. Surtout pendant
l'hiver, qui est la saison la plus favorable pour ces recherches,
GLOBULES DU SA>'G FOURMSSE.NT DE LA FIBRINE. 437
on n'aime pas à laisser subir une saignée à un cheval. Au prin-
temps on l'accorde plus facilement, et j'espère par conséquent
avoir bientôt l'occasion de reprendre cette étude ^).
La même raison m'a empêché de rechercher si une proportion
de fibrine aussi élevée que celle donnée par l'expérience 7 se
présente plus fréquemment chez le cheval. Dans l'expérience pré-
cédente la quantité n'avait pas été aussi grande. L'animal qui
avait fourni le sang était sain , mais vieux. Le sang se coagulait
très lentement , en partie , sans doute , par suite de la basse tempé-
rature; or la coagulation lente semble augmenter, en général,
la proportion de fibrine.
Dans une autre expérience , 480 gr. de sang du même cheval
qui avait fourni la matière de l'expérience 1, furent mélangés
avec 5 litres d'une dissolution de Cl Na à 1 p. c. refroidie àO'',
et les globules déposés furent délayés dans assez de sérum de
vache pour que le volume total fût de 500 ce, c'est-à-dire à
peu près égal à celui du sang employé. Ici également on obtint
un caillot parfait, qui donna 12,345 gr. de fibrine humide. — Cette
fibrine, soumise au lavage, n'abandonne que très difficilement la
matière colorante qui l'imbibe, et elle reste toujours d'une teinte
un peu grisâtre. Sous ce rapport, elle se comporte comme la
matière qui se sépare du sang défibriné de poulet , quand on le mêle
avec de l'eau: cette matière non plus ne peut être obtenue en-
tièrement incolore.
Quoique la nature albuminoïde de la matière obtenue par la
coagulation des globules du sang se démontre facilement par les
réactifs ordinaires, je n'ai pourtant pas négligé d'en contrôler la
composition élémentaire. Avant de la soumettre à l'analyse je la
1 ) Bien que je ne mécouuaisse pas l'importauce d'une pareille étude micros-
copique, je crois pourtant — ce qui du reste a déjà été constaté dans beaucoup
de recherclies raicrocliimiques très diverses et, pour le sang en particulier, dans
celles de M. Briicke {Sitzungsher. d. IFien. Akad. , t. LIX) et de M. Rollet
{U-dtersuch. aus dem Institute in Graz , 1870) — qu'elle peut simplement servir
de guide et de moyen de contrôle pour l'étude macroscopique, mais qu'elle est
tout à fait incapable de nous éclairer sur la véritable nature chimique des prin-
cipes constituants.
438 A. HEYNSIUS. LA PREUVE DIRECTE QUE LES
fis bouillir à différentes reprises avec de l'étlier et de ralcool;
puis sécher à une température de 130°.
0,2834 gr. donnèrent 0,5552 gr. CO^ et
0,1881 „ H,0.
0,2802 gr. donnèrent NH3 en quantité suffisante pour sa-
turer 3,25 ce. d'acide cblorhydrique normal.
0,2842 gr. donnèrent 0,0336 gr. BaSO^.
La matière renfermait par conséquent :
C 53,4
H 7,4
N 16,3
S 1,2
0 21,7
Bien qu'il soit prouvé maintenant que les globules du sang
fournissent de la fibrine lorsque ce liquide est extrait des vais-
seaux , cela ne veut pas dire que la fibrine soit un élément con-
stitutif des globules vivants. Au contraire , si elle faisait , comme
telle, partie constituante des globules vivants, il est clair qu'elle
ne pourrait plus être cédée par les globules au plasma. Quant à
la forme sous laquelle la matière fibrinogène existe réellement
durant la vie, c'est ce qu'il m'est tout aussi impossible de préciser
pour la matière fibrinogène des globules du sang que pour celle des
muscles et du protoplasma en général. Mais, d'un côté comme de
l'autre, les phénomènes observés nous conduisent à l'hypothèse, que
cette matière fibrinogène existe dans le protoplasma vivant à
l'état de combinaison avec d'autres matières, et que cette com-
binaison se défait au moment de la mort.
Lorsque, à ce moment, le protoplasma est en contact avec
un liquide, une partie plus ou moins considérable, suivant
les circonstances, de la matière fibrinogène elle-même, ou
peut-être de sa substance-mère, passe dans ce liquide. Le reste
se coagule dans le protoplasma même.
Il est difficile de dire combien il existe de cette matière fibri-
nogène dans le plasma du sang vivant. Mes expériences montrent
que la quantité n'en peut être grande. La dissolution de Cl Na
GLOBULES DU SANG FOURiMSSENT DE LA FIBRINE. 439
à 1 p. c. , dans laquelle s'étaient déposés les globules du sang,
n'a donné qu'un poids de fibrine correspondant à une proportion
de 0,1 p. c. de cette matière dans le plasma, tandis que le sang
lui-même en fournit 0,2 p. c. Le plasma vivant ne peut donc en
avoir contenu plus de 0, 1 p. c. , mais il y a de fortes raisons
pour croire que la proportion de fibrine du plasma vivant doit
être évaluée à moins encore, car 1° ce plasma étendu n'est pas
exempt de cellules, surtout de globules blancs du sang, et 2^ il
est probable que les globules du sang, en se déposant, ont cédé
au liquide une certaine quantité de leur fibrine.
Avec le sang d'autres espèces animales je n'ai pas réussi
jusqu'à présent à produire, au moyen des globules isolés, une
coagulation véritable. En opérant sur le sang du chien , par un
froid rigoureux, on trouve bien que les globules se déposent
parfaitement dans une dissolution de Cl Na à 1 p. c. et que le
liquide ne se coagule pas , mais les globules séparés ne donnent ,
après avoir été mêlés avec du sérum ou dissous dans l'eau , que
la quantité de fibrine qui peut être attribuée au plasma adhérent.
Néanmoins , ici encore on retire du plasma étendu beaucoup moins
de fibrine qu'on n'en obtient du sang lui-même. Dans le sang
des animaux autres que le cheval , la substance-mère de la fibrine
paraît donc se décomposer plus rapidement, et donner lieu à la
coagulation dans les globules mêmes, avant qu'ils puissent être
séparés du plasma. Pourtant, je pense que personne ne fera
difficulté de regarder comme s'appliquant aussi au sang d'autres
animaux ce qui a été reconnu pour celui du cheval.
L'insuccès des expériences chez les animaux autres que le cheval
n'est pas sans importance sous un autre rapport. La question pourrait
s'élever si la matière fibrinogène ne serait pas entraînée avec les
globules d'une manière mécanique, et ainsi précipitée du plasma.
Le résultat négatif obtenu avec le sang des animaux autres que
le cheval, montre qu'il ne peut en être ainsi. En effet, si la
matière fibrinogène était entraînée mécaniquement par les globules ,
lorsque ceux-ci se déposent dans une solution saline étendue,
toutes les sortes de sang devraient se comporter de la même manière.
NOUVEAUX RÉSULTATS DE MESUKES
PAR LE PLANIMÈTRE POLAIIIE D'AMSLER,
PAR
H. HARTOGH HEYS VAN ZOUTEVEEN.
Dans le tome IV de ce Journal j'ai fait connaître le résultat
de mesures exécutées, à l'aide du planimètre polaire , sur la
Carte géologique du Dr. Staring. Depuis lors, j'ai encore reçu
trois cartes supplémentaires, faisant partie du même travail: la
première indique la constitution du Limbourg et de la Hesbaye,
après qu'on a enlevé par la pensée les dépôts quartaires; la se-
conde représente la Néerlande, telle qu'elle serait en supposant
les digues absentes et le pays inondé par la mer à la
hauteur du flux ordinaire et par les rivières au niveau le
plus élevé possible; la troisième est une carte hypsométrique des
Pays Bas. J'ai fait à ces trois cartes l'application du planimètre
polaire d'Amsler, et je crois qu'il ne sera pas sans intérêt de
publier également le résultat de ces nouvelles mesures.
Quand on fait abstraction en idée des terrains quartaires, les
terrains plus anciens occupent dans la partie du Limbourg néer-
landais située au sud d'une ligne allant de Papenhoven à Broek-
Sittard, l'étendue suivante:
Terrain houiller : 110 hectares.
Système aaclieiiien 260 //
Système liervien 900 //
Système galoppien 9410 //
Système maestriclitien 13580 //
Système tongrien inférieur 5980 //
Système tongrien supérieur 1280 //
Système rupélien inférieur 8590 »
Gravier d'Elsloo 280
Système boldérien, Lignites du Limbourg 21670 //
Total 77777." 6^2060' hectares ;
H. HARTOGH HEYS VAM ZOUTEVEEN. NOUVEAUX RESULTATS ETC. 441
à quoi il faut ajouter que, dans les limites indiquées , il se trouve
encore , le long de la rive droite de la Meuse , au nord de Wyk ,
plus de 3000 hectares de terrain laissé en blanc.
Le tableau ci-dessas donne donc pour les
terrains primaires 110 hectares
// secondaires 2^150 //
// tertiaires 37800 //
En comparant ces nombres à ceux qui ont été publiés anté-
rieurement, on trouve que les terrains en question se montrent
au jour (non recouverts par des dépôts quartaires) sur l'étendue
suivante :
Terrain liouiller 0 hectares ou 0 po
Système aachenien 120 // // 46,1
Système hervien 596 // // 66,2
Système galoppien 176 // // 1,8
Sjstème maestrichtieu 556 // // 4,0
Système tongrien inférieur 124 // // 2.0
Système tongrien supérieur 120 // // 9,3
Système rupélien inférieur 248 // // 42,8
Gravier d'Elsloo 8 // // 42,8
Système bolderien, Lignites du Limbourg. 554 // // 42,5
c'est-à-dire :
Terrains primaires 0 hectares ou 0 pour cent
// secondaires 1418 // // 6 // //
// tertiaires 1054 // // 2,7 " "
Total 7^50^ // // 4 //
u" cent.
Les mesures effectuées sur la seconde carte nous apprennent
que, si les digues n'existaient pas, 1,060,160 hectares ou 32,2
pour cent de la surface de la Néer lande seraient couverts par la
mer à chaque marée haute. C'est donc seulement cette partie du
sol qui peut être regardée comme conquise sur les eaux, et on
voit d'après cela combien est fausse cette idée, répandue surtout
à l'étranger , que notre pays presque tout entier aurait été arraché
aux flots par la main de l'homme. Dans l'hypothèse de la non-
existence des digues, il y aurait, en outre, 411,280 hectares,
ou 12,5 pour cent de la superficie du sol, qui seraient submergés
442 H. lïARTOGH HKYS VAN ZOUÏEVEEN. NOUVEAUX RESULTATS
par les rivières lors des plus fortes crues. Si Ton déduit la somme
des deux nombres précités de l'étendue totale de la Néerlande,
soit 3,283,998 hectares (d'après les mesures cadastrales de 1860),
on arrive à ce résultat, que 1,812,558 hectares ou 55,1 pour cent
de la surface ne seraient envahis , ni par la mer dans les marées
ordinaires, ni par les rivières au maximum connu de leur élévation ^).
L'application du planimétre à la troisième carte a produit le
tableau suivant:
Hauteur eu mètres au-dessus
ou au-dessous de A. P.
(zéro de l'échelle d'Amsterdam).
Nombre
d'hectares.
Rapport à la superficie totale ;
exprimé en centièmes.
plus bas que 2,5 — A. P.
81650
2d,76 )
2,5 — A. P. jusqu'à à A. P.
846080
A. P. jusqu'à 1 + A. P.
449930
13,70 ^
1 + A. P. jusqu'à 5-j-A. P.
436300
13,28
8,70 1
23,48 71,69
10,48 i
1,46 1
5 H- A. P. jusqu'à 10 + A. P.
2S6650
10 -h A. P. jusqu'à 25 + A. P.
771160
25 -h A. P. jusqu'à 50 + A. P.
344400
50 H- A. P. jusqu'à 100 + A. P.
48130
plus haut que 100 + A. P.
19610
0,59
Total
3283910
99,93
Le résultat brut de la mensuration était un peu plus élevé : la
somme des nombres obtenus montait à 3,315,960 hectares, et
surpassait par conséquent d'environ ^/^^ pour cent l'évaluation
cadastrale. Cette mensuration n'avait donc pas tout à fait le
même degré d'exactitude que celle de la Carte géologique, ce
qui est dû sans doute à ce que la carte mesurée en dernier lieu
est à une échelle beaucoup plus petite. Néanmoins, la différence
avec le chiffre réel de la superficie est encore extrêmement faible.
Chacun des résultats bruts de l'opération a été réduit de ^j^q
pour cent, et c'est ainsi qu'ont été obtenus les nombres d'hectares
qui figurent au tableau précédent. Quant aux rapports centésimaux ,
' ) Il n'a pas été possible d'obtenir ce dernier nombre par voie directe . attendu
qu'une grande partie de la province de Linibourg ne ligure pas sur la carte.
DE 31ESURES PAR LE PLANIMÈTRE POLAIRE d'aMSLER. 443
ils ont été déduits directement des nombres fournis par la men-
suration. De même que pour la Carte géologique, les mesures
embrassent tout ce qui peut être regardé comme faisant partie
de la terre solide, mais non les plages et les bas-fonds qui assè-
chent à marée basse.
Le dernier tableau me paraît également très propre à donner
une idée plus juste de Fétat de notre sol, surtout aux étrangers.
Ceux-ci se représentent ordinairement la surface de notre pays
comme tout à fait plane , comme étant située au-dessous du niveau de
la mer dans la plus grande partie de son étendue , et comme ne
s'élevant, dans tout le reste, que très peu au-dessus. Le tableau
nous montre, au contraire, qu'il n'y a qu'environ 28 pour cent
du sol qui soient inférieurs au niveau moyen de la mer (A. P.),
tandis que prés de 72 pour cent, ou les ^ environ, dépassent
ce niveau et s'élèvent à des hauteurs variées , qui atteignent 100
mètres sur une grande étendue du territoire et qui peuvent même
aller jusqu'à 200 mètres. Les points les plus bas ne sont presque
jamais à plus de 5 mètres au-dessous de A. P.
NOTE SUE LA
NIDIFICATION DE VESPA GERMANICA FABR.,
PAR
H. J. VAN ANKUM.
C'est un fait universellement connu que la Vespaqermanica, l'espèce
de Guêpes sociales la plus commune dans notre pays, construit
son nid sous terre, de préférence dans une cavité déjà existante.
Il en est de même des Vespa vulgaris anct. et Vespa rufa L. , deux
espèces dont la première se rencontre fréquemment chez nous,
tandis que la seconde y est plus rare. Dans quelques cas pour-
tant la Vespa vulgaris fait son nid, non pas au-dessous, mais
444 H. J. VAN ANKUM. NOTE SUR LA NIDIFICATION
au-dessus du sol. M. Smith du moins rapporte [Zoologiste l, n». VI,
}). 166) que cette espèce place quelquefois ses guêpiers dans des
granges, etc., que lui-même en a découvert un dans une vieille
pompe en bois, et que M. Westvvood possède des individus pro-
venant d'un nid qui se trouvait attaché au toit d'une maison.
M. Wood (Homes withoul hands , P. VIII, p. 256) dit également
que les guêpiers de Vespa vnlgaris sont quelquefois construits
au-dessus du sol, et qu'il existe au musée d'Oxford un très grand
spécimen, trouvé dans de semblables conditions.
Quant aux deux autres espèces de Guêpes souterraines {ground
wasps, comme les Anglais appellent les espèces sociales, qui construi-
sent leurs guêpiers dans le sol), leurs nids, pour autant que je
sache, n'ont jamais été trouvés autre part que sous terre.
Pendant Tété de l'année actuelle, il arriva qu'un nid de
Guêpes fut construit dans une serre du ci-devant Jardin bota-
nique de Rotterdam, sur une planche située à environ 3 mètres
au-dessus du sol. Sur cette planche se trouvaient plusieurs cou-
vertures de chanvre, destinées à être posées sur le vitrage de
la serre, pour abriter les plantes, lors des grands froids. Ces
couvertures étaient roulées sur elles-mêmes et empilées les unes
sur les autres. C'est dans un des rouleaux inférieurs, dans une
cavité restée accidentellement entre les plis de l'étoffe, que les
Guêpes avaient établi leur nid. A cause de l'embarras qu'ils occa-
sionnaient , les insectes furent expulsés au commencement du mois
de septembre. Ayant appris ces circonstances, il y a quelques
semaines, je me rendis sur les lieux, et voici ce que je constatai.
Le nid se composait de 4 rayons. Deux de ces rayons , les plus
grands , avaient une forme ovale très allongée , sans aucun doute
parce que l'espace disponible n'avait pas permis aux Guêpes de
leur donner la forme ronde ordinaire. L'un de ces gâteaux, —
qui avait servi à élever des individus mâles , ainsi que je le reconnus
par l'examen d'une nymphe assez bien développée qui se trou-
vait encore dans un des alvéoles, — 'était long de 220 mm. et
large de 6 mm. Le second gâteau, qui avait été occupé par des
individus femelles, présentait un diamètre longitudinal de 190
DE VESPA GERMANICA FABR. 445
mm. et un diamètre transversal de 6 mm. Les deux autres rayons,
qui avaient également servi à élever des femelles, étaient
beaucoup plus petits que ceux dont il vient d'être question: l'un
était un peu plus grand qu'une pièce de cinq francs, l'autre n'avait
guère la dimension d'une pièce de deux francs.
A l'inspection d'une couple de spécimens de l'insecte , qui se trou-
vaient près du nid, je reconnus immédiatement que celui ci appar-
tenait aux Guêpes souterraines. En effet , aussi bien chez la femelle ,
qui vivait encore au moment où le nid fut enlevé, que cbez le
mâle, les yeux atteignaient la base des mandibules, et le premier
article des antennes ne montrait pas de couleur jaune. Il était
évident aussi que le nid ne pouvait provenir de Vesparufa, aucun
des deux individus n'ayant sur le second segment de l'abdomen
les taches rouges caractéristiques de cette espèce. L'individu femelle
montre sur le chaperon jaune trois petits points noirs; le premier
segment de l'abdomen est jaune avec trois taches noires, dont
celle du milieu a une forme rhomboïdale ; enfin les taches qui se
voient le long des épaules, des deux côtés du thorax, sont de
forme triangulaire'). Tous ces caractères prouvent suffisamment,
qu'il s'agit ici de la Vespa germanica. D'ailleurs, j'ai encore
examiné les organes générateurs mâles , qui, d'après les recherches
de M. vSmith [Zoologist , IX, n». CVII, Appendix, art. XXVII,
p. CLXXVIII; idem, X, n". CXXI, p. 3703), offrent des diffé-
rences assez prononcées dans beaucoup de nos espèces indigènes.
Cet examen a complètement mis hors de doute l'identité de l'espèce.
Nous avons donc ici un premier exemple d'un nid de Vespa
germanica, construit au-dessus du sol. L'écart est toutefois
moins grand qu'il ne semble au premier abord, puisque l'insecte
s'est servi, comme d'ordinaire, d'une cavité préexistante.
Mais l'étude du nid montra, qu'il était encore intéressant sous
0 Pour la distinction des femelles et des ouvrières des Vespa germanica et
indgaris, on doit tenir compte surtout de la forme de ces tackes ; chez la première
espèce, elles sont plus triangulaires, chez; la seconde, linéaires. J'ai fixé récem-
ment l'attention sur la valeur de ce caractère , dans mon mémoire sur les guêpes
sociales indigènes („Inlandsche sociale wespen").
446 H. J. VAN ANKUiM. NOTES SUR LA NIDIFICATION, ETC.
d'autres rapports. En effets les rayons n'étaient pas régulièrement
fixés les uns au-dessous des autres par de petits piliers, comme
c'est ordinairement le cas dans les nids de Guêpes et les ouver-
tures des alvéoles n'étaient pas non plus tournées en dessous.
Chacun des rayons était attaché isolément à la couverture de chan-
vre, par conséquent aux parois de la cavité, qui était plus ou
moins cylindrique. On aura une idée exacte de la disposition du
nid , en se figurant les 4 rayons placés à côté et les uns près des
autres sur une couverture étendue horizontalement , puis se figurant
cette couverture enroulée , de manière à laisser subsister un petit
espace occupé précisément par les rayons.
Le nid était remarquable aussi par l'absence d'une enve-
loppe. La même chose a été observée une fois dans le nid
de Vespa Crahro L.-M. de Saussure {Monographie des Guêpes soci-
ales, p. XCVI, PI. XVI, tig. 2) mentionne un nid de cette espèce,
conservé au Musée de Londres, bâti dans un tronc d'arbre creux
et qui manque totalement d'enveloppe. Pour les Guêpes sou-
terraines un fait analogue n'avait pas encore été signalé , au moins
à ma connaissance. Dans le nid que je viens de décrire, on ne
trouvait, ça et là, que de très faibles traces d'une enveloppe,
ce qui est tout à fait d'accord avec la remarque suivante de M. de
Saussure iloc. cil., p. C) relativement au nid des Guêpes souter-
raines: „Son enveloppe ne sera nécessaire qu'autant que la cavité
laissera des fentes à boucher ou des orifices à diminuer; elle
pourra donc être ou nulle ou incomplète , ou complète mais irré-
gulière; le hasard seul en décidera et les convenances locales
serviront de guide aux travaux que dirige chez les Guêpes aériennes
une loi fixe et immuable."
SUR QUELQUES
nouvelles formules de réduction
DANS LA
THÉORIE DES INTÉGRALES DEFINIES,
PAR
D. BIERENS DE HAAN.
Mém. de l'Ac. Rov. fies Sciences. Sciences Phys. et matliera. T. XII.
1. Parmi toutes les méthodes différentes que Ton a inventées
pour la réduction des intégrales définies, il y a une qui est tou-
jours d'un grand intérêt. C'est celle où il s'agit de développer
en série indéfinie un facteur de la fonction à intégrer. Or, d'une
part elle constitue un lieu entre la théorie des intégrales défi-
nies et celle des séries , théories dont on ne peut méconnaître la
liaison intime, et d'un autre côté elle offre beaucoup d'intérêt au
point de vue de l'analyse. C'est-à-dire qu'ici les conditions de
convergence jouent un grand rôle et qu'il faut être prudent
dans l'application des règles qui ont généralement cours ; et encore ,
que parfois Ton tombe sur des résultats, soit très simples , soit très
curieux, auxquels ou ne se serait pas attendu. Dans plusieurs
de mes notes antérieures les exemples n'en manquent pas, et dans
celle-ci il s'agit encore de ces intégrales, qui s'y trouvent dans
une position particulièrement extraordinaire.
En général, dans ces sortes de recherches, il est absolument
nécessaire d'exclure tout à fait les séries qui seront divergentes
entre les limites de la variable, dont on fait usage. Et cela est
tout naturel, puisque seulement dans le cas de séries convergentes
448 D. BIERENS DE IIAAN. NOUVELLES FORMULES DE REDUCTION.
on a affaire à des intégrales continues. Les intégrales discon-
tinues mènent à des séries divergentes , et Ton peut dire généra-
lement qu'elles se soustraient à toute discussion. Dès lors il
peut paraître dangereux et même illicite d'introduire une sorte de
séries divergentes ^ comme nous allons le faire: mais pourtant
j'ose croire que les résultats seront suffisamment établis , pourvu
qu'on ne néglige pas les mesures de précaution^ que la mé-
thode démontre être indispensables ^ mais en même temps suffi-
santes.
2. Toute fonction qui peut être développée suivant les sinus
ou les cosinus des multiples de la variable x ou plutôt du pro-
duit SX j — et c'est une propriété assez étendue, — peut être
exprimée par une sommation par rapport à l'indice n
a a
/, (x) = V A« Sin nsx, . . (a) f\ (x) ^= Bq + -T B« Cos nsx ; . (h)
1 ' 1
où l'on n'a pas mis le Bo sous le signe de sommation,
parce qu'il arrive souvent dans la suite que les fonctions, qui con-
tiennent Bq , ne suivent pas la même loi que celles qui contien-
nent le B«.
Maintenant soit q, (x) une fonction quelconque de a?, et /9 et
q des limites quelconques de cette variable: il vient
çq a ^q
I (f>{x)f^ (x)dx=z:^ An j (f'{x) Sinnsx dx, (A)
çq M a .q
I (f> {^)fi W dxz=z^Q I (p (^x) dx -h V B« j (f {x) Cos nsx dx . . (B)
Pour que ces formules puissent servir, il est nécessaire que les inté-
grales qui se trouvent sous le signe de sommation , ainsi que celle
qui est facteur de Bq, soient toutes continues: puis, que les séries
sous les signes de sommation soient convergentes , dans le cas de a
infini, c'est-à-dire lorsque ces séries deviennent infinies. Car lorsque
les intégrales elles-mêmes sont discontinues, on ne saurait les som-
mer : et lorsque les intégrales sont continues , mais que la série est
divergente, il ne peut y avoir un signe d'égalité entre les deux
D. BIEREXS DE HAAN. NOUVELLES FORMULES DE REDUCTION. 449
membres de chaque équation : les séries divergentes ne représen-
tant aucune fonction bien définie.
Quand une fois ces conditions sont remplies^ il ne reste plus
qu'à déterminer les intégrales
I (p (x) clx ^ . . . (c) I (f (x) Sin ux dx,. . [d) I (ç {x) Cos ux dx ; . (e)
de sorte qu'il faudra choisir la fonction (p {x) et les limites j) et
q telles que cette intégration soit possible. Dès lors on peut en-
core étendre cette méthode.
3. Prenons une seconde fonction, que l'on puisse développer
suivant les sinus ou les cosinus des multiples du produit te; ex-
primons-la par une sommation par rapport à l'indice m , on aura
c c
/g {x) = V Cm Sin m(x, . . (/) /\ (x) 1= Do + -S" Dm Cos mtx\ . {g)
1 1
où le coefficient Dq n'est pas pris sous le signe de sommation,
par la même raison qui, au N^. 2, s'appliquait au coefficient Bo-
Maintenant dans les théorèmes (A) et (B) l'on n'a qu'à rem-
placer go (.r) par go {x) f^ {x) ou par ^ {x) f\ {x) : puis il faut
réduire les produits des sinus et des cosinus à une somme ou
à une différence d'autres fonctions goniométriques, de telle sorte
que l'on revienne toujours aux mêmes intégrales (c), (f/), (e) ; c'est
ainsi que l'on trouve les théorèmes suivants.
I «P (^0 f\ (=^) /s C-^) ^^^ = ^ A« 2" C;rt I q> [x] Sin nsx. Sin mix dxzzz
Jp 1 1 Jp
= - ^ K sQm I cf{x)dx[Cos ! [ns^mt)x ] —Cos | {ns^mt)x j ] , (C)
Z \ 1 J p
Cl ^ C9
I ^ {^) f\ (•^) /4 {p^) f^-^ = Do ^ A« j (f [x) Sin nsx dx -+-
J P 1 Jp
a c çq a rq
-h 2^A« vDw j (fj{x)Sinnsx.Cosmtxdx—iyQ 2 kn \ cf[x)Sinnsxdx-V-
1 1 Jp 1 Jp
a c rq .
S An y; Dm I ^{x)dx [Sin | {ns-\-mf)x -f- Sin | {ns — mt)x j ] , (D)
l 1 Jj)
1 ^
Archives Néerlandaises, T. V. 29
450 D. BIERENS DE HAAN. NOUVELLES FORMULES DE REDUCTION.
V (^) ./2 (^) f?. (^) ^^**' = Bo ^ Cm j (p {xj Sin mtx dx -{-
p \ J p
a c rq ^ ^ Cl .
-f- :i" B« ^ C/« 1 (p (x) Cos nsx.Sin mtx dx^^^ i:Gm\ q>{x)Sin mtxdx-\-
i \ Jp 1 Jp
-I- - V Btt V Cw j cp [x) dx [Sin | {ns-\-mt) x j — Sin { {us — 7nl) x\]^ (E)
2 i i Jp
f^ix)/^ WA {^)dx=BQ Do P(p(a')^*^+Bo Id.^ [\>(x)Cosmtxdx-{-
Jp Jp 1 *'io
a rq a c rq
-h Do ^ B« I (?5 (o-') Cos nsx dx -\- 2: Bn ^ T)m I [x] Cos nsx. Cos m Ix dxz=
i Jp i i J p
rq ^ Çl ^ Cl
=BoDo I (p{x) dx-\-làQ 2 Dm (p{x)Cosmlxdx-ï-Do vB« | (f{x)Cosnsxdx-\-
Jp 1 Jp 1 Jp
H- - 1 Bn 1 D;« r {x) dx [Sin \ {ns -^u)x] — Sin ( {ns — u)ûr.\],. . (I)
^ 1 Jp
I (f {x) Cos ux. f^ {x) dx z= Bq I (p {x) Cos ux dx ■+■
Jp ''p
a rq rq
-h -^ Bw I (p {x) Cos ux. Cos nsx dx = Bq | {x) Cos ux dx -^
1 •';, Jp
1 ^ /»?
H-^^B« / cr.{i^)dx[Cos[{ns-\-u)x]-\- Cos\{ns — u)x\] . .{K)
^ i J p
Dans ces formules toutes les intégrales du second membre dépen-
dent, comme toujours, des intégrales (c), (fi), {e).
On peut employer ces théorèmes au lieu des précédents (A) et
(B). Ici l'on a introduit le facteur Sin ux et Cosux, afin que plus
tard , en employant le facteur /\ (x) ou /], (x) , on n'ait qu'à
sommer ces Sin ux et Cosux pour obtenir des théorèmes analo-
D. BIEREiNS DE HAAN. NOUVELLES F0R31ULES DE REDUCTION. 453
gues aux théorèûies (C) à (F). Toutefois il est évident que, dans le
cas où (p {x) contient déjà un facteur de cette nature , il n'est plus
besoin d'eu introduire; alors les théorèmes (A) et (B) sont suffi-
sants ; leurs seconds membres acquièrent dès lors la forme des
premiers membres de ces formules (G) à (K).
Il s'agit maintenant d'écrire ces formules pour quelque valeur
spéciale convenable de la fonction
. 5, 4, 6
et 3, les intégrales suivantes
Ç"^ qdx ^ n\ ("^ qCosnsx , n
I __^ = 0, . . {h) \ \ — - dx = - Sm nqs,
JQ q — x-^ J 0 q^ — x-^ ^
(0
q^ — x^ J 0 q
J r\ n- ;/? ^ 2
I u. ^uo fe ou. ^,^,___ Q^^ ^^^^^ Q^ (nqs) + Sin nqs. Si (nqs) , (/)
xSinnsx , ^ ^ //\
dx zzz — - Cos nqs J [k)
q- — x--
X Cos USX
g'
l 9_^^' ^^, _- ;§|J^ jig^^ Qi (^j^^j — Cqs ^qg^ Si (îiqs) ; (m)
J 0 q"^ — x"^
q^ — X
454 D. BIERENS DE HAAN. NOUVELLES FORMULES DE REDUCTION.
OÙ les fonctions Ci (?/) =^ — l dx et Si (y) =: I ' - ' ' dx
J y X ' Jo X
sont les Sinus-intégral et Cosinus-intégral ^ que Ton connaît.
Quand on fait usage des relations gonioniétricjves connues pour
changer un produit de sinus et de cosinus en une somme ou une
différence de ces fonctions, il vient
Sinpa;.Sin nsw — := — - Cos pq. Sin nqs [p > ns] ,
0 q- — w"^ ^
:= — - Sin pq. Cos nqs [p < ns] ,:=. — - Sin 2 pq [p = ns] ; . . {n)
Li •de
Sin px. Cos nsx — = Cos pq. Cos nqs [p > ns] ,
G q- — x^ ^
z= - Sinpq. Sin nqs [p < ns], = — •- Cos 2 pq [pz=ns] ; . . (o)
/xclx ^
Cos px.Sin nsx ^iz - Sin pq. Sin nqs \p > ns] ,
G q"^ — x''- ^
z= — -T Cos pq. Cos nqs [p < ns] ,■=. — - Cos 2 pq [pz=:ns] ; . . [p)
£i 4
/ Cos px. Cos nsx — r-=:= o -^'^^ PR- ^^^ M^ [v > ^'^]?
0 q'^ — X- 2
= ^ Cos pq. Sin nqs [p <:ns],ziz —■ Sin 2 pq [pzzzns]] ...()
J 4
/<^ . xdx 1
Sin px.Sin nsx — z=: - *b7w pq. [Sin nqs. } 0/ [{ns -\- p) q] +
0 Q X ' ^
xdx 1 ,,.
-h Ci [{ns — p) q] } — Cos nqs. | Si[{ns-rp) q] -f /S'i'[(//5 — p)q] \ ] —
^ Cos pq. [Cos nqs. j Ci [(/«^ H- p) f/] — Ci [{ns — p) q] | +
+ Sin nqs. | ^7 [{ns -+■ p) q] — Si [{ns — p) q]]], W
qdiT 1 ^,.
4- Si [{ns~p) q] ] -h Cos nqs. \ Ci[(ns-hp) q] + Ci[{ns—p) q]\]-{-
-\- _ Cos pq. [ — Cos nqs. j *SV [{tis -\- p) q)] — Si [{ns — p) q] } -{-
+ Sin nqs. \ Ci [{ns -+- p) q] — Ci [{ns — p) q] \] , {s)
/ Sin px. Cos nsx — L =: - Sin pq. [Sin nqs. | Si [{ns + p) q] H-
0 Q X " ^
/
/
D. BIERE.NS DE HAA.N. NOUVELLES FORMULES DE RÉDUCTION. 455
Cospx.Sinnsx ^ ■= - Sinpq.[8in nqs. ! Si [{ns + p) q\ —
0 q — X z
- Si [(us — p) q] j H- Cosnqs. j Ci[{ns+p) q] + Ci [[ns — p)q] | ] +
- - Cospq. [ — Cos nqs. j Si [ (ns -{- p) q] -h Si [{ns — p) q] ) -h
Cl
-Sinnqs, j Ci [{ns -\- p) q] — Ci [{ns — p) q] \], (/)
ocdcc 1 . (
Cospx.Cosnsx—^ ^^-=z - 8in pq. [Sin nqs. [ Ci[{ns -h p) q] —
G q " — — X ^
— Ci [{ns — p) q\ j — Cosnqs. j Si [{7is-\-p) q] — Si [(tis — p) q] \] -h
+ - Cospq. [Cos nqs. \ Ci [{ns -h p) q] + Ci [{ns — p) q] \ -f-
-f- Sinnqs. } Si [{ns -{- p) q] + Si [{ns — p) q]\] {u)
Dans les quatre premières formules , le signe de ns — j» a
eu une grande influence sur les valeurs des intégrales. Il n'en
est pas ainsi des quatre dernières. Par contre, celles-ci sont
bien moins développées. Mais ici il faut prendre des mesures
de précaution pour éviter des cas de discontinuité : il ne peut pas
y en avoir pour le Sinus intégral , puisque Si{0)z=:0: mais pour
le Cosinus-intégral on a Ci (0) = go .
Donc , pour éviter ce cas , il faut et il suffit que ns — p diffère
de zéro, ou que, n étant toujours quelque nombre entier, - ne
s
soit pas un nombre entier. Cette supposition devra donc toujours
être prise en considération dans la suite.
Maintenant, au moyen des intégrales (m), de {i) et [h), de (k) et
(/), les théorèmes (A) et (B) nous donnent
^ ûdx ^
/j {x) — ^ -=2 1' kn [Sin nqs. Ci {nqs) — Cos nqs. Si {nqs)]. ,{1)
0 (?^ — x"^ 1
"/. {^) -^^^=^^"^^nSinnqs=^-f\ {q) , (Il)
" /, te) -^^ = -Yskn Cos mis=-l l/\ (,/) _ A, I , (III)
0 q^ — X- ^ i ^
"a(^)-î^ = ^ (IV)
0 q^ — X^
456 D. BIEREINS DE HAAN. NOUVELLES FORiMULES DE REDUCTION.
On voit que la dernière intégrale est discontinue, à cause de
l'intégrale
r- xdx _ ^ l , . ^ ,,r
= — ^ Bo \co — lq^\ z= — œ.
On i3eut y remédier en faisant usage de la fonction
a
f\ (x) z=: Z B« Cos nsx , (v)
1
au lieu de /\ (x) dans (h). On pourrait prendre ici
a
fi (-^y — Bq HZ ^ B« Cos nsx,
1
et l'on trouve
/** xdx ^
f'% G'^) i=:-^'Brt [Cosnqs.Ci(nqs) — Sin?iqs.Si{7iqs)].{ÏVa)
0 q^ — x^ 1
7. Mais la même fonction 9 (x) peut servir pour les théo-
rèmes (G) à (K), où l'on change le u en p: dans les réductions
on n'a plus besoin de l'intégrale (h) , mais seulement des suivantes (i)
à (w). Quant au signe de ns — p, il a influence pour les inté-
grales (n) à (q) ; ce n'est pas le cas dans les suivantes (r) à (u).
Aussi longtemps que p^ as , la plus grande valeur de n , qui
est n = a, ne peut rendre p — 71s négatif, et il faut eniployer
les premières valeurs des intégrales (w) à (9'). Quand onap=za,s',
ce qui vient d'être dit est encore vrai pour toute la sommation , de
n:=zl à n-=a — 1 : mais pour le dernier terme de la somma-
tion, pour nz:=.a, on a p — ns=.Oy et par suite il faut prendre
pour ce terme la troisième valeur des intégrales. Quand enfin
on a p ^ as, il y aura une certaine valeur d de n (où l'on a
1 <.d <. a) , telle que p — ds soit encore positif, mais que pour le
n suivant, nz=:d -\- 1 , on ait p — {d -[- 1) s négatif. Dès lors,
pour la première sommation , de 7iz=:l à n:=:d ,i\ faut employer
la première valeur des intégrales , mais de nz=:d-\- 1 à n = a
il faut au contraire en prendre la deuxième. Il peut y avoir en-
core un cas d'exception , c'est lorsque p est égal à ds. Dans ce
cas il faut diviser la sommation en trois parties distinctes : la
D. BIERENS DE HAAi\. NOUVELLES FORMULES DE REDUCTION. 457
première, une sommation de ?i zz: 1 k nzzid — 1, avec la pre-
mière valeur des intégrales ; ensuite un terme détaché pour n-=z.d
suivant la troisième valeur; et enfin une seconde sommation, de
nz=zd-\- 1 à 71=: a, avec la deuxième valeur des intégrales.
Ici d est le plus grand nombre entier qui soit contenu dans
la fraction -; l'on se sert de la notation connue d z=z /^l^;etla
s ^^^ s
différence des deux cas consiste dans la condition, que la pre-
mière fois !- était fractionnaire, c'est-à-dire dp <: 6- < (f/ + 1) /? ;
s
tandis que la seconde fois on avait dpzzzs < (d-\-l) p et L était
s
entier. On écrit ces conditions ainsi : dzzz T '- fraction etd=:)^L
entier ; les mots fraction et entier ne regardant que la fraction — .
s
Maintenant le chemin est frayé pour avoir des résultats sûrs
et que l'on puisse représenter d'une manière claire et convenable.
On trouvera des valeurs quelquefois différentes pour les divers cas ,
et plus tard on pourra introduire la fonction /'. {x) ou /\ (x).
8. Pour donner une idée des résultats, employons la formule
(«) avec /j (x) j et (o) avec /\ (x), on trouve
f
ûdx ^ ^ . \
/j (x)Sinpx — = — - Cospq, v KnSin nq^^^i i
=z — l Cospq. f\[q), ]
:=: — ~-Cospq,:>: knSinnqs—-^Sinpq. Z knCosnqs, .... (V6)
^ 1 ^ d+l
p < as ,
z=z — — Cospq.Zkn Sinnqs-\-'^ ^AnSin ! (ns — p)q \ ziz
^ 1 - '^ d+l
a
= — - Cospq. f, {q)-{- 2:AnSin \{ns — p)q], I, . . . . (Vc)
^ d+l
458 D. BIERENS DE HAAN. NOUVELLES FORMULES DE REDUCTION.
n ^ n ^ i
— — - Sinpq.Z kn Cas nqs— - 2' knSin [ {ns~p)q \ =-L- p ^ as,
^-.-Sinpq.\f,^{(l)—A,\—-2:AnS{n \{ns-p)q
'\
[p ^ un, -|
'■ri
(Vd)
A (
J 0
x) Sin px — — — - = — ^ Bo Cos pq—
q^ — x^ ^
71 ^ n
— — Cos pq . Z Bw Cos nqs:=z — - Cos pq ./^ (q'>,
\p > as\ , . (Nid)
:=: — - Bo Cos pq— - B« Cos 2pq — — Cospq .2. B« Cos nqs= ... ( VI6)
2 4 2 i
= — - Eo Cos pq-h - B« — - Cos pq,Z B« Cos nqs = [/? = as\ ,
Z 4 2 X l
;.A('^)4-7B«,
. . . (Vie)
= — - B^Cospq — - Cos pq.I^^nCos nqs~\- - Sinpq.Z^BnSinnqs,
(VI^)
= — -BoCospq— ~ Cospq.ZBnCosnqs+ - i:BnCos\{ns-~p)q\—[
^ ^ 1 ^ d+\
n 71 " ,
= •— - (7o6^ pq.f^ [q) -i-- SBnCosI (ns—p) q ,
= — -Bq Cospq-\- - Sinpq.2^BnSinnqs— -i:BnCos \ {ns—p)q ) =|
p-> as,
s
fraction
(Vie)
— -Bo Cospq-^ ~ Sinpq. f^ (q)-~ ^ ^B« Cos \ {ns—p) q j ,
(VI/)
d—\
= — - Bo Cos pq — - Cospq.Z B« Cos nqs — -Bu Cos2pq -i-
2i Z i 4
+ - Sm pq. 2:Bn Sin nqs ,
^ d+l
= — - B^^Cospq+ - B^—- Cospq.i:BnCosnqs+ - ^B« Co^j (;ns—p)q\ —
^ 4 2 1 2^4.1
=-- Cospq._f\_ (,y)4_^B^ + ^ 2^ B« (7o6- j [ns—p..q \ ,
^ 4 2^4.[
=— - BqCos pq— ~ Bd+ - Sinpq.ZBnSinnqs— - ZBnCos\{^ns~p)q\ —
p-> as,
entier
(VI?)
(vi/0
7T ^^ 71
d—l
=^— -BqCos pq—~Bd+ - Sinpq. f\ {q) — ^ ^ ^» ^^^ î i*^^—P)9 I •
(VI/)
D. BIERENS DE HAAIN'. iNOUVELLES FORMULES DE REDUCTION. 459
Avant d'aller plus loin, quelques remarques.
En premier lieu, la troisième valeur de {n) est contenue dans
les deux premières valeurs comme valeur limite, puisqu'on a
— - Sin nqs. Cos nqs zzz. — - Sin 2 nqs ■==. — Sin 2 pq.
Ainsi dans les formules (Va) à (V^) il n'y avait pas lieu de dis-
tinguer entre les cas de p > as et de p^=z as , ou bien de !- frac-
s
tion ou entier. Au contraire, cela était bien nécessaire pour l'in-
tégrale suivante, puisque dans {p) la troisième valeur ne se
déduit pas des deux premières. Dès lors il devait y avoir diffé-
rence entre (Via) et (VI6j, entre (Yld) à (Ylf) et {Ylg) à (VU).
Quelquefois il y avait lieu de réduire la sommation à la fonction
/i (9) 0^^ .A {9) : on en a profité, sans faire de distinction en
ce cas entre les coefficients A« et B«. Enfin , puisqu'on a toujours
a a d
2: = n — i:,
d+l G 1
l'on a donné le résultat tant par la première sommation que par
la dernière ; afin d'en laisser le choix , suivant que a — d est
ou non plus petit que d, c'est-à-dire que a est ou non plus
petit que 2d.
9. Pour l'application de ces formules, qui forment le premier
pas dans notre méthode , il est nécessaire de choisir des fonctions
/i (•^) q^^i fournissent des coefficients kti et B« propres à donner
au second membre des expressions assez simples ; s'il est possible ,
de telle manière que la sommation de 1 à ^, et de f/ -1- 1 à a
soit facile à exprimer.
Prenons à cet effet
^. / V r Sin SX ^ o •
/, [x] ■=: = Z r« Siti nsXj
1 — 2r Cos SX + r'^ i
/^ {x) zz: ^^ z= 1 -h 2 J r« Cos nsx^
1 — 2r Cos SX ~h r^ 1
1 — 2r Cos SX -\- r^ l
460 D. BIERENS DE HAAN. NOUVELLES FORMULES DE REDUCTION.
puisqu'on a eu même temps
G l—2rCosiis-\-r'' i l~2rCosqs-hr'' '
i rn Sin nq, = ' ^'" ^^ ~ ^'' ^''' ''"^^ ~^ ^^'"^' ^''' I (^-1) ^^ U
1 1 — 2r Cos qs ~\- r"^
i rn Cos nqs= ^ Co^ qs-r^—r^ Cas kqs+r^+i Cos \ (/.-— 1) qs \ ^
1 1 — 2r Cos qs-\- r^
* ^ o- / ^^'^^ f^Qs — ^ '^ïw I (A; — 1) <^5 i
2, r^ Sin nqs •=. r^ 1 Lj^ ,
k 1 — 2r Cos qs-{- r^
•^ ^ ; Cos kqs — ?' Cos \ (k — 1) as \ , ,
Z r^ Cosnqs-=zrk 1 JJ^ ^ ^ ' ; {x)
h 1 — 2r Cos qs-\-r' ' ^ ^
qui valent pour — 1 < r < 1 . Comme « est infini , on a tou-
jours p < C5 ; ainsi les cas de p <:cs ou pz=cs ne sauraient
se présenter ici.
Substituons la fonction /\ dans les équations (I) et (III); la
fonction f^ dans (II) , et la deuxième des relations {x) dans
(IVa), il vient
— ^ =z -T r« ISiu tiQs. Cl (nos) —
0 l — 2rCossx-hr'' q'^—x^ l ^ ^ ^^^
— Cos nqs. Si {iiqs)] - (Ij
f"^ I — r2 qdx ^
I --* z= n 2. r^ /Sin nos =
Jo l--2r ^05 6'^ + r2 q^ — x^ i
7r r /Sm qs
1 — 2r Co5 SX -hr'^^
/(l — rMrCo^À-^ qdx ^ /-, . on ^ o-
-^ i L = - 1 4-r2) ^ r« /S'îw y«OA^ =
0 i-'2rCossx-i-r'' q'^—x'' 2 i
5 (1 + r^) r /Sm qs ,...
2 1 — 2r Co5^5-+-r2 ' ' '
"* î' aS<'w SX xdx ^ ^. ^
z= — - ^ r« Cos nqs =
2r Co5 SX -\-r'^ q^ — x^ 2 i
Tir Cos qs — r ,.,
= ^ ^ , (4)
2 1 — 2r Cos qs -\- r^
io 1
D. BÏERENS DE HAAN. NOUVELLES FORMULES DE REDUCTION. 461
r"^ r [Cos SX — r) xdx ^^ r^ ^- / n ,
/ -^ 1 = 2, r« \Cos nos. Ci (nos) -+-
J 0 l — 2rCossx-{-r''- q' —x'' i ^ ^ ^^^
-h Sin nqs. Si (nqs)] (5)
Ici, pour les intégrales suivantes, il est à préférer de ne faire
usage dans les cas particuliers que des formes non réduites,
puisque dans les réductions (x) se trouvent toutes les somma-
tions dont on a besoin. De cette manière les théorèmes (VI6), (Via)
et (Vlg) nous donnent :
Z*'^ r Sin sx. Sin px qdx n ^ f,
I ^ — ^ = Cos pq. i: r« Sin nqs —
J 0 l — 2rCossx + r'' q"" —x'- 2 i
^ CY- ^ ^ ^ ^i rSinqs — rd+^Sin\{d-k-\)qs\-{~
— - mn pq, 2. r^Cos nqsz= Cos pq ^— ^^ '
2 d+i 2 1 — 2r Cos qs -i-
-hrd+2Sinqs __ n ^.^^ ^^^^^^ Cos\{d-hl)qs\ — r Cos dqs ___
4-r2 2 l — 2rCosqs-^r^
^ — r Sin qs. Cos pq + r^+^ Siu j (ds + 5 — P) ^\ H-
~^2 1 — 2r Cos qs -\-
-i-r^^2Sin[ids-p)q\ V.^rE ^fraciion] ... (6)
— ^rSinqs ^"^—J^osdqs p__^P^ entier 1 . . .(6a)
r°^ (1 — r'^)8inpx xdx n n o t «^
1 ^^ ^ ' — == CospQ Cospq.22Jr^Cos7iqs4-
J ol—2rCossx-hr''q'-—x^ 2 ' ' 2 '^ 1 ^^
4- - Sin pq. 2 2: r'« Sin nqs = — - Cos pq —
2 d+i 2
^ rCosqs — r^ — r^+^ Cos {{d-]~l) qs]-{- rd+2 Cos dqs
jt.ospq l—.2rCosqs-{-r'^
_i(l— r2)Co5p9 4.
, , , Sin {d^l]qs — r Sin dqs 2
-hnSinpq.r^+^ ._1A-^ ^^ ' Lz=7t
'^^ l—2rCosqs-hr'' l—2rCosqs-\-
-f-r^+i Cos \ {ds-f-s—p)q \ —r^+2 Cos j {ds-p)q j r ,_ y p frac- T ._
4. r^ ' L "" 5 ' tion J
462 D. BIERENS DE IIAAN. NOUVELLES FORMULES DE RÉDUCTION.
:= — - Cos pq Cos pq. 2 ^ r« Cos nqs r^ Cos 2 pq -j-
2 2 i 2
+ Stn pq. 2 2J r« Sin nqs rz: — Cas pq -{-
2 d-hi 2
+ n Cos pq ^^ ^^^ ^'^ — r ^ — r^^ Cos dqs + r^+ ^ Cos \ (ri — 1) ^.v j _
1 — 2r Cos qs -{- r^
— - r« Cos 2 pq -i- n Stn pq. r«+l ' -^ ^^— ^ ± ■=.
2 1 — 2r Cos qs + f ^
2 1 — 2r Co^ç^ + r^ ' L ^ ^^ J
/"^rfl — r^jCossx.Sinpx xdx it ^ ^
-— i=r r^ (7o5 pq —
0 l — 2rCossx + r'' q'^—x'^ 2
— Cos pq.{l+r'^)::i:r»Cosnqs^ — Sinpq{\-\-r'^)2:r^^Sinnqs——r'^ Cospq—
2 1 2 d+\ 2
TT ^ ,. ^ , rCos qs ~r^ -_r«^+l Cos ! (f/+l)7^ I _Lr^'+2 Cos dqs
— -Cospq.{]-{-r^) ^ ^ V ', ^ +
2 1 — 2r (7o5^5 + r^
+ - Sm pq. Il ~\- r^) r^+^ Î_L_Z — ^ ^ ' i_ —
2 '^ ' ^ 1 — 2r Co5^5 + r^ ~"
^ — (1 — r -)rCos pq. Cos qs-{- ( 1+r - ) r«^+i (7o6- j (ri5 -|- 5 — ;?) ^ | —
_-- ___
_^1 + ,.),.^2C,,|(,,_^),|^ r/::z:/:i\ fraction! . . . (8)
— 2r Cos qs -^r^ L * J
= — - r^ Cospq ■ Cospq. (l+r^) 2^ r^ Cos nqs (i H-
+ r 2 ) f û? (7o,s 2pq-i- - Sin pq. {1-i-r'^) 2: r^ Sin nqs = — - r - Cos pq —
2 d+i 2
_ln j^ri)nn.^J^'^'^'—^''—'''^^^''k^'-^rd+i Cos\{d—\)qs\
2 l—2rCosqs-{-r''
--il+r^)rc^Cos2pq+^[l+r^)Sinpq.rd+^ g^U^+ljg.j -r^mc/g.
4' ^'2^ ^ ^^ l — 2rCosqs^r''
— Cospq. Cos qs-\. - r«^— 1( 1 -|-r ^ )
= lr{l-r^) ^ ^ frf^ ^^\ entier"(;(8.)
^ 1 — 2rCosqs-i-r^ L -^ J
D. BIERENS DE HAAN. NOUVELLES FORMULES DE REDUCTION. 463
10. Maintenant on peut employer ces intégrales pour déduire
un nouveau système de formules de réduction générales, au
moyen des formules (/) et {g) du N^. 3. Car, lorsque dans les
intégrales (6), (7) en (8) on fait p = mt, il se trouve sous le
signe d'intégration le facteur sin mtx , de sorte qu'elles peuvent
servir pour le développement (/"). Multiplions par Qm et sommons
par rapport à m de m:=:l à m =: c ; comme dans ces inté-
grales on a calculé toutes les sommations, de telle manière qu'il
n'y eût plus de n , on pourra changer ici le m en n. Mais il y a
quelques particularités à observer :
1°. Aussi longtemps que la plus grande valeur de p, qui na-
turellement est ici cf y reste moindre que s, on a d zévo , puisque
ce d est par hypothèse le plus grand nombre entier contenu
dans la fraction — : de sorte qu'il faut employer les valeurs (7)
s
et (8), à l'exclusion de (la) et [Sa).
2^. Quand la plus grande valeur de p^ c'est-à-dire et , devient
égale à s, alors ce qui vient d'être remarqué s'applique à la som-
mation de n •= 1 jusqu'à n = c — 1: mais pour w=:c, on ob-
tient le terme correspondant à d=ily de façon qu'ici pour le
terme détaché il faut employer non les valeurs (7) et (8), mais
les valeurs (7^) et (8a) =
3o. Soit et plus grand que s , mais plus petit que 2^, 5 < c/ < 2^;
il se peut que s soit un multiple de t^ ou non. En premier lieu ,
supposons que s se trouve entre deux multiples consécutifs de
/, c'est-à-dire, /./ < 5 < (k H- 1) /: alors on a premièrement la
sommation du cas 1° de n=:l à nz=zk, avec f/ z= 0 ; ensuite une
seconde sommation de nzzik -\-l à n-=LC, où d-=.l: ces som-
mations exigent toutes deux les valeurs (7) et (8). — En second
lieu, supposons que s représente un multiple exact de /, soit s-=:ktj
où k moindre que c: premièrement il vient la sommation du cas
1° de n-=.l à n-^k — 1, pour d-=:0, où il faut employer les in-
tégrales (7) et (8) ; ensuite vient le terme détaché, auquel s'appliquent
les intégrales {la) et (8^), pour nzzzk et f/ = l; enfin la dernière
sommation de nz=. k -{- 1 à nzizc, où maintenant ^ izz 1 , exige
de nouveau les intégrales (7) et (8).
464 D. BIERENS DE HAAN. NOUVELLES FORMULES DE REDUCTION.
4°. Quand ci devient égal au double de s , ct=z 2s, il y a de
nouveau à distinguer deux cas , suivant que s est ou non un multiple
de /. Dans le second de ces cas , soit s situé entre deux multiples con-
sécutifs de ^ ; p. e. kt < 5 <: {k-\-l)t ; il faut prendre la sommation du
1° de n = l à n^=k pour dzzzO, et la seconde sommation du
3° de M = A' + 1 à n:=zc — 1 ; ensuite il faut ajouter un terme
détaché à coefficient Ce, on d = 2, et où il faut employer les
intégrales (7a) et (8a). — Quand au contraire s est un multiple
exact de /, c'est-à-dire sz=kf, la sommation du 1^ doit se faire
de n nz l à n:=.k — 1; elle sera suivie d'un terme détaché ,
calculé d'après 2°: après cela viennent la seconde sommation
de 3° de w =zz A -f- 1 k n=zc — 1 ^ et le terme détaché pour
71 i=z c, comme auparavant.
5°. Lorsque et est plus grand que le double de 5 , mais moindre
que le triple, nous avons quatre cas différents. Supposons pre-
mièrement que s ne soit pas un multiple exact de t, donc
kt ^s ^{k -h 1) t et par suite 2 A;/ < 2^ < 2 f/v + 1) / : ici il
peut se présenter trois cas. En premier lieu soit 2kt ^2s <^{2k-{-i)t,
ce qui comprend la première inégalité par rapport à s: on a une
première sommation comme au 1° de w i= 1 à n:=:k] une deux-
ième sommation comme au 3° de w nz A; -h 1 k n = 2k : enfin
une troisième sommation de n=:2k -\- 1 à nz=c, où maintenant
on a d=z2, et à laquelle conviennent les intégrales (7) et (8). —
En second lieu soit (2A;-|-1) / < 25 < 2 (A--hl)^ qui comprend encore
la première inégalité pour s ; alors aux sommations précédentes il n'y
a rien à changer que les limites : la deuxième va de n=zk-\-l
à nz=:2k -^ ly la troisième de ?« = 2A; -h 2 à « zz: c. — En trois-
ième lieu 2s peut être un multiple exact de /, et alors il faut qu'on
ait 2sz={2k -h 1) /, à cause des limites de 2^: dans ce cas la
première sommation du 1° va de nz=l à w = A; ; la seconde
sommation du 3° va de n = k-^l knzz: 2k , et est suivie d'un terme
détaché pour « = 2 /<; + 1 , où dz=z2,Qi où il faut employer les
intégrales (7a) et (8a) : enfin on a la troisième sommation de plus
haut , de nz=^2 k -^ 2 à n-=.c. — En quatrième lieu il se peut
que s soit un multiple exact de /, soit s = kt'^ dès lors il est
D. BIERENS DE HAAN. NOUVELLES FORMULES DE RÉDUCTION. 465
2s := 2kt : dans ce cas on a la sommation du 1° de w = 1 à
n^=z k — 1 ^ un terme détaché comme au 2"" pour n'=zk et ci-=z\
avec le coefficient C/t, une deuxième sommation du 3° à.Q n •=. k -\- i
k ti =i2 k — 1 , un nouveau terme détaché comme au 4° pour
nz=z2k et d::=2 avec le coefficient O^k, enfin une troisième som-
mation comme auparavant de n:=.2 k -\- 1 k n:= c] pour les
sommations il faut employer les intégrales (7) et (8) ^ pour les
termes détachés ^ les intégrales {la) et {Sa).
6'^. Dans le cas où et devient plus grand encore, on suivra
la même marche. Soit et z=: Is -{- s', où s' <. s , il faudra diviser
la sommation en / + 1 sommations partielles , allant chacune
d'un multiple de k, — k est toujours le plus grand nombre contenu
dans -, donc kl „Sin niq— Sin qs.{l — 2rCos qs-{-
1
c c -,
+ r^) Z Q^n Cos niq H- Cos qs, (1 — 2r Cos ^5 + r^) v q^ ^[^^ ,,^^ I ^
k+\ k^\ J
= ÔT^ ^ X-2-. V' - ^'' ^'^ 'f- (^) + (^- ^'' ^'^ ^^' "^
2(1 — 2t Cos qs-\-r^) L
r — Cos
.A (?) +
)5;+i J 2 Ll — 2r67o5^5-4-r
-F^C^/Sm 1(^^ — 5)^)1 [5t4-l
— 2rCosqsj^r'^)ZQn Cos ntq — r{Cos2qs~r Cos qs)2;Qn Sin ntq —
c
(Sin os — r^ Sin S qs -^ r^ Sin 2 qs) Z CV Cos ntq — r^ {Cos 3qs —
2/^+1
— r Cos2 qs) Z C« Sin ntq I z=z
2k+2 J
[{r — Cos qs) /3 (ç) -f- ( 1 — 2r Cos qs +
2{1— 2r Cos qs-^r^)
/ 2k+l c
-\-r'') ^ Z C« Sin I [ni — s) q\ + ^ C« {Sin \ {nt — s) q \ —
^ I k-^i ^ 2k+2
n ^ 1 ^ r r Cos qs /. / ^
_ r Sin (n/ — 2* ç = - ^ ^r— ^ —7—^ /3 (7) -h
' ^ ^ J 2 L 1 — 2 r Co* $5 H- r ^
-\-2:Cn Sin \ {7it — s) q\-^r 2: Cn Sin \ {nt — 2s)q]'],
k+l 2^42 J
[2s ^— 1
— . !! \(r — Cosns)ZCnSin ntq^Qki — Sin qs.Cos qsJ^
-'2{l— 2r Cos qs + r^)V i
2k-\-\
4_ ;. Sin qs — 0} ~ [Sin qs — r ^/« 2qs-^r- Sin qs) ^ C« Cos ntq —
2/î:+l
— r (Cos2qs~-rCosqs) ^ CnSinntq-\- C2k Sinqs.{r^ -- Cos2 qs)-+-
k+]
c
4- (Sin QS — r'^ Sin 3 qs -\- r^ Sin 2 qs) Z ^n Cos ntq — r'^{Cos3qs —
2/t+l
— r Cos 2 qs) Z Cw Sin ntq 1 =:
2k+l J
-- ^ V(r — Cos qs) 2 C« Sin ntq + C/^. 0 + (1 —
2(1— 2r(7o5r^5 + r2) L l
— 2r (7o5 qs+ r^) Z Qn Sin [ {nt—s) q \ + C2k. 0 4- (1 — 2r Cos qs +
k+i
n Y r — Cos qs
-2r Cos qs -{-r
A (9) +
H- r-^) 1 Cn Sin j («^ - 2*) 9 1 1 = ^ f .
2/t+l J J Ll
C„5i/i I (»^./— .9)9 1 +r2:CnSin I (n/— 2^)9 ) 1 , [2kt=2s .^^- .{"^ lij^
%
PI xri
Eurytonia longipeunis
/v,/ /v/ ////;,//■//-<■. /vV/..v /7///./v;./^<'
3 2044
K 1é
%^'f^-^'^'>
t^\
ii
l^^^i
■ . .fl
«"^ft^
L>1>-: .^.•^:'-.:*^?;
il
^!
1^ C
■^
li^^i'
l'iV.T.
-^%^-if•'^•''^»^^
■5«^>rv«;
,l#^^«.- ^ r? :^